M ATH�M ATIQUES
E T
PHYSIQU ES.
TOME QUATRIEME.
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Q�i coNTiENNENT les Pfobl�mes et les Questions le� plus remarquables, et les plus propres k piquer lanbsp;curiosit� , tant des Math�matiques que de la Physique ; Ie tout trait� d�une mani�re a la port�e desnbsp;Lecteurs qui ont seulement quelques connois-sances l�g�res de ces Sciences.
Nouvelle �ditiok , totalement refondue et consid�-rablement augment�e par M. de Mquot;*^**.
TOME Q U AT R I � M E,
Contenant la Physique, et en partictdier les ph�-nom�nes du Magn�tisme, de VElectricit� et de la Chimie ; avec deux Suppl�mens, l�un sur lesnbsp;Phospliores, l�autre sur les Lampes perp�tuell�s,.
A PARIS, RUE Dauphine,
Chez Firmin Didot, Libraire pour les Math�matiques, l�Artillerie et Ie G�nie, grav. et fond. en caract�res.
ONZIEME PARTIE,
APr�S avoir parcourii les diff�rentes parties des math�matiques, amp; des fciences ou arts qu�on range dans cette claffe, nous allonsnbsp;entrer dans Ie champ de la phyfique , qui ne nousnbsp;pr�lente pas moins d�objets dignes de curiofit�nbsp;que les math�matiques, ou , pour mieux dire,nbsp;qui eft encore plus fertile en ce genre , ainfi quenbsp;plus a la port� cle la plus grande partie des lec-teuTs. Cette matiere eft m�me tellement abon-dante, que nous'aurions peine a y �tablir des di-Tome IV.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A
-ocr page 10-^ R�CRiAT. Math�mat. et Phys. vifions; c�eft pourquoi cette partie de notre ou-vrage fera une efpece de m�lange, fans beaucoupnbsp;d�ordre, de tout ce dont traite la phyfique g�n�rale. On y paffera fucceffivement en revue lesnbsp;propri�t�s g�n�rales des corps amp; des �l�ments;nbsp;les inventions, foit utiles, foit r�cr�atives , aux-quelles ces propri�t�s donnent lieu ; diverfes quef-tions tenant au fyft�me du monde , les m�t�o-res, l�origine des fontaines, amp; mille autres objetsnbsp;rei�brtiffants de la phyfique , 5sC dont il feroitnbsp;beaucoup trop long de faire 1��num�ration. Maisnbsp;avant de fe jeter dans ce vafie champ , il eft n�-cefiaire d��tablir quelques principes g�n�raux quinbsp;puiflent fervir a ce qui fuivra. C�efl: ce qu�on vanbsp;faire dans Ie difcours fuivant , qui a pqur objetnbsp;principal les propri�t�s de ce que les phyficiensnbsp;appellent les El�mmts , fqavoir , 1�air , Ie feu ,nbsp;l�eau, amp; la terre,
Sur les �l�ments des Corps.
ORSQUE, dans 1�analyfe d�un mixte, on eft arriv� a fes derniers compofants, amp; qu�on ne peutnbsp;les d�compofer eux-m�mes, on doit les regardernbsp;comme fes �l�ments. Or tout Ie monde fqait quenbsp;tous OU la plupart des corps foumis a 1�analyle ,nbsp;fourniflent une matiere fixe , quelque chofe d�in-flammable,un fluide invifible, amp; qui ne fe ma-nifefte que par fon expanfibilit� amp; fon reflbrt,nbsp;un autre enfin que la chaleur r�duit en vapeurs , Scnbsp;qui fc ralTemble enfuite fous une forme vifible :nbsp;ce font ces quatre compofants qu�on a nomm�s lanbsp;urrii Ie Eu ^ Vair^ Sc X'eau. Ils entrent dans la
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compofition de [la plus grande partie des corps; inais on n�a pii encore les d�coinpofer eux-m�mes.nbsp;On doit done les regarder comme les cl�mentsnbsp;de tous les aiitres corps; Sc ceci juftifie la d�no-mination vulgaire Sc etablie prel'que depuis lanbsp;naiffance de la phyfique , felon laquelle il y anbsp;dans la nature quatre elements, le feu, I�air , I�eau ^nbsp;amp; ia terre.
Du Feu, tant ilimmtam qm materiel.
Qu�eft-ce que le feu? Volla peut-etre la queftiort de phyfique la plus obfeure , Sc la moins fufeepti-tie d�une folution abfolument fatisfaifante. Ce-pendant void ce que fes propri�t�s connues per-inettent de donner comme probable.
Le feu eft un fluide univerfellement repandu dans la nature; qui penetre tous les corps avecnbsp;plus ou moins de facilite; fufceptible de s�accu-inuler dans quelques-uns , Sc alors cette accumulation produit fur nous cette fenfation que nous ap-pelons la chaleur. Portee plus loin , elle produifnbsp;1�embrafement, qui eft toujours accompagne denbsp;la lumiere. En tout �tat ce fluide dilate les corps ,nbsp;a mefure qu�il s�y trouve en plus grande quan-tife ; enfin il fepare leurs parties , ce que nousnbsp;appelons brfller, calciner, fondre.
Que le feu foit un fuide , e�eft ce dont il n�eft pas permis de douter; car s�il ne I�etoit pas, comment feroit-il repandu dans I�air, dans t�eau, fansnbsp;tatre obftacle au mouvement des corps? commentnbsp;pen�treroit-il les corps les plus denfes Sc les plusnbsp;compares, les ihetaux , par exemple ?
y a plus. Non feulement le feu eft un fluide,
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-ma�s il eft Ie principe de route fluidit�. Sans lui, tons les flu�des connus feroient r�cluits a une maflenbsp;abfolument Iblide. Les m�taux fe congelent a unnbsp;degr� de chaleur encore bien flip�rieur a celui denbsp;l�eau bouillante. L�eau perd fa fluidit� auffi-t�tnbsp;que la chaleur ou la quantit� de feu a diminu� anbsp;un certain point; enfuite l�efprit de vin ; enfin Ienbsp;mercure fe congele a fon tour , par la diminutionnbsp;progreflive de la chaleur. II efl peut-�tre un degr�nbsp;de froid ou de raret� de feu qui r�duiroit 1�air ennbsp;un fluide comme l�eau, amp;c m�me en un folide;nbsp;mais nous fommes prodigieufenient �loign�s denbsp;ce ferme.
11 pimtn tous les corps avec plus ou moins de. facilit�. C�eft ce qui r�fulte de la communicationnbsp;de la chaleur d�un corps �chautf� , a un, 'corpsnbsp;froid. C�eft avec plus ou moins de facilit�, amp;nbsp;non avec une facilit� extr�me , que la chaleur fenbsp;communique; car il efl: reconnu que cette communication n�efl pas inflantan�e: une aiguille unnbsp;peu longue, dont on pr�fente la pointe a la flammenbsp;d�une bougie, n�eft pas auffi-t�t �galement chaudenbsp;par fes deux bouts. Un corps reqoit cette chaleurnbsp;plus promptemem que 1�autre.
Uaccumulation du Jluide ign� produit fur nous cette fenfation que nous appelons chaleur, Cela n�anbsp;pas befoin de preuve. Mais celte fenfation n�eftnbsp;que relative. Tant que la paume de notre main,nbsp;par exeinple , eft plus chaude que Ie corps en con-taCl avec elie, il nous paroit froid ; mais au contraire il lui paroitra chaud , fi �lle eft plus froide,nbsp;OU fi elle contient moins de fluide ign�, ou ft cenbsp;fiuide tend a pafler, comme il Ie fait, peu a peunbsp;de ce corps dans notre main. Tout Ie mondenbsp;conno�t cette experience triviale , de s��chauffer
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fortement une main , cie refroidlr I�autre prefqiie a la temperature de la glace : plongez-les^ alorsnbsp;1�une amp; I�autre dans de i�eau tiede ; 1�une eprou-vera le fentiment du froid , St I�autre celle de lanbsp;chaleur.
Citu accumulation, portee � tin degr� conjidera-^ hie , produit Pemhrafement, toujours accompagn�nbsp;de la lumiere. De certaines exp�riences de M. denbsp;Buffon , il refulte que le fer, expofe fans contaft-avec im autre corps embrafe , a I�aftion de cenbsp;corps , devient lui-in�me embraf� St rouge. Ornbsp;qu�eft-ce qu�un feu rouge, finon un corps ou lenbsp;fluide ign� eft accumul� au point d��tre lumlneux ^nbsp;Toute lumiere , a la v�rit� , n�eft pas chaleur ;�nbsp;mais toute chaleur, portee a un certain degr� ^nbsp;devient lumiere.
Le feu ejl - il pefant ? II ne me paroit y avoir de doute que le feu foit pelant : il eft inatiere,nbsp;puifqu�il agit fur la matiere ; done il doit �trenbsp;dou� de la pefanteur. Mais la queftion eft de fqa-voir s�il a une pefanteur perceptible Sc appreciable avec les inftruments que nous pouvons employer, S�Gravefande St Mufchenbroeck ont faitnbsp;des experiences, au moyen defquelles ils n�ontnbsp;trouve aucune difference entre des maffes denbsp;fer rougies ou p�n�tr�es de feu, St ces memesnbsp;maffes devenues froides. Ils en concluoient feule-ment que , pulfque le fer rouge augmentant denbsp;volume doit pefer un peu moins dans Pair , Scnbsp;que cependant il pefoit egalement, cela devoitnbsp;venir de 1�addition du poids du feu dont il etoitnbsp;pen�tr�. Mais ces experiences n�etoient pas faitesnbsp;avec les foins n�ceffaires.
M. de Buffon , qui, au moyen des forges qui lui appartiennent ^ s�efl; trouve en �tat de faire de.�
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-ocr page 14-6 R�cr�at. Math�mat. et Phys, experiences plus multip��es amp; plus en grand, anbsp;conftamment trouv� que des morceaux de fernbsp;forg�s amp; rougis, pefoient un peu plus qu��tantnbsp;refroidis; amp; il a fixe cette diminution a un 600�nbsp;du poids du corps embraf�. Mais, il faut ennbsp;convenir, amp; M. de BufFon l�a fenti lui-m�me,nbsp;cette experience ne feroit pas encore d�cifive ,nbsp;puifqu�il a fait voir que Ie fer tenu rouge pendant quelque temps , perd continuelleinent denbsp;fon poids, parcequ�il fe br�le peu a peu ; aulFtnbsp;a-t-il fait d�autres experiences fur une matiere fortnbsp;commune dansles fourneaux, fqavoir Ie laitier ;nbsp;il s�eft d�abord affur� que Ie laitier conferve fanbsp;in�me pefanteur, ou n�en perd qu�une portion in-fenfible , apr�s avoir �t� embraf� amp; refroidi. II anbsp;done pris du laitier, amp; l�a pef� froid dans unenbsp;balance extr�inement fenfible il l�a fait rougirnbsp;au blanc , amp; l�a pef� de nouveau amp;c enfin , apr�snbsp;fon refroidi��ement. Cinq exp�riences de ce genrenbsp;lui ont conftamment donn� un exc�s de poidsnbsp;dans Ie morceau de laitier rouge , fur celui qu�ilnbsp;avoit avant amp; apr�s. Cette dilf�rence donne ,nbsp;pour la pefanteur du feu dans eet �tat, une ^80�nbsp;OU une 600� environ , de celle du morceau denbsp;laitier,
Mais, dira-t-on , fi cela eft , Ie feu eft done plus pefant que 1�air; car Ie laitier eft d�une pefanteur fp�cifique qui eft a celle de 1�eau commenbsp;a I; air.fi cette pefanteur eft a celle de l�air commenbsp;2.125 a I. Or Ie feu dont eft impr�gn� un mor^nbsp;f.eau de laitier rougi, eft environ de fon poids;nbsp;done il eft au poids de l�air d�un pared volume ,nbsp;eojTime 3y a i. Or cela n�eft pas croyable. Lanbsp;t�nuit� du feu eft telle , que l�on ne fqauroit fenbsp;perfuaderque fa pefanteur approche m�me de cells
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Mals il faut faire attention que , dans une mafle embraf�e amp; rougie a.blanc , il y a une grandenbsp;quantit� de feu accumul�e ; ainli Ie feu, dans fonnbsp;�tat ordinaire, amp; dans les corps �chauffes^a lanbsp;temperature moyenne de notre atmofphere, n auranbsp;qu�une pefanteur infenfible ; mais lorfqu�on auranbsp;accumul� cinq ou lix cents fois, ou m�'me encorenbsp;plus, la m�me quantit� de feu, amp; au point denbsp;produire 1�ignition , alors cette pefanteur pourranbsp;�tre fenfible. Suppofons ,par exemple, que Ie feunbsp;diff�min� dans l�air �chauff� au i degr� du ther-mometre , ne pefe que la 300^ partie du poids denbsp;eet air; lorfque , pour produire l�ignition , on ennbsp;aura fait entrer 3 ou 600 fois autant, alors fa pefanteur pourra �galer amp; m�me furpaffer Ie poidsnbsp;de l�air tel que nous Ie refpirons. J�ignore fi cenbsp;feroit-la la r�ponfe de M. de Buffon ; inais telle eftnbsp;celle que je crois qu�on pourroit faire.
On s�eft au refte tromp�, lorfqu�on a regarde 1�augmentation de poids qu�acquierent les m�tauxnbsp;en fe calcinant, comme une preuve de la pefanteur du feu, qu�on croyoit, dans cette operation ,nbsp;fe fixer amp; fe folidifier en quelq^ue forte avec lesnbsp;chaux m�talliques. On fqait auiourd�hul que Ie feunbsp;n�a aucune part a cette augmentation de poids.
Lefiu dilate les corps; en les dilatant, il �cart� leurs molecules conjlituantes^ amp;jinit par liqii�ficr ceSnbsp;corps. Ce ph�nomene , quant a 1�effet, eft connu denbsp;tout Ie monde. On fqait que Ie feu dilate les corps;nbsp;on Ie montrera d�ailleurs dans la fuite, au moyennbsp;d�une machine fort ing�nieufe, qui fert a d�termi-^er Ie degr� amp; Ie rapport de cette dilatation. Ornbsp;ft ne peut produire eet effet fans �carter les par-ticules conftituantes de ces corps , amp; c�eft-la Ienbsp;mecanifme par lequel il vient enfin a les liquefier,
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6 nbsp;nbsp;nbsp;in�me a les volatililer; car la folidit� d�un corpsnbsp;eft lleffet de Tadh�fion de fes parties int�grantesnbsp;les unes avec les nutres , adh�fion qui eft proba-blement produite par Ie contaft de ces mol�culesnbsp;dans de grandes fiirfaces. Mais lorfque Ie feu ,nbsp;s�introduifant entr�elles, les �cart�, amp; fait qu�ellesnbsp;fe tOLichent a peine, alors leur adh�fion eft di-minu�e, Ie corps devient fiuide. Le feu augmente-t-il encore, au point que ces mol�cules ne peu-vent m�me fe toucher ^ voila le corps arriv� a unnbsp;degr� de ftiiidit� extr�me , au point de fe volati-lifer. Ces particules n�ayant plus aucune adh�fion,nbsp;pourront �tre entrain�es par le moindre effort,nbsp;comme celui du feu , qui exerce fans celTe unenbsp;a�fion pour s��tendre de toute part.
11 eft cependant des corps que le feu tend d�a-bord a reiTerrer ; mais c�eft parcequ�ils contiennent des principes que le feu diffipe ; telle eft Targille,nbsp;qui prend d�abord de la retraite au feu. Mais ftnbsp;on la poufle a un plus grand feu , elle fe dilate ,nbsp;fe liqu�fie , amp; fe convertit en verre.
�.II.
De l'Air,
L�air eft un fiuide �laftique , pefant, fufcepti-ble cl��tre comprim�, que la chaleur dilate 6c que Ie froid refferre ; qui eft n�ceftaire a la vie denbsp;tous les animaux connus; qui fe charge amp; fe combine avec I�eau, comme Teau fe combine avec lui.nbsp;Telles font les propri�t�s principales de I�air, amp;nbsp;dont nous allons donner une premiere id��, re-jTiettant a les prouver par diverfes experiencesnbsp;dont les effets curieux en d�rivent.
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L'alr ejl un jlidde pcfant, II ne faut qu une legere teinture de phyfique pour connoitre cette propri�t� de I�air, amp; pour en �tre convaincu.nbsp;Une experience bien liinple la demontre. Onnbsp;prend un globe de verre de 6 pouces denbsp;metre, amp; garni d�un tube qu�on peut ouvnrnbsp;fermer au moyen d�une clef de robinet; on eiinbsp;�vacu� I�air au moyen de la machine pneumati-que , amp; Ton ferme 1�acc�s a I�air ext�rieur; onnbsp;pefe ce globe ainfi vuide d�air , a une balancenbsp;tr�s - fenfible ; on laiffe enfuite entrer I�air exterieur , en tournant la clef du robinet : alors 1 e-quilibre fe rompt, Sc le cote du vafe Temporde.nbsp;H faut ajouter au poids, pour le volume qu onnbsp;vient de dire , 4^ ou 50 grains , afin de retablirnbsp;I�equilibre. Ainfi I�air eft pefant , Sc un demi-pied fpherique d�air pefe environ 48 grains; cenbsp;qui fait une 850^ environ du poids d�un pareilnbsp;volume d�eau.
Id air ejl un jluide �lajlique, Une experience fort fimple le prouve. Qu�on empliffe d air unenbsp;veffie , fans neanmoins la trop gonfler, c eft-a-dire enforte qu�elle foit encore un peu flafque \nbsp;qu�on la porte au haut d�une montagne �lev�e:nbsp;on verra cju�eUe fera plus diftendue �, Sc on pour-roit, en la portant fur des montagnes exceffive-ment �lev�es , comme les Cordillieres duP�rou,nbsp;la diftendre au point de la faire crever.
L�exp�rience r�uflira de m�me, en plaqant cette veffie fous un recipient, qu�on �vacuera d�air parnbsp;la machine pneumatique. Au premier coup de pifquot;nbsp;'fon , la veffie s�enflera , n�y efit-on laiffe quunnbsp;pouce d�air; Sc lorfqu�on lailTera rentrer l�air ext�rieur , elle reprendra fon premier �tat. .
Cet effet, on ne peut en douter, eft prodmt
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par Ie reffort de l�air, qui, quand il eft d�charge de l�air ext�rieur, auginente de volume, amp; quand
11 nbsp;nbsp;nbsp;en eft charg� de nouveau, revient a fon premiernbsp;�tat. C�eft un reffort plus ou moins comprim� parnbsp;un poids , amp; qui s��tend plus ou moins , a proportion que ce poids eft plus l�ger ou plus grand.
Vair ejl un jluide fufceptible d'�trc comprim�. C�eft-la une fuite de T�lafticit� de l�air. L�exp�-rience a prouv� qu�un poids double Ie comprim�nbsp;de maniere a n�occuper qu�un volume de moiti�;nbsp;un poids quadruple Ie r�duit au quart; amp;c. en-forte qu�on peut dire g�n�ralement que la m�menbsp;maffe d�air (la temp�rature reftant la m�me, ^nbsp;occupe des volumes qui font en raifon inverfe desnbsp;poids comprimants.
Vair fc dilate par la chaleur amp; fe rejferrc far Ie froid. C�eft encore iel une propri�t� de l�air ,nbsp;que les exp�riences les plus fimples d�montrentnbsp;�videmment. En effet, dans une chambre �chauff�enbsp;au degr� de la temp�rature moyenne , rempliffeznbsp;une veftie d�air, enforte qu�elle n�en foit pas en-ti�rement remplie; tranfportez-la pr�s du feu,nbsp;enforte que fon air foit �chauff� au deffus de lanbsp;temp�rature moyenne : vous verrez la veffie fenbsp;diftendre, amp; occuper un plus grand volume. Onnbsp;�prouveroit Ie contraire , en i�expofant a un airnbsp;plus froid.
Vair ejl n�cejfaire d la yie de tons les animaux. C�eft une v�rit� qui n�a nul befoin d�etre prou-v�e; elle eft trop connue. Au refte on la d�montrenbsp;plus fenfiblement par Ie moyen de la machinenbsp;pneumatique, o� 1�on renferme des animaux ; car,nbsp;aufli-tot qu�on a commence a en extraire l�air ,nbsp;on voit ces animaux s�inqui�ter , haleter. Sec. amp;cnbsp;enfin p�rir, lorfque l�air eft en trop petite quart-
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P H y S I Q U E.
tit�. Si, avant qu�ils foient morts ^ on leur rend l�air peu a peu, ils reviennent a la vie.
Uair fi charge de Peau amp; fi comhini Me y comme au contraire Veau fe charge de /nbsp;combine avec lui. La premiere partie de cette pronbsp;pofltion eft affez prouv�e par les faits connus enbsp;tout Ie monde. L�air eft tantot plus, tantot momsnbsp;humide: c�eft l�air charg� d�humidit� , qui la de-pofe dans certains corps propres a l attirer amp; anbsp;i�abforber puiffamment^ comme Ie fel de tartre ,nbsp;qui s�en iinpregne tellement, c[u�il fe re fout en liqueur par Ie feul contaft de i�air ordinaire , quoi-qu�il ait �t� deff�ch� par un feu violent. C�eft 1 air,nbsp;relachant 1�eau avec laquelle il etoit combine ,nbsp;qui occafionne cette humidit� qui fe depofe prin-cipalement fur les pierres, les marbres , amp;c. dansnbsp;les temps que nous nommons humides. Le ninplenbsp;contact de l�air diminue peu a peu l�eau contenuenbsp;dans im vafe, fur-tout fi eet air a du mouvement,nbsp;parceque a chaque inftant de nouvel air s appliquenbsp;a la furface de l�eau. C�eft par ce mecanifme quenbsp;les vents qui ont paffe une grande etendue de mer,nbsp;comme font pour nous les vents d�oueft , fe char-gent d�eau amp; nous apportent la pluie.
L�eau a fon tour fe charge de l�air. Une exp�-rience curieufe de M. Mariotte le prouve. On purge bien d�air une certaine quantit� d�eau , Scnbsp;on la met enfuite dans une petite bouteille, en nenbsp;laiffant de vuide qu�un petit efpace , comme de lanbsp;groffeur d�un pois ; au bout d�environ vingt-quatrenbsp;heures l�eau occupe toute la capacite de la bou-^eille. Que peut �tre devenu eet air, s�il n a pas
ot� abforb� par l�eau qui �toit en contaft avec lui}
C�eft ^ette propri�t� de l�air de fe combiner
-ocr page 20-IX R�cr�at. Math�mat. et Phys. avec 1�eau , de s�en faturer m�me, enfuite de I�a-bandonner , qui efl; la caufe de plufieurs efFetsnbsp;phyfiques, tels que les nuages, la pluie, l�afcen-fion OU la defcente du barometre, amp;c. Mals cecinbsp;m�rite d��tre expliqu� ailleurs plus au long.
l'Eau.
L�eau eft ce flu�de fi connu de tout Ie monde, 8c fi commun, dont lespropri�t�s principales fontnbsp;d�etre tranfparent, fans faveur amp;fans odeur; de fenbsp;inettre toujours en �quilibre , c�eft-a-dire de fenbsp;ranger felon une furface concentrique a Ta terre;nbsp;ce qui lui efl: du refle cornmun avec les autresnbsp;fluides peiants amp; non �laftiques ; d��tre incom-preflible, de fe r�duire en vapeurs par un feu port�nbsp;a un certain degr� , amp; d��tre alors dou� d�unenbsp;force �laftique tr�s-grande ; de fe transformer ennbsp;un corps folide amp;c tranfparent, lorfqu�il eft expof�nbsp;a un certain degr� de froid ; de diflbudre les felsnbsp;8c une infinite d�autres fubflances, 8c d��tre paria Ie v�hicule des parties nourriflfantes , foit desnbsp;animaux , foit des v�g�taux : ce qui Ie rend finbsp;eflentiel dans Teconomie animale , qu�il eft ennbsp;quelque fcrte plus difficile de vivre fans eau, ounbsp;fans quelque fluide dont elle eft la bafe , que fansnbsp;aliment folide.
I 't
Telles font les propri�t�s de l�eau, dont nous devons donner ici quelques preuves l�geres, ennbsp;attendant que la fuite de eet ouvrage nous mette anbsp;portee d�en donner, par occafion, de plus �ten-dues.
II eft fuperflu de prouver la tranfparence , Ia
-ocr page 21-Physique. nbsp;nbsp;nbsp;i J
nullit� del�odeur 6sj; de la faveur de 1 eau. Lorfque ce flu�de a de l�odeur ou de la faveur ? ^ eft par-cequ�il tient quelque corps �tranger en du o ution.nbsp;On doit, par cette raifon , fe d�fier des eaux qu onnbsp;appelle agr�abUs a boirc a coup sur elles ne ontnbsp;pas pures.
Ueau fe range toujours felon une furface conctn tric[ue a la terre. Perfonne n�ignore cette pro-pri�t� , qui lui eft commune avec les autres flu�desnbsp;�laftiques : c�eft la bafe de Tart du n�vellement.nbsp;Toutes les fo�s que deux maffes d�eau comimuu-quent enfemble, on peut �tre sur que leurs fur-faces font de niveau, ou a �gale diftance du centrenbsp;de la terre. C�eft une erreur de croire que l eaunbsp;de la M�diterran�e eft plus �lev�e ou plus balienbsp;que celle de la mer Rouge au fond du golfe denbsp;Sues; ce qui, dit-on, a fait renoncer au projet
- nbsp;nbsp;nbsp;y Ull-UIl 5 a IdlL ICIIUUCCI dU jJlUJCL
de couper eet ifthme, de cra�nte de faire �couler la M�diterran�e dans la mer Rouge , ou au contraire. Rien n�eft plus abfurde, puifque ces deuxnbsp;mers cominuniquent entr�elles par l�Oc�an. Si ellesnbsp;avoient �t� cr��es de niveau diff�rent, elles n�au-roient pas tard� d�en prendre un m�me.
reau efi incompreffible. Les acad�miciens del Ciminto , les premiers, ^ ce qu�il nous paroit, quinbsp;aient faift la bonne maniere de philofopher, c�eft-a-dire de tout foumettre aux exp�riences , en ontnbsp;fait une fort curieufe , qui prouve cette incom-preffibilit�. Ils renfermerent dans une boule d�or,nbsp;creufe , amp; d�une certaine �paiffeur, une certainenbsp;quantit� d�eau , en s�affuraut qu�elle en rempliffoitnbsp;l�ien la cavit� ; on frappa enfuite la boule avec unnbsp;t^arteau, ce qui tendoit a en diminuer la capa-���f� : 1�eau, plut�t que de fe refferrer, paffa i tra-'^^rs les pores de l�or, quoique extr�mement �troits.
-ocr page 22-t4 R�CR�AT. Math�mat. �t I*hys.
M. Boyle a l�p�t� cette experience , ainfi qu� Mufchenbroek; amp; ils en atteftent Ia v�rit�.
Viau fe riduit en vapeurs tr�s-�lajliques, par un� chal�ur poujjie d un certain degr�. C�efl: encore lanbsp;vine v�rit� que prouvent des experiences fort fim-ples, Jetez fur un fer ardent une petite quantit�nbsp;d�eau; vous la verrez fur Ie champ transform�e ennbsp;vapeurs.
Lorfqu�ontient, dansun vafe ferme, de l�eau en grande �bul�tion , il s�en �leve unevapeur �lafti-que d�une fi grande puiffance , que, fi on ne luinbsp;m�nage pas une iffue , o� que Ie vafe n�ait pasnbsp;une force fuffifante, elle fait tout �clater : c�eftnbsp;pour cela qu�a la chaudiere de la machine a fennbsp;il y a une foupape qui doit s�ouvrir lorfque la va-peur eft d�une certaine force : fans cela tout fau-teroit en morceaux.
Cette vapeur , felon Ie calcul des phyficiens ^ occupe un efpace 14000 fois plus grand que l�eaunbsp;dont elle provient. De-la navt fa force prodi-gieufe lorfqu�elle eft refterr�e dans un efpace beau-coup moindre.
V ii:
Veau expof�e a un certain froid fe transforms en un corps folide amp; tranfparcnt, que nous nom-mons de la glace. II eft fuperflu de prouver ce faitnbsp;trop connu de tout Ie monde: nous nous borne-xons a d�velopper Ie m�canifme de eet effet fm*nbsp;gulier.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
II eft fuflifamment d�montr�, par la formation de la glace, que la nature primitive de l�eau eftnbsp;d��tre uit corps folide. C�eft un folide mis en fu*nbsp;lion par un degr� de chaleur fort au deflous denbsp;celui que nos fenfations nous font appeler tem-p�r�; car on feroit dans une �trange errenr, fi 1�onnbsp;imaginoit que ce que nous appelons Ie degr� o
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d� tKermometre, fut l�abfence de toute chaleur. Puifque Tefprit de vin 8gt;t diverfes autres Hqxieursnbsp;fe tvennent flu�des a des degr�s de froid fort fupe-rieurs a celui qui glace l�eau, il eft �vident que cenbsp;degr� qu�on appelle o n�eft qu�un terme relatif,nbsp;un commencement de divifion.
Ainfi l�eau n�eft done qu�iin folide liqu�fi�, qui fe tient en liqu�faftion a un degr� de chaleurnbsp;tant foit peu plus grand que celui qui, dans nosnbsp;thermometres ordinaires, eft marqu� o, Sc quigt;nbsp;dans celui de Farenheit, eft marqu� 32. Ceci feranbsp;expliqu� plus au long, lorfque nous parlerons desnbsp;thermometres.
Confid�rons done , pour un moment , l�eau dans fon �tat de folidit�. Lorfqu�on l��chauffe juf*nbsp;qu�a un certain degr� de chaleur, la matiere dunbsp;feu, dont elle eft pour lots impr�gn�e , fouleve 5cnbsp;ecarte les unes des autres les molecules dont ellenbsp;eft compof�e; car ces molecules ne fe touchantnbsp;plus alors par d�auffi grandes furfaces, ma�s �rantnbsp;encore dans les limites de leur adh�fton , ellesnbsp;coulent avec facilit� les unes fur les autres. Voil�nbsp;� la glace conftitu�e dans 1��tat de fufion, commenbsp;Ie plomb, par un degr� de chaleur de 226 degr�s.nbsp;La matiere du feu s��chappe-t-elle pour fe mettrenbsp;en �quilibre dans d�autres corps qui en ont encorenbsp;moins, car c�eft ainfi que s�opere Ie refroidifle-ment, ces mol�cules fe rapprochent les unes desnbsp;autres ; elles viennent a fe toucher par les petitesnbsp;facettes qu�elles fe pr�fentent, elles adherent lesnbsp;'^nes aux autres, Sc forment un corps folide. Cenbsp;flue nous difons des petites facettes des particulesnbsp;l�eau , paroit prouv� par les ramifications de 1*nbsp;glace ; car ces ramifications, tant dans la glacenbsp;dans la neige, fe font toujours fous des angles
-ocr page 24-i6 R�cr�at. Math�mat. et Phys. de 6o OU izo degr�s ; ce qui indique des plansnbsp;unifortn�ment inclines. On parlera ailleurs , avecnbsp;quelque �tend�e, de ce ph�iioinene qui tient a lanbsp;cryftallifation.
II feroit au furplus fidicule aujourd�hui de re-courir , pour expliquer la formation de la glace , 3 de pr�tend�es particules frigorifiques, dont jamais rien ne juftifia l�exiftenee. L�eau fe glace inbsp;un degre de chaleur cjui ne peut plus la tenir ennbsp;fufion , par la m�me raifon amp; par Ie m�me m�-canifme que Ie plomb fe fige a un degr� de chaleurnbsp;moindre que Ienbsp;nbsp;nbsp;nbsp;du thermometre de Reau
mur. Or ces m�mes phyficiens qui ont recours aux particules frigorifiques r�pandues dans l�air,nbsp;n�y recourent pas dans ce cas: ils reconnoiffentnbsp;tres-bien ici que la congelation du plomb ne vientnbsp;qne du rapprochement de fes molecules , que Ienbsp;feu ne tient plus fuffifamment �cart�es les unes desnbsp;autres; pourquoi done , dans Ie cas de la congelation de l�eau , recourir a quelque chofe de plus ?
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II eft vrai qu�il y a dans la congelation de l�eau un ph�nomene fort fingulier; c�efi que l�eaunbsp;diminue de volume a mefure qu�elle fe refroidit:nbsp;ma�s au moment que la glace fe forme , ce volumenbsp;augmente : d�o� les phyficiens dont nous parlonsnbsp;concluent l�introduftion d�ime matiere �trangere,nbsp;OU de leurs particules frigorifiques. Mais nous ob-ferverons, i� que Ie fer eft dans Ie m�me cas,nbsp;2.0 que eet effet eft celui de Ia cryftallifation; car ,nbsp;nous Ie repetons , la congelation de l�eau n�eftnbsp;qu�une cryftallifation, dans laquelle fes moleculesnbsp;prennent entr�elles un arrangement d�termin� parnbsp;leur forme primitive. Or eet arrangement ne peutnbsp;lans doute pas s�effeftuer fans qu�il en r�fulte unenbsp;augmentation de volume, comme cela arrive au
fer quand il fe fige ou perd fa fluidite ^ par la feule diminution de la chaleur qui Ie tenoit en fufion.nbsp;Ceci fera plus clair quand on aura connu les ph�-nomenes de la cryftallifation.
Veau dijfout les fels amp; une infinite de fuhfian~ ces. C�eft encore un ph�nomene connu, II n�eftnbsp;perfonne qui ignore que tous les corps falins, foitnbsp;acides , foit alkalis, foit neutres , font folublesnbsp;dans 1�eau, en plus ou inoitis grande quantlte j amp;c unnbsp;ph�nomene fort fingulier a eet �gard, c�eft que denbsp;l�eau qui tient en diffolution un certain fel autantnbsp;qu�elle en peut tenir , ne laifte pas de diffoudrenbsp;encore quelque autre fel. Mais Ie plus fouvent ellenbsp;abandonne l�un en fe chargeant de l�autre , ft ellenbsp;a avec ce dernier une plus grande affinit�.
Parmi les autres fubftances que l�eau diftbut, nous remarquerons principalement la partie gom-nieufe ou mucilagineufe des animaux ou des v�g�-taux, qui eft pr�cif�ment celle qui fert a la nour-riture des premiers , amp; la feule qui ferve a eetnbsp;objet. C�eft par cette propri�t� que l�eau eft ft utilenbsp;a 1��conomie animale ; car il faut que les partiesnbsp;nourriftfantes des aliments foient diflbutes amp; �ten-dues dans l�eau ou dans quelque flu�de �quivalentnbsp;avant que d��tre aval�es, ou que cette diftTolutionnbsp;fe fafle dans l�eftomac apr�s la d�glutition. De-IAnbsp;vient que l�eau eft en quelque forte Ie premier aliment de 1�homme amp; des animaux. Elle n�eft pasnbsp;aliment elle-m�rne , mais elle eft Ie v�hicule denbsp;tout ce qui eft aliment.
L�eau enfin, amp; nous nous bornerons a ceci , ^ft la bafe de tous les autres fluides aqueux,nbsp;combine les efprits, les huiles , amp;:c ; car d�abordnbsp;il n�en eft aucun dont, par une op�ration fortnbsp;Ample, celle de la diftillation, on ne tire plus ounbsp;Tome IV.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;B
-ocr page 26-rg R�cr�at. Math�mat. Et Phys. moms d�eau. La combuftion produit Ie mdmenbsp;effet, en d�gageant la matiere purement aqueul'e.nbsp;Amd done il nous paroit que toutes les liqueursnbsp;inflammables, comma les huiles, foit grades , foitnbsp;�th�r�es, les efprits, ne font qu�une combinaifonnbsp;de 1�eau avec Ie phlogiftique , amp; quelquefois avecnbsp;un peu de la terre dont nous allons parler.
S. IV.
De la Terre,
La terre eft cette partie compofante des mix-tes, qui refte fixe apr�s leur analyfe. Lsrfque , par l�a�tion du feu, on a confum� ou fait exhalernbsp;ia partie inflammable , qii�on a rendu 1�air a lanbsp;maffe atmofpli�rique , que l�eau s�eft �lev�e ennbsp;vapeurs, il refte un corps fixe amp; folide, d�formaisnbsp;inalterable par Ie feu ; c�eft la terre �l�mentaire ;nbsp;6c ce font fes diverfes efpeces qui conftituerit or-nairement la nature de ce m.ixte.
On eft force en effet, du moins jufqu�a ce qu�on foit arriv� a une d�compofition ult�rieure de cenbsp;corps fixe, a reconnoitre que la terre �l�mentairenbsp;n�eft pas toute de la m�me nature ; au lieu qu�ilnbsp;eft d�montr� que toute eau , tout air refpirable ,nbsp;eft homogene ; car lorfque , par la calcination ,nbsp;par exemple, on eft parvenu a r�duire un m�tal'nbsp;en chaux, laquelle eft vitrifiable, cette chaux ounbsp;terre n�eft certainement point homogene, ni a unenbsp;autre chaux m�tallique , ni au caput mortuum, ounbsp;a la terre d�un autre corps, comme la chaux denbsp;la pierre, ou la terre des v�g�taux quelconquesnbsp;OU animaux calcin�s. La preuve en eft firnple,nbsp;car la chaux m�tallique �tant revivifi�e par l�addi-
-ocr page 27-Physique*
ti�n du pWogiftique, ne produit que le mdme metal qui avoir donn� cette chaux ; amp; ? par quelque Vole que ce foit, la terre d�un autre mixte qu�unnbsp;ro�tal ne donnera un metal, quelque combinai-fon qu�on faffe. Cette propri�t� des chaux metal-'nbsp;liques, eft la bafe de Part de feparer les metauxnbsp;d�avec les terres amp; pierres avec lel'quelles ils fontnbsp;iTiin�ralir�s ; car aufli-tot que leurs chaux , vitri*nbsp;fi�es par la violence du feu , fe trouvent en con-*nbsp;tael avec les matieres charbonneufes, celles deSnbsp;metaux reprennent leur forme metalUque, amp; fenbsp;d�gagent par leur poids des chaux vitrifi�es denbsp;ces autres matieres heterogenes avec lefquellesnbsp;elles etoient confondues.
On diftingue ordinairement les terres en cal-caires, vitrifiables, amp; apyres ou refraflraires. Les terres calcaires font celles qui, brulees au feu , fenbsp;r�duifent en chaux. II n�eft perfonne qui ne con-noifte les propri�t�s de la chaux, dont la principale Sc carafteriftique eft celle d�attirer Sc abfor-ber avec violence 1�humidit� , Sc de s�en abreuvernbsp;avec effervefcence. Mats il n�eft pas n�ceflairenbsp;de les faire paffer par cette �preuve pour les reconnoitre. On les diftingue facilement, en lesnbsp;expofant a I�aftion d�un acide un peu aftif. Lesnbsp;terres calcaires s�y diftblvent avec plus ou moinsnbsp;d�effervefcence , a la difference des autres qui n�ynbsp;eprouvent aucune diflolution,
Les terres vitrifiables font celles qui, expofeeS a. un feu plus ou moins a�lif, y eprouvent un�nbsp;fufion, Sc deviennent plus ou moins fluides.
Les terres apyres ou r�fra�laires font celles fut' lefquelles le feu le plus violent que peuvent pro-duire nos fourneaux, n�a aucune aflion.
Nous difons le feu le plus violent que nous
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20 R�cr�at. Math�mat, �t P hys. puiffions exciter dans nos foumeaux ; car nousnbsp;penfons que fi toutes les terres ne font pas vitrifia-bles, cela vient uniquement de ce que nous nenbsp;pouvons produire un feu fuffifant. En effet, a me-fure que 1�on eft parvenu a produire des degres denbsp;feu plus confiderables, on eft aufli parvenu a vitri-fier des matieres qui jufqu�alors avoient r�fift� a lanbsp;violence du feu. Mais un phenomene bien fingu-lier, c�eft que des matieres qui f�par�ment fontnbsp;infufibles , �tant m�l�es enfemble deviennent fu-fibles amp; vitrifiables : ainfi , par exemple , unenbsp;terre calcaire m�lang�e avec 1�argile , coule 8cnbsp;devient verre. Ordinairement les matieres metal-liques m�lang�es, foit avec les terres cal^aires,nbsp;foit avec des terres refraftaires, comme 1�argilenbsp;pure , leur communiquent aufli la fufibilite qu�ellesnbsp;n�ont pas elles-m�mes f�par�ment.
Nous bornons ici ce qu�on peut dire des �l�-ments; ce que 1�on vient de voir eft ce qu�il y a de plus folide Sc de mieux d�montr� fur ce fu-jet. Nous allons palTer a parcourir fucceffivementnbsp;toutes les parties de la phyfique , en choififlant cenbsp;qu�elles pr�fentent de plus curieux 8c de plus piquant. Nous 1�avons d�ja dit,nous ne nous aftrein-drons prefque a aucun ordre : des entrailles de lanbsp;terre, nous nous �leverons quelquefois tout-acoupnbsp;aux r�gions fup�rieures de I�atmofphere ; d�unnbsp;probl�me de phyfique c�lefte, nous pafiferons anbsp;une queftion de m�t�orologie. Nous nous borne-rons a traiter a part l��le�lricit�, le magn�tifme,nbsp;8c la chymie, parceque ces parties de la phyfiquenbsp;font extr�mement fertiles en exp�riences curieu-fes, 8c pr�fentent toutes feules matiere a des trait�s confid�rables.
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Physique.
Conjlruclion dc la machine- pneumatique , amp; expo-^ Jition de quelques-unes des principales experiences auxquelles elk fert,
L�air �tant im flu�de �laflique , il ne faiit qu�une l�gere attention pour fentir que s�il efl:nbsp;renferm� dans un vafe clos, qu�a ce vafe foitnbsp;adapte un corps de pompe auquel il communique,nbsp;lorfque 1�on retirera le pifton, flair contenu dansnbsp;ce vafe fe repandra dans la capacite de ce corpsnbsp;de pompe. Si done alors on intercepte la communication du vafe amp; du corps de pompe, amp;:nbsp;qu�on en ouvre une entre ce dernier amp; flair ext�rieur , on chaffera , en pouffant le pifton , flairnbsp;contenu dans le corps de pompe. Qu�on fermenbsp;maintenant la communication entre le corps denbsp;pompe amp; flair ext�rieur , qu�on ouvre celle dunbsp;corps de pompe amp;� du vafe, amp; enfin qu�on retirenbsp;le pifton ; flair contenu dans le vafe fe repandranbsp;encore en partie ftans la capacit� du corps denbsp;pompe; amp; r�it�rant la m�me manoeuvre que lanbsp;premiere, on �vacuera flair contenu dans cettenbsp;capacit�. Si le corps de pompe eft, par exem-pie , �gal en capacit� a ce vafe avec l^quel il communique , la premiere op�ration r�duira flair a lalt;nbsp;moiti� de fa denfit� , la feconde a la moiti� denbsp;la moiti� , ou au quart, Sc ainli de fuite: ainfi un-aftez petit nombre de coups de pifton r�duira flairnbsp;contenu dans le vafe propof� , a une tr�s-grande-t�nuit�.
Tel eft le m�canifme de la machine pneuma-tique , dont voici une defeription plus pr�cife- PI. AB eft I ) un corps de pompe cylindrique, fig.
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-ocr page 30-R�cr�at. Math�mat. et Phys.
dans lequel joue Ie pifton D , au moyen de Ia branche DC, a Textremite de lacjuelle eft uiinbsp;�trier dans lequel on puifte pafler Ie pied pournbsp;l�entrainer en bas, en agilTant de tout fon poids.nbsp;Ce corps de pompe eft dans Ie haut embralt� parnbsp;yn collet , cluquel partent trois ou quatre piedsnbsp;formants un empatement, amp; qui s�implantent dansnbsp;un batis folide amp; horizontal, quarr� ou triangulaire. Du fond A du corps de pompe, part unnbsp;tuyau d�un pouce environ de diametre , fur lanbsp;partie fup�rieure ducjuel s�adapte un plateau circulaire avec un petit rebord. C�eft fur ce plateaunbsp;que fe pofe Ie l�cipient en forme de cloche, dontnbsp;on fait fr�quemment ufage dans les experiencesnbsp;pneumatiques. Ce plateau eft ordinairement perc�-par Ie petit tuyau dont nousavons parl� plus haut,nbsp;qui fert ii �tablir la communication entre Ie vafenbsp;amp; Ie corps de pompe. II eft commun�ment tourn�nbsp;ext�rieurement en vis, afin de pouvoir , fuivantnbsp;Ie befoin , y vifier Ie tuyau d�un autre vaifteau,nbsp;comme un ballon d�nt on voudroit vuider l�air.nbsp;Enfin, au deftpus cle la platine, entr�elle Sc Ienbsp;corps de pompe , eft une defl, tellement con-form�e , qu�en la tournant d�un c�t� on �tabli|:nbsp;une communication entre Ie corps de pompe amp; Ienbsp;recipient, pendant cju�on empdche la communication entre Fair ext�rieur amp; la capacit� de ce corpsnbsp;de pompe ; Sc au contraire, en tournant la clefnbsp;en fens contraire , on ouvre cette derniere, amp; onnbsp;interclit la premiere. Telle eft la forme d�ime machine pneumaticiue, du moins de certaines Sc desnbsp;plus fimples, car il en eft de plus compof�es. II ynbsp;en a ypar exemple , a deux corps de pompe , dontnbsp;les piftons font mus alternativement par une ma-�nbsp;nivelle j enforte qu�il y a toujoyrs wn de ces corps
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qul fe remplit de 1�air du vafe, pendant que 1�autre �vacu� dans Tair ext�rieur celui qu�il contenoit.nbsp;Mais il eft fuperflu , pour notre objet, d�entrernbsp;dans ces d�tails. On peut confulter les divers ou-vrages de phylique qui traitent de cette niatiere:nbsp;on y verra ce que divers phyfic.cns amp; m�caniciensnbsp;ont ajout�, a la machine pneumatique, pour ennbsp;rendre I�ufage plus commode ou plus g�n�ral.
II eft aif�, en combinant cette defcription avec ce qu�on a dit plus haut, de deviner commentnbsp;on fe fert de cette machine. On commence , lorf-qu�on fe fert d�un r�cipient en forme de cloche ,nbsp;on commence, dis-je, a placer fur laplatineFGnbsp;un cuir mouill�, amp; perc� dans fon centre, pournbsp;laiffer pafter le bout de tuyau H. L�utilite de cenbsp;cuir confifte a faire que le conta�l; des bords dunbsp;r�cipient foit plus exaft que s�ils pofoient fur lenbsp;m�tal; car il refteroit toujours quelque ouverture ,nbsp;quelque fente , par laquelle fair ext�rieur s�intro-duiroit. Cela fait, on pofe deflus le r�cipient, ennbsp;le comprimant un peu fur le cuir ; on tourne la.nbsp;clef de maniere a ouvrir la communication entrenbsp;le corps de pompe amp; le r�cipient, amp; Ton abaiftenbsp;le pifton , ( que nous fuppofions relev� jufqu�aunbsp;plus haut, ) en appuyant avec le pied fur I�etrier.nbsp;Lorfque le pifton eft au plus bas, on tourne ia clefnbsp;de maniere a intercepter la premiere communication , amp; a �tablir celle du corps de pompe avec 1�airnbsp;ext�rieur; alors on releve le pifton , ce qul chaflenbsp;1�air content! dans le corps de pompe; on retournenbsp;^nfuite la clef, ce qui ferme cette feconde com-�i^unication Strouvre la premiere , amp; on rabaiffelenbsp;pifton. Chaque coup de pompe �vacu� une portion de Fair primitif contenu dans le r�cipient, amp;nbsp;dans une progreflion g�om�trique d�croiffante. Sigt;
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-ocr page 32-'14 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
parexemple, Ie corps de pompe eft �gal en capa-cit� au r�cipient, Ie premier coup de pifton fera fortir la moiti� de 1�air contenu dans ce r�cipient,nbsp;Ie fecond un quart, Ie troifieme un huitieme , Ienbsp;quatrierne un feizieme , amp;c. enforte qu�il eft vraxnbsp;de dire qu�on ne fqauroit jamais l��vacuer enti�-rement; mais, en quatorze ou quinze coups denbsp;pifton, il fera li rar�fi�, qu�il n�y en aura plusnbsp;qu�une partie inliniment petite ; car, dans la fup-pofition ci-deftus, par exemple, la quantit� d�airnbsp;reftante apr�s Ie premier coup de pifton , fera ~ ;nbsp;apr�s Ie fecond, ^ ; apr�s Ie troifieme, elle fera
amp; ainfi de fuite: elle fera done , apr�s Ie quin-zieme coup de pifton, d�une 31768� feulement; ce qui �quivaut ordinairement a un vuide parfaitnbsp;pour les experiences qu�on a a faire.
Apr�s cette inftruCiion fur la forme amp; l�ufage de la machine pneumatique , nous allons paflfer anbsp;quelques-unes des experiences les plus curieufes.
Premiere Experience,
Pofez fur Ie plateau de la machine un r�cipient en forme de cloche. Tant que vous n�en aureznbsp;point pomp� i�air, vous n��prouverez aucune r�-fiftance, que celle de fon poids, a l�enlever ; maisnbsp;donnez feulement un coup de pifton , il adh�reranbsp;d�ja tr�s - fortement a la platine ; il y tiendra encore plus fortement, apr�s 2,3,4, amp;c. coups ;nbsp;apr�s 18 OU 20 coups, il y adh�rera avec unenbsp;force de plufieurs milliers. Si, par exemple, lanbsp;bafe du r�cipient.�toit un eerde d�un pied de dia-inetre , cette force feroit de 1760 livres.
Cette exp�rience prouve la pefanteur de l�air de 1�atmofphere; car eet air eft Ie feul corps qui puiftTe ,nbsp;en s�appuyant fur Ie r�cipient, caufer 1�adh�rence
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qu�on �prouve : il n�y en a aucune qnand il y a de 1�air fous le recipient , aufli denfe que quinbsp;eft dehors; ils fe font alors �quilibre I�un a autre .nbsp;niais celui de dedans �tant �vacu� en tout ou ennbsp;partie , 1��quilibre eft rompu, f�ab exterieurnbsp;preffe le recipient centre la platine, avec 1nbsp;de fon poids fur la force que lui oppofe 1 airnbsp;rieur. On trouve enfin que cette force eft egalenbsp;a celle d�un cylindre d�eau de 31 p'ledsnbsp;teur, fur une bafe �gale a celle du r�cipient. Celtnbsp;ainfi que nous avons trouv�, dans I�exerriple ci-deffus , une force de 1760 livres; car le pied cy-lindrique d�eau pefe 5 5 livres, 6/. confequemnientnbsp;les 31 en pefent 1760.
He Experience.
Placez dans le r�cipient une pomme extreme-ment rid�e , ou une veffie fort flafque , amp; dans laquelle il refte neanmoins quelque peu d air;nbsp;�vacuez 1�air du r�cipient: vous verrez la peau denbsp;la pomme fe tendre , amp; reprendre prefque lanbsp;forme amp; la fraicheur qu�elle avoit lorfqu�on 1�anbsp;cueillie. La veffie fe tendra parelllement , amp;nbsp;pourra merne fe diftendre jufqu�a crever. Lorfquenbsp;vous rendrez 1�air, elles reviendront 1�une Sc I�au-tre a leur premier �tat.
On a ici une preuve de 1��lafticite de 1�air. Tant que la pomme rid�e , ou la veffie fort flafque ,nbsp;font plongees dans 1�air atmofpherique , fonnbsp;poids contient 1�effort elaftique de 1�air contenunbsp;dans 1�une Sc I�autre ; mais, des que ce^ derniernbsp;eft foulag� du poids du premier , fon �lafticitenbsp;agit amp; louleve les parols du vailTeau ou il enbsp;renferm�. Rendez I�air , voila le reftbrt com-
-ocr page 34-l� R�cr�at. Mathemat. et Puts. prime comma auparavant, amp; il revient a fon premier etat.
IHe Experience.
Placez fous Ie recipient un petit animal, comme un petit chat, une foaris , amp;c. amp; pompez l�air ;nbsp;vous verrez auffi-t�t eet animal s�agiter, s�enfler,nbsp;mourir enfin diftendu amp; �cumant. C�eft l�efFet denbsp;l�air contenu dans la capacit� de fon corps , qui,nbsp;n��tant plus comprim� par l�air ext�rieur, agitnbsp;par fon reflbrt, diftend les membranes , Sc jettenbsp;dehors les humeurs qu�il rencontre fur fon chemin.
IV� Experience.
Mettez fous Ie recipient des papilllons, des mouches ; vous les verrez voltiger tant que l�airnbsp;fera femblable a l�air ext�rieur : mais auffi-t�t quenbsp;vous aurez donn� quelques coups de plfton , vousnbsp;les verrez faire de vains efforts pour s��lever ; l�airnbsp;devenu trop rare , ne Ie leur permettra plus.
Ve Experience.
Ayez une bouteille applatie , a laquelle vous adapterez un petit tuyau propre a de fe viffier avecnbsp;Ie bout du tuyau qui excede la platine de la machine : vous n�aurez pas plut�t donn� une couplenbsp;de coups de pifton, ou m�me au premier, quenbsp;vous la verrez fauter en morceaux : c�eft pourquoinbsp;il eft a propos de 1�envelopper d�un linge , pournbsp;�viter Ie mal que pourroient faire les �clats.
Cela n�arrive pas a un r�cipient en forme de ballon , a caufe de fa forme fph�rique, qui faitnbsp;voute contre Ie poids de l�air ext�rieur..
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Physique'.
Vie Experience.
Ayez une petite machine compof�e d�uti timbre , amp; d�un petit marteau qui foit mis en mouvement amp; frappe Ie timbre au moyen d�un rouage ; montez cette petite machine, amp;, apr�s 1�avolrnbsp;mife en mouvement, placez-la fous un recipient ;nbsp;pompez 1�air: vous entendrez auffi-t�t le fon s�af-foiblir; il s�afFoiblira m�me de plus en plus, 6cnbsp;au point de n��tre plus entendu, a mefure quenbsp;vous extrairez davantage 1�air. Au contraire, anbsp;mefure que vous le rendrez , le fon du timbrenbsp;fera entendu de mieux en mieux.
Cette experience, que nous avons citee ailleurs, prouve que I�air eft abfolument neceffaire pour lanbsp;tranfmiffion du fon, amp;� qu�il en eft le v�bicule.
VII= Experience.
Percez le fommet d�un recipient, amp; par le trou faites pafler le tuyau d�un barometre , enforte quenbsp;la petite cuvette foit dans l�int�rieur du recipient;nbsp;vous fermerez au refte le trou du fommet avecnbsp;du maftic , enforte que 1�air n�y puilTe point p�-n�trer; mettez enfin ce recipient ainfi pr�par�, furnbsp;la platine de la machine pneumatique, amp; pompeznbsp;1�air: au premier coup de pifton, vous verrez lenbsp;mercure s�abaiffer confiderablement ; un fecondnbsp;coup le fera encore s�abaifler , mais d�une hauteurnbsp;moindre que la premiere ; ainfi de fuite, dansnbsp;une proportion d�croiflante. A mefure enfin qu�ilnbsp;��eftera moins d�air dans le recipient, le mercurenbsp;approchera davantage de fe mettre de niveau.
VIIle Experience.
Ayez deux h�mifpberes creux, de fer ou de
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cuivre, de deux pieds de diametre , qui puiflenf s�adapter l�un fur l�autre par leurs bords bien unis �nbsp;de maniere qu�enfemble ils forment un globenbsp;creux; que l�un des deux foit garni d�un tube penetrant dans fa capacit� , garni d�une clef de ro-binet , amp; fufceptible de fe viffer fur Ie bout dunbsp;tube H de la machine pneumatique. Chacun denbsp;ces h�mifpheres doit �tre auffi garni d�un anneau,nbsp;au moyen duquel on puilTe lufpendre l�un amp; atta-cber des poids a l�autre.
Cela ainfi pr�par� , adaptez ces deux h�mifpheres concaves l�un fur l�autre, avec une ron-delle de peau mouill�e entre deux, pour que' Ie conta�l; des bords foit plus exa�l. VilTez fur Ienbsp;bout du tube H de la machine pneumatique , celuinbsp;qui communique a 1�int�rieur du globe , amp; �va-cuez-en l�air autant qu�il vous fera poffible, parnbsp;quarante ou cinquante coups de pifton, ou da-vantage. Fermez enfuite, en tournant la clef dunbsp;robinet, la communication de la capacit� du globenbsp;avec l�ext�rieur, amp; retirez-le de delfus la machine.nbsp;Vous fufpendrez apr�s cela ce globe , par un desnbsp;anneaux, a un crochet �loign� de quelques piedsnbsp;d�une muraille, amp; a l�autre crochet vous attache-rez par quatre chaines un plateau quarr� un peunbsp;�leve de terre. Vous mettrez enfin des poids furnbsp;ce plateau , amp; vous verrez qu�il en faudra unenbsp;quantit� confid�rable. En effet, fi l�air eft biennbsp;�vacu� , amp; que ce globe creux ait deux pieds denbsp;diametre , on trouve que la force avec laquellenbsp;ils font preff�s l�un contre l�autre , �quivaut a unnbsp;poids de fept milliers.
C�eft-la ce qu�on appelle la fameufe exp�rience de Magdebourg , parceque fon auteur eft Ottonnbsp;Guerrike, bourgmeftre de cette ville. 11 mettoit
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plufieurs paires de chevaux , les utis tirant cl un Cote, les autres de I�autre , fans qu�ils puflent par-Venir a disjoindre les deux h�inifpheres. Et celanbsp;n�a rien d�etonnant; car quoique fix chevaux, parnbsp;exemple , tirent une charrette chargee de pluneu^nbsp;milliers, on fqait qu�ils n�exercent pas, chacun ^nbsp;1�un portant I�autre , un effort continu qui excedenbsp;beaucoup 180 livtes; amp; en tirant par facade ,nbsp;peut-etre n�excede-t-il pas 4 a ^00 livres, Ainfi ,nbsp;fix chevaux ne font qu�un effort de trois^ milliers. Nous le fuppoferons m�me de quatre a cinqnbsp;milliers; mais les fix chevaux, tirant en fens contraire, ne doublent pas cette force; ils ne fontnbsp;qu�oppofer a la premiere la refiftance necelfairenbsp;pour que celle-ci agifle, amp; ne font rien de plusnbsp;qu�un obftacle immobile auquel le globe feroitnbsp;attach�. II n�eft done pas �tonnant cpie , dans 1�ex-p�rience de Magdebourg, douze chevaux ne par-vinffent pas a disjoindre les deux hemifpheres;nbsp;car, dans cette difpofition, ces douze chevauxnbsp;n��quivaloient qu�a fix ; amp; 1�on voit que 1 effortnbsp;de ces fix chevaux , �valu� au plus haut , ^ etoitnbsp;encore fort inf�rieur a celui qu�ils avoient a fur-monter.
PROBL�ME II.
Renverfer un verre plein de liqueur, funs qu elle s'icouh.
VE R S E Z une liqueur quelconque dans un verre , enforte qu�il foit plein )ufqu�au bord ; appliqueznbsp;deffus un quarr� de papier un peu fort, qui couvrenbsp;enti�rement 1�orifice , amp;C par-defius le papier unenbsp;furface plane , comme le dos d�une affiette ou unenbsp;glace : retournez enfuite le tout , enforte que le
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vafe foit renverf� : vous Ie fouieverez alors , i� vous verrez que Ie papier Sc l�eau ne tomberontnbsp;point.
Cet efFet eft produit par la pefanteur de Fair , qui prelTant fur Ie papier qui couvre 1�orifice dunbsp;verre, avec un poids bien fup�rieur a celui denbsp;l�eau, doit n�ceflairement Ie Ibutenir. Mais commenbsp;Ie papier fe mouille, Sc donne peu a peu paffagenbsp;a l�eau , il arrive a la fin qu�elle tombe tout-a-coup.
Remarq^ue.
On pourra, par un rnoyen a peu pr�s fembla-ble , puifer de l�eau par un tube ouvert Hes deux c�t�s; car 1�oit un tube renfl� par Ie milieu, Scnbsp;PI. ijtermin� aux deux bouts, comme AB, (�^. 2.)nbsp;fig* 2. par deux ouvertures affez �troites ; plongez-le dansnbsp;un fluide les deux bouts ouverts, jufqu�a ce qu�ilnbsp;foit plein; pofez enfuite Ie bout du doigt fur unnbsp;des bouts , de maniere a en boucher l�ouverture :nbsp;vous pourrez retirer ce tuyau plein , fans cjue Ienbsp;fluide s��coule par l�autre ouverture , Sc il ne fenbsp;vuidera que lorfque VOUS retirerez Ie doigt qui bou-che la premiere.
Au lieu d�employer un tuyau comme celui qu�on vient de d�crire , on pourroit employer unnbsp;PJg. 5. vafe tel que AB , fig- 2 , faR comme une bouteillenbsp;dont Ie fond foit perc� d�une grande quantit� denbsp;petits trous. Ce vafe �tant plong� dans l�eau parnbsp;Ie fond , 5c 1�orifice fup�rieur �tant ouvert, fenbsp;remplira. Mettez enfuite Ie bout du doigt fur cetnbsp;orifice, Sc retirez Ie vafe de l�eau; il reftera plein,nbsp;tant que votre doigt reftera dans cette fituation :nbsp;retirez-le, l�eau s��coulera auffi-t�t.
C�eft ce qu�on appelle la cUpfydre ou Varrofoir
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d'AriJlote; mais ni Ariftote , ni les phyficlens qui le fu'ivirent, jufqu�a Torricelli , ne clonnerent pasnbsp;de meilleure raifon de cet effet , q'is celle denbsp;1�horreur quela nature avoit, diloient-ils, pour lenbsp;�vuide.
PROBL�ME III.
On appelle fyphon^ un tuyau forme de deux branches AB, CD, reunies entr�elles par une partienbsp;courbe ou reftiligne BC , cela n�importe aucune-ment. Dans cette partie eft quelquefois une ouverture j qui fert ou a remplir les deux branches, ounbsp;a afpirer le liquide dans lequel la plus courte eftnbsp;plongee , tandis que Tautre eft bouchee. On s�ennbsp;fervira ainfi pour refoudre le probl�me propof�.
Ayant rempli de liqueur les deux branches du P'- ^� fyphon, amp; les ayant bouchees avec les doigts, �S' 4-vous plongerez la plus courte dans le vafe , eh-forte que fon bout touche prefque au fond ; vousnbsp;oterez alors le doigt du bout de la plus longue ,nbsp;qui fera confequemment plus bafle que le fondnbsp;du vafe a vuider: la liqueur s�ecoulera par 1�extr�-mit� D de cette branche, amp; entramera , pournbsp;ainfi dire, celle du vafe jufqu�a la derniere goutte.
Ce phenomene eft encore un effet de la pefan-teur de I�air; car lorfque le fyphon eft plein de liqueur, amp; plac� comme on I�a dit , Pair agit parnbsp;fon poids fur la furface de la liqueur a vuider, amp;nbsp;en m�ine temps fur I�orifice de la branche la plusnbsp;taffe. Cette derniere preflion 1�emporte a la verity , par cette raifon, un peu fur 1�autre ; cepen-dant, comme cette branche eft pleine d�une li-
-ocr page 40-32 R�cr�at. Math�mat. et Phys. queur qui eft plus pefante que l�air, l�avantage doitnbsp;lui refter, amp; cette colonne doit fe pr�cipiter ennbsp;bas. Mais en m�me temps l�air qui prelTe fur lanbsp;furface du fluide du vafe, fait entrer de la liqueurnbsp;dans la branche du fyphon qui y eft plong�e ; cenbsp;qui en fournit de nouvelle a la plus longue , amp;nbsp;ainfi continuellement , jufqu�a ce que toute la liqueur foit �puif�e.
Remarque s.
I. On pourroit aif�ment vuider de cette ma-niere , par Ie bondon, tout Ie vin qui eft contenu dans un tonneau ; amp; c�eft ainfi qu�on s�y prendnbsp;dans quelques endroits, pour tranfvafer Ie vin d�unnbsp;tonneau dans un autre, fans troubler la lie qui eftnbsp;au fond.
n. On pourroit de cette maniere faire pafler 1�eau d�un endroit dans un autre plus bas, en paf-fant par-deftus un obftacle plus �lev� que l�un amp;nbsp;1�autre , pourvu n�anmoins que Ie lieu fur lequelnbsp;1�eau devroit commencer a monter, ne fut pasnbsp;plus haut que 3 2 pieds; car on fqait que la pefan-teur de 1�atmofphere ne fqauroit foutenir une colonne d�eau de plus de 3 2 pieds. II feroit mdmenbsp;a propos que eet obftacle fut au moins deplufieursnbsp;pieds mbins hauf que de 32 pieds au deflus dunbsp;niveau du fluide a �lever; car autrement 1�eau nenbsp;marcheroit qu�avec beaucoup de lenteur, a moinsnbsp;que la branche la plus longue n�e�t fon orificenbsp;beaucoup plus bas que ce m�me niveau.
C�eft-la une forte de pompe peu difpendieufe , qu�on pourroit employer pour d�river de 1�eaunbsp;d�un endroit dan� un autre , lorfqu�on n�auroitnbsp;pas la libert� ou la facult� de percer 1�obftacle in-terpole? pour y �tablir un canal de communication.
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t�on. Je n�oferois' n�anmoins, fans en avoir fait i�exp�rience, donner ce moyen cornme bien sur,nbsp;a caufe de l�air qui pourroit fe cantonner dans Ienbsp;haut du coude du tuyau.
C�eft encore de la propri�t� du fypbon que dependent les jeux hydrauliques qui fuivent,
PROBL�ME IV.
Pr�panr un vafc qui, kant rernpli de. quelquz liqueur d unz czrtainz hauteur, la confzrvz, amp; qui la pzrdz toutz, kant rznipli dz la mzmz liqueurnbsp;a unz hauteur tant foit pzu plus grande.
C Eux qui ont voulu donner a cette petite machine hydraulique un air plus piquant, y ont ajout� une petite figure qu�ils ont appel�e Tantalz, parce-qu�elle eft dans Tattitucle de boire; mais auffi-t�tnbsp;que l�eau eft parv�nue a la hauteur de fes levres ,nbsp;elle s��coule tout-a-coup. Voici fa conftruftion,nbsp;Soitun vafe de m�tal ABCE, partag� en deux Pf tnbsp;cavit�s par Ie diaphragme �F. Le milieu eft perc� �� 5'nbsp;d�un trou rond, propre a recevoir un tuyau MSnbsp;d�environ deux lignes de diametre , amp; dont l�ori-fice inf�rieur doit defcendre quelque peu au def-fous du diaphragme. On couvre ce tuyau d�unnbsp;autre un peu plus large, ferme par en haut, Scnbsp;ayant en bas fur le c�t� une ouverture , enfortenbsp;que, lorfqu�on verfera de l�eau dans le vafe , ellenbsp;puifte s�y inf�rer entre deux, amp;c monter iufqu�anbsp;1�orifice fup�rieur S du premier. Enfin l�on maf-quera ce m�canifme par une petite figure dansnbsp;l�attitude d�un homme qui fe baiffe pour boire , amp;nbsp;dont les levres feront un peu au deffus de Toriquot;nbsp;fice S.
Tome ly. nbsp;nbsp;nbsp;C
-ocr page 42-Lorfqu�on verfera de l�eau dans ce vafe, elle n�aura pas plut�t touch� les levres de la petitenbsp;figure , que, furpaflfant l�orifice S, elle comnien-cera a s��couler par Ie tuyau SM , amp; il s��tabliranbsp;un mouvement de fyphon, en vertu duquel l�eaunbsp;s��coulera jufqu�a la derniere goutte dans la cavit�nbsp;inf�rieure, qui doit avoir fur Ie c�t� , vers Ie dia-phragme , une ouverture par laquelle l�air s��-chappe en m�me temps.
On pourroit rendre cette machine hydraulique encore plus plaifante , en faifant la petite figurenbsp;de maniere cjue l�eau, arriv�e vers fon derniernbsp;point de hauteur , lui fit faire un mouvement denbsp;t�te pour s�approcher d�elle ; ce qui repr�fenteroitnbsp;mieux Ie gefte de Tantale, tachant de faifir l�eaunbsp;pour �tancher fa foif.
PROBL�ME V.
Conjlrucilon d�un vafe qui contiennc fa liqueur etant droit, amp; qui kant incline comme pournbsp;boire, la perdc aujji-t�t toute.
C E vafe pourroit s�appeller la coupe enchantce, Sc pourroit fervir a mettre en a�fion Ie cont� fa-meux de La Fontaine qui porte ce titre : il feroitnbsp;feulement befoin d�en raafquer Ie m�canifme , cenbsp;qui n�eft pas difficile.
Pour former un vafe qui ait cette propri�t�, il faut percer fon fond ou fon c�t� , amp; y adapternbsp;la plus longue )ambe d�un fyphon , dont 1�autrenbsp;PI, X, �i*^t^ffidra prefque Ie fond, comme on voit dans lanbsp;�g.�.fig. 6'. Cela fait, qu�on remplifife ce vafe d�unenbsp;liqueur quelconque, jufq��a la courbure inf�rieurenbsp;du fyphon; il eft �vident que, lorfqu�on Ie portera
-ocr page 43-a la boiiclie Sc qu�on I�inclinera , ce mouvement fera furmonter cette courbure par la furface de lanbsp;liqueur i alors , par la nature du fyphon , la liqueur commencera a y coulqr , amp; elle ne cefleranbsp;de le faire jufqu�a ce qu�il n�y en ait plus, quandnbsp;m�me on remettroit le vafe droit.
La fig. 7 reprefente la maniere dont on pour- *� roit mafquer Tartifice entre les deux fonds d�une 7*nbsp;coupe; car le fyphon abc cach� entre ces deuXnbsp;fonds , produira le m�me elfet. On prefenteranbsp;done le vafe de la maniere convenable , a celuinbsp;qu�on voudra tromper, c�eft-a-dlre enforte qu�ilnbsp;applique les levres du cote de b, fommet du fyphon ; 1�inclinaifon de la liqueur la fera furmonternbsp;ce fommet, amp; aufii-tdt elle fuira par c. Maisnbsp;celui qui fera inftrult de I�artifrce, I�appllquera k.nbsp;fa levre du c�t�oppof�, amp; n��prouvera point lanbsp;m�me difgrace.-
PROBL�ME VI.
ConfiruUion dt la fontaine. qui couk amp; s�arr�te altirnativement.
Cette fontaine,'qui eft de I�inveniion de M. Shermius, eft fort ing�nieufe, amp; pr�fente un petitnbsp;fpeclacle affez divertlffant , parcequ�il femblenbsp;quelle coule Sc s�arrete au commandement. C�eftnbsp;encore un jeu de fyphon qui, par le mecanifmenbsp;particulier de cette machine, tantot eft obftrue Scnbsp;1'ufpendu , tantot eft libre amp;C agilTant, comme onnbsp;va le voir par la defeription qui fuit.
AB eft un vafe femblable a un tambour j 'g.* ferm� de tons cotes. Au fond d�en bas amp; au mj-lieu F, eft foud� un tuyau CD. Ses deux extre-jTtit�s C, D , font ouvertes; mais celle d�en haut
C ij
-ocr page 44-3lt;5 Recreations Math�matiques.
C ne doit pas toucher Ie fond , afin de donnet pafiage a l�eau. Pour remplir ce vafe, on Ie ren-verfe, amp; 1�on introduit l�eau par l�ouverture, D ,nbsp;^ufqu�a ce qu�il foit a peu pr�s plein.
Du milieu du fond d�une autre cuvette cylin-drique un peu plus large, GH, s��leve un tuyau de , tant foit peu plus �troit, enforte cju�il puiffenbsp;entrer exa�lement dans Ie premier. II doit �trenbsp;auffi un peu moins haut, Sc fon fommet E doitnbsp;�tre ouvert.
Ces deux tuyaux CD, ED , doivent avoir a une �gale hauteur peu au deflus du fond de la cuvette inf�rieure, deux trous correfpondants I, i,nbsp;enforte qu�introcluifant un des tuyaux dans 1�autre,nbsp;ils fe correfpondent, amp; �tabliffent entre 1�air ext�rieur amp; celui du vafe fup�rieur une communication. Enfin Ie vafe AB doit avoir a fon fondnbsp;deux OU quatre ouvertures, comme K, L , par o�nbsp;Peau puiffe s��couler dans la cuvette d�en basGH ;nbsp;amp; cette cuvette doit avoir auffi un ou deux trous,nbsp;comme M , N , moindres, par o� l�eau puiffenbsp;auffi s��couler dans un autre grand vafe fur lequelnbsp;portera toute la machine.
Pour faire jouer cette petite machine , on com-mencera par remplir prefque enti�rement d�eau Ie vafe AB ; puis, bouchant les tuyaux K, L, onnbsp;fera entrer Ie tuyau DE dans CD , enforte quenbsp;la cuvette GH ferve comme de bafe, amp; on feranbsp;t�pondre i�un � 1�autre les deux trous I, i; on d�-bouchera enfin les trous ou petits tuyaux K, L:nbsp;alors 1�air ext�rieur, communiquant par l�ouverture I i, avec celui qui eft au deffus de l�eau dunbsp;vafe AB , Peau coulera fans difficult� dans la cuvette GH: ifiais comme il en fortira moins de cettenbsp;cuvette qu�il n�en tombera d�en haut, elle s��l�-
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vera bientSt au deffus de l�ouverti�re I gt; amp; in-terceptera la communication de 1�air ext�rieur avec celui du haut du vafe AB , amp; peu apres I eaunbsp;s�arr�tera. L�eau continuant de couler de la cuvette , fans qu�il y en arrive de nouvelle, peu apresnbsp;1�ouverture I i fe trouvera d�bouch�e, la communication ci-delTus fe trouvera r�tablie : ainfinbsp;I�eau fe remettra a couler par les tuyaux K, L ,
6c elle montera au deffus de It, ce qui fera que peu apr�s I�eau s��coulera de nouveau, amp; ainfinbsp;alternativement, jufqu�a ce que route I�eau du vafenbsp;AB foit vuidee.
On reconnoit a un petit gargouiilement le moment oil Fair va s�introdulre par I�ouverture I i dans le haut du vafe AB, Scl�on faifit ce momentnbsp;pour commander a la fontaine de couler; on lulnbsp;ordonne pareillement de ceffer, lorfque 1�on voitnbsp;Beau paffer au deffus de cette m�me ouverture I i.nbsp;Oe-la vient le nom qu�on lui a donne , Aq fontainenbsp;commandement,
PROBL�ME VII. .
Conjlmclion d�une clepjidre montrant rjicure pat ricoukment uniforme de Veau,
No U S avons vu dans la Mecanique, que fi un Vafe eft perce par fon fond, Beau s�en ecoule plusnbsp;vite dans le commencement que fur la fin ; enfortenbsp;sue ft I�on vouloit employer r�coulement de Beau,nbsp;pour marquer les heures, ainfi que faifoient lesnbsp;anciens, il faudroit que les divifions fuffent fortnbsp;�n�gales, puifqu�en divifant toute la hauteur en 144nbsp;parties �gales , la plus �lev�e devroit, ft le vafenbsp;etoit cylindrique, en comprendre 23 , la feconde
2.1,6cc, Sc la derniere i feulement.
C iii
-ocr page 46-38 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
Y auroit-il quelque moyen de faire que cettamp; eau s��coiilat uniform�meut ? Voiia un probl�menbsp;qui fe pr�fente uaturellement a la fuite de l�ob-fervation pf�c�dente. Nous l�avons d�ja r�folunbsp;dans la m�canique , en enfcignant quelle formenbsp;il faudroit donner k un vafe pour que l�eau s�ennbsp;�coulat unifonn�ment par un trou perc� a fonnbsp;fond. Mais en voici une autre foUuion plus par-faite , en ce que , quelle que foit m�me ia loi denbsp;la retardation de la viteffe de l�eau , elle eft �gale-inent exafte.
Cette folution eft fond�e fur la propri�t� du fyphon , amp; elle eft aftez ancienne, puifqu^elle eftnbsp;de H�ron d�Alexandrie. La voici.
Ayez un fyphon ABC, a branches in�gales, dont vous garnirez la plus petite AB d�un fupportnbsp;de liege, capable de tenir cette derniere branchenbsp;amp; tout Ie fyphon dans la fituation verticale ,
PI.
tig.
, coinme on Ie voit dans la c). Lorfque vous ,. l�aurez mis en jeu , amp; que l�eau aura commencenbsp;a cottier par la plus longue branche, elle conti-nuera de couler avec la merne vitefle a queiquenbsp;hauteur que foit 1�eau ; car elle ne fe vuide dansnbsp;cet inftrument que par un effet de l�in�galit� desnbsp;forces avec lefquelles I�atmofphere pefe fur la fur-face du liquide amp; fur I�orifice de la plus longuenbsp;branche : puis done qu�a mefure que la fiirface dunbsp;liquide baifte, le fyphon baifle aulTi, il eft �vident qu�il y aura �galit� dans la vitefte de fonnbsp;t'coulement.
Si done on divifoit en parties �gales la hauteur du vafe DE, ks divifions poiirroient marquerdesnbsp;jntervalles �gaux de temps. Et pour rendre cettenbsp;clepfydre plus agreable , on pourroit mafquer lanbsp;branche AB par vine petite figure l�gere furnageanr
-ocr page 47-Physique. nbsp;nbsp;nbsp;39
I�eau du vafe, amp; montrant fur un petit tableau , avec une petite verge ou avec le doigt, I�heurenbsp;qu�il eft.
On pourroit, au contraire, faire tomber par wn pared fyphon, I�eau d�un vafe quelconque,nbsp;ftans un autre de forme prifmatique ou cylindri-que, dont s��l�veroit une petite figure furnageantnbsp;I�eau, 6c qul montreroit les heures de la manierenbsp;qu�on vient de dire.
^mlk ejl la plus grande hauteur a laquelle la tour de Babel eut pu hre �lev�e, avant que les mati-riaux port�s d fan fommet eujfent perdu toutsnbsp;leur pefanteur ?
Pour r�pondre a cette plaifanterie math�ma-tique , qui tient autant a 1�aftronomie phyfique qu�a la mecanique , il faut fqavoir ,
1� Que les corps diminuent de pefanteur en rai-fon inverfe du quarr� de leur diftance au centre de la terre. Un corps , par exemple, �lev� a lanbsp;diftance d�un demi-diametre de la terre au delTusnbsp;de fa furface, �tant par-la a la diftance de deuxnbsp;rayons, ne peferolt que de ce qu�il pefoit a lanbsp;furface.
iP Qu�en fuppofant que ce corps fuivit, avec le refte de la terre, le mouvement de rotationnbsp;qu�elle a fur fon axe , cette pefanteur feroit encore diminuee par la force centrifuge, qui, en fuppofant que des cercles inegaux foient decrits dansnbsp;le m�me temps, eft comme leurs rayons. Ainfi,nbsp;a une diftance double du centre de la terre , cettenbsp;force feroit double , 8c retrancheroit deux foisnbsp;autant de la pefanteur qu�a. la furface de la terre.
G iv
-ocr page 48-40 R�cr�ations Math�matiques.
Or Ton eft parvenu a decoiivrir que, fous I�equa-teur, la force ceirtrifuge retranche ~ de la pe-fanteur naturelle des corps.
3� Ailleurs que fous I�equateur, la force centrifuge �tant niolndre, amp; agiftant obliquement centre la pefanteur, en retranche une portionnbsp;moindre, en raifon du quarr� du finus de complement de la latitude au quarr� du finus total.
Toutes ces chofes pofees, on peut trouver a quelle hauteur devroit �tre un corps au delTus denbsp;la furface de la terre , amp; fous une latitude donnee ,nbsp;pour que, participant a fon mouvement diurne,nbsp;11 n�eut aucune pefanteur.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^
Or ]e troiive par 1�analyfe , que fous I�equa-teur, oil la diiTiinution de la pefanteur occafion-nee par la force centrifuge eft pr�clf�ment , a la furface de la terre la hauteur cherchee , a
3 �__
de ^ demi-diametres de la terre.
au deflus de la furface
compter du centre de la terre, devroit �tre j/289, ou 6 demi-diametres de notre globe plus ou
Sous la latitude de 30 degres , qui eft a peu pr�s celle des plaines de la Mefopotamie, ou lesnbsp;defeendants de Noe fe raflemblerent d�abord, amp;nbsp;tenterent, fuivant les livres faints, leur folie conf-truftion , on trouvera que la hauteur au deflus denbsp;la furface de la terre e�t du dtre de 6 ~ rayonsnbsp;de la terre.
Sous la latitude de 60 degres, cette hauteur eut du �tre , au deftlis de la furface de la terre , denbsp;de 9 demi - diametres terreftres amp;
Physique. nbsp;nbsp;nbsp;4^
wfime; car en ce lieu il n�y a point de trlfuge , puifque le corps qui feroit au po e ne fe-roit que tourner fur lui-meme.
PROBL�ME IX.
Si Von fuppofoit la tem percec d'un trou jtifcjti ^ fan antrc , combien de temps un corps matroit-ilnbsp;d parvenir d ce centre, en faifant d�ailleurs abf-traclion de La r�jij�ance de Vair?
La clrconf�rence de la terre ayant 9000 lieues, de 1183 toifes chacune , fon demi diametre fenbsp;trouve de 1432 lieues, ou de 19618400 toifes.nbsp;11 n�y auroit done aucune difficult� a r�foudre cenbsp;probl�me , fi l�acc�l�ration �toit uniforme ; car ilnbsp;n�y auroit qu�a dire, fuivant la regie de Galilee,nbsp;comme pieds amp; de Paris font a 19618400nbsp;pieds, ainii le quarr� d�une feconde, qui eft lenbsp;temps employ� a parcourir 15 pieds-7^ de Paris,nbsp;a un quatrieme terme , qui fera le quarr� du nom-bre des fecondes employees a parcourir 19618400nbsp;pieds. Or ce quatrieme terme fe trouvera denbsp;1299167 : done , en tirant fa racine quarr�e , onnbsp;aura le nombre cherch� , fqavoir ,1140 fecondesnbsp;ou 19 minutes. Tel feroit, dans cette premierenbsp;hypothefe , le temps qui feroit employ� par unnbsp;corps grave a tomber au centre de la terre.
Mais il eft beaucoup plus probable qu�un corps port� le long d�un rayon terreftre , perdroit de fanbsp;pefanteur a mefure qu�il approcheroit du centre ;nbsp;car a ce centre il n�en auroit aucune ; amp;: 1�on d^nbsp;tnontre d�ailleurs que , la terre �tant fuppof�e uni-form�ment denfe , amp; l�attracfion �tant en raifot*nbsp;inverfe du quarr� des diftances , la pefanteur de-
-ocr page 50-41 R�cr�at. Math�mat. et Phys. croitroit comme Ia dlftance au centre. II faufnbsp;done r�foudre Ie probl�me de cette feconde ma-niere.
On y parvient au moyen de cette propofition , que Newton a d�montr�� : Si Von d�crit un quartnbsp;de cerek ayant pour rayon la dijlance au centre, denbsp;la terre ^ Vare qui a /3 pieds amp; pour Jinus verfe,nbsp;ejl au quart de eerde , comme une feconde employee anbsp;d�crire, en tombant, ces fS pieds , au temps employ� a d�crire tout k demi-diametre terrefre.
Orl�arc terreftre qui r�pond a 15 pieds amp; de chute OU de finus verfe, eft de 4' 16quot; fquot;, 8c eetnbsp;are eft au quart de eerde, comme i anbsp;conf�quemment on a cette proportion a faire;nbsp;comme 4' 16quot; f� font a 90�, ou comme i eftnbsp;a 1265 ~ ^ ainfi une feconde employee a tombernbsp;de 15 pieds de haut a la furface de Ia terre , eftnbsp;a 1265quot; 36quot;', OU 2t' 5quot; 36'quot; : ce fera Ie tempsnbsp;employ� a tomber de Ia furface de la terre aunbsp;centre , dans la fuppofition que nous examinons,nbsp;qui eft plus conforme a la phyfique que la pr�c�-dente.
PROBL�ME X.
Quef-ce qui arriveroit f la lune �toit tout-d-coup
arr�t�e dans fon mouvement circulaire , amp; en
combien de temps tomberoit-elk fur la terre ?
La lune ne fe foutenant dans l�orbite qu�elle d�-crit autour de la terre, que par un effet de la force centrifuge qui uait de fon mouvement circulaire ,nbsp;amp; qui contrebalance fa pefanteur vers la terre, ilnbsp;eft �vident que ft Ie mouvement circulaire �toitnbsp;d�truit,la force centrifuge feroit auffi an�antie : lanbsp;iune feroit done alors uniquement livr�e a fon
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mouvement de tendance vers la terre , amp;: tombe-roit fur elle par un mouvement acc�l�re.
Mals ce mouvement ne feroit pas accelere fui-vant la lol d�couverte par Galilee, car cette loi fuppofe que la force de pefanteur eft uniformenbsp;OU toujours la m�me. Or iel la pefanteur de lanbsp;lune vers la terre, varieroit amp; augmenteroit ennbsp;raifon inverfe du quarr� de la diftance, a mefurenbsp;qu�elle fe rapprocheroit de ce centre ; ce qui rendnbsp;Ie probl�me beaucoup plus difficile.
Newton cependant nous a enfeign� Ie moyen de Ie r�foudre; 11 fait voir que ce temps eft �galnbsp;a la moiti� de celui que cette m�me planete em-ploieroit a faire une revolution autour du m�menbsp;corps central, mais a une diftance moindre de lanbsp;moiti�.
Or on fqait que l�orbite lunaire eft a peu de chofe pr�s im eerde dont Ie rayon eft de 60nbsp;demi-diametres terreftres, amp; fa revolution eft denbsp;17 jours 7 beures43'1: d�o� 1�on conclud , aunbsp;moyen de la fameufe regie de K�pler, que ft ellenbsp;n��toit �loign�e de la terre que de 30 rayons terreftres , elle emploieroit feulement, dans cette revolution , 9 jours 1511 51'; conf�quemment fanbsp;demi-r�volution feroit de 4 jours 19^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;C�eft
Ie temps que la lune emploieroit a tomber juf-qu�au centre de Ia terre.
On dit que la revolution de la lune eft de 2.7 jours 7 heures, 43 minutes, amp; non de 29 jours 12 fteures 44nbsp;min.; car il eft ici queftion de la revolution depuis un pointnbsp;du ciel jufqu�au m�me point, amp; non de la revolution ly-uodlque, qui eft plus longue , parceque, quand la lune anbsp;fait fon tour entier, elle a encore a rejoindre Ie foleil, qu'gt;nbsp;pendant les 27 jours, s�eft avanc� en apparence de ^7 �nbsp;gr�s OU environ.
-ocr page 52-44 Recreations Math�matiques;
Re M AR (IV E.
Si on examinoit de in�me en combien de temps chacune des planetes circumfolaires tomberoitnbsp;dans le foleil, on trouveroit quenbsp;Mercure y tomberoit ennbsp;Venus ennbsp;La Terre ennbsp;Mars en .
Jupiter en Saturne en
Quelle feroit la. pefantcur d'un corps tranfport� a. la furface du Soleil, ou d'une autre planete quenbsp;la Terre, comparee a celLe de ce carps fur la fur~nbsp;face de noire globe ?
Il eft d�montr� aujourd�hui, pour tons ceux qui font en �tat d�en pefer les preuves, que la pefan-teur d�un corps fur la furface de la terre , ri�eft autre chofe que le refultat des tendances de ce corpsnbsp;vers toutes les parties de la terre , dont doit reful-ter line tendance cotnpofee, paflant par le centre ,nbsp;dans la fuppofition ou la terre feroit pr�cif�mentnbsp;un globe ; ce que nous fuppofons ici, a caufe dunbsp;peu de difference qu�il y a entre fa figure amp; lanbsp;figure fpherique. II eft pareillement d�montr� que ,nbsp;I�attraftion fe faifant en raifon direfte des maffes,nbsp;amp; en raifon inverfe du quarre des diftances , unnbsp;corpufcule de matiere , plac� fur la furface d�unenbsp;fphere qui exerce fur lui fon attraftion , tendranbsp;vers elle avec une force qui fera la m�me que flnbsp;toute fa maffe �toit reunie a fon centre.
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II fuit de-la que , fi Ton Tuppofe deux fpheres inegales en diametre amp; en maffe, la pefanteur dunbsp;corpufcule fur 1�une , fera a celle du meme cor-pufcule fur 1�autre , en raifon compof�e de la di-refte de leurs maffes , amp; de 1�inverfe des quarr�snbsp;de leur demi-diametre.
Or, par les obfervations affronomiques, on de-montre que Ie demi-diametre du foleil �toit �gal a III demi-diametres terreftres, amp; que fa maffenbsp;eft a celle de la terre, comme 341908 a i : donenbsp;Ia pefanteur d�un corps fur la furface du foleil, eftnbsp;a celle de ce m�me corps fur la furface de lanbsp;terre , en raifon compof�e de 341908 a i, amp; denbsp;i�inverfe du quarr� de 111 a celui de i , c�eft-a-dire de 123 21 a i.
Divifez done Ie nombre 341908 par 123 21 , vous aurez 2y Sc environ -1: ainli un corps d�unenbsp;livre , tranfport� a la furface du foleil, en p�fe-roit 27
Faifons fentir ceci par un raifonnement encore plus fimple. Si toute la maffe du foleil, qui eftnbsp;341908 fois auffi grande que la terre , etoitnbsp;ramaff�e dans un globe �gal a la terre , Ie corpsnbsp;donf nous parlons , au lieu de pefer une livre , ennbsp;peferoit 341908. Mais comme la furface du foleilnbsp;eft 111 fois autant �loign�e de fon centre que cellenbsp;de la terre l�eft du fien , il s�en enfuit qu�il fautnbsp;diminuer Ie poids ci-deffus en raifon de 12321 ,nbsp;OU du quarr� de 111 au quarr� de 1�unlt� , c�eft-a-dlre qu�il ne faut prendre que la 12321*^ pattienbsp;du poids trouv� ci-deffus ; ce qui donne celuinbsp;que nous avons trouv� plus haut.
Par un raifonnement fembiable , on trouveroit qu�un corps d�une livre , port� a la furface de Jupiter , en peferoit 3 j Sc a celle de Saturne,
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1 nbsp;nbsp;nbsp;; fur celle de la lune , 3 onces feulement�
On ne peut fi^avoir quelles font les maffes de Mercure, de V�nus amp; de Mars, parceque aucunnbsp;corps ne circule autour d�eux ; ce qui ne permetnbsp;pas de r�foudre ce probl�me a leur �gard.
PROBL�ME XII.
Conjlrulre unc fontaim qui jaiUijJc par la com-prejfion dc rair.
Soit un vafe dont la fe�lion eftrepr�fent�e paf PI. a,laj%./o,c�eft-a-dire compof�d�un pi�deftal cylin-fig. lo- drique ou parall�l�pipede, couronn� d�unexfifpecenbsp;de coupe FADE. Ce pl�deftal eft partag� en deuxnbsp;cavlt�s par un diaphragme NO. La cavit� fup�-rieure doit �tre un peu moindr� que l�inf�rieure.
Du fond de la coupe part un tuyau GH, a travers ce diaphragme, qui va jufques pr�s dunbsp;fond CB. Au contraire , Ie tuyau LM doit avoirnbsp;fon orifice fup�rieur L pr�s du fond de la coupe ,nbsp;amp; l�inf�rieur M fort peu au deffous du diaphragmenbsp;NO. IK repr�fente enfin un tuyau tr�s-menu parnbsp;fon bout fup�rieur, amp; dont 1�orifice inf�rieur vanbsp;prefque jufqu�au diaphragme.
Le vafe �tant ainfi conftruit , on remplira par un trou lat�ral la cavit� fup�rieure iufques pr�s denbsp;l�orifice L du tuyau LM ; apr�s quoi 1�on boucheranbsp;foigneufement ce trou ; on verfera enfuite de l�eaunbsp;dans la coupe : cette eau, coulant dans la cavit�nbsp;Nb , en comprimera 1�air, amp; le forcera a paffernbsp;en partie par ML , au deffus de l�eau de la cavit�nbsp;fup�rieure ; il s�y condenfera de plus en plus, amp;:nbsp;forcera l�eau a jaillir par l�orifice I, fur-tout fi onnbsp;la retient pendant quelaue temps, foit en tenant
-ocr page 55-Ie doigt fur I�ouverture I, fqit au moyen d�un petit robinet qu�on n�ouvrira qu�a propos.
R E M A R dU E S.
I. Cette petite fontalne peut �tre vari�e de bien des facons. Par exemple, fi Ie poids de Peau coulant par GH dansla cavit� inf�rieure NB, n��toitnbsp;pas fuffifant pour donner affez de jet a 1�eau for-tant par I, on pourroit y infinuer de 1�eau avecnbsp;une feringue , ou bien de Pair avec un fouffletnbsp;adapt� a I�orifice G, amp; garni a fon tuyau de for-tie d�un robinet.
On pourroit y couler du vif-argent, qui, par fon poids, y p�n�treroit malgr� la r�fiftance denbsp;1�air , Ie forceroit d�agir avec force coritre Ienbsp;fluide renferm� dans la cavit� fup�rieure.
II. On peut ex�cuter cette petite fontaine d�une maniere bien plus fimple; car ayez une bouteillenbsp;telle que AB , par Ie goulot amp; Ie bouchon de la- pi. 2,nbsp;quelle vous introduirez dans fa cavit� un tuyau fig. ii-CD , dont l�orlfice inf�rieur D foit plong� jufquesnbsp;bien pr�s du fond , amp; l�orifice fup�rieur termin�nbsp;par une ouverture affez �troite. La communication entre 1�air ext�rieur amp; Tint�rieur de la bouteille , doit �trebien intercept�e en A. Suppofonsnbsp;maintenant cette bouteille remplie auxtrois quartsnbsp;d�eau ; foufflez par l�orifice C dans Ie tube avecnbsp;toutes vos forces : vous y condenferez l�air dansnbsp;1�efpace AEF, au point que, preffant fur la furfacenbsp;EF, l�eau fortira avec imp�tuofit� par Ie petit orifice C, Sc s��l�vera affez haut. Lorfque Ie jeunbsp;la machine aura ceff�, il fuffira, s�il reffe denbsp;, d�y fouffler encore de l�air, Sc fon jeu rc-commencera tant qu�il y aura de I�eau,
-ocr page 56-48 Recreations Math�matiques, PROBL�ME XIII.
Conjiruciion d�un vafe qui donne autant de vil* quony verfe d'eau.
La foliition de ce probl�me eft une fuite , ou , pour mieux dire , une fimple variation de cellenbsp;du pr�c�dent. Qu�on fuppofe en ef�et Ie petitnbsp;tuyau IK fupprim�, qu�on rempliffe la cavit� AOnbsp;de vin, amp; qu�on adapte vers Ie fond NO un petitnbsp;PI. I� robinet R un peu �troit; il eft �vident que , quandnbsp;%� on verfera de l�eau dans Ie vafe fup�rieur FADE,nbsp;1�air forc� de paiTer dans la cavit� fup�rieure,nbsp;prelTerala furface du vin, amp; 1�obligera de coulernbsp;par Ie robinet, jufqu�a ce qu�il foit en �quilibrenbsp;avec Ie poids de l�atmofpbere : alors, qu�on verfenbsp;Fig. 10. de nouvelle eau dans la coupe FD , il fortira anbsp;peu pr�s autant de vin par Ie robinet ; enfortenbsp;qu�il fernblera que l�eau eft chang�e en vin,
C�eft pourquoi, s�il �toit permis de faire allufion a un trait c�lebre de l�hiftoire fainte, on pourroit ,nbsp;en donnant a ce vafe la forme d�une cruche, Ienbsp;nommer la. cruche de Cana,
PROBL�ME XIV.
ConjlruBion d'une machine hydraulique, ou un oifeau boit autant d'eau quil en jaillit parnbsp;un ajutage.
Soit Ie vaifleau dont la coupe eft repr�fent�e Fig. 12.paria fig. 12, qui eft divif� en deux par Ie dia-phragme horizontal EF, amp; dont la cavit� fup�rieure eft aufli partag�e en deux par une cloifonnbsp;verticale GH. Le tuyau LM , prenant du fond dunbsp;premier diaphragme , amp; defcendant prefque juf-
cju�au
-ocr page 57-Physique.
^ii�au fond DC , forme la comrnunication de la Cavite fuperieure HF, avec 1�inf�rieure EC. Unnbsp;tuyau IK , montant du fond EG prelque jufqu�aunbsp;^ond AB, forme une autre communication entrenbsp;la Cavite inf�rieure EC amp; la fuperieure AG. Lenbsp;tuyau NO, termin� a fon fommet par une ouver^nbsp;ture tr�s-petite , defcend fort pr�s du diaphragmenbsp;int�rieur EG, Sc paffe par le centre d�une coupenbsp;RS, deftiu�e a recevoir I�eau fortant de ce tuyau.nbsp;Enfin , au bord de cette coupe efl un oifeau ynbsp;plongeant fon bec , ou eft l�ouverture d�un fyphonnbsp;recourb� QP , dont 1�orifice P eft beaucoup inf�-riertr a Porifice Q. Telle eft la conftrutlion de lanbsp;machine ; en voici 1�ufage amp; reffet.
On rempllra d�eau les deux cavit�s fup�rieures , pat deux trous m�nag�s expres fur les c�t�s dunbsp;vafe , amp; qu�on fermera enfuite. II eft aif� devoirnbsp;que l�eau ne dolt pas exc�der , dans la cavit� AG,nbsp;la hauteur de 1�orifice K du tuyau KI. Cela fait,nbsp;en ouyrant le robinet adapt� au tuyau LM , l�eaunbsp;de la cavit� fuperieure HF s��coule'dans la cavit�nbsp;inf�rieure , elle y comprim� 1�alr qui pafte par lenbsp;tuyau KI dans la cavit� AG, amp; y comprimantnbsp;celui qui eft au deffus de l�eau , la force de jaillirnbsp;par le tuyau NO ; d�o� elle retombe dans lanbsp;coupe.
Mals en m�me temps que l�eau s��coule de la cavit� BG dans 1�inf�rieure, l�alr fe rar�fie dansnbsp;Ia partie fup�rieure de cette cavit� : ainfi le poidsnbsp;de l�atmofphere aglffant fur l�eau d�] a verf�e dansnbsp;la coupe par 1�orifice O du tuyau montant NO ;nbsp;l�eau s��coulera par le tuyau recourb� QSP dansnbsp;cette m�me cavit� BG; ce mouvement, unenbsp;fois �tabli, continuera tant cju�il y aura de l�eaunbsp;dans la cavit� AG,
Tome. IV. nbsp;nbsp;nbsp;D
-ocr page 58-50 R�cr�at. Math�mat. et Phys. PROBL�iME XV.
Faire une fontaine qui jaillijjc par la rar�faclion de l'air dilate par la chaleur.
FaiTES iin vafe cylindrique ou prifmatique, PI. 2,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;coupe eft repr�fent�e par la fig. 12. II fau-
fig. 12- dra qu�il foit port� fur trois ou quatre pieds un peu �lev�s, pour pouvoir placer au deflbus un rechaudnbsp;plein de feu. La cavit� de ce vafe dolt �tre divif�enbsp;en deux par un diaphragme EF, lequel fera perc�nbsp;d�un trou rond , d�un pouce environ de diametre.nbsp;Ce trou fervira de bafe a un tube cylindrique GH ,nbsp;qui s��l�vera prefque jufqu�au fond fup�rieun, quinbsp;fera furmont� d�une cavit� en forme de coupe ounbsp;coquille , pour recevoir l�eau que fournira Ie jetnbsp;d�eau. Enfin Ie centre de cette coupe ou du fondnbsp;fup�rieur, donnera paffage a un tuyau foud� IK ,nbsp;qui defcendra prefque jufqu�au diaphragme EF : ilnbsp;pourra s��vafer un peu par en bas ; mais fon boutnbsp;fup�rieur doif �tre un peu �troit, pour que l�eaunbsp;jaillilTe plus haut. II fera a propos de garnir la par-tie apparente du tuyau IK d�un petit robinet, aunbsp;moyen duquel on puilTe retenir l�eau jufqu�a cenbsp;que 1�air, alTez rar�fi� dans la machine , puiffe pro-duire Ie jet.
La machine �tant ainfi conftruite, vous rempli-rez d�eau Ie r�fervoir fup�rieur, prefque jufqu�a la hauteur de 1�orifice H du tuyau GH; enfuitenbsp;vous mettrez fous Ie fond inf�rieur du vafe unnbsp;rechaud plein de charbons ardents, ou une lampenbsp;a plufieurs meches: 1�air contenu dans la chambrenbsp;inf�rieure fera auffi-tot rar�fi�, amp; paflera par Ienbsp;tuyau GH au deffiis de l�eau 'contenue dans la ca-vir� fup�rieure, amp;c la forcera d�entrcr par l�orifice I
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tuyau IK, amp; de jaillir par l�a�tre ouverture K.
Pour rendre l�effet plus fenfible amp; plus sur , H ne fera pas mal de mettre une petite quantit� d�eaunbsp;dans la cavit� inf�rieure; car, lorfque cette eaunbsp;bouil�ra, la vapeur �laftique qu�elle produira ,nbsp;paffant dans la capacit� du r�fervoir fup�rieur , lanbsp;prefiera avec beaucoup plus de force, amp; fera jaillir 1�eau plus haut.
II faut cependant prendre garde de ne pas �chauffer trop forteinent cette machine , fi Tonnbsp;y einploie la vapeur de l�eau bouillante; car ellenbsp;pourroit �clater en morceaux , par un effet de lanbsp;violence de l�eau r�duite en vapeurs.
, PROBL�ME XVI.
MeJ'urer h dcgri de. chaleur de l'air amp; des autres fiuides, Hijloire amp; conjiruclion du Thermometre.
L� UNE des inventions les plus ing�nieufes qul cara(fl:�rirent la renaiffance de la faine philofophienbsp;dans les premieres ann�es du fiecle dernier , eftnbsp;celle de 1�inftrument que nous appelons Ie thermometre , paree qu�il fert a ntefurer la chaleur desnbsp;corps, amp; principalement celle de l�air amp; des flu�des dans lefquels on peut Ie plonger. Cette invention eft commun�ment attribu�e a 1�acad�mie delnbsp;Cimento^ qul floriflbit a Florence , fous la protection des grands-dues de la Maifon de M�dicis,,nbsp;^ qui fut la premiere de l�Europe qui s�adonna knbsp;la phyfique exp�rimentale. On pretend auffi quenbsp;Corneille Drebbel, d�Alcma�r dansla Nort-Hol-lande, qui vivoit a la cour de Jacques I, rolnbsp;d�Angleterre, a part ^ cette invention. Ce n�eft
Dij
-ocr page 60-5z R�cr�at. Math�mat. et Phys. pas ici Ie lieu de difcuter ce point d�hiftoire denbsp;la phyfique 1.
L�invention du thermometre eft fond�e fur la propri�t� qu�ont les corps, amp; fur-tout les fluides ,nbsp;de fe dilater par la chaleur qui les p�netre. L�el�pritnbsp;de vin pofledant �minemment cette propri�t� ,nbsp;fut auffi Ie liquide qu�on employa de preference.nbsp;On prit un tube de verre fort �troit, termin� parnbsp;une boule d�un pouce environ de diametre, quenbsp;l�on remplit de cette liqueur, apr�s l�avoir color�enbsp;en rouge au moyen d�une teinture de tournefolnbsp;OU d�orfeille, afin qu�elle fut plus vifible. 11 eft aif�nbsp;de fentir que la capacit� de la boule �tant conft-d�rable eu �gard a celle du tube, pour peu quenbsp;la liqueur fe dilatat, elle �toit forc�e de paffernbsp;en partie dans Ie tube ; ainfi la liqueur y devoitnbsp;monter. Elle defcendoit au contraire n�ceflaire-njent, lorfqu�ell� �toit coiidenf�e par Ie froid. Onnbsp;avoit feulement l�attention de faire enforte que ,nbsp;dans Ie plus grand froid, la liqueur ne rentrat pasnbsp;enti�rement dans la boule, amp;c que, dans la plusnbsp;grande chaleur qu�on vouloit mefurer , elle n�en
Note du Cenfeur. Le premier thermometre d�crit amp; piibiie par la v�ie de rimprellion, l�a �t� par Salomon denbsp;Caux , ing�nieur Francois, dans fon livre des Forces mou-vantes, imprim� en 1624 , in-folio , mais , a ce qu�il parole , ant�rieur pour la compofition , car 1�Epitre d�dica-toire a Louis XIII eft de 1615 , amp;. Ie privilege accord�nbsp;par ce nionarque eft de 1614. Ce thermometre eft unnbsp;thermometre d�air, qui agit, par la dilatation de ce fluidenbsp;renferm� dans une caiffe , contre Feau qu�il force de s��-lever dans un tube. Drebbel, dont on f?aft feulement quenbsp;le thermometre �toit auffi un thermometre'a air, a-t-ilnbsp;precede Salomon de Caux, ou celui-ci a-t-il pr�c�d� lenbsp;phyficien Nort-Hollandois i C�eft ce qu�il paroit di�kilenbsp;de determiner.
-ocr page 61-fort�t pas. Vers le bas etoit infcrites, par eftime, quelques indications , comine froid, amp; plus basnbsp;grand froid; versie milieu, temp �r�; amp; (Jans lenbsp;baut chaleur, grande chalcur.
Telle eft la conftruclion du thermometre ap-pel� de Florence, dont on a fait ufage pendant pt�s d�un ftecle; amp; tels font ceux que d�bitentnbsp;encore fouvent dans les provinces des charlatansnbsp;ambulants , amp; qu�achetent avec confiaiice des gensnbsp;peu inftruits.
Ce thermometre, en effet, quoique Ton ait retenu fa forme amp; la plus grande partie de fanbsp;conftruftion, a le defaut de n�indiquer que d�unenbsp;hianiere fort vague amp;: incertalne les variationsnbsp;de la chaleur. On peut bien fqavoir, par fonnbsp;moyen , qu�un jour il a fait plus froid ou plusnbsp;chaud qu�un autre , mais on ne peut comparer cenbsp;chaud ou ce froid a aucun autre, ni a celui d�unnbsp;autre lieu : d�ailleurs les mots froid Sc de chaudnbsp;n�indiquent que des relations. Un habitant denbsp;Mercure trouveroit probablement tr�s - frais , Scnbsp;peut-etre froid , utr de nos �t�s les plus chauds jnbsp;tandis que celui de Saturue , tranfporte fur lanbsp;terre dans un hiver de notre zone glaciale , lenbsp;trouveroit peut- �tre d�une chaleur intolerable.nbsp;Nous �prouvons'nous-m�mes, a la fin d�un beaunbsp;jour d��t� , un fentimcnt de froid , lorfquc nousnbsp;foinmes tranfportes dans un air beaucoup moinsnbsp;chaud; amp; au contraire.
On a cberche , par cette raifon, a faire des thennometres ou les degres de chaud 8c de froidnbsp;fuffent coinparables a un degr� de chaleur ou denbsp;froid invariable dans la nature; enforte que tonsnbsp;les thermometres conftruits fuivant ce principegt;nbsp;quoiqvre par des mains diff�rentes amp; en diff�rents.
D iij.
-ocr page 62-lt;j:4 R�cr�at. Math�mat. et Phvs.
lieux OU temps, s�accordaflent cependant entr� eux , amp;c niarquaffent Ie meme degr� , �tant expo-f�s a la -m�me temperature. C��toit Ie feul moyennbsp;de faire des exp�riences de quelque utilit� fur cettenbsp;inatiere.
On y eft enfin parvenu , au moyen des deux principes fuivants , que l�exp�rience a fait d�-couvrir.
Le premier eft , que Ie degr� de temperature de la glace pil�e amp; commenqant a fondre , ou ,nbsp;fi 1�on vent, de l�eau commune commenqant a fenbsp;glacer , eft conftamment le m�me en tout lieunbsp;amp; en tous les temps,
Le fecond eft, que le degr� de temp�rature de l�eau bouillante eft aufli toiqours conftante.nbsp;Nous entendons parler de l�eau douce , amp; nousnbsp;fuppofons d�ailleurs que la hauteur du thermome*nbsp;tre ne varie point ; car on fqait aufli que, lorfquenbsp;I�eaueft chargee d�un plus grand poids,ellea befoinnbsp;d�un degr� de chaleur un peu plus grand que lorfi-qu�elie eft moins charg�e. C�eft ce qu�on eprouvenbsp;dans la machine pneumatique , ou , ung parti�nbsp;de I�air �tant vuid� , l�eau bout a un moindre degr� de chaleur qu�expof�e a I�air libre. P�ou fuitnbsp;cette efpece de paradoxe, qu�au fommet d�unenbsp;montagne I'eau n�a pas befoin d�autant de chaleurnbsp;pourbouillir qu�au pied. Mais quand la pefanteurnbsp;de I�air eft la m�me , amp; que I�eau ne tient fenfible-ment aucun fel en folution , elle commence knbsp;bouillir an m�me degr� de chaleur ; amp; , une foisnbsp;parvenue a cet �tat, elle n�en contradfe pas un plusnbsp;grand, quelque fort que paroiffe le bouillonnement,nbsp;Ces deux degr�s conftants de froid amp; de chaud,nbsp;aif�s a fe procurer , ont paru par cette raifonnbsp;phyfi�iens 5 to�t-a-fait propres a fervir a la
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conftruftion de leurs thermometres. Voici la ma-
niere la plus limple d�y proceder-
Ayez un tube, dont un des bouts folt renfle en boule d�un pouce environ de diametre: unenbsp;moindre dimenfion fuffira, fi le tuyau etoit abib-lument capillaire. Rempliffez-le de vif-argent,nbsp;jufqu�a quelques pouces au deffus de la boule.nbsp;Nous enfeignerous plus bas comment cela fe peutnbsp;faire. Prenez enfuite de la glace pil�e , que vousnbsp;mettrezdans un vafe, amp; vous y plongerez la boulenbsp;de votre thermometre. Lorfque le mercure auranbsp;cefle de defcendre , faites une marque au tubenbsp;pour reconnoitre ce point; apr�s cela faites bouil-lir de 1 eau douce , plongez-y votre thermometre,
amp;c remarquez le point ou il ceffera de monter : ce fera celui de I�eaubouillante, ll ne refle plus qu�anbsp;divifer cet intervalle en un nombre de parties ega-les, tel qu�on voudra ; celui de too me paroit lenbsp;plus convenable. Pour cet effet, on applique cenbsp;tube a une petite planchette , 1�on colie un papiernbsp;derriere le tube , amp; Ton divife I�intervalle entrenbsp;les deux marques, dans le nombre de parties qu onnbsp;a choifi; on en porte quelques-unes au deffousnbsp;du point de la glace , auquel on infcrit o; voilanbsp;un thermometre conftruit.
11 eft feulement neceftaire de s�affurer avec foin ft le diametre du tube eft le m�ine dans toute fanbsp;longueur; car il eft aif� de.voir qu�un tube inegalnbsp;dans fon calibre , cauferoit au mercure des mou-�vements irr�guliers. Pour cet effet, on introduitnbsp;une petite goutte de mercure dans le tube, amp;nbsp;on le lui fait parcourir. Si elle y occupe par-tout la m�me longueur, il eft �vident que le tubenbsp;n�a aucun endroit plus large ou plus r�tr�ci qu unnbsp;autre; fi la goutte eprouve des allongements ott
D iv
-ocr page 64-56 R�CR�AT. MATH�MAT, ET PhYS, raccourciflements , on doit y avoir �gard, ou re-jeter Ie tube.
Plufieurs phyficiens modernes font entr�s , pour la conftruflion de leurs thermometres , dans denbsp;grands d�tails fur 1�augmentation de volume qu�ac-quierent Ie mercure amp;c l�efprit de vin, lorfque dunbsp;ciegr� de glac� ils paffent a celui de 1�eau b�uilquot;nbsp;lante, Mais il rne paroit que, ces deux termesnbsp;�tanf reconnus coinme invariables, ils pouvoientnbsp;s��pargner ces confid�rations , qui ne font quenbsp;rendre leurs proc�d�s fort embarraffants.
II nous rede a dire comment on remplit le tube amp; la bouteille de la liqueur deftin�e ^ former lenbsp;thermometre , amp; que nous fuppoferons^ici dunbsp;Tuercure , par les raifons qu�on verra plus has; carnbsp;il y a des difficultes a executer cette operation,nbsp;fur-tout quand le tube eft capillaire. Voici la ma-niere de le faire,
Une premiere attention k avoir, eft de bieii nettoyer Pinterieur du tube; ce qui fe peut faire,nbsp;s�il n�eft pas capillaire, au moyen d�un petit tampon Lien fee, emmanch� a un fil de m�tal, amp;nbsp;qu�on promene dans i�interieur. Si le tube eft capillaire , il faut echauffer d�abord le tube , amp;c en-fuite la boule. L�air foriant de cette derniere,nbsp;chaflera les petites immotidices qui y peuvent �trenbsp;attach�es.
II faut auffi que le mercure foit bien pur ou re-vivifi� du cinabte, amp; qu�il ait bouilli, pour en drafter Pair qui peut y �tre dilf�min�.
Apr�s cela, on attache au foinmet du tube un petit eutonnoir de papier; mi approche d�abord,nbsp;amp; peu-a-peu, le tube d�un brafier ardent, de ma-niere a P�chauffer par degres|, amp; enfuite on �chauffenbsp;k boule de la m�me maniere, enforte que ie tout
-ocr page 65-A)it aflez chaud pour ne pouvoir �tre tenu fans un gand epais. Quand le thermometre eft a ce degrenbsp;de chaleur, on le releve , amp;: on remplit de mer-cure �chauff� le petit entonnoir ci-deflus. A nie-fure que le verre fe refroidit, 1�air s�y rar�fie, amp;nbsp;donne entree au mercure dans la boulc, jufqu anbsp;ce qu�il (bit en equilibre avec lui. On reltere cettenbsp;op�ration pour faire entrer de nouveau mercure,nbsp;jufqu�a ce que la boule amp; le tube foient pleins.nbsp;Alors on graduele thermometre, enen chaflant,nbsp;par le moyen dela chaleur, tout ce qui excede cenbsp;qui doit y refter pour atteindre, �tant plong� dansnbsp;1�eau bouillante, le point qu�on a fixe vers le hautnbsp;du thermometre. Ayant fix� ce point de I�eaunbsp;bouillante , amp; I�ayant marque ou par un fil ou parnbsp;tin trait de lime , on laifle refroidir le thermometre, amp; on le plohge dans la glace fondante; cenbsp;qui donne le point de la glace.
II eft aife de fentir que If, dans cette operation , tout le mercure rentroit dans la boule , il faudroitnbsp;y faire entrer un peu de mercure , pour porter plusnbsp;haut le point de 1�eau bouillante.
Cela fait, on allongera un peu a la lampe cl�e-mailleur le bout fuperieur du tube , amp; on echauf-fera le mercure au point de monter tout pr�s de fon fommet; enfin on le clorra hermetiquement anbsp;la lampe, amp; par ce moyen il ne reftera dans lenbsp;haut du tube qu�une quantite d�air imperceptible ,nbsp;ou aljfolument nulle.
On attachera enfuite ce tube a la planchette qui doit le porter, ainli que les divifions. Cette planchette doit �tre de quelque matiere qui eprouvenbsp;tres-peu d�allongement dans fa longueur par lanbsp;chaleur. Le fapin a cette propri�t� , amp; 1�avantaganbsp;de la l�g�ret�; il faut que la boule foit ifolee du
-ocr page 66-58 R�cr�at. Math�mat. et Phys. bois , afin qiie 1�air puiffe mieux circuler, amp; qu�ellcnbsp;ne foit pas affeft�e par la chaleur que Ie bois peutnbsp;contra�er lui-m�m�.
Unequeftion fe pr�fente ici. Quelle eft la liqueur la meilleure amp; la plus convenable pour former un thermometre bon 6c durable ? eft-ce 1�efi-prit-de-vin, eft-ce Ie mercure?
Nous croyons qu�il n�y a plus, a eet �gard, de difficult� ni m�me de divifion parmi les phyfi-ciens. C�eft Ie mercure qui eft la liqueur la plusnbsp;convenable pour les thermometres. Ses avantaaesnbsp;�ur 1 elprit-de-vin ne paroitront pomt equivoquesnbsp;a qui confid�rera,
1� Que tous les efprits-de-vin , a moins qu�ils ne foient bien d�phlegm�s , ne font pas tousnbsp;femblables. Et qui peut aflurer que , dans ces diff�rents �tats, leur marche foit la m�me, ou qu�ilsnbsp;n�aient pas des mefures diff�rentes de dilatation anbsp;un m�me degr� de chaleur? C�eft m�me un pointnbsp;que l�experience a depuis v�rifi�. D�s-lors, plus denbsp;comparaifon certaine entre les divers thermometres a efprit-de-vin.
Si l�efprit-de-vln eft tr�s-d�phlegrn�, alors, �tant devenu une liqueur tr�s-fpiritueufe amp; tr�s-volatile, n�y a-t-ll pas a craindre que peu a peu ilnbsp;ne diminue de volume ? II eft vrai que pour ynbsp;obvier , on bouche herm�tiquement Ie tube parnbsp;en haut: mais cette precaution n�emp�chera pasnbsp;la partie la plus volatile de s�exhaler dans la capa-cit� fup�rieure du tube; amp; d�s-lors l�efprit-de-vin ,nbsp;devenu moms dilatable a caufe du phlegme ref-tant, reftera au deflbus du degr� o� il devroitnbsp;�tre ; c�eft m�me la ce qui arrivera a tout �tat denbsp;l�efprit-de-vin , foit qu�on 1�emploie pur ou pref-.que pur, foit qu�on 1�emploie avec l�eau , comme
-ocr page 67-Physique.
Cela fe pratique ordinairement pour moderer fa d�ilatabilit�.
3� L�efprit-de-vin bout ^ un degr� de chaleur luoindre que celui de 1�eau bouillante , par confe-quent il n�eft plus propre a examiner des degr�snbsp;de chaleur plus grands que celui-la; car, paffenbsp;1��buHition, Ia inarche de la dilatation d�une li-.nbsp;queur ne fuit plus les m�mes loix, puifque , paffenbsp;ce terme, elle fe volatilife , ou fe reduit tout-a-coup en vapeurs d�un volume de plufieurs milliersnbsp;de fois plus grand.
D�un autre cote , I�efprit-de-vin allie d�eau ell fufceptible de fe geler a un degr� de troid qui n�ellnbsp;pas beaucoup au deffous de celui de la congelation de 1�eau: ainli il fera peu propre a mefurernbsp;des degr�s de froid fort au deffous de ce derniernbsp;terme.
Le mercure n�a aucun de ces defauts. Tout mercure, autant que les chimilles ont pu I�eprou-ver , eft'homogene, lorfqu�il eft pur , avec toutnbsp;autre mercure : il ne bout qu�a un degr� de chaleur fix ^ fept fois plus loin du terme o, quenbsp;celui auquel I�eau elle-meme devient bouillante :nbsp;il ne fe congele qu�a un degr� exceffivement plusnbsp;bas que celui de la congelation de Teau
Un autre avantage qu�il a, foit dans les thermometres , foit dans les barometres, c�eft que, tandis qu�il eft dans 1�aftion de monter, la furfacenbsp;de la petite colonne de mercure prend une figurenbsp;Convexe ^ amp; quand il defcend, une figure con-t^ave: ainfi , tant qu�on voit cette figure convexe,nbsp;peut dire qu�il eft dans I�aftion de monter, amp;
naire,
* On parlera plus loin de cette exp�rlence extraordi
-ocr page 68-6o R�cr�at. Math�mat. et Phys,
quand elle difparoit 8c devient concave, c�efl: un figne qu�il defcend d�ja infenfiblement; ce qui eftnbsp;affez commode pour Ie pronoftic de la chaleur, amp;nbsp;pour reconnoitre fi elle aiigmente encore , fi ellenbsp;eft ftationnaire, OU fi elle commence a diminuer.
Dcfcrlption des Tkcrmowttres les plus c�lehres amp; les plus ujitls : Reduction des uns ciux autres.
�n fait ufage en Europe de plufieurs thermo-I metres qui, quoique conftruits furies meines principes , different n�anmoins dans leur divifion ou �chelle ; car cette divilion ou �chelle eft abfolu-ment arbitraire. II eft par conf�quent n�ceftairenbsp;d�en donner une idee , pour les r�dulre l�un anbsp;I�autre.
� Ces thermometres font celui de Fareinheit, artifte Anglois^ celui de M. de Reaumur, celuinbsp;de M. Celiius, amp; celui de M. D.elifle.
Le premier de ces thermometres eft fait avec Ie mercure, amp; a une gradation qui au premier alxirdnbsp;paroit fort bizarre. Au froid de la glace r�pond lenbsp;32.� degr� , amp; depuis ce terrne jufqu�a celui denbsp;1�eau bouillante on compte 180 degr�s , enfortenbsp;que la chaleur de 1�eau bouillante r�pond aunbsp;degr�. La raifon de cette divifion eft , que Fareinheit prit pour le degr� O de fon thermometre ,nbsp;le plus grand froid qu�il put exciter avec un ni�-lang e de neige amp; d�efprit de nitre ; il plongea en-fuite fon inftruinent dans la glace fondante , 8cnbsp;enfin dans 1�eau bouillante, amp; il divifa en 180nbsp;parties l�intervalle entre ces deux derniers points inbsp;ce qui lui en donna 3 z entre le froid artificiel cir
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deffus, Sc celui de la glace ordinaire. L�exp�rlence a appris depuis , qu�on peut produire un froid arti-ficiel bien plus confid�rable que celui qu�avoltnbsp;produit Fareinheit,
Ce thermometre eft celui dont les Anglols font Ie plus commun�ment ufage ; en quoi ils me pa-roilTent facrifier un peu a eet attachement national qul leur fait rejeter les inventions �trangeres,nbsp;quoique meilleures. Ce que je dis, au refte, nenbsp;tombe que fur la dlvifion bizarre du thermometrenbsp;de Fareinheit; car 11 nous paroit �tre Ie premiernbsp;qui ait employ� Ie mercure , amp; en cela on nenbsp;peut trop applaudir a fon id��. On pourrolt donnet toujours fon nom a fon thermometre , ennbsp;reftifiant fon �chelle , c�eft-a-dire en portant Ienbsp;Ie degr� o a fon 32^ ; alors il y en auroit i8onbsp;entre la glace amp; 1�eau bouillante , Sc Ie degr�nbsp;uftuellement marqu� o dans ce thermometre , fe-roit Ie �32e, en d�lignant par Ie figne n�gatif�nbsp;les degr�s au deffous de la glace.
Le thermometre de Reaumur eft fait ordlnalre-ment avec l�efprit-de-vin; Sc fa graduation eft telle, que le degr� de la glace fondante �tantnbsp;marqu� o , celui qui r�pond a 'l�eau bouillante eftnbsp;80; ainfi il y 3 80 degr�s entre ces deux tenues.nbsp;Au deftouS' de o on compte encore 1,2., 3,4,nbsp;en ajoutant ces mots, au dijfous de la glace , ou ,nbsp;pour abr�ger , en poignant au degr� le figne�.nbsp;C�eft ainli que nous en avons uf� dans les tablesnbsp;fuivantes.
Nous avons d�ja fait nos obfervations fur 1�ef-ptit-de-vin, employ� de preference par M. de l^�autuur; il eft fuperflu de les r�p�ter ici.
Le thermometre de M. Delifle eft fort ufit� dans le nord, Sc par cette raifon il eft a propos
-ocr page 70-R�cr�at Math�Mat. et Phys.
|j;.i
d�en faire connoitre la divifion, M. Delifle, paf des raifons aflez arbitraires, a fait partir fa divi-/ion du degr� de 1�eau bouillante en defcendant,nbsp;6c elle eft telle, qu�entre ce point 8c celui o� 1�eaunbsp;fe congele , i! y a 150 degr�s: ainfi 150 degr�snbsp;cle fon thermometre r�pondent, pour l��tendue,nbsp;a 80 de celui cle Reaumur, ou 180 de celui denbsp;Fareinheit.
Enfin MM. Celfius d�Upfal , 8c Chriftin de
P'''?
Lyon, reconnoiffant les d�fauts de l�efprit-de-vin , amp; trouvant aulTi des inconv�nients dans la divifion en 80 degr�s, ont chercb� a y rem�dier, ennbsp;faifant leur thermometre avec du mercure , 8c ennbsp;comptant 100 degr�s depuis Ie terme de la glacenbsp;jufqii�a celui de 1�eau bouillante. Ce thermometrenbsp;ne differe au fond de celui de M, de R�aumur,nbsp;qu�en ce qu�ils y ont employ� Ie mercure au lieunbsp;de refprit-de-vm, 8c qu�ils mettent 100 divifionsnbsp;dans Ie m�me ef^jace o� M. de Reaumur n�en anbsp;mis que 80 : ainfi un degr� du thermometre de M.nbsp;Celfius, �quivaut aux f d�un degr� de celui de M.nbsp;de R�aumur; 8c par conf�quent la r�du�llon denbsp;1�un a 1�autre eft facile, amp;C il feroit fuperfiu denbsp;l�enfeigner ici. Nous nous bornons a montrernbsp;comment les divifions de Fareinheit 8c de M. Delifle fe r�duifent a celle de M. de R�aumur,nbsp;attendu qu�il y a un peu plus de difiicult�.
Si done Ie degr� de Fareinheit efl; au deflfus du 32�, il faut en retrancher 32 , multiplier Ie refienbsp;par 4 , 8c divifer Ie produit par 9: Ie quotient feranbsp;Ie degr� correfpondant de la divifion de Reaumur. Que Ie degr� propol'� de Fareinheit foit, parnbsp;exemple, Ie 149�: de ce nombre �tant 32, Ienbsp;refte efl; 117, cju�on multipliera par 4 ; Ie produitnbsp;fera 468, qui �tant divil� par 9, donnera pour
-ocr page 71-Physique.
c}uotient 51: c�eft le degr� correfpondant du ther-inometre de Reaumur.
Sile degr� de Fareinheit eft entre i Sc 32 , 11 faut I�oter de 3 2 : le reftant �tant multipU� par 4 ,
le produit �tant divife par 9, on a au quotient le degr� correfpondant du thermometre de R�aumur. Ainfi le 12� degr� du thermometre de Fa-renheit, r�pond au 8� I de R�aumur au deflbusnbsp;de la glace.
Enfin , lorfque le degr� pr�pof� eft au-deftbus de o , il faut I�ajouter a 32 , amp; op�rer fur le reftant comme on a dlt plus haut: on aura au quotient de la divifion le degr� correfpondant de M.nbsp;de R�aumur. On trouve ainfi que le 4^^ degr� dunbsp;thermometre de Fareinheit au deftbus de o, r�pondnbsp;au 34�f au deffus de o dans le thermometre dunbsp;phyficien Franqois.
Que fi , au lieu de multiplier par 4 Sc divifer par 9, on eut multipli� par 5 amp; �galement divif�nbsp;par 9, on auroit eu le degr� du thermometre denbsp;MM. Celfius amp; Chriftin.
Quant a la maniere de reduire la graduation de M. de R�aumur , ou celle de M. Celfius anbsp;celle de Fareinheit, il eft aif� de voir qu�il fautnbsp;faire une operation inverfe de la pr�c�dente. Celanbsp;eft frop facile pour s�y arr�ter.
A 1��gard du thermometre de Delille , il eft aif� devoir, par fa conftru�fion, que lenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;degr�
de celui-ci r�pond au degr� o de celui de Reaumur. Si done le degr� montr� dans le premier eft moindre que i^o, il faut commencer par I�oternbsp;ds t^o, le reftant, multipli� par 8 amp; divif�nbsp;P^t I fera celui du fhermometre de Reaumur aunbsp;deflus de la glace,
64 R�cr�at, Math�mat. et Phys* thermometre cle Delifle : �tez ce nombre de 150*nbsp;il vous reftera 30; puis faites, comme 130 a 80,nbsp;OU comme i 5 a 8 , alnfi 30 a un quatrienie terme,nbsp;qui fera 16: ce ^eja Ie degr� du thermometre denbsp;Reaumur au deffus de la glace , ou de o.
Si Ie degr� du thermometre de Delifle exc�-doit r^o, qu�il fut, par exemple , iqo ; �tez-en 150, Ie refte fera 40; puis faites cette proportion ,nbsp;comme 15 a 8 , ainfi 40 a z i j : ce fera Ie degr�nbsp;du thermometre de R�aumur au delTous de o, quinbsp;r�pondau 190^ degr� du thermometre de Delifle,nbsp;II doit �tre facile au le�feur intelligent de fairenbsp;la r�duftion contraire , ainfi nous nous borneronsnbsp;aux exemples ci-defTus.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^
II feroit fans doute fort a fouhaiter que tous les irhyficiens convinffent aujourd�hui de ne fairenbsp;ufag� que d�un thermometre uniforme , foit par lanbsp;matiere qui y feroit employ�e , amp; qui devroit �trenbsp;Ie mercure, foit par la divifion de 1��chelle. A cenbsp;dernier �gard, il n�y 3 non plus nul doute qu�on nenbsp;dut donner la pr�f�rence a la divifion de 100nbsp;entre la glace amp; l�eau bouillante , les divifionsnbsp;d�cimales ayant beaucoup d�avantages , pour lanbsp;facilit� du calcul, lur toute autre divifion.
PROBL�ME XVIII.
ConjlruUion d'un autre Thermometre mefurant la chaleur par la dilatation Tune barre de metal.
La propri�t� qu�ont tous les m�taux de fe dilater par la chaleur, fert de principe a la confirudionnbsp;d�un autre thermometre extr�mement utile , en cenbsp;que Ton peut, par fon moyen, mefurer des degr�snbsp;de chaleur beaucoup plus grands qu�avec les ther-
mometres
pHYSIQU�� nbsp;nbsp;nbsp;65
ftlOmetres ordinaires ; car Ie therinometre at efprit-de-vin ne peut fervir a mefurer cie chaleur plus grande que celle que peut prendre refprlt-de-vinnbsp;bouillant. Avec celui de mercure , on ne peutnbsp;iTielurer une chaleur plus grande que celle du iner-cure parvenu a r�bullition. C�eft peut-�tre pournbsp;Cette ration que Newton employoit dans Ie fiennbsp;l�huile de lln ; car il eft reconnu que les huilesnbsp;graffes ne parviennent a r�bullition que par unenbsp;chaleur beaucoup plus grande que celle de plu-fieurs m�taux ou demi-in�taux fondants, commenbsp;Ie plomb, r�tain , Ie bifmuth , amp;c.
M. Mufchenbroeck eft l�auteur de cette nou* Yelle efpece de thermometre, autrement appel�nbsp;Pyrometrc. Nous nous bornons a indiquer fa conf-tru�fion.
Qu�on fe repr�fente une petite verge de m�tal de 11 OU 1 ^ pouces de longueur , arr�t�e fix�ment parnbsp;une de les extr�mit�s; il eft �vident que ft la chaleur la ddate , elle fera allong�e , amp; fon autre ex-tr�mit� pouff�e en avant. Si done cette extr�mit�nbsp;tient au bout d�un levier , dont l�autre extr�mit�nbsp;s�engraine avec Ie pignon d�une roue dent�e ,nbsp;que cette roue fade pareillement mouvoir Ie pignon d'une feconde, celle-ci celui d�une troi-fieme, 8ste : il eft aif� de fentlr , qu�en muhip�antnbsp;ainfi les roues amp; les pignons,on parviendra a don*nbsp;uer a la derniere tin mouvement tr�s-fenfible , en-lorte que Textr�mit� mobile de la petite barre nenbsp;ft^auroit parcourlr un centieme , un millieme denbsp;ligne , fans qu�un point de la circonf�rence de lanbsp;derniere roue parcoure plufieurs pouces. Cettenbsp;circonf�rence s�engrainant done avec un pignonnbsp;portam une aiguille, cette aiguille elle - m�menbsp;pourra faire piufteurs revolutions , quand la barrenbsp;Toirii IV,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;E
-ocr page 74-lie fe fera �tendue que d�une quantit� tout-a-fait infenfible ; ou au contraire. On pourra enfin me-furer fur un cadran divif� en parties �gales, lesnbsp;portions de cette revolution, amp;, par Ie moyennbsp;du rapport des roues avec les pignons, determiner la quantit� abfolue dont un certain degr� denbsp;chaleur aura fait allonger la petite barre ; ou bien,nbsp;par Tallongement de cette barre, juger du degr�nbsp;de chaleur qui lui a �t� applique.
Telle eft la conftruftion du pyrometre de M. Mufchenbroeck. II eft n�ceftaire d�ajouter qu�il ynbsp;a une cuvette adapt�e a la machine, afin de rece-voir les matieres liquides ou fondues qu�on veutnbsp;foumettrea 1�exp�rience, amp; danslaquelle fe t^ouvenbsp;alors plong�e la barre d��preuve.
Lors done qu�on voudra inefurer , au moyen de eet inftrument, un degr� de chaleur eonfid�-rable, comme celui de l�huile bouillante ou d�unnbsp;m�tal fondu , on remplira de cette matiere Ia cuvette deftin�e a la recevoir, amp; on 1�y tiendra dansnbsp;i��tat on on veut faire 1�exp�rience. La dilatationnbsp;de la barre de fer plong�e dans la matiere , indi-quera ,'par les tours de l�index , Ie degr� de chaleur qu�elle a pris, amp; qui doit n�ceflairement �trenbsp;�gal a celui de la matiere dans laquelle elle eftnbsp;plong�e.
Cette m�me machine fert a d�terminer les rapports de la dilatation des m�taux ; car, en fubfti-tuant a la barre d��preuve des barres de diff�rents m�taux amp; exaftement de m�me longueur, en lesnbsp;�chauffant enfulte �galement, amp; a des degr�s d�-termln�s, on voit, par Ie chemin de l�aiguillenbsp;qui fert d�index, les rapports de leur allongement.nbsp;On peut auffi les �chauffer par une ou plufieursnbsp;ineche's a l�efprit-de-vin. On donnera plus loinnbsp;la table de ces rapports.
-ocr page 75-Physique. -�i^s diff�rents degr�s de chaleur auxquels differentes matures commencent a fe fondre , ounbsp;^ fi } OK a entrer en ebullition ^ r�duits auxnbsp;thamp;rniometres de Fareniheit, Reaumur, amp; Celjius.
NOMS
. P ES Matieres.
Mercure fe congelant,........
lercure devenu mall�able ,
:^ercure bouillant tau fe glafant,
Eau bouillante,
Efpnt-de-vin reftiS� fe gla9ant,
Ee m�rne bouillant,....................
Eau-cle-vie form�e de parties �ga-les d�efpritamp;d�eaUjfegla^ant,
Eam�me bouillante,..................
fatur�e de fel marin, bouil-
j nbsp;nbsp;nbsp;......
*.euive de cendres gravel�es ,
bouillante, ............................
'o Eourgogne, Bordeaux,
amp;c. fe gla^ant, .....
;piprit de nitre glac� ,
-Le m�me bouillant La cire fondantenbsp;Le beurre fondant,
Huile deT�r�benthine cotnnien-
9ant a bouillir,.........
Hn�e d�olivefe figeant,
�ude de navette, bouillante amp;
pr�te a s�enflammer, ..............
Etain fondant, �
Elomb fondant,
Bifmuth, id...................
E�gule d�antimoine , id-.
AntiniQjj^g ..........................
Argent. nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' ) �-S
Or,........... ......................
Cuivre, ........
Degr�s'Degr�s
,de nbsp;nbsp;nbsp;de '
R�aum.'Celsius
� nbsp;nbsp;nbsp;170
� nbsp;nbsp;nbsp;266nbsp;, 300
o
80
� nbsp;nbsp;nbsp;171nbsp;70
� nbsp;nbsp;nbsp;3^
1031 114
- nbsp;nbsp;nbsp;7?
� nbsp;nbsp;nbsp;40
116 62 Fnbsp;26 a 32nbsp;292
372
309
282
238
430
II, Table des diff�rents degris de chaleur ou de froid, obferv�s en divers lieux de la Terre, oUnbsp;dans certaines circonjlances, ou pour certainesnbsp;operations , rlduits au thermometre de Reaumur,
Degree,
Chaleur conftante des caves de l�Obfervat. de Paris, 95
de I�incubation des poules,....................quot;quot;35
pour faire �clore les vers-a-foie,................19
a maintenir dans une orangerie,................15
pour la ferre aux ananas ,..........................18
pour la chambre d�un malade,..........-........17
pour Ie po�le, ............-..............................12
Chaleur humaine a la peau,............................29 a 30
humaine int�rieure , ..............................v-31
humaine avec la fievre,....................31 a 40
a Paris en 1753 , .......... |
..............3oi |
..............37 | |
en Syri� en 1736,.......... |
...............35 |
a la Martinique,............ |
..............32 |
Paris en 176�,.............. |
..........- 9i |
en 1740,.............. |
.......... lO� |
en 1754,............... | |
en 1767, ............... |
..........-13 |
en 1768,............... |
.........-Mquot; |
en 1709,............... |
.........-i5t |
en 1776,............... |
.......... |
a P�tersbourg, D�cemb. 1759,---33^
ibid., 6 D�cembje 1772,........�50
aTorn�o en 1737,.................... �37
a K�bec , .................................. �37
a Upfal en 1733 , .................... �40
a Kiringa en Sib�rie, en 1738 ,
( Vbyei^ Flora Siberica,)........ 70
-ocr page 77-P H Y S I Q UE, nbsp;nbsp;nbsp;�9
Table des rappons de dilatation des M�taux par La chaleur^ fuivant M. Ellicot.
N O M S nbsp;nbsp;nbsp;Dilatations
Des M�taux. nbsp;nbsp;nbsp;refpeftives.
Or,......� � . 73
Ob SE RVA T ION S fur les Tables pr�c�dentes.
Les tables pr�c�dentes nous donnent lieu 5c Occafion de faire quelques remarques int�reffantes.
I. La premiere .efi: la coagulation du mercure, produite par un degr� extraordinaire de froid.nbsp;Cette llnguliere experience fut faite clans Ie moisnbsp;de D�cembre 1759 , a P�tersbourg, amp; m�ritenbsp;qu�on en parle avec quelque �tendue.
Le froid s��tant fait relTentir dans cette ville avec une rigueur extraordinaire en D�cembrenbsp;*7^9, M. Braun crut devoir faifir cette occafionnbsp;pour faire quelques exp�riences fur le froid artifi-ciel qu�on pourroit produire par fon moyen : il-^it dans un verre de la neige d�ja refroidie aunbsp;2.08e degr� du thermometre de Delifle, ouau 31�nbsp;celui de Reaumur, amp; ayant refroidi au m�me.nbsp;degr� de bon efprit de nitre fumant, il le verfanbsp;fur cette neige. II y plongea auf�-t�t la boule d�uix
Eiij
-ocr page 78-70 RiCR�AT. Math�mat. et Phys. thermometre, tellernent conftruit qu�il avoit en^*nbsp;virori 600 degr�s tant au deffus qu�au deffous dunbsp;z�ro , (qui, dans Ie thermometre de De�fle , eftnbsp;Ie terme de l�eaubouillante ) ; il vit avec �tonne-inent Ie mercure defcendre affez rapidement jiiAnbsp;qu�au 470e degr� au deffouS de ce point. Le mercure s��tant alors arr�t� , M. Braun fecoua le thermometre , amp; il reconnut cjue le mercure n�avoitnbsp;aucun mouvement Sc �tpit gel�. !l caffa la boulenbsp;du thermometre , amp; trouva en tlFet le mercurenbsp;glac�. Cette exp�rience fut r�p�t�e , foit le m�menbsp;jour, foit Ie 26 D�cembre , oir le froid naturelnbsp;fut encore plus rigoureux , amp; fit defcendre le mercure jufqu�au 212� degr� de Delille , ou le 33^ denbsp;R�aumur. Plufieurs acad�miciens de P�tersbourgnbsp;affifterent a cette derniere, amp; en confiaterent lanbsp;v�rit�. La petite boule de mercure congel� futnbsp;m�me foumife au marteau , amp; parut avoir la duc-tilit� du plomb.
Une chofe alTez finguliere, amp; que M. Braun remarqiie avec �tonnement, c�eft que , dans plu-iieurs de ces exp�riences, le mercure defcendoitnbsp;avec une viteffe mod�r�e , du point de la temp�-rature de Pair, a celle de 470 degr�s au delTus denbsp;z�ro ; mais arriv� a ce terme , il fe pr�cipitoitnbsp;tout-a-cotip jufqu�au delfous du 600'=, fans quenbsp;la boule du thermometre fut rompue.
Ce ph�nomene ell:, a mon fens, a peu pres l�in-verfe de celui qui arrive dans la congelation de Peau. On fqait qu�a meliire qu�elle le refroiditnbsp;^lle diminiie de volume ; mais arriv�e une foisnbsp;@11 degr� de congelation, au moment que fenbsp;fait cette congelation , elle augmente tout-^-coupnbsp;4e volume, enfortp que prpbablement, dans unnbsp;^ ^aii pure 3 on v^rroit d�abprd.
-ocr page 79-Physique. nbsp;nbsp;nbsp;71
baiffer, amp; enfuite monter tout-a-coup , ou faire fauter en morceaux la boule du thermometre. C�ellnbsp;un effet de I�arrangement nouveau des parties ,nbsp;qui fe fait avec une force prefque irrefiftible, aunbsp;moment ou elles font toutes en contaft.
Or il arrive probablement au mercure tout le contraire; c�eft-a-dire que, refroidi au point ounbsp;fes particules .integrantes fe trouvent prefque ennbsp;contaft , elles s�arrangent tout-a-coup en vertu denbsp;leur attraftion mutuelle , amp; leur forme eft appa-remment telle que , dans cette difpofition , ellesnbsp;doivent occuper moins de volume , comme cellesnbsp;de 1�eau en occupent davantage.
Quoi qu�il en foit de cette explication , 11 eft conftat� par I�experience de M. Braun , que lenbsp;mercure n�eft qu�un metal, tenu en fufion par unnbsp;degr� de chaleur beaucoup moindre que celui quinbsp;gele I�eau amp; une multitude d�autres liqueurs. IInbsp;faut m�me le tirer de la clafle des demi-metaux,nbsp;amp; le ranger au nombre des veritables metauxnbsp;qui par-la fe trouvent au nombre de fept; grandenbsp;amp; belle decouverte pour ceux qui tiennent auxnbsp;propri�t�s myft�rleufes des nombres ; car ilsnbsp;�toient fort d�rout�s de ne trouver que fix metauxnbsp;veritables. J ai connu un homme enchante, parnbsp;cette feule raifon, de 1�exp�rience de M. Braun;nbsp;amp; de fon double effer de porter au nombre de 7nbsp;les vrais metaux , de reduire a 5 celui desnbsp;demi-metaux.
On voit auffi dans cette experience, la raifon pour laquelle le mercure eft le plus volatil desnbsp;m�taux. En effet, puifqu�il ne faut, pour le tenirnbsp;cn fufion, qu�un degr� de chaleur fi fort au delTousnbsp;de celui qui liquefie la glace, il n�y a plus a s�e-tonner qu�au-dela du 300� degr� du thermometry
E iv
-ocr page 80-yi R�cr�at. Math�mat, et Phys. de Reaumur, � commence a fe volatilifer; carnbsp;ce degr� eft environ Ie 500� au delTus de celuinbsp;qui Ie tient d�ja en tufion : il eft a peu pr�s a foilnbsp;�gard ce que feroit Ie 600� pour Ie plomb , ou Ienbsp;1200� pour Ie cuivre, amp;c.
II. Une feconde remarque a faire ici , c�eft qu�a la v�rit� Ie degr� de l�eau commencant a fe gla-cer , eft fixe ; mais il n�en eft pas tout-a-fait denbsp;jn�me de celui de l�eau bouillante, 11 eft reconniinbsp;que plus l�eau eft charg�e par Ie poids de l�atmo-fphere, plus il faut qu�elle foit �chauff�e pournbsp;bouillir. Cela avoit d�ja �t� remarqu� par M. Ienbsp;Monnier , qui avoit trouv� au fommet du Cani-gou, que l�eau bouillante ne faifoit monter Ie ther-mometre qu�au 78� degr�. Cela a depuis '�t�nbsp;v�rifi� par divers phyficiens, coirime M. de Se-condat, fils du c�lebre M. de Montefquieu , furnbsp;Ie Pic du Midi, l�une des montagnes les plus hautesnbsp;des Pyr�n�es; amp; par M. Duliic, fur une monta-gne plus �lev�e encore que celles-la. On fait auflxnbsp;bouillir de l�eau fous Ie recipient de la machinenbsp;pneumatiqae , a un degr� fort inf�rieur au 8o�nbsp;du thermometre ; il fuffit d�eii �vacuer l�air ennbsp;partie, Ce degr� du thermometre a done befoinnbsp;d��tre. fixe , en faifant attention a la hauteur dunbsp;barometre; dans les thermometres rectifies Scnbsp;comparables, dont nous avbns entendu parler, Ienbsp;degr� 80 eft celui que donne l�eau bouillante ,nbsp;lorfque Ie barometre eft �lev� de 27 pouces denbsp;Paris. C�eft ce qu�on doit entendre par Ie degr�nbsp;de l�eau bouillante.
On voit aufli que les liqueurs les plus tenues bouillent k un degr� de chaleur-moindre quenbsp;Peau, mais que les huiles grades exigent un dc'nbsp;gr� ds chaleur incomparablement plus grand,
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III. nbsp;nbsp;nbsp;Nous avons reftifi� d�apr�s des obferva-tions de M. Duluc, ou faites a fon invitation,nbsp;le degr� de la temperature des caves de I�Obferva-toire de Paris, qui n�eft pas 10, comme on le ditnbsp;ordinairement, mais 9-j au plus. Nous avons auflinbsp;reftifi� , d�apr�s les obfervations de M. Braun , lenbsp;degr� du mercure bouillant, qu�on place d�ordi-�iaire au 6oo^ de Farenheit, mais qui, fuivant cenbsp;phyficien , eft le 708 au 709.
IV. nbsp;nbsp;nbsp;Dans la table de la dilatation des metaux.nbsp;On volt que I�aciereft celui qui fe dilate lemoinsnbsp;par la chaleur, enfulte le fer, Tor. Le plombnbsp;amp; I�etain font ceux qui fe dilatent le plus. Aunbsp;lefte on voit par cette table, que la dilatabllitenbsp;ne fuit, ni le rapport des pefanteurs fpeclfiques ,nbsp;ni celui des degr�s de du�lilit� , ni celui des forcesnbsp;de ces metaux : il y a m�me des irr�gularit�s dansnbsp;leurs dilatations, qui pourroient faire deftrer quel-ques experiences plus pr�cifes amp; plus multipliees.
PROBL�ME XIX.
Quelle ejl la caufe qui fait que fur les hautes montagnes^ m�me fur celles qui font fituees fousnbsp;la [One torride, on �prouve prefque continuelle-ment un froid rigoureux, tandis que dans lanbsp;plaine ou dans les vallons il fait chaudd
C�est un pbenomene qui a depuis long-temps excite 1�attention des phyficiens , que ce froid rigoureux qu�on �prouve fur les hautes montagnes ,nbsp;tandis que dans la plaine on efluie quelquefois lanbsp;plus grande chaleur. On fqait aujourd�hui qu�unnbsp;des climats les plus chauds de I�univers, eft la cote
-ocr page 82-74 R�cr�at. Math�mat. et Phys. du P�rou: cependant, qu�on s��ieve de-ia peu anbsp;pen dans les Cordillieres , on obferve que la cha-leur diminue progreffivement; enforte que quandnbsp;on eft dans la vall�e de Quito, a 1400 toifes environ au deflTus du niveau de la mer , Ie thermo-inetre atteint a peine, pendant toute 1�ann�e , Ienbsp;13e OU 14e degr� au deffus de z�ro. Si Tonnbsp;inonte plus haut , a cette temperature fuccedenbsp;celle d�un hiver rigoureux ;amp; quand on s�eft �lev�nbsp;a environ 2400 toifes de hauteur perpendiculaire ,nbsp;on ne rencontre plus , m�me fous la ligne, quenbsp;des glac�s qui ne fe fondent jamais.
Comment, ont dit quelques phyficiens, cela peut-il fe faire ? A mefure qu�on s��ieve ?u defliisnbsp;de la fu'rface de la terre, on s�approche du fo-leil; fes rayons doivent conf�quemment �tre plusnbsp;chauds, amp; Ton �prouve tout Ie contraire. Quel-ques-uns en ont conclu que les rayons du foleilnbsp;n��toient pas Ie principe de la chaleur que nousnbsp;�prouvons ; car s�ils Ie font , par quel m�ca-nifme, par quelle caufe ont-ils moins d�aclivit� ,nbsp;pr�cif�inent dans Ie lieu o� ils devroient en avoirnbsp;davantage} Nous allons travailler a �claircir cenbsp;paradoxe.
II faut d�abord confid�rer ici que , quoique I�on s��ieve de quelques milliers de 'toifes au deffusnbsp;de la furface de la terre, on a tort d�en conclurenbsp;que les rayons du foleil doivent y avoir plus d�ac-tivit� qu�a la furface m�me. Cette diff�rence fe-roit infenfible, quand on s��leveroit m�me d�unnbsp;demi-diametre ; car Ie foleil �tant a 22000demi-diametres de la terre , amp; la chaleur des rayonsnbsp;folaires augmentant en raifon inverfe des quarr�snbsp;des diftances, la chaleur du foleil dire�f a la hauteur cl�un demi-diametre terreftre, feraa, celle qu�oa
-ocr page 83-Physique. ^ yj �prouvera a la furface, comme le quarre de 119C)Cgt;nbsp;au quarre de 21998 ; raifon qu�on troiive �trenbsp;celle de 10999 a 10998, ou de 11000 a 10999,nbsp;enforte qiie la chaleur ne feroit que d�un iioooe 'nbsp;moindre a la furface qu�a la diftance d�un demi-dia-metre. Quelle fera done la difference qui pourranbsp;refulter de s��tre �lev� au deffus de la furface denbsp;la terre de 2 a 3 mille toifes ? Rien alTurement,nbsp;amp; 1�on ne doit en aucune maniere faire attentionnbsp;a cette diff�rence.
Mais il eft des caufes phyfiques, Sebien fenfi-bles, pour lefquelles les corps doivent moins s�e-chauffer, amp; conferver moins long-temps la chaleur dans ces parties �lev�es de la terre que dans les bas. II eft conftant que la chaleur que nousnbsp;eprouvons a la furface de la terre , n�eft pas uni-quement le produit de la chaleur direde du folell,nbsp;mais celui de plufieurs caufes reunies.
Ce font, i�la malTe des corps �chauff�s, qui confervent d�autant plus long-temps la chaleurnbsp;qu�ils ont une fois reque , qu�ils font plus denfesnbsp;amp; plus volumineux : ainfi la chaleur communi-quee aux corps terreftres pendant un jour de beaunbsp;foleil, y refte encore en tr�s-grande partie pendant la nuit: le lendemain elle reqolt un accroifte-ment de la prefence du foleil; amp; ainfi fucceffive-ment. 1� L�air �tant plus denfe dans la plaine Scnbsp;dans les vallons, y conferve aufli une plus grandenbsp;partie de la chaleur qu�il a reque dans la journee ,nbsp;Sc empeche la diflipation de la chaleur qu�ils ontnbsp;reque. De-la vient que la chaleur s�accroit dansnbsp;les bas continuellement, a mefure que le foleilnbsp;monte fur I�horizon. Mais il n�en eft pas ainfi furnbsp;le fommet des montagnes.
En premier lieu, 1�air y eft d�une beaucoup plus
-ocr page 84-7(3 R�cr�at. Math�mat. et Phys, grande raret� que dans les bas; Ie foleil n�eft pasnbsp;plut�t abaiff� vers l�horizon , qu�il perd la chaleurnbsp;qu�il en a reque depuis fon lever. Car jl n�eftnbsp;perfonne qui n�ait obferv� qu�un corps denfe ,nbsp;comine une piece de monnoie , conferve plusnbsp;long-temps fa chaleur qu�un corps de peu de denote , comine de 1��toffe. Qu�on s�approche etinbsp;effet d�une chemin�e o� brule un grand feu ; apr�snbsp;y avoir reft� quelque temps debout, on trouveranbsp;i�argent qu�on a dans fa poche, br�lant: qu�onnbsp;s�en retire , il Ie fera encore long-temps, tandis quenbsp;1�on aura d�ja fes v�tements r�duits au degr� denbsp;chaleur ordinaire. Ainfi Ie peu de chaleur quenbsp;1�air l�ger de la montagne a requ pendant unenbsp;journ�e d��t� , eft auffi - t�t diffip� : il ne s�y ennbsp;accumule point comme dans les bas, ou d�ailleursnbsp;Ie conta�l des corps denfes amp; terreftres violem-ment �chauff�s , contribue a Ie maintenir dansnbsp;fon �tat. Secondement , les pies ifol�s de cesnbsp;montagnes extr�mement �lev�es, ne font que denbsp;petites maffes en comparaifon de la totallt� desnbsp;corps terreftres des plaines ou des vallons voi-fns. S�ils font �chauff�s jufqu�a un certainnbsp;point, la chaleur qu�ils ont reque s��vapore tr�s-vite ; en quoi elle eft aid�e par la fraicheur denbsp;1�air environnant , refrokU au degr� de la glacenbsp;prefque auffi-t�t que Ie foleil eft couch�.
D�apr�s ces raifons, il eft aif� de concevoir que 1�air qui regne fur les hautes montagnes , nenbsp;contra�le que tr�s-paffag�rement un certain degr�nbsp;de chaleur ; qu�il eft prefque toujours au deffousnbsp;de la temp�rature de la glace m�me ; qu�ainfi tousnbsp;les m�t�ores aqueux cjui s�y forment, tournent ennbsp;neige amp; en glac� ; qu�une fois qu�il s�y en feranbsp;forra� une certaine maffe, elle oppofera a 1�intxo-
-ocr page 85-duftion de la chaleur, foit dans I�air clrconvoifin, foit dans les parties qu�elle couvrira, un nouvelnbsp;obftacle qui tendra a augmenter le froid Sc lanbsp;maffe de ces glac�s, C�eft ainli que fe font formes ces immenfes amas de neige amp; de glac�snbsp;accumul�es qui couvrent les fommets des monta-gnes des Cordillieres , ainfi que quelques cantonsnbsp;des Alpes, des Apennins , enfin de toutes lesnbsp;montagnes de l�univers dont la hauteur excedenbsp;une certaine limite , qui eft, dans la zone torride,nbsp;d�environ 2400 toifes d��l�vation perpendiculairenbsp;au deffus du niveau de la mer.
Nous difons dans la zone torride, car il faut remarquer que cette hauteur efl: d�autant moindre,nbsp;que la latitude eft plus grande : ainfi, dans lanbsp;zone torride , il faut s��lever jufqu�a 1400 ou 1500nbsp;toifes pour arriver a cette region de glac�s perp�-tuelles ; mais dans la zone temp�r�e , par exem-ple , il ne faut s��lever qu�a 14 ou 15 cents toifesnbsp;de hauteur pour arriver a ces glacieres �ternelles.nbsp;Le commencement de celles qu�on trouve dans Ianbsp;Suiffe , eft , fuivant les mefures de M. Duluc ,nbsp;a 1500 toifes au deffus de la mer M�diterran�e:nbsp;avancez encore davantage dans le Nord, vousnbsp;les trouverez plus voifines du niveau de la mer.nbsp;Les glaciers de la Norwege font certainementnbsp;inoins �lev�s que ceux de la Suiffe. Enfin, dansnbsp;la zone glaciale , cette region de glac�s continuesnbsp;eft pr�cif�ment a la furfac� de la terre. De-lanbsp;vient que la glace n�y fond point, comme toutnbsp;le monde fqait. Une couronne de glac�s envi-ronne a plufieurs centaines de lieues le p61e tantnbsp;arftique qu�antarftique , amp; probablement inter-dit a jamais l�efp�rance de voir traverfer par desnbsp;vaiffeaux 1�Oc�an glacial ^ pour gagner les mers
-ocr page 86-78 R�CR�AT. MATH�MAt. ET PHYS. de la Chine du Japon par Ie paflage qu�on fqaknbsp;exifter entre l�Afie l�Am�rique.
PROBL�ME XX.
Di Vattmuation dont qudques matieres font fuf~ ceptibles � calcul de la longutur d'un lingot dquot;argent trait, 6* de L��paiJJeur de fa dorure,
Nous n�entrerons pas ici dans la queftlon qui a h fort agit� les phyhciens, fqavoir fi la matierenbsp;eft divifible a l�infini ou non. II faudroit, pournbsp;la r�foudre , connoitre la nature des derniers elements des corps, amp; c�eft ce qui fera probableixjentnbsp;toujours refuf� a'nos lumieres. Mais la nature amp;cnbsp;Tart nous pr�fentent quelques exemples d�att�nua-tion de la matiere , qui font tels, que s�ils nenbsp;prouvent pas fa divifibilit� a l�infini, ils prouventnbsp;du moins que les bornes de cette divifion font re-cul�es au dela de ce que 1�iinagination peut nousnbsp;repr�fenter.
La duftilit� cle l�argent, amp; fur-tout celle de 1�or, font deux de ces exemples que Tart nous fournit.nbsp;Une once d�or eft un cube de 5 lignes j de cot�,nbsp;amp; dont une des faces couvre conf�quemment environ 17 lignes quarr�es. Le batteur d�or la r�duitnbsp;en feuilles qui enfemble couvriroient 146 piedsnbsp;quarr�s. Or 2.7 lignes quarr�es font contenues dansnbsp;146 pieds quarr�s, 111980 fois : conf�quemmentnbsp;l��paiffeur de cette feuille d�or eft la n 1980= par-tie de 5 lignes j , ou une 21 5 3 4e de ligne.
Mais allons plus loin , car cette att�huation n�eft encore rien en comparaifon de celles qu�onnbsp;va voir.
Physique. nbsp;nbsp;nbsp;79
45 marcs pefant, amp; d�environ zi pouces de longueur Tur I 5 lignes de diametre; on le couvre de fix onces d�or reduit en feuilles. Dans cet �tat ,nbsp;1�ora T�paifleur d�un 15^ de ligne: c�eft ce qu�onnbsp;appelle furdore. Mais on peut, fi'l�on veut, n�ynbsp;employer qu�une once d�or, amp; alors il n�aura furnbsp;Cette furface que I�epaiffeur d�une 90^ de ligne.
On fait enfuite paffer, fuivant 1�art du tireur d�or, ce lingot ainfi dote, par divers trous fuc-ceffivement de plus en plus petits , jufqu�a ce qu�onnbsp;f�ait enfin reduit a un fil de i�epaiflTeur d�un cheveu.nbsp;M. de Reaumur a pris un fil d�argent dore , ainfinbsp;allonge ; amp;, en ayant pef� un demi-gros avec lenbsp;plus grand fcrupule, fi en mefura la longueur, amp; lanbsp;trouva de pieds; d�ou il eft aif� de conclurenbsp;qu�un'gros avoit 404 pieds de longueur ; unenbsp;once, 1232 ; le marc , 23856 ; amp; les 45 marcs,nbsp;1163320, ou 96 lieues de 2000 toifes chacune.nbsp;Voila done un lingot d�argent, de 22 pouces denbsp;longueur , allonge de maniere a faire un fil de 96nbsp;lieues de long.
Il y a plus. On prend ce'fil dor� , amp; on le fait pafter entre deux meules d�acier poli, pour 1�ap-platir amp; le r�duire en lame. Cette op�ration , ennbsp;lui donnant ^ de ligne de largeur, I�allonge d�unnbsp;7^ an moins , enforte que le fil eft reduit par-la ennbsp;une lame de 110 lieues de longueur , amp; dont l��-paifiTeur eft d�une 256� de ligne. Quant a For, onnbsp;trouve qu�il n�a plus qu�un 59000� amp;; m�me unnbsp;60000� de ligne d��paifleur.
Ainfi , en fuppofant que le lingot d�or n�eut etc dor� qu�avec deux onces d�or, on trouve quenbsp;fon �paiffeur ne feroit qu�un 175000� de ligne ; Scnbsp;en ne fuppofant qu�une once d�or, cette �paifleurnbsp;ne feroit que d�un 350000�. Or , comme il y a
So R�cr�at. Math�mat. et Phys. dans la lame des endroits in�galement dor�s, etinbsp;fuppofant que les uns Ie foient d�une moiti� plusnbsp;que les autres, on trouve que ces derniers n�aurontnbsp;qu�une �paifleur d�or d�un ^15000 de ligne.
Enfin il efi: reconnu qu�on peut faire palTer cette lame une feconde fois fous les meules d�acier, amp; ,nbsp;en les rapprochant, lui donner une largeur double ; d�o� il fuit que , dans ce dernier �tat, il y anbsp;des parties o� T�pailTeur de la dorure n�efi: guerenbsp;qu�un 1000000� de ligne en �pailTeur, ce qui eftnbsp;dans la m�me proportion qu�une ligne a une longueur de 1200 toifes, OU une demi-lieue.
II eft cependant certain que ces parties d�or ont de l�adh�rence amp; de la continuit� entr�elles; car,nbsp;qu�on plonge dans de l�eau - forte ce fil d�argentnbsp;trait, l�argent fera diftbus, amp; l�or reftera commenbsp;un petit tuyau creux. En confid�rant enfin cettenbsp;dorure avec un microfcope , on n�y apper^oit au-cune trace de difcontinuit�,
L�or ayant une dudfilit� bien plus grande que l�argent, on pourroit faire ., avec un lingot d�or dunbsp;m�me poids, un fil bien plus long. Mais croirons-nous ce que Mufchenbroeck rapporte a eet �gard ?nbsp;II dit qu�un �uvrier d�Ausbourg parvint a fairenbsp;un fil d�or qui ne pefoit qu�un grain , Sc qui avoitnbsp;cependant ^00 pieds de longueur. II e�t done punbsp;faire un fil d�or d�une lieue de 2000 toifes, Sc quinbsp;n�e�t pef� qu�une dragme ou un tiers de gros ; unnbsp;fil de 24 lieues, n�e�t pef� qu�une once; Scenfin,nbsp;avec un mare d�or, eet ouvrier e�t pu faire un filnbsp;de 192 lieues. Un fil de cette grofteur, Sc capablenbsp;de faire Ie tour du globe de la terre , ne p�ieroitnbsp;qu�environ ^o marcs.
Au refte voici un fil, ouvrage cl�un infe�le, qui ne Ie cede guere a celui qu�on attribue a l�ou-
vrier
Physiq��.
Vfier d�Ausboiirg. On a obferv� qu�un fil fimple de foie, de 360 pieds de longueur, pefe un grain ;nbsp;ainfi 14 grains feront 1440 toifes, amp; 3� grainsnbsp;feront une lieue de zi6o toifes: ime once de cenbsp;fil aura done 16 lieues ; amp; un mare , 128 ; enfinnbsp;Un pared fil, capable de faire Ie tour du globe de lanbsp;terre , ne p�feroit guere queyo marcs ou 35 livres.nbsp;Ajoutons que comme un fil d�araign�e, qui efl:nbsp;beaucoup plus fin amp; plus l�ger qu�un fil de ver-a-foie eft compar�e au moins de 3� brins , unnbsp;pared fil fimple, amp; de la longueur ci-deffus , nenbsp;p�feroit que deux marcs ou une livre.
PROBL�ME XXI.
Continuation du menu fujet: Apperqu de la divijion de la matiere dans Les dijjolutions des corps,nbsp;les odeurs amp; la lumiere.
quot;Vquot;o I c I de nouveaux fujets d�admiration dans 1�exiguit� prodigieufe de quelques parties de lanbsp;matiere: nous les r�uniffons ici, a caufe de leurnbsp;affinii�.
Les diffolutions m�talliques nous en pr�fentent Ie premier exemple. Faites diffoudre un grain denbsp;cuivre dans la quantlt� fuffiiante d�alkali volatil,nbsp;il vous donnera une couleur bleue. Verfez cettenbsp;diffolution dans trois pintes d�eau, toute cettenbsp;eau fera fenfiblement color�e en bleu. Or troisnbsp;pintes font 144 pouces cubiques; chaque poucenbsp;peut �tre divif� en longueur d�abord en lignes,nbsp;puis en 10� de ligne, qui feront vifibles ; ainfi onnbsp;trouvera dans ces 144 pouces cubiques Ie nom-bre de 248832000 parties, dont 11 n�eft aucunenbsp;qui ne foit color�e en bleu. Un grain de cuivrenbsp;Tome IF.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;F
-ocr page 90-gi R�cr�at. Math�mat. et Phys. fe divife done par ce moyen au moins en 24883-2000 patties. Mais nous irons plus Join : on peutnbsp;voir chacune de ces parties avec un microfeopenbsp;groi�ffant loofois lesobjets en longueur, confe-quemment 10000 fois en fuperlkie, amp; il n�eftnbsp;aueune de ces |varties qui ne foit oolor�e : conf�-quemment il faut multiplier le nombre ci-deflusnbsp;par 10000, ou lui ajouter quatre zeros; ce quinbsp;nous dormeun grain de cuivre divife en 248832-0000000 parties vifibles, du moins a I�ceil arm�nbsp;d�un microfeope.
PalTons maintenant aux odeurs. On dit qu�un grain de mufc parfume pendant plufieurs anneesnbsp;une chambre de i z pieds au moins dans toutesnbsp;fes dimenfions , fans perdre fenliblement de fonnbsp;�volume ni de fan poids. Or un pareil efpace ren-ferme 1728 pieds cubes, dont chacun contientnbsp;lui-meme 1728 pouces cubes, amp; chacun de cesnbsp;derniers, 1728 lignes cubes; enforte que le nombre des lignes cubes eft la 3^ puiflance de 1728.nbsp;Il n�eft probablement aueune de ces lignes cubesnbsp;qui ne contienne quelques- unes des particulesnbsp;odorantes; cet air peut �tre, dans le courant denbsp;plufieurs annees, renouvetle rooo fois, amp; le grainnbsp;de mufc , fans alteration (enfible, fournh de nou-velles particules odorantes. Omag�mation fe perdnbsp;dans le calcul de la t�nuit� de chacune.
Cependant, malgre'la t�nuit� de ces particules odorantes, elles-ne pafFent pas au travers du verrenbsp;amp; des m�taux, dc illt;eft �es �fluvia q^m les pene-trent: tels, font ceux des corps lumineux , ou lanbsp;lumiere , le magn�tifme, 1��leftricit�. Quelle doitnbsp;done �tre I�exiguite des particules dans lefquellesnbsp;ils confiftent! Nous ne nous w�terons plus qu�anbsp;la lumiere.
-ocr page 91-Si les particules dont rimiflioij conftitue la lu-oiiere n��toleot pas d�.une petiteCe en quclque fone infiaie, il n�e^ aucun corps qui pfi.t r�fifter anbsp;1�a�iion de la luinkre la plus fojble; car leur ex-ceffive multitude, la rapidit� avec laquelle ellesnbsp;parlt;ent du corps lumLneux , font telles que , fansnbsp;cette .t�nuit� prodigieufe , la lutniere rnettroit ennbsp;pieces tous les corps fur lefquels elle tomberoit,nbsp;au lieu d�y exciter feulement ce l�ger fr�miffe-tnent, ce mouvement infenfihle de vibration dansnbsp;leqqei conlille la chaleur, lorfqu�elle n�3. que lanbsp;dendb� de la lutniere du foleil.
La lumiere parcourt en eifat, dans une feconde^' ii888o lieues, qu 2577,60000 tpifes. Par conf�-^uent, fi une .particule de lutniere n��toit que lanbsp;^577600008 partie d�un grain de plomb d�unenbsp;ligne de diametre, elle feroit fur .nos organes lanbsp;�n�me impreffion qu�un pared grain ,de plomb ,nbsp;part� avec une v.ita��'e .d�une .toife par feconde. |lnbsp;n.y a.nul.doute qu�ime .paredle impreffion ne futnbsp;tres-fenfible aux parties d�licates de notre ,corps.nbsp;Ma�s quelle fero.it-elle , fi a-l.a-fois des mtUtons denbsp;millions de pareils globules yenoient Ie choquer,nbsp;amp; �toient fuivis, dans un intervalle de temps in-finiment petit, d�une paredle quantit� d�autres,nbsp;comtne cela arrive a un corps .�clair� par la lu~nbsp;Uiiere ! Aucun.�tre ne pourroity r�fifter.
La t�nuit� d�une particule de lumiere eft done fincore immenf�ment au deffous de cede que nousnbsp;�'^cnons de lui affigner pour premiere limite. Ta-chons d�en determiner une autre plus approchantenbsp;�de la.v�rit�.
^-a denfit� de la lumiere du foleil, telle qu�elle arrive a notre terxe amp; dans ce climat, .eft tells �
qu��tendue dans pa efpace i5ooooiois,plus,grapd,
F ij
-ocr page 92-�4 R�cr�at. Math�mat. et Phys. elle a encore 1��clat de celle de la lune pleine. IInbsp;eft probable que celle-ci, �tendiie de la m�me ina-niere , �galeroit au moins celle d�un ver-luifant,nbsp;�clairant un objet a lO pieds de diftance : ainfinbsp;celle-ci Te trouvera, parlecalcul, 62500000000nbsp;fo is plus foible. 11 eft d�ailleurs extr�mement probable qiie, dans la prunelle de 1�ceil qui regardenbsp;a cette diftance !a luiniere d�un ver-luifant, il n�ynbsp;a pas une partie fenfible qui ne foit �clair�e elle-m�me : fuppofons-la d�une ligne quarr�e de fur-face , Sc cette ligne quarr�e divif�e en 10000 parties fenfibles: il y a done a chaque inftarit 10000nbsp;globules de luiniere qui arrivent a la r�tine , r�unisnbsp;en un point imperceptible, amp; avec une vitelfe denbsp;257760000 toil�s par feconde, fans n�anmoins ynbsp;produire une impreffion de choc fenfible , amp; m�menbsp;a peine l�apperception de la luiniere.
En fuppofant la m�me qiiantit� de globules de lumiere, lanc�s par la lumiere la plus foible fur unenbsp;ligne quarr�e de furface , on trouve que, dansnbsp;une ligne quarr�e de lumiere dn foleil, il y en anbsp;625000000000000, amp; dans un pouce 90000-000000000000. Cette quantit� de globules musnbsp;avec une vitefiTe de 257760000toifes par feconde,nbsp;amp; peut-�tre renouvell�s mille fois dans eet inter-valle de temps, ne produit cependant fur la paumenbsp;de la main qu�un l�ger fentiment de chaleur; d�o�nbsp;il faut au moins conclure que 900 mille millionsnbsp;de millions de ces particules, mues avec la viteffenbsp;ci-delTiis , font moins d�impreffion que Ie chocnbsp;d�une balie de plomb d�une ligne de diametre ,nbsp;tombant de 3 pieds de hauteur ; amp; de-la fuit cettenbsp;nouvelle conf�quence , qu�en fuppofant du moinsnbsp;aux particules de la lumiere la m�me denfit� quenbsp;Ie plomb, chacune d�elles, compar�e a une balie
-ocr page 93-Physique.
plomb d�une ligne de diametre , eft en un inoindre rapport qu�un 1^7760000�nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;900000-
cooooooooooo , ou un 231984000000000000-000000000� a I�unite.
Telle eft done au moins la t�nuit� des parti-cules de la lumiere ; amp; peut-etre , par d�autres rai-fbnnemfents, pourrions-nous etablir qu�elle eft encore beaucoup plus grande ; enforte que probable-ment il faudroit reduire le rapport ci-deftus a celui de I�unite a un nombre comparee de 30 ou 3^nbsp;chifFres. Mais nous nous bornerons a ce que nousnbsp;venons de dire , pareeque cela eft fuffifant pournbsp;notre objet, amp; pour montrer (ce que nous feronsnbsp;ailleurs) que le folell peut, pendant plufieurs fie-cles de fuite, fournir, fans diminution fenfible, anbsp;I�emlffion de la lumiere qui fort de fon fein �, ce-qui fert a repondre a une objeftion qii�on faitnbsp;centre la th�orie Netetonienne de la lumiere.
Quelk yitejje faudroit-il donner a un boulet de canon , dans la direciion hori:(ontah , pour qu'ilnbsp;m retombdt pas fur la tern, amp; qu�il circularnbsp;autour d'die comme une planete, enfaifant n�an-moins abjlraciion de la rejifance de Vair ?
Si du haut d�une montagne on tire un boulet de canon dans la direction horizontale, il ira, commenbsp;tout le monde fqait, tomber a, une certaine dif-tance fur la terre. Suppofons maintenant qu�onnbsp;augmente de plus en plus la viteflTe imprim�e a cenbsp;boulet, il ira tomber de plus en plus loin; car I2nbsp;parabole, ou plutdt I�ellipfe qu�il decrit , fera danbsp;plus en plus �vaf�e. On peut done concevoir que
F iij
-ocr page 94-8� R�crIat. Math�mat, et Phys, k vitefie fut telle ,� que Ie boulet allit totnbef aunbsp;point de la terfe dian'i'�tfalement oppof�. Alors,nbsp;p�ur peti qtte sttigmentat la viteffe , Ie b�tiletnbsp;ne toucheroit plus k terre , niais r�vi�ndfo'it aunbsp;point d��'ii il eft parti pat tne ligne f�rttb'lab'le anbsp;celle cjii�il a d�crite en pfeifiiet lieu. Il d�crir�it ,nbsp;al�fs fans ceffe iW� ligne ellrptiqoe aut�tir de lanbsp;terre, amp; il feroit v�ritablerfient tine petite p'knete,nbsp;qui feroit autoUr d�elle fes revo'ltitioris.
II s�agit done de tt��Yet de q�elle dur�e feroit Cetre r�vol�tion ; catj la cblirt�ilktit ^ on tr��-vera kcileitieht la viteffe de cette petite plahete,nbsp;o� c�lle aY�c kqnelle eft patti ttbtrfe boulet; ptiif-qu�il n�y adra qu�^ divifet Tefpit� parc�ur� , quinbsp;fera ^ peti pf�s k circonf�rente terleftre, pttr Ifenbsp;teirips erhpl�y� a la patcotttir.
La fan-eiife regie de K�pler d�tine facilement la foliittoii d� c� pr�bl�tiie. Caf, ftippbf�ni notrenbsp;petite pknete en mouvement; elle clevra conf�-quemment, cbmpdr�e avec.k luHe , faire fes revolutions dans un temps tel, que les quarr�s desnbsp;temps p�riodiqiies foient ebnime les cubes d�snbsp;diftances. Or k diftance rilbyenne de k lune anbsp;k terre eft de 6o demi-diametres , amp; celle denbsp;notre petite planete fera d�itn rayon terreftre : onnbsp;aura done ri�ceffairem�nt ce rapport; comme Ienbsp;cube de 6o ou 116000 eft a i , ainfi Ie quarr�nbsp;dil tehips p�ri'�dlqlte d� k llui'� a� quarr� dunbsp;temps p�ri�dique de ho'tr� p�tite planete. Or Ienbsp;temps p�ri�dique de la l�iie eft de 17 ]burs 8 beu-re^ bu 6y6 Heiifes^ doht Ie q�aft� eft 4303 36;nbsp;�oiic on au'ri c� tapport ; c�miti� ii�oo� a i ^nbsp;din�i 430336 a un quatri�me terme , qui feranbsp;i ou en fraftibns d�cimales, 1.9913 , dontnbsp;k racine quitf�e 1nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, exprim�ra a�ffi ie nombr�
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des heures employees par la petite planete dans fa revolution. Or 1.41 en heures minutes,nbsp;font ih 14/ Notre petite planete devroitnbsp;done faire fa revolution dans le temps ci-deffus ;nbsp;ce qui donne, en fuppofant un grand cercle denbsp;la terre de 9000 lieues , 107 lieues 8c environ^nbsp;par minute , ou une lieue amp; ^ par feconde.
Si 1�on donnoit a ce corps une vitefle plus grande que celle ci-deffus , quoique moindre quenbsp;de 149 j lieues, il decrlroit une ellipfe dont lenbsp;perigee feroit au point de depart. Si la vlteffe denbsp;la projeftion etoit de 149 lieues ^ par minute ounbsp;plus grande, le corps ne retomberoit plus fur lanbsp;terre ; car , dans le premier cas, il decrirolt unenbsp;parabole dont le fommet feroit au point d�ou iinbsp;auroit �t� projet� ; amp;� dans le fecond, il decrl-toit une hyperbole.
P R O B L � M E XXIII.
On a dlt, amp; e�eft une conjedure a laquelle fa fingularit� a donne de I�eclat, qu�il pouvoit fenbsp;faire quelaLune ne fut autre chofe qu�une cometenbsp;qui, allant au Soleil ou en revenant, amp; paffantnbsp;a la proximit� coiwenable de la terre , avolt �t�nbsp;d�tourn�e de fon cours, St �toit devenue cettenbsp;planete fecondaire qui nous accompagne. Car ,nbsp;fuppofons qu�une pareille comete , n�ayant que lenbsp;mouvement de proje�lion n�ceffaire pour d�crirenbsp;un cercle autour de la terre , a 60 demi-diametresnbsp;de fon centre, eut paffe a cette diftance de notrenbsp;^lobe, Sc dans un plan incline a fon orbite ; elk
F iv
-ocr page 96-88 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
e�t du, dit-on, n�ceffairement devenir notre
Lune.
On appuie cette conjedture de quelques remar-ques qiii fcmblent lui donner de la probabilit�. La Lune, dit-on ci�abord , pr�l�ente a la vue, armeenbsp;d�un excellent t�lei�cope , l�apparence d�un corpsnbsp;torr�fi�; les cavit�s dont elle eft parfein�e font lesnbsp;d�chirures qu�y a occafionn�es 1�extr�me chaleur,nbsp;en faifant fortir en vapeurs 1�humidit� dont ellenbsp;�toit itnpr�gn�e ; on ajoute qu�il n�y refte plusnbsp;aucune apparence d�humidit� , puifqu�il n�y a pointnbsp;d�atmofphere. Tout cela convient fort a une co-mete qui a paffe tr�s-pr�s du Soleil.
Remarquez, dit-on encore, que les planetes les plus groffes , comme Jupiter amp; Saturne ,^ontnbsp;quatre ou cinq fatellites. C�eft que leur attradlionnbsp;s��tendant bien plus loin que celle de la Terre, ilsnbsp;ont eu bien plus d�empire fur les cometes cjui ontnbsp;paffe a leur proximit� , Ie mouveinent de ces co-metes �tant d�ailleurs fort ralenti, a caufe de leurnbsp;diffance au Soleil. Les petites planetes , commenbsp;Mercure, V�nus, Mars, n�ont point de fatellites ,nbsp;a caufe de lapetiteffe de leur maffe, amp; de la viteffenbsp;avec laquelle les cometes, allant au Soleil ou ennbsp;revenant, ont paffe a leur proximit�.
Tout cela eft fort ing�nieux, N�anmoins cette affertion ou conjedlure ne peut fe foutenir, qiianclnbsp;on Texamine avec Ie flambeau de la geometrie.
Nous trouvons en effet par Ie calcul , que , quelle que foit la pcfition ou la grandeur de 1�or-bite d�une comete, elle ne fcauroit, lorfqu�ellenbsp;paffera pr�s de l�orbite de la terre, avoir unsnbsp;viteffe convenable pour devenir un fatellite denbsp;notre globe, a quelque proximit� m�me qu�ellenbsp;cn paffat j car on d�inontre que toute comete j
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parvenue a une diftance clu Soleil �gale a celle tie la Terre, a dans ce moment fur fon orbire unenbsp;viteffe qui eft a celle de la Terre, coinme k i,nbsp;ou 1414 a 1000. Or cette vitefte eft incompara-blement plus grande que celle de la Lime fur fonnbsp;orbite, amp;: metne plus grande que celle d�une pla-nete qui circuleroit prefque a la furface de la terre,nbsp;ainfi que le calcul fuivant va le montrer.
La Terre parcomt en 365 jours, une orbite de 66 millions de lieues de circonference; ainfi fanbsp;vitefte fur fon orbite eft telle , qifelle parcourtnbsp;en un jour 567000 lieues, en une heure 23615 ,nbsp;en une minute 984 lieues ; ainfi, multipliant cenbsp;dernier nombre parnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;on aura 1391 lieues
pour le chemin que toute coinete , arrivee a la diftance de la Terre au Soleil, parcourt neceftai-rement par minute,
Vbyons maintenant celle de la Lune fur fon orbite. Le diametre moyen de 1�orbite de la Lunenbsp;eft de 60 diametres terreftres , amp; fa circonference , par confequent, de 188 de ces diametres ;nbsp;ce qui, en evaluant le diametre de la terre a 3000nbsp;lieues , donne pour la circonf�rence de 1�orbitenbsp;lunaire, 564000 lieues. Cet efpace eft parcourunbsp;en 27 'jours 8 heiires moms quelques minutes,nbsp;ou 27 j: ainfi la Lune parcourt fur fon orbite , ennbsp;un jour ,20142 lieues; en une heure 839 , amp; ennbsp;une minute 14 lieues. L�on voit done avec la plusnbsp;grande evidence, que fi une comete pafloit a unenbsp;diftance de la Terre �gale a celle de la Lune , cenbsp;qu�auroit du faire la comete transformee en notrenbsp;fatellite, elle pourroit feulement avoir une vi-tefie de 14 a 15 lieues par minute, au lieu de cellsnbsp;de 1390, que toute comete a n�ceftfairement anbsp;cet �loignement du Soleil. La Lune n�a done pu
-ocr page 98-9� R�cr�at. Math�mat. et Phys. �tre une comete qui, paffant troppr�s de la Terre,nbsp;cn'a �t�, pour ainfi dire, fub)ugu�e.
Voyons maintenant fi , paffant beaueoup plus pr�s de la Terre , amp; m�me pr�s de fa furface , Ianbsp;comete dont noiis parlons pourroit �tre arr�t�enbsp;par 1�attta�lion de la Terre, Nous trouverons encore , par un calcul femblable , qu�elle ne fqauroltnbsp;circuler autour d�elle ; car nous avons vu pr�c�-demment que , pour qu�un corps put circuler autour de notre globe pr�s de fa furface , il lui fau-droit une viteffe de io6 lieues environ par minute.nbsp;Or ceci eft encore extremement au deffous de lanbsp;viteffe qu�autoit neceffairement une comete paffant tout pr�s de la Terre ; car, ft un corps partoitnbsp;du fommet d�une montagne vers 1�Orient ou 1�Oc-cidenf, avec une viteffe de 1390 lieues par minute , il s���arteroit de la Terre fans jamais y re-venir, cette viteffe �tant beaueoup plus grandenbsp;qu�il ne faut pour lui faire d�crire autour de lanbsp;Terre une ellipfe quelconque , m�me infinimentnbsp;allongee, ou une parabole.
Voila done la Terre, amp; fans doute Mars, ex-clus du privilege de pouvoir jamais gagner un fa-tellite de cette maniere; a plus forte raifon Venus amp; Mercure. Mais en eft-il de m�me de Jupiter Scnbsp;de Saturne ? C�eft ce que nous aliens encore examiner , en y employant des calculs femblables.
La viteffe de revolution de Jupiter autour du Soleil, eft de 413 lieues par minute ; Sc par con-f�quent celle de route comete allant au Soleil qunbsp;en revenant, lorfqu�elle eft a la m�me diftancenbsp;de cet aftre que Jupiter, fera dl''498 lieues dansnbsp;le m�me temps. On trouve d�aillcurs, que la vt-teffe du premier fatellite de Jupiter eft de 13680nbsp;lieues par heure dans fon orbite, ou de par
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l�iinut� : ainfi la viteffe de toute comete paffant a la pr�ximit� de Jupiter amp;� a la diftatice de fonnbsp;premier fatellite , fera toujours neceffairementnbsp;beauco�p plus confid�rable , amp;� prefque triple ;nbsp;d�ou il i�uit que^ ni ce premier fatellite, ni aucunnbsp;des autres, n�a �t� dtiginairerhent une comete,nbsp;que cette groffe planete s�eft appropriee; car lesnbsp;autres fateUites ont une viteffe encore moindrenbsp;que celle du pteniier.
II refteroit a fqavctir fi une comete, paffant a uhe tt�s-grande pr�ximit� de Jupiter , pourroit etinbsp;�tre arr�t�e. Cela ne nous paroit pas abfolumentnbsp;ittip�ffibl� : eat un fatellite qui feroit fa r�v'olutionnbsp;ptefque a la furface de Jvipiter ^ y emploietoit uiinbsp;peu plus de 3 heufes; ce qui dontie une viteffenbsp;tie 5^7 lieues pat minute. Mais on a Vu plus hautnbsp;que celle de la comete feroit de 598. Or, quoiquenbsp;cette viteffe fdit trop grande pour faire d�crire a unnbsp;tdrps un cerele autour d� Jupiter, fort pr�s de fanbsp;furface, elle ne I�eft pas trdp pour lui faire d�crirenbsp;Une ellipfe. Si done une comete , allant an Soleilnbsp;O� en r�v�haht, alloit �tourdiment donner dans lenbsp;fyft�m� de Jupiter entre lui amp;; fon premier fatellite , il p�urr�it arriver qu�elle continuat de cir-culer autdur de cette planete, dans une orbitenbsp;Iinon circulaire , du moins elliptique plus ounbsp;moinS allohg�e.
Car j f�pp�fons que I�orbite d� Jupiter foit AB,
Sc que Jupiter �tant en I 6sC tendant vers B , la comete foit en G , par exemple, 8c tendant en D PI.2,nbsp;fous un angle d�environ 45 degtes, amp;c quenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*3*
d�figne la viteffe de cette comete , que nous avoirs dit �tre plus grande que celle de Jupiter fur fonnbsp;orbite, amp; environ triple ; prenez DE �gale a lanbsp;viteffe de Jupiter : alors GE feroit la viteffe ref-
-ocr page 100-91 R�cr�at. Math�mat. et Phys. peftive de la comete, amp; m�me fa route a l��gardnbsp;de Jupiter fuppof� fixe , amp; fans adlion fur la co-niete. Mais, a caufe de cette aftion , elle d�cri-roit une route infl�chie, comme CF, qui la feroitnbsp;tomber prefque perpendiculairement fur 1�orbitenbsp;de Jupiter, amp; avec une vitel�e qui pourroit n�dtrenbsp;guere plus grande que celle du premier fatellite.nbsp;Si done a ce moment Jupiter fe trouvoit ennbsp;un point I, tel que IF fut moindre que la dif-tance de Jupiter a celle de fon premier fatellite ,nbsp;je ne vois nullement ce qui emp�cheroit la comete de prendre autour de lui Ie mouvement circulaire ou elliptique qui conviendroit i la forcenbsp;de fa projedtion ; amp; fi elle avoit fait une fois unenbsp;revolution , il eft �vident qu�elle devroit copti-I nuer a jamais d�en faire de noiivelles.
J�avoue, au refte, n�avoir pas tellement examine eet objet, que je puiffe dire que je tiens la chofenbsp;pour d�montr�e. Pour en �tre affur� , il faudroitnbsp;r�foudre ce probl�me-ci , qui n�eft qu�un rameaunbsp;de celui des trois corps, amp; que nous propofonsnbsp;a ceux de nos le�leurs aflez verf�s dans l�analyfenbsp;PI. a, pour s�en occuper. Dmx corps I 6* C , qui s'atti-fig. 14. rent Vun V autre en ruif on inverfe des quarr�s desnbsp;difances , amp; en raifon directe de leurs majfes , �tantnbsp;I lanc�s des points I S' C , felon les difances IB ,nbsp;CG , avec des viteffes donn�es, trouver lts courbesnbsp;qu ils d�criront. On peut nv2me, pour fimplifiernbsp;Ie probl�rne, fuppofer que l�un des deux , I , foitnbsp;fi gros a l��gard du fecond, qu�il ne foit prefquenbsp;pas d�tourn� de fa route.
Plota. Depuis l�inipreffion de ceci, nous avons fait quelques remarques fur ce fujet , que nous donneronsnbsp;dans la fuite de ce volume.
-ocr page 101-PROBL�ME XXIV.
Jufqu 'a qitcl point peut amp; doit-on craindre Pap-proche ou k choc d'une comete , 6* ks ravages qui pourroknt en rifulter fur la Terre ?
pre te
lui-m�me, pour une auffi belle caufe , a cette innocente fupercherie ; car il ne s�agiffoit pasnbsp;moins que de rendre le repos amp; leur �clat a deuxnbsp;yeux bien capables de diftraire de 1�obfervationnbsp;Ia plus int�reffante l�aftronome le plus fauvage.nbsp;Quoi qu�il en foit , d�vou� , malgr� mon go�tnbsp;pour les fciences abftraites, a cette charmantenbsp;portion du genre humain , je vals tacher de lanbsp;tranquillifer , de lui prouver que le danger
Cj� que nous avons dit dans le probleme pr�c�dent fur les cometes, nous conduit naturellement a traiter une queftion devenue c�lebre par 1�al-larme que conqut tout-a-coup cette capitale , il ynbsp;a quelqiies annees. Nous avons vu en , 1774 ,nbsp;tout Paris dans le trouble amp; l�inqui�tude, d�a-pr�s l�expof� peu fidele du M�moire d�un acad�-micien, qu�on difoit annoncer 1�approche tr�s-voifine d�une coinete avec la Terre, approchenbsp;dont 1�effet devoir �tre au moins d��lever lesnbsp;eaux de l�Oc�an au point de fubmerger notre.nbsp;continent. J�ai vu plus d�une femme ne pas fermer l�oeil plufieurs nuits de fuite ; amp; j�ai m�menbsp;et� oblig� , pour rendre le fommeil a une d�elles,nbsp;de 1�affurer , par un menfonge officieux , qu�onnbsp;nvoit troLiv� une �norme erreur dans le calcul denbsp;1�acad�micien , amp; qu�il s��toit fait a cette occafionnbsp;une affaire tr�s-grave avec fa compagnie. Cenbsp;motif m�excufera, a ce que j�efpere , aiipr�s denbsp;rilluflre aftronome. Je fuis affur� qu�ll fe fut pr�t�
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d��tre �craf� ou inond� par une comete , ne vaut pas la peine cle troubler fon repos.
II y a d�ja long-temps que quelques allronomes ont conj^eftiir� qu�une c.omete pouyoit devenirnbsp;funefte a la Terre. Le c�lebre ^S^hifton , hominenbsp;chez qui 1�imagination dominoit un peu trop lanbsp;facult� raifortnante, voyant une x:omete commenbsp;celle de 1680 , accompagn�e cPune immenfenbsp;queue, s�avifa de conjefturer que fi une planetenbsp;venoit a doianer dans cette queue , elle pouvoitnbsp;en condenfer les vapeurs par fon attraftion , amp;Cnbsp;endtrenoyee. II conjefturoit auffi que le delugenbsp;avoir ,eu .cette caufe ; amp; il ajoutoit que fi unenbsp;comete .comme eelle-la, revenant d�aupr�s du So-leil, o� �Ue avoit d� prendre un deg-r� de cha-leur plufieurs milliers de fois plus grand que c�luinbsp;d�un fer rouge , elle pouvoit br�ler notre Terre.nbsp;II penfoit mdme que c�eft ainfi que .doit s�o-p�rer la conflagration g�n�rale qui an�antira unnbsp;jour notre habitation.
�i?
Ces id��s, plus lingulieres que juftes, prouvent alTez ce que nous venons de dire de la trempe d�ef-prlt de \^^hifton. Nous ne pouvons dire ce quinbsp;arriveroit, fi une comete auffi violemment chauf-f�e venoit a paflfer tr�s-pr�s d� nous. II efl: probable que , vu la rapidit� avec laquelleelle pafTeroitnbsp;pr�s de la Terre , ainfi qu�on le verra plus loin ,nbsp;nous n�en .l�rions guere incommodes, f^uant aunbsp;danger d��tre inoixl� par les vapeurs de fa queue,nbsp;il n�eft nullement fond� , parceque l�on-peut aif�-ment d�montrar que ces vapeurs qui nagent dansnbsp;im milieu auffi d�li� que l�cBther, doivent �trenbsp;elles-m�mes d�une t�nuit� prefque infinie, Toutenbsp;cette immenfe queue r�duite en 4uide commenbsp;l�eau, fourniifoit probqblement a peine la matiere
1^'^'
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a une pluie abondante. Au refte , la comete en queftion ne revient que tous les 575 ans environ:nbsp;elle a paru en 1680; ainfi elle ne reviendra dansnbsp;notre voifinage que dans environ 480 ans. Cenbsp;Ibra I�affaire de nos defcendants,
M. Halley a envifage ce danger d�une autre JTianiere. II a remarqu� que fi la comete de la finnbsp;de 1680 eut pafle 31 jours plus tard par I�eclip-tique , elle le fut trouv�e a une diftance de la Terrenbsp;guere plus grande qu�un demi - diametre folaire ,nbsp;ou que 137300 lieues ; amp; il ajoute qu�il n�y anbsp;nul dome qu�une pareille proximit� entre ces deuxnbsp;corps, n�occafionnat des derangements affez con-lid�rable^ dans le mouvement de la Terre, cominenbsp;un changement d�excentricit� amp;c de temps perio-dique. � Veuille, dit-il enfin, 1�Auteur de la na-n ture nous garantir du choc de ces maffes �nor-� mes, ou m�me de leur contaft, qui n�eff quenbsp;� trop poffible. � II remarque cependant que lanbsp;pofition infiniment vari�e de l�orbite des cometes ,nbsp;leur inclinaifon -ordinairement tr�s-confid�table anbsp;1�ecliptique, femblent ^tre arrang�es par l�Au-teur de la nature, pour nous garantir d�une auffinbsp;funefte cataftrophe.
Comme , depuis'le temps de Hailey, I�aftrono-mie com�tique s�eft enrlchie de la connoiffance d�une quarantaine de cometes nouvelles, il �toitnbsp;naturel d�examiner s�il y en avoit qui, par quelquenbsp;changement dans la pofition Sc la grandeur denbsp;leurs ofbites, puffent �tre de mauvals augure pournbsp;la Terre. 'C�eft ce que M. de la Lande entrepritnbsp;de faire, a 1�occaifion de la comete qu�on vit ennbsp;1770; �amp; il trouva qu�il y en a quelques-unes dorrt,nbsp;en changeant quelque peu les elements, il pouvoitnbsp;arriver qu-elles approchaffent.beaueoup ded�orbite
-ocr page 104-96 R�CR�AT. MATH�iMAT. et Phys. que nous d�crivons. 11 fit voir en m�me tempsnbsp;que ce danger ne devoit pas beaucoup effrayer,nbsp;y ayant plufieurs fois mille a parier contre un,nbsp;que la comete paffant fur 1�orbite de la Terre,nbsp;elles ne fie rencontreroient pas l�une Tautre.
Ce danger �toit, comme Ton voit, alTez �loi-gn� pour ne pas beaucoup allarmer; mais il ajou-toit, qu�en fiippofant qu�une pareille comete paf-sat a 15000 lieues de la Terre, elle �l�veroit les eaux de l�Oc�an , amp;c occafionneroit, fuivant fanbsp;pofitiori, un flux capable de couvrir notre continent , amp; d�en balayer tous les ctres vivants avecnbsp;leurs habitations. Ceci augmentoit confid�rable-jnent Ie danger: car, s�ily avoit 10000 contre unnbsp;a parier que la comete amp; la Terre ne fe trouve-roient pas a-la-fois dans 1��cliptique a la diftancenbsp;d�un diametre de notre globe , il 'n�y avoit plusnbsp;que 2000 contre un a parier qu�elles pourroientnbsp;fe troLiver a 5 diametres Tune de 1�autre, amp; con-f�quemment de nous voir noy�s. Or 1�int�r�t eftnbsp;aflTez grand pour ne pas envifager cette chancenbsp;fans inquietude, amp; il eft des gens qui ne tireroientnbsp;pas fans trembler a une loterie oii il y auroit unnbsp;feul billet noir fur cent mille. I
au
moment adtuel, aucune comete connue, dont l�orbite rencontre la trace du chemin de la Terrenbsp;fur r�cliptique. II eft vrai que les orbites, tantnbsp;des planetes que des cometes, �tant fujettes a desnbsp;variations infenfibles , il peut arriver dans la fuitenbsp;que l�orbite d�une comete entrecoupe juftenientnbsp;l�orbite de la Terrei mais, a inoins qu�elle nc foit
abfoluine�*^
Mais heureufement tous ces calculs font fond�s fur des fuppofitions qui, quoiqu�elles puiffent fenbsp;r�alifer dans la fuite des fiecles , n�ont pas aftuel-lement lieu dans 1��tat de l�univers, II Jn�y -
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abfolument couch�e fur le plan de I�ecliptique , Cette pofition ne peut �tre que momentan�e; 6cnbsp;les revolutions com�taires �tant extr�meinent longues , il y a d�ja une probabilit� tr�s-forte quenbsp;cette pofition aura cefle , lorfque la comete tra-verfera Tecliprique.
Mais fuppofons que cette pofition folt alTez conftante pour qu�une comete , traverfant I�ecliptique , fe trouve pr�clf�ment dans le m�me plannbsp;amp; fur la trace de la Terre. Vovons , en confultantnbsp;les loix de la probabilit�, quelle chance il y anbsp;pour qu�au moment oii la comete fera fur l��-cliptique, la Terre fe trouve fur un point affeznbsp;voifin pour la choquer ou en �tre choqu�e. Ennbsp;voici le calcul.
Au moment ou la comete eft fur T�diptique m�me , il y a pour la Terre, fur le m�me cercle ,nbsp;autant de pofitions diff�rentes que Ton peut compter de diametres terreftres ; mais il n�y a que troisnbsp;de ces pofitions qui foient abfolument critiques,nbsp;car il en eft une qui donneroit un choc central,nbsp;amp; les deux autres, a un diametre pr�s, plus avantnbsp;OU apr�s le lieu de la comete , donneroient unnbsp;fimple choc fuperficiel. Or on trouve que l�orbitenbsp;de la Terre contient fur fa circonf�rence 72.450nbsp;fois le diametre terreftre; ce qui , divif� par 3,nbsp;donne 14150. Ainfi, dans la fuppofition o� unenbsp;Comete devroit n�cefifairement fe trouver fur lenbsp;chemin de la Terre , il y auroit encore 14150nbsp;contre un a parier , que la Terre ne feroit pasnbsp;cn ce moment a portee d�en recevoir un chocnbsp;^uelconque, m�me fuperficiel. Ajoutons a cela ,nbsp;Rue cette pofition dangereufe de la comete eft ,nbsp;pour ainfi dire , 1�affaire d�un inftant; car, en tr4-verfant l�orbite de la Terre, elle a une vitefte denbsp;Tome ir.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;G
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1390 lieues par minute: ainfi Ie danger ne dur�-roit pas 3 minutes de fuite. II y auroit certes bien du malheur, li une comete, fe trouvant auffi peunbsp;de temps dans Ia proximit� du chemin de la Terre,nbsp;celle-ci alloit mal-adroitement lui barrei Ie che-min, amp; Ib rencontrer avec elle.
Le danger pour notre globe d�dtre inond� par Ie foulevement des eaux de 1�Oc�ati, eft encorenbsp;moins fond�; quand m�me la comete pai�eroitnbsp;� une diftance tr�s-m�diocre de la Terre, commenbsp;4 12000 ou 15000 lieues , ce qui eft un fixiemenbsp;de la diftance de la Terre a la Lune. II eft vrainbsp;qu�en fuppofant une comete rencontrant pr�cif�-ment l�orbite de la Terre , il y a une probabilit�nbsp;qui n�eft plus que de l contre environ 7100 , quenbsp;notre globe pourroit fe trouver i une diftancenbsp;qui n�eft pas plus grande que de quatre a cinq denbsp;fes diametres ; mais la rapidit� avec laquelle fenbsp;feroitcette approche, amp; avec laquelle les deuxnbsp;globes s��loigneroient enfuite, ne donneroit pasnbsp;aux eaux de 1�Oc�an le temps de s��lever afteznbsp;pour fiibmerger notre continent; car il faut unnbsp;certain temps pour imprimer a la mafte �normenbsp;des eaux de la mer, un mouvement tel que celuinbsp;du flux amp; du reflux. Ce qui le prouve, c�eft quenbsp;le flux ne fuit que de loin le paflTage de la Lunenbsp;par le m�ridien , m�me dans les mers ouvertes ,nbsp;amp; que les grands flux des nouvelles amp; pleinesnbsp;lunes ne fe font m�me pas ce jour-la, mais lesnbsp;fuivants. Or une comete arrivant a l�orbite de lanbsp;Terre, traverferoit notre fyft�me lunaire a peunbsp;pr�s dans une heure : ainfi il ne pourroit en r�fulternbsp;qu�un l�ger mouvement dans les mers tr�s-ouver-tes, telle que la mer du Sud, Quelques-uns des pe-tits iflots qui y font parfem�s, amp; qui font prefqo�
-ocr page 107-^ fleur d�eau , pourroienten �tre fubmerg�s, tnais notre continent feroit abfolutnent a l�abvi d�unnbsp;pareil malheur.
Ce qu�il y a de plaifant dans eet effroi que conqut la ville de Paris, lur Ie faux expof� dunbsp;M�moire de M. de la Lande , c�eft qu�il y avoitnbsp;d�ja quatre ans que Ie plus grand danger que lanbsp;Terre ait courua eet �gard depuis plufieur.s fiecles,nbsp;�toit pafli� j car, de toutes les cometes connues ,nbsp;Celle qui s�eft Ie plus approch� de la 1 erre, eft cellsnbsp;de 1770: elle en fut, Ie i�*quot; Ju�let , a environnbsp;750000 lieues, ce qui eft plus de huit fois la dif-lance de la Lune a la Terre. Il n�y avoit pas ldnbsp;de quoi troubler Ie fommeil de qui que c� foit.
Au furplus , ce feroit un beau amp; magnifique fpeifacle pour les aftronomes, que celui d�unenbsp;comete a peu pr�s groffe comme la Terre, traver-fant les cieux avec une vitefte aul�� grande quenbsp;nous venons de Ie dire. Quel beau ph�nomene quanbsp;celui d�un nouvel aftre d�environ 9 degr�s de dia-nietre apparent, amp; parcourant de fon mouvementnbsp;propre, dans une OU deux heures , environ 180nbsp;degr�s dans Ie ciel ! Quel aftronome ne fouhaite-roit pas d��tre t�moin d�un ph�nomene ft rare ,nbsp;ddt-il en arriver quelque petite cataftrophe pournbsp;de petits iflots deja a demi noy�s dans Ie vaftenbsp;Oc�an?
On a cependant calcul� que cela n�arriveroit pas fans quelque d�rangement dans Ie mouvement denbsp;notre globe. M. du Sejour a trouv� qu�une cOmetenbsp;grofte comme la Terre, paflant aupr�s d�elle anbsp;^ne diftance d�environ 13000 lieues, chaneeroitnbsp;fa revolution p�riodique , amp; que cette revolutionnbsp;deviendroit de 367 jours Sc quelques heures , aunbsp;lieu de 365 jours 6 heures 6c quelques minutes,
Gi)
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Ma�s de cela il ne r�fulteroit aucun mal pbyfique pour Tunivers. II eft vrai que les aftronomes au-rolent a refondre leurs tables , devenues inutiles ;nbsp;les chronologiftes , leur maniere de calculer lesnbsp;temps; les Etats , leurs calendriers : ce feroit mattere a des fp�culations nouvelles, amp; une nouvelle occupation pour les fqavants,
TH�OR�ME I.
Unt Uvrc de luge pefe davantage quune livre de plomh OU d�or.
Un corps pefe plus en �t� quen hiver.
Ces deux propofitions paroitront du premier abord un paradoxe a plufieurs de nos le�leurs;nbsp;ma�s ce paradoxe s��vanouira , au moyen des reflexions luivantes.
Lorfqu�on pefe des corps dans 1�alr , ce qui eft ordinaire, on les pefe au milieu d�un fluide qui,nbsp;fuivant les loix de Thydroftatique , leur enlevenbsp;toujours une portion de leur poids, �gale a cenbsp;ce que pefe un volume femblable de ce fluide:nbsp;ainfi un morceau d�or ou de plomb d�un poucenbsp;cube, par exemple , pefe dans 1�air , y perd de fonnbsp;poids abfolu, ce que pefe un pouce cube d�air;nbsp;amp; il en eft de m�me de tout autre corps. Unenbsp;livre de liege y perd de fon poids, ce que pefe unnbsp;volume d�air �gal a celui d�une livre de liege.nbsp;Mais Ie volume d�une livre de liege eft bien plusnbsp;grand que celui d�une livre d�or ou de plomb:nbsp;ainfi une livre de liege, pef�e dans Fair, a unnbsp;poids abfolu plus grand que celui d�une livre d�or,nbsp;puifque la premiere �tant diminu�e du poids d�unenbsp;plus grande quantit� d�air que la feconde, ellesnbsp;reftent encore �gales.
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L�exp�rience confirme Ie raifonnement: car , que l�on mette en �quilibre , avec une bonne balance , une livre d�or ou de plomb, avec une livrenbsp;de liege; que Ton couvre Ie tout d�un recipient ^nbsp;amp; qu�on en pompe l�air, on verra auffi-t�t Ienbsp;liege 1�emporter. II arrive en efFet alors , que Ienbsp;poids du liege eft augment� du poids d�un pareilnbsp;volume d�air ; amp; 1�or eft �galement augment� dunbsp;poids d�un volume d�air �gal au fien. Mais Ie premier eft beaucoup plus grand : ainfi l��quilibrenbsp;doit �tre trouble , amp; Ie liege doit l�emporter.
Voila Ie premier paradoxe r�folu amp; d�montr�; nous paftbns au fecond.
En �t� l�air eft dilate par la chaleur, Sc moins denfe : de-la il r�fulte n�ceflairement que Ie m�menbsp;Volume d�air a moins de pefanteur, amp; conf�-quemment que chacun des corps mis en �quilibre,nbsp;perd moins de fon poids que quand l�air �toitnbsp;plus denfe. Mais ce n�eft pas dans la m�me proportion ; la livre de liege perd, par exemple , dansnbsp;l�air ordinaire , quatre grains de fon poids , amp;c anbsp;par conf�quent un poids abfolu de i livre 4 grains ;nbsp;tandis que l�or ne perdant qu�un demi-grain, lanbsp;livre pefe, dans la r�alit�, une livre amp;c un demi-grain. Dans un air dilate au point de pefer lanbsp;moiti� moins, Ie-volume d�air �gal au volume denbsp;liege, ne pefe que i grains ; amp; celui d�air �galnbsp;au volume d�or, ne pefera qu�un quart de grain tnbsp;ainfi la livre de liege , pef�e dans l�air ordinaire,nbsp;pefera dans eet air dilat�, i livre 2 grains; amp; lanbsp;livre d�or, une livre 8c un quart de grain : Ie liegenbsp;1�emportera done encore.
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COROLLAIRES.
I. On peut de ceci tirer la conf�quence, que deux poids en �qidlibre d la furface de la terre , nenbsp;Ie font pa% etant port�s fur une montagne ; carnbsp;fur une niontagne l�air eft plus dilat� : conf�quem-ment, d�apr�s Ie raifonnement ci-deffus, l��qui-libre doit �tre troubleIe corps Ie plus volumi-Tieux 1�emportera.
n. Ce feroit Ie contraire , fi les corps �toient en �quilibre fur la montagne, amp; qu�on les pefatnbsp;enfuite dans la plaine ; ou fi, pef�s dans la plaine ,nbsp;on les portoit au fond d�une mine ; alors Ie plusnbsp;yolumineux deviendroit Ie plus l�ger.
III. II y auroit de 1�avantage a acheter de 1�or en �t� pour Ie revendre enhiver, ou de 1�acheternbsp;dans un lieu froid pour Ie revendre dans unenbsp;�tuve; car on a coutume de peler 1�or avec desnbsp;poids de cuivre, qui perdent moins de leur poidsnbsp;abfolu en �t� qu�en hiver; d�o� il fuit qu�en �t�nbsp;als pefent davantage. On aura done une plusnbsp;grande quantit� d�or , par leur moyen, en �t�nbsp;qu�en hiver; au contraire , ces poids perdent plusnbsp;en hiver qu�en �t�: conf�queinment, en reven-dant en hiver , on donnera moins d�or.
11 faudroit en agir tout autrement pour acheter des diamants, parcequ�on les pefe avec des poidsnbsp;de cuivre qui font fp�cifiquement plus pefants quenbsp;�e diamant. Si done un poids de cuivre eft ennbsp;�quilibre dans un air temp�r� avec un poids denbsp;diamants , en les tranfportant dans un air froid ,nbsp;Je poids de cuivre 1�emportera ; amp; ce fera Ie con-traiie, en les tranfportant dans un air plus chaud.nbsp;|! faudroit done acheter dans un air froid ou ennbsp;hiver, pour revendre en �t� ou dans un air chaud.
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II eft vrai qiie , dans 1�un amp; I�autre cas, la difference eft fi l�gere, qu�on feroit une mauvaife fp�culation d�acheter des diamants en hiver pournbsp;les revendre en �t�, ou d�acheter de I�or en �t�nbsp;pour le revendre en hiver. On pourroit bien fenbsp;ruiner promptement. Mais , quoi qu�il en foit,
I�elprit ma'hematique deinontre amp; peut appr�cier Ia difference ; St fi ce n�eft pas une v�rit� utile anbsp;la Bourfe, ce n�en eft pas raoins une v�rit� phy-fique 6c math�maticjue.
TH�OR�ME 11.
poids homogenes qui font en �quilihre fur la furface de la. terre, aux extr�mit�s d�une balancenbsp;d bras inigaux , ne le doivent plus �tre , fi onnbsp;la tranfporte au fommet d'une montagne ou aunbsp;fond d'une mine^
SupposONS une balance a bras inegaux, AB,, Pb ?? �D, charg�e de poids en �quilibre P St Q, amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*5.'�
conf�queminent in�gaux; que cette balance foit dans la fituation horizontale ; ces poids , tendantsnbsp;au centre de la terre , que nous fuppofons C,nbsp;feront avec la balance des angles CAB,CDB,nbsp;in�gaux ; amp; Tangle A , du c�t� du grand bras,nbsp;fera confequeminent le moindre. Du point B,nbsp;qu�on abailTe les perpendiculaires BE, BF , furnbsp;les lignes de dire�lion A C, DC ; on aura ^nbsp;felon les loix de la m�canique, ces perpendiculaires en raifon r�ciproq\ie des poids, enforte quenbsp;Be fera a BF, en meine raifon que le poids Q aunbsp;point P; c�eft-a-dire que le produit de P par BF,nbsp;fera le m�me que celui de Q par BE.
Que la balance foit maintenant tranfportee plus^ pr�s du centre de direifion, ou , ce qui revien^:
104 R�cr�at. Math�mat. et Phys,
au jTi�me, que ce centre foit rapproch� comme en c; les nouvelles direftions feront Ac Sc Dc.nbsp;Que Bc, B � loient les nouvelles perpendiculairesnbsp;fur ces lignes de direction ; il y auroit encorenbsp;�quilibre , fi Ie rapport de B/a B c �toit Ie m�menbsp;que celui BF a BE, ou celui de Q a P : mais ilnbsp;eft ad� de d�montrer que ce rapport n�eft plus Ienbsp;in�me; ainfi Ie produit de Q par B e, ne fera plusnbsp;�gal a celui de P par B�; il n�y aura done plusnbsp;d��quilibre. On peut m�me faire voir que , dansnbsp;Ie Ccis du rapprochement du centre, Ie rapportnbsp;de Bc a BE, moindre que cglui de B/a BF ;nbsp;d�ou fint que B c eft moindre qu�il ne faudroitnbsp;pour que ces rapports fuflent �gaux ; Sc conf�-quemment que, clans ce cas, Ie poids Ie plus pro-che du point de fufpenfion 1�emportera. ^
Le contraire arrivera par la m�me raifon, fi la balance �toit tranfport�e plus loin du centre,nbsp;comme au fommet d�une montagne.
Pourquoi done , dira-t-on , Pequilibre fubfifte-t-il nonobftant cette d�monftration ? La raifon en eft fimple. Le centre de la terre eft toujoursnbsp;fi �loign� , relativement a la longueur d�une pared le balance , que les lignes de direftion fontnbsp;fenfibiement paralleles , a quelque hauteur ou pro-fondeur au defius ou au deffous de la furface denbsp;la terre que nous puifllons nous placer. Ainfi lanbsp;difference d�avec l��quilibre rigoureux eft fi petite,nbsp;que l�on ne peut 1�appercevoir avec les balancesnbsp;les plus parfaites qu�on puiffie fuppofer forties denbsp;h main des hommes.
105
Physique. PROBL�ME XXV.
Du Feu central.
11 n�eft qiieftion dans la phyfique que du feu central de la terre. Mais un pareil feu exifte-t-il ?nbsp;Quelle eft la caufe de la. chaleur qu�on �prouvenbsp;dans I�interieur de notre globe ? Voila diverfesnbsp;queftions que nous allons examiner ici; amp; ellesnbsp;font d�autant plus intereftantes, que leur folutionnbsp;donne lieu a quelques confequences tout-a-faitnbsp;dignes d�attention.
Lorfqu�on connoit les phenomenes obferves par divers phyficiens dans I�interieur de la terre,nbsp;on ne peut fe refufer a reconnoitre c[ue la furfacenbsp;feule , dans ces climats, eft fujette aux viciffitudesnbsp;du chaud amp; du froid que nous eprouvons. A unenbsp;certaine profondeur , qui n�eft m�me pas biennbsp;grande , car il fuffit de defeendre a une centainenbsp;de pieds , la chaleur eft conftamment la m�me,nbsp;fqavoir, de 10 degres environ du thermometre denbsp;Reaumur. C�eft ce qu�on obferve clans tous lesnbsp;climats amp; dans tous les pays.
II faut done reconnoitre que Ip globe de la terre a , independamment de la chaleur variablenbsp;du foleil, un fonds de chaleur qui lui eft propre,nbsp;quelle qu�en foil la caufe.
II y a plus. Nous allons demontrer que le degr� de chaleur que la prefence du foleil, pendant plu-ftcurs mois de I�annee , ajoute a la chaleur internenbsp;de la terre, ou celui que fon abfence lui faitnbsp;perdre , n�eft qu�une petite partie de la chaleur interne du globe de la terre.
En effet, Ton feroit bien dans I�erreur, amp; nous
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1�avons d�ja dit, fi 1�on penfoit que Ie degr� de froid qui fait geler l�eau fut Ie degr� O de chaleur ;nbsp;il n�y a de froid amp; de chaleur que relativement.nbsp;Si les liqueurs communes de notre globe �toientnbsp;de la nature de l�efprlt-de--vin , comme alors lesnbsp;liqueurs de notre corps feroient a l�abri d�etrenbsp;glac�es , a moins qu�elles ne fuflent expof�es anbsp;une diminution de chaleur au-dela de celle quinbsp;glaceroit l�efprit-de-vin, il eft plus que probablenbsp;que nous n��prouverions aucune fenfation d�fa-gr�able , en vivant dans une temperature fembla-ble a celle qui fait glacer l�eau; amp; au contraire,nbsp;fi nos liqueurs �toient de nature a fe congeler aunbsp;degr� qui commence a laifler figer la cire , nousnbsp;�prouverions probablement a cette temp�rature,nbsp;la m�me fenfation que nous �prouvons a celle ounbsp;l�eau fe gele. Tout ce qui feroit au deflus feroitnbsp;chaleur, tout ce qui feroit au deffous feroit froid.
D�ailleurs il n�y a nul doute qu�un degr� ab-folii de froid cong�leroit toutes les liqueurs. Or l�efprit-de-vin ne fe congele qu�au 29� degr� aunbsp;dellbus de z�ro du thermometre de R�aumur; ilnbsp;y a done encore de la chaleur au 28^ degt�,nbsp;quoique , par Ie fentiment d�fagr�abJe que nousnbsp;�prouvons , nous I�appellions un froid cuifant.nbsp;Mais a ce m�me degr�, amp; m�me fort au deffous,nbsp;Ie mercure eft encore fiuide ; il ne fe congele qu�aunbsp;170� degr� au moins au deffous de z�ro : ainfi aunbsp;169� il y a encore de la chaleur : on a m�menbsp;fait defcendre Ie thermometre jufqu�au 240� degr� 1 de la divifion de M. de R�aumur, amp; Ienbsp;mercure , apparemment plus pur , ne s�eft fig� qu�a
On verra ailleurs comment on eft venu a produke ce prodigieux degr� de froid.
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ce degr�. II n�eft m�me pas probable que ce degr� de froid foit Ie froid extreme. II y a beaucoup denbsp;raifons, trop longues a expofer ici, d�apr�s lef-lt;iuelles on peut prefque affurer que ce degr� ab-folu de froid eft au moins mille degr�s plus basnbsp;*iue Ie z�ro du thermometre de Reaumur.
Mais bornons-nous au 140� degr�, amp; prenons-
comme celui de la privation abfolue de la cha-^^ur; imaginons en conf�quence un thermometre dont Ie degr� z�ro foit plac� a ce terme, ou fubf-^�tuons dans nos thermoinetres ordinaires Ie degr�nbsp;^40 a celui marqu� vulgairement z�ro, qui n�eftnbsp;lt;iue Ie degr� de la congelation de 1�eau : alors onnbsp;3ura au moins 150 degr�s au terme que nous ap-pelons temp�rc. Or, en prenant Ie degr� moyennbsp;de chaleur de 1��t� dans notre h�mifphere, onnbsp;trouve qu�il n�excede pas 16 degr�s au defius de lanbsp;Congelation de Peau, amp; conf�quemment de l�nbsp;deffus du temp�r� : ainfi nous avons pour cenbsp;degr� de chaleur, Ie degr� abfolu de z66. Lenbsp;thermometre variera done du temp�r� au plusnbsp;grand chaud, de la quantit� de 16 degr�s fur 2.5� �nbsp;Ce qui eft un peu moins de la 15� partie.
On a trouv� de m�me, que le degr� de froid moyen de Thiver de notre h�mifphere feptentrio-nal, eft de 6 degr�s au deftous de la congelation, prife au thermometre de Reaumur; c�eft-a-dire 16 degr�s au deftous du temp�r� : ainfi lanbsp;diminution moyenne de la chaleur au deftous dunbsp;temp�r�, laquelle eft occafionn�e par la retraitenbsp;du foleil, eft aulfi d�un 15� environ de la chaleurnbsp;marquee par le degr� 10 ; d�o� il fuit que, denbsp;l�hiver a l��t� , la variation de la chaleur n�eftnbsp;tout au plus que de-^, ou comme de 7 a 8. Maisnbsp;il eft probable Sc tr�s-probable, ainfi que M.de
-ocr page 116-�o8 R�cr�at. Math�mat. et Phys. Mairan 1�a fait voir dans les M�moires de VAcad�mie de 1765 , amp; apr�s lui M. de BufFon dans fesnbsp;Suppl�ments a fon Hijloire Naturelle , il eft , disje , tr�s-probable que cette variation eft dans unnbsp;rapport beaucoup moindre.
lle premier la fixe a ^, ou comme'de 31332, amp; Ie dernier a-^, ou comme de 50 a ^i. Maisnbsp;bornons-nous a celui que nous avons trouv� , afinnbsp;de partir d�un point enti�rement d�montr�.
De tout cela que conclure ? Le voici, amp; c�eft �ne conf�quence a laquelle il eft impolfible de fenbsp;refufer. II y a dans le globe de la terre un degr�nbsp;de chaleur conftant, amp; qui eft au moins 7 a 8nbsp;fois auffi grand que celui que la pr�fence du foleilnbsp;y ajoute, pendant qu�il 1��claire de la maniere lanbsp;plus avantageufe pour 1��chauffer. Voila unsfeu ounbsp;un fonds de chaleur cju�on peut amp; qu�on doit ap-peler central. 11 nous refte a difcuter fon origine.
Suivant quelques phyficiens, ce feu eft unique-ment l�effet des effervefcences continuelles que les matieres inin�rales , renferm�es dans le fein denbsp;la terre, y caufent en fe rencontrant amp; fe combi-nant les unes avec les autres, Le fer, qui paroitnbsp;univerfelleinent r�pandu dans la nature, amp; colo-rer fur-tout les terres argileufes , fait, comme 1�onnbsp;fqait, une effervefcence violente avec l�acide vi-triolique , qui eft auffi le plus univerfellement r�pandu. C�eft-la, felon eux , ce qui excite amp; en-tretient dans les entrailles de la terre ce feu continu qui 1��chauffe, amp; qui fe mamfefte fouventnbsp;par les explofions des volcans, dont le nombrenbsp;eft encore confid�rable fur la furface de la terre:nbsp;ces volcans ne font, felon eux, que les cbemin�esnbsp;amp; les foupiraux du feu central.
Physique. nbsp;nbsp;nbsp;109
�^pinlon. Cepenclant il n�y a pas d�apparence qu�un feu de cette nature fok general dans les entraillesnbsp;la terre. Le nombre des volcans exiftants furnbsp;furface de la terre , eft trop peu confiderablenbsp;pour avoir une caufe aufli univerfelle ; il n�y ennbsp;3 tu�me qu�un bien petit nombre qui brule fansnbsp;�-effe. Cependant le feu central, ft c�eft un vrainbsp;feu, doit �tre conftant amp;: perpetuel ; il eft donenbsp;^ peu pr�s n�ceflaire de recourir a une autrenbsp;eaufe,
En void une qui nous a paru long-temps d�une �fande probabilite. La chaleur centrale, ont ditnbsp;�Itielques philofophes , n�eft autre chofe que lanbsp;'^haleur que le corps de la terre , continuelle-�^ent �chauff� par le foleil, a acquife par la prefence de cet aftre. Nous rendrons cette idee fen-par I�experience fuivante.
Qu�on expofe au devant d�un feu un globe de fer, qui fafle fur fon axe fa revolution dans unnbsp;^emps d�termin�; nous le fuppoferons d�abordnbsp;^efroidi au degr� de la glace, ainfi que tout 1�airnbsp;environnant : 1�impreffion de ce feu echaufferanbsp;d�abord la furface qui lui eft expofee, amp; la chaleur p�n�trera peu a peu dans I�interieur : enfin ilnbsp;eft certain qu�apr�s un grand nombre de revolu-ftons , le globe parviendra a un degr� de chaleurnbsp;interne tel qu�il n�en acquerra plus, mais que lanbsp;ptefence de ce feu ne fera que lui conferver cenbsp;ftu�il a acquis.
On peut encore fort facilement concevoir que ^e globe, ou fon eloignement du feu , foit tel quenbsp;ije degr� de chaleur conftant ne foit pas fortnbsp;doign� de celui de la congelation de I�eau.
Qu�arrivera-t-il dans ce cas ? Comme c�eft tou-JouTS la furface des corps qui commence a perdre
-ocr page 118-iio RiCR�AT. MATH�MAt. �T PhVS. la chaleur, parcequ�elle en perd plus par Ie con-tadl de l�air , qu�il ne lui en ell: fourni par l�int�-rieur, il arrivera n�ceffalrement, fi l�air environ-nant eft ^ pen pr�s au degr� de la congelation ,nbsp;que la furface de ce globe qui fera �clair�e Ienbsp;plus obliquement, ou celle qui, dans une revolution un peu lente, fe trouvera oppofee au c�t�nbsp;du feu , perdra un peu de fa chaleur ; amp; commenbsp;nous fuppofons la chaleur moyenne que Ie globenbsp;a pu acqu�rlr peu �loign�e du froid de Ia congelation, comme eft celle de la terre, il pourranbsp;fort bien fe faire que , dans ces endroits moinsnbsp;favorablement expof�s a l�aftion du feu, la fur-face y prenne un degr� de froid �gal a celui de lanbsp;glace. Done , s�il y avoit fur la furface de ce globenbsp;quelque matier�, comme de la cire ou de^l�eau,nbsp;fufceptible de fe fondre amp; ie congeler alternati-vement, il arriveroit s�rement qu�elles �prouve-roient ces alternatives; il pourroit rn�rne arrivernbsp;qu�elles reftaffent continuellement glac�es aux environs des p�les, qu�elles fe fondiffent amp; fe con-gelaflent alternativement dans les parties moyennesnbsp;entre les p�les amp; l��quateur, amp; qu�elles reftaffentnbsp;toujours fluides dans les environs de l��quateurnbsp;du globe.
Or c�eft-la ce qui fe paffe pr�cif�ment fur la furface de la terre : expof�e depuis un grandnbsp;nombre de fiecles a la chaleur b�nigne du foleil,nbsp;elle en a �t� r�chauff�e jufques dans fes entrailles,nbsp;amp; ce n�eft que cette chaleur int�rieure qui eftnbsp;ce qu�on nomme h fiu central: elle en reqoitnbsp;perp�tuellement une nouvelle quantif� , qui luinbsp;rend ce que fa furface en diffipe par Ie conta�fnbsp;de l�air moins �chauffe. Enfin, de m�me que Ienbsp;globe de l�exp�rience pr�c�dente auroit, a quel-
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tJUcS lignes au clefTqus de fa furface , une cha-^eur qui refteroit a peu pr�s conftante , de m�me Ie degr� de chaleur qui regne a quelque profon-deur au deiTous de la furface de la terre , eft unnbsp;degr� a peu pr�s conftant 1. II n�y a pas d�autrenbsp;^Tiyflere a chercher dans cetre matiere.
Ma�s nous avons bien de Ia peine a croire que malTe de la terre , priv�� de toute chaleur, Scnbsp;^xpof�e au foleil, e�t jamais pu en recevoir juf-^u�a fon centre la chaleur dont elle paroit dou�e.nbsp;^ue de fiecles, amp; de millions de fiecles, n�auroit-d pas fallu a une chaleur auffi foible que celle dunbsp;foleil , pour iondre un ocean tout glacial, amp; s�in-finuer jufques dans fes entrailles! Nous croyonsnbsp;^ue la glace , qui eiit �t� fondue m�me fous lanbsp;dgne par la prefence du foleil, eut �t� regel�enbsp;pendant fon abfence de douze heures; enforte quenbsp;ce globe , expof� au foleil dans cet �tat , y e�tnbsp;feft� �ternellement, fi quelque autre caufe puif-fante n�y e�t mis tout-a-coup ce fonds de chaleurnbsp;, en vivifiant la nature , rend la terre habitable , amp; fufceptible de vegetation.
II nous refte une troifieme caufe de la chaleur centrale a examiner. C�efl: celle que lui affignenbsp;M. de Buffon.
Suivant ce philofophe celebre , la Terre Sc les 3utres planetes circonfolaires ont autrefois faitnbsp;Partie du Soleil; elles ont �t� arrach�es de fa fur-f^ce par une comete qui, en la fillonnant, en anbsp;Ptojet� des fragments a diff�rentes diftances.nbsp;^omme ils �toient en fuhon, chacun a du n�cef-
Nous difons i peu pns; car je ne connois guere d�autre obfervation du thermometre dans des lieux fouter-faite dans les caves de I�Obfervatoire de
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fairement s�arrondir, en vertu des loix de la gravitation viniverfelle. Les morceaux un peu con*nbsp;lid�rables , comme V�nus , la Terre , Mars , Jupiter, Saturne, ont retju par cette projedionunenbsp;direftion tangentielle , qui , combin�e avec lanbsp;force attra�live du Soleil, leur a fait d�crire auteur de eet aftre des orbites plus ou moins allon-g�es. Celles de ces no�velles planetes , enfin, quinbsp;ont eu par hafard dans leur voifinage de plusnbsp;petits fragments, les ont en quelque lorte fubju-gu�s; amp; ces petits fragments , tournant autournbsp;des plus gros en vertu des m�mes loix, font de-venus leurs fatellites. C�eft ainfi que notre globe ,nbsp;Saturne , Jupiter , ont acejuis les lunes qui les ac-compagnent.
En partant de cette generation de la Terre amp; des planetes circonfolaires , il elf clair cjbe cesnbsp;globes ont d�abord �t� fluides ; amp; ceci explique anbsp;ravir leur formation en fph�ro�des applatis: car ilnbsp;fautn�cefiTairement que la Terre amp; les autres planetes aient �t� pendant quelque temps, ou dans unnbsp;�tat de fufion , ou comme une pat� a demi fluide,nbsp;pour que leur mouvement diurne leur alt donn�nbsp;la forme qu�elles ont. Mais partons de leur �tatnbsp;hypoth�tique de fufion. Des mafifes aufll confi-d�rables que V�nus, la Terre, amp;c. n�ont pu aflu-r�ment fe refroidir dans un jour , ni dans unenbsp;ann�e, ni m�me dans vingt fiecles. Elles ont paflT�nbsp;d�abord de l��tat de fufion a l��tat de folidit�;nbsp;elles ont reft� encore long-temps impr�gn�es d�unenbsp;quantit� de feu qui les rendoit inhabitables; enfinnbsp;peu-a-peu leur furface s�efi; refroidie , au point denbsp;n�avoir plus que la chaleur n�ceffaire pour nenbsp;point incommoder les animaux , amp; pour �tre fuf-ceptible de v�g�tation. L�int�rieur de la Terre
conf�rv�
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Conferve encore un degr� de chaleur plus confi-derable que la furface, 5c qui doit m�me aller ^n augmentant jufqu�au centre : voila le feu cen-tral. Mais, par une fuite n�ceffaire de la caufe
ce feu , 11 doit aller toujours en diminuant, Sc iious perdons chaque jour quelque peu de cettenbsp;chaleur. II femble en effet que la fertilite de lanbsp;terre diminue de )our en jour, ainfi que les forcesnbsp;de la nature , foit dans la vitalite des hommes ,nbsp;foit dans leur maffe amp; leur vigueur. On ne peutnbsp;cependant pas encore demontrer cette diminution ; il y a trop peu de temps que nous poffedonsnbsp;*^n Inftrument propre a mefurer la chaleur: a peinenbsp;m�me y a-t-il cinquante ans qu�on a des thermo-tnetres comparables. Mais fi, dans 500 ans d�ici,nbsp;par exemple , on trouve dans les caves de 1�Ob-fervatoire , que la chaleur conftante qu�on ynbsp;obferve n�eft plus que de 7 a 8 degres , au lieu denbsp;Siqu�elle eft aujourd�hui, le refroidiffement fuc-ceflif de la mafte de la terre fera un fait dont ilnbsp;y aura plus moyen de douter, quelle que foit I�o-tigine de cette chaleur amp; la caufe de fa d�per-dition.
Cependant nous ne pouvons difiimuler, malgre notre refpeft pour le phllofophe illuftre amp; I�elo-quent auteur de cette idee, qu�il y a fur cette .formation des planetes quelques difticuites qu�il n�eftnbsp;pas aif� de refoudre.
1� Si les planetes ont �t� form�es de cette mailtere , on ne conqoit pas d�oii vient les cometes ^nroient une autre origine ; amp; fi les dernieresnbsp;ftint originairement des planetes circulantes autournbsp;du Soleil, on ne volt pas qu�il en eut cout� da-Vantage a la Caufe fouveraine qui a arrange 1�uni-Vers , de former les planetes de la m�me maniere.
Tome IF', nbsp;nbsp;nbsp;H
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2� I! paroit cl fficile de concilier avec les loix du mouvement amp; celles de la gravitation univer-felle, la pofition 5f les dimenfions des orbites denbsp;ces nouvelles planetes; car, d�apr�s ce qui a �t�nbsp;d�montr� par Ne\t'ton amp; par d�aUtres, puifqu�ellesnbsp;font parties du Soleil par une ligne a peu pr�snbsp;tangente a fa furface amp; d�un point de fa furface,nbsp;elles devroient a chaque revolution pafler par Ienbsp;m�me point : c�eft cependant ce qui n�arrivenbsp;pas ; au contraire , les orbites des planetes fontnbsp;prefque circulaires.
11 paroit aiifli que, dans cette projeflion, les plus groffes maffes n�euffent pas du aller Ie plusnbsp;loin, Sc d�crire les plus grands cerdes: ce devroitnbsp;�tre, ce femble , les plus petites planetes qui fenbsp;feroient Ie plus �loign�es du Soleil; car^ fi unenbsp;force quelconcjue jette promifcu� plufieurs corpsnbsp;d�in�gale groffeur , ce feront les plus petits quinbsp;feront lanc�s avec Ie plus de viteffe.
Au refte l�effet d�une pareille projeftion eft incalculable ; Sc l�on pourroit dire d�ailleurs ,nbsp;qu�en tn�me temps que la comete dont il s�agitnbsp;a lillonn� la furface du Soleil, elle lui a communiqu� une impulfion qui 1'a fait changer de place.nbsp;En effet , cette comete qui a pu entrarner desnbsp;maffes telles que routes les planetes a-la-fois, de-voit �tre d�une maffe �norme , Sc a bien pu , ve-nant choquer Ie Soleil avec une viteffe immenfe ,nbsp;d�placer un peu eet aftre qui eft au centre denbsp;notre fyft�me dans une forte d�inertie.
Quel que foit Ie fort de ces idees, void quelques conf�quences q.ue M. de Buffon tire denbsp;fon fyft�me fur la formation de la Terre, Sc qu�
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font trop curieufes pour ne pas trOuvef place ici.
M. de Buffon , partant de fes principes fur la formation de la Terre amp; des planetes , a fait unenbsp;fuite tr�s-curieufe d�exp�riences , pour d�terminernbsp;dans quel rapport fe fait le refroidilTement desnbsp;maffes diff�rentes de matiere, eu �gard a lentnbsp;nature amp; a leur groffeur; amp; de ces experiences ilnbsp;conclud,
Qu�unglote tel queMercure a du mettre r ivf ans a fe confolider jufqu�au centre, 14813 a fenbsp;refroidir au point de pouvoir �tre touch�, ^4192nbsp;^ fe refroidir au point de la temp�rature aftuelle,nbsp;amp; enfin qu�il lui faut � 87775nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;refroidir
de roaniere a n�avoir plus que la 25� partie de la temp�rature aftuelle : c�eff ce que , pour abr�ger ,nbsp;nous appellerons i�re^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;�poques.
Que V�nus a du employer 3596 ans dans la premiere, 41900 a la feconde , 91600 a la troi-fieme , amp; 218540 a la quatrieme.
Que la Terre en a employ� a la premiere 2936, a la feconde 34270; que la duree de la troifiemenbsp;�poque a �t� de 74800 ans ; enfin que , 168 115nbsp;ans api�s, il n�y aura plus qu�un 25� de la chaleurnbsp;aftuelle.
Ainfi done la Terre exifferoit d�ja depuis 112 mille ans ; d�ou il fuit qu�a I�heure qu�il eft. il ynbsp;3 d�ja 30000 ans que Mercure a paffe le degr�nbsp;de la temp�rature aftuelle de la Terre, amp;: qu�il.anbsp;tti�me d�ja perdu environ 6 deeres fur les 25 quinbsp;luireftoient.
�poque, 7515
neme, Sc 72514 a la quatrieme. Ainfi il y a d�ja 15090 ans q
La Lune n�a rois que 644 ans a la premiere a la feconde , 16409 a la troi-
que la Lune eft requot;� H ij
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froidie au point de n�avoir m�me pas la 25� partie de notre chaleur acduelle. II n�eft pas �tonnantnbsp;qu�elle Ie pr�fente a nous comine un amas denbsp;glace , Sc qu�il n�y ait fur elle aucune apparencenbsp;de nature vivante. Si elle a eu des habitants, il ynbsp;a long-temps qu�ils font gel�s.
Mars a mis 1130 ans a fe confolider jufqu�au centre, 13000 ont�t� employ�s dans la fecondenbsp;�poque, 28538 a la troifieme, amp;c 60300 a lanbsp;quatrieme : il y a conf�quemment auffi d�ja 9 a 10nbsp;mille ans qu�il n�eft plus bon a rien.
Quant a Jupiter, il eft dans un cas bien diff�rent : il a d� employer 9400 ans a fa premiere �poque; il lui en faut 110000 pour la feconde.nbsp;Or il ya 112000 ans feulement que la Terre eftnbsp;form�e , ainfi que Jupiter : conf�quemment ilnbsp;faut encore 7 a 8 mille ans avant que Jupiter foitnbsp;refroidi au point de pouvoir mettre les pieds def-fns fans fe br�ler. Parvenu a cette �poque, il luinbsp;faudra 240400 ans pour venir a notre temp�ra-ture a�luelle , amp; enfin 483000 pour perdre a peunbsp;pr�s toute chaleur. Vo'lamn beau globe, qui com-mencera feulement a �tre habit� quand nous feronsnbsp;abfolument engourdis par Ie froid. Ainfi va Ienbsp;monde,
Saturne enfin a mis 5140 ans a fe durcir juf-qu�au centre, 59900 a pouvoir �tre touch�; Ia dur�e de fa troifieme �poque doit �tre de 130800nbsp;ans , amp; cette troifieme �poque court pour lui de-puis environ 47000 ans, enforte que ce ne feranbsp;que dans 84000 ans qu�on y �prouvera la temp�quot;nbsp;rature a�luelle de la Terre.
Nous ne dirons qu�un mot des fatellites des deux dernieres planetes. Ils font la plupart en �tatnbsp;de pleine habitabilit� amp; vegetation; il faut feule-
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Went en excepter le 4^ de Jupiter, qui eft d�ja avanc� dans fa quatrieme �poque; le 3� de Sa-turne , eft a peu pr�s au m�me degr� que la Terre ,nbsp;^ri peu plus chaud n�aninoins; le 4^ eft d�ja fortnbsp;avanc� dans fa quatrieme �poque , amp; le 3� nenbsp;doit plus �tre qu�une maffe de glace depuis pr�snbsp;50000 ans.
PROBL�ME XXVI.
^efurer les variations de pefanteur de Vair: Conf-truclion du Barometre.
Le barometre eft encore un de ces inftruments ^ont la d�couverte , due au fiecle dernier, eftnbsp;des plus remarqiiables de ce fiecle , fertile ennbsp;^d�es heureufes. II eft devenu trop commun pournbsp;pas exiger que nous ne tardions pas davantagenbsp;� pr�fenter a nos lefteurs quelques-uns des traitsnbsp;principaux relatifs a cette partie de la phyfique ,nbsp;'l�ailleurs affez �l�mentaire pour n�avoir rien quenbsp;ft�amufant amp; facile a comprendre.
On a donn� le nom de barometre , ^ l�inftru-ment qui fert a reconnoitre les variations de la pefanteur de l�air. Son nom vient des deux motsnbsp;grecs, iapo? amp; //�TPs/igt;, dont le premier fignifienbsp;f^fant, amp; le fecond mefurer. L�invention en eftnbsp;^ue au c�lebre difciple de Galilee , Torricelli,nbsp;^ qui il fervit principalement a d�montrer la pe-^'iteur de l�air au milieu duquel nous vivonsnbsp;^ que nous refpirons. Mais ce fut Pafcal quinbsp;foupqonna amp; reconnut fes variations , au moyennbsp;la fameufe exp�rience du Puy-de-Domme,nbsp;qu il engagea fon beau - frere de faire, fur cettenbsp;Wontagne -^oifine de Clermont. Elle lui fervitnbsp;^ mettre dans un nouveau jour la pefanteur
IlS R�cr�at. Math�mat. et Phys. de Pair, que quelques efprits faux s�ob��inoient anbsp;nier , malgr� Fexp�rience de Torricelli.
II eft aif� de fe former un barometre fans beau-coup de peine, Ayez un vafe de quelques pouces de profondeur, qui foit rempli de mercure ou denbsp;vif-argent; ayez encore un tube de verre de 30nbsp;OU 35 pouces de longueur, berni�tiquement fermenbsp;par un bout. Apr�s l�avoir renverf� , c�eft-a-direnbsp;mis en bas Ie bout ferme, rempliftez-le de mercure jufqu�a fon orifice ; appliquez-y Ie bout dunbsp;doigt, amp; redreflant Ie tuyau , plongez Ie boutnbsp;ouvert dans Ie mercure du vafe , amp; retirez Ienbsp;doigt, pour permettre au mercure du tube la communication avec celui du vafe : la colonne denbsp;mercure contenue dans Ie tube s�abaiflera , denbsp;maniere n�anmoins que fon extr�mit� fup�rieurenbsp;reftera d�environ 27 pouces, plus ou moins, aunbsp;deftus du niveau du mercure du vafe, ft Texp�-rience eft faite a une petite hauteur feulement aunbsp;deflus du niveau de la mer. Vous aurez un baro-jnetre conftruit. Et fi , par quelque invention ,nbsp;vous rendez immobile ce tube ainfi plong� dansnbsp;Ie vafe, vous verrez , fuivant les diff�rentes conft*nbsp;titutions de 1�atmofphere, Ie bout de la colonnenbsp;de mercure fe balancer entre 26 Sc 28 pouces denbsp;hauteur.
Voil4 Ie barometre Ie plus fimple , Sc tel qu�il fortit d�abord des mains de Torricelli. On a de-puis imagine, pour plus de commodit�, de prendre un tube de verre de 33 a 36 pouces environnbsp;de longueur, de Ie boucher herm�tiquement parnbsp;un bout, Sc de recourber l�autre , apr�s 1�avoifnbsp;dilate a Ia lampe d��mailleur, de maniere qu�ilnbsp;rel��mble ^ une fiole , ainfi qu�on voit dans lanbsp;figuse. On remplit Ie tube de mercure, en l�indi-
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nant Sc le renverfant a plufieurs reprifes; 6c apr�s Pavoir redrefie , on fait enforte qu�il n�en refte PI.nbsp;lt;^ans la fiole inf�rieure que jufqvte-vers le milieu fig. i6,nbsp;^e fa hauteur , comine. AB. La difference entrenbsp;la ligne CAB Sc la ligne DE , a laquelle fe fou-*ient le mercure , eft la hauteur de la colonnenbsp;lt;^tft fait contre-poids avec I�atmofphere , ainfi qu�ilnbsp;�ft aif� de voir. Enfin 1�on attache ce tube de verrenbsp;Sinfi rempli de mercure, contre une planche plus
tnoins ornee, Sc vers le haut on divife en li-gnes I�intervalle du 26 au 28� pouce au deffus de CB ; on y infcrit a diftances �gales, en comtnen-^ant par la ligne de 28 pouces , beau-fixc ^ beau ,nbsp;Variable, pluit, tcmp�u : on a un barometre conf-truit. C�eft a peu pr�s ainfi que font faits ceuxnbsp;^u�on d�bite vulgairement; mais il y a quelquesnbsp;precautions a prendre pour qu�ils foient bons.
1� II faut que la fiole ou receptacle inf�rieur du mercure, ait un diametre beaucoup plus con-fid�rable que celui du tuyau vers le haut; car ilnbsp;eft aif� de voir qu�autrement la ligne AB varieranbsp;fenfiblement, a meftire que le mercure haufferanbsp;Sc baiffera ; finon il faut y avoir �gard.
2� Il faut que le mercure foit purifie d�air au-tant qu�il eft poljible , ou du moins jufqu�a un certain point; amp; que le tube ait �t� cbauff� amp;Cnbsp;frott� en dedans pour en chaffer l�huinidit� Scnbsp;les ordures qui s�y amaffent d�ordinaire, autre-*tient il s�en d�gagera de I�air , qui , occupant lenbsp;haut du tuyau, y formera par ion �lafticit� unnbsp;petit contre-poids a la pefanteur de I�atmofphere ,
^ fera que la colonne fe tiendra plus bas qu�elle ite devroit. Cet air, fe dilatant aulTi par la cha-leur, fera contre la colonne de mercure un plusnbsp;grand effort, enforte que fes mouvements d�pen.*
Hiv
-ocr page 128-tio R�cr�at. Math�mat/et Phys. dront a-la-fois amp; de Ia chaleur amp; de la pefanteurnbsp;de 1�air, tandis qu�ils ne doivent d�pendre que denbsp;la deniiere caufe.
PROBL�ME XXVII.
La fufpmjion du mercurc dans Ie Barometre, d�-pend-elle de la pefanteur ou de r�lajiicit� de Vair?
On ne parle ici de cette queftlon, que parce-quelle eft agit�e dans quelques livres de phyfique , o� m�me on decide que Ie ph�nomene doit �trenbsp;attribu� au reffort amp; non a la pefanteur de l�air,nbsp;L�analyfe fuivante fera fentir combien ceux quinbsp;penfent ainfi raifonnent mal.
II y a deux cas dans cette queftion. Dans Vun^ on fuppofe Ie barometre expof� a l�air libre, 8cnbsp;c�eft proprement celui dont il s�agit. Dans 1�autre ,nbsp;il eft renferm� dans une chambre tellement clofenbsp;que l�air ne fqauroit y p�n�trer, ou fous un recipient de la machine pneumatique, qui interditnbsp;tout acc�s a l�air.
Dans ce fecond cas, il eft bien �vident que la caufe de la fufpenfion du mercure eft uniquementnbsp;Ie reffort de l�air; mais �tendre cela au cas o� Ienbsp;barometre eft expof� a l�air libre, c�eft, nous l�o-fons dire , raifonner d�une maniere peu digne d�unnbsp;phyficien.
En effet, pour reconnoitre a laquelle des deux caufes on doit attribuer la fufpenfion du mercurenbsp;dans Ie barometre expof� a l�air libre , fuppofonsnbsp;que l�air fut priv� de fon poids ou de fon reffort,nbsp;amp; examinons ce qui arriveroit.
Si l�air �toit priv� de fon reffort, il eft �vident
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^u�il retomberoit fur lui-meme, amp; formeroit au-tour de la Terre une efpece d�ocean d�un fluide d�une nature particuliere , qui, au lieu d�avoirnbsp;comme 1�atmofphere plufieurs milliers de toifes denbsp;hauteur, en auroit beaucoup moins; mais il auroitnbsp;^oujours le m�me poids, comme un ballot de criitnbsp;tjui a perdu fon �lafticit� amp; fon volume , ne pafenbsp;pas moins que lorfque, par 1�efFet de fon reffort,
occupoit beaucoup d�efpace. Ainfi le mercure d�un barometre plonge au fond de ce fluide , n�ennbsp;feroit ni plus ni moins prefle ; 11 fe foutiendroit anbsp;la m�me hauteur.
Feignons , aq contraire, maintenant que Pair, confervant fon reflTort, perde fa pefanteur. Qu�ar-riveroit-il ? Alors les parties de Pair n�eprouvantnbsp;plus aucune refiftance a s�ecarter les unes des au-�^res, leur reffort enfin n��tant plus comprim� parnbsp;la force du poids qui refulte des parties fuperieuresnbsp;fur les inferieures , Pair fe diffiperoit fans exercernbsp;aucune aftion fur la colonne de mercure , a moinsnbsp;�ju�on n�imaglnat au haut de Patmofphere une voutenbsp;tranfparente , contre laquelle le reffort de Pairnbsp;fut appuye; ce qui feroit ridicule : car un reffortnbsp;a befoin, pour agir par une de fes extr�mit�s,nbsp;d��tre appuy� par 1�autre. Or ce qui appuie, cenbsp;qui bande le reffort de Pair, n�eft autre chofe quenbsp;fon poids.
Puifque done Pair , d�nu� de poids Sc dou� de tout le reffort poffible, n�auroit aucune aftionnbsp;for le mercure du barometre ; qu�au contraire, ennbsp;lui laiffant fon poids amp; lui otant fon reffort, il lenbsp;foutiendroit egalement, je demande a quelle caufenbsp;il faut attrlbuer cette fufpenfion ? La reponfe eftnbsp;facile, amp;C je puis me difpenfer de la donner.
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PROBL�ME XXVIII.
Ufage du Barometre pour reconnoitre fapproche dit beau ott du mauvais temps, amp; precautions dnbsp;prendre a ce fujet pour n�tre pas induit en erreur^
XJN des prlncipaux ufages des barometres , eft de fervir a reconnoure 1�approche du beau ou danbsp;mauvais temps. L�exp�rience a en effet appris quenbsp;1�afcenfion du mercure au deffus de fa hauteurnbsp;moyenne , �toit ordinairement fuivie du beaunbsp;temps; amp; qu�au contraire , lorfqu�il baiflbit aunbsp;deffous de cette hauteur, cela indiquoit la continuation ou l�approche de la pluie, Cela n�eft ce-pendant pas ablblument g�n�ral amp; infaillible. Lenbsp;vent a auffi beaucoup d�influence fur t�afcenfionnbsp;OU la defcente du mercure dans le barometre ; c�efbnbsp;pourquoi nous croyons a propos de donnet icinbsp;quelques regies, fond�es fur l�obfervation , lef-quelles peuvent fervir a porter un jugement plusnbsp;affur� fur les indications de eet inftrument.
I. L��l�vation du mercure annonce en g�n�ral le beau temps, amp; fon abailTement efl: auffi en g�n�ral l�avant-coureur du mauvais temps , commenbsp;pluie, neige , gr�le, ou orage.
Dans un temps tres - chaud , rabailTement prompt du mercure annonce la temp�te amp; lenbsp;tonnerre,
3, nbsp;nbsp;nbsp;En hiver, l��l�vation du mercure pr�fage lanbsp;gelee; amp;: dans le temps de la gel�e , fi Ie mercurenbsp;defcend de 3 ou 4 Hgnes , cela annonce du d�gel;nbsp;mais, dans une gel�e continue , s�il monte , il ynbsp;aura certainement de la neige.
4. nbsp;nbsp;nbsp;Lorfque le mauvais temps fuccede auffi-t6t
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^ I�abaiflTement du mercure, ce mauvais temps ne fera pas de duree ; Sc ce fera la m�me chofe anbsp;I�egard du beau temps , s�il fuccede promptementnbsp;a 1��l�vation du mercure.
5. nbsp;nbsp;nbsp;Mals dans le mauvais temps , lorfque le mercure s�eleve beaucoup, amp; qu�il continue de lenbsp;faire pendant deux ou trois jours avant que lenbsp;mauvais temps foit paffe , on peut s�attendre a urtnbsp;changement de temps en beau , qui fera de duree.
6. nbsp;nbsp;nbsp;Dans le beau temps , quand le mercurenbsp;tombe fort bas, amp; qu�il continue ainfi pendantnbsp;deux ou trois purs avant que la pluie vienne , onnbsp;eft fonde a prefager que cette pluie fera longue ,nbsp;grande, amp; accompagn�e de grand vent.
7. nbsp;nbsp;nbsp;Le mouvement incertain du mercure annoncenbsp;aulft un temps incertain amp; variable.
Telles font les regies que le dofteiir Defaguliers donne, d�apr�s les obfervations fuivies du fieurnbsp;Patrick, excellent faifeur de barometres, a Lon-dres.
II n�y a cependant nul doute qu�elles ne foient encore fujettes a quelques exceptions.
II eft reconnu , par exemple, que , dans les pays litues entre les Tropiques, le barometre n�anbsp;prefque aucune variation; il s�y foutient toujours,nbsp;au bord de la mer, a 28 pouces, plus ou moinsnbsp;quelques lignes. C�eft un phenomene difficile anbsp;cxpliquer , amp; je n�en connois aucune ralfon biennbsp;fatisfaifante, pas m�me celle que tente d�en donnet le c�lebre M. Halley. On fe tromperoit done,nbsp;ft on appliquoit les regies ci-deffus aux obfervations du barometre porte dans ces pays-la.
II arrive auffi quelquefois que I�abaiffement du mercure fe paffe fans pluie; mais alors il regne
-ocr page 132-114 R�CRiAT. Math�mat. et Phys, finon dans Ie bas , du moins dans Ie haut denbsp;ratmofphere , un vent confid�rable ; car M.nbsp;Hauksb�e a imagine une experience par laquellenbsp;il produit artificielleinent eet efFet fur Ie baro-metre.
PROBL�ME XXIX.
Comment Je fait-il que la. plus grande hauteur du Barometre annonce Ie beau temps , amp; que lanbsp;moindre annonce la pluie prochaine ou mauvaisnbsp;temps ?
Si 1�on n��toit pas inftrult de la marche du barometre, fi Ton ne fqavoit pas que l�afcenfion du mercure arrive d�ordinaire quand Ie ciel eft biennbsp;ferein amp; que 1�air eft bien pur, qu�au contrairenbsp;fa defcente eft ordinairement Ie pr�curfeur xle lanbsp;pluie, il n�eft perfonne qui n�en jugeat autrement ,nbsp;amp; qui ne pensat que Ie mercure devroit baifternbsp;quand 1�air eft ferein amp; pur , amp; qu�il devroitnbsp;monter quand 1�air eft charg� amp;t impr�gn� denbsp;vapeurs : car il eft naturel, amp; prefque indifpen-fable, de croire que 1�air pur amp; ferein eft plusnbsp;l�ger qu�un air qui tient beaucoup de vapeurs ennbsp;diftblution. La marche du mercure dans !e barometre , eft pourtant toute contraire a celle-la :nbsp;aufli eft-ce un ph�nomene qui a beaucoup occup�nbsp;les phyficiens, amp; fans fucccs ; car toutes leursnbsp;explications fe renverfent les unes les autres; au-cune ne foutient l�examen amp; la difeuflion.
Quelques phyficiens ont dit: L�air n�eft jamais plus ferein amp; plus tranfparent que quand il eftnbsp;bien charg� de vapeurs, ou du moins quand ellesnbsp;y font parfaitement dififoutes ou combin�es avecnbsp;lui; car c�eft Ie propre des diftfolutions parfaites,
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lt;lue d��tre tranfparentes : il n�eft done pas �ton-*^3nt que Ie mercure, plus charg�, monte alors. Ma�s cl�s que quelque caufe fait f�parer de l�air lesnbsp;'^apeiirs aqueufes, elles troublent fa tranfparence,nbsp;^ elies commencent a fe pr�cipiter; elles ne fontnbsp;P^us partie de fon poids, puiiqu�elles n�y furna-gent pas; il eft foulag� de leur pefanteur: amp;, pournbsp;Prouver cela , ils s�autorifent de 1�exp�rience celeste du do�feur Rammazini, que voici.
On prend un vafe �troit amp; de plufieurs pieds de hauteur ; on Ie remplit d�eau , amp; Ton placenbsp;deflus un morceau de liege, auquel eft fufpendunbsp;par o� diet un poids de ploinb , enforte que Ie toutnbsp;furnage. Ce vafe ainli pr�par�, on Ie place fur unnbsp;baffin de balance , amp; 1�on charge 1�autre de ma-niere a �tablir l��quilibre. Les chofes �tant en eetnbsp;�tat, on coupe Ie filet qui tenoit leplomb attach�nbsp;au liege : il tombe ; Sc l�on obferve , dit - on , quenbsp;pendant tout Ie temps de fa chute ce c�t� de la balance en efl all�g�, Sc que l�autre l�emporte: d�o�,nbsp;conclud - on, il efl: �vident que , pendant qu�unnbsp;poids tombe dans un fluide, il n�en charge pas lanbsp;bafe ; done , pendant que les vapeurs de Pair raf-fembl�es fe pr�cipitent, ou d�s qu�elles commencent a fe pr�cipiter, l�air efl: plus l�ger, amp; Ie mercure en efl moins charg�.
Tout ce raifonnement, qui efl de Leibnitz , eft fort ing�nieux. Mais malheureufement cette exp�-tience de Rammazini prouve feulement que Ienbsp;baffin de la balance eft d�charg� pendant la chutenbsp;du poids, mais elle ne prouve pas que Ie fondnbsp;du vafe eft d�charg� de la quantit� du poids quinbsp;tombe; car ce font-la deux chofes bien diff�rentes.nbsp;II faut done recourir a une autre explication.
Pour nous , nous fommes perfuades avec M*
-ocr page 134-ti6 R�cr�at. Math�mat. et Phys. tie Luc d�apr�s Ie peu de fucc�s de toutes Ie*nbsp;explications donn�es jufqu�a pr�fent, qu�il n�y anbsp;pas d�autre caufe de Pabaiffement du barometre anbsp;1�approche de la pluie , que la diminution de lanbsp;pefanteur de Pair, lorfqu�il eft fatur� de vapeursnbsp;aqueufes.
Nous croyons, dis-je, que Pair n�eft jamais plus pefant que quand il eft tr�s-pur, amp; nousnbsp;iommes port�s ^ penfer ainft par diverfes ralfons.
Les vapeurs qu�on voit nager fous la forme d�un nuage dans Patmofphere, ne font qu�une dif-folution de Peau par Pair : tant que cette combi-naifon eft imparfeite, elle n�a qu�une demi-tranf-parence , comme cela arrive dans toutes les diffb-lutions. Or nous voyons dans eet �tat les vapeursnbsp;monter dans Pair. Que peut-on en conclure autrenbsp;chofe, finon que ces vapeurs font plus l�geres quenbsp;1�air? Or qu�eft-ce qu�un air charg� d�eau , finon unnbsp;air dans lequel une tr�s-grande quantit� de ces vapeurs f� font intimement noy�es amp; combin�es ?nbsp;On doit done conclure P�tat de Pair ainfi charg�nbsp;de vapeurs, quant a la pefanteur, de celui de cesnbsp;vapeurs elles-m�mes; 8c , puifqu�elles font plusnbsp;l�geres que Pair dans lequel elles montent, onnbsp;doit en tirer la conf�quence que Pair dans lequelnbsp;elles font diftbutes, eft plus l�ger que Pair pur.
Mais comment, dira-t-on, concevoir que Pair combine avec un fluide plus pefant que lui, ennbsp;devlenne plus l�ger? Je r�pondrai a cela , que finbsp;cette combinaifon n��toit cju�une interpofition desnbsp;parties de Peau entre celles de Pair, comme onnbsp;pouvoit Ie croire autrefois , 8c avant les lumieres
* Trait� des Barometres, Thermometres, amp;c, Geneve,
lt;lue la chimie a jet�es fur nombre de queftions de
la phyfique ordinaire, cela Teroif impoffible. Mais
Ce n�eft point-la Ie rn�canirme des diffolutions oii combinaifons de corps entr�eux : chaque particulenbsp;du diffolvant fe combine avec chaque particulenbsp;du corps diffous; amp;c cela fe fait ici probablementnbsp;par l�intermede du feu, incomparablement plusnbsp;l�ger que l�air amp; Teau. On ne peut done conclurenbsp;la pefanteur des particules compof�es, de cellesnbsp;des particules lepar�es, D�ailleurs , dans eet �tatnbsp;de combinaifon, elles peuvent �tre dou�es d�unenbsp;plus grande force de r�pulfion ; Sl cela m�me pa-loit affez probable , puifque 1�expanfibilit� de 1�eaanbsp;f�duite en vapeurs eft immenfe. II n�y a done nullenbsp;abfurdit� a avancer que l�air charg� de vapeurs,nbsp;foit plus l�ger que Pair pur. On Ie d�montreranbsp;peut-�tre quelque jour a priori, par des proc�d�snbsp;chimiques ; 5c fi cela eft , Pon fera alors biennbsp;furpris de 1�embarras oii Pon a �t� jufqu�a pr�fentnbsp;pour expliquer Ia defcente du mercure dans Ie ba-rometre aux approches de la pluie.
Du Barometre compof� ou riduit,
On a vu plus haut qu�il falloit une colonne de nvercure de pouces de hauteur environ poutnbsp;contrebalancer Ie poids de Patmofphere ; d�o� ilnbsp;t�fulte que Ie barometre fimple ne peut avoir moinsnbsp;de pouces de hauteur, a moins qu�on ne trou-vit un fluide plus pefant que Ie mercure, Comm�nbsp;cette longueur a paru incommode , on a cherche inbsp;la raccourcir, dans la vue , a ce qu�il femble , denbsp;renfermer le barometre dans la pi�me bordute
-ocr page 136-�z8 R�cr�at, Math�xMat. et Phys. que Ie thermometre, auquel on peut ne, donnet,nbsp;li l�onveut, qu�une dimenfion beaucoup moindre,nbsp;Voici comment on y eft parvenu.
Tout Ie fondement de la conftruction de ces fortes de barometres , confifte a oppofer plufieursnbsp;colonnes de mercure contre une d�air , enforcenbsp;que ces colonnes , prifes enfemble , aient environnbsp;les i8 pouces de longueur qu�une feule doit avoirnbsp;pour faire �quilibre avec Ie poids de ratmofphere.nbsp;II faut conf�quemment divifer la longueur ordinaire de la colonne de mercure , ou 28 pouces,nbsp;par la hauteur dont on veut faire Ie barometre ; Ienbsp;quotient donne Ie nombre des colonnes de mercure qu�il faut oppofer au poids de l�air.
Ainfi , veut-on avoir un barometre qui n�ait que 15 a 16 pouces de longueur, on Ie formera denbsp;trois branches de verre , jointes enfemble, parnbsp;quatre renflements cylindriques ; deux de cesnbsp;tuyaux feront templis de mercure, communi-queroiit enfemble au moyen de ia troifieme , quinbsp;doit etre remplie d�une liqueur plus l�gere. Lanbsp;fig. ty met ce m�canifme fous les yeux. On y voitnbsp;trois branches du barometre,'dont la premierenbsp;PI. 3, de D en E, efl: remplie de mercure ; la fecondenbsp;fig, 17. deE en F, efl; remplie moiti� d�huile de tartre co-lor�e, moiti� d�huile de karab� ; enfin la troi-iieme de F en G, efl rempfie de mercure. Ainfinbsp;c�efl la m�me chofe que fi ces deux colonnes denbsp;mercure �toient mifes 1�une fur 1�aiitre ; car onnbsp;voit aif�ment que la colonne FG de mercure pefe,nbsp;au moyen de la colonne FE de renvoi, fur lanbsp;�premiere , pr�cif�ment comme fi elle �toit aunbsp;deflus. Dans cette efpece de barometre, c�eft lanbsp;reparation des deux liqueurs contenues dans lanbsp;branche EF, qui fert a marquer les variations da
poids
-ocr page 137-PHysiqu�.
po'uls de 1�air ; amp; c�eft pour cela qu�vl faut que ces liqueurs foient de deux couleurs diff�rentes ,
lt;^omnne auffi de diff�rentes pefanteurs fpecifiques ,
^fin qu�elles ne fe m�lent pas.
Pour rempHr ce barometre, il faut boucher ^ ouverture A , mettre du mercure dans les deuxnbsp;^�quot;anches lat�rales par 1�ouverture B ; enfuite ver-les liqueurs dans la branche du milieu par Ianbsp;�^�me ouverture; apr�s quoi on la bouchera her-^�tiquement.
Si 1�on vouloit conftruire un barometre qui ^ e�t que 9310 pouces de hauteur, on diviferoitnbsp;par 9, ce qui donneroit 3 : ainfi il faudroitnbsp;ftois branches de mercure de 9 a 10 pouces, avecnbsp;branches de communication, remplies d�huilenbsp;de tartre Sc de karab�. La fig. iS met ce baro- p].nbsp;�^etre a cinq branches fous les yeux. II eft bonfig. iS.nbsp;d�obferver que la hauteur de chaque branche ne fenbsp;doit eftimer que par la difference du niveau de lanbsp;Pqueur dans Ie r�fervoir d�en haut Sc dans celuinbsp;d�en bas.
Cette conffruclion, qui eft due a M. Amon-tons, a, il eft vrai, l�avantage de dimimier la hauteur embarraffante du barometre , Sc.de Ie rendre plus propre a figurer dans certaines circonftancesnbsp;^omme ornement ; mais il faut remarquer quenbsp;aux d�peris d� fon exaftitude. M. 'de Luc ,nbsp;1'homme qui a Ie plus �tudi� Jes barometres, amp;nbsp;qoi en a Ie mieux trait� nous allure qu�il n�a ja-*tiais pu avoir un inftrument femblable qui tutnbsp;^t�diocrement bon. La colonne interm�diaire agitnbsp;effet comme thermometre; Sc ceux cjui oilt
JCoyei Trait� des Barometres, 6cc, Tome IK.
-ocr page 138-�J� R�cr�at. Math�mat. et Phys.
entrepris de prouver que cela ne nuifoit pas 4 l�exaftitude , ne faifoient pas attention que leurnbsp;raifonnement n�eft vrai qu�autant que Ia ligne denbsp;reparation des deux couleurs eft dans Ie milieunbsp;de la hauteur du tube.
NouS avons d�ja fait connoitre cette propri�t� de l�air, qui eft une fuite de fon �lafticit�, amp; quinbsp;confifte en ce que , charg� d�un poids double, ilnbsp;fe r�duit a un volume de moiti� , amp; ainfi propor-tionnellement, du moins autant que les experiences faites jufqu�a ce moment peuvent aller. Par lanbsp;m�me raiion, lorfqu�on Ie d�charge de la moiti�nbsp;du poids qu�il fupporte, il occupe un efpace double , amp; un efpace quadruple quancl il n�a que Ienbsp;quart du m�me poids a fupporter. Ainfi , parnbsp;exemple , lorfque , m�ntant fur une montagne ,nbsp;on trouve que Ie mercure a baifle de la moiti� denbsp;la hauteur qu�il avoit dans la plaine, on en con-clud que , d�charge de la moiti� du poids qu�Hnbsp;fupportoit en bas , il eft dilat� du double , ou quenbsp;la couche d�air oii l�on eft n�a de denfit� que lanbsp;moiti� de celle qu�a l�air du bas de la montagne inbsp;car Ia denfit� eft en raifon inverfe de Tefpacenbsp;qu�occupe la m�me quantlt� de matiere.
Cette loi de la dilatation de l�air , en raifon inverfe du poids dont il eft charg�, a mis les g�o' metres en �tat de d�montrer qu�a mefure qu�onnbsp;s��leve dans 1�atmofphere, la denfit� d�croir, oUnbsp;la rar�faftion croit, dans une progreffion g�om�-
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**'*cjue y tandis que les hauteurs auxquelles on s��-^eve, croiffent en progrefflon arithm�tique, Ainfi done, fi 1�on fqait une fois a quelle hauteur ilfautnbsp;s elever pour avoir, par exemple, un air rar�fi�nbsp;d�un quart, ou r�duit aux trois quarts de fa denote au bord de Ia mer , on fqaura qu�a une hauteurnbsp;double fa denfit� fera Ie quarr� de ^ , ou ; a unenbsp;*''iple, ce fera Ie cube, ou Stc ; enfin , a unenbsp;^auteur centuple , ce fera la 100� puilfance denbsp;� 1 amp;c. Ou bien , fi Ton fqait par exp�riencenbsp;'Juel efl: Ie rapport de la denfit� de fair a la hauteur de mille toifes ou un mille , avec la denfit� denbsp;^�air au bord de la mer , que l�on nomme cenbsp;*'apport D, on aura D�' pour l�exprelRon de cenbsp;�'spport k 1 milles de hauteur ; a 3 milles, ce feranbsp;Stic. Stl kn milles ce fera Dquot;.
Or on fqait par l�exp�rience , qu�i mille toifes d��l�vation perpendiculaire au deffus du niveaunbsp;de la mer, la hauteur du mercure qui, au bordnbsp;de la mer, �tolt de 28 pouces ou 336 lignes, n�eft:nbsp;plus que de 22 pouces 4 lignes, ou exprim� parnbsp;la fraftion fy|, Tunit� �tant la hauteur totale;nbsp;d�oii il fuit que Ie rapport, de la denfit� de 1�air anbsp;Celle du bord de la mer, eft exprim� par cettenbsp;�tt�me fraftion de l�unit� : conf�quemment, pournbsp;trouver quel feroit ce rapport a la hauteur d�unnbsp;demi-diametre terreftre, il faut d�abord fqavoirnbsp;Combien de milles il y a dans ce demi-diametre.nbsp;On en trouve 3000, en Ie fuppofant feidementnbsp;de 1300 lieues de 2000 toifes chacune. II fautnbsp;done �lever cette fraftion ou|^ , a la 3000�nbsp;pwiffance ; ce qu�on peut faire aif�ment par Ienbsp;�Woyen des logarithmes : car , prenant Ie loga-tithme de � , qui eft �0.0982043, amp; Ie multi-pliaut par 30OO, on aura pour logarithme d�
-ocr page 140-nombre ch�rch� , celui-ci, �194.6135000; Ce qui indique d�abord que ce nombre efl; au moinsnbsp;compof� de 195 chlfFres. Ainfi l�on peut dire quenbsp;la denfit� de 1�air que nous refpirons a la furfacsnbsp;de la terre, efl; a celle qu�auroit 1�air a la hauteurnbsp;d�un demi-diametre terfeflre , comme un nombrenbsp;de 195 chiffres a 1�unit�. II efl fuperflu de faire unnbsp;calcul pour prouver que la fphere m�me de Sa-turne ne comprend pas autant de pouces cubesnbsp;qu�en exprime ce nombre , amp; conf�quemmentnbsp;qu�un pouce cube d�air , tranfport� a un demi-diametre terreftre au deflus de fa furface, s�ynbsp;�tendroit de maniere a^occuper un efpace plusnbsp;grand que la fphere de Saturne.
Nous nous bornerons a remarquer iel que cette raret� feroit m�me encore plus grande , par lanbsp;ralfon fuivante. Nous avons fuppof� la pefahteurnbsp;uniforme , ce qui n�eft pas exa�t; car la pefanteurnbsp;d�croiflant en raifon Inverfe de la dlflance au centre , 11 s�enfuit qu�a mefure qu�on s��leve au deffusnbsp;de la furface de la terre, cette pefanteur diminue;nbsp;enforte qu�a un demi-diametre au deflus, elle n�efi:nbsp;plus qu�un quart de ce qu�elle efl a la furface denbsp;la terre ; chaque couche d�air fera done moinsnbsp;charg�e par les couches fup�rleures , puifqu�ellesnbsp;peferont moins a m�me hauteur que dans la fup-pofition pr�c�dente : ainfi l�air fera plus dilate.nbsp;Nevton a enfeign� la maniere d�en faire Ie calcul, mais nous l�omettons pour abr�ger.
R E M A R (lu E.
L�extr�ME raret� de l�alr a une dlflance de la terre aufll m�diocre , peut fervir a prouver l�e*quot;nbsp;tr�me t�nuit� de la matiere qui remplit les efpacesnbsp;c�leftes; car, quand m�me cette denfit� feroit
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P^r-tout telle qu�on vient de voir qu�elle eft a un demi-(liametre de la terre , il eft aif� de voirnbsp;^ombien peu les corps planetaires peuvent perdrenbsp;leur mouvement en traverfant ces efpaces. Lanbsp;Lune ne fqauroit, depuis plufieurs milliers d�an-qu�elle Te meut, avoir d�plac� encore lanbsp;^aleur d�un pied cube de notre air.
Von creufoh un puits jufqtiau ccntn de Ia terre y quelle feroit la denjit� de Cair dans les diff�renteanbsp;profondeurs amp; au fond de ce puits ?
^OUS commenqons par r�pondre a cette quef-^�ori, qu�on ne tomberoit pas bien profond�menf ^3ns rencontrer un air tellement condenf�, qu�onnbsp;y ftunageroit comme du liege fur du vif-argent,nbsp;Cela eft d�abord �vident, en fuppofant la pefau-^�ur uniforme a toutes les profondeurs de ce puits;nbsp;^ar un demi-diametre au deftbus de la furface, lanbsp;^enfit� doit �tre a celle de l�air de la furface , ennbsp;taifon inverfe de celle-ci a celle qu�il auroit a unnbsp;deinl-diametre au deffus. Or nous avons vu parnbsp;'luel �trange nombre la raret� de ce dernier feroitnbsp;^^prim�e ; ainfi ce m�me nombre exprimeroit lanbsp;'�ondenfation au centre, Le mercure n�eft pasnbsp;*Out-a-fait 14000 fois plus pelant que l�air quenbsp;^ous refpirons; ainfi l�air, au centre , feroit plu-fieurs milliards de millions de millions, amp;c, denbsp;plus denfe que le mercure.
, Mais, pour nous amufer , puifqu�il eft iel quef-*ion de recreations phyfiques, examinons 1�hypo-*nefe plus vraifemblable de pefanteur qul r�gneroit dans le cas de ce probl�me. La pefanteur ne feroit
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pas uniforme , ma�s elle d�crouroit a mefure qu�or� s�approcheroit du centre , amp; feroit pr�cif�mentnbsp;comme la diftan^:e a ce centre. Or Newton a faitnbsp;voir que , dans ce cas, les quarr�s des diftances aunbsp;centre d�croiffant arithm�tiquement, les denfit�snbsp;croitroient g�om�triquement.
II nous faut done d�abord trouver quelle feroit la denlit� de l�air a une profondeur d�termin�e,nbsp;par exemple de looo toifes. Or cela efl; facile,nbsp;car, attendu la proximit� de la furface, il eft fen-fiblement vrai que la denfit� a la furface �tantnbsp;repr�fent�e par runit�, celle a looo toifes aunbsp;deffous feta 1�inverfe de celle a looo toifes aunbsp;deflus. Or celle-ci �toit exprim�e par ^; par con-f�quent l�autre Ie fera par -fy ou i ~: ainli lanbsp;denfit� �tant i a une diftance du centre de 3000nbsp;milles , cette denfit� a celle de 2999 , feranbsp;Faifons done Ie quarr� de 3000 , qui eft 9.OOOOOO,nbsp;amp; celui de 2999, qui eft 8994001 ; fa diff�rencenbsp;avec 9000000 eft 5999, par lequel nombre il fautnbsp;divifer 9000000 , pour avoir Ie nombre de quarr�s arithm�tiquement d�croiffan'ts dans Ie m�inenbsp;rapport, lefquels font contenus dans ce premiernbsp;quarr�. On en trouve a 500 , plus une petite fraction qu�on peut n�gliger. Multlplions done Ienbsp;logarithme de qui eft 0.0982045 par 1500,nbsp;nous aurons 147.3067500: ce fera Ie lo-garithmcnbsp;de la denfit� au centre, celle a la furface �tant i.nbsp;Or Ie nombre r�pondant a ce logarithirre auroitnbsp;au moins 148 cbiffres-; d^ou il fifit que la denfit�nbsp;de l�air au centre de la terre, feroit a celui denbsp;furface, comme am nombre de 148 chiftVes, oUnbsp;au moins 1�untt� fuivie de 147 z,�ros , a 1�unit�.
Si l�on vouloit fqavoir a quelle profondeur rarf feroit denfe comme 1�eau, on trouveroit, par uU
Physique. nbsp;nbsp;nbsp;131^
�alcul que nous fupprimons , amp; qui sft fond� fur �es m�mes piincipes, que ce feroit a 30 milles aunbsp;deffous de la furface.
On trouveroit de m�me que, a 4a milles au delTous de la furface , 1�air auroit la denlite dii
vif-argent.
Di I�Arquebufe a vent,
C ET inftrument , dont 1�invention oil: due k Otton Guerike , bourgmeftre de Magdebourg, 1|nbsp;c�lebre, vers le milieu du dernier fiecle, par fesnbsp;experiences pneumatiques , �le�friques , amp;;c. eftnbsp;Une machine dans laquelle le reftbrt de 1�air, vio-lernment comprim�, eft employ� a pomTer unenbsp;tgt;alle de plomb , comme fait la poudre a canon.nbsp;L�arquebufe ou fufil a vent eft corapof� d�un r�servoir d�air, form� du vuide qui refte entre deuxnbsp;tuyaux cylindriques amp; concentriques I�un a I�au-Ue, 1�un int�rieur , 1�autre ext�rieur: le fond de cenbsp;Vuide communique a un corps de pompe cach�^nbsp;dans la croffe du fufil, amp;c dans lequel agit un pif-ton qui fert a y faire entrer amp; condenfer I�air , aunbsp;tnoyen des foupapes placees de la maniere conve-iiable. Au fond du tuyau int�rieur ou fe place lanbsp;balle , en la retenant avec un peu de bourre, il ynbsp;3 auffi une ouverture ferm�e par une foupape ,nbsp;tji^i ne peut s�ouvrir que lorfqu�o-n fait agir unenbsp;d�tente.
On conqoit maintenant qu�ayant comprim� dans le r�fervoir 1�air autant qu�il eft poffible ,nbsp;Syant plac� la balie au fond du tuyau int�rieur ,nbsp;ft I�ori fait agir la d�tente qui doit ouvrir la foU'^
1 iv
-ocr page 144-136 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
pape qui eft derriere la balie , l�air, violemment comprim� dans Ie r�fervoir , agira fur elle, amp; lanbsp;poulTera avec une vitelTe plus ou moins grande,nbsp;fuivant Ie temps qu�il aura eu pour exercer furnbsp;elle fon aftion.
Pour que Ie fufil a vent fafle done bien fon effet, il faut 1� que l�ouverture de la foupape durenbsp;exa�lement autant de temps que la balie en metnbsp;a parcourir la longueur du tuyau ; car, pendantnbsp;tout ce temps, l�air en acc�l�rera Ie mouvement,nbsp;fon expanfioti �tant beaucoup plus rapide que Ienbsp;mouvement de la balie. Si Ie r�fervoir reftoit plusnbsp;long-temps ouvert, ce feroit en pure perte. 1� IInbsp;faut que la balie foit bien ronde amp; bien calibr�e,nbsp;afin que l�air ne s��chappe point par les c�t�s,nbsp;Comme les balles de plomb ne font pas toujoursnbsp;fort r�gulieres, on y fuppl�e en les enveloppantnbsp;d�un peu de filaffe.
Quand toutes ces attentions font bien obfer-v�es , un fufil a vent fert tr�s-bien a percer une plancbe de 1. pouces d��paiffeur ,350 amp; m�menbsp;100 pas de diftance. Le r�fervoir d�air �tant unenbsp;fois plein , il peut fervir a buit a dlx balles fuccef-fivement. Un artifte Anglois a m�me imagin� unnbsp;moven pour y mettre ces dix balles en r�fervenbsp;dans un petit canal courbe, d�oii , a mefure quenbsp;le coup eft parti, il en fort une qui vient occupernbsp;la place convenable ; enforte qu�on peut tirer dixnbsp;coups de fuite , dans bien moins de temps que lenbsp;foldat Pruffien le plus exerc� n�en tireroit la moi-ti�. A la v�rit� les coups de fufil a vent vont ennbsp;diminuant de force , a mefiire que le r�fervoirnbsp;fe d�charge.
On fent aif�ment que fi eet inftrument pa��bit ph.yfi-ciens dans l�s. mains lt;1^
Certames gens, il feroit une arme tr�s-redoutable,
amp; cl�aiitant plus dangereufe , que le coup ne fait prefque aucun bruit. Mais qui fqait fi , de m�menbsp;tlue la poudre a canon , apr�s avoir �t� pendantnbsp;long-temps un fimple ingredient de feu d�artifice ,nbsp;devenue Tame de I�inftrument le plus meur-Uier , qui fqait, dis-)e , fi, dans la fuite des fie-cles, le fufil a vent perfeftionne, ne deviendranbsp;pas I�inftrument dont les hommes raflembl�s ennbsp;corps d�arm�e, fe ferviront pour s�entre-detruirenbsp;glorieufement amp; fans remords ?
La fig. ic) reprefente un arquebufe a vent. On 5� y reconnoitra aif�ment la coupe des deux cylin-dres , dont I�intervalle fert de refervoir a Pair;
MN le pifton qui fert a introduire Pair dans ce refervoir ; TL la foupape qui fert a ouvrir la communication du refervoir avec le cylindre int�rieur,nbsp;ou Pame du fufil ; O la detente fervant a cetnbsp;objet. Tout cela s�entend de foi-m�me , par lanbsp;feule infpeftion de fa figure,
Zgt;e rEolipylc.
L�iOLlPYLE eft un vafe creux de metal follde, amp; d�ordinaire fait en forme de poire termin�enbsp;par une longue queue un peu recourbee. On lanbsp;remplit d�eau ou d�une autre liqueur , en la faifantnbsp;fortement chauffer ; apr�s quoi on plonge fonnbsp;orifice dans la liqueur qu�on veut y faire entrer.nbsp;L�air int�rieur reprenanf fon volume, cette liqueurnbsp;y entre neceffairement pour le fuppl�er, au moyennbsp;de la preflion de Pair ext�rieur.
Si Pon place 1��olipyle ainfi rempli fur des
-ocr page 146-138 R�cr�at. Math�mat. et Phys. charbons ardents, leur chaleur r�duit cette eau ennbsp;vapeurs, qui fortent avec violence par l�orificenbsp;^troit de fa queue ; ou fi, par la pofition de 1��oli-pyle, c�efl: Ie flu�de qui fe pr�fente a l�entr�e , cenbsp;flu�de, prefle par la vapeur, fort lu�-m�me avecnbsp;force par eet orifice , Sc fait un jet affez �lev�.
Si, au lieu d�eau, on a pris de I�eau - de - vie , �n pourra, avec un flambeau , mettre Ie feu anbsp;lt;ette liqueur ; amp; alors , au lieu d�avoir un jetnbsp;d�eau, on aura Ie fpeftacle agr�able d�un jet denbsp;feu.
Cette experience fert a rendre fenfible la force qui r�fuUe de la vapeur qui eft produite par unnbsp;fluide fortement chauffe ; car, dans Ie premiernbsp;tas, ce font ces vapeurs qui fortent avec imp�-tuofit� par Toriflee de l��olipyle, 8c dans Ie fe-cond , c�efl; la force �laflique de cette vapeur qjji ,nbsp;preffant fur Ie fluide, Ie fait fortir par ce m�me
On rend cette experience encore plus amu-fante , par Ie proc�d� fuivant. On a une efpece de petit charriot portant une lampe a efprit-de-vin , fur laquelle on place Ie ventre de T�olipyle.nbsp;On bouche fon orifice avec un bouchon, qui n�ynbsp;tienne pourtant que m�diocrement. On met Ienbsp;feu a la lampe , 8c quelque temps apr�s on voknbsp;fauter Ie bouchon, 8c Ie fluide ou la vapeur fortirnbsp;avec violence par l�orifice. Dans Ie m�me tempsnbsp;Ie charriot, repouff� par la r�fiftance que ce flpidenbsp;OU cette vapeur �prouve de 1�alr ext�rieur, reqoitnbsp;un mouvetnetit en arriere ; 8c fi l�eflieu des rouesnbsp;eft fixe a un axe vertical, le charriot prend unnbsp;mouvement circulaire, qui dure tout le temps quenbsp;l��olipyle contient quelque portion de fluide.
On fent aifoment que ,ce vafe doit �tre d�u�
Physique. nbsp;nbsp;nbsp;13^
1�,
metal follde , car autrement on coutrok rkque de je voir eclater, amp; tuer lt;3U bleffer les t�moins denbsp;experience.
Conjiriuiion de quelques pelites figures qui nagent entre deux eaux , 6' quon fait danfer, hauffernbsp;amp; baiffer, en appuyant feulement le doigt furnbsp;Vorifiu de la bouteilk qui les centient.
Il faut faire fabriquer de petltes figures d��mail, creufes; mais dans la partie inf�rieure, coinmenbsp;dans les pieds, on laiffe nn petit trou par lequelnbsp;On puifiTe introduire une goutte d�eau, ou bien anbsp;la partie pofterieure on m�nage une appendice en PL 5 ,nbsp;forme de queue perc�e par le bout, enforte qu�on % 2.0.nbsp;puiffe faire entrer dans ce tuyau plus ou inoinsnbsp;d�eau. Apr�s cela , on equilibre la figure , enfortenbsp;qu�avec cette petite goutte d�eau elle fe tiennenbsp;lgt;ien debout, amp; nage entre deux eaux. On rem-plit le vafe d�eau jufqu�a Ion orifice , amp;; on lenbsp;couvre d�un parchemin bien lie au cou de labou-teille.
,Cela fait, veut-on dormer du mouvement a Cette petite figure, 11 fufRt de preffer avec le doigtnbsp;le parcbeinm qui cou-vre Torifice, la petite figurenbsp;defcendra; en retirant le doigt, vous la verreznbsp;monter; enfin, en appliquant amp; retirant le doigtnbsp;^Iternatn'einent , vous I�agiterez au milieu de lanbsp;liqueur , de maniere a exciter I�etormement denbsp;qui ignoreront la caufe de ce jeu.
Cette,caufe n�eft autre que celle-cL Lorfqu�au ftavers du parchemin qui couvre 1�orlfice de lanbsp;bouteille on preffe I�eau, comme elle eft incom-
-ocr page 148-�40 R�cr�at/ Math�mat. et Phys. preffible, elle condenfe 1�air contenu dans la petifenbsp;figure, en y faifant entrerun peu plus d�eau qu�ellenbsp;n�en contenoit- La figure devenue plus pefantenbsp;devra done aller au fond. Mals quand on retirenbsp;Ie doigt, eet air comprim� reprend fon volume ,nbsp;chalTe l�eau qui avoit �t� introduite par la com-preffion ; ainfi la petite figure , devenue plus l�gere , devra remonter.
PROBL�ME XXX Vr,
ConJlruSion cTun barometre ou les variations de Vair fe d�montrent par une petite figure qui Iiaujfenbsp;amp; baijfe dans Veau.
No�S avons jet� dans Ie probl�me pr�c�dent , les fondements de la conflru�fion de ce p^titnbsp;barometre curieux. Car , puVfque la preffion dunbsp;doigt fur l�eau qui contient la petite figure dontnbsp;on y a parl� , la fait defcendre , amp; qu�elle remonte quand cette preffion ceffe, on fentiranbsp;aif�ment que Ie polds de ratmofphere produiranbsp;Ie m�me effet, fuivant qu�il fera plus ou moinsnbsp;confid�rable ; c�eft pourquoi, 11 la petite figure ellnbsp;�quilibr�e de maniere a �tre dans un temps variable entre deux eaux , elle s�enfoncera au plusnbsp;bas lorfque Ie temps fera au beau , paree que alorsnbsp;Ie poids de 1�atmofphere fera plus confid�rable..nbsp;L�effet contraire arrivera lorfque Ie temps �tantnbsp;tourn� a Ia pluie, Ie mercure defcendra ; car alorsnbsp;Ie poids de 1�atmofphere qui repofe fur 1�orificenbsp;de la bouteille eft moindre, Sc conf�quemmen�,nbsp;la petite figure devra reijionter.
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Physique.
^quilibrer dans de Veau deux petites fipires ^ de maniere quy verf ant de nouvelle eau, la figurenbsp;^ui etoit au deffus s�enfonce, amp; 1'autre prenne Unbsp;deffus.
Ayez pour cela de I�eaufalee, amp; equilibrez-y une petite figure ou une petite bouteille de verrenbsp;de telle matiere, que pour peu que 1�eau fut inoinsnbsp;falee elle coulat a fond. Difpofez de la mdmenbsp;Jiianiere une figure ou une petite bouteille ou-verte dans fa partie inf�rieure, en forte que dansnbsp;Cette eau, elle fe tienne au fond par le mecaniftnenbsp;cnfeigne dans 1�avant-dernier probleme.
Les chofes ainfi arrangees, verfez del�eau douce bien chaude dans celle qui contient les deux figures. Vous verrez la premiere aller au fond ,nbsp;amp; Ton en fent aifeinent la raifon : en^m�menbsp;letups la feconde viendra a la fuperficie , car lanbsp;chaleur de I�eau dilatera Pair contenu dans cettenbsp;feconde bouteille , amp; en chaflTera en tout ou ennbsp;partie la goutte d�eau qui faifoit portion de fonnbsp;poids; confequemment, devenueplus l�gere, ellenbsp;s��levera. Ainfr, par cette feule affufion d�eau nouvelle , ces deux petites figures changeront denbsp;place. II eft vrai que la feconde, quand I�eau feranbsp;l�froidie, redefcendra.
J?es Larmes Bataviques,
On donne ce nom a des morceaux de verre figures en larmes, amp; t�rmin�s par une longuenbsp;queue, qui jouilTent d�une propri�t� fort fingu-
-ocr page 150-i4i R�cr�at. Math�mat. et Phys.
liere. Elle confifte en ce que fi vous frappez, m�me affez fort, une de ces larmes fur Ie corps ou Ienbsp;ventre, elle oppofe a la rupture une r�fiftancenbsp;confid�rable ; mais fi vous brifez Ie plus petitnbsp;bout de fa queue, elle �clate auffit�t en mille mor-ceaux , amp; prefque en pouffiere.
Ces larmes fe forment en laifTant tomber goutte i goutte , dans un vafe plein d�eau, de la matierenbsp;du verre en fufion. On les trouve au fond toutesnbsp;form�es. II en eft au refte ordinairemenr un grandnbsp;nombre qui �clatent dans l�eau, ou imm�diate-ment apr�s en �tre retir�es. Comme c�eft ennbsp;Hollande que les premieres o.nt �t� faites, on leurnbsp;a donii� Ie nom de bataviques.
On a multipli� les experiences fur ces larmes de verre, pour d�couvrir la caufe de leur rupture.nbsp;Volei les principales.
1, Si par un proc�d� facile a imaginer on rompt dans la machine du vuide, la queue d�une de cesnbsp;larmes , elle �clate tout de m�me que dans 1�air ;nbsp;amp; fi 1�exp�rience fe fait dans l�obfcurit� , on ap-perqoit dans l�inftant de la rupture un �clair denbsp;lumiere.
i. Si on ufe avec une meule, ou fur une pierre � aiguifer , 6c tout doucement, Ie 'corps d�une denbsp;ces larmes , elle �clate quelquefois , mais Ie plusnbsp;fouvent elle n��clate pas.
3. nbsp;nbsp;nbsp;Si 1�on fait avec une femblable pierre unenbsp;entaille a la queue, la larme �clate.
4. nbsp;nbsp;nbsp;On peut cependant couper la queue d�unenbsp;larme batavique par Ie moyen fuivant. II faut pre-fenter a la flamme d�une lampe d��mailleur 1�en-droit OU vous voulez couper cette queue. Elle ynbsp;fondra , 6c vous pourrez alors f�parer une partienbsp;de 1�autre fans crainte de rupture.
-ocr page 151-5. Si on echaufFe avec precaution une larme tatavique fur les charbons ardents , amp; qu�on lanbsp;laifleenfulte lentementrefroidir, elle ne fe rompranbsp;plus lorfqu�on lui brifera la queue,
Les phyficiens ont toujours �t� fort embarraffeS fur la caufe d�un ph�nomene fi extraordinaire, 6cnbsp;il faut avouer qu�au moment aduel nous ne fom-mes guere plus avanc�s. Nous pouvOns dire feu-lement que ce n�ell: pas 1�air qui le produit; lanbsp;premiere des experiences ci-delTus le d�montre.nbsp;Nous croyons aul�i pouvoir dire , d�apr�s la ,nbsp;que ce ph�nomene tient a la m�me caufe qui faitnbsp;fompre tous les ouvrages de verre fondus , fi Tonnbsp;n�a pas la precaution de les recuire, c'eft-a-dire,nbsp;ii, avant de les expoter au conta�l de 1�air , onnbsp;He les laiflTe encore expof�s a une longue chaleurnbsp;pout fe refroidit par degres, C�eft ce qui paroitnbsp;t�fulter de la derniere experience; mais on ne voitnbsp;tien moins que clairement comment cela s�opere.nbsp;C�eft probablem�nt I�eruption, dans I�interieur denbsp;la lartne , d�un fluide qui s�y pr�cipite par fendroitnbsp;rompu de la queue, Peut-etre eft-ce un ph�nomenenbsp;�le�lrique , amp; peut-�tre la larme fe brife-t-ellenbsp;par le m�me m�canifrne qui fait fouvent brifernbsp;Une jarre de verre lorfqu�on la d�charge, c�eft-^-dire lorfqu�on reftitue l��quilibre entre fa fur-face int�rieure $gt;� ext�rieure. Mais nous ne nousnbsp;�puiferons pas en conje�fures. Contents d�avoirnbsp;�xpof� les prihcipaux ph�nomenes des larmes ba-^aviques, nous abandonnons le furplus a la faga-cit� amp;c aux recherches de nos le�leurs.
-ocr page 152-144 ^�CR�AT. Math�mat. et Pkys. PROBL�ME XXXIX.
Mefurer la. quantit� annmlU de la Pluie.
Par All les obfervatlons m�t�orologiques qu� font aujourd�hui les phyficiens , eft celle de lanbsp;quantit� de pluie tomb�e annuellement fur la lur-face de la terre, Cette obfervation eft une desnbsp;plus faciles, amp; fe fait au moyen d�un inftrumentnbsp;que Ie P. Cotte , dans fon Trait� de M�t�orologie,nbsp;a appel� Vdometre 1 ; amp;: que nous aimerionsnbsp;mieux appeler Uometre �2. Quoi qu�on penfe denbsp;notre id��, voici rinftriiinent.
II confifte en une caifle quarr�e, de fer blanc, de plomb ou d��tain , de deux pieds en tout fens,nbsp;ce qui fait quatre pieds de furface. Elle doit avoirnbsp;des rebords de fix pouces au moins de hauteur ,nbsp;amp; avoir fon fond tant foit peu inclin� vers uanbsp;des angles, o� eft m�nag� un petit tuyau garni denbsp;fon robinet. L�eau qui s��coule de ce tuyau tombenbsp;dans un autre vafe quarr�, d�une dimenfion beau-coup moindre , amp; telle par exemple , qu�une ligiienbsp;de hauteur dans Ie grand vafe , fafle une hauteurnbsp;de trois pouces dans Ie petit, Ainfi, dans Ie casnbsp;pr�fent , ce vafe ne devroit avoir que deuxnbsp;pouces amp; fix lignes de bafe en quarr�. On fentnbsp;aif�ment, d�apr�s cette defcription , que l�onnbsp;pourra mefurer jufqu�a de tr�s-petites portions denbsp;ligne d�eau tomb�e dans Ie grand vafe , puifquenbsp;une ligne de hauteur dans Ie petit, r�pondra a unenbsp;trente-fixieme de ligne dans Ie grand.
En
nbsp;nbsp;nbsp;De votgt;f, eau , amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, mefure.
? nbsp;nbsp;nbsp;1 De vo!, pluie.
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En fituant Ie grand vafe de la inaniere conve-^able , en plaqant le petit au deflbus du robinet , ^ y adaptant ce robinet, de maniere que I�air ex-Jerieur n�ait prefque aucun acc�s (ur la furface denbsp;�Can dans le petit vafe, on pourroit fe dilpen-de mefurer I�eaii tomb�e , a la fin de cba-^ue pluie. On pourroit ne 1�aller examiner 6cnbsp;mefurer que tons les trois , quatre ou cinq jours,nbsp;dependant il vaut mieux le faire a chaque
fois.
On tient enfin regiftre de la quantite d�eail tomb�e a chaque fois qu�il a plu , 6c routes cesnbsp;�luantites additionnees enfeinble , donnent cellenbsp;^lUi eft tomb�e dans le courant de l�ann�e.
C�eft a�mfi qu�on a trouv�, par une fulte d�ob-^orvations faites pendant 77 ans a Paris , que la ^Uantit� d�eau qui y tombe par an eft , Tun por-tant 1�autre, de 16 pouces 8 lignes.
Mais cette quantit� d�eau n�eft pas la mdme par tout. II eft d�autres lieux , d�autres pays oilnbsp;^Ile eft moindre ou plus confid�rable, fuivant leurnbsp;Situation pr�s de la mer ou des inontagnes- Voidnbsp;Une table des principaux lieux dans lefquels onnbsp;a fait cette obfervation , amp; de la quantit� d�eaunbsp;qui y tombe annuellement,
PoilC. |
Lig. | |
Paris,........ |
. 16 |
8 |
Eayeux........ |
. 10 | |
Eezlers,....... |
3 | |
Aix en Provence, . nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. |
. 18 |
3 |
Touloufe, ...... |
� 17 |
% |
Lyon........ |
� 2.5 | |
Eifte,....... . | ||
Tome ly. |
K |
14^ R�cr�at. Math�mat. et Phys,
Pouc. Lig.
Lottdres,........i8 nbsp;nbsp;nbsp;9
La Haye,.......16 nbsp;nbsp;nbsp;6
P�tersbourg,......16 nbsp;nbsp;nbsp;i
Berlin,........19 nbsp;nbsp;nbsp;6
Remarque.
Nous croyons devoir faire iel une remarque qui par oir avoir �chapp� i tous les phyficiens quinbsp;ont fait des obfervations de la quantit� d�eau denbsp;pluie. C�eft qu�a chaque fois qu�il pleut de nouveau il y a une petite quantit� d�eau perdue , fa-voir, celle qui a fervi a mouiller Ie fond du r�-fervoir ; car l�eau ne commence a couler embasnbsp;que quand ce fond eft mouill� jufqu�a un certainnbsp;point, �c rev�fu, pour ainfi dire , d�une certainenbsp;�paifl�ur d�eau qu�il faudroit determiner, Sc dontnbsp;il faudroit tenir compte a chaque fois qu�il pleut.nbsp;Cette quantit� d�eau pourroit �tre mefur�e ainfi.nbsp;II faudroit prendre une petite �ponge hume�l�enbsp;au point de n�en pouvoir exprimer d�eau en lanbsp;preffant tr�s-fort; remplir enfuite Ie vafe, 8c ennbsp;laiffer �couler toute l�eau ; enfin, quand il ne s�ennbsp;�couleroit plus , ramalTer avec cette �ponge l�eaunbsp;reftante fur Ie fond , Sc l�exprimer dans un vafenbsp;d�un pouce quarr� de bafe, d�ja hume�f� d�eau.nbsp;II eft �vident que fi un vafe de 4 pieds quarr�snbsp;de bafe donnoit de cette maniere i pouce denbsp;hauteur dans Ie petit, on en devroit conclurenbsp;que Ia pellicule d�eau adh�rente au m�tal, �toitnbsp;au moins de ~ de pouce, ou une 48^ de lignenbsp;d��paifleur. Je dis au moins; car il eft impoflible
Physique, nbsp;nbsp;nbsp;147
reprendre amp;c mefurer toute cette pellicule d�eau, pourroit fans crainte I�evaluer a un ounbsp;Un 56� de ligne. Si done la pluie s�etoit renou-'�ell�e dans le courant de I�annee 2 a 300 fois,nbsp;feroit environ 8 lignes k ajouter k la qiiantit�nbsp;Irouv�e,
PROBL�ME XL.
I'origine des fontaines : Calcul de la quanthi d�eau des pluies , qui dimontre quelle fuffit pournbsp;leur donner naiffance amp; les -entretenir.
^�origine des fontaines Sc des fources j^^uroit pas du, ce femble , occafionner parminbsp;phyficiens un partage tel que celui qui a r�-entr�eiix pendant quelque teinps ; il n�y avoitnbsp;^ confid�rer attentivement les ph�nomenes ,nbsp;Pf)ur fe perfuader que cette origine eft unique-*^ent due aux pluies qui abreuvent continuelle-la furface de la terre , Sc qui, coulant futnbsp;lits de terre propres a les emp�cher de p�-J^�trer plus avant, fe font a la fin jour dans lesnbsp;��eux bas. En effet, qui n�a pas obferv� que lanbsp;plus grande partie des fources diminueni confide-�'ablement lorfqu�il a r�gn� pendant long-tempsnbsp;grande fecherefle , que plufieurs tariftent ab-�'ument quand cette fecherefte eft prolongeenbsp;long-temps , qu�elles renaiflent lorfque lesnbsp;P�'^'es, les neiges, reviennent humefter la furfacenbsp;la terre, Sc qu�elles croiflent prefque en m�menbsp;P^ogteffion que ces eaux deviennent plus abondances ?
dependant, malgre un phdnomene ft propre a petfre fur la bonne voie, on a vu quelques phirnbsp;^fophes penfer que cette origine des fontaines
Kij
-ocr page 156-148 R�cr�at, Math�mat. et Phys.
�toit due a nne efpece de fiiblimation des eaux dc la mer, qui, coulant dans les entrailles de la terre,nbsp;�toient pouff�es en vapeurs dans les fentes desnbsp;rochers , amp; d�couloient de-la dans des cavit�s amp;nbsp;des r�l�rvoirs prepares par la nature, d�o� elles fenbsp;faifoient jour fur la furface. Quelques-uns ont �t�nbsp;jufqu�a figurer ces, efpeces d�alembics fouterrains.
Mais tont cela eft mal fond�. Si l�eau de la mer produifoit ainfi les fontaines, elle auroit d�ja depuisnbsp;long-teinps engorge de fon fel les conduits fouterrains par OU on la fait paffer. D�ailleurs, qui nenbsp;voit qu�alors ii n�y auroit plus entre l�abondancenbsp;des pluies amp; celle d� l�eau de la plupart des fon-taines , la liaifon qu�on y obferve, puifque , fo'.tnbsp;qu�il pl�t, foit qu�il ne pl�t point, la diftlllatloiinbsp;int�rieure n�en auroit pas moins lieu? Enfin c�eftnbsp;encore une obfervation, que les eaux de IburceSnbsp;diftillent toujours de cleffus des lits de glaife amp;nbsp;non de defl'ous. Or, comme ces lits interceptentnbsp;Ie pa��age des vapeurs amp; des eaux, il faut n�cef'nbsp;fairement que ces eaux viennent de deffus. IJnnbsp;moyen sur de perdre une fource, eft de rompre cenbsp;lit. Or on produiroit Ie contraire, fi l�eau veiioifnbsp;de deffous.
Ce qui a fans doute engage ces phyficiens * recourir a cette caufe �loign�e amp; fauffe , c�eftnbsp;cju�ils ont penf� que les eaux des pluies n�etoief**-pas fuf�lfantes pour alimenter les fources amp; 1^*nbsp;rivieres. Mais ils �toient affur�ment dans 1�erreur�nbsp;car, loin de ne pas trouver dans les pluiesnbsp;d�eau pour eet eflet, on eft en quelque forte erR'nbsp;barraff� de la trop grande quantit� c(u�onnbsp;troiive. Le calcul fuivant, de M. Mariotte , vanbsp;prouver,
P H Y 5 T Q U F. nbsp;nbsp;nbsp;14^
riences, il tombe annuellement environ 19 pouces^ ^l�eau fur la furfacc de la terre. Pour renclre fonnbsp;calcul encore plus convainquant, il n�en fuppofenbsp;que ij; ce qui fait par toife quarr�e, 45 piedsnbsp;Cubes; par lieue quarr�e de 2300 toifes en toutnbsp;^cns, 2380 toooo pieds cubes.
Or les rivieres amp; fources qui alimentent la ^eine avant fon arriv�e au pont-royal a Paris ,nbsp;comprennent une �tendue de terrain d�environ�nbsp;lieues de longueur fur environ 30 de largeur ,nbsp;qui fait 3000 lieues fuperficielles , dont Ie pro-^uit par 238030000, eft 7141 50000000 : c�eftnbsp;'c norabre de pieds cubes d�eau qui tombe , ennbsp;^cvaluant au plus bas fur cette �tendue de pays.
Examinons maintenant quelle quantit� d�eau-^ournit chaque ann�e la Seine. Cette riviere , au �^cftiis du pont - royal , amp; �tant a fa hauteurnbsp;*�'nyenne, a 400 pieds de largeur amp; 5 pieds denbsp;Ptotondeur , rcduile. La vitefle de 1�eau, dansnbsp;�^ft �tat de la riviere, peut �tre �valuce a 100nbsp;P'eds par minute, en prenant un milieu entre lanbsp;''Uefle de la furface amp; celle du fond. Ainfi Ie pro-^uit de 400 pieds de largeur par 5 de hauteur ,nbsp;O� 2000 pieds quarres, �tant multipli� par toonbsp;pieds, on a 200000 preds cubes pout la quantit�nbsp;^ cau qui paffe a chaque minute par cette feftionnbsp;la Seine au deffus du pont royal. Cette cjuan-fera done dans une heiire , de 12000000;.nbsp;dans les 24 heures, cle 288000OQO ; amp; en un an ,nbsp;de 105110000000 pieds cubes. Or cela n�eft pasnbsp;� feptieme partie de la quantit� d�eau que nousnbsp;^'^ons vue tomber fur l��tenclue du pays qui nour�nbsp;la Seine.
Mais-que ferons-nous du refte de cette eau ? K eft facile d�y r�pondre. Les rivieres , les ruifl�aux
Kiij
-ocr page 158-350 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
les eaux ftagnantes, perdent une quantit� conlid�quot; table d�eau, pat la fimple evaporation ; il en enttenbsp;enfin une quantit� prodigieufe dans raccroififementnbsp;amp; Ia nutrition des plantes. Voila ce que devienfnbsp;Ie finplus de cette eau.
M. Mariotte fait auffl Ie calcul de l�eau que dolt naturellement fournir une fource qui coulenbsp;un peu au deffous du fommet de la inontagne denbsp;Montmartre, amp;: qui eft aliment�e par une �tenduenbsp;de terrain de 300 toifes de largeur fur environnbsp;100, OU de 30000 toifes de fuperficie. II tombenbsp;fur ce terrain , par an , la quantit� de 1610000nbsp;pieds cubes, a raifon de 18 pouces de hauteurnbsp;d�eau pluviale. Mais une partie confid�rable denbsp;cette eau , peut-�tre les trois quarts, s��coule toutnbsp;de fuite en bas; ainfi il n�en p�netre que la quan-tit� de 403000 a travers la terre amp; Ie fol fablon-neux,)ufqu�a ce qu�elle rencontre un lit de glail�,nbsp;iitu� a 2 on 3 pieds de profondeur ; de-la cettenbsp;eau coule jufrju�a 1�einbouchure de la fontaine , amp;Cnbsp;c�eftelle qui 1�alimente. Ainfi , endivifant 40500Qnbsp;par 365, on trouve environ iioo pieds cubesnbsp;qifelle doit fournir par jour, ou 38300 pintes;nbsp;ce qui fait environ 1600 pintes par heure, ou biertnbsp;17 pintes par minute , ou enfin de 2 poucs*nbsp;d�eau. Tel eft aufli a peu pr�s Ie produit de cettenbsp;fource.
On �leve d�ordinaire contre ce fentiment fur l�origine des fources, une objeftion fond�e furnbsp;une exp�rience de M. de la Hire, confign�e darisnbsp;les M�moires de l�A.cad�mie des Sciences de Pa'nbsp;ris, ann�e 1703. Ce fqavant ayant fait fouille*^nbsp;dans un terrain jufqu�a 2 pieds de profondeur, n'ynbsp;tro�uva aucune trace d�humidit�; d�ou Pon pr�teudnbsp;tonclure que les pluies ne font que couler fuperfr*
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clellement , amp; ne contribuent en rlen a la miC-^ance des fources.
Mais cette experience n�eft d�aucun poids, en cju�elle eft particuliere , amp; contredite par millenbsp;^litres faits. II n�eft perfonne qui Ignore que I�eaunbsp;ftiinte en milleendroits du ciel des carri�res, desnbsp;cavernes , des voutes fouterraines : c�eft elle qui,nbsp;3yant p�n�tr� les terres amp; coul� entre les jointsnbsp;despierres, y produit les ftaladtites amp; les autresnbsp;lt;^oncretions pierreufes qu�on y obferve. II eft donenbsp;faux que la pluie ne penetre pas au-dela de quel-^ues pieds. Le fait obferv� par M. de la Hirenbsp;�toit un fait particulier, duquel il avoit tort denbsp;liter une confequence g�n�rale.
On objefte encore , qu�on volt quelquefois des eaux raflembl�es a des hauteurs ou il eft impoffiblenbsp;t]ue les pluies donnent naiflance a une fource.nbsp;Wous repondrons que , ft 1�on examine les terrainsnbsp;fe trouvent ces amas d�eaux , on verra toujoursnbsp;tiu�elles font le produit des pluies ou des neigesnbsp;fondues ; que ces lieux, fur le fommet d�une mon-tagne ou fe trouvent c,es amas, ne font que desnbsp;efpeces d�entonnoirs qui ramaflent les eaux d�unenbsp;petite plaine circonvoifine , entretenues continuel-lement par les pluies ou les neiges, a quoi con-tribue auffi le peu d�evaporatlon qui s�en fait , anbsp;caufe de la t�nuit� de I�air. Il reftera enfin d�mon-tr� pour tout bon efprit, que I�origine des fources amp; fontaines ne doit pas �tre attribu�e a unenbsp;^ntre caufe qii�aux eaux de pluie Sc de neige raf-ftmblees.
K IV
-ocr page 160-�52 R�cr�at. Math�mat. et Puts.
Le Martcciu d'caii^ ou de mercure.
CjE qu�on appelle le marteau d'eau, n�efl: aiitre chofe qu�une bouteille de verre allong�e , dansnbsp;laquelle eft renferm�e de l�eau , qui, �tant fecou�enbsp;dans ce vafe , ie frappe avec un bruit qui approchenbsp;de celui d�un petit coup de marteau.
La caufe de eet effet efl; la privation de 1�air, Ce fiuide iie divifant plus Peau dans fa chute, ellenbsp;arrive au fond de la bouteille comme corps lolide jnbsp;amp; produit le bruit qu�on vient de dire.
Pour faire done le marteau d�eau, il faut avoir une fiole de verre, affez folide amp; allong�e , quinbsp;foit termin�e par un col que 1�on puilTe fcellernbsp;herm�tiquement: on en pompe 1�air dans la machine pneuinatique , apr�s y avoir introduit'unnbsp;quart ou un finquieme d�eau ; on bouche herm�ti-quement 1�ouverture de la bouteille �c l�ayantnbsp;retiree, on le fait plus folidement, en fondantnbsp;doucement le col de cette bouteille a la lampanbsp;d��mailleur; l�inftrument eft conftruit.
Si, au lieu d�eau, on renferme dans cette fiole du mercure, il donnera un coup bien plus �clatant ; on en fera m�me �tonn�, amp; 1�on aura peinenbsp;a concevoir comment il ne brife pas la bouteille.nbsp;Si, de plus , ce mercure elf bien purifi�, il feranbsp;lumineux , amp; 1�on ne pourra le faire couler d�unnbsp;'fond a 1�autre, fans voir dans 1�obfcurit� une jolienbsp;trace de lumiere.
R E M A R (117 E.
On pourroit, a ce que nous penf�ns, employer tUlkment cette propri�t� du mercure a faire une
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lanterne, qu�on pourroit appeler pUlofophlquz. II faudroit, pour cela , clifpofer dans une efpece denbsp;tambour, un grand noinbre de petites fioles commenbsp;les pr�c�dentes , ou des tubes en fpirale , dansnbsp;leA:|uels du mercure purifie couleroit continuel-lement au moj^en du mouvement de ce tambour,nbsp;tnouvement qu�il feroit facile de lui donner parnbsp;tine petite machine fort limple amp; fort peu cou-teufe : il en refulteroit une lumiere continue quinbsp;tt�auroit pas befoin d�aliment. Qui fqait fi un journbsp;nn ne viendra point a bout par-la de fe pafler dunbsp;feu adfuel pour nous eclairer dans nos apparte-ttients? Je crains cependant que , quelque multi-pHee que foit cette lumiere , elle ne foit toujoursnbsp;Itop foible pour fuppleer a une feule bougie. Maisnbsp;eft peut-etre d�autres applications utiles de cettenbsp;invention.
PROBL�ME XLir,
Fain unt Fluit lumineufe de mercure.
S u R la plat'.ne de la machine pneumatique , met-tez un plateau circulaire perc� de trous, fur lequel portera un petit recipient cylindrique termin� ennbsp;hemifphere ; recouvrez le tout d�un recipient plusnbsp;grand, perc� a fon fommet d�un trou qui recevranbsp;Un entonnoir de verre renipli de mercure : cet en-tnnnoir doit �tre tel qu�on puifie le fermer parnbsp;tin bouchon , pour 1�ouvrir quand il en fera temps.
Cela ainft pr�par�, faites le vuide , ou a peu pi�s, dans le recipient; enfuite ouvrez I�entonnoirnbsp;ftui contient le mercure : il s��coulera tant par fonnbsp;poids que par celui de 1�atinofphere qui le prefte,nbsp;^ il tombera fur le fommet convexe du r�cipient
-ocr page 162-154 R�cr�at. Math�mat. et Phys. itit�rieur; ce qui Ie fera �parpiller en mille goutte-lettes lumineufes, amp; imiter une pluie de feu.
On peut encore faire cette experience de cette maniere. Ayez un bois m�diocreinent compare ,nbsp;dans leqnel vou$ ferez creul�r un petit r�fervoirnbsp;en forme d�h�mifphere ou de c�ne renverf� ; vousnbsp;en garnirez 1�ouverture fup�rieure d�un recipient ^nbsp;amp; vons Ie remplirez de mercure. Lorfqu�on pom-pera l�air du recipient, la preffion de l�air ext�rieur fera p�n�trer Ie mercure par les pores dunbsp;bois, il fe iera jour dans Ie recipient gt; amp; y tom-bera en petkes gouttes lumineufes.
PROBL�ME XLIII.
Pcar ^ue//e raifon , dans hs mines qui ont des fou-� piraux fur Ie penchant d'une montagne , a difi-f�rentes hauteurs , s'kahlit-il un courant d^air ^nbsp;qui a dans rhirer une direction differente de cellenbsp;qu it a pendant f�t�? ExpVication d'un ph�no-mene femblable quon remarque chaqiic jour dansnbsp;tes chemin�es: Ufage quon peut faire d'unsnbsp;chemin�e pendant l'k�.
Il eft d�ufage, pour donnet de l�air i une mine^ de percer de diftance a diftance, des puits perpen-jdiculaires qui aboutiffent a la galerie horizontalenbsp;OU peu inclin�e ou 1�on extrait Ie mineral; amp; d�or-dinaire les embouchures de ces puits font a diff�-rentes hauteurs , a caufe de i�inchnaifon de lanbsp;croupe de la montagne. Or, dans ce cas, orinbsp;�prouve un ph�nomene affez hngulier : c�eft que ?nbsp;pendant Thiver, l�air fe pr�cipite dans la mine'pafnbsp;l�embouchure du puits Ie plus bas, amp; fort par cell�nbsp;du puits Ie plus haut: Ie contraire arrive en �t�*
Physique. nbsp;nbsp;nbsp;155
Pour expliquer ce ph�nomene, il faut confide-rerque, dans la �nine , la temperature de 1�air eft conftamment la merne, tandis que depots elle eftnbsp;alternativement plus froide amp; plus chaude , Iqa-voir, plus froide en hiver, amp;: plus chaude en �t�,
D�un autre cote , on doit remarquer que le puits dont 1�embouchure eft la plus �lev�e, ia galerie amp;
Pautre puits, forment up fyphon recourb� a branches inegales. Or void cc qui arrive,
Lorfque I�air ext�rieur eft plus froid que celui de la mine, la colonne d�air qui prefle fur 1�oriflcenbsp;inf�rieur D , prefte davantage fur tout fair con- PI. 4,nbsp;tenu dans le fyphon DCBA , que celle qui prefte fig-fur I�orifice A: ainfi cet air dok etre chafte ennbsp;clrculant dans le fens DCBA. Mais 1�air froid quinbsp;entre par D, eft auffi-tdt �chauff� au m�me degr�nbsp;que celui de la mine: ainft il eft poufle comme lenbsp;premier par la colonne repofante fur I�orifice D,
C�eft le contraire qui arrive en �t�; car alo-rs 1�air ext�rieur eft plus chaud que celui de la mine,
Ce demier �tant le plus pefant, la branche AB du fyphon pr�pondere fur BC , fans que la diff�-rence des colonnes qui pefent fur A amp;C fur D ,nbsp;puilTe op�rer le contrepoids. Ainfi l�air contenunbsp;dans le fyphon ABCD, dok prendre un mouvement dans ce fens, amp; conf�queinment fe mouvoirnbsp;en fens contraire du pr�c�dent. Telie ,eft l�expli-.nbsp;cation du ph�nomene.
On en obferve un femblable chaque jour dans les chemin�es , amp; qui eft d�autant plus fenfifele,nbsp;que les tuyaux de chemin�e font plus hauts; carnbsp;tine chemin�e , avec ia chambre oh elle aboutk ,nbsp;la porte ou la croif�e, forment un fyphon fem-l^lable au pr�c�dent. D�ailleurs i�air ext�rieur eft gt;nbsp;dcpuis les 9 heures du matin jufqu�aux 8 ou 9
-ocr page 164-15� R�cr�at. Math�mat. et Phys,
heures du foir, plus chaud que I�lnterleur pendant l��t� , amp; au contraire. Le matin done, l�air doitnbsp;defeendre par la chemin�e, amp; fortir par la fen�trenbsp;ou la porte ; au contraire , cet air ext�rieur �tantnbsp;plus froid la nuit que le jour, il doit entrer par lanbsp;porte ou la fen�tre , amp; monter par la chemin�e.nbsp;Vers les 8 ou c) heures du matin , amp; les 8 ou 9nbsp;heures du foir, 1�air ed comine ftationnaire ; eiFetnbsp;neceffaire dans le temps du paffage d�une direction a 1�autre.
On pourroit, dit M. Francklin , qui paroiS avoir le premier obferv� ce mouvement, on pourroit, dit-iljl�appliquer a quelques ufages �conomi-ques pendant l��t�; amp; alors le proverbe qui dit,nbsp;utik comtm unc chemin�t en he, fe trouveroitnbsp;en d�faiit. Un de ces ufages feroit de fervir denbsp;garde-inanger ; car en bouchant les deux ouvertures de la chemin�e par un hniple treillis ou ca-nevas, le courant d�air alternatif amp; prefque continue! qui s��tab�r�it dans la chemin�e, ne pourroit manquer de tenir la viande fraiche amp; de lanbsp;conferver.
On pourroit peut-etre encore faire ufage de ce courant pour quelque ouvrage qui exige moins denbsp;force que de continuit�. Pour cet effet, il faudroitnbsp;etablir dans le tuyau de la chemin�e un axe vertical , garni d�une h��ce ; le courant d�air la me-neroit continuellement, tantot dans un fens, tan-tot de I�autre , amp; probablement avec affez denbsp;force pour �lever une petite quantit� d�eau parnbsp;heure. Mais comme elle ne chommeroit que troisnbsp;ou quatre heures de la journ�e , elle ne lailTeroitnbsp;pas de produire un effet affez grand par jour. Aunbsp;furplus le moteur ne couteroit rien. 11 faudroit,nbsp;dans ce cas, employer un engrenage qui fut tel gt;
-ocr page 165-Physique. nbsp;nbsp;nbsp;157
, de quelque c�t� que tournat 1�axe garni d�h�-lices, le mouvement du furplus de la machine fe fit toujours dans le mdme fens; ce cjui eft non-feulement pofilble, inais que nous avons vu ex�-cut� chez M. Loriot, a Paris.
PROBLEME XLIV.
Mefurer les hauteurs des montagnes au moyen du Barometre.
IL eft aftez rare qu�oti puifle mefurer les hauteurs des montagnes par des operations g�om�triques;nbsp;fouvent m�me cela eft impraticable. Un voya-geur, par exemple, qui traverfe une chauie denbsp;montagnes , 6c qui defire connoitre les hauteurs des points principaux fur lefquels il a gravi,nbsp;ne fqauroit recourir a ce moyen. Le barometrenbsp;�11 fournit un commode , 6c afifez exaft , pourvunbsp;qu�on I�emploie avec les attentions neceflfaires.
On fentira aif�ment le principe fur lequel eft appuyee cette m�thode , iorfqu�on fe rappelleranbsp;qu�un barometre port� au haut d�une montagne.,nbsp;fe foutient a une moindre hauteur qu�au bas; i�nbsp;parcequ�il a une moindre quantit� d�air au delTusnbsp;de lui; parceque cet air eft moins denfe , puif-qu�il eft d�charge d�une partie clu poids qu�il fup-porte au bas de la montagne. Tel eft le fondement des regies cju�on a imaginees pour appliquernbsp;ala mefure des hauteurs des montagnes, la hauteurnbsp;3 laquelle le barometre s�y tient. Toutefois ce n�eftnbsp;pas une l�gere difficult� de donner une regie biennbsp;exafte pour cela; car la hauteur du inercure dansnbsp;Is barometre tient a tant de caufes pbyfiqnesnbsp;qui fe coinpliquent enfemble , qu�il eft extreme-
-ocr page 166-158 R�cr�at. Math�mat, et Phys. ment difficile de les concilier, amp; de les foumettrenbsp;au calcul. M. de Luc , citoyen de Geneve , qui anbsp;trait� avec Ie plus grand foin ce fujet, en coin-binant routes les circonftances amp; toutes ces cau-fes, nous paroit cependant �tre venu a bout denbsp;donnet une m�thode qui, fi elle n�eft pas abfolu-ment parfaite, eft du moins celle c[ui approche Ienbsp;plus de l�exaftitude. C�eft a celle-la que nous nousnbsp;bornerons.
Pour proc�der avec exa�litude dans cetfe op�-ration , il eft n�ceflaire d�avoir un bon barometre purg� cl�air amp; portatif, avec un bon thermometre.nbsp;Nous Ie ftippoferons de Reaumur, quoique M. denbsp;Luc, pour faciliter Ie calcul, ait propof� une di-vifion particuliere. Si Ton afpire a une grandenbsp;exa�Htude, il faut encore avoir au pied de lanbsp;montagne , ou dans une des villes les plus voHi-nes, dont la hauteur au deflus de la mer eft con-nue, un obfervateur qui examine la marche dunbsp;barometre.
Parvenu au fommet de la montagne, ou au lieu dont on veut obferver la hauteur, on y examineranbsp;la hauteur du barometre , apr�s 1�avoir mis biennbsp;verticalement ; on fufpendra auffi a fa proximit�nbsp;Ie thermometre dans un endroit ifol� , amp; 1�onnbsp;tiendra note du degr� auquel s��leve Ie mercure.
Cela fait, on comparera la hauteur du barometre obferv�e fur la montagne, avec celle du barometre correfpondant, obfervee dans lem�menbsp;temps; on prendra les logarithmes de ces deuxnbsp;hauteurs exprim�es en lignes , Sc 1�on en retran-chera les quatre derniers chiffres : ce fera la difference des hauteurs exprim�es en toifes de Paris.
Mais cetfe hauteur exige une corre�lion , car elle n�eft exafte que lorfcpie la temp�rature fimul-
-ocr page 167-Physique. nbsp;nbsp;nbsp;159
tan�e des deux lieux eft de nbsp;nbsp;nbsp;compf�s au
ihermometre de Reaumur. Pour chaque degr� que Je thermometre fera reft� au deffous de i6^ dansnbsp;J3 ftation fup�rieure, il faudra ajouter une toifenbsp;Jur , amp; au contraire l��ter pour chaque degr�nbsp;au dehous de la temp�rature qu�on vient de dire.
On fera la m�me corre�iion *, mais en fens Contraire, au moyerl du thermometre qui a reft�nbsp;dans la ftation fixe; c�eft-a-dire que, pour chaquenbsp;degr� dont il s�eft tenu au deftus de 16� x, on re-Ranchera de la hauteur trouv�e ci - delTus, unenbsp;*oife fur a 15 ; amp; au contraire. La hauteur trouv�enbsp;^gt;nfi corrig�e deux fois, fera, a bien peu de chofenbsp;pr�s, la difference de hauteur des deux lieux aunbsp;deftus de la furface de la mer , ou la hauteur denbsp;^un fur Fautre.
Suppofons, par exemple , que dans la ftation inf�rieure Ie barometre fe fok tenu a 27 poucesnbsp;^Jignes, OU 326 lignes; que dans la ftation fu-perieure il ait baiff� a 23 pouces 5 lignes , ounbsp;^81 lignes.
Le logarithme de 326 eft 2.513217(5, celui de 281 eft 24487063 : leur difference eft 0.0645-113, dont retranchant les trois derniers chifFres,nbsp;pour �quivaloir a la divifion par 1000, il reftenbsp;^45 toifes.
Nous fuppoferons encore qu�au haut de la mon-^*grie, le thermometre de R�aumur montroit 6 dygr�s au deftus de la congelation , amp; daas la fta-inf�rieure , 12: c�eft, pour la ftation fup�-UeutCj 10 i au delTous de 16 par conf�quent
. Cette feconde correftion, quoique non indiqii�e par Luc, nous parok n�ceflaire par plufieurs raifon�nbsp;qu il feroit trop loiig de d�velopper.
-ocr page 168-�6o R�cr�at. Math�mat. et Phys.
10 toifes ia a)0uter par chaque ii 5, a la hauteiif ci-deflus, qu�on trouvera conf�quemment , pafnbsp;une regie de trois, �tre 32 toii'es.
On trouvera , par la correftion contraire , que la hauteur a retrancher eft lo; il reftera conf�-quemment 12 toifes a ajouter, amp; la hauteur dou-blement corrig�e fera 657 toifes.
M. N�edhain a obferv� fur Ie mont Tourn�, 1�une des monfagnes des Alpes, la hauteur dunbsp;barometre de 18 pouces 9 lignes, ou 215 lignes.nbsp;Suppofons qu�au in�me inftant on Teut obferv�e,nbsp;au niveau de la mer, de 28 pouces juftes, ou 3 3�nbsp;lignes, ce qui eft la hauteur moyenne au bord denbsp;la mer : la difference des logarithmes de 336 8cnbsp;225 , en en retranchant les trois derniers chiffres ,nbsp;eft 1742.: on en pourroit conclure que la hauteur du mont Tourn�eft de 1742 toKesaudeftusnbsp;de la mer. Ma�s comme nous n�avons point d�ob-fervation correfpondante au niveau de la mer ,nbsp;ni d�obfervation du thermometre , faite en m�menbsp;temps , nous n�employons cette obfervatlon de M.nbsp;N�edham, que comme un exemple du calcul. IInbsp;eft probable feulement que la hauteur du montnbsp;Tourn� eft entre 1700 amp; 1800 toifes.
R E M A R dU E S.
Comme un barometre portatif eft un inftru-ment tr�s-difficile a fe procurer amp; a conferver, il eft prefque n�celTaire qu�un voyageur obfervateurnbsp;fe content� de fe former fon barometre toufes lesnbsp;fois c|u�il veut obferver. Mars comme alors fon,nbsp;mercure ne fera point purge d�air, il ft tiendranbsp;quelques lignes plus bas que Ie barometre conftruitnbsp;avec toutes les precautions Imaginables. Cettenbsp;difference peut aller a 2 ou 3 lignes.
Quant
-ocr page 169-Physique. nbsp;nbsp;nbsp;igi
Quanta uii thermometre de M. de Reaumur,' ften de fi facile que d�en tranfporter uii; ainfi ilnbsp;^�y a nulle difficult�.
Mais comment fera U7i voyageur pour avoir des obfervations correfpondantes, foit au bord de lanbsp;�^er, foit dans quelque autre lieu fixe; ce qui eftnbsp;Pourtant neceffaire pour pouvoir faire un ufagenbsp;ftiffifamment exaft de fes obfervations propres?nbsp;Cela me paroit mettre a cette maniere de d�ter-�niner les hauteurs des montagnes, des limitationsnbsp;tien confid�rables.
D�ailleurs il nous femble que, quand m�me on auroit au bord de la mer , ou dans quelque villenbsp;fitu�e, par exemple, au milieu de la France, amp;nbsp;dont la hauteur au deffus de la mer feroit connue ,nbsp;Hn obfervateur aflidu, on ne feroit pas beauco'upnbsp;plus avanc�; car la temperature de 1�atmofpherenbsp;peut varier fur Ie bord de la mer de Genes, �trenbsp;a la pluie, par exemple, pendant que Ie tempsnbsp;fiera beau amp; ierein fur les montagnes des Alpcs ounbsp;des Apennins, OU au contraire; nouvelle diftlcult�nbsp;a furmonter.
On Ie pourrolt faire n�anmoins en partie, en fqachant, pour Ie bord de la mer la plus voifine,,nbsp;quelle eft la plus grande, la moyenne amp; la moin-dre elevation du barometre|, amp; en. jugeant ,nbsp;par diverfes conje�fures m�t�orologiques, de lanbsp;iiature de la temperature fur la montagne a mefu-, quoiqu�on ne fafiTe prefque qu�y paffer: car finbsp;hygrometre y marquoit, par exemple, unenbsp;S^'ande huniidit� , il y auroit lieu de croire que Ienbsp;f^rups eft a la pluie , amp; que Ie barometre ftable ynbsp;�^idiqueroit fes moindres hauteurs ; comme aunbsp;lt;^ontraire, fi Fair �toit tr�s-fee , on en pourroitnbsp;conclureavec probabilit� que Ie temps eft ferein.nbsp;Tome IF.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;L
-ocr page 170-i�l R�cr�at. Math�mat. et Phys,
amp; que Ie barometre fixe y indiqueroit fa plu* grande hauteur : ma�s, il faut en convenir , toutnbsp;cela n�efi; pas d�une exaditude bien capable de fa-tisfaire.
Quoi qu�il en foit , on a fait fut Ie haut des tnontagnes bien des obfervations baroin�triques, amp;nbsp;on en a conclu Icurs hauteurs. On en a aulli, parnbsp;occafioi! , mefur� plufieurs g�om�triquement :nbsp;c�efl: pourquoi nous croyons que nos le�ieurs ver-ront avec plaifir une table de ces obfervations amp;nbsp;hauteurs diff�rentes. Celle que nous allons donnet eft form�e de plufieurs colonnes , dont lanbsp;premiere s�explique d�eUe-m�me ; la feconde con-tient la hauteur du barometre , obferv�e dans lesnbsp;iieux d�fign�s par la premiere. Comme, pour lanbsp;plupart, on n�a point d�fign� la temperature ac-tuelle de l�air, nous prendrons cette hauteur ^ournbsp;la hauteur moyenne , amp; au degr� moyen de cha-leur. La troifieme contient la hauteur d�duite denbsp;l�ob^ervation , fuivant la m�thode de M. de Luc.nbsp;Dans la quatrieme nous avons port� la dimen-fion g�om�trique, quand elle nous a �t� connue.nbsp;Quelquefois auffi , ne connoilTant que la dimen-lion y�om�trique , nous nous fommes born�s a lanbsp;donner.
Nousne r�p�terons pas ici ce que nous avons dit ailleurs fur 1�exceffive hauteur que les anciensnbsp;attribuoient a nnelques montagnes: on peut Ienbsp;voir dans Ie tome pr�c�dent, page 97.
Physique, nbsp;nbsp;nbsp;i(S|
quot;^ABLE des hauteurs de diff�rents lieux de la Terre amp; de dlverfes Montagues au deffus du niveaunbsp;de la Mer.
NOMS
DES Lieux.
Haut.
(lu
Baromec.
Haut. (led. dunbsp;Baromet.
Haut.
mefure
geom�tr.
France.
^aris , niveau de Li Seine aux moyennes eaux^ au Pont-Royal,nbsp;^aris , re^ de chaufjee de I�Obferv.nbsp;� eriaiiles, r. de ch. du chateau , ��nbsp;prlcans ,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de la Loire bajj'e,
~yon, niv. du Rhdne,................
Merinont-Ferrand,...............
P. L.
Toifes.
Toifes.
.27..0-
-.158.
..181
-58
��77r
�32
.�84
Montag. de FAuvergne.
Fe Puy-de-Dome, �
J-a Cofta,.................
Le Puy-de-Violent, �
te Carnal, ...............
Le Mont d�Or, .......
Pyrenees.
J^ontS. Barth. p. depoix^
Mouflet, .........................
Canigou, .........................
?a)ns de Barege, ..................
Pic du midi, ....................
^ont Ventoux,....................
AlpES Sl/ISSES.
Lac de Genfeve,...............
de Neuchatel,...................
Le Glacier de Buet,pr�i Geneve, La montagne de la Dole, id......
�^3-9^
�2.3-4-.23..3..
�22 5�
�a2�i-
�2I-2
�2Iquot;Of
�20-2-j-� 24.-S'-
�21..I-
�I9'6-
�23-4.
-7i6-���Say .�.840-�g66-� 103 I'
.1211-
�1241.
�1416-
���^89
�i48i'
-851
-853
-984
�1040
��I90
�1289
�1454
� 1036
.188
�214
-847
�64 R�cr�at. Math�mat. et Phys-
| ||||||||||||
� nbsp;nbsp;nbsp;2390nbsp;-237nbsp;� 1450nbsp;�1460 � nbsp;nbsp;nbsp;2420 |
des L I e u X.
Le Mont Bianc ou maudit, dans
Ie Faucigny ,..........................
Le Fort d�Aarbourg, ................
Le Mont Pilate, 6'. de Lucerne,
L�Antfendas, C. de Berne, �.....
MontGothard,^/ai/ia�tc pointe�^
Apennins,
� 1150 ���718nbsp;-868nbsp;-808
��I302-'
....542.,
��io8o�
..1742-
Monte di Sibilla, ......................
di Carpegna, ................
di Catria,......................
di Pennino,....................
A LP ES Pi�MONTOISES.
Turin, ......................................
S. Remi,....................................
Mont S. Bernard, au Couvent, -�
Mont-Serene,.........................�
Cor-Mayeur, au fommet de VAl-
Ue blanche, ....................
Ville des Glacieres ,..........
Mine de Pefe^, en Savoie, Mont-Tourne,............�
Sic iLE.
Mont jEthna''%..........................18-11 -iS-jG-
* nbsp;nbsp;nbsp;Cette montagne patoit �tre )a plus �lev�e de notre Europe. Le�nbsp;ai d�duit Ia h.auteur de Ia hauteur apparente, melur�e parM. Micheli gt;nbsp;du fort d�Aarbourg, qui en eft a 62000 toifes. Mais comme cette haU'nbsp;teur n�eft cpie de deux degr�s fur I�h�rizon, je 1�ai corrig�e, en o*'nbsp;d�duifant la r�fraftion: c�eft une attention que n�a pas eue M. M'quot;nbsp;cheli, amp; qui lui a fait donner un catalogue des hauteurs des raontaquot;nbsp;gnes de la Suiffe, qui excedent s�rement Ia v�rit�.
* nbsp;nbsp;nbsp;Cette mefure eft d�duite d�obfervations fimultan�es du barontC'nbsp;tre,faites aCatane, o� le mercure �toit a 27 p. 10 1. (pied de France) gt;nbsp;amp; fur I�Atthna, oti il �toit a iS.i-j. On y a eu auffi �gard, fuivant 1*nbsp;regie de M. de Luc, aux diff�rentes temperatures de l�air, qui �toieutnbsp;fur 1�yEthna quot;ij au thermometre de R�aumur, �t a Cstane i *97'
-ocr page 173-La Vall�e de Quito, a Quito,
cap. dc cette province,............
^�tchintcha, volcan �teint, [omniet oriental, .........................
^ntifana, volcan �teint, �.......
Ei-Cora^on,.............................
Litiica,.....................................
Cotopaxi, Wc. rail. en i�/44,.....
^himbora^o, volc. �teint,.........
I^argavira^o , id. ....................
^ ongouragoa, id......................
�l-Altar, ld. ...........................
^angai , id. ...............................
^ota-Catch�, au n. de Quito, ��� ^ayamb�-Orcou, fous l��quat.,
A F RI QV E. ^ontagne de la Table,
�24-10
24^6-
�2730 �2680nbsp;� 2570nbsp;�3030
�521.
Observation G�n�rale.
Nous remarquerons , pour acbever cette ma-^'ere, que Ton ne doit pas enti�rement imputera la *'�6thode les differences affez confid�rables qu�onnbsp;^'^�^contre affez fouvent dans cette table , entre lanbsp;J^jefure barom�trique amp; la mefure g�om�trique.nbsp;jStte derniere eft certaine; mais les obfervateursnbsp;hauteurs barom�triques ont fouvent fait ufage-d inftruments fort imparfaits j ordlnairement ds
j66 R�cr�at. Math�mat. et Phys. n�ont point eu d�obfervations correfpondantes;nbsp;prefque jamais Us n�ont tenu compte de la difference de chaleur dans les poftes de comparaifon:nbsp;on ne doit done pas s��tonner de ces diff�rences ,nbsp;qui feroient certainement beaucoup moindres fansnbsp;ces d�fauts des obfervations.
PROBL�ME XLV.
JFaire unc Fontaine artificidk, a rimitation d'une-fource naturelle,
Nous fuppofons qu�on ait a fa difpofition un terrain un peu �n pente , dont Ie fond foit glaifeuxnbsp;amp; peu �loign� de la fuperficie de la terre. Dansnbsp;ce cas on pourra, par Ie proc�d� fuivant , fenbsp;procurer une fontaine ou une fource abfolumentnbsp;femblable aux fontaines naturelles, amp;c propre anbsp;remplir tous les befoins d�une maifon.
Pour eet effet, d�couvrez ce lit glaifeux fur une �tendiie , par exemple , d�un-arpent ou 30 toifesnbsp;de long fur 30 toifes de large. II faudra 1�encein*nbsp;dre d�une bande de glaife dans la partie inf�rieure,nbsp;en n�y lailTant d�ouverture qu�a 1�endroit abfolu-inent Ie plus bas, qui fera celui par o� l�eau for-tira. On y adaptera quelque pierre perc�e d�unnbsp;trou d�un pouce au plus de diametre. Cela fait,nbsp;on ramaffera des cailloux de diff�rentes groffeurs ,nbsp;amp; 1�on couvrira cette aire des plus gros, enfortenbsp;qu�ils ne laiffent entr�eux qu�un intervalle de quel-ques pouces. On en placera d�autres un peu moinsnbsp;gros Air les interftices laifT�s par les premiers, amp; onnbsp;en fera ainfi plufieurs am as les uns fur les autres,nbsp;en diminuant toujours de groffeur, jufqu�a ce quenbsp;les derriiers ne foient plus que comme de tr�s-
-ocr page 175-Physique. nbsp;nbsp;nbsp;167
gTOs graviers. On jettera enfuite \a-defius du gros �ab!e a quelques pouces d�epailTeur, amp; enfuite dunbsp;plus menu, tel que celui qu�on emploie a fablernbsp;les promenades. Mais fi 1�on etoit a portee de fenbsp;procurer de la moulTe , il feroit bon , pour empe-cher le fable de couler dans les interftices des cad-loux , il feroit bon, dis-)e, d�en couvrir la couchenbsp;de gros graviers , a I�epaifleur d�un demi-pouce.
Il eft �vident que I�eau pluviale qui toinbera fur toute la fuperficie de cet arpent, p�n�trera a travers le fable , coulera dans les interftices des cail-loux qui couvrent 1�aire de glaife , amp; enfin , parnbsp;I�effet de la pente du terrain, fe portera vers 1�ou-verture m�nag�e dans le basd�ou elle s�ecouieranbsp;par un filet plus ou moins gros, fuivant fon abondance.
Or, en fuppofant que I�eau qui tombe annuel-lement fur ce terrain eft de 18 pouces de hauteur, on trouvera que la quantite d�eau qu�il raflemble-roit feroit de 48600 pieds cubes. Nous en fup-poferons un quart abforbe par I�evaporation, ounbsp;reftant entre les joints Sc interftices des pierres, dunbsp;fable Sc de la mouffe : on aura done encore 36000nbsp;pieds cubes d�eau par an, ou 4500 rauids d�eau,nbsp;fur lefquels on pourra compter, e�eft-a-dire aunbsp;moins 11 muids d�eau par jour ; ce qui eft , jenbsp;penfe, tout ce qui eft neceflTaire pour les befoinsnbsp;d�une maifon , mdme confiderable.
On me dira peut-etre que voila une fource dont I�eau couteroit aflez cher. J�en conviens ;nbsp;�rais 1� je doute que la formation de cette Fontaine coutat autant que la conftruftion d�une ci-terne , ouvrage qui exige , pour contenir I�eau,nbsp;des attentions particulieres, un courroi de glaife�nbsp;amp;c. St qui ne raffemble les eaux pluviales que de
L iv
-ocr page 176-168 R�cr�at: Math�mAt. et Phys,
qiielques toits, de quelques cours, amp;c. eaux par conf�quent pour la plupart fort mal-propres;
]e n�ai pas voulu perdre Ie fruit de mes reveries. Le lefteur en fera ce qu�il voudra.
On pourra , au refte, rendre ceci beaucoup juoins couteux, en ne pr�parant, de la manierenbsp;qu�on vient de dire, qu�une petite portion de terrain , coniine d�une dixaine de toifes en quarr�nbsp;dans 1�endroit le plus bas; amp; pour fuppl�er au peunbsp;d�abondance de l�eau pluviale qu�on auroit paria, car elle ne feroit que de 5400 pieds cubes ,nbsp;on pourroit d�river fur ce terrain , par des canauxnbsp;ouverts , celle qui to.mberoit fur les environs a unenbsp;diftance de quelques centaines de toifes : on auroit , par ce moyen , un r�fervoir d�eau filtr�e tr�s-abondant, amp;, a ce que jecrois, peu couteux;nbsp;ragr�ment enfin de )ouir d�une fource tout-^faitnbsp;lemblable a celles que nous donne la nature.
Je craindrois feulement que l�eau ne s�en �cou-lat avec trop de rapidit� ; mals on pourroit y obvier , en ne lui laiffant fa fortie que par un trounbsp;de la dimenfion convenable pour qu�elle fut anbsp;peu pr�s perp�tuelle , ou en le garniffant d�unnbsp;robinet qu�on tiendroit ferme quand on n�auroitnbsp;pas befoin de tirer de l�eau.
' PROBL�ME XLVI.
Qtldh cjl la- pefanteur de Vair dom h corps d'un homme ejl continuellement charg� ?
C^ui eft-ce qui s�imagineroit que nous vlvons continuellement charg�s d�im poids de 30 a 40nbsp;inilliers qui nous comprim� amp; nous preffe dansnbsp;tous ks fens ? C�eft-la cependant une v�rit� que
-ocr page 177-Physique.
d�couverte de la pefanteur de 1�air met hors de doute.
Tout fluide pefe fur fa bafe en raifon de I�eten-due de cette bafe amp; de fa hauteur. Or on a de-*^ontre que le poids de 1�air �quivaut a une co-^^nne d�eau de 32 pieds de hauteur ; conf�quem-chaque pied quarr� a la furface de la ^^tre , eft charge d�une colonne d�air �quivalentenbsp;^ une de 32 pieds cubes d�eau , c�eft-a-dire denbsp;^^40 livres, le pied cube pefant 70 livres. Onnbsp;^�value du refte la furf?-e du corps humain , dansnbsp;I�n homme de ftature m�diocre, a 14 pieds quar-^�s: ainfi , multipliant 2240 livres par 14, on anbsp;31360 livres pour le poids appliqu� fur toute lanbsp;furface du corps d�lm homme de ftature m�diocre.
Mats comment peut-on r�fifter a une charge ^smblable ? la r�ponf� eft facde. Toute notrenbsp;JHachlne eft impr�gn�e d�un air qui eft en �quili-���e avec cet air ext�rieur. On n�en fqauroit dou-
5 quand on a vu un animal mis dans la machine pneumatique , s�enfler aufti-t6t qii�on a com-lUenc� a en pomper i�air , fe diftendre enfin au point de p�rir, amp; de crever m�me, li 1�on continue.
C�eft cette difference de pefanteur qui nous tend ou plus leftes ou abattus, fuivant que notrenbsp;thorps eft plus ou moins charg�. Dans le premiernbsp;J^as, le corps �tant plus refferr� par le poids denbsp;3 le fang circule avec plus de rapidit�, amp;nbsp;toutes les fomftions de 1�aniinal fe font avec plusnbsp;ue lacilit�. Dans le fecond , le poids ayant dimi-^Ue, toute la machine eft relach�e , amp; les orificesnbsp;des vaiflTeaux le font a proportion ; le fang manquenbsp;, 8c ne donne plus au fluide nerveuxnbsp;aciivite qu�il avolt: Ton eft abattu, incapable
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de travail amp; de reflexion , amp; cela arrive fur-tout lorfque l�air eft en m�me temps humicle ; car riennbsp;ne relache autant les fibres cle notre fr�le machine , que l�humidit�.
probl�me xlvii.
ConJiriiB'ton d'um petite machine qui, a Vimita~ tion de la Jlatue de Memnon , produira desnbsp;fons au lever foleil.
Tout Ie monde fqait ce qu�on raconte de la flatue de Memnon , expof�e dans un temple d�E-gypte. Si 1�on en croit les anciens hiftoriens , ellenbsp;faliioit Ie foleil levant par des fons qui paroiflfoientnbsp;fortir de fa bouche. Quoi qu�il en foit de ce traitnbsp;hiflorique, voici la maniere de produire un parednbsp;efFet.
PI. 4, Soit un pi�deftal en forme de parall�l�pipede �g. 22. concave ABC; que la concavit� en foit divif�enbsp;en deux parties par un diaphragme DE. La par-tie inf�rieure dolt �tre bien clofe, 6st remplie d�eav�nbsp;jufqu�au tiers environ de la hauteur, amp; Ie furphisnbsp;doit �tre rempli d�air. Le diaphragme DE doitnbsp;�tre perc� d�un trou qui donne paflage a un tuyaUnbsp;de quelques lignes de diametre, bien foud� avecnbsp;ce diaphragme , amp; defcendant �)ufques pr�s dunbsp;fond de la cavit� inf�rieure. II doit y avoir dansnbsp;ce tuyau aflTez d�eau pour que, l�air �tant refroidinbsp;au degr� de la temp�rature de la nuit, l�eau foitnbsp;a peu pr�s au niveau de FG. Une des faces dunbsp;pi�deftal doit �tre enfin affez mince pour s��chauffernbsp;facilement aux rayons du foleil. Le plomb eft uunbsp;des m�taux qui s�echauffent le plus de cette maniere ; c�eft pourquoi une lame mince de plomb^nbsp;fera propre a eet effet.
-ocr page 179-Physique. nbsp;nbsp;nbsp;171
KL eft IIn axe tournant librement fur des pilots en K amp; L , amp; autour cle cet axe eft enroul� Hn filet tr�s-fiexible', foutenant d�un cote le poidsnbsp;K, amp; de I�autre le poids M, cjui plonge librementnbsp;lt;lans le tuyau HI. Le rapport de ces poids doitnbsp;^tte tel, que le poids M Temporte fur N lorfquenbsp;premier fera livre a lui-m�me, mais N doitnbsp;^�emporter fur M lorfque celui-ci perdra une park's de fon poids en nageant dans 1�eau ; ce qui eftnbsp;facile a combiner.
Enfin I�axe KL porte un tympan de quelques Pouces de diametre amp; de longueur, garni a fanbsp;circonference de dents qui, en appuyant fur lesnbsp;touches d�un petit clavier, font lever des faute-leaux qui frappent des cordes accordees harmoni-'juement. II faut qu�un tour ou deux du tympannbsp;^chevent 1�air, qui doit �tre au furplus tr�s-fim-Ple, amp; compof� de peu de notes. Toute cettenbsp;petite mecanique peut �tre facilement renfenn�enbsp;^ans la cavite fuperieure du piedeftal. Le defliisnbsp;portera une figure en bufte , telle qu�on reprefentenbsp;la ftatue de Memnon, avec la bouche ouverte 6cnbsp;en attitude de parler. II ne feroit pas difficile denbsp;lui faire des yeux mobiles , amp; qui euffent unnbsp;mouvement dependant de celui de I�axe KL. �nbsp;D�apres cette confiru�lion, on fentira aifementnbsp;^Ue le cote du piedeftal expof� au levant, nenbsp;Pourra recevoir les rayons du foleil fans s�echauf-; qu�en s�echauffant, il echauffera 1�air contenunbsp;j|ans la cavite inf�rieure; que cet air fera montecnbsp;^ 6au dans le tuyau HI; qu�alors le poids N I�em-Portera, 8c fera tourner I�axe KL avec le tambournbsp;garni de pointes, qui feront lever les touches dunbsp;petit clavier; ce qui donnera des fons, 8c feranbsp;lOnner le petit air qu�on aura note. Mais il faudra.
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pour eet effet, que Ie diametre de l�axe KL f�it model� de nrtaniere que Ie poids N, en defcen-dant, par exemple de deux lignes, faffe faire afleznbsp;rapideiTient un tour ou deux au tambour , afin quenbsp;les fons fe fuccedent aflez rapidement l�un a l�autrenbsp;pour former un air.
Le P. Kircher avoit, dit-on, dans fon Mufeum, une machine a peu pe�s femblable, dont le P.nbsp;Schott donne la defcription ; mais je crois �trenbsp;fond� a dire qu�elle ne produifoit point fon effet,nbsp;car ie P. Schott fe borne a faire poufler de 1�airnbsp;par un petit tube contre des efpeces de vannennbsp;dont �toit garnie une petite roue: mais, commenbsp;eet air ne feroit forti que fort lentement , il eftnbsp;clair que la roue n�eiit eu aucun mouvement. Sinbsp;done la machine du P. Kircher produifoit fonnbsp;effet, comme on le dit, la defcription du P. Schottnbsp;n�efl; pas celle de fon in�canifme. Je n�oferoisnbsp;encore gager que celle-ci remplit fon objet, carnbsp;je doute fort que le foleil levant rar�fiat fenfible-inent l�air renferm� dans la cavit� inf�rieure.
Remarque.
Nous bornerons ici ce que nous avons a dire fur les differences machines q��on peut mettre ennbsp;mouvement au moyen de la compreflion, de lanbsp;rar�fa�tion , de la condenfation , amp;c, de l�air;nbsp;car fi nous voulions imiter le bon P. Schott, nousnbsp;trouverions la matiere d�un volume in-4�. Nousnbsp;nous contenterons done d�indiquer aux curieux denbsp;ces machines, la Mecanica hydrautico-pnmma-tica ( Francf. 1657? in-40) de ce J�fuite , ou fanbsp;Technica curiofa , feu Mirahilia artis (Herbip-1664,2 vol. in-4�); on y trouvera de quois�amu-fer jufqu�a fati�t� de ^ces inventions aflez frivole^ y
'^Ompil�es pour la plupart des ouvrages du P. ^ircher, qui s�en eft beaucoup occup� ; ou d�apr�snbsp;H�ron , dans fes Spiritalia ; Alleoti, fon traduc-teur amp; commentateur; Dobrezensky , dans fanbsp;^hilofophia Fontium ; amp;c , amp;c.
PROBL�ME XLVIII.
Des Phhiomenes des TuyauX' capillaires.
O N appelle tuyaux capillaires, des tuyaux de Yerre dont la capacit� int�rieure eft d�un diametrenbsp;tr�s-�troit, comme d�une demi-ligne amp; au deftbus.nbsp;L�origine de cette d�nomination eft aif�e a reconnoitre.
Ces tuyaux pr�fentent des ph�nomenes fort fin-guliers , amp; fur 1�explication defquels je ne vois pas qu�on fe foit encore accord�. 11 a �t� jufqu�anbsp;lt;^2 moment plus aif� de d�truire a eet �gard quenbsp;d��lever. Voici les principaux de ces ph�no-nienes.
I. On fqait que dans deux tuyaux qui fe com-muniquent , l�eau , ou un �fluide quelconque , s��-leve a m�me hauteur; mais ft une des branches eft capillaire, cette regie n�a plus lieu ; l�eau s��levenbsp;plus haut que Ie niveau dans Ie tube capillaire , amp;nbsp;d�autant plus au delTus du niveau de 1�autre bran-t^he , qu�il eft plus �troit,
II parut d�abord bien facile aux premiers phyfi-^'ens, t�inoins de ce ph�nomene, d�en donner *^ne explication. On imagina que 1�air qui preflenbsp;fur l�eau contenue dans Ie tube capillaire , �prou-voit quelque difficult� a exercer fon a�lion, anbsp;caufe du peu de largeur du tuyau ; il devoit donenbsp;cn r�fulter un exhauflement du fluide de ce c�te.
-ocr page 182-Cela sn��toit pas bien fatisfaifant; car quePc apparence que l�air, dont les particules font ii cl�-li�es , ne f�t pas fort a fon aife dans un tuyaunbsp;d�une derni-ligne ou d�un quart de ligne de dia-metre?
Ma�s quelle que fut cette explication, fatisfai-fante ou non a eet �gard, les deuxieme amp; troi-fieme ph�nomenes des tuyaux capillaires la ren-verferent enti�rement. En effet,
II. nbsp;nbsp;nbsp;Lorfqu�au lieu d�un fluide aqueux on em-ploie du inercure, ce fluide, au lieu de s��levernbsp;dans la branche capillaire jufqu�au niveau de lanbsp;ligne qu�il atteint dans 1�autre, ce fluide, dis-je,nbsp;refte au deflbus de ce niveau.
III. nbsp;nbsp;nbsp;Qu�on falTe 1�exp�rience dans Ie vuide ,nbsp;tout refte de m�me que dans 1�air ouvert. Ce n�eftnbsp;done pas dans 1�air qu�il faut chercher Ia caufe dunbsp;ph�nomene.
IV. nbsp;nbsp;nbsp;Si 1�on frotte l�int�rieur du tube avec linenbsp;matiere graifteufe , comme du fuif, 1�eau , au lieunbsp;de s��lever au deflus du niveau , refte au delTous. IInbsp;en eft de in�me ft 1�on fait 1�exp�rience avec unnbsp;tube de cire , ou avec des plumes d�oifeaux, dontnbsp;l�int�rieur eft toujours graifleux.
V. nbsp;nbsp;nbsp;Si Pon plonge Ie bout d�un tuyau capillairenbsp;dans 1�eau, ce fluide s�y �leve auffi-t�t au deflus dunbsp;niveau de celui du vafe, a la m�me hauteur qu�ilnbsp;s��l�veroit dans Ie cas d�un fyphon a branchesnbsp;d�un c�t� capillaire amp; de 1�autre de diametre ordinaire ; enforte que, ft on touche feuleinent Ianbsp;fuperficie de 1�eau, elle eft auffi-tot comme attir�enbsp;a la hauteur que nous venons de dire , amp; elle Jnbsp;refle fufpendue lorfqu�on retire Ie tube de 1�eau.
Physique. nbsp;nbsp;nbsp;175
^iculairement ou fort pr�s cle la verticale , on fait couler fur fa fuperficie ext�rieure une gouttenbsp;^�eau, lorfqu�elle eft arrivee a I�orifice inferieur ,nbsp;elle entre dans le tube, �c ft elle eft fufftrammentnbsp;groffe , elle y occupe la hauteur a laquelle elle fenbsp;*lendroit au deffus du niveau dans une branchenbsp;fyphon de ce calibre.
VII. nbsp;nbsp;nbsp;Les hauteurs auxquelles 1�eau fe foutientnbsp;^ans un tube capillaire, font en raifon inverfe desnbsp;diametres. Ainfi , ayant obferve , par example ,
dans un tuyau d�un tiers de ligne 1�eau s�eleve 3 la hauteur de 10 lignes, elle devra s�elever a lanbsp;^auteur de ao lignes dans un tuyau d�un ftxiemenbsp;de ligne ; a la hauteur de 100, dans un tuyau d�unnbsp;ftentieme de ligne.
Dans de pareils tuyaux , I�abailTement du mer-�^'tre au delTous du niveau , fuit auffi la raifon in-'^srfe des diametres des tubes.
VIII. nbsp;nbsp;nbsp;Si un tube capillaire eft forme de deux PI. 4,nbsp;Parties ayant des calibres inegaux, comme l�on'^o' ^3*nbsp;'^oit dans la Jig. 23, ou AB eft d�un calibre beau-^Oup moindre que BC ; que algt; foit la hauteur
Ou 1�eau fe foutiendroit dans un tube tel que AB ^ c d celle ou il fe tiendroit dans le plus largenbsp;Be ; qu�on plonge ce tube enforte que rorlfice dunbsp;plus petit B , foit �lev� au delTus du niveau d�unenbsp;P^uteur plus grande que cd, 1�eau s�y foutiendra ,
Somme on voit dans la Jig. 24, a cette hauteur ^4-au deflus du niveau : mais ft on plonge le tube onforte que 1�eau arrive jufqu�a B, elle s�eleveranbsp;l^out de fuite a la m�me hauteur que ft le tube eutnbsp;du m�me calibre que celui d�en baut,
II en eft de m�me ft Ton plonge le tube capil-aire en commen^ant par le plus etroit.
-ocr page 184-176 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
IX. On fe tromperoit fi Ton imaginoit que les liqueurs les plus l�geres s��levent davantage. L�ef-prit-de-vin eft des liqueurs aqueufes celle qui s�ynbsp;�leve Ie moins: dans un tube o� 1�eau s��levoitnbsp;a z6 lignes, 1�efprit-de-vin ne s�y �levoit qu�a 9nbsp;OU 10. En general 1��l�vation de l�efprit-de-vinnbsp;11�ell: que la inoiti� ou Ie tiers de celle de 1�eau,
Cette elevation depend auffi de la nature du verre; dans certains tubes, I�eau le tient beaucoupnbsp;plus haute que dans d�autres, quoique leurs calibres foient les memes.
II eft neceflaire de connoitre ces phenomenes, pour fe convaincre que ce n�eft rien d�exterieurnbsp;au tube amp; a la liqueur qui produit ces effets. Ennbsp;effet, les phenomenes font abfolument les m�inesnbsp;dans le vuide ou dans 1�air extremement att�nu�,nbsp;que dans celui que nous refpirons. Ils varient auflinbsp;felon la nature du verre dont le tube eft forme:nbsp;ils font aufli diff�rents, felon la nature du fluide,nbsp;C�eft done dans quelque chofe d�inh�rent a lanbsp;matiere dir tube amp; a celle du fluide , qu�on doitnbsp;les rechercher.
On donne communement pour caufe de ces phenomenes , 1�attraftion qu�exercent mutuelle^nbsp;ment le verre fur 1�eau amp; I�eau fur le verre. Cettenbsp;explication a trouve un grand contradidleur dansnbsp;le P. Gerdil, religieux Barnabite amp; habile phyfl'nbsp;cien, qui a fait tout fon poflible pour la renvet-fer, M. de la Lande, au contraire, a pris fa d�-fenfe, amp; eft un des ecrivains niodernes qui ontnbsp;mis cette explication dans le plus beau jour. Onnbsp;peut voir auffi a ce fujet, panni les M�moiresnbsp;Petersbourg , un ecrit de M. Weitbrecht, tr�s-profond amp; tres-fqavant. On ne trouvera pas ntaU'nbsp;vais que nous nous bornions a ces indications.
PROBL�M�
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^ H Y S � Q � �.
qudques untatives du mouvement perp�tutl, au moyen de fyphons capillaircs,
qu�on a vu l�eau s��lever dans un tube capillaire au deffus du niveau de celle dans laquelle ^1 �toit plong� , ou au deffus de celui ou elle �toitnbsp;Ie tube non-capillaire, avec lequel il formenbsp;'�1 fyphon renverf� , on n�a pas manqu� d�ennbsp;coiijefturer la poflibilit� du mouvement perp�-^Uel; car, a-t-on dit, li l�eau s��leve a la hauteur d�un pouce au deffus de ce niveau , inter-rompons fon afcenfion , en ne donnant au tubenbsp;tjue trois quarts de pouce : l�eau s��levera donenbsp;3u deffus de l�orifice , amp; retombant par les c�t�snbsp;dans Ie vafe , il s�en �levera d�autre, amp; ainfi fansnbsp;ceffe ; ou bien, que l�eau �lev�e dans la branchenbsp;papillaire du fyphon foit d�riv�e par un tubenbsp;incline dans l�autre branche, il fe fera un mouve-iiient de circulation continuel; amp; voila un inou-Yeinent perp�tuel donn� par la nature.
Mais malheureurement 1�exp�rience ne confinne pas cette idee. Si 1�on intercepte I�afcenfion denbsp;l�eaudans un tube capillaire, en lecoupant, parnbsp;exemple, a la moiti� de la hauteur a laquelle ellenbsp;devroit s��lever, l�eau ne s��leve pas pour cela aunbsp;deffus de l�orifice pour retomber fur les c�t�s. IInbsp;^n eff de m�me de 1�autre tentative.
Mais en voici une fort ing�nieufe , amp; telle, qu�il bien difficile de reconnoitre la caufe de fonnbsp;peu de fucc�s.
Soit Ie tuyau capillaire ABC, mais dont la Ion- PI. 4gt; gue branche foit d�un diametre beaucoup plus hg- ^5'nbsp;petit que l�autre. On fuppofe que l�orifice A �tantnbsp;Tome IV,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;M
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plong� dans l�eau du vafe DE, elle s��leve jufqu�en B, fominet de la courbure du tuyau; dans I�autrenbsp;branche BC, i�eau ne s��leveroit que de la hauteurnbsp;CH au-deffus du niveau.
Retournons a pr�fent ce fyphon, rempliffons-le lt;i�eau , amp; plongeons-Ie a la profondeur fuffifantenbsp;pour que l�eau put s��lever , comme il a �t� dit ci-deffus, Jufqu�a la courbure B : il paroit �videntnbsp;amp; inconteftable que l�eau qui remplira ia partienbsp;BH, forcera en enbas l�eau contenue en CM. Ornbsp;cela ne peut fe faire fans que l�eau contenue ennbsp;AB la fuive; ainli l�eau montera continuellementnbsp;de A en B, Sc retombera par la branche BC dansnbsp;Ie vafe. Ainfi voila un mouvement perp�tuel.
Rien de plus fp�cieux; mais malheureufement encore l�exp�rience d�truit cette illulion : l�eau nenbsp;tombe point par la branche BC ; au contraire ,nbsp;elle remonte jul'qu�a ce que la branche AB foitnbsp;feule remplie.
Nous croyons devoir joindre ici une autre idee de mouvement perp�tuel au moyen de deux fy-phons , quoique ce ne foient pas pr�cif�ment desnbsp;lyphons capiliaires qui y foient employ�s. Ellenbsp;m�rite d�autant plus attention , que ce n�efl; pasnbsp;un homme fans nom qui l�a propof�e, mais unnbsp;homme des plus c�lebres avec raifon dans les ma-th�matiques; pour Ie dire enfin en un mot, 1�il-luftre Jean Bernoulli.
Soient, dit M. Bernoulli, deux liqueurs mif-cibles entr�elles , amp; dont les pefanteurs fp�cifiques foient comme les lignes AB, CD; on fqait que �nbsp;deux tuyaux, communiquant 1�un a I�autre, ontnbsp;leurs hauteurs au delTus de la branche de communication dans ce m�me rapport, on pourra rem-plir la branche la moins haute du Buide Ie plu^
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Pefant, amp; la plus haute du plus l�ger gt; amp; tjue ces deux flu�des fe tiendront en equilibre ; d�oii il fuitnbsp;tjue fi la branche la plus haute etoit recoupee quel-tpie peu au deflbus de la longueur qu�elle doitnbsp;*voir, le flu�de contenu dans cette branche pour�nbsp;loit couler dans la plus bafle.
Suppofons ma�ntenant que la branche la moins PL 4, 'elev�e EF, foit reniplle d�un flu�de compof� de %�nbsp;deux liqueurs de diff�rentes pefanteurs fp�c�fiques,
^ qu�au point F foit �tabl� un filtre qui ne laifle paffer que la plus l�gere ; que le tube FG foit rem-pli de celle-c�, amp; qu��l foit un peu moins haut,nbsp;pQur �tablir 1��quilibre entre la liqueur de la branche EF, amp; celle de la derniere FG.
Les chofes �tant ainfi , 8c le filtre ne lailTant pafTer que la liqueur la plus l�gere, celle-ci, ennbsp;''^ertu de 1��quilibre rompu , fera pouff�e dehorsnbsp;P^r 1�orifice G, 8t conf�quemment pourra , par unnbsp;petit tuyau de derivation, �tre ramende dans 1�orifice E , o� elle fe m�lera de nouveau a la liqueurnbsp;^Ontenue dans EF ; amp;C cela continuera toujours.
Car la colonne de liqueur GF fera toujours trop l�gere pour contre-balancer la colonne de liqueurnbsp;coinpof�e EF. Ainfi voila un mouvement perp�-tuel; 5c c�efl: celui, dit M. Bernoulli, par lequ�lnbsp;la nature entretierrt les fieuves au moyen de 1�eaunbsp;de la mer. Car, tenant encore aux Id��s anciennesnbsp;l^r 1�origine des fontaines , il imaginoit que c��toitnbsp;par un m�canifme femblable que 1�eau de la mer ,nbsp;d�pouill�e de fon fel , parvenoit au fommet desnbsp;��iontagnes. II rejetoit feulement 1�id�e de ceux quinbsp;Pc�tendoient qu�elle s��levoit au deffus de fon niveau par une fulte de la propri�t� des tuyaux capil-laires ; car il remarquoit qu�elle n�auroit pu couleenbsp;au bas.
Mij
-ocr page 188-tSo R�cr�at, Math�mat. et Phys.
Nous n�ofons dire ce qui arriveroit, fi Ton pou-voit parvenir a remplir les fiippofitions de M. Bernoulli : cependant nous fommes tr�s - port�s a crolre que cela ne r�uffiroit pas; amp; de m�me quenbsp;Ie raifonnement pr�c�dent fur les tubes capillaires,nbsp;quoiqu�en apparence convainquant, eft n�an-nioins d�menti par 1�exp�rience , nous croyonsnbsp;que celui de M, Bernoulli Ie feroit pareillement.
PROBL�ME L,
Force prodigieiife de thumidit� pour enlever des fardeaux,
U� des ph�nomenes les plus linguliers de !a phyfique , eft la force avec laquelle agiffent lesnbsp;Vapeurs de 1�eau ou l�humidit� pour p�n�trer dansnbsp;les corps qui en font fufceptibles. Qu�on attachenbsp;un fardeau tr�s - confid�rable a une corde bi�nnbsp;feche amp; bien tendue; que cette corde foit de lanbsp;longueur pr�cife pour que Ie fardeau repofe feule-ment a terre : vous n�avez qu�a mouiller la corde,nbsp;vous verrez ce fardeau foulev�.
Tout Ie monde fqait ce qu�on raconte du fa-meux ob�lifque �lev� par Sixte V devant Saint-Pierre de Rome. On pr�tend que Ie chevalier Fontana , que ce pape avoit charg� d��lever cenbsp;monument, fut fur Ie point de voir manquer fonnbsp;operation, lorfqu�il fallut Ie placer fur fon pi�def-tal. II �toit en l�air ; mais les cordes s��tant un peunbsp;relach�es, la bafe de 1�ob�lifque ne pouvoit attein-dre Ie deftus du pi�deftal. Un Franqois cria , dit-OH , au hafard de la vie, de mouiller les cordestnbsp;Ie confeil fut fuivi, amp; 1�ob�lifque s��leva, comtrvfinbsp;de lui-m�me, a la hauteur n�ceflaire pour ie plAquot;nbsp;eer debout fur Ie pi�deftal pr�par�.
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Au refte cette hiftoire , quoique r�p�t�e par-^out, n�en eft pas moins un conte. On n�a qu�i ^ire la defcription de la manoeuvre par laquelle lenbsp;chevalier Fontana �leva fon obelifque, amp; I�onnbsp;''crra qu�il n�avovt pas befoin de ce fecours. Deuxnbsp;^ours de plus de Fes cabeftans etoient plus facilesnbsp;3 faire, que d�aller chercher des eponges amp; denbsp;\�cau pour mouiller fes cables. Mais le conte eftnbsp;ctabli, amp; on le r�p�tera encore long-temps, fur-^out en France , parcequ�il y eft queftion d�unnbsp;�^ranqois.
Quoi qu�il en foit, void un fecond exemple de ^a force de I�humidite pour furmonter les plusnbsp;grandes refiftances: c�eft le moyen par lequel onnbsp;fait les meules de moulins, Lorfqu�on a trouvenbsp;^ne mafte de meuliere aflez confiderable, on lanbsp;*^aille en forme de cylindre de plufieurs pieds denbsp;hauteur : il s�agit enfuite de la recouper parnbsp;tranches horizontales, pour en former autant denbsp;�Meules. Pour eet effet, on fe contente de fairenbsp;tout autour des tranch�es circulaires amp; horizon-tales , aux diftances convenables pour 1�epaiffeurnbsp;qu�on veut donner a ces meules. On fait fechernbsp;au four des coins de bois de faule, qu�on enfoncenbsp;enfuite dans ces tranch�es a coups de mafte. Lorf-^u�ils font fuffiramment enfonces, on les mouille,nbsp;m�me on fe contente de les laifler expofes inbsp;^^humidit� de la nuit : on trouve le lendemainnbsp;chaque tranche f�par�e, amp; toutes les meules dero-ft'i�es. Tel eft le proc�d� que , felon M. de Mai-on fuit en divers endroits pour cette fabrique.
Par quel m�canifme un pared effet s�opere-t-il ? C�eft une queftion que fe fait M. de Mairan, Sc;nbsp;a laquelle il me femble qu�il r�pond mal. Pout?nbsp;nous} nous penfons que c�eft I�effet de 1�attra�lio�
M iij
-ocr page 190-i8x R�cr�at. Math�mat, et Phys. par laquelle 1�eau fe porte dans les tuyaux capil*nbsp;laires infiniinent �troits dont Ie bois eft plein.nbsp;Suppofons en effet un de ces tuyaux extr�mementnbsp;petit, comme d�une centieme de lignes de dia-juetre. Suppofons de plus , que les parois en foientnbsp;inclin�es d�une feconde; que la force avec laquellenbsp;Peau tend a s�introduire dans ce tuyau, foit d�unnbsp;quart de grain : cette force fi l�gere tendra a �car-ter les parois flexibles du tube , avec une forcenbsp;d�environ 50000 grains, qui font 5 livres amp; de-mie. Que dans un pouce de longueur il y ait feu-lement 50 de ces tubes , ce qui fait 2500 dans Ienbsp;pouce quarr�, il en r�fultera un effort de 13700nbsp;livres. Un coin de ceux dont on a parl�, peutnbsp;bien �ire de 4 a 5 pouces quarr�s fur fa t�te:nbsp;ainfi voila 52 ou 65 mille livres d�effort qu�ilnbsp;exerce. Suppofons-en environ 10 dans Ie contournbsp;d�un tambour deftin� a former des meules ; ilsnbsp;exerceront enfemble un effort de 520 ou 650nbsp;milliers. II ne doit plus paroitre �tonnant qu�ilsnbsp;produifent une f�paration entre les bloes dans lesnbsp;intervalles defquels on les a introduits.
PROBLEME LI.
Di la Machim ou Digejleur de Papin.
La machine ou Ie digelleur oe Papin , eft un y,afe au moyen duquel on donne a 1�eau un degr�nbsp;de chaleur fup�rieur a celui de l�eau bouillante.nbsp;En effet, l�eau expof�e a l�ajr ordinaire ou anbsp;la fimple preflion de 1�atmofphere, ne peut prendre , quelque fort qu�elle bou�lonne, qu�un de-gr� de chaleur qui ne varie point ; mais cellenbsp;ciui eft renferm�e dans la machine ou Ie d*'
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?efteur de Papin, y prend un tel degr� de cha-leur, qu�on peut, par fon moyen, ex�cuter des operations auxquelles 1�eau bouillante ordinairenbsp;oft abfolument infuffifante: on en verra la preuvenbsp;dans la defcription des effets qu�on obtient parnbsp;Cette machine.
II fuffit pour cela de contenir 1�eau dans un vafe dont elle remplilTe toute la capacit� , amp; qui foknbsp;sflez folide pour r�fifter a l�efFort qu�elle exercenbsp;contre fes parois, Ce vafe peut par conf�quentnbsp;dtre de la forme qu�on voudra , quoique la formenbsp;pylindrique ou fph�rique y foit a pr�f�rer; maisnbsp;il faut qu�il foit de cuivre ou de bronze: 11 faut denbsp;plus que Ie couvercle s�y adapte de maniere a nenbsp;lailTer aucun interftice par lequel 1�eau puifle s��-chapper. Pour emp�cher plus surement que Ie vafenbsp;ii��clate, on pratique au c�t� du vafe ou au cou-''^ercle un trou de quelques lignes , garni d�uiinbsp;^uyau montant, fur lequel on place un bras de le-Vier retenu par un poids. Ce bras de levier fert,nbsp;pour ainll dire, de mod�rateur a la chaleiir; carnbsp;s�il n�y avoir aucun poids fur 1�oriflce de ce regulateur, l�eau parvenue au degr� d��bullition ordinaire fuiroit prefque toute par cette ouverture ,nbsp;OU en eau, ou en vapeurs; fi Ie poids eft l�ger, ilnbsp;faudra,pour Ie foulever, qu�elle prenne un deg�nbsp;de chaleur plus grand. S�il n�y avoit point de fem-lgt;lable r�gulateur, la machine pourroit �clater eii.nbsp;morceaux, par 1�elFort de 1�expanlion de Teau.nbsp;pourquoi 11 eft a propos que la machine foit
cuivre ou en fer duftile, amp; non en fer de fonte; car ces premiers m�taux n��clatent pas en mor-ceaux comme Ie dernier , mais fe d�chirent ennbsp;quelque forte; ce qui ne prodult pas des accidents^nbsp;qangereux, comme fait Ie dernier en �clatant,
184 Mcr�at. Math�mat, et Phys,
La machine done ainfi conftruite , on la rempUt d�eau , on y adapte Ie couvercle , qu�on aflute furnbsp;la machine par un cadre de fer qui I�embrafle denbsp;haut en bas, Sc la ferre fortement par des vis: onnbsp;finit de la remplir par Ie petit tuyau de r�giftre,
on l�expo/e au feu des charbons ardents, L�eaa ne fqauroit y bouillonner, mais elle y prend unnbsp;tel degr� de chaleur, qu�elle peut ramollir Sc d�-compofer en peu de temps les corps les plus durs,nbsp;tandis que l�on n�en viendroit pas a bout par l��-bullition ordinaire , prolong�e pendant des fe-maines entieres: on dit m�me qu�on peut poulTernbsp;cette chaleur iufqu�a faire rougir la machine ; dansnbsp;lequel cas il eft clair que 1�eau m�me eft r�duite aunbsp;m�me �tat: mais je crois cette experience fortnbsp;dangereufe.
Quoi qu�il en folt, void quelques effets de cette chaleur pouff�e feulement a tr�is, quatre ounbsp;cinq fois celle de l�eau bouillante.
La corne de boeiif, 1�ivoire, les �cailles de tortue , y font en peu de temps ramollis j Sc enfii?nbsp;r�duits en une efpece de gelee.
Les os les plus durs , comme de l i culffe de boeuf, y font pareillement ramollis, Sc entin en-ti�rement d�compof�s , de maniere que la partienbsp;g�latineufe en eft f�par�e, Sc Ie reftant n�eft plusnbsp;que la matiere terreufe. Lorfqu�on n�a employ� anbsp;cette d�compofition que Ie degr� de chaleur con-venable , cette gelee peut fe ralTembler; elle fenbsp;coagule a mefure qu�elle fe refroidit, amp; peut fairenbsp;du bouillon nourriflant, qui feroit m�me tout aufl�nbsp;bon que Ie bouillon ordinaire, s�il n�avoit pas unnbsp;peu de go�t empyreumatique. On peut faire ab-fohnnent deflT�cher ces tablettes de gel�e , Sc ellesnbsp;fe confervent tr�s-bien, pourvu qu�ellea foient a
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I�abrl de 1�humidit�. Elies peuvent fuppl�er au igt;ouiilon de viande , amp;c.
On peut concevoir par-la combien cette machine prefente d�utilite aux arts, a I�economie, a la navigation.
On pourroit, de ces os rejetes comme inutiles, tirer pour les pauvres une fubfiftance dans lesnbsp;�femps de difette, ou quelques onces de pain,nbsp;3vec le bouillon provenant de ^es tablettes, leurnbsp;feroient un aliment fain amp; plein de fubftance.
Les marins pourroient emporter avec eux , dans de longues navigations , de pareilles tablettes ren-fermees dans des jarres fcellees hermetiquement ;nbsp;elles couteroient infinlment moins que des tablettes de viande, puifque la matiere dont cesnbsp;premieres feroient retirees n�a aucune valeur.nbsp;Les matelots qui ne vivent habituellement quenbsp;de viande falee, feroient moins expofes au fcor-but. On pourroit tout au moins referver ces tablettes pour les temps de difette de viande fraichenbsp;Ou d�aliments quelconques, ce qui arrive fi fou-Vent a la mer. Quel avantage de pouvoir tenirnbsp;raffemblee dans un petit volume la partie nour-riffante de dix boeufs! car , puifqu�une livre denbsp;boeuf contient au plus une once de matiere gela-dneufe reduite aficcite. II fuit que i 500 pefant denbsp;Cette viande, ce qui eft tout au plus le poids d�unnbsp;boeuf, n�en donneroient que 94 livres , qui pour-^oient facilement tenir dans une jarre de gr�s.
Dans les arts enfin , combien d�utilite a retirer d�une machine ou les matieres les plus dures,nbsp;Comme 1�ivoire , la come , les os, les bois, fontnbsp;amollies, amp; rendues fufceptibles d��tre moul�es,nbsp;amp; de garder la forme qu�on leur aura donnee 1
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Pourquoi dans Vhivcr^ lorfque Ie temps fe radoucit tout-d-coup , Vair int�rieur des maifons continue ^nbsp;m�me pendant plujieurs jours , a �tre plus froidnbsp;que Vext�rieur ?
C E T T E queftion ne fera pas fort embarraffante pour ceux a qui les ph�nomenes de la communication de la chaleur font connus. Ils fqavent ennbsp;effet que plus un corps eft rare, moins il faut denbsp;temps pour l��chaufFer ou Ie refroidir; qu�au contraire , plus il ell denfe, plus il retient, pour ainlinbsp;dire , avec opiniatret� la chaleur qu il a une foisnbsp;reque.
D�apr�s cela on fent aif�ment que , quand Ie froid a r�gn� pendant quelque temps , tous lesnbsp;corps qui compofent nos maifons fe font refroidisnbsp;au m�me degr� que Pair ext�rieur. Mais lorfquenbsp;eet air ext�rieur, par quelque caufe particuliere ,nbsp;devient tout-k-coup plus chaud, ces m�mes corpsnbsp;ne prennent pas tout de fuite la m�me temperature ; ils ne perdent que peu a peu celle qu�ilsnbsp;avoient reque ; amp; pendant tout ce temps Pair int�rieur, qui en eft environn� de toutes parts, con-ferve Ie m�me degr� de froid.
Les maifons baties bien folidement, c�eft-a-dire de bonnes amp; fortes pierres de taille , qui ont des murs fort �pais , doivent par cette raifon con-ferver beaucoup plus long-temps Ie froid qu�ellesnbsp;�nt une fois requ de Pair ext�rieur ; amp; parnbsp;cette m�me raifon, Pair y reftera pendant plusnbsp;iong-temps dans une temp�rature inf�rieure a cellenbsp;de Pext�rieur, que dans une maifon plus leg�re-ment batie; par la m�me raifon enfin, il y fier�
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auflv moms froid dans le commencement de 1�hi-ver, que dans une maifon moins folide,
-De quelquts fifties naturels auxquels on peut pre-voir le changement de la temperature aciuelle de Fair.
Cette partle de la phyfique eft, nous 1�a-Vouons, encore fort pen avanc�e. Nous ne con-noiflbns perfonne qui ait fait une fuite fuffifante d�obfervations , pour montrer la liaifon des chan-gements de la temp�rature de 1�air avec les diversnbsp;fignes phyfiques qu�on en repute ordinairementnbsp;comme les avant-coureurs. Je comptois trouvernbsp;fur ce fujet beaucoup de chofes dans le Trait� dznbsp;M�t�orologie du P. Cotte ; mais cet ouvrage , ex-tr�mement utile a d�autres �gards, ne touche pas unnbsp;feul mot de cette matiere 1. Nous nous borneronsnbsp;done ici a rapporter quelques-uns des fignes qu�onnbsp;donne commun�ment comme annonces du beaunbsp;Ou du mauvais temps. Les void. Nous ne les ga-lantilTons point fans exception.
I. Lorfqu�en hlver on voit le matin fur la terre une grofle rofi�e blanche, il ne manque guere denbsp;pleuvoir le fecond ou troifieme jour au plus tard.
a. On a auffi reinarque qu�il pleut ordinaire-Juent le jour ou le foleil parott rouge ou pale , ou hien le lendemain , quand le foleil fe couche en-
Note du Cenfeur. II y a Touvrage de M. Toaldo, qui probablement ce que I�auteur a vainement cher-c e dans celui du P. Cotte; mais ie ne le connois pasnbsp;tnoi-meme affez pour ralTurer.
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velopp� d�utl gros nuage ; amp; alors , s�il pleut d�a-bord , il fait Ie lendemain beaucoup de vent. Cela arrive aufli prefque toujours, lorfque Ie foleil ennbsp;fe couchaiit paroit pale.
3. nbsp;nbsp;nbsp;Lorfque Ie foleil eft rouge a fon couchant,nbsp;c�eft ordinairement un figne de beau temps pournbsp;Ie lendemain; amp; au contraire, s�il eft rouge en fenbsp;levant, il y a ordinairement Ie lendemain pluienbsp;OU grand vent.
4. nbsp;nbsp;nbsp;Lorfque Ie foleil �tant couch�, ou peu avantnbsp;qu�il fe leve, on voit s��lever fur les eaux amp;c lesnbsp;endroits humides une vapeur blanche, on peutnbsp;conje�lurer avec vraifemblance que Ie jour fuivantnbsp;fera beau.
5. nbsp;nbsp;nbsp;La lune donne des marques d�une pluie future lorfqu�elle eft pale, de vent quand elle eftnbsp;rouge , amp; de beau temps lorfqu�elle eft claire Scnbsp;argentine; felon ce vers latin :
Pallida lunapluit, rubicundajlaty alba fertnat,
6. nbsp;nbsp;nbsp;On a des marques en �t� d�une temp�te future , quand on voit dans Ie ciel de petites nu�esnbsp;noires, d�tach�es amp; plus bafles que les autres,nbsp;errer qa amp; la; ou bien lorfqu�au lever du foleilnbsp;on voit plufieurs nuages s�affembler a 1�occident.nbsp;Si au contraire ces nuages fe diffipent, e�eft unenbsp;marque de beau temps. Enfin, quand Ie foleil paroit double OU triple au travers des nuages, ilnbsp;pronoftique une temp�te de longue dur�e. On anbsp;encore des marques d�une grande temp�te, quandnbsp;on voit autour de la lune deux ou trois cerclosnbsp;interrompus amp; tachet�s.
7. nbsp;nbsp;nbsp;Quand on voit une iris, ou plut�t un halo**
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�utour de la lune , c�eft un figne qu�il y aura de *3 pluie ; amp; lorfque , dans un air ferein amp; clair,nbsp;On voit un halon autour du foleil, c�eft encorenbsp;nn figne de pluie ; mais e�en eft un de beaunbsp;^snips, quand ce halon paroit en temps de pluie.
8. nbsp;nbsp;nbsp;Lorfque le temps eft extraordinairement tran-quille amp; pefant, que les animaux donnent desnbsp;^gnes d�effroi, on peut prefque aflurement comp-
fur une grande tempete, Le barometre defeend ^ans ce cas tout-a-coup , amp; extraordinairementnbsp;oas,
9. nbsp;nbsp;nbsp;On a plufieurs autres fignes d�une pluie peunbsp;oloignee , dans les aflions de quelques animaux ,nbsp;f9avoir:
Quand on a coutume de voir les oifeaux plus occupes que de coutume a chercher dans leurs plu-nies les petits infeftes qui les moleftent;
Lorfque ceux qui ont coutume de fe tenir fur
branches des arbres fuient dans leurs nids ;
Lorfque les foulques Sc les autres oifeaux d�eau, ftir-tout les oles , criaillent plus qu�a I�ordinaire
Lorfque les hirondelles rafent en volant la fur-face de la terre;
Quand les pigeons retournent dans leur colom-bier avant I�heure accoutumee ;
Quand certains poiflbns, comme les marfouins, ^iennent fe )ouer a la furface de 1�eau ;
Lorfque les abeilles ne quittent pas leurs ruches, on s�en �loignent peu;
Quand les moutons fautent extraordinaire-ment, St fg ijattent les uns les autres avec leurs t�tes;
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Lorfque les anes fecouent les oreilles, ou qu�ils font extraordinairement piqu�s de mouches ;
Quand les mouches amp; les puces piquent plus Vivement 6c plus opiniatr�ment qu�a l�ordinaire ;
Lorfqu�il fort de la terre une grande quantit� de vers ;
Quand les grenouilles croalTent plus qu�a l�or-dinaire ;
Lorfque les chats fe frottent la t�te avec les pattes de devant, amp;c qu�ils fe nettoient Ie refte dunbsp;corps avec la langue;
Lorfque les renards 8c les loups heurlent forte-ment;
Quand les fourmis quittent leur travail, 8c fe vont cachet dans la terre ;
Lorfque les boeufs li�s enfemble levent la t�te en haut, Sc fe lechent Ie mufeau ;
Lorfque Ie coq chante avant fon heureaccou-tuin�e ;
Quand !es poules alTembl�es fe preffent dans la pouffiere;
Lorfqu�on entend crier les crapauds en des lieux �lev�s.
10. On peut prefque aflurer que Ia pluie ne fera pas de longue dur�e , quand, malgr� la pluie, onnbsp;apperqoit quelque petit efpace du ciel bleu : c�eftnbsp;un figne fort connu des chalTeurs.
� I. Les tr�s-grandes tewp�tes , fur-tout lorf-qu�elles font accompagn�es de tremblements de terre, font toujours pr�c�d�es d�un cahne extraordinaire de l�air , ma�s de ce calme effrayant, quinbsp;ferable �trQ Ie fdence de la nature pr�te a entrer en
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^^onvulfion, Les animaux, plus fenfibles que nous ^ ces indications naturelles, en font �pouvant�s ,nbsp;Sc fe hatent de regagner leur gite. Quelquefois onnbsp;entend un bruit fouterrain amp; fourd. Quand tousnbsp;ces lignes font r�unis, hatez-vous de fuir de vosnbsp;tnaifons, habitants des pays malheureux fujets �nbsp;ces fi�aux d�folants, fi vous ne voulez courir Ienbsp;rifque d�etre �craf�s fous les debris de vos foyers.
Nous �pargnerons , au refte , a nos lefteurs la piolixe defcription que Ie bon M. Ozanam, ounbsp;fon continuateur, fait ici d�une de ces temp�tes ,nbsp;^ui d�lbla Ie royaume de Naples, du temps denbsp;fameufe reine Jeanne ; des procefllons amp;t desnbsp;Cris du peuple conftern� ; Sec. M. Ozanam avoitnbsp;apparemment befoin de quelques pages faciles anbsp;Compiler, pour remplir fa tache journaliere,
12. Un navigateur Anglois dit avoir obferv� ^ue quand il y a eu une aurore boreale, on nenbsp;^�uque pas d�avoir, deux ou trois jours apr�s , unnbsp;'^oup de vent de fud-oueft. C�eft un avis qu�ilnbsp;donne aux navigateurs qui font pr�ts a entrer dansnbsp;Manche , afin qu�ils fe pr�cautionnent.nbsp;Tranfafl;. Philof., Tom� LXV, p. i.
PROBL�ME LIV.
La Fiole des Elements.
,Q.oelques philofophes ont voulu donner une id�e de 1�arrangement invariable amp; n�celTaire desnbsp;quatre elements, par Ie petit inftrument que nousnbsp;^llons d�crire.
Prenez du verre oude r�mall nolr, ou autre Corps vitreux pulv�rif�, pour repr�fenter la terre.nbsp;Ij eau fera repr�fent�e par i�alkali fixe de tartre
-ocr page 200-191 R�cr�at, Math�mat. et Phys. tomb� en ddiquium , autrement appel� huik dinbsp;tartre.
On repr�fentera 1�air par de Tefprit-de-vin l�g�-rement teint en bleu, au moyen du tournefol.
Enfin l�on repr�fentera Ie feu au moyen de I�huile de p�trole tr�s-reftifi�e, qu�on teindra d�unenbsp;l�gere couleur rouge avec Ie bols de Br�fil.
Ayant pr�par� ces quatre matieres, remplilTez-en a peu pr�s les quatre cinquiemes d�une fi�le de verre beaucoup plus longue que large , en ayantnbsp;1�attention d�en mettre a peu pr�s autant de cha-cune, bouchez la fiole herm�tiquement. Lorf-que vous la fecouerez, tout fe confondra ; ma�snbsp;en la laiffant repofer, ces quatre matieres fe f�pa-reront: Ie verre ou �mail pulv�rif� ira au fond ,nbsp;au deflus de lui fe placera l�alkali fixe ou huile denbsp;tartre , viendra enfuite I�efprk-de-vin , amp; enfinnbsp;riiuile de p�trole, fuivant l�ordre de leurs gravit�snbsp;fp�cifiques.
Remarque,
II eft aif� de voir que les philofophes auteurs de cette pr�tendue repr�fentation des �l�ments,nbsp;�toient d�aflez pauvres philofophes ; car, quoiqu�ilnbsp;foit vrai qu�en g�n�ral la terre foit plus pefantenbsp;que 1�eau , celle-ci plus que 1�air, ce dernier plusnbsp;que Ie feu, il eft tr�s-faux que Ie feu occupe lanbsp;partie fup�rieure : il regne certainement dans lesnbsp;efpaces c�leftes un froid tr�s-rigoureux. D�ailleursnbsp;tous les �l�ments font ordinairement tr�s-m�lan-g�s enfemble , puifque la pierre la plus dure con-tient un tiers d�eau , amp; un grand nombre de foisnbsp;{on volume d�air, amp;� plus ou moins de feu, felonnbsp;fa temperature.
PROBL�ME LV.
S�parer deux liqueurs m�langies enfemhle,
Cette operation n�eft qu�une application de propri�t� des tubes capillaires , amp; de cettenbsp;^oi cle la nature par laquelle des flu�des homoge-, qui font a proximit�, fe r�unifl�nt. C�efl: cenbsp;qu�on remarque dans deux gouttes de mercure ,nbsp;Ou d�eau , ou d�huile , qui viennent a fe toucher.
eft m�me probable qu�avant Ie contaft elles s�allongent amp; s�approchent mutuellement 1�une denbsp;1�autre.
Impr�-
Quoi qu�il en foit, veut-On f�parer , parexem-ple, Teau de l�huile avec laquelle elle eft m�lan-g�e, on prend une languette de drap ou d��ponge, ^u�on imbibe bien avec de l�eau ; on la place en-fuite trempant par un bout dans Ie vafe ou fontnbsp;liqueurs a f�parer: il faut que l�autre bout ,nbsp;P^ftant au deflfus du bord du vafe , tombe beau-ooup plus bas que la furface de la liqueur : onnbsp;''^Srra blent�t ce bout d�goutter , amp; ii attirera ainftnbsp;^ f�parera toute l�eau m�lang�e avec l�huile.
Si on e�t voulu tirer l�huile , il e�t fallu lm gner Ie filtre de cette liqueur,
Mais on fe tromperoit, ft l�on imaginoit f�parer ^Inft du vin d�avec l�eau , de Tefprit-de-vin d�avecnbsp;m�me liqueur : 11 faut, pour que 1�op�ratlonnbsp;^^uflifte, que les deux liqueurs foient a peu pr�snbsp;tmmifcibles 1�une avec l�autre, finon elles palTentnbsp;toutes deux a-la-fois. On ne doit done nul-lement compter fur ce moyen pour f�parer l�eannbsp;d�avec Ie vin , quoiqu�on donne ce proc�d�nbsp;dans les �ditions pr�c�dentes des Recreations Ma~nbsp;thema�ques lt;5* Phyjiques, avec plufieurs autresnbsp;Tome IV,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;N
194 Rict�AT. Math�mat. et Phys, tr�s-pu�riles. A la v�rit� la partie colorante cl�nbsp;vin paroit refter en arriere, parcequ�elle eft moinsnbsp;atc�nu�e que Ie flegma amp; l�efprit; mais dans Ienbsp;fond ces deux liqueurs , dans lefquelles confiftentnbsp;eflentiellement Ie vin, ne font pas f�par�es Tunenbsp;de l�autre,
PROBL�ME LVI.
Quelle ejl la caufe de Vebullition de l'eau ?
Qv oique cette queftion paroifle d�abord peu int�reffante, elle ne laiffe pas de m�riter d��trenbsp;difcut�e ; car on fe tromperoit fi Ton penfoit quenbsp;ce foulevement qu�on obferve dans l�eau bouil-lante, foit une fuite n�ceflfaire de la chaleurnbsp;qu�elle a reque. L�exp�rience fuivante prouve Ienbsp;contraire.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^
Plongez avec les precautions n�ceflaires un vafe, une bouteille pleine d�eau , par exemple,nbsp;dans de l�eau qui bout a gros bouillons dans unnbsp;chaudron; cette eau ne tardera pas a prendre unnbsp;degr� de chaleur abfolument �gal a celui de l�eaunbsp;qui bouillonne : un thermometre Ie d�montrera;nbsp;cependant on n�y appercevra pas Ie moindre bouil'nbsp;lonnement.
Quelle eft done la caufe de celui qu�on obferve dans l�eau qui reqoit imm�diatement l�a�lion dunbsp;feu ?
Nous penfons que ce bouillonnement eft l�eftet des portions de l�eau qui touchent les parois dunbsp;vafe , tout-a-coup chang�es en vapeurs par I0nbsp;contaft de ces parois; car lorfqu�un vafe repofenbsp;fur des charbons ardents, fon fond tend a re-cevoir un degr� de chaleur beaucoup fup�rieu�
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3 celui qui eft neceflaire pour qu�une goutte d�eau tombant deflus^foit fur le champ convertle eti va-peurs. La pellicule d�eau qui touche ce fond doitnbsp;done continuellement fe changer en vapeurs, Scnbsp;s�y change en efFet; car on voir fans cefle s�elevernbsp;du fond, des huiles d�un fluide elaftique, amp; cenbsp;font ces bulles qui, portees d�un mouvement ac-c�l�r� a la furface, a caufe de leur l�g�ret� , ynbsp;occafionnent ce foulevement qui conftitue le bouil-lonneinent.
Mais la matiere d�un vafe plonge dans ce liquide , ne pent prendre un degr� de chaleur plus grand que celui de I�eau bouillante , puifque, quel-que fort que foit ce bouillonnement, I�eau n�ennbsp;contra�le pas un plus grand degre de chaleur,nbsp;D�un autre cote , un metal �chauff� au degr� feu-lement de I�eau bouillante , ne convertit point ennbsp;''^apeurs I�eau qui le touche; ainfi cede qui eftnbsp;contenue dans le vafe int�rieur, quoique devenuenbsp;^ufll chaude , ne peut bouillonner. Telle eft I�ex-plication des deux phenomenes ; amp; leur liaifonnbsp;n�celTaire entr�eux , ainfi qu�avec la caufe afli-gn�e, prouve la v�rit� de cette caufe,
L�efprit-de-vin fe convertiffant en vapeurs a un degr�, de chaleur beaucoup moindre que I�eau ,nbsp;On fait tr�s-bien bouillir cette premiere liqueurnbsp;dans un vafe plong� dans la derniere , lorfquenbsp;celle-ci eft parvenue au bouillonnement. Ceftnbsp;encore une fuite de 1�explication que nous avonsnbsp;�^onnee, amp; qui la confirme.
-ocr page 204-196 R�cr�at. Math�mat, et Phys. PROBL�ME LVII.
Qudle eji caufe pour laqudlc U fond d'un vafi
contenant de l'eau bouillante a gros bouillons, ejl d peine chaud?
AvANt que de rechercher cette caufe, j�ai cru devoir commencer par m�affurer du fait, denbsp;crainte de donner dans Ie ridicule de ceux quinbsp;expliquerent fi ing�nieufement Ie ph�nomene denbsp;la dent d�or de l�enfant de Sil�fie ; ph�nomene quinbsp;n��toit cependant qu�une fupercherie, ainfi quenbsp;celui arriv� au marquis de Vardes , que R�gis ex-pliqua aul�i avec beaucoup de fagacit�, amp; quinbsp;n��toit qu�un tour domeftique; comme tant d�au-tres enfin , qu�il faudroit commencer par av�rernbsp;avant de tenter de les expliquer. J�ai done faitnbsp;bouillir de l�eau dans un vafe de fer amp; a tr�s-gr�snbsp;bouillons, amp; ayant touch� Ie fond pendant que Ienbsp;bouillonnement continuoit, j�ai vu qu�en effet ilnbsp;n�avoit qu�une chaleur tr�s-m�diocre: elle ne com-jnenqoit a �tre br�lante qu�au moment o� l��bul-lition ceffoit.
Nous croyons que eet effet eft produit de la maniere fuivante. Nous avons fait voir plus haut,nbsp;que la caufe de l��bullition eft la converfion con-tinuelle en vapeurs de la pellicule d�eau qui touchenbsp;Ie fond du vafe. Cette converfion en vapeurs nenbsp;peut fe faire fans que Ie fond perde continuelle-ment la chaleur qui lui arrive par Ie conta�l desnbsp;charbons ou du feu. Or, dans l�intervalle que 1�onnbsp;met a retirer du feu Ie vafe bouillonnant 8c a Ienbsp;toucher, comme il ne lui arrive point de nouveaunbsp;fluide ign�, amp;c que n�anmoins Ie bouillonnementnbsp;continue , il eft probable que Ie reftant de ce
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flu�de eft abforb� par I�eau qui touche le fond, Sc qui fe convertit en vapeurs.
Sans donner cette explication comme abfolu-Went demonftrative , je fuis tr�s-port� a penfer que les chofes fe paffent ainfi ; Sc ce qui me donnenbsp;Cette confiance , c�eft que pendant que le fondnbsp;flu vafe dont provient le bouillonnement eft tr�s-peu chaud, les parois ont abfolument la chaleurnbsp;fle I�eau bouillante : on fe bruleroit en y tenant lenbsp;floigt auffi long-temps qu�on peut le tenir fur lenbsp;fond. Mais le bouillonnement n�a pas plutot cefle,nbsp;que ce fond reqoit lui-meme partie de la chaleurnbsp;fle I�eau, 8c alors on ne peut plus le toucher fansnbsp;fe bruler.
Remarque.
C�est apparemment a une caufe femblable que tient la folution du petit probleme fuivant.
faire fondre du plomb dans une feuille de papier..
On prend pour cet effet une balie de plomb bien liffe ; on enveloppe cette balie avec du papier , en ayant bien foin qu�il ne faffe aucunenbsp;ride , 8c qu�il foit bien applique a la furface de lanbsp;balie ; on la met fur la flamme d�une bougie,nbsp;3infi enveloppee : le papier ne fe brule point,nbsp;^ la balie fe liquefie. H eft vrai que le plomb,nbsp;fois fondu, ne tarde pas a percer le papiernbsp;amp; a s��couler.
Nhj
-ocr page 206-Mefurer Vhwniditc amp; la f�cherejfe de l'air: Id�� des principaux Hygrometres imagines pour eetnbsp;ohjet; leurs difauts: Conjiruclion d^un Hygro-rnetre comparable.
L�AIR eft non-feulement pefant, il eft non-feu-lement fufceptible de contrader plus ou moins de chaleur, mais il l�eft encore d��tre plus ou moinsnbsp;humide. Ainfi il entre dans l�objet de la phyfiquenbsp;de mefurer ce degr� d�humidit�, d�autant plusnbsp;que cette qualit� de l�air influe beaucoup fur Ienbsp;corps humain , fur la vegetation , amp; fur un grandnbsp;nombre d�autres eflfets de la nature. C�eft ce qui anbsp;donn� lieu a l�invention de l�hygrometre , ou inf-truinent propre a mefurer 1�huinidit� de l�air.
Mais, il faut en convenir, on n�a pas encore imagine des inftruments qui rempliflent a eet �gardnbsp;tout ce que Pon eft fond� a defirer. On a, a lanbsp;v�rit�, des hygrometres qui marc^uent que l�air eftnbsp;plus ou moins humide qu�il ne 1��toit un peu au-paravant, mais ils ne font pas comparables ; c�eft-a-dire qu�on ne peut point, par leur moyen, comparer riiumidit� d�un jour ou d�un lieu a cellenbsp;d�un autre 1. II eft cependant a propos de fairenbsp;connoitre ces diff�rents hygrometres, ne f�t-cenbsp;que pour les appr�cier.
I, Comme Ie bois de fapin eft extr�memeiit fufceptible de participer a la f�chereffe amp; a 1�hu-
Note du Cenfeur. Cela n�eft pas enti�rement exaift1 M. de Luc donne dans les TranfaBons Philofophiques, lanbsp;conftruftion d�un hygrometre qui approche fort de ce qu�nbsp;1�on peut defirer a eet �gard, On 1�a ajout�e a eet article1
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�'lidit� de 1�air , on en a pris 1�id�e d�appliquer Cette propri�t� a la conftruftion d�un hygrometre.nbsp;Pour eet effet on place entre deux coulilTes immo-biles amp; verticales , une petite ptanche de fapinnbsp;fort mince, amp; en travers, c�eft-a-dire enforte quenbsp;Ie fens des fibres foit horizontal; car c�eft dansnbsp;^e fens lateral amp; tranfverfal a fes fibres, que Ienbsp;Papin amp; les autres bois reqoivent leur extenfionnbsp;par l�humidit�. Le bord fup�rieur de la planchettenbsp;doit porter un petit rateau qui engr�nera dans unnbsp;pignon, ce pignon dans une roue, Sc celle-cinbsp;avec un autre pignon , dont 1�axe portera unenbsp;aiguille. II eft aif� de fentir que , par ce moyen ,nbsp;le moindre mouvement que le bord fup�rieur denbsp;la planche imprimera au rateau, en s��levant ounbsp;s�abaiflant, fe manifeftera par un mouvement tr�s-Penfible de Taiguille ; conf�quemment, ft le mou-�'^ement de cette aiguille eft combine de manierenbsp;que de 1�extr�me f�cberefle a Textr�me humidit�nbsp;clle faflTe un tour complet, les divifions de cenbsp;cercle ferviront a marquer combien 1��tat aftuelnbsp;de 1�air eft �loign� de 1�un ou de 1�autre de cesnbsp;extr�mes.
Cette invention eft aftez ing�nieufe , mals elle n�eft pas fuffifante. Le bois retient l�humidit� encore long-temps apr�s que 1�air a perdu la fienne:nbsp;d�ailieurs cette planche devient peu-a-peu moinsnbsp;Penfible a rimpreffion de 1�air , amp; ne produit pluynbsp;Pon effet.
II. On fait auffi un hygrometre avec la barbe d�un �pi d�avoine fauvage. On la plante au milieu'.nbsp;d�une boite ronde, fur le fommet d�une petitenbsp;colonne plac�e au centre de cette bofte ; 1�autrenbsp;extr�mit� de la barbe doit paffer par le centre d'unbsp;couvercle de cette botte, dont la circonf�rence:
N \v
100 RitfR�AT. MATH�MAT.quot; ET PHYS. fera divif�e en parties �gales; on garnit enfin cett�nbsp;extr�mit� de la barbe d�avoine, d�une petite aiguille de papier fort l�gere. II eft n�ceflaire , pournbsp;donner acc�s a l�air, que Ie contour de la bottenbsp;foit d�coup� a jour.
Lorfqu�on expofe eet inftrument a un air plus fee OU plus humide, la petite aiguille tourne dansnbsp;un fens ou dans l�oppof�.
Mais ce petit hygrometre, qui eft fort fenfible dans Ie commencement, perd peu-a-peu fa fenli-bilit� ; ainfi c�eft un inftrument fort imparfait, denbsp;m�me que Ie fuivant.
in. Sufpendez par fon centre de gravit� un petit plateau circulaire a une corde aftfez fine, oua unenbsp;corde de boyaux , Sc que 1�autre extr�mit� denbsp;cette corde foit attach�e a un crochet : fuivantnbsp;que l�air fera plus ou moins humide , vous verreznbsp;Ie petit plateau tourner dans un fens ou dans uhnbsp;autre. On peut couvrir ce petit m�canifme d�unenbsp;cloche de verre, pour emp�cher Ie d�rangementnbsp;qu�occafionneroit l�agitation de l�air ; mais il fautnbsp;que la cloche foit �lev�e au defliis de la bafe ,nbsp;pour que l�air ait acc�s fur la corde.
C�eft-la Ie principe de ces hygrometres que Ton d�bite commun�ment, Sc qui font form�s d�unenbsp;boite dont la face pr�fente 1�apparence d�un bati-ment a deux portes. Sur Ie plateau tournant fontnbsp;plac�es, d�un c�t� une petite figure avecunpara-pluie, Sc de l�autre une femme avec fon �ventail,nbsp;dans 1�attitude de fe garantir du foleil. Suivantnbsp;que 1�une ou l�autre de ces figures fe pr�fente , onnbsp;juge que Ie temps eft humide ou difpof� a la pluie,nbsp;OU au contraire.
IV. Si une corde de boyaux eft attach�e par une de fes extr�mit�s j contre une planchette ds
-ocr page 209-^Uelque matiere q�i n�en �prouve aucun eflFet;
^Ue de-la elle faffe plufieurs tours amp; retours fur des poulies, comme B, C,D, E, F, G, amp;c;PI.4�nbsp;tju�enfin fon extr�mit� H porte un poids: il eft ^7*nbsp;3if� de voir qu�il devra monter ou baiffer d�autantnbsp;P^us fenfibleinent par I�humidite amp; la f�chereffe ,
Ie nombre de ces tours amp;c retours Tera plus confid�rable. Ma�s on rendra cela encore plusnbsp;^enlible en attachant au bout H de la corde l�ex-^'��mit� d�une aiguille HK , tournante fur Ie centre I, mais dont la branche IK foit beaucoup plusnbsp;Si'ande que IH : Ie plus l�ger changement dansnbsp;^�humidit� de l�air fe manifeftera par Ie mouvement de la pointe K de 1�aiguille.
V, nbsp;nbsp;nbsp;On pourroit tendre une corde de cinq ou fixnbsp;pieds de long , entre les arr�ts A amp; B , fufpendrenbsp;� fon milieu C un poids P par un filet PC , lequelnbsp;^^toit attach� a 1�extr�mit� D d�une aiguille tour- Fig� aS.nbsp;nante autour du point E, amp; ayant la branche EFnbsp;Plufieurs fois plus longue que ED. L�humidit�nbsp;mccourcifiant la corde ACB, amp; la f�chereffe
^ allongeant , Ie poids P fera foulev� , ainfi que Ie point D; ce qui fera parcourir a la pointe denbsp;1�aiguille l�arc GH. Les divifions indiqueront Ienbsp;degr� de l�humidit� ou de la f�cherefie.
VI. nbsp;nbsp;nbsp;Mettez dans Ie baflin d�une balance un felnbsp;'lm attire l�humidit� de l�air , amp; dans l�autre unnbsp;Poids cjui faffe exa�lement �quilibre : Ie baffin o�nbsp;oft Ie fel baiffera dans un temps humide, amp; mar-tjuera cette difpofition de l�air. II feroit facile d�ynbsp;adapter un index, comme aux hygrometres precedents.
Mats eet inllrument efl; Ie plus mauvais de tous ;
lot R�CRiAT.' Math�mat. et Phys. perd que tr�s-lentement, quand Tair eft devenifnbsp;fee. L�alkaU fixe du tartre continue m�me des�ennbsp;charger, jufqu�a ce qu�il foit tomb� en ddiquiumnbsp;OU r�fout en liqueur.
VII. nbsp;nbsp;nbsp;La mufique peut fervir a reconnoitre Ianbsp;f�chereffe ou l�humidit� de I�air. Une flute eft plusnbsp;haute en temps fee qu�en temps humide. Si donenbsp;Fon tend une corde de boyaux entre deux arretsnbsp;amp; qu�on la metre en vibration, elle rendra utinbsp;ton a runiflbn duquel on mettra un tonometre.nbsp;Si I� temps devient plus humide, la corde donneranbsp;un fon plus bas ; ce fera le contraire ft Fair devientnbsp;plus fee.
VIII. nbsp;nbsp;nbsp;M. de Luc , citoyen de Geneve, auquelnbsp;nous avons I�obligation d�un excellent ouvragenbsp;fur les thermometres amp; barometres, a tent� denbsp;faire un hygrometre comparable , amp; a donne furnbsp;cet objet un Memoire dans les TranfaB. Philof.nbsp;Tome LXI, pour Fann�e 1771. Voici, d�apresnbsp;ce Memoire, la defeription de fon hygrometre^
II eft fort relTemblant au thermometre. La premiere amp; principale piece eft un r�fervoir cylin-drique d�ivoire, de 2 pouces amp; demi environ damp; hauteur, dont la cavite cylindrique eft de 2 lignesnbsp;amp; demie de diametre, amp; I�epailTeur de ou denbsp;ligne. Cette piece d�ivoire doit �tre prife vers lenbsp;milieu de Fepaifleur d�une dent d��l�phant, entrenbsp;le centre amp;c la furface , ainfi que vers le milieu denbsp;la longueur; amp; il eft eflenliel que la cavit� fobnbsp;percee dans le fens parallele a la diredlion desnbsp;pj fibres. On voit la repr�fentation de cette piecenbsp;�nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;20^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fis- 7 ri.� ^ elle eft d�fign�e par les
an'* 1. lettres A B C.
La feconde piece eft un tuyau de culvre , tf3' (Vaill� au tour, qui d�un cote eft propre as�emboii^
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pr�clflon dans le cylindre d�ivoire gt; Sc de ^'autre a recevoir dans fa cavite cylindrique unnbsp;^ube de verre, d�un quart de ligne environ de dia-�ietre int�rieur. On en voit la reprefentation dans
2.^ , n� 1. nbsp;nbsp;nbsp;n� 2,
L�on adapte folidement enfemble ces trois pieces , en faifant entrer dans le cylindre d�ivoire le ^out du tuyau de cuivre qui doit le reinplir, avecnbsp;de la colle de poiffon entre deux. Pour mieuxnbsp;3ttacher ces parties enfemble , on ferre le collet dunbsp;cylindre d�ivoire avec une virole de cuivre quinbsp;doit 1�embraffer avec force.
On place aufli dans la cavit� cylindrique du ��idme tuyau , un tube de verre de 30 pouces en-'�iron de longueur, amp; du calibre ext�rieur quinbsp;convient a cette cavit�. La fig. 25, n� 3 , repr�- Fig. 25�nbsp;^ente I�affemblage de ces trois pieces amp; I�inftru- 3*nbsp;*^ent conftruit.
On le remplit enfuite de mercure , de maniere qtfil y en ait jufques vers le milieu de la hauteurnbsp;du tube de verre. On plonge enfin le refervoirnbsp;d�ivoire dans de 1�eau pr�te a fe glacer , 6c qu on anbsp;foin d�entretenir dans cette ternp�rature pendantnbsp;plufieurs heures; car il en faut 10 ou 12 pour quenbsp;1�ivoire ait pris toute I�humidite qu�elle pouvoitnbsp;^bforber. Auffi-tot que ce r�fervoir eft plongenbsp;dans 1�eau , on voit le mercure defcendre d�abordnbsp;h�s-vite , enfuite plus lentement, jufqu�a ce qu�ilnbsp;refte enfin ftationnaire vers le bas du tube. On anbsp;de marquer cet endroit, qui doit �tre denbsp;quelques pouces au deftus de I�infertion du tubenbsp;de verre dans le tuyau de cuivre , Sc on lenbsp;��larque o; ce qui fignifie z�ro de f�chereffe, ounbsp;plus grande humldit�. Nous difons que ce pointnbsp;Cioit etre quelques pouces plus haut que le tuyaw
-ocr page 212-de cuivre, car on remarque que fi on fait chauffer l�eau , amp; qu�on y plonge 1�inftrument, Ie mercurenbsp;defcend encore plus bas ; amp; c�eft pour y marquernbsp;ces divifions qu�on laiffe eet intervalle au delTousnbsp;de z�ro.
Je n�entends pas trop bien , je l�avoue , Ia ma-niere dont M. de Luc s�y prend pour rendre fon inftrument comparable : il refte , je crois, encorenbsp;ici quelque chofe a faire pour lui affurer cette pro-pri�t� ; mais ce feroit une difeuffion un peu longue ; ainfi je renvoie au M�moire original qu�onnbsp;lit dans !e Journal de Phyjique de M. 1�abb� Ro-zier, de l�ann�e 1775. II nous fufRra de dire icinbsp;que eet hygrometre eft fort fenfible ; qu�a peinenbsp;eft-il plac� dans un air plus 011 moins humide,nbsp;qu�il donne des fignes de cette fenfibilit� par 1�af-cenfion ou la chute du mercure : mais iV exige amp;nbsp;exigera toujours d�etre accompagn� d�iin thermo-jnetre ; car Ie m�me degr� d�humidit� I�affeftenbsp;davantage en temps chaud qu�en temps froid :nbsp;d�ailleurs Ie mercure y monte ou defcend, ind�-pendamment de toute humidit�, par Ie fimplenbsp;effet de la chaleur. Ainfi eet inftrument exige unenbsp;double corre�lion ; la premiere, pour tenir comptenbsp;de la dilatation que Ie mercure reqoit par la cha-leur, correftion qui fera fouftra�tive toutes les foi*nbsp;que cette chaleur exc�dera Ie terme de la glace ;nbsp;la feconde , pour r�duire 1�effet de l�humidit'^nbsp;obferv�e, a ce qu�il auroit �t� fi la temperaturenbsp;avoit �t� a la glace.
On fent aif�ment combien il feroit avantagen^ pour la perfeftion de eet hygrometre , de trouv^^nbsp;un degr� de f�cherefie ou de moindre huinidif'^nbsp;fixe amp; determinable en tout pays , pour fervir d�nbsp;fecond terme fixe, comme I�eau r�duite a la te*o^
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Pcrature de la glace fondante en eft un , Aja-�voir celui de la plus grande humidite: cela fiinpH-fieroit beaucoup la graduation de 1�inftrument, qui We paroit compliquee Sc incertaine, fuivant lanbsp;m�thode de M. de Luc. Mais'en voila affez furnbsp;Cette matiere, que la nature de cet ouvrage nenbsp;iious permet que d�effleurer.
PROBL�ME HX.
En fuppofant ce- que nous avons d�montr� plus haul fur la tlnuite des particules de la lumierenbsp;amp; fon extreme rapldit� , quelle diperdition Itnbsp;foleil peut-il faire de fa fubfance dans un nom-hre d'annies determine?
Une des objections les plus fpecieufes qui aient ct� faites contre la th�orie newtonienne de lanbsp;lumiere, eft que , ft la lumiere confiftoit dansunenbsp;emanation continuelle de particules lancees dunbsp;corps lumineux , le foleil devroit faire une tellenbsp;fteperdition de fa fubftance , qu�il devroit �trenbsp;d�ja �teint ou an�anti depuis Ie temps aiiquel onnbsp;fait vulgairement remonter fon exiftence. Pournbsp;nous, nous avons toujours �t� pen �branl�s denbsp;Cette objection, amp; nous avions, il y a long-temps,nbsp;lenti qu�^en prenant pour bafe ce qu�il �roit facilenbsp;demontrer fur la t�nuit� des particules de lumiere Sc leur exceffive rapidite , on pouvoit fairenbsp;hypothefe tr�s-vraifemblable, d�apr�s laquellenbsp;feroit voir que le foleil n�auroit pas diminuenbsp;Icnftblement, depuls les 6000 ans que nous don-nons vulgairement a fon anciennete. J�ai vu de-puis, dans les Tranfacl. Philof Vol. LX , desnbsp;calculs fenablables de M. Horfley, qui montrent
-ocr page 214-D�apr�s ces fuppofitions , il eft clair qu�a chaque emanation Ie foleil fe d�pouille d�une efpece de pellicule lumineiife, dont 1��paiffeur eft cellenbsp;ci-deflus ; par conf�quent, dans une feconde�nbsp;elle fera la loooooooo� d�un pouce; conf�quena^nbsp;ment dans loooooooo fecondes eet aftre aut^nbsp;perdu un pouce d��paifleur. Or loooooooo fe'nbsp;condes font pr�s de trois ans ; alnfi dans trois aUSnbsp;Ie foleil ne perdra qu�un pouce d��paifleur,
Cette perte fera done dans 3000 ans, 1000 pouces OU 83 pieds un tiers de profondeur Jnbsp;amp; depuis les 6000 ans que nous fuppofons eet
io6 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
Ie peu de folidit� de cette objeftion. Mais comitiS chacun a fa rnaniere de voir, voici notre raifon-nement fur cette inatiere ; il n�a guere de com-mun avec celui du fcjavant Anglols, que la t�-nuit� prodigieufe de chaque particule de lumiere.
Pour former un pared calcul, nous concevons ^ amp; je demande qu�on nous accorde qu�a chaquenbsp;�manation inftantan�e de lumiere lanc�e du fo-leil, eet aftre en projette hors de lui, dans tousnbsp;les fens imaginables, toutes les particules de lumiere qui font a fa furface.
Nous demandons encore qu�on nous accorde que cette �manation n�eft pas abfolument continue , mais compof�e d�une foule d��manationsnbsp;OU de jets inftantan�s , qui fe fuccedent avec unenbsp;rapidit� prodigieufe : nous en fuppoferons loooonbsp;dans une feconde. Notre r�tlne confervant environ 1- de feconde Timpreffion de lumiere qu�ellenbsp;a reque, 11 eft �vident que cede du foleil feranbsp;abfolument continue a notre �gard.
Nous fuppofons auffi, ce qui eft comme d�-montr� , que Ie diametre d�une particule de lumiere eft a peine la �. c u o o oTo o nbsp;nbsp;nbsp;ft�un pouce.
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^ftre exlfter, elle (era de 166 f. De-la 11 fuit que , pour que le foleil perde une feconde feulementnbsp;tie fon diametre apparent, 11 faudrolt un Inter-'^alle de temps de quarante millions d�annees ; carnbsp;Une diminution d�une feconde fur le diametrenbsp;apparent du foleil, r�pond a i l^oooo toifes; done ,nbsp;fi en fix mille ans la diminution n�efl: que d�envi-ton zy toifes de profondeur , on trouve par lanbsp;legle de proportion , qu�il faut 40 millions d�an-u�es pour la porter a 180000 toifes d�epalffeur ,nbsp;ou a une feconde de diametre apparent.
Ainfi done nous ne devons avoir aucune crainte que le foleil finiffe fi - tot. Nos enfants amp; nosnbsp;petits enfants font a I�abri d�etre temoins de cettenbsp;funefte cataftrophe.
Ajoutons que nous n�avons pas ufe de tous nos ^Vantages; car nous aurions encore pu reculernbsp;confiderablement cette �poque, amp; en effet M.nbsp;J^orfley trouve un intervalle bien plus confidera-^le de ce moment-ci a la confommation abfolue dunbsp;foleil : mais nous nous fommes bornes aux fup-Pofitions les plus admiffibles.
PROBL�ME LX.
^rodulre. au milieu de la plus grande chaleur un froid conjiderable amp; propre a glacer Feau : Desnbsp;congelations artifieielles , amp;c,
^�est un phenomene bien fingulier amp; bien ��Sue d�admiration , que celui de produire aunbsp;u^fiisu de r�t� un froid qui I�emporte de beau-ooup fur celui de I�hiver; amp; ce qui ajoute a la fin-gularit� , e�eft que cette produftion du froid ne fenbsp;fait qu�autant que les ingr�dients qu�on emploie fe
-ocr page 216-loS R�cr�at. Math�mat. et Phys.
iiqu�fient; quelquefois m�me , en r�agiffant Turt fur l�autre , ils produil'ent une vlve effervefcence.nbsp;On va parcourir ces differents moyens de pro-duire du froid, amp; 1�on tentera enfuite de donnetnbsp;quelque explication de ce ph�nomene.
I. Prenez de l�eau rafraichie feiilement au de-gr� de la temperature de nos puits, c�eft-a-dire au 10� degr� du thermometre de Reaumur; jetez-y dedans environ i ^ onces de fel ammoniac pul-v�rif� par pinte : cette eau prendra tout-a-coupnbsp;un degr� de froid confid�rable, amp; �gal a celui denbsp;la congelation. Si done , dans Ie vafe o� l�on faitnbsp;ce m�lange, vous en avez un autre beaucoupnbsp;moindre contenant de l�eau pure, cette dernierenbsp;fe gelera en tout ou en partie. Si elle ne fe gelenbsp;qu�en partie, faites dans un autre vafe un m�langenbsp;femblable au premier , St plongez-y tout-a-coupnbsp;VOtre eau � demi gelee , elle fe gelera enti�re-ment.
Si vous vous ferviez de cette eau a demi gla-c�e, ou du moins extr�mement refroidie, dans Ie vafe int�rieur, amp; que vous y jetaffiez du felnbsp;ammoniac , Ie froid que vous produiriez feroitnbsp;beaucoup plus confid�rable, amp; certainement il eunbsp;r�fulteroit tout-a-coup un froid de plufieurs degr�snbsp;au deffous de la glace.
En faifant ce m�lange dans un vafe plat, fut une table, avec un peu d�eau entre deux , la glacenbsp;qui fe formera au deffous rendra Ie vafe adh�reutnbsp;a la table.
II faut acc�l�rer autant qifll eft poffible la diff folution du fel, en remuant Ie m�lange avec unnbsp;baton ; car plus cette diffolutioo eft prompfu ?nbsp;plus grand eft Ie froid,
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n. Pulv�rlfez de la glace , amp; m�lez avec elle parties de fel marin pour une de glace; re-*iiuez bien le m�lange; a mefure qu�il fonclra , ilnbsp;* excitera au milieu de cette maffe un froid egal anbsp;^elui de nos plus grands hivers. M. de Reaumurnbsp;parvenu par ce moyen a produire un froid denbsp;*3� au deffous de la congelation.
En employant du falpetre a m�me dofe, on ne pfoduit qu�un froid de 3 a 4 degres au deffous denbsp;terme. Ainfi, comine 1�obferve encore M. denbsp;Reaumur , on eft dans Terreur lorfqu�on penfe quenbsp;falp�tre vaut mieux que le fel marin. On n�etn-ploie le falpetre que parcequ�il eft bien moinsnbsp;^her. Sc que d�ailleurs , dans Tufage ordinaire au*nbsp;^tiel on deftine ce froid artificiel, on n�a pas heroin qu�il foit ft confiderable.
On pourroit, au lieu de falpetre, employer la foude d�alicante , ou des cendfes de boisnbsp;*^suf, qui contiennent un fel equivalent : on ob-*�endroit a peu pr�s le meme effet, Sc a bien moin-^res frais.
III. Mais void un troifteme moyen de produire 'in froid plus confiderable que les precedents,nbsp;Prenez de la neige, Sc de I�efprit de nitre biennbsp;*ioncentre , refroidis Tun Sc Tautre au degr� de lanbsp;glace ; verfez cet efprit de nitre fur la neige: ilnbsp;excitera tout de finite un froid de 17 degres aunbsp;'^^ffous de la congelation.
Si vous voulez produire encore un froid plus ^nnfiderable , environnez cette neige Sc cet efpritnbsp;nitre avec de la glace Sc du fel marin , qui ynbsp;P'odniront un froid de l^ k 13 degres au deffousnbsp;� z�ro ; fervez-vous enfuite de cette neige Sc denbsp;'-St efprit de nitre ainfi refroidis: vous produireznbsp;par leur moyen un froid de 24 degr�s, froid
Tome Ir. nbsp;nbsp;nbsp;�
-ocr page 218-aio RicR�AT. Math�mat. ET Phys, beaucoup plus grand que celui que Farenheit �toltnbsp;venu a bout de produire , car il n�a pas palT� au-dela du 8� degr� de fon thermometre au deffousnbsp;de z�ro; ce qui revient au 17^ degr� amp; ^ de Reaumur au deffous du m�me terme.
Ma�s tout cela n�eft rien encore, en comparai-fon de ce que les phyficiens de P�tersbourg ont execute fur la fin de 1759. Aides d�un froid denbsp;30 degr�s amp; au-dela , ils firent refroidir de lanbsp;neige amp; de 1�efprit de nitre a cette temperature 7nbsp;amp; par ce moyen ils obtinrent un degr� de froidnbsp;qui, r�duit au thermometre de Reaumur, alloitnbsp;au 170� degr� au delTous de z�ro, Chacun fqaitnbsp;que Ie mercure y gela. Nous avons parl� ailleursnbsp;des conf�quences de cette exp�rience.
IV. Un quatrieme moyen de produire un froid fup�rieur m�me a celui qui fuffit pour glacer l�eau�nbsp;eft celui-ci. II eft fond� fur une propri�t� bieOnbsp;finguliere des fluides �vaporables. Plongez la boulenbsp;d�un thermometre dans un de ces fluides, de Tef-prit-de-vin bien d�flegm�, par exemple, amp; ba-lancez-le enfuite dans 1�air , pour exciter l��qui-valent d�un vent qui fait �vaporer ce fluide ; vousnbsp;verrez Ie thermometre defcendre : vous pourre2nbsp;m�me, du inoins en employant de 1�aether , Unbsp;plus �vaporable des liqueurs, faire baiffer Ie thermometre de 8 a 10 degr�s au deflTous de z�ro,
II y auroit des chofes bien curieufes a dire fi'�� cette propri�t� de 1��vaporation; mais cela nousnbsp;meneroit trop loin. Nous nous bornerons a obfet'nbsp;ver que ce moyen de refroidir les liqueurs n�eftnbsp;pas iriconnu dans TOrient. Les voyageurs qt**nbsp;veulent boire frais, mettent leur eau dans desnbsp;vafes d�une argile poreufe, qui laifle fuinter �nbsp;travers elle une humidUe, Ces bouteilles, on le*
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fufpend aux c6t�s du chanieau , enforte qu�elles ^ont dans un mouvement continuel, qui equivautnbsp;^ un petit vent qui viendroit frapper deflfus , amp;nbsp;qui fait evaporer cette humidit�. Cela rafraichitnbsp;reliant de la liqueur de telle forte qu�elle ap-proche du degr� de froid de la glace.
Difons maintenant quelque chofe fur la caufe de ces effets finguliers , amp; commenqons par lesnbsp;*Uoyens expliques dans les trois premiers articles.
Lorlqu�on m�le enfemble de la glace amp; du fel *narin , ou de I�efprit de nitre amp; de la nelge tr�s^nbsp;tefroidie, on obferve que le froid ne fe produicnbsp;qu�autant que ces melanges fe mettent en fufion.nbsp;��apr�s ce fait, je conjefture qua le m�langenbsp;abforbe le fluide ign� qui eft repandu dans lesnbsp;Corps environnants, ou que le m�lange envi-ronne, ce qui eft la m�me chofe. Le m�langenbsp;fondant fait ici quelque chofe de femblable a cenbsp;que fait une eponge deff�ch�e amp; appliqu�e a imnbsp;corps humide : tant qu�elle fera fimplement ferr�enbsp;contre lui, il reftera dans fon �tat; mals fit�tnbsp;que 1��ponge pourra prendre fon volume , ellenbsp;afpireta une bonne partie de 1�humldit� contenuenbsp;dans ce corps. J�avoue qu�on ne voit pas le m�-canifme par lequel le m�lange frigorlfique produicnbsp;le m�me effet; mais j�ofe regarder la comparalfpnnbsp;ci-deflus comme pouvant en donner une idee.
Quant a celui par lequel une liqueur, �vapora-refroldit les corps de cleflus lefquels elle s�eva-, il me femble que !a raifon la plus probable qu�on puiffe en donner, eft une affinit� de cettenbsp;liqueur avec celle du feu , qui fait que chacunenbsp;fes molecules , en s�envolant, emporte avecnbsp;elle une ou quelques-unes de celles du feu contenunbsp;dans ce corps. Mals pourquoi ces molecules de la
O q
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liqueur �vaporable ne fe combinent-elles pas pluquot; t�t avec Ie feu que l�air peut lui fournir, amp; avecnbsp;lequel eet �l�ment paroit avoir moins d�adh�-rence qu�avec les corps folides, puifqu�il fe re-froidit avec plus de promptitude ? C�eft ce que jenbsp;ne vois pas; mais auffi ne donn� - je ceci quenbsp;pour un e/Tai d�explication que je n�ai point eu Ienbsp;loifir d�approfondir.
PROBL�ME LXI.
Fain glacer de Peau , en remuant feulement Ie vafe qui la contient.
Pendant un temps tr�s-froid , mettez de 1�eau dans un vafe ferme avec foin, amp; dans un lieu o�nbsp;elle n��prouve aucune commotion : 11 arriveranbsp;fouvent qu�elle prenclra ainfi ua degr� de froid.^nbsp;fup�rieur a celui de la glace , fans n�anmoins fenbsp;glacer. Mais alors remuez tant foit peulevafe,nbsp;OU donnez-lui un coup l�ger; fur Ie champ 1�eaunbsp;ie glacera, amp; avec une rapidit� finguliere. Celanbsp;arrive fur-tout lorfque l�eau eft dans Ie vulde.
Ce ph�nomene eft fort curieux ; mais , a mon avis, il eft fufceptible d�une explication tr�s-vrai-femblable , pour quiconque connoit les ph�no-menes de la congelation. L�eau ne fe congelenbsp;qu�autant que fes molecules prennent entr�elles uunbsp;arrangement nouveau. Lorfque l�eau fe refroiditnbsp;dans Ie plus grand repos, ces molecules fe rap-prochent, Ie fluide qui la tlent en fufion s�ennbsp;�chappant peu-�-peu; mais il faut quelque chofsnbsp;de plus pour les d�terminer a fe groupper d�uu^nbsp;maniere diff�rente , fous des angles de 6onbsp;110 degr�s. Or elle reqoit cette determination
Physique, nbsp;nbsp;nbsp;zif
le fimple choc donne au vafe : elles etoient
equilibre , le choc rompt cet equilibre, Sc ^lles retombent les unes fur les autres , en fe-Si�ouppant de la manlere qu�exige leur rapprochement.
Voici un autre ph�nomene de la congelation.
Si vous faites bouillir de 1�eau, qu�enfuite vous ^ sxpoliez a la gelee , a c�t� d�une �gale quantit�nbsp;^�eau non bouillie, la premiere fera plutot geleenbsp;la feconde.
C�eft un fait av�r� par des experiences faites a ^dimbourg, par M. Black. JjqTranfaft. Phi-mfoph. Tome LXV, Part, I, ann�e 1775.)
Ceci me paroit aufli facile a expliquer. La �^ngelation �tant cauf�e par le rapprochementnbsp;�^es mol�cules de I�eau, eile dolt fe congeler d�au-mnt plut�t, que ces mol�cules, avant d�etre exposes a la gelee, font d�ja plus voifines les unes desnbsp;^litres. Or 1�eau qui a bouilli a , pour ainfi dire, anbsp;^et �gard de I�avance fur celle qui n�a pas bouilli ;nbsp;Car I�efTet de ce bouillonnement a �t� de lui �ternbsp;Wne grande partie de fon air combin� : done 5^nbsp;toutes chofes �gales, ces mol�cules dolvent arri-Ver plutot au terme de proximlte oil elles s�appli-^uent les unes aux autres, amp;c forment un corpsnbsp;Ihlide. Je fuis convaincu que, par cette m�menbsp;mifon , de I�eau impr�gn�e artificieliement denbsp;h^aucoup d�air , fe g�leroit plus tard que I�eait
ordinaire.
IL arrive affez fouvent, amp; il y a long-temps qu�on 1�a remarqu� avec admiration, que les petifsnbsp;flocons de neige ont une figure r�guliere. Celanbsp;arrive fur-tout lorfque la neige tombe par floconsnbsp;extr�mement petits amp; bien tranquillement. Cettenbsp;figure eft exagone o� �toil�e; quelquefois c�eftnbsp;une fimple �toile a fix rayons; d�autres fois cettenbsp;�toile eft plus compof�e, amp; relTemble a une croixnbsp;de inalthe, ayant fix angles faillants amp; fix ren-trants. 11 arrive par fois que chaque branche pre-fente des ramifications, comme les barbes d�unenbsp;plume. 11 feroit trop long de les d�crire toutes.nbsp;Nous nous bornerons a donner la repr�fentationnbsp;pj ^ des plus rernarquables, dans les num�ros de la
Ce ph�nomene a toujours beaucoup embarrafte les phyficiens , a commencer par Defcartes amp;nbsp;K�pler , qui paroiflTent avoir �t� les premiers qutnbsp;l�aient obferv�. Bartholin a donn� un trait�nbsp;Figura Nivis fiexangula , ou il raifonne aftez ma^nbsp;fur ce fujet. A dire vrai , il �toit difficile * d�ennbsp;raifonner juftement, avant cjue M. de Mairan eutnbsp;obferv�, comme il 1�a fait, avec fagacit� les ph�-nomenes de la congelation , amp; avant cjue la cbi'
* JVote du Cenfeur. On trouve cependant que Gaffendi avoir d�ja rapport� a la criftallifation la figure r�gulier�nbsp;de la neige. Voye^ ad Diog. Laert. Not. Opp, , T.A�
Physique. nbsp;nbsp;nbsp;nj
*^gt;6 e�t reconnu ceux de la cryftallifatlon des Corps, lorfque de l��tat de fluidit� ils paffent anbsp;Celui de folidite.
En elFet la chimie nous a appris que tons les corps dont les elements , nageant dans un flu�de ,nbsp;fe rapprochent tranqulllement, prennent des figures regulieres caraft�rilliques. Ainfi le fou-fre , en fe figeant, forme de longues aiguilles; lenbsp;r�gule d�antimoine figure une etoile fur fa fu-Perficie. Les fels, en fe cryftallifant lentement,nbsp;prennent auffi des figures regulieres; le fel marinnbsp;forme des cubes , I�alun des odlaedres, le gypfenbsp;fles efpeces de coins r�guli�rement irr�guliers, amp;cnbsp;flont les lames fe brifent en triangles d�angles fl�-termin�s ; le fpath calcaire, appel� cryjlal d�If~nbsp;des parall�l�pipedes obliques , fous desnbsp;ingles invariables ; amp;c.
D�un autre cote M. de Mairan, obfervant les Progr�s de la congelation , a vu que les petitesnbsp;aiguilles de glace qui fe forment, s�implantent lesnbsp;cines fur les autres , fuivant des angles r�guliers 8cnbsp;fletermin�s, qui font toujours de 6o ou 120-flegr�s.
Quiconque connoit ces pb�nomenes, ne verra done dans la glace amp; dans la neige qu une cryflal-lifation de 1�eau rapprochee dans un air refroidi:nbsp;line premiere particule d�eau glac�e en rencontrenbsp;^ne autre, amp; fe grouppe avec elle fous un anglenbsp;fle 60�: une troifieme furvient, amp; eft d�termin�enbsp;par I�acfion de la pointe de ce premier angle, anbsp;* y r�unir de la m�me maniere, Sec. C�eft-la lanbsp;P^us Ample des �toiles de la neige, qui eft repr�-^ent�e par le n� i.
S�il furvient de nouvelles aiguilles de glace, ce qui arrivera le plus fouvent, il faudra qu�elles
Oiv
-ocr page 224-2i6 RiCR�AT. MATHiMAT. ET PhYS. fe coucVient fur les premiers rayons , ou en fai*nbsp;fant Tangle obtus du c�t� du centre, ou Tanglenbsp;aigu du m�me c6t�. Dans Ie premier cas, il ennbsp;naitra une �toile dont les rayons porteront desnbsp;�fpeces de barbes, comme la'tige d�une plume ,nbsp;('11� 2.) OU com.me une �toile, (n�3.) Cettenbsp;derniere difpontion eft n�anmoins rare, amp; cellsnbsp;du n� 2 eft la plus commune. On en voit enfin,nbsp;niais en moindre nombre , de beaucoup plusnbsp;compot�es ; mais quelle que foit leur compofi-tion, leurs elements font toujours des angles denbsp;�o ou 120 degr�s.
M. Lulolf de Berlin a conje�lur� que ces figures �toient dues au (�l ammoniac , ou plutot a Talkalinbsp;volatil dont la neige feroit impr�gn�e ; il rap-porte m�me a Tappui de fon idee une jolie experience : c�eft qu�ayant mis de Teau geler pr�s desnbsp;latrines , il trouva fa furface toute couverte denbsp;petites �toiles de glac�s, tandis que de Teau geleenbsp;plus loin ne repr�fentoit rien de femblable. Ce-pendant il convient lui-m�me n�avoir jamais punbsp;d�montrer, pat aucun proc�d�, ce principe dansnbsp;la neige ou Teau de neige fondue dans des vafesnbsp;ferm�s. En effet, aucun phyficien d�aujourd�huinbsp;ne fe perfuadera qu�il y ait dans la neige ni felnbsp;ammoniac , ni alkali volatil, que fort accidentel-Jement, amp; il n�y a mille n�ceffit� d�y en fiippofc�nbsp;pour expliquer fa cryftallifation en �toiles.
PROBL�ME LXIII.
^O U s avons d�ja donn� plus haut Ie m�canifms d�uiie fontaine qui prodiiit eet effet, Sc qui eft
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connue lt;3es hydrauliciens ; mais comme fa ^onftruftion ne peut pas s�adapter aux ufages quenbsp;*ious avons en vue, voici une autre maniere denbsp;^��fouclre le probl�me.
Que ABCD foit un vafe d�une forme quelcon-^ue , qui reqoit par le tuyau DE un flux perpe- i *iiel d�eau , capable de le remplir a la hauteurnbsp;gh, dans 1�intervalle, par exemple, de deux heu-
Que FGH foit un fyphon dont 1�orifice fupe-^teur, plonge dans la liqueur, eft F, FG la moin-ftre branche , GH la longue branche, dont 1�ori-ftceH, doit �trefort au deffous du niveau de F; ^nfin que ce fyphon foit d�un calibre tel qu�il putnbsp;hrer la liqueur contenue dans la hauteur CG ennbsp;'ine demi-heure. Cela fuppofe, amp; le vafe �tantnbsp;yuide, qu�on laifte couler I�eaupar le tuyau DE,nbsp;ft remplira le vafe jufqu�a la hauteur G en deuxnbsp;^eures , par exemple ; mais une fois parvenu a lanbsp;^ourbure G , le fyphon FGH fe remplira ; amp; 1�eaunbsp;y coulant, il epuifera en un peu plus de demi-heure * non-feulement la quantite d�eau amaflTeenbsp;jufques en GH, mais encore celle que le tuyaunbsp;De aura fournie pendant ce temps , puifque cenbsp;tuyau de d�charge FGH d�bite beaucoup plusnbsp;fapidement que celui qui fournit, fqavoir DE. Lanbsp;furface de 1�eau baiflera done enfin au niveau denbsp;^Orifice F, amp; 1�air s�y introduifant, le jeu du ly-Pbon fera interrompu ; I�eau recommencera donenbsp;� s�elever jufqu�a la courbure du fyphon en G,nbsp;^ alors le jeu du fyphon recommencera, amp; ainftnbsp;*oujours, tant que le tuyau DE fournira de I�eau�nbsp;, * Ce temps fera exaftement de 40 minutes; car il eftnbsp;^ fomme d�une progreflion fous-quadruple, dont lenbsp;pteraier terme eft 30 minutes, le fecond 7 6c demie,
-ocr page 226-ii8 R�cr�at. Math�mat. Er Phys.
R E M A R Q u E.
1l eft n�ceflaire de remarquer que Ie fyphon ne fera pas fon effet, a moins que fa hauteur a l�en-droit de fa courbure ne foit capillaire; car s�ilnbsp;� avoir a eet endroit un diametre de 5 ou 6 lignes ^nbsp;l�eau �tant arriv�e un peu au deffus de la courburenbsp;inf�rieure, couleroit fans remplir tout Ie tube ^nbsp;PI. ij , comme on voit fig .3 /, n'� a , amp; il ne verferoitnbsp;%� Jt^qu�une quantit� d�eau �gale a celle que fourniroitnbsp;Ie tube De. C�eft une obfervation que fait fortnbsp;juftement M. 1�abb� Para du Phanjas, qui recourtnbsp;en conf�quence , dans ce cas, a plufieurs tubesnbsp;capillaires qui fe r�uniffent en un feul.
II y a un autre remede , qui confifte a faire calibre du tube de d�charge , capillaire dans Dnbsp;hauteur , amp; �vaf� a proportion dans Ie fens horizontal, afin qu�il ait la m�ine furface^ Sc qu�il �nbsp;coule la m�me quantit� d�eau. Par ce moyen eenbsp;tube de d�charge, quoique unique , remplira (n.nbsp;deftination.
II eft auffi a propos que 1�orifice F de Ia brari-che GF du fyphon foit taill� comme on voit Fig. quot;iiifig- 31, no 3 , afin d�aflurer d�autant mieux Tin-3'troduftion de 1�air dans Ie fyphon, lorfque 1*nbsp;furface de Peau aura baifle jufqu�en F. Je ne croi*nbsp;pourtant pas la chofe effentielle.
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PROBL�ME LXIV.
Faire une Fontaine qui coulera amp; s'arrkera un certain nombre de fois de fuite^ amp; qui enfuitc s'ar-r�tera pendant un temps plus ou inoins long^ apres lequel elle reprendra Jon cours intermittent�,nbsp;amp; ainji de fuite.
La. folutlon de ce probleme depend d�une com-tinaifon aflez ing�nieufe de deux Fontaines inter-mittentes femblables a la pr�c�dente. Siippofons en efFet une pareille Fontaine, dont les ecoule-tnents periodiques Foient tr�s-prompts ,-par exem-ple de 2 a 3 minutes , amp; I�intermiflton Femblable,nbsp;Ce qui Fera en total un intervalle de 4 ou ^ minuses; que cette Fontaine Foit elle-m�me aliment�enbsp;par une autre Fontaine intermittente amp; Fuperieure,nbsp;dont la duree de I�ecoulement Foit d�une heure,nbsp;^ I�intermittence de 2 , 3 ou 4 : il s�enFuivra quenbsp;I�inFerieure ne Fournira de I�eau que pendant quenbsp;Ja Fuperieure lui en donnera elle-m�me , e�eft-a-dire pendant une heure; amp; pendant cette heurenbsp;cette Fontaine inf�rieure aura 12 ou 15 ecoule-ments coupes par autant de ceffations ; apr�snbsp;lequel temps la Fontaine ou le tuyau DE de lanbsp;fig� 3 / , ne Fourniffant lui-meme plus d�eau pendant deux ou trois heures, la Fontaine inFerieurenbsp;ceffera abFolument pendant une, deux ou troisnbsp;heures, Voila done une Fontaine qui fera double-��^ent intermittente , en ce qu�elle Fera un certainnbsp;femps conliderable fans couler , amp; quand ellenbsp;Coulera , ce Fera avec intermittence.
Remarque s.
I. Avec trois Fontaines Femblables combin�es
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R�cr�at. Math�mat. et Phys, enfemble , on pourroit produire des p�riodes f�nbsp;bizarres d��coulement Sc de ceffation , qu�ellesnbsp;paroitroient abfolument inexplicables. Ma�s 1�onnbsp;fent aif�ment quelles pourroient tenir au m�menbsp;principe.
II. On pourroit facilement faire , au moyen desquot; principes ci-deffus, une fontaine qui coulat fansnbsp;ceffe, mais qui grossit Sc diminuat par alternatf-ves; car il fuffiroit de combiner avec la fontainenbsp;du probl�me pr�c�dent, une fontaine continue rnbsp;�l efl �vident qu�elle groffiroit quand Ie fyphonnbsp;FGH couleroit; Sc quand il s�arr�teroit, elle re-viendroit a fon �tat ordinaire.
Si on combinoit cette fontaine continue avec la double intermittente de ce probl�me, on au-loit une fontaine continue Sc �gale pendant plu-/ fieurs heures de la journ�e, amp; qui enfuite grofll-roit Sc diminueroit par acc�s pendant une heure..
ConJlruHion d�une Fontaine qui cejjera de coulet quand on y verfera de l'eau , amp; qui ne reprendrttnbsp;fon cours que quelque temps apres quon auro-ceff�.
PI. 6 , Il faut fuppofer pour cela un r�fervoir bien dos %� 3** amp; 3 demi rempli d�eau , comme ABCD, ayantnbsp;un tuyau d��coulement en E , de quelques lignesnbsp;feulement de diametre. Ce r�fervoir fait partienbsp;d�un autre vafe dans lequel il eft plac�, HBFD �nbsp;il refte une portion du vafe HGF qui eft vuidernbsp;IK eft un tuyau qui va du haut du r�fervoir int�rieur jufques bien pr�s du fond FD du vafe; 1�nbsp;deftlts de ce vafe a un rebord �n forme de coupe ?
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'^ont la partle HG eft percee de beaucoup de pe-trous. On mettra dans cette efpece de coupe ^2 la moufle avec du gros fable , amp; , ft 1�on veut,nbsp;I�herbe ou du gazon ; enforte n�anmo�ms quenbsp;^ sir puifle avoir acc�s par la plaque HG dans lanbsp;Cavite HC.
Cela fuppofe, que le petit refervoir foil a moi^' b� rempli d�eau, elle coulera par I�ajutage E;nbsp;^u�enfuite on en verfe dans la coupe fuperieure ;nbsp;Cette eau tombera dans le r�fervoir lateral HC , 8cnbsp;cUe bouchera 1�orifice K du tuyau HI. Get orificenbsp;ctant bouche , Pair contenu au deffus de 1�eau dunbsp;f�fervoir int�rieur, ne pourra plus fe dilater; 1�eaunbsp;Coulante par E tombera d�abord plus lentement,nbsp;^ enfin s�arr�tera. Mals ft a 1�angle F on m�nagenbsp;Un petit �coulement a 1�eau tomb�e dans le r�fer-''r)ir HC, lorfque cette eau fera �coul�e, 1��cou-^cment par E recommencera.
Si I�on verfoit fans cefle de 1�eau dans la coupe , amp; que fon �coulement par F fut cach�, onnbsp;pourroit-etre fort �tonn� de cette machine , qui
coulerolt que quand il paroitroit qu�on n�y met plus d�eau.
On pourroit donner a cette machine la figure ft�un rocher, du pied duquel fortiroit une fon-^aine: le deffus pourroit repr�fenter une prairie,nbsp;^nefor�t, amp;c. Lorfqu�on verferoit de I�eau avecnbsp;J^ri arrofoir, pour repr�fenter la pluie , on verroitnbsp;*a petite fontaine s�arreter, amp; s�arr�ter auffi long-temps qu�on y verferoit de nouvelle eau. On verranbsp;plus loin 1�uf^e de cette idee.
-ocr page 230-zii R�cr�at. Math�mat, et Phys. PROBL�ME lxvl
Faire une Fontaine qui, apr'ts avoir coul� pendant quelque temps par fa d�charge de fuperficie, com-mencera a baiffer jufqua un certain point, enfuittnbsp;remontera^ amp; ainji fuccefjivement.
J�avO UE n�avoir rien trouv� de fatisfaifant a eet �gard, Cela eft n�anmoins poffible, car nous ci-terons plus bas quelques exemples de fontalnesnbsp;dont les baffins pr�fentent ce ph�nomene. Nousnbsp;nous bornons done a propofer Ie probl�me a nosnbsp;lefteurs.
R E M A R QU E S,
Contenant rUfioire amp; les ph�nomenes des princi-pales Fontaines intermittentes connues , ainji qut
de quelques lacs amp; puits qui ont des mouvenientS ^ analogues : Hijioire du fameux lac de Zirchnit^-
Nous avons donn� dans les probl�mes precedents les principes de l�explication des pli�nome-nes que pr�fentent un affez grand nombre de fon-taines ou ainas d�eaux, dont les mouvements ont de tout temps appr�t� matiere a penfer aux phyfi'nbsp;ciens, amp; �t� un fu)et d�admiration pour Ie vul'nbsp;gaire. II eft vrai qu�en g�n�ral il y a beaucoup ^nbsp;retrancher de ce que Ie vulgaire croit appercevoitnbsp;OU raconte a ce fujet. Plufieurs de ces fources�nbsp;exaniin�es par des philofophes ou obfervateursnbsp;exa�ls, ont perdu la plus grande 'partie denbsp;qu�elles avolent de merveilleux. II refte n�an'nbsp;moins encore , dans plufieurs d�entr�elies, fuffi'nbsp;famment de quoi exercer Ia fagacit� des fcruta'nbsp;teurs de la nature. L�objet de eet ouvrage non*
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Piercrit en quelque forte de faire connoitre les Principales amp; les plus fingulieres de ces fontaines.nbsp;Nous nous bornerons a ce qui eft le mieux conflate par de bonnes defcriptions ; car a quoi bonnbsp;l�p�ter des chofes incertaines Sc inexaftes } Lanbsp;*nafle des erreurs n�eft -elle pas aflez grande, fansnbsp;I�augmenter de propos d�llb�r� ?
I. On reinarque une intermittence dans la plupart des fources qui prennent leur origine des amas de glac�s. Telles font quelques-unes de celles quenbsp;j�ai vues dans le Dauphin�, fur la route de Grenoble a Brianqon: elles coulent, a ce qu�on m�af-fura, plus abondamment la nuit que le )our, cenbsp;qui parojtroit d�abord difficile a concilier avec lanbsp;faine phyfique ; mais nous ferons voir que celanbsp;s�explique facilement.
L�auteur de la Defcription des Glacieres de Suifle parle d�une pareille iburce, litu�e a Engftlernbsp;dans Ie canton de Berne ; elle eft fujette a unenbsp;double intermittence, fqavoir a une intermittencenbsp;annuelle Sc journaliere; elle ne commence a cottier que vers le mois de Mai, amp; les bonnes-gensnbsp;du voifinage croient fermement que la Divinit�nbsp;leur envoie chaque ann�e cette fource pour abreu-ver leurs beftiaux , qu�ils amenent vers ce tempsnbsp;dans la montagne. D�ailleurs , femblable a cellesnbsp;dont nous avons parl� , c�eft pendant la nuit que
fait fon �coulement le plus abondant.
11 n�y a rien que de fort fimple dans la r�appa-^�tion annuelle de cette fontaine a Tapproche de l��t�; car c�eft feulement vers ce temps que lanbsp;onaffe de la terre, fuffifamment �chauff�e, commence a fondre les glac�s par deflous. Ainfi cenbsp;'i�eft que dans ce temps que la fontaine dont ilnbsp;sagit peut couler. Nous difons par deftbus, car
-ocr page 232-2Z4 R�cr�at. Math�mat. et Phys. c�eft ainfi que fondent ces maffes �normes denbsp;glac�s. On n�en peut douter lorfqu�on remarquenbsp;qu�elles donnent fans ceffe naiffance a de grandsnbsp;courants d�eau, tandis que leur furface fup�rieutenbsp;pr�fente les couches des ann�es pr�c�dentes anbsp;peine alt�r�es. Mais comment amp; pourquoi la plupart de ces fontaines donnent-elles pendant lanbsp;nuit leur plus grande quantit� d�eau ? Ceci m�ritenbsp;explication.
Ce ph�noinene provient, felon nous, de 1�al-ternative de chaleur amp; de refroidiffement cauf�e, par la pr�fence Scl�abfence du foleil, dans la maffenbsp;de la terre , couverte par eet amas de glace. Maisnbsp;cornine il faut un certain temps pour que la chaleurnbsp;du foleil produife fon effet, amp; qu�elle fe communique aux parties �loign�es, il arrive que Ie moment de leur plus grande chaleur eft poft�rieurnbsp;de plufieurs heures a celui de la plus grande chaleur de l�air, qui a lieu vers les trois heures denbsp;l�apr�s-midi : ce n�eft done que quelques heuresnbsp;apr�s Ie coucher du foleil qu�arrivera la plusnbsp;grande liqu�faftion de la glace qui touche lanbsp;terre : ajoutez-y Ie chemin que l�eau qui en provient doit faire dans ces conduits refferr�s entte desnbsp;vallons amp; fous les glac�s, il ne fera point �ton-nant qu�elle n�arrive au jour que vers Ie milieu denbsp;la nuit. Ainlt ce fera vers les onze heures ou mi'nbsp;nuit que ces ruiffeaux , provenants de maffes gla'nbsp;ciales , donneront la plus grande quantit� d�eaU-
II. L �infermittence dont on vient de parler n� tient pas a des caufes bien difficlles a d�couvrir�nbsp;ce n�eft pas m�me une v�ritable intermittence*nbsp;Mais les fontaines dont il va �tre queftlon tout'nbsp;a-l�heure, font vraiment intermittentes.
Fontainebleat�
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Fontainebleau dans un des bofquets du pare. Elle ^^roit probablement plus connue, amp; ne cederoitnbsp;Sucre en c�l�brit� a celle de Laywell, fi les phyfi-^gt;ens hantoient davantage les cours.
Cette fontaine coiile de deffous terre amp; d�un fond fablortneux, dans un baffin quarre de 6 anbsp;^ pledsen quarr� ; on y defeend par plufieurs marches , dans la derniere defquelles , ou la plusnbsp;''^oifine de I�eau , eft creufee une rigole qui luinbsp;de d�charge de fuperficie. Void ce qu�onnbsp;obferve.
L�eau �tant fuppof�e remplir feuJement la moi-ft� du baflin , comme cela arrive lorfqu�on y a puif� une aflez grande quantite d�eau , elle montenbsp;Peu-a-peu jufqu�au bord de la derniere marche, amp;cnbsp;^�ecoule par la d�charge de fuperficie pendant quel-Sues minutes. Cet �doulement eft fuivi d�un gar-gouillement quelquefois aftez fort pour fe fairenbsp;Entendre d�alTez loin ; c�eft-la le figne de rabaifle-*nent prochain de I�eau. Elle commence en effetnbsp;^ufli-tot a baifter jufqu�a quelques pouces au deffous du plus bas de la rigole. Cette hauteur , dunbsp;refte, eft affez variable. Elle eft alors ftationnairenbsp;pendant quelque temps; enfuite elle remonte amp;Cnbsp;r�pete le m�me manege. Chaque flux de cettenbsp;nature eft d�un demi-quart d�heure environ. Quei-quefois cependant elle fe joue en quelque fortenbsp;des curieux, amp; refte des demi-heures, des heuresnbsp;^ntieres fans r�p�ter fon jeu.
On lit dans les Tranfacl. Phllof. ti�* 202 amp;: , ainfi que dans le Cours de D�faguliers,nbsp;f � II, la description d�une fontaine tr�s-reftem-mante a la pr�c�dente : elle eft fitu�e pr�s denbsp;I orbay dans le Devonshire , a une des extr�mit�snbsp;de la petite ville de Brixhaai. Les habitants du pay*nbsp;Tome IF,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;P
-ocr page 234-12(5 R�cr�at, Math�mat. et Phys. I�appellent Lay - Well. Elle eft fur Ie penchantnbsp;d�une petite coUine, amp; �loign�e de la mer d�unnbsp;bon mille; ce qui exclud route communicationnbsp;avec la mer. Le baffin eft , (uivant la defcriptionnbsp;la plus r�cente, de 4 pieds amp; demi de large fur 8nbsp;de longueur. II y a un courant qui coule conftam-ment dans ce baffin , amp; I�eau en fort par I�autrenbsp;extr�init�, amp; par une ouverture de 3 pieds denbsp;large fur une hauteur convenable.
Il s�ecoule qiielquefois un temps alTez confide-rable , comme de quelques heures, pendant lef-quelles I�eau coule uniformement, fans haufter ni baiffer ; ce qui a donne lieu a des gens credulesnbsp;de penfer que la prefence de quelques perfonnesnbsp;avoit fur cette fontaine une influence qui arr�toitnbsp;fon jeu. Mais le plus fouvent elle a un mouvement de flux amp; de reflux fort fenfible amp; afleznbsp;prompt. L�eau s�eleve de quelques pouces pendantnbsp;environ deux minutes , apr�s quoi elle s�abaiflenbsp;pendant environ autant de temps , qui eft fuivinbsp;d�un petit repos ; enforte que la duree totale eftnbsp;d�environ cinq minutes. Cela s�execute une ving-taine de fois de fuite , apr�s lefquelles la fontainenbsp;femble fe repofer pendant environ deux heures,nbsp;amp; I �eau coule uniformement pendant ce temps-la-C�eft, dit 1�auteur de la defcription , une particU-larir� qui la diftingue des autres fontaines de cettenbsp;efpece qui font venues a fa connoilTance. Mai*nbsp;nous avons vu que celle de Fontainebleau eprouvenbsp;quelque chofe de femblable ; nous remarquonsnbsp;m�me une analogie tr�s-grande entre 1�une amp;nbsp;I�autre ; amp; il nous paroit prefque �vident par leutnbsp;defcription , que leur p�riodifme n�eft pas dans 1^nbsp;fource m�me, ma�s uniquement dans la d�charge �nbsp;cela eft du moins certain a I�egard de celle d�
-ocr page 235-Fontainebleau, car la nature du terrain ne permet pas d�y fuppoler rien de femblable a ce qu�exige unnbsp;ccoulement p�riodique dans la fontaine m�me.
Qiioi qu�il en foit, void une troifieme Fontaine beaucoup plus confiderable que les deux Pr�c�dentes , amp; qui prefente une intermittencenbsp;Fien marquee ; c�eft celle de Franche - Comte ,nbsp;^ont on lit une defcription fort bien faite dans lenbsp;Journal des Sgavants , Oflobre i6i^8.
Cette fontaine eft, ou etoit dii moins alors , pr�s du grand chemin qui conduifoit de Pontarliernbsp;s Touillon , au bout d�un petit pr�, 6c au pied denbsp;quelques montagnes qui la dominent : elle coule ,nbsp;par deux endroits f�par�s , dans deux baflins dontnbsp;^a rondeurlui a fait donner le nom de /a Fontaimnbsp;^onde. Le baffin fuperieur, qui eft le plus grand,nbsp;3 environ fept pas de longueur fur fix de largeur ,nbsp;^ il y a au milieu une pierre en talus, qui fert anbsp;^endre fenfible fon mouvement de reciprocation.
Quand le flux va commencer, on entend un ^ouillonnement au dedans de la fontaine , 6c, Tonnbsp;''Oit aufll-tot 1�eau fortir de tons cotes , en pro-duifant beaucoup de buUes d�air ; elle s��leve d�unnbsp;grand pied.
Dans le reflux , I�eau s�abaiffe a peu pr�s dans le m�me temps amp; par les m�mes gradations in-''erfes. La duree twiale du flux 6c du reflux eftnbsp;d�environ un demi-quart d�heure, y compris en-'''iron deux minutes de repos.
La fontaine tarit prefque enti�rement d chaque t^flux , fur-tout de deux I�un; Sc a la fin de cenbsp;reflux on entend une efpece de gazouillement quinbsp;annonce cette fin.
La petite ville de Colmars en Provence , dio-de Sen�z, nous prefente encore une fontaine
xi8 R�cr�at. Math�mat. et Phys. de ce genre. Elle fe trouve aux environs de cettenbsp;ville , Sc elle eft remarquable par la frequencenbsp;de fes �couleinents. Quand elle eft pr�te acouler,nbsp;un l�ger murmure annonce fon arriv�e ; elle croitnbsp;enfuite pendant une demi-minute; alors elle jettenbsp;de 1�eau de la groffeur du bras; puis elle d�cro�tnbsp;pendant cinq a fix minutes, Sc s�arr�te un moment ; apr�s quoi elle reprend fon �coulement.nbsp;De cette maniere la dur�e de fon �coulement Scnbsp;de fon intermittence enfemble, eft de fept a hultnbsp;minutes , enforte qu�elle coule Sc s�arr�te huit foisnbsp;environ dans une heure. Gaflendi a donn� unenbsp;defcription plus d�taill�e de cette fontaine, dansnbsp;fes oeuvres, ainfi que M. Aftruc , dans fon Hijl.nbsp;Nat, du Languedoc amp; de la Provence.
La fontaine de Fonzanches, dans Ie diocefe de Nifmes , m�rite aufll de trouver place ici. Fonzanches eft fitu� entre Sauve Sc Quiflac , a la droitenbsp;amp; aflez pr�s du lit de la Vidourle: cette fontainenbsp;fort de terre a I�extr�mit� d�une pente aflez roidenbsp;tourn�e au levant. Son intermittence eft des plusnbsp;marqu�es ; elle coule Sc s�arr�te r�guli�rementnbsp;deux fois par jour ou dans 1�efpace de 14 heures:nbsp;la dur�e de l��coulement eft de 7 heures minutes , Sc celle de I�intermifRon de 5 heuresnbsp;jufte ou tr�s-pr�s ; enforte que fon �coulementnbsp;retarde chaque jour de 50 minutes. Mais on au-roit tort d�en conclure aucune liaifon, foit avecnbsp;Ie mouvement de la lune , foit avec la mer�nbsp;quoiqu�on lui alt donn� Ie nom de la Fontaine attnbsp;flux 6� reflux. II feroit abfurde d��tablir de-la desnbsp;canaux jufqu�a la mer de Gafc�gne, qui ennbsp;a 130 lieues. D�ailleurs Ie retardement de 50 miquot;nbsp;nutes n��tant pas pr�cif�ment celui des mar�es,nbsp;OU du paffage de la lune par Ie m�ridien, l�ana-
P H Y S I Q U Er nbsp;nbsp;nbsp;22^
�ogie id�un mouvement avec l�autre ne fe foutient pas davantage que fi ce r�tardement �toit beau-coup plus grand ou moindre.
Nous terminerons ce paragraphe par la defcrip-tion de la fameufe fontaine appel�e Fontejlorbe , qu�on trouve dans Ie diocefe de Mirepoix. Cenbsp;lt;lue nous allons en dire eft 1�extrait de la defcrip-^ion que M. Aftruc en a donn�e, dans l�ouvragenbsp;cit� ci-delTus.
'Fonteftorbe eft fitu�e a I�extremite d�une chaine roehers , qui s�avance prefque jufqu�aux bordsnbsp;de la riviere de Lers, entre Fougas amp; Belleftat,nbsp;dans Ie diocefe de Mirepoix. Fort au defifus dunbsp;�it de la riviere , on voit une voute de 20 a 30nbsp;pieds de profondeur, amp; de 40 pieds de largeurnbsp;fttr 30 de hauteur. Au c6t� droit eft la fontainenbsp;dont il s�agit, dans une ouverture triangulaire dunbsp;�quot;Ocher, dont la bafe eft de 8 pieds environ denbsp;largeur. C�eft par cette ouverture que coule 1�eaunbsp;^Uand Ie flux eft arriv�. Ce qui cara�lcrife d�unonbsp;itianiere finguliere fon intermittence , c�efl qu�elle-n�eft intermittente que dans les temps de f�che-refle , c�eft-a-dire ordinairement pendant les moisnbsp;de Juin , Juillet, Ao�t amp;Septembre : alors ellenbsp;coule pendant 36 a 37 minutes, en s��levant denbsp;4 a 3 pouces fur la bafe de 1�ouverture triangulaire , amp; apr�s ce temps elle ceffe de couler pendant 3x3 33 minutes ; vient-il a pleuvoir, Ienbsp;*�rnps de 1�intermii�ion fe raccourcit, amp; s�an�antitnbsp;�nfin lorfqu�il a plu trois ou quatre jours de fuite,nbsp;^tiforte que la fontaine eft alors continue , quoi-avec une augmentation p�riodique : mais enfin,nbsp;lorfque la pluie a dure aflez long-temps, Ie fluxnbsp;^ft continu amp; �gal, ce qui dure pendant toutnbsp;Shiver, jufqu�au temps de la f�cheteflTe , o� la
130 R�cr�at. Math�mat. et Phys. fontalne redevient p�riodique amp; intermittente pafnbsp;les m�mes gradations inverfes.
On peut d�duire des principes expof�s dans les probl�mes precedents , la raifon de la plupart desnbsp;ph�noinenes qu�on vient de d�crire : il fuffit pournbsp;cela de concevoir une cavit� plus ou moinsnbsp;grande, forni�e par I�afFaiffement d�un banc denbsp;glaife , amp; qui fert de r�fervoir a un amas d�eaunbsp;fourni par une fource. Que cette cavit� communique au dehors par une efpece de canal circonflexe , dont 1�orifice int�rieur foit voifin du fondnbsp;de la cavit� , amp; 1�ext�rieur beaucoup plus bas ;nbsp;ce canal fera �videmment l�office du fyphon dunbsp;Probl�me LXIII amp; de la fig. 3 /, amp; produira lesnbsp;meines ph�nomenes, en fuppofant toutefois 1�ac-c�s de l�air ext�rieur dans la cavit�.
Si done la fource qui vient remplir la cavit� d�crite, fournit conftamment moins d�eau que Ienbsp;fyphon fnppof� n�en peut�vacuer, l�eau ne cou-lera que p�riodiquement; car, pour qu�elle coule,nbsp;il faudra que l�eau foit mont�e jufqu�au fommet,nbsp;ou l�angle des deux branches du fyphon: il cou-lera alors , amp; �vacuera l�eau contenue dans lanbsp;cavit�; amp; enfuite il s�arr�tera , jufqu�a ce qu�ilnbsp;foit furvenu de nouvelle eau.
Mals fi la fource cach�e qui alimente Ie r�fer-voir fuppof� eft variable, c�eft-a-dire qu�elle foit beaucoup plus abondante en temps d�hiver amp;nbsp;pluvieux , que pendant 1��t� ou un temps de f�che-reffe, la fource apparente ne fera intermittentenbsp;que dans ce dernier temps ; la dur�e de fes inter-jniffions ou repos diminuera a mefure que 1*nbsp;fource cach�e deviendra plus abondante; amp; en-fuite, quand cette derniere Ie fera au point denbsp;donner autant d�eau que Ie fyphon en pourra
Physique. nbsp;nbsp;nbsp;2?t
^'^acuer, la fource apparente devienara continue ;
reprendra enfin par degres fon interinittence , 3 mefure que la fource interieure diminuera denbsp;'^olume.
Ainfi voila les phenomenes de la fource de-^onteftorbe, expliques par le m�me m�canifme ^ue celui des autres Fontaines purement intermit-tentes. II y a apparence que , dans ces dernieres,nbsp;^a fource cachee tire fon origine d�une eau fou-terraine qui ne reqoit que peu ou point d�augmen-^ation des eaux exterieures, amp;� qu�au contrairenbsp;Celle de Fontefiorbe a pour aliment une eau pro-'^enant des neiges amp; des pluies.
Nous ne dirons qu�un mot de quelques autres fontaines de ce genre, dont il eft parle dans di-''^ers auteurs. Telle eft celle des environs de Pa-^erborn , qu�on noinme Bulhrborn ^ quicoule,nbsp;^it-on , 12 heures , amp; fe repofe autant de tempsnbsp;Celle de Haute-Combe en Savoie, pr�s du lac du.nbsp;fiourget, qui coule amp; s�arrete deux fois par heure ;nbsp;Celle de Buxton, dans le comte de Derby, Scnbsp;ftont parle Childrey dans fes Curiojit�s d�^ngle-tirrc , qui coule tons les quarts d�heure feulement;nbsp;Une pr�s du lac de C6me , celebre d�s le tempsnbsp;de Pline le ieune, qui haufte amp; baifle trois foisnbsp;par jour p�riodiquement; amp;c. amp;c. Comme lesnbsp;defcriptiops qu�on en donne font tr�s-imparfaites ,nbsp;^ous ne nous y arreterons pas davantage.
Ill . Mais void des phenomenes d�un autre genre; font ceux que nous prefentent certains puits ounbsp;^crtaines fources qui s�elevent amp; s�abaiftent a cer-J^ines p�riodes, lans qu�on leurconnoilTe d��cou-lement. II y a pr�s de Breft un puits fujet a cesnbsp;sbaiffement amp;c elevation periodiques, dont 1�ex-plication a beaucoup occup� les phyficiens. La
P iv
-ocr page 240-131 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
defcription de ce qu�on y obferve eft tir�e du Journal de Trevoux , (Oftobre 1718) , amp; eft l�ou-vrage d�un P- Aubert, J�fuite , phyficien quinbsp;paroit tr�s-exafl; amp; tr�s-inftruit,
Le puits dont nous parlons efl: fitu� a deux lieues de Breft, au bord du bras de mer qui sVnbsp;vance dans les terres jufqu�a Landerneau, Sa dif-tance au bord de la haute mer eft de 7^ pieds ,nbsp;amp; ^ peu pr�s du double au bord de la baftsnbsp;mer. II a 10 pieds de profondeur , amp; Ton fondnbsp;eft plus bas que la haute mer, Sc moins �lev� quSnbsp;la balTe.
II ferolt peu �tonnant, Sc ce ferolt m�me une chofe toiit-a-fait dans 1�ordre naturel, que le puitsnbsp;baifsata Ia baiffe mer Sc montat a la haute ; inai*nbsp;c�eft tout le contraire, ainfi qu�on va le voir pafnbsp;la fuite d�taill�e de ce qu�on y obferve.
L�eau du puits eft la plus bafle, c�eft-a-dire a' II OU IX pouces au defliis de fon fond, lorfquenbsp;!a mer eft Ia plus �lev�e, Elle refte en eet �tatnbsp;environ une heure , a compter du moment de lanbsp;haute mer ; elle croit enfuite pendant environnbsp;a heures Sc demie dans le temps que la mer baifte�nbsp;apr�s quoi elle refte ftationnaire pendant environnbsp;deux heures. Elle commence alors a d�croftre�nbsp;c�eft-a-dire une demi-heure environ avant le mO'nbsp;jnent de la plus bafte mer , Sc cela continue pen'nbsp;dant les quatre premieres heures de la mer mon-�ante. Enfin elie refte dans le m�me �tat d�abaidfe'nbsp;ment environ 3 heures, c�eft-a-dire pendant Is*nbsp;deux dernieres heures de la mer montante , Sc 1*nbsp;premiere heure de la mer defcendante ; apr�s qnp*nbsp;elle recommence a monter, comme on 1�a exph'nbsp;qu� plus haut. On a remarqu� dans la grande (^7nbsp;cherefte de 1724, que le puits dant il s�agit tarib-
-ocr page 241-^oit quelques heures a la mer montante, amp; qu�il rempliflbit a la mer defcendante. Je ne fqaisnbsp;ce puits fubfifte encore. Ce qui ajoute a ia iin-gularite du phenomene , c�eft que des puits voi-^ns, Sc qui femblent devoir eprouver les m�mesnbsp;''�ciffitudes, n�y font point fujets.
On voit pr�s de Londres, entre cette ville amp; Oravelande , une forte de petit lac appele Green-, qui, fuivant M. Defaguliers, offre les ine-*igt;es phenomenes: il ajoute avoir oui dire qu�anbsp;Lambourn , dans le Berckshire , il y a une Fontaine qui eft pleine quand le temps eft fee , St anbsp;ftc quand le temps eft pluvieux. Il feroit a defirernbsp;^u�il eut av�r� le fait avec fes circonftances.
IV. Mais tout ce que nous venons de dire, *luoique fort remarquable, n�approche pas de lanbsp;ftngularite du fameux lac de Zirchnitz. On nominenbsp;^gt;nfi un lac aflez grand, fitue pr�s la petite villenbsp;ce nom , dans le duch� de Carniole. Il a en-''iron trois lieues de France de longueur, Sc unenbsp;^ demie de largeur, fous une forme aftez irr�guliere.
La fingularit� de ce lac confifte en ce qu�il eft plein d�eau pendant prefque toute I�annee ; maisnbsp;Vers la fin de Juin , ou dans les premiers jours denbsp;Quillet, 1�eau s�ecoule par 18 efpeces de puits ohnbsp;*jonduits fo�Uterrains ; enforte que ce qui avoitnbsp;le fejour des poiftbns amp; des oifeaux aquati-, qui y font tr�s-nombreux , devient cellenbsp;beftiaux , qui viennent y paitre une herbenbsp;ubondante. Les chofes reftent ainfi pendant troisnbsp;^ quatre mois, fuivant la conftitution de fann�e ;
ce temps expire, 1�eau revient par les trous qui I�avoient abforbee , Sc avec une violencenbsp;ft confiderable , qu�elle jaillit jufqu�a la hauteur
-ocr page 242-234 RiCRiAT. Math�mat. et Phys. d�une pique, de maniere qu�en juoins de vingt-quatre heures Ie lac eft revenu dans fon premiernbsp;�tat.
On doit cependant remarquer qu�il y a quel-ques irr�gularit�s dans Ie temps amp;; la dur�e de cette evacuation. II eft quelquefois arriv� que Ienbsp;lac s�eft rempli 5c vuid� deux ou trois fois dansnbsp;l�ann�e. Une fois il n��prouva de toute 1�ann�enbsp;aucune evacuation ; mais il n�eft jamais arrive*nbsp;qu�il a it reft� vuide plus de quatre mois. Ces irr�gularit�s n�emp�chent pas que Ie ph�nomene merite de tenir une place parmi les fingularit�s lesnbsp;plus extraordinaires de la nature. On peut voifnbsp;fur ce fujet l�ouvrage d�un fqavant de ce pays ^nbsp;(M. WeichardValvafor, ) intitul� Gloria, duca-t�s Carniolcz , amp;c. 1688, 10-4*^. Cet auteur entrenbsp;dans des d�tails qui lui concilient toute croyance ,nbsp;8c d�ailleurs c�eft un fait connu amp;c rapport� par divers voyageurs inftruits.
M. Valvafor d�duit avec beaucoup de probabi-lit� les ph�nomenes de ce lac , de cavit�s fouter-raines qui communiquent avec lui par les ouvertures dont nous avonsparl�, 5c qui font pleines d�une eau aliment�e par les pluies. Lorfque ces pluiesnbsp;ont cefie pendant long-temps, 5c qu�elles fontnbsp;�vacu�es jufqu�a un certain point , elles donnentnbsp;lieu a un jeu de fypbons qui vuide tout Ie lac.nbsp;Mais il faut voir les d�tails de cette explicatiotinbsp;dans l�ouvrage cit�, ou bien dans les ydamp;s-Leipjicky ann�e 1688.
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Physique.
Porte-voix amp; du Cornet acoujlique ; leur ex-vlication : Le jeu de la. T�te enchant�e.
Out comme on aide Ia vue par les lunettes ^spproche amp; par les microfcopes , de m�me onnbsp;� imagine d�aider 1�ou�e par des inflruments ana-^Sues. L�un, appel� Ie porte-voix fert a fe fairenbsp;^'^tendre de fort loin; amp; 1�autre, appel� cornetnbsp;�^'^oujiique, a groflir pour l�oreille les plus petitsnbsp;fons,
Le chevalier Morland eft, parmi les modernes, '�^lui qui s�eft le plus occup� a perfe�lionner cenbsp;^'loyen d�augmenter les fons. 11 publia en i68..
trait� intitul�, de Tuba Stenforophoniednom fait allufion a la voix de Stentor, li c�lebrenbsp;P^rml les Grecs par fa force extraordinaire. Cenbsp;nous allons dire ici efl; en partie extrait denbsp;^�t ouvrage curieux.
Les anciens connurent le porte-voix , car on dit ^u�Alexandre avoit un cornet avec lequel il don-�loit des ordres a fon arm�e, quelque nombreufenbsp;Sn�elle fut. Kircher, d�apr�s quelques paffages d�unnbsp;^anuferit du Vatican, fixe le diametre du pavilionnbsp;pieds amp; demi. Quelle �tolt fa longueur ? ilnbsp;dit rien ; il ajoute feulement qu�il fe faifoltnbsp;^��^endre a 500 ftades , ou 5 de nos lieues. II y anbsp;doute de 1�exag�ration. Un inftrument avecnbsp;, Snel on pourroit fe faire entendre de Verfaillesnbsp;^ ^aris, feroit un inftrument fort curieux.
Quoi qu�il en foit, le porte-voix, autrement ^�quot;ompette parlante , ou jlentorophonique , n�eft;nbsp;^ntre chofe qu�un long tuyau, qui d�un c�t� n�anbsp;Sue la largeur n�ceffaire pour y appliquer la bou-
-ocr page 244-136 R�cr�at. Math�mat. et Phys,
che, amp; qui va de-la en s��vafant jufqu�a 1�autr^ extr�mit� en forme de pavilion, L�ouverture d�nbsp;petit bout doit �tre �gale a celle de la bouchsnbsp;d�un homme , amp; un peu applatie, pour mieux fsnbsp;conformer a Ia figure de eet organe ; deux petitesnbsp;appendices lat�raleS fervent a embraffer les joues.
PI. 6, �n voit tout cela dans la fig. , qui n�a pa^ %- 33�befoin d�autre explication.
Le chevalier Morland dit avoir fait faire de ces trompettes parlantes de plufieurs grandeurs ; feja-voir, une longue de 4 pieds amp; demi , par la-quelle on fe faifoit entendre a 500 pas g�onr�trr-ques; une autre , de 16 pieds 8 pouces, fe faifoitnbsp;entendre a 1800 pas ; une troifieme enfin , de i4nbsp;pieds, c[ui portoit le fon a plus de 2500 pas.
Nous ne dirons pas coinmeM. Ozanam , pout expUquer eet effet, que les tuyaux fervent g�'nbsp;n�ralement a renforcer Taftivit� des caufes natit-relies ; que plus ils font longs , plus cette �nergienbsp;eft augment�e; amp;c. car ce n�eft pas la parler ennbsp;pbyficien ; c�eft prendre l�effet pour la caufe.nbsp;faut raifonner avec plus de pr�cifion.
L�air eft un fluide �laftique , amp; tout fon qu* y eft produit fe r�pand circulairement amp; fph�ri'nbsp;quement a l�entour du lieu oil il eft produit. Stnbsp;done 1�on parle a 1�extr�mit� d�un long tuyaU gt;nbsp;tout le mouvement qui feroit communiqu� a unenbsp;fphere d�air , par exemple de 4 pieds de rayon , eftnbsp;communiqu� a un cylindre ou plut�t un c�nsnbsp;d�air, dont la bafe eft le pavilion. Si ce cdne eft 1nbsp;par exemple, la 100� partie de la fphere entiet�nbsp;de m�me rayon , c�eft a peu pr�s comme ft l�nf*nbsp;avoit parl� 100 fois aufli fort dans un air libre : onnbsp;doit done entendre a une diftance 100 foi^ au�*nbsp;grande.
-ocr page 245-Physique.
�-e cornet acouftique , inftrument fi utile pour fourds, ell a peu pr�s I�inverfe du porte-voix.nbsp;raffemble dans le conduit auditif toute la quan-de fon contenue dans fon pavilion , ou ilnbsp;^iigmente le fon qui eft produit a fon extr�mit� ,nbsp;ftans un rapport qui eft a peu pr�s le m�me quenbsp;^slui de cette extr�mit� au pavilion. Si, parnbsp;^Xemple , le pavilion a 6 pouces de diametre, Scnbsp;^ Ouverture qu�on applique a 1�oreille 6 lignes , cenbsp;^oi donne en furface le rapport de i a 144 , lenbsp;fera augment� 144 fois, ou a peu pr�s; car jenbsp;crois pas que ce rapport fuive pr�cif�ment 1�in-^erfe des �tendues. II faut convenir que fur celanbsp;�acouftique n�eft pas encore auffi avanc�e quenbsp;^�optique.
Rem ARq_u E.
L�exp�RIENCE a appris, amp; c�eft un fait, Quelle qu�en foit la raifon , que le fon renferm�nbsp;dans un tube fe propage a une diftance incompa-^blement plus grande que dans fair libre. Le P-^ircher rapporte quelque part, que les ouvriersnbsp;^ui travaillent dans les fouterrains des aqueducsnbsp;'^e Rome, s�entendent a la diftance de plufteursnbsp;'Uilles.
Si Ton parle, meine fort bas, a Textr�mit� ft�un tuyau de quelques pouces de diametre , celuinbsp;�loi aura I�oreille a 1�autre extr�mit� , entendranbsp;diftin�iement ce qu�on aura dit, quel que foit lenbsp;Sombre de circonvolutions de ce tuyau.
Cette obfervation eft le principe d�une machine ^�11 furprend beaucoup les gens m�diocrement inf-���uits. On place une figure en bufte fur une table ;nbsp;*Oais de I�une de fes oreilles, ou de chacune , onnbsp;Conduit a travers l��paifTeur de la table 5c un de
-ocr page 246-258 R�cb�at. Math�mat. et Phys. fes pieds, uii tuyau qui perce Ie plancher, amp; VSnbsp;aboutir dans 1�appartement Inf�rieur ou lateral*nbsp;Un autre tuyau part de Ia bouche , amp; va aboutifnbsp;par un chemin femblable dans Ie m�me appartement. On dit a quelqu�un de faire a cette figurenbsp;une queftion en lui parlant bas a I�oreille ; la per-fonne qui eft de concert avec celle qui montrenbsp;la machine , ayant fon oreille appliqu�e a l�ex-tr�mit� du m�me tuyau , entend fort bien cenbsp;qu�on a dit : elle fait alors a l�embouchure denbsp;I�autre tuyau, une r�ponfe qu�entend a fon ioutnbsp;1�auteur de la queftion. Enfin , ft par quelqu�nbsp;moyen m�canique on a donn� en m�me temps uHnbsp;mouvement aux levres de la machine, les ignorants font extr�mement furpris, amp; tent�s de croirenbsp;a Ia magie. II n�y en a pourtant aucune, alnftnbsp;qu^on Ie voit.
Dans h jeu du Ricochet, quelle ejl la caufe qu^ fait remonter la pierre au dejfus de la furfacenbsp;de l*eaUf apresy avoirplong�}
Rien n�eft plus connu amp; plus commun que 1� jeu appel� Ricochet, puifqu�il eft peu de jeune*nbsp;gens qui, fe trouvant fur Ie bord d�une eau un pei*nbsp;�tendue, ne s�amufent a ce petit jeu. Mais 1*nbsp;caufe de ce rebondiflement de la pierre , apr^*nbsp;avoir touch� la furface de 1�eau, n�en a pas moiti*nbsp;quelque chofe qui ne fe pr�fente pas d�abord ^nbsp;l�efprit; amp; m�me, Ie dirons-nous ? il y a de*nbsp;phyficiens qui s�y font m�pris, en attribuant ce^nbsp;effet a l��lafticit� de 1�eau. Comme 1�eau n�a a�'nbsp;enne �lafticit� , il eft �vident que leur explicatie**nbsp;eft vicieufe.
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Ce rebondilTement tient neanmo'ins a une caufe approche affez de T�lafticit�. C�eft I�effort quenbsp;font les colonnes d�eau, enfoncees par le choc ,nbsp;pour fe relever amp;c reprendre leur place , par unenbsp;fuite de Tequilibre qui doit r�gner entr�elles amp; lesnbsp;�'^olfines. Mais entrons dans une analyfe un peUnbsp;plus approfondie de ce qui fe paffe en cette oc-^^lion.
Lorfque la pierre, qui doit �tre plate , eft lan-'^�e obliquement a la furface de I�eau , amp; dans le fens de fon tranchant, il eft evident qu�elle eftnbsp;portee de deux mouvements qui fe compofent,
^ Un horizontal qui eft le plus vite, amp; 1�autre ver-^ical qui 1�eft beaucoup moins. La pierre , arrivee ^ la furface de I�eau , la choque par 1�effet de cenbsp;^srnier feulement, amp; elle enfonce un peu la colonne d�eau qu�elle rencontre ; ce qui produit unenbsp;^^fiftance qui affoiblit ce mouvement vertical ,
��''ais fans le detruire encore : elle continue a plonst'' en enfonqant d�autres 'colonnes ; d�ou il r�-^ulte de nouvelles r�fiftances qui an�antiffent enfin mouvement en ce qu�il a de�vertical. La pierrenbsp;�ft alors parvenue a la plus grande profondeurnbsp;�^u�elle puiffe atteindre , 6c elle a du decrire n�-teffairement une petite courbe , dont la conve-^'t� eft oppofee au fond de I�eau , comme on pj ^nbsp;'�oit dans la fig. 34 .� mais dans le merne temps fig. 54.nbsp;fpn mouvement, en ce qu�il a d�horizontal, n�anbsp;ou prefque rien perdu. D�un autre cote , lanbsp;��olonne enfoncee par le choc de la pierre , r�agitnbsp;pontr�elle , forcee par les colonnes voifines ; d�ounbsp;o r�fulte un mouvement vertical, qui eft imprimenbsp;^ la pierre, amp; qui fe combine avec le mouve-|pent horizontal qui lui refte. Il doit done en r�-hllter un mouvement oblique tendant en hautj
-ocr page 248-140 R�cr�at. Math�mat. Et Phys. c�eft celui qui fait rebondir la pierre de deffusnbsp;l�eau , en lui faifant d�crire une petite parabolsnbsp;fort applatie, a la fin de laquelle elle frappe encorenbsp;l�eau fort obliquement; ce qui produit un fecondnbsp;bond , puis un troifieme , un quatrieme , amp;c. quinbsp;vont toujours en diminuant d��tendue amp; de hauteur, jufqu�a ce que Ie mouvement foit tout-a-faitnbsp;an�anti.
PROBL�ME LXIX.
Ze m�canifmz du Oirf-volant: Diverfamp;s qmjlioni amp; recherches fur ce jeUi
Tout Ie monde connoit l�amufement du cerf-volant, petite machine fort ing�nieufe, Sc dans laquelle delate un m�canifme tr�s - adroit. Ce-pendant on s��tonnera peut - �tre de ce qu�unnbsp;objet de cette nature a pu faire Ie fidet d�un m�-moire acad�mique ; car on en lit un fur Ie cerP�nbsp;volant parmi ceux de l�Acad�mie de Berlin, ann�enbsp;1756. Mais cette furprife ceffera, quand on fqauranbsp;que M. Euler Ie fils �toit d�)a profond g�ometrSnbsp;a un age ou la plupart des jeunes gens ne voientnbsp;dans un cerf-volant qu�un objet d�amufement -ainfi II �toit difficile qu�il ne fut pour lui un fujetnbsp;de m�ditation. II pr�fente en efFet plufieurs quef'nbsp;tions curieufes , Sc m�me, pour la plupart, iiU'nbsp;poffibles a traiter fans une analyfe profonde. Onnbsp;peut done regarder , fi 1�on veut, ce M�moire gt;nbsp;comme les juyenilia d�un grand g�ometre. NoU*nbsp;ne Ie fuivrons pas dans fes calculs profonds ; noU*nbsp;nous bornerons a traiter la matiere d�une manief^nbsp;moins exafte , Sc plus facile a entendre.
Le cerf-volant eft, comme 1�on ft^ait, une face plane, Sc l�gere autant qu�il eft poftib'��
Physique. nbsp;nbsp;nbsp;241
ABCD , talll�e en rhombe irr�gulier , c�eft-^-dire foriti�e de deux triangles BAC gt; BDC, dans lef- PI-^uels l�angle A du premier eft beaucoup plus%3S,*nbsp;S^and que Tangle D du fecond. Du cot� A eft lanbsp;D eft la queue , a laquelle on attache or-'^jnairement un long fil garni de floccons de pa-P'st: on en met auffi de beaucoup plus courts auxnbsp;^�igles B amp; C ; ce qui fait que la petite machine,
�lant �lev�e, pr�fente de loin Ie fpe�tacle d�un ^ifeau monftrueux qui fe balance dans les airs anbsp;* aide de fes ailes amp; de fa queue.
A un point de Taxe AD, amp;c vers Ie point E, eft �hachee une ficelle de quelques centaines de piedsnbsp;longueur, amp; qui s�enroule fur un baton , pournbsp;'�lacher ou la retirer fuivant Ie befoin. Mais cettenbsp;*^lt;5rde a befoin d��tre attach�e au cerf-volant d�unenbsp;�^ertaine maniere ; car il faut, 1� que d�un pointnbsp;la corde , volfin de fon attache , partent deuxnbsp;autres petites cordes allant aux point B amp; C, pournbsp;^tnp^cher la machine de tournet fur Taxe AD.
Du m�me point de la corde doit partir une ��tre petite corde allant a un point voifin de lanbsp;A , enforte que Tangle fonn� par la cordenbsp;�vee Taxe A B fqit aigu du c�t� de A, amp; invariabele ; on en fait m�me pafler une quatrieme de cenbsp;Point de la corde a un point voifin de D.
Les chofes ainfi pr�par�es , quand on veut *�'ettre Ie cerf-volant au vent, on fait tenir lanbsp;^otde a quelqu�un , amp; a quelques toifes de dif-J�oce ; on expofe la furface inf�rieure au vent, ennbsp;^�chant Ie cerf-volant en Tair. Celui qui tient lanbsp;*^orde fe met auffi-t�t a marcher avec rapi-^it� contre Ie vent, afin d�augmenter Ta�fion denbsp;air fur cette furface. Si Ton �prouve une r�fif-tance confid�rable , on lache un peu amp; fucceffi-TomtlV,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Q
-ocr page 250-141 R�cr�at. Math�mat. et Phys. vement la corde, amp; Ie cerf-volant s��leve : il lufquot;nbsp;fit de figavoir bien gouverner, en lachant ou retiquot;nbsp;rant ia corde a propos; la lachant lorfque, patnbsp;FefFort qu�on �prouve, on jiige que Ie cerf-volantnbsp;peut s��lever encore; la retirant quand on Ie fentnbsp;mollir. Un cerf-volant bien fait, peut, dans uonbsp;lieu amp; un temps favorables, s��lever a 3 ou 4OOnbsp;pieds amp; m�me davantage.
Pour analyfer ce jeu, amp; reconnoitre ce qui s�y paffe, imaginons que AD repr�fente 1�axe du cerf'nbsp;volant, auquel eft attach�e la corde EC , retenuenbsp;en C par la perfonne qui Ie manoeuvre. L�angl�nbsp;Pb 6, AEC dolt �tre aigu. Que VE foit la direftion dunbsp;vent, dont nous fiippofons tous les filets r�unisnbsp;en un feul, agiffant fur Ie centre de gravit� de lanbsp;furface du cerf-volant, amp; que ftous fuppoferons,nbsp;pour fimplifier , ne pas diff�rer de celui du corpsnbsp;m�me , ou en �tre fort pr�s.
Que FE repr�fente Ia force avec laquelle Ie vent auquel Ie cerf-volant eft expof�, choque-roit perpendiculairement fa furface ; qu�on tire EOnbsp;perpendiculaire a cette furface , amp; qu�on menenbsp;FG perpendiculaire a EG; qu�on faffe enfin EEnbsp;troifieme proportionnelle a EF amp; EG, amp; qu�onnbsp;mene LM parallele a GF ; alors EL repr�fenternnbsp;la force avec laquelle Ie vent choque la furfacenbsp;inf�rieure du cerf-volant dans Ie fens perpendicU'nbsp;laire , amp; LM fera l�effort que ce choc exercernnbsp;dans Ie fens ML ou AED.
Nous remarquerons d�abord que, par ce det' nier, Ie cerf-volant tendroit a �tre pr�cipit� cnnbsp;bas; mais l�angle AEG �tant aigu, il en r�fult^nbsp;un effort dans Ie fens EA, qui contre-balance 1�nbsp;premier: fans cela Ie cerf-volant ne pourroit f^
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^outenir ; Sc telle eft la raifon pour laquelle cet ^ngle doit neceflairement �tre aigu.
Prenons maintenant EH �gale a EL; 6c me-nant El perpendiculaire a I�horizon, Sc HI perpendiculaire a EH, nous aurons deux nouvelles forces, dont Tune IH agira dans le fens ED , Scnbsp;fendra a precipiter le cerf-volant; mats elle eftnbsp;^n�antie , ainfi que la premiere ML , par la puif-fance en C , qui tire felon 1�angle oblique AEC.nbsp;L�autre El, fcra celle qui tendra a faire monter Ienbsp;Cerf-volant dans le fens vertical.
Ainfi , fi la force El eft plus grande que le poids du cerf-volant , il fera �lev� en 1�air ; Sc fi 1�oanbsp;fnppofe que I�extremite de la ficelle foit fixe en C ,nbsp;tournera autour de ce point C en s�elevant ;nbsp;�Hais en tournant ainfi , il arrivera neceffairementnbsp;Clue le vent cboquera avec plus d�obliquite la fur-fsce AB ; enforte qu�il y aura enfin �quilibre. Lenbsp;Cerf-volant ne s�elevera done pas davantage, anbsp;^^loins qu�on ne lache la ficelle ; car alors il s�ele-^cra parallelement a lui-meme ; Sc comme ennbsp;^riontant il rencontrera un air plus libre Sc unnbsp;Vent plus fort, il tournera encore un peu a Pen-tour de Tangle C, ou Tangle C deviendra plusnbsp;grand Sc plus approchant du droit.
Tel eft le m�canifme par lequel s�eleve le cerf-Volant. Il eft aif� de voir qu�on peut, connoiflTant viteffe du vent, la furface Sc le poids du cerf-'^olant, ainfi que la grandeur conftante de Tanglenbsp;, determiner la hauteur a laquelle il s�elevera.
Une queftion qui fe prefente naturelleinent ici, eft, Quelle grandeur doit avoir r angle AEF, pournbsp;9�^ petite machine s'ileve avec plus de faciUte ?nbsp;Nous n�en donnerons pas 1�analyfe ; nous nous
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-ocr page 252-144 tl�CR�AT. MATH�MAT. ET PhYS. bornerons a dire qu�en fuppofant Ie vent horizon*nbsp;tal, il faut que eet angle foit de 54� 44', c�eft-a-dire Ie m�me que celui que doit faire Ie gouver-nail d�un vaiffeau avec la quille, pour Ie fairenbsp;tourner avec Ie plus de facilit� , dans la fuppofiquot;nbsp;tion o� les filets d�eau qui Ie choquent auroientnbsp;une direftion parallele a la quille.
Nous remarquerons ici qu�il n�y a pas une ne* ceffit� abfolue que Tangle AEC foit invariable , amp;nbsp;determine a �tre tel par une petite ficelle attach�enbsp;d�un point de CE a un point voifin de la t�te;nbsp;mais il faut alors que Ie point d�attache E de cettenbsp;ficelle au cerf-volant, ne foit pas Ie m�me que Ienbsp;centre de gravit� de la furface du cerf-volant, amp;nbsp;que ce centre de gravit� foit Ie plus loin qu�il Ienbsp;pourra vers Ie centre de la queue D. C�eft pournbsp;cette raifon que Ton ajoute a ce point D un filetnbsp;garni de floccons.de papier, qui retire ce centrenbsp;de gravit� vers Ie point D. S�rement ceux quinbsp;s�amufent du cerf-volant n�y ont pas �t� conduitsnbsp;a priori: Torigine de cette appendice a �t� Tenvienbsp;de donner a la petite machine Tair d�un oifeau anbsp;longue queue , fe balanqant dans les airs. Mais Ienbsp;hazard les a fort heureufement fervis; car M, Eulefnbsp;a trouv�, par un calcul dont il n�eft pas pofliblenbsp;de donner ici m�me Tid�e, que cette petite queuSnbsp;contribue beaucoup a faire �lever Ie cerf-volant*nbsp;Au refle ce petit jeu , tout frivole qu�il eft�nbsp;pr�fente encore quelques autres confid�ration*nbsp;m�caniques qui exigent beaucoup d�adrelTe amp; uonbsp;calcul fort compliqu� ; mais on nous permettf*nbsp;de nous bomer a renvoyer au M�moire denbsp;Euler Ie flls, cit� plus haut.
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Remarque.
On peut, en obfervant toiitefois les regies cl-^sffus, donner a cette machine plufieurs figures '^'ff�rentes, comme celle d�un aigle , d�un vau-^our, amp;c. Je me fouviens d�avoir vu un cerf-'^olant repr�fentant un homme. II �toit fait denbsp;^oile taill�e amp; peinte pour eet efi�t, amp; attac-h�enbsp;�Urun chaffis l�ger, conftruit de maniere a foute-^snir tous les contours de la figure. EUe �toitnbsp;^toite , amp; paroiflToit v�tue d�une efpece de gilet.
bras difpof�s en anfes de chaque c�t� de fon ^orps , amp; fa t�te orn�e d�un bonnet termin�nbsp;�ngulairement , favorifoient I�afcenffon de la ma-�-fiine , qui, �tant a terre , avoit environ 11 piedsnbsp;haut; mais , pour en faciliter Ie tranfport, onnbsp;Ppuvoit la plier en deux par Ie moyen de char-�^�eres adapt�es au chaffis. Celui qui� guidoitnbsp;efpece de cerf-volant , parvint a 1��lever,nbsp;�Juoique dans un temps affezcalme, a pr�s de ^00nbsp;P^eds ; Sc une fois �lev�, il te fbutenoit en 1�air ,nbsp;�n ne donnant qu�un l�ger mouvement au cor-'ieau. La figure avoit al�rs un balancement fem-igt;Iable celui d�un homme patinant fur la glace,nbsp;t�illufion que caufoit ce petit fpeftacle, qui nenbsp;fumble d�abord fait que pour r�cr�er des �coliers,nbsp;laifldit pas d�attirer 8c amufer un grand nom-de. curieux.
PROBL�ME LXX. la Baguette divinatoire; ce quon en doltnbsp;penfer.
^ovs ne parlons ici de la baguette divinatoire, que parceque cette illufion ou ce charlatanifme ,nbsp;phyfique a fait trop de bruit pendant un temps,
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-ocr page 254-146 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
pour ne pas exciter la curiofit� du lefteur, amp; qu�il s�attend fans doute a trouver dans un ouvragenbsp;tel que celui-ci, au moins quelques mots fur cettenbsp;matiere. Sans ce motif, de pareils d�lires nousnbsp;paroiflent trop m�prifables amp; trop au delTous denbsp;la philofophie de ce fiecle , pour que nous leurnbsp;euflions donn� ici la moindre place.
La baguette divinatoire n�eft autre chofe qu�une fourche de bois de coudrier, dont les deux branches doivent avoir ou i8 pouces de longueur,nbsp;amp; faire entr�elles un angle de 30 a 40 degr�s. Onnbsp;en prend les deux branches dans les mains amp;Cnbsp;d�une certaine maniere , en plaijant Ie tronc ou Ienbsp;milieu en l�air. On pretend que quelques per-fonnes font dou�es d�une te�e propri�t� , que,nbsp;tenant ainfi cette baguette ehtre les mains, ellenbsp;tend , par un mouvement violent, a abailTer fonnbsp;tronc en bas , lorfqu�on eft a proximit� d�uhenbsp;fource, de m�taux pr�cieux renferm�s dans Ie feinnbsp;de la terre , d�un argent vole, amp;c. dirons-nousnbsp;fans une forte de confufion pour 1�efprit humain ?nbsp;on a �t� jufqu�a dire qu�elle tournoit fur les tracesnbsp;de gens criminels , voleurs ou affaffins. On vit,nbsp;dit'On, en 1691 ,lefameux Jacques Aymar fuivrenbsp;de cette maniere, depuis Lyon jufqu�a la foire denbsp;Beaucaire , deux hommes qui en avoient aflaffin�nbsp;un autre dans la premiere de ces villes , tracernbsp;leur marche amp; leur f�jour d�auberge en auberge gt;nbsp;les trouver enfin a Beaucaire , ou ils furent arr�-t�s, amp; firent 1�aveu de leur crime. La c�l�britenbsp;de eet homme fit qu�on voulut Ie voir a Paris �nbsp;mais il y parut moins merveilleux que Ie long denbsp;la c6te du Rhone; amp; apr�s quelques �preuves denbsp;fon art fmgulier qui r�ufllrent mal, il fut renvoy�nbsp;baffou� comme il Ie m�ritoit. Jl n�y a m�me pa*
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�apparence que la juftice des pays meridionaux royaume I�ait davantage employe a fuivre lesnbsp;�^�quot;�minels fugitifs; car on ne trouve plus un feulnbsp;concernant cet homme dans 1�hiftoire de cenbsp;^�nips: on dit m�me que , malgre fa c�l�brit�, ilnbsp;^ourut dans la mifere. II y a apparence qu�ilnbsp;�Voit �t� t�moin du crime commis par les deuxnbsp;l^�l�rats; que, voulant fe faire un grand nom dansnbsp;: art de faire tourner la baguette , il les avoit fuivisnbsp;lufqu�a Beaucaire, ou il avoit fqu leur projet d�ynbsp;*'efter pendant la foire; qu�il �toit retourn� fortnbsp;'��te a Lyon pour annoncer fon fecret, 8c lesnbsp;^Voit fuivis ainli a la pide. Il faut du refte regar-comme des contes ce qu�on ajoutoit, fqavoir,nbsp;qu�il reconnoiffoit les verres ou ils avoient bu ,nbsp;^es couteaux qui leur avoient fervi, 8cc.
Comment des t�tes organif�es pour �tre rai-^onnables , ont-elles pu penfer qu�une a�fion qui que moralement mauvaife, ait pu imprimernbsp;quelque qualite phyfique aux auteurs de cettenbsp;^ftion? que I�aflaflln d�un homme, ou un argentnbsp;'�ol� , fade plutot tourner la baguette que celuinbsp;qui a tu� un mouton, ou que de 1�argent liinple-�Tient d�plac� ? Il faut �tre imb�cille pour adopternbsp;de pareilles r�veries.
Aufli quelques phyficiens, encore bien crcdu-^6s, ont-ils born� la propri�t� de la baguette di-^�inatoire a tourner a la proximite des trefors , c eft.^.fjire des maffes confiderables d�or ou d�ar-^nt , des fontaines ou des amas d�eaux, 8cc.nbsp;* out comme, difent-ils, Faimant agit fur le fernbsp;par des particules invifibles , de m�me ces corpsnbsp;peuvent , par une emanation particuliere , agirnbsp;fur le.bois de la baguette, ou les bras de celui quinbsp;s en fert, amp;c. On peut voir ce beau raifonnement
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�sC vingt autres dans Ie livre de la Baguette divinti' toire , par l�abb� de Vallemont, homme qui nc-toit pas fans connoiflances , ma�s cr�dule, amp; pr^*-a adopter tout ce qui avoit quelque chofe de mei',nbsp;veilleux,
Le P. Kircher, autre homme c�lebre , mais guere moins entich� de l�amour du merveilleux , 6^nbsp;fouvent dupe ou cr�dule, a auffi tach� de conci'nbsp;lier avec la faine phyfique les merveilles pr�ten'nbsp;dues de la baguette divinatoire : il a fait poulnbsp;cela quelques experiences. Par exemple , il for-moit une baguette ou verge droite , dont unenbsp;moiti� �toit de fel gemme amp;c l�autfe de bois ; ilnbsp;la mettoit en �quilib.re , amp; 1�expofant a la vapeuCnbsp;d�une dilTolution de fel marin �chauff� , il remar-quoit que fa moitr� faline s�inclinoit; d�oii il con-cluoit qu�une pareille baguette , portee au defluSnbsp;d�une mine de fel, pourroit 1�indiquer en perdantnbsp;l��quilibre, Ce raifonnement �toit pitoyable , carnbsp;la mine de fel n�exhale pas des vapeurs commenbsp;une eau �chauff�e; mals en le fuppofant, c�eft denbsp;1�eau pure qui forme ces vapeurs , amp; Kircher eiitnbsp;�prquv� la m� me chofe en expofant fa baguettenbsp;mi-partie a la vapeur d�une eau pure. Mais ce fe'nbsp;roit du temps perdu que de dlfcuter ces fottifes ^nbsp;qui ne font plus que la vaine pature de quelquesnbsp;efprits cr�dules , amp; induits en erreur par des fri*nbsp;pons.
On doit mettre au m�me rang les pr�tendue* merveilles du nomm� Parangue , qu�on vant*nbsp;beaucoup, il y a fix ou fept ans, dans les pm'nbsp;vinces m�rldionales du royaume. II �toit, di*'nbsp;on , dou� de la propri�t� merveilleufe *1�nbsp;voir dans les entrailles de la terre les eaux coU'nbsp;rantes, m�me a une tr�s-grande profondeur �, ^
Physique. nbsp;nbsp;nbsp;245
traqoit Ie cours ; il difoit a peu pr�s a quelle profondeur elles �toient. Les nouvelles venues denbsp;pays annonqoient chaque jour un nouveaunbsp;qui atteftoit cette prodigieufe facult� ; on fitnbsp;�^�me des livres ou l�on tachoit d�expliquer com-�rrent il �toit poffible que fes yeux vilTent 1�eaunbsp;fians les entrailles de la terre: car, pour rendre cettenbsp;fiacult� encore plus merveilleufe , on vouloit qu�ilnbsp;''tt r�ellement, amp; dans toute I��tendue du terme,nbsp;^es objets fouterrains. Mais ce petit charlatan n�eutnbsp;pas Ie m�me honneur que Jacques Ay mar, fqa-�Voir, d��tre appel� a Paris ; on Ie laifia ex�cuternbsp;les merveilles dans la province qui l�avoit vunbsp;tia�tre , o� il ne fut pas m�me long-temps utinbsp;grand prophete, non plus que dans les provincesnbsp;'^oifines. Montelimart eft la ville o� il a fur-toutnbsp;fait fes plus grands miracles; mais il en a , dit-on ,nbsp;co�t� quelque argent a fes magiftrats municipaux ,nbsp;Pour avoir, fur la parole du petit Parangue, faitnbsp;creufer affez profond�ment pour trouver unenbsp;fource. Les partifans du petit charlatan ont ditnbsp;tju�on s��toit d�courag� trop t�t, amp; que t�t ounbsp;tard on auroit trouv� de 1�eau. Nous Ie croyonsnbsp;aulfi : la prophetic, entendue de cette maniere ,nbsp;ne peut manquer de fe verifier.
J�ai ou� dire qu�on voit aujourd�hui, a peu pr�s fians Ie m�me pays , un autre charlatan qui trouvenbsp;eaux cach�es, d�une autre maniere. On Ie pro-J�^^ne dans les lieux o� l�on en foupqonne ; �cnbsp;'orfqu�il paffe deffus, il reffent un acc�s violentnbsp;fievre, qui ne ceffe que quand il a d�paff� lanbsp;fource. Credat Judaus Apdla.
^ Les folies des hommes femblent ne faire que fe repeter. On avoit vu aLisbonne, vers 1738,nbsp;Une femme qui avoit bien �ne propri�t� plus
-ocr page 258-4^0 R�ck�at. Math�mat. et Phys. extraordinaire que cel�e de Parangue. D�s 1�agffnbsp;de 5 ans elle avoit vu un enfant dans Ie ventre denbsp;la cuifiniere de la maifon, amp; 1�avoit dit na�vementnbsp;a fa mere. L��v�nement juftifia , dit-on , la jeunenbsp;perfonne, dont les talents allerent toujours en fenbsp;perfedfionnant. Arriv�e a un certain age , ellenbsp;voyoit dans Ie corps humain comme s�il e�t �t�nbsp;tranfparent, amp; m�me elle indiquoit aux m�decinsnbsp;les vifceres attaqu�s de maladie, Une chofe n�an-moins remarquable, c�eft qu�elle ne voyoit ainfinbsp;dans Ie corps humain que lorfqu�on �toit deshabille, Mais quoique quelques habits l�gers lui in-terceptaflent la vue de ce qui �toit au-dela , ellenbsp;ne laiflbit pas, dit-on, de voir a de grandes pro-fondeurs fous terre. C�eft ainfi que Ie petit Parangue , qui voyoit a travers les rochers, ne voyoitnbsp;pas a travers une planche. Quant a la dame mer-veilleufe de Lisbonne, elle voyoit tr�s-bien, amp;nbsp;m�me lifoit a travers une planche d�un pouce d��-paifTeur. Un jour, �tant encore enfant, amp; fe pro-menant, elle vit un mineur fous terre. On trouvanbsp;qu�en effet il y en avoit un a 6o toifes de profon-deur, On imagine bien qu�elle voyoit l�eau amp;c lesnbsp;foiirces fouterraines, amp; 1�on pr�tend qu�il y a unnbsp;grand nombre de puits creuf�s a Lisbonne d�apr�snbsp;fes indications. C�eft a elle , dit-on , que l�on doitnbsp;la d�couverte d�un ob�lifque cache depuis long'nbsp;temps fous terre , amp; qu�on fit relever pour la decoration de cette ville.
On raconte qu�un religieux de la m�me vill^ Teconnoiflbit en tout temps la pr�fence des eau*nbsp;fouterraines , en regardant Ie foleil a midi. ^nbsp;voyoit, difolt - il, une colonne de vapeurs q^^^nbsp;s��levoient vers eet aftre.
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M�moires iujlruclifs pour un Voyugeur, Amft, *738 ; Sl les admirateurs du petit charlatan denbsp;^ontelimart n�ont pas manqu� de les compiler,nbsp;Ppur prouver que ce qu�on racontoit de ce dernier n��toit pas impoffible. Ils ne s�appercevoieiltnbsp;P3s qu�ils prouvoient une abfurdit� par une plusnbsp;Scande encore.
Mais comment attendre quelque raifonnement bolide de bonnes- gens qui prennent comme unnbsp;^ait, que de la fontaine de Cintra en Portugal fortnbsp;rayon de lumiere dirig� perpendiculairementnbsp;'^ers Ie foleil; que Pon eft gu�ri de la jauniflenbsp;^Uand on peut voir Poifeau appel� /e Loriot; qu�unnbsp;elephant furieux eft tout-a-coup calm� quand ilnbsp;'^oit un mouton , amp;c. amp;c? Ceux-la font capable*nbsp;de croire qu�on peut voir fans lumiere; amp; Ponnbsp;Pourroit dire qu�eux-m�mes, avec des yeux Scnbsp;de la lumiere , n�y voient guere , du moins desnbsp;y^ux de Pentendement.
Nous bornerons ici ce que noys avon* a dire ^ur la phylique g�n�rale, amp;c nous n�imiterons pasnbsp;M. Ozanam ou fon continuateur, en entaffantnbsp;Comme eux une foule de queftions ou d�objetsnbsp;pu�riles. Nous ne remplirons pas plufieurs pagesnbsp;de P�num�ration des propri�t�s du bois de fr�ne ,nbsp;^ur-tout coup� au moment pr�cis de P�quinoxe;nbsp;P'^opri�t�s qui ne peuvent trouver de croyancenbsp;^u�aupr�s de bonnes-femmes , ou d�hommes 4nbsp;��anger dans la m�me clafle.
Nous ne dirons pareillement rien de la fsmeufe Poudre de fympathie , quoiqu�un homme aflez c�-�ebre du fiecle dernier, (Ie chevalier Digby,) maisnbsp;amateur du merveilleux, Sc partifan de la philofo-phie fpagirique , ait fait beaucoup d�efforts pour
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lui donner cr�dit. Ces r�ves fe font diffip�s a �* naiffance de la faine philofophie, de m�me qiiffnbsp;les vains fant�mes de la nuit difparoilTent a I*nbsp;lumiere �clatante du foleil.
Cette m�me raifon nous emp�che auffi de rap-porter , comme Ie continuateur d�Ozanam, routes les fottlfes d�bit�es amp; crues par Ie vulgaire fur 1*nbsp;fympathie Sc 1�antipathie de certains corps. Cenbsp;feroit, nous l�avouons, tjuelque chofe d�amufantnbsp;que Ie tableau de routes les abfurdit�s qu�on a cruesnbsp;fur ee fujet: il montreroit jufqu�o� peut aller 1*nbsp;fotte cr�dulit� des hommes Sc leur penchant naturel a adopter fans examen ce qu�on leur dit, mal-gr� les raifons �videntes de doute. Peut-�tre nousnbsp;amuferons-nous quelque jour de cette hiftoire ;nbsp;mais nous avons en ce moment quelque chofe denbsp;plus int�reffant a faire.
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E T
��e rAimant ,amp; de fes divers Phenomenes.
DE tous les phenomenes que nous olFre la nature , le magn�tifme ou les propri�t�s de ^�aimant, amp; 1��leAricit� , peuvent �tre avec raison regardes comine les plus extraordinaires. Cenbsp;aufli ceux fur lefquels les phyficiens font lenbsp;f'us en defaut; car, il faut en faire I�aveu, mal-gre toutes les tentatives d�explications pr�fent�esnbsp;les plus fqavants phyficiens , on ne connoitnbsp;^ncore (ur ces deux phenomenes guere plus quenbsp;faits. On eft parvenu a ramener quelques-hns de ces phenomenes a certaines hypothefes;nbsp;*hais quand on examine ces hypothefes m�mes ^
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d�un oeil d�fint�refT� amp; fans fe faire illufion , otl cft force de convenir de leur peu de folidit�, Sinbsp;de reconnoitre qu�elles font fujettes a des difficul'nbsp;t�s qu�on ne fqauroit lever, tant qu�on fe feranbsp;regie de ne raifonner que d�apr�s les propri�teSnbsp;connues de la matiere amp; des loix du mouvemenl'nbsp;Peut-�tre nos defcendants feront-ils plus heureux�nbsp;aid�s du temps amp; des exp�riences accumul�es�nbsp;verront ils plus clair fur ces matieres ; peut-�trenbsp;auffi fera-ce a jamais une �nigme imp�n�trablenbsp;pour l�efprit humain.
Dans cette partie de notre ouvrage, nous novt* bornerons a parler de l�aimant, de fes propri�t�s rnbsp;amp; des jeux phyfiques qu�on peut op�rer par foUnbsp;moyen. L��le�lricit� nous fournira la matiere denbsp;la partie fuivante.
L�aimant eft une pierre m�tallique, ordinaire' ment grisatre ou noirafre , compa�le amp; fort pe'nbsp;fante , qu�on trouve aflez commun�ment dans le^nbsp;mines de fer. Elle n�afFe�fe aucune forme part*'nbsp;culiere , amp; n�a rien ext�rieurement qui la dift**�'nbsp;gue des produ�lions les plus viles des entraillesnbsp;la terre. Mals fa propri�t� d�attirer Ie fer ou de 1^nbsp;repoulTer , de fe diriger au nord lorfqu�elle a tou^^nbsp;libert� de fe mouvoir, lui donne un rang dift'*�quot;�nbsp;gu� parmi les objets les plus linguliers de lanbsp;ture.
Cette pierre n�eft, a proprement parler, qu�i*'^^ mine de fer, mais du nombre de celles
-ocr page 263-�Ppelle pauvres , parcequ�elles ne contiennent ^��une fort petite quantlt� de ce m�tal. Les m�-tallurgiftes modernes font en ef�et venus a boutnbsp;tirer du fer. Mais, outre que fa fufion eft tr�s-^ifficile , il y eft en fi petite quantit�, qu�il nenbsp;*^�dominageroit pas d�une fort petite partie desnbsp;de l�exploitation.
Pourquoi done toutes les mines de fer ne font-^^les pas des alniants? Voila une queftion a la-S^ielle je ne crois pas qu�on ait jamais r�pondu. Cela vient fans doute d�une combinaifon particuliere du fer avec les parties h�t�rogenes aux-^Uelles il eft alU�. Peut-�tre y entre-t-il quelquenbsp;Pfincipe qui n�entre point dans les autres minesnbsp;ce m�tal; mais nous convenons que ce n�eftnbsp;dire. 11 n�eft pas, au furplus , impoffible quenbsp;chimie d�couvre quelque jour en quoi confiftenbsp;cette combinaifon ; amp; peut-�tre notre ignorancenbsp;P'�ofonde fur les caufes phyfiques de l�a�lion denbsp;^ 3gt;mant, ne vient-elle que de ce que les chimiftesnbsp;font jufqu�a pr�fent peu occup�s de cette pro-^uftion de la nature.
L�aimant �toit autrefois affez rare. Le nom de Gagn�s qu�il portoit, tant chez les Grecs que cheznbsp;les Latins, paroit lui venir de la Magn�fie, pro-'^ince de la Macedoine, ou il fe trouvoit en plusnbsp;Sfande quantit� , ou qui fournit les premiersnbsp;^'.�nants connus; mais 1�on a depuis trouv� desnbsp;^'�Uants dans prefque toutes les regions de lanbsp;jerre, principalement dans les mines de fer.nbsp;^ gt;fle d�Elbe , fi renomm�e par les mines de cenbsp;*'^ctal qu�on y exploite de toute antiquit�, eft ennbsp;Ppfleflion de fournir les plus gros Sc les meilleursnbsp;^�mants.
-ocr page 264-15� R�cr�at. Math�mat. et Phvs.
Les anciens ne connurent dans 1�aimant que Ta propri�t� attraftive a l��gard du fer; ma�s les mo-dernes en ont d�couvert plufieurs autres, fqavoir�nbsp;fa communication , fa direftion , fa d�clinaifon ynbsp;fon inclinaifon, a quoi nous ajouterons aujour-d�hui fa variation annuelle amp; journaliere.
De L'attraclion de VAimant avec Ie fer, ou deS Aimants entr eux.
Premiere Exp�rience,
\
Qui prouve 1'attraclion de l'Aimant a 1'�gard du fer.
Tout Ie monde connoit la propri�t� attra�llvs de l�aimant a l��gard du fer. Pr�fentez de la 1gt;'nbsp;mallle de ce m�tal a une pierre d�aimant,nbsp;m�me a quelque �loignement, vous verrez cettenbsp;limaille s��lancer fur la pierre amp; s�y attacher. 11 ei^nbsp;lera de m�me d�un morceau quelconque de fer fnbsp;pourvu qu�il foit peu pefant, comme une aiguille-vous Ie verrez �galement s�approcher de l�aimant�nbsp;auffi-t�t qu�il en feta ^ une certaine proximi*^nbsp;plus OU moins grande, fulvant la force de la pierre-
Cette exp�rience fe fait encore de cette niere. Sufpendez en �quilibre a un fil de fo�^�nbsp;OU mieux encore fur un pivot qui laiffe toute l*'nbsp;bert� au mouvement, une longue aiguille de f^f ^
pr�fente^^
-ocr page 265-DE t�AlMANTk
P^efentez-lui un aimant a la diftance de plufietirs Ppuces, m�me de quelques pieds, fi c�eft un bonnbsp;^imant: vous verrez un des bouts de cette aiguillenbsp;tourner du c�t� de l�aimant, jufqu�a ce qu�il ennbsp;^oit Ie plus pr�s , amp; s�arr�ter dans cette fituation ;nbsp;^nforte que lii l�aimant change de pofition, 1�ai-Suille Ie fuivra continuellement. Si l�aiguille denbsp;nageoit fur l�eau, ce qui eft aif� a faire, en lanbsp;Pofant fur un petit fupport de liege , non-feule-elle tournera un de fes bouts vers l�aimant,nbsp;���ais elle s�en approchera jufqu�a ce qu�elle Ienbsp;^^uche.
Toutes ces m�mes chofes arriveront, y e�t-il ^ntre deux une lame de cuivre , de verre , une-Planche de bois, tels corps enfin qu�on voudra,nbsp;^Utre n�anmoins que du fer ; ce qui prouve quenbsp;� vertu magn�tique n�eft point intercept�e parnbsp;*ous ces corps , a 1�exception de ce dernier,
, Si done la vertu magn�tique eft produite par corpufcules agit�s Ou mis en mouvement d�unenbsp;�J�aiiiere quelconque, il faut que ces corpufculesnbsp;�ient d�une t�nuit� extr�me , amp; du moins biennbsp;ap�rieure k celle des autres emanations connues ,nbsp;'^^rnme les odeurs, puifqu�ils traverfent fans obf-^^cle tous les m�taux, amp; m�me Ie verre. Que s�ilsnbsp;produifent pas leur effetau travers du fer, c�eHnbsp;'l�e probablement ils y trouvent une ft grande fa-a s�y mouvoir, qu�ils ne paftent pas au-deli ,nbsp;'^�eft ainfi qu�ils fe trouvent intercept�s.
11� Experience, Reconnoitre les poles de l' Aimeint.
Plongez un aimant dans de la limaille de fer, l�en retirerez charg� de cette limaille ; maD 'nbsp;Tom IV.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;R
-ocr page 266-ajS H�CR�AT. Math�mat. et PhVS.
Vous remarquerez qu�il y a deux endroits, a pe� pr�s diam�tralement oppof�s, o� elle eft beaucoupnbsp;plus ferr�e, amp;c c� les petits fragments oblong*nbsp;de la limaille fe tiendront debout, pour ainfi dire fnbsp;tandis que dans les autres parties ils feront couches.
Cette experience fert a reconnoitre les p�le* de Taimant. En efl'et toute pierre d�aimant a deuJtnbsp;p�les OU deux points oppof�s, qui ont, commenbsp;on Ie verra bient�t, des propri�t�s diff�rentesnbsp;particulieres, On donne a l�un de ces points 1�nbsp;nom de pole hor�al, amp; a l�autre celui de m�ridio'nbsp;nal, parceque fi l�aimant eft librement fufpendu,nbsp;Ie premier fe tournera de Im-m�me vers Ie nord ,nbsp;amp; conf�quemment l�autre regardera Ie fud. Cesnbsp;deux points doivent �tre remarqu�s dans unfinbsp;pierre d�aimant avec laquelle on fe propofe d�nbsp;faire des experiences.
II Ie EXP�RIENCE.
Propri�t�s des p�les de VAimant l'un a l'�gard dt L'autre.
Ayez une pierre d�aimant dont vous aurez marqu� les deux p�les , amp; que vous ferez nager fuf 1�eau , en la pofant fur un morceau de liege de 1^nbsp;grandeur convenable ; pr�fentez au pole bor�al d�nbsp;cette pierre Ie pole bor�al d�une autre : la premier�nbsp;fera repouff�e au lieu d��tre attir�e; mais elle fet^nbsp;attir�e , fi a fon pole bor�al on pr�fente Ie p�l�nbsp;auftral de l�autre.
De m�me , fi au pole auftral de la premiere oU pr�fente Ie p�le auftral de la feconde, la premi���^nbsp;fuira; mais elle s�approchera, fi a ce p�le auftr�^nbsp;on pr�fente Ie p�le bor�al de la feconde.
-ocr page 267-Ainfi les p�les de m�me denomination fe re-pQ�ffent, amp; ceux de diff�rent nom s�attirent.
IVe EXP�RIENCE.
Produclion de nouvtaux p�les dans rAimant.
Coupez une pierre d�aimant perpendiculaire-l'^ent a l�axe paffant par fes deux poles A amp; B; PI. 6, fe formera par la feftion deux nouveaux p�les , %� 37�nbsp;que F amp; E ; enforte que fi A �toit Ie polenbsp;�uftral de la pierre entiere , E fera un pole bo-*^^�al, amp; F un p�le auftral. Ainfi, par cette biflec-, Ie c�t� bor�al de la pierre acquerra unnbsp;Pole auftral, amp; Ie c�t� auftral un p�le bor�al.
Re MARlt;IU E s.
Une pierre d�aimant , quelque bonne qu�elle , a moins qu�elle ne foit tr�s-groffe, foutientnbsp;� Peine quelques livres de fer; amp; en general Ienbsp;Poids qu�une pierre d�aimant peut porter, eft tou-lours fort au defibus de fon poids propre. Mals
d
^ont on arme un aimant,
Uout la branche montante Sc applatie ait la m�me ^^Uteur Sc la m�me largeur que les faces de 1�ai-
Rlj
V faut d�abord donnet a fon aimant une figure � pr�s r�guliere , amp; l��quarrir fur les c�t�snbsp;font les deux p�les, enforte que ces deux c�t�snbsp;'^tiTient deux plans paralleles. Formez enfuitenbsp;^ itn fer doux, ( car 1�acier n�eft pas aufli bon , )nbsp;^tix pieces comme vous voyez dans la fig.
-ocr page 268-z6q R�cr�at. Math�mat. et Phys. mant o� fe trouvent fes poles. Ce n�eft , au refte gt;nbsp;que par beaucoup d�elTais qu�on peut trouver l�e-paiffeur la plus convenable de cette branche gt;nbsp;ainfi que la faillie du pied amp; fon �pailTeur. Cesnbsp;deux pieces doivent embrafler 1�almant par lesnbsp;deux faces o� font fes p61es, les pieds paffant aUnbsp;deflbus , comme pour Ie fupporter; amp;c enfuitenbsp;on affujettira Ie tout dans cette �tuation , par desnbsp;bandes tranfverfales de cuivre qui entoureroutnbsp;1�aimant, amp; ferreront les branches montantes denbsp;fer contre les faces des poles.
On doit enfin avoir une piece de fer doux , de PI-6, la forme qu�on voit dans la fig- 33, un peu plusnbsp;%� 39-long que n�eft la diftance des deux bandes de fetnbsp;appliqu�es au p�les de l�aimant, amp; dont l��paif'nbsp;feur excede un peu les faces plates de deflbus lesnbsp;pieds de 1�armure. Quant a la hauteur , il faut ePnbsp;fayer la plus convenable. Cette piece fera perc^e fnbsp;vers fon milieu , d�un trou auquel fera attach� unnbsp;crochetjpoury fufpendre Ie poids que doit fuppot'nbsp;Fig. 40. l�aimant. On voit dans la fig. 40 , une pierr�nbsp;armee; amp; elle fuffira, fans autre explication, poutnbsp;en concevoir tout Ie m�canifme amp; l�arrangement'
Une pierre �tant ainfi armee , foutient unpoidt incomparablement plus grand que non arm�e�nbsp;Ainfi une pierre de z a 3 onces foutiendra parnbsp;moyen 50 a 60 onces de fer, c�eft-a-dire viu�^nbsp;.� trente fois fon poids.
Lemery dit avoir vu un aimant de la groffeut d�une pomme m�diocre, qui portoit 22 livrei'nbsp;On en a vu une qui pefoit environ 11 onces, ^nbsp;qui portoit jufqu�a 2.8 livres. On en voiiloit lt;)00^nbsp;livres. M. de la Condamine , de l�Acad�fn',�nbsp;royale des Sciences, en pofledoit une qui lui avqi^'nbsp;�t� donn�e par M. de Maupertuis : elle eft, 1�
-ocr page 269-DE l�Aimant. nbsp;nbsp;nbsp;�^r
^rols , celle qui porte Ie plus grand polds connu, ne me fouviens plus de fes dimenfions amp; de�nbsp;poids, qui n��toient pas bien confid�rables ;nbsp;je crois me rappeler lui avoir ou� dire qu�ellenbsp;Portoit foixante livres.
On a examine s�il y a d�autres corps que Ie fer ^ui foient attir�s par l�aimant; mais il ne paroitnbsp;pas qu�il y en ait aucun autre. On Ut cependantnbsp;dans M. Mufchenbroeck , qu�on a trouv� que 1�ai-�iant agiflbit fur une pierre qu�il appelle lougli-^eagh. Nous ne fc^avons ce que c�eft que cettenbsp;pierre. C�eft probablement quelque mine de fer o�.nbsp;?e nn�tal eft peu min�rallf�.
II rapporte dans fon Cours de Phyjique exp�ri^ dentale ^ chap, vij, les efiais qu�il a faits fur beau-coup de matieres diff�rentes, pour s�aflurer fi ellesnbsp;^toient attirables par l�aimant. II a trouv� que ,nbsp;Pans aucune pr�paration, cette pierre attire la tota-lit� OU beaucoup de parties dans diverfes fortes denbsp;fables 8c terres dont il fait 1��num�ration ; qu�il ynbsp;en a plufieurs autres qui ne pr�fentent des par-ticules attirables en tout ou en partie a l�aimant,nbsp;^u�apr�s avoir �prouv� l�aftion du feu, en les fai�nbsp;fant rougir amp; bruler avec du favon, du charbon-de la gralffe ; apr�s quol, dit-il, elles font atti-^^bles a l�aimant avec prefque autant de force quenbsp;limaille de fer : telles font, ajoute-t-il, lesnbsp;^^��tes dont on fait les briques , amp;c qui deviennentnbsp;��ouges apr�s avoir �t� br�l�es; diff�rents bols 5cnbsp;fables color�s. II y en a d�autres qui, briil�es denbsp;cette maniere, ne pr�fentent que peu de partiesnbsp;fo-iblement attirables a l�aimant; il en fait aufli
^6^ R�cr�at. Math�mat. et Phvs. une affez longue �num�ration que nous �pargne^nbsp;Tons au lefteur.'
On ne fera point furpris de cela, fi l�on rappro-che ces deux faits; Ie premier, que 1�aimant n�at' tire Ie fer que quand il eft dans ion �tat m�talli-que , amp; qu�il n�a aucune aftion fur ce m�tal lorf-que , par Ie grillage , on 1�a r�duit en chaux ou ennbsp;ochre; Ie fecond, que Ie fer ell univerfellementnbsp;repandu dans la nature , amp; qu�il eft prefque dansnbsp;tous les corps, plus ou moins �loign� de fon �tatnbsp;m�tallique , ou , comine on Ie verra dans la fuite ,nbsp;plus OU moins priv� de fon phlogiftique. Les corpsnbsp;OU il eft dans fon �tat m�tallique, font en tout oUnbsp;en partie attirables a 1�aimant fans pr�paration ;nbsp;mais dans les autres, Ie fer n�eft attirable qu�apr�snbsp;avoir �t� br�l� avec des matieres graffes, qui luinbsp;rendent fon phlogiftique amp; fon �tat m�tallique.nbsp;Telle eft uniquement la caufe du ph�nomene dontnbsp;M. Mufchenbroek paroit embarraff�. II ne 1�e�tnbsp;�t� en aucune inaniere, fi la chimie lui avoit �t�nbsp;auffi familiere que les autres parties de la phyfique.
Un navigateur Anglois a rapport� avoir obferv� que du fuif tomb� fur la glace qui couvre unenbsp;bouflble , froubloit l�aiguille aimant�e , amp; que Ienbsp;laiton produifoit ie m�me effet. Si cette obferva-tion eft exafte , il faut en conclure qu�il y avoitnbsp;par hafard quelques particules ferrugineufes dansnbsp;ce fuif amp; dans ce laiton ; car je croi^ qu�on peutnbsp;regarder comme certain que Ie fer feul, dans fonnbsp;�tat m�tallique , eft fufceptible d�agir fur l�ai-mant, amp;;d��treattlr�parlui. ^
Ve Experience,
�-a direSion du courant tnagn�tlque,
8Utour de la limaille de fer; frappez alors douce-fur Ie carton : vous verrez toute cette Ij, �taille s�arranger en lignes courbes qui environne^nbsp;�quot;ont l�aimant, amp; qui, fe rapprochant comme lesnbsp;�^eridiens d�une mappemonde, concourront a fesnbsp;poles,
Cette experience favorife 1�opinion de ceux qui Penfent que les ph�norrrenes magn�tiques dependent d�un fluide qui fort par un des poles de lanbsp;P^erre, amp; entre par 1�autre , apr�s avoir circul� anbsp;*�entour d�elle,
Vle Experience,
Qui prouve raclion mutudk des Aimants amp; du Fer.
Mettez deux aimants, ou un aimant amp; un mor-eeau de fer fur deux petits bateaux de tiege, qus ^ous ferez nager dans un vafe plein d�eau. Apr�snbsp;3voir dirig� Ie pole feptentrional de l�un vis-a-visnbsp;^�auftral de l�autre , ( fi ce font deux aimants, )nbsp;^bandonnez les deux petits bateaux a eux-m�mes :nbsp;Vous les verrez s��lancer l�un vers l�autre , Ie plusnbsp;foible faifant Ie plus de chemin. II en fera denbsp;�n�me fi c�efl: un fiinple morceau de fer pr�fent�nbsp;au p�le feptentrional de raimant. Ainfi cette at-ttaftion eft r�ciproque , amp; l�on peut dire que Ienbsp;attire autant l�aimant que l�aimant attire Ienbsp;Au rede cela doit �tre n�celTairement, puif-^u�il n�y a point d�aftion fans r�artion , amp; quenbsp;�quot;fitte derniere eft toujours �gale a la premiere.
Remarque.
M. Mufehenbroek a cherch� a reconnoitre en lt;luel rapport d�croiflbit l�a�lion de l�aimant rela-
R iv
-ocr page 272-^64 R�cr�at. Math�mat, et Phys. tivement aux dlftances, amp; il a cru voir que f*nbsp;force d�attraftion diminue dans une raifon qua-drupl�e , ou comme les quarr�s-quarr�s des dif'nbsp;tances. Ainfi , fi a une ligne de diftance une par-ticule de fer eft attir�e avec une force commenbsp;lal lignes cette force fera i6 fois ,33 lignesnbsp;81 fois, a 4 lignes 1^6 fois moindre. Peut-�trenbsp;meme cette aftion diminue-t-elle encore plus ra-pidement; car , dans un vaiffeau de guerre qui eftnbsp;charg� d�une multitude de gros canons de fer,nbsp;on ne s�apperqoit pas qu�ils agiffent fenfiblementnbsp;fur la bouffole. Je crois cependa#it qu�il feroitnbsp;prudent de les eloigner Ie plus qu�il eft pofllble.
J?e la communication de la propri�t� magnetique.
Le magn�tifme, ou la propri�t� d�attirer Ie fer, de fe diriger vers un certain endroit du ciel, n�eftnbsp;pas tellement propre a l�aimant , qu�elle ne fenbsp;puifte communiquer; ma�s on n�a encore trouv�nbsp;que le fer ou l�acier qui en foit fufceptible.nbsp;On ne connoiffoit, il y a un demi-fiecle , quenbsp;rattouchement m�me ou la continuit� de la pr�-fence d�un aimant qui put produire eet effet;nbsp;mals depuis quelque temps on a trouv� le moyeilnbsp;de rendre un morceau de fer magnetique fansnbsp;aimant, m�me ces aimants artificiels font fuf'nbsp;ceptibles d�une force qu�ont rarement des aimantSnbsp;naturels. On va d�tailler ces diff�rents moyenSnbsp;dans les exp�riences fuivantes,
Maniere i'aimanter.
DE L* Aim ANT. nbsp;nbsp;nbsp;365
pieds de 1�armure , ou un dafe poles, fur une '9nie de fer tremp�, comme une lame de couteau ,nbsp;^^ais en allant toujours du m�me fens, du milieu,nbsp;par exemple, vers la pointe : apr�s un certain nom-de pareilles friftions, la lame -de fer fe trou-aimant�e, amp; attirera comme l�aimant lui-Ie fer qui fe trouvera dans fa fphere d�adi-
^'it�.
La m�me chofe arrivera , fi on laifle pendant long-temps attach� a un aimant un petit morceaunbsp;^�acier allonge: ce morceau acquerra, par fonnbsp;^6)our dans cette fituation, la propri�t� magn�-hque ; il aura des poles comme l�aimant: enfortenbsp;*lue Ie pole boreal fera au bout qui �toit contigunbsp;^11 p�le auftral de la pierre; amp; au contraire , s�ilnbsp;fouchoit Ie p61e bor�al par un bout, ce bout de-''iendra pole auftral.
Manure de faire avec des barreaux deader un Aimant artificiel.
Nous allons enfeigner lei Ie moyen de faire �vec des lames d�acier un aimant artificiel beau-coup plus fort qu�un aimant naturel. Pour eetnbsp;�ffet, prenez une douzaine de lames d�acier trem-Pses, de 6 pouces environ de longueur, de 6nbsp;^��nes delargeur amp; 2 d��paifteur. On aura eu foin ,nbsp;�'^3nt de les tremper, de faire a 1�une de leursnbsp;^xtr�mit�s une marque avec un poinqon ou autre-jl^^nt, Difpofez fix de ces lames en une feulenbsp;Lgne droite, en obfervant qu�elles foient en con-jacf, que Jgs bouts marqu�s foient dirig�s versnbsp;Ie nord ; vous prendrez enfuite un aimant arm�,nbsp;�Qnt vous poferez les deux p�les fur une de ces
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p
i;f
i66 R�cr�at. Math�mat. et Phys,
lames, Ie pole nord du c�t� du bout marqu�, Se Ie p�le fud du c�t� du bout non marqu� ; vousnbsp;coulerez apr�s cela la pierre fur toute la ligne ,nbsp;commenijant par Ie bout non marqu� de la ptC'nbsp;miere, Ct vous r�it�rerez cette friftion trois o�nbsp;quatre fois.
Cela fait, vous 6terez les deux lames du milieu t amp; vous les fubftituerez aux deux des extr�mit�s,nbsp;que vous placerez au milieu ; apr�s quoi vous fe'nbsp;rez glilTer dans Ie m�me fens la pierre fur les quatrenbsp;du milieu feulement, car il eft fuperflu d�y com'nbsp;prendre celles des extr�mit�s; enfin vous renver-ferez toute la ligne, c�eft-a-dire q�e vous mettre*nbsp;delTus la face qui �toit deffous, amp; vous l�aiman-terez de la m�me maniere, en ayant foin aufli denbsp;tranfpofer les lames des extr�mit�s ^ la place denbsp;celles du milieu.
Vous aurez par ce moyen fix lames aimant�es ^ dont vous ferez deux faiiceaux , chacun de trois�nbsp;Dans cbacun de ces faifceaux, les extr�mit�s nordnbsp;doivent �tre du m�me c�t�; mais, en adoffaotnbsp;l�un des faifceaux a l�autre , vous aurez foin denbsp;faire que les extr�mit�s nord des lames de Tut�nbsp;s�appuient fur les extr�mit�s fud des autres, CeSnbsp;deux faifceaux doivent fe toucher par leur partJ�nbsp;fup�rieure, amp; �tre f�par�s de l�autre c�t� ; cenbsp;fe fait au moyen d�un petit morceau de boisnbsp;entre deux.
Apr�s cela, difpofez les fix lames auxquell^* on n�a point touch� , de la m�me faqon que 1^�nbsp;fix pr�c�dentes, amp; aimatitez-les de la m�me m�'nbsp;niere, au moyen du double faifceau des prenu�'nbsp;res; c�eft-a-dire en faifant pafler les deux extr^'nbsp;mit�s nord amp; fud de ce double faifceau fu��nbsp;nouvelle ligne de lames: vous aurez ces fix lam^^
DE L� A I M A N T. nbsp;nbsp;nbsp;167
�'Want�es beaucoup plus fortement que les pre-��'ieres. Vous referez done une ligne des fix pre-*^*eres, que vous aimanterez de la m�me faqon Ie double faifceau fait des fecondes; amp; en-, au moyen des premieres, vous aimantereznbsp;nouveau les fecondes, fuivant la m�me me-*hode : vous aurez enfin , par ce moyen , des la-d�acier qui porteront jufqu�a 16 fois karnbsp;Poids, amp; m�me plus.
Ce proc�d� eft de M. Michell, de la Soci�t� ^Oyale de Londres. M- Canton , c�lebre obferva-kur des pb�nomenes de l�aimant, en a auffi en-l^ign� un pour Ie m�me objet. M. Duhamel, denbsp;JAcad�mie des Sciences, a pareillement donn�nbsp;k fien. Mais on peut voir tout cela dans Ie petitnbsp;kait� fur les aimants artificiels, traduit en franqois ,nbsp;^ imprim� en 1755. Nous ne pouvons pas ennbsp;'��re davantage ; il nous fuffit d�obferver que , patnbsp;*�^5 proc�d�s , Ie plus foible commencement denbsp;�^^gn�tifme fuffit pour fe procurer les barres ma-S�]�tiques les plus puifiantes. II n�efl: pas m�menbsp;j)^ceffaire d�avoir un aimant; car nous allons en-� gner dans l�exp�rience fuivante , divers moyensnbsp;communiquer Ie magn�tifme fans aimant.
IXe Experience.
^''oduire dans um harre de fer la veren magn�t�que fans aimant,
fans doute une forte de paradoxe que de P'opofer d�aimanter fans aimant. On y eft cepen-parvenu.au moyen de quelques confid�ra-�ons th�oriques fur la nature de l�aimant, amp; furnbsp;^ nianiere dont Ie fluide magn�tique. agit fur Ienbsp;�r, Ainfi 1�on n�a pas befoin d�un aimant pournbsp;Produire un commencement de magn�tifme ^
-ocr page 276-2lt;gt;8 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
qu�enfuite on augmente a un degr� tr�s-confid�ra' ble par Ie proc�d� ci-deflus.
MM. Canton, Michell Sc Anth�aume , font leS auteurs de divers moyens employ�s pour aimanternbsp;fans aimant. Suivant M. Canton , prenez un fout'nbsp;gon, c�eft-a-dire une de ces barres de fer termin�esnbsp;en pointe, qui fervent en Angleterreaattifer Ie feojnbsp;mettez-la verticalement entre vos genoux la pointenbsp;en bas, Sc attachez avec de la foie contre la par-tie fup�rieure Sc fuivant fa longueur , une petitenbsp;lame d�acier tremp� mou ; enfuite, tenant eetnbsp;appareil de la main gauche avec Ie fil de foie,nbsp;prenez de la main droite la pincette prefque ver-ticalement, Sc avec Ie bout inf�rieur de cette pincette frottez une douzaine de fois de bas en hautnbsp;cette petite barre: vous lui donnerez par ce moyennbsp;une force magn�tique propre a lui faire foutenitnbsp;une petite clef.
M. Michell s�y prend d�une autre maniere, H faut mettre , dit-il, une petite lame d�acier ennbsp;ligne dire�le, entre deux barres de fer , dans 1^nbsp;dire�lion du m�ridien magn�tique, 8c de manierenbsp;qu�elles foient un peu inclin�es du c�t� du nord,nbsp;on prendra enfuite une troifieme barre , qu�onnbsp;tiendra prefque verticalement, enforte n�anmoin*nbsp;que 1�extr�mit� fup�rieure foit un peu inclin�e vet^nbsp;Ie midi; on gliffera 1�extr�mit� inf�rieure de cett^nbsp;bafre Ie long des trois barres fitu�es en ligne di'nbsp;re�le , avec l�attention d�aller du nord au fud : �nbsp;en r�fultera un commencement de vertu magnequot;nbsp;tique dans la lame d�acier.
Voici la m�thode de M. Anth�aume, On contquot; mencera par fixer invariablement une planche dati*nbsp;la direftion du courant magn�tique , c�eft-a-dir�'nbsp;pour Paris, inclin�e d�un angle de 70 degr�s
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''iron a l�horizon, amp; dont la projeflion horizon-, tale en faffe un avec Ie m�ridien d�environ zonbsp;�^^gr�s au moment aftuel; on placera enfuite de
fur cette planche deux barres de fer quarr�es,
4 a ^ pieds de longueur, ou m�me davantage , ^ de I 5 lignes de gros : elles feront lim�es quarr�-ttient par leurs extr�mit�s qui fe regardent, Cha-Cune de ces extr�mit�s doit �tre garnie d�un petitnbsp;^luarr� de t�le de deux lignes d��paifleur, amp; d�-^ordant la face fup�rieure de la barre de la hauteur d�une ligne , lim� fur ce cot� quarr�ment,nbsp;pour former au deffus de la barre une efpece denbsp;teffaut OU de talon. Les trois autres c�t�s de cenbsp;tjuarr� de t�le doivent efReurer les faces corref-Pondantes de la barre, Sc �tre taill�s en bifeaunbsp;Ou chanfrein. Enfin 1�on mettra une languette denbsp;^ois entre ces deux armures des extr�mit�s denbsp;oes deux barresl
Cela �tant ainfi difpof� , on gliffera fur les ^eux talons cl - deffus d�crits , la lame d�aciernbsp;Su�on veut aimanter, en la faifant couler lente-uient d�un de fes bouts a 1�autre , comme 1�onnbsp;aimante une barre de fer fur les deux talonsnbsp;de fon armure : elle prendra un magn�tifme affeznbsp;puiffant. M. Anth�aume dit m�me avolr �t� fur-pris de voir que par ce moyen il aimantoit, nonnbsp;de petites barres d�acier, comme MM. Canton amp;cnbsp;Michell, mais des barres d�un pied de longueurnbsp;^ de plufieurs lignes d��paiffeur.
Le m�me phyficien dit avoir obferv� que les koters de carme ou a la. rafe, amp; 1�acier d�Angle-terre, font les meilleurs pour eet objet; que lenbsp;Ptemier acier r�uffit mieux tremp� dur a 1�ordi-tiaire , Sc que l�acier d�Angleterre a befoin d�etrenbsp;tremp� en paquet ; enfin , que 11 l�on fe content^
-ocr page 278-lyo R�cr�at. Math�mat. ct Phys. de l�acier tremp� amp; recuit, toute trempe eft i**'nbsp;diff�rente.
B. E M A R lt;IV E.
II. n�eft pas m�me befoin du frottement d�urt fer contre un autre pour produire la vertu magne-tique. On a obferv� qu�une barre de fer tenusnbsp;pendant long-temps dans la direftion du m�ridielnbsp;magn�tique , ou dans une fituation qui en appro'nbsp;che beaucoup, contra�le Ie magn�tifme. Un grandnbsp;orage ayant fort endommag� Ie clocher de Notre-Dame de Chartres en 1690 , on en retira desnbsp;barres de fer qui fe trouverent aimant�es. Mais cenbsp;qu�il y eut de plus remarquable encore, c�eft qu�nbsp;les morceaux de ces barres qui �toient prefque de-truits par la rouille, �toient d�excellents aimants-L�abb� de Vallemont en donna dans Ie temp*nbsp;rhiftoire, qui fit la matiere d�un petit trait� im-prim� en 1692.
Gilbert , m�decin amp; phyficien Anglois, qu� donna en 1640 un ouvrage fur 1�aimant, avoitnbsp;d�ja obferv� que de petites barres de fer fervant *nbsp;retenir des vitrages , amp; qui avoient reft� pendantnbsp;longues ann�es dans la m�me pofition du fud a**nbsp;nord , �toient devenues magn�tiques. II raconte,nbsp;liv. iij , chap. 13 , que Ie vent ayant courb� un�nbsp;barre de fer qui portoit un ornement fur 1��glif�nbsp;de S. Auguftin de Rimini, lorfque , apr�s 10 ans�nbsp;les re�gieux qui delfervent cette �glife voulurentnbsp;la faire redreffer, on fut fort furpris de lui troU'nbsp;Ver toutes les propri�t�s d�un bon aimant.nbsp;Mufchenbroeck rapporte la m�me chofe de ferrc'nbsp;jnents tir�s de la tour de Delft. On lit enfin dan*nbsp;les M�moires de VAcad�mie des Sciences, ann�nbsp;1731, qu�H y avoit a Marfeille une cloche torft'
-ocr page 279-DE l�AiMANT. nbsp;nbsp;nbsp;171
^3nte fur un effieu de fer pof� dans Ie fens du levant au couchant, amp; portant par fes bouts fur de pierre ; que de la rouille de ces bouts, m�leenbsp;la pouffiere de la pierre uf�e, 6gt;t avec 1�huilenbsp;�^ont on 1�oignoit pour faciliter Ie mouvement, ilnbsp;^ �toit form� une maffe dure amp; pefante , qui, ennbsp;�tant d�tach�e , fe trouva avoir toutes les propri�-'ss de l�aimant. On croit que cette cloche �toitnbsp;depuis plus de 400 ans.
Gilbert remarque encore qu�une barre de fer ^'t�on a fait rougir dans la forge pendant qu�ellenbsp;^^oit dirig�e du midi au nord , amp; qu�on bat enfuitenbsp;fur Tenclume dans la m�me pofition , acquiert lanbsp;magn�tique; amp; que li la premiere fois cettenbsp;^^rtu n�eft guere fenfible, elle Ie devient davantagenbsp;*^�it�rant l�op�ration. Mais on doit obferver qu�ilnbsp;W pour cela que ce morceau de ferait 100 ounbsp;*50 fois en longueur fon diametre. II en eft denbsp;*^�me d�une barre de fer qui, apr�s avoir �t�nbsp;j^bauff�e , fe refroidit dans la direftion du m�ri-
�lien.
Mais voici une conjecture de ce phyficien qui s�eft pas v�rifi�e. II a dit quefi 1�on donne a unnbsp;*imant une forme fph�rique , Sc que fes deuxnbsp;Pdles foient aux extr�mit�s d�un diametre, enfinnbsp;5tie eet aimant fph�rique foit bien �quilibr� Scnbsp;'^fpendu fur fes p61es, il tournera fur fon axe ennbsp;''�ngt-quatre heures ; done , ajoutoit-il, la Terrenbsp;qu�un grand aimant , �lle doit avoir unnbsp;Pareil mouvement. C�e�t �t� la une preuve affeznbsp;Pmffante du mouvement de la Terre , au moinsnbsp;�*ttour de fon axe. MaisM, Petit, phyficien in-uitrieux du dernier .fiecle , ayant pris la peine denbsp;�ire I�exp�rience all�gu�e par Gilbert, Ie petitnbsp;S obe d�aimant refta parfaitement immobile, Cela
-ocr page 280-iyi RiCR�AT. MaTH�MAT. et PHTfS. n�emp�che pas que Ie mouvement de la Terre rtSnbsp;Ibit certain, amp; m�me qu�on ne puifle la confide-rer comme un gros almant, quoique Ie P. Gran-damy ait conclu du d�faut de Texp�rience alle-gu�e par Gilbert, que la Terre �toit immobile.
S* III.
Di la dircUion de. VAlmant ^ de fa d�clinaifori de fa variation.
X� Experience.
Reconnoitre la direBion de VAlmant,
Ayant reconnu les poles d�un aimant, pofez-Ie fur un petit bateau de liege, que vous mettrez futnbsp;l�eau; vous Ie verrez fe placer de lui-m�me conf-tamment dans une direillon.
II en fera de m�me d�une aiguille aimant�e que vous ferez nager fur l�eau par un femblablenbsp;moyen, ou que vous aurez mife en �quilibre futnbsp;un pivot d�li�, enforte qu�elle ait toute libert� denbsp;fe mouvoir dans un fens ou dans un autre ; vousnbsp;la verrez conftamment affe�ler la m�me direftioo�
II n�eft m�me pas abfolument n�ceffaire qu�une aiguille foit aimant�e pour fe diriger du c�t� dunbsp;nord. Lorfqu�elle eft extr�mement l�gere amp; qu�ell�nbsp;a toute libert� de fe mouvoir , elle affe�le d�ellequot;nbsp;m�me cetre dire�lion.
En effet, prenez une aiguille a coudre fort in�' nue; pofez-la fur la furface d�une eau tranquill� *nbsp;oil elle furnagera : au bout de quelques heure*�nbsp;vous la trouverez dans la direftion que 1�aiguid�nbsp;aimant�e prend tout-a-coup.
^ rang�
-ocr page 281-DE L�AiMANT* nbsp;nbsp;nbsp;iyj
range ainfi d�ene-in�Tie une aiguille , Toit aimsn-5 foit non aimant�e , s�appelle !e m�riditn ma^ qu�il faut bien cliftingiier du in�ridiennbsp;car ort verra bient�t qu�ordinairementnbsp;^ font un angle l'u.i avec l�aurre. Les phj'ficiensnbsp;^'�cordent prefque u laniinement a penfer qiienbsp;propri�t� de l�aimant efl; l�efFet d�un courantnbsp;6fluide particulier qui environne la Terre ,nbsp;^ui penetrant I�aiguiite aimant�e dans fa lon-, OU d�un pole 4 l�autre , la range dans fanbsp;quot;^^ftion propre.
. 9� qu�il y a de bien fingulier, c�ell que ce m�-'oien magnetique non-feulement cd, dans pirefque les lieux de la rerre, diff�rent du m�ridiennbsp;j�''teftre , amp; d�clinant tani�t a l�eft , taniot anbsp;, mais encore que cette d�clinaifon varienbsp;ment, comme Ie prouvent les experiencesnbsp;^��vantes.
Xle Sj Xlle Experiences.
changement de d�clinaifon de l'Aimant.
, 5ur une ligne m�ridienne trac�e avec foin, amp; un lieu �loign� de tout morceau de fer,nbsp;une aiguille aimant�e fur fon pivot; ob-^'�ez fa diredion , vous trouverez commu-.^'�^ent qu�elle fait un angle avec Ie m�ridien. IInbsp;'quot;'s par exemple , en 1770 a Paris, de iq degr�snbsp;55 minuten a l�oued.
M 'joelques ann�es apr�s, vous r�it�rez cette pl^^^''''aiion , vous trouverez que eet angle n�eftnbsp;A^p tn�me, mais qu'il a augment� ou diminu�.nbsp;^Onnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;exemple , eet angle , ou la d�clinai-
j , 7^ 1�aiguille aimant�e , �toit en 1750 de 17� 5 a l�oued ; en 1760 eUe a �t� obferv�e denbsp;^ome ir.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;S
-ocr page 282-z74 R�cr�at. Math�mat, et Phys.
45'; en 1770? nbsp;nbsp;nbsp;19� 55') OU m�me zo degr^
amp; quelques minutes.
Remarque,
Pans la plus grande partie de notre contineof� ainfi que dans toute l�Am�rique feptentrionale? *nbsp;l�exception de la partie la plus voifine dunbsp;diiMexique , la ddclinaifon fe fait aftuellement ^nbsp;Toueft , amp; elle va continuellement en croilfa�^'nbsp;Dans toute l�Am�rique m�ridionale , dans toufnbsp;gplfe du Mexique, ainfi que la partie de lanbsp;Pacifique entre les tropiques, amp; du cot� dunbsp;elle fe fait a l�eft, amp; elle va continuellementnbsp;dlminuant.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
Le c�lebre M. Halley ayant pris la peine u raffembler une prodigieufe multitude d�obfei'^^nbsp;tions de navigateurs, donna en 1700 une C3t*^nbsp;extr�mement curieufe , fur laquelle il a li� parnbsp;lignes les lieux de la terre o� la d�clinaifon d�nbsp;raiguille aimant�e efl; la m�me. On y voit ,nbsp;exemple , que la ligne fur laquelle en 1700 1^*^nbsp;guille aimant�e n�avoit point de d�clinaifon ,nbsp;tageoit a peu pr�s �galement la partie du fudnbsp;rOc�an Atlantique , 6c venoit couper 1��quat^nbsp;vers le premier degr� de longifude , ou fon in^.jnbsp;fe�lion avec le premier m�ridien ; de-la ellenbsp;gagner en ligne courbe la nouvelle Angleteft�,^nbsp;�c traverfant le nouveau Mexique 6c la Oalifift'�nbsp;elle couroit au nord de la mer Pacifique, Pto^ .nbsp;blement elle gagnoit l�Afie, amp; pafibit par le tipnbsp;de la Tartarie; d�ou defcendant a travers la pnbsp;6c les Moluques , elle traverfoit la nouvellenbsp;lande. Au fud amp; a l�oueft de cette ligne,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;:[
clinaifon �toit a I�eft ; au nord amp; a l�eft, elle et i l�oueft.
-ocr page 283-D�autres observations faites environ cinquante apr�s, ontappris que cette ligne eftaujour-^hui d�plac�e , amp; qu�elle a eu en quelque fortenbsp;mouvement vers Ie fud-ouefl:, amp; en changeantnbsp;peu de forme. Suivant ces obfervations raf-^^�nbl�es par MM. Mountaine amp; Dodfon , de lanbsp;^oci�t� royale de Londres , el!e traverfoit ennbsp;*744 a peu pr�s Ie milieu de l�Oc�an Atlanti-, coupoit l��quateur vers Ie douzierne degr�nbsp;1,^ longitude a l�oueft du premier m�ridien ; de-elle paflbit vers Ie milieu de la Floride , amp;c
^otoyant
peu
pr�s
la Louifiane , elle traver-
Oit Ie vieux Mexique , d�o� elle gagnoit la pointe la Californie , enfuite elle fe jetoit au nordnbsp;'lp la mer Pacifique, amp; coupoit Ie premier m�-^'dien vers Ie 44� degr� de latitude nord , d�oiinbsp;redefcendoit vers Ie fud amp; traverfoit Ie Ja-Pon, la plus grande des Philippines, les royaumesnbsp;�e P�gu amp; d�Arracan , venoit faire une pointe anbsp;vers l�ifle de Ceylan; enfin, revenant tra-^erfer les Moluques, alloit par une ligne courbenbsp;''^rs Ie p�le auftral, en laiffant a l�oueft Ia nou-J^^lle Hollande. Telle �toit Ja pofition de cettenbsp;''gneen 1744 ; d�o� 1�on peut a peu pr�s d�ter-�^�iner fa pofition aftuelle.
. On trouvoit de m�me fur la carte de M. Hal-�y, la ligne qui joignoit tous les points o� la d�-YOaifon �toit de 5� a l�eft ou a 1�ouefl:; ceux o� .1'e �toit de 10, de 15� amp;c. On remarque au-lourd�hui qu�elles ont eu toutes un mouvement anbsp;Peu pr^s femblable a celui de la ligne fans d�cli-*'^ifon.
L�cgt;hiet de M. Halley , dans un travail a�lfi p�-pible , n��toit pas de pure curiofit� : il avoit def-ein de faijg fervir ces cartes a la d�termination-
R�cr�at. Math�mat. et Phys. des longitudes en mer. En effet, fi 1�on avoit un�nbsp;carte bien s�re de ces lignes de d�clinaifon)nbsp;eft vi'fible qu�en obfervant la d�clinaifon r�ellenbsp;la bouflble amp; la latitude, on auroit la determine'nbsp;tion du point pr�cis occup� au moment de l�ob'nbsp;Tervation fur la furface de la terre. Car, fupp*^'nbsp;fons qu�on eut obferv� dans l�Oc�an Adant^^nbsp;la d�clinaifon de 70 ^ a Toueft, amp; la latitudenbsp;nord de 31� ; il eft �vident que Ie lieu du vaiftea**nbsp;feroit Ie point o� fe coupent Ie para�ele nord dfnbsp;3Z�, amp;c la ligne de d�clinaifon de 7� II nenbsp;teroit qu�a perfeftionner les moyens de trou^f��nbsp;fur mer avec beaucoup d�exaftitiide la d�clinai'nbsp;fon, ce qui ne feroit pas impoffible.
II eft facheux qu�on n�ait pas des obfervatioO* bien anciennes de la d�clinaifon de l�aiguille a''nbsp;mant�e, Cela vient probablement de ce que cett�nbsp;d�clinaifon n�a guere �t� bien conftat�e amp; recoH'nbsp;nue des phyficiens que vers la fin du feiziein�nbsp;ftecle. On voit au furplus par ces obfervations�nbsp;qu�anciennement a Paris, a Londres , amp; dansnbsp;plus grande partie de rAll�magne, la d�clinaifo*'nbsp;�toit ori�ntale ; car elle fut trouv�e a Parisnbsp;1580, de ii�30'al�eft. Depuis ce temps ellc^nbsp;diminu� jufqu�en 1666, qu�elle fut nulletell^^nbsp;enfulte pafte du c�t� de l�oueft, en augmenta'�^nbsp;continuellement dans ce fens; car elie fut obf^�'nbsp;v�een i670,de 1O30'; en i68o, de x� 4� *nbsp;en 1701, de 8� 15'; on l�obfervoit ennbsp;10� moins iquelques minutes. Elle devroit, ^nbsp;juger par fa marcbe ordinaire , �tre aujourd�b'^nbsp;de aoo ^ OU plus; mals, au grapd �tonnement ofnbsp;phyficiens, fon progr�s s�eft arr�t� la ; amp; lanbsp;clinaifon de l�aiguille a l�oueft paro�t m�me ennbsp;moment commencer a diminuer. Elle n�a �t� ce
-ocr page 285-i77
DE L�AiMANT.
�fnieres ann�es, que d�envirpn 19� 3�.^ 40 �*�gt;nutes , enforte que tr�s-probablement 1�aiguillenbsp;r�trograder , repafler par Ie m�ridien , cenbsp;arrivera dans environ cent dix ans , pournbsp;'^�cliner enfuite du c�t� de l�eft, comme en
J�ai toujours �t� dans la perfuafion que ce feroit la marche ; mais j�avoue que voyant fa d�cli-��sifon augmenter chaque ann�e affez r�guliere-�J'ent de 8 a 9 minutes, je ne croyois pas que fanbsp;Nation amp; fon retour vers l�eft fut auffi prochain:nbsp;'ar les g�ometres fqavent que , lorfqu�une gran-�^�ur approche de fon maximum ou de fon mini-^um, fes accroiflements ou fes diminutions de-''iennent de plus en plus infenfibles, pour �trenbsp;a ces points. Mais ici la marche de la na-n�eft pas celle de la g�om�trie, quoiquenbsp;^tdinairement elles foient a eet �gard fort d�ac-cord.
Mais quelle eft la caufe de la d�clinaifon de laimant ? Voici quelques conjectures fur ce fujet.
MM, de la Hire , pere amp; fils , ont fait une experience curieufe , amp; qui peut l�rvir a jeter de la lumiere fur la caufe de ce ph�nomene. Ils avoientnbsp;Hn fort gros aimant, qu�ils arrondirent en globenbsp;��tant qu�il leur fut poffible ; ils en chercherentnbsp;poles, qui fe trouverent exaCtement aux extr�-**'u�s d�un diametre , amp; ils tracerent fon �qua-douze de fes m�ridiens ; enfuite ils appli-^Uerent fur ce globe d�aimant, quiavoit environnbsp;pied de diametre, amp; qui pefoit pr�s de centnbsp;tvres, une aigui^ aimant�e : ils obferverent qu�ilnbsp;y avoit des endroits o� elle d�clinoit vers 1�oueft ,nbsp;^ d�autres o� elle n�avoit aucune d�clinaifon ^nbsp;^ qui formoient une ou deux. lignes continue^
S �j
-ocr page 286-2.78 R�cr�at. Math�mat. et PH�S. fur fa furface, ccunme M. Halley 1�avoit detsfquot;nbsp;inin� fur la furface terreftre, quoique d�une form�nbsp;abfolument diff�rente.
II eft plus que probable, dit 1�hiftorien de l�Aquot; cad�mie , (voje:( ann. 1705 , ) que la caufe d�*nbsp;d�clinaifons obferv�es fur ce globe d�aimant gt;nbsp;�toit uniquement Tiii�galit� de fa contexture ^nbsp;de la force inagn�tique de fes diff�rentes parties*nbsp;On peut auffi conjedurer que la Terre �tantnbsp;grand aimant, ou du moins un globe renfermafl^nbsp;dans fon fein de grandes maffes magn�tiques�nbsp;c�eft leur in�gale didribution qui caufe fur fa fuf*nbsp;face la vari�t� de la diredion de 1�aiguille aiman*nbsp;��e. Mais il y a cette diff�rence, que dans I�nbsp;fein de Ia Terre il fe fait fans ceffe de nouvell�*nbsp;g�n�rations, au lieu que la maffe de 1�aimant dcnbsp;MM. de la Hire n��toit fu]ette a rien de fembla-ble. De-la vient auffi que fur la furface de 1^nbsp;Terre la diredion de 1�aimant eft variable, aUnbsp;lieu que fur la furface de eet aimant elle ne poU'nbsp;voit qu��tre conftante.
II faut cependant convenir que, dans cette eXquot; plication, il eft difficile de rendre raifon pout'nbsp;quoi, depuis deux fiecles au moins, 1�on voit 1*nbsp;ligne fans d�clinaifon , fe mouvoir conftammeO'-de 1�eft a l�oueft. Des effets provenants de cauf�*nbsp;auffi variables que des deftrudions amp; g�n�ratiof*nbsp;nouvelles dans Ie fein de la Terre, devroief*^nbsp;�pro'uver de plus grandes irr�gularit�s, amp; la maf'nbsp;che de Taiguille aimant�e devroit �tre tant�t di*nbsp;c�t� de l�eft, tant�t de celui de l�oueft.
M. Halley avoit propof� unal|^ypothefe pbyV* que pour rendre raifon de la vari�t� des d�clif'�^^nbsp;{ons de 1�aimant. II fuppofoit pour eet effet deu*nbsp;poles magn�tiques fixes, amp; deux mobiles dan^
-ocr page 287-DE L�AIMANT.
pofitions. Mais M. Albert Euler 1�a rim-Pbfi�e dans un m�moire fort curieux, qu�on lit Parmi ceux de l�Acad�inie de Berlin, (ann. 1757-)nbsp;T Puppofe feulement deux poles magn�tiques, l�unnbsp;^ *4� 53' du pole boreal de la Terre, amp; l�autrenbsp;a xpo du pole auftral- Le m�ridien dans le-^Uel fe trouve le premier , paffe par le 258� degr�nbsp;longitude; amp; celui du fecond, par le 303�.nbsp;prend enfuite pour principe, que Faigu�le ai-*^ant�e fe range toujours dans le plan qui paffenbsp;Par les deux poles magn�tiques amp; le lieu de l�ob-^^rvation , amp; il determine par le calcul Tinclinai-fon de ce plan au m�ridien dans les divers lieuxnbsp;la Terre. Or 11 trouve qu�au moyen de cesnbsp;^appofitions , le calcul lui donne affez exa�lementnbsp;^a quantit� de la d�clinaifon obferv�e dans cesnbsp;^ernieres ann�es, les contours des lignes denbsp;d�clinaifon telles que MM. Mountaine amp; Dodfonnbsp;^as ont trouv�es pour 1744, au moins dansl�Oc�annbsp;Atlantique ; car M. Albert Euler eft oblig� d�arguernbsp;de faux le contour que donnent ces membres de lanbsp;^Oci�t� royale a la ligne fans d�clinaifon, dansnbsp;nord de la mer Pacifique , Sc il dit a ce fujetnbsp;des chofes fort vraifemblables.
II eft au refte aif� de concevolr qu�en falfant varier ces poles, les lignes de d�clinaifon varie-^ont auffi, amp; que , fuivant qu�elles fe rapproche-��ont OU s��loigneront, elles pourront changer denbsp;^otrne ainfi qu�on l�obferve.
M. Canton , membre de la Socl�t� royale de ^oiidres, a d�couvert, il y a q�elques ann�es , unnbsp;Nouveau mouvement de 1�aiguille aimant�e. II eftnbsp;rond� fur l�exp�rience fuivante.
i8o R�cr�xt. Math�mat, et Phys. XII� Experience.
La variation diurne de VAimant.
Ayez une aiguille aimant�e fort grande, cotnmC cle 11 OU IJ pouces de longueur, tr�s-biennbsp;due. Elle doit �tre environn�c d�un eerde ayai�*nbsp;pour centre Ie point de fufpenfion, amp; divif� ertnbsp;degr�s, amp; demis ou quarts de degr�, du moiO*nbsp;dans la partie de fa circonf�rence que regardenbsp;pointe de 1�aiguille, Le tout doit �tre couvert dsnbsp;maniere a n��prouver aucune iinpreflion de Taif*
Si vous obfervez cetfe aiguille a diverfes heur^� de la journ�e, vous remarquerez qu�elle n'eft pr^r*nbsp;que jamais en repos, Selon M. Canton , la d�cb'nbsp;�iaifon fera la plus grande le matin , moyennenbsp;vers le midi, 6c moindre le ibir. II en donnenbsp;jn�me une raifon aflez probable, fqavoir celle-ci�
C�eft un fait prouv� par l�exp�rience , qu�uO aimant �chauff� pereJ un peu de fa force. Or lesnbsp;parties orientales de la Terre ayant midi lorfquenbsp;le foleil fe leve pour nous, e�eft le moment, ou anbsp;peu pr�s , auquel elles font le plus echaufTees-E�aiguille aimant�e , dont la dire�lion eft proba-blement 1�elfet compof� des attra�fions de toui^*nbsp;les parties magn�tiques de la Terre, fera donCnbsp;9U lever du foleil un peu moins follicit� vers l�eft�nbsp;que fi le foleil n��toit pas de ce cot�; conf�quetR''nbsp;ment elle c�dera a l�a�tion des parties de l�ouel^�nbsp;amp; loiirnera un peu plus de ce c�t�-!a. M. CantoRnbsp;tend m�me cetfe explication fenfible par le moy^Rnbsp;de deux aimants, dont il �chauff� l�un ou l�autf�nbsp;alternativement.
�E l�Aim ANT. nbsp;nbsp;nbsp;iSi
^Omene eft aujourd�hui reconnii ; amp; obferva-*�Urs m�t�orologiftes ne manquent pas d�obferver differents temps la d�clinaifon de Taiguillenbsp;quivarie quelqviefois duma'inau foirnbsp;lo' $: plus.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ie Trait� de M�t�orologie
���t P. Cotte,
$. IV.
�De Vincllnaifon de 1'Aiguille aimant�e.
XIII� Experience.
Obferver rinclinaifon de rAimant.
Si 1�on a une aiguille de bouftble non encore ^'mant�e , amp; parfaitement en �quilibre fur fonnbsp;P'vot, enforte qu�elle fe tienne parall�lement anbsp;�horizon, lorfqu�on l�aura touch�e de raimant,nbsp;perdra eet �quilibre , amp; plongera fa pointenbsp;**ord au delTous de l�horizon.
Cette exp�rience eft connue de tous ceux qut li^nt des bouflbles ; car, apr�s avoir aimant� 1�ai-guille, ils font oblig�s de limer la partie la plusnbsp;pefante, jufqu�a ce qii�elle foit en �quilibre amp; denbsp;i^iveau avec 1�autre. On pourroit produire Ie ni�menbsp;�ffet, en chargeant 1�autre bout d'un petit contre-Pf'ids ; amp; m�me il feroit avanrageux que ce con-**^^Poids fut mobile , car 1�inclinaifon �tant varia-^ . gt; il faut, pour faire �quilibre a reffbrt quenbsp;�1�aiguille pour s�incliner, des forces dilT�rentes.
�lfi eft-on oblig� de cbarger l�g�rement d�un PeHt jnorceau de cire plus ou moins gros , un desnbsp;^uts de 1�aiguille, fuivant les diff�rents paragesnbsp;^^on occupe, afin qu�elle foit parfaitement horizontale.
-ocr page 290-Obferver l'inclinaijbn dc PAiguille, aimant�c.
n faut avoir une aiguille aimanlj�e , faite d�uR fll ^�acier bien droit, amp; fe terminant en pointe 3nbsp;a Tes extr�mit�s. Son milieu doit �tre applati, ^nbsp;form� en eerde d�une ligne amp; demie ou deuxnbsp;diametre , ayant fon centre bien parfaitement dafgt;*nbsp;l^Iignement des deux pointes de l�aiguille. Cenbsp;eerde portera perpendiculairement a fon plannbsp;fil d�acier tr�s-menu , qui lui fervira de pivot�nbsp;enforte qu��tant plac� bien horizontalement dan*nbsp;les deux trous de deux platines de cuivre placeesnbsp;verticalement , elle foit tout-a-fait indiff�rente anbsp;toute polition , amp; refte en �quilibre dans quelqP�nbsp;fituation qu�on la mette. Ces deux platines ferontnbsp;attach�es aux deux bords d�une bande de cuivrenbsp;courb�e drculairement, Sc d�un diamette taiitnbsp;foit peu plus grand que Ia longueur de l�aiguille�nbsp;dont les pivots feront au centre. II dolt y avoifnbsp;ext�rieurement un anneau pour fufpendre ce eet'nbsp;de de cuivre , amp; mettre un de fes diametres dait�nbsp;Ie fens vertical. L�int�rieur fera dlvif� en degt^*nbsp;amp; quarts de degr�s, s�il efl; poffible, mais enfortenbsp;que la divifion commenqant par z�ro aux extf^nbsp;mit�s du diametre horizontal, finifle par 90 degt^nbsp;aux extr�mit�s du diametre vertical. On s�afluret^nbsp;de la polition de ce diametre , au moyen d�un ^nbsp;a plomb qui pendra de fon extr�mit� fup�rieut^rnbsp;6r qui devra palfer par l�extr�mit� inf�rieure,nbsp;qu�11 foit dans fa vraie polition.
II faudra auffi fe munir d�un pied de bois forme de parall�l�pipede oblong, dans Ia patt*�nbsp;fup�rieure duquel il y aura une �chancrure circit'
-ocr page 291-DE L� A I M A N T, nbsp;nbsp;nbsp;a8|
^aire, propre a loger rinftrumeTit dans Ie fens de longueur. Enfin on dolt avoir un petit coinnbsp;Ptopre a glifler plus ou moins fous ce pied , jufqu�anbsp;que le plan de I�inftrument, ou celui que par-'^ourt I�aiguille dans fon mouvement, foit exafte-^eut vertical.
L�aiguille �tant enfin aimant�e, onappliquera aux deux c�t�s de I�inftrument , dans des rainuresnbsp;Waites pour cela , deux glac�s circulaires, pournbsp;pr�ferver I�aiguille amp; fes pivots du contaft ext�-*'*eur de 1�air Sc de l�humidit� , qui eft contraire aunbsp;�^agn�tifme.
Par la defcription de cet inftrument, il eft aile fentir qu�il faut d�abord le mettre, foit en lenbsp;ftifpendant, foit en le plaqant fur Ion fupport,nbsp;^3ns une fituation verticale; ce qu�on fera- aif�-*^ent au moyen du fil a plomb.
II faut de plus, que le plan de I�inftrument, ou ^^lui que parcourt I�aiguille , foit dans le plan dunbsp;*Jieridien magnetique. Pour cet effet , on cou-cfiera I�inftrument a plat fur une table horizontale ; I�aiguille �tant arr�t�e , indiquera le meri-dien magn�tique , Sc 1�on tirera fur la table unenbsp;ligne dans cette direftion, fur laquelle on aligneranbsp;le long cote du fupport auquel le plan'de I�inftrument doit �tre auffi parallele, quand il feranbsp;dans I�echancrure qui doit le recevoir. Au moyennbsp;de petit coin Sc de I�a-plomb , on achevera de lenbsp;teettre dans la pofition convenable. L�aiguille ,nbsp;^Pt�s des balancements aflez longs , s�arr�teranbsp;^nfin, Si indiquera par fa pointe le nombre denbsp;d^gtes dont elk eft �loign�e de 1�horizontale , cenbsp;donnera 1�inclinaifon.
On trouve par ce moyen , a Paris, que I�incli* t^alfon eft aftuellement de 72 degr�s.
-ocr page 292-i84 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
R E M A R Q_U E S,
Q�OIQu�il ne paroifle pas y avoir beaucoup de difficult� a ex�cuter un pareil inftrument, reXquot;nbsp;p�rience apprend n�anmoins qu�il eft d�une execution tr�s-difEclle , a moins d�une adrefle particuliere , dont M. Magny, artifte tr�s - ing�nieurnbsp;en optique , amp;c. paroit jufqu�a pr�fent feul efgt;nbsp;poffeffion. En effet, a moins que l�inftrument n�nbsp;ibit parfaitement execute, 1�aiguille aimant�e o�nbsp;fe remet point dans fa m�me pofition lorfqu�ortnbsp;l�a d�plac�e, ou lorfqu�on tourne l�inftrument et'nbsp;fens contraire, c�eft-a-dire de forte que Ie platynbsp;qui regardoit 1�orient regarde l�occident. Ma�s j�a*nbsp;eu une bouflble d�inclinaifon, fortant des main*nbsp;de eet artifte , qui, pourvu qu�elle fut dans Ienbsp;m�riclien magn�tique, a chaque fois qu�on faifoitnbsp;i�obfervation dans un m�me lieu , amp; quelqusnbsp;face qu�on tournata droite ou a gauche , montroitnbsp;toujours parfaitement Ie m�me degr� d�inclinaiquot;nbsp;fon. C�eft-la n�anmoins une condition tr�s-n�cef-faire pour pouvoir faire quelque fonds fur desnbsp;obfervations de cette efpece ; amp; fans cela on n�nbsp;peut les regarder que comme des approximation*nbsp;dans lefquelles il peut facilement fe gliffer quel'nbsp;ques degr�s d�erreur.
L�inclinaifon de Taiguille aimant�e n�eft P** moins variable que fa d�clinaifon. On obfet''*nbsp;qu�elle eft diff�rente dans les diff�rents lieux de 1*nbsp;terre; mais l�on fe tromperoit beaucoup finbsp;penfoit, comme quelques phyficiens l�ont
-ocr page 293-DE l�AimaNT. nbsp;nbsp;nbsp;zS'j
Ie fiecle paffe, qu�elle e�t quelque rapport la latitude. On obferve, par exemple, a Pa-qu�elle efl: aujourd�hui de yz� zj' au nord.
^ Lima , environ i8� au fud.
^ Quito , environ 15� id.
� Buenos-Ayres, environ 60�^ id.
^ 1�Ifle-de-France , ^z�! nord.
Cela fuffit pour d�truire toute idee qu�elle ait rnoindre rapport avec la latitude.
L�obfervation de l�inclinaifon n��tant rdput�e Ptefque d�aucune utilit� dans la navigation , on nenbsp;^oit pas s��tonner qu�on en ait a peine quelques-*^nes. Elles font d�ailleurs beaucoup plus difficilesnbsp;* U mer que celles de la d�clinaifon, a caufe dunbsp;��oulls. Le P. FeulU�e en a fait n�anmoins un affeznbsp;grand nombre dans fes voyages d�Europeen Am�-frque; mais, felon toutes les apparences, on nenbsp;doit guere y compter qu�a quelques degr�s pr�s.nbsp;Qnoi qu�il en foit, il feroit a delirer que ces observations fuffent plus multipli�es; car, quoi-qu�elles ne paroiffent pas du premier coup d�qeilnbsp;Bien utiles , elles peuvent le devenir dans la fuite,nbsp;Ne laiffons pas d�accumuler des faits, quoique ennbsp;apparence fans grande utilit�. Souvent une lumierenbsp;inefp�r�e nait d�une obfervation r�put�e long-^mps frivole amp; ifol�e.
Nous remarquerons encore iel que les mouve-'^�^nts de 1�aiguille aimant�e �prouvent des varia-f�ons fort fingulieres a 1�approche ou par 1�effet ra�t�ores Ign�es. On a vu plus d�une fois lenbsp;^onnerre d�faimanter une aiguille, ou l�aimanternbsp;�ri fens contraire. Les aurores bor�ales paroiffentnbsp;agir d�une maniere fort fenfible fur l�aiguiHe
-ocr page 294-186 R�CR�AT. Math�mat, et Phys. aimant�e. Ma�s nous nous bornerons a renvoyefnbsp;encore au Trait� de M�t�orologie du P. Cotte.
IL y auroit un fi grand avantage a avoir des bouffoles qui montraffent s�rement Ie nord,nbsp;que 1�on ne doit point �tre �tonn� des efforts quenbsp;l�on a faits pour imaginer des combinaifons quinbsp;d�truififfent la d�clinaifon de l�aiguille aimant�e;nbsp;mais malheureufement elles ont �t� jufqu�a pr�fentnbsp;infru�lueufes , amp; nous penfons qu�elles Ie feront^nbsp;toujours. Ces tentatives m�ritent n�anrrroins d�etre connues, ne fut ce que pour �viter a quelqu�uonbsp;de nos le�leurs I�illufion que fe font faite ceuJtnbsp;qui ont cru avoir r�folu ce probl�me.
M. Mufchenbroeck fait la defcription d�une �s ces inventions. Elle confifte a combiner pour ut�nbsp;lieu determine deux aiguilles de force �gale, denbsp;telle maniere qu�elles s��cartent Tune d�un cot�nbsp;l�autre de 1�autre , du m�ridien magn�tique , de Unbsp;quantit� de la d�clinaifon. Ainli 1�une d�clineranbsp;du double , amp; l�autre fe trouvera pr�cif�meotnbsp;dans Ie m�ridien. Suppofons, par exemple , qu�nbsp;la d�clinaifon foit de zo degr�s a 1�oueft, comin^nbsp;elle �toit a Paris en 1770. Si 1�on fait porternbsp;une m�me chape deux aiguilles aimant�esnbsp;force �gale , qui faffent enfemble un angle dsnbsp;40 degr�s, il eft �vident que , ne pouvant n�
1 une ni l�autre fe placer dans Ie m�ridi�n magn�-t'rjue , elles s�en �carteront �galement: ainfi l�une d�clinera de lo degr�s a l�oueft de ce m�ridien ,
a 40 degr�s de celui de la terre; amp; conf�quem-��lent l�autre aiguille fera n�ceffairement dans Ie �m�ridien , amp; n�aura aucune d�clinaifon.
On doit s��tonner qu�on ait pu penfer qu�on suroit par-la une combinaifon d�aiguilles aiman-^ees, qui en fera tomber une fur Ie m�ridien ter-�quot;eftre. II eft aif� de voir que ces deux aiguilles,nbsp;fi elles font �gales en force, ne feront jamais quenbsp;s arranger de maniere que Ie m�ridien magn�tiquenbsp;Partagera en deux �galement l�angle qu�elles com-prendront. Ainfi, en fuppofant que Ie m�ridiennbsp;*nagn�tique , au lieu de d�cliner de 20 degr�s dunbsp;�it�ridien terreftre, ne d�cline que de 10 degr�snbsp;i l�oueft, Tune des aiguilles fera port�e a 10 degr�s de plus a l�oueft , amp; aura conf�quemmentnbsp;30 degr�s de d�clinaifon: done en m�me tempsnbsp;^�autre aiguille fera port�e k 10 degr�s du m�ridien du c�t� de l�eft.
Le dernier tradu�feur de Pline a donn� un iTioyen a pen pr�s femblable pour an�antir la d�clinaifon : il n�en differe qu�en ce que l�une desnbsp;aiguilles doit �tre plus grofte que l�autre. Maisnbsp;M. Mufchenbfoeck avoit d�ja propof� amp; analyf�nbsp;Cette combinaifon de deux aiguilles in�gales , Scnbsp;^Ue lui avoit paru aufti peu faite pour r�uffir que
pr�c�dente. En effet, les meines raifons, ou des raifons femblables, s�y oppofent; 8c il n�y anbsp;rien de fi l�g�rem�nt fond�, pour ne rien dire denbsp;P^us, c[ue la th�orie phyfique qui femble y avoirnbsp;eonduit l�auteur dont nous parlons; car il paroitnbsp;penfer que ce qui fait qu�une aiguille aimant�enbsp;d�cline , eft une forte de foiblefle qui ne lui per-
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met pas d�atteindre Ie nord. C�eft une id�� qu1 non-feulement eft fans fondement , mais m�menbsp;qui efl; incompatible avec les ph�nomenes amp;t avecnbsp;la th�orie la plus probable de^ mouvements ma2nbsp;gn�tiques; car 1�aiguille aimant�e qui, dans lesnbsp;premieres ciirquante ann�es du fiecle dernier ^nbsp;d�clinoit a l�cft , s��tant enfuite rapproch�e dunbsp;nord , amp; l�ayant d�paff� pour fe dirigera 1�oueft�nbsp;il faudroit dire qu�elle �ioit malade , qu�elle s�eftnbsp;gu�rie vers 1660, amp; qu�enfuite elle eft redevenu�nbsp;malade en fens contraire. Ainfi 1�on ne fqauroitnbsp;trop admirer la pr�cipitarion de quelques joiirna-liftes amp; de quelques auteurs 1, qui fe font hateSnbsp;d�annoncer avec de grands �loges cette d�cou-verte pr�tendue . comme devant changer la facenbsp;de la navigation. Malheureufement rien de plusnbsp;imaginaire , amp; un peu plus de connoiflatices de$nbsp;ph�nomenes magn�tiques , e�t pr�ferv� les unSnbsp;amp; les autres de cette erreur.
J�ai vu autrefois a Paris un pilote G�nois, nomm� M. Mandilo , qui pr�tendoit avoir trouv�nbsp;une autre combinaifon d�aiguilles aimanf�es, pro-pre a corriger la d�clinaifon de la bouflble. Rnbsp;plaqoit Tune fur l�autre deux aiguilles �gales ennbsp;force, de maniere que chacune d�elles e�t la h'nbsp;ben� de fon mouvemenr; il les rapprochoit enfuite pour Paris, par exemple , de maniere qu�nbsp;leur �cartement fut double de la d�clinaifon oh'
TJAnn�e Litt�raire ,\e rtiBicnnaire d�Induflr'e. Cedef'' nier ouvrage, qui adopte pleinemeni Tid�e de la mal.idi�nbsp;de Taiguille aimant�e , trouve enrore dans cette d�coU-verte imaginaire celle des longitudes. La d�couverte ei1nbsp;queftion feroit r�elle, que celle des longitudes ne s�eanbsp;enfuivroit pas.
ferv�'
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jerv�e. Car , dans cette pofition, elles divergent ^ ut\e de 1�autre par l�efFet de la r�pulfion de leursnbsp;Pples OU pointes de m�me denomination ; amp; diesnbsp;divergent d�autant plus, qu�elles (bnt plus rappro-^h�es 1�une de I�autre. Par ce moyen done, unenbsp;dps deux aiguilles eft , comme dans le proc�d�nbsp;d-deffus , rapportee ftir le m�ridien. Or le fieurnbsp;quot;�andilo pretendoit que cela devoit arriver egale-l^pnt par-tout; ce qui eft vifiblement faux: carnbsp;pcartement de deux aiguilles �tant 1�effet de lanbsp;*�pulfion de deux poles de m�ine nom , cettp r�-P*tlfion , amp; conf�quemment 1��cartement , ferontnbsp;in�mes, quel que foit I�angle du m�ridien ma-?tietique avec le m�ridien terreftre. Pour que celanbsp;autrement , il faudroit fuppofer que cettenbsp;'^�pulfion diminuat en m�me temps que la d�cli-J^aifon , ce qui ne peut pas �tre. C�eft ce quenbsp;1 ob'jeftai d�abord au fieur Mandilo , mats en vain.
homme qui croit avoir trouve le moyen de Corriger la d�clinaifon de 1�aiguille aimant�e, ounbsp;�yoir d�couvert la folution du probl�me des lon-gitudes, n�eft guere moins opiniatre dans fonnbsp;^^ntiment, que celui qui croit avoir trouv� lanbsp;quadrature du cercle.
C�eft aufii le cas de parler ici d�une idee de de la Hire fur ce fujet. Elle etoit fondee fur cenbsp;q��il croyoit avoir trouv� que les poles d�un ai~nbsp;*^ant naturel avoient chang� de place, comme lesnbsp;magn�tiques de la terre 1�avoient fait dansnbsp;^ pi�me temps. D�apr�s cela, il avoit imaginenbsp;j ^'uianter des anneaux d�acier , prefumant quenbsp;^urs poles changeroient de m�me. Or il eft aif�nbsp;fentir que, dans ce cas, la ligne marqu�e pri-^^ftivement nord amp;C fud fur I�anneau, refteroitnbsp;**iimobile , amp; marqueroit touiours le vrai nord.nbsp;Tome IF.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T
-ocr page 298-1^0 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
Mais Ie principe s�eft trouv� faux; amp; quand il eid �t� vrai, la conf�quence que M. de la Hire eHnbsp;tiroit n��toit pas n�celTaire,
ON a imagin� depuis quelques ann�es d�apquot; pliquer les propri�t�s de 1�aimant a diversnbsp;jeux amp; tours de fubtilit� , qui ont fort embarral�nbsp;les premiers qui en ont �t� les t�moins. Onnbsp;pouvoit en effet employer de moyen plus cache 7nbsp;amp; n�anmoins plus propre a agir, que Ie magnSquot;nbsp;tifme , puifqu�ll n�eft arr�t� par aucun corp*nbsp;connu dans la nature, fi Ton en excepte Ie fef*nbsp;C�eft Ie c�lebre M. Comus qui a Ie premier e�nbsp;cette id��. Il a finguli�rement vari� les diff�rentsnbsp;tours de fubtilit� qu�on ex�cute par ce woyeOrnbsp;auffi tout Paris s�eft-il port� avec empreffemcntnbsp;dans les lieux o� il les ex�cutoit. Les ignorantsnbsp;1�admiroient, en Ie r�putant prefque pour forcief�nbsp;les fqavants cherchoient a p�n�trer fon artifice ^nbsp;amp; il faut convenir qu�il �toit imp�n�trable, tat'*�nbsp;qu�on n�a pas foupqonn� Ie magn�tifme d�ennbsp;Ie principal reffort.
Nous nous bornerons n�anmoins a donner uH� id�� du m�canifme de quelques-uns de ces tours�nbsp;car nous fqavons que leur auteur fe propofenbsp;les d�velopper dans un ouvrage a part, ainfinbsp;nombre d�autres de fon invention, tenant foi^ fnbsp;laphyfique, foit a des combinaifons tr�s-ing�'
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_ nbsp;nbsp;nbsp;Al MANT.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ac)i
�que.
^'Icufes. Cet ouvrage fera inf�reffant, perfonne ^�yant jamais r�uni a une adreffe qui approchenbsp;gt;1 preftige, autant de connoiffances dans la phy-
ConJiruUlon de la Lunette magique.
On fe (ert fr�quemment dans ces tours de lub-^'lit� , d�une pr�tendue lunette magique , au *^t)yen de laquelle on apperqoit, dit-on , au tra-des corps opaques. C�eft un difcours que 1�onnbsp;j^nt pour d�router les fpeftateurs, Cette pr�ten-lunette magique n�eft autre chofe qu�unenbsp;^^��ine de lunette , au fond de laquelle , c�eft-a-du c�t� de I�objeftif, eft une aiguille ai-�^^nt�e, qui prend fa direftion lorfque la lunettenbsp;pof�e fur Ie c�t� qui figure cet objeftif.
Pour former cette lunette , il faut faire tournee tuyau d�ivoire, ayant 1�apparence d�un tuyaunbsp;lunette fort �vaf� du c�t� de l�objeclif; ma�snbsp;quot; faut que cette ivoire fort tournee aflez mincenbsp;Ptgt;ur qu�elle laifle introduire la lumiere n�ceflairenbsp;Pour voir au dedans. Le c�t� de l�oculaire eftnbsp;Satni d�un verre qui fert a voir plus diftin�lementnbsp;dedans de la lunette. Le c�t� de l�obje�fifnbsp;P'^tte auffi un verre, niais ce n�eft que 1�apparencenbsp;objeftif. Sa furface poft�rieure eft opaque ,nbsp;. fert de bafe ou de fond i une boulTole ou unenbsp;^jStiille aimant�e tournant fur une pointe implan-fon centre. Cette aiguille prend la pofitionnbsp;^���Zontale , quand la lunette eft pof�e fur le c�t�nbsp;j � l�obje�fif, amp; fe dirige ou vers le nord, ou versnbsp;^feraimant� qui eft aux environs. II eft n�cef-d�avoir une lunette v�ritable Sc tout-�-faitnbsp;�^blable ext�rieurement, afin de pouvoir mon-
Tij
-ocr page 300-i9i RiCR�AT. Math�mat. et PhyS. trer cette derniere a la place de la premiere ; ce quenbsp;Ton fait, en fubftituant adroitement Tune a 1�autre.
Lors done qu�on voudra fe fervir de la lunette pr�tendue magique , on la placera, robjeftifnbsp;bas, fur ce que l�on voudra examiner. Si au def'nbsp;fous il y a un aimant ou un fer aimant�, l�aiguiU�nbsp;fe tournera de ce c6t�.
Etant donnis j^lujieurs chiffres , qu�um ptrfonii^ rangtra hs uns d c�t� des autres dans une boiH jpnbsp;reconnoitre d travers U couvertle U notnhre fortn^nbsp;par ces chiffres.
Si vous voulez employer les dix chiffres, pre' nez dix petits quarr�s d�un pouce amp; deminbsp;c�t� ; creufez fur la face fup�rieure de chacUi*nbsp;une rainure , ma�s dans dlverfes Situations ;nbsp;premiere , par exemple , d�ftin�e au nombre I gt;nbsp;ira dire�fement de bas en haut; la feconde �i'nbsp;viera a droite, d�un angle �gal � la dixieme denbsp;circonf�rence ; la troifieme, de deux dixieme*�nbsp;amp;c. ce qui donne dix pofitions diff�rentes. 0^nbsp;introduira enfuite dans ces rainures de petite*nbsp;barres d�acier bien aimant�es, en ayant l�attentiofnbsp;de lourner leur p�le nord de la maniere conve'nbsp;nable. On couvrira ces rainures amp; la facenbsp;quarr� avec de fort papier, afin qu�on ne foup'nbsp;qonne point l�exiftence de ces barreaux, II fat?^nbsp;enfin avoir une botte aflez �troite pour ne tef'*^nbsp;en largeur qu�une des tablettes, amp; aflez long**�nbsp;pour pouvoir les y ranger toutes.
On propofe enfuite une perfonne de prenfi^� pendant qu�on s��loigne, plufieurs de ces tablette*�nbsp;amp; de les ranger coram� elle jugera k propos da***
-ocr page 301-l^boite d�crite ct-de��us, pour en faire un nom-. cjuelconque. Cette m�ine perfonne fermera ^boite, amp; vous devinerez ainfi Ie nombre form�.
Mettez votre pr�tendue lunette fur la place de � premiere tablette, c�eft-a-dire a gauche ; fi Ienbsp;�^bifFre qui eft au deffous eft l�unit�, l�aigutllenbsp;^ournera de maniere que la pointe ou Ie polenbsp;^ord regardera au devant de vous. Si ce chitFrenbsp;tolt 4, elle tourneroit a la quatneme divifionnbsp;cercle divif� en 10 �galeinent; amp; ainfi desnbsp;*'*tres. II fera done fort facile de deviner par-linbsp;Suel eft Ie chiffre de chaque place, conf�quem-*^601 de nommer ce chiffre m�me.
Nous en avons dit aftez fur eet artifice. On '^vinera de m�me un mot qu�on aura �crit ennbsp;*�cret avec des carafteres donn�s; 1�anagrammenbsp;on aura form� d�un mot propof� , comme denbsp;, qui donne amoTy mora , orma , maro , 6'c/nbsp;queftion qu�on aura choifie parmi plufi�urs,nbsp;qu�on aura mife dans la boite : on pourranbsp;*^^me, avec un peu d�adrefle, faire trouver lanbsp;^'ponfe dans une autre boite. Ce tour enfin pourranbsp;pte vari� de bien des manieres, plus agr�ablesnbsp;unes que les autres , ma�s toutes d�pendantesnbsp;m�me principe.
La boite aux m�taux , par exemple , n�eft en-qu�une pareille variation du m�me tour. Oii * *^305 une boite fix plaques de diff�rents m�taux:
ptopofe a quelqu�un d�en prendre une, de la P *cer dans une autre boite, amp; de la fermer; cenbsp;�i�emp�chera pas qu�on ne la devine. Rkn denbsp;Pus facile. Ces plaques font de telle forme,nbsp;^ ^lles ne peuvent avoir qu�une feule fituationnbsp;la petite boite. Chacune d�elles, hors cellenbsp;� fer, renferme dans fon �paifteur un barrea�,
194 R�cr�at. Math�mat. et Phys,
magn�tique , plac� dans des fituations contiu^' Au moyen de la lunette pr�tendue magique �,nbsp;reconnojt ces fituations ; conf�quemment on nenbsp;peut ignorer la nature du m�tal. On ne metpoin*^nbsp;de barreau dans la plaque de fer , parceque cel3nbsp;feroit inutile ; mais on peut aimanter un c�t� d�nbsp;cette plaque ; ou, fi on ne 1�aimante point, la di'nbsp;re�lion ind�termin�e de I�aiguille annonceranbsp;c�eft Ie fer.
�� Hl.
La Mouche fgavanu^ ou la Syrene.
Ce tour-ci efl: un pe� plus compliqu� que pr�c�dent , amp; m�me il eft fond� moiti� fur 1^nbsp;phyfique, moiti� fur une petite fupercherie. On^nbsp;fur une table un vafe encaflr� dans fon �pailTeuftnbsp;garni d�un large rebord, fur lequel font infquot;nbsp;crits des nombres, ou les heures du jour, ou de*nbsp;r�ponfes a certaines queftions. On propofe ^nbsp;quelqu�un d�indiquer unnombre, ou de nomm�^nbsp;une heure du jour, ou de la demander, ou denbsp;choifir une des queftions infcrites fur des carte*nbsp;qu�on lui pr�fente. Une moucbe , une fyrenernbsp;OU un cygne mis a l�eau , doit d�figner les chilft^fnbsp;de ce nombre dans leur ordre , r�pondre enfio ^nbsp;la nature de la queftion qu�on lui aura faite.
Tout cela s�ex�cute au moyen d�un barrel�* fortement aimant� , qui eft port� par un cerel�nbsp;de cuivre, dans l��pailTeur du rebord du balb^'nbsp;II eft �vident que fi Pon fqait donner a ce barreai*nbsp;Ie mouvement n�ceftaire pour indiquer les lettre*nbsp;OU les nombres n�ceffaires pour la r�ponfe ,nbsp;mouche ou Ia fyrene qui nage fur un petit b3'nbsp;teau qui contient un autre barreau aimant� , *
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'�irlgera, 8c paroitra r�pondre a la queftlon. Voila tout Ie phyfique du tour; volei la petite fuper-^herie.
L��paifleur de la table, qui eft de quetques Pouces, eft creufe, Sc dans ce creuxeft contenunbsp;m�caniftne qui eft mis en mouvement par unnbsp;�kordon qui pafte Ie long des pieds de la table,nbsp;tfaverfe Ie plancher , amp; aboutit a une chambrenbsp;'oifine , f�par�e feulement de celle o� fe fait Ienbsp;to�r par une clolfon tr�s - l�gere. Le bout de ce.nbsp;tordon aboutit a un tableau o� font marquees lesnbsp;^ivifions du baflin , Sc le tout eft tellement com-o;n� , (ce.qui n�eft pas une chol�e difficile , ) quenbsp;^Otfque le bout de ce cordon eft amen� vis-a-visnbsp;. chiffre, par exemple 4, le barreau aimant� eftnbsp;^ous le 4 infcrlt fur le rebord du vafe,
Lors done qu�on demande a la fyrene de mariner 1�heure qu�il eft , celui qui eft derriere la ^loifon Sc qui entend la queftion , n�a autre chofenbsp;^ faire que de tirer le cordon, Sc d�en amener lenbsp;l^out, fur le tableau qu�il a devant lui, vis-a-visnbsp;heure qui court. Le barreau aimant� va fe pla-deflbus , Sc auffi-t�t la fyrene docile fe metnbsp;mouvement, Sc va marquer cette heure.
Si l�on a choifi une queftlon, celui qui fait le tour , fous pr�texte d�interroger la fyrene , la luinbsp;[�pete. Son adjoint l�entend , Sc fait mouvoir lenbsp;quot;itreau aimant� fur la r�ponfe.
ne feroit pas difficile d��tabllr entre l�un Sc t autre une correfpondance cach�e , Sc telle que ,,nbsp;fans parler , la fyrene parut deviner elle-m�me lanbsp;S^eftion , amp; y r�pondre.
Anglo:
y trouve Tiv
IS , imprim� en 1633 : on
Les livres principaux qui traitent de 1�aimant ^ot, le trait� de Magnete de Gilbert, philofopbe
-ocr page 304-traces de eet efprit d�obfervation qui a fait fa!*'� a la phyfique tant de progr�s ; V^rSnbsp;du P.Kii^cher: c�eft une efpece d�encyclop^^*^nbsp;de tout ce qui s��toit dit jufqu�a lui fur cettenbsp;tiere , augment�e de beaucoup d�id�es de l�****'nbsp;teur, dont la plupart tiennent de fon caraft^renbsp;d�efprit dans lequel l�imagination doininoit;nbsp;Magmtologia du P. L�othaud , in-4�, i6�o'nbsp;c�eft un ouvrage de peu d�importance. L�ouvrag�nbsp;du P. Scarella, intitule damp; Magmtc, en 4 volu�*�*nbsp;in-4� , imprim� a Brefcia en 1759 , P��^nbsp;lieu de tous les precedents, amp; renferme d�u!*�nbsp;maniere claire amp; bien d�velopp�e tout ce qu�dfnbsp;a d�utile amp; de folide dans ce qui a �t� ditnbsp;�crit fur l�aimant jufqu�a cette �poque ; a q**^*nbsp;1�auteur, phyficien fort �clair�, a ajout� fes vue*nbsp;particulieres. Le petit Trait� fur les Aimantsnbsp;tificiels, traduit de Tanglois en 1752 , amp; aug'nbsp;ment� d�une preface hiftorique du tradufteuf gt;nbsp;mettra Ie le�feur au fait de cette partie denbsp;th�orie de l�aimant. On peut, a fon d�faut, Pt�nbsp;le M�moire fur les Aimants artificiels, parnbsp;Anth�aume , qui a remport� le prix de l�Acade'nbsp;mie de P�tersbourg en 1758, amp; qui a �t�nbsp;prim� a Paris en 1760. On lit enfin dansnbsp;M�moires pr�fent�s a l�Acad�mie par des fqavai*�^nbsp;�trangers, plufieurs morceaux de M. Dutoi**'�nbsp;qui m�rltent d��tre connus Sc m�dit�s par ce***'nbsp;qui s�attachent a cultiver amp; amplifier cette th�ot'�*
E T
De l'�lectkicit�.
L��lectricit� eft une fource prefque in�puifable de ph�nomenes furprenants amp;nbsp;finguliers, qui frapperoient la curiofit� de ceuxnbsp;qui donnent Ie moins d�attention a ob-fetver la nature. Quoi de plus extraordinaire 5cnbsp;iTioins facile a concilier avec les loix connuesnbsp;la phyfique, que de voir un fimple frottementnbsp;^^citer dans certains corps la facult� d�attirer 8cnbsp;�^epouffer les corps l�gers qui font a proximit�;nbsp;^ette facult� fe communiquer par Ie conta�l anbsp;^ autres corps )ufqu�a des diftances tr�s-grandes;nbsp;feu jaillir d�un corps qui eft dans eet �tat; amp;
^98 R�cr�at, Math�mat. et Phys. mille autres ph�nomenes plus inattendus lesnbsp;que les autres , dont l��num�ration feroit tro^nbsp;longue! Nous nous bornerons a la fameufeexp^quot;nbsp;rience de Leyde, o� 1�on voit une file de pet'nbsp;fonnes Ie tenant par la main, ou fe cominuntquot;nbsp;quant feulement par une barre de m�tal, recevoJfnbsp;tout-a-coup d�un agent invifible une commotioOnbsp;interne, qui pourroit m�me �tre affez violentenbsp;pour tuer ceux qui 1��prouveroient.
On conviendra qu�il n�en eft pas encore de 1��leftricit� comme du magn�tifme, Ce derniefnbsp;a fervi, par l�invention de I�aiguille aimant�e , ^nbsp;affurer la navigation , a d�couvrir un nouveaunbsp;monde, fource de nouvelles richefles j de noU-veaux befoins amp; de nouveaux maux pour 1�an'nbsp;cien. Mais l��leftricit� n�a encore rien produit denbsp;fi brillant pour Ie genre humain amp; pour les arts �nbsp;fi nou# en exceptons 1�analogie aujourd�hui d�-montr�e entre Ie feu �lecfrique amp; celui du ton-nerre , analogie d�o� a r�fult� un pr�fervatif alTe�nbsp;probable des effets de ce terrible m�t�ore: car�nbsp;quant aux gu�rifons op�r�es par 1��leftricit� ,nbsp;faut convenir qu�elles font pour la plupartnbsp;conftat�es ou tr�s-rares.
Gardons-nous n�anmoins de traiter les rechet' ches fur eet objet de pures inutilit�s , car quao^nbsp;on conficl�rera les ph�nomenes que pr�fente 1�^'nbsp;le�fricit�, on ne pourra s�emp�cher de reconnoi'nbsp;tre qu�elle eft un des agents les plus g�n�raux ^nbsp;les plus puilTants de la nature. Peut-on difconv^'nbsp;nir que 1�identite du feu �le�frique avec celui d^nbsp;la foudre ne foit d�ja une belle amp; grande d�cou*nbsp;verte ? Que dire d�une foule d�autres analog�^^nbsp;�bauch�es entre r�leftricit�, Ie magn�tifme,nbsp;fluide nerveux, Ie principe de lav�g�tation,
-ocr page 307-DE L� E L E C T R I C I T �. 299 promettent une grande moiflbn a ceux quinbsp;^ontinueront de cultiver ce champ fertile.
que c�ejl que PEleclricit�; Dijlinclion entre les corps �leclriques par frottement ou par communication.
L��leftricit� eft une propri�t� que certains Corps acquierent par Ie frottement, fqavoir, d�at-**rer ou repoufter des corps l�gers qui fe trouventnbsp;dans leur voifinage. Frottez, par exemple, unnbsp;taton de cire d�Efpagne avec la main , ou mieuxnbsp;encore fur du drap, amp; paflez-le a quelques Lgnesnbsp;de petits morceaux de papier ou de paill�; vousnbsp;^es verrez^fe jeter fur Ie baton, amp; s�y tenir commenbsp;coll�s , jufqu�a ce que la vertu acquife par cenbsp;ftottement fe foit diffip�e. I-es anciens avoientnbsp;*�etnarqu� que l�ambre jaune ainfi frott�, attiroitnbsp;^es corps l�gers : de-la Ie nom A'ileclricic�, car ilsnbsp;�^oinmoient cette matiere �kclrum. Mais c�eft-lanbsp;^Ue fe borna leur obfervation.
Les modernes ont obferv� qu�une foule d�autres Corps ont Ia m�me propri�t�. Tels font l�ambrenbsp;gris, amp; en g�n�ral toutes les r�fines qui peuventnbsp;ftipporter un certain frottement fans s�amollir ; Ienbsp;|dufre , la cire, Ie jayet, Ie verre, Ie diamant,nbsp;J^.cryftal, la plupart des pierres pr�cieufes, lanbsp;, la laine, Ie poil des animaux , Ie bois biennbsp;deff�ch�.
l��gard des corps qui ne peuvent acqu�rir cleftricit� par Ie frottement, on a obferv� qu�ilsnbsp;peuvent l�acqu�rir par communication, e�eft-a-l^e par Ie contaft , ou par une tr�s-grande pro-^�mite avec ceux de la premiere efpece , amp; qu�ils
-ocr page 308-300 R�cr�at. Math�mat, et PhVS.
peuvent la tranfmettre a d�autres corps de nature amp; par Ie m�me moyen. Ces corpsnbsp;�le�tri/ables par Ie frottement, font les m�t^aXfnbsp;amp; l�eau foit fluide , foit glac�e 1; les corpsnbsp;terreux , les animaux. Ma�s nous remarquerons
qu�a proprement parier, les m�taux amp; Ie fluids aqueux font les feules .fubftances vraiment con-duftrices de I�eleftricite, amp; que les autres ne 5�nbsp;font qu�autant qu�elles participent de la naturenbsp;m�tallique, ou qu�elles contiennent plus ou moiflSnbsp;d�humidit�. L��leftricit� fenible m�me encorenbsp;pr�f�rer les corps m�talliques pour fe tranfmettrenbsp;d�un corps i un autre. Si done vous placez uunbsp;des corps de cette derniere efpece , comme unenbsp;barre 8e m�tal, une de bois humide, dans l3nbsp;proximit� ou en contaft avec un corps de 1^nbsp;premiere clafle �leftrif� par Ie frottement , aveCnbsp;les precautions qu�on indiquera plus loin , il de'nbsp;viendra lui-m�me �leftrique ; ce que vous recoo1nbsp;noitrez aif�ment par Ie mouvement qu�il impri'nbsp;mera aux corps l�gers qui fe trouveront dans 1�nbsp;voifinage.
Ainfi done tous les corps font fufceptibfes d�etf� �le�lriques, mais de deux manieres differentes lnbsp;les uns Ie font en quelque forte par eux-rn�mes gt;nbsp;on excite dans eux eette vertu par Ie Ample frot^nbsp;tement; on les nomme par cette raifon �kctriqinS'nbsp;les autres ne Ie font que par communication ;nbsp;les nomme commun�ment �hciriqucs par
On a retnarqu� depuis, que Ie verre �chauff� jufqu�^ �tre rouge, amp; m�me plut�t, amp; Ia flamme, �toient de�nbsp;condufteurs de I��k�irkh�. Au contraire, feau qu1�nbsp;fon �tat de fluidit�, eft un condufteur1de l��le�ricjt^rnbsp;celfe de J etre lorfqu�elle eft fortement gelee.
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^i^cation, OU non-�leBriquts: il vaudroit mieux les �Ppeler conduBeurs de r�leBricit�; amp; c�efl; ainfinbsp;nous Ie ferons Ie plus fouvent.
II eft a propos d�obferver que ceux de la pre-*�iiere clafle ne font point fufceptibles de recevoir I��leftricit� par communication , ou ne la reqoi-^ent ainfi que difficilement. De-la vient que,nbsp;dans les experiences qu�on va d�crire, on placenbsp;les corps qu�on veut �leftrifer par communication , ou (ur des gateaux de r�fine, ou Air desnbsp;kordons de foie; car autrement, l��leftricit� pro-duite dans ,eux fe difliperoit tout-a-coup par Ienbsp;contaft des corps �leftrifables par communication , auxquels ils toucheroient.
^efcription de la Machine �UBrique ou d �leclrifer^ ainji que des Injlruments acce^oires pour lesnbsp;experiences de FEleBrici�.
Lorfqu�on commenqa h cultiver Ia th�orie de I��leftricit�, on fe fervoit uniquement pour 1�ex-citer, d�un tube de verre de 3 pouces environ denbsp;diametre , amp; de 25 � 30 pouces de longueur. Onnbsp;Ie frottoit dans fa longueur amp; dans Ie m5menbsp;lens avec la main nue, pourvu qu�elle fut biennbsp;I^che , OU envelopp�e d�un morceau de flanellenbsp;tiu de drap; on pr�fentoit enfuite ce tube a unnbsp;^orps qu�on vouloit �ledlrifer. C�eft ainfi que lesnbsp;^tay^ les Dufay, ont fait leurs premieres exp�-tiences �leftriques.
On a enfuite fubftitu� a ce moyen celui d�un Slqbe fufpendu avec de la poix entre deux man-Otins de bois qui lui fervoient d�axe, amp; qu�onnbsp;�ifoit tourner rapidement avec une manivelle ou
-ocr page 310-301 R�CR�AT. Math�mat. et Phys. line roue ; on appliquoit la main feche a ce globe�nbsp;OU on Ie failoit frotter par un couffinet : cela ynbsp;excitoit r�leiSricit� , qu�on recueilloit ,nbsp;ainfi dire , au inoyen d�une frange m�tallique quinbsp;pendoit fur ie globe, ou autrement,
A ces machines a fucc�d� celle que nous allon* d�crire , qui eft beaucoup plus fimple ; aulfinbsp;a-t-elle comme banni des cabinets des phyficiensnbsp;la machine pr�c�dente.
PI. 7, La nouvelle machine �lectrique eft compofes fig. 40. d�un batis form� d�un pied A , fur lequel {ot\inbsp;�lev�s amp; aflembl�s deux montants B amp; C, after-mis par Ie haut au moyen d�une piece circulair�nbsp;D. Ces deux montants doivent �tre plus oUnbsp;moins hauts, fuivant que Ie plateau circulaire denbsp;verre fera d�un plus ou moins grand diametre ; catnbsp;il faut que Ie bord n�approche pas trop pr�s ni dilnbsp;haut de eet affemblage , ni du bas.
C�eft cette piece circulaire de verre E qui eft 1* piece eflentielle de la machine. Elle eft perc�enbsp;dans fon centre d�un trou aflez grand pour y paflernbsp;amp; aflurer folideinent un axe d�acier qui porte fu^nbsp;les deux montants , amp; eet axe du cot� C eft prO'nbsp;long� en dehors , amp; terinin� quarr�ment pour ynbsp;emmancher une maniveile qui fert a faire tournefnbsp;cette glace.
Les deux montants portent enfin dans Ie hai'�^ amp; dans Ie bas deux couflinets de cuir remplisnbsp;erin, enforte que la piece circulaire de glace,nbsp;tournant, foit frott�e par ces couflinets, a qucl'nbsp;ques pouces de fon bord.
Enfin, fur la partie allong�e de I�empatemenf� eft �tabli Ie conducteur, fur un pied de verre et*nbsp;forme de colonne. Ce condufteur eft une pie��nbsp;cylindrique de cuivre, termin�e d�un c�t�
-ocr page 311-DF. l�ElECTRICIT�. 30J boule G du m�me m�tal, amp; form� de 1�autrenbsp;en un are a peu pr�s demi-circulaire, por-^ant a chaque extr�mit� deux efpeces de demi-�lobes H amp;. I, qui pr�fentent a la glace leur bafenbsp;circulaire. Cette bafe circulaire eft garnie denbsp;'l'iatre pointes d�acier, aigu�s amp; de m�ine lon-Sueur. Le pied de ce condu�leur peut avancernbsp;^ reculer fur Tempatement qui le fupporte, denbsp;�i�aniere a approcher ou eloigner a volont� lesnbsp;Pointes ci-delfus d�crites de la furface de la glacenbsp;verre ; car ce font ces pointes , comme on lenbsp;'�^rra, qui attirent amp; pompent, pour ainfi dire ,nbsp;�C fluide �leftrique excite ou mis en mouvementnbsp;par le frottement des petits couffins fur la glacenbsp;Circulaire,
Lors done qu�on voudra produire P�le�lricit�, placera la machine furune table folide, amp; onnbsp;^affurera par des vis. On fixera le condufteurnbsp;ctforte que fes pointes approchent de tr�s-pr�s lanbsp;SWe circulaire, on la mettra en mouvement,nbsp;*11 faifant tournet la manivelle, Le condu�teurnbsp;^onnera prefque fur le champ des marques d��lec-^�'icit�, foit en produifant des �tincelles a l�ap-Pfoche du doigt, foit en attirant amp;; �loignantnbsp;�Cs corps l�gers qu�on en approchera.
�I. y a quelques autres inftruments qui font n�-c^lfaires pour les experiences �le�friques. Nous Parlerons n�anmoins uniquement ici de ceuxnbsp;ont 1�ufage efl: le plus general, nous r�fervantnbsp;c d�crire les autres a mefure que nous expofe-J^^ns les diverfes experiences o� ils font n�cef-
On doit �tre pourvu de quelques marche-
304 R�cr�at. Math�Mat. et Phys. pieds enduits de r�fine , quarr�s ou circulaires.nbsp;On leur donne 15 a 18 pouces de cot� ou denbsp;diametre , amp; pour plus de s�ret� de l�efFet, oUnbsp;peut les faire porter fur quatre corps de bouteill^*nbsp;de gros verre. Ils fervent a ifoler les corps ou 1^*nbsp;perfonnes qu�on veut �leftrifer.
II. nbsp;nbsp;nbsp;Comme il y a quelquefois du danger a tirefnbsp;r�leftricit� avec Ie doigt, il faut �tre muni d�un
Pl, 7, inftrument appel� \'excitateur. C�eft un are de fig. 41' eerde m�tallique, emmanch� a fon milieu a �f*nbsp;manche de verre ou de cire d�Efpagne; mais 1�nbsp;premier eft preferable amp; plus folide. En touchafltnbsp;avec Tune des boules de eet inftrument Ie corpsnbsp;Ie plus fortement �leftrif�, on peut en tirer fau*nbsp;danger une �tincelle , parceque Ie manche denbsp;verre intercepte Ie paflfage de l��le�fricit� , denbsp;l�excitateur a la perfonne qui Ie tient.
III. nbsp;nbsp;nbsp;On doit auffi avoir une chaine de m�tal�nbsp;ou de plufieurs fils de fer lies les uns aux autres-Elle fert a tranfmettre l��leftricit� loin du premie^nbsp;condufteur HGl; ce qui fe fait en falfant porternbsp;cette cha�ne par des cordons de foie attach�s ai*nbsp;planchet, ou tendus entre deux traverfes.
IV. nbsp;nbsp;nbsp;II eft a propos d��tre muni d�un long tub�nbsp;de m�tal, ou de carton dor�, amp; de plulieu'^^nbsp;pouces (3 0U4) de diametre. Ce tube fe comiur^'nbsp;niquant au premier condufteur par une chaiue�nbsp;forme un fecond condu�leur qui fe charge d�nbsp;beaucoup d��le�lricit�, amp; fert a quantit� d�exp�'nbsp;riences. Plus ce tube eft long Sc gros , plus 1��'nbsp;le�fricit� dont il fe charge eft conlid�rable. H �nbsp;effentiel qu�ll n�ait aucune pointe ni �mineO��nbsp;aigu�s , par les raifons qu�on verra plus loin,
�E L�EL�CtftlCITi. 305
foucoupes de verre, pour ifoler les corps dont On veut conferver T�leftricit�.
VI. nbsp;nbsp;nbsp;II faut auffi �tre pourvu de quelques piecesnbsp;oe in�tal, les unes pointues, les autres termin�esnbsp;par une �minence fph�rique; les unes emman-^i'�es a des manches de verre, les autres port�esnbsp;P^r des manches de matiere tranrmettant l*�lec-^ricit�, comme on a dit plus haut.
VII. nbsp;nbsp;nbsp;Les couffins ont befoin d�etre de temps inbsp;�'^tre laupoudr�s d�un amalgame�fervant a y en-*retenir Ie frottement. Celui qui paroit Ie mieux
, eft 1�amalgame d��tain amp; de mercure, tel 'lUe celui qu�on met derriere les glac�s, avec unenbsp;!*'oiti� de crale ou blanc d�Efpagne*; Ie tout m�-amp; r�duit en une pouffiere impalpable.
^Telles font les principales parties de 1�appareil quot;^celTaire pour les exp�riences �le�lriques les plusnbsp;^'^irimunes. Nous allons paffer a ces exp�riences,nbsp;allant du plus fimple au plus compof�.
Premiere Exp�rience.
VEtincelU ckclrique.
. Tout �tant difpof� comme on 1�a expliqu� plus , amp; l�air de la chambre �tant fee, mettez lanbsp;J''^chine en mouvement pendant quelques mlnu-Que quelqu�un pr�fente alors un doigt aunbsp;^Ondu�teur : lorfq u�il en fera diftant d�une lignenbsp;['''deux, OU davantage , fuivant la force de l��-^^ftricit� , il fortira a-la-fois du conduft��r Sc dunbsp;une double �tincelle , accompagn�e denbsp;���it, qui caufera m�me quelque douleur.- Lorf*,nbsp;cette perfonne , que nous fuppofons �pr, Ienbsp;^richer, touchera Ie condu�leur , il ne donneranbsp;! de marque d��leftricit�, parcequ�elle fe com-Tome IF,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;V
-ocr page 314-30� R�cr�at. Math�mat. et Phys. muniquera par elle a toute la mafle des corpsnbsp;non-�leftriques a laquelle elk touche.
Ile ExP�RIENCE. Comniunicatwn de l��kciricu� a diverfespcrfontt^f-
Faites monter la perfpnne en queftion fur gateau de r�fine, ce qui Tifolera du planchet, ^nbsp;mettez la machine en mouvement: non-feulemc*^*-Ie condu�eur, mais cette perfonne, feront �leC'nbsp;trif�s; enforte que tous ceux qui ne feront p^*nbsp;dans Ie m�me dtat, 8c qui viendront i touchednbsp;1�un OU l�autre , en tireront 1��tincelle �leftriqu�'
Vingt perlpnnes 8c bien davantage, pourro�^ ainfi �tre �leftrif�es, pourvu qu�elles foient toute*nbsp;ifol�es.
Ill� Experience.
VAttraction amp; la R�puljlon.
Pr�fentez 4 une perfonne �le�lrif�e ou au coU' du�leur, des feuilles de m�tal battu, des brins d�nbsp;paille, de papier, 8c autres corps l�gers noU''nbsp;�leftriques; vous les verrez, quand ils feront a *nbsp;diftance convenable, s��lancer fur Ie corps �k�'nbsp;trif�: mais ils ne l�auront pas plut�t touch�, q^t��nbsp;en feront repouff�s. Si alors on les reqoit futnbsp;corps non-�le�lrique, ils ne l�auront pas pk^fnbsp;touch�, qu�ils reviendront vers Ie corps �lelt;fttii��nbsp;amp; en feront de nouveau repouff�s, 8cc.
IVe ExP�RIENCE. nbsp;nbsp;nbsp;,
Qufi^es Jeux �leSlriques fond�s fur la prop^^^^ pr�c�dente. Le Poiffon d'or^ la Danfenbsp;iUBrique, la Pluk lumineufe.
de 1�ELECTR�C�T�. 307. . �^^poufler lorfqu�ils font dans eet �rat, amp;c denbsp;^|�rer quand l�un d�eux l�eft feulement, a donn�nbsp;a quelques petits jeux affez agr�ables,nbsp;nous allons expliquer ici avec 1��tendue quenbsp;m�riter leur importance.
Coupez dans une feuille d�or battu qui ait '1�ielcjue fermet�, un rhombe dont les deux anglesnbsp;Ppof�s foient fort obtus, tandis que les deux au-feront fort aigus. Pr�fentez cette feuille denbsp;'fal au condufteur , enforte qu�un des anglesnbsp;s��leve Ie premier, 8c aufli-t�t placez aunbsp;pous un plateau m�taliique ; vous la verrez fenbsp;j ^cer amp; refter prefque immobile entre Ie conduc-amp;c ce plateau.
nt
/^p�rience fe fait dans l�obfcurit�, vous verrei pieds 8c de la t�te; ce qui formera un petit
jj ces feuilles de m�tal font taill�es en petites S'Jres humaines, furmont�es d�un angle aigu,nbsp;j'^lorme de bonnet pointu, qu�on les couche furnbsp;^ Plateau , qu�on les pr�fente enfin ainfi au deflbusnbsp;conducteur, ou d�un autre plateau commu-j,qiiant au conducteur, on les verra fe relever,nbsp;^enir droites , fauter vers Ie conduCteur, s�abaif-gt; en tournant en rond plus ou moins rapide-, ce qui figurera une efpece de danfe; 8c ft
aigrettes lumineufes s��lancer alternativement Pieds -nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;� -nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;�
^�^acle tr�s-agr�able.
^ Maintenant taillez cette feuille de m�tal en fort allong�e d�un c�t� , tandis que de l�au-file fera beaucoup moins aigu�. Dans cettenbsp;''Qus lui donnerez , ft vous voulez, l�appa-de la t�te d�un poiffon. Prenez-la par 1�an-Pat rnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, en la pr�fentant au conduCteuC
1^1 5 P^us obrus, a la diftance d�un pied, ft l��-���cit� eft fotte: eUe s��clwppera de vos doigts,
3ot5 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
i�
amp; volera d�un mouvement ondoyant vers Ie coRquot; dufteur , au deffous duquel elle fe placera ^nbsp;demi ou un quart de pouce dfe diftance, ennbsp;toumant Tangle obtus: quelquefois elle s�en ap'nbsp;prochera jufqu�au contaft, amp; fera aufli-fot t�'nbsp;pouflee ; ce qui figvrtera Ie jeu d�un petit poil�^'�nbsp;qui viendroit becqueter ou mordre Ie condufteuf*nbsp;De-la ce petit jeu a �t� appel� Ie Poijfon d'or.
III. La pluie lumineufe fe fera de cette ma* niere. Sufpendez au condufieur un plateau circ'i'nbsp;laire de ^ ou 6 pouces de diametre; ayez enfn�^^nbsp;un plateau m�tallique en forme de foucoup��nbsp;dont vous environnerez Ie i ord d�un cylindre ^nbsp;verre de 5 a 6 pouces de hauteur; couvrez/�nbsp;plateau de recoupes de feuilles de m�tal bi^!�nbsp;fines amp; l�geres , amp; placez-le fous Ie plateau mnbsp;pendu au conduffeur, Lorfque ce derniernbsp;fortement �leftrif� , vous verrez toutes ces peth^*nbsp;feuilles de m�tal s��lever du plateau inf�ri^'�^nbsp;contre Ie fup�rieur, y �tinceler, �tre repoud^�*nbsp;contre celui d�en bas, y �tinceler encore ,nbsp;�tinceler entr�elles lotfqu�une d�elles , �tant �l^'quot;'nbsp;trif�e , en rencontrera une qui ne T�toit pas jnbsp;qui remplira Ie cylindre de verre de beaucoup ^nbsp;lumiere , Sc donnera Tapparence d�une pluisnbsp;feu.
Ve Experience.
R�puljion cntrc des corps �galement �leclrip^'
Sufpendez a Textr�mit� du condu�teur fils de matiere non-�leftrique , comme de lio�nbsp;chanvre , de coton, Scc : ils pendront petp^ . C5nbsp;culairement Sc fe toucheront, fi leurs extr�in*^nbsp;fup�rieures fe tovicbent, Faites tourner Ie
iii
-ocr page 317-DE L�Electric IT �. ' nbsp;nbsp;nbsp;309
produifez l��leftriclt� dans Ie condufteur Sc fils: vous les verrez auffi-t�t fe repoufler 1�unnbsp;, amp; former entr�eux un angle d�autant plusnbsp;Ouvert, que r�ftricit� fera plus forte. Lorfque l��-^uricit� diminucra, ils fe rapprocheront l�un denbsp;^3utre.
, Cette exp�rienee d�montre un fait important la th�orie �le�lrique, c�eft que deux corpsnbsp;p'ftrif�s femblablement, fe repouffent 1�un l�autre.nbsp;,'ufieurs ph�noinenes amp; jeux �leftriques tirentnbsp;�'la leur explication.
V Ie Experience.
Conjlru^ion d'un EUclrometre. nbsp;nbsp;nbsp;- -
- ^�experience ci - deflus fournit un moyen d� ^^'ger de la force de 1��le�lricit� ; amp; Pon peutnbsp;|,^�arder les deux fils dont on a parl�, comme unenbsp;^rte d��leftrometre. N�anmoins , comme deuxnbsp;* femblables peu'vent �tre fujets a bien des mou-^^�Rents ind�pendants de P�leftricit� , les �lec-.�^'ciens ont adopt� prefque g�n�ralement Ie petilnbsp;'�^ftrument fuivant, qui n��ft guere moins fimple,nbsp;. �eiix petites boules de r lignes de diametre,nbsp;^ de liege ou de mo�ile de fureau-, port�es auxnbsp;5Rx extr�mit�s d�un fil condu�feur de P�le�fri-j forment toute cette machine. On paffe cenbsp;j ^ur Ie condufteur , enforte que les petites bou-pendent a la m�me- hautepr. Auffi t�t qu�omnbsp;poduit P�leftricit� dans Ie condu�teur, amp; con-�^Uemment dans les petites boules , elles- s��car-Pune de Pautre ; amp;� la grandeur de Panglenbsp;forment les fils, fait juger de Pintenfit� denbsp;s�lrlcit�. Nous difons juger de cette intenfit�,nbsp;f Qn ne peut pas , ni par ce moven� ni pat
V �j
-ocr page 318-310 R�Cn�AT. MATHiMAT. ET Phys, aucun autre que je connoifle , de'terminefnbsp;^leftricit� double, triple, quadruple d�unenbsp;iTiais au moins eft-on fond� a conclure qu�un deg^�nbsp;d��leflricit� eft plus grand ou moindre qu'unnbsp;tre , OU que deux degr�s d��leftricit� font ^gati*�nbsp;fuivant que 1��cartement des deux boules eftnbsp;grand ou moindre , ou Ie m�me; ce qu�ilnbsp;ordinairement de connoitre.
VII� Experience.
'^Allumtr di Pefprit di vin avec V�tincelU �leciri^^^'
Une perfonne �tant �le�rif�e, qu�une portee fur Ie plancher s�approche d�elle, ay^fnbsp;dans fa main une cuillere rempUe d�efprit denbsp;tien d�flegm� amp; un peu �chauff�; que la perfoP*�^nbsp;�le�irif�e pr�fente Ie doigt a eet efprit de vin ?nbsp;mieux encore une pointe de fer �moufleenbsp;un poinqon , ou la pointe d�une �p�e: il foft*^*nbsp;de la liqueur une �tincelle �leftrique qui y
Ie feu. _ nbsp;nbsp;nbsp;,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, . Ilf
Si la piq�re douloureufe, caufee par I�etince** �leftrique , pouvoit encore laifl�r quelque do^'nbsp;qu�elle f�t un vrai feu , cette exp�rience-c* �nbsp;convaincroit.
Vin� Exp�rience.
Propri�t�s des Pointes^
Au lieu d�un condufteur tel que nous d�crit plus haut, fervez-vous d�une barre denbsp;tal anguleufe , ou termin�e par une ou pluli^�^nbsp;pointes aigu�s; mettez Ie globe en mouvetne��^^nbsp;amp; approchez Ie doigt d�un angle ou d�une poiu^ ^
-ocr page 319-DE L�ELECTRlCIT�- Ji*
n�anmoins Ie faire aflez pour �n tirer l��tin-Celle �leftrique , vous reffentirez comme un fle qui s�en exhale , amp; m�me avec un petit bruif.nbsp;f^ment.
Mais fi vous fait�s l�exp�rience dansl�obfcorit�, '^ous jouirez d�un joli fpeftacle ; car, lorfque 1��-^eftricit� fera vigoureufe , vous verrez fortir denbsp;angles des gerbes lumineufes , qui s�augmen-^eront confid�rableirrent quand vous leur pr�fen-*erez Ie doigt.
Vous reconnoitrez en m�me temps, que la ca�fe
ce fouffle l�ger amp; accompagn� de brult, n�eft *utre chofe que l��ruption du fiuide �leftrique ,nbsp;^uel qu�il foit, qui fort du corps �leftrif� , amp;nbsp;tjui fe pr�clpite vers votre doigt ; d�ou il fuit quenbsp;c�eft un corps, puifqu�il r�agit contre un autrenbsp;Corps.
On dolt remarquer que lorfque Ie corps �l�c-*tir� eft anguleux, il perd beaucoup plut�t l��-le�lricit� qui lui a �t� communiquee. Ces angles ^ ces pointes f�mblent �tre autant de d�chargcsnbsp;fpontan�es de la matiere �leflrique : aiofi 1�oa.nbsp;doit les �viter dans les corps qu�on veut ele^rifer ^nbsp;St dans lefquels on veut maintenir Ie plus long-*emps poffible T�leftricit�.
Diffirenu des pointes amp; des corps imouff�s,.
Eleftrifez dans l�obfcurlt� un condu�leur ordinaire , ou un autre corps quekooque non-anga-�eux; 6c lorfqu^il fera fortement �leftrif�, pr�-fentez-lui un corps �mouff�, comme Ie doigt oa-nn poinqon obtus amp; arrondi. II faudr� qu�it etv a0�z voifin. pour tirer l��tinceVle eleftriqu^
|ii R�cr�at. Math�mat. et Phy^�
Ma�s fi vous lui pr�fentez une pointe fort aiguc J vous verrez , avant qu�elle foit a beaucoup pr�s�nbsp;voifine, s�y former a la pointe une �toile luiu*'nbsp;neufe en forme de gerbe fort courte ; amp; finbsp;corps �leftrif� ne reqoit pas a chaque inftant ui^nbsp;fuppl�ment d��leflricit� , il en fera bien vit�nbsp;priv�.
Si cette pointe eft portee par un gateau fi� refine , elle deviendra elle-m�me �le�trif�e , ma**nbsp;T�leftricit� du condu�leur ne s�an�antira pas eH'nbsp;ti�rement,
II paroit par cette experience, que fi dans pr�c�dente les gerbes lumineufes font form�es pa^nbsp;une matiere qui s��coule du corps �le�lrif� , i�*nbsp;c�efl: Ie contraire; elles font form�es par une ma'nbsp;tiere qui afflue amp; qui fe pr�cipite vers la poim�nbsp;pr�fent�e au corps �le�lrif�. Que peut-on dire canbsp;effet, lorfqu�on voit un corps non-�le6frif� Ie de'nbsp;venir par cette voie, finon que la matiere, Ie fe�nbsp;OU Ie fluide �letlrlque, fe porte du corps �leftrif�nbsp;dans 1�autre , d�autant qu�il eft conftant que 1�nbsp;premier perd par-la tout,ou partie de fon �le�lt*quot;nbsp;cit� , felon les circonftances, c�eft-a-dire, fuivantnbsp;que l�autre eft fur Ie plancher, ou ifol� ?
Quoi qu�il en foit, voila une finguliere amp; t�' marquable propri�t� des pointes, On verra pl***nbsp;loin 1�ufage extraordinaire que M. Francklin e** *nbsp;fait, '
Xe E X P � R I E N C E.
Mflnhrt dt Hconno�re Jl un corps eji dans d��leSricit�.
Lorfque deux corps font �galement �le�lrif�*� amp; qu�on les approche l�un de l�autre jufqu�au com-
DE L�EL�CTRICIT�. jij
11 ne fe manifefte entr�eux aucun fign� d��-^^ftricit� par T�tincelleou I�emanation �leftrique: ce dont U eft aif� de fe convaincre ; car ,
Une perfonne �le�lrif�e par 1�attouchement du ^Ondufteur, donne la main a une autre �leftrif�enbsp;la m�me maniere, ii n�y aura point d��tin-'elle.
Ces deux perfonnes pourroient n�anmoins reconnoitre qu�elles font �ledlrif�es, a un figne que '^oici: elles n�auront qu�a prendre chacune a lanbsp;J^ain un fil de matiere non �ledlrique, ou unenbsp;^oule de liege fufpendue a un pareil fil ; fi cesnbsp;ceux boules ou ces deux fils fe repoulTent, ellesnbsp;Co devront conclure qu�elles font dans un �tatnbsp;cleftrique,
XI� Experience,
DiJlinBion des deux Eleclricit�s.
Ayez une machine �leflrique mont�e comme dies' 1��toient anciennement, c�eft-a-dire avec unnbsp;�lobe de verre ; ayez-en une feconde o� ce globe,nbsp;^0 lieu d�etre de verre , foit de foufre ; que cha-CUne �leftrife un condufteur par un de fes bouts:nbsp;On verra avec �tonnement que fi les deux machinesnbsp;''ont �galement vite, on ne tirera point ou pref-Hoe point d��tincelles du condu�leur,
, n n�en feroit certainement pas de mdme fi l�on c^e�lrifoit Ie condufteur avec deux globes denbsp;^erre a-la-fois, ou avec deux globes de foufre;nbsp;jf* �tincelles feroient beaucoup plus vives que linbsp;On n�e�t mis en mouvement qu�un feul globe.
Remarque.
Cette experience, que M. Francklin dit avoir
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514 RiCR�AT. MATHImaT. ET PhYS. faite ^ la follicitation de M, Kinnerfley, fort antifnbsp;me paroit mettre hors de doute la difference denbsp;r�leftricit� communiqu�e par Ie verre , d�avecnbsp;celle communiqu�e par Ie foufre , amp; par confe-quent la diftinftion des �le�lricit�s vitr�e amp;nbsp;phureufe ou r�fineufe; diftin�lion d�ja avanccenbsp;par M, Dufay.
En effet, M. Dufay avoir d�ja obferv� q�c f tandis que deux corps �le�frif�s par Ie verre oi*nbsp;Ie foufre fe repouffent mutuellement, cependan*nbsp;lorfque l�un �toit �leftrif� par une de ces matieres�nbsp;amp; l�autre par l�autre, au lieu de fe repouffer d*nbsp;s�attiroient. Je ne fqais quelle plus forte preuv�nbsp;on peut defirer de deux �tats bien diff�rents.
Qu�on joigne a cela l�exp�rience ci-delTus d� M. Francklin , comment pourra-t-on �luder 1*nbsp;conf�quence qu�il en tire avec M. Dufay? Cafnbsp;il eft �vident amp; connu que deux corps �leftrifc^nbsp;�galement, amp; tous deux par Ie globe de verre gt;nbsp;peuvent fe toucher fans �tincelle, fans diminutioi^nbsp;de vertu �leftrique dans tous les deux. Puis don^nbsp;que ces m�mes corps �leftrif�s , l�un par Ie verre 1nbsp;l�autre par Ie foufre, d�truifent mutuellement Ic^*^nbsp;�le�fricit� , il faut que Tune foit d�une naW^^nbsp;oppof�e a l�autre, amp; tout-a-fait diff�rente.
Je fqais que d�habiles phyficiens, malgr� raifons, perfiftent a rejeter cette diftin�lion;nbsp;je crois que Ie pr�jug� agit en eux, ou que , f�dui[*nbsp;par des idees particulieres , ils refufent d'ouVf�*^nbsp;les yeux a la lumiere. Je fuis port� a penfer tl*^^nbsp;fi M. 1�abb� Nollet n�avoit pas eu d�janbsp;fyft�me fur l��leftricit� , il eut adopt� la difti^*quot;*nbsp;tion des deux �le�lricit�s contraires.
Quoi qu�il en foit, c�eft ici Ie lieu de don*��^ une id�� du fyft�me de M. Francklin for 1��l^^
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'nclt�. Suivant ce pliyficien c�lebre , tous les lt;^orps dans leur �tat naturel, renferment dans leurnbsp;fubftance ou fur leur furface une certaine quan-*it� d�un flu�de qui eft Ie flu�de �leftrique. L�a�r,nbsp;qu� �tant b�en fee n�efl: po�nt un condu�leur d��-leftr�c�t�, einp�che fa d�ffipation. Ma�s Ie frotte-Jtient de certa�ns corps, du verre, par exemple,nbsp;fall�mble fur la furface de ce verre Une plus grandenbsp;quant�t� de flu�de, enforte que fi ce verre eft ennbsp;�ontaft ou tr�s-vo�fin avec un corps �leftr�quenbsp;par commun�cat�on, une mafl� de fer, par exemple , ce flu�de accumul� fur la furface du verre,nbsp;tend k pafter, pour conferver l��qu�l�bre , dans lanbsp;maffe de fer. A�nfi cette maffe acqu�ert par-la unenbsp;plus grande quant�t� de flu�de �leftr�que: il efl;nbsp;alors �le�lr�f� pojitivement. Ma�s fi Ie corps �lec-tr�que, au l�eu d�acqu�r�r par Ie frottement unenbsp;plus grande quant�t� de flu�de �leftrique , en perdnbsp;au contra�re , ce qu� arr�ve au foufre, Ie corps ennbsp;conta�f avec celu�-c� perdra une part�e de fonnbsp;flu�de �leftrique propre amp; naturel: �l fera alorsnbsp;�leftrif� n�gativement. L�un aura plus de flu�denbsp;�le�fr�que que dans 1��tat naturel, amp; celui de tousnbsp;les corps qu� commun�quent a la terre; l�autre ennbsp;aura moins. Volla I�eleftrlcite pojitive Sc 1��lec-tric�t� negative.
II faut conven�r qu�on ne volt pas trop claire-tuent comment Ie frottement accumul� fur la furnace du corps frott� une plus grande quant�t� de flu�de �leftr�que. On ne (qa�t pas m�me fi Teffetnbsp;flu frottement eft de 1�accumuler fur Ie verre , onnbsp;en d�m�nuer la quant�t�; s��l la d�m�nue fur Ienbsp;�Oufre amp; les refines , ou s��l l�augmente. A�nfi 1�onnbsp;fqait pas quelle eft l��leftr�c�t� pojitive , quellenbsp;la negative j ma�s on fqait, a n�en pouvoir
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gliere douter , que leurs efFets font contrair�s j ^ cela fuffit. Plufieurs raifons n�anmoins rendei^nbsp;probable que 1��leftricit� produite par Ie frotquot;nbsp;tement du verre eft la pojitive , ou par accuW'*quot;nbsp;lation.
Malgr� cette incertitude , la th�orie ou l�hyp^�' thefe de M. Francklin a pour elle un grand avaO'nbsp;tage fur celle de M. l�abb� Nollet, Ce derniefnbsp;conqoit une matiere r�pandue dans tous les corps rnbsp;amp; m�tne dans 1�air, qu�il nomme, ainfi que toUSnbsp;les autres philofophes �leftriciens, Ie jluide Ucc-trique. Cela lui eft cominun avec M. Francklin inbsp;ma�s il veut que l�effet du frottement foit de fair�nbsp;tant�t jaillir ce flu�de des pores du corps frotte ,nbsp;tant�t de 1�y attirer. Ainfi l��le�friclt� ou Ie fluid�nbsp;�leftrique eft tant�t cff-uent, tant�t afluent;nbsp;c�eft au moyen de cette effluence ou affluence ^nbsp;que ce phyficien explique tous les ph�nomenesnbsp;de l��leftricit�. Mais un grand d�faut de ce fyf'nbsp;t�me , c�eft que tout y eft:, pour ainfi dire , arbi'nbsp;traire. Ce qu�on n�explique pas par Ie flu�de af*nbsp;fluent , on ne peut manquer de 1�expliquer pafnbsp;1�effluent. Ce font les diverfes matieres de Def'nbsp;cartes , ou fa matiere fubtile qui fe pr�te a tout.nbsp;Au contraire , les effets font beaucoup plus lies aU*nbsp;caufes, fi 1�on veut hypoth�tiques, de M. FranC'nbsp;klin. Pourquoi part-il une �tincelle a 1�approch�nbsp;d�un corps �leftrif� pofitivement ou negative'nbsp;ment, avec un autre qui eft dans 1��tat naturel?nbsp;La r�ponfe eft aif�e. Le fluide �leftrique accu'nbsp;mul� d�un c�t� , amp; band� , pour ainfi dire ,nbsp;forme d�atmofphere fur la fiirface d�un corps , f�nbsp;remet en �quilibre d�s qu�il eft en conta�lnbsp;une autre atmofphere �le�frique moins conden*nbsp;lt;�e: ce fluide fe r�partit �galement entre les deux
IDE l�Electricit�. 317 torps i ce qpi ne peut fe faire fans un �coulementnbsp;�nfiniitient raplde qui produit la lumiere. Ma�s cenbsp;^ui charme fur-tout dans l�hypothefe de M- Franc-^^dn, amp; qui eft prefque la pierre de touche de lanbsp;'^�rit�, c�eft qu�il n�y a guere d�exp�rience dontnbsp;fimple defcription ne fuffife a celui qui a biennbsp;con(ju cette hypothefe, pour en deviner fur Ienbsp;champ Ie r�fultat. J�ai eu ce plaifir prefque autantnbsp;de fois que j�ai lu des livres traitant de Teleftri-cit� amp; des defcriptions d�exp�riences �leftriques.nbsp;�1 n�en eft pas de m�me du fyft�me de M. 1�abb�nbsp;Nollet: on ne pr�voit rien de ce qui doit arri-�ver ; amp; ft 1�on explique tout, c�eft que aucunnbsp;cffet n�eft li� n�cel�airement avec fa caufe. Si Ienbsp;ph�nomene e�t �t� tout oppof�, on l�e�t �gale-Rient explique : on y emploieroit l�effluence aunbsp;lieu de 1�aftluence : 1�un eft Ie remede ou Ie fup-pl�ment de 1�autre.
Nous ne dilTimulerons cependant point qu�il ^y ait quelques faits difficiles a concilier avec Ienbsp;�itouvement du fluide �leiftrique , qui eft une fuitenbsp;tteceflaire du fyft�me de M. Francklin.
Pourquoi , par exemple , en approchant Ie doigt d�un corps �ledfrif�, foit pofitivement, foitnbsp;'t�gativement , voit-on �galement une doublenbsp;ctincelle partir de cbacun des deux corps ? II fem-^leroit qu�elle devroit partir feulement de celuinbsp;*lui eft dou� de 1��leftricit� pofitive.
Pourquoi, dans une certaine experience o� 1�on Pcrce une main de papier par 1��tincelle �leftri-, voit-on la bavure du trou tournee en fensnbsp;�Contraire de ce qu�elle devroit �tre ft Ie fluidenbsp;^ccumul� fur la furface du corps �leftrif� pofiti-^ctnent , �toit Ie feul qui fe portat fur Ie corpsnbsp;leftrif� n�gativement ? Nous ne parlons pas de
-ocr page 326-3i8 R�cR�at. Math�mat. et PHts. plufieurs autres qui ont �t� remarqu�s par lesnbsp;tifans de M. l�abb� Nollet. II y a matiere anbsp;pendre encore Con jugement fur Ie m�caHifnie dsnbsp;ce ph�nomene.
XII� Experience.
La Bouteille iUBriqut ^ amp; la Commotion.
Iln�eft peut-�tre point, dans Ia phyfique, da ph�nomene plus �tonnant que celui que nous allon*nbsp;d�crire- Ayez une bouteille de verre blanc , fot*nbsp;mince amp; a long col, comme une caraffe , amp; rem-pliffez-la jufqu�aux deux tiers environ d�eaii, otfnbsp;de limaille m�tallique , ou de grenaille de plomb.nbsp;Apr�s 1�avoir ferm�e d�un bouchon de liege , iigt;'nbsp;troduifez a travers ce bouchon un fil de fer qw*nbsp;plonge dans 1�eau ou dans la limaille , amp;L qui patnbsp;l�autre bout d�borde Ie bouchon de quelques pou-ces, Sc foit termin� en pointe �mouff�e ou eonbsp;crochet.
Cette bouteille �tant ainfi pr�par�e , prenez-la par Ie ventre , Sc pr�fentez-en Ie fil de fer au con-du�leur de la machine a �leftrifer, pendant qu�ell�nbsp;agit; la bouteille fera ce qu�on appelle chargii-Alors, Sc pendant que Ie fil de fer eft en conta�lnbsp;avec Ie condu�leur, tentez de toucher Ie conduC'nbsp;leur de l�autre main ou Ie fil de fer ; vous relTenti'nbsp;rez a travers Ie corps un coup violent, qui parot'nbsp;tra affe�ler plus particuli�rement tant�t la pol'nbsp;trine, tant�t les �paules, Ie bras ou Ie poignot.
On reffentira Ie m�me effet fi , s��tant retire avec la bouteille tenue par Ie ventre d�une main jnbsp;on touche avec l�autre Ie fil de fer,
DE L�ELECTRICIT�. 319 perfonnes qu�on voudra, fe tenant toutes parnbsp;main, 6t fans �tre ifol�es. La premiere perfonnenbsp;douche Ie ventre de la bouteille ou la tient par-la,nbsp;pendant que Ie fil de fer eft en contaft avec Ienbsp;condudeur; la derniere touche Ie condufteur : anbsp;^ inftant tous ceux qui forment la chaine font frap-p�s du coup interne d�crit plus haut. Lorfque lanbsp;^uteille eft groffe amp; fort charg�e, Ie coup eftnbsp;^uelquefois ft violent, qu�on en perd pour un moment la refpiration, Le fameux Mufehenbroek ,nbsp;* qui M. Cuneus fit part de ce ph�noinene quenbsp;hafard lui avoit pr�fent� , avoit apparemmentnbsp;�t� frapp� avec bien de la violence, puifqu�ennbsp;^�annonqant aux phyficiens Franqois, il proteftoitnbsp;^u�il ne s�expoferoit pas a un pareil coup une fe-eonde fois, pour le royaume de France. II eft provable qu�il s�eft dans la fuite un peu plus aguerri.nbsp;^omme cette experience finguliere s�eft faite anbsp;l-eyde pour la premiere fois, on lui donne afleznbsp;^Ommun�ment le nom ^Experience de Ley de ; Scnbsp;� la bouteille ainfi pr�par�e, le nom de la Bou-^ille de Ley de.
Les phyficiens Franqois ont fait une fois une chaine de 900 toifes de longueur, au moyen denbsp;�^ent a deux cents perfonnes qui fe communi-H�oient par des fils de fer. Toutes reffentirent aunbsp;��terne inftant la commotion. Une autre fois onnbsp;*�nta de tranfmettre la commotion le long d�unnbsp;de fer de deux mille toifes de longeur; amp; l�ex-P^rience r�uffit, quoique le fil tra�nat fur l�herbenbsp;V^mide, 5c.la terre nouvellement labour�e. Enfinnbsp;Comprirent dans la cha�ne l�eau du grand baf-��t des Thuileries, qui a pr�s d�un arpent de fur-*ce; 5c la commotion fe tranfmit tr�s-bien anbsp;^��^vers. Si les Anglais ont execute cette exp�-
-ocr page 328-320 R�CR�AT. MATH�MAt. ET PhVS. rience encore plus en grand, il eft �videntnbsp;les Franlt;jois les y ont comme men�s par la maiR'
Remarque s,
I. Comme il r�fulte des inconv�nients poids de 1�eau ou de la grenaille qu�on met'nbsp;toit d�abord dans la bouteille, on a imaginenbsp;garnir l�int�rieur d�un limple enduit m�talliqi^�'nbsp;Cela fe peut faire en plufieurs manieres. La pl^�nbsp;limple eft de couler dans la bouteille denbsp;fortement gomm�e, amp; d�en hume�fer la partisnbsp;qu�on veut couvrir de eet enduit. On �te Texce'nbsp;dent de cette eau gomm�e, amp; on verfe dans I*nbsp;bouteille de la limaille de cuivre bien fine : ell.�nbsp;s�attache a l�eau gomm�e , amp; forme un enduitnbsp;int�rieur qui doit �tre touch� par Ie fil de fet tnbsp;pour que la bouteille fe charge.
On augmente au fli 1�effet de la bouteille tl� Leyde, en recouvrant la plus grande partie di*nbsp;dehors d�une feuille de m�tal, comme d��tain.
I[. On peut charger la bouteille d�une autre m3' niere que celle d�crite ci-deftirs, fqavoir par 1�eJt'nbsp;t�rieur. Pour eet effet, on la tient fufpendue p^''nbsp;Ie crochet ou Ie fil de fer qui va k l�int�rieur, ^nbsp;I�on met 1�ext�rieur en conta�f avec Ie conduC'nbsp;teur �leftrif�. Alors, ft celui qui la tient fufps'''nbsp;due d�une main par Ie crochet, s�avife d�en to^'nbsp;cher l�ext�rieur avec 1�autre main, il recevra 1*nbsp;commotion ; amp; 1�on pourra �galement former u���nbsp;chaine de plufieurs perfonnes, dpnt la dernier�nbsp;ou la plus �loign�e de celle qui tiant Ie fil d�nbsp;fer, en touchant l�ext�rieur, produira Ie m�m�nbsp;ph�nomene dans toute la chaine.
III. M. Francklin obferve une chofe fort gullere, qui arrive en faifant l�exp�rience de
DE L�ElECTR�CIT�.
lH
^eyde i c�eft que , fi 1�on veut charger l�ini�rieur la bouteille , il faut que l�ext�rieur communisme a quelque corps qui foit condufteur de F�-^eftricit� ; car fi la bouteille �toit mife fur unnbsp;g^teau de r�fine , ou fur un plateau de verre, Ienbsp;de fer qui va toucher Feau ou la garniture denbsp;*m�tal qui la rev�t en dedans, fera en vain �leftrif�nbsp;par Ie conducteur de la machine; cette bouteillenbsp;*te fe chargera point. Faut-il , pour qu�elle fenbsp;'^harge , qu�a proportion qu�on accumule F�lec-hicit� d�un cot�, elle diminue de Fautre? C�eftnbsp;^e que M. Franckiin en conclut, amp; qu�il femblenbsp;tpFon doive en effet en conclure. Mais commentnbsp;flu�de �leCtrique eft-il chalT� d�un c�t�, pendant que Fautre s�en charge davantage ? C�eft cenbsp;Smi me paroit �tre une grande difficult�.
IV, Le verre paroit �tre impermeable a 1��lec-hicit� , du moins quand il eft froid, ou qu�il n�a ^Ue le degr� de chaleur de la temperature de Fair.nbsp;Franckiin a eflTay� une fois d�ufer a la meulenbsp;ventre d�une bouteille charg�e, amp; qui �toit denbsp;^�pailTeur ordinaire. II alia )ufqu�aux ~ de F�paif-^eur , fans qu�elle fe d�chargeat; ce qui feroitnbsp;�triv� li le flu�de int�rieur e�t eu communicationnbsp;^Vec Fext�rieur. 11 feroit a fouhaiter que ce phy-�cien eut continu� a diminuer cette �pailTeur,nbsp;Imfqu�a ce que la d�charge fe fut faite.
Mais lorfque le verre eft dilat� amp; amolli par chaleur qui le rend pr�t a fondre , alors non-�^mlement il devient conduCteur de l��le�tricit�,nbsp;*^ais encore la bouteille charg�e fe d�chargenbsp;%ontan�ment.
. V. Si Fon fufpend au conducteur une chaine , ^ qu�on la faffe entrer dans la bouteille qu�onnbsp;d�une main par Fext�rieur, la bouteille eftnbsp;Tomg ir.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;X
-ocr page 330-R�cr�at. Math�mat. et Phys. charg�e �galement; ma�s fi on baifle la bouteiH^nbsp;de maniere qu�elle ne foutienne plus aucune fot-tion de la cha�ne, alors elle ne donne plus aucuHnbsp;figne d��leftricit�,
On dolt conclure de-la , que l�eleftricit� don*^ I�int�rieur de la boiiteille eft charg�e , doit avoHquot;nbsp;pour fupport une matiere non-�leftrique ou coO'nbsp;du�lrice de 1��leftricit�. On travailleroit en va�Rnbsp;a charger une bouteille qui feroit vulde, ou doo^nbsp;l�int�rieiir ne feroit pas au moins tapifle d�u*^nbsp;enduit m�tallique.
VL Si l�on charge l�int�rieur de la bouteille en Ie faifant communlquer par Ie crochet au coti'nbsp;du�ieur �leftrif� pofitivement, alors l�ext�rieufnbsp;fera �le�lrif� n�gativement ; car eet ext�rieurnbsp;attirera la petite boule de liege fufpendue a cenbsp;condu�leur , tandis que Ie crochet de la bouteUl^nbsp;la repoulTe. Or il eft connu qu�un corps eledtrilquot;^nbsp;en repouffe un autre �leftrif� comme lui: il nV'nbsp;tir� que Ie corps non-�le�trir� , ou �le�lrif� s'*nbsp;fens contraire. Puifque done 1�ext�rieur de la boU'nbsp;teille, �leftrif�e par Ie crochet, attire la petif^nbsp;boule de liege , dont l��le�lricit� eft de la m�iU^nbsp;nature que celle du condu�leur ou de Tint�rieurnbsp;de la bouteille , il faut que 1��leftricit� ext�rieur�nbsp;foit de nature enti�rement diff�rente.
vir. Si l�on a deux bouteilles �gales Sc cha'�' g�es �galement 8sC de la m�me maniere, qu�er�quot;nbsp;luite vous les approchiez i�une de l�autre , croche*^nbsp;a crochet, ou ventre contre ventre , elles ne j�nbsp;d�chargeront point; mais fi vous approcheznbsp;' crochet de Tune du ventre de l�autre , aufli-t�t 1^nbsp;d�charge fe fera.
Si Tune des deux bouteilles �tolt charg�e 3^ globe de foufre, amp; l�autre au globe de verre gt;
-ocr page 331-DE L�ElECTRICIT�* approchant Ie crochet de Tune au crochet
OU Ie ventre de Tune au ventre de
hautre ,
� 3Utre, elles fe d�chargeroient.
VIII, nbsp;nbsp;nbsp;Si plufieurs perfonnes, au lieu de Te tenirnbsp;P^r les mains , fe contentent de pr�fenter les unes
autres Ie bout du doigt a la diftance d�une ou deux lignes, au moment que la derniere touche Ie condufteur , on apperqoit entre tous lesnbsp;^oigts une �tincelle �le�lrique, amp; chacune ref~nbsp;^ent la commotion,
IX, nbsp;nbsp;nbsp;Si, au lieu de fe tenir par Ia main , les per-�onnes qui forment la chaine communiquent lesnbsp;��oes aux autres en tenant des tubes de verre pleinsnbsp;^'oau , amp; bouch�s par un bouchon au traversnbsp;^Uquel paffe un fil de fer qui plonge dans Ie fliiide ,nbsp;^ qui eft en conta�l avec chaque perfonne; aunbsp;��'oment oii la derniere perfonne touchera Ienbsp;�^ondufteur ou Ie fil de fer qui plonge dans la bou-l^'lle , on appercevra un trait de lumiere dansnbsp;,^au de chacun des tubes , qui en fera routenbsp;^'^lair�e,
X, nbsp;nbsp;nbsp;Si, Ia cha�ne �tant faite , une ou deux per-^onnes , ou davantage , en forment une nouvellenbsp;^�nant d�un c�t� k une des perfonnes de la pre-j^'ere chame , amp; de l�autre c�t� a une autre per-�One de Ia m�me chaine, celles de la derniere nenbsp;�^^fl'entiront rien ; Ie fluide �le�lrique paroit fenbsp;Porter d�un bout a 1�autre de la premiere chame
Ie plus court chemin.
X ij
-ocr page 332-324 RiCRiAT. MAtH�MAT. ET PHYS.
XIIe Exp�rience.
Autramp; manim de donncr la commotion , fgavotf y par Ie carreau de ytrre �leclrique. Percer unenbsp;de papier avec VkincelU �leBrique.
L�efFet fingulier que nous avons obferv� l�exp�rience pr�c�dente , tient-il a la figure de |nbsp;bouteille de Leyde, ou fimplement a la nature onbsp;verre? Voila une queftion qui fe pr�fente nat^nbsp;rellement. Cette exp�rience-ci va la r�foudre 1 ^nbsp;prouver que c�eft a la nature du verre qu�il tie��*�nbsp;uniquement.
En efFet, prenez un carreau de verre d�une menfion quelconque ; couvrez fes deux Ibrfa^nbsp;d�une lame d��tain, en laiflant de chaque c�tenbsp;tout a 1�entour une bande du verre a d�couvet^�nbsp;placez la glace horizontalement fur un fuppt^/nbsp;non �leftrique; fakes enfuite tomber la chainenbsp;condu(!deur fur la furface , amp; mettez la machine
puyant--------- ------ . g
rieure , vous portez l�autre contre la garnk^� inf�rieure, vous en tirerez une forte amp; puiflai�^.^nbsp;dtincelle. II y auroit du danger, fi la glace etenbsp;grande, a toucher 1�une des furfaces avecnbsp;main , amp; l�autre avec l�autre,
Voulez-vous percer une main de papier 1��tincelle �le�lrique, en voici Ie moyen. Couch^nbsp;fur une table un fil de fer, Sc fur ce fil place? jnbsp;carreau de verre, enforte que Ie bout de cenbsp;touche la garniture inf�rieure. Sur lanbsp;fup�rieure, placez une main de papier;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
�leftrifez cette furface du carreau au moyen quot; Ia cha�ne du condufteur, que vous ferez toiuP^
-ocr page 333-DE l�Electric IT �.
la garniture de eette furface. Quand vous ^''oirez l��leftricit� tr�s-forte, faites toucher l�unnbsp;bouts de 1�excitateur au fil de fer ci-deflus , 8cnbsp;^Ppliquez 1�autre bout fur Ie papier. II en fortiranbsp;'j�ie tr�s-forte �tincelle , qui fera- prefque autantnbsp;bruit qu�un coup de piftolet; amp; la main denbsp;Papier fera perc�e d�outre en outre.
En faifant l�exp�rience avec une glace d�environ 35 pouces en tout fens, on pourra percer jufqu�anbsp;*5� feuilles de papier, amp; m�me davantage.
Ce moyen de faire l�exp�rience de Leyde a ^^vantage d�en augmenter beaucoup l�efFet; carnbsp;ne peut guere avoir de bouteille dont la fur-ait plus de i ou 3 pieds quarr�s. Mais unenbsp;S^ace de 36 pouces en tout fens en a 9, amp; 1�ef-eft augment� par-la a peu pr�s dans la m�menbsp;I'^oportion.
, On fent aif�ment qu�en faifant pareille exp�-l^nce, il faut bien fe garder de fe trouver dans � cercle entre la furface fup�rieure 6c inf�rieurenbsp;on courroit rifque d�etre tu�.,
X 11 Ie Experience.^
^oyen (Tau^mcnur comme ind�finiment la force de r�kclricit�: Batttrie �leclrique.
One petite bouteille charg�e d��le�lricit� ne P^oduit pas un grand elFet; mais eet effet aug-a mefure que la bouteille elle-m�me aug-^^nte de volume. H feroit n�anmoins Incom-^pde, Sc peut-�tre impoffible, d�avoir des bou-qui exc�dalTent une certaine grandeur;nbsp;pourquoi a une bouteille on en fubflituenbsp;P'ufieurs, dont l�effet r�uni feroit tr�s-dangereuxnbsp;^ pQn ne prenoit pas de grandes precautions.
X iij
-ocr page 334-3^6 RiCR�AT. Math�mat, et Phys.
On prend a eet effet, au lieu de bouteillfi* ^ long col, plufieurs de ces grands bocaux cybi^'nbsp;driques , beaucoup plus hauts que larges. Rnbsp;faut pas n�anmoins'qu�ils foient d�un diame^rsnbsp;fort grand, parceque des cylindres de petit dia'nbsp;metre ont , a proportion de leur folidit� ,nbsp;plus grande furface , amp; que ce que l�on chereb^nbsp;jci a augmenter, c�efl: la furface, On les revt�^nbsp;jnt�rieurement d�une garniture d�une feuille d�e'nbsp;tain coll�e, qui en recouvre Ie fond amp; les c�te*nbsp;jufqu�a deux pouces de leur bord. On en fa**^nbsp;autant ext�rieurement. Apr�s cela on rangenbsp;ces vafes les uns a c�t� des autres , dans une bob�nbsp;recouverte int�rieurem�ht d�une feuille d��tain ^nbsp;de poudre de cuivre. Cette feuille d��tainnbsp;munique avec un anneau de fil de fer qui pad^nbsp;ext�rieurement, amp; c�efl: a eet anneau qu�on att3'nbsp;ebe la chaine par Ie moyen de laquelle on veij^nbsp;ctablir la communication d�un corps avec l�exte'nbsp;�ieur de la batterie.
Pour �tablir une communication avec l�int�rieaf des jarres, on enfonce dans chacune , a trave*quot;*nbsp;un bouebon de liege, un fil de fer tordu parnbsp;bas, qui appuie au fond de la jarre, Sc qui ^nbsp;form� en anneau dans fa partie fup�rieure.nbsp;ces anneaux d�un rang font enfil�s par unenbsp;barre , termin�e des deux c�t�s en boulon. Aifquot;nbsp;l�on a autant de barres pareilles que l�on a de rai^�*nbsp;de jarres. Enfin , pour �tablir la communicatie^nbsp;entre toutes ces barres, on fait repofer fur elie�nbsp;cbaine du condu�feur , amp; l�on a 1�avantage denbsp;charger, fi l�on veut, qu�un rang ou deux, ee enbsp;faifant porter la chaine que fur une barre ou dewf'nbsp;PI. 7, Telle efl la conftru�fion d�une batterie �le�lrt'nbsp;4^' ^ue. On voit ici fa figure, en la fuppofant
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Pof�e feulement d� neuf jarres, qui, a 3 pouces de diametre ,15 pouces de haut, amp;C 12, poucesnbsp;de garniture en hauteur, donnent 6 pieds - de fur-face en entier. Une batterie femblable de foixante-^uatre jarres, donneroit 48 pieds quarr�s, St nenbsp;formeroit n�anmoins qu�une boite de deux piedsnbsp;^uelques pouces en tout fens, fur a 18 poucesnbsp;de hauteur. L�effeten feroit , ]e crois , prodigieux.
Voici maintenant la maniere de fe fervir de cet appareil. Pour charger les jarres , faites re-pofer la chaine qui vient du conducteur de lanbsp;JTiachlne fur les barres tranfverfales ; amp; faitesnbsp;Mourner le globe ou le plateau de verre pendantnbsp;^uelque temps , vos jarres feront �leClrif�es ounbsp;chargees. L�experience vous apprendra combiennbsp;de tours du globe ou du plateau font neceffairesnbsp;pour cet effet; car elles fe dechargent d�elles�nbsp;Jii�mes, avec explofion, quand elles font tropnbsp;chargees. Lorfqu�elles font dans l��tat convena-tle , fi vous voulez les decharger, vous n�aveznbsp;^u�a prendre la chaine qui communique a I�ex-^erieur, avec un manche de verre ou de cirenbsp;d�Efpagne , Sc en porter le bout en contaCt avecnbsp;le condufteur: il fe fera une forte �tincelle, Scnbsp;les jarres feront d�charg�es.
Si quelqu�un, tenant le bout de cette chaine , s�avifoit de toucher avec le doigt, ou le conducteur de la machine, ou I�unc des barres qui tou-chent a I�interieur des jarres , il pourroit �tre tu�nbsp;toide , par 1�effet de la terrible commotion qu�ilnbsp;teffentiroit. En effet , li une bouteille de 5 a 6nbsp;pouces de diametre, fortement chargee , donnenbsp;par fa d�charge une commotion violente dansnbsp;les bras Sc la poitrine, on peut juger de 1�effetnbsp;Hwe produiroit la d�charge de 12, 15 , 20, 3�^'
X iv
3i8 RtCR�AT. MATHiMAT. ET PHYS.
OU 50 pieds quarr�s, d�charg�s de Ia m�me niere. Le phyficien doit done �tre tr�s-attentiinbsp;fur lui amp; fur les Tpeftateurs, de crainte denbsp;une funefte experience.
Tous les phyficiens qui font des experiences eo grand fur l��le�fricit� , ont aujourd�hui un app^'nbsp;reil fennblable , plus ou moins confid�rable.nbsp;par ce moyen qu�on fond les m�taux, qu�on If�nbsp;r�duit m�me en chaux; qu�on aimante une aiguille , ou qu�on en change les poles; qu�on tu�nbsp;desanimaux; qu�on imite les eflets du tonneffC�nbsp;amp;c. amp;c. ainfi qu�on va le voir.
Tuer un animal au moyen de r�leclricit�.
Attachez au pled de l�animal la chaine qui coiRquot; munique a 1�ext�rieur de la batterie ; enfuite, aveCnbsp;l�excitateur ifol� , �tabliffez la communication dunbsp;front ou du crane de l�animal , avec une desnbsp;verges qui communiquent a Tint�rieur: l�animal,nbsp;f�t-il un mouton, peut-�tre un boeuf, tomberanbsp;foudroy�.
Remarque.
On a obferv� que les animaux tu�s de cetts fnaniere �toient fur le champ bons a manger; catnbsp;le coup qui les tue , eft fort analogue a celui dunbsp;tonnerre ; ik c�efl: un fait connu , que les animault;nbsp;tu�s par la foudre , paflent tr�s-rapidement a 1'C'nbsp;tat de putrefaftion. On pourroit done employeenbsp;cette foudre artificielle a tuer les animaux eju�nbsp;nous deftinons a �tre mang�s fur le champ : d�nbsp;feront ce qu�on appelle mortifies dans la minute-Mais comme l�op�ration eft dangereufe ,nbsp;Francklin pr�vient, en plaifantant, le phyficieo
-ocr page 337-DE L�ElECTRICIT�; 329
fe pr�cautionner, de crainte que voulant mor-*�fier fa poularde, il ne mortifie fa propre chair.
XVe, Experience.
Production du magnitifme par rilectricit�.
Ayez une aiguille d�acier de quelques pouces ^e longueur, comme une aiguille de bouffole.nbsp;�^lacez-la entre deux lames de verre , de fortenbsp;^ue fes deux bouts A amp; B d�bordent un peu.nbsp;�'aites enfuite communiquer un de fes bouts Anbsp;3vec Ie condufteur de la machine �leftrique , ounbsp;^Uelqu�une des traverfes de fer de la batterie �lec-^dque ; chargez enfuite fortement cette batterie,nbsp;^ d�chargez-la a travers 1�aiguille, en ramenantnbsp;(avec l�excitateur ifol�) Ie bout de la chaine quinbsp;^ommunique avec Ie dehors des jarres, contre Ienbsp;quot;Out B de l�aiguille. Tout Ie feu �leftrique paffera anbsp;dravers l�aiguille, entrant par Ie bout A, amp; fortantnbsp;P3r Ie bout B , amp; l�aiguille fera aimant�e de ma-^�lere que Ie bout A fe tournera au nord.
Si une aiguille eft aimant�e, amp; que Ie bout A tourne au nord ; en faifant Top�ration con-^faire, c�eft-i-dire en faifant pafler Ie feu �lec-^dque de B en A , l�aiguille fera d�faimant�e; amp;nbsp;r�it�rant une feconde fois cette ra�me op�ra-*'on, elle fe trouvera aimant�e en fens contraire,nbsp;'^^ft-a-dire enforte que ce fera Ie bout B qui fenbsp;*ournera au nord.
. On fent au refte que cela d�pendra de la quan-du fluide �leftrique. Si elle eft moindre dans ^ feconde op�ration que dans la premiere, ilnbsp;Pourra refter quelque peu de magn�tifme; ft ellenbsp;' beaucoup plus confid�rable , les poles pour-�ot �tre chang�s du premier coup.
-ocr page 338-330 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
XVExperience.
Fondre les m�taux au moyen de PEleclrlcite.
Cette experience eft une des plus curieufes celles qu�on fait fur l��leflricit�. Prenez un filnbsp;fer d�une demi-ligne de diametre, Sc ftifpendez-ynbsp;un poids d�environ 6 livres; faites-le enfuite p^f'nbsp;courir dans fa longueur par Ie feu �leftrique ,nbsp;moyen d�une batterie de i6 ou 25 jarres : cenbsp;s�allongera tout-a-coup, fouvent m�me fe roiR'nbsp;pra. Or cela n�a pu arriver qu�autant qu�il aui^nbsp;�t� amolli ou liqu�fi� dans une partie au mo�^nbsp;de fon �tendue.
Autre maniere. Prenez une feuille d�or des pl*^* minces; coupez-en une lame d�une ligne de laf'nbsp;geur amp;c de deux pouces de longueur, que voU*nbsp;placerez entre deux lames de verre bien ferr�e*nbsp;Tune contre l�autre; faites enfuite que cette lam�nbsp;fafle partie du eerde �ledrique d�une forte batte'nbsp;rie , comme de 50 a 60 jarres: la feuille d�o^^nbsp;palTera par l��tat de fufion ; amp;c ce qui Ie prouve gt;nbsp;c�eft que plufieurs de fes parties feront jncorpff'nbsp;r�es dans Ie verre m�me.
Ma�s ft vous mettez entre les verres amp; la lam� de petits bouts de carte, amp; que vous ferriez f�f'nbsp;tement les lames , T�tincelle �leftrique , tir�enbsp;cette maniere, au travers amp; dans la longu�t'*�nbsp;de la lame d�or, la r�duira en grande partie dan*nbsp;cette elpece de chaux pourpre , qu�on connnt^nbsp;dans la chimie fous Ie nom de pr�cipii� denbsp;parceque ce chimifte trouva Ie premier ounbsp;plifia cette preparation. Les deux cartes ferodnbsp;teintes en cette couleur, que l�on pourra rebam'
-ocr page 339-DE L�ELECTRICIT�. 331 fer en r�it�rant 1�op�ration avec de nouvelles la-*Res d�or.
Une lame d�argent, trait�e de la m�me ma-^iere, donne une poudre d�un beau jaune.
Une de cuivre , donne une poudre verte.
Celle d��tain, donne une poudre blanche qui '�eflemble a la chaux d��tain enti�rement d�phlo-giftiqu�e.
La platine, trait�e de cette maniere, amp; apr�s des fulminations r�it�r�es, fe r�duit en une poudre noiratre , qui, appliqu�e fur la porcelaine ,nbsp;Produit une couleur olive fonc�e.
On s�eft affur� , au refte , par diverfes �preuves chimiques, que ces chaux font pr�cif�ment lesnbsp;Ri�mes que celles qu�on produit par d�autres proc�d�s plus longs.
Ces exp�riences font dues a M. Comus, dont 1�induftrie amp; radrefle font fi c�lebres , Sc quinbsp;J'�unit aux talents les plus extraordinaires en cenbsp;genre , des connoiflances profondes dans les di-quot;''erfes parties de la phyfique. On en peut voir Ienbsp;d�tail plus circonlianci� Sc vraiment intereffant ,nbsp;dans Ie Journal de Phyjique de M. 1�abbe Rozier ,nbsp;ann�e 1773.
XVII� Experience.
Q�i prouve Videntit� de la fotidre avec rkincclle �leBrique.
Sur un endroit �lev� Sc ifol�, comine Ie fom-�^et d�une tour , placez une barre de fer verticale, ^crmin�e en pointe fort aigu�. Plus cette pointenbsp;s �l�vera dans 1�atmofphere , mieux 1�exp�riencenbsp;^^euflira. 11 faut d�ailleurs que cette barre ne touchenbsp;^ tien, Sc qu�elle foit fupport�e par une bafe
33i R�cr�at. Math�mat. et Phys-
quelconque, qui l�ifole de tout corps condufteuf de T�leftricit�.
Cela fait, attendez un jour d�orage; 8c lorfqu^ Ie nuage tonnant paflera au deffus de la barre , oi*nbsp;a peu pr�s, touchez cette barre , non avec 1�nbsp;doigt, ma�s avec une barre de m�tal attach�e �nbsp;un manche de verre: vous ne manquerez pas d�eftnbsp;tirer des �tincelles, quelquefois m�me extr�mequot;nbsp;ment groffes 8c bruyantes. II y auroit du dangefnbsp;a en approcher de trop pr�s, car quelquefois 1*nbsp;barre eft fi charg�e d��leftricit�, que les �tincellesnbsp;partent a plufieurs pieds de diftance, 8c font Ienbsp;brult d�un coup de piftolet. M. Richman , pro-fefleur de math�matiques a P�tersbourg , 8c mentquot;nbsp;bre de 1�acad�mie de cette ville , a �t�, commenbsp;tout Ie monde fqait, la viftime d�une pareillenbsp;experience; car, s��tant approch�, dans un mO'nbsp;ment de diftra�lion , trop pr�s de fa machine , ilnbsp;fut tu�, amp;c l�on remarqua fur fon corps tout ce^nbsp;qu�on obferve fur ceux des perfonnes tu�es parnbsp;tonnerre.
Cela a engag� quelques phyficiens qui cultt' vent l��leftricit� , a difpofer leur machine de m3'nbsp;niere qu�elle ne puiffe jamais fe trop chargernbsp;d��le�lricit�. Pour eet eflfet, il faut difpofer *nbsp;quelque diftance de la barre une pointe de m�ts*nbsp;fort aigu'�, 8c communiquant au planchet ou a 1*nbsp;maffe des corps non-�le�friques. Cette pointe�nbsp;quand I�eleftriclte fera m�diocre , ne tirera poirgt;^nbsp;r�le�lricit� ; mais lorfqu�elle fera tr�s-forte ,nbsp;l�afpirera , pour ainfi dire , 8c la d�chargera iti'nbsp;fenfiblement, enforte qu�11 ne s�y en accumuler^nbsp;jamais qu�une quantit� m�diocre amp;C incapablenbsp;nuire. Plus la pointe fera proche de la barre,nbsp;elle abforbera d��leftricit�*
-ocr page 341-DE l�ElECTRICIT�. 335 On connoitra, par fon moyen, dans 1�obfcu-gt;'it� , fr Ie nuage eft �leftrif� pofitivement ou n�-gativement; car , dans Ie premier cas, on apper-cevra a cette pointe une fimple �toile lumineufenbsp;OU gerbe fort courte ; dans Ie fecond cas , aunbsp;Contraire, on verra une grande amp; belle gerbenbsp;lumineufe.
On a coutume auffi de difpofer a proximit� de la barre, une boule de m�tal fufpendue parnbsp;On fil de foie , amp; plus loin un timbre communi-rjuant au corps du batiment. Son ufage eft d�a-vertir l�obfervateur que la barre eft �leftrique;nbsp;Car, au moment o� elle eft charg�e d��leftricit� ,nbsp;clle attire la balie qui n�en a point, T�ledlrife,nbsp;amp; la repoufle contre Ie timbre , dont Ie fon an-Honce que Ie nuage �leftrique a produit fon effet.nbsp;Cela a auffi l�avantage d�indiquer Ie degr� de l��-leftricit� ; car , ft elle eft fort vive , la vivacit�nbsp;du carillon lui eft proportionn�e , amp; l�obfervateurnbsp;eft averti de prendre garde a lui.
On peut, fans tour amp;c fans terrafle, fe procu-*'er Ie moyen de faire cette experience dans fa chambre. II n�y a qua faire pafler dans fa che-tuin�e une barre de fer, ifol�e au moyen de cordons de foie qui I�aflujettiront de routes parts.nbsp;Cette barre doit �lever fa pointe de quelquesnbsp;pieds au deflus de 1�ouverture de la chemin�e;nbsp;*iou 15 pieds, m�me moins, fuffifent. Alors,nbsp;Routes les fois qu�il paflera au deflus quelque nuagenbsp;�leftrife , votre barre donnera des fignes d��lec-^.'quot;�cit�, lorfque vous la toucherez avec pr�cau-^�on , OU au moyen du petit carillon �le�lrique jnbsp;�1 vous en avez difpof� un a fa proximit�.
Au lieu de eet appareil , Ie pere Cotte, de ^ratoire , obfervateur affidu de tous les ph�no-
-ocr page 342-334 R�cr�at. Math�mat, et Phys.
menes m�t�orologiqnes , difpofe en travers Sc entre deux lieux �lev�s, une chaine de fer donfnbsp;les chainons font h�rilT�s de pointes aigues. Le*nbsp;deux bouts de la chaine font fupport�s par de*nbsp;cordons de foie gaudronn�s. Du milieu de 1^nbsp;cha�ne, en part une autre de la forme amp; grolTevirnbsp;ordinaires pour les experiences de 1��leftricit�nbsp;qu�on fait entrer dans 1�appartement, foit par 1*nbsp;chemin�e, foit par la fen�tre , au moyen de cot'nbsp;dons de foie qui la fupportent, A fon bout doi*^nbsp;�tre attach�e une boule de m�tal, qui fournit de*nbsp;�tincelles beaucoup plus confid�rables que ne fe'nbsp;roit Ia chaine elle-m�me. La multitude de poiR'nbsp;tes dont la chaine ext�rieure efl: h�riff�e, founu*'nbsp;une quantit� de matiere �le�lrique telle, qu�il faU*nbsp;ufer de circonfpe�lion avant de toucher cett�nbsp;boule.
R E M A R Q^U E.
Cette experience curieufe , amp; tout-a-fait in' t�relTante pour la pbyfique, a �t� propof�e ^nbsp;indiqu�e par Ie c�lebre M. Francklin , dans de*nbsp;lettres a M, Collinfon, de la S. R, de Londres gt;nbsp;mais elle a �t� faite pour la premiere fois a Marly�nbsp;par les loins de M. Dalibart amp; du cur� de ce lievgt;gt;nbsp;( M. Raulet, ) Ie lo Mai 1752. Elle fut vueeR'nbsp;fulte par Ie Roi amp; toute la Cour. Depuis ce temp*nbsp;elle a �t� r�p�t�e par tous les phyficiens; amp; rie'^nbsp;n�eft aujourd�hui plus connu amp; plus communnbsp;eet appareil �le�trique , qui met fous les ye'^�^nbsp;1�identit� du feu �leftriqvie amp; de celui du tonnerre-Mais c�eft a 1�Am�rique, amp; en particulier anbsp;Francklin , que nous en avons 1�obligation priiR�quot;nbsp;tive.
^'ufieurs ph�nomenes fur lefqnels on n�avoit fait ^*icore que balbutier fans aucun fucc�s. Tels fontnbsp;feux qu�on apperqoit fouvent, en temps d�o-, fur des croix de clochers , a l�extr�mit�nbsp;mats Sc des vergues des vaifleaux, que lesnbsp;^Helens appeloient des noms de Cajlor amp; Pollux ,nbsp;^ que les modernes connoiflent fous Ie nom denbsp;S, Elmz. Ce n�eft autre chofe que Ie feu �lec-
^quot;^'que des nuages, attir� par les pointes de ces Croix
, OU des ferrements de ces mats, C�far ra-^'^nte que fon armee �tant rang�e en bataille , amp; j!'' grand orage �tant furvenu, on vit des flammesnbsp;^ftir des pointes des piques de fes foldats. Cenbsp;^^criomene n�aiira plus rien de merveilleux pournbsp;Jelui qui connoitra ceux de l��leftricit�. Cesnbsp;^eux �toient Ie feu �le�frique qui s��chappoit parnbsp;pointes, les nuages �tant probableinent �lec-en moins, coinme M. Francklin dit quenbsp;arrive Ie plus fouvent.
XVII Ie Experience,
prouve la m�me v�rit� d'une autre manure i ou h Cerf-volant �kclrique.
ll eft difficile, pour ne pas dire impraticable , ^ clever extr�mement haut une verge de fer. Celanbsp;^ '^pnn� lieu d�lmaginer un autre artifice pour allernbsp;, en quelque forte , aux nuages leur feunbsp;^^rique ou leur tonnerre, C�eft Ie cerf-volant,nbsp;r^f'te machine jufqu�alors plus employ�e par lesnbsp;upes-gens amp; les �coliers, que par les phyficiens;nbsp;^ ^'s 1�ufage qu�en ont fait quelques-uns de cesnbsp;^'�ffiers, 1�a en quelque forte ennobli.nbsp;lasnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cerf-volant reconvert de taffe-
gt; Sc un peu grand , comme de 5 a 6 pieds de
-ocr page 344-336 R�CRiAt. Math�mat. et Phys. longueur au moins; car plus il eft grand, plusnbsp;s��leve, a caufe que Ie poids de la ficellenbsp;moindre relativement a la force avec laquellenbsp;vent tend a l�enlever. On lui adaptera a la t^t�nbsp;une verge de fer d�li�e , qui d�un c�t� s��tenfif*nbsp;Ie long de 1�axe inf�rieur du cerf-volant, jufqu�a^nbsp;point d�attache de la corde, amp; de l�autre, fef*nbsp;termin�e en pointe fort fine , qui s��l�veranbsp;defllis du cerf-volant, de maniere que lorfqu�quot;nbsp;fera a fa plus grande hauteur, elle foit a peu pf^*nbsp;verticale, Sc Ie d�borde d�environ un pied.nbsp;ficelle doit �tre faite d�une ficelle ordinaire, ma|^nbsp;autour de laquelle on aura entortill� un fil tra'*�nbsp;de cuivre tr�s-flexible , a peu pr�s cominenbsp;garnit les cordes les plus baffes de quelques infir*^�nbsp;ments, inais beaucoup moins ferr�. Cela fe faj*nbsp;parceque Ie chanvre eft un condufteur d��le�l'J�nbsp;cit� affez m�diocre , a moins qu�il ne foit mouil^^'
On attachera a l�extr�mit� de cette corde cordon de foie de quelques pieds, pour ifolernbsp;cerf-volant quand il fera parvenu a fa plus grati*^�nbsp;hauteur, Sc pr�s de ce cordon on joindra anbsp;corde du cerf-volant un petit tube de fer-blauynbsp;d�un pied environ de longueur fur un poucenbsp;dlametre, pour y exciter les �tincelles.
Les choles ainfi pr�par�es, on mettra au ven' cerf-volant, lorfqu�on verra approcher un ten'Pnbsp;orageux, Sc on Ie laiflera s��lever a fa plus gra*^nbsp;hauteur: on attachera Ie cordon de foie a quel^l**nbsp;obftacle immobile , Sc enforte que la pluis ^nbsp;puilTe point mouiller ce cordon: on ne tards,^nbsp;pas d�obferver, Ie plus fouvenr, des marques d ^nbsp;le�lricit� tr�s-fortes , quelquefois m�me �nbsp;qu�il y auroit du danger a toucher la corde nquot;nbsp;tube fans de grandes Sc f�rieufes precautions-
-ocr page 345-�E l�ElectricitI 537 Pour eet effet, on emmanchera au bout d�unnbsp;*ube de verre, ou d�un cylindre de cire d�Efpa-S'ie, d�un pied au moins de longueur, un mor-de fer long de quelques pouces, duquel pen-jufqu�a terre une chainette de m�tal. Sansnbsp;precaution, on ne tireroit que des �tincellesnbsp;�^oibles, parceque ce morceau de fer �tant lui-ifol� , feroit, au premier attouchement ,nbsp;^�eftrif� comme la corde m�me du cerf-volant.nbsp;M. de Romas, qui eft Ie premier en Europenbsp;ait employ� ce moyen de tirer TeleClricitenbsp;nuages, s��tant fervi d�un cerf-volant qui avoitnbsp;7 pieds amp; demi de longueur, fur 3 de largeurnbsp;pans fon plus grand diametre , amp; l�ayant �lev�nbsp;1'^^qu�a ^50 pieds de hauteur perpendiculaire, ilnbsp;r�fulta des effets tr�s-extraordinaires. En effet,nbsp;j^ant d�abord touch� imprudemment avec Ienbsp;^oigt Ie tuyau de fcr-blanc , il requt une commotion violente ; amp;c heureufement pour lui 1��-^'-fricit� n��toit pas alors a beaucoup pr�s par-''^nue a fon plus haut degr�; car quelque tempsnbsp;^Pt�s, l�orage s��tant renforc�, il refl�ntit, a plusnbsp;3 pieds de la corde , une impreffion femblablenbsp;� celle d�une toile d�araign�e : il toucha alors Ienbsp;*�be de fer-blanc avec l�excitateur , amp; il tira un�nbsp;m'oceile de plus d�un pouce de longueur, fur ^nbsp;de diametre. L��leftricit� augmentant m�menbsp;^pfuite de force, il en tira , ^ la diftance de plusnbsp;^ *^0 pied , qui avoieht jufqu�a 3 pouces de lon-S'^^nr fur 3 lignes de diametre , amp; dont Ie cra-P'tetnent fe faifoit entendre de 200 pas.
^ais ce qu�il y eut de plus remarquable dans oette exp�riervee, eft ceci. Pendant que l��leftri-�toit a peu pr�s a fon plus haut degr�, troisnbsp;rallies , dont Tune d�un pied de longheur, fenbsp;Tome IV,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Y
-ocr page 346-3j8 R�cr�at. Math�mat, et Phys. dreflerent par l�effet de 1�attra�.ion du tubenbsp;fer-blanc , amp;c pendant quelque temps fe balance'nbsp;rent entre lui amp; la terre , tournant en rond ,nbsp;qu�a ce que Tune s��leva enfin jufqu�au tube, ^nbsp;occafionna une explofion en trois craquements gt;nbsp;qui fe fif enteirdre jufqu�au centre de la ville denbsp;N�rac: ( 1�exp�rience fe faifoit dans un fau�^'nbsp;bourg.) L��tincelle qui accompagna cette expl^'nbsp;fion , fut vue de queiques fpeftateurs commenbsp;fufeau de feu de 8 pouces de longueur, fur 4 Mnbsp;lignes de diametre. La paille enfin qui avoit oC'nbsp;cafionn� cette �tincelle, fuivit la corde du cergt;'nbsp;volant, tant�t s�en �loignant , tant�t s�en rappf^'nbsp;chant, amp; excitant des craquements tr�s-fod*nbsp;lorfqu�elle s�en approchoit. Queiques fpeftateuf^nbsp;la fuivirent des yeux jufqu�a plus de 50 toifes.
On peut voir de plus grands d�tails lur cet*^ experience non moins int�reffante que curieufc �nbsp;dans les M�moires des Sgavants �trangers, publ'^*nbsp;par 1�Acad�mie royale des Sciences, Tomenbsp;Elle fut fuivie de beaucoup d�autres du m�if�nbsp;phyficien , qui prouvent que, dans un teif P*nbsp;m�me qui n�a rien d�orageux , un pared cey'nbsp;volant s��leclrife quelquefois au point de fa'^'^nbsp;�tinceler fa corde, amp; de donner de violer�'^^nbsp;commotions a tous ceux qui la touchentnbsp;precautions.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^
Nous avons dit plushaut, que M. de Romas^ Ie premier en Europe qui ait fait cette curie*^nbsp;experience. On trouve en effet que M. Franck* ^nbsp;1�avoit faite queiques mois auparavant ennbsp;lylyanle; car d en informoit M. Collinfon, P*nbsp;cnrrefpondant a Londres , en O�tobrenbsp;Mais on n�a connu qu�affez Jong-temps apr�snbsp;France cette invention, amp; M. de Romas l�av^*
-ocr page 347-3,39
DE l�ElECTRICIT�.
annoric�e �nigmatiquement a 1�Acad�mie Sciences , d�s Ie milieu denbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ainfi, en.
^�cernant Ie premier m�rite de l�invention a M. *^*ncklm , on ne peut refufer a M. de Romas denbsp;*^�connoitre qu�il concourut a eet �gard avec Ienbsp;*^�lebre phyficien de Philadelphie.
La Ma'ifon tndommagU par Ie Tonnerre.
Ee dofteur Lind eft 1�auteur de cette exp�-, qui fert a d�montrer quelle diff�rence il y a de recevoir l�explofion de la foudre par unenbsp;^gt;tiinence �mouff�e , ou de la recevoir par unenbsp;pointe aigu� , aboutiflant a un condufteur non-^��'terroinpu. Elle met dans tout fon jour Tavan-*^ge des pointes termin�es par de bons conducteurs , pour pr�ferver les edifices de la foudre,
AB eft Ie modele d�une petite maifon , dont PI. 8 , j eft Ie fommet du pignon ; AD un miir dans %� 43*nbsp;^quel eft perc� Ie trou quarr� GFHE. Ce trounbsp;^ deftin� h. recevoir une planche quarr�e , garnienbsp;^'agonalement d�une barre de fer qui, ftjivant lanbsp;Pofttion de la planche, peut aller de F en E,nbsp;^omme dans la figure , ou de G en H. LG eft unenbsp;��rre de fer termin�e par une boule L, qui vanbsp;^^outir au point G. De H en I il y a une autrenbsp;*rre femblable , dont Ie bout I fe termine ennbsp;chaine de longueur convenable pour l�objetnbsp;On dira.
Cela fait, on place la planche comme on voit ^ns la figure , c�eft-a-dire enforte que la barre denbsp;'Jui y eft enchaff�e aille de F en G, Sc qu�ilnbsp;une interruption de G en N. On pafte lanbsp;t^aine a l�entour du corps du bocal, comme
y ij -
-ocr page 348-340 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
ceux de la batterie �leftrique. On charge ce bocal autant qu�il peiit l��tre. Enfin l�on attache a uo des c�t�s de l�excitateur garni d�un manchenbsp;verre , la chaine du condufteur; amp; l�on touchenbsp;avec 1�autre c�t� de l�excitateur termin� en boule�nbsp;la boule L qui funnonte la barre GC , amp; !e pignoonbsp;de la petite maifon. Le eerde �ledrique fe fahrnbsp;une forte explofiogt;n eft produite , amp; la plancfienbsp;FGHE eft jet�e hors de fa place avec fracas, ^nbsp;caufe du faut que la matiere �ledrique a a faif�nbsp;de G en H , pour regagner le condufteur intet'nbsp;rompu en eet endroit.
Mais au lieu de la barre termin�eparune bouj� L , placez y une barre finiffnnt en pointe aigucinbsp;placez aufli la planchette FGHE de maniere qt^^nbsp;la petite barre de fer EF aille de G en H ; fait^*nbsp;enfin la menie chofe que clefiTus : l��leftricit� p^�'nbsp;fera en filence le long de la barre LGHI , faf*nbsp;rien d�placer,
Voila rimage de ce qui fe paffe quand la foi*' dre frappe un edifice. L��minence du batitne^*^nbsp;reqoit le coup de tonnerre avec explofion ; �nbsp;foudre fuit le premier conducteur m�tallifi^�^nbsp;qu�elle rencontre fans 1�endommager , quand �nbsp;eft de groffeur fuffifante ; mais ce condudeur d ^nbsp;il interrompu quelque part, elle fait la unenbsp;plofion, amp; fait fauter en morceaux, mur,nbsp;ierie , amp;c. jufqu�a ce qu�elle alt trouv�nbsp;nouveau condufteur. A chaque interruption,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^
veile explofion , amp; malheur a ceux qui fe vent a proximit� ; car , comme le corps dnbsp;homme eft un affez bon conducteur de I�dlfi*-cite , a caufe des fluides dont il abonde, tg-prend faute de mieux, 6c le tue immanqu**�nbsp;ment.
-ocr page 349-D E l� E L E C T R 1 C I T �; J41 Mals rien de cela n�arrive, fi la barre �lev��nbsp;deffus de la maifon eft termin�e par une pointenbsp;, Sc que Ie condufteur ne foit point inter-^ompu. II pourra y avoir quelque explofion l�gerenbsp;^ la pointe de la barre , ma�s de-la Ie fluide �lec-, OU celui de la foudre , fuivra Ie condiic-jufqu�a fon extr�mit� , qu�on enfouit dans lanbsp;jerre a une profondeur fufbfante pour atteindrenbsp;humidit�.
M. Sigaud de la Fond , profeffeur de phyfique ^^p�rimentale, a rendu cette experience plus fen?-nble encore, par la difpofition qu�il a donn�e a fanbsp;Petite maifon, Elle eft telle, que 1�explofion �lec-ftique en fait fauter Ie toit Sl �carter les murs..
XX' Experience.
�ie ^aijfeau frapp� ou pref erve de la Foudre,
Cette experience n�eft, a quelques �gards, une variation de la pr�c�dente. Quoi qu�il ennbsp;Ibit, la voici , parcequ�elle n�eft pas moins amu-l^nte , Sc moins propre a prouver Tutilite des,nbsp;pointes Sc des condufteurs m�talliques non-inter-*'Ompus , pour d�tourner Ie feu de la foudre.
Sur une efpece de bateau repr�fentant la car�ne oun vaifleau , �levez vers Ie milieu un tube denbsp;quot; pouces environ de hauteur Sc d�un denii-poucenbsp;'l� diametre , qui repr�fentera Ie grand mat, Cenbsp;^obe qui fera plein d�eau, fera bouch� aux. deuxnbsp;^^h�mit�s. par deux tampons de liege, u traversnbsp;ofqueix pafteront deux fils de fer qui s�avancerontnbsp;^ns 1�int�rieur du tube , a undemi-pouce de dif-*^Snce 1�un de 1�autre. Le fil de fer inf�rieur plon-S^ra dans l�eau fur laquelle nagera le bateau; le
Yhj
-ocr page 350-R�cr�at. Math�mat. et Phys. fup�rieur doit �tre termin� hors du tube par u**
arrondiffement.
Maintenatit fi t�on �tablit une communicatiort de la furface ext�rieure de la batterie �leftriqu�nbsp;avec Ie fil de fer inf�rieur, amp; qu�on approch�nbsp;du fil de fer fup�rieur Ie bout de la chaine qo'nbsp;communique a la furface inf�rieure de la batte-rie , quand m�me on n�en emploieroit qu�uiienbsp;petite partie , l�explofion du feu �le�trique, eRnbsp;iautant dans l�int�rieur du tube d�une pointe *nbsp;l�autre , fera telle, qu�elle fera fauter Ie tube eRnbsp;morceaux, amp; Ie petit vaiiTeau fera perc� amp; coU'nbsp;lera a fond. Voila a peu pres comment Ie grandnbsp;jnaT d�un vaiffeau eft quelquefois brif� en pieces ?nbsp;6c Ie vaiffeau en danger de fe perdre.
Mais fi au lieu de ce double fil de fer on fait paffer a travers les deux bouchons amp; 1�eau qutnbsp;remplit Ie tube, un fil de m�tal , amp; qu�on �ta'nbsp;bliffe de m�me la communication avec la batte-rie �leftrique, on pourra d�charger a travers cenbsp;fil jufqu�a 64 jarres, fans faire �clater Ie tube denbsp;verre. Quelquefois n�anmoins Ie feu �le�lrique�nbsp;Ou de ce petit tonnerre artificiel, fera tel, que 1^nbsp;fil de fer en fera d�truit.
Cette experience a �t� imagin�e par M-Edouard Nairne , amp; pourroit facilement �tf^ adapt�e a repr�fenter d�une maniere plus con'nbsp;forme a la r�alit� , la difpofition d�un vaiffe^'tnbsp;frapp� de la foudre ; mais nous avons pr�f�r� d�nbsp;la d�crire telle qu�elle eft expof�e dans lesnbsp;factions Philofophiques de l�ann�e 1773. Ellenbsp;laiffe pas de faire voir combien 1�interruption de*nbsp;conducteurs in�talliques eft dangereufe , amp; corf'nbsp;bien Ie plus petit condu�teur, bien continu�,nbsp;d�river de feu �le�frique.
tvE L�Elec TRI ciT�. 34^
ReMAR(IUE G�N�RAL�f
I'analogie du feu de la foudre amp; Id mdticre �Uelriqm; Moytn de garantir hs edificesnbsp;du tonnerre.
. Les experiences pr�c�dentes mettent dans un fuffifant 1�identit� de la foudre amp; de l��lec-Cependant, pour la prouver encore plusnbsp;^^mplettement, nous allons rapporfer quelques-des phenomenes qu�on obferve le plus com-r^iin�ment dans la marche du feu de la foudre,nbsp;'^rfqu�elle frappe une maifon ou un autre objetnbsp;^^elconque.
Le premier de ces pb�nomenes , celui qui a le P^Us conftamment lieu , e�eft que la foudre fuit lesnbsp;'^'^rps metalliques qu�elle rencontre dans Ton che-Au defaut de corps metalliques , elle faitnbsp;�*^plofion, ou elle s�attache aux corps humides,nbsp;aux animaux qui font prefque enti�rementnbsp;^^tnpof�s de fiuides. Ainfi voit-on , lorfque lanbsp;j'^Udre tombe fur un clocher , que du coq ou denbsp;* croix qui le couronne , amp; qui reqoit le premiernbsp;�^'^Up, elle fuit les ferrements qui vont de-la juf-Sl�au bord du toit ou dans l�lnt�rieur de la ma-S^nnerie : c�eft-la qu�elle fait explofion; car , nenbsp;j^�tcontrant que de la pierre ou du bois, qui fontnbsp;niauvais condudleurs, elle ne peut commode-*nbsp;^^nt continuer fon chemln : elle fe jette donenbsp;les hommes qui fe trouvent. fouvent dans lenbsp;jocher, par une fuite de la mauvaife habitudenbsp;fonner les cloches dans cette occafion. Quel-^nefois ^ fe jetant fur la cloche,, elle en fuit Ianbsp;^^tde jufqu�a fon extr�mit�; mais fi en ce mo-la corde ell tenue par un homme, � elt
Y iv
344 R�cr�at, Math�mat, et Phys. rare qu�il n�en foit pas tu�; car, �tant un mei^nbsp;leur condufteur que Ie chanvre , la foudre fembl^nbsp;lui donner uue funefte pr�f�rence.
II eft arriv� tr�s-fr�quemment que Ie tonnerf^ a fondu les plombs des croif�es : c�eft qu�il 3nbsp;trouv� ces plombs a proximit�, amp; les a fuivis dsnbsp;pr�f�rence a d�autres corps jnoins bons conduC'nbsp;teurs,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^
On explique encore par-la pourquoi il eft arriv� quelquefois qu�un hom me portant une �p�e anbsp;c6t�, amp;c ayant �t� frapp� du tonnerre , il n�a re^i*nbsp;aucun mal, amp; l�on a trouv� la pointe de fon �pe�nbsp;fondue dans Ie fourreau: c�eft que Ie feu �le�lr*'nbsp;que a de pr�f�rence choifi fon paflage dans 1^nbsp;lame de l��p�e, entrant par la garde amp; fortant pa*�nbsp;Ie bout; amp; comme ce bout eft termin� en pointsnbsp;plus aigu� , il s�eft trouv� plus reflerr� , amp; 1 anbsp;fondu. On imite eet effet, en forqant une fort�nbsp;quantit� de matiere �le�lrique a pafler par nHnbsp;filet de m�tal.
Lorfque Ie tonnerre tombe fur iin arbre , s�il Y a des animaux au pied , il eft rare qu�ils n�e**nbsp;foient pas tu�s, fur-tout fi 1�arbre eft d�une matier^nbsp;huileufe ou r�fineufe. Cela vient de ce que Ie boi*nbsp;eft un mauvais conducteur : la foudre l�abait'nbsp;donne , fi elle en rencontre a fa proximit� t***nbsp;meilleur, comme font les animaux, par la raifo*^nbsp;que nous en avons donn�e ci-deftTus. De-la viei�*nbsp;que Ie noyer eft r�put� particuli�rement dangs'nbsp;reux: fon fuc huileux Ie rend plus mauvais cofl'nbsp;duCteur de l��leftricit� qu�un autre.
Mais c�eft fur-tout lorfque Ie tonnerre toinb^ fur une inaifon, qu��clate princlpalement fanbsp;dileCtion a fuivre les corps m�talliques. Pre(^**^nbsp;toutes les relations des effets du tonnerre , coR'
-ocr page 353-DE l�Electricit�. 345 ''^lennent a nous repr�fenter la foudre s�attachantnbsp;preference a fuivre des fils de renvois desnbsp;^onnettes ; les bordures m�talliques des corniches,nbsp;des gl aces , des tableaux; faifant explofion a cha-^ue fois que ce chemin , commode pour elle , fenbsp;^fouve interrompu. On 1�a vue fuivre de cette mallere plufieurs appartements , plufieurs �tages. Cenbsp;^hemin enfin efl: fi bien trac� par routes les obfer-^ations, que Ton ne peut douter que fi ces con-^u�leurs m�talliques ne lui euflTent manqu�, oanbsp;^u�ils euflent �t� fuffifants , elle n�eut produit au-d�fordre.
Parmi les obfervations de ce genre , une des P^us d�taill�es amp; des plus remarquables , efl; cellenbsp;des effets du tonnerre qui tomba a Naples fur l�h�-*sl occup� par Ie lord Tilney, Ie lo Mars 1773.
Nous en devons la relation a M. Ie chevalier ^amilton , qui fut t�moin de l��v�nement; car ilnbsp;^^oit dans 1�appartement m�me qui fut parcouranbsp;P3r la foudre, avec M. de Saufllire, profefleurnbsp;^�hifloire naturelle a Geneve ; amp; ils vifiterentnbsp;rort peu apr�s , avec beaucoup de foin , toutnbsp;* hotel , pour examiner les traces du m�t�ore. Ennbsp;''oici les circonflances.
L�appartement du lord Tilney , compof� de ^^uf pieces de plein pied , �toit, ainfi que ceuxnbsp;maifons diftingu�es de ce pays-la , fort d�-^pt�. Une ample corniche r�gnoit dans routes lesnbsp;P'^ces; amp; cette corniche �toit dor�e a la modenbsp;pays, c�efl-a-dire avec une feuille d��tain ,re-*^�^verte d�un vernis jaune imitant 1�or, De cettenbsp;^ornicbe partoit un grand nombre de plates-ban-5 fervant d�encadrement aux tapilTeries, amp;nbsp;orees de la m�me maniere, ainfi que les bor-des lambris d�appui, des tableaux, des
J4� R�cr�at. Math�mat. et Phys.
^aces, des cbambranles de portes, amp;c. L�appafquot; ternent au deffus n��toit guere moins d�cor�. Cetnbsp;hotel eft un de ceux de Naples o� regne la plos*nbsp;grande profufion en ce genre. Ajoutons a cela ^nbsp;que toutes les pieces de cet appartement commu-niquoient entr�elles par des fils de fer de fonnettes^nbsp;tr�s-multipli�es pour la commodit�.
Le lord Tilney avoit ce jour aflembl�e chez loi, Sc M. Hamilton dit qu�il y avoit dans l�h�te�nbsp;Environ ^�operfonnes, tant maitres que domefli-ques. On entendit tout-a-coup un grand coup denbsp;tonnerre , Sc fur Ie champ l�appartement ou tootnbsp;Je monde �t�it raffembl�, parut en feu a ceo*nbsp;qui s�y trouvoient, Chacun fe crut frapp� de lanbsp;foudre; Sc Ton peut s�imaginer aif�ment la ter-reur Sc la confufion qui s�emparerent des efprits#nbsp;Perfonne n�anmoins ne fut tu� ni bleff�; 5c fansnbsp;donte on Ie dut a cett� prodigieufe quantit� dsnbsp;condiifteurs m�talliques, qui fournirent a la fou'nbsp;dre un �coulement.
En effet, M. Ie chevalier Hamilton Sc M. dc Sauffure, ayant vifit� fort peu apr�s Sc Ie lende'nbsp;main les deux appartements , remarquerent Hnbsp;dorure de la plus grande partie de cette immenf^nbsp;corniche fort endommag�e , noircie dansnbsp;grand nombre d�endroits, fur-tout aux angles ^nbsp;aux palTages des fils de fonnettes; Ie vernis dof^nbsp;avoit �t� d�tach� dans beaucoup d�endroits , ^nbsp;jet� a bas fous la forme d�une poufliere ; en qw^^^nbsp;ques endroits les fils des fonnettes �toient brfil^*'nbsp;Dans une piece ou deux tableaux l�un au defliis d^nbsp;I�autre �toient places entre la corniche Sc Ia porte�nbsp;Ie feu de la foudre avoit faut� de Ia corniche fut ^nbsp;hordure du tableau imm�diatement inf�rieur;
Ja a celle de celui qui �toit au delTous, Sc d�
DE L�Et�CtRlClTE. 347 ^^Me-cl au chambranle de( cette porte; amp; ces paf-^ages �toient marqu�s fur Ie mur , blanehi a lanbsp;^ode du pays , par des imprel�iofis de fum�e.nbsp;I^ans une autre piece , l� feu du tonnerre avoitnbsp;Pareillemerit paff� de la cornicbe a la bordurenbsp;*^�un tableau qui la touchoit, amp; de-la a la bor-int�rieure d�un chambranle, en falfant ex-Plofion entre deux ; il avoit erifiti defcendu Ienbsp;^Ong de ce chambranle , amp; avoit fait fauter unnbsp;�^orceau du petit focle auquel viennent fe termi-les m�ulures. Les dorures des meubles quinbsp;^Ouchoient l�s lambris, avcient enfin �t� endom-*^ag�es amp; noircies. Les m�mes chofes peu pr�snbsp;* �toient paff�es dans rappartement fup�rieur.
On voit par cette d�fcription, l�efpece d�afFec-^3tion avec laquelle Ie feu du tonnerre fuivit ^'^utes ces raatieres m�tathques; amp; l�on ne peutnbsp;fouter que ce ne foit cette grande profufi�n ennbsp;qOrures, ainfi qu�en fils de fer de fonnettes, quinbsp;emp�ch� qu�un fi terrible accident n�ait co�t�nbsp;^ vie a une grande partie des afliftants,
L�efpece de pr�dile�lion que Ie feu �le�lrique ou tonnerre montre pour les condufteurs m�talli-^Ues, a engage M. Francklin a propofetj d�s 175 z,,nbsp;^ Philadelphie , un moyen de pr�ferver les bdti-l^cnts de ce m�t�ore terrible. II confifte a placernbsp;Ie haut des maifons une barre de fer termin�enbsp;pointe, amp; prolong�e en en-bas par une ounbsp;P 'tfieurs barres de fer pointes enfemble. Cettenbsp;f doit enfin s�enfoncer en terre, a une pro-^�^deur affez grande pour rencontrer Fhurnidit� ,nbsp;�fant un bon condufteur, abforbe F�le�lri-, en la rendant a la maffe totale du globe.nbsp;^'^ant i la groffeur de cette barre , M. Francklinnbsp;que 3 ou 4 lignes de diametre fontfiiffifantes.
-ocr page 356-34? R�cr�at. Math�mat. et Phvs.
Mais qui emp�che de lui en donner 6, amp; m�tn^ un pouce? Une barre de fer de 6 lignes ou unnbsp;pouce de c�t�, amp; de 50 ou 60 pieds de longueur?nbsp;n�eft pas un objet bien co�teux.
II y avoit d�ja en 1755 un grand nombre mailbns ainfi garnies dans les colonies angloiftsnbsp;de 1�Am�rique feptentrionale, fur-tout dan?nbsp;Penfylvanie , Ie Maryland, la Virginle , o�nbsp;tonnerre eft extr�mement fr�quent, amp; frapp�nbsp;fort fouvent les edifices. On ne difconvient poio*nbsp;que plufieurs edifices garnis de pointes n�aient �tdnbsp;frapp�s de la foudre ; mais on a toujours obfervenbsp;en Am�rique, i o que ces maifons l��toient moiusnbsp;que les autres , 8c 1� que quand elles l��toient ?nbsp;la foudre , au lieu d�y faire les ravages qu�ell^nbsp;caufe dans les autres , ne faifoit que s��couler pa�nbsp;Ie condu�feur , 8t faire qiielque impreffion l�gertnbsp;aux environs. Le plus fouvent la pointe s�eftnbsp;trouv�e fondue dans ces cas-la.
L�objet de ces barres pointues n�ell pas en efFe^? comme on l�a cru d�abord en Europe , de d�poui^nbsp;Ier un nuage immenfe d4 fon �le�fricit� , maisnbsp;fournir un condu�feur ou un �coulement a cett�nbsp;�le�fricit�, lorfque , par un accident qu�onnbsp;peut pas toujours �viter, un nuage forteffl^'�^nbsp;�le�lrif� eft port� centre un �difice.
Cet exp�dient a n�anmoins trouv� , far-to^** en France , de grands contradi�feurs. Unnbsp;principaux, a toujours �t� le c�lebre abb�nbsp;let, rival de M. Francklin dans la th�orie de ^ ^nbsp;le�lricit�. Mais, il faut en convenir , rien denbsp;foible que les arme* avec lefquelles le phyd^'l*^nbsp;Franqois combat le philofophe Am�ricain. ^nbsp;font de pures aflertions deftifu�es de preuves,nbsp;plutQt contraires a ce qui r�fulte de diverfes
-ocr page 357-�E L�ELECTRICiTi. 349
P^riences. Suivant lui , ces pointes de fer font plus propres a attirer Ie tonnerre qu�a en pr�fer-; amp; ce n�eft pas, dit-il , un projet raifonnablenbsp;Pour un phyficien , que d��puifer une nu�e ora-�eufe du feu �leftrique qu�elle contient. H fuffit,nbsp;Pour r�pondre a ces affertions, de connoUre lesnbsp;^ffets du tonnerre. Hs d�montrent avec la plusnbsp;grande evidence , que fi les lieux o� il eft tomb�nbsp;^uflent �t� garnis de pointes communiquant a denbsp;l^ons condufteurs, tout fe fut paffe fans la molnare explofion.
11 eft faux d�ailleurs, qu�une pointe attire Ie ton-��erre ou la nu�e orageufe ; car, au contraire , une pointe pr�fent�e a un floccon de coton fufpendanbsp;^u condu�feur de la machine �le�frique, Ie re-pouffe fur Ie champ. Vaut-il done mieux attendrenbsp;Su�une nu�e orageufe , charg�e d��le�fricit� , Scnbsp;Port�e par Ie vent contre un batiment, faffe ex-Plofion avec lui, Sc y verfe tout-a-coup un d�-�Uge de fluide �le�frique , que de Ie d�river parnbsp;^egr�s, a mefure que ce nuage approche , en-^orte que , lorfqu�il en eft a proximit� , il en foknbsp;^otalement priv� } Quant a 1�impoffibilit� de d�-Pouiller un nuage de tout fon feu �le�frique, onnbsp;�rre 1�entend ni ne Ie pr�tend pas; on veut feule-^ent fournir au fluide �le�frique verf� par Ie nuagenbsp;�rageux, un d�bouch� facile. Or, quand on con-�rdere que prefque toutes les fois que la foudrenbsp;tomb�e quelque part, elle a fuivi, fans prefquenbsp;*^gt;re de dommage , des condu�feurs aufli �troitsnbsp;un fil de fer de fonnette ou de renvois d�hor-, des dorures , amp;c ; qu�elle n�a fait explofionnbsp;quand ce chemin a �t� interrompu, on nenbsp;peut prefque d�uter qu�une barre d�un demi-Pouce OU d�un pouce de diametre , ne donnit
3^0 R�cr�at, Math�mat. et Phys.
paffage a tout Ie flu�de �leftrique que pourroit donnet la foudre la mieux condltionn�e.
Les pointes de fer , confid�r�es comine confetquot; vatrices des batiments contie la foudre, ont auflinbsp;�prouv� des contradiftions en Angleterre , de 1�nbsp;part du faineux �ledlricien M. Willon. Voici ^nbsp;quelle occafion. Les inoyens de M. Franckliu�nbsp;pour pr�venir les etfets de la foudre , ayant excitenbsp;^attention du gouvernementen tyyi, la Soci�tenbsp;royale de Londres fut confult�e fur les inoyeiisnbsp;de garantir les nouveaux magafins a poudre denbsp;Purfleet. Elle noinma MM. Cavendish, Watfon�nbsp;Francklin, Wilfon amp; Robertfon. Quatre de ce*nbsp;cinq commiflaires furent d�avis de garnir Ie bati'nbsp;ment de bons condufteurs termin�s par des poiu'nbsp;tes aigu�s. M. Wilfon fut feul d�avis de les terminer par des pointes dinouflees, amp; il refufa denbsp;figner 1�avis des quatie autres. II eft aif� denbsp;voir que Ie motif de M. Y/ilfon fut la crainte quenbsp;les pointes n�attiraflent de trop loin Ie fluidenbsp;�ledrique, M. Francklin tenta en vain de lui fait^nbsp;changer de fentiment, par un �crit expres,nbsp;contient d�ing�nieufes amp; nouveUes experiences�nbsp;mais il n�y r�uffit pas. Au refte, les magafins denbsp;Purfleet furent garnis, fuivant 1�avis de M. Frau^'nbsp;Llin amp; des trois autres cominiffaires. J�ai ou� d�{�nbsp;que M. Wilfon a �crit depuis peu contre, mais}nbsp;gnore fes nouvelles obfervations.
XX Ie Exp�rience.
qudq�cs Jiux fond�s fnr f attraction amp; ld
puljion �leSriqttes : L'Arai^n�e �lectrique ,
Figurezun petit morceau de liege ou de ino�||� de fureau en corps d�araigu�e, 6c attachez-y
DE l�Electricit�. 551
huit fils de coton ou de lln , de quelques lignes de longueur; fufpendez enfuite cette petite figurenbsp;{�ar un fil de foie a un crochet; piaeez enfin , d�unnbsp;amp; de l�autre de cette araign�e feinte , amp; a lanbsp;fit�me hauteur, Ie bouton d�une botiteille denbsp;^eyde charg�e pofitivement, amp; celui d�une autrenbsp;^uteille charg�e n�gativement, ou firnplementnbsp;bouton feinblable non-�le�brif� , amp; communi-^ttant a la maffe g�n�rale des corps non-�le�tri-^�es: vous verrez cette figure d�abord port�e versnbsp;bouton �leftrif� , enfuite eia �tre repouff�e ;nbsp;^ comme les brins de fils eux-m�mes fe repouf-^^ntauffi mutuelleinent , il femblera que 1�araign�enbsp;^Uvre amp; �tend fes jambes pour embraffer Ie fe-*^Ond bouton. Elle ne l�aura pas plutot touch� ,nbsp;^U�elle Ie (�mblera fuir; car, d�pouih�e de fonnbsp;^le�iricit� , elle fera attir�e par Ie premier, dontnbsp;^lle fera enfuite repouff�e; Sc ce petit m^ege du-tant qu�il y aura un peu d��le�lricit� dans lanbsp;�^Uteille.
Un fimple condu�leur �le�lrif� , tiendra lieu, ** 1�on veut, de la bouteille �le�trifee ; Sc au lieunbsp;bouton non-�le�lrif� , on pourra pr�fenter Ienbsp;doigt : il femblera que 1�araign�e , apr�s avoirnbsp;*^�ch� Ie condufteur, vient fe jeter fur Ie doigtnbsp;^tir Ie faifir 5c Tembraffer de fes jambes.
X.XII� Experience.
La Rouamp; 6� Il Tourmbroche �l^riques.
de
^�i
verre , implant�s dans un moyeu commun , aient 6 ou 8 pouces de longueut, Sc qui por-chacun i leur extr�mit� une balie de plomb.
Paites une roue forrn�e de huit ou dix rayons
-ocr page 360-R�cr�at. Math�mat. et Phys.
Cette efpece de roue doit �tre blen �quilibr�e Tuf un effieu vertical amp; d�li�, tournant dans une era-paudine de verre , enforte que 1�efFort Ie plu*nbsp;l�ger puiffe la mettre en mouvement. Le batisnbsp;lequel elle porte, doit enfin �tre fufceptible d�etrenbsp;ifol�.
Ay-ez enfuite deux bouteilles chargees , l�uu� pofitivement , 1�autre n�gativement ; amp; ayantnbsp;ifol� la roue ci-deflus, placez ces deux bouteillesnbsp;des deux c�t�s de la roue , enforte que les ballesnbsp;puiffent paflTer a un quart de pouce du bouton denbsp;chaque bouteille.
On conqoit maintenant que fi cette petite mS' chine eft bien �quilibr�e, lorfqu�une des balles feranbsp;a proximit� d�un des boutons, par exemple celu*nbsp;qui r�pond a la bouteille charg�e pofitivement,nbsp;en fera attir� , amp; la machine tendra a tourner; 1�nbsp;balie , en paflant fort pr�s de ce bouton , fet^nbsp;�le�lrif�e pofitivement , amp; par conf�quent ell*'nbsp;en fera auffi-t�t repouflf�e.
M�me chofe arrivera du c�t� de la bouteille dont 1�int�rieur fera charg� n�gativement: la bad'^nbsp;non-�leftrif�e en fera attir�e , amp; en paffant to�^nbsp;pr�s, elle s��leftrifera n�gativement; conf�queiR'nbsp;ment elle en fera repoufif�e auffi-t�t apr�s l�avo'^nbsp;d�palT�e.
gf*
Pareille chofe enfin arrivant � chacune d^^ autres balles, il en r�fultera un mouvement circ^�nbsp;laire qui s�acc�l�rera de plus en plus , amp; qui cof�nbsp;tinuera tant que les deux bouteilles feront ennbsp;d��le�lricit�. Ma�s il eft facile de les y entreteid'^ �nbsp;en faifant toucher au bouton de 1�une celui d�^��nbsp;autre bouteille fortement charg�e, amp; au boiifj�nbsp;de l�autre le ventre de la m�me bouteille : cel� ^
DE L�ELECTftiCIt�. 355 '^Viargera chaeune, Tune pofitivement j 1�autre n�nbsp;S^tivement.
Lorfque l��ledricit� eft bien forte, amp;C que machine eft bien conftruite amp; �quilibr�e,nbsp;prend un mouvement capable de faire circulernbsp;poids de quelques livres, enfil� a fon effieunbsp;''ertical.
Les �le(51:riciens de Philadelphie s�en font fervis forme de tournebroche , dans une partie dontnbsp;1 objet �toit d��gayer un peu la philofophie. Per-Liad�s apparemment qu�il faut que la Raifon fenbsp;faiive quelquefois dans les bras de la Folie, ils fenbsp;^aflemblerent fur les bords de la Skuylkill, rivierenbsp;^ui baigne Philadelphie. La ils tuerent un dindonnbsp;P^r la commotion �leflrique; ils 1�embrocherentnbsp;tournebroche �leftrique , amp; Ie firent r�tir a unnbsp;allum� avec l��tincelle �le�lrique ; enfin ilsnbsp;*^urent a la fant� des philofophes tant Europ�ensnbsp;Am�ricains qui cultivoient l��leftricit� , nonnbsp;bruit de la moufqu�terie , mais a celui des batteries �leftriques , d�charg�es a chaque fant�.nbsp;^oila ce que M, Francklin , Ie premier des phi-^ofophes �leftrlciens, appelle Ie rcpas �Uclrique.
XXII1� Experience.
Sufpendez au coridufteur de P�le�lricit�, trois l�mbres a diftances �gales , d�environ un pouce ,nbsp;*'�ais enforte que les deux lat�raux le foient par unnbsp;^^rdon OU fil de matiere qui tranfrnet r�letftricit� ,nbsp;^ que celui du milieu le foit par un cordon denbsp;OU autre matiere �leftrique. Ce timbre dunbsp;^dieu doit en m�me temps communiquer au pav�nbsp;P^r une petite chaine ou fil m�tallique.
354 RicR�AT. Math�mat. et Phys.
A diftances �gales entre ces trois timbres, foieR^ eticore fufpendus par des filets de fole , deux petit*nbsp;globes de m�tal , de maniere qu�en s��cartant ^nbsp;droite ou4 gauche , ils puiffent choquer les tiiR'nbsp;bres.
Eleftrifiez pr�fentement Ie condufteur ; vou* verrez auffi-t�t ces petits battans fe mettre en mou*nbsp;vement, amp; choquer alternativement les timbres�nbsp;ce qui formera un petit carillon dont la caule 1^'nbsp;roit difficile a deviner , fi l�on cachoit la machif�nbsp;�leflrique.
II eft facile d�appercevoir la caufe de ce continu; car, par la conftruftion de cette petitenbsp;machine, les deux timbres lat�raux font �le�lr''nbsp;fes auffi-t�t que Ie globe �leftrique eft misnbsp;mouvement. Les petites boules pendantes entr�euitnbsp;amp; celui du milieu, feront done attir�es par ce*nbsp;timbres , qu�elles n�auront pas plut�t touch�s�nbsp;qu�elles en feront repouff�es , �tant �leftrif�e*nbsp;comme eux : alors elles feront port�es contre 1�nbsp;timbre du milieu , qui, communiquant au pave�nbsp;les privera fur Ie champ de leur �le�fricit�. Elle*nbsp;devront done retomber vers les timbres �le�frif�*�nbsp;qui les attireront de nouveau; amp; ce jeu fe ps*^'nbsp;p�tuera tant qu�on continuera a faire agir lanbsp;chine �le�frique.
Remarque,
D�APR�s ce principe, on a imagine ce qu�'^� appelle un clavejjin �leclrique. Voici une id��nbsp;cette petite machine ing�nieufe , dont l�inventif'�nbsp;eft due au P. de la Borde, j�fuite , qui en dotii�^nbsp;la defcription en 1759� dans �n petit ouvraS�nbsp;particulier.
. nbsp;nbsp;nbsp;DE L�ElECTRiCITi, 55,
oes cordons de foie, amp; garnie de deux rangs de tgt;mbres, quj deux a deux font propres a rendrenbsp;m�me fon; car il en faut deux pour cfoaquenbsp;fon. L�un de ces timbres eft fufpendu a la barrenbsp;par un fll d�archal , enforte que quand elle eftnbsp;^leftrif�e, ce timbre l�eft aufli. L�autre n�eft fuf-P^ndu que par un cordon de foie. Entre chaquSnbsp;Paire de timbres pend une petite boule d�acier^nbsp;^ufpendue de cette premiere barre par un filet denbsp;ftgt;ie.
Le timbre fufpendu de la barre d�en haut par cordon de foie, porte un fil d�archal qui def-cend, amp; eft arr�t� par un autre cordon de foie*nbsp;extr�mit� Inf�rieure porte un petit levier ^nbsp;, dans fa pofition ordinaire j repofe fur unenbsp;��tre barre ifol�e , Sc communiquant, ainfi quenbsp;premiere , au condufteur de la machine.
Enfin , au deflbus de cette feconde barre eft un t^lavier tellement difpof�, que quand on enfonc�nbsp;de fes touches, elle fait lever par fon autrenbsp;Extr�mit� le petit levier correfpondant; ce qui in-*^rcepte la communication du timbre avec Ienbsp;'-oridu�feur �le�lrif� , Sc en �tablit une avec lanbsp;�iiafle g�n�rale des corps terreftres.
D�apr�s cette defcription, on concevra que, 1�on enfonce une touche pendant que la machine �le�frique eft en mouvement, un des tim-�quot;Ss �tant d�f�le�frif� , la balie d�acier fe porteranbsp;le champ vers i�autre , en fera �le�frif�e , re-Ppuflee contre le premier qui ablbrbe fon �leftri-; ainfi elle reviendra contre l�autre. Ce mou-^^uient s�ex�cute en effet avec beaucoup de vi-d en r�fulte un fon ondul�, Sc refiTein-*nbsp;lant au tremblement de l�orgue. Le levier re-�*hiie-t-il j les deux timbres fe trouvetit �galem�n�
Z ij
-ocr page 364-35(5 RiCR�AT. Math�mat. et Phys. �leftrif�s , Sc dans un inftant Ia balie d�aclefnbsp;s�arr�te.
Le P. de la Borde ayant execute cette m�cani-que , �toit venu a bout de jouer avec aflez d^ propret� des airs fimples; ma�s tout cela valoit-dnbsp;bien la peine d�en faire Tobjet d�un ouvrage anbsp;part, puifque ni la mufique, ni la th�orie de l�e'nbsp;le�fricit�, n�en recevoient aucun avancement ?
XXIVe Experience.
Lts Chevaux �ltclrlquts fc pourfuivants; ou Manege �kcirique,
Pr�parez avec deux petites lames ou deux petits fils de fer , une efpece de croix, avec ,une chapsnbsp;de cuivre a fon centre , comme feroient deuJtnbsp;aiguilles de bouflble qui fe couperoient a anglesnbsp;droits fur une chape commune. Les bouts de cesnbsp;quatre branches doivent �tre termin�s en pointe�nbsp;amp; replies par leurs extr�mlt�s un peu moins qu�^nbsp;angles droits, de la grandeur d�un pouce, plus oUnbsp;moins , fuivant la grandeur de la machine. Sufnbsp;ces bouts de fer recourb�s, placez un petit pls'nbsp;teau de carton fort l�ger, fur lequel vous ajoute'nbsp;rez des figures de chevaux, de maniere qu��*nbsp;tournent la croupe du cot� de la pointe. Enfi��nbsp;que le tout foit difpof� fur une pointe d�aci^*^nbsp;�lev�e perpendiculairement , enforte que cett^nbsp;croix avec fa charge fe tienne horizontalement gt;nbsp;amp; ait un mouvement de rotation extr�metn^^^nbsp;facile.
Cela fait, ayant ifol� la machine amp; fon P^^' teau, faites communiquer ce dernier ou la poi(^^^nbsp;d�sfier avec le condudeur �leftrif�; bient�t
DE L�ELECTRICIT�. jrjj verrez ces quatre branches de fer prendre commenbsp;d�elles-m�mes un mouvement de rotation en fensnbsp;Contraire de celui o� leurs extr�mit�s font recour-^�es, enforte que les quatre chevaux femblerontnbsp;pourfuivre dans un manege circulaire; amp; cenbsp;]2u durera tant que durera 1��leftricit� , amp; m�menbsp;3u-dela , a caufe du mouvement acquis.
Si 1�exp�rience fe fait dans l�obfcurit�, amp; fans Cette petite cavalerie, c�eft-a-dire feulement avecnbsp;les quatre pointes, vous en verrez fortir des aigrettes de lumiere ou de feu �ledfrique; ce quinbsp;formera un fpeftacle fort agr�able , car il en r�-fultera comme un ruban circulaire de feu, quenbsp;1�on pourra rendre plus large en donnant des longueurs in�gales aux branches de cette croix.
On pourroit �tablir ainfi plufieurs rangs de fils en croix , qui iroient en diminuant, amp; par cenbsp;i^royen on formeroit une pyramide lumineufe.
La caufe de ce mouvement , en apparence fpontan�e, eft aif�e a appercevoir, C�eft Ie chocnbsp;de 1�effluence �leftrique qui fe fait par les pointes,nbsp;^ qui rencontrant 1�air , en �prouve une rea�ioanbsp;rjui la repouffe en arriere.
R E M A R dU E.
On a pr�tendu tirer de cette experience une difficult� affez forte contre 1�hypothefe de M.nbsp;l^rancklin; car, foit qu�on �leftrife pofitivementnbsp;n�gativement cette petite machine, Ie mou-'''ement s�en fait dans Ie m�me fens ; ce qui anbsp;^�me fort �tonn� des Franckliniens decides.nbsp;Quant a nous, cette objeftion ne nous frappenbsp;guere ; car 11 nous femble qu�on peut dire que,nbsp;dans Ie cas de r�leftrlcit� negative , Ie fluide �lec-ti^ique qui fe pr�cipite dans les pointes, ne peut
358 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
s�y engouffrer fans leur imprimer une impulfiofl qui agit pr�cif�ment dans Ie in�me fens que 1*nbsp;r�pulfion qu��prouve Ie fluide �leftrique en fof'nbsp;tant, lorfque les pointes font �leftrif�es pofitive**nbsp;ment.
XX V� Exp�rience,
Fa-irz paroitu tout-a-coup une �criture en caraBerl^ de feu , par Ie moyen de V�leUriciti,
Ce jeu �ledlrique eft fond� fur cette oijferva-tlon connue de tout Ie monde, fqavoir, que fi l�on a plufieurs filets m�talliques, difpof�s enfemble denbsp;maniere que leurs bouts, fans fe toucher, foientnbsp;tr�s-voifins, comme a une ligne ou une demi-ligne , lorfqu�on �leftrife Ie premier , pendantnbsp;que Ie dernier communique a la maffe des corpsnbsp;non-�le�triques , il fe fait des �tincelles contiquot;nbsp;nuelles entre les bouts de ces fils m�talliques.
Pareille chofe arrive, fi Ie dernier de ces fUs eft termin� en pointe ; car , perdant par-la fortnbsp;�leftricit� , il faut qu�il en afflue fans ceffe denbsp;qouvelle , amp; cela ne fe peut faire que par unenbsp;�tincelle dans chacun des petits intervalles qu*nbsp;f�parent les bouts des fils.
Cela �tant entendu , 1�on fent que 1�on produi' �oit une file d��tincelles formant un deffin quel'nbsp;conque, (a quelques limitations pr�s qu�on verranbsp;en railgeant des fils de fer Ie long des lineament*nbsp;de ce deffin. Alors, en touchant Ie dernier de*nbsp;fils avec Ie doigt, ou, ce qui fera encore mieuJt�nbsp;avec la garniture 'ext�rieure de la bouteille d�nbsp;Leyde , il fe formeroit tout a-la-fois , dans 1^*nbsp;intervalles de ces fils, des �tincelles'repr�fenW^nbsp;eontcnir du deifin.
-ocr page 367-DE l�Electricit�. 359 Mals comme ceci auroit des difficult�s, onnbsp;^�ex�cutera plus facilement ainfi. II taut prendrenbsp;*ine de ces feuilles. d��tain battues amp;� n�ayant quenbsp;^��paifleur d�un papier; on la d�coupera en petitsnbsp;^uarr�s d�une ligne ou une demi-ligne de c�t� , ounbsp;forme de rhombe un peu along�; on deffineranbsp;^nfuite fur un papier les lettres qu�on veut expri-*Rer; amp; ayant mis une lame de glace, d�une lignenbsp;Environ d��paifleur , fur ce deffin, on collera furnbsp;cette glace les petits quarr�s ou rhombes d�critsnbsp;�^i-deflus , felon les contours du deffin , en faifantnbsp;^nforte que les angles regardent les angles , 6cnbsp;foient �loign�s les uns des autres d�environ unenbsp;deini-ligne, comme 1�on voit dans Ie deffin de lanbsp;lettre S, fig. 44 ; on lie enfuite l�extr�mit� d�une pi.nbsp;lettre avec Ie commencement de la fuivante , par fig. 44�nbsp;^ne petite lame circonflexe du m�me m�tal ,nbsp;termin�e de c�t� amp; d�autre en pointe, commenbsp;On Ie voit dans la m�me figure ; enfin une petitenbsp;lame femblable au commencement de la pre-Riiere lettre 8c une autre du bout de la dernierenbsp;Va au bord de la m�me glace amp; au-dela.
Pr�fentement, fuppofons que la premierede ces petltes lames communique au condufteur �lec-trif�, 5c que 1�on vienne toucher la feconde, ounbsp;au contraire, chaque angle des petits quarr�s portera Ie feu �le�lrique par une �tincelle a fon voiwnbsp;fin; 5c 11 l�exp�rience� fe fait dans 1�obfcurit� , onnbsp;^Ppercevra ces deux lettres deffin�es par une fuitenbsp;d��tincelles de feu.
Si la derniere lame communique a une maffe corps non-�le�lriques, 6c que l��le�lricit� foitnbsp;^orte , il fe fera entre chaque quarr� une explofion;
^ui rendra permanente cette �criture lumineufe-.
Z iv
j�o R�cr�at. Math�mat. et Phys.
Ma�s il faut obferver que toutes les lettres 1�alphabet ne peuvent pas fe repr�fenter d�utienbsp;maniere auffi fimple que les deux que nous venonsnbsp;de donner en exemple. Ainfi l�O ne fe repr�fen-teroit point par ce moyen ; Ie flu�de �leftrique,nbsp;au lieu de faire Ie tour, fauteroit du premier aWnbsp;dernier quarr�. De m�me l�A refteroit tronqu� denbsp;fa partie fup�rieure, Ie flu�de �leftrique palTantnbsp;par la traverfe. II faut done un artifice particuliernbsp;pour obvier a eet inconvenient , qui fe rencontrenbsp;dans un grand nombre d�autres lettres , comrnenbsp;1�E, l�F, 1�H , amp;c.
Cet artifice confifte a �crire une moiti� de la lettre fur un c�t� du verre, amp; 1�autre moiti� furnbsp;1�autre, amp; a les faire communiquer enfemble parnbsp;une petite bande m�tallique, qui, en paflant dunbsp;deflus au deflbus du verre, porte Ie feu �leftriquenbsp;p}_ g du dernier quarr� de la premiere moiti� de l�O ,nbsp;%� 45'P��� exemple, au premier quarr� de Ia fecondenbsp;moiti� de la m�me lettre ; enfuite on joint, pa?nbsp;une femblable bande, Ie dernier quarr� de cettenbsp;feconde moiti�, avec Ie premier quarr� de la lettrenbsp;fuivante. En examinant attentivement la fig. 4^ gt;nbsp;on reconnoltra facilement ce m�canifme. Les let'nbsp;rres ou parties de lettres repr�fent�es fur Ie c�tenbsp;de deflus du verre, font oinbr�es fortement, ^nbsp;celles de deflbus l�g�rement. La propagation d�nbsp;feu �le�trique �tant comme inftantan�e , ilnbsp;s�enfuivra de ces renvois aucun inconv�nient poufnbsp;l�effet.
II eft aif� de voir combien un pareil artific� ^uroit pu, dans des temps d�ignorance , contri'nbsp;^\ier a jeter la terreur dans les efprits. Si une
-ocr page 369-DE L�ElECTR�CIT�. 361 ^ hommes raffembl�s dans un lieu obfcur, apr�snbsp;grand coup de tonnerre, voyoient �crit contrenbsp;murailles un ordre , une d�cifion pr�tenduenbsp;ladivinit�, de quoi ne ferolent-ils pas capa-'ss! a quel point de fanatifme ne les conduiroit-pas! De quelle terreur ne feroit pas frapp� unnbsp;^'^iiime qui , s��veillant en furfaut, verroit �critnbsp;*^�ntre fa glace , Tii mourras aujourd'hui J
XXVIe Experience.
Feu d'Artifice �lectrique.
Voici un nouveau genre de fpeftacle, dontnous ofons cependant ab'blument garantir la r�uflite;nbsp;r^ais nous fommes fort port�s a penfer que notrenbsp;*d�e eft fufceptible d�ex�cution.
hln fpe�facle d�artifice eft ordinairement com-P�fe d�une decoration immobile , confiftanteen un ^^ifice analogue au fujet , amp; diverfes pieces denbsp;, mobiles ou immobiles , telles que fuf�es,nbsp;prbes, cafcades , foleils fixes ou tournants, �toi-pyramides ou colonnes, foit fixes , foit mobi-Or il n�y a aucune de ces pieces d�artifice quinbsp;puifte �tre, a ce que nous croyons, repr�fent�enbsp;des feux purement �leftriques.
,, Prenons d�abord pour exemple une decoration ^ichite�ture. On la repr�fente en illuminationnbsp;des files de lampions qui en tracent les princi-membres : ne peut-on pas, au lieu de cesnbsp;^'^ipions , leur fubftituer des files de points ren-lumineux par T�le�lricit� ? L�exp�rience pr�-dente en fournit Ie moyen; car, puifque 1�onnbsp;. lendre apparentes des lettres dont les con-font bien plus compof�s, par une fulte de
R�cr�at. Math�mat. et Phys.
pareils points, a plus forte raifon pourra-t-�** rendre apparentes des lignes pour la plupart droite*nbsp;amp; paralleles, ou perpendiculaires entr�elles, enynbsp;employant les precautions indiquees dans 1�e*'nbsp;pof� de cette experience. Mais voici un autf�
moyen.
Sur une planche de bois refineux , fort fee ^ bien plane, tracez le deffin de votre decoration�nbsp;amp; marquez par des points les endroits ou voH^nbsp;placeriez des lampions , fi vous executiez ceff�nbsp;decoration en illumination ; placez a chacun lt;1�nbsp;ces points un fil de fer d�une ou deux lignes lt;1^nbsp;hauteur, amp; termin� en dehors par une point*nbsp;d�li�e amp; fort aigue ; faites enfin communiqu^^nbsp;tous ces fils par un fil de fer continu qui les ein'nbsp;brafle. Si vous excitez une �le�fricit� puiflante�nbsp;11 n�y a nul lieu de douter que chacune denbsp;pointes ne donne dans 1�obfcurlt� une petite gerb*nbsp;lumineufe; ce qui trafcera le deffin de votre decO'nbsp;ration archite�furale : car on fqait qu�une bad*nbsp;de fer fortement �leftrif�e, jetre dans les t�n^'nbsp;bres, de tous fes angles , de fortes gerbes de 1*'nbsp;miere , quelquefois dc plufieurs pouces de lo��'^nbsp;gueur.
Pour reprefenter une gerbe de feu , rien de pl**^ facile ; un groupe de fils de fer termines ennbsp;tes, donnera un affemblage de petites gerbesnbsp;en formeront une confiderable.
Si Ton veut reprefenter un foleil fixe, dix douze pointes , difpof�es en forme de rayons� ^nbsp;1�extr�mit� d�un fil de fer termin� en boutop�nbsp;donneront un foleil fixe; amp; fi ces douze pt�j�nbsp;tes font difpof�es de la matiiere convenable ,nbsp;pourront, par leur emanation �ledfrique , for*d*nbsp;une �toile: il n�y aura qu�ales difpofer comme
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fa;
�ait des fuf�es dans l�artifice ordinaire pour repr�-^�iter la m�me chofe,
Rangez maintenant plufieurs fils de fer termin�s pointe, amp; communiquants a une tige com-en forme de demi-cercle, amp; dans une di-*^�^ion inclin�e a l�horizon ; ils formeront unenbsp;^^fcade , par les gerbes �leftriques qui fortirontnbsp;ces pointes.
, Voulez-vous avoir l�image d�unfoleil tournant,
* nbsp;nbsp;nbsp;faudra pour cela former une croix femblable anbsp;'e'le de i�exp�rience 24� ; mais , au lieu de lanbsp;'^�re tourner fur un axe vertical , il faudra lanbsp;^cttre parfaitement en �quilibre fur un axe hori-^�ntal : les gerbes lumineufes qui fortiront desnbsp;pointes recourb�es, formeront ou un ruban cir-'^^laire de feu, fi Ie mouvement eft rapide, ounbsp;^Uelque chofe d�affez reflemblant a un foleil.
Enfin , ce qui pourra donner a ce petit fpeffacle air de r�alit� , c�efl: qu�il eft poflible de l�ac-'^^inpagner d�im bruit de batterie �leftrique,nbsp;H'^i donnera l�id�e des marrons amp; fauciftbns dontnbsp;^ d�charge accompagne d�ordinaire les autresnbsp;P'eces d�artifice , finon continuellement, du moinsnbsp;^ intervalle en intervalle. Cela fe pourroit fairenbsp;P^t Ie moyen de petites batteries �leftriques qu�oanbsp;^^chargeroit fucceflivement amp; par partie.
� nbsp;nbsp;nbsp;Tout ceci, nous Ie r�p�tons, n�eft encore qu�une
qui a befoin d�etre foumife a 1�exp�rience ; je crois qu�un artifte ing�nieux pourroit ennbsp;parti. On fent, au refte, aif�ment qu�il fau-une �leftricit� vigoureufe. Mais ce qu�unenbsp;l^�^phine �le�frique ne pourroit pas faire, deux,nbsp;, quatre, Ie feroient probablement,
364 R�cr�at. Math�mat, et Phys.
XXVII' Experience.
Sur rEleclrldt� de la Sole.
Voici d�autres experiences bien fingulieres� dont l�auteur eft M. Symmer, qui les publia e**nbsp;1759)nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;les Tranfactions Philofophiques de
cette ann�e.
I. Dans un temps extr�mement froid Sc TeC� par un beau vent de nord ou de nord-eft, prene�nbsp;apr�s les avoir bien chauff�s , deux bas de To��nbsp;neufs , l�un blanc , l�autre noir, fur la m�m�nbsp;jambe: l�aftion feule de les mettre les �leftrifet*'nbsp;Tirez-les enfuite l�un dans l�autre, en les faifa��^nbsp;glilTer tous les deux a-la-fois fur la jambe; voU^nbsp;les trouverez alors �leftrif�s au point d�adh�re^nbsp;mutuellement, avec une force plus ou mo^nbsp;grande. II eft arriv� a M. Symmer de lesnbsp;ibutenir ainfi un poids �gal a foixante foisnbsp;moins Ie poids de l�un d�eux.
z. Retirez-les l�un de dedans l�autre , en tira'^ l�un par Ie talon , l�autre par 1�ouverture , ils te*'nbsp;teront �leftrif�s, Sc l�on verra avec �tonnem^�^nbsp;chacun d�eux fe render de maniere a re pr�feiit^nbsp;Ie volume de la jambe.
3. nbsp;nbsp;nbsp;Maintenant pr�fentez un de ces bas a 1�^nbsp;tre a quelque diftance ; vous les verrez fe pr^'quot;�nbsp;piter l�un fur l�autre, s�applatir , Sc adh�rer enf^���^nbsp;ble avec une force de plufieurs onces.
4. nbsp;nbsp;nbsp;Mais � vous faites cette experience fur d^^nbsp;paires de bas combines de la m�me manie����nbsp;blanc contre noir, Sc que vous pr�fentiez Ie l�,nbsp;blanc au bas blanc, Ie noir au noir, ils fenbsp;feront mutuellement. Pr�fentez enfuite Ie noit ^nbsp;blanc, ils s�attireront Sc fe joindrontj ou 1��^
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l�ElE C T RI C IT �. nbsp;nbsp;nbsp;365
a fe joindre , coipme dans la 3� expedience.
5. On pent charger labouteille de Leyde avec bas.
ll paro�t r�fulter de-1^ , que la foie frott�e con-la foie , peut s��leftrifer; mais il faut pour '�la que Tune des deux ait une preparation quenbsp;*2utre n�a pas; car deux bas blancs ou deux basnbsp;djyirs l�un fur 1�autre , ne s��leftrifent nullement.
n�eft pas, au refte, Ie noir en tant que noir, ^Ppof� au blanc comme blanc , qui produit eetnbsp;M. l�abb� Nollet a fait voir que cette preparation , �toit l�engallage qui precede la teinturenbsp;�'i noir ; car deux rubans blancs , dont l�un desnbsp;feulement eft engall� , �tant frott�s conve-diablement l�un fur l�autre , produifent les m�mesnbsp;P^�nomenes d�adh�rence, d�attraftion, de r�pul-II n�y a nul doute que ce ne fut la m�menbsp;^hofe pour les bas.
Les partifans de la doftrine de M. Francklin -'dd l��leftricit�, n�auront pas de peine a expliquernbsp;autres ph�nomenes qu�on a expof�s. Chacunnbsp;bas eft �leftrif� d�une maniere diff�rente, l�unnbsp;Pofitivement, l�autre n�gativement; 11 paroit quenbsp;^ sft Ie blanc qui 1�eft pofitivement ou a la manierenbsp;�� verre. L�enflure remarqu�e dans chacun desnbsp;ifol�s, n�eft done que l�effet de la r�pullionnbsp;^ditre des corps femblablement �leftrif�s; car tou-les parties du m�me bas ont requ la m�menbsp;^^�lricit�. Par la m�me raifon , deux bas de lanbsp;**'^dne couleur fe repouffent n�ceffairement.
Mais li l�on pr�fente un bas noir au bas blanc , ^^Hme leurs �le�fricit�s font diff�rentes, les deuxnbsp;s�attirent; ph�nomene connu, Sc finon g�-
36lt;5 R�cr�at, Math�mat. et PHfs. n�ral, d� moins prefque immanquabJe entrenbsp;corps �leftrif�s, l�un politivetnent, l�autre n�g^'nbsp;tivement, ou l�un a la maniere du verre, l�autrsnbsp;a celle du foufre.
Un ph�nomene fort remarquable ici , c�eft ofiS deux corps �leftrif�s , l�un pofitivement, l�autr�nbsp;n�ptivement, felon Ie langage des Franckliniens�nbsp;puiflent s�appliquer l�un contre l�autre, fansnbsp;leurs �leflricit�s s�an�antifTent. M. Symmernbsp;remarque avec �tonnement ; amp; cela l�engage ^nbsp;s��carter de la do�lrine francklinienne , ennbsp;donnant des raifons qui, comme Ie remarqo�nbsp;M. l�abb� Nollet, Ie rapprochent beaucoupnbsp;l�explication de ce dernier.
Au refte, on a depuis remarque, que deux faces de corps �leftriques , �leftrif�es 1�une pofit''nbsp;vement, l�autre n�gatlvement, s�appliquent tr�squot;nbsp;bien 1�une a l�autre fans d�truire leurs �leftricit�s*nbsp;C�eft-la Ie principe de l��le�lrophore, nouvel in^nbsp;trument �ledilrique, imagine ces dernieres ann�eS'nbsp;II y a plus, c�eft que ces deux furfaces applique^*nbsp;de cette maniere, retiennent beaucoup plus lou2'nbsp;temps leurs �leftricit�s ; mais elles ne fe maniA*'nbsp;tent que quand elles font f�par�es. L��leftrici^^nbsp;eft une mine qui plus on la creufe, plus ellenbsp;fente des chofes inexplicables. Comment exp*nbsp;quer cela felon la th�orie de M. Francklin ?nbsp;n�en fqais rien ; amp;c quoique penchant vers eA� �nbsp;je ne l�entreprends pas,
XXVII Je Experience,
Qid prouve que VEleclricit� acc�lere Ie cours Jluides.
Ayez un tuyau, ou capillaire, ou termin� P^*'
-ocr page 375-DE L�ElECTRIC IT�. 367 ^ne ouverture aflez �troite pour que l�eau, cou-par cette ouverture, ne puiffe Ie faire quenbsp;�outte a goutte. Eleftrifez cette eau; vous la vet-auffi-t�t couler par un jet continu.
Re marq^ue
les conf�quences de cette Experience, amp; fur les gu�rifons op�r�es ou pretendues �pir�es parnbsp;V Elekricit�.
C�efl: probablement cette experience qui a �^pnn� lieu cl�appliquer T�leftricit� a la m�de-car il �toit aflez naturel de raifonner ainfi:nbsp;Puifque l��leftriclt� acc�lere Ie cours des fluides ,nbsp;efi vraifemblable qu�elle acc�l�rera celui dunbsp;Jang du fluide nerveux dans les anitnaux. Ornbsp;y a certaines maladies qui paroiflent n��trenbsp;line fuite de l�engorgement du fluide nerveux ,nbsp;^^lle que la paraly�ie, amp; diverfes maladies quinbsp;^�^iinent a cette caufe , comme la furdit�, la c�-5)t�, amp;c : conf�quemftient l��leftricit� , en acc�-^lant foit Ie cours du fang, foit celui du fluidenbsp;�^^i'veux , pourra forcer eet engorgement j ce quinbsp;^p�rera la gu�rifon de la maladie.
On a done commence a �leftrifer des malades ^Itaqu�s de paralyfie ; amp; il faut convenir, at-^�idu les t�moignages de perfonnes exemptes denbsp;^�te fufpicion , comme M. Jallabert de Geneve ,nbsp;^ autres, que ce n�a pas �t� fans quelque fucc�s,nbsp;certain que ce c�lebre profeflTeur amp; citoyennbsp;^ Oeneve a, flnon gu�ri radicalement, du moinsnbsp;^^^l�inement foulag�, entr�autres paralytiques, Ienbsp;j ^nim� Noguez. Cet homme qui ne pouvoitnbsp;?''sr Ie bras, fut, apr�s trois mois d��le�rifa-en �tat de lever un marteau.
-ocr page 376-3(58 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
Cette annonce , publi�e dans les journaux , Gommeon lepenfebien, ungrand bruit; amp; l�o��nbsp;vit dans l�Europe une foule d��leftriciens entrC'nbsp;prendre la gu�rifon des paralytiques, des fourds�nbsp;desaveugles, amp;c. On a un recueil en trois volu'nbsp;mes, donn� par M* Sauvages , non de ces gueri'nbsp;fons, car il y en a eu peu qui puilTent porternbsp;nom, mais des progr�s de 1��leftrifation. Il y en ^nbsp;eu n�anmoins quelques-unes d�affez bien conH^'nbsp;t�es; telle eft en particulier celle d�un jeun�nbsp;homme de Colchefter, a qui M. Wilfon rendi*^nbsp;la vue qu�il avoit perdue a la fuite d�une fievf�nbsp;violente. A l��gard de la plus grande partie de*nbsp;autres, Ie traitement a �t� inutile Sc fans effet.
On ne peut cependant difconvenir que, dan* les commencements de l��leftrifation , les mal^'nbsp;des n��prouvent ordinairement quelque am�liota'nbsp;tion. Les paralytiques reflentent dans la partie p^'nbsp;ralyf�e, de la chaleur, des picotements, qui feif'nbsp;blent annoncer un retour de fentiinent; les aveU'nbsp;gles voient quelquefois des �tincelles de lumief�'nbsp;Mais , en general, tout fe borne la; Sc ces coi^'nbsp;mencements, qui femblent annoncer Ie plus gragt;'nbsp;fucc�s, n�ont pas de fuite,
Quelques philofophes Italiens ont bien p*quot;� tendu quelque chofe de plus merveilleux. Onnbsp;nonqa vers 1750, a Padoue , que l��le�lric'^�nbsp;exaltoit Sc att�nuoit les odeurs, au point qu�s** ^nbsp;paflbient a travers Ie verre; que des droguesnbsp;gatives, foigneufement Sc herm�tiquementnbsp;dans un vafe, purgeoient celui a qui on Ienbsp;tenir dans la main pendant qu�on �leftrifoi^nbsp;vafe. C�e�t �t� aflur�ment une belle d�cou'^^�^^^nbsp;pour la m�decine ; mais malheureufement ^nbsp;pr�tendue d�couverte, annonc�e avec affez
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Phafe a toute l�Europe, s�eft �vanouie aux yeux ^clair�s de M. Tabb� Nollet j qui fit, en partienbsp;Pour eet objet, Ie voyage de Tltalie. II trouvanbsp;'I't�il y avoit au moins de la precipitation amp; dunbsp;- entendu dans toutes ces brillantes annoncesnbsp;'I'j�on ne put r�alifer devant lui. Ayant lui-m�menbsp;y�it�r� 1�exp�rience plufieurs fois dans fon cabinet,nbsp;n�a jamais trouv� que l�odeur la plus penetrantenbsp;Pafsat a travers les pores d�un verre v�ritablementnbsp;^losjfoit �leftrif�, 1'oit non �leftrifi� , non plus quenbsp;�manations purgatives de la caffe, amp; de lanbsp;*^iubarbe.
M. Ie Roy, un des philofophes Franqois qui ont cnltiv� avec Ie plus de foin cette branche de la phy-fique , a �t� conduit a effayer les effets de 1��lec-^��icit� fur quelques fujets, dont Ie premier �toitnbsp;^haqu� d�une h�mipl�gie depuis trois ans; Ie fe-'ond, d�une goutte-fereine ; amp; les autres , de fur-*^'t�. De fr�quentes commotions , donn�es a tra-'^ets les parties paralyf�es du premier, femblerentnbsp;^�abord ranimer Ie fentiment: Ie malade fua beau*nbsp;^oup , ce que tous les remedes adminiftr�s parnbsp;I^n m�decin n�avoient pu lui procurer. Apr�s qua-he OU cinq mois d��ledrifation, Ie fentiment amp; Ienbsp;gt;nouvement revinrent aux doigts paralyf�s , Sc Ienbsp;�Jialade put faifir un verre , Ie porter a fa bouche ,nbsp;klever m�me un poids de 40 a 50 livres ; maisnbsp;^^tte gu�rifon �bauch�e fut tout ce qu�il put ob-J^tiir ; Sc apr�s quatre autres mois continus d��-�^ftrifation , Ie malade n��tajit pas mieux , il pritnbsp;parti de ceffer un traitement inutile.
L�aveugle ne donna pas a M. Ie Roy plus de I'atisfaftion , quoique, pour d�fobftruer Ie nerfnbsp;^Ptique , il e�t imagine une armure au moyennbsp;laquelle il lui donnoit au travers de la t�te desnbsp;Toirn IK,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A a
-ocr page 378-370 R�cr�at. Math�mat. et Phys. commotions m�nag�es. II appercevoit une flaminenbsp;au moment de l�explofion �leftrique a travers ianbsp;t�te. Une autre fois il apperqut des fant�mes d�ob-jets. Mais apr�s queiques mois de traitement , ilnbsp;fe d�go�ta comme Ie premier d�un remede inutile.
Enfin les malades attaqu�s de furdit�, ne furent pas plus heureux. M. Ie Roy dirigeoit Ie fluidsnbsp;�leftrique d�une oreille a 1�autre. Chaque commotion fe faifoit reflTentir dans la t�te par un bruitnbsp;apparent , que run d�eux comparoit a tous lesnbsp;petards de la Gr�ve. Mais les nerfs auditifs nenbsp;furent pas d�fengorg�s , ni la furdit� diflip�e. Onnbsp;voit riiiftoire de ces traitements dans les M�moinSnbsp;d� rAcad�mie des Sciences, ann�e 1755-
poflible, attendu que l��le�tricit� , acc�l�rant Ie
J�ai lu quelque part, dans les Tranfaclions Phi-lofophiques, qu�on avoit gu�ri une flevre inter-mittente par l��le�fricit�. Cela ne feroit pas im-
mouvement des flu�des, paroit �tre tonique.
On a vu a Paris, il y a queiques ann�es, un. chanoine de Perpignan , M. 1�abb� Sans , annon-cer beaucoup de gu�rifons op�r�es. dans fon paysnbsp;par l��leftricit�. II les a publi�es dans un ouvragenbsp;expres, rev�tues de toutes fortes de certificats.nbsp;Mais je 1�ai vu op�rer inutilement fur M. de Ianbsp;Condamine , attaqu� d�une infenfibilit� parfait�nbsp;dans la moiti�, du corps, amp;� d�une furdit� pro-fonde. II eft vrai que eette double infirmit� �toitnbsp;d�ja enrsclt��e depuis long-temps, amp; il y auroitnbsp;de 1�injuftice a exiger des fucc�s, en op�rant fntnbsp;des maladies de cette nature; mals je n�ai pas ouinbsp;dire que eet �ledricien alt eu d�autres fucc�s mat'nbsp;qu�s a Paris. '
�� l�Electricit�.
�i�abord con^u trop d�efp�ranee de T�leftricue ^Ppliqu�e aux maladies ci-deflus, ma�s que ce-P^ndant elle n�eft pas abfolument fans effet; 8cnbsp;, dans des maladies r�centes j il ne feroit pasnbsp;|}^al de tenter fon application. Les rPiumatifmesnbsp;celles qui j fuivant M. k Roy, ont �t� lesnbsp;^oins rebelles a ce remede; Sc c�eft peut-�tre ennbsp;^^kblilTant la tranfpiration qu�il a agi. II a procur�nbsp;fueurs copieufes a k pl�part des malades; enfinnbsp;,ne peut douter qu�il n�occafiontie dans Ie corpsnbsp;*'*^�iiain un otgafme univerfel, qui pourroit, dansnbsp;^^elques circonftances , �tre critique Sc avanta*
XXIX� Experience.
Z)e rEleSricit� naturdk amp; animale.
I ^renez dans un temps tr�s-froid un chat, palTeZ-la main fur Ie dos a rebrouffe-poil 8c a diff�* reprifes: vous en tirerez fouvent des �tin-^^lles tr�s-vives 5c qui p�tilleront,nbsp;j. ll n�y a nul doute que fi l�animal �toit fur unnbsp;^Pport �leftrique ou ifok, on ne put communi-cette �lec�lricit� a un condufteur, commenbsp;^^^le qu�on excite par Ie frottement d�un globe ounbsp;plateau de verre.
pj5 feulement l�animal dont on vienf Pariet qui pr�fente par Ie frottement les ph�-^ Rtenes �leftriques : les hommes m�me , dans^nbsp;^ l^^bies circonftances , jettent auffi des dtin-jji qui font abfolument de la m�me nature. 11'nbsp;^ perfonne a qui- cela ne foit arriv� quelque-C�eft dans les hivers tr�s-froids, Sc- apr�s
A a ij
-ocr page 380-37*. R�cr�at. Math�mat. et Phys. s��tre bien chauff� , qu�on �prouve ce phenomena*nbsp;Si alors on tente de quitter fa chemife dans l�obf'nbsp;curit� , il en fortira fouvent des �tincelles plus ot�nbsp;moins vives , amp; accompagn�es d�un bruilTerneP*-fenfible. II y a des perfonnes qui, par un temp^'nbsp;rament particulier , font plus fujettes a ce fymp'nbsp;t�me que d�autres. Ce font probablement les p^*^'nbsp;fonnes tr�s-velues; car Ie poil �tant d�une natut�nbsp;approchante de celle de la foie, eft �leftri(Ii��nbsp;par frottement; amp; c�eft, felon les apparences,nbsp;frotiement des linges fees amp; �chauff�s contrenbsp;poil fee amp; �chauff� lui-m�me, qui produit cett^nbsp;�le�lricit� amp; les �tincelles qui 1�accompagnentquot;
On claffoit autrefois ces feux parntii les phofphoriques ; ma�s depuis les d�couvertesnbsp;velles fur 1��leftricit�, il n�y a nul doute quenbsp;ne foit un pur ph�nomene �leftrique.
II nous auroit �t� facile de groffir bekuco^P davantage cette partie des R�cr�ationsnbsp;en y faifant entrer un grand nombre d�autresnbsp;p�riences curieufes , furprenantes, amp; inexpb^^^nbsp;bles dans toute th�orie de l��leflricit�; maisnbsp;fommes oblig�s de nous contenir dans des b'^��nbsp;�troites; c�eft pourquoi nous allons nous bo��!�nbsp;a faire connoitre ici les principaux livres o� �nbsp;peut s�inftruire a fond de cette matiere. 'nbsp;genre font VEJfai fur rElsclricit�, de M.nbsp;Nollet, amp; fur-tout fon livre intitule,nbsp;fur ks Caufes paniculhns des Ph�nomencsnbsp;ques, 6* fur ks Effets nuifibks ou avantageux 0 ,nbsp;pmt dn atundre; Paris 1754, in-12 ,nouv.nbsp;ouvrages auxquels on peut joindre fes Lettre^Jnbsp;rEkciricit�, 3 vol. in-12. En effet,nbsp;th�orie Francklinienne paroiffe avoir en
DE l�Electricit�.
quot;Caucoup plus de parrifans que celle de M. l�abb� bollet, on ne peut refufer a ce phyficien d�avoirnbsp;�^ultiv� avec Ie plus grand fucc�s Ie champ de l��-^�ftricit�, A)outez a cela divers m�moires dunbsp;^�me auteur, dans lefquels il difcute la th�orienbsp;M. Francklin, imprim�s dans les M�moires denbsp;^Acad�mie y ann, 1755 Sc 1760 , amp;c.; les Recher-^he$ fur les Mouvements de la Matiere �lectrique,nbsp;par M. Dutour, in-l 1,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vous aurez ce qu�U
y a de meilleur parmi les �crits qui d�fendent ou ^mplifient la th�orie du phyficien Franqois.
40. II contient des exp�riences tr�s-preffantes. P'^ur la th�orie Francklinienne, amp; un grand nom-d�obfervations neuves fur 1��leftricit� des nua-^�otiblions pas de dire ici, que Ie P. Beccarianbsp;un des phyficiens qui ont Ie plus heureufe-^ent cultiv� l��le�lricvt� , 6c qu�il a d�couvert
A a iij
La th�orie Francklinienne a �t� pour la pre-*tiiere fois expof�e en France , dans Ie livre inti-*�l�, Exp�riences amp; Obfervations fur VEleclricit� ^ faites a Philadelphie en Am�rique , par M. Ben)a-*gt;tin Francklin, ouvrage traduit de l�anglois,nbsp;^aris 1756, 1 vol, On a depuis vu pat�itre unenbsp;^dition des oeuvres de M. Francklin, en 2 vol.nbsp;^n-40^ dans Ie premier defquels fe trouvent toutesnbsp;exp�riences , amp; une multitude d�autres chofesnbsp;^iit�reflantes fur l��leftricit�. Ce font les livresnbsp;dans lefquels on peut Ie plus facilement s�inftruirenbsp;de cette th�orie. On doit y ajouter divers m�-**toires de M. leRoy, un des principaux partlfansnbsp;de M, Francklin, qui font Inf�r�s dans les M�-^oires de l�Acad�mie, ann. 1754, amp;c. Un ou-encore tr�s-int�reflant a eet �gard, c�eff Ienbsp;hvre du P. Beccaria , 'miitxA� y delV Eleclricifmonbsp;^�iturale� artificialeen 1759 a Turin,
-ocr page 382-374 nbsp;nbsp;nbsp;Math�mat. et Phys.
une foule de ph�noitienes nouveaux amp; tr�s-eXquot; traordinaires. II y a enfin dans les Tranfa^�'�^^nbsp;Philofophiques des dernieres ann�es, un grandnbsp;nombre de m�moires curieux fur divers phenOquot;nbsp;jnenes de l��leftricit� , qui font 1�ouvragenbsp;MM. Nairne , Ie dofteur Lind, Wilfon,
4bn, Src. inais il feroit trop long de les indicjU^J�* On publia en 1752 une Hijloire dt VEleUricd^ fnbsp;.en 5 petits vol. in-12 ; ouvrage rempli de ma*^quot;nbsp;vaifes plaifanteries, amp; de farcafmes du plus luai�'nbsp;vais ton : il ralTemble d�ailleurs affez blen toutnbsp;qui avoit �t� fait ou dit avant cette �poque. MaiSgt;nbsp;depuis ce temps, M. Prieftley, un des meill�*^pnbsp;phyflciens de l�Angl�terre , a donn� une nouven�nbsp;Hijloire de UEleBricit� ^ qui eft beaucoupnbsp;leure amp; plus inftru�live, Elle a paru traduitenbsp;franqois fous ce titre en j 771, Paris, 3 vol. in-l*'
-ocr page 383-math�matiques
Ch I M I E,
IL ne faut qu��tre initi� dans la chimie, pour concevoir de cette fcience une idee bien diff�rente de celle qu�en a Ie vulgaire. Pour Ie com*nbsp;'nun des hommes , la chimie n�eft que 1�art chi*nbsp;�i'�rique de la tranlinutation des m�taux , ou toutnbsp;au plus celui de produire quelques ph�nomenesnbsp;'Extraordinaires, plus cnrieux qu�utiles; mais auxnbsp;yeux du phyficien qui la connoit, c�eft de toutesnbsp;Jes parties de la phyfique la plus �tendue St la plusnbsp;int�reflante. Nous Ie difons m�me hardiment,nbsp;^ous ne fqavons fi Ton peut l�gitimement donnernbsp;nom de grand phyficien a celui qui n�eft point
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-ocr page 384-37lt;5 R�cr�at. Math�mat. et Phys. �clalr� du flambeau de la chimie; du moins eft-ilnbsp;certain que fi 1�on peut fan^ elle rendre compte denbsp;certains ph�nomenes de la nature , comme 1^*nbsp;mouvements des corps c�leftes, les effets de 1^nbsp;pefanteur de l�air, amp;c. il y en a un nombre lOquot;nbsp;comparablement plus grand, dont la chimie feulc _nbsp;peut donner 1�explication. La chimie en effet n�e^nbsp;pas moins �tendue que la nature m�me; les ani-maux, les v�g�taux , les min�raux , font de fo^nbsp;reflbrt; c�eft elle qui les analyfe , combine leur*nbsp;principes, examine les ph�nomenes qui en r�ful'nbsp;tent, p�netre par-la plus intimement dans leu'^nbsp;nature. De-la d�coulent une multitude d�ufagfi*nbsp;utiles, amp; tels, qu�on peut dire qu�une foule d�arpnbsp;ne font autre chofe qu�une application conti'nbsp;nuelle de la chimie : tels font 1�art de la verrerie ^nbsp;de la teinture , de la metallurgie, amp;c. Le dirai-)�nbsp;enfin? les arts les plus communs amp;c les plus n�cef'nbsp;faires a l�homme, ne font fouvent que des prO'nbsp;cedes chlmiques; tel efl, par exemple, celui d�nbsp;lavandier, dont a la v�rit� ne fe doute guere celn*
' qui le pratique, mais qui n�en eft pas moins un� operation dont la chimie feule peut rendre raifo'^'nbsp;Cette raifon eft la propri�t� qu�ont les alkalis fix�*nbsp;de rendre les matieres grafles folubles dans l�eaU�nbsp;en formant avec elles un favon. Celui quinbsp;que 1�une des premieres operations de eet art einbsp;de faire tremper les linges dans une forte lelfi''^nbsp;de cendres de bois neuf, qui contiennent l�alka'*nbsp;fixe, concevront la juftefle de ce que nous avon*nbsp;avanc�. Nous en donnerons dans cette partie d^nbsp;notre ouvrage d�autres exemples remarquables.
La chimie eft aufli de toutes les parties de I* phyfique celle qui ofTre les ph�nomenes les pl^*nbsp;�tranges 6c les plus curieux. Qui ne fera �tonn�
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�e voir de la llmaille de fer plong�e dans un fluide froid comme elle, y exciter tout-a-coup unenbsp;ebullition violente , amp; des vapeurs fufceptiblesnbsp;d�inflammation ? Peut-on voir enfuite, fans admirer les operations de la nature, ce m�tal fi folidenbsp;d�truit en quelque forte par ce fluide, amp; uni avecnbsp;lui au point de Ie fuivre a travers les filtres lesnbsp;plus �troits ? Qui ne s��merveillera en voyant unenbsp;autre liqueur limpide, dilToudre tout-a-coup cettenbsp;Union, amp; faire tomber Ie fer au fond du vafe eanbsp;pouffiere impalpable ? II feroit fuperflu amp; exceffi-vement prolixe de faire ici une enumeration denbsp;ces ph�nomenes , puifque nous allons en fairenbsp;connoitre plus au long les principaux les plusnbsp;remarquables. Ma�s , avant tout, il efl: n�ceflairenbsp;de donnet une idee des principales fubftances quinbsp;font ks agents de ces operations.
Des Seis.
ON appelle fels , ou matures falines, toutes celles qui plong�es dans l�eau, ou expof�esnbsp;a un air humide 5 fe r�folvent d�elles-m�mes ennbsp;liqueurs. On en a un exemple dans Ie f�l' marin ,nbsp;ft connu de tout Ie monde , Ie nitre ou falp�tre ,nbsp;1�alun , Ie vitriol, Ie tartre, Ie fel ammoniac , amp;c.nbsp;Qu�on les plonge dans l�eau , on fqait qu�ils ynbsp;difparo�tront en fe m�lant intimement a toute lanbsp;liqueur. Voila ce qu�on appelle une folution ounbsp;^iffolution.
Les fels exigent, fuivant leur nature, une quan-
-ocr page 386-37S R�cr�at. Math�mat. et Phys.
�t� plus OU moins grande d�eau, pour fe dilToudre enti�rement. Le fel marin exigc deux foisnbsp;poids d�eau pour fe dii�budre enti�rement; l�alunrnbsp;douze fois fon poids; la f�l�nite, fix a fept centsnbsp;fok, amp;c,
II y a des fels acides, des alk dis , des neutres1 Nous allons les d�crire, amp; faire connoitre leutsnbsp;propri�t�s principales.
�. I. Dis Acides.
Nous nedlrons pas , avec I�auteur du Dict�onquot;' nairc de Phyj�que portatif1, amp; a la fuite de quel'nbsp;ques anciens chimiftes, qu�un acide eft form� denbsp;particules longues , aigu�s amp; trancliantes , carnbsp;rien n�eft moins fond� ; amp; avec une pareille de-finition , on ne diftingueroit pas dans une boirnbsp;tique d�apothicaire un acide d�un alkali ou d�urJnbsp;fel neutre. Voici quelque chofe de plus pr�cis.
Un acide eft un fel ordlnalrement fous 1^ forme liquide , dont Ia propri�t� taftile au goiit�nbsp;eft de faire fur la langue une impreffion d�aigreufnbsp;amp; de fraicheur. Cette d�fignation eft fuffifante ^nbsp;Car II n�eft perfonne qui n�ait �ne idee diftiu�f^nbsp;de la faveur aigre. Cependant, s�il y avoit
Sutvant eet auteur , le fer eft un compof� d� vitriol� de foufre amp; de tefr� : la fermentation �ft un mouvefuoftnbsp;occafi�nn� par I�introduftion d�s acides dans les alk�!�1 �nbsp;lorfque les alkalis fe coagulent, ils ferment des crift���''nbsp;ie fpufre eft un mixte inflammable, compof� de ff�^1nbsp;d�huile, d�eau amp; de terre: Ie cuivre eft un compof�nbsp;foufre amp; de vitriol: amp;c, amp;c, amp;c. II y a la, pournbsp;chimifte, de quoi fire a gorge d�ploy�e1
-ocr page 387-379
C H I M r E.
cela quelque Incertitude , volei un autre figne qui fera reconnoitre l�acide.
Prenez du firop de violette, ou du papier teint en bleu, amp;c verfez deffus un fel acide ; il chan-gera la couleur violette ou bleue en rouge, Tou-tes les fois done qu�une liqueur verf�e fur Ie firopnbsp;de violette ou fur Ie papier bleu , changera fanbsp;couleur en rouge , on pourra alTurer qu�elle eftnbsp;acide , ou que l�acide y pr�domine.
II y a dans la nature trois acides min�raux , un acide vegetal , amp; rn�me un acide animal. Lesnbsp;acides min�raux font, l�acide vitriolique, vulgai-rement 1�efprit de vitriol, l�acide marin, amp; l�acidenbsp;nitreux, Le premier eft fourni par Ie vitriol, Ienbsp;fecond par le fel marin , amp; le troifieme par lenbsp;nitre. On les appelle min�raux, parcequ�ils fontnbsp;tir�s du genre mineral, lis ont des propri�t�s tr-�s-diftin�les amp; tr�s-remarquables.
L acide vegetal eft fourni par les fruits acides , OU par les vins tournes a 1�aigre : tels font le vi-naigre , le fuc de citron , amp; de la plupart desnbsp;fruits avant qu�ils foient parvenus a leur maturit� ,nbsp;l�acide du tartre , amp;c. Ils ont tous a peu pr�s lesnbsp;m�mes propri�t�s.
L�acide animal eft donn� par quelques corps animaux : tels font, emr�autres, les fourmis; il y anbsp;une efpece de chenille que M. de Geer a remarqu�nbsp;�jaculer un trait de liqueur qui a tous les carafte-res de l�acide. Le lait tourn� a 1�aigre eft, a certains �gards, un acide animal.
Di rAcide, vitriolique,
Cet acide , le plus puiflant de tous, eft fourni, comme on l�a dit plus haut, par le vitriol, foitnbsp;Vert, foit bleu, ou par l�alun ; car le vitriol n�eft
-ocr page 388-380 R�cr�at. Math�mat. Et Phys. qu�un fel form� par la combinaifon ou l�unioi�nbsp;d�un acide avec Ie fer ou Ie cuivre, L�alun n�e^^nbsp;pareillement que la combinaifon d�iin acide aveCnbsp;une terre argileufe ; amp; 1�exp�rience a appris quCnbsp;ces trois acides font abfolument de Ia m�me nature.
II nous fuffira de dire ici, que Ton extrait ces acides par la force du feu, On renferme ces tna'nbsp;tieres avec certaines precautions dans une cornue Jnbsp;I�on pouffe Ie feu, qui oblige par fa violence l�a'nbsp;cide qui eft fufceptible d�etre r�duit en vapeurs, fnbsp;abandonner la bafe a laquelle il eft uni , amp; 1nbsp;paffer fous la forme de liqueur dans Ie recipient1
Une autre maniere plus fimple de fe procurer de 1�acide vitriolique, eft la combuftion du fo�'nbsp;Ire �, car Ie foufre n�eft autre chofe que Ie r�fultatnbsp;de la combinaifon de 1�acide vitriolique avec c^nbsp;que les chimiftes appellent Ie phlogijlique1, o\i\enbsp;principe injLammahh. Si done on fait bruler dnnbsp;foufre lentement fous une cloche de verre, lesnbsp;vapeurs qui s�en �l�veront, amp; qui ne font qu^nbsp;de I�acide vitriolique, s�attacheront aux paroJSnbsp;int�rieures de la cloche , amp; la liqueur qui en diffnbsp;tillera enfuite fera du vrai acide vitriolique , ^nbsp;la v�rit� encore alt�r� par un m�lange de phlogilquot;'nbsp;t1que, mats qui s�en d�tache peu a peu amp; de lu1'nbsp;jn�me , enforte que l�on a enfin de l�acide vitrinenbsp;lique pur.
Lorfque l�acide vitriolique eft bisn d�flegme� OU priv� de l�eau qu�il afpire, pour ainfi diregt;nbsp;avidement, il pefe beaucoup plus que l�eau1 Lenbsp;rapport de leurs poids eft de plus de 2 a i.
On verra plus bas , page 388, ce que c�eft nbsp;nbsp;nbsp;^
phlogiftique.
-ocr page 389-C HIM IE. nbsp;nbsp;nbsp;381
L�aclde vitriollque eft le plus puiflanf de tous: lorfqu�il fe trouve en concurrence avec les autresnbsp;acides , il les depoflede, pour ainfi dire, en s�em-parant de la bafe a laquelle ils etoient unis. Quel-ques experiences que nous donnerons , mettrontnbsp;fous les yeux ce jeu chimique , qui eft fort cu-rieux , amp; qui eft la caufe de mille effets finguliersnbsp;dans la nature.
De. I'Acide nitreux.
Le nitre ou falpetre , matiere connue de tout ie monde , donne I�acide nitreux. En effet, lenbsp;falpetre eft le r�fultat de I�union d�un acide d�unenbsp;nature particuliere, avec une autre matiere connue des chimiftes fous le nom �i alkali fixe. Onnbsp;les fepare Tun de I�autre par des proc�d�s qu�ilnbsp;n eft pas de notre objet de decnre ici. On a unenbsp;liqueur a laquelle on donne le nom ^acide nitreux.nbsp;II eft moins pefant, amp;, en g�n�ral, moins a�fifnbsp;que I�acide vitriolique. Sa couleur eft ordinaire-ment un jaune fonc� ; amp; quand il eft bien con-centr�, il jette fans cefle des vapeurs rougeatres,nbsp;qui feinblent circuler dans le vafe ou il eft con-tenu. Son poids eft alors a celui de I�eau, commenbsp;3 a 1.
On donne aufti a I�acide nitreux dans un �tat m�diocre de concentration , le nom ^eau-forte.nbsp;C�eft le dilTolvant propre de 1�argent du cuivre.
De rAcide marin.
Le fel marin, ce fel ft commun�ment employ� Sc ft connu de tout le monde , eft la fubftancenbsp;qui donne I�acide marin; car ce fel n�eft form� quenbsp;par la combinaifon d�un acide particulier avec
-ocr page 390-382. R�cr�at. Math�mat. et Phys. une fubftauce app7l�e par ks chlmiftes Valkali fixinbsp;mineral. On les l�pare l�un de 1�autre , comme onnbsp;fait a l��gard du vitriol , du falp�tre , par fksnbsp;proc�d�s particu�ers, amp; la liqueur qui en r�fultenbsp;eft de l�acide marin,
L�acide marin a des cara�leres amp; des propri�-t�s qui Ie rendent tr�s-diftin�l: des deux autres. Dans fon plus grand �tat de concentration, �nbsp;n�eft qu�un peu plus pefant que l�eau , amp; dans Ienbsp;rapport de iq a 17. Sa couleur eft un jaune ci-trin, amp; Ion odeur approche de celle du fafran*
De PAcid� vegetal,
Cet acide eft celui que fournilTent les matiereS' v�g�tales tourn�es a Taigre , ou celles qui ne fontnbsp;pas parvenues a leur maturit�. Du vinaigre , dunbsp;verjus , du jus. de citron , ne font autre chofe quenbsp;de l�acide v�g�tal �tendu dans beaucoup d�eau.nbsp;Dans cet �tat, il n�a qu�une force m�diocre.nbsp;Mais on peut, par diverfes voies, Ie priver de lanbsp;plus grande partie de cette eau fuperflue ; amp; alorsnbsp;il a une force qui ne cede pas beaucoup a cellenbsp;des acides miu�naux.
Un inoyen fiinple de concentrer ainfi l�acide v�g�tal, eft d�expofer du vinaigre a toute Ia ri'nbsp;gueur du froid pendant Hiiver. II fe g�lera ennbsp;partie: vous �terez les g-laqons; Ie reftant fera unnbsp;vinaigre beaucoup plus fort. En r�it�rant celanbsp;plufieurs fois , vous a�rez un vinaigre d�aiitantnbsp;plus concentr� , que Ie froid aura �t� plus rigou-reux. On, pourroit enfuite y employer les froidsnbsp;artificiels, qifon peut pouffer bien plus loin qn^nbsp;les froids les plus grands qu�on ait �prouv�s daits^nbsp;nos cUmats,.
C H I M 1 E. nbsp;nbsp;nbsp;383
Re M A RQI/ E generale.
De tr�s-habiles cbimiftes font dans la perfua-fio�i qu�il n�y a dans la nature qu�un feul acidt, flt;javoir Ie vitriqliquc, qui, par les diverfes alterations qu�il �prouve dans les plantes amp; les ani-tnaux , par la putr�fraftion amp; par d�autres caufes,nbsp;donne les autres acides nitreux, marin amp; vegetal:nbsp;cela paroit m�ine certain; a l��gard de l�acide nitreux , amp; eft probable i l��gard des autres.
11 y a des chimiftes d�un grand nom qui recon-ttoiflent un quatrieme acide mineral; i,ls Ie nom-tiientphofphorique, parceque c�eft Ie fameux phof-phore d�urine qui l�a d�abord fourni, quoiqu�il ^xifte , fuivant eux , dans divers corps min�raux.nbsp;Cet acide eft beaucoup plus denfe amp; plus puif-lant que Ie vitriolique. II paroit difficile de fe re-fufer aux preuves de ces chimiftes. Cependant,nbsp;Pour ne pas trop embrouiller la matiere , nousnbsp;^ous en tiendrons a la doftrine g�n�raleinent requenbsp;^ eet, �gard.
II. Des Alkadis.
De m�me qu�il y a des acides min�raux amp; v�-|�taux , il y a auffi deux alkalis, I�un mineral ^ 1�autre vegetal. II y a encore un alkali fixe amp;
alkali volatil. Ma�s commenqons par faire con-t^oitre ce qui caraft�rife un fel alkali.
. Une faveur acre amp; brulante eft ordinairement � figne auquel un alkali fe fait connoZtre. Ungt;nbsp;^Utre figne auquel on Ie connoit encore, eft lanbsp;J^ulear verte dans, laquelJe il change celle du,nbsp;'rop violat, ou la teinture bleue d,e rh�liotrope,nbsp;ptnfi, toutes les fois qu�une liqueur verfde fur Ie.
'quot;Op violat, OU Ie papier teint en b.leu par I�hdlio-
-ocr page 392-384 R�cr�at. Math�mat, et Phys,
trope , Ie colorera en vert, on pourra prononcef qu�elle eft alkaline, ou que 1�alkali y eft dominant�
Di VAlkali fixe,
II y a, nous l�avons dit plus haut, un alkal* fixe 5c un alkali volatil.
L�alkali fixe eft ainfi nomm� , parceque , quoi' que expof� a un feu aflez fort, il ne fe diflip^nbsp;point: il fond alors a la maniere des m�tauX�nbsp;amp; rougit comme eux. II facilite la fufionnbsp;pierres , des terres, des fables, 6c eft par cett^nbsp;raifon d�un ufage immenfe dans les verreries ^nbsp;dans divers arts.
L�alkali fixe mineral eft fourni par le fel rin ; car, lorfqu�on a priv� ce fel de 1�acide qijfnbsp;entre dans fa compofition , le refte eft I�alkaknbsp;fixe mineral: mais il feroit embarraflant 5c duquot;nbsp;pendieux de le tirer de la. La maniere la pl^**nbsp;commune eft de faire br�ler certaines plantes qtt*nbsp;croiflent ou font jetees fur !es bords de la met'nbsp;tels font le kali, qui a donne le nom a cett^nbsp;efpece de fel ; 5c diverfes fortes de plantesnbsp;lines, le varec ou gouemon, les fucus , 5cc.nbsp;cendres de ces plantes contiennent en abondafC^nbsp;cette efpece d�alkali fixe, qu�on peut en retire*'nbsp;pur en les leffivant, 5c faifant �vaporer la lefli'quot;^'nbsp;C�eft ce qu�on connoit dans le commercenbsp;le nom de foude.
L�alkali fixe vegetal eft tire communement la combuftion de la plupart des autres plantesnbsp;bois, tel que le bois ordinaire a br�ler. �nbsp;fait beaucoup par cette vole dans diverfes fore^*/nbsp;oil 1�on brule pour cet effet d�immenfes quandk�*nbsp;de bois dans des fofles; Sc 1�on en retire lesnbsp;dres, qui contiennent beaucoup de cet
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fixe, amp; qui font connues dans Ie commerce fous i Ie nom de pota^es 1. On peut les leffiver, amp; en1nbsp;fuite tirer de la lelTive, par 1��vaporation gt; un alkali beaucoup plus adiif.
Une autre maniere de fe procurer un alkali fixe Vegetal amp; fort �pur�, eft de prendre la lie dunbsp;vin, amp; Ie tartre qui fe d�pofe contre les paroisnbsp;des tonneaux, On en fait des paquets ou maffesnbsp;de la groffeur du poing, amp; on les fait br�lernbsp;jufqu�a ce qu�ils aient pris une couleur blanche.nbsp;On a par ce moyen du fel alkali fixe v�g�talnbsp;affez pur, On Ie connoit dans Ie commerce, fousnbsp;Ie nom de fd de tartre ou alkali du tartre. II eftnbsp;abfolument Ie m�me que celui de potafl'e.
Les deux alkalis fixes, Ie mineral amp; Ie v�g�tal, different principalement entr�eux par une pro-pri�t� particuliere. L�alkali fixe v�g�tal attire ftnbsp;fortement l�humidit� de l�air , que, pour Ie con-ferver folide, il faut Ie mettre dans des vafes fcru-puleufement bouch�s. Si on Ie laiffe expof� a l�air,nbsp;il fe r�foud de lui-m�me en liqueur, amp; dans eetnbsp;�tat on l�appelle huile de tartre par d�faillanee;nbsp;d�nomination au refte fort impropre, car ce n�eftnbsp;point une huile.
L�alkali fixe min�ral, au contraire , loin d�at-tirer l�humidit�, perd la fienne, amp; tombe en efflo-fefcence, c�eft-a1dlre en pouf�iere: c�eft pourquoi d eft beaucoup plus commode a conferver quenbsp;i�autre.
De rAlkali yolatil.
Cet alkali eft Ie produit de la combuftion de plupart des matieres animales, ou feulement de
Du mot anglois pot-ashes, cendrss en pot.
Tome IF. nbsp;nbsp;nbsp;B b
-ocr page 394-386 R�cr�at. Math�mat. et Phys. la putr�faftion des matieres animales ou vege-tales. L�odeur des corps putrefies ne vient que denbsp;1�alkali qui s�en d�gage pendant cette op�ration,nbsp;pat laquelle la nature les r�duit en quelque fortenbsp;d leurs premiers principes, pour fervir a de nou-velles compofitions. Celle qui faifit fi fortementnbsp;a 1�approche des latrines , n�eft qu�un alkali volatilnbsp;tr�s-exalt�. II eft appel� volatil, parcequ�unenbsp;chaleur , m�me moindre que celle de l�eau boud'nbsp;Jante , fuffit pour Ie diffiper eh vapeurs qui fe d�-celent toujours par leur odeur penetrante, Le fe^nbsp;amm�niac n�eft autre chofe que le r�fultat de Ilt;1nbsp;combinaifon du fel marin avec i�alkali volatil.
�, III. Des Seis neutres,
Toutes les fois qu�un fel n�efl: ni acide , m alkali, qu�il ne rougit ni ne verdit le firop violatnbsp;OU le papier bleu 1, on 1�appelle neutre. La raifonnbsp;de cette d�nomination eft fenfible. Tels font lenbsp;fel marin, le nitre., les diff�rents vitriols quenbsp;donnela nature, amp; une multitude d�autres fels�nbsp;tant naturels qu�artificiels,
Un fel neutre eft ordinairement form� d�un acide combine avec une bafe alkaline, ou ter-reufe, ou m�tallique. Nous allons en donner deSnbsp;exemples, en parcourant les principales combi'nbsp;naifons des trois acides min�raux avec les diver-fes bafes ci-deffus.
Ainfi l�acide vitriolique, combine aveC le zinc, forme le vitriol blanc.
Avec le cuivre , le vitriol bleu.
Cette regie eft fujette a quelques exceptions, Oft peut cependantla fuivre , avec ra�furance de n�en �tr�nbsp;�gar� que fort rarement.
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Avec Ie fer , Ie vitriol vert.
Avec une terre argileufe, 1�alun.
Avec une terre calcaire, la f�l�nite.
Avec l�alkali volatil, Ie vitriol ammoniacal.
Avec l�alkali fixe mineral, Ie fel de Glauber-, d�Epfom , OU de Seydlitz.
Avec l�alkali fixe vegetal, Ie tartre vitriol�.
Avec Ie phlogiftique, Ie foufre commun.
L�acide NITREUX , combine avec l�alkali fixe v�g�tal, forme Ie nitre.
Avec l�alkali fixe mineral, Ie nitre quadrangu-laire ou cubique.
Avec l�alkali volatil , un fel ammoniacal ni-treux.
Avec 1�argent, un fel particulier, fufible a une chaleur m�diocre , connu fous Ie nom de piemnbsp;infernale, a caufe de fa caufticit�.
L�acide MARIN , combine avec l�alkali fixe ftiin�ral, forme Ie fel marin commun,
Avec l�alkali fixe v�g�tal, Ie fel febrifuge de Silvius.
Avec l�alkali volatil, Ie fel ammoniac.
Avec Ie mercure , lorfqu�il y a exces d�acide , Ie fublim� corrofif.
Lorfque l�acide marin eft parfaitement fatur� de mercure , il forme un fel mercuriel doux , ounbsp;fublim� doux.
L�acide V�amp;�TAL, en particulier,celui du tartre, avec l�aikali fixe v�g�tal, forme Ie tartre.
Avec l�alkali fixe min�ral, Ie Lel a'ppel� de �^tigneue , y�gaal, ou pofymjii.
L�acide du vinai^.e , quv ne diffefe de; celui du tartre qu�ea quelques circonftances, avec Talkali
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-ocr page 396-388 R�cr�at. Math�mat. et Phys. v�g�tal, forme Ie appel� urn foli�e du tar{rc�
Avec Ie cuivre , il fprme Ie verdet, fel fort connu dans Ie commerce, amp; poifon violent.
Avec Ie pl�mb, il forme Ie fel zppel� fucre Saturm, employ� dans les arts , Sc �galewentnbsp;poifon.
Avec Ie mercure, Ie fel mercuriel, encore ii^' nomin� , d�un grand ufage dans les maladies ve*nbsp;n�riennes. C�eft celui de M. Keyfer.
Nous nous fommes born�s lei a donnet ooo idee des compofitions les plus connues des diff^quot;nbsp;rents acides avec diverfes fubftances. Nous s.�-'nbsp;rions pu en augmenter confid�rablement Ie nonynbsp;bre, car il n�eft pas d�acide qui ne puiffe fe combi'nbsp;ner avec prefque tous les alkalis, les terres calcai'nbsp;res , amp; prefque tous les m�taux; mais ces combi'nbsp;naifbns n�ont guere �t� encore examin�es par k*nbsp;chimiftes, amp; plu/ieurs m�me ne Tont �t� en a�'nbsp;cune maniere; ce qui fournit un champ bien vaft^nbsp;a de nouvelles recherches.
LE phlogiftlque joue un grand r�le dans^^^ chimie, qu�on ne peut auffi fe difpenfer dki'nbsp;donner une id�� avant d�aller plus loin.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
De tout temps on a reconnu dans les corps h* � ceptibles d�inflammation , un principe particuli^*�^nbsp;en vertu duquel ils peuvent fervir d�alirnentnbsp;feu. Un charbon, par exemple, de bois ou d�nbsp;terre, �tantune fois enflamm�, continue de
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Ier, diminue, amp; enfin fe r�duit en cendres. Au contraire, un morceau d�argile rougira au milieunbsp;du feu ; ma�s, laiff� a lui-m�me , il ne jettera au-cune flamme, Ie feu dom il �toit p�n�tr� fe diffi-pera , amp; Ie morceau d�argile reftera tel qu�ilnbsp;�toit. II y avoit done dans Ie charbon un principenbsp;d�inflammabilit� combine avec la partie terreufenbsp;du charbon , amp; qui a fervi d�aliment a la flammenbsp;OU au feu, qui a enfin �te d�truit ou exhale parnbsp;l�application du feu ; principe qui n�exifte pointnbsp;dans l�argile , dans la pierre , dans Ie verre , Scnbsp;une multitude d�autres corps. C�eft-la ce que lesnbsp;chimiftes modernes ont appel� Ie phlogijliqm.nbsp;Les corps gras , huileux, Ie contiennent �minem-ment; car, Ie feu y �tant applique, ils font confu-m�s prefque dans leur totalit� , Sc ne laiflfent quenbsp;tr�s-peu de charbon.
Les m�taux, tant qu�ils font fous Ia forme m�tallique , contiennent du phlogiftique; car ^nbsp;r�duifez par une combuftion continu�e, du plomb,nbsp;par exemple, en chaux; ce ne fera plus qu�unenbsp;matiere terreufe , qui, par la fufion, fera fem-blable au verre, Sc inalterable comme lui. Maisnbsp;a ce verre ou a cette chaux en fufion, ajouteznbsp;des matieres grafles ou de la pouffiere de charbon ; vous verrez auffi-t�t ce verre redevenir m�-lal ^ Sc fe f�parer des autres matieres vitrifi�es,nbsp;avec lefquelles il �toit confondu. C�eft-la., pournbsp;1�obferver en palTant, Ie principe de la metallurgie ; car Ie mineral pr�par� par Ie grillageounbsp;fortant de la mine, n�eft ordinairement-qu�en �tatnbsp;de chaux; mais en Ie ftratifiant dans Ie fourneaunbsp;avec Ie charbon, on lui pr�fente Ie phlogiftique ,nbsp;qui, fe comblnant avec lui, Ie r�tabllt fous la.nbsp;forrae de, m�tal; Sc c�eft par-la qu�il fe d�gage.
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-ocr page 398-'590 R�cr�at. Math�mat. et Phys�
des autres terres vitrifi�es, qui ne font pas fufcep�* tibles de fe combiner avec Ie phlogiftique: il V3nbsp;au fond , amp; ces autres inatieres furnagent.
On ne peut pas avoir Ie phlogiftique feul, CG qui donne Heu de croire que c�eft un �tre fimpleJnbsp;mais on I�dte k un corps , on Ie lui rend, en 1�nbsp;faifant pafter d�un corps a un autre.
Le corps Ie plus limple r�fultant de la combi-naifon du phlogiftique, eft le foufre, qu�on d�-montre n��tre que la combinaifon de l�acide vi-trioli(|ue avec ce principe : on le d�montre , dis' je , par l�analyfe amp; la recompofition ; car 1�nbsp;foufre br�l� produit de l�acide vitriolique encorenbsp;foiblement combine avec quelque peu de phlogiftique ; amp; au moyen de l�acide vitriolique amp;nbsp;du phlogiftique du charbon , on refait du ibufr.�nbsp;tout-a-fait femblable au foufre naturel.
Ce principe aujourd�hui appel� phlogijlique ^ �toit connu , mais imparfaitement, des anciensnbsp;chimiftes, fous le nom de foufre; mais le foufrenbsp;n��tant pas un corps fimple, ou du moins n��tantnbsp;pas aufli limple que le phlogiftique , il ne fqauroitnbsp;�tre un principe : d�ailjeurs il n�y a pas plus denbsp;foufre dans un morceau de bois ou dans un chat'nbsp;bon, que de nitre dans 1�air. C�eft la reflburcenbsp;des phyliciens de college, qui, ne fqachant R*nbsp;ce que c�eft que le foufre , ni ce que c�eft que 1�nbsp;nitre, crolent avoir tout expliqu� quand ils ontfnbsp;a tout hafard , mis en jeu des nitfes amp; des foufres.
Les chimiftes c[ul cherchent au hafard la pierre philofophale , ont aufll la t�te 8c les difcour*nbsp;fort embrouill�s de tous ces foufres. Quand o**nbsp;rencontre aujourd�hui de ces hommes, on p��*^nbsp;dire a coup sur, c�eft un ignorant en chimie, 0'^nbsp;wn adepte, c�eft-a-dire un vifionnaire.
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C H I M 1 E.
NOvS ne pouvons pareillement nous difpen-fer de dire ici quelque chofe de ce qu�on ap-pelle armies; car elles font la clef de l�explica-tion d�une foule de compofitions amp; de d�com-politions chimiques.
On appelle affinit�, la force avec laquelle deux fubftances tendent a s�unir amp; fe maintiennentnbsp;dans leur union, Ainfi , par exeinple , de l�acidenbsp;vitriolique verf� fur une terre calcaire, s�en em-irnbsp;pare, fe combine avec elle molecule a mol�cule ,nbsp;amp; forme un mixte qui n�eft ni terre, ni acide pur;nbsp;mais, a cette diffolution , ajoutez de 1�alkali fixe,nbsp;foit vegetal, foit mineral, la terre calcaire feranbsp;chaff�e de fa place , l�acide vitriolique s�empareranbsp;de l�alkali fixe , en abandonnant la premiere , 6cnbsp;formera un nouveau fel.
II y a done une tendance a fe r�unir @ntre les molecules de la pierre calcaire amp; celles de l�acidenbsp;vitriolique , 6c conf�quemment une force quinbsp;maintient cette union ; car ce fluide, quoiquenbsp;mixte, paffe a travers les filtres: d�ou il r�fultenbsp;que ce n�eft pas une liinple divifion amp;c interpofi-tion des parties de la pierre entre celles du flu�de-diffolvant, comme Ie penfoient amp;c Ie penfent encore les phyficiens qui n�ont aucune teinture denbsp;chimie. Ils fe demandent en effet, pourquoi lesnbsp;parties du fer diffous par un acide , fe foutiennentnbsp;dans la liqueur, malgr� leur exc�s de pefanteur fp�-cifique ? Cela eft inexplicable dans leur phylique�
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-ocr page 400-39i R�CRiAT, MatH�mat. et PhvS.
Ma�s fi chaque partie du fer eft unie a chaquC partie du flu�de diflfolvant, cela ne fait plus denbsp;difRcult� ; amp; en admettant ce principe, en ad-inettant aufll une in�galit� de force dans cette tendance , fuivant la diff�rente nature des fubftances,nbsp;tous les ph�nomenes chimiques s�expliquent fi fe'nbsp;cileinent, qu�on ne peut fe refufer a admettrenbsp;cette force dans les particules des corps.
On a d�ailleurs des preuves pofitives de la force avec laquelle adherent des furfaces polies , m�menbsp;ind�pendamment de tout fluide environnant.nbsp;Rien done de plus naturel que de concevoir unenbsp;pareille force entre les particules infenfibles de*nbsp;corps; il fuffit de leur concevoir de petites facettesnbsp;��de diff�rentes formes amp; grandeurs, par lefquellesnbsp;elles adh�reront avec une force qui pourra fuivrenbsp;des lois fort compliqu�es, puifqu�elle pourra d�-pendre de l��tendue de la facette, de la denfit�nbsp;de la particule amp; de fa forme ; car tout cela peutnbsp;la faire varier de bien des manieres.
Ces affinit�s ou tendances font en effet tr�s-in�gales; amp; pour en donner un exemple , la force par laquelle la terre calcaire fe combine avecnbsp;l�acide vitriolique , eft moindre que celle p^tnbsp;laquelle fe combine avec lui un alkali quelconquc�nbsp;C�eft-la la raifon pour laquelle eet alkali fe fubfquot;nbsp;titue a la place de la terre calcaire. En general �nbsp;tous lts acides ont plus d�affinit� avec les alkali*nbsp;qu�avec les terres calcaires , avec celles-ci qu�avc^nbsp;les m�taux , avec certains m�taux cju�avec d�aU'nbsp;tres; ce qui fournit des moyens faciles de d�corf*'nbsp;pofer certains mixtes. Nous en donneronsnbsp;exemples auffi inftruftifs que curieux.
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C H I M 11.
Des Dijlolutions amp; Precipitations.
La diflblution eft une operation par laquelle un fluide fe combine avec les molecules d�unnbsp;folide ou d�un autre fluide , enforte que chaquenbsp;particule de I�un contrafte adh�rence avec chaquenbsp;particule de 1�autre. Cette union ou adherence eftnbsp;produite par I�affinite de ces particules entr�elles ;nbsp;car s�il n�y a pas afflnite plus ou moins grande, ilnbsp;ne fqauroit y avoir diflblution.
La dilTolution ne confifte pas dans une Ample attenuation des corps dilTous, amp; une interpofitionnbsp;de fes molecules entre celles du fluide. Quand ilnbsp;n�y a qu�une pareille interpofition, la f�parationnbsp;ne tarde pas de fe faire.
La precipitation fe fait, lorfque les molecules du corps dilTous, �tant abandonn�es par le dilTol-vant, tombent au fond de la liqueur. Cela fe faitnbsp;quelquefois par la Ample diminution de la forcenbsp;de ce diflblvant, procuree en I�etendant de beau-coup d�eau; mais le plus fouvent cela fe fait ennbsp;prefentant au diflblvant un corps avec lequel ilnbsp;ait plus d�affinit� qu�avec le corps d�ja diflbus.nbsp;Par exemple , fi , de 1�acide nitreux tenant en diflTo-lution une terre calcaire , on met dans la diflfolu-tion un alkali fixe , I�acide faifira I�alkali, a caufenbsp;de fa plus grande affinit� , amp; abandonnera lanbsp;terre , qui tombera au fond du vafe.
D�autres fois la precipitation fe fait, parceque 1�on a pr�fent� a la diflTolution un corps qui, ennbsp;fe combinant avec le corps dilTous, forme un
-ocr page 402-394 R�CR�AT. Math�mat, et Phys. nouveau mixte infoluble dans Ie difldlvant: al�rsnbsp;il fe pr�cipite au fond; on en a un example dansnbsp;l�op�ration fuivante. Si Ton fait diflbudrenbsp;terre calcaire dans 1�acide nitreux ou marin, ^nbsp;qu�on y verfe de 1�acide vitriolique , ce derniefnbsp;s�empare de la terre, Sc forme avec elle unnbsp;connu fous Ie nom de f�l�nite. Mais comme 1^nbsp;f�lenite n�eft pas foluble dans les premiers acides,nbsp;ni m�me dans 1�eau, a moins qu�elle ne foit cnnbsp;tr�s-grande quantit� , elle fe pr�cipite au fond-Pareille chofe fe paffe lorfque , dans une folutioJ*nbsp;de mercure par l�acide nitreux, on verfe de l�acidsnbsp;vitriolique: la pouffiere pr�cipit�e au fond, eftnbsp;qu�on nomme Ie pr�cipite blanc.
A R T I C L E V.
RIen de plus commun, parmi ceux qui n�ont qu�une foible teinture de chimie , que de con*nbsp;fondre ces deux chofes, qui font n�anmoins effe*^'nbsp;tiellement diff�rentes ; amp; il faut convenirnbsp;jufqu�a ces derniers temps, les chimiftes Fran^O'^nbsp;confondoient ces termes , quoiqu�ils ne confoi^'nbsp;dilTent pas les operations qu�elles d�fignent.
L�effervefcence eft Ie mouvement joint a chaleur qui accompagne fr�quemment une digt;'nbsp;folution. Lorfque, parexemple, on jette quelq^�nbsp;peu d�acide nitreux fur de la limaille de cuivf� ^nbsp;OU de l�acide vitriolique fur celle de fer , lorfqu�^^*^nbsp;met une goutte des m�.mes acides fur une w*�*�
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^alcaire, il fe fait tout de fuite une violente ebullition , jufqu�a ce que la combinaifon �tant faite , Ie tout fe ralTeoit, amp; la liqueur devient tranfpa-rente. Voila l�efFervefcence. Ainll on dit que lesnbsp;acides font d�ordinaire effervefcence avec les alkalis , les m�taux , les terres calcaires.
Mais la fermentation eft toute autre chofe:' c�eft Ie mouvement inteftin amp; fpontan�e qui fenbsp;produit dans certaines liqueurs extraites du genrenbsp;v�g�tal, amp; qui, de douces ou infipides, les rendnbsp;fpiritueufes ou vineufes, Le mout, par exemple ,nbsp;OU le jus des raifins preflf�s ou foul�s, n�eft pasnbsp;du vin ; il n�y a pas une feule goutte d�efprit,nbsp;tnais il y en a les principes. Cette liqueur expof�enbsp;a une chaleur m�d�r�e , fe trouble d�elle^m�me ,nbsp;s�agite int�rieurement, bouillonne ; amp; lorfque cenbsp;kouillonnement eft appaif�, c�eft une liqueurnbsp;toute nouvelle , fpiritueufe , enivrante, amp;c. IInbsp;�n eft de m�me de la biere, qui provient de lanbsp;fermentation du malt, ou de la forte d�coftionnbsp;l�orge pr�par� d�une certaine maniere. C�eft-la,nbsp;comme Ton voit, une operation bien diff�rentenbsp;de 1�effervefcence d�crlte ci-deffus. Aul�i, quandnbsp;fti homme parlant chimie confond ces mots,nbsp;^es oreilles d�un chimlfte inftruit en font auffinbsp;�^tuellement choqu�es, que le feroient celles d�unnbsp;Pbyftcien qui entendroit employer l�horreur dunbsp;'^�ide a expliquer un ph�nomene.
-ocr page 404-39� RicR�AT. Math�mat. et Phys.
De la Cnjlallifation.
ON appelle ainfi eet arrangement particulier que la plupart des fels amp; m�me beaucoupnbsp;d�autres corps afferent de prendre, lorfqu�ayao*nbsp;�t� diffous dans un liquide, amp; leurs parties ayantnbsp;�t� affez rapproch�es les unes des autres par l��'nbsp;vaporation de ce liquide , elles fe mettent ennbsp;groupes, Comme Ie criftal de roche eft Ie premiernbsp;des corps dans lequel on alt obferv� eet arrangequot;nbsp;ment r�gulier, il a donn� fon nom a celui qu�nbsp;les obfervations ult�rieures des chimiftes amp; de*nbsp;naturaliftes ont fait reconnoitre dans quantit� d�a�'nbsp;tres corps , amp; en particulier les fels.
Qu�on faffe en effet d�ffoudre dans de Peau� du fel marin ; qu�on falTe �vaporer la folutio�nbsp;jufqu�a un certain point, amp;c qu�on la laiffe re'nbsp;pofer dans un lieu tranquille amp; frais, les partJ'nbsp;cules falines �tant rapproch�es les unes des autres�nbsp;amp; fe pr�cipitant enfemble au fond du vafe,nbsp;s�attachant aux parois du vailTeau , formeront de*nbsp;maffes dans lefquelles on ne pourra rn�connoit^^nbsp;la figure cubique, comme dans Ie criftal de rod��nbsp;on reconnoit des prifmes a fix pans termin�s^��nbsp;pyramides, amp;: implant�s les uns dans les autf�^'nbsp;Si, en faifant �vaporer Ie flivide , on provoque *nbsp;criftallifation a la furface , elle fe fait en fori^�nbsp;de tr�mies , qui ne font form�es que de pel'*^^nbsp;cubes amoncel�s dans un certain ordre lesnbsp;fur les autres , ainfi que l�a fait voir M. Rouell^rnbsp;qui a fort ing�nieufement expliqu� ce ph�notne*'^'�
-ocr page 405-Si c��toit du falp�tre tenu en diflblution, les criftaux qu�ils formeroit feroient abfolument ref-femblants 4 ceux du criftal de roche , c�eft-a�direnbsp;formes de prifmes exagones, termin�s par desnbsp;pyramides aulfi exagones.
Chaque fel enfin affefte fa forme particuliere.
L�alun fe criftallife pr�cif�ment en ofta�dres, c�eft-a-dire forme une double pyramide quadran-gulaire , adoff�e a une bafe commune ik quarr�e.
Le vitriol de fer, ou Ie vitriol vert, forme des criftaux en cubes obliquangles , ou dont lesnbsp;fix faces font des rhombes a cotes �gaux.
Les crifiaux du vitriol bleu font des dod�ca�-dres comprim�s , dont la forme eft difficile a �tre exprim�e lei fans un long difeours.
Le verdet, ou felprovenant du vinaigre combine avec le cuivre, forme des criftaux qui font cn parallelipipedes obliquangles.
Le fucre criftallife, ou candi, forme des prif-mes quadrangulaires , recoupes obliquement par Un plan incline.
Mais, comme nous 1�avons dlt plus haut, ce ne font pas feulement les fels qui , fe formant ennbsp;malTes, afferent ces figures regulieres , une multitude d�autres corps jouiftent de la m�me pro-pri�t�; la plupart des mines, des pyrites , fontnbsp;teconnoififables a leur forme particuliere; le plombnbsp;min�ralif� affe�le, par exemple , beaucoup lanbsp;forme cubique retlangle ou obliquangle. II n�eftnbsp;pas jufqu�aux pierres qui n�aient, dans ce cas, leurnbsp;t�gularit�. Les criftaux de gypfe ou de platre fontnbsp;faits en fer de lance; auffi le gypfe eft-il propre^nbsp;�ttent un fel. Le fpath calcaire , connu fous lenbsp;diQ crijliil d'IJlandi, eft toujours un parall�-f'pipede obliquangle, 5c inclin� dans le fens de
-ocr page 406-398 ' R�CRiAT. MathImat. et Phys. fa diagonale , amp; dans des angles determines. Le^nbsp;jn�taux enfin, lorfque, fe refroidilTant lentement gt;nbsp;leurs particules ont la libert� de s�arranger, poufnbsp;ainfi dire , a leur gr� ; les m�taux , dis-je , pren-nent une forme r�guliere , remarqu�e depuis long'nbsp;temps dans I�antimoine , mais que depuis on *nbsp;obferv�e dans Ie fer, Ie cuivre , Ie zinc , amp;c.
Comme ce ph�nomene eft un des plus curieU^ de la phyfique , il y auroit matiere a un affeinbsp;long article ; mais, contents de donner ici unenbsp;forte d�avant - gout de ces pb�nomenes int�ref'nbsp;fants , nous nous bornons a renvoyer a VEJfainbsp;CrijlallograpJm ^ de M. Rome Delifle , qui parutnbsp;en 177a, in-8�.
Nous allons maintenant donner une fuite d'ex' p�riences chimiques , qui feront en partle unenbsp;application des principes ci-deffus, ou qui pr�fen'nbsp;teront des pb�nomenes curieux.
Premiere Experience.
Comment un corps de nature comhujlible , peut fans eeffe pinetri de feu fans Je confumer?
IL faut renfermer dans une bo�te de fer UU charbon qui en remplilfe toute la capacit� , ^nbsp;fouder Ie couvercle de la boite. Si vous la .jete^nbsp;enfuite dans Ie feu, elle y rougira; vous pourre^nbsp;m�me l�y laiffer plufieurs heures , plufieurs jours:nbsp;lorfqu�apr�s l�avoir lailT� refroidir vous 1�ouvrirez,nbsp;vous trouver^ Ie charbon dans fon entier, quoi'quot;
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on ne pulfle douter qu�il n�ait �t� p�n�tr� de la ttiatiere du feu, tout comme Ie m�tal de la boitenbsp;dans laquelle il �toit renferm�.
. V�ici la caufe de eet effet. Pour que Ie char-bon amp; tout autre corps combuftible fe confuine , il faut que Ie phlogiftique ou la partie inflammable puille s�exhaler; car on fent aif�ment que cenbsp;tjui fait qu�un corps eft inflammable, doit �tre denbsp;fa nature indeftruftible , amp; que Ie feu ne fait quenbsp;la fliffiper, Mais cette diffipation ne peut avoirnbsp;lieu dans un vaiflfeau dos: ainfi Ie phlogiftiquenbsp;tefte toujours applique a la matiere purement ter-teftre du charbon , par conf�quent il doit toujoursnbsp;tefter dans Ie m�me �tat.
C�eft-la la caufe pour laquelle des charbons Couverts de cendres'tardent beaucoup plus long-tempsa fe confumer, que s�ils reftoient expof�sanbsp;1�air fibre; ph�nomene qui, quoique connu denbsp;^out Ie monde , feroit difficile a expliquer pournbsp;^out phyficien qui ignoreroit cette propri�t� dunbsp;phlogiftique, amp; l�exp�rience ci-defliis qui la conf-*ate.
Ile Experience.
'^ranfmutation apparente du fer en cuivre, ou en argent, amp; fon explication,
Faites diflbudre du vitriol bleu dans de l�eau , ^�^forte que cette eau en foit a peu pt�s fatur�e;nbsp;Plongez alors dans cette foiution, de petites lamesnbsp;fer, ou de la limaille groffiere de ce m�tal:nbsp;petites lames de fer , ou cette limaille , s�ynbsp;�flbudront, amp; la liqueur d�pofera a leur placenbsp;limon OU une poulGere qui fe trouvera �trenbsp;cuivre.
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Si Ie morceau de fer eft trop gros pour �trS enti�rement diflbus , il fe colorera en cuivre; en-forte que s�il n�eft attaint que fuperficiellement #nbsp;il femblera qu�il ait �t� tranfmut� en ce dernietnbsp;m�tal. C�eft'la une experience qu�on fait faire or-dinairement a ceux qui vont voir les mines denbsp;cuivre; du moins 1�ai-je vu faire a celle de Saint-Bel dans Ie Lyonnois : une clef, plong�e pendaO*nbsp;quelques minutes dans une eau qu�on recueilloJtnbsp;au bas de la mine , en �toit retiree color�e et�nbsp;cuivre.
Dans une diflblution de mercure par l�acide marin , plongez du fer, ou fur du fer �tende^nbsp;cette dilTolution ; Ie fer fe colorera en argent-. On a vu de hardis charlatans tirer parti denbsp;jeu chimique , aux cl�pens de la bourfe de gen^nbsp;cr�dules Sc ignorants,
Remarque.
Il n�y a en elFet iel de tranfmutation que pouf ceux qui ignorent enti�rement la chimie. Lenbsp;n�eft point change en cuivre; mais le cuivre ten^nbsp;en folution par la liqueur impr�gn�e d�acide vi'nbsp;triolique, eft /implement d�pof� a la place dunbsp;dont i�acide fe charge en m�me temps qu�il abat'quot;nbsp;donne le cuivre. En effet, toutes les fois qu��**nbsp;pr�fente a un menftrue tenant une fubftance qi^^jnbsp;conque en di/Tolution, une autre fubftance �nbsp;dilTout avec plus de facilit� , il abandonnenbsp;premiere, Sc fe charge de la feconde. Cela ^
liqueU'^
� vrai, qu� liqueur qui a d�pof� le cuivre �ta*� �vapor�e , donne des criftaux de vitriol vert, ft**�nbsp;tout le monde fqait �tre form�s de la combinah^**nbsp;de l�acide vitriolique avec le fer. C�eft au/Ti ce q'J�nbsp;l�on pratique en grand dans cette mine: on met ^
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C H I M i E.
iiqueur en queftion, qui n�eft qu�une folutlon affez forte de vitriol bleu, dans des tonneaux ou denbsp;grands r�fervoirs quarr�s; on y plonge de Ianbsp;vieille ferraille, qui au bout de quelque tempsnbsp;difparoit; amp; l�on trouve a fa place un limonnbsp;qu�on porte a la fonderie , amp; dont on tire dunbsp;cuivre. On fait �vaporer jufqu�a un certain pointnbsp;la liqueur ainfi chargee de fer, amp; pon y plongenbsp;des baguettes de bois, qui fe couvrent de criftauxnbsp;de vitriol vert, qui font d�un debit courant dansnbsp;le commerce.
Cette experience fe fera egalement, en dlffbl-Vant du cuivre dans de I�acide vitriolique, amp; eii �tendant enfuite un peu , fi 1�on veut, cette folu-tion. C�eli une nouvelle preuve que la liqueur nenbsp;fait que depofer le cuivre dont elle etoit chargee.
Ill� Experience,
ohr 'on pr�cipite fuccejjivemcnt divirfes fubflances ,
par raddition d'une autre dans la foltition.
On a vu dans I�experience pr�c�dente, le cuivre pr�cipite par le fer; nous allons pr�fentement pr�-cipiter le fer lul-meme. Pour cet eftet, jetez dansnbsp;la folution du fer , un morceau de zinc : a mefurenbsp;qu�il s�y diflbudra, le fer tombera au fond du vafe;nbsp;amp; Ton reconnoitra aifement que c�eft du fer , carnbsp;Cette poulTiere fera attirable a 1�aimant.
Voulez-vous pr�fentement pr�cipiter le zinc ^ Vous n�avez qu�a jeter dans cette folutlon un morceau de pierre calcaire , de marbre blanc , parnbsp;cxemple, ou d�une autre pierre quelconque dontnbsp;on peut faire de la chaux ; I�acide vitriolique atta-cjoera cette nouvelle matiere , amp; laiffera tombernbsp;9u fond du vafe une pouffiere qui fera du zinc.
'Tome, If^, nbsp;nbsp;nbsp;C c
-ocr page 410-401 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
Pour pr�cipiter maintenant cette terre calcaire * vous n�avez qu�a verfer dans la liqueur, de Talkalinbsp;volatil flu�de , ou y jeter de eet alkali volatHnbsp;fous la forme concrete ou folide ; la terrrenbsp;abandonn�e par l�acide, amp;c fera d�pof�e au fononbsp;du vafe.
Vous pr�cipiterez �galeinent , amp; m�ine eo' core mieiix , cette terre calcaire, en verfant dari*nbsp;Ia liqueur de 1�alkali fixe en folutlon, comine Peff-ordlnairementl�alkali fixe v�g�tal, ou en y jetan*^nbsp;de 1�alkali fixe mineral.
Remarque.
C�est par un effet femblable , que les eau^ dures decontpofent le favon au lieu de le dilToU'nbsp;dre, amp; laiflent toinber au fond une quantlte pli'gt;*nbsp;ou moins grande de terre calcaire. Void commentnbsp;cela fe fait.
Les eaux dures ne le font ordlnairement, que parcequ�elles tiennent en folutlon de la f�l�nlte onnbsp;du gypfe, qui n�eft qu�une combinaifon d�acid�nbsp;vitriolique avec une terre calcaire, foit c[ue ceft^nbsp;eau ait roule a travers des bans de felenite , fo�inbsp;que, contenant des fels vitrioliques , elleait coulenbsp;fur des bans de terre calcaire, qu�elle aura d�nbsp;taquer.
if
D�un autre cote, le favon n�eft qu�une coin' fcinaifon affez forcee d�un alkali fixe avec 1�huil^nbsp;ou une autre jTiatiere grafle ; combinaifon qui n�ennbsp;pas d�une grande tenacite.
Lors done que^ Ton fait dlffoudre du faVOn dans une eau f�l�niteufe, 1�acide vitriolique de 1^nbsp;f�l�nite ayant plus de tendance a s�unir avec I�nf'nbsp;kali fixe du favon qu�avec la terre calcairenbsp;entre dans la compofition de la f�l�nite ,
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abandonne cette terre, fe combine avec l�alkali fixe, enforte que Ie favon efl; d�compof�; amp;nbsp;comme Thuile efl. immifcible avec l�eau , elle s�ynbsp;difperfe en petits flocons , tandis que la terrenbsp;calcaire de la f�l�nite tombe au fond.
Voila un nouvel exemple de l�ufage de la chi-mie pour rendre raifon de certains effets vulgaires, que tout phyficien , qui n�eft pas �clair� de fonnbsp;flambeau , ne fcauroit expliquer , au grand fcao-dale des hommes ignorants, qui lui feroient vo-lontiers la r�primande de la bonne-femme a I�aftro-logue tomb� dans un puits.
IVe Experience.
'^vcc deux liqueurs, chacune tranfparente, produire um liqueur noirdtre amp; opaque: Maniere denbsp;faire de bonne Encre,
Ayez d�un c�t� une folution de vitriol ferrugi-neuxouvert, 8c de l�autre une infufion de noix de galle , ou de quelqu�autre matiere v�g�fale Scnbsp;aflringente, comme les feuilles de ch�ne, biennbsp;tir�e au clair amp; filtr�e ; melangez une liqueur avecnbsp;l�autre : vous verrez auffi-t�t Ie compof� s�obfcur-cir, amp; devenir noir amp; opaque.
Si vous laiflez n�anmoins repofer la liqueur , la partie noire qui y �toit d�abord fufpendue, tom-bera au fond 8c la laiflera tranfparente.
Re M A R (lU E.
Cette experience donne la raifon de Ia formation de 1�encre ordinaire ; car l�encre que nous ^mployons n�eft autre choie qu�une folution denbsp;'^Rriol vert, m�lang�e avec l�infufion de noix denbsp;S^lle . 8c de la gomme. La caufe de fa noirceur
C cij
-ocr page 412-404 R�cr�at. Math�mat. et Phys. n�eft autre que 1�efFet de la propri�t� de Ia tioix denbsp;ga�e, de pr�cipHer en noir ou en bleu fonc� Ienbsp;fer tenu en folution par l�eau impr�gn�e d�acidenbsp;vitriolique. Mais comme ce fer ne tarderoit pa*nbsp;a tomber au fond, pour Ie pr�venir , on y me^nbsp;de la gomme qui donne a l�eau une vifcofit� fuf*nbsp;fifante pour emp�cher que ce fer , commenbsp;ment att�nu� , ne fe pr�cipite.
Le leiffeur ne fera peut-�tre pas fich� de trouver ki la maniere de faire de tr�s-bonne encre.
Prenez , de noix de galle une livre, de gomn^� arabique fix onces, de couperofe verte fix onces fnbsp;de l�eau commune ou de la biere quatre pintes�nbsp;cuncaffez la noix de galle, amp; faites-la infufer*nbsp;une chaleur douce pendant 24 heures, amp;nbsp;bouillir. Ajoutez la gomme concaflT�e, amp; laiffeZ'nbsp;la dlffoudre ; enfin a)outez le vitriol vert , il doft'nbsp;nera auffi-t�t la couleur noire. Vous pafferez knbsp;m�lange au tamis, amp; vous aurez une encre dontnbsp;vous pourrez vous fervir auffi-t�t.
Ve Experience.
Mettez dans une bouteille de m�diocre cap^' cit� , Sc dont le col foit un peu large amp; pas tropnbsp;long, Itois onces d�huile ou d�efprit de vitriol�nbsp;avec douze onces d�eau commune. II faut fairenbsp;peu chauffer ce m�lange ; apr�s quoi vous y jette'nbsp;rez a diverfes reprifes une once ou deux delimaiH,^nbsp;de fer: il fe fera une �bullition violente, �z *'nbsp;fortira du m�lange des vapeurs blanches. Pr�fent^^nbsp;une bougie a Touverture de la bouteille;
-ocr page 413-vapeurs prendront feu , amp; feront une fulmina-tion violente; ce que vous pourrez r�it�rer m�me plufieurs fois, tant que la liqueur fournira de fem-blables vapeurs.
II n�eft pas bien difficile d�expliquer ce ph�no-�Iiene, quand on fqait que 1�acide vitriolique , en s�uniffiint avec Ie fer, Ie priv� d�une grande quan-^ite de fon phlogiftique ou de fon principe inflammable.
VI^ Experience.
La ChanddU phdofophiqut.
Ayez une veffie, dont 1�orifice foit garni d�un �ube de m�tal de quelques pouces de longueur ,nbsp;qui puifle s�adapter dans Ie col de la boutellle ounbsp;^ous ferez Ie m�lange de l�exp�rience pr�c�dente.nbsp;Apr�sen avoir laiffi� fortir Pair expulf� par la va-Peur OU Ie fluide �laftique qui eft produit par lanbsp;diflolution , appliquez au col de cette bouteillenbsp;* Orifice de la veffie , dont vous aurez auparavantnbsp;^Xprim� l�air avec foin: elle fe remplira du fluidenbsp;dlaftique produit par Ia diflblution du fer. Lorf-qu�elle fera pleine , retirez-Ia , amp; appliquez a l�o-*'ifice Ia flamme d�un flambeau; cette vapeur s�en-flammera , Sc brulera lentement; enforte que linbsp;''Ous comprimez la veffie , vous aurez un beau Jetnbsp;ds flamme d�un vert jaunatre. Voila ce que l�snbsp;^Iiimiftes ont appel� la chandcUc philofophiquc p.
des chimijles.
VII� Experience.
^otnm�nt on peut faire , par une compojition chi' mique, un volcan artificiel.
Oo dolt a M. L�mery cette curleufe exp�-*
4oS R�cr�at. Math�mat. et Phys.
rience, qui fert a rendre une raifon affez fenfiW� amp; affez vraifemblable des volcans.
Faitesun m�lange de parties �gales de de fer amp; de fouffe pulv�rif� ; r�duifez-le en paf�nbsp;avec de 1�eau , 6c enfoiiiffez une forte quanti*�nbsp;de cette pate^comme une clnquantaine de livres�nbsp;a un pied environ fous terre: fi Ie temps eft chaud�nbsp;vous verrez , apr�s une dixaine d�heures environ �nbsp;la terre fe bourfouffler, fe cr�ver , amp; fortir desnbsp;flam mes qui agrandiront les ouvertures , amp;nbsp;pandront a 1�entour une poudre jaune 6c noiratre*
II eft probable que ce qui fe paffe ici en pefd.^ fe paffe en grand dans les volcans; car onnbsp;d�abord, que les volcans fourniffent toujours d�nbsp;foufre en quantit� ; on fqait de plus, que les m3'nbsp;tieres qu�ils rejettentabondent en particules m�ral'nbsp;liques amp; probablement ferrugineufes, car il n y *nbsp;que Ie fer qui ait la propri�t� de faire effervefcenC�nbsp;avec Ie foufre lorfqu�on les m�lange enfemble.
Or il eft aif� de concevoir par ce que prodoft une petite quantit� du m�lange ci-deffus, de celn*nbsp;que produiroit une quantit� de plufieurs miHi�''*nbsp;OU millions de livres d�un pareil m�lange : on n^nbsp;peut douter qu�il n�en r�iultat des ph�nomen^*nbsp;auffi redoutables que ceux des tremblements qnbsp;terre, amp; des volcans qui les accompagnent ord*nbsp;nairement.
VIIIe Experience.
Compoj�tlon de rOr fulminant.
Faites une eau regale, en m�lant a quatre ties d�efprlt de nitre,une de fel ammoniac; jete^ynbsp;des fragments d�or de coupelle : lorfque la folnf�^^nbsp;fera fake , vous verferez dans la liqueur de
C H I M I E, nbsp;nbsp;nbsp;407
rohition d�alkali fixe, ou autrement de TAai/g de tarm par d�faillanu: Tor fe pr�cipitera au fondnbsp;en forme de poudre jaune, que vous retirerez ennbsp;verfant la liqueur. II faudra enfuite verfer fur cettenbsp;poudre de I�eau chaude pour la laver, enfin la f�-cher: vous aurez de 1�or fulminant.
Pour en faire l�exp�rience, vous en prendrez une tr�s-petite quantit�, que vous mettrez fur la pointenbsp;d�une lame de couteau. Cette lame �tant mife furnbsp;lafiamme d�une bougie, lorfqu�elle fera �chauffeenbsp;a un certain point, la poudre s�enflammera , amp;nbsp;fera une explofion terrible, amp; incomparablementnbsp;plus grande que celle d�une quantit� femblable denbsp;poudre a canon.
Ce n�eft pas feulement 1�application du feu qut peut faire fulminer l�or ainfi pr�par�; Ie fimplenbsp;frottenient produit eet effet. On a vu quelquesnbsp;particules d�or fulminant engag�es entre Ie colnbsp;d�un flacon amp; Ie bouchon , pendant qu�on Ie fer-moit, faire explofion , brifer Ie flacon en millenbsp;pieces, bleffer Sc eftropier celui qui Ie tenoit.nbsp;Pareille chofe arriveroit immanquablement , finbsp;1�on s�avifoit de triturer eet or dans un mortier ,nbsp;OU d�entreprendre de Ie faire fondre, pour Ie r�-duire en maffe m�tallique , fans des pr�paratifsnbsp;convenables.
Remarque.
L�or ne feroit pas fulminant ,fi 1�eau r�gale �toit faite avec un m�lange d�efprit de nitre amp; d�efpritnbsp;de fel marin, ou d�efprit de nitre dans lequelnbsp;�n auroit mis du fel marin , ( car ce font autantnbsp;de manieres de faire de l�eau r�gale, ) amp; li l�onnbsp;Pf�cipitoit l�or avec l�alkali fixe; car il faut, pournbsp;H^e l�or devienne fulminant, qu�ll entre ou dans
C c iv
-ocr page 416-4o8 R�cr�at. Math�mat. et Phys. l�eau regale, ou dans Ie precipitant, de l�alkalJnbsp;Tolatil.
Si done vous employiez pour diflbudrelor� une eau regale faite avec l�efprit de nitre amp; celutnbsp;de fel marin, il faudroit pr�cipiter Tor avec 1�a^'nbsp;kali volatil; vous aurez encore de l�or fulminant.
Pour lui �ter fa propri�t� fulminante , il fau*-verfer delTus, ou de 1�acide vitriolique , ou l�alkall fixe en diffolution : il fe fait par-la avecnbsp;ce qui conftitue l�or fulminant une combinaifo�nbsp;qui Ie lui enleve ; amp; apr�s 1�avoir lav�, on Ie t�quot;nbsp;trouve en poudre , qu�on peut r�duire fans dangelt;^nbsp;par les voies ordinaires.
IXe Exp�rience.
Compojition de la Poudre fulminante.
II faut m�ianger enfemble trois parties de nitre, deux d�alkali fixe bien deffech�, amp; une de fou-fre ; mettre enfuite ce m�lange dans une cuillerenbsp;de f^er, qu�on expofera a un feu doux , capablenbsp;n�anmoins de fondre Ie foufre : lorfqu�il fera pat'nbsp;venu a un certain degr� de chaleur, il d�tonneranbsp;avec un fracas �pouvantable , amp; tel qu�un coupnbsp;de canon.
Cela n�arriveroit pas , fi cette poudre �toit eX' pof�e a un feu trop violent ; il n�y auroit alof*nbsp;que les parties les plus expof�es au feu , amp; en p^'nbsp;tite quantit� , qui d�tonneroient tout-a-coup ?nbsp;qui diminueroit de beaucoup 1�effet.
Si on la jetoit fur Ie feu , elle ne d�tonnetoit pas non plus , amp; elle ne produiroit guere d�autf�nbsp;effet que Ie nitre pur, qui d�tonne bien,nbsp;fans explolion.
C H I M I E. nbsp;nbsp;nbsp;409
Xe Experience.
Liqueur qui fe colore amp; fe dicolore alternatlvement,
en permettant ou interceptant Ie contact de Vair ext�rieur avec elle,
Faites dig�rer, c�eft-a-dire dilToiidre lente-ment, au moyen d�une chaleur mod�r�e, du cuivre dans une forte folution d�alkali volatil:nbsp;a mefure que cette folution attaquera Ie cuivre ,nbsp;clle fe colorera d�un beau bleu. Mettez la liqueurnbsp;dans une petite bouteille qui en foit a peu pr�snbsp;pleine, amp; bouchez-la exaftement : Ia couleurnbsp;s�affoiblira peu a peu, amp; enfin difparoura. Ou-Vfez la bouteille, elle fe colorera de nouveaunbsp;peu a peu , amp; ainfi alternatlvement, tant qu�onnbsp;Ie voudra.
XI^ Experience.
Pr�tendue production d'un nouveau Fer.
Prenez de 1�argile , ou des cendres de v�g�-taux ou d�animaux brul�s, promenez-y un bar-reau d�acier aimant� ; vous en tirerez fouvent quelques parcelles de fer qui s�y attacheront. Vousnbsp;Vous alTurerez par-la qu�il n�y a point de fer ennbsp;nature dans cette terre ou dans ces cendres.
M�langez enfuite cette terre ou ces cendres avec du charbon en poudre , ou faites-en unenbsp;pat� avec de 1�hulle de lin , amp; mettez Ie tout dansnbsp;nn creufet , que vous tiendrez rouge pendantnbsp;quelque temps, mais pas affez pour produire unenbsp;vitrification: lorfque cette maffe fera refroidie 6cnbsp;*'6mife en poufliere , vous y prom�nerez un bar-^�au de fer aimant� ; il s�y attachera encore unnbsp;S^and nombre de parcelles dg fer.
-ocr page 418-^10 R�CR�AT, MATHiMAT, ET PhTS,
Remarque,
On a pr�tendu donnercette experience commff une preuve qu�on pouvoit , avec de l�arglle 8^nbsp;de 1�huile de lin, produire du fer. Un chimifl^nbsp;c�lebre de l�Acad�mie , a m�tne �t� dans eettenbsp;idee, amp; ne paroit pas l�avoir abandonn�e, malgf��nbsp;la contradiftion qu�il efluya de la part d'un de 1^*nbsp;confreres. Ma�s je ne crois pas qu�il y ait plu�quot;nbsp;aucun chimifte qui voie la une production du fej�'
En effet, on auroit tort de penfer, qu�apr�s avoir retire de l�arglle Ie peu de fer qu�y trouve d�abordnbsp;Ie barreau aimant� , il n�y en refte plus. L�aimantnbsp;n�attlre que Ie fer dans fon �tat m�tallique, ou cftnbsp;approchant beaucoup ; mals il ne laifle pas d�ynbsp;en refter qui eft en 1��tat d�ocre , ou de fer plus o�nbsp;moins dephlogiftiqu�: dans eet �tat, il n�eft pli*^nbsp;attirable a l�aimant , ainfi que Ie prouve 1�expe''nbsp;rience faite fur l�oere form�e artificiellenoent pafnbsp;Ia torr�fa�tion du fer, ou fur la roullle.
II eft d�ailleurs reconnu que Ie fer eft de tou? les m�taux Ie plus univerfellement r�pandu fur 1^nbsp;terre : c�eft-lui qui eft Ie principe de Ia couleurnbsp;argiles j amp; tant qu�une argile eft color�e , eH�nbsp;contient du fer.
Que fait done Ia torr�faCtion de I�argile la pouffiere du charbon ou l�huile de lin , ou tou��nbsp;autre huile ou corps gras quelconque , qui co'i'nbsp;tient �minemment Ie phlogiftique ? Rien auf^nbsp;chofe que de pr�fenter a cette ocre de fer ,nbsp;phlogiftique qui, en revivifiantquelques parcel^*��'nbsp;les rend attirables a Taimant. Voila toute lanbsp;veille de cette operation.
Mais, dira-t-on , quelle apparence y a-t-� des cendres de bois contiennent da fer?
-ocr page 419-Chimie. nbsp;nbsp;nbsp;411
r�pondons a cela, que Ie fer �tant r�pandu avec la plus grande abondance dans la nature, il n�efl: pref-que aucune terre qui n�en contienne; qu�il eft fuf-ceptible d�une attenuation prodigieufe ; amp; que dif-fous dans les liqueurs , il paffe avec elles , en partienbsp;du moins, par les Uitres: ainfi 11 a pu facilementnbsp;s��lever avec la feve des plantes : il circule dans Ienbsp;corps humain avec Ie fang : enfin, c�eft une v�rit�nbsp;aujourd�hui reconnue par les chimiftes, qu�il y anbsp;des inol�cules de fer dans prefque tons les corps;nbsp;amp; m�ine on croit que c�eft ce m�tal qui co-lore les plantes, avec Ie concours de la lumiere ;nbsp;enforte que, fans Ie fer ou fans la lumiere, les plantes n�auroient aucune autre couleur que la blanche.nbsp;X 1Experience.
'Av^c deux liquides melanges , former un corps
folide , OU du moins ayant de la conjijlance.
Faites une folution d�alkall fixe tr�s-concentr� ; faites-en une autre de nitre a bafe terreufe * , �ga-ment tr�s-concentr�e; m�lez les deux folutlonsnbsp;enfemble : il fe fera une precipitation tr�s-abon-dante d�une matiere qui prendra une forte de fo-lidit�.
Cela a paru a quelques chimiftes affez mervell-leux pour leur faire donner a cette operation Ie nom de miracle chimique, amp; c�eft fous ce nomnbsp;qu�on la connoit. II n�y a pourtant iel rien de fortnbsp;merveilleux, car void ce qui fe paffe. Les deuxnbsp;Solutions �tant m�lang�es , l�acide nitreux aban-donne la terre pour s�emparer de l�alkali fixe ;
_ * Le nitre a bafe terreufe, eft une combinaifon de Faalde nitreux avec une terre calcaire.
411 RiCR�AT. Math�mat. et Phys. cette terre fe pr�cipite, amp; forme Ie corps foIlfJ^nbsp;qui r�fulte de ce m�lange.
Voici une autre operation qu�on pourroit a plus jufte titre appeler miracle chimique. On ennbsp;doit la remarque a M. de LalTonne, premier m^'nbsp;decin de la Reine.
XII Ie Experience.
Former une comhinaifon qui kant froidefoit liquid^) amp; au contraire , kant �chauffee , deviennenbsp;conjijlante en forme de gelee.
Prenez parties �gales d�alkali fixe, foit vegetal gt; foit mineral, amp; de chaux vive bien pulv�rif�e ynbsp;mettez-les enfemble dans une quantit� d�eau fuf'nbsp;fifante , que vous foumettrez a une fortenbsp;prompte ebullition ; filtrez ce qui en r�fultera '�nbsp;cette liqueur paflfera d�abord avec difficult� par Ienbsp;filtre , enfuite plus facilement. Confervez-la dansnbsp;une bouteille bien clofe ; faites-la de nouveannbsp;bouillir promptement, foit dans la bouteille , foitnbsp;dans un autre vafe : vous la verrez fe troubler ynbsp;amp;c prendre tout de fuite la confiflance d�une collsnbsp;tr�s-�paifTe. LaifTez-la refroidir, elle reprendranbsp;fa tranfparence amp;c fa liquidit�, amp; cela a plufieursnbsp;teprifes.
M. de Laflonne a fait beaucoup d�exp�rience� pour d�m�ler la caufe d�un ph�nomene li fingU'nbsp;lier , Sf il en af�igne une raifon fatisfaifante-Mais nous croyons devoir renvoyer aux M�rnoif^^nbsp;de CAcad�mie des Sciences ^ ann�e 1773.
C H I M I �.
XI V� Experience.
Faire parottre tout-a-coup un �clair dans une cham-bre , quand ony entrera ayec un jlambeau allum�,
II faut faire clii�ouclre du camphre dans de l�efprit de vin; placez enfuite Ie vafe daqs unenbsp;chambre petite amp; bien dole, amp; faites �vaporernbsp;l�eiprit de vin par une forte amp; prompte ebullition : lorfque vous entrerez peu apr�s dans cettenbsp;chambre avec un flambeau , l�air s�enflammera ,nbsp;mais fans aucun danger, tant cette inflammationnbsp;fera prompte amp; de peu de dur�e.
On obtiendroit probablement Ie m�me effet, en remplilTant l�air d�une chambre d�une pouffierenbsp;�pailTe de la femence d�un certain lycoperdon ,nbsp;qui eft inflammable ; car cette femence , qui eftnbsp;tr�s-menue amp; comme une pouffiere, s�enflammenbsp;toutcommela poix-r�fine pulv�rif�e, dont on fenbsp;fert pour les flambeaux des furies amp; pour faire desnbsp;�clairs dans l�op�ra ; amp; i�on feroit peut-�tre biennbsp;de 1�y fubftituer , parcequ�elle ne produit pas l�o-deur grave amp; d�fagr�able qui r�fulte de la poix-t�fine br�l�e, amp; qui empoifonne les fpe�ateurs.
XVe Experience.
Des Encres Jympathiques , nbsp;nbsp;nbsp;amp; de quelques Jeux
qu on execute par leur moyen.
On appe�e encres fympathiques ou de fympa-^b-ie, certaines liqueurs qui , feules ou dans leur naturel, font fans couleur, mais qui, par 1�ad-dition d�une autre liqueur ou de quelque circonf-
-ocr page 422-414 R�cr�at, Math�mat. et PhYs, tance particuliere , pr-ennent de la couleur, queu�nbsp;qu�elle foit.
La chimie pr�fente un grand nombre de queurs de cette efpece , doiit nous aliens faif�nbsp;connoitre les principales amp; les plus curieufes.
1, nbsp;nbsp;nbsp;Ecrivez avec une folution de vitriol vert�nbsp;dans laquelle n�anmoins vous aurez ajout� unnbsp;d�acide : cette l'olution �tant abfolument d�colo'nbsp;ree, on ne verra point 1��criture: lorfque vouSnbsp;la voudrez voir , plongez la dans une eau oir aut^nbsp;�t� infulee de la noix de galle, ou itnbibez Ie pa'nbsp;pier avec une �ponge plong�e dans cette eau '�gt;nbsp;1��criture parojtra auffi-t�t, EneflFet, il eft aif� �nbsp;pour qui a compris la 4� exp�rience , de voitnbsp;qu�il fe forme ici une encre fur Ie papiei;, DaU^nbsp;la formation de l�encre , on combine les deu^nbsp;ingredients avant que de s�en fervir pour �crire ?nbsp;ici 1�on ne les combine que 1��criture faite : vo�^nbsp;toute la difference.
2. nbsp;nbsp;nbsp;Si vous voulez une encre qui fe coloreroitnbsp;en bleu , apr�s avoir �crit avec la folution acidsnbsp;de vitriol vert, vous humefterez l��criture avesnbsp;la liqueur fuivante.
Faites d�tonner avec un charbon ardent 4 onces de nitre avec 4 onces de tartre ; vous msf'nbsp;trez enfuite eet alkali dans un creufet, avec 4nbsp;onces de fang de bcEuf defl�ch�, amp; vous coU'nbsp;vrirez Ie creufet d�un couvercle perc� feulenie�^*'nbsp;d�un petit trou ; calcinez ce m�lange a un �sUnbsp;mod�r�, julqu�a ce qu�il ne forte plus de futnse gt;nbsp;apr�s quoi vous ferez rougir Ie tout m�dioetS'nbsp;ment; la matiere qui en fortira , vous la plongs'nbsp;rez encore toute rouge dans deux pintes d�eau�nbsp;o� elle fe dilToudra en faifant bouillir cette eau?
C H I M I E. nbsp;nbsp;nbsp;41^
vous r�duirez environ a la inoiti�: vous aurez Une eau avec laquelle, fi vous humeftez 1��criturenbsp;trac�e de la maniere ci-deffus, elle prenclra auffi-t�t une belle couleur bleue. Car , dans cette operation , il fe forme , au lieu d�une encre noire ,nbsp;wn bleu de PrulTe.
3. nbsp;nbsp;nbsp;Diffblvez dubifmuth dans de 1�acide nitreux ,nbsp;fera la liqueur avec laquelle vous �crirez.
Pour ia faire paroitre, vous vous fervirez de �a liqueur fuivante. Faites bouillir une forte folu-jion d�alkali fixe fur du foufre en poudre tr�s-fine,nbsp;iufqu�a ce qu�il en ait diflbus autant qu�il fe peut:nbsp;gt;1 en r�fultera une liqueur qui exhalera, on 1�a-''^oue, une odeur fort d�fagr�able. Expofez auxnbsp;'^apeurs qui en fortiront 1��criture ci-deflTus, ellenbsp;fe colorera en noir.
4. nbsp;nbsp;nbsp;Ma�s de toutes les encres fympathlques, lanbsp;plus curieufe eft celle qu�on fait au moyen dunbsp;kobalt, C�eft un ph�nomene fort remarquable,nbsp;^Ue celui de voir paroitre amp; difparoitre alterna-*ivement, amp; a fon gr� , des cara�leres ou des def-f�ns trac�s avec cette encre; amp; c�eft une propri�t�nbsp;^ui lui eft particuliere , car les autres encres fym-Pathiques font a la v�rit� invlfibles-, tant qu�on
leur applique pas 1�ingr�dient qui doit fervir a faire paroitre ; mals', ayant une fois paru, ilsnbsp;s�effacent plus. Celle qu�on fait avec Ie cobalt,nbsp;Paroit amp; difparoit prefque tant qu�on veut.
Pour faire cette encre, il faut prendre du fafre , *1^2 l�on trouve chez les droguiftes; faites-le di-Serer dans 1�eau r�gale , enforte qu�elle en tirenbsp;qu�elle peut en dilToudre , c�eft-a-clire la terrenbsp;'^^tallique du cobalt, qui colore Ie fafre en bleu ;nbsp;�tendrez enfuite cette dilTolution, qui eft tr�s-
-ocr page 424-4i6 R�cr�at. Math�mat. Et PhYS. cauftique , avec l�eau commune , amp; vous pourre^nbsp;vous en fervir comme d�encre pour �crire furnbsp;papier. Les carafteres feront invifibles, car cettenbsp;folution efl: fans couleur fenfible ; mais fi vousnbsp;les expofez a une chaleur fuffifante , ils paroitrontnbsp;en vert. Lorfque vous les aurez laiff� refroidu ?nbsp;ils difparoitront de nouveau.
II faut pourtant obferver que fi on chauffo^*quot; trop fort Ie papier, ils ne difparoitroient plus.
Re M A R q^u E.
On execute par Ie moyen de cette encre quelquot; ques jeux affez ing�nieux amp; affez amufants; tel*nbsp;que ceux-ci.
I. Faire un tableau qui repr�fente alternativerW^^ Vhiver amp; Vit�.
Faites un payfage dont la terre , les tronc* d�arbres, les branches, foient peintes avec 1^*nbsp;couleurs ordinaires , amp; appropri�es au fujet; magt;*nbsp;deflinez amp; lavez les herbes, les feuilles des arbres gt;nbsp;avec la liqueur ci-deflus: vous aurez un table^^nbsp;qui, a la temperature ordinaire de 1�air , repr^'nbsp;fentera une campagne priv�e de fa verdure : mal*nbsp;faites-le chauffer fuffifamment, amp; point trop, vou*nbsp;Ie verrez fe couvrir de plantes, de feuilles,nbsp;forte qu�il repr�fentera alors Ie printemps.
On a fait amp; Ton fait encore, ]e crois, a Paris ? des �crans peints de cette maniere. Ceux anbsp;on les donne , amp; qui ignorent l�artifice, font bi^^nbsp;�tonn�s de voir, peu apr�s qu�ils s�en font ferv'*nbsp;au devant du feu , Ie tableau qu�ils pr�fententnbsp;foiument change.
4�7
C H I M I E.
2. VOracle magicjut.
On �crit fur plufieurs feuilles de papier, des queftions avec de l�encre ordinaire ; amp; au deffousnbsp;on �crit les r�ponfes avec la derniere encre fym-pathique, On doit avoir plufieurs feuilles portantnbsp;la m�ine queftion amp; des r�ponfes diff�rentes,nbsp;afin que l�artifice foit m�ins aif� a foupqonner.
Ayez enfuite une boite, que vous appellerez l'antrc dc la Sibylh, ou autrement, amp; qui dansnbsp;fon couvercle contiendra une placjue de fer tr�s-chaude , enforte que fon int�rieur puilTe �trenbsp;�chauff� jufqu�a un certain degr�,
Apr�s avoir fait choifir des queftions , vous prendrez les feuilles choifies , amp; vous direz quenbsp;vous allez les envoyer a la Sibylle ou a 1�Oraclenbsp;pour en avoir la r�p,onfe , amp; vous les placereznbsp;dans la botte �chauff�e; enfin, apr�s quelquesnbsp;minutes , vous les retirerez, amp; vous montrerez lesnbsp;r�ponfes �crites. II faut bien vite reinettre a partnbsp;Ces feuilles; car fi elles reftoient entre les mainsnbsp;des t�moins du tour, ils s�appercevroient que lesnbsp;r�ponfes s�effacent peu a peu, a mefure que Ienbsp;papier fe refroidit.
-XV Ie Exp�rience.
Des Vegetations m�talliques,
C�eft un fpe�lacle des plus curieux de la chimie, que de voir s��lever dans un vafe une efpece d�ar-trifleau , de Ie voir poufler des branches, quel-quefois m�me des efpeces de fruits. Cette imagenbsp;trompeufe de la vegetation, a fait donnet k cettenbsp;�p�ration Ie nom de vegetation chimique ou. mi-^allique ; amp; c�eft probablement par un femblablenbsp;Tome IV,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;D d
4x8 R�CR�AT. Math�mat. et Phys. artifice qu�on en a impof� a quelques hommesnbsp;de bonne foi, qui ont cru voir r�alifer la palioquot;nbsp;g�n�fie. Quoi qu�il en foit , voici les plus cu-rieufes de ces efpeces de v�g�tations, qui ne (ontnbsp;dans Ie fait qu�une forte de criftallifation.
^rhre de Mars.
Diflblvez dans de Tefprit de nitre m�diocre-ment concentre , de ia limaille de fer , jufqu�f faturation. Ayez enfuite de la folution d�alkalxnbsp;fixe de tartre, commun�ment appel�e huile denbsp;tartre per deliqulum; vous la verferez peu a pe^^nbsp;dans la premiere folution : il fe fera une fortenbsp;effervefcence, apr�s laquelle Ie fer, au lieu denbsp;tomber au fond du vafe , s��l�vera au, contrairenbsp;Ie long de fes parois, Ie tapilTera en dedans , ^nbsp;formera une multitude de branchages amoncelesnbsp;les uns fur les autres, qui d�bordera fouvent, amp;nbsp;fe r�pandra fur les parois ext�rieures du vafe, avecnbsp;toute l�apparence d�une plante. Si, ce qui arri-vera quelquefois, il fe r�pand de la liqueur,nbsp;faut avoir foin de la recueillir amp; de la remettrenbsp;dans Ie vafe ; elle formera de nouveaux branch�'nbsp;ges, qui contribueront a augmenter la maffe denbsp;cette efpece de vegetation.
PI. 8, On donne ici les repr�fentations de deux d� fig. 46. ces vegetations, tir�es d�un m�moire de M. L�'nbsp;jnery, fils, inf�r� parmi ceux de l�Acad�mi�?nbsp;ann�e 1706. On lit une explication alTez vrat''nbsp;femblable de ce ph�nomene parmi ceux de 17^7'
Arhre de Diane.
On appelle cette vegetation arhre de Dianif parcequ�elle ell form�e au rnoyen de TargefO
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C H I M I �.
comme la pr�c�dente eft noiron�e arhn de Mars, parceque c�eft Ie fer qui la produit. Pour fairenbsp;cette feconde, voici deux proc�d�s, 1�un denbsp;M, L�mery , l�autre de M. Homberg.
Fakes diflbudre une once d�argent de cou-pelle dans une quantit� fuffifante d�efprit de nitre tr�s-pur amp; d�une force m�diocre ; vous mettreznbsp;enfuite cette diflblution dans un bocal, amp; vous T�-tend/ez dans environ vingt onces d�eau diftiil�e ;nbsp;vous y ajouterez enfin deux onces de mercure, Scnbsp;vous laifTerez Ie tout en repos : dans 1�efpace denbsp;quarante jours il fe formera fur Ie mercure unenbsp;efpece d�arbre qui , par fes branchages, imiteranbsp;beaucoup une vegetation naturelle.
Si Ton trouve ce proc�d�, du refte fort fim-ple , un peu trop long, voici celui de M. Homberg , au moyen duquel la curiofit� eft auffi-t�t fatisfaite.
Amalgamez enfemble ( c�eft-a-dire m�lez, aii moyen d� la trituration , dans un mortier de por-phyre amp; avec un pilon de fer ,) deux gros denbsp;mercure bien pur , amp; quatre d�argent fin r�duit ennbsp;limaille ou en feuilles; vous ferez diftbudre cettenbsp;amalgame dans quatre onces d�efprit de nitre biennbsp;pur Sc m�diocre ment fort, Sc vous �tendrez lanbsp;iblution dans environ une livre Sc demie d�eaunbsp;diftiil�e , que vous agiterez Sc conferverez dansnbsp;Un flacon bien bouch�. Prenez une once de cettenbsp;liqueur, que vous verferez dans un verre, Sc vousnbsp;y jetterez gros comme un pois d�une amalgame denbsp;tnercure Sc d�argent, femblable a la pr�c�dente ,nbsp;amp; molle comme du beurre; vous ne tarderez pas anbsp;�Voir s��lever de delTus cette boule d�amalgame,/nbsp;wne multitude de petits filaments qui croitront a
Dd ij
410 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
vue d�ceil, jefteront des branches, amp; formeront des efpeces d�arbrifleaux.
M. Homberg enfelgne , ( M�m. de CAcad. y ann. 1710, ) une maniere de faire une pareillenbsp;vegetation , foit avec 1�or, foitavec de 1�argent�nbsp;par la voie feche , c�eft-a-dire fans folution , mai*nbsp;par la voie de la diftillation.
II y a encore une efpece de vegetation remar* qu�e par M. de Morveau , amp; appel�e par lutnbsp;barbe de Jupiter.^ parceque l��tain y entre cominenbsp;compofant; mais je ne puis pas Ia d�crire , n��tantnbsp;pas a portee d�avoir fes EJJdis chimiqucs.
Vegetation non mitallique.
Fakes d�tonner avec un charbon ardent 8 onces de falp�tre , que vous mettrez enfuite a la cave,nbsp;pour qu�il en r�fulte une huile de tartre per deli~nbsp;quium; verfez deflus peu a pen 8c jufqu�a faturationnbsp;parfaite, de bon efprit de vitriol; faites �vaporernbsp;toute l�humidit� : vous aurez une matiere faline ,nbsp;blanche, compare 8c tr�s-acre. Vous la mettreznbsp;dans une �cuelle de gres, vous verferez deffus unnbsp;demi-feptier d�eau froide , 8c laifferez Ie tout ex-pof� a Fair: au bout de quelques jours 1�eau s��va-porera, 8c il fe formera de c�t�s amp;c d�autres desnbsp;branchages en forme d�aiguilles diverfement entre-lac�es, 8c qui auront jufqu�a 15 lignes de longueur. Lorfque l�eau fera enti�rement �vapor�e,nbsp;� on en ajoute de nouvelle, la vegetation conti-nuera.
II eft aif� de voif que c�efl: ici une fimple crif-tallifation d�un fel neutre, form� de 1�acide vi-triolique 8c de la bafe du nitre, c�eft-a-dire d�un tartre vitriol�.
-ocr page 429-Chi MIE. nbsp;nbsp;nbsp;4i�
XVIIe Experience*
Produlre la chaleur amp; mime lajlamme par U moyejz, de. deux liqueurs froides,
Prencz de 1�hulle de ga�ac , que vous mettrez dans une petite terrine ; ayez enfuite de l�efprit denbsp;nitre, affez concentre pour qu�une petite bouteillenbsp;qui contiendroit une once d�eau , contienne,nbsp;�tant remplie de eet acide , une once amp; demienbsp;amp; quelque chofe de plus. Cet acide doit �tre dansnbsp;une bouteille eininanch�e a un long baton ; on eigt;nbsp;verfera les deux tiers environ fur l�huile contenuenbsp;dans la terrine : il s�excitera un violent bouillon-nement, qui ne tardera pas d��tre fuivi d�une tr�s-grande flamme; Si la fl'amme ne furvient pas apr�snbsp;quelques fecondes, vous n�avez qu�a verfer Ie ref-tant de l�acide nitreux fur l�endroit Ie plus noirnbsp;de l�huile, l�inflammation ne manquera pas denbsp;fucc�der, amp; il reftera une efpece de charboanbsp;fpongieux amp; fort gros.
On enflamme de m�me rhuile de t�r�ben-thine, l�huile de faffafras , amp; toutes les autres huiles eflentielles.
A 1��gard des huiles gralTes , comme celles d�o-llve, de nolx, amp; autres tir�es par expreffion, on y r�uffit au moyen d�un acide form� du m�langenbsp;des abides vitriolique amp; nitreux bien concentres j.nbsp;parties �gales de chacun.
X V111^ Experience.
Pondre du fer dans un injlant y amp; Ie faire coul�r en gouttes.
II faut faire chauffer a Wane une barre de fer, ^ enfuite lui pr�fenter une bille de foufre; Ie fer
RiCR�AT, Math�mat. et Phys. fe mettra tout de fuite en fufion, amp; coulera ennbsp;gouttes. II feta a propos d�expofer au defTous unenbsp;terrine pleine d�eau, dans laqiielle les gouttes qmnbsp;couleront s��teindront auffi-t�t. On les trouveranbsp;r�duites en une efpece de ter de fonte.
On fe fert de ce proc�d� pour faire la grenaills de fer pour la chafle ; car ces grains de fer fondttnbsp;tombant dans 1�eau, s�y arrondiffent aflez bien.
Voici encore deux petites exp�riences que nous ne donnons ici, que parcequ�on a couturne denbsp;leur donner place dans les r�cr�ations phyliques.
XIXe Experience.
^ nbsp;nbsp;nbsp;rnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;�nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
Paire fondrc du mital dans une coquille de noix.
Prenez une piece de monnoie tr�s-mince, comme une piece de i8 deniers, amp; m�me pluSnbsp;mince encore; mettez-la, apr�s 1�avoir pli�e en unnbsp;rouleau , dans une demi-coquille de noix, o� ellenbsp;foit environn�e d�une poudre compof�e de troisnbsp;parties de falp�tre broy� fin amp; bien deff�ch� ,nbsp;deux parties de fleur de foufre amp; une de rapure denbsp;quelque bois tendre ; mettez enfuite Ie feu a cettenbsp;poudre avec une allumette : la piece de m�talnbsp;fondra, fans que la coquille foit plus que flaperquot;nbsp;ficiellement br�l�e.
Cela vient fans doute de Taiflivit� de ce feu aid� de 1�acide vitriolique contenu dans Ie foufre ,nbsp;amp; qui agit avec une telle promptitude , qu�H *nbsp;pas Ie temps de bruler la coquille de noix.
4^3
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XX� Exp�rience.
Partager une phu de monnoie m deux dans fon �paijfeur,
Fichez dans une table trois �pingles, fur lef-quelles vous placerez la piece de monnoie; mettez au deffus amp; au deffous un tas de fleurs de foufre ,nbsp;auxquelles vous mettrez Ie feu : lorfqu�il feranbsp;�teint, vous trouverez fur la partie fup�rieure unenbsp;fuperficie du m�tal qui fera d�tach�e de la piece,
On a obferv� que fur une piece d�or, comnie un louis, on enleveroit pour 12 fous d�or, en d�-penfant pour 30 a 40 fous de foufre; ce qui fuffitnbsp;pour rendre cette exp�rience nullement dange-reufe pour la s�ret� publique. D�ailleurs la piecenbsp;de monnoie perd en grande partie la nettet� denbsp;fon empreinte ; ainfi celui qui entreprendroit denbsp;rogner ainfi la monnoie, feroit la vidiime de lanbsp;mauvaife volont�.
Ce que nous venons de dire eft bien propre a infpirer a nos lefleurs la curiofit� de p�n�trernbsp;plus profond�ment dans cette belle fcience. Nousnbsp;allons done indiquer a ceux qui auroient ce def-fein , les livres o� ils peuvent puifer Ie plus faci-lement cette connoififance. Nous mettons dans ccnbsp;rang, amp;t au nombre des ouvragesles mieuxfaits,nbsp;les E�ments de Chimie th�orique amp; pratique denbsp;M. Macquer, en 3 vol. in-ix, dont Ie premiernbsp;contient Ia th�orie, 6c les deux autres la pratique ,nbsp;c�eft-a-dire les experiences d�diiites amp; expliqu�esnbsp;d�apr�s les principes jet�s dans Ie premier volume.nbsp;On doit au m�me auteur un excellent Diclionnairenbsp;de Chimiej en z vol, in-8�, dont il paroitra bient�t
D d iv
-ocr page 432-42,4 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
�ne nouvelle edition augment�e de plus d�un tiers�� Cetouvrage doit faire fuite au pr�c�dent. On peutnbsp;joindre a ces ouvrages Ie Manud dc Chimie de M.nbsp;Baum� ; c�eft un pr�cis tr�s-bien fait de toutes lesnbsp;op�rations de eet art. Nous ajouterons, heiireuXnbsp;6c trois fois heureux ceux qui ont pu fe procurernbsp;Ie pr�cis des leqons de chimie de M. Rouelle �nbsp;Mais elles n�exiftent encore que inanufcrites , entrenbsp;les mains de quelques-uns de ceux qui ont fuivinbsp;fon cours.
On vient d�imprimer a Dijon un Trc^h� ds Chimie, d� principalement a M. de Morveau ynbsp;magiftrat qui , a T�tude des lois amp; a 1�exercicenbsp;�clair� des fon�lions de fon �tat, r�unit des con-noiffances profondes dans la phyfique amp; la chi'nbsp;mie. Cet ouvrage envifage la chimie fous un af-pe�l: particulier, amp; en pr�fente un d�veloppementnbsp;tout-a-fait neuf amp; fatisfaifant.
On faifoit autrefois grand cas des Elements de Chimie de Boerhaave ; mais aujourd�hui ils nenbsp;jouiffent plus, comme livre de chimie, de la m�menbsp;cftime : c�efl: n�anmoins un excellent trait� denbsp;phyfique, amp; une tr�s-honne introdu�lion a lanbsp;chimie moderne. La partie qui traite du feunbsp;paffe entr�autres pour un chef-d�ceuvre.
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NO�S venons de nommer les deux plus c�le-bres chim�res de l�efprit humain; uous difons les deux plus c�lebres ; car, quoique la quadraturenbsp;du eerde dans la g�om�trie , Ie mouvement per-p�tuel dans les m�caniques, aient auffi une grandenbsp;c�l�brit� par les efforts inutiles d�une foule denbsp;gens , cette c�l�brit� Ie cede n�anmoins a cellenbsp;des deux premieres queftions ci-delTus , a peu pr�snbsp;dans Ie m�me rapport que 1�int�r�t de trouver lanbsp;quadrature du eerde ou Ie mouvement perp�tuel,nbsp;Ie cede a celui de trouver Ie moyen d�acqu�rirnbsp;d�immenfes richeffes , ou de fe rendre prefquenbsp;immortel: auffi y a-t-il eu dans tous les temps unnbsp;grand nombre d�hommes qui, f�duits par ces chi-meres , ont fait des recherches incroyables pournbsp;arriver a l�un ou l�autre de ces buts.
Tel eft Ie cara�ere de l�efprit humain ;
Quid non mortalia pectora cogunt,
'Auri facra fames , vittzque immenfa cupido !
Nous allons done iel traiter de ces probl�mes chimiques, foit parcequ�ils pr�fentent une matierenbsp;toute de notre reffiort, foit parceque ce que nousnbsp;dirons fervira peut-�tre de pr�fervatif contre l�il-^ufion dont tant de gens. ont �t� les dupes.
R�cr�at. MathImat. et Phys.
La pierre philofophale , autrement dite I�eeuvre par excellence, la chryfop�e*, ou la tranfmuta-tion des in�taux vils amp; imparfaits, en or ounbsp;argent, a , depuis im temps immemorial, �t� 1�nbsp;but au quel ont tendu les efforts d�une foule denbsp;gens, foit verf�s dans la chimie , foit a peine ini'nbsp;ties dans cette fcience. Le vulgaire m�me croifnbsp;que c�eft-la 1�unique objet de la chimie ; amp;,nbsp;faut en convenir, c�eft un peu la faute des pre*nbsp;miers qui ont cultive cette belle partie de la phy*nbsp;iique : il en ell: peu qui n�aient donne *a plein col'nbsp;lier dans le travers de chercher a faire de Tor,
II n�y a plus aujourd�hui un aufli grand nombrc de gens ent�t�s de la pierre philofophale ; donbsp;moins parmi les chimiftes �clai��s , aucun OOnbsp;prefque aucun ne court apr�s le moyen de faircnbsp;de' I�or : mais il y a encore beaucoup de gensnbsp;qui, ayant a peine une idee des plus fimples operations de la chimie , s�epuifent en tentatives inu-tiles a r�g�n�rer ce metal precieux : on les voit,nbsp;marchant au hafard , fe croire toujours fur le pointnbsp;de reuflir; manquant de tout , s�en confoler patnbsp;I�agreable idee qu�a cette indigence va fuccddetnbsp;la poffeffion des tr�fors les plus immenfes.nbsp;s�appellent adeptes, parcequ�ils pr�tendent avoitnbsp;atteint le point le plus �lev� de la phllofophie gt;nbsp;qtiaji fummam fapUntiam adepti; ils ne parlen*nbsp;qu��nigmatiquement amp; d�une maniere inintelljquot;nbsp;gible, parceque-le monde ne m�rite pas de poff'^'nbsp;der un pared fecret; pleins enfin d�un froi�
f awn fabtica�e�
-ocr page 435-Orgue'il , ils honorent d�un rirs fardonique les chimiftes raifonneurs, amp; qui cherchent a d�duirenbsp;les ph�nomenes de principes lumineux amp; �tablis.nbsp;J�en al vu un de cette efpece, �couter avec piti�nbsp;une leqon de chimie du dofteur Roux : il n�avoitnbsp;pas de fouliers ; mais il fembloit dire a part lui:nbsp;A quoi s�amufent ces grands enfants ? C��tolt pour-tant une des leqons les plus int�reffantes d�iiiinbsp;cours de chimie de ce fqavant homme ; elle rou-loit fur Ie phlogiftique.
On pourroit dire a ces chercheurs de Ia pierre philofophale: Avant que de nous faire de l�or,nbsp;d�faites-le, amp; recompofez-le; car s�il eft quelquenbsp;moyen de reconnoitre 6c d�montrer la compofi-tion d�une fubftance , c�eft celui de la d�compo-fer amp; de la recompofer. C�eft ainfi que les chi-miftes^ d�compofant 8c recompofant Ie foufre,nbsp;d�montrent qu�il eft form� par 1�union de 1�acidenbsp;vitriolique avec Ie phlogifticjue. On pourroit encore dire a ces m�mes alchlmiftes : Avant que denbsp;nous faire des m�taux pr�cieux, comme Tor 8cnbsp;l�argent, faites-nous feulement du plomb 1 ? car ,nbsp;avant d�aller au plus difficile, la m�thode exigenbsp;qu�on ex�cute Ie plus aif�. Mais je ne connoisnbsp;aucune operation chimique qui r�folve un feul denbsp;Ces deux probl�mes. L�or , aufli rebelle a la d�-compofition qu�a la compofition , refte toujoursnbsp;Ie m�me, de quelque maniere qu�on Ie traite; ilnbsp;eft feulement plus ou moins att�nu�, mais il n�eftnbsp;Jamais dans un �tat de chaux , ou priv� de fonnbsp;phlogiftique, On en a tenu pendant plufieurs
On a pr�tendu faire dn fer ; mais il eft aujourd�hui d�montr� qu�pn n�a fait que rendre au fer fa forme m�-^nbsp;tallique.
-ocr page 436-4iS R�cr�at. Math�mat. et Phys. ann�es en fufion , fans qu�il ait perdu la moindrcnbsp;partie de fon poids. Ma�s entrons dans un raifoo'nbsp;nement plus profond fur cette matiere.
En raifonnant fur la compofition des m�taux � il faut reconnoitre n�cei�airement l�une de cesnbsp;deux chofes : Ou tous les m�taux ont chacun leu^nbsp;terre propre , qui, alli�e au phlogiftique qui leurnbsp;eft commun, leur donne la forme m�tallique;nbsp;il y a une terre commune , qui, alli�e avec 1�nbsp;phlogiftique, dans des dofes plus ou moins gran-des, OU d�une maniere plus ou moins tenace;nbsp;conftitue les diff�rents m�taux.
La premiere de ces propofitions paroit la plu� probable. Jufqu�a pr�fent, quelques operationsnbsp;qu�on ait tent�es, avec quelque conftance qu�oUnbsp;ait tourment� par Ie moyen du feu une matierenbsp;m�tallique, de la chaux de ploinb, par exeni'nbsp;ple, jamais on n�en a fait de 1��tain ou du cuivre.nbsp;Quand cette chaux a reparu fous fa forme m�-tallique , elle s�eft trouv�e du plomb. On n�a ja'nbsp;mais tir� du plomb de matieres qui n�en conte-noient pas d�ja. On eft fond� a en conclure, ^nbsp;la raifon avoue cette conf�quence, qu�il y a unenbsp;terre uniquement propre a faire du plomb , amp;nbsp;n�a befoln, pour en faire, que de l�addition dunbsp;phlogiftique. Si cela eft, on ne peut done fait�nbsp;d�autre plomb, d�autre or , d�autre argent, ftuenbsp;celui qui �toit difl�min� dans la terre. Toute 1^nbsp;pr�tendue chryfop�c ou argyropie. fe r�duira a raf'nbsp;iembler, par quelque proc�d�, 1�or ou l�argent qn*nbsp;y �toit d�ja form� , amp; feulement d�guif� parnbsp;perte de fon phlogiftique.
Si tous les m�taux ont une terre commune, c}tie quelque principe particulier, quelque combinaifot�nbsp;inconnue, rende or, argent ou plomb, il
CDnvenlr que la generation dfe 1�or ou de l�ar-gent n�eft pas abfolument iinpoffible. Mais il faut �tre bien infenf� pour chercher cette combinalfonnbsp;au hafard, amp; pour la chercher fans s�dtre affur�nbsp;d�abord qu�en effet tel eft Ie principe de la formation des m�taux, II faudroit done, avant denbsp;chercher la pierre philofophale, commencer parnbsp;av�rer fi ce dernier principe eft Ie veritable. Ornbsp;cela exigeroit une prodigieufe fuite d�exp�riencesnbsp;amp; de travaux chimiques; car il feroit n�ceflaire,nbsp;1� Des�aflurerfi toutes lesterres m�taUiquesfbntnbsp;abfoluinent les m�mes, lorfqu�elles font enti�re-ment priv�es de leur phlogiftique. Mais ce n�eftnbsp;d�abord pas un probl�ine facile que d��ter tout Ienbsp;phlogiftique a ces terres ; on n�a pu encore venirnbsp;a bout de Ie faire a 1��gard de plufieurs ; il en eftnbsp;m�rne , ft^avoir celles des m�taux parfaits, qui ennbsp;fetiennent toujours la plus grande partie. On anbsp;tenu de l�or pendant plufieurs ann�es en fufion ,nbsp;lans qu�un feul at�me fe foit r�duit en chaux.
II y a m�me toute apparence que ces terres font de diff�rentes natures , car les verres m�talli-ques ont tous des couleurs diff�rentes. Or des cou-leurs diff�rentes annoncent. des contextures diff�rentes , amp; conf�quemment l�h�t�rog�n�it�,
Mais fuppofons qu�on fut venu a bout de priver abfolument de fon phlogiftique une terre m�talli-que , un nouveau probl�me non moins difficile ,nbsp;feroit de Ie lui rendre; car l�exp�rience a apprisnbsp;que plus une terre m�tallique a �t� d�phlogifti-qu�e, plus on a de peine a lui rendre la formenbsp;�ri�tallique. II en eft quelques-unes que tout l�artnbsp;la chimie n�a encore pu r�duire en m�tal.
On voit par-la quelles difficult�s s�oppofent k que l�on fqache m�me ce qu�on doit penfer
-ocr page 438-43� R�cr�^t. Math�mat. et PhYS. fur la nature des m�taux , Sc fur ce qui les conft*-*nbsp;tue tels. Comment done faire de Tor ou de l�at'nbsp;gent, puifqu�on ne fqait pas m�me comment ortnbsp;ferolt du plomb ?
Mais �coutons les alchimiftes, amp; voyons quel^ ques-unes de leurs pretentions fur la formation de*nbsp;m�taux.
Suivant e�x, les m�taux font tous formes d�un^ terre qu�ils appellent mercurielle, mais plus �ttnbsp;moins mure , plus ou moins m�l�e d�h�t�rog�nei'nbsp;t�s ; de maniere qu�il ne s�agit que de les purgednbsp;de cette h�t�rog�n�it� amp; de les murir, pour con'nbsp;vertirles m�taux imparfaits en m�taux parfaits. ^
V oila qui eft fort beau. Mais qui a prouve 1�exiftence de cette terre mercurielle? qui a prouvenbsp;que la diff�rence des m�taux conliftoit dans efinbsp;plus OU moins de maturit� ? en quoi confifte cettenbsp;maturit� ? par quels moyens peut-on la donnet ?nbsp;Aucune r�ponfe folide. Les partifans de cettenbsp;idee , f�duits par des mots, n�ont aucune id��nbsp;)ufte Sc pr�cife de ce qu�ils difent.
Suivant d�autres alchimiftes, Ie mercure coU' tient en principe tous les m�taux parfaits ; il en *nbsp;1��clat, a peu de chofe pr�s Ie poids, il eft in�in^nbsp;plus pefant que l�argent. S�il eft fluide Sc extrc'nbsp;mement volatil , c�eft qu�il eft alli� � des impuretesnbsp;qui Ie d�gradent. II ne s�agit done que de fixer 1^nbsp;mercure, en lui enlevant ces impuretes: alors von*nbsp;aurez Ie mercure des pbilofophes, qui n�a befo�*^nbsp;que d�un degr� de cuilfon pour �tre pouflenbsp;rouge; il en r�fultera de l�or: pouflT�, feulernenlnbsp;au blanc, il fournira de l�argent: que dis - ]fnbsp;cette matiere aura une telle aftivit� fur les parti^*nbsp;impures des autres m�taux, qu�en en jetant un^nbsp;pinc�e dans un creufet rempli de plomb fiondn�
die Ie tranfmuera en argent ou en or , fuivant qu�elle aura �t� pouff�e ou au blanc ou au rouge,nbsp;ll refte a fq avoir comment d�truire les impuret�snbsp;qui d�gradent Ie vif-argent. Arift�e , adepte c�-lebre , va nous l�apprendre Ie plus clairement dunbsp;monde dans fon Code de Vcrit�. Prenez, dit-il,nbsp;Ie roi Gabertin , amp; la princeffe Beya fa foeur ,nbsp;jeune fille , belle , blanche amp; tr�s-dilicate ; ma-riez-les enfemble ; Gabertin mourra prefque aul�i-t�t. Mais ne v�us effrayez pas; mettez-le au tom-beau: apr�s quatre-vingts jours, Gabertin renaitranbsp;de fes cendres; amp; devenu plus beau amp; plus parfait qu�avant fa mort, il engendrera avec Beya unnbsp;enfant roux, plus beau amp; plus parfait qu�eux-m�mes.Dira-t-on, apr�s cela, que les alchimiftesnbsp;s�expliquent obfcur�ment? Quel efl; Ie vrai adepte,nbsp;(car il ,y en a de vrais amp; de faux, amp; chacun nenbsp;doute point qu�il ne foit du nombre des premiers,)nbsp;quel eft , difons-nous, Ie vrai adepte qui ne verranbsp;�videmment dans cette allegorie , tout Ie proc�d�nbsp;de la fixation du mercure Sc de la poudre de pro-jeftion ?
Ce langage amp; cette affe�fation d�all�gories obf-cures, font fans doute bien propres a faire pafler ces pr�tendus adeptes pour d�infignes Sc m�prifa-bles charlatans, ou au moins pour des gens a quinbsp;Ie feu de leiirs fourneaux a fort d�rang� Ie cer-veau. Mais les partifans de leurs recherches 8c denbsp;leurs folies alleguent des faits, Sc nous devonsnbsp;auffi les faire connoitre.
On raconte que M. Helv�tius, m�decin, Sc profeffeur c�lebre de m�decine en Hollande,nbsp;^yant d�clam� un jour vivement, dans une denbsp;fes leqons , fur la vanit� Sc 1�abfurdit� de la pr�-fention de faire de l�or , fut vifit� par un adepte ,
432* R�cr�at. Math�mau et Phys. qui lui donna d�une certaine poudre, dont un�nbsp;pinc�e projet�e dans un creufet plein de plotnbnbsp;fondu, Ie transformeroit en or; que Ie fqavantnbsp;Hollandois l�ex�cuta , amp; tira en effet une bonnenbsp;quantit� d�or de fon plomb. II voulut voler cheznbsp;jfon adepte; mais il lui avoit donn� une faulTenbsp;adreffe, amp; avoit difparu ; car les chimiftes denbsp;eet ordre na manquent jamais de difparoitrenbsp;ainfi , au moment o� ils ont fait preuve de leufnbsp;fqavoir profond.
Pareille chofe arriva , dit-on, a Tempereur Ferdinand. Un adepte vint Ie trouver, amp; lu^nbsp;propofa de transformer du mercure en or, On fit�nbsp;en la pr�fence du prince, fondre du mercure dansnbsp;un creufet ; Tadepte ex�cuta les operations qu�dnbsp;lui plut, amp; Ie fond du creufet fournit un culotnbsp;d�or. Mak dans 1�intervalle o� 1�on v�rifioit Isnbsp;m�tal, il difparut , au grand regret de 1�empereur�nbsp;qui envifageoit d�ja d�immenfes tr�fors dans I�ac*nbsp;quifition de ce beau fecret.
En ce moment (Septembre i'jjj,') on voit 3 la vente des effets d�laiff�s par feu M. Geoffroy�nbsp;trois clous qui font, dit-on, une preuve de la polfi'nbsp;bilit� de tranfmuer du moins en argent un m�ta^nbsp;commun, tel que Ie fer. Ils font, a ce qu�on dit�nbsp;l�ouvrage d�un fqavant adepte , qui voulut lu*nbsp;prouver la pollibilit� de la tranfmutation des m�-taux. Un de ces clous a �t� change en argent�nbsp;ayant �t� tremp� dans une liqueur appropri�e;nbsp;l�autre, n�ayant �t� tremp� que par la t�te,nbsp;fer par Ia pointe , amp; argent du c�te de Ia t�te �nbsp;Ie troifieme, ayant �t� tremp� dans la liqueur p3^nbsp;la pointe , a ce bout tranfmu� en argent, amp;nbsp;furplus eft reft� fer.
C H I M I E. la pierre phllofophale. II eft tr�s-vraifemblablenbsp;qu�il y a eu de la fourberie dans toutes ces pr�ten-dues tranfmutations, fi toutefois les hiftoires ra~nbsp;cont�es ci-deffus ont quelque r�alit�. Enfin , nousnbsp;croirons a la pierre phllofophale , quand nousnbsp;aurons vu quelque adepte faire devant nous lesnbsp;m�ines operations ; niais il nous permettra denbsp;. fournir nous - m�me les creufets , les baguettes 8cnbsp;les ingredients: car il eft plus que probable qiie ,nbsp;ft Ton a fait de I�or de cette maniere , c�eft qu�ilnbsp;etoit dans les inatieres qu�on a employees, ounbsp;qu�on I�y a glifie par un tour de main adroit.
Quoi qu�il en foit, les alchiiniftes pr�tendent que toutes les fables de I�antiquite ne font autrenbsp;chofe que le proc�d� du Grand-oeuvre, expHqu�nbsp;fyipboliquement. La conquete de laToifon d�or, lanbsp;guerre de Troye , les �v�nements qui la fuivirent,nbsp;amp; route la mythologie , ne font que des emblemesnbsp;de la chryfop�e , fageinent voil�e par les anciensnbsp;philofophes , qui n�ont pas voiilu que leur fecret ,nbsp;devenu commun , f�t employ� a multiplier exceffi-vement les m�taux pr�cieux, qui d�s-lors auroientnbsp;perdu leur prix, 8i cefte d�etre les m�diateurs dunbsp;commerce entre les hommes. On peut voir dansnbsp;le curieux ouvrage de Dom Pernetty, intitul�, lesnbsp;Fables Egyptiennes amp; Grecques , en 3 vol. in-8�,nbsp;y compns le Diclionnaire Mytho-hermetique , juft-qu�oii la fagacit� humaine peut s��tendre a trouvernbsp;d^ femblables explications. Mais il n�eft rien qu�onnbsp;ne puifle expliquer d�une pareille maniere. Auflinbsp;ai-ie oui parler d�un adepte qui demeure au faux-bourg Saint-Marceau , 8c qui, perfuad� que toutenbsp;1�Hiftoire Romaine n�eft qu�une fiftion , va ennbsp;donner une explication chimique, qui fervira denbsp;pendant aux Fables Egytiennes amp; Grecques: j�ainbsp;Tome IV,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ee
-ocr page 442-434 RiCR�AT. Math�mat. et Phys. m�me ou� dire que 1�hiftoire du combat des Ho'nbsp;races avec les Ctiriaces y eft expliqu� avec uuenbsp;apparence de v�rit� , capable de faire doiiter qq�nbsp;ce faineux trait de l�Hiftoire Romaine ait jamagt;*nbsp;eu quelque r�alit�.
II. De rOr potable.
S�il n�y a pas d�apparence qu�on. faffe jamais de l�or, n�eft-il pas poffible de tirer parti denbsp;ixi�tal pr�cieux peur prolonger la vie? L�or eftnbsp;m�tal inalterable , auffi difficile a d�faire qu ^nbsp;faire: il eft Ie roi dans Ie monde m�tallique�nbsp;comme Ie foleil, auquel on 1�affimile , l�eft dansnbsp;Ie fyft�me de l�univers. La nature ne peut avoitnbsp;manqu� de cacher dans ce corps pr�cieux les re-medes les plus utiles pour 1�humanit� ; mais poutnbsp;cela il faudroit Ie faire paffer fous la forme d�uRnbsp;liquide dans Ie corps humain; il faut Ie rendrenbsp;potable: travaillons done a l�or potable. Une vienbsp;prolong�e prefque ind�finiment, vaut biennbsp;moins autant que tous les tr�fors de l�univers.
Tel eft en fubftance Ie raifonnement des alchi' miftes; amp; en conf�quence ils ont foumis l�or anbsp;une multitude d�op�rations, au moyen defquelle^nbsp;ils ont pr�tendu Ie rendre foluble comme un ie*nbsp;dans 1�eau. II en a en effet I�apparence , mals, a dir^nbsp;vrai, ce n�eft que de l�or extr�mement att�nue�nbsp;amp; foutenu par-ia dans un liquide : du refte gt; ^nbsp;n�eft nullement combine avec Ie fluide , Sc m�n*^nbsp;peu a peu il fe d�pofe au fond fous fa forme m^quot;nbsp;tallique.
Quoi qn�il en foit, void un moyen de fai*quot;� une efpece d�or potable: nous examinerons enfui*�nbsp;fi, quand m�me ce feroit une vraie folution d�otr
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C H I M I E.
ies vertus d�une pareille liqueur feroient auffi mer-Veilleufes amp; auffi falutaires pour Ie corps humain, qu�on Ie pretend.
II faut d�abord diffoudre de l�or dans l�eau regale ; puis agiter cette folution avec quinze ou leize fois autant d�une huile effentielle quelcon-que , de romarin, par e'xemple ; enfuite (eparernbsp;l�eau regale qui occupe Ie fond, d�avec l�huilenbsp;effentielle ; enfin diffoudre cette huile effentiellenbsp;dans quatre ou cinq fois fon poids d�efprit de vinnbsp;bien reftifi� : on aura une liqueur iaunatre , con-nue fous Ie nom de �or potahh de mademoifellenbsp;Grimaldi.
L��ther vitriolique amp; les liqueurs �th�r�es de diverfes efpeces, jouiffent de la m�me propri�t�nbsp;que les huiles effentielles , fqavoir , de s�emparernbsp;de Tor diffous dans l�eau regale. Ainfi l�on peutnbsp;faire une efpece d�or potable avec de l��ther. Cetnbsp;or pourra alors fe prendre en gouttes fur du fucre,nbsp;comme l�on fait quand on prend de l��ther; carnbsp;cette liqueur n�efl; pas mifcible avec l�eau.
Les fameufes gouttes du g�n�ral Lamotte , ne different guere de l�or potable de rnademoifellenbsp;Grimaldi. On a remarqu� qu�un gros d�or y �toitnbsp;�tendu danszi� gros de liqueur fpiritueufe; Scnbsp;comme les bo�teilles devoient ,�tre du poids denbsp;deux gros , Sc que Ie g�n�ral Lamotte les vendoitnbsp;24 livres chacune , il r�fulte q��avec un gros d�ornbsp;ilfaifoitau moins 108 bouted'es, dont il retiroitnbsp;au moins 2592. livres. Dans la r�alit�, il en faifoitnbsp;� 36 , ce qui lui valoit 3264 livres.
On voit par-la que fi les gouttes du g�n�ral Lamotte n'�tpient pas fort utiles pour la fant�,nbsp;elles �toient fort utiles pour fa bourfe ; car un pa-
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-ocr page 444-4j6 R�cr�at. Math�mat'. et Phys. reil gain peut �tre qualifi� de monftrueux. Que nenbsp;fait pas chez les hommes Ie charlatanifme , quandnbsp;il a pour bafe Tignorance Sc l�amour de la vie!
Mais examinons s�il y a quelque fondement dans les merveilleufes propri�t�s de l�or potable.nbsp;Pour peu qu�on raifonne , on n�aura pas de peinenbsp;a reconnoitre que rien n�efl; plus l�g�rement fond�.nbsp;Quelles preuves en effet les alchimiftes ont-ils gt;nbsp;que !�or efl: fi falutalre au corps liumain ? Parce-que ce m�tal eft Ie plus fixe de tous , qu�il a Ianbsp;belle couleur jaune des rayons du foleil , qu�ilnbsp;eft d�fign� en caraifteres chimiques par Ie fignenbsp;caraft�riftique de eet aftre, eft-ce une raifon d�ennbsp;conclure que, r�duit fous une forme liquidenbsp;verf� dans Ie fang , 11 Ie r�g�n�rera, 8c rendra lanbsp;jeunefte ou la fant� ? Quelle t�te accoutum�e anbsp;tirer des conf�quences legitimes d�un principe,nbsp;en conclura parellle chofe ? Toutes les vertus denbsp;l�or potabl� ne font fond�es que fur des analogiesnbsp;invent�es fans aucun fondement phyfique, par desnbsp;imaginations exalt�es , 8c des cerveaux br�l�s parnbsp;Ie feu des fourneaux. C�eft tout ce qu�on peut direnbsp;de plus honn�te ; car il eft probable qu�il y entrenbsp;autant d�impofture, que de cr�dulit� ou de d�fautnbsp;de raifonnement.
�. III. De la Paling�n�^e,
La paling�n�fie eft une operation chlmique par Ie moyen de laquelle on r�flTufcite , dit-on ,nbsp;une plante, un animal, de fes cendres. Ce ferolt-lanbsp;fans doute un des beaux fecrets de la phyfique SCnbsp;de la chimie. Si 1�on en croit quelques auteurs,nbsp;plufieurs fqavant^ du fiecle dernier en ont �t� ennbsp;poffeflion; maisquoiqu�il n�y ait aucune compa-
-ocr page 445-raifon a faire entre 1��tat aftuel de la chimle �c celui o� elle �toit au milieu du fiecle paffe, quoi-que ce beau fecret foit conlign� dans divers llvres ,nbsp;il n�en eft pas moins perdu. Nous n�entrepren-drons pas de Ie rendre au monde fqavant; nousnbsp;nous bornerons a examiner les fondements furnbsp;lefquels de bonnes-gens, comme 1�abb� de Valle-mont * amp; autres, ont pu croire qu�il ait jamaisnbsp;exift�.
Si l�on en croit ce bon abb� , rien n�eft plus fimple amp; plus facile a expliquer que cela. Ennbsp;effet, dit-il d�apr�s Ie P. Kircher, la vertu f�mi-nale de chaque mixte eft renferm�e dans fes fels ,nbsp;amp; ces fels, d�s que la chaleur les met en mouvement , s��levent dans la capacit� du vafe. Libresnbsp;alors de s�arranger a leur gr�, ils reprennent leurnbsp;difpofition primitive , ils s�alignent comme ilsnbsp;fe feroient align�s par l�effet de la vegetation,nbsp;OU comme ils l��toient avant que Ie feu e�t toutnbsp;bouleverf� : ils forment enfin une plante ou unnbsp;fant�me de plante tout reffemblant a la plantenbsp;d�truite.
Ce raifonnement eft tout-a-fait digne de celui qui a pu penfer qu�un homme qui vole la bourfenbsp;d�autrui, peut exhaler des particules diff�rentes denbsp;celles qu�exhale 1�homme qui emporte la fierme ,nbsp;amp; peut par-la faire tourner la baguette dlvina-toire fur les lieux o� il a paffe ou f�journ�. Nousnbsp;l�avons dit ailleurs, il faut �tre a pen pr�s imb�-cille, pour croire que la limple moralit� d�une action puiffe produire des effets pbyfiques. Nousnbsp;croirions done faire tort a nos lefteurs, cjue de
Yoy^iles Curiofa�s de la V�g�taiion,.amp;lt;.c..
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-ocr page 446-438 R�cr�at. Math�mat. et Phys. tacher cle leur faire fentir Ie foible ou Ie ridiciilffnbsp;du raifonnement ci-clelTus, fok de Kircher,nbsp;de ce bon abb�. Dkcutons maintenant les faitsnbsp;c]u�il rapporte.
Le chimifte Anglois Coxes raconte, qu�ayaift tir� le fel effentiel de la fougere, 1�ayant foit difquot;nbsp;foudre, amp; enfuite ayant filtr� cette folution, apresnbsp;cinq OU fix femaines de repos , il remarqua fur Isnbsp;fel qui �toit tomb� au fond, une vegetation denbsp;petites fougeres.
Ayant de nl�me pris de la potaflTe du Nord� il la m�la avec partie �gale de fel ammoniac;nbsp;amp;; quelque temps apr�s il vit s��lever une for�t denbsp;pins amp; d'autres arbres qn�il ne connoiffbit pas.
Enfin , Sc ceci eft plus concluant, le c�lebre M. Boyle, quoique fort peu favorable a la palmquot;nbsp;g�n�fie, rapporte qu�ayant pris du vert-de-griSjnbsp;qui efl:, comme l�on fqait, le r�fultat de la com'nbsp;binaifon ducuivre avec l�acide du vinaigre, il Ienbsp;fit dififoudre dans de 1�eau , qu�il fit enfuite gelefnbsp;cette eau au moyen d�un froid artificial, amp; qi�nbsp;lui arriva enfin de voir fur la furface de cettenbsp;glace , de petites figures qui repr�fentoient excelquot;nbsp;lemment {exlmit^ des vignes.
Malgr�cesfaits, Sc divers autres cit�spar 1�abb^ de Vallemont, d�apr�s Daniel Major, Hanneinan�nbsp;amp; divers autres , fi les partifans de la paling�n�fienbsp;n�en ont pas de plus concluants , il faut avouefnbsp;qu�ils �tayent leurs pr�tentions de foibles preuves*nbsp;II n�efi: aucun chimifte qui ne voie aftuelleme*�*nbsp;dans ces premiers faits une fimple criftallifatim^nbsp;branchue, comme l�on en produit au moyen denbsp;diverfes compofitions connues: les plus bellesnbsp;m�me de ces criftallifations, mal-a-propos appsquot;
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lees visitations ^ font produites par des combi-naifons de corps tir�s du regne mineral, ainfi qu�on 1�a vu plus haut.
La derniere experience rapport�e par Boyle , pourroit embarraller davantage : mais comme ,nbsp;parmi im grand nombre d��preuves tent�es par cenbsp;phyficien fur quantit� de fels effentiels de plantes,nbsp;cette experience eft la feule qui ait r�uffi, on nenbsp;peut douter que ces figures ne foient un pirr effetnbsp;du hafard ; car combien d�autres phyficiens ontnbsp;tent� la m�me chofe, amp; n�ont rien vu que ce quenbsp;pr�fente d�ordinaire la furfaced�uneeau gelee, quinbsp;forme des ramifications, quelquefois aflez com-pof�es ?
Auffi les partlfans de la paling�n�fie cifent-ils des autorit�s plus puiftantes. Le chevalier Digbynbsp;rapporte , fur le t�moignage de Quercetan , m�-decin de Henri IV, qu�un Polonois faifoit voirnbsp;douze vaifteaux de verre fceli�s herm�tiquement,nbsp;qui contenoient chacun des fels diff�rents de plantes ; qu�on n�y voyoit a� fond qu�un monceau denbsp;cendres; mais que, quand on les expofoit a unenbsp;chaleur douce amp; mod�r�e, on voyoit naitre peunbsp;a peu la figure de la plante, d�une rofe , par exem-ple, ft le vaifiTeau contenoit les cendres d�unenbsp;rofe; enfin , que le vaifteau fe refroidiffant , Ienbsp;tout difparoiftoit peu-a-peu. liajoute que Ie perenbsp;Kircber lui avoit affur� avoir fait la m�me exp�-rience , amp; lui avoit communiqu� le fecret, maisnbsp;qu�il n�avoit cependant pu r�ufTir. L�hiftoire de cenbsp;Polonois eft aufti rapport�e par divers autrcs auteurs, comme Bary dans fa Phyjique fG\xy de lxnbsp;Brofte dans fon livre de la Nature des Plantes.
Enfin le P. Kireher nous dit lui-m�me dans fon Ars Magnetica.^ qu�il avoit une fiole a long
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44� R�cr�at. Math�mat. et Phys. col , fcellee herm�tiquement , amp; dans laqueH*nbsp;�toient contenues les cendres d�une plante qunbsp;relTufcitoii quand il vouloit, au moyen de la cha-leur; qu�il fir voir ce prodigea la reinenbsp;qui y prit un fingulier plaifir; mais que lanbsp;Ie priva de cette curiofit� pr�cieufe, qu�il avoi^nbsp;�ubli�e un jour d�hiver fur fa fen�tre. Le P. Schpttnbsp;dit aufii avoir vu ce miracle chimique : c��toit fnbsp;felon lui, une rofe qui renaiffoit de fes cendreS'nbsp;II ajoute qu�un prince ayant pre��e Kircher de lii*nbsp;en faire une pareille, il aima mieux lui c�der 1^nbsp;�enne que de recommencer.
En efFet, il faudroit une patience extreme poR*^ tenter amp; fuivre le proc�d� enfeign� par le P*nbsp;Kircher, tant il eft long amp; minutieux, Le P*nbsp;Schott le rapporte tout au long dans fon livrenbsp;intitul� : Jocoferia Naturel amp; Artis, amp; il l�appellenbsp;le feeree imperial, parceque l�empereur Ferdi'nbsp;nand l�acheta d�un chimifte , amp; le donna a Kir-cher. Cet empereur �toit bien heureux ; car cenbsp;fut aufli a lui que s�adrelTa Padepte c|ui avoit I�nbsp;fecret de la pierre philofophale, amp; qui lui ennbsp;donna la preuve , en tranfmuant, dit-on , de-vant lui trois livres de mercure en deux livresnbsp;amp; demie d�or.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^
Nous croyons pourtant devoir nous bomer n indiquer les endroits ou les curieux pourront re-trouver ce rare proc�d� ; car, ind�pendammeP*^nbsp;de ce que la defcription en feroit un peu longue �nbsp;rien au monde ne paroit moins fait pour r�iifli��;nbsp;Auffi Digby amp; une foule d�autres ont-ils �chou�nbsp;en fuivant cette voie ; amp; il eft a croire que, cu-rieux comme ils �toient de la paling�n�fie, rl^nbsp;n�ont rien oubli� pour y parvenir.
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proc�d� pour la r�furre�lion des plantes , qul ne paroit pas avoir �t� fuivi avec plus de fucc�s;nbsp;du moins Ie P. Schott raconte , que Ie P. Conrad , fon confrere , ne r�uffit point, amp; il foup-^onne que Dobrezensky s��toit r�ferv� Ie tournbsp;de main , amp; n�avoit pas rapport� toutes les cir-conftances.
Que r�pondre done a ces autorit�s ? Le voici. Nous penfons que le m�decin Polonois �toit unnbsp;charlatan. Nous enfeignerons en effet plus loinnbsp;une fauffe paling�n�fie , qui, ex�cut�e avec art amp;nbsp;dans un lieu convenable, pourroit en impofer anbsp;des gens difpof�s par la cr�dulit� a voir ce qu�onnbsp;veut leur montrer. Dobrezensky de N�grepontnbsp;�toit un fieffe impofteur : il ne faut pour s�ennbsp;convaincre, que lire Ia Technica curiofa, ou lesnbsp;Jocofcria Natum amp; Jnis du P. Schott; carilavoitnbsp;l�impudence de pr�tendre qu�il pouvoit arrachernbsp;Poeil a un animal, amp; le lui faire revenir en quel-ques heures , au moyen d�une liqueur que fansnbsp;doute il d�bitoit pour les maux d�y^ux- Hy plus,nbsp;c�eft qu�il en faifoit l��preuve fur un coq. On peutnbsp;done croire que celui qui mentoit aufli impu-demment fur un fait, a �galement menti fur 1�autre.
L�autorit� du P. Schott ne fera certainement pas de grand poids aupr�s de celui qui connoitranbsp;fes ouvrages; c�efl: la cr�dulit� perfonnifi�e.
Quant au P. Kircher , nous avouons �prouver quelque embarras a �luder fon t�moignage: unnbsp;J�fuite n�auroit certainement pas voulu mentir.nbsp;Ma is Kircher �toit un homme a imagination ar-dente; pafiionn� pour tout ce qui �toit finguliernbsp;amp; extraordinaire; extr�mement port� a croire aunbsp;merveilleux. De quoi n�efl: pas capable un hommenbsp;dou� de ce cara�lere ? II croit fouvent voir quand ^
442- �^iCR�AT. Math�mat, et Phys. ii ne voit rien; il ne ment pas aux autres, paree-qu�il fe ment a lui-m�me Ie premier.
Quelques paling�n�fiftes ont �t� bien plus loin � ils ont pr�tendu qu�on pouvoit reffufeiter un animal de fes cendres. Le P. Schott pr�fente m�me�nbsp;dans fa Phyfica curiofa, la figure d�un moineaunbsp;ainfi reflufeit� dans une bouteille. Gaffarel, dansnbsp;fes Curiojit�s inoiiies , ne manque pas d�y croire �nbsp;amp; m�me il en tire une preuve probable de lanbsp;poffibilit� de la r�furreftion univerfelle des corps.nbsp;Toutcela n�emp�che pas que ce ne foit unechr-mere plus ridicule encore que la premiere , ^nbsp;qu�il feroit m�me aujourd�hui ridicule de r�futernbsp;f�rieufement.
Enfin quel honime raifonnable croira aujourd�hui, avec le P, Kircher, que les cendres d�une plante �tant fem�es fur la terre, il en naitra desnbsp;plantes femblables , ce qu�il dit avoir �prouvenbsp;plufieurs fois ? Qui fe perfuadera que des �cre-vifles ayant �t� bnjl�es, Sc enfuite diftill�es ,nbsp;fuivant un proc�d� du chevalier Digby, il Ibnbsp;forme dans la liqueur de petites �crevilTes, grof-fes comme des grains de millet , qu�il fa^^nbsp;nourrir avec du fang de boeuf, Sc qu�on peut enfuite abandonner a elles-m�mes dans un ruilTeau ?nbsp;C�eft-la cependant ce que ce chevalier Angloi*nbsp;raconte comme l�ayant �prouve. Sans doute onnbsp;ne peut le laver de la tache d�impofture, qu'eonbsp;difant qu�il a �t� induit 'en erreur par quelqucnbsp;circonftance. D�ailleurs il eft conftant que le chevalier Dygby, avec beaucoup de zele Sc de con-noiffances, avoit une propenfion finguliere pournbsp;toutes les vifions de la phyfique occulte Sc fp^'nbsp;gyrique. C��toit m�me, je penfe, un de ces fou�nbsp;connus fous le nom de Rofecroix.
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Efptu de Pa�ng�n�jie illufoire.
Nous avons annonc� plus haut une forte de tour de fubtilit�, au inoyen duquel on pourroitnbsp;perfuader a des gens cr�dules la r�alit� de la pa-ling�n�fie ; nous allons acquitter notre promefle.
Ayez un bocal double , de grandeur m�diocre, c�eft-a-dire que ce vafe foit form� de deux bo-caux plac�s l�un dans 1�autre, enforte qu�il reftenbsp;entre deux un interva�e d�une ligne feulementnbsp;d��paiffeur. Ce vafe doit �tre reconvert d�un cou-vercle opaque , amp; tellement difpof� , qu�en Ienbsp;tournant dans un ferts ou dans 1�autre , cela rap-proche ou �loigne Ie bocal int�rieur du fond denbsp;i�ext�rieur. D ans Ie bocal int�rieur, amp; fur unenbsp;bafe repr�fentant un monceau de cendres, foit pla-c�eune tige derofe artificielle. Enfin , dansl�inter-valle entre les deux parois des bocaux , foit mif�nbsp;d�abord une certaine quantit� de cendres, ou denbsp;quelque matiere folide leur reffemblant, amp; que Ienbsp;furplus foit reinpli d�une matiere compof�e d�unenbsp;partie de cire blanche, douze parties de faindoux,nbsp;amp; une OU deux d�huile de lin bien claire, Cettenbsp;cire compof�e , quand elle fera froide , vo�eranbsp;enti�rement 1�int�rieur du; bocal; mals lorfqu�onnbsp;Ie mettra fur Ie feu avec pr�caution , elle fe fou-dra, amp; l�on pourra , en remnant Ie couverclenbsp;fous pr�texte de hater l�op�ration, la faire coulernbsp;dans Ie fond du bocal ext�rieur. On verra donenbsp;alors la rofe dans 1�int�rieur. Les bonnes-gens ,nbsp;qu�on ne laiffera pas trop approcher, crieront aunbsp;miracle ! Quand Ie charlatan voudra faire dlfpa-roitre la rofe, il retirera Ie bocal du feu , amp; parnbsp;vin nouveau tour de main , il fera refluer la cire
-ocr page 452-444 R�cr�at. Mat'h�mat. et Phys. fondue amp; demi-tranfparente, dans l��paiffeur me'nbsp;nag�e entre les deux bocaux ; cette cire fenbsp;de nouveau , amp; interceptera la vue de la rofe.nbsp;alTaifonnant tout ce petit fpeftacle des parolennbsp;convenables , d �tourdira les fpeftateurs b�ne-voles , amp;c ds fe retireront dans la perfuafion d��quot;nbsp;voir vu ex�cuter devant eux la chofe la plus cu-rieufe de la phyfique 5c de la chimie r�unies.
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DES PhOSPHORES.
UN E des matieres les plus int�reffantes de Ia phyfique, eft celle des phofphores; 'car c�eftnbsp;un fpe^iacle alTez �trange , amp; bien digne de Ianbsp;curiofit�, que de voir des corps abfolument froidsnbsp;jeter une lumiere plus ou moins vive ; d�autresnbsp;s�allumer d�eux-m�mes, fans rappllcation d�aucunnbsp;feu. Quelle ame fufceptible de quelque goutnbsp;pour l��tude de la nature , peut fe d�fendre d��trenbsp;frapp�e d��tonnement k la vue de pareils ph�no-menes ?
Ces ph�nomenes font d�autant plus �tranges, que jufqu�a pr�t�nt la phyfique n�a fait que bal-butier , lorfqu�on a tent� d�en donner l�explica-tion. Nous en exceptons n�anmoins les phofphores
L�auteur du Trait� des Phofphores, qui fait partie du rV' Tom� des anciennes Recreations Math�matiques, 8cnbsp;que nous avons reconnu a quelques paffages �tre Ie cr�-dule amp; bavard abb� de Vallemont, a trouv� Ie moyennbsp;d�en faire un affez gros volume ; mais ce n�eft qu�a l�aidenbsp;de r�p�titions perp�tuelles, d ecarts de fon fujet, denbsp;fables abfurdes dont a peine il doute ; de citations d�au-teurs faites routes au long, l�un n�eut-il fait que copiernbsp;l�autre mot a mot. Si malheureufement il e�t connu centnbsp;auteurs parlant des mouches luifantes, il e�t fait de cenbsp;thapitre un volume in-folio. Je ne crois pas que jamaisnbsp;�tortel dou� de quelque go�t ait pu foutenir la le�urenbsp;d�un pareil fatras.
-ocr page 454-44lt;^ R�cr�at, Math�mat. et Phys,
artificiels, fur lefquels on dit des chofes fort probables , Sc fond�es fur des caufes chimiques blen d�montr�es. Mais a l��gard des phofphores naturels , il n�a encore �t� dit rien de fatisfaifanf.nbsp;Leur explication tient fans doute a une connoifquot;nbsp;/ance plus profonde de la nature du feu Sc de lanbsp;lumiere.
II y a des phofphores naturels , il y en a qt� font Ie produit de 1�art, Sc fur-tout de la chimie ;nbsp;ce qui nous fournit une divifion naturelle de cenbsp;Suppl�ment. Nous allons coinmencer par les phofquot;nbsp;phores naturels.
Des Phofphores naturels.
�. I. Dt la Mer lumlmufc.
QUoique depuis bien des fiecles les navi-gateurs aient du s�appercevoir de ce phe-nomene ^ car il eft commun ^ toutes les mers, amp;� il n�eft prefque aucun climat qui ne Ie pr�fentenbsp;en certaines circonflances, il ne paroit cependantnbsp;pas qu�on y ait fait grande attention jufqu�a cesnbsp;derniers temps. La plupart des marins �toientnbsp;dans la perfuafion que cette lumiere n��toit qu'unenbsp;reflexion de celle des �toiles, ou de celle du vaif'nbsp;feau m�me; d�autres, la regardant comme unSnbsp;vraie lumiere , 1�imputoient au choc des foufrCSnbsp;amp; des fels; Sc , contents de cette explication vague , ils daignoient a peine faire attentionnbsp;ph�nomene.
DES PhOSPHORES.
Ce ph�nomene �toit cependant bien digne d�etre approfondi, amp; pr�fente des circonftances tout-a-fait reinarquables. Nous 1�allons expofer tel que nous 1�avons vu dans une traverf�e d�Europe a lanbsp;c�te de la Guyane , en 1764.
Je ne me rappelle pas que nous aylons vu Ia mer lumineufe avant notre arriv�e enne les tro-piques; mais a cette �poque, amp; quelques femai-nes avant notre arriv�e aux atterrages , je remar-quai prefque conftaminent que Ie fillage du vaif-feau �toit parfem� d�une multitude d��tincellesnbsp;lumineufes, amp; d�autant plus lumineufes que l�obf-curit� �toit plus parfaite ; l�eau enfin qui choquoitnbsp;Ie gouvernail en �toit toute brillante ; amp; cette lu-miere s��tendolt , en diminuant infenfiblement ,nbsp;fut tout Ie fillage. Je remarquai aulfi que fi quelquenbsp;manoeuvre trempoit dans l�eau , elle produifoit Ienbsp;m�me efFet,
Mais ce fut pr�s des atterrages que Ie fpeftade fe montra dans toute fa beaut�. II foiifHoit unnbsp;petit frats , amp;c toute la mer �toit couverte de pe-tites lames , qui fe brifoient apr�s avoir roul�nbsp;quelque temps. La brifure �toit �clatante de lu-miere ; cnforte que toute la mer, tant que la vuenbsp;pouvoit s��tendre, paroiffoit couverte d�un feu quinbsp;s�allumoit amp; s��teignoit alternativement. Ce feunbsp;avoitdans la haute mer, c�eft-a-dire a 50 ou �onbsp;lieues des c�tes de l�Am�rlque , un ton rougeatre.nbsp;Je fais cette remarque , parceque je ne fqache pasnbsp;que perfonne ait encore obferv� uri ph�nomenenbsp;que je vais d�crire.
Ldrfque nous fumes dans les eaux vertes *, Ie
448 R�CR�AT. MATH�MAt. ET PHYS. fpedtacle changea. Le meme petit frdis cofiti��nbsp;nuoit; mais la nuit que nous voguames , failantnbsp;petites voiles, entre le 3� amp; le 4� degr� de latitude nord , le feu que )�ai d�crit plus haut ptlfnbsp;un ton tout-a-fait blanc , amp; femblable a la lumierenbsp;de la lune, qui du refte n��toit pas fur l�horizon*nbsp;Le deffus des petites lames dont toute la furface denbsp;la mer �toit crifp�e, paroiflbit comme un drapnbsp;d�argent, au lieu que la nuit pr�c�dente il reflerii'nbsp;bloit a un drap d�or rougeatre. Je ne puis expri'nbsp;mer combien ce fpeftacle m�amufa amp; m�inte-refla.
La nuit fuivante je le vis encore plus beau� mais plus effrayant par les circonftances ou je menbsp;trouvois. Le vaifleau avoit mouill� affez loinnbsp;terre , en attendant , pour entrer au port denbsp;Cayenne, la nouvelle lune qui �toit prochaine*nbsp;Je me mis fur le foir clans le canot, avec quelqueSnbsp;autres paffagers preff�s de coucher a terre. A peinenbsp;fumes-nous a une lieue du vaiffeau, qiie nousnbsp;entrames dans un parage d�autant plus houleux�nbsp;que la mer montoit aid�e d�un vent de fud-ennbsp;alTez frais. Bient�t nous vimes des lames �pou-vantables qui, en fe d�ployant a notre arriere�nbsp;venoient fondre fur nous. Mais quel fpe�lacle, n
c�ell a-dire a 20 011 2^ lieues de la cote de la Guyana� cette eau change tout-a-coup de couleur , amp; eft d�vu*nbsp;beau vert. On reconnoit a cela qu�on eft pres de terre-Ce changement eft probablement caufe par les eaux va-feufes amp; jaunatres de !a riviere des Amazones; car oi*nbsp;f^ait que le bleu amp; le jaune forment du vert, Mais un�nbsp;circonftance remarquable, c�eft que ce chanlt;zenient eynbsp;abfolument tranch� ; il ne fe fait point par degrd^, ms'*nbsp;tout-a-coup, amp; dans un intervalle qui, jiig�^de deftult;nbsp;le pont, ne me parut pas avoir un pied de largeur.
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DES 'PhOSPHORES.
nous n�euffions pas �t� en danger! Qu�on fe figure un rouleau de drap d�argent d�un quart de lieuenbsp;de largeur, d�velopp� avec rapidit�, amp; tout �clatant de luiniere: ttl �toit 1�effet de ces lames, dontnbsp;heureufement deux ou trois feulement nous attei-gnirent avant que de bril�er. Cela fut fort heureuxnbsp;pour nous, car elies nous lailTerent a moiti� pleinsnbsp;d�eau; amp; une de plus, en me rendant la proienbsp;des requins, m�eut certainement affranchl de lanbsp;peine de refondre le bon iM. Ozanam.
II n�eft prefque point de mers ou 1�on n�obferve quelquefois le ph�nomene de cette lumiere ; maisnbsp;il y a des parages oii elle eft beaucoup plus lumi-neufe que dans d�autres. En general,elle I�eft plusnbsp;dans les pays chauds amp; entre les tropiques qu�ail-leurs: elle I�eft fingulierement fur les cotes de lanbsp;Guyane ; aux environs des ifles du Cap-Verd ;nbsp;pr�s des ifles Maldives amp; de la cote de Malabar ,nbsp;O�, fuivant I�obfervation de M. Godeheu de Ri-ville, elle prefente un fpedtacle foi;t reflfemblantnbsp;a celui que nous avons decrit.
Un ph�nomene fi furprenant devoir exciter I�attention des phyficiens ; mais, jufqu�a ces der-niers temps, on s��toit borne a des explicationsnbsp;vagues ; on mettoit en jeu des foufres , des nitres,nbsp;dont il n�y a pas un atome dans la mer; amp; Tonnbsp;croyoit avoir bien raifonn�.
M. Vianelli, phyficien Italien , eft le premier, a ce qu�il nous paroit, qui ait cherche, a Taide denbsp;I�obfervation, a d�m�ler la caufe de cette lumiere ; amp; cela I�a conduit a une d�couverte fortnbsp;�trange. Remarquant que 1�eau de la mer brilloitnbsp;beaucoup pr�s de Chioggia, amp; que la lumierenbsp;�toit concentr�e dans de petits points brillants , ilnbsp;Cut I�idee de les examiner au microfcope; 5c il
Tomt If^. nbsp;nbsp;nbsp;F f
-ocr page 458-450 RiCR�AT. Matii�mat, et Phys. d�couvrit que ces points lumineux �toient denbsp;petits infeftes reflemblants a des vers, ou plut�tnbsp;a des chenilles compof�es de douze articulations;nbsp;qu�a la difference de nos vers luifants , ils brillentnbsp;dans toute 1��tendue de leur corps ; que quand �snbsp;font dans un repos parfait leur lumiere ceffe , maisnbsp;qu�elle reparoit quand ils s�agitent. Ceci expHqu^nbsp;pourquoi les coups de rame, Ie choc de l�eaunbsp;contre Ie gouvernail , Ie brifement des vagues �,nbsp;font �tliiceler ces parties, fans que Ie furplus denbsp;1�eau foit rendu lumineux, Ces obfervations ontnbsp;�t� confirmees par M. l�abb� Nollet , qui fit pennbsp;de temps apr�s Ie voyage de 1�Italie,
II paroit cependant que l�infetle lumineux qiquot; fait briller les eaux de la mer, n�ell: pas par-tout Ienbsp;m�me, M. Godeheu de Riville , obfervant cesnbsp;points lumineux dans la mer de 1�Inde , entre lesnbsp;Maldives Sc la c6te de Malabar , a vu un infedlenbsp;tout diff�rent des vers a douze anneaux de M.nbsp;Vianelli. Cet infefte reffemble affez a celui qu�onnbsp;appelle la pua d\au; amp;c il eft renferm� entrenbsp;deux coquilles tranfparentes, qui repr�fentent affe^nbsp;bien la forme d�un rein entr�ouvert. Le fi�ge de lanbsp;liqueur lumineufe paroit �tre une efpece de grappdnbsp;de petits grains ronds , qui, lorfqu�on preffe l��t-fefte, rendent une liqueur lumineufe : elle Ce m�lenbsp;alors a l�eau ; amp; comme elle eft d une nature hui'nbsp;leufe, elle s�y raffemble en forme de petits glo'nbsp;bules �clatants, ou de petites gouttes rondes, fn^nbsp;la furface. Apparemment 1�infefte n�eft determinenbsp;a dacher cette liqueur phofphorique , que par 1�nbsp;choc amp; l�agifation, ou dans certaines autres �tquot;nbsp;conftances; amp; voila pourquoi la mer n�eft lurni'nbsp;neufe que quand elle eft agit�e , amp; dans certain�nbsp;temps beaucoup plus que dans d�autres.
DES PhosPHORES. nbsp;nbsp;nbsp;451
les M�moires des Scjavants �trangers , Tome III.
M. Rlgault a vu dans les mers entre TEurop� amp;l�A m�rique, iin autre infe�ie qui n�eft ni Ie vernbsp;de M. Vianelli, ni la puce d�eau de M. Godeheu ,nbsp;ma�s nne efpece de polype prefque fph�rique, anbsp;un bras leulement.
Enfin M. Leroy, m�decin de Montpellier, n�a vu ni ver, ni puce d�eau, ni polype, mais feule-ment des globules d�une roatiere phofphorique, furnbsp;lefqucls il a fait diverfes experiences pour reconnoitre quelle civconftance leur rendoit leur lu-miere , amp; quelle autre la leur failoit perdre. II ennbsp;elt conduit a conclure que, cjuoique MM. Vianelli,nbsp;amp;c. aient legitimement attribue la lumiere de lanbsp;mer a des infeftes, ou a une liqueur qu�ils portentnbsp;en eux qu�ils repandent , cette caufe. n�efl: pasnbsp;unique; mais qu�elle peut �tre due auffi a une ma-tiere phofphorique qui fe trouve dans I�eau cle lanbsp;mer , amp; qui s�y �ngendre par une combinaifonnbsp;particuliere de principes qui y font repandus ; quenbsp;cette matiere ne luit pas tbujours, mais devient lu-mineufe par diverfes caufes, coinme le choc desnbsp;particules d�eau les lines contre les autres^, le con-tacf d� fair , le m�lange avec certaines liqueursanbsp;les M�m. des Sqav. �trang. Tome III.
�. II. Dz qmlquis InfeBzs lumineiix.
Si ces �tres que nous foulons fouvent aux pleds, tlennent dans le regne animal une place bten petite, nous dirions m�me m�prlfable , la nature,nbsp;qui femble tout compenfer, a donne aplufieurs clesnbsp;proprl�t�s bien extraordinaires, amp; que ies plusnbsp;gros animaux pourroienr leur envier; telle eft cellenbsp;de la lumiere , dont plufteurs font dou�s. Je nsnbsp;ccnnois en effet aucun gros animal qui en jouifte
F f ij
-ocr page 460-451 R�cr�at, Math�mat. et Phys. pendant qu�il eft vivant; mais ii y a plufieurs m-feftes qui jettent de la liimiere , amp; il paroit quenbsp;c�eft a leur gr�- A quoi leur fert cette lumier^ *nbsp;comment eft-elle produite ? Voila des problems�nbsp;que nous n�entreprendrons pas de r�foudre ; nousnbsp;nous bornerons a des faits.
I. Du Vir luifant dc notre pays,
IJj!
II n�eft perfonne qui ne connoilTe ce petit in' fefte ; car il n�efl; perfonne qui, fe promenant dansnbsp;une belle nuit d��t� a la campagne, n�ait �t� frappsnbsp;de cette petite lumiere qu�on apperi^oit alTez lts-quemment au bas des buiffons.
Le ver luifant, appel� lampyrls par les Grecs� cicmdula par les Latins , eft un infefte qui n�a riegt;^nbsp;de remafquable a Text�rieur ; il reflemble aflez ^nbsp;la cloporte, finon qu�il eft beaucoup plus petitnbsp;beaucoup moins large a proportion : ce n�eft qvisnbsp;par le dernier anneau o� eft fitu� 1�anus, qu�il jettenbsp;la lumiere qui Ie diftingue des autres animaux dsnbsp;cette claffe. Cette lumiere eft d�un pale verdatre '1nbsp;amp; l�animal la montre ou la cache a fon gr�. Cnnbsp;foupqonne que c�eft par cette lumiere que ce veffnbsp;qui eft , dit-on , toujours la femelle , attire fn**nbsp;male, qui eft ail�, amp; qui ne brille point, A lanbsp;rit� , ceci eft un peu conje�lural; amp; M. de Gesr�nbsp;celebre naturalifte Su�dois, contefte, d�apr�s qu^l'nbsp;ques obfervations, la r�alit� de cette conjefture.
Un infefle auffi fingulier m�ritoit fans douts d��tre chant� par les po�tes; auffi l�a-t-il �t�nbsp;le c�lebre �v�que d�Avranches, M. Huet, dans n��nbsp;po�me intitul� Lampyris, qui eft fort eftim*nbsp;ceux qui aiment la po�l�e latine; il comment�nbsp;ainft;
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Quiz nova per ccecas fplmdcfdt jldlula nodes Sepibus in nojlris ? an ah a there lapfa ferenonbsp;AJlra cadunt, tacitis an cap'tant frigora Jilvis?nbsp;Si quando ardentis coeperunt tcedia cczli.
Non ltd, fed duris frufrd exercita matris Imperiis, femes lufrat Lampyris opacos ,
Si forti amiffum pofft reperire rnonik,
II feint dans la fuite du poeme, que la nymphe Lampyris, ayant perdu fon collier , eft chafleenbsp;par fa mere, amp; que, aid�e d�une lanterne, elle lenbsp;cherche dans les bois. Tout cela paroiflbit charmant dans le fiecle pafte ; je ne fqais ft celui-cinbsp;en jugera de m�me , ni lequel des deux aura tort.
a.
De la Mouche luifante des pays chauds.
Tel eft rinfefte lumineux de nos climats; niais les pays plus temp�r�s ont �t� davantage favo-rifes par la nature. Leurs vers luifants font ailes:nbsp;on les rencontre en Itali� prefque apf�s avoir fran-chi les Alpes; amp; ils font plus fr�quents, a mefurenbsp;qu�on approche des parties de 1�Italie les plus m�-ridionales. C�eft un Ipeflacle des plus curieux quenbsp;celui qu�ils prefentent dans une belle nuit d��t� tnbsp;on les voit en effet voltiger de tons cotes dans I�obf-curit� ; on ne peut faire un pas dans une prairie,nbsp;fans voir ces petits animaux partir de cote amp; d�au-tre , amp; tracer leur route par un fillon de lumiere.nbsp;Je n�ai pas joui de ce fpeftacle en Itali�, mais jenbsp;I�ai vu dans I�Amerique m�ridionale.
II paroit au refte que I�infefte volant amp; luifant de ritalie amp; de I�Amerique, eft tout diff�rent dut
Ff iij
4^4 R�CR�A.T. MATH�MAT. ET PhYS. ver luifant in�me male de notre cliraat. J�avotienbsp;Ti�y avoir pas donn� pendant mon f�jour en Awe-rique une attention fiiffifante; j��tois occup� denbsp;1'oins bien plus embarralTants amp; plus int�reffants:nbsp;mais ce qu�il y a de certain , c�eft que eet infeftenbsp;ne brille que quand ii vole. Apparemment la partienbsp;de fon corps qpi eft brillante , eft cach�e par fonbsp;ailes OU fes fourreaux, pendant qu�elles font appl'quot;nbsp;qu�es fur fon corps. Je n�ai trouv� nulle part unenbsp;bonne defcription de eet infefte reinarquable. IInbsp;tient beaucoup de la forme d�une mouebe.
On fent aif�ment que ces infe�es lumineux ont d� donner a quelques hommes l�efp�rance d�en former un phofphore perp�tuel. On a fait bien desnbsp;�preuves pour eet effet; mais quoique , 1�animalnbsp;�tant coup� en deux, fa partie poft�rieure confervenbsp;encore t[uelque temps de la lumiere , elle s��teintnbsp;peu a peu ; amp;c tons les efforts tent�s jufqu�a pr�-fent pour la conferver, ont �t� inutiles. II eft vrainbsp;que quelques auteurs ont donn� des recettes pournbsp;parvenir a eet objet; mais c��toient ou 'des gensnbsp;tromp�s ou des charlatans: 11 eft conftant que leursnbsp;pr�tendus proc�d�s ne r�uffilTent point.
Voici encore une richefte en ce genre que pof-fede l�Am�rique; c�eft Ie Cucuyo. Les Caraibes ont donn� ce nom a un aflez gros Scarab�e qu�onnbsp;trouve dans lesiles du golfe du Mexique, amp; dansnbsp;Ie Mexique m�me: fa lumiere r�fide dans fes yeux ^nbsp;amp; dans deux parties de fon corps qui font recou-vertes paries fourreaux de fes ailes. On pretend quenbsp;cinq ou fix de ces Scarab�es fuffifent pour donnernbsp;U lumiere n�ceflaire pour fe conduite dans 1�obf-
-ocr page 463-DES PhOSPHORES.
curit� la plus profonde ; que les naturels du pays les attachent enfemble vivants, amp; s�en font, parnbsp;cette raifon, des efpeces de colliers pour fe gui-der a travers les bois ; amp; qu�ils les einploient enfin dans leurs cafes pour s��clairer dans leurs tra-vaux nofturnes; ce que j�ai peine a croire.
4. Du Scarab�c de la Guyane.
Un hafard fort fingulier a fait voir en France un infefte lumineux aflez reffemblant au Cucuyo ,nbsp;peut-�tre Ie m�ine, On avoit apport� de Cayenne,nbsp;en 1764 amp; les ann�es fuivantes, beaucoup de boisnbsp;de marqueterie; car cette colonie en abonde, amp;,nbsp;par des raifons que je crois mal entendues, cettenbsp;richeflfe eft a peu pr�s perdue pour elle. Un �b�-nifte avoit achet� une bille de ce bois, amp;, en attendant 1�emploi, la confervoit chez lui. Sa femmenbsp;entendit une nuit quelque bruit comme d�un animalnbsp;qui bourdonne en vokigeant, amp; apperqut bient�tnbsp;une vive lumiere attach�e a fa croif�e. Apr�s quel-ques moments de frayeur,elle y courut, amp; trouvanbsp;un infefte du genre des Coleopteres, ( ou infeftesnbsp;dont les ailes font recouvertes par des �ourreau:i,)nbsp;ui jetoit par la partie poft�rieure de fon corps un
I nbsp;nbsp;nbsp;vif �clat, que foute la chambre en �toit �clair�e..nbsp;L�infe�fe fut enfuite donn� a M. Fougeroux , quinbsp;en a confign� la defcriptaon amp; 1�hiftoire dans lesnbsp;M�moires de 1�Acad�mie, ann�e 1766.
II y a grande apparence, ou, pour mieux dire ,
II nbsp;nbsp;nbsp;eft certain que 1�animal �toit venu dans la billenbsp;de bois, en �tat de nymphe , o� elle �toit cach�enbsp;dans quelque trou : Ie temps de fon d�veloppementnbsp;�tant arriv�, 1�animal eft forti de fa retraite , amp; anbsp;paru fous la forme de Scarab�e.
456 R�cr�at, Math�mat. et Phys.
Si ce n�eft pas Ie Cucuyo des iles de 1�Am�ricjue OU de la Nouvelle-Erpagne, c�efl: un quatrieme in-fefte qui jouit de la propri�t� de jeter de la lumiere.
III. De quelqucs autres Corps phofphoriques.
Nous allons parcourir ici bri�vement un grand nombre d�autres corps phofphoriques.
1. Lts Yeux de divers animaux,
La nature a deftin� plufieurs animaux a chercher leur pature pendant la nuit; tels font, parmi lesnbsp;quadrupedes, Ie tigre, Ie chat qui n�efl: qu�un tigrenbsp;nain , Ie loup , Ie renard, Sfc ; amp; parmi les oi'nbsp;feaux , la chouette, Ie chat-huant, amp;c. II leur fal-loit un flambeau pour les conduire ; elle Ie leur anbsp;donn� dans leurs yeux , car ils font �clatants de lu-iniere; amp; c�eft fans doute au moyen de cette lu-miere qu�ils fe conduifent dans l�obfcurit�. Commenbsp;ils ont la r�tine extr�memertt fenfible, la lumierenbsp;de leurs yeux �claire les objets fuffifamment pournbsp;eux : ajoutez a cela que la nature les a favorifesnbsp;d�une tr�s-grande ouverture de prunelle, ce qmnbsp;multiplie la quantit� de lumiere qui aborde a leurnbsp;r�tine. Telle eft probablement Ie m�canifme pafnbsp;lequel ces animaux voient pendant la nuit; l�ex-tr�me fenfibilit� de leur r�tine leur rend Ie journbsp;incommode, amp; m�me en aveugle quelques-uns*nbsp;II eft a remarqner que ces animaux paroilTetitnbsp;�tre les maitres de rendre leurs yeux lumineux.nbsp;vu fouvent fans lumiere ceux d�un chat que j�avois ^nbsp;d�autres fois ils �toient comme un charbon ardent-Le chien n�eft pas enti�remcnt d�pourvu de cettenbsp;propri�t� ; j�ai vu plufieurs fois �tinceler les yeu*nbsp;de eet animal.
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Enfin Ton pretend qu�il y a des hommes qui jouifTent de cette propri�t� : on dit que Tibere ynbsp;voyoit pendant la nuit; 8c 1�on raconte la m�menbsp;chofe de quelques autres. Le plus fingulier exem-ple de cette faculte , eft celui d�un folitaire qui,nbsp;au rapport de Mofchus dans fon Pr� fpiritud, n�a-voit jamais eu befoin de lampe pour fies travaux amp;nbsp;fes leftures nofturnes. Qiiis credet hcec ! Je croisnbsp;que ceux qui ajouteront foi au recit de cet agio-graphe, ne font pas �loign�s de m�riter d�etre misnbsp;dans un pr�, cum ajinis amp; jumtntis.
2. Lc Diamant de Clayton,
Ce diamant a eu une grande c�l�brit�, amp;, s�il n�etoit pas un des plus beaux de fon efpece , celanbsp;etoit bien rachete par la propri�t� unique dont ilnbsp;jouifldit. II fuffifoit en effet de le frotter dans I�obf-curit� contre quelque etoffe feche , ou contre fesnbsp;doigts, Sc il brilloit alors d�une lumiere foible amp;nbsp;blanchatre. Le c�lebre Boyle a fait un affez grandnbsp;nombre d�obfervations fur ce diamant, dont il ren-dit compte a la Soci�t� royale de Londres en 1668,nbsp;amp; il ne fait aucune difficult� de 1�appeler une pierrenbsp;pr�cieufe unique en fon efpece, gemma fui generisnbsp;unica; car du moins alors on ne connoiftbit aucune autre pierre qui fut douee de cette propri�t� :nbsp;i�ai neanmoins oui dire que, depuis ce temps, onnbsp;a trouv� d�autres diamants que le frottement ren-doit brillants dans les t�nebres. Ce diamant fingulier fut acquis par le roi d�Angleterre Charles IL
C�eft ici le lieu de dire un mot de I�efcarboucle, pretendue pierre brillante dans l�obfcurit�; maisnbsp;nous n�en parlons que pour dire que cette propri�t� de I�efcarboucle eft abfolument fabuleufe :
458 R�cr�at, Math�mat, et Phys. l�efcarboucle efl: un rubis , ma�s aucun rublsnbsp;autre plerre pr�cieufe ne luit dans 1�obfcurite inbsp;enfin ce n�efl: la qu�une fable populaire.
Remarquons encore ici que cette lumiere pas proprement phofphorique , mais du genre desnbsp;iumieres �leftriques. Le diamant efl en effet fufcep'nbsp;tible de devenir �leftrique par le frotteinent; il ennbsp;eft de m�me de la l�miere que rendent le fuctenbsp;quand on le rape, amp; divers autres corps frott�s.
3. Le Bols pourri.
Iln�efl pas rare de trouver dans les for�ts des morceaux de bois pourri qui jettent une lumierenbsp;afifez vive , amp; d�un blanc tirant fur le bleu ; il eftnbsp;m�me arriv� plus d�une fois que ce ph�nomene anbsp;cauf� de grandes frayeurs.
Malheureufement tout bois pourri n�eft pas pbof* phorique, Sc l�on ignore ce qui le rend tel.
Du refie, on doit ranger au nombre de fables pu�riles ce que raconte Jofepbe d�une plante lurai-neufe dans l�obfcurit� , appel�e Baaras , qu�on nenbsp;peut arracher fans danger de mourir peu a pr�s;nbsp;mais on attache , dit-il, un chien a la plante d�janbsp;prefque d�racin�e, Sc l�animal, en cberchant a re-joindre fon maitre, finit de l�arracher. Peut-onnbsp;abufer ainfi de la cr�dulit� de l�efpece humaine !
On dolt fans doute mettre au m�me rang ce que Pline rapporte d�une autre plante, appel�e NiBj-gretum, qui croit, dit-il, dans la G�drofie, Sc qui�nbsp;arrach�e avec fa racine Sc f�ch�e aux rayons denbsp;la lune pendant un mois, deviqnt lumineufe denbsp;nuit. Cela n�eft pas abfolument impoffible ; maisnbsp;cette plante feroit probablement conn�e de nos na-turaliftes, ainfi que VAglao-phytis^ Sela Lunairet
-ocr page 467-a qui , fur les t�moignages d�Elien, on attribue la m�me propri�t�. On peut, quand un fait eft ra-cont� par Elien, parier cent contre un que c�eftnbsp;line fable.
4. Les Vers des Huitres.
On doit a un M. de la Voye la remarque de ce phofpbore naturel, dont il donna avis a M. Auzoutnbsp;en 1666.
II s�engendre fouvent dans les huitres de petits vers oblongs qui brillent dans l�obfciirit�. Suivantnbsp;la defcription qu�il en fait, les uns font gros commenbsp;un petit fer d�aiguillette , amp; longs de cinq a fix li-gnes; les autres feulement comme une grolTe �pin-gle , amp; de trois lignes de longueur; les autres enfin beaucoup plus petits. II en a auffi trouv� de troisnbsp;efpeces; la premiere, avec des jambes au nombrenbsp;de vingt-cinq environ de chaque core. La fecondenbsp;eft de vers rouges, amp;. femblables, a la grolTeur pr�s,nbsp;a nos vers luifants de terre. Ceux de la troifiemenbsp;efpece font bigarr�s , amp; ont la t�te comme cellenbsp;de la folie. Ils fe r�folventfacilement,amp;au moin-dre attouchement, en une matiere gluante quinbsp;conferve fa lumiere une vingtaine de fecondes.
Telles font les obfervations de M. de la Voye, avec lefquelles ne s�accordent pas enti�remerit celles de M. Auzout, qui ne vit jamais qu�une magere gluante �tendue en longueur. Mais il faut ob-ferver que Ie dernier phyficien ne fit fes experiences , a ce qu�il paroit, que fur des huitres vieilles,nbsp;3� lieu que Ie premier les fit fur des huitres tr�s-ftaiches.
')� Les Cha�rs corrompiies.
Les chairs corrompues font auffi quelquefois fu-
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460 R�CR�AT. Math�mat. et Phys. jettes a devenirluinineufes dans 1�obfcurit�. L�me!'/nbsp;rapporte cju�en 1696, on vit a Orleans une grand�nbsp;quantit� de ces chairs lumineufes; les unes T�toieR^nbsp;en totalit�, les autres feulement en quelqiies point*nbsp;qui pr�fentoient l�apparence de petites �toiles. �nnbsp;craignit d�abord d�en manger ; mais Pexp�rienc�nbsp;apprit qu�il n�y avoit aucun danger , amp; Ton recon'nbsp;nut qu�elle �toit tont aulll bonne que d�autre.nbsp;remarqua que , chez quelques boitchers, la viand�nbsp;�toit prefque toute lumineufe, chez d�autresnbsp;lement en partie.
Fabrice d�Aquapendente raconte pareille cho^� d�un agneau acbet� par trois jeunes gens de Roin�;nbsp;La moiti� qu�ils n�avoient pas mang�e ayant et�nbsp;r�ferv�e , amp; la nuit �tant venue, ils apperqurentnbsp;que plufieurs endroits de cette viande �toient lu'nbsp;mineux : ils l�envoyerent a ce m�decin , qui exaquot;nbsp;rnina avec attention ce ph�nomene , amp; obfervanbsp;que la chair amp; la grailTe brilloient d�une lumier�nbsp;argentine, amp; qu�un morceau de chevreau qui ynbsp;avoit touch� brilloit lui-m�me; les doigts de ceu*nbsp;qui Ia touchoient devenoient aufli lumineux. II oh'nbsp;ferva aufli que les endroits lumineux �toient plu*nbsp;mollafies. II n�y a nul doute que ce ph�nomene n�nbsp;s�obfervat plus fouvent, li Ton entroit fr�queiU'nbsp;ment dans les boucheries amp; les garde-mangers rnbsp;fans aucune lumlere.
6. Divers Poijfons ou parties de PolJJons.
Mais ce font fur-tout les poiffons Sc dlverf�* de leurs parties , qui prefentent Ie plus fr�quent'nbsp;ment ce ph�nomene.
C�eft ordinairement lorfque ces poiffons ou leut* parties approchent de la putr�f^ftion, qu�ils acquit'
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reut la propri�t� phofphorique. Leo Alldtms ra-conte dans une lettre a Forttinius Licetus, avoir �prouv� une forte de frayeur occafionn�e par desnbsp;�creviffes d�eau douce , jet�es dans un coin parnbsp;un valet negligent. II d�crit fort au long toutenbsp;cette petite aventure , mais nous en fuppriineronsnbsp;Ie d�tail, pour abr�ger.
Les dails ou glands de mer, apparemment d�ja tr�s-avanc�s, font fort fujets, fuivant Plinenbsp;amp; d�autres , a briller de cette maniere : ceuxnbsp;qui habitent les bords de la mer font a port�e denbsp;1��prouver.
Le fameuxThomas Bartholin a obferv� la m�me chofe fur des polypes qu�il dilT�quoit, (c�eft ainfinbsp;qu�il appeloit le poiffon que nous connpiflbns fousnbsp;le nom de/lt;z fecke') puifqu�il dit qu�il contient unenbsp;liqueur noire qu�on peut employer comme de l�en-cre. Cette lumiere, dit-il, s��couloit de deflbus lanbsp;peau, amp; �toit d�autant plus abondante , que l�ani-mal approchoit davantage de la putrefaction.
Nous ne parlerons plus que de quelques experiences du dofteur Beale , inf�r�es dans les Tranr la�tions philolopbiques de 1�annee 1666. Op avoitnbsp;fait bouillir des maquereaux frais dans de 1�eau ,nbsp;avec du fel Sc des herbes : quelques jours apr�s, lenbsp;cuifinier r�muant 1�eau pour en tirer quelques-unsnbsp;de ces poiflTons , remarqua qu�au premier mouvement , elle devint fort lumineufe, ainfi que les poif-fons qui brilloient fortement a travers cette eau ,nbsp;devenue tranfparente ; quoique vue pendant lenbsp;jour, elle parut opaque.
Les gouttes de cette eau �toient fort lumineufes; amp; par-tout o� elles tomboient, elles laifloient un�nbsp;tache lujnineufe Sc large comme un denier: ceux
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qui s�en frotterent les mains les avoient toutes relquot;-*
plendiffantes.
Nous nous fommes born�s a rapporter des faits; car c�eft encore tout ce qu�on peut dire fur eet ob-jet. On ne peut encore rien avancer de probable amp;nbsp;de fond� fur la caufe de cette lumiere. La matietenbsp;globuleufe de Defcartes �foit alTez commode pou'^nbsp;expliquer ces ph�nomenes; car il fuffifoit de dit^nbsp;que la fermentation putrlde �tant une efpecenbsp;mouvement inteftin, ce mouvement mettoit,
Ion les apparences, en aftion cette matiere glo' buleufe dans laquelle confifte la lumiere. Mat*nbsp;malheureufement cette matiere eft reconnue aU-jourd�hui pour une chimere.
Addition du Cenfeiir.
II y a quelques inexaftitudes dans ce qu�on a lu plus haut, concernant les infedles liimineux des paragraphesnbsp;I, a, 3,4, de cette Sediion. L�aiiteur paroit s�ctrenbsp;trop conn� a fa m�moire qui l�a induk en erreur , amp; �nbsp;n�a pas connu tout ce qui a �t� �crit fur cette matiere.nbsp;On y va fuppl�er.
1. nbsp;nbsp;nbsp;Le male da ver luifant eft un infefte ail� de lanbsp;claffe des coleoptei-es, ou infefles a fourreaux. Ces four-leaux font moiis amp; flexibles. Il n�eft pas depourvu en-ti�rement de la facult� lumineufe. M. Fougeroux nou*nbsp;apprend avoir pris plufieurs fois dans l�obfcurit� de cesnbsp;males attir�s par la lumiere de leur femelle , amp; il a ob-ferv� quils en jetoient eux-m�mes peu apr�s l�accou-plement.
2. nbsp;nbsp;nbsp;La fflouche luifante d Itali� , connue vulgairementnbsp;fous le nom de litccioLa, n�eft rien moins qu�une mou-che; c�eft encore un infefte a fourreaux, amp; tr�s-apprO'nbsp;chant du male de notre ver luifant: ce font les deux der-niers anneaux de fon corps qui font lumineux. On pour-roit d�abord -�tre tent� de croire que c�ell eet infe��
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�ti�me a qui la chaleur du climat donne la facu�te de bril-ler, qiie ceUii de notre pays a m�me en cenaines cir-conftances. Mais il y a des differences qui ne permettent pas de les confondre ; amp; ce qui paroit exclure abfolu-ment cette identit� , c'eft qne dans les lieux ou Ton trouvenbsp;la lucciola, on ne trouve point le. ver luifant ordinaire ,nbsp;quoique ce dernier exifte auffi en Itali�.
A regard de I�infeSe lumineux des pays chauds de PAmerlque, je n�en connois , pas plus que I�auteur, denbsp;defcription exafle.
3. Ce que Ton a lu plus haut fur I�lnfeile lumineux de Cayenne , n�eft pas enti�rement exaft ; amp; I�hiftoire denbsp;fa d�couverte a befoin d�etre r�form�e. Ce fut au moisnbsp;de Septembre 1766, que deux femmes du fauxbourgnbsp;Saint-Antoine, virent cet infefte fur la brune, commanbsp;nn trait de lumiere traverfant les airs , amp; allant fe repo-fer fur une croix. Elies crurent d�abord que c��toit unenbsp;de ces etoiles tombantes, fi communes dans les nuitsnbsp;d��t�. Mais la lumiere continuant, elles allerent avertirnbsp;ceux qui habitoient la maifon centre laquelle I�animalnbsp;�toit venu fe repofer. On le prit, amp; il fut donne anbsp;M. Fougeroux pour I�examiner. Ce n�eft que par con-jeiSures qu�on dit que I�animal �toit venu de Cayenne-Mais fa comparaifon avec les infeftes de cepays-la , lefaitnbsp;reconnoitre pour habitant de ce climat ou d�un climatnbsp;voifin. Cell un coleoptere, connu fous le nom de ma-r�chal, amp; dela claffe de ceux qui �tant mis fur le dos,nbsp;s��lancent en 1�air comme un relTort qui fe d�bande; cenbsp;qui leur a fait donuer le nom �. slater. Get infeile anbsp;Un pouce amp; demi de longueur , amp; fa lumiere r�fid�nbsp;dans deux protuberances, alongees qu�il porte fur la par-tie poll�rieure Sf laterale du corfelet. Il en jette auflinbsp;dans cer.taines pofitions par la feparation da corps avecnbsp;le corfelet, amp; probablernent par celles des anneaux dunbsp;corps les uns avec les autres. Cette lumiere eft d�unenbsp;belle couleur verte , amp; aflez vive pour que finfe�le, misnbsp;dans un cornet de papier, ferve d�un fanal pour lire lesnbsp;carafteres les plus fins a quelques pouces de diftance.nbsp;Cet infefte exille aufti a la Jamaique , M. Brown I�a d�-crit fous le nom �'elater major fufeus phofphoricus. Il ynbsp;cn a eife�livesnent, foit a la Jama�que , foit a Saint-Do-
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mingue, une autre efpece plus petite , amp;. auffi phofpho-rique.
4. nbsp;nbsp;nbsp;Ce que l�auteur dit du cucuyo de l�Ani�rique, fi;a-voir,'qu�il jette la lumiere par les yeux amp; deux partiesnbsp;au deffcJus des fourreaux, ne paroit pas exaft. II pour-roit bien fe faire que les voyageurs non naturaliftesnbsp;qui en ont parl�, euffent mal vu.
auffi a Madagafcar un infedfe a peu pres femblable , connu fous le nom de herecherche, qui luit pendant la nuit;nbsp;Mais fa defcription m�eft inconnue.
5. nbsp;nbsp;nbsp;II y a quelques autres infe�Ies lumineux, dont l�au-teur n�a point parl�. Le porte-lanteme ou acudia, quenbsp;M. de R�aumur range dans la claffe des pro-cigales,nbsp;OU une claffe fort approchante de celle de la cigale ; lenbsp;vielkur fcarab�e de Surinam ; nous n�en connoiffons, ainfinbsp;que fauteur, aucune defcription affez bien faite pour d�-terminer en quoiils different du cucuyo, amp; les uns desnbsp;autres. Telle eft encore la cigale pone - lanterne de Ianbsp;Chine, dont M. Linnaeus a donn� une defcription dansnbsp;les Aamp;es de Stockholm ; mais l�animal �tant mort , cenbsp;fpavant naturalifte n�a pu nous inftruire par quelle par-tie l�animal eft lumineux : il foupponne que c�eft par fanbsp;trompe, ce qui ne me paroit pas probable. 11 y a enfin
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6. Le diamant de Clayton a �t� repute pendant long-temps l�unique qui brillat dans 1�obfcurit�. Mais M. Dufay a trouv�, par un grand nombre d�exp�riences furnbsp;quantit� de diamants, que plufieurs d�entr�eux participoientnbsp;de cette propri�t�, fans n�anmoins avoir pu decouvrirnbsp;ce qui la donnoit aux uns, amp; pourquoi les autres nenbsp;l�avoient pas. M. Beccari, phyficien c�lebre de Boulo'nbsp;logne , a fait dans le m�me temps des exp�riences fem*nbsp;blables, qui confirment la d�couverte de M. Dufay. Cenbsp;phyficien a auffr d�couvert que la claffe des corps phof'nbsp;phoriques eft beaucoup plus confid�rable qu�on ne lenbsp;penfe vulgairement; amp; il r�fulte de fes experiences, quenbsp;les corps phofphoriques qui ont frapp� l�attention deSnbsp;phyficiens , ne Tont fait que parceque cette facult� f�nbsp;foutient pendant plus long-temps ; mais qu�un tr�s-grandnbsp;nombre de corps paroiffent lumineux a un oeil plong�nbsp;dans une obfcui it� profonde, lorfqu�ils font tranfport�snbsp;fortpromptement de la lumiere dans l�ombre.
7-
-ocr page 473-DES Phosphor ES. 465 7. Les glands de mer font �minemment dou�s de lanbsp;propri�t� phofphorique, non pas quand ils approchentnbsp;de la putr�faftion, comme on l�a dit plus haut , maisnbsp;quand ils font vivants amp; frais, au point d�etre bons anbsp;manger. Les obfervations de MM. Beccari , Monti amp;nbsp;Calcati de Boulogne, fur ces poiffons marins, font fortnbsp;anciennes; elles confirment parfaltement, amp; �tendentnbsp;beaucoup ce que Pline Ie naturalifte avoit dit fur cenbsp;fujet. Voyez auffi un M�moire deM. de R�aumur fur Ienbsp;m�nae objet, M�m. de l�Acad. ann�e 1723.
CE que la nature produit en quelques cir-conftances , l�art, aid� de l�obfervation, eft parvenu a Fimiter dans les phofphores artificiels ;nbsp;mais avant d�expofer ces op�rations curieufes , ilnbsp;faut faire une diftinftion que les chimifles amp; lesnbsp;phyficiens inodernes ont introduite, amp; qui eftnbsp;n�ceflaire.
On a continu� d�appeler du nom Aephojphore, ces corps qui jettent de la lumiere fans chaleurnbsp;fenfible ; mais lorfqu�un corps non - feulementnbsp;jette de la lumiere , mais s�enflamme de lui-m�menbsp;�tant expof� a Fair , on lui donne Ie nom de py-Tophorc. Auffi�^on dit Ie pyrophore d�Homberg ,nbsp;pour d�figner cette compofition d alun amp; de ma-tiere animale ou v�g�tale, qui , expof�e a Fair ,nbsp;prend feu. Le phofpliore d�Angleterre eft a-la-foisnbsp;phofphore .amp; pyrophore ; car, expof� a Fair ennbsp;mafte, � brule amp; fe confuine comme le Ibufre ,nbsp;dont il eft: une efpece finguliere : mais , extr�me-ment att�nu�, amp; m�lange avec une liqueur , ilnbsp;ne fait que la rendre lumineufe fans chaleur.
Tome IV. nbsp;nbsp;nbsp;G g
-ocr page 474-4^6 R�gr�at. Math�mat. et Phys.
i. Exp�rimcc phofphoriquc ^ ou bruler de l^ poudre a canon fans explojion,
Prenez une tuile , que vous ferez chauffer affez fortement , portez - la dans un lieu obfcur.nbsp;Pendant qu�elie fe refroidira, vous y jetterez del-fus, de temps a autre , des grains de poudre, qmnbsp;d�abord s�enflammeront. Laiffez-la davantage ftnbsp;refroidir, j�rqu�a ce que la poudre ne d�tonnenbsp;plus. Alors vous la couvrirez de poudre. Cettenbsp;poudre, parvenue au degr� de chaleur de la tu�e,nbsp;jettera dans les t�nebres une lumiere foible ou unenbsp;flamme l�gere , qui confumera tout Ie loufre ,nbsp;fans n�anmoins faire d�tonner Ie nitre.
On voit par-la que Ie foufre commun eft ftf' ceptible de deux combuftions ; Tune douce amp;nbsp;tranquille , qui ne fqauroit m�me aUumer Ie char-hon , car autrement Ie nitre d�tonneroit; l�autrenbsp;violente , qui br�le amp; allume les corps combuf-tibles contigus,
II. De la Pierre de Boulogne,
On donne a ce phofphore Ie noin de la pierre ke Boulogne , parceque les premiers phofphoresnbsp;de cette efpece fe faifoient avec unJt pierre qui ftnbsp;trouvoit feulement au pied du mom Paterno, pr�snbsp;de cette ville. Un cordonnier, nomm� Vincenzonbsp;Cafciarolo , fut Ie premier qui s�apperqut de lanbsp;propri�t� qu�avoient ces pierres de luire dansnbsp;1�obfcurit� apr�s avoir �t� calcin�es. II travailloitnbsp;au Grand-CEuvre ; amp; il crut, a l�afpe�l du bril-lant de ces pierres, qu�elles contenoient ou desnbsp;m�taux , ou un principe propte a remplir (on
-ocr page 475-DES PhOSPHORES. objet: il les fit rougir clans im creufet. Le hafardnbsp;lui en ayant enfuite fait porter une dans un lieunbsp;obfcur, fon �clat lefrappa, amp; il publia fa d�-couverte. C�eft ainfi que le phofphore de Boulogne a �t� d�couvert. Voici comment le fontnbsp;les chimiftes modernes.
On prend une de ces pierres; amp; apf�s 1�avoir d�pouill�e de toutes fes parties h�t�rogenes, on lanbsp;lime avec une grolTe lime tout a l�entour, pournbsp;avoir une certaine quantite de pouffiere. Onnbsp;trempe enfuite la pierre dans de la glaire d�oeuf,nbsp;Sc on la roule dans cette poudre, enforte qu�ellenbsp;en foit toute faupoudree juiqu�a une certaine epaifnbsp;feur. La pierre �tant feche, on la place dans unnbsp;fourneau rempli de charbons, de maniere qu�ellenbsp;en foit recouverte Sc environnee. On met le feu anbsp;ce charbon; 8c quand le tout eft confum� , lanbsp;pierre eft calcinee au point d�fir�. On peut lanbsp;tranfporter dans un lieu obfcur, 8c on la voitnbsp;�clater d�un brillant fingulier, c[ui va pourtant ennbsp;s�affoiblilTant peu a peu, amp; qui celTe apr�s quel-ques minutes. Mais cet �clat renait en expofantnbsp;de nouveau la pierre a la lumiere du )our pendant quelque temps. On conferve ces pierres dansnbsp;�n lieu fee , envelopp�es de coton �gal�mentbiennbsp;fee. Elies perdent neanmoins peu a peu leur fa-culte de s�impr�gner de la lumiere , mais on lanbsp;^eur rend en les faifant calciner de nouveau.
La pierre de Boulogne eft, par les obfervations qu�ont faites les naturaliftes , une de ces pierresnbsp;qu�ils connoilTent fous le nom de /path fujihle. Ilnbsp;^ntre dans leur compofition de I�acide vitriolique.nbsp;f-ela a donne lieu a M. Margraf, c�lebre chi-JRifte, I�idee d�eflayer fi tous les autres fpaths fufi-�^s n�etepent pas dou�s de la m�me propri�t�. Il
G g ij
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a trouv� que , trait�s de la maniere convenable � ils devenoient tous lumineux. Voici de quellsnbsp;maniere on les pr�pare amp; les calcine , fuivantnbsp;fa m�thode.
Apr�s les avoir bien nettoy�s des parties h�t�ro-genes , on les fait rougir dans un creufet, enfuit^ on les r�duit en poufliere tr�s-fine dans un mortier de verre ou de porphyre. On fait apr�snbsp;cela, avec de la gomme adragant ou du blancnbsp;d�ceuf, amp; cette poudre , de petits gateaux d�unsnbsp;ligne d��pailTeur au plus, amp; de la grandeur qu onnbsp;veut. Enfin on les calcine de la maniere fiiivante �gt;nbsp;apr�s les avoir fait deflecher a une afTez forte cha-leur.
II faut avoir un fourneau de r�verbere ordinaire , qu�on remplit de charbon jufqu�aux troiS quarts de fa hauteur ; on pofe a plat les gateau^rnbsp;ci-deffus, amp; on les recouvre de charbons. Onnbsp;allume Ie fourneau; amp; quand tous les charbonsnbsp;font confum�s amp; refroidis, on trouve les gateaiotnbsp;calcin�s : on les prend, amp; on les nettoie de een-dres au moyen du vent d�un foufflet; on les ren-ferme comme on a dit plus haut; amp; quand.nbsp;veut faire 1�exp�rience, on les expofe quelqn^nbsp;temps a la lumiere, apr�s quoi on les tranfport�nbsp;dans un lieu obfcur: i's y paroilTent brillaid*nbsp;comme des charbons ardents, fi on a Tenunbsp;dant quelques minutes les yeux ferm�s.
Quelle eft la caufe d�un ph�nomene auffi fingn' lier ? Voici ce qu�ont dit de plus probable d�h^'nbsp;biles chlmiftes.
Quand on confidere que 1�on ne fait de pho^' phore femblable qu�en br�lant , au moyen rir*nbsp;charbon, des pierres qui contiennent de 1�acid�
-ocr page 477-DES Phosphores. vitriolique 1, on eft conduit a penfer qu�il fe formenbsp;dans cette op�ration une efpece de foufre extre-mement combuftible, amp; dans lequel I�aftionnbsp;feule du jour ou de la lumiere eft capable de pro-duire cette combuftion lente amp; prefque fans cha-leur, dont nous avons vu que le foufre communnbsp;lui-m�me eft fufceptible. Cette combuftion ne fenbsp;manifefte que par la lumiere foible qu�elle repandnbsp;de m�me. Elle cefle par I�abfence de la caufe quinbsp;1�a produite, amp; la pierre cede d�etre lumineufe,
Parmi plufieurs raifons qui confirment cette explication , il en eft une entr�autres qui eft d�unnbsp;grand poids : c�eft que ft, apr�s que la pierre anbsp;ceflf� de luire , Sc fans 1�expofer de nouveau anbsp;1�aftion du jour, on fe contente de la placer dansnbsp;I�obfcurite fur une plaque de fer �chauff�e, fansnbsp;I�etre aflTez pour jeter aucune lumiere , elle devientnbsp;aufll-tot lumineufe. On peut encore ajouter a cettenbsp;raifon , celle de 1�odeur qu�exhale la pierre denbsp;Boulogne apr�s fa calcination ; car cette odeurnbsp;eft pr�cif�ment celle du foufre. Mais , fur toutnbsp;ceci, nous invitons a confulter le Di�ionnaire,nbsp;de Chimie de M. Macquer , a I�artlcle Phofphoresnbsp;p'urreux;on y trouvera des developpements denbsp;cette explication, que nous ne pouvons donner icii
�. III. Du Phofphore de Baldwin ou Baudouin,
Ce phofphore, ainft que le fuivant, a beaur coup d�affinite avec celui de la pierre de Boulornbsp;gne; car, tout comme ce dernier eft certainement
M. Margraf du moins le pr�tend, quoique M. Dufay ait dit avoir fait le phofphore de Boulogne avec desnbsp;pierres purement cakaires,'
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Une combinaifon de 1�acide vitriolique avec t� phlogiftique, de m�me celui de Baldwin eftnbsp;combinailbn de 1�acide nitreux avec ce menienbsp;principe. En voici Ie proc�d�.
Prenez de la craie blanche tr�s pure , que vous diftbudrez dans de bon efprit de nitre ; apr�s quo*nbsp;vous flltrerez la folution , amp;c vous ferez �vaporernbsp;1�huinidit� jufqu�a ce que Ie r�fidu foit bien /ec �nbsp;il faudra mettre enfuite ce r�fidu dans un bonnbsp;creufet, de la capacit� convenable amp; m�diocre-inent creux; vous Ie placerez dans un fourneau denbsp;r�verbere pendant une heure; enfin vous mettreznbsp;cette matiere ainfi calcin�e dans une bouteillenbsp;garnie d�un bouchon de verre: vous aurez Ie phof-phore de Baldwin.
Sa propri�t� eft de reluire dans l�ohfcurite, comme celui de Boulogne, quand il a �t� expofenbsp;dans fa bouteille ouverte a la lutnlere du jour.nbsp;Mais comme il a Ie d�faut d�afpirer l�humidit� , ilnbsp;ne tarde pas de perdre fa propri�t�.
�. IV. Phofphore de M. Homherg.
Prenez une partie de fel ammoniac en poudre, amp; deux parties de chaux vive �teinte a 1�air;nbsp;in�lez-les exaftement, rempliflTez-en un creufet,nbsp;amp; mettez-le a un petit feu de fonte. Sitot que Ienbsp;creufet comiuencera a rougir, votre m�langecom-mencera a fe fondre ; mais comme il s��leve amp; fenbsp;gonfle dans Ie creufet, vous Ie remuerez avecnbsp;une baguette de fer, de peur qu�il ne fe r�pande.nbsp;Auffitot que cette matiere fera fondue , verfez-lanbsp;dans un baffin de cuivre : apr�s qu�elle fera refroi-die, elle paroitra grife amp; comme vitrifi�e. Si Tonnbsp;frappe deffus avec quelque chofe de dur, comme
-ocr page 479-avec du fer, du cuivre, ou autre chofe fembla-b!e , on la verra un moment en feu dans toute 1��tendue o� Ie coup aura port�. Jdais commenbsp;cette matiere eft fort caffante , on n�en fgauroitnbsp;r�it�rer fouvent 1�exp�rience. Pour y rem�dier,nbsp;M. Homberg s�eft avif� de tremper dans Ie creufetnbsp;o� cette matiere �toit en fonte , de petites barresnbsp;de fer amp; de cuivre , lefquelles s�en font couvertesnbsp;comme d�un �mail. Sur ces barres �maiU�es onnbsp;peut frapper , amp; faire cette experience commo-d�ment amp; plufieurs fois, avant que la matiere s�ennbsp;fep are.
II faut remarquer que 1��mail pbofphorique qui s�attache fur ces barres , s�humefte facilement anbsp;Fair; c�eft pourquoi il faut les tenir dans unnbsp;lieu fee amp; chaud ; par ce moyen , elles conferve-ront pendant alTez long-temps leur propri�t�.
�. V. Pkofphorc en poudre , ou de M. Canton,
Volei encore un phofphore fort analogue af celui de la pierre de Boulogne amp; a celui denbsp;Baldwin.
II faut prendre des coquilles d�huitres ordinaries , amp; les bien faire calciner , en les tenant dans un feu ordinaire pendant une demi-heure : onnbsp;achevera enfuite de les pulv�rifer , amp; Ton ennbsp;prendra la poudre la plus fine , que 1�on m�leranbsp;avec un tiers de fon poids de fine fleur de foufre :nbsp;on placera ce m�lange dans un creufet, qu�onnbsp;remplira iufqu�au bord, amp; qu�on tiendra pendantnbsp;une bonne demi-heure au molns au milieu desnbsp;charbons arderits, enforte qu�il folt bien rouge :nbsp;on Ie lailfera enfuite refroldir ; amp; la matiere con-tenue dans Ie creufet, �tant pulv�rif�e encore s��-
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-ocr page 480-47i R�cr�at, Math�mat. et Phys.
en eft befoin , fera un phofphore qii�il fuffira d�eX' pofer pendant quelques minutes a la lumiere dunbsp;jour , pour rendre une lumiere affez vive dansnbsp;l�obfcurit�.
Ceui qui auront conqu la nature du pholquot; phore de Boulogne , n�auront pas de peine a voirnbsp;que ci-lui de M. Canton n�eft proprement que 1*nbsp;rn�me chofe; car la pierre de Boulogne, 1^�nbsp;fpaths fufibles auxquels on a reconnu la proprietenbsp;phofphorique, ne font que des combinaifons denbsp;1�acide vitriolique avec des terres calcaires. Lenbsp;m�lange du foufre avec la craie, dans Ie proc�d�nbsp;de M. Canton , fournit eet acide vitriolique amp; 1�nbsp;phlogiftique, fans lefquels des matieres calcairesnbsp;ne peuvent devenir phofphoriques.
M. Dufay, de l�Acad�mie royale des Sciences, �toit d�ja parvenu a faire des phofphores avec desnbsp;pierres calcaires combin�es avec Ie phlogiftique.
VI, Du Pyrophore d�Horiibcrg,
Voici encore une invention chimique due au hafard. On avoit affur� au c�lebre Homberg qu�onnbsp;pouvoit tirer des excrements humains une huilenbsp;blanche amp; nullement f�tide, qui avoit la propri�tenbsp;de fixer Ie mercure. II travailla fur cette matiere,nbsp;amp;C il en tira en effet une huile blanche amp; fansnbsp;odeur. EUe ne fixa pas Ie mercure. Mais ayantnbsp;expof� h. 1�air Ie r�fidu de fa dlftillation , il fut fortnbsp;furpris de lui voir prendre feu. Telie efl 1�originenbsp;de fon pyrophore.
On a au refte reconnu depuis, qu�il n��toit pas n�ceffaire de travailler fur des matieres auffi falesnbsp;que celles dont Homberg tira fon pyrophorenbsp;pour la premiere fois. Voici Ie proc�d� vulgairenbsp;de cette operation : ileft fort fimple.
DES PhOSPHORES. 475
M�lez enfemble dans une po�le de fer mife fur Ie feu, Sc avec une fpatule auffi de fer, trois parties d�alun Sc une de fucre, enforte que la ma-tiere foit parfaitement deff�ch�e , Sc r�duite ennbsp;une maffe noiratre Sc charbonneufe: s�il y a desnbsp;grumeaux un peu gros, vous les concafferez, Met-tez enfuite cette matiere dans un matras a colnbsp;�troit Sc long d�une huitaine de pouce ; placez cenbsp;matras dans un petit creufet capable d�en contenirnbsp;Ie ventre , environn� de tous cot�s d�un demi-pouce de fable ; vous plongerez apr�s cela cenbsp;creufet au milieu des charbons , enforte qu�ilsnbsp;puiffent Ie faire bien rougir ainfi que Ie matras ;nbsp;vous r�chaufferez par degr�s, Sc enfin tr�s-forte-ment, enforte qu�il foit rouge , Sc qu�on voie for-tir par Ie col du matras une flamme vraiment ful-fiireufe. On doit foutenir eet �tat du feu pendant environ un quart d�heure , enfuite laiffernbsp;�teindre Ie feu peu a peu ; Sc lorfque Ie col dunbsp;matras ne fera plus rouge , on Ie bouchera avecnbsp;un bouchon de liege , fans quoi Ie pyrophorenbsp;s,�enflammeroit,
Quand Ie tout eft bien refroidi, on verfe promp-tement Ie pyrophore dans une ou plufieurs fioles fufceptibles d�etre bien ferm�es, Sc on les d�tnbsp;bien promptement. Quelquefois il s�enflainme ennbsp;paffant du matras dans la bouteille ; mals celanbsp;n�importe pas , car il s��teint auffit�t qu�elle eftnbsp;bouch�e.
Pour faire 1�exp�rience du pyrophore , il faut en mettre fur !e papier environ un demi-gros. Peunbsp;apr�s il s�enflamme , devient rouge comme lesnbsp;charbons ardents , Sc met Ie feu aux corps com-buftibles qu�il touche. On acc�lere I�inflammationnbsp;du pyrophore en Ie mettant fur du papier un
-ocr page 482-l�alun fubftituer toute autre matiere qu�elle contienne de l�acide vitriolique :nbsp;feulement ce qui r�xrffit Ie mieux,
�. VII. Du Phofphore ou Pyrophorc de Kunckel, autrement appeU d�Angleterre.
Voici la compofition la plus curieufe de Ia chimie moderne. Qui croiroit que de l�urine pu-tr�fi�e , on tirat un corps lumineux ? que dis-je Inbsp;un corps fufceptible de s�enflammer, amp; d�enflam-mer tr�s-vivement, par fon contaft, les autresnbsp;corps combuftibles? Telle eft n�anmoins I�origine,
474 K-�CR�AT. MATH�MAt. ET PhYS. peu humtde , ou en envoyant de��us fon halein^rnbsp;11 paroit , amp; on ne peut d�formais prefquenbsp;plus en douter , que eet effet eft produit de Ianbsp;maniere fuivante. Dans 1�op�ration du pyrophore,nbsp;il fe fait une combinaifon de l�acide vitrioliquenbsp;avec Ie phlogiftique des matieres animales ou v�-g�tales brul�es; mais comme 1�op�ration eft ennbsp;quelque forte Interrompue , il fe trouve une cer-taine quantit� d�acide vitriolique prodigieulementnbsp;concentre amp; a nu , c�eft-a-dire non combinenbsp;avec Ie phlogiftique. Or , Ton fqait que l�acidenbsp;vitriolique tr�s - concentre abforbe Thumidit� denbsp;l�air avec une telle avidit�, qu�il s��chauffe violem-ment; amp; ici cette chaleur eft apparemment telle ^nbsp;qu�elle enflamme Ie foufre form�, 6st par lui lesnbsp;matieres fuligineufes amp; charbonneufes qui entrentnbsp;dans la compofition du pyropbore. On peut voirnbsp;dans un M�moire de M. Lejay de Suvigny, inf�r�nbsp;dans Ie Tome III des M�moires des Sgavants �tran-gers, Ie d�veloppement amp; les preuves de cettenbsp;explication , poufies jufqu�a la d�monftration.nbsp;M. de Suvigny y d�montre aufii qu�on peut a
pourvu l�alun eft
-ocr page 483-DES PhOSPHORES. 475 en quelque forte abje�te , du phofphore ; tant il efl:nbsp;vrai que pour Ie phyficien rien n'eft abjeft dansnbsp;la nature , amp; que les objets les plus d�goutantsnbsp;contiennent quelquefois des principes capablesnbsp;des efFets les plus rares amp; les plus finguliers 1
La d�couverte du phofphore d�urine efl:, comma beaucoup d�autres , l�effefdu hafard. Un bourgeois de Hambourg, homme ent�t� de la pierrenbsp;philofophale, travailloit fur 1�urine. II n��toit pasnbsp;Ie premier ni Ie feul quieut penf� que c��toit dansnbsp;les excrements humains qu�il falloit chercher lanbsp;matiere propre a fixer Ie mercure. A force denbsp;faire des eftais fur cette matiere , il trouva lanbsp;phofphore. Cette d�couverte fit grand bruit dansnbsp;Ie monde chimique. Mais Brandt n��toit pasnbsp;homme a donnet fon fecret pour rien. Kuncke!,nbsp;habile chimifte , s�aflbcia avec un certain KrafFtnbsp;pour tirer de lui ce fecret. Mais KraflFt trompanbsp;Kunckel, acheta de Brandt Ie fecret de faire Ienbsp;phofphore , amp; , voulant en faire un commercenbsp;lucratif, refufa de Ie communiquer a Kunckel.nbsp;Celui-ci irrit� de la fraude de Krafft, amp; fqachantnbsp;d�ailleurs qu�il avoit beaucoup travaiU� fur l�urinenbsp;humaine, fe mit a la recherche du fecret, amp;nbsp;enfin Ie trouva. Aufli la gloire lui en efl refl�e ,nbsp;car on nomme commun�ment ce phofphore , Ienbsp;Phofphore de Kunckel 1.
D�un autre c�t�, Krafft ayant pafle en Angle-terre, amp; ayant montr� fon phofphore au roi Sc a la reine d�Angleterre , Ie c�lebre Boyle, dont la
M. Leibnitz pretend que ce que l�on raconte ainfl ordinairement de Brandt, n�eft nullement fond�. II fait unenbsp;hiftoire du phofphore, qu�on peut voir dans fes oeuvres.nbsp;Tome IL Mais je ne les ai pas a ma portee.
-ocr page 484-47*5 R�cr�at. Math�mat. et Phys. curiofit� fut piqu�e par un ph�nomene fi rare,nbsp;entreprit auffi de deviner Ie fecret. II fqavoit feu-lement, comme Kunckel , que KrafFt travailloitnbsp;fur Turme. II fe mit done a travailler fur cettenbsp;matiere, 8c trouva de fon c�t� Ie phofphorenbsp;qu�on en tire. H en communlqua Ie proc�d� aunbsp;public dans les TranfaBions Philofophiques denbsp;1680,8c apparemment inftruifit plus particuli�-rement du tour de main n�ceflaire un chiiniftenbsp;Allemand �tabli a Londres , noinm� Godfreydnbsp;Hanck-wit\, car il a �t� pendant long-temps Ie feulnbsp;qui fit du phofphore.
En effet, quoique Boyle eut public Ie proc�d� du phofphore en 1680, que Homberg l�eut auflinbsp;enfeign� en 1692, quoiqu�enfin divers autres livresnbsp;Ie d�criviflent aufli , ce n��toit qu�en Angle-terre qu�on faifoit du phofphore , 8c c��toit Ie feulnbsp;Hanckwitn^a^x�Q faifoit. Un �tranger qui vint ennbsp;France en 1737 , offrit n�anmoins de mettre par-faitement au fait du proc�d�, 8c Ie miniftere luinbsp;promit une r�compenfe pour cela. Plufieurs chi-miftes 8c phyficiens de l�Acad�mle royale desnbsp;Sciences , furent charg�s d�etre t�moins de l�o-p�ration, qui fut faite au Jardin royal des Plantes ,nbsp;amp; qui r�ul�it tr�s-bien. M. Hellot r�digea Ie proc�d�, amp; Ie publia en 1738 dans les M�moires denbsp;rAcad�mie royale des Sciences, Depuis ce tempsnbsp;feulement, la maniere de faire Ie phofphore eftnbsp;bien connue ; ce qui n�emp�che cependant pas quenbsp;ce ne foit une operation des plus d�licates de Ianbsp;chimie, Sc qui ne r�uflit guere que dans des mainsnbsp;fort exerc�es.
De tous les chimiftes modernes, M, Margraf eft celui qui a r�duit la compofition du phofphorenbsp;de Kunckel aux proc�d�s les plus certains , les
-ocr page 485-DES Phosphores. 4�7'7 plus exafts amp; les moins difpendieux : c�eft pour-quoi nous aliens fuivre ici ceux qu�il enfeigne.
1� Prenez une bonne quantit� d�urine , que vous laifferez putr�fier ; vous la mettrez enfuitenbsp;dans un vale de verre fur Ie feu, amp; vous ennbsp;ferez �vaporer Ie flegme, jufqu�a ce qu�elle foitnbsp;r�duite a une confiftance de miel ou de cr�menbsp;de lait.
II efl: a propos de remarquer ici que cette ma-tiere contient un fel particulier , appel� fel fujible de Vitrine; que ce iel efl: compoie d�im acidenbsp;d�pne nature differente de tous les autres, amp; qu�onnbsp;a nomm� phofphorique, parcequ�il efl [�ingredientnbsp;n�ceffaire du phofphore , par fa combinaifonnbsp;avec un autre principe , Sc parcequ�on tire eetnbsp;acide par la deflagration du phofphore, commenbsp;l�acide vitriolique par celle du foufre ordinaire.
M�lez enfuite quatre livres de minium avec deux livres de fel ammoniac en poudre , Sc diftll-lez ce m�lange , qui fournira un alkali volatilnbsp;tr�s-concentr�; au refte eet alkali efl inutile, Maisnbsp;l�acide marin attaquera Ie minium oh la chauxnbsp;de plomb , Sc formera avec elle un compof�nbsp;connu des chimrftes fous Ie nom de plomb corn�.nbsp;On peut employer du plomb corn� tout fait; nousnbsp;avons cependant cru devoir indiquer a-la-fois icinbsp;la maniere de Ie faire, parceque tous nos lefteursnbsp;ne fe trouveront pas des chimifles.
3� Ce plomb corn� r�fultant de la difliflation ci-delTus , vous Ie m�lerez peu a peu, Sc en Ienbsp;remuant fans cefle dans une chaudiere de fer,nbsp;avec Sap livres de l�extrait d�urine , indiqu�nbsp;dans [�article I; vous y ajouterez une demi-livrenbsp;de charbon en poudre , Sc vous continuerez denbsp;Ie deflecher jufqu�a ce qu�il foit r�duit en une
-ocr page 486-478 R�cr�at. Math�mat. et Phys. poudre noire ; vous jetterez enfuite cette matierenbsp;dans une retorte, pour la diftiller a un feu m�diocre , amp;c en retirer tous les produits, qui font,nbsp;de falkali volatil, nne huile f�tide , amp; une elpeesnbsp;de fel ammoniac qui s�attache au col du vafe :nbsp;faites rougir enfuite m�diocrement la cornue ;nbsp;quand il ne paffera plus rien , vous d�luterez Scnbsp;r�ferverez Ie r�fidu, qui eft une efpece de ca/gt;utnbsp;mortiium. C�eft ce r�fidu qui contient Ie phof-phore, amp; qu�il eft maintenant queftion de diftiller a un feu beaucoup plus violent. On re-connoitra qu�il eft bien pr�par� , fi un petit mor-ceaii �tant jet� fur les charbons , exhale unenbsp;odeur d�ail, amp; brille avec une petite flamme vol-tigeante,
4� Mettez ce r�fidu dans une bonne cornue de Hefi'e. M. Margraf recommande celles denbsp;Waldenbourg , comme les meilleures ; mais ilnbsp;n�en vient pas en France. Celles de Hefle rem-pliflent l�objet, fi ce n�eft qu�elles laiftent tranfpi-rer un peu de la matiere phofphorique, a quoi l�onnbsp;obvie en partie parunlut deterre m�l�e de bourre.
Cette cornue �tant remplie jufqu�aux trois quarts de la matiere ci-deftus , vous la placereznbsp;dans un fourneau, furmont� d�une chape ou che-min�e en tuyau, de 5 ou 6 pouces de diametre,nbsp;amp; de 8 ou 9 pieds de haut. Cette chape fert \nbsp;augmenter 1�aftivit� du feu par la rapidit� dunbsp;courant d�air, amp; a introduire par faporte , a dif-f�rentes fois , la quantit� de charbon n�ceflairenbsp;pour foutenir l�op�ration pendant une fixainenbsp;d�heures.
6� Vous luterez Ie col de cette cornue avec celui d�un ballon de moyenne grandeur, a moi-ti� rempli d�eau amp; perc� d�un petit trou , au
-ocr page 487-DES PhOSPHORES. 470^ riloyen d�un lut gras que vous affujettirez par desnbsp;bandes de linge, enduites de lut, de chaux amp; denbsp;blanc d�cEuf. Le trou laiff� au ballon , fert a dinner iflue a des vapeurs qui le feroient faiiter ennbsp;pieces. On le bouche l�g�reinent par un petitnbsp;tampon de papier, qu�on retire de temps a autrenbsp;pendant la diftillation. II faut avoir la precautionnbsp;de boucher d�un lut d�argile 1��chancrure du four-neau par o� paffe le col de la cornue , amp; d��levernbsp;entre le fourneau amp; I� ballon un mur de brique,nbsp;qui emp�che la chaleur de fe communiquer a cenbsp;ballon.
� 7� Les chofes �tant ainfi pr�par�es vingt-quatre heures d�avance, vous mettrez le feu au fourneau ,nbsp;6c vous �chaufferez la cornue par degr�s pendantnbsp;une heure amp; demie; apr�s quoi vous augmentereznbsp;Ie feu jufqu�a lui donner le rouge-blanc. Cettenbsp;operation fera paffen dans le ballon, d�abord desnbsp;vapeurs lumineufes , enfuite des gouttes de purnbsp;phofphore , qui, en tombant dans l�eau du ballon ,nbsp;s�y figeront; vous continuerez ainfi l�op�ration ,nbsp;jufqu�a ce qu�il ne paffe plus rien dans le ballon.nbsp;Ce fera 1�ouvrage de quatre a cinq heures, au lieunbsp;que le proc�d� d�crit par M. Hellot en exigenbsp;environ vingt-quatre.
8quot; Comrne le phofphore obtenu par cette diftillation violente eft noir, a caufe des vapeurs fuligineufes qu�il entraine avec lui, vous le diftil-lerez une feconde fois dans une plus petite cornue , amp; a un feu m�diocre. Ce feu Aiffira pournbsp;1�enlever pur; car, une fois form�, il eft d�iinenbsp;grande volatilit�.
qo Enfin , vous r�duirez le phofphore en petits batons, en le mettant dans des tubes de verre unnbsp;peu coniques 6c plong�s dans de l�eau tiede; car
-ocr page 488-480 R�cr�at. Math�mat. et Phys, il coule comme du fuif a une chaleur pareille. Cesnbsp;operations doivent fe faire dans 1�eau , pour em*nbsp;p�cher I�inflammation du phofphore; amp; quandnbsp;i�eau fera refroidie , Ie phofphore fera fig� eonbsp;batons , que vous retirerez , amp; plongerez auflitotnbsp;dans des bouteilles pleines d�eau amp; foigneufementnbsp;clofes.
II faut convenir qu�on n�a pas encore trouve d�ufage utile du phofphore d�Angleterre; fi cenbsp;n�eft que fa nature amp; fa d�compolition ont jetsnbsp;de la lumiere fur quelques points de chimie. Maisnbsp;on fent aif�ment qu�on peut fe fervir de cette ma-*nbsp;tiere pour ex�cuter divers jeux phyfiques aflez cu-rieux : tels font les fuivants.
Ecrin en caracteres qui feront lum�neux dans r obfcurit�.
II faut d�abord faire du phofphore liquide. Pour cela il faut prendre un grain de phofphore ,nbsp;Ie placer au fond d�une petite boutellle, 1��crafer,nbsp;amp; verfer auffit�t par delTus environ une deini-once d�huile de g�rofle bien claire. Le tout �tatitnbsp;mis en digeftion a une chaleur douce, commenbsp;celle du fumier , le phofphore fera prefque enti�-rement dilTous. La bouteille �tant retiree , la ma-tiere qu�elle contiendra fera brillante dans les t�-nebres , quand on l�ouvrira amp; qu�on l�agitera unnbsp;peu.
Prenez done quelque peu de cette huile avec un pinceau, amp; �crivez-en des cara�feres contrenbsp;un mur ; ils feront brillants dans l�obfcurlt�.
On pourra encore , fi l�on veut, fe rendrc Ia face 5c les mains toutes lumineufes. II fuffira pour
cela
-ocr page 489-DES PhOSPHORES. 481 cela de fe frotter de cette huile qui n�a aucunenbsp;chaleur fenfible, parceque Ie feu phofphoriquenbsp;eft fort rar�fi�,
Ce phofphore* s�amalgame auffi avec Ie mer-cure, amp; forme un compof� lumineux. On prend pour cela environ dix grains de phofphore , qu�onnbsp;met dans une fiole longue amp; un peu grande, avecnbsp;deux onces d�huile d�afpic : Ie phofphore s�y dif-fout , pourvu qu�on 1��chauffe un peu. . Onnbsp;ajoute enfuite une demi-dragme de vif-argentnbsp;bien pur: 11 s�en fait une amalgame qui fera toutenbsp;lumineufe pendant 1�obfcurit�.
On peut enfin , pour Ie tn�me efFet, m�langet un peu de phofphore avec de la pommade; ellenbsp;en deviendra lumineufe, amp; l�on pourra s�en frotter Ie vifage amp; les mains fans danger.
�. Vin. Compojition d'une efpece de Pyrophore qui jette des Jlarmnes par Ie contaBd�unenbsp;goutte cTeau.
C�eft au fameux chimifte Glauber qu�on doit cette compofition. M�langez enfemble de la li-maille de fer, de la cadmie, du tartre amp; du nitre,nbsp;amp; faites-en une pat� , que vous ferez cuire 8cnbsp;fortement deff�chera une grande chaleur, commenbsp;celle d�un four a potier. Lorfqu�enfuite vous jette-rez quelques gouttes d�eau fiir cette maffe, ellenbsp;lancera des flammes amp; des �tincelles. Telle eftnbsp;la defcription queBeccher donne du proc�d�. Ennbsp;voici un autre , tir� de la Magie naturelle denbsp;Martius.
II faut pulv�rifer de la chaux vive, de la tutie, amp;; du ftorax calamite , de chacun une once ; dunbsp;foufre vif amp; du camphre, de chacun deux onces;nbsp;'lome IV^,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;H h
-ocr page 490-482 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
m�ler enfuite Ie tout, Ie tamifer, amp; 1�envelopper dans un linge tr�s-ferr�. Ce linge �tant mis dansnbsp;un creufet, on Ie recouvrira d�un autre , qu�orlnbsp;liera fortement avec Ie premier, amp; on lutera lanbsp;reunion avec de la terre glaife. Enfin, ce lutnbsp;�tant bien fee, on mettra ce double creufet dansnbsp;un four a potier , d�o� Ton ne Ie retirera quenbsp;quand la calcination fera parfaite; ce qu�on re-connoitra a la couleur des creufets, qui doit �trenbsp;un rouge pale. Le tout �tant refroidi, fi vousnbsp;jetez une goutte d�eau ou fi vous cracbez furnbsp;cette matiere , vous en tirerez des �tincelles,
C��toit fans doute une pareille compofition au moyen de laquelle un Juif Allemand tiroit du feunbsp;du pommeau de fa canne , en crachant defius.nbsp;Cette invention eft en effet bien propre a �trenbsp;faifie par les charlatans , pour exciter l�admirationnbsp;amp; tirer l�argent du peuple. Ce Juif dont nous par-lons faifoit auffi , dit-on, tr�s-bien fes affaires, parnbsp;le moyen de ce fecret phyfique.
Remar(iu E.
Il y a quelques autres pr�tendus phofphores, mais qui, a proprement parler , n�en font pas ;nbsp;ce font uniquement des ph�nomenes �leftriques.
Telle eft la lumiere qu�on voit dans 1�int�rieur de certains barometres, appel�s lumineux parnbsp;cette raifon. On lui avoit donn� , ou du moinsnbsp;on lui donne, dans les anciennes Recreations Ma-th�matiques^ le n�m de phofpiiore de Dutal p pareenbsp;que ce m�decin �toit parvenu, n�anmoins apr�snbsp;M. Bernoulli, a faire des barometres lumineux :nbsp;mais on fqait aujourd�hui que ce n�eft pas la unnbsp;phofphore, mais une lumiere �leftrique. M. Lu-
-ocr page 491-DES Phosphorss. 4^5 dolfF, phyficien Allemand, a prouv� d�monftra-tivement que eet effet n�eft que celui de l��-leftricit�, produite dans Ie tuyau du barometrenbsp;par Ie frottement du mercure.
II en eft a peu pr�s de m�me du mercure lu-mlneux, lorfqu�il eft renferrfl� dans un vafe de verre bien net amp; vulde d�air. Nous avons d�critnbsp;ce ph�nomene dans Ie commencement de ce volume : ce n�eft encore la qu�un ph�nomene �lec-trique.
La lumiere que rend un diamant frott� dans les t�n'ebres, ou un morceau de fticre qu�on rape ,nbsp;n�eft encore qu�une lumiere �leftrique.
Hh ij
-ocr page 492-484 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
Des Lampes Perp�tuelles 1.
LE fujet des lampes perp�tuelles a vine liaifoti trop naturelle avec celui des phofphores�nbsp;pour ne pas lui donner place ici; car, fi l�on �toitnbsp;extr�mement prefle d�expliquer les hiftoires qu�onnbsp;allegue de feux trouv�s dans des tombeaux anciens , amp; defquelles on pretend conclure quenbsp;Tantiquit� �toit en poffeffion du fecret d�entretenirnbsp;pendant des fiecles une lampe allum�e, il fau-droit recourir au phofphore. Mais ces faits fontnbsp;fi l�g�rement �tablis , quelques-uns m�me portentnbsp;des carafteres fi marqu�s de fuppofition, amp; lanbsp;plupart de ceux que Ie bon Fortunio Liuti, grandnbsp;partifan des lampes perp�tuelles , a compilesnbsp;comme preuves de cette d�couverte , font li vifi-blement des preuves du contraire , qu�il ne fautnbsp;que la plus m�diocre critique pour voir que riennbsp;n�ell plus mal �tabli que cette pretention. Que finbsp;l�on y ajoute les raifons.phyfiques qui s�oppofentnbsp;a ce qu�une liqueur inflammable br�le toujoursnbsp;fans fe confumer , on ne pourra plus regarder lesnbsp;lampes perp�tuelles que comme une chim�re
On ne peut douter que Ie trait� des lampes perp�-tuelles , qui fuit celui des phofphores dans Ie quatrieme volume des anciennes R�cr�at. Math�mat., ne foit du bonnbsp;abb� de Vallemont, comme ce dernier : c�eft Ie m�menbsp;bavardage, les m�mes r�p�titions , Ie m�me fatras denbsp;chofes qui vont ou ne vont pas au lujet.
-ocr page 493-DES Lampes PERP�TUELLES, 485
indigne d�occuper un phyficien , amp; bonne a rel�-guer dans Ie pays de 1�or potable amp; de la palin-g�n�fie. Si nous en parlons done ici, c�eft a caufe de la c�l�brit� de la matiere, amp; parceque nou*nbsp;fqavons qu�il eft des efprits qui tiennent a cesnbsp;fujets fingullers amp; extraordinalres.
qu
preuve de Vexijlence des P�rp�tuelles,
Examen des Faits quon allepue comme
^ampes
A Va NT que la phyfique e�t �dair� fur la poffibilit� d�un feu aftuel amp; inextinguible ,nbsp;les fqavants ont �t� affez partag� fur ce qu�onnbsp;devoit en croire. Mais de tous les champions desnbsp;lampes perp�tuelles, aucun n�a fait plus d�efFortnbsp;pour en �tablir l�exiftence , que Fortunio Liceti ^nbsp;dans fon livre intitule de reconditis antiquorumnbsp;Lucernis.
Si Ton en croit ce fqavant, tien n��toit plus commun chez les anciens que les lampes perp�tuelles ; il en voit par-tout. La lampe de D�moPnbsp;th�ne, celle qui br�loit dans Ie temple de Minerve a Ath�nes, Ie feu de Vefta a Rome, toutnbsp;cela lui fournit autant de preuves de la poffibilit�nbsp;d�un feu inextinguible. On ne peut s�emp�chernbsp;de rire d�une �rudition fi mal dig�r�e ; car qui nenbsp;fqait que ces feux n��toient appel�s perp�tuels,nbsp;que parceque c��toit un point de religion de nenbsp;les laiffer jamais �teindre , amp; qu�on leur fournilToitnbsp;un aliment continuel ?
Hhiii
-ocr page 494-486 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
A la verit� , les autres partifans des lampes perp�tuelles, en riant de la bonhomie de Liceti,nbsp;s�appuient, ainfi que lui, de faits plus f�duifants.nbsp;Les voici.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
!� La Lampi di Tulliola.
Sous Ie pontificat de Paul III , on trouva y dit-on , Ie toinbeau de Tulliola , cette fille ch�rienbsp;de Cic�ron , a la perte de laquelle il donna tantnbsp;de lannes. On pretend qu�il y avoit dedans unenbsp;lampe afluellement br�lante , amp; qui s��teignitnbsp;aullit�t que 1�air y p�n�tra.
1. La Lampe d'Olybius.
Mais c�ell fur-tout la lampe du tombeau d�Oly-bius qui fournlt aux partifans des lampes perp�tuelles un de leurs forts arguments.
On raconte qu�en 1500, des payfans fouillant un peu profond�ment a Atefte pr�s de Padoue ,nbsp;on parvint a un tombeau dans lequel on trouvanbsp;deux urnes de terre 1�une dans l�autre. Celle-cinbsp;contenoit , ajoute-t-on, une lampe ardente ,nbsp;iitu�e entre deux fioles , 1�une pleine d�un ornbsp;liquide, l�autre d�un argent fluide.
Sur la grande urne on lifoit ces vers ;
Plutoni facrum munus ne attingite ^fures ; Ignotum eji vobis hoe quod in orbe latet ;
Namque dementa gravi claujlt digejla labore ^ Vafe fub hoe modico, maximus Olybius,
jldj�t fecundo cujlos Jibi copia cornu ^ tanti pntium depereat lateis.
-ocr page 495-DES Lampes perp�tuelles. 587 La feconde portoit, a ce qu�on dit, cette inf-cription:
Abiu hinc, pejjimi funs j
Vos quid vullis vamp;Jlris cum oculis emijjit�s ?
A bite hinc vejlro cum Mercurio
Petafato caduceatoque.
Maximus maximum donum Plutoni hoe facrum fecit.
C�eft a peu pr�s ainfi que Gefner raconte cette curieufe d�couverte. Mais voici quelque chofenbsp;de plus fort. On lit dans Liceti une lettre d�imnbsp;certain Maturantius, qui �crit a fon ami Alph�nenbsp;que ce curieux tr�for eft venu en fa polTellion.nbsp;� L�un amp; l�autre vafe, dit-il, avec les inferip-�gt; tions, la lampe amp; les fioles d�or, font venusnbsp;� en mes mains, amp; je les poffede : vous en ferieznbsp;� �merveill� li vous les voyiez. Je ne donneroisnbsp;M pas tout cela pour mille ecus d�or. � Voila biennbsp;Ie langage d�un homme convaincu de poflT�der lanbsp;plus pr�cieufe raret�. Je ne fqache cependant pasnbsp;qu�elle ait paffe dans aucun cabinet connu.^
Au refte, il paroit qu�ici, comme au tombeau de Tulliola, un accident emp�cha les gens un peunbsp;inftruits d��tre t�moins du ph�nomene ; car onnbsp;lit dans Ie cr�dule Porta, que les payfans qui trou-verent ce tr�for Ie maniant trop rudement, lanbsp;lampe fe brifa entre leurs mains, amp; s��teignit.
5. La Lampe de Palias , fils d'Evandre.
On raconte encore que, vers l�an 800 de J. C.,, on trouva a Rome Ie tombeau du fameux Pallas ,nbsp;fils d�Evandre, tu�, commel�onfqait, parTurnus*
4^8 R�gr�at. Math�mat. et Phys.
On reconnut que c��toit ce Pallas par ces vers :
Filius Evandri Fallas quem lancca Turni Militis occidit, more fuo jacet htc,
que
Tere chr�tienne,
II y avoir une lainpe ardente, qui devoir con- / f�quemmenr avoir br�l� pr�s de 2000 ans, puif-que eer �venemenr arriva vers 1�an 1170 avant
4. La Larnpe du temple de V�nus.
C�eft S. Auguftin lui-m�me qui parle de cette lainpe, amp;c du remple de V�nuc dans lequel ellenbsp;br�loit. II dir qu�elle �toir perp�tuellemenr ardente, amp; que la flamme �roir fi folidement arra-ch�e a la mariere conibuftible , que ni venr, ninbsp;pluie, ni temp�te ne pouvoit l��teindre, quoi-qu�elle fut perp�tuellemenr expof�e a l�air amp; anbsp;Pincl�mence des faifons. Ce pere fe travaille mer-veilleufement a expliquer 1�artifice de cette lampenbsp;inextinguible ; amp; apr�s avoir propof� une ideenbsp;affez jufte en partie, fqavoir , que peut-�tre onnbsp;y avoir employ� une meche d�amiante, il finitnbsp;par clire' que ce pourroit bien �tre un ouvrage desnbsp;demons, fait dans la vue d�aveugler de plus en plusnbsp;les payens , amp; de les attirer au culte de 1�infamenbsp;divinit� ador�e dans ce temple.
Voila done, fuivant les partifans des lampes perp�tuelles, un feu inextinguible, dont 1�exif-tence eft bien conftat�e par Ie t�moignage d�unnbsp;homme des plus eclaires de fon liecle, amp; qui,nbsp;malgr� fes lumieres , eft oblig� de recourlr a 1�ar-tidce des d�mons pour expliquer ce ph�nomene.
-ocr page 497-DES LaMPES PERPiTUELLES. 489 Les Lampes de Cajjiodore.
Le c�lebre Calliodore �toit, comme 1�on flt;^ait, un homme auffi refpeftable par fes emplois quenbsp;par fes lumieres. Or, il raconte lui-m�me avoirnbsp;fait pour fon monaftere de Viviers , des lampesnbsp;perp�tuelles. Chaque moine avoit peut-�tre Irnbsp;fienne. Ecoutons fes propres paroles. Paravimusnbsp;etiam noclurnis vigiliis mccanicas lucernas confer-vatriciS illuminantium jlammarum , ipfas fibi mi-trienus incendium, quee humano minijicrio cef-fante prolixb cujlodiant uberrimi luminis abundan-tiffimam claritatem ubi old pinguedo non defidt^nbsp;quamvis jugiur fiammis ardendhus torreatur.
Peut-on, dira quelque partlfan des lampes perp�tuelles , fe refufer a un t�moignage auffi authen-tique , auffi clair amp; auffi refpeftable}
Tels font les faits principaux qu�on allegue en faveur des lampes perp�tuelles. Mais nous nenbsp;craignons pas de dire qu�ils s��vanouiffent enti�-rement au flambeau d�une critique �clair�e. Ennbsp;effet , d�abord a l��gard des trois premiers , quelnbsp;fond peut-on faire fur des faits rapport�s d�unenbsp;maniere auffi vague , amp; accompagn�s de circonf-tances incoh�rentes ou romanelques ? II n�eftnbsp;aucun de ces faits qui ait d�autres garants que desnbsp;auteurs qui ont v�eu long-temps apr�s; aucunnbsp;t�moin oculaire de quelque poids , ne d�pofe ennbsp;avoir �t� t�moin. Or, quand il efl: queftion denbsp;chofes qui contredifent les loix ordinaires de lanbsp;nature, au moins faut-il qu�elles foient certifi�esnbsp;par des hommes inftruits, amp; au delTus du foupqonnbsp;de cr�dulit� ou d�ignorance.
L�hiftoire du tombeau de Tulllola date de
-ocr page 498-490 R�cr�at. Math�mat. et Phys. Fann�e 1345: c��toit alors Ie moment de l�igno-rance la plus profonde qui ait r�gn� en Europe�nbsp;On dit qu�on y trduva un corps. Dans ce cas ,nbsp;ce n��toit pas celui de Tulliola; car les Romains 9nbsp;a 1��poque de Cic�ron , br�loient leurs corpsnbsp;morts. Auffi quelques auteurs ont-ils conjeftur� ,nbsp;d�apr�s quelques circonftances, que Ie tombeaunbsp;dont il s�agit �toit celui de la femme de Stilicon:nbsp;mais les Chretiens ne mirent jamais de lampesnbsp;dans leurs tombeaux. La circonftance de la lampenbsp;trouv�e dans ce tombeau, a conf�quemment toutnbsp;Fair d�une fl^^;ion.
Que dirons-nous du tombeau d�OIybius , de fa lampe , amp; de fes deux fioles, remplies 1�une d�or,nbsp;Fautre d�argent fluides ? Ce furent des payfans quinbsp;trouverent cette double urne. Suivant les uns,nbsp;ils manierent la lampe renferm�e dans la fecondenbsp;urne fi mal-adroitement , qu�ils la briferent. Ce-pendant Maturantius pr�tend 1�avoir en fa poffef-lion. Quel homme a vu cette lampe br�ler? Ounbsp;font les t�moignages qui conftatent que cesnbsp;payfans 1�ont vue en eet �tat ? amp; ces t�moignagesnbsp;m�me feroient-ils bien admiffibles? Une yapeurnbsp;exhal�e d�un lieu dos depuis plufieurs fiecles ,nbsp;peut facilement en impofer a des hommes grof-liers amp; ignorants.
Que fignifie encore cette infeription ? O� trouve-t-on qu�il foit queftion de feu perp�tuel?nbsp;Un don facr� a Pluton eft-il n�ceflTairement unenbsp;lampe ardente ? A tout prendre , fi la d�couvertenbsp;de ce tombeau a quelque r�alit�, on pourroitnbsp;feulement penfer que c��toit celui de quelquenbsp;fouffleur d�un fiecle peu recul� ; car d�ailleurs onnbsp;fqait que les Romains ne fe douterent jamais denbsp;chimie: il n�a jamais �t� queftion parmi eux de
-ocr page 499-DES Lampes PERP�TUELLES. 491
chercher a tranfmuer les m�taux. Si cette folie e�t exift� alors, on en trouveroit certainementnbsp;des traces chez leurs �crivains ; mals tons gardentnbsp;Ie plus profond filence fur cela. Cette folie nousnbsp;a �t� amen�e par les Arabes , avec quelques con-noiffances folides de chimie.
Or, fi les Romains ne connoiflbient pas la chimie, comment veut-on qu�ils aient fait desnbsp;lampes perp�tuelles, qui feroient Ie chef-d�oeuvrenbsp;de cette fcience?
L�hiftoire du tombeau de Pallas , fils d�Evan-dre , m�rite a peine d��tre r�fut�e. Quel homme fera alTez imb�cille pour croire que les vers citesnbsp;ci-delTus foient du temps d�En�e? II ne faut qu�a-voir vu Ie langage des douze Tables , pour jugernbsp;combien Tancienne langue des Romains , amp; con-f�quemment celle du temps des Rois d�Albe, ref-fembloit peu au latin de ces vers, tout plats amp;nbsp;mauvais qu�ils font. C��toit un fot Sc un imb�cille que Ie fauflaire qui les a fabriqu�s pour don-ner cr�dit a fa fable.
Quant a la lampe du temple de V�nus , qui caufe tant d�embarras a S. Auguftin , remarquonsnbsp;que ce pere ne dit nullement qu�on ne lui fournitnbsp;pas un nouvel aliment. Ce qui paro�t 1�intriguernbsp;principalement, c�efl: que ce feu �toit inextin-guible au vent amp; a la pluie. Mais cela n�a rien denbsp;merveilleux, puifque nos �piciers font aujourd�huinbsp;des flambeaux qui ont cette propri�t�, Tous lesnbsp;livres de chimie enfeignent a faire un pareil feu.nbsp;D�ailleurs , en admettant que cette lampe fut per-p�tuelle comme inextinguible, qui ignore combien les pr�tres payens �toient impofteurs , Scnbsp;�ombien d�artifices ils pouvoient mettre en oeuvre
-ocr page 500-49i R�cr�at. Math�mat. et Phys. pour faire couler dans cette lampe un alimentnbsp;nouveau ?
Les lampes de Caffiodore ne font pas plus em-barraffantes: c��toient des lampes qui, femblables a celles de Cardan, fe fournilToient elles-m�mesnbsp;d�huile, au moyen d�un r�fervoir. Auffi Caffiodorenbsp;fe fert-il uniquement du mot pro�xk, qui fignifienbsp;feulement que ces lampes duroient long-temps,nbsp;plufieurs nuits, par exemple , a la difference desnbsp;lampes ordinaires de ce temps, qui avoient fr�-quemment befoin qu�on y versat de 1�huile. Voilanbsp;certainement tout ce qu�a voulu dire Caffiodore.
Toutes ces reflexions n�avoient pas �chapp� a divers auteurs raifonnables , tels que M, Ar�fi ynbsp;�v�que , auteur des Symbolafeu Emblemata facra ;nbsp;M. Buonamici, phyficien contemporain de Li-c�ti; amp; fur-tout M, Ottavio Ferrari, auquel eftnbsp;d� Ie curieux amp; fqavant ouvrage de veterum Lu~nbsp;cernis fepulcralibus. Tous ces auteurs , amp; fur-toutnbsp;Ie dernier, battent en ruine Ie bon Lic�ti; ilsnbsp;font voir fort au long Ie peu de folidit� de tousnbsp;les faits all�gu�s a 1�appui des lampes perp�tuelles ,nbsp;amp; les circonftances abfurdes ou contradiftoiresnbsp;dont ils fourmillent ; ils tournent m�me en ridicule la cr�dulit� amp; la bonhomie de ce fqavant,nbsp;qui, par� un exces incroyable de p�dantifme ,nbsp;trouve jufque dans la lampe du tombeau de 1�en-chanteur Merlin , d�crit par l�Ariofte , une preuvenbsp;de 1�exiftence des lampes perp�tuelles.
Terminons ceci par quelques reflexions fort juftes de M. Ferrari, qui fe pr�fentent affez natu-rellement. Si Ie fecret de fe procurer un feu per-p�tuel amp;: inextinguible e�t �t� connu des anciens ,nbsp;un fecret auffi utile eut-il pu refter dans la pro-fonde obfcurit� qui Ie couvre ? Nous admettons
-ocr page 501-DES LaMPES PERP�TUELLES. 493 que Ie fecret fe fut perdu faute de connoiffancesnbsp;phyfiques amp; chimiques : mais feroit-il poffiblenbsp;que Pline, qui a d�nombr� les inventions les plusnbsp;communes comme les plus belles , n�e�t rien ditnbsp;de ce feu perp�tuel amp; fi merveilleux ? Commentnbsp;Plutarque, faifant mention de la lampe de Jupiter Ammon , parcequ�elle br�loit un an entier,nbsp;comment , dis-je, Plutarque auroit-il gard� Ienbsp;filence fur des lampes en comparaifon defquellesnbsp;cette premiere n��toit qu�une m�prifable amp; vilenbsp;bagatelle ? Perfonne ne fe Ie perfuadera.
Difons done que 1�hiftoire amp; la faine critique s�oppofent a ce qu�on penfe qu�une pareille invention ait jamais exifl�. Nous allons voir comment elle s�accorde avec la phyfique.
AP R � s avoir, a ce que nous penfons, d�-montr� Ie peu de folidit� de toutes les preu-ves de fait all�gu�es en faveur des lampes perp�-tuelles, il nous refte i difcuter leur polTibilit�, d�apr�s les principes de la faine phyfique.
Pour avoir une lampe perp�tuelle, il faut avoir,
1� Une meche qui ne fe confume point;
2� Un aliment qui ne fe confume point, ou une fubftance qui, apr�s avoir fervi d�aliment aunbsp;feu , puilfe retourner dans Ie vafe fans avoir perdunbsp;fa qualit� inflammable;
494 R�cr�at. Math�mat, et Phys.
3� II faut qu�une flatnme puilTe fubfifler longquot; temps dans un lieu abfolument dos amp; de fortnbsp;petite dimenfion ; car tels �toient les tombeauxnbsp;dans lefquels on dit qu�ont �t� trouv�es ces lampesnbsp;perp�tuelles.
Or routes ces chofes font impoffibles, ainfi qu�on va Ie voir dans les paragraphes fuivants.
I. Impojp-bilit� cTavoir une meche perp�tuelh ' Hifi oirc de VAmiante y maniere de Ie filer, 6*nbsp;dien former un tiffiu ou une meche ; examen de fanbsp;pr�tendue incomhufiibilit�.
Nous n�ignorons point foutes les belles propri�-t�s qu�on attribue a l�amiante, amp; qui font en partie fond�es; nous allons m�me en donnernbsp;1�hiftoire, qui eft affez curieufe , amp; qui ne peutnbsp;mieux trouver fa place qu�ici. Nous ferons a lanbsp;v�rit� un peu plus courts que l�intarilTable abb�nbsp;de Vallemont.
L�amiante, autrement appel� lin incomhufi�ble, asbefie, eft une fubftance min�rale qu�on trouve ennbsp;plufieurs endroits de la terre. Elle eft form�e de pa-quets de fibres d�un blanc plus ou moins grisatre:nbsp;ces fibres font aflez fortement appliqu�es les unesnbsp;contre les autres. On trouve n�anmoins Ie moyennbsp;de les f�parer ; amp; alors elles ont, du moins apr�snbsp;avoir �t� bien lav�es , 1�apparence d�un lin d�unenbsp;blancheur argentine. On trouve de l�amiante dansnbsp;les Pyrenees, dans les Alpes, amp;c. Le plus beau,nbsp;]q crois, qui exlfte, eft celui qu�on trouve dansnbsp;OU pr�s la mine de Pefey en Savoie. J�en ai vunbsp;dont les filamens avoient un pied amp; plus de longueur, amp; �toient d�une blancheur admirable,
Mais ce qui caraft�rife cette fubftance, eft une
-ocr page 503-DES LaMPES PERP�TUELLES. 455 propri�t� vraiment finguliere ; c�eft celle de fortirnbsp;intafte du milieu des flammes , d�en fortir m�menbsp;plus pure amp; plus blanche qu�elle n��toit avant d�ynbsp;avoir �t� jet�e. Auffi cette propri�t� n�a-t-elle pasnbsp;manqu� de fervir de bafe a mille comparaifonsnbsp;morales amp; pieufes que nous n�entaflerons pas ici,nbsp;a 1�exemple du bon abb� cit� fi fouvent.
II eft bon d�obferver ici, que les droguiftes, efpece d�hommes qui Jettent la confufion fur toutenbsp;l�hiftoire naturelle par leur nomenclature vicieufe,nbsp;ne connoiffent l�amiante que fous Ie nom A'alunnbsp;de plume: mais il y a une ignorance profonde dansnbsp;cette d�nomination ; Talun eft un fel, il eft folu-ble dans 1�eau; l�amiante n�eft , au contraire, nul-lement foluble clans ce liquide : ainfi l�amiantenbsp;n�eft point un alun. Ce qui a donn� lieu a cettenbsp;faufle d�nomination, c�eft qu�il y a en effet unnbsp;alun de plume , ou un alun criilallif� en fibresnbsp;foyeufes , Sc ayant quelque reflemblance a l�a-miante ; mais eet alun eft extr�mement rare, 6sCnbsp;les droguiftes lui fubftituent l�amiante , lorfqu�onnbsp;leur detnande 1�autre. Je crois n�anmoins que lanbsp;plupart n�y entendent pas finelfe , amp; Ie croient unnbsp;veritable alun , ce qui les juftifie ; car encorenbsp;vaut-il mieux �tre ignorant que fripon.
Quoi qu�il en foit, il paroit que la propri�t� de l�amiante eft connue depuis bien long-temps; carnbsp;Pline nous rapporte dans fon Hijloire Naturelle ,nbsp;L. xix , chap, r , que lorfque certains rois desnbsp;Indes �toient morts, on les enveloppoit d�unnbsp;linceul fait de lin vif, �c qu�on les br�loit ainfi ,nbsp;afin que leurs cendres ne fuflent point m�l�es avecnbsp;celles des matieres du bucher, II eft certain quenbsp;cela eft poflible; amp; 1�on ne peut pas r�voquer ennbsp;doute Ie t�moignage de Pline , qui dit d�ailleurs,
-ocr page 504-4C)6 R�cr�at. Math�mat. et Phy5, ainfi que Plutarque , avoir vu des toiles, deSnbsp;r�feaux , qu�on n�avoit befoin que de jeter dansnbsp;Ie feu pour les nettoyer, Sc qu�ils en fortoientnbsp;intafts Sc propres. Ma�s ce naturallfte s�eft �vi-demment tromp�., lorfqu�il a dit que ce vi/nbsp;provenoit d�une plante qui fe ne trouvoit que dansnbsp;les climats de 1�Inde les plus torrefies des ardeursnbsp;du foleil, comme fi elle aimoit a vivre au milieunbsp;des flammes. II connoilToit la chofe, mais il fenbsp;trompoit fur fon origine. Au refte , l�ufage ci-delTus parou s��tre �teint dans l�Inde ; je ne con-nois aucun voyageur qui dife y avoir vu brulernbsp;des corps de cette maniere.
ce
la maniere , donn�e par M. Ciampini, dans fon trait� t/e incombujlibili Lino , deque illius jilandinbsp;modo ; Romce ,1691.
Pour filer cette pierre, dit M. Ciampini, il faut commencer par la mettre tremper dans denbsp;1�eau chaude ; apr�s qu�elle y a reft� quelquenbsp;temps , on la prend , on la manie dans fes mains ,nbsp;on 1�ouvre, on la dilate, en la trempant fouventnbsp;dans l�eau , afin de la nettoyer de quantit� denbsp;parties terreftres. On r�ltere cette op�ration cinqnbsp;a fix fois , jufqu�a ce que les filaments foientnbsp;bien d�tach�s les uns des autres; apr�s quoi onnbsp;les ralTemble.
Cela
II ferdit fuperflu d�entafler un plus grand nom-bre d�autorii�s fur la poffibilit� de faire des efpe-ces de tilTus femblables Sc incombuftibles : j�ai vu mol-m�me des bourfes apport�es des Pyrenees,nbsp;qui iouiffoient de cette propri�t� : il efl: vrainbsp;qu�elles �toient d�une extr�me grofll�ret�. II efl:nbsp;certain qu�on peut faire quelque chofe de mieux.nbsp;Pour parvenir a filer 1�amiante, amp; a en formernbsp;tiflu, il faut n�anmoins de l�induftrie. En voici
-ocr page 505-DES LampesiPerp�tuelles. 497
Cela fait, on les fait f�cher fur quelqiie chofe au travers de quoi l�eau puiffe facilement s��cou-ler; il faut enfuite avoir deux petites cardes plusnbsp;fines que ce�es avec lefquelles on carde la lainenbsp;des chapeaux amp; des �toffes, amp; mettre entre cesnbsp;deux cardes Ie lin' incombuftible, afin d�en tirernbsp;peu a peu quelques filaments a-Ia-fois^ pour lesnbsp;filer avec un petit fufeau.
Mais il faut obferver que coinme les filaments de ce lin font orclinairement fort courts , il eft ne-celTaire de les filer avec quelque fine filafie , quinbsp;ptuifie les faifir, les embraffer amp; les r�unir. Il fautnbsp;avoirl�osila ce qii�il y ait toujours un peu plusnbsp;d�amiante que de coton ou de laine , fuivant quenbsp;vous aurez choifi l�un ou l�autre pour fervir denbsp;filalTe ou de bafe a votre fil d�amiante. En voicinbsp;la raifon : c�eft cjue lorfque vous aurez mis ennbsp;lt;�uvre votre fil , foit a faire de la toile ou desnbsp;bourfes , vous jetez votre ouvrage dans Ie feu :nbsp;alors la filalTe ajout�e brule, fe confume , amp; il nenbsp;rede que Tamiante tout pur. C�ell a peu pr�s ainfinbsp;qu�on file Tor amp; l�argent avec la foie, amp; commanbsp;on br�le les vieux galons d�or ou d�argent pournbsp;en oter la foie , amp; avoir Ie m�tal pur.
Tome IK,
M. Ciampini avertit qu�il faiit un peu mouiller fes doigts, amp; particuli�rement Ie pouce amp; Vindcx,nbsp;pour r�uflir a filer, amp; in�me pour �viter que lesnbsp;doigts ne s�excorient, parceque Vamiantc sjl cor-rojif. Au rede il eftime qu�on peut Te dilpenfernbsp;d�ufer de cardes, amp; qu�il fuffit de mettre les filaments d�amiante en place , de faqon qu�ils fe f�pa-rent aif�ment pour s�infinuer dans la filafie em-prunt�e, afin deles filer conjointement. Quandnbsp;ia toile ou les bourfes font Tales , on les jette aunbsp;feu , d�o� on les retire plus blanches Sc plus brilquot;
-ocr page 506-498 R�cr�at. Math�mat. et Phys. lantes que jamais. II confeille de les imbiber d�unnbsp;peu d�huile ou d�effence , toutes les fois qu�on lesnbsp;retire du feu , parceque cela nourrit 1�amiante , amp;nbsp;fait que Ie fil demeure plus li� amp; plus uni.
J�ajoute que pour faire des meches a mettre dans les lampes , il n�eft point n�ceflaire que Ta-miante foit ni fi purge, ni fil� ; il fuffit d�en prendre des filaments des plus longs , amp; a proportionnbsp;de la groffeur que vous voulez faire votre meche,nbsp;Sc les lier avec un filet de foie blanche. II eft: �ton-nant combien aif�ment Famiante tire , imbibe amp;nbsp;fuce 1�huile. On peut 1�employer tel qu�on Ie trouvenbsp;en filaments chez les droguiftes , amp; la lampenbsp;ne laiffera pas de bruler amp; �clairer fort vivement.
Au refte , M. Ciampini fe trompe lorfqu�il attribue a 1�amiante une qualit� corrofive: fa nature pierreufe amp; nullement faline ne la comportenbsp;point.
Apr�s cette hifloire de l�amiante, il nous refte a examiner les conf�quences qu�on en tire.
Si 1�on en croit les partifans des lampes perp�-tuelles , puifque Ie premier pas vers 1�ex�cution d�un pareil ouvrage eft une meche perp�tuelle amp;nbsp;incombuftible, Ie voila fait ; car l�amiante donnenbsp;cette meche , puifqu�il eft incombuftible , amp; 1��-preuve m�me qui en a �t� faite juftiflele proc�d�.nbsp;Le P. Kircher affure avoir eu a une lampe unenbsp;meche de cette matiere, qui lui r�uflit tr�s-bien.
Nousne contefterons pas qu�on ne puifTe faire une meche de tr�s-longue dur�e au moyen denbsp;l�amiante; mais ce que nous nions, c�eft qu�ellenbsp;fut perp�tuelle : car, quoique 1�on vante 1�incom-buftibilit� de l�amiante, cette propri�t� n�eft pasnbsp;abfolue ; nous voulons dire qu�a la longue le feunbsp;an�antit l�amiante comme tout autre corps. Il eft
-ocr page 507-DES LaMPES PERP�TUEtLES. 45^ bien vrai qu�un linge d�amiante, jet� dans Ie feu ,nbsp;en eft retire fain amp;c entier, mais pas abfolument:nbsp;on remarque qu�il perd quelque peu de fon poids ,nbsp;amp; ainfi a chaque fois qu�on l�expofe au feu, 11 fenbsp;d�truiroit done a la longue, amp; peut-�tre rn�me'nbsp;dans un temps alTez court, comme de quelquesnbsp;jours de fuite, (1 l�on ne faifoit autre chofe que Ienbsp;faire rougir amp; Ie laifler refroidir, ou li on Ie laif-foit tout ce temps dans un feu tr�s-vif. Ainfi , unenbsp;meche d�amiante fouffriroit de rn�me au boutnbsp;d�un temps une entiere deflru�lion.
On a tent� de faire des meches avec des faif-ceaux de fils d�or trait, de la plus grande finefle. Ce feroit peut-�tre la Ie moyen d�avoir une mechenbsp;d�une dur�e prefque perp�tuelle ; mais on n�a punbsp;venir a bout d�allumer ces meches ; amp; quandnbsp;rn�me on e�t pu Ie faire, un autre inconvenientnbsp;eut bient�t nui au fucc�s de ce moyen : c�ed quenbsp;les filets d�or fe feroient fondus dans la flamme ,nbsp;amp; feroient deveniis d�s-lors incapables de remplitnbsp;eet objet; car on fqait qu�il fuffit de pr�fenter anbsp;la flamme d�une bougie un fil d�argent trait, pournbsp;qu�il fe liqu�fie tout de fuite. II en fera done denbsp;rn�me d�un fil d�or ; car ce m�tal efi: encore plusnbsp;fufible que Targent.
�. II. Impo^ibUite de fe procurer un aliment in-defruciible pour les lampes perp�tuelles : Pr�ten-dues recettes pour faire une huile incombufible.
Mais fuppofons qu�on e�t trouv� une meche abfolument inalterable, amp; qui ne s�engorgeat pasnbsp;des fuliginofit�s de la matiere combuftible qu�ellenbsp;afpireroit, ce ne feroit encore qu�une petite partienbsp;de ce qu�il faudroit trouver pour fe procurer une
Ir ij
-ocr page 508-500 R�cr�at, Math�mat. et Phys. lampe perp�tue�e : il lui faudroit, comme on 1�anbsp;dit plushaut, un aliment qui n��prouvat aucunenbsp;diminution , ou qui ayant fervi a la flamme , amp;nbsp;n�y ayant �prouv� aucune alteration , retournat,nbsp;par une circulation perp�tuelle , dans Ie vafe du-quel elle Teroit fortie. Tout cela eft-il poffible ?nbsp;on en jugera par les principes fuivants, qui Tontnbsp;ceux de la faine phyfique,
II n�y a de corps inflammables que ceux qui abondent en ce principe connu des chimiftes fousnbsp;Ie nom de phlogifticjue. De-la tous les corps hui-leux font inflammables , car ils contiennent �mi-nemment ce principe. Or, quel eft reffet du feunbsp;applique a un corps inflammable ? Il eft �videm-ment, amp; d�apr�s tous les faits connus de la phyflquot;nbsp;que, ileft, dls-je, de d�compofer Ie mixte dansnbsp;lequel l�union du principe inflammable avec lanbsp;partie fixe Sc terrenre eft peu tenace ; de laifletnbsp;d�un c�t� cette partie fixe, Sc de volatilifer ounbsp;d�truire Ie phlogiftique. J�avoue ne fqavoir bieiinbsp;pr�cif�ment lequel des deux arrive; mais , quoinbsp;qu�il en foit, ft Ie principe inflammable eft d�truitnbsp;par la combuftion , comment cette combuftionnbsp;pourroit-elle �tre �ternelle, Sc comment ce principe d�truit pourroit - il �tre r�g�n�r� pour fenbsp;recombiner fous fa premiere forme avec Ie r�fidunbsp;du corps combuftible ? II eft aif� de voir qu�il n�ynbsp;a pas ombre de raifon a Ie pr�tendre.
Si Ie principe inflammable eft feulement vola-tilif� , il y auroit peut-�tre quelque proc�d� chi-mique pour Ie raffembler , Sc lui pr�fenter une bafe avec laquelle il put fe recombiner, parexem-ple en forqant tout l�air impr�gn� de phlogiftiquenbsp;a pafler a plufieurs reprifes au travers d�une H'nbsp;queur ayant une tr�s-grande affinit� avec ce der-
-ocr page 509-DES Lampes PERP�T�ELLES. 501 nier. Ma�s, en fuppofant m�me que cette operation ne fut pas chim�rique , il fauclroit fuppofernbsp;un chimifte continuellement occup� a faire cettenbsp;operation, que la nature ne fera pas d�elle-m�ine ;nbsp;car elle ne forcera pas Pair d�un vafe ou d�unnbsp;caveau a paffer amp; repal�er fans ceffe a travers unnbsp;fluide, pour s�y d�pouiller d�un principe dont ilnbsp;eft impr�gn�.
Au refte, quel appareil a-t-on trouv� dans les lieux ou exiftoient, dit-on , ces pr�tendues lampes incotnbuftibles, qui reflemblat a un appareilnbsp;chimique propre a produire un femblable effet ounbsp;une femblable circulation ? On n�en trouve pasnbsp;m�me de trace dans les r�cits qu�on a faits de cesnbsp;pr�tendues d�couvertes. Alnfi , la raifon amp; les faitsnbsp;s�oppol�nt a-la-fois a ce qu�on admette la fuppo-litipn d�un femblable artifice.
Nous devons cependant ici pr�venir une ob-je�fion. L�or eft dou� du principe inflammable,, car c�efl; ce qui lui donne, ainfi qu�aux autresnbsp;m�taux, la forme m�tallique ; mais ce principenbsp;lui eft tellement adherent , que , quelque long-temps qu�il foit enflamm� , il n�eft point d�truit.nbsp;II n�eft done pas n�ceffaire que rinflammationnbsp;d�truife ou difperl� ce qui rend un corps inflammable.
II eft aif� de r�pondre a cela. Quoiqu�une mafte d�or foit toute en feu , elle ne brille pas d�unenbsp;inflammation qui Ipi foit propre ; elle n�eft quenbsp;p�n�tr�e d�un feu etranger ; amp; cela eft il vrai,nbsp;que retiree du milieu des charbons ardents, ellenbsp;s��teint peu a peu. Si fon phlogiftique �toit moinsnbsp;li� avec fa terre m�tallique, elle flamberoit, aunbsp;moins pendant quelque temps, d�une flamme fu-perficielle, comme quelques m�taux imparfaits ou
I i iij
-ocr page 510-5�X RiCR�XT. Math�mat. et Phys. demi-m�taux , qui font auffi bientot r�duits ennbsp;chaux. Or c�eft ce qui ne lui arrive pas ; ainfi �nbsp;peut y avoir d�inflaminabilit� proprement dite,nbsp;Ou de combuftibilit�, que dans des corps o� Ienbsp;phlogiftique n�eft pas affez foiblement uni avec lanbsp;partie fixe , pour pouvoir en �tre f�par�, amp; fervirnbsp;d�aliment a la flamme. L�objeclion ci-delTus de-vient elle-m�me une preuve de ce que nous avonsnbsp;dit.
Ecoutons n�anmoins les alchimiftes, ou les partifans des lampes perp�tuelles; ils vont beau-coup nous amufer par leurs idees fur la manierenbsp;dont on pourroit fe procurer une huile telle quenbsp;l�exigeroient ces lampes.
Les uns, voyant que l�amiante eft indeftrufti-ble au feu, ont tent� ou propof� de tirer 1�huile de cette pierre : mais malheureufement les pierresnbsp;n�ont pas une at�me d�huile ; tout Ie monde Ienbsp;fgait; amp; de-la vient Ie proverbe ulit� pour d�-figner une impoffibilit� abfolue, C�ejl vouloir tirernbsp;de Vhuile d'un mur,
D�autres remarquant que- 1�or amp; l�argent, fur-tout Ie premier de ces m�taux , font indellrufti-bles, ont eu 1�id�e d�y chercher l�huile pr�cieufe qui doit mettre en poffeffion des lampes perp�tuelles. C�eft-la Ie beau fecret dont Lic�ti veutnbsp;que Ie grand Olybius fut en poffelRon. Mais ilnbsp;n�y a pas plus d�huile dans les m�taux que dansnbsp;les pierres. II y a dans les premiers un principenbsp;inflammable, appel� Ie phlogiftique ; mais , outrenbsp;que ce phlogiftique eft Ie m�me dans tous lesnbsp;m�taux, on ne peut l�obtenir ifol�; amp; dans 1�ornbsp;fur-�out, il eft ft �troitement li� avec fa bafe ounbsp;la terre m�tallique de l�or, qu�on n�a jamais pu
-ocr page 511-DES Lampes PERP�T�ELLES. 505 les f�parer. Le pro) et de titer de 1�or une huile in-combuftible, eft done une chimere abfurde.
Ma�s, dit un autre, fi nous pouvions r�duire Tor en une liqueur , peut-�tre aurions-nous unenbsp;huile incombuftible , puifque l�or eft inalterablenbsp;au feu. Ceci eft vrai; mais , ind�pendamment denbsp;rimpoffibilit� de r�duire l�or en liqueur, qui nousnbsp;eft garant qu�il en r�fultat une liqueur inflammablenbsp;comme Thuile ?
L�abb� Trith�me , ou celui qui a mis fous fon nom beaucoup d�impoftures, a n�anmoins pr�-tendu nous donnet deux moyens pour faire l�huilenbsp;incombuftible. Nous allons en faire connoitre un,nbsp;avec tout le proc�d� d�une lampe perp�tuelle.
M�lez, dit ce vifionnaire c�lebre, ou celui qui parle en fon nom, quatre onces de foufre, amp;nbsp;quatre onces d�alun; fublimez-les , amp; en faitesnbsp;des fleurs. Prenez deux onces demie de cesnbsp;fleurs ; joignez-y demi-once de borax amp; de criftalnbsp;de Venife , amp; pulv�rifez le tout dans un mortiernbsp;de verre ; mettez le tout dans une fiole; verfeznbsp;deflus de bon efprlt de vin quatre fols re�lifi� , amp;cnbsp;faites dig�rer cela; retlrez l�efprit de: vin, Sc re,*nbsp;mettez-en de nouveau , amp; r�p�tez la m�me chofenbsp;trois ou quatre fois , jufqu�a ce que le foufre coulenbsp;fans fum�e comme de la cire , fur des plaques d�ai-rain chaudes. Voila la nourriture de votre feunbsp;�ternel. Enfuite il faut preparer une meche conve-liable; Sc la chofe fe fait ainfi: Prenez des filaments de la pierre ashejlos ^ de la longueur dunbsp;doigt auriculaire amp; de la grolTeur d�un demi-doigt, Sc liez-les avec de la foie blanche. Votrenbsp;meche �tant ainfi faite, couvrez-la du foufre ci-devant pr�par� , dans lequel vous l�enfevelireznbsp;en un vafe de verre de Venife ; Sc vous mettreA
li iy
-ocr page 512-Ie tout cuire fur un feu de fable bien chaud durant vingt-quatre heitres, enforte que vous voyiez tou-jours Ie foufre bouillir. Par ce moyen, la mechenbsp;�tant bien p�n�tr�e amp; Impr�gn�e de eet aliment,nbsp;fe met dans un petit vaiffeau de verre , dont l�ou-verture foit large, II faut que la meche s��leve unnbsp;peu au deffus. Puis rempliffez ce vafe- de verre denbsp;votre foufre pr�par�; mettez Ie vafe dans du fablenbsp;chaud , afin que Ie foufre fonde amp;c engloutiffe lanbsp;meche, AUumez-la , amp; elle brulera d�un feu per-p�tueb Mettez ou vous voudrez cette petitenbsp;lampe, elle fera inextinguible.
Tel eft Ie premier feu de 1�abb� Tritb�me. II jte faut qu�avoir les plus l�geres connoiffances denbsp;chimie, pour voir clairement qu�il n�y a pas denbsp;bon fens a efp�rer de-la un feu inextinguible amp;cnbsp;perp�tuel. Auffi aucun des partifans des lampesnbsp;perp�tuelles , pas m�me Ie bon Lic�ti, n�a't-ilnbsp;confiance a un pared proc�d� , ni m�me au fe-cond ; d�ou il conclud qu�aucun des niodernes nenbsp;poffede ni n�a poff�d� ce fecret pr�cieux.
II y a des alchimiftes qui proinettent une huile ihcombuftible , tir�e par un autre proc�d�. Ilsnbsp;pr�tendent que de Thuile de vitriol �dulcor�e furnbsp;tie i�or, amp;c qu�ils appellent okum vitrioli aiiri-jicanim , donnera cette liqueur pr�cieufe. Maisnbsp;qui ne fqait que 1�huile de vitriol n�eft appel�enbsp;ainfi que fort improprement ? car elle n�a riennbsp;de veritablement huileux ou inflammable; Scnbsp;nous croirons aux lampes perp�tuelles , quand unnbsp;alchiinifte nous aura montr� une lampe ordinaire,nbsp;garnie d�huile de vitriol Sc d�une meche quel-conque, o� Ie feu fubfifte feulement une feconde.
-ocr page 513-DES Lampes PERP�TUELLES. 505
�. III. ImpoJJibilit� cTentretenir un f�ti bridant fans cejfe dans un lieu abfolument dos.
Ceft un fait connu depuis qu�on obferve en phyfique, qu�une flamme ne peut fubfifler dansnbsp;un lieu clos. Qu�on renferme une bougie fous unnbsp;recipient de verre , amp; que tout acc�s de l�airnbsp;ext�rieur lui foit interdit; on verra peu a peu fanbsp;flamme diminuer, s�obfcurcir, s�allonger, amp; enfinnbsp;s��teiridre. Le c�lebre Hales a m�me calcul�nbsp;quelle quantit� d�air une bougie d�une certainenbsp;dimenfion rendoit, dans un temps donn� , incapable de fervir a entretenir fa flamme , enfortenbsp;qu�on peut pr�dire en combien de temps cettenbsp;flamme s��teindra infailliblement.
Peut-�tre n�anmoins dans un lieu vafle, quoi-que herm�tiquement clos, une flamme pourroit-elle perp�tuellement br�ler ; mais on fqait que les caveaux des tombeaux �toient extr�mementnbsp;petits: amp; pour augmenter la difficult�, on ditnbsp;que les lampes perp�tuelles br�loient dans desnbsp;vafes o� elles �toient renferm�es. Telle �toit dunbsp;moins celle d�Olybius. Or, la cruche d�Olybiusnbsp;eut-elle �t� de trois pieds de diametre , ce qui nenbsp;paroit nullement, il eft certain qu�une lampe n�e�tnbsp;pu y fubfifter feulement deux heitres fans viciernbsp;tout l�air int�rieur amp; fans s��teindre.
Nous n�en dirons pas davantage fur cette ma-tiere; ce feroit fe mettre en frais 'de raifonnements fuperfliis, que d�en entafler un plus grand nombrenbsp;pour combattre la chimere des lampes perp�tuelles ; car nous pr�fumons qu�il n�y a plus au-jourd�hui aucun phyficien inftiuit qui n�en pottenbsp;le m�me jugement que nous.
-ocr page 514-5o6 R�cr�at. Math�mat. et Phys.
Malgr� toutes ces raifons , qui paroitront s�re-ment d�duites des principes de la plus faine phy-fique , nous avons vu dans un journal, que Ie
prince de S..-S........ Napolitain , �toit en
poffeffion du fecret des lampes perp�tuelles, Mais coinme il y a d�ja bien des ann�es que cette annonce a paru , amp; que ce fecret n�eft point encorenbsp;divulgu� , il y a lieu de croire que l�annonce anbsp;�t� pr�matur�e. Ce n�eft pas d�aujourd�hui qu�onnbsp;a vu des chimiftes occup�s de la pierre philofo-phale , annoncer leur d�couverte avant leur operation finie : on en a m�me vu un marchandernbsp;une terre d�un million , d�apr�s la belle couleurnbsp;de fa matiere , en tout femblable a la defcriptionnbsp;qu�en donne Ie Philalethes amp; Ie fqavant Morien^.nbsp;Mais malheureufement tout manqua encore ; amp;Cnbsp;Ie bon alchimifte mourut a l�h�pital, en protef-tant qu�il n�avoit manqu� a fa matiere qu�un degr�nbsp;imperceptible de coftion, pour Ie rendre Thommenbsp;Ie plus riche de la terre.
Quant a la lampe perp�tuelle de Naples , nous changerons d�avis quand nous ferons surementnbsp;inform�s que l��preuve en a �t� faite , amp; qu�ellenbsp;a feulement br�l� une ann�e.
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507
DU QUATRIEME VOLUME.
Physique g�n�rale et particuliere.
Discours pr�liminaire fur us eu-
mcnts des Corps. nbsp;nbsp;nbsp;^
I. Du Feu, tant �l�mentaire que materiel.
3
�. II. De l'Air. nbsp;nbsp;nbsp;8
�. III. De de au. nbsp;nbsp;nbsp;li
�. IV. De ia Terre.
ProBL�ME Premier. Conf ruction de la machine pneumatique , amp;� expojition de quelques-unes desnbsp;principales exp�riences auxquelles ellc fert. 21nbsp;Pros. IL Renverfer un verre plein de liqueur,nbsp;fans quelle s'�coule.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;29
Prob. IIL Vuider toute Veau contenue dans un vafe, par Ie moyen d'un fphon.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;31
Prob. IV. Pr�parer im vafe qui, �tant rempli de quelque liqueur a une certaine hauteur, la con-ferve, amp; qui la perde toute , �tant rempli de lanbsp;m�me liqueur d une hauteur tant foit peu plusnbsp;grande.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;33
-ocr page 532-Pros. V, ConjlruBion d'un vafe qui contienne fa liqueur ctant droit , (S' qui itant inclinenbsp;comme pour boirc , la perdc aujfitot toute. 3 4nbsp;Pros. VI. ConjlruBion de la fontaine qui coulcnbsp;amp; s'arr�u alurnativtment.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;35
Pros. VII. ConjlruBion d�une clepjidre montrant I'heure par I�ecoukment unifornle dc I'cau. 37nbsp;Pros. VIII. QudU ejl la plus grande hauteur dnbsp;laquellc la tour de Babel eut pu �tre �lev�e, avantnbsp;que les matiriaux portls d fon fommet eujfentnbsp;perdu toute leur pefanteur ?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;39
Pros. IX. Si Von fuppofoit la terre percee d'un trou jufqud fon centre, combien de temps unnbsp;corps mettroit-il d parvenir a ce centre, en fai-jdnt d'aillcurs ahfraBion de la r�jijlance dcnbsp;Vair ?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;41
Pr�B. X. Qiief-ce qui arriveroit ji la lune itoit tout-d-coup drr�t�e dans fon mouvement circulaire , (S' en combien de temps tomberoit-elle furnbsp;la terre?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;41
Pr.ob. XI. Quelle feroit la pefanteur d'un corps tranfponi d la furface du Soleil, ou d'une autrenbsp;planete que la Terre, comparie d celle de ce corpsnbsp;fur la furface de notre globe ?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;44
Pros. XII. Confruire une fontaine qui jailliffe par la comprejjion de Vair.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;46
Pros. XIII. ConjlruBion d'un vafe qui donne au-tant de vin qu'on y verfe d'eau. nbsp;nbsp;nbsp;48
Prob. XIV. ConflruBion d'une machine hydrau-lique, ou un oifeau boit autant d'eau qu'il en jaillit par un ajutage.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ibid.
Prob. XV. Faire une fontaine qui jailliffe par la rarefaBion de I'air dilate par la chaleur,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;50
-ocr page 533-PrOB. XVI. Mefurer Ie degr� de chaleur de Vair amp; des autres flu�des. Hijloire amp; conjlruclion dunbsp;Thennometre,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;51
Prob. XVII, Defcription des Thermornetres les plus c�lehres amp; les plus ujit�s: Reduction desnbsp;uns aux autres.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;60
Prob. XVIII. Conjlruclion d'un autre Thermo-metre mefurant la chaleur par la dilatation Tune barre de mital.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;64
I. nbsp;nbsp;nbsp;Table des diff�rents degr�s de chaleur auxquelsnbsp;diff�rentes matieres commencent dfe fondre, ounbsp;d fc geler, ou d entrer en ebullition ^ riduits auxnbsp;thermornetres de Fareinheit, R�aumur, amp; CelJiUf.
67
II. nbsp;nbsp;nbsp;Table des diff�rents degr�s de chaleur ou denbsp;froid, obferv�s en divers lieux de la Terre, ounbsp;dans certaines circonjlances, ou pour certainesnbsp;operations , r�duits au thennometre de Reaumur.
68
III. nbsp;nbsp;nbsp;Table des rapports de dilatation des M�taux
paria chaleur, fuivant M. Ellicot. nbsp;nbsp;nbsp;6^
Observations Jur les Tables pr�c�dentes.
Prob. XIX. Quelle ejl la caufe qui fait que fur les hautes montagnes, m�me Jur celles qui fontnbsp;Jitu�es fous la qone torride , on �prouve prefquenbsp;continuellement un froid rigoureux , tandis quenbsp;dans la plaine ou dans les vallons il fait chaud?
73
Prob. XX. De Vatt�nuation dont quelques matures font fufceptibles; calcul de la longueur d'un lingot Targent trait, amp; de l�.�paijfeur de fanbsp;dorurc,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;78
-ocr page 534-510 nbsp;nbsp;nbsp;TABLE
PrOB. XXI. Continuation du mcme fujct: Ap-pergu de la divijion de la mature dans ks diJfolu~ tions des corps, ks odeurs amp; la lumicre. 8 rnbsp;Pros. XXII. Qudk vitejfe faudroit-il donner dnbsp;un boukt de canon, dans la dircclion horu^on-tale , pour quil ne retombdt pas fur la terre , amp;nbsp;qtiil circuldt autour d'elk cornme une planete, ennbsp;faifant n�anmoins abfraction de la refinance denbsp;Vair?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;85
Pros. XXIII. Examen d�une opinion Jinguliere fur la Lune amp; ks autres planetes fecondaires.
�
PrOB. XXIV. Jiifqud quel point peut amp; doit-on craindre L' appro die ou k choc d'une comete , 6*nbsp;ks ravages qua pourroient en rifulter fur la Terre ?
The ORE ME I. X7ne livre de liege pefe davantage qu une livre de plomb ou d'or.
Un corps pefe plus en et�quen hiver. nbsp;nbsp;nbsp;100
Th�OR. II. Deux poids homogenes qui font en iquilibre fur la furface de la terre ^ aux extr�mit�snbsp;d'une balance d bras ine'gaux , ne k doivent plusnbsp;etre , f on la tranfporte au fommet d'une mon-tagne ou au fond d'une mine,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;103
Prob. XXV. Du Feu central. nbsp;nbsp;nbsp;105
Prob, XXVI. Mefurer ks variations de pefanteur de rair : Conf ruction du Barometre. 117nbsp;Prob. XXVII. La fufpenjlon du mtreure dans lenbsp;Barometre , depend-elk de la pefanteur ou de Vila fid t� de I'air?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;120
Prob. XXVIII. Ufagedu Barometre pour reconnoitre I'approche du beau ou du mauvais temps , amp; precautions a prendre d ce fujet pour nitrenbsp;pas induit en erreur.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;121
-ocr page 535-DES M ATIERES. nbsp;nbsp;nbsp;511
Pros. XXIX. Comment Je fait-il que la plus grande hauteur du Barometre annonce le beaunbsp;temps , amp; que la moindre annonce la pluie pro-chaine ou mauvais temps ?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;114
Prob. XXX. Du Barometre nbsp;nbsp;nbsp;compof� ou r�du�t.
ixj
Prob, XXXI. Quel efpace occuperoit un pouce cube dlair^ tranfporte a la hauteur dlun demi-diametre terrejlre ?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;130
Prob. XXXII. Si Von creufoit un puits jufquau centre de la terre , quelle feroit la denjite de Vairnbsp;dans les diff�rentes profondeurs 6' an fond de cenbsp;puits ?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;133
Prob. XXXIII. De VArquebufe a vent. 133
Prob. XXXIV. De VEoUpyk. nbsp;nbsp;nbsp;137
Prob. XXXV. Cotifruclion de quelques petites figures qui nagent entre deux eauxamp; quonnbsp;fait danfer , haufjer amp; baijfer., en appuyant Jeu-lement le doigt fur Vorifice de la houteille qui lesnbsp;contient.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;13^
Prob. XXXVI. Confiruclion d'un barometre oil les variations de Vair fe demontrent par une petite figure qui hauffe amp; baiffe dans Veau. 149
Prob, XXXVII. Equilibrer dans de Veau deux petites figures, de maniere quy verfant de nouvelle eau, la figure qui etoit au deffus s'enfonce,nbsp;amp; Vautre prenne le dejfus.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;141
Prob. XXXVIII. Des Larmes Bataviques. ibib.
Prob. XXXIX. Mefurer la quantit� annuelle de la Pluie.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;144
Prob. XL. De Vorigine des fontaines : Calcul de la quantit� d'eau des pluies, qui demontre quelle
-ocr page 536-fufit pour kur donmr naijfanu amp; ks entretmlr.
147
pROB. XLI. Li Martian cTcau , ou de mercure.
ProB. XLII. Fain um Pluk lumintufc de mercure. nbsp;nbsp;nbsp;153
Prob. XLIII. Pour quelle raifon, dans les mines qui ont des foupiraux fur le penchant d'unenbsp;montagne , a diflrentes hauteurs , s'itablit-il unnbsp;courant d'air, qui a dans I'hiver une direclionnbsp;diff�rente de celle quil a pendant Pete? Explication d'un phenomene femhlable quon remarquenbsp;chaque jour dans ks cJieminees : FJa.gc quonnbsp;peut faire d'une chemin�e pendant l'�t�, 154
Prob. XLIV. Mefunr ks hauteurs des montagnes au moyen du Barometre.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;15/
Table des hauteurs de diff�rents lieux de la Terre amp; de diverfcs Montagnes au deffus du niveau.nbsp;delaMer:nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;163
Prob. XLV. Faire une Fontaine artificielk, d I'i-mitation d'une fource naturelle. nbsp;nbsp;nbsp;j66
� Prob, XLVI. Quelle ef la pefanteur de I'airdont � le corps d'un homme ef continuelkment charg� ?
Prob, XLVII. CorifruBion d'une petite machine qui, d I'imitation de la fdtue de Mxmnon, pro-duira des fonsau lever foleil.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;170
Prob. XLVIII. Des Ph�nomenes desTuyaux ca-pillaires. nbsp;nbsp;nbsp;173
Prob. XLIX. De quelques tentatives du mouvement perp�tuel, au moyen de fphons capillaires.
177
DES MATIERES. 51J ProB. L. Force. prodigUufe de Vhumidit� pour en~nbsp;* lever des fardeaux.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;180
Prob, LI. De la Machine ouDigefieur de Papin.
iSz
Prob. LII. Pourquoi daris l'hiver^ lorfque Ie temps Je radoucit tout-d-coup , Vair int�rieur des mai^nbsp;_ fons continue, m�me pendant plujieurs jours , d.
�tre plus froid que Vext�rieur gt; nbsp;nbsp;nbsp;i8g
Prob. LIII. De quelques Jignes naturels auxquels � on peut pr�voir Ie changement de la temperaturenbsp;acluelle de Vair.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;187
Prob. LIV. La Fiole des El�ments. nbsp;nbsp;nbsp;191
Prob, LV. S�parer deux liqueurs m�lang�es e/z-femble. nbsp;nbsp;nbsp;195
Prob. LVI. Quelle ejl la caufe de V�hullition de Veau?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;194
Prob. LVII. Quelle ejl la caufe pour laquelle U fond d'un vafe contenant de Veau bouillante d
gros bouillons y ejl a peine chaud?
Prob. LVIII. Mefurer Vhumidit� amp; la f�cherefe de Vair: Id�� des principaux Hygrometres ima-gin�s pour eet objet; leurs d�fauts: Conjlruclionnbsp;d'un Hygrometre comparable.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;198
Prob. LIX. En fuppofant ce que nous avons d�montr� plus haut fur la t�nuit� des particulesnbsp;de la lumiere amp; fon extr�me rapidit�, quellenbsp;d�perdition Ie foleil peut-il faire de fa fubfancenbsp;dans un nombre d'ann�es d�termin�?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;205
Prob. LX. Produire au milieu de la plus grande chaleur un froid conjid�rable amp; propre d glacernbsp;Veau: Des congelations artificielles , 6'c.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;207
Prob, LXI. Faire glacer de VeaUy en remuant feulement Ie vafe qui la contient.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;212
5�4 nbsp;nbsp;nbsp;TABLE
Pros. LXII. De la figure qiion obfierve quelquifoU dans la neige : Explication de ce phinomene,
214
Pros. LXIII. Confiruin unn H'ontaine vii Veau coule amp; s�arrete alternativement.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11S
Pros, LXIV. Eaire une Fontaine qui coulera amp; s'arr�tera un certain nombre de fois de finite, 6*nbsp;enfiuite s^arretera pendant un temps plus oumoinsnbsp;long, uprls Icquel elk reprendra fion cours intersnbsp;mittent; amp; ainji de finite.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;21^
Pros. LXV. ConfiruBion d!une Fontaine qui cefi-fiera de couler quand on y verfiera de Veau , 6* qui ne reprendra fion cours que quelque tempsnbsp;aprls quon dura cefie.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;220
Pros. LXVI. Faire une Fontaine qui , apres avoir coule pendant quelque temps par fid d�charge denbsp;fiuperficie, commencera d baijfer jufiqud un certain pointy enfiuite remonteray amp; ainji fuccejfive-ment.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;222
Remarque y contenant Vhijloire amp; les pheno-menes des principales Fontaines intermittentes connues, ainji que de quelques lacs amp; puits quinbsp;ont des mouvements analogues : Hijloire du fa-meux lac de Zirchnit^,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ibid.
Pros. LXVII. Du Porte-voix amp; du Cornet acoufi-tique ; leur explication : Le jeu de la Fete en-chant�e. nbsp;nbsp;nbsp;2^^
Pros. LXVIII. Dans le jeu du Ricochet y quelle ejt la caufie qui fait remonter la pierre au dejfusnbsp;de la furfiace de leaUy aprls y avoir plongi^
238
Prob, LXIX, te micanifime du Cerfi-volant: Di-yerjes qiiejlions amp; recherches fur ce jeu. 24Q
-ocr page 539-DES MATIERES. 515 PROB, LXX. Dc La Baguette divinatolre; cenbsp;qu�on en dolt penfer.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;245
DO UZ IE ME PART IE, D E l� A I M A N T.
Section premiere, m La nature de VAi-
SECTION 11. Des propri�t�s principales de l'Ai-mant. nbsp;nbsp;nbsp;25^
I. De attraction de CAimant avec Ie fer y OU des Aimants entreux.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ibid.
Premiere Experience, qui prouve It attraction de rAimant d l'�gard du fer.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ibid.
2^ Experience. Reconnoitre les poles de l'Ai~
57
mant.
3^ Experience. Propri�t�s des poles de VAimant Vun d V�gard de Vautre.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;258
4e Experience. Production de nouveaux poles dans VAimant.
5 e Experience. La direction du courant magn�-tique. nbsp;nbsp;nbsp;262
6^ Experience , qui prouve Vaction mutuelle des Aimants 6* du Fer.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;263
�. II. De la communication de la propri�t� ma-gn�tique, nbsp;nbsp;nbsp;264
ye Experience. Maniere d'aimanter, ibid.
8* Experience. Maniere de faire avec des bar-reaux d�acier un Aimant artificiel. 265
Kk i)
-ocr page 540-$i6
Experience. Produire dans une ham de fir la Virtu magn�tiqui fans aimant.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;167
III. nbsp;nbsp;nbsp;Dcla direction de V Aimant, de fa d�-
clinaifon amp; de fa variation. nbsp;nbsp;nbsp;272
[10� Experience, Reconnoitre la direBion de V Aimant.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ibid.
I � Experience. Le changement de d�clinaifon de rAimant.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;a/j
|3 2� Experience. La variation diurne de HAimant. nbsp;nbsp;nbsp;280
IV. nbsp;nbsp;nbsp;De rinclinaifon de 1�Aiguille aiman-
(13 e Experience. Ohferver Vinclinaifon de VAimant, nbsp;nbsp;nbsp;ibid.
34^ Exp�rlence. Obfirver rinclinaifon de PAiguille aimant�e. nbsp;nbsp;nbsp;2 8 z
SECTION III. De quelques Moyens propofes pour oter a Vaiguille aimant�e fa d�clinaifon ,nbsp;ou faire des Bouffoles fans d�clinaifon, i86
SECTION IV. De quelques Tours de fubtiliti qtCon ex�cute au moyen de VAimant, z^O
I. ConJlruBion de la Lunette magique, 291
5. II. Etant donn�s plujieurs chifires , qu'une perfonne rangera les uns a c�t� des autres dansnbsp;une holte , reconnoitre a travers le couvercle lenbsp;nombre forme par ces ckiffres,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;292
�. Ill, La Mouche fiavame , ou la Syrene.
V7
DES MATIERES.
De l�Electricit�.
I. nbsp;nbsp;nbsp;Ci qui c'ejlqui PEUciricid; Dijlinclion en
tte les corps �leBriques par frottement ou par communication.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;25^
II. nbsp;nbsp;nbsp;Defcription de la. Machine �lectrique ou d
�leclrifer, ainji que des Injlruments accejfoires pour les experiences de VEleclricit�.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;301
Premiere Exp�rience. VEtincelle �lectrique. 305 2� Exp�rience. Communication de l��leciricit� dnbsp;diverfes perfonnes.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;306
5� Exp�rience. L'Attraction amp; la R�puljion. ibid. 4e Exp�rience. Quelques Jeux �leBriques fond�snbsp;fur la propri�t� pr�c�dente. Le Poijjon d�or, lanbsp;Danfe �uib-iquc , lu. Plme lumineufe.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ibid,
^ s Exp�rience, R�puljion entre des corps �^alement �leBrif�s.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;308
� Exp�rience, ConJlruBion d'un EleBrometre.
309
Exp�rience. Allumer de Pefprit de vin avec r�tincelle �leBrique.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;310
8� Exp�rience. Propri�tis des Pointes. ibid. Exp�rience. Difference des pointes amp; des corpsnbsp;�mouff�s.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;311
'jO� Exp�rience. Maniere de reconnoitre Ji un corps ejl dans V�tat cP�leBricit�.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;312
'II� Exp�rience. DijUnBion des deux EleBricit�s, Id�� du JyJt�me de M. Francklin.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;315
�f2� Exp�rience, La Bouteille �leBriqtu ^ amp; la Commotion,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;318
Kkiii
-ocr page 542-I Experience. Autre manure de donner la conii motion , fgavoir, jgt;ar le carreau de verre ikclri-que. Percer une main de papier avec V�tincellenbsp;�lecirique.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3 ^4
13^ Experience. Afoye/z dlaugmenter comme in-d�jiniment la force de Veleclricite : Batterie elec-trique. nbsp;nbsp;nbsp;325
14� Experience. Tuer un animal au moyen de r�leclricitLnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;318
15^ Experience. Production du magn�tifme par
16� Experience. Fondre les mitaux au moyen de rEleBricite.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;330
17^ Experience, prouve Videntite de la fou-dre avec ritincelle �lecirique. nbsp;nbsp;nbsp;331
Exp�rience , qui prouve la menu v�riti dune autre manure; ou le Cerf-volant �lecirique, 335
19^ Experience. La Maifon endommagie par le Tonnerre.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;339
ao� Experience Le Faifeau frapp� ou pr�ferv� de la Foudre.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;341
Remarque g�nerale, fur Vanalogie du feu de la foudre avec la mature �lecirique ; Moyen denbsp;' garantir hs �difices du tonnerre.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;345
ai' Experience. De quelques Jtux fond�s furVat-traBion 6- la r�pulfon �leclriques : VAraign�e
aa� Exp�rience. La Roue amp; le Tournebroche �leo triques.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;351
a3� Exp�rience. Le Carillon amp;� Iz Claveffin �lec-triques. nbsp;nbsp;nbsp;353
2.4^ Experience. Les Chevaux �leclriques fepour-fuivants ; ou U Manege �lecirique,
-ocr page 543-'2.5� Experience. Fain paroitre tout-a-coup unamp; �criture en camcteres dcfeu, par Ie moyen de l'�-leSricit�.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;35S
26� Experience. Feu d'Artifice �leHrique.. ' 361 27� 'E.x^�xitncz ^ fur rEleclricit� de la Soie. 364nbsp;28� Experience , qui prouve que CELeciricit� acc�-lere Ie cours des fiuides.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;366
Remarque fur les conf�quences de cette Experience , amp; fur les gu�rifons op�r�es ou pr�tendues op�r�es par l'Eleclricit�,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3^7
29� Experience. De rEleclricitl naturelle 6* animale. nbsp;nbsp;nbsp;37*
QUATORZIEME PART IE. C H I M I E.
Article premier. Des Seis. nbsp;nbsp;nbsp;377
I. nbsp;nbsp;nbsp;Des Acides.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;378
De VAcide vitriolique. nbsp;nbsp;nbsp;379
De rAcide nitreux. nbsp;nbsp;nbsp;381
De VAcide marin. nbsp;nbsp;nbsp;ibid.
De rA ci de vegetal, nbsp;nbsp;nbsp;3 ^
II. nbsp;nbsp;nbsp;Des Alkalis.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;383
De rAlkali fixe. nbsp;nbsp;nbsp;384
De l'Alkali volatil. nbsp;nbsp;nbsp;. 385
�. III. Des Seis neutres', nbsp;nbsp;nbsp;3^^
article II. Du Phlogijlique. nbsp;nbsp;nbsp;388
article III. Des Afifnit�s. nbsp;nbsp;nbsp;391
article IV. Des Dijfolutions amp; Precipitations f nbsp;nbsp;nbsp;393
-ocr page 544-5iO nbsp;nbsp;nbsp;TABLE
ARTICLE V. Dz I'Efervefcence amp; de la Fer~ mentation ; leur difference.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3 94
ARTICLE VI. De la Criffallifation, 356 ARTICLE VIL Diverfes Experiences chimiques.
Premiere Experience. Comment un corps de nature comlrujlibU , peut �tre fans ceffe p�n�tr� de feu fans fe confumer?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ibid.
a� Experience. Tranfmutation apparente du fer en cuivre, ou en argent, amp; fon explication.
3� Experience. Oit Von pricipite fucceffivement diverfes fubjlances , par I'addition d�une autrenbsp;dans la folution.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;401
Experience. Avec deux liqueurs, chacune tranfparente , produirc une liqueur noirdtre amp;nbsp;opaque Manierc de faire de bonne Encre,
40?
'5� Experience. Comment on peut produire des vapeurs inflammables amp; filminantes. 404
6� Experience. La Chandelle philofophique. 405
7� Experience. Comment on peut faire , par une compofition chirnique , un volcan artificiel.
ibid.
S� Experience. Compofition de VOr fulminant.
406
Exp�rience. Compofition de la Poudre fulminante. nbsp;nbsp;nbsp;4og
10� Experience. Liqueur qui fe colore amp; fe dicolore alternativement, en permettant ou inter-ceptant le contact de Vair ext�rieur avec elle.
409
�I � Experience. Pritendue production d'un nouveau Fer, amp; ce qu�on en doitpenfer^ nbsp;nbsp;nbsp;ibid,
-ocr page 545-DES MATIERES. jit
^4� Experience. Avec deux liquides m�langes ^ former un corps folide , ou du moins ayant denbsp;la conjiflance.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;41 i
13� Experience. Former une combinaifon qui Itant froide foil liquide , amp; au contraire , �tant �chauf-f�e , devienne conjiflnnte en forme de gelee. 412nbsp;34e Experience. Faire paroure tout-a-coup unnbsp;�clair dans une chambre, quand on y entreranbsp;avec un flambeau allum�,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;413
35e Exp�rience. Des Encres fympathiques , amp; de quelques Jeux qiCon ex�cute par leur moyen,
ibid.
Remarque s.
1. nbsp;nbsp;nbsp;Faire un tableau qui repr�fente alternativement
Vhiver amp; l'�ti. nbsp;nbsp;nbsp;416
2, nbsp;nbsp;nbsp;UOracle magique,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;417
16� Experience. Des V�g�tations m�talliques.
ibid.
'Arbre de Mars. nbsp;nbsp;nbsp;418
Arbre de Diane. nbsp;nbsp;nbsp;ibid.
V�g�tation non m�tallique, nbsp;nbsp;nbsp;420
17� Exp�rience. Produire la chaleur 6* m�me la flamme par Ie moyen de deux liqueurs froides.
421
38� Exp�rience. Fondre du fer dans un inflant, amp; Ie faire couler en gouttes.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ibid.
'15� Exp�rience. Faire fondre du m�tal dans une coquille de noix.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;42-i
20� Exp�rience. Partager une piece de monnoie en deux dans fon �paiffeur.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;423
digression fur la Pierre philofophale ^ VOr potable y amp; laPaling�n�fle.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;423
�, I, Di ld' Pierre philofophale^ nbsp;nbsp;nbsp;416
-ocr page 546-�. 11. jDe VOr potable, nbsp;nbsp;nbsp;434
III. De la Paling�nijie. nbsp;nbsp;nbsp;436
Efpece de Paling�n�jie illufoire. nbsp;nbsp;nbsp;443
Ier SUPPL�MENT. Des Phofphores, tant naturels qu artifidels. nbsp;nbsp;nbsp;445
Section I. Phofphores naturels. nbsp;nbsp;nbsp;4461
I. De let Mer lumineufe,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ibid.
�. II. De quelques InfeBes lumineux, 451
1. nbsp;nbsp;nbsp;Du V�.r luifant de notre pays.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4JZ
2. nbsp;nbsp;nbsp;De la Mouche luifante de CItali� amp; des
pays chauds. nbsp;nbsp;nbsp;455
3. nbsp;nbsp;nbsp;Du Cucuyo de VAmlrique.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;454
4. nbsp;nbsp;nbsp;Du Scarab�e de la Guyane.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;455
�. III, De quelques autres Corps phofphoriques.
456
1.
2.
3-
4-
5-
Les Yeux de divers animaux, nbsp;nbsp;nbsp;ibidJ
Le Diamant de Clayton, nbsp;nbsp;nbsp;457
Le Bots pourri. nbsp;nbsp;nbsp;458
Les Vers des Huitres. nbsp;nbsp;nbsp;459
Les Chairs corrompues. nbsp;nbsp;nbsp;ibid.
6. Divers Poijfons ou parties de Poiffons.
460
Section II. Des Phofphores artifidels. nbsp;nbsp;nbsp;465
�. I. Experience phofphorique , ou br�lerde la poudre d canon fans explofion.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;466
�. II. De la Pierre de Boulogne. nbsp;nbsp;nbsp;ibid.
�. III. Du Phofphore de Baldwin OU Baudouin.
469
g. IV. Phofphore de M. Homberg. nbsp;nbsp;nbsp;47O
�. V. Phofphore en poudre , ou de M. Canton.
471
VI, Du Pyrophore d'Homberg. nbsp;nbsp;nbsp;471nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
-ocr page 547-5^5
�. VII. nbsp;nbsp;nbsp;Phofphorc OU Pyrophorz de Kunckel,
autrement appeU d�Angleterre. nbsp;nbsp;nbsp;474
Ecrirc en caracleres qui feront lumineux dans Pohfcunt�.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;480
VIII. Compojltion d'une efpece de Pyrophorc qui jette desjlammes park contact d�une gouucnbsp;d�eau.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;481;
11� SUPPL�MENT. Des Lampes perpltuelks,
484
Section I. Examen des faits qu�on alleguc commc preuve de Pexiflence des Lampes perp�tuelles^
485'
ibid.
487
488
489
485
1. nbsp;nbsp;nbsp;La Lampe de Tulliola.
2. nbsp;nbsp;nbsp;La Lampe d�Olybius.
3. nbsp;nbsp;nbsp;La Lampe de Pallas , fils d�Evandre.
4. nbsp;nbsp;nbsp;La Lampe du temple de K�nus.
5. nbsp;nbsp;nbsp;Les Lampes de Cajfiodore.
Section II. Examen de la pofiihlUt�phyfiquede
faire une Larn^c ficrp�tucllement ardente. 495
�. I. Impojfibilit� d'avoir une meche perp�tuelk : Hifioire de VAmiante ; maniere de Ie filer y amp;nbsp;d�en former un tijfu ou une meche ; examen dcnbsp;fa pritendue incombujlibilit�.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;454
II. Impoffibilit� de fe procurer un aliment indejlruclible pour les Lampes perp�tuelksznbsp;Pretendues recettes pour une huik incombuf-tible.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;499
�. III. Impoffibilit� d'entretenir un feu br�lant fans cefie dans un lieu abfolument dos, 5 05
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