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M ATHÈM ATIQUES

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PHYSIQU ES.

TOME QUATRIEME.

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UO (Jlf\ 14

RÉCRÉATIONS Mathémathiquesnbsp;ET PHYSIQUES,

Qüi coNTiENNENT les Pfoblémes et les Questions le« plus remarquables, et les plus propres k piquer lanbsp;curiosité , tant des Mathématiques que de la Physique ; Ie tout traité d’une manière a la portée desnbsp;Lecteurs qui ont seulement quelques connois-sances légères de ces Sciences.

Par M. OZANAM, de PAqadamie royale des Sciences , etc.

Nouvelle Éditiok , totalement refondue et considé-rablement augmentée par M. de Mquot;*^**.

TOME Q U AT R I È M E,

Contenant la Physique, et en partictdier les phé-nomènes du Magnétisme, de VElectricité et de la Chimie ; avec deux Supplémens, l’un sur lesnbsp;Phospliores, l’autre sur les Lampes perpétuellês,.

A PARIS, RUE Dauphine,

Chez Firmin Didot, Libraire pour les Mathématiques, l’Artillerie et Ie Génie, grav. et fond. en caractères.

M. DCC. XC.

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MATHÉMATIQUES

PHYSIQUES.

ONZIEME PARTIE,

APrÈS avoir parcourii les différentes parties des mathématiques, amp; des fciences ou arts qu’on range dans cette claffe, nous allonsnbsp;entrer dans Ie champ de la phyfique , qui ne nousnbsp;prélente pas moins d’objets dignes de curiofiténbsp;que les mathématiques, ou , pour mieux dire,nbsp;qui eft encore plus fertile en ce genre , ainfi quenbsp;plus a la porté cle la plus grande partie des lec-teuTs. Cette matiere eft même tellement abon-dante, que nous'aurions peine a y établir des di-Tome IV.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A

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^ RÉCRiAT. Mathémat. et Phys. vifions; c’eft pourquoi cette partie de notre ou-vrage fera une efpece de mélange, fans beaucoupnbsp;d’ordre, de tout ce dont traite la phyfique générale. On y paffera fucceffivement en revue lesnbsp;propriétés générales des corps amp; des éléments;nbsp;les inventions, foit utiles, foit récréatives , aux-quelles ces propriétés donnent lieu ; diverfes quef-tions tenant au fyftéme du monde , les météo-res, l’origine des fontaines, amp; mille autres objetsnbsp;reiïbrtiffants de la phyfique , 5sC dont il feroitnbsp;beaucoup trop long de faire 1’énumération. Maisnbsp;avant de fe jeter dans ce vafie champ , il eft né-cefiaire d’établir quelques principes généraux quinbsp;puiflent fervir a ce qui fuivra. C’efl: ce qu’on vanbsp;faire dans Ie difcours fuivant , qui a pqur objetnbsp;principal les propriétés de ce que les phyficiensnbsp;appellent les Elémmts , fqavoir , 1’air , Ie feu ,nbsp;l’eau, amp; la terre,

DISCOURS PRÉLIMINAIRE,

Sur les Éléments des Corps.

ORSQUE, dans 1’analyfe d’un mixte, on eft arrivé a fes derniers compofants, amp; qu’on ne peutnbsp;les décompofer eux-mêmes, on doit les regardernbsp;comme fes éléments. Or tout Ie monde fqait quenbsp;tous OU la plupart des corps foumis a 1’analyle ,nbsp;fourniflent une matiere fixe , quelque chofe d’in-flammable,un fluide invifible, amp; qui ne fe ma-nifefte que par fon expanfibilité amp; fon reflbrt,nbsp;un autre enfin que la chaleur réduit en vapeurs , Scnbsp;qui fc ralTemble enfuite fous une forme vifible :nbsp;ce font ces quatre compofants qu’on a nommés lanbsp;urrii Ie Eu ^ Vair^ Sc X'eau. Ils entrent dans la

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;j

compofition de [la plus grande partie des corps; inais on n’a pii encore les décoinpofer eux-mêmes.nbsp;On doit done les regarder comme les clémentsnbsp;de tous les aiitres corps; Sc ceci juftifie la déno-mination vulgaire Sc etablie prel'que depuis lanbsp;naiffance de la phyfique , felon laquelle il y anbsp;dans la nature quatre elements, le feu, I’air , I’eau ^nbsp;amp; ia terre.

§• I.

Du Feu, tant ilimmtam qm materiel.

Qu’eft-ce que le feu? Volla peut-etre la queftiort de phyfique la plus obfeure , Sc la moins fufeepti-tie d’une folution abfolument fatisfaifante. Ce-pendant void ce que fes propriétés connues per-inettent de donner comme probable.

Le feu eft un fluide univerfellement repandu dans la nature; qui penetre tous les corps avecnbsp;plus ou moins de facilite; fufceptible de s’accu-inuler dans quelques-uns , Sc alors cette accumulation produit fur nous cette fenfation que nous ap-pelons la chaleur. Portee plus loin , elle produifnbsp;1’embrafement, qui eft toujours accompagne denbsp;la lumiere. En tout état ce fluide dilate les corps ,nbsp;a mefure qu’il s’y trouve en plus grande quan-tife ; enfin il fepare leurs parties , ce que nousnbsp;appelons brfller, calciner, fondre.

Que le feu foit un fuide , e’eft ce dont il n’eft pas permis de douter; car s’il ne I’etoit pas, comment feroit-il repandu dans I’air, dans t’eau, fansnbsp;tatre obftacle au mouvement des corps? commentnbsp;penétreroit-il les corps les plus denfes Sc les plusnbsp;compares, les ihetaux , par exemple ?

y a plus. Non feulement le feu eft un fluide,

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4 Récréat. Mathémat. et Phys.

-maïs il eft Ie principe de route fluidité. Sans lui, tons les fluïdes connus feroient récluits a une maflenbsp;abfolument Iblide. Les métaux fe congelent a unnbsp;degré de chaleur encore bien flipérieur a celui denbsp;l’eau bouillante. L’eau perd fa fluidité auffi-tótnbsp;que la chaleur ou la quantité de feu a diminué anbsp;un certain point; enfuite l’efprit de vin ; enfin Ienbsp;mercure fe congele a fon tour , par la diminutionnbsp;progreflive de la chaleur. II efl peut-être un degrénbsp;de froid ou de rareté de feu qui réduiroit 1’air ennbsp;un fluide comme l’eau, amp;c même en un folide;nbsp;mais nous fommes prodigieufenient éloignés denbsp;ce ferme.

11 pimtn tous les corps avec plus ou moins de. facilité. C’eft ce qui réfulte de la communicationnbsp;de la chaleur d’un corps échautfé , a un, 'corpsnbsp;froid. C’eft avec plus ou moins de facilité, amp;nbsp;non avec une facilité extréme , que la chaleur fenbsp;communique; car il efl: reconnu que cette communication n’efl pas inflantanée: une aiguille unnbsp;peu longue, dont on préfente la pointe a la flammenbsp;d’une bougie, n’eft pas auffi-tót également chaudenbsp;par fes deux bouts. Un corps reqoit cette chaleurnbsp;plus promptemem que 1’autre.

Uaccumulation du Jluide igné produit fur nous cette fenfation que nous appelons chaleur, Cela n’anbsp;pas befoin de preuve. Mais celte fenfation n’eftnbsp;que relative. Tant que la paume de notre main,nbsp;par exeinple , eft plus chaude que Ie corps en con-taCl avec elie, il nous paroit froid ; mais au contraire il lui paroitra chaud , fi élle eft plus froide,nbsp;OU fi elle contient moins de fluide igné, ou ft cenbsp;fiuide tend a pafler, comme il Ie fait, peu a peunbsp;de ce corps dans notre main. Tout Ie mondenbsp;connoït cette experience triviale , de s’échauffer

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;f

fortement une main , cie refroidlr I’autre prefqiie a la temperature de la glace : plongez-les^ alorsnbsp;1’une amp; I’autre dans de i’eau tiede ; 1’une eprou-vera le fentiment du froid , St I’autre celle de lanbsp;chaleur.

Citu accumulation, portee « tin degré conjidera-^ hie , produit Pemhrafement, toujours accompagnènbsp;de la lumiere. De certaines expériences de M. denbsp;Buffon , il refulte que le fer, expofe fans contaft-avec im autre corps embrafe , a I’aftion de cenbsp;corps , devient lui-inême embrafé St rouge. Ornbsp;qu’eft-ce qu’un feu rouge, finon un corps ou lenbsp;fluide igné eft accumulé au point d’être lumlneux ^nbsp;Toute lumiere , a la vérité , n’eft pas chaleur ;¦nbsp;mais toute chaleur, portee a un certain degré ^nbsp;devient lumiere.

Le feu ejl - il pefant ? II ne me paroit y avoir de doute que le feu foit pelant : il eft inatiere,nbsp;puifqu’il agit fur la matiere ; done il doit êtrenbsp;doué de la pefanteur. Mais la queftion eft de fqa-voir s’il a une pefanteur perceptible Sc appreciable avec les inftruments que nous pouvons employer, S’Gravefande St Mufchenbroeck ont faitnbsp;des experiences, au moyen defquelles ils n’ontnbsp;trouve aucune difference entre des maffes denbsp;fer rougies ou pénétrées de feu, St ces memesnbsp;maffes devenues froides. Ils en concluoient feule-ment que , pulfque le fer rouge augmentant denbsp;volume doit pefer un peu moins dans Pair , Scnbsp;que cependant il pefoit egalement, cela devoitnbsp;venir de 1’addition du poids du feu dont il etoitnbsp;penétré. Mais ces experiences n’etoient pas faitesnbsp;avec les foins néceffaires.

M. de Buffon , qui, au moyen des forges qui lui appartiennent ^ s’efl; trouve en état de faire de.»

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6 Récréat. Mathémat. et Phys, experiences plus multipüées amp; plus en grand, anbsp;conftamment trouvé que des morceaux de fernbsp;forgés amp; rougis, pefoient un peu plus qu’étantnbsp;refroidis; amp; il a fixe cette diminution a un 600®nbsp;du poids du corps embrafé. Mais, il faut ennbsp;convenir, amp; M. de BufFon l’a fenti lui-même,nbsp;cette experience ne feroit pas encore décifive ,nbsp;puifqu’il a fait voir que Ie fer tenu rouge pendant quelque temps , perd continuelleinent denbsp;fon poids, parcequ’il fe brüle peu a peu ; aulFtnbsp;a-t-il fait d’autres experiences fur une matiere fortnbsp;commune dansles fourneaux, fqavoir Ie laitier ;nbsp;il s’eft d’abord affuré que Ie laitier conferve fanbsp;inême pefanteur, ou n’en perd qu’une portion in-fenfible , après avoir été embrafé amp; refroidi. II anbsp;done pris du laitier, amp; l’a pefé froid dans unenbsp;balance extrêinement fenfible il l’a fait rougirnbsp;au blanc , amp; l’a pefé de nouveau amp;c enfin , aprèsnbsp;fon refroidiïïement. Cinq expériences de ce genrenbsp;lui ont conftamment donné un excès de poidsnbsp;dans Ie morceau de laitier rouge , fur celui qu’ilnbsp;avoit avant amp; après. Cette dilférence donne ,nbsp;pour la pefanteur du feu dans eet état, une ^80®nbsp;OU une 600® environ , de celle du morceau denbsp;laitier,

Mais, dira-t-on , fi cela eft , Ie feu eft done plus pefant que 1’air; car Ie laitier eft d’une pefanteur fpécifique qui eft a celle de 1’eau commenbsp;a I; air.fi cette pefanteur eft a celle de l’air commenbsp;2.125 a I. Or Ie feu dont eft imprégné un mor^nbsp;f.eau de laitier rougi, eft environ de fon poids;nbsp;done il eft au poids de l’air d’un pared volume ,nbsp;eojTime 3y a i. Or cela n’eft pas croyable. Lanbsp;ténuité du feu eft telle , que l’on ne fqauroit fenbsp;perfuaderque fa pefanteur approche même de cells

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;7

Mals il faut faire attention que , dans une mafle embrafée amp; rougie a.blanc , il y a une grandenbsp;quantité de feu accumulée ; ainli Ie feu, dans fonnbsp;état ordinaire, amp; dans les corps échauffes^a lanbsp;temperature moyenne de notre atmofphere, n auranbsp;qu’une pefanteur infenfible ; mais lorfqu’on auranbsp;accumulé cinq ou lix cents fois, ou mé'me encorenbsp;plus, la même quantité de feu, amp; au point denbsp;produire 1’ignition , alors cette pefanteur pourranbsp;être fenfible. Suppofons ,par exemple, que Ie feunbsp;difféminé dans l’air échauffé au i degré du ther-mometre , ne pefe que la 300^ partie du poids denbsp;eet air; lorfque , pour produire l’ignition , on ennbsp;aura fait entrer 3 ou 600 fois autant, alors fa pefanteur pourra égaler amp; même furpaffer Ie poidsnbsp;de l’air tel que nous Ie refpirons. J’ignore fi cenbsp;feroit-la la réponfe de M. de Buffon ; inais telle eftnbsp;celle que je crois qu’on pourroit faire.

On s’eft au refte trompé, lorfqu’on a regarde 1’augmentation de poids qu’acquierent les métauxnbsp;en fe calcinant, comme une preuve de la pefanteur du feu, qu’on croyoit, dans cette operation ,nbsp;fe fixer amp; fe folidifier en quelq^ue forte avec lesnbsp;chaux métalliques. On fqait auiourd’hul que Ie feunbsp;n’a aucune part a cette augmentation de poids.

Lefiu dilate les corps; en les dilatant, il écarté leurs molecules conjlituantes^ amp;jinit par liqiiéficr ceSnbsp;corps. Ce phénomene , quant a 1’effet, eft connu denbsp;tout Ie monde. On fqait que Ie feu dilate les corps;nbsp;on Ie montrera d’ailleurs dans la fuite, au moyennbsp;d’une machine fort ingénieufe, qui fert a détermi-^er Ie degré amp; Ie rapport de cette dilatation. Ornbsp;ft ne peut produire eet effet fans écarter les par-ticules conftituantes de ces corps , amp; c’eft-la Ienbsp;mecanifme par lequel il vient enfin a les liquefier,

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5 nbsp;nbsp;nbsp;Récréat. Mathémat. et Phys.

6 nbsp;nbsp;nbsp;inême a les volatililer; car la folidité d’un corpsnbsp;eft lleffet de Tadhéfion de fes parties intégrantesnbsp;les unes avec les nutres , adhéfion qui eft proba-blement produite par Ie contaft de ces moléculesnbsp;dans de grandes fiirfaces. Mais lorfque Ie feu ,nbsp;s’introduifant entr’elles, les écarté, amp; fait qu’ellesnbsp;fe tOLichent a peine, alors leur adhéfion eft di-minuée, Ie corps devient fiuide. Le feu augmente-t-il encore, au point que ces molécules ne peu-vent méme fe toucher ^ voila le corps arrivé a unnbsp;degré de ftiiidité extréme , au point de fe volati-lifer. Ces particules n’ayant plus aucune adhéfion,nbsp;pourront être entrainées par le moindre effort,nbsp;comme celui du feu , qui exerce fans celTe unenbsp;aéfion pour s’étendre de toute part.

11 eft cependant des corps que le feu tend d’a-bord a reiTerrer ; mais c’eft parcequ’ils contiennent des principes que le feu diffipe ; telle eft Targille,nbsp;qui prend d’abord de la retraite au feu. Mais ftnbsp;on la poufle a un plus grand feu , elle fe dilate ,nbsp;fe liquéfie , amp; fe convertit en verre.

§.II.

De l'Air,

L’air eft un fiuide élaftique , pefant, fufcepti-ble cl’être comprimé, que la chaleur dilate 6c que Ie froid refferre ; qui eft néceftaire a la vie denbsp;tous les animaux connus; qui fe charge amp; fe combine avec I’eau, comme Teau fe combine avec lui.nbsp;Telles font les propriétés principales de I’air, amp;nbsp;dont nous allons donner une premiere idéé, re-jTiettant a les prouver par diverfes experiencesnbsp;dont les effets curieux en dérivent.

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;9

L'alr ejl un jlidde pcfant, II ne faut qu une legere teinture de phyfique pour connoitre cette propriété de I’air, amp; pour en être convaincu.nbsp;Une experience bien liinple la demontre. Onnbsp;prend un globe de verre de 6 pouces denbsp;metre, amp; garni d’un tube qu’on peut ouvnrnbsp;fermer au moyen d’une clef de robinet; on eiinbsp;évacué I’air au moyen de la machine pneumati-que , amp; Ton ferme 1’accès a I’air extérieur; onnbsp;pefe ce globe ainfi vuide d’air , a une balancenbsp;trés - fenfible ; on laiffe enfuite entrer I’air exterieur , en tournant la clef du robinet : alors 1 e-quilibre fe rompt, Sc le cote du vafe Temporde.nbsp;H faut ajouter au poids, pour le volume qu onnbsp;vient de dire , 4^ ou 50 grains , afin de retablirnbsp;I’equilibre. Ainfi I’air eft pefant , Sc un demi-pied fpherique d’air pefe environ 48 grains; cenbsp;qui fait une 850^ environ du poids d’un pareilnbsp;volume d’eau.

Id air ejl un jluide élajlique, Une experience fort fimple le prouve. Qu’on empliffe d air unenbsp;veffie , fans neanmoins la trop gonfler, c eft-a-dire enforte qu’elle foit encore un peu flafque \nbsp;qu’on la porte au haut d’une montagne élevée:nbsp;on verra cju’eUe fera plus diftendue •, Sc on pour-roit, en la portant fur des montagnes exceffive-ment élevées , comme les Cordillieres duPérou,nbsp;la diftendre au point de la faire crever.

L’expérience réuflira de même, en plaqant cette veffie fous un recipient, qu’on évacuera d’air parnbsp;la machine pneumatique. Au premier coup de pifquot;nbsp;'fon , la veffie s’enflera , n’y efit-on laiffe quunnbsp;pouce d’air; Sc lorfqu’on lailTera rentrer l’air extérieur , elle reprendra fon premier état. .

Cet effet, on ne peut en douter, eft prodmt

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10 nbsp;nbsp;nbsp;Récréat. Mathémat. et Phys,

par Ie reffort de l’air, qui, quand il eft décharge de l’air extérieur, auginente de volume, amp; quand

11 nbsp;nbsp;nbsp;en eft chargé de nouveau, revient a fon premiernbsp;état. C’eft un reffort plus ou moins comprimé parnbsp;un poids , amp; qui s’étend plus ou moins , a proportion que ce poids eft plus léger ou plus grand.

Vair ejl un jluide fufceptible d'êtrc comprimé. C’eft-la une fuite de Télafticité de l’air. L’expé-rience a prouvé qu’un poids double Ie compriménbsp;de maniere a n’occuper qu’un volume de moitié;nbsp;un poids quadruple Ie réduit au quart; amp;c. en-forte qu’on peut dire généralement que la mémenbsp;maffe d’air (la température reftant la même, ^nbsp;occupe des volumes qui font en raifon inverfe desnbsp;poids comprimants.

Vair fc dilate par la chaleur amp; fe rejferrc far Ie froid. C’eft encore iel une propriété de l’air ,nbsp;que les expériences les plus fimples démontrentnbsp;évidemment. En effet, dans une chambre échaufféenbsp;au degré de la température moyenne , rempliffeznbsp;une veftie d’air, enforte qu’elle n’en foit pas en-tiérement remplie; tranfportez-la prés du feu,nbsp;enforte que fon air foit échauffé au deffus de lanbsp;température moyenne : vous verrez la veffie fenbsp;diftendre, amp; occuper un plus grand volume. Onnbsp;éprouveroit Ie contraire , en i’expofant a un airnbsp;plus froid.

Vair ejl nécejfaire d la yie de tons les animaux. C’eft une vérité qui n’a nul befoin d’etre prou-vée; elle eft trop connue. Au refte on la démontrenbsp;plus fenfiblement par Ie moyen de la machinenbsp;pneumatique, oü 1’on renferme des animaux ; car,nbsp;aufli-tot qu’on a commence a en extraire l’air ,nbsp;on voit ces animaux s’inquiéter , haleter. Sec. amp;cnbsp;enfin périr, lorfque l’air eft en trop petite quart-

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P H y S I Q U E.

tité. Si, avant qu’ils foient morts ^ on leur rend l’air peu a peu, ils reviennent a la vie.

Uair fi charge de Peau amp; fi comhini Me y comme au contraire Veau fe charge de /nbsp;combine avec lui. La premiere partie de cette pronbsp;pofltion eft affez prouvée par les faits connus enbsp;tout Ie monde. L’air eft tantot plus, tantot momsnbsp;humide: c’eft l’air chargé d’humidité , qui la de-pofe dans certains corps propres a l attirer amp; anbsp;i’abforber puiffamment^ comme Ie fel de tartre ,nbsp;qui s’en iinpregne tellement, c[u’il fe re fout en liqueur par Ie feul contaft de i’air ordinaire , quoi-qu’il ait été defféché par un feu violent. C’eft 1 air,nbsp;relachant 1’eau avec laquelle il etoit combine ,nbsp;qui occafionne cette humidité qui fe depofe prin-cipalement fur les pierres, les marbres , amp;c. dansnbsp;les temps que nous nommons humides. Le ninplenbsp;contact de l’air diminue peu a peu l’eau contenuenbsp;dans im vafe, fur-tout fi eet air a du mouvement,nbsp;parceque a chaque inftant de nouvel air s appliquenbsp;a la furface de l’eau. C’eft par ce mecanifme quenbsp;les vents qui ont paffe une grande etendue de mer,nbsp;comme font pour nous les vents d’oueft , fe char-gent d’eau amp; nous apportent la pluie.

L’eau a fon tour fe charge de l’air. Une expé-rience curieufe de M. Mariotte le prouve. On purge bien d’air une certaine quantité d’eau , Scnbsp;on la met enfuite dans une petite bouteille, en nenbsp;laiffant de vuide qu’un petit efpace , comme de lanbsp;groffeur d’un pois ; au bout d’environ vingt-quatrenbsp;heures l’eau occupe toute la capacite de la bou-^eille. Que peut être devenu eet air, s’il n a pas

oté abforbé par l’eau qui étoit en contaft avec lui}

C’eft ^ette propriété de l’air de fe combiner

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IX Récréat. Mathémat. et Phys. avec 1’eau , de s’en faturer même, enfuite de I’a-bandonner , qui efl; la caufe de plufieurs efFetsnbsp;phyfiques, tels que les nuages, la pluie, l’afcen-fion OU la defcente du barometre, amp;c. Mals cecinbsp;mérite d’étre expliqué ailleurs plus au long.

§. Hl.

l'Eau.

L’eau eft ce fluïde fi connu de tout Ie monde, 8c fi commun, dont lespropriétés principales fontnbsp;d’etre tranfparent, fans faveur amp;fans odeur; de fenbsp;inettre toujours en équilibre , c’eft-a-dire de fenbsp;ranger felon une furface concentrique a Ta terre;nbsp;ce qui lui efl: du refle cornmun avec les autresnbsp;fluides peiants amp; non élaftiques ; d’être incom-preflible, de fe réduire en vapeurs par un feu porténbsp;a un certain degré , amp; d’être alors doué d’unenbsp;force élaftique très-grande ; de fe transformer ennbsp;un corps folide amp;c tranfparent, lorfqu’il eft expofénbsp;a un certain degré de froid ; de diflbudre les felsnbsp;8c une infinite d’autres fubflances, 8c d’être paria Ie véhicule des parties nourriflfantes , foit desnbsp;animaux , foit des végétaux : ce qui Ie rend finbsp;eflentiel dans Teconomie animale , qu’il eft ennbsp;quelque fcrte plus difficile de vivre fans eau, ounbsp;fans quelque fluide dont elle eft la bafe , que fansnbsp;aliment folide.

I 't

Telles font les propriétés de l’eau, dont nous devons donner ici quelques preuves légeres, ennbsp;attendant que la fuite de eet ouvrage nous mette anbsp;portee d’en donner, par occafion, de plus éten-dues.

II eft fuperflu de prouver la tranfparence , Ia

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;i J

nullité del’odeur 6sj; de la faveur de 1 eau. Lorfque ce fluïde a de l’odeur ou de la faveur ? ^ eft par-cequ’il tient quelque corps étranger en du o ution.nbsp;On doit, par cette raifon , fe défier des eaux qu onnbsp;appelle agréabUs a boirc a coup sur elles ne ontnbsp;pas pures.

Ueau fe range toujours felon une furface conctn tric[ue a la terre. Perfonne n’ignore cette pro-priété , qui lui eft commune avec les autres fluïdesnbsp;élaftiques : c’eft la bafe de Tart du nïvellement.nbsp;Toutes les foïs que deux maffes d’eau comimuu-quent enfemble, on peut être sur que leurs fur-faces font de niveau, ou a égale diftance du centrenbsp;de la terre. C’eft une erreur de croire que l eaunbsp;de la Méditerranée eft plus élevée ou plus balienbsp;que celle de la mer Rouge au fond du golfe denbsp;Sues; ce qui, dit-on, a fait renoncer au projet

- nbsp;nbsp;nbsp;y Ull-UIl 5 a IdlL ICIIUUCCI dU jJlUJCL

de couper eet ifthme, de craïnte de faire écouler la Méditerranée dans la mer Rouge , ou au contraire. Rien n’eft plus abfurde, puifque ces deuxnbsp;mers cominuniquent entr’elles par l’Océan. Si ellesnbsp;avoient été créées de niveau différent, elles n’au-roient pas tardé d’en prendre un même.

reau efi incompreffible. Les académiciens del Ciminto , les premiers, ^ ce qu’il nous paroit, quinbsp;aient faift la bonne maniere de philofopher, c’eft-a-dire de tout foumettre aux expériences , en ontnbsp;fait une fort curieufe , qui prouve cette incom-preffibilité. Ils renfermerent dans une boule d’or,nbsp;creufe , amp; d’une certaine épaiffeur, une certainenbsp;quantité d’eau , en s’affuraut qu’elle en rempliffoitnbsp;l’ien la cavité ; on frappa enfuite la boule avec unnbsp;t^arteau, ce qui tendoit a en diminuer la capa-‘¦‘fé : 1’eau, plutót que de fe refferrer, paffa i tra-'^^rs les pores de l’or, quoique extrêmement étroits.

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t4 RèCRÉAT. Mathémat. èt I*hys.

M. Boyle a lépété cette experience , ainfi quë Mufchenbroek; amp; ils en atteftent Ia vérité.

Viau fe riduit en vapeurs très-élajliques, par uné chaléur poujjie d un certain degré. C’efl: encore lanbsp;vine vérité que prouvent des experiences fort fim-ples, Jetez fur un fer ardent une petite quantiténbsp;d’eau; vous la verrez fur Ie champ transformée ennbsp;vapeurs.

Lorfqu’ontient, dansun vafe ferme, de l’eau en grande ébulütion , il s’en éleve unevapeur élafti-que d’une fi grande puiffance , que, fi on ne luinbsp;ménage pas une iffue , oü que Ie vafe n’ait pasnbsp;une force fuffifante, elle fait tout éclater : c’eftnbsp;pour cela qu’a la chaudiere de la machine a fennbsp;il y a une foupape qui doit s’ouvrir lorfque la va-peur eft d’une certaine force : fans cela tout fau-teroit en morceaux.

Cette vapeur , felon Ie calcul des phyficiens ^ occupe un efpace 14000 fois plus grand que l’eaunbsp;dont elle provient. De-la navt fa force prodi-gieufe lorfqu’elle eft refterrée dans un efpace beau-coup moindre.

V ii:

Veau expofée a un certain froid fe transforms en un corps folide amp; tranfparcnt, que nous nom-mons de la glace. II eft fuperflu de prouver ce faitnbsp;trop connu de tout Ie monde: nous nous borne-xons a développer Ie mécanifme de eet effet fm*nbsp;gulier.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

II eft fuflifamment démontré, par la formation de la glace, que la nature primitive de l’eau eftnbsp;d’être uit corps folide. C’eft un folide mis en fu*nbsp;lion par un degré de chaleur fort au deflous denbsp;celui que nos fenfations nous font appeler tem-pérè; car on feroit dans une étrange errenr, fi 1’onnbsp;imaginoit que ce que nous appelons Ie degré o

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Physiquë. nbsp;nbsp;nbsp;15

dü tKermometre, fut l’abfence de toute chaleur. Puifque Tefprit de vin 8gt;t diverfes autres Hqxieursnbsp;fe tvennent fluïdes a des degrés de froid fort fupe-rieurs a celui qui glace l’eau, il eft évident que cenbsp;degré qu’on appelle o n’eft qu’un terme relatif,nbsp;un commencement de divifion.

Ainfi l’eau n’eft done qu’iin folide liquéfié, qui fe tient en liquéfaftion a un degré de chaleurnbsp;tant foit peu plus grand que celui qui, dans nosnbsp;thermometres ordinaires, eft marqué o, Sc quigt;nbsp;dans celui de Farenheit, eft marqué 32. Ceci feranbsp;expliqué plus au long, lorfque nous parlerons desnbsp;thermometres.

Confidérons done , pour un moment , l’eau dans fon état de folidité. Lorfqu’on l’échauffe juf*nbsp;qu’a un certain degré de chaleur, la matiere dunbsp;feu, dont elle eft pour lots imprégnée , fouleve 5cnbsp;ecarte les unes des autres les molecules dont ellenbsp;eft compofée; car ces molecules ne fe touchantnbsp;plus alors par d’auffi grandes furfaces, maïs érantnbsp;encore dans les limites de leur adhéfton , ellesnbsp;coulent avec facilité les unes fur les autres. Voilénbsp;¦ la glace conftituée dans 1’état de fufion, commenbsp;Ie plomb, par un degré de chaleur de 226 degrés.nbsp;La matiere du feu s’échappe-t-elle pour fe mettrenbsp;en équilibre dans d’autres corps qui en ont encorenbsp;moins, car c’eft ainfi que s’opere Ie refroidifle-ment, ces molécules fe rapprochent les unes desnbsp;autres ; elles viennent a fe toucher par les petitesnbsp;facettes qu’elles fe préfentent, elles adherent lesnbsp;'^nes aux autres, Sc forment un corps folide. Cenbsp;flue nous difons des petites facettes des particulesnbsp;l’eau , paroit prouvé par les ramifications de 1*nbsp;glace ; car ces ramifications, tant dans la glacenbsp;dans la neige, fe font toujours fous des angles

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i6 Récréat. Mathémat. et Phys. de 6o OU izo degrés ; ce qui indique des plansnbsp;unifortnément inclines. On parlera ailleurs , avecnbsp;quelque étendüe, de ce phéiioinene qui tient a lanbsp;cryftallifation.

II feroit au furplus fidicule aujourd’hui de re-courir , pour expliquer la formation de la glace , 3 de prétendües particules frigorifiques, dont jamais rien ne juftifia l’exiftenee. L’eau fe glace inbsp;un degre de chaleur cjui ne peut plus la tenir ennbsp;fufion , par la même raifon amp; par Ie même mé-canifme que Ie plomb fe fige a un degré de chaleurnbsp;moindre que Ienbsp;nbsp;nbsp;nbsp;du thermometre de Reau

mur. Or ces mêmes phyficiens qui ont recours aux particules frigorifiques répandues dans l’air,nbsp;n’y recourent pas dans ce cas: ils reconnoiffentnbsp;tres-bien ici que la congelation du plomb ne vientnbsp;qne du rapprochement de fes molecules , que Ienbsp;feu ne tient plus fuffifamment écartées les unes desnbsp;autres; pourquoi done , dans Ie cas de la congelation de l’eau , recourir a quelque chofe de plus ?

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II eft vrai qu’il y a dans la congelation de l’eau un phénomene fort fingulier; c’efi que l’eaunbsp;diminue de volume a mefure qu’elle fe refroidit:nbsp;maïs au moment que la glace fe forme , ce volumenbsp;augmente : d’oü les phyficiens dont nous parlonsnbsp;concluent l’introduftion d’ime matiere étrangere,nbsp;OU de leurs particules frigorifiques. Mais nous ob-ferverons, i» que Ie fer eft dans Ie même cas,nbsp;2.0 que eet effet eft celui de Ia cryftallifation; car ,nbsp;nous Ie repetons , la congelation de l’eau n’eftnbsp;qu’une cryftallifation, dans laquelle fes moleculesnbsp;prennent entr’elles un arrangement déterminé parnbsp;leur forme primitive. Or eet arrangement ne peutnbsp;lans doute pas s’effeftuer fans qu’il en réfulte unenbsp;augmentation de volume, comme cela arrive au

fer

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PhysiqüE. nbsp;nbsp;nbsp;ï7

fer quand il fe fige ou perd fa fluidite ^ par la feule diminution de la chaleur qui Ie tenoit en fufion.nbsp;Ceci fera plus clair quand on aura connu les phé-nomenes de la cryftallifation.

Veau dijfout les fels amp; une infinite de fuhfian~ ces. C’eft encore un phénomene connu, II n’eftnbsp;perfonne qui ignore que tous les corps falins, foitnbsp;acides , foit alkalis, foit neutres , font folublesnbsp;dans 1’eau, en plus ou inoitis grande quantlte j amp;c unnbsp;phénomene fort fingulier a eet égard, c’eft que denbsp;l’eau qui tient en diffolution un certain fel autantnbsp;qu’elle en peut tenir , ne laifte pas de diffoudrenbsp;encore quelque autre fel. Mais Ie plus fouvent ellenbsp;abandonne l’un en fe chargeant de l’autre , ft ellenbsp;a avec ce dernier une plus grande affinité.

Parmi les autres fubftances que l’eau diftbut, nous remarquerons principalement la partie gom-nieufe ou mucilagineufe des animaux ou des végé-taux, qui eft précifément celle qui fert a la nour-riture des premiers , amp; la feule qui ferve a eetnbsp;objet. C’eft par cette propriété que l’eau eft ft utilenbsp;a 1’économie animale ; car il faut que les partiesnbsp;nourriftfantes des aliments foient diflbutes amp; éten-dues dans l’eau ou dans quelque fluïde équivalentnbsp;avant que d’être avalées, ou que cette diftTolutionnbsp;fe fafle dans l’eftomac après la déglutition. De-IAnbsp;vient que l’eau eft en quelque forte Ie premier aliment de 1’homme amp; des animaux. Elle n’eft pasnbsp;aliment elle-mêrne , mais elle eft Ie véhicule denbsp;tout ce qui eft aliment.

L’eau enfin, amp; nous nous bornerons a ceci , ^ft la bafe de tous les autres fluides aqueux,nbsp;combine les efprits, les huiles , amp;:c ; car d’abordnbsp;il n’en eft aucun dont, par une opération fortnbsp;Ample, celle de la diftillation, on ne tire plus ounbsp;Tome IV.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;B

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rg Récréat. Mathémat. Et Phys. moms d’eau. La combuftion produit Ie mdmenbsp;effet, en dégageant la matiere purement aqueul'e.nbsp;Amd done il nous paroit que toutes les liqueursnbsp;inflammables, comma les huiles, foit grades , foitnbsp;éthérées, les efprits, ne font qu’une combinaifonnbsp;de 1’eau avec Ie phlogiftique , amp; quelquefois avecnbsp;un peu de la terre dont nous allons parler.

S. IV.

De la Terre,

La terre eft cette partie compofante des mix-tes, qui refte fixe après leur analyfe. Lsrfque , par l’aótion du feu, on a confumé ou fait exhalernbsp;ia partie inflammable , qii’on a rendu 1’air a lanbsp;maffe atmofpliérique , que l’eau s’eft élevée ennbsp;vapeurs, il refte un corps fixe amp; folide, déformaisnbsp;inalterable par Ie feu ; c’eft la terre élémentaire ;nbsp;6c ce font fes diverfes efpeces qui conftituerit or-nairement la nature de ce m.ixte.

On eft force en effet, du moins jufqu’a ce qu’on foit arrivé a une décompofition ultérieure de cenbsp;corps fixe, a reconnoitre que la terre élémentairenbsp;n’eft pas toute de la même nature ; au lieu qu’ilnbsp;eft démontré que toute eau , tout air refpirable ,nbsp;eft homogene ; car lorfque , par la calcination ,nbsp;par exemple, on eft parvenu a réduire un métal'nbsp;en chaux, laquelle eft vitrifiable, cette chaux ounbsp;terre n’eft certainement point homogene, ni a unenbsp;autre chaux métallique , ni au caput mortuum, ounbsp;a la terre d’un autre corps, comme la chaux denbsp;la pierre, ou la terre des végétaux quelconquesnbsp;OU animaux calcinés. La preuve en eft firnple,nbsp;car la chaux métallique étant revivifiée par l’addi-

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Physique*

tión du pWogiftique, ne produit que le mdme metal qui avoir donné cette chaux ; amp; ? par quelque Vole que ce foit, la terre d’un autre mixte qu’unnbsp;roétal ne donnera un metal, quelque combinai-fon qu’on faffe. Cette propriété des chaux metal-'nbsp;liques, eft la bafe de Part de feparer les metauxnbsp;d’avec les terres amp; pierres avec lel'quelles ils fontnbsp;iTiinéralirés ; car aufli-tot que leurs chaux , vitri*nbsp;fiées par la violence du feu , fe trouvent en con-*nbsp;tael avec les matieres charbonneufes, celles deSnbsp;metaux reprennent leur forme metalUque, amp; fenbsp;dégagent par leur poids des chaux vitrifiées denbsp;ces autres matieres heterogenes avec lefquellesnbsp;elles etoient confondues.

On diftingue ordinairement les terres en cal-caires, vitrifiables, amp; apyres ou refraflraires. Les terres calcaires font celles qui, brulees au feu , fenbsp;réduifent en chaux. II n’eft perfonne qui ne con-noifte les propriétés de la chaux, dont la principale Sc carafteriftique eft celle d’attirer Sc abfor-ber avec violence 1’humidité , Sc de s’en abreuvernbsp;avec effervefcence. Mats il n’eft pas néceflairenbsp;de les faire paffer par cette épreuve pour les reconnoitre. On les diftingue facilement, en lesnbsp;expofant a I’aftion d’un acide un peu aftif. Lesnbsp;terres calcaires s’y diftblvent avec plus ou moinsnbsp;d’effervefcence , a la difference des autres qui n’ynbsp;eprouvent aucune diflolution,

Les terres vitrifiables font celles qui, expofeeS a. un feu plus ou moins a£lif, y eprouvent unönbsp;fufion, Sc deviennent plus ou moins fluides.

Les terres apyres ou réfraélaires font celles fut' lefquelles le feu le plus violent que peuvent pro-duire nos fourneaux, n’a aucune aflion.

Nous difons le feu le plus violent que nous

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20 Récréat. Mathémat, ét P hys. puiffions exciter dans nos foumeaux ; car nousnbsp;penfons que fi toutes les terres ne font pas vitrifia-bles, cela vient uniquement de ce que nous nenbsp;pouvons produire un feu fuffifant. En effet, a me-fure que 1’on eft parvenu a produire des degres denbsp;feu plus confiderables, on eft aufli parvenu a vitri-fier des matieres qui jufqu’alors avoient réfifté a lanbsp;violence du feu. Mais un phenomene bien fingu-lier, c’eft que des matieres qui féparément fontnbsp;infufibles , étant mêlées enfemble deviennent fu-fibles amp; vitrifiables : ainfi , par exemple , unenbsp;terre calcaire mélangée avec 1’argile , coule 8cnbsp;devient verre. Ordinairement les matieres metal-liques mélangées, foit avec les terres cal^aires,nbsp;foit avec des terres refraftaires, comme 1’argilenbsp;pure , leur communiquent aufli la fufibilite qu’ellesnbsp;n’ont pas elles-mêmes féparément.

Nous bornons ici ce qu’on peut dire des élé-ments; ce que 1’on vient de voir eft ce qu’il y a de plus folide Sc de mieux démontré fur ce fu-jet. Nous allons palTer a parcourir fucceffivementnbsp;toutes les parties de la phyfique , en choififlant cenbsp;qu’elles préfentent de plus curieux 8c de plus piquant. Nous 1’avons déja dit,nous ne nous aftrein-drons prefque a aucun ordre : des entrailles de lanbsp;terre, nous nous éleverons quelquefois tout-acoupnbsp;aux régions fupérieures de I’atmofphere ; d’unnbsp;problême de phyfique célefte, nous pafiferons anbsp;une queftion de météorologie. Nous nous borne-rons a traiter a part l’éleélricité, le magnétifme,nbsp;8c la chymie, parceque ces parties de la phyfiquenbsp;font extrêmement fertiles en expériences curieu-fes, 8c préfentent toutes feules matiere a des traités confidérables.

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Physique.

PROBLÊME I.

Conjlruclion dc la machine- pneumatique , amp; expo-^ Jition de quelques-unes des principales experiences auxquelles elk fert,

L’air étant im fluïde élaflique , il ne faiit qu’une légere attention pour fentir que s’il efl:nbsp;renfermé dans un vafe clos, qu’a ce vafe foitnbsp;adapte un corps de pompe auquel il communique,nbsp;lorfque 1’on retirera le pifton, flair contenu dansnbsp;ce vafe fe repandra dans la capacite de ce corpsnbsp;de pompe. Si done alors on intercepte la communication du vafe amp; du corps de pompe, amp;:nbsp;qu’on en ouvre une entre ce dernier amp; flair extérieur , on chaffera , en pouffant le pifton , flairnbsp;contenu dans le corps de pompe. Qu’on fermenbsp;maintenant la communication entre le corps denbsp;pompe amp; flair extérieur , qu’on ouvre celle dunbsp;corps de pompe amp;£ du vafe, amp; enfin qu’on retirenbsp;le pifton ; flair contenu dans le vafe fe repandranbsp;encore en partie ftans la capacité du corps denbsp;pompe; amp; réitérant la même manoeuvre que lanbsp;premiere, on évacuera flair contenu dans cettenbsp;capacité. Si le corps de pompe eft, par exem-pie , égal en capacité a ce vafe avec l^quel il communique , la premiere opération réduira flair a lalt;nbsp;moitié de fa denfité , la feconde a la moitié denbsp;la moitié , ou au quart, Sc ainli de fuite: ainfi un-aftez petit nombre de coups de pifton réduira flairnbsp;contenu dans le vafe propofé , a une très-grande-ténuité.

Tel eft le mécanifme de la machine pneuma-tique , dont voici une defeription plus précife- PI. AB eft I ) un corps de pompe cylindrique, fig.

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Récréat. Mathémat. et Phys.

dans lequel joue Ie pifton D , au moyen de Ia branche DC, a Textremite de lacjuelle eft uiinbsp;étrier dans lequel on puifte pafler Ie pied pournbsp;l’entrainer en bas, en agilTant de tout fon poids.nbsp;Ce corps de pompe eft dans Ie haut embralté parnbsp;yn collet , cluquel partent trois ou quatre piedsnbsp;formants un empatement, amp; qui s’implantent dansnbsp;un batis folide amp; horizontal, quarré ou triangulaire. Du fond A du corps de pompe, part unnbsp;tuyau d’un pouce environ de diametre , fur lanbsp;partie fupérieure ducjuel s’adapte un plateau circulaire avec un petit rebord. C’eft fur ce plateaunbsp;que fe pofe Ie lécipient en forme de cloche, dontnbsp;on fait fréquemment ufage dans les experiencesnbsp;pneumatiques. Ce plateau eft ordinairement percé-par Ie petit tuyau dont nousavons parlé plus haut,nbsp;qui fert ii établir la communication entre Ie vafenbsp;amp; Ie corps de pompe. II eft communément tournénbsp;extérieurement en vis, afin de pouvoir , fuivantnbsp;Ie befoin , y vifier Ie tuyau d’un autre vaifteau,nbsp;comme un ballon dónt on voudroit vuider l’air.nbsp;Enfin, au deftpus cle la platine, entr’elle Sc Ienbsp;corps de pompe , eft une defl, tellement con-formée , qu’en la tournant d’un cóté on établi|:nbsp;une communication entre Ie corps de pompe amp; Ienbsp;recipient, pendant cju’on empdche la communication entre Fair extérieur amp; la capacité de ce corpsnbsp;de pompe ; Sc au contraire, en tournant la clefnbsp;en fens contraire , on ouvre cette derniere, amp; onnbsp;interclit la premiere. Telle eft la forme d’ime machine pneumaticiue, du moins de certaines Sc desnbsp;plus fimples, car il en eft de plus compofées. II ynbsp;en a ypar exemple , a deux corps de pompe , dontnbsp;les piftons font mus alternativement par une ma-»nbsp;nivelle j enforte qu’il y a toujoyrs wn de ces corps

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Physique.' nbsp;nbsp;nbsp;25

qul fe remplit de 1’air du vafe, pendant que 1’autre évacué dans Tair extérieur celui qu’il contenoit.nbsp;Mais il eft fuperflu , pour notre objet, d’entrernbsp;dans ces détails. On peut confulter les divers ou-vrages de phylique qui traitent de cette niatiere:nbsp;on y verra ce que divers phyfic.cns amp; mécaniciensnbsp;ont ajouté, a la machine pneumatique, pour ennbsp;rendre I’ufage plus commode ou plus général.

II eft aifé, en combinant cette defcription avec ce qu’on a dit plus haut, de deviner commentnbsp;on fe fert de cette machine. On commence , lorf-qu’on fe fert d’un récipient en forme de cloche ,nbsp;on commence, dis-je, a placer fur laplatineFGnbsp;un cuir mouillé, amp; percé dans fon centre, pournbsp;laiffer pafter le bout de tuyau H. L’utilite de cenbsp;cuir confifte a faire que le contaél; des bords dunbsp;récipient foit plus exaft que s’ils pofoient fur lenbsp;métal; car il refteroit toujours quelque ouverture ,nbsp;quelque fente , par laquelle fair extérieur s’intro-duiroit. Cela fait, on pofe deflus le récipient, ennbsp;le comprimant un peu fur le cuir ; on tourne la.nbsp;clef de maniere a ouvrir la communication entrenbsp;le corps de pompe amp; le récipient, amp; Ton abaiftenbsp;le pifton , ( que nous fuppofions relevé jufqu’aunbsp;plus haut, ) en appuyant avec le pied fur I’etrier.nbsp;Lorfque le pifton eft au plus bas, on tourne ia clefnbsp;de maniere a intercepter la premiere communication , amp; a établir celle du corps de pompe avec 1’airnbsp;extérieur; alors on releve le pifton , ce qul chaflenbsp;1’air content! dans le corps de pompe; on retournenbsp;^nfuite la clef, ce qui ferme cette feconde com-ïi^unication Strouvre la premiere , amp; on rabaiffelenbsp;pifton. Chaque coup de pompe évacué une portion de Fair primitif contenu dans le récipient, amp;nbsp;dans une progreflion géométrique décroiffante. Sigt;

B iv

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'14 Récréat. Mathémat. et Phys.

parexemple, Ie corps de pompe eft égal en capa-cité au récipient, Ie premier coup de pifton fera fortir la moitié de 1’air contenu dans ce récipient,nbsp;Ie fecond un quart, Ie troifieme un huitieme , Ienbsp;quatrierne un feizieme , amp;c. enforte qu’il eft vraxnbsp;de dire qu’on ne fqauroit jamais l’évacuer entié-rement; mais, en quatorze ou quinze coups denbsp;pifton, il fera li raréfié, qu’il n’y en aura plusnbsp;qu’une partie inliniment petite ; car, dans la fup-pofition ci-deftus, par exemple, la quantité d’airnbsp;reftante après Ie premier coup de pifton , fera ~ ;nbsp;après Ie fecond, ^ ; après Ie troifieme, elle fera

amp; ainfi de fuite: elle fera done , après Ie quin-zieme coup de pifton, d’une 31768® feulement; ce qui équivaut ordinairement a un vuide parfaitnbsp;pour les experiences qu’on a a faire.

Après cette inftruCiion fur la forme amp; l’ufage de la machine pneumatique , nous allons paflfer anbsp;quelques-unes des experiences les plus curieufes.

Premiere Experience,

Pofez fur Ie plateau de la machine un récipient en forme de cloche. Tant que vous n’en aureznbsp;point pompé i’air, vous n’éprouverez aucune ré-fiftance, que celle de fon poids, a l’enlever ; maisnbsp;donnez feulement un coup de pifton , il adhéreranbsp;déja trés - fortement a la platine ; il y tiendra encore plus fortement, après 2,3,4, amp;c. coups ;nbsp;après 18 OU 20 coups, il y adhérera avec unenbsp;force de plufieurs milliers. Si, par exemple, lanbsp;bafe du récipient.étoit un eerde d’un pied de dia-inetre , cette force feroit de 1760 livres.

Cette expérience prouve la pefanteur de l’air de 1’atmofphere; car eet air eft Ie feul corps qui puiftTe ,nbsp;en s’appuyant fur Ie récipient, caufer 1’adhérence

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;^5

qu’on éprouve : il n’y en a aucune qnand il y a de 1’air fous le recipient , aufli denfe que quinbsp;eft dehors; ils fe font alors équilibre I’un a autre .nbsp;niais celui de dedans étant évacué en tout ou ennbsp;partie , 1’équilibre eft rompu, f’ab exterieurnbsp;preffe le recipient centre la platine, avec 1nbsp;de fon poids fur la force que lui oppofe 1 airnbsp;rieur. On trouve enfin que cette force eft egalenbsp;a celle d’un cylindre d’eau de 31 p'ledsnbsp;teur, fur une bafe égale a celle du récipient. Celtnbsp;ainfi que nous avons trouvé, dans I’exerriple ci-deffus , une force de 1760 livres; car le pied cy-lindrique d’eau pefe 5 5 livres, 6/. confequemnientnbsp;les 31 en pefent 1760.

He Experience.

Placez dans le récipient une pomme extreme-ment ridée , ou une veffie fort flafque , amp; dans laquelle il refte neanmoins quelque peu d air;nbsp;évacuez 1’air du récipient: vous verrez la peau denbsp;la pomme fe tendre , amp; reprendre prefque lanbsp;forme amp; la fraicheur qu’elle avoit lorfqu’on 1’anbsp;cueillie. La veffie fe tendra parelllement , amp;nbsp;pourra merne fe diftendre jufqu’a crever. Lorfquenbsp;vous rendrez 1’air, elles reviendront 1’une Sc I’au-tre a leur premier état.

On a ici une preuve de 1’élafticite de 1’air. Tant que la pomme ridée , ou la veffie fort flafque ,nbsp;font plongees dans 1’air atmofpherique , fonnbsp;poids contient 1’effort elaftique de 1’air contenunbsp;dans 1’une Sc I’autre ; mais, des que ce^ derniernbsp;eft foulagé du poids du premier , fon élafticitenbsp;agit amp; louleve les parols du vailTeau ou il enbsp;renfermé. Rendez I’air , voila le reftbrt com-

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Récréat. Mathemat. et Puts. prime comma auparavant, amp; il revient a fon premier etat.

IHe Experience.

Placez fous Ie recipient un petit animal, comme un petit chat, une foaris , amp;c. amp; pompez l’air ;nbsp;vous verrez auffi-tót eet animal s’agiter, s’enfler,nbsp;mourir enfin diftendu amp; écumant. C’eft l’efFet denbsp;l’air contenu dans la capacité de fon corps , qui,nbsp;n’étant plus comprimé par l’air extérieur, agitnbsp;par fon reflbrt, diftend les membranes , Sc jettenbsp;dehors les humeurs qu’il rencontre fur fon chemin.

IV® Experience.

Mettez fous Ie recipient des papilllons, des mouches ; vous les verrez voltiger tant que l’airnbsp;fera femblable a l’air extérieur : mais auffi-tót quenbsp;vous aurez donné quelques coups de plfton , vousnbsp;les verrez faire de vains efforts pour s’élever ; l’airnbsp;devenu trop rare , ne Ie leur permettra plus.

Ve Experience.

Ayez une bouteille applatie , a laquelle vous adapterez un petit tuyau propre a de fe viffier avecnbsp;Ie bout du tuyau qui excede la platine de la machine : vous n’aurez pas plutót donné une couplenbsp;de coups de pifton, ou méme au premier, quenbsp;vous la verrez fauter en morceaux : c’eft pourquoinbsp;il eft a propos de 1’envelopper d’un linge , pournbsp;éviter Ie mal que pourroient faire les éclats.

Cela n’arrive pas a un récipient en forme de ballon , a caufe de fa forme fphérique, qui faitnbsp;voute contre Ie poids de l’air extérieur..

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Physique'.

Vie Experience.

Ayez une petite machine compofée d’uti timbre , amp; d’un petit marteau qui foit mis en mouvement amp; frappe Ie timbre au moyen d’un rouage ; montez cette petite machine, amp;, après 1’avolrnbsp;mife en mouvement, placez-la fous un recipient ;nbsp;pompez 1’air: vous entendrez auffi-tót le fon s’af-foiblir; il s’afFoiblira même de plus en plus, 6cnbsp;au point de n’être plus entendu, a mefure quenbsp;vous extrairez davantage 1’air. Au contraire, anbsp;mefure que vous le rendrez , le fon du timbrenbsp;fera entendu de mieux en mieux.

Cette experience, que nous avons citee ailleurs, prouve que I’air eft abfolument neceffaire pour lanbsp;tranfmiffion du fon, amp;£ qu’il en eft le vébicule.

VII= Experience.

Percez le fommet d’un recipient, amp; par le trou faites pafler le tuyau d’un barometre , enforte quenbsp;la petite cuvette foit dans l’intérieur du recipient;nbsp;vous fermerez au refte le trou du fommet avecnbsp;du maftic , enforte que 1’air n’y puilTe point pé-nétrer; mettez enfin ce recipient ainfi préparé, furnbsp;la platine de la machine pneumatique, amp; pompeznbsp;1’air: au premier coup de pifton, vous verrez lenbsp;mercure s’abaiffer confiderablement ; un fecondnbsp;coup le fera encore s’abaifler , mais d’une hauteurnbsp;moindre que la premiere ; ainfi de fuite, dansnbsp;une proportion décroiflante. A mefure enfin qu’ilnbsp;’¦eftera moins d’air dans le recipient, le mercurenbsp;approchera davantage de fe mettre de niveau.

VIIle Experience.

Ayez deux hémifpberes creux, de fer ou de

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il8 Récréat: Mathémat, et Phys,

cuivre, de deux pieds de diametre , qui puiflenf s’adapter l’un fur l’autre par leurs bords bien unis „nbsp;de maniere qu’enfemble ils forment un globenbsp;creux; que l’un des deux foit garni d’un tube penetrant dans fa capacité , garni d’une clef de ro-binet , amp; fufceptible de fe viffer fur Ie bout dunbsp;tube H de la machine pneumatique. Chacun denbsp;ces hémifpheres doit être auffi garni d’un anneau,nbsp;au moyen duquel on puilTe lufpendre l’un amp; atta-cber des poids a l’autre.

Cela ainfi préparé , adaptez ces deux hémifpheres concaves l’un fur l’autre, avec une ron-delle de peau mouillée entre deux, pour que' Ie contaél; des bords foit plus exaél. VilTez fur Ienbsp;bout du tube H de la machine pneumatique , celuinbsp;qui communique a 1’intérieur du globe , amp; éva-cuez-en l’air autant qu’il vous fera poffible, parnbsp;quarante ou cinquante coups de pifton, ou da-vantage. Fermez enfuite, en tournant la clef dunbsp;robinet, la communication de la capacité du globenbsp;avec l’extérieur, amp; retirez-le de delfus la machine.nbsp;Vous fufpendrez après cela ce globe , par un desnbsp;anneaux, a un crochet éloigné de quelques piedsnbsp;d’une muraille, amp; a l’autre crochet vous attache-rez par quatre chaines un plateau quarré un peunbsp;éleve de terre. Vous mettrez enfin des poids furnbsp;ce plateau , amp; vous verrez qu’il en faudra unenbsp;quantité confidérable. En effet, fi l’air eft biennbsp;évacué , amp; que ce globe creux ait deux pieds denbsp;diametre , on trouve que la force avec laquellenbsp;ils font preffés l’un contre l’autre , équivaut a unnbsp;poids de fept milliers.

C’eft-la ce qu’on appelle la fameufe expérience de Magdebourg , parceque fon auteur eft Ottonnbsp;Guerrike, bourgmeftre de cette ville. 11 mettoit

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;29

plufieurs paires de chevaux , les utis tirant cl un Cote, les autres de I’autre , fans qu’ils puflent par-Venir a disjoindre les deux héinifpheres. Et celanbsp;n’a rien d’etonnant; car quoique fix chevaux, parnbsp;exemple , tirent une charrette chargee de pluneu^nbsp;milliers, on fqait qu’ils n’exercent pas, chacun ^nbsp;1’un portant I’autre , un effort continu qui excedenbsp;beaucoup 180 livtes; amp; en tirant par facade ,nbsp;peut-etre n’excede-t-il pas 4 a ^00 livres, Ainfi ,nbsp;fix chevaux ne font qu’un effort de trois^ milliers. Nous le fuppoferons même de quatre a cinqnbsp;milliers; mais les fix chevaux, tirant en fens contraire, ne doublent pas cette force; ils ne fontnbsp;qu’oppofer a la premiere la refiftance necelfairenbsp;pour que celle-ci agifle, amp; ne font rien de plusnbsp;qu’un obftacle immobile auquel le globe feroitnbsp;attaché. II n’eft done pas étonnant cpie , dans 1’ex-périence de Magdebourg, douze chevaux ne par-vinffent pas a disjoindre les deux hemifpheres;nbsp;car, dans cette difpofition, ces douze chevauxnbsp;n’équivaloient qu’a fix ; amp; 1’on voit que 1 effortnbsp;de ces fix chevaux , évalué au plus haut , ^ etoitnbsp;encore fort inférieur a celui qu’ils avoient a fur-monter.

PROBLÊME II.

Renverfer un verre plein de liqueur, funs qu elle s'icouh.

VE R S E Z une liqueur quelconque dans un verre , enforte qu’il foit plein )ufqu’au bord ; appliqueznbsp;deffus un quarré de papier un peu fort, qui couvrenbsp;entiérement 1’orifice , amp;C par-defius le papier unenbsp;furface plane , comme le dos d’une affiette ou unenbsp;glace : retournez enfuite le tout , enforte que le

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30 Récréat. Mathémat. et Phys.

vafe foit renverfé : vous Ie fouieverez alors , vous verrez que Ie papier Sc l’eau ne tomberontnbsp;point.

Cet efFet eft produit par la pefanteur de Fair , qui prelTant fur Ie papier qui couvre 1’orifice dunbsp;verre, avec un poids bien fupérieur a celui denbsp;l’eau, doit néceflairement Ie Ibutenir. Mais commenbsp;Ie papier fe mouille, Sc donne peu a peu paffagenbsp;a l’eau , il arrive a la fin qu’elle tombe tout-a-coup.

Remarq^ue.

On pourra, par un rnoyen a peu prés fembla-ble , puifer de l’eau par un tube ouvert Hes deux cótés; car 1’oit un tube renflé par Ie milieu, Scnbsp;PI. ijterminé aux deux bouts, comme AB, (ƒ^. 2.)nbsp;fig* 2. par deux ouvertures affez étroites ; plongez-le dansnbsp;un fluide les deux bouts ouverts, jufqu’a ce qu’ilnbsp;foit plein; pofez enfuite Ie bout du doigt fur unnbsp;des bouts , de maniere a en boucher l’ouverture :nbsp;vous pourrez retirer ce tuyau plein , fans cjue Ienbsp;fluide s’écoule par l’autre ouverture , Sc il ne fenbsp;vuidera que lorfque VOUS retirerez Ie doigt qui bou-che la premiere.

Au lieu d’employer un tuyau comme celui qu’on vient de décrire , on pourroit employer unnbsp;PJg. 5. vafe tel que AB , fig- 2 , faR comme une bouteillenbsp;dont Ie fond foit percé d’une grande quantité denbsp;petits trous. Ce vafe étant plongé dans l’eau parnbsp;Ie fond , 5c 1’orifice fupérieur étant ouvert, fenbsp;remplira. Mettez enfuite Ie bout du doigt fur cetnbsp;orifice, Sc retirez Ie vafe de l’eau; il reftera plein,nbsp;tant que votre doigt reftera dans cette fituation :nbsp;retirez-le, l’eau s’écoulera auffi-tót.

C’eft ce qu’on appelle la cUpfydre ou Varrofoir

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;31

d'AriJlote; mais ni Ariftote , ni les phyficlens qui le fu'ivirent, jufqu’a Torricelli , ne clonnerent pasnbsp;de meilleure raifon de cet effet , q'is celle denbsp;1’horreur quela nature avoit, diloient-ils, pour lenbsp;¦vuide.

PROBLÊME III.

Vuider touu Veau continue, dans unvafe, par li moycn d'un fyphon.

On appelle fyphon^ un tuyau forme de deux branches AB, CD, reunies entr’elles par une partienbsp;courbe ou reftiligne BC , cela n’importe aucune-ment. Dans cette partie eft quelquefois une ouverture j qui fert ou a remplir les deux branches, ounbsp;a afpirer le liquide dans lequel la plus courte eftnbsp;plongee , tandis que Tautre eft bouchee. On s’ennbsp;fervira ainfi pour refoudre le problême propofé.

Ayant rempli de liqueur les deux branches du P'- ^» fyphon, amp; les ayant bouchees avec les doigts, ’S' 4-vous plongerez la plus courte dans le vafe , eh-forte que fon bout touche prefque au fond ; vousnbsp;oterez alors le doigt du bout de la plus longue ,nbsp;qui fera confequemment plus bafle que le fondnbsp;du vafe a vuider: la liqueur s’ecoulera par 1’extré-mité D de cette branche, amp; entramera , pournbsp;ainfi dire, celle du vafe jufqu’a la derniere goutte.

Ce phenomene eft encore un effet de la pefan-teur de I’air; car lorfque le fyphon eft plein de liqueur, amp; placé comme on I’a dit , Pair agit parnbsp;fon poids fur la furface de la liqueur a vuider, amp;nbsp;en mêine temps fur I’orifice de la branche la plusnbsp;taffe. Cette derniere preflion 1’emporte a la verity , par cette raifon, un peu fur 1’autre ; cepen-dant, comme cette branche eft pleine d’une li-

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32 Récréat. Mathémat. et Phys. queur qui eft plus pefante que l’air, l’avantage doitnbsp;lui refter, amp; cette colonne doit fe précipiter ennbsp;bas. Mais en même temps l’air qui prelTe fur lanbsp;furface du fluide du vafe, fait entrer de la liqueurnbsp;dans la branche du fyphon qui y eft plongée ; cenbsp;qui en fournit de nouvelle a la plus longue , amp;nbsp;ainfi continuellement , jufqu’a ce que toute la liqueur foit épuifée.

Remarque s.

I. On pourroit aifément vuider de cette ma-niere , par Ie bondon, tout Ie vin qui eft contenu dans un tonneau ; amp; c’eft ainfi qu’on s’y prendnbsp;dans quelques endroits, pour tranfvafer Ie vin d’unnbsp;tonneau dans un autre, fans troubler la lie qui eftnbsp;au fond.

n. On pourroit de cette maniere faire pafler 1’eau d’un endroit dans un autre plus bas, en paf-fant par-deftus un obftacle plus élevé que l’un amp;nbsp;1’autre , pourvu néanmoins que Ie lieu fur lequelnbsp;1’eau devroit commencer a monter, ne fut pasnbsp;plus haut que 3 2 pieds; car on fqait que la pefan-teur de 1’atmofphere ne fqauroit foutenir une colonne d’eau de plus de 3 2 pieds. II feroit mdmenbsp;a propos que eet obftacle fut au moins deplufieursnbsp;pieds mbins hauf que de 32 pieds au deflus dunbsp;niveau du fluide a élever; car autrement 1’eau nenbsp;marcheroit qu’avec beaucoup de lenteur, a moinsnbsp;que la branche la plus longue n’eüt fon orificenbsp;beaucoup plus bas que ce même niveau.

C’eft-la une forte de pompe peu difpendieufe , qu’on pourroit employer pour dériver de 1’eaunbsp;d’un endroit dan§ un autre , lorfqu’on n’auroitnbsp;pas la liberté ou la faculté de percer 1’obftacle in-terpole? pour y établir un canal de communication.

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;35

tïon. Je n’oferois' néanmoins, fans en avoir fait i’expérience, donner ce moyen cornme bien sur,nbsp;a caufe de l’air qui pourroit fe cantonner dans Ienbsp;haut du coude du tuyau.

C’eft encore de la propriété du fypbon que dependent les jeux hydrauliques qui fuivent,

PROBLÊME IV.

Prépanr un vafc qui, kant rernpli de. quelquz liqueur d unz czrtainz hauteur, la confzrvz, amp; qui la pzrdz toutz, kant rznipli dz la mzmz liqueurnbsp;a unz hauteur tant foit pzu plus grande.

C Eux qui ont voulu donner a cette petite machine hydraulique un air plus piquant, y ont ajouté une petite figure qu’ils ont appelée Tantalz, parce-qu’elle eft dans Tattitucle de boire; mais auffi-tötnbsp;que l’eau eft parvènue a la hauteur de fes levres ,nbsp;elle s’écoule tout-a-coup. Voici fa conftruftion,nbsp;Soitun vafe de métal ABCE, partagé en deux Pf tnbsp;cavités par Ie diaphragme ƒF. Le milieu eft percé §• 5'nbsp;d’un trou rond, propre a recevoir un tuyau MSnbsp;d’environ deux lignes de diametre , amp; dont l’ori-fice inférieur doit defcendre quelque peu au def-fous du diaphragme. On couvre ce tuyau d’unnbsp;autre un peu plus large, ferme par en haut, Scnbsp;ayant en bas fur le cèté une ouverture , enfortenbsp;que, lorfqu’on verfera de l’eau dans le vafe , ellenbsp;puifte s’y inférer entre deux, amp;c monter iufqu’anbsp;1’orifice fupérieur S du premier. Enfin l’on maf-quera ce mécanifme par une petite figure dansnbsp;l’attitude d’un homme qui fe baiffe pour boire , amp;nbsp;dont les levres feront un peu au deffus de Toriquot;nbsp;fice S.

Tome ly. nbsp;nbsp;nbsp;C

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34 Récréat. Mathémat. Et Phys,

Lorfqu’on verfera de l’eau dans ce vafe, elle n’aura pas plutót touché les levres de la petitenbsp;figure , que, furpaflfant l’orifice S, elle comnien-cera a s’écouler par Ie tuyau SM , amp; il s’établiranbsp;un mouvement de fyphon, en vertu duquel l’eaunbsp;s’écoulera jufqu’a la derniere goutte dans la caviténbsp;inférieure, qui doit avoir fur Ie cóté , vers Ie dia-phragme , une ouverture par laquelle l’air s’é-chappe en même temps.

On pourroit rendre cette machine hydraulique encore plus plaifante , en faifant la petite figurenbsp;de maniere cjue l’eau, arrivée vers fon derniernbsp;point de hauteur , lui fit faire un mouvement denbsp;tête pour s’approcher d’elle ; ce qui repréfenteroitnbsp;mieux Ie gefte de Tantale, tachant de faifir l’eaunbsp;pour étancher fa foif.

PROBLÊME V.

Conjlrucilon d’un vafe qui contiennc fa liqueur etant droit, amp; qui kant incline comme pournbsp;boire, la perdc aujji-tót toute.

C E vafe pourroit s’appeller la coupe enchantce, Sc pourroit fervir a mettre en aéfion Ie conté fa-meux de La Fontaine qui porte ce titre : il feroitnbsp;feulement befoin d’en raafquer Ie mécanifme , cenbsp;qui n’eft pas difficile.

Pour former un vafe qui ait cette propriété, il faut percer fon fond ou fon cóté , amp; y adapternbsp;la plus longue )ambe d’un fyphon , dont 1’autrenbsp;PI, X, ïi*^t^ffidra prefque Ie fond, comme on voit dans lanbsp;üg.ó.fig. 6'. Cela fait, qu’on remplifife ce vafe d’unenbsp;liqueur quelconque, jufqü’a la courbure inférieurenbsp;du fyphon; il eft évident que, lorfqu’on Ie portera

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;35

a la boiiclie Sc qu’on I’inclinera , ce mouvement fera furmonter cette courbure par la furface de lanbsp;liqueur i alors , par la nature du fyphon , la liqueur commencera a y coulqr , amp; elle ne cefleranbsp;de le faire jufqu’a ce qu’il n’y en ait plus, quandnbsp;même on remettroit le vafe droit.

La fig. 7 reprefente la maniere dont on pour- *» roit mafquer Tartifice entre les deux fonds d’une 7*nbsp;coupe; car le fyphon abc caché entre ces deuXnbsp;fonds , produira le même elfet. On prefenteranbsp;done le vafe de la maniere convenable , a celuinbsp;qu’on voudra tromper, c’eft-a-dlre enforte qu’ilnbsp;applique les levres du cote de b, fommet du fyphon ; 1’inclinaifon de la liqueur la fera furmonternbsp;ce fommet, amp; aufii-tdt elle fuira par c. Maisnbsp;celui qui fera inftrult de I’artifrce, I’appllquera k.nbsp;fa levre du cótéoppofé, amp; n’éprouvera point lanbsp;même difgrace.-

PROBLÊME VI.

ConfiruUion dt la fontaine. qui couk amp; s’arréte altirnativement.

Cette fontaine,'qui eft de I’inveniion de M. Shermius, eft fort ingénieufe, amp; préfente un petitnbsp;fpeclacle affez divertlffant , parcequ’il femblenbsp;quelle coule Sc s’arrete au commandement. C’eftnbsp;encore un jeu de fyphon qui, par le mecanifmenbsp;particulier de cette machine, tantot eft obftrue Scnbsp;1'ufpendu , tantot eft libre amp;C agilTant, comme onnbsp;va le voir par la defeription qui fuit.

AB eft un vafe femblable a un tambour j 'g.* fermé de tons cotes. Au fond d’en bas amp; au mj-lieu F, eft foudé un tuyau CD. Ses deux extre-jTtités C, D , font ouvertes; mais celle d’en haut

C ij

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3lt;5 Recreations Mathématiques.

C ne doit pas toucher Ie fond , afin de donnet pafiage a l’eau. Pour remplir ce vafe, on Ie ren-verfe, amp; 1’on introduit l’eau par l’ouverture, D ,nbsp;^ufqu’a ce qu’il foit a peu prés plein.

Du milieu du fond d’une autre cuvette cylin-drique un peu plus large, GH, s’éleve un tuyau de , tant foit peu plus étroit, enforte cju’il puiffenbsp;entrer exaélement dans Ie premier. II doit êtrenbsp;auffi un peu moins haut, Sc fon fommet E doitnbsp;être ouvert.

Ces deux tuyaux CD, ED , doivent avoir a une égale hauteur peu au deflus du fond de la cuvette inférieure, deux trous correfpondants I, i,nbsp;enforte qu’introcluifant un des tuyaux dans 1’autre,nbsp;ils fe correfpondent, amp; établiffent entre 1’air extérieur amp; celui du vafe fupérieur une communication. Enfin Ie vafe AB doit avoir a fon fondnbsp;deux OU quatre ouvertures, comme K, L , par oünbsp;Peau puiffe s’écouler dans la cuvette d’en basGH ;nbsp;amp; cette cuvette doit avoir auffi un ou deux trous,nbsp;comme M , N , moindres, par oü l’eau puiffenbsp;auffi s’écouler dans un autre grand vafe fur lequelnbsp;portera toute la machine.

Pour faire jouer cette petite machine , on com-mencera par remplir prefque entiérement d’eau Ie vafe AB ; puis, bouchant les tuyaux K, L, onnbsp;fera entrer Ie tuyau DE dans CD , enforte quenbsp;la cuvette GH ferve comme de bafe, amp; on feranbsp;tépondre i’un ü 1’autre les deux trous I, i; on dé-bouchera enfin les trous ou petits tuyaux K, L:nbsp;alors 1’air extérieur, communiquant par l’ouverture I i, avec celui qui eft au deffus de l’eau dunbsp;vafe AB , Peau coulera fans difficulté dans la cuvette GH: ifiais comme il en fortira moins de cettenbsp;cuvette qu’il n’en tombera d’en haut, elle s’élé-

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;37

vera bientSt au deffus de l’ouvertiïre I gt; amp; in-terceptera la communication de 1’air extérieur avec celui du haut du vafe AB , amp; peu apres I eaunbsp;s’arrêtera. L’eau continuant de couler de la cuvette , fans qu’il y en arrive de nouvelle, peu apresnbsp;1’ouverture I i fe trouvera débouchée, la communication ci-delTus fe trouvera rétablie : ainfinbsp;I’eau fe remettra a couler par les tuyaux K, L ,

6c elle montera au deffus de It, ce qui fera que peu après I’eau s’écoulera de nouveau, amp; ainfinbsp;alternativement, jufqu’a ce que route I’eau du vafenbsp;AB foit vuidee.

On reconnoit a un petit gargouiilement le moment oil Fair va s’introdulre par I’ouverture I i dans le haut du vafe AB, Scl’on faifit ce momentnbsp;pour commander a la fontaine de couler; on lulnbsp;ordonne pareillement de ceffer, lorfque 1’on voitnbsp;Beau paffer au deffus de cette même ouverture I i.nbsp;Oe-la vient le nom qu’on lui a donne , Aq fontainenbsp;commandement,

PROBLÊME VII. .

Conjlmclion d’une clepjidre montrant rjicure pat ricoukment uniforme de Veau,

No U S avons vu dans la Mecanique, que fi un Vafe eft perce par fon fond, Beau s’en ecoule plusnbsp;vite dans le commencement que fur la fin ; enfortenbsp;sue ft I’on vouloit employer récoulement de Beau,nbsp;pour marquer les heures, ainfi que faifoient lesnbsp;anciens, il faudroit que les divifions fuffent fortnbsp;ïnégales, puifqu’en divifant toute la hauteur en 144nbsp;parties égales , la plus élevée devroit, ft le vafenbsp;etoit cylindrique, en comprendre 23 , la feconde

2.1,6cc, Sc la derniere i feulement.

C iii

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38 Récréat. Mathémat. et Phys.

Y auroit-il quelque moyen de faire que cettamp; eau s’écoiilat uniformémeut ? Voiia un problêmenbsp;qui fe préfente uaturellement a la fuite de l’ob-fervation pfécédente. Nous l’avons déja réfolunbsp;dans la mécanique , en enfcignant quelle formenbsp;il faudroit donner k un vafe pour que l’eau s’ennbsp;écoulat unifonnément par un trou percé a fonnbsp;fond. Mais en voici une autre foUuion plus par-faite , en ce que , quelle que foit méme ia loi denbsp;la retardation de la viteffe de l’eau , elle eft égale-inent exafte.

Cette folution eft fondée fur la propriété du fyphon , amp; elle eft aftez ancienne, puifqu^elle eftnbsp;de Héron d’Alexandrie. La voici.

Ayez un fyphon ABC, a branches inégales, dont vous garnirez la plus petite AB d’un fupportnbsp;de liege, capable de tenir cette derniere branchenbsp;amp; tout Ie fyphon dans la fituation verticale ,

PI.

tig.

, coinme on Ie voit dans la c). Lorfque vous ,. l’aurez mis en jeu , amp; que l’eau aura commencenbsp;a cottier par la plus longue branche, elle conti-nuera de couler avec la merne vitefle a queiquenbsp;hauteur que foit 1’eau ; car elle ne fe vuide dansnbsp;cet inftrument que par un effet de l’inégalité desnbsp;forces avec lefquelles I’atmofphere pefe fur la fur-face du liquide amp; fur I’orifice de la plus longuenbsp;branche : puis done qu’a mefure que la fiirface dunbsp;liquide baifte, le fyphon baifle aulTi, il eft évident qu’il y aura égalité dans la vitefte de fonnbsp;t'coulement.

Si done on divifoit en parties égales la hauteur du vafe DE, ks divifions poiirroient marquerdesnbsp;jntervalles égaux de temps. Et pour rendre cettenbsp;clepfydre plus agreable , on pourroit mafquer lanbsp;branche AB par vine petite figure légere furnageanr

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;39

I’eau du vafe, amp; montrant fur un petit tableau , avec une petite verge ou avec le doigt, I’heurenbsp;qu’il eft.

On pourroit, au contraire, faire tomber par wn pared fyphon, I’eau d’un vafe quelconque,nbsp;ftans un autre de forme prifmatique ou cylindri-que, dont s’éléveroit une petite figure furnageantnbsp;I’eau, 6c qul montreroit les heures de la manierenbsp;qu’on vient de dire.

PROBLÊME VIII.

^mlk ejl la plus grande hauteur a laquelle la tour de Babel eut pu hre élevée, avant que les mati-riaux portés d fan fommet eujfent perdu toutsnbsp;leur pefanteur ?

Pour répondre a cette plaifanterie mathéma-tique , qui tient autant a 1’aftronomie phyfique qu’a la mecanique , il faut fqavoir ,

1° Que les corps diminuent de pefanteur en rai-fon inverfe du quarré de leur diftance au centre de la terre. Un corps , par exemple, ëlevé a lanbsp;diftance d’un demi-diametre de la terre au delTusnbsp;de fa furface, étant par-la a la diftance de deuxnbsp;rayons, ne peferolt que de ce qu’il pefoit a lanbsp;furface.

iP Qu’en fuppofant que ce corps fuivit, avec le refte de la terre, le mouvement de rotationnbsp;qu’elle a fur fon axe , cette pefanteur feroit encore diminuee par la force centrifuge, qui, en fuppofant que des cercles inegaux foient decrits dansnbsp;le même temps, eft comme leurs rayons. Ainfi,nbsp;a une diftance double du centre de la terre , cettenbsp;force feroit double , 8c retrancheroit deux foisnbsp;autant de la pefanteur qu’a. la furface de la terre.

G iv

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40 Récréations Mathématiques.

Or Ton eft parvenu a decoiivrir que, fous I’equa-teur, la force ceirtrifuge retranche ~ de la pe-fanteur naturelle des corps.

3° Ailleurs que fous I’equateur, la force centrifuge étant niolndre, amp; agiftant obliquement centre la pefanteur, en retranche une portionnbsp;moindre, en raifon du quarré du finus de complement de la latitude au quarré du finus total.

Toutes ces chofes pofees, on peut trouver a quelle hauteur devroit être un corps au delTus denbsp;la furface de la terre , amp; fous une latitude donnee ,nbsp;pour que, participant a fon mouvement diurne,nbsp;11 n’eut aucune pefanteur.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^

Or ]e troiive par 1’analyfe , que fous I’equa-teur, oil la diiTiinution de la pefanteur occafion-nee par la force centrifuge eft préclfément , a la furface de la terre la hauteur cherchee , a

3 ’__

de ^ demi-diametres de la terre.

au deflus de la furface

compter du centre de la terre, devroit être j/289, ou 6 demi-diametres de notre globe plus ou

Sous la latitude de 30 degres , qui eft a peu prés celle des plaines de la Mefopotamie, ou lesnbsp;defeendants de Noe fe raflemblerent d’abord, amp;nbsp;tenterent, fuivant les livres faints, leur folie conf-truftion , on trouvera que la hauteur au deflus denbsp;la furface de la terre eüt du dtre de 6 ~ rayonsnbsp;de la terre.

Sous la latitude de 60 degres, cette hauteur eut du être , au deftlis de la furface de la terre , denbsp;de 9 demi - diametres terreftres amp;

Sous le pole enfin j cette hauteur pourroit être

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;4^

wfime; car en ce lieu il n’y a point de trlfuge , puifque le corps qui feroit au po e ne fe-roit que tourner fur lui-meme.

PROBLÊME IX.

Si Von fuppofoit la tem percec d'un trou jtifcjti ^ fan antrc , combien de temps un corps matroit-ilnbsp;d parvenir d ce centre, en faifant d’ailleurs abf-traclion de La rèjijïance de Vair?

La clrconférence de la terre ayant 9000 lieues, de 1183 toifes chacune , fon demi diametre fenbsp;trouve de 1432 lieues, ou de 19618400 toifes.nbsp;11 n’y auroit done aucune difficulté a réfoudre cenbsp;problême , fi l’accélération étoit uniforme ; car ilnbsp;n’y auroit qu’a dire, fuivant la regie de Galilee,nbsp;comme pieds amp; de Paris font a 19618400nbsp;pieds, ainii le quarré d’une feconde, qui eft lenbsp;temps employé a parcourir 15 pieds-7^ de Paris,nbsp;a un quatrieme terme , qui fera le quarré du nom-bre des fecondes employees a parcourir 19618400nbsp;pieds. Or ce quatrieme terme fe trouvera denbsp;1299167 : done , en tirant fa racine quarrëe , onnbsp;aura le nombre cherché , fqavoir ,1140 fecondesnbsp;ou 19 minutes. Tel feroit, dans cette premierenbsp;hypothefe , le temps qui feroit employé par unnbsp;corps grave a tomber au centre de la terre.

Mais il eft beaucoup plus probable qu’un corps porté le long d’un rayon terreftre , perdroit de fanbsp;pefanteur a mefure qu’il approcheroit du centre ;nbsp;car a ce centre il n’en auroit aucune ; amp;: 1’on d^nbsp;tnontre d’ailleurs que , la terre étant fuppofée uni-formément denfe , amp; l’attracfion étant en raifot*nbsp;inverfe du quarré des diftances , la pefanteur de-

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41 Récréat. Mathémat. et Phys. croitroit comme Ia dlftance au centre. II faufnbsp;done réfoudre Ie problême de cette feconde ma-niere.

On y parvient au moyen de cette propofition , que Newton a démontréè : Si Von décrit un quartnbsp;de cerek ayant pour rayon la dijlance au centre, denbsp;la terre ^ Vare qui a /3 pieds amp; pour Jinus verfe,nbsp;ejl au quart de eerde , comme une feconde employee anbsp;décrire, en tombant, ces fS pieds , au temps employé a décrire tout k demi-diametre terrefre.

Orl’arc terreftre qui répond a 15 pieds amp; de chute OU de finus verfe, eft de 4' 16quot; fquot;, 8c eetnbsp;are eft au quart de eerde, comme i anbsp;conféquemment on a cette proportion a faire;nbsp;comme 4' 16quot; f’ font a 90°, ou comme i eftnbsp;a 1265 ~ ^ ainfi une feconde employee a tombernbsp;de 15 pieds de haut a la furface de Ia terre , eftnbsp;a 1265quot; 36quot;', OU 2t' 5quot; 36'quot; : ce fera Ie tempsnbsp;employé a tomber de Ia furface de la terre aunbsp;centre , dans la fuppofition que nous examinons,nbsp;qui eft plus conforme a la phyfique que la précé-dente.

PROBLÊME X.

Quef-ce qui arriveroit f la lune étoit tout-d-coup

arrétée dans fon mouvement circulaire , amp; en

combien de temps tomberoit-elk fur la terre ?

La lune ne fe foutenant dans l’orbite qu’elle dé-crit autour de la terre, que par un effet de la force centrifuge qui uait de fon mouvement circulaire ,nbsp;amp; qui contrebalance fa pefanteur vers la terre, ilnbsp;eft évident que ft Ie mouvement circulaire étoitnbsp;détruit,la force centrifuge feroit auffi anéantie : lanbsp;iune feroit done alors uniquement livrée a fon

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;45

mouvement de tendance vers la terre , amp;: tombe-roit fur elle par un mouvement accélére.

Mals ce mouvement ne feroit pas accelere fui-vant la lol découverte par Galilee, car cette loi fuppofe que la force de pefanteur eft uniformenbsp;OU toujours la même. Or iel la pefanteur de lanbsp;lune vers la terre, varieroit amp; augmenteroit ennbsp;raifon inverfe du quarré de la diftance, a mefurenbsp;qu’elle fe rapprocheroit de ce centre ; ce qui rendnbsp;Ie problême beaucoup plus difficile.

Newton cependant nous a enfeigné Ie moyen de Ie réfoudre; 11 fait voir que ce temps eft égalnbsp;a la moitié de celui que cette même planete em-ploieroit a faire une revolution autour du mêmenbsp;corps central, mais a une diftance moindre de lanbsp;moitié.

Or on fqait que l’orbite lunaire eft a peu de chofe prés im eerde dont Ie rayon eft de 60nbsp;demi-diametres terreftres, amp; fa revolution eft denbsp;17 jours 7 beures43'1: d’oü 1’on conclud , aunbsp;moyen de la fameufe regie de Képler, que ft ellenbsp;n’étoit éloignée de la terre que de 30 rayons terreftres , elle emploieroit feulement, dans cette revolution , 9 jours 1511 51'; conféquemment fanbsp;demi-révolution feroit de 4 jours 19^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;C’eft

Ie temps que la lune emploieroit a tomber juf-qu’au centre de Ia terre.

1

On dit que la revolution de la lune eft de 2.7 jours 7 heures, 43 minutes, amp; non de 29 jours 12 fteures 44nbsp;min.; car il eft ici queftion de la revolution depuis un pointnbsp;du ciel jufqu’au même point, amp; non de la revolution ly-uodlque, qui eft plus longue , parceque, quand la lune anbsp;fait fon tour entier, elle a encore a rejoindre Ie foleil, qu'gt;nbsp;pendant les 27 jours, s’eft avancé en apparence de ^7 ®nbsp;grés OU environ.

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44 Recreations Mathématiques;

Re M AR (IV E.

Si on examinoit de inéme en combien de temps chacune des planetes circumfolaires tomberoitnbsp;dans le foleil, on trouveroit quenbsp;Mercure y tomberoit ennbsp;Venus ennbsp;La Terre ennbsp;Mars en .

Jupiter en Saturne en

PROBLEME XI.

Quelle feroit la. pefantcur d'un corps tranfporté a. la furface du Soleil, ou d'une autre planete quenbsp;la Terre, comparee a celLe de ce carps fur la fur~nbsp;face de noire globe ?

Il eft démontré aujourd’hui, pour tons ceux qui font en état d’en pefer les preuves, que la pefan-teur d’un corps fur la furface de la terre , ri’eft autre chofe que le refultat des tendances de ce corpsnbsp;vers toutes les parties de la terre , dont doit reful-ter line tendance cotnpofee, paflant par le centre ,nbsp;dans la fuppofition ou la terre feroit précifémentnbsp;un globe ; ce que nous fuppofons ici, a caufe dunbsp;peu de difference qu’il y a entre fa figure amp; lanbsp;figure fpherique. II eft pareillement démontré que ,nbsp;I’attraftion fe faifant en raifon direfte des maffes,nbsp;amp; en raifon inverfe du quarre des diftances , unnbsp;corpufcule de matiere , placé fur la furface d’unenbsp;fphere qui exerce fur lui fon attraftion , tendranbsp;vers elle avec une force qui fera la même que flnbsp;toute fa maffe étoit reunie a fon centre.

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;45

II fuit de-la que , fi Ton Tuppofe deux fpheres inegales en diametre amp; en maffe, la pefanteur dunbsp;corpufcule fur 1’une , fera a celle du meme cor-pufcule fur 1’autre , en raifon compofée de la di-refte de leurs maffes , amp; de 1’inverfe des quarrésnbsp;de leur demi-diametre.

Or, par les obfervations affronomiques, on de-montre que Ie demi-diametre du foleil étoit égal a III demi-diametres terreftres, amp; que fa maffenbsp;eft a celle de la terre, comme 341908 a i : donenbsp;Ia pefanteur d’un corps fur la furface du foleil, eftnbsp;a celle de ce même corps fur la furface de lanbsp;terre , en raifon compofée de 341908 a i, amp; denbsp;i’inverfe du quarré de 111 a celui de i , c’eft-a-dire de 123 21 a i.

Divifez done Ie nombre 341908 par 123 21 , vous aurez 2y Sc environ -1: ainli un corps d’unenbsp;livre , tranfporté a la furface du foleil, en péfe-roit 27

Faifons fentir ceci par un raifonnement encore plus fimple. Si toute la maffe du foleil, qui eftnbsp;341908 fois auffi grande que la terre , etoitnbsp;ramaffée dans un globe égal a la terre , Ie corpsnbsp;donf nous parlons , au lieu de pefer une livre , ennbsp;peferoit 341908. Mais comme la furface du foleilnbsp;eft 111 fois autant éloignée de fon centre que cellenbsp;de la terre l’eft du fien , il s’en enfuit qu’il fautnbsp;diminuer Ie poids ci-deffus en raifon de 12321 ,nbsp;OU du quarré de 111 au quarré de 1’unlté , c’eft-a-dlre qu’il ne faut prendre que la 12321*^ pattienbsp;du poids trouvé ci-deffus ; ce qui donne celuinbsp;que nous avons trouvé plus haut.

Par un raifonnement fembiable , on trouveroit qu’un corps d’une livre , porté a la furface de Jupiter , en peferoit 3 j Sc a celle de Saturne,

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4Ö Récréat. Mathémat. Et Phys.

1 nbsp;nbsp;nbsp;; fur celle de la lune , 3 onces feulementé

On ne peut fi^avoir quelles font les maffes de Mercure, de Vénus amp; de Mars, parceque aucunnbsp;corps ne circule autour d’eux ; ce qui ne permetnbsp;pas de réfoudre ce problême a leur égard.

PROBLÊME XII.

Conjlrulre unc fontaim qui jaiUijJc par la com-prejfion dc rair.

Soit un vafe dont la feélion eftrepréfentée paf PI. a,laj%./o,c’eft-a-dire compoféd’un piédeftal cylin-fig. lo- drique ou parallélépipede, couronné d’unexfifpecenbsp;de coupe FADE. Ce plédeftal eft partagé en deuxnbsp;cavltés par un diaphragme NO. La cavité fupé-rieure doit être un peu moindré que l’inférieure.

Du fond de la coupe part un tuyau GH, a travers ce diaphragme, qui va jufques prés dunbsp;fond CB. Au contraire , Ie tuyau LM doit avoirnbsp;fon orifice fupérieur L prés du fond de la coupe ,nbsp;amp; l’inférieur M fort peu au deffous du diaphragmenbsp;NO. IK repréfente enfin un tuyau très-menu parnbsp;fon bout fupérieur, amp; dont 1’orifice inférieur vanbsp;prefque jufqu’au diaphragme.

Le vafe étant ainfi conftruit , on remplira par un trou latéral la cavité fupérieure iufques prés denbsp;l’orifice L du tuyau LM ; aprés quoi 1’on boucheranbsp;foigneufement ce trou ; on verfera enfuite de l’eaunbsp;dans la coupe : cette eau, coulant dans la caviténbsp;Nb , en comprimera 1’air, amp; le forcera a paffernbsp;en partie par ML , au deffus de l’eau de la caviténbsp;fupérieure ; il s’y condenfera de plus en plus, amp;:nbsp;forcera l’eau a jaillir par l’orifice I, fur-tout fi onnbsp;la retient pendant quelaue temps, foit en tenant

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Physique. / nbsp;nbsp;nbsp;47

Ie doigt fur I’ouverture I, fqit au moyen d’un petit robinet qu’on n’ouvrira qu’a propos.

R E M A R dU E S.

I. Cette petite fontalne peut être variée de bien des facons. Par exemple, fi Ie poids de Peau coulant par GH dansla cavité inférieure NB, n’étoitnbsp;pas fuffifant pour donner affez de jet a 1’eau for-tant par I, on pourroit y infinuer de 1’eau avecnbsp;une feringue , ou bien de Pair avec un fouffletnbsp;adapté a I’orifice G, amp; garni a fon tuyau de for-tie d’un robinet.

On pourroit y couler du vif-argent, qui, par fon poids, y pénétreroit malgré la réfiftance denbsp;1’air , Ie forceroit d’agir avec force coritre Ienbsp;fluide renfermé dans la cavité fupérieure.

II. On peut exécuter cette petite fontaine d’une maniere bien plus fimple; car ayez une bouteillenbsp;telle que AB , par Ie goulot amp; Ie bouchon de la- pi. 2,nbsp;quelle vous introduirez dans fa cavité un tuyau fig. ii-CD , dont l’orlfice inférieur D foit plongé jufquesnbsp;bien prés du fond , amp; l’orifice fupérieur terminénbsp;par une ouverture affez étroite. La communication entre 1’air extérieur amp; Tintérieur de la bouteille , doit êtrebien interceptée en A. Suppofonsnbsp;maintenant cette bouteille remplie auxtrois quartsnbsp;d’eau ; foufflez par l’orifice C dans Ie tube avecnbsp;toutes vos forces : vous y condenferez l’air dansnbsp;1’efpace AEF, au point que, preffant fur la furfacenbsp;EF, l’eau fortira avec impétuofité par Ie petit orifice C, Sc s’élévera affez haut. Lorfque Ie jeunbsp;la machine aura ceffé, il fuffira, s’il reffe denbsp;, d’y fouffler encore de l’air, Sc fon jeu rc-commencera tant qu’il y aura de I’eau,

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48 Recreations Mathématiques, PROBLÊME XIII.

Conjiruciion d’un vafe qui donne autant de vil* quony verfe d'eau.

La foliition de ce probléme eft une fuite , ou , pour mieux dire , une fimple variation de cellenbsp;du précédent. Qu’on fuppofe en efïet Ie petitnbsp;tuyau IK fupprimé, qu’on rempliffe la cavité AOnbsp;de vin, amp; qu’on adapte vers Ie fond NO un petitnbsp;PI. I’ robinet R un peu étroit; il eft évident que , quandnbsp;%• on verfera de l’eau dans Ie vafe fupérieur FADE,nbsp;1’air forcé de paiTer dans la cavité fupérieure,nbsp;prelTerala furface du vin, amp; 1’obligera de coulernbsp;par Ie robinet, jufqu’a ce qu’il foit en équilibrenbsp;avec Ie poids de l’atmofpbere : alors, qu’on verfenbsp;Fig. 10. de nouvelle eau dans la coupe FD , il fortira anbsp;peu prés autant de vin par Ie robinet ; enfortenbsp;qu’il fernblera que l’eau eft changée en vin,

C’eft pourquoi, s’il étoit permis de faire allufion a un trait célebre de l’hiftoire fainte, on pourroit ,nbsp;en donnant a ce vafe la forme d’une cruche, Ienbsp;nommer la. cruche de Cana,

PROBLÊME XIV.

ConjlruBion d'une machine hydraulique, ou un oifeau boit autant d'eau quil en jaillit parnbsp;un ajutage.

Soit Ie vaifleau dont la coupe eft repréfentée Fig. 12.paria fig. 12, qui eft divifé en deux par Ie dia-phragme horizontal EF, amp; dont la cavité fupérieure eft aufli partagée en deux par une cloifonnbsp;verticale GH. Le tuyau LM , prenant du fond dunbsp;premier diaphragme , amp; defcendant prefque juf-

cju’au

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Physique.

^ii’au fond DC , forme la comrnunication de la Cavite fuperieure HF, avec 1’inférieure EC. Unnbsp;tuyau IK , montant du fond EG prelque jufqu’aunbsp;^ond AB, forme une autre communication entrenbsp;la Cavite inférieure EC amp; la fuperieure AG. Lenbsp;tuyau NO, terminé a fon fommet par une ouver^nbsp;ture très-petite , defcend fort prés du diaphragmenbsp;intérieur EG, Sc paffe par le centre d’une coupenbsp;RS, deftiuée a recevoir I’eau fortant de ce tuyau.nbsp;Enfin , au bord de cette coupe efl un oifeau ynbsp;plongeant fon bec , ou eft l’ouverture d’un fyphonnbsp;recourbé QP , dont 1’orifice P eft beaucoup infé-riertr a Porifice Q. Telle eft la conftrutlion de lanbsp;machine ; en voici 1’ufage amp; reffet.

On rempllra d’eau les deux cavités fupérieures , pat deux trous ménagés expres fur les cótés dunbsp;vafe , amp; qu’on fermera enfuite. II eft aifé devoirnbsp;que l’eau ne dolt pas excéder , dans la cavité AG,nbsp;la hauteur de 1’orifice K du tuyau KI. Cela fait,nbsp;en ouyrant le robinet adapté au tuyau LM , l’eaunbsp;de la cavité fuperieure HF s’écoule'dans la caviténbsp;inférieure , elle y comprimé 1’alr qui pafte par lenbsp;tuyau KI dans la cavité AG, amp; y comprimantnbsp;celui qui eft au deffus de l’eau , la force de jaillirnbsp;par le tuyau NO ; d’oü elle retombe dans lanbsp;coupe.

Mals en même temps que l’eau s’écoule de la cavité BG dans 1’inférieure, l’alr fe raréfie dansnbsp;Ia partie fupérieure de cette cavité : ainfi le poidsnbsp;de l’atmofphere aglffant fur l’eau dé] a verfée dansnbsp;la coupe par 1’orifice O du tuyau montant NO ;nbsp;l’eau s’écoulera par le tuyau recourbé QSP dansnbsp;cette même cavité BG; ce mouvement, unenbsp;fois établi, continuera tant cju’il y aura de l’eaunbsp;dans la cavité AG,

Tome. IV. nbsp;nbsp;nbsp;D

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50 Récréat. Mathémat. et Phys. PROBLÊiME XV.

Faire une fontaine qui jaillijjc par la raréfaclion de l'air dilate par la chaleur.

FaiTES iin vafe cylindrique ou prifmatique, PI. 2,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;coupe eft repréfentée par la fig. 12. II fau-

fig. 12- dra qu’il foit porté fur trois ou quatre pieds un peu élevés, pour pouvoir placer au deflbus un rechaudnbsp;plein de feu. La cavité de ce vafe dolt être diviféenbsp;en deux par un diaphragme EF, lequel fera percénbsp;d’un trou rond , d’un pouce environ de diametre.nbsp;Ce trou fervira de bafe a un tube cylindrique GH ,nbsp;qui s’élévera prefque jufqu’au fond fupérieun, quinbsp;fera furmonté d’une cavité en forme de coupe ounbsp;coquille , pour recevoir l’eau que fournira Ie jetnbsp;d’eau. Enfin Ie centre de cette coupe ou du fondnbsp;fupérieur, donnera paffage a un tuyau foudé IK ,nbsp;qui defcendra prefque jufqu’au diaphragme EF : ilnbsp;pourra s’évafer un peu par en bas ; mais fon boutnbsp;fupérieur doif être un peu étroit, pour que l’eaunbsp;jaillilTe plus haut. II fera a propos de garnir la par-tie apparente du tuyau IK d’un petit robinet, aunbsp;moyen duquel on puilTe retenir l’eau jufqu’a cenbsp;que 1’air, alTez raréfié dans la machine , puiffe pro-duire Ie jet.

La machine étant ainfi conftruite, vous rempli-rez d’eau Ie réfervoir fupérieur, prefque jufqu’a la hauteur de 1’orifice H du tuyau GH; enfuitenbsp;vous mettrez fous Ie fond inférieur du vafe unnbsp;rechaud plein de charbons ardents, ou une lampenbsp;a plufieurs meches: 1’air contenu dans la chambrenbsp;inférieure fera auffi-tot raréfié, amp; paflera par Ienbsp;tuyau GH au deffiis de l’eau 'contenue dans la ca-viré fupérieure, amp;c la forcera d’entrcr par l’orifice I

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PHYSflQUÊ* nbsp;nbsp;nbsp;5*

tuyau IK, amp; de jaillir par l’aütre ouverture K.

Pour rendre l’effet plus fenfible amp; plus sur , H ne fera pas mal de mettre une petite quantité d’eaunbsp;dans la cavité inférieure; car, lorfque cette eaunbsp;bouilüra, la vapeur élaftique qu’elle produira ,nbsp;paffant dans la capacité du réfervoir fupérieur , lanbsp;prefiera avec beaucoup plus de force, amp; fera jaillir 1’eau plus haut.

II faut cependant prendre garde de ne pas échauffer trop forteinent cette machine , fi Tonnbsp;y einploie la vapeur de l’eau bouillante; car ellenbsp;pourroit éclater en morceaux , par un effet de lanbsp;violence de l’eau réduite en vapeurs.

, PROBLÊME XVI.

MeJ'urer h dcgri de. chaleur de l'air amp; des autres fiuides, Hijloire amp; conjiruclion du Thermometre.

L’ UNE des inventions les plus ingénieufes qul cara(fl:érirent la renaiffance de la faine philofophienbsp;dans les premieres années du fiecle dernier , eftnbsp;celle de 1’inftrument que nous appelons Ie thermometre , paree qu’il fert a ntefurer la chaleur desnbsp;corps, amp; principalement celle de l’air amp; des fluïdes dans lefquels on peut Ie plonger. Cette invention eft communément attribuée a 1’académie delnbsp;Cimento^ qul floriflbit a Florence , fous la protection des grands-dues de la Maifon de Médicis,,nbsp;^ qui fut la premiere de l’Europe qui s’adonna knbsp;la phyfique expérimentale. On pretend auffi quenbsp;Corneille Drebbel, d’Alcmaër dansla Nort-Hol-lande, qui vivoit a la cour de Jacques I, rolnbsp;d’Angleterre, a part ^ cette invention. Ce n’eft

Dij

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5z Récréat. Mathémat. et Phys. pas ici Ie lieu de difcuter ce point d’hiftoire denbsp;la phyfique 1.

L’invention du thermometre eft fondée fur la propriété qu’ont les corps, amp; fur-tout les fluides ,nbsp;de fe dilater par la chaleur qui les pénetre. L’el’pritnbsp;de vin pofledant éminemment cette propriété ,nbsp;fut auffi Ie liquide qu’on employa de preference.nbsp;On prit un tube de verre fort étroit, terminé parnbsp;une boule d’un pouce environ de diametre, quenbsp;l’on remplit de cette liqueur, après l’avoir coloréenbsp;en rouge au moyen d’une teinture de tournefolnbsp;OU d’orfeille, afin qu’elle fut plus vifible. 11 eft aifénbsp;de fentir que la capacité de la boule étant conft-dérable eu égard a celle du tube, pour peu quenbsp;la liqueur fe dilatat, elle étoit forcée de paffernbsp;en partie dans Ie tube ; ainfi la liqueur y devoitnbsp;monter. Elle defcendoit au contraire néceflaire-njent, lorfqu’ellé étoit coiidenfée par Ie froid. Onnbsp;avoit feulement l’attention de faire enforte que ,nbsp;dans Ie plus grand froid, la liqueur ne rentrat pasnbsp;entiérement dans la boule, amp;c que, dans la plusnbsp;grande chaleur qu’on vouloit mefurer , elle n’en

1

Note du Cenfeur. Le premier thermometre décrit amp; piibiie par la vöie de rimprellion, l’a été par Salomon denbsp;Caux , ingénieur Francois, dans fon livre des Forces mou-vantes, imprimé en 1624 , in-folio , mais , a ce qu’il parole , antérieur pour la compofition , car 1’Epitre dédica-toire a Louis XIII eft de 1615 , amp;. Ie privilege accordénbsp;par ce nionarque eft de 1614. Ce thermometre eft unnbsp;thermometre d’air, qui agit, par la dilatation de ce fluidenbsp;renfermé dans une caiffe , contre Feau qu’il force de s’é-lever dans un tube. Drebbel, dont on f?aft feulement quenbsp;le thermometre étoit auffi un thermometre'a air, a-t-ilnbsp;precede Salomon de Caux, ou celui-ci a-t-il précédé lenbsp;phyficien Nort-Hollandois i C’eft ce qu’il paroit diükilenbsp;de determiner.

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;53f

fortït pas. Vers le bas etoit infcrites, par eftime, quelques indications , comine froid, amp; plus basnbsp;grand froid; versie milieu, temp éré; amp; (Jans lenbsp;baut chaleur, grande chalcur.

Telle eft la conftruclion du thermometre ap-pelé de Florence, dont on a fait ufage pendant ptès d’un ftecle; amp; tels font ceux que débitentnbsp;encore fouvent dans les provinces des charlatansnbsp;ambulants , amp; qu’achetent avec confiaiice des gensnbsp;peu inftruits.

Ce thermometre, en effet, quoique Ton ait retenu fa forme amp; la plus grande partie de fanbsp;conftruftion, a le defaut de n’indiquer que d’unenbsp;hianiere fort vague amp;: incertalne les variationsnbsp;de la chaleur. On peut bien fqavoir, par fonnbsp;moyen , qu’un jour il a fait plus froid ou plusnbsp;chaud qu’un autre , mais on ne peut comparer cenbsp;chaud ou ce froid a aucun autre, ni a celui d’unnbsp;autre lieu : d’ailleurs les mots froid Sc de chaudnbsp;n’indiquent que des relations. Un habitant denbsp;Mercure trouveroit probablement trés - frais , Scnbsp;peut-etre froid , utr de nos étés les plus chauds jnbsp;tandis que celui de Saturue , tranfporte fur lanbsp;terre dans un hiver de notre zone glaciale , lenbsp;trouveroit peut- être d’une chaleur intolerable.nbsp;Nous éprouvons'nous-mémes, a la fin d’un beaunbsp;jour d’été , un fentimcnt de froid , lorfquc nousnbsp;foinmes tranfportes dans un air beaucoup moinsnbsp;chaud; amp; au contraire.

On a cberche , par cette raifon, a faire des thennometres ou les degres de chaud 8c de froidnbsp;fuffent coinparables a un degré de chaleur ou denbsp;froid invariable dans la nature; enforte que tonsnbsp;les thermometres conftruits fuivant ce principegt;nbsp;quoiqvre par des mains différentes amp; en différents.

D iij.

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lt;j:4 Récréat. Mathémat. et Phvs.

lieux OU temps, s’accordaflent cependant entrè eux , amp;c niarquaffent Ie meme degré , étant expo-fés a la -même temperature. C’étoit Ie feul moyennbsp;de faire des expériences de quelque utilité fur cettenbsp;inatiere.

On y eft enfin parvenu , au moyen des deux principes fuivants , que l’expérience a fait dé-couvrir.

Le premier eft , que Ie degré de temperature de la glace pilée amp; commenqant a fondre , ou ,nbsp;fi 1’on vent, de l’eau commune commenqant a fenbsp;glacer , eft conftamment le même en tout lieunbsp;amp; en tous les temps,

Le fecond eft, que le degré de température de l’eau bouillante eft aufli toiqours conftante.nbsp;Nous entendons parler de l’eau douce , amp; nousnbsp;fuppofons d’ailleurs que la hauteur du thermome*nbsp;tre ne varie point ; car on fqait aufli que, lorfquenbsp;I’eaueft chargee d’un plus grand poids,ellea befoinnbsp;d’un degré de chaleur un peu plus grand que lorfi-qu’elie eft moins chargée. C’eft ce qu’on eprouvenbsp;dans la machine pneumatique , ou , ung parti«nbsp;de I’air étant vuidé , l’eau bout a un moindre degré de chaleur qu’expofée a I’air libre. P’ou fuitnbsp;cette efpece de paradoxe, qu’au fommet d’unenbsp;montagne I'eau n’a pas befoin d’autant de chaleurnbsp;pourbouillir qu’au pied. Mais quand la pefanteurnbsp;de I’air eft la méme , amp; que I’eau ne tient fenfible-ment aucun fel en folution , elle commence knbsp;bouillir an méme degré de chaleur ; amp; , une foisnbsp;parvenue a cet état, elle n’en contradfe pas un plusnbsp;grand, quelque fort que paroiffe le bouillonnement,nbsp;Ces deux degrés conftants de froid amp; de chaud,nbsp;aifés a fe procurer , ont paru par cette raifonnbsp;phyfiéiens 5 to«t-a-fait propres a fervir a la

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Physique.

conftruftion de leurs thermometres. Voici la ma-

niere la plus limple d’y proceder-

Ayez un tube, dont un des bouts folt renfle en boule d’un pouce environ de diametre: unenbsp;moindre dimenfion fuffira, fi le tuyau etoit abib-lument capillaire. Rempliffez-le de vif-argent,nbsp;jufqu’a quelques pouces au deffus de la boule.nbsp;Nous enfeignerous plus bas comment cela fe peutnbsp;faire. Prenez enfuite de la glace pilée , que vousnbsp;mettrezdans un vafe, amp; vous y plongerez la boulenbsp;de votre thermometre. Lorfque le mercure auranbsp;cefle de defcendre , faites une marque au tubenbsp;pour reconnoitre ce point; après cela faites bouil-lir de 1 eau douce , plongez-y votre thermometre,

amp;c remarquez le point ou il ceffera de monter : ce fera celui de I’eaubouillante, ll ne refle plus qu’anbsp;divifer cet intervalle en un nombre de parties ega-les, tel qu’on voudra ; celui de too me paroit lenbsp;plus convenable. Pour cet effet, on applique cenbsp;tube a une petite planchette , 1’on colie un papiernbsp;derriere le tube , amp; Ton divife I’intervalle entrenbsp;les deux marques, dans le nombre de parties qu onnbsp;a choifi; on en porte quelques-unes au deffousnbsp;du point de la glace , auquel on infcrit o; voilanbsp;un thermometre conftruit.

11 eft feulement neceftaire de s’affurer avec foin ft le diametre du tube eft le mêine dans toute fanbsp;longueur; car il eft aifé de.voir qu’un tube inegalnbsp;dans fon calibre , cauferoit au mercure des mou-¦vements irréguliers. Pour cet effet, on introduitnbsp;une petite goutte de mercure dans le tube, amp;nbsp;on le lui fait parcourir. Si elle y occupe par-tout la même longueur, il eft évident que le tubenbsp;n’a aucun endroit plus large ou plus rétréci qu unnbsp;autre; fi la goutte eprouve des allongements ott

D iv

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56 RÉCRÉAT. MATHéMAT, ET PhYS, raccourciflements , on doit y avoir égard, ou re-jeter Ie tube.

Plufieurs phyficiens modernes font entrés , pour la conftruflion de leurs thermometres , dans denbsp;grands détails fur 1’augmentation de volume qu’ac-quierent Ie mercure amp;c l’efprit de vin, lorfque dunbsp;ciegré de glacé ils paffent a celui de 1’eau böuilquot;nbsp;lante, Mais il rne paroit que, ces deux termesnbsp;étanf reconnus coinme invariables, ils pouvoientnbsp;s’épargner ces confidérations , qui ne font quenbsp;rendre leurs procédés fort embarraffants.

II nous rede a dire comment on remplit le tube amp; la bouteille de la liqueur deftinée ^ former lenbsp;thermometre , amp; que nous fuppoferons^ici dunbsp;Tuercure , par les raifons qu’on verra plus has; carnbsp;il y a des difficultes a executer cette operation,nbsp;fur-tout quand le tube eft capillaire. Voici la ma-niere de le faire,

Une premiere attention k avoir, eft de bieii nettoyer Pinterieur du tube; ce qui fe peut faire,nbsp;s’il n’eft pas capillaire, au moyen d’un petit tampon Lien fee, emmanché a un fil de métal, amp;nbsp;qu’on promene dans i’interieur. Si le tube eft capillaire , il faut echauffer d’abord le tube , amp;c en-fuite la boule. L’air foriant de cette derniere,nbsp;chaflera les petites immotidices qui y peuvent êtrenbsp;attachées.

II faut auffi que le mercure foit bien pur ou re-vivifié du cinabte, amp; qu’il ait bouilli, pour en drafter Pair qui peut y être dilféminé.

Après cela, on attache au foinmet du tube un petit eutonnoir de papier; mi approche d’abord,nbsp;amp; peu-a-peu, le tube d’un brafier ardent, de ma-niere a Péchauffer par degres|, amp; enfuite on échauffenbsp;k boule de la même maniere, enforte que ie tout

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;57

A)it aflez chaud pour ne pouvoir être tenu fans un gand epais. Quand le thermometre eft a ce degrenbsp;de chaleur, on le releve , amp;: on remplit de mer-cure échauffé le petit entonnoir ci-deflus. A nie-fure que le verre fe refroidit, 1’air s’y raréfie, amp;nbsp;donne entree au mercure dans la boulc, jufqu anbsp;ce qu’il (bit en equilibre avec lui. On reltere cettenbsp;opération pour faire entrer de nouveau mercure,nbsp;jufqu’a ce que la boule amp; le tube foient pleins.nbsp;Alors on graduele thermometre, enen chaflant,nbsp;par le moyen dela chaleur, tout ce qui excede cenbsp;qui doit y refter pour atteindre, étant plongé dansnbsp;1’eau bouillante, le point qu’on a fixe vers le hautnbsp;du thermometre. Ayant fixé ce point de I’eaunbsp;bouillante , amp; I’ayant marque ou par un fil ou parnbsp;tin trait de lime , on laifle refroidir le thermometre, amp; on le plohge dans la glace fondante; cenbsp;qui donne le point de la glace.

II eft aife de fentir que If, dans cette operation , tout le mercure rentroit dans la boule , il faudroitnbsp;y faire entrer un peu de mercure , pour porter plusnbsp;haut le point de 1’eau bouillante.

Cela fait, on allongera un peu a la lampe cl’e-mailleur le bout fuperieur du tube , amp; on echauf-fera le mercure au point de monter tout prés de fon fommet; enfin on le clorra hermetiquement anbsp;la lampe, amp; par ce moyen il ne reftera dans lenbsp;haut du tube qu’une quantite d’air imperceptible ,nbsp;ou aljfolument nulle.

On attachera enfuite ce tube a la planchette qui doit le porter, ainli que les divifions. Cette planchette doit être de quelque matiere qui eprouvenbsp;tres-peu d’allongement dans fa longueur par lanbsp;chaleur. Le fapin a cette propriété , amp; 1’avantaganbsp;de la légéreté; il faut que la boule foit ifolee du

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58 Récréat. Mathémat. et Phys. bois , afin qiie 1’air puiffe mieux circuler, amp; qu’ellcnbsp;ne foit pas affeftée par la chaleur que Ie bois peutnbsp;contraöer lui-mémè.

Unequeftion fe préfente ici. Quelle eft la liqueur la meilleure amp; la plus convenable pour former un thermometre bon 6c durable ? eft-ce 1’efi-prit-de-vin, eft-ce Ie mercure?

Nous croyons qu’il n’y a plus, a eet égard, de difficulté ni même de divifion parmi les phyfi-ciens. C’eft Ie mercure qui eft la liqueur la plusnbsp;convenable pour les thermometres. Ses avantaaesnbsp;»ur 1 elprit-de-vin ne paroitront pomt equivoquesnbsp;a qui confidérera,

1° Que tous les efprits-de-vin , a moins qu’ils ne foient bien déphlegmés , ne font pas tousnbsp;femblables. Et qui peut aflurer que , dans ces différents états, leur marche foit la même, ou qu’ilsnbsp;n’aient pas des mefures différentes de dilatation anbsp;un même degré de chaleur? C’eft même un pointnbsp;que l’experience a depuis vérifié. Dès-lors, plus denbsp;comparaifon certaine entre les divers thermometres a efprit-de-vin.

Si l’efprit-de-vln eft très-déphlegrné, alors, étant devenu une liqueur très-fpiritueufe amp; très-volatile, n’y a-t-ll pas a craindre que peu a peu ilnbsp;ne diminue de volume ? II eft vrai que pour ynbsp;obvier , on bouche hermétiquement Ie tube parnbsp;en haut: mais cette precaution n’empêchera pasnbsp;la partie la plus volatile de s’exhaler dans la capa-cité fupérieure du tube; amp; dès-lors l’efprit-de-vin ,nbsp;devenu moms dilatable a caufe du phlegme ref-tant, reftera au deflbus du degré oü il devroitnbsp;être ; c’eft même la ce qui arrivera a tout état denbsp;l’efprit-de-vin , foit qu’on 1’emploie pur ou pref-.que pur, foit qu’on 1’emploie avec l’eau , comme

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Physique.


Cela fe pratique ordinairement pour moderer fa d’ilatabilité.

3° L’efprit-de-vin bout ^ un degré de chaleur luoindre que celui de 1’eau bouillante , par confe-quent il n’eft plus propre a examiner des degrésnbsp;de chaleur plus grands que celui-la; car, paffenbsp;1’ébuHition, Ia inarche de la dilatation d’une li-.nbsp;queur ne fuit plus les mêmes loix, puifque , paffenbsp;ce terme, elle fe volatilife , ou fe reduit tout-a-coup en vapeurs d’un volume de plufieurs milliersnbsp;de fois plus grand.

D’un autre cote , I’efprit-de-vin allie d’eau ell fufceptible de fe geler a un degré de troid qui n’ellnbsp;pas beaucoup au deffous de celui de la congelation de 1’eau: ainli il fera peu propre a mefurernbsp;des degrés de froid fort au deffous de ce derniernbsp;terme.

Le mercure n’a aucun de ces defauts. Tout mercure, autant que les chimilles ont pu I’eprou-ver , eft'homogene, lorfqu’il eft pur , avec toutnbsp;autre mercure : il ne bout qu’a un degré de chaleur fix ^ fept fois plus loin du terme o, quenbsp;celui auquel I’eau elle-meme devient bouillante :nbsp;il ne fe congele qu’a un degré exceffivement plusnbsp;bas que celui de la congelation de Teau

Un autre avantage qu’il a, foit dans les thermometres , foit dans les barometres, c’eft que, tandis qu’il eft dans 1’aftion de monter, la furfacenbsp;de la petite colonne de mercure prend une figurenbsp;Convexe ^ amp; quand il defcend, une figure con-t^ave: ainfi , tant qu’on voit cette figure convexe,nbsp;peut dire qu’il eft dans I’aftion de monter, amp;

naire,


* On parlera plus loin de cette expérlence extraordi

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6o Récréat. Mathémat. et Phys,

quand elle difparoit 8c devient concave, c’efl: un figne qu’il defcend déja infenfiblement; ce qui eftnbsp;affez commode pour Ie pronoftic de la chaleur, amp;nbsp;pour reconnoitre fi elle aiigmente encore , fi ellenbsp;eft ftationnaire, OU fi elle commence a diminuer.

PROBLÊME XVII.

Dcfcrlption des Tkcrmowttres les plus célehres amp; les plus ujitls : Reduction des uns ciux autres.

Ön fait ufage en Europe de plufieurs thermo-I metres qui, quoique conftruits furies meines principes , different néanmoins dans leur divifion ou échelle ; car cette divilion ou échelle eft abfolu-ment arbitraire. II eft par conféquent néceftairenbsp;d’en donner une idee , pour les rédulre l’un anbsp;I’autre.

• Ces thermometres font celui de Fareinheit, artifte Anglois^ celui de M. de Reaumur, celuinbsp;de M. Celiius, amp; celui de M. D.elifle.

Le premier de ces thermometres eft fait avec Ie mercure, amp; a une gradation qui au premier alxirdnbsp;paroit fort bizarre. Au froid de la glace répond lenbsp;32.® degré , amp; depuis ce terrne jufqu’a celui denbsp;1’eau bouillante on compte 180 degrés , enfortenbsp;que la chaleur de 1’eau bouillante répond aunbsp;degré. La raifon de cette divifion eft , que Fareinheit prit pour le degré O de fon thermometre ,nbsp;le plus grand froid qu’il put exciter avec un nié-lang e de neige amp; d’efprit de nitre ; il plongea en-fuite fon inftruinent dans la glace fondante , 8cnbsp;enfin dans 1’eau bouillante, amp; il divifa en 180nbsp;parties l’intervalle entre ces deux derniers points inbsp;ce qui lui en donna 3 z entre le froid artificiel cir

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Physique*

deffus, Sc celui de la glace ordinaire. L’expérlence a appris depuis , qu’on peut produire un froid arti-ficiel bien plus confidérable que celui qu’avoltnbsp;produit Fareinheit,

Ce thermometre eft celui dont les Anglols font Ie plus communément ufage ; en quoi ils me pa-roilTent facrifier un peu a eet attachement national qul leur fait rejeter les inventions étrangeres,nbsp;quoique meilleures. Ce que je dis, au refte, nenbsp;tombe que fur la dlvifion bizarre du thermometrenbsp;de Fareinheit; car 11 nous paroit être Ie premiernbsp;qui ait employé Ie mercure , amp; en cela on nenbsp;peut trop applaudir a fon idéé. On pourrolt donnet toujours fon nom a fon thermometre , ennbsp;reftifiant fon échelle , c’eft-a-dire en portant Ienbsp;Ie degré o a fon 32^ ; alors il y en auroit i8onbsp;entre la glace amp; 1’eau bouillante , Sc Ie degrénbsp;uftuellement marqué o dans ce thermometre , fe-roit Ie —32e, en délignant par Ie figne négatif—nbsp;les degrés au deffous de la glace.

Le thermometre de Reaumur eft fait ordlnalre-ment avec l’efprit-de-vin; Sc fa graduation eft telle, que le degré de la glace fondante étantnbsp;marqué o , celui qui répond a 'l’eau bouillante eftnbsp;80; ainfi il y 3 80 degrés entre ces deux tenues.nbsp;Au deftouS' de o on compte encore 1,2., 3,4,nbsp;en ajoutant ces mots, au dijfous de la glace , ou ,nbsp;pour abréger , en poignant au degré le figne—.nbsp;C’eft ainli que nous en avons ufé dans les tablesnbsp;fuivantes.

Nous avons déja fait nos obfervations fur 1’ef-ptit-de-vin, employé de preference par M. de l^éautuur; il eft fuperflu de les répéter ici.

Le thermometre de M. Delifle eft fort ufité dans le nord, Sc par cette raifon il eft a propos

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Récréat MathéMat. et Phys.

|j;.i

d’en faire connoitre la divifion, M. Delifle, paf des raifons aflez arbitraires, a fait partir fa divi-/ion du degré de 1’eau bouillante en defcendant,nbsp;6c elle eft telle, qu’entre ce point 8c celui oü 1’eaunbsp;fe congele , i! y a 150 degrés: ainfi 150 degrésnbsp;cle fon thermometre répondent, pour l’étendue,nbsp;a 80 de celui cle Reaumur, ou 180 de celui denbsp;Fareinheit.

Enfin MM. Celfius d’Upfal , 8c Chriftin de

P'''?

Lyon, reconnoiffant les défauts de l’efprit-de-vin , amp; trouvant aulTi des inconvénients dans la divifion en 80 degrés, ont chercbé a y remédier, ennbsp;faifant leur thermometre avec du mercure , 8c ennbsp;comptant 100 degrés depuis Ie terme de la glacenbsp;jufqii’a celui de 1’eau bouillante. Ce thermometrenbsp;ne differe au fond de celui de M, de Réaumur,nbsp;qu’en ce qu’ils y ont employé Ie mercure au lieunbsp;de refprit-de-vm, 8c qu’ils mettent 100 divifionsnbsp;dans Ie même ef^jace oü M. de Reaumur n’en anbsp;mis que 80 : ainfi un degré du thermometre de M.nbsp;Celfius, équivaut aux f d’un degré de celui de M.nbsp;de Réaumur; 8c par conféquent la réduéllon denbsp;1’un a 1’autre eft facile, amp;C il feroit fuperfiu denbsp;l’enfeigner ici. Nous nous bornons a montrernbsp;comment les divifions de Fareinheit 8c de M. Delifle fe réduifent a celle de M. de Réaumur,nbsp;attendu qu’il y a un peu plus de difiiculté.

Si done Ie degré de Fareinheit efl; au deflfus du 32®, il faut en retrancher 32 , multiplier Ie refienbsp;par 4 , 8c divifer Ie produit par 9: Ie quotient feranbsp;Ie degré correfpondant de la divifion de Reaumur. Que Ie degré propol'é de Fareinheit foit, parnbsp;exemple, Ie 149®: de ce nombre ótant 32, Ienbsp;refte efl; 117, cju’on multipliera par 4 ; Ie produitnbsp;fera 468, qui étant divilë par 9, donnera pour

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Physique.

c}uotient 51: c’eft le degré correfpondant du ther-inometre de Reaumur.

Sile degré de Fareinheit eft entre i Sc 32 , 11 faut I’oter de 3 2 : le reftant étant multipUé par 4 ,

le produit étant divife par 9, on a au quotient le degré correfpondant du thermometre de Réaumur. Ainfi le 12® degré du thermometre de Fa-renheit, répond au 8® I de Réaumur au deflbusnbsp;de la glace.

Enfin , lorfque le degré própofé eft au-deftbus de o , il faut I’ajouter a 32 , amp; opérer fur le reftant comme on a dlt plus haut: on aura au quotient de la divifion le degré correfpondant de M.nbsp;de Réaumur. On trouve ainfi que le 4^^ degré dunbsp;thermometre de Fareinheit au deftbus de o, répondnbsp;au 34®f au deffus de o dans le thermometre dunbsp;phyficien Franqois.

Que fi , au lieu de multiplier par 4 Sc divifer par 9, on eut multiplié par 5 amp; également divifénbsp;par 9, on auroit eu le degré du thermometre denbsp;MM. Celfius amp; Chriftin.

Quant a la maniere de reduire la graduation de M. de Réaumur , ou celle de M. Celfius anbsp;celle de Fareinheit, il eft aifé de voir qu’il fautnbsp;faire une operation inverfe de la précédente. Celanbsp;eft frop facile pour s’y arrêter.

A 1’égard du thermometre de Delille , il eft aifé devoir, par fa conftruéfion, que lenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;degré

de celui-ci répond au degré o de celui de Reaumur. Si done le degré montré dans le premier eft moindre que i^o, il faut commencer par I’oternbsp;ds t^o, le reftant, multiplié par 8 amp; divifénbsp;P^t I fera celui du fhermometre de Reaumur aunbsp;deflus de la glace,

Que 1’on ait, par exemple, le degré 1 zo du

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64 Récréat, Mathémat. et Phys* thermometre cle Delifle : ótez ce nombre de 150*nbsp;il vous reftera 30; puis faites, comme 130 a 80,nbsp;OU comme i 5 a 8 , alnfi 30 a un quatrienie terme,nbsp;qui fera 16: ce ^eja Ie degré du thermometre denbsp;Reaumur au deffus de la glace , ou de o.

Si Ie degré du thermometre de Delifle excé-doit r^o, qu’il fut, par exemple , iqo ; ótez-en 150, Ie refte fera 40; puis faites cette proportion ,nbsp;comme 15 a 8 , ainfi 40 a z i j : ce fera Ie degrénbsp;du thermometre de Réaumur au delTous de o, quinbsp;répondau 190^ degré du thermometre de Delifle,nbsp;II doit être facile au leéfeur intelligent de fairenbsp;la réduftion contraire , ainfi nous nous borneronsnbsp;aux exemples ci-defTus.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^

II feroit fans doute fort a fouhaiter que tous les irhyficiens convinffent aujourd’hui de ne fairenbsp;ufagé que d’un thermometre uniforme , foit par lanbsp;matiere qui y feroit employée , amp; qui devroit êtrenbsp;Ie mercure, foit par la divifion de 1’échelle. A cenbsp;dernier égard, il n’y 3 non plus nul doute qu’on nenbsp;dut donner la préférence a la divifion de 100nbsp;entre la glace amp; l’eau bouillante , les divifionsnbsp;décimales ayant beaucoup d’avantages , pour lanbsp;facilité du calcul, lur toute autre divifion.

PROBLÊME XVIII.

ConjlruUion d'un autre Thermometre mefurant la chaleur par la dilatation Tune barre de metal.

La propriété qu’ont tous les métaux de fe dilater par la chaleur, fert de principe a la confirudionnbsp;d’un autre thermometre extrêmement utile , en cenbsp;que Ton peut, par fon moyen, mefurer des degrésnbsp;de chaleur beaucoup plus grands qu’avec les ther-

mometres


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pHYSIQUÊé nbsp;nbsp;nbsp;65

ftlOmetres ordinaires ; car Ie therinometre at efprit-de-vin ne peut fervir a mefurer cie chaleur plus grande que celle que peut prendre refprlt-de-vinnbsp;bouillant. Avec celui de mercure , on ne peutnbsp;iTielurer une chaleur plus grande que celle du iner-cure parvenu a rébullition. C’eft peut-être pournbsp;Cette ration que Newton employoit dans Ie fiennbsp;l’huile de lln ; car il eft reconnu que les huilesnbsp;graffes ne parviennent a rébullition que par unenbsp;chaleur beaucoup plus grande que celle de plu-fieurs métaux ou demi-inétaux fondants, commenbsp;Ie plomb, rétain , Ie bifmuth , amp;c.

M. Mufchenbroeck eft l’auteur de cette nou* Yelle efpece de thermometre, autrement appelénbsp;Pyrometrc. Nous nous bornons a indiquer fa conf-truéfion.

Qu’on fe repréfente une petite verge de métal de 11 OU 1 ^ pouces de longueur , arrêtée fixément parnbsp;une de les extrémités; il eft évident que ft la chaleur la ddate , elle fera allongée , amp; fon autre ex-trémité pouffée en avant. Si done cette extrémiténbsp;tient au bout d’un levier , dont l’autre extrémiténbsp;s’engraine avec Ie pignon d’une roue dentée ,nbsp;que cette roue fade pareillement mouvoir Ie pignon d'une feconde, celle-ci celui d’une troi-fieme, 8ste : il eft aifé de fentlr , qu’en muhipüantnbsp;ainfi les roues amp; les pignons,on parviendra a don*nbsp;uer a la derniere tin mouvement très-fenfible , en-lorte que Textrémité mobile de la petite barre nenbsp;ft^auroit parcourlr un centieme , un millieme denbsp;ligne , fans qu’un point de la circonférence de lanbsp;derniere roue parcoure plufieurs pouces. Cettenbsp;circonférence s’engrainant done avec un pignonnbsp;portam une aiguille, cette aiguille elle - mêmenbsp;pourra faire piufteurs revolutions , quand la barrenbsp;Toirii IV,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;E

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66 RicRÉAT. Mathémat. et Phys.

lie fe fera étendue que d’une quantité tout-a-fait infenfible ; ou au contraire. On pourra enfin me-furer fur un cadran divifé en parties égales, lesnbsp;portions de cette revolution, amp;, par Ie moyennbsp;du rapport des roues avec les pignons, determiner la quantité abfolue dont un certain degré denbsp;chaleur aura fait allonger la petite barre ; ou bien,nbsp;par Tallongement de cette barre, juger du degrénbsp;de chaleur qui lui a été applique.

Telle eft la conftruftion du pyrometre de M. Mufchenbroeck. II eft néceftaire d’ajouter qu’il ynbsp;a une cuvette adaptée a la machine, afin de rece-voir les matieres liquides ou fondues qu’on veutnbsp;foumettrea 1’expérience, amp; danslaquelle fe t^ouvenbsp;alors plongée la barre d’épreuve.

Lors done qu’on voudra inefurer , au moyen de eet inftrument, un degré de chaleur eonfidé-rable, comme celui de l’huile bouillante ou d’unnbsp;métal fondu , on remplira de cette matiere Ia cuvette deftinée a la recevoir, amp; on 1’y tiendra dansnbsp;i’état on on veut faire 1’expérience. La dilatationnbsp;de la barre de fer plongée dans la matiere , indi-quera ,'par les tours de l’index , Ie degré de chaleur qu’elle a pris, amp; qui doit néceflairement êtrenbsp;égal a celui de la matiere dans laquelle elle eftnbsp;plongée.

Cette même machine fert a déterminer les rapports de la dilatation des métaux ; car, en fubfti-tuant a la barre d’épreuve des barres de différents métaux amp; exaftement de même longueur, en lesnbsp;échauffant enfulte également, amp; a des degrés dé-termlnés, on voit, par Ie chemin de l’aiguillenbsp;qui fert d’index, les rapports de leur allongement.nbsp;On peut auffi les échauffer par une ou plufieursnbsp;ineche's a l’efprit-de-vin. On donnera plus loinnbsp;la table de ces rapports.

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Physique. -‘i^s différents degrés de chaleur auxquels differentes matures commencent a fe fondre , ounbsp;^ fi } OK a entrer en ebullition ^ réduits auxnbsp;thamp;rniometres de Fareniheit, Reaumur, amp; Celjius.


|Degrés

de Farenh

-35O7 568nbsp;708nbsp;32nbsp;212

- 33

175

7 190


NOMS

. P ES Matieres.

Mercure fe congelant,........

lercure devenu malléable ,

:^ercure bouillant tau fe glafant,

Eau bouillante,

Efpnt-de-vin reftiSé fe gla9ant,

Ee mêrne bouillant,....................

Eau-cle-vie formée de parties éga-les d’efpritamp;d’eaUjfegla^ant,

Eamême bouillante,..................

faturée de fel marin, bouil-

j nbsp;nbsp;nbsp;......

*.euive de cendres gravelées ,

bouillante, ............................

'o Eourgogne, Bordeaux,

amp;c. fe gla^ant, .....

;piprit de nitre glacé ,

-Le même bouillant La cire fondantenbsp;Le beurre fondant,

Huile deTérébenthine cotnnien-

9ant a bouillir,.........

Hnüe d’olivefe figeant,

«ude de navette, bouillante amp;

prête a s’enflammer, ..............

Etain fondant, •

Elomb fondant,

Bifmuth, id...................

Eégule d’antimoine , id-.

AntiniQjj^g ..........................

Argent. nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' ) “-S

Or,........... ......................

Cuivre, ........


Degrés'Degrés

,de nbsp;nbsp;nbsp;de '

Réaum.'Celsius


— nbsp;nbsp;nbsp;170

— nbsp;nbsp;nbsp;266nbsp;, 300

o

80

63 T

— nbsp;nbsp;nbsp;171nbsp;70

B2|

nbsp;nbsp;nbsp;3}

— nbsp;nbsp;nbsp;3^

93?

49?


— nbsp;nbsp;nbsp;212-if

-333

373

o

100

— nbsp;nbsp;nbsp;36

79


240

20 — 40nbsp;242

142

80 a 90 21 a 26 560nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;234

5


43

714

408

540

460

805

tn


298

167

226

190

344


87?

1031 114

- nbsp;nbsp;nbsp;7?

— nbsp;nbsp;nbsp;40

116 62 Fnbsp;26 a 32nbsp;292

6?

372

309

282

238

430


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68 Récréat. Mathémat. et Phys.

II, Table des différents degris de chaleur ou de froid, obfervés en divers lieux de la Terre, oUnbsp;dans certaines circonjlances, ou pour certainesnbsp;operations , rlduits au thermometre de Reaumur,

Degree,

Chaleur conftante des caves de l’Obfervat. de Paris, 95

de I’incubation des poules,....................quot;quot;35

pour faire éclore les vers-a-foie,................19

a maintenir dans une orangerie,................15

pour la ferre aux ananas ,..........................18

pour la chambre d’un malade,..........-........17

pour Ie poële, ............-..............................12

Chaleur humaine a la peau,............................29 a 30

humaine intérieure , ..............................v-31

humaine avec la fievre,....................31 a 40

a Paris en 1753 , ..........

..............3oi

..............37

en Syrië en 1736,..........

...............35

a la Martinique,............

..............32

Paris en 176Ó,..............

..........- 9i

en 1740,..............

.......... lOï

en 1754,...............

en 1767, ...............

..........-13

en 1768,...............

.........-Mquot;

en 1709,...............

.........-i5t

en 1776,...............

..........

a Pétersbourg, Décemb. 1759,---33^

ibid., 6 Décembje 1772,........—50

aTornéo en 1737,.................... —37

a Kébec , .................................. —37

a Upfal en 1733 , .................... —40

a Kiringa en Sibérie, en 1738 ,

( Vbyei^ Flora Siberica,)........ 70

Froid ardficiel avec l’efprit de nitre amp;. la neige, refroidis au 33' degré,'*....................................—170

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P H Y S I Q UE, nbsp;nbsp;nbsp;Ó9

Table des rappons de dilatation des Métaux par La chaleur^ fuivant M. Ellicot.

N O M S nbsp;nbsp;nbsp;Dilatations

Des Métaux. nbsp;nbsp;nbsp;refpeftives.

Or,......• • . 73

Argent,........103

Cuivre,........89

Similor,........95

Fer, .........60

Acier .........56

Plomb,..... 149

Etain.........148

Ob SE RVA T ION S fur les Tables précédentes.

Les tables précédentes nous donnent lieu 5c Occafion de faire quelques remarques intéreffantes.

I. La premiere .efi: la coagulation du mercure, produite par un degré extraordinaire de froid.nbsp;Cette llnguliere experience fut faite clans Ie moisnbsp;de Décembre 1759 , a Pétersbourg, amp; méritenbsp;qu’on en parle avec quelque étendue.

Le froid s’étant fait relTentir dans cette ville avec une rigueur extraordinaire en Décembrenbsp;*7^9, M. Braun crut devoir faifir cette occafionnbsp;pour faire quelques expériences fur le froid artifi-ciel qu’on pourroit produire par fon moyen : il-^it dans un verre de la neige déja refroidie aunbsp;2.08e degré du thermometre de Delifle, ouau 31®nbsp;celui de Reaumur, amp; ayant refroidi au même.nbsp;degré de bon efprit de nitre fumant, il le verfanbsp;fur cette neige. II y plongea aufÜ-tót la boule d’uix

Eiij

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70 RiCRÉAT. Mathémat. et Phys. thermometre, tellernent conftruit qu’il avoit en^*nbsp;virori 600 degrés tant au deffus qu’au deffous dunbsp;zéro , (qui, dans Ie thermometre de Deüfle , eftnbsp;Ie terme de l’eaubouillante ) ; il vit avec étonne-inent Ie mercure defcendre affez rapidement jiiAnbsp;qu’au 470e degré au deffouS de ce point. Le mercure s’étant alors arrêté , M. Braun fecoua le thermometre , amp; il reconnut cjue le mercure n’avoitnbsp;aucun mouvement Sc étpit gelé. !l caffa la boulenbsp;du thermometre , amp; trouva en tlFet le mercurenbsp;glacé. Cette expérience fut répétée , foit le mêmenbsp;jour, foit Ie 26 Décembre , oir le froid naturelnbsp;fut encore plus rigoureux , amp; fit defcendre le mercure jufqu’au 212® degré de Delille , ou le 33^ denbsp;Réaumur. Plufieurs académiciens de Pétersbourgnbsp;affifterent a cette derniere, amp; en confiaterent lanbsp;vérité. La petite boule de mercure congelé futnbsp;même foumife au marteau , amp; parut avoir la duc-tilité du plomb.

Une chofe alTez finguliere, amp; que M. Braun remarqiie avec étonnement, c’eft que , dans plu-iieurs de ces expériences, le mercure defcendoitnbsp;avec une viteffe modérée , du point de la tempé-rature de Pair, a celle de 470 degrés au delTus denbsp;zéro ; mais arrivé a ce terme , il fe précipitoitnbsp;tout-a-cotip jufqu’au delfous du 600'=, fans quenbsp;la boule du thermometre fut rompue.

Ce phénomene ell:, a mon fens, a peu pres l’in-verfe de celui qui arrive dans la congelation de Peau. On fqait qu’a meliire qu’elle le refroiditnbsp;^lle diminiie de volume ; mais arrivée une foisnbsp;@11 degré de congelation, au moment que fenbsp;fait cette congelation , elle augmente tout-^-coupnbsp;4e volume, enfortp que prpbablement, dans unnbsp;^ ^aii pure 3 on v^rroit d’abprd.

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;71

baiffer, amp; enfuite monter tout-a-coup , ou faire fauter en morceaux la boule du thermometre. C’ellnbsp;un effet de I’arrangement nouveau des parties ,nbsp;qui fe fait avec une force prefque irrefiftible, aunbsp;moment ou elles font toutes en contaft.

Or il arrive probablement au mercure tout le contraire; c’eft-a-dire que, refroidi au point ounbsp;fes particules .integrantes fe trouvent prefque ennbsp;contaft , elles s’arrangent tout-a-coup en vertu denbsp;leur attraftion mutuelle , amp; leur forme eft appa-remment telle que , dans cette difpofition , ellesnbsp;doivent occuper moins de volume , comme cellesnbsp;de 1’eau en occupent davantage.

Quoi qu’il en foit de cette explication , 11 eft conftaté par I’experience de M. Braun , que lenbsp;mercure n’eft qu’un metal, tenu en fufion par unnbsp;degré de chaleur beaucoup moindre que celui quinbsp;gele I’eau amp; une multitude d’autres liqueurs. IInbsp;faut même le tirer de la clafle des demi-metaux,nbsp;amp; le ranger au nombre des veritables metauxnbsp;qui par-la fe trouvent au nombre de fept; grandenbsp;amp; belle decouverte pour ceux qui tiennent auxnbsp;propriétés myftérleufes des nombres ; car ilsnbsp;étoient fort déroutés de ne trouver que fix metauxnbsp;veritables. J ai connu un homme enchante, parnbsp;cette feule raifon, de 1’expérience de M. Braun;nbsp;amp; de fon double effer de porter au nombre de 7nbsp;les vrais metaux , de reduire a 5 celui desnbsp;demi-metaux.

On voit auffi dans cette experience, la raifon pour laquelle le mercure eft le plus volatil desnbsp;métaux. En effet, puifqu’il ne faut, pour le tenirnbsp;cn fufion, qu’un degré de chaleur fi fort au delTousnbsp;de celui qui liquefie la glace, il n’y a plus a s’e-tonner qu’au-dela du 300® degré du thermometry

E iv

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yi Récréat. Mathémat, et Phys. de Reaumur, ü commence a fe volatilifer; carnbsp;ce degré eft environ Ie 500® au delTus de celuinbsp;qui Ie tient déja en tufion : il eft a peu prés a foilnbsp;égard ce que feroit Ie 600® pour Ie plomb , ou Ienbsp;1200® pour Ie cuivre, amp;c.

II. Une feconde remarque a faire ici , c’eft qu’a la vérité Ie degré de l’eau commencant a fe gla-cer , eft fixe ; mais il n’en eft pas tout-a-fait denbsp;jnême de celui de l’eau bouillante, 11 eft reconniinbsp;que plus l’eau eft chargée par Ie poids de l’atmo-fphere, plus il faut qu’elle foit échauffée pournbsp;bouillir. Cela avoit déja été remarqué par M. Ienbsp;Monnier , qui avoit trouvé au fommet du Cani-gou, que l’eau bouillante ne faifoit monter Ie ther-mometre qu’au 78® degré. Cela a depuis 'éténbsp;vérifié par divers phyficiens, coirime M. de Se-condat, fils du célebre M. de Montefquieu , furnbsp;Ie Pic du Midi, l’une des montagnes les plus hautesnbsp;des Pyrénées; amp; par M. Duliic, fur une monta-gne plus élevée encore que celles-la. On fait auflxnbsp;bouillir de l’eau fous Ie recipient de la machinenbsp;pneumatiqae , a un degré fort inférieur au 8o«nbsp;du thermometre ; il fuffit d’eii évacuer l’air ennbsp;partie, Ce degré du thermometre a done befoinnbsp;d’être. fixe , en faifant attention a la hauteur dunbsp;barometre; dans les thermometres rectifies Scnbsp;comparables, dont nous avbns entendu parler, Ienbsp;degré 80 eft celui que donne l’eau bouillante ,nbsp;lorfque Ie barometre eft élevé de 27 pouces denbsp;Paris. C’eft ce qu’on doit entendre par Ie degrénbsp;de l’eau bouillante.

On voit aufli que les liqueurs les plus tenues bouillent k un degré de chaleur-moindre quenbsp;Peau, mais que les huiles grades exigent un dc'nbsp;gré ds chaleur incomparablement plus grand,

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;75

III. nbsp;nbsp;nbsp;Nous avons reftifié d’après des obferva-tions de M. Duluc, ou faites a fon invitation,nbsp;le degré de la temperature des caves de I’Obferva-toire de Paris, qui n’eft pas 10, comme on le ditnbsp;ordinairement, mais 9-j au plus. Nous avons auflinbsp;reftifié , d’après les obfervations de M. Braun , lenbsp;degré du mercure bouillant, qu’on place d’ordi-ïiaire au 6oo^ de Farenheit, mais qui, fuivant cenbsp;phyficien , eft le 708 au 709.

IV. nbsp;nbsp;nbsp;Dans la table de la dilatation des metaux.nbsp;On volt que I’aciereft celui qui fe dilate lemoinsnbsp;par la chaleur, enfulte le fer, Tor. Le plombnbsp;amp; I’etain font ceux qui fe dilatent le plus. Aunbsp;lefte on voit par cette table, que la dilatabllitenbsp;ne fuit, ni le rapport des pefanteurs fpeclfiques ,nbsp;ni celui des degrés de duèlilité , ni celui des forcesnbsp;de ces metaux : il y a même des irrégularités dansnbsp;leurs dilatations, qui pourroient faire deftrer quel-ques experiences plus précifes amp; plus multipliees.

PROBLÊME XIX.

Quelle ejl la caufe qui fait que fur les hautes montagnes^ même fur celles qui font fituees fousnbsp;la [One torride, on éprouve prefque continuelle-ment un froid rigoureux, tandis que dans lanbsp;plaine ou dans les vallons il fait chaudd

C’est un pbenomene qui a depuis long-temps excite 1’attention des phyficiens , que ce froid rigoureux qu’on éprouve fur les hautes montagnes ,nbsp;tandis que dans la plaine on efluie quelquefois lanbsp;plus grande chaleur. On fqait aujourd’hui qu’unnbsp;des climats les plus chauds de I’univers, eft la cote

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74 Récréat. Mathémat. et Phys. du Pérou: cependant, qu’on s’éieve de-ia peu anbsp;pen dans les Cordillieres , on obferve que la cha-leur diminue progreffivement; enforte que quandnbsp;on eft dans la vallée de Quito, a 1400 toifes environ au deflTus du niveau de la mer , Ie thermo-inetre atteint a peine, pendant toute 1’année , Ienbsp;13e OU 14e degré au deffus de zéro. Si Tonnbsp;inonte plus haut , a cette temperature fuccedenbsp;celle d’un hiver rigoureux ;amp; quand on s’eft élevénbsp;a environ 2400 toifes de hauteur perpendiculaire ,nbsp;on ne rencontre plus , même fous la ligne, quenbsp;des glacés qui ne fe fondent jamais.

Comment, ont dit quelques phyficiens, cela peut-il fe faire ? A mefure qu’on s’éieve ?u defliisnbsp;de la fu'rface de la terre, on s’approche du fo-leil; fes rayons doivent conféquemment être plusnbsp;chauds, amp; Ton éprouve tout Ie contraire. Quel-ques-uns en ont conclu que les rayons du foleilnbsp;n’étoient pas Ie principe de la chaleur que nousnbsp;éprouvons ; car s’ils Ie font , par quel méca-nifme, par quelle caufe ont-ils moins d’aclivité ,nbsp;préciféinent dans Ie lieu oü ils devroient en avoirnbsp;davantage} Nous allons travailler a éclaircir cenbsp;paradoxe.

II faut d’abord confidérer ici que , quoique I’on s’éieve de quelques milliers de 'toifes au deffusnbsp;de la furface de la terre, on a tort d’en conclurenbsp;que les rayons du foleil doivent y avoir plus d’ac-tivité qu’a la furface même. Cette différence fe-roit infenfible, quand on s’éleveroit même d’unnbsp;demi-diametre ; car Ie foleil étant a 22000demi-diametres de la terre , amp; la chaleur des rayonsnbsp;folaires augmentant en raifon inverfe des quarrésnbsp;des diftances, la chaleur du foleil direéf a la hauteur cl’un demi-diametre terreftre, feraa, celle qu’oa

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Physique. ^ yj ëprouvera a la furface, comme le quarre de 119C)Cgt;nbsp;au quarre de 21998 ; raifon qu’on troiive êtrenbsp;celle de 10999 a 10998, ou de 11000 a 10999,nbsp;enforte qiie la chaleur ne feroit que d’un iioooe 'nbsp;moindre a la furface qu’a la diftance d’un demi-dia-metre. Quelle fera done la difference qui pourranbsp;refulter de s’être élevé au deffus de la furface denbsp;la terre de 2 a 3 mille toifes ? Rien alTurement,nbsp;amp; 1’on ne doit en aucune maniere faire attentionnbsp;a cette différence.

Mais il eft des caufes phyfiques, Sebien fenfi-bles, pour lefquelles les corps doivent moins s’e-chauffer, amp; conferver moins long-temps la chaleur dans ces parties élevées de la terre que dans les bas. II eft conftant que la chaleur que nousnbsp;eprouvons a la furface de la terre , n’eft pas uni-quement le produit de la chaleur direde du folell,nbsp;mais celui de plufieurs caufes reunies.

Ce font, i°la malTe des corps échauffés, qui confervent d’autant plus long-temps la chaleurnbsp;qu’ils ont une fois reque , qu’ils font plus denfesnbsp;amp; plus volumineux : ainfi la chaleur communi-quee aux corps terreftres pendant un jour de beaunbsp;foleil, y refte encore en très-grande partie pendant la nuit: le lendemain elle reqolt un accroifte-ment de la prefence du foleil; amp; ainfi fucceffive-ment. 1° L’air étant plus denfe dans la plaine Scnbsp;dans les vallons, y conferve aufli une plus grandenbsp;partie de la chaleur qu’il a reque dans la journee ,nbsp;Sc empeche la diflipation de la chaleur qu’ils ontnbsp;reque. De-la vient que la chaleur s’accroit dansnbsp;les bas continuellement, a mefure que le foleilnbsp;monte fur I’horizon. Mais il n’en eft pas ainfi furnbsp;le fommet des montagnes.

En premier lieu, 1’air y eft d’une beaucoup plus

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7(3 Récréat. Mathémat. et Phys, grande rareté que dans les bas; Ie foleil n’eft pasnbsp;plutót abaiffé vers l’horizon , qu’il perd la chaleurnbsp;qu’il en a reque depuis fon lever. Car jl n’eftnbsp;perfonne qui n’ait obfervé qu’un corps denfe ,nbsp;comine une piece de monnoie , conferve plusnbsp;long-temps fa chaleur qu’un corps de peu de denote , comine de 1’étoffe. Qu’on s’approche etinbsp;effet d’une cheminée oü brule un grand feu ; aprèsnbsp;y avoir refté quelque temps debout, on trouveranbsp;i’argent qu’on a dans fa poche, brülant: qu’onnbsp;s’en retire , il Ie fera encore long-temps, tandis quenbsp;1’on aura déja fes vétements réduits au degré denbsp;chaleur ordinaire. Ainfi Ie peu de chaleur quenbsp;1’air léger de la montagne a requ pendant unenbsp;journée d’été , eft auffi - tót diffipé : il ne s’y ennbsp;accumule point comme dans les bas, ou d’ailleursnbsp;Ie contaél des corps denfes amp; terreftres violem-ment échauffés , contribue a Ie maintenir dansnbsp;fon état. Secondement , les pies ifolés de cesnbsp;montagnes extrémement élevées, ne font que denbsp;petites maffes en comparaifon de la totallté desnbsp;corps terreftres des plaines ou des vallons voi-fns. S’ils font échauffés jufqu’a un certainnbsp;point, la chaleur qu’ils ont reque s’évapore très-vite ; en quoi elle eft aidée par la fraicheur denbsp;1’air environnant , refrokU au degré de la glacenbsp;prefque auffi-tót que Ie foleil eft couché.

D’après ces raifons, il eft aifé de concevoir que 1’air qui regne fur les hautes montagnes , nenbsp;contraéle que très-paffagérement un certain degrénbsp;de chaleur ; qu’il eft prefque toujours au deffousnbsp;de la température de la glace même ; qu’ainfi tousnbsp;les météores aqueux cjui s’y forment, tournent ennbsp;neige amp; en glacé ; qu’une fois qu’il s’y en feranbsp;forraé une certaine maffe, elle oppofera a 1’intxo-

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;77

duftion de la chaleur, foit dans I’air clrconvoifin, foit dans les parties qu’elle couvrira, un nouvelnbsp;obftacle qui tendra a augmenter le froid Sc lanbsp;maffe de ces glacés, C’eft ainli que fe font formes ces immenfes amas de neige amp; de glacésnbsp;accumulées qui couvrent les fommets des monta-gnes des Cordillieres , ainfi que quelques cantonsnbsp;des Alpes, des Apennins , enfin de toutes lesnbsp;montagnes de l’univers dont la hauteur excedenbsp;une certaine limite , qui eft, dans la zone torride,nbsp;d’environ 2400 toifes d’élévation perpendiculairenbsp;au deffus du niveau de la mer.

Nous difons dans la zone torride, car il faut remarquer que cette hauteur efl: d’autant moindre,nbsp;que la latitude eft plus grande : ainfi, dans lanbsp;zone torride , il faut s’élever jufqu’a 1400 ou 1500nbsp;toifes pour arriver a cette region de glacés perpé-tuelles ; mais dans la zone tempérée , par exem-ple , il ne faut s’élever qu’a 14 ou 15 cents toifesnbsp;de hauteur pour arriver a ces glacieres éternelles.nbsp;Le commencement de celles qu’on trouve dans Ianbsp;Suiffe , eft , fuivant les mefures de M. Duluc ,nbsp;a 1500 toifes au deffus de la mer Méditerranée:nbsp;avancez encore davantage dans le Nord, vousnbsp;les trouverez plus voifines du niveau de la mer.nbsp;Les glaciers de la Norwege font certainementnbsp;inoins élevés que ceux de la Suiffe. Enfin, dansnbsp;la zone glaciale , cette region de glacés continuesnbsp;eft précifément a la furfacé de la terre. De-lanbsp;vient que la glace n’y fond point, comme toutnbsp;le monde fqait. Une couronne de glacés envi-ronne a plufieurs centaines de lieues le p61e tantnbsp;arftique qu’antarftique , amp; probablement inter-dit a jamais l’efpérance de voir traverfer par desnbsp;vaiffeaux 1’Océan glacial ^ pour gagner les mers

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78 RÉCRÉAT. MATHÉMAt. ET PHYS. de la Chine du Japon par Ie paflage qu’on fqaknbsp;exifter entre l’Afie l’Amérique.

PROBLÈME XX.

Di Vattmuation dont qudques matieres font fuf~ ceptibles • calcul de la longutur d'un lingot dquot;argent trait, 6* de L’épaiJJeur de fa dorure,

Nous n’entrerons pas ici dans la queftlon qui a h fort agité les phyhciens, fqavoir fi la matierenbsp;eft divifible a l’infini ou non. II faudroit, pournbsp;la réfoudre , connoitre la nature des derniers elements des corps, amp; c’eft ce qui fera probableixjentnbsp;toujours refufé a'nos lumieres. Mais la nature amp;cnbsp;Tart nous préfentent quelques exemples d’atténua-tion de la matiere , qui font tels, que s’ils nenbsp;prouvent pas fa divifibilité a l’infini, ils prouventnbsp;du moins que les bornes de cette divifion font re-culées au dela de ce que 1’iinagination peut nousnbsp;repréfenter.

La duftilité cle l’argent, amp; fur-tout celle de 1’or, font deux de ces exemples que Tart nous fournit.nbsp;Une once d’or eft un cube de 5 lignes j de coté,nbsp;amp; dont une des faces couvre conféquemment environ 17 lignes quarrées. Le batteur d’or la réduitnbsp;en feuilles qui enfemble couvriroient 146 piedsnbsp;quarrés. Or 2.7 lignes quarrées font contenues dansnbsp;146 pieds quarrés, 111980 fois : conféquemmentnbsp;l’épaiffeur de cette feuille d’or eft la n 1980= par-tie de 5 lignes j , ou une 21 5 3 4e de ligne.

Mais allons plus loin , car cette attéhuation n’eft encore rien en comparaifon de celles qu’onnbsp;va voir.

On prend un lingot cylindrlque d’argent, de

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;79

45 marcs pefant, amp; d’environ zi pouces de longueur Tur I 5 lignes de diametre; on le couvre de fix onces d’or reduit en feuilles. Dans cet état ,nbsp;1’ora Tépaifleur d’un 15^ de ligne: c’eft ce qu’onnbsp;appelle furdore. Mais on peut, fi'l’on veut, n’ynbsp;employer qu’une once d’or, amp; alors il n’aura furnbsp;Cette furface que I’epaiffeur d’une 90^ de ligne.

On fait enfuite paffer, fuivant 1’art du tireur d’or, ce lingot ainfi dote, par divers trous fuc-ceffivement de plus en plus petits , jufqu’a ce qu’onnbsp;f’ait enfin reduit a un fil de i’epaiflTeur d’un cheveu.nbsp;M. de Reaumur a pris un fil d’argent dore , ainfinbsp;allonge ; amp;, en ayant pefé un demi-gros avec lenbsp;plus grand fcrupule, fi en mefura la longueur, amp; lanbsp;trouva de pieds; d’ou il eft aifé de conclurenbsp;qu’un'gros avoit 404 pieds de longueur ; unenbsp;once, 1232 ; le marc , 23856 ; amp; les 45 marcs,nbsp;1163320, ou 96 lieues de 2000 toifes chacune.nbsp;Voila done un lingot d’argent, de 22 pouces denbsp;longueur , allonge de maniere a faire un fil de 96nbsp;lieues de long.

Il y a plus. On prend ce'fil doré , amp; on le fait pafter entre deux meules d’acier poli, pour 1’ap-platir amp; le réduire en lame. Cette opération , ennbsp;lui donnant ^ de ligne de largeur, I’allonge d’unnbsp;7^ an moins , enforte que le fil eft reduit par-la ennbsp;une lame de 110 lieues de longueur , amp; dont l’é-paifiTeur eft d’une 256® de ligne. Quant a For, onnbsp;trouve qu’il n’a plus qu’un 59000® amp;; même unnbsp;60000® de ligne d’épaifleur.

Ainfi , en fuppofant que le lingot d’or n’eut etc doré qu’avec deux onces d’or, on trouve quenbsp;fon épaiffeur ne feroit qu’un 175000® de ligne ; Scnbsp;en ne fuppofant qu’une once d’or, cette épaifleurnbsp;ne feroit que d’un 350000®. Or , comme il y a


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So Récréat. Mathémat. et Phys. dans la lame des endroits inégalement dorés, etinbsp;fuppofant que les uns Ie foient d’une moitié plusnbsp;que les autres, on trouve que ces derniers n’aurontnbsp;qu’une épaifleur d’or d’un ^15000 de ligne.

Enfin il efi: reconnu qu’on peut faire palTer cette lame une feconde fois fous les meules d’acier, amp; ,nbsp;en les rapprochant, lui donner une largeur double ; d’oü il fuit que , dans ce dernier état, il y anbsp;des parties oü TépailTeur de la dorure n’efi: guerenbsp;qu’un 1000000® de ligne en épailTeur, ce qui eftnbsp;dans la même proportion qu’une ligne a une longueur de 1200 toifes, OU une demi-lieue.

II eft cependant certain que ces parties d’or ont de l’adhérence amp; de la continuité entr’elles; car,nbsp;qu’on plonge dans de l’eau - forte ce fil d’argentnbsp;trait, l’argent fera diftbus, amp; l’or reftera commenbsp;un petit tuyau creux. En confidérant enfin cettenbsp;dorure avec un microfcope , on n’y apper^oit au-cune trace de difcontinuité,

L’or ayant une dudfilité bien plus grande que l’argent, on pourroit faire ., avec un lingot d’or dunbsp;méme poids, un fil bien plus long. Mais croirons-nous ce que Mufchenbroeck rapporte a eet égard ?nbsp;II dit qu’un óuvrier d’Ausbourg parvint a fairenbsp;un fil d’or qui ne pefoit qu’un grain , Sc qui avoitnbsp;cependant ^00 pieds de longueur. II eüt done punbsp;faire un fil d’or d’une lieue de 2000 toifes, Sc quinbsp;n’eüt pefé qu’une dragme ou un tiers de gros ; unnbsp;fil de 24 lieues, n’eüt pefé qu’une once; Scenfin,nbsp;avec un mare d’or, eet ouvrier eüt pu faire un filnbsp;de 192 lieues. Un fil de cette grofteur, Sc capablenbsp;de faire Ie tour du globe de la terre , ne péieroitnbsp;qu’environ ^o marcs.

Au refte voici un fil, ouvrage cl’un infeéle, qui ne Ie cede guere a celui qu’on attribue a l’ou-

vrier


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Physiqüë.

Vfier d’Ausboiirg. On a obfervé qu’un fil fimple de foie, de 360 pieds de longueur, pefe un grain ;nbsp;ainfi 14 grains feront 1440 toifes, amp; 3Ó grainsnbsp;feront une lieue de zi6o toifes: ime once de cenbsp;fil aura done 16 lieues ; amp; un mare , 128 ; enfinnbsp;Un pared fil, capable de faire Ie tour du globe de lanbsp;terre , ne péferoit guere queyo marcs ou 35 livres.nbsp;Ajoutons que comme un fil d’araignée, qui efl:nbsp;beaucoup plus fin amp; plus léger qu’un fil de ver-a-foie eft comparée au moins de 3Ö brins , unnbsp;pared fil fimple, amp; de la longueur ci-deffus , nenbsp;péferoit que deux marcs ou une livre.

PROBLÊME XXI.

Continuation du menu fujet: Apperqu de la divijion de la matiere dans Les dijjolutions des corps,nbsp;les odeurs amp; la lumiere.

quot;Vquot;o I c I de nouveaux fujets d’admiration dans 1’exiguité prodigieufe de quelques parties de lanbsp;matiere: nous les réuniffons ici, a caufe de leurnbsp;affiniié.

Les diffolutions métalliques nous en préfentent Ie premier exemple. Faites diffoudre un grain denbsp;cuivre dans la quantlté fuffiiante d’alkali volatil,nbsp;il vous donnera une couleur bleue. Verfez cettenbsp;diffolution dans trois pintes d’eau, toute cettenbsp;eau fera fenfiblement colorée en bleu. Or troisnbsp;pintes font 144 pouces cubiques; chaque poucenbsp;peut être divifé en longueur d’abord en lignes,nbsp;puis en 10® de ligne, qui feront vifibles ; ainfi onnbsp;trouvera dans ces 144 pouces cubiques Ie nom-bre de 248832000 parties, dont 11 n’eft aucunenbsp;qui ne foit colorée en bleu. Un grain de cuivrenbsp;Tome IF.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;F

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gi Récréat. Mathémat. et Phys. fe divife done par ce moyen au moins en 24883-2000 patties. Mais nous irons plus Join : on peutnbsp;voir chacune de ces parties avec un microfeopenbsp;groiïffant loofois lesobjets en longueur, confe-quemment 10000 fois en fuperlkie, amp; il n’eftnbsp;aueune de ces |varties qui ne foit oolorée : confé-quemment il faut multiplier le nombre ci-deflusnbsp;par 10000, ou lui ajouter quatre zeros; ce quinbsp;nous dormeun grain de cuivre divife en 248832-0000000 parties vifibles, du moins a I’ceil arménbsp;d’un microfeope.

PalTons maintenant aux odeurs. On dit qu’un grain de mufc parfume pendant plufieurs anneesnbsp;une chambre de i z pieds au moins dans toutesnbsp;fes dimenfions , fans perdre fenliblement de fonnbsp;•volume ni de fan poids. Or un pareil efpace ren-ferme 1728 pieds cubes, dont chacun contientnbsp;lui-meme 1728 pouces cubes, amp; chacun de cesnbsp;derniers, 1728 lignes cubes; enforte que le nombre des lignes cubes eft la 3^ puiflance de 1728.nbsp;Il n’eft probablement aueune de ces lignes cubesnbsp;qui ne contienne quelques- unes des particulesnbsp;odorantes; cet air peut être, dans le courant denbsp;plufieurs annees, renouvetle rooo fois, amp; le grainnbsp;de mufc , fans alteration (enfible, fournh de nou-velles particules odorantes. Omag’mation fe perdnbsp;dans le calcul de la ténuité de chacune.

Cependant, malgre'la ténuité de ces particules odorantes, elles-ne pafFent pas au travers du verrenbsp;amp; des métaux, dc illt;eft èes éfluvia q^m les pene-trent: tels, font ceux des corps lumineux , ou lanbsp;lumiere , le magnétifme, 1’éleftricité. Quelle doitnbsp;done être I’exiguite des particules dans lefquellesnbsp;ils confiftent! Nous ne nous wêterons plus qu’anbsp;la lumiere.

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P H y S I Q U E.

Si les particules dont rimiflioij conftitue la lu-oiiere n’étoleot pas d’.une petiteCe en quclque fone infiaie, il n’e^ aucun corps qui pfi.t réfifter anbsp;1’aéiion de la luinkre la plus fojble; car leur ex-ceffive multitude, la rapidité avec laquelle ellesnbsp;parlt;ent du corps lumLneux , font telles que , fansnbsp;cette .ténuité prodigieufe , la lutniere rnettroit ennbsp;pieces tous les corps fur lefquels elle tomberoit,nbsp;au lieu d’y exciter feulement ce léger frémiffe-tnent, ce mouvement infenfihle de vibration dansnbsp;leqqei conlille la chaleur, lorfqu’elle n’3. que lanbsp;dendbé de la lutniere du foleil.

La lumiere parcourt en eifat, dans une feconde^' ii888o lieues, qu 2577,60000 tpifes. Par confé-^uent, fi une .particule de lutniere n’étoit que lanbsp;^577600008 partie d’un grain de plomb d’unenbsp;ligne de diametre, elle feroit fur .nos organes lanbsp;ïnême impreffion qu’un pared grain ,de plomb ,nbsp;parté avec une v.itaïï'e .d’une .toife par feconde. |lnbsp;n.y a.nul.doute qu’ime .paredle impreffion ne futnbsp;tres-fenfible aux parties délicates de notre ,corps.nbsp;Maïs quelle fero.it-elle , fi a-l.a-fois des mtUtons denbsp;millions de pareils globules yenoient Ie choquer,nbsp;amp; étoient fuivis, dans un intervalle de temps in-finiment petit, d’une paredle quantité d’autres,nbsp;comtne cela arrive a un corps .éclairé par la lu~nbsp;Uiiere ! Aucun.être ne pourroity réfifter.

La ténuité d’une particule de lumiere eft done fincore immenfément au deffous de cede que nousnbsp;¦'^cnons de lui affigner pour premiere limite. Ta-chons d’en determiner une autre plus approchantenbsp;¦de la.vérité.

^-a denfité de la lumiere du foleil, telle qu’elle arrive a notre terxe amp; dans ce climat, .eft tells »

qu’étendue dans pa efpace i5ooooiois,plus,grapd,

F ij

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§4 Récréat. Mathémat. et Phys. elle a encore 1’éclat de celle de la lune pleine. IInbsp;eft probable que celle-ci, étendiie de la même ina-niere , égaleroit au moins celle d’un ver-luifant,nbsp;éclairant un objet a lO pieds de diftance : ainfinbsp;celle-ci Te trouvera, parlecalcul, 62500000000nbsp;fo is plus foible. 11 eft d’ailleurs extrêmement probable qiie, dans la prunelle de 1’ceil qui regardenbsp;a cette diftance !a luiniere d’un ver-luifant, il n’ynbsp;a pas une partie fenfible qui ne foit éclairée elle-même : fuppofons-la d’une ligne quarrée de fur-face , Sc cette ligne quarrée divifée en 10000 parties fenfibles: il y a done a chaque inftarit 10000nbsp;globules de luiniere qui arrivent a la rétine , réunisnbsp;en un point imperceptible, amp; avec une vitelfe denbsp;257760000 toilès par feconde, fans néanmoins ynbsp;produire une impreffion de choc fenfible , amp; mêmenbsp;a peine l’apperception de la luiniere.

En fuppofant la même qiiantité de globules de lumiere, lancés par la lumiere la plus foible fur unenbsp;ligne quarrée de furface , on trouve que, dansnbsp;une ligne quarrée de lumiere dn foleil, il y en anbsp;625000000000000, amp; dans un pouce 90000-000000000000. Cette quantité de globules musnbsp;avec une vitefiTe de 257760000toifes par feconde,nbsp;amp; peut-être renouvellés mille fois dans eet inter-valle de temps, ne produit cependant fur la paumenbsp;de la main qu’un léger fentiment de chaleur; d’oünbsp;il faut au moins conclure que 900 mille millionsnbsp;de millions de ces particules, mues avec la viteffenbsp;ci-delTiis , font moins d’impreffion que Ie chocnbsp;d’une balie de plomb d’une ligne de diametre ,nbsp;tombant de 3 pieds de hauteur ; amp; de-la fuit cettenbsp;nouvelle conféquence , qu’en fuppofant du moinsnbsp;aux particules de la lumiere la même denfité quenbsp;Ie plomb, chacune d’elles, comparée a une balie

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Physique.

plomb d’une ligne de diametre , eft en un inoindre rapport qu’un 1^7760000®nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;900000-

cooooooooooo , ou un 231984000000000000-000000000® a I’unite.

Telle eft done au moins la ténuité des parti-cules de la lumiere ; amp; peut-etre , par d’autres rai-fbnnemfents, pourrions-nous etablir qu’elle eft encore beaucoup plus grande ; enforte que probable-ment il faudroit reduire le rapport ci-deftus a celui de I’unite a un nombre comparee de 30 ou 3^nbsp;chifFres. Mais nous nous bornerons a ce que nousnbsp;venons de dire , pareeque cela eft fuffifant pournbsp;notre objet, amp; pour montrer (ce que nous feronsnbsp;ailleurs) que le folell peut, pendant plufieurs fie-cles de fuite, fournir, fans diminution fenfible, anbsp;I’emlffion de la lumiere qui fort de fon fein •, ce-qui fert a repondre a une objeftion qii’on faitnbsp;centre la théorie Netetonienne de la lumiere.

PROBLÊME XXXI I.

Quelk yitejje faudroit-il donner a un boulet de canon , dans la direciion hori:(ontah , pour qu'ilnbsp;m retombdt pas fur la tern, amp; qu’il circularnbsp;autour d'die comme une planete, enfaifant néan-moins abjlraciion de la rejifance de Vair ?

Si du haut d’une montagne on tire un boulet de canon dans la direction horizontale, il ira, commenbsp;tout le monde fqait, tomber a, une certaine dif-tance fur la terre. Suppofons maintenant qu’onnbsp;augmente de plus en plus la viteflTe imprimée a cenbsp;boulet, il ira tomber de plus en plus loin; car I2nbsp;parabole, ou plutdt I’ellipfe qu’il decrit , fera danbsp;plus en plus évafée. On peut done concevoir que

F iij

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8Ö RécrIat. Mathémat, et Phys, k vitefie fut telle ,• que Ie boulet allit totnbef aunbsp;point de la terfe dian'i'étfalement oppofë. Alors,nbsp;pöur peti qtte sttigmentat la viteffe , Ie bötiletnbsp;ne toucheroit plus k terre , niais rèvièndfo'it aunbsp;point d’ö'ii il eft parti pat tne ligne férttb'lab'le anbsp;celle cjii’il a décrite en pfeifiiet lieu. Il décriróit ,nbsp;alöfs fans ceffe iWë ligne ellrptiqoe autütir de lanbsp;terre, amp; il feroit véritablerfient tine petite p'knete,nbsp;qui feroit autoUr d’elle fes revo'ltitioris.

II s’agit done de ttöüYet de qüelle durée feroit Cetre révolütion ; catj la cblirtöilktit ^ on tröü-vera kcileitieht la viteffe de cette petite plahete,nbsp;oü cèlle aYéc kqnelle eft patti ttbtrfe boulet; ptiif-qu’il n’y adra qu’^ divifet Tefpitè parcöurü , quinbsp;fera ^ peti pfès k circonférente terleftre, pttr Ifenbsp;teirips erhplöyé a la patcotttir.

La fan-eiife regie de Képler dötine facilement la foliittoii dé cè próblêtiie. Caf, ftippbfóni notrenbsp;petite pknete en mouvement; elle clevra confé-quemment, cbmpdrée avec.k luHe , faire fes revolutions dans un temps tel, que les quarrés desnbsp;temps périodiqiies foient ebnime les cubes désnbsp;diftances. Or k diftance rilbyenne de k lune anbsp;k terre eft de 6o demi-diametres , amp; celle denbsp;notre petite planete fera d’itn rayon terreftre : onnbsp;aura done riéceffairemént ce rapport; comme Ienbsp;cube de 6o ou 116000 eft a i , ainfi Ie quarrénbsp;dil tehips péri'ódlqlte dé k llui'é aü quarré dunbsp;temps périódique de ho'trè pétite planete. Or Ienbsp;temps périódique de la lüiie eft de 17 ]burs 8 beu-re^ bu 6y6 Heiifes^ doht Ie qüafté eft 4303 36;nbsp;Öoiic on au'ri cè tapport ; cómitiè iiöooö a i ^nbsp;dinïi 430336 a un quatrième terme , qui feranbsp;i ou en fraftibns décimales, 1.9913 , dontnbsp;k racine quitfée 1nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, expriméra aüffi ie nombrê

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;87

des heures employees par la petite planete dans fa revolution. Or 1.41 en heures minutes,nbsp;font ih 14/ Notre petite planete devroitnbsp;done faire fa revolution dans le temps ci-deffus ;nbsp;ce qui donne, en fuppofant un grand cercle denbsp;la terre de 9000 lieues , 107 lieues 8c environ^nbsp;par minute , ou une lieue amp; ^ par feconde.

Si 1’on donnoit a ce corps une vitefle plus grande que celle ci-deffus , quoique moindre quenbsp;de 149 j lieues, il decrlroit une ellipfe dont lenbsp;perigee feroit au point de depart. Si la vlteffe denbsp;la projeftion etoit de 149 lieues ^ par minute ounbsp;plus grande, le corps ne retomberoit plus fur lanbsp;terre ; car , dans le premier cas, il decrirolt unenbsp;parabole dont le fommet feroit au point d’ou iinbsp;auroit été projeté ; amp;£ dans le fecond, il decrl-toit une hyperbole.

P R O B L Ê M E XXIII.

Examen d’une opinion Jinguliere fur la Lune amp; h$ autres planctcs ordinaires.

On a dlt, amp; e’eft une conjedure a laquelle fa fingularité a donne de I’eclat, qu’il pouvoit fenbsp;faire quelaLune ne fut autre chofe qu’une cometenbsp;qui, allant au Soleil ou en revenant, amp; paffantnbsp;a la proximité coiwenable de la terre , avolt éténbsp;détournée de fon cours, St étoit devenue cettenbsp;planete fecondaire qui nous accompagne. Car ,nbsp;fuppofons qu’une pareille comete , n’ayant que lenbsp;mouvement de projeélion néceffaire pour décrirenbsp;un cercle autour de la terre , a 60 demi-diametresnbsp;de fon centre, eut paffe a cette diftance de notrenbsp;^lobe, Sc dans un plan incline a fon orbite ; elk

F iv

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88 Récréat. Mathémat. et Phys.

eüt du, dit-on, néceffairement devenir notre

Lune.

On appuie cette conjedture de quelques remar-ques qiii fcmblent lui donner de la probabilité. La Lune, dit-on ci’abord , prél’ente a la vue, armeenbsp;d’un excellent télei’cope , l’apparence d’un corpsnbsp;torréfié; les cavités dont elle eft parfeinée font lesnbsp;déchirures qu’y a occafionnées 1’extrême chaleur,nbsp;en faifant fortir en vapeurs 1’humidité dont ellenbsp;étoit itnprégnée ; on ajoute qu’il n’y refte plusnbsp;aucune apparence d’humidité , puifqu’il n’y a pointnbsp;d’atmofphere. Tout cela convient fort a une co-mete qui a paffe très-près du Soleil.

Remarquez, dit-on encore, que les planetes les plus groffes , comme Jupiter amp; Saturne ,^ontnbsp;quatre ou cinq fatellites. C’eft que leur attradlionnbsp;s’étendant bien plus loin que celle de la Terre, ilsnbsp;ont eu bien plus d’empire fur les cometes cjui ontnbsp;paffe a leur proximité , Ie mouveinent de ces co-metes étant d’ailleurs fort ralenti, a caufe de leurnbsp;diffance au Soleil. Les petites planetes , commenbsp;Mercure, Vénus, Mars, n’ont point de fatellites ,nbsp;a caufe de lapetiteffe de leur maffe, amp; de la viteffenbsp;avec laquelle les cometes, allant au Soleil ou ennbsp;revenant, ont paffe a leur proximité.

Tout cela eft fort ingénieux, Néanmoins cette affertion ou conjedlure ne peut fe foutenir, qiianclnbsp;on Texamine avec Ie flambeau de la geometrie.

Nous trouvons en effet par Ie calcul , que , quelle que foit la pcfition ou la grandeur de 1’or-bite d’une comete, elle ne fcauroit, lorfqu’ellenbsp;paffera prés de l’orbite de la terre, avoir unsnbsp;viteffe convenable pour devenir un fatellite denbsp;notre globe, a quelque proximité même qu’ellenbsp;cn paffat j car on déinontre que toute comete j

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;89

parvenue a une diftance clu Soleil égale a celle tie la Terre, a dans ce moment fur fon orbire unenbsp;viteffe qui eft a celle de la Terre, coinme k i,nbsp;ou 1414 a 1000. Or cette vitefte eft incompara-blement plus grande que celle de la Lime fur fonnbsp;orbite, amp;: metne plus grande que celle d’une pla-nete qui circuleroit prefque a la furface de la terre,nbsp;ainfi que le calcul fuivant va le montrer.

La Terre parcomt en 365 jours, une orbite de 66 millions de lieues de circonference; ainfi fanbsp;vitefte fur fon orbite eft telle , qifelle parcourtnbsp;en un jour 567000 lieues, en une heure 23615 ,nbsp;en une minute 984 lieues ; ainfi, multipliant cenbsp;dernier nombre parnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;on aura 1391 lieues

pour le chemin que toute coinete , arrivee a la diftance de la Terre au Soleil, parcourt neceftai-rement par minute,

Vbyons maintenant celle de la Lune fur fon orbite. Le diametre moyen de 1’orbite de la Lunenbsp;eft de 60 diametres terreftres , amp; fa circonference , par confequent, de 188 de ces diametres ;nbsp;ce qui, en evaluant le diametre de la terre a 3000nbsp;lieues , donne pour la circonférence de 1’orbitenbsp;lunaire, 564000 lieues. Cet efpace eft parcourunbsp;en 27 'jours 8 heiires moms quelques minutes,nbsp;ou 27 j: ainfi la Lune parcourt fur fon orbite , ennbsp;un jour ,20142 lieues; en une heure 839 , amp; ennbsp;une minute 14 lieues. L’on voit done avec la plusnbsp;grande evidence, que fi une comete pafloit a unenbsp;diftance de la Terre égale a celle de la Lune , cenbsp;qu’auroit du faire la comete transformee en notrenbsp;fatellite, elle pourroit feulement avoir une vi-tefie de 14 a 15 lieues par minute, au lieu de cellsnbsp;de 1390, que toute comete a néceftfairement anbsp;cet éloignement du Soleil. La Lune n’a done pu

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9Ö Récréat. Mathémat. et Phys. étre une comete qui, paffant tropprès de la Terre,nbsp;cn'a été, pour ainfi dire, fub)uguée.

Voyons maintenant fi , paffant beaueoup plus prés de la Terre , amp; même prés de fa furface , Ianbsp;comete dont noiis parlons pourroit être arrêtéenbsp;par 1’atttaélion de la Terre, Nous trouverons encore , par un calcul femblable , qu’elle ne fqauroltnbsp;circuler autour d’elle ; car nous avons vu précé-demment que , pour qu’un corps put circuler autour de notre globe prés de fa furface , il lui fau-droit une viteffe de io6 lieues environ par minute.nbsp;Or ceci eft encore extremement au deffous de lanbsp;viteffe qu’autoit neceffairement une comete paffant tout prés de la Terre ; car, ft un corps partoitnbsp;du fommet d’une montagne vers 1’Orient ou 1’Oc-cidenf, avec une viteffe de 1390 lieues par minute , il s’ééarteroit de la Terre fans jamais y re-venir, cette viteffe étant beaueoup plus grandenbsp;qu’il ne faut pour lui faire décrire autour de lanbsp;Terre une ellipfe quelconque , même infinimentnbsp;allongee, ou une parabole.

Voila done la Terre, amp; fans doute Mars, ex-clus du privilege de pouvoir jamais gagner un fa-tellite de cette maniere; a plus forte raifon Venus amp; Mercure. Mais en eft-il de même de Jupiter Scnbsp;de Saturne ? C’eft ce que nous aliens encore examiner , en y employant des calculs femblables.

La viteffe de revolution de Jupiter autour du Soleil, eft de 413 lieues par minute ; Sc par con-féquent celle de route comete allant au Soleil qunbsp;en revenant, lorfqu’elle eft a la même diftancenbsp;de cet aftre que Jupiter, fera dl''498 lieues dansnbsp;le même temps. On trouve d’aillcurs, que la vt-teffe du premier fatellite de Jupiter eft de 13680nbsp;lieues par heure dans fon orbite, ou de par

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;91

lïiinuté : ainfi la viteffe de toute comete paffant a la pröximité de Jupiter amp;£ a la diftatice de fonnbsp;premier fatellite , fera toujours neceffairementnbsp;beaucoüp plus confidérable , amp;£ prefque triple ;nbsp;d’ou il i’uit que^ ni ce premier fatellite, ni aucunnbsp;des autres, n’a été dtiginairerhent une comete,nbsp;que cette groffe planete s’eft appropriee; car lesnbsp;autres fateUites ont une viteffe encore moindrenbsp;que celle du pteniier.

II refteroit a fqavctir fi une comete, paffant a uhe ttès-grande pröximité de Jupiter , pourroit etinbsp;être arrêtée. Cela ne nous paroit pas abfolumentnbsp;ittipöffiblé : eat un fatellite qui feroit fa rév'olutionnbsp;ptefque a la furface de Jvipiter ^ y emploietoit uiinbsp;peu plus de 3 heufes; ce qui dontie une viteffenbsp;tie 5^7 lieues pat minute. Mais on a Vu plus hautnbsp;que celle de la comete feroit de 598. Or, quoiquenbsp;cette viteffe fdit trop grande pour faire décrire a unnbsp;tdrps un cerele autour dé Jupiter, fort prés de fanbsp;furface, elle ne I’eft pas trdp pour lui faire décrirenbsp;Une ellipfe. Si done une comete , allant an Soleilnbsp;OÜ en révéhaht, alloit étourdiment donner dans lenbsp;fyftêmè de Jupiter entre lui amp;; fon premier fatellite , il pöurröit arriver qu’elle continuat de cir-culer autdur de cette planete, dans une orbitenbsp;Iinon circulaire , du moins elliptique plus ounbsp;moinS allohgée.

Car j füppöfons que I’orbite dè Jupiter foit AB,

Sc que Jupiter étant en I 6sC tendant vers B , la comete foit en G , par exemple, 8c tendant en D PI.2,nbsp;fous un angle d’environ 45 degtes, amp;c quenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*3*

défigne la viteffe de cette comete , que nous avoirs dit être plus grande que celle de Jupiter fur fonnbsp;orbite, amp; environ triple ; prenez DE égale a lanbsp;viteffe de Jupiter : alors GE feroit la viteffe ref-

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91 Récréat. Mathémat. et Phys. peftive de la comete, amp; même fa route a l’égardnbsp;de Jupiter fuppofé fixe , amp; fans adlion fur la co-niete. Mais, a caufe de cette aftion , elle décri-roit une route infléchie, comme CF, qui la feroitnbsp;tomber prefque perpendiculairement fur 1’orbitenbsp;de Jupiter, amp; avec une vitelïe qui pourroit n’dtrenbsp;guere plus grande que celle du premier fatellite.nbsp;Si done a ce moment Jupiter fe trouvoit ennbsp;un point I, tel que IF fut moindre que la dif-tance de Jupiter a celle de fon premier fatellite ,nbsp;je ne vois nullement ce qui empêcheroit la comete de prendre autour de lui Ie mouvement circulaire ou elliptique qui conviendroit i la forcenbsp;de fa projedtion ; amp; fi elle avoit fait une fois unenbsp;revolution , il eft évident qu’elle devroit copti-I nuer a jamais d’en faire de noiivelles.

J’avoue, au refte, n’avoir pas tellement examine eet objet, que je puiffe dire que je tiens la chofenbsp;pour démontrée. Pour en être affuré , il faudroitnbsp;réfoudre ce problême-ci , qui n’eft qu’un rameaunbsp;de celui des trois corps, amp; que nous propofonsnbsp;a ceux de nos leéleurs aflez verfés dans l’analyfenbsp;PI. a, pour s’en occuper. Dmx corps I 6* C , qui s'atti-fig. 14. rent Vun V autre en ruif on inverfe des quarrés desnbsp;difances , amp; en raifon directe de leurs majfes , étantnbsp;I lancés des points I S' C , felon les difances IB ,nbsp;CG , avec des viteffes données, trouver lts courbesnbsp;qu ils décriront. On peut nv2me, pour fimplifiernbsp;Ie problêrne, fuppofer que l’un des deux , I , foitnbsp;fi gros a l’égard du fecond, qu’il ne foit prefquenbsp;pas détourné de fa route.

Plota. Depuis l’inipreffion de ceci, nous avons fait quelques remarques fur ce fujet , que nous donneronsnbsp;dans la fuite de ce volume.

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;93

PROBLÊME XXIV.

Jufqu 'a qitcl point peut amp; doit-on craindre Pap-proche ou k choc d'une comete , 6* ks ravages qui pourroknt en rifulter fur la Terre ?

pre te

lui-même, pour une auffi belle caufe , a cette innocente fupercherie ; car il ne s’agiffoit pasnbsp;moins que de rendre le repos amp; leur éclat a deuxnbsp;yeux bien capables de diftraire de 1’obfervationnbsp;Ia plus intéreffante l’aftronome le plus fauvage.nbsp;Quoi qu’il en foit , dévoué , malgré mon goütnbsp;pour les fciences abftraites, a cette charmantenbsp;portion du genre humain , je vals tacher de lanbsp;tranquillifer , de lui prouver que le danger

Cj£ que nous avons dit dans le probleme précédent fur les cometes, nous conduit naturellement a traiter une queftion devenue célebre par 1’al-larme que conqut tout-a-coup cette capitale , il ynbsp;a quelqiies annees. Nous avons vu en , 1774 ,nbsp;tout Paris dans le trouble amp; l’inquiétude, d’a-près l’expofé peu fidele du Mémoire d’un acadé-micien, qu’on difoit annoncer 1’approche très-voifine d’une coinete avec la Terre, approchenbsp;dont 1’effet devoir être au moins d’élever lesnbsp;eaux de l’Océan au point de fubmerger notre.nbsp;continent. J’ai vu plus d’une femme ne pas fermer l’oeil plufieurs nuits de fuite ; amp; j’ai mémenbsp;eté obligé , pour rendre le fommeil a une d’elles,nbsp;de 1’affurer , par un menfonge officieux , qu’onnbsp;nvoit troLivé une énorme erreur dans le calcul denbsp;1’académicien , amp; qu’il s’étoit fait a cette occafionnbsp;une affaire trés-grave avec fa compagnie. Cenbsp;motif m’excufera, a ce que j’efpere , aiiprès denbsp;rilluflre aftronome. Je fuis affuré qu’ll fe fut prêté

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94 RÉCRÉAT. MATHiMAT/ET PhYS.

d’être écrafé ou inondé par une comete , ne vaut pas la peine cle troubler fon repos.

II y a déja long-temps que quelques allronomes ont conj^eftiiré qu’une c.omete pouyoit devenirnbsp;funefte a la Terre. Le célebre ^S^hifton , hominenbsp;chez qui 1’imagination dominoit un peu trop lanbsp;faculté raifortnante, voyant une x:omete commenbsp;celle de 1680 , accompagnée cPune immenfenbsp;queue, s’avifa de conjefturer que fi une planetenbsp;venoit a doianer dans cette queue , elle pouvoitnbsp;en condenfer les vapeurs par fon attraftion , amp;Cnbsp;endtrenoyee. II conjefturoit auffi que le delugenbsp;avoir ,eu .cette caufe ; amp; il ajoutoit que fi unenbsp;comete .comme eelle-la, revenant d’auprès du So-leil, oü «Ue avoit dü prendre un deg-ré de cha-leur plufieurs milliers de fois plus grand que cèluinbsp;d’un fer rouge , elle pouvoit brüler notre Terre.nbsp;II penfoit mdme que c’eft ainfi que .doit s’o-pérer la conflagration générale qui anéantira unnbsp;jour notre habitation.

ïi?

Ces idéés, plus lingulieres que juftes, prouvent alTez ce que nous venons de dire de la trempe d’ef-prlt de \^^hifton. Nous ne pouvons dire ce quinbsp;arriveroit, fi une comete auffi violemment chauf-fée venoit a paflfer très-près dè nous. II efl: probable que , vu la rapidité avec laquelleelle pafTeroitnbsp;prés de la Terre , ainfi qu’on le verra plus loin ,nbsp;nous n’en .lèrions guere incommodes, f^uant aunbsp;danger d’être inoixlé par les vapeurs de fa queue,nbsp;il n’eft nullement fondé , parceque l’on-peut aifé-ment démontrar que ces vapeurs qui nagent dansnbsp;im milieu auffi délié que l’cBther, doivent êtrenbsp;elles-mêmes d’une ténuité prefque infinie, Toutenbsp;cette immenfe queue réduite en 4uide commenbsp;l’eau, fourniifoit probqblement a peine la matiere

1^'^'

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;93^

a une pluie abondante. Au refte , la comete en queftion ne revient que tous les 575 ans environ:nbsp;elle a paru en 1680; ainfi elle ne reviendra dansnbsp;notre voifinage que dans environ 480 ans. Cenbsp;Ibra I’affaire de nos defcendants,

M. Halley a envifage ce danger d’une autre JTianiere. II a remarqué que fi la comete de la finnbsp;de 1680 eut pafle 31 jours plus tard par I’eclip-tique , elle le fut trouvée a une diftance de la Terrenbsp;guere plus grande qu’un demi - diametre folaire ,nbsp;ou que 137300 lieues ; amp; il ajoute qu’il n’y anbsp;nul dome qu’une pareille proximité entre ces deuxnbsp;corps, n’occafionnat des derangements affez con-lidérable^ dans le mouvement de la Terre, cominenbsp;un changement d’excentricité amp;c de temps perio-dique. « Veuille, dit-il enfin, 1’Auteur de la na-n ture nous garantir du choc de ces maffes énor-» mes, ou même de leur contaft, qui n’eff quenbsp;» trop poffible. » II remarque cependant que lanbsp;pofition infiniment variée de l’orbite des cometes ,nbsp;leur inclinaifon -ordinairement très-confidétable anbsp;1’ecliptique, femblent ^tre arrangées par l’Au-teur de la nature, pour nous garantir d’une auffinbsp;funefte cataftrophe.

Comme , depuis'le temps de Hailey, I’aftrono-mie cométique s’eft enrlchie de la connoiffance d’une quarantaine de cometes nouvelles, il étoitnbsp;naturel d’examiner s’il y en avoit qui, par quelquenbsp;changement dans la pofition Sc la grandeur denbsp;leurs ofbites, puffent être de mauvals augure pournbsp;la Terre. 'C’eft ce que M. de la Lande entrepritnbsp;de faire, a 1’occaifion de la comete qu’on vit ennbsp;1770; •amp; il trouva qu’il y en a quelques-unes dorrt,nbsp;en changeant quelque peu les elements, il pouvoitnbsp;arriver qu-elles approchaffent.beaueoup ded’orbite

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96 RÉCRÉAT. MATHÉiMAT. et Phys. que nous décrivons. 11 fit voir en même tempsnbsp;que ce danger ne devoit pas beaucoup effrayer,nbsp;y ayant plufieurs fois mille a parier contre un,nbsp;que la comete paffant fur 1’orbite de la Terre,nbsp;elles ne fie rencontreroient pas l’une Tautre.

Ce danger étoit, comme Ton voit, alTez éloi-gné pour ne pas beaucoup allarmer; mais il ajou-toit, qu’en fiippofant qu’une pareille comete paf-sat a 15000 lieues de la Terre, elle éléveroit les eaux de l’Océan , amp;c occafionneroit, fuivant fanbsp;pofitiori, un flux capable de couvrir notre continent , amp; d’en balayer tous les ctres vivants avecnbsp;leurs habitations. Ceci augmentoit confidérable-jnent Ie danger: car, s’ily avoit 10000 contre unnbsp;a parier que la comete amp; la Terre ne fe trouve-roient pas a-la-fois dans 1’écliptique a la diftancenbsp;d’un diametre de notre globe , il 'n’y avoit plusnbsp;que 2000 contre un a parier qu’elles pourroientnbsp;fe troLiver a 5 diametres Tune de 1’autre, amp; con-féquemment de nous voir noyés. Or 1’intérêt eftnbsp;aflTez grand pour ne pas envifager cette chancenbsp;fans inquietude, amp; il eft des gens qui ne tireroientnbsp;pas fans trembler a une loterie oii il y auroit unnbsp;feul billet noir fur cent mille. I

au

moment adtuel, aucune comete connue, dont l’orbite rencontre la trace du chemin de la Terrenbsp;fur récliptique. II eft vrai que les orbites, tantnbsp;des planetes que des cometes, étant fujettes a desnbsp;variations infenfibles , il peut arriver dans la fuitenbsp;que l’orbite d’une comete entrecoupe juftenientnbsp;l’orbite de la Terrei mais, a inoins qu’elle nc foit

abfoluine»*^

Mais heureufement tous ces calculs font fondés fur des fuppofitions qui, quoiqu’elles puiffent fenbsp;réalifer dans la fuite des fiecles , n’ont pas aftuel-lement lieu dans 1’état de l’univers, II Jn’y -

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;97

abfolument couchée fur le plan de I’ecliptique , Cette pofition ne peut être que momentanée; 6cnbsp;les revolutions cométaires étant extrêmeinent longues , il y a déja une probabilité très-forte quenbsp;cette pofition aura cefle , lorfque la comete tra-verfera Tecliprique.

Mais fuppofons que cette pofition folt alTez conftante pour qu’une comete , traverfant I’ecliptique , fe trouve préclfément dans le même plannbsp;amp; fur la trace de la Terre. Vovons , en confultantnbsp;les loix de la probabilité, quelle chance il y anbsp;pour qu’au moment oii la comete fera fur l’é-cliptique, la Terre fe trouve fur un point affeznbsp;voifin pour la choquer ou en étre choquée. Ennbsp;voici le calcul.

Au moment ou la comete eft fur Tédiptique même , il y a pour la Terre, fur le même cercle ,nbsp;autant de pofitions différentes que Ton peut compter de diametres terreftres ; mais il n’y a que troisnbsp;de ces pofitions qui foient abfolument critiques,nbsp;car il en eft une qui donneroit un choc central,nbsp;amp; les deux autres, a un diametre prés, plus avantnbsp;OU après le lieu de la comete , donneroient unnbsp;fimple choc fuperficiel. Or on trouve que l’orbitenbsp;de la Terre contient fur fa circonférence 72.450nbsp;fois le diametre terreftre; ce qui , divifé par 3,nbsp;donne 14150. Ainfi, dans la fuppofition oü unenbsp;Comete devroit nécefifairement fe trouver fur lenbsp;chemin de la Terre , il y auroit encore 14150nbsp;contre un a parier , que la Terre ne feroit pasnbsp;cn ce moment a portee d’en recevoir un chocnbsp;^uelconque, même fuperficiel. Ajoutons a cela ,nbsp;Rue cette pofition dangereufe de la comete eft ,nbsp;pour ainfi dire , 1’affaire d’un inftant; car, en tr4-verfant l’orbite de la Terre, elle a une vitefte denbsp;Tome ir.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;G

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9§ Kécréat. MatmémAT. et Phys.

1390 lieues par minute: ainfi Ie danger ne duré-roit pas 3 minutes de fuite. II y auroit certes bien du malheur, li une comete, fe trouvant auffi peunbsp;de temps dans Ia proximité du chemin de la Terre,nbsp;celle-ci alloit mal-adroitement lui barrei Ie che-min, amp; Ib rencontrer avec elle.

Le danger pour notre globe d’dtre inondé par Ie foulevement des eaux de 1’Océati, eft encorenbsp;moins fondé; quand méme la comete paiïeroitnbsp;è une diftance très-médiocre de la Terre, commenbsp;4 12000 ou 15000 lieues , ce qui eft un fixiemenbsp;de la diftance de la Terre a la Lune. II eft vrainbsp;qu’en fuppofant une comete rencontrant précifé-ment l’orbite de la Terre , il y a une probabiliténbsp;qui n’eft plus que de l contre environ 7100 , quenbsp;notre globe pourroit fe trouver i une diftancenbsp;qui n’eft pas plus grande que de quatre a cinq denbsp;fes diametres ; mais la rapidité avec laquelle fenbsp;feroitcette approche, amp; avec laquelle les deuxnbsp;globes s’éloigneroient enfuite, ne donneroit pasnbsp;aux eaux de 1’Océan le temps de s’élever afteznbsp;pour fiibmerger notre continent; car il faut unnbsp;certain temps pour imprimer a la mafte énormenbsp;des eaux de la mer, un mouvement tel que celuinbsp;du flux amp; du reflux. Ce qui le prouve, c’eft quenbsp;le flux ne fuit que de loin le paflTage de la Lunenbsp;par le méridien , même dans les mers ouvertes ,nbsp;amp; que les grands flux des nouvelles amp; pleinesnbsp;lunes ne fe font méme pas ce jour-la, mais lesnbsp;fuivants. Or une comete arrivant a l’orbite de lanbsp;Terre, traverferoit notre fyftême lunaire a peunbsp;prés dans une heure : ainfi il ne pourroit en réfulternbsp;qu’un léger mouvement dans les mers très-ouver-tes, telle que la mer du Sud, Quelques-uns des pe-tits iflots qui y font parfemés, amp; qui font prefqo®

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P H y S I Q U E. nbsp;nbsp;nbsp;9^

^ fleur d’eau , pourroienten être fubmergés, tnais notre continent feroit abfolutnent a l’abvi d’unnbsp;pareil malheur.

Ce qu’il y a de plaifant dans eet effroi que conqut la ville de Paris, lur Ie faux expofé dunbsp;Mémoire de M. de la Lande , c’eft qu’il y avoitnbsp;déja quatre ans que Ie plus grand danger que lanbsp;Terre ait courua eet égard depuis plufieur.s fiecles,nbsp;étoit paflié j car, de toutes les cometes connues ,nbsp;Celle qui s’eft Ie plus approché de la 1 erre, eft cellsnbsp;de 1770: elle en fut, Ie i®*quot; Juület , a environnbsp;750000 lieues, ce qui eft plus de huit fois la dif-lance de la Lune a la Terre. Il n’y avoit pas ldnbsp;de quoi troubler Ie fommeil de qui que cé foit.

Au furplus , ce feroit un beau amp; magnifique fpeifacle pour les aftronomes, que celui d’unenbsp;comete a peu prés groffe comme la Terre, traver-fant les cieux avec une vitefte aulïï grande quenbsp;nous venons de Ie dire. Quel beau phénomene quanbsp;celui d’un nouvel aftre d’environ 9 degrés de dia-nietre apparent, amp; parcourant de fon mouvementnbsp;propre, dans une OU deux heures , environ 180nbsp;degrés dans Ie ciel ! Quel aftronome ne fouhaite-roit pas d’être témoin d’un phénomene ft rare ,nbsp;ddt-il en arriver quelque petite cataftrophe pournbsp;de petits iflots deja a demi noyés dans Ie vaftenbsp;Océan?

On a cependant calculé que cela n’arriveroit pas fans quelque dérangement dans Ie mouvement denbsp;notre globe. M. du Sejour a trouvé qu’une cOmetenbsp;grofte comme la Terre, paflant auprès d’elle anbsp;^ne diftance d’environ 13000 lieues, chaneeroitnbsp;fa revolution périodique , amp; que cette revolutionnbsp;deviendroit de 367 jours Sc quelques heures , aunbsp;lieu de 365 jours 6 heures 6c quelques minutes,

Gi)

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100 RÉCRÉAT. MATHiMAT. ET PhYS.

Maïs de cela il ne réfulteroit aucun mal pbyfique pour Tunivers. II eft vrai que les aftronomes au-rolent a refondre leurs tables , devenues inutiles ;nbsp;les chronologiftes , leur maniere de calculer lesnbsp;temps; les Etats , leurs calendriers : ce feroit mattere a des fpéculations nouvelles, amp; une nouvelle occupation pour les fqavants,

THÉORÊME I.

Unt Uvrc de luge pefe davantage quune livre de plomh OU d’or.

Un corps pefe plus en été quen hiver.

Ces deux propofitions paroitront du premier abord un paradoxe a plufieurs de nos leéleurs;nbsp;maïs ce paradoxe s’évanouira , au moyen des reflexions luivantes.

Lorfqu’on pefe des corps dans 1’alr , ce qui eft ordinaire, on les pefe au milieu d’un fluide qui,nbsp;fuivant les loix de Thydroftatique , leur enlevenbsp;toujours une portion de leur poids, égale a cenbsp;ce que pefe un volume femblable de ce fluide:nbsp;ainfi un morceau d’or ou de plomb d’un poucenbsp;cube, par exemple , pefe dans 1’air , y perd de fonnbsp;poids abfolu, ce que pefe un pouce cube d’air;nbsp;amp; il en eft de même de tout autre corps. Unenbsp;livre de liege y perd de fon poids, ce que pefe unnbsp;volume d’air égal a celui d’une livre de liege.nbsp;Mais Ie volume d’une livre de liege eft bien plusnbsp;grand que celui d’une livre d’or ou de plomb:nbsp;ainfi une livre de liege, pefée dans Fair, a unnbsp;poids abfolu plus grand que celui d’une livre d’or,nbsp;puifque la premiere étant diminuée du poids d’unenbsp;plus grande quantité d’air que la feconde, ellesnbsp;reftent encore égales.

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;ioï

L’expérience confirme Ie raifonnement: car , que l’on mette en équilibre , avec une bonne balance , une livre d’or ou de plomb, avec une livrenbsp;de liege; que Ton couvre Ie tout d’un recipient ^nbsp;amp; qu’on en pompe l’air, on verra auffi-tót Ienbsp;liege 1’emporter. II arrive en efFet alors , que Ienbsp;poids du liege eft augmenté du poids d’un pareilnbsp;volume d’air ; amp; 1’or eft également augmenté dunbsp;poids d’un volume d’air égal au fien. Mais Ie premier eft beaucoup plus grand : ainfi l’équilibrenbsp;doit être trouble , amp; Ie liege doit l’emporter.

Voila Ie premier paradoxe réfolu amp; démontré; nous paftbns au fecond.

En été l’air eft dilate par la chaleur, Sc moins denfe : de-la il réfulte néceflairement que Ie mémenbsp;Volume d’air a moins de pefanteur, amp; confé-quemment que chacun des corps mis en équilibre,nbsp;perd moins de fon poids que quand l’air étoitnbsp;plus denfe. Mais ce n’eft pas dans la même proportion ; la livre de liege perd, par exemple , dansnbsp;l’air ordinaire , quatre grains de fon poids , amp;c anbsp;par conféquent un poids abfolu de i livre 4 grains ;nbsp;tandis que l’or ne perdant qu’un demi-grain, lanbsp;livre pefe, dans la réalité, une livre amp;c un demi-grain. Dans un air dilate au point de pefer lanbsp;moitié moins, Ie-volume d’air égal au volume denbsp;liege, ne pefe que i grains ; amp; celui d’air égalnbsp;au volume d’or, ne pefera qu’un quart de grain tnbsp;ainfi la livre de liege , pefée dans l’air ordinaire,nbsp;pefera dans eet air dilaté, i livre 2 grains; amp; lanbsp;livre d’or, une livre 8c un quart de grain : Ie liegenbsp;1’emportera done encore.

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'tox Récréat, Mathémat. et Phys,

COROLLAIRES.

I. On peut de ceci tirer la conféquence, que deux poids en éqidlibre d la furface de la terre , nenbsp;Ie font pa% etant portés fur une montagne ; carnbsp;fur une niontagne l’air eft plus dilaté : conféquem-ment, d’après Ie raifonnement ci-deffus, l’ëqui-libre doit être troubleIe corps Ie plus volumi-Tieux 1’emportera.

n. Ce feroit Ie contraire , fi les corps étoient en équilibre fur la montagne, amp; qu’on les pefatnbsp;enfuite dans la plaine ; ou fi, pefés dans la plaine ,nbsp;on les portoit au fond d’une mine ; alors Ie plusnbsp;yolumineux deviendroit Ie plus léger.

III. II y auroit de 1’avantage a acheter de 1’or en été pour Ie revendre enhiver, ou de 1’acheternbsp;dans un lieu froid pour Ie revendre dans unenbsp;étuve; car on a coutume de peler 1’or avec desnbsp;poids de cuivre, qui perdent moins de leur poidsnbsp;abfolu en été qu’en hiver; d’oü il fuit qu’en éténbsp;als pefent davantage. On aura done une plusnbsp;grande quantité d’or , par leur moyen, en éténbsp;qu’en hiver; au contraire , ces poids perdent plusnbsp;en hiver qu’en été: conféqueinment, en reven-dant en hiver , on donnera moins d’or.

11 faudroit en agir tout autrement pour acheter des diamants, parcequ’on les pefe avec des poidsnbsp;de cuivre qui font fpécifiquement plus pefants quenbsp;ïe diamant. Si done un poids de cuivre eft ennbsp;équilibre dans un air tempéré avec un poids denbsp;diamants , en les tranfportant dans un air froid ,nbsp;Je poids de cuivre 1’emportera ; amp; ce fera Ie con-traiie, en les tranfportant dans un air plus chaud.nbsp;|! faudroit done acheter dans un air froid ou ennbsp;hiver, pour revendre en été ou dans un air chaud.

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;103

II eft vrai qiie , dans 1’un amp; I’autre cas, la difference eft fi légere, qu’on feroit une mauvaife fpéculation d’acheter des diamants en hiver pournbsp;les revendre en été, ou d’acheter de I’or en éténbsp;pour le revendre en hiver. On pourroit bien fenbsp;ruiner promptement. Mais , quoi qu’il en foit,

I’elprit ma'hematique deinontre amp; peut apprécier Ia difference ; St fi ce n’eft pas une vérité utile anbsp;la Bourfe, ce n’en eft pas raoins une vérité phy-fique 6c mathématicjue.

THÉORÊME 11.

poids homogenes qui font en équilihre fur la furface de la. terre, aux extrémités d’une balancenbsp;d bras inigaux , ne le doivent plus être , fi onnbsp;la tranfporte au fommet d'une montagne ou aunbsp;fond d'une mine^

SupposONS une balance a bras inegaux, AB,, Pb ?? ËD, chargée de poids en équilibre P St Q, amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*5.'»

conféqueminent inégaux; que cette balance foit dans la fituation horizontale ; ces poids , tendantsnbsp;au centre de la terre , que nous fuppofons C,nbsp;feront avec la balance des angles CAB,CDB,nbsp;inégaux ; amp; Tangle A , du cóté du grand bras,nbsp;fera confequeminent le moindre. Du point B,nbsp;qu’on abailTe les perpendiculaires BE, BF , furnbsp;les lignes de direélion A C, DC ; on aura ^nbsp;felon les loix de la mécanique, ces perpendiculaires en raifon réciproq\ie des poids, enforte quenbsp;Be fera a BF, en meine raifon que le poids Q aunbsp;point P; c’eft-a-dire que le produit de P par BF,nbsp;fera le méme que celui de Q par BE.

Que la balance foit maintenant tranfportee plus^ prés du centre de direifion, ou , ce qui revien^:

G iv

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104 Récréat. Mathémat. et Phys,

au jTiême, que ce centre foit rapproché comme en c; les nouvelles direftions feront Ac Sc Dc.nbsp;Que Bc, B ƒ loient les nouvelles perpendiculairesnbsp;fur ces lignes de direction ; il y auroit encorenbsp;équilibre , fi Ie rapport de B/a B c étoit Ie mêmenbsp;que celui BF a BE, ou celui de Q a P : mais ilnbsp;eft adé de démontrer que ce rapport n’eft plus Ienbsp;inême; ainfi Ie produit de Q par B e, ne fera plusnbsp;égal a celui de P par Bƒ; il n’y aura done plusnbsp;d’équilibre. On peut même faire voir que , dansnbsp;Ie Ccis du rapprochement du centre, Ie rapportnbsp;de Bc a BE, moindre que cglui de B/a BF ;nbsp;d’ou fint que B c eft moindre qu’il ne faudroitnbsp;pour que ces rapports fuflent égaux ; Sc confé-quemment que, clans ce cas, Ie poids Ie plus pro-che du point de fufpenfion 1’emportera. ^

Le contraire arrivera par la même raifon, fi la balance étoit tranfportée plus loin du centre,nbsp;comme au fommet d’une montagne.

Pourquoi done , dira-t-on , Pequilibre fubfifte-t-il nonobftant cette démonftration ? La raifon en eft fimple. Le centre de la terre eft toujoursnbsp;fi éloigné , relativement a la longueur d’une pared le balance , que les lignes de direftion fontnbsp;fenfibiement paralleles , a quelque hauteur ou pro-fondeur au defius ou au deffous de la furface denbsp;la terre que nous puifllons nous placer. Ainfi lanbsp;difference d’avec l’équilibre rigoureux eft fi petite,nbsp;que l’on ne peut 1’appercevoir avec les balancesnbsp;les plus parfaites qu’on puiffie fuppofer forties denbsp;h main des hommes.


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105

Physique. PROBLÊME XXV.

Du Feu central.

11 n’eft qiieftion dans la phyfique que du feu central de la terre. Mais un pareil feu exifte-t-il ?nbsp;Quelle eft la caufe de la. chaleur qu’on éprouvenbsp;dans I’interieur de notre globe ? Voila diverfesnbsp;queftions que nous allons examiner ici; amp; ellesnbsp;font d’autant plus intereftantes, que leur folutionnbsp;donne lieu a quelques confequences tout-a-faitnbsp;dignes d’attention.

Lorfqu’on connoit les phenomenes obferves par divers phyficiens dans I’interieur de la terre,nbsp;on ne peut fe refufer a reconnoitre c[ue la furfacenbsp;feule , dans ces climats, eft fujette aux viciffitudesnbsp;du chaud amp; du froid que nous eprouvons. A unenbsp;certaine profondeur , qui n’eft même pas biennbsp;grande , car il fuffit de defeendre a une centainenbsp;de pieds , la chaleur eft conftamment la même,nbsp;fqavoir, de 10 degres environ du thermometre denbsp;Reaumur. C’eft ce qu’on obferve clans tous lesnbsp;climats amp; dans tous les pays.

II faut done reconnoitre que Ip globe de la terre a , independamment de la chaleur variablenbsp;du foleil, un fonds de chaleur qui lui eft propre,nbsp;quelle qu’en foil la caufe.

II y a plus. Nous allons demontrer que le degré de chaleur que la prefence du foleil, pendant plu-ftcurs mois de I’annee , ajoute a la chaleur internenbsp;de la terre, ou celui que fon abfence lui faitnbsp;perdre , n’eft qu’une petite partie de la chaleur interne du globe de la terre.

En effet, Ton feroit bien dans I’erreur, amp; nous

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ïo6 Récréat. Mathémat. et Phys.

1’avons déja dit, fi 1’on penfoit que Ie degré de froid qui fait geler l’eau fut Ie degré O de chaleur ;nbsp;il n’y a de froid amp; de chaleur que relativement.nbsp;Si les liqueurs communes de notre globe étoientnbsp;de la nature de l’efprlt-de--vin , comme alors lesnbsp;liqueurs de notre corps feroient a l’abri d’etrenbsp;glacées , a moins qu’elles ne fuflent expofées anbsp;une diminution de chaleur au-dela de celle quinbsp;glaceroit l’efprit-de-vin, il eft plus que probablenbsp;que nous n’éprouverions aucune fenfation défa-gréable , en vivant dans une temperature fembla-ble a celle qui fait glacer l’eau; amp; au contraire,nbsp;fi nos liqueurs étoient de nature a fe congeler aunbsp;degré qui commence a laifler figer la cire , nousnbsp;éprouverions probablement a cette température,nbsp;la méme fenfation que nous éprouvons a celle ounbsp;l’eau fe gele. Tout ce qui feroit au deflus feroitnbsp;chaleur, tout ce qui feroit au deffous feroit froid.

D’ailleurs il n’y a nul doute qu’un degré ab-folii de froid congéleroit toutes les liqueurs. Or l’efprit-de-vin ne fe congele qu’au 29® degré aunbsp;dellbus de zéro du thermometre de Réaumur; ilnbsp;y a done encore de la chaleur au 28^ degté,nbsp;quoique , par Ie fentiment défagréabJe que nousnbsp;éprouvons , nous I’appellions un froid cuifant.nbsp;Mais a ce même degré, amp; même fort au deffous,nbsp;Ie mercure eft encore fiuide ; il ne fe congele qu’aunbsp;170® degré au moins au deffous de zéro : ainfi aunbsp;169® il y a encore de la chaleur : on a mêmenbsp;fait defcendre Ie thermometre jufqu’au 240® degré 1 de la divifion de M. de Réaumur, amp; Ienbsp;mercure , apparemment plus pur , ne s’eft figé qu’a

1

On verra ailleurs comment on eft venu a produke ce prodigieux degré de froid.

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;ïo/

ce degré. II n’eft méme pas probable que ce degré de froid foit Ie froid extreme. II y a beaucoup denbsp;raifons, trop longues a expofer ici, d’après lef-lt;iuelles on peut prefque affurer que ce degré ab-folu de froid eft au moins mille degrés plus basnbsp;*iue Ie zéro du thermometre de Reaumur.

Mais bornons-nous au 140® degré, amp; prenons-

comme celui de la privation abfolue de la cha-^^ur; imaginons en conféquence un thermometre dont Ie degré zéro foit placé a ce terme, ou fubf-^‘tuons dans nos thermoinetres ordinaires Ie degrénbsp;^40 a celui marqué vulgairement zéro, qui n’eftnbsp;lt;iue Ie degré de la congelation de 1’eau : alors onnbsp;3ura au moins 150 degrés au terme que nous ap-pelons tempèrc. Or, en prenant Ie degré moyennbsp;de chaleur de 1’été dans notre hémifphere, onnbsp;trouve qu’il n’excede pas 16 degrés au defius de lanbsp;Congelation de Peau, amp; conféquemment de lónbsp;deffus du tempéré : ainfi nous avons pour cenbsp;degré de chaleur, Ie degré abfolu de z66. Lenbsp;thermometre variera done du tempéré au plusnbsp;grand chaud, de la quantité de 16 degrés fur 2.5° »nbsp;Ce qui eft un peu moins de la 15® partie.

On a trouvé de même, que le degré de froid moyen de Thiver de notre hémifphere feptentrio-nal, eft de 6 degrés au deftous de la congelation, prife au thermometre de Reaumur; c’eft-a-dire 16 degrés au deftous du tempéré : ainfi lanbsp;diminution moyenne de la chaleur au deftous dunbsp;tempéré, laquelle eft occafionnée par la retraitenbsp;du foleil, eft aulfi d’un 15® environ de la chaleurnbsp;marquee par le degré 10 ; d’oü il fuit que, denbsp;l’hiver a l’été , la variation de la chaleur n’eftnbsp;tout au plus que de-^, ou comme de 7 a 8. Maisnbsp;il eft probable Sc très-probable, ainfi que M.de

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ïo8 Récréat. Mathémat. et Phys. Mairan 1’a fait voir dans les Mémoires de VAcadémie de 1765 , amp; aprês lui M. de BufFon dans fesnbsp;Suppléments a fon Hijloire Naturelle , il eft , disje , très-probable que cette variation eft dans unnbsp;rapport beaucoup moindre.

lle premier la fixe a ^, ou comme'de 31332, amp; Ie dernier a-^, ou comme de 50 a ^i. Maisnbsp;bornons-nous a celui que nous avons trouvé , afinnbsp;de partir d’un point entiérement démontré.

De tout cela que conclure ? Le voici, amp; c’eft «ne conféquence a laquelle il eft impolfible de fenbsp;refufer. II y a dans le globe de la terre un degrénbsp;de chaleur conftant, amp; qui eft au moins 7 a 8nbsp;fois auffi grand que celui que la préfence du foleilnbsp;y ajoute, pendant qu’il 1’éclaire de la maniere lanbsp;plus avantageufe pour 1’échauffer. Voila unsfeu ounbsp;un fonds de chaleur cju’on peut amp; qu’on doit ap-peler central. 11 nous refte a difcuter fon origine.

Suivant quelques phyficiens, ce feu eft unique-ment l’effet des effervefcences continuelles que les matieres ininérales , renfermées dans le fein denbsp;la terre, y caufent en fe rencontrant amp; fe combi-nant les unes avec les autres, Le fer, qui paroitnbsp;univerfelleinent répandu dans la nature, amp; colo-rer fur-tout les terres argileufes , fait, comme 1’onnbsp;fqait, une effervefcence violente avec l’acide vi-triolique , qui eft auffi le plus univerfellement répandu. C’eft-la, felon eux , ce qui excite amp; en-tretient dans les entrailles de la terre ce feu continu qui 1’échauffe, amp; qui fe mamfefte fouventnbsp;par les explofions des volcans, dont le nombrenbsp;eft encore confidérable fur la furface de la terre:nbsp;ces volcans ne font, felon eux, que les cbeminéesnbsp;amp; les foupiraux du feu central.

. II eft difficile d’arguer abfolument de faux cette


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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;109

•^pinlon. Cepenclant il n’y a pas d’apparence qu’un feu de cette nature fok general dans les entraillesnbsp;la terre. Le nombre des volcans exiftants furnbsp;furface de la terre , eft trop peu confiderablenbsp;pour avoir une caufe aufli univerfelle ; il n’y ennbsp;3 tuéme qu’un bien petit nombre qui brule fansnbsp;‘-effe. Cependant le feu central, ft c’eft un vrainbsp;feu, doit être conftant amp;: perpetuel ; il eft donenbsp;^ peu prés néceflaire de recourir a une autrenbsp;eaufe,

En void une qui nous a paru long-temps d’une §fande probabilite. La chaleur centrale, ont ditnbsp;•Itielques philofophes , n’eft autre chofe que lanbsp;'^haleur que le corps de la terre , continuelle-•^ent échauffé par le foleil, a acquife par la prefence de cet aftre. Nous rendrons cette idee fen-par I’experience fuivante.

Qu’on expofe au devant d’un feu un globe de fer, qui fafle fur fon axe fa revolution dans unnbsp;^emps déterminé; nous le fuppoferons d’abordnbsp;^efroidi au degré de la glace, ainfi que tout 1’airnbsp;environnant : 1’impreffion de ce feu echaufferanbsp;d’abord la furface qui lui eft expofee, amp; la chaleur pénétrera peu a peu dans I’interieur : enfin ilnbsp;eft certain qu’après un grand nombre de revolu-ftons , le globe parviendra a un degré de chaleurnbsp;interne tel qu’il n’en acquerra plus, mais que lanbsp;ptefence de ce feu ne fera que lui conferver cenbsp;ftu’il a acquis.

On peut encore fort facilement concevoir que ^e globe, ou fon eloignement du feu , foit tel quenbsp;ije degré de chaleur conftant ne foit pas fortnbsp;doigné de celui de la congelation de I’eau.

Qu’arrivera-t-il dans ce cas ? Comme c’eft tou-JouTS la furface des corps qui commence a perdre

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iio RiCRÉAT. MATHÉMAt. ÊT PhVS. la chaleur, parcequ’elle en perd plus par Ie con-tadl de l’air , qu’il ne lui en ell: fourni par l’inté-rieur, il arrivera néceffalrement, fi l’air environ-nant eft ^ pen prés au degré de la congelation ,nbsp;que la furface de ce globe qui fera éclairée Ienbsp;plus obliquement, ou celle qui, dans une revolution un peu lente, fe trouvera oppofee au cóténbsp;du feu , perdra un peu de fa chaleur ; amp; commenbsp;nous fuppofons la chaleur moyenne que Ie globenbsp;a pu acquérlr peu éloignée du froid de Ia congelation, comme eft celle de la terre, il pourranbsp;fort bien fe faire que , dans ces endroits moinsnbsp;favorablement expofés a l’aftion du feu, la fur-face y prenne un degré de froid égal a celui de lanbsp;glace. Done , s’il y avoit fur la furface de ce globenbsp;quelque matieré, comme de la cire ou de^l’eau,nbsp;fufceptible de fe fondre amp; ie congeler alternati-vement, il arriveroit sürement qu’elles éprouve-roient ces alternatives; il pourroit rnêrne arrivernbsp;qu’elles reftaffent continuellement glacées aux environs des póles, qu’elles fe fondiffent amp; fe con-gelaflent alternativement dans les parties moyennesnbsp;entre les póles amp; l’équateur, amp; qu’elles reftaffentnbsp;toujours fluides dans les environs de l’équateurnbsp;du globe.

Or c’eft-la ce qui fe paffe précifément fur la furface de la terre : expofée depuis un grandnbsp;nombre de fiecles a la chaleur bénigne du foleil,nbsp;elle en a été réchauffée jufques dans fes entrailles,nbsp;amp; ce n’eft que cette chaleur intérieure qui eftnbsp;ce qu’on nomme h fiu central: elle en reqoitnbsp;perpétuellement une nouvelle quantifé , qui luinbsp;rend ce que fa furface en diffipe par Ie contaéfnbsp;de l’air moins échauffe. Enfin, de méme que Ienbsp;globe de l’expérience précédente auroit, a quel-

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;ui

tJUcS lignes au clefTqus de fa furface , une cha-^eur qui refteroit a peu prés conftante , de méme Ie degré de chaleur qui regne a quelque profon-deur au deiTous de la furface de la terre , eft unnbsp;degré a peu prés conftant 1. II n’y a pas d’autrenbsp;^Tiyflere a chercher dans cetre matiere.

Maïs nous avons bien de Ia peine a croire que malTe de la terre , privéê de toute chaleur, Scnbsp;^xpofée au foleil, eüt jamais pu en recevoir juf-^u’a fon centre la chaleur dont elle paroit douée.nbsp;^ue de fiecles, amp; de millions de fiecles, n’auroit-d pas fallu a une chaleur auffi foible que celle dunbsp;foleil , pour iondre un ocean tout glacial, amp; s’in-finuer jufques dans fes entrailles! Nous croyonsnbsp;^ue la glace , qui eiit été fondue méme fous lanbsp;dgne par la prefence du foleil, eut été regeléenbsp;pendant fon abfence de douze heures; enforte quenbsp;ce globe , expofé au foleil dans cet état , y eütnbsp;fefté éternellement, fi quelque autre caufe puif-fante n’y eüt mis tout-a-coup ce fonds de chaleurnbsp;, en vivifiant la nature , rend la terre habitable , amp; fufceptible de vegetation.

II nous refte une troifieme caufe de la chaleur centrale a examiner. C’efl: celle que lui affignenbsp;M. de Buffon.

Suivant ce philofophe celebre , la Terre Sc les 3utres planetes circonfolaires ont autrefois faitnbsp;Partie du Soleil; elles ont été arrachées de fa fur-f^ce par une comete qui, en la fillonnant, en anbsp;Ptojeté des fragments a différentes diftances.nbsp;^omme ils étoient en fuhon, chacun a du nécef-

1

Nous difons i peu pns; car je ne connois guere d’autre obfervation du thermometre dans des lieux fouter-faite dans les caves de I’Obfervatoire de

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Jli Récrêat. Mathémat. et Phys.

fairement s’arrondir, en vertu des loix de la gravitation viniverfelle. Les morceaux un peu con*nbsp;lidérables , comme Vénus , la Terre , Mars , Jupiter, Saturne, ont retju par cette projedionunenbsp;direftion tangentielle , qui , combinée avec lanbsp;force attraélive du Soleil, leur a fait décrire auteur de eet aftre des orbites plus ou moins allon-gées. Celles de ces noüvelles planetes , enfin, quinbsp;ont eu par hafard dans leur voifinage de plusnbsp;petits fragments, les ont en quelque lorte fubju-gués; amp; ces petits fragments , tournant autournbsp;des plus gros en vertu des mêmes loix, font de-venus leurs fatellites. C’eft ainfi que notre globe ,nbsp;Saturne , Jupiter , ont acejuis les lunes qui les ac-compagnent.

En partant de cette generation de la Terre amp; des planetes circonfolaires , il elf clair cjbe cesnbsp;globes ont d’abord été fluides ; amp; ceci explique anbsp;ravir leur formation en fphéroïdes applatis: car ilnbsp;fautnécefiTairement que la Terre amp; les autres planetes aient été pendant quelque temps, ou dans unnbsp;état de fufion , ou comme une paté a demi fluide,nbsp;pour que leur mouvement diurne leur alt donnénbsp;la forme qu’elles ont. Mais partons de leur étatnbsp;hypothétique de fufion. Des mafifes aufll confi-dérables que Vénus, la Terre, amp;c. n’ont pu aflu-rément fe refroidir dans un jour , ni dans unenbsp;année, ni même dans vingt fiecles. Elles ont paflTénbsp;d’abord de l’état de fufion a l’état de folidité;nbsp;elles ont refté encore long-temps imprégnées d’unenbsp;quantité de feu qui les rendoit inhabitables; enfinnbsp;peu-a-peu leur furface s’efi; refroidie , au point denbsp;n’avoir plus que la chaleur néceffaire pour nenbsp;point incommoder les animaux , amp; pour être fuf-ceptible de végétation. L’intérieur de la Terre

conférvê

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;iïj

Conferve encore un degré de chaleur plus confi-derable que la furface, 5c qui doit même aller ^n augmentant jufqu’au centre : voila le feu cen-tral. Mais, par une fuite néceffaire de la caufe

ce feu , 11 doit aller toujours en diminuant, Sc iious perdons chaque jour quelque peu de cettenbsp;chaleur. II femble en effet que la fertilite de lanbsp;terre diminue de )our en jour, ainfi que les forcesnbsp;de la nature , foit dans la vitalite des hommes ,nbsp;foit dans leur maffe amp; leur vigueur. On ne peutnbsp;cependant pas encore demontrer cette diminution ; il y a trop peu de temps que nous poffedonsnbsp;*^n Inftrument propre a mefurer la chaleur: a peinenbsp;même y a-t-il cinquante ans qu’on a des thermo-tnetres comparables. Mais fi, dans 500 ans d’ici,nbsp;par exemple , on trouve dans les caves de 1’Ob-fervatoire , que la chaleur conftante qu’on ynbsp;obferve n’eft plus que de 7 a 8 degres , au lieu denbsp;Siqu’elle eft aujourd’hui, le refroidiffement fuc-ceflif de la mafte de la terre fera un fait dont ilnbsp;y aura plus moyen de douter, quelle que foit I’o-tigine de cette chaleur amp; la caufe de fa déper-dition.

Cependant nous ne pouvons difiimuler, malgre notre refpeft pour le phllofophe illuftre amp; I’elo-quent auteur de cette idee, qu’il y a fur cette .formation des planetes quelques difticuites qu’il n’eftnbsp;pas aifé de refoudre.

1° Si les planetes ont été formées de cette mailtere , on ne conqoit pas d’oii vient les cometes ^nroient une autre origine ; amp; fi les dernieresnbsp;ftint originairement des planetes circulantes autournbsp;du Soleil, on ne volt pas qu’il en eut couté da-Vantage a la Caufe fouveraine qui a arrange 1’uni-Vers , de former les planetes de la même maniere.

Tome IF', nbsp;nbsp;nbsp;H

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xi4 RÉCRiAT. Mathémat. et Phys.

2° I! paroit cl fficile de concilier avec les loix du mouvement amp; celles de la gravitation univer-felle, la pofition 5f les dimenfions des orbites denbsp;ces nouvelles planetes; car, d’après ce qui a éténbsp;démontré par Ne\t'ton amp; par d’aUtres, puifqu’ellesnbsp;font parties du Soleil par une ligne a peu présnbsp;tangente a fa furface amp; d’un point de fa furface,nbsp;elles devroient a chaque revolution pafler par Ienbsp;même point : c’eft cependant ce qui n’arrivenbsp;pas ; au contraire , les orbites des planetes fontnbsp;prefque circulaires.

11 paroit aiifli que, dans cette projeflion, les plus groffes maffes n’euffent pas du aller Ie plusnbsp;loin, Sc décrire les plus grands cerdes: ce devroitnbsp;étre, ce femble , les plus petites planetes qui fenbsp;feroient Ie plus éloignées du Soleil; car^ fi unenbsp;force quelconcjue jette promifcuè plufieurs corpsnbsp;d’inégale groffeur , ce feront les plus petits quinbsp;feront lancés avec Ie plus de viteffe.

Au refte l’effet d’une pareille projeftion eft incalculable ; Sc l’on pourroit dire d’ailleurs ,nbsp;qu’en tnême temps que la comete dont il s’agitnbsp;a lillonné la furface du Soleil, elle lui a communiqué une impulfion qui 1'a fait changer de place.nbsp;En effet , cette comete qui a pu entrarner desnbsp;maffes telles que routes les planetes a-la-fois, de-voit être d’une maffe énorme , Sc a bien pu , ve-nant choquer Ie Soleil avec une viteffe immenfe ,nbsp;déplacer un peu eet aftre qui eft au centre denbsp;notre fyftême dans une forte d’inertie.

R E M A R lt;IU E.

Quel que foit Ie fort de ces idees, void quelques conféquences q.ue M. de Buffon tire denbsp;fon fyftéme fur la formation de la Terre, Sc qu»

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;ii^

font trop curieufes pour ne pas trOuvef place ici.

M. de Buffon , partant de fes principes fur la formation de la Terre amp; des planetes , a fait unenbsp;fuite très-curieufe d’expériences , pour déterminernbsp;dans quel rapport fe fait le refroidilTement desnbsp;maffes différentes de matiere, eu égard a lentnbsp;nature amp; a leur groffeur; amp; de ces experiences ilnbsp;conclud,

Qu’unglote tel queMercure a du mettre r ivf ans a fe confolider jufqu’au centre, 14813 a fenbsp;refroidir au point de pouvoir être touché, ^4192nbsp;^ fe refroidir au point de la température aftuelle,nbsp;amp; enfin qu’il lui faut ï 87775nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;refroidir

de roaniere a n’avoir plus que la 25® partie de la température aftuelle : c’eff ce que , pour abréger ,nbsp;nous appellerons i®re^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;époques.

Que Vénus a du employer 3596 ans dans la premiere, 41900 a la feconde , 91600 a la troi-fieme , amp; 218540 a la quatrieme.

Que la Terre en a employé a la premiere 2936, a la feconde 34270; que la duree de la troifiemenbsp;époque a été de 74800 ans ; enfin que , 168 115nbsp;ans apiès, il n’y aura plus qu’un 25® de la chaleurnbsp;aftuelle.

Ainfi done la Terre exifferoit déja depuis 112 mille ans ; d’ou il fuit qu’a I’heure qu’il eft. il ynbsp;3 déja 30000 ans que Mercure a paffe le degrénbsp;de la température aftuelle de la Terre, amp;: qu’il.anbsp;ttiême déja perdu environ 6 deeres fur les 25 quinbsp;luireftoient.

«poque, 7515

neme, Sc 72514 a la quatrieme. Ainfi il y a déja 15090 ans q

La Lune n’a rois que 644 ans a la premiere a la feconde , 16409 a la troi-

que la Lune eft requot;» H ij

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ii6 Récrèat. Mathémat. et Phys.

froidie au point de n’avoir même pas la 25® partie de notre chaleur acduelle. II n’eft pas étonnantnbsp;qu’elle Ie préfente a nous comine un amas denbsp;glace , Sc qu’il n’y ait fur elle aucune apparencenbsp;de nature vivante. Si elle a eu des habitants, il ynbsp;a long-temps qu’ils font gelés.

Mars a mis 1130 ans a fe confolider jufqu’au centre, 13000 ontété employés dans la fecondenbsp;époque, 28538 a la troifieme, amp;c 60300 a lanbsp;quatrieme : il y a conféquemment auffi déja 9 a 10nbsp;mille ans qu’il n’eft plus bon a rien.

Quant a Jupiter, il eft dans un cas bien différent : il a dü employer 9400 ans a fa premiere époque; il lui en faut 110000 pour la feconde.nbsp;Or il ya 112000 ans feulement que la Terre eftnbsp;formée , ainfi que Jupiter : conféquemment ilnbsp;faut encore 7 a 8 mille ans avant que Jupiter foitnbsp;refroidi au point de pouvoir mettre les pieds def-fns fans fe brüler. Parvenu a cette époque, il luinbsp;faudra 240400 ans pour venir a notre tempéra-ture aéluelle , amp; enfin 483000 pour perdre a peunbsp;prés toute chaleur. Vo'lamn beau globe, qui com-mencera feulement a être habité quand nous feronsnbsp;abfolument engourdis par Ie froid. Ainfi va Ienbsp;monde,

Saturne enfin a mis 5140 ans a fe durcir juf-qu’au centre, 59900 a pouvoir être touché; Ia durée de fa troifieme époque doit être de 130800nbsp;ans , amp; cette troifieme époque court pour lui de-puis environ 47000 ans, enforte que ce ne feranbsp;que dans 84000 ans qu’on y éprouvera la tempéquot;nbsp;rature aéluelle de la Terre.

Nous ne dirons qu’un mot des fatellites des deux dernieres planetes. Ils font la plupart en étatnbsp;de pleine habitabilité amp; vegetation; il faut feule-

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;i\j

Went en excepter le 4^ de Jupiter, qui eft déja avancé dans fa quatrieme époque; le 3® de Sa-turne , eft a peu prés au même degré que la Terre ,nbsp;^ri peu plus chaud néaninoins; le 4^ eft déja fortnbsp;avancé dans fa quatrieme époque , amp; le 3® nenbsp;doit plus être qu’une maffe de glace depuis présnbsp;50000 ans.

PROBLÊME XXVI.

^efurer les variations de pefanteur de Vair: Conf-truclion du Barometre.

Le barometre eft encore un de ces inftruments ^ont la découverte , due au fiecle dernier, eftnbsp;des plus remarqiiables de ce fiecle , fertile ennbsp;^dées heureufes. II eft devenu trop commun pournbsp;pas exiger que nous ne tardions pas davantagenbsp;® préfenter a nos lefteurs quelques-uns des traitsnbsp;principaux relatifs a cette partie de la phyfique ,nbsp;'l’ailleurs affez élémentaire pour n’avoir rien quenbsp;ft’amufant amp; facile a comprendre.

On a donné le nom de barometre , ^ l’inftru-ment qui fert a reconnoitre les variations de la pefanteur de l’air. Son nom vient des deux motsnbsp;grecs, iapo? amp; //êTPs/igt;, dont le premier fignifienbsp;f^fant, amp; le fecond mefurer. L’invention en eftnbsp;^ue au célebre difciple de Galilee , Torricelli,nbsp;^ qui il fervit principalement a démontrer la pe-^'iteur de l’air au milieu duquel nous vivonsnbsp;^ que nous refpirons. Mais ce fut Pafcal quinbsp;foupqonna amp; reconnut fes variations , au moyennbsp;la fameufe expérience du Puy-de-Domme,nbsp;qu il engagea fon beau - frere de faire, fur cettenbsp;Wontagne -^oifine de Clermont. Elle lui fervitnbsp;^ mettre dans un nouveau jour la pefanteur

H iij

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IlS Récréat. Mathémat. et Phys. de Pair, que quelques efprits faux s’obüïinoient anbsp;nier , malgré Fexpérience de Torricelli.

II eft aifé de fe former un barometre fans beau-coup de peine, Ayez un vafe de quelques pouces de profondeur, qui foit rempli de mercure ou denbsp;vif-argent; ayez encore un tube de verre de 30nbsp;OU 35 pouces de longueur, berniétiquement fermenbsp;par un bout. Après l’avoir renverfé , c’eft-a-direnbsp;mis en bas Ie bout ferme, rempliftez-le de mercure jufqu’a fon orifice ; appliquez-y Ie bout dunbsp;doigt, amp; redreflant Ie tuyau , plongez Ie boutnbsp;ouvert dans Ie mercure du vafe , amp; retirez Ienbsp;doigt, pour permettre au mercure du tube la communication avec celui du vafe : la colonne denbsp;mercure contenue dans Ie tube s’abaiflera , denbsp;maniere néanmoins que fon extrémité fupérieurenbsp;reftera d’environ 27 pouces, plus ou moins, aunbsp;deftus du niveau du mercure du vafe, ft Texpé-rience eft faite a une petite hauteur feulement aunbsp;deflus du niveau de la mer. Vous aurez un baro-jnetre conftruit. Et fi , par quelque invention ,nbsp;vous rendez immobile ce tube ainfi plongé dansnbsp;Ie vafe, vous verrez , fuivant les différentes conft*nbsp;titutions de 1’atmofphere, Ie bout de la colonnenbsp;de mercure fe balancer entre 26 Sc 28 pouces denbsp;hauteur.

Voil4 Ie barometre Ie plus fimple , Sc tel qu’il fortit d’abord des mains de Torricelli. On a de-puis imagine, pour plus de commodité, de prendre un tube de verre de 33 a 36 pouces environnbsp;de longueur, de Ie boucher hermétiquement parnbsp;un bout, Sc de recourber l’autre , après 1’avoifnbsp;dilate a Ia lampe d’émailleur, de maniere qu’ilnbsp;relïèmble ^ une fiole , ainfi qu’on voit dans lanbsp;figuse. On remplit Ie tube de mercure, en l’indi-

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Physique.

nant Sc le renverfant a plufieurs reprifes; 6c après Pavoir redrefie , on fait enforte qu’il n’en refte PI.nbsp;lt;^ans la fiole inférieure que jufqvte-vers le milieu fig. i6,nbsp;^e fa hauteur , comine. AB. La difference entrenbsp;la ligne CAB Sc la ligne DE , a laquelle fe fou-*ient le mercure , eft la hauteur de la colonnenbsp;lt;^tft fait contre-poids avec I’atmofphere , ainfi qu’ilnbsp;®ft aifé de voir. Enfin 1’on attache ce tube de verrenbsp;Sinfi rempli de mercure, contre une planche plus

tnoins ornee, Sc vers le haut on divife en li-gnes I’intervalle du 26 au 28® pouce au deffus de CB ; on y infcrit a diftances égales, en comtnen-^ant par la ligne de 28 pouces , beau-fixc ^ beau ,nbsp;Variable, pluit, tcmpêu : on a un barometre conf-truit. C’eft a peu prés ainfi que font faits ceuxnbsp;^u’on débite vulgairement; mais il y a quelquesnbsp;precautions a prendre pour qu’ils foient bons.

1° II faut que la fiole ou receptacle inférieur du mercure, ait un diametre beaucoup plus con-fidérable que celui du tuyau vers le haut; car ilnbsp;eft aifé de voir qu’autrement la ligne AB varieranbsp;fenfiblement, a meftire que le mercure haufferanbsp;Sc baiffera ; finon il faut y avoir égard.

2° Il faut que le mercure foit purifie d’air au-tant qu’il eft poljible , ou du moins jufqu’a un certain point; amp; que le tube ait été cbauffé amp;Cnbsp;frotté en dedans pour en chaffer l’huinidité Scnbsp;les ordures qui s’y amaffent d’ordinaire, autre-*tient il s’en dégagera de I’air , qui , occupant lenbsp;haut du tuyau, y formera par ion élafticité unnbsp;petit contre-poids a la pefanteur de I’atmofphere ,

^ fera que la colonne fe tiendra plus bas qu’elle ite devroit. Cet air, fe dilatant aulTi par la cha-leur, fera contre la colonne de mercure un plusnbsp;grand effort, enforte que fes mouvements dépen.*

Hiv

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tio Récréat. Mathémat/et Phys. dront a-la-fois amp; de Ia chaleur amp; de la pefanteurnbsp;de 1’air, tandis qu’ils ne doivent dépendre que denbsp;la deniiere caufe.

PROBLÊME XXVII.

La fufpmjion du mercurc dans Ie Barometre, dé-pend-elle de la pefanteur ou de rélajiicité de Vair?

On ne parle ici de cette queftlon, que parce-quelle eft agitée dans quelques livres de phyfique , oü même on decide que Ie phénomene doit êtrenbsp;attribué au reffort amp; non a la pefanteur de l’air,nbsp;L’analyfe fuivante fera fentir combien ceux quinbsp;penfent ainfi raifonnent mal.

II y a deux cas dans cette queftion. Dans Vun^ on fuppofe Ie barometre expofé a l’air libre, 8cnbsp;c’eft proprement celui dont il s’agit. Dans 1’autre ,nbsp;il eft renfermé dans une chambre tellement clofenbsp;que l’air ne fqauroit y pénétrer, ou fous un recipient de la machine pneumatique, qui interditnbsp;tout accès a l’air.

Dans ce fecond cas, il eft bien évident que la caufe de la fufpenfion du mercure eft uniquementnbsp;Ie reffort de l’air; mais étendre cela au cas oü Ienbsp;barometre eft expofé a l’air libre, c’eft, nous l’o-fons dire , raifonner d’une maniere peu digne d’unnbsp;phyficien.

En effet, pour reconnoitre a laquelle des deux caufes on doit attribuer la fufpenfion du mercurenbsp;dans Ie barometre expofé a l’air libre , fuppofonsnbsp;que l’air fut privé de fon poids ou de fon reffort,nbsp;amp; examinons ce qui arriveroit.

Si l’air étoit privé de fon reffort, il eft évident

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Physique, nbsp;nbsp;nbsp;l^I

^u’il retomberoit fur lui-meme, amp; formeroit au-tour de la Terre une efpece d’ocean d’un fluide d’une nature particuliere , qui, au lieu d’avoirnbsp;comme 1’atmofphere plufieurs milliers de toifes denbsp;hauteur, en auroit beaucoup moins; mais il auroitnbsp;^oujours le même poids, comme un ballot de criitnbsp;tjui a perdu fon élafticité amp; fon volume , ne pafenbsp;pas moins que lorfque, par 1’efFet de fon reffort,

occupoit beaucoup d’efpace. Ainfi le mercure d’un barometre plonge au fond de ce fluide , n’ennbsp;feroit ni plus ni moins prefle ; 11 fe foutiendroit anbsp;la même hauteur.

Feignons , aq contraire, maintenant que Pair, confervant fon reflTort, perde fa pefanteur. Qu’ar-riveroit-il ? Alors les parties de Pair n’eprouvantnbsp;plus aucune refiftance a s’ecarter les unes des au-’^res, leur reffort enfin n’étant plus comprimé parnbsp;la force du poids qui refulte des parties fuperieuresnbsp;fur les inferieures , Pair fe diffiperoit fans exercernbsp;aucune aftion fur la colonne de mercure , a moinsnbsp;ïju’on n’imaglnat au haut de Patmofphere une voutenbsp;tranfparente , contre laquelle le reffort de Pairnbsp;fut appuye; ce qui feroit ridicule : car un reffortnbsp;a befoin, pour agir par une de fes extrémités,nbsp;d’être appuyé par 1’autre. Or ce qui appuie, cenbsp;qui bande le reffort de Pair, n’eft autre chofe quenbsp;fon poids.

Puifque done Pair , dénué de poids Sc doué de tout le reffort poffible, n’auroit aucune aftionnbsp;for le mercure du barometre ; qu’au contraire, ennbsp;lui laiffant fon poids amp; lui otant fon reffort, il lenbsp;foutiendroit egalement, je demande a quelle caufenbsp;il faut attrlbuer cette fufpenfion ? La reponfe eftnbsp;facile, amp;C je puis me difpenfer de la donner.

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Ii2 Récréat. Mathémat. et Phys»

PROBLÊME XXVIII.

Ufage du Barometre pour reconnoitre fapproche dit beau ott du mauvais temps, amp; precautions dnbsp;prendre a ce fujet pour nétre pas induit en erreur^

XJN des prlncipaux ufages des barometres , eft de fervir a reconnoure 1’approche du beau ou danbsp;mauvais temps. L’expérience a en effet appris quenbsp;1’afcenfion du mercure au deffus de fa hauteurnbsp;moyenne , étoit ordinairement fuivie du beaunbsp;temps; amp; qu’au contraire , lorfqu’il baiflbit aunbsp;deffous de cette hauteur, cela indiquoit la continuation ou l’approche de la pluie, Cela n’eft ce-pendant pas ablblument général amp; infaillible. Lenbsp;vent a auffi beaucoup d’influence fur t’afcenfionnbsp;OU la defcente du mercure dans le barometre ; c’efbnbsp;pourquoi nous croyons a propos de donnet icinbsp;quelques regies, fondées fur l’obfervation , lef-quelles peuvent fervir a porter un jugement plusnbsp;affuré fur les indications de eet inftrument.

I. L’élévation du mercure annonce en général le beau temps, amp; fon abailTement efl: auffi en général l’avant-coureur du mauvais temps , commenbsp;pluie, neige , grêle, ou orage.

Dans un temps tres - chaud , rabailTement prompt du mercure annonce la tempête amp; lenbsp;tonnerre,

3, nbsp;nbsp;nbsp;En hiver, l’élévation du mercure préfage lanbsp;gelee; amp;: dans le temps de la gelée , fi Ie mercurenbsp;defcend de 3 ou 4 Hgnes , cela annonce du dégel;nbsp;mais, dans une gelée continue , s’il monte , il ynbsp;aura certainement de la neige.

4. nbsp;nbsp;nbsp;Lorfque le mauvais temps fuccede auffi-t6t

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;iïj

^ I’abaiflTement du mercure, ce mauvais temps ne fera pas de duree ; Sc ce fera la même chofe anbsp;I’egard du beau temps , s’il fuccede promptementnbsp;a 1’élévation du mercure.

5. nbsp;nbsp;nbsp;Mals dans le mauvais temps , lorfque le mercure s’eleve beaucoup, amp; qu’il continue de lenbsp;faire pendant deux ou trois jours avant que lenbsp;mauvais temps foit paffe , on peut s’attendre a urtnbsp;changement de temps en beau , qui fera de duree.

6. nbsp;nbsp;nbsp;Dans le beau temps , quand le mercurenbsp;tombe fort bas, amp; qu’il continue ainfi pendantnbsp;deux ou trois purs avant que la pluie vienne , onnbsp;eft fonde a prefager que cette pluie fera longue ,nbsp;grande, amp; accompagnée de grand vent.

7. nbsp;nbsp;nbsp;Le mouvement incertain du mercure annoncenbsp;aulft un temps incertain amp; variable.

Telles font les regies que le dofteiir Defaguliers donne, d’après les obfervations fuivies du fieurnbsp;Patrick, excellent faifeur de barometres, a Lon-dres.

II n’y a cependant nul doute qu’elles ne foient encore fujettes a quelques exceptions.

II eft reconnu , par exemple, que , dans les pays litues entre les Tropiques, le barometre n’anbsp;prefque aucune variation; il s’y foutient toujours,nbsp;au bord de la mer, a 28 pouces, plus ou moinsnbsp;quelques lignes. C’eft un phenomene difficile anbsp;cxpliquer , amp; je n’en connois aucune ralfon biennbsp;fatisfaifante, pas même celle que tente d’en donnet le célebre M. Halley. On fe tromperoit done,nbsp;ft on appliquoit les regies ci-deffus aux obfervations du barometre porte dans ces pays-la.

II arrive auffi quelquefois que I’abaiffement du mercure fe paffe fans pluie; mais alors il regne

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114 RÉCRiAT. Mathémat. et Phys, finon dans Ie bas , du moins dans Ie haut denbsp;ratmofphere , un vent confidérable ; car M.nbsp;Hauksbée a imagine une experience par laquellenbsp;il produit artificielleinent eet efFet fur Ie baro-metre.

PROBLÊME XXIX.

Comment Je fait-il que la. plus grande hauteur du Barometre annonce Ie beau temps , amp; que lanbsp;moindre annonce la pluie prochaine ou mauvaisnbsp;temps ?

Si 1’on n’étoit pas inftrult de la marche du barometre, fi Ton ne fqavoit pas que l’afcenfion du mercure arrive d’ordinaire quand Ie ciel eft biennbsp;ferein amp; que 1’air eft bien pur, qu’au contrairenbsp;fa defcente eft ordinairement Ie précurfeur xle lanbsp;pluie, il n’eft perfonne qui n’en jugeat autrement ,nbsp;amp; qui ne pensat que Ie mercure devroit baifternbsp;quand 1’air eft ferein amp; pur , amp; qu’il devroitnbsp;monter quand 1’air eft chargé amp;t imprégné denbsp;vapeurs : car il eft naturel, amp; prefque indifpen-fable, de croire que 1’air pur amp; ferein eft plusnbsp;léger qu’un air qui tient beaucoup de vapeurs ennbsp;diftblution. La marche du mercure dans !e barometre , eft pourtant toute contraire a celle-la :nbsp;aufli eft-ce un phénomene qui a beaucoup occupénbsp;les phyficiens, amp; fans fucccs ; car toutes leursnbsp;explications fe renverfent les unes les autres; au-cune ne foutient l’examen amp; la difeuflion.

Quelques phyficiens ont dit: L’air n’eft jamais plus ferein amp; plus tranfparent que quand il eftnbsp;bien chargé de vapeurs, ou du moins quand ellesnbsp;y font parfaitement dififoutes ou combinées avecnbsp;lui; car c’eft Ie propre des diftfolutions parfaites,

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;115

lt;lue d’étre tranfparentes : il n’eft done pas éton-*^3nt que Ie mercure, plus chargé, monte alors. Maïs clès que quelque caufe fait féparer de l’air lesnbsp;'^apeiirs aqueufes, elles troublent fa tranfparence,nbsp;^ elies commencent a fe précipiter; elles ne fontnbsp;P^us partie de fon poids, puiiqu’elles n’y furna-gent pas; il eft foulagé de leur pefanteur: amp;, pournbsp;Prouver cela , ils s’autorifent de 1’expérience celeste du doéfeur Rammazini, que voici.

On prend un vafe étroit amp; de plufieurs pieds de hauteur ; on Ie remplit d’eau , amp; Ton placenbsp;deflus un morceau de liege, auquel eft fufpendunbsp;par oü diet un poids de ploinb , enforte que Ie toutnbsp;furnage. Ce vafe ainli préparé, on Ie place fur unnbsp;baffin de balance , amp; 1’on charge 1’autre de ma-niere a établir l’équilibre. Les chofes étant en eetnbsp;état, on coupe Ie filet qui tenoit leplomb attachénbsp;au liege : il tombe ; Sc l’on obferve , dit - on , quenbsp;pendant tout Ie temps de fa chute ce cóté de la balance en efl allégé, Sc que l’autre l’emporte: d’oü,nbsp;conclud - on, il efl: évident que , pendant qu’unnbsp;poids tombe dans un fluide, il n’en charge pas lanbsp;bafe ; done , pendant que les vapeurs de Pair raf-femblées fe précipitent, ou dès qu’elles commencent a fe précipiter, l’air efl: plus léger, amp; Ie mercure en efl moins chargé.

Tout ce raifonnement, qui efl de Leibnitz , eft fort ingénieux. Mais malheureufement cette expé-tience de Rammazini prouve feulement que Ienbsp;baffin de la balance eft déchargé pendant la chutenbsp;du poids, mais elle ne prouve pas que Ie fondnbsp;du vafe eft déchargé de la quantité du poids quinbsp;tombe; car ce font-la deux chofes bien différentes.nbsp;II faut done recourir a une autre explication.

Pour nous , nous fommes perfuades avec M*

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ti6 Récréat. Mathémat. et Phys. tie Luc d’après Ie peu de fuccès de toutes Ie*nbsp;explications données jufqu’a préfent, qu’il n’y anbsp;pas d’autre caufe de Pabaiffement du barometre anbsp;1’approche de la pluie , que la diminution de lanbsp;pefanteur de Pair, lorfqu’il eft faturé de vapeursnbsp;aqueufes.

Nous croyons, dis-je, que Pair n’eft jamais plus pefant que quand il eft très-pur, amp; nousnbsp;iommes portés ^ penfer ainft par diverfes ralfons.

Les vapeurs qu’on voit nager fous la forme d’un nuage dans Patmofphere, ne font qu’une dif-folution de Peau par Pair : tant que cette combi-naifon eft imparfeite, elle n’a qu’une demi-tranf-parence , comme cela arrive dans toutes les diffb-lutions. Or nous voyons dans eet état les vapeursnbsp;monter dans Pair. Que peut-on en conclure autrenbsp;chofe, finon que ces vapeurs font plus légeres quenbsp;1’air? Or qu’eft-ce qu’un air chargé d’eau , finon unnbsp;air dans lequel une très-grande quantité de ces vapeurs fè font intimement noyées amp; combinées ?nbsp;On doit done conclure Pétat de Pair ainfi chargénbsp;de vapeurs, quant a la pefanteur, de celui de cesnbsp;vapeurs elles-mêmes; 8c , puifqu’elles font plusnbsp;légeres que Pair dans lequel elles montent, onnbsp;doit en tirer la conféquence que Pair dans lequelnbsp;elles font diftbutes, eft plus léger que Pair pur.

Mais comment, dira-t-on, concevoir que Pair combine avec un fluide plus pefant que lui, ennbsp;devlenne plus léger? Je répondrai a cela , que finbsp;cette combinaifon n’étoit cju’une interpofition desnbsp;parties de Peau entre celles de Pair, comme onnbsp;pouvoit Ie croire autrefois , 8c avant les lumieres

* Traité des Barometres, Thermometres, amp;c, Geneve,


3770, a vol. in-4°.

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PÖYSIQÜE. nbsp;nbsp;nbsp;tiy

lt;lue la chimie a jetées fur nombre de queftions de

la phyfique ordinaire, cela Teroif impoffible. Mais

Ce n’eft point-la Ie rnécanirme des diffolutions oii combinaifons de corps entr’eux : chaque particulenbsp;du diffolvant fe combine avec chaque particulenbsp;du corps diffous; amp;c cela fe fait ici probablementnbsp;par l’intermede du feu, incomparablement plusnbsp;léger que l’air amp; Teau. On ne peut done conclurenbsp;la pefanteur des particules compofées, de cellesnbsp;des particules leparées, D’ailleurs , dans eet étatnbsp;de combinaifon, elles peuvent être douées d’unenbsp;plus grande force de répulfion ; Sl cela même pa-loit affez probable , puifque 1’expanfibilité de 1’eaanbsp;féduite en vapeurs eft immenfe. II n’y a done nullenbsp;abfurdité a avancer que l’air chargé de vapeurs,nbsp;foit plus léger que Pair pur. On Ie démontreranbsp;peut-être quelque jour a priori, par des procédésnbsp;chimiques ; 5c fi cela eft , Pon fera alors biennbsp;furpris de 1’embarras oii Pon a été jufqu’a préfentnbsp;pour expliquer Ia defcente du mercure dans Ie ba-rometre aux approches de la pluie.

PROBLÊME XXX.

Du Barometre compofé ou riduit,

On a vu plus haut qu’il falloit une colonne de nvercure de pouces de hauteur environ poutnbsp;contrebalancer Ie poids de Patmofphere ; d’oü ilnbsp;téfulte que Ie barometre fimple ne peut avoir moinsnbsp;de pouces de hauteur, a moins qu’on ne trou-vit un fluide plus pefant que Ie mercure, Commënbsp;cette longueur a paru incommode , on a cherche inbsp;la raccourcir, dans la vue , a ce qu’il femble , denbsp;renfermer le barometre dans la piême bordute

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ïz8 Récréat, MathÉxMat. et Phys. que Ie thermometre, auquel on peut ne, donnet,nbsp;li l’onveut, qu’une dimenfion beaucoup moindre,nbsp;Voici comment on y eft parvenu.

Tout Ie fondement de la conftruction de ces fortes de barometres , confifte a oppofer plufieursnbsp;colonnes de mercure contre une d’air , enforcenbsp;que ces colonnes , prifes enfemble , aient environnbsp;les i8 pouces de longueur qu’une feule doit avoirnbsp;pour faire équilibre avec Ie poids de ratmofphere.nbsp;II faut conféquemment divifer la longueur ordinaire de la colonne de mercure , ou 28 pouces,nbsp;par la hauteur dont on veut faire Ie barometre ; Ienbsp;quotient donne Ie nombre des colonnes de mercure qu’il faut oppofer au poids de l’air.

Ainfi , veut-on avoir un barometre qui n’ait que 15 a 16 pouces de longueur, on Ie formera denbsp;trois branches de verre , jointes enfemble, parnbsp;quatre renflements cylindriques ; deux de cesnbsp;tuyaux feront templis de mercure, communi-queroiit enfemble au moyen de ia troifieme , quinbsp;doit etre remplie d’une liqueur plus légere. Lanbsp;fig. ty met ce mécanifme fous les yeux. On y voitnbsp;trois branches du barometre,'dont la premierenbsp;PI. 3, de D en E, efl: remplie de mercure ; la fecondenbsp;fig, 17. deE en F, efl; remplie moitié d’huile de tartre co-lorée, moitié d’huile de karabé ; enfin la troi-iieme de F en G, efl rempfie de mercure. Ainfinbsp;c’efl la même chofe que fi ces deux colonnes denbsp;mercure étoient mifes 1’une fur 1’aiitre ; car onnbsp;voit aifément que la colonne FG de mercure pefe,nbsp;au moyen de la colonne FE de renvoi, fur lanbsp;¦premiere , précifément comme fi elle étoit aunbsp;deflus. Dans cette efpece de barometre, c’eft lanbsp;reparation des deux liqueurs contenues dans lanbsp;branche EF, qui fert a marquer les variations da

poids

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PHysiquë.

po'uls de 1’air ; amp; c’eft pour cela qu’vl faut que ces liqueurs foient de deux couleurs différentes ,

lt;^omnne auffi de différentes pefanteurs fpecifiques ,

^fin qu’elles ne fe mêlent pas.

Pour rempHr ce barometre, il faut boucher ^ ouverture A , mettre du mercure dans les deuxnbsp;^’quot;anches latérales par 1’ouverture B ; enfuite ver-les liqueurs dans la branche du milieu par Ianbsp;•^ême ouverture; après quoi on la bouchera her-^étiquement.

Si 1’on vouloit conftruire un barometre qui ^ eüt que 9310 pouces de hauteur, on diviferoitnbsp;par 9, ce qui donneroit 3 : ainfi il faudroitnbsp;ftois branches de mercure de 9 a 10 pouces, avecnbsp;branches de communication, remplies d’huilenbsp;de tartre Sc de karabé. La fig. iS met ce baro- p].nbsp;’^etre a cinq branches fous les yeux. II eft bonfig. iS.nbsp;d’obferver que la hauteur de chaque branche ne fenbsp;doit eftimer que par la difference du niveau de lanbsp;Pqueur dans Ie réfervoir d’en haut Sc dans celuinbsp;d’en bas.

Cette conffruclion, qui eft due a M. Amon-tons, a, il eft vrai, l’avantage de dimimier la hauteur embarraffante du barometre , Sc.de Ie rendre plus propre a figurer dans certaines circonftancesnbsp;^omme ornement ; mais il faut remarquer quenbsp;aux déperis dé fon exaftitude. M. 'de Luc ,nbsp;1'homme qui a Ie plus étudié Jes barometres, amp;nbsp;qoi en a Ie mieux traité nous allure qu’il n’a ja-*tiais pu avoir un inftrument femblable qui tutnbsp;^tédiocrement bon. La colonne intermédiaire agitnbsp;effet comme thermometre; Sc ceux cjui oilt

JCoyei Traité des Barometres, 6cc, Tome IK.

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ÏJÖ Récréat. Mathémat. et Phys.

entrepris de prouver que cela ne nuifoit pas 4 l’exaftitude , ne faifoient pas attention que leurnbsp;raifonnement n’eft vrai qu’autant que Ia ligne denbsp;reparation des deux couleurs eft dans Ie milieunbsp;de la hauteur du tube.

PROBLÉME XXXI.

Qud efpcice occuperoit un pouce cube cTair, tranf-porté a la. hauteur d’un demi-diametre terrejlre ?

NouS avons déja fait connoitre cette propriété de l’air, qui eft une fuite de fon élafticité, amp; quinbsp;confifte en ce que , chargé d’un poids double, ilnbsp;fe réduit a un volume de moitié , amp; ainfi propor-tionnellement, du moins autant que les experiences faites jufqu’a ce moment peuvent aller. Par lanbsp;même raiion, lorfqu’on Ie décharge de la moitiénbsp;du poids qu’il fupporte, il occupe un efpace double , amp; un efpace quadruple quancl il n’a que Ienbsp;quart du même poids a fupporter. Ainfi , parnbsp;exemple , lorfque , móntant fur une montagne ,nbsp;on trouve que Ie mercure a baifle de la moitié denbsp;la hauteur qu’il avoit dans la plaine, on en con-clud que , décharge de la moitié du poids qu’Hnbsp;fupportoit en bas , il eft dilaté du double , ou quenbsp;la couche d’air oii l’on eft n’a de denfité que lanbsp;moitié de celle qu’a l’air du bas de la montagne inbsp;car Ia denfité eft en raifon inverfe de Tefpacenbsp;qu’occupe la même quantlté de matiere.

Cette loi de la dilatation de l’air , en raifon inverfe du poids dont il eft chargé, a mis les géo' metres en état de démontrer qu’a mefure qu’onnbsp;s’éleve dans 1’atmofphere, la denfité décroir, oUnbsp;la raréfaftion croit, dans une progreffion géomé-

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I* H Y S 1 Q UE. nbsp;nbsp;nbsp;13 ï

**'*cjue y tandis que les hauteurs auxquelles on s’é-^eve, croiffent en progrefflon arithmétique, Ainfi done, fi 1’on fqait une fois a quelle hauteur ilfautnbsp;s elever pour avoir, par exemple, un air raréfiénbsp;d’un quart, ou réduit aux trois quarts de fa denote au bord de Ia mer , on fqaura qu’a une hauteurnbsp;double fa denfité fera Ie quarré de ^ , ou ; a unenbsp;*''iple, ce fera Ie cube, ou Stc ; enfin , a unenbsp;^auteur centuple , ce fera la 100® puilfance denbsp;ï 1 amp;c. Ou bien , fi Ton fqait par expériencenbsp;'Juel efl: Ie rapport de la denfité de fair a la hauteur de mille toifes ou un mille , avec la denfité denbsp;^’air au bord de la mer , que l’on nomme cenbsp;*'apport D, on aura D’' pour l’exprelRon de cenbsp;•'spport k 1 milles de hauteur ; a 3 milles, ce feranbsp;Stic. Stl kn milles ce fera Dquot;.

Or on fqait par l’expérience , qu’i mille toifes d’élévation perpendiculaire au deffus du niveaunbsp;de la mer, la hauteur du mercure qui, au bordnbsp;de la mer, étolt de 28 pouces ou 336 lignes, n’eft:nbsp;plus que de 22 pouces 4 lignes, ou exprimé parnbsp;la fraftion fy|, Tunité étant la hauteur totale;nbsp;d’oii il fuit que Ie rapport, de la denfité de 1’air anbsp;Celle du bord de la mer, eft exprimé par cettenbsp;•ttême fraftion de l’unité : conféquemment, pournbsp;trouver quel feroit ce rapport a la hauteur d’unnbsp;demi-diametre terreftre, il faut d’abord fqavoirnbsp;Combien de milles il y a dans ce demi-diametre.nbsp;On en trouve 3000, en Ie fuppofant feidementnbsp;de 1300 lieues de 2000 toifes chacune. II fautnbsp;done élever cette fraftion ou|^ , a la 3000®nbsp;pwiffance ; ce qu’on peut faire aifément par Ienbsp;•Woyen des logarithmes : car , prenant Ie loga-tithme de — , qui eft —0.0982043, amp; Ie multi-pliaut par 30OO, on aura pour logarithme d«

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t^z Récréat, Mathémat. et PhYs.

nombre chërché , celui-ci, —194.6135000; Ce qui indique d’abord que ce nombre efl; au moinsnbsp;compofé de 195 chlfFres. Ainfi l’on peut dire quenbsp;la denfité de 1’air que nous refpirons a la furfacsnbsp;de la terre, efl; a celle qu’auroit 1’air a la hauteurnbsp;d’un demi-diametre terfeflre , comme un nombrenbsp;de 195 chiffres a 1’unité. II efl fuperflu de faire unnbsp;calcul pour prouver que la fphere même de Sa-turne ne comprend pas autant de pouces cubesnbsp;qu’en exprime ce nombre , amp; conféquemmentnbsp;qu’un pouce cube d’air , tranfporté a un demi-diametre terreftre au deflus de fa furface, s’ynbsp;étendroit de maniere a^occuper un efpace plusnbsp;grand que la fphere de Saturne.

Nous nous bornerons a remarquer iel que cette rareté feroit même encore plus grande , par lanbsp;ralfon fuivante. Nous avons fuppofé la pefahteurnbsp;uniforme , ce qui n’eft pas exaêt; car la pefanteurnbsp;décroiflant en raifon Inverfe de la dlflance au centre , 11 s’enfuit qu’a mefure qu’on s’éleve au deffusnbsp;de la furface de la terre, cette pefanteur diminue;nbsp;enforte qu’a un demi-diametre au deflus, elle n’efi:nbsp;plus qu’un quart de ce qu’elle efl a la furface denbsp;la terre ; chaque couche d’air fera done moinsnbsp;chargée par les couches fupérleures , puifqu’ellesnbsp;peferont moins a même hauteur que dans la fup-pofition précédente : ainfi l’air fera plus dilate.nbsp;Nevton a enfeigné la maniere d’en faire Ie calcul, mais nous l’omettons pour abréger.

R E M A R (lu E.

L’extrÊME rareté de l’alr a une dlflance de la terre aufll médiocre , peut fervir a prouver l’e*quot;nbsp;trême ténuité de la matiere qui remplit les efpacesnbsp;céleftes; car, quand même cette denfité feroit

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;155

P^r-tout telle qu’on vient de voir qu’elle eft a un demi-(liametre de la terre , il eft aifé de voirnbsp;^ombien peu les corps planetaires peuvent perdrenbsp;leur mouvement en traverfant ces efpaces. Lanbsp;Lune ne fqauroit, depuis plufieurs milliers d’an-qu’elle Te meut, avoir déplacé encore lanbsp;^aleur d’un pied cube de notre air.

PROBLÊME XXXIL

Von creufoh un puits jufqtiau ccntn de Ia terre y quelle feroit la denjité de Cair dans les différenteanbsp;profondeurs amp; au fond de ce puits ?

^OUS commenqons par répondre a cette quef-^‘ori, qu’on ne tomberoit pas bien profondémenf ^3ns rencontrer un air tellement condenfé, qu’onnbsp;y ftunageroit comme du liege fur du vif-argent,nbsp;Cela eft d’abord évident, en fuppofant la pefau-^®ur uniforme a toutes les profondeurs de ce puits;nbsp;^ar un demi-diametre au deftbus de la furface, lanbsp;^enfité doit étre a celle de l’air de la furface , ennbsp;taifon inverfe de celle-ci a celle qu’il auroit a unnbsp;deinl-diametre au deffus. Or nous avons vu parnbsp;'luel étrange nombre la rareté de ce dernier feroitnbsp;^^primée ; ainfi ce même nombre exprimeroit lanbsp;'¦ondenfation au centre, Le mercure n’eft pasnbsp;*Out-a-fait 14000 fois plus pelant que l’air quenbsp;^ous refpirons; ainfi l’air, au centre , feroit plu-fieurs milliards de millions de millions, amp;c, denbsp;plus denfe que le mercure.

, Mais, pour nous amufer , puifqu’il eft iel quef-*ion de recreations phyfiques, examinons 1’hypo-*nefe plus vraifemblable de pefanteur qul régneroit dans le cas de ce problême. La pefanteur ne feroit

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ï34 Récréat. Mathémat. et Phys,

pas uniforme , maïs elle décrouroit a mefure qu’orï s’approcheroit du centre , amp; feroit précifémentnbsp;comme la diftan^:e a ce centre. Or Newton a faitnbsp;voir que , dans ce cas, les quarrés des diftances aunbsp;centre décroiffant arithmétiquement, les denfitésnbsp;croitroient géométriquement.

II nous faut done d’abord trouver quelle feroit la denlité de l’air a une profondeur déterminée,nbsp;par exemple de looo toifes. Or cela efl; facile,nbsp;car, attendu la proximité de la furface, il eft fen-fiblement vrai que la denfité a la furface étantnbsp;repréfentée par runité, celle a looo toifes aunbsp;deffous feta 1’inverfe de celle a looo toifes aunbsp;deflus. Or celle-ci étoit exprimée par ^; par con-féquent l’autre Ie fera par -fy ou i ~: ainli lanbsp;denfité étant i a une diftance du centre de 3000nbsp;milles , cette denfité a celle de 2999 , feranbsp;Faifons done Ie quarré de 3000 , qui eft 9.OOOOOO,nbsp;amp; celui de 2999, qui eft 8994001 ; fa différencenbsp;avec 9000000 eft 5999, par lequel nombre il fautnbsp;divifer 9000000 , pour avoir Ie nombre de quarrés arithmétiquement décroiffan'ts dans Ie mêinenbsp;rapport, lefquels font contenus dans ce premiernbsp;quarré. On en trouve a 500 , plus une petite fraction qu’on peut négliger. Multlplions done Ienbsp;logarithme de qui eft 0.0982045 par 1500,nbsp;nous aurons 147.3067500: ce fera Ie lo-garithmcnbsp;de la denfité au centre, celle a la furface étant i.nbsp;Or Ie nombre répondant a ce logarithirre auroitnbsp;au moins 148 cbiffres-; d^ou il fifit que la denfiténbsp;de l’air au centre de la terre, feroit a celui denbsp;furface, comme am nombre de 148 chiftVes, oUnbsp;au moins 1’untté fuivie de 147 z,éros , a 1’unité.

Si l’on vouloit fqavoir a quelle profondeur rarf feroit denfe comme 1’eau, on trouveroit, par uU


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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;131^

«alcul que nous fupprimons , amp; qui sft fondé fur •es mêmes piincipes, que ce feroit a 30 milles aunbsp;deffous de la furface.

On trouveroit de méme que, a 4a milles au delTous de la furface , 1’air auroit la denlite dii

vif-argent.

PROBLÊME XXXIII.

Di I’Arquebufe a vent,

C ET inftrument , dont 1’invention oil: due k Otton Guerike , bourgmeftre de Magdebourg, 1|nbsp;célebre, vers le milieu du dernier fiecle, par fesnbsp;experiences pneumatiques , ëleéfriques , amp;;c. eftnbsp;Une machine dans laquelle le reftbrt de 1’air, vio-lernment comprimé, eft employé a pomTer unenbsp;tgt;alle de plomb , comme fait la poudre a canon.nbsp;L’arquebufe ou fufil a vent eft corapofé d’un réservoir d’air, formé du vuide qui refte entre deuxnbsp;tuyaux cylindriques amp; concentriques I’un a I’au-Ue, 1’un intérieur , 1’autre extérieur: le fond de cenbsp;Vuide communique a un corps de pompe caché^nbsp;dans la croffe du fufil, amp;c dans lequel agit un pif-ton qui fert a y faire entrer amp; condenfer I’air , aunbsp;tnoyen des foupapes placees de la maniere conve-iiable. Au fond du tuyau intérieur ou fe place lanbsp;balle , en la retenant avec un peu de bourre, il ynbsp;3 auffi une ouverture fermée par une foupape ,nbsp;tji^i ne peut s’ouvrir que lorfqu’o-n fait agir unenbsp;détente.

On conqoit maintenant qu’ayant comprimé dans le réfervoir 1’air autant qu’il eft poffible ,nbsp;Syant placé la balie au fond du tuyau intérieur ,nbsp;ft I’ori fait agir la détente qui doit ouvrir la foU'^

1 iv

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136 Récréat. Mathémat. et Phys.

pape qui eft derriere la balie , l’air, violemment comprimé dans Ie réfervoir , agira fur elle, amp; lanbsp;poulTera avec une vitelTe plus ou moins grande,nbsp;fuivant Ie temps qu’il aura eu pour exercer furnbsp;elle fon aftion.

Pour que Ie fufil a vent fafle done bien fon effet, il faut 1° que l’ouverture de la foupape durenbsp;exaélement autant de temps que la balie en metnbsp;a parcourir la longueur du tuyau ; car, pendantnbsp;tout ce temps, l’air en accélérera Ie mouvement,nbsp;fon expanfioti étant beaucoup plus rapide que Ienbsp;mouvement de la balie. Si Ie réfervoir reftoit plusnbsp;long-temps ouvert, ce feroit en pure perte. 1° IInbsp;faut que la balie foit bien ronde amp; bien calibrée,nbsp;afin que l’air ne s’échappe point par les cótés,nbsp;Comme les balles de plomb ne font pas toujoursnbsp;fort régulieres, on y fupplée en les enveloppantnbsp;d’un peu de filaffe.

Quand toutes ces attentions font bien obfer-vées , un fufil a vent fert très-bien a percer une plancbe de 1. pouces d’épaiffeur ,350 amp; mêmenbsp;100 pas de diftance. Le réfervoir d’air étant unenbsp;fois plein , il peut fervir a buit a dlx balles fuccef-fivement. Un artifte Anglois a même imaginé unnbsp;moven pour y mettre ces dix balles en réfervenbsp;dans un petit canal courbe, d’oii , a mefure quenbsp;le coup eft parti, il en fort une qui vient occupernbsp;la place convenable ; enforte qu’on peut tirer dixnbsp;coups de fuite , dans bien moins de temps que lenbsp;foldat Pruffien le plus exercé n’en tireroit la moi-tié. A la vérité les coups de fufil a vent vont ennbsp;diminuant de force , a mefiire que le réfervoirnbsp;fe décharge.

On fent aifément que fi eet inftrument païïbit ph.yfi-ciens dans l§s. mains lt;1^


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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;137

Certames gens, il feroit une arme très-redoutable,

amp; cl’aiitant plus dangereufe , que le coup ne fait prefque aucun bruit. Mais qui fqait fi , de mêmenbsp;tlue la poudre a canon , après avoir été pendantnbsp;long-temps un fimple ingredient de feu d’artifice ,nbsp;devenue Tame de I’inftrument le plus meur-Uier , qui fqait, dis-)e , fi, dans la fuite des fie-cles, le fufil a vent perfeftionne, ne deviendranbsp;pas I’inftrument dont les hommes raflemblés ennbsp;corps d’armée, fe ferviront pour s’entre-detruirenbsp;glorieufement amp; fans remords ?

La fig. ic) reprefente un arquebufe a vent. On 5» y reconnoitra aifément la coupe des deux cylin-dres , dont I’intervalle fert de refervoir a Pair;

MN le pifton qui fert a introduire Pair dans ce refervoir ; TL la foupape qui fert a ouvrir la communication du refervoir avec le cylindre intérieur,nbsp;ou Pame du fufil ; O la detente fervant a cetnbsp;objet. Tout cela s’entend de foi-même , par lanbsp;feule infpeftion de fa figure,

PROBLEME XXXIV.

Zgt;e rEolipylc.

L’iOLlPYLE eft un vafe creux de metal follde, amp; d’ordinaire fait en forme de poire terminéenbsp;par une longue queue un peu recourbee. On lanbsp;remplit d’eau ou d’une autre liqueur , en la faifantnbsp;fortement chauffer ; après quoi on plonge fonnbsp;orifice dans la liqueur qu’on veut y faire entrer.nbsp;L’air intérieur reprenanf fon volume, cette liqueurnbsp;y entre neceffairement pour le fuppléer, au moyennbsp;de la preflion de Pair extérieur.

Si Pon place 1’éolipyle ainfi rempli fur des

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138 Récréat. Mathémat. et Phys. charbons ardents, leur chaleur réduit cette eau ennbsp;vapeurs, qui fortent avec violence par l’orificenbsp;^troit de fa queue ; ou fi, par la pofition de 1’éoli-pyle, c’efl: Ie fluïde qui fe préfente a l’entrée , cenbsp;fluïde, prefle par la vapeur, fort luï-même avecnbsp;force par eet orifice , Sc fait un jet affez élevé.

Si, au lieu d’eau, on a pris de I’eau - de - vie , «n pourra, avec un flambeau , mettre Ie feu anbsp;lt;ette liqueur ; amp; alors , au lieu d’avoir un jetnbsp;d’eau, on aura Ie fpeftacle agréable d’un jet denbsp;feu.

Cette experience fert a rendre fenfible la force qui réfuUe de la vapeur qui eft produite par unnbsp;fluide fortement chauffe ; car, dans Ie premiernbsp;tas, ce font ces vapeurs qui fortent avec impé-tuofité par Toriflee de l’éolipyle, 8c dans Ie fe-cond , c’efl; la force élaflique de cette vapeur qjji ,nbsp;preffant fur Ie fluide, Ie fait fortir par ce même

On rend cette experience encore plus amu-fante , par Ie procédé fuivant. On a une efpece de petit charriot portant une lampe a efprit-de-vin , fur laquelle on place Ie ventre de Téolipyle.nbsp;On bouche fon orifice avec un bouchon, qui n’ynbsp;tienne pourtant que médiocrement. On met Ienbsp;feu a la lampe , 8c quelque temps après on voknbsp;fauter Ie bouchon, 8c Ie fluide ou la vapeur fortirnbsp;avec violence par l’orifice. Dans Ie même tempsnbsp;Ie charriot, repouffé par la réfiftance que ce flpidenbsp;OU cette vapeur éprouve de 1’alr extérieur, reqoitnbsp;un mouvetnetit en arriere ; 8c fi l’eflieu des rouesnbsp;eft fixe a un axe vertical, le charriot prend unnbsp;mouvement circulaire, qui dure tout le temps quenbsp;l’éolipyle contient quelque portion de fluide.

On fent aifoment que ,ce vafe doit être d’u»


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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;13^

1’,


metal follde , car autrement on coutrok rkque de je voir eclater, amp; tuer lt;3U bleffer les témoins denbsp;experience.

PROBLÊME XXXV.

Conjiriuiion de quelques pelites figures qui nagent entre deux eaux , 6' quon fait danfer, hauffernbsp;amp; baiffer, en appuyant feulement le doigt furnbsp;Vorifiu de la bouteilk qui les centient.

Il faut faire fabriquer de petltes figures d’émail, creufes; mais dans la partie inférieure, coinmenbsp;dans les pieds, on laiffe nn petit trou par lequelnbsp;On puifiTe introduire une goutte d’eau, ou bien anbsp;la partie pofterieure on ménage une appendice en PL 5 ,nbsp;forme de queue percée par le bout, enforte qu’on % 2.0.nbsp;puiffe faire entrer dans ce tuyau plus ou inoinsnbsp;d’eau. Après cela , on equilibre la figure , enfortenbsp;qu’avec cette petite goutte d’eau elle fe tiennenbsp;lgt;ien debout, amp; nage entre deux eaux. On rem-plit le vafe d’eau jufqu’a Ion orifice , amp;; on lenbsp;couvre d’un parchemin bien lie au cou de labou-teille.

,Cela fait, veut-on dormer du mouvement a Cette petite figure, 11 fufRt de preffer avec le doigtnbsp;le parcbeinm qui cou-vre Torifice, la petite figurenbsp;defcendra; en retirant le doigt, vous la verreznbsp;monter; enfin, en appliquant amp; retirant le doigtnbsp;^Iternatn'einent , vous I’agiterez au milieu de lanbsp;liqueur , de maniere a exciter I’etormement denbsp;qui ignoreront la caufe de ce jeu.

Cette,caufe n’eft autre que celle-cL Lorfqu’au ftavers du parchemin qui couvre 1’orlfice de lanbsp;bouteille on preffe I’eau, comme elle eft incom-

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Ï40 Récréat/ Mathémat. et Phys. preffible, elle condenfe 1’air contenu dans la petifenbsp;figure, en y faifant entrerun peu plus d’eau qu’ellenbsp;n’en contenoit- La figure devenue plus pefantenbsp;devra done aller au fond. Mals quand on retirenbsp;Ie doigt, eet air comprimé reprend fon volume ,nbsp;chalTe l’eau qui avoit été introduite par la com-preffion ; ainfi la petite figure , devenue plus légere , devra remonter.

PROBLÊME XXX Vr,

ConJlruSion cTun barometre ou les variations de Vair fe démontrent par une petite figure qui Iiaujfenbsp;amp; baijfe dans Veau.

NoüS avons jeté dans Ie problême précédent , les fondements de la conflruéfion de ce p^titnbsp;barometre curieux. Car , puVfque la preffion dunbsp;doigt fur l’eau qui contient la petite figure dontnbsp;on y a parlé , la fait defcendre , amp; qu’elle remonte quand cette preffion ceffe, on fentiranbsp;aifément que Ie polds de ratmofphere produiranbsp;Ie même effet, fuivant qu’il fera plus ou moinsnbsp;confidérable ; c’eft pourquoi, 11 la petite figure ellnbsp;équilibrée de maniere a être dans un temps variable entre deux eaux , elle s’enfoncera au plusnbsp;bas lorfque Ie temps fera au beau , paree que alorsnbsp;Ie poids de 1’atmofphere fera plus confidérable..nbsp;L’effet contraire arrivera lorfque Ie temps étantnbsp;tourné a Ia pluie, Ie mercure defcendra ; car alorsnbsp;Ie poids de 1’atmofphere qui repofe fur 1’orificenbsp;de la bouteille eft moindre, Sc conféquemmenï,nbsp;la petite figure devra reijionter.

i

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141

Physique.

PROBLÊME XXXVII.

^quilibrer dans de Veau deux petites fipires ^ de maniere quy verf ant de nouvelle eau, la figurenbsp;^ui etoit au deffus s’enfonce, amp; 1'autre prenne Unbsp;deffus.

Ayez pour cela de I’eaufalee, amp; equilibrez-y une petite figure ou une petite bouteille de verrenbsp;de telle matiere, que pour peu que 1’eau fut inoinsnbsp;falee elle coulat a fond. Difpofez de la mdmenbsp;Jiianiere une figure ou une petite bouteille ou-verte dans fa partie inférieure, en forte que dansnbsp;Cette eau, elle fe tienne au fond par le mecaniftnenbsp;cnfeigne dans 1’avant-dernier probleme.

Les chofes ainfi arrangees, verfez del’eau douce bien chaude dans celle qui contient les deux figures. Vous verrez la premiere aller au fond ,nbsp;amp; Ton en fent aifeinent la raifon : en^mêmenbsp;letups la feconde viendra a la fuperficie , car lanbsp;chaleur de I’eau dilatera Pair contenu dans cettenbsp;feconde bouteille , amp; en chaflTera en tout ou ennbsp;partie la goutte d’eau qui faifoit portion de fonnbsp;poids; confequemment, devenueplus légere, ellenbsp;s’élevera. Ainfr, par cette feule affufion d’eau nouvelle , ces deux petites figures changeront denbsp;place. II eft vrai que la feconde, quand I’eau feranbsp;léfroidie, redefcendra.

PROBLÊME XXXVIII,

J?es Larmes Bataviques,

On donne ce nom a des morceaux de verre figures en larmes, amp; tèrminés par une longuenbsp;queue, qui jouilTent d’une propriété fort fingu-

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i4i Récréat. Mathémat. et Phys.

liere. Elle confifte en ce que fi vous frappez, même affez fort, une de ces larmes fur Ie corps ou Ienbsp;ventre, elle oppofe a la rupture une réfiftancenbsp;confidérable ; mais fi vous brifez Ie plus petitnbsp;bout de fa queue, elle éclate auffitót en mille mor-ceaux , amp; prefque en pouffiere.

Ces larmes fe forment en laifTant tomber goutte i goutte , dans un vafe plein d’eau, de la matierenbsp;du verre en fufion. On les trouve au fond toutesnbsp;formées. II en eft au refte ordinairemenr un grandnbsp;nombre qui éclatent dans l’eau, ou immédiate-ment après en étre retirées. Comme c’eft ennbsp;Hollande que les premieres o.nt été faites, on leurnbsp;a doniié Ie nom de bataviques.

On a multiplié les experiences fur ces larmes de verre, pour découvrir la caufe de leur rupture.nbsp;Volei les principales.

1, Si par un procédé facile a imaginer on rompt dans la machine du vuide, la queue d’une de cesnbsp;larmes , elle éclate tout de même que dans 1’air ;nbsp;amp; fi 1’expérience fe fait dans l’obfcurité , on ap-perqoit dans l’inftant de la rupture un éclair denbsp;lumiere.

i. Si on ufe avec une meule, ou fur une pierre è aiguifer , 6c tout doucement, Ie 'corps d’une denbsp;ces larmes , elle éclate quelquefois , mais Ie plusnbsp;fouvent elle n’éclate pas.

3. nbsp;nbsp;nbsp;Si 1’on fait avec une femblable pierre unenbsp;entaille a la queue, la larme éclate.

4. nbsp;nbsp;nbsp;On peut cependant couper la queue d’unenbsp;larme batavique par Ie moyen fuivant. II faut pre-fenter a la flamme d’une lampe d’émailleur 1’en-droit OU vous voulez couper cette queue. Elle ynbsp;fondra , 6c vous pourrez alors féparer une partienbsp;de 1’autre fans crainte de rupture.

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;145

5. Si on echaufFe avec precaution une larme tatavique fur les charbons ardents , amp; qu’on lanbsp;laifleenfulte lentementrefroidir, elle ne fe rompranbsp;plus lorfqu’on lui brifera la queue,

Les phyficiens ont toujours été fort embarraffeS fur la caufe d’un phénomene fi extraordinaire, 6cnbsp;il faut avouer qu’au moment aduel nous ne fom-mes guere plus avancés. Nous pouvOns dire feu-lement que ce n’ell: pas 1’air qui le produit; lanbsp;premiere des experiences ci-delTus le démontre.nbsp;Nous croyons aulïi pouvoir dire , d’après la ,nbsp;que ce phénomene tient a la même caufe qui faitnbsp;fompre tous les ouvrages de verre fondus , fi Tonnbsp;n’a pas la precaution de les recuire, c'eft-a-dire,nbsp;ii, avant de les expoter au contaél de 1’air , onnbsp;He les laiflTe encore expofés a une longue chaleurnbsp;pout fe refroidit par degres, C’eft ce qui paroitnbsp;téfulter de la derniere experience; mais on ne voitnbsp;tien moins que clairement comment cela s’opere.nbsp;C’eft probablemènt I’eruption, dans I’interieur denbsp;la lartne , d’un fluide qui s’y précipite par fendroitnbsp;rompu de la queue, Peut-etre eft-ce un phénomenenbsp;éleélrique , amp; peut-être la larme fe brife-t-ellenbsp;par le même mécanifrne qui fait fouvent brifernbsp;Une jarre de verre lorfqu’on la décharge, c’eft-^-dire lorfqu’on reftitue l’équilibre entre fa fur-face intérieure $gt;£ extérieure. Mais nous ne nousnbsp;épuiferons pas en conjeéfures. Contents d’avoirnbsp;®xpofé les prihcipaux phénomenes des larmes ba-^aviques, nous abandonnons le furplus a la faga-cité amp;c aux recherches de nos leéleurs.

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144 ^ÉCRÉAT. Mathémat. et Pkys. PROBLÊME XXXIX.

Mefurer la. quantité annmlU de la Pluie.

Par All les obfervatlons météorologiques qué font aujourd’hui les phyficiens , eft celle de lanbsp;quantité de pluie tombée annuellement fur la lur-face de la terre, Cette obfervation eft une desnbsp;plus faciles, amp; fe fait au moyen d’un inftrumentnbsp;que Ie P. Cotte , dans fon Traité de Météorologie,nbsp;a appelé Vdometre 1 ; amp;: que nous aimerionsnbsp;mieux appeler Uometre ¦2. Quoi qu’on penfe denbsp;notre idéé, voici rinftriiinent.

II confifte en une caifle quarrée, de fer blanc, de plomb ou d’étain , de deux pieds en tout fens,nbsp;ce qui fait quatre pieds de furface. Elle doit avoirnbsp;des rebords de fix pouces au moins de hauteur ,nbsp;amp; avoir fon fond tant foit peu incliné vers uanbsp;des angles, oü eft ménagé un petit tuyau garni denbsp;fon robinet. L’eau qui s’écoule de ce tuyau tombenbsp;dans un autre vafe quarré, d’une dimenfion beau-coup moindre , amp; telle par exemple , qu’une ligiienbsp;de hauteur dans Ie grand vafe , fafle une hauteurnbsp;de trois pouces dans Ie petit, Ainfi, dans Ie casnbsp;préfent , ce vafe ne devroit avoir que deuxnbsp;pouces amp; fix lignes de bafe en quarré. On fentnbsp;aifément, d’après cette defcription , que l’onnbsp;pourra mefurer jufqu’a de très-petites portions denbsp;ligne d’eau tombée dans Ie grand vafe , puifquenbsp;une ligne de hauteur dans Ie petit, répondra a unenbsp;trente-fixieme de ligne dans Ie grand.

En

1

nbsp;nbsp;nbsp;De votgt;f, eau , amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, mefure.

2

? nbsp;nbsp;nbsp;1 De vo!, pluie.

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;145

En fituant Ie grand vafe de la inaniere conve-^able , en plaqant le petit au deflbus du robinet , ^ y adaptant ce robinet, de maniere que I’air ex-Jerieur n’ait prefque aucun accès (ur la furface denbsp;•Can dans le petit vafe, on pourroit fe dilpen-de mefurer I’eaii tombée , a la fin de cba-^ue pluie. On pourroit ne 1’aller examiner 6cnbsp;mefurer que tons les trois , quatre ou cinq jours,nbsp;dependant il vaut mieux le faire a chaque

fois.

On tient enfin regiftre de la quantite d’eail tombée a chaque fois qu’il a plu , 6c routes cesnbsp;‘luantites additionnees enfeinble , donnent cellenbsp;^lUi eft tombée dans le courant de l’année.

C’eft a’mfi qu’on a trouvé, par une fulte d’ob-^orvations faites pendant 77 ans a Paris , que la ^Uantité d’eau qui y tombe par an eft , Tun por-tant 1’autre, de 16 pouces 8 lignes.

Mais cette quantité d’eau n’eft pas la mdme par tout. II eft d’autres lieux , d’autres pays oilnbsp;^Ile eft moindre ou plus confidérable, fuivant leurnbsp;Situation prés de la mer ou des inontagnes- Voidnbsp;Une table des principaux lieux dans lefquels onnbsp;a fait cette obfervation , amp; de la quantité d’eaunbsp;qui y tombe annuellement,

PoilC.

Lig.

Paris,........

. 16

8

Eayeux........

. 10

Eezlers,.......

3

Aix en Provence, . nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

. 18

3

Touloufe, ......

• 17

%

Lyon........

• 2.5

Eifte,....... .

Tome ly.

K

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14^ Récréat. Mathémat. et Phys,

Pouc. Lig.

Lottdres,........i8 nbsp;nbsp;nbsp;9

La Haye,.......16 nbsp;nbsp;nbsp;6

Rome,........2.8

Padoue,........30

Pétersbourg,......16 nbsp;nbsp;nbsp;i

Berlin,........19 nbsp;nbsp;nbsp;6

Remarque.

Nous croyons devoir faire iel une remarque qui par oir avoir échappé i tous les phyficiens quinbsp;ont fait des obfervations de la quantité d’eau denbsp;pluie. C’eft qu’a chaque fois qu’il pleut de nouveau il y a une petite quantité d’eau perdue , fa-voir, celle qui a fervi a mouiller Ie fond du ré-fervoir ; car l’eau ne commence a couler embasnbsp;que quand ce fond eft mouillé jufqu’a un certainnbsp;point, èc revéfu, pour ainfi dire , d’une certainenbsp;épaifléur d’eau qu’il faudroit determiner, Sc dontnbsp;il faudroit tenir compte a chaque fois qu’il pleut.nbsp;Cette quantité d’eau pourroit être mefurée ainfi.nbsp;II faudroit prendre une petite éponge humeéléenbsp;au point de n’en pouvoir exprimer d’eau en lanbsp;preffant très-fort; remplir enfuite Ie vafe, 8c ennbsp;laiffer écouler toute l’eau ; enfin, quand il ne s’ennbsp;écouleroit plus , ramalTer avec cette éponge l’eaunbsp;reftante fur Ie fond , Sc l’exprimer dans un vafenbsp;d’un pouce quarré de bafe, déja humeéfé d’eau.nbsp;II eft évident que fi un vafe de 4 pieds quarrésnbsp;de bafe donnoit de cette maniere i pouce denbsp;hauteur dans Ie petit, on en devroit conclurenbsp;que Ia pellicule d’eau adhérente au métal, étoitnbsp;au moins de ~ de pouce, ou une 48^ de lignenbsp;d’épaifleur. Je dis au moins; car il eft impoflible


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Physique, nbsp;nbsp;nbsp;147

reprendre amp;c mefurer toute cette pellicule d’eau, pourroit fans crainte I’evaluer a un ounbsp;Un 56® de ligne. Si done la pluie s’etoit renou-'’ellée dans le courant de I’annee 2 a 300 fois,nbsp;feroit environ 8 lignes k ajouter k la qiiantiténbsp;Irouvée,

PROBLÊME XL.

I'origine des fontaines : Calcul de la quanthi d’eau des pluies , qui dimontre quelle fuffit pournbsp;leur donner naiffance amp; les -entretenir.

^’origine des fontaines Sc des fources j^^uroit pas du, ce femble , occafionner parminbsp;phyficiens un partage tel que celui qui a ré-entr’eiix pendant quelque teinps ; il n’y avoitnbsp;^ confidérer attentivement les phénomenes ,nbsp;Pf)ur fe perfuader que cette origine eft unique-*^ent due aux pluies qui abreuvent continuelle-la furface de la terre , Sc qui, coulant futnbsp;lits de terre propres a les empêcher de pé-J^étrer plus avant, fe font a la fin jour dans lesnbsp;‘¦eux bas. En effet, qui n’a pas obfervé que lanbsp;plus grande partie des fources diminueni confide-’'ablement lorfqu’il a régné pendant long-tempsnbsp;grande fecherefle , que plufieurs tariftent ab-°'ument quand cette fecherefte eft prolongeenbsp;long-temps , qu’elles renaiflent lorfque lesnbsp;P‘'^'es, les neiges, reviennent humefter la furfacenbsp;la terre, Sc qu’elles croiflent prefque en mêmenbsp;P^ogteffion que ces eaux deviennent plus abondances ?

dependant, malgre un phdnomene ft propre a petfre fur la bonne voie, on a vu quelques phirnbsp;^fophes penfer que cette origine des fontaines

Kij

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148 Récréat, Mathémat. et Phys.

étoit due a nne efpece de fiiblimation des eaux dc la mer, qui, coulant dans les entrailles de la terre,nbsp;ëtoient pouffées en vapeurs dans les fentes desnbsp;rochers , amp; découloient de-la dans des cavités amp;nbsp;des rélërvoirs prepares par la nature, d’oü elles fenbsp;faifoient jour fur la furface. Quelques-uns ont éténbsp;jufqu’a figurer ces, efpeces d’alembics fouterrains.

Mais tont cela eft mal fondé. Si l’eau de la mer produifoit ainfi les fontaines, elle auroit déja depuisnbsp;long-teinps engorge de fon fel les conduits fouterrains par OU on la fait paffer. D’ailleurs, qui nenbsp;voit qu’alors ii n’y auroit plus entre l’abondancenbsp;des pluies amp; celle dé l’eau de la plupart des fon-taines , la liaifon qu’on y obferve, puifque , fo'.tnbsp;qu’il plüt, foit qu’il ne plüt point, la diftlllatloiinbsp;intérieure n’en auroit pas moins lieu? Enfin c’eftnbsp;encore une obfervation, que les eaux de IburceSnbsp;diftillent toujours de cleffus des lits de glaife amp;nbsp;non de defl'ous. Or, comme ces lits interceptentnbsp;Ie païïage des vapeurs amp; des eaux, il faut nécef'nbsp;fairement que ces eaux viennent de deffus. IJnnbsp;moyen sur de perdre une fource, eft de rompre cenbsp;lit. Or on produiroit Ie contraire, fi l’eau veiioifnbsp;de deffous.

Ce qui a fans doute engage ces phyficiens * recourir a cette caufe éloignée amp; fauffe , c’eftnbsp;cju’ils ont penfé que les eaux des pluies n’etoief**-pas fufïlfantes pour alimenter les fources amp; 1^*nbsp;rivieres. Mais ils étoient affurément dans 1’erreur»nbsp;car, loin de ne pas trouver dans les pluiesnbsp;d’eau pour eet eflet, on eft en quelque forte erR'nbsp;barraffé de la trop grande quantité c(u’onnbsp;troiive. Le calcul fuivant, de M. Mariotte , vanbsp;prouver,

M. Mariotte obferve que, fuivant les exp^quot;

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P H Y 5 T Q U F. nbsp;nbsp;nbsp;14^

riences, il tombe annuellement environ 19 pouces^ ^l’eau fur la furfacc de la terre. Pour renclre fonnbsp;calcul encore plus convainquant, il n’en fuppofenbsp;que ij; ce qui fait par toife quarrée, 45 piedsnbsp;Cubes; par lieue quarrée de 2300 toifes en toutnbsp;^cns, 2380 toooo pieds cubes.

Or les rivieres amp; fources qui alimentent la ^eine avant fon arrivée au pont-royal a Paris ,nbsp;comprennent une étendue de terrain d’environ’nbsp;lieues de longueur fur environ 30 de largeur ,nbsp;qui fait 3000 lieues fuperficielles , dont Ie pro-^uit par 238030000, eft 7141 50000000 : c’eftnbsp;'c norabre de pieds cubes d’eau qui tombe , ennbsp;^cvaluant au plus bas fur cette étendue de pays.

Examinons maintenant quelle quantité d’eau-^ournit chaque année la Seine. Cette riviere , au ‘^cftiis du pont - royal , amp; étant a fa hauteurnbsp;*’'nyenne, a 400 pieds de largeur amp; 5 pieds denbsp;Ptotondeur , rcduile. La vitefle de 1’eau, dansnbsp;‘^ft état de la riviere, peut être évaluce a 100nbsp;P'eds par minute, en prenant un milieu entre lanbsp;''Uefle de la furface amp; celle du fond. Ainfi Ie pro-^uit de 400 pieds de largeur par 5 de hauteur ,nbsp;Oü 2000 pieds quarres, étant multiplié par toonbsp;pieds, on a 200000 preds cubes pout la quantiténbsp;^ cau qui paffe a chaque minute par cette feftionnbsp;la Seine au deffus du pont royal. Cette cjuan-fera done dans une heiire , de 12000000;.nbsp;dans les 24 heures, cle 288000OQO ; amp; en un an ,nbsp;de 105110000000 pieds cubes. Or cela n’eft pasnbsp;® feptieme partie de la quantité d’eau que nousnbsp;^'^ons vue tomber fur l’étenclue du pays qui nour—nbsp;la Seine.

Mais-que ferons-nous du refte de cette eau ? K eft facile d’y répondre. Les rivieres , les ruiflèaux

Kiij

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350 Récréat. Mathémat. et Phys.

les eaux ftagnantes, perdent une quantité conlidéquot; table d’eau, pat la fimple evaporation ; il en enttenbsp;enfin une quantité prodigieufe dans raccroififementnbsp;amp; Ia nutrition des plantes. Voila ce que devienfnbsp;Ie finplus de cette eau.

M. Mariotte fait auffl Ie calcul de l’eau que dolt naturellement fournir une fource qui coulenbsp;un peu au deffous du fommet de la inontagne denbsp;Montmartre, amp;: qui eft alimentée par une étenduenbsp;de terrain de 300 toifes de largeur fur environnbsp;100, OU de 30000 toifes de fuperficie. II tombenbsp;fur ce terrain , par an , la quantité de 1610000nbsp;pieds cubes, a raifon de 18 pouces de hauteurnbsp;d’eau pluviale. Mais une partie confidérable denbsp;cette eau , peut-étre les trois quarts, s’écoule toutnbsp;de fuite en bas; ainfi il n’en pénetre que la quan-tité de 403000 a travers la terre amp; Ie fol fablon-neux,)ufqu’a ce qu’elle rencontre un lit de glailè,nbsp;iitué a 2 on 3 pieds de profondeur ; de-la cettenbsp;eau coule jufrju’a 1’einbouchure de la fontaine , amp;Cnbsp;c’eftelle qui 1’alimente. Ainfi , endivifant 40500Qnbsp;par 365, on trouve environ iioo pieds cubesnbsp;qifelle doit fournir par jour, ou 38300 pintes;nbsp;ce qui fait environ 1600 pintes par heure, ou biertnbsp;17 pintes par minute , ou enfin de 2 poucs*nbsp;d’eau. Tel eft aufli a peu prés Ie produit de cettenbsp;fource.

On éleve d’ordinaire contre ce fentiment fur l’origine des fources, une objeftion fondée furnbsp;une expérience de M. de la Hire, confignée darisnbsp;les Mémoires de l’A.cadémie des Sciences de Pa'nbsp;ris, année 1703. Ce fqavant ayant fait fouille*^nbsp;dans un terrain jufqu’a 2 pieds de profondeur, n'ynbsp;tro’uva aucune trace d’humidité; d’ou Pon préteudnbsp;tonclure que les pluies ne font que couler fuperfr*

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;i 5 ï

clellement , amp; ne contribuent en rlen a la miC-^ance des fources.

Mais cette experience n’eft d’aucun poids, en cju’elle eft particuliere , amp; contredite par millenbsp;^litres faits. II n’eft perfonne qui Ignore que I’eaunbsp;ftiinte en milleendroits du ciel des carrières, desnbsp;cavernes , des voutes fouterraines : c’eft elle qui,nbsp;3yant pénétré les terres amp; coulé entre les jointsnbsp;despierres, y produit les ftaladtites amp; les autresnbsp;lt;^oncretions pierreufes qu’on y obferve. II eft donenbsp;faux que la pluie ne penetre pas au-dela de quel-^ues pieds. Le fait obfervé par M. de la Hirenbsp;étoit un fait particulier, duquel il avoit tort denbsp;liter une confequence générale.

On objefte encore , qu’on volt quelquefois des eaux raflemblées a des hauteurs ou il eft impoffiblenbsp;t]ue les pluies donnent naiflance a une fource.nbsp;Wous repondrons que , ft 1’on examine les terrainsnbsp;fe trouvent ces amas d’eaux , on verra toujoursnbsp;tiu’elles font le produit des pluies ou des neigesnbsp;fondues ; que ces lieux, fur le fommet d’une mon-tagne ou fe trouvent c,es amas, ne font que desnbsp;efpeces d’entonnoirs qui ramaflent les eaux d’unenbsp;petite plaine circonvoifine , entretenues continuel-lement par les pluies ou les neiges, a quoi con-tribue auffi le peu d’evaporatlon qui s’en fait , anbsp;caufe de la ténuité de I’air. Il reftera enfin démon-tré pour tout bon efprit, que I’origine des fources amp; fontaines ne doit pas être attribuée a unenbsp;^ntre caufe qii’aux eaux de pluie Sc de neige raf-ftmblees.

K IV

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Ï52 Récréat. Mathémat. et Puts.

PROBLÊME XLI.

Le Martcciu d'caii^ ou de mercure.

CjE qu’on appelle le marteau d'eau, n’efl: aiitre chofe qu’une bouteille de verre allongée , dansnbsp;laquelle eft renfermée de l’eau , qui, étant fecouéenbsp;dans ce vafe , ie frappe avec un bruit qui approchenbsp;de celui d’un petit coup de marteau.

La caufe de eet effet efl; la privation de 1’air, Ce fiuide iie divifant plus Peau dans fa chute, ellenbsp;arrive au fond de la bouteille comme corps lolide jnbsp;amp; produit le bruit qu’on vient de dire.

Pour faire done le marteau d’eau, il faut avoir une fiole de verre, affez folide amp; allongée , quinbsp;foit terminée par un col que 1’on puilTe fcellernbsp;hermétiquement: on en pompe 1’air dans la machine pneuinatique , après y avoir introduit'unnbsp;quart ou un finquieme d’eau ; on bouche herméti-quement 1’ouverture de la bouteille èc l’ayantnbsp;retiree, on le fait plus folidement, en fondantnbsp;doucement le col de cette bouteille a la lampanbsp;d’émailleur; l’inftrument eft conftruit.

Si, au lieu d’eau, on renferme dans cette fiole du mercure, il donnera un coup bien plus éclatant ; on en fera même étonné, amp; 1’on aura peinenbsp;a concevoir comment il ne brife pas la bouteille.nbsp;Si, de plus , ce mercure elf bien purifié, il feranbsp;lumineux , amp; 1’on ne pourra le faire couler d’unnbsp;'fond a 1’autre, fans voir dans 1’obfcurité une jolienbsp;trace de lumiere.

R E M A R (117 E.

On pourroit, a ce que nous penfóns, employer tUlkment cette propriété du mercure a faire une

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;ilt;jj

lanterne, qu’on pourroit appeler pUlofophlquz. II faudroit, pour cela , clifpofer dans une efpece denbsp;tambour, un grand noinbre de petites fioles commenbsp;les précédentes , ou des tubes en fpirale , dansnbsp;leA:|uels du mercure purifie couleroit continuel-lement au moj^en du mouvement de ce tambour,nbsp;tnouvement qu’il feroit facile de lui donner parnbsp;tine petite machine fort limple amp; fort peu cou-teufe : il en refulteroit une lumiere continue quinbsp;tt’auroit pas befoin d’aliment. Qui fqait fi un journbsp;nn ne viendra point a bout par-la de fe pafler dunbsp;feu adfuel pour nous eclairer dans nos apparte-ttients? Je crains cependant que , quelque multi-pHee que foit cette lumiere , elle ne foit toujoursnbsp;Itop foible pour fuppleer a une feule bougie. Maisnbsp;eft peut-etre d’autres applications utiles de cettenbsp;invention.

PROBLÊME XLir,

Fain unt Fluit lumineufe de mercure.

S u R la plat'.ne de la machine pneumatique , met-tez un plateau circulaire percé de trous, fur lequel portera un petit recipient cylindrique terminé ennbsp;hemifphere ; recouvrez le tout d’un recipient plusnbsp;grand, percé a fon fommet d’un trou qui recevranbsp;Un entonnoir de verre renipli de mercure : cet en-tnnnoir doit étre tel qu’on puifie le fermer parnbsp;tin bouchon , pour 1’ouvrir quand il en fera temps.

Cela ainft préparé, faites le vuide , ou a peu piés, dans le recipient; enfuite ouvrez I’entonnoirnbsp;ftui contient le mercure : il s’écoulera tant par fonnbsp;poids que par celui de 1’atinofphere qui le prefte,nbsp;^ il tombera fur le fommet convexe du récipient

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154 Récréat. Mathémat. et Phys. ititérieur; ce qui Ie fera éparpiller en mille goutte-lettes lumineufes, amp; imiter une pluie de feu.

On peut encore faire cette experience de cette maniere. Ayez un bois médiocreinent compare ,nbsp;dans leqnel vou$ ferez creulêr un petit réfervoirnbsp;en forme d’hémifphere ou de cóne renverfé ; vousnbsp;en garnirez 1’ouverture fupérieure d’un recipient ^nbsp;amp; vons Ie remplirez de mercure. Lorfqu’on pom-pera l’air du recipient, la preffion de l’air extérieur fera pénétrer Ie mercure par les pores dunbsp;bois, il fe iera jour dans Ie recipient gt; amp; y tom-bera en petkes gouttes lumineufes.

PROBLÊME XLIII.

Pcar ^ue//e raifon , dans hs mines qui ont des fou-’ piraux fur Ie penchant d'une montagne , a difi-férentes hauteurs , s'kahlit-il un courant d^air ^nbsp;qui a dans rhirer une direction differente de cellenbsp;qu it a pendant fété? ExpVication d'un phéno-mene femblable quon remarque chaqiic jour dansnbsp;tes cheminèes: Ufage quon peut faire d'unsnbsp;cheminée pendant l'ké.

Il eft d’ufage, pour donnet de l’air i une mine^ de percer de diftance a diftance, des puits perpen-jdiculaires qui aboutiffent a la galerie horizontalenbsp;OU peu inclinée ou 1’on extrait Ie mineral; amp; d’or-dinaire les embouchures de ces puits font a diffé-rentes hauteurs , a caufe de i’inchnaifon de lanbsp;croupe de la montagne. Or, dans ce cas, orinbsp;éprouve un phénomene affez hngulier : c’eft que ?nbsp;pendant Thiver, l’air fe précipite dans la mine'pafnbsp;l’embouchure du puits Ie plus bas, amp; fort par cell®nbsp;du puits Ie plus haut: Ie contraire arrive en été*


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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;155

Pour expliquer ce phénomene, il faut confide-rerque, dans la «nine , la temperature de 1’air eft conftamment la merne, tandis que depots elle eftnbsp;alternativement plus froide amp; plus chaude , Iqa-voir, plus froide en hiver, amp;: plus chaude en été,

D’un autre cote , on doit remarquer que le puits dont 1’embouchure eft la plus élevée, ia galerie amp;

Pautre puits, forment up fyphon recourbé a branches inegales. Or void cc qui arrive,

Lorfque I’air extérieur eft plus froid que celui de la mine, la colonne d’air qui prefle fur 1’oriflcenbsp;inférieur D , prefte davantage fur tout fair con- PI. 4,nbsp;tenu dans le fyphon DCBA , que celle qui prefte fig-fur I’orifice A: ainfi cet air dok etre chafte ennbsp;clrculant dans le fens DCBA. Mais 1’air froid quinbsp;entre par D, eft auffi-tdt échauffé au même degrénbsp;que celui de la mine: ainft il eft poufle comme lenbsp;premier par la colonne repofante fur I’orifice D,

C’eft le contraire qui arrive en été; car alo-rs 1’air extérieur eft plus chaud que celui de la mine,

Ce demier étant le plus pefant, la branche AB du fyphon prépondere fur BC , fans que la diffé-rence des colonnes qui pefent fur A amp;C fur D ,nbsp;puilTe opérer le contrepoids. Ainfi l’air contenunbsp;dans le fyphon ABCD, dok prendre un mouvement dans ce fens, amp; conféqueinment fe mouvoirnbsp;en fens contraire du précédent. Telie ,eft l’expli-.nbsp;cation du phénomene.

On en obferve un femblable chaque jour dans les cheminées , amp; qui eft d’autant plus fenfifele,nbsp;que les tuyaux de cheminée font plus hauts; carnbsp;tine cheminée , avec ia chambre oh elle aboutk ,nbsp;la porte ou la croifée, forment un fyphon fem-l^lable au précédent. D’ailleurs i’air extérieur eft gt;nbsp;dcpuis les 9 heures du matin jufqu’aux 8 ou 9

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15Ö Récréat. Mathémat. et Phys,

heures du foir, plus chaud que I’lnterleur pendant l’été , amp; au contraire. Le matin done, l’air doitnbsp;defeendre par la cheminée, amp; fortir par la fenêtrenbsp;ou la porte ; au contraire , cet air extérieur étantnbsp;plus froid la nuit que le jour, il doit entrer par lanbsp;porte ou la fenétre , amp; monter par la cheminée.nbsp;Vers les 8 ou c) heures du matin , amp; les 8 ou 9nbsp;heures du foir, 1’air ed comine ftationnaire ; eiFetnbsp;neceffaire dans le temps du paffage d’une direction a 1’autre.

On pourroit, dit M. Francklin , qui paroiS avoir le premier obfervé ce mouvement, on pourroit, dit-iljl’appliquer a quelques ufages économi-ques pendant l’été; amp; alors le proverbe qui dit,nbsp;utik comtm unc cheminét en he, fe trouveroitnbsp;en défaiit. Un de ces ufages feroit de fervir denbsp;garde-inanger ; car en bouchant les deux ouvertures de la cheminée par un hniple treillis ou ca-nevas, le courant d’air alternatif amp; prefque continue! qui s’étabüróit dans la cheminée, ne pourroit manquer de tenir la viande fraiche amp; de lanbsp;conferver.

On pourroit peut-etre encore faire ufage de ce courant pour quelque ouvrage qui exige moins denbsp;force que de continuité. Pour cet effet, il faudroitnbsp;etablir dans le tuyau de la cheminée un axe vertical , garni d’une héüce ; le courant d’air la me-neroit continuellement, tantot dans un fens, tan-tot de I’autre , amp; probablement avec affez denbsp;force pour élever une petite quantité d’eau parnbsp;heure. Mais comme elle ne chommeroit que troisnbsp;ou quatre heures de la journée , elle ne lailTeroitnbsp;pas de produire un effet affez grand par jour. Aunbsp;furplus le moteur ne couteroit rien. 11 faudroit,nbsp;dans ce cas, employer un engrenage qui fut tel gt;

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;157

, de quelque cöté que tournat 1’axe garni d’hé-lices, le mouvement du furplus de la machine fe fit toujours dans le mdme fens; ce cjui eft non-feulement pofilble, inais que nous avons vu exé-cuté chez M. Loriot, a Paris.

PROBLEME XLIV.

Mefurer les hauteurs des montagnes au moyen du Barometre.

IL eft aftez rare qu’oti puifle mefurer les hauteurs des montagnes par des operations géométriques;nbsp;fouvent même cela eft impraticable. Un voya-geur, par exemple, qui traverfe une chauie denbsp;montagnes , 6c qui defire connoitre les hauteurs des points principaux fur lefquels il a gravi,nbsp;ne fqauroit recourir a ce moyen. Le barometrenbsp;€11 fournit un commode , 6c afifez exaft , pourvunbsp;qu’on I’emploie avec les attentions neceflfaires.

On fentira aifément le principe fur lequel eft appuyee cette méthode , iorfqu’on fe rappelleranbsp;qu’un barometre porté au haut d’une montagne.,nbsp;fe foutient a une moindre hauteur qu’au bas; i®nbsp;parcequ’il a une moindre quantité d’air au delTusnbsp;de lui; parceque cet air eft moins denfe , puif-qu’il eft décharge d’une partie clu poids qu’il fup-porte au bas de la montagne. Tel eft le fondement des regies cju’on a imaginees pour appliquernbsp;ala mefure des hauteurs des montagnes, la hauteurnbsp;3 laquelle le barometre s’y tient. Toutefois ce n’eftnbsp;pas une légere difficulté de donner une regie biennbsp;exafte pour cela; car la hauteur du inercure dansnbsp;Is barometre tient a tant de caufes pbyfiqnesnbsp;qui fe coinpliquent enfemble , qu’il eft extreme-

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158 Récréat. Mathémat, et Phys. ment difficile de les concilier, amp; de les foumettrenbsp;au calcul. M. de Luc , citoyen de Geneve , qui anbsp;traité avec Ie plus grand foin ce fujet, en coin-binant routes les circonftances amp; toutes ces cau-fes, nous paroit cependant être venu a bout denbsp;donnet une méthode qui, fi elle n’eft pas abfolu-ment parfaite, eft du moins celle c[ui approche Ienbsp;plus de l’exaftitude. C’eft a celle-la que nous nousnbsp;bornerons.

Pour procéder avec exaélitude dans cetfe opé-ration , il eft néceflaire d’avoir un bon barometre purgé cl’air amp; portatif, avec un bon thermometre.nbsp;Nous Ie ftippoferons de Reaumur, quoique M. denbsp;Luc, pour faciliter Ie calcul, ait propofé une di-vifion particuliere. Si Ton afpire a une grandenbsp;exaéHtude, il faut encore avoir au pied de lanbsp;montagne , ou dans une des villes les plus voHi-nes, dont la hauteur au deflus de la mer eft con-nue, un obfervateur qui examine la marche dunbsp;barometre.

Parvenu au fommet de la montagne, ou au lieu dont on veut obferver la hauteur, on y examineranbsp;la hauteur du barometre , après 1’avoir mis biennbsp;verticalement ; on fufpendra auffi a fa proximiténbsp;Ie thermometre dans un endroit ifolé , amp; 1’onnbsp;tiendra note du degré auquel s’éleve Ie mercure.

Cela fait, on comparera la hauteur du barometre obfervée fur la montagne, avec celle du barometre correfpondant, obfervee dans lemêmenbsp;temps; on prendra les logarithmes de ces deuxnbsp;hauteurs exprimées en lignes , Sc 1’on en retran-chera les quatre derniers chiffres : ce fera la difference des hauteurs exprimées en toifes de Paris.

Mais cetfe hauteur exige une correélion , car elle n’eft exafte que lorfcpie la température fimul-

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;159

tanée des deux lieux eft de nbsp;nbsp;nbsp;compfés au

ihermometre de Reaumur. Pour chaque degré que Je thermometre fera refté au deffous de i6^ dansnbsp;J3 ftation fupérieure, il faudra ajouter une toifenbsp;Jur , amp; au contraire l’óter pour chaque degrénbsp;au dehous de la température qu’on vient de dire.

On fera la même correöiion *, mais en fens Contraire, au moyerl du thermometre qui a refténbsp;dans la ftation fixe; c’eft-a-dire que, pour chaquenbsp;degré dont il s’eft tenu au deftus de 16° x, on re-Ranchera de la hauteur trouvée ci - delTus, unenbsp;*oife fur a 15 ; amp; au contraire. La hauteur trouvéenbsp;^gt;nfi corrigée deux fois, fera, a bien peu de chofenbsp;prés, la difference de hauteur des deux lieux aunbsp;deftus de la furface de la mer , ou la hauteur denbsp;^un fur Fautre.

Suppofons, par exemple , que dans la ftation inférieure Ie barometre fe fok tenu a 27 poucesnbsp;^Jignes, OU 326 lignes; que dans la ftation fu-perieure il ait baiffé a 23 pouces 5 lignes , ounbsp;^81 lignes.

Le logarithme de 326 eft 2.513217(5, celui de 281 eft 24487063 : leur difference eft 0.0645-113, dont retranchant les trois derniers chifFres,nbsp;pour équivaloir a la divifion par 1000, il reftenbsp;^45 toifes.

Nous fuppoferons encore qu’au haut de la mon-^*grie, le thermometre de Réaumur montroit 6 dygrés au deftus de la congelation , amp; daas la fta-inférieure , 12: c’eft, pour la ftation fupé-UeutCj 10 i au delTous de 16 par conféquent

. Cette feconde correftion, quoique non indiqiiée par Luc, nous parok néceflaire par plufieurs raifon»nbsp;qu il feroit trop loiig de développer.

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ï6o Récréat. Mathémat. et Phys.

10 toifes ia a)0uter par chaque ii 5, a la hauteiif ci-deflus, qu’on trouvera conféquemment , pafnbsp;une regie de trois, être 32 toii'es.

On trouvera , par la correftion contraire , que la hauteur a retrancher eft lo; il reftera confé-quemment 12 toifes a ajouter, amp; la hauteur dou-blement corrigée fera 657 toifes.

M. Néedhain a obfervé fur Ie mont Tourné, 1’une des monfagnes des Alpes, la hauteur dunbsp;barometre de 18 pouces 9 lignes, ou 215 lignes.nbsp;Suppofons qu’au inême inftant on Teut obfervée,nbsp;au niveau de la mer, de 28 pouces juftes, ou 3 3Önbsp;lignes, ce qui eft la hauteur moyenne au bord denbsp;la mer : la difference des logarithmes de 336 8cnbsp;225 , en en retranchant les trois derniers chiffres ,nbsp;eft 1742.: on en pourroit conclure que la hauteur du mont Tournéeft de 1742 toKesaudeftusnbsp;de la mer. Maïs comme nous n’avons point d’ob-fervation correfpondante au niveau de la mer ,nbsp;ni d’obfervation du thermometre , faite en mêmenbsp;temps , nous n’employons cette obfervatlon de M.nbsp;Néedham, que comme un exemple du calcul. IInbsp;eft probable feulement que la hauteur du montnbsp;Tourné eft entre 1700 amp; 1800 toifes.

R E M A R dU E S.

Comme un barometre portatif eft un inftru-ment très-difficile a fe procurer amp; a conferver, il eft prefque nécelTaire qu’un voyageur obfervateurnbsp;fe contenté de fe former fon barometre toufes lesnbsp;fois c|u’il veut obferver. Mars comme alors fon,nbsp;mercure ne fera point purge d’air, il ft tiendranbsp;quelques lignes plus bas que Ie barometre conftruitnbsp;avec toutes les precautions Imaginables. Cettenbsp;difference peut aller a 2 ou 3 lignes.

Quant

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;igi

Quanta uii thermometre de M. de Reaumur,' ften de fi facile que d’en tranfporter uii; ainfi ilnbsp;^’y a nulle difficulté.

Mais comment fera U7i voyageur pour avoir des obfervations correfpondantes, foit au bord de lanbsp;•^er, foit dans quelque autre lieu fixe; ce qui eftnbsp;Pourtant neceffaire pour pouvoir faire un ufagenbsp;ftiffifamment exaft de fes obfervations propres?nbsp;Cela me paroit mettre a cette maniere de déter-ïniner les hauteurs des montagnes, des limitationsnbsp;tien confidérables.

D’ailleurs il nous femble que, quand même on auroit au bord de la mer , ou dans quelque villenbsp;fituée, par exemple, au milieu de la France, amp;nbsp;dont la hauteur au deffus de la mer feroit connue ,nbsp;Hn obfervateur aflidu, on ne feroit pas beauco'upnbsp;plus avancé; car la temperature de 1’atmofpherenbsp;peut varier fur Ie bord de la mer de Genes, êtrenbsp;a la pluie, par exemple, pendant que Ie tempsnbsp;fiera beau amp; ierein fur les montagnes des Alpcs ounbsp;des Apennins, OU au contraire; nouvelle diftlculténbsp;a furmonter.

On Ie pourrolt faire néanmoins en partie, en fqachant, pour Ie bord de la mer la plus voifine,,nbsp;quelle eft la plus grande, la moyenne amp; la moin-dre elevation du barometre|, amp; en. jugeant ,nbsp;par diverfes conjeéfures météorologiques, de lanbsp;iiature de la temperature fur la montagne a mefu-, quoiqu’on ne fafiTe prefque qu’y paffer: car finbsp;hygrometre y marquoit, par exemple, unenbsp;S^'ande huniidité , il y auroit lieu de croire que Ienbsp;f^rups eft a la pluie , amp; que Ie barometre ftable ynbsp;’^idiqueroit fes moindres hauteurs ; comme aunbsp;lt;^ontraire, fi Fair étoit trés-fee , on en pourroitnbsp;conclureavec probabilité que Ie temps eft ferein.nbsp;Tome IF.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;L

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iöl Récréat. Mathémat. et Phys,

amp; que Ie barometre fixe y indiqueroit fa plu* grande hauteur : maïs, il faut en convenir , toutnbsp;cela n’efi; pas d’une exaditude bien capable de fa-tisfaire.

Quoi qu’il en foit , on a fait fut Ie haut des tnontagnes bien des obfervations baroinétriques, amp;nbsp;on en a conclu Icurs hauteurs. On en a aulli, parnbsp;occafioi! , mefuré plufieurs géométriquement :nbsp;c’efl: pourquoi nous croyons que nos leéieurs ver-ront avec plaifir une table de ces obfervations amp;nbsp;hauteurs différentes. Celle que nous allons donnet eft formée de plufieurs colonnes , dont lanbsp;premiere s’explique d’eUe-même ; la feconde con-tient la hauteur du barometre , obfervée dans lesnbsp;iieux défignés par la premiere. Comme, pour lanbsp;plupart, on n’a point défigné la temperature ac-tuelle de l’air, nous prendrons cette hauteur ^ournbsp;la hauteur moyenne , amp; au degré moyen de cha-leur. La troifieme contient la hauteur déduite denbsp;l’ob^ervation , fuivant la méthode de M. de Luc.nbsp;Dans la quatrieme nous avons porté la dimen-fion géométrique, quand elle nous a été connue.nbsp;Quelquefois auffi , ne connoilTant que la dimen-lion yéométrique , nous nous fommes bornés a lanbsp;donner.

Nousne répéterons pas ici ce que nous avons dit ailleurs fur 1’exceffive hauteur que les anciensnbsp;attribuoient a nnelques montagnes: on peut Ienbsp;voir dans Ie tome précédent, page 97.


-ocr page 171-

Physique, nbsp;nbsp;nbsp;i(S|

quot;^ABLE des hauteurs de différents lieux de la Terre amp; de dlverfes Montagues au deffus du niveaunbsp;de la Mer.


NOMS

DES Lieux.


Haut.

(lu

Baromec.


Haut. (led. dunbsp;Baromet.


Haut.

mefure

geométr.


France.

^aris , niveau de Li Seine aux moyennes eaux^ au Pont-Royal,nbsp;^aris , re^ de chaufjee de I’Obferv.nbsp;’ eriaiiles, r. de ch. du chateau , ••nbsp;prlcans ,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de la Loire bajj'e,

~yon, niv. du Rhdne,................

Merinont-Ferrand,...............


P. L.


Toifes.


Toifes.


.27..0-


-.158.


..181

-58

¦¦77r

¦32

.¦84


Montag. de FAuvergne.


Fe Puy-de-Dome, —

J-a Cofta,.................

Le Puy-de-Violent, ¦

te Carnal, ...............

Le Mont d’Or, .......


Pyrenees.

J^ontS. Barth. p. depoix^

Mouflet, .........................

Canigou, .........................

?a)ns de Barege, ..................

Pic du midi, ....................

^ont Ventoux,....................


AlpES Sl/ISSES.

Lac de Genfeve,...............

de Neuchatel,...................

Le Glacier de Buet,prèi Geneve, La montagne de la Dole, id......


¦^3-9^

¦2.3-4-.23..3..

¦22 5”

•a2”i-


•2I-2

•2Iquot;Of

•20-2-j-¦ 24.-S'-

•21..I-


•I9'6-

¦23-4.


-7i6-•¦•Say .•.840-—g66-• 103 I'


.1211-

•1241.

•1416-

•••^89

•i48i'


¦•1560-.—825 ¦

Li;


-851

-853

-984

•1040


¦ÏI90

•1289

¦1454


• 1036


.188

•214

-847


-ocr page 172-

ï64 Récréat. Mathémat. et Phys-

Haut.

Haut.

Haut.

du

déd.du

mefure

Baromet.

Baromet.

géomcrr.

P. L.

Toifes.

Toifes,

¦ nbsp;nbsp;nbsp;2390nbsp;-237nbsp;• 1450nbsp;¦1460

¦ nbsp;nbsp;nbsp;2420

O MS

des L I e u X.

Le Mont Bianc ou maudit, dans

Ie Faucigny ,..........................

Le Fort d’Aarbourg, ................

Le Mont Pilate, 6'. de Lucerne,

L’Antfendas, C. de Berne, —.....

MontGothard,^/ai/ia«tc pointe’^

Apennins,

• 1150 ¦••718nbsp;-868nbsp;-808

•¦I302-'

....542.,

••io8o’

..1742-

Monte di Sibilla, ......................

di Carpegna, ................

di Catria,......................

di Pennino,....................

A LP ES PiÈMONTOISES.

Turin, ......................................

S. Remi,....................................

Mont S. Bernard, au Couvent, -•

Mont-Serene,.........................—

Cor-Mayeur, au fommet de VAl-

Ue blanche, ....................

Ville des Glacieres ,..........

Mine de Pefe^, en Savoie, Mont-Tourne,............—

Sic iLE.

Mont jEthna''%..........................18-11 -iS-jG-

* nbsp;nbsp;nbsp;Cette montagne patoit être )a plus élevée de notre Europe. Le»nbsp;ai déduit Ia h.auteur de Ia hauteur apparente, melurée parM. Micheli gt;nbsp;du fort d’Aarbourg, qui en eft a 62000 toifes. Mais comme cette haU'nbsp;teur n’eft cpie de deux degrés fur I’hürizon, je 1’ai corrigée, en o*'nbsp;déduifant la réfraftion: c’eft une attention que n’a pas eue M. M'quot;nbsp;cheli, amp; qui lui a fait donner un catalogue des hauteurs des raontaquot;nbsp;gnes de la Suiffe, qui excedent sürement Ia vérité.

* nbsp;nbsp;nbsp;Cette mefure eft déduite d’obfervations fimultanées du barontC'nbsp;tre,faites aCatane, oü le mercure étoit a 27 p. 10 1. (pied de France) gt;nbsp;amp; fur I’Atthna, oti il étoit a iS.i-j. On y a eu auffi égard, fuivant 1*nbsp;regie de M. de Luc, aux différentes temperatures de l’air, qui étoieutnbsp;fur 1’yEthna quot;ij au thermometre de Réaumur, öt a Cstane i *97'

-ocr page 173-

La Vallée de Quito, a Quito,

cap. dc cette province,............

^¦tchintcha, volcan éteint, [omniet oriental, .........................

^ntifana, volcan éteint, —.......

Ei-Cora^on,.............................

Litiica,.....................................

Cotopaxi, Wc. rail. en i’/44,.....

^himbora^o, volc. éteint,.........

I^argavira^o , id. ....................

^ ongouragoa, id......................

Êl-Altar, ld. ...........................

^angai , id. ...............................

^ota-Catché, au n. de Quito, ••• ^ayambé-Orcou, fous l’équat.,

A F RI QV E. ^ontagne de la Table,


•24-10


24^6-


•2730 ¦2680nbsp;¦ 2570nbsp;•3030


•521.


¦¦•537


Observation Générale.

Nous remarquerons , pour acbever cette ma-^'ere, que Ton ne doit pas entiérement imputera la *'’6thode les differences affez confidérables qu’onnbsp;^'^’^contre affez fouvent dans cette table , entre lanbsp;J^jefure barométrique amp; la mefure géométrique.nbsp;jStte derniere eft certaine; mais les obfervateursnbsp;hauteurs barométriques ont fouvent fait ufage-d inftruments fort imparfaits j ordlnairement ds

L ilj.

-ocr page 174-

j66 Rècréat. Mathémat. et Phys. n’ont point eu d’obfervations correfpondantes;nbsp;prefque jamais Us n’ont tenu compte de la difference de chaleur dans les poftes de comparaifon:nbsp;on ne doit done pas s’étonner de ces différences ,nbsp;qui feroient certainement beaucoup moindres fansnbsp;ces défauts des obfervations.

PROBLÊME XLV.

JFaire unc Fontaine artificidk, a rimitation d'une-fource naturelle,

Nous fuppofons qu’on ait a fa difpofition un terrain un peu én pente , dont Ie fond foit glaifeuxnbsp;amp; peu éloigné de la fuperficie de la terre. Dansnbsp;ce cas on pourra, par Ie procédé fuivant , fenbsp;procurer une fontaine ou une fource abfolumentnbsp;femblable aux fontaines naturelles, amp;c propre anbsp;remplir tous les befoins d’une maifon.

Pour eet effet, découvrez ce lit glaifeux fur une êtendiie , par exemple , d’un-arpent ou 30 toifesnbsp;de long fur 30 toifes de large. II faudra 1’encein*nbsp;dre d’une bande de glaife dans la partie inférieure,nbsp;en n’y lailTant d’ouverture qu’a 1’endroit abfolu-inent Ie plus bas, qui fera celui par oü l’eau for-tira. On y adaptera quelque pierre percée d’unnbsp;trou d’un pouce au plus de diametre. Cela fait,nbsp;on ramaffera des cailloux de différentes groffeurs ,nbsp;amp; 1’on couvrira cette aire des plus gros, enfortenbsp;qu’ils ne laiffent entr’eux qu’un intervalle de quel-ques pouces. On en placera d’autres un peu moinsnbsp;gros Air les interftices laifTés par les premiers, amp; onnbsp;en fera ainfi plufieurs am as les uns fur les autres,nbsp;en diminuant toujours de groffeur, jufqu’a ce quenbsp;les derriiers ne foient plus que comme de trés-

-ocr page 175-

Physique. nbsp;nbsp;nbsp;167

gTOs graviers. On jettera enfuite \a-defius du gros ïab!e a quelques pouces d’epailTeur, amp; enfuite dunbsp;plus menu, tel que celui qu’on emploie a fablernbsp;les promenades. Mais fi 1’on etoit a portee de fenbsp;procurer de la moulTe , il feroit bon , pour empe-cher le fable de couler dans les interftices des cad-loux , il feroit bon, dis-)e, d’en couvrir la couchenbsp;de gros graviers , a I’epaifleur d’un demi-pouce.

Il eft évident que I’eau pluviale qui toinbera fur toute la fuperficie de cet arpent, pénétrera a travers le fable , coulera dans les interftices des cail-loux qui couvrent 1’aire de glaife , amp; enfin , parnbsp;I’effet de la pente du terrain, fe portera vers 1’ou-verture ménagée dans le basd’ou elle s’ecouieranbsp;par un filet plus ou moins gros, fuivant fon abondance.

Or, en fuppofant que I’eau qui tombe annuel-lement fur ce terrain eft de 18 pouces de hauteur, on trouvera que la quantite d’eau qu’il raflemble-roit feroit de 48600 pieds cubes. Nous en fup-poferons un quart abforbe par I’evaporation, ounbsp;reftant entre les joints Sc interftices des pierres, dunbsp;fable Sc de la mouffe : on aura done encore 36000nbsp;pieds cubes d’eau par an, ou 4500 rauids d’eau,nbsp;fur lefquels on pourra compter, e’eft-a-dire aunbsp;moins 11 muids d’eau par jour ; ce qui eft , jenbsp;penfe, tout ce qui eft neceflTaire pour les befoinsnbsp;d’une maifon , mdme confiderable.

On me dira peut-etre que voila une fource dont I’eau couteroit aflez cher. J’en conviens ;nbsp;”rais 1° je doute que la formation de cette Fontaine coutat autant que la conftruftion d’une ci-terne , ouvrage qui exige , pour contenir I’eau,nbsp;des attentions particulieres, un courroi de glaife»nbsp;amp;c. St qui ne raffemble les eaux pluviales que de

L iv

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168 Récréat: MathémAt. et Phys,

qiielques toits, de quelques cours, amp;c. eaux par conféquent pour la plupart fort mal-propres;

]e n’ai pas voulu perdre Ie fruit de mes reveries. Le lefteur en fera ce qu’il voudra.

On pourra , au refte, rendre ceci beaucoup juoins couteux, en ne préparant, de la manierenbsp;qu’on vient de dire, qu’une petite portion de terrain , coniine d’une dixaine de toifes en quarrénbsp;dans 1’endroit le plus bas; amp; pour fuppléer au peunbsp;d’abondance de l’eau pluviale qu’on auroit paria, car elle ne feroit que de 5400 pieds cubes ,nbsp;on pourroit dériver fur ce terrain , par des canauxnbsp;ouverts , celle qui to.mberoit fur les environs a unenbsp;diftance de quelques centaines de toifes : on auroit , par ce moyen , un réfervoir d’eau filtrée très-abondant, amp;, a ce que jecrois, peu couteux;nbsp;ragrément enfin de )ouir d’une fource tout-^faitnbsp;lemblable a celles que nous donne la nature.

Je craindrois feulement que l’eau ne s’en écou-lat avec trop de rapidité ; mals on pourroit y obvier , en ne lui laiffant fa fortie que par un trounbsp;de la dimenfion convenable pour qu’elle fut anbsp;peu prés perpétuelle , ou en le garniffant d’unnbsp;robinet qu’on tiendroit ferme quand on n’auroitnbsp;pas befoin de tirer de l’eau.

' PROBLÊME XLVI.

Qtldh cjl la- pefanteur de Vair dom h corps d'un homme ejl continuellement chargé ?

C^ui eft-ce qui s’imagineroit que nous vlvons continuellement chargés d’im poids de 30 a 40nbsp;inilliers qui nous comprimé amp; nous preffe dansnbsp;tous ks fens ? C’eft-la cependant une vérité que

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Physique.

découverte de la pefanteur de 1’air met hors de doute.

Tout fluide pefe fur fa bafe en raifon de I’eten-due de cette bafe amp; de fa hauteur. Or on a de-*^ontre que le poids de 1’air équivaut a une co-^^nne d’eau de 32 pieds de hauteur ; conféquem-chaque pied quarré a la furface de la ^^tre , eft charge d’une colonne d’air équivalentenbsp;^ une de 32 pieds cubes d’eau , c’eft-a-dire denbsp;^^40 livres, le pied cube pefant 70 livres. Onnbsp;^‘value du refte la furf?-e du corps humain , dansnbsp;I’n homme de ftature médiocre, a 14 pieds quar-^és: ainfi , multipliant 2240 livres par 14, on anbsp;31360 livres pour le poids appliqué fur toute lanbsp;furface du corps d’lm homme de ftature médiocre.

Mats comment peut-on réfifter a une charge ^smblable ? la réponfè eft facde. Toute notrenbsp;JHachlne eft imprégnée d’un air qui eft en équili-“•¦e avec cet air extérieur. On n’en fqauroit dou-

5 quand on a vu un animal mis dans la machine pneumatique , s’enfler aufti-t6t qii’on a com-lUencé a en pomper i’air , fe diftendre enfin au point de périr, amp; de crever même, li 1’on continue.

C’eft cette difference de pefanteur qui nous tend ou plus leftes ou abattus, fuivant que notrenbsp;thorps eft plus ou moins chargé. Dans le premiernbsp;J^as, le corps étant plus refferré par le poids denbsp;3 le fang circule avec plus de rapidité, amp;nbsp;toutes les fomftions de 1’aniinal fe font avec plusnbsp;ue lacilité. Dans le fecond , le poids ayant dimi-^Ue, toute la machine eft relachée , amp; les orificesnbsp;des vaiflTeaux le font a proportion ; le fang manquenbsp;, 8c ne donne plus au fluide nerveuxnbsp;aciivite qu’il avolt: Ton eft abattu, incapable

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jyo Récréat. Mathémat. et Phys.

de travail amp; de reflexion , amp; cela arrive fur-tout lorfque l’air eft en même temps humicle ; car riennbsp;ne relache autant les fibres cle notre frêle machine , que l’humidité.

problême xlvii.

ConJiriiB'ton d'um petite machine qui, a Vimita~ tion de la Jlatue de Memnon , produira desnbsp;fons au lever foleil.

Tout Ie monde fqait ce qu’on raconte de la flatue de Memnon , expofée dans un temple d’E-gypte. Si 1’on en croit les anciens hiftoriens , ellenbsp;faliioit Ie foleil levant par des fons qui paroiflfoientnbsp;fortir de fa bouche. Quoi qu’il en foit de ce traitnbsp;hiflorique, voici la maniere de produire un parednbsp;efFet.

PI. 4, Soit un piédeftal en forme de parallélépipede ïg. 22. concave ABC; que la concavité en foit diviféenbsp;en deux parties par un diaphragme DE. La par-tie inférieure dolt être bien clofe, 6st remplie d’eavïnbsp;jufqu’au tiers environ de la hauteur, amp; Ie furphisnbsp;doit être rempli d’air. Le diaphragme DE doitnbsp;être percé d’un trou qui donne paflage a un tuyaUnbsp;de quelques lignes de diametre, bien foudé avecnbsp;ce diaphragme , amp; defcendant ’)ufques prés dunbsp;fond de la cavité inférieure. II doit y avoir dansnbsp;ce tuyau aflTez d’eau pour que, l’air étant refroidinbsp;au degré de la température de la nuit, l’eau foitnbsp;a peu prés au niveau de FG. Une des faces dunbsp;piédeftal doit être enfin affez mince pour s’échauffernbsp;facilement aux rayons du foleil. Le plomb eft uunbsp;des métaux qui s’echauffent le plus de cette maniere ; c’eft pourquoi une lame mince de plomb^nbsp;fera propre a eet effet.

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;171

KL eft IIn axe tournant librement fur des pilots en K amp; L , amp; autour cle cet axe eft enroulé Hn filet très-fiexible', foutenant d’un cote le poidsnbsp;K, amp; de I’autre le poids M, cjui plonge librementnbsp;lt;lans le tuyau HI. Le rapport de ces poids doitnbsp;^tte tel, que le poids M Temporte fur N lorfquenbsp;premier fera livre a lui-même, mais N doitnbsp;^’emporter fur M lorfque celui-ci perdra une park's de fon poids en nageant dans 1’eau ; ce qui eftnbsp;facile a combiner.

Enfin I’axe KL porte un tympan de quelques Pouces de diametre amp; de longueur, garni a fanbsp;circonference de dents qui, en appuyant fur lesnbsp;touches d’un petit clavier, font lever des faute-leaux qui frappent des cordes accordees harmoni-'juement. II faut qu’un tour ou deux du tympannbsp;^chevent 1’air, qui doit être au furplus très-fim-Ple, amp; compofé de peu de notes. Toute cettenbsp;petite mecanique peut être facilement renfennéenbsp;^ans la cavite fuperieure du piedeftal. Le defliisnbsp;portera une figure en bufte , telle qu’on reprefentenbsp;la ftatue de Memnon, avec la bouche ouverte 6cnbsp;en attitude de parler. II ne feroit pas difficile denbsp;lui faire des yeux mobiles , amp; qui euffent unnbsp;mouvement dependant de celui de I’axe KL. ¦nbsp;D’apres cette confiruêlion, on fentira aifementnbsp;^Ue le cote du piedeftal expofé au levant, nenbsp;Pourra recevoir les rayons du foleil fans s’echauf-; qu’en s’echauffant, il echauffera 1’air contenunbsp;j|ans la cavite inférieure; que cet air fera montecnbsp;^ 6au dans le tuyau HI; qu’alors le poids N I’em-Portera, 8c fera tourner I’axe KL avec le tambournbsp;garni de pointes, qui feront lever les touches dunbsp;petit clavier; ce qui donnera des fons, 8c feranbsp;lOnner le petit air qu’on aura note. Mais il faudra.

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i-ji Récréat. Mathémat: et Phys.

pour eet effet, que Ie diametre de l’axe KL föit modelé de nrtaniere que Ie poids N, en defcen-dant, par exemple de deux lignes, faffe faire afleznbsp;rapideiTient un tour ou deux au tambour , afin quenbsp;les fons fe fuccedent aflez rapidement l’un a l’autrenbsp;pour former un air.

Le P. Kircher avoit, dit-on, dans fon Mufeum, une machine a peu peès femblable, dont le P.nbsp;Schott donne la defcription ; mais je crois étrenbsp;fondé a dire qu’elle ne produifoit point fon effet,nbsp;car ie P. Schott fe borne a faire poufler de 1’airnbsp;par un petit tube contre des efpeces de vannennbsp;dont étoit garnie une petite roue: mais, commenbsp;eet air ne feroit forti que fort lentement , il eftnbsp;clair que la roue n’eiit eu aucun mouvement. Sinbsp;done la machine du P. Kircher produifoit fonnbsp;effet, comme on le dit, la defcription du P. Schottnbsp;n’efl; pas celle de fon inécanifme. Je n’oferoisnbsp;encore gager que celle-ci remplit fon objet, carnbsp;je doute fort que le foleil levant raréfiat fenfible-inent l’air renfermé dans la cavité inférieure.

Remarque.

Nous bornerons ici ce que nous avons a dire fur les differences machines qü’on peut mettre ennbsp;mouvement au moyen de la compreflion, de lanbsp;raréfaétion , de la condenfation , amp;c, de l’air;nbsp;car fi nous voulions imiter le bon P. Schott, nousnbsp;trouverions la matiere d’un volume in-4°. Nousnbsp;nous contenterons done d’indiquer aux curieux denbsp;ces machines, la Mecanica hydrautico-pnmma-tica ( Francf. 1657? in-40) de ce Jéfuite , ou fanbsp;Technica curiofa , feu Mirahilia artis (Herbip-1664,2 vol. in-4°); on y trouvera de quois’amu-fer jufqu’a fatiété de ^ces inventions aflez frivole^ y


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Physique* nbsp;nbsp;nbsp;173

'^Ompilées pour la plupart des ouvrages du P. ^ircher, qui s’en eft beaucoup occupé ; ou d’aprèsnbsp;Héron , dans fes Spiritalia ; Alleoti, fon traduc-teur amp; commentateur; Dobrezensky , dans fanbsp;^hilofophia Fontium ; amp;c , amp;c.

PROBLÊME XLVIII.

Des Phhiomenes des TuyauX' capillaires.

O N appelle tuyaux capillaires, des tuyaux de Yerre dont la capacité intérieure eft d’un diametrenbsp;très-étroit, comme d’une demi-ligne amp; au deftbus.nbsp;L’origine de cette dénomination eft aifée a reconnoitre.

Ces tuyaux préfentent des phénomenes fort fin-guliers , amp; fur 1’explication defquels je ne vois pas qu’on fe foit encore accordé. 11 a été jufqu’anbsp;lt;^2 moment plus aifé de détruire a eet égard quenbsp;d’élever. Voici les principaux de ces phéno-nienes.

I. On fqait que dans deux tuyaux qui fe com-muniquent , l’eau , ou un ‘fluide quelconque , s’é-leve a même hauteur; mais ft une des branches eft capillaire, cette regie n’a plus lieu ; l’eau s’élevenbsp;plus haut que Ie niveau dans Ie tube capillaire , amp;nbsp;d’autant plus au delTus du niveau de 1’autre bran-t^he , qu’il eft plus étroit,

II parut d’abord bien facile aux premiers phyfi-^'ens, téinoins de ce phénomene, d’en donner *^ne explication. On imagina que 1’air qui preflenbsp;fur l’eau contenue dans Ie tube capillaire , éprou-voit quelque difficulté a exercer fon aélion, anbsp;caufe du peu de largeur du tuyau ; il devoit donenbsp;cn réfulter un exhauflement du fluide de ce cête.

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174 Récréat. Mathémat. et PhTs,

Cela sn’étoit pas bien fatisfaifant; car quePc apparence que l’air, dont les particules font ii clé-liées , ne föt pas fort a fon aife dans un tuyaunbsp;d’une derni-ligne ou d’un quart de ligne de dia-metre?

Maïs quelle que fut cette explication, fatisfai-fante ou non a eet égard, les deuxieme amp; troi-fieme phénomenes des tuyaux capillaires la ren-verferent entiérement. En effet,

II. nbsp;nbsp;nbsp;Lorfqu’au lieu d’un fluide aqueux on em-ploie du inercure, ce fluide, au lieu de s’élevernbsp;dans la branche capillaire jufqu’au niveau de lanbsp;ligne qu’il atteint dans 1’autre, ce fluide, dis-je,nbsp;refte au deflbus de ce niveau.

III. nbsp;nbsp;nbsp;Qu’on falTe 1’expérience dans Ie vuide ,nbsp;tout refte de méme que dans 1’air ouvert. Ce n’eftnbsp;done pas dans 1’air qu’il faut chercher Ia caufe dunbsp;phénomene.

IV. nbsp;nbsp;nbsp;Si 1’on frotte l’intérieur du tube avec linenbsp;matiere graifteufe , comme du fuif, 1’eau , au lieunbsp;de s’élever au deflus du niveau , refte au delTous. IInbsp;en eft de inême ft 1’on fait 1’expérience avec unnbsp;tube de cire , ou avec des plumes d’oifeaux, dontnbsp;l’intérieur eft toujours graifleux.

V. nbsp;nbsp;nbsp;Si Pon plonge Ie bout d’un tuyau capillairenbsp;dans 1’eau, ce fluide s’y éleve auffi-tót au deflus dunbsp;niveau de celui du vafe, a la même hauteur qu’ilnbsp;s’éléveroit dans Ie cas d’un fyphon a branchesnbsp;d’un cöté capillaire amp; de 1’autre de diametre ordinaire ; enforte que, ft on touche feuleinent Ianbsp;fuperficie de 1’eau, elle eft auffi-tot comme attiréenbsp;a la hauteur que nous venons de dire , amp; elle Jnbsp;refle fufpendue lorfqu’on retire Ie tube de 1’eau.

VI. nbsp;nbsp;nbsp;Si un tube capillaire étant foutenu perpc'ï'


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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;175

^iculairement ou fort prés cle la verticale , on fait couler fur fa fuperficie extérieure une gouttenbsp;^’eau, lorfqu’elle eft arrivee a I’orifice inferieur ,nbsp;elle entre dans le tube, èc ft elle eft fufftrammentnbsp;groffe , elle y occupe la hauteur a laquelle elle fenbsp;*lendroit au deffus du niveau dans une branchenbsp;fyphon de ce calibre.

VII. nbsp;nbsp;nbsp;Les hauteurs auxquelles 1’eau fe foutientnbsp;^ans un tube capillaire, font en raifon inverfe desnbsp;diametres. Ainfi , ayant obferve , par example ,

dans un tuyau d’un tiers de ligne 1’eau s’eleve 3 la hauteur de 10 lignes, elle devra s’elever a lanbsp;^auteur de ao lignes dans un tuyau d’un ftxiemenbsp;de ligne ; a la hauteur de 100, dans un tuyau d’unnbsp;ftentieme de ligne.

Dans de pareils tuyaux , I’abailTement du mer-’^'tre au delTous du niveau , fuit auffi la raifon in-'^srfe des diametres des tubes.

VIII. nbsp;nbsp;nbsp;Si un tube capillaire eft forme de deux PI. 4,nbsp;Parties ayant des calibres inegaux, comme l’on'^o' ^3*nbsp;'^oit dans la Jig. 23, ou AB eft d’un calibre beau-^Oup moindre que BC ; que algt; foit la hauteur

Ou 1’eau fe foutiendroit dans un tube tel que AB ^ c d celle ou il fe tiendroit dans le plus largenbsp;Be ; qu’on plonge ce tube enforte que rorlfice dunbsp;plus petit B , foit élevé au delTus du niveau d’unenbsp;P^uteur plus grande que cd, 1’eau s’y foutiendra ,

Somme on voit dans la Jig. 24, a cette hauteur ^4-au deflus du niveau : mais ft on plonge le tube onforte que 1’eau arrive jufqu’a B, elle s’eleveranbsp;l^out de fuite a la méme hauteur que ft le tube eutnbsp;du même calibre que celui d’en baut,

II en eft de même ft Ton plonge le tube capil-aire en commen^ant par le plus etroit.

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176 Récréat. Mathémat. et Phys.

IX. On fe tromperoit fi Ton imaginoit que les liqueurs les plus légeres s’élevent davantage. L’ef-prit-de-vin eft des liqueurs aqueufes celle qui s’ynbsp;éleve Ie moins: dans un tube oü 1’eau s’élevoitnbsp;a z6 lignes, 1’efprit-de-vin ne s’y élevoit qu’a 9nbsp;OU 10. En general 1’élévation de l’efprit-de-vinnbsp;11’ell: que la inoitié ou Ie tiers de celle de 1’eau,

Cette elevation depend auffi de la nature du verre; dans certains tubes, I’eau le tient beaucoupnbsp;plus haute que dans d’autres, quoique leurs calibres foient les memes.

II eft neceflaire de connoitre ces phenomenes, pour fe convaincre que ce n’eft rien d’exterieurnbsp;au tube amp; a la liqueur qui produit ces effets. Ennbsp;effet, les phenomenes font abfolument les mêinesnbsp;dans le vuide ou dans 1’air extremement atténué,nbsp;que dans celui que nous refpirons. Ils varient auflinbsp;felon la nature du verre dont le tube eft forme:nbsp;ils font aufli différents, felon la nature du fluide,nbsp;C’eft done dans quelque chofe d’inhérent a lanbsp;matiere dir tube amp; a celle du fluide , qu’on doitnbsp;les rechercher.

On donne communement pour caufe de ces phenomenes , 1’attraftion qu’exercent mutuelle^nbsp;ment le verre fur 1’eau amp; I’eau fur le verre. Cettenbsp;explication a trouve un grand contradidleur dansnbsp;le P. Gerdil, religieux Barnabite amp; habile phyfl'nbsp;cien, qui a fait tout fon poflible pour la renvet-fer, M. de la Lande, au contraire, a pris fa dé-fenfe, amp; eft un des ecrivains niodernes qui ontnbsp;mis cette explication dans le plus beau jour. Onnbsp;peut voir auffi a ce fujet, panni les Mémoiresnbsp;Petersbourg , un ecrit de M. Weitbrecht, trés-profond amp; tres-fqavant. On ne trouvera pas ntaU'nbsp;vais que nous nous bornions a ces indications.

PROBLÊMÊ

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177

^ H Y S ï Q Ü Ë.

PROBLÊME XLIX.

qudques untatives du mouvement perpétutl, au moyen de fyphons capillaircs,

qu’on a vu l’eau s’élever dans un tube capillaire au deffus du niveau de celle dans laquelle ^1 étoit plongé , ou au deffus de celui ou elle étoitnbsp;Ie tube non-capillaire, avec lequel il formenbsp;'“1 fyphon renverfé , on n’a pas manqué d’ennbsp;coiijefturer la poflibilité du mouvement perpé-^Uel; car, a-t-on dit, li l’eau s’éleve a la hauteur d’un pouce au deffus de ce niveau , inter-rompons fon afcenfion , en ne donnant au tubenbsp;tjue trois quarts de pouce : l’eau s’élevera donenbsp;3u deffus de l’orifice , amp; retombant par les cótésnbsp;dans Ie vafe , il s’en élevera d’autre, amp; ainfi fansnbsp;ceffe ; ou bien, que l’eau élevée dans la branchenbsp;papillaire du fyphon foit dérivée par un tubenbsp;incline dans l’autre branche, il fe fera un mouve-iiient de circulation continuel; amp; voila un inou-Yeinent perpétuel donné par la nature.

Mais malheureurement 1’expérience ne confinne pas cette idee. Si 1’on intercepte I’afcenfion denbsp;l’eaudans un tube capillaire, en lecoupant, parnbsp;exemple, a la moitié de la hauteur a laquelle ellenbsp;devroit s’élever, l’eau ne s’éleve pas pour cela aunbsp;deffus de l’orifice pour retomber fur les cótés. IInbsp;^n eff de même de 1’autre tentative.

Mais en voici une fort ingénieufe , amp; telle, qu’il bien difficile de reconnoitre la caufe de fonnbsp;peu de fuccès.

Soit Ie tuyau capillaire ABC, mais dont la Ion- PI. 4gt; gue branche foit d’un diametre beaucoup plus hg- ^5'nbsp;petit que l’autre. On fuppofe que l’orifice A étantnbsp;Tome IV,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;M

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178 Récréat. Mathémat. et Phys.

plongé dans l’eau du vafe DE, elle s’éleve jufqu’en B, fominet de la courbure du tuyau; dans I’autrenbsp;branche BC, i’eau ne s’éleveroit que de la hauteurnbsp;CH au-deffus du niveau.

Retournons a préfent ce fyphon, rempliffons-le lt;i’eau , amp; plongeons-Ie a la profondeur fuffifantenbsp;pour que l’eau put s’élever , comme il a été dit ci-deffus, Jufqu’a la courbure B : il paroit évidentnbsp;amp; inconteftable que l’eau qui remplira ia partienbsp;BH, forcera en enbas l’eau contenue en CM. Ornbsp;cela ne peut fe faire fans que l’eau contenue ennbsp;AB la fuive; ainli l’eau montera continuellementnbsp;de A en B, Sc retombera par la branche BC dansnbsp;Ie vafe. Ainfi voila un mouvement perpétuel.

Rien de plus fpécieux; mais malheureufement encore l’expérience détruit cette illulion : l’eau nenbsp;tombe point par la branche BC ; au contraire ,nbsp;elle remonte jul'qu’a ce que la branche AB foitnbsp;feule remplie.

Nous croyons devoir joindre ici une autre idee de mouvement perpétuel au moyen de deux fy-phons , quoique ce ne foient pas précifément desnbsp;lyphons capiliaires qui y foient employés. Ellenbsp;mérite d’autant plus attention , que ce n’efl; pasnbsp;un homme fans nom qui l’a propofée, mais unnbsp;homme des plus célebres avec raifon dans les ma-thématiques; pour Ie dire enfin en un mot, 1’il-luftre Jean Bernoulli.

Soient, dit M. Bernoulli, deux liqueurs mif-cibles entr’elles , amp; dont les pefanteurs fpécifiques foient comme les lignes AB, CD; on fqait que Ünbsp;deux tuyaux, communiquant 1’un a I’autre, ontnbsp;leurs hauteurs au delTus de la branche de communication dans ce même rapport, on pourra rem-plir la branche la moins haute du Buide Ie plu^

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;179

Pefant, amp; la plus haute du plus léger gt; amp; tjue ces deux fluïdes fe tiendront en equilibre ; d’oii il fuitnbsp;tjue fi la branche la plus haute etoit recoupee quel-tpie peu au deflbus de la longueur qu’elle doitnbsp;*voir, le fluïde contenu dans cette branche pour“nbsp;loit couler dans la plus bafle.

Suppofons maïntenant que la branche la moins PL 4, 'elevée EF, foit reniplle d’un fluïde compofé de %•nbsp;deux liqueurs de différentes pefanteurs fpécïfiques,

^ qu’au point F foit établï un filtre qui ne laifle paffer que la plus légere ; que le tube FG foit rem-pli de celle-cï, amp; qu’ïl foit un peu moins haut,nbsp;pQur établir 1’équilibre entre la liqueur de la branche EF, amp; celle de la derniere FG.

Les chofes étant ainfi , 8c le filtre ne lailTant pafTer que la liqueur la plus légere, celle-ci, ennbsp;''^ertu de 1’équilibre rompu , fera pouffée dehorsnbsp;P^r 1’orifice G, 8t conféquemment pourra , par unnbsp;petit tuyau de derivation, être ramende dans 1’orifice E , oü elle fe mêlera de nouveau a la liqueurnbsp;^Ontenue dans EF ; amp;C cela continuera toujours.

Car la colonne de liqueur GF fera toujours trop légere pour contre-balancer la colonne de liqueurnbsp;coinpofée EF. Ainfi voila un mouvement perpé-tuel; 5c c’efl: celui, dit M. Bernoulli, par lequélnbsp;la nature entretierrt les fieuves au moyen de 1’eaunbsp;de la mer. Car, tenant encore aux Idéés anciennesnbsp;l^r 1’origine des fontaines , il imaginoit que c’étoitnbsp;par un mécanifme femblable que 1’eau de la mer ,nbsp;dépouillée de fon fel , parvenoit au fommet desnbsp;ïïiontagnes. II rejetoit feulement 1’idée de ceux quinbsp;Pcétendoient qu’elle s’élevoit au deffus de fon niveau par une fulte de la propriété des tuyaux capil-laires ; car il remarquoit qu’elle n’auroit pu couleenbsp;au bas.

Mij

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tSo Récréat, Mathémat. et Phys.

Nous n’ofons dire ce qui arriveroit, fi Ton pou-voit parvenir a remplir les fiippofitions de M. Bernoulli : cependant nous fommes trés - portés a crolre que cela ne réuffiroit pas; amp; de même quenbsp;Ie raifonnement précédent fur les tubes capillaires,nbsp;quoiqu’en apparence convainquant, eft néan-nioins démenti par 1’expérience , nous croyonsnbsp;que celui de M, Bernoulli Ie feroit pareillement.

PROBLÊME L,

Force prodigieiife de thumidité pour enlever des fardeaux,

U» des phénomenes les plus linguliers de !a phyfique , eft la force avec laquelle agiffent lesnbsp;Vapeurs de 1’eau ou l’humidité pour pénétrer dansnbsp;les corps qui en font fufceptibles. Qu’on attachenbsp;un fardeau trés - confidérable a une corde biènnbsp;feche amp; bien tendue; que cette corde foit de lanbsp;longueur précife pour que Ie fardeau repofe feule-ment a terre : vous n’avez qu’a mouiller la corde,nbsp;vous verrez ce fardeau foulevé.

Tout Ie monde fqait ce qu’on raconte du fa-meux obélifque élevé par Sixte V devant Saint-Pierre de Rome. On prétend que Ie chevalier Fontana , que ce pape avoit chargé d’élever cenbsp;monument, fut fur Ie point de voir manquer fonnbsp;operation, lorfqu’il fallut Ie placer fur fon piédef-tal. II étoit en l’air ; mais les cordes s’étant un peunbsp;relachées, la bafe de 1’obélifque ne pouvoit attein-dre Ie deftus du piédeftal. Un Franqois cria , dit-OH , au hafard de la vie, de mouiller les cordestnbsp;Ie confeil fut fuivi, amp; 1’obélifque s’éleva, comtrvfinbsp;de lui-même, a la hauteur néceflaire pour ie plAquot;nbsp;eer debout fur Ie piédeftal préparé.

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;i8r

Au refte cette hiftoire , quoique répétée par-^out, n’en eft pas moins un conte. On n’a qu’i ^ire la defcription de la manoeuvre par laquelle lenbsp;chevalier Fontana éleva fon obelifque, amp; I’onnbsp;''crra qu’il n’avovt pas befoin de ce fecours. Deuxnbsp;^ours de plus de Fes cabeftans etoient plus facilesnbsp;3 faire, que d’aller chercher des eponges amp; denbsp;\’cau pour mouiller fes cables. Mais le conte eftnbsp;ctabli, amp; on le répétera encore long-temps, fur-^out en France , parcequ’il y eft queftion d’unnbsp;ï^ranqois.

Quoi qu’il en foit, void un fecond exemple de ^a force de I’humidite pour furmonter les plusnbsp;grandes refiftances: c’eft le moyen par lequel onnbsp;fait les meules de moulins, Lorfqu’on a trouvenbsp;^ne mafte de meuliere aflez confiderable, on lanbsp;*^aille en forme de cylindre de plufieurs pieds denbsp;hauteur : il s’agit enfuite de la recouper parnbsp;tranches horizontales, pour en former autant denbsp;¦Meules. Pour eet effet, on fe contente de fairenbsp;tout autour des tranchées circulaires amp; horizon-tales , aux diftances convenables pour 1’epaiffeurnbsp;qu’on veut donner a ces meules. On fait fechernbsp;au four des coins de bois de faule, qu’on enfoncenbsp;enfuite dans ces tranchées a coups de mafte. Lorf-^u’ils font fuffiramment enfonces, on les mouille,nbsp;même on fe contente de les laifler expofes inbsp;^^humidité de la nuit : on trouve le lendemainnbsp;chaque tranche féparée, amp; toutes les meules dero-ft'iées. Tel eft le procédé que , felon M. de Mai-on fuit en divers endroits pour cette fabrique.

Par quel mécanifme un pared effet s’opere-t-il ? C’eft une queftion que fe fait M. de Mairan, Sc;nbsp;a laquelle il me femble qu’il répond mal. Pout?nbsp;nous} nous penfons que c’eft I’effet de 1’attraélio»

M iij

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i8x Récréat. Mathémat, et Phys. par laquelle 1’eau fe porte dans les tuyaux capil*nbsp;laires infiniinent étroits dont Ie bois eft plein.nbsp;Suppofons en effet un de ces tuyaux extrêmementnbsp;petit, comme d’une centieme de lignes de dia-juetre. Suppofons de plus , que les parois en foientnbsp;inclinées d’une feconde; que la force avec laquellenbsp;Peau tend a s’introduire dans ce tuyau, foit d’unnbsp;quart de grain : cette force fi légere tendra a écar-ter les parois flexibles du tube , avec une forcenbsp;d’environ 50000 grains, qui font 5 livres amp; de-mie. Que dans un pouce de longueur il y ait feu-lement 50 de ces tubes , ce qui fait 2500 dans Ienbsp;pouce quarré, il en réfultera un effort de 13700nbsp;livres. Un coin de ceux dont on a parlé, peutnbsp;bien êire de 4 a 5 pouces quarrés fur fa tête:nbsp;ainfi voila 52 ou 65 mille livres d’effort qu’ilnbsp;exerce. Suppofons-en environ 10 dans Ie contournbsp;d’un tambour deftiné a former des meules ; ilsnbsp;exerceront enfemble un effort de 520 ou 650nbsp;milliers. II ne doit plus paroitre étonnant qu’ilsnbsp;produifent une féparation entre les bloes dans lesnbsp;intervalles defquels on les a introduits.

PROBLEME LI.

Di la Machim ou Digejleur de Papin.

La machine ou Ie digelleur oe Papin , eft un y,afe au moyen duquel on donne a 1’eau un degrénbsp;de chaleur fupérieur a celui de l’eau bouillante.nbsp;En effet, l’eau expofée a l’ajr ordinaire ou anbsp;la fimple preflion de 1’atmofphere, ne peut prendre , quelque fort qu’elle bouülonne, qu’un de-gré de chaleur qui ne varie point ; mais cellenbsp;ciui eft renfermée dans la machine ou Ie d*'

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PMYSKJtJE. nbsp;nbsp;nbsp;1^3

?efteur de Papin, y prend un tel degré de cha-leur, qu’on peut, par fon moyen, exécuter des operations auxquelles 1’eau bouillante ordinairenbsp;oft abfolument infuffifante: on en verra la preuvenbsp;dans la defcription des effets qu’on obtient parnbsp;Cette machine.

II fuffit pour cela de contenir 1’eau dans un vafe dont elle remplilTe toute la capacité , amp; qui foknbsp;sflez folide pour réfifter a l’efFort qu’elle exercenbsp;contre fes parois, Ce vafe peut par conféquentnbsp;dtre de la forme qu’on voudra , quoique la formenbsp;pylindrique ou fphérique y foit a préférer; maisnbsp;il faut qu’il foit de cuivre ou de bronze: 11 faut denbsp;plus que Ie couvercle s’y adapte de maniere a nenbsp;lailTer aucun interftice par lequel 1’eau puifle s’é-chapper. Pour empêcher plus surement que Ie vafenbsp;ii’éclate, on pratique au cóté du vafe ou au cou-''^ercle un trou de quelques lignes , garni d’uiinbsp;^uyau montant, fur lequel on place un bras de le-Vier retenu par un poids. Ce bras de levier fert,nbsp;pour ainll dire, de modérateur a la chaleiir; carnbsp;s’il n’y avoir aucun poids fur 1’oriflce de ce regulateur, l’eau parvenue au degré d’ébullition ordinaire fuiroit prefque toute par cette ouverture ,nbsp;OU en eau, ou en vapeurs; fi Ie poids eft léger, ilnbsp;faudra,pour Ie foulever, qu’elle prenne un degénbsp;de chaleur plus grand. S’il n’y avoit point de fem-lgt;lable régulateur, la machine pourroit éclater eii.nbsp;morceaux, par 1’elFort de 1’expanlion de Teau.nbsp;pourquoi 11 eft a propos que la machine foit

cuivre ou en fer duftile, amp; non en fer de fonte; car ces premiers métaux n’éclatent pas en mor-ceaux comme Ie dernier , mais fe déchirent ennbsp;quelque forte; ce qui ne prodult pas des accidents^nbsp;qangereux, comme fait Ie dernier en éclatant,

M iv.

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184 Mcrèat. Mathémat, et Phys,

La machine done ainfi conftruite , on la rempUt d’eau , on y adapte Ie couvercle , qu’on aflute furnbsp;la machine par un cadre de fer qui I’embrafle denbsp;haut en bas, Sc la ferre fortement par des vis: onnbsp;finit de la remplir par Ie petit tuyau de régiftre,

on l’expo/e au feu des charbons ardents, L’eaa ne fqauroit y bouillonner, mais elle y prend unnbsp;tel degré de chaleur, qu’elle peut ramollir Sc dé-compofer en peu de temps les corps les plus durs,nbsp;tandis que l’on n’en viendroit pas a bout par l’é-bullition ordinaire , prolongée pendant des fe-maines entieres: on dit même qu’on peut poulTernbsp;cette chaleur iufqu’a faire rougir la machine ; dansnbsp;lequel cas il eft clair que 1’eau même eft réduite aunbsp;même état: mais je crois cette experience fortnbsp;dangereufe.

Quoi qu’il en folt, void quelques effets de cette chaleur pouffée feulement a tröis, quatre ounbsp;cinq fois celle de l’eau bouillante.

La corne de boeiif, 1’ivoire, les écailles de tortue , y font en peu de temps ramollis j Sc enfii?nbsp;réduits en une efpece de gelee.

Les os les plus durs , comme de l i culffe de boeuf, y font pareillement ramollis, Sc entin en-tiérement décompofés , de maniere que la partienbsp;gélatineufe en eft féparée, Sc Ie reftant n’eft plusnbsp;que la matiere terreufe. Lorfqu’on n’a employé anbsp;cette décompofition que Ie degré de chaleur con-venable , cette gelee peut fe ralTembler; elle fenbsp;coagule a mefure qu’elle fe refroidit, amp; peut fairenbsp;du bouillon nourriflant, qui feroit même tout aufl»nbsp;bon que Ie bouillon ordinaire, s’il n’avoit pas unnbsp;peu de goüt empyreumatique. On peut faire ab-fohnnent deflTécher ces tablettes de gelée , Sc ellesnbsp;fe confervent très-bien, pourvu qu’ellea foient a

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;185

I’abrl de 1’humidité. Elies peuvent fuppléer au igt;ouiilon de viande , amp;c.

On peut concevoir par-la combien cette machine prefente d’utilite aux arts, a I’economie, a la navigation.

On pourroit, de ces os rejetes comme inutiles, tirer pour les pauvres une fubfiftance dans lesnbsp;’femps de difette, ou quelques onces de pain,nbsp;3vec le bouillon provenant de ^es tablettes, leurnbsp;feroient un aliment fain amp; plein de fubftance.

Les marins pourroient emporter avec eux , dans de longues navigations , de pareilles tablettes ren-fermees dans des jarres fcellees hermetiquement ;nbsp;elles couteroient infinlment moins que des tablettes de viande, puifque la matiere dont cesnbsp;premieres feroient retirees n’a aucune valeur.nbsp;Les matelots qui ne vivent habituellement quenbsp;de viande falee, feroient moins expofes au fcor-but. On pourroit tout au moins referver ces tablettes pour les temps de difette de viande fraichenbsp;Ou d’aliments quelconques, ce qui arrive fi fou-Vent a la mer. Quel avantage de pouvoir tenirnbsp;raffemblee dans un petit volume la partie nour-riffante de dix boeufs! car , puifqu’une livre denbsp;boeuf contient au plus une once de matiere gela-dneufe reduite aficcite. II fuit que i 500 pefant denbsp;Cette viande, ce qui eft tout au plus le poids d’unnbsp;boeuf, n’en donneroient que 94 livres , qui pour-^oient facilement tenir dans une jarre de grès.

Dans les arts enfin , combien d’utilite a retirer d’une machine ou les matieres les plus dures,nbsp;Comme 1’ivoire , la come , les os, les bois, fontnbsp;amollies, amp; rendues fufceptibles d’être moulées,nbsp;amp; de garder la forme qu’on leur aura donnee 1

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,i8(^ RiCRÉAT. MATHÉMAT. ET PHySi

PROBLÊME LII.

Pourquoi dans Vhivcr^ lorfque Ie temps fe radoucit tout-d-coup , Vair intérieur des maifons continue ^nbsp;méme pendant plujieurs jours , a être plus froidnbsp;que Vextérieur ?

C E T T E queftion ne fera pas fort embarraffante pour ceux a qui les phénomenes de la communication de la chaleur font connus. Ils fqavent ennbsp;effet que plus un corps eft rare, moins il faut denbsp;temps pour l’échaufFer ou Ie refroidir; qu’au contraire , plus il ell denfe, plus il retient, pour ainlinbsp;dire , avec opiniatreté la chaleur qu il a une foisnbsp;reque.

D’après cela on fent aifément que , quand Ie froid a régné pendant quelque temps , tous lesnbsp;corps qui compofent nos maifons fe font refroidisnbsp;au même degré que Pair extérieur. Mais lorfquenbsp;eet air extérieur, par quelque caufe particuliere ,nbsp;devient tout-k-coup plus chaud, ces mêmes corpsnbsp;ne prennent pas tout de fuite la méme temperature ; ils ne perdent que peu a peu celle qu’ilsnbsp;avoient reque ; amp; pendant tout ce temps Pair intérieur, qui en eft environné de toutes parts, con-ferve Ie même degré de froid.

Les maifons baties bien folidement, c’eft-a-dire de bonnes amp; fortes pierres de taille , qui ont des murs fort épais , doivent par cette raifon con-ferver beaucoup plus long-temps Ie froid qu’ellesnbsp;ünt une fois requ de Pair extérieur ; amp; parnbsp;cette méme raifon, Pair y reftera pendant plusnbsp;iong-temps dans une température inférieure a cellenbsp;de Pextérieur, que dans une maifon plus legére-ment batie; par la même raifon enfin, il y fier»

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PHYSIQUE. nbsp;nbsp;nbsp;187

auflv moms froid dans le commencement de 1’hi-ver, que dans une maifon moins folide,

PROBLÊME LIII.

-De quelquts fifties naturels auxquels on peut pre-voir le changement de la temperature aciuelle de Fair.

Cette partle de la phyfique eft, nous 1’a-Vouons, encore fort pen avancée. Nous ne con-noiflbns perfonne qui ait fait une fuite fuffifante d’obfervations , pour montrer la liaifon des chan-gements de la température de 1’air avec les diversnbsp;fignes phyfiques qu’on en repute ordinairementnbsp;comme les avant-coureurs. Je comptois trouvernbsp;fur ce fujet beaucoup de chofes dans le Traité dznbsp;Météorologie du P. Cotte ; mais cet ouvrage , ex-trêmement utile a d’autres égards, ne touche pas unnbsp;feul mot de cette matiere 1. Nous nous borneronsnbsp;done ici a rapporter quelques-uns des fignes qu’onnbsp;donne communément comme annonces du beaunbsp;Ou du mauvais temps. Les void. Nous ne les ga-lantilTons point fans exception.

I. Lorfqu’en hlver on voit le matin fur la terre une grofle rofiée blanche, il ne manque guere denbsp;pleuvoir le fecond ou troifieme jour au plus tard.

a. On a auffi reinarque qu’il pleut ordinaire-Juent le jour ou le foleil parott rouge ou pale , ou hien le lendemain , quand le foleil fe couche en-

1

Note du Cenfeur. II y a Touvrage de M. Toaldo, qui probablement ce que I’auteur a vainement cher-c e dans celui du P. Cotte; mais ie ne le connois pasnbsp;tnoi-meme affez pour ralTurer.

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iS8 Récréat. Mathémat. rt Phys.

veloppé d’utl gros nuage ; amp; alors , s’il pleut d’a-bord , il fait Ie lendemain beaucoup de vent. Cela arrive aufli prefque toujours, lorfque Ie foleil ennbsp;fe couchaiit paroit pale.

3. nbsp;nbsp;nbsp;Lorfque Ie foleil eft rouge a fon couchant,nbsp;c’eft ordinairement un figne de beau temps pournbsp;Ie lendemain; amp; au contraire, s’il eft rouge en fenbsp;levant, il y a ordinairement Ie lendemain pluienbsp;OU grand vent.

4. nbsp;nbsp;nbsp;Lorfque Ie foleil étant couché, ou peu avantnbsp;qu’il fe leve, on voit s’élever fur les eaux amp;c lesnbsp;endroits humides une vapeur blanche, on peutnbsp;conjeélurer avec vraifemblance que Ie jour fuivantnbsp;fera beau.

5. nbsp;nbsp;nbsp;La lune donne des marques d’une pluie future lorfqu’elle eft pale, de vent quand elle eftnbsp;rouge , amp; de beau temps lorfqu’elle eft claire Scnbsp;argentine; felon ce vers latin :

Pallida lunapluit, rubicundajlaty alba fertnat,

6. nbsp;nbsp;nbsp;On a des marques en été d’une tempête future , quand on voit dans Ie ciel de petites nuéesnbsp;noires, détachées amp; plus bafles que les autres,nbsp;errer qa amp; la; ou bien lorfqu’au lever du foleilnbsp;on voit plufieurs nuages s’affembler a 1’occident.nbsp;Si au contraire ces nuages fe diffipent, e’eft unenbsp;marque de beau temps. Enfin, quand Ie foleil paroit double OU triple au travers des nuages, ilnbsp;pronoftique une tempête de longue durée. On anbsp;encore des marques d’une grande tempête, quandnbsp;on voit autour de la lune deux ou trois cerclosnbsp;interrompus amp; tachetés.

7. nbsp;nbsp;nbsp;Quand on voit une iris, ou plutót un halo**

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;189

®utour de la lune , c’eft un figne qu’il y aura de *3 pluie ; amp; lorfque , dans un air ferein amp; clair,nbsp;On voit un halon autour du foleil, c’eft encorenbsp;nn figne de pluie ; mais e’en eft un de beaunbsp;^snips, quand ce halon paroit en temps de pluie.

8. nbsp;nbsp;nbsp;Lorfque le temps eft extraordinairement tran-quille amp; pefant, que les animaux donnent desnbsp;^gnes d’effroi, on peut prefque aflurement comp-

fur une grande tempete, Le barometre defeend ^ans ce cas tout-a-coup , amp; extraordinairementnbsp;oas,

9. nbsp;nbsp;nbsp;On a plufieurs autres fignes d’une pluie peunbsp;oloignee , dans les aflions de quelques animaux ,nbsp;f9avoir:

Quand on a coutume de voir les oifeaux plus occupes que de coutume a chercher dans leurs plu-nies les petits infeftes qui les moleftent;

Lorfque ceux qui ont coutume de fe tenir fur

branches des arbres fuient dans leurs nids ;

Lorfque les foulques Sc les autres oifeaux d’eau, ftir-tout les oles , criaillent plus qu’a I’ordinaire

Lorfque les hirondelles rafent en volant la fur-face de la terre;

Quand les pigeons retournent dans leur colom-bier avant I’heure accoutumee ;

Quand certains poiflbns, comme les marfouins, ^iennent fe )ouer a la furface de 1’eau ;

Lorfque les abeilles ne quittent pas leurs ruches, on s’en éloignent peu;

Quand les moutons fautent extraordinaire-ment, St fg ijattent les uns les autres avec leurs têtes;

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190 Récréat, Matmémat. et Phys.

Lorfque les anes fecouent les oreilles, ou qu’ils font extraordinairement piqués de mouches ;

Quand les mouches amp; les puces piquent plus Vivement 6c plus opiniatrément qu’a l’ordinaire ;

Lorfqu’il fort de la terre une grande quantité de vers ;

Quand les grenouilles croalTent plus qu’a l’or-dinaire ;

Lorfque les chats fe frottent la tête avec les pattes de devant, amp;c qu’ils fe nettoient Ie refte dunbsp;corps avec la langue;

Lorfque les renards 8c les loups heurlent forte-ment;

Quand les fourmis quittent leur travail, 8c fe vont cachet dans la terre ;

Lorfque les boeufs liés enfemble levent la tête en haut, Sc fe lechent Ie mufeau ;

Lorfque Ie coq chante avant fon heureaccou-tuinée ;

Quand !es poules alTemblées fe preffent dans la pouffiere;

Lorfqu’on entend crier les crapauds en des lieux élevés.

10. On peut prefque aflurer que Ia pluie ne fera pas de longue durée , quand, malgré la pluie, onnbsp;apperqoit quelque petit efpace du ciel bleu : c’eftnbsp;un figne fort connu des chalTeurs.

ï I. Les très-grandes tewpêtes , fur-tout lorf-qu’elles font accompagnées de tremblements de terre, font toujours précédées d’un cahne extraordinaire de l’air , maïs de ce calme effrayant, quinbsp;ferable êtrQ Ie fdence de la nature prête a entrer en

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Physique.

^^onvulfion, Les animaux, plus fenfibles que nous ^ ces indications naturelles, en font épouvantés ,nbsp;Sc fe hatent de regagner leur gite. Quelquefois onnbsp;entend un bruit fouterrain amp; fourd. Quand tousnbsp;ces lignes font réunis, hatez-vous de fuir de vosnbsp;tnaifons, habitants des pays malheureux fujets ènbsp;ces fiéaux défolants, fi vous ne voulez courir Ienbsp;rifque d’etre écrafés fous les debris de vos foyers.

Nous épargnerons , au refte , a nos lefteurs la piolixe defcription que Ie bon M. Ozanam, ounbsp;fon continuateur, fait ici d’une de ces tempétes ,nbsp;^ui délbla Ie royaume de Naples, du temps denbsp;fameufe reine Jeanne ; des procefllons amp;t desnbsp;Cris du peuple confterné ; Sec. M. Ozanam avoitnbsp;apparemment befoin de quelques pages faciles anbsp;Compiler, pour remplir fa tache journaliere,

12. Un navigateur Anglois dit avoir obfervé ^ue quand il y a eu une aurore boreale, on nenbsp;^ïuque pas d’avoir, deux ou trois jours après , unnbsp;'^oup de vent de fud-oueft. C’eft un avis qu’ilnbsp;donne aux navigateurs qui font prêts a entrer dansnbsp;Manche , afin qu’ils fe précautionnent.nbsp;Tranfafl;. Philof., Tomé LXV, p. i.

PROBLÊME LIV.

La Fiole des Elements.

,Q.oelques philofophes ont voulu donner une idée de 1’arrangement invariable amp; nécelTaire desnbsp;quatre elements, par Ie petit inftrument que nousnbsp;^llons décrire.

Prenez du verre oude rémall nolr, ou autre Corps vitreux pulvérifé, pour repréfenter la terre.nbsp;Ij eau fera repréfentée par i’alkali fixe de tartre

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191 Récréat, Mathémat. et Phys. tombé en ddiquium , autrement appelé huik dinbsp;tartre.

On repréfentera 1’air par de Tefprit-de-vin légé-rement teint en bleu, au moyen du tournefol.

Enfin l’on repréfentera Ie feu au moyen de I’huile de pétrole très-reftifiée, qu’on teindra d’unenbsp;légere couleur rouge avec Ie bols de Bréfil.

Ayant préparé ces quatre matieres, remplilTez-en a peu prés les quatre cinquiemes d’une fióle de verre beaucoup plus longue que large , en ayantnbsp;1’attention d’en mettre a peu prés autant de cha-cune, bouchez la fiole hermétiquement. Lorf-que vous la fecouerez, tout fe confondra ; maïsnbsp;en la laiffant repofer, ces quatre matieres fe fépa-reront: Ie verre ou émail pulvérifé ira au fond ,nbsp;au deflus de lui fe placera l’alkali fixe ou huile denbsp;tartre , viendra enfuite I’efprk-de-vin , amp; enfinnbsp;riiuile de pétrole, fuivant l’ordre de leurs gravitésnbsp;fpécifiques.

Remarque,

II eft aifé de voir que les philofophes auteurs de cette prétendue repréfentation des éléments,nbsp;étoient d’aflez pauvres philofophes ; car, quoiqu’ilnbsp;foit vrai qu’en général la terre foit plus pefantenbsp;que 1’eau , celle-ci plus que 1’air, ce dernier plusnbsp;que Ie feu, il eft très-faux que Ie feu occupe lanbsp;partie fupérieure : il regne certainement dans lesnbsp;efpaces céleftes un froid très-rigoureux. D’ailleursnbsp;tous les éléments font ordinairement très-mélan-gés enfemble , puifque la pierre la plus dure con-tient un tiers d’eau , amp; un grand nombre de foisnbsp;{on volume d’air, amp;£ plus ou moins de feu, felonnbsp;fa temperature.

problême

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Physiqüe. nbsp;nbsp;nbsp;193

PROBLÊME LV.

Séparer deux liqueurs mélangies enfemhle,

Cette operation n’eft qu’une application de propriété des tubes capillaires , amp; de cettenbsp;^oi cle la nature par laquelle des fluïdes homoge-, qui font a proximité, fe réuniflênt. C’efl: cenbsp;qu’on remarque dans deux gouttes de mercure ,nbsp;Ou d’eau , ou d’huile , qui viennent a fe toucher.

eft même probable qu’avant Ie contaft elles s’allongent amp; s’approchent mutuellement 1’une denbsp;1’autre.

Impré-

Quoi qu’il en foit, veut-On féparer , parexem-ple, Teau de l’huile avec laquelle elle eft mélan-gée, on prend une languette de drap ou d’éponge, ^u’on imbibe bien avec de l’eau ; on la place en-fuite trempant par un bout dans Ie vafe ou fontnbsp;liqueurs a féparer: il faut que l’autre bout ,nbsp;P^ftant au deflfus du bord du vafe , tombe beau-ooup plus bas que la furface de la liqueur : onnbsp;''^Srra blentót ce bout dégoutter , amp; ii attirera ainftnbsp;^ féparera toute l’eau mélangée avec l’huile.

Si on eüt voulu tirer l’huile , il eüt fallu lm gner Ie filtre de cette liqueur,

Mais on fe tromperoit, ft l’on imaginoit féparer ^Inft du vin d’avec l’eau , de Tefprit-de-vin d’avecnbsp;même liqueur : 11 faut, pour que 1’opératlonnbsp;^^uflifte, que les deux liqueurs foient a peu présnbsp;tmmifcibles 1’une avec l’autre, finon elles palTentnbsp;toutes deux a-la-fois. On ne doit done nul-lement compter fur ce moyen pour féparer l’eannbsp;d’avec Ie vin , quoiqu’on donne ce procédénbsp;dans les éditions précédentes des Recreations Ma~nbsp;themaüques lt;5* Phyjiques, avec plufieurs autresnbsp;Tome IV,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;N


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194 RictóAT. Mathémat. et Phys, très-puériles. A la vérité la partie colorante clünbsp;vin paroit refter en arriere, parcequ’elle eft moinsnbsp;atcénuée que Ie flegma amp; l’efprit; mais dans Ienbsp;fond ces deux liqueurs , dans lefquelles confiftentnbsp;eflentiellement Ie vin, ne font pas féparées Tunenbsp;de l’autre,

PROBLÊME LVI.

Quelle ejl la caufe de Vebullition de l'eau ?

Qv oique cette queftion paroifle d’abord peu intéreffante, elle ne laiffe pas de mériter d’étrenbsp;difcutée ; car on fe tromperoit fi Ton penfoit quenbsp;ce foulevement qu’on obferve dans l’eau bouil-lante, foit une fuite néceflfaire de la chaleurnbsp;qu’elle a reque. L’expérience fuivante prouve Ienbsp;contraire.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^

Plongez avec les precautions néceflaires un vafe, une bouteille pleine d’eau , par exemple,nbsp;dans de l’eau qui bout a gros bouillons dans unnbsp;chaudron; cette eau ne tardera pas a prendre unnbsp;degré de chaleur abfolument égal a celui de l’eaunbsp;qui bouillonne : un thermometre Ie démontrera;nbsp;cependant on n’y appercevra pas Ie moindre bouil'nbsp;lonnement.

Quelle eft done la caufe de celui qu’on obferve dans l’eau qui reqoit immédiatement l’aélion dunbsp;feu ?

Nous penfons que ce bouillonnement eft l’eftet des portions de l’eau qui touchent les parois dunbsp;vafe , tout-a-coup changées en vapeurs par I0nbsp;contaft de ces parois; car lorfqu’un vafe repofenbsp;fur des charbons ardents, fon fond tend a re-cevoir un degré de chaleur beaucoup fupérieuï

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;iq^

3 celui qui eft neceflaire pour qu’une goutte d’eau tombant deflus^foit fur le champ convertle eti va-peurs. La pellicule d’eau qui touche ce fond doitnbsp;done continuellement fe changer en vapeurs, Scnbsp;s’y change en efFet; car on voir fans cefle s’elevernbsp;du fond, des huiles d’un fluide elaftique, amp; cenbsp;font ces bulles qui, portees d’un mouvement ac-céléré a la furface, a caufe de leur légéreté , ynbsp;occafionnent ce foulevement qui conftitue le bouil-lonneinent.

Mais la matiere d’un vafe plonge dans ce liquide , ne pent prendre un degré de chaleur plus grand que celui de I’eau bouillante , puifque, quel-que fort que foit ce bouillonnement, I’eau n’ennbsp;contraéle pas un plus grand degre de chaleur,nbsp;D’un autre cote , un metal échauffé au degré feu-lement de I’eau bouillante , ne convertit point ennbsp;''^apeurs I’eau qui le touche; ainfi cede qui eftnbsp;contenue dans le vafe intérieur, quoique devenuenbsp;^ufll chaude , ne peut bouillonner. Telle eft I’ex-plication des deux phenomenes ; amp; leur liaifonnbsp;nécelTaire entr’eux , ainfi qu’avec la caufe afli-gnée, prouve la vérité de cette caufe,

L’efprit-de-vin fe convertiffant en vapeurs a un degré, de chaleur beaucoup moindre que I’eau ,nbsp;On fait très-bien bouillir cette premiere liqueurnbsp;dans un vafe plongé dans la derniere , lorfquenbsp;celle-ci eft parvenue au bouillonnement. Ceftnbsp;encore une fuite de 1’explication que nous avonsnbsp;‘^onnee, amp; qui la confirme.

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196 Récréat. Mathémat, et Phys. PROBLÊME LVII.

Qudle eji caufe pour laqudlc U fond d'un vafi

contenant de l'eau bouillante a gros bouillons, ejl d peine chaud?

AvANt que de rechercher cette caufe, j’ai cru devoir commencer par m’affurer du fait, denbsp;crainte de donner dans Ie ridicule de ceux quinbsp;expliquerent fi ingénieufement Ie phénomene denbsp;la dent d’or de l’enfant de Siléfie ; phénomene quinbsp;n’étoit cependant qu’une fupercherie, ainfi quenbsp;celui arrivé au marquis de Vardes , que Régis ex-pliqua aulïi avec beaucoup de fagacité, amp; quinbsp;n’étoit qu’un tour domeftique; comme tant d’au-tres enfin , qu’il faudroit commencer par avérernbsp;avant de tenter de les expliquer. J’ai done faitnbsp;bouillir de l’eau dans un vafe de fer amp; a très-grösnbsp;bouillons, amp; ayant touché Ie fond pendant que Ienbsp;bouillonnement continuoit, j’ai vu qu’en effet ilnbsp;n’avoit qu’une chaleur très-médiocre: elle ne com-jnenqoit a être brülante qu’au moment oü l’ébul-lition ceffoit.

Nous croyons que eet effet eft produit de la maniere fuivante. Nous avons fait voir plus haut,nbsp;que la caufe de l’ébullition eft la converfion con-tinuelle en vapeurs de la pellicule d’eau qui touchenbsp;Ie fond du vafe. Cette converfion en vapeurs nenbsp;peut fe faire fans que Ie fond perde continuelle-ment la chaleur qui lui arrive par Ie contaél desnbsp;charbons ou du feu. Or, dans l’intervalle que 1’onnbsp;met a retirer du feu Ie vafe bouillonnant 8c a Ienbsp;toucher, comme il ne lui arrive point de nouveaunbsp;fluide igné, amp;c que néanmoins Ie bouillonnementnbsp;continue , il eft probable que Ie reftant de ce

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;197

fluïde eft abforbé par I’eau qui touche le fond, Sc qui fe convertit en vapeurs.

Sans donner cette explication comme abfolu-Went demonftrative , je fuis très-porté a penfer que les chofes fe paffent ainfi ; Sc ce qui me donnenbsp;Cette confiance , c’eft que pendant que le fondnbsp;flu vafe dont provient le bouillonnement eft très-peu chaud, les parois ont abfolument la chaleurnbsp;fle I’eau bouillante : on fe bruleroit en y tenant lenbsp;floigt auffi long-temps qu’on peut le tenir fur lenbsp;fond. Mais le bouillonnement n’a pas plutot cefle,nbsp;que ce fond reqoit lui-meme partie de la chaleurnbsp;fle I’eau, 8c alors on ne peut plus le toucher fansnbsp;fe bruler.

Remarque.

C’est apparemment a une caufe femblable que tient la folution du petit probleme fuivant.

faire fondre du plomb dans une feuille de papier..

On prend pour cet effet une balie de plomb bien liffe ; on enveloppe cette balie avec du papier , en ayant bien foin qu’il ne faffe aucunenbsp;ride , 8c qu’il foit bien applique a la furface de lanbsp;balie ; on la met fur la flamme d’une bougie,nbsp;3infi enveloppee : le papier ne fe brule point,nbsp;^ la balie fe liquefie. H eft vrai que le plomb,nbsp;fois fondu, ne tarde pas a percer le papiernbsp;amp; a s’écouler.

Nhj

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Mefurer Vhwniditc amp; la fécherejfe de l'air: Idéé des principaux Hygrometres imagines pour eetnbsp;ohjet; leurs difauts: Conjiruclion d^un Hygro-rnetre comparable.

L’AIR eft non-feulement pefant, il eft non-feu-lement fufceptible de contrader plus ou moins de chaleur, mais il l’eft encore d’être plus ou moinsnbsp;humide. Ainfi il entre dans l’objet de la phyfiquenbsp;de mefurer ce degré d’humidité, d’autant plusnbsp;que cette qualité de l’air influe beaucoup fur Ienbsp;corps humain , fur la vegetation , amp; fur un grandnbsp;nombre d’autres eflfets de la nature. C’eft ce qui anbsp;donné lieu a l’invention de l’hygrometre , ou inf-truinent propre a mefurer 1’huinidité de l’air.

Mais, il faut en convenir, on n’a pas encore imagine des inftruments qui rempliflent a eet égardnbsp;tout ce que Pon eft fondé a defirer. On a, a lanbsp;vérité, des hygrometres qui marc^uent que l’air eftnbsp;plus ou moins humide qu’il ne 1’étoit un peu au-paravant, mais ils ne font pas comparables ; c’eft-a-dire qu’on ne peut point, par leur moyen, comparer riiumidité d’un jour ou d’un lieu a cellenbsp;d’un autre 1. II eft cependant a propos de fairenbsp;connoitre ces différents hygrometres, ne füt-cenbsp;que pour les apprécier.

I, Comme Ie bois de fapin eft extrêmemeiit fufceptible de participer a la féchereffe amp; a 1’hu-

1

Note du Cenfeur. Cela n’eft pas entiérement exaift1 M. de Luc donne dans les TranfaBons Philofophiques, lanbsp;conftruftion d’un hygrometre qui approche fort de ce quènbsp;1’on peut defirer a eet égard, On 1’a ajoutée a eet article1

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;199

’'lidité de 1’air , on en a pris 1’idée d’appliquer Cette propriété a la conftruftion d’un hygrometre.nbsp;Pour eet effet on place entre deux coulilTes immo-biles amp; verticales , une petite ptanche de fapinnbsp;fort mince, amp; en travers, c’eft-a-dire enforte quenbsp;Ie fens des fibres foit horizontal; car c’eft dansnbsp;^e fens lateral amp; tranfverfal a fes fibres, que Ienbsp;Papin amp; les autres bois reqoivent leur extenfionnbsp;par l’humidité. Le bord fupérieur de la planchettenbsp;doit porter un petit rateau qui engrénera dans unnbsp;pignon, ce pignon dans une roue, Sc celle-cinbsp;avec un autre pignon , dont 1’axe portera unenbsp;aiguille. II eft aifé de fentir que , par ce moyen ,nbsp;le moindre mouvement que le bord fupérieur denbsp;la planche imprimera au rateau, en s’élevant ounbsp;s’abaiflant, fe manifeftera par un mouvement très-Penfible de Taiguille ; conféquemment, ft le mou-¦'^ement de cette aiguille eft combine de manierenbsp;que de 1’extrême fécberefle a Textrême humiditénbsp;clle faflTe un tour complet, les divifions de cenbsp;cercle ferviront a marquer combien 1’état aftuelnbsp;de 1’air eft éloigné de 1’un ou de 1’autre de cesnbsp;extrêmes.

Cette invention eft aftez ingénieufe , mals elle n’eft pas fuffifante. Le bois retient l’humidité encore long-temps aprés que 1’air a perdu la fienne:nbsp;d’ailieurs cette planche devient peu-a-peu moinsnbsp;Penfible a rimpreffion de 1’air , amp; ne produit pluynbsp;Pon effet.

II. On fait auffi un hygrometre avec la barbe d’un épi d’avoine fauvage. On la plante au milieu'.nbsp;d’une boite ronde, fur le fommet d’une petitenbsp;colonne placée au centre de cette bofte ; 1’autrenbsp;extrémité de la barbe doit paffer par le centre d'unbsp;couvercle de cette botte, dont la circonférence:

N \v


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100 RitfRÉAT. MATHÉMAT.quot; ET PHYS. fera divifée en parties égales; on garnit enfin cetténbsp;extrémité de la barbe d’avoine, d’une petite aiguille de papier fort légere. II eft néceflaire , pournbsp;donner accès a l’air, que Ie contour de la bottenbsp;foit découpé a jour.

Lorfqu’on expofe eet inftrument a un air plus fee OU plus humide, la petite aiguille tourne dansnbsp;un fens ou dans l’oppofé.

Mais ce petit hygrometre, qui eft fort fenfible dans Ie commencement, perd peu-a-peu fa fenli-bilité ; ainfi c’eft un inftrument fort imparfait, denbsp;même que Ie fuivant.

in. Sufpendez par fon centre de gravité un petit plateau circulaire a une corde aftfez fine, oua unenbsp;corde de boyaux , Sc que 1’autre extrémité denbsp;cette corde foit attachée a un crochet : fuivantnbsp;que l’air fera plus ou moins humide , vous verreznbsp;Ie petit plateau tourner dans un fens ou dans uhnbsp;autre. On peut couvrir ce petit mécanifme d’unenbsp;cloche de verre, pour empêcher Ie dérangementnbsp;qu’occafionneroit l’agitation de l’air ; mais il fautnbsp;que la cloche foit élevée au defliis de la bafe ,nbsp;pour que l’air ait accès fur la corde.

C’eft-la Ie principe de ces hygrometres que Ton débite communément, Sc qui font formés d’unenbsp;boite dont la face préfente 1’apparence d’un bati-ment a deux portes. Sur Ie plateau tournant fontnbsp;placées, d’un cóté une petite figure avecunpara-pluie, Sc de l’autre une femme avec fon éventail,nbsp;dans 1’attitude de fe garantir du foleil. Suivantnbsp;que 1’une ou l’autre de ces figures fe préfente , onnbsp;juge que Ie temps eft humide ou difpofé a la pluie,nbsp;OU au contraire.

IV. Si une corde de boyaux eft attachée par une de fes extrémités j contre une planchette ds

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P ft Y S I Q U ê. nbsp;nbsp;nbsp;aOï

^Uelque matiere qüi n’en éprouve aucun eflFet;

^Ue de-la elle faffe plufieurs tours amp; retours fur des poulies, comme B, C,D, E, F, G, amp;c;PI.4»nbsp;tju’enfin fon extrémité H porte un poids: il eft ^7*nbsp;3ifé de voir qu’il devra monter ou baiffer d’autantnbsp;P^us fenfibleinent par I’humidite amp; la féchereffe ,

Ie nombre de ces tours amp;c retours Tera plus confidérable. Maïs on rendra cela encore plusnbsp;^enlible en attachant au bout H de la corde l’ex-^'¦émité d’une aiguille HK , tournante fur Ie centre I, mais dont la branche IK foit beaucoup plusnbsp;Si'ande que IH : Ie plus léger changement dansnbsp;^’humidité de l’air fe manifeftera par Ie mouvement de la pointe K de 1’aiguille.

V, nbsp;nbsp;nbsp;On pourroit tendre une corde de cinq ou fixnbsp;pieds de long , entre les arrêts A amp; B , fufpendrenbsp;® fon milieu C un poids P par un filet PC , lequelnbsp;^^toit attaché a 1’extrémité D d’une aiguille tour- Fig» aS.nbsp;nante autour du point E, amp; ayant la branche EFnbsp;Plufieurs fois plus longue que ED. L’humiditénbsp;mccourcifiant la corde ACB, amp; la féchereffe

^ allongeant , Ie poids P fera foulevé , ainfi que Ie point D; ce qui fera parcourir a la pointe denbsp;1’aiguille l’arc GH. Les divifions indiqueront Ienbsp;degré de l’humidité ou de la fécherefie.

VI. nbsp;nbsp;nbsp;Mettez dans Ie baflin d’une balance un felnbsp;'lm attire l’humidité de l’air , amp; dans l’autre unnbsp;Poids cjui faffe exaélement équilibre : Ie baffin oünbsp;oft Ie fel baiffera dans un temps humide, amp; mar-tjuera cette difpofition de l’air. II feroit facile d’ynbsp;adapter un index, comme aux hygrometres precedents.

Mats eet inllrument efl; Ie plus mauvais de tous ;

Car un fel plongé dans un air humide, fe charge bien d humidité; mais il ne la perd pas, ou »e la

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lot RÉCRiAT.' Mathémat. et Phys. perd que très-lentement, quand Tair eft devenifnbsp;fee. L’alkaU fixe du tartre continue même des’ennbsp;charger, jufqu’a ce qu’il foit tombé en ddiquiumnbsp;OU réfout en liqueur.

VII. nbsp;nbsp;nbsp;La mufique peut fervir a reconnoitre Ianbsp;féchereffe ou l’humidité de I’air. Une flute eft plusnbsp;haute en temps fee qu’en temps humide. Si donenbsp;Fon tend une corde de boyaux entre deux arretsnbsp;amp; qu’on la metre en vibration, elle rendra utinbsp;ton a runiflbn duquel on mettra un tonometre.nbsp;Si Ié temps devient plus humide, la corde donneranbsp;un fon plus bas ; ce fera le contraire ft Fair devientnbsp;plus fee.

VIII. nbsp;nbsp;nbsp;M. de Luc , citoyen de Geneve, auquelnbsp;nous avons I’obligation d’un excellent ouvragenbsp;fur les thermometres amp; barometres, a tenté denbsp;faire un hygrometre comparable , amp; a donne furnbsp;cet objet un Memoire dans les TranfaB. Philof.nbsp;Tome LXI, pour Fannée 1771. Voici, d’apresnbsp;ce Memoire, la defeription de fon hygrometre^

II eft fort relTemblant au thermometre. La premiere amp; principale piece eft un réfervoir cylin-drique d’ivoire, de 2 pouces amp; demi environ damp; hauteur, dont la cavite cylindrique eft de 2 lignesnbsp;amp; demie de diametre, amp; I’epailTeur de ou denbsp;ligne. Cette piece d’ivoire doit être prife vers lenbsp;milieu de Fepaifleur d’une dent d’éléphant, entrenbsp;le centre amp;c la furface , ainfi que vers le milieu denbsp;la longueur; amp; il eft eflenliel que la cavité fobnbsp;percee dans le fens parallele a la diredlion desnbsp;pj fibres. On voit la repréfentation de cette piecenbsp;£nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;20^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fis- 7 ri.” ^ elle eft défignée par les

an'* 1. lettres A B C.

La feconde piece eft un tuyau de culvre , tf3' (Vaillé au tour, qui d’un cote eft propre as’emboii^

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;103

préclflon dans le cylindre d’ivoire gt; Sc de ^'autre a recevoir dans fa cavite cylindrique unnbsp;^ube de verre, d’un quart de ligne environ de dia-”ietre intérieur. On en voit la reprefentation dans

2.^ , n° 1. nbsp;nbsp;nbsp;n“ 2,

L’on adapte folidement enfemble ces trois pieces , en faifant entrer dans le cylindre d’ivoire le ^out du tuyau de cuivre qui doit le reinplir, avecnbsp;de la colle de poiffon entre deux. Pour mieuxnbsp;3ttacher ces parties enfemble , on ferre le collet dunbsp;cylindre d’ivoire avec une virole de cuivre quinbsp;doit 1’embraffer avec force.

On place aufli dans la cavité cylindrique du ’’idme tuyau , un tube de verre de 30 pouces en-'’iron de longueur, amp; du calibre extérieur quinbsp;convient a cette cavité. La fig. 25, n° 3 , repré- Fig. 25»nbsp;^ente I’affemblage de ces trois pieces amp; I’inftru- 3*nbsp;*^ent conftruit.

On le remplit enfuite de mercure , de maniere qtfil y en ait jufques vers le milieu de la hauteurnbsp;du tube de verre. On plonge enfin le refervoirnbsp;d’ivoire dans de 1’eau prête a fe glacer , 6c qu on anbsp;foin d’entretenir dans cette ternpérature pendantnbsp;plufieurs heures; car il en faut 10 ou 12 pour quenbsp;1’ivoire ait pris toute I’humidite qu’elle pouvoitnbsp;^bforber. Auffi-tot que ce réfervoir eft plongenbsp;dans 1’eau , on voit le mercure defcendre d’abordnbsp;hès-vite , enfuite plus lentement, jufqu’a ce qu’ilnbsp;refte enfin ftationnaire vers le bas du tube. On anbsp;de marquer cet endroit, qui doit être denbsp;quelques pouces au deftus de I’infertion du tubenbsp;de verre dans le tuyau de cuivre , Sc on lenbsp;’’larque o; ce qui fignifie zéro de féchereffe, ounbsp;plus grande humldité. Nous difons que ce pointnbsp;Cioit etre quelques pouces plus haut que le tuyaw

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ao4 Récréat. Math^mat. Et Phys.

de cuivre, car on remarque que fi on fait chauffer l’eau , amp; qu’on y plonge 1’inftrument, Ie mercurenbsp;defcend encore plus bas ; amp; c’eft pour y marquernbsp;ces divifions qu’on laiffe eet intervalle au delTousnbsp;de zéro.

Je n’entends pas trop bien , je l’avoue , Ia ma-niere dont M. de Luc s’y prend pour rendre fon inftrument comparable : il refte , je crois, encorenbsp;ici quelque chofe a faire pour lui affurer cette pro-priété ; mais ce feroit une difeuffion un peu longue ; ainfi je renvoie au Mémoire original qu’onnbsp;lit dans !e Journal de Phyjique de M. 1’abbé Ro-zier, de l’année 1775. II nous fufRra de dire icinbsp;que eet hygrometre eft fort fenfible ; qu’a peinenbsp;eft-il placé dans un air plus 011 moins humide,nbsp;qu’il donne des fignes de cette fenfibilité par 1’af-cenfion ou la chute du mercure : mais iV exige amp;nbsp;exigera toujours d’etre accompagné d’iin thermo-jnetre ; car Ie même degré d’humidité I’affeftenbsp;davantage en temps chaud qu’en temps froid :nbsp;d’ailleurs Ie mercure y monte ou defcend, indé-pendamment de toute humidité, par Ie fimplenbsp;effet de la chaleur. Ainfi eet inftrument exige unenbsp;double correélion ; la premiere, pour tenir comptenbsp;de la dilatation que Ie mercure reqoit par la cha-leur, correftion qui fera fouftraétive toutes les foi*nbsp;que cette chaleur excédera Ie terme de la glace ;nbsp;la feconde , pour réduire 1’effet de l’humidit'^nbsp;obfervée, a ce qu’il auroit été fi la temperaturenbsp;avoit été a la glace.

On fent aifément combien il feroit avantagen^ pour la perfeftion de eet hygrometre , de trouv^^nbsp;un degré de fécherefie ou de moindre huinidif'^nbsp;fixe amp; determinable en tout pays , pour fervir d®nbsp;fecond terme fixe, comme I’eau réduite a la te*o^

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;105

Pcrature de la glace fondante en eft un , Aja-¦voir celui de la plus grande humidite: cela fiinpH-fieroit beaucoup la graduation de 1’inftrument, qui We paroit compliquee Sc incertaine, fuivant lanbsp;méthode de M. de Luc. Mais'en voila affez furnbsp;Cette matiere, que la nature de cet ouvrage nenbsp;iious permet que d’effleurer.

PROBLÊME HX.

En fuppofant ce- que nous avons dèmontré plus haul fur la tlnuite des particules de la lumierenbsp;amp; fon extreme rapldité , quelle diperdition Itnbsp;foleil peut-il faire de fa fubfance dans un nom-hre d'annies determine?

Une des objections les plus fpecieufes qui aient cté faites contre la théorie newtonienne de lanbsp;lumiere, eft que , ft la lumiere confiftoit dansunenbsp;emanation continuelle de particules lancees dunbsp;corps lumineux , le foleil devroit faire une tellenbsp;fteperdition de fa fubftance , qu’il devroit êtrenbsp;déja éteint ou anéanti depuis Ie temps aiiquel onnbsp;fait vulgairement remonter fon exiftence. Pournbsp;nous, nous avons toujours été pen ébranlés denbsp;Cette objection, amp; nous avions, il y a long-temps,nbsp;lenti qu’^en prenant pour bafe ce qu’il éroit facilenbsp;demontrer fur la ténuité des particules de lumiere Sc leur exceffive rapidite , on pouvoit fairenbsp;hypothefe très-vraifemblable, d’après laquellenbsp;feroit voir que le foleil n’auroit pas diminuenbsp;Icnftblement, depuls les 6000 ans que nous don-nons vulgairement a fon anciennete. J’ai vu de-puis, dans les Tranfacl. Philof Vol. LX , desnbsp;calculs fenablables de M. Horfley, qui montrent

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D’après ces fuppofitions , il eft clair qu’a chaque emanation Ie foleil fe dépouille d’une efpece de pellicule lumineiife, dont 1’épaiffeur eft cellenbsp;ci-deflus ; par conféquent, dans une feconde»nbsp;elle fera la loooooooo® d’un pouce; conféquena^nbsp;ment dans loooooooo fecondes eet aftre aut^nbsp;perdu un pouce d’épaifleur. Or loooooooo fe'nbsp;condes font prés de trois ans ; alnfi dans trois aUSnbsp;Ie foleil ne perdra qu’un pouce d’épaifleur,

Cette perte fera done dans 3000 ans, 1000 pouces OU 83 pieds un tiers de profondeur Jnbsp;amp; depuis les 6000 ans que nous fuppofons eet

io6 Récréat. Mathémat. et Phys.

Ie peu de folidité de cette objeftion. Mais comitiS chacun a fa rnaniere de voir, voici notre raifon-nement fur cette inatiere ; il n’a guere de com-mun avec celui du fcjavant Anglols, que la té-nuité prodigieufe de chaque particule de lumiere.

Pour former un pared calcul, nous concevons ^ amp; je demande qu’on nous accorde qu’a chaquenbsp;émanation inftantanée de lumiere lancée du fo-leil, eet aftre en projette hors de lui, dans tousnbsp;les fens imaginables, toutes les particules de lumiere qui font a fa furface.

Nous demandons encore qu’on nous accorde que cette émanation n’eft pas abfolument continue , mais compofée d’une foule d’émanationsnbsp;OU de jets inftantanés , qui fe fuccedent avec unenbsp;rapidité prodigieufe : nous en fuppoferons loooonbsp;dans une feconde. Notre rétlne confervant environ 1- de feconde Timpreffion de lumiere qu’ellenbsp;a reque, 11 eft évident que cede du foleil feranbsp;abfolument continue a notre égard.

Nous fuppofons auffi, ce qui eft comme dé-montré , que Ie diametre d’une particule de lumiere eft a peine la ¦. c u o o oTo o nbsp;nbsp;nbsp;ft’un pouce.

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;107

^ftre exlfter, elle (era de 166 f. De-la 11 fuit que , pour que le foleil perde une feconde feulementnbsp;tie fon diametre apparent, 11 faudrolt un Inter-'^alle de temps de quarante millions d’annees ; carnbsp;Une diminution d’une feconde fur le diametrenbsp;apparent du foleil, répond a i l^oooo toifes; done ,nbsp;fi en fix mille ans la diminution n’efl: que d’envi-ton zy toifes de profondeur , on trouve par lanbsp;legle de proportion , qu’il faut 40 millions d’an-uées pour la porter a 180000 toifes d’epalffeur ,nbsp;ou a une feconde de diametre apparent.

Ainfi done nous ne devons avoir aucune crainte que le foleil finiffe fi - tot. Nos enfants amp; nosnbsp;petits enfants font a I’abri d’etre temoins de cettenbsp;funefte cataftrophe.

Ajoutons que nous n’avons pas ufe de tous nos ^Vantages; car nous aurions encore pu reculernbsp;confiderablement cette époque, amp; en effet M.nbsp;J^orfley trouve un intervalle bien plus confidera-^le de ce moment-ci a la confommation abfolue dunbsp;foleil : mais nous nous fommes bornes aux fup-Pofitions les plus admiffibles.

PROBLÊME LX.

^rodulre. au milieu de la plus grande chaleur un froid conjiderable amp; propre a glacer Feau : Desnbsp;congelations artifieielles , amp;c,

^’est un phenomene bien fingulier amp; bien “’Sue d’admiration , que celui de produire aunbsp;u^fiisu de rété un froid qui I’emporte de beau-ooup fur celui de I’hiver; amp; ce qui ajoute a la fin-gularité , e’eft que cette produftion du froid ne fenbsp;fait qu’autant que les ingrédients qu’on emploie fe

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loS Récrèat. Mathémat. et Phys.

iiquéfient; quelquefois même , en réagiffant Turt fur l’autre , ils produil'ent une vlve effervefcence.nbsp;On va parcourir ces differents moyens de pro-duire du froid, amp; 1’on tentera enfuite de donnetnbsp;quelque explication de ce phénomene.

I. Prenez de l’eau rafraichie feiilement au de-gré de la temperature de nos puits, c’eft-a-dire au 10® degré du thermometre de Reaumur; jetez-y dedans environ i ^ onces de fel ammoniac pul-vérifé par pinte : cette eau prendra tout-a-coupnbsp;un degré de froid confidérable, amp; égal a celui denbsp;la congelation. Si done , dans Ie vafe oü l’on faitnbsp;ce mélange, vous en avez un autre beaucoupnbsp;moindre contenant de l’eau pure, cette dernierenbsp;fe gelera en tout ou en partie. Si elle ne fe gelenbsp;qu’en partie, faites dans un autre vafe un mélangenbsp;femblable au premier , St plongez-y tout-a-coupnbsp;VOtre eau è demi gelee , elle fe gelera entiére-ment.

Si vous vous ferviez de cette eau a demi gla-cée, ou du moins extrémement refroidie, dans Ie vafe intérieur, amp; que vous y jetaffiez du felnbsp;ammoniac , Ie froid que vous produiriez feroitnbsp;beaucoup plus confidérable, amp; certainement il eunbsp;réfulteroit tout-a-coup un froid de plufieurs degrésnbsp;au deffous de la glace.

En faifant ce mélange dans un vafe plat, fut une table, avec un peu d’eau entre deux , la glacenbsp;qui fe formera au deffous rendra Ie vafe adhéreutnbsp;a la table.

II faut accélérer autant qifll eft poffible la diff folution du fel, en remuant Ie mélange avec unnbsp;baton ; car plus cette diffolutioo eft prompfu ?nbsp;plus grand eft Ie froid,

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;209

n. Pulvérlfez de la glace , amp; mêlez avec elle parties de fel marin pour une de glace; re-*iiuez bien le mélange; a mefure qu’il fonclra , ilnbsp;* excitera au milieu de cette maffe un froid egal anbsp;^elui de nos plus grands hivers. M. de Reaumurnbsp;parvenu par ce moyen a produire un froid denbsp;*3° au deffous de la congelation.

En employant du falpetre a méme dofe, on ne pfoduit qu’un froid de 3 a 4 degres au deffous denbsp;terme. Ainfi, comine 1’obferve encore M. denbsp;Reaumur , on eft dans Terreur lorfqu’on penfe quenbsp;falpêtre vaut mieux que le fel marin. On n’etn-ploie le falpetre que parcequ’il eft bien moinsnbsp;^her. Sc que d’ailleurs , dans Tufage ordinaire au*nbsp;^tiel on deftine ce froid artificiel, on n’a pas heroin qu’il foit ft confiderable.

On pourroit, au lieu de falpetre, employer la foude d’alicante , ou des cendfes de boisnbsp;*^suf, qui contiennent un fel equivalent : on ob-*’endroit a peu prés le meme effet, Sc a bien moin-^res frais.

III. Mais void un troifteme moyen de produire 'in froid plus confiderable que les precedents,nbsp;Prenez de la neige, Sc de I’efprit de nitre biennbsp;*ioncentre , refroidis Tun Sc Tautre au degré de lanbsp;glace ; verfez cet efprit de nitre fur la neige: ilnbsp;excitera tout de finite un froid de 17 degres aunbsp;'^^ffous de la congelation.

Si vous voulez produire encore un froid plus ^nnfiderable , environnez cette neige Sc cet efpritnbsp;nitre avec de la glace Sc du fel marin , qui ynbsp;P'odniront un froid de l^ k 13 degres au deffousnbsp;® zéro ; fervez-vous enfuite de cette neige Sc denbsp;'-St efprit de nitre ainfi refroidis: vous produireznbsp;par leur moyen un froid de 24 degrés, froid

Tome Ir. nbsp;nbsp;nbsp;Ö

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aio RicRÉAT. Mathémat. ET Phys, beaucoup plus grand que celui que Farenheit étoltnbsp;venu a bout de produire , car il n’a pas palTé au-dela du 8® degrë de fon thermometre au deffousnbsp;de zéro; ce qui revient au 17^ degré amp; ^ de Reaumur au deffous du même terme.

Maïs tout cela n’eft rien encore, en comparai-fon de ce que les phyficiens de Pétersbourg ont execute fur la fin de 1759. Aides d’un froid denbsp;30 degrés amp; au-dela , ils firent refroidir de lanbsp;neige amp; de 1’efprit de nitre a cette temperature 7nbsp;amp; par ce moyen ils obtinrent un degré de froidnbsp;qui, réduit au thermometre de Reaumur, alloitnbsp;au 170® degré au delTous de zéro, Chacun fqaitnbsp;que Ie mercure y gela. Nous avons parlé ailleursnbsp;des conféquences de cette expérience.

IV. Un quatrieme moyen de produire un froid fupérieur même a celui qui fuffit pour glacer l’eau»nbsp;eft celui-ci. II eft fondé fur une propriété bieOnbsp;finguliere des fluides évaporables. Plongez la boulenbsp;d’un thermometre dans un de ces fluides, de Tef-prit-de-vin bien déflegmé, par exemple, amp; ba-lancez-le enfuite dans 1’air , pour exciter l’équi-valent d’un vent qui fait évaporer ce fluide ; vousnbsp;verrez Ie thermometre defcendre : vous pourre2nbsp;même, du inoins en employant de 1’aether , Unbsp;plus évaporable des liqueurs, faire baiffer Ie thermometre de 8 a 10 degrés au deflTous de zéro,

II y auroit des chofes bien curieufes a dire fi'’’ cette propriété de 1’évaporation; mais cela nousnbsp;meneroit trop loin. Nous nous bornerons a obfet'nbsp;ver que ce moyen de refroidir les liqueurs n’eftnbsp;pas iriconnu dans TOrient. Les voyageurs qt**nbsp;veulent boire frais, mettent leur eau dans desnbsp;vafes d’une argile poreufe, qui laifle fuinter »nbsp;travers elle une humidUe, Ces bouteilles, on le*

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;au

fufpend aux c6tés du chanieau , enforte qu’elles ^ont dans un mouvement continuel, qui equivautnbsp;^ un petit vent qui viendroit frapper deflfus , amp;nbsp;qui fait evaporer cette humidité. Cela rafraichitnbsp;reliant de la liqueur de telle forte qu’elle ap-proche du degré de froid de la glace.

Difons maintenant quelque chofe fur la caufe de ces effets finguliers , amp; commenqons par lesnbsp;*Uoyens expliques dans les trois premiers articles.

Lorlqu’on mêle enfemble de la glace amp; du fel *narin , ou de I’efprit de nitre amp; de la nelge très^nbsp;tefroidie, on obferve que le froid ne fe produicnbsp;qu’autant que ces melanges fe mettent en fufion.nbsp;ö’après ce fait, je conjefture qua le mélangenbsp;abforbe le fluide igné qui eft repandu dans lesnbsp;Corps environnants, ou que le mélange envi-ronne, ce qui eft la même chofe. Le mélangenbsp;fondant fait ici quelque chofe de femblable a cenbsp;que fait une eponge defféchée amp; appliquée a imnbsp;corps humide : tant qu’elle fera fimplement ferréenbsp;contre lui, il reftera dans fon état; mals fitótnbsp;que 1’ëponge pourra prendre fon volume , ellenbsp;afpireta une bonne partie de 1’humldité contenuenbsp;dans ce corps. J’avoue qu’on ne voit pas le mé-canifme par lequel le mélange frigorlfique produicnbsp;le même effet; mais j’ofe regarder la comparalfpnnbsp;ci-deflus comme pouvant en donner une idee.

Quant a celui par lequel une liqueur, évapora-refroldit les corps de cleflus lefquels elle s’eva-, il me femble que !a raifon la plus probable qu’on puiffe en donner, eft une affinité de cettenbsp;liqueur avec celle du feu , qui fait que chacunenbsp;fes molecules , en s’envolant, emporte avecnbsp;elle une ou quelques-unes de celles du feu contenunbsp;dans ce corps. Mals pourquoi ces molecules de la

O q

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üii Récréat. Mathémat, et Phys.

liqueur évaporable ne fe combinent-elles pas pluquot; tót avec Ie feu que l’air peut lui fournir, amp; avecnbsp;lequel eet élément paroit avoir moins d’adhé-rence qu’avec les corps folides, puifqu’il fe re-froidit avec plus de promptitude ? C’eft ce que jenbsp;ne vois pas; mais auffi ne donné - je ceci quenbsp;pour un e/Tai d’explication que je n’ai point eu Ienbsp;loifir d’approfondir.

PROBLÊME LXI.

Fain glacer de Peau , en remuant feulement Ie vafe qui la contient.

Pendant un temps très-froid , mettez de 1’eau dans un vafe ferme avec foin, amp; dans un lieu oünbsp;elle n’éprouve aucune commotion : 11 arriveranbsp;fouvent qu’elle prenclra ainfi ua degré de froid.^nbsp;fupérieur a celui de la glace , fans néanmoins fenbsp;glacer. Mais alors remuez tant foit peulevafe,nbsp;OU donnez-lui un coup léger; fur Ie champ 1’eaunbsp;ie glacera, amp; avec une rapidité finguliere. Celanbsp;arrive fur-tout lorfque l’eau eft dans Ie vulde.

Ce phénomene eft fort curieux ; mais , a mon avis, il eft fufceptible d’une explication très-vrai-femblable , pour quiconque connoit les phéno-menes de la congelation. L’eau ne fe congelenbsp;qu’autant que fes molecules prennent entr’elles uunbsp;arrangement nouveau. Lorfque l’eau fe refroiditnbsp;dans Ie plus grand repos, ces molecules fe rap-prochent, Ie fluide qui la tlent en fufion s’ennbsp;échappant peu-è-peu; mais il faut quelque chofsnbsp;de plus pour les déterminer a fe groupper d’uu^nbsp;maniere différente , fous des angles de 6onbsp;110 degrés. Or elle reqoit cette determination


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Physique, nbsp;nbsp;nbsp;zif

le fimple choc donne au vafe : elles etoient

equilibre , le choc rompt cet equilibre, Sc ^lles retombent les unes fur les autres , en fe-Si’ouppant de la manlere qu’exige leur rapprochement.

Voici un autre phénomene de la congelation.

Si vous faites bouillir de 1’eau, qu’enfuite vous ^ sxpoliez a la gelee , a cèté d’une égale quantiténbsp;^’eau non bouillie, la premiere fera plutot geleenbsp;la feconde.

C’eft un fait avéré par des experiences faites a ^dimbourg, par M. Black. JjqTranfaft. Phi-mfoph. Tome LXV, Part, I, année 1775.)

Ceci me paroit aufli facile a expliquer. La ‘^ngelation étant caufée par le rapprochementnbsp;•^es molécules de I’eau, eile dolt fe congeler d’au-mnt plutêt, que ces molécules, avant d’etre exposes a la gelee, font déja plus voifines les unes desnbsp;^litres. Or 1’eau qui a bouilli a , pour ainfi dire, anbsp;^et égard de I’avance fur celle qui n’a pas bouilli ;nbsp;Car I’efTet de ce bouillonnement a été de lui óternbsp;Wne grande partie de fon air combiné : done 5^nbsp;toutes chofes égales, ces molécules dolvent arri-Ver plutot au terme de proximlte oil elles s’appli-^uent les unes aux autres, amp;c forment un corpsnbsp;Ihlide. Je fuis convaincu que, par cette mêmenbsp;mifon , de I’eau imprégnée artificieliement denbsp;h^aucoup d’air , fe géleroit plus tard que I’eait

ordinaire.

O iij

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IL arrive affez fouvent, amp; il y a long-temps qu’on 1’a remarqué avec admiration, que les petifsnbsp;flocons de neige ont une figure réguliere. Celanbsp;arrive fur-tout lorfque la neige tombe par floconsnbsp;extrêmement petits amp; bien tranquillement. Cettenbsp;figure eft exagone oü étoilée; quelquefois c’eftnbsp;une fimple étoile a fix rayons; d’autres fois cettenbsp;étoile eft plus compofée, amp; relTemble a une croixnbsp;de inalthe, ayant fix angles faillants amp; fix ren-trants. 11 arrive par fois que chaque branche pre-fente des ramifications, comme les barbes d’unenbsp;plume. 11 feroit trop long de les décrire toutes.nbsp;Nous nous bornerons a donner la repréfentationnbsp;pj ^ des plus rernarquables, dans les numéros de la

Ce phénomene a toujours beaucoup embarrafte les phyficiens , a commencer par Defcartes amp;nbsp;Képler , qui paroiflTent avoir été les premiers qutnbsp;l’aient obfervé. Bartholin a donné un traiténbsp;Figura Nivis fiexangula , ou il raifonne aftez ma^nbsp;fur ce fujet. A dire vrai , il étoit difficile * d’ennbsp;raifonner juftement, avant cjue M. de Mairan eutnbsp;obfervé, comme il 1’a fait, avec fagacité les phé-nomenes de la congelation , amp; avant cjue la cbi'

* JVote du Cenfeur. On trouve cependant que Gaffendi avoir déja rapporté a la criftallifation la figure régulier®nbsp;de la neige. Voye^ ad Diog. Laert. Not. Opp, , T.A»

P- 577'


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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;nj

*^gt;6 eüt reconnu ceux de la cryftallifatlon des Corps, lorfque de l’état de fluidité ils paffent anbsp;Celui de folidite.

En elFet la chimie nous a appris que tons les corps dont les elements , nageant dans un fluïde ,nbsp;fe rapprochent tranqulllement, prennent des figures regulieres caraftérilliques. Ainfi le fou-fre , en fe figeant, forme de longues aiguilles; lenbsp;régule d’antimoine figure une etoile fur fa fu-Perficie. Les fels, en fe cryftallifant lentement,nbsp;prennent auffi des figures regulieres; le fel marinnbsp;forme des cubes , I’alun des odlaedres, le gypfenbsp;fles efpeces de coins réguliérement irréguliers, amp;cnbsp;flont les lames fe brifent en triangles d’angles flé-terminés ; le fpath calcaire, appelé cryjlal d’If~nbsp;des parallélépipedes obliques , fous desnbsp;ingles invariables ; amp;c.

D’un autre cote M. de Mairan, obfervant les Progrès de la congelation , a vu que les petitesnbsp;aiguilles de glace qui fe forment, s’implantent lesnbsp;cines fur les autres , fuivant des angles réguliers 8cnbsp;fleterminés, qui font toujours de 6o ou 120-flegrés.

Quiconque connoit ces pbénomenes, ne verra done dans la glace amp; dans la neige qu une cryflal-lifation de 1’eau rapprochee dans un air refroidi:nbsp;line premiere particule d’eau glacée en rencontrenbsp;^ne autre, amp; fe grouppe avec elle fous un anglenbsp;fle 60°: une troifieme furvient, amp; eft déterminéenbsp;par I’acfion de la pointe de ce premier angle, anbsp;* y réunir de la même maniere, Sec. C’eft-la lanbsp;P^us Ample des étoiles de la neige, qui eft repré-^entée par le n° i.

S’il furvient de nouvelles aiguilles de glace, ce qui arrivera le plus fouvent, il faudra qu’elles

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2i6 RiCRÉAT. MATHiMAT. ET PhYS. fe coucVient fur les premiers rayons , ou en fai*nbsp;fant Tangle obtus du cóté du centre, ou Tanglenbsp;aigu du méme c6té. Dans Ie premier cas, il ennbsp;naitra une étoile dont les rayons porteront desnbsp;«fpeces de barbes, comme la'tige d’une plume ,nbsp;('11° 2.) OU com.me une étoile, (n°3.) Cettenbsp;derniere difpontion eft néanmoins rare, amp; cellsnbsp;du n° 2 eft la plus commune. On en voit enfin,nbsp;niais en moindre nombre , de beaucoup plusnbsp;compotées ; mais quelle que foit leur compofi-tion, leurs elements font toujours des angles denbsp;éo ou 120 degrés.

M. Lulolf de Berlin a conjeéluré que ces figures étoient dues au (él ammoniac , ou plutot a Talkalinbsp;volatil dont la neige feroit imprégnée ; il rap-porte même a Tappui de fon idee une jolie experience : c’eft qu’ayant mis de Teau geler prés desnbsp;latrines , il trouva fa furface toute couverte denbsp;petites étoiles de glacés, tandis que de Teau geleenbsp;plus loin ne repréfentoit rien de femblable. Ce-pendant il convient lui-même n’avoir jamais punbsp;démontrer, pat aucun procédé, ce principe dansnbsp;la neige ou Teau de neige fondue dans des vafesnbsp;fermés. En effet, aucun phyficien d’aujourd’huinbsp;ne fe perfuadera qu’il y ait dans la neige ni felnbsp;ammoniac , ni alkali volatil, que fort accidentel-Jement, amp; il n’y a mille néceffité d’y en fiippofcïnbsp;pour expliquer fa cryftallifation en étoiles.

PROBLÊME LXIII.

Conjtrulre unamp; Fontaine oü Veau ceuk amp; s^arrétc alternativem^nt,

^O U s avons déja donné plus haut Ie mécanifms d’uiie fontaine qui prodiiit eet effet, Sc qui eft

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;üj

connue lt;3es hydrauliciens ; mais comme fa ^onftruftion ne peut pas s’adapter aux ufages quenbsp;*ious avons en vue, voici une autre maniere denbsp;^¦éfouclre le probléme.

Que ABCD foit un vafe d’une forme quelcon-^ue , qui reqoit par le tuyau DE un flux perpe- i *iiel d’eau , capable de le remplir a la hauteurnbsp;gh, dans 1’intervalle, par exemple, de deux heu-

Que FGH foit un fyphon dont 1’orifice fupe-^teur, plonge dans la liqueur, eft F, FG la moin-ftre branche , GH la longue branche, dont 1’ori-ftceH, doit êtrefort au deffous du niveau de F; ^nfin que ce fyphon foit d’un calibre tel qu’il putnbsp;hrer la liqueur contenue dans la hauteur CG ennbsp;'ine demi-heure. Cela fuppofe, amp; le vafe étantnbsp;yuide, qu’on laifte couler I’eaupar le tuyau DE,nbsp;ft remplira le vafe jufqu’a la hauteur G en deuxnbsp;^eures , par exemple ; mais une fois parvenu a lanbsp;^ourbure G , le fyphon FGH fe remplira ; amp; 1’eaunbsp;y coulant, il epuifera en un peu plus de demi-heure * non-feulement la quantite d’eau amaflTeenbsp;jufques en GH, mais encore celle que le tuyaunbsp;De aura fournie pendant ce temps , puifque cenbsp;tuyau de décharge FGH débite beaucoup plusnbsp;fapidement que celui qui fournit, fqavoir DE. Lanbsp;furface de 1’eau baiflera done enfin au niveau denbsp;^Orifice F, amp; 1’air s’y introduifant, le jeu du ly-Pbon fera interrompu ; I’eau recommencera donenbsp;® s’elever jufqu’a la courbure du fyphon en G,nbsp;^ alors le jeu du fyphon recommencera, amp; ainftnbsp;*oujours, tant que le tuyau DE fournira de I’eau»nbsp;, * Ce temps fera exaftement de 40 minutes; car il eftnbsp;^ fomme d’une progreflion fous-quadruple, dont lenbsp;pteraier terme eft 30 minutes, le fecond 7 6c demie,

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ii8 Récréat. Mathémat. Er Phys.

R E M A R Q u E.

1l eft néceflaire de remarquer que Ie fyphon ne fera pas fon effet, a moins que fa hauteur a l’en-droit de fa courbure ne foit capillaire; car s’ilnbsp;• avoir a eet endroit un diametre de 5 ou 6 lignes ^nbsp;l’eau étant arrivée un peu au deffus de la courburenbsp;inférieure, couleroit fans remplir tout Ie tube ^nbsp;PI. ij , comme on voit fig .3 /, n'» a , amp; il ne verferoitnbsp;%• Jt^qu’une quantité d’eau égale a celle que fourniroitnbsp;Ie tube De. C’eft une obfervation que fait fortnbsp;juftement M. 1’abbé Para du Phanjas, qui recourtnbsp;en conféquence , dans ce cas, a plufieurs tubesnbsp;capillaires qui fe réuniffent en un feul.

II y a un autre remede , qui confifte a faire calibre du tube de décharge , capillaire dans Dnbsp;hauteur , amp; évafé a proportion dans Ie fens horizontal, afin qu’il ait la mêine furface^ Sc qu’il ƒnbsp;coule la même quantité d’eau. Par ce moyen eenbsp;tube de décharge, quoique unique , remplira (n.nbsp;deftination.

II eft auffi a propos que 1’orifice F de Ia brari-che GF du fyphon foit taillé comme on voit Fig. quot;iiifig- 31, no 3 , afin d’aflurer d’autant mieux Tin-3'troduftion de 1’air dans Ie fyphon, lorfque 1*nbsp;furface de Peau aura baifle jufqu’en F. Je ne croi*nbsp;pourtant pas la chofe effentielle.

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;219

PROBLÊME LXIV.

Faire une Fontaine qui coulera amp; s'arrkera un certain nombre de fois de fuite^ amp; qui enfuitc s'ar-rêtera pendant un temps plus ou inoins long^ apres lequel elle reprendra Jon cours intermittent’,nbsp;amp; ainji de fuite.

La. folutlon de ce probleme depend d’une com-tinaifon aflez ingénieufe de deux Fontaines inter-mittentes femblables a la précédente. Siippofons en efFet une pareille Fontaine, dont les ecoule-tnents periodiques Foient très-prompts ,-par exem-ple de 2 a 3 minutes , amp; I’intermiflton Femblable,nbsp;Ce qui Fera en total un intervalle de 4 ou ^ minuses; que cette Fontaine Foit elle-même alimentéenbsp;par une autre Fontaine intermittente amp; Fuperieure,nbsp;dont la duree de I’ecoulement Foit d’une heure,nbsp;^ I’intermittence de 2 , 3 ou 4 : il s’enFuivra quenbsp;I’inFerieure ne Fournira de I’eau que pendant quenbsp;Ja Fuperieure lui en donnera elle-même , e’eft-a-dire pendant une heure; amp; pendant cette heurenbsp;cette Fontaine inférieure aura 12 ou 15 ecoule-ments coupes par autant de ceffations ; aprèsnbsp;lequel temps la Fontaine ou le tuyau DE de lanbsp;fig‘ 3 / , ne Fourniffant lui-meme plus d’eau pendant deux ou trois heures, la Fontaine inFerieurenbsp;ceffera abFolument pendant une, deux ou troisnbsp;heures, Voila done une Fontaine qui fera double-’’^ent intermittente , en ce qu’elle Fera un certainnbsp;femps conliderable fans couler , amp; quand ellenbsp;Coulera , ce Fera avec intermittence.

Remarque s.

I. Avec trois Fontaines Femblables combinées

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iio

Récréat. Mathémat. et Phys, enfemble , on pourroit produire des périodes fïnbsp;bizarres d’écoulement Sc de ceffation , qu’ellesnbsp;paroitroient abfolument inexplicables. Maïs 1’onnbsp;fent aifément quelles pourroient tenir au mêmenbsp;principe.

II. On pourroit facilement faire , au moyen desquot; principes ci-deffus, une fontaine qui coulat fansnbsp;ceffe, mais qui grossit Sc diminuat par alternatf-ves; car il fuffiroit de combiner avec la fontainenbsp;du problême précédent, une fontaine continue rnbsp;ïl efl évident qu’elle groffiroit quand Ie fyphonnbsp;FGH couleroit; Sc quand il s’arrêteroit, elle re-viendroit a fon état ordinaire.

Si on combinoit cette fontaine continue avec la double intermittente de ce problême, on au-loit une fontaine continue Sc égale pendant plu-/ fieurs heures de la journée, amp; qui enfuite grofll-roit Sc diminueroit par accès pendant une heure..

PROBLEME LXV.

ConJlruHion d’une Fontaine qui cejjera de coulet quand on y verfera de l'eau , amp; qui ne reprendrttnbsp;fon cours que quelque temps apres quon auro-ceffé.

PI. 6 , Il faut fuppofer pour cela un réfervoir bien dos %• 3** amp; 3 demi rempli d’eau , comme ABCD, ayantnbsp;un tuyau d’écoulement en E , de quelques lignesnbsp;feulement de diametre. Ce réfervoir fait partienbsp;d’un autre vafe dans lequel il eft placé, HBFD »nbsp;il refte une portion du vafe HGF qui eft vuidernbsp;IK eft un tuyau qui va du haut du réfervoir intérieur jufques bien prés du fond FD du vafe; 1®nbsp;deftlts de ce vafe a un rebord én forme de coupe ?

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;tit

'^ont la partle HG eft percee de beaucoup de pe-trous. On mettra dans cette efpece de coupe ^2 la moufle avec du gros fable , amp; , ft 1’on veut,nbsp;I’herbe ou du gazon ; enforte néanmo’ms quenbsp;^ sir puifle avoir accès par la plaque HG dans lanbsp;Cavite HC.

Cela fuppofe, que le petit refervoir foil a moi^' bé rempli d’eau, elle coulera par I’ajutage E;nbsp;^u’enfuite on en verfe dans la coupe fuperieure ;nbsp;Cette eau tombera dans le réfervoir lateral HC , 8cnbsp;cUe bouchera 1’orifice K du tuyau HI. Get orificenbsp;ctant bouche , Pair contenu au deffus de 1’eau dunbsp;féfervoir intérieur, ne pourra plus fe dilater; 1’eaunbsp;Coulante par E tombera d’abord plus lentement,nbsp;^ enfin s’arrêtera. Mals ft a 1’angle F on ménagenbsp;Un petit écoulement a 1’eau tombée dans le réfer-''r)ir HC, lorfque cette eau fera écoulée, 1’écou-^cment par E recommencera.

Si I’on verfoit fans cefle de 1’eau dans la coupe , amp; que fon écoulement par F fut caché, onnbsp;pourroit-etre fort étonné de cette machine , qui

coulerolt que quand il paroitroit qu’on n’y met plus d’eau.

On pourroit donner a cette machine la figure ft’un rocher, du pied duquel fortiroit une fon-^aine: le deffus pourroit repréfenter une prairie,nbsp;^neforêt, amp;c. Lorfqu’on verferoit de I’eau avecnbsp;J^ri arrofoir, pour repréfenter la pluie , on verroitnbsp;*a petite fontaine s’arreter, amp; s’arrêter auffi long-temps qu’on y verferoit de nouvelle eau. On verranbsp;plus loin 1’uf^e de cette idee.

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zii Récréat. Mathémat, et Phys. PROBLÊME lxvl

Faire une Fontaine qui, apr'ts avoir coulé pendant quelque temps par fa décharge de fuperficie, com-mencera a baiffer jufqua un certain point, enfuittnbsp;remontera^ amp; ainji fuccefjivement.

J’avO UE n’avoir rien trouvé de fatisfaifant a eet égard, Cela eft néanmoins poffible, car nous ci-terons plus bas quelques exemples de fontalnesnbsp;dont les baffins préfentent ce phénomene. Nousnbsp;nous bornons done a propofer Ie probléme a nosnbsp;lefteurs.

R E M A R QU E S,

Contenant rUfioire amp; les phénomenes des princi-pales Fontaines intermittentes connues , ainji qut

de quelques lacs amp; puits qui ont des mouvenientS ^ analogues : Hijioire du fameux lac de Zirchnit^-

Nous avons donné dans les problêmes precedents les principes de l’explication des pliénome-nes que préfentent un affez grand nombre de fon-taines ou ainas d’eaux, dont les mouvements ont de tout temps apprêté matiere a penfer aux phyfi'nbsp;ciens, amp; été un fu)et d’admiration pour Ie vul'nbsp;gaire. II eft vrai qu’en général il y a beaucoup ^nbsp;retrancher de ce que Ie vulgaire croit appercevoitnbsp;OU raconte a ce fujet. Plufieurs de ces fources»nbsp;exaniinées par des philofophes ou obfervateursnbsp;exaéls, ont perdu la plus grande 'partie denbsp;qu’elles avolent de merveilleux. II refte néan'nbsp;moins encore , dans plufieurs d’entr’elies, fuffi'nbsp;famment de quoi exercer Ia fagacité des fcruta'nbsp;teurs de la nature. L’objet de eet ouvrage non*

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Physique, nbsp;nbsp;nbsp;iij

Piercrit en quelque forte de faire connoitre les Principales amp; les plus fingulieres de ces fontaines.nbsp;Nous nous bornerons a ce qui eft le mieux conflate par de bonnes defcriptions ; car a quoi bonnbsp;lépéter des chofes incertaines Sc inexaftes } Lanbsp;*nafle des erreurs n’eft -elle pas aflez grande, fansnbsp;I’augmenter de propos déllbéré ?

I. On reinarque une intermittence dans la plupart des fources qui prennent leur origine des amas de glacés. Telles font quelques-unes de celles quenbsp;j’ai vues dans le Dauphiné, fur la route de Grenoble a Brianqon: elles coulent, a ce qu’on m’af-fura, plus abondamment la nuit que le )our, cenbsp;qui parojtroit d’abord difficile a concilier avec lanbsp;faine phyfique ; mais nous ferons voir que celanbsp;s’explique facilement.

L’auteur de la Defcription des Glacieres de Suifle parle d’une pareille iburce, lituée a Engftlernbsp;dans Ie canton de Berne ; elle eft fujette a unenbsp;double intermittence, fqavoir a une intermittencenbsp;annuelle Sc journaliere; elle ne commence a cottier que vers le mois de Mai, amp; les bonnes-gensnbsp;du voifinage croient fermement que la Diviniténbsp;leur envoie chaque année cette fource pour abreu-ver leurs beftiaux , qu’ils amenent vers ce tempsnbsp;dans la montagne. D’ailleurs , femblable a cellesnbsp;dont nous avons parlé , c’eft pendant la nuit que

fait fon écoulement le plus abondant.

11 n’y a rien que de fort fimple dans la réappa-^‘tion annuelle de cette fontaine a Tapproche de l’été; car c’eft feulement vers ce temps que lanbsp;onaffe de la terre, fuffifamment échauffée, commence a fondre les glacés par deflous. Ainfi cenbsp;'i’eft que dans ce temps que la fontaine dont ilnbsp;sagit peut couler. Nous difons par deftbus, car

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2Z4 Récréat. Mathémat. et Phys. c’eft ainfi que fondent ces maffes énormes denbsp;glacés. On n’en peut douter lorfqu’on remarquenbsp;qu’elles donnent fans ceffe naiffance a de grandsnbsp;courants d’eau, tandis que leur furface fupérieutenbsp;préfente les couches des années précédentes anbsp;peine altérées. Mais comment amp; pourquoi la plupart de ces fontaines donnent-elles pendant lanbsp;nuit leur plus grande quantité d’eau ? Ceci méritenbsp;explication.

Ce phénoinene provient, felon nous, de 1’al-ternative de chaleur amp; de refroidiffement caufée, par la préfence Scl’abfence du foleil, dans la maffenbsp;de la terre , couverte par eet amas de glace. Maisnbsp;cornine il faut un certain temps pour que la chaleurnbsp;du foleil produife fon effet, amp; qu’elle fe communique aux parties éloignées, il arrive que Ie moment de leur plus grande chaleur eft poftérieurnbsp;de plufieurs heures a celui de la plus grande chaleur de l’air, qui a lieu vers les trois heures denbsp;l’après-midi : ce n’eft done que quelques heuresnbsp;après Ie coucher du foleil qu’arrivera la plusnbsp;grande liquéfaftion de la glace qui touche lanbsp;terre : ajoutez-y Ie chemin que l’eau qui en provient doit faire dans ces conduits refferrés entte desnbsp;vallons amp; fous les glacés, il ne fera point éton-nant qu’elle n’arrive au jour que vers Ie milieu denbsp;la nuit. Ainlt ce fera vers les onze heures ou mi'nbsp;nuit que ces ruiffeaux , provenants de maffes gla'nbsp;ciales , donneront la plus grande quantité d’eaU-

II. L ’infermittence dont on vient de parler n® tient pas a des caufes bien difficlles a découvrir»nbsp;ce n’eft pas même une véritable intermittence*nbsp;Mais les fontaines dont il va être queftlon tout'nbsp;a-l’heure, font vraiment intermittentes.

Une fontaine de ce genre eft celle qu’on volt a

Fontainebleat»

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Physique.

Fontainebleau dans un des bofquets du pare. Elle ^^roit probablement plus connue, amp; ne cederoitnbsp;Sucre en célébrité a celle de Laywell, fi les phyfi-^gt;ens hantoient davantage les cours.

Cette fontaine coiile de deffous terre amp; d’un fond fablortneux, dans un baffin quarre de 6 anbsp;^ pledsen quarré ; on y defeend par plufieurs marches , dans la derniere defquelles , ou la plusnbsp;''^oifine de I’eau , eft creufee une rigole qui luinbsp;de décharge de fuperficie. Void ce qu’onnbsp;obferve.

L’eau étant fuppofée remplir feuJement la moi-fté du baflin , comme cela arrive lorfqu’on y a puifé une aflez grande quantite d’eau , elle montenbsp;Peu-a-peu jufqu’au bord de la derniere marche, amp;cnbsp;^’ecoule par la décharge de fuperficie pendant quel-Sues minutes. Cet édoulement eft fuivi d’un gar-gouillement quelquefois aftez fort pour fe fairenbsp;Entendre d’alTez loin ; c’eft-la le figne de rabaifle-*nent prochain de I’eau. Elle commence en effetnbsp;^ufli-tot a baifter jufqu’a quelques pouces au deffous du plus bas de la rigole. Cette hauteur , dunbsp;refte, eft affez variable. Elle eft alors ftationnairenbsp;pendant quelque temps; enfuite elle remonte amp;Cnbsp;répete le même manege. Chaque flux de cettenbsp;nature eft d’un demi-quart d’heure environ. Quei-quefois cependant elle fe joue en quelque fortenbsp;des curieux, amp; refte des demi-heures, des heuresnbsp;^ntieres fans répéter fon jeu.

On lit dans les Tranfacl. Phllof. ti°* 202 amp;: , ainfi que dans le Cours de Défaguliers,nbsp;f • II, la description d’une fontaine très-reftem-mante a la précédente : elle eft fituée prés denbsp;I orbay dans le Devonshire , a une des extrémitésnbsp;de la petite ville de Brixhaai. Les habitants du pay*nbsp;Tome IF,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;P

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12(5 Récréat, Mathémat. et Phys. I’appellent Lay - Well. Elle eft fur Ie penchantnbsp;d’une petite coUine, amp; éloignée de la mer d’unnbsp;bon mille; ce qui exclud route communicationnbsp;avec la mer. Le baffin eft , (uivant la defcriptionnbsp;la plus récente, de 4 pieds amp; demi de large fur 8nbsp;de longueur. II y a un courant qui coule conftam-ment dans ce baffin , amp; I’eau en fort par I’autrenbsp;extréinité, amp; par une ouverture de 3 pieds denbsp;large fur une hauteur convenable.

Il s’ecoule qiielquefois un temps alTez confide-rable , comme de quelques heures, pendant lef-quelles I’eau coule uniformement, fans haufter ni baiffer ; ce qui a donne lieu a des gens credulesnbsp;de penfer que la prefence de quelques perfonnesnbsp;avoit fur cette fontaine une influence qui arrétoitnbsp;fon jeu. Mais le plus fouvent elle a un mouvement de flux amp; de reflux fort fenfible amp; afleznbsp;prompt. L’eau s’eleve de quelques pouces pendantnbsp;environ deux minutes , après quoi elle s’abaiflenbsp;pendant environ autant de temps , qui eft fuivinbsp;d’un petit repos ; enforte que la duree totale eftnbsp;d’environ cinq minutes. Cela s’execute une ving-taine de fois de fuite , après lefquelles la fontainenbsp;femble fe repofer pendant environ deux heures,nbsp;amp; I ’eau coule uniformement pendant ce temps-la-C’eft, dit 1’auteur de la defcription , une particU-lariré qui la diftingue des autres fontaines de cettenbsp;efpece qui font venues a fa connoilTance. Mai*nbsp;nous avons vu que celle de Fontainebleau eprouvenbsp;quelque chofe de femblable ; nous remarquonsnbsp;même une analogie trés-grande entre 1’une amp;nbsp;I’autre ; amp; il nous paroit prefque évident par leutnbsp;defcription , que leur périodifme n’eft pas dans 1^nbsp;fource même, maïs uniquement dans la décharge ’nbsp;cela eft du moins certain a I’egard de celle d®

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;xxj

Fontainebleau, car la nature du terrain ne permet pas d’y fuppoler rien de femblable a ce qu’exige unnbsp;ccoulement périodique dans la fontaine même.

Qiioi qu’il en foit, void une troifieme Fontaine beaucoup plus confiderable que les deux Précédentes , amp; qui prefente une intermittencenbsp;Fien marquee ; c’eft celle de Franche - Comte ,nbsp;^ont on lit une defcription fort bien faite dans lenbsp;Journal des Sgavants , Oflobre i6i^8.

Cette fontaine eft, ou etoit dii moins alors , prés du grand chemin qui conduifoit de Pontarliernbsp;s Touillon , au bout d’un petit pré, 6c au pied denbsp;quelques montagnes qui la dominent : elle coule ,nbsp;par deux endroits féparés , dans deux baflins dontnbsp;^a rondeurlui a fait donner le nom de /a Fontaimnbsp;^onde. Le baffin fuperieur, qui eft le plus grand,nbsp;3 environ fept pas de longueur fur fix de largeur ,nbsp;^ il y a au milieu une pierre en talus, qui fert anbsp;^endre fenfible fon mouvement de reciprocation.

Quand le flux va commencer, on entend un ^ouillonnement au dedans de la fontaine , 6c, Tonnbsp;''Oit aufll-tot 1’eau fortir de tons cotes , en pro-duifant beaucoup de buUes d’air ; elle s’éleve d’unnbsp;grand pied.

Dans le reflux , I’eau s’abaiffe a peu prés dans le même temps amp; par les mêmes gradations in-''erfes. La duree twiale du flux 6c du reflux eftnbsp;d’environ un demi-quart d’heure, y compris en-'''iron deux minutes de repos.

La fontaine tarit prefque entiérement d chaque t^flux , fur-tout de deux I’un; Sc a la fin de cenbsp;reflux on entend une efpece de gazouillement quinbsp;annonce cette fin.

La petite ville de Colmars en Provence , dio-de Senèz, nous prefente encore une fontaine

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xi8 Récréat. Mathémat. et Phys. de ce genre. Elle fe trouve aux environs de cettenbsp;ville , Sc elle eft remarquable par la frequencenbsp;de fes écouleinents. Quand elle eft prête acouler,nbsp;un léger murmure annonce fon arrivée ; elle croitnbsp;enfuite pendant une demi-minute; alors elle jettenbsp;de 1’eau de la groffeur du bras; puis elle décroïtnbsp;pendant cinq a fix minutes, Sc s’arréte un moment ; après quoi elle reprend fon écoulement.nbsp;De cette maniere la durée de fon écoulement Scnbsp;de fon intermittence enfemble, eft de fept a hultnbsp;minutes , enforte qu’elle coule Sc s’arrête huit foisnbsp;environ dans une heure. Gaflendi a donné unenbsp;defcription plus détaillée de cette fontaine, dansnbsp;fes oeuvres, ainfi que M. Aftruc , dans fon Hijl.nbsp;Nat, du Languedoc amp; de la Provence.

La fontaine de Fonzanches, dans Ie diocefe de Nifmes , mérite aufll de trouver place ici. Fonzanches eft fitué entre Sauve Sc Quiflac , a la droitenbsp;amp; aflez prés du lit de la Vidourle: cette fontainenbsp;fort de terre a I’extrémité d’une pente aflez roidenbsp;tournée au levant. Son intermittence eft des plusnbsp;marquées ; elle coule Sc s’arrête réguliérementnbsp;deux fois par jour ou dans 1’efpace de 14 heures:nbsp;la durée de l’écoulement eft de 7 heures minutes , Sc celle de I’intermifRon de 5 heuresnbsp;jufte ou très-près ; enforte que fon écoulementnbsp;retarde chaque jour de 50 minutes. Mais on au-roit tort d’en conclure aucune liaifon, foit avecnbsp;Ie mouvement de la lune , foit avec la mer«nbsp;quoiqu’on lui alt donné Ie nom de la Fontaine attnbsp;flux 6” reflux. II feroit abfurde d’établir de-la desnbsp;canaux jufqu’a la mer de Gafcögne, qui ennbsp;a 130 lieues. D’ailleurs Ie retardement de 50 miquot;nbsp;nutes n’étant pas précifément celui des marées,nbsp;OU du paffage de la lune par Ie méridien, l’ana-


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P H Y S I Q U Er nbsp;nbsp;nbsp;22^

ïogie id’un mouvement avec l’autre ne fe foutient pas davantage que fi ce rétardement étoit beau-coup plus grand ou moindre.

Nous terminerons ce paragraphe par la defcrip-tion de la fameufe fontaine appelée Fontejlorbe , qu’on trouve dans Ie diocefe de Mirepoix. Cenbsp;lt;lue nous allons en dire eft 1’extrait de la defcrip-^ion que M. Aftruc en a donnée, dans l’ouvragenbsp;cité ci-delTus.

'Fonteftorbe eft fituée a I’extremite d’une chaine roehers , qui s’avance prefque jufqu’aux bordsnbsp;de la riviere de Lers, entre Fougas amp; Belleftat,nbsp;dans Ie diocefe de Mirepoix. Fort au defifus dunbsp;ïit de la riviere , on voit une voute de 20 a 30nbsp;pieds de profondeur, amp; de 40 pieds de largeurnbsp;fttr 30 de hauteur. Au c6té droit eft la fontainenbsp;dont il s’agit, dans une ouverture triangulaire dunbsp;’quot;Ocher, dont la bafe eft de 8 pieds environ denbsp;largeur. C’eft par cette ouverture que coule 1’eaunbsp;^Uand Ie flux eft arrivé. Ce qui caraélcrife d’unonbsp;itianiere finguliere fon intermittence , c’efl qu’elle-n’eft intermittente que dans les temps de fëche-refle , c’eft-a-dire ordinairement pendant les moisnbsp;de Juin , Juillet, Aoüt amp;Septembre : alors ellenbsp;coule pendant 36 a 37 minutes, en s’élevant denbsp;4 a 3 pouces fur la bafe de 1’ouverture triangulaire , amp; après ce temps elle ceffe de couler pendant 3x3 33 minutes ; vient-il a pleuvoir, Ienbsp;*®rnps de 1’intermiiïion fe raccourcit, amp; s’anéantitnbsp;®nfin lorfqu’il a plu trois ou quatre jours de fuite,nbsp;^tiforte que la fontaine eft alors continue , quoi-avec une augmentation périodique : mais enfin,nbsp;lorfque la pluie a dure aflez long-temps, Ie fluxnbsp;^ft continu amp; égal, ce qui dure pendant toutnbsp;Shiver, jufqu’au temps de la fécheteflTe , oü la

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130 Récréat. Mathémat. et Phys. fontalne redevient périodique amp; intermittente pafnbsp;les mêmes gradations inverfes.

On peut déduire des principes expofés dans les problêmes precedents , la raifon de la plupart desnbsp;phénoinenes qu’on vient de décrire : il fuffit pournbsp;cela de concevoir une cavité plus ou moinsnbsp;grande, forniée par I’afFaiffement d’un banc denbsp;glaife , amp; qui fert de réfervoir a un amas d’eaunbsp;fourni par une fource. Que cette cavité communique au dehors par une efpece de canal circonflexe , dont 1’orifice intérieur foit voifin du fondnbsp;de la cavité , amp; 1’extérieur beaucoup plus bas ;nbsp;ce canal fera évidemment l’office du fyphon dunbsp;Probléme LXIII amp; de la fig. 3 /, amp; produira lesnbsp;meines phénomenes, en fuppofant toutefois 1’ac-cès de l’air extérieur dans la cavité.

Si done la fource qui vient remplir la cavité décrite, fournit conftamment moins d’eau que Ienbsp;fyphon fnppofé n’en peutévacuer, l’eau ne cou-lera que périodiquement; car, pour qu’elle coule,nbsp;il faudra que l’eau foit montée jufqu’au fommet,nbsp;ou l’angle des deux branches du fyphon: il cou-lera alors , amp; évacuera l’eau contenue dans lanbsp;cavité; amp; enfuite il s’arrêtera , jufqu’a ce qu’ilnbsp;foit furvenu de nouvelle eau.

Mals fi la fource cachée qui alimente Ie réfer-voir fuppofé eft variable, c’eft-a-dire qu’elle foit beaucoup plus abondante en temps d’hiver amp;nbsp;pluvieux , que pendant 1’été ou un temps de féche-reffe, la fource apparente ne fera intermittentenbsp;que dans ce dernier temps ; la durée de fes inter-jniffions ou repos diminuera a mefure que 1*nbsp;fource cachée deviendra plus abondante; amp; en-fuite, quand cette derniere Ie fera au point denbsp;donner autant d’eau que Ie fyphon en pourra


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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;2?t

^'^acuer, la fource apparente devienara continue ;

reprendra enfin par degres fon interinittence , 3 mefure que la fource interieure diminuera denbsp;'^olume.

Ainfi voila les phenomenes de la fource de-^onteftorbe, expliques par le même mécanifme ^ue celui des autres Fontaines purement intermit-tentes. II y a apparence que , dans ces dernieres,nbsp;^a fource cachee tire fon origine d’une eau fou-terraine qui ne reqoit que peu ou point d’augmen-^ation des eaux exterieures, amp;£ qu’au contrairenbsp;Celle de Fontefiorbe a pour aliment une eau pro-'^enant des neiges amp; des pluies.

Nous ne dirons qu’un mot de quelques autres fontaines de ce genre, dont il eft parle dans di-''^ers auteurs. Telle eft celle des environs de Pa-^erborn , qu’on noinme Bulhrborn ^ quicoule,nbsp;^it-on , 12 heures , amp; fe repofe autant de tempsnbsp;Celle de Haute-Combe en Savoie, prés du lac du.nbsp;fiourget, qui coule amp; s’arrete deux fois par heure ;nbsp;Celle de Buxton, dans le comte de Derby, Scnbsp;ftont parle Childrey dans fes Curiojités d’^ngle-tirrc , qui coule tons les quarts d’heure feulement;nbsp;Une prés du lac de C6me , celebre dès le tempsnbsp;de Pline le ieune, qui haufte amp; baifle trois foisnbsp;par jour périodiquement; amp;c. amp;c. Comme lesnbsp;defcriptiops qu’on en donne font très-imparfaites ,nbsp;^ous ne nous y arreterons pas davantage.

Ill . Mais void des phenomenes d’un autre genre; font ceux que nous prefentent certains puits ounbsp;^crtaines fources qui s’elevent amp; s’abaiftent a cer-J^ines périodes, lans qu’on leurconnoilTe d’écou-lement. II y a prés de Breft un puits fujet a cesnbsp;sbaiffement amp;c elevation periodiques, dont 1’ex-plication a beaucoup occupé les phyficiens. La

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131 Récréat. Mathémat. et Phys.

defcription de ce qu’on y obferve eft tirée du Journal de Trevoux , (Oftobre 1718) , amp; eft l’ou-vrage d’un P- Aubert, Jéfuite , phyficien quinbsp;paroit très-exafl; amp; très-inftruit,

Le puits dont nous parlons efl: fitué a deux lieues de Breft, au bord du bras de mer qui sVnbsp;vance dans les terres jufqu’a Landerneau, Sa dif-tance au bord de la haute mer eft de 7^ pieds ,nbsp;amp; ^ peu prés du double au bord de la baftsnbsp;mer. II a 10 pieds de profondeur , amp; Ton fondnbsp;eft plus bas que la haute mer, Sc moins élevé quSnbsp;la balTe.

II ferolt peu étonnant, Sc ce ferolt même une chofe toiit-a-fait dans 1’ordre naturel, que le puitsnbsp;baifsata Ia baiffe mer Sc montat a la haute ; inai*nbsp;c’eft tout le contraire, ainfi qu’on va le voir pafnbsp;la fuite détaillée de ce qu’on y obferve.

L’eau du puits eft la plus bafle, c’eft-a-dire a' II OU IX pouces au defliis de fon fond, lorfquenbsp;!a mer eft Ia plus élevée, Elle refte en eet étatnbsp;environ une heure , a compter du moment de lanbsp;haute mer ; elle croit enfuite pendant environnbsp;a heures Sc demie dans le temps que la mer baifte»nbsp;après quoi elle refte ftationnaire pendant environnbsp;deux heures. Elle commence alors a décroftre»nbsp;c’eft-a-dire une demi-heure environ avant le mO'nbsp;jnent de la plus bafte mer , Sc cela continue pen'nbsp;dant les quatre premieres heures de la mer mon-ïante. Enfin elie refte dans le méme état d’abaidfe'nbsp;ment environ 3 heures, c’eft-a-dire pendant Is*nbsp;deux dernieres heures de la mer montante , Sc 1*nbsp;premiere heure de la mer defcendante ; après qnp*nbsp;elle recommence a monter, comme on 1’a exph'nbsp;qué plus haut. On a remarqué dans la grande (^7nbsp;cherefte de 1724, que le puits dant il s’agit tarib-

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;233

^oit quelques heures a la mer montante, amp; qu’il rempliflbit a la mer defcendante. Je ne fqaisnbsp;ce puits fubfifte encore. Ce qui ajoute a ia iin-gularite du phenomene , c’eft que des puits voi-^ns, Sc qui femblent devoir eprouver les mêmesnbsp;''•ciffitudes, n’y font point fujets.

On voit prés de Londres, entre cette ville amp; Oravelande , une forte de petit lac appele Green-, qui, fuivant M. Defaguliers, offre les ine-*igt;es phenomenes: il ajoute avoir oui dire qu’anbsp;Lambourn , dans le Berckshire , il y a une Fontaine qui eft pleine quand le temps eft fee , St anbsp;ftc quand le temps eft pluvieux. Il feroit a defirernbsp;^u’il eut avéré le fait avec fes circonftances.

IV. Mais tout ce que nous venons de dire, *luoique fort remarquable, n’approche pas de lanbsp;ftngularite du fameux lac de Zirchnitz. On nominenbsp;^gt;nfi un lac aflez grand, fitue prés la petite villenbsp;ce nom , dans le duché de Carniole. Il a en-''iron trois lieues de France de longueur, Sc unenbsp;^ demie de largeur, fous une forme aftez irréguliere.

La fingularité de ce lac confifte en ce qu’il eft plein d’eau pendant prefque toute I’annee ; maisnbsp;Vers la fin de Juin , ou dans les premiers jours denbsp;Quillet, 1’eau s’ecoule par 18 efpeces de puits ohnbsp;*jonduits fo’Uterrains ; enforte que ce qui avoitnbsp;le fejour des poiftbns amp; des oifeaux aquati-, qui y font très-nombreux , devient cellenbsp;beftiaux , qui viennent y paitre une herbenbsp;ubondante. Les chofes reftent ainfi pendant troisnbsp;^ quatre mois, fuivant la conftitution de fannée ;

ce temps expire, 1’eau revient par les trous qui I’avoient abforbee , Sc avec une violencenbsp;ft confiderable , qu’elle jaillit jufqu’a la hauteur

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234 RiCRiAT. Mathémat. et Phys. d’une pique, de maniere qu’en juoins de vingt-quatre heures Ie lac eft revenu dans fon premiernbsp;état.

On doit cependant remarquer qu’il y a quel-ques irrégularités dans Ie temps amp;; la durée de cette evacuation. II eft quelquefois arrivé que Ienbsp;lac s’eft rempli 5c vuidé deux ou trois fois dansnbsp;l’année. Une fois il n’éprouva de toute 1’annéenbsp;aucune evacuation ; mais il n’eft jamais arrive*nbsp;qu’il a it refté vuide plus de quatre mois. Ces irrégularités n’empêchent pas que Ie phénomene merite de tenir une place parmi les fingularités lesnbsp;plus extraordinaires de la nature. On peut voifnbsp;fur ce fujet l’ouvrage d’un fqavant de ce pays ^nbsp;(M. WeichardValvafor, ) intitulé Gloria, duca-tüs Carniolcz , amp;c. 1688, 10-4*^. Cet auteur entrenbsp;dans des détails qui lui concilient toute croyance ,nbsp;8c d’ailleurs c’eft un fait connu amp;c rapporté par divers voyageurs inftruits.

M. Valvafor déduit avec beaucoup de probabi-lité les phénomenes de ce lac , de cavités fouter-raines qui communiquent avec lui par les ouvertures dont nous avonsparlé, 5c qui font pleines d’une eau alimentée par les pluies. Lorfque ces pluiesnbsp;ont cefie pendant long-temps, 5c qu’elles fontnbsp;évacuées jufqu’a un certain point , elles donnentnbsp;lieu a un jeu de fypbons qui vuide tout Ie lac.nbsp;Mais il faut voir les détails de cette explicatiotinbsp;dans l’ouvrage cité, ou bien dans les ydamp;s-Leipjicky année 1688.

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^35

Physique.

PROBLÊME LXVII.

Porte-voix amp; du Cornet acoujlique ; leur ex-vlication : Le jeu de la. Tête enchantée.

Out comme on aide Ia vue par les lunettes ^spproche amp; par les microfcopes , de même onnbsp;® imagine d’aider 1’ouïe par des inflruments ana-^Sues. L’un, appelé Ie porte-voix fert a fe fairenbsp;^'^tendre de fort loin; amp; 1’autre, appelé cornetnbsp;‘^'^oujiique, a groflir pour l’oreille les plus petitsnbsp;fons,

Le chevalier Morland eft, parmi les modernes, '•^lui qui s’eft le plus occupé a perfeélionner cenbsp;^'loyen d’augmenter les fons. 11 publia en i68..

traité intitulé, de Tuba Stenforophoniednom fait allufion a la voix de Stentor, li célebrenbsp;P^rml les Grecs par fa force extraordinaire. Cenbsp;nous allons dire ici efl; en partie extrait denbsp;^Êt ouvrage curieux.

Les anciens connurent le porte-voix , car on dit ^u’Alexandre avoit un cornet avec lequel il don-’loit des ordres a fon armée, quelque nombreufenbsp;Sn’elle fut. Kircher, d’après quelques paffages d’unnbsp;^anuferit du Vatican, fixe le diametre du pavilionnbsp;pieds amp; demi. Quelle étolt fa longueur ? ilnbsp;dit rien ; il ajoute feulement qu’il fe faifoltnbsp;^’’^endre a 500 ftades , ou 5 de nos lieues. II y anbsp;doute de 1’exagération. Un inftrument avecnbsp;, Snel on pourroit fe faire entendre de Verfaillesnbsp;^ ^aris, feroit un inftrument fort curieux.

Quoi qu’il en foit, le porte-voix, autrement ^•quot;ompette parlante , ou jlentorophonique , n’eft;nbsp;^ntre chofe qu’un long tuyau, qui d’un cóté n’anbsp;Sue la largeur néceffaire pour y appliquer la bou-

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136 Récréat. Mathémat. et Phys,

che, amp; qui va de-la en s’évafant jufqu’a 1’autr^ extrémité en forme de pavilion, L’ouverture dünbsp;petit bout doit être égale a celle de la bouchsnbsp;d’un homme , amp; un peu applatie, pour mieux fsnbsp;conformer a Ia figure de eet organe ; deux petitesnbsp;appendices latéraleS fervent a embraffer les joues.

PI. 6, Ön voit tout cela dans la fig. , qui n’a pa^ %- 33’befoin d’autre explication.

Le chevalier Morland dit avoir fait faire de ces trompettes parlantes de plufieurs grandeurs ; feja-voir, une longue de 4 pieds amp; demi , par la-quelle on fe faifoit entendre a 500 pas géonrétrr-ques; une autre , de 16 pieds 8 pouces, fe faifoitnbsp;entendre a 1800 pas ; une troifieme enfin , de i4nbsp;pieds, c[ui portoit le fon a plus de 2500 pas.

Nous ne dirons pas coinmeM. Ozanam , pout expUquer eet effet, que les tuyaux fervent gé'nbsp;néralement a renforcer Taftivité des caufes natit-relies ; que plus ils font longs , plus cette énergienbsp;eft augmentée; amp;c. car ce n’eft pas la parler ennbsp;pbyficien ; c’eft prendre l’effet pour la caufe.nbsp;faut raifonner avec plus de précifion.

L’air eft un fluide élaftique , amp; tout fon qu* y eft produit fe répand circulairement amp; fphéri'nbsp;quement a l’entour du lieu oil il eft produit. Stnbsp;done 1’on parle a 1’extrémité d’un long tuyaU gt;nbsp;tout le mouvement qui feroit communiqué a unenbsp;fphere d’air , par exemple de 4 pieds de rayon , eftnbsp;communiqué a un cylindre ou plutót un cönsnbsp;d’air, dont la bafe eft le pavilion. Si ce cdne eft 1nbsp;par exemple, la 100® partie de la fphere entiet®nbsp;de même rayon , c’eft a peu prés comme ft l’nf*nbsp;avoit parlé 100 fois aufli fort dans un air libre : onnbsp;doit done entendre a une diftance 100 foi^ auö*nbsp;grande.

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Physique.

ï-e cornet acouftique , inftrument fi utile pour fourds, ell a peu prés I’inverfe du porte-voix.nbsp;raffemble dans le conduit auditif toute la quan-de fon contenue dans fon pavilion , ou ilnbsp;^iigmente le fon qui eft produit a fon extrémité ,nbsp;ftans un rapport qui eft a peu prés le même quenbsp;^slui de cette extrémité au pavilion. Si, parnbsp;^Xemple , le pavilion a 6 pouces de diametre, Scnbsp;^ Ouverture qu’on applique a 1’oreille 6 lignes , cenbsp;^oi donne en furface le rapport de i a 144 , lenbsp;fera augmenté 144 fois, ou a peu prés; car jenbsp;crois pas que ce rapport fuive précifément 1’in-^erfe des étendues. II faut convenir que fur celanbsp;‘acouftique n’eft pas encore auffi avancée quenbsp;^’optique.

Rem ARq_u E.

L’expÉRIENCE a appris, amp; c’eft un fait, Quelle qu’en foit la raifon , que le fon renferménbsp;dans un tube fe propage a une diftance incompa-^blement plus grande que dans fair libre. Le P-^ircher rapporte quelque part, que les ouvriersnbsp;^ui travaillent dans les fouterrains des aqueducsnbsp;'^e Rome, s’entendent a la diftance de plufteursnbsp;'Uilles.

Si Ton parle, meine fort bas, a Textrémité ft’un tuyau de quelques pouces de diametre , celuinbsp;‘loi aura I’oreille a 1’autre extrémité , entendranbsp;diftinéiement ce qu’on aura dit, quel que foit lenbsp;Sombre de circonvolutions de ce tuyau.

Cette obfervation eft le principe d’une machine ^•11 furprend beaucoup les gens médiocrement inf-‘•¦uits. On place une figure en bufte fur une table ;nbsp;*Oais de I’une de fes oreilles, ou de chacune , onnbsp;Conduit a travers l’épaifTeur de la table 5c un de

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258 Récbéat. Mathémat. et Phys. fes pieds, uii tuyau qui perce Ie plancher, amp; VSnbsp;aboutir dans 1’appartement Inférieur ou lateral*nbsp;Un autre tuyau part de Ia bouche , amp; va aboutifnbsp;par un chemin femblable dans Ie même appartement. On dit a quelqu’un de faire a cette figurenbsp;une queftion en lui parlant bas a I’oreille ; la per-fonne qui eft de concert avec celle qui montrenbsp;la machine , ayant fon oreille appliquée a l’ex-trémité du même tuyau , entend fort bien cenbsp;qu’on a dit : elle fait alors a l’embouchure denbsp;I’autre tuyau, une réponfe qu’entend a fon ioutnbsp;1’auteur de la queftion. Enfin , ft par quelqu®nbsp;moyen mécanique on a donné en même temps uHnbsp;mouvement aux levres de la machine, les ignorants font extrêmement furpris, amp; tentés de croirenbsp;a Ia magie. II n’y en a pourtant aucune, alnftnbsp;qu^on Ie voit.

PROBLÊME LXVIII.

Dans h jeu du Ricochet, quelle ejl la caufe qu^ fait remonter la pierre au dejfus de la furfacenbsp;de l*eaUf apresy avoirplongé}

Rien n’eft plus connu amp; plus commun que 1® jeu appelé Ricochet, puifqu’il eft peu de jeune*nbsp;gens qui, fe trouvant fur Ie bord d’une eau un pei*nbsp;étendue, ne s’amufent a ce petit jeu. Mais 1*nbsp;caufe de ce rebondiflement de la pierre , apr^*nbsp;avoir touché la furface de 1’eau, n’en a pas moiti*nbsp;quelque chofe qui ne fe préfente pas d’abord ^nbsp;l’efprit; amp; même, Ie dirons-nous ? il y a de*nbsp;phyficiens qui s’y font mépris, en attribuant ce^nbsp;effet a l’élafticité de 1’eau. Comme 1’eau n’a aü'nbsp;enne élafticité , il eft évident que leur explicatie**nbsp;eft vicieufe.

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;V9

Ce rebondilTement tient neanmo'ins a une caufe approche affez de Télafticité. C’eft I’effort quenbsp;font les colonnes d’eau, enfoncees par le choc ,nbsp;pour fe relever amp;c reprendre leur place , par unenbsp;fuite de Tequilibre qui doit régner entr’elles amp; lesnbsp;’'^olfines. Mais entrons dans une analyfe un peUnbsp;plus approfondie de ce qui fe paffe en cette oc-^^lion.

Lorfque la pierre, qui doit être plate , eft lan-'^ée obliquement a la furface de I’eau , amp; dans le fens de fon tranchant, il eft evident qu’elle eftnbsp;portee de deux mouvements qui fe compofent,

^ Un horizontal qui eft le plus vite, amp; 1’autre ver-^ical qui 1’eft beaucoup moins. La pierre , arrivee ^ la furface de I’eau , la choque par 1’effet de cenbsp;^srnier feulement, amp; elle enfonce un peu la colonne d’eau qu’elle rencontre ; ce qui produit unenbsp;^^fiftance qui affoiblit ce mouvement vertical ,

’’''ais fans le detruire encore : elle continue a plonst'' en enfonqant d’autres 'colonnes ; d’ou il ré-^ulte de nouvelles réfiftances qui anéantiffent enfin mouvement en ce qu’il a de‘vertical. La pierrenbsp;®ft alors parvenue a la plus grande profondeurnbsp;¦^u’elle puiffe atteindre , 6c elle a du decrire né-teffairement une petite courbe , dont la conve-^'té eft oppofee au fond de I’eau , comme on pj ^nbsp;'’oit dans la fig. 34 .• mais dans le merne temps fig. 54.nbsp;fpn mouvement, en ce qu’il a d’horizontal, n’anbsp;ou prefque rien perdu. D’un autre cote , lanbsp;’¦olonne enfoncee par le choc de la pierre , réagitnbsp;pontr’elle , forcee par les colonnes voifines ; d’ounbsp;o réfulte un mouvement vertical, qui eft imprimenbsp;^ la pierre, amp; qui fe combine avec le mouve-|pent horizontal qui lui refte. Il doit done en ré-hllter un mouvement oblique tendant en hautj

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140 Récréat. Mathémat. Et Phys. c’eft celui qui fait rebondir la pierre de deffusnbsp;l’eau , en lui faifant décrire une petite parabolsnbsp;fort applatie, a la fin de laquelle elle frappe encorenbsp;l’eau fort obliquement; ce qui produit un fecondnbsp;bond , puis un troifieme , un quatrieme , amp;c. quinbsp;vont toujours en diminuant d’étendue amp; de hauteur, jufqu’a ce que Ie mouvement foit tout-a-faitnbsp;anéanti.

PROBLÊME LXIX.

Ze mécanifmz du Oirf-volant: Diverfamp;s qmjlioni amp; recherches fur ce jeUi

Tout Ie monde connoit l’amufement du cerf-volant, petite machine fort ingénieufe, Sc dans laquelle delate un mécanifme trés - adroit. Ce-pendant on s’étonnera peut - être de ce qu’unnbsp;objet de cette nature a pu faire Ie fidet d’un mé-moire académique ; car on en lit un fur Ie cerP“nbsp;volant parmi ceux de l’Académie de Berlin, annéenbsp;1756. Mais cette furprife ceffera, quand on fqauranbsp;que M. Euler Ie fils étoit dé)a profond géometrSnbsp;a un age ou la plupart des jeunes gens ne voientnbsp;dans un cerf-volant qu’un objet d’amufement -ainfi II étoit difficile qu’il ne fut pour lui un fujetnbsp;de méditation. II préfente en efFet plufieurs quef'nbsp;tions curieufes , Sc même, pour la plupart, iiU'nbsp;poffibles a traiter fans une analyfe profonde. Onnbsp;peut done regarder , fi 1’on veut, ce Mémoire gt;nbsp;comme les juyenilia d’un grand géometre. NoU*nbsp;ne Ie fuivrons pas dans fes calculs profonds ; noU*nbsp;nous bornerons a traiter la matiere d’une manief^nbsp;moins exafte , Sc plus facile a entendre.

Le cerf-volant eft, comme 1’on ft^ait, une face plane, Sc légere autant qu’il eft poftib'®’

abcpgt;

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;241

ABCD , talllée en rhombe irrégulier , c’eft-^-dire foritiée de deux triangles BAC gt; BDC, dans lef- PI-^uels l’angle A du premier eft beaucoup plus%3S,*nbsp;S^and que Tangle D du fecond. Du coté A eft lanbsp;D eft la queue , a laquelle on attache or-'^jnairement un long fil garni de floccons de pa-P'st: on en met auffi de beaucoup plus courts auxnbsp;^¦igles B amp; C ; ce qui fait que la petite machine,

®lant élevée, préfente de loin Ie fpeétacle d’un ^ifeau monftrueux qui fe balance dans les airs anbsp;* aide de fes ailes amp; de fa queue.

A un point de Taxe AD, amp;c vers Ie point E, eft ’hachee une ficelle de quelques centaines de piedsnbsp;longueur, amp; qui s’enroule fur un baton , pournbsp;'’lacher ou la retirer fuivant Ie befoin. Mais cettenbsp;*^lt;5rde a befoin d’être attachée au cerf-volant d’unenbsp;‘^ertaine maniere ; car il faut, 1° que d’un pointnbsp;la corde , volfin de fon attache , partent deuxnbsp;autres petites cordes allant aux point B amp; C, pournbsp;^tnp^cher la machine de tournet fur Taxe AD.

Du méme point de la corde doit partir une ’ütre petite corde allant a un point voifin de lanbsp;A , enforte que Tangle fonné par la cordenbsp;’vee Taxe A B fqit aigu du cóté de A, amp; invariabele ; on en fait même pafler une quatrieme de cenbsp;Point de la corde a un point voifin de D.

Les chofes ainfi préparées , quand on veut *’'ettre Ie cerf-volant au vent, on fait tenir lanbsp;^otde a quelqu’un , amp; a quelques toifes de dif-J’oce ; on expofe la furface inférieure au vent, ennbsp;^’chant Ie cerf-volant en Tair. Celui qui tient lanbsp;*^orde fe met auffi-tót a marcher avec rapi-^ité contre Ie vent, afin d’augmenter Taéfion denbsp;air fur cette furface. Si Ton éprouve une réfif-tance confidérable , on lache un peu amp; fucceffi-TomtlV,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Q

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141 Récréat. Mathémat. et Phys. vement la corde, amp; Ie cerf-volant s’éleve : il lufquot;nbsp;fit de figavoir bien gouverner, en lachant ou retiquot;nbsp;rant ia corde a propos; la lachant lorfque, patnbsp;FefFort qu’on éprouve, on jiige que Ie cerf-volantnbsp;peut s’élever encore; la retirant quand on Ie fentnbsp;mollir. Un cerf-volant bien fait, peut, dans uonbsp;lieu amp; un temps favorables, s’élever a 3 ou 4OOnbsp;pieds amp; même davantage.

Pour analyfer ce jeu, amp; reconnoitre ce qui s’y paffe, imaginons que AD repréfente 1’axe du cerf'nbsp;volant, auquel eft attachée la corde EC , retenuenbsp;en C par la perfonne qui Ie manoeuvre. L’angl®nbsp;Pb 6, AEC dolt être aigu. Que VE foit la direftion dunbsp;vent, dont nous fiippofons tous les filets réunisnbsp;en un feul, agiffant fur Ie centre de gravité de lanbsp;furface du cerf-volant, amp; que ftous fuppoferons,nbsp;pour fimplifier , ne pas différer de celui du corpsnbsp;même , ou en être fort prés.

Que FE repréfente Ia force avec laquelle Ie vent auquel Ie cerf-volant eft expofé, choque-roit perpendiculairement fa furface ; qu’on tire EOnbsp;perpendiculaire a cette furface , amp; qu’on menenbsp;FG perpendiculaire a EG; qu’on faffe enfin EEnbsp;troifieme proportionnelle a EF amp; EG, amp; qu’onnbsp;mene LM parallele a GF ; alors EL repréfenternnbsp;la force avec laquelle Ie vent choque la furfacenbsp;inférieure du cerf-volant dans Ie fens perpendicU'nbsp;laire , amp; LM fera l’effort que ce choc exercernnbsp;dans Ie fens ML ou AED.

Nous remarquerons d’abord que, par ce det' nier, Ie cerf-volant tendroit a être précipité cnnbsp;bas; mais l’angle AEG étant aigu, il en réfult^nbsp;un effort dans Ie fens EA, qui contre-balance 1®nbsp;premier: fans cela Ie cerf-volant ne pourroit f^

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;z45

^outenir ; Sc telle eft la raifon pour laquelle cet ^ngle doit neceflairement étre aigu.

Prenons maintenant EH égale a EL; 6c me-nant El perpendiculaire a I’horizon, Sc HI perpendiculaire a EH, nous aurons deux nouvelles forces, dont Tune IH agira dans le fens ED , Scnbsp;fendra a precipiter le cerf-volant; mats elle eftnbsp;^néantie , ainfi que la premiere ML , par la puif-fance en C , qui tire felon 1’angle oblique AEC.nbsp;L’autre El, fcra celle qui tendra a faire monter Ienbsp;Cerf-volant dans le fens vertical.

Ainfi , fi la force El eft plus grande que le poids du cerf-volant , il fera élevé en 1’air ; Sc fi 1’oanbsp;fnppofe que I’extremite de la ficelle foit fixe en C ,nbsp;tournera autour de ce point C en s’elevant ;nbsp;•Hais en tournant ainfi , il arrivera neceffairementnbsp;Clue le vent cboquera avec plus d’obliquite la fur-fsce AB ; enforte qu’il y aura enfin équilibre. Lenbsp;Cerf-volant ne s’elevera done pas davantage, anbsp;^^loins qu’on ne lache la ficelle ; car alors il s’ele-^cra parallelement a lui-meme ; Sc comme ennbsp;^riontant il rencontrera un air plus libre Sc unnbsp;Vent plus fort, il tournera encore un peu a Pen-tour de Tangle C, ou Tangle C deviendra plusnbsp;grand Sc plus approchant du droit.

Tel eft le mécanifme par lequel s’eleve le cerf-Volant. Il eft aifé de voir qu’on peut, connoiflTant viteffe du vent, la furface Sc le poids du cerf-'^olant, ainfi que la grandeur conftante de Tanglenbsp;, determiner la hauteur a laquelle il s’elevera.

Une queftion qui fe prefente naturelleinent ici, eft, Quelle grandeur doit avoir r angle AEF, pournbsp;9“^ petite machine s'ileve avec plus de faciUte ?nbsp;Nous n’en donnerons pas 1’analyfe ; nous nous

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144 tlÉCRÉAT. MATHÉMAT. ET PhYS. bornerons a dire qu’en fuppofant Ie vent horizon*nbsp;tal, il faut que eet angle foit de 54° 44', c’eft-a-dire Ie même que celui que doit faire Ie gouver-nail d’un vaiffeau avec la quille, pour Ie fairenbsp;tourner avec Ie plus de facilité , dans la fuppofiquot;nbsp;tion oü les filets d’eau qui Ie choquent auroientnbsp;une direftion parallele a la quille.

Nous remarquerons ici qu’il n’y a pas une ne* ceffité abfolue que Tangle AEC foit invariable , amp;nbsp;determine a être tel par une petite ficelle attachéenbsp;d’un point de CE a un point voifin de la tête;nbsp;mais il faut alors que Ie point d’attache E de cettenbsp;ficelle au cerf-volant, ne foit pas Ie même que Ienbsp;centre de gravité de la furface du cerf-volant, amp;nbsp;que ce centre de gravité foit Ie plus loin qu’il Ienbsp;pourra vers Ie centre de la queue D. C’eft pournbsp;cette raifon que Ton ajoute a ce point D un filetnbsp;garni de floccons.de papier, qui retire ce centrenbsp;de gravité vers Ie point D. Sürement ceux quinbsp;s’amufent du cerf-volant n’y ont pas été conduitsnbsp;a priori: Torigine de cette appendice a été Tenvienbsp;de donner a la petite machine Tair d’un oifeau anbsp;longue queue , fe balanqant dans les airs. Mais Ienbsp;hazard les a fort heureufement fervis; car M, Eulefnbsp;a trouvé, par un calcul dont il n’eft pas pofliblenbsp;de donner ici même Tidée, que cette petite queuSnbsp;contribue beaucoup a faire élever Ie cerf-volant*nbsp;Au refle ce petit jeu , tout frivole qu’il eft»nbsp;préfente encore quelques autres confidération*nbsp;mécaniques qui exigent beaucoup d’adrelTe amp; uonbsp;calcul fort compliqué ; mais on nous permettf*nbsp;de nous bomer a renvoyer au Mémoire denbsp;Euler Ie flls, cité plus haut.

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;14 j

Remarque.

On peut, en obfervant toiitefois les regies cl-^sffus, donner a cette machine plufieurs figures '^'fférentes, comme celle d’un aigle , d’un vau-^our, amp;c. Je me fouviens d’avoir vu un cerf-'^olant repréfentant un homme. II étoit fait denbsp;^oile taillée amp; peinte pour eet efièt, amp; attac-héenbsp;‘Urun chaffis léger, conftruit de maniere a foute-^snir tous les contours de la figure. EUe étoitnbsp;^toite , amp; paroiflToit vêtue d’une efpece de gilet.

bras difpofés en anfes de chaque cóté de fon ^orps , amp; fa tête ornée d’un bonnet terminênbsp;®ngulairement , favorifoient I’afcenffon de la ma-‘-fiine , qui, étant a terre , avoit environ 11 piedsnbsp;haut; mais , pour en faciliter Ie tranfport, onnbsp;Ppuvoit la plier en deux par Ie moyen de char-’^•eres adaptées au chaffis. Celui qui’ guidoitnbsp;efpece de cerf-volant , parvint a 1’élever,nbsp;•Juoique dans un temps affezcalme, a prés de ^00nbsp;P^eds ; Sc une fois élevé, il te fbutenoit en 1’air ,nbsp;®n ne donnant qu’un léger mouvement au cor-'ieau. La figure avoit alörs un balancement fem-igt;Iable celui d’un homme patinant fur la glace,nbsp;t’illufion que caufoit ce petit fpeftacle, qui nenbsp;fumble d’abord fait que pour récréer des écoliers,nbsp;laifldit pas d’attirer 8c amufer un grand nom-de. curieux.

PROBLÊME LXX. la Baguette divinatoire; ce quon en doltnbsp;penfer.

^ovs ne parlons ici de la baguette divinatoire, que parceque cette illufion ou ce charlatanifme ,nbsp;phyfique a fait trop de bruit pendant un temps,

Q iij ^

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146 Récréat. Mathémat. et Phys.

pour ne pas exciter la curiofité du lefteur, amp; qu’il s’attend fans doute a trouver dans un ouvragenbsp;tel que celui-ci, au moins quelques mots fur cettenbsp;matiere. Sans ce motif, de pareils délires nousnbsp;paroiflent trop méprifables amp; trop au delTous denbsp;la philofophie de ce fiecle , pour que nous leurnbsp;euflions donné ici la moindre place.

La baguette divinatoire n’eft autre chofe qu’une fourche de bois de coudrier, dont les deux branches doivent avoir ou i8 pouces de longueur,nbsp;amp; faire entr’elles un angle de 30 a 40 degrés. Onnbsp;en prend les deux branches dans les mains amp;Cnbsp;d’une certaine maniere , en plaijant Ie tronc ou Ienbsp;milieu en l’air. On pretend que quelques per-fonnes font douées d’une teüe propriété , que,nbsp;tenant ainfi cette baguette ehtre les mains, ellenbsp;tend , par un mouvement violent, a abailTer fonnbsp;tronc en bas , lorfqu’on eft a proximité d’uhenbsp;fource, de métaux précieux renfermés dans Ie feinnbsp;de la terre , d’un argent vole, amp;c. dirons-nousnbsp;fans une forte de confufion pour 1’efprit humain ?nbsp;on a été jufqu’a dire qu’elle tournoit fur les tracesnbsp;de gens criminels , voleurs ou affaffins. On vit,nbsp;dit'On, en 1691 ,lefameux Jacques Aymar fuivrenbsp;de cette maniere, depuis Lyon jufqu’a la foire denbsp;Beaucaire , deux hommes qui en avoient aflaffinénbsp;un autre dans la premiere de ces villes , tracernbsp;leur marche amp; leur féjour d’auberge en auberge gt;nbsp;les trouver enfin a Beaucaire , ou ils furent arrê-tés, amp; firent 1’aveu de leur crime. La célébritenbsp;de eet homme fit qu’on voulut Ie voir a Paris »nbsp;mais il y parut moins merveilleux que Ie long denbsp;la c6te du Rhone; amp; après quelques épreuves denbsp;fon art fmgulier qui réufllrent mal, il fut renvoyénbsp;baffoué comme il Ie méritoit. Jl n’y a même pa*

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;147

«apparence que la juftice des pays meridionaux royaume I’ait davantage employe a fuivre lesnbsp;‘^’quot;•minels fugitifs; car on ne trouve plus un feulnbsp;concernant cet homme dans 1’hiftoire de cenbsp;^®nips: on dit même que , malgre fa célébrité, ilnbsp;^ourut dans la mifere. II y a apparence qu’ilnbsp;®Voit été témoin du crime commis par les deuxnbsp;l^élérats; que, voulant fe faire un grand nom dansnbsp;: art de faire tourner la baguette , il les avoit fuivisnbsp;lufqu’a Beaucaire, ou il avoit fqu leur projet d’ynbsp;*'efter pendant la foire; qu’il étoit retourné fortnbsp;'’ïte a Lyon pour annoncer fon fecret, 8c lesnbsp;^Voit fuivis ainli a la pide. Il faut du refte regar-comme des contes ce qu’on ajoutoit, fqavoir,nbsp;qu’il reconnoiffoit les verres ou ils avoient bu ,nbsp;^es couteaux qui leur avoient fervi, 8cc.

Comment des têtes organifées pour être rai-^onnables , ont-elles pu penfer qu’une aófion qui que moralement mauvaife, ait pu imprimernbsp;quelque qualite phyfique aux auteurs de cettenbsp;^ftion? que I’aflaflln d’un homme, ou un argentnbsp;'’olé , fade plutot tourner la baguette que celuinbsp;qui a tué un mouton, ou que de 1’argent liinple-«Tient déplacé ? Il faut être imbécille pour adopternbsp;de pareilles rêveries.

Aufli quelques phyficiens, encore bien crcdu-^6s, ont-ils borné la propriété de la baguette di-^’inatoire a tourner a la proximite des trefors , c eft.^.fjire des maffes confiderables d’or ou d’ar-^nt , des fontaines ou des amas d’eaux, 8cc.nbsp;* out comme, difent-ils, Faimant agit fur le fernbsp;par des particules invifibles , de même ces corpsnbsp;peuvent , par une emanation particuliere , agirnbsp;fur le.bois de la baguette, ou les bras de celui quinbsp;s en fert, amp;c. On peut voir ce beau raifonnement

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Récréat. Mathémat. et Phys.

€sC vingt autres dans Ie livre de la Baguette divinti' toire , par l’abbé de Vallemont, homme qui nc-toit pas fans connoiflances , maïs crédule, amp; pr^*-a adopter tout ce qui avoit quelque chofe de mei',nbsp;veilleux,

Le P. Kircher, autre homme célebre , mais guere moins entiché de l’amour du merveilleux , 6^nbsp;fouvent dupe ou crédule, a auffi taché de conci'nbsp;lier avec la faine phyfique les merveilles préten'nbsp;dues de la baguette divinatoire : il a fait poulnbsp;cela quelques experiences. Par exemple , il for-moit une baguette ou verge droite , dont unenbsp;moitié étoit de fel gemme amp;c l’autfe de bois ; ilnbsp;la mettoit en équilib.re , amp; 1’expofant a la vapeuCnbsp;d’une dilTolution de fel marin échauffé , il remar-quoit que fa moitré faline s’inclinoit; d’oii il con-cluoit qu’une pareille baguette , portee au defluSnbsp;d’une mine de fel, pourroit 1’indiquer en perdantnbsp;l’équilibre, Ce raifonnement étoit pitoyable , carnbsp;la mine de fel n’exhale pas des vapeurs commenbsp;une eau échauffée; mals en le fuppofant, c’eft denbsp;1’eau pure qui forme ces vapeurs , amp; Kircher eiitnbsp;éprquvé la mé me chofe en expofant fa baguettenbsp;mi-partie a la vapeur d’une eau pure. Mais ce fe'nbsp;roit du temps perdu que de dlfcuter ces fottifes ^nbsp;qui ne font plus que la vaine pature de quelquesnbsp;efprits crédules , amp; induits en erreur par des fri*nbsp;pons.

On doit mettre au même rang les prëtendue* merveilles du nommé Parangue , qu’on vant*nbsp;beaucoup, il y a fix ou fept ans, dans les pm'nbsp;vinces mérldionales du royaume. II étoit, di*'nbsp;on , doué de la propriété merveilleufe *1®nbsp;voir dans les entrailles de la terre les eaux coU'nbsp;rantes, même a une très-grande profondeur •, ^


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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;245

traqoit Ie cours ; il difoit a peu prés a quelle profondeur elles étoient. Les nouvelles venues denbsp;pays annonqoient chaque jour un nouveaunbsp;qui atteftoit cette prodigieufe faculté ; on fitnbsp;•^ême des livres ou l’on tachoit d’expliquer com-•rrent il étoit poffible que fes yeux vilTent 1’eaunbsp;fians les entrailles de la terre: car, pour rendre cettenbsp;fiaculté encore plus merveilleufe , on vouloit qu’ilnbsp;''tt réellement, amp; dans toute I’étendue du terme,nbsp;^es objets fouterrains. Mais ce petit charlatan n’eutnbsp;pas Ie même honneur que Jacques Ay mar, fqa-¦Voir, d’être appelé a Paris ; on Ie laifia exécuternbsp;les merveilles dans la province qui l’avoit vunbsp;tiaïtre , oü il ne fut pas méme long-temps utinbsp;grand prophete, non plus que dans les provincesnbsp;'^oifines. Montelimart eft la ville oü il a fur-toutnbsp;fait fes plus grands miracles; mais il en a , dit-on ,nbsp;coüté quelque argent a fes magiftrats municipaux ,nbsp;Pour avoir, fur la parole du petit Parangue, faitnbsp;creufer affez profondément pour trouver unenbsp;fource. Les partifans du petit charlatan ont ditnbsp;tju’on s’étoit découragé trop tót, amp; que tót ounbsp;tard on auroit trouvé de 1’eau. Nous Ie croyonsnbsp;aulfi : la prophetic, entendue de cette maniere ,nbsp;ne peut manquer de fe verifier.

J’ai ouï dire qu’on voit aujourd’hui, a peu prés fians Ie même pays , un autre charlatan qui trouvenbsp;eaux cachées, d’une autre maniere. On Ie pro-J’^^ne dans les lieux oü l’on en foupqonne ; êcnbsp;'orfqu’il paffe deffus, il reffent un accés violentnbsp;fievre, qui ne ceffe que quand il a dépaffé lanbsp;fource. Credat Judaus Apdla.

^ Les folies des hommes femblent ne faire que fe repeter. On avoit vu aLisbonne, vers 1738,nbsp;Une femme qui avoit bien «ne propriété plus

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4^0 Réckéat. Mathémat. et Phys. extraordinaire que cel’e de Parangue. Dès 1’agffnbsp;de 5 ans elle avoit vu un enfant dans Ie ventre denbsp;la cuifiniere de la maifon, amp; 1’avoit dit naïvementnbsp;a fa mere. L’événement juftifia , dit-on , la jeunenbsp;perfonne, dont les talents allerent toujours en fenbsp;perfedfionnant. Arrivée a un certain age , ellenbsp;voyoit dans Ie corps humain comme s’il eüt éténbsp;tranfparent, amp; même elle indiquoit aux médecinsnbsp;les vifceres attaqués de maladie, Une chofe néan-moins remarquable, c’eft qu’elle ne voyoit ainfinbsp;dans Ie corps humain que lorfqu’on étoit deshabille, Mais quoique quelques habits légers lui in-terceptaflent la vue de ce qui étoit au-dela , ellenbsp;ne laiflbit pas, dit-on, de voir a de grandes pro-fondeurs fous terre. C’eft ainfi que Ie petit Parangue , qui voyoit a travers les rochers, ne voyoitnbsp;pas a travers une planche. Quant a la dame mer-veilleufe de Lisbonne, elle voyoit très-bien, amp;nbsp;méme lifoit a travers une planche d’un pouce d’é-paifTeur. Un jour, étant encore enfant, amp; fe pro-menant, elle vit un mineur fous terre. On trouvanbsp;qu’en effet il y en avoit un a 6o toifes de profon-deur, On imagine bien qu’elle voyoit l’eau amp;c lesnbsp;foiirces fouterraines, amp; 1’on prétend qu’il y a unnbsp;grand nombre de puits creufés a Lisbonne d’aprèsnbsp;fes indications. C’eft a elle , dit-on , que l’on doitnbsp;la découverte d’un obélifque cache depuis long'nbsp;temps fous terre , amp; qu’on fit relever pour la decoration de cette ville.

On raconte qu’un religieux de la méme vill^ Teconnoiflbit en tout temps la préfence des eau*nbsp;fouterraines , en regardant Ie foleil a midi. ^nbsp;voyoit, difolt - il, une colonne de vapeurs q^^^nbsp;s’élevoient vers eet aftre.

On lit toutes ces fottifes dans un ouvrage i«*®'

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Physique. nbsp;nbsp;nbsp;151

Mémoires iujlruclifs pour un Voyugeur, Amft, *738 ; Sl les admirateurs du petit charlatan denbsp;^ontelimart n’ont pas manqué de les compiler,nbsp;Ppur prouver que ce qu’on racontoit de ce dernier n’étoit pas impoffible. Ils ne s’appercevoieiltnbsp;P3s qu’ils prouvoient une abfurdité par une plusnbsp;Scande encore.

Mais comment attendre quelque raifonnement bolide de bonnes- gens qui prennent comme unnbsp;^ait, que de la fontaine de Cintra en Portugal fortnbsp;rayon de lumiere dirigé perpendiculairementnbsp;'^ers Ie foleil; que Pon eft guéri de la jauniflenbsp;^Uand on peut voir Poifeau appelé /e Loriot; qu’unnbsp;elephant furieux eft tout-a-coup calmé quand ilnbsp;'^oit un mouton , amp;c. amp;c? Ceux-la font capable*nbsp;de croire qu’on peut voir fans lumiere; amp; Ponnbsp;Pourroit dire qu’eux-mêmes, avec des yeux Scnbsp;de la lumiere , n’y voient guere , du moins desnbsp;y^ux de Pentendement.

Nous bornerons ici ce que noys avon* a dire ^ur la phylique générale, amp;c nous n’imiterons pasnbsp;M. Ozanam ou fon continuateur, en entaffantnbsp;Comme eux une foule de queftions ou d’objetsnbsp;puériles. Nous ne remplirons pas plufieurs pagesnbsp;de Pénumération des propriétés du bois de frêne ,nbsp;^ur-tout coupé au moment précis de Péquinoxe;nbsp;P'^opriétés qui ne peuvent trouver de croyancenbsp;^u’auprès de bonnes-femmes , ou d’hommes 4nbsp;•¦anger dans la même clafle.

Nous ne dirons pareillement rien de la fsmeufe Poudre de fympathie , quoiqu’un homme aflez cé-•ebre du fiecle dernier, (Ie chevalier Digby,) maisnbsp;amateur du merveilleux, Sc partifan de la philofo-phie fpagirique , ait fait beaucoup d’efforts pour

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252 Récréat. Mathémat, et Phys.

lui donner crédit. Ces rêves fe font diffipés a ï* naiffance de la faine philofophie, de même qiiffnbsp;les vains fantómes de la nuit difparoilTent a I*nbsp;lumiere éclatante du foleil.

Cette même raifon nous empêche auffi de rap-porter , comme Ie continuateur d’Ozanam, routes les fottlfes débitées amp; crues par Ie vulgaire fur 1*nbsp;fympathie Sc 1’antipathie de certains corps. Cenbsp;feroit, nous l’avouons, tjuelque chofe d’amufantnbsp;que Ie tableau de routes les abfurdités qu’on a cruesnbsp;fur ee fujet: il montreroit jufqu’oü peut aller 1*nbsp;fotte crédulité des hommes Sc leur penchant naturel a adopter fans examen ce qu’on leur dit, mal-gré les raifons évidentes de doute. Peut-être nousnbsp;amuferons-nous quelque jour de cette hiftoire ;nbsp;mais nous avons en ce moment quelque chofe denbsp;plus intéreffant a faire.

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A

JL-1. JL

mathématiques

E T

PHYSIQUES.

DOUZIEME PARTI E.

¦Öe rAimant ,amp; de fes divers Phenomenes.

DE tous les phenomenes que nous olFre la nature , le magnétifme ou les propriétés de ^’aimant, amp; 1’éleAricité , peuvent être avec raison regardes comine les plus extraordinaires. Cenbsp;aufli ceux fur lefquels les phyficiens font lenbsp;f'us en defaut; car, il faut en faire I’aveu, mal-gre toutes les tentatives d’explications préfentéesnbsp;les plus fqavants phyficiens , on ne connoitnbsp;^ncore (ur ces deux phenomenes guere plus quenbsp;faits. On eft parvenu a ramener quelques-hns de ces phenomenes a certaines hypothefes;nbsp;*hais quand on examine ces hypothefes mêmes ^

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154 Récrêat, Mathémat. et Phys.

d’un oeil dëfintérefTé amp; fans fe faire illufion , otl cft force de convenir de leur peu de folidité, Sinbsp;de reconnoitre qu’elles font fujettes a des difficul'nbsp;tés qu’on ne fqauroit lever, tant qu’on fe feranbsp;regie de ne raifonner que d’après les propriëteSnbsp;connues de la matiere amp; des loix du mouvemenl'nbsp;Peut-étre nos defcendants feront-ils plus heureux»nbsp;aidës du temps amp; des expëriences accumulëes»nbsp;verront ils plus clair fur ces matieres ; peut-étrenbsp;auffi fera-ce a jamais une ënigme impënétrablenbsp;pour l’efprit humain.

Dans cette partie de notre ouvrage, nous novt* bornerons a parler de l’aimant, de fes propriëtës rnbsp;amp; des jeux phyfiques qu’on peut opérer par foUnbsp;moyen. L’ëleëlricitë nous fournira la matiere denbsp;la partie fuivante.

SECTION PREMIERE.

De la nature de l’Aimant.

L’aimant eft une pierre mëtallique, ordinaire' ment grisatre ou noirafre , compaële amp; fort pe'nbsp;fante , qu’on trouve aflez communëment dans le^nbsp;mines de fer. Elle n’afFeéfe aucune forme part*'nbsp;culiere , amp; n’a rien extërieurement qui la dift**’'nbsp;gue des produëlions les plus viles des entraillesnbsp;la terre. Mals fa propriëtë d’attirer Ie fer ou de 1^nbsp;repoulTer , de fe diriger au nord lorfqu’elle a tou^^nbsp;liberté de fe mouvoir, lui donne un rang dift'*’quot;’nbsp;gué parmi les objets les plus linguliers de lanbsp;ture.

Cette pierre n’eft, a proprement parler, qu’i*'^^ mine de fer, mais du nombre de celles

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DE L’AiMANT.

®Ppelle pauvres , parcequ’elles ne contiennent ^ü’une fort petite quantlté de ce métal. Les mé-tallurgiftes modernes font en efïet venus a boutnbsp;tirer du fer. Mais, outre que fa fufion eft très-^ifficile , il y eft en fi petite quantité, qu’il nenbsp;*^édominageroit pas d’une fort petite partie desnbsp;de l’exploitation.

Pourquoi done toutes les mines de fer ne font-^^les pas des alniants? Voila une queftion a la-S^ielle je ne crois pas qu’on ait jamais répondu. Cela vient fans doute d’une combinaifon particuliere du fer avec les parties hétérogenes aux-^Uelles il eft alUé. Peut-être y entre-t-il quelquenbsp;Pfincipe qui n’entre point dans les autres minesnbsp;ce métal; mais nous convenons que ce n’eftnbsp;dire. 11 n’eft pas, au furplus , impoffible quenbsp;chimie découvre quelque jour en quoi confiftenbsp;cette combinaifon ; amp; peut-être notre ignorancenbsp;P'‘ofonde fur les caufes phyfiques de l’aêlion denbsp;^ 3gt;mant, ne vient-elle que de ce que les chimiftesnbsp;font jufqu’a préfent peu occupés de cette pro-^uftion de la nature.

L’aimant étoit autrefois affez rare. Le nom de Gagnés qu’il portoit, tant chez les Grecs que cheznbsp;les Latins, paroit lui venir de la Magnéfie, pro-'^ince de la Macedoine, ou il fe trouvoit en plusnbsp;Sfande quantité , ou qui fournit les premiersnbsp;^'.•nants connus; mais 1’on a depuis trouvé desnbsp;^'’Uants dans prefque toutes les regions de lanbsp;jerre, principalement dans les mines de fer.nbsp;^ gt;fle d’Elbe , fi renommée par les mines de cenbsp;*'^ctal qu’on y exploite de toute antiquité, eft ennbsp;Ppfleflion de fournir les plus gros Sc les meilleursnbsp;^¦mants.

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15Ö Récréat. Mathémat. et Phvs.

SECTION II.

Des propriétés principales de l’Aimant.

Les anciens ne connurent dans 1’aimant que Ta propriété attraftive a l’égard du fer; maïs les mo-dernes en ont découvert plufieurs autres, fqavoir»nbsp;fa communication , fa direftion , fa déclinaifon ynbsp;fon inclinaifon, a quoi nous ajouterons aujour-d’hui fa variation annuelle amp; journaliere.

§. I.

De L'attraclion de VAimant avec Ie fer, ou deS Aimants entr eux.

Premiere Expérience,

\

Qui prouve 1'attraclion de l'Aimant a 1'égard du fer.

Tout Ie monde connoit la propriété attraéllvs de l’aimant a l’égard du fer. Préfentez de la 1gt;'nbsp;mallle de ce métal a une pierre d’aimant,nbsp;même a quelque éloignement, vous verrez cettenbsp;limaille s’élancer fur la pierre amp; s’y attacher. 11 ei^nbsp;lera de même d’un morceau quelconque de fer fnbsp;pourvu qu’il foit peu pefant, comme une aiguille-vous Ie verrez également s’approcher de l’aimant»nbsp;auffi-töt qu’il en feta ^ une certaine proximi*^nbsp;plus OU moins grande, fulvant la force de la pierre-

Cette expérience fe fait encore de cette niere. Sufpendez en équilibre a un fil de fo’^’nbsp;OU mieux encore fur un pivot qui laiffe toute l*'nbsp;berté au mouvement, une longue aiguille de f^f ^

préfente^^

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DE t’AlMANTk

P^efentez-lui un aimant a la diftance de plufietirs Ppuces, même de quelques pieds, fi c’eft un bonnbsp;^imant: vous verrez un des bouts de cette aiguillenbsp;tourner du cóté de l’aimant, jufqu’a ce qu’il ennbsp;^oit Ie plus prés , amp; s’arrêter dans cette fituation ;nbsp;^nforte que lii l’aimant change de pofition, 1’ai-Suille Ie fuivra continuellement. Si l’aiguille denbsp;nageoit fur l’eau, ce qui eft aifé a faire, en lanbsp;Pofant fur un petit fupport de liege , non-feule-elle tournera un de fes bouts vers l’aimant,nbsp;’’’ais elle s’en approchera jufqu’a ce qu’elle Ienbsp;^^uche.

Toutes ces mêmes chofes arriveront, y eüt-il ^ntre deux une lame de cuivre , de verre , une-Planche de bois, tels corps enfin qu’on voudra,nbsp;^Utre néanmoins que du fer ; ce qui prouve quenbsp;® vertu magnétique n’eft point interceptée parnbsp;*ous ces corps , a 1’exception de ce dernier,

, Si done la vertu magnétique eft produite par corpufcules agités Ou mis en mouvement d’unenbsp;’J’aiiiere quelconque, il faut que ces corpufculesnbsp;®ient d’une ténuité extréme , amp; du moins biennbsp;apérieure k celle des autres emanations connues ,nbsp;'^^rnme les odeurs, puifqu’ils traverfent fans obf-^^cle tous les métaux, amp; même Ie verre. Que s’ilsnbsp;produifent pas leur effetau travers du fer, c’eHnbsp;'lüe probablement ils y trouvent une ft grande fa-a s’y mouvoir, qu’ils ne paftent pas au-deli ,nbsp;'^’eft ainfi qu’ils fe trouvent interceptés.

11® Experience, Reconnoitre les poles de l' Aimeint.

Plongez un aimant dans de la limaille de fer, l’en retirerez chargé de cette limaille ; maD 'nbsp;Tom IV.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;R

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ajS HÉCRÉAT. Mathémat. et PhVS.

Vous remarquerez qu’il y a deux endroits, a peö prés diamétralement oppofés, oü elle eft beaucoupnbsp;plus ferrée, amp;c cü les petits fragments oblong*nbsp;de la limaille fe tiendront debout, pour ainfi dire fnbsp;tandis que dans les autres parties ils feront couches.

Cette experience fert a reconnoitre les póle* de Taimant. En efl'et toute pierre d’aimant a deuJtnbsp;póles OU deux points oppofés, qui ont, commenbsp;on Ie verra bientót, des propriétés différentesnbsp;particulieres, On donne a l’un de ces points 1®nbsp;nom de pole horéal, amp; a l’autre celui de méridio'nbsp;nal, parceque fi l’aimant eft librement fufpendu,nbsp;Ie premier fe tournera de Im-même vers Ie nord ,nbsp;amp; conféquemment l’autre regardera Ie fud. Cesnbsp;deux points doivent être remarqués dans unfinbsp;pierre d’aimant avec laquelle on fe propofe d®nbsp;faire des experiences.

II Ie EXPÉRIENCE.

Propriétés des póles de VAimant l'un a l'égard dt L'autre.

Ayez une pierre d’aimant dont vous aurez marqué les deux póles , amp; que vous ferez nager fuf 1’eau , en la pofant fur un morceau de liege de 1^nbsp;grandeur convenable ; préfentez au pole boréal d®nbsp;cette pierre Ie pole boréal d’une autre : la premier®nbsp;fera repouffée au lieu d’être attirée; mais elle fet^nbsp;attirée , fi a fon pole boréal on préfente Ie pól®nbsp;auftral de l’autre.

De même , fi au pole auftral de la premiere oU préfente Ie póle auftral de la feconde, la premi®’’^nbsp;fuira; mais elle s’approchera, fi a ce póle auftr®^nbsp;on préfente Ie póle boréal de la feconde.

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DE l‘Aimant. nbsp;nbsp;nbsp;259

Ainfi les póles de même denomination fe re-pQüffent, amp; ceux de différent nom s’attirent.

IVe EXPÉRIENCE.

Produclion de nouvtaux póles dans rAimant.

Coupez une pierre d’aimant perpendiculaire-l'^ent a l’axe paffant par fes deux poles A amp; B; PI. 6, fe formera par la feftion deux nouveaux póles , %• 37»nbsp;que F amp; E ; enforte que fi A étoit Ie polenbsp;®uftral de la pierre entiere , E fera un pole bo-*^^®al, amp; F un póle auftral. Ainfi, par cette biflec-, Ie cóté boréal de la pierre acquerra unnbsp;Pole auftral, amp; Ie cóté auftral un póle boréal.

Re MARlt;IU E s.

I.

Une pierre d’aimant , quelque bonne qu’elle , a moins qu’elle ne foit très-groffe, foutientnbsp;” Peine quelques livres de fer; amp; en general Ienbsp;Poids qu’une pierre d’aimant peut porter, eft tou-lours fort au defibus de fon poids propre. Mals

d

^ont on arme un aimant,

Uout la branche montante Sc applatie ait la même ^^Uteur Sc la même largeur que les faces de 1’ai-

Rlj

V faut d’abord donnet a fon aimant une figure ® prés réguliere , amp; l’équarrir fur les cótésnbsp;font les deux póles, enforte que ces deux cótésnbsp;'^tiTient deux plans paralleles. Formez enfuitenbsp;^ itn fer doux, ( car 1’acier n’eft pas aufli bon , )nbsp;^tix pieces comme vous voyez dans la fig.

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z6q Récréat. Mathémat. et Phys. mant oü fe trouvent fes poles. Ce n’eft , au refte gt;nbsp;que par beaucoup d’elTais qu’on peut trouver l’e-paiffeur la plus convenable de cette branche gt;nbsp;ainfi que la faillie du pied amp; fon épailTeur. Cesnbsp;deux pieces doivent embrafler 1’almant par lesnbsp;deux faces oü font fes p61es, les pieds paffant aUnbsp;deflbus , comme pour Ie fupporter; amp;c enfuitenbsp;on affujettira Ie tout dans cette ütuation , par desnbsp;bandes tranfverfales de cuivre qui entoureroutnbsp;1’aimant, amp; ferreront les branches montantes denbsp;fer contre les faces des poles.

On doit enfin avoir une piece de fer doux , de PI-6, la forme qu’on voit dans la fig- 33, un peu plusnbsp;%• 39-long que n’eft la diftance des deux bandes de fetnbsp;appliquées au póles de l’aimant, amp; dont l’épaif'nbsp;feur excede un peu les faces plates de deflbus lesnbsp;pieds de 1’armure. Quant a la hauteur , il faut ePnbsp;fayer la plus convenable. Cette piece fera perc^e fnbsp;vers fon milieu , d’un trou auquel fera attaché unnbsp;crochetjpoury fufpendre Ie poids que doit fuppot'nbsp;Fig. 40. l’aimant. On voit dans la fig. 40 , une pierrönbsp;armee; amp; elle fuffira, fans autre explication, poutnbsp;en concevoir tout Ie mécanifme amp; l’arrangement'

Une pierre étant ainfi armee , foutient unpoidt incomparablement plus grand que non armée»nbsp;Ainfi une pierre de z a 3 onces foutiendra parnbsp;moyen 50 a 60 onces de fer, c’eft-a-dire viuê^nbsp;.ü trente fois fon poids.

Lemery dit avoir vu un aimant de la groffeut d’une pomme médiocre, qui portoit 22 livrei'nbsp;On en a vu une qui pefoit environ 11 onces, ^nbsp;qui portoit jufqu’a 2.8 livres. On en voiiloit lt;)00^nbsp;livres. M. de la Condamine , de l’Acadéfn',®nbsp;royale des Sciences, en pofledoit une qui lui avqi^'nbsp;été donnée par M. de Maupertuis : elle eft, 1®

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DE l’Aimant. nbsp;nbsp;nbsp;ï^r

^rols , celle qui porte Ie plus grand polds connu, ne me fouviens plus de fes dimenfions amp; de’nbsp;poids, qui n’étoient pas bien confidérables ;nbsp;je crois me rappeler lui avoir ouï dire qu’ellenbsp;Portoit foixante livres.

On a examine s’il y a d’autres corps que Ie fer ^ui foient attirés par l’aimant; mais il ne paroitnbsp;pas qu’il y en ait aucun autre. On Ut cependantnbsp;dans M. Mufchenbroeck , qu’on a trouvé que 1’ai-öiant agiflbit fur une pierre qu’il appelle lougli-^eagh. Nous ne fc^avons ce que c’eft que cettenbsp;pierre. C’eft probablement quelque mine de fer oü.nbsp;?e nnétal eft peu minérallfé.

II rapporte dans fon Cours de Phyjique expéri^ dentale ^ chap, vij, les efiais qu’il a faits fur beau-coup de matieres différentes, pour s’aflurer fi ellesnbsp;^toient attirables par l’aimant. II a trouvé que ,nbsp;Pans aucune préparation, cette pierre attire la tota-lité OU beaucoup de parties dans diverfes fortes denbsp;fables 8c terres dont il fait 1’énumération ; qu’il ynbsp;en a plufieurs autres qui ne préfentent des par-ticules attirables en tout ou en partie a l’aimant,nbsp;^u’après avoir éprouvé l’aftion du feu, en les fai»nbsp;fant rougir amp; bruler avec du favon, du charbon-de la gralffe ; après quol, dit-il, elles font atti-^^bles a l’aimant avec prefque autant de force quenbsp;limaille de fer : telles font, ajoute-t-il, lesnbsp;^^’¦tes dont on fait les briques , amp;c qui deviennentnbsp;’’ouges après avoir été brülées; différents bols 5cnbsp;fables colorés. II y en a d’autres qui, briilées denbsp;cette maniere, ne préfentent que peu de partiesnbsp;fo-iblement attirables a l’aimant; il en fait aufli

R iij

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^6^ Récréat. Mathémat. et Phvs. une affez longue énumération que nous ëpargne^nbsp;Tons au lefteur.'

On ne fera point furpris de cela, fi l’on rappro-che ces deux faits; Ie premier, que 1’aimant n’at' tire Ie fer que quand il eft dans ion état métalli-que , amp; qu’il n’a aucune aftion fur ce métal lorf-que , par Ie grillage , on 1’a réduit en chaux ou ennbsp;ochre; Ie fecond, que Ie fer ell univerfellementnbsp;repandu dans la nature , amp; qu’il eft prefque dansnbsp;tous les corps, plus ou moins éloigné de fon étatnbsp;métallique , ou , comine on Ie verra dans la fuite ,nbsp;plus OU moins privé de fon phlogiftique. Les corpsnbsp;OU il eft dans fon état métallique, font en tout oUnbsp;en partie attirables a 1’aimant fans préparation ;nbsp;mais dans les autres, Ie fer n’eft attirable qu’aprèsnbsp;avoir été brülé avec des matieres graffes, qui luinbsp;rendent fon phlogiftique amp; fon état métallique.nbsp;Telle eft uniquement la caufe du phénomene dontnbsp;M. Mufchenbroek paroit embarraffé. II ne 1’eütnbsp;été en aucune inaniere, fi la chimie lui avoit éténbsp;auffi familiere que les autres parties de la phyfique.

Un navigateur Anglois a rapporté avoir obfervé que du fuif tombé fur la glace qui couvre unenbsp;bouflble , froubloit l’aiguille aimantée , amp; que Ienbsp;laiton produifoit ie même effet. Si cette obferva-tion eft exafte , il faut en conclure qu’il y avoitnbsp;par hafard quelques particules ferrugineufes dansnbsp;ce fuif amp; dans ce laiton ; car je croi^ qu’on peutnbsp;regarder comme certain que Ie fer feul, dans fonnbsp;état métallique , eft fufceptible d’agir fur l’ai-mant, amp;;d’êtreattlréparlui. ^

Ve Experience,

£-a direSion du courant tnagnétlque,

Mettez fur un carton un aimant nu, amp; jetea

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r» E L’ A I M A N T. nbsp;nbsp;nbsp;i6 5

8Utour de la limaille de fer; frappez alors douce-fur Ie carton : vous verrez toute cette Ij, •taille s’arranger en lignes courbes qui environne^nbsp;•quot;ont l’aimant, amp; qui, fe rapprochant comme lesnbsp;•^eridiens d’une mappemonde, concourront a fesnbsp;poles,

Cette experience favorife 1’opinion de ceux qui Penfent que les phénorrrenes magnétiques dependent d’un fluide qui fort par un des poles de lanbsp;P^erre, amp; entre par 1’autre , après avoir circulé anbsp;*’entour d’elle,

Vle Experience,

Qui prouve raclion mutudk des Aimants amp; du Fer.

Mettez deux aimants, ou un aimant amp; un mor-eeau de fer fur deux petits bateaux de tiege, qus ^ous ferez nager dans un vafe plein d’eau. Aprèsnbsp;3voir dirigé Ie pole feptentrional de l’un vis-a-visnbsp;^’auftral de l’autre , ( fi ce font deux aimants, )nbsp;^bandonnez les deux petits bateaux a eux-mêmes :nbsp;Vous les verrez s’élancer l’un vers l’autre , Ie plusnbsp;foible faifant Ie plus de chemin. II en fera denbsp;»nême fi c’efl: un fiinple morceau de fer préfenténbsp;au póle feptentrional de raimant. Ainfi cette at-ttaftion eft réciproque , amp; l’on peut dire que Ienbsp;attire autant l’aimant que l’aimant attire Ienbsp;Au rede cela doit être nécelTairement, puif-^u’il n’y a point d’aftion fans réartion , amp; quenbsp;•quot;fitte derniere eft toujours égale a la premiere.

Remarque.

M. Mufehenbroek a cherché a reconnoitre en lt;luel rapport décroiflbit l’aélion de l’aimant rela-

R iv

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^64 Récréat. Mathémat, et Phys. tivement aux dlftances, amp; il a cru voir que f*nbsp;force d’attraftion diminue dans une raifon qua-druplée , ou comme les quarrés-quarrés des dif'nbsp;tances. Ainfi , fi a une ligne de diftance une par-ticule de fer eft attirée avec une force commenbsp;lal lignes cette force fera i6 fois ,33 lignesnbsp;81 fois, a 4 lignes 1^6 fois moindre. Peut-êtrenbsp;meme cette aftion diminue-t-elle encore plus ra-pidement; car , dans un vaiffeau de guerre qui eftnbsp;chargé d’une multitude de gros canons de fer,nbsp;on ne s’apperqoit pas qu’ils agiffent fenfiblementnbsp;fur la bouffole. Je crois cependa#it qu’il feroitnbsp;prudent de les eloigner Ie plus qu’il eft pofllble.

S-II.

J?e la communication de la proprièté magnetique.

Le magnétifme, ou la propriété d’attirer Ie fer, de fe diriger vers un certain endroit du ciel, n’eftnbsp;pas tellement propre a l’aimant , qu’elle ne fenbsp;puifte communiquer; maïs on n’a encore trouvénbsp;que le fer ou l’acier qui en foit fufceptible.nbsp;On ne connoiffoit, il y a un demi-fiecle , quenbsp;rattouchement même ou la continuité de la pré-fence d’un aimant qui put produire eet effet;nbsp;mals depuis quelque temps on a trouvé le moyeilnbsp;de rendre un morceau de fer magnetique fansnbsp;aimant, même ces aimants artificiels font fuf'nbsp;ceptibles d’une force qu’ont rarement des aimantSnbsp;naturels. On va détailler ces différents moyenSnbsp;dans les expériences fuivantes,

VII^ Experience,

Maniere i'aimanter.

^yez un aiwant armé ou non armé; palfez R**

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DE L* Aim ANT. nbsp;nbsp;nbsp;365

pieds de 1’armure , ou un dafe poles, fur une '9nie de fer trempé, comme une lame de couteau ,nbsp;^^ais en allant toujours du méme fens, du milieu,nbsp;par exemple, vers la pointe : après un certain nom-de pareilles friftions, la lame -de fer fe trou-aimantée, amp; attirera comme l’aimant lui-Ie fer qui fe trouvera dans fa fphere d’adi-

^'ité.

La même chofe arrivera , fi on laifle pendant long-temps attaché a un aimant un petit morceaunbsp;^’acier allonge: ce morceau acquerra, par fonnbsp;^6)our dans cette fituation, la propriété magné-hque ; il aura des poles comme l’aimant: enfortenbsp;*lue Ie pole boreal fera au bout qui étoit contigunbsp;^11 póle auftral de la pierre; amp; au contraire , s’ilnbsp;fouchoit Ie p61e boréal par un bout, ce bout de-''iendra pole auftral.

VIIIe Experience.

Manure de faire avec des barreaux deader un Aimant artificiel.

Nous allons enfeigner lei Ie moyen de faire ïvec des lames d’acier un aimant artificiel beau-coup plus fort qu’un aimant naturel. Pour eetnbsp;®ffet, prenez une douzaine de lames d’acier trem-Pses, de 6 pouces environ de longueur, de 6nbsp;^’§nes delargeur amp; 2 d’épaifteur. On aura eu foin ,nbsp;®'^3nt de les tremper, de faire a 1’une de leursnbsp;^xtrémités une marque avec un poinqon ou autre-jl^^nt, Difpofez fix de ces lames en une feulenbsp;Lgne droite, en obfervant qu’elles foient en con-jacf, que Jgs bouts marqués foient dirigés versnbsp;Ie nord ; vous prendrez enfuite un aimant armé,nbsp;«Qnt vous poferez les deux póles fur une de ces

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1:^

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i66 Récréat. Mathémat. et Phys,

lames, Ie pole nord du cóté du bout marqué, Se Ie póle fud du cêté du bout non marqué ; vousnbsp;coulerez après cela la pierre fur toute la ligne ,nbsp;commenijant par Ie bout non marqué de la ptC'nbsp;miere, Ct vous réitérerez cette friftion trois oünbsp;quatre fois.

Cela fait, vous 6terez les deux lames du milieu t amp; vous les fubftituerez aux deux des extrémités,nbsp;que vous placerez au milieu ; après quoi vous fe'nbsp;rez glilTer dans Ie même fens la pierre fur les quatrenbsp;du milieu feulement, car il eft fuperflu d’y com'nbsp;prendre celles des extrémités; enfin vous renver-ferez toute la ligne, c’eft-a-dire qüe vous mettre*nbsp;delTus la face qui étoit deffous, amp; vous l’aiman-terez de la même maniere, en ayant foin aufli denbsp;tranfpofer les lames des extrémités ^ la place denbsp;celles du milieu.

Vous aurez par ce moyen fix lames aimantées ^ dont vous ferez deux faiiceaux , chacun de trois»nbsp;Dans cbacun de ces faifceaux, les extrémités nordnbsp;doivent être du même cóté; mais, en adoffaotnbsp;l’un des faifceaux a l’autre , vous aurez foin denbsp;faire que les extrémités nord des lames de Tut’nbsp;s’appuient fur les extrémités fud des autres, CeSnbsp;deux faifceaux doivent fe toucher par leur partJ®nbsp;fupérieure, amp; être féparés de l’autre cóté ; cenbsp;fe fait au moyen d’un petit morceau de boisnbsp;entre deux.

Après cela, difpofez les fix lames auxquell^* on n’a point touché , de la même faqon que 1^®nbsp;fix précédentes, amp; aimatitez-les de la même m®'nbsp;niere, au moyen du double faifceau des prenu®'nbsp;res; c’eft-a-dire en faifant pafler les deux extr^'nbsp;mités nord amp; fud de ce double faifceau fu’’nbsp;nouvelle ligne de lames: vous aurez ces fix lam^^


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DE L’ A I M A N T. nbsp;nbsp;nbsp;167

®'Wantées beaucoup plus fortement que les pre-’’'ieres. Vous referez done une ligne des fix pre-*^*eres, que vous aimanterez de la même faqon Ie double faifceau fait des fecondes; amp; en-, au moyen des premieres, vous aimantereznbsp;nouveau les fecondes, fuivant la méme me-*hode : vous aurez enfin , par ce moyen , des la-d’acier qui porteront jufqu’a 16 fois karnbsp;Poids, amp; même plus.

Ce procédé eft de M. Michell, de la Société ^Oyale de Londres. M- Canton , célebre obferva-kur des pbénomenes de l’aimant, en a auffi en-l^igné un pour Ie même objet. M. Duhamel, denbsp;JAcadémie des Sciences, a pareillement donnénbsp;k fien. Mais on peut voir tout cela dans Ie petitnbsp;kaité fur les aimants artificiels, traduit en franqois ,nbsp;^ imprimé en 1755. Nous ne pouvons pas ennbsp;'‘‘re davantage ; il nous fuffit d’obferver que , patnbsp;*•^5 procédés , Ie plus foible commencement denbsp;’^^gnétifme fuffit pour fe procurer les barres ma-S‘]étiques les plus puifiantes. II n’efl: pas mêmenbsp;j)^ceffaire d’avoir un aimant; car nous allons en-ƒ gner dans l’expérience fuivante , divers moyensnbsp;communiquer Ie magnétifme fans aimant.

IXe Experience.

^''oduire dans um harre de fer la veren magnètïque fans aimant,

fans doute une forte de paradoxe que de P'opofer d’aimanter fans aimant. On y eft cepen-parvenu.au moyen de quelques confidéra-‘ons théoriques fur la nature de l’aimant, amp; furnbsp;^ nianiere dont Ie fluide magnétique. agit fur Ienbsp;®r, Ainfi 1’on n’a pas befoin d’un aimant pournbsp;Produire un commencement de magnétifme ^

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2lt;gt;8 Récréat. Mathémat. et Phys.

qu’enfuite on augmente a un degré très-confidéra' ble par Ie procédé ci-deflus.

MM. Canton, Michell Sc Anthéaume , font leS auteurs de divers moyens employés pour aimanternbsp;fans aimant. Suivant M. Canton , prenez un fout'nbsp;gon, c’eft-a-dire une de ces barres de fer terminéesnbsp;en pointe, qui fervent en Angleterreaattifer Ie feojnbsp;mettez-la verticalement entre vos genoux la pointenbsp;en bas, Sc attachez avec de la foie contre la par-tie fupérieure Sc fuivant fa longueur , une petitenbsp;lame d’acier trempé mou ; enfuite, tenant eetnbsp;appareil de la main gauche avec Ie fil de foie,nbsp;prenez de la main droite la pincette prefque ver-ticalement, Sc avec Ie bout inférieur de cette pincette frottez une douzaine de fois de bas en hautnbsp;cette petite barre: vous lui donnerez par ce moyennbsp;une force magnétique propre a lui faire foutenitnbsp;une petite clef.

M. Michell s’y prend d’une autre maniere, H faut mettre , dit-il, une petite lame d’acier ennbsp;ligne direéle, entre deux barres de fer , dans 1^nbsp;direélion du méridien magnétique, 8c de manierenbsp;qu’elles foient un peu inclinées du cóté du nord,nbsp;on prendra enfuite une troifieme barre , qu’onnbsp;tiendra prefque verticalement, enforte néanmoin*nbsp;que 1’extrémité fupérieure foit un peu inclinée vet^nbsp;Ie midi; on gliffera 1’extrémité inférieure de cett^nbsp;bafre Ie long des trois barres fituées en ligne di'nbsp;reéle , avec l’attention d’aller du nord au fud : ƒnbsp;en réfultera un commencement de vertu magnequot;nbsp;tique dans la lame d’acier.

Voici la méthode de M. Anthéaume, On contquot; mencera par fixer invariablement une planche dati*nbsp;la direftion du courant magnétique , c’eft-a-dir®'nbsp;pour Paris, inclinée d’un angle de 70 degrés

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DE L’ A I M A N T. nbsp;nbsp;nbsp;x6^

''iron a l’horizon, amp; dont la projeflion horizon-, tale en faffe un avec Ie méridien d’environ zonbsp;‘^^grés au moment aftuel; on placera enfuite de

fur cette planche deux barres de fer quarrées,

4 a ^ pieds de longueur, ou même davantage , ^ de I 5 lignes de gros : elles feront limées quarré-ttient par leurs extrémités qui fe regardent, Cha-Cune de ces extrémités doit être garnie d’un petitnbsp;^luarré de tóle de deux lignes d’épaifleur, amp; dé-^ordant la face fupérieure de la barre de la hauteur d’une ligne , limé fur ce coté quarrément,nbsp;pour former au deffus de la barre une efpece denbsp;teffaut OU de talon. Les trois autres cótés de cenbsp;tjuarré de tóle doivent efReurer les faces corref-Pondantes de la barre, Sc être taillés en bifeaunbsp;Ou chanfrein. Enfin 1’on mettra une languette denbsp;^ois entre ces deux armures des extrémités denbsp;oes deux barresl

Cela étant ainfi difpofé , on gliffera fur les ^eux talons cl - deffus décrits , la lame d’aciernbsp;Su’on veut aimanter, en la faifant couler lente-uient d’un de fes bouts a 1’autre , comme 1’onnbsp;aimante une barre de fer fur les deux talonsnbsp;de fon armure : elle prendra un magnétifme affeznbsp;puiffant. M. Anthéaume dit même avolr été fur-pris de voir que par ce moyen il aimantoit, nonnbsp;de petites barres d’acier, comme MM. Canton amp;cnbsp;Michell, mais des barres d’un pied de longueurnbsp;^ de plufieurs lignes d’épaiffeur.

Le même phyficien dit avoir obfervé que les koters de carme ou a la. rafe, amp; 1’acier d’Angle-terre, font les meilleurs pour eet objet; que lenbsp;Ptemier acier réuffit mieux trempé dur a 1’ordi-tiaire , Sc que l’acier d’Angleterre a befoin d’etrenbsp;trempé en paquet ; enfin , que 11 l’on fe content^

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lyo Récréat. Mathémat. ct Phys. de l’acier trempé amp; recuit, toute trempe eft i**'nbsp;différente.

B. E M A R lt;IV E.

II. n’eft pas méme befoin du frottement d’urt fer contre un autre pour produire la vertu magne-tique. On a obfervé qu’une barre de fer tenusnbsp;pendant long-temps dans la direftion du méridielnbsp;magnétique , ou dans une fituation qui en appro'nbsp;che beaucoup, contraéle Ie magnétifme. Un grandnbsp;orage ayant fort endommagé Ie clocher de Notre-Dame de Chartres en 1690 , on en retira desnbsp;barres de fer qui fe trouverent aimantées. Mais cenbsp;qu’il y eut de plus remarquable encore, c’eft qu®nbsp;les morceaux de ces barres qui étoient prefque de-truits par la rouille, étoient d’excellents aimants-L’abbé de Vallemont en donna dans Ie temp*nbsp;rhiftoire, qui fit la matiere d’un petit traité im-primé en 1692.

Gilbert , médecin amp; phyficien Anglois, qu» donna en 1640 un ouvrage fur 1’aimant, avoitnbsp;déja obfervé que de petites barres de fer fervant *nbsp;retenir des vitrages , amp; qui avoient refté pendantnbsp;longues années dans la même pofition du fud a**nbsp;nord , étoient devenues magnétiques. II raconte,nbsp;liv. iij , chap. 13 , que Ie vent ayant courbé un®nbsp;barre de fer qui portoit un ornement fur 1’églif®nbsp;de S. Auguftin de Rimini, lorfque , après 10 ans»nbsp;les reügieux qui delfervent cette églife voulurentnbsp;la faire redreffer, on fut fort furpris de lui troU'nbsp;Ver toutes les propriétés d’un bon aimant.nbsp;Mufchenbroeck rapporte la même chofe de ferrc'nbsp;jnents tirés de la tour de Delft. On lit enfin dan*nbsp;les Mémoires de VAcadémie des Sciences, anné®nbsp;1731, qu’H y avoit a Marfeille une cloche torft'

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DE l’AiMANT. nbsp;nbsp;nbsp;171

^3nte fur un effieu de fer pofé dans Ie fens du levant au couchant, amp; portant par fes bouts fur de pierre ; que de la rouille de ces bouts, mêleenbsp;la pouffiere de la pierre ufée, 6gt;t avec 1’huilenbsp;‘^ont on 1’oignoit pour faciliter Ie mouvement, ilnbsp;^ étoit formé une maffe dure amp; pefante , qui, ennbsp;®tant détachée , fe trouva avoir toutes les proprié-'ss de l’aimant. On croit que cette cloche étoitnbsp;depuis plus de 400 ans.

Gilbert remarque encore qu’une barre de fer ^'t’on a fait rougir dans la forge pendant qu’ellenbsp;^^oit dirigée du midi au nord , amp; qu’on bat enfuitenbsp;fur Tenclume dans la même pofition , acquiert lanbsp;magnétique; amp; que li la premiere fois cettenbsp;^^rtu n’eft guere fenfible, elle Ie devient davantagenbsp;*^êitérant l’opération. Mais on doit obferver qu’ilnbsp;W pour cela que ce morceau de ferait 100 ounbsp;*50 fois en longueur fon diametre. II en eft denbsp;*^ême d’une barre de fer qui, après avoir éténbsp;j^bauffée , fe refroidit dans la direftion du méri-

•lien.

Mais voici une conjecture de ce phyficien qui s’eft pas vérifiée. II a dit quefi 1’on donne a unnbsp;*imant une forme fphérique , Sc que fes deuxnbsp;Pdles foient aux extrémités d’un diametre, enfinnbsp;5tie eet aimant fphérique foit bien équilibré Scnbsp;'^fpendu fur fes p61es, il tournera fur fon axe ennbsp;''’ngt-quatre heures ; done , ajoutoit-il, la Terrenbsp;qu’un grand aimant , élle doit avoir unnbsp;Pareil mouvement. C’eüt été la une preuve affeznbsp;Pmffante du mouvement de la Terre , au moinsnbsp;®*ttour de fon axe. MaisM, Petit, phyficien in-uitrieux du dernier .fiecle , ayant pris la peine denbsp;®ire I’expérience alléguée par Gilbert, Ie petitnbsp;S obe d’aimant refta parfaitement immobile, Cela

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iyi RiCRÉAT. MaTHÉMAT. et PHTfS. n’empêche pas que Ie mouvement de la Terre rtSnbsp;Ibit certain, amp; méme qu’on ne puifle la confide-rer comme un gros almant, quoique Ie P. Gran-damy ait conclu du défaut de Texpérience alle-guée par Gilbert, que la Terre étoit immobile.

S* III.

Di la dircUion de. VAlmant ^ de fa déclinaifori de fa variation.

X® Experience.

Reconnoitre la direBion de VAlmant,

Ayant reconnu les poles d’un aimant, pofez-Ie fur un petit bateau de liege, que vous mettrez futnbsp;l’eau; vous Ie verrez fe placer de lui-même conf-tamment dans une direillon.

II en fera de même d’une aiguille aimantée que vous ferez nager fur l’eau par un femblablenbsp;moyen, ou que vous aurez mife en équilibre futnbsp;un pivot délié, enforte qu’elle ait toute liberté denbsp;fe mouvoir dans un fens ou dans un autre ; vousnbsp;la verrez conftamment affeéler la même direftioo»

II n’eft même pas abfolument néceffaire qu’une aiguille foit aimantée pour fe diriger du cóté dunbsp;nord. Lorfqu’elle eft extrêmement légere amp; qu’ell®nbsp;a toute liberté de fe mouvoir , elle affeéle d’ellequot;nbsp;même cetre direélion.

En effet, prenez une aiguille a coudre fort in®' nue; pofez-la fur la furface d’une eau tranquill® *nbsp;oil elle furnagera : au bout de quelques heure*»nbsp;vous la trouverez dans la direftion que 1’aiguid®nbsp;aimantée prend tout-a-coup.

La direftion ou la ligne fulvant laquelle

^ rang®

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DE L’AiMANT* nbsp;nbsp;nbsp;iyj

range ainfi d’ene-inéTie une aiguille , Toit aimsn-5 foit non aimantée , s’appelle !e mériditn ma^ qu’il faut bien cliftingiier du inéridiennbsp;car ort verra bientót qu’ordinairementnbsp;^ font un angle l'u.i avec l’aurre. Les phj'ficiensnbsp;^'•cordent prefque u laniinement a penfer qiienbsp;propriété de l’aimant efl; l’efFet d’un courantnbsp;6fluide particulier qui environne la Terre ,nbsp;^ui penetrant I’aiguiite aimantée dans fa lon-, OU d’un pole 4 l’autre , la range dans fanbsp;quot;^^ftion propre.

. 9® qu’il y a de bien fingulier, c’ell que ce mé-'oien magnetique non-feulement cd, dans pirefque les lieux de la rerre, différent du méridiennbsp;j®''teftre , amp; déclinant taniót a l’eft , taniot anbsp;, mais encore que cette déclinaifon varienbsp;ment, comme Ie prouvent les experiencesnbsp;^‘“vantes.

Xle Sj Xlle Experiences.

changement de déclinaifon de l'Aimant.

, 5ur une ligne méridienne tracée avec foin, amp; un lieu éloigné de tout morceau de fer,nbsp;une aiguille aimantée fur fon pivot; ob-^'’ez fa diredion , vous trouverez commu-.^'’^ent qu’elle fait un angle avec Ie méridien. IInbsp;'quot;'s par exemple , en 1770 a Paris, de iq degrésnbsp;55 minuten a l’oued.

M 'joelques années après, vous réitérez cette pl^^^''''aiion , vous trouverez que eet angle n’eftnbsp;A^p tnéme, mais qu'il a augmenté ou diminué.nbsp;^Onnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;exemple , eet angle , ou la déclinai-

j , 7^ 1’aiguille aimantée , étoit en 1750 de 17® 5 a l’oued ; en 1760 eUe a été obfervée denbsp;^ome ir.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;S

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z74 Récréat. Mathémat, et Phys.

45'; en 1770? nbsp;nbsp;nbsp;19® 55') OU même zo degr^

amp; quelques minutes.

Remarque,

Pans la plus grande partie de notre contineof» ainfi que dans toute l’Amérique feptentrionale? *nbsp;l’exception de la partie la plus voifine dunbsp;diiMexique , la ddclinaifon fe fait aftuellement ^nbsp;Toueft , amp; elle va continuellement en croilfa”^'nbsp;Dans toute l’Amérique méridionale , dans toufnbsp;gplfe du Mexique, ainfi que la partie de lanbsp;Pacifique entre les tropiques, amp; du coté dunbsp;elle fe fait a l’eft, amp; elle va continuellementnbsp;dlminuant.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

Le célebre M. Halley ayant pris la peine u raffembler une prodigieufe multitude d’obfei'^^nbsp;tions de navigateurs, donna en 1700 une C3t*^nbsp;extrémement curieufe , fur laquelle il a lié parnbsp;lignes les lieux de la terre oü la déclinaifon d®nbsp;raiguille aimantée efl; la même. On y voit ,nbsp;exemple , que la ligne fur laquelle en 1700 1^*^nbsp;guille aimantée n’avoit point de déclinaifon ,nbsp;tageoit a peu prés également la partie du fudnbsp;rOcéan Atlantique , 6c venoit couper 1’équat^nbsp;vers le premier degré de longifude , ou fon in^.jnbsp;feélion avec le premier méridien ; de-la ellenbsp;gagner en ligne courbe la nouvelle Angleteft®,^nbsp;éc traverfant le nouveau Mexique 6c la Oalifift'’nbsp;elle couroit au nord de la mer Pacifique, Pto^ .nbsp;blement elle gagnoit l’Afie, amp; pafibit par le tipnbsp;de la Tartarie; d’ou defcendant a travers la pnbsp;6c les Moluques , elle traverfoit la nouvellenbsp;lande. Au fud amp; a l’oueft de cette ligne,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;:[

clinaifon étoit a I’eft ; au nord amp; a l’eft, elle et i l’oueft.

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DE l’Aimant. nbsp;nbsp;nbsp;a75

D’autres observations faites environ cinquante après, ontappris que cette ligne eftaujour-^hui déplacée , amp; qu’elle a eu en quelque fortenbsp;mouvement vers Ie fud-ouefl:, amp; en changeantnbsp;peu de forme. Suivant ces obfervations raf-^^¦nblées par MM. Mountaine amp; Dodfon , de lanbsp;^ociété royale de Londres , el!e traverfoit ennbsp;*744 a peu prés Ie milieu de l’Océan Atlanti-, coupoit l’équateur vers Ie douzierne degrénbsp;1,^ longitude a l’oueft du premier méridien ; de-elle paflbit vers Ie milieu de la Floride , amp;c


^otoyant


fc


peu


prés


la Louifiane , elle traver-


Oit Ie vieux Mexique , d’oü elle gagnoit la pointe la Californie , enfuite elle fe jetoit au nordnbsp;'lp la mer Pacifique, amp; coupoit Ie premier mé-^'dien vers Ie 44® degré de latitude nord , d’oiinbsp;redefcendoit vers Ie fud amp; traverfoit Ie Ja-Pon, la plus grande des Philippines, les royaumesnbsp;öe Pégu amp; d’Arracan , venoit faire une pointe anbsp;vers l’ifle de Ceylan; enfin, revenant tra-^erfer les Moluques, alloit par une ligne courbenbsp;''^rs Ie póle auftral, en laiffant a l’oueft Ia nou-J^^lle Hollande. Telle étoit Ja pofition de cettenbsp;''gneen 1744 ; d’oü 1’on peut a peu prés déter-’^’iner fa pofition aftuelle.

. On trouvoit de même fur la carte de M. Hal-®y, la ligne qui joignoit tous les points oü la dé-YOaifon étoit de 5° a l’eft ou a 1’ouefl:; ceux oü .1'e étoit de 10, de 15° amp;c. On remarque au-lourd’hui qu’elles ont eu toutes un mouvement anbsp;Peu pr^s femblable a celui de la ligne fans décli-*'^ifon.

L’cgt;hiet de M. Halley , dans un travail aülfi pé-pible , n’étoit pas de pure curiofité : il avoit def-ein de faijg fervir ces cartes a la détermination-

Sij


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Récréat. Mathémat. et Phys. des longitudes en mer. En effet, fi 1’on avoit unönbsp;carte bien süre de ces lignes de déclinaifon)nbsp;eft vi'fible qu’en obfervant la déclinaifon réellenbsp;la bouflble amp; la latitude, on auroit la determine'nbsp;tion du point précis occupé au moment de l’ob'nbsp;Tervation fur la furface de la terre. Car, fupp*^'nbsp;fons qu’on eut obfervé dans l’Océan Adant^^nbsp;la déclinaifon de 70 ^ a Toueft, amp; la latitudenbsp;nord de 31° ; il eft évident que Ie lieu du vaiftea**nbsp;feroit Ie point oü fe coupent Ie paraüele nord dfnbsp;3Z°, amp;c la ligne de déclinaifon de 7° II nenbsp;teroit qu’a perfeftionner les moyens de trou^f’’nbsp;fur mer avec beaucoup d’exaftitiide la déclinai'nbsp;fon, ce qui ne feroit pas impoffible.

II eft facheux qu’on n’ait pas des obfervatioO* bien anciennes de la déclinaifon de l’aiguille a''nbsp;mantée, Cela vient probablement de ce que cett®nbsp;déclinaifon n’a guere été bien conftatée amp; recoH'nbsp;nue des phyficiens que vers la fin du feiziein®nbsp;ftecle. On voit au furplus par ces obfervations»nbsp;qu’anciennement a Paris, a Londres , amp; dansnbsp;plus grande partie de rAllèmagne, la déclinaifo*'nbsp;étoit oriëntale ; car elle fut trouvée a Parisnbsp;1580, de ii°30'al’eft. Depuis ce temps ellc^nbsp;diminué jufqu’en 1666, qu’elle fut nulletell^^nbsp;enfulte pafte du cóté de l’oueft, en augmenta'’^nbsp;continuellement dans ce fens; car elie fut obf^ƒ'nbsp;véeen i670,de 1O30'; en i68o, de 4° *nbsp;en 1701, de 8° 15'; on l’obfervoit ennbsp;10° moins iquelques minutes. Elle devroit, ^nbsp;juger par fa marcbe ordinaire , être aujourd’b'^nbsp;de aoo ^ OU plus; mals, au grapd étonnement ofnbsp;phyficiens, fon progrès s’eft arrêté la ; amp; lanbsp;clinaifon de l’aiguille a l’oueft paroït même ennbsp;moment commencer a diminuer. Elle n’a été ce

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i77

DE L’AiMANT.

“fnieres années, que d’envirpn 19® 3®.^ 40 ’*’gt;nutes , enforte que très-probablement 1’aiguillenbsp;rétrograder , repafler par Ie méridien , cenbsp;arrivera dans environ cent dix ans , pournbsp;'^®cliner enfuite du cóté de l’eft, comme en

*580.

J’ai toujours été dans la perfuafion que ce feroit la marche ; mais j’avoue que voyant fa décli-’’sifon augmenter chaque année affez réguliere-’J'ent de 8 a 9 minutes, je ne croyois pas que fanbsp;Nation amp; fon retour vers l’eft fut auffi prochain:nbsp;'ar les géometres fqavent que , lorfqu’une gran-’^«ur approche de fon maximum ou de fon mini-^um, fes accroiflements ou fes diminutions de-''iennent de plus en plus infenfibles, pour êtrenbsp;a ces points. Mais ici la marche de la na-n’eft pas celle de la géométrie, quoiquenbsp;^tdinairement elles foient a eet égard fort d’ac-cord.

Mais quelle eft la caufe de la déclinaifon de laimant ? Voici quelques conjectures fur ce fujet.

MM, de la Hire , pere amp; fils , ont fait une experience curieufe , amp; qui peut lêrvir a jeter de la lumiere fur la caufe de ce phénomene. Ils avoientnbsp;Hn fort gros aimant, qu’ils arrondirent en globenbsp;®ütant qu’il leur fut poffible ; ils en chercherentnbsp;poles, qui fe trouverent exaCtement aux extré-**'ués d’un diametre , amp; ils tracerent fon équa-douze de fes méridiens ; enfuite ils appli-^Uerent fur ce globe d’aimant, quiavoit environnbsp;pied de diametre, amp; qui pefoit prés de centnbsp;tvres, une aigui^ aimantée : ils obferverent qu’ilnbsp;y avoit des endroits oü elle déclinoit vers 1’oueft ,nbsp;^ d’autres oü elle n’avoit aucune déclinaifon ^nbsp;^ qui formoient une ou deux. lignes continue^

S üj

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2.78 Récréat. Mathémat. et PH¥S. fur fa furface, ccunme M. Halley 1’avoit detsfquot;nbsp;ininé fur la furface terreftre, quoique d’une form®nbsp;abfolument différente.

II eft plus que probable, dit 1’hiftorien de l’Aquot; cadémie , (voje:( ann. 1705 , ) que la caufe d®*nbsp;déclinaifons obfervées fur ce globe d’aimant gt;nbsp;étoit uniquement Tiiiégalité de fa contexture ^nbsp;de la force inagnétique de fes différentes parties*nbsp;On peut auffi conjedurer que la Terre étantnbsp;grand aimant, ou du moins un globe renfermafl^nbsp;dans fon fein de grandes maffes magnétiques»nbsp;c’eft leur inégale didribution qui caufe fur fa fuf*nbsp;face la variété de la diredion de 1’aiguille aiman*nbsp;ïée. Mais il y a cette différence, que dans I®nbsp;fein de Ia Terre il fe fait fans ceffe de nouvell®*nbsp;générations, au lieu que la maffe de 1’aimant dcnbsp;MM. de la Hire n’étoit fu]ette a rien de fembla-ble. De-la vient auffi que fur la furface de 1^nbsp;Terre la diredion de 1’aimant eft variable, aUnbsp;lieu que fur la furface de eet aimant elle ne poU'nbsp;voit qu’être conftante.

II faut cependant convenir que, dans cette eXquot; plication, il eft difficile de rendre raifon pout'nbsp;quoi, depuis deux fiecles au moins, 1’on voit 1*nbsp;ligne fans déclinaifon , fe mouvoir conftammeO'-de 1’eft a l’oueft. Des effets provenants de cauf®*nbsp;auffi variables que des deftrudions amp; génératiof*nbsp;nouvelles dans Ie fein de la Terre, devroief*^nbsp;épro'uver de plus grandes irrégularités, amp; la maf'nbsp;che de Taiguille aimantée devroit être tantót di*nbsp;cóté de l’eft, tantót de celui de l’oueft.

M. Halley avoit propofé unal|^ypothefe pbyV* que pour rendre raifon de la variété des déclif'®^^nbsp;{ons de 1’aimant. II fuppofoit pour eet effet deu*nbsp;poles magnétiques fixes, amp; deux mobiles dan^

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DE L’AIMANT.

pofitions. Mais M. Albert Euler 1’a rim-Pbfiée dans un mémoire fort curieux, qu’on lit Parmi ceux de l’Acadéinie de Berlin, (ann. 1757-)nbsp;T Puppofe feulement deux poles magnétiques, l’unnbsp;^ *4“ 53' du pole boreal de la Terre, amp; l’autrenbsp;a xpo du pole auftral- Le méridien dans le-^Uel fe trouve le premier , paffe par le 258® degrénbsp;longitude; amp; celui du fecond, par le 303®.nbsp;prend enfuite pour principe, que Faiguüle ai-*^antée fe range toujours dans le plan qui paffenbsp;Par les deux poles magnétiques amp; le lieu de l’ob-^^rvation , amp; il determine par le calcul Tinclinai-fon de ce plan au méridien dans les divers lieuxnbsp;la Terre. Or 11 trouve qu’au moyen de cesnbsp;^appofitions , le calcul lui donne affez exaélementnbsp;^a quantité de la déclinaifon obfervée dans cesnbsp;^ernieres années, les contours des lignes denbsp;déclinaifon telles que MM. Mountaine amp; Dodfonnbsp;^as ont trouvées pour 1744, au moins dansl’Océannbsp;Atlantique ; car M. Albert Euler eft obligé d’arguernbsp;de faux le contour que donnent ces membres de lanbsp;^Ociété royale a la ligne fans déclinaifon, dansnbsp;nord de la mer Pacifique , Sc il dit a ce fujetnbsp;des chofes fort vraifemblables.

II eft au refte aifé de concevolr qu’en falfant varier ces poles, les lignes de déclinaifon varie-^ont auffi, amp; que , fuivant qu’elles fe rapproche-’¦ont OU s’éloigneront, elles pourront changer denbsp;^otrne ainfi qu’on l’obferve.

M. Canton , membre de la Soclété royale de ^oiidres, a découvert, il y a qüelques années , unnbsp;Nouveau mouvement de 1’aiguille aimantée. II eftnbsp;rondé fur l’expérience fuivante.

S iv

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i8o Récrêxt. Mathémat, et Phys. XII® Experience.

La variation diurne de VAimant.

Ayez une aiguille aimantée fort grande, cotnmC cle 11 OU IJ pouces de longueur, très-biennbsp;due. Elle doit être environnéc d’un eerde ayai’*nbsp;pour centre Ie point de fufpenfion, amp; divifé ertnbsp;degrés, amp; demis ou quarts de degré, du moiO*nbsp;dans la partie de fa circonférence que regardenbsp;pointe de 1’aiguille, Le tout doit être couvert dsnbsp;maniere a n’éprouver aucune iinpreflion de Taif*

Si vous obfervez cetfe aiguille a diverfes heur^® de la journée, vous remarquerez qu’elle n'eft pr^r*nbsp;que jamais en repos, Selon M. Canton , la décb'nbsp;ïiaifon fera la plus grande le matin , moyennenbsp;vers le midi, 6c moindre le ibir. II en donnenbsp;jnême une raifon aflez probable, fqavoir celle-ci»

C’eft un fait prouvé par l’expérience , qu’uO aimant échauffé pereJ un peu de fa force. Or lesnbsp;parties orientales de la Terre ayant midi lorfquenbsp;le foleil fe leve pour nous, e’eft le moment, ou anbsp;peu prés , auquel elles font le plus echaufTees-E’aiguille aimantée , dont la direélion eft proba-blement 1’elfet compofé des attraéfions de toui^*nbsp;les parties magnétiques de la Terre, fera donCnbsp;9U lever du foleil un peu moins follicité vers l’eft»nbsp;que fi le foleil n’étoit pas de ce coté; conféquetR''nbsp;ment elle cédera a l’aétion des parties de l’ouel^»nbsp;amp; loiirnera un peu plus de ce cóté-!a. M. CantoRnbsp;tend méme cetfe explication fenfible par le moy^Rnbsp;de deux aimants, dont il échauffé l’un ou l’autf®nbsp;alternativement.

Quoi qu’il en foit de cette explication, le

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»E l’Aim ANT. nbsp;nbsp;nbsp;iSi

^Omene eft aujourd’hui reconnii ; amp; obferva-*®Urs météorologiftes ne manquent pas d’obferver differents temps la déclinaifon de Taiguillenbsp;quivarie quelqviefois duma'inau foirnbsp;lo' $: plus.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ie Traité de Météorologie

‘‘‘t P. Cotte,

$. IV.

¦De Vincllnaifon de 1'Aiguille aimantèe.

XIII® Experience.

Obferver rinclinaifon de rAimant.

Si 1’on a une aiguille de bouftble non encore ^'mantée , amp; parfaitement en équilibre fur fonnbsp;P'vot, enforte qu’elle fe tienne parallélement anbsp;‘horizon, lorfqu’on l’aura touchée de raimant,nbsp;perdra eet équilibre , amp; plongera fa pointenbsp;**ord au delTous de l’horizon.

Cette expérience eft connue de tous ceux qut li^nt des bouflbles ; car, après avoir aimanté 1’ai-guille, ils font obligés de limer la partie la plusnbsp;pefante, jufqu’a ce qii’elle foit en équilibre amp; denbsp;i^iveau avec 1’autre. On pourroit produire Ie niêmenbsp;«ffet, en chargeant 1’autre bout d'un petit contre-Pf'ids ; amp; même il feroit avanrageux que ce con-**^^Poids fut mobile , car 1’inclinaifon étant varia-^ . gt; il faut, pour faire équilibre a reffbrt quenbsp;ƒ1’aiguille pour s’incliner, des forces dilTérentes.

ülfi eft-on obligé de cbarger légérement d’un PeHt jnorceau de cire plus ou moins gros , un desnbsp;^uts de 1’aiguille, fuivant les différents paragesnbsp;^^on occupe, afin qu’elle foit parfaitement horizontale.

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xHl RéCRÉAT. Mathémat. et Phys.

XIV® Experience.

Obferver l'inclinaijbn dc PAiguille, aimantéc.

n faut avoir une aiguille aimanljée , faite d’uR fll ^’acier bien droit, amp; fe terminant en pointe 3nbsp;a Tes extrémités. Son milieu doit être applati, ^nbsp;formé en eerde d’une ligne amp; demie ou deuxnbsp;diametre , ayant fon centre bien parfaitement dafgt;*nbsp;l^Iignement des deux pointes de l’aiguille. Cenbsp;eerde portera perpendiculairement a fon plannbsp;fil d’acier très-menu , qui lui fervira de pivot»nbsp;enforte qu’étant placé bien horizontalement dan*nbsp;les deux trous de deux platines de cuivre placeesnbsp;verticalement , elle foit tout-a-fait indifférente anbsp;toute polition , amp; refte en équilibre dans quelqP®nbsp;fituation qu’on la mette. Ces deux platines ferontnbsp;attachées aux deux bords d’une bande de cuivrenbsp;courbée drculairement, Sc d’un diamette taiitnbsp;foit peu plus grand que Ia longueur de l’aiguille»nbsp;dont les pivots feront au centre. II dolt y avoifnbsp;extérieurement un anneau pour fufpendre ce eet'nbsp;de de cuivre , amp; mettre un de fes diametres dait®nbsp;Ie fens vertical. L’intérieur fera dlvifé en degt^*nbsp;amp; quarts de degrés, s’il efl; poffible, mais enfortenbsp;que la divifion commenqant par zéro aux extf^nbsp;mités du diametre horizontal, finifle par 90 degt^nbsp;aux extrémités du diametre vertical. On s’afluret^nbsp;de la polition de ce diametre , au moyen d’un ^nbsp;a plomb qui pendra de fon extrémité fupérieut^rnbsp;6r qui devra palfer par l’extrémité inférieure,nbsp;qu’11 foit dans fa vraie polition.

II faudra auffi fe munir d’un pied de bois forme de parallélépipede oblong, dans Ia patt*®nbsp;fupérieure duquel il y aura une échancrure circit'

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DE L’ A I M A N T, nbsp;nbsp;nbsp;a8|

^aire, propre a loger rinftrumeTit dans Ie fens de longueur. Enfin on dolt avoir un petit coinnbsp;Ptopre a glifler plus ou moins fous ce pied , jufqu’anbsp;que le plan de I’inftrument, ou celui que par-'^ourt I’aiguille dans fon mouvement, foit exafte-^eut vertical.

L’aiguille étant enfin aimantée, onappliquera aux deux cótés de I’inftrument , dans des rainuresnbsp;Waites pour cela , deux glacés circulaires, pournbsp;préferver I’aiguille amp; fes pivots du contaft exté-*'*eur de 1’air Sc de l’humidité , qui eft contraire aunbsp;•^agnétifme.

Par la defcription de cet inftrument, il eft aile fentir qu’il faut d’abord le mettre, foit en lenbsp;ftifpendant, foit en le plaqant fur Ion fupport,nbsp;^3ns une fituation verticale; ce qu’on fera- aifé-*^ent au moyen du fil a plomb.

II faut de plus, que le plan de I’inftrument, ou ^^lui que parcourt I’aiguille , foit dans le plan dunbsp;*Jieridien magnetique. Pour cet effet , on cou-cfiera I’inftrument a plat fur une table horizontale ; I’aiguille étant arrêtée , indiquera le meri-dien magnétique , Sc 1’on tirera fur la table unenbsp;ligne dans cette direftion, fur laquelle on aligneranbsp;le long cote du fupport auquel le plan'de I’inftrument doit être auffi parallele, quand il feranbsp;dans I’echancrure qui doit le recevoir. Au moyennbsp;de petit coin Sc de I’a-plomb , on achevera de lenbsp;teettre dans la pofition convenable. L’aiguille ,nbsp;^Ptés des balancements aflez longs , s’arrêteranbsp;^nfin, Si indiquera par fa pointe le nombre denbsp;d^gtes dont elk eft éloignée de 1’horizontale , cenbsp;donnera 1’inclinaifon.

On trouve par ce moyen , a Paris, que I’incli* t^alfon eft aftuellement de 72 degrés.

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i84 Récréat. Mathémat. et Phys.

R E M A R Q_U E S,

I.

QüOIQu’il ne paroifle pas y avoir beaucoup de difficulté a exécuter un pareil inftrument, reXquot;nbsp;périence apprend néanmoins qu’il eft d’une execution très-difEclle , a moins d’une adrefle particuliere , dont M. Magny, artifte trés - ingénieurnbsp;en optique , amp;c. paroit jufqu’a préfent feul efgt;nbsp;poffeffion. En effet, a moins que l’inftrument n®nbsp;ibit parfaitement execute, 1’aiguille aimantée o®nbsp;fe remet point dans fa même pofition lorfqu’ortnbsp;l’a déplacée, ou lorfqu’on tourne l’inftrument et'nbsp;fens contraire, c’eft-a-dire de forte que Ie platynbsp;qui regardoit 1’orient regarde l’occident. Maïs j’a*nbsp;eu une bouflble d’inclinaifon, fortant des main*nbsp;de eet artifte , qui, pourvu qu’elle fut dans Ienbsp;mériclien magnétique, a chaque fois qu’on faifoitnbsp;i’obfervation dans un même lieu , amp; quelqusnbsp;face qu’on tournata droite ou a gauche , montroitnbsp;toujours parfaitement Ie même degré d’inclinaiquot;nbsp;fon. C’eft-la néanmoins une condition très-nécef-faire pour pouvoir faire quelque fonds fur desnbsp;obfervations de cette efpece ; amp; fans cela on n®nbsp;peut les regarder que comme des approximation*nbsp;dans lefquelles il peut facilement fe gliffer quel'nbsp;ques degrés d’erreur.

II.

L’inclinaifon de Taiguille aimantée n’eft P** moins variable que fa déclinaifon. On obfet''*nbsp;qu’elle eft différente dans les différents lieux de 1*nbsp;terre; mais l’on fe tromperoit beaucoup finbsp;penfoit, comme quelques phyficiens l’ont

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DE l’AimaNT. nbsp;nbsp;nbsp;zS'j

Ie fiecle paffe, qu’elle eüt quelque rapport la latitude. On obferve, par exemple, a Pa-qu’elle efl: aujourd’hui de yz® zj' au nord.

^ Lima , environ i8° au fud.

^ Quito , environ 15® id.

® Buenos-Ayres, environ 60°^ id.

^ 1’Ifle-de-France , ^z”! nord.

Cela fuffit pour détruire toute idee qu’elle ait rnoindre rapport avec la latitude.

L’obfervation de l’inclinaifon n’étant rdputée Ptefque d’aucune utilité dans la navigation , on nenbsp;^oit pas s’étonner qu’on en ait a peine quelques-*^nes. Elles font d’ailleurs beaucoup plus difficilesnbsp;* U mer que celles de la déclinaifon, a caufe dunbsp;•¦oulls. Le P. FeulUée en a fait néanmoins un affeznbsp;grand nombre dans fes voyages d’Europeen Amé-frque; mais, felon toutes les apparences, on nenbsp;doit guere y compter qu’a quelques degrés prés.nbsp;Qnoi qu’il en foit, il feroit a delirer que ces observations fuffent plus multipliées; car, quoi-qu’elles ne paroiffent pas du premier coup d’qeilnbsp;Bien utiles , elles peuvent le devenir dans la fuite,nbsp;Ne laiffons pas d’accumuler des faits, quoique ennbsp;apparence fans grande utilité. Souvent une lumierenbsp;inefpérée nait d’une obfervation réputée long-^mps frivole amp; ifolée.

III.

Nous remarquerons encore iel que les mouve-'^’^nts de 1’aiguille aimantée éprouvent des varia-f’ons fort fingulieres a 1’approche ou par 1’effet raétéores Ignées. On a vu plus d’une fois lenbsp;^onnerre défaimanter une aiguille, ou l’aimanternbsp;®ri fens contraire. Les aurores boréales paroiffentnbsp;agir d’une maniere fort fenfible fur l’aiguiHe

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186 RéCRÉAT. Mathémat, et Phys. aimantée. Maïs nous nous bornerons a renvoyefnbsp;encore au Traité de Météorologie du P. Cotte.

SECTION III.

De quelques Moyens propofés pour êter ct l’Aiguille annantée fa déclinaifon, oilnbsp;faire des Bouffoles fans déclinaifon.

IL y auroit un fi grand avantage a avoir des bouffoles qui montraffent sürement Ie nord,nbsp;que 1’on ne doit point être étonné des efforts quenbsp;l’on a faits pour imaginer des combinaifons quinbsp;détruififfent la déclinaifon de l’aiguille aimantée;nbsp;mais malheureufement elles ont été jufqu’a préfentnbsp;infruélueufes , amp; nous penfons qu’elles Ie feront^nbsp;toujours. Ces tentatives méritent néanrrroins d’etre connues, ne fut ce que pour éviter a quelqu’uonbsp;de nos leéleurs I’illufion que fe font faite ceuJtnbsp;qui ont cru avoir réfolu ce probléme.

M. Mufchenbroeck fait la defcription d’une ès ces inventions. Elle confifte a combiner pour ut»nbsp;lieu determine deux aiguilles de force égale, denbsp;telle maniere qu’elles s’écartent Tune d’un coté»nbsp;l’autre de 1’autre , du méridien magnétique , de Unbsp;quantité de la déclinaifon. Ainli 1’une déclineranbsp;du double , amp; l’autre fe trouvera précifémeotnbsp;dans Ie méridien. Suppofons, par exemple , qu®nbsp;la déclinaifon foit de zo degrés a 1’oueft, comin^nbsp;elle étoit a Paris en 1770. Si 1’on fait porternbsp;une même chape deux aiguilles aimantéesnbsp;force égale , qui faffent enfemble un angle dsnbsp;40 degrés, il eft évident que , ne pouvant n»


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DE L’ A I M A N T. nbsp;nbsp;nbsp;2,g7

1 une ni l’autre fe placer dans Ie méridién magné-t'rjue , elles s’en écarteront également: ainfi l’une déclinera de lo degrés a l’oueft de ce méridien ,

a 40 degrés de celui de la terre; amp; conféquem-’’lent l’autre aiguille fera néceffairement dans Ie •méridien , amp; n’aura aucune déclinaifon.

On doit s’étonner qu’on ait pu penfer qu’on suroit par-la une combinaifon d’aiguilles aiman-^ees, qui en fera tomber une fur Ie méridien ter-•quot;eftre. II eft aifé de voir que ces deux aiguilles,nbsp;fi elles font égales en force, ne feront jamais quenbsp;s arranger de maniere que Ie méridien magnétiquenbsp;Partagera en deux également l’angle qu’elles com-prendront. Ainfi, en fuppofant que Ie méridiennbsp;*nagnétique , au lieu de décliner de 20 degrés dunbsp;•itéridien terreftre, ne décline que de 10 degrésnbsp;i l’oueft, Tune des aiguilles fera portée a 10 degrés de plus a l’oueft , amp; aura conféquemmentnbsp;30 degrés de déclinaifon: done en même tempsnbsp;^’autre aiguille fera portée k 10 degrés du méridien du cöté de l’eft.

Le dernier traduéfeur de Pline a donné un iTioyen a pen prés femblable pour anéantir la déclinaifon : il n’en differe qu’en ce que l’une desnbsp;aiguilles doit être plus grofte que l’autre. Maisnbsp;M. Mufchenbfoeck avoit déja propofé amp; analyfénbsp;Cette combinaifon de deux aiguilles inégales , Scnbsp;^Ue lui avoit paru aufti peu faite pour réuffir que

précédente. En effet, les meines raifons, ou des raifons femblables, s’y oppofent; 8c il n’y anbsp;rien de fi légéremént fondé, pour ne rien dire denbsp;P^us, c[ue la théorie phyfique qui femble y avoirnbsp;eonduit l’auteur dont nous parlons; car il paroitnbsp;penfer que ce qui fait qu’une aiguille aimantéenbsp;décline , eft une forte de foiblefle qui ne lui per-

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z88 RÉCRéAT. Mathémat. et PhY3.

met pas d’atteindre Ie nord. C’eft une idéé qu1 non-feulement eft fans fondement , mais mémenbsp;qui efl; incompatible avec les phénomenes amp;t avecnbsp;la théorie la plus probable de^ mouvements ma2nbsp;gnétiques; car 1’aiguille aimantée qui, dans lesnbsp;premieres ciirquante années du fiecle dernier ^nbsp;déclinoit a l’cft , s’étant enfuite rapprochée dunbsp;nord , amp; l’ayant dépaffé pour fe dirigera 1’oueft»nbsp;il faudroit dire qu’elle éioit malade , qu’elle s’eftnbsp;guérie vers 1660, amp; qu’enfuite elle eft redevenu®nbsp;malade en fens contraire. Ainfi 1’on ne fqauroitnbsp;trop admirer la précipitarion de quelques joiirna-liftes amp; de quelques auteurs 1, qui fe font hateSnbsp;d’annoncer avec de grands éloges cette décou-verte prétendue . comme devant changer la facenbsp;de la navigation. Malheureufement rien de plusnbsp;imaginaire , amp; un peu plus de connoiflatices de$nbsp;phénomenes magnétiques , eüt préfervé les unSnbsp;amp; les autres de cette erreur.

J’ai vu autrefois a Paris un pilote Génois, nommé M. Mandilo , qui prétendoit avoir trouvénbsp;une autre combinaifon d’aiguilles aimanfées, pro-pre a corriger la déclinaifon de la bouflble. Rnbsp;plaqoit Tune fur l’autre deux aiguilles égales ennbsp;force, de maniere que chacune d’elles eüt la h'nbsp;bené de fon mouvemenr; il les rapprochoit enfuite pour Paris, par exemple , de maniere qu®nbsp;leur écartement fut double de la déclinaifon oh'


1

TJAnnée Littéraire ,\e rtiBicnnaire d’Induflr'e. Cedef'' nier ouvrage, qui adopte pleinemeni Tidée de la mal.idi®nbsp;de Taiguille aimantée , trouve enrore dans cette décoU-verte imaginaire celle des longitudes. La découverte ei1nbsp;queftion feroit réelle, que celle des longitudes ne s’eanbsp;enfuivroit pas.

2

fervé®'

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DE L’ A I M A N T.

jervée. Car , dans cette pofition, elles divergent ^ ut\e de 1’autre par l’efFet de la répulfion de leursnbsp;Pples OU pointes de même denomination ; amp; diesnbsp;divergent d’autant plus, qu’elles (bnt plus rappro-^hées 1’une de I’autre. Par ce moyen done, unenbsp;dps deux aiguilles eft , comme dans le procédénbsp;d-deffus , rapportee ftir le méridien. Or le fieurnbsp;quot;‘andilo pretendoit que cela devoit arriver egale-l^pnt par-tout; ce qui eft vifiblement faux: carnbsp;pcartement de deux aiguilles étant 1’effet de lanbsp;*®pulfion de deux poles de mêine nom , cettp ré-P*tlfion , amp; conféquemment 1’écartement , ferontnbsp;inêmes, quel que foit I’angle du méridien ma-?tietique avec le méridien terreftre. Pour que celanbsp;autrement , il faudroit fuppofer que cettenbsp;'^épulfion diminuat en même temps que la décli-J^aifon , ce qui ne peut pas être. C’eft ce quenbsp;1 ob'jeftai d’abord au fieur Mandilo , mats en vain.

homme qui croit avoir trouve le moyen de Corriger la déclinaifon de 1’aiguille aimantée, ounbsp;®yoir découvert la folution du problême des lon-gitudes, n’eft guere moins opiniatre dans fonnbsp;^^ntiment, que celui qui croit avoir trouvé lanbsp;quadrature du cercle.

C’eft aufii le cas de parler ici d’une idee de de la Hire fur ce fujet. Elle etoit fondee fur cenbsp;qü’il croyoit avoir trouvé que les poles d’un ai~nbsp;*^ant naturel avoient changé de place, comme lesnbsp;magnétiques de la terre 1’avoient fait dansnbsp;^ piême temps. D’après cela, il avoit imaginenbsp;j ^'uianter des anneaux d’acier , prefumant quenbsp;^urs poles changeroient de même. Or il eft aifénbsp;fentir que, dans ce cas, la ligne marquée pri-^^ftivement nord amp;C fud fur I’anneau, refteroitnbsp;**iimobile , amp; marqueroit touiours le vrai nord.nbsp;Tome IF.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T

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1^0 Récréat. Mathémat. et Phys.

Mais Ie principe s’eft trouvé faux; amp; quand il eid été vrai, la conféquence que M. de la Hire eHnbsp;tiroit n’étoit pas nécelTaire,

SECTION V.

De quelques Tours de fubtilité qu on execute au moyen de rAimant.

ON a imaginé depuis quelques années d’apquot; pliquer les propriétés de 1’aimant a diversnbsp;jeux amp; tours de fubtilité , qui ont fort embarralï®nbsp;les premiers qui en ont été les témoins. Onnbsp;pouvoit en effet employer de moyen plus cache 7nbsp;amp; néanmoins plus propre a agir, que Ie magnSquot;nbsp;tifme , puifqu’ll n’eft arrêté par aucun corp*nbsp;connu dans la nature, fi Ton en excepte Ie fef*nbsp;C’eft Ie célebre M. Comus qui a Ie premier eönbsp;cette idéé. Il a finguliérement varié les différentsnbsp;tours de fubtilité qu’on exécute par ce woyeOrnbsp;auffi tout Paris s’eft-il porté avec empreffemcntnbsp;dans les lieux oü il les exécutoit. Les ignorantsnbsp;1’admiroient, en Ie réputant prefque pour forcief»nbsp;les fqavants cherchoient a pénétrer fon artifice ^nbsp;amp; il faut convenir qu’il étoit impénétrable, tat'*’nbsp;qu’on n’a pas foupqonné Ie magnétifme d’ennbsp;Ie principal reffort.

Nous nous bornerons néanmoins a donner uH® idéé du mécanifme de quelques-uns de ces tours»nbsp;car nous fqavons que leur auteur fe propofenbsp;les développer dans un ouvrage a part, ainfinbsp;nombre d’autres de fon invention, tenant foi^ fnbsp;laphyfique, foit a des combinaifons très-ing®'

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DE L’

_ nbsp;nbsp;nbsp;Al MANT.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ac)i

’que.


^'Icufes. Cet ouvrage fera inféreffant, perfonne ^®yant jamais réuni a une adreffe qui approchenbsp;gt;1 preftige, autant de connoiffances dans la phy-

§. I.

ConJiruUlon de la Lunette magique.

On fe (ert fréquemment dans ces tours de lub-^'lité , d’une prétendue lunette magique , au *^t)yen de laquelle on apperqoit, dit-on , au tra-des corps opaques. C’eft un difcours que 1’onnbsp;j^nt pour dérouter les fpeftateurs, Cette préten-lunette magique n’eft autre chofe qu’unenbsp;^^’¦ine de lunette , au fond de laquelle , c’eft-a-du cóté de I’objeftif, eft une aiguille ai-’^^ntée, qui prend fa direftion lorfque la lunettenbsp;pofée fur Ie cóté qui figure cet objeftif.

Pour former cette lunette , il faut faire tournee tuyau d’ivoire, ayant 1’apparence d’un tuyaunbsp;lunette fort évafé du cóté de l’objeclif; maïsnbsp;quot; faut que cette ivoire fort tournee aflez mincenbsp;Ptgt;ur qu’elle laifle introduire la lumiere néceflairenbsp;Pour voir au dedans. Le cóté de l’oculaire eftnbsp;Satni d’un verre qui fert a voir plus diftinélementnbsp;dedans de la lunette. Le cóté de l’objeéfifnbsp;P'^tte auffi un verre, niais ce n’eft que 1’apparencenbsp;objeftif. Sa furface poftérieure eft opaque ,nbsp;. fert de bafe ou de fond i une boulTole ou unenbsp;^jStiille aimantée tournant fur une pointe implan-fon centre. Cette aiguille prend la pofitionnbsp;^’¦’Zontale , quand la lunette eft pofée fur le cóténbsp;j ® l’objeéfif, amp; fe dirige ou vers le nord, ou versnbsp;^feraimanté qui eft aux environs. II eft nécef-d’avoir une lunette véritable Sc tout-è-faitnbsp;•^blable extérieurement, afin de pouvoir mon-

Tij

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i9i RiCRÊAT. Mathémat. et PhyS. trer cette derniere a la place de la premiere ; ce quenbsp;Ton fait, en fubftituant adroitement Tune a 1’autre.

Lors done qu’on voudra fe fervir de la lunette prétendue magique , on la placera, robjeftifnbsp;bas, fur ce que l’on voudra examiner. Si au def'nbsp;fous il y a un aimant ou un fer aimanté, l’aiguiU®nbsp;fe tournera de ce c6té.

§. II.

Etant donnis j^lujieurs chiffres , qu’um ptrfonii^ rangtra hs uns d cóté des autres dans une boiH jpnbsp;reconnoitre d travers U couvertle U notnhre fortn^nbsp;par ces chiffres.

Si vous voulez employer les dix chiffres, pre' nez dix petits quarrés d’un pouce amp; deminbsp;cöté ; creufez fur la face fupérieure de chacUi*nbsp;une rainure , maïs dans dlverfes Situations ;nbsp;premiere , par exemple , déftinée au nombre I gt;nbsp;ira direéfement de bas en haut; la feconde èi'nbsp;viera a droite, d’un angle égal è la dixieme denbsp;circonférence ; la troifieme, de deux dixieme*»nbsp;amp;c. ce qui donne dix pofitions différentes. 0^nbsp;introduira enfuite dans ces rainures de petite*nbsp;barres d’acier bien aimantées, en ayant l’attentiofnbsp;de lourner leur póle nord de la maniere conve'nbsp;nable. On couvrira ces rainures amp; la facenbsp;quarré avec de fort papier, afin qu’on ne foup'nbsp;qonne point l’exiftence de ces barreaux, II fat?^nbsp;enfin avoir une botte aflez étroite pour ne tef'*^nbsp;en largeur qu’une des tablettes, amp; aflez long**®nbsp;pour pouvoir les y ranger toutes.

On propofe enfuite une perfonne de prenfi^® pendant qu’on s’éloigne, plufieurs de ces tablette*»nbsp;amp; de les ranger coramè elle jugera k propos da***

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DE L’ A I M A N T» nbsp;nbsp;nbsp;15 j

l^boite décrite ct-deïïus, pour en faire un nom-. cjuelconque. Cette mêine perfonne fermera ^boite, amp; vous devinerez ainfi Ie nombre formé.

Mettez votre prétendue lunette fur la place de ® premiere tablette, c’eft-a-dire a gauche ; fi Ienbsp;‘^bifFre qui eft au deffous eft l’unité, l’aigutllenbsp;^ournera de maniere que la pointe ou Ie polenbsp;^ord regardera au devant de vous. Si ce chitFrenbsp;tolt 4, elle tourneroit a la quatneme divifionnbsp;cercle divifé en 10 égaleinent; amp; ainfi desnbsp;*'*tres. II fera done fort facile de deviner par-linbsp;Suel eft Ie chiffre de chaque place, conféquem-*^601 de nommer ce chiffre même.

Nous en avons dit aftez fur eet artifice. On '^vinera de même un mot qu’on aura écrit ennbsp;*®cret avec des carafteres donnés; 1’anagrammenbsp;on aura formé d’un mot propofé , comme denbsp;, qui donne amoTy mora , orma , maro , 6'c/nbsp;queftion qu’on aura choifie parmi plufiéurs,nbsp;qu’on aura mife dans la boite : on pourranbsp;*^^me, avec un peu d’adrefle, faire trouver lanbsp;^'ponfe dans une autre boite. Ce tour enfin pourranbsp;pte varié de bien des manieres, plus agréablesnbsp;unes que les autres , maïs toutes dépendantesnbsp;même principe.

La boite aux métaux , par exemple , n’eft en-qu’une pareille variation du même tour. Oii * *^305 une boite fix plaques de différents métaux:

ptopofe a quelqu’un d’en prendre une, de la P *cer dans une autre boite, amp; de la fermer; cenbsp;ïi’empêchera pas qu’on ne la devine. Rkn denbsp;Pus facile. Ces plaques font de telle forme,nbsp;^ ^lles ne peuvent avoir qu’une feule fituationnbsp;la petite boite. Chacune d’elles, hors cellenbsp;® fer, renferme dans fon épaifteur un barrea»,

T üj

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194 Récréat. Mathémat. et Phys,

magnétique , placé dans des fituations contiu^' Au moyen de la lunette prétendue magique ¦,nbsp;reconnojt ces fituations ; conféquemment on nenbsp;peut ignorer la nature du métal. On ne metpoin*^nbsp;de barreau dans la plaque de fer , parceque cel3nbsp;feroit inutile ; mais on peut aimanter un cóté d®nbsp;cette plaque ; ou, fi on ne 1’aimante point, la di'nbsp;reélion indéterminée de I’aiguille annonceranbsp;c’eft Ie fer.

§• Hl.

La Mouche fgavanu^ ou la Syrene.

Ce tour-ci efl: un peü plus compliqué que précédent , amp; même il eft fondé moitié fur 1^nbsp;phyfique, moitié fur une petite fupercherie. On^nbsp;fur une table un vafe encaflré dans fon épailTeuftnbsp;garni d’un large rebord, fur lequel font infquot;nbsp;crits des nombres, ou les heures du jour, ou de*nbsp;réponfes a certaines queftions. On propofe ^nbsp;quelqu’un d’indiquer unnombre, ou de nomm®^nbsp;une heure du jour, ou de la demander, ou denbsp;choifir une des queftions infcrites fur des carte*nbsp;qu’on lui préfente. Une moucbe , une fyrenernbsp;OU un cygne mis a l’eau , doit défigner les chilft^fnbsp;de ce nombre dans leur ordre , répondre enfio ^nbsp;la nature de la queftion qu’on lui aura faite.

Tout cela s’exécute au moyen d’un barrel’* fortement aimanté , qui eft porté par un cerel®nbsp;de cuivre, dans l’épailTeur du rebord du balb^'nbsp;II eft évident que fi Pon fqait donner a ce barreai*nbsp;Ie mouvement néceftaire pour indiquer les lettre*nbsp;OU les nombres néceffaires pour la réponfe ,nbsp;mouche ou Ia fyrene qui nage fur un petit b3'nbsp;teau qui contient un autre barreau aimanté , *

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DE L’ A I M A N T. nbsp;nbsp;nbsp;19^

'ïirlgera, 8c paroitra répondre a la queftlon. Voila tout Ie phyfique du tour; volei la petite fuper-^herie.

L’épaifleur de la table, qui eft de quetques Pouces, eft creufe, Sc dans ce creuxeft contenunbsp;mécaniftne qui eft mis en mouvement par unnbsp;•kordon qui pafte Ie long des pieds de la table,nbsp;tfaverfe Ie plancher , amp; aboutit a une chambrenbsp;'oifine , féparée feulement de celle oü fe fait Ienbsp;toür par une clolfon trés - légere. Le bout de ce.nbsp;tordon aboutit a un tableau oü font marquees lesnbsp;^ivifions du baflin , Sc le tout eft tellement com-o;né , (ce.qui n’eft pas une chol’e difficile , ) quenbsp;^Otfque le bout de ce cordon eft amené vis-a-visnbsp;. chiffre, par exemple 4, le barreau aimanté eftnbsp;^ous le 4 infcrlt fur le rebord du vafe,

Lors done qu’on demande a la fyrene de mariner 1’heure qu’il eft , celui qui eft derriere la ^loifon Sc qui entend la queftion , n’a autre chofenbsp;^ faire que de tirer le cordon, Sc d’en amener lenbsp;l^out, fur le tableau qu’il a devant lui, vis-a-visnbsp;heure qui court. Le barreau aimanté va fe pla-deflbus , Sc auffi-töt la fyrene docile fe metnbsp;mouvement, Sc va marquer cette heure.

Si l’on a choifi une queftlon, celui qui fait le tour , fous prétexte d’interroger la fyrene , la luinbsp;[épete. Son adjoint l’entend , Sc fait mouvoir lenbsp;quot;itreau aimanté fur la réponfe.

ne feroit pas difficile d’établlr entre l’un Sc t autre une correfpondance cachée , Sc telle que ,,nbsp;fans parler , la fyrene parut deviner elle-méme lanbsp;S^eftion , amp; y répondre.

Anglo:

y trouve Tiv

IS , imprimé en 1633 : on

Les livres principaux qui traitent de 1’aimant ^ot, le traité de Magnete de Gilbert, philofopbe

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3.^6 RêCRÉAT. Mathémat. et PhY5»

traces de eet efprit d’obfervation qui a fait fa!*'® a la phyfique tant de progrès ; V^rSnbsp;du P.Kii^cher: c’eft une efpece d’encyclop^^*^nbsp;de tout ce qui s’étoit dit jufqu’a lui fur cettenbsp;tiere , augmentée de beaucoup d’idées de l’****'nbsp;teur, dont la plupart tiennent de fon caraft^renbsp;d’efprit dans lequel l’imagination doininoit;nbsp;Magmtologia du P. Léothaud , in-4°, i6óo'nbsp;c’eft un ouvrage de peu d’importance. L’ouvrag®nbsp;du P. Scarella, intitule damp; Magmtc, en 4 volu»*®*nbsp;in-4° , imprimé a Brefcia en 1759 , P®“^nbsp;lieu de tous les precedents, amp; renferme d’u!*®nbsp;maniere claire amp; bien développée tout ce qu’dfnbsp;a d’utile amp; de folide dans ce qui a été ditnbsp;écrit fur l’aimant jufqu’a cette époque ; a q**^*nbsp;1’auteur, phyficien fort éclairé, a ajouté fes vue*nbsp;particulieres. Le petit Traité fur les Aimantsnbsp;tificiels, traduit de Tanglois en 1752 , amp; aug'nbsp;menté d’une preface hiftorique du tradufteuf gt;nbsp;mettra Ie leéfeur au fait de cette partie denbsp;théorie de l’aimant. On peut, a fon défaut, Pt®nbsp;le Mémoire fur les Aimants artificiels, parnbsp;Anthéaume , qui a remporté le prix de l’Acade'nbsp;mie de Pétersbourg en 1758, amp; qui a éténbsp;primé a Paris en 1760. On lit enfin dansnbsp;Mémoires préfentés a l’Académie par des fqavai*’^nbsp;étrangers, plufieurs morceaux de M. Dutoi**'»nbsp;qui mérltent d’être connus Sc médités par ce***'nbsp;qui s’attachent a cultiver amp; amplifier cette théot'®*


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RÊCRÊATÏONS

mathématiques

E T

PHYSIQUES.

TREIZIEME PARTIE.

De l'Électkicité.

L’Électricité eft une fource prefque inépuifable de phénomenes furprenants amp;nbsp;finguliers, qui frapperoient la curiofité de ceuxnbsp;qui donnent Ie moins d’attention a ob-fetver la nature. Quoi de plus extraordinaire 5cnbsp;iTioins facile a concilier avec les loix connuesnbsp;la phyfique, que de voir un fimple frottementnbsp;^^citer dans certains corps la faculté d’attirer 8cnbsp;•^epouffer les corps légers qui font a proximité;nbsp;^ette faculté fe communiquer par Ie contaél anbsp;^ autres corps )ufqu’a des diftances très-grandes;nbsp;feu jaillir d’un corps qui eft dans eet état; amp;


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^98 Récréat, Mathémat. et Phys. mille autres phénomenes plus inattendus lesnbsp;que les autres , dont l’énumération feroit tro^nbsp;longue! Nous nous bornerons a la fameufeexp^quot;nbsp;rience de Leyde, oü 1’on voit une file de pet'nbsp;fonnes Ie tenant par la main, ou fe cominuntquot;nbsp;quant feulement par une barre de métal, recevoJfnbsp;tout-a-coup d’un agent invifible une commotioOnbsp;interne, qui pourroit même être affez violentenbsp;pour tuer ceux qui 1’éprouveroient.

On conviendra qu’il n’en eft pas encore de 1’éleftricité comme du magnétifme, Ce derniefnbsp;a fervi, par l’invention de I’aiguille aimantée , ^nbsp;affurer la navigation , a découvrir un nouveaunbsp;monde, fource de nouvelles richefles j de noU-veaux befoins amp; de nouveaux maux pour 1’an'nbsp;cien. Mais l’éleftricité n’a encore rien produit denbsp;fi brillant pour Ie genre humain amp; pour les arts »nbsp;fi nou# en exceptons 1’analogie aujourd’hui dé-montrée entre Ie feu élecfrique amp; celui du ton-nerre , analogie d’oü a réfulté un préfervatif alTe®nbsp;probable des effets de ce terrible météore: car»nbsp;quant aux guérifons opérées par 1’éleftricité ,nbsp;faut convenir qu’elles font pour la plupartnbsp;conftatées ou très-rares.

Gardons-nous néanmoins de traiter les rechet' ches fur eet objet de pures inutilités , car quao^nbsp;on conficlérera les phénomenes que préfente 1’^'nbsp;leéfricité, on ne pourra s’empêcher de reconnoi'nbsp;tre qu’elle eft un des agents les plus généraux ^nbsp;les plus puilTants de la nature. Peut-on difconv^'nbsp;nir que 1’identite du feu éleéfrique avec celui d^nbsp;la foudre ne foit déja une belle amp; grande décou*nbsp;verte ? Que dire d’une foule d’autres analog’^^nbsp;ébauchées entre réleftricité, Ie magnétifme,nbsp;fluide nerveux, Ie principe de lavégétation,

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DE L’ E L E C T R I C I T É. 299 promettent une grande moiflbn a ceux quinbsp;^ontinueront de cultiver ce champ fertile.

§• I.

que c’ejl que PEleclricité; Dijlinclion entre les corps éleclriques par frottement ou par communication.

L’éleftricité eft une propriété que certains Corps acquierent par Ie frottement, fqavoir, d’at-**rer ou repoufter des corps légers qui fe trouventnbsp;dans leur voifinage. Frottez, par exemple, unnbsp;taton de cire d’Efpagne avec la main , ou mieuxnbsp;encore fur du drap, amp; paflez-le a quelques Lgnesnbsp;de petits morceaux de papier ou de paillé; vousnbsp;^es verrez^fe jeter fur Ie baton, amp; s’y tenir commenbsp;collés , jufqu’a ce que la vertu acquife par cenbsp;ftottement fe foit diffipée. I-es anciens avoientnbsp;*’etnarqué que l’ambre jaune ainfi frotté, attiroitnbsp;^es corps légers : de-la Ie nom A'ileclricicé, car ilsnbsp;•^oinmoient cette matiere ékclrum. Mais c’eft-lanbsp;^Ue fe borna leur obfervation.

Les modernes ont obfervé qu’une foule d’autres Corps ont Ia même propriété. Tels font l’ambrenbsp;gris, amp; en général toutes les réfines qui peuventnbsp;ftipporter un certain frottement fans s’amollir ; Ienbsp;|dufre , la cire, Ie jayet, Ie verre, Ie diamant,nbsp;J^.cryftal, la plupart des pierres précieufes, lanbsp;, la laine, Ie poil des animaux , Ie bois biennbsp;defféché.

l’égard des corps qui ne peuvent acquérir cleftricité par Ie frottement, on a obfervé qu’ilsnbsp;peuvent l’acquérir par communication, e’eft-a-l^e par Ie contaft , ou par une très-grande pro-^¦mite avec ceux de la premiere efpece , amp; qu’ils

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300 Récréat. Mathémat, et PhVS.

peuvent la tranfmettre a d’autres corps de nature amp; par Ie même moyen. Ces corpsnbsp;éleétri/ables par Ie frottement, font les mét^aXfnbsp;amp; l’eau foit fluide , foit glacée 1; les corpsnbsp;terreux , les animaux. Maïs nous remarquerons

qu’a proprement parier, les métaux amp; Ie fluids aqueux font les feules .fubftances vraiment con-duftrices de I’eleftricite, amp; que les autres ne 5®nbsp;font qu’autant qu’elles participent de la naturenbsp;métallique, ou qu’elles contiennent plus ou moiflSnbsp;d’humidité. L’éleftricité fenible même encorenbsp;préférer les corps métalliques pour fe tranfmettrenbsp;d’un corps i un autre. Si done vous placez uunbsp;des corps de cette derniere efpece , comme unenbsp;barre 8e métal, une de bois humide, dans l3nbsp;proximité ou en contaft avec un corps de 1^nbsp;premiere clafle éleftrifé par Ie frottement , aveCnbsp;les precautions qu’on indiquera plus loin , il de'nbsp;viendra lui-même éleftrique ; ce que vous recoo1nbsp;noitrez aifément par Ie mouvement qu’il impri'nbsp;mera aux corps légers qui fe trouveront dans 1®nbsp;voifinage.

Ainfi done tous les corps font fufceptibfes d’etf® éleélriques, mais de deux manieres differentes lnbsp;les uns Ie font en quelque forte par eux-rnêmes gt;nbsp;on excite dans eux eette vertu par Ie Ample frot^nbsp;tement; on les nomme par cette raifon ékctriqinS'nbsp;les autres ne Ie font que par communication ;nbsp;les nomme communément éhciriqucs par

1

On a retnarqué depuis, que Ie verre échauffé jufqu’^ être rouge, amp; mème plutót, amp; Ia flamme, étoient de»nbsp;condufteurs de I’ékéirkhé. Au contraire, feau qu1»nbsp;fon état de fluidité, eft un condufteur1de l’éleöricjt^rnbsp;celfe de J etre lorfqu’elle eft fortement gelee.

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DE l’Electricité. 301

^i^cation, OU non-éleBriquts: il vaudroit mieux les ®Ppeler conduBeurs de réleBricité; amp; c’efl; ainfinbsp;nous Ie ferons Ie plus fouvent.

II eft a propos d’obferver que ceux de la pre-*’iiere clafle ne font point fufceptibles de recevoir I’éleftricité par communication , ou ne la reqoi-^ent ainfi que difficilement. De-la vient que,nbsp;dans les experiences qu’on va décrire, on placenbsp;les corps qu’on veut éleftrifer par communication , ou (ur des gateaux de réfine, ou Air desnbsp;kordons de foie; car autrement, l’éleftricité pro-duite dans ,eux fe difliperoit tout-a-coup par Ienbsp;contaft des corps éleftrifables par communication , auxquels ils toucheroient.

^efcription de la Machine éUBrique ou d éleclrifer^ ainji que des Injlruments acce^oires pour lesnbsp;experiences de FEleBriciü.

Lorfqu’on commenqa h cultiver Ia théorie de I’éleftricité, on fe fervoit uniquement pour 1’ex-citer, d’un tube de verre de 3 pouces environ denbsp;diametre , amp; de 25 è 30 pouces de longueur. Onnbsp;Ie frottoit dans fa longueur amp; dans Ie m5menbsp;lens avec la main nue, pourvu qu’elle fut biennbsp;I^che , OU enveloppée d’un morceau de flanellenbsp;tiu de drap; on préfentoit enfuite ce tube a unnbsp;^orps qu’on vouloit éledlrifer. C’eft ainfi que lesnbsp;^tay^ les Dufay, ont fait leurs premieres expé-tiences éleftriques.

On a enfuite fubftitué a ce moyen celui d’un Slqbe fufpendu avec de la poix entre deux man-Otins de bois qui lui fervoient d’axe, amp; qu’onnbsp;«ifoit tourner rapidement avec une manivelle ou

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301 RéCRéAT. Mathémat. et Phys. line roue ; on appliquoit la main feche a ce globe»nbsp;OU on Ie failoit frotter par un couffinet : cela ynbsp;excitoit réleiSricité , qu’on recueilloit ,nbsp;ainfi dire , au inoyen d’une frange métallique quinbsp;pendoit fur ie globe, ou autrement,

A ces machines a fuccédé celle que nous allon* décrire , qui eft beaucoup plus fimple ; aulfinbsp;a-t-elle comme banni des cabinets des phyficiensnbsp;la machine précédente.

PI. 7, La nouvelle machine électrique eft compofes fig. 40. d’un batis formé d’un pied A , fur lequel {ot\inbsp;élevés amp; aflemblés deux montants B amp; C, after-mis par Ie haut au moyen d’une piece circulair®nbsp;D. Ces deux montants doivent être plus oUnbsp;moins hauts, fuivant que Ie plateau circulaire denbsp;verre fera d’un plus ou moins grand diametre ; catnbsp;il faut que Ie bord n’approche pas trop prés ni dilnbsp;haut de eet affemblage , ni du bas.

C’eft cette piece circulaire de verre E qui eft 1* piece eflentielle de la machine. Elle eft percéenbsp;dans fon centre d’un trou aflez grand pour y paflernbsp;amp; aflurer folideinent un axe d’acier qui porte fu^nbsp;les deux montants , amp; eet axe du coté C eft prO'nbsp;longé en dehors , amp; terininé quarrément pour ynbsp;emmancher une maniveile qui fert a faire tournefnbsp;cette glace.

Les deux montants portent enfin dans Ie hai'’^ amp; dans Ie bas deux couflinets de cuir remplisnbsp;erin, enforte que la piece circulaire de glace,nbsp;tournant, foit frottée par ces couflinets, a qucl'nbsp;ques pouces de fon bord.

Enfin, fur la partie allongée de I’empatemenf» eft établi Ie conducteur, fur un pied de verre et*nbsp;forme de colonne. Ce condufteur eft une pie®®nbsp;cylindrique de cuivre, terminée d’un cóté

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DF. l’ElECTRICITÉ. 30J boule G du même métal, amp; formé de 1’autrenbsp;en un are a peu prés demi-circulaire, por-^ant a chaque extrémité deux efpeces de demi-§lobes H amp;. I, qui préfentent a la glace leur bafenbsp;circulaire. Cette bafe circulaire eft garnie denbsp;'l'iatre pointes d’acier, aiguës amp; de mêine lon-Sueur. Le pied de ce conduéleur peut avancernbsp;^ reculer fur Tempatement qui le fupporte, denbsp;’i’aniere a approcher ou eloigner a volonté lesnbsp;Pointes ci-delfus décrites de la furface de la glacenbsp;verre ; car ce font ces pointes , comme on lenbsp;'¦^rra, qui attirent amp; pompent, pour ainfi dire ,nbsp;‘C fluide éleftrique excite ou mis en mouvementnbsp;par le frottement des petits couffins fur la glacenbsp;Circulaire,

Lors done qu’on voudra produire Péleélricité, placera la machine furune table folide, amp; onnbsp;^affurera par des vis. On fixera le condufteurnbsp;ctforte que fes pointes approchent de très-près lanbsp;SWe circulaire, on la mettra en mouvement,nbsp;*11 faifant tournet la manivelle, Le conduéteurnbsp;^onnera prefque fur le champ des marques d’élec-^’'icité, foit en produifant des étincelles a l’ap-Pfoche du doigt, foit en attirant amp;; éloignantnbsp;‘Cs corps légers qu’on en approchera.

R E M A R qu E S.

ÏI. y a quelques autres inftruments qui font né-c^lfaires pour les experiences éleéfriques. Nous Parlerons néanmoins uniquement ici de ceuxnbsp;ont 1’ufage efl: le plus general, nous réfervantnbsp;c décrire les autres a mefure que nous expofe-J^^ns les diverfes experiences oü ils font nécef-

On doit être pourvu de quelques marche-


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304 Récréat. MathéMat. et Phys. pieds enduits de réfine , quarrés ou circulaires.nbsp;On leur donne 15 a 18 pouces de coté ou denbsp;diametre , amp; pour plus de süreté de l’efFet, oUnbsp;peut les faire porter fur quatre corps de bouteill^*nbsp;de gros verre. Ils fervent a ifoler les corps ou 1^*nbsp;perfonnes qu’on veut éleftrifer.

II. nbsp;nbsp;nbsp;Comme il y a quelquefois du danger a tirefnbsp;réleftricité avec Ie doigt, il faut être muni d’un

Pl, 7, inftrument appelé \'excitateur. C’eft un are de fig. 41' eerde métallique, emmanché a fon milieu a «f*nbsp;manche de verre ou de cire d’Efpagne; mais 1®nbsp;premier eft preferable amp; plus folide. En touchafltnbsp;avec Tune des boules de eet inftrument Ie corpsnbsp;Ie plus fortement éleftrifé, on peut en tirer fau*nbsp;danger une étincelle , parceque Ie manche denbsp;verre intercepte Ie paflfage de l’éleéfricité , denbsp;l’excitateur a la perfonne qui Ie tient.

III. nbsp;nbsp;nbsp;On doit auffi avoir une chaine de métal»nbsp;ou de plufieurs fils de fer lies les uns aux autres-Elle fert a tranfmettre l’éleftricité loin du premie^nbsp;condufteur HGl; ce qui fe fait en falfant porternbsp;cette chaïne par des cordons de foie attachés ai*nbsp;planchet, ou tendus entre deux traverfes.

IV. nbsp;nbsp;nbsp;II eft a propos d’être muni d’un long tub®nbsp;de métal, ou de carton doré, amp; de plulieu'^^nbsp;pouces (3 0U4) de diametre. Ce tube fe comiur^'nbsp;niquant au premier condufteur par une chaiue»nbsp;forme un fecond conduéleur qui fe charge d®nbsp;beaucoup d’éleélricité, amp; fert a quantité d’exp®'nbsp;riences. Plus ce tube eft long Sc gros , plus 1’®'nbsp;leéfricité dont il fe charge eft conlidérable. H ®nbsp;effentiel qu’ll n’ait aucune pointe ni émineO®®nbsp;aiguës , par les raifons qu’on verra plus loin,

V. nbsp;nbsp;nbsp;On ne peut fe paffer de quelques

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ÜE L‘ELÉCtftlCITi. 305

foucoupes de verre, pour ifoler les corps dont On veut conferver Téleftricité.

VI. nbsp;nbsp;nbsp;II faut auffi être pourvu de quelques piecesnbsp;oe inétal, les unes pointues, les autres terminéesnbsp;par une éminence fphérique; les unes emman-^i'ées a des manches de verre, les autres portéesnbsp;P^r des manches de matiere tranrmettant l*élec-^ricité, comme on a dit plus haut.

VII. nbsp;nbsp;nbsp;Les couffins ont befoin d’etre de temps inbsp;®'^tre laupoudrés d’un amalgame’fervant a y en-*retenir Ie frottement. Celui qui paroit Ie mieux

, eft 1’amalgame d’étain amp; de mercure, tel 'lUe celui qu’on met derriere les glacés, avec unenbsp;!*'oitié de crale ou blanc d’Efpagne*; Ie tout mé-amp; réduit en une pouffiere impalpable.

^Telles font les principales parties de 1’appareil quot;^celTaire pour les expériences éleélriques les plusnbsp;^'^irimunes. Nous allons paffer a ces expériences,nbsp;allant du plus fimple au plus compofé.

Premiere Expérience.

VEtincelU ckclrique.

. Tout étant difpofé comme on 1’a expliqué plus , amp; l’air de la chambre étant fee, mettez lanbsp;J''^chine en mouvement pendant quelques mlnu-Que quelqu’un préfente alors un doigt aunbsp;^Onduéteur : lorfq u’il en fera diftant d’une lignenbsp;['''deux, OU davantage , fuivant la force de l’é-^^ftricité , il fortira a-la-fois du conduftèür Sc dunbsp;une double étincelle , accompagnée denbsp;’’üit, qui caufera même quelque douleur.- Lorf*,nbsp;cette perfonne , que nous fuppofons ïpr, Ienbsp;^richer, touchera Ie conduéleur , il ne donneranbsp;! de marque d’éleftricité, parcequ’elle fe com-Tome IF,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;V

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30Ó Récréat. Mathémat. et Phys. muniquera par elle a toute la mafle des corpsnbsp;non-éleftriques a laquelle elk touche.

Ile ExPÉRIENCE. Comniunicatwn de l’ékciricué a diverfespcrfontt^f-

Faites monter la perfpnne en queftion fur gateau de réfine, ce qui Tifolera du planchet, ^nbsp;mettez la machine en mouvement: non-feulemc*^*-Ie conduöeur, mais cette perfonne, feront éleC'nbsp;trifés; enforte que tous ceux qui ne feront p^*nbsp;dans Ie même dtat, 8c qui viendront i touchednbsp;1’un OU l’autre , en tireront 1’étincelle éleftriqu®'

Vingt perlpnnes 8c bien davantage, pourro»^ ainfi être éleftrifées, pourvu qu’elles foient toute*nbsp;ifolées.

Ill® Experience.

VAttraction amp; la Répuljlon.

Préfentez 4 une perfonne éleélrifée ou au coU' duéleur, des feuilles de métal battu, des brins d®nbsp;paille, de papier, 8c autres corps légers noU''nbsp;éleftriques; vous les verrez, quand ils feront a *nbsp;diftance convenable, s’élancer fur Ie corps ék®'nbsp;trifé: mais ils ne l’auront pas plutót touché, q^t’’nbsp;en feront repouffés. Si alors on les reqoit futnbsp;corps non-éleélrique, ils ne l’auront pas pk^fnbsp;touché, qu’ils reviendront vers Ie corps élelt;fttii®’nbsp;amp; en feront de nouveau repouffés, 8cc.

IVe ExPÉRIENCE. nbsp;nbsp;nbsp;,

Qufi^es Jeux éleSlriques fondès fur la prop^^^^ précédente. Le Poiffon d'or^ la Danfenbsp;iUBrique, la Pluk lumineufe.

Cette propriété des corps éleftriques, fjavoit»

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de 1‘ELECTRïCïTÉ. 307. . ‘^^poufler lorfqu’ils font dans eet érat, amp;c denbsp;^|ürer quand l’un d’eux l’eft feulement, a donnénbsp;a quelques petits jeux affez agréables,nbsp;nous allons expliquer ici avec 1’étendue quenbsp;mériter leur importance.

Coupez dans une feuille d’or battu qui ait '1’ielcjue fermeté, un rhombe dont les deux anglesnbsp;Ppofés foient fort obtus, tandis que les deux au-feront fort aigus. Préfentez cette feuille denbsp;'fal au condufteur , enforte qu’un des anglesnbsp;s’éleve Ie premier, 8c aufli-töt placez aunbsp;pous un plateau métaliique ; vous la verrez fenbsp;j ^cer amp; refter prefque immobile entre Ie conduc-amp;c ce plateau.

nt

/^périence fe fait dans l’obfcurité, vous verrei pieds 8c de la tête; ce qui formera un petit

jj ces feuilles de métal font taillées en petites S'Jres humaines, furmontées d’un angle aigu,nbsp;j'^lorme de bonnet pointu, qu’on les couche furnbsp;^ Plateau , qu’on les préfente enfin ainfi au deflbusnbsp;conducteur, ou d’un autre plateau commu-j,qiiant au conducteur, on les verra fe relever,nbsp;^enir droites , fauter vers Ie conduCteur, s’abaif-gt; en tournant en rond plus ou moins rapide-, ce qui figurera une efpece de danfe; 8c ft

aigrettes lumineufes s’élancer alternativement Pieds -nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;¦ -nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;¦

^®^acle très-agréable.

^ Maintenant taillez cette feuille de métal en fort allongée d’un cóté , tandis que de l’au-file fera beaucoup moins aiguë. Dans cettenbsp;''Qus lui donnerez , ft vous voulez, l’appa-de la tête d’un poiffon. Prenez-la par 1’an-Pat rnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, en la préfentant au conduCteuC

1^1 5 P^us obrus, a la diftance d’un pied, ft l’é-‘•‘cité eft fotte: eUe s’éclwppera de vos doigts,

y ij

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3ot5 Récréat. Mathémat. et Phys.

amp; volera d’un mouvement ondoyant vers Ie coRquot; dufteur , au deffous duquel elle fe placera ^nbsp;demi ou un quart de pouce dfe diftance, ennbsp;toumant Tangle obtus: quelquefois elle s’en ap'nbsp;prochera jufqu’au contaft, amp; fera aufli-fot t®'nbsp;pouflee ; ce qui figvrtera Ie jeu d’un petit poilï^'’nbsp;qui viendroit becqueter ou mordre Ie condufteuf*nbsp;De-la ce petit jeu a été appelé Ie Poijfon d'or.

III. La pluie lumineufe fe fera de cette ma* niere. Sufpendez au condufieur un plateau circ'i'nbsp;laire de ^ ou 6 pouces de diametre; ayez enfn’^^nbsp;un plateau métallique en forme de foucoup®’nbsp;dont vous environnerez Ie i ord d’un cylindre ^nbsp;verre de 5 a 6 pouces de hauteur; couvrez/®nbsp;plateau de recoupes de feuilles de métal bi^!’nbsp;fines amp; légeres , amp; placez-le fous Ie plateau mnbsp;pendu au conduffeur, Lorfque ce derniernbsp;fortement éleftrifé , vous verrez toutes ces peth^*nbsp;feuilles de métal s’élever du plateau inféri^'’^nbsp;contre Ie fupérieur, y étinceler, être repoud^®*nbsp;contre celui d’en bas, y étinceler encore ,nbsp;étinceler entr’elles lotfqu’une d’elles , étant él^'quot;'nbsp;trifée , en rencontrera une qui ne Tétoit pas jnbsp;qui remplira Ie cylindre de verre de beaucoup ^nbsp;lumiere , Sc donnera Tapparence d’une pluisnbsp;feu.

Ve Experience.

Répuljion cntrc des corps également éleclrip^'

Sufpendez a Textrémité du conduéteur fils de matiere non-éleftrique , comme de lio»nbsp;chanvre , de coton, Scc : ils pendront petp^ . C5nbsp;culairement Sc fe toucheront, fi leurs extréin*^nbsp;fupérieures fe tovicbent, Faites tourner Ie

iii

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DE L’Electric IT É. ' nbsp;nbsp;nbsp;309

produifez l’éleftriclté dans Ie condufteur Sc fils: vous les verrez auffi-tót fe repoufler 1’unnbsp;, amp; former entr’eux un angle d’autant plusnbsp;Ouvert, que réftricité fera plus forte. Lorfque l’é-^uricité diminucra, ils fe rapprocheront l’un denbsp;^3utre.

, Cette expérienee démontre un fait important la théorie éleélrique, c’eft que deux corpsnbsp;p'ftrifés femblablement, fe repouffent 1’un l’autre.nbsp;,'ufieurs phénoinenes amp; jeux éleftriques tirentnbsp;®'la leur explication.

V Ie Experience.

Conjlru^ion d'un EUclrometre. nbsp;nbsp;nbsp;- -

- ^’experience ci - deflus fournit un moyen dè ^^'ger de la force de 1’éleélricité ; amp; Pon peutnbsp;|,^§arder les deux fils dont on a parlé, comme unenbsp;^rte d’éleftrometre. Néanmoins , comme deuxnbsp;* femblables peu'vent être fujets a bien des mou-^^¦Rents indépendants de Péleftricité , les élec-.‘^'ciens ont adopté prefque généralement Ie petilnbsp;'‘^ftrument fuivant, qui n’éft guere moins fimple,nbsp;. öeiix petites boules de r lignes de diametre,nbsp;^ de liege ou de moëile de fureau-, portées auxnbsp;5Rx extrémités d’un fil conduéfeur de Péleéfri-j forment toute cette machine. On paffe cenbsp;j ^ur Ie condufteur , enforte que les petites bou-pendent a la même- hautepr. Auffi tót qu’omnbsp;poduit Péleftricité dans Ie conduéteur, amp; con-®^Uemment dans les petites boules , elles- s’écar-Pune de Pautre ; amp;£ la grandeur de Panglenbsp;forment les fils, fait juger de Pintenfité denbsp;sélrlcité. Nous difons juger de cette intenfité,nbsp;f Qn ne peut pas , ni par ce moven» ni pat

V üj

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310 RÉCnéAT. MATHiMAT. ET Phys, aucun autre que je connoifle , de'terminefnbsp;^leftricité double, triple, quadruple d’unenbsp;iTiais au moins eft-on fondé a conclure qu’un deg^®nbsp;d’éleflricité eft plus grand ou moindre qu'unnbsp;tre , OU que deux degrés d’éleftricité font ^gati*»nbsp;fuivant que 1’écartement des deux boules eftnbsp;grand ou moindre , ou Ie méme; ce qu’ilnbsp;ordinairement de connoitre.

VII« Experience.

'^Allumtr di Pefprit di vin avec VétincelU éleciri^^^'

Une perfonne étant éleörifée, qu’une portee fur Ie plancher s’approche d’elle, ay^fnbsp;dans fa main une cuillere rempUe d’efprit denbsp;tien déflegmé amp; un peu échauffé; que la perfoP*’^nbsp;ëleéirifée préfente Ie doigt a eet efprit de vin ?nbsp;mieux encore une pointe de fer émoufleenbsp;un poinqon , ou la pointe d’une épée: il foft*^*nbsp;de la liqueur une ëtincelle éleftrique qui y

Ie feu. _ nbsp;nbsp;nbsp;,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, . Ilf

Si la piqüre douloureufe, caufee par I’etince** éleftrique , pouvoit encore laiflêr quelque do^'nbsp;qu’elle füt un vrai feu , cette expérience-c* ®nbsp;convaincroit.

Vin® Expérience.

Propriétés des Pointes^

Au lieu d’un condufteur tel que nous décrit plus haut, fervez-vous d’une barre denbsp;tal anguleufe , ou terminée par une ou pluli^®^nbsp;pointes aiguës; mettez Ie globe en mouvetne’’^^nbsp;amp; approchez Ie doigt d’un angle ou d’une poiu^ ^

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DE L’ELECTRlCITé- Ji*

néanmoins Ie faire aflez pour én tirer l’étin-Celle éleftrique , vous reffentirez comme un fle qui s’en exhale , amp; même avec un petit bruif.nbsp;f^ment.

Mais fi vous faités l’expérience dansl’obfcorité, '^ous jouirez d’un joli fpeftacle ; car, lorfque 1’é-^eftricité fera vigoureufe , vous verrez fortir denbsp;angles des gerbes lumineufes , qui s’augmen-^eront confidérableirrent quand vous leur préfen-*erez Ie doigt.

Vous reconnoitrez en même temps, que la caüfe

ce fouffle léger amp; accompagné de brult, n’eft *utre chofe que l’éruption du fiuide éleftrique ,nbsp;^uel qu’il foit, qui fort du corps éleftrifé , amp;nbsp;tjui fe préclpite vers votre doigt ; d’ou il fuit quenbsp;c’eft un corps, puifqu’il réagit contre un autrenbsp;Corps.

On dolt remarquer que lorfque Ie corps éléc-*tiré eft anguleux, il perd beaucoup plutöt l’é-leélricité qui lui a été communiquee. Ces angles ^ ces pointes fèmblent être autant de déchargcsnbsp;fpontanées de la matiere éleflrique : aiofi 1’oa.nbsp;doit les éviter dans les corps qu’on veut ele^rifer ^nbsp;St dans lefquels on veut maintenir Ie plus long-*emps poffible Téleftricité.

IE X p i RIE N e Ë.

Diffirenu des pointes amp; des corps imouffès,.

Eleftrifez dans l’obfcurlté un conduéleur ordinaire , ou un autre corps quekooque non-anga-ïeux; 6c lorfqu^il fera fortement éleftrifé, pré-fentez-lui un corps émouffé, comme Ie doigt oa-nn poinqon obtus amp; arrondi. II faudr» qu’it etv a0èz voifin. pour tirer l’étinceVle eleftriqu^

V iv


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|ii Récréat. Mathémat. et Phy^»

Maïs fi vous lui préfentez une pointe fort aiguc J vous verrez , avant qu’elle foit a beaucoup prés»nbsp;voifine, s’y former a la pointe une étoile luiu*'nbsp;neufe en forme de gerbe fort courte ; amp; finbsp;corps éleftrifé ne reqoit pas a chaque inftant ui^nbsp;fupplément d’éleflricité , il en fera bien vit®nbsp;privé.

Si cette pointe eft portee par un gateau fi® refine , elle deviendra elle-même éleétrifée , ma**nbsp;Téleftricité du conduéleur ne s’anéantira pas eH'nbsp;tiérement,

II paroit par cette experience, que fi dans précédente les gerbes lumineufes font formées pa^nbsp;une matiere qui s’écoule du corps éleélrifé , i®*nbsp;c’efl: Ie contraire; elles font formées par une ma'nbsp;tiere qui afflue amp; qui fe précipite vers la poim®nbsp;préfentée au corps éleélrifé. Que peut-on dire canbsp;effet, lorfqu’on voit un corps non-éle6frifé Ie de'nbsp;venir par cette voie, finon que la matiere, Ie feünbsp;OU Ie fluide életlrlque, fe porte du corps éleftrif®nbsp;dans 1’autre , d’autant qu’il eft conftant que 1®nbsp;premier perd par-la tout,ou partie de fon éleélt*quot;nbsp;cité , felon les circonftances, c’eft-a-dire, fuivantnbsp;que l’autre eft fur Ie plancher, ou ifolé ?

Quoi qu’il en foit, voila une finguliere amp; t®' marquable propriété des pointes, On verra pl***nbsp;loin 1’ufage extraordinaire que M. Francklin e** *nbsp;fait, '

Xe E X P É R I E N C E.

Mflnhrt dt Hconnoüre Jl un corps eji dans d’éleSricité.

Lorfque deux corps font également éleélrifé*» amp; qu’on les approche l’un de l’autre jufqu’au com-


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DE L’ELÉCTRICITÊ. jij

11 ne fe manifefte entr’eux aucun figné d’é-^^ftricité par Tétincelleou I’emanation éleftrique: ce dont U eft aifé de fe convaincre ; car ,

Une perfonne éleélrifée par 1’attouchement du ^Ondufteur, donne la main a une autre éleftriféenbsp;la méme maniere, ii n’y aura point d’étin-'elle.

Ces deux perfonnes pourroient néanmoins reconnoitre qu’elles font éledlrifées, a un figne que '^oici: elles n’auront qu’a prendre chacune a lanbsp;J^ain un fil de matiere non éledlrique, ou unenbsp;^oule de liege fufpendue a un pareil fil ; fi cesnbsp;ceux boules ou ces deux fils fe repoulTent, ellesnbsp;Co devront conclure qu’elles font dans un étatnbsp;cleftrique,

XI® Experience,

DiJlinBion des deux Eleclricités.

Ayez une machine éleflrique montée comme dies' 1’étoient anciennement, c’eft-a-dire avec unnbsp;§lobe de verre ; ayez-en une feconde oü ce globe,nbsp;^0 lieu d’etre de verre , foit de foufre ; que cha-CUne éleftrife un condufteur par un de fes bouts:nbsp;On verra avec étonnement que fi les deux machinesnbsp;''ont également vite, on ne tirera point ou pref-Hoe point d’étincelles du conduéleur,

, n n’en feroit certainement pas de mdme fi l’on c^eélrifoit Ie condufteur avec deux globes denbsp;^erre a-la-fois, ou avec deux globes de foufre;nbsp;jf* étincelles feroient beaucoup plus vives que linbsp;On n’eüt mis en mouvement qu’un feul globe.

Remarque.

Cette experience, que M. Francklin dit avoir

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tli

514 RiCRÉAT. MATHImaT. ET PhYS. faite ^ la follicitation de M, Kinnerfley, fort antifnbsp;me paroit mettre hors de doute la difference denbsp;réleftricité communiquée par Ie verre , d’avecnbsp;celle communiquée par Ie foufre , amp; par confe-quent la diftinftion des éleélricités vitrée amp;nbsp;phureufe ou réfineufe; diftinélion déja avanccenbsp;par M, Dufay.

En effet, M. Dufay avoir déja obfervé q«c f tandis que deux corps éleéfrifés par Ie verre oi*nbsp;Ie foufre fe repouffent mutuellement, cependan*nbsp;lorfque l’un étoit éleftrifé par une de ces matieres»nbsp;amp; l’autre par l’autre, au lieu de fe repouffer d*nbsp;s’attiroient. Je ne fqais quelle plus forte preuv®nbsp;on peut defirer de deux états bien différents.

Qu’on joigne a cela l’expérience ci-delTus d® M. Francklin , comment pourra-t-on éluder 1*nbsp;conféquence qu’il en tire avec M. Dufay? Cafnbsp;il eft évident amp; connu que deux corps éleftrifc^nbsp;également, amp; tous deux par Ie globe de verre gt;nbsp;peuvent fe toucher fans étincelle, fans diminutioi^nbsp;de vertu éleftrique dans tous les deux. Puis don^nbsp;que ces mêmes corps éleftrifés , l’un par Ie verre 1nbsp;l’autre par Ie foufre, détruifent mutuellement Ic^*^nbsp;éleéfricité , il faut que Tune foit d’une naW^^nbsp;oppofée a l’autre, amp; tout-a-fait différente.

Je fqais que d’habiles phyficiens, malgré raifons, perfiftent a rejeter cette diftinélion;nbsp;je crois que Ie préjugé agit en eux, ou que , fédui[*nbsp;par des idees particulieres , ils refufent d'ouVf’*^nbsp;les yeux a la lumiere. Je fuis porté a penfer tl*^^nbsp;fi M. 1’abbé Nollet n’avoit pas eu déjanbsp;fyftême fur l’éleftricité , il eut adopté la difti^*quot;*nbsp;tion des deux éleélricités contraires.

Quoi qu’il en foit, c’eft ici Ie lieu de don*’®^ une idéé du fyftême de M. Francklin for 1’él^^

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DE L’EtECTRiCITjÉ. 315

'nclté. Suivant ce pliyficien cëlebre , tous les lt;^orps dans leur état naturel, renferment dans leurnbsp;fubftance ou fur leur furface une certaine quan-*ité d’un fluïde qui eft Ie fluïde éleftrique. L’aïr,nbsp;quï étant bïen fee n’efl: poïnt un conduéleur d’ë-leftrïcïté, einpêche fa dïffipation. Maïs Ie frotte-Jtient de certaïns corps, du verre, par exemple,nbsp;fallèmble fur la furface de ce verre Une plus grandenbsp;quantïté de fluïde, enforte que fi ce verre eft ennbsp;ïontaft ou très-voïfin avec un corps éleftrïquenbsp;par communïcatïon, une maflë de fer, par exemple , ce fluïde accumulé fur la furface du verre,nbsp;tend k pafter, pour conferver l’équïlïbre , dans lanbsp;maffe de fer. Aïnfi cette maffe acquïert par-la unenbsp;plus grande quantïté de fluïde éleftrïque: il efl;nbsp;alors éleélrïfé pojitivement. Maïs fi Ie corps élec-trïque, au lïeu d’acquérïr par Ie frottement unenbsp;plus grande quantïté de fluïde éleftrique , en perdnbsp;au contraïre , ce quï arrïve au foufre, Ie corps ennbsp;contaéf avec celuï-cï perdra une partïe de fonnbsp;fluïde éleftrique propre amp; naturel: ïl fera alorsnbsp;éleftrifé négativement. L’un aura plus de fluïdenbsp;éleéfrïque que dans 1’état naturel, amp; celui de tousnbsp;les corps quï communïquent a la terre; l’autre ennbsp;aura moins. Volla I’eleftrlcite pojitive Sc 1’élec-tricïté negative.

II faut convenïr qu’on ne volt pas trop claire-tuent comment Ie frottement accumulé fur la furnace du corps frotté une plus grande quantïté de fluïde éleftrïque. On ne (qaït pas même fi Teffetnbsp;flu frottement eft de 1’accumuler fur Ie verre , onnbsp;en dïmïnuer la quantïté; s’ïl la dïmïnue fur Ienbsp;’Oufre amp; les refines , ou s’ïl l’augmente. Aïnfi 1’onnbsp;fqait pas quelle eft l’éleftrïcïté pojitive , quellenbsp;la negative j maïs on fqait, a n’en pouvoir

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3i6 Récréat. Mathémat. et Phys.

gliere douter , que leurs efFets font contrairès j ^ cela fuffit. Plufieurs raifons néanmoins rendei^nbsp;probable que 1’éleftricité produite par Ie frotquot;nbsp;tement du verre eft la pojitive , ou par accuW'*quot;nbsp;lation.

Malgré cette incertitude , la théorie ou l’hyp^’' thefe de M. Francklin a pour elle un grand avaO'nbsp;tage fur celle de M. l’abbé Nollet, Ce derniefnbsp;conqoit une matiere répandue dans tous les corps rnbsp;amp; métne dans 1’air, qu’il nomme, ainfi que toUSnbsp;les autres philofophes éleftriciens, Ie jluide Ucc-trique. Cela lui eft cominun avec M. Francklin inbsp;maïs il veut que l’effet du frottement foit de fair®nbsp;tantót jaillir ce fluïde des pores du corps frotte ,nbsp;tantót de 1’y attirer. Ainfi l’éleéfriclté ou Ie fluid®nbsp;éleftrique eft tantót cff-uent, tantót afluent;nbsp;c’eft au moyen de cette effluence ou affluence ^nbsp;que ce phyficien explique tous les phénomenesnbsp;de l’éleftricité. Mais un grand défaut de ce fyf'nbsp;tóme , c’eft que tout y eft:, pour ainfi dire , arbi'nbsp;traire. Ce qu’on n’explique pas par Ie fluïde af*nbsp;fluent , on ne peut manquer de 1’expliquer pafnbsp;1’effluent. Ce font les diverfes matieres de Def'nbsp;cartes , ou fa matiere fubtile qui fe prête a tout.nbsp;Au contraire , les effets font beaucoup plus lies aU*nbsp;caufes, fi 1’on veut hypothétiques, de M. FranC'nbsp;klin. Pourquoi part-il une étincelle a 1’approch®nbsp;d’un corps éleftrifé pofitivement ou negative'nbsp;ment, avec un autre qui eft dans 1’état naturel?nbsp;La réponfe eft aifée. Le fluide éleftrique accu'nbsp;mulé d’un cóté , amp; bandé , pour ainfi dire ,nbsp;forme d’atmofphere fur la fiirface d’un corps , f®nbsp;remet en équilibre dès qu’il eft en contaélnbsp;une autre atmofphere éleéfrique moins conden*nbsp;lt;ée: ce fluide fe répartit également entre les deux


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IDE l’Electricité. 317 torps i ce qpi ne peut fe faire fans un écoulementnbsp;ïnfiniitient raplde qui produit la lumiere. Maïs cenbsp;^ui charme fur-tout dans l’hypothefe de M- Franc-^^dn, amp; qui eft prefque la pierre de touche de lanbsp;'^érité, c’eft qu’il n’y a guere d’expérience dontnbsp;fimple defcription ne fuffife a celui qui a biennbsp;con(ju cette hypothefe, pour en deviner fur Ienbsp;champ Ie réfultat. J’ai eu ce plaifir prefque autantnbsp;de fois que j’ai lu des livres traitant de Teleftri-cité amp; des defcriptions d’expériences éleftriques.nbsp;Ï1 n’en eft pas de même du fyftème de M. 1’abbénbsp;Nollet: on ne prévoit rien de ce qui doit arri-¦ver ; amp; ft 1’on explique tout, c’eft que aucunnbsp;cffet n’eft lié nécelïairement avec fa caufe. Si Ienbsp;phénomene eüt été tout oppofé, on l’eüt égale-Rient explique : on y emploieroit l’effluence aunbsp;lieu de 1’aftluence : 1’un eft Ie remede ou Ie fup-plément de 1’autre.

Nous ne dilTimulerons cependant point qu’il ^y ait quelques faits difficiles a concilier avec Ienbsp;ïitouvement du fluide éleiftrique , qui eft une fuitenbsp;tteceflaire du fyftême de M. Francklin.

Pourquoi , par exemple , en approchant Ie doigt d’un corps éledfrifé, foit pofitivement, foitnbsp;'tégativement , voit-on également une doublenbsp;ctincelle partir de cbacun des deux corps ? II fem-^leroit qu’elle devroit partir feulement de celuinbsp;*lui eft doué de 1’éleftricité pofitive.

Pourquoi, dans une certaine experience oü 1’on Pcrce une main de papier par 1’étincelle éleftri-, voit-on la bavure du trou tournee en fensnbsp;‘Contraire de ce qu’elle devroit étre ft Ie fluidenbsp;^ccumulé fur la furface du corps éleftrifé pofiti-^ctnent , étoit Ie feul qui fe portat fur Ie corpsnbsp;leftrifé négativement ? Nous ne parlons pas de

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3i8 RécRéat. Mathémat. et PHts. plufieurs autres qui ont été remarqués par lesnbsp;tifans de M. l’abbé Nollet. II y a matiere anbsp;pendre encore Con jugement fur Ie mécaHifnie dsnbsp;ce phénomene.

XII® Experience.

La Bouteille iUBriqut ^ amp; la Commotion.

Iln’eft peut-être point, dans Ia phyfique, da phénomene plus étonnant que celui que nous allon*nbsp;décrire- Ayez une bouteille de verre blanc , fot*nbsp;mince amp; a long col, comme une caraffe , amp; rem-pliffez-la jufqu’aux deux tiers environ d’eaii, otfnbsp;de limaille métallique , ou de grenaille de plomb.nbsp;Après 1’avoir fermée d’un bouchon de liege , iigt;'nbsp;troduifez a travers ce bouchon un fil de fer qw*nbsp;plonge dans 1’eau ou dans la limaille , amp;L qui patnbsp;l’autre bout déborde Ie bouchon de quelques pou-ces, Sc foit terminé en pointe émouffée ou eonbsp;crochet.

Cette bouteille étant ainfi préparée , prenez-la par Ie ventre , Sc préfentez-en Ie fil de fer au con-duéleur de la machine a éleftrifer, pendant qu’ell®nbsp;agit; la bouteille fera ce qu’on appelle chargii-Alors, Sc pendant que Ie fil de fer eft en contaélnbsp;avec Ie conduéleur, tentez de toucher Ie conduC'nbsp;leur de l’autre main ou Ie fil de fer ; vous relTenti'nbsp;rez a travers Ie corps un coup violent, qui parot'nbsp;tra affeéler plus particuliérement tantót la pol'nbsp;trine, tantót les épaules, Ie bras ou Ie poignot.

On reffentira Ie même effet fi , s’étant retire avec la bouteille tenue par Ie ventre d’une main jnbsp;on touche avec l’autre Ie fil de fer,

II y a plus, on peut former une chaine de tan£


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DE L’ELECTRICITÉ. 319 perfonnes qu’on voudra, fe tenant toutes parnbsp;main, 6t fans être ifolées. La premiere perfonnenbsp;douche Ie ventre de la bouteille ou la tient par-la,nbsp;pendant que Ie fil de fer eft en contaft avec Ienbsp;condudeur; la derniere touche Ie condufteur : anbsp;^ inftant tous ceux qui forment la chaine font frap-pés du coup interne décrit plus haut. Lorfque lanbsp;^uteille eft groffe amp; fort chargée, Ie coup eftnbsp;^uelquefois ft violent, qu’on en perd pour un moment la refpiration, Le fameux Mufehenbroek ,nbsp;* qui M. Cuneus fit part de ce phénoinene quenbsp;hafard lui avoit préfenté , avoit apparemmentnbsp;été frappé avec bien de la violence, puifqu’ennbsp;^’annonqant aux phyficiens Franqois, il proteftoitnbsp;^u’il ne s’expoferoit pas a un pareil coup une fe-eonde fois, pour le royaume de France. II eft provable qu’il s’eft dans la fuite un peu plus aguerri.nbsp;^omme cette experience finguliere s’eft faite anbsp;l-eyde pour la premiere fois, on lui donne afleznbsp;^Ommunément le nom ^Experience de Ley de ; Scnbsp;ï la bouteille ainfi préparée, le nom de la Bou-^ille de Ley de.

Les phyficiens Franqois ont fait une fois une chaine de 900 toifes de longueur, au moyen denbsp;’^ent a deux cents perfonnes qui fe communi-H“oient par des fils de fer. Toutes reffentirent aunbsp;•’terne inftant la commotion. Une autre fois onnbsp;*®nta de tranfmettre la commotion le long d’unnbsp;de fer de deux mille toifes de longeur; amp; l’ex-P^rience réuffit, quoique le fil traïnat fur l’herbenbsp;V^mide, 5c.la terre nouvellement labourée. Enfinnbsp;Comprirent dans la chaïne l’eau du grand baf-’•t des Thuileries, qui a prés d’un arpent de fur-*ce; 5c la commotion fe tranfmit très-bien anbsp;^•’^vers. Si les Anglais ont execute cette expé-

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320 RÉCRÉAT. MATHÉMAt. ET PhVS. rience encore plus en grand, il eft évidentnbsp;les Franlt;jois les y ont comme menés par la maiR'

Remarque s,

I. Comme il réfulte des inconvénients poids de 1’eau ou de la grenaille qu’on met'nbsp;toit d’abord dans la bouteille, on a imaginenbsp;garnir l’intérieur d’un limple enduit métalliqi^®'nbsp;Cela fe peut faire en plufieurs manieres. La pl^®nbsp;limple eft de couler dans la bouteille denbsp;fortement gommée, amp; d’en humeéfer la partisnbsp;qu’on veut couvrir de eet enduit. On óte Texce'nbsp;dent de cette eau gommée, amp; on verfe dans I*nbsp;bouteille de la limaille de cuivre bien fine : ell.®nbsp;s’attache a l’eau gommée , amp; forme un enduitnbsp;intérieur qui doit être touché par Ie fil de fet tnbsp;pour que la bouteille fe charge.

On augmente au fli 1’effet de la bouteille tl® Leyde, en recouvrant la plus grande partie di*nbsp;dehors d’une feuille de métal, comme d’étain.

I[. On peut charger la bouteille d’une autre m3' niere que celle décrite ci-deftirs, fqavoir par 1’eJt'nbsp;térieur. Pour eet effet, on la tient fufpendue p^''nbsp;Ie crochet ou Ie fil de fer qui va k l’intérieur, ^nbsp;I’on met 1’extérieur en contaéf avec Ie conduC'nbsp;teur éleftrifé. Alors, ft celui qui la tient fufps'''nbsp;due d’une main par Ie crochet, s’avife d’en to^'nbsp;cher l’extérieur avec 1’autre main, il recevra 1*nbsp;commotion ; amp; 1’on pourra également former u’’®nbsp;chaine de plufieurs perfonnes, dpnt la dernier®nbsp;ou la plus éloignée de celle qui tiant Ie fil d®nbsp;fer, en touchant l’extérieur, produira Ie mém®nbsp;phénomene dans toute la chaine.

III. M. Francklin obferve une chofe fort gullere, qui arrive en faifant l’expérience de

Leyde f

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DE L’ElECTRÏCITÉ.


lH


^eyde i c’eft que , fi 1’on veut charger l’iniérieur la bouteille , il faut que l’extérieur communisme a quelque corps qui foit condufteur de Fé-^eftricité ; car fi la bouteille étoit mife fur unnbsp;g^teau de réfine , ou fur un plateau de verre, Ienbsp;de fer qui va toucher Feau ou la garniture denbsp;*métal qui la revêt en dedans, fera en vain éleftrifénbsp;par Ie conducteur de la machine; cette bouteillenbsp;*te fe chargera point. Faut-il , pour qu’elle fenbsp;'^harge , qu’a proportion qu’on accumule Félec-hicité d’un coté, elle diminue de Fautre? C’eftnbsp;^e que M. Franckiin en conclut, amp; qu’il femblenbsp;tpFon doive en effet en conclure. Mais commentnbsp;fluïde éleCtrique eft-il chalTé d’un cóté, pendant que Fautre s’en charge davantage ? C’eft cenbsp;Smi me paroit être une grande difficulté.

IV, Le verre paroit être impermeable a 1’élec-hicité , du moins quand il eft froid, ou qu’il n’a ^Ue le degré de chaleur de la temperature de Fair.nbsp;Franckiin a eflTayé une fois d’ufer a la meulenbsp;ventre d’une bouteille chargée, amp; qui étoit denbsp;^épailTeur ordinaire. II alia )ufqu’aux ~ de Fépaif-^eur , fans qu’elle fe déchargeat; ce qui feroitnbsp;®trivé li le fluïde intérieur eüt eu communicationnbsp;^Vec Fextérieur. 11 feroit a fouhaiter que ce phy-ï’cien eut continué a diminuer cette épailTeur,nbsp;Imfqu’a ce que la décharge fe fut faite.

Mais lorfque le verre eft dilaté amp; amolli par chaleur qui le rend prêt a fondre , alors non-‘^mlement il devient conduCteur de l’éleétricité,nbsp;*^ais encore la bouteille chargée fe déchargenbsp;%ontanément.

. V. Si Fon fufpend au conducteur une chaine , ^ qu’on la faffe entrer dans la bouteille qu’onnbsp;d’une main par Fextérieur, la bouteille eftnbsp;Tomg ir.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;X

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Récrèat. Mathêmat. et Phys. chargée également; maïs fi on baifle la bouteiH^nbsp;de maniere qu’elle ne foutienne plus aucune fot-tion de la chaïne, alors elle ne donne plus aucuHnbsp;figne d’éleftricité,

On dolt conclure de-la , que l’eleftricité don*^ I’intérieur de la boiiteille eft chargée , doit avoHquot;nbsp;pour fupport une matiere non-éleftrique ou coO'nbsp;duélrice de 1’éleftricité. On travailleroit en vaïRnbsp;a charger une bouteille qui feroit vulde, ou doo^nbsp;l’intérieiir ne feroit pas au moins tapifle d’u*^nbsp;enduit métallique.

VL Si l’on charge l’intérieur de la bouteille en Ie faifant communlquer par Ie crochet au coti'nbsp;duéieur éleftrifé pofitivement, alors l’extérieufnbsp;fera éleélrifé négativement ; car eet extérieurnbsp;attirera la petite boule de liege fufpendue a cenbsp;conduéleur , tandis que Ie crochet de la bouteUl^nbsp;la repoulTe. Or il eft connu qu’un corps eledtrilquot;^nbsp;en repouffe un autre éleftrifé comme lui: il nV'nbsp;tiré que Ie corps non-éleétriré , ou éleélrifé s'*nbsp;fens contraire. Puifque done 1’extérieur de la boU'nbsp;teille, éleftrifée par Ie crochet, attire la petif^nbsp;boule de liege , dont l’éleélricité eft de la méiU^nbsp;nature que celle du conduéleur ou de Tintérieurnbsp;de la bouteille , il faut que 1’éleftricité extérieur®nbsp;foit de nature entiérement différente.

vir. Si l’on a deux bouteilles égales Sc cha'’' gées également 8sC de la même maniere, qu’er’quot;nbsp;luite vous les approchiez i’une de l’autre , croche*^nbsp;a crochet, ou ventre contre ventre , elles ne j®nbsp;déchargeront point; mais fi vous approcheznbsp;' crochet de Tune du ventre de l’autre , aufli-tót 1^nbsp;décharge fe fera.

Si Tune des deux bouteilles étolt chargée 3^ globe de foufre, amp; l’autre au globe de verre gt;

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DE L’ElECTRICITÉ* approchant Ie crochet de Tune au crochet

OU Ie ventre de Tune au ventre de

hautre ,

‘ 3Utre, elles fe déchargeroient.

VIII, nbsp;nbsp;nbsp;Si plufieurs perfonnes, au lieu de Te tenirnbsp;P^r les mains , fe contentent de préfenter les unes

autres Ie bout du doigt a la diftance d’une ou deux lignes, au moment que la derniere touche Ie condufteur , on apperqoit entre tous lesnbsp;^oigts une étincelle éleélrique, amp; chacune ref~nbsp;^ent la commotion,

IX, nbsp;nbsp;nbsp;Si, au lieu de fe tenir par Ia main , les per-•onnes qui forment la chaine communiquent lesnbsp;••oes aux autres en tenant des tubes de verre pleinsnbsp;^'oau , amp; bouchés par un bouchon au traversnbsp;^Uquel paffe un fil de fer qui plonge dans Ie fliiide ,nbsp;^ qui eft en contaél avec chaque perfonne; aunbsp;’•'oment oii la derniere perfonne touchera Ienbsp;•^ondufteur ou Ie fil de fer qui plonge dans la bou-l^'lle , on appercevra un trait de lumiere dansnbsp;,^au de chacun des tubes , qui en fera routenbsp;^'^lairée,

X, nbsp;nbsp;nbsp;Si, Ia chaïne étant faite , une ou deux per-^onnes , ou davantage , en forment une nouvellenbsp;^®nant d’un cóté k une des perfonnes de la pre-j^'ere chame , amp; de l’autre cóté a une autre per-°One de Ia même chaine, celles de la derniere nenbsp;’^^fl'entiront rien ; Ie fluide éleélrique paroit fenbsp;Porter d’un bout a 1’autre de la premiere chame

Ie plus court chemin.

X ij

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324 RiCRiAT. MAtHÉMAT. ET PHYS.

XIIe Expérience.

Autramp; manim de donncr la commotion , fgavotf y par Ie carreau de ytrre èleclrique. Percer unenbsp;de papier avec VkincelU éleBrique.

L’efFet fingulier que nous avons obfervé l’expérience précédente , tient-il a la figure de |nbsp;bouteille de Leyde, ou fimplement a la nature onbsp;verre? Voila une queftion qui fe préfente nat^nbsp;rellement. Cette expérience-ci va la réfoudre 1 ^nbsp;prouver que c’eft a la nature du verre qu’il tie‘’*’nbsp;uniquement.

En efFet, prenez un carreau de verre d’une menfion quelconque ; couvrez fes deux Ibrfa^nbsp;d’une lame d’étain, en laiflant de chaque cótenbsp;tout a 1’entour une bande du verre a découvet^’nbsp;placez la glace horizontalement fur un fuppt^/nbsp;non éleftrique; fakes enfuite tomber la chainenbsp;condu(!deur fur la furface , amp; mettez la machine

puyant--------- ------ . g

rieure , vous portez l’autre contre la garnk^‘ inférieure, vous en tirerez une forte amp; puiflai’^.^nbsp;dtincelle. II y auroit du danger, fi la glace etenbsp;grande, a toucher 1’une des furfaces avecnbsp;main , amp; l’autre avec l’autre,

Voulez-vous percer une main de papier 1’étincelle éleélrique, en voici Ie moyen. Couch^nbsp;fur une table un fil de fer, Sc fur ce fil place? jnbsp;carreau de verre, enforte que Ie bout de cenbsp;touche la garniture inférieure. Sur lanbsp;fupérieure, placez une main de papier;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

éleftrifez cette furface du carreau au moyen quot; Ia chaïne du condufteur, que vous ferez toiuP^

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DE l’Electric IT é.

la garniture de eette furface. Quand vous ^''oirez l’éleftricité très-forte, faites toucher l’unnbsp;bouts de 1’excitateur au fil de fer ci-deflus , 8cnbsp;^Ppliquez 1’autre bout fur Ie papier. II en fortiranbsp;'j’ie très-forte étincelle , qui fera- prefque autantnbsp;bruit qu’un coup de piftolet; amp; la main denbsp;Papier fera percée d’outre en outre.

En faifant l’expérience avec une glace d’environ 35 pouces en tout fens, on pourra percer jufqu’anbsp;*5® feuilles de papier, amp; même davantage.

Ce moyen de faire l’expérience de Leyde a ^^vantage d’en augmenter beaucoup l’efFet; carnbsp;ne peut guere avoir de bouteille dont la fur-ait plus de i ou 3 pieds quarrés. Mais unenbsp;S^ace de 36 pouces en tout fens en a 9, amp; 1’ef-eft augmenté par-la a peu prés dans la mémenbsp;I'^oportion.

, On fent aifément qu’en faifant pareille expé-l^nce, il faut bien fe garder de fe trouver dans ® cercle entre la furface fupérieure 6c inférieurenbsp;on courroit rifque d’etre tué.,

X 11 Ie Experience.^

^oyen (Tau^mcnur comme indéfiniment la force de rékclricité: Batttrie éleclrique.

One petite bouteille chargée d’éleélricité ne P^oduit pas un grand elFet; mais eet effet aug-a mefure que la bouteille elle-même aug-^^nte de volume. H feroit néanmoins Incom-^pde, Sc peut-être impoffible, d’avoir des bou-qui excédalTent une certaine grandeur;nbsp;pourquoi a une bouteille on en fubflituenbsp;P'ufieurs, dont l’effet réuni feroit très-dangereuxnbsp;^ pQn ne prenoit pas de grandes precautions.

X iij

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3^6 RiCRÉAT. Mathémat, et Phys.

On prend a eet effet, au lieu de bouteillfi* ^ long col, plufieurs de ces grands bocaux cybi^'nbsp;driques , beaucoup plus hauts que larges. Rnbsp;faut pas néanmoins'qu’ils foient d’un diame^rsnbsp;fort grand, parceque des cylindres de petit dia'nbsp;metre ont , a proportion de leur folidité ,nbsp;plus grande furface , amp; que ce que l’on chereb^nbsp;jci a augmenter, c’efl: la furface, On les revt’^nbsp;jntérieurement d’une garniture d’une feuille d’e'nbsp;tain collée, qui en recouvre Ie fond amp; les cöte*nbsp;jufqu’a deux pouces de leur bord. On en fa**^nbsp;autant extérieurement. Après cela on rangenbsp;ces vafes les uns a cóté des autres , dans une bob®nbsp;recouverte intérieuremèht d’une feuille d’étain ^nbsp;de poudre de cuivre. Cette feuille d’étainnbsp;munique avec un anneau de fil de fer qui pad^nbsp;extérieurement, amp; c’efl: a eet anneau qu’on att3'nbsp;ebe la chaine par Ie moyen de laquelle on veij^nbsp;ctablir la communication d’un corps avec l’exte'nbsp;ïieur de la batterie.

Pour établir une communication avec l’intérieaf des jarres, on enfonce dans chacune , a trave*quot;*nbsp;un bouebon de liege, un fil de fer tordu parnbsp;bas, qui appuie au fond de la jarre, Sc qui ^nbsp;formé en anneau dans fa partie fupérieure.nbsp;ces anneaux d’un rang font enfilés par unenbsp;barre , terminée des deux cótés en boulon. Aifquot;nbsp;l’on a autant de barres pareilles que l’on a de rai^ê*nbsp;de jarres. Enfin , pour établir la communicatie^nbsp;entre toutes ces barres, on fait repofer fur elie®nbsp;cbaine du conduéfeur , amp; l’on a 1’avantage denbsp;charger, fi l’on veut, qu’un rang ou deux, ee enbsp;faifant porter la chaine que fur une barre ou dewf'nbsp;PI. 7, Telle efl la conftruéfion d’une batterie éleélrt'nbsp;4^' ^ue. On voit ici fa figure, en la fuppofant

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DE L’ELECTRICITÉ. 317

Pofée feulement dé neuf jarres, qui, a 3 pouces de diametre ,15 pouces de haut, amp;C 12, poucesnbsp;de garniture en hauteur, donnent 6 pieds - de fur-face en entier. Une batterie femblable de foixante-^uatre jarres, donneroit 48 pieds quarrés, St nenbsp;formeroit néanmoins qu’une boite de deux piedsnbsp;^uelques pouces en tout fens, fur a 18 poucesnbsp;de hauteur. L’effeten feroit , ]e crois , prodigieux.

Voici maintenant la maniere de fe fervir de cet appareil. Pour charger les jarres , faites re-pofer la chaine qui vient du conducteur de lanbsp;JTiachlne fur les barres tranfverfales ; amp; faitesnbsp;Mourner le globe ou le plateau de verre pendantnbsp;^uelque temps , vos jarres feront éleClrifées ounbsp;chargees. L’experience vous apprendra combiennbsp;de tours du globe ou du plateau font neceffairesnbsp;pour cet effet; car elles fe dechargent d’elles»nbsp;Jiiêmes, avec explofion, quand elles font tropnbsp;chargees. Lorfqu’elles font dans l’état convena-tle , fi vous voulez les decharger, vous n’aveznbsp;^u’a prendre la chaine qui communique a I’ex-^erieur, avec un manche de verre ou de cirenbsp;d’Efpagne , Sc en porter le bout en contaCt avecnbsp;le condufteur: il fe fera une forte étincelle, Scnbsp;les jarres feront déchargées.

Si quelqu’un, tenant le bout de cette chaine , s’avifoit de toucher avec le doigt, ou le conducteur de la machine, ou I’unc des barres qui tou-chent a I’interieur des jarres , il pourroit être tuénbsp;toide , par 1’effet de la terrible commotion qu’ilnbsp;teffentiroit. En effet , li une bouteille de 5 a 6nbsp;pouces de diametre, fortement chargee , donnenbsp;par fa décharge une commotion violente dansnbsp;les bras Sc la poitrine, on peut juger de 1’effetnbsp;Hwe produiroit la décharge de 12, 15 , 20, 3°^'

X iv


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3i8 RtCRÉAT. MATHiMAT. ET PHYS.

OU 50 pieds quarrés, déchargés de Ia même niere. Le phyficien doit done être très-attentiinbsp;fur lui amp; fur les Tpeftateurs, de crainte denbsp;une funefte experience.

Tous les phyficiens qui font des experiences eo grand fur l’éleéfricité , ont aujourd’hui un app^'nbsp;reil fennblable , plus ou moins confidérable.nbsp;par ce moyen qu’on fond les métaux, qu’on If®nbsp;réduit même en chaux; qu’on aimante une aiguille , ou qu’on en change les poles; qu’on tu®nbsp;desanimaux; qu’on imite les eflets du tonneffC»nbsp;amp;c. amp;c. ainfi qu’on va le voir.

XI Ve Experience.

Tuer un animal au moyen de réleclricité.

Attachez au pled de l’animal la chaine qui coiRquot; munique a 1’extérieur de la batterie ; enfuite, aveCnbsp;l’excitateur ifolé , établiffez la communication dunbsp;front ou du crane de l’animal , avec une desnbsp;verges qui communiquent a Tintérieur: l’animal,nbsp;füt-il un mouton, peut-être un boeuf, tomberanbsp;foudroyé.

Remarque.

On a obfervé que les animaux tués de cetts fnaniere étoient fur le champ bons a manger; catnbsp;le coup qui les tue , eft fort analogue a celui dunbsp;tonnerre ; ik c’efl: un fait connu , que les animault;nbsp;tués par la foudre , paflent très-rapidement a 1'C'nbsp;tat de putrefaftion. On pourroit done employeenbsp;cette foudre artificielle a tuer les animaux eju®nbsp;nous deftinons a être mangés fur le champ : d®nbsp;feront ce qu’on appelle mortifies dans la minute-Mais comme l’opération eft dangereufe ,nbsp;Francklin prévient, en plaifantant, le phyficieo

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DE L’ElECTRICITÉ; 329

fe précautionner, de crainte que voulant mor-*’fier fa poularde, il ne mortifie fa propre chair.

XVe, Experience.

Production du magnitifme par rilectricité.

Ayez une aiguille d’acier de quelques pouces ^e longueur, comme une aiguille de bouffole.nbsp;ï^lacez-la entre deux lames de verre , de fortenbsp;^ue fes deux bouts A amp; B débordent un peu.nbsp;ï'aites enfuite communiquer un de fes bouts Anbsp;3vec Ie condufteur de la machine éleftrique , ounbsp;^Uelqu’une des traverfes de fer de la batterie élec-^dque ; chargez enfuite fortement cette batterie,nbsp;^ déchargez-la a travers 1’aiguille, en ramenantnbsp;(avec l’excitateur ifolé) Ie bout de la chaine quinbsp;^ommunique avec Ie dehors des jarres, contre Ienbsp;quot;Out B de l’aiguille. Tout Ie feu éleftrique paffera anbsp;dravers l’aiguille, entrant par Ie bout A, amp; fortantnbsp;P3r Ie bout B , amp; l’aiguille fera aimantée de ma-^’lere que Ie bout A fe tournera au nord.

Si une aiguille eft aimantée, amp; que Ie bout A tourne au nord ; en faifant Topération con-^faire, c’eft-i-dire en faifant pafler Ie feu élec-^dque de B en A , l’aiguille fera défaimantée; amp;nbsp;réitérant une feconde fois cette raême opéra-*'on, elle fe trouvera aimantée en fens contraire,nbsp;'^^ft-a-dire enforte que ce fera Ie bout B qui fenbsp;*ournera au nord.

. On fent au refte que cela dépendra de la quan-du fluide éleftrique. Si elle eft moindre dans ^ feconde opération que dans la premiere, ilnbsp;Pourra refter quelque peu de magnétifme; ft ellenbsp;' beaucoup plus confidérable , les poles pour-®ot être changés du premier coup.

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330 Récréat. Mathémat. et Phys.

XVExperience.

Fondre les métaux au moyen de PEleclrlcite.

Cette experience eft une des plus curieufes celles qu’on fait fur l’éleflricité. Prenez un filnbsp;fer d’une demi-ligne de diametre, Sc ftifpendez-ynbsp;un poids d’environ 6 livres; faites-le enfuite p^f'nbsp;courir dans fa longueur par Ie feu éleftrique ,nbsp;moyen d’une batterie de i6 ou 25 jarres : cenbsp;s’allongera tout-a-coup, fouvent même fe roiR'nbsp;pra. Or cela n’a pu arriver qu’autant qu’il aui^nbsp;été amolli ou liquéfié dans une partie au mo«^nbsp;de fon étendue.

Autre maniere. Prenez une feuille d’or des pl*^* minces; coupez-en une lame d’une ligne de laf'nbsp;geur amp;c de deux pouces de longueur, que voU*nbsp;placerez entre deux lames de verre bien ferrée*nbsp;Tune contre l’autre; faites enfuite que cette lam®nbsp;fafle partie du eerde éledrique d’une forte batte'nbsp;rie , comme de 50 a 60 jarres: la feuille d’o^^nbsp;palTera par l’état de fufion ; amp;c ce qui Ie prouve gt;nbsp;c’eft que plufieurs de fes parties feront jncorpff'nbsp;rées dans Ie verre même.

Maïs ft vous mettez entre les verres amp; la lam® de petits bouts de carte, amp; que vous ferriez f®f'nbsp;tement les lames , Tétincelle éleftrique , tiréenbsp;cette maniere, au travers amp; dans la longu®t'*‘nbsp;de la lame d’or, la réduira en grande partie dan*nbsp;cette elpece de chaux pourpre , qu’on connnt^nbsp;dans la chimie fous Ie nom de précipiié denbsp;parceque ce chimifte trouva Ie premier ounbsp;plifia cette preparation. Les deux cartes ferodnbsp;teintes en cette couleur, que l’on pourra rebam'

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DE L’ELECTRICITÊ. 331 fer en réitérant 1’opération avec de nouvelles la-*Res d’or.

Une lame d’argent, traitée de la même ma-^iere, donne une poudre d’un beau jaune.

Une de cuivre , donne une poudre verte.

Celle d’étain, donne une poudre blanche qui '¦eflemble a la chaux d’étain entiérement déphlo-giftiquée.

La platine, traitée de cette maniere, amp; après des fulminations réitérées, fe réduit en une poudre noiratre , qui, appliquée fur la porcelaine ,nbsp;Produit une couleur olive foncée.

On s’eft affuré , au refte , par diverfes épreuves chimiques, que ces chaux font précifément lesnbsp;Riémes que celles qu’on produit par d’autres procédés plus longs.

Ces expériences font dues a M. Comus, dont 1’induftrie amp; radrefle font fi célebres , Sc quinbsp;J'éunit aux talents les plus extraordinaires en cenbsp;genre , des connoiflances profondes dans les di-quot;''erfes parties de la phyfique. On en peut voir Ienbsp;détail plus circonliancié Sc vraiment intereffant ,nbsp;dans Ie Journal de Phyjique de M. 1’abbe Rozier ,nbsp;année 1773.

XVII® Experience.

Q«i prouve Videntité de la fotidre avec rkincclle éleBrique.

Sur un endroit élevé Sc ifolé, comine Ie fom-•^et d’une tour , placez une barre de fer verticale, ^crminée en pointe fort aiguë. Plus cette pointenbsp;s élévera dans 1’atmofphere , mieux 1’expériencenbsp;^^euflira. 11 faut d’ailleurs que cette barre ne touchenbsp;^ tien, Sc qu’elle foit fupportée par une bafe


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33i Récréat. Mathémat. et Phys-

quelconque, qui l’ifole de tout corps condufteuf de Téleftricité.

Cela fait, attendez un jour d’orage; 8c lorfqu^ Ie nuage tonnant paflera au deffus de la barre , oi*nbsp;a peu prés, touchez cette barre , non avec 1®nbsp;doigt, maïs avec une barre de métal attachée »nbsp;un manche de verre: vous ne manquerez pas d’eftnbsp;tirer des étincelles, quelquefois même extrémequot;nbsp;ment groffes 8c bruyantes. II y auroit du dangefnbsp;a en approcher de trop prés, car quelquefois 1*nbsp;barre eft fi chargée d’éleftricité, que les étincellesnbsp;partent a plufieurs pieds de diftance, 8c font Ienbsp;brult d’un coup de piftolet. M. Richman , pro-fefleur de mathématiques a Pétersbourg , 8c mentquot;nbsp;bre de 1’académie de cette ville , a été, commenbsp;tout Ie monde fqait, la viftime d’une pareillenbsp;experience; car, s’étant approché, dans un mO'nbsp;ment de diftraélion , trop prés de fa machine , ilnbsp;fut tué, amp;c l’on remarqua fur fon corps tout ce^nbsp;qu’on obferve fur ceux des perfonnes tuées parnbsp;tonnerre.

Cela a engagé quelques phyficiens qui cultt' vent l’éleftricité , a difpofer leur machine de m3'nbsp;niere qu’elle ne puiffe jamais fe trop chargernbsp;d’éleélricité. Pour eet eflfet, il faut difpofer *nbsp;quelque diftance de la barre une pointe de méts*nbsp;fort aigu'é, 8c communiquant au planchet ou a 1*nbsp;maffe des corps non-éleéfriques. Cette pointe»nbsp;quand I’eleftriclte fera médiocre , ne tirera poirgt;^nbsp;réleélricité ; mais lorfqu’elle fera très-forte ,nbsp;l’afpirera , pour ainfi dire , 8c la déchargera iti'nbsp;fenfiblement, enforte qu’11 ne s’y en accumuler^nbsp;jamais qu’une quantité médiocre amp;C incapablenbsp;nuire. Plus la pointe fera proche de la barre,nbsp;elle abforbera d’éleftricité*

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DE l’ElECTRICITÉ. 335 On connoitra, par fon moyen, dans 1’obfcu-gt;'ité , fr Ie nuage eft éleftrifé pofitivement ou né-gativement; car , dans Ie premier cas, on apper-cevra a cette pointe une fimple étoile lumineufenbsp;OU gerbe fort courte ; dans Ie fecond cas , aunbsp;Contraire, on verra une grande amp; belle gerbenbsp;lumineufe.

On a coutume auffi de difpofer a proximité de la barre, une boule de métal fufpendue parnbsp;On fil de foie , amp; plus loin un timbre communi-rjuant au corps du batiment. Son ufage eft d’a-vertir l’obfervateur que la barre eft éleftrique;nbsp;Car, au moment oü elle eft chargée d’éleftricité ,nbsp;clle attire la balie qui n’en a point, Téledlrife,nbsp;amp; la repoufle contre Ie timbre , dont Ie fon an-Honce que Ie nuage éleftrique a produit fon effet.nbsp;Cela a auffi l’avantage d’indiquer Ie degré de l’é-leftricité ; car , ft elle eft fort vive , la vivaciténbsp;du carillon lui eft proportionnée , amp; l’obfervateurnbsp;eft averti de prendre garde a lui.

On peut, fans tour amp;c fans terrafle, fe procu-*'er Ie moyen de faire cette experience dans fa chambre. II n’y a qua faire pafler dans fa che-tuinée une barre de fer, ifolée au moyen de cordons de foie qui I’aflujettiront de routes parts.nbsp;Cette barre doit élever fa pointe de quelquesnbsp;pieds au deflus de 1’ouverture de la cheminée;nbsp;*iou 15 pieds, même moins, fuffifent. Alors,nbsp;Routes les fois qu’il paflera au deflus quelque nuagenbsp;óleftrife , votre barre donnera des fignes d’élec-^.'quot;‘cité, lorfque vous la toucherez avec précau-^¦on , OU au moyen du petit carillon éleélrique jnbsp;•1 vous en avez difpofé un a fa proximité.

Au lieu de eet appareil , Ie pere Cotte, de ^ratoire , obfervateur affidu de tous les phéno-

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334 Récréat. Mathémat, et Phys.

menes météorologiqnes , difpofe en travers Sc entre deux lieux élevés, une chaine de fer donfnbsp;les chainons font hérilTés de pointes aigues. Le*nbsp;deux bouts de la chaine font fupportés par de*nbsp;cordons de foie gaudronnés. Du milieu de 1^nbsp;chaïne, en part une autre de la forme amp; grolTevirnbsp;ordinaires pour les experiences de 1’éleftricité»nbsp;qu’on fait entrer dans 1’appartement, foit par 1*nbsp;cheminée, foit par la fenêtre , au moyen de cot'nbsp;dons de foie qui la fupportent, A fon bout doi*^nbsp;être attachée une boule de métal, qui fournit de*nbsp;étincelles beaucoup plus confidérables que ne fe'nbsp;roit Ia chaine elle-même. La multitude de poiR'nbsp;tes dont la chaine extérieure efl: hériffée, founu*'nbsp;une quantité de matiere éleélrique telle, qu’il faU*nbsp;ufer de circonfpeélion avant de toucher cettönbsp;boule.

R E M A R Q^U E.

Cette experience curieufe , amp; tout-a-fait in' térelTante pour la pbyfique, a été propofée ^nbsp;indiquée par Ie célebre M. Francklin , dans de*nbsp;lettres a M, Collinfon, de la S. R, de Londres gt;nbsp;mais elle a été faite pour la premiere fois a Marly»nbsp;par les loins de M. Dalibart amp; du curé de ce lievgt;gt;nbsp;( M. Raulet, ) Ie lo Mai 1752. Elle fut vueeR'nbsp;fulte par Ie Roi amp; toute la Cour. Depuis ce temp*nbsp;elle a été répétée par tous les phyficiens; amp; rie'^nbsp;n’eft aujourd’hui plus connu amp; plus communnbsp;eet appareil éleétrique , qui met fous les ye'^’^nbsp;1’identité du feu éleftriqvie amp; de celui du tonnerre-Mais c’eft a 1’Amérique, amp; en particulier anbsp;Francklin , que nous en avons 1’obligation priiR‘quot;nbsp;tive.

De cette découverte découle l’explication


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DE L’ElECTRICItL 335

^'ufieurs phénomenes fur lefqnels on n’avoit fait ^*icore que balbutier fans aucun fuccès. Tels fontnbsp;feux qu’on apperqoit fouvent, en temps d’o-, fur des croix de clochers , a l’extrémiténbsp;mats Sc des vergues des vaifleaux, que lesnbsp;^Helens appeloient des noms de Cajlor amp; Pollux ,nbsp;^ que les modernes connoiflent fous Ie nom denbsp;S, Elmz. Ce n’eft autre chofe que Ie feu élec-

^quot;^'que des nuages, attiré par les pointes de ces Croix

, OU des ferrements de ces mats, Céfar ra-^'^nte que fon armee étant rangée en bataille , amp; j!'' grand orage étant furvenu, on vit des flammesnbsp;^ftir des pointes des piques de fes foldats. Cenbsp;^^criomene n’aiira plus rien de merveilleux pournbsp;Jelui qui connoitra ceux de l’éleftricité. Cesnbsp;^eux étoient Ie feu éleéfrique qui s’échappoit parnbsp;pointes, les nuages étant probableinent élec-en moins, coinme M. Francklin dit quenbsp;arrive Ie plus fouvent.

XVII Ie Experience,

prouve la même vérité d'une autre manure i ou h Cerf-volant ékclrique.

ll eft difficile, pour ne pas dire impraticable , ^ clever extrêmement haut une verge de fer. Celanbsp;^ '^pnné lieu d’lmaginer un autre artifice pour allernbsp;, en quelque forte , aux nuages leur feunbsp;^^rique ou leur tonnerre, C’eft Ie cerf-volant,nbsp;r^f'te machine jufqu’alors plus employée par lesnbsp;upes-gens amp; les écoliers, que par les phyficiens;nbsp;^ ^'s 1’ufage qu’en ont fait quelques-uns de cesnbsp;^'¦ffiers, 1’a en quelque forte ennobli.nbsp;lasnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cerf-volant reconvert de taffe-

gt; Sc un peu grand , comme de 5 a 6 pieds de

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336 RÉCRiAt. Mathémat. et Phys. longueur au moins; car plus il eft grand, plusnbsp;s’éleve, a caufe que Ie poids de la ficellenbsp;moindre relativement a la force avec laquellenbsp;vent tend a l’enlever. On lui adaptera a la t^t®nbsp;une verge de fer déliée , qui d’un cóté s’étenfif*nbsp;Ie long de 1’axe inférieur du cerf-volant, jufqu’a^nbsp;point d’attache de la corde, amp; de l’autre, fef*nbsp;terminée en pointe fort fine , qui s’éléveranbsp;defllis du cerf-volant, de maniere que lorfqu’quot;nbsp;fera a fa plus grande hauteur, elle foit a peu pf^*nbsp;verticale, Sc Ie déborde d’environ un pied.nbsp;ficelle doit être faite d’une ficelle ordinaire, ma|^nbsp;autour de laquelle on aura entortillé un fil tra'*’nbsp;de cuivre très-flexible , a peu prés cominenbsp;garnit les cordes les plus baffes de quelques infir*^”nbsp;ments, inais beaucoup moins ferré. Cela fe faj*nbsp;parceque Ie chanvre eft un condufteur d’éleél'J”nbsp;cité affez médiocre , a moins qu’il ne foit mouil^^'

On attachera a l’extrémité de cette corde cordon de foie de quelques pieds, pour ifolernbsp;cerf-volant quand il fera parvenu a fa plus grati*^®nbsp;hauteur, Sc prés de ce cordon on joindra anbsp;corde du cerf-volant un petit tube de fer-blauynbsp;d’un pied environ de longueur fur un poucenbsp;dlametre, pour y exciter les étincelles.

Les choles ainfi préparées, on mettra au ven' cerf-volant, lorfqu’on verra approcher un ten'Pnbsp;orageux, Sc on Ie laiflera s’élever a fa plus gra*^nbsp;hauteur: on attachera Ie cordon de foie a quel^l**nbsp;obftacle immobile , Sc enforte que la pluis ^nbsp;puilTe point mouiller ce cordon: on ne tards,^nbsp;pas d’obferver, Ie plus fouvenr, des marques d ^nbsp;leélricité très-fortes , quelquefois même ’nbsp;qu’il y auroit du danger a toucher la corde nquot;nbsp;tube fans de grandes Sc férieufes precautions-

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ÖE l’ElectricitI 537 Pour eet effet, on emmanchera au bout d’unnbsp;*ube de verre, ou d’un cylindre de cire d’Efpa-S'ie, d’un pied au moins de longueur, un mor-de fer long de quelques pouces, duquel pen-jufqu’a terre une chainette de métal. Sansnbsp;precaution, on ne tireroit que des étincellesnbsp;•^oibles, parceque ce morceau de fer étant lui-ifolé , feroit, au premier attouchement ,nbsp;^¦eftrifé comme la corde même du cerf-volant.nbsp;M. de Romas, qui eft Ie premier en Europenbsp;ait employé ce moyen de tirer TeleClricitenbsp;nuages, s’étant fervi d’un cerf-volant qui avoitnbsp;7 pieds amp; demi de longueur, fur 3 de largeurnbsp;pans fon plus grand diametre , amp; l’ayant élevénbsp;1'^^qu’a ^50 pieds de hauteur perpendiculaire, ilnbsp;réfulta des effets très-extraordinaires. En effet,nbsp;j^ant d’abord touché imprudemment avec Ienbsp;^oigt Ie tuyau de fcr-blanc , il requt une commotion violente ; amp;c heureufement pour lui 1’é-^'-fricité n’étoit pas alors a beaucoup prés par-''^nue a fon plus haut degré; car quelque tempsnbsp;^Ptès, l’orage s’étant renforcé, il refléntit, a plusnbsp;3 pieds de la corde , une impreffion femblablenbsp;” celle d’une toile d’araignée : il toucha alors Ienbsp;*übe de fer-blanc avec l’excitateur , amp; il tira unénbsp;m'oceile de plus d’un pouce de longueur, fur ^nbsp;de diametre. L’éleftricité augmentant mêmenbsp;^pfuite de force, il en tira , ^ la diftance de plusnbsp;^ *^0 pied , qui avoieht jufqu’a 3 pouces de lon-S'^^nr fur 3 lignes de diametre , amp; dont Ie cra-P'tetnent fe faifoit entendre de 200 pas.

^ais ce qu’il y eut de plus remarquable dans oette expériervee, eft ceci. Pendant que l’éleftri-étoit a peu prés a fon plus haut degré, troisnbsp;rallies , dont Tune d’un pied de longheur, fenbsp;Tome IV,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Y

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3j8 Récréat. Mathémat, et Phys. dreflerent par l’effet de 1’attraö.ion du tubenbsp;fer-blanc , amp;c pendant quelque temps fe balance'nbsp;rent entre lui amp; la terre , tournant en rond ,nbsp;qu’a ce que Tune s’éleva enfin jufqu’au tube, ^nbsp;occafionna une explofion en trois craquements gt;nbsp;qui fe fif enteirdre jufqu’au centre de la ville denbsp;Nérac: ( 1’expérience fe faifoit dans un fau’^'nbsp;bourg.) L’étincelle qui accompagna cette expl^'nbsp;fion , fut vue de queiques fpeftateurs commenbsp;fufeau de feu de 8 pouces de longueur, fur 4 Mnbsp;lignes de diametre. La paille enfin qui avoit oC'nbsp;cafionné cette étincelle, fuivit la corde du cergt;'nbsp;volant, tantêt s’en éloignant , tantót s’en rappf^'nbsp;chant, amp; excitant des craquements très-fod*nbsp;lorfqu’elle s’en approchoit. Queiques fpeftateuf^nbsp;la fuivirent des yeux jufqu’a plus de 50 toifes.

On peut voir de plus grands détails lur cet*^ experience non moins intéreffante que curieufc »nbsp;dans les Mémoires des Sgavants étrangers, publ'^*nbsp;par 1’Académie royale des Sciences, Tomenbsp;Elle fut fuivie de beaucoup d’autres du mêif®nbsp;phyficien , qui prouvent que, dans un teif P*nbsp;même qui n’a rien d’orageux , un pared cey'nbsp;volant s’éleclrife quelquefois au point de fa'^'^nbsp;étinceler fa corde, amp; de donner de violer»'^^nbsp;commotions a tous ceux qui la touchentnbsp;precautions.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^

Nous avons dit plushaut, que M. de Romas^ Ie premier en Europe qui ait fait cette curie*^nbsp;experience. On trouve en effet que M. Franck* ^nbsp;1’avoit faite queiques mois auparavant ennbsp;lylyanle; car d en informoit M. Collinfon, P*nbsp;cnrrefpondant a Londres , en Oétobrenbsp;Mais on n’a connu qu’affez Jong-temps aprèsnbsp;France cette invention, amp; M. de Romas l’av^*

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3,39

DE l’ElECTRICITÉ.

annoricée énigmatiquement a 1’Académie Sciences , dès Ie milieu denbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ainfi, en.

^®cernant Ie premier mérite de l’invention a M. *^*ncklm , on ne peut refufer a M. de Romas denbsp;*^®connoitre qu’il concourut a eet égard avec Ienbsp;*^®lebre phyficien de Philadelphie.

XI Xe Expérience.

La Ma'ifon tndommagU par Ie Tonnerre.

Ee dofteur Lind eft 1’auteur de cette expé-, qui fert a démontrer quelle différence il y a de recevoir l’explofion de la foudre par unenbsp;^gt;tiinence émouffée , ou de la recevoir par unenbsp;pointe aiguë , aboutiflant a un condufteur non-^‘‘'terroinpu. Elle met dans tout fon jour Tavan-*^ge des pointes terminées par de bons conducteurs , pour préferver les edifices de la foudre,

AB eft Ie modele d’une petite maifon , dont PI. 8 , j eft Ie fommet du pignon ; AD un miir dans %• 43*nbsp;^quel eft percé Ie trou quarré GFHE. Ce trounbsp;^ deftiné h. recevoir une planche quarrée , garnienbsp;^'agonalement d’une barre de fer qui, ftjivant lanbsp;Pofttion de la planche, peut aller de F en E,nbsp;^omme dans la figure , ou de G en H. LG eft unenbsp;®®rre de fer terminée par une boule L, qui vanbsp;^^outir au point G. De H en I il y a une autrenbsp;*rre femblable , dont Ie bout I fe termine ennbsp;chaine de longueur convenable pour l’objetnbsp;On dira.

Cela fait, on place la planche comme on voit ^ns la figure , c’eft-a-dire enforte que la barre denbsp;'Jui y eft enchaffée aille de F en G, Sc qu’ilnbsp;une interruption de G en N. On pafte lanbsp;t^aine a l’entour du corps du bocal, comme

y ij -

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340 Récréat. Mathémat. et Phys.

ceux de la batterie éleftrique. On charge ce bocal autant qu’il peiit l’être. Enfin l’on attache a uo des cótés de l’excitateur garni d’un manchenbsp;verre , la chaine du condufteur; amp; l’on touchenbsp;avec 1’autre cóté de l’excitateur terminé en boule»nbsp;la boule L qui funnonte la barre GC , amp; !e pignoonbsp;de la petite maifon. Le eerde éledrique fe fahrnbsp;une forte explofiogt;n eft produite , amp; la plancfienbsp;FGHE eft jetée hors de fa place avec fracas, ^nbsp;caufe du faut que la matiere éledrique a a faif®nbsp;de G en H , pour regagner le condufteur intet'nbsp;rompu en eet endroit.

Mais au lieu de la barre terminéeparune bouj® L , placez y une barre finiffnnt en pointe aigucinbsp;placez aufli la planchette FGHE de maniere qt^^nbsp;la petite barre de fer EF aille de G en H ; fait^*nbsp;enfin la menie chofe que clefiTus : l’éleftricité p^‘'nbsp;fera en filence le long de la barre LGHI , faf*nbsp;rien déplacer,

Voila rimage de ce qui fe paffe quand la foi*' dre frappe un edifice. L’éminence du batitne^*^nbsp;reqoit le coup de tonnerre avec explofion ; ‘nbsp;foudre fuit le premier conducteur métallifi^’^nbsp;qu’elle rencontre fans 1’endommager , quand ’nbsp;eft de groffeur fuffifante ; mais ce condudeur d ^nbsp;il interrompu quelque part, elle fait la unenbsp;plofion, amp; fait fauter en morceaux, mur,nbsp;ierie , amp;c. jufqu’a ce qu’elle alt trouvénbsp;nouveau condufteur. A chaque interruption,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^

veile explofion , amp; malheur a ceux qui fe vent a proximité ; car , comme le corps dnbsp;homme eft un affez bon conducteur de I’dlfi*-cite , a caufe des fluides dont il abonde, tg-prend faute de mieux, 6c le tue immanqu**’nbsp;ment.

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D E l’ E L E C T R 1 C I T É; J41 Mals rien de cela n’arrive, fi la barre élevéénbsp;deffus de la maifon eft terminée par une pointenbsp;, Sc que Ie condufteur ne foit point inter-^ompu. II pourra y avoir quelque explofion légerenbsp;^ la pointe de la barre , maïs de-la Ie fluide élec-, OU celui de la foudre , fuivra Ie condiic-jufqu’a fon extrémité , qu’on enfouit dans lanbsp;jerre a une profondeur fufbfante pour atteindrenbsp;humidité.

M. Sigaud de la Fond , profeffeur de phyfique ^^périmentale, a rendu cette experience plus fen?-nble encore, par la difpofition qu’il a donnée a fanbsp;Petite maifon, Elle eft telle, que 1’explofion élec-ftique en fait fauter Ie toit Sl écarter les murs..

XX' Experience.

¦ie ^aijfeau frappé ou pref erve de la Foudre,

Cette experience n’eft, a quelques égards, une variation de la précédente. Quoi qu’il ennbsp;Ibit, la voici , parcequ’elle n’eft pas moins amu-l^nte , Sc moins propre a prouver Tutilite des,nbsp;pointes Sc des condufteurs métalliques non-inter-*'Ompus , pour détourner Ie feu de la foudre.

Sur une efpece de bateau repréfentant la carène oun vaifleau , élevez vers Ie milieu un tube denbsp;quot; pouces environ de hauteur Sc d’un denii-poucenbsp;'l® diametre , qui repréfentera Ie grand mat, Cenbsp;^obe qui fera plein d’eau, fera bouché aux. deuxnbsp;^^hémités. par deux tampons de liege, u traversnbsp;ofqueix pafteront deux fils de fer qui s’avancerontnbsp;^ns 1’intérieur du tube , a undemi-pouce de dif-*^Snce 1’un de 1’autre. Le fil de fer inférieur plon-S^ra dans l’eau fur laquelle nagera le bateau; le

Yhj

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Récréat. Mathémat. et Phys. fupérieur doit être terminé hors du tube par u**

arrondiffement.

Maintenatit fi t’on établit une communicatiort de la furface extérieure de la batterie éleftriqu®nbsp;avec Ie fil de fer inférieur, amp; qu’on approchönbsp;du fil de fer fupérieur Ie bout de la chaine qo'nbsp;communique a la furface inférieure de la batte-rie , quand même on n’en emploieroit qu’uiienbsp;petite partie , l’explofion du feu éleétrique, eRnbsp;iautant dans l’intérieur du tube d’une pointe *nbsp;l’autre , fera telle, qu’elle fera fauter Ie tube eRnbsp;morceaux, amp; Ie petit vaiiTeau fera percé amp; coU'nbsp;lera a fond. Voila a peu pres comment Ie grandnbsp;jnaT d’un vaiffeau eft quelquefois brifé en pieces ?nbsp;6c Ie vaiffeau en danger de fe perdre.

Mais fi au lieu de ce double fil de fer on fait paffer a travers les deux bouchons amp; 1’eau qutnbsp;remplit Ie tube, un fil de métal , amp; qu’on éta'nbsp;bliffe de même la communication avec la batte-rie éleftrique, on pourra décharger a travers cenbsp;fil jufqu’a 64 jarres, fans faire éclater Ie tube denbsp;verre. Quelquefois néanmoins Ie feu éleélrique»nbsp;Ou de ce petit tonnerre artificiel, fera tel, que 1^nbsp;fil de fer en fera détruit.

Cette experience a été imaginée par M-Edouard Nairne , amp; pourroit facilement êtf^ adaptée a repréfenter d’une maniere plus con'nbsp;forme a la réalité , la difpofition d’un vaiffe^'tnbsp;frappé de la foudre ; mais nous avons préféré d®nbsp;la décrire telle qu’elle eft expofée dans lesnbsp;factions Philofophiques de l’année 1773. Ellenbsp;laiffe pas de faire voir combien 1’interruption de*nbsp;conducteurs inétalliques eft dangereufe , amp; corf'nbsp;bien Ie plus petit conduéteur, bien continué,nbsp;dériver de feu éleéfrique.


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tvE L’Elec TRI ciTÉ. 34^

ReMAR(IUE GÈNÉRALÊf

I'analogie du feu de la foudre amp; Id mdticre éUelriqm; Moytn de garantir hs edificesnbsp;du tonnerre.

. Les experiences précédentes mettent dans un fuffifant 1’identité de la foudre amp; de l’élec-Cependant, pour la prouver encore plusnbsp;^^mplettement, nous allons rapporfer quelques-des phenomenes qu’on obferve le plus com-r^iinément dans la marche du feu de la foudre,nbsp;'^rfqu’elle frappe une maifon ou un autre objetnbsp;^^elconque.

Le premier de ces pbénomenes , celui qui a le P^Us conftamment lieu , e’eft que la foudre fuit lesnbsp;'^'^rps metalliques qu’elle rencontre dans Ton che-Au defaut de corps metalliques , elle faitnbsp;®*^plofion, ou elle s’attache aux corps humides,nbsp;aux animaux qui font prefque entiérementnbsp;^^tnpofés de fiuides. Ainfi voit-on , lorfque lanbsp;j'^Udre tombe fur un clocher , que du coq ou denbsp;* croix qui le couronne , amp; qui reqoit le premiernbsp;‘^'^Up, elle fuit les ferrements qui vont de-la juf-Sl’au bord du toit ou dans l’lntérieur de la ma-S^nnerie : c’eft-la qu’elle fait explofion; car , nenbsp;j^’tcontrant que de la pierre ou du bois, qui fontnbsp;niauvais condudleurs, elle ne peut commode-*nbsp;^^nt continuer fon chemln : elle fe jette donenbsp;les hommes qui fe trouvent. fouvent dans lenbsp;jocher, par une fuite de la mauvaife habitudenbsp;fonner les cloches dans cette occafion. Quel-^nefois ^ fe jetant fur la cloche,, elle en fuit Ianbsp;^^tde jufqu’a fon extrémité; mais fi en ce mo-la corde ell tenue par un homme, Ü elt

Y iv


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344 Récréat, Mathémat, et Phys. rare qu’il n’en foit pas tué; car, étant un mei^nbsp;leur condufteur que Ie chanvre , la foudre fembl^nbsp;lui donner uue funefte préférence.

II eft arrivé très-fréquemment que Ie tonnerf^ a fondu les plombs des croifées : c’eft qu’il 3nbsp;trouvé ces plombs a proximité, amp; les a fuivis dsnbsp;préférence a d’autres corps jnoins bons conduC'nbsp;teurs,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^

On explique encore par-la pourquoi il eft arrivé quelquefois qu’un hom me portant une épée anbsp;c6té, amp;c ayant été frappé du tonnerre , il n’a re^i*nbsp;aucun mal, amp; l’on a trouvé la pointe de fon épe®nbsp;fondue dans Ie fourreau: c’eft que Ie feu éleélr*'nbsp;que a de préférence choifi fon paflage dans 1^nbsp;lame de l’épée, entrant par la garde amp; fortant pa*’nbsp;Ie bout; amp; comme ce bout eft terminé en pointsnbsp;plus aiguë , il s’eft trouvé plus reflerré , amp; 1 anbsp;fondu. On imite eet effet, en forqant une fort®nbsp;quantité de matiere éleélrique a pafler par nHnbsp;filet de métal.

Lorfque Ie tonnerre tombe fur iin arbre , s’il Y a des animaux au pied , il eft rare qu’ils n’e**nbsp;foient pas tués, fur-tout fi 1’arbre eft d’une matier^nbsp;huileufe ou réfineufe. Cela vient de ce que Ie boi*nbsp;eft un mauvais conducteur : la foudre l’abait'nbsp;donne , fi elle en rencontre a fa proximité t***nbsp;meilleur, comme font les animaux, par la raifo*^nbsp;que nous en avons donnée ci-deftTus. De-la viei’*nbsp;que Ie noyer eft réputé particuliérement dangs'nbsp;reux: fon fuc huileux Ie rend plus mauvais cofl'nbsp;duCteur de l’éleftricité qu’un autre.

Mais c’eft fur-tout lorfque Ie tonnerre toinb^ fur une inaifon, qu’éclate princlpalement fanbsp;dileCtion a fuivre les corps métalliques. Pre(^**^nbsp;toutes les relations des effets du tonnerre , coR'

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DE l’Electricité. 345 ''^lennent a nous repréfenter la foudre s’attachantnbsp;preference a fuivre des fils de renvois desnbsp;^onnettes ; les bordures métalliques des corniches,nbsp;des gl aces , des tableaux; faifant explofion a cha-^ue fois que ce chemin , commode pour elle , fenbsp;^fouve interrompu. On 1’a vue fuivre de cette mallere plufieurs appartements , plufieurs étages. Cenbsp;^hemin enfin efl: fi bien tracé par routes les obfer-^ations, que Ton ne peut douter que fi ces con-^uéleurs métalliques ne lui euflTent manqué, oanbsp;^u’ils euflent été fuffifants , elle n’eut produit au-défordre.

Parmi les obfervations de ce genre , une des P^us détaillées amp; des plus remarquables , efl; cellenbsp;des effets du tonnerre qui tomba a Naples fur l’hó-*sl occupé par Ie lord Tilney, Ie lo Mars 1773.

Nous en devons la relation a M. Ie chevalier ^amilton , qui fut témoin de l’événement; car ilnbsp;^^oit dans 1’appartement même qui fut parcouranbsp;P3r la foudre, avec M. de Saufllire, profefleurnbsp;^’hifloire naturelle a Geneve ; amp; ils vifiterentnbsp;rort peu après , avec beaucoup de foin , toutnbsp;* hotel , pour examiner les traces du météore. Ennbsp;''oici les circonflances.

L’appartement du lord Tilney , compofé de ^^uf pieces de plein pied , étoit, ainfi que ceuxnbsp;maifons diftinguées de ce pays-la , fort dé-^pté. Une ample corniche régnoit dans routes lesnbsp;P'^ces; amp; cette corniche étoit dorée a la modenbsp;pays, c’efl-a-dire avec une feuille d’étain ,re-*^°^verte d’un vernis jaune imitant 1’or, De cettenbsp;^ornicbe partoit un grand nombre de plates-ban-5 fervant d’encadrement aux tapilTeries, amp;nbsp;orees de la méme maniere, ainfi que les bor-des lambris d’appui, des tableaux, des


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J4Ö Récrêat. Mathémat. et Phys.

^aces, des cbambranles de portes, amp;c. L’appafquot; ternent au deffus n’étoit guere moins décoré. Cetnbsp;hotel eft un de ceux de Naples oü regne la plos*nbsp;grande profufion en ce genre. Ajoutons a cela ^nbsp;que toutes les pieces de cet appartement commu-niquoient entr’elles par des fils de fer de fonnettes^nbsp;très-multipliées pour la commodité.

Le lord Tilney avoit ce jour aflemblée chez loi, Sc M. Hamilton dit qu’il y avoit dans l’hóteïnbsp;Environ ^öoperfonnes, tant maitres que domefli-ques. On entendit tout-a-coup un grand coup denbsp;tonnerre , Sc fur Ie champ l’appartement ou tootnbsp;Je monde étóit raffemblé, parut en feu a ceo*nbsp;qui s’y trouvoient, Chacun fe crut frappé de lanbsp;foudre; Sc Ton peut s’imaginer aifément la ter-reur Sc la confufion qui s’emparerent des efprits#nbsp;Perfonne néanmoins ne fut tué ni bleffé; 5c fansnbsp;donte on Ie dut a cettè prodigieufe quantité dsnbsp;condiifteurs métalliques, qui fournirent a la fou'nbsp;dre un écoulement.

En effet, M. Ie chevalier Hamilton Sc M. dc Sauffure, ayant vifité fort peu après Sc Ie lende'nbsp;main les deux appartements , remarquerent Hnbsp;dorure de la plus grande partie de cette immenf^nbsp;corniche fort endommagée , noircie dansnbsp;grand nombre d’endroits, fur-tout aux angles ^nbsp;aux palTages des fils de fonnettes; Ie vernis dof^nbsp;avoit été détaché dans beaucoup d’endroits , ^nbsp;jeté a bas fous la forme d’une poufliere ; en qw^^^nbsp;ques endroits les fils des fonnettes étoient brfil^*'nbsp;Dans une piece ou deux tableaux l’un au defliis d^nbsp;I’autre étoient places entre la corniche Sc Ia porte»nbsp;Ie feu de la foudre avoit fauté de Ia corniche fut ^nbsp;hordure du tableau immédiatement inférieur;

Ja a celle de celui qui étoit au delTous, Sc


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DE L’EtÉCtRlClTE. 347 ^^Me-cl au chambranle de( cette porte; amp; ces paf-^ages étoient marqués fur Ie mur , blanehi a lanbsp;^ode du pays , par des imprelïiofis de fumée.nbsp;I^ans une autre piece , lè feu du tonnerre avoitnbsp;Pareillemerit paffé de la cornicbe a la bordurenbsp;*^’un tableau qui la touchoit, amp; de-la a la bor-intérieure d’un chambranle, en falfant ex-Plofion entre deux ; il avoit erifiti defcendu Ienbsp;^Ong de ce chambranle , amp; avoit fait fauter unnbsp;’^orceau du petit focle auquel viennent fe termi-les móulures. Les dorures des meubles quinbsp;^Ouchoient lés lambris, avcient enfin été endom-*^agées amp; noircies. Les mémes chofes peu présnbsp;* étoient paffées dans rappartement fupérieur.

On voit par cette défcription, l’efpece d’afFec-^3tion avec laquelle Ie feu du tonnerre fuivit ^'^utes ces raatieres métathques; amp; l’on ne peutnbsp;fouter que ce ne foit cette grande profufiön ennbsp;qOrures, ainfi qu’en fils de fer de fonnettes, quinbsp;empêché qu’un fi terrible accident n’ait coüténbsp;^ vie a une grande partie des afliftants,

L’efpece de prédileélion que Ie feu éleélrique ou tonnerre montre pour les condufteurs métalli-^Ues, a engage M. Francklin a propofetj dès 175 z,,nbsp;^ Philadelphie , un moyen de préferver les bdti-l^cnts de ce météore terrible. II confifte a placernbsp;Ie haut des maifons une barre de fer terminéenbsp;pointe, amp; prolongée en en-bas par une ounbsp;P 'tfieurs barres de fer pointes enfemble. Cettenbsp;f doit enfin s’enfoncer en terre, a une pro-^•^deur affez grande pour rencontrer Fhurnidité ,nbsp;éfant un bon condufteur, abforbe Féleélri-, en la rendant a la maffe totale du globe.nbsp;^'^ant i la groffeur de cette barre , M. Francklinnbsp;que 3 ou 4 lignes de diametre fontfiiffifantes.

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34? Récréat. Mathémat. et Phvs.

Mais qui empêche de lui en donner 6, amp; mêtn^ un pouce? Une barre de fer de 6 lignes ou unnbsp;pouce de cóté, amp; de 50 ou 60 pieds de longueur?nbsp;n’eft pas un objet bien coüteux.

II y avoit déja en 1755 un grand nombre mailbns ainfi garnies dans les colonies angloiftsnbsp;de 1’Amérique feptentrionale, fur-tout dan?nbsp;Penfylvanie , Ie Maryland, la Virginle , oünbsp;tonnerre eft extrêmement fréquent, amp; frappénbsp;fort fouvent les edifices. On ne difconvient poio*nbsp;que plufieurs edifices garnis de pointes n’aient étdnbsp;frappés de la foudre ; mais on a toujours obfervenbsp;en Amérique, i o que ces maifons l’étoient moiusnbsp;que les autres , 8c 1° que quand elles l’étoient ?nbsp;la foudre , au lieu d’y faire les ravages qu’ell^nbsp;caufe dans les autres , ne faifoit que s’écouler pa®nbsp;Ie conduéfeur , 8t faire qiielque impreffion légertnbsp;aux environs. Le plus fouvent la pointe s’eftnbsp;trouvée fondue dans ces cas-la.

L’objet de ces barres pointues n’ell pas en efFe^? comme on l’a cru d’abord en Europe , de dépoui^nbsp;Ier un nuage immenfe d4 fon éleéfricité , maisnbsp;fournir un conduéfeur ou un écoulement a cett®nbsp;éleéfricité, lorfque , par un accident qu’onnbsp;peut pas toujours éviter, un nuage forteffl^'’^nbsp;éleélrifé eft porté centre un édifice.

Cet expédient a néanmoins trouvé , far-to^** en France , de grands contradiéfeurs. Unnbsp;principaux, a toujours été le célebre abbénbsp;let, rival de M. Francklin dans la théorie de ^ ^nbsp;leélricité. Mais, il faut en convenir , rien denbsp;foible que les arme* avec lefquelles le phyd^'l*^nbsp;Franqois combat le philofophe Américain. ^nbsp;font de pures aflertions deftifuées de preuves,nbsp;plutQt contraires a ce qui réfulte de diverfes

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ÜE L’ELECTRICiTi. 349

P^riences. Suivant lui , ces pointes de fer font plus propres a attirer Ie tonnerre qu’a en préfer-; amp; ce n’eft pas, dit-il , un projet raifonnablenbsp;Pour un phyficien , que d’épuifer une nuée ora-§eufe du feu éleftrique qu’elle contient. H fuffit,nbsp;Pour répondre a ces affertions, de connoUre lesnbsp;^ffets du tonnerre. Hs démontrent avec la plusnbsp;grande evidence , que fi les lieux oü il eft tombénbsp;^uflent été garnis de pointes communiquant a denbsp;l^ons condufteurs, tout fe fut paffe fans la molnare explofion.

11 eft faux d’ailleurs, qu’une pointe attire Ie ton-’’erre ou la nuée orageufe ; car, au contraire , une pointe préfentée a un floccon de coton fufpendanbsp;^u conduéfeur de la machine éleéfrique, Ie re-pouffe fur Ie champ. Vaut-il done mieux attendrenbsp;Su’une nuée orageufe , chargée d’éleéfricité , Scnbsp;Portée par Ie vent contre un batiment, faffe ex-Plofion avec lui, Sc y verfe tout-a-coup un dé-‘Uge de fluide éleéfrique , que de Ie dériver parnbsp;^egrés, a mefure que ce nuage approche , en-^orte que , lorfqu’il en eft a proximité , il en foknbsp;^otalement privé } Quant a 1’impoffibilité de dé-Pouiller un nuage de tout fon feu éleéfrique, onnbsp;¦rre 1’entend ni ne Ie prétend pas; on veut feule-^ent fournir au fluide éleéfrique verfé par Ie nuagenbsp;®rageux, un débouché facile. Or, quand on con-•rdere que prefque toutes les fois que la foudrenbsp;tombée quelque part, elle a fuivi, fans prefquenbsp;*^gt;re de dommage , des conduéfeurs aufli étroitsnbsp;un fil de fer de fonnette ou de renvois d’hor-, des dorures , amp;c ; qu’elle n’a fait explofionnbsp;quand ce chemin a été interrompu, on nenbsp;peut prefque döuter qu’une barre d’un demi-Pouce OU d’un pouce de diametre , ne donnit


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3^0 Récréat, Mathémat. et Phys.

paffage a tout Ie fluïde éleftrique que pourroit donnet la foudre la mieux condltionnée.

Les pointes de fer , confidérées comine confetquot; vatrices des batiments contie la foudre, ont auflinbsp;éprouvé des contradiftions en Angleterre , de 1®nbsp;part du faineux éledlricien M. Willon. Voici ^nbsp;quelle occafion. Les inoyens de M. Franckliu»nbsp;pour prévenir les etfets de la foudre , ayant excitenbsp;^attention du gouvernementen tyyi, la Sociétenbsp;royale de Londres fut confultée fur les inoyeiisnbsp;de garantir les nouveaux magafins a poudre denbsp;Purfleet. Elle noinma MM. Cavendish, Watfon»nbsp;Francklin, Wilfon amp; Robertfon. Quatre de ce*nbsp;cinq commiflaires furent d’avis de garnir Ie bati'nbsp;ment de bons condufteurs terminés par des poiu'nbsp;tes aiguës. M. Wilfon fut feul d’avis de les terminer par des pointes dinouflees, amp; il refufa denbsp;figner 1’avis des quatie autres. II eft aifé denbsp;voir que Ie motif de M. Y/ilfon fut la crainte quenbsp;les pointes n’attiraflent de trop loin Ie fluidenbsp;éledrique, M. Francklin tenta en vain de lui fait^nbsp;changer de fentiment, par un écrit expres,nbsp;contient d’ingénieufes amp; nouveUes experiences»nbsp;mais il n’y réuffit pas. Au refte, les magafins denbsp;Purfleet furent garnis, fuivant 1’avis de M. Frau^'nbsp;Llin amp; des trois autres cominiffaires. J’ai ouï d’{®nbsp;que M. Wilfon a écrit depuis peu contre, mais}nbsp;gnore fes nouvelles obfervations.

XX Ie Expérience.

qudqücs Jiux fondés fnr f attraction amp; ld

puljion éleSriqttes : L'Arai^née électrique ,

Figurezun petit morceau de liege ou de inoé||® de fureau en corps d’araiguée, 6c attachez-y


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DE l’Electricité. 551

huit fils de coton ou de lln , de quelques lignes de longueur; fufpendez enfuite cette petite figurenbsp;{•ar un fil de foie a un crochet; piaeez enfin , d’unnbsp;amp; de l’autre de cette araignée feinte , amp; a lanbsp;fitême hauteur, Ie bouton d’une botiteille denbsp;^eyde chargée pofitivement, amp; celui d’une autrenbsp;^uteille chargée négativement, ou firnplementnbsp;bouton feinblable non-éle£brifé , amp; communi-^ttant a la maffe générale des corps non-éleétri-^ües: vous verrez cette figure d’abord portée versnbsp;bouton éleftrifé , enfuite eia étre repouffée ;nbsp;^ comme les brins de fils eux-mêmes fe repouf-^^ntauffi mutuelleinent , il femblera que 1’araignéenbsp;^Uvre amp; étend fes jambes pour embraffer Ie fe-*^Ond bouton. Elle ne l’aura pas plutot touché ,nbsp;^U’elle Ie (èmblera fuir; car, dépouihée de fonnbsp;^leéiricité , elle fera attirée par Ie premier, dontnbsp;^lle fera enfuite repouffée; Sc ce petit m^ege du-tant qu’il y aura un peu d’éleélricité dans lanbsp;“^Uteille.

Un fimple conduéleur éleélrifé , tiendra lieu, ** 1’on veut, de la bouteille éleétrifee ; Sc au lieunbsp;bouton non-éleélrifé , on pourra préfenter Ienbsp;doigt : il femblera que 1’araignée , après avoirnbsp;*^üché Ie condufteur, vient fe jeter fur Ie doigtnbsp;^tir Ie faifir 5c Tembraffer de fes jambes.

X.XII» Experience.

La Rouamp; 6’ Il Tourmbroche él^riques.

de

^üi


verre , implantés dans un moyeu commun , aient 6 ou 8 pouces de longueut, Sc qui por-chacun i leur extrémité une balie de plomb.

Paites une roue forrnée de huit ou dix rayons

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Récréat. Mathémat. et Phys.

Cette efpece de roue doit être blen équilibrée Tuf un effieu vertical amp; délié, tournant dans une era-paudine de verre , enforte que 1’efFort Ie plu*nbsp;léger puiffe la mettre en mouvement. Le batisnbsp;lequel elle porte, doit enfin être fufceptible d’etrenbsp;ifolé.

Ay-ez enfuite deux bouteilles chargees , l’uu® pofitivement , 1’autre négativement ; amp; ayantnbsp;ifolé la roue ci-deflus, placez ces deux bouteillesnbsp;des deux cótés de la roue , enforte que les ballesnbsp;puiffent paflTer a un quart de pouce du bouton denbsp;chaque bouteille.

On conqoit maintenant que fi cette petite mS' chine eft bien équilibrée, lorfqu’une des balles feranbsp;a proximité d’un des boutons, par exemple celu*nbsp;qui répond a la bouteille chargée pofitivement,nbsp;en fera attiré , amp; la machine tendra a tourner; 1®nbsp;balie , en paflant fort prés de ce bouton , fet^nbsp;éleélrifée pofitivement , amp; par conféquent ell*'nbsp;en fera auffi-tót repouflfée.

Même chofe arrivera du cóté de la bouteille dont 1’intérieur fera chargé négativement: la bad'^nbsp;non-éleftrifée en fera attirée , amp; en paffant toü^nbsp;prés, elle s’éleftrifera négativement; conféqueiR'nbsp;ment elle en fera repoufifée auffi-töt après l’avo'^nbsp;dépalTée.

gf*

Pareille chofe enfin arrivant è chacune d^^ autres balles, il en réfultera un mouvement circ^”nbsp;laire qui s’accélérera de plus en plus , amp; qui cof’nbsp;tinuera tant que les deux bouteilles feront ennbsp;d’éleélricité. Maïs il eft facile de les y entreteid'^ ’nbsp;en faifant toucher au bouton de 1’une celui d’^’’nbsp;autre bouteille fortement chargée, amp; au boiifj’nbsp;de l’autre le ventre de la même bouteille : cel» ^

charg'


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DE L’ELECTftiCItÉ. 355 '^Viargera chaeune, Tune pofitivement j 1’autre né«nbsp;S^tivement.

Lorfque l’éledricité eft bien forte, amp;C que machine eft bien conftruite amp; équilibrée,nbsp;prend un mouvement capable de faire circulernbsp;poids de quelques livres, enfilé a fon effieunbsp;''ertical.

Les éle(51:riciens de Philadelphie s’en font fervis forme de tournebroche , dans une partie dontnbsp;1 objet étoit d’égayer un peu la philofophie. Per-Liadés apparemment qu’il faut que la Raifon fenbsp;faiive quelquefois dans les bras de la Folie, ils fenbsp;^aflemblerent fur les bords de la Skuylkill, rivierenbsp;^ui baigne Philadelphie. La ils tuerent un dindonnbsp;P^r la commotion éleflrique; ils 1’embrocherentnbsp;tournebroche éleftrique , amp; Ie firent rótir a unnbsp;allumé avec l’étincelle éleélrique ; enfin ilsnbsp;*^urent a la fanté des philofophes tant Européensnbsp;Américains qui cultivoient l’éleftricité , nonnbsp;bruit de la moufquéterie , mais a celui des batteries éleftriques , déchargées a chaque fanté.nbsp;^oila ce que M, Francklin , Ie premier des phi-^ofophes éleftrlciens, appelle Ie rcpas éUclrique.

XXII1® Experience.

Le Carillon amp; k Clavejfm éleBriques.

Sufpendez au coridufteur de Péleélricité, trois l’mbres a diftances égales , d’environ un pouce ,nbsp;*'’ais enforte que les deux latéraux le foient par unnbsp;^^rdon OU fil de matiere qui tranfrnet réletftricité ,nbsp;^ que celui du milieu le foit par un cordon denbsp;OU autre matiere éleftrique. Ce timbre dunbsp;^dieu doit en même temps communiquer au pavénbsp;P^r une petite chaine ou fil métallique.

Tonii IV,

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354 RicRÉAT. Mathémat. et Phys.

A diftances égales entre ces trois timbres, foieR^ eticore fufpendus par des filets de fole , deux petit*nbsp;globes de métal , de maniere qu’en s’écartant ^nbsp;droite ou4 gauche , ils puiffent choquer les tiiR'nbsp;bres.

Eleftrifiez préfentement Ie condufteur ; vou* verrez auffi-tót ces petits battans fe mettre en mou*nbsp;vement, amp; choquer alternativement les timbres»nbsp;ce qui formera un petit carillon dont la caule 1^'nbsp;roit difficile a deviner , fi l’on cachoit la machif®nbsp;éleflrique.

II eft facile d’appercevoir la caufe de ce continu; car, par la conftruftion de cette petitenbsp;machine, les deux timbres latéraux font éleélr''nbsp;fes auffi-tüt que Ie globe éleftrique eft misnbsp;mouvement. Les petites boules pendantes entr’euitnbsp;amp; celui du milieu, feront done attirées par ce*nbsp;timbres , qu’elles n’auront pas plutót touchés»nbsp;qu’elles en feront repouffées , étant éleftrifée*nbsp;comme eux : alors elles feront portées contre 1®nbsp;timbre du milieu , qui, communiquant au pave»nbsp;les privera fur Ie champ de leur éleéfricité. Elle*nbsp;devront done retomber vers les timbres éleéfrifé*»nbsp;qui les attireront de nouveau; amp; ce jeu fe ps*^'nbsp;pétuera tant qu’on continuera a faire agir lanbsp;chine éleéfrique.

Remarque,

D’APRÈs ce principe, on a imagine ce qu’'^” appelle un clavejjin éleclrique. Voici une idéénbsp;cette petite machine ingénieufe , dont l’inventif'’nbsp;eft due au P. de la Borde, jéfuite , qui en dotii’^nbsp;la defcription en 1759» dans ün petit ouvraS®nbsp;particulier.

Qu’on conqaive une barre de fer portée b*

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. nbsp;nbsp;nbsp;DE L’ElECTRiCITi, 55,

oes cordons de foie, amp; garnie de deux rangs de tgt;mbres, quj deux a deux font propres a rendrenbsp;même fon; car il en faut deux pour cfoaquenbsp;fon. L’un de ces timbres eft fufpendu a la barrenbsp;par un fll d’archal , enforte que quand elle eftnbsp;^leftrifée, ce timbre l’eft aufli. L’autre n’eft fuf-P^ndu que par un cordon de foie. Entre chaquSnbsp;Paire de timbres pend une petite boule d’acier^nbsp;^ufpendue de cette premiere barre par un filet denbsp;ftgt;ie.

Le timbre fufpendu de la barre d’en haut par cordon de foie, porte un fil d’archal qui def-cend, amp; eft arrêté par un autre cordon de foie*nbsp;extrémité Inférieure porte un petit levier ^nbsp;, dans fa pofition ordinaire j repofe fur unenbsp;®«tre barre ifolée , Sc communiquant, ainfi quenbsp;premiere , au condufteur de la machine.

Enfin , au deflbus de cette feconde barre eft un t^lavier tellement difpofé, que quand on enfoncönbsp;de fes touches, elle fait lever par fon autrenbsp;Extrémité le petit levier correfpondant; ce qui in-*^rcepte la communication du timbre avec Ienbsp;'-oriduéfeur éleélrifé , Sc en établit une avec lanbsp;•iiafle générale des corps terreftres.

D’après cette defcription, on concevra que, 1’on enfonce une touche pendant que la machine éleéfrique eft en mouvement, un des tim-•quot;Ss étant déféleéfrifé , la balie d’acier fe porteranbsp;le champ vers i’autre , en fera éleéfrifée , re-Ppuflee contre le premier qui ablbrbe fon éleftri-; ainfi elle reviendra contre l’autre. Ce mou-^^uient s’exécute en effet avec beaucoup de vi-d en réfulte un fon ondulé, Sc refiTein-*nbsp;lant au tremblement de l’orgue. Le levier re-®*hiie-t-il j les deux timbres fe trouvetit égalem«nï

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35(5 RiCRÉAT. Mathémat. et Phys. éleftrifës , Sc dans un inftant Ia balie d’aclefnbsp;s’arrête.

Le P. de la Borde ayant execute cette mécani-que , étoit venu a bout de jouer avec aflez d^ propreté des airs fimples; maïs tout cela valoit-dnbsp;bien la peine d’en faire Tobjet d’un ouvrage anbsp;part, puifque ni la mufique, ni la théorie de l’e'nbsp;leéfricité, n’en recevoient aucun avancement ?

XXIVe Experience.

Lts Chevaux èltclrlquts fc pourfuivants; ou Manege ékcirique,

Préparez avec deux petites lames ou deux petits fils de fer , une efpece de croix, avec ,une chapsnbsp;de cuivre a fon centre , comme feroient deuJtnbsp;aiguilles de bouflble qui fe couperoient a anglesnbsp;droits fur une chape commune. Les bouts de cesnbsp;quatre branches doivent être terminés en pointe»nbsp;amp; replies par leurs extrémltés un peu moins qu’^nbsp;angles droits, de la grandeur d’un pouce, plus oUnbsp;moins , fuivant la grandeur de la machine. Sufnbsp;ces bouts de fer recourbés, placez un petit pls'nbsp;teau de carton fort léger, fur lequel vous ajoute'nbsp;rez des figures de chevaux, de maniere qu’Ü*nbsp;tournent la croupe du coté de la pointe. Enfi‘’nbsp;que le tout foit difpofé fur une pointe d’aci^*^nbsp;ëlevée perpendiculairement , enforte que cett^nbsp;croix avec fa charge fe tienne horizontalement gt;nbsp;amp; ait un mouvement de rotation extrêmetn^^^nbsp;facile.

Cela fait, ayant ifolé la machine amp; fon P^^' teau, faites communiquer ce dernier ou la poi(^^^nbsp;d’sfier avec le condudeur éleftrifé; bientót


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DE L’ELECTRICITÉ. jrjj verrez ces quatre branches de fer prendre commenbsp;d’elles-mêmes un mouvement de rotation en fensnbsp;Contraire de celui oü leurs extrémités font recour-^ées, enforte que les quatre chevaux femblerontnbsp;pourfuivre dans un manege circulaire; amp; cenbsp;]2u durera tant que durera 1’éleftricité , amp; mémenbsp;3u-dela , a caufe du mouvement acquis.

Si 1’expérience fe fait dans l’obfcurité, amp; fans Cette petite cavalerie, c’eft-a-dire feulement avecnbsp;les quatre pointes, vous en verrez fortir des aigrettes de lumiere ou de feu éledfrique; ce quinbsp;formera un fpeftacle fort agréable , car il en ré-fultera comme un ruban circulaire de feu, quenbsp;1’on pourra rendre plus large en donnant des longueurs inégales aux branches de cette croix.

On pourroit établir ainfi plufieurs rangs de fils en croix , qui iroient en diminuant, amp; par cenbsp;i^royen on formeroit une pyramide lumineufe.

La caufe de ce mouvement , en apparence fpontanée, eft aifée a appercevoir, C’eft Ie chocnbsp;de 1’effluence éleftrique qui fe fait par les pointes,nbsp;^ qui rencontrant 1’air , en éprouve une reaöioanbsp;rjui la repouffe en arriere.

R E M A R dU E.

On a prétendu tirer de cette experience une difficulté affez forte contre 1’hypothefe de M.nbsp;l^rancklin; car, foit qu’on éleftrife pofitivementnbsp;négativement cette petite machine, Ie mou-'''ement s’en fait dans Ie même fens ; ce qui anbsp;^ême fort étonné des Franckliniens decides.nbsp;Quant a nous, cette objeftion ne nous frappenbsp;guere ; car 11 nous femble qu’on peut dire que,nbsp;dans Ie cas de réleftrlcité negative , Ie fluide élec-ti^ique qui fe précipite dans les pointes, ne peut

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358 Récréat. Mathémat. et Phys.

s’y engouffrer fans leur imprimer une impulfiofl qui agit précifément dans Ie inême fens que 1*nbsp;répulfion qu’éprouve Ie fluide éleftrique en fof'nbsp;tant, lorfque les pointes font éleftrifées pofitive**nbsp;ment.

XX V® Expérience,

Fa-irz paroitu tout-a-coup une ècriture en caraBerl^ de feu , par Ie moyen de VéleUriciti,

Ce jeu ëledlrique eft fondé fur cette oijferva-tlon connue de tout Ie monde, fqavoir, que fi l’on a plufieurs filets métalliques, difpofés enfemble denbsp;maniere que leurs bouts, fans fe toucher, foientnbsp;très-voifins, comme a une ligne ou une demi-ligne , lorfqu’on éleftrife Ie premier , pendantnbsp;que Ie dernier communique a la maffe des corpsnbsp;non-éleótriques , il fe fait des étincelles contiquot;nbsp;nuelles entre les bouts de ces fils métalliques.

Pareille chofe arrive, fi Ie dernier de ces fUs eft terminé en pointe ; car , perdant par-la fortnbsp;éleftricité , il faut qu’il en afflue fans ceffe denbsp;qouvelle , amp; cela ne fe peut faire que par unenbsp;étincelle dans chacun des petits intervalles qu*nbsp;féparent les bouts des fils.

Cela étant entendu , 1’on fent que 1’on produi' ïoit une file d’étincelles formant un deffin quel'nbsp;conque, (a quelques limitations prés qu’on verranbsp;en railgeant des fils de fer Ie long des lineament*nbsp;de ce deffin. Alors, en touchant Ie dernier de*nbsp;fils avec Ie doigt, ou, ce qui fera encore mieuJt»nbsp;avec la garniture 'extérieure de la bouteille d®nbsp;Leyde , il fe formeroit tout a-la-fois , dans 1^*nbsp;intervalles de ces fils, des étincelles'repréfenW^nbsp;eontcnir du deifin.

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DE l’Electricité. 359 Mals comme ceci auroit des difficultés, onnbsp;^’exécutera plus facilement ainfi. II taut prendrenbsp;*ine de ces feuilles. d’étain battues amp;£ n’ayant quenbsp;^’épaifleur d’un papier; on la découpera en petitsnbsp;^uarrés d’une ligne ou une demi-ligne de cóté , ounbsp;forme de rhombe un peu alongé; on deffineranbsp;^nfuite fur un papier les lettres qu’on veut expri-*Rer; amp; ayant mis une lame de glace, d’une lignenbsp;Environ d’épaifleur , fur ce deffin, on collera furnbsp;cette glace les petits quarrés ou rhombes décritsnbsp;‘^i-deflus , felon les contours du deffin , en faifantnbsp;^nforte que les angles regardent les angles , 6cnbsp;foient éloignés les uns des autres d’environ unenbsp;deini-ligne, comme 1’on voit dans Ie deffin de lanbsp;lettre S, fig. 44 ; on lie enfuite l’extrémité d’une pi.nbsp;lettre avec Ie commencement de la fuivante , par fig. 44»nbsp;^ne petite lame circonflexe du même métal ,nbsp;terminée de cóté amp; d’autre en pointe, commenbsp;On Ie voit dans la même figure ; enfin une petitenbsp;lame femblable au commencement de la pre-Riiere lettre 8c une autre du bout de la dernierenbsp;Va au bord de la même glace amp; au-dela.

Préfentement, fuppofons que la premierede ces petltes lames communique au condufteur élec-trifé, 5c que 1’on vienne toucher la feconde, ounbsp;au contraire, chaque angle des petits quarrés portera Ie feu éleélrique par une étincelle a fon voiwnbsp;fin; 5c 11 l’expérience’ fe fait dans 1’obfcurité , onnbsp;^Ppercevra ces deux lettres deffinées par une fuitenbsp;d’étincelles de feu.

Si la derniere lame communique a une maffe corps non-éleélriques, 6c que l’éleélricité foitnbsp;^orte , il fe fera entre chaque quarré une explofion;

^ui rendra permanente cette écriture lumineufe-.

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jéo Récréat. Mathémat. et Phys.

Maïs il faut obferver que toutes les lettres 1’alphabet ne peuvent pas fe repréfenter d’utienbsp;maniere auffi fimple que les deux que nous venonsnbsp;de donner en exemple. Ainfi l’O ne fe repréfen-teroit point par ce moyen ; Ie fluïde éleftrique,nbsp;au lieu de faire Ie tour, fauteroit du premier aWnbsp;dernier quarré. De même l’A refteroit tronqué denbsp;fa partie fupérieure, Ie fluïde éleftrique palTantnbsp;par la traverfe. II faut done un artifice particuliernbsp;pour obvier a eet inconvenient , qui fe rencontrenbsp;dans un grand nombre d’autres lettres , comrnenbsp;1’E, l’F, 1’H , amp;c.

Cet artifice confifte a écrire une moitië de la lettre fur un cóté du verre, amp; 1’autre moitië furnbsp;1’autre, amp; a les faire communiquer enfemble parnbsp;une petite bande métallique, qui, en paflant dunbsp;deflus au deflbus du verre, porte Ie feu éleftriquenbsp;p}_ g du dernier quarré de la premiere moitië de l’O ,nbsp;%• 45'P®’’ exemple, au premier quarré de Ia fecondenbsp;moitië de la même lettre ; enfuite on joint, pa?nbsp;une femblable bande, Ie dernier quarré de cettenbsp;feconde moitië, avec Ie premier quarré de la lettrenbsp;fuivante. En examinant attentivement la fig. 4^ gt;nbsp;on reconnoltra facilement ce mécanifme. Les let'nbsp;rres ou parties de lettres repréfentées fur Ie cótenbsp;de deflus du verre, font oinbrëes fortement, ^nbsp;celles de deflbus légërement. La propagation dünbsp;feu ëleëtrique étant comme inftantanée , ilnbsp;s’enfuivra de ces renvois aucun inconvénient poufnbsp;l’effet.

II eft aifé de voir combien un pareil artific® ^uroit pu, dans des temps d’ignorance , contri'nbsp;^\ier a jeter la terreur dans les efprits. Si une

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DE L’ElECTRïCITÉ. 361 ^ hommes raffemblés dans un lieu obfcur, aprèsnbsp;grand coup de tonnerre, voyoient écrit contrenbsp;murailles un ordre , une décifion prétenduenbsp;ladivinité, de quoi ne ferolent-ils pas capa-'ss! a quel point de fanatifme ne les conduiroit-pas! De quelle terreur ne feroit pas frappé unnbsp;^'^iiime qui , s’éveillant en furfaut, verroit écritnbsp;*^®ntre fa glace , Tii mourras aujourd'hui J

XXVIe Experience.

Feu d'Artifice électrique.

Voici un nouveau genre de fpeftacle, dontnous ofons cependant ab'blument garantir la réuflite;nbsp;r^ais nous fommes fort portés a penfer que notrenbsp;*dée eft fufceptible d’exécution.

hln fpeéfacle d’artifice eft ordinairement com-P°fe d’une decoration immobile , confiftanteen un ^^ifice analogue au fujet , amp; diverfes pieces denbsp;, mobiles ou immobiles , telles que fufées,nbsp;prbes, cafcades , foleils fixes ou tournants, étoi-pyramides ou colonnes, foit fixes , foit mobi-Or il n’y a aucune de ces pieces d’artifice quinbsp;puifte être, a ce que nous croyons, repréfentéenbsp;des feux purement éleftriques.

,, Prenons d’abord pour exemple une decoration ^ichiteéture. On la repréfente en illuminationnbsp;des files de lampions qui en tracent les princi-membres : ne peut-on pas, au lieu de cesnbsp;^'^ipions , leur fubftituer des files de points ren-lumineux par Téleélricité ? L’expérience pré-dente en fournit Ie moyen; car, puifque 1’onnbsp;. lendre apparentes des lettres dont les con-font bien plus compofés, par une fulte de


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Récréat. Mathémat. et Phys.

pareils points, a plus forte raifon pourra-t-ö** rendre apparentes des lignes pour la plupart droite*nbsp;amp; paralleles, ou perpendiculaires entr’elles, enynbsp;employant les precautions indiquees dans 1’e*'nbsp;pofé de cette experience. Mais voici un autf®

moyen.

Sur une planche de bois refineux , fort fee ^ bien plane, tracez le deffin de votre decoration»nbsp;amp; marquez par des points les endroits ou voH^nbsp;placeriez des lampions , fi vous executiez ceff®nbsp;decoration en illumination ; placez a chacun lt;1®nbsp;ces points un fil de fer d’une ou deux lignes lt;1^nbsp;hauteur, amp; terminé en dehors par une point*nbsp;déliée amp; fort aigue ; faites enfin communiqu^^nbsp;tous ces fils par un fil de fer continu qui les ein'nbsp;brafle. Si vous excitez une éleéfricité puiflante»nbsp;11 n’y a nul lieu de douter que chacune denbsp;pointes ne donne dans 1’obfcurlté une petite gerb*nbsp;lumineufe; ce qui trafcera le deffin de votre decO'nbsp;ration architeéfurale : car on fqait qu’une bad*nbsp;de fer fortement éleftrifée, jetre dans les tén^'nbsp;bres, de tous fes angles , de fortes gerbes de 1*'nbsp;miere , quelquefois dc plufieurs pouces de lo’’'^nbsp;gueur.

Pour reprefenter une gerbe de feu , rien de pl**^ facile ; un groupe de fils de fer termines ennbsp;tes, donnera un affemblage de petites gerbesnbsp;en formeront une confiderable.

Si Ton veut reprefenter un foleil fixe, dix douze pointes , difpofées en forme de rayons» ^nbsp;1’extrémité d’un fil de fer terminé en boutop’nbsp;donneront un foleil fixe; amp; fi ces douze pt’j”nbsp;tes font difpofées de la matiiere convenable ,nbsp;pourront, par leur emanation éledfrique , for*d*nbsp;une étoile: il n’y aura qu’ales difpofer comme

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DE L’ELECTRICITÉ.

fa;

‘ait des fufées dans l’artifice ordinaire pour repré-^•iter la même chofe,

Rangez maintenant plufieurs fils de fer terminés pointe, amp; communiquants a une tige com-en forme de demi-cercle, amp; dans une di-*^®^ion inclinée a l’horizon ; ils formeront unenbsp;^^fcade , par les gerbes éleftriques qui fortirontnbsp;ces pointes.

, Voulez-vous avoir l’image d’unfoleil tournant,

* nbsp;nbsp;nbsp;faudra pour cela former une croix femblable anbsp;'e'le de i’expérience 24® ; mais , au lieu de lanbsp;'^•re tourner fur un axe vertical , il faudra lanbsp;^cttre parfaitement en équilibre fur un axe hori-^°ntal : les gerbes lumineufes qui fortiront desnbsp;pointes recourbées, formeront ou un ruban cir-'^^laire de feu, fi Ie mouvement eft rapide, ounbsp;^Uelque chofe d’affez reflemblant a un foleil.

Enfin , ce qui pourra donner a ce petit fpeffacle air de réalité , c’efl: qu’il eft poflible de l’ac-'^^inpagner d’im bruit de batterie éleftrique,nbsp;H'^i donnera l’idée des marrons amp; fauciftbns dontnbsp;^ décharge accompagne d’ordinaire les autresnbsp;P'eces d’artifice , finon continuellement, du moinsnbsp;^ intervalle en intervalle. Cela fe pourroit fairenbsp;P^t Ie moyen de petites batteries éleftriques qu’oanbsp;^^chargeroit fucceflivement amp; par partie.

• nbsp;nbsp;nbsp;Tout ceci, nous Ie répétons, n’eft encore qu’une

qui a befoin d’etre foumife a 1’expérience ; je crois qu’un artifte ingénieux pourroit ennbsp;parti. On fent, au refte, aifément qu’il fau-une éleftricité vigoureufe. Mais ce qu’unenbsp;l^’^phine éleéfrique ne pourroit pas faire, deux,nbsp;, quatre, Ie feroient probablement,


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364 Récréat. Mathémat, et Phys.

XXVII' Experience.

Sur rEleclrldté de la Sole.

Voici d’autres experiences bien fingulieres» dont l’auteur eft M. Symmer, qui les publia e**nbsp;1759)nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;les Tranfactions Philofophiques de

cette année.

I. Dans un temps extrêmement froid Sc TeC» par un beau vent de nord ou de nord-eft, preneï»nbsp;après les avoir bien chauffés , deux bas de To’®nbsp;neufs , l’un blanc , l’autre noir, fur la mêm®nbsp;jambe: l’aftion feule de les mettre les éleftrifet*'nbsp;Tirez-les enfuite l’un dans l’autre, en les faifa’’^nbsp;glilTer tous les deux a-la-fois fur la jambe; voU^nbsp;les trouverez alors éleftrifés au point d’adhére^nbsp;mutuellement, avec une force plus ou mo^nbsp;grande. II eft arrivé a M. Symmer de lesnbsp;ibutenir ainfi un poids égal a foixante foisnbsp;moins Ie poids de l’un d’eux.

z. Retirez-les l’un de dedans l’autre , en tira'^ l’un par Ie talon , l’autre par 1’ouverture , ils te*'nbsp;teront éleftrifés, Sc l’on verra avec étonnem^”^nbsp;chacun d’eux fe render de maniere a re préfeiit^nbsp;Ie volume de la jambe.

3. nbsp;nbsp;nbsp;Maintenant préfentez un de ces bas a 1’^nbsp;tre a quelque diftance ; vous les verrez fe pr^'quot;’nbsp;piter l’un fur l’autre, s’applatir , Sc adhérer enf^’’’^nbsp;ble avec une force de plufieurs onces.

4. nbsp;nbsp;nbsp;Mais ü vous faites cette experience fur d^^nbsp;paires de bas combines de la même manie’’®’nbsp;blanc contre noir, Sc que vous préfentiez Ie l’,nbsp;blanc au bas blanc, Ie noir au noir, ils fenbsp;feront mutuellement. Préfentez enfuite Ie noit ^nbsp;blanc, ils s’attireront Sc fe joindrontj ou 1®’^

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DE

l’ElE C T RI C IT É. nbsp;nbsp;nbsp;365

a fe joindre , coipme dans la 3® expedience.

5. On pent charger labouteille de Leyde avec bas.

ll paroït réfulter de-1^ , que la foie frottée con-la foie , peut s’éleftrifer; mais il faut pour '®la que Tune des deux ait une preparation quenbsp;*2utre n’a pas; car deux bas blancs ou deux basnbsp;djyirs l’un fur 1’autre , ne s’éleftrifent nullement.

n’eft pas, au refte, Ie noir en tant que noir, ^Ppofé au blanc comme blanc , qui produit eetnbsp;M. l’abbé Nollet a fait voir que cette preparation , étoit l’engallage qui precede la teinturenbsp;®'i noir ; car deux rubans blancs , dont l’un desnbsp;feulement eft engallé , étant frottés conve-diablement l’un fur l’autre , produifent les mêmesnbsp;P^énomenes d’adhérence, d’attraftion, de répul-II n’y a nul doute que ce ne fut la mêmenbsp;^hofe pour les bas.

Les partifans de la doftrine de M. Francklin -'dd l’éleftricité, n’auront pas de peine a expliquernbsp;autres phénomenes qu’on a expofés. Chacunnbsp;bas eft éleftrifé d’une maniere différente, l’unnbsp;Pofitivement, l’autre négativement; 11 paroit quenbsp;^ sft Ie blanc qui 1’eft pofitivement ou a la manierenbsp;«ü verre. L’enflure remarquée dans chacun desnbsp;ifolés, n’eft done que l’effet de la répullionnbsp;^ditre des corps femblablement éleftrifés; car tou-les parties du même bas ont requ la mêmenbsp;^^êlricité. Par la même raifon , deux bas de lanbsp;**'^dne couleur fe repouffent néceffairement.

Mais li l’on préfente un bas noir au bas blanc , ^^Hme leurs éleéfricités font différentes, les deuxnbsp;s’attirent; phénomene connu, Sc finon gé-


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36lt;5 Récréat, Mathémat. et PHfs. néral, dü moins prefque immanquabJe entrenbsp;corps éleftrifés, l’un politivetnent, l’autre nég^'nbsp;tivement, ou l’un a la maniere du verre, l’autrsnbsp;a celle du foufre.

Un phénomene fort remarquable ici , c’eft ofiS deux corps éleftrifés , l’un pofitivement, l’autr®nbsp;néptivement, felon Ie langage des Franckliniens»nbsp;puiflent s’appliquer l’un contre l’autre, fansnbsp;leurs éleflricités s’anéantifTent. M. Symmernbsp;remarque avec étonnement ; amp; cela l’engage ^nbsp;s’écarter de la doélrine francklinienne , ennbsp;donnant des raifons qui, comme Ie remarqo®nbsp;M. l’abbé Nollet, Ie rapprochent beaucoupnbsp;l’explication de ce dernier.

Au refte, on a depuis remarque, que deux faces de corps éleftriques , éleftrifées 1’une pofit''nbsp;vement, l’autre négatlvement, s’appliquent trèsquot;nbsp;bien 1’une a l’autre fans détruire leurs éleftricités*nbsp;C’eft-la Ie principe de l’éleélrophore, nouvel in^nbsp;trument éledilrique, imagine ces dernieres annéeS'nbsp;II y a plus, c’eft que ces deux furfaces applique^*nbsp;de cette maniere, retiennent beaucoup plus lou2'nbsp;temps leurs éleftricités ; mais elles ne fe maniA*'nbsp;tent que quand elles font féparées. L’éleftrici^^nbsp;eft une mine qui plus on la creufe, plus ellenbsp;fente des chofes inexplicables. Comment exp*nbsp;quer cela felon la théorie de M. Francklin ?nbsp;n’en fqais rien ; amp;c quoique penchant vers eA® ’nbsp;je ne l’entreprends pas,

XXVII Je Experience,

Qid prouve que VEleclricité accélere Ie cours Jluides.

Ayez un tuyau, ou capillaire, ou terminé P^*'

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DE L’ElECTRIC ITÉ. 367 ^ne ouverture aflez étroite pour que l’eau, cou-par cette ouverture, ne puiffe Ie faire quenbsp;§outte a goutte. Eleftrifez cette eau; vous la vet-auffi-tót couler par un jet continu.

Re marq^ue

les conféquences de cette Experience, amp; fur les guérifons opérées ou pretendues öpirées parnbsp;V Elekricité.

C’efl: probablement cette experience qui a ’^pnné lieu cl’appliquer Téleftricité a la méde-car il étoit aflez naturel de raifonner ainfi:nbsp;Puifque l’éleftriclté accélere Ie cours des fluides ,nbsp;efi vraifemblable qu’elle accélérera celui dunbsp;Jang du fluide nerveux dans les anitnaux. Ornbsp;y a certaines maladies qui paroiflent n’étrenbsp;line fuite de l’engorgement du fluide nerveux ,nbsp;^^lle que la paralyïie, amp; diverfes maladies quinbsp;^’^iinent a cette caufe , comme la furdité, la cé-5)té, amp;c : conféquemftient l’éleftricité , en accé-^lant foit Ie cours du fang, foit celui du fluidenbsp;’^^i'veux , pourra forcer eet engorgement j ce quinbsp;^pérera la guérifon de la maladie.

On a done commence a éleftrifer des malades ^Itaqués de paralyfie ; amp; il faut convenir, at-^•idu les témoignages de perfonnes exemptes denbsp;^üte fufpicion , comme M. Jallabert de Geneve ,nbsp;^ autres, que ce n’a pas été fans quelque fuccès,nbsp;certain que ce célebre profeflTeur amp; citoyennbsp;^ Oeneve a, flnon guéri radicalement, du moinsnbsp;^^^lêinement foulagé, entr’autres paralytiques, Ienbsp;j ^nimé Noguez. Cet homme qui ne pouvoitnbsp;?''sr Ie bras, fut, après trois mois d’éleörifa-en état de lever un marteau.

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3(58 Récréat. Mathémat. et Phys.

Cette annonce , publiée dans les journaux , Gommeon lepenfebien, ungrand bruit; amp; l’o’’nbsp;vit dans l’Europe une foule d’éleftriciens entrC'nbsp;prendre la guérifon des paralytiques, des fourds»nbsp;desaveugles, amp;c. On a un recueil en trois volu'nbsp;mes, donné par M* Sauvages , non de ces gueri'nbsp;fons, car il y en a eu peu qui puilTent porternbsp;nom, mais des progrès de 1’éleftrifation. Il y en ^nbsp;eu néanmoins quelques-unes d’affez bien conH^'nbsp;tées; telle eft en particulier celle d’un jeun®nbsp;homme de Colchefter, a qui M. Wilfon rendi*^nbsp;la vue qu’il avoit perdue a la fuite d’une fievf®nbsp;violente. A l’égard de la plus grande partie de*nbsp;autres, Ie traitement a été inutile Sc fans effet.

On ne peut cependant difconvenir que, dan* les commencements de l’éleftrifation , les mal^'nbsp;des n’éprouvent ordinairement quelque améliota'nbsp;tion. Les paralytiques reflentent dans la partie p^'nbsp;ralyfée, de la chaleur, des picotements, qui feif'nbsp;blent annoncer un retour de fentiinent; les aveU'nbsp;gles voient quelquefois des étincelles de lumief®'nbsp;Mais , en general, tout fe borne la; Sc ces coi^'nbsp;mencements, qui femblent annoncer Ie plus gragt;'nbsp;fuccès, n’ont pas de fuite,

Quelques philofophes Italiens ont bien p*quot;® tendu quelque chofe de plus merveilleux. Onnbsp;nonqa vers 1750, a Padoue , que l’éleélric'^®nbsp;exaltoit Sc atténuoit les odeurs, au point qu’s** ^nbsp;paflbient a travers Ie verre; que des droguesnbsp;gatives, foigneufement Sc hermétiquementnbsp;dans un vafe, purgeoient celui a qui on Ienbsp;tenir dans la main pendant qu’on éleftrifoi^nbsp;vafe. C’eüt été aflurément une belle décou'^^’^^^nbsp;pour la médecine ; mais malheureufement ^nbsp;prétendue découverte, annoncée avec affez

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DE L’ELÈCTRleiTi. 3^9

Phafe a toute l’Europe, s’eft évanouie aux yeux ^clairés de M. Tabbé Nollet j qui fit, en partienbsp;Pour eet objet, Ie voyage de Tltalie. II trouvanbsp;'I't’il y avoit au moins de la precipitation amp; dunbsp;- entendu dans toutes ces brillantes annoncesnbsp;'I'j’on ne put réalifer devant lui. Ayant lui-mêmenbsp;yéitéré 1’expérience plufieurs fois dans fon cabinet,nbsp;n’a jamais trouvé que l’odeur la plus penetrantenbsp;Pafsat a travers les pores d’un verre véritablementnbsp;^losjfoit éleftrifé, 1'oit non éleftrifié , non plus quenbsp;émanations purgatives de la caffe, amp; de lanbsp;*^iubarbe.

M. Ie Roy, un des philofophes Franqois qui ont cnltivé avec Ie plus de foin cette branche de la phy-fique , a été conduit a effayer les effets de 1’élec-^•¦icité fur quelques fujets, dont Ie premier étoitnbsp;^haqué d’une hémiplégie depuis trois ans; Ie fe-'ond, d’une goutte-fereine ; amp; les autres , de fur-*^'té. De fréquentes commotions , données a tra-'^ets les parties paralyfées du premier, femblerentnbsp;^’abord ranimer Ie fentiment: Ie malade fua beau*nbsp;^oup , ce que tous les remedes adminiftrés parnbsp;I^n médecin n’avoient pu lui procurer. Après qua-he OU cinq mois d’éledrifation, Ie fentiment amp; Ienbsp;gt;nouvement revinrent aux doigts paralyfés , Sc Ienbsp;•Jialade put faifir un verre , Ie porter a fa bouche ,nbsp;klever même un poids de 40 a 50 livres ; maisnbsp;^^tte guérifon ébauchée fut tout ce qu’il put ob-J^tiir ; Sc après quatre autres mois continus d’é-¦^ftrifation , Ie malade n’étajit pas mieux , il pritnbsp;parti de ceffer un traitement inutile.

L’aveugle ne donna pas a M. Ie Roy plus de I'atisfaftion , quoique, pour défobftruer Ie nerfnbsp;^Ptique , il eüt imagine une armure au moyennbsp;laquelle il lui donnoit au travers de la tête desnbsp;Toirn IK,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A a

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370 Récréat. Mathémat. et Phys. commotions ménagées. II appercevoit une flaminenbsp;au moment de l’explofion éleftrique a travers ianbsp;tête. Une autre fois il apperqut des fantómes d’ob-jets. Mais après queiques mois de traitement , ilnbsp;fe dégoüta comme Ie premier d’un remede inutile.

Enfin les malades attaqués de furdité, ne furent pas plus heureux. M. Ie Roy dirigeoit Ie fluidsnbsp;éleftrique d’une oreille a 1’autre. Chaque commotion fe faifoit reflTentir dans la tête par un bruitnbsp;apparent , que run d’eux comparoit a tous lesnbsp;petards de la Grêve. Mais les nerfs auditifs nenbsp;furent pas défengorgés , ni la furdité diflipée. Onnbsp;voit riiiftoire de ces traitements dans les MémoinSnbsp;d£ rAcadémie des Sciences, année 1755-

poflible, attendu que l’éleétricité , accélérant Ie

J’ai lu quelque part, dans les Tranfaclions Phi-lofophiques, qu’on avoit guéri une flevre inter-mittente par l’éleéfricité. Cela ne feroit pas im-

mouvement des fluïdes, paroit être tonique.

On a vu a Paris, il y a queiques années, un. chanoine de Perpignan , M. 1’abbé Sans , annon-cer beaucoup de guérifons opérées. dans fon paysnbsp;par l’éleftricité. II les a publiées dans un ouvragenbsp;expres, revêtues de toutes fortes de certificats.nbsp;Mais je 1’ai vu opérer inutilement fur M. de Ianbsp;Condamine , attaqué d’une infenfibilité parfait®nbsp;dans la moitié, du corps, amp;£ d’une furdité pro-fonde. II eft vrai que eette double infirmité étoitnbsp;déja enrsclt’ée depuis long-temps, amp; il y auroitnbsp;de 1’injuftice a exiger des fuccès, en opérant fntnbsp;des maladies de cette nature; mals je n’ai pas ouinbsp;dire que eet éledricien alt eu d’autres fuccès mat'nbsp;qués a Paris. '

, Pour nous réfumer , il nous paroit que 1’on ^

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ÜÈ l’Electricité.

•i’abord con^u trop d’efpéranee de Téleftricue ^Ppliquée aux maladies ci-deflus, maïs que ce-P^ndant elle n’eft pas abfolument fans effet; 8cnbsp;, dans des maladies récentes j il ne feroit pasnbsp;|}^al de tenter fon application. Les rPiumatifmesnbsp;celles qui j fuivant M. k Roy, ont été lesnbsp;^oins rebelles a ce remede; Sc c’eft peut-être ennbsp;^^kblilTant la tranfpiration qu’il a agi. II a procurénbsp;fueurs copieufes a k plüpart des malades; enfinnbsp;,ne peut douter qu’il n’occafiontie dans Ie corpsnbsp;*'*^’iiain un otgafme univerfel, qui pourroit, dansnbsp;^^elques circonftances , être critique Sc avanta*

XXIX® Experience.

Z)e rEleSricité naturdk amp; animale.

I ^renez dans un temps très-froid un chat, palTeZ-la main fur Ie dos a rebrouffe-poil 8c a diffé* reprifes: vous en tirerez fouvent des étin-^^lles très-vives 5c qui pétilleront,nbsp;j. ll n’y a nul doute que fi l’animal étoit fur unnbsp;^Pport éleftrique ou ifok, on ne put communi-cette élecïlricité a un condufteur, commenbsp;^^^le qu’on excite par Ie frottement d’un globe ounbsp;plateau de verre.

R E M A R lt;lü

pj5 feulement l’animal dont on vienf Pariet qui préfente par Ie frottement les phé-^ Rtenes éleftriques : les hommes même , dans^nbsp;^ l^^bies circonftances , jettent auffi des dtin-jji qui font abfolument de la même nature. 11'nbsp;^ perfonne a qui- cela ne foit arrivé quelque-C’eft dans les hivers très-froids, Sc- après

A a ij

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37*. Récréat. Mathémat. et Phys. s’étre bien chauffé , qu’on éprouve ce phenomena*nbsp;Si alors on tente de quitter fa chemife dans l’obf'nbsp;curité , il en fortira fouvent des étincelles plus ot’nbsp;moins vives , amp; accompagnées d’un bruilTerneP*-fenfible. II y a des perfonnes qui, par un temp^'nbsp;rament particulier , font plus fujettes a ce fymp'nbsp;tóme que d’autres. Ce font probablement les p^*^'nbsp;fonnes très-velues; car Ie poil étant d’une natut®nbsp;approchante de celle de la foie, eft éleftri(Ii‘®nbsp;par frottement; amp; c’eft, felon les apparences,nbsp;frotiement des linges fees amp; échauffés contrenbsp;poil fee amp; échauffé lui-même, qui produit cett^nbsp;éleólricité amp; les étincelles qui 1’accompagnentquot;

On claffoit autrefois ces feux parntii les phofphoriques ; maïs depuis les découvertesnbsp;velles fur 1’éleftricité, il n’y a nul doute quenbsp;ne foit un pur phénomene éleftrique.

II nous auroit été facile de groffir bekuco^P davantage cette partie des Récréationsnbsp;en y faifant entrer un grand nombre d’autresnbsp;périences curieufes , furprenantes, amp; inexpb^^^nbsp;bles dans toute théorie de l’éleflricité; maisnbsp;fommes obligés de nous contenir dans des b'^’’nbsp;étroites; c’eft pourquoi nous allons nous bo’’!’nbsp;a faire connoitre ici les principaux livres oü ‘nbsp;peut s’inftruire a fond de cette matiere. 'nbsp;genre font VEJfai fur rElsclricité, de M.nbsp;Nollet, amp; fur-tout fon livre intitule,nbsp;fur ks Caufes paniculhns des Phénomencsnbsp;ques, 6* fur ks Effets nuifibks ou avantageux 0 ,nbsp;pmt dn atundre; Paris 1754, in-12 ,nouv.nbsp;ouvrages auxquels on peut joindre fes Lettre^Jnbsp;rEkciricité, 3 vol. in-12. En effet,nbsp;théorie Francklinienne paroiffe avoir en


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DE l’Electricité.

quot;Caucoup plus de parrifans que celle de M. l’abbé bollet, on ne peut refufer a ce phyficien d’avoirnbsp;‘^ultivé avec Ie plus grand fuccès Ie champ de l’é-^«ftricité, A)outez a cela divers mémoires dunbsp;^ême auteur, dans lefquels il difcute la théorienbsp;M. Francklin, imprimés dans les Mémoires denbsp;^Académie y ann, 1755 Sc 1760 , amp;c.; les Recher-^he$ fur les Mouvements de la Matiere électrique,nbsp;par M. Dutour, in-l 1,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vous aurez ce qu’U

y a de meilleur parmi les écrits qui défendent ou ^mplifient la théorie du phyficien Franqois.

40. II contient des expériences très-preffantes. P'^ur la théorie Francklinienne, amp; un grand nom-d’obfervations neuves fur 1’éleftricité des nua-^’otiblions pas de dire ici, que Ie P. Beccarianbsp;un des phyficiens qui ont Ie plus heureufe-^ent cultivé l’éleélricvté , 6c qu’il a découvert

A a iij

La théorie Francklinienne a été pour la pre-*tiiere fois expofée en France , dans Ie livre inti-*ülé, Expériences amp; Obfervations fur VEleclricité ^ faites a Philadelphie en Amérique , par M. Ben)a-*gt;tin Francklin, ouvrage traduit de l’anglois,nbsp;^aris 1756, 1 vol, On a depuis vu patöitre unenbsp;^dition des oeuvres de M. Francklin, en 2 vol.nbsp;^n-40^ dans Ie premier defquels fe trouvent toutesnbsp;expériences , amp; une multitude d’autres chofesnbsp;^iitéreflantes fur l’éleftricité. Ce font les livresnbsp;dans lefquels on peut Ie plus facilement s’inftruirenbsp;de cette théorie. On doit y ajouter divers mé-**toires de M. leRoy, un des principaux partlfansnbsp;de M, Francklin, qui font Inférés dans les Mé-^oires de l’Académie, ann. 1754, amp;c. Un ou-encore très-intéreflant a eet égard, c’eff Ienbsp;hvre du P. Beccaria , 'miitxAé y delV Eleclricifmonbsp;^‘ituraleé artificialeen 1759 a Turin,

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374 nbsp;nbsp;nbsp;Mathémat. et Phys.

une foule de phénoitienes nouveaux amp; três-eXquot; traordinaires. II y a enfin dans les Tranfa^‘'°^^nbsp;Philofophiques des dernieres années, un grandnbsp;nombre de mémoires curieux fur divers phenOquot;nbsp;jnenes de l’éleftricité , qui font 1’ouvragenbsp;MM. Nairne , Ie dofteur Lind, Wilfon,

4bn, Src. inais il feroit trop long de les indicjU^J’* On publia en 1752 une Hijloire dt VEleUricd^ fnbsp;.en 5 petits vol. in-12 ; ouvrage rempli de ma*^quot;nbsp;vaifes plaifanteries, amp; de farcafmes du plus luai’'nbsp;vais ton : il ralTemble d’ailleurs affez blen toutnbsp;qui avoit été fait ou dit avant cette époque. MaiSgt;nbsp;depuis ce temps, M. Prieftley, un des meill£*^pnbsp;phyflciens de l’Anglèterre , a donné une nouven®nbsp;Hijloire de UEleBricitè ^ qui eft beaucoupnbsp;leure amp; plus inftruélive, Elle a paru traduitenbsp;franqois fous ce titre en j 771, Paris, 3 vol. in-l*'

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mathèmatiques

PHYSIQUES,

QUATORZIEME PARTIE.

Ch I M I E,

IL ne faut qu’être initié dans la chimie, pour concevoir de cette fcience une idee bien différente de celle qu’en a Ie vulgaire. Pour Ie com*nbsp;'nun des hommes , la chimie n’eft que 1’art chi*nbsp;•i'érique de la tranlinutation des métaux , ou toutnbsp;au plus celui de produire quelques phénomenesnbsp;'Extraordinaires, plus cnrieux qu’utiles; mais auxnbsp;yeux du phyficien qui la connoit, c’eft de toutesnbsp;Jes parties de la phyfique la plus étendue St la plusnbsp;intéreflante. Nous Ie difons même hardiment,nbsp;^ous ne fqavons fi Ton peut légitimement donnernbsp;nom de grand phyficien a celui qui n’eft point

A a iv

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37lt;5 Récréat. Mathémat. et Phys. éclalré du flambeau de la chimie; du moins eft-ilnbsp;certain que fi 1’on peut fan^ elle rendre compte denbsp;certains phénomenes de la nature , comme 1^*nbsp;mouvements des corps céleftes, les effets de 1^nbsp;pefanteur de l’air, amp;c. il y en a un nombre lOquot;nbsp;comparablement plus grand, dont la chimie feulc _nbsp;peut donner 1’explication. La chimie en effet n’e^nbsp;pas moins étendue que la nature même; les ani-maux, les végétaux , les minéraux , font de fo^nbsp;reflbrt; c’eft elle qui les analyfe , combine leur*nbsp;principes, examine les phénomenes qui en réful'nbsp;tent, pénetre par-la plus intimement dans leu'^nbsp;nature. De-la découlent une multitude d’ufagfi*nbsp;utiles, amp; tels, qu’on peut dire qu’une foule d’arpnbsp;ne font autre chofe qu’une application conti'nbsp;nuelle de la chimie : tels font 1’art de la verrerie ^nbsp;de la teinture , de la metallurgie, amp;c. Le dirai-)®nbsp;enfin? les arts les plus communs amp;c les plus nécef'nbsp;faires a l’homme, ne font fouvent que des prO'nbsp;cedes chlmiques; tel efl, par exemple, celui dünbsp;lavandier, dont a la vérité ne fe doute guere celn*

' qui le pratique, mais qui n’en eft pas moins un® operation dont la chimie feule peut rendre raifo'^'nbsp;Cette raifon eft la propriété qu’ont les alkalis fix®*nbsp;de rendre les matieres grafles folubles dans l’eaU»nbsp;en formant avec elles un favon. Celui quinbsp;que 1’une des premieres operations de eet art einbsp;de faire tremper les linges dans une forte lelfi''^nbsp;de cendres de bois neuf, qui contiennent l’alka'*nbsp;fixe, concevront la juftefle de ce que nous avon*nbsp;avancé. Nous en donnerons dans cette partie d^nbsp;notre ouvrage d’autres exemples remarquables.

La chimie eft aufli de toutes les parties de I* phyfique celle qui ofTre les phénomenes les pl^*nbsp;étranges 6c les plus curieux. Qui ne fera étonn®

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Chimie. nbsp;nbsp;nbsp;377

öe voir de la llmaille de fer plongée dans un fluide froid comme elle, y exciter tout-a-coup unenbsp;ebullition violente , amp; des vapeurs fufceptiblesnbsp;d’inflammation ? Peut-on voir enfuite, fans admirer les operations de la nature, ce métal fi folidenbsp;détruit en quelque forte par ce fluide, amp; uni avecnbsp;lui au point de Ie fuivre a travers les filtres lesnbsp;plus étroits ? Qui ne s’émerveillera en voyant unenbsp;autre liqueur limpide, dilToudre tout-a-coup cettenbsp;Union, amp; faire tomber Ie fer au fond du vafe eanbsp;pouffiere impalpable ? II feroit fuperflu amp; exceffi-vement prolixe de faire ici une enumeration denbsp;ces phénomenes , puifque nous allons en fairenbsp;connoitre plus au long les principaux les plusnbsp;remarquables. Maïs , avant tout, il efl: néceflairenbsp;de donnet une idee des principales fubftances quinbsp;font ks agents de ces operations.

ARTICLE PREMIER

Des Seis.

ON appelle fels , ou matures falines, toutes celles qui plongées dans l’eau, ou expoféesnbsp;a un air humide 5 fe réfolvent d’elles-mêmes ennbsp;liqueurs. On en a un exemple dans Ie fél' marin ,nbsp;ft connu de tout Ie monde , Ie nitre ou falpêtre ,nbsp;1’alun , Ie vitriol, Ie tartre, Ie fel ammoniac , amp;c.nbsp;Qu’on les plonge dans l’eau , on fqait qu’ils ynbsp;difparoïtront en fe mêlant intimement a toute lanbsp;liqueur. Voila ce qu’on appelle une folution ounbsp;^iffolution.

Les fels exigent, fuivant leur nature, une quan-

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37S Récréat. Mathémat. et Phys.

Üté plus OU moins grande d’eau, pour fe dilToudre entiérement. Le fel marin exigc deux foisnbsp;poids d’eau pour fe diiïbudre entiérement; l’alunrnbsp;douze fois fon poids; la félénite, fix a fept centsnbsp;fok, amp;c,

II y a des fels acides, des alk dis , des neutres1 Nous allons les décrire, amp; faire connoitre leutsnbsp;propriétés principales.

§. I. Dis Acides.

Nous nedlrons pas , avec I’auteur du Dictïonquot;' nairc de Phyjïque portatif1, amp; a la fuite de quel'nbsp;ques anciens chimiftes, qu’un acide eft formé denbsp;particules longues , aiguës amp; trancliantes , carnbsp;rien n’eft moins fondé ; amp; avec une pareille de-finition , on ne diftingueroit pas dans une boirnbsp;tique d’apothicaire un acide d’un alkali ou d’urJnbsp;fel neutre. Voici quelque chofe de plus précis.

Un acide eft un fel ordlnalrement fous 1^ forme liquide , dont Ia propriété taftile au goiit»nbsp;eft de faire fur la langue une impreffion d’aigreufnbsp;amp; de fraicheur. Cette défignation eft fuffifante ^nbsp;Car II n’eft perfonne qui n’ait üne idee diftiuéf^nbsp;de la faveur aigre. Cependant, s’il y avoit

1

Sutvant eet auteur , le fer eft un compofé dé vitriol» de foufre amp; de tefré : la fermentation èft un mouvefuoftnbsp;occafiönné par I’introduftion dés acides dans les alk®!’1 •nbsp;lorfque les alkalis fe coagulent, ils ferment des crift®’”''nbsp;ie fpufre eft un mixte inflammable, compofé de ff’^1nbsp;d’huile, d’eau amp; de terre: Ie cuivre eft un compofénbsp;foufre amp; de vitriol: amp;c, amp;c, amp;c. II y a la, pournbsp;chimifte, de quoi fire a gorge déployée1

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379

C H I M r E.

cela quelque Incertitude , volei un autre figne qui fera reconnoitre l’acide.

Prenez du firop de violette, ou du papier teint en bleu, amp;c verfez deffus un fel acide ; il chan-gera la couleur violette ou bleue en rouge, Tou-tes les fois done qu’une liqueur verfée fur Ie firopnbsp;de violette ou fur Ie papier bleu , changera fanbsp;couleur en rouge , on pourra alTurer qu’elle eftnbsp;acide , ou que l’acide y prédomine.

II y a dans la nature trois acides minéraux , un acide vegetal , amp; rnême un acide animal. Lesnbsp;acides minéraux font, l’acide vitriolique, vulgai-rement 1’efprit de vitriol, l’acide marin, amp; l’acidenbsp;nitreux, Le premier eft fourni par Ie vitriol, Ienbsp;fecond par le fel marin , amp; le troifieme par lenbsp;nitre. On les appelle minéraux, parcequ’ils fontnbsp;tirés du genre mineral, lis ont des propriétés tr-ès-diftinéles amp; très-remarquables.

L acide vegetal eft fourni par les fruits acides , OU par les vins tournes a 1’aigre : tels font le vi-naigre , le fuc de citron , amp; de la plupart desnbsp;fruits avant qu’ils foient parvenus a leur maturité ,nbsp;l’acide du tartre , amp;c. Ils ont tous a peu prés lesnbsp;mêmes propriétés.

L’acide animal eft donné par quelques corps animaux : tels font, emr’autres, les fourmis; il y anbsp;une efpece de chenille que M. de Geer a remarquénbsp;éjaculer un trait de liqueur qui a tous les carafte-res de l’acide. Le lait tourné a 1’aigre eft, a certains égards, un acide animal.

Di rAcide, vitriolique,

Cet acide , le plus puiflant de tous, eft fourni, comme on l’a dit plus haut, par le vitriol, foitnbsp;Vert, foit bleu, ou par l’alun ; car le vitriol n’eft

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380 Récréat. Mathémat. Et Phys. qu’un fel formé par la combinaifon ou l’unioiïnbsp;d’un acide avec Ie fer ou Ie cuivre, L’alun n’e^^nbsp;pareillement que la combinaifon d’iin acide aveCnbsp;une terre argileufe ; amp; 1’expérience a appris quCnbsp;ces trois acides font abfolument de Ia méme nature.

II nous fuffira de dire ici, que Ton extrait ces acides par la force du feu, On renferme ces tna'nbsp;tieres avec certaines precautions dans une cornue Jnbsp;I’on pouffe Ie feu, qui oblige par fa violence l’a'nbsp;cide qui eft fufceptible d’etre réduit en vapeurs, fnbsp;abandonner la bafe a laquelle il eft uni , amp; 1nbsp;paffer fous la forme de liqueur dans Ie recipient1

Une autre maniere plus fimple de fe procurer de 1’acide vitriolique, eft la combuftion du foü'nbsp;Ire •, car Ie foufre n’eft autre chofe que Ie réfultatnbsp;de la combinaifon de 1’acide vitriolique avec c^nbsp;que les chimiftes appellent Ie phlogijlique1, o\i\enbsp;principe injLammahh. Si done on fait bruler dnnbsp;foufre lentement fous une cloche de verre, lesnbsp;vapeurs qui s’en éléveront, amp; qui ne font qu^nbsp;de I’acide vitriolique, s’attacheront aux paroJSnbsp;intérieures de la cloche , amp; la liqueur qui en diffnbsp;tillera enfuite fera du vrai acide vitriolique , ^nbsp;la vérité encore altéré par un mélange de phlogilquot;'nbsp;t1que, mats qui s’en détache peu a peu amp; de lu1'nbsp;jnéme , enforte que l’on a enfin de l’acide vitrinenbsp;lique pur.

Lorfque l’acide vitriolique eft bisn déflegme» OU privé de l’eau qu’il afpire, pour ainfi diregt;nbsp;avidement, il pefe beaucoup plus que l’eau1 Lenbsp;rapport de leurs poids eft de plus de 2 a i.

1

On verra plus bas , page 388, ce que c’eft nbsp;nbsp;nbsp;^

phlogiftique.

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C HIM IE. nbsp;nbsp;nbsp;381

L’aclde vitriollque eft le plus puiflanf de tous: lorfqu’il fe trouve en concurrence avec les autresnbsp;acides , il les depoflede, pour ainfi dire, en s’em-parant de la bafe a laquelle ils etoient unis. Quel-ques experiences que nous donnerons , mettrontnbsp;fous les yeux ce jeu chimique , qui eft fort cu-rieux , amp; qui eft la caufe de mille effets finguliersnbsp;dans la nature.

De. I'Acide nitreux.

Le nitre ou falpetre , matiere connue de tout ie monde , donne I’acide nitreux. En effet, lenbsp;falpetre eft le réfultat de I’union d’un acide d’unenbsp;nature particuliere, avec une autre matiere connue des chimiftes fous le nom êi alkali fixe. Onnbsp;les fepare Tun de I’autre par des procédés qu’ilnbsp;n eft pas de notre objet de decnre ici. On a unenbsp;liqueur a laquelle on donne le nom ^acide nitreux.nbsp;II eft moins pefant, amp;, en général, moins aéfifnbsp;que I’acide vitriolique. Sa couleur eft ordinaire-ment un jaune foncé ; amp; quand il eft bien con-centré, il jette fans cefle des vapeurs rougeatres,nbsp;qui feinblent circuler dans le vafe ou il eft con-tenu. Son poids eft alors a celui de I’eau, commenbsp;3 a 1.

On donne aufti a I’acide nitreux dans un état médiocre de concentration , le nom ^eau-forte.nbsp;C’eft le dilTolvant propre de 1’argent du cuivre.

De rAcide marin.

Le fel marin, ce fel ft communément employé Sc ft connu de tout le monde , eft la fubftancenbsp;qui donne I’acide marin; car ce fel n’eft formé quenbsp;par la combinaifon d’un acide particulier avec

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382. Récréat. Mathémat. et Phys. une fubftauce app7lée par ks chlmiftes Valkali fixinbsp;mineral. On les lépare l’un de 1’autre , comme onnbsp;fait a l’égard du vitriol , du falpêtre , par fksnbsp;procédés particuüers, amp; la liqueur qui en réfultenbsp;eft de l’acide marin,

L’acide marin a des caraéleres amp; des proprié-tés qui Ie rendent très-diftinél: des deux autres. Dans fon plus grand état de concentration, Ünbsp;n’eft qu’un peu plus pefant que l’eau , amp; dans Ienbsp;rapport de iq a 17. Sa couleur eft un jaune ci-trin, amp; Ion odeur approche de celle du fafran*

De PAcidé vegetal,

Cet acide eft celui que fournilTent les matiereS' végétales tournées a Taigre , ou celles qui ne fontnbsp;pas parvenues a leur maturité. Du vinaigre , dunbsp;verjus , du jus. de citron , ne font autre chofe quenbsp;de l’acide végétal étendu dans beaucoup d’eau.nbsp;Dans cet état, il n’a qu’une force médiocre.nbsp;Mais on peut, par diverfes voies, Ie priver de lanbsp;plus grande partie de cette eau fuperflue ; amp; alorsnbsp;il a une force qui ne cede pas beaucoup a cellenbsp;des acides miuénaux.

Un inoyen fiinple de concentrer ainfi l’acide végétal, eft d’expofer du vinaigre a toute Ia ri'nbsp;gueur du froid pendant Hiiver. II fe gélera ennbsp;partie: vous óterez les g-laqons; Ie reftant fera unnbsp;vinaigre beaucoup plus fort. En réitérant celanbsp;plufieurs fois , vous aürez un vinaigre d’aiitantnbsp;plus concentré , que Ie froid aura été plus rigou-reux. On, pourroit enfuite y employer les froidsnbsp;artificiels, qifon peut pouffer bien plus loin qn^nbsp;les froids les plus grands qu’on ait éprouvés daits^nbsp;nos cUmats,.


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C H I M 1 E. nbsp;nbsp;nbsp;383

Re M A RQI/ E generale.

De très-habiles cbimiftes font dans la perfua-fioïi qu’il n’y a dans la nature qu’un feul acidt, flt;javoir Ie vitriqliquc, qui, par les diverfes alterations qu’il éprouve dans les plantes amp; les ani-tnaux , par la putréfraftion amp; par d’autres caufes,nbsp;donne les autres acides nitreux, marin amp; vegetal:nbsp;cela paroit mêine certain; a l’égard de l’acide nitreux , amp; eft probable i l’égard des autres.

11 y a des chimiftes d’un grand nom qui recon-ttoiflent un quatrieme acide mineral; i,ls Ie nom-tiientphofphorique, parceque c’eft Ie fameux phof-phore d’urine qui l’a d’abord fourni, quoiqu’il ^xifte , fuivant eux , dans divers corps minéraux.nbsp;Cet acide eft beaucoup plus denfe amp; plus puif-lant que Ie vitriolique. II paroit difficile de fe re-fufer aux preuves de ces chimiftes. Cependant,nbsp;Pour ne pas trop embrouiller la matiere , nousnbsp;^ous en tiendrons a la doftrine généraleinent requenbsp;^ eet, égard.

II. Des Alkadis.

De même qu’il y a des acides minéraux amp; vé-|étaux , il y a auffi deux alkalis, I’un mineral ^ 1’autre vegetal. II y a encore un alkali fixe amp;

alkali volatil. Maïs commenqons par faire con-t^oitre ce qui caraftérife un fel alkali.

. Une faveur acre amp; brulante eft ordinairement ® figne auquel un alkali fe fait connoZtre. Ungt;nbsp;^Utre figne auquel on Ie connoit encore, eft lanbsp;J^ulear verte dans, laquelJe il change celle du,nbsp;'rop violat, ou la teinture bleue d,e rhéliotrope,nbsp;ptnfi, toutes les fois qu’une liqueur verfde fur Ie.

'quot;Op violat, OU Ie papier teint en b.leu par I’hdlio-

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384 Récréat. Mathémat, et Phys,

trope , Ie colorera en vert, on pourra prononcef qu’elle eft alkaline, ou que 1’alkali y eft dominant»

Di VAlkali fixe,

II y a, nous l’avons dit plus haut, un alkal* fixe 5c un alkali volatil.

L’alkali fixe eft ainfi nommé , parceque , quoi' que expofé a un feu aflez fort, il ne fe diflip^nbsp;point: il fond alors a la maniere des métauX»nbsp;amp; rougit comme eux. II facilite la fufionnbsp;pierres , des terres, des fables, 6c eft par cett^nbsp;raifon d’un ufage immenfe dans les verreries ^nbsp;dans divers arts.

L’alkali fixe mineral eft fourni par le fel rin ; car, lorfqu’on a privé ce fel de 1’acide qijfnbsp;entre dans fa compofition , le refte eft I’alkaknbsp;fixe mineral: mais il feroit embarraflant 5c duquot;nbsp;pendieux de le tirer de la. La maniere la pl^**nbsp;commune eft de faire brüler certaines plantes qtt*nbsp;croiflent ou font jetees fur !es bords de la met'nbsp;tels font le kali, qui a donne le nom a cett^nbsp;efpece de fel ; 5c diverfes fortes de plantesnbsp;lines, le varec ou gouemon, les fucus , 5cc.nbsp;cendres de ces plantes contiennent en abondafC^nbsp;cette efpece d’alkali fixe, qu’on peut en retire*'nbsp;pur en les leffivant, 5c faifant évaporer la lefli'quot;^'nbsp;C’eft ce qu’on connoit dans le commercenbsp;le nom de foude.

L’alkali fixe vegetal eft tire communement la combuftion de la plupart des autres plantesnbsp;bois, tel que le bois ordinaire a brüler. ®nbsp;fait beaucoup par cette vole dans diverfes fore^*/nbsp;oil 1’on brule pour cet effet d’immenfes quandk®*nbsp;de bois dans des fofles; Sc 1’on en retire lesnbsp;dres, qui contiennent beaucoup de cet

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ChimIë,

fixe, amp; qui font connues dans Ie commerce fous i Ie nom de pota^es 1. On peut les leffiver, amp; en1nbsp;fuite tirer de la lelTive, par 1’évaporation gt; un alkali beaucoup plus adiif.

Une autre maniere de fe procurer un alkali fixe Vegetal amp; fort épuré, eft de prendre la lie dunbsp;vin, amp; Ie tartre qui fe dépofe contre les paroisnbsp;des tonneaux, On en fait des paquets ou maffesnbsp;de la groffeur du poing, amp; on les fait brülernbsp;jufqu’a ce qu’ils aient pris une couleur blanche.nbsp;On a par ce moyen du fel alkali fixe végétalnbsp;affez pur, On Ie connoit dans Ie commerce, fousnbsp;Ie nom de fd de tartre ou alkali du tartre. II eftnbsp;abfolument Ie même que celui de potafl'e.

Les deux alkalis fixes, Ie mineral amp; Ie végétal, different principalement entr’eux par une pro-priété particuliere. L’alkali fixe végétal attire ftnbsp;fortement l’humidité de l’air , que, pour Ie con-ferver folide, il faut Ie mettre dans des vafes fcru-puleufement bouchés. Si on Ie laiffe expofé a l’air,nbsp;il fe réfoud de lui-même en liqueur, amp; dans eetnbsp;état on l’appelle huile de tartre par défaillanee;nbsp;dénomination au refte fort impropre, car ce n’eftnbsp;point une huile.

L’alkali fixe minéral, au contraire , loin d’at-tirer l’humidité, perd la fienne, amp; tombe en efflo-fefcence, c’eft-a1dlre en poufïiere: c’eft pourquoi d eft beaucoup plus commode a conferver quenbsp;i’autre.

De rAlkali yolatil.

Cet alkali eft Ie produit de la combuftion de plupart des matieres animales, ou feulement de

1

Du mot anglois pot-ashes, cendrss en pot.

Tome IF. nbsp;nbsp;nbsp;B b

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386 Récréat. Mathémat. et Phys. la putréfaftion des matieres animales ou vege-tales. L’odeur des corps putrefies ne vient que denbsp;1’alkali qui s’en dégage pendant cette opération,nbsp;pat laquelle la nature les réduit en quelque fortenbsp;d leurs premiers principes, pour fervir a de nou-velles compofitions. Celle qui faifit fi fortementnbsp;a 1’approche des latrines , n’eft qu’un alkali volatilnbsp;très-exalté. II eft appelé volatil, parcequ’unenbsp;chaleur , même moindre que celle de l’eau boud'nbsp;Jante , fuffit pour Ie diffiper eh vapeurs qui fe dé-celent toujours par leur odeur penetrante, Le fe^nbsp;ammóniac n’eft autre chofe que le réfultat de Ilt;1nbsp;combinaifon du fel marin avec i’alkali volatil.

§, III. Des Seis neutres,

Toutes les fois qu’un fel n’efl: ni acide , m alkali, qu’il ne rougit ni ne verdit le firop violatnbsp;OU le papier bleu 1, on 1’appelle neutre. La raifonnbsp;de cette dénomination eft fenfible. Tels font lenbsp;fel marin, le nitre., les différents vitriols quenbsp;donnela nature, amp; une multitude d’autres fels»nbsp;tant naturels qu’artificiels,

Un fel neutre eft ordinairement formé d’un acide combine avec une bafe alkaline, ou ter-reufe, ou métallique. Nous allons en donner deSnbsp;exemples, en parcourant les principales combi'nbsp;naifons des trois acides minéraux avec les diver-fes bafes ci-deffus.

Ainfi l’acide vitriolique, combine aveC le zinc, forme le vitriol blanc.

Avec le cuivre , le vitriol bleu.


1

Cette regie eft fujette a quelques exceptions, Oft peut cependantla fuivre , avec raïfurance de n’en êtr®nbsp;égaré que fort rarement.

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Chimie. nbsp;nbsp;nbsp;387

Avec Ie fer , Ie vitriol vert.

Avec une terre argileufe, 1’alun.

Avec une terre calcaire, la félénite.

Avec l’alkali volatil, Ie vitriol ammoniacal.

Avec l’alkali fixe mineral, Ie fel de Glauber-, d’Epfom , OU de Seydlitz.

Avec l’alkali fixe vegetal, Ie tartre vitriolé.

Avec Ie phlogiftique, Ie foufre commun.

L’acide NITREUX , combine avec l’alkali fixe végétal, forme Ie nitre.

Avec l’alkali fixe mineral, Ie nitre quadrangu-laire ou cubique.

Avec l’alkali volatil , un fel ammoniacal ni-treux.

Avec 1’argent, un fel particulier, fufible a une chaleur médiocre , connu fous Ie nom de piemnbsp;infernale, a caufe de fa caufticité.

L’acide MARIN , combine avec l’alkali fixe ftiinéral, forme Ie fel marin commun,

Avec l’alkali fixe végétal, Ie fel febrifuge de Silvius.

Avec l’alkali volatil, Ie fel ammoniac.

Avec Ie mercure , lorfqu’il y a exces d’acide , Ie fublimé corrofif.

Lorfque l’acide marin eft parfaitement faturé de mercure , il forme un fel mercuriel doux , ounbsp;fublimé doux.

L’acide VÉamp;ÉTAL, en particulier,celui du tartre, avec l’aikali fixe végétal, forme Ie tartre.

Avec l’alkali fixe minéral, Ie Lel a'ppelé de ‘^tigneue , yégaal, ou pofymjii.

L’acide du vinai^.e , quv ne diffefe de; celui du tartre qu’ea quelques circonftances, avec Talkali

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388 Récréat. Mathémat. et Phys. végétal, forme Ie appelé urn foliée du tar{rc„

Avec Ie cuivre , il fprme Ie verdet, fel fort connu dans Ie commerce, amp; poifon violent.

Avec Ie plömb, il forme Ie fel zppelé fucre Saturm, employé dans les arts , Sc égalewentnbsp;poifon.

Avec Ie mercure, Ie fel mercuriel, encore ii^' nominé , d’un grand ufage dans les maladies ve*nbsp;nériennes. C’eft celui de M. Keyfer.

Nous nous fommes bornés lei a donnet ooo idee des compofitions les plus connues des diff^quot;nbsp;rents acides avec diverfes fubftances. Nous s.ü-'nbsp;rions pu en augmenter confidérablement Ie nonynbsp;bre, car il n’eft pas d’acide qui ne puiffe fe combi'nbsp;ner avec prefque tous les alkalis, les terres calcai'nbsp;res , amp; prefque tous les métaux; mais ces combi'nbsp;naifbns n’ont guere été encore examinées par k*nbsp;chimiftes, amp; plu/ieurs même ne Tont ëté en a«'nbsp;cune maniere; ce qui fournit un champ bien vaft^nbsp;a de nouvelles recherches.

ARTICLE I 1.

Du Pklogijlique.

LE phlogiftlque joue un grand róle dans^^^ chimie, qu’on ne peut auffi fe difpenfer dki'nbsp;donner une idéé avant d’aller plus loin.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

De tout temps on a reconnu dans les corps h* ” ceptibles d’inflammation , un principe particuli^*’^nbsp;en vertu duquel ils peuvent fervir d’alirnentnbsp;feu. Un charbon, par exemple, de bois ou d®nbsp;terre, étantune fois enflammé, continue de

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Chi MIE. nbsp;nbsp;nbsp;3?^

Ier, diminue, amp; enfin fe réduit en cendres. Au contraire, un morceau d’argile rougira au milieunbsp;du feu ; maïs, laiffé a lui-même , il ne jettera au-cune flamme, Ie feu dom il étoit pénétré fe diffi-pera , amp; Ie morceau d’argile reftera tel qu’ilnbsp;étoit. II y avoit done dans Ie charbon un principenbsp;d’inflammabilité combine avec la partie terreufenbsp;du charbon , amp; qui a fervi d’aliment a la flammenbsp;OU au feu, qui a enfin éte détruit ou exhale parnbsp;l’application du feu ; principe qui n’exifte pointnbsp;dans l’argile , dans la pierre , dans Ie verre , Scnbsp;une multitude d’autres corps. C’eft-la ce que lesnbsp;chimiftes modernes ont appelé Ie phlogijliqm.nbsp;Les corps gras , huileux, Ie contiennent éminem-ment; car, Ie feu y étant applique, ils font confu-més prefque dans leur totalité , Sc ne laiflfent quenbsp;très-peu de charbon.

Les métaux, tant qu’ils font fous Ia forme métallique , contiennent du phlogiftique; car ^nbsp;réduifez par une combuftion continuée, du plomb,nbsp;par exemple, en chaux; ce ne fera plus qu’unenbsp;matiere terreufe , qui, par la fufion, fera fem-blable au verre, Sc inalterable comme lui. Maisnbsp;a ce verre ou a cette chaux en fufion, ajouteznbsp;des matieres grafles ou de la pouffiere de charbon ; vous verrez auffi-tót ce verre redevenir mé-lal ^ Sc fe féparer des autres matieres vitrifiées,nbsp;avec lefquelles il étoit confondu. C’eft-la., pournbsp;1’obferver en palTant, Ie principe de la metallurgie ; car Ie mineral préparé par Ie grillageounbsp;fortant de la mine, n’eft ordinairement-qu’en étatnbsp;de chaux; mais en Ie ftratifiant dans Ie fourneaunbsp;avec Ie charbon, on lui préfente Ie phlogiftique ,nbsp;qui, fe comblnant avec lui, Ie rétabllt fous la.nbsp;forrae de, métal; Sc c’eft par-la qu’il fe dégage.

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'590 Récréat. Mathémat. et Phys»

des autres terres vitrifiées, qui ne font pas fufcep’* tibles de fe combiner avec Ie phlogiftique: il V3nbsp;au fond , amp; ces autres inatieres furnagent.

On ne peut pas avoir Ie phlogiftique feul, CG qui donne Heu de croire que c’eft un être fimpleJnbsp;mais on I’dte k un corps , on Ie lui rend, en 1®nbsp;faifant pafter d’un corps a un autre.

Le corps Ie plus limple réfultant de la combi-naifon du phlogiftique, eft le foufre, qu’on dé-montre n’être que la combinaifon de l’acide vi-trioli(|ue avec ce principe : on le démontre , dis' je , par l’analyfe amp; la recompofition ; car 1®nbsp;foufre brülé produit de l’acide vitriolique encorenbsp;foiblement combine avec quelque peu de phlogiftique ; amp; au moyen de l’acide vitriolique amp;nbsp;du phlogiftique du charbon , on refait du ibufr.®nbsp;tout-a-fait femblable au foufre naturel.

Ce principe aujourd’hui appelé phlogijlique ^ étoit connu , mais imparfaitement, des anciensnbsp;chimiftes, fous le nom de foufre; mais le foufrenbsp;n’étant pas un corps fimple, ou du moins n’étantnbsp;pas aufli limple que le phlogiftique , il ne fqauroitnbsp;être un principe : d’ailjeurs il n’y a pas plus denbsp;foufre dans un morceau de bois ou dans un chat'nbsp;bon, que de nitre dans 1’air. C’eft la reflburcenbsp;des phyliciens de college, qui, ne fqachant R*nbsp;ce que c’eft que le foufre , ni ce que c’eft que 1®nbsp;nitre, crolent avoir tout expliqué quand ils ontfnbsp;a tout hafard , mis en jeu des nitfes amp; des foufres.

Les chimiftes c[ul cherchent au hafard la pierre philofophale , ont aufll la tête 8c les difcour*nbsp;fort embrouillés de tous ces foufres. Quand o**nbsp;rencontre aujourd’hui de ces hommes, on p®®*^nbsp;dire a coup sur, c’eft un ignorant en chimie, 0'^nbsp;wn adepte, c’eft-a-dire un vifionnaire.

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C H I M 1 E.

ARTICLE III.

Des Affinités.

NOvS ne pouvons pareillement nous difpen-fer de dire ici quelque chofe de ce qu’on ap-pelle armies; car elles font la clef de l’explica-tion d’une foule de compofitions amp; de décom-politions chimiques.

On appelle affinité, la force avec laquelle deux fubftances tendent a s’unir amp; fe maintiennentnbsp;dans leur union, Ainfi , par exeinple , de l’acidenbsp;vitriolique verfé fur une terre calcaire, s’en em-irnbsp;pare, fe combine avec elle molecule a molécule ,nbsp;amp; forme un mixte qui n’eft ni terre, ni acide pur;nbsp;mais, a cette diffolution , ajoutez de 1’alkali fixe,nbsp;foit vegetal, foit mineral, la terre calcaire feranbsp;chaffée de fa place , l’acide vitriolique s’empareranbsp;de l’alkali fixe , en abandonnant la premiere , 6cnbsp;formera un nouveau fel.

II y a done une tendance a fe réunir @ntre les molecules de la pierre calcaire amp; celles de l’acidenbsp;vitriolique , 6c conféquemment une force quinbsp;maintient cette union ; car ce fluide, quoiquenbsp;mixte, paffe a travers les filtres: d’ou il réfultenbsp;que ce n’eft pas une liinple divifion amp;c interpofi-tion des parties de la pierre entre celles du fluïde-diffolvant, comme Ie penfoient amp;c Ie penfent encore les phyficiens qui n’ont aucune teinture denbsp;chimie. Ils fe demandent en effet, pourquoi lesnbsp;parties du fer diffous par un acide , fe foutiennentnbsp;dans la liqueur, malgré leur excès de pefanteur fpé-cifique ? Cela eft inexplicable dans leur phylique»

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39i RÉCRiAT, MatHémat. et PhvS.

Maïs fi chaque partie du fer eft unie a chaquC partie du fluïde diflfolvant, cela ne fait plus denbsp;difRculté ; amp; en admettant ce principe, en ad-inettant aufll une inégalité de force dans cette tendance , fuivant la différente nature des fubftances,nbsp;tous les phénomenes chimiques s’expliquent fi fe'nbsp;cileinent, qu’on ne peut fe refufer a admettrenbsp;cette force dans les particules des corps.

On a d’ailleurs des preuves pofitives de la force avec laquelle adherent des furfaces polies , mêmenbsp;indépendamment de tout fluide environnant.nbsp;Rien done de plus naturel que de concevoir unenbsp;pareille force entre les particules infenfibles de*nbsp;corps; il fuffit de leur concevoir de petites facettesnbsp;¦•de différentes formes amp; grandeurs, par lefquellesnbsp;elles adhéreront avec une force qui pourra fuivrenbsp;des lois fort compliquées, puifqu’elle pourra dé-pendre de l’étendue de la facette, de la denfiténbsp;de la particule amp; de fa forme ; car tout cela peutnbsp;la faire varier de bien des manieres.

Ces affinités ou tendances font en effet très-inégales; amp; pour en donner un exemple , la force par laquelle la terre calcaire fe combine avecnbsp;l’acide vitriolique , eft moindre que celle p^tnbsp;laquelle fe combine avec lui un alkali quelconquc»nbsp;C’eft-la la raifon pour laquelle eet alkali fe fubfquot;nbsp;titue a la place de la terre calcaire. En general »nbsp;tous lts acides ont plus d’affinité avec les alkali*nbsp;qu’avec les terres calcaires , avec celles-ci qu’avc^nbsp;les métaux , avec certains métaux cju’avec d’aU'nbsp;tres; ce qui fournit des moyens faciles de décorf*'nbsp;pofer certains mixtes. Nous en donneronsnbsp;exemples auffi inftruftifs que curieux.

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391

C H I M 11.

article IV.

Des Dijlolutions amp; Precipitations.

La diflblution eft une operation par laquelle un fluide fe combine avec les molecules d’unnbsp;folide ou d’un autre fluide , enforte que chaquenbsp;particule de I’un contrafte adhérence avec chaquenbsp;particule de 1’autre. Cette union ou adherence eftnbsp;produite par I’affinite de ces particules entr’elles ;nbsp;car s’il n’y a pas afflnite plus ou moins grande, ilnbsp;ne fqauroit y avoir diflblution.

La dilTolution ne confifte pas dans une Ample attenuation des corps dilTous, amp; une interpofitionnbsp;de fes molecules entre celles du fluide. Quand ilnbsp;n’y a qu’une pareille interpofition, la féparationnbsp;ne tarde pas de fe faire.

La precipitation fe fait, lorfque les molecules du corps dilTous, étant abandonnées par le dilTol-vant, tombent au fond de la liqueur. Cela fe faitnbsp;quelquefois par la Ample diminution de la forcenbsp;de ce diflblvant, procuree en I’etendant de beau-coup d’eau; mais le plus fouvent cela fe fait ennbsp;prefentant au diflblvant un corps avec lequel ilnbsp;ait plus d’affinité qu’avec le corps déja diflbus.nbsp;Par exemple , fi , de 1’acide nitreux tenant en diflTo-lution une terre calcaire , on met dans la diflfolu-tion un alkali fixe , I’acide faifira I’alkali, a caufenbsp;de fa plus grande affinité , amp; abandonnera lanbsp;terre , qui tombera au fond du vafe.

D’autres fois la precipitation fe fait, parceque 1’on a préfenté a la diflTolution un corps qui, ennbsp;fe combinant avec le corps dilTous, forme un

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394 RÉCRéAT. Mathémat, et Phys. nouveau mixte infoluble dans Ie difldlvant: alórsnbsp;il fe précipite au fond; on en a un example dansnbsp;l’opération fuivante. Si Ton fait diflbudrenbsp;terre calcaire dans 1’acide nitreux ou marin, ^nbsp;qu’on y verfe de 1’acide vitriolique , ce derniefnbsp;s’empare de la terre, Sc forme avec elle unnbsp;connu fous Ie nom de félénite. Mais comme 1^nbsp;félenite n’eft pas foluble dans les premiers acides,nbsp;ni même dans 1’eau, a moins qu’elle ne foit cnnbsp;très-grande quantité , elle fe précipite au fond-Pareille chofe fe paffe lorfque , dans une folutioJ*nbsp;de mercure par l’acide nitreux, on verfe de l’acidsnbsp;vitriolique: la pouffiere précipitée au fond, eftnbsp;qu’on nomme Ie précipite blanc.

A R T I C L E V.

De rEffervefcence amp; de la Fennentationi leur difference.

RIen de plus commun, parmi ceux qui n’ont qu’une foible teinture de chimie , que de con*nbsp;fondre ces deux chofes, qui font néanmoins effe*^'nbsp;tiellement différentes ; amp; il faut convenirnbsp;jufqu’a ces derniers temps, les chimiftes Fran^O'^nbsp;confondoient ces termes , quoiqu’ils ne confoi^'nbsp;dilTent pas les operations qu’elles défignent.

L’effervefcence eft Ie mouvement joint a chaleur qui accompagne fréquemment une digt;'nbsp;folution. Lorfque, parexemple, on jette quelq^®nbsp;peu d’acide nitreux fur de la limaille de cuivf® ^nbsp;OU de l’acide vitriolique fur celle de fer , lorfqu’^^*^nbsp;met une goutte des mê.mes acides fur une w*’*®

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Chimie. nbsp;nbsp;nbsp;39^

^alcaire, il fe fait tout de fuite une violente ebullition , jufqu’a ce que la combinaifon étant faite , Ie tout fe ralTeoit, amp; la liqueur devient tranfpa-rente. Voila l’efFervefcence. Ainll on dit que lesnbsp;acides font d’ordinaire effervefcence avec les alkalis , les métaux , les terres calcaires.

Mais la fermentation eft toute autre chofe:' c’eft Ie mouvement inteftin amp; fpontanée qui fenbsp;produit dans certaines liqueurs extraites du genrenbsp;végétal, amp; qui, de douces ou infipides, les rendnbsp;fpiritueufes ou vineufes, Le mout, par exemple ,nbsp;OU le jus des raifins preflfés ou foulés, n’eft pasnbsp;du vin ; il n’y a pas une feule goutte d’efprit,nbsp;tnais il y en a les principes. Cette liqueur expoféenbsp;a une chaleur módérée , fe trouble d’elle^même ,nbsp;s’agite intérieurement, bouillonne ; amp; lorfque cenbsp;kouillonnement eft appaifé, c’eft une liqueurnbsp;toute nouvelle , fpiritueufe , enivrante, amp;c. IInbsp;®n eft de même de la biere, qui provient de lanbsp;fermentation du malt, ou de la forte décoftionnbsp;l’orge préparé d’une certaine maniere. C’eft-la,nbsp;comme Ton voit, une operation bien différentenbsp;de 1’effervefcence décrlte ci-deffus. Aulïi, quandnbsp;fti homme parlant chimie confond ces mots,nbsp;^es oreilles d’un chimlfte inftruit en font auffinbsp;‘^tuellement choquées, que le feroient celles d’unnbsp;Pbyftcien qui entendroit employer l’horreur dunbsp;'^üide a expliquer un phénomene.

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39Ö RicRéAT. Mathémat. et Phys.

ARTICLE VI.

De la Cnjlallifation.

ON appelle ainfi eet arrangement particulier que la plupart des fels amp; même beaucoupnbsp;d’autres corps afferent de prendre, lorfqu’ayao*nbsp;été diffous dans un liquide, amp; leurs parties ayantnbsp;ëté affez rapprochées les unes des autres par l’é'nbsp;vaporation de ce liquide , elles fe mettent ennbsp;groupes, Comme Ie criftal de roche eft Ie premiernbsp;des corps dans lequel on alt obfervé eet arrangequot;nbsp;ment régulier, il a donné fon nom a celui qu®nbsp;les obfervations ultérieures des chimiftes amp; de*nbsp;naturaliftes ont fait reconnoitre dans quantité d’aü'nbsp;tres corps , amp; en particulier les fels.

Qu’on faffe en effet dïffoudre dans de Peau» du fel marin ; qu’on falTe évaporer la folutio«nbsp;jufqu’a un certain point, amp;c qu’on la laiffe re'nbsp;pofer dans un lieu tranquille amp; frais, les partJ'nbsp;cules falines étant rapprochées les unes des autres»nbsp;amp; fe précipitant enfemble au fond du vafe,nbsp;s’attachant aux parois du vailTeau , formeront de*nbsp;maffes dans lefquelles on ne pourra rnéconnoit^^nbsp;la figure cubique, comme dans Ie criftal de rod’®nbsp;on reconnoit des prifmes a fix pans terminés^’’nbsp;pyramides, amp;: implantés les uns dans les autf®^'nbsp;Si, en faifant évaporer Ie flivide , on provoque *nbsp;criftallifation a la furface , elle fe fait en fori^®nbsp;de trémies , qui ne font formées que de pel'*^^nbsp;cubes amoncelés dans un certain ordre lesnbsp;fur les autres , ainfi que l’a fait voir M. Rouell^rnbsp;qui a fort ingénieufement expliqué ce phénotne*'^'’

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Si c’étoit du falpêtre tenu en diflblution, les criftaux qu’ils formeroit feroient abfolument ref-femblants 4 ceux du criftal de roche , c’eft-a‘direnbsp;formes de prifmes exagones, terminés par desnbsp;pyramides aulfi exagones.

Chaque fel enfin affefte fa forme particuliere.

L’alun fe criftallife précifément en oftaëdres, c’eft-a-dire forme une double pyramide quadran-gulaire , adoffée a une bafe commune ik quarrée.

Le vitriol de fer, ou Ie vitriol vert, forme des criftaux en cubes obliquangles , ou dont lesnbsp;fix faces font des rhombes a cotes égaux.

Les crifiaux du vitriol bleu font des dodécaë-dres comprimés , dont la forme eft difficile a être exprimée lei fans un long difeours.

Le verdet, ou felprovenant du vinaigre combine avec le cuivre, forme des criftaux qui font cn parallelipipedes obliquangles.

Le fucre criftallife, ou candi, forme des prif-mes quadrangulaires , recoupes obliquement par Un plan incline.

Mais, comme nous 1’avons dlt plus haut, ce ne font pas feulement les fels qui , fe formant ennbsp;malTes, afferent ces figures regulieres , une multitude d’autres corps jouiftent de la même pro-priété; la plupart des mines, des pyrites , fontnbsp;teconnoififables a leur forme particuliere; le plombnbsp;minéralifé affeéle, par exemple , beaucoup lanbsp;forme cubique retlangle ou obliquangle. II n’eftnbsp;pas jufqu’aux pierres qui n’aient, dans ce cas, leurnbsp;tégularité. Les criftaux de gypfe ou de platre fontnbsp;faits en fer de lance; auffi le gypfe eft-il propre^nbsp;•ttent un fel. Le fpath calcaire , connu fous lenbsp;diQ crijliil d'IJlandi, eft toujours un parallé-f'pipede obliquangle, 5c incliné dans le fens de

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398 ' RÉCRiAT. MathImat. et Phys. fa diagonale , amp; dans des angles determines. Le^nbsp;jnétaux enfin, lorfque, fe refroidilTant lentement gt;nbsp;leurs particules ont la liberté de s’arranger, poufnbsp;ainfi dire , a leur gré ; les métaux , dis-je , pren-nent une forme réguliere , remarquée depuis long'nbsp;temps dans I’antimoine , mais que depuis on *nbsp;obfervée dans Ie fer, Ie cuivre , Ie zinc , amp;c.

Comme ce phénomene eft un des plus curieU^ de la phyfique , il y auroit matiere a un affeinbsp;long article ; mais, contents de donner ici unenbsp;forte d’avant - gout de ces pbénomenes intéref'nbsp;fants , nous nous bornons a renvoyer a VEJfainbsp;CrijlallograpJm ^ de M. Rome Delifle , qui parutnbsp;en 177a, in-8°.

Nous allons maintenant donner une fuite d'ex' périences chimiques , qui feront en partle unenbsp;application des principes ci-deffus, ou qui préfen'nbsp;teront des pbénomenes curieux.

ARTICLE VIL

Diverfes Experiences chimiques.

Premiere Experience.

Comment un corps de nature comhujlible , peut fans eeffe pinetri de feu fans Je confumer?

IL faut renfermer dans une boïte de fer UU charbon qui en remplilfe toute la capacité , ^nbsp;fouder Ie couvercle de la boite. Si vous la .jete^nbsp;enfuite dans Ie feu, elle y rougira; vous pourre^nbsp;même l’y laiffer plufieurs heures , plufieurs jours:nbsp;lorfqu’après l’avoir lailTé refroidir vous 1’ouvrirez,nbsp;vous trouver^ Ie charbon dans fon entier, quoi'quot;

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C H 1 M I E. nbsp;nbsp;nbsp;559

on ne pulfle douter qu’il n’ait été pénétré de la ttiatiere du feu, tout comme Ie métal de la boitenbsp;dans laquelle il étoit renfermé.

. Vóici la caufe de eet effet. Pour que Ie char-bon amp; tout autre corps combuftible fe confuine , il faut que Ie phlogiftique ou la partie inflammable puille s’exhaler; car on fent aifément que cenbsp;tjui fait qu’un corps eft inflammable, doit être denbsp;fa nature indeftruftible , amp; que Ie feu ne fait quenbsp;la fliffiper, Mais cette diffipation ne peut avoirnbsp;lieu dans un vaiflfeau dos: ainfi Ie phlogiftiquenbsp;tefte toujours applique a la matiere purement ter-teftre du charbon , par conféquent il doit toujoursnbsp;tefter dans Ie même état.

C’eft-la la caufe pour laquelle des charbons Couverts de cendres'tardent beaucoup plus long-tempsa fe confumer, que s’ils reftoient expofésanbsp;1’air fibre; phénomene qui, quoique connu denbsp;^out Ie monde , feroit difficile a expliquer pournbsp;^out phyficien qui ignoreroit cette propriété dunbsp;phlogiftique, amp; l’expérience ci-defliis qui la conf-*ate.

Ile Experience.

'^ranfmutation apparente du fer en cuivre, ou en argent, amp; fon explication,

Faites diflbudre du vitriol bleu dans de l’eau , ^’^forte que cette eau en foit a peu ptès faturée;nbsp;Plongez alors dans cette foiution, de petites lamesnbsp;fer, ou de la limaille groffiere de ce métal:nbsp;petites lames de fer , ou cette limaille , s’ynbsp;‘flbudront, amp; la liqueur dépofera a leur placenbsp;limon OU une poulGere qui fe trouvera êtrenbsp;cuivre.

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400 Récréat. Mathémat. et Phys.

Si Ie morceau de fer eft trop gros pour êtrS entiérement diflbus , il fe colorera en cuivre; en-forte que s’il n’eft attaint que fuperficiellement #nbsp;il femblera qu’il ait été tranfmuté en ce dernietnbsp;métal. C’eft'la une experience qu’on fait faire or-dinairement a ceux qui vont voir les mines denbsp;cuivre; du moins 1’ai-je vu faire a celle de Saint-Bel dans Ie Lyonnois : une clef, plongée pendaO*nbsp;quelques minutes dans une eau qu’on recueilloJtnbsp;au bas de la mine , en étoit retiree colorée et»nbsp;cuivre.

Dans une diflblution de mercure par l’acide marin , plongez du fer, ou fur du fer étende^nbsp;cette dilTolution ; Ie fer fe colorera en argent-. On a vu de hardis charlatans tirer parti denbsp;jeu chimique , aux clépens de la bourfe de gen^nbsp;crédules Sc ignorants,

Remarque.

Il n’y a en elFet iel de tranfmutation que pouf ceux qui ignorent entiérement la chimie. Lenbsp;n’eft point change en cuivre; mais le cuivre ten^nbsp;en folution par la liqueur imprégnée d’acide vi'nbsp;triolique, eft /implement dépofé a la place dunbsp;dont i’acide fe charge en même temps qu’il abat'quot;nbsp;donne le cuivre. En effet, toutes les fois qu’°**nbsp;préfente a un menftrue tenant une fubftance qi^^jnbsp;conque en di/Tolution, une autre fubftance ‘nbsp;dilTout avec plus de facilité , il abandonnenbsp;premiere, Sc fe charge de la feconde. Cela ^

liqueU'^

£ vrai, qu£ liqueur qui a dépofé le cuivre éta*’ évaporée , donne des criftaux de vitriol vert, ft**®nbsp;tout le monde fqait être formés de la combinah^**nbsp;de l’acide vitriolique avec le fer. C’eft au/Ti ce q'J®nbsp;l’on pratique en grand dans cette mine: on met ^

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iiqueur en queftion, qui n’eft qu’une folutlon affez forte de vitriol bleu, dans des tonneaux ou denbsp;grands réfervoirs quarrés; on y plonge de Ianbsp;vieille ferraille, qui au bout de quelque tempsnbsp;difparoit; amp; l’on trouve a fa place un limonnbsp;qu’on porte a la fonderie , amp; dont on tire dunbsp;cuivre. On fait évaporer jufqu’a un certain pointnbsp;la liqueur ainfi chargee de fer, amp; pon y plongenbsp;des baguettes de bois, qui fe couvrent de criftauxnbsp;de vitriol vert, qui font d’un debit courant dansnbsp;le commerce.

Cette experience fe fera egalement, en dlffbl-Vant du cuivre dans de I’acide vitriolique, amp; eii étendant enfuite un peu , fi 1’on veut, cette folu-tion. C’eli une nouvelle preuve que la liqueur nenbsp;fait que depofer le cuivre dont elle etoit chargee.

Ill® Experience,

ohr 'on précipite fuccejjivemcnt divirfes fubflances ,

par raddition d'une autre dans la foltition.

On a vu dans I’experience précédente, le cuivre précipite par le fer; nous allons préfentement pré-cipiter le fer lul-meme. Pour cet eftet, jetez dansnbsp;la folution du fer , un morceau de zinc : a mefurenbsp;qu’il s’y diflbudra, le fer tombera au fond du vafe;nbsp;amp; Ton reconnoitra aifement que c’eft du fer , carnbsp;Cette poulTiere fera attirable a 1’aimant.

Voulez-vous préfentement précipiter le zinc ^ Vous n’avez qu’a jeter dans cette folutlon un morceau de pierre calcaire , de marbre blanc , parnbsp;cxemple, ou d’une autre pierre quelconque dontnbsp;on peut faire de la chaux ; I’acide vitriolique atta-cjoera cette nouvelle matiere , amp; laiffera tombernbsp;9u fond du vafe une pouffiere qui fera du zinc.

'Tome, If^, nbsp;nbsp;nbsp;C c

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401 Récréat. Mathémat. et Phys.

Pour précipiter maintenant cette terre calcaire * vous n’avez qu’a verfer dans la liqueur, de Talkalinbsp;volatil fluïde , ou y jeter de eet alkali volatHnbsp;fous la forme concrete ou folide ; la terrrenbsp;abandonnée par l’acide, amp;c fera dépofée au fononbsp;du vafe.

Vous précipiterez égaleinent , amp; méine eo' core mieiix , cette terre calcaire, en verfant dari*nbsp;Ia liqueur de 1’alkali fixe en folutlon, comine Peff-ordlnairementl’alkali fixe végétal, ou en y jetan*^nbsp;de 1’alkali fixe mineral.

Remarque.

C’est par un effet femblable , que les eau^ dures decontpofent le favon au lieu de le dilToU'nbsp;dre, amp; laiflent toinber au fond une quantlte pli'gt;*nbsp;ou moins grande de terre calcaire. Void commentnbsp;cela fe fait.

Les eaux dures ne le font ordlnairement, que parcequ’elles tiennent en folutlon de la félénlte onnbsp;du gypfe, qui n’eft qu’une combinaifon d’acid®nbsp;vitriolique avec une terre calcaire, foit c[ue ceft^nbsp;eau ait roule a travers des bans de felenite , fo‘inbsp;que, contenant des fels vitrioliques , elleait coulenbsp;fur des bans de terre calcaire, qu’elle aura dünbsp;taquer.

if

D’un autre cote, le favon n’eft qu’une coin' fcinaifon affez forcee d’un alkali fixe avec 1’huil^nbsp;ou une autre jTiatiere grafle ; combinaifon qui n’ennbsp;pas d’une grande tenacite.

Lors done que^ Ton fait dlffoudre du faVOn dans une eau féléniteufe, 1’acide vitriolique de 1^nbsp;félénite ayant plus de tendance a s’unir avec I’nf'nbsp;kali fixe du favon qu’avec la terre calcairenbsp;entre dans la compofition de la félénite ,

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abandonne cette terre, fe combine avec l’alkali fixe, enforte que Ie favon efl; décompofé; amp;nbsp;comme Thuile efl. immifcible avec l’eau , elle s’ynbsp;difperfe en petits flocons , tandis que la terrenbsp;calcaire de la félénite tombe au fond.

Voila un nouvel exemple de l’ufage de la chi-mie pour rendre raifon de certains effets vulgaires, que tout phyficien , qui n’eft pas éclairé de fonnbsp;flambeau , ne fcauroit expliquer , au grand fcao-dale des hommes ignorants, qui lui feroient vo-lontiers la réprimande de la bonne-femme a I’aftro-logue tombé dans un puits.

IVe Experience.

'^vcc deux liqueurs, chacune tranfparente, produire um liqueur noirdtre amp; opaque: Maniere denbsp;faire de bonne Encre,

Ayez d’un cóté une folution de vitriol ferrugi-neuxouvert, 8c de l’autre une infufion de noix de galle , ou de quelqu’autre matiere végéfale Scnbsp;aflringente, comme les feuilles de chêne, biennbsp;tirée au clair amp; filtrée ; melangez une liqueur avecnbsp;l’autre : vous verrez auffi-tót Ie compofé s’obfcur-cir, amp; devenir noir amp; opaque.

Si vous laiflez néanmoins repofer la liqueur , la partie noire qui y étoit d’abord fufpendue, tom-bera au fond 8c la laiflera tranfparente.

Re M A R (lU E.

Cette experience donne la raifon de Ia formation de 1’encre ordinaire ; car l’encre que nous ^mployons n’eft autre choie qu’une folution denbsp;'^Rriol vert, mélangée avec l’infufion de noix denbsp;S^lle . 8c de la gomme. La caufe de fa noirceur

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404 Récréat. Mathémat. et Phys. n’eft autre que 1’efFet de la propriété de Ia tioix denbsp;gaüe, de précipHer en noir ou en bleu foncé Ienbsp;fer tenu en folution par l’eau imprégnée d’acidenbsp;vitriolique. Mais comme ce fer ne tarderoit pa*nbsp;a tomber au fond, pour Ie prévenir , on y me^nbsp;de la gomme qui donne a l’eau une vifcofité fuf*nbsp;fifante pour empêcher que ce fer , commenbsp;ment atténué , ne fe précipite.

Le leiffeur ne fera peut-être pas fiché de trouver ki la maniere de faire de très-bonne encre.

Prenez , de noix de galle une livre, de gomn^® arabique fix onces, de couperofe verte fix onces fnbsp;de l’eau commune ou de la biere quatre pintes»nbsp;cuncaffez la noix de galle, amp; faites-la infufer*nbsp;une chaleur douce pendant 24 heures, amp;nbsp;bouillir. Ajoutez la gomme concaflTée, amp; laiffeZ'nbsp;la dlffoudre ; enfin a)outez le vitriol vert , il doft'nbsp;nera auffi-tót la couleur noire. Vous pafferez knbsp;mélange au tamis, amp; vous aurez une encre dontnbsp;vous pourrez vous fervir auffi-tót.

Ve Experience.

Comment on pmt produire des vapeurs infianift^^' bles amp; fulminantes.

Mettez dans une bouteille de médiocre cap^' cité , Sc dont le col foit un peu large amp; pas tropnbsp;long, Itois onces d’huile ou d’efprit de vitriol»nbsp;avec douze onces d’eau commune. II faut fairenbsp;peu chauffer ce mélange ; après quoi vous y jette'nbsp;rez a diverfes reprifes une once ou deux delimaiH,^nbsp;de fer: il fe fera une ébullition violente, óz *'nbsp;fortira du mélange des vapeurs blanches. Préfent^^nbsp;une bougie a Touverture de la bouteille;

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vapeurs prendront feu , amp; feront une fulmina-tion violente; ce que vous pourrez réitérer même plufieurs fois, tant que la liqueur fournira de fem-blables vapeurs.

II n’eft pas bien difficile d’expliquer ce phéno-•Iiene, quand on fqait que 1’acide vitriolique , en s’uniffiint avec Ie fer, Ie privé d’une grande quan-^ite de fon phlogiftique ou de fon principe inflammable.

VI^ Experience.

La ChanddU phdofophiqut.

Ayez une veffie, dont 1’orifice foit garni d’un ïube de métal de quelques pouces de longueur ,nbsp;qui puifle s’adapter dans Ie col de la boutellle ounbsp;^ous ferez Ie mélange de l’expérience précédente.nbsp;Aprèsen avoir laiffié fortir Pair expulfé par la va-Peur OU Ie fluide élaftique qui eft produit par lanbsp;diflolution , appliquez au col de cette bouteillenbsp;* Orifice de la veffie , dont vous aurez auparavantnbsp;^Xprimé l’air avec foin: elle fe remplira du fluidenbsp;dlaftique produit par Ia diflblution du fer. Lorf-qu’elle fera pleine , retirez-Ia , amp; appliquez a l’o-*'ifice Ia flamme d’un flambeau; cette vapeur s’en-flammera , Sc brulera lentement; enforte que linbsp;''Ous comprimez la veffie , vous aurez un beau Jetnbsp;ds flamme d’un vert jaunatre. Voila ce que lésnbsp;^Iiimiftes ont appelé la chandcUc philofophiquc p.

des chimijles.

VII® Experience.

^otnmènt on peut faire , par une compojition chi' mique, un volcan artificiel.

Oo dolt a M. Lémery cette curleufe expé-*

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4oS Récréat. Mathémat. et Phys.

rience, qui fert a rendre une raifon affez fenfiW® amp; affez vraifemblable des volcans.

Faitesun mélange de parties égales de de fer amp; de fouffe pulvérifé ; réduifez-le en paf®nbsp;avec de 1’eau , 6c enfoiiiffez une forte quanti*®nbsp;de cette pate^comme une clnquantaine de livres»nbsp;a un pied environ fous terre: fi Ie temps eft chaud»nbsp;vous verrez , après une dixaine d’heures environ »nbsp;la terre fe bourfouffler, fe créver , amp; fortir desnbsp;flam mes qui agrandiront les ouvertures , amp;nbsp;pandront a 1’entour une poudre jaune 6c noiratre*

II eft probable que ce qui fe paffe ici en pefd.^ fe paffe en grand dans les volcans; car onnbsp;d’abord, que les volcans fourniffent toujours dünbsp;foufre en quantité ; on fqait de plus, que les m3'nbsp;tieres qu’ils rejettentabondent en particules méral'nbsp;liques amp; probablement ferrugineufes, car il n y *nbsp;que Ie fer qui ait la propriété de faire effervefcenC®nbsp;avec Ie foufre lorfqu’on les mélange enfemble.

Or il eft aifé de concevoir par ce que prodoft une petite quantité du mélange ci-deffus, de celn*nbsp;que produiroit une quantité de plufieurs miHi®''*nbsp;OU millions de livres d’un pareil mélange : on n^nbsp;peut douter qu’il n’en réiultat des phénomen^*nbsp;auffi redoutables que ceux des tremblements qnbsp;terre, amp; des volcans qui les accompagnent ord*nbsp;nairement.

VIIIe Experience.

Compojïtlon de rOr fulminant.

Faites une eau regale, en mélant a quatre ties d’efprlt de nitre,une de fel ammoniac; jete^ynbsp;des fragments d’or de coupelle : lorfque la folnf’^^nbsp;fera fake , vous verferez dans la liqueur de


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rohition d’alkali fixe, ou autrement de TAai/g de tarm par dèfaillanu: Tor fe précipitera au fondnbsp;en forme de poudre jaune, que vous retirerez ennbsp;verfant la liqueur. II faudra enfuite verfer fur cettenbsp;poudre de I’eau chaude pour la laver, enfin la fé-cher: vous aurez de 1’or fulminant.

Pour en faire l’expérience, vous en prendrez une très-petite quantité, que vous mettrez fur la pointenbsp;d’une lame de couteau. Cette lame étant mife furnbsp;lafiamme d’une bougie, lorfqu’elle fera échauffeenbsp;a un certain point, la poudre s’enflammera , amp;nbsp;fera une explofion terrible, amp; incomparablementnbsp;plus grande que celle d’une quantité femblable denbsp;poudre a canon.

Ce n’eft pas feulement 1’application du feu qut peut faire fulminer l’or ainfi préparé; Ie fimplenbsp;frottenient produit eet effet. On a vu quelquesnbsp;particules d’or fulminant engagées entre Ie colnbsp;d’un flacon amp; Ie bouchon , pendant qu’on Ie fer-moit, faire explofion , brifer Ie flacon en millenbsp;pieces, bleffer Sc eftropier celui qui Ie tenoit.nbsp;Pareille chofe arriveroit immanquablement , finbsp;1’on s’avifoit de triturer eet or dans un mortier ,nbsp;OU d’entreprendre de Ie faire fondre, pour Ie ré-duire en maffe métallique , fans des préparatifsnbsp;convenables.

Remarque.

L’or ne feroit pas fulminant ,fi 1’eau régale étoit faite avec un mélange d’efprit de nitre amp; d’efpritnbsp;de fel marin, ou d’efprit de nitre dans lequelnbsp;®n auroit mis du fel marin , ( car ce font autantnbsp;de manieres de faire de l’eau régale, ) amp; li l’onnbsp;Pfécipitoit l’or avec l’alkali fixe; car il faut, pournbsp;H^e l’or devienne fulminant, qu’ll entre ou dans

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4o8 Récréat. Mathémat. et Phys. l’eau regale, ou dans Ie precipitant, de l’alkalJnbsp;Tolatil.

Si done vous employiez pour diflbudrelor» une eau regale faite avec l’efprit de nitre amp; celutnbsp;de fel marin, il faudroit précipiter Tor avec 1’a^'nbsp;kali volatil; vous aurez encore de l’or fulminant.

Pour lui óter fa propriété fulminante , il fau*-verfer delTus, ou de 1’acide vitriolique , ou l’alkall fixe en diffolution : il fe fait par-la avecnbsp;ce qui conftitue l’or fulminant une combinaifo”nbsp;qui Ie lui enleve ; amp; après 1’avoir lavé, on Ie t®quot;nbsp;trouve en poudre , qu’on peut réduire fans dangelt;^nbsp;par les voies ordinaires.

IXe Expérience.

Compojition de la Poudre fulminante.

II faut méianger enfemble trois parties de nitre, deux d’alkali fixe bien deffeché, amp; une de fou-fre ; mettre enfuite ce mélange dans une cuillerenbsp;de f^er, qu’on expofera a un feu doux , capablenbsp;néanmoins de fondre Ie foufre : lorfqu’il fera pat'nbsp;venu a un certain degré de chaleur, il détonneranbsp;avec un fracas épouvantable , amp; tel qu’un coupnbsp;de canon.

Cela n’arriveroit pas , fi cette poudre étoit eX' pofée a un feu trop violent ; il n’y auroit alof*nbsp;que les parties les plus expofées au feu , amp; en p^'nbsp;tite quantité , qui détonneroient tout-a-coup ?nbsp;qui diminueroit de beaucoup 1’effet.

Si on la jetoit fur Ie feu , elle ne détonnetoit pas non plus , amp; elle ne produiroit guere d’autf®nbsp;effet que Ie nitre pur, qui détonne bien,nbsp;fans explolion.


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Xe Experience.

Liqueur qui fe colore amp; fe dicolore alternatlvement,

en permettant ou interceptant Ie contact de Vair extérieur avec elle,

Faites digérer, c’eft-a-dire dilToiidre lente-ment, au moyen d’une chaleur modérée, du cuivre dans une forte folution d’alkali volatil:nbsp;a mefure que cette folution attaquera Ie cuivre ,nbsp;clle fe colorera d’un beau bleu. Mettez la liqueurnbsp;dans une petite bouteille qui en foit a peu présnbsp;pleine, amp; bouchez-la exaftement : Ia couleurnbsp;s’affoiblira peu a peu, amp; enfin difparoura. Ou-Vfez la bouteille, elle fe colorera de nouveaunbsp;peu a peu , amp; ainfi alternatlvement, tant qu’onnbsp;Ie voudra.

XI^ Experience.

Prétendue production d'un nouveau Fer.

Prenez de 1’argile , ou des cendres de végé-taux ou d’animaux brulés, promenez-y un bar-reau d’acier aimanté ; vous en tirerez fouvent quelques parcelles de fer qui s’y attacheront. Vousnbsp;Vous alTurerez par-la qu’il n’y a point de fer ennbsp;nature dans cette terre ou dans ces cendres.

Mélangez enfuite cette terre ou ces cendres avec du charbon en poudre , ou faites-en unenbsp;paté avec de 1’hulle de lin , amp; mettez Ie tout dansnbsp;nn creufet , que vous tiendrez rouge pendantnbsp;quelque temps, mais pas affez pour produire unenbsp;vitrification: lorfque cette maffe fera refroidie 6cnbsp;*'6mife en poufliere , vous y proménerez un bar-^®au de fer aimanté ; il s’y attachera encore unnbsp;S^and nombre de parcelles dg fer.

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^10 RÉCRÉAT, MATHiMAT, ET PhTS,

Remarque,

On a prétendu donnercette experience commff une preuve qu’on pouvoit , avec de l’arglle 8^nbsp;de 1’huile de lin, produire du fer. Un chimifl^nbsp;célebre de l’Académie , a mêtne été dans eettenbsp;idee, amp; ne paroit pas l’avoir abandonnée, malgf®’nbsp;la contradiftion qu’il efluya de la part d'un de 1^*nbsp;confreres. Maïs je ne crois pas qu’il y ait plu®quot;nbsp;aucun chimifte qui voie la une production du fej”'

En effet, on auroit tort de penfer, qu’après avoir retire de l’arglle Ie peu de fer qu’y trouve d’abordnbsp;Ie barreau aimanté , il n’y en refte plus. L’aimantnbsp;n’attlre que Ie fer dans fon état métallique, ou cftnbsp;approchant beaucoup ; mals il ne laifle pas d’ynbsp;en refter qui eft en 1’état d’ocre , ou de fer plus oünbsp;moins dephlogiftiqué: dans eet état, il n’eft pli*^nbsp;attirable a l’aimant , ainfi que Ie prouve 1’expe''nbsp;rience faite fur l’oere formée artificiellenoent pafnbsp;Ia torréfaétion du fer, ou fur la roullle.

II eft d’ailleurs reconnu que Ie fer eft de tou? les métaux Ie plus univerfellement répandu fur 1^nbsp;terre : c’eft-lui qui eft Ie principe de Ia couleurnbsp;argiles j amp; tant qu’une argile eft colorée , eH®nbsp;contient du fer.

Que fait done Ia torréfaCtion de I’argile la pouffiere du charbon ou l’huile de lin , ou tou’®nbsp;autre huile ou corps gras quelconque , qui co'i'nbsp;tient éminemment Ie phlogiftique ? Rien auf^nbsp;chofe que de préfenter a cette ocre de fer ,nbsp;phlogiftique qui, en revivifiantquelques parcel^*’’'nbsp;les rend attirables a Taimant. Voila toute lanbsp;veille de cette operation.

Mais, dira-t-on , quelle apparence y a-t-ü des cendres de bois contiennent da fer?

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Chimie. nbsp;nbsp;nbsp;411

répondons a cela, que Ie fer étant répandu avec la plus grande abondance dans la nature, il n’efl: pref-que aucune terre qui n’en contienne; qu’il eft fuf-ceptible d’une attenuation prodigieufe ; amp; que dif-fous dans les liqueurs , il paffe avec elles , en partienbsp;du moins, par les Uitres: ainfi 11 a pu facilementnbsp;s’élever avec la feve des plantes : il circule dans Ienbsp;corps humain avec Ie fang : enfin, c’eft une vériténbsp;aujourd’hui reconnue par les chimiftes, qu’il y anbsp;des inolécules de fer dans prefque tons les corps;nbsp;amp; mêine on croit que c’eft ce métal qui co-lore les plantes, avec Ie concours de la lumiere ;nbsp;enforte que, fans Ie fer ou fans la lumiere, les plantes n’auroient aucune autre couleur que la blanche.nbsp;X 1Experience.

'Av^c deux liquides melanges , former un corps

folide , OU du moins ayant de la conjijlance.

Faites une folution d’alkall fixe très-concentré ; faites-en une autre de nitre a bafe terreufe * , éga-ment très-concentrée; mêlez les deux folutlonsnbsp;enfemble : il fe fera une precipitation très-abon-dante d’une matiere qui prendra une forte de fo-lidité.

Cela a paru a quelques chimiftes affez mervell-leux pour leur faire donner a cette operation Ie nom de miracle chimique, amp; c’eft fous ce nomnbsp;qu’on la connoit. II n’y a pourtant iel rien de fortnbsp;merveilleux, car void ce qui fe paffe. Les deuxnbsp;Solutions étant mélangées , l’acide nitreux aban-donne la terre pour s’emparer de l’alkali fixe ;

_ * Le nitre a bafe terreufe, eft une combinaifon de Faalde nitreux avec une terre calcaire.


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411 RiCRÉAT. Mathémat. et Phys. cette terre fe précipite, amp; forme Ie corps foIlfJ^nbsp;qui réfulte de ce mélange.

Voici une autre operation qu’on pourroit a plus jufte titre appeler miracle chimique. On ennbsp;doit la remarque a M. de LalTonne, premier m^'nbsp;decin de la Reine.

XII Ie Experience.

Former une comhinaifon qui kant froidefoit liquid^) amp; au contraire , kant échauffee , deviennenbsp;conjijlante en forme de gelee.

Prenez parties égales d’alkali fixe, foit vegetal gt; foit mineral, amp; de chaux vive bien pulvérifée ynbsp;mettez-les enfemble dans une quantité d’eau fuf'nbsp;fifante , que vous foumettrez a une fortenbsp;prompte ebullition ; filtrez ce qui en réfultera '•nbsp;cette liqueur paflfera d’abord avec difficulté par Ienbsp;filtre , enfuite plus facilement. Confervez-la dansnbsp;une bouteille bien clofe ; faites-la de nouveannbsp;bouillir promptement, foit dans la bouteille , foitnbsp;dans un autre vafe : vous la verrez fe troubler ynbsp;amp;c prendre tout de fuite la confiflance d’une collsnbsp;très-épaifTe. LaifTez-la refroidir, elle reprendranbsp;fa tranfparence amp;c fa liquidité, amp; cela a plufieursnbsp;teprifes.

M. de Laflonne a fait beaucoup d’expérience® pour démêler la caufe d’un phénomene li fingU'nbsp;lier , Sf il en afïigne une raifon fatisfaifante-Mais nous croyons devoir renvoyer aux Mérnoif^^nbsp;de CAcadémie des Sciences ^ année 1773.


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XI Vè Experience.

Faire parottre tout-a-coup un éclair dans une cham-bre , quand ony entrera ayec un jlambeau allumé,

II faut faire cliiïouclre du camphre dans de l’efprit de vin; placez enfuite Ie vafe daqs unenbsp;chambre petite amp; bien dole, amp; faites évaporernbsp;l’eiprit de vin par une forte amp; prompte ebullition : lorfque vous entrerez peu après dans cettenbsp;chambre avec un flambeau , l’air s’enflammera ,nbsp;mais fans aucun danger, tant cette inflammationnbsp;fera prompte amp; de peu de durée.

On obtiendroit probablement Ie même effet, en remplilTant l’air d’une chambre d’une pouffierenbsp;épailTe de la femence d’un certain lycoperdon ,nbsp;qui eft inflammable ; car cette femence , qui eftnbsp;très-menue amp; comme une pouffiere, s’enflammenbsp;toutcommela poix-réfine pulvérifée, dont on fenbsp;fert pour les flambeaux des furies amp; pour faire desnbsp;éclairs dans l’opéra ; amp; i’on feroit peut-être biennbsp;de 1’y fubftituer , parcequ’elle ne produit pas l’o-deur grave amp; défagréable qui réfulte de la poix-téfine brülée, amp; qui empoifonne les fpeöateurs.

XVe Experience.

Des Encres Jympathiques , nbsp;nbsp;nbsp;amp; de quelques Jeux

qu on execute par leur moyen.

On appeüe encres fympathiques ou de fympa-^b-ie, certaines liqueurs qui , feules ou dans leur naturel, font fans couleur, mais qui, par 1’ad-dition d’une autre liqueur ou de quelque circonf-

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414 Récréat, Mathémat. et PhYs, tance particuliere , pr-ennent de la couleur, queu®nbsp;qu’elle foit.

La chimie préfente un grand nombre de queurs de cette efpece , doiit nous aliens faif®nbsp;connoitre les principales amp; les plus curieufes.

1, nbsp;nbsp;nbsp;Ecrivez avec une folution de vitriol vert»nbsp;dans laquelle néanmoins vous aurez ajouté unnbsp;d’acide : cette l'olution étant abfolument décolo'nbsp;ree, on ne verra point 1’écriture: lorfque vouSnbsp;la voudrez voir , plongez la dans une eau oir aut^nbsp;été infulee de la noix de galle, ou itnbibez Ie pa'nbsp;pier avec une éponge plongée dans cette eau '•gt;nbsp;1’écriture parojtra auffi-tót, EneflFet, il eft aifé »nbsp;pour qui a compris la 4® expérience , de voitnbsp;qu’il fe forme ici une encre fur Ie papiei;, DaU^nbsp;la formation de l’encre , on combine les deu^nbsp;ingredients avant que de s’en fervir pour écrire ?nbsp;ici 1’on ne les combine que 1’écriture faite : voÜ^nbsp;toute la difference.

2. nbsp;nbsp;nbsp;Si vous voulez une encre qui fe coloreroitnbsp;en bleu , après avoir écrit avec la folution acidsnbsp;de vitriol vert, vous humefterez l’écriture avesnbsp;la liqueur fuivante.

Faites détonner avec un charbon ardent 4 onces de nitre avec 4 onces de tartre ; vous msf'nbsp;trez enfuite eet alkali dans un creufet, avec 4nbsp;onces de fang de bcEuf defléché, amp; vous coU'nbsp;vrirez Ie creufet d’un couvercle percé feulenie’^*'nbsp;d’un petit trou ; calcinez ce mélange a un ƒsUnbsp;modéré, julqu’a ce qu’il ne forte plus de futnse gt;nbsp;après quoi vous ferez rougir Ie tout médioetS'nbsp;ment; la matiere qui en fortira , vous la plongs'nbsp;rez encore toute rouge dans deux pintes d’eau»nbsp;oü elle fe dilToudra en faifant bouillir cette eau?


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C H I M I E. nbsp;nbsp;nbsp;41^

vous réduirez environ a la inoitié: vous aurez Une eau avec laquelle, fi vous humeftez 1’écriturenbsp;tracée de la maniere ci-deffus, elle prenclra auffi-tót une belle couleur bleue. Car , dans cette operation , il fe forme , au lieu d’une encre noire ,nbsp;wn bleu de PrulTe.

3. nbsp;nbsp;nbsp;Diffblvez dubifmuth dans de 1’acide nitreux ,nbsp;fera la liqueur avec laquelle vous écrirez.

Pour ia faire paroitre, vous vous fervirez de ïa liqueur fuivante. Faites bouillir une forte folu-jion d’alkali fixe fur du foufre en poudre très-fine,nbsp;iufqu’a ce qu’il en ait diflbus autant qu’il fe peut:nbsp;gt;1 en réfultera une liqueur qui exhalera, on 1’a-''^oue, une odeur fort défagréable. Expofez auxnbsp;'^apeurs qui en fortiront 1’écriture ci-deflTus, ellenbsp;fe colorera en noir.

4. nbsp;nbsp;nbsp;Maïs de toutes les encres fympathlques, lanbsp;plus curieufe eft celle qu’on fait au moyen dunbsp;kobalt, C’eft un phénomene fort remarquable,nbsp;^Ue celui de voir paroitre amp; difparoitre alterna-*ivement, amp; a fon gré , des caraéleres ou des def-f’ns tracés avec cette encre; amp; c’eft une propriéténbsp;^ui lui eft particuliere , car les autres encres fym-Pathiques font a la vérité invlfibles-, tant qu’on

leur applique pas 1’ingrédient qui doit fervir a faire paroitre ; mals', ayant une fois paru, ilsnbsp;s’effacent plus. Celle qu’on fait avec Ie cobalt,nbsp;Paroit amp; difparoit prefque tant qu’on veut.

Pour faire cette encre, il faut prendre du fafre , *1^2 l’on trouve chez les droguiftes; faites-le di-Serer dans 1’eau régale , enforte qu’elle en tirenbsp;qu’elle peut en dilToudre , c’eft-a-clire la terrenbsp;'^^tallique du cobalt, qui colore Ie fafre en bleu ;nbsp;étendrez enfuite cette dilTolution, qui eft trés-

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4i6 Récréat. Mathémat. Et PhYS. cauftique , avec l’eau commune , amp; vous pourre^nbsp;vous en fervir comme d’encre pour écrire furnbsp;papier. Les carafteres feront invifibles, car cettenbsp;folution efl: fans couleur fenfible ; mais fi vousnbsp;les expofez a une chaleur fuffifante , ils paroitrontnbsp;en vert. Lorfque vous les aurez laiffé refroidu ?nbsp;ils difparoitront de nouveau.

II faut pourtant obferver que fi on chauffo^*quot; trop fort Ie papier, ils ne difparoitroient plus.

Re M A R q^u E.

On execute par Ie moyen de cette encre quelquot; ques jeux affez ingénieux amp; affez amufants; tel*nbsp;que ceux-ci.

I. Faire un tableau qui repréfente alternativerW^^ Vhiver amp; Vité.

Faites un payfage dont la terre , les tronc* d’arbres, les branches, foient peintes avec 1^*nbsp;couleurs ordinaires , amp; appropriées au fujet; magt;*nbsp;deflinez amp; lavez les herbes, les feuilles des arbres gt;nbsp;avec la liqueur ci-deflus: vous aurez un table^^nbsp;qui, a la temperature ordinaire de 1’air , repr^'nbsp;fentera une campagne privée de fa verdure : mal*nbsp;faites-le chauffer fuffifamment, amp; point trop, vou*nbsp;Ie verrez fe couvrir de plantes, de feuilles,nbsp;forte qu’il repréfentera alors Ie printemps.

On a fait amp; Ton fait encore, ]e crois, a Paris ? des écrans peints de cette maniere. Ceux anbsp;on les donne , amp; qui ignorent l’artifice, font bi^^nbsp;étonnés de voir, peu après qu’ils s’en font ferv'*nbsp;au devant du feu , Ie tableau qu’ils préfententnbsp;foiument change.

a. L’Oraci^

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C H I M I E.

2. VOracle magicjut.

On écrit fur plufieurs feuilles de papier, des queftions avec de l’encre ordinaire ; amp; au deffousnbsp;on écrit les réponfes avec la derniere encre fym-pathique, On doit avoir plufieurs feuilles portantnbsp;la mêine queftion amp; des réponfes différentes,nbsp;afin que l’artifice foit móins aifé a foupqonner.

Ayez enfuite une boite, que vous appellerez l'antrc dc la Sibylh, ou autrement, amp; qui dansnbsp;fon couvercle contiendra une placjue de fer très-chaude , enforte que fon intérieur puilTe êtrenbsp;échauffé jufqu’a un certain degré,

Après avoir fait choifir des queftions , vous prendrez les feuilles choifies , amp; vous direz quenbsp;vous allez les envoyer a la Sibylle ou a 1’Oraclenbsp;pour en avoir la rép,onfe , amp; vous les placereznbsp;dans la botte échauffée; enfin, après quelquesnbsp;minutes , vous les retirerez, amp; vous montrerez lesnbsp;réponfes écrites. II faut bien vite reinettre a partnbsp;Ces feuilles; car fi elles reftoient entre les mainsnbsp;des témoins du tour, ils s’appercevroient que lesnbsp;réponfes s’effacent peu a peu, a mefure que Ienbsp;papier fe refroidit.

-XV Ie Expérience.

Des Vegetations métalliques,

C’eft un fpeélacle des plus curieux de la chimie, que de voir s’élever dans un vafe une efpece d’ar-trifleau , de Ie voir poufler des branches, quel-quefois même des efpeces de fruits. Cette imagenbsp;trompeufe de la vegetation, a fait donnet k cettenbsp;®pération Ie nom de vegetation chimique ou. mi-^allique ; amp; c’eft probablement par un femblablenbsp;Tome IV,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;D d


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4x8 RÉCRéAT. Mathémat. et Phys. artifice qu’on en a impofé a quelques hommesnbsp;de bonne foi, qui ont cru voir réalifer la palioquot;nbsp;généfie. Quoi qu’il en foit , voici les plus cu-rieufes de ces efpeces de végétations, qui ne (ontnbsp;dans Ie fait qu’une forte de criftallifation.

^rhre de Mars.

Diflblvez dans de Tefprit de nitre médiocre-ment concentre , de ia limaille de fer , jufqu’f faturation. Ayez enfuite de la folution d’alkalxnbsp;fixe de tartre, communément appelée huile denbsp;tartre per deliqulum; vous la verferez peu a pe^^nbsp;dans la premiere folution : il fe fera une fortenbsp;effervefcence, après laquelle Ie fer, au lieu denbsp;tomber au fond du vafe , s’élévera au, contrairenbsp;Ie long de fes parois, Ie tapilTera en dedans , ^nbsp;formera une multitude de branchages amoncelesnbsp;les uns fur les autres, qui débordera fouvent, amp;nbsp;fe répandra fur les parois extérieures du vafe, avecnbsp;toute l’apparence d’une plante. Si, ce qui arri-vera quelquefois, il fe répand de la liqueur,nbsp;faut avoir foin de la recueillir amp; de la remettrenbsp;dans Ie vafe ; elle formera de nouveaux branché'nbsp;ges, qui contribueront a augmenter la maffe denbsp;cette efpece de vegetation.

PI. 8, On donne ici les repréfentations de deux d® fig. 46. ces vegetations, tirées d’un mémoire de M. L®'nbsp;jnery, fils, inféré parmi ceux de l’Académi®?nbsp;année 1706. On lit une explication alTez vrat''nbsp;femblable de ce phénomene parmi ceux de 17^7'

Arhre de Diane.

On appelle cette vegetation arhre de Dianif parcequ’elle ell formée au rnoyen de TargefO

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C H I M I Ë.

comme la précédente eft noironée arhn de Mars, parceque c’eft Ie fer qui la produit. Pour fairenbsp;cette feconde, voici deux procédés, 1’un denbsp;M, Lémery , l’autre de M. Homberg.

Fakes diflbudre une once d’argent de cou-pelle dans une quantité fuffifante d’efprit de nitre très-pur amp; d’une force médiocre ; vous mettreznbsp;enfuite cette diflblution dans un bocal, amp; vous Té-tend/ez dans environ vingt onces d’eau diftiilée ;nbsp;vous y ajouterez enfin deux onces de mercure, Scnbsp;vous laifTerez Ie tout en repos : dans 1’efpace denbsp;quarante jours il fe formera fur Ie mercure unenbsp;efpece d’arbre qui , par fes branchages, imiteranbsp;beaucoup une vegetation naturelle.

Si Ton trouve ce procédé, du refte fort fim-ple , un peu trop long, voici celui de M. Homberg , au moyen duquel la curiofité eft auffi-tót fatisfaite.

Amalgamez enfemble ( c’eft-a-dire mélez, aii moyen dé la trituration , dans un mortier de por-phyre amp; avec un pilon de fer ,) deux gros denbsp;mercure bien pur , amp; quatre d’argent fin réduit ennbsp;limaille ou en feuilles; vous ferez diftbudre cettenbsp;amalgame dans quatre onces d’efprit de nitre biennbsp;pur Sc médiocre ment fort, Sc vous étendrez lanbsp;iblution dans environ une livre Sc demie d’eaunbsp;diftiilée , que vous agiterez Sc conferverez dansnbsp;Un flacon bien bouché. Prenez une once de cettenbsp;liqueur, que vous verferez dans un verre, Sc vousnbsp;y jetterez gros comme un pois d’une amalgame denbsp;tnercure Sc d’argent, femblable a la précédente ,nbsp;amp; molle comme du beurre; vous ne tarderez pas anbsp;¦Voir s’élever de delTus cette boule d’amalgame,/nbsp;wne multitude de petits filaments qui croitront a

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410 Récréat. Mathémat. et Phys.

vue d’ceil, jefteront des branches, amp; formeront des efpeces d’arbrifleaux.

M. Homberg enfelgne , ( Mém. de CAcad. y ann. 1710, ) une maniere de faire une pareillenbsp;vegetation , foit avec 1’or, foitavec de 1’argent»nbsp;par la voie feche , c’eft-a-dire fans folution , mai*nbsp;par la voie de la diftillation.

II y a encore une efpece de vegetation remar* quée par M. de Morveau , amp; appelée par lutnbsp;barbe de Jupiter.^ parceque l’étain y entre cominenbsp;compofant; mais je ne puis pas Ia décrire , n’étantnbsp;pas a portee d’avoir fes EJJdis chimiqucs.

Vegetation non mitallique.

Fakes détonner avec un charbon ardent 8 onces de falpêtre , que vous mettrez enfuite a la cave,nbsp;pour qu’il en réfulte une huile de tartre per deli~nbsp;quium; verfez deflus peu a pen 8c jufqu’a faturationnbsp;parfaite, de bon efprit de vitriol; faites évaporernbsp;toute l’humidité : vous aurez une matiere faline ,nbsp;blanche, compare 8c très-acre. Vous la mettreznbsp;dans une écuelle de gres, vous verferez deffus unnbsp;demi-feptier d’eau froide , 8c laifferez Ie tout ex-pofé a Fair: au bout de quelques jours 1’eau s’éva-porera, 8c il fe formera de cótés amp;c d’autres desnbsp;branchages en forme d’aiguilles diverfement entre-lacêes, 8c qui auront jufqu’a 15 lignes de longueur. Lorfque l’eau fera entiérement évaporée,nbsp;ü on en ajoute de nouvelle, la vegetation conti-nuera.

II eft aifé de voif que c’efl: ici une fimple crif-tallifation d’un fel neutre, formé de 1’acide vi-triolique 8c de la bafe du nitre, c’eft-a-dire d’un tartre vitriolé.

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Chi MIE. nbsp;nbsp;nbsp;4iï

XVIIe Experience*

Produlre la chaleur amp; mime lajlamme par U moyejz, de. deux liqueurs froides,

Prencz de 1’hulle de gaïac , que vous mettrez dans une petite terrine ; ayez enfuite de l’efprit denbsp;nitre, affez concentre pour qu’une petite bouteillenbsp;qui contiendroit une once d’eau , contienne,nbsp;étant remplie de eet acide , une once amp; demienbsp;amp; quelque chofe de plus. Cet acide doit être dansnbsp;une bouteille eininanchée a un long baton ; on eigt;nbsp;verfera les deux tiers environ fur l’huile contenuenbsp;dans la terrine : il s’excitera un violent bouillon-nement, qui ne tardera pas d’être fuivi d’une très-grande flamme; Si la fl'amme ne furvient pas aprèsnbsp;quelques fecondes, vous n’avez qu’a verfer Ie ref-tant de l’acide nitreux fur l’endroit Ie plus noirnbsp;de l’huile, l’inflammation ne manquera pas denbsp;fuccéder, amp; il reftera une efpece de charboanbsp;fpongieux amp; fort gros.

On enflamme de méme rhuile de térében-thine, l’huile de faffafras , amp; toutes les autres huiles eflentielles.

A 1’égard des huiles gralTes , comme celles d’o-llve, de nolx, amp; autres tirées par expreffion, on y réuffit au moyen d’un acide formé du mélangenbsp;des abides vitriolique amp; nitreux bien concentres j.nbsp;parties égales de chacun.

X V111^ Experience.

Pondre du fer dans un injlant y amp; Ie faire coulér en gouttes.

II faut faire chauffer a Wane une barre de fer, ^ enfuite lui préfenter une bille de foufre; Ie fer

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RiCRÉAT, Mathémat. et Phys. fe mettra tout de fuite en fufion, amp; coulera ennbsp;gouttes. II feta a propos d’expofer au defTous unenbsp;terrine pleine d’eau, dans laqiielle les gouttes qmnbsp;couleront s’éteindront auffi-tót. On les trouveranbsp;réduites en une efpece de ter de fonte.

On fe fert de ce procédé pour faire la grenaills de fer pour la chafle ; car ces grains de fer fondttnbsp;tombant dans 1’eau, s’y arrondiffent aflez bien.

Voici encore deux petites expériences que nous ne donnons ici, que parcequ’on a couturne denbsp;leur donner place dans les récréations phyliques.

XIXe Experience.

^ nbsp;nbsp;nbsp;rnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

Paire fondrc du mital dans une coquille de noix.

Prenez une piece de monnoie trés-mince, comme une piece de i8 deniers, amp; méme pluSnbsp;mince encore; mettez-la, après 1’avoir pliée en unnbsp;rouleau , dans une demi-coquille de noix, oü ellenbsp;foit environnée d’une poudre compofée de troisnbsp;parties de falpêtre broyé fin amp; bien defféché ,nbsp;deux parties de fleur de foufre amp; une de rapure denbsp;quelque bois tendre ; mettez enfuite Ie feu a cettenbsp;poudre avec une allumette : la piece de métalnbsp;fondra, fans que la coquille foit plus que flaperquot;nbsp;ficiellement brülée.

Cela vient fans doute de Taiflivité de ce feu aidé de 1’acide vitriolique contenu dans Ie foufre ,nbsp;amp; qui agit avec une telle promptitude , qu’H *nbsp;pas Ie temps de bruler la coquille de noix.


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C H I M I E.

XX« Expérience.

Partager une phu de monnoie m deux dans fon épaijfeur,

Fichez dans une table trois épingles, fur lef-quelles vous placerez la piece de monnoie; mettez au deffus amp; au deffous un tas de fleurs de foufre ,nbsp;auxquelles vous mettrez Ie feu : lorfqu’il feranbsp;éteint, vous trouverez fur la partie fupérieure unenbsp;fuperficie du métal qui fera détachée de la piece,

On a obfervé que fur une piece d’or, comnie un louis, on enleveroit pour 12 fous d’or, en dé-penfant pour 30 a 40 fous de foufre; ce qui fuffitnbsp;pour rendre cette expérience nullement dange-reufe pour la süreté publique. D’ailleurs la piecenbsp;de monnoie perd en grande partie la netteté denbsp;fon empreinte ; ainfi celui qui entreprendroit denbsp;rogner ainfi la monnoie, feroit la vidiime de lanbsp;mauvaife volonté.

Ce que nous venons de dire eft bien propre a infpirer a nos lefleurs la curiofité de pénétrernbsp;plus profondément dans cette belle fcience. Nousnbsp;allons done indiquer a ceux qui auroient ce def-fein , les livres oü ils peuvent puifer Ie plus faci-lement cette connoififance. Nous mettons dans ccnbsp;rang, amp;t au nombre des ouvragesles mieuxfaits,nbsp;les Eüments de Chimie théorique amp; pratique denbsp;M. Macquer, en 3 vol. in-ix, dont Ie premiernbsp;contient Ia théorie, 6c les deux autres la pratique ,nbsp;c’eft-a-dire les experiences dédiiites amp; expliquéesnbsp;d’après les principes jetés dans Ie premier volume.nbsp;On doit au méme auteur un excellent Diclionnairenbsp;de Chimiej en z vol, in-8°, dont il paroitra bientót

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42,4 Récréat. Mathémat. et Phys.

«ne nouvelle edition augmentée de plus d’un tiers»’ Cetouvrage doit faire fuite au précédent. On peutnbsp;joindre a ces ouvrages Ie Manud dc Chimie de M.nbsp;Baumé ; c’eft un précis très-bien fait de toutes lesnbsp;opérations de eet art. Nous ajouterons, heiireuXnbsp;6c trois fois heureux ceux qui ont pu fe procurernbsp;Ie précis des leqons de chimie de M. Rouelle •nbsp;Mais elles n’exiftent encore que inanufcrites , entrenbsp;les mains de quelques-uns de ceux qui ont fuivinbsp;fon cours.

On vient d’imprimer a Dijon un Trc^hé ds Chimie, dü principalement a M. de Morveau ynbsp;magiftrat qui , a Tétude des lois amp; a 1’exercicenbsp;éclairé des fonélions de fon état, réunit des con-noiffances profondes dans la phyfique amp; la chi'nbsp;mie. Cet ouvrage envifage la chimie fous un af-peél: particulier, amp; en préfente un développementnbsp;tout-a-fait neuf amp; fatisfaifant.

On faifoit autrefois grand cas des Elements de Chimie de Boerhaave ; mais aujourd’hui ils nenbsp;jouiffent plus, comme livre de chimie, de la mémenbsp;cftime : c’efl: néanmoins un excellent traité denbsp;phyfique, amp; une très-honne introduélion a lanbsp;chimie moderne. La partie qui traite du feunbsp;paffe entr’autres pour un chef-d’ceuvre.

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C H I M I E.

DIGRESSION

Sur la Pierre philofophale , VOr potable , amp; la PaLingénéjie.

NOüS venons de nommer les deux plus céle-bres chimères de l’efprit humain; uous difons les deux plus célebres ; car, quoique la quadraturenbsp;du eerde dans la géométrie , Ie mouvement per-pétuel dans les mécaniques, aient auffi une grandenbsp;célébrité par les efforts inutiles d’une foule denbsp;gens , cette célébrité Ie cede néanmoins a cellenbsp;des deux premieres queftions ci-delTus , a peu présnbsp;dans Ie même rapport que 1’intérêt de trouver lanbsp;quadrature du eerde ou Ie mouvement perpétuel,nbsp;Ie cede a celui de trouver Ie moyen d’acquérirnbsp;d’immenfes richeffes , ou de fe rendre prefquenbsp;immortel: auffi y a-t-il eu dans tous les temps unnbsp;grand nombre d’hommes qui, féduits par ces chi-meres , ont fait des recherches incroyables pournbsp;arriver a l’un ou l’autre de ces buts.

Tel eft Ie caraöere de l’efprit humain ;

Quid non mortalia pectora cogunt,

'Auri facra fames , vittzque immenfa cupido !

Nous allons done iel traiter de ces problêmes chimiques, foit parcequ’ils préfentent une matierenbsp;toute de notre reffiort, foit parceque ce que nousnbsp;dirons fervira peut-être de préfervatif contre l’il-^ufion dont tant de gens. ont été les dupes.


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Récréat. MathImat. et Phys.

La pierre philofophale , autrement dite I’eeuvre par excellence, la chryfopée*, ou la tranfmuta-tion des inétaux vils amp; imparfaits, en or ounbsp;argent, a , depuis im temps immemorial, été 1®nbsp;but au quel ont tendu les efforts d’une foule denbsp;gens, foit verfés dans la chimie , foit a peine ini'nbsp;ties dans cette fcience. Le vulgaire même croifnbsp;que c’eft-la 1’unique objet de la chimie ; amp;,nbsp;faut en convenir, c’eft un peu la faute des pre*nbsp;miers qui ont cultive cette belle partie de la phy*nbsp;iique : il en ell: peu qui n’aient donne *a plein col'nbsp;lier dans le travers de chercher a faire de Tor,

II n’y a plus aujourd’hui un aufli grand nombrc de gens entêtés de la pierre philofophale ; donbsp;moins parmi les chimiftes éclaiïés , aucun OOnbsp;prefque aucun ne court après le moyen de faircnbsp;de' I’or : mais il y a encore beaucoup de gensnbsp;qui, ayant a peine une idee des plus fimples operations de la chimie , s’epuifent en tentatives inu-tiles a régénérer ce metal precieux : on les voit,nbsp;marchant au hafard , fe croire toujours fur le pointnbsp;de reuflir; manquant de tout , s’en confoler patnbsp;I’agreable idee qu’a cette indigence va fuccddetnbsp;la poffeffion des tréfors les plus immenfes.nbsp;s’appellent adeptes, parcequ’ils prétendent avoitnbsp;atteint le point le plus élevé de la phllofophie gt;nbsp;qtiaji fummam fapUntiam adepti; ils ne parlen*nbsp;qu’énigmatiquement amp; d’une maniere inintelljquot;nbsp;gible, parceque-le monde ne mérite pas de poff'^'nbsp;der un pared fecret; pleins enfin d’un froi®

f awn fabticaüe»

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C H 1 M I E. nbsp;nbsp;nbsp;417

Orgue'il , ils honorent d’un rirs fardonique les chimiftes raifonneurs, amp; qui cherchent a déduirenbsp;les phénomenes de principes lumineux amp; établis.nbsp;J’en al vu un de cette efpece, écouter avec pitiénbsp;une leqon de chimie du dofteur Roux : il n’avoitnbsp;pas de fouliers ; mais il fembloit dire a part lui:nbsp;A quoi s’amufent ces grands enfants ? C’étolt pour-tant une des leqons les plus intéreffantes d’iiiinbsp;cours de chimie de ce fqavant homme ; elle rou-loit fur Ie phlogiftique.

On pourroit dire a ces chercheurs de Ia pierre philofophale: Avant que de nous faire de l’or,nbsp;défaites-le, amp; recompofez-le; car s’il eft quelquenbsp;moyen de reconnoitre 6c démontrer la compofi-tion d’une fubftance , c’eft celui de la décompo-fer amp; de la recompofer. C’eft ainfi que les chi-miftes^ décompofant 8c recompofant Ie foufre,nbsp;démontrent qu’il eft formé par 1’union de 1’acidenbsp;vitriolique avec Ie phlogifticjue. On pourroit encore dire a ces mêmes alchlmiftes : Avant que denbsp;nous faire des métaux précieux, comme Tor 8cnbsp;l’argent, faites-nous feulement du plomb 1 ? car ,nbsp;avant d’aller au plus difficile, la méthode exigenbsp;qu’on exécute Ie plus aifé. Mais je ne connoisnbsp;aucune operation chimique qui réfolve un feul denbsp;Ces deux problêmes. L’or , aufli rebelle a la dé-compofition qu’a la compofition , refte toujoursnbsp;Ie méme, de quelque maniere qu’on Ie traite; ilnbsp;eft feulement plus ou moins atténué, mais il n’eftnbsp;Jamais dans un état de chaux , ou privé de fonnbsp;phlogiftique, On en a tenu pendant plufieurs


1

On a prétendu faire dn fer ; mais il eft aujourd’hui démontré qu’pn n’a fait que rendre au fer fa forme mé-^nbsp;tallique.

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4iS Récréat. Mathémat. et Phys. années en fufion , fans qu’il ait perdu la moindrcnbsp;partie de fon poids. Maïs entrons dans un raifoo'nbsp;nement plus profond fur cette matiere.

En raifonnant fur la compofition des métaux » il faut reconnoitre néceiïairement l’une de cesnbsp;deux chofes : Ou tous les métaux ont chacun leu^nbsp;terre propre , qui, alliée au phlogiftique qui leurnbsp;eft commun, leur donne la forme métallique;nbsp;il y a une terre commune , qui, alliée avec 1®nbsp;phlogiftique, dans des dofes plus ou moins gran-des, OU d’une maniere plus ou moins tenace;nbsp;conftitue les différents métaux.

La premiere de ces propofitions paroit la plu® probable. Jufqu’a préfent, quelques operationsnbsp;qu’on ait tentées, avec quelque conftance qu’oUnbsp;ait tourmenté par Ie moyen du feu une matierenbsp;métallique, de la chaux de ploinb, par exeni'nbsp;ple, jamais on n’en a fait de 1’étain ou du cuivre.nbsp;Quand cette chaux a reparu fous fa forme mé-tallique , elle s’eft trouvée du plomb. On n’a ja'nbsp;mais tiré du plomb de matieres qui n’en conte-noient pas déja. On eft fondé a en conclure, ^nbsp;la raifon avoue cette conféquence, qu’il y a unenbsp;terre uniquement propre a faire du plomb , amp;nbsp;n’a befoln, pour en faire, que de l’addition dunbsp;phlogiftique. Si cela eft, on ne peut done fait®nbsp;d’autre plomb, d’autre or , d’autre argent, ftuenbsp;celui qui étoit difléminé dans la terre. Toute 1^nbsp;prétendue chryfopéc ou argyropie. fe réduira a raf'nbsp;iembler, par quelque procédé, 1’or ou l’argent qn*nbsp;y étoit déja formé , amp; feulement déguifé parnbsp;perte de fon phlogiftique.

Si tous les métaux ont une terre commune, c}tie quelque principe particulier, quelque combinaifot»nbsp;inconnue, rende or, argent ou plomb, il


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CDnvenlr que la generation dfe 1’or ou de l’ar-gent n’eft pas abfolument iinpoffible. Mais il faut être bien infenfé pour chercher cette combinalfonnbsp;au hafard, amp; pour la chercher fans s’dtre affurénbsp;d’abord qu’en effet tel eft Ie principe de la formation des métaux, II faudroit done, avant denbsp;chercher la pierre philofophale, commencer parnbsp;avérer fi ce dernier principe eft Ie veritable. Ornbsp;cela exigeroit une prodigieufe fuite d’expériencesnbsp;amp; de travaux chimiques; car il feroit néceflaire,nbsp;1° Des’aflurerfi toutes lesterres métaUiquesfbntnbsp;abfoluinent les mêmes, lorfqu’elles font entiére-ment privées de leur phlogiftique. Mais ce n’eftnbsp;d’abord pas un problêine facile que d’óter tout Ienbsp;phlogiftique a ces terres ; on n’a pu encore venirnbsp;a bout de Ie faire a 1’égard de plufieurs ; il en eftnbsp;mêrne , ft^avoir celles des métaux parfaits, qui ennbsp;fetiennent toujours la plus grande partie. On anbsp;tenu de l’or pendant plufieurs années en fufion ,nbsp;lans qu’un feul atóme fe foit réduit en chaux.

II y a méme toute apparence que ces terres font de différentes natures , car les verres métalli-ques ont tous des couleurs différentes. Or des cou-leurs différentes annoncent. des contextures différentes , amp; conféquemment l’hétérogénéité,

Mais fuppofons qu’on fut venu a bout de priver abfolument de fon phlogiftique une terre métalli-que , un nouveau problême non moins difficile ,nbsp;feroit de Ie lui rendre; car l’expérience a apprisnbsp;que plus une terre métallique a été déphlogifti-quée, plus on a de peine a lui rendre la formenbsp;’riétallique. II en eft quelques-unes que tout l’artnbsp;la chimie n’a encore pu réduire en métal.

On voit par-la quelles difficultés s’oppofent k que l’on fqache même ce qu’on doit penfer

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43» Récré^t. Mathémat. et PhYS. fur la nature des métaux , Sc fur ce qui les conft*-*nbsp;tue tels. Comment done faire de Tor ou de l’at'nbsp;gent, puifqu’on ne fqait pas même comment ortnbsp;ferolt du plomb ?

Mais écoutons les alchimiftes, amp; voyons quel^ ques-unes de leurs pretentions fur la formation de*nbsp;métaux.

Suivant eüx, les métaux font tous formes d’un^ terre qu’ils appellent mercurielle, mais plus óttnbsp;moins mure , plus ou moins mêlée d’hétérogénei'nbsp;tés ; de maniere qu’il ne s’agit que de les purgednbsp;de cette hétérogénéité amp; de les murir, pour con'nbsp;vertirles métaux imparfaits en métaux parfaits. ^

V oila qui eft fort beau. Mais qui a prouve 1’exiftence de cette terre mercurielle? qui a prouvenbsp;que la différence des métaux conliftoit dans efinbsp;plus OU moins de maturité ? en quoi confifte cettenbsp;maturité ? par quels moyens peut-on la donnet ?nbsp;Aucune réponfe folide. Les partifans de cettenbsp;idee , féduits par des mots, n’ont aucune idéénbsp;)ufte Sc précife de ce qu’ils difent.

Suivant d’autres alchimiftes, Ie mercure coU' tient en principe tous les métaux parfaits ; il en *nbsp;1’éclat, a peu de chofe prés Ie poids, il eft inêin^nbsp;plus pefant que l’argent. S’il eft fluide Sc extrc'nbsp;mement volatil , c’eft qu’il eft allié é des impuretesnbsp;qui Ie dégradent. II ne s’agit done que de fixer 1^nbsp;mercure, en lui enlevant ces impuretes: alors von*nbsp;aurez Ie mercure des pbilofophes, qui n’a befo‘*^nbsp;que d’un degré de cuilfon pour être pouflenbsp;rouge; il en réfultera de l’or: pouflTé, feulernenlnbsp;au blanc, il fournira de l’argent: que dis - ]fnbsp;cette matiere aura une telle aftivité fur les parti^*nbsp;impures des autres métaux, qu’en en jetant un^nbsp;pincée dans un creufet rempli de plomb fiondn»


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C HIM IE. nbsp;nbsp;nbsp;451

die Ie tranfmuera en argent ou en or , fuivant qu’elle aura été pouffée ou au blanc ou au rouge,nbsp;ll refte a fq avoir comment détruire les impuretésnbsp;qui dégradent Ie vif-argent. Ariftée , adepte cé-lebre , va nous l’apprendre Ie plus clairement dunbsp;monde dans fon Code de Vcritè. Prenez, dit-il,nbsp;Ie roi Gabertin , amp; la princeffe Beya fa foeur ,nbsp;jeune fille , belle , blanche amp; très-dilicate ; ma-riez-les enfemble ; Gabertin mourra prefque aulïi-tót. Mais ne vöus effrayez pas; mettez-le au tom-beau: après quatre-vingts jours, Gabertin renaitranbsp;de fes cendres; amp; devenu plus beau amp; plus parfait qu’avant fa mort, il engendrera avec Beya unnbsp;enfant roux, plus beau amp; plus parfait qu’eux-mémes.Dira-t-on, après cela, que les alchimiftesnbsp;s’expliquent obfcurément? Quel efl; Ie vrai adepte,nbsp;(car il ,y en a de vrais amp; de faux, amp; chacun nenbsp;doute point qu’il ne foit du nombre des premiers,)nbsp;quel eft , difons-nous, Ie vrai adepte qui ne verranbsp;évidemment dans cette allegorie , tout Ie procédénbsp;de la fixation du mercure Sc de la poudre de pro-jeftion ?

Ce langage amp; cette affeéfation d’allégories obf-cures, font fans doute bien propres a faire pafler ces prétendus adeptes pour d’infignes Sc méprifa-bles charlatans, ou au moins pour des gens a quinbsp;Ie feu de leiirs fourneaux a fort dérangé Ie cer-veau. Mais les partifans de leurs recherches 8c denbsp;leurs folies alleguent des faits, Sc nous devonsnbsp;auffi les faire connoitre.

On raconte que M. Helvétius, médecin, Sc profeffeur célebre de médecine en Hollande,nbsp;^yant déclamé un jour vivement, dans une denbsp;fes leqons , fur la vanité Sc 1’abfurdité de la pré-fention de faire de l’or , fut vifité par un adepte ,


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432* Récréat. Mathémau et Phys. qui lui donna d’une certaine poudre, dont unönbsp;pincée projetée dans un creufet plein de plotnbnbsp;fondu, Ie transformeroit en or; que Ie fqavantnbsp;Hollandois l’exécuta , amp; tira en effet une bonnenbsp;quantité d’or de fon plomb. II voulut voler cheznbsp;jfon adepte; mais il lui avoit donné une faulTenbsp;adreffe, amp; avoit difparu ; car les chimiftes denbsp;eet ordre na manquent jamais de difparoitrenbsp;ainfi , au moment oü ils ont fait preuve de leufnbsp;fqavoir profond.

Pareille chofe arriva , dit-on, a Tempereur Ferdinand. Un adepte vint Ie trouver, amp; lu^nbsp;propofa de transformer du mercure en or, On fit»nbsp;en la préfence du prince, fondre du mercure dansnbsp;un creufet ; Tadepte exécuta les operations qu’dnbsp;lui plut, amp; Ie fond du creufet fournit un culotnbsp;d’or. Mak dans 1’intervalle oü 1’on vérifioit Isnbsp;métal, il difparut , au grand regret de 1’empereur»nbsp;qui envifageoit déja d’immenfes tréfors dans I’ac*nbsp;quifition de ce beau fecret.

En ce moment (Septembre i'jjj,') on voit 3 la vente des effets délaiffés par feu M. Geoffroy»nbsp;trois clous qui font, dit-on, une preuve de la polfi'nbsp;bilité de tranfmuer du moins en argent un méta^nbsp;commun, tel que Ie fer. Ils font, a ce qu’on dit»nbsp;l’ouvrage d’un fqavant adepte , qui voulut lu*nbsp;prouver la pollibilité de la tranfmutation des mé-taux. Un de ces clous a été change en argent»nbsp;ayant été trempé dans une liqueur appropriée;nbsp;l’autre, n’ayant été trempé que par la tête,nbsp;fer par Ia pointe , amp; argent du cóte de Ia tête »nbsp;Ie troifieme, ayant été trempé dans la liqueur p3^nbsp;la pointe , a ce bout tranfmué en argent, amp;nbsp;furplus eft refté fer.

Malgré ces autorités, nous ne croyons point 3

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C H I M I E. la pierre phllofophale. II eft très-vraifemblablenbsp;qu’il y a eu de la fourberie dans toutes ces préten-dues tranfmutations, fi toutefois les hiftoires ra~nbsp;contées ci-deffus ont quelque réalité. Enfin , nousnbsp;croirons a la pierre phllofophale , quand nousnbsp;aurons vu quelque adepte faire devant nous lesnbsp;méines operations ; niais il nous permettra denbsp;. fournir nous - même les creufets , les baguettes 8cnbsp;les ingredients: car il eft plus que probable qiie ,nbsp;ft Ton a fait de I’or de cette maniere , c’eft qu’ilnbsp;etoit dans les inatieres qu’on a employees, ounbsp;qu’on I’y a glifie par un tour de main adroit.

Quoi qu’il en foit, les alchiiniftes prétendent que toutes les fables de I’antiquite ne font autrenbsp;chofe que le procédé du Grand-oeuvre, expHquénbsp;fyipboliquement. La conquete de laToifon d’or, lanbsp;guerre de Troye , les événements qui la fuivirent,nbsp;amp; route la mythologie , ne font que des emblemesnbsp;de la chryfopée , fageinent voilée par les anciensnbsp;philofophes , qui n’ont pas voiilu que leur fecret ,nbsp;devenu commun , füt employé a multiplier exceffi-vement les métaux précieux, qui dés-lors auroientnbsp;perdu leur prix, 8i cefte d’etre les médiateurs dunbsp;commerce entre les hommes. On peut voir dansnbsp;le curieux ouvrage de Dom Pernetty, intitulé, lesnbsp;Fables Egyptiennes amp; Grecques , en 3 vol. in-8®,nbsp;y compns le Diclionnaire Mytho-hermetique , juft-qu’oii la fagacité humaine peut s’étendre a trouvernbsp;d^ femblables explications. Mais il n’eft rien qu’onnbsp;ne puifle expliquer d’une pareille maniere. Auflinbsp;ai-ie oui parler d’un adepte qui demeure au faux-bourg Saint-Marceau , 8c qui, perfuadé que toutenbsp;1’Hiftoire Romaine n’eft qu’une fiftion , va ennbsp;donner une explication chimique, qui fervira denbsp;pendant aux Fables Egytiennes amp; Grecques: j’ainbsp;Tome IV,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ee

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434 RiCRÉAT. Mathémat. et Phys. même ouï dire que 1’hiftoire du combat des Ho'nbsp;races avec les Ctiriaces y eft expliqué avec uuenbsp;apparence de vérité , capable de faire doiiter qq®nbsp;ce faineux trait de l’Hiftoire Romaine ait jamagt;*nbsp;eu quelque réalité.

II. De rOr potable.

S’il n’y a pas d’apparence qu’on. faffe jamais de l’or, n’eft-il pas poffible de tirer parti denbsp;ixiétal précieux peur prolonger la vie? L’or eftnbsp;métal inalterable , auffi difficile a défaire qu ^nbsp;faire: il eft Ie roi dans Ie monde métallique»nbsp;comme Ie foleil, auquel on 1’affimile , l’eft dansnbsp;Ie fyftéme de l’univers. La nature ne peut avoitnbsp;manqué de cacher dans ce corps précieux les re-medes les plus utiles pour 1’humanité ; mais poutnbsp;cela il faudroit Ie faire paffer fous la forme d’uRnbsp;liquide dans Ie corps humain; il faut Ie rendrenbsp;potable: travaillons done a l’or potable. Une vienbsp;prolongée prefque indéfiniment, vaut biennbsp;moins autant que tous les tréfors de l’univers.

Tel eft en fubftance Ie raifonnement des alchi' miftes; amp; en conféquence ils ont foumis l’or anbsp;une multitude d’opérations, au moyen defquelle^nbsp;ils ont prétendu Ie rendre foluble comme un ie*nbsp;dans 1’eau. II en a en effet I’apparence , mals, a dir^nbsp;vrai, ce n’eft que de l’or extrêmement atténue»nbsp;amp; foutenu par-ia dans un liquide : du refte gt; ^nbsp;n’eft nullement combine avec Ie fluide , Sc mên*^nbsp;peu a peu il fe dépofe au fond fous fa forme m^quot;nbsp;tallique.

Quoi qn’il en foit, void un moyen de fai*quot;® une efpece d’or potable: nous examinerons enfui*®nbsp;fi, quand même ce feroit une vraie folution d’otr

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C H I M I E.

ies vertus d’une pareille liqueur feroient auffi mer-Veilleufes amp; auffi falutaires pour Ie corps humain, qu’on Ie pretend.

II faut d’abord diffoudre de l’or dans l’eau regale ; puis agiter cette folution avec quinze ou leize fois autant d’une huile effentielle quelcon-que , de romarin, par e'xemple ; enfuite (eparernbsp;l’eau regale qui occupe Ie fond, d’avec l’huilenbsp;effentielle ; enfin diffoudre cette huile effentiellenbsp;dans quatre ou cinq fois fon poids d’efprit de vinnbsp;bien reftifié : on aura une liqueur iaunatre , con-nue fous Ie nom de ïor potahh de mademoifellenbsp;Grimaldi.

L’éther vitriolique amp; les liqueurs éthérées de diverfes efpeces, jouiffent de la même propriéténbsp;que les huiles effentielles , fqavoir , de s’emparernbsp;de Tor diffous dans l’eau regale. Ainfi l’on peutnbsp;faire une efpece d’or potable avec de l’éther. Cetnbsp;or pourra alors fe prendre en gouttes fur du fucre,nbsp;comme l’on fait quand on prend de l’éther; carnbsp;cette liqueur n’efl; pas mifcible avec l’eau.

Les fameufes gouttes du général Lamotte , ne different guere de l’or potable de rnademoifellenbsp;Grimaldi. On a remarqué qu’un gros d’or y étoitnbsp;étendu danszió gros de liqueur fpiritueufe; Scnbsp;comme les boüteilles devoient ,être du poids denbsp;deux gros , Sc que Ie général Lamotte les vendoitnbsp;24 livres chacune , il réfulte qü’avec un gros d’ornbsp;ilfaifoitau moins 108 bouted'es, dont il retiroitnbsp;au moins 2592. livres. Dans la réalité, il en faifoitnbsp;ï 36 , ce qui lui valoit 3264 livres.

On voit par-la que fi les gouttes du général Lamotte n'étpient pas fort utiles pour la fanté,nbsp;elles étoient fort utiles pour fa bourfe ; car un pa-

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4j6 Récréat. Mathémat'. et Phys. reil gain peut être qualifié de monftrueux. Que nenbsp;fait pas chez les hommes Ie charlatanifme , quandnbsp;il a pour bafe Tignorance Sc l’amour de la vie!

Mais examinons s’il y a quelque fondement dans les merveilleufes propriétés de l’or potable.nbsp;Pour peu qu’on raifonne , on n’aura pas de peinenbsp;a reconnoitre que rien n’efl; plus légérement fondé.nbsp;Quelles preuves en effet les alchimiftes ont-ils gt;nbsp;que !’or efl: fi falutalre au corps liumain ? Parce-que ce métal eft Ie plus fixe de tous , qu’il a Ianbsp;belle couleur jaune des rayons du foleil , qu’ilnbsp;eft défigné en caraifteres chimiques par Ie fignenbsp;caraftériftique de eet aftre, eft-ce une raifon d’ennbsp;conclure que, réduit fous une forme liquidenbsp;verfé dans Ie fang , 11 Ie régénérera, 8c rendra lanbsp;jeunefte ou la fanté ? Quelle tête accoutumée anbsp;tirer des conféquences legitimes d’un principe,nbsp;en conclura parellle chofe ? Toutes les vertus denbsp;l’or potablé ne font fondées que fur des analogiesnbsp;inventées fans aucun fondement phyfique, par desnbsp;imaginations exaltées , 8c des cerveaux brülés parnbsp;Ie feu des fourneaux. C’eft tout ce qu’on peut direnbsp;de plus honnête ; car il eft probable qu’il y entrenbsp;autant d’impofture, que de crédulité ou de défautnbsp;de raifonnement.

§. III. De la Palingéné^e,

La palingénéfie eft une operation chlmique par Ie moyen de laquelle on réflTufcite , dit-on ,nbsp;une plante, un animal, de fes cendres. Ce ferolt-lanbsp;fans doute un des beaux fecrets de la phyfique SCnbsp;de la chimie. Si 1’on en croit quelques auteurs,nbsp;plufieurs fqavant^ du fiecle dernier en ont été ennbsp;poffeflion; maisquoiqu’il n’y ait aucune compa-

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raifon a faire entre 1’état aftuel de la chimle üc celui oü elle étoit au milieu du fiecle paffe, quoi-que ce beau fecret foit conligné dans divers llvres ,nbsp;il n’en eft pas moins perdu. Nous n’entrepren-drons pas de Ie rendre au monde fqavant; nousnbsp;nous bornerons a examiner les fondements furnbsp;lefquels de bonnes-gens, comme 1’abbé de Valle-mont * amp; autres, ont pu croire qu’il ait jamaisnbsp;exifté.

Si l’on en croit ce bon abbé , rien n’eft plus fimple amp; plus facile a expliquer que cela. Ennbsp;effet, dit-il d’après Ie P. Kircher, la vertu fémi-nale de chaque mixte eft renfermée dans fes fels ,nbsp;amp; ces fels, dès que la chaleur les met en mouvement , s’élevent dans la capacité du vafe. Libresnbsp;alors de s’arranger a leur gré, ils reprennent leurnbsp;difpofition primitive , ils s’alignent comme ilsnbsp;fe feroient alignés par l’effet de la vegetation,nbsp;OU comme ils l’étoient avant que Ie feu eüt toutnbsp;bouleverfé : ils forment enfin une plante ou unnbsp;fantóme de plante tout reffemblant a la plantenbsp;détruite.

Ce raifonnement eft tout-a-fait digne de celui qui a pu penfer qu’un homme qui vole la bourfenbsp;d’autrui, peut exhaler des particules différentes denbsp;celles qu’exhale 1’homme qui emporte la fierme ,nbsp;amp; peut par-la faire tourner la baguette dlvina-toire fur les lieux oü il a paffe ou féjourné. Nousnbsp;l’avons dit ailleurs, il faut être a pen prés imbé-cille, pour croire que la limple moralité d’une action puiffe produire des effets pbyfiques. Nousnbsp;croirions done faire tort a nos lefteurs, cjue de

Yoy^iles Curiofaés de la Végétaiion,.amp;lt;.c..

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438 Récréat. Mathémat. et Phys. tacher cle leur faire fentir Ie foible ou Ie ridiciilffnbsp;du raifonnement ci-clelTus, fok de Kircher,nbsp;de ce bon abbé. Dkcutons maintenant les faitsnbsp;c]u’il rapporte.

Le chimifte Anglois Coxes raconte, qu’ayaift tiré le fel effentiel de la fougere, 1’ayant foit difquot;nbsp;foudre, amp; enfuite ayant filtré cette folution, apresnbsp;cinq OU fix femaines de repos , il remarqua fur Isnbsp;fel qui étoit tombé au fond, une vegetation denbsp;petites fougeres.

Ayant de nléme pris de la potaflTe du Nord» il la mêla avec partie égale de fel ammoniac;nbsp;amp;; quelque temps après il vit s’élever une forêt denbsp;pins amp; d'autres arbres qn’il ne connoiffbit pas.

Enfin , Sc ceci eft plus concluant, le célebre M. Boyle, quoique fort peu favorable a la palmquot;nbsp;généfie, rapporte qu’ayant pris du vert-de-griSjnbsp;qui efl:, comme l’on fqait, le réfultat de la com'nbsp;binaifon ducuivre avec l’acide du vinaigre, il Ienbsp;fit dififoudre dans de 1’eau , qu’il fit enfuite gelefnbsp;cette eau au moyen d’un froid artificial, amp; qi’nbsp;lui arriva enfin de voir fur la furface de cettenbsp;glace , de petites figures qui repréfentoient excelquot;nbsp;lemment {exlmit^ des vignes.

Malgrécesfaits, Sc divers autres citéspar 1’abb^ de Vallemont, d’après Daniel Major, Hanneinan»nbsp;amp; divers autres , fi les partifans de la palingénéfienbsp;n’en ont pas de plus concluants , il faut avouefnbsp;qu’ils étayent leurs prétentions de foibles preuves*nbsp;II n’efi: aucun chimifte qui ne voie aftuelleme*’*nbsp;dans ces premiers faits une fimple criftallifatim^nbsp;branchue, comme l’on en produit au moyen denbsp;diverfes compofitions connues: les plus bellesnbsp;même de ces criftallifations, mal-a-propos appsquot;

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Chi MIE. nbsp;nbsp;nbsp;439

lees visitations ^ font produites par des combi-naifons de corps tirés du regne mineral, ainfi qu’on 1’a vu plus haut.

La derniere experience rapportée par Boyle , pourroit embarraller davantage : mais comme ,nbsp;parmi im grand nombre d’épreuves tentées par cenbsp;phyficien fur quantité de fels effentiels de plantes,nbsp;cette experience eft la feule qui ait réuffi, on nenbsp;peut douter que ces figures ne foient un pirr effetnbsp;du hafard ; car combien d’autres phyficiens ontnbsp;tenté la méme chofe, amp; n’ont rien vu que ce quenbsp;préfente d’ordinaire la furfaced’uneeau gelee, quinbsp;forme des ramifications, quelquefois aflez com-pofées ?

Auffi les partlfans de la palingénéfie cifent-ils des autorités plus puiftantes. Le chevalier Digbynbsp;rapporte , fur le témoignage de Quercetan , mé-decin de Henri IV, qu’un Polonois faifoit voirnbsp;douze vaifteaux de verre fceliés hermëtiquement,nbsp;qui contenoient chacun des fels différents de plantes ; qu’on n’y voyoit aü fond qu’un monceau denbsp;cendres; mais que, quand on les expofoit a unenbsp;chaleur douce amp; modérée, on voyoit naitre peunbsp;a peu la figure de la plante, d’une rofe , par exem-ple, ft le vaifiTeau contenoit les cendres d’unenbsp;rofe; enfin , que le vaifteau fe refroidiffant , Ienbsp;tout difparoiftoit peu-a-peu. liajoute que Ie perenbsp;Kircber lui avoit affuré avoir fait la même expé-rience , amp; lui avoit communiqué le fecret, maisnbsp;qu’il n’avoit cependant pu réufTir. L’hiftoire de cenbsp;Polonois eft aufti rapportée par divers autrcs auteurs, comme Bary dans fa Phyjique fG\xy de lxnbsp;Brofte dans fon livre de la Nature des Plantes.

Enfin le P. Kireher nous dit lui-même dans fon Ars Magnetica.^ qu’il avoit une fiole a long

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44© Récréat. Mathémat. et Phys. col , fcellee hermétiquement , amp; dans laqueH*nbsp;étoient contenues les cendres d’une plante qunbsp;relTufcitoii quand il vouloit, au moyen de la cha-leur; qu’il fir voir ce prodigea la reinenbsp;qui y prit un fingulier plaifir; mais que lanbsp;Ie priva de cette curiofité précieufe, qu’il avoi^nbsp;©ubliée un jour d’hiver fur fa fenêtre. Le P. Schpttnbsp;dit aufii avoir vu ce miracle chimique : c’étoit fnbsp;felon lui, une rofe qui renaiffoit de fes cendreS'nbsp;II ajoute qu’un prince ayant preïïe Kircher de lii*nbsp;en faire une pareille, il aima mieux lui céder 1^nbsp;£enne que de recommencer.

En efFet, il faudroit une patience extreme poR*^ tenter amp; fuivre le procédé enfeigné par le P*nbsp;Kircher, tant il eft long amp; minutieux, Le P*nbsp;Schott le rapporte tout au long dans fon livrenbsp;intitulé : Jocoferia Naturel amp; Artis, amp; il l’appellenbsp;le feeree imperial, parceque l’empereur Ferdi'nbsp;nand l’acheta d’un chimifte , amp; le donna a Kir-cher. Cet empereur étoit bien heureux ; car cenbsp;fut aufli a lui que s’adrelTa Padepte c|ui avoit I®nbsp;fecret de la pierre philofophale, amp; qui lui ennbsp;donna la preuve , en tranfmuant, dit-on , de-vant lui trois livres de mercure en deux livresnbsp;amp; demie d’or.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^

Nous croyons pourtant devoir nous bomer n indiquer les endroits ou les curieux pourront re-trouver ce rare procédé ; car, indépendammeP*^nbsp;de ce que la defcription en feroit un peu longue »nbsp;rien au monde ne paroit moins fait pour réiifli’’;nbsp;Auffi Digby amp; une foule d’autres ont-ils échou®nbsp;en fuivant cette voie ; amp; il eft a croire que, cu-rieux comme ils étoient de la palingénéfie, rl^nbsp;n’ont rien oublié pour y parvenir.

Dobretensky de Négrepont a donné aufli un

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C H I M ï 1. nbsp;nbsp;nbsp;441

procédé pour la réfurreélion des plantes , qul ne paroit pas avoir été fuivi avec plus de fuccès;nbsp;du moins Ie P. Schott raconte , que Ie P. Conrad , fon confrere , ne réuffit point, amp; il foup-^onne que Dobrezensky s’étoit réfervé Ie tournbsp;de main , amp; n’avoit pas rapporté toutes les cir-conftances.

Que répondre done a ces autorités ? Le voici. Nous penfons que le médecin Polonois étoit unnbsp;charlatan. Nous enfeignerons en effet plus loinnbsp;une fauffe palingénéfie , qui, exécutée avec art amp;nbsp;dans un lieu convenable, pourroit en impofer anbsp;des gens difpofés par la crédulité a voir ce qu’onnbsp;veut leur montrer. Dobrezensky de Négrepontnbsp;étoit un fieffe impofteur : il ne faut pour s’ennbsp;convaincre, que lire Ia Technica curiofa, ou lesnbsp;Jocofcria Natum amp; Jnis du P. Schott; carilavoitnbsp;l’impudence de prétendre qu’il pouvoit arrachernbsp;Poeil a un animal, amp; le lui faire revenir en quel-ques heures , au moyen d’une liqueur que fansnbsp;doute il débitoit pour les maux d’y^ux- Hy plus,nbsp;c’eft qu’il en faifoit l’épreuve fur un coq. On peutnbsp;done croire que celui qui mentoit aufli impu-demment fur un fait, a également menti fur 1’autre.

L’autorité du P. Schott ne fera certainement pas de grand poids auprès de celui qui connoitranbsp;fes ouvrages; c’efl: la crédulité perfonnifiée.

Quant au P. Kircher , nous avouons éprouver quelque embarras a éluder fon témoignage: unnbsp;Jéfuite n’auroit certainement pas voulu mentir.nbsp;Ma is Kircher étoit un homme a imagination ar-dente; pafiionné pour tout ce qui étoit finguliernbsp;amp; extraordinaire; extrêmement porté a croire aunbsp;merveilleux. De quoi n’efl: pas capable un hommenbsp;doué de ce caraélere ? II croit fouvent voir quand ^


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442- ï^iCRÉAT. Mathémat, et Phys. ii ne voit rien; il ne ment pas aux autres, paree-qu’il fe ment a lui-même Ie premier.

Quelques palingénéfiftes ont été bien plus loin ï ils ont prétendu qu’on pouvoit reffufeiter un animal de fes cendres. Le P. Schott préfente même»nbsp;dans fa Phyfica curiofa, la figure d’un moineaunbsp;ainfi reflufeité dans une bouteille. Gaffarel, dansnbsp;fes Curiojités inoiiies , ne manque pas d’y croire »nbsp;amp; même il en tire une preuve probable de lanbsp;poffibilité de la réfurreftion univerfelle des corps.nbsp;Toutcela n’empéche pas que ce ne foit unechr-mere plus ridicule encore que la premiere , ^nbsp;qu’il feroit même aujourd’hui ridicule de réfuternbsp;férieufement.

Enfin quel honime raifonnable croira aujourd’hui, avec le P, Kircher, que les cendres d’une plante étant femées fur la terre, il en naitra desnbsp;plantes femblables , ce qu’il dit avoir éprouvenbsp;plufieurs fois ? Qui fe perfuadera que des écre-vifles ayant été bnjlées, Sc enfuite diftillées ,nbsp;fuivant un procédé du chevalier Digby, il Ibnbsp;forme dans la liqueur de petites écrevilTes, grof-fes comme des grains de millet , qu’il fa^^nbsp;nourrir avec du fang de boeuf, Sc qu’on peut enfuite abandonner a elles-mêmes dans un ruilTeau ?nbsp;C’eft-la cependant ce que ce chevalier Angloi*nbsp;raconte comme l’ayant éprouve. Sans doute onnbsp;ne peut le laver de la tache d’impofture, qu'eonbsp;difant qu’il a été induit 'en erreur par quelqucnbsp;circonftance. D’ailleurs il eft conftant que le chevalier Dygby, avec beaucoup de zele Sc de con-noiffances, avoit une propenfion finguliere pournbsp;toutes les vifions de la phyfique occulte Sc fp^'nbsp;gyrique. C’étoit même, je penfe, un de ces fou»nbsp;connus fous le nom de Rofecroix.

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C H I M ï E.

Efptu de Paüngénéjie illufoire.

Nous avons annoncé plus haut une forte de tour de fubtilité, au inoyen duquel on pourroitnbsp;perfuader a des gens crédules la réalité de la pa-lingénéfie ; nous allons acquitter notre promefle.

Ayez un bocal double , de grandeur médiocre, c’eft-a-dire que ce vafe foit formé de deux bo-caux placés l’un dans 1’autre, enforte qu’il reftenbsp;entre deux un intervaüe d’une ligne feulementnbsp;d’épaiffeur. Ce vafe doit étre reconvert d’un cou-vercle opaque , amp; tellement difpofé , qu’en Ienbsp;tournant dans un ferts ou dans 1’autre , cela rap-proche ou éloigne Ie bocal intérieur du fond denbsp;i’extérieur. D ans Ie bocal intérieur, amp; fur unenbsp;bafe repréfentant un monceau de cendres, foit pla-céeune tige derofe artificielle. Enfin , dansl’inter-valle entre les deux parois des bocaux , foit mifênbsp;d’abord une certaine quantité de cendres, ou denbsp;quelque matiere folide leur reffemblant, amp; que Ienbsp;furplus foit reinpli d’une matiere compofée d’unenbsp;partie de cire blanche, douze parties de faindoux,nbsp;amp; une OU deux d’huile de lin bien claire, Cettenbsp;cire compofée , quand elle fera froide , voüeranbsp;entiérement 1’intérieur du; bocal; mals lorfqu’onnbsp;Ie mettra fur Ie feu avec précaution , elle fe fou-dra, amp; l’on pourra , en remnant Ie couverclenbsp;fous prétexte de hater l’opération, la faire coulernbsp;dans Ie fond du bocal extérieur. On verra donenbsp;alors la rofe dans 1’intérieur. Les bonnes-gens ,nbsp;qu’on ne laiffera pas trop approcher, crieront aunbsp;miracle ! Quand Ie charlatan voudra faire dlfpa-roitre la rofe, il retirera Ie bocal du feu , amp; parnbsp;vin nouveau tour de main , il fera refluer la cire

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444 Récréat. Mat'hémat. et Phys. fondue amp; demi-tranfparente, dans l’épaiffeur me'nbsp;nagée entre les deux bocaux ; cette cire fenbsp;de nouveau , amp; interceptera la vue de la rofe.nbsp;alTaifonnant tout ce petit fpeftacle des parolennbsp;convenables , d étourdira les fpeftateurs béne-voles , amp;c ds fe retireront dans la perfuafion d’ïquot;nbsp;voir vu exécuter devant eux la chofe la plus cu-rieufe de la phyfique 5c de la chimie réunies.

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DES PhOSPHORES.

SUPPLÉMENT.

Des Phosphores, tant naturels qu artificiels 1.

UN E des matieres les plus intéreffantes de Ia phyfique, eft celle des phofphores; 'car c’eftnbsp;un fpe^iacle alTez étrange , amp; bien digne de Ianbsp;curiofité, que de voir des corps abfolument froidsnbsp;jeter une lumiere plus ou moins vive ; d’autresnbsp;s’allumer d’eux-mémes, fans rappllcation d’aucunnbsp;feu. Quelle ame fufceptible de quelque goutnbsp;pour l’étude de la nature , peut fe défendre d’étrenbsp;frappée d’étonnement k la vue de pareils phéno-menes ?

Ces phénomenes font d’autant plus étranges, que jufqu’a prétènt la phyfique n’a fait que bal-butier , lorfqu’on a tenté d’en donner l’explica-tion. Nous en exceptons néanmoins les phofphores


1

L’auteur du Traité des Phofphores, qui fait partie du rV' Tomé des anciennes Recreations Mathématiques, 8cnbsp;que nous avons reconnu a quelques paffages être Ie cré-dule amp; bavard abbé de Vallemont, a trouvé Ie moyennbsp;d’en faire un affez gros volume ; mais ce n’eft qu’a l’aidenbsp;de répétitions perpétuelles, d ecarts de fon fujet, denbsp;fables abfurdes dont a peine il doute ; de citations d’au-teurs faites routes au long, l’un n’eut-il fait que copiernbsp;l’autre mot a mot. Si malheureufement il eüt connu centnbsp;auteurs parlant des mouches luifantes, il eüt fait de cenbsp;thapitre un volume in-folio. Je ne crois pas que jamaisnbsp;«tortel doué de quelque goüt ait pu foutenir la leüurenbsp;d’un pareil fatras.

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44lt;^ Récréat, Mathémat. et Phys,

artificiels, fur lefquels on dit des chofes fort probables , Sc fondées fur des caufes chimiques blen démontrées. Mais a l’égard des phofphores naturels , il n’a encore été dit rien de fatisfaifanf.nbsp;Leur explication tient fans doute a une connoifquot;nbsp;/ance plus profonde de la nature du feu Sc de lanbsp;lumiere.

II y a des phofphores naturels , il y en a qtó font Ie produit de 1’art, Sc fur-tout de la chimie ;nbsp;ce qui nous fournit une divifion naturelle de cenbsp;Supplément. Nous allons coinmencer par les phofquot;nbsp;phores naturels.

SECTION PREMIERE.

Des Phofphores naturels.

§. I. Dt la Mer lumlmufc.

QUoique depuis bien des fiecles les navi-gateurs aient du s’appercevoir de ce phe-nomene ^ car il eft commun ^ toutes les mers, amp;£ il n’eft prefque aucun climat qui ne Ie préfentenbsp;en certaines circonflances, il ne paroit cependantnbsp;pas qu’on y ait fait grande attention jufqu’a cesnbsp;derniers temps. La plupart des marins étoientnbsp;dans la perfuafion que cette lumiere n’étoit qu'unenbsp;reflexion de celle des étoiles, ou de celle du vaif'nbsp;feau même; d’autres, la regardant comme unSnbsp;vraie lumiere , 1’imputoient au choc des foufrCSnbsp;amp; des fels; Sc , contents de cette explication vague , ils daignoient a peine faire attentionnbsp;phénomene.


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DES PhOSPHORES.

Ce phénomene étoit cependant bien digne d’etre approfondi, amp; préfente des circonftances tout-a-fait reinarquables. Nous 1’allons expofer tel que nous 1’avons vu dans une traverfée d’Europe a lanbsp;cóte de la Guyane , en 1764.

Je ne me rappelle pas que nous aylons vu Ia mer lumineufe avant notre arrivée enne les tro-piques; mais a cette époque, amp; quelques femai-nes avant notre arrivée aux atterrages , je remar-quai prefque conftaminent que Ie fillage du vaif-feau étoit parfemé d’une multitude d’étincellesnbsp;lumineufes, amp; d’autant plus lumineufes que l’obf-curité étoit plus parfaite ; l’eau enfin qui choquoitnbsp;Ie gouvernail en étoit toute brillante ; amp; cette lu-miere s’étendolt , en diminuant infenfiblement ,nbsp;fut tout Ie fillage. Je remarquai aulfi que fi quelquenbsp;manoeuvre trempoit dans l’eau , elle produifoit Ienbsp;même efFet,

Mais ce fut prés des atterrages que Ie fpeftade fe montra dans toute fa beauté. II foiifHoit unnbsp;petit frats , amp;c toute la mer étoit couverte de pe-tites lames , qui fe brifoient après avoir roulénbsp;quelque temps. La brifure étoit éclatante de lu-miere ; cnforte que toute la mer, tant que la vuenbsp;pouvoit s’étendre, paroiffoit couverte d’un feu quinbsp;s’allumoit amp; s’éteignoit alternativement. Ce feunbsp;avoitdans la haute mer, c’eft-a-dire a 50 ou óonbsp;lieues des cótes de l’Amérlque , un ton rougeatre.nbsp;Je fais cette remarque , parceque je ne fqache pasnbsp;que perfonne ait encore obfervé uri phénomenenbsp;que je vais décrire.

Ldrfque nous fumes dans les eaux vertes *, Ie


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448 RÉCRÉAT. MATHÉMAt. ET PHYS. fpedtacle changea. Le meme petit frdis cofiti”’nbsp;nuoit; mais la nuit que nous voguames , failantnbsp;petites voiles, entre le 3® amp; le 4® degré de latitude nord , le feu que )’ai décrit plus haut ptlfnbsp;un ton tout-a-fait blanc , amp; femblable a la lumierenbsp;de la lune, qui du refte n’étoit pas fur l’horizon*nbsp;Le deffus des petites lames dont toute la furface denbsp;la mer étoit crifpée, paroiflbit comme un drapnbsp;d’argent, au lieu que la nuit précédente il reflerii'nbsp;bloit a un drap d’or rougeatre. Je ne puis expri'nbsp;mer combien ce fpeftacle m’amufa amp; m’inte-refla.

La nuit fuivante je le vis encore plus beau» mais plus effrayant par les circonftances ou je menbsp;trouvois. Le vaifleau avoit mouillé affez loinnbsp;terre , en attendant , pour entrer au port denbsp;Cayenne, la nouvelle lune qui étoit prochaine*nbsp;Je me mis fur le foir clans le canot, avec quelqueSnbsp;autres paffagers preffés de coucher a terre. A peinenbsp;fumes-nous a une lieue du vaiffeau, qiie nousnbsp;entrames dans un parage d’autant plus houleux»nbsp;que la mer montoit aidée d’un vent de fud-ennbsp;alTez frais. Bientót nous vimes des lames épou-vantables qui, en fe déployant a notre arriere»nbsp;venoient fondre fur nous. Mais quel fpeélacle, n

c’ell a-dire a 20 011 2^ lieues de la cote de la Guyana» cette eau change tout-a-coup de couleur , amp; eft d’vu*nbsp;beau vert. On reconnoit a cela qu’on eft pres de terre-Ce changement eft probablement caufe par les eaux va-feufes amp; jaunatres de !a riviere des Amazones; car oi*nbsp;f^ait que le bleu amp; le jaune forment du vert, Mais un®nbsp;circonftance remarquable, c’eft que ce chanlt;zenient eynbsp;abfolument tranché ; il ne fe fait point par degrd^, ms'*nbsp;tout-a-coup, amp; dans un intervalle qui, jiigé^de deftult;nbsp;le pont, ne me parut pas avoir un pied de largeur.

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449

DES 'PhOSPHORES.

nous n’euffions pas été en danger! Qu’on fe figure un rouleau de drap d’argent d’un quart de lieuenbsp;de largeur, développé avec rapidité, amp; tout éclatant de luiniere: ttl ëtoit 1’effet de ces lames, dontnbsp;heureufement deux ou trois feulement nous attei-gnirent avant que de bril’er. Cela fut fort heureuxnbsp;pour nous, car elies nous lailTerent a moitié pleinsnbsp;d’eau; amp; une de plus, en me rendant la proienbsp;des requins, m’eut certainement affranchl de lanbsp;peine de refondre le bon iM. Ozanam.

II n’eft prefque point de mers ou 1’on n’obferve quelquefois le phénomene de cette lumiere ; maisnbsp;il y a des parages oii elle eft beaucoup plus lumi-neufe que dans d’autres. En general,elle I’eft plusnbsp;dans les pays chauds amp; entre les tropiques qu’ail-leurs: elle I’eft fingulierement fur les cotes de lanbsp;Guyane ; aux environs des ifles du Cap-Verd ;nbsp;prés des ifles Maldives amp; de la cote de Malabar ,nbsp;, fuivant I’obfervation de M. Godeheu de Ri-ville, elle prefente un fpedtacle foi;t reflfemblantnbsp;a celui que nous avons decrit.

Un phénomene fi furprenant devoir exciter I’attention des phyficiens ; mais, jufqu’a ces der-niers temps, on s’étoit borne a des explicationsnbsp;vagues ; on mettoit en jeu des foufres , des nitres,nbsp;dont il n’y a pas un atome dans la mer; amp; Tonnbsp;croyoit avoir bien raifonné.

M. Vianelli, phyficien Italien , eft le premier, a ce qu’il nous paroit, qui ait cherche, a Taide denbsp;I’obfervation, a démêler la caufe de cette lumiere ; amp; cela I’a conduit a une découverte fortnbsp;étrange. Remarquant que 1’eau de la mer brilloitnbsp;beaucoup prés de Chioggia, amp; que la lumierenbsp;étoit concentrée dans de petits points brillants , ilnbsp;Cut I’idee de les examiner au microfcope; 5c il

Tomt If^. nbsp;nbsp;nbsp;F f

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450 RiCRÉAT. Matiiémat, et Phys. découvrit que ces points lumineux étoient denbsp;petits infeftes reflemblants a des vers, ou plutótnbsp;a des chenilles compofées de douze articulations;nbsp;qu’a la difference de nos vers luifants , ils brillentnbsp;dans toute 1’étendue de leur corps ; que quand Üsnbsp;font dans un repos parfait leur lumiere ceffe , maisnbsp;qu’elle reparoit quand ils s’agitent. Ceci expHqu^nbsp;pourquoi les coups de rame, Ie choc de l’eaunbsp;contre Ie gouvernail , Ie brifement des vagues ¦,nbsp;font étliiceler ces parties, fans que Ie furplus denbsp;1’eau foit rendu lumineux, Ces obfervations ontnbsp;été confirmees par M. l’abbé Nollet , qui fit pennbsp;de temps après Ie voyage de 1’Italie,

II paroit cependant que l’infetle lumineux qiquot; fait briller les eaux de la mer, n’ell: pas par-tout Ienbsp;même, M. Godeheu de Riville , obfervant cesnbsp;points lumineux dans la mer de 1’Inde , entre lesnbsp;Maldives Sc la c6te de Malabar , a vu un infedlenbsp;tout différent des vers a douze anneaux de M.nbsp;Vianelli. Cet infefte reffemble affez a celui qu’onnbsp;appelle la pua d\au; amp;c il eft renfermé entrenbsp;deux coquilles tranfparentes, qui repréfentent affe^nbsp;bien la forme d’un rein entr’ouvert. Le fiége de lanbsp;liqueur lumineufe paroit être une efpece de grappdnbsp;de petits grains ronds , qui, lorfqu’on preffe l’»t-fefte, rendent une liqueur lumineufe : elle Ce mélenbsp;alors a l’eau ; amp; comme elle eft d une nature hui'nbsp;leufe, elle s’y raffemble en forme de petits glo'nbsp;bules éclatants, ou de petites gouttes rondes, fn^nbsp;la furface. Apparemment 1’infefte n’eft determinenbsp;a dacher cette liqueur phofphorique , que par 1®nbsp;choc amp; l’agifation, ou dans certaines autres ótquot;nbsp;conftances; amp; voila pourquoi la mer n’eft lurni'nbsp;neufe que quand elle eft agitée , amp; dans certain®nbsp;temps beaucoup plus que dans d’autres.


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DES PhosPHORES. nbsp;nbsp;nbsp;451

les Mémoires des Scjavants étrangers , Tome III.

M. Rlgault a vu dans les mers entre TEuropé amp;l’A mérique, iin autre infeéie qui n’eft ni Ie vernbsp;de M. Vianelli, ni la puce d’eau de M. Godeheu ,nbsp;maïs nne efpece de polype prefque fphérique, anbsp;un bras leulement.

Enfin M. Leroy, médecin de Montpellier, n’a vu ni ver, ni puce d’eau, ni polype, mais feule-ment des globules d’une roatiere phofphorique, furnbsp;lefqucls il a fait diverfes experiences pour reconnoitre quelle civconftance leur rendoit leur lu-miere , amp; quelle autre la leur failoit perdre. II ennbsp;elt conduit a conclure que, cjuoique MM. Vianelli,nbsp;amp;c. aient legitimement attribue la lumiere de lanbsp;mer a des infeftes, ou a une liqueur qu’ils portentnbsp;en eux qu’ils repandent , cette caufe. n’efl: pasnbsp;unique; mais qu’elle peut être due auffi a une ma-tiere phofphorique qui fe trouve dans I’eau cle lanbsp;mer , amp; qui s’y èngendre par une combinaifonnbsp;particuliere de principes qui y font repandus ; quenbsp;cette matiere ne luit pas tbujours, mais devient lu-mineufe par diverfes caufes, coinme le choc desnbsp;particules d’eau les lines contre les autres^, le con-tacf dé fair , le mélange avec certaines liqueursanbsp;les Mém. des Sqav. étrang. Tome III.

§. II. Dz qmlquis InfeBzs lumineiix.

Si ces êtres que nous foulons fouvent aux pleds, tlennent dans le regne animal une place bten petite, nous dirions même méprlfable , la nature,nbsp;qui femble tout compenfer, a donne aplufieurs clesnbsp;proprlétés bien extraordinaires, amp; que ies plusnbsp;gros animaux pourroienr leur envier; telle eft cellenbsp;de la lumiere , dont plufteurs font doués. Je nsnbsp;ccnnois en effet aucun gros animal qui en jouifte

F f ij

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451 Récrêat, Mathémat. et Phys. pendant qu’il eft vivant; mais ii y a plufieurs m-feftes qui jettent de la liimiere , amp; il paroit quenbsp;c’eft a leur gré- A quoi leur fert cette lumier^ *nbsp;comment eft-elle produite ? Voila des problems®nbsp;que nous n’entreprendrons pas de réfoudre ; nousnbsp;nous bornerons a des faits.

I. Du Vir luifant dc notre pays,

IJj!

II n’eft perfonne qui ne connoilTe ce petit in' fefte ; car il n’efl; perfonne qui, fe promenant dansnbsp;une belle nuit d’été a la campagne, n’ait été frappsnbsp;de cette petite lumiere qu’on apperi^oit alTez lts-quemment au bas des buiffons.

Le ver luifant, appelé lampyrls par les Grecs» cicmdula par les Latins , eft un infefte qui n’a riegt;^nbsp;de remafquable a Textérieur ; il reflemble aflez ^nbsp;la cloporte, finon qu’il eft beaucoup plus petitnbsp;beaucoup moins large a proportion : ce n’eft qvisnbsp;par le dernier anneau oü eft fitué 1’anus, qu’il jettenbsp;la lumiere qui Ie diftingue des autres animaux dsnbsp;cette claffe. Cette lumiere eft d’un pale verdatre '1nbsp;amp; l’animal la montre ou la cache a fon gré. Cnnbsp;foupqonne que c’eft par cette lumiere que ce veffnbsp;qui eft , dit-on , toujours la femelle , attire fn**nbsp;male, qui eft ailé, amp; qui ne brille point, A lanbsp;rité , ceci eft un peu conjeélural; amp; M. de Gesr»nbsp;celebre naturalifte Suédois, contefte, d’après qu^l'nbsp;ques obfervations, la réalité de cette conjefture.

Un infefle auffi fingulier méritoit fans douts d’être chanté par les poétes; auffi l’a-t-il éténbsp;le célebre évêque d’Avranches, M. Huet, dans n’’nbsp;poëme intitulé Lampyris, qui eft fort eftim*nbsp;ceux qui aiment la poélïe latine; il comment®nbsp;ainft;

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DES Phosphor ES. 45:3

Quiz nova per ccecas fplmdcfdt jldlula nodes Sepibus in nojlris ? an ah a there lapfa ferenonbsp;AJlra cadunt, tacitis an cap'tant frigora Jilvis?nbsp;Si quando ardentis coeperunt tcedia cczli.

Non ltd, fed duris frufrd exercita matris Imperiis, femes lufrat Lampyris opacos ,

Si forti amiffum pofft reperire rnonik,

II feint dans la fuite du poeme, que la nymphe Lampyris, ayant perdu fon collier , eft chafleenbsp;par fa mere, amp; que, aidée d’une lanterne, elle lenbsp;cherche dans les bois. Tout cela paroiflbit charmant dans le fiecle pafte ; je ne fqais ft celui-cinbsp;en jugera de même , ni lequel des deux aura tort.

a.

De la Mouche luifante des pays chauds.

Tel eft rinfefte lumineux de nos climats; niais les pays plus tempérés ont été davantage favo-rifes par la nature. Leurs vers luifants font ailes:nbsp;on les rencontre en Italië prefque apfès avoir fran-chi les Alpes; amp; ils font plus fréquents, a mefurenbsp;qu’on approche des parties de 1’Italie les plus mé-ridionales. C’eft un Ipeflacle des plus curieux quenbsp;celui qu’ils prefentent dans une belle nuit d’été tnbsp;on les voit en effet voltiger de tons cotes dans I’obf-curité ; on ne peut faire un pas dans une prairie,nbsp;fans voir ces petits animaux partir de cote amp; d’au-tre , amp; tracer leur route par un fillon de lumiere.nbsp;Je n’ai pas joui de ce fpeftacle en Italië, mais jenbsp;I’ai vu dans I’Amerique méridionale.

II paroit au refte que I’infefte volant amp; luifant de ritalie amp; de I’Amerique, eft tout différent dut

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4^4 RÉCRÉA.T. MATHÉMAT. ET PhYS. ver luifant inême male de notre cliraat. J’avotienbsp;Ti’y avoir pas donné pendant mon féjour en Awe-rique une attention fiiffifante; j’étois occupé denbsp;1'oins bien plus embarralTants amp; plus intéreffants:nbsp;mais ce qu’il y a de certain , c’eft que eet infeftenbsp;ne brille que quand ii vole. Apparemment la partienbsp;de fon corps qpi eft brillante , eft cachée par fonbsp;ailes OU fes fourreaux, pendant qu’elles font appl'quot;nbsp;quées fur fon corps. Je n’ai trouvé nulle part unenbsp;bonne defcription de eet infefte reinarquable. IInbsp;tient beaucoup de la forme d’une mouebe.

On fent aifément que ces infeöes lumineux ont dü donner a quelques hommes l’efpérance d’en former un phofphore perpétuel. On a fait bien desnbsp;épreuves pour eet effet; mais quoique , 1’animalnbsp;étant coupé en deux, fa partie poftérieure confervenbsp;encore t[uelque temps de la lumiere , elle s’éteintnbsp;peu a peu ; amp;c tons les efforts tentés jufqu’a pré-fent pour la conferver, ont été inutiles. II eft vrainbsp;que quelques auteurs ont donné des recettes pournbsp;parvenir a eet objet; mais c’étoient ou 'des gensnbsp;trompés ou des charlatans: 11 eft conftant que leursnbsp;prétendus procédés ne réuffilTent point.

3. I?u Cucuyo de VAmèrique.

Voici encore une richefte en ce genre que pof-fede l’Amérique; c’eft Ie Cucuyo. Les Caraibes ont donné ce nom a un aflez gros Scarabée qu’onnbsp;trouve dans lesiles du golfe du Mexique, amp; dansnbsp;Ie Mexique méme: fa lumiere réfide dans fes yeux ^nbsp;amp; dans deux parties de fon corps qui font recou-vertes paries fourreaux de fes ailes. On pretend quenbsp;cinq ou fix de ces Scarabées fuffifent pour donnernbsp;U lumiere néceflaire pour fe conduite dans 1’obf-

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DES PhOSPHORES.

curité la plus profonde ; que les naturels du pays les attachent enfemble vivants, amp; s’en font, parnbsp;cette raifon, des efpeces de colliers pour fe gui-der a travers les bois ; amp; qu’ils les einploient enfin dans leurs cafes pour s’éclairer dans leurs tra-vaux nofturnes; ce que j’ai peine a croire.

4. Du Scarabéc de la Guyane.

Un hafard fort fingulier a fait voir en France un infefte lumineux aflez reffemblant au Cucuyo ,nbsp;peut-être Ie mêine, On avoit apporté de Cayenne,nbsp;en 1764 amp; les années fuivantes, beaucoup de boisnbsp;de marqueterie; car cette colonie en abonde, amp;,nbsp;par des raifons que je crois mal entendues, cettenbsp;richeflfe eft a peu prés perdue pour elle. Un ébé-nifte avoit acheté une bille de ce bois, amp;, en attendant 1’emploi, la confervoit chez lui. Sa femmenbsp;entendit une nuit quelque bruit comme d’un animalnbsp;qui bourdonne en vokigeant, amp; apperqut bientótnbsp;une vive lumiere attachée a fa croifée. Après quel-ques moments de frayeur,elle y courut, amp; trouvanbsp;un infefte du genre des Coleopteres, ( ou infeftesnbsp;dont les ailes font recouvertes par des £ourreau:i,)nbsp;ui jetoit par la partie poftérieure de fon corps un

I nbsp;nbsp;nbsp;vif éclat, que foute la chambre en étoit éclairée..nbsp;L’infeéfe fut enfuite donné a M. Fougeroux , quinbsp;en a configné la defcriptaon amp; 1’hiftoire dans lesnbsp;Mémoires de 1’Académie, année 1766.

II y a grande apparence, ou, pour mieux dire ,

II nbsp;nbsp;nbsp;eft certain que 1’animal étoit venu dans la billenbsp;de bois, en état de nymphe , oü elle étoit cachéenbsp;dans quelque trou : Ie temps de fon développementnbsp;étant arrivé, 1’animal eft forti de fa retraite , amp; anbsp;paru fous la forme de Scarabée.

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456 Récréat, Mathémat. et Phys.

Si ce n’eft pas Ie Cucuyo des iles de 1’Américjue OU de la Nouvelle-Erpagne, c’efl: un quatrieme in-fefte qui jouit de la propriété de jeter de la lumiere.

III. De quelqucs autres Corps phofphoriques.

Nous allons parcourir ici briévement un grand nombre d’autres corps phofphoriques.

1. Lts Yeux de divers animaux,

La nature a deftiné plufieurs animaux a chercher leur pature pendant la nuit; tels font, parmi lesnbsp;quadrupedes, Ie tigre, Ie chat qui n’efl: qu’un tigrenbsp;nain , Ie loup , Ie renard, Sfc ; amp; parmi les oi'nbsp;feaux , la chouette, Ie chat-huant, amp;c. II leur fal-loit un flambeau pour les conduire ; elle Ie leur anbsp;donné dans leurs yeux , car ils font éclatants de lu-iniere; amp; c’eft fans doute au moyen de cette lu-miere qu’ils fe conduifent dans l’obfcurité. Commenbsp;ils ont la rétine extrêmemertt fenfible, la lumierenbsp;de leurs yeux éclaire les objets fuffifamment pournbsp;eux : ajoutez a cela que la nature les a favorifesnbsp;d’une très-grande ouverture de prunelle, ce qmnbsp;multiplie la quantité de lumiere qui aborde a leurnbsp;rétine. Telle eft probablement Ie mécanifme pafnbsp;lequel ces animaux voient pendant la nuit; l’ex-trême fenfibilité de leur rétine leur rend Ie journbsp;incommode, amp; même en aveugle quelques-uns*nbsp;II eft a remarqner que ces animaux paroilTetitnbsp;être les maitres de rendre leurs yeux lumineux.nbsp;vu fouvent fans lumiere ceux d’un chat que j’avois ^nbsp;d’autres fois ils étoient comme un charbon ardent-Le chien n’eft pas entiéremcnt dépourvu de cettenbsp;propriété ; j’ai vu plufieurs fois étinceler les yeu*nbsp;de eet animal.

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DES Phosphores; 457

Enfin Ton pretend qu’il y a des hommes qui jouifTent de cette propriété : on dit que Tibere ynbsp;voyoit pendant la nuit; 8c 1’on raconte la mémenbsp;chofe de quelques autres. Le plus fingulier exem-ple de cette faculte , eft celui d’un folitaire qui,nbsp;au rapport de Mofchus dans fon Pré fpiritud, n’a-voit jamais eu befoin de lampe pour fies travaux amp;nbsp;fes leftures nofturnes. Qiiis credet hcec ! Je croisnbsp;que ceux qui ajouteront foi au recit de cet agio-graphe, ne font pas éloignés de mériter d’etre misnbsp;dans un pré, cum ajinis amp; jumtntis.

2. Lc Diamant de Clayton,

Ce diamant a eu une grande célébrité, amp;, s’il n’etoit pas un des plus beaux de fon efpece , celanbsp;etoit bien rachete par la propriété unique dont ilnbsp;jouifldit. II fuffifoit en effet de le frotter dans I’obf-curité contre quelque etoffe feche , ou contre fesnbsp;doigts, Sc il brilloit alors d’une lumiere foible amp;nbsp;blanchatre. Le célebre Boyle a fait un affez grandnbsp;nombre d’obfervations fur ce diamant, dont il ren-dit compte a la Société royale de Londres en 1668,nbsp;amp; il ne fait aucune difficulté de 1’appeler une pierrenbsp;précieufe unique en fon efpece, gemma fui generisnbsp;unica; car du moins alors on ne connoiftbit aucune autre pierre qui fut douee de cette propriété :nbsp;i’ai neanmoins oui dire que, depuis ce temps, onnbsp;a trouvé d’autres diamants que le frottement ren-doit brillants dans les ténebres. Ce diamant fingulier fut acquis par le roi d’Angleterre Charles IL

C’eft ici le lieu de dire un mot de I’efcarboucle, pretendue pierre brillante dans l’obfcurité; maisnbsp;nous n’en parlons que pour dire que cette propriété de I’efcarboucle eft abfolument fabuleufe :


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458 Récréat, Mathémat, et Phys. l’efcarboucle efl: un rubis , maïs aucun rublsnbsp;autre plerre précieufe ne luit dans 1’obfcurite inbsp;enfin ce n’efl: la qu’une fable populaire.

Remarquons encore ici que cette lumiere pas proprement phofphorique , mais du genre desnbsp;iumieres éleftriques. Le diamant efl en effet fufcep'nbsp;tible de devenir éleftrique par le frotteinent; il ennbsp;eft de même de la lümiere que rendent le fuctenbsp;quand on le rape, amp; divers autres corps frottés.

3. Le Bols pourri.

Iln’efl pas rare de trouver dans les forêts des morceaux de bois pourri qui jettent une lumierenbsp;afifez vive , amp; d’un blanc tirant fur le bleu ; il eftnbsp;même arrivé plus d’une fois que ce phénomene anbsp;caufé de grandes frayeurs.

Malheureufement tout bois pourri n’eft pas pbof* phorique, Sc l’on ignore ce qui le rend tel.

Du refie, on doit ranger au nombre de fables puériles ce que raconte Jofepbe d’une plante lurai-neufe dans l’obfcurité , appelée Baaras , qu’on nenbsp;peut arracher fans danger de mourir peu a prés;nbsp;mais on attache , dit-il, un chien a la plante déjanbsp;prefque déracinée, Sc l’animal, en cberchant a re-joindre fon maitre, finit de l’arracher. Peut-onnbsp;abufer ainfi de la crédulité de l’efpece humaine !

On dolt fans doute mettre au même rang ce que Pline rapporte d’une autre plante, appelée NiBj-gretum, qui croit, dit-il, dans la Gédrofie, Sc qui»nbsp;arrachée avec fa racine Sc féchée aux rayons denbsp;la lune pendant un mois, deviqnt lumineufe denbsp;nuit. Cela n’eft pas abfolument impoffible ; maisnbsp;cette plante feroit probablement connüe de nos na-turaliftes, ainfi que VAglao-phytis^ Sela Lunairet

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DES P HO SP. HO RES. nbsp;nbsp;nbsp;455

a qui , fur les témoignages d’Elien, on attribue la même propriété. On peut, quand un fait eft ra-conté par Elien, parier cent contre un que c’eftnbsp;line fable.

4. Les Vers des Huitres.

On doit a un M. de la Voye la remarque de ce phofpbore naturel, dont il donna avis a M. Auzoutnbsp;en 1666.

II s’engendre fouvent dans les huitres de petits vers oblongs qui brillent dans l’obfciirité. Suivantnbsp;la defcription qu’il en fait, les uns font gros commenbsp;un petit fer d’aiguillette , amp; longs de cinq a fix li-gnes; les autres feulement comme une grolTe épin-gle , amp; de trois lignes de longueur; les autres enfin beaucoup plus petits. II en a auffi trouvé de troisnbsp;efpeces; la premiere, avec des jambes au nombrenbsp;de vingt-cinq environ de chaque core. La fecondenbsp;eft de vers rouges, amp;. femblables, a la grolTeur prés,nbsp;a nos vers luifants de terre. Ceux de la troifiemenbsp;efpece font bigarrés , amp; ont la tête comme cellenbsp;de la folie. Ils fe réfolventfacilement,amp;au moin-dre attouchement, en une matiere gluante quinbsp;conferve fa lumiere une vingtaine de fecondes.

Telles font les obfervations de M. de la Voye, avec lefquelles ne s’accordent pas entiéremerit celles de M. Auzout, qui ne vit jamais qu’une magere gluante étendue en longueur. Mais il faut ob-ferver que Ie dernier phyficien ne fit fes experiences , a ce qu’il paroit, que fur des huitres vieilles,nbsp;3ü lieu que Ie premier les fit fur des huitres très-ftaiches.

')• Les Chaïrs corrompiies.

Les chairs corrompues font auffi quelquefois fu-

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'lA

460 RéCRÉAT. Mathémat. et Phys. jettes a devenirluinineufes dans 1’obfcurité. Léme!'/nbsp;rapporte cju’en 1696, on vit a Orleans une grand®nbsp;quantité de ces chairs lumineufes; les unes TétoieR^nbsp;en totalité, les autres feulement en quelqiies point*nbsp;qui préfentoient l’apparence de petites étoiles. önnbsp;craignit d’abord d’en manger ; mais Pexpérienc®nbsp;apprit qu’il n’y avoit aucun danger , amp; Ton recon'nbsp;nut qu’elle étoit tont aulll bonne que d’autre.nbsp;remarqua que , chez quelques boitchers, la viand®nbsp;étoit prefque toute lumineufe, chez d’autresnbsp;lement en partie.

Fabrice d’Aquapendente raconte pareille cho^® d’un agneau acbeté par trois jeunes gens de Roin®;nbsp;La moitié qu’ils n’avoient pas mangée ayant et®nbsp;réfervée , amp; la nuit étant venue, ils apperqurentnbsp;que plufieurs endroits de cette viande étoient lu'nbsp;mineux : ils l’envoyerent a ce médecin , qui exaquot;nbsp;rnina avec attention ce phénomene , amp; obfervanbsp;que la chair amp; la grailTe brilloient d’une lumier®nbsp;argentine, amp; qu’un morceau de chevreau qui ynbsp;avoit touché brilloit lui-même; les doigts de ceu*nbsp;qui Ia touchoient devenoient aufli lumineux. II oh'nbsp;ferva aufli que les endroits lumineux étoient plu*nbsp;mollafies. II n’y a nul doute que ce phénomene n®nbsp;s’obfervat plus fouvent, li Ton entroit fréqueiU'nbsp;ment dans les boucheries amp; les garde-mangers rnbsp;fans aucune lumlere.

6. Divers Poijfons ou parties de PolJJons.

Mais ce font fur-tout les poiffons Sc dlverf®* de leurs parties , qui prefentent Ie plus fréquent'nbsp;ment ce phénomene.

C’eft ordinairement lorfque ces poiffons ou leut* parties approchent de la putréf^ftion, qu’ils acquit'

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DES PhOSPHORES. nbsp;nbsp;nbsp;4(5i

reut la propriété phofphorique. Leo Alldtms ra-conte dans une lettre a Forttinius Licetus, avoir éprouvé une forte de frayeur occafionnée par desnbsp;écreviffes d’eau douce , jetées dans un coin parnbsp;un valet negligent. II décrit fort au long toutenbsp;cette petite aventure , mais nous en fuppriineronsnbsp;Ie détail, pour abréger.

Les dails ou glands de mer, apparemment déja très-avancés, font fort fujets, fuivant Plinenbsp;amp; d’autres , a briller de cette maniere : ceuxnbsp;qui habitent les bords de la mer font a portée denbsp;1’éprouver.

Le fameuxThomas Bartholin a obfervé la même chofe fur des polypes qu’il dilTéquoit, (c’eft ainfinbsp;qu’il appeloit le poiffon que nous connpiflbns fousnbsp;le nom de/lt;z fecke') puifqu’il dit qu’il contient unenbsp;liqueur noire qu’on peut employer comme de l’en-cre. Cette lumiere, dit-il, s’écouloit de deflbus lanbsp;peau, amp; étoit d’autant plus abondante , que l’ani-mal approchoit davantage de la putrefaction.

Nous ne parlerons plus que de quelques experiences du dofteur Beale , inférées dans les Tranr laétions philolopbiques de 1’annee 1666. Op avoitnbsp;fait bouillir des maquereaux frais dans de 1’eau ,nbsp;avec du fel Sc des herbes : quelques jours après, lenbsp;cuifinier rémuant 1’eau pour en tirer quelques-unsnbsp;de ces poiflTons , remarqua qu’au premier mouvement , elle devint fort lumineufe, ainfi que les poif-fons qui brilloient fortement a travers cette eau ,nbsp;devenue tranfparente ; quoique vue pendant lenbsp;jour, elle parut opaque.

Les gouttes de cette eau étoient fort lumineufes; amp; par-tout oü elles tomboient, elles laifloient unénbsp;tache lujnineufe Sc large comme un denier: ceux

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46i Récréat, Mathémat. et Phys.

qui s’en frotterent les mains les avoient toutes relquot;-*

plendiffantes.

Nous nous fommes bornés a rapporter des faits; car c’eft encore tout ce qu’on peut dire fur eet ob-jet. On ne peut encore rien avancer de probable amp;nbsp;de fondé fur la caufe de cette lumiere. La matietenbsp;globuleufe de Defcartes éfoit alTez commode pou'^nbsp;expliquer ces phénomenes; car il fuffifoit de dit^nbsp;que la fermentation putrlde étant une efpecenbsp;mouvement inteftin, ce mouvement mettoit,

Ion les apparences, en aftion cette matiere glo' buleufe dans laquelle confifte la lumiere. Mat*nbsp;malheureufement cette matiere eft reconnue aU-jourd’hui pour une chimere.

Addition du Cenfeiir.

II y a quelques inexaftitudes dans ce qu’on a lu plus haut, concernant les infedles liimineux des paragraphesnbsp;I, a, 3,4, de cette Sediion. L’aiiteur paroit s’ctrenbsp;trop conné a fa mémoire qui l’a induk en erreur , amp; Ünbsp;n’a pas connu tout ce qui a été écrit fur cette matiere.nbsp;On y va fuppléer.

1. nbsp;nbsp;nbsp;Le male da ver luifant eft un infefte ailé de lanbsp;claffe des coleoptei-es, ou infefles a fourreaux. Ces four-leaux font moiis amp; flexibles. Il n’eft pas depourvu en-tiérement de la faculté lumineufe. M. Fougeroux nou*nbsp;apprend avoir pris plufieurs fois dans l’obfcurité de cesnbsp;males attirés par la lumiere de leur femelle , amp; il a ob-fervé quils en jetoient eux-mêmes peu après l’accou-plement.

2. nbsp;nbsp;nbsp;La fflouche luifante d Italië , connue vulgairementnbsp;fous le nom de litccioLa, n’eft rien moins qu’une mou-che; c’eft encore un infefte a fourreaux, amp; très-apprO'nbsp;chant du male de notre ver luifant: ce font les deux der-niers anneaux de fon corps qui font lumineux. On pour-roit d’abord -être tenté de croire que c’ell eet infeö®

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46 J

DES PhoSP ho res.

ïtième a qui la chaleur du climat donne la facu’te de bril-ler, qiie ceUii de notre pays a même en cenaines cir-conftances. Mais il y a des differences qui ne permettent pas de les confondre ; amp; ce qui paroit exclure abfolu-ment cette identité , c'eft qne dans les lieux ou Ton trouvenbsp;la lucciola, on ne trouve point le. ver luifant ordinaire ,nbsp;quoique ce dernier exifte auffi en Italië.

A regard de I’infeSe lumineux des pays chauds de PAmerlque, je n’en connois , pas plus que I’auteur, denbsp;defcription exafle.

3. Ce que Ton a lu plus haut fur I’lnfeile lumineux de Cayenne , n’eft pas entiérement exaft ; amp; I’hiftoire denbsp;fa découverte a befoin d’etre réformée. Ce fut au moisnbsp;de Septembre 1766, que deux femmes du fauxbourgnbsp;Saint-Antoine, virent cet infefte fur la brune, commanbsp;nn trait de lumiere traverfant les airs , amp; allant fe repo-fer fur une croix. Elies crurent d’abord que c’étoit unenbsp;de ces etoiles tombantes, fi communes dans les nuitsnbsp;d’été. Mais la lumiere continuant, elles allerent avertirnbsp;ceux qui habitoient la maifon centre laquelle I’animalnbsp;étoit venu fe repofer. On le prit, amp; il fut donne anbsp;M. Fougeroux pour I’examiner. Ce n’eft que par con-jeiSures qu’on dit que I’animal étoit venu de Cayenne-Mais fa comparaifon avec les infeftes de cepays-la , lefaitnbsp;reconnoitre pour habitant de ce climat ou d’un climatnbsp;voifin. Cell un coleoptere, connu fous le nom de ma-réchal, amp; dela claffe de ceux qui étant mis fur le dos,nbsp;s’élancent en 1’air comme un relTort qui fe débande; cenbsp;qui leur a fait donuer le nom é. slater. Get infeile anbsp;Un pouce amp; demi de longueur , amp; fa lumiere rèfidénbsp;dans deux protuberances, alongees qu’il porte fur la par-tie pollérieure Sf laterale du corfelet. Il en jette auflinbsp;dans cer.taines pofitions par la feparation da corps avecnbsp;le corfelet, amp; probablernent par celles des anneaux dunbsp;corps les uns avec les autres. Cette lumiere eft d’unenbsp;belle couleur verte , amp; aflez vive pour que finfeéle, misnbsp;dans un cornet de papier, ferve d’un fanal pour lire lesnbsp;carafteres les plus fins a quelques pouces de diftance.nbsp;Cet infefte exille aufti a la Jamaique , M. Brown I’a dé-crit fous le nom è'elater major fufeus phofphoricus. Il ynbsp;cn a eifeélivesnent, foit a la Jamaïque , foit a Saint-Do-

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464 Récréat. Mathémat. et Phys.

mingue, une autre efpece plus petite , amp;. auffi phofpho-rique.

4. nbsp;nbsp;nbsp;Ce que l’auteur dit du cucuyo de l’Aniérique, fi;a-voir,'qu’il jette la lumiere par les yeux amp; deux partiesnbsp;au deffcJus des fourreaux, ne paroit pas exaft. II pour-roit bien fe faire que les voyageurs non naturaliftesnbsp;qui en ont parlé, euffent mal vu.

auffi a Madagafcar un infedfe a peu pres femblable , connu fous le nom de herecherche, qui luit pendant la nuit;nbsp;Mais fa defcription m’eft inconnue.

5. nbsp;nbsp;nbsp;II y a quelques autres infe£Ies lumineux, dont l’au-teur n’a point parlé. Le porte-lanteme ou acudia, quenbsp;M. de Réaumur range dans la claffe des pro-cigales,nbsp;OU une claffe fort approchante de celle de la cigale ; lenbsp;vielkur fcarabée de Surinam ; nous n’en connoiffons, ainfinbsp;que fauteur, aucune defcription affez bien faite pour dé-terminer en quoiils different du cucuyo, amp; les uns desnbsp;autres. Telle eft encore la cigale pone - lanterne de Ianbsp;Chine, dont M. Linnaeus a donné une defcription dansnbsp;les Aamp;es de Stockholm ; mais l’animal étant mort , cenbsp;fpavant naturalifte n’a pu nous inftruire par quelle par-tie l’animal eft lumineux : il foupponne que c’eft par fanbsp;trompe, ce qui ne me paroit pas probable. 11 y a enfin

n ilf.. A nbsp;nbsp;nbsp;__Cl.... \ ^ nbsp;nbsp;nbsp;I I

6. Le diamant de Clayton a été repute pendant long-temps l’unique qui brillat dans 1’obfcurité. Mais M. Dufay a trouvé, par un grand nombre d’expériences furnbsp;quantité de diamants, que plufieurs d’entr’eux participoientnbsp;de cette propriété, fans néanmoins avoir pu decouvrirnbsp;ce qui la donnoit aux uns, amp; pourquoi les autres nenbsp;l’avoient pas. M. Beccari, phyficien célebre de Boulo'nbsp;logne , a fait dans le même temps des expériences fem*nbsp;blables, qui confirment la découverte de M. Dufay. Cenbsp;phyficien a auffr découvert que la claffe des corps phof'nbsp;phoriques eft beaucoup plus confidérable qu’on ne lenbsp;penfe vulgairement; amp; il réfulte de fes experiences, quenbsp;les corps phofphoriques qui ont frappé l’attention deSnbsp;phyficiens , ne Tont fait que parceque cette faculté f®nbsp;foutient pendant plus long-temps ; mais qu’un très-grandnbsp;nombre de corps paroiffent lumineux a un oeil plong®nbsp;dans une obfcui ité profonde, lorfqu’ils font tranfportésnbsp;fortpromptement de la lumiere dans l’ombre.

7-

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DES Phosphor ES. 465 7. Les glands de mer font éminemment doués de lanbsp;propriété phofphorique, non pas quand ils approchentnbsp;de la putréfaftion, comme on l’a dit plus haut , maisnbsp;quand ils font vivants amp; frais, au point d’etre bons anbsp;manger. Les obfervations de MM. Beccari , Monti amp;nbsp;Calcati de Boulogne, fur ces poiffons marins, font fortnbsp;anciennes; elles confirment parfaltement, amp; étendentnbsp;beaucoup ce que Pline Ie naturalifte avoit dit fur cenbsp;fujet. Voyez auffi un Mémoire deM. de Réaumur fur Ienbsp;mènae objet, Mém. de l’Acad. année 1723.

SECTION II.

Des Phofphores artijiciels.

CE que la nature produit en quelques cir-conftances , l’art, aidé de l’obfervation, eft parvenu a Fimiter dans les phofphores artificiels ;nbsp;mais avant d’expofer ces opérations curieufes , ilnbsp;faut faire une diftinftion que les chimifles amp; lesnbsp;phyficiens inodernes ont introduite, amp; qui eftnbsp;néceflaire.

On a continué d’appeler du nom Aephojphore, ces corps qui jettent de la lumiere fans chaleurnbsp;fenfible ; mais lorfqu’un corps non - feulementnbsp;jette de la lumiere , mais s’enflamme de lui-mêmenbsp;étant expofé a Fair , on lui donne Ie nom de py-Tophorc. Auffi’^on dit Ie pyrophore d’Homberg ,nbsp;pour défigner cette compofition d alun amp; de ma-tiere animale ou végétale, qui , expofée a Fair ,nbsp;prend feu. Le phofpliore d’Angleterre eft a-la-foisnbsp;phofphore .amp; pyrophore ; car, expofé a Fair ennbsp;mafte, ü brule amp; fe confuine comme le Ibufre ,nbsp;dont il eft: une efpece finguliere : mais , extrême-ment atténué, amp; mélange avec une liqueur , ilnbsp;ne fait que la rendre lumineufe fans chaleur.

Tome IV. nbsp;nbsp;nbsp;G g

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4^6 Régréat. Mathémat. et Phys.

i. Expérimcc phofphoriquc ^ ou bruler de l^ poudre a canon fans explojion,

Prenez une tuile , que vous ferez chauffer affez fortement , portez - la dans un lieu obfcur.nbsp;Pendant qu’elie fe refroidira, vous y jetterez del-fus, de temps a autre , des grains de poudre, qmnbsp;d’abord s’enflammeront. Laiffez-la davantage ftnbsp;refroidir, jürqu’a ce que la poudre ne détonnenbsp;plus. Alors vous la couvrirez de poudre. Cettenbsp;poudre, parvenue au degré de chaleur de la tuüe,nbsp;jettera dans les ténebres une lumiere foible ou unenbsp;flamme légere , qui confumera tout Ie loufre ,nbsp;fans néanmoins faire détonner Ie nitre.

On voit par-la que Ie foufre commun eft ftf' ceptible de deux combuftions ; Tune douce amp;nbsp;tranquille , qui ne fqauroit même aUumer Ie char-hon , car autrement Ie nitre détonneroit; l’autrenbsp;violente , qui brüle amp; allume les corps combuf-tibles contigus,

II. De la Pierre de Boulogne,

On donne a ce phofphore Ie noin de la pierre ke Boulogne , parceque les premiers phofphoresnbsp;de cette efpece fe faifoient avec unJt pierre qui ftnbsp;trouvoit feulement au pied du mom Paterno, présnbsp;de cette ville. Un cordonnier, nommé Vincenzonbsp;Cafciarolo , fut Ie premier qui s’apperqut de lanbsp;propriété qu’avoient ces pierres de luire dansnbsp;1’obfcurité après avoir été calcinées. II travailloitnbsp;au Grand-CEuvre ; amp; il crut, a l’afpeél du bril-lant de ces pierres, qu’elles contenoient ou desnbsp;métaux , ou un principe propte a remplir (on

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DES PhOSPHORES. objet: il les fit rougir clans im creufet. Le hafardnbsp;lui en ayant enfuite fait porter une dans un lieunbsp;obfcur, fon éclat lefrappa, amp; il publia fa dé-couverte. C’eft ainfi que le phofphore de Boulogne a été découvert. Voici comment le fontnbsp;les chimiftes modernes.

On prend une de ces pierres; amp; apfès 1’avoir dépouillée de toutes fes parties hétérogenes, on lanbsp;lime avec une grolTe lime tout a l’entour, pournbsp;avoir une certaine quantite de pouffiere. Onnbsp;trempe enfuite la pierre dans de la glaire d’oeuf,nbsp;Sc on la roule dans cette poudre, enforte qu’ellenbsp;en foit toute faupoudree juiqu’a une certaine epaifnbsp;feur. La pierre étant feche, on la place dans unnbsp;fourneau rempli de charbons, de maniere qu’ellenbsp;en foit recouverte Sc environnee. On met le feu anbsp;ce charbon; 8c quand le tout eft confumé , lanbsp;pierre eft calcinee au point défiré. On peut lanbsp;tranfporter dans un lieu obfcur, 8c on la voitnbsp;éclater d’un brillant fingulier, c[ui va pourtant ennbsp;s’affoiblilTant peu a peu, amp; qui celTe après quel-ques minutes. Mais cet éclat renait en expofantnbsp;de nouveau la pierre a la lumiere du )our pendant quelque temps. On conferve ces pierres dansnbsp;ün lieu fee , enveloppées de coton égalémentbiennbsp;fee. Elies perdent neanmoins peu a peu leur fa-culte de s’imprégner de la lumiere , mais on lanbsp;^eur rend en les faifant calciner de nouveau.

La pierre de Boulogne eft, par les obfervations qu’ont faites les naturaliftes , une de ces pierresnbsp;qu’ils connoilTent fous le nom de /path fujihle. Ilnbsp;^ntre dans leur compofition de I’acide vitriolique.nbsp;f-ela a donne lieu a M. Margraf, célebre chi-JRifte, I’idee d’eflayer fi tous les autres fpaths fufi-“^s n’etepent pas doués de la même propriété. Il

G g ij

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4^8 Récréat, Mathémat. et Phys,

a trouvé que , traités de la maniere convenable » ils devenoient tous lumineux. Voici de quellsnbsp;maniere on les prépare amp; les calcine , fuivantnbsp;fa méthode.

Après les avoir bien nettoyés des parties hétéro-genes , on les fait rougir dans un creufet, enfuit^ on les réduit en poufliere très-fine dans un mortier de verre ou de porphyre. On fait aprèsnbsp;cela, avec de la gomme adragant ou du blancnbsp;d’ceuf, amp; cette poudre , de petits gateaux d’unsnbsp;ligne d’épailTeur au plus, amp; de la grandeur qu onnbsp;veut. Enfin on les calcine de la maniere fiiivante ¦gt;nbsp;après les avoir fait deflecher a une afTez forte cha-leur.

II faut avoir un fourneau de réverbere ordinaire , qu’on remplit de charbon jufqu’aux troiS quarts de fa hauteur ; on pofe a plat les gateau^rnbsp;ci-deffus, amp; on les recouvre de charbons. Onnbsp;allume Ie fourneau; amp; quand tous les charbonsnbsp;font confumés amp; refroidis, on trouve les gateaiotnbsp;calcinés : on les prend, amp; on les nettoie de een-dres au moyen du vent d’un foufflet; on les ren-ferme comme on a dit plus haut; amp; quand.nbsp;veut faire 1’expérience, on les expofe quelqn^nbsp;temps a la lumiere, après quoi on les tranfport®nbsp;dans un lieu obfcur: i's y paroilTent brillaid*nbsp;comme des charbons ardents, fi on a Tenunbsp;dant quelques minutes les yeux fermés.

Quelle eft la caufe d’un phénomene auffi fingn' lier ? Voici ce qu’ont dit de plus probable d’h^'nbsp;biles chlmiftes.

Quand on confidere que 1’on ne fait de pho^' phore femblable qu’en brülant , au moyen rir*nbsp;charbon, des pierres qui contiennent de 1’acid®

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DES Phosphores. vitriolique 1, on eft conduit a penfer qu’il fe formenbsp;dans cette opération une efpece de foufre extre-mement combuftible, amp; dans lequel I’aftionnbsp;feule du jour ou de la lumiere eft capable de pro-duire cette combuftion lente amp; prefque fans cha-leur, dont nous avons vu que le foufre communnbsp;lui-même eft fufceptible. Cette combuftion ne fenbsp;manifefte que par la lumiere foible qu’elle repandnbsp;de même. Elle cefle par I’abfence de la caufe quinbsp;1’a produite, amp; la pierre cede d’etre lumineufe,

Parmi plufieurs raifons qui confirment cette explication , il en eft une entr’autres qui eft d’unnbsp;grand poids : c’eft que ft, après que la pierre anbsp;ceflfé de luire , Sc fans 1’expofer de nouveau anbsp;1’aftion du jour, on fe contente de la placer dansnbsp;I’obfcurite fur une plaque de fer échauffée, fansnbsp;I’etre aflTez pour jeter aucune lumiere , elle devientnbsp;aufll-tot lumineufe. On peut encore ajouter a cettenbsp;raifon , celle de 1’odeur qu’exhale la pierre denbsp;Boulogne après fa calcination ; car cette odeurnbsp;eft précifément celle du foufre. Mais , fur toutnbsp;ceci, nous invitons a confulter le Diüionnaire,nbsp;de Chimie de M. Macquer , a I’artlcle Phofphoresnbsp;p'urreux;on y trouvera des developpements denbsp;cette explication, que nous ne pouvons donner icii

§. III. Du Phofphore de Baldwin ou Baudouin,

Ce phofphore, ainft que le fuivant, a beaur coup d’affinite avec celui de la pierre de Boulornbsp;gne; car, tout comme ce dernier eft certainement

1

M. Margraf du moins le prétend, quoique M. Dufay ait dit avoir fait le phofphore de Boulogne avec desnbsp;pierres purement cakaires,'

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470 Récréat. Mathémat. et Phys.

Une combinaifon de 1’acide vitriolique avec phlogiftique, de même celui de Baldwin eftnbsp;combinailbn de 1’acide nitreux avec ce menienbsp;principe. En voici Ie procédé.

Prenez de la craie blanche trés pure , que vous diftbudrez dans de bon efprit de nitre ; après quo*nbsp;vous flltrerez la folution , amp;c vous ferez évaporernbsp;1’huinidité jufqu’a ce que Ie réfidu foit bien /ec ïnbsp;il faudra mettre enfuite ce réfidu dans un bonnbsp;creufet, de la capacité convenable amp; médiocre-inent creux; vous Ie placerez dans un fourneau denbsp;réverbere pendant une heure; enfin vous mettreznbsp;cette matiere ainfi calcinée dans une bouteillenbsp;garnie d’un bouchon de verre: vous aurez Ie phof-phore de Baldwin.

Sa propriété eft de reluire dans l’ohfcurite, comme celui de Boulogne, quand il a été expofenbsp;dans fa bouteille ouverte a la lutnlere du jour.nbsp;Mais comme il a Ie défaut d’afpirer l’humidité , ilnbsp;ne tarde pas de perdre fa propriété.

§. IV. Phofphore de M. Homherg.

Prenez une partie de fel ammoniac en poudre, amp; deux parties de chaux vive éteinte a 1’air;nbsp;inêlez-les exaftement, rempliflTez-en un creufet,nbsp;amp; mettez-le a un petit feu de fonte. Sitot que Ienbsp;creufet comiuencera a rougir, votre mélangecom-mencera a fe fondre ; mais comme il s’éleve amp; fenbsp;gonfle dans Ie creufet, vous Ie remuerez avecnbsp;une baguette de fer, de peur qu’il ne fe répande.nbsp;Auffitot que cette matiere fera fondue , verfez-lanbsp;dans un baffin de cuivre : après qu’elle fera refroi-die, elle paroitra grife amp; comme vitrifiée. Si Tonnbsp;frappe deffus avec quelque chofe de dur, comme

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DES P HO SPORES. nbsp;nbsp;nbsp;4^1,

avec du fer, du cuivre, ou autre chofe fembla-b!e , on la verra un moment en feu dans toute 1’étendue oü Ie coup aura porté. Jdais commenbsp;cette matiere eft fort caffante , on n’en fgauroitnbsp;réitérer fouvent 1’expérience. Pour y remédier,nbsp;M. Homberg s’eft avifé de tremper dans Ie creufetnbsp;oü cette matiere étoit en fonte , de petites barresnbsp;de fer amp; de cuivre , lefquelles s’en font couvertesnbsp;comme d’un émail. Sur ces barres émaiUées onnbsp;peut frapper , amp; faire cette experience commo-dément amp; plufieurs fois, avant que la matiere s’ennbsp;fep are.

II faut remarquer que 1’émail pbofphorique qui s’attache fur ces barres , s’humefte facilement anbsp;Fair; c’eft pourquoi il faut les tenir dans unnbsp;lieu fee amp; chaud ; par ce moyen , elles conferve-ront pendant alTez long-temps leur propriété.

§. V. Pkofphorc en poudre , ou de M. Canton,

Volei encore un phofphore fort analogue af celui de la pierre de Boulogne amp; a celui denbsp;Baldwin.

II faut prendre des coquilles d’huitres ordinaries , amp; les bien faire calciner , en les tenant dans un feu ordinaire pendant une demi-heure : onnbsp;achevera enfuite de les pulvérifer , amp; Ton ennbsp;prendra la poudre la plus fine , que 1’on mêleranbsp;avec un tiers de fon poids de fine fleur de foufre :nbsp;on placera ce mélange dans un creufet, qu’onnbsp;remplira iufqu’au bord, amp; qu’on tiendra pendantnbsp;une bonne demi-heure au molns au milieu desnbsp;charbons arderits, enforte qu’il folt bien rouge :nbsp;on Ie lailfera enfuite refroldir ; amp; la matiere con-tenue dans Ie creufet, étant pulvérifée encore s’Ü-

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47i Récréat, Mathémat. et Phys.

en eft befoin , fera un phofphore qii’il fuffira d’eX' pofer pendant quelques minutes a la lumiere dunbsp;jour , pour rendre une lumiere affez vive dansnbsp;l’obfcurité.

Ceui qui auront conqu la nature du pholquot; phore de Boulogne , n’auront pas de peine a voirnbsp;que ci-lui de M. Canton n’eft proprement que 1*nbsp;rnême chofe; car la pierre de Boulogne, 1^®nbsp;fpaths fufibles auxquels on a reconnu la proprietenbsp;phofphorique, ne font que des combinaifons denbsp;1’acide vitriolique avec des terres calcaires. Lenbsp;mélange du foufre avec la craie, dans Ie procédénbsp;de M. Canton , fournit eet acide vitriolique amp; 1®nbsp;phlogiftique, fans lefquels des matieres calcairesnbsp;ne peuvent devenir phofphoriques.

M. Dufay, de l’Académie royale des Sciences, étoit déja parvenu a faire des phofphores avec desnbsp;pierres calcaires combinées avec Ie phlogiftique.

VI, Du Pyrophore d’Horiibcrg,

Voici encore une invention chimique due au hafard. On avoit affuré au célebre Homberg qu’onnbsp;pouvoit tirer des excrements humains une huilenbsp;blanche amp; nullement fétide, qui avoit la propriétenbsp;de fixer Ie mercure. II travailla fur cette matiere,nbsp;amp;C il en tira en effet une huile blanche amp; fansnbsp;odeur. EUe ne fixa pas Ie mercure. Mais ayantnbsp;expofé h. 1’air Ie réfidu de fa dlftillation , il fut fortnbsp;furpris de lui voir prendre feu. Telie efl 1’originenbsp;de fon pyrophore.

On a au refte reconnu depuis, qu’il n’étoit pas néceffaire de travailler fur des matieres auffi falesnbsp;que celles dont Homberg tira fon pyrophorenbsp;pour la premiere fois. Voici Ie procédé vulgairenbsp;de cette operation : ileft fort fimple.


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DES PhOSPHORES. 475

Mêlez enfemble dans une poële de fer mife fur Ie feu, Sc avec une fpatule auffi de fer, trois parties d’alun Sc une de fucre, enforte que la ma-tiere foit parfaitement defféchée , Sc réduite ennbsp;une maffe noiratre Sc charbonneufe: s’il y a desnbsp;grumeaux un peu gros, vous les concafferez, Met-tez enfuite cette matiere dans un matras a colnbsp;étroit Sc long d’une huitaine de pouce ; placez cenbsp;matras dans un petit creufet capable d’en contenirnbsp;Ie ventre , environné de tous cotés d’un demi-pouce de fable ; vous plongerez après cela cenbsp;creufet au milieu des charbons , enforte qu’ilsnbsp;puiffent Ie faire bien rougir ainfi que Ie matras ;nbsp;vous réchaufferez par degrés, Sc enfin très-forte-ment, enforte qu’il foit rouge , Sc qu’on voie for-tir par Ie col du matras une flamme vraiment ful-fiireufe. On doit foutenir eet état du feu pendant environ un quart d’heure , enfuite laiffernbsp;éteindre Ie feu peu a peu ; Sc lorfque Ie col dunbsp;matras ne fera plus rouge , on Ie bouchera avecnbsp;un bouchon de liege , fans quoi Ie pyrophorenbsp;s,’enflammeroit,

Quand Ie tout eft bien refroidi, on verfe promp-tement Ie pyrophore dans une ou plufieurs fioles fufceptibles d’etre bien fermées, Sc on les dótnbsp;bien promptement. Quelquefois il s’enflainme ennbsp;paffant du matras dans la bouteille ; mals celanbsp;n’importe pas , car il s’éteint auffitót qu’elle eftnbsp;bouchée.

Pour faire 1’expérience du pyrophore , il faut en mettre fur !e papier environ un demi-gros. Peunbsp;après il s’enflamme , devient rouge comme lesnbsp;charbons ardents , Sc met Ie feu aux corps com-buftibles qu’il touche. On accélere I’inflammationnbsp;du pyrophore en Ie mettant fur du papier un

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l’alun fubftituer toute autre matiere qu’elle contienne de l’acide vitriolique :nbsp;feulement ce qui réxrffit Ie mieux,

§. VII. Du Phofphore ou Pyrophorc de Kunckel, autrement appeU d’Angleterre.

Voici la compofition la plus curieufe de Ia chimie moderne. Qui croiroit que de l’urine pu-tréfiée , on tirat un corps lumineux ? que dis-je Inbsp;un corps fufceptible de s’enflammer, amp; d’enflam-mer très-vivement, par fon contaft, les autresnbsp;corps combuftibles? Telle eft néanmoins I’origine,

474 K-ÉCRÉAT. MATHÉMAt. ET PhYS. peu humtde , ou en envoyant deïïus fon halein^rnbsp;11 paroit , amp; on ne peut déformais prefquenbsp;plus en douter , que eet effet eft produit de Ianbsp;maniere fuivante. Dans 1’opération du pyrophore,nbsp;il fe fait une combinaifon de l’acide vitrioliquenbsp;avec Ie phlogiftique des matieres animales ou vé-gétales brulées; mais comme 1’opération eft ennbsp;quelque forte Interrompue , il fe trouve une cer-taine quantité d’acide vitriolique prodigieulementnbsp;concentre amp; a nu , c’eft-a-dire non combinenbsp;avec Ie phlogiftique. Or , Ton fqait que l’acidenbsp;vitriolique trés - concentre abforbe Thumidité denbsp;l’air avec une telle avidité, qu’il s’échauffe violem-ment; amp; ici cette chaleur eft apparemment telle ^nbsp;qu’elle enflamme Ie foufre formé, 6st par lui lesnbsp;matieres fuligineufes amp; charbonneufes qui entrentnbsp;dans la compofition du pyropbore. On peut voirnbsp;dans un Mémoire de M. Lejay de Suvigny, inférénbsp;dans Ie Tome III des Mémoires des Sgavants Ëtran-gers, Ie développement amp; les preuves de cettenbsp;explication , poufies jufqu’a la démonftration.nbsp;M. de Suvigny y démontre aufii qu’on peut a

pourvu l’alun eft

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DES PhOSPHORES. 475 en quelque forte abjeéte , du phofphore ; tant il efl:nbsp;vrai que pour Ie phyficien rien n'eft abjeft dansnbsp;la nature , amp; que les objets les plus dégoutantsnbsp;contiennent quelquefois des principes capablesnbsp;des efFets les plus rares amp; les plus finguliers 1

La découverte du phofphore d’urine efl:, comma beaucoup d’autres , l’effefdu hafard. Un bourgeois de Hambourg, homme entêté de la pierrenbsp;philofophale, travailloit fur 1’urine. II n’étoit pasnbsp;Ie premier ni Ie feul quieut penfé que c’étoit dansnbsp;les excrements humains qu’il falloit chercher lanbsp;matiere propre a fixer Ie mercure. A force denbsp;faire des eftais fur cette matiere , il trouva lanbsp;phofphore. Cette découverte fit grand bruit dansnbsp;Ie monde chimique. Mais Brandt n’étoit pasnbsp;homme a donnet fon fecret pour rien. Kuncke!,nbsp;habile chimifte , s’aflbcia avec un certain KrafFtnbsp;pour tirer de lui ce fecret. Mais KraflFt trompanbsp;Kunckel, acheta de Brandt Ie fecret de faire Ienbsp;phofphore , amp; , voulant en faire un commercenbsp;lucratif, refufa de Ie communiquer a Kunckel.nbsp;Celui-ci irrité de la fraude de Krafft, amp; fqachantnbsp;d’ailleurs qu’il avoit beaucoup travaiUé fur l’urinenbsp;humaine, fe mit a la recherche du fecret, amp;nbsp;enfin Ie trouva. Aufli la gloire lui en efl reflée ,nbsp;car on nomme communément ce phofphore , Ienbsp;Phofphore de Kunckel 1.

D’un autre cóté, Krafft ayant pafle en Angle-terre, amp; ayant montré fon phofphore au roi Sc a la reine d’Angleterre , Ie célebre Boyle, dont la


1

M. Leibnitz pretend que ce que l’on raconte ainfl ordinairement de Brandt, n’eft nullement fondé. II fait unenbsp;hiftoire du phofphore, qu’on peut voir dans fes oeuvres.nbsp;Tome IL Mais je ne les ai pas a ma portee.

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47*5 Récréat. Mathémat. et Phys. curiofité fut piquée par un phénomene fi rare,nbsp;entreprit auffi de deviner Ie fecret. II fqavoit feu-lement, comme Kunckel , que KrafFt travailloitnbsp;fur Turme. II fe mit done a travailler fur cettenbsp;matiere, 8c trouva de fon cóté Ie phofphorenbsp;qu’on en tire. H en communlqua Ie procédé aunbsp;public dans les TranfaBions Philofophiques denbsp;1680,8c apparemment inftruifit plus particulié-rement du tour de main néceflaire un chiiniftenbsp;Allemand établi a Londres , noinmé Godfreydnbsp;Hanck-wit\, car il a été pendant long-temps Ie feulnbsp;qui fit du phofphore.

En effet, quoique Boyle eut public Ie procédé du phofphore en 1680, que Homberg l’eut auflinbsp;enfeigné en 1692, quoiqu’enfin divers autres livresnbsp;Ie décriviflent aufli , ce n’étoit qu’en Angle-terre qu’on faifoit du phofphore , 8c c’étoit Ie feulnbsp;Hanckwitn^a^xÏQ faifoit. Un étranger qui vint ennbsp;France en 1737 , offrit néanmoins de mettre par-faitement au fait du procédé, 8c Ie miniftere luinbsp;promit une récompenfe pour cela. Plufieurs chi-miftes 8c phyficiens de l’Académle royale desnbsp;Sciences , furent chargés d’etre témoins de l’o-pération, qui fut faite au Jardin royal des Plantes ,nbsp;amp; qui réulïit très-bien. M. Hellot rédigea Ie procédé, amp; Ie publia en 1738 dans les Mémoires denbsp;rAcadémie royale des Sciences, Depuis ce tempsnbsp;feulement, la maniere de faire Ie phofphore eftnbsp;bien connue ; ce qui n’empéche cependant pas quenbsp;ce ne foit une operation des plus délicates de Ianbsp;chimie, Sc qui ne réuflit guere que dans des mainsnbsp;fort exercées.

De tous les chimiftes modernes, M, Margraf eft celui qui a réduit la compofition du phofphorenbsp;de Kunckel aux procédés les plus certains , les

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DES Phosphores. 4’7'7 plus exafts amp; les moins difpendieux : c’eft pour-quoi nous aliens fuivre ici ceux qu’il enfeigne.

1° Prenez une bonne quantité d’urine , que vous laifferez putréfier ; vous la mettrez enfuitenbsp;dans un vale de verre fur Ie feu, amp; vous ennbsp;ferez évaporer Ie flegme, jufqu’a ce qu’elle foitnbsp;réduite a une confiftance de miel ou de crèmenbsp;de lait.

II efl: a propos de remarquer ici que cette ma-tiere contient un fel particulier , appelé fel fujible de Vitrine; que ce iel efl: compoie d’im acidenbsp;d’pne nature differente de tous les autres, amp; qu’onnbsp;a nommé phofphorique, parcequ’il efl [’ingredientnbsp;néceffaire du phofphore , par fa combinaifonnbsp;avec un autre principe , Sc parcequ’on tire eetnbsp;acide par la deflagration du phofphore, commenbsp;l’acide vitriolique par celle du foufre ordinaire.

Mêlez enfuite quatre livres de minium avec deux livres de fel ammoniac en poudre , Sc diftll-lez ce mélange , qui fournira un alkali volatilnbsp;très-concentré; au refte eet alkali efl inutile, Maisnbsp;l’acide marin attaquera Ie minium oh la chauxnbsp;de plomb , Sc formera avec elle un compofénbsp;connu des chimrftes fous Ie nom de plomb cornè.nbsp;On peut employer du plomb corné tout fait; nousnbsp;avons cependant cru devoir indiquer a-la-fois icinbsp;la maniere de Ie faire, parceque tous nos lefteursnbsp;ne fe trouveront pas des chimifles.

3° Ce plomb corné réfultant de la difliflation ci-delTus , vous Ie mêlerez peu a peu, Sc en Ienbsp;remuant fans cefle dans une chaudiere de fer,nbsp;avec Sap livres de l’extrait d’urine , indiquénbsp;dans [’article I; vous y ajouterez une demi-livrenbsp;de charbon en poudre , Sc vous continuerez denbsp;Ie deflecher jufqu’a ce qu’il foit réduit en une

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478 Récréat. Mathémat. et Phys. poudre noire ; vous jetterez enfuite cette matierenbsp;dans une retorte, pour la diftiller a un feu médiocre , amp;c en retirer tous les produits, qui font,nbsp;de falkali volatil, nne huile fétide , amp; une elpeesnbsp;de fel ammoniac qui s’attache au col du vafe :nbsp;faites rougir enfuite médiocrement la cornue ;nbsp;quand il ne paffera plus rien , vous déluterez Scnbsp;réferverez Ie réfidu, qui eft une efpece de ca/gt;utnbsp;mortiium. C’eft ce réfidu qui contient Ie phof-phore, amp; qu’il eft maintenant queftion de diftiller a un feu beaucoup plus violent. On re-connoitra qu’il eft bien préparé , fi un petit mor-ceaii étant jeté fur les charbons , exhale unenbsp;odeur d’ail, amp; brille avec une petite flamme vol-tigeante,

4° Mettez ce réfidu dans une bonne cornue de Hefi'e. M. Margraf recommande celles denbsp;Waldenbourg , comme les meilleures ; mais ilnbsp;n’en vient pas en France. Celles de Hefle rem-pliflent l’objet, fi ce n’eft qu’elles laiftent tranfpi-rer un peu de la matiere phofphorique, a quoi l’onnbsp;obvie en partie parunlut deterre mêlée de bourre.

Cette cornue étant remplie jufqu’aux trois quarts de la matiere ci-deftus , vous la placereznbsp;dans un fourneau, furmonté d’une chape ou che-minée en tuyau, de 5 ou 6 pouces de diametre,nbsp;amp; de 8 ou 9 pieds de haut. Cette chape fert \nbsp;augmenter 1’aftivité du feu par la rapidité dunbsp;courant d’air, amp; a introduire par faporte , a dif-férentes fois , la quantité de charbon néceflairenbsp;pour foutenir l’opération pendant une fixainenbsp;d’heures.

6° Vous luterez Ie col de cette cornue avec celui d’un ballon de moyenne grandeur, a moi-tié rempli d’eau amp; percé d’un petit trou , au

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DES PhOSPHORES. 470^ riloyen d’un lut gras que vous affujettirez par desnbsp;bandes de linge, enduites de lut, de chaux amp; denbsp;blanc d’cEuf. Le trou laiffé au ballon , fert a dinner iflue a des vapeurs qui le feroient faiiter ennbsp;pieces. On le bouche légéreinent par un petitnbsp;tampon de papier, qu’on retire de temps a autrenbsp;pendant la diftillation. II faut avoir la precautionnbsp;de boucher d’un lut d’argile 1’échancrure du four-neau par oü paffe le col de la cornue , amp; d’élevernbsp;entre le fourneau amp; Ié ballon un mur de brique,nbsp;qui empêche la chaleur de fe communiquer a cenbsp;ballon.

¦ 7° Les chofes étant ainfi préparées vingt-quatre heures d’avance, vous mettrez le feu au fourneau ,nbsp;6c vous échaufferez la cornue par degrés pendantnbsp;une heure amp; demie; après quoi vous augmentereznbsp;Ie feu jufqu’a lui donner le rouge-blanc. Cettenbsp;operation fera paffen dans le ballon, d’abord desnbsp;vapeurs lumineufes , enfuite des gouttes de purnbsp;phofphore , qui, en tombant dans l’eau du ballon ,nbsp;s’y figeront; vous continuerez ainfi l’opération ,nbsp;jufqu’a ce qu’il ne paffe plus rien dans le ballon.nbsp;Ce fera 1’ouvrage de quatre a cinq heures, au lieunbsp;que le procédé décrit par M. Hellot en exigenbsp;environ vingt-quatre.

8quot; Comrne le phofphore obtenu par cette diftillation violente eft noir, a caufe des vapeurs fuligineufes qu’il entraine avec lui, vous le diftil-lerez une feconde fois dans une plus petite cornue , amp; a un feu médiocre. Ce feu Aiffira pournbsp;1’enlever pur; car, une fois formé, il eft d’iinenbsp;grande volatilité.

qo Enfin , vous réduirez le phofphore en petits batons, en le mettant dans des tubes de verre unnbsp;peu coniques 6c plongés dans de l’eau tiede; car

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480 Rècréat. Mathémat. et Phys, il coule comme du fuif a une chaleur pareille. Cesnbsp;operations doivent fe faire dans 1’eau , pour em*nbsp;pêcher I’inflammation du phofphore; amp; quandnbsp;i’eau fera refroidie , Ie phofphore fera figé eonbsp;batons , que vous retirerez , amp; plongerez auflitotnbsp;dans des bouteilles pleines d’eau amp; foigneufementnbsp;clofes.

II faut convenir qu’on n’a pas encore trouve d’ufage utile du phofphore d’Angleterre; fi cenbsp;n’eft que fa nature amp; fa décompolition ont jetsnbsp;de la lumiere fur quelques points de chimie. Maisnbsp;on fent aifément qu’on peut fe fervir de cette ma-*nbsp;tiere pour exécuter divers jeux phyfiques aflez cu-rieux : tels font les fuivants.

Ecrin en caracteres qui feront lumïneux dans r obfcurité.

II faut d’abord faire du phofphore liquide. Pour cela il faut prendre un grain de phofphore ,nbsp;Ie placer au fond d’une petite boutellle, 1’écrafer,nbsp;amp; verfer auffitót par delTus environ une deini-once d’huile de gérofle bien claire. Le tout étatitnbsp;mis en digeftion a une chaleur douce, commenbsp;celle du fumier , le phofphore fera prefque entié-rement dilTous. La bouteille étant retiree , la ma-tiere qu’elle contiendra fera brillante dans les té-nebres , quand on l’ouvrira amp; qu’on l’agitera unnbsp;peu.

Prenez done quelque peu de cette huile avec un pinceau, amp; écrivez-en des caraéferes contrenbsp;un mur ; ils feront brillants dans l’obfcurlté.

On pourra encore , fi l’on veut, fe rendrc Ia face 5c les mains toutes lumineufes. II fuffira pour

cela

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DES PhOSPHORES. 481 cela de fe frotter de cette huile qui n’a aucunenbsp;chaleur fenfible, parceque Ie feu phofphoriquenbsp;eft fort raréfié,

Ce phofphore* s’amalgame auffi avec Ie mer-cure, amp; forme un compofé lumineux. On prend pour cela environ dix grains de phofphore , qu’onnbsp;met dans une fiole longue amp; un peu grande, avecnbsp;deux onces d’huile d’afpic : Ie phofphore s’y dif-fout , pourvu qu’on 1’échauffe un peu. . Onnbsp;ajoute enfuite une demi-dragme de vif-argentnbsp;bien pur: 11 s’en fait une amalgame qui fera toutenbsp;lumineufe pendant 1’obfcurité.

On peut enfin , pour Ie tnême efFet, mélanget un peu de phofphore avec de la pommade; ellenbsp;en deviendra lumineufe, amp; l’on pourra s’en frotter Ie vifage amp; les mains fans danger.

§. Vin. Compojition d'une efpece de Pyrophore qui jette des Jlarmnes par Ie contaBd’unenbsp;goutte cTeau.

C’eft au fameux chimifte Glauber qu’on doit cette compofition. Mélangez enfemble de la li-maille de fer, de la cadmie, du tartre amp; du nitre,nbsp;amp; faites-en une paté , que vous ferez cuire 8cnbsp;fortement defféchera une grande chaleur, commenbsp;celle d’un four a potier. Lorfqu’enfuite vous jette-rez quelques gouttes d’eau fiir cette maffe, ellenbsp;lancera des flammes amp; des étincelles. Telle eftnbsp;la defcription queBeccher donne du procédé. Ennbsp;voici un autre , tiré de la Magie naturelle denbsp;Martius.

II faut pulvérifer de la chaux vive, de la tutie, amp;; du ftorax calamite , de chacun une once ; dunbsp;foufre vif amp; du camphre, de chacun deux onces;nbsp;'lome IV^,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;H h

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482 Récréat. Mathémat. et Phys.

mêler enfuite Ie tout, Ie tamifer, amp; 1’envelopper dans un linge très-ferré. Ce linge étant mis dansnbsp;un creufet, on Ie recouvrira d’un autre , qu’orlnbsp;liera fortement avec Ie premier, amp; on lutera lanbsp;reunion avec de la terre glaife. Enfin, ce lutnbsp;étant bien fee, on mettra ce double creufet dansnbsp;un four a potier , d’oü Ton ne Ie retirera quenbsp;quand la calcination fera parfaite; ce qu’on re-connoitra a la couleur des creufets, qui doit étrenbsp;un rouge pale. Le tout étant refroidi, fi vousnbsp;jetez une goutte d’eau ou fi vous cracbez furnbsp;cette matiere , vous en tirerez des étincelles,

C’étoit fans doute une pareille compofition au moyen de laquelle un Juif Allemand tiroit du feunbsp;du pommeau de fa canne , en crachant defius.nbsp;Cette invention eft en effet bien propre a êtrenbsp;faifie par les charlatans , pour exciter l’admirationnbsp;amp; tirer l’argent du peuple. Ce Juif dont nous par-lons faifoit auffi , dit-on, très-bien fes affaires, parnbsp;le moyen de ce fecret phyfique.

Remar(iu E.

Il y a quelques autres prétendus phofphores, mais qui, a proprement parler , n’en font pas ;nbsp;ce font uniquement des phénomenes éleftriques.

Telle eft la lumiere qu’on voit dans 1’intérieur de certains barometres, appelés lumineux parnbsp;cette raifon. On lui avoit donné , ou du moinsnbsp;on lui donne, dans les anciennes Recreations Ma-thèmatiques^ le nóm de phofpiiore de Dutal p pareenbsp;que ce médecin étoit parvenu, néanmoins aprèsnbsp;M. Bernoulli, a faire des barometres lumineux :nbsp;mais on fqait aujourd’hui que ce n’eft pas la unnbsp;phofphore, mais une lumiere éleftrique. M. Lu-

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DES Phosphorss. 4^5 dolfF, phyficien Allemand, a prouvé démonftra-tivement que eet effet n’eft que celui de l’é-leftricité, produite dans Ie tuyau du barometrenbsp;par Ie frottement du mercure.

II en eft a peu prés de même du mercure lu-mlneux, lorfqu’il eft renferrflé dans un vafe de verre bien net amp; vulde d’air. Nous avons décritnbsp;ce phénomene dans Ie commencement de ce volume : ce n’eft encore la qu’un phénomene élec-trique.

La lumiere que rend un diamant frotté dans les tén'ebres, ou un morceau de fticre qu’on rape ,nbsp;n’eft encore qu’une lumiere éleftrique.

Hh ij

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484 Récréat. Mathémat. et Phys.

11“ SUPPLÉMENT.

Des Lampes Perpétuelles 1.

LE fujet des lampes perpétuelles a vine liaifoti trop naturelle avec celui des phofphores»nbsp;pour ne pas lui donner place ici; car, fi l’on étoitnbsp;extrêmement prefle d’expliquer les hiftoires qu’onnbsp;allegue de feux trouvés dans des tombeaux anciens , amp; defquelles on pretend conclure quenbsp;Tantiquité étoit en poffeffion du fecret d’entretenirnbsp;pendant des fiecles une lampe allumée, il fau-droit recourir au phofphore. Mais ces faits fontnbsp;fi légérement établis , quelques-uns même portentnbsp;des carafteres fi marqués de fuppofition, amp; lanbsp;plupart de ceux que Ie bon Fortunio Liuti, grandnbsp;partifan des lampes perpétuelles , a compilesnbsp;comme preuves de cette découverte , font li vifi-blement des preuves du contraire , qu’il ne fautnbsp;que la plus médiocre critique pour voir que riennbsp;n’ell plus mal établi que cette pretention. Que finbsp;l’on y ajoute les raifons.phyfiques qui s’oppofentnbsp;a ce qu’une liqueur inflammable brüle toujoursnbsp;fans fe confumer , on ne pourra plus regarder lesnbsp;lampes perpétuelles que comme une chimère

1

On ne peut douter que Ie traité des lampes perpé-tuelles , qui fuit celui des phofphores dans Ie quatrieme volume des anciennes Récréat. Mathémat., ne foit du bonnbsp;abbé de Vallemont, comme ce dernier : c’eft Ie mêmenbsp;bavardage, les mêmes répétitions , Ie même fatras denbsp;chofes qui vont ou ne vont pas au lujet.

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DES Lampes PERPÉTUELLES, 485

indigne d’occuper un phyficien , amp; bonne a relé-guer dans Ie pays de 1’or potable amp; de la palin-généfie. Si nous en parlons done ici, c’eft a caufe de la célébrité de la matiere, amp; parceque nou*nbsp;fqavons qu’il eft des efprits qui tiennent a cesnbsp;fujets fingullers amp; extraordinalres.

SECTION PREMIERE.

qu

preuve de Vexijlence des Pérpétuelles,

Examen des Faits quon allepue comme

^ampes

A Va NT que la phyfique eüt édairé fur la poffibilité d’un feu aftuel amp; inextinguible ,nbsp;les fqavants ont été affez partagé fur ce qu’onnbsp;devoit en croire. Mais de tous les champions desnbsp;lampes perpétuelles, aucun n’a fait plus d’efFortnbsp;pour en établir l’exiftence , que Fortunio Liceti ^nbsp;dans fon livre intitule de reconditis antiquorumnbsp;Lucernis.

Si Ton en croit ce fqavant, tien n’étoit plus commun chez les anciens que les lampes perpétuelles ; il en voit par-tout. La lampe de DémoPnbsp;thène, celle qui brüloit dans Ie temple de Minerve a Athènes, Ie feu de Vefta a Rome, toutnbsp;cela lui fournit autant de preuves de la poffibiliténbsp;d’un feu inextinguible. On ne peut s’empéchernbsp;de rire d’une érudition fi mal digérée ; car qui nenbsp;fqait que ces feux n’étoient appelés perpétuels,nbsp;que parceque c’étoit un point de religion de nenbsp;les laiffer jamais éteindre , amp; qu’on leur fournilToitnbsp;un aliment continuel ?

Hhiii

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486 Récréat. Mathémat. et Phys.

A la verité , les autres partifans des lampes perpétuelles, en riant de la bonhomie de Liceti,nbsp;s’appuient, ainfi que lui, de faits plus féduifants.nbsp;Les voici.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

!• La Lampi di Tulliola.

Sous Ie pontificat de Paul III , on trouva y dit-on , Ie toinbeau de Tulliola , cette fille chérienbsp;de Cicéron , a la perte de laquelle il donna tantnbsp;de lannes. On pretend qu’il y avoit dedans unenbsp;lampe afluellement brülante , amp; qui s’éteignitnbsp;aullitót que 1’air y pénétra.

1. La Lampe d'Olybius.

Mais c’ell fur-tout la lampe du tombeau d’Oly-bius qui fournlt aux partifans des lampes perpétuelles un de leurs forts arguments.

On raconte qu’en 1500, des payfans fouillant un peu profondément a Atefte prés de Padoue ,nbsp;on parvint a un tombeau dans lequel on trouvanbsp;deux urnes de terre 1’une dans l’autre. Celle-cinbsp;contenoit , ajoute-t-on, une lampe ardente ,nbsp;iituée entre deux fioles , 1’une pleine d’un ornbsp;liquide, l’autre d’un argent fluide.

Sur la grande urne on lifoit ces vers ;

Plutoni facrum munus ne attingite ^fures ; Ignotum eji vobis hoe quod in orbe latet ;

Namque dementa gravi claujlt digejla labore ^ Vafe fub hoe modico, maximus Olybius,

jldjït fecundo cujlos Jibi copia cornu ^ tanti pntium depereat lateis.

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DES Lampes perpétuelles. 587 La feconde portoit, a ce qu’on dit, cette inf-cription:

Abiu hinc, pejjimi funs j

Vos quid vullis vamp;Jlris cum oculis emijjitüs ?

A bite hinc vejlro cum Mercurio

Petafato caduceatoque.

Maximus maximum donum Plutoni hoe facrum fecit.

C’eft a peu prés ainfi que Gefner raconte cette curieufe découverte. Mais voici quelque chofenbsp;de plus fort. On lit dans Liceti une lettre d’imnbsp;certain Maturantius, qui écrit a fon ami Alphènenbsp;que ce curieux tréfor eft venu en fa polTellion.nbsp;« L’un amp; l’autre vafe, dit-il, avec les inferip-»gt; tions, la lampe amp; les fioles d’or, font venusnbsp;» en mes mains, amp; je les poffede : vous en ferieznbsp;» émerveillé li vous les voyiez. Je ne donneroisnbsp;M pas tout cela pour mille ecus d’or. » Voila biennbsp;Ie langage d’un homme convaincu de poflTéder lanbsp;plus précieufe rareté. Je ne fqache cependant pasnbsp;qu’elle ait paffe dans aucun cabinet connu.^

Au refte, il paroit qu’ici, comme au tombeau de Tulliola, un accident empêcha les gens un peunbsp;inftruits d’être témoins du phénomene ; car onnbsp;lit dans Ie crédule Porta, que les payfans qui trou-verent ce tréfor Ie maniant trop rudement, lanbsp;lampe fe brifa entre leurs mains, amp; s’éteignit.

5. La Lampe de Palias , fils d'Evandre.

On raconte encore que, vers l’an 800 de J. C.,, on trouva a Rome Ie tombeau du fameux Pallas ,nbsp;fils d’Evandre, tué, commel’onfqait, parTurnus*

Hh iv

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4^8 Régréat. Mathémat. et Phys.

On reconnut que c’étoit ce Pallas par ces vers :

Filius Evandri Fallas quem lancca Turni Militis occidit, more fuo jacet htc,

que

Tere chrétienne,

II y avoir une lainpe ardente, qui devoir con- / féquemmenr avoir brülé prés de 2000 ans, puif-que eer évenemenr arriva vers 1’an 1170 avant

4. La Larnpe du temple de Vénus.

C’eft S. Auguftin lui-méme qui parle de cette lainpe, amp;c du remple de Vénuc dans lequel ellenbsp;brüloit. II dir qu’elle étoir perpétuellemenr ardente, amp; que la flamme éroir fi folidement arra-chée a la mariere conibuftible , que ni venr, ninbsp;pluie, ni tempête ne pouvoit l’éteindre, quoi-qu’elle fut perpétuellemenr expofée a l’air amp; anbsp;Pinclémence des faifons. Ce pere fe travaille mer-veilleufement a expliquer 1’artifice de cette lampenbsp;inextinguible ; amp; après avoir propofé une ideenbsp;affez jufte en partie, fqavoir , que peut-être onnbsp;y avoir employé une meche d’amiante, il finitnbsp;par clire' que ce pourroit bien être un ouvrage desnbsp;demons, fait dans la vue d’aveugler de plus en plusnbsp;les payens , amp; de les attirer au culte de 1’infamenbsp;divinité adorée dans ce temple.

Voila done, fuivant les partifans des lampes perpétuelles, un feu inextinguible, dont 1’exif-tence eft bien conftatée par Ie témoignage d’unnbsp;homme des plus eclaires de fon liecle, amp; qui,nbsp;malgré fes lumieres , eft obligé de recourlr a 1’ar-tidce des démons pour expliquer ce phénomene.

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DES LaMPES PERPiTUELLES. 489 Les Lampes de Cajjiodore.

Le célebre Calliodore étoit, comme 1’on flt;^ait, un homme auffi refpeftable par fes emplois quenbsp;par fes lumieres. Or, il raconte lui-même avoirnbsp;fait pour fon monaftere de Viviers , des lampesnbsp;perpétuelles. Chaque moine avoit peut-être Irnbsp;fienne. Ecoutons fes propres paroles. Paravimusnbsp;etiam noclurnis vigiliis mccanicas lucernas confer-vatriciS illuminantium jlammarum , ipfas fibi mi-trienus incendium, quee humano minijicrio cef-fante prolixb cujlodiant uberrimi luminis abundan-tiffimam claritatem ubi old pinguedo non defidt^nbsp;quamvis jugiur fiammis ardendhus torreatur.

Peut-on, dira quelque partlfan des lampes perpétuelles , fe refufer a un témoignage auffi authen-tique , auffi clair amp; auffi refpeftable}

Tels font les faits principaux qu’on allegue en faveur des lampes perpétuelles. Mais nous nenbsp;craignons pas de dire qu’ils s’évanouiffent entié-rement au flambeau d’une critique éclairée. Ennbsp;effet , d’abord a l’égard des trois premiers , quelnbsp;fond peut-on faire fur des faits rapportés d’unenbsp;maniere auffi vague , amp; accompagnés de circonf-tances incohérentes ou romanelques ? II n’eftnbsp;aucun de ces faits qui ait d’autres garants que desnbsp;auteurs qui ont véeu long-temps après; aucunnbsp;témoin oculaire de quelque poids , ne dépofe ennbsp;avoir été témoin. Or, quand il efl: queftion denbsp;chofes qui contredifent les loix ordinaires de lanbsp;nature, au moins faut-il qu’elles foient certifiéesnbsp;par des hommes inftruits, amp; au delTus du foupqonnbsp;de crédulité ou d’ignorance.

L’hiftoire du tombeau de Tulllola date de

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490 Récréat. Mathémat. et Phys. Fannée 1345: c’étoit alors Ie moment de l’igno-rance la plus profonde qui ait régné en Europe»nbsp;On dit qu’on y trduva un corps. Dans ce cas ,nbsp;ce n’étoit pas celui de Tulliola; car les Romains 9nbsp;a 1’époque de Cicéron , brüloient leurs corpsnbsp;morts. Auffi quelques auteurs ont-ils conjefturé ,nbsp;d’après quelques circonftances, que Ie tombeaunbsp;dont il s’agit étoit celui de la femme de Stilicon:nbsp;mais les Chretiens ne mirent jamais de lampesnbsp;dans leurs tombeaux. La circonftance de la lampenbsp;trouvée dans ce tombeau, a conféquemment toutnbsp;Fair d’une fl^^;ion.

Que dirons-nous du tombeau d’OIybius , de fa lampe , amp; de fes deux fioles, remplies 1’une d’or,nbsp;Fautre d’argent fluides ? Ce furent des payfans quinbsp;trouverent cette double urne. Suivant les uns,nbsp;ils manierent la lampe renfermée dans la fecondenbsp;urne fi mal-adroitement , qu’ils la briferent. Ce-pendant Maturantius prétend 1’avoir en fa poffef-lion. Quel homme a vu cette lampe brüler? Ounbsp;font les témoignages qui conftatent que cesnbsp;payfans 1’ont vue en eet état ? amp; ces témoignagesnbsp;même feroient-ils bien admiffibles? Une yapeurnbsp;exhalée d’un lieu dos depuis plufieurs fiecles ,nbsp;peut facilement en impofer a des hommes grof-liers amp; ignorants.

Que fignifie encore cette infeription ? Oü trouve-t-on qu’il foit queftion de feu perpétuel?nbsp;Un don facré a Pluton eft-il néceflTairement unenbsp;lampe ardente ? A tout prendre , fi la découvertenbsp;de ce tombeau a quelque réalité, on pourroitnbsp;feulement penfer que c’étoit celui de quelquenbsp;fouffleur d’un fiecle peu reculé ; car d’ailleurs onnbsp;fqait que les Romains ne fe douterent jamais denbsp;chimie: il n’a jamais été queftion parmi eux de

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DES Lampes PERPÉTUELLES. 491

chercher a tranfmuer les métaux. Si cette folie eüt exifté alors, on en trouveroit certainementnbsp;des traces chez leurs écrivains ; mals tons gardentnbsp;Ie plus profond filence fur cela. Cette folie nousnbsp;a été amenée par les Arabes , avec quelques con-noiffances folides de chimie.

Or, fi les Romains ne connoiflbient pas la chimie, comment veut-on qu’ils aient fait desnbsp;lampes perpétuelles, qui feroient Ie chef-d’oeuvrenbsp;de cette fcience?

L’hiftoire du tombeau de Pallas , fils d’Evan-dre , mérite a peine d’être réfutée. Quel homme fera alTez imbécille pour croire que les vers citesnbsp;ci-delTus foient du temps d’Enée? II ne faut qu’a-voir vu Ie langage des douze Tables , pour jugernbsp;combien Tancienne langue des Romains , amp; con-féquemment celle du temps des Rois d’Albe, ref-fembloit peu au latin de ces vers, tout plats amp;nbsp;mauvais qu’ils font. C’étoit un fot Sc un imbécille que Ie fauflaire qui les a fabriqués pour don-ner crédit a fa fable.

Quant a la lampe du temple de Vénus , qui caufe tant d’embarras a S. Auguftin , remarquonsnbsp;que ce pere ne dit nullement qu’on ne lui fournitnbsp;pas un nouvel aliment. Ce qui paroït 1’intriguernbsp;principalement, c’efl: que ce feu étoit inextin-guible au vent amp; a la pluie. Mais cela n’a rien denbsp;merveilleux, puifque nos épiciers font aujourd’huinbsp;des flambeaux qui ont cette propriété, Tous lesnbsp;livres de chimie enfeignent a faire un pareil feu.nbsp;D’ailleurs , en admettant que cette lampe fut per-pétuelle comme inextinguible, qui ignore combien les prêtres payens étoient impofteurs , Scnbsp;«ombien d’artifices ils pouvoient mettre en oeuvre

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49i Récréat. Mathémat. et Phys. pour faire couler dans cette lampe un alimentnbsp;nouveau ?

Les lampes de Caffiodore ne font pas plus em-barraffantes: c’étoient des lampes qui, femblables a celles de Cardan, fe fournilToient elles-mêmesnbsp;d’huile, au moyen d’un réfervoir. Auffi Caffiodorenbsp;fe fert-il uniquement du mot proüxk, qui fignifienbsp;feulement que ces lampes duroient long-temps,nbsp;plufieurs nuits, par exemple , a la difference desnbsp;lampes ordinaires de ce temps, qui avoient fré-quemment befoin qu’on y versat de 1’huile. Voilanbsp;certainement tout ce qu’a voulu dire Caffiodore.

Toutes ces reflexions n’avoient pas échappé a divers auteurs raifonnables , tels que M, Aréfi ynbsp;évêque , auteur des Symbolafeu Emblemata facra ;nbsp;M. Buonamici, phyficien contemporain de Li-céti; amp; fur-tout M, Ottavio Ferrari, auquel eftnbsp;dü Ie curieux amp; fqavant ouvrage de veterum Lu~nbsp;cernis fepulcralibus. Tous ces auteurs , amp; fur-toutnbsp;Ie dernier, battent en ruine Ie bon Licéti; ilsnbsp;font voir fort au long Ie peu de folidité de tousnbsp;les faits allégués a 1’appui des lampes perpétuelles ,nbsp;amp; les circonftances abfurdes ou contradiftoiresnbsp;dont ils fourmillent ; ils tournent même en ridicule la crédulité amp; la bonhomie de ce fqavant,nbsp;qui, par‘ un exces incroyable de pédantifme ,nbsp;trouve jufque dans la lampe du tombeau de 1’en-chanteur Merlin , décrit par l’Ariofte , une preuvenbsp;de 1’exiftence des lampes perpétuelles.

Terminons ceci par quelques reflexions fort juftes de M. Ferrari, qui fe préfentent affez natu-rellement. Si Ie fecret de fe procurer un feu per-pétuel amp;: inextinguible eüt été connu des anciens ,nbsp;un fecret auffi utile eut-il pu refter dans la pro-fonde obfcurité qui Ie couvre ? Nous admettons

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DES LaMPES PERPÉTUELLES. 493 que Ie fecret fe fut perdu faute de connoiffancesnbsp;phyfiques amp; chimiques : mais feroit-il poffiblenbsp;que Pline, qui a dénombré les inventions les plusnbsp;communes comme les plus belles , n’eüt rien ditnbsp;de ce feu perpétuel amp; fi merveilleux ? Commentnbsp;Plutarque, faifant mention de la lampe de Jupiter Ammon , parcequ’elle brüloit un an entier,nbsp;comment , dis-je, Plutarque auroit-il gardé Ienbsp;filence fur des lampes en comparaifon defquellesnbsp;cette premiere n’étoit qu’une méprifable amp; vilenbsp;bagatelle ? Perfonne ne fe Ie perfuadera.

Difons done que 1’hiftoire amp; la faine critique s’oppofent a ce qu’on penfe qu’une pareille invention ait jamais exiflé. Nous allons voir comment elle s’accorde avec la phyfique.

SECTION 11.

Examen de la pofjlbilité phyjique de faire une Lampe perpétuellement ardente.

AP R È s avoir, a ce que nous penfons, dé-montré Ie peu de folidité de toutes les preu-ves de fait alléguées en faveur des lampes perpé-tuelles, il nous refte i difcuter leur polTibilité, d’après les principes de la faine phyfique.

Pour avoir une lampe perpétuelle, il faut avoir,

1° Une meche qui ne fe confume point;

2° Un aliment qui ne fe confume point, ou une fubftance qui, après avoir fervi d’aliment aunbsp;feu , puilfe retourner dans Ie vafe fans avoir perdunbsp;fa qualité inflammable;


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494 Récréat. Mathémat, et Phys.

3° II faut qu’une flatnme puilTe fubfifler longquot; temps dans un lieu abfolument dos amp; de fortnbsp;petite dimenfion ; car tels étoient les tombeauxnbsp;dans lefquels on dit qu’ont été trouvées ces lampesnbsp;perpétuelles.

Or routes ces chofes font impoffibles, ainfi qu’on va Ie voir dans les paragraphes fuivants.

I. Impojp-bilité cTavoir une meche perpétuelh ' Hifi oirc de VAmiante y maniere de Ie filer, 6*nbsp;dien former un tiffiu ou une meche ; examen de fanbsp;prètendue incomhufiibilité.

Nous n’ignorons point foutes les belles proprié-tés qu’on attribue a l’amiante, amp; qui font en partie fondées; nous allons même en donnernbsp;1’hiftoire, qui eft affez curieufe , amp; qui ne peutnbsp;mieux trouver fa place qu’ici. Nous ferons a lanbsp;vérité un peu plus courts que l’intarilTable abbénbsp;de Vallemont.

L’amiante, autrement appelé lin incomhufiïble, asbefie, eft une fubftance minérale qu’on trouve ennbsp;plufieurs endroits de la terre. Elle eft formée de pa-quets de fibres d’un blanc plus ou moins grisatre:nbsp;ces fibres font aflez fortement appliquées les unesnbsp;contre les autres. On trouve néanmoins Ie moyennbsp;de les féparer ; amp; alors elles ont, du moins aprèsnbsp;avoir été bien lavées , 1’apparence d’un lin d’unenbsp;blancheur argentine. On trouve de l’amiante dansnbsp;les Pyrenees, dans les Alpes, amp;c. Le plus beau,nbsp;]q crois, qui exlfte, eft celui qu’on trouve dansnbsp;OU prés la mine de Pefey en Savoie. J’en ai vunbsp;dont les filamens avoient un pied amp; plus de longueur, amp; étoient d’une blancheur admirable,

Mais ce qui caraftérife cette fubftance, eft une

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DES LaMPES PERPÉTUELLES. 455 propriété vraiment finguliere ; c’eft celle de fortirnbsp;intafte du milieu des flammes , d’en fortir mêmenbsp;plus pure amp; plus blanche qu’elle n’étoit avant d’ynbsp;avoir été jetée. Auffi cette propriété n’a-t-elle pasnbsp;manqué de fervir de bafe a mille comparaifonsnbsp;morales amp; pieufes que nous n’entaflerons pas ici,nbsp;a 1’exemple du bon abbé cité fi fouvent.

II eft bon d’obferver ici, que les droguiftes, efpece d’hommes qui Jettent la confufion fur toutenbsp;l’hiftoire naturelle par leur nomenclature vicieufe,nbsp;ne connoiffent l’amiante que fous Ie nom A'alunnbsp;de plume: mais il y a une ignorance profonde dansnbsp;cette dénomination ; Talun eft un fel, il eft folu-ble dans 1’eau; l’amiante n’eft , au contraire, nul-lement foluble clans ce liquide : ainfi l’amiantenbsp;n’eft point un alun. Ce qui a donné lieu a cettenbsp;faufle dénomination, c’eft qu’il y a en effet unnbsp;alun de plume , ou un alun criilallifé en fibresnbsp;foyeufes , Sc ayant quelque reflemblance a l’a-miante ; mais eet alun eft extrêmement rare, 6sCnbsp;les droguiftes lui fubftituent l’amiante , lorfqu’onnbsp;leur detnande 1’autre. Je crois néanmoins que lanbsp;plupart n’y entendent pas finelfe , amp; Ie croient unnbsp;veritable alun , ce qui les juftifie ; car encorenbsp;vaut-il mieux étre ignorant que fripon.

Quoi qu’il en foit, il paroit que la propriété de l’amiante eft connue depuis bien long-temps; carnbsp;Pline nous rapporte dans fon Hijloire Naturelle ,nbsp;L. xix , chap, r , que lorfque certains rois desnbsp;Indes étoient morts, on les enveloppoit d’unnbsp;linceul fait de lin vif, èc qu’on les brüloit ainfi ,nbsp;afin que leurs cendres ne fuflent point mêlées avecnbsp;celles des matieres du bucher, II eft certain quenbsp;cela eft poflible; amp; 1’on ne peut pas révoquer ennbsp;doute Ie témoignage de Pline , qui dit d’ailleurs,

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4C)6 Récréat. Mathémat. et Phy5, ainfi que Plutarque , avoir vu des toiles, deSnbsp;réfeaux , qu’on n’avoit befoin que de jeter dansnbsp;Ie feu pour les nettoyer, Sc qu’ils en fortoientnbsp;intafts Sc propres. Maïs ce naturallfte s’eft évi-demment trompé., lorfqu’il a dit que ce vi/nbsp;provenoit d’une plante qui fe ne trouvoit que dansnbsp;les climats de 1’Inde les plus torrefies des ardeursnbsp;du foleil, comme fi elle aimoit a vivre au milieunbsp;des flammes. II connoilToit la chofe, mais il fenbsp;trompoit fur fon origine. Au refte , l’ufage ci-delTus parou s’être éteint dans l’Inde ; je ne con-nois aucun voyageur qui dife y avoir vu brulernbsp;des corps de cette maniere.

ce

la maniere , donnée par M. Ciampini, dans fon traité t/e incombujlibili Lino , deque illius jilandinbsp;modo ; Romce ,1691.

Pour filer cette pierre, dit M. Ciampini, il faut commencer par la mettre tremper dans denbsp;1’eau chaude ; après qu’elle y a refté quelquenbsp;temps , on la prend , on la manie dans fes mains ,nbsp;on 1’ouvre, on la dilate, en la trempant fouventnbsp;dans l’eau , afin de la nettoyer de quantité denbsp;parties terreftres. On réltere cette opération cinqnbsp;a fix fois , jufqu’a ce que les filaments foientnbsp;bien détachés les uns des autres; après quoi onnbsp;les ralTemble.

Cela


II ferdit fuperflu d’entafler un plus grand nom-bre d’autoriiés fur la poffibilité de faire des efpe-ces de tilTus femblables Sc incombuftibles : j’ai vu mol-même des bourfes apportées des Pyrenees,nbsp;qui iouiffoient de cette propriété : il efl: vrainbsp;qu’elles étoient d’une extréme groflléreté. II efl:nbsp;certain qu’on peut faire quelque chofe de mieux.nbsp;Pour parvenir a filer 1’amiante, amp; a en formernbsp;tiflu, il faut néanmoins de l’induftrie. En voici

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DES LampesiPerpétuelles. 497

Cela fait, on les fait fécher fur quelqiie chofe au travers de quoi l’eau puiffe facilement s’écou-ler; il faut enfuite avoir deux petites cardes plusnbsp;fines que ceües avec lefquelles on carde la lainenbsp;des chapeaux amp; des étoffes, amp; mettre entre cesnbsp;deux cardes Ie lin' incombuftible, afin d’en tirernbsp;peu a peu quelques filaments a-Ia-fois^ pour lesnbsp;filer avec un petit fufeau.

Mais il faut obferver que coinme les filaments de ce lin font orclinairement fort courts , il eft ne-celTaire de les filer avec quelque fine filafie , quinbsp;ptuifie les faifir, les embraffer amp; les réunir. Il fautnbsp;avoirl’osila ce qii’il y ait toujours un peu plusnbsp;d’amiante que de coton ou de laine , fuivant quenbsp;vous aurez choifi l’un ou l’autre pour fervir denbsp;filalTe ou de bafe a votre fil d’amiante. En voicinbsp;la raifon : c’eft cjue lorfque vous aurez mis ennbsp;lt;£uvre votre fil , foit a faire de la toile ou desnbsp;bourfes , vous jetez votre ouvrage dans Ie feu :nbsp;alors la filalTe ajoutée brule, fe confume , amp; il nenbsp;rede que Tamiante tout pur. C’ell a peu prés ainfinbsp;qu’on file Tor amp; l’argent avec la foie, amp; commanbsp;on brüle les vieux galons d’or ou d’argent pournbsp;en oter la foie , amp; avoir Ie métal pur.

Tome IK,


M. Ciampini avertit qu’il faiit un peu mouiller fes doigts, amp; particuliérement Ie pouce amp; Vindcx,nbsp;pour réuflir a filer, amp; inême pour éviter que lesnbsp;doigts ne s’excorient, parceque Vamiantc sjl cor-rojif. Au rede il eftime qu’on peut Te dilpenfernbsp;d’ufer de cardes, amp; qu’il fuffit de mettre les filaments d’amiante en place , de faqon qu’ils fe fépa-rent aifément pour s’infinuer dans la filafie em-pruntée, afin deles filer conjointement. Quandnbsp;ia toile ou les bourfes font Tales , on les jette aunbsp;feu , d’oü on les retire plus blanches Sc plus brilquot;

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498 Récréat. Mathémat. et Phys. lantes que jamais. II confeille de les imbiber d’unnbsp;peu d’huile ou d’effence , toutes les fois qu’on lesnbsp;retire du feu , parceque cela nourrit 1’amiante , amp;nbsp;fait que Ie fil demeure plus lié amp; plus uni.

J’ajoute que pour faire des meches a mettre dans les lampes , il n’eft point néceflaire que Ta-miante foit ni fi purge, ni filé ; il fuffit d’en prendre des filaments des plus longs , amp; a proportionnbsp;de la groffeur que vous voulez faire votre meche,nbsp;Sc les lier avec un filet de foie blanche. II eft: éton-nant combien aifément Famiante tire , imbibe amp;nbsp;fuce 1’huile. On peut 1’employer tel qu’on Ie trouvenbsp;en filaments chez les droguiftes , amp; la lampenbsp;ne laiffera pas de bruler amp; éclairer fort vivement.

Au refte , M. Ciampini fe trompe lorfqu’il attribue a 1’amiante une qualité corrofive: fa nature pierreufe amp; nullement faline ne la comportenbsp;point.

Après cette hifloire de l’amiante, il nous refte a examiner les conféquences qu’on en tire.

Si 1’on en croit les partifans des lampes perpé-tuelles , puifque Ie premier pas vers 1’exécution d’un pareil ouvrage eft une meche perpétuelle amp;nbsp;incombuftible, Ie voila fait ; car l’amiante donnenbsp;cette meche , puifqu’il eft incombuftible , amp; 1’é-preuve même qui en a été faite juftiflele procédé.nbsp;Le P. Kircher affure avoir eu a une lampe unenbsp;meche de cette matiere, qui lui réuflit très-bien.

Nousne contefterons pas qu’on ne puifTe faire une meche de très-longue durée au moyen denbsp;l’amiante; mais ce que nous nions, c’eft qu’ellenbsp;fut perpétuelle : car, quoique 1’on vante 1’incom-buftibilité de l’amiante, cette propriété n’eft pasnbsp;abfolue ; nous voulons dire qu’a la longue le feunbsp;anéantit l’amiante comme tout autre corps. Il eft

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DES LaMPES PERPÉTUEtLES. 45^ bien vrai qu’un linge d’amiante, jeté dans Ie feu ,nbsp;en eft retire fain amp;c entier, mais pas abfolument:nbsp;on remarque qu’il perd quelque peu de fon poids ,nbsp;amp; ainfi a chaque fois qu’on l’expofe au feu, 11 fenbsp;détruiroit done a la longue, amp; peut-être rnême'nbsp;dans un temps alTez court, comme de quelquesnbsp;jours de fuite, (1 l’on ne faifoit autre chofe que Ienbsp;faire rougir amp; Ie laifler refroidir, ou li on Ie laif-foit tout ce temps dans un feu très-vif. Ainfi , unenbsp;meche d’amiante fouffriroit de rnême au boutnbsp;d’un temps une entiere deflruêlion.

On a tenté de faire des meches avec des faif-ceaux de fils d’or trait, de la plus grande finefle. Ce feroit peut-être la Ie moyen d’avoir une mechenbsp;d’une durée prefque perpétuelle ; mais on n’a punbsp;venir a bout d’allumer ces meches ; amp; quandnbsp;rnême on eüt pu Ie faire, un autre inconvenientnbsp;eut bientót nui au fuccès de ce moyen : c’ed quenbsp;les filets d’or fe feroient fondus dans la flamme ,nbsp;amp; feroient deveniis dès-lors incapables de remplitnbsp;eet objet; car on fqait qu’il fuffit de préfenter anbsp;la flamme d’une bougie un fil d’argent trait, pournbsp;qu’il fe liquéfie tout de fuite. II en fera done denbsp;rnême d’un fil d’or ; car ce métal efi: encore plusnbsp;fufible que Targent.

§. II. Impo^ibUite de fe procurer un aliment in-defruciible pour les lampes perpétuelles : Préten-dues recettes pour faire une huile incombufible.

Mais fuppofons qu’on eüt trouvé une meche abfolument inalterable, amp; qui ne s’engorgeat pasnbsp;des fuliginofités de la matiere combuftible qu’ellenbsp;afpireroit, ce ne feroit encore qu’une petite partienbsp;de ce qu’il faudroit trouver pour fe procurer une

Ir ij

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500 Récréat, Mathémat. et Phys. lampe perpétueüe : il lui faudroit, comme on 1’anbsp;dit plushaut, un aliment qui n’éprouvat aucunenbsp;diminution , ou qui ayant fervi a la flamme , amp;nbsp;n’y ayant éprouvé aucune alteration , retournat,nbsp;par une circulation perpétuelle , dans Ie vafe du-quel elle Teroit fortie. Tout cela eft-il poffible ?nbsp;on en jugera par les principes fuivants, qui Tontnbsp;ceux de la faine phyfique,

II n’y a de corps inflammables que ceux qui abondent en ce principe connu des chimiftes fousnbsp;Ie nom de phlogifticjue. De-la tous les corps hui-leux font inflammables , car ils contiennent émi-nemment ce principe. Or, quel eft reffet du feunbsp;applique a un corps inflammable ? Il eft évidem-ment, amp; d’après tous les faits connus de la phyflquot;nbsp;que, ileft, dls-je, de décompofer Ie mixte dansnbsp;lequel l’union du principe inflammable avec lanbsp;partie fixe Sc terrenre eft peu tenace ; de laifletnbsp;d’un cóté cette partie fixe, Sc de volatilifer ounbsp;détruire Ie phlogiftique. J’avoue ne fqavoir bieiinbsp;précifément lequel des deux arrive; mais , quoinbsp;qu’il en foit, ft Ie principe inflammable eft détruitnbsp;par la combuftion , comment cette combuftionnbsp;pourroit-elle étre éternelle, Sc comment ce principe détruit pourroit - il étre régénéré pour fenbsp;recombiner fous fa premiere forme avec Ie réfidunbsp;du corps combuftible ? II eft aifé de voir qu’il n’ynbsp;a pas ombre de raifon a Ie prétendre.

Si Ie principe inflammable eft feulement vola-tilifé , il y auroit peut-être quelque procédé chi-mique pour Ie raffembler , Sc lui préfenter une bafe avec laquelle il put fe recombiner, parexem-ple en forqant tout l’air imprégné de phlogiftiquenbsp;a pafler a plufieurs reprifes au travers d’une H'nbsp;queur ayant une très-grande affinité avec ce der-

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DES Lampes PERPÉTÜELLES. 501 nier. Maïs, en fuppofant même que cette operation ne fut pas chimérique , il fauclroit fuppofernbsp;un chimifte continuellement occupé a faire cettenbsp;operation, que la nature ne fera pas d’elle-mêine ;nbsp;car elle ne forcera pas Pair d’un vafe ou d’unnbsp;caveau a paffer amp; repalïer fans ceffe a travers unnbsp;fluide, pour s’y dépouiller d’un principe dont ilnbsp;eft imprégné.

Au refte, quel appareil a-t-on trouvé dans les lieux ou exiftoient, dit-on , ces prétendues lampes incotnbuftibles, qui reflemblat a un appareilnbsp;chimique propre a produire un femblable effet ounbsp;une femblable circulation ? On n’en trouve pasnbsp;même de trace dans les récits qu’on a faits de cesnbsp;prétendues découvertes. Alnfi , la raifon amp; les faitsnbsp;s’oppolênt a-la-fois a ce qu’on admette la fuppo-litipn d’un femblable artifice.

Nous devons cependant ici prévenir une ob-jeêfion. L’or eft doué du principe inflammable,, car c’efl; ce qui lui donne, ainfi qu’aux autresnbsp;métaux, la forme métallique ; mais ce principenbsp;lui eft tellement adherent , que , quelque long-temps qu’il foit enflammé , il n’eft point détruit.nbsp;II n’eft done pas néceffaire que rinflammationnbsp;détruife ou difperlë ce qui rend un corps inflammable.

II eft aifé de répondre a cela. Quoiqu’une mafte d’or foit toute en feu , elle ne brille pas d’unenbsp;inflammation qui Ipi foit propre ; elle n’eft quenbsp;pénétrée d’un feu etranger ; amp; cela eft il vrai,nbsp;que retiree du milieu des charbons ardents, ellenbsp;s’éteint peu a peu. Si fon phlogiftique étoit moinsnbsp;lié avec fa terre métallique, elle flamberoit, aunbsp;moins pendant quelque temps, d’une flamme fu-perficielle, comme quelques métaux imparfaits ou

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5ÓX RiCRÉXT. Mathémat. et Phys. demi-métaux , qui font auffi bientot réduits ennbsp;chaux. Or c’eft ce qui ne lui arrive pas ; ainfi ünbsp;peut y avoir d’inflaminabilité proprement dite,nbsp;Ou de combuftibilité, que dans des corps oü Ienbsp;phlogiftique n’eft pas affez foiblement uni avec lanbsp;partie fixe , pour pouvoir en être féparé, amp; fervirnbsp;d’aliment a la flamme. L’objeclion ci-delTus de-vient elle-même une preuve de ce que nous avonsnbsp;dit.

Ecoutons néanmoins les alchimiftes, ou les partifans des lampes perpétuelles; ils vont beau-coup nous amufer par leurs idees fur la manierenbsp;dont on pourroit fe procurer une huile telle quenbsp;l’exigeroient ces lampes.

Les uns, voyant que l’amiante eft indeftrufti-ble au feu, ont tenté ou propofé de tirer 1’huile de cette pierre : mais malheureufement les pierresnbsp;n’ont pas une atóme d’huile ; tout Ie monde Ienbsp;fgait; amp; de-la vient Ie proverbe ulité pour dé-figner une impoffibilité abfolue, C’ejl vouloir tirernbsp;de Vhuile d'un mur,

D’autres remarquant que- 1’or amp; l’argent, fur-tout Ie premier de ces métaux , font indellrufti-bles, ont eu 1’idée d’y chercher l’huile précieufe qui doit mettre en poffeffion des lampes perpétuelles. C’eft-la Ie beau fecret dont Licéti veutnbsp;que Ie grand Olybius fut en poffelRon. Mais ilnbsp;n’y a pas plus d’huile dans les métaux que dansnbsp;les pierres. II y a dans les premiers un principenbsp;inflammable, appelé Ie phlogiftique ; mais , outrenbsp;que ce phlogiftique eft Ie même dans tous lesnbsp;métaux, on ne peut l’obtenir ifolé; amp; dans 1’ornbsp;fur-üout, il eft ft étroitement lié avec fa bafe ounbsp;la terre métallique de l’or, qu’on n’a jamais pu

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DES Lampes PERPÉTÜELLES. 505 les féparer. Le pro) et de titer de 1’or une huile in-combuftible, eft done une chimere abfurde.

Maïs, dit un autre, fi nous pouvions réduire Tor en une liqueur , peut-être aurions-nous unenbsp;huile incombuftible , puifque l’or eft inalterablenbsp;au feu. Ceci eft vrai; mais , indépendamment denbsp;rimpoffibilité de réduire l’or en liqueur, qui nousnbsp;eft garant qu’il en réfultat une liqueur inflammablenbsp;comme Thuile ?

L’abbé Trithême , ou celui qui a mis fous fon nom beaucoup d’impoftures, a néanmoins pré-tendu nous donnet deux moyens pour faire l’huilenbsp;incombuftible. Nous allons en faire connoitre un,nbsp;avec tout le procédé d’une lampe perpétuelle.

Mêlez, dit ce vifionnaire célebre, ou celui qui parle en fon nom, quatre onces de foufre, amp;nbsp;quatre onces d’alun; fublimez-les , amp; en faitesnbsp;des fleurs. Prenez deux onces demie de cesnbsp;fleurs ; joignez-y demi-once de borax amp; de criftalnbsp;de Venife , amp; pulvérifez le tout dans un mortiernbsp;de verre ; mettez le tout dans une fiole; verfeznbsp;deflus de bon efprlt de vin quatre fols reélifié , amp;cnbsp;faites digérer cela; retlrez l’efprit de: vin, Sc re,*nbsp;mettez-en de nouveau , amp; répétez la même chofenbsp;trois ou quatre fois , jufqu’a ce que le foufre coulenbsp;fans fumée comme de la cire , fur des plaques d’ai-rain chaudes. Voila la nourriture de votre feunbsp;éternel. Enfuite il faut preparer une meche conve-liable; Sc la chofe fe fait ainfi: Prenez des filaments de la pierre ashejlos ^ de la longueur dunbsp;doigt auriculaire amp; de la grolTeur d’un demi-doigt, Sc liez-les avec de la foie blanche. Votrenbsp;meche étant ainfi faite, couvrez-la du foufre ci-devant préparé , dans lequel vous l’enfevelireznbsp;en un vafe de verre de Venife ; Sc vous mettreA

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504 Récréat. Mathémat. et Phys.

Ie tout cuire fur un feu de fable bien chaud durant vingt-quatre heitres, enforte que vous voyiez tou-jours Ie foufre bouillir. Par ce moyen, la mechenbsp;étant bien pénétrée amp; Imprégnée de eet aliment,nbsp;fe met dans un petit vaiffeau de verre , dont l’ou-verture foit large, II faut que la meche s’éleve unnbsp;peu au deffus. Puis rempliffez ce vafe- de verre denbsp;votre foufre préparé; mettez Ie vafe dans du fablenbsp;chaud , afin que Ie foufre fonde amp;c engloutiffe lanbsp;meche, AUumez-la , amp; elle brulera d’un feu per-pétueb Mettez ou vous voudrez cette petitenbsp;lampe, elle fera inextinguible.

Tel eft Ie premier feu de 1’abbé Tritbéme. II jte faut qu’avoir les plus légeres connoiffances denbsp;chimie, pour voir clairement qu’il n’y a pas denbsp;bon fens a efpérer de-la un feu inextinguible amp;cnbsp;perpétuel. Auffi aucun des partifans des lampesnbsp;perpétuelles , pas même Ie bon Licéti, n’a't-ilnbsp;confiance a un pared procédé , ni même au fe-cond ; d’ou il conclud qu’aucun des niodernes nenbsp;poffede ni n’a poffédé ce fecret précieux.

II y a des alchimiftes qui proinettent une huile ihcombuftible , tirée par un autre procédé. Ilsnbsp;prétendent que de Thuile de vitriol édulcorée furnbsp;tie i’or, amp;c qu’ils appellent okum vitrioli aiiri-jicanim , donnera cette liqueur précieufe. Maisnbsp;qui ne fqait que 1’huile de vitriol n’eft appeléenbsp;ainfi que fort improprement ? car elle n’a riennbsp;de veritablement huileux ou inflammable; Scnbsp;nous croirons aux lampes perpétuelles , quand unnbsp;alchiinifte nous aura montré une lampe ordinaire,nbsp;garnie d’huile de vitriol Sc d’une meche quel-conque, oü Ie feu fubfifte feulement une feconde.

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DES Lampes PERPÉTUELLES. 505

§. III. ImpoJJibilité cTentretenir un féti bridant fans cejfe dans un lieu abfolument dos.

Ceft un fait connu depuis qu’on obferve en phyfique, qu’une flamme ne peut fubfifler dansnbsp;un lieu clos. Qu’on renferme une bougie fous unnbsp;recipient de verre , amp; que tout accès de l’airnbsp;extérieur lui foit interdit; on verra peu a peu fanbsp;flamme diminuer, s’obfcurcir, s’allonger, amp; enfinnbsp;s’éteiridre. Le célebre Hales a même calculénbsp;quelle quantité d’air une bougie d’une certainenbsp;dimenfion rendoit, dans un temps donné , incapable de fervir a entretenir fa flamme , enfortenbsp;qu’on peut prédire en combien de temps cettenbsp;flamme s’éteindra infailliblement.

Peut-être néanmoins dans un lieu vafle, quoi-que hermétiquement clos, une flamme pourroit-elle perpétuellement brüler ; mais on fqait que les caveaux des tombeaux étoient extrêmementnbsp;petits: amp; pour augmenter la difficulté, on ditnbsp;que les lampes perpétuelles brüloient dans desnbsp;vafes oü elles étoient renfermées. Telle étoit dunbsp;moins celle d’Olybius. Or, la cruche d’Olybiusnbsp;eut-elle été de trois pieds de diametre , ce qui nenbsp;paroit nullement, il eft certain qu’une lampe n’eütnbsp;pu y fubfifter feulement deux heitres fans viciernbsp;tout l’air intérieur amp; fans s’éteindre.

Nous n’en dirons pas davantage fur cette ma-tiere; ce feroit fe mettre en frais 'de raifonnements fuperfliis, que d’en entafler un plus grand nombrenbsp;pour combattre la chimere des lampes perpétuelles ; car nous préfumons qu’il n’y a plus au-jourd’hui aucun phyficien inftiuit qui n’en pottenbsp;le même jugement que nous.

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5o6 Récréat. Mathémat. et Phys.

ADDITION.

Malgré toutes ces raifons , qui paroitront süre-ment déduites des principes de la plus faine phy-fique , nous avons vu dans un journal, que Ie

prince de S..-S........ Napolitain , étoit en

poffeffion du fecret des lampes perpétuelles, Mais coinme il y a déja bien des années que cette annonce a paru , amp; que ce fecret n’eft point encorenbsp;divulgué , il y a lieu de croire que l’annonce anbsp;été prématurée. Ce n’eft pas d’aujourd’hui qu’onnbsp;a vu des chimiftes occupés de la pierre philofo-phale , annoncer leur découverte avant leur operation finie : on en a même vu un marchandernbsp;une terre d’un million , d’après la belle couleurnbsp;de fa matiere , en tout femblable a la defcriptionnbsp;qu’en donne Ie Philalethes amp; Ie fqavant Morien^.nbsp;Mais malheureufement tout manqua encore ; amp;Cnbsp;Ie bon alchimifte mourut a l’höpital, en protef-tant qu’il n’avoit manqué a fa matiere qu’un degrénbsp;imperceptible de coftion, pour Ie rendre Thommenbsp;Ie plus riche de la terre.

Quant a la lampe perpétuelle de Naples , nous changerons d’avis quand nous ferons surementnbsp;informés que l’épreuve en a été faite , amp; qu’ellenbsp;a feulement brülé une année.

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507

TABLE

syjss M^X'XXIR.X.S

DU QUATRIEME VOLUME.

ONZIEME PARTIE.

Physique générale et particuliere.

Discours préliminaire fur us eu-

mcnts des Corps. nbsp;nbsp;nbsp;^

I. Du Feu, tant élémentaire que materiel.

3

§. II. De l'Air. nbsp;nbsp;nbsp;8

§. III. De de au. nbsp;nbsp;nbsp;li

§. IV. De ia Terre.

ProBLÊME Premier. Conf ruction de la machine pneumatique , amp;¦ expojition de quelques-unes desnbsp;principales expériences auxquelles ellc fert. 21nbsp;Pros. IL Renverfer un verre plein de liqueur,nbsp;fans quelle s'écoule.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;29

Prob. IIL Vuider toute Veau contenue dans un vafe, par Ie moyen d'un fphon.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;31

Prob. IV. Préparer im vafe qui, étant rempli de quelque liqueur a une certaine hauteur, la con-ferve, amp; qui la perde toute , étant rempli de lanbsp;méme liqueur d une hauteur tant foit peu plusnbsp;grande.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;33

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5o8 nbsp;nbsp;nbsp;table

Pros. V, ConjlruBion d'un vafe qui contienne fa liqueur ctant droit , (S' qui itant inclinenbsp;comme pour boirc , la perdc aujfitot toute. 3 4nbsp;Pros. VI. ConjlruBion de la fontaine qui coulcnbsp;amp; s'arréu alurnativtment.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;35

Pros. VII. ConjlruBion d’une clepjidre montrant I'heure par I’ecoukment unifornle dc I'cau. 37nbsp;Pros. VIII. QudU ejl la plus grande hauteur dnbsp;laquellc la tour de Babel eut pu être élevée, avantnbsp;que les matiriaux portls d fon fommet eujfentnbsp;perdu toute leur pefanteur ?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;39

Pros. IX. Si Von fuppofoit la terre percee d'un trou jufqud fon centre, combien de temps unnbsp;corps mettroit-il d parvenir a ce centre, en fai-jdnt d'aillcurs ahfraBion de la réjijlance dcnbsp;Vair ?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;41

PrÖB. X. Qiief-ce qui arriveroit ji la lune itoit tout-d-coup drrêtée dans fon mouvement circulaire , (S' en combien de temps tomberoit-elle furnbsp;la terre?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;41

Pr.ob. XI. Quelle feroit la pefanteur d'un corps tranfponi d la furface du Soleil, ou d'une autrenbsp;planete que la Terre, comparie d celle de ce corpsnbsp;fur la furface de notre globe ?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;44

Pros. XII. Confruire une fontaine qui jailliffe par la comprejjion de Vair.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;46

Pros. XIII. ConjlruBion d'un vafe qui donne au-tant de vin qu'on y verfe d'eau. nbsp;nbsp;nbsp;48

Prob. XIV. ConflruBion d'une machine hydrau-lique, ou un oifeau boit autant d'eau qu'il en jaillit par un ajutage.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ibid.

Prob. XV. Faire une fontaine qui jailliffe par la rarefaBion de I'air dilate par la chaleur,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;50

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DES MATIERES. 509

PrOB. XVI. Mefurer Ie degré de chaleur de Vair amp; des autres fluïdes. Hijloire amp; conjlruclion dunbsp;Thennometre,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;51

Prob. XVII, Defcription des Thermornetres les plus cèlehres amp; les plus ujitès: Reduction desnbsp;uns aux autres.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;60

Prob. XVIII. Conjlruclion d'un autre Thermo-metre mefurant la chaleur par la dilatation Tune barre de mital.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;64

I. nbsp;nbsp;nbsp;Table des différents degrés de chaleur auxquelsnbsp;différentes matieres commencent dfe fondre, ounbsp;d fc geler, ou d entrer en ebullition ^ riduits auxnbsp;thermornetres de Fareinheit, Réaumur, amp; CelJiUf.

67

II. nbsp;nbsp;nbsp;Table des différents degrés de chaleur ou denbsp;froid, obfervés en divers lieux de la Terre, ounbsp;dans certaines circonjlances, ou pour certainesnbsp;operations , réduits au thennometre de Reaumur.

68

III. nbsp;nbsp;nbsp;Table des rapports de dilatation des Métaux

paria chaleur, fuivant M. Ellicot. nbsp;nbsp;nbsp;6^

Observations Jur les Tables précèdentes.

ibicl.

Prob. XIX. Quelle ejl la caufe qui fait que fur les hautes montagnes, même Jur celles qui fontnbsp;Jituées fous la qone torride , on éprouve prefquenbsp;continuellement un froid rigoureux , tandis quenbsp;dans la plaine ou dans les vallons il fait chaud?

73

Prob. XX. De Vatténuation dont quelques matures font fufceptibles; calcul de la longueur d'un lingot Targent trait, amp; de l’.épaijfeur de fanbsp;dorurc,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;78

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510 nbsp;nbsp;nbsp;TABLE

PrOB. XXI. Continuation du mcme fujct: Ap-pergu de la divijion de la mature dans ks diJfolu~ tions des corps, ks odeurs amp; la lumicre. 8 rnbsp;Pros. XXII. Qudk vitejfe faudroit-il donner dnbsp;un boukt de canon, dans la dircclion horu^on-tale , pour quil ne retombdt pas fur la terre , amp;nbsp;qtiil circuldt autour d'elk cornme une planete, ennbsp;faifant néanmoins abfraction de la refinance denbsp;Vair?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;85

Pros. XXIII. Examen d’une opinion Jinguliere fur la Lune amp; ks autres planetes fecondaires.

¦

PrOB. XXIV. Jiifqud quel point peut amp; doit-on craindre L' appro die ou k choc d'une comete , 6*nbsp;ks ravages qua pourroient en rifulter fur la Terre ?

The ORE ME I. X7ne livre de liege pefe davantage qu une livre de plomb ou d'or.

Un corps pefe plus en etéquen hiver. nbsp;nbsp;nbsp;100

ThÉOR. II. Deux poids homogenes qui font en iquilibre fur la furface de la terre ^ aux extrémitésnbsp;d'une balance d bras ine'gaux , ne k doivent plusnbsp;etre , f on la tranfporte au fommet d'une mon-tagne ou au fond d'une mine,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;103

Prob. XXV. Du Feu central. nbsp;nbsp;nbsp;105

Prob, XXVI. Mefurer ks variations de pefanteur de rair : Conf ruction du Barometre. 117nbsp;Prob. XXVII. La fufpenjlon du mtreure dans lenbsp;Barometre , depend-elk de la pefanteur ou de Vila fid té de I'air?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;120

Prob. XXVIII. Ufagedu Barometre pour reconnoitre I'approche du beau ou du mauvais temps , amp; precautions a prendre d ce fujet pour nitrenbsp;pas induit en erreur.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;121

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DES M ATIERES. nbsp;nbsp;nbsp;511

Pros. XXIX. Comment Je fait-il que la plus grande hauteur du Barometre annonce le beaunbsp;temps , amp; que la moindre annonce la pluie pro-chaine ou mauvais temps ?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;114

Prob. XXX. Du Barometre nbsp;nbsp;nbsp;compofé ou réduït.

ixj

Prob, XXXI. Quel efpace occuperoit un pouce cube dlair^ tranfporte a la hauteur dlun demi-diametre terrejlre ?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;130

Prob. XXXII. Si Von creufoit un puits jufquau centre de la terre , quelle feroit la denjite de Vairnbsp;dans les différentes profondeurs 6' an fond de cenbsp;puits ?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;133

Prob. XXXIII. De VArquebufe a vent. 133

Prob. XXXIV. De VEoUpyk. nbsp;nbsp;nbsp;137

Prob. XXXV. Cotifruclion de quelques petites figures qui nagent entre deux eauxamp; quonnbsp;fait danfer , haufjer amp; baijfer., en appuyant Jeu-lement le doigt fur Vorifice de la houteille qui lesnbsp;contient.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;13^

Prob. XXXVI. Confiruclion d'un barometre oil les variations de Vair fe demontrent par une petite figure qui hauffe amp; baiffe dans Veau. 149

Prob, XXXVII. Equilibrer dans de Veau deux petites figures, de maniere quy verfant de nouvelle eau, la figure qui etoit au deffus s'enfonce,nbsp;amp; Vautre prenne le dejfus.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;141

Prob. XXXVIII. Des Larmes Bataviques. ibib.

Prob. XXXIX. Mefurer la quantité annuelle de la Pluie.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;144

Prob. XL. De Vorigine des fontaines : Calcul de la quantité d'eau des pluies, qui demontre quelle

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TABLE

fufit pour kur donmr naijfanu amp; ks entretmlr.

147

pROB. XLI. Li Martian cTcau , ou de mercure.

ProB. XLII. Fain um Pluk lumintufc de mercure. nbsp;nbsp;nbsp;153

Prob. XLIII. Pour quelle raifon, dans les mines qui ont des foupiraux fur le penchant d'unenbsp;montagne , a diflrentes hauteurs , s'itablit-il unnbsp;courant d'air, qui a dans I'hiver une direclionnbsp;différente de celle quil a pendant Pete? Explication d'un phenomene femhlable quon remarquenbsp;chaque jour dans ks cJieminees : FJa.gc quonnbsp;peut faire d'une cheminée pendant l'été, 154

Prob. XLIV. Mefunr ks hauteurs des montagnes au moyen du Barometre.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;15/

Table des hauteurs de différents lieux de la Terre amp; de diverfcs Montagnes au deffus du niveau.nbsp;delaMer:nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;163

Prob. XLV. Faire une Fontaine artificielk, d I'i-mitation d'une fource naturelle. nbsp;nbsp;nbsp;j66

¦ Prob, XLVI. Quelle ef la pefanteur de I'airdont • le corps d'un homme ef continuelkment chargé ?

\ nbsp;nbsp;nbsp;168

Prob, XLVII. CorifruBion d'une petite machine qui, d I'imitation de la fdtue de Mxmnon, pro-duira des fonsau lever foleil.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;170

Prob. XLVIII. Des Phénomenes desTuyaux ca-pillaires. nbsp;nbsp;nbsp;173

Prob. XLIX. De quelques tentatives du mouvement perpétuel, au moyen de fphons capillaires.

177

Prob,

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DES MATIERES. 51J ProB. L. Force. prodigUufe de Vhumidité pour en~nbsp;* lever des fardeaux.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;180

Prob, LI. De la Machine ouDigefieur de Papin.

iSz

Prob. LII. Pourquoi daris l'hiver^ lorfque Ie temps Je radoucit tout-d-coup , Vair intérieur des mai^nbsp;_ fons continue, méme pendant plujieurs jours , d.

être plus froid que Vextérieur gt; nbsp;nbsp;nbsp;i8g

Prob. LIII. De quelques Jignes naturels auxquels ¦ on peut prévoir Ie changement de la temperaturenbsp;acluelle de Vair.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;187

Prob. LIV. La Fiole des Eléments. nbsp;nbsp;nbsp;191

Prob, LV. Séparer deux liqueurs mélangées e/z-femble. nbsp;nbsp;nbsp;195

Prob. LVI. Quelle ejl la caufe de Véhullition de Veau?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;194

Prob. LVII. Quelle ejl la caufe pour laquelle U fond d'un vafe contenant de Veau bouillante d

gros bouillons y ejl a peine chaud?

Prob. LVIII. Mefurer Vhumidité amp; la fécherefe de Vair: Idéé des principaux Hygrometres ima-ginés pour eet objet; leurs défauts: Conjlruclionnbsp;d'un Hygrometre comparable.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;198

Prob. LIX. En fuppofant ce que nous avons démontré plus haut fur la ténuité des particulesnbsp;de la lumiere amp; fon extréme rapidité, quellenbsp;déperdition Ie foleil peut-il faire de fa fubfancenbsp;dans un nombre d'années déterminé?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;205

Prob. LX. Produire au milieu de la plus grande chaleur un froid conjidérable amp; propre d glacernbsp;Veau: Des congelations artificielles , 6'c.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;207

Prob, LXI. Faire glacer de VeaUy en remuant feulement Ie vafe qui la contient.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;212

TomelV, nbsp;nbsp;nbsp;Kk

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5ï4 nbsp;nbsp;nbsp;TABLE

Pros. LXII. De la figure qiion obfierve quelquifoU dans la neige : Explication de ce phinomene,

214

Pros. LXIII. Confiruin unn H'ontaine vii Veau coule amp; s’arrete alternativement.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11S

Pros, LXIV. Eaire une Fontaine qui coulera amp; s'arrêtera un certain nombre de fois de finite, 6*nbsp;enfiuite s^arretera pendant un temps plus oumoinsnbsp;long, uprls Icquel elk reprendra fion cours intersnbsp;mittent; amp; ainji de finite.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;21^

Pros. LXV. ConfiruBion d!une Fontaine qui cefi-fiera de couler quand on y verfiera de Veau , 6* qui ne reprendra fion cours que quelque tempsnbsp;aprls quon dura cefie.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;220

Pros. LXVI. Faire une Fontaine qui , apres avoir coule pendant quelque temps par fid décharge denbsp;fiuperficie, commencera d baijfer jufiqud un certain pointy enfiuite remonteray amp; ainji fuccejfive-ment.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;222

Remarque y contenant Vhijloire amp; les pheno-menes des principales Fontaines intermittentes connues, ainji que de quelques lacs amp; puits quinbsp;ont des mouvements analogues : Hijloire du fa-meux lac de Zirchnit^,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ibid.

Pros. LXVII. Du Porte-voix amp; du Cornet acoufi-tique ; leur explication : Le jeu de la Fete en-chantée. nbsp;nbsp;nbsp;2^^

Pros. LXVIII. Dans le jeu du Ricochet y quelle ejt la caufie qui fait remonter la pierre au dejfusnbsp;de la furfiace de leaUy aprls y avoir plongi^

238

Prob, LXIX, te micanifime du Cerfi-volant: Di-yerjes qiiejlions amp; recherches fur ce jeu. 24Q

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DES MATIERES. 515 PROB, LXX. Dc La Baguette divinatolre; cenbsp;qu’on en dolt penfer.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;245

DO UZ IE ME PART IE, D E l’ A I M A N T.

Section premiere, m La nature de VAi-

mant. nbsp;nbsp;nbsp;254

SECTION 11. Des propriétés principales de l'Ai-mant. nbsp;nbsp;nbsp;25^

I. De attraction de CAimant avec Ie fer y OU des Aimants entreux.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ibid.

Premiere Experience, qui prouve It attraction de rAimant d l'ègard du fer.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ibid.

2^ Experience. Reconnoitre les poles de l'Ai~

57


mant.


3^ Experience. Propriétés des poles de VAimant Vun d Végard de Vautre.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;258

4e Experience. Production de nouveaux poles dans VAimant.


5 e Experience. La direction du courant magné-tique. nbsp;nbsp;nbsp;262

6^ Experience , qui prouve Vaction mutuelle des Aimants 6* du Fer.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;263

§. II. De la communication de la propriété ma-gnétique, nbsp;nbsp;nbsp;264

ye Experience. Maniere d'aimanter, ibid.

8* Experience. Maniere de faire avec des bar-reaux d’acier un Aimant artificiel. 265

Kk i)

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$i6

TABLE

Experience. Produire dans une ham de fir la Virtu magnétiqui fans aimant.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;167

III. nbsp;nbsp;nbsp;Dcla direction de V Aimant, de fa dé-

clinaifon amp; de fa variation. nbsp;nbsp;nbsp;272

[10® Experience, Reconnoitre la direBion de V Aimant.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ibid.

I ® Experience. Le changement de déclinaifon de rAimant.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;a/j

|3 2® Experience. La variation diurne de HAimant. nbsp;nbsp;nbsp;280

IV. nbsp;nbsp;nbsp;De rinclinaifon de 1’Aiguille aiman-

tée. nbsp;nbsp;nbsp;281

(13 e Experience. Ohferver Vinclinaifon de VAimant, nbsp;nbsp;nbsp;ibid.

34^ Expérlence. Obfirver rinclinaifon de PAiguille aimantée. nbsp;nbsp;nbsp;2 8 z

SECTION III. De quelques Moyens propofes pour oter a Vaiguille aimantée fa déclinaifon ,nbsp;ou faire des Bouffoles fans déclinaifon, i86

SECTION IV. De quelques Tours de fubtiliti qtCon exécute au moyen de VAimant, z^O

I. ConJlruBion de la Lunette magique, 291

5. II. Etant donnés plujieurs chifires , qu'une perfonne rangera les uns a cóté des autres dansnbsp;une holte , reconnoitre a travers le couvercle lenbsp;nombre forme par ces ckiffres,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;292

§. Ill, La Mouche fiavame , ou la Syrene.

294


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V7

DES MATIERES.

TREIZIEME PART IE,

De l’Electricité.

I. nbsp;nbsp;nbsp;Ci qui c'ejlqui PEUciricid; Dijlinclion en

tte les corps éleBriques par frottement ou par communication.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;25^

II. nbsp;nbsp;nbsp;Defcription de la. Machine électrique ou d

éleclrifer, ainji que des Injlruments accejfoires pour les experiences de VEleclricité.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;301

Premiere Expérience. VEtincelle électrique. 305 2® Expérience. Communication de l’éleciricité dnbsp;diverfes perfonnes.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;306

5® Expérience. L'Attraction amp; la Répuljion. ibid. 4e Expérience. Quelques Jeux éleBriques fondésnbsp;fur la propriété précédente. Le Poijjon d’or, lanbsp;Danfe éuib-iquc , lu. Plme lumineufe.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ibid,

^ s Expérience, Répuljion entre des corps é^alement éleBrifés.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;308

é® Expérience, ConJlruBion d'un EleBrometre.

309

Expérience. Allumer de Pefprit de vin avec rétincelle éleBrique.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;310

8® Expérience. Propriétis des Pointes. ibid. Expérience. Difference des pointes amp; des corpsnbsp;émouffés.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;311

'jO® Expérience. Maniere de reconnoitre Ji un corps ejl dans Vétat cPéleBricité.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;312

'II® Expérience. DijUnBion des deux EleBricités, Idéé du JyJtéme de M. Francklin.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;315

¦f2® Expérience, La Bouteille éleBriqtu ^ amp; la Commotion,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;318

Kkiii

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5iS nbsp;nbsp;nbsp;TABLE

I Experience. Autre manure de donner la conii motion , fgavoir, jgt;ar le carreau de verre ikclri-que. Percer une main de papier avec Vétincellenbsp;élecirique.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3 ^4

13^ Experience. Afoye/z dlaugmenter comme in-déjiniment la force de Veleclricite : Batterie elec-trique. nbsp;nbsp;nbsp;325

14® Experience. Tuer un animal au moyen de rèleclricitLnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;318

15^ Experience. Production du magnétifme par

réleBricité. nbsp;nbsp;nbsp;3

16® Experience. Fondre les mitaux au moyen de rEleBricite.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;330

17^ Experience, prouve Videntite de la fou-dre avec ritincelle élecirique. nbsp;nbsp;nbsp;331

Expérience , qui prouve la menu vériti dune autre manure; ou le Cerf-volant élecirique, 335

19^ Experience. La Maifon endommagie par le Tonnerre.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;339

ao® Experience Le Faifeau frappé ou préfervé de la Foudre.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;341

Remarque génerale, fur Vanalogie du feu de la foudre avec la mature élecirique ; Moyen denbsp;' garantir hs édifices du tonnerre.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;345

ai' Experience. De quelques Jtux fondés furVat-traBion 6- la répulfon éleclriques : VAraignée

élecirique nbsp;nbsp;nbsp;3^0

aa® Expérience. La Roue amp; le Tournebroche éleo triques.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;351

a3® Expérience. Le Carillon amp;• Iz Claveffin élec-triques. nbsp;nbsp;nbsp;353

2.4^ Experience. Les Chevaux éleclriques fepour-fuivants ; ou U Manege élecirique,

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DES MATIERES. 519

'2.5® Experience. Fain paroitre tout-a-coup unamp; écriture en camcteres dcfeu, par Ie moyen de l'é-leSricité.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;35S

26® Experience. Feu d'Artifice éleHrique.. ' 361 27® 'E.x^éxitncz ^ fur rEleclricité de la Soie. 364nbsp;28® Experience , qui prouve que CELeciricité accé-lere Ie cours des fiuides.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;366

Remarque fur les conféquences de cette Experience , amp; fur les guérifons opérées ou prétendues opérées par l'Eleclricité,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3^7

29® Experience. De rEleclricitl naturelle 6* animale. nbsp;nbsp;nbsp;37*

QUATORZIEME PART IE. C H I M I E.

Article premier. Des Seis. nbsp;nbsp;nbsp;377

I. nbsp;nbsp;nbsp;Des Acides.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;378

De VAcide vitriolique. nbsp;nbsp;nbsp;379

De rAcide nitreux. nbsp;nbsp;nbsp;381

De VAcide marin. nbsp;nbsp;nbsp;ibid.

De rA ci de vegetal, nbsp;nbsp;nbsp;3 ^

II. nbsp;nbsp;nbsp;Des Alkalis.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;383

De rAlkali fixe. nbsp;nbsp;nbsp;384

De l'Alkali volatil. nbsp;nbsp;nbsp;. 385

§. III. Des Seis neutres', nbsp;nbsp;nbsp;3^^

article II. Du Phlogijlique. nbsp;nbsp;nbsp;388

article III. Des Afifnités. nbsp;nbsp;nbsp;391

article IV. Des Dijfolutions amp; Precipitations f nbsp;nbsp;nbsp;393

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5iO nbsp;nbsp;nbsp;TABLE

ARTICLE V. Dz I'Efervefcence amp; de la Fer~ mentation ; leur difference.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3 94

ARTICLE VI. De la Criffallifation, 356 ARTICLE VIL Diverfes Experiences chimiques.

398

Premiere Experience. Comment un corps de nature comlrujlibU , peut être fans ceffe pénétré de feu fans fe confumer?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ibid.

a® Experience. Tranfmutation apparente du fer en cuivre, ou en argent, amp; fon explication.

399

3® Experience. Oit Von pricipite fucceffivement diverfes fubjlances , par I'addition d’une autrenbsp;dans la folution.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;401

Experience. Avec deux liqueurs, chacune tranfparente , produirc une liqueur noirdtre amp;nbsp;opaque Manierc de faire de bonne Encre,

40?

'5® Experience. Comment on peut produire des vapeurs inflammables amp; filminantes. 404

6® Experience. La Chandelle philofophique. 405

7® Experience. Comment on peut faire , par une compofition chirnique , un volcan artificiel.

ibid.

S® Experience. Compofition de VOr fulminant.

406

Expérience. Compofition de la Poudre fulminante. nbsp;nbsp;nbsp;4og

10® Experience. Liqueur qui fe colore amp; fe dicolore alternativement, en permettant ou inter-ceptant le contact de Vair extérieur avec elle.

409

ÏI ® Experience. Pritendue production d'un nouveau Fer, amp; ce qu’on en doitpenfer^ nbsp;nbsp;nbsp;ibid,

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DES MATIERES. jit

^4® Experience. Avec deux liquides mélanges ^ former un corps folide , ou du moins ayant denbsp;la conjiflance.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;41 i

13® Experience. Former une combinaifon qui Itant froide foil liquide , amp; au contraire , étant échauf-fée , devienne conjiflnnte en forme de gelee. 412nbsp;34e Experience. Faire paroure tout-a-coup unnbsp;éclair dans une chambre, quand on y entreranbsp;avec un flambeau allumé,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;413

35e Expérience. Des Encres fympathiques , amp; de quelques Jeux qiCon exécute par leur moyen,

ibid.

Remarque s.

1. nbsp;nbsp;nbsp;Faire un tableau qui repréfente alternativement

Vhiver amp; l'éti. nbsp;nbsp;nbsp;416

2, nbsp;nbsp;nbsp;UOracle magique,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;417

16® Experience. Des Végétations métalliques.

ibid.

'Arbre de Mars. nbsp;nbsp;nbsp;418

Arbre de Diane. nbsp;nbsp;nbsp;ibid.

Végétation non métallique, nbsp;nbsp;nbsp;420

17® Expérience. Produire la chaleur 6* méme la flamme par Ie moyen de deux liqueurs froides.

421

38® Expérience. Fondre du fer dans un inflant, amp; Ie faire couler en gouttes.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ibid.

'15® Expérience. Faire fondre du métal dans une coquille de noix.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;42-i

20® Expérience. Partager une piece de monnoie en deux dans fon épaiffeur.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;423

digression fur la Pierre philofophale ^ VOr potable y amp; laPalingénéfle.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;423

§, I, Di ld' Pierre philofophale^ nbsp;nbsp;nbsp;416

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TABLE

§. 11. jDe VOr potable, nbsp;nbsp;nbsp;434

III. De la Palingénijie. nbsp;nbsp;nbsp;436

Efpece de Palingénéjie illufoire. nbsp;nbsp;nbsp;443

Ier SUPPLÉMENT. Des Phofphores, tant naturels qu artifidels. nbsp;nbsp;nbsp;445

Section I. Phofphores naturels. nbsp;nbsp;nbsp;4461

I. De let Mer lumineufe,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ibid.

§. II. De quelques InfeBes lumineux, 451

1. nbsp;nbsp;nbsp;Du V’.r luifant de notre pays.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4JZ

2. nbsp;nbsp;nbsp;De la Mouche luifante de CItalië amp; des

pays chauds. nbsp;nbsp;nbsp;455

3. nbsp;nbsp;nbsp;Du Cucuyo de VAmlrique.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;454

4. nbsp;nbsp;nbsp;Du Scarabée de la Guyane.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;455

§. III, De quelques autres Corps phofphoriques.

456

1.

2.

3-

4-

5-

Les Yeux de divers animaux, nbsp;nbsp;nbsp;ibidJ

Le Diamant de Clayton, nbsp;nbsp;nbsp;457

Le Bots pourri. nbsp;nbsp;nbsp;458

Les Vers des Huitres. nbsp;nbsp;nbsp;459

Les Chairs corrompues. nbsp;nbsp;nbsp;ibid.

6. Divers Poijfons ou parties de Poiffons.

460

Section II. Des Phofphores artifidels. nbsp;nbsp;nbsp;465

§. I. Experience phofphorique , ou brülerde la poudre d canon fans explofion.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;466

§. II. De la Pierre de Boulogne. nbsp;nbsp;nbsp;ibid.

§. III. Du Phofphore de Baldwin OU Baudouin.

469

g. IV. Phofphore de M. Homberg. nbsp;nbsp;nbsp;47O

§. V. Phofphore en poudre , ou de M. Canton.

471

VI, Du Pyrophore d'Homberg. nbsp;nbsp;nbsp;471nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

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5^5

DES MATIERES.

§. VII. nbsp;nbsp;nbsp;Phofphorc OU Pyrophorz de Kunckel,

autrement appeU d’Angleterre. nbsp;nbsp;nbsp;474

Ecrirc en caracleres qui feront lumineux dans Pohfcunté.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;480

VIII. Compojltion d'une efpece de Pyrophorc qui jette desjlammes park contact d’une gouucnbsp;d’eau.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;481;

11® SUPPLÉMENT. Des Lampes perpltuelks,

484

Section I. Examen des faits qu’on alleguc commc preuve de Pexiflence des Lampes perpètuelles^

485'

ibid.

487

488

489

485

1. nbsp;nbsp;nbsp;La Lampe de Tulliola.

2. nbsp;nbsp;nbsp;La Lampe d’Olybius.

3. nbsp;nbsp;nbsp;La Lampe de Pallas , fils d’Evandre.

4. nbsp;nbsp;nbsp;La Lampe du temple de Kénus.

5. nbsp;nbsp;nbsp;Les Lampes de Cajfiodore.

Section II. Examen de la pofiihlUtéphyfiquede

faire une Larn^c ficrpétucllement ardente. 495

§. I. Impojfibilité d'avoir une meche perpêtuelk : Hifioire de VAmiante ; maniere de Ie filer y amp;nbsp;d’en former un tijfu ou une meche ; examen dcnbsp;fa pritendue incombujlibilité.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;454

II. Impoffibilitè de fe procurer un aliment indejlruclible pour les Lampes perpétuelksznbsp;Pretendues recettes pour une huik incombuf-tible.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;499

§. III. Impoffibilitè d'entretenir un feu brülant fans cefie dans un lieu abfolument dos, 5 05

Fin de la Table du quatrieme Volumej

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