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Cc( Owrcige se trowe chez les principaux libraires de Paris et de Bologne en Italië.

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C la fi'--i ' I ji


ESSAI

THÉORIQUE ET EXPÉRIMENTAL

SUR

LE GALVANISME,

AVEC ÜNE SÉRIE D’EXPERIENCES

FAITES EN PKÉSENCE DES COMMISSAIEES DB E’DSSTITUT NATIONAL DE FRANCE,

ET EN DIVERS AMPHITHEATRES ANATOMIQUES DE LONDRES,

PAR JEAN ALDINI,

Professeur en 1’Universiië de Bologne , de Plnstitut national de la Rcpubli(jue italieune ^ des Socïetes Gutvanique et Académitjuc desnbsp;sciences de Paris, des Sociétés de médecine de Paris et de Londrcs,nbsp;de 1’Athénée des arts, des Académies de Bologne, de Turin;nbsp;Mantoue, etc.

Planches.

TOME PREMIE E.

PARIS,

UE u’lMPRIMERIE DE FOURNIER FILS.

f EEs ERÉKES PIRANESI, PLACE Dü TRIBVNAT , N.» iSSa. CHEZ inbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^

I JOSEPH LUCCHESINI, LIBRAIRE , A BOLOGNE.

ANXIL—M.DCCCIV.

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A BONAPARTE.

«TOYEN PREMIER CONSUL ET PRÉSIDENT,

II sera mémorahle a jamais dans les fastes de Illistoire du Galva-‘nbsp;nismo Ie jour oü^ descendu d peinenbsp;en Italië ^ vous me permites d^ennbsp;développer devant vous les princi-pales experiences au milieu des vas-tes occupations militaires et politi-ques dont vous étiez environné, Ienbsp;souvenir de cette époque honorablenbsp;^•^enhardit d vous dédier eet Ou-JJappui que vous accordez dnbsp;toutes tb. Sciences, est aussi dirigé

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vers les pro gres du Galvanisme: les monuments que vous élevez a sanbsp;gloire, sont grands f sorit dignes denbsp;vous. U hommage que je vous présente n est done que Vexpression denbsp;la reconnaissance puhlique, et a-la-fois un trihut que je rends d lanbsp;mémoire de Galvan i, dont lanbsp;décomerte, agrandie sous vos auspices y ira avec votre nom, dnbsp;Timmortalité.

Daigaez agréer

Monprofond respect,

ALDIN‘^

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INTRODUCTION.

La manière doiit les clécou-Aertes naissent et se propagent dans le vaste champ des sciencesnbsp;et des arts, offre l idee la plusnbsp;avantageuse de la grandeur denbsp;Vesprit humain. Le germe imperceptible dune plante ntilenbsp;reste souvent ineonnu pendantnbsp;des sièeles, juscpi a ce qu il passenbsp;entre les mains habiles dunnbsp;bomme qui lui donne la culture convenable a son dévelop-pement et a sa reproduction.nbsp;Ainsi les idéés Ics plus simplesnbsp;sont, pour 1’bomme de génie , lenbsp;germe inaper^u des plus bellesnbsp;productions intellectuelles. Lanbsp;plijsiqoe moderne vient a l apquot;nbsp;pui de cette véialé.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r

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Ij nbsp;nbsp;nbsp;INTRODUCTION.

Le célèbre professeur Gal-Nani, d’après de très-simples observations , aidé de ses talents et de son industrie, a fixé, par sanbsp;brillante découverte, une époque memorable dans la science.nbsp;Guide par la noble ambition denbsp;reculer les bornes des eonnais-sances humaines , il se livra a unnbsp;grand travail, queles limites or-dinaires dela vie ne lui laissaientnbsp;pas méme I’espoir d’acbever.

Pénétré d un vif desir d’etre utile, il ne songea qua donnernbsp;les premières notions d un nouveau systême en physiologic ;nbsp;elles pourront servir de flambeau aux savants, pour les di-riger vers de plus grandes dé-couvertes. Il rappelait que lesnbsp;soupcons de I’infortune Galileo

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INTRODUCTION. nbsp;nbsp;nbsp;iij

tracèrent la route a Torricelli, qua ses travaux succédèrentnbsp;ceux de Pascal, de Bojle, dOtto-Guerick , et que ceux de cesnbsp;savants furent suivis des der-niers ouvrages de Priestley, denbsp;Cavallo et de Lavoisier, qui ontnbsp;repandu le plus grand jour surnbsp;la théorie des fluïdes aérifor-mes.

Chaque partie de la Science, et principalement la théorie denbsp;lelectricité animale, nous ofïrenbsp;le même tableau. Car, qu’étaitnbsp;l’électricité lorsque Thalès lenbsp;Milésien en fit la découverte ?nbsp;et que devint-elle pendant unenbsp;longue suite de siècles, entre lesnbsp;tnains de Pline, Strabon, Dios-coride et Plutarque? Ce ne fut,nbsp;pendant ce long intervalle, qu’un

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IV INTRODUCTION.

gernie enfoncé dans une terre, qui attendait des mains plus heu-reuses pour le niettre eri valeur;nbsp;et les hommes célèbres qui Tontnbsp;fait croitre et s’élever, les Gilbert, les Muschenbroëck, lesnbsp;Nollet, n’avaient pas même l i-dée de la quantité de fruits quenbsp;devaient en retirer, Delibard,nbsp;Franklin et Volta, dont les nom-breux travaux embrassent lesnbsp;principaux phénomènes de lanbsp;nature.

Galvani a fait sortir de ce vaste tronc une branche nouvelle: dnbsp;l a cultivée avec tout le zèle denbsp;de 1’homme industrieux qui tra-vaille sur son propre fonds , avecnbsp;toutel’intelligence d un génie ob-servateur, qui croit avoir saisi unnbsp;des hls qui peuvent conduire aux

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INTRODUCTION. nbsp;nbsp;nbsp;v

plus grands secrets de 1 organisation animale, et de la vie.

L’espoir le plus cher a son co0ur était de faire tourner sanbsp;décou verte au profit de l’espècenbsp;Kumaine, et de trouver, dansnbsp;léconomie animale elle-même,nbsp;les moeyens de réparer la plupartnbsp;des désordres auxquels elle estnbsp;sujette.

La mort jalouse a surpris ce pliilosophe presquau commencement de ses travaux; mais c é-taitdéja trop tard pour rend re sanbsp;découverte inutile : elle est ac-tuellement entre les mains denbsp;tousles savants de lEurope unnbsp;instrument qui ne peut desor-uiais se perdre, et qui, tons lesnbsp;jours mieux connu, sera eniinnbsp;mis en va leur.

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vj nbsp;nbsp;nbsp;lï^TRODUCTION.

Témoin et coopërateur des travaux de mon illustre parent,nbsp;je n’ai pu demeurer étrangernbsp;aux progrès qu’il a fait faire a lanbsp;science. Jj ai ajouté quelquesnbsp;expe'riences propres a la con-duire au but qu’il se proposait.nbsp;Ce sont ces faits que je livrenbsp;sans réserve aux savants, quinbsp;pourront les apprécier. Puissé-je, par les recherches que j’ainbsp;faites, et par celles que je pro-jelte, ne pas demeurer en restenbsp;avec eux, et porter a la massenbsp;commune un tribut que n eütnbsp;pas désavoué Ie philosophe dontnbsp;la perte , en m accablant desnbsp;plus justes regrets, m a laisséunenbsp;grande tache aremplir; celle denbsp;soutenir sa gloire, et d’utilisernbsp;ses clécouvertes !

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vij

INTRODUCTION.

Mainteiiant pour clonner une idéé précise de mon ouvrage,nbsp;et pour y mettre de l’ordre etnbsp;de la clarté, autant qu’il e.stnbsp;possible, je Ie divise en troisnbsp;parties. La première montrenbsp;l’action du galvanisme indépen-dammeiit des métaux, et quel-ques-unes de ses propriétés générales. Dans la seconde, j’em-ploie Ie pouvoir du galvanismenbsp;a exciter les forces vitales. Dans

la troisième, je propose des applications utiles de eet agent a la médecine , et je développenbsp;les principes qui servent d’appuinbsp;a une nouvelle administrationnbsp;du galvanisme médical.

Plusieurs résultats quinepou-¦v^aient pas convenablement être places dans ces trois parties, te-

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^^llj INTRODUCTION.

ront Ie SUj et d im appendice, clans lequel je décrirai en même tempsnbsp;quelques appareils nouveaux ,nbsp;soit physiques, soit chimiques ,nbsp;tres - propres a développer la

)rie du galvanisme.


J’ai pensé qu’il était a propos de classer dans la première par-tie de eet Essai mes experiences,nbsp;de manière qu’elles servissentnbsp;a établir une série de propositions , dont chacune ten dit a dé-montrer les clilFérentes proprié-tés du galvanisme. C’est a quoinbsp;se sont hornes mes efforts, nenbsp;croyant pas possible, dans l’étatnbsp;actuel de la science, de pouvoirnbsp;offrir une théorie compléte et ri-goureuse.Cependant j’ai été quebnbsp;quetois oblige de me livrer a desnbsp;conjectures cpii m’ont paru des

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INTRODUCTION. ix

consequences nécessaires des faits précédemment observes.

La seconde partie comprend une longue suite d’experiencesnbsp;faites, après la mort, sur Fhom-me et sur les animaux , afinnbsp;de comparer les elFets du gal-vanisme, et du stimulus adrnisnbsp;par Haller,sur les différentssys-témes d’organes; mais j’ai prin-cipalement porté mon attentionnbsp;sur les meninges, le cerveau et

le coeiir. J ai cru devoir insister d’autant plus sur ce point, qu’ilnbsp;est depuis long-temps un objetnbsp;de contestation parmi les pby-siologistes.

La pile imaginée par le pro-fesseur Yolta, m’a fourni l’idée d’un rnojen plus propre qu’au-cun de ceux dont on s’est servi

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X nbsp;nbsp;nbsp;INTRODUCTION.

jusqu’a présent pour estimer I’action des forces vitales. J ainbsp;fait sur des cadavres de suppli-cies des expériences dontla phj-siolog'ie pourra, je crois , retirernbsp;qiielque utilite. La duree de lanbsp;vitalité, persistant plus oumoinsnbsp;long-temps dans les difïérentsnbsp;organes , sa quantite variablenbsp;dans chacun deux, leur modenbsp;naturel ou ordinaire d action,nbsp;change par 1 etat pathologique,nbsp;et diversement modilié, pour

ainsi dire , par chaque action morbifique, sont autant d’objetsnbsp;digues de toute I'attention denbsp;ceux qui se livrent a l’étudenbsp;des lois regissant l’économienbsp;vivante. Tous offrent un vastenbsp;champ a nos recherches, quel’é*nbsp;tat avancé de no8 connaissance^

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INTRODtCTION. nbsp;nbsp;nbsp;xj

nepeutlaisser long-temps infruc-tueuses. Nous posséclons aujour-d’hui un assez grand nombre de données pour pouvoir assurernbsp;qu’avec de la prudence et de lanbsp;sagacité, nous obtiendrons desnbsp;résultats qui nous conduiront anbsp;d’utiles applications.

' J’aurais voulu étendre mes recherches beaucoup plus que je ne l’ai fait , en prenant pour sujetnbsp;de mes experiences plusieurs

espèces d’animaux doués d’une grande énergie de contractilité:nbsp;ainsi la tortue de mer aurait,nbsp;la première, fixé mon attention;nbsp;et j’ai même , dans Ie temps,nbsp;engage les physiciens anglaisnbsp;a s’occuper sérieusement denbsp;eet animal, et a l etudier d aprèsnbsp;1 ensemble deslumières acquises

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xij INTRODUCTION.

ju.squ a ce jour sur Ie galvanisme. Je ne doute pas non plus qu’onnbsp;ne puisse, par ce mojen, parve-nir, sinon a connaitre parfaite-ment,du molns a beaucoup aug-menter ce que nous savons denbsp;rorgaiiisation des insectes et desnbsp;coquillages.

Quelqu’avantageuse qu’eütpu paraitre la découverte du galva-nisme, en eq'outant a la sommenbsp;de nos connaissances celle de

eet agent stimulant, j aurais étë peu satisfai t, s il n eut pas été possible de Ie tourner ausoulage-ment de l liumanité soufïrante.nbsp;JEn considérant la manière éner-gique dont il agit sur les orga-nes privés de la vie, on a été na-turellement portéalui préter denbsp;linlluenee sur ceux soumis en-

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INTRODUCTION. xlij

core a I’empire des forces vitales.

Iliietait pas moins naturel de les étendre en même temps auxnbsp;circonstances oü, par factionnbsp;d une cause quelconque , lesnbsp;fonctions ne se font plus libre-ment , ou ne s’exercent plusnbsp;d’une manière conforme auxnbsp;vues génerales de la nature. J’o-sai done, comme beaucoup d’au-tre.s, concevoir des espérancesnbsp;sur la possibility de son emploi

danS'Certaines maladies; j’ai même fait diverses tentatives. Je fai adrninistré dans quelques afi'ec-tions de nature dilférente, et,nbsp;dans certains cas, j en ai obtenunbsp;d heureux résultats. Son application a 1’homme malade formeranbsp;Icbjet de la troisième partie denbsp;mon Essai.

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Xiv INTRODUCTION.

I_ies succès du galvanisme en-tre les mains des célèbresprofes-seurs PfafF, Humboldt, Vassalli, Ritter, Grapengbiesser, et de plu-sieurs autres, 1’ont fait regardernbsp;trop prématurément commenbsp;une acquisition assurée pour lanbsp;médecine. Cette decision pré-cipitée lui a certainement faitnbsp;tort, et ne pent qu’amener la defiance et Ie découragement.Pournbsp;peu qu’on veuille j faire attention, l’application du galvanismenbsp;est encore a son berceau, et peut-être serons-nous encore long-temps réduits a tatonner. C estnbsp;pourquoi, dans la troisième par-tie de mon ouvrage, Je m’occupenbsp;bien plus de ce qui reste a faire,nbsp;que de ce qui a ëté fait et dit jus-qua présent. Ce n est qu’après

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INTRODUCTION. x\r

de müres et de sages reflexions qii’on doit se permettre d’agir;nbsp;et I on ne saurait trop blamernbsp;ceux qui emploient Ie galva-nisme dans tons les cas indis-tinctement.

Un examen attentif, séxère et impartial, des efïets de l’électri-cité ordinaire et du gal vanismenbsp;appliques a 1 économie animale,nbsp;justifiera la preference que jenbsp;donne a celui-ci surrelectricité,

pour l’usage medical. Quelques experiences entreprises pour ennbsp;determiner l’action sur les flui-des aériformes,et dont j’ai donnénbsp;l’aper^u dans l’appendice, servi-ront peut-être un jour mes de-sirs, en faisant connaitre Ie vé-ïatal3l0 mode d’action de certai-

pes substances médicamenteu'

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xvj INTRODUCTION.

ses clans quelques cas pathologi-ques. Enfin je pense que l’in-fluence du galvanisme sur les systêmes nerveux et musculaire, est aujourcl liui assez cons-tatée, pour c^u on puisse Ie proposer • avec quelque confiancenbsp;dans laspliixie et laliénationnbsp;mentale par mélancolie.

Telle est, en peu de motsd’ana-lyse de l’Essai cpie je présente au public; tel est lexposé de mesnbsp;reclierolies et de mes experiences : elles n’ont été dirigées ninbsp;par enthousiasme pour une dé-couverte nouvelle, ni par espritnbsp;de sjstême, mais bien par desnbsp;vues philanthropiques, par Ie de-sir d étudier,de connaitre la na-ture, et par l’amour de la vérité.

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ESSAI

THÉORIQUE ET EXPÉRIMENTAL

SUR

LE GALVANISME.

PREMIERE PARTIE.

t)E LA NATUaB ET DES PB.OEB.IÉTÉS GÈNÉB.A.LE3 i»xr gai^vanisme.

PROPOSITION L

Les contractions musculaires sont excitées par Ie développement d’un fluide dans la machine animale,nbsp;leqiiel est conduit des nerfs dux muscles sans Ienbsp;concours et sans Taction des métaus.

Galvani fait sentir la nécessité de ï’egarder comme effet de faction d’unnbsp;fluide fexcitement des contractionsnbsp;musculaires. Le développement de cesnbsp;contractions sans contact immédiat

1. nbsp;nbsp;nbsp;3

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a nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

des parties animales entre elles, et par la seule communication établie entrenbsp;des armatures métalliques, appliquéesnbsp;sur les nerfs et les muscles, démon-trait en elFet son assertion d’un ma-nière assez évidente. La nature desnbsp;arcs, tantót déférents, et tantót cohi-bents, prouvait encore plus rigoureuse-ment les qualités du fluide excitateur.nbsp;Aussi Galvani jeta Ie fondement d’unenbsp;science nouvelle; et la force excitée d’a-près ses principes, pour rendre hommage kla mémoire de son inventeur,nbsp;regut généralement Ie iiom de Galva-nisme.

J’adopterai cette dénomination sans chercher, du moiiis pöur Ie moment,nbsp;èi examiner s’il ƒ a parité ou non entrenbsp;Ie galvanisme et l’électricité , et s’ilnbsp;faut adinettre ou exclure l’identité denbsp;ces deux principes d’action. Galvani,nbsp;dans son premier mémoire, a qualifiénbsp;Ie principe galvanique du nom d’élec-

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SUR LE GALVANISME. 5 tricité animale. Suivant lui, cefluide,nbsp;soumis a l’influence des forces vitales,nbsp;en reqoit des modifications particu-lières. L’observation qu’il fit presqu’en.nbsp;même temps que sa découverte, de lanbsp;propriété singuKère qu’avaient les armatures métalliques d’augmenter con-sidérablement l’intensité de faction dunbsp;galvanisme, Ie porta a les employernbsp;dans toutes ses expériences; ce en quoinbsp;il fut imitéparla plupart de ceux quinbsp;les ont répétées depuis, ou qui en ont

fait de nouvelles. On a cependant es-sajé d’exciter des contractions dans les muscles sans employer aucune actionnbsp;des métaux, et ces expériences ont éténbsp;faites sur des animaux éi sang froid;nbsp;mais, cequ’on n’a pas essayé jusqu’è,nbsp;présent, et que je crois avoir tenté Ienbsp;premier, c’est Ie développement denbsp;contractions, au mojen denbsp;tieres animales provenant d’un indi*nbsp;vidu cl sang chaud, Ce sont les re-

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^4- nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

.cherches que j’ai faites a ce sujet, qui formeront l’objet principal de cettenbsp;proposition. J’espère, a l’aide des ex-périences que je vais rappdrter, pou-voir démontrer, par une nouvelle méthode , l’existence et la circulation dunbsp;fluide exictateur des contractions mus-¦culaires.

ÈRE


EXPERIENCE.


I.


. Je prends la tête d’un boeuf récem-ment assommé. (pl. i, fig. i.) Dans une de ses oreilles, j’enfonce un de mesnbsp;doigts humecté d’eau salée, tandisnbsp;que l’autre main soutient une gre-nouille préparée de manière que sanbsp;moelle épinière touche Ie dessus de lanbsp;langue du bosuf: j’observe d’abord denbsp;trés - vives convulsions dans la gre-nouiiie; en séparant l’arc, toute contraction cesse.

L’expérience réussit encore mieux

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SUR LE GALVANISME. 5 en conduisant l’arc, de la langue dunbsp;boeuf a sa moelle épinière. Cette méthode a été fort utile pour essayer Ienbsp;galvanisme sur plusieurs veaux.

II. E X P.

J’ai conduit fare dans Ie tronc d’im veau (pl. i,fig. 2,) des muscles de l’ab-domen a la moelle épinière , avec unenbsp;grenouille préparée et disposée d’aprèsnbsp;la méthode ordinaire. La grenouille a

étéYivement affectée; les contractions ont été de même tres-fortes quandnbsp;fare était composé d’une chaine denbsp;plusieurs personnes unies ensemblenbsp;par les mains humectées d’eau salée.

III. E X P.

J’ai combiné, par Ie mojen d’un seul are d’Runfiidité , les têtes de deux ounbsp;trois veaux, et j’ai remarqué que Ie gaf

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6 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

vanisme s’exergait avec plus de force; car une grenouille qui n’était pointnbsp;afPectée en touchant une seule tête,nbsp;éprouvait de fortes contractions quandnbsp;elle était appliquée au sjstême de plu-sieurs têtes combinées ensemble^

IV- E X P.

Je crois qu’il est a propos d’ajouter ici une observation assez intéressantenbsp;que je fis dernièrement a Paris, en compagnie du professeur Huzard, et ennbsp;présence des commissaires del’Institutnbsp;National. J’ai approché des musclesnbsp;cervicaux de la tête coupée d’un che-val, la moelle épinière d’une grenouillenbsp;préparée : la convulsion musculairenbsp;n’eut jamais lieu en eet état; mais si aunbsp;même temps une autre personne tou-chait avec une main huraectée d’unenbsp;dissolution de muriate de soude lanbsp;moelle épinière du cheval,lescoavul-

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SUR LE GALVANISME. ^ sions dans la grenouille paraissaientnbsp;constamment.

PROPOSITION II.

Le galvanisme excité clans les experiences précé3entes n'est dü ni a la communication, ni a la transfusion de 1’électricité générale , mais a une électriciténbsp;propre aux animaux, qui joue un très-grand rólenbsp;dans réconomie animale.

Galvani voulut mettre en évidence 1’électricité propre aux animaux, ennbsp;n’emplojant, pour exciter les contractions musculaires, que des arcs et des

armatures isolés. II poussa l’attention jusqu’a préparer les grenouilles avecnbsp;des corps idio-électriques, et il parvintnbsp;è obtenir des contractions sur des animaux qu’il avait plongés dans l’liuile:nbsp;il m’invita a exciter de pareilles contractions dans le vide isolé. J’ai déjanbsp;ï'endu compte de ces expériences dansnbsp;mémpires que j’ai publiés versnbsp;la fin de 1794.

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8 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

Le but de toutes ces precautions était d’annuller les effets résultants denbsp;toute autre électricité que celle proprenbsp;aux animaux; cependant elles permet-taient encore de douter si les armatures métalliques elles-mêmes n’y exer-caient pas une influence étrangère. Lesnbsp;expériences suivantes, en efFa^ant tousnbsp;les doutes, démontrent d’une manièrenbsp;plus rigoureuse la proposition déjanbsp;énoncée.

V. E X P.

Soit sur une table isolée le tronc dun veau : je lui fais une section longitudinale dans la poitrine (pl. l, fig. 2. )nbsp;pour avoir une longue suite de musclesnbsp;è découvert; alors je dispose deux per-sonnes isolées, de manière que Tunenbsp;touche avec un doigt humecté d’eaunbsp;salée la moelle épinière du veau , etnbsp;l’autre approche la moelle épinière de

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SUR LE GALVANISME. 9 grenouille des muscles du tronc.nbsp;Toutes les foisqu’on établit eet are, ilnbsp;y a constammeiit dans la grenouillenbsp;une contraction musculaire. Quandnbsp;les deux personnes ne se tiennent plusnbsp;par la main, les contractions cessent.nbsp;J’ai répété avec Ie même succès l’ex-périence sur la tête isolée d’un boeuf,nbsp;en conduisant I’arc de la moelle épi-nière a la langue. Les grenouilles ontnbsp;aussi été vivement afï’ectées en faisantnbsp;rexpérience sur Ie tronc isolé de différents volatiles.

Je crois que ce genre d’expériences est déeisifpour prouver que Ie Galvanismenbsp;est un fluide propre a la machine animale , indépendant de l’influence desnbsp;métaux, et de toute autre cause étran-gère.

En effet, nous n’avons, dans ces experiences, que quelques machines ani-oaales, combinées de manière qu’il en resulte de vives contractions dans la

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lo nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

grenouille ; tous les corps sont isolés , et par conséquent l’on ne peut soup-^onner qu’elles proviennent de l’in-fluence directe du principe général quinbsp;maitrise tous les corps de la nature.nbsp;Ainsi done, soit que l’on attribue Taction a la chaine animale formée parnbsp;les bras de Thomme , ou a la pile animale formée par Ie tronc du veau, Tonnbsp;sera toujours forcé de reconnaitre Taction dun principe qui tient a Torgani-sation de la machine animale sans au-cune dépendance des métaux. Ce faitnbsp;prouve évidemment qu’il existe dans lanbsp;machine animale un principe que lesnbsp;physiciens peuvent, dans leurs expé-^nbsp;riences, exciter et diriger a leur grénbsp;par certains procédés, mais que la sagenbsp;nature met en jeu dans Têtre vivant,nbsp;d’une manière cachée et encore plusnbsp;merveilleuse. Voiladoncunfluide puissant, foriné, développé, et conduit parnbsp;Taction des forces animales, puisque

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11

SUR LE GALVANISME. ces parties, séparées du réservoir com-mun de l’électricité générale , ontnbsp;néanmoins par elles-mêmes la faculténbsp;de Ie reproduire et de Ie faire circulernbsp;d’une maiiière propre a exciter des convulsions musculaires.

PROPOSITION III.

Le galvanisme, iiidépendamment des métaux, se dé-veloppe vivement par le mojen de la machine animale humaine.

Saussure a examiné l’électricité animale : il ne s’est servi que des électro-mètres ordinaires. La phjsique moderne nous offre un mojen beaucoup plus sensible , a l’aide des condensa-teurs. J’ai déja imaginé quelques expé-riences que je me propose de répéternbsp;avec les appareils que le célèbre pro-fesseur Cavallo a fait exécuter a Lon-dres : J’ai eu occasion de faire part hnbsp;ce savant de mes idéés A eet égard; et

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is

E S S A I

je ne doute pas qu’ils ne me soient d’un-grand secours dans mes recherches ul-térieures. En attendant , je me suis borné a combiner Taction des ani-maijx a sang froid avec celle des ani-maux a sang chaud, en regardantnbsp;toutefois les grenouilles préparées,nbsp;comme Télectromètre le plus sensiblenbsp;pour mesurer la force du galvanisme.

VI. EXP.

Si Tonprend a la main , apres Tavoir humectée d’eau salée, les muscles d’unenbsp;grenouille préparée, et que Ton appro-che du bout de la langue les nerfs cru^nbsp;raux, on voit d’abord de vires contractions dans la grenouille.On pourra éloi-gner le soup^on de tout stimulant, ennbsp;répétant Texpérienceavecla grenouille,nbsp;a la main isolée : alors les contractionsnbsp;musculaires cessent, pourvu que Taction du galvanisme dans la grenouille,

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SUR LE GALVANISME. i3 OU dans la machine huraaine, ne soitnbsp;pas extraordinaire; paree que l’on pour-rait, dans ce cas, obtenir des contractions sans établir l’arc des nerfs auxnbsp;muscles , comme nous Ie verrons ail-leurs.

VII. E X P.

D’une main liumectée d’eau salée, je tiens les muscles d’une grenouillenbsp;préparée, et j’approche des nerfs cru-raux un doigt de l’autre main , bien.

liumectée. Si la grenouille est très-vi-goureuse, les nerfs cruraux s’appro-chent peu-a-peu de la main, et il y a de fortes contractions au point du contact. Cette expérience démontre l’exis-tence d’une espèce remarquable d’at-traction, observée non-seulement parnbsp;naoi-même, mais aussi par ceux quenbsp;j ai invités a vouloir bien la répéter.

Le célèbre Félix Fontana, auquel j’avais fait parten Italië de mes obser-

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i4 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

vations, m’a déja écrit depuis que je suis a Paris, qu’il avait vérifié ce fait,nbsp;et qu’il s’occupait de son analyse.

En répétant h Oxford quelques-unes de mes expériences sur Ie galvanisme,nbsp;en présence du professeur Christophernbsp;docteur Bancroft, j’ai punbsp;constater une assez forte attraction gal-vanique, produite par 1’approchementnbsp;des nerfs cruraux d’une grenouille, auxnbsp;muscles abdominaux d’un lapin. Dansnbsp;la série d’expériences que j’ai entrepri-Ses dernièrement dans Famphithéatrenbsp;anatomique des hópitaux Guj et St.-Thomas, a Londres, j’ai eu occasionnbsp;dem’assurer encore da vantage de 1’existence de ce phénomène. Les expériences, variéeset modifiées au gré de quel-ques professeurs qui y assistèrent, ontnbsp;constamment fourni les mêmes ré-sultats.

Ces observations m’engagent a publier ce nouveau fait, et a Ie sou-

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SUR LE GALVANISME. mettre auxsages réflexions des phjsio-logistes ; je crois que M. Humboldtnbsp;pourra y trouver de quoi consolidernbsp;davantage son ingénieuse théorie surnbsp;l’atraosphère galvaniquè. Ce professeurnbsp;avait mis des laerfs et des muscles sur Ienbsp;bord de deux supports de verre placésnbsp;horizontalement;ilvit qu’enles appro-chant l’un de l’autre, il excitait desnbsp;contractions même avant Ie contact im-médiat des parties animales ; et s’il n’anbsp;pas apercu l’attraction dont je parle,

c’est que la nature de ses expériencesne Ie lui permettait pas,puisque les nerfsnbsp;n’étant pas isolés, ne pouvaient s’élan-cer librement vers les muscles.

Maintenant , si les expériences de M. Humboldt et les miemies prouventnbsp;l’existence d’une atmosphère galvani-, ne pourrait-on pas concevoirnbsp;comment on peut exciter de la douleurnbsp;en appliquant seulement un instrument de chirurgie dans l’atmosphère

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'iS nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

d’une branche nerveuse, sans la toucher immédiatementet cela ne pour-rait-il pas contribuer a [’explication de quelques phénomènes extraordinairesnbsp;des sensations ?

VIII. EXP.

J’ai répété sur Ie cadavre d’un crimi-nel décapilé les observations que j’avais faites sur la tête et sur Ie tronc d’unnbsp;boeuf. J’ai établi un are de la moellenbsp;épinière aux muscles : une grenouillenbsp;préparée faisait partie de eet are. J’ob-

tins toujours de fortes contractions sans Ie concours de la pile, sans la plusnbsp;petite influence des métaux. J’ai ob-servé en proportion Ie même résultatnbsp;sur des hommes morts naturellement.

I X. E X P.

Que quatre personnes, ou plus , qui se tiennent par les mains hu-

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SUR LÉ GALVANISMË. i? ttiectées d’une dissolution de muriatenbsp;de sou de forment uiie longue chaiiienbsp;animale; que la première tienne a lanbsp;main les muscles d’une grenouille pré-parée : si la dernière personne, placéenbsp;au bout oppose de lasalle , touche lanbsp;moelle épinière ou les nerfs cruraux,nbsp;les contractions ont lieu; si l’on in-terrompt la chaine animale , les contractions cessent a rinstant.

PROPOSITION IV.

ïi’on peut exciter les coBtractions musculaïres sans établir selon la méthode ordinaire, un are des nerfsnbsp;aux muscles.

X. E X ï».

Je fis décoüvrir dans Ie tronc d’un supplicié Ie muscle biceps, et j’en ap-pï'ochai la moelle épinière d’une grenouille préparée : (pl. 4, fig. i.) ellenbsp;fut contractée avec une force que j©nbsp;naVÉiis jamais obtenue dans lés ani-t.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;s

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i8 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

lïiaux k sang chaud. J’ai répété l’expé-rience étaiitisolé, et je n’ai jamais aper-la plus petite contraction. J’ai observe les mêmes phénomènes sur la tête d’un boeuf qui jouissait d’unenbsp;vitalité extraordinaire.

PROPOSITION V.

Les eÊFets du galvanisme, dans les expériences précé-dentes , ne dérivent nullenient de l’action de quelque stimulant que l'on rencontre en approchant les nerfsnbsp;des muscles.

XI. EXP.

Dans l’expérience de la grenouille approchée du biceps du supplicié, misnbsp;k découvert, faites toucher tout autrenbsp;corps a la grenouille, elle restera immobile ; ce qui prouve que la contraction n’est pas l’efFet du contact de lanbsp;moelle épinière et du muscle. Pournbsp;achever de prouverla nullitéde Factionnbsp;des stimulants dans les expériences

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SUR LE GALVANISME. 19 précédentes, j’ai pris deux grenouilles ,nbsp;et j’ai placé les extréraités de Tunenbsp;sur la moelle épinière de la seconde ,nbsp;mise en communication, par cettenbsp;même partie, avec les muscles dé-couverts d’une tête de boeuf qui avaitnbsp;beaucoup de vitalité : la contractionnbsp;s’étendit aux deux greimuilles; et ce-pendant Ie stimulus n’a pu évidem-ment agir que dans la seconde.

PROPOSITION VI.

La seule application des nerfs sur les muscles, saus Tintermédiaire d’aucun cocps, peut dèvelopper Ienbsp;galyanisme.

Plusieurs phjsiciens , et nommé-ment Galvani, Valli, Humboldt, Volta, ont cherché a obtenir eet importantnbsp;ï'ésultat. Le professeur Volta même,nbsp;dans une lettre qu’il m’adressaen 17Ö8,nbsp;dans le journal Brugnatelli, reconnaitnbsp;que les diverses parties animales, indé-

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20 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

pendamment des métaux, peuvent exciter Ie galvanisme.

Galvani, peu de inois avant sa mort, proposa deux méthodes ingénieuses,nbsp;qu’il me démontra lui-même. Mallieu-reusement tout cela a été inutile pournbsp;détruirel’incrédulité deplusieurs phj-siciensqui ontconfondu long-temps Ienbsp;galvanisme avec l’électricité des métaux, crojant que toute contraction,nbsp;part de rirritation métallique. C’estnbsp;pour cela que j’annonce avec confiancenbsp;ma méthode qui met tout Ie monde anbsp;portee de constater par soi-même la vé-rité de ma proposition.

XII. EXP.

Je prends une grenouille préparée suivant la méthode ordinaire ( pl. i ,nbsp;jfig. 3); et, tandis qu’une main sou-tient la moelle épinière, l’autre faitnbsp;un angle du pied et de la cuisse, de

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SUR LE GALVANISME. ai üianière que les muscles de la jambenbsp;touchent les nerfs cruraux. A ce contact il s’excite aussitót, a l’sxtrémiténbsp;abandonnée a elle-même, de fortes contractions et un véritable carillon élec-trico-animal, lequel dure k proportionnbsp;des divers degrés de vitalité. 11 est nécessaire, dans cette expérience com menbsp;dans les suivantes , que les grenouillesnbsp;soient robustes, pleines de vitalité,nbsp;et que les muscles ne soient pas sur-chargés de sang.

X r 11. E X p.

En observant ce que je viens de dire ci-dessus, on obtiendra des mouve-ments très-forts, qu’il faut bien se gar-der d’attribuer a faction excitée parnbsp;Ie contact du nerf avec Ie muscle. Ennbsp;effet , si fon répète fexpérience en cou-vrantle muscle,a fendroit du contact,nbsp;av^c une substance cohibente, les con-

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aa nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

tractions cessent entièrement, et elles reparaissent si l’on détermine Ie contact du nerf a la substance musculaire.nbsp;En faisant cette experience en public,nbsp;j’ai observé plusieurs fois plus de deuxnbsp;cents contractions consécutives que jenbsp;n’obtenais point par Ie contact du muscle avec une substance déférente, etnbsp;même avec une plaque de raétal.

Pour assurer l’efFet de cette expé-rience intéressante, il faut préparer les nerfs avec toute la promptitude possible, en les dégageant de toute substance étrangère. Il est bon aussi d’ap-procher les nerfs, non pas a un seul,nbsp;mais a plusieurs points du muscle,nbsp;dans toute sa longueur. On observenbsp;encore que Ie contact des nerfs auxnbsp;tendons augmente souvent les contractions musculaires, J’ai eu pour té-moins des expériences ci-dessus beau-coup de professeursbabiles,entr autresnbsp;Brugnatelli et Carcano qui, avec toute

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SUR LE GALVANISME. aS la délicatesse qui leur est propre, nenbsp;Eoanquèrent pas de me faire des observations pleines de sagacité sur la précision plus on moins grande de mesnbsp;observations. Le professeur Brugnatellinbsp;craignit qu’ajant par liasard touchénbsp;auparavant des métaux, il ne fut resténbsp;k mes doigtsquelques parcelles métal-liques, qui servaient, en quelque fa^on,nbsp;d’armature invisible, et suffisaient elles-mêmes pour exciter des contractionsnbsp;musculaires. Je détruisis ce soupcon ennbsp;plongeant a plusieurs reprises mesnbsp;mains dans l’eau, afin d’en détachernbsp;toute substance étrangère. Ensuite ilnbsp;observa que Thumidité animale, in-dépendamment de la circulation dunbsp;galvanisme, des nerfs aux muscles,nbsp;pouvait par elle - même exciter desnbsp;contractions ; et il exigea que les nerfsnbsp;^ruraux fussent lavés dans l’eau commune. On fit ce qu’il desirait a eetnbsp;égard; et enlevant extérieurement,

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24 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

par Ie mojen proposé , 1’liuraidité pro-

pre aux nerfs, on obtint cependant de

très-vives contractions ^ comme Ie sus-

dit professeur s’en convainquit en ré-

pétant lui-même plusienrs fois l’expé-

rience.

XIV. EX P.

Pour éloigner tont soupcon qu’une action étrangère , indépendammentnbsp;des forces de la machine animale,nbsp;puisse être transmise par la personnenbsp;qui tient a la main la grenouille pré-parée, )’ai approché les nerfs des muscles , après avoir isolé ces parties avecnbsp;des tujaux de verre, (pl. 7? hg- 4.) Lanbsp;grenouille, comme a l’ordinaire , s’estnbsp;contractée. Le même phénomène a lieunbsp;quand deuxgrenouilles attachées Tunenbsp;a fautre, et suspendues par un support de verre, sont touchées par lenbsp;mojen d’un are animal isolé. (pl. 7,nbsp;% !•)

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aS

SUR LE GALVANISME.

XV. nbsp;nbsp;nbsp;E X P.

En préparant comme a l’ordinaire mie grenouille, je coupai mi de sesnbsp;nerfs cruraux, de manière que Ie troncnbsp;était uni A l’épine niédullaire, mojen-iiantlautre nerfresté intact, et de plus,nbsp;par un vaisseau sanguin qui était contigu et parallèle au nerf coupé. Je ré-pétai de cette manière Texpérience ci-dessus; et, quoiqu’il ny eiit qu’un seulnbsp;nerf en contact avec les muscles, j’oh-tins les mêmes résultats.

XVI. nbsp;nbsp;nbsp;E X P.

En faisant une ligature vers la moi-tié des nerfs cruraux , j’ai appliqué un de ces nerfs sur la ligature auxnbsp;muscles correspondants, et j’ai eu denbsp;l^ortes contractions , lesquelles n’a-vaieut plus lieu quand la ligature senbsp;faisait étroitement au point de l’in-

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z6 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

sertion des nerfs dans les muscles dei

la cuisse.

Je crois convenable d’avertir que Ie professeurGalvani et moi avions cher-ché depuis long-ternps a obtenir desnbsp;contractions sans l’intervention desnbsp;métaux. Nos recherches étaient déjanbsp;avancées dès Tan 1794; et ce fut d’a-près son invitation, que je démon-trai ensuite ce fait dans mes legons pu-bliques de physique expérimentale,nbsp;a rinstitut des sciences de Bologne,nbsp;comme Ie prouve un de mes Mémoires , inséré a cette époque dans lesnbsp;Opuscules de Milan. « J’ai plongé unenbsp;grenouille préparée dans une fortenbsp;solution de muriate de soude, jusqu’anbsp;ce qu’il s’excitat de vives contractionsnbsp;dansles muscles. Alors je la i-etirai denbsp;la dissolution; et, prenant a la mainnbsp;une extrémité, je laissaipendre i’autrenbsp;librement. Dans cette situation,avec unnbsp;cy lindre de verre j’élevai les nerfs de ma-

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SUR LE GALVANISME. *7 nière qu’ils ne touchaient pas les muscles : j otai tout-a-coup Ie cjlindre;etnbsp;toutes les fois que les nerfs et la moellenbsp;épinière tombaient sur les parties mus-culaires , il s’excitait une contraction.nbsp;II n’est pas difficile d’éloiguer Ie soup-^on d’un stimulant mécanique, pro-duit par Taction du sel ou la chute desnbsp;nerfs ; car j ai laissé tomber les mêmesnbsp;nerfs sur les muscles d’une autre gre-nouille préparée, et )e n’ai obtenu au-cun mouvement, quoique l’action du

sel fut la même, et la chute encore plus violente.»

Je ne dois pas dissimuler que la seule action des seis produisait souvent des contractions spontanées dansnbsp;les grenouilles qui y étaient plongées.nbsp;Aussi a-t-il fallu prendre un foulenbsp;de précautions pour assurer la fidéliténbsp;résultats de ces expériences. Cecinbsp;me fit abandonner toute tentative jiis-qu au moment oii, par Ia mêrae mé-

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a8 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A 1

thode, j’ai obtenu les mêmes contractions sans employer de solutions salines. Je crois que la physiologic doit au professeur Galvani les premièresnbsp;idéés qui regardent Texcitation desnbsp;convulsions musculaires sans les mé-taux; et je me propose de détailler dansnbsp;mon histoire du galvanisme ses tra-vaux multipliés concernant eet objet.

PROPOSITION YII.

L’hétérogénéité des métaux contribue beaucoup è exciter plus aisément les contractions musculaires ;nbsp;maïs elle n’est pas absolument nécessaire a leur production.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^

Je pourrais démontrer directement la proposition par les expériences quenbsp;j’ai publiées autrefois sur les contractions excitées avec du mercure bieunbsp;purifié. Je puis assurer qu’elles ont éténbsp;répétées de plusieurs manièrespar Ie cé-lèbre Humboldt. Je suis bienaise néan-moins d’examiner I’influence des ar-

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SUR LE GALVANISME. 29 matures, par Ie mojen des métaux lié-térogènes rainsi, jedémontrerai qu’ellenbsp;ne peut pas par elle-même produirenbsp;l’efFet des contractions musculaires.

XVII. E X P.

Je place sur une table plusieurs gre-nouilles préparées, et disposées paral-lélement les unes aux autres , de sorte que tout Ie sjstême des nerfs se trouvenbsp;d’un cóté , et celui des muscles de l’au-

tre (pl. 7, fig. 2.) Appliquant deux armatures , i’établis un are métallique a la première de ces grenouilles ; aus-sitót, non-seulement la première, maisnbsp;toutes, éprouvent une convulsion musculaire. Je répète l’expérieuce de ma-nière que Ie sjstême de la moelle épi-nière et des muscles ne soit pas d’unnbsp;seul cóté, mais disposé irrégulière-ment, de facon que tantót la moellenbsp;épiniere de Tune touche les muscles

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So nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

de Tautre ( pi. 7, fig. 3. ) ou vice versd ; alors j’obtiens des convulsions seule-ment dans quelques grenouilles, et nonnbsp;dans tout le sjstême des grenouillesnbsp;préparées. Cette expérience démontrenbsp;que I’efFet ne dérive nullement denbsp;Taction des métaux, paree que Télec-tricité métallique devrait seulementnbsp;agir sur la première grenouille, et nonnbsp;pas sur les au tres , dans le premiernbsp;cas; et dans le second, elle devrait lesnbsp;mouvoirtoutes ensemble, ou les laisser toutes immobiles. Les contractions,nbsp;dans les susdites expér iences, ont encorenbsp;lieu quand les grenouilles sont sépa-rées les unes des autres, et communi-quent ensemble par une dissolutionnbsp;d’ammoniac.

Je passe aux expériences que je crois les plus propres a établir Tanalogie quinbsp;se trouve entre Télectricité et le galva-ïnsrae.

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SUR LE GALVANISME. ogt;.

PROPOSITION VIII.

La bouteille de Lejde, la pile, et les substances animales, ont la faculté d’absorber des principes de 1’air atmosphérique.

Dansrexamen de Taction du galva-nisme, de Télectricité, et des substances animales sur Tair atmosphérique , je nehasarderai ni raisonnements, ninbsp;conjectures propres a développer cenbsp;phénomène; je me bornerai k rappeler

des faits a Tappui de ma proposition, sans déterminer précisément Tinfluen-ce d’autres principes, qui, conjointe-ment avec Ie galvanisme , contribue-rontpeut-être a produire les elFets quenbsp;j’ai obtenus.

XIX. E X P.

Ie mojen d’une pointe métal-lique j électrisai la surface intérieure

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E S S A I

d’ungobelet de cristal, que je renveï* sai, et que je mis sur iin plat métalli-que, en formant un plain isolé. En peunbsp;de temps je vis l’eau s’élever de quel-ques lignes dans Ie verre; et dès-lorsnbsp;je me flattai d’obtenir des effets remar-quables par quelque autre méthode.

En consequence je soumis a Fexpé* rience une bouteille de Lejde, de lanbsp;hauteur de sept pouces, et d’environnbsp;trois de diamètre, garnie de l’arma-ture ordinaire d’étain, et d’un conducteur extérieur qui terminait ennbsp;pointe aiguë, d’oü Ie fluïde électriquenbsp;s’échappant, pouvait facilement senbsp;joindre aux principes de 1 air atmos-phérique, avec lesquels il avait plusnbsp;d’affinité. J’électrisai ensuite cette bou*nbsp;teille, et je la couvris d’un récipientnbsp;de cristal de telle grandeur, que ses pa-rois ne pouvaient point aflaiblir sonnbsp;électricité. J’en formai un plain isolé ;nbsp;et au bout d’environ une demi-heure ,


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SUR LE GALVANISME. 33 jG vis l’eau monter d’une manièrenbsp;très-sensible dans Ie récipient.

XIX. E X P.

Ensuite j’ai chargé de nouveau, et de la raêrae manière, la bouteille, laquellenbsp;ue se terminait plus en pointe, mais ennbsp;sphèremétallique; etl’ajant mise sousnbsp;Ie récipient ordinaire , au bout d’envi-ron une demi-heure je trouvai quenbsp;1 élévation ^tait beaucoup plus consi-

dérable. Afin de démontrer que eet ef-fet ne pouvait provenir de l’eau em-plojée pour former Ie plain isolé dans l’expérience précédente, j’j substituainbsp;Ie mercure ; et, quoiqueles élévationsnbsp;fussent moindres, elles étaient cepen-dant analogues a celles qui venaientnbsp;d’être observées peu auparavant avecnbsp;lean. Si 1’on répète la même expériencenbsp;avec Une pareille bouteille qui ne soitnbsp;pas électrisée, l’on pourra aisément se

ï. nbsp;nbsp;nbsp;4

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54 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

convaincre que Télévation del’eau dans la doche ne doit pas être attribuée anbsp;une dilFérence de température de Fairnbsp;qu’on j a renfermé.

XX. E X P.

Je place sous une cloche de verre pleine d’air une pile de 5o plaquesnbsp;d’argent et de zinc. Le lendemaiiinbsp;j’observe une forte absorption d’eaunbsp;de la hauteur de quelques pouces. J’in-troduis alors dans le récipient unenbsp;bougie qui s’éteint sur-le-champ.nbsp;La pile, sans être arrangée de nouveau, est placée sous le même récipient ; je forme Ie plain isolé : je re-marque, après 24 heures, une sensiblenbsp;absorption d’eau; la bougie introduitenbsp;me donne le même résultat. Repla-cant la pile sous le même recipient,nbsp;lè troisième jour , et les jours sui-vants, je trouve son humidité conser-


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SUR LE GALVANISME. 35 vée de facoii qu’elle me donne, jus-qu’au dixième jour, des résultats analogues. J’ai répétécette expérience avecnbsp;Ie gaz oxigène, et j’ai trouvé, six joursnbsp;après, que l’eau était montée daas lanbsp;cloche a, la hauteur d’un pied.

XXI. EXP.

L’on peutparvenir aux mêmes résultats saus faire usage de grandes piles, lli de grandes cloches de verre : il suf-

fit en général d’arranger alternative-ment quelques plaques de métaux hé-; térogènes. En effet, si vous mettez dansnbsp;une cloche d’un pouce et demi de dia-mètre , et de trois pouces de hauteur ^nbsp;deux plaques de cuivre et de zinc',nbsp;en faisant Ie plain isolé; deux joursnbsp;^près, l’eau s’élève d’environun demi-pouce. Répétant rexpérience avec différents métaux, j’ai vu que l’absorptionnbsp;de 1 air avait lieu plus ou moins, selon

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36 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

la différence de leur nature et de leur combinaison. Cela m’a fait imaginerdenbsp;tenter une suite dexpériences avecnbsp;différents métaux; et j’espère pouvoirnbsp;un jour former une table des dlffé-rentes hauteurs, laquelle pourra dé-terminer jusqu’ou ils sont susceptiblesnbsp;d’oxidation. Cependant, pour établirnbsp;avec précision les divers degrés d oxidations, il ne faut pas emplojer des mon-naies mêlées d’alliage ; ii faut sou-mettre aux observations des métauxnbsp;purs, en formant de petites piles,nbsp;placéessous des cloches égales, et a la

même température de Tatmosphère. Jusqu’a ce qu'il me soit démoutré quenbsp;Tabsorption de l’oxigène, dans ces der-iiières expériences , est un elfet pure-mentchimique, et tout-a-fait séparé denbsp;l’action du galvanisme , je pense pouvoir en profiter pour prouver 1’ana-logie.

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Zj

SUR LE GALVANISME.

XXII. E X P.

L’ingénieuse théorie de Girtanner , qui atlribue la cause des contractionsnbsp;inusculaires a Toxigène; les belles ex-périences par lesquelles Ie professeurnbsp;Humboldt ranime la force musculairenbsp;avec l’acide muriatique oxigéné ; etnbsp;celles qu’a faites a ce sujet Ie célèbrenbsp;Fourcroj, m’engagèrent k examiner lanbsp;combinaison obtenue par l’oxigène surnbsp;les fibres musculaires , dans 1’état de

la plus grande vitalité. J’adaptai h une cloche de cristal (pl. fig. 4.) un filnbsp;métalliquerecourbé,duquelpendaientnbsp;quatórze grenouilles préparées avec lanbsp;plus grande promptitude, etpresqu’aunbsp;même instant, par moi etparplusieursnbsp;de mes élèves; et ajant fait un plainnbsp;öon cotnmuniquant, je trouvai , aunbsp;bout de vingt-quatre heures, l’eau éle-vee dans la cloche a la hauteur d’en-viron un demi-pouce.

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38

XXIII. EXP.

J’airépété,avec Ie même succes, l’ex-périence ci-dessus sur les animaux a sang chaud; fj ai soumis les extrémi-tésde differents poulets , desquelles onnbsp;avait auparavant séparé les nerfs cru-raux. Les élévations de Feau dans Ienbsp;plain non communiquant, sont beau-coup moindres quand on emploie lesnbsp;fibres de ces animaux dont on a auparavant affaibli la vitalité,

XXIV. E X P.

Dans les suppliciés je n’ai pas 'man-qué de soumettre les fibres nerveuses etmusculaires, et mêine la substancenbsp;du cerveau, a Faction du plain nonnbsp;communiquant. Les élévations de Feaunbsp;ont été remarquables avec les diffé-rentes substances souniises aux expé-riences, lesquelles, selon leurs diffé-

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SUR LE GALVANISME. Sg rents caractères, ont exercé une actionnbsp;diverse sur Foxigène. Ce fait, observégt;nbsp;surlesdivers fluides aëriforrues,pourranbsp;exciter la curiosité des phjsiologistes anbsp;entreprendre des experiences délicates,nbsp;et propres a determiner 1’alBnité diverse qui conduit les substances animales a la combi liaison avec foxigène.

XXV. E X P.

II me semblait que les poissons , et

principalement la torpille, devaient présenter avec plus d’éclat, dans Ienbsp;plain non communiquant, les effetsnbsp;indiqués. L’éloignement de la mernbsp;m’empêchait de compléter mes essaisnbsp;a eet égard. Je racontai au professeurnbsp;Joseph Mojon, de Gènes , fexpériencenbsp;que je projetais ; il ne manquapasdenbsp;la faire : il vient de m’en annoncer lesnbsp;résultats par une lettre dont voici Ienbsp;contenu;

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E S S A I

« Je pris une forte torpille , et, aus-sitót qu’elle fut morte, j’armai les nerfs avec les armatures ordinaires; l’ajantnbsp;placée sur un isoloir un peu élevé au-dessus de l’eau, je la couvris avec unenbsp;cloche de cristal, de la capacité denbsp;482 pouces cubes , ( pl- 1» fig. 8. )nbsp;Bientót j’observai, a ma grande surprise , que l’eau sous Ie plain isolénbsp;commenqait a monter progressivementnbsp;pendant un intervalle d’environ dixnbsp;heures; et, au bout de quarante-huitnbsp;heureSjl’eau s’était élevée a la hauteurnbsp;d’un pouce, en occupant Ie neuvièmenbsp;de la capacité totale de la cloche, c’est-a-dire 48 pouces cubes. J’analjsai 1’airnbsp;qui restait, et je trouvai que la clochenbsp;ne contenait plus que 80 pouces cubesnbsp;de gaz oxigène , et 824 de gaz azote:nbsp;ainsi, pendant eet espace de temps,nbsp;plus des deux cinquièmes du gaz oxigène, contenu dans la cloche, avaientnbsp;été absorbés.»

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SUR LE GALVANISMS. 41 Je me propose d’allertout expres anbsp;la mer, pour répéter moi-même l’expé-rience sur la torpille, saus aucune armature, et de faire, a ce sujet, plu-sieurs essais concernant de nouvellesnbsp;vues sur Ie galvanisme. En général, jenbsp;crois nécessaire de soumettre de nouveau aux expériences différentes. parties animales , plongées dans diversnbsp;fluides aëriformes, en flxant leurs diverses combinaisons selon la forcenbsp;du galvanisme, dont elles sont rem-

plies.

PROPOSITION IX.

La flaintne empêche 1’action de la boiiteille de Leyde, de même que celle de la pile, et des contractionsnbsp;musculaires.

XXVI. E X P.

J’ai placé sur un tabouret isolant line bougie allumée; et, faisant passer par la flamn*e Ie crochet de 1’ar-

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43 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

mature intérieure d’une bouteille de Lejde électrisée , j’ai trouvé que, sansnbsp;Ie secours de l’arc, elle perdait unenbsp;portion de son électricité. Si Ton ré-pète l’expérience, en sorte que la flam-me interrompe Tarc entre le5 deuxnbsp;armatures , la bouteille se déchargenbsp;tout a-fait saus que les bras de la per-sonne, qui font partie de fare, ressen-tent la moindre secousse.

XXVII. E X P.

J’ai mis au sommet de la pile un canal circulaire de laiton, qui contenait de l’esprit-de-vin. Ainsi la jiile senbsp;terminait par une flamme vive, de la-quelle j’approchai iin conducteur mé-tallique, tandis que de l’autre mainnbsp;je touchais la base de la pile : Ie gal-vanisme se refusa constamment a mesnbsp;efforts, et la même chose arriva ennbsp;substituant a l’esprit-de-vin la flamme

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SUR LE GALVANISME. 4^ d’une bougie ordinaire. Il est bon denbsp;remarquer que la flamme ne dirai-nuait pas l’action du galvanisme quandnbsp;on faisait l’arc a la plaque qui était aunbsp;sommet de la pile.

XXVIII. EXP.

J’ai déja prouvé , par une suite d’ex-périences adressées au célèbre Lacé-pède, que ia flamme qui interrompt l’arc appliqué aux nerfs et aux muscles

d’une grenouille, ne perraet pas les contractions musculaires. J’ai répéténbsp;l’expérience, avec Ie mêmesuccès , surnbsp;plusieurs aniniaux a sang chaud, etnbsp;même sur la torpille ; j’ai remarquénbsp;que la flamme interposée dans l’arc quinbsp;touche Ie ventre et Ie dos de la torpille,nbsp;cinpêche les secoiisses électriques.

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44 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

PROPOSITION X.

Un arc compose de fluides différents, applique entiè-rement au système de la pile ou des parties animales, n’empêche pas l’actioa du galvanisme.

Les expériences desphjsiciens avaient déjaappris que la tourmaline, plongéenbsp;dans l’eau, donnait des signes d'électri-cité, et que la torpille donnait égale-ment de vives et très-manifestes commotions, quoiqu’elle fut envirounéenbsp;d’eau. 11 restait encore h savoir si lesnbsp;appareils galvaniques pouvaient pro-duire les mêmes phénomènes dans desnbsp;circonstancessemblables.Tel est préci-sément Ie but que je me suis proposénbsp;d’atteindre dans les expériences sui-vantes.

XXIX. B X p.

II j a deux ans environ que je fis a Florence plusieurs expériences a eet

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SUR LE GALVANISME. 45 égard avec Ie célèbre professeur F'élixnbsp;Fontana, et nous vimes qu’une pile tienbsp;cent plaques de zinc et d’argent, aprèsnbsp;avoir été quelque temps plongée dansnbsp;l’eau commune, donna néanmoins unenbsp;action très-forte. II m’apprend par sesnbsp;lettres, qu’il a fait la même expériencenbsp;de plusieurs manières, et toujours avecnbsp;Ie mênae succes.

X X X. E X P.

J’ai voulu essajer la nature de l’élé-ment qu’habite la grande familie des poissons, sur lesquels s’étend aussi Tin-fluence des procédés galvaniques. Jenbsp;reraplis d’eau de mer trente vases denbsp;verre, en les faisantcommuniquer ensemble par Ie mojen d’arcs hétérogènes,nbsp;composés de laiton et de zinc; et j’ob-

tiusunesecoussequime parut plusforte

que celle produite par la dissolution, ordinaire de muriate de soude. En dé-

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46 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

teroiinant un are, seulement a cinq des vases , Taction était très-seusible. Unenbsp;pile de cartons humectés d’eau de mer,nbsp;et plongés entièrement dans cettenbsp;même eau, donnait de fortes commotions quand on Ten tirait.

XXXI. E X P.

J’ai réussi a démontrer faction de la pile et des métaux sous Teau par lanbsp;simple expérience qui suit. Je pose aunbsp;fond d’un vase plein d’eau salée, unenbsp;plaque de zinc. Dans la partie supérieure, une personne met en communication Tépine médullaire d’une gre-nouille avec Ie niveau de Teau salée jnbsp;et en même temps une autre personnenbsp;absolument isolée touche avec un filnbsp;de cuivre argenté la plaque de zinc ;nbsp;toutes les fois que ce rapprochementnbsp;a lieu, on obtient des contractionsnbsp;musculaires; Je n’ignore pas qu’ici les

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SUR LE GALVANISME. 47 partisans de l’électricité métalliquenbsp;pourraient tirer, de la simple exposition de ce fait, une induction contrairenbsp;au gal vanisme; mais ma bonne foi du-moins montrera jusqu’oü je porte l’a-mour de la vérité.

XXXII. E X P.

La torpille est un des animaux les plus intéressants sous les rapports denbsp;lelectricité et du galvanisine. L’au-

tomne passée, je fis quelques expé-riences sur elle. Je fus secondé dans mes vues par les deux frères Mojon,nbsp;qui voulurent bien se prêter a tout cenbsp;qui était nécessaire en Cette circons-taiice. En toucha.nt la torpille sousnbsp;l’eau dans Ie moment qu’elle donna lanbsp;secousse, elle se contracta; et les deuxnbsp;ti’ous qu’elle a sur la tête rendirentnbsp;deux jets d’eau. Pour obtenir la se-cousse 5 il n^’était pas nécessaire de tou-

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48 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A 1

cher deux parties distinctes de la tor-pille ; il sufEsait d’appliquer la main sous Ie ventre.

PROPOSITION XL

La simple transfusion de rèlectricité, avec les appareils ordinaires, n’augmente pas l’action du galvanisme.

XXXIII. EXP.

J’ai communiqué a un appareil conaposé de cent tasses l’électriciténbsp;artificielle, ajant soin auparavant d’i-soler la table et les personnes qui ennbsp;recevaient l’action. En supposant quenbsp;les arcs hétérogènes fussent chargés denbsp;dilFérentes électricités, il sembleraitnbsp;qu’en leur en communiquant unenbsp;quelconque, tout l’appareil dut se ré-duire au même genre d’électricité, etnbsp;par conséquerit que les secousses nenbsp;dussent plus avoir lieu. Il arriva toutnbsp;Ie contraire: nous éprouvames des se^

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SUR LE GALVANISME. 49 Coussestrès-fortes, qui difFérèrenttrès-peu de celles que Ion aurait obtenuesnbsp;sans l’électricité artificielle. J’observainbsp;Ie même résultat avec la pile;

XXXIV. EXP.

On électrisa une torpille isolée: les secousses n’eii furent point augmen-tées. On fit mourit la torpille, et onnbsp;Tarma selon la méthode de Galvani,nbsp;pourvoir s’ilj aurait quelque influence

de lelectricité métallique : alors cha-que fois qu’on lui appliquait l’arc conducteur, Ton obtenait de fortes contractions, mais cependant peu diffe-rentes de celles que Ton remarquait dans les autres animaux. Cette observation est conforme a celles qui furentnbsp;faites a Naples par Ie professeur Abibnbsp;gaard, qui, ajant soumis la torpillenbsp;aux procédés galvaniques, n’a remar-que aucuiie contraction extraordinaire.

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So nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

PROPOSITION XII.

L’action du galvanisme est beaiicoup augmentce si 1’on interpose dans Fare de communication, soit 1’appa-reil des conducteurs de Volta, soit des bouteillesnbsp;de Leyde électrisées.

XXXV. EXP.

J’ai dressé dans la grand’salle de I’lns-titut, sur une table, cent tas.ses de verre, formant la figure de deux rectangles, chacun composé de cinquaiitenbsp;tasses. J’ai établi une communicationnbsp;de la première de ces tasses avec I’ap-pareil du conducteur de Yolta, aunbsp;mojen d’un fil métallique qui passaitnbsp;d’une des chambres intérieures du cabinet de phjsique, et aboutissait aunbsp;lieu de 1’expérience. Alors on essajanbsp;plusieurs fois I’appareil; et, quelquenbsp;différentes que fussent les opinions,nbsp;sur 1’augmentation précise de faction

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SUR LË GALVANiSMÉ. 5i ïiu gal vanisme, tons les assistants s’ac-cordèrent constamment k regarder lanbsp;secousse comme plus forte ; quelques-uns allèrent même jusqua assurernbsp;quelle était augmentée d’un tiers. Jenbsp;fus charmé de pouyoir confirmer Ianbsp;dernière découverte du professeuCnbsp;Volta par une de celles qu’il avait faitesnbsp;précédemment. IIJ a une observationnbsp;bien constatée qui est toute a ravan*nbsp;tage de cette proposition. Si vous tou-chez Ie sommet et la base de la pile

avec deux grands conducteurs métab liques, les commotions que vous re*nbsp;cevrez seront beaucoup plus fortes.

XXXVI. Ë X P.

LVlectricité concentrée dans la bou-leille de Lejde contribue aussi a aug*' meiiter faction du galvanisme. J’ai pnsnbsp;une pile composée de cinquante pla^nbsp;ques de cuiyre et de zinc ; fai fait un

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52 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

arc en interposaiit une bouteille char-gée, et j’ai obtenu une explosion beau-coup plus forte que celle que Ton éprouve dans la bouteille même, lors-qu’on la décharge , indépendammentnbsp;de la pile, fournie d’une égale quan-tité de fluide.

XXXVII. EXP.

Je prends la raême bouteille déchar-gée ,etlorsque je forme une portion de I’arc appliqué aux deux extrémités denbsp;la pile, f observe que le galvanismenbsp;refuse de passer fobstacle de lacouchenbsp;de verre interposée entre les deux armatures ; et par conséquent je ne re-cois aucune secousse. Je répète l’expé-rience précédente, isolant la personnenbsp;qui touche la pile avec la bouteillenbsp;chargée, et isolant en même tempsnbsp;la pile même. Jbbtiens une commotion beaucoup plus forte que cellenbsp;que me donnait séparémentla bouteille

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SUR LE GALVANISME. 53 Lejde ou la pile. Dans cette expé-rience , je reniarque que Ie passage réi-téré de Félectricité de la bouleillenbsp;dans toute la hauteur de la pile, n’ótenbsp;point la propriété qu’elle a d’exciter Ienbsp;galvanisme.

PROPOSITION XIIL

Le galvanisme parcourfc une chaine, soit métallique, soit animale , avec une rapidité analogue a celle dunbsp;fluide électrique.

XXXVIII. E X P.

Je disposai dans raon cabinet un fil de fer de 25o pieds de long, de ma-nière qu’il ne se touchat nulle part. Lesnbsp;deux extrémités de ce fil venaient abou-tir a la table préparée pour l’expé-ï'ience. J’en fis coinmuniquer une a lanbsp;d’une pile de 5o plaques de cui-vre et de zinc; et, prenant l’autre dansnbsp;ma main gauche, je touchai de la droite

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54 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

Ie soramet de la pile. J’éprouvai Ie même efFet que si j’eusse touché la basenbsp;de la pile avec la main qui tenait Ie filnbsp;de fer. Aucun de ceux qui répétèrentnbsp;publiquement Texpérience n j sut dis-tinguer de difFérence. Les 2S0 pieds denbsp;ce £11 étaient done parcourus par Ie gal-vanisrae dans un espace de tempsnbsp;inappreciable.

MM. Van-Marum et Pfafï' ont con-firmé, a l’aide d’uii grand appareil 1, ma proposition ; ils ont démontré quenbsp;Ie courant mü par la colonne galvani-que a une vitesse énorme, et qui sur-passe toute imagination. Par une bat-tërie de quatre verres, dont chacunnbsp;contient 5 ^ pieds carrés de surface , un seul contact aussi court que

1

Lettre cieM. Van-Marum a M- Volta, concer-nant des experiences faites par lui et Ie professeur Pfaffdans Ie laboratoire de Tejler. {Annalesde ch}-mie, tome 40.)

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SUR LE GALVANISME. 55 possible sufïisait pour charger la batter ie a la même tension que celle denbsp;la colonne que portait Pécarteinentnbsp;des feuilles d’or de Pélectromètre denbsp;Bonnet, a 7 de pouce. lis agrandirentnbsp;la batterie jusqu’a i37 7pieds carrésnbsp;de surface, et elle fut chargée par unnbsp;seul contact, aussi court que possible,nbsp;de la colonne au même degré de tension.

Tai déja publié, depuis long-temps, mes observations concernant la céléri-

tédela propag^jon du galvanisme, en établissant la communication entre lesnbsp;nerfs et les muscles des animaux pré-parés par Ie mojen, tantót d’un fil d’ar-chal de iSo pieds de longueur, tantótnbsp;de grandes barres de fer continues,nbsp;qui forment les rampes de 1’escaliernbsp;dun clocher ou d’un grand batiment.

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56

PROPOSITION XIV.

Les contractions mnsculaircs, observées par Ie pro* fesseur Galrani , au rnoyen de Tatmosplière de 1’élec-trlcité naturelle on artificielle , sont tout - a - faitnbsp;conformes a celles que Ton produit avec la pile ounbsp;avec des appareils analogues.

Lorsqu’il survient iin changement d’équilibre dans Ie sjstême des corpsnbsp;tjui communiqnent avec les nerfs etnbsp;les muscles de la machine animale,nbsp;celle-ci se Vessent toujours de ce changement , et ses muscles éprouvent desnbsp;contractions. II est ton jours intéressantnbsp;de voirqu’un animal placé au fondd’imnbsp;appartement, éprouve une vive commotion lorsque l’on tire 1 etincelle élec-trique dans une salie bien éloignée. J’ainbsp;fait cette experience plusieurs fois aiinbsp;cabinet de physique de I’lnstitiit desnbsp;sciences de Bologne, par le rnoyennbsp;d’un fil de métal non isolé , et éloigné

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SUR LE GALVANISME. de quatre pieds du conducteur de lanbsp;machine électrique ordinaire. Je l’ainbsp;répétée encore avec des nerfs crurauxnbsp;liés jusqu a la moitié de leur longueur;nbsp;en tirant Tétincelle, j’observai de fortes contractions , qui cessaient quandnbsp;la ligature avaitlieu a l’endroit de leurnbsp;insertion dans les muscles.

Eusuite je répétai avec les nouveaux appareils de Volta les expériences quenbsp;Galvani avait faites avec la seule élec-tricité artificielle. D’abord je me servis

de plusieurs tasses de cristal et de piles depuis 100 jusqu a 200 plaques de métal, et je fus bientót convaincu quenbsp;l’on pouvait obtenir des résultats analogues avec les simples appareils que jenbsp;x^ais décrire.

XXXIX. E X r.

Je place sur une table deux vases de cristal (pf f]g, 5,) pleins d’eau salée,nbsp;que j unis ensemble par Ie raojen d’un

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58 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

arc de laiton et de zinc. J approche du niveau de l’eau d’un des vases l’épinenbsp;médulJaire dune grenouillepréparée,nbsp;dont jetiens ^’une main les muscles cor-respondants : une autre personne, ounbsp;avec les mains , ou avec une plaque denbsp;métal, touche l’eau contenue dans l’au-tre vase ; la grenouille, a chaque contact, éprouve de fortes contractions.nbsp;Pour éloigner tout soup^on que lesnbsp;contractions puissentprovenir de l’aC'nbsp;tion de l’eau salée, j’unis a l’épine mé-dullaire une partie des muscles d’unnbsp;autre animal, qui, a sa place, touchenbsp;l’eau salée ; les effets étant les mê-mes, il n’est pas permis d'attribuer anbsp;Taction de Teau salée les résultats denbsp;mes expériences.

XL. E X P.

En conservant Ie même appareil, si Ton isoie ou la personne qui touche Ie

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SUR LE GALVANISME. 5g niveau de l’eau dans Ie premier vasenbsp;de verre, oula grenouille plongée dansnbsp;Ie second, les contractions musculai-res cessent tout-a-fait, et elles reparais-sent de nouveau en Fisolant. On aug-mente la force des contractions en aug-mentant Ie nombre des tasses de cris-tal, lesquelles même étant mises ennbsp;communication (pl. i, fig. 6.) au raojennbsp;des arcs formés par un seul métal ho^nbsp;mogène, ne donnent pas des résultatsnbsp;différents de ceux qn’on. a observés

avec des métaux hétérogènes.

X LI. EX P.

J’ai voulu confirmer la théorie de l’at-mosphère du galvanisme en interpo-sant dans la même atmosphere Ie corps d’un supplicié. J’ai placé la pilenbsp;^ nn pied de distance du tronc du ca-davre, sans la communication ordinaire des arcs métalliques. Je fis une

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6o nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

incision awx deux tarses; deux person-nes soutenaient les greiiouilles prépa-rées al’ordinaire , (pl. 4, fig. 2.) en sorte que la moelle épinière posait sur l’in-cision. Alors, toutes les fois qu’unenbsp;troisième pei'sonne touchait Ie sommetnbsp;de la pile, les deux grenouilles éprou-vaient de fortes conti’actions, au pointnbsp;que, laissant en liberté une des extré-mités , on obtint un véritable carillon,nbsp;électrico-aninial, tout-a-fait semblablenbsp;pour sa force a celui qu’indique, dansnbsp;Son Commentaire, Ie professeur Gal-vani. En faisant usage de l’appareil mé-tallique, si une des personnes qui sou-tient une des grenouilles est isolée, lanbsp;grenouille reste immobile , tandis quenbsp;l’autre éprouve feffet ordinaire. J’ainbsp;constaté cette observation avec Ie troncnbsp;d’un chien, dans des séances expéri-mentales, tenues a fhopital de la Cha-rité a Paris , et a fhopital de St.-Thomasnbsp;a Londres.

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SUR LE GALVANISME. 6i ün appareil ingénieux, dont M. La-grave m’a fait part, m’a mis en état denbsp;Voir des phénomènes analogues a mesnbsp;recherches sur Taction de Tatmosphèrenbsp;du galvanisme; en voici la description.

M. Lagrave, dans son laboratoire, a rempli d’eau salée une grande cuve denbsp;bois, garnie a son bord de six supportsnbsp;élevés perpendiculairement a la hauteur d’un pied et demi, Chaque support portait a son extrémité supérieurenbsp;des isoloirs qui soutenaient une série

de fils de cuivre; les uiis étaient plon-gés dans Teau de la cuve, les au tres étaient réunis par un seul lil qui étaitnbsp;porté au pole cuivre de la colonne denbsp;Volta. Les espaces entre les fils attachésnbsp;aux isoloirs étaient, remplis par desnbsp;grenouilles préparées , qui faisaient lanbsp;ïonction delectrometre par leur excitability. Je passe aux expériences qnenbsp;nous avons faites, M. Lagrave et moi,nbsp;avec eet appareiL

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X L I r. EX p.

Un conducteur, partant du pole zinc de la colonne de Volta, fut mis dansnbsp;l’eau : toutes les grenouilles entrèrentnbsp;trés - régulièrement en contraction.nbsp;Nous remarqu^mes que quand nousnbsp;mettions et retirions de suite leditnbsp;conducteur de l’eau, il j avait une double contraction ; celle qui se manifes-tait en Ie retirant, était beaucoup plusnbsp;forte que celle qui avait eu lieu en l’ynbsp;plongeant. Ce phénomène est analoguenbsp;a ce que Galvani avait déja remarqué,nbsp;en approchant et en retii-ant un are desnbsp;armatures métalliques appliquées auxnbsp;nerfs et aux muscles d’un animal préparé.

Nous avons observé aussi que fhu-f niidité qui était répandue dans l’ap-partement, suffisait pour conduirenbsp;faction du galvanisme au sjstême desnbsp;grenouilles; car si mi de nous touchait

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SUR LE GALVANISME. 65 Je niveau de l’eau salée avec un conducteur, sans avoir d’autre communication avec Tappareil, quecelle de l’Jiu-midité du pavé, les grenouilles étaientnbsp;afFectées a chaque contact; mais s’ilnbsp;montait sur une chaise, ily avaitalorsnbsp;mi isolement qui empêchait la communication du galvanisme, et les contractions n’avaient plus lieu: il sufEsaitnbsp;de mettre un pied en terre pour Ie re-nouveler.

PROPOSITION XV.

L’opiuni, Ie quinquina, et autres stimulants analogues, qui ont beauconp d’action sur Ie sjstême animal,nbsp;augmentent aussi TefFet de la pile.

X L I I I. E X P.

J’ai fait des solutions de divers sti-^ntants proposés par Brown; j’en ai hurnecté les cartons que je plaeais en-tre les disques de la pile ordinaire, et

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64 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A 1

j’ai toujours vu que ces substances en

auguientaient Imtensité.

Dans la dernière séance de 1’Institut deBologne, j’ai forrné deux piles denbsp;quinze pieces d’argent et de zinc ; lesnbsp;cartons deTuiiefurentimbibés d’uneso-lution d’opiuin, ceux de Tautre furentnbsp;trenipés dans unesolution dequinquinanbsp;dans l’alkool. Ajant placé sur un ba innbsp;de mercure ces deux piles ainsi prépa-rées, je les recouvris de deux récipientsnbsp;égaux, que je rendis assez pesants pournbsp;en faire enfoncer les bords inférieursnbsp;dans Ie mercure. Au bout de quelquesnbsp;heures, je trouvai Ie mercure élevénbsp;dans l’intérieur des cloches a tel point,nbsp;qu’il n’était plus nécessaire de les tnain-tenir sur Ie mercure par les poids quenbsp;j’avais employés a eet effet. Le mercurenbsp;de la pile a solution d’opium étaitnbsp;élevé de plus de six lignes , taudis quenbsp;dans l’autre , il fétait a peine de trois.

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65

SUR LE GALVANISME.

X L I V. E X P.

J’ai fait quelques, essais sur les pro-priétés de fair qui restait sous les cloches dans fexpérience précédente. Une petite bougie allumée que j’introdui-sis dans Ie récipient de la pile a solution d’opium, fut éteinte aussitót;nbsp;elle Ie fut bien plus tard dans cellenbsp;dont les cartons étaient imbibés denbsp;solution de quinquina ; les quatre plaques inférieures de la première avaientnbsp;été altérées par Ie mercure : on vojaitnbsp;même des globules du fluide métalli-que dans plusieurs autres plaques, jus-qu’a la hauteur d’environ trois poucesnbsp;et demi. Quant a la pile aux cartonsnbsp;imbibés de quinquina , les plaquesnbsp;éprouvèrent beaucoup moins d’actionnbsp;la part du mercure.

t.

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66

X L V. EXP.

Je voulus voir si la pile qui surpas-sait l’autre par l’intensité de ses efFets, la surpasserait aussi par leur durée.nbsp;Je les laissai Tune et l’autre en ex-périence et recouvertes chacune denbsp;son récipient. J’examinai chaque journbsp;les elFets produits sur l’air contenunbsp;dans les cloches , en y plongeant lanbsp;petite bougie allumée; et je vis quenbsp;la pile doiit les cartons étaient imbibes d’ 'opium continua a agir jusqu’aunbsp;huitième jour, tandis que l’autre nenbsp;produisit plus d’efFet après 24 heures.

X L V I. E X P.

Je répétai la même expérience avec des piles dont les cartons étaient imbi-bés de fortes solutions de caniphre denbsp;castoreum et d'alkool de potasse. Les'ef-fets furent, sous tousles rapports, beau-

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SUR LE GALVANISME. 67 coup plus faibles que ceux des piles pré-cédeiites. L’élévatioii du mercure dansnbsp;Ie plain isolé fut très-légère, et 1’altéra-tion de la flamme plongée dans la cloche n’était presque pas sensible.

X L V I I. E XP.

Pour me bien convaincre que les ef* fets obtenus dans les expériences 48,nbsp;44 et 45, provenaient directement desnbsp;propriétés des substances emplojéesnbsp;dans les dissolutions dont j’avais im-bibé les cartons. Je formai une pile denbsp;trente plaques dargent et de zinc, etnbsp;jenhumectai les cartons avec Ie simplenbsp;alkool de potasse:les ejBPets furentnuls;nbsp;on n’apercut aucun signe de galva-nisrae. Je n’en obtins pas davantage ennbsp;formant les piles avec des plaques denbsp;et de cuivre , et successiveinentnbsp;plusieurs autres métaux.

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G8 E S S A 1

PROPOSITION XYT

Si l’üii examine en general les rapports qiii existent entre Ie galpanisme et 1’électricité, l’on trouveranbsp;plusieurs faits qni paraissent démontrer que cesnbsp;deux fluïdes out entre eux la plus grande resseni-Llance j mais l’on en trouvera aussi d’autres qui nenbsp;sont pas encore réduits au menie principe.

J’ai déja prouvé cette' analogie par plusieurs expériences dansles propositions précédentes. Je vais maintenant,nbsp;dans ces considerations générales surnbsp;Ie galvanisme et l’électricité , recueillirnbsp;tout ce qui peut constater la corres-pondance de leurs propriétés ; et enfinnbsp;je ferai remarquerce qui reste encorenbsp;a faire pour que l’identité de ces deuxnbsp;agents soit entièrement établie.

1 .“Le galvanisme, eomme 1’électricité, est fourui de son atmosphere ; il donnenbsp;l’attraction, les étincelles, fond les mé-taux, et charge des corps cohi bents ar-

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SUR LE GALVANISME, 69 wés. J’ai démontré cette dernière pro-priété par un procédé différent denbsp;celui proposé par Ie professeur Van-Marum. Mon appareil est composénbsp;d’une pile percée au milieu, oü je placenbsp;une bouteille armée intérieurement,nbsp;soit avec de Peau pure, soit avec dunbsp;mercure.

L’électricité artificielle accélère la putréfaction des substances animales; on obtient les mêmes effets parnbsp;faction de la pile métallique, et par

celle des premiers appareils de Gal-vani.

3. ” La propagation du gal vanismenbsp;approche beaucoup de la rapidité avecnbsp;laquelle Ie fluide électrique parcourtnbsp;de grands espaces.

4. ° Comme dans félectricité générale la force du courant électrique estnbsp;^‘^gmentée en raison de la surface desnbsp;conducteurs qui Ie transmettent; denbsp;inême, dans la pile, Ie courant galvani-

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E S S A I

que s’échappe avec plus de violence, a proportion de la surface des arcs conducteurs qui établissent la communication entre les poles opposés.

La flam me empeche faction de la bouteille de Lejde; iLen est de mêmenbsp;pour cello de la pile , et pour les contractions musculaires.

6.°La bouteille de Leyde,après avoir été déchargée, ne donne plus aucunenbsp;étincelle ;mais l’appareil, abandonné anbsp;lui-mê^me pendant quelques instants,nbsp;se trouve chargé de nouveau, et Tonnbsp;obtient une autre décharge. De sem-blables phénoraènes se manifestentnbsp;dans la pile et dans les animaux traitésnbsp;suivant la méthode de Galvani, c’est4-dire en appliquant fare métallique a.nbsp;différentes reprises.

De même qu’on détruit faction de la colonne galvanique, si on troublenbsp;l’ordre alternatif des plaques métalli-ques qui la composent; de même, en

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SUR LE GALVANISME. 7^ changeant la disposition de plusieursnbsp;animaux formant un sjstême, il arrive que, dans certains cas , les contractions musculaires cessent d’avoirnbsp;lieu.

8.° L’action du galvanisme produit la décomposition de l’eau ainsi quenbsp;l’électricité ordinaire, paria méthodenbsp;ingénieuse qu’a proposée M.Woolaston.nbsp;J’ai vu dernièrement a Londres , cheznbsp;lui-même , une belle série d’expérien-ces sur eet objet, faites avec ses appa-reils de la manière la plus exacte. IInbsp;serait a desirer que Ion parvint aunbsp;même résultat, indépendamment desnbsp;métaux, en emplojant seulement Taction de Télectricité galvanique : il estnbsp;a présumer que Ton j parviendra parnbsp;de nombreux essaissur de grands ani-ttiaux abondamment fournis d’électri-cité galvanique. Un tel procédé pour-rait bien éclairer la phjsiologie.

•^près avoir présenté jusqu ici, ayec

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fjn nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

tout Ie soin possible, les faits et les considérations qui m’ont paru confirmer l’existence de l’analogie entre l’é-lectricité et Ie galvanisme , je vais examiner avec Ie même intérêt quelquesnbsp;phénomènes que toute la sagacité desnbsp;phjsiciens n’est pas encore parvenue anbsp;rattacher aux principes de 1 electriciténbsp;générale.

i.° On sait que Ton produit un éclair en touchant d’une main la base de lanbsp;pile ^tandis qu’on approche de son som-met une partie quelconque du visage;nbsp;les deux extrémités de eet are animalnbsp;étant préalablement humectées avecnbsp;une dissolution saline. Le même effetnbsp;a lieu en établissant l’arc aux partiesnbsp;les plus éloignées de la machine animale.

L’on parviendra difficilement a ex-pliquer ce fait par les lois de l’électri-cité ordinaire ; paree que dans ce cas , le courant galvanique étant obligé de

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SÜR LE GALVANISME. yS suivre Ie chemin Ie plus court, Torganenbsp;de la vue ne devrait point être afFecté.nbsp;En efFet, si Fon substitue la bouteillenbsp;de Lejde a Fappareil galvanique , Fonnbsp;ressent de tres-fortes commotions,nbsp;sans apercevoir aucun éclair. Les ex-périences faites sur eet objet serontnbsp;rapportées dansla troisièrae partie denbsp;eet ouvrage.

2.° L’on a remarqué que ces étincel-les électriques , qui piquent fortement notre corps , n’oxidcnt point, ou fort

peu , les métaux, et qu’elles n’altèrent presque en rien Feau dans sa composition , pourvu toutefois qu’elles nenbsp;soient pas foudrojantes; tandis quenbsp;dans la pile , une action même faiblenbsp;du galvanisme sulSt pour déterminernbsp;en très-peu de temps la décompositionnbsp;de Feau, et Foxidation des métaux.

Leprofesseur Vassalli ayant fait passer Ie courant galvanique par Ienbsp;corps d grenouille, ü resulta

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74


la decomposition des humeurs del’ani-mal; '1 vit cette victime de nos expé-rieiices s’enfler si prodigieusement, quVlle ne put plus se plonger dansnbsp;l’eau, quüique pleine de vitalité : phé-nomène qu’il n’a jamais observé dansnbsp;des grenoLiilles tourmentées par desnbsp;étincelles foudroj? antes.

L\)n trouvera des faits analogues dans les expériences que j’ai faites der-nièrement a Alfort, et qui sont insé-rées dans un rapport de la Sociétégal-vanique de Paris,

4. ° Les phénomènes électriques ontnbsp;toujours pour cause première Ie mouvement; dans Ie galvanisme , au contraire, Ie mouvement est l’elFet, et nonnbsp;la cause. Dans les premiers, une seulenbsp;substance conductrice suffit; il en fautnbsp;deux pour manifester I’influence dunbsp;galvanisme.

5. ° Dans les animaux électriques,nbsp;tels que la torpille, les effets sont sou-

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SUR LE GALVANISME. yS rois a l’influence de leur volonté j ilsnbsp;en sont indépendants lorsqu’il s’agit denbsp;i’influence galvanique.

6.° Plusieurs corps propres a trans-mettre Ie galvanisme ne sont point du tont, OU ne sont que de médiocresnbsp;conducteurs de l’électricité , et vicenbsp;Q’eysd.

Les illustres chimistes Fourcroj et Vauquelin m’ont fait l’honneur denbsp;m’inviter a l’expérience suivante,qu’ilsnbsp;ont faite fannée dernière dans leur la-

boratoire, Ils composèrent une pile avec des plaques d’un pied carré : lesnbsp;commotions et la décomposition denbsp;l’eau restèrent les mêmes qu’avec unnbsp;nombre pareil de petits disques; maisnbsp;la combustion des fils métalliques s’o-péra sur-le-champ avec beaucoup denbsp;force; et en les plongeant dans du gaznbsp;on les vits’enflammer avec unnbsp;éclat très-vif; tandis que depetites plaques , quelque grand qu’en lut Ie liont'

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rjS nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

bre,ne produisireut rien de pareil. Je ne crois pas qiie les notions acquisesnbsp;jusqu’a présent sur Télectricité puis-sent sulEsamment développer la théorie de ces phénomènes.

Les phjsiciens ont en vain essajé de produire avec Télectricité plusieursnbsp;elf’ets chimiques du galvanisme. Lanbsp;dissolution des oxides métalliques , lanbsp;precipitation de leurs dissolutions , lanbsp;décomposition des acides, n’ont pas ennbsp;lieu par les appareils électriques lesnbsp;plus forts et les plus variés.

p.® D’après l’examen des pliénoraè-nes électriques et galvaniques , il sem-ble que les uns dépendent en géné-ral de faction de causes purement physiques ; taudis que poui\ exciternbsp;les autres, il a fallu jusqu’a présentnbsp;employer Ie pouvoir des agents chimiques. En elfet, comme par de pe-tites variations faites a la surfacenbsp;des corps, ou par la différente ma-

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SUR LE GALVANISME. 77, iiiere dont ils soiitexcités, au mojennbsp;de forces purenient raécaniques, Ton.nbsp;change Ie genre d’électricité qui leurnbsp;est propre; ainsi par une altérationnbsp;chimique, Ton change aisément Ienbsp;pole du galvanisrae. J’ai vu aLondres,nbsp;avec beaucoup de satisfaction , chez Ienbsp;professeur Davy, s’opérer h l’instantnbsp;ce changement par une dissolutionnbsp;de sulphure de potasse versée dans unnbsp;appareil, a tasses unies ensemble avecnbsp;des arcs composés de cuivre et de fer.

Toutes ces réflexions, qui ont pour objet de determiner ce qu’ily a d’ana-logies OU d’opposition entre Ie galva-nisme et 1’électricité, ne me permet*nbsp;tent pas de regarder comme entière-ment résolue la question proposée parnbsp;1’Académie des sciences de Harlem , ennbsp;1801. Peut-on expUcjuer sujfisamment lanbsp;colonne de J^olta par les lois ou lesnbsp;proprietés connues de Vélectricité, ounbsp;fout-il en conclure Vexistence dunjluide

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y8 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

particulier et distinct du jluide élec^

trique ?

Laissaiit de cóté les longues discussions qui ont eu lieu parmi les physi-ciens a eet égard, je me permettrai seulement d’observer que les nouveauxnbsp;faits concernant Ie galvaiiisme, peu-vent être en harmonie avec ceux déjanbsp;connus, et qu’enfin les nouvelles dé-couvertes n’ont pas, comme on l’a pré-tendu , détruit Ie systême primitif denbsp;Galrani.

L’on est absolument dans Terreur si Ton croit que Galvani exigea uiinbsp;fluïde particulier, tout-a-fait différentnbsp;de Télectricité, pour expliquerles phé-nomènes qu il avait observés. Il a ditnbsp;seulement dans son dernier ouvrage,nbsp;adressé au professeur Spallanzani ennbsp;1797, « Que Télectricité animale nestnbsp;pas absolument une électricité commune , telle qu’on la rencontre dansnbsp;tous les corps, maisune électricité mo-

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SUR LE GALVANISME. 79 difiée et combinée avec les principes denbsp;la vie, par lesqueis elle acquiert desnbsp;caractères qui lui coiiviennent exclu-sivement. *

Voici done, d’un cóté, V olta etVan-Ma-rum qui ne reconnaissent dans Ie gal-vanisme qu’une simple électricité; Gal-vani etplusieurs phjsiciens, delautre, qui soutiennent Texistence d’une électricité propre aux animaux, modifiéenbsp;par les forces vitales. Le galvanisme,nbsp;dans les deux hypotheses, reconnaitnbsp;des lois propres a Félectricité. II nenbsp;reste inaintenant qu’a décider si lesnbsp;modifications recues par faction animale sont telles, qu’elles amènent anbsp;un fluide différent, ou plutót, si fopnbsp;peut tout réduire au même principe.

Il j a dans le règne minéral des ^xemples bien frappants de modifications opérées par la nature dans félectricité de certains corps, et cela menbsp;fait espérer que fon pourra un jour

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8o nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

développ^r ^^6 semblables modifications dans Télectricité animale et dans rinflueuce galvanique , et mieux éta-blir son action. Car si un corps inorga-ïlique, tel que la tourmaline , a sonnbsp;électricité modifiée, demanièrequ’ellenbsp;présente deux poles électrisés dilFérem-ment, pourquoi des corps organisés ,nbsp;tels que les animaux, ne pourraient-ilsnbsp;former un sjstême composé d’une double puissance électrique, résultante desnbsp;forces organiques dont sont princi-palement doués les nerfs et les musclesnbsp;dans la machine animale ?

De tout ce que fai dit, je con-clus que les théories de Galvani et de Volta peuvent s’éclairer infinimentnbsp;l’une par l’autre , et que, quoique cesnbsp;deux savants aient suivi des routes dif-férentes, ils ont néanmoins tous lesnbsp;deux concouru a éclairer les mêmesnbsp;points de doctrine. Je me réserve denbsp;donner a ces idéés de plus grands dé-

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SUR LE GALVANISMÈ. 8i Veioppements dans la proposition sui-

Vante.

PROPOSITION XVIL

L’hjpotbèse d’une pile animale, analogue a celle que Ton forme artiHciellemeiit, semble très-propre anbsp;«xplicjiier les sensations et les contractions dans lanbsp;macbiiie animale.

D’après les observations du profes-seur Davy , faites a Londres , et celles de M. Gautherot a Paris, il parait évident que Toil peut composer une pilenbsp;sans j faire entrer aucune substancenbsp;métallique. Cela nous conduit naturel-lement a croire qu’il est possible d’ennbsp;composer une avec des substances animales seulement.

Pour obtenir eet appareil nouveau, ^^nn’aura qu’a imiter la nature qiünbsp;nous Ie présente tout formé dans pbi-sieurs auimaux. En effet, si Pon examine la structure des corps réguliers

I. nbsp;nbsp;nbsp;n

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82 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

qui se trouveut juxta-posés dans la tor-pille , dans l’anguille de Surinam , dans Ie silurus, Ton jtrouvera, avec tin arrangement différent, de véritables piles animales. Or done , puisqu’avecnbsp;une telle pile on éprouve de vio-lentes secousses, pourquoi une autrenbsp;semblable, maisun peu moins active,nbsp;ne pourrait-elleêtre fournied’uneéner-giepropre ^produire des contractionsnbsp;musculaires ?

D’ailleurs j’ai démontré que Ie sys-tême des nerfs et des muscles est doué d’un pouvoir galvanique différent, etnbsp;pour ainsi dire d’ime électricité différente , conduite par fhumidité animalenbsp;intermédiaire. Voici les conditions nécessaires pour pouvoir reconnaitrenbsp;dans les animaux tont l’artifice analogue a des piles animales qui pourrontnbsp;accomplir 1’objet des sensations et desnbsp;contractions musculaires. C’estsous cenbsp;point de vue que la découverte de la

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SUR LE GALVANISME. 8S pile du célèbre professeur Volta, aunbsp;lieu d’être eii opposition avec les principes de Galvani, les appuie avec force.

Le sjstême de celui - ci a pour but de démontrer 1’existence d’une élec-tricité animale active, et tend a ex-pliquer l’influence de cette force pournbsp;produire les sensations et les contractions musculaires. La première partienbsp;de ce systême tient a des faits qui nenbsp;peuvent recevoir aucuiie atteinte dunbsp;temps ni des procédés des phjsiciens ;nbsp;la seconde partie offre une hjpothèsenbsp;qui, pour être adrhissible, doit s accor-der avec les nouvelles lumières de lanbsp;physique et de la physiologie.

Galvani a tenté d’expliquer faction de félectricité animale, suppo-sant dans les nerfs et dans les muscles fartifice d’une bouteille de Leyde C systême que j’ai adopté moi-niêmenbsp;jadis avec beaucoup de confiance ynbsp;Mais lorsqu’il comparait les effets

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84 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

observes avec ceux de l’appareil de Lejde , it ne voulait pas dire autrenbsp;chose, sinon qu’il rencontrait dans lanbsp;machine animale deux électricités op-posées , résultant du sjstêrae nerveuxnbsp;et musculaire, etauxquelles l’humiditénbsp;animale servait continuellement de vé-hicule. C’est Ie sens dans lequel il an-non'ta cette théorie dans ses lecons pu-bliques, et dans ses derniers ouvragcs.nbsp;II nj avait alors point d’autre raoyeiinbsp;connu en physique qui put exposernbsp;mieux cette action , etj’y substitue vo-lontiers l’appareil découvert par Volta,nbsp;lequel rentre tout-4-fait dans les principes du.systême de Galvani.

Je reconnais que l’invention de la pile don lie au professeur Volta Ie mérite de Ia découverte de lelectriciténbsp;métallique; ainsi, trouvant des phéno-mènes analogues dans Ie systême desnbsp;nerfs et des muscles , indépendam-ment de toute action métallique,

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SUR LE GALVANISME. 85 )e persiste a attribuer a Galvaui lanbsp;découverte de Télectricité animale,nbsp;proprement dite. H reste encore denbsp;très-grandes questions a résoudre sousnbsp;Ie point de vue chimique; savoir sinbsp;I’action des combinaisons chimiquesnbsp;est la cause du galvanisme , ou plutotnbsp;si Ie galvanisme est un effet des com-binaisonschimiques: je pense que nousnbsp;n’avons pas assez de données pour résoudre Ie problême.

L’on pourra encore rechercher si Ie galvanisme est de la même nuturenbsp;que l’électricité pure, pu si eet agentnbsp;recoit des modifications de l’orga-nisatiou animale. En attendant , jenbsp;me borne a accorder qu’il existe unenbsp;trés-grande analogie entre Ie galvanisme et l’électricité, jusqu’a ce quenbsp;des éclaircisseraents ultérieurs aientnbsp;démoiitré leur véritable identité. Aunbsp;lieu de m’oceuper de ces questionsnbsp;prematurées, je prëfëre tirer des corol-

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86 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

laires généraux de la série des expé-riences que j’ai exposées jusqu’a présent.

1. ^ L’on apercoit qu’il existe une vé-ritable attraction entre de certainesnbsp;parties animales; et ce fait tend a confirmer l’idée duneespèce d’atmosphèrenbsp;propre de ces parties , déja propo-sée par Ie professeur Humboldt. Par cenbsp;mojen Pon pourra peut-être un journbsp;mieux connaitre fharmonie et la cor-respondance de quelques sensationsnbsp;dans la machine animale.

2. ° L’action du galvanisme sur lesnbsp;fluides aériformes servira a expliquernbsp;son influence sur les fluides animaux,nbsp;sur l’oxidationdes humeurs, et d’autresnbsp;phénotnenes qui, jusqu a présent, n’ontnbsp;encore recu que des explications très-vagues.

3. ® Les poissons, et plusieurs animaux amphibies vivant dans Peau,nbsp;viennent queiquefois asa surface lors

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SUR LE GALVANISME. 87 de certains changements produitsnbsp;dans l’atmosphère. Mes expériences surnbsp;Ie pouvoir dugalvanisme,aune grandenbsp;distance , pourront servir a expliquernbsp;comment des changements opérésdansnbsp;les parties bien éloignées de 1 atmos-phère , se coramuniquent a l’élémentnbsp;dans lequel vivent ces animaux.

4. ^^ Il est constaté que l’eau saturéenbsp;de seis , et principalen!ent de muriatenbsp;de sonde, contribue beaucoup a aug-menter les effets du galvanisme. L’on

voit aussi que les poissons sont fournis d’une très-grande vitalité, en comparai-son de celle des autres animaux. L’onnbsp;admire, a cette occasion, la sagesse de lanbsp;nature qui a fait que les mers dans les-quelles vivent les poissons soient exces-sivement saturées de muriate de soude.

5. ^ Le galvanisme, qui déploie beau-

d’activitédans les décompo-siiiuus chimiqvies, ne restera pas oisif dansnbsp;1 economie animale; mais il doit né-

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88 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

cessairement j opérer de grauds chan-gements par I’actioii organique.

6.^ Le principe auquel Ton vient de ramener, dans les animaux, lesnbsp;plus grandes opérations de la nature,nbsp;n’est pas hjpothétique, puisque Tonnbsp;a démontré qiie, comme il j a unepilenbsp;métallicjue et un eerde rnétallique dansnbsp;le règne minéral; ainsi il j a dans lenbsp;règne animal une pile animale, et unnbsp;eerde animal.

Je so u mets ces considérations aux savants, pour qu’ils leur donnent lesnbsp;développements qui ne peuvent êtrenbsp;que le résulfat desprogrès de la science.nbsp;Puissent-ils un jour les faire contri-buer a l’avancement de la phjsiologienbsp;et au bien de l’humanité!

Dans deux séances du mois de fructidor , an dix, je fis part a la classe des sciences physiquenbsp;et mathéraatiques de l’Institut national, de mon

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SUR LE GALVANISME. 89

travail et de mes experiences, concernant Ie galvanisme. J’y soutins une longue discussionnbsp;pour éclaircir et justifier les idees que j’avaisnbsp;proposées. Entr’autres , Ie célèbre chimistenbsp;Bertholet et M. Laplace, Ie Newton de notrenbsp;siècle , voulurent bien me communiquer leursnbsp;doutes è. eet égard. Le premier de ces savantsnbsp;me fit observer que plusieurs phénomènes, quenbsp;je regardais comme un résultat du galvanisme,nbsp;pouvaient être expliqués par les affinités chi-miques; le second fit une analyse rigoureusenbsp;de toutes les parties de mon ouvrage, et ilnbsp;ni’honora ensuite de sa presence , ainsi quenbsp;le chevalier Blagden, et le célèbre minéralo-giste Verner, dans une séance de mes expé-riences a l’école de médecine.

Déja la classe avait nommé deux de ses membres, MM. Hallé et Biot, pour répéter et examiner les principales expériences sur lesquelles j’avais fixé l’attention de l’Institut. Le choix denbsp;tels commissaires, a été, pour la science et pournbsp;moi, d’une grande utilité. Leurs profondescon-naissancesdanscette branche delaphysiqueani-’^ale m’ont fait naitre l’idée de plusieurs experiences que j’aiajoutées amon travail; ils m’ontnbsp;même faii; part d’observations intéressantes qui

Ieursontpropres,etqu’ils communiqueront eux-mémes h. 1 Institut. Je crois convenable de placer

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90 ici la partie de leur rapport approuyé par lanbsp;classe, concernant la première division denbsp;mon ouvrage.

« LorsqueVoltavous exposa, l’année dernièrej « sesbelles experiences sur la colonne galvanique,nbsp;«il rapporta les phénomènes qu’elle présente , anbsp;«I’influence que deux métaux hétérogènes, misnbsp;« en contact^ exercent sur leurs électricités res-M pectives. Mais, quoique les substances raétal-«liques fussent les seules dont la combinaisonnbsp;«f avec les liquides produisit des effets aussinbsp;« marqués ; il admettait cependant qu’ime ac-«tion analogue pouvait subsister entre d’autresnbsp;« substances avec des degrés d’intensité diffé-« rents. Dès-lors on avait reconnu en France etnbsp;«en Angleterre l’existence de la même pro-«priété dans quelques minéraux et dans cer-«tains liquides. Ces faits donnaient lieu denbsp;«penser qu’elle s’étend, avec des modificationsnbsp;« diverses ^ k tous les corps de la nature. Tellenbsp;« est l’opinion que la classe a professée dans lesnbsp;« divers rapports qu’elle a publiés. Aujourd’huinbsp;«Ie citoyen Aldini vous présente des resultatsnbsp;« qui confirment l’existence d’une action sem-«blable entre les diverses matières dont lesnbsp;« substances animales sont composées; il rate mène ainsi la première expérience de Galet vani, mais agrandie dans ses effets, et variée

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SUR LE GALVANISME. 91 « de manière k acquérir Ie plus haut degré d’évi-« dence. La classe verra avec satisfaction quenbsp;«les faits dont nous allons l’entretenir , se pla-cent naturellement prés de ceux qu’elle con-nait déja.

« Galvani avait remarqué^ Ie premier, que si « l’on prépare une grenouille, de manière quenbsp;«les membres abdominaux et thorachiques tien-« nent ensemble par les seuls nerfs lombaires,nbsp;« ilse manifeste des contractions très-sensiblesnbsp;«lorsque les jambes sont pliées, et que lesnbsp;« muscles jumeaux sont mis en contact avec l’é-apaule. Ge fait;, contests par quelques physigt;nbsp;cc ciens, et attribué d’abord par Volta k un©nbsp;cc irritation mécanique, fut confirmé et variénbsp;cc par M. Humboldt: mais, soit qu’il fut trop dif-cc ficile è observer, soit qu’il parut trop peu sen-cc sible pour conduire a des découvertes bril-cc lantes, on n’y fit que peu d’attention, et ilnbsp;cc disparut bientót prés des phénomènes éton-ccnants et féconds que Volta a si bien déve-«loppés.

« Cette importante experience a été modifié© quot; par Ie citoyen Aldini : elle fait Ia base de sonnbsp;quot; '¦‘’avail; et la plupart des siennes en son* desnbsp;cc développements OU des applications.

cc Pour la répéter avec facilité , d tient d une et main Ia colonne épinière de la greuQuilIe,

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9a nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

tf et de l’autre il fait toucher une des jambes aux «iierfs lombaires; i Tinstant du contact, lanbsp;«jambe qui est restée libre éprouve des con-«tractions.

« Get effet a lieu sans aucune espèce de com-« munication avec des substances minérales ou « metalliques.On I’obtient egalementlorsquelesnbsp;« muscles et les nerfs sont attaches par des filsnbsp;« de soie è des tubes de verre qui permettent denbsp;«les rapprocher les uns des autres en les te-«liant parfaitement isoles.

«Les convulsions sont déterminées par le « contact des muscles et des nerfs. Les musclesnbsp;«entreeux, les nerfs entre eux, n’en produi-«sent point. Des irritations purement mé-« caniques , plus fortes que celles qui pouvaientnbsp;K resulter du simple rapprochement des parties,nbsp;« n’ont rien occasionne de seinblable.

«Nous avons constate ces fails avec beau-« coup soin ; ils prouvent que certaines par-«ties des animaux ont les unes sur les autres «une action, d’oh resultent des effets pareils h.nbsp;« ceux que produise sur elles I’application desnbsp;« metaux reunis.

« Le citoyen Aldini pense que cette action « est le resultat d’une electricite particulièrenbsp;«aux animaux^ et qui circule du nerf auxnbsp;« muscles.

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SUR LE GALVANISME. g3 «II n'est pas nécessaire que l’arc animal soitnbsp;* iiniquement compose de diverses parties d’unnbsp;« méme individu. Plusieurs personnes , isoléesnbsp;«OU non, se tenant par les mains^louillées,nbsp;« excitent pareillement des convulsions dans lanbsp;«grenouille. Ces convulsions paraissent sen-« siblement augmentées lorsque 1’on introduitnbsp;K dans Pare des membres , portions encore fu-« mantes, d’un animal k sang chaud.

« Par exemple , on tient d’une main les vertè-« bres cervicales d’un chien, encore revétues « de quelques lambeaux de muscles; de 1’autrenbsp;« les jambes d’une grenouille dépouillée, dontnbsp;« les nerfs lombaires sont mis è. nu. Lorsqu’on.nbsp;«touche avec ces nerfs une partie musculairenbsp;« du chien , la grenouille éprouve des contrac-«tions très-vives qui se succèdent avec rapidité.nbsp;«Si, au contraire, on touche une partie ten-« dineuse , cartilagineuse ou osseuse , on n’a-« percoit aucun mouvement.

cc Ces effets ont encore lieu lorsqu’on inter-«pose entre les substances animales des con-« ducteurs humides. II convient méme, pour ” faciliter ces experiences , que les mains soiencnbsp;« mouiliées d’eau salée.

« Les phénomènes que nous venons de de-cc crire s éteignent bientót avec la vitalite ; clt; et lorsqu’ils ne subsistent plus d’une manière

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95

SUR LE GALVANISME.

SECONDE PARTIE.

Dü POUVOIR DU GALVANISME SUR LES FORCES VITALES.

Conduire un fluide énergique au siège général de toutesles impressions;nbsp;distribuer sa force dans les différentesnbsp;parties du sjstême nerveux et musculaire ; produire , ranimer , et pournbsp;ainsi dire maitriser les forces vitales :nbsp;tel est l’objet de mes recherches , telnbsp;est l’avantage que jeme propose dere-tirer de la théorie du galvanisme. Lanbsp;découverte de la pile ducélèbre profes-seur Volta m’a servi de flambeau pournbsp;parvenira desrésultats intéressants, oünbsp;lïi’ont conduit des travaux mültipliésnbsp;et une longue suite d’expériences.

hes simples armatures de Galvani opéraient les contractions musculai-res, en, mettant en circulation un fluide

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g6 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

naturel et propre a la machine animale ; la force par laquelle il se met-tait en équilibre produisait une action sur Ie sjstême des nerfs et des muscles.nbsp;II s’agit maintenant de conduire a cettenbsp;rftachine animale, moj^eniiant les ap-pareils de Volta, Ie courant d’un fluidenbsp;énergique qui agit extérieurernent surnbsp;tous les sjstêraes avec une force sti-mulante, bieii supérieure a toutes celles emplojées jusqu’a présent.

Les courageux essais de Humboldt sur lui-même me flrent imaginer quenbsp;l’on pourrait obtenir des effets plusnbsp;marqués avec les derniers appareilsnbsp;galvaniques, et celamengagea a éya-luer faction de ce fluide par desexpé-riences nouvelles. J’apercus bientótnbsp;que la force de la pile augmentait faction du galvanisme d’une rnaiiière sur-prenante; et les effets de cette administration sur fhomme étaient si dan-gereux, que je crus a propos derecourir

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SUR LE GALVANISME. 97 a d’autres mojens, afin de poursuivrenbsp;mes recherches.

La grande familie des animaux k sang chaud fut l’objet sur lequel jenbsp;tournai cl’abord mes vues, pour entre-

prendre ensuite mes essais sur l’hom-

«

me. L’organisation phjsique m’offfant a-peu-près Ie même mécanisme, je m’at-tendais a obtenir des résultats analogues : c’est px'écisément ce qui m’estnbsp;arrivé dans la série d’expériences quenbsp;je vais décrire. Cela me conduit a clas-ser naturellement les expériences ennbsp;deux parties, dontla première montrenbsp;en général faction du galvanisme surnbsp;toute espèce d’animaux; la secondenbsp;montre particulièrement la correspoii-dance de ces mêmes effets dans la machine animale humaine. J’ai pensé quenbsp;fexamen de rinfluence qu’a Ie galvanisme sur les forces vitales, devait pré-céder toute idéé d’application de cenbsp;fluide comme mojen curatif; aussi je

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q3 nbsp;nbsp;nbsp;E S S a I

me propose de n’en trailer que dans la troisième et dernière partie de eetnbsp;ouvrage.

SECTION PREMIÈRE.

Du galvanisme appltqué aux différents quadrupèdes, volatiles, et autres aniniaux a sang chaud.

Parmi les expériences dont je vais domier les détails, il sen trouve quenbsp;j’ai faites il j a déja long-temps , et quenbsp;j’ai publiées en Italië au commencement de 1802; je les ai spécialementnbsp;pratiquées sur divers malheureux, dé-capités en la ville de Bologne. Aprèsnbsp;mon passage a Turin, elles ont été ré-pétées et enrichies par les professeursnbsp;Vassalli, Giulio et Rossi; elles lont éténbsp;depuis en Allemagne et autre part,nbsp;toujours par des phjsiciens distingués,nbsp;et avec un égal succès.

J’ai cru néanmoins devoir les placer ici, tant a cause des augmentations

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99

SUR LE GALVANISME.

cju’elles ont recues, que paree qu’elles s j trouvent dans mi ordre plus con-venable.

Je lie saclie pas que personne, avant moi, ait pratiqué ce genre d’expériencenbsp;sur Ie cadavre de I’liomme, au mojennbsp;de la pile; cependant Ie célèbre Bichat,nbsp;ravi trop jeune aux progrès de 1’ana-tomie et de la physiologic , avait faitnbsp;quelques tentatives utiles sur eet ob-jet, et les aurait sans doute pousséesnbsp;plus loin sans cette mort prématurée

qui Ie fait l’objet de nos regrets.

XLYIII. EXP.

La tête dun boeuf récemment as-sominé fut soumise a faction d’une pile a loo pieces d’argent et de zinc ,nbsp;( pl- 2, fig. 1.) séparées, comme a 1’or-dinaire, par de petits cartons trempésnbsp;dans une dissolution de muriate denbsp;soude. Après avoir humecté avec cette

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lOO

E S S A I

dissolution, par Ie mojen d’un siphon, Tune des deux oreilles, jj introduisisnbsp;l’extrémité d’un fil de métal faisant arcnbsp;avec lui et le somniet de la pile; tmnbsp;autre fil de métal communiquait parnbsp;ses extrémités avec la base de la pilenbsp;et les naseaux. J’appliquai I’appareil,nbsp;et Ton vit aussitot dans cette tête lesnbsp;jeux s’ouvrir, les oreilles se secouer,nbsp;la langue s’agiter, les naseaux s’enflernbsp;conime, lorsqu’irrités, les animauxdenbsp;cette espèce veulent se battre entrenbsp;eux, ou contre d’autres.

Ensuite les oreilles furent toutes les deux, comme ci-dessus, humectéesnbsp;d’eau salée, et recurent chacune unenbsp;extrémité de I’arc appliqué. Je conimu-niquai le galvanisme par le procédénbsp;déja indiqué ; et les raouvements pré-cédemment observés furent repro-duits , mais ils parurent beaucoup plusnbsp;forts.

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lOi

SUR LE GALVANISME.

X L I X. E X P.

Ajant galvanisé avec Ie même appa-reil, la tête d’un boeuf (pl, 2, fig. 2.), je fissortir la langue de la longueur denbsp;quatre pouces; a chaque application denbsp;1’arc, elle rentra d’un pouce dans lanbsp;bouche , inalgré la resistance que luinbsp;opposaient les dents, contre lesquellesnbsp;elle était froissée; en sorte qu’aprèsnbsp;quatre ou cinq applications de l’arc,nbsp;elle fut totalement rétablie dans sa situation ordinaire.

X. E X P.

Toutes choses égales dans 1’appareil, je suspendis a Textrémité de Fare conducteur la raoitié postérieure d’unenbsp;grenouille, en coudant a angle aigunbsp;Ie fil niétallique (pl. 2, fig. 3.); et alorsnbsp;beu de faire toucher la languenbsp;par 1 extréraité de Pare , je la mis eq.

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102

E S S A I

contact avec une des pattes de la gre-nouille;, tandis que l’autre extrémité dn fil s’appujait sur Ie sommet de la pile.

Les choses ainsi disposées, noii-seu-lement j’obtins les meines contractions dans la tête du boeuf, mais je remar-quai de plus, que quand la patte de lanbsp;grenouille cessait d’être en contactnbsp;avec la langue, elle était attirée parnbsp;celle-ci, ce qui produisait dans cettenbsp;patte des oscillations qui en faisaientnbsp;comtne une espèce d’électromètre; carnbsp;les cuisses du petit animal s ecartaientnbsp;plus OU moins, suivant Tintensité dunbsp;fluide qui les traversait, et se rétablis-saient dans leur position lorsque Ienbsp;contact avait lieu de nouveau entre lanbsp;patte de Tun et la langue de l’autre. Cesnbsp;oscillations durèrent environ six minutes.

Soupconnant que les nerfs cru-raux pouvaient avoir part aux phéno-mènes précédents^ indépendamment

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SUR LE GALVANISME. io3 la pile, je coiipai ces nerfs ; et toutnbsp;lereste demeuralit égal, j’obtins encorenbsp;les mêmes^sultats.

LI. E X P.

J’ai voulu répéter les mêmes observations sur d’autres boeufs et sur des moutons et des agneaux, variant lanbsp;force de la pile, tant sous Ie rapport dunbsp;norabre de pièces, que sous celui denbsp;leur nature. Je formal en conséquencenbsp;trois piles en pièces d’argent et de zinc,nbsp;réunies au nonabre de 25,5o et loo.nbsp;Les résultats ne dilFérèrent des précé-dents que par Ie plus ou Ie moins d’in-tensité dans les contractions, suivantnbsp;qu’on appliquait tel ou tel appareilsurnbsp;les mêmes animaux.

J’ai remarqué particulièrement que 1’on. obtient la combinaison la plus fa-quot;Vorable aux contractions musculaires,nbsp;lorsqu’on établit fare des oreilles a la

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io4 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

moelle épinière: alors l’oeii est afFecté au point qne les paupières s’ouvrentnbsp;tout-a-fait, que Ie globe roule sur lui-iqême , et sort presque de sou orbite,nbsp;comme dans laplns violente fureur.

L I I. E X P.

Je pris un bceuf réceminent tué, et sur sa tête, uon séparée du tronc, j’é-tablis un are d'une oreille a l’autre. Ennbsp;interposant la pile , il en résulta a Fins-taiit dans toutes les extrémités unenbsp;commotion si forte, que plusieurs spec-tateurs, presqu’efFrajés, jugèrenta propos de s’eu éloigner. Ensuite ajantnbsp;coupé la tête, j’en formai un are, denbsp;la raoelle épinière au diaphragme, etnbsp;au sphincter de Fanus: dans Ie premiernbsp;eas, Ie diaphragme éprouva de fortesnbsp;fonti'actions; et dans Ie second job-tins une action très-vive sur Ie rectum,nbsp;qui alia jusqu’a prod nice une dejectionnbsp;des matières fécales.

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SUR LE GALVANISME. io5 LUI. E X P.

Poiir donner line plus grande éten-due a mes expériences, j’ai cru a propos de les répéter sur des agneaux, des poulets et d’autres animaux a sangnbsp;chaud. Sans rapporter les pliénomènesnbsp;les plus communs, je remarquai quenbsp;la langue , sortie hors des lèvres , ren-trait, après quelques applications denbsp;l’arc, dans la cavité de la bouclie :nbsp;c’est ce que nous avons observé clans

l’expérience 49. Les mouvements des oreilles et des paupières furent plusnbsp;forts que dans les autres parties. C’estnbsp;a Lanatomie comparée a expliquernbsp;pourquoi ce phénomène, si frappantnbsp;dans celte classe d’animaux, ne s’ob-serve point sur l’bomme.

L I V. EX P.

observations avec Ie galvanisrae de la pile donnèrent la curiosité

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io6 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

de faire des expériences comparatives par Ie mojeii de l’électricité générale.nbsp;En conséquence je placai dans Ie canalnbsp;extérieur de cliaque oreille d’un agneaunbsp;un fil métalliqne, et j j déchargeai dixnbsp;fois de suite une bouteille de Lejde,nbsp;dout les deux armatures étaient en communication avec les deux fils appliquésnbsp;aux oreilles. J’eus des contractions plusnbsp;faibles que celles que j’avais obtenuesnbsp;avec 1’appareil de la pile, et j’observainbsp;constamment Ie même résultat surnbsp;d’autres animaux k sang cliaud.

L V. E X P.

J’ai répété les mêmes expériences sur des poulets vivauls , et eest aveenbsp;la plus grande surprise que je les ainbsp;vus , malgré la faiblesse de leur organisation, soutenir avec fermeté, et a plu-sieurs reprises , les plns fortes commotions dïuie pile de 5o plaques dargent

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SUR LE GALVANISME. 107 et de zinc. En efFet, quoiqu’en appa-rence abattus , et presque sur Ie pointnbsp;d’expirer, a peine interrompais-je Taction de la pile, qu’ils déplojaient aussi-tót les ailes , et semblaient s’applaudirnbsp;detre échappésau danger. La curiositénbsp;m’engagea a soumettre ces volatilesnbsp;a ia dissection anatomique, pour observer les effets que ces convulsionsnbsp;avaient produites dans la machine animale. Du sang extravasé dans les muscles , un bouleversement d’humeursnbsp;en diverses parties , les intestins dépla-cés de leursiègeordinaire, et refoulésnbsp;vers Ie bassin : tels furent les princi-paux phénomènes que j’observai. .Je menbsp;propose paria suite d’examiner quellenbsp;serait la durce de la vie de cesanimaux,nbsp;après avoir soulïert de diverses ma-iiières Taction du galvanisme.

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Je pi’is un poulet qu’on veiiait de tuer, et je lui appliquai l’action de lanbsp;pile , en faisant un are d’une des oreil-les a l’autre : alors, non-seulement lesnbsp;pieds se contractèrent, mais encorenbsp;les ailes et toute la machine. J’obser-vai Ie même phénomène dans deux au-tres poulets, en suivant les mêmesnbsp;procédés; puis je combinai les diversesnbsp;parties de ces trois poulets, de manièrenbsp;que la tête du second s’unissait au piednbsp;du premier, et la tête du troisièmenbsp;avec ie pied du second. Ensuite, faisantnbsp;un are aux deux extrémités de la chainenbsp;de ces parties animales, j’obtius a-la-fois, dans ces trois poulets, Ie mouvement des ailes et des pieds.

L V I I. EX P-

Les résuhats des expériences précé-dentes me conduisirent a examiner Ie

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SUR LE GALVANISME. 109 pouvoir de l’arc de Pliuraidité animale.nbsp;Je combinai done deux têtes de beeufnbsp;ensemble, enrapprochant les deux sections ; ensuite j’établis un are du som-met de la pile a une des oreilles denbsp;l’autre : j’observai (pl. 4-)nbsp;deux têtes éprouvaient a-la-fois denbsp;très-vives convulsions musculaires.

L V I I r. E X P.

Je réunis les troncs de deux boeufs par les sections du cou, et en interpo-sant la pile, j’établis un are d’un anusnbsp;a l’autre. Les deux troncs recurent a-la-fois une commotion, mais pas très-violente. Je répétai l’expérience avecnbsp;des résultats plus saillantssurles troncsnbsp;de deux agneaux; toutes les extrémitésnbsp;les muscles des troncs éprouvèrèntnbsp;violentes convulsions. Un vase denbsp;verre servait aux expériences, etnbsp;qui était sur la table, fut, par la dé-

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110

E S S A I

tente d’une des jambes , lancé a la distance d’environ deux pieds. J’ai es-sajé d’autres combinaisons, raais lesnbsp;contractions ont été moins fortes.

LIX. EXP.

Je sciai Ie crane pour déterminer Taction de la pile sur les différentesnbsp;parties du cerveau , (pl. 2, fig. 5.) dansnbsp;Ie même ordre qu’elles étaient présen-tées par la dissection anatomique.Tou-tes ces parties obéirent a la force dunbsp;galvanisme; mais Ie corps calleux et Ienbsp;cervelet donnèrent une action plusnbsp;vive. L’on obtint presque Ie même ré-sultat en répétant Texpérience sur différentes têtes de veaux et d’agneaux.

LX. EXP.

Dans imboeufrécemment assommé, je soumis a l’expérience Ie coeur, déta-ché de,sa position ordinaire. Quoique

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Ill

SUR LE GALVANISME.

1 action de la pile fut grande , jene pus jamais obtenir la contraction musculaire. Je répétai l’expérience sur Ienbsp;coeur, placé dans son siège naturel; etnbsp;je fis aboutir Fare , d’une part a lanbsp;moelle épinière, et de Fautre a toutesnbsp;les autres parties que je pouvais croirenbsp;en correspondance avec eet organe.nbsp;J ai communiqué Ie galvanisme, tan-tót a la surface du coeur , tantót anbsp;sa substance interne ; mais les convulsions musculaires ne parurent jamais.

L X I. E X P.

J’ai préparé des grenouilles, et j’ai attendu que les ventricules du coeurnbsp;öe conservassent plus qu’un mouve-gt;^ent léger et insensible. Alors j’ainbsp;communiqué a eet organe Faction dunbsp;galvanisme , et j’ai vu s’exciter des mou-vements dans les ventricules. J ai re-

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¦iia. nbsp;nbsp;nbsp;ESS Al

pété, quelque temps après, cette expé-rieiice sur Ie coeur dun lapin, avec ua pareil succès.

J’ai reraarqué, en général, que tou-tes les fois qtie je n’obtenais pas des monveraents décidés dans les ventri-cules, solt par la nature des expérien-ces, soit par la constitution des ani-maux, il se raanifestait constammentnbsp;de fortes contractions dans les auri-cules. J’ai observé ce phénomène plu-sieurs fois sans faction de la pile, anbsp;faide de simples armatures galva*nbsp;niques.

Je renvoie quelques expériences sur ce point, ala section prochaine, ounbsp;j’apporte faction du galvanime sur Ienbsp;coeur du cadavre humain, selon lesnbsp;dernières experiences (des professeursnbsp;de Turin,

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SUR LE GALVANISMÈ.

Laissaiit a part les differences de i’action du galvanisme surforgane dunbsp;cceur, selon la différente manière denbsp;l’application, et même de la yariété desnbsp;animaux soumis aux expériences , jenbsp;remarque que quand ce muscle ne res-sent plus faction du galvanisme , lesnbsp;autres muscles la ressentent encorenbsp;très-vivement. Cette différence se présente d’une manière très-marquée,nbsp;principalement sur Ie coeur et fes muscles des bcEufs et des chiens. Tout celanbsp;est conforme a ce qui m’a été accordénbsp;par tous ceux qui ont répété mes expériences avec exactitude. Par conséquentnbsp;Ton peut conclure que quoique fexita-bilité _du coeur présente des anomaliesnbsp;dans quelques animaux, toujours au-moins est-ilcertain que eet organeperdnbsp;en tres-pen de temps, et bien plus tót que

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ïi4 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

les autres, la faculté d obéir au pou-

voirdu galvanisme.

L X I I I. E X P.

L on trou ve consigné dans Ie rapport de rinstitut * tout ce qu’il m’a été possible d’observer sur lts muscles involon-taires. « Le docteur Grapengiesser ditnbsp;avoir vu le mouvement vermiculairenbsp;des intestins augmenté par Taction dunbsp;galvanisme dans un homme vivant,nbsp;auquel, par suite d’une hernie scro-tale, les gros intestins sortaient dunbsp;ventre. Le citojen Aldini nous a faitnbsp;observer les mêmes elFets sur le canalnbsp;intestinal d’un chien. Nous avons aussinbsp;reconnu des contractions bien sensi-bles dans une portion de Testomacsé-parée de Tanimal. »

* Extrait du rapport original, approiiye par Ia classe dea sciences physiques et matbématiques de 1’Institutnbsp;national, le ai vendemiaireau ii.

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SUR LE GALVANISME. ii5

L X I E X P.

La difEculté d’avoir toujours de grands animaux a ma disposition, etnbsp;Ie desir de connaitre les efFets du gal-vanisme sur des animaux qu’il est aisénbsp;de se procurer, m’engagèrent a persé-cuter les chiens. Ces animaux m’ontnbsp;présenté les phénomènes observés surnbsp;les boeufs avec la plus grande énergie ;nbsp;l’on pourra en être convaincu par Ienbsp;rapport déja cité de l’Institut national.nbsp;« Aldini, après avoir coupé la tête d’unnbsp;chien , fait passer Ie courant d’unenbsp;forte pile ; ce seul contact excite desnbsp;convulsions véritablement elFrajantes.nbsp;La gueule s’ouvre, les dents s’entre-choquent, les yeux roulent dans leurnbsp;orbite; et si la raison n’arrêtait l’ima-gination frappée, l’on croiraitpresquenbsp;que l’animal est rendu aux souffrancesnbsp;et a la vie. »

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ïi6

L X V. E X P.

La têle d’un chien et Ie troiic, sépa-rés (pl. 6, fig. 1.) l’un de l’autre par un intervalled’un demi-pied, sont remuésnbsp;vivement et a-la-fois en appliquant Ienbsp;galvanisme a rune des oreilles et a unenbsp;petite incision faite a l’üne des extrémi-tés. Le même effet a eu lieu dans unenbsp;séance publique, tenue a I’liopital denbsp;la Charité a Paris, la tête étant éloi-gnée du tronc d’un pied et demi. J’ainbsp;vu ce phénomène d’une manière encore plus frappante dans la tête d’un.nbsp;cbeval, séparée du tronc a la distancenbsp;de trois pieds et demi.

L X V I. E X P.

Dans les expériences précédentes il est toujouts nécessaire que l’intervallenbsp;de la table qui soutient la tête et lenbsp;tronc séparé, des animaux, soit hu-

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SUR LE GALVANISME. ny Diectée d’eau salée, ou de tout autrenbsp;fluïde déférent. Sous ce point de vue, lanbsp;tête et Ie tronc se prêtent mutuelle-ment un are conducteur de l’actionnbsp;du galvanisme; de sorte que la contraction excitée en mêine temps nenbsp;tient pas a l’organisation particulièrenbsp;des animaux soumis aux expériences.nbsp;J’ai constaté cela en obtenant la con*nbsp;traction simuitanée du tronc d’unnbsp;chien, combiné avec la tête d’un lapin,nbsp;OU vice versa,

L X V I I. E X P.

J’ai essajé a l’école de médecine a Paris , avec les commissaires de l’lnsti-tut national et Ie professeur Huzard ,nbsp;l’action du galvanisme sur un cheval tuénbsp;par Ie mojen de l’insufflation denbsp;aux jugulaires. Le tronc n’a point mon-tré de convulsions extraordinaires ,nbsp;mais la tête a agi très-vivement. II ^

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ti8 nbsp;nbsp;nbsp;E S S a I

a eu un grincement de dents très-sen-sible, et des mouvemerits analogues a ceux de la mastication : objet de surprise pour plusieurs spectateurs. 11 j anbsp;eu mêrae une excretion très-sensible denbsp;rhumeur salivaire. Jusqua présent lanbsp;tête du cheval est de toutes celles desnbsp;animaux soumis aux expériences, cellenbsp;qui aproduitles mouvements les plusnbsp;vifs, a l’aide du galvanisme.

LXVIII. EXP.

Après avoir examiné les grands animaux , je ne devais pas laisser de coté même les plus petits. Je rapporte;rainbsp;done avec plaisir quelques expériencesnbsp;faites en Italië , qui m oiit été commu-niquées par mon ami Ie docteur Za-notti de Bologne.

« 1.“^ Si Ton tue une cigale, et qu’on la mette ensuite en contact avec Ienbsp;sommet de la pile, en faisant travei--

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SUR LE GALVANISME. 119 ser Ie galvanisme , on obtient immé-diatement Ie mouvement et Ie son.

« 2.“ En faisant traverser Ie courant galvanique par Ie corps d’un petit vernbsp;luisant, les anneaux phosphoriquesnbsp;deviennent plus brillants, et répan-dent une lumière plus vive que cellenbsp;qui leur est naturelle.

« 3.^^ Les gros vers luisants brillent aussi davantage, et l’on découvre ennbsp;outre une petite étoile très-lumineusenbsp;a l’extrémité de chacun des poils quinbsp;couvreiit la superficie de leur corps.nbsp;J’ai fait sur eet objet des experiencesnbsp;comparatives, au mojen de l’électri-cité artificielle d’une machine, et jenbsp;n’ai pu en obtenir de seniblables ré-sultats. «

Je rappelle d’autant plus volontiers ces observations, que c’est pour moinbsp;line occasion de témoigner ma reco.n-lïsissance a leur auteur, et a M- Alexandre Agochi, qui, pendant unaiii entier.

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IZO

E S S A I

ont bien voulu me prêter leur assistance a Bologne , pour l’exécution d’une grande partie des expériencesnbsp;qui forment l’objet de eet ouvrage.

De retour dans ma patrie , je me propose de poursuivre moi-même cesnbsp;sortes d’expériences, qui ont inspirénbsp;quelque intérêt a plusieurs naturalistes.nbsp;Ne pourraient-elles pas nous conduirenbsp;a une connaissance plus précise surnbsp;l’organisation des insectes ? Peut-êtrenbsp;nous indiqueront-elles quelles sont lesnbsp;parties de 'ces animaux qui sont spécia-lement douées de la contractilité ?

L’exactitude de mes recherches de-mandait, toutes choses égales, une eomparaisQn entre l’action des stimulants proposés par Haller, et les effetsnbsp;du Galvanisme. J’ai tenté cette eompa-raison sur des animaux doiit la vita-

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SUR LE GALVANISME. laz lité était assez afFaiblie pour ne plusnbsp;ressentir Taction des stimulants hallé-riens , soit qu’on les appliquat auxnbsp;muscles et aux nerfs , ou aux difFéren-tes parties du cerveau mises a décou-vert. Je n’ai épargné ni Taction de Ta-cide sulphurique, ni celle de l’acidenbsp;nitrique, ni TefFet des bistouris ; etnbsp;jamais je n’ai pu obtenir dans les ani-maux a sang chaud la moindre contraction ; au contraire, Taction du gal-vanisme sur les mêmes parties a cons-tamment produit de très-forts raouve-ments musculaires.

SECTION SECONDE.

Du pouvoir du galvanisme sur des suppliers décapités d Bologne, en janvier et février 1802.

De toutes les expériences esposées dans la section précédente , Ton pou-yait conjecturer, par analogie, leflPet

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122

E S S A I

de Taction, du gaivanisme sur un sujet plus noble, sur Thomme, unique but denbsp;mes recherches; mais pour juger sü-renient de ce que peut réellement surnbsp;lui cette cause merveilleuse, il fallaitnbsp;s’en tenir a de certaines conditions, etnbsp;Tappliquer après la mort. Les cadavresnbsp;d’hommes (jui avaient succombé aunenbsp;rnaladie étaient peu propres a monnbsp;objet, paree qu’il est a présumer quenbsp;Ie développementdu principe qui conduit a la mort, détruit tous les ressortsnbsp;de la fibre ; d’ou il résulte même quenbsp;les humeurs sont viciées et dénaturées.

Il fallait done saisir Ie cadavre huraain dans Ie plus haut degré de la conservation des forces vitales après la mort;nbsp;et pour cela je devais, pour ainsi dire,nbsp;me placer a cóté d’un échafaud , et sousnbsp;la hache de la loi, pour recevoir de lanbsp;main d’un bourreau des corps ensan-glantés , sujets seuls vraiment propresnbsp;a mes expériences. Je profitai done de

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SUR LE GALVANISME. laS Toccasion de deux crimineJs décapitésnbsp;a Bologne, que Ie gouvernement ac-corda a ma curiosité phjsique. La jeu-nesse de ces suppliciés, leur tempérament robuste, la plus grande fraicheurnbsp;des parties animales, tout cela m ins-pira l’espoir de recueillir des résultatsnbsp;utiles des expériences que je m’étaisnbsp;auparavant proposées. Quoique accou-tumé a un genre pacilique d’e)q)érien-ces dans mon cabinet de phjsique;nbsp;quoique éloigné de Thabitude de fairenbsp;des dissections anatomiques, I’amournbsp;de la vérité, et Ie desir de répandrenbsp;quelques lumières sur Ie systême dunbsp;galvanisme, l’eraportèrent sur toutesnbsp;mes repugnances, et je passai aux expériences suivantes.

L X X. E X P.

L on transporta A l’endroit que j’a-vais choisi prés de la grand’place de

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134 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

la justice , Ie premier criminel déca-pité. La tête fut d’abord soumise a l’ac-tion du galvanisme, par Ie mojen dune pile a loo plaquesd’argent et denbsp;zinc : deux fils métalliques , dont l’unnbsp;partait de la base, l’autre du sommetnbsp;delapile, venaient aboutir a Tintérieurnbsp;des deux oreilles, humectées avec denbsp;l’eau salée.

Je vis d’abord de fortes contractions dans tous les muscles du visage, quinbsp;étaient contournés si irrégulièreinent,nbsp;qu’ils imitaient les plus affreuses grimaces. L’action des paupières fut très-marquée , quoique moins sensiblenbsp;dans la tête humaine que dans cellenbsp;du bceuf.

L X X I. E X P.

Ayant établi un are du sommet de la pile a 1’oreille gauche d’un cóté , etnbsp;un autre, de la base a l’extrémité de la

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SUR LE GALVANISME. laS langue , prolongée hors des lèvresnbsp;d’environ un pouce ; il se manifestanbsp;des contractions dans Ie visage, et lanbsp;languese retira sensiblement. Je tou-chai après avec un des arcs les lèvresnbsp;supérieure ou inférieure, et j’obtinsnbsp;des contractions, principalement re-marquables dans tous les muscles de lanbsp;partie gauche du visage; il en résultanbsp;l’apparence d’une bouche tournée parnbsp;une espèce de paralysie partielle. Auxnbsp;premières applications de Pai’c, la

bouche rejeta une petite portion d’hu-' meur salivaire.

L X X I I. E X P.

?

Je fis raser la tête précisément sur la bosse pariétale c'roite ; j’humectainbsp;les téguments, armés avec de Targentnbsp;et du zinc;j’établis la communicatielijnbsp;par Ie mojen de la pile, avec l’os parié-tal et lune des deux oreilles ; les con-

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126 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

tractions se manifestèrent, mais plus

faibles que dans Texpérience précé-

dente.

Faisant un are des oreilles aux dif-férentes parties du visage humectées avec une solution de muriate de soude,nbsp;comme par exemple, au nez, au front,nbsp;je remarquai toujours de fortes contractions ; elles eurent lieu de même ,nbsp;lorsqu’a ia première pile jen substituainbsp;une autre , composée de cinquantenbsp;pieces de cuivre et de zinc, que je di-minuai encore pour obtenir différentsnbsp;degrés d’activité.

L X X I V. E X P.

Environ une demi-heure après on apporta la tête du second criminel. Jenbsp;répétai d’abord les expériences faitesnbsp;sur Ie premier, et Ie résultat fut tou-

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SUR LE GALVANISME. 127 jours analogue: les raouvements excites furent plus forts dans celle-ci, ennbsp;raison desa plus grande vitalité. Cettenbsp;puissance semblaitpresqu’épuisée dansnbsp;1’autre.

L X X V. E X P.

Je voulus, selon les principes du pro-fesseur Galvani, examiner Ie pouvoir de 1’arc de 1’humidité animale dans lesnbsp;animaux a sang chaud. Je me rappelaisnbsp;a eet égard d’avoir observé plusieurs

fois des convulsions au même temps dans deux grenouilles, et récemmentnbsp;dans deux têtes de boeuf, en condui-sant fare en différentes manières denbsp;Tune a l’autre. Je placai done horizon-talement sur une table (pl. 4, fig. 6.)nbsp;les deux têtes des suppliciés, de faconnbsp;que les deux sections communiquaientnbsp;ensemble par la seule huraidité animale. Les choses ainsi disposées, jenbsp;fis are avec la pile, de foreille droite

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128 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A 1

d’une tête a la gauche de l’alitre: il fut merveiileux, et même effrajant, de voirnbsp;ces deux têtes faisaut a-la-fois d’horri-bles grimaces Tune centre l’autre; denbsp;sorte que quelq^^^-uns des spectateursnbsp;qui ne s’attendaient pas a de pareilsnbsp;résultats , en furent véritablementnbsp;épouvantés. On remarqua que les convulsions excitées dans cette disposition étaient plus vives que celles ob-tenues lorsque je faisais les expériencesnbsp;sur chaque tête séparément. II est aussinbsp;constaté querarcderiiumiditéanimalenbsp;a bien suppléé dans cette expériencenbsp;au défaut de la continuation des fibresnbsp;nerveuses et musculaires.

L X X V I. E X P.

A l’applicatlon extérieure du galva-nisme succéda l’examen des parties in-térieures de la tête du premier déca-pité, Ajant enlevé la partie supérieure

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SUR LE GALVANISME. lag crane , par une dissection parallèlenbsp;è. la base du cerveau, j’incisai les mé-ninges , et j’établis un are d’une, desnbsp;oreilles a la substance médullaire : jenbsp;vis d’abord de vlves convulsions dansnbsp;les muscles du visage. En faisant Texa-men anatomique du cerveau, je re-marquai, lorsque Foneoupait les muscles du front qui environnaient Ienbsp;erane , qu'a chaque coup de scalpelnbsp;il s’excitait dans les muscles du visagenbsp;des contractions analogues, qui du-raient encore après avoir achevé lanbsp;dissection. Puisque ce pliénornène n’estnbsp;pas ordinairement observé dans la dissection , je Ie soumets volontiers auxnbsp;anatomistes pour déterminer s’il putnbsp;être occasionné totalement, ou partiel-lement, par Faction précédente de lanbsp;pile.

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LXXVII. EXP.

Je séparai les lobes du cerveau; et j’appliquai Fare au corps calleux et auxnbsp;oreilles , et ensuite aux lèvres: unenbsp;commotion violente agita toute la tête ,nbsp;et tous les muscles de la face. Quel-ques-uns des spectateurs crurentmêmenbsp;que Ie corps calleux avait été affecténbsp;par une convulsion qui lui était pro-pre; mais peut-être cette commotionnbsp;dérlva-t-elle d’une impulsion mécani-que qui agita la tête entière. 11 sera knbsp;propos d’éclaircir cette observationnbsp;par de nouvelles expériences.

Lxxvirr. Exp.

Continuant la dissection jusqu’aux nerfs olfactifs,et même a Fentrecroise-ment des nerfs optiques, et faisant arenbsp;entre ces parties et les lèvres, Ie neznbsp;et les jeux,i’obtins des contractions,

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SUR LE GALVANISME. i5i lïiais bién faibles en comparaison desnbsp;précédentes. Je fis remarquer qu’ennbsp;touchant avec l’un des arcs les nerfsnbsp;optiques, il ne se manifestait jamaisnbsp;aucune convulsion sensible dans lanbsp;paupière.

L X X I X. E X P.

Cette tête tournientée depuis long-temps et rautilée, fut reunie par Ie plan de la section a celle du supplicié quinbsp;n’avait pas été sou raise aux dissectionsnbsp;anatomiques; j’j appliquai les arcs, etnbsp;en mettant en communication Ie som-met de la pile avec l’oreille droite de lanbsp;première tête, et la base avec l’oreillenbsp;gauche de la seconde , toutes deuxnbsp;éprouvèrent d’abord des contractionsnbsp;semblablesa celles désignées plus haul,nbsp;par Texpérience ^5; mais elles furentnbsp;*^oins fortes dans la tête qui avait déjanbsp;servi ^ toutes les observations déja ci-tées.

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lóz

E X X X. E X P.

Après ces essais sur la tête , je pas-sai au tronc du second supplicié , que jejugeais plus pi’opre aux expériences.nbsp;II est bon de remarquer que Ie cadavrenbsp;avait été exposé environ une lieurenbsp;dans une cour, oü la température étaitnbsp;de deux degrés au - dessous de zéronbsp;^ éclielle de Réaumur). Les muscles denbsp;Tavant-bras, et les parties tendineusesnbsp;du métacarpe, furent d’abord mis anbsp;nu , et il fut établi un are de la moellenbsp;épinière a ces muscles: alors Ie brasnbsp;s’éleva, k la grande surprise de ceuxnbsp;qui assistaient aux expériences.

L X X X I. E X P.

J’établis un are entre les biceps de cbaquebras que j’avais mis parfaite-meiit a nu; j’obtins des contractionsnbsp;analogues, mais un peu plus faiblesnbsp;que dans Ie cas précédent.

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SUR LE GALVAN ISME. i33

LXXXII. EXP.

Ajant mis a découvert les tendons extenseursdes doigts sur la face externenbsp;du métacarpe, j’établls un are entrenbsp;cette région et la moelle épinière, etnbsp;j’obtins de fortes contractions auxnbsp;doigts et dans toute la main.

L X X X I I I. E X P.

Jepassai aux extrémités inférieures, et je fis are de la moelle épinière auxnbsp;muscles vaste - externe, vaste-interne,nbsp;couturier, et autres, et j’obtins desnbsp;mouvements trés - vifs dans chacun.nbsp;d’eux. A_yant retiré ces arcs et 1’ap-pareil de la pile, les muscles con-servèrent une petite oscillation quinbsp;fiura pendant dix minutes. Je remar-quai Ie mêrne phénomène dans ceuxnbsp;du cou, quand je faisais are entre

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i34 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A Inbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^

diverses parties du troiic et la moelle épinière.

L X X X I V. E X P.

Appliquant l’arc, de la moelle épinière aux muscles mis a découvert au-dessous du tarse du pied droit, les muscles extenseurs éprouvèrent desnbsp;contractions bien sensibles dans tousnbsp;les doigts du pied, et en particuliernbsp;dans Ie gros orteil. Je répétai cette der-nière expérience , en appliquant l’arc,nbsp;non pas a la moelle épinière, ma is auxnbsp;muscles de la cuisse, mis a découvertnbsp;dans Texpérience 78. Les mouvementsnbsp;excités furent beaucoup plus forts ; denbsp;même les muscles de la plante desnbsp;pieds, quand j’établis Fare entre eux etnbsp;les muscles de la cuisse, manifestèrentnbsp;de plus vives contractions qu’avecnbsp;toute autre partie éloignée.

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i35

SUR LE GALVANISME.

L X X X V. E X P.

Ap rès avoir examiné la force des contractions, qiiand les arcs étaientnbsp;appliqués a la surface des muscles desnbsp;extrémités, je tentai de les introduirenbsp;dans leur propre substance. L’énergienbsp;des contractions , dans tous ces cas , anbsp;été beaucoup plus vigoureuse.

L X X X V I. E X P.

Ajant éprouvé faction du galva-nisme sur les extrémités, je me proposal de 1’examiner sur Ie tronc. J eta-blis un are de la raoelle épinière au petit muscle du diaphragme, et j’ob-tins des contractions remarquablesnbsp;dans tout l’abdomen.

L X X X V I I. E X P.

Je fis ensuite ouvrir la poitrine, pour appliquer Ie galvanisme au plus

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ize nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

important de tons les muscles, an coeur. Le péricarde ajant été détaché»nbsp;j’appliquai le conducteur sur le principal organe de la vie ; de plus , je lenbsp;fis ouvrir pour voir si, dans quelques-unes de ses parties, il existait quelquenbsp;fibre capable d’oseillatioii; mais tou-tes recherches furent vaines. Peut-êtrenbsp;que cette absence des contractions dutnbsp;être attribuée au défaut d’un certain,nbsp;degré de chaleur et d’humidité animale, qui n’existaient plus deux heu-res après la mort; et il sera bon de répéter l’expérience en observant certai-nes précautions et di^ositions parti-culières, susceptibles d’en favorisernbsp;rheiireux succès.

L X X X V I I I. E X P.

J’ai observé dans Texpérience précé-dente, que le diaphragme se eontrac-iait, et que le sang, que je crojais coa-

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SUR LE GALVANISME. 157 gulé, après eet intervalle, coulait aunbsp;Contraire, dans Ie moment de Tapplica-tion de l’arc, de la veine-cave inférieurenbsp;et des jugulaires, en présentantune couleur vermeille. Serait-on fondé a, con-jecturer qu’indépendammeut des gran-des contractions , il fut possible d’exci-ter dans Tintérieur du coeur quelquesnbsp;oscillations analogues a celles que j’ainbsp;remarquées dans les muscles de lanbsp;cuisse et du cou ? De nouvelles observations, comme nous Ie verrons plusnbsp;bas, ont seules répandu des luraièresnbsp;surcette question.

L X X X I X. E X r.

J’ai remarqué, dans ces expériences, que plus les points du contact de farenbsp;avec Ie muscle biceps étaient multi-pbés , et par conséquent étendus, plusnbsp;Ie uiouvement du bras augmentait,nbsp;sur-tout si 1’on, ayait la pi’écaution de

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i38 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

séparer parfaiteraent ce muscle, en en-levant les teguments, et de Tentourer avec Ie fil métallique a la manière d’unnbsp;anneau. Par Ie mojen des arcs appli-qués au biceps de chaquebras, je vis,nbsp;avec la plus grande surprise, que Pavant-bras et la main de l’extrémité oü étaitnbsp;placé l’anneaii ci-dessus désigné, s’é-levèrent vivement a la hauteur d’en-viron six pouces.

X C. E X P.

Je répétai l’expérience, formant Pare du biceps du bras droit a la moelle épi-nière ( pb 3 , fig. 2. ) ; et il survint aus-sitót de telles contractions, que Ienbsp;bras, placé horizontalement dans toutenbsp;sa longueur, seleva dansla partieanté-rieure, a six pouces au-dessus du plannbsp;de la table sur laquelle Ie cadavre étaitnbsp;étendu. Je posai sur la paume de lanbsp;main un corps métallique, par exem-ple, une pièce de monnaie: la main

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SUR LE GALVANISME. 1S9 Ja soutint d’abord ; mais a un certain,nbsp;degré d’élévation, elle la rejeta asseznbsp;loin. J’j substituai une tenaille denbsp;fer du poids d’une demi-livre : lanbsp;main s’éleva, et les doigts, se flé-chissant, semblaient vouloir la sai-sir; mais, au plus haut degré d’élévation , la contraction cessa, et les te-nailles tombèrent.

Je remarquai que Taugmentation du poids dont on chargeait la main, dimi-nuait très-peu Ia force de l’élévation du

bras. II est bon d’observer que ces deux dernières expériences eurent lieu unenbsp;lieure et un quart après l’exécution ;nbsp;et celles faites sur les extréraités infé-rieures, presque deux heures après lanbsp;mort. Je crois cependant que, répé-tan-t sans aucun délai l’expérience pré-^édente, afin de profiter du plus hautnbsp;de vitalité, on pourrait peu-é-peu charger la main avec differentsnbsp;poids, jusqu’a ce qu’on en eut ren-

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’i4o

contré un qiii empêchat totalement Ie moxivenient du bras; ce qui conduiraitnbsp;a évaluer la force d’élévation.

Dans les expériences précédentes j’ai cru devoir omettre certaines observations qui ne s’accordaient point avecnbsp;celles faites sur d’autresanimauxasangnbsp;chaud. Mon silence a eet égard, ne nuitnbsp;a aucuiie théorie; d’ailleurs des observations qui n’étaient pas suffisammentnbsp;constatées, auraient occasionné desnbsp;discussions phjsiologiques inutiles, etnbsp;pent-être interminables sans de nou-velles observations.

Ici, comme par-lont, il faut d’antres expériences pour éclaircir les doutes ;nbsp;mais raalheureusement elles ne peu-vent être constatées que lorsque denbsp;.nouvelles victiines toinbent sous. Ienbsp;glaive de la justice. Les méninges, etnbsp;Ia substance corticale du cerveau denbsp;riiomme, avaient montré une actioio.nbsp;si faible, que beaucoiip de personues

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SUR LE GALVANISME. 141 qüiavaient assisté aux expérieiices ,re-gardaient ces parties corame absolu-ment insensibles a Faction de la pile;nbsp;l’autorité de plusieurs habiles ana-tomistes fortifiait d’ailleurs cette opinion. D’un aiitre cóté, comme nousnbsp;Ie verrons plus bas, beaucoup d’aiii-maux a sang cliaud présentaient desnbsp;résultats contraires; et il est certainnbsp;que la nature, toujours d’accord avecnbsp;elle -même dans Faction du principenbsp;général qui met en jeu les foi'ces mus-culaires, ne devait pas manquer denbsp;montrer dans la machine humainenbsp;les mêmes phénomènes qu’elle olFrenbsp;constamment chez d’autres animaux anbsp;sang chaud.

Je ne dissimulai point cette anomalie ^ plusieurs de mes collègues, et nom-J^^ément au savant anatomiste Mondei. n S0 prêta d’abord a mes recherches , il nag communiqua ses lumièresnbsp;sur ce point, et voulut bien faire toutes

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i4a


les préparations convenables aux ex-périences suivantes, modifiées d’après les apercus généraux pris dans les observations précédentes. ün criminel,nbsp;décapité a Bologne , en février 1802 ,nbsp;donna l’occasion de combiner et de vé-rifierle fait en question.

X C I. EX P,

Le cadavre du supplicié ajant été transporté dans un lieu voisin de lanbsp;place, le tronc fut placé sur une table,nbsp;et la tête sur une autre. Sur cette der-nière table était une pile de zinc et denbsp;cuivrea cent plaques, et sur la premièrenbsp;une autre a cent plaques d’argent et denbsp;zinc. Get appareil facilita beaucoupnbsp;l’exécution rapide des expériences quinbsp;se firent a-la-fois sur toutes les partiesnbsp;du sujet, et nous mit a portee de pro-fiter de sa grande vitalité.nbsp;ün choix nonibreux de jeunes méde-

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SUR LE GALVANISME. 143 eins et chirurgiens, bieii zélés pournbsp;les 'progrès du galvanisrae , m’aidanbsp;avecbeaucoup d’ardeur. lis étaient di-Visés en deux sections ; chacune s’étaitnbsp;placée autour d’une des deux tables ,nbsp;afin que les opérations des uns nenbsp;pussent nuire a celles des autres. Pournbsp;me prêter au desir du professeur Mon-dini, quivoulait voir Paction znuscu-laire dans la tête entière, je fis un are,nbsp;a partir de la moelle épinière jusqu’anbsp;Pune des oreilles, au mojen de Pinter-

positionde la pile, et j’obtins de fortes contractions sur toute la face, tellesnbsp;qu’on les avait obtenues ^'usqu’alorsnbsp;chez tous les autres animaux.

X C I I. E X P.

Après aroir scié Ie crane avec toutes les précautions possibles, on fitnbsp;are a partir de la dure-inère jusqu anbsp;une des oreilles ; et nous observdmes

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144 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

des contractions semblables a celles obtenues, en communiquant Ie galva*-nisme a d’autres parties du cerveau. Jenbsp;découvris ensuite la pie-mère; et parnbsp;les mêmes moyens nous obtinmes lesnbsp;mêmes résultats.

X C I I I. E X P.

Eiidécouvrant la substance corticale dans rhémisphère gauche , et faisantnbsp;un are qui allait jusqu a l’oreille droite,nbsp;les mouvements de la face furent très-seiisibles dans la partie opposée denbsp;rhémisphère découverte. L’expériencenbsp;ayant été répétée de dilFéi'entes maniè-res, donna les mêmes contractions mus-culaires. Je vis done cesser ainsi ce quenbsp;^’avaisbieii appréhendé, 1’anomalie desnbsp;méninges et de la substance corticale,nbsp;qui semblaient se soustraire a factionnbsp;générale que 1’on observait §ur lesnbsp;autres parties du cerveau.

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145

SUH LE GALVANISME.

X C I V. EXP.

Ensuite le docteur Mondini, aveG toute l’habileté qui lui est propre ,nbsp;cha de séparer dans le cerveau la substance médullaire , le corps calleux, lesnbsp;corps striés, les couches des nerfs opti-ques , et le cervelet. On fit entrer suc.-cessivement toutes ces parties dans unnbsp;arc , et on confirma, avec un plein suc-cès , les résultats des expériences fai-tes auparavant sur les cadavres d’au-tres crirainels.

X C V. E X P.

Tandis que la tête , par ces mouve-ments , effacait toute idéé d’anomalie, qu’avaient fait naitre les expéri ncesnbsp;Précédentes , le tronc nous présentaitnbsp;sussi des résultats infiniment intéressants. Le corps était sain etrobuste , etnbsp;indiquait une constitution pleine de

I. I T

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x46 nbsp;nbsp;nbsp;E S S a I

vie et d’énergie. En faisant un are, de l’épine médullaire au biceps, les mou-vemeuts furent très-forts dans tout Ienbsp;cadavre, et sur-tout dans Ie bras, cju’onnbsp;lie pouvait repli^^ sans beaucoup d efforts.

X C V I. E X P.

Les contractions ci-dessus indiquées augmentèrent considérableraent ennbsp;appliquant de nouveau fare , confor-mément a l’expérience 89. Le tronc ennbsp;éprouva une violente convulsion. Onnbsp;vit les épaules s’élever d’une manièrenbsp;sensible, et les mains s’agiter, et battrenbsp;Ia table qui soutenait le cadavre.

X c V I I. E X P.

On placa une sonde d’argent a la moelle épinière ( pl. 3, fig. 3. ), et unenbsp;des mains du cadavre fut plongée dansnbsp;un bain d’eau salée. J’appliquai une

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SUR LE GALVANISME. 147

extrémité de l’arc a la partie la plus éloigiiée de la sonde , et l’autre au ni*nbsp;Veau de l’eau; faisant de cette manièrenbsp;agir Ie galvanisme, sans aucun contactnbsp;iinmédiat avec les parties animales:nbsp;dès que l’arc fut formé, Ie bras quinbsp;pendait hors de la table se porta versnbsp;la poitrine , en parcourant un espacenbsp;d’environ un pied et demi. J’ai aug-menté les contractions en emplojantnbsp;en même temps deux piles, composéesnbsp;chacune de cent plaques de zinc et denbsp;cLiivre ; mais cette augmentation denbsp;forces ne suivait point la proportion denbsp;la plus grande activité des deux pilesnbsp;reunies.

XCVIII. EXP.

Je répétai Texpérience sur les extré-*nités inférieures. J etablis un are, de 1^ moelle épinière a l’un des piedsnbsp;plongé dans un bain d’eau salée : j ob«nbsp;tins des contractions, mais plus fait

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148 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

bles qu’aux extrémités supérieures. Il était facile de soupconner que cette diminution procédait en partie de la position du tronc ; c’est pourquoi onnbsp;pla9a Ie eadavre de manière que lesnbsp;cuisses étant appujées sur Ie bordnbsp;de la table , les jambes qui pendaientnbsp;au-deliors, pouvaient se mouvoir ennbsp;toute liberté. Cette disposition aug-menta un peu les effets de la contraction musculaire. Je me proposenbsp;de réitérer l’expérience , en appli-quant fare directement aux nerfs cru-raux.

X C I X. EX p.

Une petite portion du grand pectoral , détachée des cótes par faction de la pile , se contracta fortement, et lesnbsp;mouvements du diaphragnie furentnbsp;aussi très-remarquables. Les musclesnbsp;pectoraux et les muscles intercostaux,

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SUR LE GALVANISME. 149 dimiiiuaient les intervalles de toutesnbsp;les cótes , et ils imitaieiit les mouve-ments de la respiration.

C. E X P.

Je pris la tête coupée ; et l’ajant rapprochée du cou du cadavre, j’éta-blis une communication avec Ie troncnbsp;(pl. 4,fig. 5.) au mojen de la seulenbsp;liumidité;et formantensuite un are,nbsp;de la tête aux diverses parties du tronC,nbsp;les contractions furent sensibles parnbsp;tout Ie corps, etprincipalement sur Ienbsp;tronc. Cette observation semble pro-pre a confirmer la puissance de farenbsp;d’liumidité pour exciter les contractionsnbsp;musculaires. Dans cette expérience etnbsp;dans celles qui précédent, si, pendantnbsp;qu’on faisait un are au mojen de lanbsp;pde, quelqu’un des spectateurs faisaitnbsp;toucher a quelqiie partie du cadavre une grenouille préparée selon la

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i5o nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

méthode ordinaire, cette grenouille éprouvait de fortes contractions, quoi-que placée loin de 1’endroit oii l’actionnbsp;du galvanisme était déterrninée.

cl. E X P,

Après avoir employé trois heures a ces expériences, je voulus éprouvernbsp;l’action du galvanisme sur quelquenbsp;partie animale séparée du tronc; onnbsp;coupa done run des membres abdomi-naux a six travers de doigts au-dessusnbsp;du genou (pi, 3 , fig. 4 ) ; et, faisantnbsp;un are d’un point du plan de la section au pied , j’obtins des contractions semblables a celles que j’avaisnbsp;obtenues avant Ia séparation. Je formal Fare d’humidité en approchant dunbsp;tronc la jambe coupée; et ayant dé-terminé faction de la pile a Ia moellenbsp;épinière et au pied, ü en résulta desnbsp;contractions très-sensibles. J’eus lieu

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SUR LE GALVANISME. i5i ^’observer qu’une grenouiüe préparéenbsp;depuis quelque temps, laquelle senbsp;trouvait par hasard sur la table, senbsp;inouvait comme un éleclromètre, anbsp;chaque application des arcs métaüi-ques, et confirmait ainsi Ie pouvoirnbsp;de l’arc d’humidité.

L’action du galvanisnie étaut consi-dérablement afFaiblie par la longueur du temps emplojé aux expériencesnbsp;précédentes, j’ai tdché de la ranimernbsp;en humectant les muscles d’une solution d’opium: les contractions paru-j-eiit augmentées ; ce que j’ai égale-ment reraarqué sur d’autres animauxnbsp;a sang chaud. Je crois pouvoir icinbsp;attribuer cette augmentation de forcenbsp;de la contraction a Taction de Topiumnbsp;convenablement préparé ; ajant dé-montré par d’autres expériences quenbsp;eette substance rend plus énergiquesnbsp;les efTets du galvanisme.

Ett général j’ai observe qne Ihunii-

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i5a nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

dité joue un très-grand róle dans les contractions, et qn’elle est même plusnbsp;importante que la chaleur animale.nbsp;Je trouve en efï’et dans mes expé-riences, que les contractions muscu-laires ont eu lieu après une très-fortenbsp;soustraction de la chaleur, quand Ienbsp;cadavre avait été refroidi pendant plu-sieurs heures, même lorsqu’il avait éténbsp;exposé a une température au-dessousnbsp;de 2éro. Si, dans ces circonstances, onnbsp;galvanise un sujet, on obtient sur-le-ehamp des contractions musculaires,nbsp;tandis qu’elles cessent avec la plusnbsp;grande. facilité par la privation denbsp;rhumidité animale.

11 j a plus, si un rausde mis a dé-couvert se refuse a faction du gal-vanismea cause du desséchement qu’il a éprouvé , on peut sur-Ie-champ re-nouveler ses contractions, en faisantnbsp;reparaitre fhumidité au mojend’unenbsp;injection pratiquée, soit sur Ie mus-

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SUR LE GALVANISME. i53 cle lui-même, soit sur ceux qui l’en-toureiit. Par ces procédés j’ai pu cons-tater que , ciiiq heures après la mort,nbsp;il j avait encore dans Ie cadavre liu-raain des mouvements partiels cha-que fois qn’on appliquait les arcs auxnbsp;fibres musculaires. Fatigué d’assisternbsp;a cette longue série d’expériences, jenbsp;l’abandonnai; mais, a la force des contractions , il était facile de juger quenbsp;Pon pouvait encore les obtenir biennbsp;long-temps.

SECTION TROISIÈME.

Rijlexions concernant Taction dn galva-nisme sur les méninges ^ la substance corticate et Je cceur.

Haller et ceux qui soutiennent son ¦‘^ystême, croient que les méninges ir-ntées dans les animaux vivants parnbsp;plusieurs pui^sants stimulants , sont

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i54 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

toll jours insensibles. Les expériences ultérieures out prouvé Ie contraire.nbsp;Les méninges sont affectées, soit ennbsp;les frottant légèrement avec une plaque de fer, soit en les touchant avecnbsp;du nitrate d argent: alors les animauxnbsp;vivants éprouvent les plus vives dou-leurs, comme lorsqu’elles sont enflam-mées. Ces mêmes douleurs orit encorenbsp;lieu dans rinflarainaticn de la substance corticale du cerveau; c’est pournbsp;cela que Vogel et Cullen ont rassem-blé , sous Ie titre de Plirenitis, tous lesnbsp;sjmptómes qui accompagnent I’inflam-mation de la substance corticale , etnbsp;ceyxqui appartiennent a ses membranes. Ainsi l’on voit en général qu’il j anbsp;quelques stimulants propres a exciternbsp;les npéninges et la substance corticale,nbsp;ijuoiqu’elies n’obéissent pagt;s indifi’é-reminent è, la force d’autres stimulantsnbsp;mécaniques.

Les travaux des pbjsiologistcs nous

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SUR LE GALVANISME. i55 Qvaient déja montré quelques stimulants propres a irriter un organe insensible a d’autres.

Les tartrites antimoniés de potasse, appliqués aux tuniques intérieures denbsp;lestomac, l’irritent de manière a dé-ranger son mouvement péristaltique,nbsp;tandis que la conjonctive n’est pointnbsp;aftectée par ce même stimulant. Lesnbsp;cantarides exercent une plus forte action sur les reins que sur Ie ventricule.nbsp;La matière médicale nons présente encore plusieurs substances qui exercentnbsp;une action plus décidée sur quelquesnbsp;organes que sur d’autres.

Ces observations m’auraient porté naturellement a croire que Ie stimulus galvanique devait être considérénbsp;comme un irritant propre a exciter lanbsp;sensibilité des méninges et de la substance corticale. Mais, quoique per-suadé de leur sensibilité par d’autresnbsp;épreuves, je ne crois pas cependant

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156 que mes experiences seules suffisentnbsp;pour leur assigner cette propriété; carnbsp;lesméninges et la corticale sont en gé-néral liumectées d une humeur animale , capable de conduire Ie courantnbsp;galvanique aux muscles, et deles raet-tre en contraction. Je pense qu’il fautnbsp;essajer encore plusieurs autres expé-riences, avant d’établir que Ie galva-nisme est un stimulant puissant pournbsp;exciter les méninges et la substancenbsp;corticale.

Maintenant je veux décrire deux ex-périences comparatives, propres a confirmer les résultats obtenus sur la substance corticale et les méninges du ca-davre humain.

C I I. E X P.

J’ai soumis la tête d’un boeuf récem-ment tué a I’action du galvanisme, en présence du professenr Mondini quinbsp;en fit iui-même la dissection. Les mé-

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SUR LE GALVANISME. i5j iiinges furent mises a découvert; et ennbsp;y conduisant l’action du galvanisme,nbsp;l’on vit sur-le-champ de fortes contractions dans les muscles de la face. Lenbsp;même phénomène arriva en touchantnbsp;avec l’un des arcs la substance corti-cale. J’ai répété cette observation surnbsp;plusieurs têtes de boeufs et d’agneaux,nbsp;avec le même succès.

I

C I I I. E X P.

En passant par Turin, les profes-seurs Vassalli, Giulio et Rossi, m’en-gagèrent a leur répéter mes principa-les expériences, et nommément celles qui étaient relatives aux méninges, etnbsp;a la substance corticale.

Le professeur Rossi observa qu’en «lécouvrant le cerveau du boeuf avecnbsp;couperet, on causerait un ébran-lement, et par suite une alterationnbsp;dans le cerveau , qui pourraient bien

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i58 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

nuire a Tintégrité des résultats. Il pro-posa, de concert avec Ie professeur Giulio, de découvrir Ie cerveau aunbsp;mojen du trépan; ce qui donna lanbsp;plus grande précision a I’experience.

On trépana done latête dun boeuf, et les méninges mises a découvertnbsp;furent soumises a rinfluence galvani-que. A cliaque application de Fare, lesnbsp;professeurs Vassalli, Giulio, Rossi etnbsp;moi, pümes observer des contractionsnbsp;musculaires évidentes et même asseznbsp;fortes ; elles semblèrent augmenternbsp;par Ie contact de fare sur la substance corticale; et en général ellesnbsp;parurent acquérir plus d’intensité, anbsp;mesure que Ton enfoncait davantagenbsp;Rare dans la substance du cerveau.

Dans cette occasion , les mêmes pro-fesseiirs m’ont engagé a répéter plu-sieurs autres expériences concernant, soit la théorie du galvanisme , soitnbsp;son pouvoir sur 1’économie animale.

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SUR LE GALVANISME. iSg Après avoir exposé au professeur Rossi,nbsp;Ie i5 juillet 1802, les efFets que j’avaisnbsp;obtenus sur des suppliciés , il m’appritnbsp;que, ce même jour, il y avait un mal-lieureux condamné a être décapité ;nbsp;mais Timpossibilité de combiner en sinbsp;peu de temps une série d’éxpériences ,nbsp;Ie fit aller lui seul a I’hopital, oü ilnbsp;vit, pour la première fois , les résul-tats dont j’ai parlé; c’est depuis quenbsp;ses collègues et lui en ont fait l’objetnbsp;spécial d’un grand travail.

Les professeurs Vassalli et Giulio m’invitèrent a leur démontrer toutesnbsp;les expériences relatives al’existence dunbsp;galvanisme indépendamment des mé-taux.Quoique élancé depuis long-tempsnbsp;dans la carrière du galvanisme , je menbsp;félicite d’avoir , dans cette circons-tance, donné un nouveau degré denbsp;force a leur intérêt pour cette décou-verte. C’est de cette époque qu’ds ontnbsp;formé Un comité galvanique, reconnu

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jgo nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

et respecté par tons les savants, lequel a rendu de grands services aux pro-grès de la science. L’occasion de par-ler ici de Faction du galvanisme surnbsp;Ie coeur, pourra convaincre de la vé-rité de ce que je viens d’avancer.

Avant mon départ d’ltalie, j’ai annoncé que j’avais excité , par Ie mojeii de la pile , Ie mouvement du coeurnbsp;dans les animaux a sang froid. Maisnbsp;j’ai avoué avec ingénuité que je n’a-vais pas obtenu Ie même efFet dansnbsp;les animaux k sang chaud. La phjsio-logie doit cette découverte au comité de Turin, et je suis bien aisenbsp;de déclarer publiquement que j’ainbsp;constaté moi-même ses procédés surnbsp;quelques animaux.

II convient d’observer que les ex-périences, faites sur Ie cceur de sup-pliciés en Italië et a Londres, ne sont pas en opposition avec les siennes.nbsp;L’action du galvanisme fut détermi-

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SUR LE GALVANISME. i6i Slée dans un tel intervalle après lanbsp;mort, que, selon les observationsnbsp;même de ce comité, il n’était plusnbsp;possible d’exciter les convulsions mus-culaires.

Je pense cependant que la différente structure des animaux contribue beaucoup a démontrer plus ou moinsnbsp;faciiement les elFets de Finfluencenbsp;galvanique sur Ie coeur. J’ai souventnbsp;essajé a Bologne Ie galvanisme surnbsp;Ie coeur de plusieui’s boeufs immé-diatement après la mort; j’ai dirigénbsp;Faction de dilFérentes manières , ennbsp;présence d’habiles anatomistes , telsnbsp;que Ie professeur Mondini et Ie doc-teur Sabbatini; et je suis parvenu jus-qu’a injecter les vaisseaux sanguinsnbsp;qui se portent a eet organe, avec denbsp;1’eau échauffée a la température natu-relle du sang. Je n’ai jamais pu cons-tater dans ce cas la plus petite contraction du coeur. Cette apparente ano-

r. 13

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,x6a nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

malie ne doit pas cependant faire douter de faction générale du gal-vanisme sur ce viscère : elle est d’ail-leurs démontrée par des observationsnbsp;bien constatées-

Le co-mité de Turin a essajé fin-fiuence galvanique sur le coeur de trois différentes manières.

1. ° en armant la moelle épinièrenbsp;par le moyen d’uii cylindre de plombnbsp;enfoncé dans le canal des vërtèbresnbsp;cervicales, et en portant ensuite funenbsp;des deux extrémités d’un are d’argentnbsp;sur la surface du coeur, et 1’autrenbsp;a l’armature de la moelle épinière.nbsp;Le coeur, qui , dans 1’individu soumis au galvanisme, jouissait encorenbsp;d’unegrande vitalité, présenta aussitotnbsp;des contractions très-visibles et asseznbsp;fortes.

2. ” En armant les nerfs d(? la paire-vague et les grands sympathiques,nbsp;saus le secours de la pile.

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SUR LË GALVANiSMË. i63 S'’. Au mojen des appareils de Volta,nbsp;en faisant usage en général d’unenbsp;pile coraposée de cinquante disquesnbsp;d’argént et d’autant de zinc, avec lesnbsp;cartons trempés dans une forte dissolution de muriate dé soude.

Le comité de Turin, par ces trois procédés, a observé sur plusieurs dé*nbsp;capités, detrès-fortes contractions dansnbsp;le coeur, et il a reraarqué que la pointenbsp;du coeur est, de toutes ses parties, lanbsp;plus mobile et la plus sensible a fin-fluence galvanique. Les contractionsnbsp;produites par le dernier de ces troisnbsp;procédés étaient non-seulement plusnbsp;fortes, mais encore d’une plus longuenbsp;durée. II a mêrae constaté qu’ily avaitnbsp;Une forte contraction dans les muscles volontaires , quand aucune partienbsp;ccEur ne donnait plus le moindre

mouvement.

Le professeur Rossi a confirmé cette propriété, en. faisant usage tantot du

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i64 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

galvanisrae, fantót dautres stimulants purement mécaniques, et en comparant ensemble leur action. Aprèsnbsp;avoir ouvert la poitrine d’un chiennbsp;décapité, il a armé les nerfs du coeur,nbsp;et ensuite ceux des extrémités infé-rieures. Cela fait, il a commencé anbsp;irriter Ie coeur avec une épingle, etnbsp;successivement les autres musclesnbsp;qu’il avait préparés, et il a obtenunbsp;des contractions tant dans l’uii quenbsp;dans les autres. 11 a répété l’expériencenbsp;avec l’appareil de Volta: les contractions ont été plus violentes; elles ontnbsp;mêrne continué pres de douze minutes environ après la décapitation.

Douze autres minutes après, Ie pro-fesseur recommenca l’expérience ; il ne put obtenir de contractions visiblesnbsp;dans aucune partie du coeur au moyennbsp;de l’épingle, qui les produisait néan-moins très-sensibleraent dans les muscles des extrémités. Il a ensuite employé

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SUR LE GALVANISME. i65 legalvanisme, qui a agi avec énergienbsp;sur les muscles, et nullernent sur Ienbsp;coeur. II a vu de pareils efFets dans d’au-tres animaux^ même en armant Ie cceurnbsp;et d’autres muscles d’après la méthodenbsp;proposée par M. Njsten. Je rapporterainbsp;simplement les résultats de ces expé-riences , renvojant ceux qui voudrontnbsp;en connaitre les détails h son rapport,nbsp;lu a la classe des sciences exactes denbsp;l’Académie de Turin.

II conclut done , i.® Que si l’irrita-tion mécanique de 1 epingle et du scalpel a excité dès Ie commencement des contractions sensibles a la vue,nbsp;dans les intestins, Ie coeur et Ie dia-phragme; les mêmes contractionsnbsp;étaient beaucoup plus fortes avec lanbsp;pile. 2.? Que lorsque ni Ie coeur^ ni Ienbsp;d-iaphragme ne se ressentaientplus de Vir-^^tatiori du scalpel, celui-ci excitait encore des contractions dans les muscles desnbsp;extréniités. 3.® Qu’après les intestins,

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i66 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

Ie coeur a perdu Ie premier la suscep-tibilité galvanique; ensuite Ie dia-phragme, et enfin les muscles des ex-trémités.

Le premier et Ie dernier de ces co~ rollaires sont en correspondance avecnbsp;les résultats de mes expériences; niaisnbsp;le second, comme nous le verrons plusnbsp;bas y ne s’accordepas avec les observations d’autres phjsiologistes.

M. Njsten a communiqué dernière-ment a la Société des Ohsetvateurs de ïhomme plusieurs expériences récen-tes , dont le but est de prouver que lanbsp;durée de la susceptibilité galvaniquenbsp;dans le cceur varie suivant les différents genres de morts subites ; et qu’4nbsp;moins que cette faculté n’ait été éteintenbsp;par quelque cause dont il se réserve denbsp;donner rexplicatioii, le coeur est denbsp;tous les organes celui qui conserve lenbsp;plus long-temps cette susceptibilité. Cesnbsp;résultats sont diamétralement opposes

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SUR LE GALVANISME. 167 a ceux obtenus par Ie Comité de Turin, et par moi, dans mes essais faitsnbsp;en présence des commissaires de Flns-titut national, lesquels, après les ex-périences sur les muscles iuvolontai-res, parlant du coeur, concluent dansnbsp;leur rapport; « II est certain cjue eetnbsp;« organe perd en très-peu de temps, etnbsp;« bien plus tot que les autres muscles , lanbsp;•lt; faculté d'etre agitépar Iegalvanisme. »nbsp;II est naturel de se deraander icinbsp;quelle est la cause de cette differencenbsp;dans Faction du galvanisme appliquénbsp;au eoeur et aux autres muscles; diffé-rence qui semble contredire toutes lesnbsp;analogies, et que cependant les faitSnbsp;démontrent. Je pense qu’au lieu denbsp;proposer de vaines conjectures , il vautnbsp;inieuxavouer franchement avec Ie Co-ruité de Turin , qu’elle est encore an-tourée de ténèbres; qu’il n’est pas eii'nbsp;core temps de déchirer Ie voile épaisnbsp;qui la cache ; que les faits que nous

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i68 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

possédons iie sufBsent pas pour nous éclairer, et que Ie petit nombre denbsp;données éparses que nous avoiis réussinbsp;a recueillir, n’offrent pas entre ellesnbsp;cette liaison qui seule pouvait engagernbsp;a faire des tentatives pour dissipernbsp;l’obscurité.

J’observe que ces résultats ne con-ti-edisent point la doctrine proposée par Haller. II est bon d’épargner denbsp;grands changements dans la science ,nbsp;quand on n’j est pas forcé par la nature même des choses. Haller annoncanbsp;que Ie eceur en général obéissait a tousnbsp;les stimulants; il devait done i'essentirnbsp;faction de finfluence galvanique, puis-qu’elleest un stimulant elle-même. Jus-qu’a présent il n j a aucune incompa-tibilité entre Ie galvanisme et les principes d’Haller. Ce savant établit ensuitenbsp;que Ie coeur ressent plus long-tenipsnbsp;que les autres muscles faction des stimulants alors connus; et fon voit par-

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SUR LE GALVANISME. 169 la que les faits découverts par Ie galva-nisme ne sont pas compris dans la doctrine d’Haller, et que par conséquentnbsp;ils ne peuvent être en opposition avecnbsp;elle. Je conviens que ces faits méritentnbsp;une explication particulière , qu’ilfau-dra puiser dans les propriétés du nou-vel agent qui les a produits: Ton par-viendra ainsi a lier des connaissancesnbsp;qui semblaient tout-a-fait disparates.

J’en excepte pourtant la partie des observations publiées dernièrementnbsp;par Ie professeur Rossi a Turin, quinbsp;prouvent que Taction1 des stimulantsnbsp;mécaniques dure plus long-temps dansnbsp;les muscles que dans Ie coeur; elles menbsp;semblent les seules qui soient en contradiction avec celles de Haller, pareenbsp;qu’il y a parité entre Ie stimulant em-

1

Rapport des expériences galyaniques, faites par M. Rossi, Ie 34 nivüse an 11, pag. i4 7 1^cond co-rollaire.

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lyo nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

plojé par Tun et par l’autre; et cepen-dant Ton obtient des résiiltats absolu-nient opposés.

Je me propose d’examiner scnipii-leusement ces experiences avant d’ea tirer une conclusion précipitée qui se-rait contraire a une foule d’observa-tions faites par les plus habiles pbjsio-logistes de nos jours.

SECTION QUATRIÈME.

ylction d/t galmnisme sur Ie cadavre de Vliomme, dans Ie cas de mort nalii-relle.

La durée de l’excitabilité par Ie gal-vanisme dans un sujet suppliclé, m’a fait espérer de parvenir a des résul-tats avantageux, en appliquant rna méthode aux cas de mort naturelle ; maisnbsp;pour cela il ni’a fallu la modifier denbsp;manière qu’elle put être utile a l’hu-

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SUR LE GALVANISME. 171 öianité , sans lui être iiuisible dansnbsp;aucun cas.

On ne peut sans indignation rap-peler ici la téinérité de certains anato-mistes, tels que Hérophüe et Erasis-trate qui, méprisant les droits sacrés de la nature, ont par des opérationsnbsp;iuconsidérées, sacrifié des victimes anbsp;leur barbare curiosité. En conséquencenbsp;j’ai imaginé uue méthode qui put exciter les contractions musculaires sansnbsp;aucune section ou séparation desnbsp;muscles , et sans Ie plus petit déran-gement de réconomie animale : ellenbsp;est tellement combinée, que la police raédicale la plus rigoureuse nenbsp;pourrait la rejeter.

C I V. E X P.

Pour essajer les forces de la vita-Ihé dans fhomme après sa mort naturelle , je mis en contact la maiii

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173

d’uii cadavre humectée d’eau salée (pi. 5, fig. 1. ] avec la base d’une pilenbsp;de Volta, et j’établis un are qui d’unenbsp;oreilleseportaitausommetde la mêmenbsp;pile. Je répétai la même expérience ,

plongeant les mains du cadavre (pl. 5, fig. 2. ) dans deux bains d’eau salée', mis en communication avec lesnbsp;poles opposés d’une pile, par deuxnbsp;conducteurs métalliques. La force denbsp;la pile emplojée dans ces expériencesnbsp;était de cinquante plaques; j’avaisnbsp;néanmoins la précaution de l’admi-nistrer par degrés.

L’influence galvanique , communi-quée par ces procédés, a produit, se-lon la différente vitalité des cadavres , différeiites contractions , tantót auxnbsp;doigts , tantót a la main , tantót aunbsp;bras entier. Les doigts se fléchissentnbsp;et se i’eplient très-sensiblement, etnbsp;quelquefois l’avant-bras tout entier senbsp;porte vers la poitrine. On conceit ai-

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SUR LE GALVANISME. lyS sément Timportance de ces observations pour déterminer la durée desnbsp;forces vitales après la mort. Si Ton par-vient un jour a éclaircir ce point inté-ressant,ron pourra alors décider, d’unenbsp;manière probable, les cas oü il fautnbsp;retarder Fenterrement, et ceux oü Ienbsp;bien de Fbumanité exige que Fon employe tous les moyens possibles pournbsp;ranimer les forces vitales. Dans Ie grandnbsp;hópital de Bologne j’ai fait plusieursnbsp;observations a eet égard; et j’ai re-marqué combien la différence des maladies contribue, toutes choses égales,nbsp;a la différente durée des contractionsnbsp;musculaires. J’ai varié et multiplié lesnbsp;essais sur divers genres de mort, knbsp;la suite de fièvres putrides gastriques,nbsp;de pleurésies, de blessures au péri-carde, du scorbut, et de Faccouche-ï^ent; et les résultats ont singuliere-jnent varié selon les circonstances denbsp;la maladie, Fége, et Ie tempérament:

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174 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A 1

ce qui confirme l’utilité que ces experiences, suivies long-tenips pard’ha-biles physiologistes, pourraient procurer a la médecine. Ces essais ne sont pas de pure curiosité; ils offrent denbsp;grandes vues pour Ie bieii de riiuma-iiité dans nne foule de cas, tels quenbsp;la mort, produite par une altérationnbsp;au cerveau , et par l’asplijxie. L’Académie des sciences et quelques au tresnbsp;académies savantes ont bien mérité denbsp;riiumanité en proposant différents stimulants. Je les invite aujourd’hui hnbsp;employer dans des cas semblables faction du galvanisme suivant la méthodenbsp;que j’ai proposée. II est bon de multiplier les moyens de soulager nos sem-blables sur-tout dans descirconstancesnbsp;OU fancienne médecine nous offre fortnbsp;peu de ressources. En attendant, jenbsp;crois utile de faire quelques essais surnbsp;les auimaux asphyxiés de dilférentesnbsp;manières. Ces essais pourront être pré-

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175

SUR LE GALVANISME.

cieux, et donner beaucoup de lumiè-res pour sauver la vie aux hommes. Je me croirai lieureux, si l’encourage-merit que j’ai recti de plusieurs savants, peut réunir un jour l’approba-tion générale. Je 11’ai rien épargnénbsp;pendant mon séjour a Paris, pour publier et démontrer ma méthode. Lenbsp;professeur Pinel s’est prêté a mes ex-périences avec le plus grand zèle; ilnbsp;a vu lui-inême les contractions muscu-laires excitées dansüne vieille femme,nbsp;morte d’une fièvre piitride. L’intérêtnbsp;qu’il a pris a mes recherches, m’a en-gagé a lui communiquer différentesnbsp;vues pour soulager les infortunés con-fiésa son habileté et a ses soins bien-faisants dans l’höpital de la Salpê-trière : nous parlerons plus au long desnbsp;t^ntatives faites a eet égard, dans lanbsp;troisième partie de eet ouvrage.

Maintenant je me propose de tirer qiielques corollaires généraiix de la

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lt;176 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A 1

série de mes expériences, coiicernant Ie pouvoir du galvanisme sur les forcesnbsp;vitales. Les muscles ressentent plusnbsp;fortement l’action de la pile quaiid ilsnbsp;sont parfaitement a découvert, et quenbsp;l’arc pénètre intimeraent leur substance. 2.*^ Les convulsions s’augmen-tent a proportion du nombre des pointsnbsp;de contact de l’arc avec les muscles.nbsp;3.*^ On obtient dans bien des cas desnbsp;contractions musculaires , en faisantnbsp;un are d’un muscle a l’autre. 4,^ Lesnbsp;commotions musculaires qui se refu-sent aux procédés de Haller, se mani-festent presque toujours avec promptitude par Ie mojen de la pile. 5.° IInbsp;est prouvé, selon les dernières observations, que Ie cceur obéit a Tactionnbsp;du galvanisme. 6.° Ce muscle qui, selon les principes d’Haller, est Ie premier qui recoive la vie, et Ie derniernbsp;qui la perd, suit une loi différentenbsp;lorsqu’il est soumis a Taction du galva-

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SUR LE GALVANISME. 177 nisme. 7.° Les partisans de Haller,nbsp;pour exciter ces contractions, em-ploient Ie plus souvent des stimulantsnbsp;qui altèrent la texture des fibres mus-culaires, et détruisent leur continuité;nbsp;inconvenientquel’on éviteentièrementnbsp;si Ton emploje l’action du galvanisme.nbsp;d.° Les appareils ci-dessus énoncésnbsp;11 etant pas appliqués a Ia moelle épi-nière seule, mais aux différents nerfsnbsp;de la machine animale, pourront of-f’rir h Lanatomiste une iriyologie expé-

rimentale, avec laquelle il rendra seii-sibles a Tceil les points fixes et mobiles des muscles, et Ie terrae véritable denbsp;leur action. 9°. Les expériences faitesnbsp;sur les individus morts naturelleraentnbsp;sont.de ia plus grande iraportaiyce pournbsp;la phjsiologie. Je me flatte qijéeii pour-^oivant ces recherches plus en détail,nbsp;eÜes nous feront un jour connaitrenbsp;mieux la nature des forces |Vitales, etnbsp;leur durée différente, suivant Ie sexe,

i3

I.

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1^8 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

lage, Ie tempérament, les maladies, et même encore lescliinats, et les alterations de Tatmosplière.

Je crois convetxable de joindre ici Ie témoi-gnage des savants qui ont répété mes experiences. Le Comité de Turin décrit l’étonne-nient dont fnrent frappés les spectateurs de leurs experiences galvaniques, en voyant dansnbsp;le cadavre de l’homme les contractions desnbsp;muscles frontaiix, de ceux des paupières, denbsp;la face, de la mdchoire inférieure, de la lan-gue, et les convulsions des muscles des bras,nbsp;de lapoitrine, du dos, qui élevaient le troncnbsp;de qvielques pouces sur la table. « Les contrac-cc tions des muscles pectoraux et des musclesnbsp;« intereostaux externes et internes diniinuaientnbsp;« les intervalles de toutes les cótes, et les appro-« cliaient avec violence les unes des autres, ennbsp;tt élevant les inférieures vers les superieures, etnbsp;« celles-ci vers la première céte et la clavicule.nbsp;(( Les contractions du bras , lorsqu’on touchaitnbsp;« le muscle biceps découvert, ainsi que sonnbsp;« tendon , étaient tcllement promptes et vio-« lentes, quel’entiere flexion de l’avant-bras snr

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SÜR LE GALVANISME. w Ie bras avait lieu, et que Ia maia enlevait uunbsp;^ poids de quelques livres plus de 5o minutesnbsp;« après Ia decapitation. On peut lire de sembla-K des expériences clans les ouvrages d’Aldini. »nbsp;On trouvera aussi que les experiences surnbsp;Ie cceur sont tout-i-fait en corresponda/ice avecnbsp;celles que j’avais observées en Italië , relative-ment k sa propriétó de conserver plus long-temps que d’autres muscles la faculté d’obéir anbsp;Taction du galvanisme.

« Une circonstance bien remarquable, di-H sent-ils , c’est que Ie cceur , 1 qui, parmi les « muscles, est celui qui conserve en general Ienbsp;« plus long-temps la contractilité aux stimulantsnbsp;« mécaniques, est des premiers k devenir insen-« sible a Tinfluence galvanique. Les muscles dunbsp;«bras , du dos et de la poitrine, continuent inbsp;«ètre excitables par Ie galvanisme des heuresnbsp;« entières , et Ie coeur avait perdu son excitabi-«lité dès ia quarantième minute environ aprèsnbsp;«la mort.

« Les muscles volontaires, qui perdent plus «promptement que Ie coeur leur excitabilité.

1

Rapport presenté a Ia Classe des sciences exactes de i’AcadtSquot; de Turin, Ie 27 thermidor an 10 , concernanl les expériences {,alvaniques, failes, les 22 ct 26 du mcme muis , sur la tètc etnbsp;Ie trone de ir«is hommes , plt;m de temps aprét leur decapitation.

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i8o nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

«par rapport aux stimulants niécaniques, la « conservent plus long-temps que lui^ par rap-a port 4 I’agent galvanique. »

L’effet (lu galvanisme n’a pas seulement été reconnu sur les muscles ; ü a encore éié démon-tré sur les artères ^ et sur quelques parties cons-tituantes du sang. Tourdes , professeur a Strasbourg , après avoir séparé du sang l’humeurnbsp;aqueuse, a soumis la fibrine a faction de lanbsp;pile galvanique ; elle était exposée a une temperature d’environ 5o degrés(ther. de Réaumur):nbsp;au moment du contact, il s’est manifesté desnbsp;trémoiissements, des oscillations, et une palpitation analogue a celle qu’éprouvent les chairsnbsp;d’un animal qui vient d’etre égorgé ; on aper-put aussi un double mouvement de contractionnbsp;et de dilatation sensible afoeil armé d’une loupe,nbsp;effet caractéristique de la force vitale proprenbsp;aux muscles , au tissu cellulaire , etc.

Je remarquerai que cette experience a étépu-bliée par Ie professeur Tourdes, en fan X, dans Ie n.° 3 de la Décadephilosophifjue; et par conséquent je ne saurais étre de favis de ceux qudnbsp;font annoncé dernièrement comme une décou-verte qui leur appartenair.

Je terminerai cette note par quelques phéno-mènes que j’ai reconnus, en répétant mes expé-

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SUR LE GALVANISME. i8i

riences k Lonclres. AI. Babyngthon proposa * , dans I’ampliitheAtreanatoniique de S.-Thomas,nbsp;de faire passer faction du galvanisme, du nerfnbsp;optique a firis, afin d’examiner s’il y aurait quel-que contraction dans la pupille.Le célèbre anatomist© Astley Cooper, quiavait fait les autresnbsp;dissections, se prêta de méme a celles-ci.

J’appliquai finfluence galvanique, et je vis décidement la pnpille se contracter dans différents quadrupèdes; ce que je n’avais pu observernbsp;chez fhomme. Quelques membres de la sociéténbsp;galvanique, notamment MM. BenoitMbjon etnbsp;Bonnet, ont répété cette expérience i Paris avecnbsp;Ie même succes. Les observations rapportées parnbsp;Ie professeur Alexandre Monro, sur la structurenbsp;de la pupille, et sur la nature des parties quilanbsp;composent, devaient cónduire a ce résultat.

Le desir que j’eus h Londres de répondre a riionneur que voulaient bien me faire plusienrsnbsp;princes de la familie royale, en assistant a mesnbsp;experiences, m’engagea a choisir des animauxnbsp;qui pouvaient me permettre d’esperer les résul-tats-galvaniques les plus énergiques : en consequence la tête d’un boeuf fut expose© ii factionnbsp;galvanisme ; et j'observai sui'-le-champ qne

of professor Aldiui on galvanism, Philosophy

ciil magasin by Alcx-mder Tilioch , n.° 5É, p»g 366.

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iSa nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

les convulsions étaient beaucoup plus fortes que celles que j’avais apergues, en Italië et ailleurs,nbsp;dans les animaux de la méme espèce.

La taille et Ia vigueur des boeufs anglais, en gé-néral très-prononcées, augmentèrentles effets du galvanisme; l’irritation des organes fut sinbsp;grande, qu’il y eut un ebranlement dans la tétenbsp;entière; on entendit une espèce de bruissementnbsp;sortir des narines ; et ce bruit serait devenunbsp;peut-étre un Veritable beugleinent, si les prin-cipales parties de l’organe de la voix n’avaientnbsp;pas été séparées dans la decapitation.

J’ai observe de plus, qu’une persönne ayant saisi avec un crochet de fer la peau de la languenbsp;qni sortait de la gueule, ressentit un effort très-sensible que faisait cette partie pour rentrer,nbsp;toutes les fois qu’on appliquait l’iiifluenoe gal-vanique i la moelle de 1’épine et aux musclesnbsp;cervicaux ; la force a été quelquefois i un telnbsp;point, que Ie bout de ia langue a été dechiré.

VIN DF, I. A SECONDE PAKVlE.

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i83

SUR LE GALVANISME.

TROISIEME PARTIE.

DE L’APPLICATION DU GALVANISME A LA MÉDECINE.

Si la doctrine du galvarilsme a beau-coup éclairé la physique et la chimie, quelles ne doivent pas être les préro-gatives de la médecine, relativementnbsp;aux lumières que cette nouvelle con-naissance doit répandre sur elle!nbsp;Quelle plus agréable perspective denbsp;succes ne lui ofFre pas ce nouvel ‘hori -zon dans un grand nombre d’afFcc-lions tant aiguës que clironiques ! Lesnbsp;voeux les plus ardents du philosophenbsp;Galvani se tournèrent toujours a cenbsp;qu’on appliquat sa précieuse décou-Aerte a la médecine. S’il n’a pu fairenbsp;cette application, il Fapréparéc, ü 1 afa-cilitée par ses nombreuses recherches,

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384 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

par ses pénibles travaiix , et ainsi il s’est placé^en niéritantnotre reconnaissance, au rang des bienfaitenrs de l’hu-inanité. Déja ses voeux philanthropi-ques comineucentarecevüirleur pleinnbsp;aecomplisseinent. Cependant, que Ienbsp;lecteur ne s’atiende point a trouver icinbsp;mie série de guérisons miraculeuses,nbsp;opérées par ce nouveau mojen ; monnbsp;intention n’est pas de répandre un fauxnbsp;éclatsur la inémoire d’un oncle qui menbsp;fut clier. Si je suis loin d’être parvenunbsp;a la profondeur de ses vues, a la subli-mité deses talents , j’ai toujours tacbénbsp;du moins d’imiter sa modération et sanbsp;prudence dans toutes les applicationsnbsp;de sa théorie. Je crois qu’il reste encorenbsp;beaucoup a faire pour se décider surnbsp;les rneiileures méthodes dé se servirnbsp;de ce nouvel agent: les faits, quoiquenbsp;multipliés, ne me paraissent pas êtramp;nbsp;assez nombreux pour pouvoir établirnbsp;despriöcipes sürs et invariables. Nous

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SUR LE GALVANISME. i85 avons cepeiidant entre les mains desnbsp;résultats très-précieux, appujés surnbsp;des observations de la plus haute importance ; et je pense qu’il seraitgran-dement utile de répéter, et de variernbsp;une foule d’expériences qu’oii semblenbsp;avoir oubliées : nous en tirerions sansnbsp;doute des preuves qui appuieraienCnbsp;l’utilité du galvanisme et la possibiliténbsp;de son application au soulagement denbsp;riiomme malade. La nouveauté desnbsp;faits n’est pas un motif d’en faire peiinbsp;de cas , et de les ridiculiser comme senbsp;Ie permettent quelques critiques peunbsp;sensés , qui ne paraissent obéir qu’anbsp;leurs préventions. Conduit par ces sages réüexions, et desirant porter Ienbsp;plus de clarté possible sur une matièrenbsp;difficile et tout-a-fait neiive que je vaisnbsp;tfaiter, je distribuerai mes recherchesnbsp;sous les titres énoncés ci-aprës.

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i85 E S S A I

SECTION PREMIÈRE.

Differences entre Vadministration du gal-eanisine et cellc de üélectricité ordinaire.

plusieurs raisons me déterminent dans la préférence que je donne a Fad-ministration du galvanisme a Faidenbsp;de la pile, surcelle del’électricitéqu’onnbsp;emprunte d’un appareil qui en est surcharge. Quant a Faction de la machine électrique ordinaire, la difficulténbsp;d’opérer dans une saison humide; lanbsp;longueur du temps qu’il faiit pour lanbsp;produire , Ie besoin de recharger lanbsp;bouteille ou les conducteurs , chaquenbsp;fois que les malades ont été en contactnbsp;avec ces corps, sont autant d’obtaclesnbsp;qui rendent peu commode cette méthode dont, pour cette raison même,nbsp;on fait rarement usage depuis quelque

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SUR LE GALVANISME. 1S7 temps. La pile, au contraire , ainsi qnenbsp;j’ai eu souvent occasion de l’observer,nbsp;agit également en tout temps ; elle nenbsp;craint point les effets de l’humidité, etnbsp;présente une espèce de bouteüle denbsp;Lejde qui, loin de se décharger com menbsp;elle, retient au contraire très-long-temps sa propriété. On peut la regardernbsp;comme un appareil contenant en soi-même une suite de bouteilles graduel-leinent chargées au mojen de la machine électrique ordinaire. Mais pournbsp;me servir convenablement des avanta-ges qui sont propres a cette pile, j’ainbsp;pour usage de placer a l’un des mon-tants de verre qui la soutiennent, unenbsp;échelle qui marque ses degrés propor-tionnels d’activité. Ainsi j’établis desnbsp;points fixes qui, répondant aux phéno-^ènes de radministration médicale,nbsp;conduisent a déterminer les divers degrés de force nécessaires dansnbsp;les dilTérentes espèces de maladies.

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i88 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

Je pourrais prou ver ici par un très-grand iiombre de faits , combien 1’ad-ministralion du galvanisme ressemble peu a cede de Télectricité. Si l’on donnenbsp;avec la machine ordinaire Ie bainnbsp;électrique a un malade, Timpressionnbsp;qu’il en recoitest peu considerable; sinbsp;l’on communique une secousse avecnbsp;la bouteille de Lejde, Faction est forte,nbsp;mais nou permanente : il en est toutnbsp;autrementdu galvanisme, oü Fon ob-tient uneactioii’vive et en même tempsnbsp;continue. La machine électrique ordinaire ne produit aucun elFet si Ie malade n’est pas isolé : Ie galvanisme produit lenternent une action durable,nbsp;(jui se prolonge et détermine un modenbsp;particulier de circulation, que décè-lent bientüt des efFets remarquablesnbsp;sur les différentes humeurs du corps.nbsp;Je rappellerai ici a mes lecteurs les experiences faites, a Faide du galvanisme,nbsp;sur Ie sang, la bile et l’urine, qui ont

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SUR LE GALVANISME. 189 doiiné lieu a clesphénomèiies que n’outnbsp;pu déterminer iii Ia simple électrisa-tion , ni Ie contact de la bouteille denbsp;Lejde. Je remarquerai euBn que l’ex-trême commodité de la pile pour lanbsp;prompte administration du galvanismenbsp;sur un grand noiiibre de malades, rend,nbsp;toutes choses égales d’ailleurs , cettenbsp;administration bien préférable a cellenbsp;de lelectricité ordinaire.

SECTION SECONDE.

De r action du galvanisme sur les organes de la vue et de Touie.

Le galvanisme , communiqué aux difFérentes parties du visage, excitenbsp;dans les jeux un éclair plus ounbsp;öioins lumineux, selon la nature desnbsp;parties auxquelles il est appliqué. Cetnbsp;o^gane , quoique délicat, ne souffrenbsp;point de l’action des arcs métalliques,

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ïgo et l’efFet de celle-ci ne va pas jusqu anbsp;déranger sou organisation : c’est cenbsp;qu’a démontré, il j a plusieurs an-uées, ie professeur Volta , qui fit anbsp;Milan la découverte de ce phénomène,nbsp;en appliquant un conducteur de zinc ,nbsp;d’une part sur Ie globe de l’oeil, et denbsp;l’autre sur Ie sornmet de la langue,nbsp;armé d'uue plaque detain. L’expé-rience a prouvé, depuis, que, pour ad-ministrer Ie galvanisnie aux maladiesnbsp;des jeux, il valait beaucoup mieuxnbsp;faire usage de la pile. Pour exciter l’é-clair dans les jeux, il n’est point nécessaire qu’ils soient ouverts; on Ienbsp;produit de même, soit qu’on reconi-mande a la personne de les tenir fer-més, soit qu’on les couvre d’un bandeau , OU qu’on place encore Ie sujetnbsp;dans une cliambre obscure, après luinbsp;avoir couvert les jeux.

. Quelques pbjsiciens ont cru que ces observations pourraient contrarier

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SUR LE GALVANISME. xcji 1 opinion de Newton , et favoriser cellenbsp;proposée par Euler, sur la cause de lanbsp;lumière, lis pensent que l’on ne peutnbsp;exciter la vision, lorsque des émana-tions lumineuses ne peuvent point pé-nétrer eet organe; d’ailleurs ils croientnbsp;que les vibrations de Véther renferménbsp;dans Foeil, sont capables d’exciter lanbsp;vision indépendaminent des corps extérieurs. Laissant cette question étran-gère a mon principal objet, je rne con-tenterai de leur observer que Ie célèbrenbsp;anatomiste Darwin, long-temps avantnbsp;la théorie du galvanisme, a reconnunbsp;que, même les jeux étant fermés, ilnbsp;y avait des stimulants internes propresnbsp;a produire des apparences de lumièrenbsp;et de couleurs.

L’application du galvanisme a la vue démontre principalement combien ünbsp;difïère par ses effets de l’électricité ordinaire. Son action est très-faible lors-qu on se sert d’une pointe métallique

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T93 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

au-dedans d’un tube de verre, pour diriger un faisceau électrique sur lanbsp;cornée. Et quel danger n’y- aurait-ilnbsp;pas a décliarger sur cette partie délicate Ie courant électrique d’un conducteur chargé , ou d’une bouteille denbsp;Lejde ! Le galvaiiisme pouvant agir,nbsp;quoique appliqué a des parties éloi-gnées de Toeil, doit done être substituénbsp;de préférence a l’électricité ordinaire,nbsp;qui ne peut avoir d’effet qu’autantnbsp;qu’elle est déterminée immédiatementnbsp;sur eet organe. Les expériences sui-vantes viendront a l’appui da monnbsp;opinion.

cv. E X P.

Si Ton applique une main a la base de la pile, et qu’on touche ensuite sonnbsp;sonimet avec une partie quelconquenbsp;du visage, qu’on aura préalablementnbsp;humectée d’eau salée , il s’excite dansnbsp;les jeux un éclair brillant. L’on ob-

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SUR LE GALVANISME. igS tiendra Ie mênte elFefc si, au lieu denbsp;toucher la base de la pile avec la main ,nbsp;on la touche avec la plante du pied.nbsp;L’actiondes bouteilles deLejde^ subs-tituée a celle-ci, n’a jamais produitnbsp;declair dans les jeux.

C V I. E X P.

Après m’être assuré sur moi-même et sur quelques autres personnes, de lanbsp;production constante de l’éclair dontnbsp;je viens de parltjr, je répétai l’expé-rience en public. Je disposai deuxnbsp;plaques métalUques horizontalementnbsp;Tune au-dcssus del’autre, a la distancenbsp;d’envii’on neuf pouces, de manière quenbsp;six personnes dont les mains étaientnbsp;niouillées d’eau salée , pouvaient tou-eher d’ime part avec la main Ie plan inférieur, et de l’autre Ie plan supérieur;nbsp;J établis alors avec la langue la communication entre les deux plans, au mojennbsp;I.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;14 '

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194 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

de la boiiteille de Lejée: les personnes soumises a l’expérieDce resseiitirentnbsp;toutes une vive commotion, mais pasnbsp;une ne vit d’éclair. Je me servis ensuitenbsp;de la pile coname mojen de communication, et elles aper^ureut toutesnbsp;réclair, quoique la commotion eüt éténbsp;bien moins vive qu’avec la bouteille denbsp;Lejde.

Cette expérience est accompagnée des mêmes résultats , soit qu’on fassenbsp;toucher Ie plan supérieur avec la lan-gue, OU qu’on j applique Ie nez ounbsp;toute autre partie de la figure.

C V f I. E X P.

La singularité de ces faits attira l’at-tention de tous mes élèves et des assistants, qui m’engagèrenta les répéter avec quelques modifications propresnbsp;h prév cnir toutes les objections qu’onnbsp;pouri’ait imaginer. On supposa done

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igS

SUR LE GALVANISME. que la lumière répandue dans Ia salienbsp;avait pu, par sa vive impression, em-pêcher d’apercevoir l’éclair que lanbsp;bouteille de Lejde avait excité. Je fisnbsp;alors naitre la plus profonde obscurité.nbsp;Un de mes élèves prit ensuite une bouteille de Leyde, qu’il appliqua au boutnbsp;du nez d’une personae avec laquellenbsp;il était en communication par l’autrenbsp;main. La secousse fut vive; mais ninbsp;Tune ni l’autre des deux personnes quinbsp;se soumettaientarcxpérience n’aper-qurent I’éclair. On crufc d’après celanbsp;qu’il serait possible que i’liabitude denbsp;percevoir la sensation de la lumièrenbsp;rendit sans efFet l’obscurité; et l’on ju-gea qu’il conviendrait que la personnenbsp;¦Süumise a l’expérience restat pendantnbsp;ïtn certain temps dans uii lieu som-^^ï'e. Cette précaution devait nécessai-rement mettre en état de saisir l’éclair,nbsp;quelque faible qu il fut, si la déchargenbsp;de la bouteille de Leyde sur l’ceil ctait

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igg nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

capable de Ie produire. L’expérience

ainsi faite ne donna pas d’autres ré-

siiltats que ceux qu’on avait obtenus

anparavant,

Lorsqu’on considère les lois ordi-naires de l’électricité , on a beaucoup de peine a se rendre conipte de Factionnbsp;du galvanisme sur Forgane de la vue :nbsp;c’est aux phjsiciens a nous éclairer surnbsp;cette théorie, et a nous rendre raisonnbsp;des differentes raanières d’agir du gal-Tanisme et de Félectricité ordinaire.nbsp;Il suffira au médecin de connaitre cettenbsp;dilFérence, et lesf’aits qui Fétablissent,nbsp;pour qu’il détermine Ie cas oxi il pourranbsp;ernplojer de préférence Fun ou Fautrenbsp;de ces agents.

Avant de passer a Fapplication dn galvanisme, dans les maladies qui af-f’ectent les jeux, je crois devoir en éta~nbsp;blir uiie division en quatre classes.

La première considérera ceux qui naissent privés de la vue.

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SUR LE GALVANIvSME. 197 t‘a seconde comprendra la céciténbsp;produite par la désox’ganisation denbsp;Toeiljdepnis la naissance.

Dans la troisième je placerai les cas de cécité sans désorganisation visible.

Enfin Ia quatrième renferrnera l’af-faiblissement de la vue a la suite d’une maladie quelconqne.

Si Ie galvanisrae ne peut rien dans les deux premiers cas, son administration n’en est pas moins un objet im-portatit de recherches pour Ie phjsio-logiste. On a beaucoup raisonné dansnbsp;Ie siècle dernier sur Fétat 011 dut senbsp;troLiver, en voyant la lumière pour lanbsp;jxremière tuis, l’aveugle-né qu’opéra Ienbsp;professeur Cheselden.

Si Ton n’est pas entièrement satisfait sur eet objet, c’est qu’on n’a pas suivinbsp;qu’on n’a que peu interrogé Ie ma-lade , cpui devait d’ailleurs devenir tousnbsp;l^'s jours de plus en plus difficile a observer, par 1’babitude qu’ii prenait de

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jgS nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

voir, et qui Ie farailiarisait rapidement avec les corps extérieurs. Je crois qu onnbsp;peut aujourd’hui, par te galvanisme ,nbsp;se rendre meitleurs juges de rhomnienbsp;dans eet état; il suffira de galvanisernbsp;les jeux d’un aveugle-né, pour luinbsp;donner l’idée de la lumière. Ou répé-tei'a rexpérience autant de fois qu’onnbsp;Ie jugera a propos, et l’on ne seranbsp;point contrarie par une opération chi-rurgicale. Je me suis proposé souventnbsp;a Bologne de faire cette importantenbsp;experience; mais tons les individus quenbsp;j’avaisa ma disposition avaient perdunbsp;la vue par la petite vérole , ou n’étaientnbsp;point entièreraent privés de la lumière.

Ne trouvant point dayeugle-né, et force par cette raison de renoncer anbsp;l’expérience que je desirais faire , je menbsp;contentai de songer aux mqyens d’ap-pliquer avantageusement Ie galvanisme dans ce cas , s’il venait a se présenter. 11 me vint ensuite a l’idée de

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SUR LE GALVANISME. 199 ni en servir sur des personnes aveu^lesnbsp;depuis leur tendre enfance. Voici qnelnbsp;fut Ie résultat de eet essai.

Je choisis cinq aveugles, dont les uns étaient dans eet état depuistrentenbsp;ans, d’autresdepuis quaraute, etmêmenbsp;davantage. Je commenc^'ai par leur ap-pliquerle galvanisme au bras, afin denbsp;lesfamiliariseravec son action, et pournbsp;leur apprendre a en distiuguer la sensation. Je leurtouchai ensuite, dansunenbsp;chambre fort obscure , les lèvres et Ienbsp;bout du nez au lieu des bras, et jesuisnbsp;parvenu trois fois,paree inojen aleurnbsp;faire percevoir la véritable sensationnbsp;de la lumière. Cette expérience pourra,nbsp;je pense, nous faciliter Ie moyen denbsp;résoudre Ie problêrae que présentaitnbsp;aux philosoplies l’aveugle-né de dieselden. Le galvanisme leur fournira pro-bablement les mojens de faire naitre anbsp;Aolonté la sensation de la lumière.

Je me sviig servi de eet agent poiir

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200 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

les amauroses. J ai traité une femme qui avait on oeil affecté d’une gouttenbsp;sereine, parfaiteraent caractérisée, etnbsp;doiit l’autre oeil était extrêmemeutnbsp;faible. Après lui avoir admiuistré denbsp;différentes manières Ie galvanisme ,nbsp;je m’apercus que l’oeil privé de la fa-culté de voir, percevait l’éclair, etnbsp;que celui qui n’était que faible, deve-iiait raeiileur. Je m’assurai, au mojennbsp;d’uii livre, que la vue de cette femmenbsp;-s’améliorait sensiblement. Je Ie placaisnbsp;a, chaque fois que, je répétais l’expé-rience , a une certaine distance ; a me-.sure que je galvanisais, je reiirais Ienbsp;livre, jusqu’a ce que la personne nenbsp;put plus j lire. J’ai trouvéa la fiu qu’ellenbsp;distinguait les lettres a une distancenbsp;beaucoup plus grande qu’avant; mais,nbsp;il faut l’avouer franchement, eet avan-tagene fut pas de longue durée; il étaitnbsp;séduisant au premier abord, et biennbsp;fait pour augmenter Ia confiance que

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201

SUR LE GALVANISME. j’avais alors dans Ie galvanisine pour lanbsp;guérison de la goutte sereine. Maisj’ainbsp;reconnu qu’en suspendant l’expériencenbsp;on perdait bientót les avantages qu’onnbsp;avait obtenus : ce fut ce qui me dé-couragea , et me fit renoncer a l’appli-cation du galvanisme dans cette mala-die. Je suis cependant ti’ès-persuadénbsp;qu’en variant les mojens de cette application , on pourra un jourobtenir,nbsp;sinon un succes complet, au raoins denbsp;très-bons etfets. Je remarquerai aussi anbsp;cette occasion, qu’en traitant unenbsp;amaurose par l'électricité ordinaire , jenbsp;ne pus jamais obtenir un éclair, quoi-que Ie choc électrique ait en lieu surnbsp;1’ceil même.

Je n’ai pas eu beaucoup d’occasions d’essajer Ie galvanisme dans les alté-i'ations de l’ouïe. Je savais d’ailleursnbsp;d’habiles professeurs s’en étaientnbsp;eccupés , et travaillaient encore a per-

fectionner l’application de ce mojen

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202! nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

dans la surdité. Je crus d’après cela qu’il était inutile de m j’ livrer. On anbsp;construit pour eet eflFet une machinenbsp;extrêmement ingénieuse ; nous Ia de-vons a des phjsiciens d’Allemagne.nbsp;Celle que j’ai vue a été exécutée parnbsp;M. John Culthberson, habile dans lanbsp;construction des instruments de phj-si(pie, et très-connu par la grande ma-cli^f e élcctrique de Harlem. Elle estnbsp;essentiellement composée d’un levicrnbsp;métailique, susceptible, au mojen denbsp;rouages, de s’élever ou de s’abaisser anbsp;chaque minute , a chaque seconde , etnbsp;même a volonté, suivant la manièrenbsp;dont la machine est mise en jeu. Le butnbsp;de cette élévation et de eet abaissementnbsp;ahernatifs , est d’établir communication entre la pile, et la partie raaladenbsp;qui fait le sujet de l’expérience. La per-sonne est galvanisée toutes les fois quenbsp;cette communication se trouve établie.

Depuis que j’ai vu, et examiné

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SUR LE GALVANISME. «oS cette machine a Londres, je me suisnbsp;occupé, tout ingénieuse qu’eile est,nbsp;de la modifier et de la simplifier.nbsp;J’j trouvais des changements nécessaires : je les fis; et c’est d’après cesnbsp;modifications que se trouve cons-truitela machine que j’ai fait exécuternbsp;pour mon usage. Le levier qui établitnbsp;la communication (pl. 6, fig. 2. ) estnbsp;fixé par son extrémiié qui répond etnbsp;touche au pole négatif de la pile. Sonnbsp;extrémité opposée est terminée par uanbsp;petit marteau destiné a frapper unnbsp;timbre placé auprès du malade, avecnbsp;lequel il communique, et qui lui-même est en rapport avec le pole posi-tif. D’après celte disposition, oii voitnbsp;que, toutes les fois que le marteaunbsp;frappe le timbre, le malade doit éprou-Ver Taction de la pile. Lorsque je faisnbsp;^sage de mon procédé pour une ma-ladie de Torgane de Touïe, je fais tenirnbsp;au malade un are rnétalh que isole qui

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ao4 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

établit comniunication entre Toreille afFectée et Ie pole positif. Je lui faisnbsp;ensuite plonger l’autre main dans unnbsp;vase plein d’eau salée. Toutes les foisnbsp;qne Ie marteaii vient a frapperie timbre , les deux poles se communiqi:ient,nbsp;et Faction du galvanisme passe alorsnbsp;directement sur 1’organe malade. Jenbsp;pense que Fappareil que je viens denbsp;décrire, etquejeregardecomme d’unenbsp;grande simplicité , conviendrait très-bien dans Fadministration du galva-nisme pour les cas médicaux.

Avant de terminer eet article , je dois dire un mot de Fapplication dunbsp;galvanisme dansles maladies de dents:nbsp;ce que j’en rapporterai est Ie résultatnbsp;des experiences qua bien voulu menbsp;communiquer M. Fowler, dentiste re-nommc de Londres, a qui dies appar-tiennent. Lorsque, dans de vives dou-leurs de dents, qu’il soupconne pro-duifes et entretenues paria carie d’une

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SUR LE GALVANISME. aoS ti’enü’e elles, s’il n’apercoit point anbsp;Toeil la deut malade, il isole Ie sujet,nbsp;et lui donne a teiiir la chaine électri-que. Prenant alors im fil d’archal, il Ienbsp;promène sur toutes les dents successi-veinent. A l’instant oü il touche cellenbsp;qui est cariée , Ie malade éprouve unenbsp;vive douleur. Jamais, m’a-t-il dit, l’ex-traction consécutive n’a démenti cettenbsp;expérience; la dents’est toujours ti-ou-vée cariée. Je regarde ceci commenbsp;d’uue assez grande importance. Cettenbsp;manière de connaitre si une dent estnbsp;cariée ou non , lorsqu’on ne voit pointnbsp;la maladie, et qu’on est obligé des’ennbsp;rapporter au malade, ne peut qu’êtrenbsp;inliniment axantageuse; car rien nestnbsp;plus commun que de voir des dentis-tes arracher des dents saines qu’ilsnbsp;crqyaient malades. On pourra facile-ïnent utiliser cette méthode, en ap-pliquant Ie galvanisme dans les mêrnes

circonstaiices.

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so6

SECTION TROISIÈME.

Application du galvanisme aux noyés, et aux différentes espèces d'asphyxies.

J’aiparié, dans Ia seconde partie de eet ouvrage , de la grande influencenbsp;du galvanisme dans l’asphjxie , et j’ainbsp;donué a ce nouveau inojen une préfé-rence décidée sur tous les autres stimu-3ants connus. Je pourrais ra’en tenirnbsp;aux observations que j’ai rapportéesnbsp;ailleurs a l’appui de cette assertion,nbsp;pour faire voir combien mon opinionnbsp;est fondée en raison ; cependant,rela-tivement k ce sujet, je crois devoir eU'nbsp;core placer ici quelques expériencesnbsp;qui donneront plus de poids a cellesnbsp;que j’ai exposées ailleurs.

C V I I I. E X P.

J’ai fait tenir sous l’eau, des chiens , des cbats , et d’autres aniniaux de cette

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SUR LE GALVANISME. 207 espèce, jusqu’a extinction apparentenbsp;de la respiration et de tout mouvementnbsp;musculaire. Après les avoir tires denbsp;l’eau, et galvanisés sur-le-cbamp de lanbsp;manière que j’ai indiquée plus haut,nbsp;j’ai souvent eu la satisfaction de lesnbsp;rappeler a la vie. Je n’ai même jamaisnbsp;inanqué de réussir, que dan^ Ie casnbsp;OU , par une submersion trop prolon-gée, l’animal avait entièrement cessénbsp;de vivre: mais quéls mojens humainsnbsp;ont alors plus d’elEcacité que Ie galva-nisme?

J’ai varié cette expérience en l’es-sajant sur desanimaux que j’avais fait asphjxier de toutes sortes de maniè-res, et par différents mojens; et j’ainbsp;obtenu de pareils résultats.

Plus on réfléchit sur l’état oü se trou-Vent les grandes opérations de la vie chez les asphjxiés, plus on sent coin-bien Ie stimulus galvanique leur coii-vient pour les ranimer. Le sjstême

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2o8 nbsp;nbsp;nbsp;E S S a I

musculaire est chez eux dans ie plus grand état de relachemeiit; leurs membres sont flexibles, et cette flexibiliténbsp;se conserve, mêrae après la mort, pendant un assez long temps : phénomènenbsp;bien remarquable, et qu’on ne manque jamais de citer, pour prouver l’in-certitude de la roldeur des membres,nbsp;donnée comme signe de mort. L’inac-tion du systême vasculaire, favoriséenbsp;et entretenue par qp relachement desnbsp;puissances musculaires, nest pasmoinsnbsp;frappante ni moins digne d’attention.nbsp;Les vaisseaux sanguins du cerveau,nbsp;ceuxdu poumon sur-tout, sont gorgésnbsp;de sang. Les oreiUettes et les ventri-cules du coeur en sont surchargés , lanbsp;réplétion des veines caves est extréme,nbsp;tout Ie systême veineux semble mena-cer de rupture. 1

1

On peut se procurer de grandes lumières sur ce point, dans l’ouvrage du célèbre profcsseur Portal,

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SUR LE GALVANISME. 209 Entr’autres expériences bien im-portantes , et que les physiologistes nenbsp;inanqueront probabieraent pas de répéter, ilfaudraitappliquer un are conducteur dans Ie larynx d’un animal as-phjxié soit par Ie gaz acide carboni-que, soit par quelque autre gaz délétère.nbsp;J’en concois d’autant mieux la possibi-lité, que l’épiglotte relevée, et que lanbsp;glotte ouverte et libre, concourent anbsp;faire espérer des résultats satisfaisants.

C I X. E X P.

En appliquant Ie galvanisme au tronc d’un cliien, a Fhopital de la Cha-rité a Paris, j’ai remarqué aVec quel-ques personnes , témoins de l’expé-

' Instruction sur Ie traitement des asfhy~ etc. Paris, au IV 5 et dans celui de Cdeniou ,nbsp;ayaiit pourtitre r A dissertation on natural^and suspended respiration , by Edivard Colemon. Ijoudon ,nbsp;1802.

I. nbsp;nbsp;nbsp;iJ,

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210

E S S A I

rience , qua chaqiie application de l’arc, il s’échappait de la trachée-ar-tére une certaine quantité d’air. Cettenbsp;observation me parut mériter un examen particulier; mais je crus que pournbsp;la déraontrer, et pour Ia rendre plusnbsp;sensible, il était nécessaire de répéternbsp;lexpérience dans l’état Ie plus proprenbsp;a en constater la vérité , c’est-a-direnbsp;immédiatement après la mort de Fani-raal; j’immolai done une nouvelle vic-time a une plus ample information. Jenbsp;pla^’ai la flamme d’une bougie vis-a-visnbsp;la trachée-artère de ce second chiennbsp;décapité , et je galvanisai l’animal.nbsp;Deux fois la bougie fut éteinte ; ce quenbsp;j’aurais certainement pu faire un plusnbsp;grand nombre de fois, comme je m’ennbsp;suis couvaincu dans la suite. Je lainbsp;en effet répété depuis a Londres,nbsp;tant dans famphitliéatre du célèbrenbsp;Hunter, pos.sédé a présent par M. Will-son, que dans Ie grand amphithéatre

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Ill

SUR LE GALVANISME.

lt;^e I’hopital Saint-Thomas , et j’ai re-connu qu’il était possible d’éteindre la bougie un asisez graud iiombre de foisnbsp;avcc le même sujet.

Toutes les expériences que je viens de rapporter me paraissent très-con-clüantes en faveur de fadministrationnbsp;du galvanisme dans l’asphjxie. Je n’ennbsp;ai point encore fait l’essai sur desnbsp;bomnies nojés. Mes occupations nenbsp;m’ont pas permis ces recherches ;mais,nbsp;si je ne puis produire aucune observation de ce genre, je suis au moins ennbsp;droit de raisonner, et même de con-clurepar analogie. Cependant les faitsnbsp;ne peuvent pas nous manquer long-temps. Nous aurons probablement sousnbsp;peu des résultats avantageux a eetnbsp;égard. Plusieurs des savants francais,nbsp;anglais, et autres , que j’ai eu l’avan-tïige de connaitre dans mes différentsnbsp;x^ojages , m’ont promis , d’après 1 invitation qxie je leur ai faite, de suivre

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ui2 nbsp;nbsp;nbsp;' E S S A I

cette partie de lappUcatioii dü gaiva-iiisme , qiu peut réellement devenir tin jour très-utile , et rendre de grandsnbsp;services a la société. Je ne doute pasnbsp;que des succès dignes du motif qui ^nbsp;anime leurs recherches, ne secondentnbsp;leurs efforts , et ne couroniient leursnbsp;travaux : c’est au moins un des voeuxnbsp;que je fonne pour Ie bonheur de fhu-manité souffrante.

La méthode que je me proposais d’em-ployer, si par hasard Ie cas se fut présenté , est on ne peut plus simple : il ne s’agit ni de dissection,ni detourmenternbsp;Ie malade, ni de lui faire courir aucuiinbsp;risque 1 j et dans tons les cas on res-

1

M. Rossi, (lans plusieurs experiences galvaiii. ques qu’il a failes sur des lapins siifloquésdans 1’eau ,nbsp;croit qu’il est indispensablement nécessaire d’ourrirnbsp;une Vüie artificielle dans Ia tracliée, pour j faire passernbsp;Fair, paree qne la glotte denienre ferniée dans lesnbsp;aspbjsiés de cette espècc ; je pense que 1’on ponrraitnbsp;bien éviter cette blessure, si Fou prend la precaution

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SUR LE GALVANISME. aiS pecte la possibilité de la vie couservée.nbsp;II suffit d’appliquer Ie courant du galva-nisme a une des oreilles, et au niveaunbsp;de l’eau salée, dans laquelle est trempéenbsp;une des luains du sujet.

L’intérêt que prit aux experiences galvaniques, que je fis a Londres, Ienbsp;docteur Letsom, uii des membres lesnbsp;plus distingués et les plus zélés denbsp;VHuman society, m’engagea a lui fairenbsp;part de mes idéés sur rapplication quenbsp;je desirais faire du galvanisme auxnbsp;nojés. La promptitude avec laquellenbsp;ilfaut, dans ces sortes de cas, adminis-trer les secours nécessaires , nous a faitnbsp;sentir tous les avantages de la méthodenbsp;que j’ai indiquée, et nous a fait songernbsp;aux mojens d’avoir constamment Ienbsp;galvanisme;, comme on dit, sous htnbsp;toain. Après nous être convaincus quenbsp;de lelever l’éplglotte avec im iubtrnnierit, avant cl ap-pllc)»er ]e galvanisme.

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jai4 nbsp;nbsp;nbsp;ESS A I

lappareil de la cuve galvanique était préférable, a eet égard, a celui de lanbsp;pile , nous nous sommes arrêtés a l’idéenbsp;d’une boite portative, dans laquellenbsp;seraient renfermées deux cuves galva-niques, deux arcs, et de la dissolutionnbsp;de muriate de soude. 1 Tel est l’appa-reil commode, avec lequel on pourranbsp;en effet donner aux asphjxiés et auxnbsp;nojés les plus prompts secours.

1

J’ai dirigé moi-inême, de la part du docteiir Let-som , pour 1’usage de ['Human society de Londres, rcxécution de cet appareil ebez M. Culfchbertson. Eunbsp;passant a Calais , j’ai tronvé assez commode de plon-ger des cuves galvanlcpies dans l’eaii de la mer, et de.nbsp;les voir fonctionner a l’instant, sans cpi’il fut nécessaire d’óter avant rbutuldité extérieure de l’appareil.

Je me propose de donuer bientót plus de perfection a ce raojen.

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ziS

SUR LE GALVANISME.

SECTION QUATRIÈME.

Application da galvanistne dans la folie,

et autres maladies de genre different.

S’il est un spectacle propre a porter Fame a la compassion, c’est assurémentnbsp;celui que nous présente , dans les hospices d’insensés, cette foule de raal-lieureux inutiles an bien général, souvent nuisibles a eux-mêmes, et presquenbsp;toujours dangereux a Fétat social, dansnbsp;lequel ils ne peuvent remplir aucunenbsp;fonction. Le desir de lui rendre cesnbsp;norabreuses victimes du malheur, m’anbsp;suggéré Fidée, qui s’est souvent renou-veléedepuis,d’appliqucrle gal vanisme,nbsp;non-seuleinent dans la folie , raais encore dans quelques autres espèces denbsp;oialadies. Piusieurs circonstances , jus-a la fin de Fannée dernièreni ont

successivement empêché dessajer ce

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fli0 nbsp;nbsp;nbsp;tj S S A. I

nouveau mojen thérapeutique: néan-moius rexpérience et Tobservation se réunissaient pour m’en faire concevoirnbsp;les espérances les plus flatieuses.

Je m’étais assure sur nioi-même, par I’application de Tarc sur toutes les parties de la face et de la tête, et par uuenbsp;foule d’expériejices galvaniques , va-riées de toutes les manières , de I’iu-IJuence éiiergique de ce stimulus surnbsp;l’organe encéphalique.Eii consequence,nbsp;i’ai appliqué un des conducteurs a unenbsp;de mes oreilles, et l’autre, tantót aunbsp;nez, tantót au front, de sorte que lanbsp;tête fit partie de la chaine qui condui-sait finfluence galvanique , de la basenbsp;au somraet de la pile. D’abord Ie lluidenbsp;s’empara dune grande partie du cer-veau , qui éprouvaune forte secousse,nbsp;et comme uue espèce d’ébraulementnbsp;CQntre les paruis de la boite osseuse.Lesnbsp;eflêts auginentèrent encore, lorsque jenbsp;conduisis les arcs d’une oreillea fautre,

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SUR LE GALVANISME. 217 J’airesseiitiuneforteaction a la tête ,nbsp;et une insomuie proloagée pendantnbsp;plusieurs jours : phénomène qu eprou-vèrent égalernent ceux qui se prétè-rent a ces essais. J’ai quitté ce geni^enbsp;d’expériences bien désagréable, quinbsp;d’aHleui's était nécessaire pour évaluernbsp;la force du galvanisme dans les applications raédicales. L’on voit par-la quenbsp;ce nouveau stimulus exercant unetrès-forte action sur Ie cerveau , pourra ynbsp;produire des cliangements salutaires.nbsp;Lesfonctions du cerveau, comine onnbsp;,1e sait, sont iiées aux opérations denbsp;rentendemeut. Du bon état des unes ,nbsp;dépend lenergiedes tiutres. Une cluite,nbsp;un coup violent porté sur la tête, outnbsp;souvent produit des altérations très-sensibles dans les facultés intellectuel-les ; les uns ont perdu la mémoire,nbsp;d antres sont devenus presque stupides.nbsp;11 est même des faits bien constates,nbsp;qui prouvent que de pareils accidents

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aiS nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

outamené,chez certains individus, les changements contraires les plus heu-reux et les plus inespérés : ils ont éténbsp;suivis chez les uns , d’une aptitude auxnbsp;études , qui ne se faisait point remar-quer avant j chez d’autres , se sont dé-veloppés de grands talents , dont onnbsp;n’avait jamais apercu le germe. On anbsp;vu ces memes accidents, chez des ma-niaques et des personnes en démence,nbsp;être suiyis du retour de la raison. Cesnbsp;observations , ces réflexions, et les ex-périences que j’avais faites ensuite,nbsp;me firent done espérer du succes denbsp;l’administration du galvanisme dansnbsp;ralicnation mentale.

Je témoignai le desir que j’avais den faire l’cssai aux raédecins de l’hópitalnbsp;des insensés. Je galvanisai de diversesnbsp;rnanières, etsous les jeux d’habilespro-fesseurs, plusieurs insensés deleurinai-son. Deux, sur-tout, parmi les mélan-coliques, ont été parlaitement guéris.

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S’UR LE GALVANISME. 319

Pour faire connaitre Ie mode d’appli-cation dont je me suis servi, et auquel je me suis arrêté, je vais rapporter l’ob-servation du traitement que subit unnbsp;de ces inseusés, aqui j’ai procuré unenbsp;guérison parfaite.

LouisLanzarini,agriculteur de profession, ègé de 27 ans, d’un tempérament Ijmphatique, ajant fair rêveur et taciturne , fut conduit a l’hópital denbsp;S/®-Ursule OU il fut recu Ie 17 mai 1801.nbsp;II s j plaignit des traitements qu’il re-cevait, et devint indifférent pour toutnbsp;ce qui intéresse les autres hommes. IInbsp;recherchait la solitude , paraissait s’iso-ler au milieu de tout ce qui 1’environ-nait. Son air sombre , rêveur, sa taci-turnité augmentèrent a un tel point,nbsp;qu’il présentait l’image de la plusnbsp;parfaite stupidité. Ce fut dans eet étatnbsp;qi^i’en présence des professeurs Gen-tili et Palazzi, et de plusieurs étudiantsnbsp;en médecine qui suivaientlhopital, je

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E S S A I

Ie soumis a I’actiou de la pile galva-uique. Elle était, cettefois, composée de quatre-vingts plaques d’argent et denbsp;zinc.Lemaladeparaissautextrêmementnbsp;triste etcomme absorbé ,regardait 1’ap-pareil avec des jeux fixes et iramobiles.nbsp;Ses répoiises aux questions qu’on luinbsp;faisait, étaient courtes, monosjllabi-ques, quelquefois erabarrassées, d’au-trefois sans aucun rapport a la question.nbsp;On lui liumecta les mains avec de l’eaunbsp;salée, et l’on fit Fare avec la pile a difFé-rentes hauteurs insensiblernent, pournbsp;lefamiliariser avec Ie galvanisme,et 1’a-menera recevoir Fact ion de toutl appa-reil. Nous n’obtinmes presque rien denbsp;cette application par les mains. Voicinbsp;alors Ie procédé auquel je revins : jenbsp;placai les mains du malade a la basenbsp;de la pile , et je complétai Fare total,nbsp;ovi, si Fon vent, j’établis communication entre les poles positif et né-gatif, au raojen d’un autre arc qui

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SUR LE GALVANISME. 221 s’étendait du sommet de la pile a unenbsp;partie quelconque du visage. 11 est bounbsp;deremarquer que les parties oul’ou di-rigea l’action du galvanisme, étaientnbsp;dans cette expérience , ainsi que dansnbsp;toute autre, bumectées auparavant parnbsp;une dissolution de muriate d’amonia-que OU de muriate desoude. Le résui-tat fut uil changement subit et très-sensible dans les traits du sujet, quinbsp;parut étonné et comme arraché a l’ob-jet de ses rêveries. L’expérience fut ré-pétée de cette manière plusieursfoisdenbsp;suite, et toujours avec le même succès.nbsp;Elle n’eut aucun effet nuisible; le ma-lade,qu’on interr.ogea le lendemain,nenbsp;se plaignit point. Son état n’était pointnbsp;erapiré; il ne lui était rien arrivé d’ex-traordinaire , a ce qu’il dit, quand onnbsp;1’interrogea; ce que confirmèrent lesnbsp;infiruiiers qu’on avait chargés de lesur-¦veiller. Lg surlendemain-et les joursnbsp;suivants, on le galcanisa de nouveau ,

; ^ '

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233 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

mais plus fortement, et toujours avec uil succès qui,chaque foisjdevenait denbsp;plus en plus marqué: sa physionomie s’a-nimait a la vue del’apparei^et pendantnbsp;son action. Ce ii’était point eet liommenbsp;sombre et abattu ; une gaietédouce senbsp;répandait sur tout son visage.11 laissaitnbsp;qiielquefois échapper un légersourire,nbsp;témoignage de soa contentement, etnbsp;qui n’avait absolument rien de niais,nbsp;ni de stupide. L’expression de ses yeuxnbsp;changeait totalement; loin d’avoir Ienbsp;moindre éloigneraent pour les expé-riences auxquelles on Ie soumettait,nbsp;il s’y prêtait a la première invitation ,nbsp;par la persuasion ou il était sans doute,nbsp;de Tamélioration qu’apportait dans sounbsp;état I’inHuence galvanique. Enfin ounbsp;l’entendit faire qiielques questions ,nbsp;tantót sur la machine, et d’autrefois surnbsp;l’éclair qui s’excitait dans ses jeux anbsp;cliaque application de fare. Je crusnbsp;pouvoir alors me livrer a l’espoir d’uu

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SUR LE GALVANISME. aaS succes prochain et complet. Je cher-chai même encore a Ie hater. Je menbsp;rappelais des expériences que j’avaisnbsp;faites sur moi-même et dont j’ai déjanbsp;parlé : je me souvenais de l’action vivenbsp;du galvanisme sur Ie cerveau , quaudnbsp;on en étabiit Ie courant par les oreilles.nbsp;J’en fis done, avec soin, l’essai sur Ienbsp;maiade que je traitais, sans renoncernbsp;cependantal’autremode d’application:nbsp;je les emplojais tous deux alterna-tivement. Je me servis d’abord d’unenbsp;pile de quinze plaques de cuivre et denbsp;zinc; peu-a-peu, et par l’addition denbsp;nouveaux disques , j’augmentai Tin-tensité de son action , je la rendisnbsp;même assez forte. La cure marchaitnbsp;i’apidement; mais les impressionsnbsp;étant trop vives , et les commotionsnbsp;l^rop violentes et trop douloureuses ?nbsp;nous cessames fapplication sur lesnbsp;oreilles, 0^ efïet était accorapa-gnee , comme plusieurs personnes et

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224 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

inoi 1’avons éprouvé, d’uiie conirtio-tion extrêmement fortes et suivie d’une insomnie durant plusieurs jours.

Nous itnagiuauies dès-lorsde raser la tête sur la suture pariétale , et dj di-riger Ie courant galvanique. Le lieu futnbsp;ensuite tnouillé et reconvert d’unenbsp;pièce d’argent ; le nialade placa sesnbsp;mains a la base de la pile, et on éta-blit un are de communication de cettenbsp;pile a l’armature métalliqiie posée surnbsp;la tête : ( pb 5 fig. 4. ) la commotionnbsp;fut bien rnoins vive et devint très-sup-portable; aussi ce moyen, que nous con-tinuarnes d’emplojer depuis ce mo-nlent, produisit-il les améliorationsnbsp;les plus sensibles dans l’état du sujet.nbsp;Je n’ai pas besoin de remarquer quenbsp;j’aiternais avec l’application aux diffé-rentes parties de la face; mais ce quenbsp;je ne dois passur-tout oublier de dire ,nbsp;c’est quelesexpériences amenaient tou-jours dans l’exprcssion de la pbvsio-

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22i»

SUR LE GALVANISME. nomie ces changements frappants quenbsp;j’ai décrUs plus haut.

MM. Brugnatelli et Zola, ainsi que plusieurs autres savants étrangers, ontnbsp;été témoins de mes observations.Enfin,nbsp;la mélancolie disparut; Ie malade nenbsp;rebuta plus les aliments qu’on lui pré-sentait ; il en sentit Ie besoin , et reprit blentót toutes ses forces. Les mé-decins de fliopital ne doutant point denbsp;sa parfaite guérison , lui permirentnbsp;d’en sortir; ils jugèrent cependant con-venable de lui faire faire auparavantnbsp;une saignée au bras; mais , a fexcep-tion de cette saignée, il ne fut admi-nistré aucun autre reraède. Sans cettenbsp;précaution que je pris, l’on auraitnbsp;peut-être attribué a d’autres médica-ïïients les heureux effets obtenus parnbsp;1 administration du galvanisme.

Quoique convenableraent rétabli, Lanzarini était encore incapabled’exer-cer sa proleg5lQj^. j0 desirais dailleurs

i6

I.

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226 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

suivre et étudier la raarclie de la gué-rison ; je Ie pris done chez öioi. Il n ƒ resta que peu de jours, mais il nenbsp;donna aucun signe de dérangementnbsp;dans ses idéés; il fit toujoui’s avec exactitude et precision cedontil fut chargé.nbsp;Je Ie questionnai souvent pour con-iiaitre les causes de sa mélazicolie, oiinbsp;au raoins être au fait de ce qui l’avaitnbsp;précédée. Dans tout ce qu’il me dit jenbsp;ne trouvai de remarquable que ceci,nbsp;savoir: que son père était mort de lanbsp;même raaladie que celle qu’il avaitnbsp;eue, et dans Ie même hópitalque eeluinbsp;d’ou il sortait. Comme il m’était facilenbsp;de vérifier ce fait, je Ie fis : je trouvainbsp;que son assertion était réelle.

Suivant Ie précepte recu, d’éloigner pendant long'temps les insensés mieuxnbsp;portants des lieux et des objets quinbsp;peuvent reproduire en eux quelquesnbsp;impressions facheuses, je conseillai anbsp;Lanzariiii de passer, sinon sa vie, an

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SUR LE GALVANISME. 237 moins uii assez long espace de tempsnbsp;hors de son pajs natal. Je ne pus Yynbsp;décider;une espèce de nostalgie Ie ra-mena a ses fojers et a son ancien mai-tre. Deux personnes de sa paroisse, knbsp;qui je l’adressai, se chargèrent avecnbsp;plaisir de lesurveiller^et de m’instruirenbsp;des moindres dérangements qu’ellesnbsp;apercevraient. Je n’ai rien appris d’el-les qui ne fut satisfaisant. Depuis sonnbsp;retour, ses forces phjsiques se sont to-talement réparées, et son moral ennbsp;aucune circonstance n’a paru affecté.

Le mêrae traitement nous a encore réussi sur Charles Bellini, laboureur :nbsp;mêmes effets dans l’application du gal-vanisme a la face ; mêmes impressionsnbsp;surle cerveau, dans l’application surnbsp;oreilles et sur la suture sagittale. Lanbsp;guérisonfut plusprompte, maislesujetnbsp;etaitmoinsmalade que Lanzarini. Peut-on, d après ces deux faits , présenter lenbsp;galvanisme comme remède infaillible

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aaS nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

dans toutes les espèces d’aberration de jugement? Certes , une assertion aussinbsp;positive annoncerait de la présomp-tion : cependant Ie mojen que je propose n’est point a négliger. II faut, parnbsp;desexpériences multipliées, par des es-sais nombreux tacher de counaitre lesnbsp;circonstances oü il peut être appliquénbsp;avec succès. Vu la nature des causesnbsp;qui produisent l’aliénation mentale, ilnbsp;y aura des cas oü les effets du galva-nisme seront nuls; il j en aura d’autresnbsp;oil ilsne pourront qu’aggraverla mala-die : tels sontceuxoü les aliénés éprou-vent des accès de fureur.Le gal vanismenbsp;ne peut pas plus que les autres mojensnbsp;inédicaux sur la constitution et les vicesnbsp;organiqiies; mais on concoit qu’il peutnbsp;produire de très-bons effets dans lesnbsp;derangements par Faction de causesnbsp;étrangères et accidentelles , qui, sansnbsp;vicier manifestement 1’organisation ,nbsp;portent cependant d’une manière qui

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SUR LE GALVANISME. 229 nousesttout-a-faitinconnue,le trouble,nbsp;et un désordre plus ou moins marquénbsp;dans les fonctions du cerveau.

C’est au tempsseul, aidédesexpérien-ces, a nous apprendre quand nous de-vrons agir, et quand il faudra nous en dispenser. La méthode daille^irsest encore fort éloignée de toute la simpliciténbsp;dont elle a besoin pour être employéenbsp;dans tousles hópitaux.Les médecins quinbsp;ont la surveillance de ces établissementsnbsp;sont, en général, trop occupés , et nenbsp;peuvent pas aisémeiit se livrer a desnbsp;essais , et sur-tout a des tatonnements,nbsp;qui devraient durer plusieurs mois.Enfin la nouveauté d’un mojen est pournbsp;beaucoup de personnes un motif denbsp;proscription. C’est done aux chefs desnbsp;petits établissements, et a tons ceuxnbsp;qni s’intéressent aux progrès des scien-, lorsqu’elles ont un but réellemcntnbsp;philanthropique, que je m’adresse pournbsp;leui ^ecornmander leperfectionnement

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2,^0 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

de cette méthode- Le galvanisme alors, par la facilité de son administration ,nbsp;deviendra encore un mojen propre anbsp;être employé avec avantage dans lesnbsp;grands hospices.

On doit cependant s’attendre a des obstacles nombreux : tantot ce seranbsp;le remède, et tantot le malade,quinbsp;les présenteront. J’ai vu des mania-ques épouvantés par l’éclair, qu’exci-tait dans leurs yeux la communicationnbsp;des deux poles, refuser opiui^rémentnbsp;dese soumettre de nouveau a factionnbsp;de la pile. C’est alors au médecin a voirnbsp;la conduite qu’il doit tenir ; il doit étu-dier son malade. Tantot il sera nécessaire de cacher fappareil, d’autrefoisnbsp;au contraire il sera avaiitageux de lenbsp;faire voir , et de le présenter commenbsp;un objet d’aniusement et de curiosite.nbsp;J’ai vu des malades inontrerde findif-ference , et quelquefois de faversionnbsp;pour le galvanisme , ou paree qu’ils

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SUR LE GALVANISME. aSi étaient épouvantés de la noviveauté dunbsp;niojen, OU paree que des indiscrets leurnbsp;en avaient exagéré la force. II faut alorsnbsp;les attaquer dans leur opinion, es-sajer de les persuader du contraire, etnbsp;les encourager. Dans eet fcaines circons-tances on ne peut pas a[.pl!quer Ienbsp;galvanisrae avec la méthode*ordinaire.nbsp;Je me suis trouvé daus ce cas a 1’hó-pital de la Salpêtrière oü j’ai com-mencé quelques essais en presence dunbsp;célèbre professeur Pinel. Une aliénéenbsp;dont les bras étaient liés m’a empê-clié de communiquer 1’influence gal-vanique d’une main a la base de la pilenbsp;d’une part, et de l’autre par fare éta-bli entre Ie somraet de la pile et far-mature métallique posée sur la tête dunbsp;sujet. Je me suis servi dans ce cas denbsp;1’application du galvanisme d une desnbsp;^i'eilles aux lèvres. (Pl. 5, lig. 5.)

l’on ne croit pas convenable d’ap-pliquer Ie galvanisme dans l’intérieur

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33a nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

du conduit auditif, on pourra avec succes en diriger le courant a I’aide des conducteurs touchant auxboucles desnbsp;oreilles (pi. 5, fig. 3-) Cette méthodenbsp;deviendra toujours très-utile lorsqu’ilnbsp;s’agira de faire ressentir I’influencenbsp;galvanique a des personnes qui crai-gnent vivernent son action ; car alorsnbsp;Ton pourra soustraire fappareil auxnbsp;jeux du malade , et le galvaniser annbsp;mojen de la communication des con-ducteuns’, placés même a une grandenbsp;distance.

Avant mon départ d’ltalie, j’ai dé-taillé a Bologne, dans une séance pu~ blique de l’Académie de I’lnstitut desnbsp;sciences , les procédés que j’ai déja exposés , et j’ai même engage mes col-lègues a me communiquer leurs idéésnbsp;sur ce point Je sais bien que deux cures ne suflSsent pas pour faire admettrenbsp;ce remède comme général dans tousnbsp;les cas de foUe : cependant elles doi-

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zóó

SUR LE GALVANISME. vent encourager les médecins a coii~nbsp;Gourir par leurs travaux a la vérifica-tion d’une méthode qui pourra peut-être remplir la lacune qui se trouvenbsp;danscette partie de lamédeciue. Je suisnbsp;toujours persuade que ce genre d’expé-riences exige beaucoup de prudencenbsp;et beaucoup de précautions : je serainbsp;bientót a même de les annoncer , d a-près Ie rapport que j’attends des différents savants, qui veulent bien s’occu-per de eet objet.

Je terminerai cette section par rap-porter les effets du galvanisme appliqué h la hernie scrotale, a l’aménorrhée,nbsp;a la paraljsie et a d’autres maladies.

Un malade de 1’hópital militaire der Berlin portait depuis nombre d’an-nées une hernie scrotale très-considé-rable, qui setrangla par accident ; lanbsp;tumeur abcéda et fut suivie d’une suppuration abondante, et de la sortienbsp;d une partie des intestins. Quaiid Ie

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E € S A I

maladeétaitassisj’iléon sortait avec Ie colon , et ses intestins pendaieut jus-qu’au genoii; de chaque cóté était unenbsp;ouverture qui donnait issue, lune auxnbsp;lavements qu’on faisait prendre au ma-lade, l’autre aux excréilients et a des aliments mal digérés.

Le docteur Grapengiesser, aussitot qu’il eut examiné ce malade, ré'solutnbsp;d’essajer sur lui le galvanisme ; il senbsp;prêta volontiers a ses expériences. Cenbsp;médecin arma en conséquence unenbsp;portion des intestins avec de l’argent,nbsp;et l’autre portion avec du zinc. A peinenbsp;le contact fut-il établi entre les deuxnbsp;armatures , que le mouvement péris-

taltique se trouva considérablement augmenté , et que les ondulations senbsp;succédèrent rapidement. Le maladenbsp;éprouvaune cuisson d’unc espèce particuliere dans les endroits touchés parnbsp;les métaux. Le galvanisme parut aug-menterractiondes glandes muqueuses,

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SUR LE GALVANISME. a35 et celle des vaisseaux exlialants, et ren-dre leurs sécrétions plus abondantes ;nbsp;de grosses gouttes de sue intestinalnbsp;eoulèrent eu peu de minutes sur lesnbsp;métaux.

Alors Grapengiesser se rappelant les expériences relatives auxeffets des alca-lis sur lesnerfs, liumectalégèrement lanbsp;surface des intestins grêles avec du carbonate de potasse ; ie mouvement ver-miculaire des intestins devintau moinsnbsp;six fois plus fort qu’il n’était aupara-vant, quoiqu’il n’j eüt qu’une armature: Ie malade sentit au même tempsnbsp;lacuisson augmenter.

Cette expérience est instructive a Lien des égards. On voit par elle quenbsp;les intestins augmentent leur mouvement verraiculaire et la sécrétion denbsp;leurs humeurs par l’influence galva-*^ique, et que par conséquent on peutnbsp;^mplojer ce mojen dans plusieurs maladies oil faugmentation de sues intes-

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236 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

tinaux, et des contractions devienneufc nécessaires. Tel serait, par exemple. Ienbsp;cas oü une hernie inguinale ne pour-rait être réduite paries mojens ordinai-res : on devrait tenter, a mon avis, denbsp;déterminer par Ie galvanisme des contractions de l intestin , qui Ie force-raient a rentrer dans labdomen.

Je crois même que si M. Grapen-giesser eiit employé l’action galvani-que dans une hernie moins invétérée et moins compliquée, et ,s’il ent faitnbsp;usage de la pile, il aurait peut - êtrenbsp;obtenu des résultats encore plus satis-faisants.

La difficulté qui subsiste ordinaire-ment pour rétablir les regies , lors-qu’une cause quelconque les a sup-primées, ou pour les provoquer a 1 e-poque de Ia puberté, doit fixer notre attention. Un grand nombre de inéde-cins et de physiologistes s’en sontoccu-pés. Les experiences électriques , faites

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SUR LE GALVANISME. aSy dans cette intention par Bertholon,nbsp;Van-Swieten , De-Haën , Sarthingoïi,nbsp;Sigaud de la Fond , et beaucoup d’au-tres, sont très-connues : mais quelquenbsp;belles, quelque multipliées, quelquenbsp;variées qu’elles soient, corarae on nenbsp;connaissait alors que l’électricité ordinaire, elles ne peuvent nous instruirenbsp;que du mode d’action de eet agent. Lanbsp;découverte du galvanisme nous a présenté de nouvelles recherches : il fal-lut en efFet reconnaitre quels pouvaientnbsp;être dans l’aménorrhée les effets de cenbsp;nouveau stimulus, si analogue a l'élec-tricité.

Le docteur Benoit Mojon parait être Ie premier qui ait entrepris de nousnbsp;éclairer la-dessus. II fit sa première ex-périence le i6 juillet 1802 , a Gènes,nbsp;sur une fille de dix-huit ans, qui, n’é-tant pas encore réglée, éprouvait tou-tes les incommodités de la rétentionnbsp;du flux menstruel , et sur laquelle il

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238 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

n’avaitrien pu produire par radmiuis-tration des emménagogues et des au-tres mojens usités en pareilles circons-tances. II se servit d’une pile de quatre-vingts disques , e4 ü appliqua de difFé-rentes manières les conducteurs a la région de Yutenis, dans l’intention denbsp;sournettre par degrés eet organe a Faction du gal vanisme. Dans la dispositionnbsp;des conducteurs, il a eu soin que Ienbsp;courant galv^anique ne traver.sat pointnbsp;OU n’intéressat que fort peu la vessienbsp;uriiiaire; ce qui n’est point indifférentnbsp;a observer , puisqu’on peut craindrenbsp;que Ie galvanisme ne produise la pré-cipitation de quelques-uns des seis denbsp;Furine. Aussi, malgré la precaution denbsp;diriger les conducteurs comme uousnbsp;venons de Ie dire, M. Mojon avait-ilnbsp;celle de vider auparavant la vessie.

La malade fut galvanisée pendant six jours; Ie septième, Fécoulement desnbsp;menstrues se décida , et fut bientót

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^UR LE GALVANIS.ME. aSg suivi du parfait rétablissement de lanbsp;santé. Un succès aussi marqué et aussinbsp;complet ne pouvait qu’engager Ie doc-teur Mojon a de nouveaux essais; il ré-péta done ses expériences, et galvanisanbsp;dans plusieurscas analogues, et mêmenbsp;dans des suppressions. Les résultats fu-rent toujours heureux ; les régies s’an-noncèrent , ou reparurent, et les ma-lades recouvrèrent promptement lanbsp;santé.

Plusieurs phjsiciens out étendu faction du galvanisme a d’autres maladies; Ritter et BichofF en ont fait fapplica-tion dans les paralysies ; Humboldt etnbsp;Anschel viennent de femployer dansnbsp;des affections rhumatismales,ainsi quenbsp;dans les cas ou fon se propose d’établirnbsp;au-dehors un écouleraent des humeurs.nbsp;Le professeur Rossi en forme une nou-quot;'quot;^lle application è. fliydrophobie. Gra-P^ögiesser aimaginé que le galvanismenbsp;pourrait être employé comme resolutif

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24o nbsp;nbsp;nbsp;E S S a I

dans certains sciatiques clironiques , dans des tiimeurs indolentes , dans Ienbsp;goitre, dans Ie mélicéris et l’athérómenbsp;commenqants.

Tel est Ie tableau des maladies que Ton espère guérir a l’aide du galva-nisme. Je fais des voeux bien sincèresnbsp;pour qu’un jour nos expériences senbsp;trouvent réalisées, et parfaitement ae-complies pour Ie soulagement de I’liu-manité soufïrante*.

* Le docteur Cevade, 1’iin des premiers cjui ont execute en Suisse des applications médicales du galva-nisme , a tien voulu m’en faire part avant son departnbsp;de Paris. II a obtenu des avantages dans les affectionsnbsp;de l’ouie et de la vue 5 maïs il annonce ingènuemeutnbsp;n’avoir pas eu les mêmes effets dans d’autres maladies, II a admiiiistré le galvanisme a ime demoisellenbsp;dontles muscles du cou uepouvaient plus porter la tête,nbsp;(jiii torabait sur les épaules , et était contimiellementnbsp;soutenue de ses mains. L’influeuce galvanicjue fut com-muniqiiée a l’aide de deux plaques appliquées aux deuxnbsp;cótés du cou , düiit Tune répondait a la base , I’aiitrenbsp;au sommet de la pile. L’action du galifanisme fut trés-

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241

SUR LE GALVANISME.

SECTION QUATRIÈME.

J?récautions nécessairespour Vapplication du galcanisme dans la mort appa-rente et dans les suppliciés.

Les principes proposés par Galvani, examines, et approfondis dans toute

sensible j puisque les plaques impriraaient sur la peau fles marqués très-visibles , seiiiblables a celles qui au-raient étc procluites par uii cautère poteutiel , ou parnbsp;«nebrulure. Elle reent des avantages de cette adiuiuis-tration, mais i!s ne furent pas trop durables 5 ce quinbsp;l’eugagea a quitter Ie galvam’sme au bout de quelquesnbsp;séances, pour aller aux enux thermales d’Aix.

M. BischoH', professenr a Jena , a fait , dans plu-sieurs cas de paralysie, l’application du galranisine , associé quelquefois a I’électricité ordinaire ; il en a ob-tenn des avantages reels, comme 1’ou peut voir ennbsp;détail dans ses ouvrages.

Le docteur Mongiardini a cultivé avec beaucaup de zèle, cette partie de 1’adininistration ruédicale : sesnbsp;resultats ont d’autant plus de droit a la confiance pu-blique , qn ilsnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;avec tons les earac-

z.


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s43 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

leur étendue, ont conduit quelques

physiologistes a croire que la vie n’est

téres (Ie la vérité 5 car ü annonce avoir adojinistré Ie galvanisnic atrois personnes, deux desquelles avaientnbsp;les bras paralyses , efc la troisièrne la jone gaucbe.nbsp;Les deux premières n’ont übtcnu qu’un avaiifage tem-poraire 5 jnais la derniére a été parfaitement rétablie.

Le traitcnient medical d’un hydrophobe , opéré a 1’aide du galvanisme par le professeur Rossi, doit êtrenbsp;rapporté ici avec tous les détails. Un hoiiime mordunbsp;au pouee par uu cbien enragé éprouvait dans cettenbsp;partie, depuis un mois environ , des douleursqui deve-iiaient de plus en plus vives , et s’étaient propagéesnbsp;dans l’avaut-bras ct le bras , et luênie jusque dans lenbsp;dos. Le professeur Ro.ssi, qu’il eonsulta ^ appliqua imnbsp;caustique sur la morsure , et dissipa de cette mauiérenbsp;les accidents : mais ce ne fut pas pour long - temp.o.nbsp;Peil de jours après les douleurs reparureiit , et plusnbsp;vives et accompagnées de tous les symptómes de lanbsp;rage. Horreur de 1’eau, frissoimeineiits ;i la vue d’ob-jets brillants, irritation du gosier , difficulté d’ava-jer, envie pressante de morilre , cracbottement conti-luiel, etc. : ce fut clans eet état qu’ou le galvanisa.nbsp;L’appareil, fonné d’unepile de ciiujuante couples mé-talliques, fut di.sposé dans uue cbanibrc voisine , pour

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SUR LE GALVANISME. 243 outre chose qu’un procédé continuelnbsp;du galvanisme. M. Ritter, dans un ou^

soustraire Ie malade aux accès que 1’eau et les corps luisauts dont se coinposait cette pile , n’auraientnbsp;pas niatiqué de determiner.

M. Rossi se servit poor conducteur de handes de papier gris Inimecté, et fit usage de deux arcs ; Ie premier fut établi de la base de la pile aux pieds dunbsp;sujet, qu’il fit placer iiu dessus. Tenant eiisuite dansnbsp;sa main une des extrémités du second arc , cjui denbsp;1’autre part communiquait avec Ie soinmet de la pile,nbsp;il attendlt que Ie malade ouvdt la boucbe pour mor-dre, et Ie toucha dans cette cavitc. La secousse futnbsp;assez forte, les douleurs parurent vives. De iiouvelles applications dans la mème circonstauce, de la niêine ma-nière, produisireiit la syncope. L’expérieuce devint alorsnbsp;plus facile a faire, et on la répéta autant de fois qu’on Ienbsp;jugea convenable. Le malade ne fut galvanise que cenbsp;jour-la , et parait cependant avoir été parfaitementnbsp;guéri 5 dés le lendemain mênie il est allé bien portautnbsp;chez M. Rossi , qui , loin de s’attendre a un aussinbsp;peonipt rétablissement , comptait 4 peine obtenir

'P’clque succes , ct se disposait a de uouvelles tenta-tives.

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244 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

vrage publié dernièrement, vientd’a-dopter et de renforcer cette opinion a l’aide de beaucoup de preuves et denbsp;beaucoup d’observations. Or, si lesnbsp;procédés de la vie sont liés avec ceuxnbsp;du galvanisrne, sera-t-il permis d’ennbsp;faire usage indistiiictement dans tou-tes les circonstances ou l’on croit la vi-talité éteinte dans Ie corps humain ?nbsp;Voici la recherche que je me proposenbsp;de faire, pour établir les cas ou 1’admi-nistration du galvanisrne doit être

Si, parini les gnérisotis que nous avoiis décrites , * il y en a qiielques-unes qui semblent extraordinaires etnbsp;étonnantes , elles doivent conséqueriiment exciter da^nbsp;vantage la curiosité et l’attention des médecins, pournbsp;les verifier et les examiner dans de pareilles circonstances.

* Voyez Bischoff, Comnientalio de usu Galvanismi in^arle medica. Jenae, i8oi.

Mémoires de la Sociétémédicale de Genes , lom. 2 , i8o3.

Rapport présenté a la Classe des Sciences exactes de 1’Académie de Turin, Ic s nivose an xi, par Ie professeiir Vassalli-Eandi.

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SUR LE GALVANISME. aZ S tléfendue, eten raême tempsdétermi-ner ceux oïi Ton pourra en faire usage,nbsp;et les précautions qui doivent accora-pagner son application.

11 ne faut pas voir dans Ie galvanisme quedes phénomènes propres a éfonnernbsp;lepeuple, ou une foule d’expériencesnbsp;inutiies a la science; il faut envisager cenbsp;puissant agent du coté des avantagesnbsp;qu’il doit rendre a la société lo/squ’ilnbsp;est emplojé par des mains habiles. Onnbsp;sait que fempirisme malheureuse-ment s’empare toujours des grandesnbsp;découvertes , et les dégrade en les fai-sant servir comme moyen plutót pro-pre a éblouir la multitude, qu’afavori-ser la véritable instruction. Quelle nenbsp;fut pas la réputation de ce Mesmernbsp;dont Ie nom s’éleva si rapidementnbsp;*^®lgré la désapprobation et Ie mé-des grands savants de la France!nbsp;Comme Ie flambeau de la vérité vintnbsp;éclairer ses prestiges ^ aussi son sys-

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346 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

têrne spécieux rentra bientót dans la

plus grande obscurité.

L’on peut mettre iei presqu’au même niveau, les tracteuvs métalli-quesde Parkinson» que Ion doit con-sidérer comme dénués de toute actionnbsp;physique, et rapporter entièrementnbsp;aux efFets de Timagination. Quelle influence physique peut-on raisonnable-ment espérer du frottement de deuxnbsp;plaques de métaux différents sur Ienbsp;corps humain, sans aucune huraiditénbsp;intermédiaire, sans aucun isolement,nbsp;sans aucune des conditions nécessairesnbsp;dans ce genre d’expériences ? Néan-moins j’ai vu eet appareil empiriqiienbsp;répandu dans Londres, vendu a unnbsp;très-haut prix, et même rapporté parnbsp;quelques-uns a la force du galvanisme,nbsp;pour augmenter sa réputation, malgrénbsp;les réclamations de plusieurs méde-cins qui en ont démontré l’inutilité.

Le docteur Hagarth, entr’autres, a,

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SUR LE GALVANISME. 247 tt^isau plus grand jour rempirisnie desnbsp;tfacteurs métalliques : il a formé denbsp;faux tracteurs avec du bois, du verre,nbsp;et d’autres substances vernissées avecnbsp;la couleur des tracteurs de Parkinson.nbsp;II a obtenu les meines guérisons, lesnbsp;mêmes résultats dans la goutte , dansnbsp;les rhumatismes, dansla sciatique. Cesnbsp;observations sont assez concluantesnbsp;pour souteiiir qu’il n’j a pas d actionnbsp;dans 1’appareil de Parkinson , ou , s’ilnbsp;y en a quelqu’une, elle ne doit pas êtrenbsp;attribuée aux tracteurs, mais bien anbsp;Fimaginatlon, vivement excitée parnbsp;I’appareil imposant de cette application.

Le galvanisrae ne doit pas être placé au rang de ces agents chimériques; sonnbsp;action est réelle et bien constatée, sesnbsp;appareils et leur construction ne sontnbsp;paint cachés , leur force est connue etnbsp;ressentie de tout le monde. Je persist©nbsp;toujours a croire qu’il doit cependant

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a48 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A ï

être admiiiistré avec beaucoup Je pré-cautions dans Ie corps humain , qnoi-que la vie j soit éteinte en apparence. Je ne prétends pas ici renouveler lanbsp;question agitée autrefois, savoir , si Ienbsp;galvanisme , ou tout autre stimulant,nbsp;excite la douleur lorsqu’il est appliquénbsp;aux rnembres d’un supplicié, après lanbsp;decapitation. Je n’aurais rien a ajouternbsp;a ce qu’ont dit d’une part et d’autrenbsp;Sue et Sommering, pour prouver lanbsp;présence de la douleur après la mort,nbsp;et Cabanis, Guillotin et d’autres, pournbsp;soutenir le contraire.

Je me bornerai done, d’après mes expériences faites a Londresle 17 janvier i8o3 , a considérer faction dunbsp;galvanisme sur les supplicies parnbsp;strangulation. Ces raalheureux conser-vent , a mon avis, quelquefois leurnbsp;sensibilité long-temps dans un étatnbsp;ou il n’j aplus aucune possibilité de lesnbsp;rappeler a la vie. Toute tentative faite

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SUR LE GALVANISMS. 249 dans cette circonstance deviendra cou-pable , et devra être regardée commenbsp;un attentat aux droits les plus sacrésnbsp;de l’ordre social. Le phjsicien ne s’éri-gerait-il pas en juge nouveau, plus sé-vèrequeceux qui ont prononcé la mort,nbsp;en ajoutant des souflprances a cellesnbsp;qu’un malheureux vient d’éprouver ennbsp;expiation de ses crimes? nn tel casnbsp;n’est pas hjpothétique. Supposons qu’ilnbsp;existe une parfaite luxation des vertè-bres du cou , raais que le sang soitnbsp;encore porté par les carotides au cer-veau, et reporté au coeur par les jugii-laires. Le malheureux qui se trouveranbsp;dans cette situation cruelle, s’il étaitnbsp;soumis a Faction du galvanisme, il nenbsp;serait que tourmente. Tout effort dvinbsp;galvanisme deviendrait nul; on ne fe-rait au contraire qu augmenter par cenbsp;moyen , ses soufFrances, et prolongernbsp;supplice ; on ne ferait que rendrenbsp;Icxpérirnentateur barbare, et le sujet

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aSo nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

de ses expériences une victime mal-lieureuse de secours iiiutiles et incon-sidéréaient administrés.

Jepense,eii conséquence , quel’ap-plication de ce stimulus trés - actif doit être bornée aux cas oii la suspension animale est alFectée a un seulnbsp;point, quilaisse encore briller l’espoirnbsp;dn rétablissement de la vie. Si Ie coeur,nbsp;si la circulation, si Ie poumon, si Ie sjs-tènie nerveux sont inactifs, pourvu quenbsp;Forganisation subsiste encore, et quenbsp;les fonctions vitales ne soient pas sus-pendues long-tempSjTon pourra admi-nistrer Ie galvanisme.

II est a présumer que les juriscon-sultes sévères ne permettront point que les suppliciés pendus soient traités par un tel mojen , et ne voudrontnbsp;pas laisser aux efforts et a 1’industrienbsp;des phjsiciens la douce satisfaction denbsp;les rappeler a la vie. On ne pourranbsp;néanmoins s’opposer a ce que les se-

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SUR LE GALVANISME. aSi cours du galvanisme soient donnésnbsp;conjointementavec tout autre,a ces in-fortunés, qui, livrés au desespoir, ontnbsp;cherché leur destruction par la strangulation ou pard’autres mojens.De pa'nbsp;reils accidents sont malheureusementnbsp;trop fréquents dans lesgrandes villes;nbsp;et Ie galvanisme mérite d’autant plusnbsp;la confiance que son application , dansnbsp;tous ces cas, ne souffre aucun délai.

Les expériences que nous avons ex-posées dans la seconde partie , nous font croire que les muscles de la têtenbsp;des décapités cessent bientot de se prê-ter è. faction du galvanisme, et que lesnbsp;contractions ne durentque trois quartsnbsp;d’heure ou une lieure tont au plus ;nbsp;tandis que dans Ie cas d’un pendu ,nbsp;comme faieu occasion dele voir a Lon-dres, la tête a donné des contractionsnbsp;licaucoup plus fortes pendant fespacenbsp;de deux heures, et même davantage.nbsp;Ces faits semblent démontrer que for-

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aSa nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

ganisation animale , dans ce dernier cas, est conservée plus long-temps ; etnbsp;celanous portera d’autantplus a pensernbsp;que le sujet sur lequel on fait les ex-périences galvaniques pent en éprou-ver et eii ressentir I’action.

Ces réflexions pourront faire appré-cier a la jurisprudence médicale les précautions a prendre pour les tenta-tives galvaniques a faire dans ces cas ,nbsp;selon les circonstances dilférentes quinbsp;accompagiieiit fadministation du gal-vanisme a des suppliciés, ou a des per-sonnes réputées péries de mort naturelle. En tout cas , et en général ilnbsp;s^ra bon de ne se permettre l’appli-cation de eet agent puissant sans avoirnbsp;pour but le soulagement de fbuma-iiité,, ou les véritables progrès de lanbsp;science. De toutes ces considérationsnbsp;Ton pourra conclure que ce n’est pasnbsp;mon intention de mettre des entravesnbsp;a 1’application du galvanisme , mais

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SUR LE GALVANISME. a53 bien plutót de déterminer les circons-tances * convenables oü l’on peut l’ad-ministrer avec sagesse et avec avan-tage.

Les cas d’apoplexie ou de mort ap-parente , comme nous l’avons indiqué autrefois , méritent de fixer spéciale-ment l’attention des phjsiciens. La police médicale, loin de s’opposer dansnbsp;ces cas a l’administration du galva-nisme,doit puissamraent en ordonnernbsp;femploi conjointement avec d’autresnbsp;secours, que l’on met habituellementnbsp;en usage.

* Pendant que j’imprimais cette section, Ie profes-seur Ferrj a bien voulu me faire part de recherches analogues qu’il a faites a cèt égard. Je lui eii témoigne-rai ma reconnaissance , en imprimant sa lettre a la fin denbsp;1’ouvrage ^ et je me perrnettrai d’j ajonter quelquesnbsp;reflexions. Quoique je sois persuade que l’on ne doit pasnbsp;proscrire, dans tous les cas, 1’emploi du galvanismenbsp;®ur les suppliciés, je crois néanmoins que les reflexions ,nbsp;concernant cette question , pourrout fixer 1 attentionnbsp;de la police médicale.

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254 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

Une foule de faits nous a plusieurs fois démontré que des persounes ontnbsp;été précipitées au tombeau avant quenbsp;la mort les eüt irrévocablement frap-pées. Ne devons-nous pas porter toutenbsp;notre attention a prévenir des évène-ments aussi funestes ? Dans ces moments de deuil, oü Ie devoir et la ten-dre pitié nous font une loi dlionorernbsp;les restes d’un ami, ne devons-nousnbsp;pas d’abord emplojer tout notre in-térêt pour voir s’il j a encore quelquenbsp;espoir de Ie rappeler a la vie, ou pournbsp;nous confirmer qu’elle est linie sansnbsp;retour ? Que sont ces appareils lugu-bres, cette pompe funèbre, ces émo-tions apparentes de douleur, si Ionnbsp;négligé alors les justes précautions quenbsp;Ton doit a la possibilité d’un reste pré-cieux de vie ? On pourrait rapporter icinbsp;beaucoup d’observations puisées dansnbsp;l’histoire des animaux en familie, re-lativement a la tendresse maternelle

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SUR LE GALVANISME. ^55 dans cette circoiistance. Pertneilrions-iious que les animaux, ces maitres si-éloquents de I’liomine en tout ce quinbsp;concerne les affections de la nature ,nbsp;exercassent entre eux plus de soins quenbsp;noijs envers nos semblables !

Je regarde toujours avec horreur et indignation fempressement avec le-quel on proscrit de la société fliommenbsp;qui parait avoir rendu son derniernbsp;soupir, en Ie dérobant ainsi aux pré-cautions que de sages lois, commenbsp;celles d’Athènes et de Rome, avaientnbsp;prescrites pour empêcher Ie cas d’unnbsp;enterrement homicide.

II seraita desirer que l’on établit par autorité publique , dans toutes les nations , des personnes éclairées et ca-pables de faire les épreuves nécessairesnbsp;pour constater si la mort est réelle ounbsp;Won. Leur surveillance , leur conseil,nbsp;leur main bienfaisante, seront utilisésnbsp;dans ces cas. Cet établissement d ins-

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s5ö nbsp;nbsp;nbsp;ill S S A 1

pecteurs et de juges de la mort a lieu en Angleterre, a Genève , et dans d’ati-tres pajs.

Qu’on ne s’en laisse pas imposer par l’apparence trompeuse d’une mortnbsp;réelle : il faut employer tons les se-cours de Tart avec confiance. Combiennbsp;de fois n’a-t-on pas vu des rnalheureuxnbsp;tomber en léthargie, auxquels l’admi-nistration de certains secours a été denbsp;la plus grande elïicacité! Les extrémitésnbsp;étaient iminobiles , Ie visage pale , Ienbsp;corps froid ;lapoitrine ne s’éleyait plus,nbsp;la respiration était totalement suspen-due; ime glace approchée de leur bou-che ne se ternissait plus; tont enfinnbsp;annoncaitque les forces vitales étaientnbsp;anéanties; etcependant, malgré ces ap-parences de mort, on est encore parvenu a les rappeler la vie.

Parini tons les mojensdont l’on fera usage dans ce cas , on ne doit pas ou-blier Ie galvaiiisme. Je ne prétends pas,

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357

SUR LE GALVANISME.

O vee quelqiies pliysiciens, pour cela que les chirurgiens d’armées doiventnbsp;examiner et parcourir une multitudenbsp;de soldats blessés a mort, et succom-bés sur Ie champ de bataille, et les trai-ter, cliaCun séparément, avec un com-pas foriTié d’une lame d’argent et d’unenbsp;de zinc, ou les soumettre a Taction dunbsp;courantd’ime pile galvanique. Ce n’estnbsp;pas dans la fureur et la confusion desnbsp;combats ; ce n’est pas pendant Ie carnage , oü 1’on est obJigé de se vautrernbsp;dans Ie sanghuraain , qu’il faut espé-rer des secours philantliropiques , qiiinbsp;exigent d'ailleurs beaucoup de trail-quillité et de precision pour être ad-ministrés avec succes.

Je suis même loin de penser avec M. Grève *, et d’autres phjsiciens , quenbsp;Ie galvanisme soit assez puissant pour

Ue tnetallorum irritaniento veram ad mortem eiplorandam. -— Moguntia, 1794»

I- nbsp;nbsp;nbsp;18

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s58 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A- I

suftire toiitseul a faire dislinguer une mort apparente d’une mort réelle. Jenbsp;remarquerai, avec M. Mongiardini *,nbsp;qu’un homme dont un meinbre para-Ij'sé se refuse aux contractions muscu-laires, peut très-bien être vivant; tan-dis qu’on peut facilement obtenir desnbsp;contractions musculaires par Ie galva-nisme , ou tout autre stimulant, cheznbsp;un sujet réellement privé de vie.

Personne n’ignore que la preuve la plus sure, la plus infaillible que nousnbsp;puissions avoir pour reconnaitre qu’unnbsp;bomme n’est plus vivant, c’est la pu-tréfaction. Je pense néanmoins que lesnbsp;contractions qu’on peut exciter par Ienbsp;galvanisnie , pourront aider beaucoupnbsp;fexanien nécessaire pour distinguernbsp;la mort réelle de la mort apparente.

* Tylunglarcliiii :ne l'Applicalion du galvanisnie n hl médecine, Mcinoire lii !a Société cl’Eraulatioii (Icnbsp;(j'èiies. Yojcz Ie volume ii des Mémoires de liidi('«nbsp;Société.

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SUR LE GALVANISME. 2% Les mojeiis dont 011 se sert pour cons-tater les cas d’uue mort équivoque,nbsp;11e peuvent jamais être trop nombreux,nbsp;et l’agent galvanique doit certaine-raent tenir une place éminente eutrenbsp;eux. Son action pourra ranimer la respiration et la circulation presque étein-tes, et rallumer, pour ainsi dire, Ie feunbsp;vital.

Ces diverses considerations m’enga-gent a, invlter tous les hommes sensi-bles de ne pas perraettre que, dans des cas douteux de lethargie ou d as-phjxie, on enlève Ie corps dont onnbsp;croit avoir recu Ie dernier soiipir, avantnbsp;qu’on ait fait les examens convenables.nbsp;Les sentiments d’humanité qui nousnbsp;font verser des larmes sur la mort denbsp;Hos semblables, doivent nous commander puissainment de tenter plutót l’in-duence galvanique pour leur être utiles,nbsp;lout effort a eet égard aura toujoursnbsp;lUi but louable : nous aurons toujours

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a6o nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

a nous féliciterde nos peines , si nous parvenons quelquefois a faire écbap-per quelques victimes déplorables ,nbsp;qu’un usage barbare préeipite encorenbsp;vivantes dans le séjour des morts.

SECTION CINQUIÈME.

De Vinjluence da galvanisme sur les Jluides anirnaux.

11 ne sera question ici, ni des variations de la transpiration cutanée , ni de I’augnientation de la circulation;nbsp;en un mot, d’aucun des phénomènesnbsp;COmmuns a félectricité et au galva-nisme. Je me bornerai a parler de ceuxnbsp;qui sont particuliers au dernier de cesnbsp;deux agents.

Je rappellerai a ce sujet ce que )’ai dit dans la seconde partie de eet ou-vrage, qu’il est possible , au moven dunbsp;galvanisme, d’opérerl’excrétion de certains fluides , et [’expulsion des ma-

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SUR LE GALVANISME. a6i tières fécales. J’ai faitla première de cesnbsp;deux observations sur la tête du crimi-iiel décapité dont fai déja eu occasionnbsp;de parler, en rapportant quelques expé-riences faites sur son cadavre. Je re-marquai en effet en galvanisant cettenbsp;tête, que toutes les fois que je venais anbsp;toucher soit une oreille , soit les lè-vres, il se faisait une abondante excré-tion de salive. Ce pliénomène attiranbsp;alors mon attention. Je répétai l’expé-rience avec précaution : j’appliquainbsp;Fare a plusieurs reprises, et j’eus eba-que fois Ie même résultat. Cette première observation a été depuis cons-tatée a Gènes, et, dans quelques autresnbsp;endroits , sur des têtes de boeufs et denbsp;brebis. La seconde, que j’ai faite surnbsp;Ie tronc d’un bceuf, a de même éténbsp;confirmée a Gènes par MM. Mojon ,nbsp;sur des cadavres humains.

LiflFérents fluides animaux , que j ai soumis séparément a Faction du gal-

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öGa nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

vanisme , m’ont aussi présenté quel-ques phénomènes importants. Avant d’entrer dans Ie détail des altérationsnbsp;qu’ils ont éprouvés; avant de rappor-t€r les tentatives que j’ai faites pournbsp;connaitre rinfluence galvanique surnbsp;eux, il nesei'apas inutile de faire connaitre les mojens dont j’ai fait usagenbsp;dans mes expériences.

Description de Vappareil dont je me suis seivi pour rnontrer Vaction du galva-nisme sur les Jluides animaux.

Après avoir mis dans un vase de verre fhumeur animale que je me propose de soumettre a faction du galva-nisme , je recouvre ce vase d’un raor-ceau de bois percé de deux trous a distances égales du centre. J’introduis parnbsp;fun des trous un fil de laiton, et parnbsp;fautre un fil de cuivre argenté ; ilsnbsp;sont ainsi séparés jusqu’au fond du

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vSUR LE GALVANISME. a63 vase, oü ils se replient de manière anbsp;ce qu’on puisse approcher a vol on ténbsp;Tune de l’autre ces deux ex\tréinitésnbsp;immergées. Quant aux extrémités op-posées qui se trouvent a l’extérieur,nbsp;j’en fa is cornmuniquer une a la basenbsp;d’une pile galvanique , et l’autre aunbsp;sommet. (Pl. 7, fig. 5.)

Effets produits wee fappareil.

Le fluïde galvanique, forcé par ce mojen de traverser la liqueur raisenbsp;en experience, agit sur elle suivantnbsp;la longueur du lil. 11 sépare en couchesnbsp;les divers principes qui la composent;nbsp;et cette séparation est d’autant plusnbsp;inarquée, que la pile est plus forte, etnbsp;les conducteurs plus grands.

C X. E X P.

J’ai mis dans deux verres quatre onces rle sang nouvellement tiré de lanbsp;veine d’une personne saine. J ai laissé

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sG^- nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

l’un au seul contact de Fair atmosphé-rique; j’ai soumis Fautre a Faction de la pile, et j’ai observé dans les deuxnbsp;cas une coagulation de lapartie crasse,nbsp;qui fut promptement séparée de lanbsp;partie aqueuse. Au bout de 24 heures ,nbsp;Ie sang exposé a Faction de la pile , senbsp;trouva tellement adherent aux deuxnbsp;lils de métal qui j étaient plongés ,nbsp;qu’on eut de la difficulté a les séparernbsp;de la partie crasse, qui nageait sur Ienbsp;fluide aqueux, tandis qu’au contraire ,nbsp;dans Fautre verre, la partie crasse re-posait sur Ie fond.

c X I. E X r.

Je mis dans deux verres deux portions de bile encore chaude, prises dans lavésicule d’un bmuf. J’eulaissainbsp;une au seul contact de Fair ; je soumisnbsp;Fautre a Faction de la pile , et j’obser-vai, dans cctte dernière seulement ,

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SUR LE GALVANISME. =65 que, dans l’espace de dix heures, la bilenbsp;était devenue tellement opaque, qü’ellenbsp;ne donnait plus de passage a la lu-mière ; tandis que l’autre portion denbsp;cette même humeur, exposée a 1’air ,nbsp;avait eonservé^sa transparence et sanbsp;couleur. J j remarquai en outre un dé-gagement d’air considérable, dont )enbsp;me propose de rechercher Ie caractèrenbsp;dans une autre occasion.

C X I I. E X P.

Je pris quatre onces d’urine prove-nant d’un homme sain , et au bout de vingt-quatre heures la plus grandenbsp;partie des principes qui constituent cenbsp;lluide , furent séparcs. Ils étaient ras-serablés au tour des fils métalliques, denbsp;nianière qu’ils présentaient uncylindrenbsp;diamètre remarquable, dontbaxenbsp;était fornié par les fils mêmes. En aug-inentant la masse des principes attirés,

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266 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

tine portion tombait an fond par sa propre gravitation, les cjlindres se dé-truisaient tout-a-fait, et les corps, quinbsp;les formaient, se précipitaient au moin-dre choc imprimé au vase qui les con-tenait. J’ai répété dernièrement cettenbsp;expérience a Londres, a l’amphithéatrenbsp;anatomique de M. Wilson, et jai ob-servé que le cjlindre composé des par-ticules attirées de I’nrine avaitle dia-inetre d’un pouce et derai environ.

c X 11 r. EXP.

Si,aulieu de mettre 1’urine dans Tap-pared ordinaire. Ton fait usage d’lui siphon de verre avec deux fils de pla-tine (pi. 7, fig. 9.), la décompositionnbsp;se produit plus promptement. J’ai faitnbsp;cette expérience en presence de MM.nbsp;Fourcroj et Vauquelln, dans leur la-boratoire, et nous observames que fat-traction n’avaitpas lieu également dans

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SUR LE GALVANISME. 2G7 les deux branches du siphon; car l’u-rine se montrait d’une couleur foncéenbsp;d’un cóté, et de l’autre elle était pres-que limpide. A cette occasion j’eus lieunbsp;de voir que Ie courant galvanique excite en peu de temps une parfaite coa'nbsp;gulation dans Falbumine d’ceuf.

Pour donner plus d’exactitude a ces expériences , je me propose de recueil-lir les principes aériformes qui se dé-veloppent lorsque Ie gal vanisme exercenbsp;son action sur les fluides animaux :nbsp;mon but pourra être rempli mojen-nant deux petites cloches de cristal,nbsp;dont est garni l’appareil que je propose (pl. 7, fig. 6. )

C X 1 V. E X P.

La substance qui s’était raniassée au-tour du fil dans les précédentes expériences , en fut séparée et précipitée par Ie mqyen que nous avons indiqué.

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268 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

Ayant eiisuite filtré la liqueur, re-cueilli et séclié Ie précipité, il se trouva peser environ un quart de grain. Lanbsp;liqueur décantée était verd^tre, sonnbsp;dépot terreux, traité par 1 acide sulfu-1 rique, donna du sulfate de chaux.

C X V. E X P.

J’exposai, suivant lemêine procédé, a Taction de la pile quatre onces d’u-rine provenant d’un hotnine ictérique,nbsp;et j’obtins un sédiment terreux dontnbsp;Ie poids surpassait peu celui observénbsp;ci - dessus. Le fluïde séparé était dia-phane,un peurembruni.En employantnbsp;les mêmes procédés chimiques on ob-tint du sulfate de chaux , quoique lenbsp;sédiment de Turine fut un peu obscurnbsp;et qifll offrit une portion de carbonenbsp;et de bile qui s’enüarainait au feu.

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SUR LE GALVANISME. 2% C X V I. E X P.

En répétantrles expériences précé-dentes sur diverses espèces d’urine , on a observé en général que Ie gal-vanisnie , par une attraction qui luinbsp;est particulière, sépare de Furine lesnbsp;sulfates , les muriates et les phosphatesnbsp;terreux, unis aquelquesportions de bilenbsp;et de carbone , lesquels se précipitentnbsp;en grande partie au fond du vase quinbsp;contient Furine , Fautre partie restantnbsp;adhérente au fil métallique qui j estnbsp;plongé. lis présentent une figure saline, régulière et de forme bizarre, quinbsp;pourra mériter les recherches des chi-mistes. L’examendes urines, provenantnbsp;d’individus alFectés de diverses maladies , mérite aussi de fixer Fattentionnbsp;des médecins.

E’on pourra donner encore plusd’exac* titude aux expériences précédentes,nbsp;en examinant la différente attraction

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270

des principes combinés avec les liqueurs animales selon leur difFércnte température. M. Vassalli a fait eet examen sur plusieurs fluides, et il m’a ap-pris par ses lettres ejue la défércnce dunbsp;gahanisme aiigmcnte beaucoup dans lesnbsp;mau^ais conducteurs, en raison de Véléva~nbsp;tion de leur température, et (juelle di/ni-nue plutót (jue dquot; augment er dans les bonsnbsp;conducteurs; et la sornme. des deferencesnbsp;des liquides d la température de Vair (15®nbsp;du therm, centigrade ) est d la somme desnbsp;deferences des mêmes liquides éleeés aunbsp;degré de leur ébullition, comme 65 : 'jS.nbsp;Ce saxant m’observe encore que Ie gal-vanisme acquiert des modifications selon la diverse nature des substancesnbsp;par lesquelles il passe. En genéral, ilnbsp;est constaté que eet agent exerce unenbsp;très-différente action, selon la diver-sité des fluides soumis aux expérien-ces: ainsi il m’est arrivé d’avoir de très-petites modifications,en faisanttraver-

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SUR LE GALVANISME. aji ser pendant longAeraps un fort courantnbsp;galvanique par un vase rempli d’eaunbsp;de la nier.llm’auraitété commode d’ex-plique^ cette inaction par Tadhésionnbsp;intinie , et par l’affinité des seis avecnbsp;l’eau , qui ne pouvaient pas être sépa-rés par 1’influence galvanique ; maisnbsp;i’ai cru plu tót que la déférence éminente de eet élément avait part dansnbsp;ce phénomène.

D’après ce que je viens d’exposer , fe remarquerai que Ie galvanisme nousnbsp;présente dans lecononaie animale desnbsp;résultats que Ton n’avait pas encore ob-tenus par Télectricité ordinaire ; et parnbsp;conséquent ils nous paraissent très-propres a faire ressortir encore la difference de ces deux agents. 11 ne menbsp;parait pas aussi naturel de croire quenbsp;Ie galvanisme puisse opérerdans l’éco-ïiomie vivante, en circulant avec nosnbsp;fluïdes, en se répandant dans tousnos

organes,des altérations, des change-

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2^2 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

merits, sinon tout-^-fait sernblables, du moins très-rappröchés de ceux qu’ilnbsp;produit sur ces mêmes fluides, et surnbsp;ces mêmes organes soustraits a Tin-fluence des forces vitales.

Etudié sur ce point de vue, Ie gal-vanisme pourrait peut-être un jour éclairer Ie mécanisme et la théorie desnbsp;sécrétions ; peut-être nous donnerait-il Ie mot de l’énigme que nous présentenbsp;Faction de certains médicaments. II nenbsp;seraitpas impossible en effet que cettenbsp;action nefütautre chose, dansces substances , que leur propriété d’établir unnbsp;are entre les systêmes nerveux et musculaire. Toutceci,au reste, est pure-ment conjectural: nousavons trop pennbsp;de faits pour proposer sérieusementnbsp;cette opinion, qui pourra cependantnbsp;acquérir par la suite beaucoup de pro-babilité.

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SUR LE GALVANISME. 273

SECTION SIXIÈME

ET DERNIÈRE.

Considerations générales touchant lespro^ priétés et les ejféts du galvünisme surnbsp;réconomie animale^

Tous les corps de la nature sont doués de propriétés qui leur sont par-ticulières, et c’est de leur différentenbsp;influence, c’est de la manière qu’ilsnbsp;sont appliqués a nos sens, qu’ils ex-citent des impressions variées surnbsp;nos organes. Le galvanisme de même,nbsp;suivant les lois générales, produit surnbsp;le corps humain des effets analogues anbsp;sa nature, avec une activité qui sur-passé de beaucoup celle de tout autrenbsp;stimulant connu. Je ne crois pas cepen-dant qu’on ait a craindre de l’énergienbsp;de eet agent dans les applications mé-dicales :nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;démontré qu’une forte

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274 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

action galvanique , avec les précau-tions nécessaires , peut être soutenue, dans l’organisation animale, sans au-cun danger. D’ailleurs il est admis ennbsp;médecine que les stimulants les plusnbsp;puissants, les poisons les plus actifs,nbsp;peuvent, étant administrés prudera-ment, devenir de véritables secours ennbsp;difFérentes maladies. C’est done a l’in-dustrie et a la sagacité des médecinsnbsp;de diminuer, selon les circonstances,nbsp;OU d’augmenter la force du galvanisme,nbsp;et dans tous les cas , de la modérer ennbsp;sorte qu’elle soit tournée au bien denbsp;rhumanité. Pour parvenir a une tellenbsp;administration il sera utile de par-courir rapidement les effets les plusnbsp;marqués qui ont lieu lorsqu’il est ap-pliqué au corps humain.

1. Le galvanisme pi’oduit sur la peau des elFets bien sensibies et biennbsp;remarquables. Toutes les personnesnbsp;qu’on galvanise, éprouvent dans lf|

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376

SUR LE GALVANISME.

Jiarlie dont Ie contact opère la communication des deux poles, un sentiment d^ardeur qu elles comparent a celui qui accompagne la bniUire. Sinbsp;l’on continue Ie procédé pendant uunbsp;assez long temps , il s’j développe unenbsp;rougeur sensible, et menie quelque-fois un gonflement. La douleur per-siste pendant quelque temjDs lorsqu’onnbsp;continue l’expérience , en toucliantnbsp;toujours Ie même endroit.

II. Les elFets du galvanisme, sur les diffërentes parties du corps, paraissentnbsp;être en raison de la délicatesse du tissunbsp;de la peau qui les recouvre. Son application sur les lèvres, qui ne sent garanties que par une membrane épider-inoïde, est beaucoup plus douloureusenbsp;que sur les mains , oü eile ne prod uitnbsp;qu’une espèce de fourmillement, ounbsp;mieux un picotement : cependant cenbsp;picotement, qui pour Tordinaire estnbsp;fort peu de chose , qui mênie se réduit

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276

presque a rien, quaiid Ia partie est couverte de polls comme a la lête, de-vient pour ainsi dire insupportable,nbsp;pour peu qu’elle soit excoriée.

III. La commotion galvanique , don-née avec la pile, au mqjen d’un are conducteur portésur lalangue, Ie nez,nbsp;et plusieurs autres parties du visage,nbsp;est accompagnée d’un éclair qui s’ex-cite dans les jeux. Quand on fait 1’ex-périence sur Ie premier de ces organes,nbsp;outre l’éclair qui se fait apercevoirnbsp;très-distinctement, on éprouve unenbsp;saveur légèrement acide; on croitnbsp;avoir quelque cdiose d’aigrelet sur Ienbsp;bout de la langue. L’application desnbsp;conducteurs de la pile, introduits funnbsp;dans farrière-bouche, et fautre dansnbsp;rintestiii reetum, détermine d’abon-dantesévacuations al vines. Les contractions du tube intestinal sont mêmenbsp;quelquefois assez fortes pour donnernbsp;lieu a de légères coliques.

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SUR LE GALVANISME.

IV. nbsp;nbsp;nbsp;Les muscles d’uii membre, surnbsp;lequel on dirige Ie galvanisme, se cou-tractent pour i’ordinaire plus ou moinsnbsp;fortement, et répëtent leurs contractions toutes les fois qu’oii réitère l’ap-plication des conducteurs.L’étendue denbsp;ces conctractions rnusculaires n’est ce-pendant pas en raison de la douleurnbsp;qu’éprouve Ie malade. Tantót il souffrenbsp;beaucoup, et les muscles ne se contrac-tent que faiblement; d’autrefois , aunbsp;contraire, on apercoit des contractionsnbsp;vives, fortes , et Ie malade ne se plaintnbsp;presque pas. II n’est pas rare non plusnbsp;de voirles musclesentrer en action, etnbsp;la personne qu’on galvanise n’éprouvernbsp;autre chose que cette contraction, sansnbsp;sentir, ni douleur, ni la plus légèrenbsp;cuisson. D’autrefois enfin la douleurnbsp;^st très-vive, et les contractions abso-lunrient nulles.

V. nbsp;nbsp;nbsp;Les muscles reconverts par la par-tie de la peau qui recoit Ie contact du

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2^8 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

commiinicateur, ne sont pas toujours les seuls dontil détermine la contraction.nbsp;Aussi arrive-t-il quelquefuis , commenbsp;l’on peut facilement s’en convaincrenbsp;en faisant l’expérience sur l’avant-bras,nbsp;que les muscles éloignés au bras et plusnbsp;haut, se contractent d’une manièrenbsp;qui approche de la convulsion. On voitnbsp;aussi Ie même efFet avoir lieu sur lanbsp;main soumise au même stimulus, anbsp;raison de Taction des corps cliarnusnbsp;qui éprouvent alors TinHuence galva-nique. Si Ton fait glisser sur la peaunbsp;Textrémité de Tarc conducteur, en sui-vant Ie trajet des nerfs brachiaux , lesnbsp;organes musculaires dans la dépendance de ces nerfs se contractent avecnbsp;beaucoup de force; mais la sensationnbsp;pi'oduite par Ie gal vanisme n’eu estnbsp;pas plus douloureuse.

VI. Quelquefois Ie stimulus galvani-que parait perdre tout-a-coup sa pro-priété stiraulante ; les contractions

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SUR LE GALVANISME. 279 cessent, s’arrêtent, la faculté contractile semble éteinte dans les muscles ,nbsp;maïs elle n’est pour ainsi dire qu’as-souple ; bientót elle se réveille , et lesnbsp;contractions deviennent plus fortesnbsp;que jamais. II serait peut-être avanta-geux de ^’assurer si ces pliénomènesnbsp;sont dus OU non a la construction denbsp;l’appareil, a son mode d’application,nbsp;OU a d’autres circonstances qui lui se-raient étrangêres. Cependant il estnbsp;plus que probable qu’iis tiennent a lanbsp;nature même de la fibre musculaire,nbsp;qui, lassée, comme Ie dit Fontana ,nbsp;s’habitue a la presence du stimulus gsX-vanique , et n j redevieut sensiblenbsp;qu’après une sorte de repos. On en anbsp;a-peu-près la preuve dans ce qu’on observe iorsque la pile de Volta estnbsp;^lontée pour opérer la decompositionnbsp;1’eau. Il se dégage du pole zinc denbsp;1 ^ppareil vers Ie pole opposé, de pe-tites bulles gazeuses qui se succèdent

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aSo nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

sans interruption. Ce dégagement annonce une action continuelle du principe galvanique sur l’eau, qui lui cede constamment. On peut done raisonna-blement croire que l’interruption quinbsp;se rencontre dans les contractions mus-culaires ne tient point au principenbsp;galvanique, qu’on peut, par analogie ,nbsp;regarder comme exercant continuelle-ment son action dans cette circons-tance, et que ce phénoinène , lié aunbsp;merveilleux ensemble des lois qui ré-gissentl’économie animale, est au contraire l’efFet de leur influence sur lesnbsp;différents organes.

VII. La rongeur et Ie gonflement d’une partie soumise a Taction long-temps continuée du galvanisme , sontnbsp;quelquefois suivis de petites ampoulesnbsp;qu’on peut, en quelque sorte, comparernbsp;a celles qui sont Ie résultat d’une brü-lure. On apercoit de petites taclies rouges, sembiablesades mgrsures depuce;

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SUR LE GALVANISME. 281 mais, en examinant ces piqüres a lanbsp;loupe, on voitque Tépidernie est soii-levé, et que la cavité qui résulte de sonnbsp;détacheraent estremplie parunfluidenbsp;jaunatre. Tan tót il J a résorbtion denbsp;ce fluide , et la pustule s’efFace; d’autre-fois il se forme une petite croute ounbsp;escarre qui tombe en peu de jours.

VIII. L’accélération du pouls est encore un phénomène qu’on a également lieu d’observer dans l’application dunbsp;galvanisme, comme dans celle de l’é-lectricité. D’après les expériences faitesnbsp;a ce sujet par Ie docteur Mongiardini,nbsp;il parait qu’on peut estimer cette accé-lération a cinq pulsations par minute,nbsp;terme mojen. Toutes les sécrétions senbsp;font d’une manière beaucoup plus active: elles deviennent plus rapides etnbsp;plus abondantes; celle des urines sur-tout est extrêrnement prompte et co-pieuse: il en faut presque dire autantnbsp;de la transpiratiozi.

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282 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

IX. Le galvanisme laisse après lui line .sensibilifé assez développée , etnbsp;line grande facilité de mouvementnbsp;dans les parties qui ont éprouvé sonnbsp;action; mais ces avantages quelquefoisnbsp;sont de courte durée : il faut, pour ennbsp;jouir constamment, recourir a de nou-velles applications assez rapprochées.

Ses efFets sur la tête, entre les deux oreiiles, sont sur-tout extrêmementnbsp;remarquables lorsqu’on l’emploie knbsp;grande dose, si l’on peut s’exprimernbsp;ainsi, et que son application est con-tinuée pendant un certain temps. Lesnbsp;personnes qui se sont soumises a cettenbsp;expérience , ont toutes éprouvé unnbsp;trouble plus ou moins grand dans lesnbsp;idéés, une douleur fort vive et continue au-dessus de l’orbite, de I’insorn-nie pendant plusieurs jours, quelquefois raême une lassitude générale,nbsp;une sorte d’impuissance , une certainenbsp;difficulté a I'emuer les membres, jointe

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SUR LE GALVANISME. a83 a quelque chose de douloureux dansnbsp;les articulations. Je présume, d’aprèsnbsp;ces efFets, qu’on pourrait aussi donnernbsp;lalièvre, et déterminerdes convulsionsnbsp;par une très-longue galvanisation. Ilnbsp;est done réservé a la prudence dunbsp;médecin de modérer l’emploi de cesnbsp;mojens énergiques dans la mesurenbsp;convenable, pour en obtenir des effetsnbsp;salutaires a l’économie animale.

X.Une despropriétés bien constatées du galvanisme est de s’opposer a lanbsp;putréfaction des matières animales, ounbsp;mieuxde la ralentir; mais une remar-que qu’il est important de faire, c’estnbsp;que cette propriété ne s’étend pas au-dela de faction des appareils galvani-ques: dès que ceux-ci cessent d’agir, ounbsp;dès qu’on retire les matières animales,nbsp;la putréfaction se déclare, et marchenbsp;^usuite plus rapidement qu’elle nenbsp;1 aurait fait si on ne feiit point contra-riée; ce dont il est facile de s’assurer

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234 en lui abandonnant deux portions denbsp;muscles, par exemple, ou deux quan-tités de sang dont une a subi Tactionnbsp;du galvanisme. Peut-être ce derniernbsp;efFet, dont la caiise nous échappe,nbsp;tient-il a une autre propriété du inêmenbsp;principe, celle de noircirles substances animales, et d’en relaclier Ie tissu.

En récapitulant, en réunissant tons les faits contenus dans cette troisièmenbsp;partie, et en les comparant d'aprèsnbsp;leur ensemble, on peut, je crois, con-clure avec assurance que les effets dunbsp;galvanisme sont aujourd’hui mieuxnbsp;nonnus, et qiTon a fait des progrèsnbsp;dans son mode d’application. Nous nousnbsp;sommes en effet convaincus : i.° Quenbsp;Ie galvanisme, dans beaucoup de cas,nbsp;exerce une action bien différente denbsp;celle de Télectricité, moins aisémentnbsp;et moins sürement applicable que lui.nbsp;2.° Que son action se manifeste avecnbsp;une sensible attraction entre les par-

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SUR LE GALVANISME. aSS ties nerveuses et musculaires; pliéno-mène venant a l’appui de l’liypothèsenbsp;de Humboldt, qui doniie une atmosphere particulière a chacime de cesnbsp;parties. 3.° Que c’est a la forte impression qu’il produit sur Ie cerveau, qu’ilnbsp;faut rapporter les bons efFets qu’onnbsp;lui a quelquefois reconnus dans les affections de 1’organe de l’ouie. 4.° Qu’ilnbsp;est, dans la submersion , dans les asphyxies, Ie plus prompt secours qu’onnbsp;puisse ernployer, Ie plus sur moyeii,nbsp;Ie remède Ie plus puissant, Ie plus ef-ficace, pour rappeler et conserver anbsp;la vie les malheureuses victimes denbsp;tels accidents. Les expériences que j’ainbsp;faites au raois de janvier dernier, anbsp;Londres, sur un criminel mis a mortnbsp;par Ie supplic.e de la corde, ont aug-menté nion espoir a eet égard. 5.° Nousnbsp;avons vu qu’on pouvait l’employer avecnbsp;quelqvie succes pour traiter faliéna-tion mélancolique, dans les cas seu-

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a86 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

lement oü ce dérangement de Tesprit est accidentel, et ne tient point a unnbsp;vice organique. 6° Enfin nous avonsnbsp;vu Ie galvanisnie opérant dans lesnbsp;fiuides animaux , principalemeiit dansnbsp;l’urine, des alterations très-marquées,nbsp;changeant leur composition, précipi*nbsp;tant d’auti'cs fois quelques-uns de leursnbsp;principes: ce qui peut faire concevoirnbsp;pour l’avenir les plus grandes espé-rances de son administration inédi*nbsp;cale sur eux. Je suis en efFet persuadénbsp;qu’on pourra un jour en tirer, dansnbsp;certains cas pathologiques , de très-grands avantages, si la prévention, l’i-gnorance et 1’inexpérience , ue vien-uent point mettre d’entraves a ces ap*nbsp;plications salutaires.

Uon sait que renthousiasme pour l’électricité médicale avait échaufië jus-qu’^ l’excès, dans Ie dernier siècle, l’es-prit de plusieurs physiciens. On a vunbsp;des liorames , d’ailleurs éclairés, tels

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SUR LE GALVANISME. sSj lt;]ue les Pivati, les Gardini, et aiitresnbsp;médecins non moins célèbres, aveu-glés, et raême emportés par la préven-tion, ofFrir nombre de preuves d’unenbsp;trop grande crédulité dans leurs rapports , et s’attirer ainsi Ie mépris denbsp;ceux qui étudient la nature sans espritnbsp;de parti. Si lasagesse et la prudence nenbsp;président point a i’adininistration dunbsp;gal vanisme, il est a craindre qu’il n'é-prouve un jour Ie même sort. En efFetnbsp;peut-on raisonnablement ajouter foi anbsp;ces guérisons presque miraculeuses,nbsp;rapportées dans les journaux? peut-onnbsp;croire a ces paraljsies guéries en vingt-quatre heures, a cette Foule de sourdsnbsp;et d’aveugles délivrés comme par en-chantement de leurmaladie ? Quelquesnbsp;plijsiciens ont pensé qu’on ne devraitnbsp;point Faire d’inhumation sans avoirnbsp;préalablement essayé Ie galvanisiue.nbsp;Nous avonsdéja montré les objectionsnbsp;qui prouvent 1’incertitude de cett»

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s88 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

méthode , et nous renvojons Ie lecteur a ce que nous avons dit ailleurs a cenbsp;sujet. M. PfafF propose ingénieuse-ment Ie galvanisiue pour distiuguer lesnbsp;cas oü une cataracte, maladie dont lesnbsp;caractères ne sont pas toujours faciles anbsp;reconnaitre, pourrait être opérée avecnbsp;succès. M. Humboldt, a eet égard , ditnbsp;avoir connu des sujets chezqui Ie gal-vanisme ne produisait pas d’éclair dansnbsp;lesjeux, quoique ceux-ci fussenttrès-sains. M. PfafF reconnait toute la forcenbsp;de cette observation, et il avoue quenbsp;Femploi du mojen qu’il propose peutnbsp;avoir des exceptions; mais il observenbsp;aussi que les cas oü Fitripulsion de lanbsp;lurnière n’a pas lieu par Ie stimulus gal-vanique dans rhjpothèse de la sensibi-lité de la rétine, sont extrêmement ra-res. Il est done infiniment probablenbsp;qu’il a amaurosis chez un cataracté ,nbsp;lorsque les excitateurs ne produisentnbsp;dansFoeilaucunesensation particuliere.

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SUR L E GALVANISME. aSg et que Ie contraire a lieu qiiancl cettenbsp;sensation existe. Le mêrne auteur,nbsp;entre autres maladies pour lesquellesnbsp;il recommande encore le galvanisme,nbsp;iusiste spécialement sur son einploinbsp;dans la paraljsie du nerf optique, ounbsp;dans la goutte sereine. Beaucoup d’auquot;nbsp;tres médecins ont aussi proposé le galvanisme dans une foule de maladies,nbsp;les uns, plutót par le desir d’etre utiles, et d’après leurs raisonnements quenbsp;d’après leurs essais; les autres, d’aprèsnbsp;ses efFets bien connus, d’après leursnbsp;observations et celles des autres. De cenbsp;nombre est M. Grapengiesser, ami etnbsp;collaborateur de M. Humboldt. Il comnbsp;seille I’applicatiou du galvanisme dansnbsp;la goutte sereine et la faiblesse de lanbsp;vue, uniquemeut par in.sensibilité diinbsp;uerf optique; dans certains bourdon-nements d’oreilles, lessurdités, l’en-rouement, I’aphonie par défaut ounbsp;diminution d’action nerveuse; dans Ips

I. nbsp;nbsp;nbsp;20

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290 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

paral^sies, et même dans d’autres maladies dont les causes son-t eombattues par les mojens qui conviennent a cha-cune d’elles 1. Bouvier assure avoirnbsp;entièrement dissous un calcul urinairenbsp;en vingt-quatre heures par Ie galva-nisme. Quoi qu’il en soit, je pense quenbsp;ce fluide , dirigé sur la vessie , est plu-tüt capable d’j faire naitre un calcul,nbsp;en précipitant les matières calcaires denbsp;l’urine, que d'en opérer la dissolution;nbsp;et je crois favoir démontré évidem-

1

Vojez , pour de plus amples détails, Fouvrage de Fauteur , intitule : Versuche den galvanismus zurnbsp;Tieilung eiiiiger Krankheiten anzuwenden angestelLtnbsp;imd beschrieben von C. J. C. Grajiengiesser dernbsp;arzneikunde und Wundarzneikmist doctor , nvecnbsp;planclies , Berlin ^ 1801 , ou Fextrait cjui en a été iti-sére dans VHisioire dugaUanisme ¦, par P. Sue, pro-ft'sseur a Fécole de médecine de Paris. On trouve aiissinbsp;dans ce dernier ouvrage , page 424, tome ii, desnbsp;détails curieux et satisfaisants sur Ie traitement, aveonbsp;euccès, d’une paralysie par la pile gaifanique.

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SUR LE GALVANISME. sgi ïTient cette propriété dans Tarticle oilnbsp;j'al parlé des sécrétions.

Je terminerai, en pajant a MM. Hallé, Humboldt, Grapengiesser, etplusieursnbsp;autres, Ie tribut d’éloges dü a leursnbsp;sages et utiles travaux. Ces savants n’ontnbsp;vu dans Ie galvanisme que ce qu’il estnbsp;encore permis dj voir; ils ne Fontnbsp;présenté que comme il doit letre ,nbsp;comme une découverte a peine sortienbsp;de son enfance, et sur laquelle il estnbsp;difficile de prononcer dans son application a la médecine , malgré de nom-breuses expériences. Le premier de cesnbsp;habiles professeurs s’est contenté denbsp;Fexposé de leurs résultats, sans en tirernbsp;aucuneconséquence; il n’a pas cru quenbsp;ses observations, jointes a celles des au-tres médecins, fussent encore suffisan-tes pourse permettre le rapprochementnbsp;^es faits , et pour établir des principesnbsp;invariables.MM. Humboldt et Grapengiesser se sont bornés a indiquer,

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202 d’après les efFetsconnus du galvanisme,nbsp;les maladies dans lesquelles on peutnbsp;espérerretirer quelqueavantage de sonnbsp;application. Loin de Ie vanter commenbsp;iia spécifique nniversel, comme unenbsp;sorte de panacée, a l’exemple de quel-ques-uns; loin d’imaginer des curesnbsp;tenant du prodige, et de les présenternbsp;comme de merveilleux efFets du galvanisme, ils se sont au contraire attachés a relever, a combattre les erreursnbsp;introduites dans la science par la mau-vaise foi, ou par des propositions tropnbsp;générales. Maïs tel est Ie sort de toutesnbsp;les découvertes une fois échappées desnbsp;premières mains , d’etre saisies parnbsp;tons ceux qui veulent sen emparer.nbsp;Les uns, animés par le desir de se ren-dre utiles , dirigés par des vues phi-losophiques , cherclient ^ les étendre,nbsp;et a les amener, par une heureuse application, a Tavantage de la société;nbsp;les autres , véritable peste dans la

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SUR LE GALVANISME. agS science , étoufFent ces découvertes ,nbsp;s’opposent a leurs progrès, ou les ra-lentissent en doiinant, comme véritésnbsp;dénjontrées, de pures conjectures etnbsp;des probabilités, en mettant des suppositions , des hjpotlièses a la placenbsp;de faits, en prenant enfin Ie stérilenbsp;langage de la théorie, au lieu de par-ler celui de l’expérience et de l’obser-vation.

FINDEi;.A TROISIEME ETDERNIÈRE PARTIB.

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2g4 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

APPENDICE

DE L’ESSAI SUB DE GALVA^ISME.

J^yant eu jusqu’ici pour but, dans moil Essai sur Ie gal vanisme, de re-chercher les rapports phjsiologiquesnbsp;qui concernent les forces vitales dansnbsp;]’éconornie animale, j’ai cru convena-ble de m’abstenir de tout détail pure-inent phjsique ou expérimental : cenbsp;sont ces détails d’expériences qui for-meront Ie sujet de eet Appendice, dansnbsp;lequel je traiterai de faction de fair at-inosphérique sur la production des ef-fets galvaniques; de différents appareilsnbsp;qu’on a employés pour reconnaitre sonnbsp;action sur certains üuides aériformes;nbsp;des diverses constructions d’appareilsnbsp;galvaniques qu’ona imaginées;enfin de

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SUR LE GALYANISME. agS lt;|uelques phénomènes relatifs a l’oxi-dation des métaux qui composent or-dinairement la pile.

§ I. Expériences galvani(jues falies dans Ie vide et dans l’air condense.

ÉRE

experience.

Je prends une cloche de verre de neuf polices environ de hauteur, sur troisnbsp;polices de largeur,ouverte, dans sa par-tie supérieure, de manière a doiinernbsp;passage a une tige de laiton qu’on peutnbsp;élever ou abaisser a volonté dans Fin-térieur de la cloche. Je place sur Ienbsp;plateau de la machine pneumatiquenbsp;une petite pile composée de qiiinzenbsp;disques de zinc et d’argent. Les chosesnbsp;ainsi disposées, je mets en contact lanbsp;partie supérieure de la pile avec la tigenbsp;öaétallicpie, et je forme fare en tou-ehaut avec une main cette mêrnenbsp;tige , et avec l’autre Ie plateau de ia

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296 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

machine pneumatique : je ressens une secousse inarquée, l’air étaiit renferménbsp;dans la cloche, Mais si Ton vieut en-suitea l’extraire, ces secousses seinblentnbsp;devenir plus faibles, en augmentantnbsp;sa raréfaction; cependant, avec quel-quesoin que Ton fasse Ie vide, on nenbsp;parviendra jamais a anéantir entière-inent les secousses. Ces phénomènesnbsp;ont lieu, soit que l’on einploie une pilenbsp;plus considérable , soit aussi que lanbsp;machine pneumatique et l’individunbsp;qui forme fare, soient isolés. Mais unnbsp;fait assez curieux dans cette expé-rience, c’est que si Ton fait rentreenbsp;fair dans la cloche, la pile ne reprend.nbsp;plus fénergie qu’elle avait avant qu 011nbsp;eut fait Ie vide : ce qu’il faut attri-Luer a un nuage épais, formé par l’éva-poration de la dissolution saline, lorsnbsp;de‘ fextraction de faic de la cloche,nbsp;contre les parois de laquelle il va en-suite s’attacher.

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297

SUR LE GALVANISME.

II. E X P.

Si, après avoir formé Ie vide, on fait cominuniquer 1’appareil de Ja decomposition de 1’eau aux deux extrémitésnbsp;de la pile, on verra seiisibleraent denbsp;petites bullesqni s’échappent en formenbsp;de nuage ; ii m’a paru quelquefois quenbsp;ce dégagement des fluides aériformesnbsp;était diminué quand 1’on poussait Ienbsp;vide au plus fort degré; mais je ne suisnbsp;jamais parvenu a anéantir complète-ment ses effets.

III. E X P.

Pour constater s’il y avait diminution de faction du galvanisme dans fair raréfié, je me suis servi du con-densateur. La pile était composée denbsp;trente plac^ues de zinc et d’argent; ellenbsp;a chargé Ie eondensateur jusqu a don-nerl etincelle même lorsque , par des

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sgS nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

soustractions successives, je l’avais ré-duite a dix plaques de chaque métal : la force était presque la même dansnbsp;lairamené a la plus grande raréfaction.nbsp;Alors j’ai répété l’expérience en dimi-nuant la pile jusqu’a trois plaquesnbsp;d’argent et de zinc; j’ai appliqué Ie con-densateur de difFérentes manières, etnbsp;j’ai vu que les pailles de Télectromètrenbsp;s’écartaient toujours au plus haut de-gré , ce qui m’a empêché de inarquernbsp;aucLine différence sur faction du gal-vanisme dans fair naturel et dans fairnbsp;raréfié. Je me propose néanraoins denbsp;donner quelque précision de plus anbsp;cette recherche par Ie moyen de la balance électrique de M. Coulomb.

IV. EXP.

Puisque la plupart des expériences galvaniquesse font dansl’air atmosphé-rique, j’ai cherché en quoi eet airy

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SUR LE GALVANISME. nbsp;nbsp;nbsp;299

contribue. J’ai mis dans une cuve pleine d’eau l’appareil de l’expériencenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;et

j’ai vu, au bout de 24 heures, l’eau éle-vée daiis la cloclie de trois pouces environ ; la flamme d’une bougie intro-duite était éteinte sur-le-champ; l’ab-sorption del’oxigène del’air atmosphé-rique était plus grande lorsqu’on in-terposait entre les plaques de la pile des cartons trempés dans une dissolution de nitrate de potasse. L’absorption,nbsp;quoique diminuée, eut lieu dans unenbsp;pile oü j’avais subslitué aux cartonsnbsp;ordinaires des couches d’argile hu-mectées d’eau pure: dansce cas, l’oxi-gène de l’air atinosphérique ne pouvaitnbsp;agir que sur Ie bord des plaques mé-talliques. J’observe que la pile néan-rnoinsagissaitpuissamment, etprésen-tait seulement quelques dijfférences,nbsp;*^lon la variété des substances terreusesnbsp;^ui étaient emploj^ées dans l’expérience.

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Zoo E S S A I

V. E X P.

Les expériences que nous venons de rapporter, faites dans l’air raréfié etnbsp;dans son état naturel, ont été aussinbsp;tentées avec Ie même appareil dansnbsp;Fair condensé. L’action du galvanismenbsp;sembla s’augmenter en proportion dunbsp;degré de condensation de Fair de lanbsp;cloche. Je communiquai Ie résultat denbsp;ces expériences a Flnstitut des sciencesnbsp;et des arts de Bologne dans Ie courantnbsp;du mois de novembre 1801 , époquenbsp;a laquelle MM, Biot et F. Cuvier *nbsp;s’occupaient a Paris du même sujet,nbsp;qui leur a aussi ofFert des résultat.Snbsp;analogues a ceux que j’avais trouvés.

* MM. Biot et Cuvier out rendu compte de ces expériences dans les Annales de Chiniie dt la rnanièrenbsp;la plus exacte. Ils ont couvert une pile avecune clocfienbsp;dans la cuve bydro-pneuniatic|ue. Ils ont observe aprèsnbsp;17 heures une forte absorption d’eau , et ils jiigèreiitnbsp;rjue la petite qnaiititè d’air restée sous la clocbe devait

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3oi'

SUR LE GALVANISME.

§ II. De ï action da galvanisme sur différents Jluides aériformes.

Avant de passer aux expériences, nous donuerons la description de notrenbsp;appareil, propre aremplir les trois ob-jets suivants. i.° D’introduire dans un.

civoir perdu sou oxigène. La pile ne donnait que des eflets très-peu sensibles. Elle ne faisait plus éprouvernbsp;de commotions; elle ne communiquait a la langue, placéenbsp;sur les conducteurs, qu’une saveur très-légère; ellenbsp;n’excitait plus Ie dégagement des bulles dans Ie petitnbsp;appareil, quoiqu’on eüt pris soin de Ie renouveler, denbsp;peur qu’il n’eüt perdu sa sensibilité par suite de l’em-ploi qu’on en avait fait dans les experiences précé-dentes; eiïfin on croyait faction de la pile absoluinentnbsp;éteiute.

Sans rien cbanger a ces dispositions, saus toucber a 1’appareil, ils ont introduit une très-petite quantiténbsp;de gaz oxigène sous la cloclie oii la pile était renferniée.nbsp;A 1’instant Ie dégagement des bulles, qui n’avait pasnbsp;encore eu lieu, cornmenca a se manifester. La quan-tité de gaz oxigène introdiiite sous ia cloche était aunbsp;moins quadruple de fazote qui y était resté.

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Soa nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

recipient oü se troiivait la pile un fluide aériforme quelconque , en évi-tant soigiieusement Ie contact de l’airnbsp;atmosphérique. D’étudier les efFetsnbsp;du galvanisme , non -sculement sui-vant les différents degrés d'élévationnbsp;de l’eau dans l’intérieur de Ia cloche ,nbsp;correspondants aux effets de la pile sur

Ces savants pensent qne la pile se décharge a Ia ina-nièredes bouteilles de Lejde, et ils proposent une explication ingénieuse cjiii mérite l’attention des pbjsi-ciens. Eu géiiéral ces resultats sont dans une parfaite correspondance ^ non-seuleroent avec mes dernièresnbsp;experiences , mais encore avec celles que j’ai publiéeseunbsp;1794, oü j’ai démontré qne Ie galvanisme, excité dansnbsp;les ariimaux , n’éprouvait auciine alteration dans Ienbsp;vide.

Cette analogie des résultats m’autorise done a con-cl ure avec ces savants, i.“ que l’appareil galvanique decompose l’air atmospbériquequi I’enviroune, etabsorbe son oxigènej 2.° que Toxigène enlevé par la pik anbsp;l’air atmospherique contribue a augrnenter les effetsnbsp;galvaniques j 3.° que rappareil galvanique a mie action propre indépendante de l’air extérieur.

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SUR LE GALVANISME. 3o5 ces mêines gaz; mais encore lorsquenbsp;la pile elle-même serait entièrementnbsp;plongée dans Teau. 3.° D’examiner aprèsnbsp;que la pile a exercé son action, la nature OU les propriétés du résidu denbsp;ces divers Huides aérifortnes. Pournbsp;obteiiir tous ces différents effets j’ainbsp;eu recours a 1’appareil suivant:

J’ai placé sur la plancliette d’unecuve hjdro-pneumatique (pl. 7 ? %• 7. ) cinenbsp;pile qui aété recouverte par une clochenbsp;de verre , garnie ,dans sa partie supérieure, d’unevirole enlaiton qui donnaitnbsp;passage a un tube de même nature,qu’onnbsp;pouvait abaisser ou élever a volonténbsp;dans l’intérieur de la cloche. La partienbsp;de ce tube, qui sortait hors de la cloche, était pourvue d’un ajutage avecnbsp;un robinet, au mojen duquel on pou-vait extraire tout fair de la cloche. Ennbsp;fermant ensuite Ie robinet, j’ótai toutenbsp;communication avec fair extérieur.nbsp;La cloche une fois remplie d eau par

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3o4 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

l’absorption de l’air, on pouvait j in-troduire facilement, par les movens connus, un gaz quelconcjne, sans qu’ilnbsp;j ent en aiicune nianière accès de l’airnbsp;atmosphérique. CVst alors qu’on pouvait coramodément éprouver l’actionnbsp;de la pile dans ces lluides aériformes,nbsp;en toucliant avec une main Ie niveaunbsp;de I’eau de la cuve, et avec l’autrenbsp;i’extrémité de la tige métallique, misenbsp;auparavant en contact avec Fextrémiténbsp;supérieure de la pile.

Enfin, pour recueillir Ie residu du gaz, je fais reposer la cloche, par sanbsp;partie inférieure, sur un plateau denbsp;laiton, dont Ie diamèti-e est un peunbsp;plus grand que Ie sien, et garni d’unnbsp;bord d’eiiviron un pouce de hauteur.nbsp;La cloche ainsi placée sur ce plateaunbsp;métallique repose toujours sur la plan*nbsp;chette de la cuve, qui est couvertenbsp;d’eau. Alors j’adapte une vessie a lanbsp;partie supérieure de la cloche, et j’éta-

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SUR LE GALVANISME. 3o5 blis la communication en même tempsnbsp;que je plonge Fappai’eil dans la cuve :nbsp;ü mesure que j’enfonce la cloche dansnbsp;l’eau, Fair qu’eile reuferme étant comprimé, passe dans la vessie, d’ou jelenbsp;transvase dans un autre vaisseau pournbsp;Femplojer a différentes épreuves pbj~nbsp;siques et chimiques.

Ce même appareil pourrait égale-raent servir pour Ie mélange des gaz en diverses proportions dans Finté-rieur de la cloche , ce qui donneraitlieunbsp;sans doute a des résultats intéressants.

* J ai fait construire pour tnon usage eet appareil , ;i Paris, par I’artiste Labile Diimotier, en emplojautnbsp;des tiges de verre pour supports de la pile, et unnbsp;eerde d’ivoire k sa partie supérieure, afin que Ie fluïdenbsp;galvanicjue ne Fat eii contact avecaucun vnétul étran-ger a celui de la pile. Par la iiièoie raison j’ai substi-tuê a Ia tige métaliique qui s’élève et s’abaisse dansnbsp;G cloebe, uu tube de verre a l’intêrieur duqiu l passenbsp;’111 fd d'arcbal pour établir Ia cominiinication. Cetnbsp;appareil est double , afin de servir a des experiencesnbsp;comparatives.

2 1.

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5o6 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

Après avoir décrit la construction et les differents usages de eet appareil, jenbsp;vais rapporter les experiences dansnbsp;lesquelles je m’en suis serri.

V. E X P.

Je placai sous la cloche décrite ci-dessus, qui a dix-sept pouces de haut sur trois de large , uue pile conipo-sée de cinquante disques de cuivrenbsp;et de zinc, après quoi elle fut rem-plie de gaz oxigène. Au bout de vingt-quatre heures je trouvai que 1’eau s’é-tait élevée dans l’intérieur de la clochenbsp;jusqu’a la hauteur de sept pouces: cettenbsp;absorption augmentale second, Ie troi-siènie et les jours suivants, jusqu’aunbsp;neuvième , ou Ie maximum de l’éléva-tion de l’eau fut de douze poucesnbsp;et demi; en sorte que Ie niveau senbsp;trouvait précisément a un pouce au-dessous du sommet de la pile. L’élé-

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SUR LE GALVANISME. Soy Tation de l’eau se soutint a ce degrénbsp;pendant tout Ie dixième jour ; maïsnbsp;ensuite elle s’abaissa, ce qui m’empê-cha d’examiner l’état de l’air résidunbsp;après Ie moment du maximum de l’élé-vation de l’eau dans la cloche.

V I. E X P.

On substitua Ie gaz hidrogène axi gaz oxigène dans l’appareil décrit; maisnbsp;l’eau nes’éleva pasau-dessus d’un poucenbsp;pendantl’espace de huit jours. Au commencement de l’expérience j’éprou-vais de fortes commotions lorsque jenbsp;touchais d’une main Ie niveau de l’eau,nbsp;et de l’autre la tige métallique misenbsp;en contact avec Ie sommet de Ia pile;nbsp;mais , pendant Ie laps de temps qu’eilenbsp;dura , les secousses s’afïaibiirent gra-^uellement; et, après les huit jours ré-volus ^ elies étaient presque insensi-bles. Je retirai alors la pile du réci-

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3o8 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

pient, et je trouvai quetant placée dans 1’air atmospliériqiie, elle repre-nait son énergie première, et qu’ellenbsp;produisait de fortes commotions. Jenbsp;répétai plnsieurs fois cette expérience,nbsp;afin de reconuaitre si faction de la pilenbsp;n’aurait point altéré la nature du gaznbsp;lijdrogène: mais je ne pus v apercevoirnbsp;aucLin changement, sinon qu’il brülaitnbsp;a vee une liamme blanchatre. Je rn’as-surai de cette modification de couleur,nbsp;en enflammant comparativement Ienbsp;inême gaz hjdrogène qui n’avait pasnbsp;été soumis a faction de la pile.

La cloche fut remplie de gaz acide carbonique : au bout de deux heuresnbsp;feau sj éleva de plus de trois pouces;nbsp;et, dans fespace de vingt-quatre heures,nbsp;la pile entière fut plongée sous feau.nbsp;II s’écoula ensuite plus de douze heures

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3o9

SUR LE GALVANISME. avant que 1’eau s’élevat de deux policesnbsp;et demi aii-dessus du sommet de lanbsp;pile, et ce fut la maximum de leJé-vatifHi : alors Ie niveau de l’eau dansnbsp;la cloche était couvert de grosses hui

les d’air. On m’engagea a recueillir promptement l’eau (jui s’élait élevéenbsp;dans la cloche, pour la souineftre anbsp;une anahse exacte. Jy versal done denbsp;la teinture de tournesol et de l’eau denbsp;chaux; je la soumis ensuite a ractioiinbsp;de la pompe pneumatique; j’obtins desnbsp;alterations bien seiisibles, opérées dansnbsp;Ie gazacide carbonique par rinfluencenbsp;galvanique. Je me réserve d’achevernbsp;eet examen intéressant par d’autresnbsp;observations.

VIII. EXr.

Pour connaitre quel avait été réelle-ment I’eHet de faction de Ia pile sur 1 absorption du gaz acide carbonique,

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5io dans Texpérience précédente, il fallaitnbsp;ïiécessairement coonaitre de combiennbsp;Teau s’éléverait dans la même clochenbsp;pendant Ie même espace de temps,nbsp;sans l’intermède de la pile. Or, trou-vai qu’après douze heures elle ne s’ynbsp;était élcvée que de trois pouces, aprèsnbsp;vingt-quatre heures de cinq pouces environ , et enfin au bout de quatre joursnbsp;elle avait atteint les deux tiers de lanbsp;iiauteur totale de ia cloche.

Je ne sache pas que Ton ait encore observé une absorption aussi considé-rable dans un si petit espace de temps.nbsp;L’eau, ensuite exam inée, paraissait avoirnbsp;été combinée avec une certaine quan-tité de gaz acide carbonique: en elïet,nbsp;elle rougissait la teinture de tournesol,nbsp;blanchissait Teau de chaux, et avait unenbsp;saveur acide.

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Zii

SUR LE GALVANISME.

S III. Desdifferentes constniGtions de la pile.

La recherche d’une pile, capable de fcxnctionner sur-le-champ , intéressenbsp;noii-seuleinent la phjsique, mais encore beaucoup plus les applicationsnbsp;inédicales que l’on veut faire par Ienbsp;mojeii de eet appareil : je tacherainbsp;done de combiner toutes les modifications possibles pour pouvoir i’em-plojeravec la facilitéla plus convena-ble dans ces cas.

La cuve galvaiiique ofFre, en compa-raison de la pile ordinaire, l’avantage de pouvoir agirsans avoir besoin d’au-cun arrangement préalable. J’ai plongénbsp;plusieurs fois a la mer l’appareil, etnbsp;je l’ai vu immédiatement exciter l’in-tiuence galvaiiique ; mais son actionnbsp;u’est pas trop durable : il se forme unnbsp;Sï'c par fhumidité contractée par Ienbsp;bois, qui vient affaiblir son énergie.nbsp;L on trouve encore un assez grand

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3i3 nbsp;nbsp;nbsp;E S S a I

obstacle a nettojer les 'plaques fixées

solidemenl dans les rainures delacuve.

Ces difficultés me firent sentir Ie besoin de former une cuve perpendiculaire, qui aurait les avantages de lanbsp;cuve horizontale, sans en avoir les iu-convénients:)’cn présente(|)1.6, fig. 3.)nbsp;im petit essai, achevé il j a peu denbsp;^ours par l’habile artiste Dumotier.nbsp;lgt;’appareil consiste dans une série denbsp;disques garnis d’un bord en cuivre,nbsp;combines avec des plaques de zinc d’unnbsp;diamètre plus étroit, entre lesquellesnbsp;il j a de petites rondelles de bois sec.nbsp;L’cpaisseur de ces rondelles est tellenbsp;cpje Ie niveau des plaques de zinc correspond a Ia hauteur du bord métal-lique dont les plaques de cuivre sontnbsp;fournies, saus les toucher. Ajantainsinbsp;disposé les plaques , je plonge l’appa-reil entier dans un vase d’eau salée ,nbsp;je trouve qu’il est en état de fonction-ner sur-le-champ.

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SUR LE GALVANISME. 3i5 Voici unecuve perpendiculaire dansnbsp;laquelle vous avez uii appareil toujoursnbsp;préparé, saus avoir Ie désagrément denbsp;ne pouvoir Ie rétablir qu’avec beau-coup de peine. En faisant des essaisnbsp;avec ce uouvel instrument , je m’a-percus que laction galvanique avaitnbsp;lieu niême après avoir fait écoulernbsp;l’eau de la cuve : cette observation menbsp;fit imaginer un autre appareil plusnbsp;simple, que je vais décrire. Soit unenbsp;série de plaques de zinc et de cuivr©nbsp;(pl. 6, lig. 4.) percéesau centre, et dis-posées alternativement avec de petitsnbsp;anneaux de bois qui les séparent; soitnbsp;un support avec une tige de verrenbsp;dans Ie centre , laquelle passe a travers les plaques et les soutient: l’ap-pareil disposé de cette manière, je Ienbsp;plonge dans l’eau salée , et l’en retirenbsp;t^n peu après : l’eau surabondante s’é-coule; mais fhumidité qui reste a la

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5i4 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

surface des plaques sufEt pour faire

fbnctionner iappareil.

Je pense que cette disposition doit étre préférée a cause de sa sirapliciténbsp;a d’autres instruments galvaniques ;nbsp;car foil peut i'établir a volonté sonnbsp;énergie par la simple immersion ; jenbsp;sais que l’action n’en peut pas êtrenbsp;trop durable ; mais eet inconvénientnbsp;apparent ne pourrait-il pas être con-sidéré comme un avantage réel de l’ap-pareil? Pendant une longue série d’ex-périences ne serait~il pas commode denbsp;suspendre a volonté l’oxidation des pla-ques métalliques, et de la renouve-ler seulement dans Ie moment oü 1’onnbsp;en a besoin ? Cela ne peut-ii pas con-duire ci conserver plus long-temps lesnbsp;plaques qu’on ne Ie fait dans la colonne de Volta, OU dans les cuves galvaniques ordinaires ?

Je rappellerai ici quelques tenta-


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SUR LE GALVANISME. 3i5 tives que Ton avait faites avant moi,nbsp;pour fixer et conserver long - tempsnbsp;I’actioii galvauique de la colonne denbsp;Volta. L’on a mis une couclie de collenbsp;sur chaque plaque qui compose lanbsp;pile, et Ton a cru, par ce mojen , di-minuer l’oxidation des métaux, et pro-longer Taction de l'appareil; mais sesnbsp;efFets devinrent si faibles, qu’ils étaientnbsp;presque nuls. Un phjsicien en Allema-gne prit plusieurs tonneaux de verrenbsp;d’environ unpouce et demi de hauteur,nbsp;et de diamètres égaux , ajant a chaquenbsp;extrémité une plaque de cuivre et ^unenbsp;de zinc mastiquées. Chaque tonneau anbsp;une ouverture par laquelle on peut lesnbsp;remplir d’une dissolution de muriatenbsp;de soude, ou d’un fluide quelcon-que. Ces tonneaux rapprochés formentnbsp;Une pile horizontale , dont l’actionsenbsp;conserve très-long-temps, quoiqu’il n jnbsp;ait qu’une légere oxidation des métaux.nbsp;La construction de eet instrument est

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5iG

très-ingénieuse : elle répandra sans doule de grandes lumières sur la ma-nière d’agir des appareils galvaniques.

M. Allizeau a forme vine pile perpendiculaire avec des plaques de, zinc et de cuivre , disposèes alternative-inent, et auxquelles il adaptait un eerde de faience mastiqué, en remplis-sant la capacité avec du muriate denbsp;soude. J’ai vu moi-même avec satisfaction la construction de cette pile,nbsp;ct j’ai essajé son action, laquelle étaitnbsp;encore bien sensible, quoique la pilenbsp;eüt été montée depuis plus de troisnbsp;mois. Ce nouveau mojen a flxé l’at-tention de riustitnt national de France,nbsp;qui vient de récompenser fibdustrienbsp;de fauteur, et a mêine fait l’acquisi-tion de fappareil.

Je ne pretends pas que les piles que j’ai proposées ci-devant doivent êtrenbsp;préférées aux.appareils que je viensnbsp;de décrire ; je n’ai pas eu Ie temps ni

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SUR LE GALVANISME. Siy la commodité de faire , avec loute l’ex-actitude requise, des expériences comparatives , j)Our apprécier Ie méritenbsp;particulier de chacuii d’eux. Je suisnbsp;bien aise néanmoins d’avoir donné desnbsp;vues générales pour perfectionner lanbsp;construction des instruments qui doi-vent servir a fapplication du galva-nisme médical.

Je finirai mes observations sur ce point en ajoutant quelques mots surnbsp;la manière la plus convenable de ré-gler influence galvanique dans diffë-rentes maladies.il est reconnu, par denbsp;grands phjsiciens, que Ie gaivanismenbsp;doit être appli([ué par Ie mojen denbsp;quelques instruments qui communi-quent I’inlluence avec une force don-iiée, et par des degrés bien calculés.nbsp;Dans la seconde section de la troisièmenbsp;partie fai proposé un levier mu anbsp;c ha que secon de par les rouages d’uuenbsp;horloge, en étabiissaut ainsi la commu-

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5x,8 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

nication entre Ia pile et Ie malade. J’al perfectionné dernièrement cette méthode cn séparant entièrement Ie pointnbsp;fixe du levier de la base de la pile:nbsp;il est très-commode de pouvoir combiner alors la machine a vee un appa-reil galvanique quelconque, sans êtrenbsp;borné a une construction donnée.nbsp;Enfin )’ai trouvé qu’en poussant encorenbsp;plus loin l’examen de eet appareil, Tonnbsp;pouvait substituer a Taction du ressortnbsp;de Thorloge celle d’une bougie alluméenbsp;(pl. 6,fig.5.): j’aidoncentrepris demou-voir Ie levier de Tappareil par la forcenbsp;du courant d’air d’une lampe mécaniquenbsp;allumée. Je témoigne ma reconnaissance aM.Gareel, qni s’est chargé avecnbsp;beaucoup de zèle de la confection de cesnbsp;machines*,etqui j a mis la plus grande

* L’autre niachiue ü res.sort, construite de riiême par M. Garee], est composee d’iin tarillet de trois

1 mar-


roues , de trois pignons, d’iine vissaus fiii,d’mu teau iiiu par les ehevilles d’une de.s roties: Je toitt

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SUR LE GALVANISME. 5,g exactitude. Les malades communiquentnbsp;d’un cóté avec la base de la pile, etnbsp;' de l’autre avec Ie timbre : toutes lesnbsp;fois qu’une extrémité du levier frappenbsp;Je timbre , les malades formeut unenbsp;portion du cercle galvanique, et sontnbsp;soumis a sou action , laquelle peutnbsp;être répétée mille fois en très-peu denbsp;temps, puisque, dans ce même inter-valle, Ie timbre, frappé un nombrenbsp;ëgal de fois, compléte Ie cercle galvanique.

L’occasion de voir a Loiidres, chcÉ M. Tiberio Cavallo, et cliez M. Woo-laston, de nouveaux appareils concer-nant la décomposition de l’eau , menbsp;fit desirer dès-lors d’avoir , selon leursnbsp;principes , un instrument général pro-

eiifermè dans une cage de laiton, montée de cjuatre piliers de mêrae matière , de la baufeur de 4 centimè-ttes , et lesplatines d#8.ï rnilliuiétres en carré. Ladu-rêe du niouvemeut de ce reiiage est d’enciroii deuxnbsp;lieures et demie.

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vgt;20

E S S A I

pre a recueillir Ie gaz développé par I’action de Tinfluence galvanique : telnbsp;est précisément Ie but du nouvel ap-pareil que je vais décrire. Soit un vasenbsp;de verre percé au fond, garni d’unnbsp;bouchon de liège, au travers duquelnbsp;passent deux fils de zinc et deux d’ar-gent, qui s’élèvent environ jusqu’aunbsp;milieu de la hauteur du vase. Ce mênienbsp;vase, a sa partie supérieure, porte unenbsp;virole de cuivre qui communique avecnbsp;un autre vase garni d’un robinet, lequelnbsp;établi, ouótela communication entrenbsp;les deux vases. Je remplistoutfappareilnbsp;d’eau acidulée par l’acide muriatique;nbsp;j’établis extérieurement une communication entre les fils métalliques (pl. 6 ,nbsp;fig. 6.) ;je vois sur-le-charap s’échappernbsp;une qnantité de bulles d’air, ou plu-totquatre courants distincts, qui s’élèvent a la partie supérieure du vase.nbsp;Alors j’ouvre Ie robinet par lequel l’eaunbsp;du vase supérieur s’échappe, tandis

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SUR LE GALVANISME. que les tiuides aérifomies moiitent,nbsp;et vont occuper sa place. Tel est Ienbsp;procédé commode que j’ai imaginénbsp;d’abord, et eiisuite mis en oeuvre, aidénbsp;des luraières et de la sagacité du doc-teur Pittaro , médecin justement distingue.

Par ce mojen vous obtenez la dé-composition de l’eau sans les grands appareils de la colonne de Volta, etnbsp;vous recevez les fluides développésnbsp;dans ia cuve hjdro-pneurnatique, a la-quelle on a recours dans de pareillesnbsp;tentatives. On peut f'acileraent aper-cevoir que, seloii la diversité des acidesnbsp;employés et des substances différen-tes avec lesquelles ils sont combinés,nbsp;Ie désascmeut des fluides aériformesnbsp;produit par Ie galvanisme sera pro-digieusement varié, et leur examen*

* J ai comimraic|ué , poiir la première fois , la description dc ces appareils dans mi Ménioire lu a Ja I.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2?.

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523 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

poui'i’a verser sur la cliimie de umi-velles connaissances. J observe que l’oii obtiendra la déconipositioii des fluidesnbsp;soumis aux expériences plus rapidenbsp;et plus énergique, en ajoutant a l’ap-pareil Taction de la pile de Volta oü denbsp;grandes batteries galvaniques.

§ IV. T^ues générales sur les rapporLs du Ivanisme avec les rég/ies yégétal et

minéral.

Après avoir parcouru Timmense série des phénoinènes que présente Ie galvanisme envisagé dans ses rapportsnbsp;avec les animanx, qu’il iious soit per-

séau.ce pubücjiie de Ia Société acadéaiique de scieuccs de Paris, Ie 7 niessidor au xi. J’ai Diêmc, après lanbsp;séance, raoïitré publifjiieiuent cliacun des Instruments,nbsp;et j’ni iiidic|ué leur usage. Je me propose de les dé-crire de la mème manière en détail et avec Jicaiicoiipnbsp;dc modifications, dans mnn ouvrage qui a pour titre;nbsp;Tableau historique de l’origine ct des frogras de Vé~nbsp;leclricilé animale et du sralvanisme^

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•7 'V 02^

SUR LE GALVANISME. mis de jeter im coup-d'ceil sur Ienbsp;role non moins importjuit qu’il jouenbsp;dans les deux autres règ.nes de la nature.

Nous avons vu, dans tons les êtres aniinés , Ie galvanisme modifiernbsp;trois ordres de pbénomènes différents^nbsp;i.° Les propriétés de ia vie extérieure,nbsp;de la vie animale, en ont éprouvénbsp;les impressions les plus manifestesnbsp;et les plus évidentes. 2.quot; Les fonctionsnbsp;de la vie nutritive, de la vie or(rani~

en ont pareilleraent ressenti l'in-lluence, mais d’une manière moins tranchée, etdans un plus petit nombrenbsp;de circonstances. 3.° Enfin ie galva-nisme a aussi opéré dans quelquesnbsp;cas sur 1’économie animale des altéra-tions cliimiques, mais d’une inten-sité faible.

Nous vojons done ici se confirmer cette grande loi de la nature , qui nousnbsp;permet d’agir sur les propriétés ou sur

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3^4 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

les corps , avec d’aiitant plus d’avaii-tage, que les imes et les autres sont plus isolées , et dans iin plus eiitiernbsp;développemeiit. Ainsi Ton n’attaqiienbsp;jamais avec plus de succès les combi-naisons chimiques que daiis les êtresnbsp;kianimés , ou iiulle puissance ne vientnbsp;compliquer les forces de fattraction ;nbsp;ainsi les impulsions phjsiques ii’ob-tiennent toute fétendue de leur efï'etnbsp;que sur les masses inertes et sans vie;nbsp;ainsi encore dans Thomme , Ie inéde-cin toiirne en général ses efforts versnbsp;Ie systême Ie plus développé, vers lalt;nbsp;fbnction qui s’exerce avec l’activité lanbsp;plus grande.

Qu’allons - nous couclure de cette incontestable loi V que Ie galvanisme,nbsp;susceptible' de porter une impressionnbsp;profonde surlasensibilité et la contrac-tilité dans les'anirnaux, produira dansnbsp;les végétaux, ses plus grands effets surnbsp;lavieorganique, et qu’enfin c’est parmi

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SUR LE GALVANISME. 3a5 les brutes qu’il doit développer avec Ienbsp;plus d’avantage tout son empire sur lesnbsp;corps cbimiques oii plijsiques.

Cette proposition ne laissera plus aucun doute , quand on réfléchira quenbsp;les forces organiques des végétauxnbsp;sont géuéralemeut de beaucoup supérieures a celles des animaux, et quenbsp;les propriétés cbimiques et plijsiquesnbsp;sont bien plus a découvert dans la ma-tière inerte que par-tout ailleurs.

Ce que pi'évoit Ie raisorinement, fexpérience Fa déja confirmé en par-tie. Déja d’liabiles pbjsiologistes outnbsp;appliqué l’agent galvanique a la végé-tation , et déja Ton connait les résubnbsp;tats importants de plusieurs expé-riences , résultats conformes a ce quenbsp;nous venons d’établir.

Le professeur Giulio de Turin * a

* Extrait (1’un Mcinoire du professeur Giulio sur les eftcts du fluidc gah^anique , appliqué a diS'érentcsnbsp;plailtes. ^tbhollieqiie italienne , ou Tableau des

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336 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

obtenu par ce moven des contractions évidentes sur plusieurs végétaux:pour-qnoi eet ordre d’expériences ne nousnbsp;conduirait-il point qnelque jour a lanbsp;solution du grand problême de la contract ilité et de la sensibilité ? On con-nait les iiombreuses découvertes dontnbsp;I’anatomie est redevable al’étude com-parée des animaux avec I’liomme, etnbsp;ilel’état sail! des orgaues avec leur étatnbsp;pathologique. Pourquoi done la phj-siologie, qui s’éclaireégalenient derap-prochements semblables, ne puiserait-elle pas cliez les plantes des lumièresnbsp;nouvelles? Et, dans ce cas , pourquoi Ienbsp;galvanisnie ne serait-il pas justenientnbsp;iiivoqué; Ie galvanismequi développenbsp;des facultés latentes dans les végétaux,nbsp;oü lui seul peut les dévoiler? Si les ma-•progrès des sciences et des axis cn Italië, par les pro-fesseurs Giiilio ^ Giobert, Vassalli-Eandij et Rossi.nbsp;Turin , an xi, vol. i.

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SUR LE GALVANISME. 3^7 ladies convulsives out éclairé lliistoirenbsp;du sjstême nervenx et musculaire,nbsp;pourquoi les convulsions artificiellesnbsp;des plantes seraient-elles inutiles a lanbsp;connaissance de leur propriéfé contractile , et des organes qui en sontnbsp;Ie siège? G’est en comparant les difïé-rences de la vie dans les deux extremesnbsp;de leclieile animée, disent les natura-listes ; c’est en piacant sous un mêmenbsp;point de vue I’liomme et Ie zoopliite,nbsp;que Ton parvieudra A acquérir Ie plusnbsp;de lumières sur Ie secret de la vie;nbsp;pourquoi ne dirons-nous pas a notrenbsp;tour : c’est en comparant la sensibiiiténbsp;de riiomme et de la plante, que Tonnbsp;ira Ie plus loin dans la connaissance denbsp;cette faculté?

D’autres expériences ont été entre-prises sur Ie second ordre de proprié-tés des plantes , c’est-a-dire leurs pro-priétés organiques , ou celles qui président a la nutrition, a I’accroisscment

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SaS nbsp;nbsp;nbsp;E S vS A I

et aux excrétions diver.se,s;mais nous ne pouvons eocore développer ici des ré-sultatsbien positiis et bieu détermaiés.

11 nous suffira d’annoncer qne eet ordre de recherches entre pour beau-coup dans les experiences de ce genre ,nbsp;donts’occu})e actuellement M. Mojon *,nbsp;professeur de chimie a Genes. 11 anbsp;seme des graines de diverscs plautesnbsp;dans viiigt-quatre vases de porcelainenbsp;isolés; il j a aussi misquelques végé-taux déja parvenus a un certain déve-loppement; ila ensuite adapté a cha-ciin de ces vases deux larges plaquesnbsp;niétalliques, I’line de zinc et 1’autre denbsp;cuivre, en les iaissaiit comuiuniquernbsp;entre dies au mojen dun fil de laiton,nbsp;de manière qu’dles forraent avec lesnbsp;vases une sorte d’appareil a • lasses ;nbsp;M. Mojon a soin de faire désoxider tons

* L’auteiir iii’a derniérenient fait part clii comnien-cemeut rl(! ses travaus qui nc sont pas encore annoncés au public.

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SUR LE GALVANISME. Sag les Jours les placjues ruétalliques. Dansnbsp;un iiombre égal de vases il a placénbsp;des mêmes plantes et des mêmesnbsp;graines, maïs saus aiicune armature,nbsp;afin d’obtenir une expérience comparative.

Quel que soit lerésultat des observa-lions de ce phjsicien distingue, nous necraignons pas d’assurer qu’elles at-testeront I’influence la plus considerable du galvanisme sur la vie organiquenbsp;des végétaux, car c’est chez eux qu’oilnbsp;voit ses fouctions s’exécuter avec lanbsp;plus grande énergie. Eltz, par des cal-cuLs savants et rigoureux, a démontrénbsp;que la Ijmphe végetale parcourt ses ca-naux avec une vitesse de cinq fois supérieure (icelle du sang qui traverse lanbsp;crurale du cheval; et, d’après les experiences de Hales, Ie tournesol, a volume égal, transpire dix-sept foisnbsp;plus que riiomme. A ces phénomènes


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33o nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

doivent correspondre ceux des aiUres fonctions organiques, et des-lors onnbsp;concoit que I’agent qui dans rhomrnenbsp;indue sur ces operations , devra obte-nir ici des résnltats toujours bien supérieurs et plus energiques.

Outre les connaissances que Taction du galvanisrae, esactement observée ,nbsp;répandra sur ces divers travaux de lana-ture^ ie crois devoir inentionner égale-ment un avantaged’uu autre genre quenbsp;présente Temploi de eet agent. Pense-t-on qu’un élément, de cette énergie,nbsp;nepiiissepas servir un jour a retardernbsp;OU accélérer la végétation suivant Ienbsp;mode d’application et les circons-tances ? Ne serait-il pas assez naturelnbsp;de présumer que, dans certains cas,nbsp;il détruira ou ad’aiblira les qualitésnbsp;vénéneuses de plusieurs produits vé-gétaux , et niodillera de mille ma-nières leur saveur et leurs autres

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SUR LE GALVANISME. 33i propriétés ? Les efFels de la lumière,nbsp;a eet égard , iie vienneiit-ils pas justi-fier mes espérances ?

Enfin si je descends aurègne miné-ral, ce n’est plus a des puissances animales, ni a des forces organiquesnbsp;que Ie galvanisrae va s’appliquer : c’estnbsp;ici i’erapire de la phjsique et de lanbsp;chimie isolées et fibres de tout entrave.nbsp;Si l’on a vu Ie galvanisme, dans Ienbsp;sein des êtres vivants, decomposer desnbsp;liqueurs, en précipiter des cristauxnbsp;divers, et j opérer de grands efian-gements, malgré la reunion des puissances de la vie, que ne fera-t-il pasnbsp;sur les éléments que des forces étran-gères ne tendent plus a soustraire anbsp;son influence? Sans doute il produiranbsp;des decompositions plus promptes ,nbsp;de plus abondantes précipitations, etnbsp;généralement des phénomènes plus riches et plus variés. Pourquoi la chimie,nbsp;qui dispose avec tant de succès des

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553 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

attributs de la lumière , du calorique, et de l’électricité ordinaire, n’emploie-rait-elle pas également avec de grandsnbsp;avantages , dans ses laboratoires , cenbsp;nouveau moyen de modifier ses opéra'nbsp;tions et leurs produits ?

J’ai découvert que Ie gal vanisme , quand on ralentit sa marche par quel-que obstacle , a lapropriétéd’enlrainernbsp;avec lui certaines particules des corpsnbsp;qu’il traverse. Mes expériences répétéesnbsp;a eet égard m’ont confirmé toujoursnbsp;cette importante vérité. Corabien denbsp;phénomènes embarrassants ne seront-ils point expliqués par elle? et qui saitnbsp;jusqu’ou peuvent s’étendre, dans lesnbsp;grandes opérations de la nature, lesnbsp;efFets de cette faculté singulière, alorsnbsp;qu’ils deviennent déja si niauifestesnbsp;dansnos simples et faiblcs appareils ?

Qu’on jette done maintenant les yeux sur les dilFérentes parties dunbsp;globe tpresque pardout Ie sul est formé

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SUR LE GALVAMSME. 335 de couches successives de matières ter-reuses, salines, métalliques, bitumineuses, et autres; presque par-toutnbsp;peuvent sj interposer en filets, ennbsp;nappes , en toi'rents, des eaux diverse-ment acidulées; presque par-tout enfin se présentent des piles galvaniques,nbsp;dans des dimensions variées : les unesnbsp;gigantesques, incommensurables , oc-cupent de grandes parties des vastesnbsp;continents, et des chaines immenses desnbsp;montagnes qui les partagent; d’autres,nbsp;moins étendues, se renferment dansnbsp;de petites iles, dans de faibles collines.nbsp;Enfin peut-être les espaces les plusnbsp;resserrés ont-ils aussi leur pile avecnbsp;ses armatures, ses conducteurs et sesnbsp;courants. Chacune d’elles, outre Ie volume général, diffère encore par lanbsp;disposition respective, Ie nombre etnbsp;les proportions des éléments qui lanbsp;constituent.

Ainsi,quand d’iine part nous YOjons

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334 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

les montagnes , par leurs som mets éle-vés , appeler les nuages dispersés au loin dans i’atmosphère , leur soutirernbsp;a grands Hots Télectricité qui les surcharge , et rétablir presque toujoursnbsp;sans secousses violentes, l’équilibrenbsp;nécessaire au maintien de l’ordre ac-tuel du globe: nous vojons égalementnbsp;ces montagnes preparer dans leursnbsp;flancs, et sans se reposer jamais, unnbsp;agent aussi subtil, aussi puissant, etnbsp;sans doute aussi nécessaire que Ie principe électrique, et qu’elles partagentnbsp;coustamment avec les diverses partiesnbsp;de la terre.

De ces innorabrables et vastes labo-ratoires doivent partir sans cesse, et dans mille directions, d’immensesnbsp;torrents de l’agent galvanique ; et dès-lors ce principe, qui, dans nos petitesnbsp;machines parvient a nous donner desnbsp;effets si étonnants, avec quel avan-tage ne pourra-t-il pas remplir

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SUR LE GALVANISME. cliverses fonctions importaiitcs dansnbsp;réconomie générale du monde ? Dé-coraposer l’eau en contact avec desnbsp;combustibles, donner en même tempsnbsp;naissance a des acides, a des oxides ,nbsp;et par suite a des seis de toute espèce,nbsp;dégager des gaz , et souinettre ainsinbsp;la temperature générale a des variations considerables : voila plusieurs denbsp;ces grandes operations (p,ie la naturenbsp;abaudonne a divers ordres de puissances, parmi lesquelles tout sans doute pa-rait assignee au galvanisrae un des premiers rangs. EcoutOns a ce sujet l’ii-lustre auteur de la Statique chimique.nbsp;« La chimie a acquis par ses décou-« vertes, qui font époque dans l’his-« toire des sciences , un agent dontnbsp;« lenergie sera peut-être portée a unnbsp;cc degré qu’oii ne fait qu’entrevoir, etnbsp;cc qui donnera Ie mojen de produire,nbsp;« dans la formation et ba décomposi-« tión des combinaisons chiraiques,des

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336 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

« efFetsinatlendus, et supérieurs, dans « quelques circonstances, a ceux qu’ilnbsp;« est possible d’obteuir de 1’action dunbsp;« calorique. »

* Le gaivanisme concourt-il a ali-

* L’on sera bieii aise de trouver iel ce qu’ajoutc ailieurs Ic niêine aiitenr, rclalivement a iiotre sujet.nbsp;« TousleseOets ciitriiiqjies, prodnifsclaus ies substancesnbsp;«soiiw'wes ii l’aetiou de 1’élcctricité, jve paraissentnbsp;lt;t pouvoir s’espliquer paria din)iiiutipn de la force denbsp;« coliésiou , qiii est mi o])8tacl(‘ aux coitiliinaisoiis qiiinbsp;« teiident a former leurs raoiceide.s; niais il reste anbsp;flt; détenuiner les difiereiices qiie peiivent' présenter 1’é-« lectricité positive et la negative. Les effets ebimiquesnbsp;« de la pile de Volta pciiveut ttre bcaiieonp phiscon-« sidérablcs cjiie reus de rèlecl rk-ité ordluaire., quoicjuenbsp;« ct'lle-ci soit doiiée d’uiie tension bcaucoup plus grande,nbsp;lt;•( paree que sou action étant nécessaircinent interrom-pne , les effets cbiiniqne.s qui exigent du temps pournbsp;« se consótnmer ne ponrraient que connneneer as’esé-«euter, et seraient mêmc détruits par le rétablisse-« ment sul)it du premier ctat du corps; au lieu quenbsp;lt;( la permanence dc I’action de fappaccil èlcctromo-lt;! teur, quoiqiie plus faiuiè a eliaque instant, pent

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SUR LE GALVANISME, SSy irienter les feux des volcans par la dé-composition des eanx de la mer ? s’u-nirait-il aux forces de la chimie pournbsp;précipiter certains seis, et inême en ,nbsp;dissoudre d’autres ? Nos données, sousnbsp;ces rapports, sont, je crois, encore tropnbsp;vagues et trop pen nombreuses pournbsp;pouvoir, dans la plupart de ces cas,éta-blir autre chose C|ue des conjectures inbsp;aussi les diverses idéés que je viens d’é-mettre nemériteront-elles deconfiancenbsp;qu'a inesure que des faits multipliésnbsp;leur en auront acquis. Alors peut-être,nbsp;par des observations accuinulées, Ionnbsp;sera parvenu a isolerl’influence des dif-férentes causes qui régissentlamatière;nbsp;alors peut-être on saura exactement ounbsp;finit l’empire de la chimie et de lanbsp;phjsique , oü se borne la puissance de

«clonnerlieu aux cliangements cLiiiiiqucs qu’elle fayp-'‘iscj en diniiniiant les eITcts de la force de cohesion. tatrque chimicjiie de M. Seri kollet. Paris, l8o3,

L vol. I,pag. 363.

I- nbsp;nbsp;nbsp;2-3

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338 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

la vitalité, et jusqu'oü s’étend I’in-fluence de ces principes fugitifs qui senïbJent obéir a des lois toutes parti-culières. Alors peut-être , pendant quenbsp;Ie fluide électrique régnera spéciale-meiit dans les couches élevées de l’at-mosphère , et disposera des météores,nbsp;Ie gidvauisrae, élaboré sans cesse dansnbsp;les entrailles de la terre, ou dans Ienbsp;sein des êtres vivants qui en habitentnbsp;la surface, et distribué en tons sens parnbsp;de nombreux canaux, portera son action d’une manière plus spéciale surnbsp;rorganisation intime du globe, et mo-difiera plus ou nioins puissanimeat lesnbsp;végétaux et les animaiix.

L’on connaïtles rapports du magnétisme avec l’électricité; les belles experiences d’/VEpinus,nbsp;de van Swinden, de Cavallo , de Coulomb, prou-vent la correspondance étroite qu’il y a entrenbsp;ces deuxfluides d’une manière assez concluante.nbsp;La foudre, en frappant un navire, a plusieursnbsp;fois change la direction des poles de raiguillenbsp;aimantée : ce qui dérnontre Tiniliience de félec-

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33q

SUR LE GALVANISME.

tricité sur Ie magnétisme. J’ai cru convenable d’exposer ce dernier principe k l’action des ap-pareils galvaniques. J’ai done compose une pilenbsp;de cinquante plaques de cuivre et autant denbsp;zinc ^ de trois pouces de diamètre , percées aunbsp;milieu par une ouverture d’un pouce et demi.nbsp;J’avais, par cette disposition^ un appareil analogue au puüs électrique; de sorte que je pouyaisnbsp;soumettre de la manière la plus intime une colonne d’air è. l’action du courant galvanique.nbsp;Dans la cavité de eet instrument, utile d’ailleursnbsp;ad’autres experiences, j’ai introduit des aiguillesnbsp;d’acier pour voir si elles deviendraient magné-tiques, et d’autres déja aimantées pour découvrirnbsp;si leur propriété pólaire y subirait quelque changement. Mes résultats ont été si faibles que jenbsp;ii’osai en tirer aucune conclusion décidée; ilsnbsp;furent un peu plus satisfaisants quand je lais-sai les aiguiUes exposées pendant très-long-temps au courant d’une forte pile ; mais la tropnbsp;prompte oxidation des métaux, et lanécessitédenbsp;remonter trop fréquemmentrappareil, m’empê-chèrentdepoursuivre les épreuvesassezloinpournbsp;en établir des consequences bien rigoureuses.

Voici unprocédé quiest, è. monavis, plus simple et plus commode. M. Mojon, qui en estl’auteur,nbsp;a bien voulu m’en faire part tout récemment.

Ayant placé horizontalement des aiguilles a coudre, très-fines, et de la longueur de deux pou-ees, il en a mis les deux extrémités en communication, avec les deux póles d’un appareil anbsp;tasses de cent verres : au bout de vingt jours

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34o il a retire les aiguilles un peu oxidées^ mais ennbsp;méme temps magnétiques, avec une pólariténbsp;très-sensible. Cette nouvelle propriété du galvanisms a été constatée par d’aucres observateurs ,nbsp;et dernièrement par M. Romanesi physiciennbsp;de Trente, qui a reconiiu que Ie galvanisinenbsp;faisait décliner l’aiguille aimantee.

L’appareil de la pile creuse, decrit plus liaut, ni’a servi a faire d’autres essais, tendants a éva-luer faction du galvanisme sur des substancesnbsp;diverses. J’y ai plongé un tube de cristal d’unnbsp;diarnètre égal a celui de Ia pile , et rempli d’unenbsp;dissolution dé muriate de soude. Au premiernbsp;moment Ie tuyau ne parut pas chargé de l’in-fluence galvanique; mais quelques minutes aprèsnbsp;il manifesta une vive action galvanique , a l’ap-jjroche d’une grenoullle préparée du niveau denbsp;l’eau salée( pl. 7 . fig. 8 ).

A cette occasion, on a observe constamment qu’en ajaproohant deux fois de suite une gre-nouille préparée du niveau de l’eau contenuenbsp;dans Ie tube de verre , on avait toujours lesnbsp;contractions au premier attouchement, maisnbsp;jamais au second : les contractions étaient re-nouvelées seulement lorsqu’un intervalle sufli-sant de temps permettait au tube de se charger de nouveau de rinfluence galvanique. J’ainbsp;montré publiquement a Bologne la constructionnbsp;de eet appareil, h une séance de Ilnstitut, aunbsp;commencement de i8on. Je me reserve de dé-crire aiileurs d’autres phénomènes, après lesnbsp;avoir constates et développés davantage.

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041

SUR LE GALVANISME.

.RESUME

DE SL WILLIAM NICHOLSON1,

TRADUIT DE L’AUGLAÏS,

Coiicernant les dernières experiences galvanifjucs faites a lionclres par Ie professeur AlDINT.

«IMonsielr Alcllni, professeur enl’université de Bolog'ne,et neveu du célèbre Galvani ,aprèsnbsp;avoir fait ses expériences 1’Institut nationalnbsp;de France , est venu a Londres ; il y a clonnénbsp;exactement Ie détail de ses experiences et denbsp;ses découvertes a la Société Kojale, oü il anbsp;]u un mémoire trës-intéressant sur ce sujet.nbsp;C’est avec plaisir que je viens faire part denbsp;quelques'uns des principaux fajts qu’il a biennbsp;voulu me communiquer, et qui peuvent jeternbsp;un grand jour sur des pbénomènes de la nature les plus difficiles a expliquer.

« Quelques pbjsiciens ont considéré les mé-tauxcominen’étant pas nécessairesaudévelop-

1

Co Resumé , fait par un savant distinguéj presente en ahrégé analyse exacte des principaux phénomènesgalvaniqu.es , etnbsp;de ma Llióorio , proposés dans TEssai qiie je viens d’aehever. GVstnbsp;Ic moiil qui m’engage ici a en donnerconnaissance a mes lecteuigt;s.

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542 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I

pementdugalvanisme; etM. Davy l’a démon-tré par Ie moyen d’uiie pile qu’il a imaginée liii-même.On savait aussi que la matièreélectri-qoe OU galvanique pouvait s’excite*et s’accu-mulerdansle corps des animaux, etqu’ellede-vait être considérée comme la cause principalenbsp;du mouvement musculaire , des sensations, etnbsp;d’autres effets très-intéressants, maispasencorenbsp;assezconnus. Le professeur Aldini a Ie méritenbsp;d’avoir placé cette proposition au rang des vé-rités adoptées : il est parvenu è exciter les contractions musculaires par la seule applicationnbsp;des nerfs d’une grenoui 11 e préparée aux musc lesnbsp;qui sontencorrespondance du mêmeamphibie,nbsp;après avoir éloigné tout soupcon de quelquenbsp;stimulant produitpar l’attouchement.Il a aussinbsp;excite des mouvements par la seule influencenbsp;galvanique chez les animaux ^ sang froid, parnbsp;le moyen de ceux a sang cliaud: cette experience est tout-a-fait nouvelle. Ayant pris lanbsp;tête d’un bceuf récemment assommé, il a applique un doigt trempé dans 1’eau salée a lanbsp;moëlle épiniëre, tandis que de l’autre mainnbsp;iltenait les muscles prepares d’une grenouille,nbsp;de facon a les mettre en contact avac Ia languenbsp;du bceuf’: toutes les fois que le contact avaltnbsp;lieu , il se manifestait dans la gre'nouille denbsp;très-fortes contractions. Si l’on formalt unenbsp;chaine de diffërentes personnes mises en communication avec les mains, Ie même efïët avalt

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vSUR LE GALVANISME. 34^ lieu ; mais Ie contact n’en produisait plus au’nbsp;cun, lorsque lachaine était interrorapue. Dansnbsp;cette expérience il estconstaté que Ie S3quot;stêmenbsp;animal a tenu lieu de la pile métallique, d’ounbsp;il suit que la production du galvanisme parianbsp;seule énergie des forces vitales, est ainsi évi-demment démontrée.

« Le professeur Aldini a dei’nièrement ré-pété une série d’expériences ci Oxford de-vant les doctem's Pegg et Bancroft, a cjui il a aussi fait voir que les nerfs d’une grenouillenbsp;bien préparée, et approchés des muscles d’unnbsp;animal a sang chaud, obéissent a une veritablenbsp;attraction : cette expérience, inconnue jus-qu’a présent aux pbj'siologistes, a été confirmee dernièrement a Florence par le célëbrenbsp;Féiix Fontana. Le galvanisme prouve par tousnbsp;ces résultats que 1’électricité animale n’estnbsp;pas purement passive , mais que proba-blement elle est la cause qui produit la plusnbsp;grande partie des functions de 1’économienbsp;animale. Le pouvoir du galvanisme ne senbsp;borne passeulement a exciter des raouvementsnbsp;rnusculaires, il parait encore jouer un grandnbsp;róle dans Ie mécanisme des secretions. Leymo-1‘esseur Aldini a cru devoir avancer cette conjecture, après avoir vu que l’urine , exposéenbsp;^ 1’aclion de la pile, laissait précipiter diffé-rents principes combinés dans cette liqueur:nbsp;ce fait a été regardé commé de la plus grande

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344 nbsp;nbsp;nbsp;E s S A I

importance par Sennebier et Jurine, savants

distingues cle Genève.

« Le professenr Aldini a fait un très-grand nombre d’experiences qui attestent que lenbsp;galvanisme est le plus puissant de tous lesnbsp;stimulants connus dans la nature. Dans le courant de janvier et de féyrier de 1’an 1802 il anbsp;fait a Bologne 1’application du galvanisme auxnbsp;corps de criminels suppliciés, et, moyennantnbsp;faction de Ia pde, il a obtenu des contractionsnbsp;vraiment étonnautes. Ce stimulant a raniménbsp;le reste de Ia vitalité en produisant des grimaces horribles sur la face,et des mouvementsnbsp;etf'rayants dans tout le corps- II parvint a fairenbsp;élever a la hauteur de huit pouces 1’avant-brasnbsp;d’un cadavre une beure et quart après lanbsp;mort, qiioiqu’on eut mis dans sa main unnbsp;poids assez considérable, telle qu’une tenaillenbsp;de fer : cctte experience a été constatée en plu-sieurs endroils, et récemment Turin j^ar lesnbsp;professeurs Giulio, Vassalli et Rossi. De pa-3’eille3 observations n’ont pas pour objet unenbsp;simple curiosité: elles ollfent encore un movennbsp;très-puissant, dont on ne saurait trop fairenbsp;usage, pour le bien de 1’bumanité, dans les affections paralytiques, et dans les a.spbjxies.

« Le professeurAidini, pendant son séjoura Londres, a communiqué a plusieurs méde-cinsses observations, et les applications qu’ilnbsp;avait faites de ce nouveau stimulant a Paris gt;

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SUR LE GALVANISME. 545 tlans I’iiospice de la Salpêtriëre , eo presencenbsp;du docteur Pinel. L’application du galvanismenbsp;dans la 'vésanie, ou folie mélancolique, est ab-solument nouvelle, et d’un très-grand inté-rêt; il a guéri parfaitement deux malades anbsp;Bologne alFectés de cette maladie: Ie détailnbsp;des moyens curatifs qu’il a employés est d’au-tant plus intéressant que la médecine olï're fortnbsp;peu de ressources contre de pared les affections.

«Le galvanisme parait aussi convenir dans les apoplexies : M. Aldini est d’avis que 1’on pour-rait y recourir dans les cas de submersion. IInbsp;a fait partici deses idéés a line société philan-thropique 1, dévouée au secours de ces infor-tunés. Üne expérience qu’il a falte derniëre-ment a Paris, a 1’hospice de la Charité , a beau-coup augmenté son espoir pour le succes denbsp;cette application. II a démontré a un grandnbsp;nombre d’élëves que le galvanisme, appliquénbsp;a la moede épiniëre et aux intestins d’un chiennbsp;décapité, a pu produire dans les poumons unenbsp;action si vive , que 1’air en sortant de la trachée-artëre aeu la force d’éteindre deux fois de suitenbsp;Une bougie qu’on avait approchée. Ainsidansnbsp;tous les cas de submersioft ou d’asphyxie,nbsp;lorsau’il sera nécessaire d’exciter ou de raui-

1

Cet etablissement respectable , connu sous le nom de Human Society , tst sous les auspices du gouverneutcnt j ct rëuuit des

ïucdecins du plus grand merite.

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346 nbsp;nbsp;nbsp;E S S A I, etc.

mer I’action des poutnons, Ie galv^anisiiie

pourra êlre emplüjé avec Ie plus grand sviccès.

« Plusieurs precautions n’en sont pas moins indispensables quandi! s’agit d’administrer cenbsp;puissant remède , tant dans la vésanie quenbsp;dans l’apoplexie ; ellesseront très-exactementnbsp;détaillées dans un ouvrage que Ie protesseurnbsp;Aldini a promis de publier avant son retour ennbsp;Italië. En attendant, j’espère que mes lec-teurs me sauront gré de leur avoir donnéd’a-vance l’apercu destravaux de eet babile physi-cien sur un objet qui a pour but d’étendre lesnbsp;connaissances pbysiologiques , et qui fait en-trevoir un moyen de plus a opposer auxmauxnbsp;qui affligentl’humanité^

Ï'IX DU PREMIER VORTJME.

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TABLE

BES MATIÈRES CONTESTJES DANSCeVoLUMB.

pag.

Introduction...................... j

PREMIÈRE PARTIE.

DE LA NATURE ET DES PROPRIET ÉS

GÉNÉRALES DU GALVANISME........ r

Propositions J , II ,I1T, IV, V et VI. Le gal-

Tanisnie excite Jes contractions iniiscnlaire.s sans Faction des niétaux.............ibid.

Prop. VII. L’électricité des niétaux augmente

les contractions musculaires.......... 28

Prop. VIII. La bouteille de Lcjde , la pile, et les substances animales, absorbent desnbsp;principes de 1’air atmospliêrique....... 3l

Prop. IX. Action de la flainnie sur la bouteille de Leyde , la pile et les contractions mus-

culaires“......................... 4^

Prop. X. Uil are compose de (liiidcs conducteurs n’einpêche ni dans la pile , ni dans les ani-uiaux, Faction du galyanisme......... 44.

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34S nbsp;nbsp;nbsp;table

Plt;'S-

Prop. XI. Action de l’élcdncité ordinaire sulles appareils galvaniqiies............ 4^

Prop. XII. Action dn galvanistne aiignientée en interposant dans 1’arc de coramunica-tiüu des conducteurs d’nne grande capadtc. So

Prop. XIV. L’atrnospbère électrique produit des contractions inusculaires tout-a-faitnbsp;semblaLlcs a. celles causèes par la pile, ounbsp;par tout autre appareil analogue....... S6

Prop. XV. L’opium ^ le quinquina, et autres stimulants, auginentent les effets de lanbsp;pile........................... 63

Prop. XVfl. Pbénoménes des sensations et des contractions cxpliqiiés par Tbypotbesenbsp;d’unc pile aiiiinale................. 81

seconde par tie.

Dü POUyorR Dü GALVANISME SUR LES FORCES VIïALES. ............ 9J

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DES M A T I E R E S. 34()

pag.

Section I. Application du galvanisiue a différents aniniaiix.................... 98

Sect .TL Pouvoir du o-aRanisnie sur des caclavres

O

de suppliciés..................... lax

Sect. TIL Action du galvanisme sur les meninges, Ie cerveau et Ie coeur............

S.ECT. IV. Action dn galvanisnie sur des cadavres

liumaius , dans lecasdeinort naturelle. . . 170

TROISIÈME PARTIE.

APPLICATION Dü GA LV A NIS ME A LA

mÉdecine . . . ................ j83

Section I. Differences entre l’adrainistration du

galranismeet de 1’éiectricitê.......... 186

Sect. II. Action du galranisnie sur les maladies

des jeux et des oreiües.............. 189

Sect. III. Application du galvanisme aux aspbj-

xics et aux nojés.................. 206

Sect. IV^. Application du galvanisme a la folie,

et autres maladies................. 210

Sect. V. De l’iiiQuence du galvanisme sur les

Iluidcs ........................... 2,60

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pag.

Si’CT. VI. Considerations générales sur.lespro-priétés et les effets du galvanisme sur 1’éco-iiomie animale.................... 273

APPENDICE.

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