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BE LA

TELEGRAPHIE ELECTRiaüE

DESCRIPTIOIV DUN NOUVEAU TÉLÉGRAPHE FONDÉ SUR LES ACTIONS PHYSIOLOGIQUESnbsp;DE L’ÉLECTRICITÉ,

P. O. C. VORSSPOlitlV DE HEER,

DOCTEÜR ER LETTRES ET ER SCIEHCES, MEMERE CORRESPOHDART BE lTRSTITÜT bes pats - BAS , DE l’ACADÉMIE POKTIFICAIE DESnbsp;SCIERCE8 A ROME ETC. PROEESSEER DE PRYSIQEE Anbsp;i.’atrerée de DEVERTER.

^Dcvewtet j J. DE LANGE.nbsp;1859.

1

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THÉORIE

RE LA

AVEC LA

DESCRIPTION D’UN NOUVEAU TÉLÉGRAPHE FONDÉ SUR LES ACTIONS PHYSIOLOGIQUES DEnbsp;L’ÉLECTRICITÉ.

Xl y a dans ce moment quatre télégraphes électri-ques , établis sur une échelle un peu considerable , celui de M, Gauss a Göttingue, de M. Steinheil anbsp;Munich, de M. Wheatstone a Londres et de M.nbsp;Morse en Amérique. Tous ces appareils agissent parnbsp;les effets magnètiques de 1’électricité , soit en faisantnbsp;dévier une aiguille aimantée , comme dans les télégraphes Européens, soit en produisant Taimantation dunbsp;fer doux, comme dans Ie télégraphe de M. Morse.nbsp;MM. Gauss et Morse n’emploient qu’un seul circuitnbsp;OU un seul fil double , allant et revenant entre les deuxnbsp;stations télégraphiques; dans la disposition de M. Stein-HEIL il n’y a qu’un simple fil , la terre elle-mêmenbsp;servant comme moitié du conducteur ; M. Wheatstone enfin a pris cinq fils, a 1’aide desquels il peut

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transmettre instantanément toutes les lettres de 1’alpha-Let et produire, en les combinant convenablement, au moins 200 signaux dilférens. Le procédé de M.nbsp;Wheatstone me semble mériter la préférence pournbsp;1’établissement en grand des lignes télégraphiques. L’ex-trême facilité et la grande vitesse avec laquelle tousnbsp;ces signaux se produissent au moyen de cinq fils, peutnbsp;amplement compenser ' 1’augmentation de prix , qui ennbsp;résulte dans leur construction. Le télégraphe de M.nbsp;Wheatstone a sur celui de M. Gauss le même avan-tage, que possède le système décimal sur le systèmenbsp;dyade, dans lequel on n’emploie que les caractères 0nbsp;et 1 pour indiquer tous les nombres imaginables.

Je n’entrerai pas dans des détails sur les procédés ingénieux par lesquels ces auteurs ont fait agir leursnbsp;télégraphes , soit surnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;sens de la vue,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;soit sur celui

de l'ouie, ni sur nbsp;nbsp;nbsp;lesnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;moyensnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;qu’ilsnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ont imaginés

pour que l’appareil écrtve lui-même les signes transmis. Ce n’est pas-la 1’essentiel nbsp;nbsp;nbsp;de lanbsp;nbsp;nbsp;nbsp;question. II

s''agit avant tout de saroir, si les effets magnétiques de 1’électricité sontnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;denbsp;nbsp;nbsp;nbsp;naturenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;a êtrenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rendus sensi-

bles, non pas a une distance de trois ou quatre lieu-es, comme dans les télégraphes actuellement éta-blis (1) , mais a une distance d’une centaine de lieues , par exemple , sans qu’on ait besoin d’établir des stations intermédiaires. Ces stations ne sont, en gé-néral, d’aucune utilité ; elles augmentent, sans fruit,

(1) Ln plus gtands longueur de circuit se trouve dons le (élégra-phe de M. SIorsï et cependant cette longueur n’exocdc pas quatre lieues (Comptes rendus 10 Sept. 1838 p. 593).

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les frais de 1’établissement d’une ligne télégraphique, Ie but de la télégraphie étant celui de transmettrenbsp;une nouvelle d’un bout a l’autre, et non pas de la ré-pandre dans toute l’étendue d’un pays. Je supposenbsp;par exemple , qu’on veuille établir une correspondancenbsp;entre Ie Havre et Paris. Pourra-t-on transmettre lesnbsp;nouvelles tout d’un trait de 1’une a l’autre de cesnbsp;stations, ou faudra-t-il établir une ou plusieurs stationsnbsp;intermédiaires ? A théoriquement parler, la réponsenbsp;est facile ; car d’un cóté on possède les moyens d’aug-menter a volonté la quantité d’électricité, qui traverse Ie circuit en augmentant soit Ie nombre, soit lanbsp;surface des couples ; de l’autre cóté on peut don-ner aux appareils galvanométriques une sensibilité pres-que sans limite, de sorte qu’il n’y a aucune raisonnbsp;théorique pour que les efPets magnétiques ne se mani-festent pas a des distances quelconques. Mais sous Ienbsp;point de vue pratique, ia question prend un autrenbsp;aspect. Pour faire dévier une aiguille aiinantée a lanbsp;distance d’une vingtaine de lieues seulement, il fau-drait employer des appareils électromoteurs énormes ounbsp;des galvanomêtres d’une extréme sensibilité, qui parnbsp;cette raison même seraient plus sujets aux influences de causes perturbatrices. En même temps il fau-drait prendre , comme conducteurs , des fils d’unenbsp;convenable grosseur , ce qui augmenterait de- beaucoupnbsp;les frais de construction d’une ligne télégraphique,nbsp;qu’on voudrait établir sur une grande distance. D’a-près des calculs, basés sur les expériences des plus il-lustres physiciens, je suis arrivé a la conviction, que,nbsp;généralement parlant , ce n’est pas par les actions

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niagnétiques , qu’il faut tacher de résoudre Ie problè-me de la télégraphie électrique. Mieux vaudrait peut-ètre reprendre l’idée de Sömmehing , qui cherchait des signes télégrapliiques dans les actions chimiquesnbsp;de 1’électricité ; mais, ce qui me parait étonnant,nbsp;Ie moyen Ie plus simple, Ie moins dispendieux , je di-rais presque Ie seul, qu’on puisse employer a de très-grandes distances, a été négligé jusqu’ici par les sa-vans, qui se sont occupés du problème. Ce sontnbsp;les actions pkysiologiques de 1’électricité, qui ferment la base du nouveau télégraphe que j’ai fait con-struire et dont je m’empresse de soumettre la descriptionnbsp;au jugement bienveillant des savans. C’est Ie premier télégraphe physiologique , qui ait été imaginé ;nbsp;c’est encore Ie premier appareil, qui puisse transmet-tre les idéés, non pas par les sens de la vue ou denbsp;l'ouïe, mais uniquement par celui du toucher.

Avant de donner la description détaillée de mon appareil , je vais en développer Ie principe, et je ferai Toir les avantages que Ie télégraphe physiologique pos-sède nécessairement sur tout autre système de télégraphie , qui repose sur les actions magnétiques denbsp;l’électricité.

L'intensité du courant électrique , produit par un élément simple de Volta est donnée par la formule ;

C

I = - (1)

R -1- r

I est l'intensilé du courant, qui reste la même dans chaque section du circuit; c’est la quantité d’électri-

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cite , qui passe dans l'unité de temps a travers chaque section.

C est une constante, indépendante des dimensions de 1’appareil et qui reste la même, quelle que soit lanbsp;conducibilité du liquide, interposé entre les plaquesnbsp;zinc-cuivre, pourvu que ce soit l’action d’un mêmenbsp;electrolyte, qui sert a produire de l’électricité. Ain«nbsp;si la valeur de C ne change pas , quand on ajoute anbsp;l’eau des seis, des alcalis ou des acides, qui ne sont pasnbsp;eux-mêmes électrolysables , comme p. e. les acides sul-phurique et nitrique; mais si Ie corps qu’on ajoute estnbsp;lui-même un électrolyte, la valeur de C doit éprou-ver quelque changement, comme cela a lieu p. e. pournbsp;l’acide hydrochlorique; cas, auquel C devient moindre.

R est la resistance de l’élément et r celle du fil conducteur, qui compléte Ie circuit. Cette resistancenbsp;n’est autre chose, que la longueur, divisée par lenbsp;produit de la section et de la conducibilité , de sor-te uue nous avons ;

cs

CS

La formule (I) est au fond la même , qui a été don-née , il y a long-temps , par M. Ohm et que M. M. PouiLLEX et Fechner ont démontrée par de belles experiences. J’ai tache de la déduire d’une manière particuliere et d’en développer toutes les consequences,nbsp;dans un Memoire sur quelques points de l'électri-cité voltaïque , présenté a 1’académie des Sciences denbsp;Paris le 23 Juillet 1838 et dont M. M. Becquerel etnbsp;PouilLST sont chargés de faire un rapport.

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Quand on réunit dans une pile n élémens sembla-bles, dont la resistance individuelle est = R , l'inten-sité du courant sera donnée par la formule:

n C

1 = -. (2)

n R r

Ainsi quand un élément, dont la résistance totale est = R j se trouTe divisé en n couples semblables, lanbsp;résistance de chaque couple étant devenue = n R, nousnbsp;trouvons pour l’intensité du courant:

n C

I = - (3)

n“ R r

Done , pour produire la plus grande intensité du courant dans un fil, dont la résistance est = r , il faut que Ie dénominateur n Rnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;devienne un minimum ^

ce qui a lieu pour n = nbsp;nbsp;nbsp;l’intensité maximum

A

sera par conséquent = -— .

2 y-rr

D’après cela on peut aisément résoudre tous les pro-blèmes, qui se présentent sur 1’action magnétique de 1’électricité a des distances quelconques. Pour appli-quer nos formules au calcul, je prends pour unité denbsp;résistance, celle d’un lil de cuivre d’un metre denbsp;longueur sur 1“™ de diamètre , et, pour plus de sim-plicité , je suppose, que ce soit par un fil de cettenbsp;grosseur , qu’on ait établi la communication entre lesnbsp;deux stations télégraphiques. La résistance d’un élément simple de Volta , dont la surface est de 1 mê-tre carré , l’épaisseur de la couche liquide entre les

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plaques zinc-cuivre de 1 centimetre et la conducibilité du liquide =z 0. 1 , (celle de la dissolution saturée denbsp;sulfate de cuivre étant prise pour unite,) se trouvenbsp;par la formule ;

f (0. 001)^ nbsp;nbsp;nbsp;15 000 000

R = nbsp;nbsp;nbsp;--L.---. o- 01

1 0. 1

la conducibilité du cuivre étant = 15 000 000 , d’après les experiences de Poühlet. En eflèctuant ce calcul,nbsp;on trouve;

R = 1™ 18

c’est-a-dire, qu’un tel élément offre la même résistan-ce qu’un fil de cuivre de 1™ 18 de longueur sur un millimetre de diamètie. On peut diminuer la résistan-ce , soit en diminuant l’épaisseur de la couche liquide ,nbsp;soit en augmentant sa conducibilité , et d’après la con-naissance de ces élémens on peut toujours en calculernbsp;la valeur numérique. Pour fixer les idees, nous ad-mettons que la résistauce d’une couche liquide denbsp;1 metre de surface sur 1 cent. d’épaisseur soit lanbsp;même que celle d’un fil de cuivre de 1 mêtre de longueur sur l™quot;* de diamètre. Du reste , quelle que soitnbsp;la valeur numérique de R, la marche du raisonnementnbsp;n’en restera pas moins la même.

Cela posé , quel doit être Ie nombre des couples , dans lequel il faut diviser une surface totale = R ,nbsp;pour produire la plus grande intensité du courant a unenbsp;distance soit de 45 kilometres, c’est-a-dire, dans unnbsp;circuit de 90 kilometres de longueur ?

Puisque l/'~T — 300 , il faut diviser l’élément en

^ nbsp;nbsp;nbsp;•nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;c

300 couples et 1’intensité du courant sera = 530 c’est

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a-dire, la même qui aurait lieu ayec un élément simple de 5 ? décimètre de surface, quand on emploie, comme conducteur , un lil assez gros pour que sa résis-tance puisse étre négligée par rapport a celle de eetnbsp;élément.

Si 1’on avait divisé la surface en 100 couples, on aurait I =nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;; avec 10 couples 1’intensité ne serait

que nbsp;nbsp;nbsp;et avec un simple élément d’une même sur-

faee totale on la trouverait = pösst’

On voit dans quelle proportion il faut augmenter Ie nombre des couples , en raison de la distance a la-quelle Ie courant électrique doit aller exercer son action ; car toutes les actions par lesquelles Ie courantnbsp;peut manifester sa présence dépendent en quelquenbsp;sorte de son intensité.

D’après les experiences de Fakadat les effets chimi-ques sont en raison directe de Vintensité due ourant.

La méme lot se retrouve dans les effets magnétiques , tant pour les déviations de 1’aiguille d’après les expé-riences de Becqtjerel , que pour raimantation du fernbsp;doux d’après celles de Jacobi.

Quant aux effets thermiques de 1’électricité , ceux-ci sont encOTe en raison directe de Vintensité du courant, mais en même temps ils se trouvent en raisonnbsp;inverse de la section et de la conducibilité du fil,nbsp;qui s’échauffe. Ainsi la quantité de chaleur , devenuenbsp;libre dans une portion du conducteur , dont Ia longueur, la section et la conducibilité sont exprimées re-spectivement par 1. c. s. sera proportionnelle a I “nbsp;c’est-a-dire , a ce que nous avons nommé ailleurs lanbsp;densité du courant. Je dis la quantité de chaleur ,

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qui se dégage dans Ie lil; car sa temperature est une fonction plus complexe, dans laquelle entre aussinbsp;la capacité spécifique. Du reste la démonstration denbsp;cette proposition fera peut-être 1’objet d’un mémoirenbsp;spécial.

Enfin les effets physiologiques seinblent suivre encore la raison directe de la densité du courant. Car la sensation, que fait éprouver Ie passage de Télec-tricité a travers les nerfs , dans une partie quelconquenbsp;du corps, devient d’autant plus sensible , que 1’inten-sité est plus grande et que la section du corps, normale a la direction du courant, est moindre. Ainsinbsp;Ie courant, qui ne produit aucun phénomène appreciable , quand il entre dans Ie corps par les mains, en-tièrement plongées dans des vases de inercure, donneranbsp;une commotion sensible lorsqu’il entre par les extré-mités des doigts , quoique dans ce dernier cas son in-tensité soit moindre. (Bbcqüerel Traité T. V p. 283)nbsp;C’est encore pour cela, que Ie courant, qui donnenbsp;une commotion dans les doigts, ne produit aucun effetnbsp;dans Ie bras, dont la section est plus grande ; maisnbsp;a mesure qu’on augmente l’intensité électrique, onnbsp;parvient a rendre sensible la commotion dans les brasnbsp;et j usque dans la poitrine. On Ie sait depuis long-temps par les décharges des bouteilles de Leyde.

En résumé, les elïets chimiques et magnétiques du courant dependent de la quantité d’électricité , quinbsp;passe dans l’unité de temps par toute l'étendue d’unenbsp;section ; car tous les élémens de cette section agissentnbsp;ensemble, soit pour faire dévier 1’aiguille ou aimantcrnbsp;Ie fer , soit pour séparer les parlies constituantes des

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corps électrolysables. Mais dans les eflels thermiques et physiologiques 1’action depend de la quantité d’électri-cité , qui se trouve sur chaque élément d'une section ,nbsp;puisque c’est dans ces élémens mêmes qu’elle s’excr-ce. D’après cela on concoit aisément pourquoi lesnbsp;elïets chimiques et magnétiques sont en raison directenbsp;de l’intensité du courant, tandis que les eflets thermi-ques et physiologiques sont proportionnels a sa densité.nbsp;Toutefois les elïets chimiques en dépenden! aussi dansnbsp;ce sens, que la décomposition cesse d’etre sensible,nbsp;aussitót que la densité est tombée au-dessous d’unenbsp;certaine limite. C’est ce qui fait que dans un njêmenbsp;circuit on peut recueillir une plus grande quantiténbsp;de gaz , quand les électrodes sont de simples fils, quenbsp;lorsqu’on se sert de plaques d’une certaine étendue.nbsp;Dans ce dernier cas les élémens de la décomposition senbsp;répandent sur une plus grande surface et peuvent ad'nbsp;hérer ainsi plus abondamment aux lames métalliques,nbsp;oü ils produisent les phénomènes de la polarisation,nbsp;que nous avons traités plus au long dans Ie Mémoirenbsp;cité. Dans tous les cas , lorsqu’on ne considère quenbsp;1’effet thermique produit dans un méme fil ou l’effetnbsp;physiologique dans une méme Jibre, ces actions senbsp;trouvent, comme les effets chimiques et magnétiques,nbsp;en raison directe de l’intensité du courant. —

D’après ces développemens il est facile de choisir dans chaque cas 1’appareil convenable pour produirenbsp;un certain effet électrique a une distance donnée. Ornbsp;c’est la , que se troure la solution du problème de lanbsp;télégraphie électrique. Je suppose , par ex. , qu’avecnbsp;un élément voltaïque d’un decimètre carré de surfa-

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ce , on puisse produire une certaine deviation de l’ai-guille OU une certaine force magnétique dans du fer doui a une distance de mille mètres, c’est-a-dire, dansnbsp;un circuit de deux mille mètres de longueur. On con-viendra que d’abord il faut une certaine délicatesse dansnbsp;les appareils galranomêtriques pour produire dans ce casnbsp;une action sensible, surtout quand on veut mettre ennbsp;mouvement une machinerie et vaincre les frottemens,nbsp;qui en résultent , afm que Ie télégraphe écrive lui-même les signes transmis. Maïs pour que Ie même ef-fets se manifeste a une distance de 100 kilomètres, ilnbsp;faut employer une pile de 100 couples semblables, etnbsp;pour chaque kilometre de plus , un autre couple doitnbsp;ètre ajouté a la pile. Tout cela se volt clairement parnbsp;la comparaison des formules (1) (2) , que nous avonsnbsp;données plus haut. Or ce n’est pas trop exiger d’unnbsp;nouveau télégraphe , dont 1’étahlissement entrainerait desnbsp;frais assez considerables , que de vouloir qu’il putnbsp;transmettre ses signes a une distance de 25 lieues seule-ment. Mais d’un autre cóté c’est une chose assez incommode et surtout dispendieuse , que de mettre et denbsp;tenir en activité une pile d’une centaine de couples,nbsp;d’autant plus que Ie télégraphe , tel que je Ie concois ,nbsp;devra servir non seulement aux besoins du Gouvernement , mais encore a l’usage des particuliers, toutnbsp;comme la poste a lettres, Combien de fois ne faudrait-il pas renouveler ces énormes appareils? Même en senbsp;servant de piles Voltaïques, les eöets physiologiquesnbsp;semblent un moyen de télégraphie beaucoup plus con-venable que les actions magnétiques. D’après les belles experiences de pouillet , la resistance du corps hu-

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main, quand le courant y entre par les deui mains , entièrement plongées dans des bains de mercure,nbsp;équivant a une longueur de onze lieues du fil de cui-yre , que nous avons pris pour mesure. Si le courantnbsp;ne trarerse que deux doigts d’une main , mouillés et anbsp;moitié plongés dans du mercure , on trouTe la ré sistancenbsp;égale a 77 lieues du même fil. Or arec une pile denbsp;20 eouples on produit dans les deux doigts une commotion très-sensible; par consequent une pile de 40nbsp;couples produirait le même effet dans une chaine denbsp;deux personnes , ou sur une seule personne , qui se trou-verait dans un circuit de 77 lieues du £1 de cuivre.nbsp;D’après cela la pile de 100 couples donnerait unenbsp;commotion très-sensible a une personne, qui se trou-verait dans un circuit de 4x77 lieues, ou a unenbsp;distance de 154 lieues , tandis que la même intensiténbsp;électrique ne produirait I’effet magnétique dont nousnbsp;Tenons de parler, que jusqu’ a une distance de 25nbsp;lieues. J’aroue qu’on pourrait augmenter la délicatesse des appareils galvanométriques de manière a lesnbsp;faire agir a une distance beaucoup plus grande , maisnbsp;je doute que pour 1’usage télégrapbique on puisse donnet a 1’aiguille aimantée une sensibilité supérieure ounbsp;même égale a celle des nerfs. Pour que les 20 couples produisent une commotion dans les doigts, il suf-fit d’employer de 1’eau légèrement acidulée , done pournbsp;qu’un effet magnétique soit également applicable, commenbsp;signe télégrapbique , eet effet doit être tel qu’il puissenbsp;se produire par l’action d’nn seul couple a une distancenbsp;d’enxiron 2 lieues ou dans un circuit de 15400 metresnbsp;de longueur , puisque

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20 C

20 R 77 X 4000 R 15400.

Nous arons négligé dans ce calcul la résistance du fil galranométiique ou de l’hélice , qui entoure Ie fer doux,nbsp;par rapport a la résistance des lils conducteurs. Dansnbsp;Ie problème qui nous occupe, il ne peut en résulternbsp;aucune erreur appréciable ; d’ailleurs il est facile denbsp;faire entrer eet élément dans Ie calcul. Car nom-mons

la résistance de 1’élément,

---du nbsp;nbsp;nbsp;fil conducteur ,

--du nbsp;nbsp;nbsp;fil galvanométrique oü de l'hé-

lice, qui entoure Ie fer doux, nous avons pour un seul couple :

R r -j- s

et pour une pile de n couples semblables :

n C

I =----

n R r ' s

Done pour que 1’intensité soit la même dans les deux cas , il faut avoir

r' s = n (r s)

d’oü

r' = nr (n — 1) s

formule, qui donne la distance a laquelle on produit avec n couples Ie même effet qu’on obtient avec unnbsp;seul couple a la distance — r.

Mais dans tous ces cas il faut se servir d’une pile d’un très-grand nombre de couples, puisqu’il n’y a pas

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d’autre moyen de produire uri effet magnétique a une très-grancle distance. II est vrai, que M. Steinheilnbsp;s’est sen i d’une machine magneto - électrique , pour dé-velopper Ie courant dans Ie fd conducteur , mais royeznbsp;aussi comment il a dü s’y prendre, pour obtenirnbsp;quelque ellet dans un circuit d’environ deux lieues seule-ment et avec des appareils galvanométriques d’une grande sensibilité, puisque Ie lil formait de 400 a 600 revolutions autour de l’aiguille aimantée. II a dü en-rouler autour de 1’armature de son aimant un lil denbsp;cuivre de trente six mille pieds de longueur . . . . ! —nbsp;[Comples rendus 10 Sept. 1838 p. 590). Mais j’ai-merais voir M. Steinheil produire une action appreciable avec ses énormes appareils a une distance d’unenbsp;vingtaine de lieues par exemple. II s’apercevroit biennbsp;vite, que les actions magnéto-électriques sont encorenbsp;beaucoup moins propres a développer Ie courant, quenbsp;ne Ie sont les actions électro-magnétiques pour en re-connaitre la presence. La raison en est facile a trou-ver ; mais puisque c’est justement dans cela que con-siste la grande supériorité des effets physiologiques com-me moyen de télégraphie, je vais la développer avecnbsp;quelques détails.

Jusqu’ici nous n’avons parlé que des courans continus , et dans ce cas les effets chimiques et magnétiques , ainsi que les actions thermiques et physiologiques, lors-qu’on ne considère qu’un mime fil ou une même fibre , se trouvent directement proportionnels a l'inlen-sité du courant, c’est-a-dire , a la quantité d’électrici-té qui passe dans l'unité de temps. Mais lorsque Ienbsp;courant n’agit que par des intervalles ou qu’on se serve

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des courans instantanés tels que les courans d’induction OU ceux, qui résultent de la décharge d’une bouteillenbsp;de Leyde, il y a un autre élément très-essentiel a con-sidérer , c’est la durée du temps , pendant lequel Ienbsp;courant traverse la conducteur. II y a une belle ex-périence de Poüillet , qui, sous plus d’un rapport,nbsp;me semble présenter un grand intérêt. II s’est servinbsp;d’une roue dentée semblable a celle de M. Masson ,nbsp;dont les intervalles étaient remplis de morceaux denbsp;bois; la roue est portée sur un axe horizontal ennbsp;métal, auquel ou imprime un mouvement de rotationnbsp;plus OU moins rapide. Dans 1’appareil dé M, Poüilletnbsp;les intervalles de bois et de metal sont égaux entre euxnbsp;et Pon peut imprimer a la roue une vitesse telle,nbsp;qu’une dent passe a peu pres ennbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de seconde.

L’axe de la roue est mis en communication avec Pun des poles de la pile, tandis qu’une languette de laiton,nbsp;en rapport successivement avec chaque dent sur laquel-le elle appuie légèrement, communique avec Pautre pole. Ainsi Ie courant ne passe que pendant la moitiénbsp;du temps et M. Poüillet a trouvé , qu’après avoirnbsp;augmenté la vitesse de rotation a un tel point, quenbsp;Paiguille ne faisait plus d’oscillations , mais qu’elle étaitnbsp;parvenue a une déviation fixe ; cette déviation étaitnbsp;moitié de celle, qui avait lieu avee Ie courant continu. (Becquerel Traité V. p. 275.)

Ici Vintensité du courant, c’est-a-dire , la quantité d’électricité, qui passe de la pile dans Ie conducteurnbsp;divisée par Ie temps (bien entendu, qu’il s’agit dunbsp;temps, pendant lequel Ie contact est établi) reste lanbsp;meme , que Ie courant soit continu ou qu’il ne se pro-

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^ i

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duise , qu’a des interTalles quelcoöques. Ouand la vi-tesse de rotation est telle , que chaque dent passe dans 7B3 5 de seconde, alors la quantité d’électricité Q,nbsp;qui se décharge a chaque interruption , divisie farnbsp;ce iemfs , servira de mesure a Vintensité du courant;nbsp;mais dans Ie cas d’un contact continu , ce sera commenbsp;si 7000 courans de cette même intensité passaient dansnbsp;1quot; , tandis que dans l’appareil de PouiLLET , Ie nom-bre des courans, qui se succèdent dans 1'' , n’est quenbsp;de 3500. Ainsi, en définitire, Ia somme des effetsnbsp;produits par des courans, soit intermittens, soit continus , sera proportionnelle a la quantité d’électricité ,nbsp;qui, pendant ce temps, aura traversé Ie conducteur.nbsp;Faraday a déja fait cette remarque , en ces termes:nbsp;» Ifquot; dit-il, gt;ytke same absolute quantity of electri-» city pass through the galvanometer, whatevernbsp;» may be its intensity , the deflecting force upon thenbsp;» needle is the same. (Phil. Transact. 1833 n“ 365)nbsp;Cette proposition a donne lieu a des objections peunbsp;raisonnables de M. Sturgeon , qui n’hesite pas de lanbsp;nommer » so exceedingly vague and inconclusive ,nbsp;that it cannot, with propriety , be said to expressnbsp;any thingquot; (Annals of Electricity Oct. 1836 p. 53)nbsp;Comment, dit-il, la force déviatrice resterait la mêmenbsp;pour une même quantité d’électricité, que celle-ci tra-versiit le conducteur dans une seconde, dans une minute , dans un mois ou dans une année ? Les objectionsnbsp;de Sturgeon et la manière, dont il s’exprime tropnbsp;souvent envers un de ses plus illustres compatriotes,nbsp;sont au moins ridicules, pour ne pas dire davantage.nbsp;Quand une certaine quantité d’électricité produit une

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deviation , en traversant ie conducteur dans 1quot; par ex., il est évident, qu’en y mettant 1', la deviationnbsp;sera soixante fois moindre , nrais en revanche Ia durée ennbsp;sera soixante fois plus longue (1). Tel est Ie sens qu’ilnbsp;faut atlacher aux paroles de Fakadaï et quoique Tau-teur ne Tait pas dit d’une manière explicite, sansnbsp;doute il est trop haut placé dans Testime des savansnbsp;pour pouvoir mériter les invectives de Stürgeoit.

Done la somme des effets , produits dans un temps donné doit être mesurée par la qiiantitè d’électricité,nbsp;qui , pendant ce temps , aura traversé Ie conducteur ;nbsp;mais l'effet qu’on observe 'a un instant quelconque senbsp;trouve proportionnel a l'intensité du courant, pour-vu toutefois que sa durée soit assez longue , pour quenbsp;eet effet puisse atteindre son maximum. Supposons, pournbsp;fixer les idéés, qu’une aiguille arrive a une certainenbsp;déviation dans une seconde, sous Taction d’un courantnbsp;continu ; toute Télectricité , qui traverse Ie conducteur

lt;!•

(1) Je suppose toutefois que cette minute soit partagée en 60'' qui se succèdent ^ de certains intervalles, après lesquels 1’aiguillenbsp;aurait repris sa position d’équilibre; sans cela Ie problème devientnbsp;plus compliqué , et il faudrait prendre en considération la nature donbsp;1'aiguiIIe sur laquello on opère. Ainsi il se peut fort bien * qu*unenbsp;même déviation finale soit produite par une même quantité d electrici-té , qu’elle passe dans une, dans deux secondes, ou dans un tempsnbsp;beaucoup plus court, II suffit que Taiguille fasse, par exernple, unenbsp;oscillation dans une dixaine de secondes ; alors elle pourra se trouvernbsp;encore sensiblement parallèle augt;dessous du lil conducteur, a la findenbsp;la première seconde, et la quantité d’électricité, qui arrive pendantnbsp;la deuxième seconde, peut agir dans les mêmes circonstances quenbsp;celle, qui 1’a précedée. Bu reste la solution de ce problème curieuxnbsp;est du ressort de Ia mécanique.

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dans la deuïième seconde et dans les suivantes, ne ser-vira qu’i retenir 1’aiguille dans cette position d’équili-bre. Mais si Ie courant n’arait dure qu’un millième de seconde par exemple, il est évident qu’il n’auraitnbsp;pu produire la même deviation. Cependant son intensity n’aurait pas change, mais sa dureé serait devenuenbsp;trop courte pour qu’une quantity suffisante d’électriciténbsp;eüt pu traverser Ie conducteur. Pour obtenir avecnbsp;un courant la même deviation dans un millième de seconde, il aurait fallu lui donner une intensité millenbsp;fois plus grande.

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C’est par-la, qu’on explique les phénomènes , que présente 1’électricité , accumulée sur les armatures denbsp;nos bouteilles de Leyde. Celle-ci, en se déchargeantnbsp;même a travers des corps peu conducteurs , possèdenbsp;une intensité beaucoup plus grande que celle qu’onnbsp;peut produire avec les plus énormes appareils voltaï-ques construits jusqu’ici; mais en revanche la quantity qui s’y trouve accumulée est inliniment moin-dre que celle qu’on peut développer avec un élément voltaïque , quelque minime qu’il soit, dans unenbsp;seconde par exemple, (voyez surtout Faraday Phil.nbsp;Transact 1833 n° 371 sqq.). S’il y avail moyen denbsp;faire passer ainsi des décharges d’une bouteille de Leyde continuellement et sans interruption a travers un filnbsp;métallique , seulement pendant 1quot;, on obtiendrait desnbsp;effets, dont il est difficile de se former une idéé. Carnbsp;admettant qu’une bouteille de Leyde se décharge anbsp;travers un fil métallique dans un millième de seconde ,nbsp;il y aurait dans une seconde mille de ces déchargesnbsp;1’une après 1’autre , dont une seule suffit pour Ie faire

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fondre en globules. — Mals c’est précisement a cause de sa courte durée , que Ie courant d’une bouteille denbsp;Leyde ne produit que difficileraent des elfets chimiquesnbsp;et magnétiques; ici IHntensité seule du courant ne suf-fit pas; il lui faut une certaine durée; il y a unenbsp;quantité de fluide, nécessaire pqur faire dévier unenbsp;aiguille et opérer la séparation des elémens d’un corps.nbsp;Cependant cette même électricité produit des elfets phy-siologiques très-intenses; ici IHntensité fait tout; pournbsp;qu’il se produise une sensation dans les nerfs, il suffitnbsp;qu’une certaine quantité d’électricité les traverse dansnbsp;un intervalle donné ; la durée de eet intervalle n’y estnbsp;pour rien. Ainsi la quantité d'électricité , qui produit un effet physiologique trés-énergique est infini-ment moindre que celle, qui est nécessaire pournbsp;produire une déviation dans une aiguille, mêmenbsp;très-sensible. C’est sur ce principe, que repose lanbsp;supériorité des elfets physiologiques, comme moyen denbsp;télégraphie. Ici on n’a pas besoin de recourir aux cou-rans continus; même avec les courans instantanésnbsp;ces eflets se produisent, et conséquemment il en ré-sulte une grande économie sur les moyens dont on senbsp;sert pour développer Ie fluide électrique.

Les courans qui remplissent éminemment Ie but, que nous nous proposons, sont les courans magnéto-électriques et surtout les courans produits par 1’induc-tion galvanique et électro-magnétique.

Avec une machine magnéto-électrique de Clarke , inunie de son armure d’intensité, autour de laquelle senbsp;trouve enroulé un fil de 1500 mètres de longueur,nbsp;je puis donner une secousse très-sensible a travers une

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chaine de quatre personnes qui se touchent par les mains sèches. Supposons que ces personnes senbsp;tiennent aussi étroitement que si elles avaient les mainsnbsp;entièrement plongées dans des bains de mercure, (cenbsp;qui n’est guère ainsi , surtout au moment oü elles recoi-vent la commotion) il est évident, qu’avec eet appa-reil je pourrais donner une commotion sensible a unenbsp;personne, qui se trouverait dans un circuit de 33 lieu-es, soit a la distance de 16 lieues. M. Steinheil ob-tiendrait des effets bien plus remarquables avec sonnbsp;fij de trente six mille pieds . . . dependant il est bonnbsp;de remarquer qu’on ne peut pas augmenter indéfini-ment 1’intensité du courant en augmentant Ie nombrenbsp;des revolutions du fil. II y a ici une limite variablenbsp;suivant la longueur des fils conducteurs qui doivent êtrenbsp;traversés par Ie courant ; ainsi on doit déterminer,nbsp;dans chaque cas particulier, les dimensions qu’il con-vient de donner aux hélices, suivant 1’effet qu’il s’agitnbsp;de produire, d’après Ie beau travail de Lenz. {Pog-gendorff Annalen 1835 , XXXIV p. 385 sqq.) Lors-qu’il n’y avait qu’une seule personne dans Ie circuitnbsp;Ie galvanomètre très-sensible que j’y avais intercalé ,nbsp;n’éprouvait pas Ie plus léger mouvement.

Mais on obtient des effets bien plus énergiques, en se servant des courans secondaires. J’ai faitnbsp;quelques expériences sur ce sujet avec un appareil,nbsp;construit par Cearke , qui fait partie de la richenbsp;collection de M. Nairac , amateur zélé des sciences physiques a Arnhem. C’est tout simplernent unnbsp;cylindre de bois , autour duquel sont enrouléesnbsp;deux helices bien distinctes. La première est for-

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mée d’un fil de cuirre de 90 pieds (Anglais) de longueur sur 5*5 pouce de diamètre ; celle-ci sert comme conducteur du courant primitif. Au-dessus de celle-cinbsp;se trouve la deuxième hélice, qui consiste en un filnbsp;de cuirre de 1500 pieds de longueur et de pouce denbsp;diamètre ; c’est dans celui que se déreloppe Ie courantnbsp;d’induction. On fait passer Ie courant d’un élémentnbsp;Toltaïque dans la première hélice ; les extrémitésnbsp;de la seconde sont en communication avec Ie corps, etnbsp;a l’instant, oil l’on rompt ou rétablit Ie contact, ilnbsp;se produit une secousse vraiment insupportable, tandis-que Ie galvanomètre ne bouge pas , même quand Ienbsp;circuit est tout métallique. Les eöets deviennent denbsp;plus en plus énergiques lorsqu’on introduit dans Ie cy-lindre de bois une pièce solide de fer , un cylindrenbsp;creux de fer blanc et surtout un faisceau de fils de fernbsp;étroitement liés ensemble. Avec cette dernière disposition et un élément Toltaïque d’un pied carré de surface , j’ai donné une commotion très-sensible a traversnbsp;une chaine de quinze personnes. Done avec ce simplenbsp;appareil, qui ne coüte guère plus de 30 florins (60nbsp;francs) et dans la supposition que la résistance de cha-que personne ne soit que de 11 lieues, on peut produi-re une commotion sensible a une distance d’au moinsnbsp;77 lieues, et je ne doute nullement qu’avec des ap-pareils de ce genre, 1’on ne parvienne a porter lanbsp;commotion de Paris a St. Petersbourg.

Je crois avoir suffisamment prouvé 1’avantage des efiets physiologiques comme moyen de télégraphie surnbsp;toute autre disposition imaginée jusqu’ici. II estnbsp;temps de passer a la deseription du télégraphe, que j’ai

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fait construire d’après ce principe. L’appareil est tel-lement simple, que peu de mots suffiront pour en faire comprendre Ie mécanisme.

Pour les raisons données plus baut j’emploie dix Ills ; il en résulte une augmentation dans les frais de construction , mais qui, dans Ie système physiologique,nbsp;sont d’autant moindres, qu’on peut employer des filsnbsp;d’une moindre grosseur. Les extrémités de ces dix filsnbsp;sont unies de part et d’autre a dix touches parfai-tement semblables, et qui n’ont entr’elles aucune communication métallique ; il serait mème avantageux denbsp;les isoler de la manière ordinaire. Les appareils, quinbsp;servent a donner et a recevoir les signes, sont abso-lument semblables ; ainsi il sulfit d’en décrire un seul.nbsp;Chaque touche est double, de sorte qu’il y a com-me deux claviers , 1’un au-dessus de 1’autre. Les deuxnbsp;touches supérieure et inférieure sont métalliquementnbsp;unies; mais on peut Laisser 1’une ou 1’autre a vo-lonté , et alors chacune entre dans une capsule séparéenbsp;de mercure. Ainsi les touches de la rangée supérieurenbsp;peuvent plonger dans les vases P et N ' ; celles de lanbsp;rangée inférieure dans P' et N , les capsules N , N'nbsp;et P , P' étant métalliquement réunies. Chaque touchenbsp;est couverte d’une plaque de cuivre recourbée a anglenbsp;droit vers 1’extrémité pour pouvoir plonger dans lesnbsp;vases. On a pratique des apertures dans les touches dénbsp;la rangée inférieure , afin que les extrémités recourbéesnbsp;des touches supérieures puissent y passer pour entrernbsp;dans les bassins P et N', lesquels sont en communication avec les deux poles de l’appareil électri-que. A 1’autre extrémité du télégraphe se trouve un

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observateur , qui pose les dix doigts sur les dix touches de la rangée , soit supérieure soit inférieure.

On voit qu’avec cette disposition on peut donner la commotion a deux doigts quelconques, ce qui donne

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pour les dix doigts--— 45 combinaisons, qui

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peuvent représenter autant de signes. Les commotions, qui ont lieu lorsqu’on fait passer Ie courant a travers un doigt de la main gauche et un autre doigtnbsp;de la main droite sont au nombre de 25 ; elles ser-vent a représenter les lettres de 1’alphabet. Onnbsp;les produit en baissant une des touches vers la gauchenbsp;de I—V et une autre vers la droite de VI—X pour-vu qu’on les prenne dans Ia même rangée, soit supérieure soit inférieure , et que i’on produise au mèmenbsp;instant dans Ie circuit un courant secondaire. Alorsnbsp;la commotion est sentie par les deux doigts posésnbsp;sur les touches correspondentes a celles qui ont éténbsp;baissées au lieu , oü 1’on donne les signes. Pour baissernbsp;ces touches on se sert de petits morceaux de bois, ounbsp;bien 1’on met simplement des gants de soie ou de laine ;nbsp;sans cela on ressentirait soi-même une commotion,nbsp;qui diminuerait 1’effet qu’on veut produire a 1’autrenbsp;extrémité du circuit. Les commotions dans les deuxnbsp;doigts ne sont pas de la même énergie ; la plus fortenbsp;a lieu dans celui des doigts, qui est traversé par Ienbsp;courant dans Ie sens de la ramification des nerfs, c’est-a-dire , par lequel sort Ie courant. Le fait est connunbsp;et M. Marianim en a donné une théorie très-plausi-ble. {Annales de Chimie XL p. 225 Bibl. Univ.

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1829. XLIl. p. 287.) Ainsi il arrive que ia commotion soit très-distincte dans l’un des doigts, tandis que dans l’autre elle est ii peine sensible. Mais voici Ie moyennbsp;très-simple pour réparer eet inconvénient. Après avoirnbsp;baissé les deux touches on établit Ie contact; et, lais-sant les touches baissées, on Ie rompt immédiatementnbsp;après. Les deux courans qui se produisent, vont dansnbsp;une direction contraire, et il ne reste plus aucunnbsp;doute sur les doigts, traverses par Ie fluide électrique.nbsp;En faisant passer Ie courant par deux doigts de lanbsp;méme main, de celle par exemple, dont les doigts sont

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posés sur les touches I—V , on obtient encore-- = 10 combinaisons, dont je me sers pour représenternbsp;les chiffres. On produit ces commotions en baissantnbsp;deux touches, 1’une dans la rangée supérieure , l’autrenbsp;dans Ia rangée inférieure d’un méme clavier. Aprèsnbsp;cela il nous reste encore 10 signes, qu’on peut don-ner en baissant une touche dans chaque clavier denbsp;VI—X. On peut donner a ces signes telle significationnbsp;que Ton jugera convenable. Ils serviront, par exemple , a noter la fin d’un mot ou d’une période ;nbsp;a faire savoir si la nouvelle télégraphique est des-tinée a la station a laquelle on la recoit, ou s’ilnbsp;faut instantanément la transmettre a une station sui-vante; a indiquer qu’on a recu Ie signe, ou anbsp;toute autre signification qu’on jugera a propos de leurnbsp;donner. On peut écrire sur les touches mêmes auxnbsp;deux extrémités du circuit, les lettres et les chiffres,nbsp;qu’elles sont destinées a transmettre comme on Ie voit

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dans la fig. 2. Ainsi, par ex, en baissant les touches III et VIII dans une meine rangée , c’est la lettre nnbsp;qu’on transmet ; pour transmettre le chiff're 3 on baisse en inême temps la touche supérieure I et I’inferieu-re V , ou ce qui revient au même , la touche inférieure I et la supérieure V. On comprend d’après celanbsp;tout le mécanisme de I’appareil. Quand I’observateurnbsp;en B a recu la nouvelle et qu’il veuille y répondre , ilnbsp;lui suflit de mettre des gants , tandisque Tobservateurnbsp;en A pose les doigts sur les dix touches. Ainsi sansnbsp;rien changer a I’appareil, une autre nouvelle est trans-mise en sens contraire; mais le méme appareil peutnbsp;encore serrir a porter une nouvelle a une troisie-me station C , qui se trouve dans une autre direction.nbsp;Pour cet elfet les touches , qui sont elles-mêmes de boisnbsp;bien sec, ou de verre ou d’une substance isolantenbsp;quelconque , se trouvent couvertes dans les parties inférieure ou latérales d’autres lames métalliques réuniesnbsp;aux fils, qui s’en vont a la station C et n’ayant au-cune communication métallique avec les lames dans lanbsp;partie supérieure. En baissant les touches, ces lamesnbsp;sont raises en communication avec des bassins denbsp;mercure, diflerens de ceux qui servent a la corres-pondance entre A 'et B ; ces bassins sont reunis avecnbsp;les poles de I’appareil électromoteur. Ainsi au mêmenbsp;instant ou Ton recoit la commotion dans les deuxnbsp;doigts, on n’a qu’a baisser les touches qui y correspondent et il mettre I’appareil en action , ce qui se faitnbsp;par ex. , par un mouvement du pied , an mojen d’unnbsp;mécanisme facile a itnaginer. Alors la même nouvellenbsp;est instantnnément transmise ii Ia station suivante C

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et on la recoit ainsi aui stations B et C absolurnent au même instant. Lorsque la nouvelle est destinéenbsp;pour C et qu’il n’importe pas de la connaitre en B ,nbsp;il sulEt de réunir les deux espèces de lames supérieurenbsp;el inférieure , dont nons venons de parler , pourvunbsp;qu’on emploie un appareil assez puissant pour trans-mettre la commotion depuis A jusqu’a C.

J’ai fait éxécuter eet appareil par M. Holigrete, constructeur d’orgues a Deventer , mécanicien plein denbsp;zéle et de talent, et dans la séance de notre Sociéténbsp;de Physique du 31 Janvier 1839, plusieurs membresnbsp;ont eu 1’occasion de faire eux-mêmes les expériencesnbsp;et de s’assurer de 1’extrême facilité avec laquelle onnbsp;peut transmettre les signes. Je puis dire qu’a 1’aidenbsp;de quelque exercice on parvient a les donner et a lesnbsp;entendre avec une grande rapidité et bien supérieure anbsp;tout ce qu’on peut espérer d’un télégraphe magnétique.nbsp;La vitesse est pour Ie moins aussi grande que celle ,nbsp;avec laquelle les caractères s’écrivent. Toutes les per-sonnes ne sont pas également sensibles a la commotion ,nbsp;mais en variant la grandeur des appareils électromoteurs,nbsp;dont il faut en avoir quelques-nns dans les bureauxnbsp;télégraphiques, on produit des secousses proportionnéesnbsp;a la sensibilité de celui qui a posé les doigts sur lesnbsp;touches.

11 me faut encore parler du moyen par lequel on peut avertir I’observateur qu’il est temps de se meltrenbsp;a 1’appareil; car il est évident qu’il ne saurait resternbsp;une journée entière les doigts posés sur un clavier.nbsp;Pour eet eöet, lorsque Ie télégraphe n’est pas en action ,nbsp;je réunis métalliquement les cinq touches de chaque

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clavier et j’y attache deux fils d’une longueur convena-ble a rextrémité desquels se trouvent deux cylindres ou deux plaques de metal. II suffit de tenir ces cylindres par les mains, ou d’attacher ces plaques a unenbsp;partie quelconque du corps ; avec cette precaution onnbsp;peut se mettre au lit, on peut dormir, et quand ilnbsp;est temps de s’éveiller, une secousse vous en avertira,nbsp;qui sera plus que suffisante pour chasser le sommeil,nbsp;paree que 1’électricité passera alors par tous les cinqnbsp;fils a la fois. Un simple anneau qu’on mettrait aunbsp;doigt et dont les deux moities seraient isolees entr’elles,nbsp;suffirait pour remplir le but désiré.

Maintenant, qu’il me soit permis de résumer les avantages du nouveau système télégraphique sur toutenbsp;autre disposition imaginée jusqu’ici.

1. nbsp;nbsp;nbsp;Le télégraphe physiologique est le seul, quinbsp;puisse être employé a de tr'es-grandes distances.

2. nbsp;nbsp;nbsp;A des distances comparativement petites, ilnbsp;faut encore s’en servir de préference au télégraphe magné-tique , puisque les fils conducteurs peuvent avoir, dansnbsp;ce cas, une grosseur beaucoup moindre ; ce qui dimi-nue considérablement les frais de construction,

3. nbsp;nbsp;nbsp;Les appareils télégraphiques sont beaucoup plusnbsp;simples et s’obtiennent a des prix très-modiques: M.nbsp;Morse évalue les frais de sa machine , qu’il faudraitnbsp;établir a chaque station, a 1500 francs. {Comptesnbsp;rendus 10 Sept. 1838 p. 595) Or pour une centainenbsp;de florins je m’engage a fournir un bureau télégraphique de tout son appareil nécessaire.

4. nbsp;nbsp;nbsp;Les frais, requis pour mettre le télégraphe ennbsp;activité , sont incomparablement moindres que dans le

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système magnétique. Cela s’entend vu la faible tpian-iité d'électricité qu’on emploie; ce qui dolt causer une grande économie sur les moyens de la produire.

J’aime a croire que Ie gouvernement Hollandais ne tardera pas a faire un essai en grand de ce genre denbsp;communication. Lorsque sous la direction du Gouvernement , Ie télégraphe sera ouvert a 1’usage des particulars, comme une poste a lettres, 1’Etat pourra trou-ver des revenus assez considerables dans ce nouveau mo-yen de correspondance. Si 1’on évalue Ie prix d’unenbsp;nouvelle télégraphique depuis Amsterdam par Utrecht anbsp;Arnhem , seulement a 4 florins et qu’il n’y en eüt surnbsp;toute la ligne , qu’une douzaine par jour , on pourraitnbsp;fournir aux frais des employés, payer les intéréts etnbsp;rembourser Ie capital dans quelques années. — Du res-te les détails de ce calcul financier n’entrent pasnbsp;dans Ie plan de cette communication, dont Ie but estnbsp;eiclusivement scientifique.

Deventer 4 fevrier 1839.

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