XE
CONSIDÉRABLEMENT AUGMENTÉE ,
CoNTENANT en outre, i° 1’exposltlon de Tart de fabriquer les Verres de Lunettes et de Microscopes , les Miroirs de Télescopes , et plu-sieurs autres Instrumeus d’Üptique , de Physique et d’Astronomie;nbsp;la Description des Phénomènes de la Fantasmagorie, et des moyensnbsp;de les produire ; une Instruction sur Pusagc d'un Gadran Solairenbsp;horizontal el universel;
a» Dne Dissertation sur Ie Baromètre , Ie Thermomètre , les divers Instrumens d’Aréométrie , leur construction etleurs usages ;
3“ Une Notice sur Ie monument public connu sous Ie noin de Tour de 1’Horloge du Palais; un Dictionnaire analytique des termes denbsp;sciences employés dans Ie cours de 1’ouvrage; ie Catalogue generalnbsp;des Instrumens qui se fabriquent et se vendent chez 1’Auteur, avecnbsp;leurs prix , ainsi qu’une Table des matières ;
OuvRAGE en deux parties, de 8oo pages d’impression, enrichi de Planches et Gravures,
Dédié a s. m. le roi de westphalie ,
Par J. G. A. CHEVALLIER,
Inge'n.-Opticien de S. M., et Membre de plusieurs Academies.
Prix : 7 fr. -pour Paris, et 10 ïv. franc de port.
P« PARTIE.
PARIS-
C 12 Ckê iji ouSi
Chez
L’AUTEUR , quai et Tour de THorloge du Palais , n» i, en face du Pont au Change et du Marché aux Flcurs ;nbsp;LE NORMANT , Impr.-Libr., rue de Seine, n» 8 , F. S. G.
1812.
éeufdéétv Ttvjuétifieoquot; i’fiouotaS^e) cou^auctgt; ^uegt; ih j)uêüo 2ai^uej accozdeoquot; a» mecb faiêk(fynbsp;izavaux , jjomam m ’eu^a^eir cu eto zaééemêfeiynbsp;felt;b j)ztuclpaux éfétuenlt;ü : moto jtzemtev deooto'nbsp;eéu da fetO oj^zity a Votto Tïhajcitéj.
9xiijieun-iflt;(3 fixetr uto tuitaut éetb ze^azdtb auj tuidetu detO ioïui au^uétei joaty fe^lt;Jue^lt;(3 €Sa ze(hoonbsp;ovec iaua da pfotza , dault;Cgt; setb CtattO , fetO duéh-tutmuto comaczéetü d f’étuda eu d{aj jjzopa^atiotonbsp;detc, écteucetó.
3o •S^otïej ‘Vfl^a'jCitè ^
JOetzèi-fiHiuêfe, tzèi-o Séuéaut et tzèé~éoumié iezptieutyt
ingénieur-OpticUa de Volre Majesld.
-ocr page 14-U.\. ili.'x o'gt;.v. '.- nbsp;nbsp;nbsp;' '. i; gt;'’ .''.5 “ ' ■■'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•' • J Va '•
‘‘J-v. nbsp;nbsp;nbsp;■■■,■■,.■«nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;''■•■gt;■■■'„.■■■.'i «*i V.,i.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. t; .» . N
: ■■: nbsp;nbsp;nbsp;gt;• ‘ • -’V^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'t-' -
0. nbsp;nbsp;nbsp;■■nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'■. r ; f V’Jnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• .Ji
m
..' .'' ' â– nbsp;nbsp;nbsp;, ' 'ij ,;i;'3.i0 â– -iiJAÃ
^ 1-
-ocr page 15-PRELIMINAIRE.
/M'WV^'VWWWVWkVWWV^
En publiant la première edition du Conservateur de la V^ue , je me hasar-dai de faire rhommage de ce travail anbsp;S. M. Ie roi de Westphalie, qui daignanbsp;1’accueillir avec bonté, et m’en témoi-gner sa satisfaction, en m’envoyant unnbsp;gage de sa munilicence. Mon ouvragenbsp;parut sous ses augustes auspices, et futnbsp;accueilli du public avec indulgence. Desnbsp;encouragemens aussi honorables ne pou-vaient qu’exciter mon zèle^ et je me suisnbsp;appliqué a rendre cette seconde editionnbsp;plus digne de la protection du Monarquenbsp;et de J’attention du public.
Cette seconde edition du Conservateur de la V^ue est tellement aiigmentée, quenbsp;j’ai la confiance de croire qu’elle sera re-gardée comme un ouvrage presquuntie-
-ocr page 16-ij nbsp;nbsp;nbsp;DISCOURS
rement neuf, par les personnes qui la compareront avec la première. J’ai conserve de celle-ci tout ce qui m’a parunbsp;avoir attiré 1’attention du public, et j’ainbsp;ajouté ce qui a été ou l’objet de ses dé-sirs, OU celui des conseils de personnesnbsp;instruites et bienveillantes. Malgré l’é-tendue que eet ouvrage a recue par 1’effetnbsp;de toutes ces additions, je répéterai icinbsp;ce que je disais dans TAvant-propos denbsp;la première edition ;
« Ce n’est ni pour les savans ni pour » les artistes que j’ai eu la pretention denbsp;» composer eet ouvrage; ils n’attendaientnbsp;)) pas mon secours pour étudier les loisnbsp;» de 1’optique dans les traités qui les éta'^nbsp;« blissent, ni pour mettre en pratique lesnbsp;n procédés industrieux par lesquels lanbsp;)) construction des instrumens d’optiquenbsp;)) a été poussée au plus haut degré denbsp;)gt; perfection.
» Je n’ai eu d’autre dessein que d’offrir )) aux gens du monde ce qui pent les in-» téresser essentiellement dans tout ce
-ocr page 17-ï» R ÉL 1 M I N A T R Ë. nbsp;nbsp;nbsp;Üj
5gt; qui tient a l’usage, au soulagemeut et « a la conservation des yeuXv II m^a suffi,nbsp;» pour cela, de rassenibler les diversesnbsp;» explications que j’ai a donner chaquenbsp;« jour ati grand nombre de personnesnbsp;» qui daignent s’adresser a moi^, et qui,nbsp;gt;gt; je 1’espère, retrouveront avec plaisir cenbsp;qui les occupait, traité avec Ie degrénbsp;» plus OU moins grand d’importance quenbsp;» lui assigne Ie développement métlio-» dique et graduel dans lequel j’ai dunbsp;j) en présenter 1’ensemble ».
Tel était mon plan en i8to, époque de la publication de ma première édi-tion. Je n’avais pas cru utile d’entrernbsp;dans tous les détails de la fabrication desnbsp;instrumens d’optique j je m’étais réduit anbsp;donner seulement ce qui pouvait assurernbsp;la confiance du public dans Ie choix etnbsp;dans l’usage des cboses dont il a besoin.nbsp;« Je crois, disais-je alors, rendre unnbsp;» grand service au petit nombre de cons-» tructeurs habiles, dont les travaux nenbsp;» sont pas toujours appréciés a leur vé-
-ocr page 18-iv nbsp;nbsp;nbsp;BlSCOtJJRS
gt;y ritable valeur. En effet, Ie vil prix au-» quel tant de marchands établissent nos » iiistrumens, ne séduira plus les per-)) sonnes qui se seront fait une idee exactenbsp;)) des soins, du travail et de Ia longuenbsp;)) pratique qui peuvent seuls en assurernbsp;» la»perfection.... Je ne puis trop Ie ré-)) péter, disais-je encore, ce n’est pointnbsp;)) un traité qu’il me convenait de créer ,nbsp;» ma position, ma vie toute entière, con-)) sacrée aux soins de mon état et au ser-» vice du public, m’interdisaient cettenbsp;» pretention, et me laissaient seulementnbsp;)) la faculté de mettre a 1’usage de tous,nbsp;)) les résultats de mon expérience jour-» nalière ».
Je suis bien éloigné d’avoir renoncé a ces sentimens 5 je me plais, au contraire,nbsp;a les professer encore;, et si aujourd’lmi,nbsp;cependant, mon ouvrage se présente sousnbsp;une forme nouvelle et bien plus volu-mineuse, c’est que Ie public lui-mêrae anbsp;exigé davantage de moi. La bienveillancenbsp;avec laquelle il a recu mon travail, m’a
-ocr page 19-PRÉ L I flU N A 1 R E. nbsp;nbsp;nbsp;V
rendu , il est vrai, plus confiant en nies propres foi’ces ; mais, en outre, il m’a éténbsp;presque fait un reproclie d^être resté sinbsp;souvent en arrière des hornes de la science, en me renfermant dans un cadre tropnbsp;étroit.
On m’a fait observer que plusieurs ingénieurs et opticiens avaient, avant moi, public des traités sur 1’art de construirenbsp;les instrumens de physique et d’optique,nbsp;mais que leurs traités sont déja bien anciens ^ que la science a, depuis, fait desnbsp;progrès, et introduit des pratiques nou-velles, et qu’il était nécessaire d’en ren-dre compte. Une des considérations quinbsp;m’ont Ie plus frappé, est celle-ci; Le goutnbsp;des sciences physiques, m’a-t-on dit, senbsp;répand sur tous les points de l’Empire jnbsp;l’instruction n’est plus renfermée dans lanbsp;capitale et dans quelques grandes villes;nbsp;les campagnes sont habilées par des cul-tivateurs pour lesquels ragiiculture n’estnbsp;plus un métier ; et cependant des traitésnbsp;dans lesquels les généralités de la science
-ocr page 20-vj nbsp;nbsp;nbsp;DISCOURS
sont exposées avec profondeur, ne con-viennent pas au plus grand nombre ^ c’est un manuel de Tart qu’il est essentiel denbsp;lui offrir. Les diverses manipulations denbsp;1’optique, outre leur utilité directe, don-nent une occupation qui, loin d’être pé-nible et fatigante, fournit un amusement 5nbsp;et de ceux que Ton se permet dans lesnbsp;nombreux loisirs d’une vie passée a lanbsp;campagne, ou dans des villes peu bruyan-tes, en est-il beaucoup qui présentent desnbsp;résultats aussi éminemment utiles ?
L’astronome dont non-seulement l’An-gleterre, mals la science mème s’lionore, fierscheïl, engage musicien dans un régiment d’Hanovriens au service de lanbsp;Grande-Bretagne, ajoutait a sa paye parnbsp;Ie travail des verres de lunettes et desnbsp;miroirs de telescopes. La perfection denbsp;ses ouvrages lui fit acquérir des protec-teurs; il put bicntót cesser de n’êtro qu’unnbsp;babile manipulateur ^ il étudia la sciencenbsp;même, et lo nom ^Herscliell durera au-tant que Tastronomie, antant que la pla-
-ocr page 21-PRÉLIMINAIRE. nbsp;nbsp;nbsp;Vlj
nète qui roule dans Tespace oii elle porte ce nom, et l’y inscrit ponr jamais.
J’ai done cru devoir déci’ire tous les procédés avec une exactitude minutiense,nbsp;et même ne pas négliger l’exposition desnbsp;calculs les plus nécessaires, paree qu’ilnbsp;serait possible que quelques personnesnbsp;voulussent pénétrer dans la théorie denbsp;1’art. J’ai consacré, en effet, plnsieursnbsp;pages aux calculs et a Findication de lanbsp;marclie des rayons lumineux, soit dansnbsp;la vision, soit dans les mlroirs et les ins-trumens. J’ai fait graver plusieurs planches , afin de rendre Ie discours plus intelligible.
En m’écartant ainsi de moii premier plan , j’ai cédé aux conseils que Fon m’anbsp;donnés, et j’ai satisfait au désir cp.ie plusieurs pei-sonnes m’ont témoigné de voirnbsp;inon ouvrage prendre une marche plusnbsp;étendue. J’ai en peu d’augmentatians anbsp;faire a la partie curative, et je me suisnbsp;renfernié dans les hornes que je m’étaisnbsp;posées; « II n’y a rien de mirmtieux, di-
-ocr page 22-rm
viij nbsp;nbsp;nbsp;DISCOURS
)) sais-jè', rieii a négliger dans un organe V tel qué celui de la vue; les moindres er-» reurs deviennent funestes , et des con-)gt; seils hasardés aggravent souvent Ie malnbsp;» au lieu de Ie détruire. » Mon ouvragenbsp;ne dispensera point de demander aux.nbsp;geus de Tart les moyens curatifs, maisnbsp;il mettra a portee de connaitre l’instantnbsp;oü il faut les demander, et surtout denbsp;prévenir de graves inconvéniens par denbsp;sages precautions.
Des la première edition, j’avals cher-ché a répondre a 1’appel que Ie traducteur de l’ouvrage de feu JML. Beer, viédecinnbsp;oculiste de F^ienne en Autriche, avaitnbsp;fait, ea manifestant Ie désir que quelqu’unnbsp;de ceux qui ont Ie plus d’occasions d’oL-server les yeux dans tous leurs états, putnbsp;donner un petit manuel d’une utiliténbsp;générale. J’ai done ajouté dans celle-cinbsp;ce que Ie tems et 1’expérience ont pu menbsp;faire connaitre. Je n’ai pas du craindrenbsp;de marcher quelquefois sur les ti’aces de
ii
-ocr page 23-PRÉLIMINAIRE. nbsp;nbsp;nbsp;jX
M.. Béer^ dans tout ce que j’avais eu occasion de reconnaitre moi-même.
La partie anatomique, qui parait la plus éloignée de mes travaux ordinaires,nbsp;est due pi'esqu’en totalité a MM. Tenonnbsp;et De FTenzel^ soit par l’étude des mémoires qu’ils out fait imprirner, soit parnbsp;la confiance avec laquelle Ie premier,nbsp;célèbre analomlste, et Ie second, 1’un denbsp;nos premiers oculistes, m’ont adressé lesnbsp;personnes qui avaient bes in du secoursnbsp;de l’optique, soit enlin par la bienveil-lance avec laquelle M. Tenon a biennbsp;voulu recevoir la communication de monnbsp;preiuier manuscidt, et me donner sesnbsp;conseils.
Après avoir passé en revue les diffé-* rentes branches de Foptique, et parti-culièrement les miroirs et les télescopes, articles fort importans, j’ai cru devoirnbsp;parler de quelques instrumens curieuxnbsp;de dioptrique, tels que la chambre noire,nbsp;la lanterne magique et la fantasmagorie ,
-ocr page 24-X nbsp;nbsp;nbsp;D T S t: o V R s
qui n’offre aujourd’hui rien de surpre-iiant que la dextérité qui la met en jeu^ En dormant une description détaillée desnbsp;illusions qu’elle produit, je n’ai pas crunbsp;faire tort a personne, puisque les raystèresnbsp;de la fantasmagorie ne présentent riennbsp;de plus secret que Ie mécanisnie desnbsp;verres de la lanterne magique,
J’ai parlé aussi de la cliambre elaire, instrument dont 1’invention est due auxnbsp;opticiens anglais, et dont la constructionnbsp;est entièrement différente de celle de lanbsp;cliambre obscure, comme on pourra Ienbsp;voir par Fexplication détaillée que j’ennbsp;donne, et par la plancbe que j’ai consa-crée a eet article.
J’ai cru nécessaire de faire entrer dans Ie corps de eet ouvrage- une instruction sur l’usage des cadrans solaires bo-risontaux et universels que je construis,nbsp;et d’y joindre une indication de la latitude des principales villes de 1’Europenbsp;et de la France, ainsi qu’une notice surnbsp;la décl maison et l’inclinaison de la bousr
-ocr page 25-PRÉLIMINAIRE. nbsp;nbsp;nbsp;xj
sole. Au moyen de cette instruction, chacun pourra faire usage de ce cadran ,nbsp;et en verifier l’exactitude.
C’est aussi pour répondre aux diffé-rentes questions qui me sont faites chaque jour sur la confection^ rexactitude etnbsp;les variations des instruinens de météorologie et d’aréométrie, que j’ai donnénbsp;une dissertation sur ces divers ofijets. Jenbsp;me suis particulièrement élendit sur Ienbsp;baromètre et Ie tlier mornet re, et je n’ainbsp;rien négligé pour rendre ces articles,nbsp;déja fort intéressans de leur nature, aussinbsp;complets qu’ils pouvaient l’être.
En parlant des instrumens d’aréométrie , j’ai donné au caféosnètre iin pen d’étendue , persuadé que mes lecfcursnbsp;verraient avec plaisir 1’origine et l'his-toire du café, les révolutions qni s éle-vèrent a 1’occasion de ce breuvage, ctnbsp;les difficultés qu’on éprouva dans Ic Levant, lorsqu’on voulut en introduirenbsp;Fusage. Pour la description de Finstru-ment et son emploi, j’ai du consulter l’ex-
-ocr page 26-xij nbsp;nbsp;nbsp;¦ DISCOURS
cellénte dissertation qu’a publiée M. Ca-det-de-Vaux, en 1807, et j’ai Ie soin d’y renvoyer les lecteurs qui désirentnbsp;connaitre tons les détails que ce savantnbsp;a donnés sur les diverses preparationsnbsp;du café.
Quoique je me fusse impose Fobliga-tion de présenter les objets que je traitais d’une manière claire, précise, facile etnbsp;dépouillée de 1’obscurité scientilique, jenbsp;me suis vu forcé d’employer quelquefoisnbsp;Ie langage des savans, et les mots con-sacrés par eux ; c’est pour faciliter l’in-telligence , c’est pour en éclaircir tonsnbsp;les doutes, c’est pour aider toutes lesnbsp;classes de lecteurs, que j’ai placé a lanbsp;suite de l’ouvrage un diciionnaire analj-tique des termes de sciences qui y sontnbsp;employés , avec Ie secours duquel cliacunnbsp;pourra lever les difiicultés qui l’arrête-raient a la lecture du texte. J’ai eu Ienbsp;soin aussi de faire entrer dans ce dic-tionnalre divers éclaircissemens que quel-ques parties traitées dans l’ouvrage sem-
-ocr page 27-PRÉLIMINAIRE. nbsp;nbsp;nbsp;Xllj
biaient demander encore ^ et c’est pour-quoi 1’on y trouvera de nouveaux détails sur les microscopes, les telescopes, lesnbsp;miroirs , les lunettes et autres instru-mens d’oplique, de catroptique, de diop-trique, etc.
Enfin, après avoir fourni de mon mieux, mais non sans peine, une carrière -hérissée de difficultés, j’ai cru pou-voir me reposer un moment, en cédantnbsp;aux vceux de beaucoup de personnes,nbsp;qui m’ont demandé des renseignemensnbsp;et des détails historiques sur 1’antiquenbsp;monument dans lequel je fais ma residence, et oil sont établis mes ateliers etnbsp;magasins. Je n’ai jamais eu Forgueilleusenbsp;prétention de passer pour historiën , etnbsp;chacun pouvait, ainsi que moi, faire desnbsp;recherches et en publier Ie résultat ^ jenbsp;crois done inutile de m’appesantir da-vantage sur Fincoherence de eet article,nbsp;qui ne saurait provoquer la censure, etnbsp;qu’on ne doit regarder que comme unnbsp;délassement après de longs travaux.
-ocr page 28-xiv nbsp;nbsp;nbsp;DISCOURS
Je ne pais terminer sans offrir Ie tri-]gt;ut de ma reconnaissance aux reunions scientifiques auxquelles j’ai 1’honneurnbsp;d’appartenir, et qui m’ont offert, dans lesnbsp;conferences qui les rendent si utiles auxnbsp;progrès des connaissances, les encoura-gemeus et les avis dont mon zèle avaitnbsp;besoin : ce n’était pas seulement les lu-mières des confrères éclairés, mais lanbsp;douce intimité du plus grand nornbrenbsp;d’entre eux qui me soutenaient, m’éclai-raient, me corrigeaient même souvent,nbsp;sans qu’eux-mêmes s’en apercussent, parnbsp;les nouvelles idees que leur entretiennbsp;faisait naltre , en fixant mon attentionnbsp;sur des points iraportans.
Je dois encore des remercimens aux rédacteurs des journaux qui ont si souvent accueilli mes productions, et annoncé dans leurs feuilles mes nouvellesnbsp;constructions, taut en optique qu’en météorologie, en même tems qu’ils consa-craient les observations de ce dernier
-ocr page 29-PRÉLIMINAIRE. nbsp;nbsp;nbsp;XV
genre, que seiil, pendant si long-tems, j’ai publiées a Paris.
Mais, je Ie répète encore avec plus de crainte qu’a l’époqiie oü je publiai inanbsp;première edition , tant de secours offertsnbsp;par la bienveillance m’auront-ils suffi pournbsp;parcourir sans trop de désavantage la car-
i’ière dans laquelle je suis entré , et ne dois-je pas redouler qu’un lecteur, plusnbsp;curieux de la forme que du fond , nenbsp;s’attacbe a la manière dont j’ai rendu mesnbsp;idees, plutót qu’aux idees elles-mémes ?nbsp;et faut-il avouer que cette forme extérieurenbsp;m’a si peu occupé, que l’on trouveranbsp;dans Ie texte beaucoup de ces negligencesnbsp;que sait éviter tout auteur jaloux de cenbsp;tilre ?
Paissent ces fautes être les seules qu’on ait a reprocher a mon ouvrage! puissentnbsp;de nouveau , par leurs sages avis , lesnbsp;savans et les artistes m’aider a Ie rendrenbsp;de plus en plus digne de la conliancenbsp;dont Ie public m’honore, et a laquelle
-ocr page 30-xvj DISCOURS préliminaire. seule je dois l’honneur de fournir desnbsp;instrumens de ma fabrique a LL. MM,nbsp;11. et RR., aux personnages de FEtat,nbsp;et aux étrangers du plus haut rang!nbsp;puissent enfin mes efforts, mes intentions,nbsp;mon zële, justifier aux yeux de la critiquenbsp;mon entreprise , et ne pas la rendre in-digne du tiire honorable par lequel Sanbsp;Majesté Ie Roi de Westphalie a daignénbsp;étendre jusqu’a mes faibles services lanbsp;haute faveur qu’elle se plait a accordernbsp;dans ses Etats aux sciences et aux artsnbsp;utiles !
-ocr page 31- -ocr page 32- -ocr page 33-W\/V%\\^iWVV/W\lV\/\iV%VWV%\IVVWVW\'V\\MVMi'\ VX'S'VX^ WW XA X XX XWWX WWWWWVXXXX
pagp 1 i5
Chapitre Iquot;. Descnption de Voeil.
Chap. II. De la différence des vues.
22
28
48
Chap. III. Vues d^eclueuses.
Chap. IV. Maladies de Vceil.
Chap. V. Conservation de Voeil.
Chap. VI. Sur les premières lois de Toptique. Chap. VII. Choix el travail des verres.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lor
Chap. VIII. Desfoy ers des verres. nbsp;nbsp;nbsp;i'jo
Chap. IX. J)es verres de couleur. nbsp;nbsp;nbsp;i’jG
Chap. X, Inconvénient des lunettes d^ectueuses.
i8fgt;
187'
192
19G
tioo
206
Chap. XI. des monocles et des binocles. Chap. XIL Montures des lunettes.nbsp;Chap. XIIL Des lunettes de spectacle.nbsp;Chap. XIV. D^s verres achromatiques.nbsp;Chap. XV. Des miroirs des anciens.nbsp;Chap. XVI. Des miroirs ardents.
-ocr page 34-vxüj nbsp;nbsp;nbsp;TABLE
Chap. nbsp;nbsp;nbsp;Des loupes, des microscopes, page 22®
Chap. nbsp;nbsp;nbsp;XVIII. Microscope solaire.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;226
Chap. nbsp;nbsp;nbsp;XIX. Microscope de Dellebarre.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;281
Chap. nbsp;nbsp;nbsp;XX. Des télescopes.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;265
Chap. XXL De la chamhre noire.
Chap. XXII. Lanternemagique.
Chap. nbsp;nbsp;nbsp;XXIII. Fantasmagorie.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;281
Chap. nbsp;nbsp;nbsp;XXIV. Chamhre claire.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3o3
Chap. XXV. Des cadrans solaires horison-
taux et unioersels. nbsp;nbsp;nbsp;31 o
Ifstruction sur les bésicles d la Franklin. SBg Lettke de M. Chamsem, docteur-médecin, dnbsp;M. Cherallier.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;34^
Extrait du Moniteur sur le moyen employé par I’auieur, pour régulariser l’écartementnbsp;des verres.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;347
Instruction sur les bésicles d doubles verres, 349 IjEttre de Yauteur sur les verres d^ectueux. SSanbsp;Idem de M. Marie de St. - TJrsin, docteur-médecin, surïéchelle inventée par Yauteur denbsp;eet ouvrage^ pour mesurer la vision.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;355
Idem de M, Fabré, docteur-médecin , sur les lunettes d verre bleu.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;358
Xote surYouragan du a.3 aoul nbsp;nbsp;nbsp;1807.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;36o
-ocr page 35-DES CHAPITRES. nbsp;nbsp;nbsp;xix
IjETTre sur la météorologie. nbsp;nbsp;nbsp;p3g6 364
Note sur les orages. nbsp;nbsp;nbsp;368
Idem sur la cause des brouillards. nbsp;nbsp;nbsp;3^2
Rapport d la société grammaticale de Paris, sur la f®. édition de eet ouvrage.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;877
Eettre sur quelques propriétés de la glace. 381 Planches de la première partie.
Dictionnaire analytique de plusieurs mots scient^ques , contenant en outre des obser-servatiojis sur les instrumens de météorologie,nbsp;dtaréométrie , et un supplément d quelquesnbsp;parties d’optique.
Chapitre I''®. Dissertation sur Ie baromètre.
Chap. II. Dissertation sur Ie thermomètre.
Chap. III. De thygromètre.
Chap. IV. Aréomètre.
Chap. V. Cqféomètre.
Chap. VI. Galactomètre.
Chap. VIL CEnomètre.
-ocr page 36-Kotice sur Ie monument public nommé Tour du Palais.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;page 657
Catalogue et Prix de ious les instramens qui sefahriquent et se vendent chez Vauteur, senbsp;trouveiit a la fin du tome II.
Table des matières cotitenues dans Vouvrage.
-ocr page 37-LE
DESCRIPTION DE L’oEIL.
De tous nos sens, Ie plus utile , Ie plus étendu et Ie plus merveilleux est celui de la vue. C’estnbsp;lui qui procure a noire coeur les sensations lesnbsp;plus délicieuses , puisqu’il nous fait joiiir denbsp;I’aspect des personues qui nous sont cheres , etnbsp;qu’il nous console de leur absence par la pein-ture fidelie de leurs traits , du par la lecture desnbsp;caracteres, ou sont tracees les ^ives expressionsnbsp;de leur anntié. D’un autre cote, quelles jouis-sances n’offee-t-il pas a notre esprit, lorsqu’ilnbsp;nous rend témoinsdes tableaux magnifiques quenbsp;nous offre la nature j et sur-tout lorsque, nous
-ocr page 38-3 nbsp;nbsp;nbsp;ÏLE CONSERVATEUR
iransportant, pour ainsi dire, hors de nous-mêmes , il nous permet d’errer libremenl dans les vastes champs de rimmensité ! C’est encorenbsp;par lui que nous pouvons juger des difiérensnbsp;rapports que tous les corps peuvent avoir entrenbsp;eux j tels que leurs grandeurs , leurs foi’mes ,nbsp;leurs couleurs, leurs distances etleurs situationsnbsp;respectives.
C’est a raison de tous ces divers avantages que, dans tous les tems et chez tous les peuples,nbsp;l’oeil a été rcmblême de ce qu’il y avail de plusnbsp;cher et de plus précieux. C’est aussi pour lesnbsp;augmenter que, depuis Newton, Ie premier in-venteur deslois de l’Optique, jusqu’a nos jours,nbsp;un grand nombre de profonds Mathématiciens,nbsp;de Physiciens éclairés et d’Artistes habiles senbsp;sont empresses , les uns d’élendre les hornes denbsp;la vision , les autres de remédier aux défautsnbsp;de sonorgane. G’estdece dender objetque nousnbsp;allons surtout nous occuper, et nous commen-cerons par la description de l’ceil.
L’oeil estun globe de aB millimetres, ou n li-gnes (Aivirondediamètre. 11 est placé au dessous du front, dans une cavité osseuse , nominee or-lite , qui est garnie de graisse pour faciiiter etnbsp;adoucir les mouvemens que lui procurent ennbsp;tous sens six difiérens muscles , dout quatrenbsp;droits et deux obliques.
-ocr page 39-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;Z
Le premier des muscles droits, situé en dessus , est le muscle relevcur ou superbe : il fait remonter l’oeil, comme il arrive dans ces instans , oil l’ame est fortemeni exaltée par desnbsp;idees de grandeur et d’arrogance.
Le second, qui est l’antagoniste du premier, est placé au dessous de l’oeil, et remplit lesnbsp;fonctions que désigne son nomd’ahaisseur ounbsp;d'humble, norn qui convient a rhumililé qui faitnbsp;liaisser les yeux.
Le ti’oisième , situé latéralemenl et du cóté du nez , se nomme adducteur, paree qu’il ramènenbsp;l’ceil vers le nez ; On l’appelle aussi huueur ounbsp;liseur , parceque ce muscle produit eet efFet,nbsp;lorsqu’on boit ou qu’on lit.
Son antagoniste, le muscle ahducteur , est le plus gros des muscles de l’oeil : il est fixé anbsp;i’angle extérieur ou canthus, et j retire l’ceil ,nbsp;toutes les fois que le mépris ou le dédain fontnbsp;regarder de cóté , ou , comme on dit, de travers. C’est cette raison qui a aussi fait dounernbsp;a ce muscle le nom de dèdaigneux.
C’est au mojen de faction successive de ces quatre muscles que l’oeil se meut en rond dansnbsp;son orbite •, et que , lorsqu’ils agissent tous lesnbsp;quatre a la fois , üs compriment et applaiissentnbsp;le globe de l’oeil; ce qui, comme on Ie verranbsp;plus bas , lui permet de voir de plus loin. Aussi
-ocr page 40-4 nbsp;nbsp;nbsp;tE conservateur
ne sentons-nous jaraais nos yeux plus forlement tendus, que lorsquenous nous efibrcons de dis-tinguer des objets qui nous échappent par leurnbsp;distance.
L’attache llxe des quatre muscles droits est au fond de 1’orbite aulour du trou optique , parnbsp;lequel Ie nerf du même nom sort de rintérieurnbsp;de la tcte.
Les deux autres muscles sont appelés obliques OU trochléateurs, paree qu’ils agissent diago-nalement et conime par des poulies de renvoi.
Le grand oblique est attaché , ainsi que les muscles drolls, au fond de l’orblte : mais ilnbsp;passe dans un tendon en forme d’anneau , pournbsp;veuirembrasser la partie postérieure du globe denbsp;Toeil; et son action produit ce qu’on appelle lesnbsp;yeux doux.
Le petit oblique salslt aussl le globe de l’oeil par derrière j il s’attache au bas de l’orbite dunbsp;cótédu petit angle extérieur ou/7lt;r^i^ canthus, etilnbsp;y ramène l’oeil dans la colère ou l’iudignation.
II parait que les muscles obliques sont ceux dont la correspondance dun ceil a l’autre estnbsp;la moins parfalte , pulsque c’est de leur actionnbsp;inégale que provient le regard louche , auquelnbsp;s’exercentbeaucoup trop d’enfans; mais, lorsquenbsp;ces muscles sont bien égaux et qu’ils agissentnbsp;ensemble , ils portent enavant le globe de l’oeil
-ocr page 41-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;5
Ie rendent, plus convexe : ce qui lui perniet ele voir plus eonvenablemeni les objets qui sontnbsp;irop prés de lui j elfet oppose a celui que nousnbsp;avons indiqué dans les musi les droits.
A Textérieur , l’oeii est préserve par les deux paupières , dont la superieure , qui est aussi lanbsp;plus grande , s’ouvre et se ferme a volonté dunbsp;liaut en bas.
Les deux paupières se rauaebent Vune a 1’autre , en formant a l’extérieur de la tete un petit angle nommé petit canthus , landis que Ie plusnbsp;grand angle , voisin du nez , porte Ie nom denbsp;grand canthus.
Deux pelils trous , places dans ce dernier angle , répondent a un merne canal lachr^ mal , conduisant au receptacle des larmesqui est placénbsp;Ie long du nez , de mème que leur source senbsp;trouve dans la glande lachrj male placée au petit
canthus.
La principale destination des larmes est de te-nir l’extérieur de l’oeil dans une humidité con-veuable a tous ses divers mouvemens. Elies de-vienneut un sympióme de sensibiliié , soit dou-loureuse , soit agréable , paruueffet de l’irriiabi-lité , qui rend nos yeux plus prompts que nos autres organes a s’aflecter de toutes nos sensations.
Les cils , qui garnissent les paupières » empê-
-ocr page 42-6 nbsp;nbsp;nbsp;LE conservateur
chent les petites ordures et les pelits Insecles allés de s’introduire dans l’oeil; et c’est a des nié-nagemens si nécessaires que semblent destinesnbsp;les mouvemens rapides des paupières,a Tapproclienbsp;du moindre objet qui pourrait affecter I’ceil.
Au-dessus , comme premiers remparts , s’é-lèvent les sourcils , dont Ie principal effet est d’arrêter les gouttes de sueur qui , dans ie fortnbsp;du travail ou de la marche , ruissèlenl avec tantnbsp;d’abondance.
Les cils, les sourcils, les pauplères n’étant que des accessoires de I’oeil , les individus , quinbsp;en soul privés par diverses causes, n’en jouissentnbsp;pas inoins de Torgane de la vue. Le défaut denbsp;paupières est le plus grand , paree que l’oeil,nbsp;resté saus abri, dolt se racornir ou se dessé-eber plus rapidement. On a vu cependantnbsp;des personnes dormir habituellement les jeuxnbsp;ouverts.
Si nous passons a Texamen du globe lui-même, nous pouvons le faire considérer comme une espèce de coque , formée de trois tuniquesnbsp;OU membranes , qui sont l’épanouissement dunbsp;nerf optique , et au centre desquelles seplacentnbsp;les différentes substances destinées a rassemblernbsp;les rayons de lumière , et a les transmettre aunbsp;nerf optique, dans lequel reside essentiellemeutnbsp;l’organe de la vue.
-ocr page 43-DE LA VUE- nbsp;nbsp;nbsp;J
La tunlque extéi'ieure , qui est la plus solide, Se nomme cornée • elle s’étend , en s’amincis-sant au point de devcnir trausparente,, au-devantnbsp;de 1’oeil: la cornée opaque du fond de I’oeil est,nbsp;distinguée par Ie nom de sclérotique..
La cornée transparenle , qu'on peut comparer a un verre de raontre forme en avant une saillie qui appartient a une sphere de 17 a 18nbsp;milliiuètres ou a peu pres de 8 lignes de dia».nbsp;metre , et dont l’ouverture est d’environ 11 millimetres on prés de 5 lignes, .11 rcsulte de cettenbsp;saillie que les rayons de lumière sont recus surnbsp;uu plus grand nombre de points , et qu’entre lanbsp;cornée transparente et Ie reste de Vojil , il senbsp;Irouve plus de place pour l’humeur aqueuse quinbsp;cnbaigne i’intcrleur.
Pour continuer la comparaison du verre de montre , on peut regarder comme Témail danbsp;cadran Ie blanc de l’oeil, nommé par les Anciensnbsp;albuginée , et qui est attaché aux paupiëres parnbsp;une membrane fort mince appelée conjonctiae.nbsp;Le blanc de roeil 1 ui-rnème appartient a la seconde enveloppe du globe , laquelle est garnic,nbsp;dans tout son intérieur , d’une mucosité noi-raire destinée a prévenir réparpiliement desnbsp;rayons de lumière. C’est en raison de cette couleur noiratre , analogue a celle du raisin noir,nbsp;que ia partie anlérieure de cette membrane porte
-ocr page 44-8 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
le nom d^upee ,taTidis qu’on a donné a la partie
posiérieure le nom de choroïde.
L’uvée esi formée d’une muliitude de fibres Irès-déliées , disposées du centre a la circoufé-rence , blanches a leurs extrémités , et coloréesnbsp;autour du centre avec uiie variété exprimée parnbsp;le nom d’im. Dans quelques yeiix, l’iris estnbsp;bleu Ou roux; dans d’autres , il varie du grisnbsp;verl au gris noir. La couleur rouge ne se trouvenbsp;que dans lesyeux des Albinos, que l’on peut re-garder comme une dégradation de l’espèce hu-inaine,et chez qui la vue est si faible que lenbsp;nioindre jour la blesse.
Au centre de l’iris est Ie trou nommé pupille OU pruneUe , par lequel entrenl dans l’ceil tousnbsp;les rayons de lumière.
La pruuelle est ordinairement circulaire dans 1’homme , quoiqu’on en ait observe qui étaieutnbsp;ovales du haut en bas , ainsi que celle du chat.nbsp;Elle est susceptible de se resserrer ou de se di-later , suivant Ie plus ou le nioins de jour quinbsp;frappe l’oeil : sou plus petit état , dans les yeuxnbsp;ordinaires , est de 2 millimetres ou un peumoinsnbsp;d’une ligne , et son plus grand écartemcnt estnbsp;de 5 millimetres ou un peu plus de 2 lignes.
On a remarqtié que la célériié des mouvemens de la prunelle étail en raison de la vigueur denbsp;l’organe , et que la promptitude , avec laquelle
-ocr page 45-DE LA VÜE. nbsp;nbsp;nbsp;9
peut passer de son plus peiil rélrécissement ^ sa plus grande extension, étail plus niaiquéenbsp;dans l’enfance que dans les ages plus avancés ,nbsp;dans les bruus que cbez les blonds, dans lesnbsp;tcinpéramens secs que dans les constitutionsnbsp;huniides.
^’esi ordinaireinent par la llberté du jeu de la prunclle qu’on reconnait 1’etal de santé de 1 oed ,nbsp;dont cependant 11 est imprudent d abuser, ennbsp;passant irop rapidenicnt de I’obscurlie ou d’unnbsp;jour falble a une clarté éblouissante.
La pupille établit la communication enlreles deux cliambres de l’oell, que baigne rhumeurnbsp;aqucuse , en avant et en arrière de Tiris. Cettenbsp;bumeur- est salée , un pcu visqueuse et très-tfanspai’ente. M. Tenon annonce n’en avoirnbsp;trou-vé que ii centigrammes ou deux grains dansnbsp;nnoeilhumain, et Sga centigrammes ou 74 grainsnbsp;dans l’oeil d’un jeune renard.
Au-dessouset vis-a-vis de lapupillesetrouve Ie ccisia//fn,espëce de lentille de la forme de cellesnbsp;des instrumens d’optique , et qu’on a regai’déenbsp;long-tems comme une humeur en étal de gelee,nbsp;i'enfermée dans une membrane aussi transparentenbsp;tju’elle , el nommée Arachnoïde.
11 est a présent reconnu que Ie cristallin est une aggregation de petlies lames ou fibres très-minces, pesant a pen pres 21 centigrammes ou
-ocr page 46-lO nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
quatre grains , ajant 5 millimetres ou plus de 3 lignes d’épaisseur, sur ii millimetres ou 4 a 5nbsp;lignes de diamèlre , et enveloppée dans une es-pècedebourseoude sac destine a retenircequ’onnbsp;appelle Vhmneur deMorgnani ,quihsii^ne touiesnbsp;les fibres du cristallin en plus ou moins grandenbsp;abondance , suivaiit l’age et la constitution desnbsp;individus.
Le cristallin repose sur une masse d’une autre substance, également transparente mais plus lé^nbsp;gère , qu’on appelle humeur vitree. C’est cettenbsp;humeur quioccupe a elle seule plus des ig ving-tièmes de la capacitédu globe de l’cfillj et au travers de laquelle passent les rayons de lumière ,nbsp;pour s’arrêter enfin sur la rétine,
On a donné ce nom a la membrane intérieure de l’oeil , paree qu’elle parait comme un réseaunbsp;blanchatre, compose des fibres les plus délicatesnbsp;du nerf optique. Elle est , si Ton peut s’expri-mer ainsije ridcau de la chambre obscure, surnbsp;lequel viennent se peindre lous les objets quinbsp;sonl en vue de la lentille,
Quelques-uns out cependant prétendu que la rétine n’était pas i’organe reel de Ia vue , et quenbsp;l’impression des rayons luniineux traversait cenbsp;réseau, pour se porter jusqu’au feuillet intérieurnbsp;de la choroïde , qui a recu le nom de membranenbsp;de Rujsch, comme ayant été distinguée par eet
-ocr page 47-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;ÏI
^uatorniste Hollandais, si f’araeux dans la preparation et rinjection des tissus animaux les plus déliés.
Ce qu’il importe seulenient de remarquer , ^ est que , comme pour les autres sens , l’im-pression des objets , une fois arriyée aux fibres
plus déliées du nerf opiique, se iransmet par lui au centre commun des sensations , dont lanbsp;eerveau , auquel se rattachent tous les nerfs ,nbsp;pui’alt êlre Ie siége principal.
Les Métapbjsiciens argumenteront encore long-temps sur les relations , que les sens éta-filissent entre l’être qui en est done, et les objetsnbsp;quijlui semblent les plus élrangers.
Le Physicien , dans toutes les parties qu’il ®tudie , rOpticien , dans la determination desnbsp;effets de la vue, n’ont aucun besoin de s’arrêternbsp;sur les causes. Ils marcbent d’un pas sur en nanbsp;prononcant que d’après l’expérience , dont lesnbsp;i’usultats sont bien plus intéressans aux beSoinsnbsp;reels de Phomme, que toutes les idees systéma-tiques,qui ne peuvent rien ajouter a aucune denbsp;ses facultés.
Pour ne rien laisser a désirer sur la descrip-de l’ceil , nous allons passer a la descrip ïion de Vceil artiflciel , macbine très-propre anbsp;déntontrer comnient s’opère la vision , puisqu’anbsp;1’exception des humeurs , dont reflel est suppléé
-ocr page 48-12 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
par un verre leiiliculaire , l’oeil ariificiel ressem-
ble a roeü^humainj tant par sa forme extérieure ,
lt;]ue par les parties intérieures qui lui som es-
sentielles. Voici la description aussi exacte que
détailiée qu’on en trouve dans la Physique du
Monde.
Pour construire l’oeil ariificiel, on prenddeux hemispheres concaves de bois ou de métal quinbsp;s’emboitent l’un dans l’auti'e , de manière a former un globe. L’un des deux hemispheres estnbsp;percé a son sommet d’une ouverture circulaire ,nbsp;d’un pouce environ de diamètre. A celte-ouver-ture , on adapte un verre lenticulaii’e qui faitnbsp;I’office du cristallln1’autre hemisphere a pa-reillement a son sommet une ouverture circulaire , mais beaucoup plus grande et d’environnbsp;2 pouces de diamètre , a laqueile répond unnbsp;tujau de méme longueur j ce tuyau en contientnbsp;un autre qui est mobile , et qu’on peut parnbsp;conséquent avaucer ou reculer a volonté. Cenbsp;dernier tuyau est fermé a Tune des extrémités,nbsp;celle qui est du coté du glQbe , par un dia-phragme de papier huilé,ou par une glace doucienbsp;seuleinent et nonpolie. C’estsurce diaphragmsnbsp;Kjue les rayons, qui partent des objets extérieurs,nbsp;viennent peindre l’image de ces objets. Ces images sontbien termiuées ettrès-distinctes,lorsquenbsp;Ie diaphragme, qui représente la réline, est exac-
-ocr page 49-IJ
DE LA VUE. tcment placé au foyer du verre Icnticulaire.
Cette machine , portee par un pied qui en i'endl’usage très-commode, doit-êlre dirigée versnbsp;les objets, dont on veutvoir I’iniage peiute surnbsp;la gl ace doucie ou sur !e papier Imilé qni ennbsp;tientlieu. L’im ou l’autre est placé a Touverturenbsp;mtéi’ieure du tuyau mobile. Eu regardant parnbsp;cetuyau, Ton appergoit 1’image des objets quinbsp;sont places en facedu verre lenliculalre. Si celtenbsp;image ne paraii pas assez distincte, il faut ounbsp;retirer, ou enfoncer le tuyau mobile, jusqu’anbsp;ce que la representation soit parfaileinenl nclte;nbsp;ce qui arrive, coniine nous venons de le dire,nbsp;lorsque le diaphragme est a la distance precisenbsp;du foyer du verre lenliculalre, qui lall 1'officenbsp;du cristallin de I’oeil nature).
L’on voit done que la constructlou iugé-nieuse de i’oeil arliliciel rapproche, autam qu il est possible , cet instrument ds I’oeil naturel.
Cepeudant, combicn cette machine est eloi-gnée de la perfection de notre organe de la vision ! Les propriétés , les usages de ce derniernbsp;sont inflniment supérieurs aux propriétés , auxnbsp;usages de i’lnstrumenl de I’Art,
La complication, dans la structure de noire ceil, n’estpas une vaine accumulation de moyens,nbsp;Gardons-nous de penscr que le divin Archilectenbsp;de Tunivers pouvait sinipliller celte machine,
-ocr page 50-l4 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
en la laissant aussi uiile. Sa sagesse n’a rien omis j elle n’a i’len fait en vain^ tons les ressortsnbsp;onileurs aniagonistes; toutes les pieces de chaquenbsp;organisation out leurs objets et leurs fins.
Pour nous en assurer en considérant I’ceil, il suffit d’observer que ce verre convexe qui ,nbsp;dans l’oeil arlificiel, remplace Ie crisiallin, parat t bien rassembler en un point tous les rayonsnbsp;cjul viennent d’un point de Tobjet vers lequelnbsp;il est tourné , mais que cette reunion n’estnbsp;exacte qn’en apparence. En effet, on ne peutnbsp;pas dire qu’elle Ie soit parfaiteinent, puisquenbsp;la figure circulaire qu’on donne au verre,nbsp;quelque régulière qu’on puisse la rendre, estnbsp;loujoursalï'ectée d’un défaut impossible a éviter,nbsp;défaut qu’on appelle aberration de sphéricité,nbsp;et qui consiste en ce que les rayons, qui tom-bent sur les extrémités de celte surface convexe,nbsp;ne se réunissent pas au même point que ceuxnbsp;qui tombem vers Ie milieu.
Cette difi'érence, presqu’insensible dans les experiences, ou Ton considère l’image tracéenbsp;sur les diaphragmes, produirail des eff'ets très-sensibles sur les objets percus par la vision. Lesnbsp;images de ces objets, tracées sur la rétine, se-raient inoins distinctes, rnoins bien terminées ,nbsp;nioins ncttes, a cause des dilï'érezites refractionsnbsp;des différens ravons : ceux-ci se l assembleraient
-ocr page 51-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;l5
plus OU nioins pres du cï'istallin : les objets se-i’aieixt eniourcs d’iris. 11 est impossible de re-ntédier a eet inconvenient en n’emplojant qu’un seul corps transparent^ et, pour en preservernbsp;seulement jusqu’a un certain point nos lunettes,nbsp;iious ayons cu I'ecours a deux verres qui pro-duisent deux différentes refractions. Mais , quenbsp;ce moyen est inférieur en efficacilé a ces difle-fenies bumeurs, renfermées dans I’organe denbsp;^’®il , et dour nous avons fait connaitre lanbsp;Mature.
De la difference des Vues.
Sans entrer encore dans I’explication des fegles d’optique , appliquees aux différentes es-pecesdevues, il suflit pour le moment de savoirnbsp;ffue le plus ou le moins de distance, a laquellenbsp;porte la faculté de voir, depend du plus ounbsp;du moins d’applatissement des yeux, quelquenbsp;l^ien conslitués qu’ils puissent ctre.
Je dis de plus que , si Toeil est irop borabe ou trop applati, la vision ne peut être que con-
-ocr page 52-l6 nbsp;nbsp;nbsp;LE conservateur
fti.se. Eii efFet, l’on saitqu’il doity avoir une cer-laine distance de la rétine a la prunelle , telle fjne les rayons , qui forment la peinture d’uanbsp;objet , viennent se réunir préciséraent au fondnbsp;de Tceil j done, si Tceil est trop bonibé , cettenbsp;distance est trop grande j la rétine est plus éloi-*nbsp;gnéequ’ilne convient3 et, dans cecas, les rayons,nbsp;te réunissant entre Ie cristallin et la rétine , nenbsp;par viennent a celle-ci qu’après s’être croisés, etnbsp;ne peuvent y former qu’une image confuse. Si,nbsp;au contraire , Tceil est trop applati, la rétine estnbsp;trop rapprochée du cristallin 3 et dès-lors lesnbsp;rayons, rcncontrant cette membrane avant quenbsp;d’étre réunis, ne produiseni encore qu’une imagenbsp;peu distincie.
On nomme myopes ou vues basses , celles qui, resultant d’un oeil Irès-bombé, ne permet-tent de distinguer les objets, que lorsqu’ils sontnbsp;très-près de l’organe.
Ce mol de myope vient du grec, el signifie proprement fenner les yeux , ou cligner, pareenbsp;que l’habitude de cligner est propre aux per-sonues qui ont la vue basse.
Au contraire, les yeux applatis, qui voient mieux de loin que de pres, sont désignés parnbsp;les noms de vues longues ou preshytes, pareenbsp;que ce dernier mot signifie en grec la vieiïlesse,nbsp;qui est 1’age oü l’ceil ordinairement s’applatit.
-ocr page 53-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;17
J’ai déja dit que les vues myopes oupresbylcs, tenaient uniquement a la conformation de l’oeil,nbsp;non a la constitution, c’est-a-dire, que ce nenbsp;Sout pas des maladies: C’estpourquoi il y auraitnbsp;de graves inconvéniens a forcer eet état.
Les myopes ont i’avantage d’espérer, en ne troublant pas Ie cours naturel des choses, quenbsp;leursyeux, s’applatissant avec Ie tems, finirontnbsp;par obtenir une vue naturelle , a l age oii lesnbsp;Vues ordinaires deviennent presbyles. Mais ,nbsp;pour parvenir a eet état , il ne faudrait pas tel-lenient s’abandonner a 1’usage des lunettes concaves , que l’on ne fit qu’augmenter la myopie aunbsp;lieu de la corriger.
On a remarqué que c’était dans les conditions aisées de la société qu’il se trouvait Ie plus denbsp;Vuesbasses , et l’on a justeraent attribué ce défautnbsp;a l’effet d’une education, dans Ie cours de la-quelle les yeux se portent habltuellement surnbsp;des objetsrapproebés. Dansles leconsd’écrilure,nbsp;de dessin, demusique, de geographic, et autres ,nbsp;oil l’on ne prend pas assez Ie soin d’obllger lesnbsp;clèves a se tenir a une distance raisonnable denbsp;oe qu’ils doivent étudler , l’habltude ne faitnbsp;^ti’augmenter. II n’est même plus permis d’espérer qu’elle se corrige avec l’age. Elle se portsnbsp;plus haut degré dans les Astronomes , lesnbsp;Naturallstes , les Graveurs et les Horlogers
a
-ocr page 54-l8 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
condamnés , pour ainsi dire, a un usage fofce de la vue et d’une vue artificielle , puisqu’ils sontnbsp;obliges de se servir continuellement de lentillesnbsp;a foyer très-court. Je ne citerai que Ie célèbrenbsp;LalandCy qu’onpouvait regarder comme un desnbsp;plus infatigables travailleurs , et qui est mortnbsp;octogénaire, sans que sa vue se soit allongée. Lenbsp;papier , sur lequel il lisait ou il écrivait, n’étaitnbsp;pas a trois centimetres de son ceil et son écri-ture était si fine, que les vues ordinaires se fati-guaient a la lire.
Ce qui doit sur-toul sembler étonnant, c’est qu’au lieu de prévenir eet abus de jeunesse, tontnbsp;tend au contraire a le propager. On s’en fait unnbsp;jeu, un mérite , un agrément du bon ton. C’estnbsp;a qui, jeune homme ou jeune femme, porteranbsp;ces lunettes , dont autrefois on aurait rougi :nbsp;tant est forte lapuissance de la vogue, a laquellenbsp;on ne craint pas de sacrifier ses intéréts les plusnbsp;chers !
Que dire de ceux qui, pour éebapper au service militaire , tourmentent leurs yeux de la manière la plus cruelle; et, a force de lunettesnbsp;de plus en plus concaves, martyrisent tellementnbsp;le globe de leurs yeux, qu’ils finissent par nenbsp;pouvoir absolument rien voir , sans les verresnbsp;du plus court foyer concave? je dis qu’ils mar-tyriseut leurs yeux; car, ce qui, dans les lois
-ocr page 55-DE LA VUÈ. nbsp;nbsp;nbsp;*9
de la nature, n’altère nuliement Ia bonne cons-litution de l’organe , lui porte au contraire un prejudice très-grand , lorsqu’il est ainsi Ie pro-^nbsp;duit d’efforts continuels. Tous les nauscles denbsp;1’ceil se fatiguent, s’oblitèrent, et ne se trouventnbsp;plus en rapport avec les humeurs deslinées a ennbsp;^ntretenir Ie jeu. Certes, Pami de 1’humaniie doitnbsp;gémir de pareils exces.
Je ne sais si je dois m’arrêter a une observation qui serail peut-être encore plus affligeante ,nbsp;puisqu’elle s’étendrait sur l’état social en general , sans qu’il y elat de remèdes a y apporter ;nbsp;Ce qui la rangerail au nonibre de ces paradoxes ,nbsp;que Ie misanthrope se plait a chercher, pournbsp;étre en droit de blamer quelque chose de plusnbsp;dans ce que les autres admirent.
C’esi que la vue des hommes s’affaiblit de ge-ïterations en générations , el, sur-tout depuis quelques années , avec une rapidité vraimentnbsp;effrayante , en raison des habitudes qui nousnbsp;éloignent de plus en plus de l’état de nature.nbsp;L’ceil semblait n’avoir été donné a Thomme ,nbsp;ainsi qu’aux animaux, que pour apercevoirnbsp;au loin, sur la surface de la terre, les lieux versnbsp;lesquels il voulait se diyiger ^ pour reconnaitrenbsp;^laportée de savoixles ^ersonuesquhl cherchait,nbsp;pour distinguer a la distance de sa main lesnbsp;objets qu’il avail besoin de saisir , enfin pour
-ocr page 56-20 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
voir parfaitement, avant que de les porter a sa bouche , les alimens qui exigent quelques precautions, Aussi Tceil bien conslilué se prête-t-ilnbsp;naturellement et sans eö'ort a ces diverses opé-ratioiis, sans que les nerfs, qui doivent luinbsp;douner ces petites differences de courbure, ennbsp;souffrent, paree qu’un jeu continuel et toujoursnbsp;varié ne fait que les entretenir.
Mais, a ces besoins naturels , la Société en a ajouté d’autres. Notre vue est devenue par lanbsp;lecture et I’ecriture un instrument de notre intelligence. L’usage en semblait réservé chez nosnbsp;ayeux aux Savans de profession ; nos Peuplesnbsp;jnodernes lisaient et écrivaient peu. Mais nosnbsp;dernières générations ont placé eet exercicenbsp;de la vue danstoutes les relations. L’instruciion,nbsp;Ie commerce , l’administration , l amour lui-même et Ie gout romanesque^ tout se rapportonbsp;a récriture.
Les journauxenfin sontdevenus une lecture, que nos événemens poliliques et miliiaires ren-dent a la majeure partie des hommes d’une né-cessité indispensable. Une multitude énormenbsp;de pamphlets, imprimés en caraetères mutilésnbsp;et sur Ie plus détesiable papier , et qui se re-produisent saus cesse, ajoutent chaque jour anbsp;la fatigue que l’organe a éprouvée la veilie.
Par un exces tout contraire , les editions de
-ocr page 57-DE LA VUE. luxe nouyelles ont adopté un blanc de papier ,nbsp;des caractères dontleslraitssonttellemenl dé-coiipés, que ce qui passe pour un chef-d’ceuYvenbsp;®st Ie plus funeste a Ia yue. Les belles editionsnbsp;Anciennes , dont Ia tradition s’est conservéenbsp;dans l’Imprimerie Impériale, n’emplojaientquenbsp;des papiers d’un blanc mat, et des caractères,nbsp;dont les formes arrondies ne causaient point anbsp;l’oeil ce papillotagequi lui est dangereux.
En laissant done Ie misanthrope gémir de ce que , lisant et écrivanl trop, nousfaisons passernbsp;des pères aux enfans l’altération progressive denbsp;i’organe de la vue , contentons-nous de déslrernbsp;qvie les lois , données a rimprlmerle par unnbsp;gouvernement qui a reconnu plus d’un abus anbsp;y corriger , préviennent aussi les abus physiques qui intéressent de si pres rhumanité.
Les vues ordinaires lisent Ie caractère courant d’irapression a dix ou douze pouces de distance.
Les myopes sont obliges d’approcher ce qu’ils vculent lire, d’autant plus pres de leursyeux, quenbsp;cenx-ci sont plus convexes.
Les presbytes, au contraire, éloignent l’objet en raison de leurs vues plus ou moins longues.
11 en résulte une vue indistincte pour ceux dont les deux yeux ne sont point égaux j et lesnbsp;exemples en sont tres-frequens.
23 nbsp;nbsp;nbsp;tE CONSERVATEUR
Tableau de Paris, et de plusieurs autres ouvrages philosophlques, m’a permis de Ie citer ; de l’oeilnbsp;gauche, il ne se sert que d’un verre convexenbsp;de ï6 pouces, tandis que pour l’oeil droit il anbsp;besoin d’un verre de 7 pouces : au moyen de cesnbsp;verres , la portee de ses jeux redevient égale ,nbsp;et il lit a i3 pouces.
On sent bien que , pour ee qui tient aux grandes distances oii l’oeil peut atteindre , l’étatnbsp;de rathmospbère et la manière dont les objetsnbsp;sont éclairés apportent de gi’andes difïérences.nbsp;C’est sur-tout, dans une belle matinee d’été ,nbsp;quandles vapeurs ne sesontpoint encore élevées,nbsp;OU, dans une belle journéed’hiver. lorqu’unfroidnbsp;vif ne laisse flutter aucune vapeur, que la visionnbsp;éloignée a Ie plus d’étendue.
D^s Vues défectueuses.
Quoiqu’a la rigueur on put regarder comme maladie de I’ceil toute imperfection de Torgane,nbsp;qui Ie défigure ou qui en altère les effets , j’ainbsp;cru devoir trailer a part celles qui , n’exigeantnbsp;ni operation ni traitement de TOculiste , peu-
-ocr page 59-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;25^
Le plus comnaun de tous est I’inegalite de foi'ce dans les deux yeux ; car, sans l’exemplenbsp;déja cité , oü le niyopisme se réunit au presby-tisme , il est très-ordlnaire d’avoir les yeux denbsp;portée inégale. Peu de personnes y font attention , par l’habitude qu’elles ont prise de laissernbsp;au meilleur la peine de regarder, en permettantnbsp;au plus faible de se reposer : ce défaut tientnbsp;essentiellement a une faiblesse d’organe , qui nenbsp;fait qu’augmenter a mesure que I’ceil, qui en estnbsp;attaqué, s’accoutume a ne pas reraplir ses fonc-tions j et il est très-important de les lui rendrenbsp;®nlui donnantpeu-a-peudelalumière, aumoyeunbsp;des verres qui rétablissent pour lui une visionnbsp;égale a celle de l’autre ceil.
On doit surtout éiudier cette inégalité des le moment oü. Ton prend des lunettes , et propor-tionner les foyers des deux verres a la porteenbsp;respective de cbaque ceil.
Cestalaniêncieinégahtó portee a 1’exces qu on peut attribuer le plus grand nombre des vuesnbsp;louches, ainsi nominees d’un vieux mot qui pa-mit avoir slgnifié borgne , de mèrae que le motnbsp;^trahisme expvime en grec des yeux contrefaits.
Eu effet, celui des yeux, que sa faiblesse rend tout-a-fait inutile, se porte au hasard sans se te-
-ocr page 60-LE CONSERVATEUR
uil’ dans la direction de l’aulre , et c’est ce dont il est facile de se convaincre en bouchant avecnbsp;la mainroeil Ie plus fort ; car, aussitót et pres-qu’involontaireinent, l’oeil égaré revient dans lanbsp;direction qu’il aurait du avoir, s’il avait été eunbsp;jeu en niême temps que 1’autre.
On a aussi attribué Ie strabisme a un léger déplacement de l’un des cristallins qui ne senbsp;trouverait pas dans l’axe de la vision , ainsinbsp;qu’a une irrégularité de conformation dans lanbsp;cornée.
II est certain que ces deux causes, dérangeant l’axe de la vision , donneraient de la divergence aux deux. yeux : mais alors ces deux jeuxnbsp;verraient a la fois cliacun a sa manière , cenbsp;qui n’est pas Ie cas Ie plus ordinaire des vuesnbsp;louches.
Les yeux louches les moins difformes sont ceux qui semblent se porter l’un et l’autre ennbsp;dedans. On a vu des Dames avoir de très-beauxnbsp;yeux qui se rapprochaient ainsi ; et, dans l’an-cienne Cour, on donnait a ces yeux Ie nom d’unenbsp;des families qui y tenaient Ie premier rang ; on,nbsp;les appelait Aesjeux d la Montmorency.
On ne saurait trop s’occuper de ce défaut dès Tenfance j et, soit en fermant Toed Ie plus fonnbsp;pour obliger l’autre a se fortifier par l’exercicenbsp;soit en plagant une inouche de manière a contra
-ocr page 61-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;35
riei’ la divergence de I’oeil faible , accoutumer pen a pen celui-ci a se rapprocher de I’autre.
On pent aussi employer des fomentations spiritueuses d’esprlt-de-vin camphre , de baunlcnbsp;de Fioravenii, de vapeurs de benjoin , d’en-Cens , etc. , pour donner de I’energie aux muscles de Toeil faible ; mais surtout appliquer I’en-faut a des exercices qui provoquent ct neccs-suent presque I’usage des deux yeux : tels quenbsp;^cs jeux de volant , de billard et autres sembla-liles. Enfin, on doit de plus evltcr soigneuse-ment qu’il travaille sur des modëles places denbsp;cote , on que son lit soit frappé latéralemenlnbsp;par Ie Jour,
Le strabisme produit quelquefois I’effet de rendrela vue vague et inccrtaine; il semble quenbsp;Dl l’un ni Tautre oeil n’aient assez de force pournbsp;voir. Ce cas pourrait a’expliquer par un défautnbsp;de correspondance dans les deuxnerfs optiques,nbsp;qui Se trouveraieut dans l’impossibilité d’agirnbsp;ensemble, discordance que l’on a supposéepou-voir etre telle que l’on verrait double ; maisnbsp;on peut rêvoquer en doute ces prétenduesnbsp;Vues doubles j clles auraienl tout au plus lieunbsp;par moment, soit, lorsqu’on se ferait un jeu denbsp;loucher expres , soit lorsque quelque accidentnbsp;^pporterait rapidement un derangement a l’unnbsp;des yeux. Bieutöt ia nature reprend ses droits j
-ocr page 62-26
LE CONSERVATEUR
et, comme toutes nos sensations se coiTigentpar Vexercice des sens , on doit linir parrapporternbsp;au niême point les impressions qui seraientpor-lées sur des nerfs disparates. II existe cependantnbsp;un cas oil l’impre.ssion est réellemeut double :nbsp;c’est lorsqu’a Ja suite d’une blessure il s’est ou-vert, pour ainsi dire , une seconde pupille, parnbsp;iaquelJe les rayons visuels arrivent jusqu’a lanbsp;réline 5 et l’on sent que ce cas ne peut êire ninbsp;prévu ni corrigé.
II est, au contraire, des vues qui ne saisissent que Ja moitié des objets, c’est-a-dire, dans les-quelles une parlie de la rétine, soit Ie centre ,nbsp;soit un cóté, refuse de faire sesfonctions.Dansunnbsp;mol écrit, par exemple, deux lettres du milieunbsp;disparaissent, quoique les premières et les der-nières se peignent irès-facilement dans la pru-nelle. Les hémUopsies ou demi-vues sont unenbsp;goutte sereine imparfaite ou eommengante , ounbsp;quelquefois sont dues è des vices du cristallin.
Des causes analogues produisent les taches que Pon croit voir sur tous les objets , principa-lement Jorsque ces taches sont fixes j car , lors-qu’elles paraissent voler Gomme des mouchesnbsp;OU des fils d'araignées, ou sautüler comme desnbsp;éiiiiceiies, il faul les atlribuer a quelque dépé-rlssement partiel des bumeurs aqueuses qui rent-»nbsp;plisseni i’oeil.
DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;37
Loi’sque la pupille a été offensée de manière a deveuir ovale , ou que la cornée a perdu de lanbsp;régularité de sa forme , l’oeil ainsi dérangé nenbsp;saisii plus les foi'uies régulières : ce qui est rondnbsp;paraii ovale ; les carrés s’allongent , etc.
Lorsque quelqu’épancliement de sang a eu lieu dans les chambres de I’ceil , ou que la jaunissenbsp;en a aliérélesliumeurs , Icsobjets se colorenlennbsp;rouge ou en jaune.
Des yeux , trcs-bien conformés d’ailleurs , niais trop faibles pour supporter la lumière ,nbsp;voient mieux dans Ie demi-jour et presque dansnbsp;robscurité, qu’a Tédat du soleil qailes rendlar-mojans. Cette sorte de vue, commc ceiie desnbsp;oiseaux de nuit, s’appelle njctalopie.
Elle est porléo au plus baut degré dans les Al-l^inos , dont nous avons déja dit que la prunelle etait rouge comme celle des lapins blaucs.
La plupart des vices de Tocil, dont il est question dans ce cbapilre , ne sont point susceplibles detraitement régulier; c’est a la prudence de l’O-culiste d’empêcher leurs progrèspar desraoyeusnbsp;doux et propoi’tionnés a l’état de la personaenbsp;qui en souffre : car , comme ce sont des symp-tónies de faiblesse , il y aurait a craindrc , cnlesnbsp;Bégligeant, qu’on ne perdit totalenieat la vuc.
L’Opticien n’^ aucuu instrument qui puissey • ^ppoi'Ler retnède3 st ce nest desluncitesacoque
-ocr page 64-28 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
contre Ie strabisme. Je parlerai dans la suite de
ces sortes de lunettes, qu’on nomine vulgaire-
mentlouchcttes.
CHAPITRE IV.
Maladies de l’ceil.
CoMME ce n’est point ici un traité medical, je ne parlerai des maladies de l’oeil que rclative-mcnt a rhistoire de eet organe , et anx circons-lances qui peuvent faire appeler 1 Opticien aunbsp;secours de TOculiste : encore ne Ie ferai-jeqn’ennbsp;avouant que je dois presque tout anx lumièresnbsp;dusaTantPatriarche des Anatoraistes, M.Tenon,nbsp;Membre de l’Institut, non settlement paree quenbsp;j’en ai emprunté des excellens mémoires qu’il anbsp;publiés sur les maladies de l’oeil dont il a faitnbsp;une étude particuliere, mais encore par l’ex-tréme bienveillance avec laquelle il a daigné en-courager mon travail , et par les conseils ütilesnbsp;que je dois a sa battle expérience.
JJatrophie est ralFaiblissemeni total de l’or-gane visuel; cette maladie est causée par Ie dé-faut du sue notirricier, ou par latrop graude dis-^
-ocr page 65-DE DA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;29
^ipation des cspi’its ; et eile est très-difficile a guérlr. Ou ne saurali y obvier par les remèdesnbsp;internes : il faut absolunient recourir a quel-*lne liqueur spécifiquc , qui, versée dans eet or-gaiie, répare inseusiblement rhumidilé qu’il anbsp;igt;erdue.
Joachim-George Elsaerus dit que cette mé-thode lui a parfailement réussi avec uu jeune ^omnie qui éiait naiurellement sec , et qui s’é-tait attiré une atropine par l’usage trop fréquentnbsp;des femmes , ainsi que par les stimulans dontnbsp;il s’était servi pour seconder sa passion ; car Ienbsp;globe de son ceil paraissait avoir diminué, et denbsp;plus il était affeclé d’nne sécheresse accompa-guée d’une rougeur douioureuse. Le docteurnbsp;s ^visa de se servir de rhumeur aqueuse d’unenbsp;ïiécasse , qu’il versa dans I’oeil dumalade, en luinbsp;conseillant de ne vivre que de poulets cuits etnbsp;de chicoree blanche , et surtout de s’abstenir denbsp;femmes , ainsi que de remèdes et d’alirnens ca-pables d’echauffer. Cette méthode eut tout lenbsp;Succes desire; ]a vue du malade se fortifia ennbsp;peu de terns , et ses yeux recouvrerent le suenbsp;liourricler qu’ils avaient perdu.
ï^ous rentarquerons id , 1“ qu’on peut ^ au lieu de 1’huineur aqueuse de la becasse, em~nbsp;ployer celle des autres animaux a vue percantejnbsp;qn’on doit apres la cure , pour nè pas se fati-
-ocr page 66-5o nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
guer tout-a-coiip la vue j faii’e usage de con~
serges ou lunettes a verres verts.
La cataracte est I’interception des rayons quij au lieu de se porter jusqu’a la rétine , se trou-vent arrêtés par l’épaississement du cristalliiinbsp;lui-même ou des capsules qui Ie contiennent.
L’épaississeinent protüent d’un engorgemcnl dans les vaisseaux des capsules ou du cristallin ynbsp;OU de la rigidité que ces parties acquièrent avecnbsp;l’age , OU même souvent d’une affection gout^nbsp;teuse. Quelquefois aussi Ie cristallin se trouvenbsp;amolll et fondu, de manière a ne formernbsp;qu’une masse désorganisée qui a les mêmes in-convéniens.
La plus grande partie desaveugles-nés doivent leur malheur a la cataracte.
Dans Ie reste de la vie , elle se forme petit a petit j la période la plus commune est de deuxnbsp;a trois ans : on en a observe qui avaient éténbsp;soixante ans a devenir completes d’autres, quinbsp;s’étaienl formées en un seul jour et même ennbsp;quelques minutes.
On reconnait a Textérieur les yeux affectés de cataractes, par la couleur que Ton apercoitnbsp;derrière la pupille. Cette couleur est d’un blancnbsp;sale , tirant sur l’ambre ou Ie brun, et quelquefois marbrée , selon la nature de la cataracte.
Les causes de cette maladie de l’ceil sont trop
-ocr page 67-5i
DE LA yUE.
peucOnnuespoui’ qu’onpuisse chercherales pré-Venir, II parait néanmoins que les personnes , par état, ont les yeux sur un feu ardent,nbsp;®prouveut plus souvent Ie desséchement danbsp;t^ristallin, qu’il ne faut pas confondre avec lesnbsp;ophthalmies, dues au trop grand usage des bols-Sons fortes.
Des coups vlolens peuvent aussi attaquer Ie lt;insiallln ,• mais alors il est rare qu’il n’j ait pasnbsp;d’autres parties de l’oed endommagées de ma-Hière a ne pas laisser de remède.
Ce i’eincde , lorsque Foeil est bien sain d’ail-leurs, est d’extirper Ie crislallin, ou au moins de Ie déplacer pour Ie faire tomber dans Ienbsp;de l’oeil. Dans 1’une comme dans l’autre opé-^¦ation , il faut attendre que la calaracte soit ab-solunient formée ; et c’est a l’expérience de l’O-^nliste a détei’miner eet instant, pour que l’opé-fation qu’il doit faire ait tout ie succes qu’il ennbsp;peut attendre.
La méthode d’abaissement de la cataracte était Connue des anciens j mais elle a des inconvé-ïtiens. En effei, lorsque Ie cristallin a conservenbsp;'Juelqu’élaslicité, il ne cede pas araiguille dontnbsp;'^n Se sert pour Ie rabalsser. D’ailleurs, devenantnbsp;''Orps étranger dans Ie bas de l’oeil, il peuty oc-'-‘asioaner des douleurs qui ne finissent qu’avecnbsp;vie. Enfin, on a vu des crlstallins venir re-
-ocr page 68-52 nbsp;nbsp;nbsp;LE conservateür
prendre a-peu-près leur place , et obliger i’Ocu-
Jiste a récidiver l’opéraliön.
Les modernes semblent, eii consequence, don-ner la preference a i’exiirpaiion de la cataracte , ¦ qui parait avoir été pi’atiquée par Daviel pournbsp;la première fois vers l’an 1740? operation lanbsp;plus honorable pour l’OculisLe qui y réussitnbsp;complètement.
Si Ie succes est rare , c'est qu’il est bien rare aussi de trouver dans l’age avancé, oü ordinaire-ment l’opéralion dcvient necessaire , une organisation assez saine et assez robuste, pour qu’au-cun accident étranger a l’opération ne vienne lanbsp;contrarie!’.
On sent en effet, d’après la susceptibilité des parties de 1’ceil, les grands ravages que peut oc-casionner Ie moindre vi- e dans Ie sang on dansnbsp;les humeurs. Wos grands Oculistes onl presquenbsp;tous une méthode et des instrumens , qui leufnbsp;sontpropres pour l’opération dc la cataracte.
Lorsque Ie cristallin est enlevé ou dérangé de sa place, si l’oeil n’a pas perdu eninême temsnbsp;la totalité de Thumeur vitrée, et que dans Ienbsp;pansemeiit la pupille ne se soit pas referraée, ilnbsp;en résulte un ceil, auquel il ne manque que cenbsp;cristallin, destiné a rompre les rayons visuelsnbsp;pour les porter sur la réliiie, effet purement op*nbsp;tic|ue, et que les lunettes a cataractes suppléent,
-ocr page 69-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;5S
cn faisant en avant de l’ceil ce que Ie cristallia faisait dans I’inteneur. Nous reviendrons sue lesnbsp;Verresacataractes dans la description des diÜë-i'entes lunettes.
Lorsque l’oeil a tvop perdu de son Iiumeuu vitree, ii en résulte une vision beaucoup plus ira-parfaite; mais ilparait que, s’il u’j en a euqu’unonbsp;légere parlie d’écoulée , elle se régénère d’eile-mème en peu de lems.
Quant a la fei'meture de la pupille , Toculiste peuty reniédier en rétablissanl J’ouveriurepar unenbsp;incision de l’iris.
Puisque nous en sommes a la maladie de Toeil, qu’on appelle calaracte , et aux dilïérensnbsp;moyens de la gucrir^ nous croyons qu’ilnbsp;est a propos d’en citer quelques exemples,nbsp;qui seront la peinture fidele des diverses sensations qu'éprouve Taveuglc-né , quand ses yeuxnbsp;recoivent pour la première ibis les rayons denbsp;la lumière. Nous nous bornerons a deuxnbsp;exemples, qui sufiiront pour reinplir notrenbsp;dessein.
Le premier est tire des Transactions philoso-phiques, ii“* 402 , oil l’on irouve ia guérison de ia cataracte , laite par Chesselden , en Ia per-sonne d’un jeune homme de 15 ans : mais, com menbsp;les détails cn sonl trop difliis, nous nous permet-irons de le# abréger, loulefois sans rieu oublier
-ocr page 70-54 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
de ce que ces mêmes détails peuvent avoir de
curieux et d’intércssant.
Nous observerons d’abord que ce jeune boinme, comme tous les aveugles-nés , n’étaitnbsp;pas tellcment aveugle , qu’il ne püt dislinguernbsp;]e jour de la ii.iitj que même la plupart de cesnbsp;aveugles, a l’aide d’une grande lumière, dislin-guent les trois couleurs suivanles ; Ie blanc , Ienbsp;noir et Ie rouge , mais qu’ils ne peuvent pasnbsp;voir la figure des objets ; tel était Ie cas de cenbsp;jeune honime, qui dislinguait assez bieu lesnbsp;couleurs en plein jour : cependant l’idée qu’ilnbsp;en avail était si foible que, lorsqu’on lui eutnbsp;abaissé la cataracte , il ne put les reconnaitre. IInbsp;crut même que ce n’étaient plus les mêmes couleurs qu’il avait connues auparavant sous leursnbsp;noms véritables.
II trouva que Ie rouge était la plus belle de loutes les couleurs^ et, parmi les autres, les plusnbsp;gaies lui parurent les plus agréables. La première fois qu’il vit Ie noir , il en fut effrajé ;nbsp;mais, en peu de tems, ii s’y accoutuma ; cepen-dant, au bout de quelques mois, ayant vu parnbsp;basard un nègre, il fut saisi d’horreur a sonnbsp;aspect.
La première fois qu’il jouit de la vue, il s’eu fallut de beaucoup qu’il put porter aucun ju-gement sur les distances : il croyait que tous
-ocr page 71-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;35
objets toucbaient ses yeux, ainsi que tout qu’il tutait toucbait sa peau: il pensait quonbsp;^es objets les plus agréables étaient les corpsnbsp;polis et réguliers, quoique d’ailleurs il ne putnbsp;former aucuu jugement sur leur figure , ni cle-viner la cause du plaisirqu’il trouvait a les voir.nbsp;11 ne connaissait aucune figure, el il ne pouvaitnbsp;pas distinguer un corps d’un autre , quoiqu’ilsnbsp;fussent diflërens de grandeur. Lorsqu’on lui ap-prenait quels étaient les objets dont Ie touchernbsp;lui avail auparavant indiqué la figure, il se flat-tail de pouYoir doréuavant les reconnailre ; ce-pendanl, comme il avail trop d’objets a appren-dre, il en oubliail, plusicurs; et, comme il Ienbsp;disait, il appril au commencement a connaitrc ,nbsp;®t il oubliait mille choses en un jour. Je n’ennbsp;donneraiqu’unexemple; comme ilavait souventnbsp;oublié la difïérence d’un chat a un chien , unnbsp;jour iln’osa pas la demander: mais , en prenantnbsp;Ie cbat qu’il connaissait par Ie toucher, il Ienbsp;regai’da fort attenlivement: ensuite, Ie laissantnbsp;aller , il dit: Je chat est ainsi fait j je Ie recon-naitai une autre fois. II étail fort surpris que lesnbsp;ohoses, qni lui avaieut paru les meilleures, nenbsp;parussent pas les plus belles a ses yeux ; et ilnbsp;s’irnaginait que les personucs, qu’il avail trou-'^'ées les plus agréables au toucher , devaient luinbsp;paraiire les plus agréables a la vue. On s’était
-ocr page 72-56 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
flatié qu’il connaitrait bienlót ce que représen-^ taient les peintures qu’on lui montrait. Cepen-daiit, ce ne fut que deux niois après qu’on luinbsp;eul abaisséla caiaracte a un oeil, qu’il découvritnbsp;qu’elles représentaientdes corps solides; Jusqu’a-lors il ne les avail considérées que corame desnbsp;plans diversementcolorés. Mais, revenu de soanbsp;erreur , il ne fut pas moins surpi’is de voir quenbsp;ces peintures n’étaient pas sensibles comme lesnbsp;choses qu’elles rcprésentaient; et il fut encorenbsp;plus étouné, lorsqu’il découvrit que les parties,nbsp;quij par Ie mélange del’ombre et de la lumicre,nbsp;lui paraissaient i’ondes et inégales, étaient ce-pendant au toucher aussi planes que les autres jnbsp;et il demanda quel sens Ie trompait, ou Ia vuenbsp;OU Ie toucher. Quand on lui montra Ie portraitnbsp;en miniature de son père, peint sur la montrenbsp;de sa mère, il dit qu’il reconnaissait bien l’i-mage de son père; mais il ne pouvait com-prendre comment une image si grande pouvaitnbsp;être renfermce dans un espace si petit; et il ditnbsp;que cela lui semblalt aussi impossible, que denbsp;faire entrer dans une pinle toute la liqueur con-lenue dans un tonneau.
Au commencement, il ne pouvait supporter qu’une foible lumière , et ce qu’il vojait luinbsp;paraissait exlrêmement grand; maïs, en voyantnbsp;des objets plus grands, il concut que les pre-
-ocr page 73-n E L A VUE. nbsp;nbsp;nbsp;37
miers étaient moindrcs j car il élail incapable d’imaginer rieu au de-ia des limites de ce qu’ilnbsp;vojait; il savait, disait-il, que la cbambre oiinbsp;il était ne faisait qu’uiie parlie de Ia raaison.;nbsp;et cependant il ne pou\'ait concevoir que touienbsp;la maison dut lui paraitre plus grande que lanbsp;cbambre. Avant qu’on lui eut abaissé Ia cata-racte , il avolt cru que la vuene lui procureraitnbsp;pas un avantage assez considerable pour entre-prendre celte operation, a l’exception de la fa-culté qu’il auraitde lireetd’écrire. Car il croyaitnbsp;qu’il n’aurait pas plus de plaisir a se prornenernbsp;dehors, que dans Ie jardin oii il pouvait !e fairenbsp;tout a son aise; et de plus il observait qu’étantnbsp;aveugle il avail la commodiié de pouvoir allernbsp;parlout pendant la nuit, ce que ne pouvaientnbsp;faire ceux qui jouissaient de Ia vue. Aprèsnbsp;1’opération, il conserva long-tenis eet avantage,nbsp;et il n’avait aucun besoin de luniièi’e pour par-courlr la nuit tous les endroiis desa maison. 11nbsp;disaitque chaque objet nouveau ctait nu nouveaunbsp;plaisu’ pour lui • et que ce plaisir était si grarrd ,nbsp;qu’il ne pouvait rexpi’iiner; aussi ne pouvait-iinbsp;cacher sa reconnaissance envers sou opérateur.nbsp;Pendant long-tems il ne put Ie voir sans versernbsp;des larineS de joie , et sans lui donner millenbsp;marques de son affection. Lorsque CbesseldeHinbsp;ïnanquait de venii’tin tems oir ce jeune bomme;.
-ocr page 74-58 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
l’attendait, celiii-ci en était si vivoment pénétre^, qu’il ne pouyaii s’empcnher de s’en plaindre.nbsp;Un au après sa gnérison, on Ie conduisit a lanbsp;Ville d’Epsom , d'oii il découvrlt une vaste campagne, dont la vue lui fii tant de plaisir , quitnbsp;s’éeria quilvenait^ de conuailre une nouvelle ma-niére de voir.
Pen de temps après qu’on lui eut abaissé la c taracte de Tauire oeil, il dit que les objets luinbsp;parurent d’abord fort grazids , mais non pasnbsp;aussi grandsqu’après la premièreopération. Ennbsp;rcgavdaut Ie même objel des deux ycRx , il luinbsp;parut double de ce qu’un oeil seul Ie lui repré-sentait, mais il ne lui parut pas rcpété.
Passous au second exeraple , qui est tiré de la gazette littéraire de TEurope, 21 mars 1764. IInbsp;s’agit ici d’un aveugle agé de vingl ans, quenbsp;M- Grant a opéré , et voici les circonstancesnbsp;qui suivirent sa guérison , circonstances a peu-près seinblables a celles que nous venous denbsp;rapporter. Quand, pour la première fois, lesnbsp;yeux du jeune bommefuvent Irappés des rayonsnbsp;de la Itnnière, il règna sur toute sa personnenbsp;rexpression d’un ravissement indicible. Commenbsp;ropéraleur se tenait devant lui avec ses instru-mens a la main, Ie jeune homme l’examina cu-rieusement de la tèleaux pieds. Eosuite il s’exa-*nbsp;minalui-même, et ilserablait comparer sa propre
-ocr page 75-D E L A V U E. nbsp;nbsp;nbsp;59
%ure avec celle qu’il voyait. Tout lui paraissaft semblable de part et d’autre , excepté les mainsnbsp;paree qu’il prenaii les instrumens de 1’opéraleurnbsp;pour des pariies de ses mains. II essaja de marcher, fit un pas , et parut efïrajé de ce qui l’en-Vironnait : il ne pouvait concilier les sensationsnbsp;que la vue lui faisait éprouver, avec celles quonbsp;^cs mêmes objets avaient fait naitre en lui par
moyen du toucher 5 el il iuifallut du tems pour disiinguer et reconnaitre les formes, 1'es couleursnbsp;et les distances.
Wou5 4crminerons ici les exemples j mais il est bon de remarquer une circonslance commune a lous les aveugles-nes qu’on yient d’opérer:nbsp;c’est que, n’ayant jamais eul’occasiondemouvoirnbsp;leurs yeux, ils ne savent comment s’y prendre jnbsp;ct que, dans les commencemens, ils ne peuventnbsp;aucunement les diriger vers un objet particulier.
Revenons a présent aux diverses sortes de maladies, dont l’oeil peut être attaqué.
La Goutte sereine ne présente a Textéineur aucun signe bien rnarquant. L’oeil reste beau ,nbsp;très-briiiant et dans sou volume naturel j aucunenbsp;de ses parties ne parart altérée; les objets vontnbsp;Se peindre comme a rordinaite sur la rétine jnbsp;mais, comme cellc-ci est paralysée dans son tissunbsp;nerveux, ellc fte communique au nerf opiiqua.
-ocr page 76-4o nbsp;nbsp;nbsp;I'E CONSERVATEUR
que des images confuses : elle n’en communique mème plus aucune, lorsquele mal est a son plusnbsp;jbaut période.
Aussi lespersonnes atiaquées de goulte sereine soit sur un oeil, soit sur les deux yeux, peuventnbsp;fixer Ie soleil, et irouventunc sorte de jouissancenbsp;dans Ie jour éclatant, quifatiguerait un oeil nonnbsp;paraljsé.
L’Opticien peut bien, tant que la maladie n’est pas compléte j favoriser par des verresnbsp;l’entrée d’un plus grand nombre de rayons dansnbsp;l’oeii, pour que la rétine en puisse transmettrenbsp;quelques-uns au nerf optiquej mais, quandceitenbsp;rétine est une fois paralysée, lous les secours denbsp;l’optique dcviennent inutiles.
Ceux mémes de l’ocubste laissent souvent peu d’espoir. II ne peut employer que desnbsp;moyens curatifs Irès-incertains; a peine se peui-il flatter, en prenant la maladie dèsl’origine,nbsp;d’en aiTêter les progrès , et de rendre l’ceil a sonnbsp;etat naturel, puisqu’il faudrait pour cela dé-truire Ie principe de paralysie qui attaque I’or-gane Ie plus déilcat, cc que la médecine n’a pnnbsp;encore faire d’iine manière sure, dans toutesnbsp;les autres paralysies qui affectent Ie corps hu-main; de sorte que , quand les traitemens aidésnbsp;par la nature ont éloigné Ie mal, il reste toujoursnbsp;lu crainte de Ie yoir renaitre, et la nécessité de
-ocr page 77-DK tA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;4i
s‘issujetiv a un régime diélélique, analogue a lt;^eluique cloivent suivreles personnes menacéesnbsp;pareille infimiilé sur Ie reste du corps.nbsp;L’applicatlon de l’électiicité et du galvanismenbsp;^ eié sume de quelques cures, 11 est a désirernbsp;^üe de plus nombreuses expéidences fassentnbsp;ïDieux connaitre la meilleure maulère d’em-ployer des agens , qui ont tant d’analogie avecnbsp;Ie fluïde nerveux, et qui doivent par conséquentnbsp;y produire de si grands efl’ets.
On a conseillé d’exiirperl’oeil affectéde goulte sereine, pour preserver i’autre ceil; maison, n’anbsp;jamais pensé a couper Ie bras öu la jambe pa-ï'alysée , pour preserver I’antrc : il n’y auraltnbsp;ïout au plus que Ie cas, oul’oeil totalementobli-tere meaacerait de se corronipre, qu’il con-'vieiidrait de recourir a une operation aussinbsp;douloureuse que difficile par tousles dangers quinbsp;suivent.
X’Op/ifa/miCjOu Inflammation de I’ceil, est due a 1’eugorgenient des vaisseaux sanguins dansnbsp;Ics diüérentes parties du globe de I’oeil. Lors-qu elle est iniérieure , la vision est altérée , etnbsp;la cure est fort difficile.
Al’extérieur, a moins qu’elle ne soil extreme ^ ®be ne trouble la vue qu’en ce qu’elle rend fortnbsp;douloureuse I’inipression dujour, et qu’cllegeaenbsp;ies mouvemens de ia pupille.
-ocr page 78-^2 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERvATEUR
Le plus ordinairement l’oplitalmie est acci-denlelle, et el!en’exige'queles iraitemenssimples employés paria médecine, pour évacuerle sangnbsp;et en tempérer I’acrimonie. 11 ne faut cepen-dant pas perdre de lems a employer ces moyens,nbsp;paree que l’ophtalmie négligée pourraitattaquernbsp;I’ceii d’uiie manière très-dangereuse.
Parmi les causes extérieures de Tophtalmie , on peut placer I clfet ttopvll des rayons de lumièrenbsp;sur l’oeil j il ne faut pourtant pas croire que ce soitnbsp;la seule cause de cette effrayarite ophtalmie, quinbsp;fil tant de ravages parmi les Européens, dansnbsp;les deserls de l’Egypte et de l’Afrlque. II paraitnbsp;que les sables bi’ulans de ces contrées, emportésnbsp;par les vcnls et disséminés dans l’air, veiiaient irri-ter l'oell et s’y inslnuer d’une manière très-funeste.
L’Opticlcn prévient 1 eöét des rayons du soleil, par des verres verts saus foyer pour les vues ordi-naires, ou avec le foyer correspondaut aux vuesnbsp;qui se sont plus ou moins allongées : et, pournbsp;prémunir doeil contre les tourbillons de sables , ilnbsp;suffit d’accompagiier les mèmes lunettes d’unnbsp;taffetas , tpil les cinbrasse de tous cótés, et qui nenbsp;lalsse aucun passage ouvert aux corps étrangers.
Jen’ai rlen a dire, comme opticien, des aulres affections de l’ceil ^ telles que les Jistules iaerj-rnales, dans lesquelles prescjue toujours, a la suitenbsp;d’autres maladies, les glandes ne jouissent plu*
-ocr page 79-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;45
ressort nc'ccssa'we pour lelenir les lavmes : les
taies, les alhugos , les dragons, les extra-^(isions d’humeurs qui défigurentl’oeil, clqueTo-^uliste peut extlrper , surtout lorsqu’il est a crain-qu’elles ne s’étendcntsur la totalitéde 1’organe.
Les charbons ou anthrax, et les cancers, qui exigent les soinsles plus prompts, pour prévenirnbsp;la perte de l’oeil et l’extirpatiou du globe.
Les chassies ou lippitudes, qui souvent ne ®Ont tjue des accidens ephémères dus a un engorgement , quo les glandes lacrymals s éprouventnbsp;par un coup d’air, ou par une trop grande agitationnbsp;du sang, ou par d’aulres causes qu’il est difficile denbsp;pi'évolr.
Après avoir eu plusleurs occasions de paricr de 1 extirpation du globe deroeil, je dols parler aussinbsp;desj-ena: arlijiciels, destinés a réparer une dif-Idrrnltési desagrëable.
Soit done que Ie globe de 1 ceil alt éxé extirpé par une main habile , solt que quelqu'accldentnbsp;1’ait fait sortir de son orbite, en Ie détachant desnbsp;Uiembranes qui Ie conlenaient, après que eet or-l^ite a été soigneusement dégagé de toule espèce
appendice , il reste une cavité propre a recevoic globe de méme forme ¦, 1'oculiste appclle alorsnbsp;® Sou secourS rémaillour, pour que ce globe ar-**ficiel soit incorruptible, et ne porie aucune Irrita-tton dans i’espace cicatvsé qu’ü doit occuper.
-ocr page 80-44 nbsp;nbsp;nbsp;I'S CONSERVATEUR
Les anciens se contentaient d’appÜquer, en dehors de la paupière , des yeux peiuls sur une peau très-mince etretenus parunc verge deferoud’aciernbsp;qui fakait Ie tour de la tête.,
Ces sortps d’yeux exterieurs avaient l’incon-vénient très-'désagréable cl’être toujours fixes , et de ne presenter aucun jeu des paupières.
Les modernes se sont appliqués a les placer en dedans des paupières; et pour cela ilslesont cons-truils en émail. Lorsque foeil n’a éteque défigurënbsp;et privé de ses facultés, sans qu’il ail été besoinnbsp;de l’extirper, I’email est une espèce de calottenbsp;creuse en dedans et bombée a l extérieur.
Lorsque I’ceii est totalement extirpé , c’est un globe pareil a celui quil remplace , et ménagénbsp;de rnauière a ne pas gêner les giandes lacrymales.
I! est bon de i’enlever tous les soirs, de baiguer la place avec des collyres , qui préviennent toutnbsp;séjour d’humeurs et de sérosités, et de laver l’é-mail lui-méme pour qu’ü ne conserve aucune irn-purelé.,
L’Art de I’emailleur est d’imiter parfaitement les couleurs de 1’oeil qiu reste , et c’est avecnbsp;plaisir que je cite ici mon confrère, de plusieursnbsp;sociélés savautes, M. Hazard l’ainé , demeurantnbsp;rue Sainle-Appolline , n”. a , conime ayant portenbsp;au plus haut tlegré de perfection la fabricationnbsp;des yeux d’émail j quiimitent non-seulement leS-
-ocr page 81-Ï)E EA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;45
yeux humains dans l’état natui'el, mais encore ceux de loute espèce d’animaux, qu’il est sinbsp;intéressant de réiablir avec fidélitc , pour don-ïier aux animaux empaillés Ie dernier degrénbsp;vérlté. M. Hazard cxcelle encore a représenternbsp;ï-Outes les maladies ei difformitps cte.roeil, quinbsp;servent aux lecons anatomiques.
Nous crojMs faire plaisir a nos lecteurs, en leur mettant ici sous les yeux les princlpauxnbsp;avaniages de son art.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
L’art de travailler les émaux a la lampe est , de tons ceux que je connaisse, un desnbsp;plus agréables et des plus amusans. 11 n’existenbsp;rlen qu’on ne pulsse exécuter en émail aunbsp;moyen du feu de Ia lampe, ei cela en très-peunbsp;de tems , et plus ou moins fabilement , selon quenbsp;i’ona une plusgrandeouunömoindrehabitude denbsp;manier les émaux , et une connaissance plus ounbsp;moins étendue de Tart de modeler.
Son bul principal, et son plus grand avan-tage, sont de réparer, ou plutót de rendre moins désagréables les ravages des maladies,nbsp;et les iristes sulles des accidens funestes ,nbsp;qui n’aflectem que trop souvent Ie plus délicat,nbsp;comme Ic plus admirable de nos organes, jonbsp;Veux dire , celui de la vue.
II est gcnéralement rcconnu que Témail est ia seule matière qui puisse imiler parlaitement
-ocr page 82-45 nbsp;nbsp;nbsp;ieconservateur
1’oeil humain j mais celte matière n’est pas molns ingratepour celui qui la modèieau feu, que pournbsp;celui qui peint dessus; il faut a Tun et a l’autrenbsp;des conualssaiices variées et reunies , qui nenbsp;supposentpas une instruction ordinaire j et ils re-gardent souvent, comme indigne de lesoccuper,nbsp;un él at manuel, dont la Ibrlune ne recompensenbsp;pastoujours les utiles el péniblcs travaux. Tellesnbsp;sont les diffcrentes causes du petit nombre d’ar-listes dans ces de ix genres d’industrie. Si nous ynbsp;en joignons d’autres qui n’appartiennent qu’a 1’É-mailleur-Oculiste, Ie secret, parexemple, qu’ilnbsp;a toujours fait de sou talent, Ie silence qu’exigentnbsp;de lui et que gardent toujours les personnes quinbsp;j ont rccours , par un sentiment d’amour-proprenbsp;bien pardoiinablepeut-être, quiles faitrougird’unenbsp;infirmité, suiTafjuelle se débilenl desplaisanleries,nbsp;toujours aussi cruelles qu’irréfléchies et dépJacées,nbsp;l’on croira facilement que l’on n’a jamais compténbsp;plus de trois Emailleurs-Oculistes contemporains.
Iltient h fort peu de circonstances, qui peuvent même se réunir, qu’un jour eet art, aussi difficile que les rapports d’interêt sont disséminés , nenbsp;se perde pour long-tems : mais revenons a notranbsp;sujet. S il est vrai que les yeux soient Ie niiroirnbsp;de 1’ame , il 1’est de même qu’ils sont Ie plusnbsp;bel ornement de la figure huroaine^ aussi Ia
-ocr page 83-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;47
ïuolndre irrégularité dans l’un des jeux nuit-a !a beauté de la lête la plus réguüère.
absence totale d’un seul devieut quelquefois infi rmilé, dont l’aspect affreux et repoussantnbsp;^étruirait Ie bonheur de l'être Ie plus fait pour ennbsp;Jauu', si 1’art ne vena’it tout réparer de manlère anbsp;méprendre,
N’a-t-on pas quelquefois, et pendant des années entières , connu des personnes munies d’un oeil.nbsp;®ttifi.ciel, sans qu’on s’en fut jamais douté , tantnbsp;imitation est parlaite par la couleur et lesnbsp;Uiouvernens de I'oeil ai'tificiel conformes en toutnbsp;a ceux de I'oeil sain, de eet oeil artificiel qui peutnbsp;ainsiréparerles suites terrlbles de I’accldent Ie plusnbsp;funeste,
Ce sont tous ces motifs qui nous ont faitannoncer Hazard comme Ie premier artiste en ce genre:nbsp;d a SU conserve!’ parmi nous un art, dans lecpielnbsp;®ucun peuple de 1 Europe ne peut nous opposecnbsp;livaiix, 11 est d’allleurs de mon devoir de signaler M. Hazard , comme l’un de ceux qui ontnbsp;i'endu des services sans nombre a fhumanlténbsp;souffrante. J aj élë plus d’une fois témoin que eetnbsp;^‘'tiste estimable a, sans retribution, adininistrénbsp;secours de son art a ceux qui se trouvaientnbsp;fortune. Je suis done pfirsuadé que mesnbsp;l^cteurs me sauront gré de Ie leur avoir fait con ;nbsp;^sitre, puisque je puis donner a quclques-uns
-ocr page 84-48 nbsp;nbsp;nbsp;LE CON S ER VATEUR
d’entre eux des renseignemens poslllfs sur till
artiste dont la reputation est justenient mérliée.
Conservation de Voeil.
S’iL est vrai qu’il soit souvent plus aisë de prë-Venirles maux, que d’y remédier quand ils sont venus, on ne trouvera pas mauvais que je m’ë-tende, même un peuminulieusementj sur les soinsnbsp;que demande l’oeil en éiat de parfaite sanlë.
Trop dc personnes viennent me consuller sur les inquietudes que leur donrie leur vue , et surnbsp;les moyens de conservation que l’oplique peutnbsp;leurofl'rir, pour que je ne sente pas Ic besoin.nbsp;de réunir des avis généraux , qui appartiennentnbsp;encore plus a la théorie de Ia vision, considéréenbsp;sous Ie rapport de 1’optique, qu’a Ia consülulioilnbsp;anatomique et médicaie de l’oeü.
1®. Graduer Ie passage de la lumière aux ténèhres , et des cénèbres d la lumière.
La description de la pupille a fa't voir avec quelle promptitude elle se contracte ou se di-
-ocr page 85-D E L A y U E. nbsp;nbsp;nbsp;49
late , pour laisser toujours a peu-près la me me quantité de luraière sur Ia réiine j rnais cesnbsp;^ouvemens trop brusques Ia fatiguent ncces-sairement. On ne saurait done irop eberchernbsp;^ les éviter : Ie mieux qu’on puisse faire pournbsp;y parvenir, est de fuir l’obscurité trop profonde
Ie*jour trop éclatant.
Pourquoi la nuit défendre aux moindres rayons de lumièredepénétrer jusqu’a nosyeux?nbsp;Des volets trop exactementfermés, des rideauxnbsp;iniperméables au jour, exposentroeil ase irouvernbsp;saisi par un contraste très-dangereux, a I’heurenbsp;oil l’on ouvre ces volets ou ces rideaux , heurenbsp;qui d’ordinaire est celle du grand jour. Lanbsp;nature, plus sage, fait peu de nuits absolues :nbsp;quelque lueur permet loujours a l’oeil denbsp;distinguer les objets. L’aurore vient peu anbsp;peu ramener Ie jour, et Ia clarté du soirnbsp;diminue de même par degrés, pour laisser Ienbsp;tems aux organes de se proportionner a cesnbsp;variations.
Pour démontrer encore mieux Ie danger de coueber dans des lieux trop hernictiqueinentnbsp;fermés a la lumière , on pourraitdire qne c’estnbsp;Se priver de la libre circulation de l’aii- ,nbsp;nécessaire a la santé, etse plonger volonta rementnbsp;dans des cachots, que notre propre respirati n,nbsp;^népbitlse d’une inaniere effrayante. Ge mé-
4
-ocr page 86-5o nbsp;nbsp;nbsp;1.ËCONSEÏIVATEUR
philisme est non seulement nuisible aux pou-nions , maïs encore a la contexture délicate de I’cell , qui a besoind’être lubréfié par un airpur.
Sans doute il est bon, pour reposer les yeux, que Ie jour ne les frappe pas directement ; maisnbsp;il est bon auss!, pour ne pas déranger leur direction , quece jour n’arrivepas de cóté. Lameil-leure disposition d’une chambre a coucher seraitnbsp;celle oü les fenêtres de cette chambre ne se-raient, ni exposées aux rayons du soleil levant,nbsp;ni placées en face des yeux. Alors de simplesnbsp;rideaux verts préviendraient toule impressionnbsp;trop vive ; et , avec la precaution de tenir aunbsp;réveil quelqTies instans les yeux détournés, onnbsp;se préparerait au jour que doit donner l’ou-vertura des rideaux.
D'après ces réflexions , on dolt sentir tout l’avanlage des lampes de nuit, qui entretiennentnbsp;constamment autour des yeux une légere clarté.
II nest done pas un simple objet de luxe, eet usage de vases d’albatre ou de porcelainenbsp;a denii-lransparente, dans losquels on placenbsp;les bougies de nuit. Elles ne répandent qu’unenbsp;lueur incertaine, qui ne force pas l’oell a en fairenbsp;un point fixe de direction; cependant, il fautnbsp;encore avoir soin de les poser de mamère a cenbsp;qu’elles ne frappent l’oell ni directement, ninbsp;par Ie rcüel des glacés.
-ocr page 87-DE LA yUE. nbsp;nbsp;nbsp;5r
Proportïonner la durée du sommeïl au repos nécessaire aux jeux.
Les uns , par exces de travail ou de plaisir, ^habituent a de longues veilles, et croient quenbsp;force de 1’age leur perniet de di puler aunbsp;soninieil des insians qu’ils croiiaient ptrdusnbsp;dans Ie repos.
Les autres, par paresse ou par oisiveté, croient n avoir jnmais assez dormi.
Ces deux extj'émités sont presqu’également nuisibles a la vue.
Les longues veilles ne donnent pas Ie tems de reposer les organes , et de rêiablir la libronbsp;Circulation des humeurs qui en eutredennent Ienbsp;]eu; de la résultc par la suite, quelque forcenbsp;qu’on ait cru avoir dans les yeux , une fatigue,nbsp;ïine nullité , qu’il est impossible de corriger.
Le long sommeil laisse trop long-iems les Organes dans l’inactlon , et^en relache lellementnbsp;les ressorts , qu’au réveil les yeux sont rougesnbsp;et faibles. H arrive même souvent que 1’excessive cbaleur du Ut occasionne une pes mteurnbsp;de têie qui prouve le derangement reel denbsp;^ Organisation. Comme j’ai déja parlé du besoiunbsp;qu’ontles yeux d’un air pur , je puis, a pi opognbsp;dusonnneil , recommander qu’uue ou deux foisnbsp;le jour, en hiver, comme en élé , on renouvelle
-ocr page 88-Bs nbsp;nbsp;nbsp;LECONSERVATEUR
]’air des chambres a coucber, et qu’on Ie purge
de toutes Icsexbalaisons qui pourralent Ie cor-
rompre.
Cetie précaution regarde non-seulement les fleurs , qui ne répandent dans l’obscurlté quenbsp;des vapeurs délélères , mais encore ces langesnbsp;sails par les enfans , et dont on laisse leurs ber-ceaux entourés , sans penser qu’on ne les faitnbsp;sécher qu’aux dépens de la pureté de l’axr , quinbsp;se charge des emanations les plus dangereuses.nbsp;On peut en dire autant du coucber niême denbsp;ces enfans, et des amas de fumier et d’im-ïuondices quel’on soufïre sous ses fenctres.
3°. Ne pas s'exposer d des lumiéres trop vioes.
Comme la délicatesse de la rétine en fait Ie principal mérite, il est certain qu’ilfaut craindrenbsp;lout éclat qui la fatigue.
Si l’on regarde un seul instant Ie soleil , la rétine est tellemut irrilée que l’on conservenbsp;pendantplusieurs minutes un disque rayonnant,nbsp;qui se pelnt comme une auréole sur tous lesnbsp;objets qu’on regarde, et que souvent l’on conserve encore plus long-temps des tacbes jaund-tres qui troublent la vue.
C’estcequi rend si precieuxl’usage, introduit depuis quelques années, des lampes a doublenbsp;courant d’air.
-ocr page 89-BE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;5:ï
Aulieu de trois a quaire bougies ou cbandelles dispersees dans une salie, on se sert d’unanbsp;seule meche, parcequ’on a trouve, qu’avec moinsnbsp;de dépense, elle briliait d’un eclat plus flatteurnbsp;a lavue. Mais aussi toute la lumière est concen-tree en un seul point : dans lout le reste denbsp;1’espace la clarte est plus ou moins dégradée ;nbsp;i’obscurlté même règne plus ou moins dansnbsp;tous les points , oü le rabat-jour inlercepte lanbsp;direction de la lumière. Dès-lors l’oeil, en par-courant Ia salie , passé a chaque instant de l’obs-cui'ilé a un plus grand jour , et surtout il est.nbsp;blessé quand il se porte sur la lainpc elle-mème.
C’est done tout au plus, dans des salons très-®levés , que ces lampes seraient bpnnes , en ayant le soin de les placer assez haut , pournbsp;quelesyeuxnelesrencontrent jamais. Encoi’e ennbsp;résulteroit'il des effets trop vifs sur les glacés ,nbsp;sur les meubles et sur les boiseries directementnbsp;exposés a la lumière j et, en general , une elarténbsp;irop vive pour des yeux , qui d’instans en ins-lanspeuvem passer dans deslieuxmoins éclairés,nbsp;dans des corridors et même a Textérieur, ou ilsnbsp;trouveront une nuit presque totale.
Dans les salles de spectacles, ce faisceau de lumières disposé pour Tagi ement de rorchestrenbsp;des premières loges tout au plus, a’est qu’ua,-
-ocr page 90-54- nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEÜR
brasier qu’ont sans cesse devant les yeux les
personnes placées plus haul.
En vain a-t-on cherché a remédier a ces in-convénieuspar les gazes et les globes demi-trans-pareiis qui entouient ces larnpes. Si vous les at-lénuez au point dene pas jeter plus de lumière que les bougies, ilii’existeplus aucune économie,,nbsp;el alors il vaut autant en revenir a distribuernbsp;aulour de vous les points lumineux quI senbsp;corrigent muluellemenl, ne donnent nulle partnbsp;des ombres trop fortes, et imitent bien mieux Ienbsp;jour naturel qui se rcpand autour de nous ,nbsp;d’une rnanière a peu-près égale.
11 est des ciats , ou cetie lumière très-écla-tante devient nécessaire j et douze a quinze ouvriers tiavaillent ainsi aulour d’une simple chandelle , a l’aide de bocaux remplis-d’eau , qui fournissent a l’entour d’eux unnbsp;foyer très-vif, sur l’objet qu’ils ont entre lesnbsp;mains.
C’est un malheur de la société dont il faut gémir , pulsque ces ouvriers sont autant denbsp;viciimes qui sont réduites a sacrifier leur vue a.nbsp;l’appat d’un gain , d’ailleurs trop faible pournbsp;subvenir aux frais d’une rnanière moins dange-reuse de s’éclairer.
Mais, dans les usages de la vie , proscrivons, autai.\t qu’il sera possible, ces calculs parcimo-
-ocr page 91-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;53
nieuxdèsqu’ilsattaqiientun organeprécieux, que uuJle fortune ne peut réparer..
Les chandelles ont aussi ieui’ inconvenient qui résulte de la flamaie vaclllante qu’ellesnbsp;produisent, pour peu qu’elles ne soient pasnbsp;laoucliées exactement,
Mais je Ie répete , l’essentiel pour ménager lavueestdenese reslreiudre jamais a un seullu-minaire ; n’y en eüt-il que deux , les ombres,nbsp;se contrarient, et l’ceil n’en trouve nulle partnbsp;d’abso'ues. Je ne répcterai point qu’elles nenbsp;doivent pas frapper Ia vue j c’est-a-dire, qu’ilnbsp;faut les placer de cóté et rtn peu plus haut quenbsp;l’oeil, eu les élevaut a mesure qu’elles se con-»nbsp;sument.
C’est encore aux dangers d’uue lumière Irop vlve qu’il est bon de rapporter quelques precautions , propres a conserver la vue, celle parnbsp;exeinple de ne pas lire Ie dos tourné au jour,nbsp;paree qu’alors Ie blanc du papier se reflète tropnbsp;vivement dans les jcux. 11 en est de xnèmenbsp;pour les graveurs et les dessinateurs : ils aurontnbsp;Süin , autani qu’il sera en leur pouvoir, de nenbsp;pas se placer en face du jour , pour que lesnbsp;ïayons , i’envoyés sur leors cuivres ou sur leursnbsp;dessins , ne soient pas reporiés trop vivementnbsp;sur Toeil. Par la même raison , on doit éviternbsp;Ie jour qui vient d’eu bas,, comrae celui des
-ocr page 92-56 nbsp;nbsp;nbsp;lE CoNSERVateur
cro's(?es qui descendent jusqu’au plancfaer.
L’iisage adopté par les peiatres indlque la maiiière la plus avantageuse de recevolr la lu-mière. C’est laiéra'ement et par preference denbsp;lepaule gauche qu’elle doil venir ; alors, quelquenbsp;vi'e qi’elle soit, elle ne revient pas frappernbsp;1’oeil dune mauière irritante.
Le grand éclat des brasiers et des fournaises , aufiuel sont exposés les Maréchaux , les Fon-deurs, les Verriers, les Cuisiniers, peut êire cor-rigé par une fréquente aspersion d’eau fiaichenbsp;sur les yeux. Sans celte precaution, il nest quenbsp;trop ordinaire de voir ces classes d’hommes ex-posées de irès-bonne heure a la perie de la vue.
11 est dangereux aussi , pour peu qu’on ait la vue faible, de s’exposcr au soleil, sans avoirnbsp;un l ord de chapeau assez large pour empèchernbsp;les rayons de frapper sur les yeux. Ces rebordsnbsp;doivent êtie doublés de vert. L)e même , dans lesnbsp;voyages oil Ton po nail èlre exposé a traversernbsp;de longs tapis de neige, ou des sables ardens ,nbsp;il est bon de se couvrir le haat du visage d’uunbsp;crêpe noir épais.
Il est mèrne certains états de foiblesse de l’oeil, quiobligenta éviler ce luxed’arcbitecture ,nbsp;d’ameublcrnrus, deglaces, d’argenterie , qui, cheznbsp;les personues opulentes, niuliiplientautour d’ellesnbsp;des reöeis si éclatans dans les dorures de leur*
-ocr page 93-DE LA V ü E. nbsp;nbsp;nbsp;67
glacés, de leurs liab’ts, de leurs boiseries , dans les vernis d’iin blanc éclatani,dansles vases dontnbsp;leurs tables sont couvertes.
Et , si l’on peut répondre au moraliste severe , qui legarde ces jouissances de 1’orgueil commenbsp;auiant d’insultes a Ia misère du peuple, si Tonnbsp;peut , dis-je, lui répondre que e est dans cenbsp;luxe mênie que Ie pauvre trouve des moyensnbsp;d’industrie , on u’aura malheuieusement rien anbsp;réjjondre a l’ami je i’humauité, qui envisage cesnbsp;mèmes jouissances sous Je rapport des gravesnbsp;inconvéuiens qu’elles apporteiit a la santé.
4”- Tenir les jeux dans un état constant de propreté, et en exlirpertout corps étranger.
Les bumeurs, dont la nature a pourvu nos yeux, sont destinées a en entretenir Ie jeu libre,nbsp;et a s’einparer des corps flottans dans l’air, quinbsp;pourraienty pénélreretque retientleur viscosité.nbsp;On ne saurait apporter trop de soln a les de-barrasser de tout ce qui a pu s’y attacher cenbsp;qu’011 obiiendra en tenant l’oeil dans un ctat denbsp;puvelé nécessaire a ses fonclions.
Avant que de se couclier, il est done important de se laver les yeux, pour ne pas permeme ^ ces corps étrangersde séjourner sous les pau-pières. L’on doit employer pour cela Peau froidenbsp;la plus pure.
-ocr page 94-58 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
Les eaux séléniteusesj qu’un trop longséjour peut avoir décomposées, seraient plus nuisibles-qu’utiles.
L’eau tiède amollit roeil, et Ie rend rouge et larmoyant.
L’eau de rivière ou de fontaine lui donne du ressort en. Ie neitoyant ; mais ce n’est pas.nbsp;dans ces eeillères de verre ou de porcelaiuenbsp;qu’il faut en faire usage j en efiët, comme ellenbsp;y prend presqu’au même instant la temperaturenbsp;de l’oeil, elle perd cette fraiclieur qui est soanbsp;plus grand avantage.
TJne éponge n’est pas moins dangereuse a l’oeil, tant par cette même raison que par Ienbsp;frottement qu’elle y occasionne , et par les sé-dimens qu’elle peut conserver.
Des linges mouillés, renouvellés si on Ie juge nécessaire, ou une simple aspersion avec lesnbsp;doigts au dessus d’une cuvette , som la mellleurenbsp;manière de rafraichir et de nettoyer les yeux,
Le même soln doit être pris Ie matin en se levant j et dans la jourriée , lorsqu’on a eu lesnbsp;yeux exposés a la poussière , a. la sueur, ou anbsp;toute autre mal-propreté.
Mais dans tous les cas eet exercice doit être modéré , paree que Toeil ne doit pas être long-tems exposé a un froid trop sensible.
ïouie autre liqueur ne doit être employee,
-ocr page 95-D E L A VU E. nbsp;nbsp;nbsp;59
pour baigner les yeux , cjue d’après Tordormance ^un oculiste expériraenté; tarit on court ie-‘danger d’attaquer, en voulant Ie soulager , unnbsp;si délicat. On peut inèrne dire que Janbsp;plus grande propriélé des eaux de plantin , denbsp;, eic. , est due a Peau qu’elles con-
^ionnent.
M.
Beer conseille cependant en voyage^ ^orsquela poussière enlevée par un ventbrulantnbsp;^ presque dessrché les yeux, deles baigner dansnbsp;mélange de 4 onces d’eau de rose, d’un dragmenbsp;Be flegme de gomme arabique , et de i5 gouttesnbsp;Be litharge d’or.
La même eau sera aussi tres-convenable aux
oardcurs et aux divers ouvriers en laine, dont
yeux sont exposés aces poussières animales
peuvent occasionner des inflammations et d’
^utres accidens fort dangereux.
L’usage de la salive peut encore être regardé Ootume salutaire, a cause de son analogie avecnbsp;autres substances animales - etbeaucoup denbsp;Psi'sonnes se trouvent très-bien de passer Ienbsp;*^®igt, humecté de salive , sur les yeux dcs-‘l^Bils les ouvreni Ie matin.
Quant a tout corps étianger , autre que la poussière , qui s’introduii-ait dans les pau-.nbsp;piei’es , il fayt 5^1’ - tout éviter de suivre Ienbsp;premier mouvement, qui est de se frotter l’oeil;nbsp;edet, pour peu que ce corps eüt quelque
6o nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
aspérité , on risquerait d’eraiUer la cornée , et
quelquefois de blesser Ie globe même de Tceib
On peut commencer par soulever avec Ie doigt la paupière supérieure, en penchant Ianbsp;tète en avant, et en tenant I’oeii Ie plus fixe quenbsp;l’dn peut. II en résuite un flux de larmes quinbsp;enlraine presque toujours Ie corps étranger, oanbsp;qui du moins Ie porie vers Ie grand canthus ,nbsp;d’ou l’on peut l’enlever avec Ie coin de sonnbsp;moucho'r.
Si ce moyen ne suffit pas, on passe légè-rement, et a plusieurs reprises , Ie doigt sur la paupière du dehors au dedans, pour forcernbsp;ainsi Ie corps a gagner la glande laciymale.
Enfin , si Ton estaide par quelqu’un , on peut, après avoir soulevé , comme je I’ai dit d’abord ,nbsp;la paupière le plus qu’il est possible , tournernbsp;I’oeil du cote du nez, et faire passer, entre lanbsp;paupière et le globe de Toeil, un petit pinceaanbsp;enduit de crème de lalt ou d’eau gonimee , ennbsp;allant du petit cantlms au grand.
Si cependant le corps étranger était uue parcelle de verre, de fer , ou d’autre matièrenbsp;dure et tranchante , qui se fut deja fichee dansnbsp;la tunique de I’oeil , il vaudrait xnieux recon-rir a un oculisle ou a un chirurgien, que denbsp;risnuer en fatlguantroelldcle blesser reellenient-
11 faudrait encore y avoir recours, si Timptcs-*
-ocr page 97-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;6t
sion de la douleur était assez vive pour em-pêcher d’ouvrir la paupiëre.
Lorsque la parcelle est de chaux vive , de vitriol, de poivre , même de tabac ou autrenbsp;substance corrosive, il faut enduire Ie pinceaunbsp;de beurre frais, même en attendant Ie secoursnbsp;de l’oculisle , pour prévenir l’irritation qui ennbsp;pourrait résulter’; dans ces cas les bains d’eaunbsp;ne feraient qu’a)outer au mal, en poitant l’im-pression sur un plus grand nombre de points.
Enfin, est-on piqué a l’ceil par une guépe ou par tout autre insecte, il faut avant tont s’as-surer si l’éguillon ne serail pas reslé dans Ia pi-qüre, et alors l’enlever avec de petites pinces jnbsp;ensuite, s’il y a de rinflammation, imbiber unnbsp;papier brouillard d’eau froide, ou Ton aura misnbsp;quelques grains de sel et quelques goutles denbsp;vinaigre.
5“. Éviter d’irriter lesyeux par lefrottement.
Le premier mouvement de beaücoup de per-sonnes a leur réveil est de se frotler les yeux j il est aise de sentir les mconvéniens de oeltenbsp;dépression l'orcée , lant a cause de l’applalisse-ment qu’elle doit a la longue occasionner aunbsp;globe de l’oeil, que paree qu’elle en altère lanbsp;sensibilité et qu’elle ne peut produire que denbsp;rirrilation.
-ocr page 98-62 nbsp;nbsp;nbsp;LECONSERVATEUR
Le plus petit cil , qui se trouveralt engage sous la paupière , suffil pour exciter de riuflani-mation.
On a vu des gens perdre la vue par suite de jeux, oü, en bouchanl les yeux avec une pres-sion ti'op forte, on les avait désorganisés; ainsi,nbsp;tandis que les opéraiions les plus importantes ,nbsp;des incisions ti cs-grandes, et même des amputations faites au globe de I’ceil, n’allèrent pas lanbsp;vue, on voit qu'une légere contusion , unenbsp;pression inégale la délruit , paree qu’elle derange tout es les proportions , sans lesquellesnbsp;radiïiirable mécanisme de la vision ne peut avoirnbsp;lieu.
6°,Craindre pourlesjeux les exces de tout genre.
J’ai eu trop d’occasions de faire sentir I’extreme délicatesse de 1’oeil, pour qu’il paraisse élonnantnbsp;que , plus que toute autre partie du corps , ilnbsp;rncriie la citation de ce fameux adage , rien dffnbsp;trop. J’ai déja parlé des exces de la veille et dunbsp;sornmeil 5 il est d’autres exces que je n’aurai mêmenbsp;pasbesoin d’indiquer, tant seraient efïrajantesnbsp;les suil es qu’ils entrainent après eux : il menbsp;suilit de dire que c’est surtout a Torgane denbsp;la vue qu’ils sont funestes : mais peut-être , sinbsp;la morale ne suffit pas pour en preserver , sera-t-on du niüins arrèté par la crainte de perdre
-ocr page 99-D E LA vu E. nbsp;nbsp;nbsp;65
lt;3’abord les charmes , ensuite l’usage de ces denies yeux , qui ont ouvert la carrière desnbsp;plaisirs.
Les dangers des exces de table ne sont guère ^'toins connus. Pi’csque tous les buveurs etnbsp;grands mangeurs ont les yeux enflamniés
bordes de rouge ; ils finissent souvent par perdre. On attribue aux fréquentes ivressesnbsp;^’oplum , que les Tures se procurent, Ie grandnbsp;ïiombre de cataractes auxquelles ils sont sujels.
Les digestions difficiles ont Ie grand inconvenient de faire refluer Ie saiig a la téte , surlout dans les tempéramens sanguins : les efforts quinbsp;sont la suite occasionneut souvent dans lesnbsp;yeux des éblouissemens et des nuages , qu’onnbsp;sauraii trop prévenir , puisqu’ils peuventnbsp;^onduire a la perte totale de la vue, et qu’ilnbsp;''3ut bien mieux ne pas chercher par des ef-^orts péuibles, a se procurer des evacuationsnbsp;la médecine indique tant de moyeus denbsp;^aciliter.
L’exei'cice du cheval, un verre d’eau fraiche ®pi'ès lerepas, l’usage des eaux légèrement mi-^^rales , enfin les lavemens , deviennent sousnbsp;rapport des procédés optiques qu’il fallaitnbsp;rappeler , conime , dans plusieurs autiesnbsp;» i’ai fait seutir que les iraiiemens de I’ceilnbsp;®iaient du ressort de la médecine ordinaire.
-ocr page 100-64 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
Je ne disJmuleiai pas non plus d’antres exces , quoique d’un genre plas noble : ceux da travail , et surlout du travail sedentaire du cabinet, oil, indépendainment de la tension con-tinuelle de l’organe de la vue, louie la machinenbsp;animale souffre de la privation du mouvementnbsp;qui lui est si nécessaire.
II n’est pas jusqu’a la manlère de se vctir doiit ii ne faille parler; des habits trop jusles,nbsp;les corsets trop resserrés des femmes j les colsnbsp;et les cravattes des hommes , enlin ^ tout ce quinbsp;fait refluer Ie sang a la tête , est très-dangereuxnbsp;pour la vue.
lt;7°. Accoutumer de honne heure les enfans ck bien user de leurs jeux.
C’est sunout dans Fenfance que les moyens préservatifs sont essentiels. L’enfant, semblablenbsp;a une paté molle , ne demaiide qu’a prendrenbsp;des forces, et il est si aisé de lui en donner, dontnbsp;il puisse se louer tout Ie reste de sa vie.
II faut d’abord, et des la naissance , placer Ie bei'ceau , comme je 1’ai dit déja pour lesnbsp;lits , de manière que Ie jour ne Ie frappe pasnbsp;laléralement: il y a moins d’inconvénient a cenbsp;qu’il frappe de face , paree qu’il donne par-Ianbsp;1’habitude du regard direct et égal pour les deuxnbsp;yeux.
-ocr page 101-DE LA VüE. nbsp;nbsp;nbsp;6gt;
ï^vitei’ cependanl , au moyen de rideaux , Ie jour ne soit trop yif; car ü parait quenbsp;i organe souffre réellementde i’impression de lanbsp;^uiiiière , et que la plupart des cris des enfansnbsp;ïiouveaux-nés sont dus a Fiaiprudence, avecnbsp;^3quel!e on expose au grand jour leurs yeuxnbsp;Encore fermés.
Ne pas les passer trop fréquemment d’une clianibre trop éclairée dans une chambre quinbsp;J’est peu ; et, si celle de la nière est tenuenbsp;quelques jours dans Fobscurité , prendre k peu-pres la niême precaution pour les autres cham-bres oil on les porte.
Des qu’ils ontlesyeux, ourerts, prendre garde qu’ils ne regardenl pas plus d’un oeil que denbsp;bautre j ne placer, a gauche ou a droite du berceau , ni glace ^ ni aucun autre objet éclatantnbsp;qtii attire sans cesse leur vue.
A mesure qu’iis avancent en age, les habituer tt ne i’egarder même leurs joujoux qu’a unenbsp;distance raisonnable. Ne point fatiguer tropnbsp;leurs yeux par des écritures , des dessins,nbsp;des broderies ou d’autres travaux qu’il faillenbsp;^cgarder de trop pres. Proscrire absoluinentnbsp;’-otite occupation ou la tête , rctombani sur ianbsp;poitrine , se trouve dans nne position aussinbsp;funeste a celle-ci q'ie nuisible ponr la vue ,nbsp;qni firilrait par devenir myope. Dormer a For-
5
-ocr page 102-f)B nbsp;nbsp;nbsp;LE conseuvateur
gane les occasions de se développcr , ainsl qult;5 Ie tems de se fortifier , et d’acquérir la porteenbsp;naturelle a nne vue ordinaire.
Indépendamment des autrcs avaniages que Ie corps retire des exercices gymnastiques ,nbsp;les ]eux de balie, de volant, de billard , don-nent a 1’oeil une grande precision sans exigernbsp;de tension faligante : ils portent les regardsnbsp;au loinsans conlrainte; l’escrime elle-mème etnbsp;i’équitalion tiennent la vue dans un exercicenbsp;continuel et salutaire.
Je Ie répète, de telles precautions produiront leur effet dans tont Ie i’este de la vie de l’enfant,nbsp;dont l’organe bien constitué pourra plus long-lems se passer de lunettes , et des auires se--cours de TOpticien et de TOcullste.
Je ne puis quitter les yeux des enfans, sans parler^Jde la inaladie qui est pour eux la plusnbsp;critique, la petite vérole , a Ia suite delaquellenbsp;les yeux éprouvent tant d’accldens.
Aussilót que la petite vérole commence a parailre, et sans attendee c|ue lespaupièressoieutnbsp;enllées , ledocteur Beer conseille de les bassiiiernbsp;plusieurs fois Ie jour avec une eau composcc
-ocr page 103-D E L A V U E. nbsp;nbsp;nbsp;67
de 4 onces d’eau de rose , d’un dragme d’eau de gomme arabique, et de 5o gouttes de Lau-^nbsp;danitm deSjdenliam.
Du moment ou rcnflure se manifeste, et ou les bords des paupières commencent a suinler ,nbsp;on dolt les bassiuer continuellement , en ta-cliant de les tenir au moins entre-ouvertes pournbsp;continuer I’injeclion , maiséviter qu’unjour tropnbsp;grand n’irrite l’oeil.
Si cette operation ne suilisait pas pour déter-ger une humeur trop acre , ii faudrait , avec une seringue d’un canon très-déiié , faire desnbsp;injections du petit canthus au grand, pour re-pousser rimmeur dans celul-ci, ou on l’essuienbsp;övec un léger tampon de linge fin.
Si, la petite vérole tardant k paraitre , l’en-flure augmentait, et qvie les yeux fussent douloureux , il laudrait faire prendre ciiaque jour tin ou deux bains chauds, d’une heure, et surtoutnbsp;procurer au malade un air libre , pur, ei d’unenbsp;temperature un peu chaude , comme la plusnbsp;favorable au dégagemenl des paupières.
9'’. Uasge modéré de la vuè.
C’est a tous les instans de la vie qu’on se ®crt de ses yeux ; c\ st done a tons le^ instansnbsp;4^'il faut savoir bien s’ea servir, et de utanière
-ocr page 104-6S
LE cONSERVATEUR
a ne pas se priver , par insouciance ou par présompiion, des services que Ton veut en reiirernbsp;jusqu’a la fin de ses jours.
On aura déja remarqué, par ce qui precede , beaucoup de ménagemens nécessaires: il en estnbsp;encore quelques-uns d’importans.
Le moment Ie plus favorable pour Ie travail des yeux est le matin , après le repos qu’ils ontnbsp;pris pendant la nuit; bien entendu que ce nenbsp;doit pas êlre immédialement en sortant dunbsp;lit, mais après le court intervalle nécessairenbsp;pour ne pas les faire passer rapideinent denbsp;l’état de repos a celui d’un exercice trop at-tachant. Le passage se fera doucement, si l’onnbsp;peut, en se mettant a une lènêtre , avoir de-vant soi un horizon assez étendu pour y pro-mener ses regards , et procurer a l’organe lenbsp;développement le plus avantageux, comrne lenbsp;plus naturel.
11 est dangereux de llvrer ses yeux a un travail trop attachant, en sortant du repas ounbsp;d’un exercice qui a mis le sang en mouvement,nbsp;tels que sont non-seuienient ceux de Ia chasse ,'nbsp;de l’escrime , de la course , d’une marchenbsp;forcée, mais encore , pour les orateurs sacrésnbsp;OU profanes , une predication, une lecou pu-bliqufl OU un plaklojer dans lesquels iJs ontnbsp;déployé toute leur énergie. La tension soutenue
-ocr page 105-» E L A V U E. nbsp;nbsp;nbsp;69
de la vue , dans de telles circonstances , peut produire des épanchemens du sang , qui s’estnbsp;pour ainsi dire Yolatiiisé , et attaquer la vuenbsp;jusqu’a Ia cécité.
Ces instans peuveut être mis a profit par une nature d’occupations qui délassent et oc--»-'upent la vue saus l’attacher; la revue et l’ar-fangement de papiers qu’il ne faut qu’entrevoir,nbsp;de livres , d’estampes , d’objets d’histoire naturelle , liennent les yeux ea activité sans con-irainte.
Je citerai encore de nouveau rexercice modéré du clieval, qui en même lems débarrassenbsp;les instestins, et porte naturellement les regardsnbsp;au loin.
II serait de méme trës-salutaire a la conser-¦''^ation des yeux de pouvoir suspendre par de seniblables relaches , si courts qu’ils fussent, lesnbsp;ti’avaux de longue haleine qui tiennent la vuenbsp;trop tendue , tels que les calculs , Ie dessin ,nbsp;les lectures dans des impressions ou des éeri-tures difKciles.
Pourquol ue pas varier aussi sa posilioii en travalilant ? Les pupilres a la Tronchin facili-tent cette variation ¦ altemativement assis etnbsp;deboul, 1’homme de cabinet prévient les in-^oiivéniens d’une trop longue séance : toutenbsp;^’iiabitude de sou corps en est moina fatiguée
-ocr page 106--JO nbsp;nbsp;nbsp;LE C O N S E R V A T E U R
la poiiriue , la tele , les jeux surtout, changeant de situation , reli’ouvent dans chacune une nouvelle vigueur. Leurs humeurs ne sont pasnbsp;exposees a se reporter toujours vers la menienbsp;partie , et leur ieu en devient plus egal.
]N’y eut-il dans ce changement de position que le pen de minutes de relache qu’il donnenbsp;a Toeil ^ ce serait déja nn grand bien. Quel-ques pas dans la chambre , la possibüité denbsp;s’approcher d’une fenêtre pour j rafraichir sesnbsp;yeux par un air pur, et, lors même qu’onnbsp;ne Fouvrirait pas a chaque fois , pour les ré-créer en les promenant sur un espace moinsnbsp;borné j ce sont poor la vue des avantages ,nbsp;qui rentrent dans Pécononiie généi-ale de nosnbsp;facultés. Elles gagnent toutes a être mises ennbsp;usage; Tabus senl est nuisible.
Exercer ses yeux en'diversifiani leur exercice, c’est eniretenlr leur vigueur : mals , les forcernbsp;trop long-iems de suite a leur plus haut degrénbsp;de vision , e est les ruluer et les perdre.
Que dire , par exemple , de ces tours de force par lesquels on pretend lire au clair denbsp;la lune ? n’est-ce pas braver la nature , qui nenbsp;jette sur la terre cette douce lueur que pournbsp;aimoncer a 1’oell l’lieure oü il doit sc reposer ?nbsp;Quelle contraction cprouvent toutes les partiesnbsp;de Forgane , avant quo de rassemblcr une
-ocr page 107-D E L A T U E-* nbsp;nbsp;nbsp;71
fiariutiié de rayons suffisante a une vision toujours iniparfaite et certainemenl inutile , quand elisnbsp;31’aurait pas Ie grand inconvenient de procurernbsp;des éblouisscinens et des irritations !
Le mieux sans doute serait de ne point faire travailler ses yeux a Ia lumière, mais encoi’enbsp;fiiul-ii clioisirle travail qui les fatigue le inoins.
On a cru remarquer qu’en general l’écriture ctait nioins fatigante que la lecture j non pasnbsp;cependant cette écriture soignée quiexige toutenbsp;raltention de récrivaiii de profession , mais l’é-criture courante de l’auteur qui compose , ounbsp;de l’homme d’afi’aires qui laisse aller sa plumenbsp;sur le papier, sans s’occuper de la configurationnbsp;plus ou moius exacte des linéamens ; l’oeil estnbsp;alors bien moins tendu que dans une lecturenbsp;assidue , qui fait passer rapidement devant luinbsp;le papiiiotage fatigant, mèrne par sarégulai'ité,nbsp;de lignes alternaiivement noires et blanches.
Je ne rappellerai ici ce que j’ai dit de la typograpliie vicieuse, que pour faire seiitir com-bien , suilout Ic soir , clle esl préjudiciable a ianbsp;vue.
ll est pênible de penser au tort qu’ou. se fait , aux regrets qu’on se prépare pour lanbsp;plus fuule et la plus inutile , je nose clire lanbsp;plus coupable des occupations ; en un mot ^nbsp;par ces longues veilles ou , a la clarié perfide
-ocr page 108-r?. nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
et vacillante d’un luminaire défectueux , on dévore des volumes de romans , de vers souvent mal imprimés , et pour l’amour desquelsnbsp;on combat opiniatrement Ie sommeil , que lesnbsp;yeux appellent de tous leurs mojens.
Et cesontdes dames, de jeuiiespersonnes, qui s’abandonnent avec lant d’acharnemenl ü un sinbsp;dangereux usage de ces nièmes yeux , que desnbsp;intéréts blenchers devraient leur faireménager.nbsp;Elles oubüent que Ie charme , attaché a leursnbsp;inoindres regards , se fiétrira rapidement paries rongeurs , les inflammations qir’elies provo-quent ainsi; et que quelques soirées d’une ivressenbsp;solitaire leur enlèveronl tous leurs droits aux adorations, dont elles n’aurontconnuque I’illusion.
Puisque Je parle des Dames , j'ai encore , pour l’intérèt de leurs yeux , un sacrifice anbsp;leur demander. C’est celui de ces volles flottansnbsp;sans cesse devant elles, sous lesquels je saisnbsp;bien qu'une adrolle coquetterie eberche aulantnbsp;a piquer la cui-iosité des adorateurs , qu’ii senbsp;réserver la jouissance de tourner vers cux leursnbsp;regards ; mais la mobilité seule de ces voilesnbsp;esl funeste parle continuel Iremblottcment qu’ilnbsp;donne au rayon visuel. Uien de plus irritant pournbsp;Ia prunelle, rien deplus contraire a ce calrne dontnbsp;roeilabesoin pour exercerses faculiés. On pour-raiten dire aulant du jeu perpétuel de réveulall •
-ocr page 109-DE e'a r U E. nbsp;nbsp;nbsp;75
larapidltéciudéveloppemenl,qui en fait la grace, faitpnsseren un instant sur la rétineles couleursnbsp;^es plus tranchanles, et ne lui présente qu’unnbsp;Spectre confus dont elie est éblouie , tout ennbsp;s’efi'orcant en vain d’j saisir quelques traits.
C’est encore une halaitude fort daiigereuse pour les jeux que de lire en voilure , et même.nbsp;en se promenant; la perpétuelle agitation dunbsp;livre qüe Ton tient a la main produit un trein-tloUement très-nuisible a la vue.
J’en rcviens aux considerations générales.
Le repos de l’oeil peut se trouver au spectacle , en éviiant le iiaut des salles , oü se portent les miasmes les plus funestes pour les yeux, etnbsp;les rayons non inoins dangcreux des lainpes. Lanbsp;vue des décorations, ie jeu des acteurs , lenbsp;vague acricn du tliéatre , et l’iliusion produitenbsp;par la perspective d’un grand espace , ont pres-que les avautages de la pieine campagne. Unenbsp;aclivité modérée el la justesse de la vision sansnbsp;fatigue sont, connne je i’ai déja fait sentir , lesnbsp;avautages du billard.
Enfin , une deini-aclion de l’organe , éqni-valaiit pvesque au repos , se rencontre claus les jeux de dames , d’écbecs , de dominos , denbsp;cartes , dans lesquels on n’a plijsicjuement anbsp;craindre qu’unc U’op longue vciile , et le prolou-gtïnient d’une position sedentaire.
-ocr page 110-7h nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
lo”. De Ia faihlesse de la viie.
Tout ce qui tient a la faiblessc lt;le la vue est nécessairement en raison de la constitutionnbsp;pi’opre de chaque individu j rimportanl pournbsp;chacun est de saisir Ie moment de fatigue denbsp;1’organe pour Ie laisser reposer.
Le premier effet de la fatigue est une con-tiaction dans tout l’orbite. Au lieu de la braver, il faut s’arrèter a l’inslant, et souvent peu denbsp;minutes j les paupières fermées par intei'vallesnbsp;remeitent I’oeii dans son élat naturel.
Si l’on n’a pas écouté ce premier averlisse-ment, la cbaleur gagne les paupières ; elles s’ap-pesantissent, se ferment d’elles-mèmes ¦, les pvu-nelles perdent leur mouvement; si Ton porte ses yeuxanloin, des lannes les remplisscnt, la tctenbsp;éprouve un leger mal.
Quand ce mal estpoussc'a l’exccs , les pau-picres devicnnent rouges par Fengorgemcut des vaisseaux sanguins; enfin des nuages obscurcls-setït ia vue; ct, si l’on ne ferme a FinsUmt lesnbsp;paupières , ies étourdissemens sc font sentir : onnbsp;voit les objets se teindre des couleurs de Firis ,nbsp;sjmptóme de la confusion des rayons visuels ,nbsp;dont Ie dernier pci’iode est de faire mouyoirnbsp;tous les objets autour dc sol, dc les renverser,^
-ocr page 111-DELAVUE. nbsp;nbsp;nbsp;7S
•ïe les faire passer les nns sur les autres , et dc couvrir d’une ombre insupportable.
Les premiers accidcns auraient pu ètre pi’c-'’6nus • iis peuvent encore s’arrèter, comme jeTai , par une suspension de travaux, par cpielquesnbsp;P^s dans la cbambrc, et mieux encore au grandnbsp;) dans une promenade dont l’Iiorizon soitnbsp;étendu.
Les accidcns plus graves demandent des bains *^6 pieds a Peau liède, et légèrement cbargée denbsp;®6l et de vinaigre.
Quand l’ceil est revenu dans son état naturel, d faut profiler de i’avcrlissement, et redoublernbsp;precautions ordinaires.
Quelquefois on en est quitte pour éprouver, bout de quelques.iours d’un travail soutenu,nbsp;L nécessité de regardcr de plus pres. Ce symp-^onie inoins eïïrayant, n’cn rond pas moinsnbsp;^ndispensables les soins conservateurs, et la rao-^ération qul peuvent en empècher ie retour.nbsp;On peut ajouter a Pcfficaclté de l’eau froide ,nbsp;bain de vapeurs on de rosée égalemcnt froide,nbsp;moyen d’un instrument public par Ie doc-^®iir Beer , et que j’ai fait graver d’après lui ,nbsp;quelques légers ebangemens ( Fig. I. )-® i'eservoir contient un cylindre d’eau cnlourénbsp;dun mélange de glace ct dc sel ammoniacj etnbsp;•^livenure d’un robinet laisse éebapper, par un
-ocr page 112-•76 nbsp;nbsp;nbsp;leconservateuk
ajutoir percé de trous très-fins, un nuage d^eait li’oide au-dessus duquel on présente les yeux.
Plus les jeux sont foibles , plas les rafrai-cliissemens doivenièlre employésfréquemment, mais a chaque fois par inomens très-courts.
II n’est pas nécessaire de recommander aux yeux foibles d’éviter des clartés trop éblouis-santes : d’eux-mêmes ils cberchent robscurité,-ils s’entoui'entd’écx’ans j mais, cequ’ii faut dire,nbsp;c’est qu’ils ont moins a craindre du grand journbsp;réparii d’une inanière égale , que de l’effel tropnbsp;actif d’un point lumineux , eomme la flamraenbsp;du foyer , d’une lampe , Ie reflet d’une glacenbsp;OU d’un corps métallique brülant..
Je tcrmiue ces soins préservatifs par l’ayis suivant, que je donne au convalescent qui sortnbsp;d’une maladie grave^ Ses yeux nc demandentnbsp;pas moins de méuagemens que ses jambes etnbsp;son estomac : ils ont a repvendre progressive-ment leurs fonclions , et ce serail une grandenbsp;imprudence que de les latiguer par ia lecture,nbsp;avant qu iis aient recouvré leur vigueur.
Nota. On trouvera dans la suiie lout ce qui concern^ les services et les inconvéniens , que les lunettes peuyent^nbsp;offrit' aux vues faihles.
-ocr page 113-Sur les premières lois de U Optique.
Jusqu’a présent on a puse passer a la rigueur la connaissance des lois de l’Optique 5 maisnbsp;®lle est indispensable et très-utiie pour entendre Ce qui nous reste a dire 3 d’un autre cóté,nbsp;t^ous ne prétendons pas doniier ici uu ouvragenbsp;eomplet sur cette science ; nous nous conten-teronsdonc d’en exposer les principes, qui nousnbsp;paraitront nécessaires pour rintelligencc dunbsp;t’este de eet ouvraee.
o
^Optique est la science qui traite des lois de lumière et de la vision.
On appelle rayons les routes que suit la lu-tttlère.
Enfin l’on appelle milieu Fespace que la lu-tiiière doit traverser.
L’avantage de cette science sur les autres est ^tt’cile repose sur des laits avérés , qu on peutnbsp;*^édiiii’e tous de 1’expérlence suivante.
ï^ermez une cbambre assez exacteineiit pour ^ne la lumière ne puisse s’y iotroduire que parnbsp;très-petit irouj -vous verrez lous les objels
7^ nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEüR
exterieurs, exposés a ee trou , se pelndre avec loutes leurs couleurs, mais un peu affaibliesnbsp;sur les murs de la chambre. Les peiiitures desnbsp;objets fixes , comme des arbres ou des maisons,nbsp;resteront fixes : celles des objets mobiles,nbsp;comme des hommes ou des voilures , paraitrontnbsp;en mouvement, 11 est vrai que tous ces objetsnbsp;paraitront dans une situation renversée , ce quinbsp;provient de ce que les rayons de lumière sefnbsp;croisent en passant par Ie petit trou. Si Ie soleilnbsp;donnesurce trou , on verra un rayon lumineuxnbsp;qui ira en ligne droite se terminer sur la mu-raille ou sur Ie plancber. Si l’on met l’oeil sur cenbsp;rayon , on verra que l’oeil, Ie trou et Ie soleilnbsp;sont situés sur une même ligne droite. II en seranbsp;dc même des autres objets peints dans la chambre : enfin , les images des objets recus sur unnbsp;même plan seront d’autant plus petites, que cc^nbsp;objets seront plus éloignés du trou. De-la onnbsp;peut conclure les faits suiyans :
1°. La lumière , dans un milieu libre , va toujours en ligne droite.
2°. Un point quelconqued’unobjet lumineux peut ctre vu de tous les lieux auxquels une li'nbsp;gne droite tirée de ce point peut aboutir. Ennbsp;effet, dans la chambre obscure, la peinture d’uonbsp;objet mobile est toujours visible, tant que l’objetnbsp;rcste exjïosé au trou.
-ocr page 115-D E L A V U E. nbsp;nbsp;nbsp;^C)
S”. Done uil point lumiiieux envoie de Ia lumière en tout sens j done aussi il est Ie eentranbsp;d’une sphere de lumière qui s’étend indéfini-ment de tons cótés.
4“. Done , si Ton intercepte par un plan plu-sieurs de ces rajons de lumière Ie point lumi-iieux deviendi’a Ie sommet d’une pjramide In-ï^^iiieuse, dont Ie corps sera formé par rassem-Hage de ces rajons , et dont la base sera Ie plan qui les arrête.
5°. L’image de la surface d’un objet, qui se peint sur la muraille de la chambre obscure,nbsp;est aussi la base d’une pjramide lumineusc, dontnbsp;Ie sommet est au iron de celte chambre. Lesnbsp;prolongemcns des rajons, qui forment cettenbsp;pjramide , en forment une autre semblable etnbsp;opposée , en se croisant dans Ie trou qui en estnbsp;Ie sommet, et la surface de l’objet en est lanbsp;base.
G”. Enfin, les particules de la lumière sont exlrêmement fines; car les rajons, qui yienneutnbsp;de cbacun des points visibles de tons les objetsnbsp;exposés au trou de la chambre obscure, passentnbsp;par nne ouverture extrèmement petite, sausnbsp;s embarrasser sensiblcmciit ni se confondre.
On disimgue plusicurs sortes de rajons , Iels qne les rayons parallélcs , les rajons di-*’ergens , et les rayons cowergens.
-ocr page 116-So nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
Les rayons paralleles sont ceux qui, partant du soleil, des astres on de tout autre corps tres-éloigné, ne preseiitent point de difference sensible dans leur marclie.
Les rayons divergens sont ceux qui, partant dun mème point luraineux L, ( fig. 2 ), vontnbsp;toujours en s’eloignant les uns des autres.nbsp;Ainsi LA, La , La’, La”, sont ce qu’on appellenbsp;des rayons dipergens.
Au contraire, On appelle rayons conoergens ceux, par exemple, qui, rassembles par un verrenbsp;ardent, Vv. ( fig. 5 ), se rapprochent pour senbsp;concentrer en un point O.
Lorsque les rayons de lumlere rencontrent un obstacle, ilsregoiventune nouvelle direction,nbsp;soit qu’ils le pénètrent, soit qu’ils ne le pénè-trent pas.
Les obstacles, que la lumlere ne peut péné-trer, se nomment Corps opaques : au contraire ceux qu’elle traverse s’appellent Corps trans-par ens. *
A la rencontre du corps opaque, il arrive au rayon de lumlere ce qui arrive a tout corpsnbsp;elastique, qui en rencontre un autre , c’est d’etrenbsp;renvoye ou réjléchi , sous un angle egal a celuinbsp;qu’il formait en rencontrant I’obstacle j loi générale de la mccanique , qui s’exprime en ces-
-ocr page 117-D E 1/ A V U E. nbsp;nbsp;nbsp;8t
Riots : Vangle d'incidence est égaV d Vangle de ^djlexion.
Aiusi, Ie rayon B O {fig- 4) estréfléclii en Ob , sous un angle bOd égal a BOD • de mêmenbsp;ie rayon CO, qui tombait sous un angle plusnbsp;petit COD, se réfléchii sous Tangle plus pelitnbsp;f'Od : on volt enfin que Je rayon perpendiculaire AO se réfléchit sur lui-rnême selon OA.
Ces corps opaques sout brillans ou ternes , selon qu’ils réfléchissent plus ou molns parfaite-inent les rayons de lumière.
Dans les corps irès-bi'illans , la reflexion est si parfaite que ce ne sont plus eux que nousnbsp;voyons , mais que ce sont les corps qui leurnbsp;envoient des rayons •, aiusi, Ie métal très-polinbsp;des miroirs , Targent, Tacier, et sur-tout Ienbsp;niercure placé derrière nos glacés, dispai’ais-sent, pour ainsi dire, et ne nous laissent voirnbsp;que les objets qui s’y peignent.
L’oeil {Jig. 5 ) qui regarde une glace ne voit que les images a, è,cdes corps A ,B , Cplacés sousnbsp;difFérens angles , et il les voit au-dela de Ianbsp;glace, dans la direction et a la distance quenbsp;cbacuii occupait • seulemeul il voit, par exena-ple , a a droite de i, et c a gauche, tandis quenbsp;^’était A qui était a gauche de B, et C qui étaitnbsp;^ droite ¦ et, comme ToeiJ est lui-même a anglenbsp;droit sur la glace, il se voit seul en face.
6
-ocr page 118-§2 nbsp;nbsp;nbsp;1,EC0NSERVATEüR
Si tons les corps avaient ainsi une reflexion p' rfaile , ils seraient autant de miroirs qui reri-dralent les formes , les couleurs et les appa-rences des corps eiivironnans, tandis que lanbsp;Téflexion imparfaite, ne nous renvojant que lanbsp;lueur qui éclaire les corps, nous lalsse voir ieursnbsp;propres formes, couleurs et apparences.
II en est de mcine de la transparence. Les corps absolument transparens n’altèrent pas lanbsp;vue des objets qui sont au-dela : Ia glace quinbsp;recouvre Ie teint du miroir n’en derange pas lesnbsp;apparences; une eau très-claire laisse voir lesnbsp;poissons , Ie sable qui est au fond.
Une transparence moins parfaite, telle que celle d’une gaze, d’une eau, d’un verre même,nbsp;Icgèrement colorés, permet de reconnaitre aunbsp;travers touies les formes et les principales couleurs.
Enfin , une móindre transparence encore , dans l’ivoire très-mince , dans Ie papier huilé ,nbsp;dans Ie verre dépoli, laisse seulement pénétrernbsp;une lueur incertaine et vague.
II est moins aisé de saisir dans ce cas la marcbe du rayon de lumlère qui traverse unnbsp;corps plus ou moins transparent; maïs plu-sieurs experiences prouvcnt jusqu’a i’évidencenbsp;que ce rayon éprouve une deviation qu’onnbsp;noinme réjraclion.
-ocr page 119-D E L A V U E.
Une première observation, bieri facile a ré-peter, en donnera une première idéé. Mettez une table, au fond d’une tymbale d’argent,nbsp;piece d’orj cherchez , en vous éloignant,nbsp;distance oii Ie bord de la tymbale vous ca-^liera la moitié de la piece j faites ensuite rem-pbr la tymbale d’eau, versez assez doucementnbsp;pour ne pas déranger la piece, et vous Taper-cevrez toute entière.
II est évident, puisque la pièce et Ia tymbale sont restées dans la même position , qu’il nenbsp;peut y avoir eu de changement que dans Ienbsp;ï’ayou qui apportait a Toeil Timage de la pièce;
rayon s’est done dérangé ¦, il s’esi brisé, ou pour se servir du terme consacré , il s’est ré-
Jracté.
^ nbsp;nbsp;nbsp;• 6 ) est la pièce au fond du vase : lors-
il est vide , Ie rayon qui part du bord P de pièce se porte au-dessus de Toeil en O ; mais ,nbsp;lorsqu’il y a de Teau jusqu’en S, Ie rayon senbsp;ï'elracte en passant de Teau dans Tair , et vientnbsp;ï'echercher 1’oeil, qui croit volr Ie même bordnbsp;la pièce au point P.
Prenez de même nbsp;nbsp;nbsp;7 ) un bloc de yerv^
peu épals j dont toutes les faces soient bieu ^'sctangulaires; posez-le sur une page d’écriture,nbsp;ïiianière a ne couvrir que la moitié de chaquenbsp;ligne d’écriture; vous verrez les moitiés cou-
I
-ocr page 120-84 nbsp;nbsp;nbsp;LE conservateur
vertes par Ie verre s’élever dans 1’interligne des moitiés qui ne sont pas couvertes, et s’élever anbsp;inesure qu’en vous éloignant vous les verreznbsp;plus obliquemenl.
Tout Ie monde sait qu’en plongeant dans I’eau un baton , il parait bnsé a la surface denbsp;l’eau • c’esi done a cette surface que s’opère lanbsp;refraction de la lumièi’e.
En attendant que nous indiquions la loi générale que suit la réfraction, nous observerons que les refractions ne produisent pas d’effetsnbsp;sensibles , lorsque la surface que traversent lesnbsp;rayons de iumière est plane, conime une glace ,nbsp;un carreau de vitre , la surlace d’un canal, paree
qu’alors tous les rayons de Iumière l’éprouvarit au mêine degré , la configuration apparenienbsp;n’est pas altérée.
Mais elles produisent dans l’optique les cf-fets les plus merveilleux, en raison des cour-bmes qu’on donne aux verres, pour forcer les diffé reus rayons qui y arrivent a se réfracternbsp;plus OU moins, suivant qu’ils rencontrent Ienbsp;veri’e plus ou moins loin de son axe.
C’est d’après toutce qu’on vient de dire^ cju’on a divisé tout ce qui regarde la vision et la lu-mière en Irois parties , qui sont l’optique pro-prement dite, la catoptrique et la dioptrique.nbsp;L'optique proprement dite traite de la Iumière
IT E L A V U E. nbsp;nbsp;nbsp;öb
dii’ccie^ ia caloptrique consicière la lümrère ré» Héchie, et Ia diopuicjue a pour objet Ia lumicrenbsp;ï'efractée. A présent, continuons a examiner lesnbsp;que suivent les rayons de lumlèi e.
La loi la plus remarquable est que la force de L. lumière décroit en Kaison inverse du carrénbsp;distances.
Eu eliét , considérons un des cones de lu-» lïiiere qui ont leurs sommets aux dllïérens pointsnbsp;dun corps krmineux, au point A , par exemple,nbsp;(J^g- 8), el concevons un plan BHC qui coupenbsp;Ce cóne dans un sens, que nous snpposerons ,nbsp;pour plus grande simpliciié , perpendiculaire anbsp;i’axe. Sl nous faisons mouvoir ce plan parallèle-ïtieni a lui-mème, en allant du sommet vers lanbsp;^ase ,,il interceptera des cerclesDlE,f KG,,etc. ,nbsp;dont les surfaces iront en croissant dans un rap»nbsp;port donné. Pour determiner ce rapport, il lautnbsp;savoir :nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;que les surfaces des cercles sont
Gntre elles comme les carrés de leurs diamètres OU de leurs layons ^ 2quot;. que, dans les trianglesnbsp;semblables , les cólés bomologues sont pvopoi --tionnels j done , si AB est égal a B.D , DF , etc.,nbsp;on aura, a cause des paralièies BC, DE, FG, elc.,nbsp;les triangles semblables ABb , ADc, AFd, etc.,nbsp;^ni donueront Ab : bB ;: Ac, ; cD ; : Ad: dF, etc. ,nbsp;rspports qui, en les élevaut au carré, seront en.»nbsp;tous égauxmaisj d’un autre cóté, les cercles
VI
-ocr page 122-86 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
BHC , DIE, FKG , etc. , sont entFüux comme les carrés de leurs rayans Bb ^ Dc ,nbsp;Fd , etc : ces mêmes cercles seront done aussinbsp;enlr’eux comme les carrés de Ab , Ac , Adnbsp;etc : done , si I’on prend sur l’axe indéfininbsp;AO des parlies Ab , bc , cd, etc. , égales entrenbsp;elles et a l’unité, on aura Ab, Ac, Ad , etc. ,nbsp;égales a I ,2,5, etc. , et leurs carrés égauxj anbsp;I, 4»9j etc., seront done BHC, DIE, FKG, etc.,nbsp;entre eux , comme i , 4? 9gt; etc. j done Ienbsp;plan interceptera des cercles dont les surfaces iront en croissant , comme les carrésnbsp;des hauteurs correspondantes de l’axe ; donej^nbsp;puisque ce plan recoit toujours un même nom-bre de rayons, Tintensité delalumière, dansnbsp;tin espace donné pris sur ce plan , est en raisonnbsp;inverse du carré de la distance.
Supposons maintenant que Ie plan dont il s’agit soit Ie cercle de Ia prunelle de Tceil , onnbsp;en concluera qu’a mesure que eet ceil s’éloignenbsp;du corps lumineux , la lumière qu’il en reyoitnbsp;doit s’affaiblir dans Ie rapport inverse du carrénbsp;des distances.
Si Ton congoit done que I’ceil, placé d’abord a une certaine distance d’un flambeau , s’ennbsp;écarté ensuite a ntie distance trois fois plusnbsp;grande, les rayons qui passaient par la prunelle,nbsp;dans Ie premier cas , se répaudront sur wï*nbsp;espace neuf fois plus grand , d’oii ü suit que D
-ocr page 123-BE LA V B E. nbsp;nbsp;nbsp;87
prunelle en recevra tiois fois moins ; done, si 1’ou voulait que rimpressioii faite sur I’oeil futnbsp;ïonj^ours la mérae, il faudrait remplacer Ic pre-niier flambeau par un auUe duiit la lumierenbsp;fut neuf fois plus forte, e’est-a- ire, repanclifcnbsp;sur un même espace ueuf fois plus de rayons.
Comme iiotre but n’est pas de donner uu eours complet d’oplique , nous ne eiterons plus-qa’une proposition qui a pour but de faire voirnbsp;la marehe des rayons de lumière dans la ebam-bre obscure ; void cette proposition.
Si dcs rayons qui partent d’un point lumineux passent par le trou d’une chambre obscure , elnbsp;sont recus sur uu plan parallèle a celui du trou,nbsp;ils formeront sur ee plan une figure semblable anbsp;Celle du trou , et d’autant plus grande qu ellenbsp;sera plus éloignée du trou.
Car alors le point lumineux est le sommet d’une pyramide de lumière, dont les faces sontnbsp;déterminées par les rayons qui rasent les cóté.snbsp;du trou , et dont la base est la surface du trounbsp;lui-même ; au-dela de ce trou , les rayons vontnbsp;encore en s’écartanl de plus eri plus au dedansnbsp;de la chambre obscure; si done on les regoit surnbsp;tin plan parallèle a ee trou , on coupe alors lanbsp;pyramide ainsi prolongée par un plan parallèle a sa base, et par conséquent la figure lumi-tc-euse sera semblable a celle du trou ^ et d’autant plus grande qu’elle en. sera plus éloignée.
-ocr page 124-88 nbsp;nbsp;nbsp;leconservateür
11 suit de la que , si Ton présente Ie plan obliquement au trou , la figure lumineuse doitnbsp;encore avoir autant de cótés que Ie trou , maisnbsp;qu’au lieu de lui ètre semblable, elle doit ètrenbsp;plus ounioins allongce.
INous avons vu que , dans la catoptrique, la loi des rayons réfléchis élait telie que Tangle denbsp;reflexion était égal a Tangle d’incidence : voyonsnbsp;ce qui , dans la dioptrique , arrive aux rayonsnbsp;réfractés.
Or, dans ce cas, on a conclu de beaucoup d’expériences :
1°. Que tout rayon de lumière qui passe obliquement d’un milieu dans un autre, de Tair,nbsp;parexemple, dans Teau on dans Ie vei’re, éprouvenbsp;nne refraction d’autant plus forte , qu’il arrivenbsp;plus obliquement;
2®. Que, par celte refraction, il se rapprocbe de la perpendiculaire lorsqu’il passe dans unnbsp;milieu plus dense , et qu'au contraire , il s’ennbsp;éloigne lorsqu’il passe dans un milieu moinsnbsp;dense ;
5®. Qu’a obliquité égale , la réfraction est d’autant plus considérable que Ie milieu est plusnbsp;dense.
4®. Enfin, que la réfraction du rayon qui passe del’air dans Teau est de 3 a 4 a pen prés j et que
-ocr page 125-D E L A V U E. nbsp;nbsp;nbsp;Ö9
ie rayon , qui passe de Fair dans Ie verre, subit wne refraction qui esi a peu pres de 2 a 5.
Cela posé , vojons d’abord ce qui arrive aux i’ayons dusoleil qui sont recus par un verrenbsp;a surface sphérique convexe AVB {Jig. 9).
II est évident qu’il j aura un seul rayon principal SV, qui se confondra avec 1’axe du verre CV , et qui continuera sa direction. Les autresnbsp;rayons, qu’ou peut coiisidérer comnie parallèles,nbsp;puisqu’ils parteut d’une distance infinie, serontnbsp;obligés , en entrant dans Ie verre en v,v’,v”, etc.,nbsp;de se rapprocher des rayons sphériques Cv,nbsp;Cv’jCv”, etc., dans Ie rapport de 2 a 5: ct, commenbsp;ces rayons sont d’aulant plus inclinés qu’ilsnbsp;s’éloignent davantage du principal, il en résul-tera un changement plus considérable de direction pour les rayons les plus éloignés.
Une longue expérience, et les calculs des savans , out appris a ne point employer desnbsp;rayons trop éloignés du rayon principal, pareenbsp;que , les petits angles étant réellerneirt propor-tionnels entre eux , les refractions qui en ré-sultent sont égales, et permettent aux x*ayonsnbsp;lumineux de se réunir en un point qu’on nonnnenbsp;loyer.
En continuant done de nous occuper du verre qui donne des refractions dans Ie rapport denbsp;^ a 2 , nous concluerons que Ie foyer f, est
-ocr page 126-90 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
placé j par rapport au centre de eourbure C,a une distance Cf, qui est les deux - tiers denbsp;Vfj OU Ie double de CV. Le foyer simple d’unanbsp;surface sphérique convexe est done a troisnbsp;demi-diamètres de cette surface.
Si, a présent, nous supposons que le verre {Jig. lo ) soit formé de deux surfaces de nièmenbsp;convexité , il en résultera que les rayons quinbsp;l’auront traversé éprouveront en sortant unenbsp;nouvelle réfraclion , pareilleraent dans le rapport de 3 a 2 , mais en sens inverse, puisqu’iJsnbsp;passent d’un milieu plus dense dans un plusnbsp;rare.
Alors les rayons Sv, Sv’, Sv”, etc. , qui en traversant le verre prenaieni leurs directions \u,nbsp;v’u’, v”u”, etc. , sur le point f, se rapproche-ront en sortant pour se rejoindre en F , auxnbsp;deux tiers deVf ou au double de CV.
C’est-a-dire , que le foyer véritable d’une len-tille convexe , est, a tres - peu de chose pres, le double de sou rayon de courhure je dis anbsp;très-peu de chose prés, paree qu’il faudrait lenirnbsp;compte de répaisseur de la lentille , qui n’estnbsp;pas assez considerable pour y avoir égard.
Si nous faisons les mêmes raisonnemens sur les verres concaves , nous verrons (Jig. 11 )nbsp;que les rayons parallèles , en rencontrant lanbsp;surface d’un pared verre, s’éloignent de l’axe,
D E L A V U E. nbsp;nbsp;nbsp;91
en s’éparpillant comme s’ils étaient partis d’un foyer f, placé aune distance Cf , égale aux deuxnbsp;tiers de Vf, c'esl-a-dire , au double de CV.
Et que,si lalentille a ses deux faces concaves (j%. 12 ), ils s’éloignent de nouveau en sortantnbsp;du ¦verre , comme s’ils avaient pour originenbsp;ie point F, silué aux deux tiers de Vf, cenbsp;^lui donne CF égal a CV; on peut done regar-der comme uue propriélé générale de toules lesnbsp;lentilles de veri’e régulières , c’est-a-dire , dontnbsp;les deux surfaces onl la rnème courbure , d’avolrnbsp;leur foyer a une distance égale au diamètre denbsp;cette courbure.
11 faut seuleraent ne pas confondre la pro-priété des foyers dans l’un et l’autre cas.
Pour les lentilles convexes , c’est Ie point oü quot;viennent effeclivement se réunir les rayons dunbsp;soleil, comme on Ie voit dans l’effet des verresnbsp;srdensquiallument des corps combustiblesjc’estnbsp;doncun foyer convergent. Pour les lentilles concaves, Ie foyer n’est qii’un point imaginaire placénbsp;en avant de la lentille , el qu’il est important denbsp;connaiU'e, pour évaluer positlvenient l’écarie-tttent que prennent les rayons de luraière quinbsp;traversent Ia lentille : c’esl un foyer divergent.
Les mêmes régies par lesquelles se déter-tttinenl les foyers des lentilles régulières ,feront ^onnaitre dans Ie besoin les foyers des ien-
-ocr page 128-92 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
tilles irrégulières , telles que plans concaves OU les plans convexes, c’est-a-dire , dont uiienbsp;surface ést plane et l’autre est ou concave ounbsp;convexe j les ménisques dont les surfaces sontnbsp;touies deux ou concaves ou convexes, inais denbsp;différentes coui'bures, etc., etc.
La théorie malhématiqua de la refraction s’appliquerait d’une mariière plus parfaite a desnbsp;courbures qui , au lieu d’etre sphériques, se-raient paraboliques , paree que la parabole estnbsp;une courbe dont Ie foyer est absolu , tandis quenbsp;nous avons vu que dans la sphere, il faut, pournbsp;avoir des foyers a peu pres exacts , n’employernbsp;que de petits arcs : mais , la difficulté , pournbsp;ne pas dire rimpossibilité, de donner aux verres.nbsp;d’autres formes regulières que la spbérique , n’anbsp;pas permis d’en employer d’autres dans la construction des verres d’optique.
C’est a l’opticien qui les dispose a en tirer lo parti Ie plus avantageux, en prenant, suivanCnbsp;les circonstances , les grandeurs et les foyersnbsp;que donnent la lumière la plus vive ou lanbsp;refraction la plus forte.
L’effet Ie plus anciennement connu des len-tilles ou loupes parait avoir été de i’éunir les rayons du soleil, pour allumer des corps combustibles.
Les effets des miroirs concaves sont connus
-ocr page 129-D E L A V U E. nbsp;nbsp;nbsp;g5
lt;lepuis long-temps. On lit dans THisloiré qtie ce fut par leur moyen qu’Archimède mit Ie (ennbsp;aux vaisseaux de Marcellus, qulassiégeait Syracuse , sa patrie. Zonatas rapporte aussi quePro-clus incendia la Hotte des Byzantins. Nous ver-i’ons bientót ce qu’il faut en eroiref.
L’aclion des rayons solaires est bien plus énergique que celle de tout corps enflammé ;nbsp;cependant, a l’aide de deux miroirs concavesnbsp;el d’un charbon ardent , on peut obtenir desnbsp;résuliats satislaisans j en effet, supposons qu’unnbsp;corps enflammé soit situé en presence d’un mi-roir concave : il enverra vers la surface de cenbsp;miroii' des rayons qui, après leur réllexion , senbsp;réuniront en un foyer commun : inais, outrenbsp;qu’ils ont beaucoup moins d’énergie que lesnbsp;rayons solaires , il résulte , de leur divergencenbsp;sensible, que ceux qui tombent très-prcs denbsp;l’axe , sont beaucoup moins condenses dans unnbsp;espace donné , ce qui óte au foyer une grandenbsp;parlie de son activité, Mais on peut déte -miner leur incidence suivant des directionsnbsp;parallèles, en employant deux miroirs, dontnbsp;Ie diamèire soit d’environ 15 pouces ou 4o centimetres , et dont telle soit la courbure , quenbsp;la distance entre Ie foyer et la surface réflécliis-sante soit aussi de pres de i5 pouces. Onnbsp;®lève ces miroirs verticalement, de nianière que
-ocr page 130-94 nbsp;nbsp;nbsp;LE consérvateur
leurs coiicavités se regardcnt , et on peut les eloigner l’un de l’autre de pres de 5o pieds ounbsp;lO a 11 metres. On place au foyer de i’un uunbsp;charbon allumé , dont on eniretient l’ardeurnbsp;par un souffle blen égal, que l’on dirige du cóténbsp;qui est situé vers Ie rniroir. Les rayons, quitom-bent sur ce rniroir , devenant parallèles aprèsnbsp;leurs reflexions , rencontrent sous ces mémesnbsp;directions la surface de l’autre rniroir , oii unenbsp;seconde reflexion les fait coiicourir au foyer desnbsp;rayons parallèles , en sorte qu’ils deviennentnbsp;assez aciif pour allurnerunmorceau d’amadoue,nbsp;OU des grains de poudre a canon qu’on présentenbsp;a ce foyer.
Si l’on consulie Ie livre du P. Kircher, intitule : Ars magna lucis et ombree , liyre X , on verra, pages 884 ^ ^88 , i”. que ce fut lui quinbsp;Ie premier imagina de substituer a un rniroirnbsp;concave plusieurs miroirs plans, lellement disposés , que les rayons du soleil réfléchis surnbsp;leur surface convergeassent vers un mème point.
Qu’il ne doute pas, d’après Zétzès , que Proclusne se soit servi de cemoyen pourmettrenbsp;Ie feu a la flotte Byzantine. S”. Enfin, qu’ilnbsp;rejette comrae une fable ce que les historiensnbsp;rapportent d’Archimède * Car , dit - il , pournbsp;» qu’onpuisse, au moyen des miroirs concavesnbsp;«el paraboliques,enflammer uu objet quelcon-
DE LA V ü E. nbsp;nbsp;nbsp;gS
“ lt;ïue, il faul irois condiilous telleanenl né-“ cessaires, que, faute d’une seule , on n'y peut ** pas parvenir. La première exige que Ie miroirnbsp;'' el Je corps combustible soient tous deux fixesnbsp;quot; el immobiles : la seconde veut que Ie miroirnbsp;“ et Ie corps combustible soient a une dis-“ tance ni trop grande , ni trop peiiie , maisnbsp;“ lelie que Ie foyer altcigne précisément ienbsp;“ corps combustible. La troisième enfin de-¦* mande que ia matière de ce corps soit propre
* nbsp;nbsp;nbsp;a Ja combustion. Or, je vais prouver qu’au-» cune de ces conditions n’a eu lieu dans i’em-» brasement des vaisscaux rapporté par Po-
* nbsp;nbsp;nbsp;lybe . . . Ainsi, dequelquemanière^que nous
* nbsp;nbsp;nbsp;combinions ce fait, nous eu voyons évidenvnbsp;“ ment rimpossibliilé. »
Cependant ce fait n’a plus rien d’impossible , st l’on suppose qu’Archiinède ait employé lesnbsp;actions combinées de plusicui’s miroirs plans,nbsp;idee qui pouvait bien entrer dans la tète denbsp;eet homme célèbre par tant d’inventions ingé-üieuses. P our moi , ce qui m’étonne dans Ienbsp;père K-ircher , c’est qu’il n’ait pas pensé unnbsp;^Dstant qu’Archimède , au moyen des miroirsnbsp;plans , avoit pu produire ce que, selon lui,nbsp;3Vait produit Proclus , et ce qu’il avait pro-duit lui-même. Si Ton observe de plus qu’ilnbsp;b’accorde même pas enlièrement Thistoire de
-ocr page 132-gG nbsp;nbsp;nbsp;L E C o N’ S E R V A T E u R
Procltis , OU sentira qu’ii avait peul - ètre J'mlention secrèle de se faire passer pour Ie premier inventeur de la combinaison des miroirsnbsp;plans.
En efiet , voici ce qu’il dit a ce sujet: « soient cinq miroirs plans qui soient tellement disposés, que les rayons du soleil réfléchis denbsp;cliaqiie miroir se réunissent eu unmème pointnbsp;situé sur un mur j il est certain , et l’expc-» rience Ie prouye, que la lumière et la cha-» leur réflécbies et rasseinblées dans ce point,nbsp;» sont cinq fois plus grainles et plus intensesnbsp;« que la lumière et la chaleur qu’y enverraitnbsp;un seul miroir, et que cette chaleur est tellenbsp;» que la main pouri’aita peine la supporter. Sinbsp;» done Ie pouvoir de cinq miroirs est si grand,nbsp;» que ne paurront pas cent on mille miroirsnbsp;» ainsi disposés ? Certes , la chaleur sera sinbsp;» active , quelle pourra bruler tout , et toutnbsp;réduire en cendi’es. ...»
Beaucoup de Géomèlres et de Physiciens ort entrepris depuis une foule d’expériences , quinbsp;avaient pour but Ie même objet: mais tout cenbsp;qu’on avait inventé de plus iugénieux jusqu’ennbsp;inji'j, Ie cede au miroir poljgone execute lanbsp;même année au jardin des planies , d’aprèsnbsp;ridée qu’en avoit concue l’illustre Buffon. Ennbsp;eflet, il fout avouer que, Ron seulement il
-ocr page 133-DE LA VüE. nbsp;nbsp;nbsp;97
Temporte sur lous les autrespar la grandeur des eflets ; niais qu’il leur est encore supérieur parnbsp;Ie génie qui règne dans sa construction. Cenbsp;miroir polygone était com posé de cent soixante-huit glacés étamées susceptibles de se mouvoirnbsp;en tout sens, de sorte que Ton était libre d«nbsp;les fixer a difïérens degrés d’inclinaison. IInbsp;résultait de la qu’on pouvait donner a leurnbsp;ensemble une forme plus ou moins concave,nbsp;et porter Ie foyer a des distances plus ou moinsnbsp;grandrs. Ce miroir brulait Ie bois a 200 piedsnbsp;OU a pres de 65 metres ; il fondait les métauxnbsp;a 4Ö pieds ou a peu pres a 14 ou i5 metres;nbsp;et Buffbu était persuade que, si Ton raultipliaitnbsp;encore plus les glacés , on pourrait produirenbsp;ces elFets a une distance encore plus éloignée.
Aujonrd’hui ce n’est plus par l’embrasement des corps combustibles que les verres convexesnbsp;som intéressans.
Depuis que, vers la fin du treizième siècle, on a remarqué les services que la refraction desnbsp;verres spbériques pouvait rendre a la vue, c’estnbsp;principalement pour ce but qu’on a cherché a ennbsp;multiplier les applications,
Eu efft't, pquot;ur ne parler d’abord que des verres convexes, il est évident, par Ia propriété qu’iJsnbsp;ent de rapprocher du foyer des rayons qui n’y
«eraient pas dirigés , qu’ils procureront a l’o^il
7
-ocr page 134-tE conservateur
qui s’en servira line qnantité de rayons d’autant plus grande , qu’ils auronl line sphéricité plusnbsp;considerable. 11 nesuflit pas cependant de réunirnbsp;beaucoup de rayons ; 11 faut encore qne cesnbsp;rayons arrivent a Toeil en lalsant un angle pro-prè a la vision dislincte.
Le méme objet vu de plus loin parail plus peilt , paree qu’il forme dans boeil un plus petitnbsp;angle , et eet angle peut diniiimer au pointnbsp;que l’objet ne soit plus visible. C’est le momentnbsp;de placer un verre convexe , qui recoive lesnbsp;rayons de Tobjet , pour les réfracter sous unnbsp;angle plus fort.
Par une raison inverse , l’eeil myope , con-damné a ne voir les objets que de fort pres , se soulage en se servant de verres concaves ,nbsp;paree que, dlminuant les angles, ils lui permet-tent de s’éloigner de ces objets.
Dans les instrumens composes , nous verrons Tassemblage deplusieurs verres servir a ajouternbsp;mutuellement a leurs forces , en recevant desnbsp;rayons deja réfraciés pour les réfracter encorenbsp;plus.
L’oeil esllui-méme un assemblage de diverses pieces d’optique , dont cc qu’on vient de direnbsp;peut donner une idéé suffisante.
aAa , nbsp;nbsp;nbsp;i5,) est la corricc transparentc ,
servant d’enveloppe a Thumeur aqueuse qui
-ocr page 135-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;09
ttccüpe Ia chambre antérieure de l’oeil B , et qui, plus dense quel’air, réfracte les rayons de ma-tiière a les réunir vers Touveriure I i de la pru-ïielle.
Les i'ayons, après avoir passé par cette ou-¦^erlure , tonibent sur Ie cristallin C, qui , étant tine lentllle encore plus dense, les réfracte da-vantage ; enfin, en quiltant Ie cristallin , ilsnbsp;arrlvent par une surface concave dans riiumeurnbsp;vitree, dont est remplie la chambre postérieurenbsp;t), oü ils éprouvent la dernière refraction pournbsp;Se porter en R sur la rétine.
Comme toutes les parties de l’oeil sont douées d’une force musculaire, ils ont la faculté de va-iier leur forme sulvant Ie besoin.
A l'extérieurjla cornée peut, ens’applatissant, dormer une réfraclion moins considerable auxnbsp;i'ayons qui viennent de plus loin.
A l intérieur , Ie cristallin , plus ou moins tendu par les ligamens ciliaires I i, prend unenbsp;iorme plus ou moins convexe; et la contractionnbsp;Soit de l’uvêe E e, soit de la rétine elle-mémenbsp;f R r , permet a l’oeil de se prcter aux dilï’érensnbsp;points de vne dont il a besoin : ces diftérencesnbsp;^Gpendant ne vont guère que du simple au
double.
La vue ordinaire Ut les mêraes caracières
-ocr page 136-lOO nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
depuis emiröïi 8 pouces jusqu’a i6 , ou de 2 a 4 déeimètres j ce qai doniie pour lermenbsp;moyen ua pied ou 5 decimetres.
Le presbyte, qui ne peut lire a moins de i5 pouces OU 4 décim. , peul aussi lire a 3o policesnbsp;OU 8 décim. , et le mjope de 5 a 10 pouces, ounbsp;de 3 a 6 , c’est'-a-dire de i3 et demi a 27 ceut ,nbsp;OU de 8 a i6 , suivani le plus ou le moius denbsp;portee naturelle de sa vue.
Cet exposé doit sulFtre pour faire semir la nécessiié de remédier aux vues trop allongées,nbsp;par des verres convexes , et aux vues tropnbsp;courles par des verres concaves , afin de ra-meiier , dans l’un et dans l’autre cas , soit ennbsp;plus , soit en moins , la divergence des rayonsnbsp;au degré convenable a chacun.
En ettét, puisque , dans I’ceil applati du pres-byte, les rayons ne sont pas assez réfractés pour répondre au fond de la rétine , les verres convexes, en augmentant la convergence , donnentnbsp;de Ia netteté a la vision.
Demême , dans l’oeil convexe du myope, les rayons qui , trop réfractés , n’arrivent pas jus-qu’au fond de la rétine , sont corrigés par lenbsp;verre concave , dont 1’efïèt est de dimiuuer ianbsp;convergence.
-ocr page 137-I'Jl
DE LA VÜE,
CHAP IT RE VIE Choix et travail des Pierres,
Après avoir traité des propriétés des verres , Dous alloiis parler de la manière dont. il, fautnbsp;les choisir et les iravailler : mais , coninie nousnbsp;écrivons pour deux classes de lecleurs , savoir:nbsp;pour ceux qui» contens d’un léger apercu ^ nenbsp;veulent qu’effleui’er ce qui regarde chaque partie,nbsp;et pour ceux qui ^ soit par étai, solt par plaisir,nbsp;veulent s’insiruire a fond des procédés de 1’art,nbsp;nous ne présenlerons d’abord que les connais-sances absolumeut nécessaires au choix et aunbsp;travail des verres , et ensuile, revenant sur nosnbsp;pas , nous eulrerons dans quelques détails.
D’après ce que nous avons déja dit relative-meni a Teflet queproduiscnt, sur les rayons de lumière , les coi’ps qu’ils traverseut, il est aisénbsp;de prouver l’iniportance de bleu choisir lesnbsp;Verres destines a réfracter ces rayons.
Eli efiét, Si, au lieu d’avoir a traverser une niasse de verre bien égale dans toutes ses parses, les rayons de lumière reiicoutrent, soit de snbsp;^iamens plus ou nioins vitrifies , soit des. huiles
3 03
LE GONSERVATEUR
d’air restées dans Ie verre , et qu’on appelle points OU bouillons, il est évident que leur rouianbsp;sera dérangée a chaque variation de la substance j et dès-lors l’effet total, que Ie verre doitnbsp;produh’e par la reunion de tous les rayons , nenbsp;donnera plus qu’une image confuse.
C’est en raison de ces inconvéniens qu’il faut préférer les glacés coulees aus glacés soufllées jnbsp;celles-ci, parlanature mème de leur fabrication,nbsp;ont des ondulations a peu prés circulaires, denbsp;sorle que les morceaux qu’on en tire sont traversés par des filamens , dont la courbure, ré-pondaul au centre du grand raorceau , est bien.nbsp;loin de se rapporter au centre de chaque fragment.
Les glacés coulees ont aussi beaucoup moins de bouillons j mais les unes et les autres sontnbsp;rarement d’un blanc parfait. Suivant que Ienbsp;mélange des malières vitrifiables a élé moinsnbsp;bien préparé , elles conservent une teinte, soitnbsp;de couleur d’eau, soit de jaune. Ce n’est pasnbsp;qu’une légere teinte , pourvu qu’elle soit égale,nbsp;rtuise a la régularité de la rélraction. On en peutnbsp;même lircr parti en choisissant, pour les vuesnbsp;faibles et longues, les verres légèremcnt bleua-tres, qui tempèrent ce que la trop grande quan-,nbsp;tité de rayons réunis au foyer pourrait avoii:nbsp;de trop brillant a l’oeil.
-ocr page 139-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;I05
Les teiiues qui tirent sur Ie jaune réparenl, dans les verres concaves, Ie défaut de lumièrenbsp;q'ii provient de la divergence des rayons.
On sent bien que les Inconvénicns seralent encore plus grands , si Ton se servait de verrenbsp;ordinaire, mèrne de verre blanc. La substancenbsp;en est moins homogène , et souvent exposée ,nbsp;par un exces d’alkali, a soutirer riiuniidité denbsp;1’air. Enfin, les verres conirnuns sont plus su-jets a se rayer j ce qui est très-contraire a l’égalenbsp;reunion des rayons, et par conséquent a lanbsp;vision parfaite.
Après Ie choix des verres , vient leur fabrication, c’est-a-dire , Ie moyen de leur donner Ie degré de courbure nécessaire a 1’elFet qu’on ennbsp;attend.
J’ai dit plus haut que la forme sphérique a été préférée a la forme parabolique, paree qu’il estnbsp;plus aisé de la rendre réguliere par des moyensnbsp;inécaniques j tout ce qui tient au mouvement denbsp;rotation s’opère facilement a cause de la similitude de toutes les portions d’une eirconférencenbsp;du eerde ou de la surface d’une sphere.
Un bassin creusé en calotte sphérique, de quel-que grandeur qu’il soit, présente a tous ses points L mème qourbure.
Si done ce bassin est d’ime malière nssczdnre
I04 nbsp;nbsp;nbsp;Igt;E CONSERVATEUR
plt; UI’ que Ie frotlement du verre ne puïsse l’al-térer, ce sera au contraire Ie verre qui, a force de bras, s’usera jusqa’au point de prendre lanbsp;inême courbure.
On fait des bassins en fer battu ou corroyéj mais les meilleurs sont en cuivre, paree qu’étantnbsp;déja fondus dans iles moules réguliers, il n’y anbsp;plus qu’a I s réparer au tour pour en óter lesnbsp;soufflures.
Les niorceaux de glace, destines a la fabrication des verres ,éiant d’abord taillés Ie plus cir-culairement qu’onpeut, et adoucissurla pierre, sontensuitf' cimentés et mastiqués avec soin surnbsp;une molette , qui forrne une sorte de manchenbsp;poui la facilité de la main qui doit les travailler.
On commence a dégrossir les verres dans un bassin de fer de la même courbure que Ie foyernbsp;que 1’on veut obtenir, et seulement avec du gresnbsp;qui avance plus vile Ie travail.
Mais , pour les terminer, il faut prendre Ie bassin de cuivre dans lequ'^l on donne ordinai-rement trois doucins progressifs j c’est-a-dire ,nbsp;qu’on adoucit d’abord Ie verre avec de Témeril unnbsp;peugros,el que,lorsque celte première poudrenbsp;ne mord plus, on ensubstitue une plus fine pournbsp;Ie second Doucin j et enfin, pour Ie troisième, lanbsp;plus menue que l’on puisse se procurer.
-ocr page 141-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;I05
Quolqu’a la rigueur, lous les mouveraens lt;Iu’on imprime au verre, dans la molelte, ap-partienneut a Ia même sphéricilé, on est cept n-dant plus sür de raiteitidre, avec moins de tempsnbsp;perdu et svec plus de régularilé, en suivant unenbsp;marqhe a peu pres constantAinsi, dans chaquenbsp;doucin, l’on a so’n d’abord de faire mouvoir Ienbsp;Verre bien d’aplomb et circulairement au Ibminbsp;du bassin, cnsulte par cercles iuc'inés, et ennbsp;s’approchr.nt de plus en plus de la circonférencenbsp;du bassin; et enfin par cercles encore plus inclines, demanière a faire sortir même une portion du verre hors du bassin.
Cette succession de mouvemens fait passer a peu pres en un quart-d’heure, pour les verresnbsp;de lunettes ordinaires, louies les portions danbsp;verre sur toutes celles du bassin.
11 arrive quelquefois que Touvrier, pour avoir Irop use Tune des faces du verre, ne irouve plusnbsp;assez d’épaisseur pour la courbure de Tautrenbsp;face. Ce n’est que par beaucoup d’habilude quenbsp;s’acquiert la précision des mouvemens; et c’eslnbsp;la surtout ce qui augmente Ie prix de fabriquenbsp;dans les ateliers, ou Ton s’attache plus a faire denbsp;^ons ouvrages qu’a en faire beaucoup.
Quand les verres ont été totalemenl adoucis, ds ont encore Ie poli a recevoir. Cette dernièrenbsp;Operation se fait a sec, et toujours dans un bassin
-ocr page 142-Io6 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
de la courLure donnée, et gai’iii d’un papier très-légèrement saupoudré de plerre-ponce etnbsp;de tripoli de Venise.
Pour les verres destines aux instriimens les plus précieux de l’optique, ct dans la fabricationnbsp;desquels on nedoitpas épargner Ie temps, on nenbsp;donne presque d’autre pression au verre que Ienbsp;poids d’une moleite de plomb. II est aisé denbsp;sentir que , sice procédé est plus régulier , il estnbsp;aussi infiniment plus long, par la niuliipllciténbsp;des mouvcmens qu’il faut répéter ayant d’avoirnbsp;atteint toutes les irrégnlarités du verre.
Je ne parle pas ici des inojens grossiers dont se servent les f’abricans de lunettes a la douzaine.
Les uns n’ont des bassins que de deux a trois courburesirrégulières ; et, en appuyant plus for-tement sur les bords de leurs verres que sur Ienbsp;milieu, lis arrlvent a varier la convexité , et a luinbsp;donner l'apparence du foyer qu’ils annoncent.
Les autres ne se servent souvent que d’une bande de fer , ou même de bois creusée dans Ienbsp;niilieu et recouvert d’un drap ou d’un feutrc,nbsp;saupoudré d’émeril; ilsy promèneni leurs verres,nbsp;en les reiournant sans cesse pour approcher denbsp;la courbure , qu’ils ne peuvent jamais rendrenbsp;égale dans tous les sens.
II ne faul done pas s’étooner si de leis verres.
-ocr page 143-DE LA VÜE. nbsp;nbsp;nbsp;107
réuüissent souvent diverses courbures donl ies effets varient.
Tout ce que j’ai dit du dégrossi, du douci et du poli des verres convexes, s’exécute de mèmenbsp;pour les verres concaves, mais non dans desnbsp;fcassins; on remplace ces bassins par des calottesnbsp;qui doivent èire faites avec la même régularité.
Dans ce cas, ia main de Touvrier a besoin d’etre encore plus exercée. En effet, si Ie verrenbsp;convexe est trop atleint, on peut encore ennbsp;former des verres d’un plus petit diamètrcj mais ,nbsp;dans les verres concaves, Ie trou qui se ibrmenbsp;au milieu les met enlièrement hors de service.
Enfin , les faces plates des verres, qu’on vcut conserve!’ plans d’un cóié, se travaillent de Ianbsp;mème manière sur des plaques bien dresséesnbsp;qu’on appel]e rondeaux.
Passous mainlenant aux détails que nous avons promis, en commencani par quelquesnbsp;observations génerales.
II existe beaucoup d’ouvrages , oii l’habilelé de l’ouvrier peul suppléer a la bonté des ins-trumens ; mais il n’en est pas de mëme desnbsp;formes sur lesquelles se font les vei’res et lesnbsp;miroirs d’optique; car jamais une forme inipar-^^ite , quelqu’altention qu’on ait et quelque peinenbsp;H'ie l’on se donnCj ne pourra faire prendre aunbsp;^U’oir une figure parfaite. Si l’on veut done
I08 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
réussir, il faut commencer par faire la forme la
plus exacte qu’il sera possible.
On compte beaucoup. de maiilères de faire des formes : la plupart de eeux qnl, en ont parlénbsp;ont propose des machines d’une execution difficile, d'une dépense considerable et d’une réussite assez incerlaine. En effet, plus les moyensnbsp;qu’on emploie sont composes , et plus ils s’é-carient aisément de la bn qu on se propose :nbsp;d’ailleurs, la moindre variation cause des dé-fauts souvent irrémédiables. Les moyens lesnbsp;plus simples sont done toujoursles ; los certains.
C’est sur ce principe qu’est fondée la manière suivanie de composer les formes propres aunbsp;travail des miroirs, manière aussi simple quenbsp;eertaine pour la réussite. Mais avant tout , Hnbsp;faul preparer des arcs de eerde semblabies a lanbsp;eonvexité des formes qu’on veut faire.
Par arc de eerde , on entend une portion de eerde semblable a la sphere dont on veut quenbsp;la forme fesse partie ; on pourrait cn faire denbsp;carton, mais il est plus a propos de les fairenbsp;avec une petite feuille de cuivre. C’esien appli-quant ces arcs aux formes, qu’on juge st ellesnbsp;sont OU trop convexes , ou trop concaves.
L’on se rappellèra d’abord que les miroirs concaves réunissent les rayons de lumière aunbsp;quart du diamètre de la sphere , dbnt ils amp;nt
-ocr page 145-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;IOC)
pai'lie. Cela posé, s’il s’agit d’uii nliroir de 4 centimetres de foyer, il fera pariie d’unenbsp;sphere de i6 centimetres de diamètre ou denbsp;d centimetres de rayon.
Pour former l’arc decercle, lorsque, comrae dans Ie cas présent, il fait partie d’un eerdenbsp;d un as.sez petit diamètre, on prend un compasnbsp;garni d’un ressort et d’un quart de eerde. Aunbsp;nioyen d’un écrou, on 1’ouvre et on Ie fermenbsp;autant qu’il est nécessaire. Ensuite on pose unenbsp;pointe sur un point qul sert de centre^ et, avecnbsp;1’autre pointe qui est tranchante , on décrit etnbsp;on coupe un are de eerde sur une feuille denbsp;cuivre mince attachée a une table dont la surface est unie j eet are se coupe exaetementnbsp;en repassant plusieurs fois la pointe sur la feuillenbsp;de cuivre , et en I’y appuyant un peu j par cenbsp;nioyen, l’on aura deux arcs de eerde d’unenbsp;sphere ('e i6 cemim. de diamètre, donti’un seranbsp;concave et l’autre convexe.
Mais, si Pare de eerde fait partie d’une sphere, dont Ie demi diamètre soit plus grand que l’ou-verture des compas ordinaires; si, par exemplc,nbsp;il fai ait partie d’une sphere d’un mètre denbsp;diamètre , on prendraii une régie d’une longueur convenable ; on 1’attacherait par un boutnbsp;avec un cloud rond , sur lequel elle tourneraitnbsp;comme autour d’un centre : a l’autre bout on
-ocr page 146-lio nbsp;nbsp;nbsp;LK CONSERVATEUll
attaclierait une pointe d’acicr trauchante etéloi-gnée du centre d’un demi-mètre de distance j et j décrivant avec eelte pointe un are de eerdenbsp;sur la feuille de culvre jusqua ce qu’elle soitnbsp;iranchée, l’on aura encore deux arcs de eerde ,nbsp;l’un concave et l’autre convexe.
Nous allons maintenant passer au mojen de faire, des modèles pour les formes des miroirsnbsp;de. foyers différens 5 maïs , pour fixer les idees ,nbsp;nous en choisirons deux, Tun, que nous appel-lerons Ie Grand Miroir, de 24 centimetres denbsp;foyer et faisant partie d’une sphere d’un metrenbsp;de diamètre; l’autre, que nous nommerons Ienbsp;Petit Miroir , de quatre centimetres de foyernbsp;el faisant partie d’une sphere de i6 centimetresnbsp;de diamètre, dimensions que nous avons déjanbsp;adoptees dans les deux constructions des arcsnbsp;de cei'cles.
Voyons a présent Ie moyen de faire un mo-dèle pour la forme du grand Miroir.
II faut arrondir un morceau de glacé brute d’un doigl d’épaisseur , applani d’un cóté , etnbsp;d’environ 2 décimètres de diamètre. Pour arrondir une glace aussi épaisse , on la pose surnbsp;Ie bord d’une pierre a l’endroit ou l’on veut lanbsp;casser , et l’on abat ce qui excède avec un mar-leau. Ensuite on 1’ajusle proprement en l’équar-rissant avec des pinces. On attache ce morceau
-ocr page 147-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;IIÏ
tie glace ,sur une pierre un peu plus grande ct de 3 a 5 centimetres d’épaisseur , afin quenbsp;la pesanteur lui donne une stabilité sufïisantenbsp;pour Ie travail.
Si la glace n’est pas applanie , il faut, pour la dresser , y meitre du gres passé par un tamisnbsp;et mouillé , et l’iiser avec un morceau de glacenbsp;plus petit, jusqu’a ce que les deux glacés senbsp;touclieni égaiement partout.
Alors on prend un morceau de glace arrondi de 8 centim. de diamètre,- on jette sur la grandenbsp;glace du gres tamisé ; on Ie mouille iégère-inent ; et, appuyanl glace centre glace , onnbsp;conduit celle de dessus , qu’on tient a la mainnbsp;par le moyen d’une molette , qui est un morceau de bois rondj de 5 centimet. d’épaisseur ,nbsp;et attaché avec du mastic j on la conduit, dis-je,nbsp;de manière qua chaque tour de main Ton dé-crive un cercle , qui passe par le centre de lanbsp;grande plaque de glace et qui aille finir auxnbsp;hords de cette même plaque , e’est-a-dire, quenbsp;le milieu du petit morceau de glace doit passernbsp;parle milieu de la plaque de glace inférieure ,nbsp;*^t passer ensuite vers le bord de cette mêmenbsp;plaque, de sorte que tout le morceau de glacenbsp;supérieur ne déborde l’inférieur que d’environnbsp;demi-pouce.On le conduit ainsi, en avan^antnbsp;Insensiblement et le plus regulicrement c|u’il estnbsp;possible, lout autour de la grande plaque de
-ocr page 148-j[2 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
glacé afin qu’clle se creuse égalemeal ¦ il faul aussi avoir soin de tourner peu a peu sur lui-niênie Ie morceau de glace qu’on lient a lanbsp;main, aussi bien que la grande plaque de glacenbsp;sur laquelle on travaille el qui sert de bassin.
Lorsque la plaque inférieure commence a se creuser , on y présente de temps a autre l’arcnbsp;de eerde convexe , l’on creuse jusqu’a cenbsp;qu’il s’applique également par-tout j et l’on ob-tient ainsi un bassin qui fait parlie d’une spherenbsp;d’un metre de diamètre.
C’est dans ce bassin qu’il faut faire Ie modèle convexe pour la forme des miroirs; pour y par-venir, on prend un morceau de glace d’unnbsp;centimetre d’épaisseur et de 12 centimetres denbsp;diamètre : on l’arrondit avec les pinces, et toutnbsp;autour on forme un bizeau dans un bassin denbsp;fer, faisant partie d’une sphère de aS centim.nbsp;de diamètre.
Si l’on n’avaitpas ce bassin de fer, il faudrait arrondir Ie morceau de glace Ie plus proprementnbsp;qu on pourrait, et ensuite en adoucir Ie bordnbsp;surdugrès un peu lendre^ lorsque ce bord seranbsp;uni et rond, on Ie travaillera dans Ie bassin lorniénbsp;sur la grande plaque de glace, de la même ma-nlère qn’on y a tiavaillé Ie premier morceaunbsp;de 8 centim dc diamètre , qui a servi a ie creuser. On examiuera de lenis en tems si Ie bassin
-ocr page 149-' nbsp;nbsp;nbsp;DE LA VUE.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ïl5
est toujours conforme a l’arc de eerde,- s’il ïdetait pas assezereux, il faudrait lecreuser avecnbsp;Ie verre de 8 centim.; si au contraire il étaitnbsp;trop creux , il faudrait continuer a y travaillernbsp;avec ie grand verre de racentim. , en faisantnbsp;des cercles plus grands et qui déborderontnbsp;davantage la grande plaque. L’on continue anbsp;travailler ce verre qui doit servir de modèle,nbsp;jusqu’a ce qu’il se trouve de la convexité quanbsp;l’on desire , ce que l’on reconuaitra, lorsquenbsp;l’arc de eerde concave s’^pliquera parioutnbsp;exactemeni sur ie modèle.
Une fois parvenu a ce point, on adouclra Ie modèle , d’aboi'd avec du gres, ensuite avec denbsp;l’émeril en poudre un peu mouillé on en re-niettra par plusieursfois, jusqu’a ce que les deuxnbsp;inorceaux de glace soientbien adoucis et se tou-chent également partout.
C’est ainsi qu’on pourra obtenirun modèle poui’ Ia forme du grand miroir 5 il s’agit a présentnbsp;d.’en faire un pour la forme du petit miroir.
Comme cette forme doit avoir une grande convexité, et qu’il faudrait employer beaucoupnbsp;de teras a creuser un verre de cette profondeur,nbsp;Void une autre manière.
On prenduu morceau de plomb de 7 centim. de diamètre, et épais de 2 centim.,- on l’arron-dit sur Ie tour en lui donnant 4 centim. de dia-
8 '
-ocr page 150-Il4 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
metre. On y forme une convexilé semtlable a l’arc de cercle concave qui fait parlie d’unenbsp;sphere de i6 centim. de diamètre , on l’appli-que plusieurs fois , et , Ton continue de traquot;nbsp;vaüler , jusqu’a ce que l’arc de cercle touchenbsp;égalenient parlout.^
On prendensuite un auti’e morceau de plomb de 5 a 6 centim. de diamètre que 1’on montenbsp;aussi sur Ie tour j on l’arrondit et Ton j ere usenbsp;une concavité semblable a l’arc de cercle convexe qu’on y applique plusieurs fois jusqu’a cenbsp;qu’enfin ils soient tout-a-fait conformes l’un anbsp;Tautrej alors on prendi’a Ie premier morceaunbsp;de plomb 5 et, après l’avoir attaché a une molettenbsp;avec du mastic , on Ie couvrira de gres fin etnbsp;mouillé , on l’appliquera sur la forme concavenbsp;montée sur Ie tour, et on les travailiera i’unnbsp;sur l’autre. Dans cette operation , 1’on tourneranbsp;insensiblement Ie plomb qu’on tient a la main,nbsp;en Ie conduisant vers Ie centre de la forme ,nbsp;et du centre verslacirconférence. On remettra dunbsp;gres a plusieurs fois, el l’on continuera jusqu’a cenbsp;ce que les deux morceaux de plomb se touchentnbsp;égalenientpartout, etsoientbien adoucis; alors ilnbsp;faudraleslaver ,y meltre de rémerilmouillé etlesnbsp;rctravailler jusqu’a ce qu’ils paraissent parfaitsnbsp;l’un et l’aulre. C’est ainsi cp’on parviendra a senbsp;procurer un modèle convexe pour la forme dunbsp;petit miroir.
-ocr page 151-ÜE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;Il5
Si 1’on avail uiie forme de cuivre concave foisantpavtie d’une sphere de i6 centini. de dia-mèire et qui fut exacte, ii suffirait d’y travaillernbsp;Un verre de 5 ou nicme de 4 centim. de dia-Uièire, et I’on aurait promptement Ie modèlenbsp;qu’on souhaite.
Si l’on n’avait point de forme de cuivre pour y faire ses raodèles, et qu’on ne voulfit pointnbsp;perdre Ie tems nécessaire a les former d’aprèsnbsp;^es préceptes qu’on vient de donner, onn’auraicnbsp;qu’a faire travailler par quclque ouvrier uunbsp;Verre de 12 centim. de diamètre et d’iin centim.nbsp;d’épaisseur dans un bon bassin faisaut partlenbsp;d’une sphere d’un metre de diamètre, et unnbsp;^Gcond verre de 4 centim. de diamètre, dans unnbsp;bassin foisant partie d’une sphere de 16 centim.nbsp;de diamètre. L’on aurait ainsi, saus peine etnbsp;sans embarras , les deux modcles necessairesnbsp;pour faire les deux formes de cuivre , destinéesnbsp;a la confection du grand et du petit miroirs.
Si l’on ne voulait pas avoir la peine de fondre Ces formes, Ton n’aurait qu’a donner les modi esnbsp;a un bon fondeur en cuivre, a qui i’oji recom-ïuanderait de n’emplojer pour leur foute quenbsp;du Cuivre purge dellmaillede fer; rnais, commenbsp;iiotre but est de meitre Ic lecteur en état denbsp;tout faire iuiraème, nous allons donner d’abord
-ocr page 152-¦ïlG nbsp;nbsp;nbsp;LE ’CONSERVATEÜÏl
ia fagon de raouler les formes en sable et en-suite celle de fondre Ie cuivre.
Pour mouler les formes en sable, il faut avoir deux chassis de bois de raême grandeur, longsnbsp;de52 centim. et larges de 22 a27; chacunde cesnbsp;chassis consiste en quatre morceaux de bois em-boités carrément les uns dans les autres. Le cóténbsp;du bois intérieur au carré doit être un peunbsp;creusé pour retenir le sable j l’un de ces chassisnbsp;porte sur un cóté trois chevilles qui s’élèventnbsp;d’environ 5 centim. au-dessusj Tune de cesnbsp;chevilles est au niilieu. d’une des traverses denbsp;22 a 27 centim. , et les deux autres sont sur lesnbsp;deux traverses de Sa centim. de longueur j anbsp;l’autre chassis sont trois trous qui correspondentnbsp;auxtrois chevilles, desorteque, si I’on appliquenbsp;les deux chassis Tun sur l’autre, ils se irouventnbsp;parfaitement jointsj les deux traverses, oü Tonnbsp;n’a misnitrous nlchevilles, sontcreuséesdu cóténbsp;oü elles se touchent, de manière a former unenbsp;ouverture de 5 centim. de largeur s.ur 5 a 8 denbsp;long; c’est par la que l’on coule la maiière.
11 s’agit a présent d’avoir du sable propre a la fonte. Celui dont se servent les fondeurs denbsp;Paris est un sable très-fin et de couleur jaune,nbsp;qui se tire de Fonienay aux Roses. Après l’avoitnbsp;tamisé, on le mouille légèrement pour que 1*
-ocr page 153-BE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;W7
grains puissent s’unir, on le remue et on le bat ^vec un morceau de bois fall en forme de palette.
Lorsque le sable est préparé, on prend une» planche un pen plus grande que le chassis j onnbsp;la pose sur une table j on y met le ch4ssis qui.nbsp;n’a point de chevilles , de manière que I’en-taille soit sur la planche •• on pose les modèles ,nbsp;en sorte que le coté qui doit servir soit ennbsp;dessus j et, prenant lenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;c’est-a-dire , un
petit sac detoilefine , plein de cliarbon pile , on en secouela poudre sur les modèles : ensuite , anbsp;I’aide d’un soufflel, on entire légèrement ce quinbsp;ne s’est point attaché; on couvre les modèlesnbsp;de sable, on 1’entasse avec les mains, on le batnbsp;avec un maillet; et, lorsque le sable est biennbsp;dur et bien eutasse, on ritcle, avec un morceaunbsp;de lame d’épée , tout le sable inegal ou qui dé-passe le chassis; on en prend de nouveau qu’onnbsp;repand egalement parlout; on pose dessus unenbsp;planche égale a la précédenle, el 1’on enlève lenbsp;tout ensemble, en le retouriiani sens dessus dessous ; on ote alors la planche ou étaient posésnbsp;les modèles, et, avec la pointe d’un couteau , onnbsp;Coupe un peu du sable qui est au bord desnbsp;utodèles , en faisant tout autour une espèce denbsp;petite gouttière , afin qu’ils quittent le sablenbsp;^isénient etsansqu’il s’égraine. Eusuite on jette
-ocr page 154-Il8 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
de Ia pondre de charbon en secouant Ie ponsif, on enlève ie superflu avec un coup de soufïlet;nbsp;I’on pose dessus l’auire chassis , dont Ton faitnbsp;entrer les chevilles dans les trous du premier;nbsp;l’on jette de nouveau du sable sur les modèles ,nbsp;on l’entasse , on Ie bat , on rade l’excédent etnbsp;i’on répand encore du sable également. Celanbsp;fait , on pose une planche dessus ¦, on retournenbsp;les deux chassis en méme tems •, on donne dessus quelques pelits coups de maillet pournbsp;ébranler les modèles, etpar-la leur faire quitternbsp;plus aisément Ie sable : l’on sépare alors lesnbsp;chassis de 5 a 7 millimetres l’un de l’autre , onnbsp;donne encore quelques petits coups , et enfin,nbsp;on les sépare tout a fait. On examine avec attention Ie moule de dessus , ou doit être ini-primé Ie bon cóté des modèles; et, s’ils’y irouvenbsp;q ielques endroits défeclueux qui se puissent ré-parer , on met un peu de sable dans ceux ounbsp;il manque, en mouillant légèrement la place.nbsp;Si Ie morceau de sable détacbé est un peu gros,nbsp;on mouille de mêrae i’cndroit ou il faut Ienbsp;placer ; on Ie remet; et rnêrne , s’il Ie faut , onnbsp;passe une épingle a ti’avers pour Ie retenir ;nbsp;ensuite on passe doueemeutce chassis sur l’autre,nbsp;on j jette un pen de sable, on Ie bat, on radenbsp;Ie sable qui excède Ie bois , on en répand denbsp;nouveau , on pose une planefie dessus, et eafin^
-ocr page 155-ng
DE LA YUE.
comme la première fois , on sépare lès cliütósis 1’un de Tautre.
Quand Ie moule a réussi, on forme un sillon sur Ie sable d’un des chassis , depuis Ie creux danbsp;uioule jusqu’a fendroit oü Ie bois est entaillci.nbsp;Ce sillon s’appelle Ie JET , paree que c’est par-lanbsp;qu’on jette Ia matière dans Ie moule.
Lorsqu’il se trouve plusieurs raodèles dans Ie sable , on fait un jet principal duquel on tirenbsp;uutant d’autres jets qu’il y a de pieces moulées jnbsp;Car chaque piece doit avoir son jet particulier.
11 faut prendre garde que le sable du jet ne s’egraine; pour cela, on passe les doigts dessusnbsp;en appuyant, afin de le resserrer.
L’on pourrait avoir des batons de la grosseur du doigi et qui seraient tournes. Enlesposant ennbsp;ïuême-tems que les modeles, on formerait, parnbsp;leur mojen , des jets propremenlmoulds.
II nous reste a donner les mojens de fondre le cuivre, ce qui exige I’art de construire desnbsp;fourneaux propres a cet usage.
Comme on employe dans cette fonle de mi-roirsdes maiières, dontlafumde est dangercuse, il est important de construire le fourueau ennbsp;plein air , comme dans un jardin ou sur la ter-I’asse d’une maison.
Apres s’etre muni de briques acheminées, ou l^^Uun fondement carré de 22 a 27 ccntlm.d’épals-
-ocr page 156-120 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
seur, et dont chaque cóté ait de 54 a 65 cenliin. ^ ensuite on élève sui’ ce massif quatre murs denbsp;briques d’environ i6 cenlim.d’êpaisseur et de 4inbsp;de hauteui’j en sorte qu’il se troiive au milieu unnbsp;espace vide de 2y centim. de largeur. On laissenbsp;au bas du fourneauune pclite Ouverture qui sertnbsp;a retirer les cendres et qu’on bouche avec unenbsp;brique. Au-dessus de cette ouverture on metnbsp;une grille de fer ; a l’un des murs on fixe unnbsp;tuyaude tóle de i6a 18 millim. de diamètre,dontnbsp;les deux exlrémités seront recourbées , la plusnbsp;basse pour entrer dans Ie fsurneau , la plusnbsp;haute pour recevoir un soufQet double •, enfinnbsp;l’on couvre ce fourueau avec une brique carréenbsp;et épaisse de 5 a 5 centim.
II nous reste a fondre Ie cuivre, métal quI résiste long-tems a I’aclion du feu', et qui estnbsp;de plusieurs sortes. Lorsqu’il est naturel, 11 estnbsp;rouge j mais, lorsqu’il est mêlé avec une pierrenbsp;qui se nomme calarnite , d devient jaune etnbsp;se nomme ïaiton: ce cuivre est excellent pournbsp;faire des formes.
Quand on veut fondre Ie cuivre pour eet objet, on met au bord du fourneau un morceaunbsp;de brique de 54 millim. d’épaisseur : on ynbsp;pose Ie creuset , dont Ie couvercle doit étre faitnbsp;de facon qu’on puisse aisément l’óter avec desnbsp;pincesj onremplit Ie fourneau de charbon, quenbsp;l’on range autour du creuset et même au-dessu$.
-ocr page 157-DE LA VDE. nbsp;nbsp;nbsp;I2I
en y nietlant des charbons allumés. On iaisse Ie fourneau ouvert pai’ en bas , afin que I’airnbsp;passe libremenl et aliume Ie cbarbon. Quandnbsp;ie creuset et Ie dedans du fourneau sont toutnbsp;fouges , on remet du cbarbon, on ferme ie fourneau par en bas , on en couvre ie haut, ennbsp;iaissant quelque ouverture , et l’on faitjouer Ienbsp;soufflet; ensuile , avec une cuiller (ie Ier ounbsp;des pinces , on met dans Ie creuset Ie cuivre ,nbsp;coupé parmorceaux; on continue de mctlre dunbsp;cbarbon, on soufflé , et Ie cuivre se fond asseznbsp;promptement.
Si l’on nietlalt Ie cuivre au feu en niênie tems que Ie creuset, ce niétal, ne s’échauffuni que parnbsp;de gres, serail très-difficile a fondre , au lieu quenbsp;ie feu lesurprend et Ie fond aisément, iorsqu’onnbsp;ie mei dans un creuset tont rouge. Quoique Ienbsp;cuivre soit fondu, il faut Ie laisser quelque temsnbsp;cn fusion, remettre du cbarbon et souffler jus-^u’a ce qu’il soit aussi liquide que de i’eau,;nbsp;maïs suriout on doit bien prendre garde denbsp;laisser tomber dans Ie creuset quelqucs ebarbonsnbsp;bumides, ou quelques gouties d’eauj cara Tinstantnbsp;ie cuivre jaillirait avec impéluosité, et brulerailnbsp;^ont ce qu’il renconirerait.
Pendant que Ie cuivre fond , on fait allumer cbarbon par terre. On pose une pariie dunbsp;®oule d’un cóié , et l’autre partie de l’autre
-ocr page 158-Ï23 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
cóté , dc sorle qu’elies se soutiennent miituel-lemenl par en haut, et qu’elles couvreni Ie feu qui les sèclie , les écliauffe et les niet en élatnbsp;de recevoir la matière qu’on dolt y coulcr j niais,nbsp;avant qued’jjetter cette matière , i! faut avecunenbsp;patte de lleyre nétoyer les deux cósés du mouleetnbsp;Ie jet, de peur que quelques grains de sable detaches negatent l’ouvrage. Ensuite illaut enfumernbsp;les deux parlies intérieures du nioule , en lesnbsp;passant sur Ia fnmée d’un flambeau de résine,nbsp;afin que la matière eoule aisément partout. Onnbsp;rejoint ensuite ces deux parties j on les met entrenbsp;deux planches dans une presse que 1’on serre; onnbsp;incline Ie moule sur Ie cóté dont on veut que Ienbsp;cuivre, en vertu de sa pesanteur, prenne exacte-mentla figure; on écume la matière; on prend Ienbsp;creuset avec les lenailles que l’on fait chauffer denbsp;peur qu’il ne casse par Ie froid; on verse dansnbsp;Ie moule la quanlité de matière nécessaire pournbsp;l’emplir, et on laisse rcfroidir.
Quand on retire les formes du moule , il faut prendre la plus grande , l’attacher sur unenbsp;table et creuser dessus un verre arrondi de 8nbsp;centim. de dianiètre, qui servira dans la suite anbsp;finir la forme. Lorsque Ie verre estcreusé, i’onnbsp;détache la forme ; et, avec du gres tamisé, on lanbsp;travaiile dans Ie grand bassin de verre de 3nbsp;décim. de dianiètre, de la mèine manière dont
-ocr page 159-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;123
On a travaillé lemodèle. On continue a y mettre du gres et a la travailler, jusqu’a ce qu’elle pa-i'aisse s’user également parlout ; alors on layenbsp;forme et Ie verre; et, prenant de rémeril , onnbsp;Recommence a travailler jusqu’a ce qu’il soitusé:nbsp;^lors on l’óte avec une éponge, on la lave dansnbsp;Rilt vaisseau pleind’eau, etl’on réserve ceiie eaunbsp;ïgt;our en faire l’usage que je diral dans la suite.
Qiiand la forme de cuivre parait également «iUeinte, on 1’attache sur une pierre avec dunbsp;mastic , on y iravaille Ie verre de 8 cenlim. avecnbsp;de rémeril dont on change a plusieurs reprises ,nbsp;et a la dernière fois on continue avec Ie même ,nbsp;jusqu’a ce qu’elle soit bien adoucie. C’est alorsnbsp;lt;iue l’on voit si la forme est parfaite ; car ellenbsp;dolt ètre également adoucie partout; et, en fi-ïiissani de travailler, la main ne dolt rlen seiitirnbsp;^uil’arrête. Si l’on sent au contraire quelquenbsp;Resistance en de certains endroits, et que lanbsp;forme ne paraisse pas également adoucie par-tout , il faut recommencer a travailler avec Ienbsp;grès , quand Ie défaut est considérable ; sinonnbsp;^Vec !e gros émeril , jusqu’a ce que Fon soitnbsp;parvenu au point de perfection qu’on désire.
cependant il ne se trouve quo 7^9 millim. des bords de la forme qui nes’adoucisseni point,nbsp;pourra s’en servir 3 car elle se perfectionncranbsp;travaiilant.
124 nbsp;nbsp;nbsp;Igt;E CONSERVATEUR
A l’égard de Ja petite forme de cuivre, après^ y avoir attaclié une moJette de ii a i5 millini.nbsp;de haut, dom ii serait menie , si on Ie pouvait,nbsp;avantageux de se passer, on la travaillera dansnbsp;Ie bassin deplombouron atravaillé Ie modèle ,nbsp;et Ton conlinuera jusqu’a ce que la forme soitnbsp;bien unie, el qu’elle aii prisune figureexaclementnbsp;spbérique. Après avoir employé Ie gres, on lavenbsp;Ie bassin et laforme,et l’on se sert d’émeril dontnbsp;on change a plusieurs reprises : enfinaladernièrenbsp;fols on s’en sert jusqu’a ce que la forme soitnbsp;adoucie. Si elle Test également partout, c’estnbsp;une preuve qu’elle est exacte , ce quise connaitranbsp;encore mieux au premier miroir qu’on fera des-sus ; mais, si elle n’esl point encore arrlvée anbsp;cette perfection , Ton sera oblige de creuser unnbsp;petit verre de 54 millim. de diamètre que l’on travaillera sur la forme , d’abord avee Ie gres, en-suile avec I’émeril, jusqu’a ce qu’elle s’adoueissenbsp;également.
Si l’on est dans Ie dessein de faire un grand nonibre de miroirs, il sera a propos d’avoirnbsp;deux formes de cbaque sorte dont on perfec-tionnera une grande et une petite pour achevernbsp;les miroirs, et dont les deux autres serviront anbsp;les ébaucher. Mais, si l’on veut ne faire qu’uitnbsp;peiltnombre de miroirs , il suffira d’une grandenbsp;forme et d’une petite. 11 serait encore néceS'
-ocr page 161-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;125
quot;Saire d’avoir plusieurs fovmes , sl, au lieu de fondi’e les miroirs dans Ie sable , on. vouiait lesnbsp;fondre, comme je Ie dirai dansla suite, dans desnbsp;Daonles de cuivre.
Pour faire les modcles des miroirs , il faut prendre un eerde de bois ou de carton de 6nbsp;eentim. de diamèlre cl de i a 2 centim. denbsp;^lauteur , Ie poser sur Ia forme de 13 cmtim. ,nbsp;1’arrèter fixément avec un lil de fer qui passenbsp;en se croisant par-dessus et par - dessous lanbsp;forme , Zaire fondre du plomb , et ie coaler aunbsp;milieu de ce eerde sur la forme dont il prendranbsp;la figure. On mettra ensuite ce morceau denbsp;plomb sur Ie tourpour raiTondlr,en ie réduisantnbsp;a 5 OU 6 centim. du diamèlre. Si la concavité estnbsp;inégale et a quelques défauts, on la creusera denbsp;ïiouveau,en la rendant coziforrae a fare de eerdenbsp;convexe qui fail partie d’une sphere d’on metrenbsp;de diamèlre , et l’on fera au milieu un trounbsp;de i3 mÜlim. d ouverture. Lorsque ce cóté seranbsp;aclievé , on Ie changera , et l’ontravaillera Taulrenbsp;cóté qu’ou rendra plal. 11 faut renfler un peunbsp;Ie modèle vers Ie milieu de sou épaisseur quinbsp;dolt être de gmillim, , afin qu’en Ie moalant onnbsp;pnisse aisémenl Ie i’etlrer du sable, li est bonnbsp;^ussi d’avoir deux modèles en plomb, pour quenbsp;moins, si en fondant une piece, eiie a quel-defaut, il s’en trouve une de bonne.
-ocr page 162-ï26 nbsp;nbsp;nbsp;le conservateur
Pour faire Ie modèle du petit miroir^ il faut prendre un petit cercle de bois ou de carton ,nbsp;de 23 a 27 miliim, de dianiètre et de 18 denbsp;hauteur, Ie poser sur Ia petite fonne , Tarrèternbsp;avec un fil de hr , qui passe en se croisant pardessus et par-dessous Ia forme , faire fondre dunbsp;plomb , et Ie coulcr au milieu de ce cercle surnbsp;la forme dont il prendra la llgure.
Ensuite on Ie réduira sur Ie tour a iSmillIm. de diamètre, et on Ie creusera conformément anbsp;l’arc de cercle convexe qui fait partie d’unenbsp;sphere de 16 centim. de diamètre. Lorsque cenbsp;cóté sera terminé , on en changera, et l’on feranbsp;l’autre cóté qu’on réduira k 14 miliim. de dia-mètre. Ce modèle aura 7 a 9 millimetresnbsp;d’épaisseur,
Comme les pelits miroirs manquent plus aisément a la fonte que les grands , il sera bonnbsp;d’avoir trois petiis modèles pour deux grands.
Lorsque les grands et petits modèles seront achevés sur Ie tour , il faudra les travaillernbsp;chacun sur sa forme , d’abord avec du gres , en-suite avec de Fémeril, jusqu a ce qu’ils soieutnbsp;parfaitement adoucis,
Ces modèles se moulent dans Ie sable, coinnic on y moule les formes de cuivre. On les rangenbsp;dans un chassis sur une planche , eu mettaui^
-ocr page 163-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;127
la surface concave aii-dessus. Afin queles niiroirs soieut pevcés , on faildespelitscjlindres de sablenbsp;On de teiTe grassc , qu’on pétrit et qu’on roulenbsp;Sur une table, Onleurdonne 27 millim. delon-.nbsp;gueursur iSdediamètrej on.Ies fait sécheral’air,nbsp;etensuite au feu. etonlesmel dansles ouverturesnbsp;desmodèles; Ie bout qui excède s’engage dans Ienbsp;sable dont on les couvre. On Ie bat avec un maillet , afin que la surface dumoule solt dure et unie.
Lorsque cette première partie du moule est finie , on pose sur Ie chassis , après y avoir éga-lement répandu un peu de sable , une planchenbsp;qu’on prend en même tems que celle de dessous,nbsp;et l’on retourne Ie tout ensemble. On ótenbsp;la planche qui se trouve sur l’autre cóté ¦, ounbsp;ooupe avec un couteau Ie sable autour des mcH-^èles jusqu’a 4 a 5 mülim. de profondeur , pournbsp;fiu’ils s’en dégagent plus aiséraent, lorsqu’oanbsp;Voudra les en reliier, et l’on secoue dessus un,nbsp;ïgt;onsif de charbon , afin que le.s deux partiesnbsp;du moule sepuissent sépaxer , sans que Ie sablenbsp;de l’un s’aitache a celui de l’autre. Alors on posenbsp;Ie second chassis , on 1’émplii de sable , onnbsp;Ic bat, on en i’épand de nouveau, on pose unenbsp;planche dessus, on retourne Ie tont, on donnenbsp;quelques coups de maillet, alm que les modèicsnbsp;s’ébranlent et quitient 1‘acileinent Ie sable, onnbsp;^épare l«s chassis el Ton óte les modèles, en
-ocr page 164-128
LE CONSERVATEUR
prenaiit garde d’arracher les cjllndres cjul riennent dans Ie sable : enfin on forme Ie jet.
S’il se trouve quelque défaut dans Ie moule , surtoul du cóté de la surface concave des ini-roirs , il fant Ie réparer 3 si Ie défaut est considerable , on recommencera a mouler Ie cóté quinbsp;n’a pas réussi ; ensuite on laisse sécher a Fairnbsp;les deux parties du moule. Lorsque Fon est pretnbsp;a fondre, on les fait chauffer sur un feu dcnbsp;charbonj et, avantque de les joindre ensemble,nbsp;on les passe sur la fumée d’un flambeau dcnbsp;résinc j on les rejoint, on les met enlre deuxnbsp;planches au milieu d’une presse bien serrée ,nbsp;el alors ii ne roste plus qu’a j couler la matièronbsp;doDt on doimera bienlót Ia composition.
Corn me il ain ive très-souvent qu’il se détache queiques grains de sable, qui empêchent la surface des miroirs d'etre aussi unie qu'elle devraitnbsp;1’ètre , on doit préférer les monies de cuivrenbsp;aux moules de sable. La maiière s’y moule pro*nbsp;prement, et Fon évite Ie temps el la peine denbsp;faire des moules a chaque fonte.
On creuse sur Ie tour, dans un morceau dc bois , un enfoncement de 54 millim. de dia-mètre sur 9 de profondeur , de manièrcnbsp;que Ie diamètre du fond soit de 2 millnU'nbsp;plus petit que celui de 1’enlrée. On reserve aunbsp;milieu un petit cylindre de 9 millim.
-ocr page 165-D £ LA y U E. nbsp;nbsp;nbsp;Ï2g
lie i5 niiJlim. de diamètre parleliaut ^ et de i6 rail liin. vers sa basciondouiie 7 niilliai.nbsp;d’épaisseui’ a toute la boite.
Sur Ie cóté de celle boilc , il faul coller une petite piece de bois de 27 millim. de longueur,nbsp;tie 18 millim. de largeur par Ie bout qui estnbsp;attaché a la boite , de 27 millim. de largeurnbsp;par Vautrebout, el de iSmillmi. d’épaisseur. 11nbsp;laut de plus que cette piece soit enlaillée denbsp;nianière que Ie fond soit de 2 millim. plus étroit.
On donne ce modèle a un fondeur , afin d’avoir une piece de cuiyre qui lui soit sem-blable j on travaille ensuite sur Ie tour Ie dedans de la boite seulement , en conservant Ienbsp;fond de 2 millim. plus étroit que 1’entrée , et Ienbsp;cylindre de 2 millim. plus étroit vers son ex-Iremiié que vers sa base , pour que la piecenbsp;qu’on j moulera en puisse aisément sortir. Onnbsp;adoucit avec une lime l’ouverture qui doit fairenbsp;une sorte d’entonnoir , et l’on abat la parlie dunbsp;eerde qui empêcherait la fonte de couler dansnbsp;Ie moule.
Cette boite doit étre appliquée sur une forme semblable a celle sur laquelle on travaille lesnbsp;tuiroirs , de maniëre que les bords joignentnbsp;bien par-tout, et qu’en même temps Ie cjliudrenbsp;du milieu touche aussi sur Ia forme. Pour jnbsp;parvenir aisément, il faut Ie creuser un peu ver;
9
-ocr page 166-'ll 5o nbsp;nbsp;nbsp;L E C o N S E R y A T E U ït
le milieu et en sorte qu’il ne touche pas les l)ords , et travailler la baite sur la forme ayecnbsp;un peu d'éméril.
Lorsqu’on veui se servir de ce moule , on y mot, avecun pinceau,unecouche d’ocre délayéenbsp;dans de I’eau j et, apres I’avoir fait chauffer , onnbsp;]e place dans une presse et 1’on y coule la ma-tière ; on I’ote dela presse lorsquil est refroidi ,nbsp;etl’ou retire la piece qui jestinoulee exactementnbsp;ayec le jet qu’on abat, apres avoir donne unnbsp;coup de lime a I’endroit oil Ton yeutle séparer.
On fera un moule de cuivre pour les petits miroirs de la même manière que pour lesnbsp;grands , excepté qu’il n’y aura pas de cjlindrenbsp;au milieu , et on se servira d’une petite formenbsp;semblablc a celle sur laquelle on trayaille lesnbsp;petits miroirs.
Jusqu’a present nous ayons donne la manière de laire les formes sur lesquelles on doit travailler les miroirs; nous allonsa present donnernbsp;la composition de la matière des miroirs, et lanbsp;manière de les fondre j de les travailler et denbsp;les polir.
Quelque peine et quelque soin qu’on prenne en faisant un rniroir de metal pour lui donnernbsp;une forme réguliere, et quelque temps qu’oonbsp;employe a le polir, si la composition de l^tnbsp;niaiiere n’esl pas bonne , le succes ne ré-
-ocr page 167-35 E L A V U E. nbsp;nbsp;nbsp;iSt
fiondra pas a I’esperaiice dont on s’étak flatté. C^eue malièredoit êtredure , cassante commanbsp;verre , pleine et serrée , presque dénuée denbsp;pores a sa surface , enfin susceplifile d’un polinbsp;plus vif que les miroirs de glace et qui se conserve sans se ternir. Or , voici une composition oil l’expérience nous a fait voir que tomesnbsp;ces qualliés se trouvent a la fois reunies.
L’on prend 20 onces ou 612 grammes du plus fill cuivre rouge qu’on nomme cuwre-rosette,nbsp;9 onces ou 275 gr. d’éiain d’Angleterre du premier affinage mis en grenailles ; au défaut denbsp;eet étain , on prend de celui qui vient desnbsp;Indes , que l’on nomme étain en petit chapeau^nbsp;cl 8 onces ou 245 gr. d’arsenic blanc.
Telle doit ctre la proportion des matières qui enlrent dans la composition des miroirs ,nbsp;ct qu’il faut suivre exactement dans les diversesnbsp;quantités dont on aura besoin.
Conime chaque miroir pèse environ une demi-livre Ou 245 gr. , on prendra autant de cuivre et d’étain qu'il en faudra pour que Ie poids denbsp;ces deux métaux pèse pres d’uue livre ou 489 anbsp;490 gt- 5 ‘-ar Ja fonte leur fait éprouver unnbsp;déchet considerable ; quant au poids de Far-senic , il ne doit être compté pour rien 5 car ,nbsp;purifiant les matières , la plus grande partienbsp;Ce raétal s’évapore en fumée.
-ocr page 168-XE CONSERVATEUR
Lorsque tout est prét, on met Ie feu dans Ie fourneau oü Ton a lt;i’avance posé Ie creuset ;nbsp;on I’échauffe par degrés de peur qu’il ne casse ;nbsp;et, lorsqu’il est tout rouge , on y met Ie cuivrenbsp;qu’on a scié ou rompu en inorceaux^j on soufflenbsp;Ie feu jusqu’a ce qu’il soit fondu ; on óte l’écumenbsp;avec une cuiller de fer que 1’on a rougie aunbsp;feu on fait fondre I’étain , on Ie verse dansnbsp;Ie creuset avec Ie cuivre j on remue Ie mélange afin que les matières s’incorporent ; alorsnbsp;on sépare l’arsenic en deux ou trois parties;nbsp;on les enveloppe dans autant de papiers^ et onnbsp;les jette séparément dans Ie creuset que Tonnbsp;couvre a cliaque fols environ 1’espace de deuxnbsp;minutes; ensuite on óte Ie couvercle , et, lorsque la matière ne fume plus , on I’ecume ,nbsp;on la remue avec la cuiller de fer rougie , onnbsp;la laisse au feu encore trois a quatre minutes,nbsp;alors on la retire, on I’ecume , on la remue;nbsp;et, avant qu’elle commence a se refroidir , onnbsp;la cüule dans Ie nioule , qu’il faut incliner dunbsp;cóté de la forme , afin que la matière par sanbsp;pesanieur en prenne exaciement la figure.
11 faul laisser la matière se refroidir d’elle-même , et ne point remuer les moules lorsqu’ella est encore liquide , nl les ouvrir avant qu’fisnbsp;soient refroidis, de peur que les miroirs, surprisnbsp;par l’aiv firold , ne se cassent ou ne se fendent-
-ocr page 169-U E L A V U B. nbsp;nbsp;nbsp;l55i
On doit bien prendre garde , comme j’en aide] a averti , qu’il ne tombe rien de froid ou d’humide dans la fonie : car celle matière ,nbsp;sorlant du creuset avec violence , se répandrait*nbsp;de tons cólés j on doit aussi éviter la fumée denbsp;i’arsenic ; il suffira de se meitre au-dessous du;nbsp;vent, pour ne pas être incommode de cetienbsp;vapeur pernicieuse.
Nous avnns fait observer que l’étain devait ètre en grenailles. Pour cela , il faut Ie fairenbsp;fondre; et, avant qu’il passe du blanc a d’autresnbsp;Gouleurs , Ie jeter sur un ballet qu’on tiendranbsp;au-dessus d’un vase plein d’eau. En passant anbsp;travers les brins de ce ballet, il se sépare ennbsp;petites parties qui tombent dans l’eau et for-*nbsp;ment de petits grains.
Avant de douner la manière de travaüler et de polir les miroirs , nous parlerons de l’é-meril et de la potée d’étain qui sont indispen'nbsp;sables pour ce double usage.
Lorsqu’on se sert d’émeril ordinaire , il faut avoir soin , a cbaque ibis que l’on en change ,nbsp;d’essuyer les formes avec une éponge qu’onnbsp;lave et qu’on exprime dans de l’eau que l’onnbsp;conserve , et dont voict l’usage.
Versez celte eau dans un raisseau plus pro-Ibnd que large j remuez l’eau et la poudre qui «quot;t au fond ; laissez-la reposcr queiques mis-
l54 nbsp;nbsp;nbsp;tE CONSERVATEüR
ïiutes , pour que les parlies les plus grossieren se préeipiienl j versez doucement Ie quart denbsp;cette eau dans un vaisseau semblable; remetteznbsp;de 1’eau , remuez-la , laissez-la reposer , etnbsp;•versez-en encore une partie ; contlnuez lanbsp;même manoeuvre , jusqu’ii ce que , la poudrenbsp;eommeiieant a manquer, l’eau ne soit plus sinbsp;trouble. Ce qui se trouvera au fond de ce premier vaisseau , sera un émeril très-inégal quinbsp;ne sera propre qu’a ébauchervos ouvrages.
Remuez beau du second vaisseau ; lalssez-la reposer quelques momens • versez-en un quartnbsp;dans un troisième vaisseau ; remeitez uii peunbsp;d’eau , remuez-Ia encore , iaissez-la reposer gt;nbsp;versez-en de même , et continuez ainsi tant quenbsp;l’eau paraitra trouble; ce qui restera dans Ie fondnbsp;du vaisseau sera un émeril de la première sorle ,nbsp;d’un grain égal. Vous laisserez reposer eettenbsp;eau jusqu’a ce qu’eUe s’éciaircisse ; vous la ver-serez en inclinant Ie vaisseau ; et , après avoirnbsp;fait sécber I’enieril que vous v trouverez , vousnbsp;en ferez de petlles masses.
Remuez l’eau qui sera dans Ie troisième vaisseau ; et , après 1’avoir laissc reposer quelques momcus , versez-la dans un quairième vaisseau ;nbsp;remetlcz de nouvelle eau , remuez-la, Iaissez-lanbsp;reposer quelques instans ; versez-la encorenbsp;dans !e quatrième vaisseau ; ce qui restera dans
-ocr page 171-D E L A V U E.,
fe trois lème vaisseau , sera un émeril de la seconde sorte, et beaucoup plus fin que Ie précédent. Lorsque I’eau sera éclaircie , vous la ver-serez , et vous ferez séclier I’emeril donl vous ferez encore de peiiies masses.
Le quatrièrne vaisseau comieadra nn émeril plus fin, dout vous laisserez éclaircir Peau, quenbsp;vous verserez; vous ferez sécher la poudre quinbsp;sera au fond ; vous en formerez aussi de petitesnbsp;masses , et vous aurez ainsi trois sortes d’é-merils, de plus en plus fins, qui serviront, commenbsp;on va l’enseigner, au travail des miroirs. ïellenbsp;est la manière dont on prépare rémeril dans Ianbsp;manufacture des glacés..
Passous a Ia potce d’étain. On appelle de ce iiom l’étain calcine au feu, et réduit en matièrenbsp;impalpable, Voici la manière de la faire.
Preuez une üvre ou 490 grammes du raeilleur étain d’An-fleterre ; metlez-Ie dans un creusetnbsp;que vous fermerez avec un couvercle de mêmenbsp;matière et que vous lutterez tout autoiir avecnbsp;de la lerre-glaise, oil vous mettrez de la bourre etnbsp;que vous pétrirez ; laissez sécher a i’air voirenbsp;Creuset lutlé; ensuite vous le mettrez dans Icnbsp;fourneau d’un potier de terre avec ses autresnbsp;oiivrages de poterie; et vous Pj laisserez jusquanbsp;que tous les vwsseaux soient cuits.^ Lorsqua,
-ocr page 172-i56 le conservateur lefourneausera refroidi, relirez Ie creusei; et, e»nbsp;l’ouvrant, vousy trouverez votre étain calcine.
Alors mcttez votre potée en poudre dans unvaisseau plein d’eau, remuez-la , laissezda reposer quelqiies momen , afin que les parties,nbsp;grossières, en vertu de leur pesanteur, se pré-cipilent au fond. Versez Ie tiers ou la inoliié denbsp;cette eau dans un autre vaisscau : remelteznbsp;encore de l’eau , remuezda , laissez-la reposernbsp;quelques ziiomens^ versez-la encore de Ia menienbsp;manière , et conlinuez tant que l’eau paraitranbsp;chargée de matière. Ce qui restera dans cenbsp;premier vaisseau , sera une potée d’étain iné-gale, mais celle du second vaisseau sera très-fine et très-épurée. Alors laissez reposer Tcaunbsp;de ce deniicr vaisseau jusqu’a ce qu’elle soitnbsp;cclefircie , versez-la , et faites sécher la potée quenbsp;vous trouverez au fond.
Prenez ensuite de cette potée j mettez-Ia sur un grand morceau de glace , mouillez-la, et,nbsp;avec un autre morceau plus petit , broyez-Ianbsp;jusqu’a ce c[u’elle soit d’une grande douceur.nbsp;Eiilin laissez-Ia sécher sur la glace; mais preneznbsp;garde surlout que, dans Ie lieu ou vous I’ex-poserez, Ie vent ny jette des saletés. Ainsi ilnbsp;serait bon de la metlre sécher au soleil dans une-chambre fermée , et de tendre uu linge au-^nbsp;¦¦fossus j pour recevoir ce qui pourrait torabec
-ocr page 173-DE LA VUE.
dii plancher; ou bien encore, on pourrait plus pi’omptement l’oblenir en la faisanl sécher aanbsp;leu , avec Fattenlion d’einpécher les cendres denbsp;voler sur la potée. Quand elle sera ainsi pré—nbsp;paree, a^ous l’óterez de dessus la glace , et vousnbsp;la serrerez dans une boite.
II est bon d’observer que , quand mêine on acbeterait la potée toute laite , il faudrait toii-jours la laver, la faire sécher et la brojer de lanbsp;nième manière.
JN’ous avons vu combien est essentielle la composiiion delamatièi’e des miroirs. La ré-gularité de leur figure , et la vivacité de leurnbsp;poli Ie sont encore davantage. Ainsi Ton nepeutnbsp;prendre trop de précautions pour leur donnernbsp;une figure parfaitement sphérique en les tra-vaillant, et surtout pour Ia leur conserver ennbsp;les polissant: en efïet, comme Ie poli use beau-coup , un miroir peut perdre au poli toute sanbsp;perfection , lors niême qu’ou croil Ie perfeC'-tionner.
Pour donner aux miroirs une figure spliéri-que , prenez la forme de cuivre de 12 centimetres j avec du mastic , attachez-la sur un niorceau de bois rond, de 5 centim. de hauteur sur 8 centim. de diamètre qui tienne surnbsp;une plaiiche de 27 a 52 centim. unpeu lourde ,nbsp;öfin que la forme sent stable., Travaillcz d’a-
-ocr page 174-138 nbsp;nbsp;nbsp;LH CONSERVATEUR
bord votre miroir avec dii gros émeril et avec: la main sans molette. En eflet, comme lesnbsp;moleltes sont cause que les bords se travaillentnbsp;plus que le milieu, et dégénèrent par conséquent de la figure spherique , elles sont pré-judiciables a la perfection des miroirs j onnbsp;conduira done le miroir simplemeat avec lanbsp;main , comme nous I’avons déja enseigné ennbsp;parlant du travail des formes j e’est-a-dire, ennbsp;decrivant des cercles , tels que le centre dunbsp;aniroirpasse parle centre de la forme et reviennenbsp;vers le bord de la mème forme, ensorte quele-miroir n’excede la forme que d’environ 9 mil-lim.; et qu’en avancant par degres , Ton fassenbsp;le tour de la forme. De plus , dans cette operation , Ton aura soin de tourner sur eux-memesnbsp;et la forme et le miroir, afin que I’un et I’autrenbsp;se travaillent egalement et régulièrement par-tout.
On continuera avec le même émeril, jusqu’a ce que le miroir ait pris une forme réguliere.nbsp;Cependant, s’il ne resiait plus que quelquesnbsp;pelits trous qui, par leur profondeur , auraientnbsp;de la peine a se corabler sans user un peu tropnbsp;du miroir, il vaudrait mieux les laisser quenbsp;d’aller plus loin ; car il est essentiel de savoirnbsp;que cette matière n’est bonne que dans sa super-ficie. Des qu’on creuse trop avant, on decouvre
-ocr page 175-D E L A T U E. nbsp;nbsp;nbsp;^ gt;9
peiits trous d’abord imperceptibles, aiais lt;iui augmeiitent en grosseur a mesure qu’oanbsp;crcuse davrntage , et qui finiraientpar empêchernbsp;miroir de prendre un beau poli.nbsp;L’observation qu’on vient de faire est de Ianbsp;plus grande importance. 11 en a couté bien dunbsp;^tavail et de la dépense , avant qu’on ait re-connu que la bonté de cette matière ne con-sisteque dans une superficietrès-mince, et que,nbsp;plus on avance au de-la , plus elle devient dé-fectueuse. Ce fui en vain qu’on chercha, parnbsp;une infinilé d’expéiiences , ce qui ne se pouvaitnbsp;trouver qu’en ménageanl cette superllcie, dontnbsp;on ne connaissait pas d’abord lout Ie mérite ,nbsp;61 qu’on usait trop avant pour óler les inéga-^dés qui provenaient de la fonte.
Ces pores, qui iiiondent l’intérieur de cette ïnatière, naissent de la grande rarefaction qu’ellenbsp;épz’ouve a la fonte j car, lorsqu’onla coule dansnbsp;Ie nioule, c’estla surface du miroir qui se durcitnbsp;Ja première. Tantque Ie dedans du miroir et dunbsp;je! est liquide., la matière s’entasse: mais,commenbsp;Ie jet estplutói dur que Ie dedans du miroir, et quenbsp;Ie dehors du miroir est ce qui se durcit d’abord,nbsp;® uiesure que Ia matière du miroir se refroidit,nbsp;6^1e se serre, el forme depetits vides, qui s’agran-^1'ssent a proportion qu’on approche du milieu.nbsp;Lorsque Ie miroir , après avoir pris la figure
-ocr page 176-l4 gt; nbsp;nbsp;nbsp;tE CONSERVATEUB.
de la forme , comniencera a s’adoucir au mojeiï’ du gros émeril, vous Ie laverez ainsi que lanbsp;forme; et , prenanl un morceau d’émeril denbsp;la première_sorte , après Tavoir un peu mouiliénbsp;d’un cóté , vous en frotlerez légèrement votrenbsp;forme, car il faut a chaque fois fort peu d’émeril;nbsp;et vous continuerez a travalller jusqu’a ce quenbsp;rémeril soit usé: aiors vous essuierez votre formenbsp;et votre miroir , et vous en remeltrez une seconde et une troisième fois, en employant environ une demi-heure a ce travail.
Vous prendrez ensuite de Témeril de la seconde soi^te , après avoir lavé Ie miroir el ia forme; vous en remeltrez une seconde fois, etnbsp;vous continuerez ainsi pendant une dernie-heurenbsp;a adoucir votre miroir.
Enfin vous prendi’ez de l’émeril de la troisième sorle,sur lequel vouspasserczunverre qui aura lanbsp;figure de votre forme, et que vous réservereznbsp;pour eet usage , afin qu’ilne sy Ironvo pis denbsp;grains capabies de rayer : von; laverez encorenbsp;une fois Ie miroir, s irtout rouverlnre du mibea;nbsp;ensuite vous Ie remeltrez précisément sur Ienbsp;inême endroit ou il étoit • vous continuerez , ennbsp;jeltant de teras en lems quelques gouttes d'eau ,nbsp;a radouoir pendant un bon quari-d’bcure, etvoli’enbsp;miroir sera enfin en état d’etre poli.
Nous ferons ici une remarq le esscutlelle
-ocr page 177-DE L A V ua. nbsp;nbsp;nbsp;j4‘
c est que , plus un miroir est adouci, plus ii re-coit facilenienl Ie poü, et m«ins la figure est su-jette a se perclre.
11 ne faut done pas épargner Ie tems pour Ta-doucir. Car on serail une demi - journée a polir un miroir mal adouci , qui ne yaudranbsp;peut-ê:re rien , tandis que , s’il est bien a:louci ,nbsp;d sera poli dans l’espace d’une demi-heure.
Passons maintenant a Ia manière de polir I3 miroir.
Quand on aura fini de C doucir, on Ie lavera dans I’eau en Ie fiottant avec de peiitcs brosses,nbsp;de peur qu’il ne roste de I’emeril qui pourraitnbsp;ie rayer, quand on Ie polirait.On nettoyera sui-tout l ouverture du mdieu , et on lavera aussi lanbsp;foi’nie de cuivre.
Aloi s on prendra une feuille de beau papier uni et bien net, mais Ie moins collé qu’il sera possible;nbsp;on choisira l’endroit du papier qui, en Ie mirantnbsp;au grand jour, paraitra Ie plus égal el Ie pusnbsp;pro]ire ; on y coupera de biais une bandenbsp;de 16 centimetres de long sur 7 centim. [denbsp;large : je dis de biais, afin que toutes les raytsnbsp;du papier traversent obliquement Ia bande. Onnbsp;posera ce papier sur un morceau de glace; et ,nbsp;avec Ie dos d’un canif, on cherchera les en-droits qui seront raboteux,et on les redressera avecnbsp;tranchant Ie plus légèrement qu’il sera possi-
-ocr page 178-LE CONSERVATEÜK.
ble j lorsqu’on sentira quolques peiiies pierres * on li s ólera ayec grand soiu et sans déibin r Ienbsp;papier. Quand üparaitranetioyé, etqii’e t posantnbsp;partout Ie dos du canif, on ne sentira lien quinbsp;résiste , on pr( ndra un peiit verre plat de 2 a 5nbsp;centim. de dianiètre , ori Ie posera sur Ie papiernbsp;éiendu sur Ie grand morceau de place • et, en ap-pujarit ^ I on sentira fatüement tout ce qu’il ynbsp;aura a óter dans Ie papier.
Alors on prendra de l’empois qu’on metira dans un linge fin; el, après 1’cnavoir exprimé, onnbsp;en étendra un pen avec Ie doigt sur la bandenbsp;de papierjlon posera ce papier sur la forme, denbsp;manièrequ'unedesgrandes ra es qui Ie traversen tnbsp;se trouve sur Ie milieu. On passera Ie doigtnbsp;dessiis adn qu’il s'y atlache , et qu'il ne s’insinuenbsp;dessous auctine bulle d’air. Si cela par hazardnbsp;arrivait, on leverait par un bout Ie papier jus-qu’au milieuj et, coulant Ie doigt par dessus Ienbsp;milieu vers Ie bord , onl’appliqueraitde nouveau ;nbsp;ensuite , relevant de même l’autre cólé jusqu’aunbsp;milieu, et y passant, Ie doigt de la mêmemanierenbsp;on Ie recollerait : Enfin l’on arrêtera les deuxnbsp;bouts de papier sur Ie bois qui porie la forme.
II est bou après cela de passer doucement sur Ie papier collé Ie verre qui a servi a écrasernbsp;Témeril , après l’avoir lavé et essuyé pour qu’ilnbsp;soit uui. On Ie laisse , jusqu’a ce qu’il soit sec ,
-ocr page 179-D E L A V U E. nbsp;nbsp;nbsp;145
exposé a l’alr dans un endroit oü il n’y puisse i'ien tomber de uuisible. Alors on passe encorenbsp;dessus Ie dos du canif, et l’on examine si riennbsp;ne résiste , de peur que quelque petit gres ,nbsp;t’eslé dans l’empois , ne raye Ie miroir a travers Ie papier. Enfin l’on prend un autre verrenbsp;de 5 a 6 centim. de diamètre , que l’on doitnbsp;avoir creusé sur la forme avant que de faire Jenbsp;niiroir. 11 faut avoir soln de Ie repasser sur cettenbsp;forme avec un peu de gi’ès sec et passé par unnbsp;tarnis lin , a 1’avant-dernière fois qu’on met dunbsp;gros émeril , afin que Ie verre ait absolumentnbsp;la mêmeconcavitéque Ie miroir qu’on travaille ,nbsp;et en même tems que la forme puisse s’adoucirnbsp;par Ie dernier gros émeril qu’on emploie etnbsp;par les sories sulvantes. On lavera ce verre quinbsp;doit être rude a peu-près comme une limenbsp;fine , on 1’essuiera et on Ie passera plusieursnbsp;fois en long et en appuyant sur Ie papier, afinnbsp;d’user toutes les inégalités qui s’y trouveront etnbsp;de lui donner une figure semblableala forme surnbsp;laquelleyl est collé j onprendra gardesurtout denbsp;ne pas user plus Ie milieu du papier que les bords jnbsp;ensuite on passera dessus Ie dos du canif et ienbsp;verre qui est adouci, pour voir s’il ne se trou-verait rien qui fut capable de rayer ; enfin ,nbsp;^nrepassera Ie verre rude une dernière fois.
Le papier étant ainsi apprêté , on prend une
-ocr page 180-ï44 nbsp;nbsp;nbsp;^ E N S E R V A T E U ïl
pincée de potée d’étaiii préparé'quot; comme on l’A enseigné ; on Fétend également avec Ie doigt jnbsp;et, après avoir mis queli^ues gouUes d’huile d’o-live sur Ie verre adouei , on Ie passe sur lanbsp;Lande de papier , jusqu’a ce que la polée soitnbsp;également répandue sur toute la surface. Alorsnbsp;on pose dessuslemiroir, aprèsy avoir mis unpeunbsp;d’huile; et, saus se scrvir de molette , on Ie tientnbsp;avec les deux mains, on Ie pousse en avant eton Ienbsp;retire a soienappuyant, et surtout en ayantsoinnbsp;delelournerdeiiioment a autre, afinqu’il sepo-lisse également; et l’on remet de ia potée saus hui-le; en effet, poureflacer les raies du miroir et luinbsp;donuer un poli vif, Ie papier et la potée doi-vent aussi sepolir el devenlr luisans , ce qu’em-pccherait l’hulle si l’on en remeltait. Quand Ienbsp;miroir a été Lien adouci , il est poli en nioiusnbsp;d’une demi-heure. Lorsque loutes les raiesnbsp;sont efl'acées , et que Ie poli parait parloutnbsp;égal et d’une grande vivacité , on l’essuienbsp;avec un morceau de chamois. S’il resic quel-ques raies légèi es , on n’a plus, pour les fairenbsp;disparaitre, qu’a ifolter Ie miroir avec ce chamoisnbsp;en appuyant Ie doigt dessus^ et en Ie conduisantnbsp;également partout. Si les raies étaient un pennbsp;profondes , il vuadrait raieux les laisser que denbsp;galer la figure du miroir, en lefrotlant trop|long'nbsp;temps. Après l'avoir Lien essuyéavec un chamois
-ocr page 181-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;145
bien propre , on prendra de l’csprit de yin on ^’ou trempera du coton bion nétojé , afin qu’ilnbsp;s’y trouve rien qui puisse rajer Ie mirolr , 011nbsp;laéloyera jusqu’a ce qu’il neparaisse plus gras;
5 après l’avoir esseye avec du colon , il se ti'Ouvera enfin achevé.
Pour Ie conserve!’ jusqu’a ce qu’on puisse Ie nietire en place , on Ie déposera dans une lassonbsp;de porcelaine ou de fayencc que Ton couvriranbsp;d’un moi'ceau de glace j ayec cette precaution,nbsp;Hl la poussière ni la fuméene pourroot Ie gaier.
Pour x’éussir aiséinent a polir un miroir , il laul que Ie papier ne soit ni trop gi as ni trop sec;nbsp;s’il est trop gi’as, la potée d’étainne sy attachenbsp;pas suöisamment; s’il est trop sec , Ie miroir nenbsp;prend pas un poli égal , pour peu qu’on aitnbsp;Hn pcu trop usé la première surfiice qui est irès-Hiince , et seule capable de recevoir un beaunbsp;pol’, On remerque souvent dans les miroirs denbsp;petites places qui, vues sous un certain jour ,nbsp;paralssent les unes plus profbndes , les autresnbsp;plus élevées. Plusieurs niêmes sont d’un polinbsp;plus vlf que les autres : de tels miroirs ne for-Hxent que des images confuses.
Ce défaut vlent vraisemblablement de ce que bon commence a découvrir des endroits quinbsp;sont remplis d’une infinite de petils pores quinbsp;échappent a la vue , maïs qui dans ces endroits
10
-ocr page 182-l45 nbsp;nbsp;nbsp;XE C o N S E R 7 3^ T 15 U R
i’cndent la malière pi'is faciie a s’user ati po!! et moiiis proprc a réfléchir vivenient la lumière.nbsp;Plus on aura usé de la première surface d’unmi-roir, plus il se irouvera de c s places qui ne pren-ueut pas un poli yif ; on ne peut done prendrenbsp;trop de precautions pour conserver au papiernbsp;un degré de molesse suflisant pour quo Ie mi-roir se polisse promptement et que les partiesnbsp;oil soat les pores , el qui par ceU même sontnbsp;les plus tendres , ne s’enfoiicent pas plus qnenbsp;les autres. I! faut eiicore avoir soin de metirenbsp;sur Ie papier une quantité suflisante de potéenbsp;d’élain,-Ieniiroir en seraplulólpoü cl en recevi’anbsp;une surface plus parfalte.
Ledéfaut dont un vient de parler est presque imperceptible et très-difficile a découvrir : onnbsp;s’imaginerait plutót que Ie rairoir aurait perdunbsp;sa figure. Alors Ie seul parii a prendre est d’óiernbsp;Ie papier , d’adoucir une seconde fois Ie miroirnbsp;avec un peu d’émeril de Ia troisième sorte ,nbsp;écrasé et blen usé auparavant avec Ie verre , denbsp;coller un nouveau papier , et de Ie polir avecnbsp;les precautions qu’on vient de prescrire , pourvunbsp;toulefois qu’il n’ait pas été trop usé eu Ie ira-vaillant : car, si les places quineprennent pasunnbsp;poll si vif dominent et sont en grande quantile ,nbsp;il est inutile de Ie rccomniencer , il faut Ienbsp;refondre.
-ocr page 183-D E L A V U E. nbsp;nbsp;nbsp;147
Quant au petit miroir , après y avoir soudé ^ 1’étain un morceau de cuivreépais de 4 ^ 5nbsp;rtidlim. qui servira pour Ie monter , il 1'aut Ienbsp;travailler et Ie poJir absolument de la mêmenbsp;tttanière.
Si nous nous sommes étendus un peu Ion-guement sur la facon decomposer les miroirs niétalliques , c’est que Toubli de la moindrenbsp;circonstance dans cette parlie peut être très-préjudiciable. Nous serons beaücoup plus courtsnbsp;surl’article des verresdifférens , dont nous allonSnbsp;nous occuper.
Voici la marcbe que nous suivfons : nous parlerons d’abord de Tart de faire et de polirnbsp;les grands verres objectifs , ensuite de iravaillernbsp;polir les verres oculaires j enfin , de fairenbsp;les leniilles ; ce qui comprend tous les verresnbsp;t^ui ont rapport aux telescopes , aux lunettes
aux microscopes. Parlons d'abord des verres objectifs.
Enire les diverses méthodes que les dlfférèns Auteurs qui om écril sur cette matière don-ftent pour faire les formes , et iravailler leSnbsp;Verres , les uns exigent des machines aussi dis-pendieuses quedifficiles a construire ; les autresnbsp;prescrivent un travail aussi long qu’incertain.
méthode qu’on va exposer n’a aucuu de ces mconvéniens ; elb est aussi simple que sure,
-ocr page 184-»i48 quot;XE conservateur et en rnême temps d une exécutioa si promptenbsp;que Ie verre et ia forme se travaillent en mêmenbsp;temps. Mais , comma la bonté d’un verre ob-jectif depend non-seulement du travail, maisnbsp;encore de la matière , il faut commencer parnbsp;connaiü’e , pour être en étai de les éviter ,nbsp;tons les défauts qui peuvent se rencoutrernbsp;dans cette matière 3 car il est rare de irouvernbsp;«n morceau de glacé qui en soit lout-a-faitnbsp;exempt , surtout s’il est un pen grand. On ynbsp;trouve en abondance des points , des larmes ,nbsp;des Jilets, Nous avons vu une glace plate desnbsp;deux cótés, qui, comme un verre objectifynbsp;ïéunissait les rayons de lumière a une fortnbsp;grande distance. C’était une larme qui s’y trou-vait, c’est-a-dire , une partie de matière plusnbsp;dure que celle qui renvironnait , et quiavaitnbsp;line figure convexe , a peu-près comme Ie cris-tallin de l’oeil au milieu de riiumeur aqueuse.
Les points se forment lorsque [la matière, qui est toute rouge en sortant dri foUrneau ,nbsp;est exposée a l’air froid3 sa siiperficie se re-froidit la première, se resserre et se durcitnbsp;pendant que Ie milieu est liquide ; comme cettenbsp;matière inlérieure occupe plus de place lors-qu’ellc est raréfiée , que lorsqu’elle est re-froitlie, elle lalsse des petits vides remplisnbsp;seulement d’uue matière très-subtile , et quinbsp;forment ce qu’on nomme des points.
-ocr page 185-DE LA VUE.
Lorsque la glace a etc soufflée et aplatie en~ ï'wite , les points sont longs , au lieu qu’ils sontnbsp;ronds lorsque la glace a été coulee. Les grandes'nbsp;glacés sont coulees sur des tables , et cette sorts*nbsp;glace est la meilleure pour les verres.
Les larmes qui se trouveni dans la glacé étant plus dures que Ie reste , elles détournent les.nbsp;rayons; et souvent,lorsqueleurfigureest convexenbsp;elles les rassemblent en de certains points. Lesnbsp;biets , qui sont aussi d’une matière plus dure quenbsp;Ie reste , sont également dangereux.
II exists encore un défaut, qui consists en ce que souvent une plaque de, glace est composéenbsp;be plusieurs tables ; il provient de ce que,nbsp;les ouvriers ,, lorsque la glace est un peu,nbsp;grande , prenncnt de la matière a plusieurs reprises pour la composer.
Pour éviter tous ces défauts dans un morceau. be glace void la manière qui nous a paru la.nbsp;meilleuve et Ia plus facile. 11 faut. avoir un.nbsp;miroir concave d’un foyer un peu long , poser.nbsp;sur ce miroir la glace qu’on veut éprouver ,nbsp;tenir une lumière a la main, dans un lieu obscur,.nbsp;et se reculer en regardant la lumière dans Ienbsp;ïniroic , jusqu’a ce que.tout Ie miroir.et la glacenbsp;qfo est. dessuS soient tellemeut éclairés , qu’ilsnbsp;paraissent tont en feu ; alors on reconuaitranbsp;tous les, défauts de Ia glace i op. j verra fad^
-ocr page 186-l5o nbsp;nbsp;nbsp;L E coNSERVATEüR
lement les larmes , les points , les filets , les fibres, les tables j il sera done alsé de pi'endre,nbsp;dans une plaque de glace un peu grande , l’en-droit qui sera Ie meilleur. Pour Ie couper , onnbsp;fera un trait dessus avec une pointe de diamant; et , en donnant quelques petits coups,nbsp;les morceaux se séparcront,
Vojons mainlenant la manièi e de donner au verre objectif et a la forme une figure spliériqne.
Après avoir choisi un morceau de glace d’une grandeur convenable, vous l’arrondirez avec lesnbsp;pineesj ensuite, vous en userez les bords dans unnbsp;bassin de fer un peu cieux pour qu’ils soientnbsp;bien lerminés , vous preiulrez une plaquenbsp;de glace des plus épaisses , et au moinsnbsp;d’un tiers plus grande que Ie verre que vousnbsp;voulez travailler ; par cxemple, si Ie verre doitnbsp;avoir io8 millimetres de diamèire , la plaquenbsp;qui doit servir de bassin, en aura 162 denbsp;diamètre. Vous la fixerez sur un modèle denbsp;bois avec du mastic ; vous creuserez cette plaque', ct un verre plus petit que robjectii' quenbsp;vous voulez travailler, avec dugrès sec; de sorlenbsp;qu’en appüquanl un are de cercie dont Ie rayonnbsp;soit de la longuêur du foyer du verre que vousnbsp;vüulez faire, vous trouviez qu’il touche egalenientnbsp;pariout. Prenant alors la glace que vous aureznbsp;eboisie pour faire robjectit', vous la Iravaillerez
-ocr page 187-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;l5x
f^ans ce bassin , d’aborcl lavec du gres, ensuite I’acloucirez j enfinvous la frottcroz sans grèsnbsp;coniie Ie bassin, afin de la rendre luisante,nbsp;pourquelcs rayons de lumièrepuissent passer anbsp;dravers el qne 1’on reconnaisse un pen les objetsjnbsp;car alors, en y ajoulant un verre d’un foyer connu,nbsp;ct les exposant an. soleil, vous am ez un nouveaunbsp;foyer nioindre que celui du verre deja connu,nbsp;Si vous vous appercevez qu’il est plus long ounbsp;plus court que vous Ie désirez , vous continuereznbsp;creuser ou rcdrrsser Ie bassin jus(ju’a ce quenbsp;Vous ayez aticint a pcu pres Ie point que vousnbsp;demandez. II vaut inieux que Ie foyer soit tropnbsp;long, paree qu’en travaillant Ie second cóté , Icnbsp;i^assin se creusera encore , et par conséquentnbsp;io foyer se raccourcira. C'est dans ce bassin/nbsp;*laevouslravaillerez voti e objectif, d’abord aveenbsp;grès sec , mais sans employer les moietiesnbsp;, usant plus les bords que le milieu , Jeraientnbsp;l-crdre au verre la figure spbérique j ensuite avecnbsp;du gros émeril mouilbé, jusqu’a ce que les trousnbsp;du grès soient effaces. Mals suriout ayez soinnbsp;en travaillant , soit au giès , soit a 1’émcril,,nbsp;de remarquer le cóté du verre qui se irouveranbsp;io plus épais; et c’est a quoi vous parviendreznbsp;falt;ilenient en mesurant i’épaisscur des bordsnbsp;coire les pointes d’un. compas courbe : car ,nbsp;^près avoir pils au juslc l’épaisseur d’un cóté , a,
-ocr page 188-i52 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
4 on 5 millim. de diitance du bord , il est aisé , en présentant cette même ouveiture a, d’antresnbsp;cÓJes, de relnarquer si c’est a Ia même distance du bord que les pointes du compas s’ar-rètent. Si les pointe - peuvent embrasser Tépais-scur du verre jusqu’a 6 Ou -y miilim: de distancenbsp;du bord , c’esl une marque que ce cóté est plusnbsp;miüce que celui par oii vous avez commence; alorsnbsp;il faudra, en travaillant, appujer un peu plusnbsp;surle cóté plus épais. Si au contraire les pointesnbsp;ne peuvent embrasser Ie verre qu’a i ou 5 mil-lim. du bord, ce sera un indice que ce cóténbsp;sera plus épais cpie Ie cóté oppose, et il faudranbsp;appuyer dessus davnntage. On eontinuera denbsp;la s rle eet examen, jusqu’a ce que les pointesnbsp;du compas s’arrêtenl partout a uiie égale distancenbsp;du bord; ce qui prouvera que Ie verre est par-toul d’égale épaisseur. Saus cela, quelque exactnbsp;que soit Ie travail de votre verre , et quelquenbsp;parfaite qu’eii soit la niaticre, 'i! ne pourra pasnbsp;réussir, s’il est d’inégale épaisseur, et si sa plusnbsp;grande convexitén’estpas précisémentau milieu.
11 faudra observer pour les verres la même maiiière qu’on a déja prescrite pour les mireirs;nbsp;c’est-a-dire, qa’il faudra conduire Ie verre denbsp;manière epe son centre décrive des cercles quinbsp;passent tons vers b s bords et ensnite vers Ienbsp;centre du bassin , en ayont soin d’avancer in-
-ocr page 189-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;l53
sensiblement tout nntour , de touvner Ie verre peu a peu sur lui-mème , et de changer de lemsnbsp;tems Ie cóté de la forme qu’on a devani soi,nbsp;cjue Ie verre soit partoui également iravailié.nbsp;Aprcs Ie gros émeril, vous prendrez des iroisnbsp;Quires sorles d’émeril dont nous avons parié;nbsp;^ous travaillerez avecla première sone une iieurenbsp;de lems, et une demi-beure avec chacune desnbsp;deux autres. Chaque Ibis que vous changereznbsp;de sorte , vous lavcrez bien Ie verre et la forme;nbsp;Gnsuite vous remeltrez quatre ou cinq fois dunbsp;nouvel émeril , après avoir cssuyé avec unenbsp;éponge celui qui est usé. A la dcrnlère lols ounbsp;vous raeltrez du troisième émeril , ii l'audra tra-quot;vailler un quart-d’heure avec Ie rnème j ensultenbsp;enlever Ie verre, Ie bien laver, Ie poser sur Ienbsp;niême endroit oü il était de peur de rencontrer,nbsp;Ie posant ailleurs, quclques grains d’émerjinbsp;lt;^apables de Ie rayer- óter avec Ie doigt Témerilnbsp;qui se trouve aütour de la lorme , jusqua sjnbsp;millim. de distance du bord, et continuer Ie travail en jetant de tems a autre quelques goultesnbsp;d’eau sur la forme , pour que I’emeril restenbsp;foujours humide. Plus vous einploierez de
foms a ce dernier travail, et nüeux voire verre
®^t’a poli. S il s’y trouve encore tiop d’émeril , vous pourrez en dier 5 lorsqu’un peu d’émeril ,nbsp;pris sur la forme et mis sur un morceau de glace,
-ocr page 190-i54 nbsp;nbsp;nbsp;Igt;E CONSERVATEUR
sera sec, vous paraitra blanc et réduit en unlt;? poudre impalpable , vous cesseiez d’adouciivnbsp;Afin de pouvoir óter votre verre sans Ie rayer,nbsp;vous mouillerez un pen plus la fornie j enfinnbsp;vous la laverez aussi bien que Ie verre , qui senbsp;trouvera en etat d’êlre poli.
Kous finirons cel article par cette observation importante : si, en iravaülant et en adoucissantunnbsp;verre objecllf, on lui fait dcciire rle tropgrandsnbsp;cercles et qu’il déborde trop sur la forme , il nenbsp;se polit pas égalcment par-tout, mais seulementnbsp;vers Ie milieu ¦ si , au contraire , on lui fait dc-crire de trop pelits cercles et qu’il ne débordenbsp;point assez sur la forme , il commence a senbsp;polir seulement vers les bords. Le rapport dunbsp;diamètre d’un verre au diamètre du bassin étantnbsp;de 3 a 5 , le verre doit déborder un peu moinsnbsp;que du tiers de son diamètre. Voyons a présentnbsp;comment on fiolit les verres objeetifs.
Vous prendrez une bande de beau papier r mais le moins colié qu’11 sera possible j et ^ aprèsnbsp;l’avoir néioyé comme on a piescrit de le filrenbsp;a I’anicle des miroirs, vous le collerez sur lanbsp;forme , et vous le laisserez sécher a 1’air dans^nbsp;un lieu ou il ne tombe pas de poussière j en-suiievous prendrez un morceau de verre arron-di, de 4t a 54 millim. de diamè.'re , vousnbsp;fuserez avec du gres sur un morceau de glace
-ocr page 191-DE LA V U E. nbsp;nbsp;nbsp;l55
platte , jusqu a ce qu’il devienne Irès-nide; vous 1^ déborderez dans un bassin un pen creux avecnbsp;’l’i gres sec , afin que Ie bord devienne rude anbsp;tour j et , après 1’avoir lavé et essuyé , vonsnbsp;1® passerez a plusieurs reprises sur Ie papier , etnbsp;Ses bords 1’useront également par-tout. Lorsquenbsp;papier sera blen uni , vous prendrez du tripoli de Venise ie plus léger et Ie plus doux qu ilnbsp;Sera possible de trouver; vous ratisserez légere-^lent celte picrre , et vous en repandrez lanbsp;pOudre sur volre papier ; si Ie tripoli est biennbsp;tloux , en passant la pierre sur Ie papier el!enbsp;seréduira enpoudre; vous étendrezcettepoudrenbsp;®tir la forme avec unmorceau de papier j et, aprèsnbsp;^’voir soufflé celle qui ne se sera point attacbée aunbsp;papier, vous conduirez dessus, et en long, votrenbsp;''^erre, en appuyant d’abord légèrcnienl et ensuilenbsp;®vec force ; vous remettrez du tripoli par 4 a 5nbsp;lots 5 el, après une heure ou deux tout au plus ,nbsp;¦Votre verre sera poli j mais a la dernière foisnbsp;'^ous Ie travaillerez au moins une demi-heurenbsp;övec Ie même tripoli.
Nous observeroris ici que Ie tripoli de Venise est espèce de craie de couleur jaunatre ; on ennbsp;trouve cbez les gros épjciers et les lapidaires. Cenbsp;tripoli donue une vivacitéadmirableauxverres; la
potee d’étain polil aussi passablemenl j mais eile f st inférieure au tripoli pour les verres. Pour Ie
-ocr page 192-rendre plus doiix, on Ie met en poudre , on Ie broje sur une glace avec ufje autre plus petite gt;nbsp;en Je mouillant un peu, et ensuite on Ie remctnbsp;en masse.
Si votre objectif est large et niince , 11 pourrait plier en appuyant dessus ^ alors il faut atlachei’nbsp;sur ce verre un autre verre un peu épais avecnbsp;du mastic, compose de poix noire fondue sufnbsp;Ie feu , et nièlée ayec de la cendi-e passée pafnbsp;un tamis ; mais, afin de separer plus aisémentnbsp;ces deux verres l’un del’autre , colkz sur votrenbsp;objectif un morceau de papier ^ et , après qu’dnbsp;sera sec ^ chauffez votre verre , de peur qu’Ilnbsp;ne casse , élendez-y du maslic prescjue liquide»nbsp;et appbquez-y votre aulre verrelorsqu’il faudranbsp;les séparer , vous ferez chauffer doucement leSnbsp;deux verres , jusqu’a ce que Ie mastic cleviennenbsp;nn peu liquide , vous les séparerez - et, avec uOnbsp;couteau chauffé au feu , vous enleverez 1®nbsp;inastic qui sera sur Ie papier; ensuite vous met'nbsp;trez Ie verre dansl’eau, el Ie papier se décollera-aisément.
11 s’agit a pi’ésent de Iravailler Ie verre paf son autre cóté; ayant tout, il faut s’assurer s’dnbsp;est d’égale épaisseur tout autour des bords inbsp;pour cela , présenlez au soleil Ie cóté plat dunbsp;verre, et metlez un carton entre ce verre et 1®nbsp;soleil, de rnaiiière que ses rayons tombent suf
-ocr page 193-DE LA VU E. nbsp;nbsp;nbsp;iSy
1b verre et soient réfléchis sur Ie carton : car ee ''^Prre les réfléchira a la 6® partie da diamètre denbsp;sphere dont il hdt partie , comme un miroirnbsp;Concave les réfléchirait au quart du diamètrenbsp;sa sphere; èloignez ou rapprochez Ie cartonnbsp;J^sqn’a ce qu’il soit au fojer. Si Ie verre est d’é-gale épaisseur tout autour , vous verrez peiiitenbsp;lt;Jessus l’image du solell, au milieu dun grandnbsp;eerde beaucoup moins écialré : cette image estnbsp;formée par Ie fond du verre déja travaillé , et Ienbsp;grand eerde luminenx est formé par Ie cóté platnbsp;de ce même verre. Si au contraire Tlmage dunbsp;soleil est plus pres d’un cóté , c’est une marquénbsp;que Ie verre n’est pas d’une égale épaisseur.nbsp;¦^iors il faut remarquer Ie cóté ou l’image dunbsp;soleil est plus volslae du bord du eerde écialré jnbsp;si c’est du cóté gauche , c’est aussidu cóté gauchenbsp;que Ie verre est trop épais ; pour vous en con-Yaincre , tous n’avez qu’a porter Ie doigt sur Ienbsp;¦Verre , et Fombre paraitra du même cóté sur Ienbsp;eerde lumineux; par cemoyeu vous connaitrcznbsp;precisément sur Ie verre Teudrolt Ie plus épais,nbsp;et vous aurez soin de l’y marquer.
Vous coUerez, sur Ie cóté travaillé de votre ’'^erre , un morceau de papier; et, lorsqu’il seranbsp;, Yous marquerez ayee de Fcncre Fendroitnbsp;qui Sera Ie plus épais. Ensuite vous iravaillercznbsp;ie second cóté sur la forme du verre , de la
]55 nbsp;nbsp;nbsp;LECONSERVATEUR
niême manière que vous avez travaillé Ie premier j YOus appuierez un peu plus sur Ie cóte Ie plus épais, et vous examinerez, avec un compasnbsp;recourbé , s’il ne devient pas plus miuce quenbsp;Ie cólé oppose. Lorsque les bords serout d’unenbsp;égale épaisseur, vous lournerez de tnomens anbsp;autres Ie verre dans votre main , en iravaillantnbsp;toutautourde la forme ; vous la changerez aussinbsp;de tems en tems de cóté.Enfin, vous adoucireznbsp;votre verre avec les mêmes precautions qu’onnbsp;a prescrites pour Tautre cóté. Ensuite vousnbsp;collerez un papier bien nétoyé dans Ie bassin,nbsp;vous l’unirez partout avec Ie petit verre , etnbsp;vous polirez votre objectif avec Ie tripoli.
Si votre verre est un peu mince relativement a sa grandeur, de peur qu’il ne plie , vouSnbsp;attacherez dessus un morceau de glace , pournbsp;faire Ie second cóté. Lorsque vous voudreznbsp;faire des verres de lo a i5 metres de foyer ,nbsp;il sera inutile de creuser Ia grande plaque avecnbsp;nu autre verre ; il suffira de travailler d’abordnbsp;dessus avec votre verre objectif; la plaque senbsp;creusera sulïisammenl d’elle-méme en travail-lant. Vous donnerez au verre objectif 27 a 5/fnbsp;millimetres de plus qu’il n’en faudra pour sonnbsp;ouverture.
Si vous voulez avoir des objeciifs d’un foyer déterminé , vous prendrez un bassin de glace
-ocr page 195-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;iSg
OU vous aurez fait un verre d’un foyer qui vous oonviendra ¦ vous l’arrondirez exactemenl, etnbsp;vous y ferez un biseau dans un bassin de fer.nbsp;Vous Ie flonnerez a un foiideur pour fondrenbsp;*3n cuivre un bassin semblable a ce modèle.nbsp;En y iravaillant long-temps un morceau denbsp;Verre , il se perfeclionnera. Vous donnereznbsp;a vos bassins un tiers de diamètre de plusnbsp;qu’aux verres objeclifs , ou Ie double tout aunbsp;plus. Si vous voulez un objectif de 26 décim.nbsp;de fojer, il faut lui donner 54 a 'j5 inillim.nbsp;de diamètre , et a votre bassin environ g5 anbsp;108 millim. Si ce sont des verres de 65 anbsp;97 centini. de foyer, comme c’est un diamètrenbsp;de 27 a 4o millim. qui leur convlent, il seranbsp;lion de donner Ie double , c’est-a-dire 54 ou 81nbsp;®tilllm. au bassin. Les modèles se feront aussinbsp;avec un morceau de glace , et ensuiie on fondranbsp;en cuivre des bassins semblables.
Si les grands verres objectifs se travaillent en mème tems que leurs formes , il n’en estnbsp;pas de même des verres oculaires et deslentilles.nbsp;Comme leuis formes sont beaucoup plus sujet-les a changer , elles doivent élre d’une matièrenbsp;dure et qui puisse conserver sa figure ; il fautnbsp;done commencer par donner la iacon de lesnbsp;faire.
Eour faire ces formes , on prend un mor-
l6o nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
ceau de plomb fondu , de la grandeur dont on veut faire Ie modèlej on Farronditet on Ie rondnbsp;plat des deux cótés , en lui laissant suffisam-ment d’épaisseur pour la concavité de Ia forme j on attache ce morceau de plomb surnbsp;Ie tour; et , après avoir fait uii are de eerde dont Ie demi-diamètre soit semblable aunbsp;foyer des verres qu’on veut faire , on creusenbsp;Ie plomb jusqna ce que eet are s’y appliquenbsp;égalenient partouf. S’il s’agit de petites formesnbsp;de 27 a 40 millimetres , il faut leur donnernbsp;presque une demi - sphere : si elles sont plusnbsp;grandes , un tiers ou un quart de spherenbsp;sulïïra. II faut ensuite tourner un morceau denbsp;plomb convexe , semblable a la forme , en ynbsp;appliquant un are de eerde concave ; après quenbsp;ce plomb sera tourné, on 1’atlachera a une mo-lette , ou Ie couvrira de gres mouillé , et ounbsp;Ie présentera au bassin monté sur son mandrin;nbsp;on fera mouvoir Ie tour , on conduira Ie plombnbsp;attaché a la molette , comme si Fon faisaitnbsp;un verre 3 et , en pen de tems , Fon auranbsp;une forme concave et une forme convexe , quinbsp;serviront de modèles pour en fondre de sem-blables en enivre. On pourrait encore , pournbsp;faire ces modèles , au lieu de plomb , se servii’nbsp;de quelque pierre tendre , de craie , par exem-ple. Lorsqu’on aura les deux pieces en cuivre ,
-ocr page 197-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;l6l
niontera Ia forme concave sur Ie tour et la fornie convexe sur une molette, et on les tra-vaillera d’abord avec du gres, ensuile avec denbsp;1 énieril, de la même manière que les modèles ,nbsp;jusqu’a ce que les surfaces soient bien uniesnbsp;ct s’adoucissentégalement , et l’onaura deux for-*i^£!S en cuivre , Tune pour faire les verres con-Vexes, et 1’auire pour faire les verres concaves.
11 faudraconstruire, d’après ces principes, des lgt;assins qui fassent partie de spheres dont lesnbsp;diamèires soient proportionnés aux foyers desnbsp;Verres qu’on veut avoir. Si Ton veut en avoirnbsp;de différens foyers, il faut avoir des bassins quinbsp;fassent partie de spheres de 27 , 4i , 54 , 81 ,nbsp;Ï08, 162 j 217 milllni. de diamètre. Lorsqu’ounbsp;trouye pas un bassin propre a faire un verrenbsp;du foyer qu’on souhaite, on choisit deux bassins dlfïerens , et l’on y trayaille chaque cóténbsp;du verre, ahn d’avoir un foyer approchaut d®nbsp;Celui qu’on veut.
Si l’on connait exactement Ie diamètre de chacun des bassins, la regie de trois qui suitnbsp;dounerale foyer du verre qu’on y veut travalller:nbsp;la somme des deux diamètres des bassins est,nbsp;^ 1’un des diamètres , comme l’autre est a unnbsp;^'tatrième terme, qui sera Ie foyer cherché; parnbsp;cxeniple , si Ie diamètre de la sphere dont unnbsp;lgt;assinfait partie est de i5 millim. et demi, el s
-ocr page 198-gt;i'62 nbsp;nbsp;nbsp;le conservatker
Ie diamèirede Ia sphere dont l’autre tassin fait partie est de 27 millirn., Ia somme des deuXnbsp;diamètres sera de 40Rt demi; alors, on feranbsp;Cette proporlion : 40 1^2 ; i5 1/2 : : 27 oUnbsp;81 : 27 : : 27 est au fojer qu’on clierche : alorsnbsp;multipliant les deux mojens 27 et 27 l’un parnbsp;l’autre , et divisant leur produit 729 par l’ex-trême connu 81 , on aura pour quotient g, quinbsp;sera Ie nombre de millirn. du foyer du verre.
Pour les microscopes , on fera des bassins de gt;7,9, II millirn. de diamètre , en les tournantnbsp;sur un morceau de cuivre et sans se servir denbsp;modèle. Lorsque les bassins n’auront que 2 a 4nbsp;millimetres de diamètre , on les fera en enfon-cant avec un coup de marteau , sur uiienbsp;plaquede cuivre assez épaisse, un morceau d’a-cier j auquel on aura donné par un bout unftnbsp;figure sphérique. Ce morceau d’acier aura 54 ^nbsp;81 millirn. de longueur, et au milieu il ynbsp;aura une virole. Le bout, de figure sphérique,nbsp;sera posé sur le creux de la forme qu’on veutnbsp;achever; l’auire bout, terminé en pointe, entreranbsp;dans un morceau de Ier creusé , que l’on tien-dra d’une main en appuyant, pendant que l’autrenbsp;main, munie dunarchet,fera tourner la virole,nbsp;et en même tems le morceau d’acier qui lanbsp;porte; l’on inetlra de rémeril a plusieurs fois,nbsp;et l’on continuera de travailler jusqu’a ce que lanbsp;forme soit finie. De toutes ces formes,il ne faudra
-ocr page 199-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;lG5
^u’en avoir deux qui soient semblables; encore ïien faudra-t-il qu’uue qui soit réguIièremeiiCnbsp;travailléej l'autre servlra a ébaucher les verresnbsp;sonir de la fonte. Si ces formes, propi’es anbsp;ébaucher 1’ouvrage, étaient du métal dont onnbsp;fait les cloches , elles résisteraient da vantage.nbsp;Ce métal est compose de cinq parties de cuivronbsp;^lliées a une partie d’étain.
Quand on'jveul travailler les verres oculalres faut choisir un morceau de glace qui ait unenbsp;^paisseurconvenable au verre qu’on veut faii'e,nbsp;et oil, s’il est possible , il ne se trouve ni pointsnbsp;tii aulres défauts on lui donne un diamètrenbsp;suffisant^onl’aUaclie surxmemolelte très-basse,nbsp;, si l’on peut s’en passer , cela n’en sera quenbsp;plus avantageux : ensuite on Ie travaillera dans Ienbsp;f^assin a ébaucher. Afin d’aller plus vlte, on pour-i’a avoir un tuyau de fer blanc de la grosseur denbsp;la molette , qu’on y fera entrer par un bout anbsp;l’autre bout sera attaché un morceau de boisnbsp;terrniné par une pointe de fer j on fera entrernbsp;uette pointe dans un bout deluyau, dont Ie fondnbsp;sera aussi lerminé par une pointe qu’on tiendranbsp;d’une main, tandis que, de l’autre on fera tour-ïter avec un archet Ie tuY^ui, et par conséquent lanbsp;Violette qui s’y trouve attachéej ou mettra parnbsp;pWeursfoisdu gres nouveau dans Ie bassin, ec
rS4 nbsp;nbsp;nbsp;CONSERVATEUR
Alors, après l’avoir óté du tuyau , on Ie tra-vaillerai a la main , dans Ie bassin qui est régulier, avec du gres tamisé, jusqu’ace qu’il aitnbsp;pris la forme du bassin j on lavera ie verre ,nbsp;et avec Ie doigt on ótera Ie gros gres qui seranbsp;sur Ie bord, et 1’on conlinuera a Tadoucir avecnbsp;Ie raême gres, jusqu’a ce que tous les trousnbsp;du gres soient efi’acés. On lavera encore Ie verre,nbsp;pour óter tout ce qui pourrait Ie rayer, et onnbsp;1’achevera avec Ie même gres usé , jusqu’a cenbsp;qu’il soit réduit en poudre impalpable : maisnbsp;surtout il ne faut pas épargner Ie tems a Ie biennbsp;adoucir 3 car il en sera plutót poli et par conséquent meilleur. Lorsque Ie verre sera très-pelit , on pourra Ie faire a l’archet 3 mais il nenbsp;sera pas si parfait qu’a la main.
Le défaut de tous les oculaires communs est de n’être pas polis dans leurs bassins ; on lesnbsp;polk sur un morceau de feutre avec de la potéenbsp;rouge, OU sur un morceau de buffle avec de lanbsp;potée d’étainmouülée 3 or, comment un tel verrenbsp;pourraii-il être bon? 11 faudrait que toutes seSnbsp;parties se polissent en même tems et cgalement,nbsp;au lieu qu’on les politlesunes après les autres,nbsp;qu’elles portent iuégalement sur le polissoir, etnbsp;que par conséquent elJes ne peuvent formernbsp;qu’uue figure irréguliere.
Lorsqu’on veut avoir un bon oculaire, il faut
-ocr page 201-DE LA VUE'. nbsp;nbsp;nbsp;IÖ5
prendre un morceau de papier bien nétojé , Ie ‘^écouper demanière qu’enle présentant dans tenbsp;i^assin il Ie couvre enlièrement, et qu’en méngt;enbsp;^^nis les bords du papier déeoupé ne s’élè-¦vent point les uns sur les autres , mais qu’ils senbsp;joignent seulement. On collera ce papier dansnbsp;Ie bassin j el, lorsqu’il sera sec , on prendra unnbsp;Verre travaillé avec du gros gres dans ce mêmenbsp;liassin , on usera Ie papier avec ce verre rudenbsp;afin que sa surface soit égale : ensuite on Ie cou-Vrira de tripoli; on meltra Ie bassin sur Ie tour •nbsp;et, y appliquant avec la main Ie verre attachénbsp;Sur sa molette , en peu de teras il sera poli-,nbsp;il aura conserve la régularité de sa forme.
Si l’on voulait Ie polir sans se servir du tour, 1’on collerait dans Ie bassin une bande de pa-pier déeoupé des deux cótés, qu’on rendraitnbsp;bien égale aumoyen d’un verre brutCj et,aprèsnbsp;y avoir mis du tripoli, l’on polirait Ie verre ennbsp;Ie conduisant en long sur la bande de papier.
Lorsqu’on aura travaillé Ie premier coié dn verre, , ou mettra ce verre entre les doigts etnbsp;Ie pouce de Ja main gauche , de manière quenbsp;la molette pose par 1’autre bout dans Ie creuxnbsp;*le la main 5 on donnera un petit coup de mailletnbsp;sur la molette prés du verre ^ et il se détachera.nbsp;Eusuite OU Tarrêtera par l’autre cóté sur lanbsp;^oleue,£t on Ic iravaillera de la même manière,.
-ocr page 202-l66 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
Telle esl la mélhode qu’il faul suivre pour tra-
vailler et polir les oculaires en conservant leur
figure.
Si l’on veut agir d’une manière très-expédi-tive , on n’aura qu’a mettre , dans un bassin un peu plus grand que celui oü Ton aura tra-vaillé Ie verre, un niorceau de feutre de chapeau , couvei t de'polée rouge ou de potée d’e-tain mouillée , et Ie tenir arrèté d’une main ,nbsp;landis que de 1’autre on j polira Ie verre, en ap-puyant fortement et en Ie faisant circuJer surnbsp;lui-même : cela suffii’a pour avoir, en peu denbsp;tems , un verre bien poli.
Lorsqn’il s’agit de pelites lentilles , il faut pétrir un peu de papier , y imprimer la figurenbsp;de la lentille ¦, et, lorsqu’il sera sec , y meltrenbsp;du tripoli, et y polir la lentille a la main onnbsp;mème a l’archet.
Lorsqu’elles seront très-peiites, on en impri-mera la figure dans un morceau de carton , et on les polira avecdu tripoli , ou bien dansunnbsp;morceau|de bois blanc avec de la potée d’ciainnbsp;mouillée.
Nous finirons Tai ticle sur les verres oculaire» par uue observation importante. C’est que , sinbsp;Ton veut que ces sortes de verres ne se colorentnbsp;pas , il ne faut leur donner d’ouverture qu’environ la douzième pariic de la sphere a laquell®
-ocr page 203-DE EA VUE.
lis appartiennent. Ainsi, comme les bords ne peuvent pas servir , leur diamètre sera en-''iron la neuvième partie de cette même sphere.nbsp;I^assoiis maintenant a la mauière de travaillernbsp;les verres concaves.
En donnant la manière de faire les formes Concaves , nous avons donné celle de faire lesnbsp;Ibrnies convexes. II faut encore avoir trois anbsp;quatre boules de fer de différens diamètres ,nbsp;Comme de i5 , 27 et /^i millim. , au traversnbsp;desquelles passera une tige de fer, oü seranbsp;attachée une virole. Cetie tige de fer sera ter-minée en pointe par les deux bouts , el tour-nera dans deux petits irous falts a deux supports de fer attachés a une table ou a unnbsp;Dtur : ensuite on mouilJe Tune de ces boulesnbsp;de fer, on la couvre de gres , et, la faisantnbsp;fourner avec l’archet au mojen de la virole ,nbsp;On y présente Ie verre qu’on veut creuser, attaché a une molette. Lorsqu’11 est suffisammentnbsp;creusé, onie travaille avec Ie gres sur la formenbsp;convexe qu’on a choisie , de la même manièrenbsp;qu’on Ie fait pour Ie verre oculaire. Lorsqu’ilnbsp;est blen adouci, après avoir lavé Ic verre et lanbsp;forme , on y cole une petite bande de papiernbsp;nétoyé que Ion couvre de tripoli , et on ynbsp;polit Ie verre , en Ie conduisant en long, com-me On a vu que se pollssaient les grands verres.
-ocr page 204-x68 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSER VATEUR
On pourrait encore, au liou de papier, coller sur la lorme un morceau d’étoffe de laine très-fioe, Ou un morceau de toile un peu élimée,nbsp;et. y polir Ie vei’re avec de la polée d’élain ounbsp;de la polée rouge , telle c[ue celle qu’on em-ploie dans les manufactures des glacés j maïsnbsp;on dolt préférer Ie papier, ensuite Ie tripoli.
Je lerminei’ai ce chapiire en donnant Ie inoyen de faire très-promptement des lentillesnbsp;de microscopes d’un demi, d’un et mème denbsp;deu-x millimetres de foyer. Pour y parvenir ,nbsp;il faut rompre de la glace en petites parties ,nbsp;mouiller la pointe d’une aiguille , et en en-lever un petit morceau , que l’on approchenbsp;peu a peu de la flamme d’une lampe : cetienbsp;flamme , qu’oii soufflé avec un chalumeau denbsp;culvre rccourbé, s’anime jusqu’a fondre lanbsp;glacé, qulprend dans lemerae instantune figurenbsp;spliérique. 11 se trouve de ces lentilles qui sontnbsp;excel lentes.
II faut enfermer ces lentilles entre deux plaques de plomb très-minces , percées avec une cpingle , en mettant vis-a-vis les trous les en-droils les plus parfaits de la lentille.
Tout ce que nous venons de dire sur l’ar.t de fondre, douclr et polir les miroirs de telescopes,nbsp;n’est que pour les amateurs qui veulent con-feciionuer eux-mémes ces sortes d instrumens*
-ocr page 205-DE LA VUE.' nbsp;nbsp;nbsp;169
J’ose e€pérer que les artistes ne me sauront mauvais gré de donner des conseils a cesnbsp;amateurs estimables , qui, maitres de leur temsnbsp;d’uiie fortune considerable , emploienl celle-a les élablir eux-mêmes , et profitent denbsp;ceiui-la pour perfeclionner les instrumens , etnbsp;donner a ceux qui les font d’excellens conseils.nbsp;On sait que Ie savant Rochon, membre de l’Ins-titut , a rendu des services importans auxnbsp;sciences , aux savans , et surtout aux opticiens.nbsp;C’est a l’aide de sa haute experience qu’il a in-Venté et perfectionné un grand nombre d’ins-trumens : nous parlerons dans la suite des plusnbsp;iinportans.
En parlant de la manière de polir les miroirs de telescopes , nous avons indiqué pour eetnbsp;usage du papier très-fin ; niais ce n’est pas lanbsp;1 unique facon qu’on puisse employer. Nousnbsp;polissons aussi sur de la soie , fixée sur la foi'ine,nbsp;® 1 aide d’une très-légère couebe de térébenlhi-ne , cn nous servant de potee d’étain mouiliée ;nbsp;nous eniployons aussi de la polx très-fine , surnbsp;laquelle nous polissons avec la potée dont onnbsp;¦vient de parler.
Ce n’est que pour l’amusement de ces meines ^niateurs que nous avons donné la manière sinbsp;P^Oftipte de fabriquer les lentilles , en les fon-a la bougie : car, s’il s’agissait d’insirii-
-ocr page 206-170 nbsp;nbsp;nbsp;le CONSERVATEUR
mens soignés , ces sortes de lentilles ne pour-raicnt leur convenir. 11 est vrai que, dans nos ateliers, nous fabriquons a la fois plusieurs denbsp;nos oculaires et de nos lentilles; mais il nousnbsp;arrive aussi d’en raettre quelques-uns au rebut ,nbsp;paree que Ie mastic qui sert a les fixer s’é-ebauffe quelquefois d’une manlère inégale.
CHAPITRE VIII.
Des foyers des verres.
Le foyer des verres, dont les deux faces ont la mêmeconvexilG, se trouve, comme on l’a ditnbsp;précédemment, au-dela du centre de courbure,nbsp;et a une distance égale au diamètre de cetienbsp;courbure.
Plus ce foyer est éloigné , moins les rayons sont deranges de leur parallélisnie ; a mesurenbsp;qu’il se rapproche , les rayons différent davan-tage de ce parallélisme , et il en résulte, dansnbsp;les verres convexes , des images de plus enjplusnbsp;grossies; et, dans les veri’es concaves, des imagesnbsp;de plus en plus diminuées.
On se rendra bien aisément compte de ce pbénomène, enfaisant attention que la grandeurnbsp;apparenie d’un objet se juge , toules ebosesnbsp;égules d’ailleurs , par Tangle que forment lesnbsp;rayons visuels qui partent des deux extréiniiés.
-ocr page 207-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;171
Solent par exeniple en face de roeil O, (A- 14). un flacon 1'^ de 2 décimèires de haut,
^ Une distance d’un itictre , im homine H de 16 a une distance de 8 metres , et un arbrenbsp;A de ï20 décim. a une distance de 60 metres ,nbsp;est évident que ces objets, qui sont dans lanbsp;^ieection des cótés d’un menie angle, se eouvri-^’ont exactement, et auroiil par conséquent Ianbsp;^uênie hauteur apparente. Gene sera que Thabi-^'ide et la comparaison des objets envlronnansnbsp;^üi feront juger de leurs grandeurs rcellcs.
Done toules les fois qu’un verre d’optique ï'ï^b’actera les rayons, il fera parailre les objetsnbsp;plus grands en proportion du plus grand écar-teniem de ces rayons. Le verre convexe Vv ,nbsp;i5), au lieu de la grandeur Hh de Phommenbsp;placé en H , présentera la grandeur H h’ pro-poruorinée a la plus grande convergence desnbsp;ï’ayons O R , O r ; et, comme nous avonsnbsp;1 liabitude de juger de la distance d’un hommenbsp;paria grandeur réelle que nous luiconnaissons,nbsp;nous croirons que, puisqu’il nous parait plusnbsp;S^and , c'est est rapproché de nous a lanbsp;distance OK, oiia la vue simple il aurait ceilenbsp;grandeur apparente K k.
Cet exemple peut suflire pour donner une idée de tous les effets des verres de lunettes ,nbsp;soit conunegrossissant, soit comme rapprocliantnbsp;objets, tant dans les loupes et les luneite«
-ocr page 208-172 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUll
simples , que dans les lunettes coinposties ds
plusieurs verres et dans les microscopes.
L’eflet inverse, produit par les verres concaves^ fait paraiire les objets plus petils, et par consé*nbsp;quent plus éloignés.
Mais , dans l’un et l’autre cas , il se produit un autre phénomènej c’est que , l’objet n’étancnbsp;toujours éclairé que par la menie quanlité damp;nbsp;lumière , l’apparence ne peut en être augmentéenbsp;sans qu’il y ail moins de lumière sur cbaquenbsp;partie aussi les objcls paraissenl-ils moinsnbsp;brillans qu’après la vue simple dans les verresnbsp;convexes , et plus brillans. dans les verres concaves.
C’cst-laun des grands obstacles auperfection-nement des lunettes composées , puisque , sanamp; parler de la perte de lumière qu’éprouventnbsp;nécessairement les rayons en traversant plusieursnbsp;veiTes, il suffit d’amplifier , c’est-a-dire, d’aug-raenter 12 a i5 fois l’apparence d’iin objet pournbsp;Ie rendre i2fois 12 fois, ou 15 fois i5 fois moinSnbsp;brillant- sans cela il n’y aurait pas de bornes anbsp;la combinaison des verres , et on pourrait ennbsp;preparer qui, grossissant 40,000 fois , feraientnbsp;dislinguer des êtres de la grandeur d’un hoiaimsnbsp;dans la lune, si en mème tems on ne rendaitnbsp;l’objet 40,000 fois 40,000 OU 1600 millions danbsp;fois plus obscur.
11 laui cependant convenirque la degradation
-ocr page 209-DE LA VUE, nbsp;nbsp;nbsp;175
de la lumière n’est pas aussi considerable que semblerait l’annoncer ce calcul, paree que , lesnbsp;'erres étant plus grands que I’ceil, ils rassem-une plus grande quanlité de rayons lu-ïtiineux j de plus, celte déperdilion est d’aulantnbsp;*iioindre que Ie veiu-e est plus pur, ce qui est
principal avantage des verres en flint -glass en caillou de Brésil.
Revenons-en au simple efïet de Tagrandisse-^ent des angles par les verres convexes.
Les moins convexes des verres qu’on emploie comnie lunettes, sontde 80,pouces ou 217 cen-dni. de foyer • ce sont celles qu’on dolt appelernbsp;Premières conserves , et qui sont destinées anbsp;Lorriger la très-petite déperdilion de facuUésnbsp;que 1’oeil éprouve.
^iennent ensuite les verres de 72 ^ 60,48, 36, 6t So pouces Ou 1949 , 1624 5 1^99 » 97^ etnbsp;812 miliini. de foyers , qui portent encore Ienbsp;norn de conserves , paree que leur effét gros-sissant est peu sensible , et qu’on les emploienbsp;plutót conime moyen conservaieur que commenbsp;secours necessaire. Les personnes qui s’en serventnbsp;pourraient, k la rigueur, s’en passer, et lire ounbsp;®crire, surtout a un jour ordinaire, sans une tropnbsp;grande fatigue.
L’est a 24 pOuces ou 65 centim. de foyer qu on peul déterminer le'premier degré des lu-^eties proprement diles , quoique , pour flatter
-ocr page 210-*74
LE conservateur
iiii resie d’amour-propre , on les regarde encore comme des conserves.
Au-dessus de ce fojer, c’esl a-peu-près de 3 pouces en 3 pouces , on de 54 en 54 millim. ,nbsp;qu’on dispose les lunettes, qui sont aiors de 24»nbsp;22 , 20 , 18, 16, 14 et 12 pouces , ou de 65o ,nbsp;596,542 , 487 , 455 5 879 et 525 millim.
Mais ensuite, c’est de pouce en pouce, de-puis II jusqu’a 6 , ou de 27 en 27 millim. , depuis 298 jusqu a 162; enfin de demi-poucenbsp;en demi-poucc , jusqu’a 4 et mème 3 pouces etnbsp;demi , ou de i3 en i5 millim, , jusqu’a 108 etnbsp;mème g5 ; ce qui forme en tout 21 a 22 forcesnbsp;de verres usuels , sans parler de ceux qui sontnbsp;destines aux yeux opérés de cataractes , et dontnbsp;lesquot; foyers sont encore plus courts.
Dans les lunettes concaves, on gradue de même les verres j on doune 80 pouces ou 217nbsp;centim. aux vues a peine aitaquées de myopie,nbsp;qui, par l’usage même de ces lunettes, autantnbsp;que par Ie pi ogrbs de l’age , se rélabllssenl dansnbsp;l’ctat naturel de la vision.
Les foyers plus courts se proporllonnent a l’ctat de l’oeil, et ii faut remarquer qu’d n’en estnbsp;pas des vues courtes comme des vues longues :nbsp;pour celles-ci, a moins de phénomènes asseznbsp;rares j les foyers out bcsoin d’etre diminués a
DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;175
uiesure que 1’on avance en age, landis que , dans les vues courtes, l’age demande des foyersnbsp;plus en plus longs, ce qui depend , commenbsp;1® 1’ai déja fait pressentir , de rapplalissementnbsp;®^quel l’oeil est sujet pendant loute la duréenbsp;la vie.
ïndépendamment de la longueur du foyer , est encore essentiel, pour la vision parfaite,nbsp;d’obse rver la distance a laquelleles lunettes sontnbsp;placées en avant desyeux; celte distance variantnbsp;deg a 17 millimetres, ou d’environ 4^8 lignes,nbsp;On fait en même lems varier le grossissementnbsp;de la lunette. D’ailleurs, places trop pres denbsp;^ ^il, les verres ne lui servent plus que parnbsp;points qui environnenl le centre , eilous lesnbsp;^^yons , qui frappent sur le tour du verre ^ ounbsp;sontperdus, ou ne donnentque des penombresnbsp;ïtial formées.
Uien n’est plus aisé , au milieu d’un magasin bien assort! y que de cboisir le foyer le plusnbsp;convenable. II esl plus difficile de faire par ecritnbsp;la. demande des verres dont on a besoin : tousnbsp;les individus ne sont point accoutumes a meltrenbsp;^ne assez grande pi’écision dans leurs observa-dons pour eclairer ropticien.nbsp;d)ti pourra cependant annoncer a quellenbsp;istauce de I’oeil il laut reculer le papier,nbsp;Potir lire le plus facilement possible, soit avecles
-ocr page 212-LE CONSERVATEUR yeux , soit avec des lunettes , pourvu qu’oflnbsp;puisse compter surlevéiliable loyei- de celles-ci.
Ces données suffiront au moins pour un premier choix approximatif j et il ne faudrait pluS qu’indiquer si les lunettes envoyées obligentnbsp;a lire de trop loin ou de trop pres , pour niettrenbsp;l’opticien a portee d’enchoisir d’exactes.
II sera bon , dans ces indications, de designer Ie livre sur lequel on se sera essayé a lire , ennbsp;prenant de preference des ouvrages connus ,nbsp;tels que TEncyclopédie, Ie Voltaire de Beaumarchais, etc. j et, a défaut d’instrumens biennbsp;dlvisés pour évaluer I’intervalle , envoyer unnbsp;bout de lil, dont on se sera servi pour determiner la distance de l’oeil au livre.
Enfin, pour compléter l’opération , il faudra la répéter ensuite isolément sur chacun desnbsp;yeux, dont nous avons vu que très-souvent lanbsp;force est ioégale.
CHAPITRE IX.
Je ne parle plus ici slmplement des verres dont la fabrication a légèrement teint la substance j il s’agii des verres i’éellement colorés ennbsp;Yert j en bleu et en jaune.
-ocr page 213-ÖELAVUË-, nbsp;nbsp;nbsp;gt;7'7
ïja couleur , quelle qu’elle soit , üe cliauge t’ien a 1’effet optique , quant a la grandeur desnbsp;^.ogles, et par conséquent au choix du lojerjnbsp;ne peut étre considérée que conime un.nbsp;CQrrectif’, dont peuvent avoir besoin des yeuxnbsp;sensibles a la clarté du jour.
Ainsi, avecune vue bien proportionnée, dans laquelle la refraction s’opère régulièremcnt, etnbsp;pnr conséquent il ƒ aurait du danger anbsp;contrarie!’ par l’usage des foyers plus ou moinsnbsp;courts, il peut étre bon de se servir de verresnbsp;plans de couleur.
On voit mêine , par une prétention ridicule ^ suivre la mode , des personnes .s’armer denbsp;loneties planes en verres blancs : c’estun grandnbsp;l, puisque , quelque parfaits que soieutcesnbsp;quot;'^crres , ils ne peuvent étre sans quelques-unesnbsp;ces imperfections qui contrarient les rayonsnbsp;visuels, et qui par cela seul fatigueut l’organe :nbsp;cette folie doit étre blaiiiée ; tandis qu’on peutnbsp;conseillei' aux vues trop irritables des verresnbsp;blancs colorés, qui interceptent la trop grandenbsp;quanllté de rayons dont I’ceil serait offensé.
Le choix de la couleur est a-peu-piès facul-j le jaune est le moins employé , paree il semble pluiót produire des elfets rayoii-, que lempcrer la lumière.
Le bleu pale est une couleur plus favorable j
lU
-ocr page 214-5-78 nbsp;nbsp;nbsp;IE CoN S Eïl VATEUS.
eest celle que Ie reflei cl’un beau del, la clai'të gileiicieuse de la lune, donnent a tout l’horizonnbsp;dans l’absence du soleil. Les yeux qui s’en ser-venlsont , pourainsi dire , ral'raii bis, el éprou-vent irès-peu de contrastc lorsqu’iis quitlent lanbsp;lunette ainsi colorée.
Mals c’esl surtout Ie vet l qui, par sa nature , serable ie plus ami de la vue : c’esl la couleurnbsp;dont la nature eatière se pare dans ses beauxnbsp;jours, et sur laquelle l’oeil se repose avec pinsnbsp;de piaisir j aussi les lunettes verles sont-dlesnbsp;les plus employees : elles sont mêine nécessaires, comme nous 1’avons dit , dans lesnbsp;voyages , au milieu de sables ardens ou d’uuenbsp;neige éclaiauie.
C’est pour faire jouir de ces tempérarnens salutaires aux yeux de différenies forces , quenbsp;Ton dispose des lunettes de différens foyers ,nbsp;avec les verres de couleur ¦ mais , commenbsp;beaucoup de personnes n’en éprouvent Ie besoinnbsp;que dans un jour trop vif, il est plus ordinairenbsp;d’empioyer des lunettes en verre blanc du foyernbsp;qui leur convient, el d’y adapter , pour accessoires , les verres colorés, ainsi que nous Ienbsp;verrons dans nn des cliapitres suivans.
Le choix des leintes variant a I’infinl, il est de la prudence de l’oplicien d’cn faire fairenbsp;l’essai aux personnes qui veulent s’cn servir,
-ocr page 215-ï) E L A V U E. nbsp;nbsp;nbsp;ï 9
manière a ne donnsr a cbacune que Ie juste lt;iegrc de ti-aiisparence qui lui coavient.
CH API THE X.
ïnconvéniens des lunettes défectueuses.
Je ne puis ici que récapituler a-pcu-près ce qui est disséminé dans les précédens chapitres jnbsp;mais il m’a seinblé essentiel de Ie faire , pournbsp;eloigner les reproches trop fiéquens que Tonnbsp;fait en general aux opticiens , sans penser qu’ilnbsp;serail juste de ne les adresser qu'aux raarchandsnbsp;de lunettes qui usurpent ce noin.
La personne qui a placé sa confiance en des liommes vrainienl instruits dans 1’optique , n’anbsp;pas besoin d’avis , puisqu’elle ne recoit que djtónbsp;lunettes bien proporiionnées a l’état de sesnbsp;yeux. Mais, comme ces véritables opticiens nenbsp;se irouvent malheureusement pas en beaucoupnbsp;d’endroits ^ que , mème dans les plus grandesnbsp;villes , ils soul bien moins nombreux que lesnbsp;fabi'icans a la grosse j que d’ailleurs , il fautnbsp;Ie dire , Ie prix de leurs lunettes , proper-*tonné aux soius qu’ils j apportent, en éloigne
-ocr page 216-iSo heaucoup d’acqucreurs j Oii iie sauraii tfop senbsp;reiidre compte des priacipaux iacouvcuiens quenbsp;peuvent présenter les lunettes communes.
[O Irréaularité de courburc : d’oü résultent des rélraciions imparfaites , irès-faligantes, ctnbsp;même très-nuisibles a la vue , noii-seulemeutnbsp;en ce qu’elles portent les rajons paitis dunbsp;même ohjet sur dilTérens points de la réline ,nbsp;et par conséquent produiseut des images confuses •, mais encore paree que , s’il élalt possiblenbsp;que 1’oeii sc faconnat a cetle vision imparfaite ,nbsp;il souflrirait toutes les fois que, voulant regardernbsp;sans lunettes, il recevrait des rayons réguliers.nbsp;D’ailleurs , Ie moindre dérangement du verrenbsp;dans sa inonlure reporlerait aussltót d’un pointnbsp;a l’autre toute I’irrégularité, laiulisque, dans Jenbsp;verre absoiument sphérique , ce dérangementnbsp;est absolument indifférent , pulsque toutes lesnbsp;courbures sont pareilles.
L’irrégulariié de courburc tlent souvent), dans les verres convexes, a ce c[ue leur plus grandenbsp;convexllé u’csi pas exactement au centre j ilnbsp;lienl encore a ce que Tune et l’autre de scsnbsp;faces n’ont pas la même convexiié : inconvé-nient qui deviendr dt encore plus grand , si cesnbsp;deux convcxltés , fussent-ellcs égales, u’avaientnbsp;pas leurs deux sommets dans Ie même axe.
2° InégaUté des foyers. Je ne parie que des
-ocr page 217-D E. L 4 V V E. nbsp;nbsp;nbsp;1 amp;i
jeux égaiix , qui par conséquent ont besDlu de refractions semblables ; ce qnl ne peut senbsp;trouvQi’ dans des verres donnés au hasard , etnbsp;dont quelquefois les foyers différent de plu si eursnbsp;pouces , tout en poriant Ie mème numero. L’u-sage de ces lunettes finirait par rendre cffecd-vement dissembiablcs des yeux qui ne Ie seraicntnbsp;P^s-,
C’est sur-lout lorsqu’un des verres de lo-. nettes a besoiu d’etre rempiacé , qu’il est essen-licl de Ie faire dans un magasin assorii de tonsnbsp;les lojers réguliers , et de bien observer lanbsp;portee de celui que l’on substitue a l’ancien.
D’après ce rpie nous avons dit, cette égaülé de foyer se reconnailra , en recevant les rayonsnbsp;du süleilel sur Ie verre que l’on a conserve etnbsp;sur celui que l’on veul assortir. Le point lumi-xteux des rayons du soleil réunis doit ètre exac-^nbsp;tcraent ala même distance pour l’un coinme poucnbsp;1’autre..
Un opticien , qui connait soit art , n’a besQin que d’uii fragment de l’ancien verre , pournbsp;éyaluer le foyer du verre reinplacant.j el ,,s’ilnbsp;s’apercoit que la conrbure est irréguliere , ilnbsp;conseille a la persoime de. reprendre deux verresnbsp;réguliers plutöt que de s’en, lenir lt;a celui quinbsp;lui veste , avec la ceriitude d’avoir toujou.rsnbsp;des lunettes dqfecluqus.es..
-ocr page 218-i83 nbsp;nbsp;nbsp;tE CON.SERVATBUR
3” Inégalité dc ieinte. II en esl absolument de même que pour l’inégalité des 'oyers. Lenbsp;plus petit fragment du verre a remplacer saffitnbsp;pour connaitre la teinte que présentait l’anciennbsp;¦verre; et Ton sent combien il est essenliel quenbsp;des images destinées a ne présenter qu’une seulenbsp;impression aux nerls optiques, ne leur arriventnbsp;pas par des transparences diifércotes 1’une denbsp;Fautre.
4quot; Disproportion du foyer. Tout foyer , mat ehoisi par rapport ii la vue, la fatigue beaucoupnbsp;plus qu’il ne lui sert ¦ on ne saurait apporternbsp;irop d’attention a saisir ce qui convient a 1’ceiLnbsp;Souvent on se presse trop de prendre des lunettes:nbsp;i’ai éloigné beaucoup de personnes de cettenbsp;precipitation , en leur faisant remarquer qu’avecnbsp;les plus faibles conserves , elles ne pourraientnbsp;lire qu’en approchant outre mesure le papiernbsp;de leurs yeux.
C’est par un exces contraire que d’autres iuttent long-tems contre les premiers atfaiblis-semens de 1’organe, et, plulót que de prendrenbsp;des lunettes, causent aux muscles de Fceil unenbsp;contraction d’autant plus facheuse , que j’ainbsp;plus d’une fois reconnu I’impossibiJité de trouvernbsp;ensuite des lunettes qui pussent rétablir la visionnbsp;distraite.
En rnême-tems , comme je conseillerai de ne
DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;ï8Si
pas Balarjcer a prendre , a chaqne portee de fojer que l’age amène , celui qui eonvient Ienbsp;ïïiieux, i’engagerai ane pointse hater de changernbsp;de foyer, avant que l’on n’en sente Ie veritablenbsp;besoin : alors il sera prudent d’y arriverprogres-siveraent ^ en ne se servant, dans les commen-cemens , du foyer ie plus fort que Ie soir , ounbsp;pour des ouvrages qui exigent Ia plus grandenbsp;tension de l’oeil.
J’en reviendrai toujours a donner , pour mesure de ces besoins de l’oeil , la distance de 12 a i5 pouces, ou de Sa a 41 ceniim., a laqucllenbsp;on doit lire habituellement. Les lunettes sontnbsp;trop faibles , si on a besoin de s’éloigner a 16,nbsp;i8 ou 20 pouces OU 4^ , 4g ou 54 centim. : ellesnbsp;sont trop fortes, si elles obligent de s’opprochcrnbsp;a 8 OU 10 pouces ou a 22 ou 27 centimetres.
S°Faux écartement des verres. L’axe de chaque verre devant correspondre a l’axe dc l’oeil , ilnbsp;®st essentiel d’en proportionner récariement anbsp;celui des-deux yeux, qui n’esl pas exaciemenl Ienbsp;menie dans tousles individusjsans quoilesdeuxnbsp;axes des yeuxconlracteraieiit un rapprocliemenfcnbsp;OU un écartement qui les feraient loueber.
Impej^ection même des verres , so\X. par les filamens etles bouillons dont ils peuvent êtrenbsp;templis, soit par les mauvaises teinles dont ilsnbsp;penvent êire coloréssoit par Ie défaut de vitri-
-ocr page 220-r84 nbsp;nbsp;nbsp;I-E CONSERVATEUR
fïcation qui les rend trop siisceptibles de recevoir rhuinidiié de 1’air : imperfeciions qui toutesnbsp;sont trop contraires aux efFets de la réfraetion,nbsp;pour les ncgUger sans les plus graves incon-véniensi.
Lespluslégèrosde ces imperfections sufliraient pour fatiguer l’oeil. Combien ne doit-on donenbsp;pas s’étonner qu’avec tant de motifs de ménagernbsp;un organe a la fois si important et si dclicat,nbsp;il y ait si pen de personnes qui y fassent attention ! Le modique intérèt d’un prix un peu plusnbsp;bas livre les yeux a la reunion de ces imperfections, sans penset’qu’ensuite les plus grandesnbsp;dépenses ne pourront rétablir ce qu’ils aurontnbsp;perdu.
Sans doute Toplicien , jaloux de remplir ses devoirs , est oblige de tenir ses prix de fabriquenbsp;plus élevés; il sesertde substances plus choisies,nbsp;d’ouvriers.plus exercésj il exige d’eux un travailnbsp;plus soigné , plus long^ il leur fait recommencernbsp;ce qui n’a pas atieint la perfection nécessaire ;nbsp;il a des ateliers plus chers , des avances plusnbsp;considerables, des magasins plus assorlis , etnbsp;par conséquent des rentrees plus longues. IInbsp;lui est done impossible d’abaissèr son prix anbsp;celui tin journalier , qui débile a mesure qu’ilnbsp;fabi’ique , et qui ne rebuie nl ne perfectionaiQnbsp;iaiuais rien.
-ocr page 221-delavue. nbsp;nbsp;nbsp;185
Si , dans les arts de luxe , on regarde si peu ^ la dépense des objets absolument de fantaisie,nbsp;pourquol balancerait-on a apprécier ce quenbsp;¦valeut des travaux qui tiennent de si pres auxnbsp;premières jouissances , et dont on a un sinbsp;grand inlérêt a chercher la perfection? Cette perfection n’est ni idéale ni douleusej elle est positive. Les objets de comparaisoa sont a cote j et,nbsp;indépendamment de la reputation de 1’opticiennbsp;auquel on s’adresse , on pent devant lui-memenbsp;reconnaitre, calculer, le coinpas a!amain,l’exac-^nbsp;litude de ses instrumens. C’elait pour ramenernbsp;1’attention publique sur Timportance de cesnbsp;précaulions conservatrices de la vue , que je (is.nbsp;msérer dans les journaux , en 1807 , unenbsp;leitre qui sc iruuvera a la suite de cet ouvrage,nbsp;dont elle annoncait des-lors le projet.
CHAPITRE XL Des Monocles et des Binocles,
On donne les noms de monocles ei de binocles ces lunettes a un ou deux verres , qui senbsp;tiennent a la main, et qu’on approche de I’oeilnbsp;au i^aoment de s’en serv'r.
-ocr page 222-ï86 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
Tout ceque nous avons dit sur la fabrication ^ Ie fojer et Ie choix des verres, s’applique a cesnbsp;instrumens, qui sont preféres par les personnesnbsp;dont la vue n’a besoin que d’etre aidée momen-tanément.
Ilfaut evilerde s’enservirhabiluellementpour lire OU pour écrire; car , comme nous avonsnbsp;vu la nécessité de placer Ie centre des verresnbsp;en face des jeux , il est évident que Ie seulnbsp;baltement du poulx suffisant pour déranger Ienbsp;placement, l’oeil ne recoit qjue des rayons va-eillans et correspondans a différens points dunbsp;verre: ce qui Ie fatigue d’uue maniëre irès-dé-sagréable. II serait done a souhaiter que lesnbsp;Horlogers et les Graveurs , qui se servent denbsp;loupes , qu’on peut regarder comme de tres-forts monocles, fixassent ces loupes a leurs fronts,,nbsp;au lieu d’y venir appliquer leur oeil, saus cirenbsp;surs de conserver constamment Ie mème axenbsp;de vision.
De mème les personnes qui, repugnant a l’usage des lunettes , se servent d’un Irès-lai-genbsp;verre convexe pour lire , ont a craindre lesnbsp;refractions inégales , qu’a chaque mouvementnbsp;de Tune ou de l’autre de leurs mains, produisentnbsp;les différens points du verre^
IXous l’avons déjn trop répóté, l’organe de la \ue est Ie plus délicat de lous; son importauc®.
delavue. nbsp;nbsp;nbsp;187
doit faire néglJger aucun des ménagemens il a besoin.
Ces monocles et ces binocles se garnissent de ^ci'i’es concaves ou convexes, suivant les vuesnbsp;^'^xquelies ils sont destines , et se inonient ennbsp;ecaille , en nacre, en argent ou en or, soit anbsp;simple pivot, soit a ressort, soit a repoussoir.nbsp;Les monocles peuvent aussi être disposés pournbsp;^l^re portés en bague ou en collier.
CHAPITRE XIL Montures des Lunettes.
Les lunettes simples , dites lunettes d nez, ïüontées en cuir, en écaille , en argent ou ennbsp;or, ne sont plus guère en usage que pour lesnbsp;personnes qui en avaient contracté l’habitudenbsp;»vant 1’inveniion des nouvelles montures.
Elles ont Ie désagrémenl de gêner la respiration , de marquer Ie nez, de s'en échapper ^Isément, et sur-tout de ne pas se placer aussinbsp;^onsiamment qu’il Ie faudrait pour la vraie distance du foyer.
.¦);i
-ocr page 224-i88
LE GONSERVATEUR
chères j mais rhumidité ou la séciiercsse löS détériore, et souvent laisse tombe» Ie verre ;nbsp;d’ailleurs , étant sujettes a se cambrer, elles de*nbsp;i’angcnt l’axe de vision. On avait d’aborcl iro^^'nbsp;giné de suspendre les lunettes a une branche,nbsp;qui se passait sous les cheveux du front; rnais cesnbsp;lunettes dérangeaieiu les anciennes coëffures, etnbsp;ellesne seraientplus applicables aux nouvelles-
Les premières lunettes a branches ont étc faltes a branches simples ; c’est cc que l’oRnbsp;appelle lunettes a tempes : elles ne servent- phisnbsp;guères qu’aux dames, dont les au tres monturesnbsp;dérangeraient Ta coëlfure: on a reconnu qu’ellei^nbsp;serraient trop les tempes.
C’est ce qui a fait étabbr des lunettes en écaiH®' a branches fourchues, garnies de velours , quinbsp;par leur légèrcté et leur élaslicité n’out aucuonbsp;de ces inconvéniens. Seulement leur prixnbsp;leur fragilité ne les meUent pas a la portee denbsp;lout Ie monde.
Les lunettes qui sont actuellëmenl Ie ph’^ en usage, sont les lunettes a doubles branches gt;nbsp;soit a charnières , soit a pivot, soit a coulisse •'nbsp;on en fait egalement en acier , en ecaille, ennbsp;argent ou en or; les pivots pei'ineiient a h‘nbsp;double branche dnse replier derrière les oreilL®’nbsp;et pour les hommes de ne point gener sous I®nbsp;chapeau.
-ocr page 225-t) E LA V' ü Ê. nbsp;nbsp;nbsp;i8g
C’esi a ces lunettes a brandies , soit simples , ®^it composées, que l’on adapte des doublesnbsp;''firres plans de couleur au mojen de char-, pour ne s’en servir que dans lesmomensnbsp;^^6 grand jour j j’en ai fait graver deux inodèlesnbsp;j’ai Ie premier établis a Paris.
I^ans celles de la figure i8 , les verres de couleur se repiient sur les deux tempes dansnbsp;'-elles de la figure ig, ils remontent en formenbsp;garde-vue; position qui les rend utiles , lors-^ue l’éclat d’un trop grand jour vient d’asseznbsp;liaut pour permettre de regarder en face.
On voitdans cette dernière figure la forme ovale des verres , plus agréableencequ’ils se dessinentnbsp;®ur la configuration même des yeux. Leur effetnbsp;^st absolument égal a celui des verres ronds ,nbsp;dans lesquels l’oeil ne recoit pas les rayons quinbsp;^rappein trop haut ou trop bas j mais aussi ilnbsp;faut beaucoup plus de soiu pour les monter ,nbsp;paisque , si l’ovale n’est pas bien proportionnénbsp;a la distance que doivent conserver les deuxnbsp;Centres , et n’est pas a une hauteur convenablenbsp;par rapport a l’oeil, la vision ne se trouve plus
exacte.
Les lunettes de la figure 20, dites besides d la ontle mérite de réunir deux segmensnbsp;de verres de foyers diflerens. Je puis les donnernbsp;eomme de mol, puisque je u’ai jamais eu eutre
-ocr page 226-I gO nbsp;nbsp;nbsp;L E C O N S E R y A T E ü n
les mains celles dont se servait ccü illusti'6 physicien : elles ont été annoncees dans la Gazette de Santé de juin 1806 ¦ et, pour conservei'nbsp;la date de cette fabrication , je joindrai a lanbsp;fin de eet ouvrage Tarticle tout entier, quoiqu’dnbsp;contienne a nion égard des éloges ti'op flatteurs.
Au inoyeu de ces lunettes, on peut, par Ie
Ie
et, par
ecru'e
foyer Ie plus court, lire et
foyer Ie plus long, regarder au loin.
‘ La monture en X permet de les retourner du haut en bas au besoin, ce qui serait un incon-véuientdans les lunettes , dont les verres doirentnbsp;correspondre a la dilïérenteforce desdeuxyeux.
Aussi cette monture en X ne doit êlre employee que par les personnes qui ont les deuX yeux égaux , et qui trouvent plus commode denbsp;placer leurs lunettes, sans avoir a penser au hautnbsp;OU au bas de la monture.
On peut cependant se servlr de monture en X en en variant un peu la forme, lorsquenbsp;lécartement des yeux ne permet pas de placernbsp;les verres de manière a ce que les deux rondsnbsp;des lunettes reposent sur les deux cótés du nez;nbsp;alors la traverse se proportionne a la hauteurnbsp;du nez oii il convient de placer les lunettes gt;nbsp;pour que les centres répondent a celui des yeux.
C’est pour ne pas rester inci riain sur cet
-ocr page 227-ÏD E L A V U E. nbsp;nbsp;nbsp;ïgi
«cavtemem , que j’ai invenlé deux inslrumens propres a remplir Ie même objet.
Les lunettes {ji^. 21 ) ont, au centre de la ftioniure , un éerou qui permet aux deux verresnbsp;de prendre Tecai’iement convenable. Je les faisnbsp;passer aux personnes absentes , pour qu’eJles menbsp;renvoieiit au point qu’elles déterminent elles-ïiiênies, et sur lequel j’établis les lunettes qu’ellesnbsp;ïtte demandent.
Le binocle ( Jig. 22) me sert dans mon ma-gasln pour une indication pareille; il porte au bas d’une des branches une espèce de cadran ,nbsp;Sur les degrés duquel vienl se reposer le bas denbsp;1’autre branche; ce qui determine récartementnbsp;que je dois donner aux lunettes. L’annonce, quinbsp;a élé insérée dans le Moniteur en 1806, senbsp;i’etrouve aussi a la fin de l’ouvrage.
J'y joindrai celle des lunettes a double foyer, qui se trouve dans la Gazette de Santé du moisnbsp;davril 1807.
J’ai eu principalement pour bul, en construi-sant ces lunettes ( fig. 28 ), de mettre cbacun u portee d’étudler la difference de foyer de sesnbsp;deux yeux.
Ces lunettes étant composées de deux verres, ^¦peu-près comme les lunettes de spectacle, onnbsp;peut, en les allongeant plus ou moins, cbercbernbsp;soLniême Ie point de la vision la plus claire.
-ocr page 228-IQ2 nbsp;nbsp;nbsp;LECONSERVATEUn
Je n'ai cependaiu jamais dü les regai’der comm® un instrument usuel , puisque les vues ordinai-res , 'une fois Ie foyer determine ^ trouvent aisé-nicnt des veiTes simples qui produisent Ie mêmenbsp;efl’et. Elles seraient done seulement appiicables,nbsp;au moyen des verres concaves, aux vues exces-sivemenl myopes , qui, par la combinaison desnbsp;verres, pourrontvoir les objets a une distance etnbsp;dans une grandeur convenables.
CHAPITRE XIII.
Des Lunettes de Spectacles.
Les lunettes, dites de spectacles, sont d’un usage trop journalier pour ne pas èlre regardéesnbsp;comine Ie complément des lunettes ordinaires^nbsp;je ne puis done me dispenser d’en parler avantnbsp;que de donner la description des lunettes de longue vue, et des telescopes ou des autres instru-mens d’optique qui n’intéressent essentiellementnbsp;ni la conservation de la vue, ni les secours dontnbsp;elle a besoin dans son exercice habituel.
Je dis que les lunettes de spectacles sont Ie complément des lunettes ordinaires , paree
-ocr page 229-'fp'elles sont destinées a voir, dans l’intérieur d’une salie , ou a des distances très-bornées , lesnbsp;fdjjets qiii échapperaient a une vue faible.Leursnbsp;effets sont produits par deux verreSj l’un convexenbsp;et large, nonnné objectxf, sur lequel vlennehtnbsp;tomber les rayons envoyés par les objets; l’autrenbsp;concave et plus petit, nommc oculaire, quinbsp;transmel ces rayons a l’oeil sous Tangle qui luinbsp;convient.
On atti ibue au hasard Tinvention des lunettes d’approche. Jacques Métius ou Metzu, de la villenbsp;d’Alkmaër en Hollande , suivant les uns j et, sui-vant d’autres, quelques années auparavant, eunbsp;1609, Zacharie Jdnsen ou Jean Lippersheim'nbsp;de Middelbourg , s’occupait a fabriquer des mi-coirs et des verres ardensj les verres imparfaitsnbsp;ctaient jetés de cóié; ses enfans s’en amusaient;nbsp;ct, lout en jouant, se récrièrent un jour surnbsp;Teöèt que Ie hasard leur offrit. L’opticien répétanbsp;Tobservation , il étudia cetie combinaison desnbsp;verres, enles adaptant a des tuyaux qui lui per-niettaient de les éloiguer ou de les rapprocher anbsp;volonté : de-la vint la construction des lunettes,nbsp;dont on peut se rendre conipie en se rappelantnbsp;ïes résultats déja cormus de la refraction desnbsp;^ttyons.
Pour ne nous occuper que des lunettes da spectacle, supposons qu’un verre convexe A B,
j5
-ocr page 230-L E CONS E R V' A T EUR (Fig. iG.) dc deus pouces üu 54 uiiliim. denbsp;foyer, recoive les rayons envoyes par une flèclienbsp;MN, il est évident que ces rayons, après avoirnbsp;traversé Ie verre, se resserreront les uns sur lesnbsp;autres , en formant des angles plus grands,nbsp;comme dans les livnelles simples , et en se ci oi-sant en O, a peu-près a ia distance du foyer desnbsp;rayons parallèles.
Avaut ce point, les images que l’ceil recevrait lui présenleraient desapparenccsd’autant plusgran-desqu’elles s’approcheraicnt plus du foyer; maisnbsp;elles seraient confuses , en raison du croise-inent des rayons partis des diÜcrens points denbsp;Tobjet : on remedie a ce croisement, et l’onnbsp;donne aux rayons Ie parallélisme dont lis outnbsp;besoin pour se peindre nelternent dans 1’oeil,nbsp;en adaptanl , iiu pen avant Ie foyer, un verrenbsp;CD , double concave , d’un foyer tres court. Ennbsp;efïél, la propriélé du verre concave étant d’é-caricrles rayons, si on place, parexemple, unnbsp;verre dc lö lignes ou 4i nnllim. de foyer, idnbsp;lignes en avaut du point oii tons les autres rayonsnbsp;devaient se réunir , il en résulic nécessairementnbsp;que ia convergence de ces rayons cesse, ci qu’ilsnbsp;prennent une marebe parallcle, sans rieii allércrnbsp;de la grandeur de Tangle sous lequel i!s ve-naient frapper Toeil.
Le verre convexe de Tobjectif de ces lunettes est ordinairement très-large, paree qu’on cher-
-ocr page 231-DE LA V U Ê. nbsp;nbsp;nbsp;195
'che sur-tout a donner Ie plus possible de lumière et a embrasser beaucoup d’objets : mais, commenbsp;les rayons qui frappent sur Ie bord d’un verrenbsp;d’uiie certaiiie éteudue éprouveut des refractions prismatiques , Ie defaut des lunettes ordi-naires est de former des iris, c’est-a-dire, de donner aux bords des objets les couleurs de l’arc-en-ciel. Cet accidentse diminue , enplacantdansnbsp;riniérieur un diaphragme, ou espèce d’anneau,nbsp;qui ne laisse parvenir a l’oculaire que les rayonsnbsp;les plus régulièrement réfractés. La lunette, ilnbsp;est vrai, perd un peu de son brillant, mais lesnbsp;objets en sontplus nets.
]Nous verrons, dans Ie chapitre suivant,les moyens d’arriver a des verres achromatiques,nbsp;Ou sans couleur ; mais, même en se servant denbsp;ces verres achromatiques , il est impossible denbsp;donner une grande portee a une lunette a deuxnbsp;verres , l’un convexe el l’auti’e concave; Ie pou-voir amplifiant n’étant en effet que dans Ie seulnbsp;verre convexe, on ne pourrait en augmenternbsp;Teftel qu’en forcant les rayons a devenir si con-vergens, que , pour leur rendre ensuite Ie para-lélisme nécessaire a la vision distincte , il fau-drait un ocuiaire d’un foyer cxcessivement court,nbsp;et par conséquent d’un diamctre si petit, qu’ilnbsp;De transmettrait a l’oeil que la quantité de lu-Dtière nécessaire pour distinguer ces objets.
-ocr page 232-jgG nbsp;nbsp;nbsp;IE 'CÖNSERV ATÉU ft
Qtioique les efïets de la lunette de spectacle ne soieiit pas sujels a de grandes variations, iinbsp;est cependant nécessaire de pouvoir en propor-tionnerle jeu, tant au plus ou au moins de distance des objets, qu’a la portee de la vue des dibnbsp;férentes personnes qui peuvent s’en servir; c’estnbsp;pour cela qu’elles ont au moins un tirage, ctnbsp;quelc{uefois quatre ou cinq, et même sept, quinbsp;permettent d’écarier ou de rapprocher Tun denbsp;l’autre Toculaire et robjeclif.
Ce nombre de tirages est par lui-mêrae indifférent j plus il y en a, plus la lunette peut êlre plate'et moins embarrassante danslapoelie: maisnbsp;aussi plus Ia confection en est difficile, pournbsp;éviter Ie vacillement et Ie derangement desnbsp;centres des verres.
Des Verres achromatiques.
Je viens de dire , en parlant des lunettes de spectacles, que les objectifs d’une certaine élen-due avaient l’inconvénient de présenter les cou-leurs de l’iris ou de l’arc-en-ciel autour des objets^
-ocr page 233-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;197-
ecla vient d’une propriélé de la lumière , qui est de se decomposer eu ce qu’on appelle les septnbsp;couleurs duprismey loules les fois qu’elle ren-^nbsp;contre oLliquement une surface refrangible.nbsp;Tant que FoblLquité est peu considerable , la dé~nbsp;composition , ou , si je puis me servir de cenbsp;terme , réparpillement des rayons n’est pas sensible 3 mais, dès que l’obliquité est fórie, Ie rayonnbsp;s’écarte tellemenl, qu’il y a neuf degrés de difference entre ie rayon rouge , qui est Ie moinsnbsp;réfrangible , et Ie rayon violet qui 1’est Ie plusnbsp;de sorte que ces deux couieurs dominent, la première sur un bord de chaque image , et la der,nbsp;nière sur Ie bord opposé.
Depuis Newton, cette propriélé de Ia lumièra a désespéré tous les opticiens, en les empêcliantnbsp;d’employer des verres d’une aussi grande éten-due qu’ils en avaient besoin , pour conslruirenbsp;des instrumens optiques d’une grande force.
Ce fut Euler qui, en 1747 » aborda la ques™ tion sous sa véritable face j il concutl’idée de senbsp;servir précisément de celte difference de réfi’an^nbsp;gibilite des rayons de lumière, pour les forcernbsp;a se réunir après s’êti’e éparpillés.,
Bientót Ie célèbre Dollond, après avoir observe avec soin quelles étaieni les natures de ''^ei ves qui donnaientles réfractions les plus dis-semblables, parvint a combiner, de la manièra
-ocr page 234-ig8 nbsp;nbsp;nbsp;I-E CONSBRVATEUIt
la plus heureuse, dans des lentilles composées de plusieurs- verres , les refractions que chacunnbsp;d’eux produisait en raison de sa courbure, etnbsp;celles qui résultalent du plus ou du moins denbsp;densité.
Le verre commun, ainsi que Ie crown-glass , espèce de verre d’Angleterre un peu coloré denbsp;vert, donne une refraction moyenne d’envlroanbsp;3 a 3 , OU plus exactement de 3o a 3i.
Le Flint-glass (i), ou verre de rocbe, en produit une de 5 a 8.
( I ) Ce verre ou cristal d’Angleterre n’a encore élé fabriqué que par les Anglais ; il y a inême lieu de douter qu’ils aientnbsp;conservé les procédés exacts de la fabrication de ce cristal ,nbsp;puisque, méme chez eux, on n’en trouve plus de morceauxnbsp;d’une certaine étendiie ; ce qui en augmente d’autant plus Ienbsp;prix, qu’ils cherchent a faire entendre que la miniêre du sablenbsp;employé 'a la vitrification du Flint-glass était perdue.
Plusieui-s essais ont été tentés en France depuis quelques années. L’Inslitut a déja approuvé] un cristal qui paraitraitnbsp;snême preferable au Flint-glass , et a la fabrication dnquel ilnbsp;ne manque plus que des capitalistes pour enlevér encorenbsp;cette branche importante de commerce a nos éternels rivaux.
M. Dartigues, savant chimiste et propriétaire d’une nianu-faclure considérable , fabriqué, depuis la première edition de eet ouvrage , du Flint - glass supérieur a celui des Anglais.nbsp;M., de Fougerais , membre du Corps - législatif, en faitnbsp;également fabriquer, dont j’ai construit d’excellentes lu-settea..
-ocr page 235-DE LA V U E. nbsp;nbsp;nbsp;199--
Ed étudlaiit ensuite ce qui résultait de celts différente foi’ce refractive, par rapport a i’épaigt;nbsp;pillement des 7 couleurs qui composent Ie rayon,nbsp;de lumière , on a reconnu que Ie maximum dsnbsp;difference du rayon rouge au rayon violet était ,nbsp;dans Ie verre commun , de 57 minutes et demie ^nbsp;et dans Ie Flingt^glass, de Sa minutes etgt;demi©.
Au nioyen de ces observations, l’opticien ajuste l’un sur Taulre, et sans inlervalle, uB ;nbsp;verre de chacune des subtances; a-fextérieur, ilnbsp;place Ie verre Ie moins rêfringent, et lui donnenbsp;plus de eonvexité en dehors qu’en dedans; a l’in.^nbsp;térieur , il place Ie verre Ie plus rêfringent, concave du cóté qui s’adapte au premier verre, efe.nbsp;a peu-près plan sur son autre face.^
Voyez (figure 17 ) les deux verres séparés en A et B, et réunis pour ne former qu’un seulnbsp;objectif C.
Dans eet objectif, Ie foyer dè la eonvexité extérieure se trouvant plus court que Ie foyer denbsp;la concavité, dans Ie rapport néce-ssaire pournbsp;tirer parti de la plus grande force refractive diinbsp;Flint-glass , les rayons en sortent sans conservernbsp;de couleuis étrangères a celles des objets; ce:nbsp;qu’exprime Ie mot achromatiqiie.
L’Opticien peut done donner plus de champ a ses lunettes sans craindre les iris, et des-lórsnbsp;^assembler assez de rayons pour que les images.
-ocr page 236-200 nbsp;nbsp;nbsp;I^E CO N SER V ate UK.
en grossissant ne perdent pas leur clartéau poinC de cesser d’etre visibles.
Aussi la perfection des lunettes achi’omaliques est telle, qu’avec un foyer de 5 pieds el demi ounbsp;de ii4 ceutim. on peut atteindre Ie grossisse-ment de i5o, qu’exigerail une lunette simple denbsp;6o pieds ou de ig metres et demi.
Des Miroirs des Anciens.
Wous venons de parcourir les difierens objets, que nous avons crus nécessaires pour Tutilité etnbsp;rinstruGtion de ceux de nos lecieurs qui atta-ehentune juste importance a la conservation denbsp;leur vue j mais, en faveur de ceux qui veulentnbsp;approfondir Ja matière qui nous occupe, nousnbsp;aliens passer en revue plusieurs articles impoivnbsp;tans 5 que jusqu’ici nous n’avons pu trailer aussinbsp;longuement qu’ils Ie méritaient.
Comme, dans ce qui reste a dire, nous au-rons quelquefois besoiu de rapporter les experiences , les principes et les raisonnemens des divers savans qui se sont occupés des diffé-rentes branches de l’optique, nous averiissons
-ocr page 237-»E LA TUE. 20 ï
»E LA TUE. 20 ï
dquot;i
avance que , pour ne pas hérlsser noire ouvrage de citations , nous les supprlineronsnbsp;toutes,
11 est naturel de commencer ici par ce qu’on a de plus certain sur l’antiquité des miroirs.
Les premiers miroirs artificiels furent de mé-tal ; Cicérou en altribue I’invention au premier Esculapcj mais , d’après Ie verset 8 du chapitrenbsp;38 de TExodcjles miroirs seraientd’uneantiqui-té encore plus constatée; car ii y est dit quenbsp;Moïse, ajaut fait fondre les inii'oirs des femmes,nbsp;quiservaient a 1’enlrée du tabernacle, en fit cons-truire un bassin d’airain muni de sa base.
L’airain ne fut pas Ie seul métal dont on lit les miroirs j on y employa aussi l’étain et Ie fernbsp;brunijl’onen fabriqua depuis qui étaient uunbsp;mélange d’airain et d’étain. Ceux qu’on fit anbsp;Brindes passèrent long-tems pour les meilleursnbsp;de cetie dernière espèce j mais on donna en-suite la preference aux miroirs d’argent, dontnbsp;Praxiièle, contemporain du grand Pompée, futnbsp;l’inYcnteuv.
Plusieurspoètesj et mcme de graves juriscon-sultes,, s accordent a donner aux miroirs une place importante dans la toilette des femmes.nbsp;Cependant il fallait que, du tems d’Homère ,nbsp;ds n’en fussent pas une piece bien disdnguée ,nbsp;P’iisqu’il n’eu parle pas dans sa description do
-ocr page 238-203 nbsp;nbsp;nbsp;tE CONSERVATEUR
la toilette de Junon, oü il a pris plaisir a rassem-bler tout ce qui contriljuait a la partn-e la plus recherchée.
Le luxe ne négligea'pas d’embellir les nii-roirs : il y prodigua 1’or , rargenl, les pierreries, eten fit par-la des bijoux d’un grand prix.nbsp;Sénèque dit qu’on en voyait dont la valeur sur-passait la dot que le Sénat avait assignee des deniers publics a la fille de Cn. Scipion , dot qui.nbsp;montait a iiooo as , ce quirevient, selon l’é-¦valualion la plus commune» a 55o francs denbsp;notre nionnaie.
On ornait de mirolrs les murs des apparte mens » on en incrusiait les plats OU les bassinsnbsp;dans lesquels on servait les viandes sur la fable jnbsp;on en revêtait les tasses et les gobeleis,quinbsp;niultipliaient ainsi Tunage des convives, et quenbsp;Pline appelait un peuple d’images.
Quant a leur forme, il parait qu^elle étaitronde Ou ovale. En 1647 •gt; découvrit a Nimèguesnbsp;un tombeau ou se trouva un miroir d’acier onnbsp;de fer pur, de forme orbiculaire , dont le dia-mèire élait de 5 pouces remains. Le revers en,nbsp;était concave, et couvert de leuilles d’argeatnbsp;avee quelques ornemens.
Le métal fut long-tems la seule matière employee pour les miroirs. II est pourtant incontestable que ie verre fut connu des tems les
-ocr page 239-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;203
p^us reculés; Ie hasard Ie fit découvrir envirou wille ans avaat i’Ere chrétienne. Pline ditnbsp;que des marchands de nitre , qui Iraversaient Ianbsp;Phénicie , s’étant arrêtés sur les bords du fleuvenbsp;Bélus pour j faire cuire leurs viandes,, mirent ^nbsp;Su défaut de pierres, des morceaux de nitre pournbsp;soutenir leurs vases, et que ce niti’e , mèlé aveenbsp;Ie sable, ajant élé embrasé par Ie feu, se fonditnbsp;et forma une liqueur transparente et claire quinbsp;se figea , ei donna la première idéé du verre.
11 est d’autant plus étonnant que les anciens n’aieni pas connu 1’art de rendre les verres pro~nbsp;pres a la représentalion des objets, en appli-quaut l’étain derrière les glacés , que les progrèsnbsp;dela découvertedu verrefure nt chez eux poussésnbsp;lort loin. Quels beaux ouvra ges ne fit-on pas avecnbsp;ï^ette matière ! Quelle magnificence quecelle dunbsp;tbéètre de M. Scaurus, dont Ie second étagenbsp;était enticremerit incrusté de verre ! Quoi denbsp;plus superbe, selon Ie récit de St.-Clement d’A-lexaudrie ,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ggs colonnes de verre d’une
grandeur et d’une grosseur extraordinaires, qui ornaient Ie temple de l’Isle d’Aradus !
11 n’est pas moins surprenanl que les anciens, ^pii connaissaient 1’usage du crisial, plus proprenbsp;^ttcore que Ie verre a être employé dans la fabri--cation des miroirs, ne s’en soient pas sorvis pournbsp;«et objet..
-ocr page 240-204 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
On Ignore Ie tems oii les anciens commen-cèrent a faire des miroirs de verre j l’on sail seulement que ce fut des verreries de Sidonnbsp;que sortirent les premiers miroirs de celte mallere. On j iravaillait très-bien Ie verre ^ el l’onnbsp;en faisait de fort beaux ouvrages , qu’on polis-sait au tour, et qu’on ornait de figures et d’orne-nernens en plat et en relief, comme on auraitnbsp;pu Ie faire sur des vases d’or ou d’argent.
Les anciens avaient encore connu une sorte de miroir, qui êtait d’un verre appelé parnbsp;Pllne verre ohsidien du nom d! Obsidius , quinbsp;l’avait découvert en Ethiopië; mais on ne peutnbsp;lui donner qu’improprement Ie nom de verre ;nbsp;la matière qu’on y emplojait était noire commenbsp;Ie jais, et ne rendait que des images très-im-parfaites.
II ne faut pas confondre les miroirs des anciens avec la pierre spéculaire, Cette pierre était d’une nature toute dilférente ^ et s’employaitnbsp;aun tout autre usage. On ne lui donnait le nonanbsp;de spéculaire qu’a cause de sa transparence.nbsp;C’etail une sorte de pierre blanche et transpa-rente qui se coupait par feuilles, mals qui nenbsp;résistait pas au feu : ce qui doit la distinguer danbsp;talc, qui a bien la blancheur et la transparence ^nbsp;mais qui resiste a un feu violent.
On doit I’apporter au tems de Seneque Tori-
-ocr page 241-E L A VUE. nbsp;nbsp;nbsp;2o5
giiie et l’usage des pierres spéculaires 3 il en rend tin lémoignage formel. Les Remains s’en ser-Vaient pour garnir leurs fenêires , comme nousnbsp;y einployons Ie verre, et sur-tout dans les sallesnbsp;a manger pendant l’hiver, afin de se garantienbsp;des pluies et des orages de cette saison. Ils s’ennbsp;servaient aussi pour les liiières des dames ,nbsp;t'omine nous raettons des glacés a nos carrosses ;nbsp;UI pour les ruches , afin d’y pouvoir considerernbsp;1’ingénieux travail des abeilles. En un mot,nbsp;l’usage des pierres spéculaires était si general ,nbsp;que beaucoiip d’ouvriers n’avaient pas d’autrtinbsp;profession que celle de lestailler el de les metirenbsp;un place.
Les anciens connaissaient encore une autre pierre appeiée Pheugite , et qui ne Ie cédaitnbsp;pas en transparence a la pierre spéculaire ; onnbsp;la tirait de la Cappadocej elle était blanche, etnbsp;nvait la dureté du marbre. L’usage en commen-ca du tems de Piéron, qui s’en servit pour cons-iruire Ie temple de la Fortune, reufermé dansnbsp;enceinte immense de ce riche palais, qu’il ap-pela la Maison dorée. Ces pierres répandaientnbsp;tine lumière éclatante, et telle, selon les terraesnbsp;dePline,que Ie jour y était plutót renferménbsp;'in’iniroduit.
-ocr page 242-aoS nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
CH A PITRE XVI. Des Miroirs ardens.
Les miroirs ardens soni le premier objel dont nous allons nous occuper. On a vu déjanbsp;queplusieurssavans en avaienl révoquéen doutenbsp;les effets surprenans : pour pen qu’on y réflé-chisse, il paraitra singulier que les hommes , sinbsp;avides du merveilleux qu’ils Tadmettent souvent conti-e toute apparence et loute possibilite,nbsp;se prêtent si difEcilement aux laits historiquesnbsp;les micux constates, lorsqu’ils ne rentrent pasnbsp;dans la sphere très-bornée de leurs connais-sances. Tel a été le sort des miroirs ardens ,nbsp;dont Archimède se servit pour bruler la flottenbsp;des Romains. Ce fait, rapporie par plusleurs his-toriens, cru sans interruption pendant quinzenbsp;ou seize siecles, a été ensuite non seulementnbsp;conteste, mats même traité netlement de fablenbsp;parTillustre Descartes ^ et depuis par les physi-ciens du siècle dernier j et il faut avouer, qu’a-vec les principes ordinaires de la dioptrique ,nbsp;Descartes et ces phjsiciens éiaient excusablesde
-ocr page 243-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;207
^6 pas trouver possibles les miroirs d’Ar-chimède.
II n’existait qu’une manière de prouver ce fait, nié (si long-tems par d’illustres savans:nbsp;lt;^’éiait de construire 'des miroirs capables denbsp;pi'oduire Ie memo effet que celui d’Archimède ;nbsp;et c’est en quoi Buflbn a parfailement réussi.nbsp;'fachons de donner une légere idéé de la róulenbsp;par laquelle il est arrivé a cette découverte.
II élait déja bien reconnn , que les miroirs ardeiis ordieaires étaient insuffisans pour brü-ler a de très-grandes distances. Pour produirenbsp;au tel effet, ii faudrait leur donner une grandeur immense, et il serait extrêmement diffi-^de , pour ne pas dire impossible, de leur donder exactement la courbure presqu’insensiblenbsp;qu’ils devraient avoir ; mais de plus, il y avaitnbsp;encore une autre raison qui les aurait rendusnbsp;aompiettement inutiles, quand on aurait punbsp;les iravailler avec autant d’exactitude que denbsp;precision.
On regarde ordinairement comme pbysique-nient parallèles , les rayons qui tombenl du so-ïeil sur un miroir ardent.
11 s’en faut cependant de beaucoup que ce pa-rallélisme existe dans la nature j il faudrait, pour
'2o8 nbsp;nbsp;nbsp;le cokservAteuïi
rayons, lombant sur le disque d’un miroir, tiè fcraient qn’un angle insensible, et pourraientnbsp;ètre regardés commeparallèles : maislediamèlrenbsp;du soleil occupe dans le ciel un espaee a peu-pres d’un demi-degré j les rayons, qui partent denbsp;ses deux exU’émités, tombent done sur le miroirnbsp;avec une inclinaison d’un demi-dëgré; par comnbsp;sequent, au lieu de se rasscmbler au mêmenbsp;point après avoir été réfléchis , ils iront en s’é-cartant d’un angle pared,- et c’est une des raisons pour lesquelies le foyer d’un miroir un peunbsp;grand n’est pas un point physique , mais a tou-jours une certaine éiendue. Tant que le foyernbsp;du miroir n’est qu’a une médiocre distance ,nbsp;eet écartement des rayons est moindre que lanbsp;convergence que leur donne le miroir; et , lenbsp;foyer étant par conséquent beaucoup moindrenbsp;que sa surface, les rayons y sont assez rassem-blés pour bruler; mais, si l’on augmentait lanbsp;longueur du foyer, alors l’écartement desnbsp;rayons devenant plus sensible, la force du foyernbsp;diminuerait; de sortc que, si on le supposaitnbsp;placé a one telle distance que lediamètre du miroir ne fut vu de ce point que sous un angle d’unnbsp;demi-dégré, la convergence donnée aux rayonsnbsp;par le miroir étant égale a la divergence causéenbsp;par la largeur du diamètre du soleil , le foyer nenbsp;ferait pas plus d effet que si les rayons yavaientnbsp;«té renvoyés par un miroir plan.
-ocr page 245-DE LA VUE, nbsp;nbsp;nbsp;209
C’est encore par la mêmc raison que Tlmage soleil , renvoyée parune glaceplane, el qui,nbsp;^ecue a une petite distance, est de même figurenbsp;que la glace, devient en s’eloignant de moins ennbsp;ïuoins semblable a cette glace, el finit par êtrenbsp;parfaiiemrnt ronde , quelque figure qu’onnbsp;tlonne au miroir. Ch aque point physiquenbsp;du miroir renvoie une image entière du soleil ,nbsp;fit tous ces disques forment I’image lumineuse :nbsp;comme ils n’ont tous qu’un dlametre de 52 minutes, les derniers, ceux qui sont réfléchis parnbsp;les extrémilés de la glace, ne debordent les autresnbsp;que de peu de chose, lorsque I’image est recuenbsp;de pres; mais, a mesure qu’on s’eloigne , ce peunbsp;Jiugmente et parvient au point d’absorber abso-lument loute la figure de la glace. II arrive anbsp;Ces rayons réfléchis ce qui arrive aux rayonsnbsp;directs du soleil, admis par un trou d’une figurenbsp;quelconque , dans une chambre obscure •nbsp;tani qu’on les recoit a une distance moindrenbsp;que celle a laqueile le trou paraitrait sous unnbsp;angle égal au dlametre du soleil, ils repre-sentent la figure de celle ouverture plus ou moinsnbsp;disiincie, selon qu’ils en sont regus plus ounbsp;''^oins presj mais , passé cette distance , ils nenbsp;^cprésentent plus que la figure du soleil.
Touie cette théorie fait voir evidemment que des miroirs spbériques et d’une seule pièce
210 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
n’ont jamais pu produire Teffct qu on auribue a ceux dont se servit Archimède j et, commenbsp;probablement ce grand mathématicien avail faitnbsp;toutes les reflexions nécessaires sur une entre-prise de cette nature, il est a croire qu’il avaitnbsp;employé une autre méthode, et qu’il s’étaitnbsp;servi de miroirs plans j c’est aussi Ie parti qu’anbsp;pris M. de Bufï’on.
Le premier pas a faire dans cette recherche, était de s’assurer de ce que les miroirs de glacenbsp;étamée faisaient perdre de force a la lumièrenbsp;en la réfléchissant; nous disons, les miroirs denbsp;glace étamée, paree que les expériences ont faitnbsp;voir qu’ils réfléchissent plus puissammerit la lumière que les miroirs de métal les mieux faits etnbsp;les plus polis. Pour examiner done leur elïet,nbsp;M. de Buffon fit tomber dans un endroit obs-cur un trait de la lumière directe du solellj il recutnbsp;ensuite le mème trait sur une glace, et le portanbsp;a 4 oti5 pieds, ou a i5 ou lödécim. On concoitnbsp;aisément que la lumière avait été alfaiblie parnbsp;cette reflexion et , en elfet , il fallut la lumière réfléchie par deux miroirs , pour égalernbsp;la vivacité de la lumière directe. La reflexion nenbsp;fait done perdre , a la lumière du soleil, qu’en-viron la rnoitié de sa force; et cette même lu-mière réfléchie peut, suivant les expériences,nbsp;étre transportée a des distances très-grandes ^
-ocr page 247-21 t
DE LA V U E.
comme de deux ou trois cents pieds , ou de 65 niètres a gj metres et demi, et n’en perdz’e qu’unenbsp;très-petite partie.
Des expériences a peu-près semblables fu-rent faites sur Ia lumière des bougies ; M. de Buffon , s’étanl placé dans un lieu obscur, y fitnbsp;entrer la lumière d’une bougie allumée dansnbsp;une charnbre voisine; et, tenant un livre a lanbsp;main, il fit approcher la bougie jusqu’a cenbsp;lt;jue la lumière fut suffisante, pour bieu distin^nbsp;guer les caractères du livre; et la distance de cenbsp;livre a la bougie se trouva de 24 pieds ou jSnbsp;décimètres. II essaya ensuite de lire Ie mèmenbsp;livre avec la lumière de la niême bougie réflé-chie par une glace, et 11 fallut la rapprochernbsp;lusqu’a qulnze pieds ou 49 décimètres. La dl-minuilou de la lumière d’une bougie par lanbsp;t'éflexion est done dans Ie rapport inverse denbsp;ces nombres j et la lumière directe de deux bougies doit éclairer a peu-près autant que la lu-inière réfléchie de cinq.
La difficulté que pouvait causer Tlncertitude de la force de la lumière réfléchie a de très-grandes distances, étant écartée, il y en avaitnbsp;encore une autre plus grande, qui s’élevait contre
possibilité du miroir d’Archimède. Le miroir ordent de l’Académie avait un foyer d’envirounbsp;quaire lignes ou i centimetre, et un diamètre
-ocr page 248-213 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
de trois pieds ou 98 centimetres ; pour en cons-truire un qui brulat également a 240 pieds OU pres de 78 metres, il aurait done failunbsp;meltre Ie mèrne rapport entre les diamètres dunbsp;foyer et du miroir; or, iJ est démontré que Ienbsp;diamètre du foyer ne peut, a cette distance,nbsp;être moindre que deux pieds ou 65 centim. :nbsp;si done on cherche Ie diamètre du miroir,nbsp;suivanl les regies ordiuaires, on Ie trouveranbsp;de 216 pieds ou de pres de 70 metres, grandeurnbsp;énorme, qui rend Ie miroir impossible, etnbsp;Descartes bien excusable dc 1’avoir jugé tel.
II est vrai que Ie miroir de TAcadémie bru-lait assez vivement pour fondre Tor j mais , rc-duil , par des zones de papier qui en couvraient uneparlie, a la seule grandeur nécessaire pournbsp;euflamraer du bois sec, il avail encore 5 poucesnbsp;ou 13 centimetres et demi de diamètre; ce quinbsp;donne pour Ie miroir qui enflammerait Ie boisnbsp;a 240 pieds ou pres de 78 niètres , un diamètrenbsp;de 3o pieds ou de 9 metres trois-quarts, moiusnbsp;grand a la vérilé que Ie premier, mais qui nenbsp;rend guère la construction du miroir plus pra-ticable.
II est certain qu en estimant la chaleur ma-ihématiquement, les raisonuemens que nous venons de rappor ter sont sans replique. Lesnbsp;foyers de rnêrne longueur doivent avoir uiiu
-ocr page 249-2l6
DE LA V U E. force proporlionnelle aux diamctrcs des miroirs;
a égale intcnsilé de lumière, un petit foyer doit brüler autant qu’un grand; et réciproque-nient un grand foyer ne doit pas brüler plusnbsp;qu’un très-petit, qui aura un même rapport avecnbsp;Ie dianiètre de son miroir : mais la clialeur a-t-elle été assujettie réellement aux lois qu’il anbsp;plu aux géomclres de luiimposer? et les efl’etsnbsp;qu’elle produit doivenf-ils être toujours d’ac-eord avec Ie calcul qui résulte de ces principes?nbsp;c’est ce que nous ne poinrions assurer sans té-mcrité. On n’a quc ti’op d’exemples dans la physique du peu de succes du calcul mathéma-tique, mal a propos employé, oü Ion n’au-ï’ait du consulter que I’experience et 1’obser-vation.
C’éiait en elfet leseul pariiqui resiat a prendre uM. de Buffon , et l’expérience décida nettementnbsp;contre Ie calcul; un verre ai'dent de 32 poucesnbsp;87 centim. de diamctre a son foyer de 8nbsp;lignes OU 18 millim. de largeur a la distance denbsp;6 pieds OU igS centim., et ce foyer fond Ie cuivrenbsp;en nioins d’une minute. Suivant Ie calcul diop-Irique , un verre de Sa lignes ou 87 centim. denbsp;diamèlre , dont Je foyer sera de deux tiers denbsp;lignes ou i millim. et demi , a la distance denbsp;® pouces ou 162 millim. , devrait fondre ennbsp;ïiième tems Ie cuivre dansl’étendue de son foyer:
-ocr page 250-2i4 nbsp;nbsp;nbsp;le conservateur
or, c’est ce qui n’est jamais ari’ivéj a peine ce petit foyer pourrait-il lui communiquer une médiocre chaleur.
Pour peu qu’on y veuille fai e attention , il sera aisé de trouverla raison de cette difference jnbsp;la chaleur se communique de proche en proche,nbsp;et Ia pciile quantité de matière échauffée parnbsp;un petit foyer, a bientót transmis la sienne auxnbsp;parties qui l’environnent ; un foyer d’une lignenbsp;OU de 2 miliim., qu’on fera lomber surle milieunbsp;d’un écu , partagera sa chaleur a toutes les parties de eet écu qui n’en sera que tres-peunbsp;échauffé, au lieu que , si l’on fait tomber dessusnbsp;uu foyer d’une égale intensité, mais plus grandnbsp;et qui le couvre entièremenl, non seulementnbsp;i! n’y aura point de chaleur perdue, mais le pointnbsp;du ndlieu , profitant de celle des autres , seranbsp;bieniót disjjosé a se fondre.
Ces expériences ayant done appris a M. de Buffon que le miroir qu’il se proposait de fairenbsp;consii’uire , pouvail n’être pas aussi grand quenbsp;le calcul semblait l’exiger, il résolut d’en tenternbsp;l’exécutiun, et le fit construire lel , a peu prés,nbsp;que nous allons le décrire.
11 était composé de i68 glacés étamées , cha-cune de 6 pouces sur 8, ou de 162 miliim. sur 217 , èloignées d’tnviron 4lignes ou 9 miliim. ,nbsp;et poriées sur üne monture qui pouvait se
-ocr page 251-DELAVUE. nbsp;nbsp;nbsp;2i5
wiouvolren tout sens: chacune des glacés avail sa m -lUure a part, qui lui permeltail aussi unnbsp;ïiiouvement en tout sens, indépendant de celuinbsp;des autres et de celui de loute Ia machine. Aunbsp;ïttojen de cemouvement, onpouvaitfaire lombernbsp;sur Ie même point les i68 images , et brüler anbsp;plusieurs distances. II y avail entre chaque glacenbsp;un iniervalle de quatre lignes ou 9 millim ,nbsp;fjui servait non seulement a laisser de la liberténbsp;a Ce mouvement, mais encore a donner a celuinbsp;qui opcrait Ie moyen de voir l’endroit ou ilnbsp;conduisaii les images.
11 faut environ une demi-beure pour faire coïncider les images au méme point • alors ienbsp;niiroir est monté poui cette distante, et l’usagenbsp;®n est aussi prompt que celui des autres miroirs;nbsp;m us il a sur eux Tavaniage de brüler en baut,nbsp;bas, et horizontalement. Si on veut porter Ienbsp;foyer a une autre distance, il n’y a qu’a répéternbsp;la même opéralion, et une autre demi-beurenbsp;suffit pour cela.
Il J a uu grand choix a faire dans les glacés donl on se sen: on doit rejeter toules celles quinbsp;ne donneni pas une image ronde et bien ter-niineej elles neferaientque troubler racti(3n desnbsp;¦tuires i malheui’eusemunt celles-ci font Ie plusnbsp;grand nombre; et les j68 glacés du miroir denbsp;de Bufïou ont été choisies entre plus de
-ocr page 252-3i6 nbsp;nbsp;nbsp;lecoNSERVAteur
5oo. Voici présentement le résukat des expé-i’iences.
TJne planche de hètre goudronnce a été allu-mée a 66 pieds de distance ou pres de 2i metres et denii^ avec 40 glacés seulement, et quoiquenbsp;le miroir , qui n’était pas encore monté surnbsp;son pted, fut dans une situation peu avanta-geuse.
Avec gS glacés on a mis le feu a une planche goudronnée et souflrée, placée a 126 pieds ounbsp;pres de 41 metres de distance.
On a produit une légere inflammation sur une planche couverte de laine hachee, mise a i58nbsp;pieds ou pres de 45 metres de distance , en em-plojani 112 glacés, et quoique le soleil ne futnbsp;pas bicn net.
Le soleil étant fort pale et couvert de vapeurs, on a fait fumer, avec i54 glacés, une planchenbsp;goudronnée, a i5o pieds ou 48 metres trols-quarts de distance , et il y a tout lieu de penser qu’elle se serait enflammée, si le soleil n’a-vait pas disparu.
Par unsoleil encore plus faible,ona enflatnmé en une minute et demie , a la même distance,nbsp;et avec le même nombre de glacés, des copeauxnbsp;de sapin souffrés et mêlés de charbon.
Le soleil étant plus net, on atiès-promp-temenl embrasé a lamême distance une planche
-ocr page 253-DHLAVUE. nbsp;nbsp;nbsp;2f7
•ie sapia goudronnée , avec 128 glacés scu!e-, et Ie feu a pris dans toute l’éiendue du fi'jer, qui avait environ 16 pouces ou ^5 cen-tinièlres de diaraètre a cette distance ; on a en-suile porté Ie feu a Ia menie distance , sur unenbsp;planche de liêlre goudronnée en partie ,et cou-¦•'erte de laiiie hachee en quclques endroits; Tin-ii-'inimation a commence par les endroits de lanbsp;planche qui étaient découverts; on avail employénbsp;1.48 glacés, et Ie feu élait si violent, qull afallunbsp;plonger la planche dans Peau pour Péteindre.
Enfin Ie foyer ayant cté racourci iusqu’a Ia distance de 20 pleds ou G metres et demi, avecnbsp;ï 3 glacés on a enflammé des matlères aisémentnbsp;•combustibles; avec 21 on a mis Ie feu a unenbsp;planche de hètre qui avail déja élé brülée ennbsp;P U’tie; avec 45 , on a fondu un flacon d’étalnnbsp;^tii pcsalt 6 llvres ou pres de 5 kilogrammes ;nbsp;^vec 117 , on a fondu des morccaux d’argentnbsp;minces, et rougi une plaque de tole ; et 11 y anbsp;lieu de crou’e que, si on employait toutes lesnbsp;glacés’ du mii’oir, on fondralt les métaux anbsp;5o pieds OU tG metres et un quart aussi aisémentnbsp;flu a 20 OU 6 metres et demi ; et, coranie Ienbsp;%er du miroir est a cette distance de 6 a 7nbsp;pouces OU de 16 a iq centim., on pourra faire,nbsp;Son moyen , des épreuves en grand sur lesnbsp;’atetaux, ce qu’il n’était pas possible de faire avec
-ocr page 254-2i8 nbsp;nbsp;nbsp;le CONSERVATEUH
les mil'oirs orJinaires, donl Ie foyer est cent fois
plus peilt.
Les experiences qiie nous venons de rappor-ter, ont été fakes par un soleil de printems et très-faible : si done on a pu dans ceite clrcons-tance bruler a i5o pieds ou 48 mèu’es 3 quarts ,nbsp;il y a tout lieu de troire que, par un soleilnbsp;d'été bien net, 011 bi’ülerait a 200 pieds ou présnbsp;de 65 metres , et qu’avec trois miroirs sembla-bles, on porterait Ie feu a 400 pieds ou présnbsp;de 130 métres , et peut-clre plus loin.
II ne faut cependant pas s’iniat^iner qu’on puisse brider par ce rnojcii a lelie distancenbsp;Qu’on Ie voiidra ; tout a des bornes dans la nature. Pour bruler seulement a une deml-lieue ,nbsp;il faudruit un miroir deux mille fois plus grandnbsp;qne celui qu’on a employé : on sent assez qu’ilnbsp;serail ridicule d’en entreprendre Texéculion;nbsp;anssi M. de Bulïbn crut-il qu’on ne pourraitnbsp;guére porter Ie foyer d’un miroir de cette es-péce au-dela de 8 a goo pieds ou de 260 métresnbsp;a 2g2 métres et demi, tout au plus.
Cette découverle a procure plusieurs avaniages a la physique et aux arts. Indépendamment de l’a-vantage qu’onteu les nouveaux miroirs de brulernbsp;en bas, au lieu que les miroirs ordinaires portent toujours la pointe du cóne brulant enhaut,nbsp;ce qui rend Topération de soutenir les matiéres
-ocr page 255-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;319
qu’on veut y exposer tres-di/Ecile , ils onl eti-LOre celui de donner tel dégré de chaleur qu’on si Ton recoit, sur un miroir concave d’unnbsp;ji d carré de surface, la reflexion de i54nbsp;places , la chaleur du foyer sera douze fois plusnbsp;pl ande que celle qu’il produirait naturellement;nbsp;Oil sent assez combien eet énorme d( gré de feu,nbsp;jusqu’alors inconnu, a du procurer d’avantagesnbsp;ilans de cerlaines occasions.
En faisant lomber les images Tune après l’autre sur un ihei’momètre, ou sur une machine de dilatation , Ton aura Ie rapport des expansions de la liqueur, ou de Tallongement denbsp;la verge, avec des quantiles égales de lu-niière successivemeut ajoutées, et on conn ai tranbsp;matières , dont les effets approchentle plusnbsp;^ ètre proportionnels a ces quantités, et qui ,nbsp;par conséquent, d ivent êlre employées parnbsp;préférence a la mesure des augmentations denbsp;chaleur.
Enfin, on saura par ce moyen, au juste et Kvec précision, combien de fois 11 faut la cha-leur du soleil pour brüler, fondre ou calcinernbsp;oci'taines matières, ce que Ton n’avalt pu esti-•Her jusqu’alors que d’une manière très-vague, etnbsp;^ On pourra connaitre exactemeut Ie rapport denbsp;*^os feux avec celui du soleil.
^ous ne croyons pas pouvoir mieux finir eet
-ocr page 256-230 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
article sur les verres ardens , que par ce passage d’Aristopliane qui en prouve 1’ancienneté.
« J’ai troiivé, dit un vieillard , dans la première scène du second acte desNuÉES, nne picrre qui paiera mes dettes sans bourse délier.nbsp;Quand on me présentera raon obligation, je pla-ceral cette piei’re au soleil sur mon billet, etnbsp;j’eii fondrai la cire ». Or, tout Ie monde sailnbsp;que , dans ce tems , on écrivait sur une écorcenbsp;d’arbre en luite d’une couclie de cire.
Des Loupes, des Microscopes simples, et de leiirs ejfets meroeilhux.
O::^ appelle Loupes hotaniques ,ce\\esc]a\ «er-vent pour i’étude des plantes : elles sont cons-truites de diflerentes manières.
Les plus simples n’ont qu’un verre spliérique. jNous avons des hiloupes montées en cornenbsp;ouenécaille, et garnies de porte-verres en ornbsp;OU en argent. L’un des verres sert a connaitrenbsp;les plantes et les fleurs, dont la grandeur estnbsp;assez espacée pour distinguer tous les phéno-mënes utiles a la science; et l’autre sert a de-
-ocr page 257-DE LA VüE. nbsp;nbsp;nbsp;22ï
voller aux yeux les parties de ces fleurs et de ces plaiiies , qui par leur extréme ténuiténbsp;cchapperaient a Ia vue la plus subtile.
Les triloupes rcunissent irois lentilles, tou-tes plus fortes les unes que les autres. On peut les employer isolément, et en augmenter Ienbsp;pouvoir amplifiant par la reunion de deux etnbsp;tnême de trois lentilles. Elles sont ordinaire-inent destinées a voir de très-petlls objets.
Nous avons encore des loupes pour l’horlo-gerie; ces loupes sont de divers foyers, n’ont qu’un verre aclapté a un eerde d’ivoire, etnbsp;peuvent se placer sur 1’éiabli des artistes. Nousnbsp;'Cii avons aussi qui ont la forme d’entonnolr ,nbsp;afin de pouvoir occuper la cavité qui entourenbsp;1’oell. Comme les lentilles de ces loupes grossis-sentbeaucoup, les horlogers trouvent plus com-niode de les placer ainsij et ils ont en celanbsp;d’autant plus de raison, qu’ils ne s’en serventnbsp;¦que momentanémeut. Cependant nous avonsnbsp;des porie-loupes en cuivre, oii l’on peut fixernbsp;la loupe, et faire varier Ie mécanisme sur tousnbsp;les points.
Pden u’est plus fatigant pour l’organe visuel ^ que de se servir de ces sortes de loupes; et cependant il est souvent indispensable dy avoirnbsp;i’ecours, a cause des petiies pieces done la té-wulié échapperait a l’oeil, et que les horlogers
-ocr page 258-222 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
sont obliges de revoir avec Ia plus grande attention.
Les 5j7c»?/plt;’jne sont pas moins indispensables pour les Controleurs a la marqué d’or et d’argent,nbsp;pour les aider a reconnaitre jusqu’a Ia moindrenbsp;trace des empreintes du poingon.
Les personnes qui ne yeulent pas faire usage de lunettes , se servent de loupes j mais nou snbsp;sommes loin d’approuver eet usage : car l’oeil,nbsp;qui ne serait jamais exercé , se fatiguerait autantnbsp;que celui qui s’exercerait toujours , vu que lanbsp;force opiique doit se repoi’ter loute entière dansnbsp;l’oeille plus exercé. C’est de l’usage cité ci-dessusnbsp;que provient assez souvent l’étonnante inégr-lité de la portee des deux yeux. Passous auxnbsp;microscopes.
Les plus petits microscopes n’ont qu’une len-tllle : Ie verre est fixé sur un tube de verre, et par l’ouverture on peut placer les objets. Cesnbsp;sortes de microscopes sont suffisantes, pour don-uer aux jeunes gens une idee d’instrumens plusnbsp;compliqués.
11 existe aussi des petits microscopes a une , deux et même trois lentilles, pourserviral’étudenbsp;de l’histoire naturelle ; toutes ces lentilles senbsp;trouveni adaptées sur un manche d’ébène ounbsp;d’ivoire ; il se trouve a cbacune un miroir ennbsp;métal; et, dans Ie haut, une pince en acier pournbsp;fixer les objets.
-ocr page 259-DE LA VUE.
Avanl que de parler des microscopes très-composés , Iels que Ie microscope solaire oi Ie microscope de Dellebarre, nous allons parler desnbsp;«flets merveiüeux des loupes el des microscopes.nbsp;C'est a euxque Ion doit l’avantage de connaitrenbsp;a fond la structu' e d’une infinite de corps, dont lanbsp;petiiesse défierait l'ceil fi* plus subtil et Ie plusnbsp;exercé. C’est par la reunion des lentilles et desnbsp;loupes qu’on a distingue une foule surprenantenbsp;d’animaux vivans , dans diverses liqueurs, etnbsp;même dans des corps oii l’on n’aurait jamais soup-9onné leur existence. Quel nombre prodigieuxnbsp;d’expériences n’a-t-on pas faiies , et ne fera-t-onnbsp;pas encore, quand on a voulu, quand on voudranbsp;«xaminer les parlies constilutivesdes plantes, desnbsp;fleurs et des fruits , des pierres, des minéraux etnbsp;des métaux? Ce qui nous avait paru Ie plus mépri-Sable, nous pénètre d’admiration, dès qu’on Ienbsp;voii a la loupe, et surtout au microscope. Unenbsp;petite moisissure semble un jardin couvert denbsp;plantes -. des grains de sable presque imper-ceptibles ont 1’apparence de rochers: les petitesnbsp;pointes d’acier, que Ie choc du briquet tire desnbsp;Veilles dun caillou, paraissent de petites ballesnbsp;de plomb rondes en dehors et creuses en dedans :nbsp;1^ poussière qu’oflre un bois vermoulu semblenbsp;peuplée d’une infiuité d’animalcules vivans.nbsp;11 en est de raême du froraage, lorsque la
-ocr page 260-224 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
sécheiesse Ie fait toniber eii poudre ; presque toutes les plaiites eii se pounissant donnentnbsp;naissance a diflérenles families d’insecles , doiitnbsp;Ie microscope seul a dévoilé l’exislence.nbsp;sauge , par example , lorsqu’onii’a pas prissoinnbsp;de la Javer, doiine une boisson dangereuse. Onnbsp;areniarqué que celle malignité provenait d’unenbsp;multitude de petils animaux qui vlvent desnbsp;feuilles de cette plante , qui y dcposent leurSnbsp;CEufs , et qui se couvrent d’une loile semblablenbsp;a celle des aralgnées, mais insensible a !a yuc.nbsp;Un ciron , qui iie parait a la Yue simple (|U®nbsp;comme un point , se montre , a la faveur dunbsp;microscope, lout couvert de polls et presquenbsp;semblable a uii ours ; une puce y a les jambesnbsp;toutes ^eluts et ci mme ainiées de pointes ^ etnbsp;ressemble en quelque sorle a une écrevisse. Sinbsp;1’on examine la queue de certains petits poissonsnbsp;un peu transparens , on voit circuler leur sangnbsp;qui va et revitnt des artères dans les veines. Sinbsp;l’on prend une goutte d’eau, oü Ton ait bulnbsp;Iremper un jour ou deux du loin ou d’auireSnbsp;hei bes sèche§,ony apercoit un nornbre sur-prtnant de peiiies anguilles qui nageut dansnbsp;celle eau , comme on en voit aussi nager dansnbsp;Ie vlnaigre. Si l’on met du poivre xioir ainfusei’nbsp;une nuit dans de i’eau , on j eut Ie lendemain ƒnbsp;remarquer des animalcules, dont on distinguelcsnbsp;pieds, la queue , la lète et mcme les yeux.
-ocr page 261-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;iaaS
ï)e quelle admivation ne doit-onpas être frappé^ lorsqu’on aper^oit dislinctement cette multitudenbsp;infinie d’êtres nouveaux, qul si long-tems ontnbsp;échappé aux y eux les plus pergans? et, si Ton pen senbsp;combien doivent étre petites les diverses partiesnbsp;de leurs corps; combien sont délicats les os , lesnbsp;tierfs, les veines, les arières qui les composent;nbsp;combien sont tenues les pellicules et les liqueui^snbsp;de leurs yeux ; quelle doit être Torganisationnbsp;de leurs muscles , de leur cerveau et de leurnbsp;coeurj de quelle fluiditédoivent jouir leur sang,nbsp;et surtout les esprits animaüx qui impriment Ienbsp;mouvement a ces petites machines, qui pourranbsp;s’empêcher de reconnaitre la sagesse et lanbsp;puissance infinies, qui éclatent avec tant de magnificence jusques dans la creation et la conservation de ces faibles animaux , dont la contemplation force l’esprit humain a reconnaitrenbsp;combien sont bornées sa science et ses lumières,nbsp;lorsqu’ilvoittoute sa pénêtration échouercontrenbsp;ces insectes, dont les ressorts secrets lui sont etnbsp;lui seront loujours incompréhensibles?
-ocr page 262-22amp;
LE CONSERVATEUR
Du Microscope solaire.
Le microscope solaire ( fig. 34 ) inventé vers 1740» P^r L’eberkuyn , de l’Académienbsp;royale de Berlin. II s’ajusle au volet d’unenbsp;chambre dont toutes les fenêtres sont exacle-menl fermées a la lumlère.
La plaque de cuivre A se fixe au volet par les deux petites vis qui , comme on le voitnbsp;en a , s’engagent dans deux écrous b , noyésnbsp;dans le volet.
BB est uR eerde de cuivre , tournant dans l’épaisseur de la plaque , et poriant en dehorsnbsp;une glacé , ou miroir de métal C, destiné anbsp;recevöir les rayons du soleil.
G’est au moyen d’un pignon D , qui s’en-grène a la circonférence du eerde , qu’on le fait tourner , et avec lui le miroir , de nianièrenbsp;a renvoyer toujours les rayons du soleil dansnbsp;les directions du microscope.
Une vis de rappel , placée en E , fait de même varier I’indinaison du miroir pour lenbsp;même objet.
-ocr page 263-DË LA VU Éi nbsp;nbsp;nbsp;327
P, est Ie corps du microscope portaiit a i^exirémité extérieure une leniille d’une fortenbsp;convexité , deslinée a recevoir la plus grandenbsp;^unn iié possible de rayons solaires , et a Ianbsp;léfracier dans rintérieur du tuyau F.
Un autre tuyau G , qui glisse dans I’intérieur de F , porie a son extrémité 1 les diversesnbsp;ieniilles dont on a besoin de proporlionner Ianbsp;force au degré de grossissement que I’on veutnbsp;Se procurer.
11 y a ordinaiiement six de ces leniilles , dont cbacune est ajuslée dans une sorie de chatounbsp;a vis H.
Les objets que l’on veut observer se placent par la rainure pratiquée en C , de raanicre anbsp;i’ecevoir Ie cóne de lumière envoyé par la len-tdle extérieure, el a se troiiver au foyer de lanbsp;leniille placée en I j et, pour satisfaire au changement des lenliPes , l’engrenage, que fait mou-voir Ie pignon , fait varier a volonté l’extré-ntite I du microscope.
De même , en faisant glisser Ie tuyau G , dans Ie tuyau F , on a la facilité d’approchernbsp;Ou de reculer les objets placés en C, suivantnbsp;qu’on a besoin de leur donner une lumière plusnbsp;moins vive 5 car on sent que, si , par exengt;nbsp;P^e , on voulait examiner un insecte viyant, etnbsp;, pour avoir la plus grande lumière possi-
-ocr page 264-228 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEÜR
Lie , on Ie mit précisément au foyer de Ia Jeri-lille extérieure , il serait a l’mstant brulé; tandis que, si eest un morceau d’une substance peunbsp;transparenie et peu combustible ^ on peut l’ex-poser a cette forte lumière , pour en distinguernbsp;mieux les parties.
II fautvarier les porte-objets suivant la nature des objets que l'on veut observer.
K est un porte-objets en iyoire dont chaque rond est foi’iné de deux plaques de talc fortnbsp;minces entre lesquelles ou place, soit les pattesnbsp;de moiiches , soit les petits insectes morts , lesnbsp;écbantillons de bois très-minces , etc. etc. , quinbsp;y restent a demeure.
Quelques-uns de ces porte-objets ne sont assujettis qu’avec un anneau de cuivre formantnbsp;i’essort , pour placer a volonté , entre les deuxnbsp;plaques, de nouveaux objets.
Le povte-objet L est en cuivre ; les plaques sont en verre concave, pour laisser entre deuxnbsp;la place d’un insecle vivant, ou d’une liqueurnbsp;dont on veut observer la cristallisation ou lenbsp;dessèchement.
D’autres porte-objets M sont des cylindres de verre , dans lesquels on fait entrer, soit unenbsp;palle de grenouille vivante , soit une nageoirenbsp;de poisson, soit des vers ou insectes un pet»nbsp;longs.
-ocr page 265-DE LA V ÜE, nbsp;nbsp;nbsp;229
est une petite pince poui’ saisirles objets.
O est une lentille a main , destinée a aider i’ccil de robservateur pour chercber ou preparer les objets.
Enfin, P est une petite boite pour serrer des ronds de talc ^ ou des verres de re change.
Le talc a sur Ie yerre Favantage d’etre en lames beaucoup plus minces ^ et par conséquent de raoins nuire au passage des rayonsnbsp;de lumière.
11 est aisé de concevoir que la lumière , arri-yant avec force par la lentille extérieure, jette une très-grande clarié sur les objets plqcés en C;nbsp;et que , ce point C éiant au foyer de la lentillenbsp;I , celle-ci ‘réfracte les rayons qui en yiennentnbsp;en un grand cóne de lumière qui ya se pcindrenbsp;Sur la rnuraille ou la toile , ayec d’autant plusnbsp;de détails que le foyer est plus fort , et que lanbsp;toile est plus élolgnée.
De celte manière une puce se peinl de la grosseur d’un mouton , des poussières de pa-pillon ressemblent a des fleurs d’oeillets. Lesnbsp;yeines qui se trouvenl dans la queue d’un lézardnbsp;olFrent Fimage d une gi’ande carte géographiquenbsp;dont elles forment les riyières , et oü l’on distingue parfaitement la circulation du sang,nbsp;ll eu est dtt microscope solaire comme d«s
-ocr page 266-a5o nbsp;nbsp;nbsp;LE CÜNSERVATEUR
auti’es insti’umens d’optique ; la théorie ne don-’ ne pas de hornes a ses efl’ets ; (t Ie grosslsse-ment pourrait en étre porté a Texlreme , s’ilnbsp;régnalt assez de perfection dans toutcs ses parties , pour proportionner la lumière au gros-sissement.
Cette perfeclioH lient, ainsi que dansla cham-bre obscure , au niiroir extérieur, dont la moindre inégalité nuit a l’égale repartition denbsp;la lumière. 11 est très-difficile d’établir des mi-roirs parfaitement plans , tant a l’extcrieur quenbsp;sur la face qui re^oit Ie tain ; et cependant, pournbsp;peu que ces deux faces ne solen t pas exacteinentnbsp;parallèles , la reflexion de la lumière cessenbsp;d’etre parfaite ; ce qui ferait préférer les miroirsnbsp;de métal, s’ils n'exigeaient trop de précautionsnbsp;contre les effcts de l’air auquel leur destinationnbsp;les expose.
-ocr page 267-231
DE LA VUE.
CHAPITRE XIX.
Du Microscope de DeHebarre. (i)
L’auteüR appelle ce microscope universel, paree qu’il l’a rendu propre a observer , ennbsp;tout temps el de toules fagons , quelque objetnbsp;que ce soit , transparent ou opaque ; et c’estnbsp;avec d’aulant plus de raison qu il a pu ie nom-nier ainsi, que, pour Ie présenter al’Académienbsp;royale des sciences , il lui a donné , lors denbsp;sou séjour a Paris , loute la perfection dontnbsp;ii I’a cru susceptible; perfection qu’il a obtenuenbsp;parleschangernens et les additions considerablesnbsp;qu’il y a fails , et qui en onl beaucoup perfec-
(i) La France pouvant tléfier par eet instrument toutesles fa-Lrications anglaises , je crois pouvoir réimprimer ici I’instruc-tion qne j’ai puhliée sous les yeux de l’auteur , au moment oü je veiiois de travailler au rapport, qui lui fit déceraer,nbsp;par l’Athénée des arts , une couronne et une médaille.
M. Dellebari'C est mort en 1808.
-ocr page 268-aSa nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
lionnéla conslruciion et les effets. Aussi, surle rapport avantageux cju’en firent les commis-saires noiiimes pour rexaminer , I’Academienbsp;]ui accorda son approbation. Co rapport, quinbsp;esl aussi elendu que circonstancié , se trouvenbsp;inséré on entier dans le journalEncjclopédiquenbsp;des mois d’aout et de septembre de I’anneenbsp;1777 , dans lequel au surplus on verra le mé-moire qu’il lut sur la difference de la construe-^nbsp;lion et des effets de cet instrument , lorsque,nbsp;le 3o avril précédent, il le presenta a I’Aca-démie.
Ce microscope ( fig. 25 ) se place tout entier dans sa boite , composée de trois parlies dontnbsp;le pied fait la premiere j la deuxieme consistenbsp;dans une longue tige carree , qui porte lesnbsp;deux miroirs de glace, adosses Fun contre Fau-tre , et renfermés dans un même eerde • lanbsp;loupe servant a réunir la lumiere sur Fobjet ;nbsp;et, au-dessus de celte loupe , une table ou pla-line oil se pose Fobjet ¦, la troisieme partie ,nbsp;qui est ce qu’on appelle proprement le co'rpsnbsp;du microscope , comprend tous les tuyauxnbsp;lous les verres oculajres vissés et assemblesnbsp;Fun dans Faulre , et portés par un eerde fixenbsp;a une autre tige carrée,
Comme la construction et les usages de ce microscope différent entièrement de ceux des
-ocr page 269-DE LA VUE.
microscopes connus , et que It s divers el prin-cipaux effets , qui lui soiit piopres et parlicu-liers , dependent de Ia variation des positions , des distances et des combinaisons des verres ,nbsp;tuyaux et miroirs qui y sont rendus mobiles ,nbsp;et non fixes et arrêtés a la même place, comuienbsp;dans les microscopes qu’on a faits ci-clevant, ilnbsp;est absolumeni nécessaire d’entrer ici dans Ienbsp;détail, 1° des difTérentes pieces du microscope ,nbsp;des divers mouvemens qu’on peut leur donner ,nbsp;et des lettres et numéros qui servent a les fairenbsp;connaitre j 2° de ses divers usages ou des dif-férentes manières de s’en servir pour opérer lesnbsp;difiërens degrés d’agrandissement, de clarté ,nbsp;de distinction et de champ ou air visible , dontnbsp;eet instrument est susceptible , tant pour lesnbsp;objets transparens ou diapbanes , que pour lesnbsp;objets opaques.
L’auteur commence par la partie essentielle de I’instrumeut , c’cst-a-dire ^ par la descriptionnbsp;du corps du microscope : cette partie est com-posee de cinq tuyaux , de cinq verres oculairesnbsp;et de cinq leniilles objectives.
Le premier de ces tuyaux , qui recoit tous les autres, est marqué de la lettre A. Ce mémenbsp;luyau porte a sa partie iuléiieure un petit boutnbsp;tuyau étroit, qui est garni extérieurementnbsp;fit iotérieurement dun pas de vis : rimérieur
-ocr page 270-234 nbsp;nbsp;nbsp;CONSERyATEUR
est destine a recevoir Ie porle-lenlillc ob'CC-tive j et sur 1’extérieur se visSe Ie miroir concave d’argentN, doni on fait usage pour éclairer les objets opaques.
Dans ce premier tuyau se place un second lujau B , lequel, par en bas , porte Ie verrenbsp;intermédiaire , c’est-a-dire , celui que Ton placenbsp;entre la leniille objective et les oculaires quinbsp;sont Ie plus pres de l’oeil.
Dans ce second tuyau , on en place un troi-sième marqué C lequel, par en haut, porte les oculaires , qui , sans y comprendre l’inter-médiaire , sont au nombre de quatre. Chacunnbsp;de ces verres , selon les diverses combinaisonsnbsp;([ue l’on vent faire , peut alternativement senbsp;visser aux tuyaux B et C , et par la deveuir intermédiaire OU oculaire proprement dit. Cesnbsp;cinqverres sont montés chacun dans une virole ,nbsp;portant une vis et un écrou du inêine pas ,nbsp;moyennant quoi l’ou peut les employer , ounbsp;tous ensemble , ou séparément et combinesnbsp;de diflérentes facons.
II y a un quatrième tuyau qui sei t, en certains cas et en certaincs combinaisons de ces verres, aalongerle corps du microscope, c ést-a-dire , a augmenter la distance entre la lentillenbsp;objective et les oculaires j ce tuyau , qui portenbsp;laleltreD, sc place dans riniérieur, et, lors-
-ocr page 271-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;255
que les tuyaux se trouvent rassemblés les uns dans les auires, enlre dans A et recoit B.
Le cinquième Inyau est marqué de la letlre Ej ce tuyaii se visse au tuyauC, au-dessous ounbsp;bien au-dessus des viroles des oculaires : dansnbsp;le premier cas, il sert a augmenter la distancenbsp;des oculaires aux verres intermédiaires, et,nbsp;dans le sccoml, a augmenter celle de Toculairanbsp;a Toeil de l’observateur.
Les viroles qui portent les verres oculaires sont aussi au nombre de cinq,- elles soiit toutesnbsp;marquees dun numéro, qui fait connaitre lanbsp;force des verres qu’elics renferment : par conséquent, la virole n° i. renferme le verre quinbsp;grossit le plus , et ainsi des autres. Les verresnbsp;contenus dans ces cinq viroles, et que l’on peutnbsp;combiner de quantité de facons diflérentes,nbsp;sont tous de dilFérentes manières et de différensnbsp;foyers.
Immédiatement au-dessus de la virole supérieure, c’est-a-dire de celle qui est le plus pres de l’oeil, se visse la visière F, composée de deuxnbsp;pieces qui entrent a vis Tune dans l’autre, etnbsp;qui, en se vissant et se dévissant, peuvent s’a-longer ou se racourcir , pour mettre ainsi l’oeilnbsp;iusie au foyer antérieur des verres ocul dies,nbsp;selon que l’exigent les dilférenies bauleurs dunbsp;Microscope.
-ocr page 272-256 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
Enfin il ƒ a cinq Icnlilles objectives qui se vissent alternativernent, selon la grandeur denbsp;l objet Cfue Ton veut examiner, dans Ie petitnbsp;bout du tujau A. Ces lentilles se reconnaisseotnbsp;a leur ouverture. Celle qui grossit Ie plus a lanbsp;plus petite, et est marquee n° i; et la moinsnbsp;forte, dont l’ouverture est la plus grande , portenbsp;Ie n'^ 5.
Le corps entier du microscope est retenu par un cei-cle, fixé a une li^e carrée G , qui glissenbsp;dans une botte de cuivre H, Iaquelle|s’adapte iinbsp;Textremite supérieure de la grande tige de l’ins-trument ¦ ce qui doune au corps du microscopenbsp;un mouvemeni d’arrière en avant et d’avant ennbsp;arrière; et la botte, tournaut elle - mèrne surnbsp;un pivot, donue au microscope un mouvement de droile a gauche et de gauche a droite jnbsp;de sorte qn’au moyen de ce doable mouvement, on peut lui faire parcourir tousles pointsnbsp;de Ia plaline qui porte les objets ; ces dlt; ux mou-vernens, loi'squ’on veut arrêter et fixer la len-tille sur un objet, s’arrêtent par autant de visnbsp;au-dessous de la tige carrée : tout contre lenbsp;eerde qui lient les tuyaux, estunboutou g, dontnbsp;la tête est fort alongée, et qui donne beaucoupnbsp;de facilité , pour imprimer aux tuyaux lesnbsp;deux mouvemens dont on vient de parler.
La seconde partie du microscope consiste
-ocr page 273-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;257
dans une longue tige carrée T , a laquelle sont ^daptées loutes les autres pieces de Tinstruinent.nbsp;Cetie tige, qui se fixe par une vis au pied dunbsp;microscope, est en deux endroits p, p, briséenbsp;et a charnière , pour pouvoir , 1° l’incliner denbsp;manière a obsei'ver commodément assis; 3® amener Ie corps du microscope dans une situationnbsp;borisontale , afin d’y observer les objets parnbsp;nne lumière directe et non réflécbie.
Vers Ie haut de cette tige estplacée la platine P, destinée a porter les objets qui s’j posentnbsp;sur un verre plan. Cette platine peut se meitrenbsp;a la distance convenable de la lentille objective,nbsp;par un mouvement de crémaillère très-doux,nbsp;et cela, au moyen d’un large bouton b, qui senbsp;irouve a gauche fixe a la boite de cuivre quinbsp;tient la platine, et qui porte un pignon engrenénbsp;dans un rateau, le long duquel la platine montenbsp;et descend facilement a mesure que Ton ennbsp;tourne et detourne le bouton, et reste a toutenbsp;distance pour mettre ainsi I’objet juste a son-point. A cette platine, en dessus eten dessous,nbsp;sont adaptés des ressorts qui servent a ynbsp;arrêter toutes les pieces qnel’on veut, commenbsp;des tubes , des lames de cuivre ou d’ivolre, etc.nbsp;A.Usurplus, cette piece porte a la droite un pe-canon refendu, dans lequel glisse une pe-.nbsp;dte branche d’acier, qui, a l’uu de ses bouts,
-ocr page 274-258 nbsp;nbsp;nbsp;LE conseïivateur
porte mie pointe et une plnce destinées a saisir les objets vivants, et les auties objets opaques;nbsp;et, a l’autre, un petit anneau dans lequel on as-sujettit un portc-objet au mojen d’une vis : cenbsp;petit canon, qu’on fixe par un écrou au dessous,nbsp;toume comme sur un pivot. Ainsi ces piecesnbsp;peuvent se mouvoir a droite et a gauche, ennbsp;avantet en arrière; et elles ont précisément lesnbsp;mêmes mouvemens que Ie corps du microscope; elles servent principalement quand l’ins-trument est tourné directement au jour, ou incline pour s’en servir assis. A la gauche de lanbsp;plaline est une petite ouverture , qui a une portee pour y recevoir un carton noir ou blanc ,nbsp;sur lequel on peut mettre queique objet que cenbsp;soit; 1’on s’en sert principalement lorsque Tonnbsp;veut examiner, avec une lentille de long foyer,nbsp;les objets dont les couleurs sont tendres et chan-geanteSj et qui sont éclairés seulementpar la lu-mière du jour, et sans aucune reflexion des mi-roirs inférieursi Enfin, dans la grande ouverture de la platine , se met un verre plan sur lequel se pose l’objet ; ce veiTe est a jour dansnbsp;loute son étendue pour les objets iransparens ,nbsp;et porte une tache noire au blanche, si 1’on s’ennbsp;sert pour les opaques.'
Au-dessous de cette platine, vers Ie pied du microscope, est un demi-cercle Kfixé a une boiie
-ocr page 275-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;aSg
tJe cuivre qui glissc dans la tige carrée du pied, et peul s’y fixer a lel point que Ton veut; (Cnbsp;demi-cercle porte sur ses deux faces deux m -roirs de glac , Turi plan M, l’autre concave,nbsp;qui onl Ie mouvement horisontal, et Ie doublenbsp;ïMouvement oblique auiérieur et lateral, servantnbsp;u réfléchir la lumière vers l’objet : ces miroirsnbsp;peuveal èlre places a difierentes distances denbsp;l’objet, suivanl les dilférens dégrés d’intensilénbsp;de lumière dom on a besoin.
Entre 1 ¦ miroir et la platine , est placée uno loupe'OU verre convexe marqué VI, et destinenbsp;a rassembler sur l’objet les rayons de la lumière,nbsp;et surtoul de celle d'’ la chandelle. Cette loupe,nbsp;qui est pareillement fixée a une boite de cuivrenbsp;glissant dans la grande tige, a les deux mouve-^ens, Ie veriical et I’liorisontal, pour qu’oiinbsp;puisse l’avancer, 1’éloigner ou la supprimer aunbsp;besoin. Le tout est porie sur un pied de cuivrenbsp;L, et c’esl la Iroisième parlie du'microscope ,nbsp;lel qu’il est arrange dans sa boite. Ce pied, quinbsp;est compose de trois consoles assemblees dansnbsp;Une base . revolt dans son embase la grande tigenbsp;du microscope quiy lourne dans toute direction ,
et s’y fixe par une vis lorsqu’on veut se servir de 1 instrument. Une des consoles se tourne en de-vant, quand le corps du microscope est vertical,nbsp;et en arrière, lorsqu’il est horisontal ou incline.
-ocr page 276-54o nbsp;nbsp;nbsp;le conservaïeur.
Outre Ie miroir concave d’argent N, quï y comme OU l’a dit ci-dessus, seit a éclairer lesnbsp;objets opaques , et se visse au bas du tujau A anbsp;différentes hauteurs, selon les différens foyersnbsp;des lenlilles qu’on veut employer, on se sertnbsp;encore des diapbragmes de cuivre noirci a diffé-rentes ouvertures, dont Jes uns se mettent surnbsp;les rniroirs de glace inférieurs, et les autres surnbsp;Ja loupe pour enmodérerla trop grandelumière,nbsp;sur tout lorsqu’on se sert de fortes lentilles ^nbsp;OU qu’on observe des objets fort transparens ,nbsp;avec quelque lenlille que ce soit.
11 y a aussi une petite lame de cuivre arron-die par les deux bouts , noircie d’un cóté, et polie de l’autre ; cette piece, lorsqu’on observenbsp;des objets saisis paria pince ou par la pointe,nbsp;sert a intercepter les rayons du miroir d’en bas ^nbsp;pour que l’objet ne soit éclairé que par Ia reflexion du miroir concave d’argent j elle senbsp;place directenient sous l’objet, et se fixe a l'unnbsp;des ressorts de la plaline.
Enfin deux boites, qui s’ouvrentet seferment a coulisse i, contiennent quarante objets transparens ou opaques, arranges entre deux verresnbsp;concaves et très-minces, dans un petit anneaunbsp;d’os OU d’ivoire , sur Ie revers duquei est marqué Ie nom de l’objet. Ces objets, tirés des troisnbsp;règnes de la nature, et pour la plupart difiérens
-ocr page 277-DE LA VU E. nbsp;nbsp;nbsp;241
de ceux que l’on fournit ayec les aulres microscopes , doivent paraitre d’autant plus curieux et iniéressans, que, depuis vingt-cinq ans et plusnbsp;que l’on observe, on a toujours tenu note denbsp;tout ce qu on a trouvé qui put s’appliquer Ienbsp;plusutilement au microscope. D’ailleursoncroitnbsp;ne rien dire de trop a ce sujet, en assurani quenbsp;l’on s’est acquis, par une experience de tautnbsp;d’annees, plus de dextérité pour la preparationnbsp;de ces objets, que par les moyens qu’employentnbsp;ceux qui les préparent ordinalrement. Indépen-damment des quaranteporte-objets qui sönt four-nis ave ’ l’instrument, les Amateurs trouvent desnbsp;colleciionSj grandes, moyennes et pelites d’insec-tes et parties d’insectes développées et anatomi-sées, d’ailes et d’étuis d’ailes de mouches, sca-rabées, etc., de poils d’animaux, deplumes etnbsp;de plumasseaux d’oiseaux, d’écailles de pois-sons, de poussières de fleurs, de papillens, sca-rabées et autres insectes, de plantes marines etnbsp;terresires , de tranches horisontales de bois etnbsp;de plantes, de dissolutions de sel, etc. , Ienbsp;lout préparé pour êire observé partie transparente , partie opaque.
On passe maintenant a 1’usage particulier du microscope, OU bien aux difl’érentes manièresnbsp;de s’en servir. L’habitude ou l’on a élé jusqu’anbsp;présent de se servir de microscopes, dont la
16
-ocr page 278-2^-2 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
manoeuvre élait toute différente, pourrait faire croire qu’il y anrait plus de difïiculté dans l’u-snge de celui-ci, par rapport aux diflérentes positions de ses verres , tuyaux et miroirs qui ,nbsp;conime on I’a fait observer, sont fixes dans lesnbsp;auires instramens de ce genre 3 mais I on a d’au-lant moins sujet de s’en plaindre, que c’est denbsp;ces variations mémes que résultent beaucoup denbsp;propriétcs et d’avantages que les autres microscopes n’ont point 3 et que , cetle petite difficulténbsp;une fois surmontée, l’obscrvateur trouvera avecnbsp;eet instrument toutes les facilités et toutesnbsp;les commodités imaginables, solt pour salsirnbsp;promptement sou objet et Ie racttre au point denbsp;distinction, soit pour 1’éclairer convenablement,nbsp;soit ponr Ie faii-e successivement passer par tousnbsp;les degrés d agrandissement, de clarté, de distinction, et d’extension qull juge a propos 3nbsp;mais pour cela il faut bien lire et reiire ce quinbsp;precede et ce qui suit.
Pour bien se servir de ce microscope , il faut savoir, i‘’ Ie monter et Ie disposer pnur qucl-que combinalson et quelque objet que ce soit 3nbsp;2quot; arranger ou combiner les verres ou lentillesnbsp;du microscope, relativement a 1’eflet qu’on veutnbsp;fiire produire a eet instrument 3 5° donner lanbsp;lurnière conveuable a la nature de l’objet transparent OU opaque que l’on vcul examiner 3
-ocr page 279-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;245
4” amener Ie corps du microscope sur l’objet ou Ia partie de l’objet qu’on se propose d’observer jnbsp;5° mettre eet objet au foyer de la lenlille objective : c’est-a-dlre , juste au point oü l’on Ienbsp;voit distinctement.
On entrera bientót dans Ie détail de chacuu de ces points , et surtout des trois premiers.nbsp;Ceux qui ne veulent point se donner Ia peinenbsp;de lire tout ce qui tient a l’usage particulier denbsp;l’instrument, peuvent d’abord s’en servir très-avantageusement en s’j prenant de la manièrenbsp;suivanle :
USAGES ET COMBINAISONS GÉNÉRALES , DU MICROSCOPE.
1° Pour les ohjets transparens vus de Jour.
Ajant retire de la boite la partie qui com-prend les tuyaux , il en faut d’abord óter Ie lujau OU alonge D , mettre en A en sa placenbsp;Ie luyau B , gariii , par en bas , de la virolenbsp;n“ 5, qu’il y faut très-peu eufoucer j puls, ayantnbsp;sorti Ie tuyau B , autant que faire se pent, etnbsp;Ie tuyau C , auquel sont vissées les quatre viro-les ntarquées l, H, Hl , IV , il en faut óter etnbsp;meitre de cóté les deux supérieures avec Ienbsp;tayau E, qui est au-dessus j et, sur les deuxnbsp;viroles nos III et IV , qui restenl au tuyau C ’
-ocr page 280-244 nbsp;nbsp;nbsp;CONSERVATEUR
placer la visière F autant dévissée qu’elle peut l’être ; après quoi, ayant placé daus Ie petit canon dn tuyau A la lentille correspondante a lanbsp;grandeur de l’objet que 1’on veut observer, parnbsp;exemple , les lenlilles nos 4 ou 5 pour les plusnbsp;grands objets , et les lentillesnos 2 ou i pournbsp;les pluspetits , Ie corps du microscope se trou-vera arrange poury observer toutes sortes d’ob-Jets transparens et opaques.
Celaétant fait, el la grande tige étant fixée au moyen d’une vis au pied du microscope, la tablenbsp;OU platine oii se pose Ie miroir inférieur étantnbsp;abaissée ou mise dans une situation horisontale,nbsp;de même que la loupe qu’il faut toujours pliernbsp;de cólé , a moins que ce ne soit pour voirnbsp;a la chandelle les objets transparens , il fautnbsp;placer au bout de la grande tige la piece quinbsp;porte les tuyaux j et, ayant mis dans la grandenbsp;ouverture de la platine Ie verre plan dom Ienbsp;centre n’a point de tache, et sur ce verre robjet,nbsp;il faut amener Ie miroir concave inférieur environ vers Ie milieu de la longueur de la tige,nbsp;Ie tourner et l’incliner de manière que lesnbsp;rayons qu’il réfléchit portent sur l objet, et quenbsp;l’on Ie voie bien éclairé. Après cela il faut amener la lentille directement dessus, au moyen desnbsp;divers mouvemens de droite et de gauche , d’a-vant et d’arrière qu’on a donnés a la pièce des
-ocr page 281-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;245
tuyaux ¦ enfin tourner ou délourner ua large boulon qui se trouve a gauche fixe a la boitenbsp;carrée qui tient la platine, jusqu’a ce que Tonnbsp;voie distinctement son objet.
Si Tobjet ne se trouve point éclairé comme on le souhaite , il faut alors porter les deuxnbsp;mains au cercle du miroir 5 et, par les mouve-meus horisontaux et obliques dont il csl susceptible, le diriger de fagou qu’il soit bien éclairé.nbsp;Si la lumiere parait trop forte , il faut mettrenbsp;sur le miroir un des diaphragnies de cuivrenbsp;noirci , dont I’ouverture reponde au degré denbsp;distinction que 1’on veut donner a son objet.
Diverses variations de cette comhinaison.
Avec cette comhinaison , toujours en se servant de la même lenlille objective , on peut grossir successiyement I’objet ainsi qu’on lenbsp;juge a propos , et cela des trois manieres sui-vantes :
1° Par les distances que Ton met enlre Focu-laire intermédiaire , vissé au bas du luyau B , et la lenlille objective : cela se fait en remeltantnbsp;en A 1’alonge D , et le tujau B dans eette niêmenbsp;alonge f puis en sortant successivement D denbsp;A et B de D. Les divers alongemens que cettenbsp;öianoeuvre donne au corps du microscope ,
-ocr page 282-240 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
donnent aussl a l’objet diflerens degrés d’agran-dissement ; mais , a proportion que la distance augmente entre Ie verre intermédiaire et lanbsp;lenlille , a proportion aussi celle des verresdenbsp;l’oeil a l’intermédiaire , doit diminuer j ainsinbsp;il faul enfoncer C en B , a proportion que I’onnbsp;sort D de A et B de D : mais on n’y doit guèrenbsp;enfoncer les virolesvissées a ce tujau, pour quenbsp;Ie verre intermédiaire ne tombe point dans Ienbsp;foyer des verres supérieurs, et ne vienne pointnbsp;ainsi former sur l’objet une espèce de voile quinbsp;nuirait beaucoup a sa netteté. Quand Ie microscope est tout-a-fait alongé , la vislère F doitnbsp;être autant racourcie qu’il est possible , pareenbsp;que , plus grande est la distance des oculairesnbsp;a la lenlille , moins grande doit ctre celle denbsp;l’oeil au verre supérieur. En général il faut vissernbsp;OU dévisser la piece F , jusqu’a ce que Ie champnbsp;du microscope se découvre entièrement.
II faut encore observer que , plus Ie microscope s’alonge , plus l’usage des diaphragmes sur Ie miroir concave inférieur est indispensable , a cause de la déperdition de lumière causéenbsp;par eet alongement : l’ouverture du diaphragmenbsp;doit être d’autant plus petite que les tuyaux sontnbsp;plus alongés , ou que l’objet est plus transparent.
DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;247
examine toule la distinction nécessaire, il fau-draii, ou baisser Ie miroir concave jusqu’au bas de la tige , ou se servir du miroir plan qui luinbsp;est adossée , en posant aussi sur l’un et l’autrenbsp;des diaphragmes , si Ie cas l’exige.
Le second moyen d’agrandissement se fait par la simple soustraction du verre intermédiaire vissé au bas du tuyau B qu’on laissera ennbsp;D , en laissant D en A , corarae ci-dessus.
Dans ce cas, les diaphragmes sont encore plus nécessaires que dans le précédent • et, commenbsp;l’oeil doit être plus éloigné du verre supérieur ,nbsp;il en faut óter la visière F toute entière, etnbsp;en sa place y visser le tuyau Ej parcette operation , l’objet se Irouvera gross! pour le moinsnbsp;du double.
La troisième manière de grossir par les ocu-laires , toujours avec les mêmes verres , la niême leniille objective el le tuyau D , c’est de vissernbsp;en C , au-dessus des deux autres , la virolenbsp;qu’on a ótée de B ; cette manoeuvre doubleranbsp;encore la grandeur de l’objet et le champ dunbsp;microscope. Comme dans cette combinaisonnbsp;1’oeil doit être plus pres des verres que dans lesnbsp;combinaisons précédentes , il faut dévisser lanbsp;partie d’en haut de la visière F, et la metire iui-ïïiédiatement sur la virole supérieure; il fautnbsp;^^ssi mettre sur Ie miroir inférieur le diaphragm®
-ocr page 284-248 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
a plus petite ouverture , et ne point trop forcer, c’est-a-dire, ne sortir Ie tuyau D de A, B de C ,nbsp;et C de B, qu’autant que l’objel paraitra distinctnbsp;efbien terminé.
Si, sans se servir du luyau D , Ton voulait tout d’un coup tripler la grandeur de son objet,nbsp;il suffirait de changer la position intermédiaire,nbsp;c’est-a-dire, de l’óter de B, et de la vissernbsp;en C , au-dessus des deux autres viroles qui ynbsp;som , mettant dessus la partie d’en haut de lanbsp;visière F, et sur Ie miroir inférieur Ie diaphrag-me a plus grande ou plus petite ouverture ,nbsp;selon que Fobjet serait plus ou nioins transparent.
2° Pour les objets transparens pus d la chandelle.
11 faut observer tout ce qui a été dit cl-dessus , a ia réserve qu’il faut aniener, au centre du miroir inférieur et de la plaiine , la loupe dunbsp;n“ VI, qu’on place aussi pres de la plaiine qu’ilnbsp;est possible si 1’on emploie Ie miroir concave ,nbsp;et environ a un pouce et demi si 1’on se sertnbsp;du plan , observant de chercher , en baussantnbsp;ou baissanl la loupe et les miroirs inférieurs Ienbsp;long de la lige , Ie degré de clarié que l’on jugenbsp;Ie plus convenable. Si la lumière réfractée parnbsp;la loupe est trop forte, comme pour les objetsnbsp;transparens, sui tout lorsqu’on les observe avec
DE DA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;249
de fortes lentilles , il faut aussi mettre sur cette Joupe un diaphragme , dont rouvei lure seranbsp;plus OU moins grande , selon que l’objet auranbsp;plus OU moins de transparence.
Lo rsqu’on observe a la chandelle avec de Idrtes lentilles , c’est-a-dire , avec les lentillesnbsp;1 et 2 , il vaut souvent inieux plojer lanbsp;loupe de cólé , et abaisser Ie miroir concavenbsp;jusqu’au pied du microscope. La luniière qu’ilnbsp;donne alors est bien plus douce et bien plusnbsp;convenable pour ces sortes de lentilles , dontnbsp;1’ouverture est beaucoup plus petite j et, si ceitenbsp;lumière se trouvait encore trop forte, on la mo-dérerait par des diaphragmes de la manière en-seignée ci-dessus.
La chandelle doit être placée de fagon que la flamme soit a la hauteur de la platine , elnbsp;ou’elie en soit a quatre ou cinq pouccs de dis-tance ¦ mais, pour les objets opaques , elle ennbsp;doit être aussi pres qu’on Ie peut faire saus senbsp;brüler.
5° Pour los objets transparens , vus partie transparente , partie opaque : par exemple ,nbsp;pour voir Ia prunelle et leblunc des jeux desnbsp;puces , etc.
ï^oux' cela , laissant a la platine Ie verre plan ^ui est tout a jour, efl’objet au centre de cenbsp;verre , il faut, avec la lentille nquot; 3 , visser Ie
-ocr page 286-a5o nbsp;nbsp;nbsp;LE CON S E R VATEUR
Hliroir concave d’argent jusqu’a la moitié dupeli^ canon du luyau A , et meUre D en A , el B ennbsp;D , tout-a-fait enfoncés l’un dans 1’aulre j Cnbsp;presqu’entièrement hors de B , et la visière Fnbsp;dévissée a moitié; puis il Taut amener Ie miroirnbsp;plan a deux ou trois pouces de distance , sinbsp;c’est de jour que se fait l’observation, ou Ienbsp;miroir concave a la mêrae distance , si c’est anbsp;Ia chandelle.
11 faut remarqner que Ia loupe ne sert jamais pour ces sortes d’ohjets, de même que pour lesnbsp;objets opaques, puisqu’elle intercepteraii la plusnbsp;grande parlie des rayons qiii doivent lombersurnbsp;Ie miroir concave d’argent : on ne s’en sertnbsp;même point pour les objets transparens a lanbsp;Itimière du jour j car Ie redoublement de lumièrenbsp;qu’elle leur donnerait nuiraii beaucoup a lanbsp;netlelé et a la distinction de ces objets. Daasnbsp;ces trois cas on la lourne de cólé par Ie moyennbsp;de sa cliarnière dont Ie mouvemen t est horisoniab
4° Pour les objets opaques vus de jour.
II faut mettre, dans l’ouverture de la platine, Ie verre qui porie unetache noire ou blanche , etnbsp;l’objei sur l’une de ces taches les couleursnbsp;claires sur Ie noir , et les couleurs plus foncéesnbsp;sur Ie blanc ¦, puis visser Ie miroir concavenbsp;d’argent au bout du petit canon du tuyau A,nbsp;c’cst la lenlille n°. 4 que l’on emploie ; si c’est
-ocr page 287-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;25i
Celle n”. 5 , Ie -visser a moitié , et pour celle 1 , toul-a-fait. Après cela il faul amener ienbsp;ïïiiroir plan a deux pouces environ de laplatiue.nbsp;Enfln, la lentille éiant ramence droit sur l’objet,nbsp;On en clierclie Ie lójer et Ie point, comme il anbsp;oté dit ci-dessus.
Si ce sont des objets monvans que I’on veut examiner, on les fixtra sous Ie corps du micro -cope par uneplnce ouunepointe, qui se placentnbsp;•lans Ie petit canon refendu de la platlne, ennbsp;ayanisoin de placer juste sous l’objet, an moyennbsp;d’un des ressorts de la platine , un des bouts denbsp;la petite lame de cuivreIe cólé poli pour lesnbsp;objeis de couleur obscure, el Ie noir pour ceuxnbsp;•lont les couleurs sont plus claires. Si, en placenbsp;des vlroles, n» 4 ct 5 , qui sont vissées aunbsp;^ayan C , dans la combinaison générale , on metnbsp;la seule vlrole i surmonlée du tuyau E et de lanbsp;'visière F, on aura les objets opaques bien plusnbsp;olairs , mais un peu moins agrandis.
5o Pour les objets opaques vus a Iq chandclle.
II faut pratiquer tout cequi a cté dit ci-dessus , oxcepté que la cbandelle doit étre placée bemi-ooup plus pres de la platine que pour les ohietsnbsp;^ansparens, et qu’il faut toujours pour les f bjetsnbsp;opaques , lorsqu’on les observe a la clumdelle,nbsp;servir du miroir concave inférieur , qu’ilnbsp;laut amener a denxpouccs environ de la platine.
-ocr page 288-LE CONSERVATEUR Commeon ne peut pas forcer aulant pourlesnbsp;objets opaques,quiexigentbien plus de lumièrenbsp;que les transparens, si I’onveut grossirplus , ennbsp;se servant de la même lentille objective j desnbsp;trois manieres de grossir par les oculaires quenbsp;j’ai indiquées ci-dessus, il ne convient d’employernbsp;que la premiere j c’est-a-dire que, pour I’obser-vation de ces sortes d’objets , ilfaut toujours qu enbsp;I’intermediaire reste au tuyau B.
6° Pour les objets, soit transparens, soit opaques, vus directement au jour , sans la réJlexioV'nbsp;des mirvirs inférieurs.
Il faut d’abord ramener la lentille au centi’® de la platine, el fixer la piece des tuyaux pai’nbsp;Je moyen des deux vis qui en arrêtent lesnbsp;mouvemens 3 puls , apres avoir ploye la char-nière qui se trouve vers le milieu de la longueurnbsp;de la tige , de facon quelle donue au corps dunbsp;microscope une inclinaison d’envlron ciU'nbsp;quante degres , et tourne une des consoles dunbsp;pied en at rière , on appliquera 1’objet ou 1^nbsp;porle-objet sous la lentille , au moyen de 1*nbsp;pirice , de la pointe ou du petit anneau de cuivr®nbsp;qu’on fera aller et venir le long de la platine ,nbsp;a droite et a gauche , en avant et en arrièr®nbsp;comrae le corps du microscope, pour saisirnbsp;ce naoycn I’objet ou la partie de i’objet qti®
-ocr page 289-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;353
l’orv a envie d’observer , et que l’on mettra a son foyer. 11 faut avoir soin, quand on ploienbsp;charniëre, que la boite qui porte la loupenbsp;sy trouve point engagécj et pour cela ii fautnbsp;1’abaisser avec celle du rairoir inférieur vers Ienbsp;pied du microscope.
Cette position du microscope est des plus svantageuses, i”. pour robservation de quantiténbsp;d’objets , et surtout des plus transparens, quisenbsp;Oiontrent bien plus dislinclement, lorsqu’ils sontnbsp;eclairés par une lumiëre directe , que quandnbsp;ds Ie sont par la reflexion des miroirs.
2°. Elle donne la plus grande facilité pour tirer Ie dessin de l’objet qu'on observe ^ etnbsp;pour en tracer sur-le-champ les contours , etnbsp;P^r conséquent la grandeur apparente : pournbsp;^®la, il faut s’y prendre de la manière suivante :
II faut pl acer Ie microscope , de manière que ^ visière F ou les oculaires se trouvcnl jusienbsp;^ !a bauteur des yeux de 1’observaleur , qui ennbsp;sera plus a son aise s’il se tient debout ¦, en-stiite, regardant de l’oeil droit a travers lesnbsp;^^rres , en fermant Ie gauche a 1’ordinaire , onnbsp;Ouvrira insensiblement ce dernier, qui , sausnbsp;déranger 1’impulsion causée au premier, per-Wtettra a la main droite , qui reste libre, denbsp;tracer les contours de l’objet. Si l’iraage nenbsp;voyait pas assez sur Ia gauche, il faudrait ly
-ocr page 290-254 nbsp;nbsp;nbsp;’'-E CONSERVATEUR
amener par nn léger mouvement de la pince , OU de la pointe, ou du porte-objet.
Cette manoeuvre est d’abord très-difficile pour ceux qui ne sont point accoutumés a voir, pafnbsp;les microscopes , l’objei des deux yeux a lanbsp;fois ; c’est pourquoi il laudra sy exercer pendant quelque tems ; et, lorsqu’on j sera parvenu, l’on en relirera de plus eet avautage considerable , qu’on potirra aiséntent, quand leSnbsp;tnvaux serum places verticalement , me^urer lanbsp;grandeur apparente de son objet, en Ie comparant avec une régie bien placée sur la platinenbsp;du microscope.
'j’* Four se servir du microseope étant assis.
11 ne faut pour cela qu’arrêter et fixer la piece des luyaux, et assujettir l’objet au moyen denbsp;la pince, etc., comme dans l’opéralion précé-denie, ou bien placer Ie porte-objet dans la petite ouverture de la platine ; cela étant fait, etnbsp;une des consoles du pied étant tournee en ar-ricre, on ploiera la cliarnière qui est au bas denbsp;la grande tige, pour dormer a I’instrumentnbsp;rinclinaison correspondante a la hauteur ou Tonnbsp;se irouve assis.
Si cette inelinaison était trop grande, et que
le iniroir inferieur ne put, par le mouvement oblique anterieur, renvoyer sur I’objet la quan-ité de lumière suilisanie , on le lera aisement a
-ocr page 291-1’aide du mouvement oblique laléi’al ou de lt;^óté , que , dans cette vue, Tauteur a aussi doublé a ce miroir ou au demi-cercle auquel il estnbsp;^dapté.
Pour cela il faul amener la loupe au centre la platine; et, comme sou foyer est trop-faible pour qu’elle puisse rassembler assez denbsp;Layons sur l’objet pour l’éclairer convena-blement, on en doublera la force, en placantnbsp;Sur cette loupe un des verres qu’oii aura denbsp;i'este, (les 11® II, III et IV sontles meilleurs),nbsp;1’on approchera Ie porle-loupe , alnsi garninbsp;lt;ie ses deux verres,aussi pres de la platinequ’ilnbsp;se pourra faire , et Ie miroir concave inférieur anbsp;la distance d’environ deux pouces; après quoinbsp;I on recevra directement sur ce miroir l’iraagenbsp;lu lune , et Ton aura soiii de la suivrenbsp;dans sa marche par Ie mouvement horisonlal dunbsp;demi-cercle auquel est fixé Ie cadre du eerdenbsp;du miroir 5 et l’on aura ainsl son objet éclalrénbsp;d’une lumicre tres-donee et très-belle.
L’on peut aussi , par cette manoeuvre, lors-lt;lu’après Ie coucher du soleil la lumière sotn-lgt;re du crépuscule oblige de serrer les auti’es ftiicroscopes, se servii’ encore assez avantageuse-uitent de celui-ci, qui rassernble aussi bien
-ocr page 292-256 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
plus facilementle peu qui existe alors de lumière.
9° Pour observer au microscope les objets dont les couleurs sont tcndres et changeant es.
11 existe des objets,comme les ailes demouches, de cousins, etc. ,lespoussièresde papillons, etc.,nbsp;dont les couleurs, qui sont des plus brillantesnbsp;lorsqu’on les observe a travers les verres saosnbsp;aucurie reflexion des miroirs, s’altèrent et dis-paraissent presqu’entièrement, lorsqu’ils sontnbsp;éclairés par quelque miroir que ce soit. II fau-dra mettre ces sortes d objets sur un petit carton noir OU blaric, qu’on placera dans la petitenbsp;ouverture de la platine, et qu’on inclinera denbsp;manière que Ie jour extérieur donne facilenientnbsp;dessus: cela fait, et Ie miroir inférieur étantnbsp;mis du'CÓté opposé, au mojen du mouvementnbsp;borisontal de son tiemi-cercle, on ameiiera Ienbsp;corps du microscope sur l’objet, qu’on n’ob-servera qu’avec une des lentilles n°® III, IV et V,nbsp;paree que les deux autres , par leur trop grandenbsp;proxiniité de l’objet, intercepteraient presquenbsp;toute la lumière extérieure; enfin, pour donner a
eet objet ragrandissement convenable, on einquot; ploiera la première des trois variations qni ontnbsp;lt; té indiquées ci-dessus a rarlicle de ia cotnbiquot;nbsp;liaison générale.
En voila assez pour mettre au fait de la mani'
-ocr page 293-DK LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;207
pulation exlérieure de ce microscope , et pour guider la plupart des observateurs dans les operations principales j niais, pour ceux qui veulentnbsp;tirer de cel instrument lout Ie parti possible,nbsp;c’esi-a-dire, pour les observations les plus dé-bcaies, qui dependent des diverses positions etnbsp;combinaisons des oculaires, et des diüërens em-plois que l’on peut faire des miroirs pour don-iier a l’objet qu’on examine, el l’agrandissementnbsp;et la modification de lumière qui lui sont lesnbsp;plus convenables, je vais entrer dans un plusnbsp;grand détail , et indiquer en premier lieu lesnbsp;diflérentes combinaisons dece microscope, avecnbsp;1’efFet qui leur est propre et la manière de lesnbsp;former; en second lieu, faire voir comment ilnbsp;faut manager la lumière réfléchie par les miroirs , pour donner a son objet la distinctionnbsp;et la neiteté requises. Je donnerai enfin quel-ques remarques concernant l’observation desnbsp;diverses espèces d’objets , et la manière de lesnbsp;appliquer au microscope.
Usage du microscope Delleharre, perfeetionné en 1796.
Ce microscope, dom la multiplicité des com-biuaisons, par un continuel déplacement de tuyaux, de verres, de lentilles, rendait l’u-Sïige très-difficile et trés - erabarassant; vient
'7
-ocr page 294-258 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
d’etre simplifié par son auteur, qui, a plus de quarante combinaisons difïérentes dont il étaitnbsp;susceptible, en a substitué quatre avec lesquellesnbsp;il opère toutes les varialions progressives denbsp;champ', de clarté , et d’agraudissement de sounbsp;ancien sjslèmej en outre , il a réussi , par unenbsp;nouvelle disposition de verres, a en doubler Ianbsp;clarté ,1e cbamp étantporté main tenant airente-six pouces ,’ et la faculté ampliative a quinze-cents millions de fois en cube.
Ce microscope est maintenant composé de cinq lentilles, de cinq oculaires, dont l'inier-médiaire est fixé pres de la lenlille , dans un petit tuyau a vis qui n’a que trois llgnes de jeu :nbsp;quatre autres sont renfermées en trois viroles ,nbsp;dont la supérieure, raarquée i , porte Ie verre Ienbsp;plus fort, c’est-a-dire, celui qui grossit Ie plus ;nbsp;la virole suivante, marquée 2 , en renferme unnbsp;autre plusfaible; et celle au-dessus des deux premières, qui est double et contient deux verresnbsp;qu’il ne faut jamais déplacer, est marquée dunbsp;n° 3. Avec ces trois viroles se forment lesnbsp;quatre combinaisons dont j’ai parlé ci-dessus ;nbsp;Ia première avec la virole 3 seule , en ótant etnbsp;meltant de cóté les viroles i et 2 ; la seconde,nbsp;en vissant la virole 2 sur la virole 5; la troi-sième, en vissant immédialement sur la virolenbsp;celle qui porte Ie n” i, aprcs en avoir óté prca-
-ocr page 295-DE L A V U E. nbsp;nbsp;nbsp;259
iablementla virole 2; et la quairième, en met-tant les viroles i et 2 en place de la virole 3, qu’on met alors de cóté.
Usage de la première cumbinaison.
Cette combinaison, formée par la seule virole 3 , sert principalement pour les objets opaques et pour tontes sories d’objets, avec lanbsp;leniille ü° i, et aussi avec la Icntille n° 2. Quandnbsp;on donne aux luyaux un alongement considerable , outre la visière composée de deux pieces,nbsp;il faut visser immédiatement sur la virole 5 lanbsp;moitié du tuyau d’alonge, qui est égalementnbsp;compose de deux pieces, dont on met alors lanbsp;seconde de cóté.
Usage de la seconde combinaison.
Cetie combinaison , formée par les viroles 3 «1 2 , en mettant dessus seulement la partie d’ennbsp;baut de la visière, est la plus ordinaire et cellenbsp;dont on se sert Ie plus souvent avec toutes sor-tes d’objets transparens, et toutes les lentilles ,nbsp;meme celle du nquot; i. Si l’on ne donne au tuyaunbsp;que peu ou point d’alongement, cette combinaison , qui offre beaucoup de clarté, donne aussinbsp;ün très-grand champ.
Usage de la troisième combinaison formée par les viroles x et quot;S.
Tout ce que j’al dit ci-dessus, au sujet de Ia
-ocr page 296-260
LE CONSERVATEUR
combinaison précédenle , a lieu dans celle-ci , exceplé qu’elle grossit plus et qu’elle donne unnbsp;champ encore plus étendu. Sur la virole il nenbsp;faut mettre que la pariie supérieure de la vi-sière, pour ne point trop éloigner l’ceil dunbsp;foyer antérieur des verres dont cette combinaison est composée.
Usage de la quatrième combinaison, composée
des viroles i et 2 , mises en place de la virole 3.
L’usage de cette quatrième combinaison est Ie même que celui de la première j toute la difFé-renceestque celle-ci, quoique procurant un peunbsp;moins de clarté , grossit plus , et donne un plusnbsp;grand champ que 1’autre. II faut de même,nbsp;dans celle-ci, ajouter a la yislère la moitié dunbsp;tuyau d’alonge E.
A ces quatre combinaisons, on pourrait en ajouter une cinquième composée de tous lesnbsp;verres, c’est-a-dire, des trois viroles, saus au-cune visière •, mais cette combinaison , qui grossit plus , ne donne pas un beaucoup plus grandnbsp;champ , et procure moins de clarté que les pré-cédentes. Au surplus, on ne pourrait guère s’ennbsp;servir convenablement qu’avec les lentilles 4nbsp;et 5 j car eile oöi’irait trop d’obscurité avec lesnbsp;trois autres.
-ocr page 297-261
DE LA VUE.
Usage des Miroirs inférieurs.
Le miroir concave de glace sen pour lous les objels transparens, vus soit de jour, soit a lanbsp;chandelle, et pour les objets opaques vus aussinbsp;a la chandelle. Pour ces deriiiers objets, il faut,nbsp;auiant qu’il est possible, rapprocher le miroirnbsp;de la plaiine et de la chandelle, dont la flammenbsp;doit êire environ a la hauteur de cette platine.nbsp;Pour les objets vus de jour, on se sert du mi-i’oir plan adossé au précédent ; on s’en sertnbsp;aussi pour les objets fort transparens, commenbsp;le sont, par exeinple dans les liqueurs, les animalcules d’infusion, qu’une luniière trop con-centrée empécherail d’appercevoir dislincte-ment.
Usage des Diaphragmes.
L’usage de ces pieces est très-important; on ne peul sen passer avec les lentilles fortes, etnbsp;lorsquc 1’on observe des objels d’une ti’ès-grande transparence; ils portent différentes ouvertures , pour óter plus ou raoins de rayons lu-mineux, selon que l’objet est plus ou moiusnbsp;tiansparcnt. Si les grands ne suffisent pas, il ynbsp;a deux autres plus petits que l’on ajuste aunbsp;grand, dont rouverlure est plus petite.
-ocr page 298-263 nbsp;nbsp;nbsp;LÉCONSERVATEÜR
Ces petits diapliragmes sont prlncipalement destines a être mis sur la loupe, qui est placéenbsp;enlre les miroirs inférieurs et la platine quinbsp;porte l’objet tu a la chandelle seuleraent.
Ces diaphragmes, grands et petits, servent a donner plus de distinction al’objet, en suppri-manl les rayons collatéraux, pour n’éclairer eetnbsp;objet que par des rayons directs.
Usage de la Loupe.
On ne se sert jamais de la loupe , ni avec les objets Opaques, paree qu’elle inlercepteraitnbsp;les rayons qui, du miroir inférieur, doiventnbsp;porter sur Ie mirolr d’argent supérieur, ni denbsp;jour, avec quelque objet que ce soit, transparent OU opaque : on ne s’en sert done que pournbsp;lesobjets transparens, vus a la chandelle avec lesnbsp;seules lentilles 3,4 et 5; car, pour les lentillesnbsp;I et 2 , ii faul abaisser Ie miroir concave inferieur jusqu’au bas de la tige. On pourrait ce-pendant, avec ces deux lentilles , se servir de lanbsp;loupe j mais pour cela il faudrait mettre sur Ienbsp;grand diapliragrae a petite ouverture Ie petit etnbsp;Ie plus ouvert, sur la loupe Ie petit diaphragmenbsp;dont Touvertureestla plus petite, et rapprochernbsp;Ie miroir concave inférieur a demi-distance denbsp;la platine, et du pied du microscope.
-ocr page 299-265
DE LA VUE.
Usage du miroir d’argent.
Ce miroir, comme je l’ai déja dit, sert pour les objets opaques ; on Ie visse sur Ie pelit canon du tujau extérieur, a différenies distances^nbsp;selon que la leniille que l’on employe esl d’unnbsp;foyer plus long ou plus court. Avec la lentillenbsp;n° 5, il faut employer une petite alonge qui senbsp;visse sur Ie petit canon cl-dessus, el au bas denbsp;laquelie se visse Ie miroir d’argent.
Ce miroir ne s’emploic guère qu’avec les len-idles 2, 5 et 4, avec lesquelles il est spécialement combine; il s’emploie aussi pour observer lesnbsp;objets tout a Ia fois comme iransparens etnbsp;comme opaques, mais seulement avec les len-tilles 2,3 et 4; pour cela on se sert d’un verrenbsp;plan qui ne porte point de tache , pour que l’ob-jet soit en même lems cclairé par en haut et parnbsp;en basj et alors, au même instant oii l’on voitnbsp;1’intérieur de 1’objet, 011 appercoit aussi lesnbsp;trails extérieurs répandus sur la surface : parnbsp;cxemple, dans les puces , on voit non-seulementnbsp;les intesiins, mais encore la configuration desnbsp;yeux, Ie blauc , l’iris et la prunelle , etc.
On ne se sen presque jamais de diapbragmes, quand on observe les objets opaques, pour les-quels on n’a jamais irop de lumlère; c’est pour-quoij pour robservaiion de ces objets, il faut
-ocr page 300-264 nbsp;nbsp;nbsp;CONSERVATEUR
loujours, autanl qu’on Ie peut, approclier de la plaline Ie miroir inférieur, soit plan , soit concave.
J’oubliais de dire qu'avec les objets opaques, il faut se servir du verre plan, qui porie unenbsp;tache noire d’un cóté et blanche de l’auire , ennbsp;mettant sur la noire les objels de couleur clalre,nbsp;et ceux de couleur obscure et foncée sur la blanche j a moins qu’en supprimant ce verre plan ,nbsp;onne se serve de la petite palette polie d’unnbsp;cóté, et noircie de l’autre, que l’on fixe au centre de la platine , au mo_yen d un de ses ressortsnbsp;d’acier, Celte palette est spécialement destinéenbsp;a êlre mise au-dessous de la pince , adaptée surnbsp;la plaline a un petit canon mobile en tous sens.nbsp;Cette pince sert a observer plus commodémentnbsp;les objets opaques, vivans et autres.
Je dois encore ajouter ici que , pour voir les objets opaques encore' plus clairs, mais moinsnbsp;grossis et dans un champ moins étendu, il fautnbsp;se servir de Ia virole i toute seule, en supprimant les deux autres j mais pour lors il fautnbsp;mettre au-dessus Ie tujau d’alonge D tout en-tier, surmonté de la visière égalenient toute en-lière. Cela peut être aussi très-utile quand onnbsp;veut donner, avec la lenlille n» i , Ie plus grandnbsp;alongemient aux trois tuyaux; mais ce n’est quenbsp;pour les objets iransparens.
-ocr page 301-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;265
Si 1’on voulait grossir les obiets observes a un point extraordinaire , et produire un effet beau-lt;^oup au-dessus de celui qu’on peut obtenirnbsp;par les quatre combinaisons précédentes , avecnbsp;Soelqu’alongenient de tujau que ce soit, il fau-drait dévisser Ie cul de lampe qui est au bas dunbsp;tuyau extérieur, en óter Ie verre intermédiaire;nbsp;Oösuite , avec la première ou la quatrièrae com-^gt;inaison et la lentille n” i, donner progressive-Kient aux tuyaux un plus grand alongement ,nbsp;jusqu’a ce que Pobjet devienne trop obscur ounbsp;trop peu distinct; mais il ne faut employer quenbsp;très-rarement ce moyen qui produit nécessaire-ttaent trop d’obscurité , et Ie réserver pour lesnbsp;objets dont la transparence est extréme.
CH A PIT RE XX. Des Telescopes.
Le mot de télescope, formé de deux mots grecs , qui signifient volr de loin , s’applique ennbsp;gónéral a tout instrument d’optiquc , formé denbsp;difiérens verres ou lentilles ajusiés dans un tube,nbsp;et propres a découvrir des objets très-éloignés.
-ocr page 302-366 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
L’invention du telescope est une des plu® belies et des plus utiles, dont nos derniers sièclesnbsp;puissenl se vanier j car c’est par son moyennbsp;que les merveilles du ciel nous ont élé décou-vertes , et que l’astronomie s’est élevée a unnbsp;degré de perfeclion dont les siècles anlérieursnbsp;n’ont pu seuleinent se faire une idee.
Des savans on t avancé que les anciens Egypquot; tiens en avaient connu l’usage j mais cette assertion a paru mal foiidée. D’autres en allribuentnbsp;ladccouverle a Jean-Baptiste Porta, noble na-politain, et se fondent sur un passage de sesnbsp;écrits. Mais Ie savant Kepler, nomnié par l’Era-pereur Rodolphe pour examiner ce passage ,nbsp;déclara qu’il étail absolument inlntelllgible.
Plu.'ieurs érudits attrlbueui avecplusde ralsoo Pinvenlion du telescope a Zacharie Jansen ,nbsp;comme nous l’avons déjarapporté. Quoi qu’il ennbsp;soit, Ie hasard seul opéra cette découvertej cenbsp;qui est d’autant plus surprenant que l’usage desnbsp;verres concaves et convexes était déja connu,nbsp;et que les principes d’optique , sur lesquels repose la construction des télescopes, sont ren-fermés dans Euclide. II paraitralt done au premier coup-d’oeil, que ce serail faute de réflexion,nbsp;si les hommes out été privés si long-tenis deSnbsp;avantages de ce précieux instrument. Cependant,nbsp;si l’on consider e cpi’on ne connaissait pas encor®
-ocr page 303-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;267
les lois de la réfraclion, on s’élonnera moins de dev oirceltedécouverte au pur hazard, et ounbsp;Sera moins surpris el faché den iguorer Ie veritable auteur.
Galilee, Kepler , Descartes , Gregory, Huj-ghens , Newtonetc. ont contribue successi-vement a porter letélescope an point de perfection Ouil estmoiuéaujourd’hui.Keplerlepremier perfectionna la construction originaire de cetnbsp;instrument , en proposant de subsliluer unnbsp;oculaire convexe a un oculaire concave , et c’estnbsp;ce qu’on a nomme le telescope astronnmique.
On compte plusieurs sorles de telescopes qui se distinguent par la forme de leurs verres,nbsp;ct qui recoivent leurs noms de leurs différensnbsp;usages. Tels sont enlr’autres le premier teles-t^ope , ou le telescope Hollandais ; celui denbsp;Galilee , qui n’en difï’ère que par sa longueur ;nbsp;le lélescope celeste ou astronomique ¦\e telescopenbsp;terrestre^Xe. telescopenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;; enfin letélescope
catoptrique ou par reflexion. Ce dernier surlout est bicn important , pttlsque , s’il est bien tra-Vadlé, et que son miroir ait seulement six piedsnbsp;Ou ig decimetres et demi de foyer, il produiranbsp;le même eflét , qu’une lunette de 120 a i5o piedsnbsp;Ou de pres de 5g a 48 metres irois-quarts denbsp;longueur. On attribue en general I’inventionnbsp;telescope catoptrique a l’ülustre Newton j
-ocr page 304-268 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
«paree qu’il lt;'ri 6t un Jepremier d’eiiviron six pou-ces OU i6 centimetres de longueur ; mais, trois ansavant, Gregory avait donne la descriptionnbsp;d’un insti'umenl de cette espèce. Cassegrainnbsp;avail eu en France et dans Ie mème tems unenbsp;idee semblable • el i! est certain , par un passage de Ia caioptriqiie du pcie Aicrienne pu-bliée quinze ans avani , que e est a ee savantnbsp;qu’appnrtient ie premi r mérite de cette invention. Qiioi qu’il en soit,Ie lecteur nous saura bonnbsp;gré de lui donner les proportions du telescopenbsp;catoptrique de six pieds ou 19 décim. et demi ,nbsp;dont nous venons de parler.
IVous avons dit que , s’il est blen travaillé , ü vaudra une lunette de 120 a i5o pieds ou denbsp;prés de Sg a 48 metres irois-quarts de longueur ; car e’est de la régularité de sa figurenbsp;et de la vivacité de son poli , que dépendranbsp;Touverture qu’il pourra soulï’rir j et c’est denbsp;cette ouverture qu’a son tour dépendra la forcenbsp;ampliative de la lentille.
Lorsqu’ori a un miroir d’un certain foyer, et qu’on sait combien il souffre d’ouverture , ilnbsp;sera facile de savoir l’ouverlure d’un autre miroirnbsp;qui aurait un plus grand foyer. Car les ouvertures des deux miroirs sont entr’elles commenbsp;les cubes des racines carrées des longueui’Snbsp;de leursfoyers; el leurs forces ampliatives sont
-ocr page 305-D E L A V U E. nbsp;nbsp;nbsp;369
entr’elles comme leurs ouvertures. Gepend m , dans la pratique , c’esl l’expérienee qui doitnbsp;régler Touverlure j car , inieux Ic miroir seranbsp;poli , en conservant toulelois sa ligure, et plusnbsp;grande sera Touverture qu’on pourra lui donner.nbsp;Unmiroir de six pieds ou ig decimetres et deminbsp;de foyer, s’il est bon , souffrira aisémeut uiienbsp;ouverture de six et peut-êlre de 7 et demi/a 8nbsp;pouces Ou de 16 a 22 centim. de diarnèlre. Onnbsp;¦voit done que , pour faire ce miroir, il faudranbsp;une forme convexe d’un pied ou de 525 millim.nbsp;de diarnèlre , faisant partie d’une .spbère de 24nbsp;pieds ou 78 decimetres de diarnèlre.
quot;Voyoiis a présent quelles seraient Ia forme ®t la dimension du petit miroir j il faudra d’a-lgt;ord qu’il soit plan et de figure ovale , et eusuitenbsp;tjue son gi’and diamètre ait 18 lignes ou 41nbsp;’ïiillimètres , et Ie petit 14 lignes ou 82 milli-Otètres j enfin Ie tuyau aura six pieds et deminbsp;211 centimetres de longueur 5 Ie petil verrenbsp;Oculaire aura 4 lignes ou g millimetres de foyer:nbsp;dun cóié il sera plan - convexe ou plutótnbsp;t^onyexe, et on Ie iravaillera dans un bassin fai-sani partie d’une sphere de 5 lignes ou 7 mil-^iniètres de diamètre • de l’autre cóié i! seranbsp;Concave , et on Ie travaillera sur une formenbsp;convexe , qui fera partie d’une sphere de sixnbsp;pouces ou 162 millimetres de diamètre.
-ocr page 306-270 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATF. UR
Comme une lunette grossit autaat de fois lt;jue Ie fojcr de soa oculaire est conlenu dansnbsp;la longueur du foyer de son objeclif 5 commenbsp;de plus Ie grand miroir de notre télescopenbsp;ju oduit i’elfet d’un verre objeclif j comme enfinnbsp;Ie foyer du grand miroir est de six pieds ounbsp;milbmèlres , el l’oculaire de qualre lignesnbsp;OU 9 millimetres , il s’ensuit que la lunettenbsp;grossira ou rapprochera les objets autant de foiSnbsp;que quatre lignes soat contenues dans six pieds,nbsp;OU qne 9 millimetres Ie sont dans 1949 millim-orlesquotiens sontdepart et d'aulre 2163 donenbsp;notre télescope grossira 216 fois les objets. Onnbsp;verrait de la même manière que , si la lenliH^nbsp;n’avait que irois lignes ou 6 millimetres troiS-quarts de foyer, la force ampliative du télescope serail 288, nombre de fois que Irois lignesnbsp;sont contenues dans 8Ö4 lignes, ou que 6 trois-quarts Ie sont dans 1949-
Passous a [)résent aux effets du télescope gt; qui ne sont pas moins étonnans que ceux dnnbsp;microscope, mais qui sont d’un genre biennbsp;oppose : car , si la verlu du microscope nouSnbsp;a dévoilé la nature , les formes et méme l’exis-lence d’êtres infiniment petits , celle du télescope nous a révélé l’exislcnce , les formes etnbsp;nature de ces corps infiniment grands, que leurnbsp;distance immense de la tei-rc ne nous avail p^^
-ocr page 307-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;271
même permis de soupconner. Maisla plus grande ^tiliié et Ie plus grand usage des telescopes ontnbsp;denousindiquer les vraies dimensions et lesnbsp;distances respectives des corps , qui composentnbsp;öotre sjstcnic planetaire. C’est ce dont on seranbsp;Convaincu a la lecture du i-esie de ce cliapitre.
Lorsqu’a l’aide du telescope on regarde la lune, elle parait Irès-rapprochée. On y voit ,nbsp;pendant qii’elle est dans son croissant, de grandsnbsp;ï'Ochers cscarpcs, dont l’ombre s’étend fort loinnbsp;Sur sa surface , et se raccourcit a proportionnbsp;que Ie solell s’y élève. Ony voil beaucoup d’en-droils qui paraissent creusés en forme de bassinsnbsp;dont lesbords sont éle vés j et au milieu de cliacunnbsp;d’eux parait une montagne. Pendant que 1’astrenbsp;croit, l’un de ces bords couvre tout Ie fond dunbsp;lgt;assin de son ombre qui s’étend jusque surnbsp;i autre bord , dont une parlie seulement estnbsp;^clairée. Le pied de la montagne est aussi dansnbsp;^ ombre, tandis quele sommet est dans la lu-mière. On y distingue aussi des taches , quenbsp;1’on a prises pour des mers : mais ce sentimentnbsp;^st peu londé ; car , dans cette hypothese , ilnbsp;devrait s’en élever des vapeurs d’oii provien-draient des nuages qui|couvriraieiit tantót unenbsp;partie, tantót une autre de la lune j ce qui nenbsp;s’accorde point avec ce qu’on y a remarqué.
-ocr page 308-272 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
Si Ton observe Ie soleil, en se servant d'uR pelit verre de couleur noire, 1’on y remarqusnbsp;des taches plus nombreuses dans de certainsnbsp;terns que dans d’auti-es, qui paraissent se mouvoirnbsp;d’orieni en Occident, el faire en vingt-sept joursnbsp;nne révolution entière. Ces tach es, qui ne gardentnbsp;aucune figure particuliere , sonl souvent en-lourées d’une espèce de fumée; et plusieurs nenbsp;paraissent que des sorles de nuages. On diraitnbsp;qu’elles flottent sur la surface du soleil, comnienbsp;Fccume flotte sur Ie métal foiidu. Enfin , anbsp;Tendroit oii Ie feu du soleil a coiisuaié quelquenbsp;lache, on voit briller une lumière plus vive etnbsp;plus éclatante que dans tout Ie reste de sanbsp;surface. C’est aiiisi que , lorsqu’on a jeté danSnbsp;Ie feu quelque matière combustible, aussitótnbsp;qu’elle j esl consumée, il parait beaucoup plusnbsp;clair et plus vif.
Les autres planètes, Saturne , Jupiter,Mars» Yénus, Mercure, etc., sont plus difficiles anbsp;observer, paree qu’on les confond aisémentnbsp;avec les étoiles fixes. La couleur de Saturne estnbsp;d’un blanc pale • celle de Jupiter est éclatante;nbsp;Mars est d’une couleur rougeatre,' Vénus a unenbsp;couleur brillanle , et celle de Mercure estnbsp;faible, etc.
Les telescopes nous ont démontré que Mercur® et Yénus changeaient de phases comme la lune»
-ocr page 309-DE LA V UE. nbsp;nbsp;nbsp;275
nousont découvert dans Ie disquedeMarsdes •aches , qui nous ont appris qu’il lournait surnbsp;son axe dans l’espace a peu-près de aS heures.
Jupiter parail aussi grand que la lune peut Ie paraitre a la vue simple : on ie voit accora-pagné de ses satellites, qui, s’éclipsant toutes lesnbsp;fois qu’ils passent dans son ombre, ont servinbsp;par ces différentes eclipses a rectifier les erreursnbsp;que les anciens géographes avaient commisesnbsp;dans Ie calcul des longitudes des difTérens lieuxnbsp;de la terre. Au mojen d’un telescope de troisnbsp;a quatre pieds ou de 976 a 1299 millim. de longueur, on découvre plusieurs bandes, soit claires,nbsp;soit obscures, qui traversent Ie disque de Jupiternbsp;d’orient en Occident : on y voit aussi des tachesnbsp;claires dans les bandes obscures , et des tachesnbsp;obscures dans les bandes claires : c’est a l’aidenbsp;de ces taches qu’on a remarqué,que cette planètenbsp;tournait sur son axe en moins de dix heures.
Saturne vu au lélescope ofTre un spectacle encore plus surprenant j il parait eniouré d’unnbsp;anneau qui a deux anses , et dont les phasesnbsp;varient insensiblement. Lorsque cette planètenbsp;parcourt les signes du Sagittair e et des Gómeaux,nbsp;oes anses approcheut de la figure elliplique;nbsp;lorsqu’elle est dans les signes du Capricorne ,nbsp;tCancer, du Taureau et du Scorpion, lesnbsp;*öses Eont coKime arrondies j se irouve-t-elle
18
-ocr page 310-a'j4 nbsp;nbsp;nbsp;C o gt;f SERVATEUR
dans les signes du Verseau , du Lion, du Beller et de la Balance , les anses semblent rondes etnbsp;un peu séparées de son corps j enfin, lorsqu’onnbsp;l’observe dans Ie signe des Poissons , ou dansnbsp;celui de la Vierge , elle est ronde , et sonnbsp;anneau a dispara. 11 suffit, pour observer cesnbsp;divers phénomènes, d’un telescope de seizenbsp;pouces OU 435 millimetres; si l’on se servait d’unnbsp;telescope de qualre pieds ou 1299 millimetres,nbsp;i’on découvrirail cinq pelites planèles ou satellites qui accompagnent et environnenl leurnbsp;planète principale.
Veut-on voir en un mot combien Ie télescop* nous a donné d’avantage sur les anciens? ennbsp;voici un exemple eutie plusieurs autres. Les anciens complaienl environ deux mille étoileSnbsp;fixes; les moderues en comptent aujourd’buinbsp;pres du double dans la seule constellation d’0-rion. De quelle admiration n’est-on pas saisi anbsp;1’aspect de ce prodigieux nombre de corps lu-mineux,dont chacun est un soleil comme 1®nbsp;nólre ! c’est surlout dans ces espaces, qui a 1®nbsp;vue simple paraissent d’une couleur blanchatre,nbsp;et qu’on nomine la vlt;'ie laciée, qu’on découvrenbsp;une si grande quantité d’étoiles , que leur nom-bre étonne a la tois et la vue et l’imagination.
jNous pourrions nous étendre encore long-lems sur les avantages et les usages du téies-
-ocr page 311-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;275
Cope ; niais les hornes de eet ouvrage ne nous Ie permeltent pas, et d’ailleurs nous croyons ennbsp;avoir assez dit pour satisfaire Ie lecteur Ie plusnbsp;avide d’instruction sur celtepartie.
CHAPITRE XXI. jDe la Chambre noire.
II ne nous reste plus, pour terminer eet ouvrage , qu’a parler de quelques instrumens cu-rieux de dioptrique, tels que la ehambre noire, la lanterne magique et la Fantasmagorie.
La chambre noire est une ehambre fermée avee soin de toutes parts, et dans laquelle lesnbsp;rayons partis des objets extérieurs, et re^us anbsp;travers un verre eonvexe, les vont représenternbsp;distinciement, et avee leurs couleurs naturelles,nbsp;Sur uue surface blanche au foyer du verre.nbsp;Outre ces expériences qu’on peut faire dans unenbsp;chambre bien fermée, on fait des chambresnbsp;noires ou machines portatives, dans lesquellesnbsp;au moyen d’un verre on recoit l’image des ob-jets extérieurs.
La première invention de la chambre noire est attribuée a Jean-Baptiste Porta ; elle sert a
-ocr page 312-376 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
beaucoup d’usages difïérensj elle jette de grandes lumiëres sur la nature de la vision , ellenbsp;fournil un spectacle fort amusant, en ce qu’ellenbsp;présente des images parfaitement semblablesnbsp;aux objets, et qu’elle en imite toutes les cou-leurs, etmême tous les mouvemens , ce qu’au-cune autre sorte de representation ne peut faire.nbsp;De plus, par Ie moyen de eet instrument, toutenbsp;personne, sans même savoir Ie dessin, pourranbsp;néanmoins dessiner les objets avec une extrémenbsp;justesse; et cellesquisaurontdessineroupeindrenbsp;pourront se perfectionner dans Tart du dessinnbsp;OU de la peinture.
Voici deux maniëres de construire les deuX espëces de chambre obscure. Si l’on veut ennbsp;faire une oü les objets extérieurs soient repré-sentés distinctement, et avec leurs couleurs na'nbsp;turelles, soit en sens inverse, soit dans leur veritable situation :
1° L’on bouchera tous les jours d’une chambre , donuant des vues sur un certain nombre d’objets variés ; et on laissera seulement une petite ouverture a l’une des fenétres.
a» On adaptera a cette ouverture un verre lenliculaire, plan convexe, ou convexe desnbsp;deux cótés, qui forme une portion de la surfacenbsp;d’une assez grande sphere. 3° l’on tendra a unenbsp;distance qui sera déterminée par l’expérience
-ocr page 313-DE li A VUE. nbsp;nbsp;nbsp;277
ïïiême, Tin papier blanc, ou une étoffe blanche, a moiijs que la muraille ïie soit blanche elle-ïïiêmej etl’on verra surlepapier, oul’étofte, ounbsp;la muraille, les objets peints en sens inverse.nbsp;4° Si on veut les voir représenter dans leur situation naturelle , on n’aura qua placer un verrenbsp;lenticulaire entre Ie centre et Ie foyer du premier verre, ou recevoir les images des objetsnbsp;sur un iniroir plan incline a l’horlson sousnbsp;nn angle de cinquante degrés, ou enfermernbsp;deux verres lenticulaires, au lieu d’un seul,nbsp;dans un tuyau de lunette. Si l’ouverture est très-petite, les objets pourront se peindre, sansnbsp;qu’il soit inéme besoin de verres lenticulaires.nbsp;Pour que les images des objets soient bien dis-tmctes, ilfaut que Ie soleil donne sur ces objets :nbsp;On les verra beaucoup mieux encore , si l’on anbsp;soin de se leuir un quart-d’heure avant dansnbsp;lobscurité. II laut aussi avoir grand soin qu’iinbsp;n’entre de la lumière par aucune fente, et quenbsp;la muraille ne soit pas trop éclairée.
On fait des chambres obscures portatives , qui sont des espèces de boites carrées dont unenbsp;des faces latérales porte un tuyau garni de sanbsp;leniille. Les images qui se font a 1’inlérieur sontnbsp;i’ecues par un miroir plan incline , qui les réflé-ohii vers Ie haut de la boite, oü elles devien-neut visibles sur un verre, dont la surface ex-
-ocr page 314-278 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERTATEUR
térieure est dépolie et qui sert de couvercle a la boite. Ces images sont droites poui’ un specta-teur qui a Ie visage lournc vers les objets. On anbsp;varié de différentes manières Ia constructionnbsp;de eet instrument. On l’exécute aussi en formenbsp;de petite cabane pjramidale , dont la par-tie supérieure porte Ie tujau avec sa lentille ,nbsp;qui dans ce cas a une position horisontale. Lenbsp;miroir est disposé en dessus et toujours dansnbsp;unepositioninclinée, qui,pour être la plus avan-tageuse qu’il est possible, doit former avec l’ho-rison un angle de cinquante degrés. C’estnbsp;le miroir qui re^oit les rayons partis iramédia-tement des objets, au lieu que, dans la cons'nbsp;truction précédente, les rayons vont de la lentille au miroir. Les images se peignent sur un'nbsp;papier blanc, placé horisontalement au fondnbsp;de la chambre obscure : on les voit par uncnbsp;large ouverture, faite a 1’une des faces laté-rales, que 1’on garnit ordinairement de deuXnbsp;petits rideaux, pour que l’observateur, ayant Ianbsp;tête couverte, puisse l’avancer un peu dans 1^nbsp;chambre obscure, sans y laisser passer de lu-mière. Si l’on pratique dans la njéme partie unenbsp;seconde ouverture, de manière a y introduirenbsp;le bras droit , on pourra se servir de lanbsp;chambre obscure pour dessiner un paysage ounbsp;unédifice, en conduisant un crayon sur leS
-ocr page 315-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;279
les trails de l’image que Ton aura devant les yeux.
CHAPITRE XXII. De la Lanterne Magique.
La lanterne magique est une machine qui a la propriélé de faire paraitre en grand , sur unenbsp;muraille, ou une toile blanche et avec des cou-leurs bien transparentes , des figures peintesnbsp;en petit sur des lames de verre minces. Geilenbsp;machine a été invenlée par Ie P. Kii'cher; etnbsp;loute la théorie est fondée sur cette proposition bien simple : si on place un objet au-delanbsp;du foj?er d’une lentille^ l’iraage de eet objet senbsp;portera del’aulre cóté de la lentiile, et sa grandeur sera a celle de l’objet, en proportion ae sanbsp;distance relativement a la lentiile, et oe celle denbsp;l’objet a cette même lentiile.
La lanterne magique consiste dans une caisse de bois ou de fer-blanc , vers Ie fond de laqueUenbsp;®st une larape ou une grosse cbandelle allumée.nbsp;L''s rayons que lance la flamme sont recus parnbsp;toe lentillle qui les rassemble et les fait toraber
* iS
-ocr page 316-28o le conservateur plus denses sur un verre plan el mince oü Tonnbsp;a peinl diverses figures. Ainsi Tefiet de cettenbsp;première lentille se borne a bien éclairer leSnbsp;figures, qui doivent ctre dans une situation reü'nbsp;Versée. Queiquefois on substitue a la lentillenbsp;un miroir concave, situé derrière la lumiëre gt;nbsp;et, dans cerlaiues constructions, on combinenbsp;ensemble les effets de la lentille et du miroir.nbsp;En avant du verre plan est une seconde lentille a travers laquelle se croisent les rayonsnbsp;lumlneux envojés par les différens points d’unenbsp;même figure, en même tems que la refractionnbsp;determine ces rayons a sortir paraüèles. lis passent ensulte par une ouverture circulaire, faitenbsp;aun carton situé convenablement, et tombentnbsp;sur une troisième lentille que Ton peut élolgnernbsp;OU rapprocher k volonté de la seconde, au moyennbsp;d’un luyau mobile a rextcémité duquel cettenbsp;lentille est fixée.
Les rayons qui ont traversé cette même lentille produlseni, sur une muraille ou sur une toile blanche, siluée a 1’opposée, une copie ennbsp;grand des figures tracées sur le verre plan ; e*nbsp;il est facile de voir que cette copie représentenbsp;les objets droits, en consequence de ce que lesnbsp;rayons lumlneux se croisent dans Ia secondenbsp;lentille. Deux cirConstances contribuent a ren-dre plus vives les couleurs qui s’olFrent aux yeux
DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;281
des spectalears : savoir, Ia force de la lumière a iaquelle est exposé Ie verre plan, et Ie eerdenbsp;lunilneux que les rayons emergens vont formernbsp;vers la muraille.
CHAPITRE XXIII. De la Fantasmagorie.
De toutes les illusions enfantées par 1’optique, la plus séduisanle et Ia plus merveilleuse estnbsp;sans doute la fantasmagorie : mais a qui en de-vons-nous la découverte?
Les uns prétendent que nous en sommes re-devables aux Egyptians; les autres disent que c’est aux Grecs. Nous n’entreprendrons pas denbsp;résoudre cette question d’archéologie, et nousnbsp;nous bornerons a citer quelques auteurs qui ennbsp;parlent. Cardan , par exemple, dans son llvrenbsp;( de Suhtilitate ) dit, qu’il y avait a Memphisnbsp;des prêtres iuiliés aux mystères de la Déessenbsp;Isis, qui, par des moyens surnaturels, jetaientnbsp;dans Ie trouble et l’épouvante les nouveauxnbsp;élus. Pour y parvenir, ils leur faisaieni subirnbsp;diverses épreuves j elles consistaient ordinaire-*ftent a leur faire parcourir, les yeux baadés ,
-ocr page 318-282 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
11!)'’ certaine distance • on les soumettalt a des jeuncs : d’aatres fois , on leur faisait apparaitre ,nbsp;tians un souterrain, des fameuses pyramides,nbsp;les simulacres de différentes personnes, sous lesnbsp;formes les plus eflrajantes.
Strabon rapporte que de son terns, on fabri-quait des instrumens particuliers, qui, suivant leur conslruction dilïérente , produisaient tan-tót des images infiniment petites, tantót desnbsp;images considérablement amplifiées.
LeP. Kircher dit que Ton peut non-seulement, au moyen de niiroirs concaves el couvexes ,nbsp;rélléchir les rayons sonores , mais faire aussinbsp;paraitre des fantómes, ou toute autre sorte denbsp;spectres, capables d’épouvanter les esprits fai-bles et crédules. II raconte même qu’un malhé-rnalicien empioya celte méthode pour faire voirnbsp;a Rodolphe II, empereur d’Allemagne, tous lesnbsp;empereurs romains, depuis Jules César jusqu’anbsp;Maurice, et cela d’une manière si vraie , quenbsp;lous ceux qui étaient présens ne doutèrent pointnbsp;qu’il n’eüt fait usage de la magie. Le P. Kirchernbsp;assure tenir ce fait d’un témoin oculaire. {Artisnbsp;j}]aip^t(£ lib. II, p. 128). 11 va encore plus loin;nbsp;il avance qu’avec la machine qu’il décrit, on peutnbsp;ubtenir les mêmes phénomènes que produisaient les Anciens ; car , ajoute-t-ü , ds con-naissaient les verres. La preuve qu’d en donne
-ocr page 319-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;383
csi tirée de l’usage qu’ils avaieut de déposer, dans des urnes sépulcrales de verre , les ossemensnbsp;des personnes de distinction. Mais son témoi-gnage se irouve en contradiction avec l’usagenbsp;des Anciens , qui avaient l’habitude de conser-Ver les corps sous la forme de momies : car ilnbsp;existaii a Rome el a Naples des catacombes creu-sées dans Ie sol, qui avaient la propriélé de ren-dre les chairs presque inaltérables.
Le niême auteur, au sujet de la lumière, dit, page 36 de son ouvrage : « La lumière est unenbsp;emanation du soleil, elle subit difFérentes modifications , selon les différens corps j car ellenbsp;peut êlre réfrangée ou réfléchie; el dans ces deuxnbsp;Cas on en obtient des efFets miraculeux. »
Jean-Baptiste Porta pretend avoir obtenu des resultats non moins merveilleux, en adaptaiit,nbsp;a un volet de fenelre d’une chambre parfaite-ment close , un miroir convexe , qui répétait ,nbsp;dans I’interieur de cette chambre , les objetsnbsp;extérieurs qui passaient devant le verre j il assure même que Ton observe' les divers mouve-niens des personnes et des animaux , mais quenbsp;les images paraissent renversees.
Nous aurions encore a citev une infinite d’au-tres auteurs , a la vériié moins connus et moins accrcdites que ceux dont nous venons de parler,nbsp;mais qui tous ne pourraient que nous confir-
284 nbsp;nbsp;nbsp;CONSERVATEUR
mer, que les Egyptiens , les Grecs et les Ro-mains employèrent les illusions fantasmagon-ques pour faire croire aux miracles. Ces peoples reconnurent piesque universellement les augUquot;nbsp;res , les auspices, la magie, les enchantemens,nbsp;les evocations , la puissance des influences pla-nétaires , les operations de l’alcliimie , les diflé-rens genres de divinations, par les serpens , parnbsp;les oiseaux,par les batons, etc. Ils eurent pournbsp;toutes CCS puérilités le respect le plus religieux,nbsp;taut qu’ils ne furent point édairés par le flambeau des sciences j et, sans remonter sihaut, lesnbsp;peuples modernes n’ont-ils pas cru aux sorciersnbsp;et aux revenans ? C’est le plus bel effet de lanbsp;science , que d’avoir éclairé les hommes , ennbsp;combattant la superstition qui préfère ses er-reurs a la divinité même.
C’est un des grands avantages de notre siècle, que la multitude d’hommes édairés et instruitsnbsp;qui le peuplent. Cette raison épurée et appro-fondie, que la plupart d’entr’eux ont su répao-dre dans leurs écrits , a contribuéj beaucoup anbsp;dessiller les yeux des nations qu’avaient fasciuésnbsp;l’imposture et Tignorance.
Le P. Klrker, comme nous 1’avons vu plus haut, est un des auteurs qui ont traité de la fau-
tasmagorle, mals il est !oiu d’cn ctre rinventeur. Le rédt qu’il en fait est aussi pen exact, quenbsp;les mojens quil indique sont peu suffisaus.nbsp;lis out cependant suffi a Philidor, graces a sonnbsp;intelligence, pour en faire renaitie les illusions:nbsp;i’appareil lugubre dont il entourait les specta-teurs , I’imporiance qu’il j mettait, ne contri-bualent pas peu a augmenter la magie de li!lu-sion , eta derouter le physicien scrutateursur lesnbsp;Dioyens bien simples qu’i! employait pour opener ces prestiges. Ce fut un double talent, quenbsp;Pbilidor eut a un si haut degre', qu’ii garda sounbsp;secret assez long-tems pour jouir d’une fortunenbsp;considerable.
Le hasard souvent nous fait irouvcr ce que I’e-tude nous refuse. Des amateurs découvrirent son secret, et en firentpart a un physicien qui pre-tendit I’avolr comm avant I’lnventeur, et lul In-tenta un proces dont il sortit valnqueur, por-tant d’une main sa lanterne magique, et denbsp;1’autre, I’autorisation spéciale de faire voir auxnbsp;vivansles ombres de leurs semblables.
Le nom da physicien dont je viens de parler est Robert-son; il a corrige , et consldérable-Dient augmenle le secret dont il restait maitre.nbsp;11 est impossible de mieux operer la fantasmagorie , cl de produire des elFets plus merveil-leux : tout amateur éclairé se plait a lui ren-
-ocr page 322-285 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
dre celte justice. C’esi lui qui Ie premier a niis en spectacle ce genre d’amusement, de manièrenbsp;a faire honueur a son discernement et a sonnbsp;instruction j bi avant lour-a-iour les morls et leSnbsp;élémens, eet Intrépide physicien a excité la curio-siléetrentliousiasme des amateurs de la capitüle,nbsp;et d’une grande partie de ceux de l’Europe.
M. Charles, célèbre professeur de physique et admiré de tous les savans, a bieu voulu donnernbsp;a Roberl-son Ie moyen de transmettre lesnbsp;corps opaques sur la toile; aussi l’a-t-ii applique d’une facon tout-a-fait ingénieuse, canbsp;imaginant son tombeau, ses bustes, etc. C’estnbsp;reffet Ie moins connu de la fantasmagorie, Ienbsp;plus surprenant et Ie plus difficile a exécuter :nbsp;Robeit-son n’y laissait rien a desii’er. Son talentnbsp;ne se bornait pas a la settle fantasmagorie ; dé-monstrateur de physique txpérimentale, il sa-vait charmer les yeux et les oreilles par une infinite d’e.Npéricnces scientifiques. C’est chea luinbsp;qu’ont été faiies publiqiiement celles du galya-nisme, a 1’époque de la découverte de ce flaide.nbsp;Mais Robert-son, en quittant la capitale, nousnbsp;aurail-il done privés de son intéressant spectacle? Non : M. Ie Breton, artiste aussi modestenbsp;qu’instruit, a succédé a eet habile physiciennbsp;d’une manière non moins brillante. Sa fantasmagorie vaut au moins celle de son prédéces-
-ocr page 323-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;287
seur j son cabinet ne Ie cede en rien a celui de Hobert-son; et ses experiences, touies choisies ,nbsp;prouvent I’instructiou de eet artiste éclairé.nbsp;Les illusions optiques ne sont regardées quenbsp;comme accessoires a ses séances, et n’en sontnbsp;pas nioins brillantes. La beauté de ses verres etnbsp;1’exactitude du dessin, qui ne doivent pas sur-prendre ceux qui sauront qu’il en est l’auteur ,nbsp;sont sans contredit au-dessus de celles de Ro-bert-son. Je rae plais a rendre justice aux talensnbsp;de M. Ie Breton; et les personnes qui Ie con-naissentapplaudiront, sans doute avec empres-senient, a l’éloge véridique que je viens d’ennbsp;faire.
Nous crojons en avoir dit assez sur 1’lnstoire de la fantasmagorie : nous allons a présent ennbsp;décrire les efléts et les moyens de les pro-duire. Pour rintelligence de nos lecteurs, nousnbsp;ïes diviserons en trois parties; nous nomme-i’ons la première , corps transparens ou fan-^nbsp;tascope-, la seconde, corps opaques oamégas-'nbsp;cope-, la troisième, corps éclairés ou fanstasma-gorie par réjlexion : nous finirons par les ombres blanches ou vulgairement la danse des sor-^iers, etpar la fantasmagorie au moyen de lanbsp;fumée.
La fantasmagorie ne soulfre point de médio-ciité;si l’on veul done bien la faire, on doit
-ocr page 324-288 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
d’abord se procurer des appareils pai'faiiement bien confectiönnés : c’est de leur justesse et denbsp;leur precision qu’en depend Ia perfection j cenbsp;qui est encore tres - essentiel et très-difficile ,nbsp;c’est l’habitude de la faire mouvoir. Un amateurnbsp;qui connait bien la partie peut parvenir, avecnbsp;beaucoup d’exercice , a la pratiquer fort bien.nbsp;Tout se borne a éviler Ie bruit, a ne s’écarternbsp;jamais du foyer, a masquer tous ses moyens, etnbsp;sur-tout a tacher que leur roideur ne fasse pointnbsp;naitre dans l’esprit du spectateur l’idée de lanbsp;lanterne magique : car cette seule idee détruiraitnbsp;une grande partie de l’illusion.
Corps transparens ou Jantascope.
Ayez une boite carrée de 22 pouces on 5g^ millim. montée sur un charriot a roulettes etnbsp;garnie dedrap. Armez Ie haut de la boite de tólenbsp;ou de fer blanc; donnez a cette partie la forme co-nique , en ayant soin de laisser une cheminée»nbsp;pour raréfier l’air atmosphérique et éviter lanbsp;chaleur : ménagez une porfe, pour avoir la faci-lité d’y introduire les objets nécessaires; appbquot;nbsp;quez , sur Ie centre d’un des cótés de la boite,nbsp;l’appareil d’une lanterne magique : procurez-vous enfin des verres d’un diamètre beaucoupnbsp;plus grand et d’un foyer un pen court, que
-ocr page 325-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;289
vous pourrez même rendre achromatiques , pour leur donner plus de pureté.
Si vous avez des Iris ou trop de clarté , met-tez des diaphragmes dans votre appareil: pour rapprocher l’oculaire de l’objectif, einplojez Ienbsp;mécanisme de la crteiaillère, ou bien , ce quinbsp;vaut mieux encore , une double boite carrée parnbsp;Ie haut, a frottement doux, que vous ferez mou-voir pai’ Ie moyen d’une maiiivelle a poulies denbsp;renvoi • ce qui vous pi’ocurera l'avantage d’évi_nbsp;ter Ie saut que fail toujours faire un peu la cré-ttiaillère j passez dans Ie porte-objet de eet appareil des sujets peints , dont les fonds soientnbsp;öoircis j mettez dans voire bolle un quinquet ré,nbsp;flecteurparabolique; dirigez Ie foyer delalumièrenbsp;sur votre sujet, faites agir votre manivelle, recu-lez Ou avancez votre charrlot,en ayantbien soinnbsp;d’êire au foyer j agrandissez ou diminuez a vo-lonié votre sujet, transmettez-le sur une loilenbsp;transparente el enduite d’une composition , etnbsp;vous obiiendrez reCFet du f antuscope.
Vous pouvez encore, si vous voulez mieux diriger votre charriot, en faire entrerles rouesnbsp;dans des coulisses j mais nn amateur intelligentnbsp;peut éviter eet embarras , en falsanl mouvoirnbsp;charriot avec adresse. II faut la plus grandenbsp;obscurité possible dans Ie lieu ou l’on fait lanbsp;fantasmagorie 5 ü serait même nécessaire qu’il
t9
-ocr page 326-ago nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
fut tendu de iioir j aulrtment la reflexion des rayons lurnineux sur le mur, eii eclairaut lenbsp;spectateur, lui laisserait apercevoir le transparent 3 ce qu’il importe d’é\iter,
Philidor n’employalt pas de charriot pour supporter son appareil; il avail adapte a unenbsp;lanterne ordinaire une sangle qu’il allachait au-tour delui; eusuite,soit en ayaucanl el retrogra-d nt allernativenient , soit en repoussant ou al-longeaut ses tuyaux avec la main, il suppleait ,nbsp;d’une maaière iugénieuse , au charriot et a lanbsp;créinaillère j rnais aussises fanlomes subiisaient-ils un mouvement d’oscillalion désagréable.L’im-rnobdité des objets doit être rigoureusemeutnbsp;observée.
11 est trés bon d’annoncer par une inscription la figure quo Ton va faire voir, afin d’éviter de lanbsp;nommerahaute voix, ce qui détruirait l’illusionnbsp;el le silence. En general, les sujets mouvans sontnbsp;les meilleurs; les metamorphoses, les doublesnbsp;sujets qui vieniient et s’en retournent, sont très-agréables. Les figures , plus eflrayantes les unesnbsp;que les autres, doivent èire préférées a des figures airnables. En effet, quel est le motif denbsp;la fantasmagorie ? c’est celui de produire la terreur j pourquoi done s’écarter de son veritablenbsp;but et de I’intenlion primitive?
Pour ajouler a I’illusion, il est avantageux d’accompagner la marche des fanlomes d’utie
-ocr page 327-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;agt
Wiusique douce et lugubre, comme Test celle de rHarmonica , ou des sons efl’rajans du Tamtam : ces eöets contrastés servent a augmenternbsp;1’impression que jette naturellement dans notrenbsp;ame, la vue des objets efï’rajans.
On nomme fantóme courant un masque transparent que l’ondirige a son gré ca et la; derrière ce masque est adapté une lanterne sourdenbsp;qui a l’aide d’une ficelle réclalra a volonié. Lesnbsp;uns représentent des tètes de morts, les autre snbsp;des diables, et d’aulres sujets, etc. etc.
Corps opaques ou stereoscope.
Si nous avons prescrit, en parlant des corps transparens, de se servir d’une boite carrée denbsp;2a poucesou SgS millim., c’est que nous avonsnbsp;voulu éviter la mullipliclté des appareils. Cettenbsp;capacité étant suffisante pour faire agir les corpsnbsp;opaques, il est inflnimenlplus commode de n’a-voir qu’un Instrument pour produire deux efïèts.nbsp;Comme nous en sommes au plus beau, au moinsnbsp;connu, etauplus difficile de tousabienexécuter,nbsp;nous allons faire en sorte d’etre clairs dans notrenbsp;description. L’appareil qui sert pour Ie fantas-cope s’ótant a volonté, vous en subtituerez un.nbsp;^utre, tel que nous allons l’indiquer : enchèssez,nbsp;dans un tujau de fer blanc noirci, une leniillenbsp;dn plus grand diaraètre possible et d’un foyernbsp;irès-court; garnissez l’autre extrêmiié du tuyau
-ocr page 328-292 nbsp;nbsp;nbsp;I-E CONSERVATEUR
d’un diaphragme de carton, dont Ie diamètre soit calculé sur Ie foyer du verre ; posez, dansnbsp;rintérieur, et au milieu de votre boite, Ie buste ounbsp;sujetquevousvoulez faire paraitre, en ayantsoin,nbsp;comnie dans Ie faniascope, de Ie renverser.nbsp;éclaii’ez ce buste avec votre quinquet a miroirnbsp;parabolique; maisposez-le dansundes angles denbsp;votre boiie, du coté de votre appareil: clierchez,nbsp;en avancant ou reculant votre charriot, votrenbsp;foyer, dont vous vous assurerez en voyant surnbsp;votre transparent Ie buste se peindre pur et net.nbsp;Si nialgré cette manoeuvre il était encore un peunbsp;troubl e, approchez-Ie ou Ie reculez plus ou moiusnbsp;de la li mille. Dès-lors vous obtieudrez Felfet Ienbsp;plus satisfaisant, en voyant sur votre toile non-seulementle buste en relief, tel qu’il est, mais encore avec des proportions considérablement am-plifiées. Si, au lieu de suspendre votre buste dansnbsp;rintérieur de votre boite par un porte-sujet, vouSnbsp;Ie teneza lamain, alorsvous pourrez Ie faire agirnbsp;dans tous les seus possibles; mais il faut avoirnbsp;Ie soin de vous garnir la main d’un gant de soienbsp;noire, car autrement on ia verrait tenir Ie buste.
Vous pouvez, indépendamment des cprps opaques, faire voir des sujetsmouvans, découpésnbsp;sur carton ou sur cuivre , tel que Ie fameuxnbsp;tombeau de Robert-son , qu’un squeleite ouvrenbsp;et que la foudre abime. Pour que I’amateurnbsp;puisse se faire une idéé exacte de cette scène «
-ocr page 329-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;293
ilous l’engageons a la voir chez M. Lebrelon ; c’est Ja plus imposanle et la plus effrajaute de Janbsp;fantasmagorie.
Quelques constructeurs de ces machines emploient, outre Tappareil de la crémaillère,nbsp;deux lentilles pour augmenter leurs effets; maisnbsp;c’est pour remédier a la petitesse du diamèlrenbsp;de leurs verres, eii multiplier Ie champ et ennbsp;raccourcir Ie foyer : il est infiniment preferable de se servir d’une seuleet grosse lentille.
A la naissance de cette découverte, on éclairait Ie sujet avec une très-grande quantité de quin-quets-, que Ton répartissait également de chaquenbsp;cóté de la boite mais cette méthode ne valaitnbsp;rien du tout; d’abord, paree que la trop grandenbsp;chaleur étouffait et que la trop grande clarténbsp;éblouissait l’opérateur qui élait oblige de passernbsp;une partie de son corps dansla boite, beaucoupnbsp;plus grande alors que celle dont nous nous ser-vons actuellement ,• ensuite, paree qu’il ne fautnbsp;éclairerle sujet que d’unseul cóté ,pour que sonnbsp;ombre soit bien projetée, et qu’il est bien essen-liel de combiner les effets de la perspective avecnbsp;ceux de la peinture, pour en obtenir de grandsnbsp;dans l’optique.
Cependant, l’on n’avait pas encore liré tout Ie parti possible du stereoscope j on a donenbsp;essayé, mais infructueusement, d’en augmenternbsp;les effets ¦, Ie miroir concave pourrait y jouer uu
294 le conservateur
grand role : qnelques personnes en ont essayé Tapplication, sans en obtenlr des résultais satis-faisans. Des recherches inflnies n’ont pas éténbsp;plus heureusesj maïs ce n’est pas un motif pournbsp;décourager l’observateur. Pour Ie portèr a sonnbsp;plushautdegré de perfection,]! faudrait trouver,nbsp;comme on Ie fait avec la lanterne, Ie mojen denbsp;diminuer et d’augmenter a l’infini, tant en petitnbsp;qu’en grand , la grosseur du sujet. Quels avan-tages ne retireralt-on pas d’un pareil moyen ?nbsp;d’abord l’on aurait celui d'imprimer a volontsnbsp;aux figures tous les mouvemens imaginables jnbsp;ensuite celui de corrigerla platitude el la séche-resse de celles que fait paraitre Ie fantascope;nbsp;car i! nest pas du tout naturel de voir desnbsp;figures avancer et reculer sans remuer les jambes.nbsp;A quoi se borne aujourd’hui notre talent? anbsp;faire mouvoir les bras et les yeux , et a lesnbsp;entourer d’un nuage qui sert de prétexte et denbsp;voile a leur immobilité : encore est - ce unnbsp;rafinement qui n’est applicable qua des sujetsnbsp;privilégies.
11 est étonnant que les phjsiciens n’aient pas eu l’idée d’imiter, par l’application du fantas-cope et du stereoscope , une tempête sur merjnbsp;Ie spectacle mécanique de M. Pierre aurait dunbsp;leur en faire jnaitre la pensee ; eet effet, biennbsp;calculé , aurait l’avantage d’oflrir un spectaclenbsp;a la fols imposant , neut et merveilleux.
-ocr page 331-2o5
DE LA VUE.
Explication des appareils nécessaires pourpro-duire Ie bruit du tonnerre , de la pluie , de la gréle , etc.
On cmploie diflcrens mojens mécaniqucs pour iniiter, autant qu’il est possible,]e bruit nia-icslueux du tonnerre , les éclats de lafoudre , lesnbsp;sillonnemens des éclairs, Ie vent , la gréle etnbsp;la pluie. INous allons décrire par ordre les diversnbsp;procédés dont on s’est servi jusqu’a présent.
Pour imiter l’éclair, vous adaptercz , daus Ie porte-objet d’unelanteme ordinaire , une bandenbsp;de verre entourée d’une garniture de bois, surnbsp;laquelle sont peinls différens nuages plus ounbsp;moins clairs et quelques sillons jetés au basard.nbsp;Vous interceptez la lumière en passant sur Ienbsp;premier corps de votre tuyau un carton quenbsp;Vous tenez d’une main , etque vousfailes mouvoirnbsp;avec plus ou moins de vitesse , tandis que denbsp;1’autre vous tenez votre verre que vous dé-placez progressivement. Alors les rayons quinbsp;s’échapjient se peignent sur votre toile , pa-raissent et disparalssent alternativement , et senbsp;rapprocbent de la nature autant qu’il est possible, en imitantla scintillation et Ie sillonnementnbsp;de réclair,
11 existe quatre manières de produire Ie bruit du tonnerre : La première , et la plusnbsp;ancicnne, est de prendre plusieurs rouleaux de
296 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
bols, monies sur un mcme fut, que 1’on traine
avec vitesse sur un planclier isolé.
Pour Ia seconde, on se sert d’une caisse debois, d’environ 4 pieds ou i3 décim. carrés , dans la-quelle est une roue dentce que l’on fait mouvoirnbsp;borisontalement au moyen d’une manivelle.nbsp;Cetle méthode , employée dans un endroit spa-cieux,est ordinairement suivle d un grand succes.
La iroisième consiste a preudre une planche de cuivre que l’on suspend au plancher, et quenbsp;l’on fait vibrer avec la main plus ou moins fort,nbsp;pour imitcr Ie rapprochement et l’éloignementnbsp;du tonnerre. Nous indiquons ce moyen commenbsp;Ie meilleur, et comme celui qui produit Teffetlenbsp;plus naini'cl; on peul employer aussi une planche de tóle , mals elle ne vaut pas a beaucoupnbsp;pres celle de cuivre.
Pour la qualrième , enfin, on se sert d’un chassis de six pieds ou 19 décim. et demi denbsp;haul sur quatre pieds ou i5 décim. de large ,nbsp;garni de parchemin trcs-fort ou de peau d’Ane.nbsp;11 sera bon d’isoler ce chassis au moyen de plu-sieurs cordes, de manière qu’il soit dans unenbsp;situation horlsonlale. Si l’on frappe sur 1’unnbsp;des angles avec les poings , garnis d’un tamponnbsp;ou de ^nts.-.d’-ümies , I’on imitera passable-ment bien Ie bruit du tonnerre. Mais il con-vientd’ajouter que ce moyen, quoiqueassez bon,
DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;297
esi extrêmement difEclle, et qu’il faut beaucoup d’exercice pour en tirer parti.
Pour iniiter les édats de la foudre , Ton se sert de petites planches qui portent 12 poucesnbsp;Ou 3 décim. un quart de long sur 6 pouces ounbsp;1 décim. cinq huitièmes de large, plus oumoins,nbsp;et dans Ie centre desquellesest passée une cordenbsp;qui les réunit toules j on aura soin de laisser, en-Ire chaqueplanche, la distance de six pouces ounbsp;162 millim. , cequi sera très-facile en faisant unnbsp;lioeud a ia corde a mesure que Ton y introduira unenbsp;planche; on en emploiera plus ou moins selonnbsp;la hauteur du plafond et l’éloignement des spec-tateurs. On concoit aisément que,lorsqu’on vientnbsp;a lacher l’appareil maintenu au plancher par lanbsp;eorde passée dans une poulie , Ie choc des planches qui se heurtent les unes contre les autresnbsp;pi’oduit un déchirement qui doit imiter beaucoupnbsp;Celui du lonnerre. On peut perfectionner eetnbsp;appareil en intercallant, entre chacune de cesnbsp;petites planches, une planche de cuivre de mêmenbsp;proportion : alors on évite la sécheresse dunbsp;bruit que donne toujours Ie bois , et l’efFet de-vient infiniment plus -naturel.
La pluie s’imite aussi de plusieurs manières 5 première consiste a prendre des feuilles denbsp;clinquant, que Ton divise également sur unenbsp;corde tendue et attachée transversalement a lanbsp;nauraille j en agitant la corde on fait vibrer les
-ocr page 334-agS nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
feuiües , dont 1p bniil approclie assez bicn de celui dè la pluie. Tja sec onde est d’emplojernbsp;nn cjlindre de parcbemin , renfermé dans unenbsp;boile au liaut de laquelle fora suspendu au plafond un entonnoir de bois , rempli de petitnbsp;plomb que Ton fera tomber sur Ie cjlindre j o»nbsp;angnientera oul’on diminnera Ie bruit a volonté,nbsp;en lirant plus ou naoins la coulisse adaptée aunbsp;bas de Tentonnoir, qui servira d’arrêt a la chüienbsp;du plomb : Ton imitera la grêle par Ie mênienbsp;mojen , mais en se servant de plomb beaucoupnbsp;plus gi’OS,eten exbaussanldavantage Tentonnoir-
I/appareil, dont les amateurs font usage de-puis long tems , est Irop connu pour qu’il soit necessaire d’en donner une explication particuliere j il nous suffira de dire qu’il consiste dansnbsp;nneboite de 6 a 7 pieds ou 19 décim. et deminbsp;a 22 trois-quarts de long sur 5 a 6 pouces ounbsp;i55 a 162 millini. de large , oil Ton a clouédesnbsp;bandes de fer-blanc inégalement posées , et oünbsp;l’on a introduit du plomb ou des pois secs.nbsp;Pour faire agir cette boite , il faut Ia tourner etnbsp;relourner perpétuellement , ce qui exige beaucoup de force et d’adresse 5 mais Ie plus grandnbsp;inconvenient est de ne pouvoir en diminuer ounbsp;en augmenler Ie bruit progressivement.
On produit celui du vent en se servant d’uu chassis de bols,de 4 pieds ou i3 décim. carrés,nbsp;sur iequel ou enlace un morceau de taffetas de
-ocr page 335-manière qu’11 soitéloigné du chassis a la distanca de deux pouces ou 64 millim. on Ie lientforie-lïientd’une main, et Ton passe légèrement sur Ienbsp;taffetas l’autre main , que préalablemeut on a eunbsp;soin de gai’nir d’un gaut bien ciré : Ton oblientnbsp;par ce moyen un bruit a-peu-près sembiable anbsp;celui du siffiement du vent. ll existe encorenbsp;difïérentes manière de l’iraiter j mals , commenbsp;dies sont moins bonnes que celle-ci, nousnbsp;Crojons inutile d’en parler.
Corps éclairés , ou Fantasmagorie par réjlexion.
II n’est pas d’amateur qui n’ait entendu parler de la Fdle naturelle. En vain cette chaste per-sonne a-t-elle voulu conserver son honneur ;nbsp;sa defense a été vaine,et ses ravisseurs victorieuxnbsp;1 ont prostituee inhumainement a des merce-tiaires, qui Tont sanspudeur ob’erte aux regardsnbsp;du public. Mais , péuéti'ée d’un veritable re-pentir , elle s’était séque^rée du monde. Unnbsp;fantasmagoriste, M. Olivier, a, par bienséance,nbsp;tnetamorphosé ccite fille en un jeune garconnbsp;M. son fils , et nous nous ressouveuons de l’a-Vüir vu a son spectacle , couvert d’un drapnbsp;blanc ou d’un habit de squelette , lever les brasnbsp;^ers Ie ciel , faire Ia révérence et s’envoler com-un ange. Pour dormer a cette scène plusnbsp;de charme et plus d’intérct , on la baptisa du
-ocr page 336-3oO nbsp;nbsp;nbsp;LE C ON SERVA TE UR
litre pompeux de Tombeau de Paul et Virgi-nie. Kous demandons 1’indulgence du lecteur pour cette petite digression : et, pour prix denbsp;cette grace, nous allons lui indiquer les moyensnbsp;dom on se sert, pour faire croire au publicnbsp;qu’un corps vivant est un corps mécanique.
Placez au fond de votre theatre, tendu de noir , une decoration quelconque peinte ennbsp;blanc^ éclairez-la faiblement de cóté, au moyennbsp;d’une lanterne , a laquelle vous ajoutez unnbsp;verre bleu; ayez soin de Ia masquer par un double chassis ; faites placer derrière votre décor unnbsp;habile personnage vêtu de blanc, que vous fereznbsp;paraitreprogressivementen 1’éclairantpar degrésnbsp;très-faiblement, et que vous ferez mimer selon sonnbsp;role pour en augmenter les efifets; ensuite, pournbsp;illuminer davantage votre scène, faiies-y brillei’nbsp;des éclairs , en vous servant de lycopodium etnbsp;de résine , récelés dans l’appareil si connu ,nbsp;dont on fait usage dans les spectacles. Surtoutnbsp;ayez soin, pour masquer la lumière, de garnirnbsp;la petite capsule, qui contient l’alcoolou l’espritnbsp;de vin, d’un pavilion, de métal. II est aussi très-essentiel que Ie souffleur soit masqué par unnbsp;chassis. En outre , il convient d’observer que,nbsp;plus est grand l’éloignement, et plus l’illusionnbsp;est parfaite. Voila tout Ie secret de cette lill®nbsp;naturelle dont on a tant fait mystère : maintC'
-ocr page 337-BELA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;5oi
Hant qu’elle a passé par taut de mains , nous avons cm pouvoir en parler sans conipromet-tre son honneur.
Ombres blanches , ou Danse des Sorciers.
Le hasard seul a donne naissance a cette nouvelle illusion. On en avail d’abord attribué la decouverte a M. Robert-son , mais il en a lui-même trouvé le secret dans un ouvrage tres-ancieii, intitule Traité de phjsique occulte ; ilnbsp;s’est très-ingénieuseraent servi du peu qu’en ditnbsp;I’auteur sur la multiplication des lumieres ,nbsp;pour obtenir les effets de la multiplicationnbsp;des ombres. Quelques personnes out 1‘ait, surnbsp;cette decouverte, des conies tellement incroya-bles et ridicules,, qu’il est tres-inutile d’en parser. Contentons-nous done de citer les procédésnbsp;que Ton emploie.
Servez-vous d’une caisse de ro a 12 piedsou de 32 et demi a 5g décim. de long sur 5 ou 4 piedsnbsp;ou 9 trois-quarts a ï5 décim. de large , main-tenue sur une table a une hauteur calculée surnbsp;celle de votre rideau : collez a I’un des boutsnbsp;de votre boite un carton que vous diviserez ennbsp;4 , 6 ou 8 parlies égales , après avoir eu soinnbsp;d avauce de dessiner et decouper a jour desnbsp;figures grotesques ; masquez loutes vos décou-pures par un morceau de drap uoir, que vousnbsp;pJacerez sur chacune d’ellé séparément et que
5o2 le conservateur Tous pouvezóter a volontéet a mesure quevousnbsp;voulez les faire paraitre j introduisez ensuite gt;nbsp;dans l’autre bout de la caisse, une tringle ounbsp;regie de bois , garnie de bobèches eu fer-blancnbsp;et de petiles bougies que vous tenez a la main ,nbsp;que vous avancez ou reculez et que vousnbsp;faites raouvoir horisontalement. Si vous n’a-vez qu’une bougie d’allumée et qu’une seulenbsp;figure découverle , vous n’aurez point de multi-plicaiion j mais , si vous allumez deux bougies , vous eu aurez deux; si vous en allumeznbsp;irois , vous eu obtiendrez 3 , et ainsi de suite.
11 est clair d’après cela que , si vous décou-vrez toutes les figures et allumez toutes vos bougies , vous aurez une irès-grande quantité de figures, et que vous leur donnei'ez tousles mou-vemeus possibles ; vous les agrandirez ou di-minuerez a volonté, paree qu’elles suivront denbsp;mêmelemouvementquevous donnereza vos lu-mières. La grandeur convenable des figures dé-coupées est deöa 7 pouces l’oude 16 a igcentini.nbsp;on peut même, si l’on veut,les peindre a nu surnbsp;verre; mais on n’obtientpas autant de clarlé. Ounbsp;peul aussi se servir, au lieu de caisse , d’un chassisnbsp;de la même grandeur que celle du local ;alors onnbsp;introduit les bougies allumées dans une petitenbsp;boite a coulisses , que i’on ouvre progressive-luani a mesure que l’ou veut les multiplier; com.nbsp;me on tient cetie boite a la main, on lui douiie
-ocr page 339-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;5o5
a sou g(é tous les mouvemeus convenabks. Ceite méihode est très-bonne dans uu vaste local.
Pourquoi u’avons-nous pas vu jusqu’a présent des figures mouvautes ? il est d’autant plus étou-üant que les persounes qui s’occupent de cenbsp;genre de recreation ii’y aientpas encore songé,nbsp;que rien u’est plus facile et ne produit des efï'etsnbsp;plus plaisans.
Fantasmagorie sur la famée.
Gujot, dans ses Récréations physiques , in-dique Ie mojende la fumée pour faire paraitre un fantome sur uu piëdestal placé sur unenbsp;table. Son idee est excellente, et son ingénieuxnbsp;procédé, que nous avons reclitié, produit Teftetnbsp;Ie plus magique. Nous n’avons rien a changernbsp;dans ce qu’il en dit, si ce n’est qu’au lieu de senbsp;servir d’encens pour produire ia fumée , il fautnbsp;eniplojer la liqueur fumante de Libauius , quenbsp;ies chimistes modernes nommeut muriate d’é-tain Jumant.
Selon nous, l’effet de la fantasmagorie est infi-niment plus cm-ieux, lorsqu’au lieu d’une toile Ou d’un autre transparent quelconque,on se sert denbsp;la fumée j alors les images se fixent sur cette va-peur qui, en vcrtu de sou mouvement ascen-sionnel, leur communique un mouvement con-tinuel.
-ocr page 340-5o4 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
Que 1’on ne croye pas que j’aie voulu mettrs de 1 Importance dans cette description de la fantasmagorie ; i’ai taché d’etre Ie plus clair qu’ilnbsp;m’a élé possible j aussi ai-je élagué les dissertations physiques , les explications scientifi-ques , les comparaisonsgéométriques, caloptri-ques, etc. etc., que les savans admirent , maisnbsp;qui ne peuvent être lues et comprises , quenbsp;par ces mêmes savans.
J’ai cru devoir m’abstenir d’expressions inim telligibles pour un amateur qui voudrait employer mes procédés ,• j’avoue de bonne foi que,nbsp;comme sectateur de ces agréables illusions, j’au-rais eu la délicatesse de ne point les divulguer gt;nbsp;si uiie foule de prétendus physiciens ne les avai*^nbsp;pas, avant moi, dévoilées au public. Alors,ne crai-gnant plus les reproches de différentes per-sonnes que j’estime, j’ai composé ce petit article sur riiistoire de la fantasmagorie; les explications déiaillées des moyens que j’en donne,nbsp;et qu’ont suivis des succes mille fois répétés,nbsp;seront sans doute utiles et agréables a plus d’uunbsp;amateur ; tel a été du moiiis mou but, et tel estnbsp;encore mon seul désir.
3o5
DE LA VUE.
Cliavibre claire.
Cet instjument, dont nous devons Ia con-naissance aux Opticiens anglais, est d’une construction entièrement diflërente de celle de Ia Cliambra obscure. Voyez Fig. i''®, PI. 9.
A, est une boite en bois, garnie d’un cou-vercle qui se rabat en totalité , el forme alors Ie pied de I’insirument. Cette boite porte intcrieu-remenl 20 centimetres 8 millimèti’es de Jongnbsp;( 7 pouces 8 ligncs), sur 91 millimetres ( 5 p.nbsp;4 lignes ) de large.
Dans Ie coin B est fixée , avec qualre vis, une plaque de cuivrc de 3 millimetres d’épaissearnbsp;(environ i 1. 1/2.). Au centre de cette plaque ,nbsp;longue de 57 millimetres ( 16 lignes) et largenbsp;de 22, seJève une tige cari'ée de même méialnbsp;C, ayanl i decimetre et 88 centimetres de hautnbsp;( 7 pouces ), et sur chacune de ses faces, 9 mil,nbsp;liinèlres ( 4 ligncs ) Cette tige se piie dans lanbsp;1*'ite de B en Dj mais lorsqu’on veut employernbsp;1 instrumentj on !a meidans une situation verticale , au moyen d’une charnicre dans laquelle
20
-ocr page 342-3o5 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
elle joue, et qui est pratiquée daas un tenon E,
fixé au centre de la plaque.
Le long de cette lige, glisse a volonté, dans loute la longueur, une douille de métal de g3nbsp;millimetres (3 p.4l-) F : dans I’inlerieur denbsp;cette douille, et dans toute sa longueur, on placenbsp;une lame de même métal, un peu bombée ennbsp;are, en sorte qu elle forme un ressort qul exercenbsp;sa pression contre la tige, et tient la douille a lanbsp;hauteur désirée. G, G, sont les deux extrémi-tés de cette lame, c’est tout ce que l’on en peutnbsp;apercevolr. Elle est mise sur le cólé de Ia tigenbsp;qui touche le fond de la holte, quand la lige estnbsp;couchée. Cette lame a i millimetre d’épaisseur jnbsp;elle est lerminée, en haut et en bas, par deuxnbsp;petits crans qui, en appuyant sur l’épaisseur denbsp;la douille, la forcent a suivre, sans sortir denbsp;Tintérieur, tous les mouvemens de celle-ci.
Sur la douille , et du cóté oppose a celui o« est placé la lame a ressort, est un bras H j il senbsp;replie vers le hatrt de Ia tige, au moyen d’unenbsp;chai’niëre I. Pour se seryir de eet instrument,nbsp;on déploie ce bras, qui se trouve alors dansnbsp;une situation horisontale, et faire un anglenbsp;droit avec la tige. Son extrémité est force surnbsp;une longueur de i5 millimetres ( 7 lign-)»nbsp;I’on introduit, dans cette espèce de canon, Enbsp;lige de rarmature du prisme. Elle a 16 milh'
-ocr page 343-DK LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;507
mèlres de long (plus de 7 lignes)j elle j est retenue en place, au moyen de la vis K. Aunbsp;point de rencontre de celle-ci avec la tige dansnbsp;l’intérieur du canon , on a creusé sur la tigenbsp;une gorge d’un millimetre de profondeiir : c’estnbsp;la que la pointe de la vis appuie, en sorte quenbsp;quoiqu’elle empèche la tige de sortir de place ,nbsp;elle ne la privé cependant pas d’un mouvementnbsp;circulaire, ce qui permet de donner au prismenbsp;Ie mouvement convenable, et de lourner commenbsp;sur un axe,
Le prisme L est un morceau de crystal a quatre faces, dont deux sont placées a anglenbsp;droit, landis que les deux autres formeut en-tr’elles un angle très-obtus. Les deux premièresnbsp;ont 27 millimetres ( 1 pouce ) de large , surnbsp;ba millimetres ( aS lign. ) de long. Les deuxnbsp;autres ont , sur la même longueur , seulementnbsp;20 millimetres (9 lign. ) de largeur 5 ainsi ,nbsp;les deux grandes faces font entr’elles un anglenbsp;droit, figure 2 A B , et les deux autres un anglenbsp;obtus C : aucunes d’elles ne se trouvent en facenbsp;Tune de l’autre, c’est-a-dire , être parallèles :nbsp;cette figure est done mi trapézoïde.
Notre manière de décrii-e est sans doute bien longue , mais nous décrivons pour ceux quinbsp;ïi’ont pas l’usage babituel des termes de géomé-
-ocr page 344-5o8 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
trie , el nous déHnibsons loutes les condiiions du mol a employer.
En mesures anciennes les deux faces AB ont lalignes, les deux 1’accsD y lignes, et de Tanglenbsp;A a C il y a 11 lignes, et dc E E i/j. lit^nes.
On place ce prisme de facon que Tune des grandes surfaces, celle B, soit horisontale et parnbsp;conséquent vue de plan par Tobservateur. La seconde se trouve faire face aux objets que Tonnbsp;considère. C’est surelleque son lances les rayonsnbsp;lumineux qui parteut des corps.
La face A est recouverte en parlie par une petite lame de cuivre M.
E!le est dessinée , figure 5 , de grandeur naturelle. I est un irou dans lequel on place une petite vis qui entre dans Tarmature en N. 2 estnbsp;un trou d’environ 4 millimetres ( une fortenbsp;ligne) de diamètre ; c’cst la que Tobservateurnbsp;place Toeil, tous les objets situés en face dunbsp;prisme se pr.'sentrnl a ses regards dessincs ennbsp;miniature et sans aucunes franges ou iris.
La plaque M est retenue dans une position fixe el dc biais par la vis qui est a son extrë-milc au trou i , c’est par la qu’elle pénètrenbsp;dans Tarmature en JN. L’autre extrémifé 5 estnbsp;retenue dans une petite bride de métal falte ennbsp;équerre, et altachce avèc deux v’rs 5ur Tar-*nbsp;mature. Cette lame porte sur la face supérieure»
-ocr page 345-DE LA V U E. nbsp;nbsp;nbsp;3og
La vis du trou i est a 21 millimetres ue Tangle droit, et Ic centre du trou a 23 millimetres desnbsp;liords du prisme. L’extrémité 5 abonlit a 6 mil-limèires ( bgn. 1/^2 ) de ce mème bord.
Au bord del’armature qui es! enlièrement en cuivrc , cl sur deux angles O , dont on ne voltnbsp;ici qi ’un seul , c’« st-a-dire sur la face opposf^cnbsp;aux objets, est attaché un étrier Q dans Icqucinbsp;sont places deux cercles garnis d’un pas de vis,nbsp;Tun, etc’est celui qui peut au moven d’unecbar-uière se relcver veis la face antcrieure et s’ynbsp;plaquer tout-a-fait , cclui-la, dis-je, est garninbsp;d’un verre concave R : l’autre se relève hori-sonialcincnt cd-dessous du prisme et pjorlc urinbsp;Verre convexe S. lis forment eutr'eux un anglenbsp;droit. Cesl de la combinaison de leurs foyersnbsp;^ue résuhe la giande clarlé des objets, et cenbsp;Sacond corrige Ie trop de raecourci quc Itsob-jets prendraieut avec Ie seul verre concave ;nbsp;les ceixlos qui porlenl les verres ont 58 milli-metres d’ouvcrturc ( 17 lignes 1/2 ).
La prollt;,udcur de la botte est iiitcrleurement de 34 uiillimcires. Oti place en D un petit blocnbsp;qui y est attaché pour soutenir l’vxtrémité denbsp;U tige quand on la couche.
La longueur du brasjcompris lacharnière est de 61 millimetres (2 pouces 5 lig.) : et lorsquenbsp;1’ïipparcil est niouté , il a en tont un décimcir®nbsp;^9 millimetres (4 p. 4 Iignes)dclongueur.
-ocr page 346-5io
LE CONSERVATEUR
CHAPITRE XXV.
Des Cadrans solaires horisontaux et universels.
Le cadran porlaiif, que j’ai constrult et dont je doime la description dans ce chapitre , a pournbsp;objet de meltre a la portee de tons, un instrument qui paraissait rclégué dans les Traités denbsp;Gnomonique , et il m’est permis de croire quenbsp;j'aurai fait une chose utile, si j’ai pu aller au-de\’ant des deux prineipales difficultés qui senbsp;rencontrent dans l’usage des cadrans solaires ^nbsp;quels bien divisés qu’on les suppose. Cette division élant Touvrage du constructeur, je nenbsp;crains pas de garantir les cadrans qui sortirontnbsp;de chez moi •, mais il resle a ceux qui les ac-quièrent , a les placer dans la directiounbsp;même du méridien ; 2” a les établir dans unnbsp;parfait niveau. La boussole , et la suspensionnbsp;appelée de Cardan, m’ont offert des moyensnbsp;d’approcher de la vérité autantqu’11 est possible.
1°. La Boussole.
Tout le monde connah la veriu de l’aiguillc aimaniée j on sait que librcment suspendue ,
-ocr page 347-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;5ri
elle obéit a la force magnétiqne , dont la propriélé est de se dirlger vers Ie nord ; jenbsp;dis vers Ie nord, et non pas au nord absolument,nbsp;paree que c’est avee d’assez grandes variationsnbsp;que celte direction a lieu.
Les premiers navigaienrs qui employèrent vers 125o l’aiguille aimantée , se contentaient de eetnbsp;a-peu-près; ilsse trouvaient trop heureux d’avoirnbsp;enfin un moyen de reconnaitre leur direction ,nbsp;lorsque Ie ciel couvert ne laisse aucune espècenbsp;d’indication.
On nolnme comme inventeur Ie napolitain Flavio de Gioia , quoiquela fleurde lysadoptéenbsp;dans toutes les boussoles pour la designationnbsp;du nord , puisse faire ernire les boussoles d’o-rigine fran^aise (i). On peut l’expliquer en di-sant que ce serait des constructeurs frangais quinbsp;les premiers auraient mis dans Ie commercenbsp;tin instrument demandant plus de soins clnbsp;d’hübileié que n’en avaient, a cette époque , lesnbsp;artistes des autrespays. Les Angiaisne manejuentnbsp;pas de réclamcr cette invention , que d’autresnbsp;veulent attribueraux Chinois.
Le point nord étanl a peu-près connu , il est bien aise de tracer autour dé l’aiguille
(0 L’Excellente dissertatian de M. Azuni , publiée i] y * ewviron deux ans , ne peut trop être consultée a ce sujet.
-ocr page 348-5i2 le conservateur un cadran qui ait i6 ou Sa divisions, pour rc-pondre aux vents qui sont et l’espoir etnbsp;l’effroi des navigateurs ; alors suivant quenbsp;l’aiguille sc porte sur unc de ces divisions ,nbsp;OU reeonnait de combien de rhumbs lenbsp;vaisseau s’éloigne de la dircciion du nord aunbsp;Slid , et par suite Ic pilote est sur de pouvoirnbsp;diriger sa manoeuvre , el maintenir le b^timentnbsp;dans sa route.
On ne tarda pas cependani a s’apercevoir que la direction au nord n’élail pas precise; ceuxnbsp;qui les premiers voulureni i-econnaltre la difference, reslimèrent a5 degres du eerde total;nbsp;c’est-a-dire environ a la moitié d’uii Si , el ilsnbsp;en conclurent que ceitc différence ou décli-naison devait reporter de Ia même quantiténbsp;vers l’esl , loutcs les csliraes ou observationsnbsp;des directions du vaisseau.
Degrandeserreurs sont venues ensuite obligei* les marins el les pbysiciens a étudier avec plusnbsp;de soin les déclinaisons de la boussole ; etnbsp;enfin , sans pouvoir encore les raraencr a desnbsp;principes certains, on est parvenu a multipliernbsp;les observations , d’ou il résulte ;
1° Que la dcclinaison n’est pas la nicme dans tons les points du globe : qu’il ƒ *1 desnbsp;lieux oil elle se porte vers l est , au lieunbsp;d’etre comme chez nous a l’ouest , tandis qu’il
-ocr page 349-DE LA V U K. nbsp;nbsp;nbsp;OiS
y en a oïi elle est aLsolumenl mille. Je mc bome dans ce cliapiire a donncr les déelinaisonsnbsp;des villes d’Enropc oii on les a obscrvées, pareenbsp;4(ie mon instrument n’cst pas destine a desnbsp;voyages de longs cours j mais si j’en coniniisaisnbsp;«Juidussent ƒ èire employés , ceuxqui voudraientnbsp;s’eu servir auraient soin de s’assurer des oliser-valions deja faites yioiir les parages oir ils senbsp;Irouveraient , sinon ils n’emploieraienl lanbsp;boussole qn’aprcs avoir eu occasion d’évaluernbsp;la dédinaison par une obserralion du soldi ,nbsp;On des étoiles passant au niéridien.
a^Quecen’esl pas seulement dansles difi’ércns pays qu’elle change , mais que cela arrive d’unenbsp;annéea lauire. A Paris, en i58o, la dédinaisonnbsp;ótait de 11'^ 1/2 a Pest; en 1666 elle était nulle,nbsp;c’est-a-dire que Taiguille marqnait Ie veritablenbsp;Hord ; de 1720 a 1724 ? était de i5 degrésnbsp;a 1’ouest ; en z8o2 de 25® 5' a Porient , etnbsp;pile est, a pen de chose prés , restce la mème.nbsp;On av.iit cru un instant qn’ellc aliait de Pestnbsp;a Pouest d’uTie manicre réguliere, pour ensuitenbsp;en revenir par une sorle de balanceinent pério-dique ¦ maisilfaui convenirque les instrumensnbsp;Jnème avee lesqnels on a voulu faire ces experiences n’ont pas permis d’y donnet’ tontenbsp;Pexaclitude qu’cHes requerraient , et il fautnbsp;aUendrc davaulage du zèle et de la sagacilé
-ocr page 350-3l4 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
qui , dans ce moment préparenl de nouvelles
séries d obsei’vations.
Cependant, ces differences annuelles n’em-pcclient pas de se servir des aiguilles aimaniées avec assez d’exactilude pour se procurer Theure.
On ne doit done point être éionné, que tout en recommandant comme très-essentielle unenbsp;grande attention a placer I’instrument sur lanbsp;déclinaison de Taiguille aimantée , je ne menbsp;sois pas attaché a tracer comme dans les bous-soles ordinaires , celte ligne de déclinaison.nbsp;J’ai mieux aimé la remplacer par un petit cur-seur OH index mobile , que chacim peut fixernbsp;a la déclinaison reconnue pour Ie lieu oii ilnbsp;se trouve ou pour 1’année. 11 n’a besoin d’etrenbsp;cbangé que quand on a conslaté qu’il y availnbsp;une variation.
Avant de terminer eet article, je crois essen-ticl de rappeler une autre propriété de raiguillc aimantée j dont quelques personnes auraient punbsp;entendre parler, mals qui n’influe en riennbsp;sur l’usage des cadrans , c’est I’inclinaison ;nbsp;celle-ci est variable aussl, mais comme ellenbsp;n’agit que de bas en haut, elle ne dérange pasnbsp;la direction de la ligne mcrldienne; c’est toutnbsp;au plus au constructeur a s’en occuper, pournbsp;rendre plus lourd Ie cóté sud de son aiguille,
-ocr page 351-DELAVUE. nbsp;nbsp;nbsp;3»5
qu’elle ne touche pas Ie fond de riustrument du cólé noi’dj car cette iiicllnaison va a Parisnbsp;jusqu’a ']2°.
3°. Suspension de Cardan.
On a conserve a cette suspension Ie nom d’un physicieu qiii a lalsséaux sciences d’uiiles etnbsp;iniportans résullats parrai beaucoup de vainesnbsp;recherches sur les sciences occultcs, la divina-liou, l’alchyitiie, doiit il éiait tellement épris ,nbsp;qu’il se donna Ia mort a n5 ans, en i5']6, pournbsp;ne pas démeniir son horoscope.
Cardan avail destine cette suspension a une lanipe que Ton pouvait rouler, comme unenbsp;houle, devant soi avec le pled, sans que I’huilenbsp;se renversat. On sent, en effet, que suspendautnbsp;1’une dans I’autre des spheres parfaltement ennbsp;equllibre sur des axes a angles droits, tandisnbsp;que la sphere interleure sera chargee d’un poldsnbsp;considerable dans un point de sa circonference,nbsp;les spheres exterieures rouleront, sans que cellenbsp;du centre perde son équilibre. On peut réduirenbsp;ces spheres aux grands cercles qui portent lesnbsp;axes : ainsi, on parvient a malntetnr un plan ennbsp;cquilibre, en le meitant un peu en-dessous dunbsp;centre de ces cercles , lors méme que les cerclesnbsp;seraient remplaces par des carrés fixes sur lesnbsp;ntemes pivots j tel est le principe qu’on a adapte
-ocr page 352-5i6 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERTATEUR
d’une manicre utile a la boussole ou cüiiipas de nier, !1 eüt clé saus cola impossible d’obser-ver au milieu du roulis et du langage, qui fontnbsp;varicr les vaisseaux de bas-bord a stribord , onnbsp;de l’avanl a Tarnère. J’avais bien moins d’obsta-c!cs a prévenir, puisque ce n’csl quc de l’ébran-Icment d’mie lable tout au plus, quc je devaisnbsp;garantir moii cadran : j’ai dooc pu me flatter denbsp;réu.ssir d’une manière bcaucoiip plus promptenbsp;qtie par des -vis de rappel et Tobservation d’uunbsp;niveau a air , a obtenir un niveau absolu.
II fuut cependant observer que si Ie plan suf Icqucl doit êlre pose I’instrument clait tropnbsp;incline a l’horizon, il dépasseraii Ie jeu donnenbsp;a ma construction , qui suppose un plan a pennbsp;pres horizontal, comme il est toiijours facilenbsp;de s’en procurer un par quelque support. Je Ienbsp;répète, j’ai du aller au-devani des dilllcultés,nbsp;mais seulement des difficultcs qu’une precaution ordinaire ne suflit pas pour prévenir.
Mon cadran n’ajanl qu’iin bul usucl pour les besoinS de la sociclé, il serail absurde de vou-loir, dans tine construction aussi poriaiive?nbsp;cliercher l’exactilude aslronomique , dont nanbsp;besoin ni Ie père de familie dansla regie de sanbsp;maison , ni Ie vojageur dans la distribution denbsp;son repos et de sa marebe, ni Ie ciiadin dansnbsp;Ie tumulte de la yiUe.
-ocr page 353-DELAVUE. nbsp;nbsp;nbsp;3t7
II n’y a rccllernenl qti’an point, ou, poui’ mieux dircj qu’une lignc fixe dans la marchenbsp;jOurnalière de l’ombre produite par Ie soleil ;nbsp;c’est la méridienne, t’est-a~dire, Ja llgne dunbsp;milieu du jour, qui, pour chaque lieu, est lanbsp;mènie clu commencement de I’annce a la lin ,nbsp;paree què la rotation de la terre a lieu sur sonnbsp;axe, un jour comme uu autre,
Cette méridienne se prolonge indélioiment en-dessus et en dessous de rinstniment, et estnbsp;atleinie parl’ombre du style plus ou moins haut,nbsp;suivant Ja saison , paree que , de I’liiver a I’etc,nbsp;Ie soleil varie de 4G degrés environ , ou d’uunbsp;derni-quart de eerde a-peu-près sur Thorizon. J’ainbsp;done du proporiiouner lahautcur dubec d’oiscaunbsp;‘ïüi marqué I’lieiire, de manière quedcl’liiver anbsp;^éié, il ne quittat pas Ie champ de rinstrument.
Maisvoulaiit aussi qu’ilpuisseservirad’autres lleux plus éioignés ou plus rapprochés du polenbsp;lerresire, il a fallu que ce bee put s’abaisser ounbsp;s’élever proportionnellernent, et alors lui don-tier difléreiis champs, pour éyiler que jamaisnbsp;^es onibrcs ne se portassent trop loin.
Je me suis done borné a quatre champs prin-^ipaux pour les regions les plus a portee de depuis Ie 41®. degré de latitude ou d’éloi-guement de l’équateur , jusqu’au 53®. 1/2 , dest-
-ocr page 354-5i8 nbsp;nbsp;nbsp;LECONSERVATEUR
u-dire, depuis les Pjrénces jusques au Nord dc la Hollandc. L’instruction établit Ie rapport denbsp;chacun de ces champs avec Ia hauteur du bec.
Celle-ci est d’autant plus imporlanle a bien évaluer , que la moindre erreur rendrait fau-tives les heures du reste dc la journéej car,nbsp;?linsique je l’ai dit, c’est la méridienrie seule quinbsp;lie varie jamais j aussi cst-ce toujours au pointnbsp;de midi qu’il laut verifier les irisirumeus doidnbsp;on se sert.
Le public n’ayant plus a Paris, ui Tancieti nicridien du Palais-Royal , ni celui qu’on availnbsp;armé d’uii canon dans le nouveau jardin, mnbsp;incme celui du Jardin imperial des Plantes , etnbsp;ii’éiant pas accouiumé a aller observer ceux denbsp;rObservatoire ou de 1’église Saint-Sulpice , dnbsp;serail a desirer que le Gouvernement voulüt ennbsp;faire construii’e sur quelques-unes des foutainesnbsp;dont il embellit la Capitale.
On peut juger de I’empressement avec lequel ou se 1 assemblerait autour d’eux par celui qn®nbsp;l’on met a venir atteudre chaque jour, l’ex-plosion du canon que j’ai placé sur ma fenêtre.
Ces sortes de méridiens sont irès-commodes dans les campagnes, oir a nne assez grandenbsp;distance, ils averlissent de l’heure , quelcjuenbsp;faible que soit a midi le rayon solaire. La lenliH®nbsp;qui met le feu au canon est ramenéc tous 1®*
DE L A V UE. nbsp;nbsp;nbsp;5 ig
tjnatre a cinq jours a la hauteur convenabJe , d’après la division que je suis oblige de varier ,nbsp;suivant la latitude du lieu pour lequel on menbsp;detnande ces cadrans.
Je ferai d’abord remarquer que la surface du cadran horisontal est parlagée en quatre cerclesnbsp;tracés pour quatre hauteurs différentes du pó'e.
Le premier, qui est Ie plus éloigné du centre , et forme le pourtour de la plate-forme, est tracénbsp;pour le Sa®, degré j le seconJ , marqué en chif-fres romains, est tracé pour le 49®- degré; lenbsp;troisième est tracé pour le 45®. degré; et le qua-trième, qui se trouvc au centre de l’instrument,nbsp;est tracé pour le 4'®- degré.
Les tables iraprimées a la suite de cette instruction, désignent les principales villes situées dans ces différentes bandes de tcrre, et indiquentnbsp;leur latitude, qu’il est nécessaire de connaitre,nbsp;afin de pouvoir clever le style du cadran denbsp;raanière a former, avec le plan horizontal, unnbsp;angle correspondant a la latitude du lieu ou l’onnbsp;cherche l'heure ; ceci se fait facilement lorsqu’a-près avoir relevé le style qui était couché surnbsp;le cadran, on en clève la partie mobile qui lientnbsp;Sous le bec de l’oiseau , jusqu’a ce que ce bec senbsp;trouve sur la division qui correspond au nom-bre de degrcs indiqués pour la latitude du lieu;nbsp;par exemple, si l’on cherchait l'heure a Paris,
-ocr page 356-520 nbsp;nbsp;nbsp;LECONSERVATEUR
on voit, dans les tables , que cetle \iile est souS Ie 48’^- degré 5o minutes; alors oii clcverail Ienbsp;style jusqu’a ce que Ie bec de l’oiseau coi ves-pondil a 48'dcgiés 5o iii'nutes, ce qui est très-près de 49 dcgrcs, chaque degré conleaant 60nbsp;minutes.
On poscra ensuiie cel instrument sur un plan bien horizontal, paree que s’il avail quelqu’in'nbsp;clinaisou, cela occasionnerait des erreurs denbsp;queiques minutes, pioportionuelles a I’inclinai'nbsp;son du plan. La houssole, li\ée sur Ie fond denbsp;I’insti ument, doit étre d’abord tournee du cóienbsp;d’oii vieiit Ie soleil, ensuite il faut rorientcr»nbsp;d’après la déclinaison de l’aiguille ainiantée?nbsp;pour ie lieu oii on se trouve : il est d’auiantnbsp;plus essentiel de faire attention a ceite disposi'nbsp;lion, que si on dirigeait seulemenl sur la lignenbsp;qui marque Ie riord, on ferait actuellemeut anbsp;Paris une erreur d’environ cinq quarts d’heure gt;nbsp;et on est susceptible de la faire plus ou moin^nbsp;grande , suivam Ie lieu oii l’on se trouve.
On observera, a cel égard, que loutes les ins-iruciions doiinées jusqu’a présent pour l’usage de ces cadrans solaires, nc parleut que legére-ment, et quelquefois point du lout, de l’obliga-tiou oil l’on est de tenir conipte de la declinai'nbsp;sou de raiguille aimanlée; c’e.'t cependant Icnbsp;point Ie plus essentiei a cousidérer dans l’usage
-ocr page 357-DELAVUE. nbsp;nbsp;nbsp;5a I
qu’on veut faire de ces espèces de cadrans. Le silence de ces instructions vient de la diffic 1 énbsp;qu’il y avail d’indiquer un nioyen sur pour tenirnbsp;conipte d’une variation extx’êmement irréguliere ; variation dont les savans, malgré unenbsp;quaniité prodigieuse d’observations, n’ont punbsp;encore determiner la marche.
Quoiqu’on puisse étudier ces variations dans les Tables de la connaissance des teins, et dansnbsp;plusieurs Journaux des savans francais ou étran'nbsp;gei’s, je donne a la suite des Tables de latitude,nbsp;Une notice sur la déclinaison de l’aiguille aiinan*nbsp;lée dans quelques villes, oü elle a été observéenbsp;dans les années 1785, 1785, 1786, 1787 , 1788,nbsp;€t a Paris, en 1799, 1800, 1802 et i8o5. Maisnbsp;conime il existe une très-grande quantité denbsp;vdles oil Ton n’a point fait d’observations , ounbsp;-s’d j en a été fait, qu’elles ne sont pas connues,nbsp;cnsorte qu’on aurait alors de la peine a se dé-terminer sur le point de direction a donner,nbsp;voici un nioyen simple de fixer a eet égard lesnbsp;incertitudes • c’est de vérifier sur un cadran solaire fixe, horizontal ou vertical, s’il en existenbsp;dans le lieu oii 1’on veut faire usage dunbsp;uiien, OU niême dans l’étendue d’un quart denbsp;degré aux environs, a quel degré de déclinaison a Test ou a 1’ouest, correspond l’aiguill©nbsp;aima.ntée, lorsque vous tournez voti’e cadran,
21
-ocr page 358-522 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
de manière que Ie style marque midi au même moment que Ie cadran solaii’e fixe qai vous sertnbsp;de vérificateur. Quoiqu’il soit plus convenablenbsp;de fai e cette verification a l’lieure de midi,nbsp;paree que c’est sur elle qu’on regie toutes lesnbsp;autres, on peut cependant la faire sur toutenbsp;tre; si on a trouve que l’aiguille aimantéenbsp;s’écartail du nord a Test ou a l’ouest, de i8 ounbsp;20 degrés, on en prend note , pour avoir soinnbsp;ensuite de la faire toujours .se placer de mêmenbsp;quand on veui trouver I’heure avec cet instrument. Mais comme la declinaison esl très-variable, cette espece de verification deyraitnbsp;se faire une fois tous les ans ; d’ailleurs ,nbsp;puisqu’elle est très-facile, on peut la répéternbsp;aussi souvent qu’on en trouvera I’occasion.
Je crois devoir observer ensuite que , pour ne pas déranger la direction naturelle de l’aiguille aimantée, il ne faut point faire usage denbsp;cet instrument sur des fenêtres qui auraient desnbsp;balcons en f r, ou sur d’aulres endroits tropnbsp;pres de ce métal, paree que I on commettrailnbsp;des erreurs. 11 est nécessaire aussi de recevoifnbsp;directement sur le style les rayons du soleil,nbsp;sans les la sser traverser les vitres et les glacesjnbsp;elles font éprouver toujours une refraction auXnbsp;rayons du soleil.
Jaloux de procurer aux personnes qui m ho-
-ocr page 359-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;325
norent de leur confiance, des instrumens surs et commodes, j’ai imagine de construire de ceSnbsp;cadrans solaire-; portatds, suspendus dans unenbsp;boite, a la manière des boussoles marines. Ilsnbsp;se placeut toujours cl’eux-mêmes horizonlale-menlj pourvu que Ie plan sur lequel on lesnbsp;pose ne soit pas trop iudiné. J’ai fait les aiguilles de boussole plus grandes qu’al’ordinaire,nbsp;pour que les variations de leur déclinaison fus-sent plus sensibles , et j’ai mis des alidadesnbsp;OU aiguilles indicatives , qu’on arrête sur lesnbsp;diverses décllnaisons que la boussole peut prendre dans les pa_ys ou l’on en veut laire usage.nbsp;Cela donne beaucoup de facililé pour obtenirnbsp;Theure juste , pnisqu’il suffit, dans Ie momentnbsp;oil l’on vériliera eet instrument avec un cadrannbsp;solaire fixe , d’amener l’alidade ou aiguille surnbsp;la division de la boussole coïncidant avec Ienbsp;trait tiré sur 1’aiguille aimantée , dans l’ins-tant oil 1’heure marquee sur eet instrument estnbsp;la mème que celle indiquée par Ie c.idran solaire fixe. On laisse l’alidade ou aiguille a lanbsp;même place , pour indlquer que l’aiguille ai-mantée doit être dirigée sur ce point. On nenbsp;change plus la position de ces alidades ou indi-cateurs , que lorsqu’on chang ’ de pays, ounbsp;cliaque ibis qu’ils ne se trouvent plus d’accordnbsp;avec les cadrans solalres fixes.
-ocr page 360-324 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEÜR
]N’ayant point trouvé que dans leur construction ancienne les quatre rangs d’heures qui y sont tracés soient combines de manière anbsp;servir également pour un même nombre denbsp;degrés et de minutes , ce qui expose parnbsp;conséquent a faire erreur de quelques minutes ,nbsp;je les ai tracé dans mon nouvel instrumentnbsp;de facon que depuis Ie premier jusqu’au dernier, ils fornientune suite réguliere, convenablenbsp;chacune a un même nombre de degrés et denbsp;minutes.
Le premier, tracé pour Ie cinquante-deuxième dégi'é , peut servir depuis le cinquante troi-sième trente minutes jusqu’au cinquantièmenbsp;degré trente minutes.
Le deuxième ^ tracé pour le quarante-neu-¦vième degré, peut servir depuis le cinquantième trente minutes jusqu’au quarante-seplième degrénbsp;trente minutes.
Le troisième, tracé pour le quarante-sixième degré, sert, depuis le quarante-septième trentenbsp;miuutesjusqu’au quarante-quatrième degré trentenbsp;minutes.
Le quatrieme, tracé pour le quarante-troisième degré , sert depuis le quarante-quatrième trentenbsp;minutes jusqu’au quarante-unième degre trentenbsp;minutes.
-ocr page 361-ü E LA V U E, nbsp;nbsp;nbsp;325
Dans ces nouveaux cadrans, 1’aiguille de boussole, beaucoup plus grande, occupe tout Ienbsp;dessous j Tombre du style , surtout depuis dixnbsp;heui’es jusqu’a deux heures se porte sur Ie cólénbsp;nord de eet instrument, je n’ai done pas pu fairenbsp;d’autre ouverture pour apercevoir la directionnbsp;de Taiguille aimantée, qne du cóté ou seraientnbsp;les heures de nuit j cela fait que Ie eóté denbsp;Taiguille que Ton apercoit est Ie cóté indi-quant Ie sud ou midi ; maïs l’opérationnbsp;de la verification se peut faire avec autant denbsp;certitude sur ce cóté que sur Tautre , pareenbsp;qu’il est bien certain , que I’aiguille se trou-Tant juste sur la ligne du sud , elle mar-quera exaclement Ie nord a son cóié opposé,nbsp;et la déclinaison qu’elle pourra prendre du nordnbsp;a l’ouest par son cóté nord, se marquera surnbsp;Ie cóté sud , en même nombre de degrés dunbsp;sud a Test. Si , par exemple, l’aiguille parnbsp;son cóté nord décline de vingt-deux degrés anbsp;l’ouest, elle déclinera du cóté sud de vingt-deuxnbsp;degrés a Test j ce qui, pour la direction dunbsp;cadran solaire , reyient absolument au mêmenbsp;que si on avail observe l’autre cóté de Taiguille.
Toutes les precautions que j’indiqueici seront sans doute inutiles aux sayans et aux marins ,nbsp;altendu qu’ils sont parfaitement insiruits de lanbsp;¦variation de la décliaais on de l’aiguille aimantée,,
-ocr page 362-326 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
qu’ayant souvent l’occasion de determiner d.es méridiennes , ils sont plus a portee (^uenbsp;d’autres de verifier eet instrument; mais j’ainbsp;pensé devoir m’éiendre un peu sur l’indicationnbsp;dun moyen simplequi donnea bien d’autresper-sonnes la faculté de faire usage de ce cadrannbsp;et d’en reconnaiire elles-mêmes l’exaciitude etnbsp;Tutilité,
-ocr page 363-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;527
TABLE DES LATITUDES
A L’USAGE Dü PREMIER C A D R A N.
Celui-ci, tracé pour Ie cinquante-lroisième degré, Ie plus éioigné du centre de I’instrument, et peulnbsp;servir a trouver les heures pour tous les pajs sltuésnbsp;entre Ie cinquante-troisième degré trente minutes ,nbsp;et cinquante degrés irénie minutes , en élevant Ienbsp;style au degré de la latitude du lieu oii on est. Voy.nbsp;Jïg. i, planche g.
Min. |
Sec. |
VILLES. |
Dcg. |
Min. |
See |
47 |
* « |
Greenwich . nbsp;nbsp;nbsp;. |
. 5i |
28 |
4o |
56 |
t8 |
Hanover . |
. 52 |
22 |
18 |
21 |
56 |
Corke. . . nbsp;nbsp;nbsp;. |
. 5i |
53 |
54 |
i3 |
22 |
La Haye . nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. |
, 52 |
3 |
5 |
42 |
17 |
L’Ecluse. nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. |
. 5i |
t8 |
35 |
3i |
3o |
Leipsick . nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. |
. 5i |
20 |
16 |
43 |
3i |
Leyde. . nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. |
. 52 |
8 |
40 |
6 |
3o |
Liége .... |
39 |
» | |
12 |
40 |
Lille . nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. |
. 5ó |
P |
5o |
5o |
59 |
Londres . nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. |
. 5i |
3i | |
57 |
32 |
Loiivain . |
. 5o |
53 |
26 |
18 |
26 |
Magdebourg. . |
. 52 |
i3 |
» |
i5 |
fgt; |
Malines . |
- 5r |
I |
5o |
55 |
2l |
Maëstrich |
. 5o |
5i |
7 |
49 |
43 |
Montaigu. . nbsp;nbsp;nbsp;. |
. 5o |
58 |
50 |
7 |
4? |
Munster . |
. 5t |
54 |
u |
2 |
12 |
Nieuport. . |
. 5ï |
1 |
4t |
2 |
54 |
Orenbourg . |
. 5i |
46 |
5 |
21 |
II |
Osnabruck . |
. 52 |
lÖ |
14 |
2 |
I I |
Ostende . nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. |
. 5i |
i3 |
5? |
22 |
8 |
Oxt'ort . nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. |
. 5t |
45 |
40 |
4 |
25 |
Porstinouth . |
. 5o |
4z |
5 |
3 |
21 |
Roterdam |
. 5t |
5o |
58 |
32 |
n |
Ruremonde . |
. 5t |
I I |
48 |
59 |
10 |
Saiiu-Omer. . |
. 5o |
44 |
46 |
La table suivante indique la latitude des priuci-pales villes comprises dans celte bande de terre. Villes.
Aix- la-Chapelle Allost. . .
Amsterdam Aavers .
Ath , .
Vertin. .
Boulogne.
®i’eslaw .
Bruges .
“i'u.ïelles Calais. .
Cantorhéri Cap-Clarenbsp;Cologne .
Courtrai. tlou vres .nbsp;öixmade.
quot;fesde. .
J^ublin. .
Dunkerque . . -
Diirnes Gand.nbsp;Gottingennbsp;wavelines
Dfancfort-sur l’Oder Sa
. 5i . 5inbsp;. 5inbsp;. 5o
328 |
LE |
CONSERVATEUR | |||||
VILLES. |
Deg. |
Min. |
Sec. |
VILLES. |
Deg. |
Mi». | |
Tongres . nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. |
. 5o |
4? |
7 |
Venloo . nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. |
. 5i |
22 |
17 |
J ournal . nbsp;nbsp;nbsp;,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, |
. 5o |
20 |
Wirlemberg. . |
. 5i |
43 |
lO | |
Utreclit . |
. 52 |
5 |
3o |
Yorck. . nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. |
. 53 |
4? |
4» |
Varsovie. nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. |
. 52 |
*4 |
Ypres. . nbsp;nbsp;nbsp;. . |
. 5o |
5i |
lO |
TABLE DES LATITUDES
Ce Cadran, tracé pour le quarante-neuvieme de~ gré, est marqué en chifi'res romains et peut servifnbsp;pour tous les pays situés entre cinquante degrésnbsp;treiite minutes , et quarante-sept degrés trente mi'nbsp;mxtes en metlanl le style au degré de latitude du lieönbsp;oü on se trouve.
La table suivante indique la latitude des principa' les villes situées dans ceite bande de terre.
VILLES. Abbeville. . |
Deg. 5o |
Min. 7 |
Sec. 4 |
VI LLES. Cbalons-sur-Marne |
Deg. 48 48 |
Min. 57 |
Se»' n | ||
Agria. . nbsp;nbsp;nbsp;. |
47 |
55 |
54 |
Chartres .... |
26 |
54 26 | |||
Alencon . nbsp;nbsp;nbsp;. |
48 |
28 |
» |
Cherbourg . nbsp;nbsp;nbsp;. |
49 |
38 | |||
Amiens . |
49 |
55 |
43 |
Colmar . nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. |
48 |
11 |
» | ||
Arras. nbsp;nbsp;nbsp;. . |
5o |
17 |
37 |
Constance . nbsp;nbsp;nbsp;. , |
4? |
43 |
p | ||
Augsbourg . |
48 |
21 |
4' |
Coutances . |
49 |
2 |
5o | ||
Auxerre . nbsp;nbsp;nbsp;. |
47 |
47 |
54 |
Cracovie.... |
5o |
10 |
p | ||
Avrancbes . |
48 |
4' |
18 |
Crerasmunster . nbsp;nbsp;nbsp;. |
5o |
10 |
p | ||
Bale . nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. |
47 |
53 |
34 |
Dieppe . . nbsp;nbsp;nbsp;. . |
49 |
55 |
17 | ||
Barfleur . nbsp;nbsp;nbsp;. |
49 |
40 |
2 [ |
Dol en Bretagne. . |
48 |
33 |
9 | ||
Rayeux . nbsp;nbsp;nbsp;. |
49 |
16 |
3o |
Douai. .... |
DO |
20 |
p | ||
Beauvais. nbsp;nbsp;nbsp;. |
49 |
26 |
2 |
Evreux .... |
49 |
I |
jo | ||
Blois . nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. |
47 |
35 |
20 |
Fecamp .... |
49 |
45 | |||
Brest . nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;; |
48 |
22 |
42 |
Franci'ort-sur-le-Mein 5o |
7 |
‘'I | |||
Brissac. . nbsp;nbsp;nbsp;. |
48 |
4 |
» |
Granville. . nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• |
48 |
5o |
16 i4 | ||
Bude . |
47 |
44 |
Havre-de-Grace. • |
49 |
29 | ||||
Caen . |
49 |
11 |
10 |
Hidelberg |
49 |
24 |
DO lt;z | ||
Cambrai. |
5o |
10 |
37 |
Honfleur .... |
49 |
25 |
ID P' / | ||
Cap-Lézard. |
49 |
57 |
3o |
Ingolstat. . nbsp;nbsp;nbsp;. |
48 |
45 |
54 |
DE LA VUE; VILLES. Kaminieck .nbsp;La Flèchenbsp;Landau .nbsp;Langres .nbsp;Land S-Endnbsp;Laon . Laval. . Lénian. .nbsp;Lisieux .nbsp;Luxembourg.nbsp;ï'Ianheim.nbsp;^laubeugenbsp;^layence.nbsp;¦^leaux. .nbsp;lllelz . Mons . Montbelliardnbsp;Munich .nbsp;Namur. .nbsp;Nancy. ,nbsp;Noyon. .nbsp;Nuremberff r\i nbsp;nbsp;nbsp;® *Jlniufz . Orleans . Laris . .nbsp;Léronne . .nbsp;?Ml‘Ppeville.nbsp;Lhilisbourg .nbsp;Lort-Louis .nbsp;Lort-Lorientnbsp;Lrague. .nbsp;Lresbourg V I L 1, E .S. Quimper. . Ratisbonne . Reims. . Rennes . Rouen . Saint-Brieux.nbsp;Saint-Diez. .nbsp;Saint-Malo .nbsp;St.-Michel (leMont)nbsp;Saint-Pol-de-Léonnbsp;Saint-Quentinnbsp;Salztbourg .nbsp;Schwezingennbsp;Seez .nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. Sédan . nbsp;nbsp;nbsp;. Senüs. . , Sens . Spire . Soissons . Strasbourg . Toul . nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. Treguier. Trèves. . nbsp;nbsp;nbsp;. Troyes. . Tyrnaw . . Valenciennesnbsp;Vannes . .nbsp;Verdun . .nbsp;Versailles. . Vienne (Autriche] Vurtzbonrg . Zarizin (Russie) Degr. Min. Sec. 4^ 4° 5o 4? ^7nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;» 50 nbsp;nbsp;nbsp;3nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;40 48 nbsp;nbsp;nbsp;4 quot;nbsp;49 37 38 49 nbsp;nbsp;nbsp;29nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;18 50 nbsp;nbsp;nbsp;20nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;» 49 54 » 49 nbsp;nbsp;nbsp;7nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5 50 nbsp;nbsp;nbsp;27 10 47 nbsp;nbsp;nbsp;38nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;» 48 nbsp;nbsp;nbsp;2nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;» 49 26 55 49 5o »nbsp;iy 54nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;10 49 nbsp;nbsp;nbsp;55nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;. 50 nbsp;nbsp;nbsp;II 19 49 nbsp;nbsp;nbsp;7nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;” 47 42 47 |
Sag Deg. Min. Sec. 47 58 29 17 27 39nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3 38 14 So 5i 12 28 11 56nbsp;18 5rnbsp;22nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;52 34 56 4° 32nbsp;46 54 25 nbsp;nbsp;nbsp;» 39 26 ,9 24nbsp;48 21nbsp;12 36nbsp;46 6nbsp;42nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;20 |
TABLE DES LATITUDES
CeCadran, tracé pour le quarante-cinquieme de-gré, peul servir pour tous les pays situes entre le quaranle - septieme trente minutes, et quarante-qualre degres trente minutes, en plagant le style anbsp;la hauteur du degré du lieu ou Ton e t.
La table suivanïe indique la latitude degt; princip les villes comprises dans cette bande de terre.
V IDLE S. |
Deg, |
Min. |
Sec. |
V I LL E S. |
Eeg, |
Miu. |
Sec- | ||
Angers . nbsp;nbsp;nbsp;. |
• • 4? |
28 |
8 |
Embrum . |
. . |
44 |
34 |
jf | |
Angouléme . |
. . 45 |
39 |
3 |
Ferrare . |
44 |
54 |
9 | ||
Annecv . nbsp;nbsp;nbsp;. |
. . 45 |
5o |
» |
Gap . |
, |
44 |
53 |
37 | |
Astracan. . |
. . 4Ö |
21 |
i2 |
(Tcnève . |
46 |
12 |
17 | ||
Aiirillac . |
• • 44 |
58 |
J» |
Oratz , |
47 |
4 |
18 | ||
Aulun. . |
. . 46 |
56 |
48 |
Ixrenoble. |
4s |
11 |
4^ | ||
Belgrade. |
. . 45 |
7 |
» |
Quebec . |
. . |
46 |
4? |
.30 | |
Bellej. . nbsp;nbsp;nbsp;. |
. '. 45 |
45 |
29 |
La Rochelle |
' |
46 |
9 |
53 | |
Resancon. . |
. . 4.7 |
14 |
12 |
Lausanne. |
46 |
3i |
5 | ||
Bologne . nbsp;nbsp;nbsp;. |
. . 44 |
39 |
36 |
Le Croisic |
47 |
‘7 |
43 | ||
Bordeaux. . |
. . 44 |
5o |
4 |
Le Puy. . |
45 |
2 |
4' | ||
Boiirg en tSreSse. . 4Ö |
12 |
3o |
Limoges . |
, , |
45 |
49 |
44 | ||
Eourges . |
• • 47 |
4 |
59 |
Lyon . |
, , |
45 |
45 |
5a | |
Bnxen ('1'yro |
1). . 46 |
43 |
u |
Jjoujsbourg |
( Atnéri | ||||
Broiiage . |
. . 45 |
52 |
3 |
que ) . |
45 |
53 |
40 | ||
Cahors. . |
• . 44 |
26 |
49 |
Lijcon. . |
49 |
27 |
4 | ||
Cap - Raze |
(Terre- |
Macon |
. . |
46 |
18 |
?7 | |||
IVeuve). . |
. . 46 |
4o |
)) |
Mantoue . |
45 |
9 |
16 | ||
Chaions-sur- |
Saone. 40 |
46 |
5o |
Mende. . |
44 |
3i |
2 | ||
Cliainbérï^. . |
. . 45 |
3i |
« |
Milan. |
45 |
V |
57 | ||
Clermont (en Auver- |
Modene . |
44 |
H |
» | |||||
gne). . nbsp;nbsp;nbsp;. |
. . 45 |
46 |
45 |
Moulins . |
46 |
4o |
a | ||
Crénione. . |
. . 45 |
7 |
43 |
Nantes. . |
47 |
i3 |
6 | ||
Die. . nbsp;nbsp;nbsp;. . |
. . 44 |
45 |
3r |
Nevers. , |
, , |
46 |
59 |
gt;7 | |
Dijon . |
. . 4? |
quot;9 |
22 |
Oléron. . |
• |
46 |
2 |
5i | |
Dole ( Franehe-Com- |
Padoue . |
. . |
45 |
q3 | |||||
té). . . |
. . 47 |
II |
it |
Paimboeuf |
• nbsp;nbsp;nbsp;3 |
47 |
'7 |
D E |
; L |
A VU E. |
53i | |||
Deg. |
Min. |
Sec, |
\ ! L L E S. |
Min. |
Sec. | |
44 |
44 |
5o |
Sarlat. |
.. •• 44 |
55 |
20 |
45 |
10 |
Sp |
Sautnur . |
• •. 47 |
‘4 |
)) |
45 |
1 I |
8 |
Seva.slopole(Cir |
iinée )44 |
4^ |
bo |
4.6 |
^4 |
5o |
Tours. |
• - 4.7 |
23 |
44 |
44 |
5 |
Trévoux , nbsp;nbsp;nbsp;, |
. . 45 |
55 |
j) | |
4-gt; |
47 |
» |
Tullcs. . nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, |
. . 45 |
16 |
5 |
45 |
5ti |
lO |
Turin. |
. . 45 |
4 |
i4 |
4? |
H |
28 |
Valence . nbsp;nbsp;nbsp;• |
• • 44 |
55 |
59 |
46 |
23 |
i8 |
Veuise |
. . 45 |
27 |
2 |
45 |
I |
' 55 |
Véronne . |
. . 45 |
26 |
26 |
4? |
44 |
46 |
Vienne (Dauphi |
né).. 45 |
5i |
55 |
46 |
49 |
» |
, Zurich. . nbsp;nbsp;nbsp;. 1 |
• • 47 |
22 |
a |
E : |
D I |
i S |
L A ïIT U DES | |||
: D |
ü |
Qü |
A T R I È M E |
C A D R |
A N. |
^'ILKS.
]j®*liers . )j?''enne .
Sm nbsp;nbsp;nbsp;.
^.van.
sgt;‘-CIau(le
8l«t-Flour
S nbsp;nbsp;nbsp;•
Cadran , qui forme Tintérieur de 1 instrument , tracé j Our Ie quarante-unième degré , et peutnbsp;^^*'vir pouF lous les pays situés eutre quarante-qua-6 degrés trente minutes et quarante-un degrés.
La table suivante indique la latitude des priiicl-villes situées dans cette bande de lerre.
J-quot;- - (Corse) ^cóne A ^fles. |
|
Es.
8lt;le,
ire
-ocr page 368-
LK CONSERVATEUK | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
|
DE LA VUE.
DES
^iserp ations failes sur la déclinaison de t ^irnantée, dans divers pays et en di^érensnbsp;En 1783.
'Gilles.
^ Öuss0lJ(jj.f. . .
En 1785.
^ Copenhague . .
En 1786.
^ ^atisbonne. .
^tockolm . . .
En 17S7.
A ^'lUzbourg . nbsp;nbsp;nbsp;.
¦^^sgue ....
En 1788.
^ Bude.....
Beissember» . .
18 3o
55
Y I L L E S.
A Bonn A Rome .
A Berlin .
A Manheim A Midelbourgnbsp;A Saltzbourg.nbsp;A Augsbourg.nbsp;A Strasbourg.nbsp;A Insprucknbsp;A Dresde .
A Paris.
En J799 nbsp;nbsp;nbsp;.
En i8oo . En 1802nbsp;Enjuin i8o5
^aiguille
terns.
Peg, Min,’
18 55
18 36 j8 26nbsp;20 45nbsp;22nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4“
25 3o
Malgre I’etendue des tables ci-dessus, que toutes les instructions semblables n’ont pointnbsp;encore données aussi completes, elles sont encorenbsp;loin de contenir les noms de tons les endroitsnbsp;On Ton peui avoir besoin d’en faire usage, etnbsp;lgt;eaucoup des personnes pourraient être em-lgt;arrassées dans I’usage du Cadran portatlf, sinbsp;®lles lie vojaient point sur ces tables la designation de la latitude du lieu ou elles se trou-vent, paree que cela peut jeter de I’incerli-
354 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUK
tilde sur la hauteur qu’il faut donuer au style? mais on doit li’abord être persuade qu’on n®nbsp;ferait pas d’erreur bien sensible puur l’usagenbsp;ordinaire, en négiigeant , non-seulementnbsp;secondes , mais mème quelques minutes. Ce*nbsp;deux divisions n’ont éié portées dans les table*nbsp;ci-dessus que pour rmiliié particuliere de qucl'nbsp;ques pi rsonnes qui aiment a avoir des déia'®*nbsp;exacts , paree qu’elles n’en negligent alorsnbsp;des quantités counues. Quoique 1’aris sOitnbsp;exactement par Ie quarante - huitième degt'*^nbsp;cinquanle minutes quaiorze secondes, ilnbsp;porté dans quelques tables publiées avaut celJlt;’*'nbsp;ci, et désigné mème sous Ie quaranie-ueuvi^t^^nbsp;degré, il se trouve done un peu plus denbsp;minutes de difference. Mais les divisionsnbsp;existent sous Ie b^c de l’. iseau, marquant ch'i'nbsp;cune un degré, sont trop pelites pour cp’o^nbsp;puisse , a l’oeil, tenir compie d’une mirnue q'^*nbsp;en est la soixanlième partie; on ne peut guè''®nbsp;estiiner a l’oell Ie placement du bec de Tuiseaitnbsp;que par demi, par quart ou tiers de degi'lt;^ ?nbsp;c’esl ce qui fait que dans la petite table de lati'nbsp;tude, placée sur. Ie couvercle de mes nouveauténbsp;insirumens, je rne suis permis de designer 1‘ *nbsp;fractions de degréspar l’expression des fraction*nbsp;ordmaires.
Bien convaincu du pi u d’importance qnc
romission de quelques minutes peut apporter dans l’usage ordinaire du Cadran, on sen-tira sans doute qu’il est naturel de ineltrenbsp;Ie style a la hauteur de la latitude counue lanbsp;plus voisiue • et ayant ensuite , comnie on l’anbsp;recommandé au commencement de cette instruction , vérifié l’instrument sur un Cadrannbsp;solaire fixe, pour y determiner la position denbsp;raigullle almantée , on sera sur d’avoir l’hqurenbsp;avec une assez grande precision.
11 pourrait encore arriver que la ville la plus voisine ne se trouvat pas inscrite surnbsp;des tables, alors un savant ou un marin se pro-curera facllcment la latitude du lieu au moyennbsp;d’un sextant; mals il y aura bien des person-nes qui n’ont point la facilité de laire usagenbsp;de eet instrument, il leur sera done plus faciienbsp;d’estimer leur latitude par comparaison avecnbsp;quelqu’autre ville portee sarles tables ci-dessusnbsp;1« plus pres du lieu dontelles désirentconnailrenbsp;la latitude : il suffit de savoir que la longueurnbsp;d’un degfé de latitude est regardée comme con-tenant aSdieues de France , par conséquent, Ienbsp;demi degré équiyaut a 12 lieues et demi, et Ienbsp;quart du^degré (ou i5 minutes), a six lieuesnbsp;Un quart; si, p u' exemple, on se trouvenbsp;Cu ligne directe 12 lieues au nord d’une desnbsp;villes comprises dans les tables, ou aura un
-ocr page 372-536 LE CONSERVATEUR demi degré de latitude de plusj si au contrairenbsp;cette niênie distance se trouve en ligne directenbsp;vers Ie midi, ce sera alors un demi degré denbsp;moinsj si les distances dont il est question, aunbsp;lieu d’être directement vers Ie nord ou vers Ienbsp;midi, se trouvaient directement vers TOiientnbsp;OU rOccident, on doit se regarder comme ayantnbsp;la même latitude que cette ville ; dans Ie cas oünbsp;on aurait une direction inclinée a ces quatrenbsp;points principaux, il faudrait alors faire une diminution dans l’évaluation de ces distances ennbsp;raison de robllqulté qu’on pourrait reconnaitrenbsp;au mojen de la direction de ces quatre pointsnbsp;cardinaux iudiqués par la boussole dont Ie Ca-dran solaire est garni.
Quoique par ce moyen il soit difficile de faire une erreur de plus d’un quart de degi é, il parai-trait peut-être plus commode de se procurernbsp;une petite carte particuliere du pays oii onnbsp;peut être dans la nécessilé de faire usage de eetnbsp;instrument • alors on y verrait de suite au simple coup-d’oeil, la latitude du lieu qu’on habite.nbsp;Eu efïet , toutes les cartes sont divisées parnbsp;des lignes courbes, dont les unes tracces denbsp;gauche a droite dans une dii’ection horizontale, marquent les degrés de latitude ordinai-rement de cinq en cinq, avec des subdivisionsnbsp;sur la bordure qui en distinguent les différenles
-ocr page 373-D E LA VÜE. nbsp;nbsp;nbsp;557
parties, soit par cinquième, soit par demi et par quart de degrés : il sufïit alors de reeon-naitre dans ces cartes, sur laquelle de ces liguesnbsp;peul se trouTer placé Ie pays dont on vent lanbsp;latitude. Dans Ie cas oü il ne serait pas exacie-ment sur une des ligues tracées en travel’s de lanbsp;carte, vous prenez avec un compas la distancenbsp;qu’il y a de ce pays a la ligne la plus pres , et anbsp;partir de cette même ligne sur la bordure , vousnbsp;voyez a quelle division du degré correspondnbsp;l’autre pointe du compas, et cela vous indiquenbsp;Ie degré et la fraction de degré oii se trouve cenbsp;pays.
Pour rendre ce que je dis plus sensible par un exemple, je suppose que la carte consultée n’anbsp;les degrés de latitude marqués que de cinq ennbsp;cinq, et que chaque degré est divisé en deuxnbsp;parties , cela donnera sur la bordure pour distance d’une ligne désignée par chiffre a celle quinbsp;lui est supérieure, dix divisions ; je suppose quenbsp;la ligne la plus procbe de 1’endroit que je cbarchenbsp;est Ie 45® degré de latitude, Touverlure du coni-pas que j’ai prise de cette ligne au lieu cherché ,nbsp;fait qii’une pointe de compas mise a la bordurenbsp;snr la ligne du 45= degré , l’auire pointe vientnbsp;correspondre a la troisième division au-dessus ;nbsp;il s’en suit que cliaque division répondant a unnbsp;demi-degré , l’endroit cherché se trouve èire a
22
-ocr page 374-538 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
un degré et demi au-dessus de la latitude de 4^ degrés, ce qui donne pour la position cherchéenbsp;46 degrés 5o minutes.
Les autres lignes qui partagent la surface des cartes de geographic, et qui vont du haut ennbsp;bas, sont les méridiens qui ne sont point nécessaires dans celte circonstance pour la determination de la latitude que l’on cherche.
-ocr page 375-559
DE LA VUE.
Gazette de Santé du h Juin 1806.
Instruction sur les besides ala Franklin, réu-nissant Ic double mérite de faire voir de loin et lire de prés-, construites par J. G.nbsp;ChèP'Alier , ingéniear-opticien.
o miros oculos, anima! lampades,
Et quadam proprid nota loquaces,
OÜRQUOI, loi’squ’enlrainés par une noble Emulation, tous les ministres de cbaque partienbsp;de Tart de guérir s’élancent d’un commun essornbsp;pour arriver vers la perfection, Voculisme seul,nbsp;reste-l-il autant en arrière sous Ie rapport medical ? Si l’on en excepte la manoeuvre opéi a-toire, dans laquelle il faut avouer que quel-ques ariistes , en très-petit nombre , excellentnbsp;aujourd’hui , les ressources de eet art sont bor-nées a quelques recettes routinières , a quelqiiesnbsp;collyres iimocens. L’incurie est poussée en cenbsp;genre a un tel point, qu’un oculiste ne saui-aitnbsp;discerner, en observant les yeux d’un presbytenbsp;DU d’un myope, Ic numéro des verres propres anbsp;la vue de cliacun d’enx. 11 n’existe même pasnbsp;de signes determines par Tart, pour reconnaitrenbsp;avec certitude, de combien de df’grés sont éloi-
-ocr page 376-S/fO nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
gnés ]es points visuels de denx jeux appartenanS au même individu, et quel niojen il faut employer pour les ramener graduellement a la mêmenbsp;portêe , et les fortifier ainsil’un par l’autre.
Voici Ie résultat de deux ans d’expériences relatives a eet objet : il exisle en general unenbsp;difference sensible entre Ie point d’optique desnbsp;deux yeux de chaque individu , Ou myope, ounbsp;presbyte. Cette difference est quelquefois de 6,nbsp;8, lO degrés et plus d’intervalle , dans les nu-méros des verres convenables a chaque ceil;nbsp;mais clle est si peu sensible , quand l’on n’y faitnbsp;pas reflexion , que tel liomme sera bien surprisnbsp;d’apprendre que jusqu’ici il ne s’est habituel-lement servi que d’un oeil pour voir de loin ,nbsp;et que de I’autre pour voir de pi’ès j car, par unnbsp;mécanisme très-étrange, et dont on ne se rendnbsp;compte que paree que l’épreuve qu’on en fait ennbsp;amène l’explicatlon , l’oeil qui voit Ie plus loinnbsp;volt mal de pres, et réciproquement, paree quenbsp;les rayons lumineux se rasserablent pour 1’ceilnbsp;presbyte irop applati, et s’éparpillent pour I’cednbsp;myope et trop sphérique.
Or , voici Ie problême a résoudre, et je Ie propose a la fois , et aux oculistes et aux opticiens •, faire coïncider les deux points visuelsnbsp;des deux yeux , en employant successivementnbsp;un verre d’un degré moindre , et un verre d’unnbsp;degré plus élevé, pour parvenir par une dégra-
-ocr page 377-DE tA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;341
dation insensible et lente,, a rapprocher Ie plus pres possible du centre comraun les deux pointsnbsp;divergens de chacun des deux minislres de l’or-gane, comme on ramène a la même opinionnbsp;deux avis dissidcns.
L’efïet des verres concaves est de rapprocher desyeux mjopes les objèts éloignés j mais s’ilsnbsp;sont utiles pour voir de loin, ils ne peuventnbsp;servir a lire de pi’ès. Les verres coiirexes ontnbsp;un efifet tout oppose; de la un moyen toutnbsp;simple et dom l’inltiaiive est due au docteuPnbsp;Frantlin , a qui 1’on pourrait dérober celte dé-couverte sans nuire a sa gioire mais dont onnbsp;doit réclamer l’attache du nom, paree qu’ilnbsp;ennoblit une invention simple et pourtant in-génieuse et réfléchie. Elle conslste a mettre ennbsp;contact deux segmens de verre, dont un concave au dégré convenable a tel myope, et occupant la partie supérieure du cerele de Ia lunette ; l’autre placé plus bas et approprié a unenbsp;vue ordinaire; bien entendu qu il faut établir,nbsp;entre les deux verres concaves, la différence quinbsp;existe entre la porlée de chacun des deux yeux.
En attendant que les oculistes aient tracé une échelle optique, applicable aux difïérensnbsp;cas que nous venous d’indiquer somraairement,nbsp;M. Ghevallier, Ingénieur-Opticien, membre denbsp;1’Aihénée des Arts, vient de s’occuper de cenbsp;travail intéressant. Ses succès doivent I’encou-*
-ocr page 378-34^ nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
rager; et les personnes a vue myope ou presbyte , lui devront aulant de reconnaissance ^ que les amateurs de la météorologie lui en. ontnbsp;tiéja voué. Onne trou\re chez aucun artiste desnbsp;instrumens mieux confeclionnés que chez lui;nbsp;et nous croyons être plus utiles au public qu anbsp;lui, en disant qu’il demeure a Paris , Tour denbsp;l’Horloge, n° i, vis-a-Yis du pont au Changenbsp;el du marché aux Fleurs.
Journal du Commerce, lo aout 1806.
JLettre écrite de Strasbourg par M. Chamseru^ Docteur-médecin de la faculté de Paris, dnbsp;M. VIngénieur Cheuallier.
J’ai lu avec bien de Tintérêt, mon cher col-, lègue, votre article inséré dans Ie journal dunbsp;Commerce, dn x4 Juin, (m z85).
Ce que vous appelez \ Oculisme,ou la science oculaire, vous semble ayec raison de toutes lesnbsp;parties de Tart de guérir, la plus arricrée. C’estnbsp;qu’il n’y a jamais eu rien a ohtenir du communnbsp;des oculistes. S’il parait de tems en tems desnbsp;nouveautés utiles, on les doit a des hommes quinbsp;possèdent runiversalilé des connaissances médi-cales. Le célèbre Louis a insisté sur cette vériié ,nbsp;en parlant de Toeuliste dans l’ancic nne Encyclo-.nbsp;pédie : ije leur demandez done rien, mon cher-
DE DA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;O4O
collèeue, sur Ie choix raisonné des secours in-ternes et externes applicables aux yeux, el dont Ie discernement exige Ia connaissance expéri-meniale de toutes les autres branches de Tartnbsp;de guérir;, n’auendez rlen OU presque rien d’euxnbsp;siu I’anaiomie de 1’ceil, encore moins sur Top-tique mécanique.
Vous savez mleux que personne combieu , dans celte partie de 1’hjgiène ophtalmiquenbsp;dont les Anciens ont été absolument dépour-vus, on est redevable aux modernes. Mais.nbsp;c’est a quelques, médecins, a, des phjsiciens ,nbsp;aux géomètres , et a plusieurs habiles mecaniciens que toutes !es découvertes en ce genrenbsp;apparliennent. Permettez-moi cependant d’ex-cuser l’incurie que vous reprochez aux oculistes,nbsp;pour ue pas discerner Ie nquot; des verres propres anbsp;la vue d’un presbyte ou d’uii myope ^ et ne pasnbsp;reconnaitre de combien de degrés sont éloi-gnés les points visuels des deux yeux du mêmenbsp;individu, ui par quel moyen on peut lesnbsp;ramener a Ia même portée et les accordernbsp;l’un a Taulre.
bur la première question , j’observe que Ie besoin de lunettes ou de besides j pour une.nbsp;vue soit longue soit.caui’te, oblige chacun anbsp;faire par lui-même l’essai du foyer qui lui con-vient. Cette recherche est un tatonnement indispensable, dont Ie. résuliat sulRt et donne lagt;
-ocr page 380-S44 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
distance des points visuels, dès qu’on a trouvé pour chaque oeil Ie n°, a l’aide duquel on distingue Tobjet avec nelleté dans sa grandeurnbsp;naturelle. En répétant de tels essais sur beau-coup de personneSjOn découvre des auomalies etnbsp;dos cas d’exception assez nombreux, qui pro-cèdent de la complication d’un sens émoussénbsp;par la faible.sse relative de l’organe immédiatnbsp;de la vue. Quclques presbyles , et sur-tout desnbsp;myopes, ne tirdit alors aucun secoursdes conserves , paree que ce qui peut être utile pournbsp;ajouter aux milieux refringens, ne peul riennbsp;changer a l’habitude , a la débililé nerveuse.
La deuxième question, mon cher collègue , est Ie probléme que vous venez de résoudre parnbsp;votre instruction sur les besides a la Franklin^nbsp;Les oculistes profiteront de rexpedient quenbsp;vous leur olï'rez mais ils ne vous traceront pointnbsp;réchclle optique que vous leur demandez.nbsp;C’cst avous-meme a la fixer (i), par la justesse etnbsp;les applications répétées de vos appercus, etnbsp;par les occasions de plus en plus fréqueiites quenbsp;vous aurez de diversifier vos observations. Si lesnbsp;miennes peuvent vous être agréables, je vaisnbsp;vous en proposer quelques-unes.
ïquot; J’adopte avec vous la difïérence d’un oeil a I’autre pour la portee de la vue. En supposant
(i) EUe vit‘1 t del’alre. Vojez 1’arlicle Oesiometbê,
{Note de l’auteur
-ocr page 381-DE LA V U Egt; nbsp;nbsp;nbsp;545
Ips organes assez salns, et assez bien constitués, tin cell se irouve nijope, et 1’autre presbyte; cclui-ci a besoin d’un verre convexe, et celui-la d’unnbsp;verre concave. La difference peut encore consis-ter dans Ie degré de vue courte ou longue ,nbsp;plus marqué d’un cóté que de i’autre , en ad-metiant 1’état naturel Ie plus ordinaire, celui ounbsp;les deux yeux ont une même sorte de vue. Jenbsp;consens que la difl'érence solt quelquefois denbsp;6,8, 10 degrés et plus; maïs je l’ai plus souventnbsp;constatée de i, a , 3,4 et 5 pouces ou de 27,54,nbsp;81 , 108 , et i3i niillim. au plus : je supposenbsp;que nous convenions ici d’une même mesure dunbsp;degré , soit par pouce,, soit par centimetre.
Je me citerai pour exemple : j’ai cinquante-buit ans; ma vue a toujours été longue; mes yeux , long-tems de la même portée, ont éténbsp;égaux en bonté. Je me suis par hazard appercu ,nbsp;depuis qne vous m’avez donné ^1 y a trois ans,nbsp;des vcrres du no. 14 ou i3 et demi , que monnbsp;ceil gauche avait pu s’afïbiblir en apparence; ilnbsp;n’en est rien en réalité ; eet ceil, devenu plusnbsp;presbyte que Ie droit , a besoin .aujourd’hui dunbsp;uuinerog ou 10 , tandis que j’en suis au iio. nnbsp;pour 1’oeil drolt. Je suis persuadé que, réduitanbsp;des besides au même numéro 11 , je ne lis et jenbsp;n’écris que de l’oeil drolt. Je vais têcher de suppleer Ici, auprès de quelque bon opticien, a ce
546 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVAT-EUR
que je ne puis faire avec vous dans Télolgnement
oil me tient la vie militaire.
2'5 Quant aux verres ml-parlie , c’est une eombinaison que vous Gontinuerez sans doute-de varier, suivant Ie besoin de se servir desnbsp;luèmes disques de monocles, on de binocles ,nbsp;en deux moiiiés de verre a surface diöérentenbsp;pour promener a volonté les regards dans l’ho-i'izon, Ou les bomer a la portee de la main.nbsp;Le cas Ie plus commun entre les myopes et lesnbsp;presbjtes n’est peut-ètre pas facile a determiner;nbsp;il peut j en avoir autant des uns que des autres^nbsp;et beaucoup de ceux qui se sont habituellementnbsp;servis, sans le savoir, d’unceilpour voir de loin ,nbsp;et de Vautre pour voir de prés. D’après vosnbsp;propres observations , pour mélanger vos:nbsp;moitiés refriugentes , je conclus et je me con-j firme qu’il y a trois sortes de vue native, et quenbsp;la troisième est la vue moyenne, ou mésopie,nbsp;qui tient soit d’un seul ceilj soit de tous les.nbsp;deux, de la vue longue pour voir les ob-jets de pres a une distance raisonnable, et qui ^nbsp;comme la myopie, n’embrasse qu’un tres-courtnbsp;horizon.
Agréez, je vous prie, mon cher collègue, Tas-surance de ma parfaite consideration.
Signé , CHAMSERU , Doet. Médecin.
547
DE LA V U E.
Moniteur , 18 Septembre 1806.
M. Chevallier, Ingénieur Opticien , Membre de l’Athénée des Arts , vlent d’adapler aux besides un nouveau mécanisme,dont les personnesnbsp;habltuées a leur usage apprécieront toute Futilité.
Cette invention , aussi simple qu’ingénieuse , permet d’écarter ou de rapprocber a volonténbsp;les deux ceicles conlenant les verres , et denbsp;ramener ainsi chaque point visuel a son veritable centre, quelle que soit la dimension de lanbsp;tête du presbjte ou dumyope; Fecartement oulenbsp;rapprochement des verres nuit bien plus qu’onnbsp;ne pense a Forgane, qui doit se trouver placénbsp;précisément vis-a-vis du centre du verre, pournbsp;obtenir la plus grande convergence ou divergence possible des rayons et il ne faut souventnbsp;pas attribuer a une autre cause , qu’a la faussenbsp;direction des verres j’elativement a chaque ceil,nbsp;la fatiguo qu’ils eprouvent de Fusage de lunettes,nbsp;telle qu’clles cessent d’etre approprlées a la vuonbsp;a laquelle dies convenaient et qu’il devlentnécessaire de changer de n“ tons les trois a quatre mois,nbsp;nécessilé vrainient alai’inante pour ceux quinbsp;savent qu’il arrive enfin un nquot; au-dela duquel ilnbsp;hexiste plus de vei'res propi’es a éclalrer la vue.
Cette invention a encore un mérite non ïitoins précieux j c’est qu’avec le n® du verre
-ocr page 384-548 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
en usage , M. l’Ingénieur Chevalller 'peut, en 1’absence du porteur de lunettes, lui en choisir ynbsp;avec la ceriitude qu’elles lui conviendront denbsp;niême que si Ie choix avait été fait par l’acheteurnbsp;en personne , et avec une telle sureté , que cesnbsp;cspèces de lunettes peuvent, aumoyen de leurnbsp;petit mécanisme, s'adapterala tcte dun enfantnbsp;de doiize ans, comme au front d’un homme denbsp;soixante.
II continue la fabrication de ses besides a la Franklin , dontchaque verre estdivisé en deuxnbsp;segmens qui portent chacunun numéro différent ynbsp;loin que cette division gêne en rien la vue ,nbsp;et en laissantau contraire Ia liberté de distinguernbsp;tl ès-bien de loin les objets en élevant les yeux,nbsp;et de voir clalrement a sespieds en les abaissant.nbsp;Enfin il vient d’établir des besides dont unnbsp;verre est a tel point d’optique, et l’autre verrenbsp;a lel autre j avanlage précieux pour ceux dontnbsp;les yeux ont une portée différente ( et c’est Ienbsp;plus grand nombre) , et qui a Ie grand méritenbsp;d’exercer également Ia force des deux yeux,nbsp;au lieu que I’inaction habituelle de l’un deuxnbsp;fiüirait par Ie parallser.
-ocr page 385-Gazette de Santé , Avrll 1807.
Nouvelles besides d double verre.
Nous avons déja signalé, dans eet te gazette , ie zèle dei’ingénieur-opticien Chevallier, auquelnbsp;nous devons les notices décadaires de nos observations raétéorologiques ; et il parait qu’il anbsp;voulu répondre a l’appel que nous avons faitnbsp;aux opticiens dans Ie 11°. 70, page 565 , ennbsp;ajoutant encore a la perfection des besides quenbsp;nous anongames dans eet article. Celles qu’ilnbsp;présente aujourd’hui joignent au mérite de dé-terminer Ie point d’optique propre a cliacun.nbsp;des deux yeux , el qui diffère beaucoup nonnbsp;.seulement d’individu a individu, mais d’oeil anbsp;ceil dans lamême personne, celui derapprochernbsp;incomparablement plus que les besides ordi-naires l’objet du spectateur, par l’addition d’unnbsp;second verre. Cette difference de portee des deuxnbsp;y«ux n’a pas éié assez indiquée jusqu’icij etnbsp;nous croyons être d’autant plus utiles en la si-gnalant, que nous pensons fermement qu’on peutnbsp;ramener les yeux, surtout légèreinent disparates,nbsp;a un meme foyer visuel, a un autre point d’optique semblable par 1’usage habltuel et graduel-lement rapporté de verres appropx’iés. Ceitenbsp;difference de portee visuelle des deux yeux est,
-ocr page 386-55o Leconservateur a quelques variétés pres, la même chez IcSnbsp;indlvidus , et en sens inverse de la force denbsp;celui des deuxyeux qui est doué de Ia moiudrenbsp;etendue de perception. On peut 1’exposer par Ienbsp;procédé suivant , et nous supposons les deuxnbsp;yeux myopes : mais I’expérience s’appliqueraitnbsp;également aux presbytes. J\ous nominerons Anbsp;et B les deux yeux. A est l’oeil Ie moins fort jnbsp;B a une force de vision plus lointaiuej or, s’ilnbsp;faut un verre concave de 12 degi’és a B , pournbsp;lui dönnerlaplus grande portee devue possible,nbsp;(la force des verres est ici en i’aison inverse, etnbsp;Ie n“ I est rullimatuni des veri’es concaves ) ,nbsp;il faudra un verre de 6 degrés a A pour se mettrenbsp;a égalité de portée avec B. Mais,si 1’on ne donnenbsp;point de verre aB, ou si on l’arme seulement d'unnbsp;verx'e plan , Ie n». 12 donnera a A la portéenbsp;visuelle qu’a ordinairement B a Foeil nu, et Tonnbsp;fera ainsi coïncideren proportion égale les deuxnbsp;rayons visuels des deux yeux; si, retournantnbsp;au contraire les besides , on oppose Ie n». 12 anbsp;A, il jouira d’une plus grande étendue visuelle jnbsp;mais Ie nerf optique de B , connne paralysé parnbsp;la convergence excessive du verre trop concave , non seulement verra moins que A , maïsnbsp;ne rapportera point du tout Ie sentiment de lanbsp;vision, surtoul de prés. Appliquons cette theorienbsp;a l’invention moderne de ringénleur-opttcien
-ocr page 387-DE LA VüE. nbsp;nbsp;nbsp;55l
ChevalHer ; son appareil consiste eli deux cylindres très-courts, très-légcrs, et fixes devaritnbsp;les yeux par deux branches de métal qui embras-sent la tête. Ces deux tubes sont garnis de deuxnbsp;verres dont l’antérieur esi convexe, l’aulre po -térieur est concave , dont les foyers sont ennbsp;relation et tellement coinbinés que cbaque tubenbsp;ojfifre a chaque oeil un moyen proportioiménbsp;a sa portee d’optique particuliere. Enfin , c’esCnbsp;la lorgnette de spectacle réduite a un bien pusnbsp;petit volume, portative sans qu’on soit oblige denbsp;la tenir^ et tellement forte de la reunion des deuxnbsp;verres, que, dans Ie plus vaste horison commenbsp;dans la salie de spectacle la plus immense , Ienbsp;myope Ie plus faible pourrait défier l’oeil Ie plusnbsp;percant. Mais avec la même bonne foi qui nousnbsp;a engages a rendre justice an zele de I’inventeurnbsp;et an mérite de I’invention, nous devons avouernbsp;que la perfection même de I’instrument excitenbsp;une telle contention des nerfs optiques dont itnbsp;decuple I’energie, que son usage doit nepas êtrenbsp;habituel et neremplacer que celui des lorgnettesnbsp;de spectacle. Ces besides ne peuvent ctre porteesnbsp;dans les rues , paree que leur effet, apportantnbsp;pour ainsi dire I’objet sous I’ceil même , faitnbsp;disparaitre les distances, et ferait courir lenbsp;fisque de 1’astrologue, qui tombe dans un puitsnbsp;fin mesurant les astres. Nous pensons done que
-ocr page 388-352 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
si M. ringénieur Clievallier peut douuer a ces instrumens plus de légèreté en remplacant, parnbsp;cxemple,Ie méialparl’ecaille, s’il peut dépouillernbsp;ses verres des aureoles irisées qui les eutoureiit,nbsp;ce qui est du au rapprochement des deux foyers,nbsp;il rendra un service signalé a la cohorte nom-breuse des porteurs d jeux mjopes et de lunettes et il aura acquis de nouveaux droits a lanbsp;reconnaissance publique.
Extrait DU Journal de Paris , décembre iSor
Tout le monde sait, monsieur le rédacteur, que les lunettes ne suppleent a 1 imperfection denbsp;lavue , qu’autanl qu’elies soni choisies en raisonnbsp;de I’oeil auquel elles sont destinées. Cependantnbsp;j’ai souvent remarqué que, non seulement ceuxnbsp;qui se servent de lunettes , mais encore ceuxnbsp;qui en fabriquent, croient tirer a peu pres lenbsp;même parti des verres eommuns que des verresnbsp;fins. Le bon marcbé est pour lant de personnesnbsp;la raison dominante, qu’il ne faudrait pas s’ennbsp;étoimer , s’il n’en resultait des inconveniensnbsp;majeurs j el certes I’a'il est un organe assez dé-lical ct assez précieux , pour ne pas le sacrifiernbsp;a un exces de parcimonie.
Ce n’est pas seulement paree que Ls lunettes communes sont d’un verre plus ou moins terne ,
-ocr page 389-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;555
ïaileux ou parsemé de bouillons, qu’elles fatiguent l’oeil par une espèce de brouillard : c’est pareenbsp;qu’elles n’ont pas exactement re^u la forme len-ticulaire nécessaire a la réunionde tousles rayons
de lumière.
En efïet les verres fins sont passés avec Ie plus grand soin dans des bassins sphériques ,nbsp;qui leur donnent en tous sens Ia même cour-bure , et chaque bassin est destine a des verresnbsp;d’un foyer différent; tandis que Ie bon marchénbsp;des verres communs ne leur laisse donnernbsp;qu’une sorte d’ébauche iinparfaite dans un creuxnbsp;quelconque , et Ie marchand numérote ensuite,nbsp;eonime il Ie peut, les verres qui se trouventnbsp;approcher de lel ou tel foyer. Mais , comme cenbsp;n’est souvent que dans un sens qu’ils ont lanbsp;courbure correspondante a leur numéro quenbsp;dans d’autres arcs ils appartiennent a un autrenbsp;foyer ; que plusieurs même de leurs pointsnbsp;ïi’ontpas été altelnts au vif pres du creux qu’en-fin ils ne recoivent jamais Ie dernier poli qu’ennbsp;étant froités sur une surface quelconque., iinbsp;est évident qu’ils ne peuvent porter a l’oeil quenbsp;des rayons divergens ; dès-lors ils ne peuventnbsp;frapper que sous des angles inégaux les difïérentesnbsp;parties de la rétine, que la nature a disposéesnbsp;dans une forme sphérique très-régulière , et Ienbsp;nerf optique est oblige de se contracter partiel-
25
-ocr page 390-554 nbsp;nbsp;nbsp;CONSERVATEUR
lenient, ou plulót de n’agir que dans cenx de
ses points qui répondent a rimperfeclion du
verre.
Je ne crois pas,Monsieur Ie Rédacteur, avoir a m’étendre sur des inconvéniens d’autant plusnbsp;graves qu’il s’agitdu plus délicatdenos organes;nbsp;j’espère publier avant peu un traité sur Ie choixnbsp;et la j’abrication des lunettes ordinaires et denbsp;spectacle, dont la perfecliou n’a cessé d’occu-per tous nies soins et touie ma surveillancenbsp;et vous croirez sans doute servir l’intérêtle plusnbsp;cher au plus grand nonibre des hommes , ennbsp;les prémunissant contre des dangers sur les-quels ils n’auraient pas assez réfléchi.
Vous avez déja bien voulu annoncer la nouvelle disposition que j’ai donnée a mon magasin, pour êlre a porlée de recevoir Ie public d’unenbsp;manière dlgne de laconfiance dont il m’honore,nbsp;et de l’importance des constructions et desnbsp;expériences que je puis a présent offrir au*nbsp;amateurs. Je crois pouvoir vous demander uUnbsp;nouveau témoignage d’intérêt, dansun momeutnbsp;oil les magasins se multiplient pour les présentsnbsp;annuels , tout en prenaiit chez mol les objetsnbsp;d’optique , ou de météorologie , qui sontnbsp;des offrandes utiles, il pourra paraitre agréabl®nbsp;de répéter soi-nièniedes expériences dephjsiqu^i
-ocr page 391-555
DE LA VUE.
et de jouir de la vue d’une collection aussi riche que variée d’instrumens en tont genre.
J’ai rhonneur de vous saluer.
Signé. L’ingén. CHEVALLIER, Menibre de la Société Académique des Sciencesnbsp;de Paris.
Ex TR-dl T de la Gazette deSanté, 11 juUL 1811.
o p T I Q u E.
Nous avons eu occasion de rendre déja plu-sieurs fois justice au zèlede I’lngenieur-opticien Chevallier, et Ton ne peut trop louerses effortsnbsp;pour inscrire son nom parnii ceux des citpyensnbsp;utiles a la société. Déja, dans Ie No gt;70 du 11nbsp;juin 1806 , nous nous étions plaint qu’il n’exis-t^t pas de signes déterminés par Tart , pournbsp;reeonnaitre avec certitude de comhien de degrésnbsp;sont éloignés les points visuels des deux jeuxnbsp;d’un niême individu , et qu’on ne put assignernbsp;avec précision Ie numéro propre a la vue d’unnbsp;presbyte ou d’un myope. ÜNous terminioiLS notrenbsp;article , en invitam les opticiens a construirenbsp;une écbelle optique applicable aux dilïérentesnbsp;portées de vue.
-ocr page 392-356 LE conservateur M. ringénieur Chevallier, vienl de résoudrenbsp;ce probléme d’une manière très-ingénieuse. Sonnbsp;mécanisme irès-simple , coasiste en deux trin-gles parallèles et graduées , de 20 pouces denbsp;longueur sur 5 a 6 d’écartuinent. Cet appareil anbsp;pour base en ce moment ün pied de grapho-mètre ; mais il sera dans peu supporté par unenbsp;colonne qui pourra se bausser ou se baisser anbsp;volonté a la hauteur de l’oeil de Thomme assisnbsp;OU debout. Entre les deux bandes parallèles denbsp;cet appareil et a leur extrémilé antérieure estnbsp;fixée une paire de besides a verres plans re-couverts cbacun d’un disque de métal qu’onnbsp;pput ouvrir ou fermer, selon qu’on veut fairenbsp;usage des deux yeux ou d’un seul. En face denbsp;ces verres et a l’autre extrémité est un rapporteur qu’on promène librement en avant et ennbsp;arrière , au mojen de cordons de soie qui rou-lent dans de petites poulies ; la fonction de cenbsp;rapporteur est d’apporter a I’oeil une feuille im-primée, que celui qui veut faire l’essai de la portee de ses jeux, approche ou éloigne a volonté,nbsp;jusqu’a ce qu’il ait trouvé Ie point juste de sanbsp;Yue , au mojeu des petits cordons dont nousnbsp;avons parlé. Son point visuel une fois trouvé,nbsp;l’on substitue aux verres plans des verres concaves OU convexes selon Ie cas , el non seule-ment l’on obtient ainsi la mesvrre exacte de son
-ocr page 393-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;35:7
point de vue , mais on peut découvrir encore la difference du point d’optique de ses deuxnbsp;yeux , et demander par exemple, pour son ceilnbsp;gauche nijope un n°. 7 et pour son ceil droitnbsp;presbjte un n°. 3, de manière a obtenir lanbsp;concordance de ses deux points visuels en un*nbsp;seul j avantage qui paraitra inappreciable pournbsp;une foule de personnes, si 1’on réfléchit que lesnbsp;irois quarts des ecrivains et des ouvriers ne senbsp;serveni sans le savoir , que de I’un de leurs yeuxnbsp;qu’ils fatiguent, tandis que I’usage simultané desnbsp;deux , les ménagerait I’un et I’autre. Ce quenbsp;nous disons au resie de l’inégalité presque in-connue de la portee des deux yeux, n’est ignorenbsp;que paree qu’on n’y a pas réfléchi^ et il sufBtpournbsp;s’en convaincre de fermer un des deux yeux etnbsp;de reconnaitre a la portee duquel on a contractenbsp;1 habitude d’écrire , de lire et de travailler.
L’instrument de M. l’ingénleur Chevallier, que fappellerai opticomeire a done le double avantagenbsp;1°. de s’assurer de la juste portee de sa vue ,nbsp;et par conséquent de pouvoir choisir de bonnesnbsp;lunettes ; a», de corriger par le choix des deuxnbsp;Verres adaptés chacun a la différente refractionnbsp;du rayon visuel opérée par chaque ceil , la vi-cieuse habitude de ne se servir que d’un seulnbsp;pour vaquer a ses travaux. Get instrument a éténbsp;présenté a l’Athénée des Arts, le 34 iSii ,
358 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
l’auteur se fait un devoir d’en faire la demonstration tons les jours en sa demeure , quai et Tour de l’horloge du palais , vis-a-vis Ie pontnbsp;au change et Ie marché aux fleurs.
Signé M. DE Saint-Ursin.
LETT RE écrite par M. Fabré , Docteuret Médecin de la faculté de Paris, d M. VIngénieur Chevallier.
M. B... , porteur de cette leitre j m’ayant témoigné Ie desir d’avoir des Besides semblablesnbsp;aux miennes , j’ai 1’honneur de vous Tadressernbsp;et de Ie i’ecommander a votre obligeance.
Ce M. a fait usage, jusqu a ce jour, de verres verts , faute d’en connaitre de plus avantageux:nbsp;mais depuis qu’il aétabliune comparaison entrenbsp;ces verres et ceux coloriés en bleu , il a cru ,nbsp;eiavec raison, devoir donnerla preference a cesnbsp;derniers, paree qu’ainsi que j’ai eu l’honneur denbsp;vous Ie faire remarquer , ils sont les seulsnbsp;lo. qui ne changent point les couleurs; 2°. quinbsp;répnndent une teinte douce et naturelle sur tous
-ocr page 395-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;359
ies corps dont l’ceil est destine a recevoir Ti-mage j 5°. qui donnent a la lumière arlificieile , 1’apparence de la lumière du soleil; 4°- enfinnbsp;que leur utilité est indiquée par l’analogie etnbsp;confirmee par l’expérience.
Les rayons lumineux nous sont transmis a travers une atmosphere azurée, ce milieu diminuenbsp;leur inlensité et modifieleur action sur lai’éiine.
Pourquoi done , lorsque ces rayons , soit directs , soit réflé.;his , ont encore trop de yiva-clté, pourquoi, dls-je, ne pas les mettre en harmonie avec l’état de l’ceil qui doitles recevoir,nbsp;en suppléant a ce qui manque a la nuance denbsp;la couleur atmosphérique , et en opposant,nbsp;d’après Ie procédé de la nature, aux rayons denbsp;la lumière, un milieu diaphane de couleur d’azur,nbsp;plus OU moins prononcé, selonle degré d’irri-tabiliié de l’organe visuel ?
Mais j’oublie que M. B... , a moins besoin de raisonnement que de besides, et ma mission,nbsp;est de vous prier de vouloir bien lui en fairenbsp;preparer d’un beau verre bleu tel que vous ennbsp;avez fabriquó pour moi. Si, comme jen’en doutenbsp;pas , il vous en resle encore, yeuillez avoir lanbsp;complaisance de preparer avec ce verre, pournbsp;1’usage de ce M., des besides coni'ormes auxnbsp;miennes, et il vous en aura, j’en suis. sur,nbsp;autant d’obligation que je me plais a vous en
-ocr page 396-56o nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
avoir pour les soins que vous avez apportés a
la confection et auperfectionnement de ce verre.
EX.TRAIT diune note adressée en aoüt 1807, au rédacteur da Journal de VEmpire^ et dnbsp;celui des Petites Affiches.
Parmi les renseignemens qui m’ont été adres-sés, en réponse a l’appel que je faisais sur la fin du mois dernier, aux observateurs météorolo-giques defrance, je ne puis me dispenser de distin-guer ceux que M. Tarbé c^eó'en.Sjm’a fait passernbsp;sur l’orage du 25 aoüt.
Comme ces détails sont signés et formelle-ment garantis par l’Ingénieur desponts-et-chaus-sées, M. Rose, il est impossible de les révoquer en doute.
L’orage a commence a Sens, un peu après le coucher du soleil : sa duree a été d’environnbsp;quinze minutes, en se dirigeant du nord-ouestnbsp;au sud-est, et principalement sur neuf ou dixnbsp;villages qu’une grêle terrible a ravages.
Je ne m’arrêterai pas au tableau aflVeux des vignes hachees, des jardins dévastés, des vitresnbsp;cassées, du gibier et des volailles tués, pareenbsp;que ce sont des elï’ets malbeureusement tropnbsp;counus. Je conserverai seulement une ob-
-ocr page 397-DE LA VüE. nbsp;nbsp;nbsp;56l
servation faite par M. Rose : c’est que dans les lieux, oules arbres ont été Ie plus mulilés ,nbsp;les grêlons étaient anguleux et traiichans, ail-leurs ils étaient ronds, et ne faisaient qu’écra-ser : partout ils étaient d’une grosseur entrenbsp;i’oeuf de pigeon et celui de poule; onentrouvaitnbsp;encore d’énormes dans l’après-midi du lende-main.
M. Rose ne parle pas de tonnerre, quoique cette soirée fut celle ou nous avons vu a Paris ,nbsp;Ie ciel se déchirer en éclats , et oü les aversesnbsp;étaient si fortes , qu’elles ont empêché de lirernbsp;Ie feu d’artifice de la place de la Concorde.
Quant a la gréle, les gens qui arriraient a Paris Ie leudemain, annongaient que l’oragonbsp;s’était porté vers la Brie, et qu’a trois lieuesnbsp;on parlait de grêlons gros comme des noix :nbsp;c’est bien la , pour la direction et pour l’heure ,nbsp;Ie commencement de l’orage de Sens.
Passant ensuite aux efl’ets du vent rapportos par M. Rose, je ne puis comme lui les comparernbsp;qu’aux ouragans destructeurs qui ravagcnt lesnbsp;Antilles.
On a vu une voiture de légumes , la' femme qui la montait, et Ie cheval enlevcs a deuxnbsp;metres de hauteur, jetés a 20 metres de cóténbsp;et la femme éerasée sous la voiture.
L’on a encore vu au milieu d’une file de 18
-ocr page 398-162 nbsp;nbsp;nbsp;LE CON S E R VATEUR
charriots comlois, chargés de tonnes de froma-ges, i4 être enlevés avec charge et cheval, et je-tés a i6 OU 20 metres, suivant que Ie permet-taient les arbres de la route , et même quelques tonnes du poids de 3oo a 35o kilogrames , (6 anbsp;700 livres), lancées a 5o metres plus loin, ennbsp;tout plus de aStoises.
L’on a vu enfin de tres gros peupliers tordus OU plutót tortillés, jusqu’au plus haut de lanbsp;cime, et couches a terre comme de faibles osiersnbsp;sans ètre rompus.
Les j ournaux nous avaient annoncé pareillem ent dans l’orage du 3ï juillet, que les arbres d’Amsterdam avaient été déracinés, et que 1’état-ma-jor de Winter avait été ren versé, sur les bordsnbsp;du Texel tandis que sur la route de Melun , lanbsp;voiture de madame de La Lalande subissaitnbsp;presquele méme sort. Paris en a été quitte poui’nbsp;un coup de tonnerre Ie matin, et une trombenbsp;de poussière très-forte.
Dans l’orage du 26 aout, les éclats fou-drojants, qui out commence Porage , au moins a Paris, ont du produire une immense absorpquot;nbsp;tion d’air, pour former ces torrens d’eau et denbsp;grèle : et, comme cette absorption a eu beunbsp;dans la partie supérieure de l’atmosphère, c etaitnbsp;de bas en haut que Ie courant de remplacementnbsp;s’éiablissait avec la plus extréme rapidité^ rapiquot;
-ocr page 399-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;563
dité qui fait la principale force des courans ^ et qui fait céder Ie corps Ie plus lourd a leur impulsion répétée.
Le journal des savans de 1680, parle d’un coup de vent, qui enleva , auprès de Varsovie ,nbsp;la grosse tour d’une église et la transporta avecnbsp;sa cloche sur un édifice fort éloigné. Si dansnbsp;ces exemples, le vent parait développer tantnbsp;d’action, c’est sur-tout lorsqu’il agit en tour-billon, de manière a saisir a la fois tous lesnbsp;points de la surface des corps par des plans inclines de bas en haut : elfet que Ton pourraitnbsp;comparer a celui de la vis dans son écrou. Aussinbsp;saii-on quelle terreur les irorabes inspirent auxnbsp;navigateurs.
Les observateurs ont apprécié de 55 a 40 metres (no a laS pieds) par seconde la plusnbsp;grande vilesse du vent j mais ont-ils soumis auxnbsp;calculs desouragants aussi difficilesa saisir? Ennbsp;effet, la théorie des vents est peu connue; cela tientnbsp;autanl a la difficulté de les observer qu’a la multitude des causes, qui influent sur un milieu ,nbsp;que le moindre obstacle derange, que la plusnbsp;légere cause altère, et qui éprouve de si loin lesnbsp;variations les plus insensibles.
Enire les troplques on voit de 1’est a I’ouest, pendant six mois de I'anneej, et de I'ouest anbsp;1’est pendant les six autres mois, se succéder des
-ocr page 400-364 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
vents régies qui ne paraissent êlre autre chose que Ie reflux de l’air supérieur, constammentnbsp;iiilaté par Taction continue du soleii, et dontnbsp;Je reflux vers Ie pole se combine avec la rotation journalière de la terre.
II faut attribuer aux mêmes causes, les vents qui accompagnent souvent Ie couchernbsp;du soIeil.
Je désire, messieurs les Rédacteurs, que ces réfléxions vous paraissent propres a intéressernbsp;Ie public, et engagent d’autres observateurs a aug-menter la masse des faits, dont j’espère présenter a la fin de Tannée un tableau général.
Recevez Tassurance des sentimens distingués avec lesquels j’ai Thonneur d’etre.
Signé, Tlngén. CnErALLlER, Membre de la Société Académique des Sciences de Paris.
EXTRAIT d’une lettre écrite Ie 3 aoüt 1807, au Rédacteur du Journal de Paris, et in-séré Ie 4-
Les journaux, M. Ie Rédacteur, n’ont cessé pendant Ie mois qui vienl de finir, de présenternbsp;des faits plus ou moins importans a Thistoire denbsp;Télectricilé naturelle. Sans parler de Torage quinbsp;a foudrojé Ie magasin apoudrc de Luxembourg,
ui de celui qui, Ie 11 juillet, a frappé irois églises dans les environs de Vitré, ii suflit denbsp;recueillir les observations du i5 juillet, pournbsp;se former une idee de l’étendue qu’un inèmenbsp;orage peut embrasser.
On cite, a Paris, six endroits frappés de la foudre, savoir, dans les rues de la Tixeranderie ,nbsp;Sainte-Croix, Sainte-Placide, de l’Oursine, a lanbsp;barrière du Maine, et au Petit Mont-Rougejnbsp;mais on ne parle que d’un enfant renversé,nbsp;d’une cheminée percée, de trois bouteilles cas-sées et de deux arbres renversés. Pres de Beauvais, une église découverte, et Ie mouton de lanbsp;cloche brisé : pres de Noyon, un manouvriernbsp;tué : a Luxembourg, deux orages dans la niênienbsp;journée; et a cinq heures du soir, six maisonsnbsp;incendiées dans un village situé pres de Trojes,nbsp;une voiture de foin en feu et Ie conducteur tué.nbsp;A Dijon , on ne nous parle pas positivement denbsp;la foudre; on aitribue seulement la mort denbsp;deux femmes a l’excessive chaleur, que Forage anbsp;fait cesser. A Grenoble, on ne nous fait con-nailre de même que la tres-grande chaleur, quinbsp;a porlé le thermometre a 29 degrés, tandis quenbsp;le mien , a Paris , n’était qua 22.
Je désire que ce rapprochement puisse engager messieurs les Journalistes des dépariemens a marquer exactement les jours et les heures oil
-ocr page 402-566 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
arrivent ces grands phénoraènes de Tatmos-phère , qui agissent souvent, comme on Ie voit, dans une distance de 20 a 22 myriamètres (nbsp;a 5o lieues ), distance que nous trouverions pro-babJement plus grande encore, si les observations nous en parvenaient.
La comparaison des heures seryirait a determiner dans quel sens et avec quelle rapidité a pu se transporter Ie principal foyer électrique ;nbsp;en reconnaissant, toutefois, que si la même disposition se trouve en difl’érens points de l’at-mosphère, elle peut occasionner autant d’ora-ges indépendans les uns des autres, qu’il senbsp;forme de grandes masses de nuages électriques.
II est d’ailleurs a croire que quelques-uns des incendies, celui de ia voiture de foin , par exeni-ple, peut être produit par I’inflammation dunbsp;gaz qui se trouvait en emanation a la surfacenbsp;menie de la terre, sur Ie passage de la foudre.nbsp;On sait, en effet, qu’elle ne brule pas tons lesnbsp;corps qu’elle atteint, quoiqu’il aii été souventnbsp;question d’hommes réduits en cendre , sans qu’anbsp;Texierieur rien paraisse changer, jusqu’au moment oh on les touche. Les bons observateursnbsp;n’ont jamais vu, dans Ie coup de foudre quinbsp;frappe l’organisation animale , que la rupturenbsp;intérieure de tout Ie tissu cellulaire, d’oii resul-tait une très-grande disposition a une putréfac-
-ocr page 403-DE L A VU E. nbsp;nbsp;nbsp;567
tion rapide. 11 n’est done plus étonnant si , au bout de huil a dix heures, on saisit une per-sonne foudrojée, que Ie bras s’en sépare. L’onnbsp;a vu aussi des exe.mples de gens frappés du toii-nerre, et qui n’en sont pas morts, paree quenbsp;pi’obablement la detonation ne se sera pasnbsp;faite assez violemment, oun’aura pas été dirigéenbsp;sur les parties nobles.
Je finis par une nouvelle reflexion sur les paratonnerres, qui n’a peut-être pas été asseznbsp;bien présentée par les autres eonstrueteurs, maisnbsp;qu’il m’est permis de rappeler a moi , pournbsp;qui la pose des paratonnerres n’est qu’une opé-ration ordinaire, parmi toutes eelles que la physique , la gnomonique et l’aréométrie me mettentnbsp;a portée de faire chaque jour. Les paratonnerresnbsp;ne sont pas sculement utiles aux édifices surnbsp;lesquels on les place, ou a ceux qui les avoi-sinent, c’est a toute une contrée que souventnbsp;s’étend leur bienfait, puisque la prodigieuse ra-pidité avec laquelle une pointe soutire Ie fluïdenbsp;électrique peut dépouiller, en quelques secondes,^nbsp;loute la masse, qui auraitporté son ravage surnbsp;plusieurs lieues d’étendue. Cette rapidilé de l’é-lectricité ne peut se comparer qu’a celle de lanbsp;lumlère, et il y a tout lieu de croire que l’oeilnbsp;lie voit jamais l’éclair qui Ie foudroye : on peutnbsp;lïiême dire quil existe peu de cas oü nous aper-
568 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
cevrions l’explosion de Ia première masse inflammable qui, par cinq a six communications, parviendrait jusqu’a nous.
Si vous croyez, monsieur le rédacteur, que cet expose puisse être uue nouvelle preuve denbsp;mon zele a seconder le desir que vous aveznbsp;d’inleresser vos lecieurs, je m’estiuierai heureuxnbsp;de vous avoir donne ce témoignage de ma consideration.
Signé 5 CHEVALLIER, ingénieur, ‘Membre de la Sociéié Acadé-mique des Sciences de Paris.
EXTRAIT d’une note adressée aux rédaC' tears du Journal de Paris le Juillet tSo’j ,nbsp;par rIngénieur Cheuallier.
Comme le dernier orage a conduit cbez moi plusieurs personnes curieuses de recueillir desnbsp;renseignemens sur ses efi’ets, j’ai remarqué quenbsp;la plupart étaient peu au fait des causes . aUnbsp;inoins de celles qu’admeltent aujourd’hui leSnbsp;meilleurs physiciens. Ce n est pas une théorienbsp;complete qu’il faut aux gens du monde , maisnbsp;des idéés exactes et générales qu’on ne sauraitnbsp;trop s’eflbrcer de répandre. Les journaux rem-plissent leurs plus belles fonctions, sR se char-
DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;569
geant de ces sortes d’lnslructions somraalres , lorsque la circonstance en fait senlir Ie besoin.nbsp;Le fluide électrique élant doué comme tous lesnbsp;auli'es , de la facullé de se metlre en équilibre ,nbsp;il cherche a se répandre loutes les fois qu’il senbsp;trouve accumulé dans un nuage on même dansnbsp;une couche atmosphérique , soit qu il j ait élénbsp;porté du sein de la terre , par des emanationsnbsp;vaporeusesj soit que le frotlement des vents surnbsp;la surface du globe l’aitproduit, soit enfin qu’ilnbsp;solt du au froitement de l’air lui-même, pressénbsp;entre des nuages de vitesse inégale.
Pour se répandre, il faut qu’il trouve a sa portee des corps moins chargés d’éleciricité : sinbsp;c’est de nuage a nuage , el par le simple effetnbsp;cleclrique, le passage se fait par communication,nbsp;OU tout aupluspar une scintillation instantanée.nbsp;Mais si, en passant de nuage a nuage du plusnbsp;chargé a celui qui 1’est le moius, elle traverse unenbsp;couche de ga?,oxigène (air pur ) elle brille d’uunbsp;plus grand éclai , ct enflamme toute la massenbsp;saas bruit : voild les éclairs de chaleur.
Si au contraire , entre les deux nuages se trouve un mélange de gaz oxigène ( air pur )nbsp;et de gaz hjdrogène (air inflammable) , 1’in-flammalion ti’a lieu qu’en produisaut une fortenbsp;déioualloa, en méme lems qa’il se forme unenbsp;masse d’eau proporlionnée aux quantités de gaz
5']0 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEÜR
mises en combustion j lors done qu’on se rend compte de Ténonne volume des gaz nécessairesnbsp;pour fournir par leur combustion , les torrensnbsp;d’eau OU de grêle que produit souvent un orage ,nbsp;on n’estplus étonné de Ia violence des explosionsnbsp;qui les ont accompagnés. On en distingueranbsp;leséclats précipilés, du prolongement des echos.nbsp;En effet, ce qui n’esl qu’écho se répète en s’afi'ai-blissant peu a peu comme pour se perdre dansnbsp;réloignement, tandis que les éclats de la foudrenbsp;répondent bien a l’inégalité des sill ons qu’onnbsp;voit dans Ie ciel et qui produisent évidem-ment I’inflammation , l’explosion successive desnbsp;masses incgales, ou plus ou moins combinéesnbsp;des deux espèces de gaz.
La plupart des coups de tonnerre se passent de nuage a nuage ; mais iorsqu’ils sont tropnbsp;chargés d’électricité , ou que les émanationsnbsp;terrestres rappi’ochent la communication a Ianbsp;surface du globe , l’éleciriciié vlent en derniernbsp;but se porter sur la tei’re j c’est ce qu’on appellenbsp;la foudre qui tombe.
On sent qu’alors les éclats doivent pai'aitre plus secs, plus déchirans , si 1’on peut employernbsp;celte expression , paree qu’ils parvieniieut anbsp;notre oreille sans avoir traversé une si grandenbsp;couche d’atmosphère. En ai’rivant a la terre,nbsp;réiectricité saisit de preference les corps qui la
-ocr page 407-DE LA V UE. nbsp;nbsp;nbsp;371
conduisent ie mleux, tels que les métaux , eii' suite les maiières animales , enlin a leur défautnbsp;les végétales. Les grands arbres n’ont la preference que paree qu’ils se trouvent les plusnbsp;voisins de la nuée 5 car il n’est pas douteux quenbsp;rélectricilé ne se portal plutót sur Ie haul d’unnbsp;clocher OU sur la barre d’un paratonnerreélevé.nbsp;Comine celle-ci est disposce en pointe, ellenbsp;a Tavantage bien grand de soutirer Ie fluidenbsp;électrique , méme avant qu’il fasse explosion.nbsp;Le torrent de matière fulgurante se précipiienbsp;par le conducteur, et se perd dans la terre sansnbsp;fracas , s’il n’j a pas eu de lacune a ce conducteur.
Lodeur propre de rélectricilé a quelque rapport avec l’odeur de Tail, et c’est aussi cellsnbsp;que la foudre laisse sur sa trace • quelque-fois on sent en même temps l’odeur plus ounbsp;nioins soufïrée des emanations aérifonnes quinbsp;se som enflammées.
11 reste a rendre corapte de I’inlervalle de tems qui se trouve entre l’éclalr et le coup. Onnbsp;sait que ia rapidité de la lumière peut a peinenbsp;s’estimer. Elle parait êtrede53,ooo myriamètresnbsp;( 78,000 lieues) par seconde, tandis que le sonnbsp;ne parcourt que 349 metres. (179 toises), Onnbsp;peut done dire que nous voyons I’éclair a l’ins-tant même oü l’étincelle a eu lieuj mais que
-ocr page 408-572 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
Ie son se fait entendre autant de tiers de seconde a peu-près qu’il y a de fois 100 metresnbsp;( 5o loises) entre Ie nuage et notre oreille.
Je désire , Messieurs , que ce rapide exposé vous paraisse propre a niériler uiie place dansnbsp;votre journal, et je vous prie de recevoir l’as-surance des sentimens dislingués avec lesquelsnbsp;j’ai l’honneur d’etre , votre tres - humble etnbsp;trcs-obéissant serviieur,
Signé, 1’ing. CHEVALIER , memhre de la Sociélé Académique des Sciences de Paris.
Les brouillards qui ont marqué cetle année l’approche de l’hiver, n’onl pas été aussinbsp;considerables que ceux observes dans quel-ques autres années. II y en a eu cependantnbsp;assez pour me faire adresser par plusieurs ama-leurs des observations rnétéorologiques, diverseSnbsp;questions. Comme elles ne sont pas résoluesnbsp;dans les ouvragesles plus répandus, que mèmenbsp;elles ne Ie sont pas hypothétiquement pac lesnbsp;savans qui en ont fait l’objel de leurs études ,nbsp;jene puis queprésenter moi-même des apercusnbsp;qui faciliteront l’intelligence de ces phéno-lucnes : je m’occuperai d’abot'd de ce qui tieiit
-ocr page 409-DE LA VUE. nbsp;nbsp;nbsp;373
Ie plus essentiellement a mes occupations ordi-naires , I’observation du baromètre.
Une des choses qui étonnent Ie plus dans les brouillards , c’est de voir Ie baromètre pres-qu’indifférent a une alteration de Tatmosphèrenbsp;en apparence aussi grande.
Les experiences barométriqiies, que M. Deluc falsait sur les bautes montagnes , ue lui ontnbsp;offert aucune difference entre les instans oiinbsp;il était dans un air pur, et ceux ou il se trouvaitnbsp;englouti dans les nuages , qui sont de vcritablesnbsp;brouillards.
Cela s’explique assez bien par la loi même de l’équilibre qui fiit flotler Ie nuage et qui tientnbsp;Ie brouillard suspendu précisémeni a la hauteur oil se rencontre la couche d’air de mêmenbsp;pesanteur Sfécilique j car on sail d’une part,nbsp;que les couches d’air les plus basses, se trou-vant pressées par les superieures , sont lesnbsp;plus pesantes ; de l’autre , que Ia pi’emièrenbsp;loi du baromètre est d’obéir a la pressionnbsp;qu’exerce sur lui la gravitation de la colonnenbsp;d’air dans touie sa hauteur, de sorte c[ue si celtenbsp;colonne ne se trouve mélangée que d’un fluidenbsp;du uième poids que Ia couche d’air correspon-dante, il n’en pent résulicr aucune variationnbsp;dans les eflets barométriepes.
-ocr page 410-574 nbsp;nbsp;nbsp;CONSERVATEUR
II peut être moins aisé d’expüquer la forma-malion des brouillards quaiid on considère Ia nnillitude d’influeiK es auxquelles est soumis unnbsp;milieu aussi lacile a altérer que l’atmosphère.nbsp;L’électricité, riiumldilé, Ie calorique, Ie magnétisme, rahéralion des corps celestes, lanbsp;dissolution cliimique des parties teri’estres, etnbsp;d’autres causes dont les premiers et les plusnbsp;sensibles elTets, produisent dans Fair des dilatations, des condensations, des absorptions ,nbsp;des courans en tout sens, et Ie pénètrent denbsp;substances très-différentes , sans qu’il soit possible d’assurer que les mênies circonstances senbsp;z’etrouvenl jamais pour reproduire ces mêmesnbsp;phénomènes, iii que les plus légers cbange-mens dans les causes n’amèuent des differencesnbsp;très-essenlielles dans les résullats.
M. Deluc, qui a consacré une vie laborieuse aux rct berches les plus délicates et les plus sa-vantes sur tont ce qui tient a la constructionnbsp;atmosphcrique , ne propose lui-même qu’en hesitant les explications des principales modifications de Fatmosphèrej celle qu’il donne desnbsp;brouillards doit paraitre satisfaisante.
11 est de fait que chez nous les brouillards les plus considerables, ont lieu a Feutrée de Fhiver ,nbsp;au moment oix Fatmosphcre commence a éprou-
-ocr page 411-öno
DE LA VUE.
ver les rigueurs du froid, taiidis que la terre n a pas encore perdu de sa chaleur interne.
Vers les zónes glaciales, oü i! faut heaucoup plus de tems pour metti’e la temperature inté-rieure de la terre en équilibrejavecTatmosplière,nbsp;ces bntuillards, ces brumes ont une plus grandenbsp;étendue.
En élé mcme, dans les soirees fraiches au coucher du soleil, on voit s’élever des marais ,nbsp;des prairies, des ruisseaux, quelquefois mènienbsp;des rivièi'es , de parcils brouiliards.
Dans tous ces cas, ce sont évidemment des evaporations, qui, émanant du sol , se trouventnbsp;saisies par Ie froid de l’air el forment de petitsnbsp;globules, qui clierchent a passer a travers desnbsp;molecules de l’air, sans se confondre avec elles.nbsp;C’est ce mélange de globules de difl'érentes natures qui altère la transparence de ratmosplière :nbsp;comme on voit un mixte qui ne se dissout pasnbsp;tout entier altérer la transparence de l’eau.
Ces globules en s’élevant comme de petits ballons a travers les couches d’air, se maintieii-nent a la hauteur qui répond a leur poids.
Tout ens’elevant, ils se dilatent et finissent par crever dès qu’ils arrivent a Ia com he d’airnbsp;qui n’exerce plus sur eux la même pression. « Denbsp;* sorte, dit M. Deluc , que ces brouiliards qui
-ocr page 412-576 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
» paraissent perraanens, ne sont qu’une succes-» sion de petits ballons, (^ui se replacent lou-» jours a la même hauteur tant que Ie sol, ou » Ie marais, fournissent de nouvelles émana-» tions. »
Au surplus, cette formation ne peut être ni générale, ni très-durable , puisqu’elle dépendnbsp;d’une proportion assez exacte entre Ie poids denbsp;Tair et celui des molécules qui s’exhalent, etnbsp;qui, si l’évaporation les rendait tout de suitenbsp;trop légères, s’éleveraient avec trop de rapidité,nbsp;OU exerceraient trop promptement leur actionnbsp;pour altérer la transparence de l’alr.
Les brouillards se trouvenl aussi retenus na-lurellement dans une coucbe peu ëpaisse de Tatmosphère, puisqu’ils ne peuvenl être que desnbsp;globules a peu pres pareils, qui se réunissentnbsp;dans une même couche, et qu’aussitót qu’ilsnbsp;Tont dépassce, ils cessent d’exister sous formenbsp;visible.
On pouvait d’ailleurs supposer que, quelqup ressemblance qu il y ait entre les brouillards etnbsp;les nuages, les molécules des premiers sont plusnbsp;pesanles, en raison des particules plus maté-i'ielles qu’elles entrainent, et qui causeut cettenbsp;acreté , cette odeur désagréable qu’on remarquenbsp;dans les brouillards épaisj tandis que les molecules spéciliquement plus légères que produitnbsp;la seule humiditc du sol, de même que cellek
-ocr page 413-DE LA VUE, nbsp;nbsp;nbsp;577
qui se dégagent des interslices mêmes de l’air, se dilatent assez pour se balancer dans les plusnbsp;hautes regions de l’atmosphère, et y former cesnbsp;amas volumineux que nous appelons nuages.
Du haut des Alpes, on voit, au-dessoüs de $oi, la partie supérieure des nuages dans la fluctuation conlinuelle de ces grandes masses quinbsp;viennent y crever ou retomber sur les massesnbsp;voisines, pour être remplacées saus ccsse parnbsp;celles qui s’élèvent de dessous.
On a souveut observe des brouillards qui ne s'élèvent pas a hauteur d’liomme, et dont lanbsp;partie supérieure présente de méme ces ondu-laiions qui résultent du remplacement continuclnbsp;de leurs molécules.
Signé, ringénieur CHEVALLIER, Membre de la Société Acadé-mique des Sciences de Paris.
RAPPORT présenté a la Société Grammaticale de Paris, sur V Ouarage de M. VIngénieur
LECONSERVATEUR DE LA VUE, lu d la séance du \o jamier 1811 ,nbsp;par M. Perrier.
Messieurs,
Vous m’avez chargé de vous faire un rapport sur un Ouvrage présenté a la Société par M. Chevallier, Ingénieur-Opticicu de S. M. Ie
-ocr page 414-578 nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUR
Roi de Westphalie, membre de Ia sociétc libre des Sciences, et par conséquent noire confrèrenbsp;d’adoption. Cet ouvrage, intitule Le Conser-vateur de la i’ue, n’a pas été fait, dit son modeste auteur, pour les savans ou pour les artistes, mais pour les gens du monde. M. Chh-vallier declare qu’il a puisé chez les grandsnbsp;maitres, dans la parlie qu’il traite, tels que lesnbsp;moyens infaillibles de conseryer la vue , parnbsp;Béér; de l’Optique, par Schmith et par Caille ;nbsp;les Traités de Physique des Gravesande , Nol-let et Brisson; il paie égalenient un tribut denbsp;reconnaissance a MM. Lenoir, Cbamscru , Bor-dier-Marcet, Marie Saint-XJrsin et autres.
J’ai pensé que cet ouvrage pouvaii se consi-dérer sous deux aspects; l’un est relatif aux sciences profondes; l’autre a Tart de fabriquernbsp;les instrumens : ces deux parlies s’y entr’aidentnbsp;mutuellement; on y trouve une descriptionnbsp;intéressante de la conformation de l’oeil; desnbsp;Piotices sayantes sur les vues myopes ou basses :nbsp;on peut ainsi reconnaitre combicn les mots,nbsp;dans leur signification, s’éloignent quelquefoisnbsp;de leur origine, puisque myope, en grec, si-gnifiait bouchées , et qu’a la letlre, une vuenbsp;myope serail nulle. Ce n’est que par métaphorenbsp;que myope s’est appliqué a une vue basse. Onnbsp;y parle aussi des vues presbyles ou de vieiilards,nbsp;des vues défectueuses, de la nyctalopie; cnsuite
-ocr page 415-DE la VUE. nbsp;nbsp;nbsp;579
M. Chevallier indique les maladies des yeux, Ie inoyen de s’en preserver et celui de les guérir.nbsp;II fait remarquer que Ie sommeil ivop prolongénbsp;est aussi dangereux a la vue que l’insomnie elle-même. II ue veut pas que l’on s’expose subite-ment a une lumière trop vive^ il prescrit 1’usagenbsp;de c hapeaux a larges bords, ganiis d’une doublure verte j et a i’imilatioa du prince de lanbsp;médecine, il defend I’excès en tout.
Cette parlie de l’ouvrage, que j’appclle de Science profonde, est tei minèe par une théorienbsp;des rayons de lumière el de leur pi’Ogression.
M. Chevallier passe ensuiie a la fabrication des instrumens, et il parle du perfectioune-nienl des verres employés pour augmenter , di-minuer ou conserver la force de la vue; ilnbsp;doime a ses correspondans un moyen méca-nique de leur faire connaitre, a l’aide d’un fil,nbsp;1’espèce el la capacité des verres dont ils au-raient besoin; il vanie aussi i’eniploi des verresnbsp;de couleur; il reconimande surloul ceux denbsp;couleur verte (1) qui semble êtreamiedelavue,nbsp;puisque c’est la couleur dont ia nature se parenbsp;dans ses beaux jours, et sur laquelle l’ceil senbsp;i’epose avec Ie plus de plaisir.
11 prouve ensuite cjue les montures qu’il a üdaptées a nos lunettes nc soni pas l’effet du ca-
(i) J’ai , depuis la première ëdiüon, préféré, d’après l’ex-périence, les verres bleus. Vojez page 358.
-ocr page 416-38o nbsp;nbsp;nbsp;LE CONSERVATEUB
price OU de la mode, mais Ie résultal du calculj
visant a Tutilité.
11 en esl, telles que celles sous la figure j6, qul sont a double branches et a double cbar-nières. Les vert es de couleurs y font la fonctionnbsp;de garde-vues, lorsque l’éclat dun trop grandnbsp;jour vicnt d’assez bant pour que celui qui ennbsp;fait usage puisse regarder en face. Je declarenbsp;que, depuis quatre ans que j’en ai cboisies denbsp;cetle forme, j’cn ai reconnu l’avantage et mêmenbsp;la nécessiié.
L’auteur s’occupe aussi des verres achroma-tiqucsjdes microscopes, des telescopes, etc. Cet ouvrage est eurichi de plusieurs planchesnbsp;qui en facilitent la lecture et rintelligeiice : onnbsp;y reconnait toutes les espèces de verres quenbsp;M. Chevallier fournit.
Ainsi, soit que nous considérions cet ouvrage commc Ie résultat des veilles d’un savant. notrenbsp;confrère; soit, ce qui est encore plus précieux^nbsp;que nous apprécions Ie bien qu’il peut en résul-ter pour Thumaniie, il mérite d’être distingue.
Je conclus a son dépot dans vos archives , a sa mention dans votre procès-verbal, et a ce quenbsp;l’auteur en soit particulièrement rcmercie parnbsp;Ic bureau de la Société.
Signé, PERRIER, Bapporteur.
Ces conclusions ont étéadoptées hrunanimiie-
-ocr page 417-38i
DE LA VÜE.
22 jamier i8io.
Messieurs ,
Les phéaonièaes les plus ordluaires ramc-nent toujours l’atlention du public , et après avoir presque désespéré de voir eet hlver de lanbsp;glace , dont tout Ie monde sent Ia nécessité ,nbsp;pour prévenir une vegetation trop préraalurée,nbsp;a peine en voit-on qu’elle devient un objet denbsp;curiosité.
Saus doute Ie frold que nous avons éprouvé est loin d’approcher de nos grands hivers , biennbsp;plus encore de ceux des pays du nord; il n’ynbsp;a eu en etïet , depuis Ie i5 janvier que la glacénbsp;a commence , qu’un maximum de froid de gnbsp;degres de glace.
ïl n’y a pas d’apparence que Ie froid soit excessif, aumoinspour la durée. 11 faut en etïetnbsp;de belles journées et un ciel pur pour que lanbsp;glace conserve et augmente son intensilé : or,nbsp;a la lin de janvier, Ie soleil est déja remonte surnbsp;Ihorison de six degrés; il y parait Ie matin etnbsp;il y reste Ie soir une demi-heure de plus j ilfau-drait done un concours d’aulres circonstances
-ocr page 418-382
LE CONSERVATEUR
assez rares pour que même la rivlère prit en totalité. C’est ordinairement a 6 ou 7 degrés denbsp;fi’oid qu’elle commence a charier j mais ce n’estnbsp;qu’a 10 d’un froid soutenu qu’elle prend.
Je dis d’un froid soutenu , paree qu’il faut, comme a toutes les productions de Ia nature ,nbsp;une période marquee a la glace pour se biennbsp;former. Des froids interrompus ne produisentnbsp;que des glacons remplis de buJles d’air , ounbsp;plutót des agrégations de divers glacons quinbsp;n’adhèrent eutre eux que par quelques faces.nbsp;Les experiences par lesquelles MM. de Reaumur et de Mairan ont éludié les effets de lanbsp;congellation , ont démontré qu’il fallait unenbsp;continuité de froid pour arrlver a ces massesnbsp;gelees uniformément dans tout leur intérieur ,nbsp;telles que sonl les glacés des mers du Nord,nbsp;oil 1’on en a vu de plusieurs centaines de toisesnbsp;d’épaisseur ; il est évident que des glacés aussinbsp;concentrées ontbeaucoup plus de tenacité. M-de Mairan a éprouvé un cjlindre de glace d’unnbsp;pouce dediamètre qui n’a été rompu que par unnbsp;poids de dix livres.
Cette force est bien plus grande lorsque la glace est soutenue dans lous ses points par lanbsp;riviere ou paria mer , puisqu’alors elle devientnbsp;pour ainsi dire, un i’adeau flottant par sa légè-reté naturelle : aussi a-i-on observe qu’une n-
-ocr page 419-383
DE LA VUE.
vlère gelee 'de onze pouees seulement pouvait porter un carrosse, et il ne faut guères que deuxnbsp;doigts de glace pour porter un honime : encorenbsp;voyons-nous souvent a nioins d’épaisseur , lanbsp;jeunesse se risquer sur des bassins ou de petitesnbsp;rivieres qui ne présenient pas de danger reelnbsp;en cas de rupture de la glace.
Sans parler de l’expétlilion que nos troupes firent dans nos dernières guerres avec la Hol-lande , oii nous primes pour ainsi dire d’assautnbsp;la flotle. On se rappelle qu’en i658 , ce futnbsp;sur la mer Baltique elle-mème , dans un trajetnbsp;de cinq a six lieues , que Ie roi de Suède, Char-les-Guillaurae, fit passer de Fionie en Zélandenbsp;louie sonarmée,la cavalerie et son artillerie (i).
11 est encore un fait aiissi connu que ceux-la, qui fera juger de la force de la glace : c’est lanbsp;fameuse construction élevée a Pétersbourg pendant 1’hivcr de 1740. On lui donna Ie nom denbsp;Palais de glace , en raison des ornemens etnbsp;de 1’élégante architecture donl on se plut a l’en-nchir. La Newa avait fourni des glacons de deuxnbsp;a trois pieds d’épaisseur que l’on tailla , quenbsp;1’on sculpta et que l’on placa comme si c’eussentnbsp;eté des bloes de marbre. L’édifice avait cin-quante-deux pieds et demi de long , seize et
(i) Presque tous les hivers les vojageurs traversent Ie golfe *le Bothnie aux iles d’Alantl.
-ocr page 420-demi de large et vingi de hauieur : Ie comLle lui-même était de glace , et ancune piece denbsp;charpente ne fut employee a la construction.nbsp;Ou fit encore plus, on fa^onna autour et onnbsp;creusa six canons du calibre de six livres , etnbsp;deux mortiers a bombe de menie calibre j lesnbsp;atiïïts , les roues même étaient de glace. Onnbsp;ixe -voulut cependaril les cliarger que d’un qiiar-teron de poudre , el l’épreuve en fut faite et ré-pétée tant avec des boulets d’étoupe que desnbsp;boulets de fonie, devant touie la cour, sansnbsp;que les pieces éclatassent.
INous n’clevousguères dans nos climals des monumens de neige ; mais nous en avoiisnbsp;vu subsisler encore au milieu de Paris qiielqucSnbsp;jours après Ie degel , tant Ie rapprochementnbsp;la concentration des parties leur donne denbsp;force.
Si vous croyez , messieurs , que ces rap' prochemens de faits , tant connus qu’ils soient,nbsp;puissentintéresserquelqucs-uns de vos lecteufS»nbsp;je me féliciterai d’avoir concouru au soin qn®
vousprenezpour varierl’iniérêt devotie Journal-
Ilccevez , messieurs , les assurances de ma parfaite con.sidération.
Signé CUEVALLIER, ingén. opticien de S. M. !e Roi de Westphalie , etc.»
Tour de i’hoiioge du Palais.
-ocr page 421-585
DE tA VUE.
Ajes Additions considerables que fai faites a cette seconde Edition, se sont tellement multiplie'es par la nature même des tnaüères, que je me suis vu force, a cause denbsp;la grosseur qu’un seul volume auroit eu, d’en former deuxnbsp;parties. Je placerai k la fin de la première les planchesnbsp;relatives au discours, et qui y sont nécessaires pour I’in-telligence du texte. Les autres seront mises a la fin de lanbsp;seconde partie. J’ai cependant toujours fait suivre la mêmenbsp;pagination, paree qu’il seroit possible que quelqnes per-sonnes préférassent, en faisant relier I’ouvrage, de reunirnbsp;les deux parties en un seul volume. On trouvera dans lanbsp;Seconde , le Dictionnaire analytique et la Dissertation surnbsp;meteorologie, l’aréome'trie, etc.
FIN DK tA premiere PARTIES
-ocr page 422-c8£
.2 u V amp; J a a
T
-5* Sfm « Miisl »«'( 9quot;P ' nbsp;nbsp;nbsp;tl'0'viAgt;\lVw ^ïL.l.
«•iiilrii ƒ i TSf[ t-ïdilqilluiH nbsp;nbsp;nbsp;Ino* 9* , uoiliui abaoa
9[gt; nbsp;nbsp;nbsp;gt; K .' riol HY aiu* au» «i »‘'P
xiiab -i jm-iol lia’b ,U3 üoiiir. siawlov luat au'up 109^0-15 i-l »':n{oUBlq taf •l¦J9im•! lq cl sf» n/l *l ^ idaotlq atnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;{
,II JIIOTW «•tilöï nJ .tU-iJ ub ajMjgiil»*
til éi!?')! nbsp;nbsp;nbsp;; 'rüSiii;) )9 i»;X .'jijjcil •iIji)ODi«lt;
-i;i'I iiintr *oiingt;ï. - vjii Inoê •lt;; ii.'P »9 , si0O' iis i-.-yilaiyi cl al) uil ut B gt;•»
9.ru9 «» i t “.ttJ'-h - - nbsp;nbsp;nbsp;^
-1 nbsp;nbsp;nbsp;-c.'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;¦!.! a 9Up‘t!-'¦'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ill ‘ li'/);» 99ï«q ,
i'au'ai ^ .ogBiviio’l •iaü' i nbsp;nbsp;nbsp;«o , Jnof^suibiq
lil nitb M3VII01» i.:.gt; .¦u.M.lrf lo9» iiu ua ïiifinq Jtuib *9! 101nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tl JasOpiJfjens 9ii!;ti-,ilt;,il;-ia al , abnaoü
^ynJiwnobicT ,‘•igt’'oioali.i' tl
-ocr page 423- -ocr page 424- -ocr page 425- -ocr page 426- -ocr page 427- -ocr page 428- -ocr page 429- -ocr page 430- -ocr page 431- -ocr page 432- -ocr page 433- -ocr page 434-