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CONSEILS

AIIll ARTISTES ET AVX AlIATEIJRS,

SUR L’APPLICATION

CHAMBRE CLAIBE

(CAMERA LUCIDA )

L’ART DU DESSIN,

Instruction théorique et pratique sur eet instrument, ses différentes formes et son utilité dans les

MMJÊê WE

PAR CHARLES CHEVALIER

(Fils de Vincent Chevauer) ,

Ingénieur-opticien, membre de la Société d’encouragcment et de cellc entomologique, l'un des premiers lauréats a l’eiposition nationale dcnbsp;18a4, etc.

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CONSEILS

AUX ARTISTES ET AUX AMATEURS,

SUR L’APPLICATION

UE LA

CHAMBRE CLAIRE

(camera locida).

La chambre claire [camera ladda), inventée en 1804 par Ie célèbre Wollaston, acquiert cbaque jour de nouveaux partisans ; Ie temps n’est peut-être pas bien éloigné oü son usagenbsp;deviendra général.

Offrant tous les avantages de la cbambre obscure, la camera lucida l’emporte sur ce dernier instrument. Elle est plus portative, car, 4 Texception de la tablette qui doit re-cevoirle papier, et du support de cette tablette, tout l’ap-pareil tient facilement dans la poche; elle permet de dessinernbsp;des intérieurs aussi bien que des paysages, même lorsque lesnbsp;objets sont faiblement éclairés; elle offre un plus vaste cbampnbsp;de vue et n’exige pas, comme la cbambre obscure, un établissement que les localités rendent quelquefois impossible, etc.

Plus tard nous reviendrons sur les avantages qui placent incontestablemerit eet appareil au dessus de tous lesinstru-

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mens destinés ^ reproduire par le dessin les diiTérens objets qui frappeut nos regards.

On a récemment tenté de substituer ii la chambre claire d’autres appareils d’une construction compliquée, faciles hnbsp;se déranger, difliciles li conduire, coüteux ^ réparer, gênansnbsp;par leur volume et par leur poids, et qui n’ont pas même lenbsp;mérite de la nouveauté. Accueilli d’abord,le diag/mpAe, quinbsp;ressemble beaucoup tl I’instrument cathoUque ou universel denbsp;perspective, de Louis Cigalas, peintre de Florence (1), seranbsp;bientot abandonné par tous les artistes, pour la chambrenbsp;claire qui se transporte dans la poche , et dont les résultatsnbsp;ont une précision bien supérieure a celle que peuvent offrirnbsp;les moyensrnécaniques les plus délicats ou les plus ingénieux.nbsp;Plus de 1,500 chambres clairesm’ont passé paries mains; jenbsp;me suis servi de toutes, h plusieurs reprises,soit pour les es-sayer, soit pour en démontrer les avantages aux personnesnbsp;qui désiraient acquérir un moyen silr et expeditif de reproduire fid'element la nature; j’ai examiné avec la plus scrupu-leuse attention les appareils de divers genres qu’on a voulunbsp;leur substituer; j’ai voulu avoir sur cette matière I’opinionnbsp;d’hommes compétens, et cette opinion s’est trouvée conformenbsp;hlamienne. Les Bouton, les Daguerre, les Lassus, etc., etc.,nbsp;ont reconnu les avantages de la chambre claire. MM. Aragonbsp;et Gay-Lussac ont, de leur cóté, publié dans les Annates denbsp;chimie el de physique, que « la camera lucida est l’instrumentnbsp;oleplus commode et le plus parfait qu’on ait imaginéjusqu’icinbsp;)gt;pour tracer avec fidélité sur le papier les contours d’unnbsp;))édifice, d’un monument, etc. » C’est la même opinion quinbsp;a déterminé lesnombreuses recherches de M. Amici pour per

il) Vojez 111 Perspective cnrieuse du père Niccron, page 130 a 135. Paris, 16(gt;3.

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fectioimer eet instrument, et qui lui a fail dire dans son mé-molre :« La camera lucida est supérieure d toide esp'ece de pan-tographe, non seulement ii cause du peu d’espace qu’elle oc-cupe, mais encore paree qci’en employant le paniographe , le crayon ne trace les lignes ni avec la precision , ni avec la délicatesse donl la main scale est susceptible. »

Avec la chambre claire, on peut exécuter des dessins de toutes dimensions, tandis qu’avec les pantographes, sousnbsp;quelque dénomination qu’on les présente au public, pournbsp;faire de grands dessins, il faut se servir d’un grand appareil,nbsp;et par conséquent d’une grande table solide, et nécessaire-ment lourde et erabarrassante. Quel artiste voudra se cbargernbsp;en voyage d’un pareil fardeau, lorsque, saus la moindre dif-ficulté, il peut transporter dans sa poebe un appareil beau-coup plus parfait et s’en servir ii la minute dans toutes lesnbsp;localités ?

On trouvera b la fin de cette notice une lettre qui nous a été adressée par le capitaine Basil Hall, de la marine royalenbsp;anglaise. C’est un document que nous produlrons toujoursnbsp;avec reconnaissance ; d’ailleurs cette lettre est remplie d’ex-cellens conseils, et pourra, non seulement servir de guidenbsp;aux artistes qui font usage de la chambre claire, mais encorenbsp;leur suggérer des idéés nouvelles sur son emploi.

Le capitaine Basil Hall fait un fréquent usage de la camera lucida : pour lui eet instrument se plie ii toutes les exigences.nbsp;Les passages suivans sont extraits d’une lettre qu’il écrivait ennbsp;mai 1830 ii Georges Dollond, sur eet admirable instrument:

« La camera, employée de la manière convenable , nous Dpermet de vaincre trois des diificultés les plus fatigantesnbsp;»de Tart du dessin, c’est-li-dire la forme, la proportion etnbsp;»la perspective......

»Quelques persomiesse sont mis dans l’esprit qu’on attache «moins de mérite amp; une esquisse faile au moyen de la camera,

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»qu’i celles exécutées par les moyens ordinalres, et elles »éprouvent une sorte d’humiliation a recourir i l’assistancenbsp;»d’un instrument. Elles sont mortifiées d’avoir dépensé tantnbsp;«de temps et de travail pour apprendre ce que tout Ie mondenbsp;smaintenant peut exécuter sans effort.

7) Mais un peu de réflexion démontrera que Ie désir de se »faire connaitre comme dessinateur est ou doit être pournbsp;»Ie moins subordonné au désir de représenter correctementnbsp;»les objets naturels. Et il y a peu i craindre que, quelquenbsp;«habile que l’on soit, quelque instruction qu’on ait acquisenbsp;» dans Tart du dessin, on pliisse, raême avec Ie secours danbsp;igt;la chambre claire, reproduire la nature elle-même. Or,nbsp;stant que ce point ne sera pas atteint, les dessinateurs n’au-»ront aucun motif dese plaindre que leur tache soit si facile,nbsp;»qu’elle soit indigne d’eux.

» Mais Ie fait est que c’est particuUèrement aux personnes »qui out appiis a dessiner, et auxquelles les difflcultés denbsp;«représenter les objets dans une perspective exacte, sont Ienbsp;«plus familières, que la camera est surtout utile; tandis qu’anbsp;«ceux qui n’ont pris aucune le^on de dessin , elle fournitlesnbsp;«moyens les plus prompts et les plus encourageans d’obtenirnbsp;«dans eet artun degré de talent qui rende Ie dessin agréablenbsp;«au dessinateur lui-même, et instructif pour ceux qui n’ontnbsp;» pu voir ce qu’il a été assez heureux de rencontrer.

«Je suis done décidément d’avis que les maitres de dessin, «au lieu de répudier l’emploi de eet instrument, serviraientnbsp;»mieux leurs propres intéréts, ainsi que Ie plaisir et l’avan-«tage de leurs élèves, et par conséquent celui du public, s’ilsnbsp;»clierchaient a répandre davantage l’usage de la chambrenbsp;«claire : nous verrions alors les jeunes gens s’occuper a fairenbsp;»des esquisses qui auraient au moins Ie mérite d’être exactes;nbsp;«et cesfroides caricatures de la nature qui aujourd’hui nousnbsp;«dêgoütent presque toutes les fois que nous ouvrons un al-

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»bum, leralent bientót place ^ des dessins plus vrais et de • meilleur goüt........»

On nous pardonnera, sans doute, ces courtes citations. Lorsqu’il s’agit d’une semblable autorité, il serait contraire iinbsp;l’intérêt général de ne pas s’y arrêter au moins pendant quel-ques instans.

Peut-être eüt-il été nécessaire de rappeler quelques régies d’optique pour faire comprendre la théorie de la cham-bre claire : mais, comme nos lecteurs connaissent, sansnbsp;doute, les principes de cette science, et que du restelesnbsp;livres de physique sont ^ la portée de tous les hommes quinbsp;veulent s’instruire, il nous suffira de dire que tous lesnbsp;points d’un objet éclairé envoient une infinité de rayons lu-mineux dans toutes les directions et en ligne droite. Néces-sairement ces rayons doivent aboutir en un point quelconquenbsp;de l’espace, et y peindre une image du point dont ils émanentnbsp;s’ils y sont recus par une surface réfléchissante qui, les ren-voyant dans toutes les directions, en fait entrer une certainenbsp;quantité dans Toeil du spectateur qui apercoit distinctementnbsp;l’image, pourvu toutefois que les circonstances soient tellesnbsp;que d’autres rayons ne vlennent point rendre cette imagenbsp;diffuse OU la faire entièrement disparaitre.

II est également indispensable de savoir que lorsqu’un rayon lumineux passe de Fair dans Ie verre, il est réfracté, c’est-h-dire infléchi et détourné de sa direction primitive, et qu’ennbsp;sortant du verre pour rentrer dans Fair, il reprend, non lanbsp;même direction, mais une direction parallèle k celle qu’ilnbsp;avail avant de pénétrer dans Ie verre, si les surfaces d’entréenbsp;et de sortie sont planes et parallèles; que la forme du verrenbsp;modifie cette réfraction; qu’ainsi les surfaces convexes ren-dent les rayons plus convergens et que les surfaces concavesnbsp;les rendent plus divergens ; qu’enfin, lorsque les surfaces dunbsp;verre font un certain angle entre elles, la surface de sortie.

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au lieu de laisser passer des rayons lumineux, devient Ie mi-roir Ie plus parfait qu’on puisse se procurer, et réfléchit ces rayons dans une direction qui fait avec elle un angle égal Jinbsp;celui d’incidence, la refraction êtant alors c/iangèe en reflexionnbsp;totale.

Nous avions d’abord Tintention d’extraire simplement quel-ques passages du mémoire de Wollaston (1); niaisun examen plus attentif nous a pleinement démontré qu’ilétait impossiblenbsp;de donner plus exactement la théorie de la chambre claire.nbsp;Ce que nous aurions pu dire n’aurait remplacé qu’imparfaite-ment la lucidité qui règne dans tout ce mémoire.

«Ily a quelque temps, dit l’auteur anglais , je m’amusais essayer d’esquisser quelques vues intéressantes; maisnbsp;»comme Tart du dessin m’est peu connu , mes idéés se por-»talent naturellement sur les moyens de transporter facile-ïinent sur Ie papier les positions relatives, apparentes desnbsp;oobjets places devantmes yeux; et j’ai l’espoir fondé quenbsp;«rinstrument imaginé par moi pour remplir ce but, pourranbsp;»être favorablement accueilli, même par les dessinateurs quinbsp;»ont acquis une grande habileté, a cause des avantages in-»contestables qu’il a sur la chambre obscure ordinaire.

»On comprendra probablement les principes sur lesquels »est fondée sa construction, si je retrace ici les idéés succes-»sives qui m’ont conduit a ce résultat.

»Si, lorsque je regarde directement de haut en bas une nfeuille de papier placée surma table, j’interpose entrel’oeilnbsp;»et Ie papier un morceau de verre plan, incliné de manièrenbsp;«a faire avec moi un angle de Ifr degrés dont Ie sommet se-»rait en haut, je vois par réflexion, sur Ie verre, Ie paysagenbsp;«placé devant moi, et cela dans la même direction dansla-»quelle je vois inon papier a travers Ie verre. Je puis done

(1) Philosophical Magazine , t. xxvin, pag. 313,

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»tracer alors une esquisse du paysage; mais les Images serout »renversées.

»Pour redresser ces images, il est nécessaire d’avoir deux «réflexions. Dans ce but, le morceau de verre transparentnbsp;»doit faire avec le rayon visuel vertical, un angle de la moi-»tié de 45 degrés ou de 22 degres 1/2; puis on place au des-»sous de ce verre un morceau de glace étamée faisant lenbsp;»même angle avec lui. Au moyen de cette disposition, lesnbsp;j) rayons horizontaux qui partent de I’objet k dessiner sontnbsp;»d’abord réfléchis par la glace étamée, puis par le verrenbsp;«transparent auquel la première les renvoie, et dirigés versnbsp;«I’oeil de 1’observateur. Les images des objets lui sembleiitnbsp;«alors placées sur le papier comme auparavant, mais ellesnbsp;«sont droites au lieu d’êtres renversées; et de cette manièrenbsp;«elles sont suffisamment distinctes pour qu’on puisse en dé-»terminer les principales positions.»

Voili de la manière la plus claire l’exposé de la théorie des camera lucida. G’est en partant de ce point que Wollastonnbsp;parvint A construire la cbambre claire, telle que nous lapos-sédons aujourd’liui, sauf quelques modifications que nousnbsp;avons fait subir A 1’instrument du célèbre physicien. Dans l’é-tat actuel nous la considérons comme le plus exact, le plusnbsp;parfait des instrumens de ce genre (1).

(1) Dans la notice, dont nous avons publié la première édition en mat 1829, nous accordions la supériorité è la camera lucida de M. Amici.nbsp;Veut-être sera-t-on surpris de nous voir émettre mainlenant une opinionnbsp;diamétralement opposée? Nous croyons devoir en donner la raison.

A cette époque (1829), nous n’avions pas sur la camera les connaissan-ces que nous possédons aujourd’hui. Toutes les personnes qui voulaient acquérir cel instrument, choisissaient de préférence la cbambre claire denbsp;M. Amici, se basant sur Ia grande facilité de son usage; nous-niêmes,nbsp;suivant l’opinion commune, nous trouvions cette construction supérieurenbsp;a cellc de Wollaston. Mais un examen altentif de ccs deux apparcils, des

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Suivons l’auteur dans Ie développement de ses idéés,nous ne saurions rien présenter de plus exact ni de plus clair :

«Néanmoins, ajoute Wollaston, dans la même position de l’oeil, on ne pourra voir ^ la fois et Ie crayon et les images desnbsp;objets qu’ildoit tracer, amp; cause de la dilTérence des distancesnbsp;entre ces inêmes objets et l’oeil, et entre celui-ciet Ie crayon;nbsp;les efforts qu’il faut faire pour adapter successivement l’oeilnbsp;a ces deux distances, deviendraient trés pénibles s’ils étaientnbsp;fréquemment répétés.

» Pour remédier h. eet inconvénient, on peut regarder Ie papier et Ie crayon k travers un verre convexe dont Ie foyernbsp;soit tel qu’il n’exige pas plus d’efforts qu’il n’est nécessairenbsp;pour voir distincteinent les objets'éloignés, ou, si l’on veut,nbsp;qu’il rende les pinceaux de rayons émanés du papier et dunbsp;crayon aussi divergens que ceux qui arrivent des objets éloignés qu’on veut dessiner. Ces objets paraltront alors avoir lanbsp;même direction et être ^ la même distance que Ie papier.Onnbsp;pourra done les dessiner facilement et avec la plus grandenbsp;précision.

» On comprendra sans doute mieux la disposition que j’in-dique ici en recourant a la fig. 1, dans laquelle a b désigne Ie verre transparent, h c\e miroir placé au-dessous, d une len-tille plano-convexe (de 12 pouces de foyer), e la position de

expériencesnombreuses et l’opinion de plusieurs savans nous mirent bieu-tót a même de reconnaitre noire erreur. Certainement les gens du monde, qui redoutent les moindres difficuUés capables de retarder leurs jouis-sances, préfèreront 1'appareil d’Amici, mais aussi ces jouissances serontnbsp;inoins parfaites, Disons-Ie, cependant, la camera du professeur Amici estnbsp;sans contredit d’un usage plus facile, et nous la recommandons a toutes lesnbsp;personnes qui ne Youdront pas faire des études spéciales. Qu’on nous per-mette de rappeler ici nos bonnes et affectueuscs relations avec Ie savant dcnbsp;Modène; on peut différer d’opinion, sans pour cela i|ue les lions sociauxnbsp;doivent jamais en soulTrir.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;C. C.

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l’ceil, et f g It la marche des rayons lumlneux qui vlenneht de l’objet l’oeil.

» Dans certains cas, une construction différente peut être préférable. L’emploi d’un verre convexe ne pourrait conve-nir tl des yeui qui, sans 1’aide de lunettes, ne peuvent voirnbsp;distinctement que des objets trés rapprochés. Ponr ceux-lii ilnbsp;faut, au contraire, placer un verre concave au-devant desnbsp;rayons qui viennent des objets éloignés pour les rendre plusnbsp;divergens et faire voir ces objets plus distinctement. On voitnbsp;en t /c, fig. 2, la monture d’un verre de cette espèce, tournantnbsp;en U sur la même charnière que l’anneau l m, qui renfermenbsp;un verre convexe, de sorte que l’un ou l’autre de ces verresnbsp;peut être employé exclusivement selonque Ie dessinateur estnbsp;myope ou presbyte. Les personnes dont la vue est presquenbsp;parfaite, peuvent k volonté employer l’un ou l’autre de cesnbsp;verres.

» Maïs rinstruinent représenté dans cette figure diffère de celui que j’ai d’abord décrit, et par lequel j’ai voulu com-mencer pour que l’action des réflecteurs employés füt plusnbsp;généralement comprise. Les personnes qui sont familiariséesnbsp;avec les principes de l’optique, se feront facilement l’idée desnbsp;avantages qu’on peut obtenir, dans ce cas, de la réflexionnbsp;prismatique interne. En effet, lorsqu’un rayon lumineux pé-nètre dans un morceau solide de verre et tombe sur une surface inférieure qui fait un angle de 22 k 23 degrés, commenbsp;nous l’avons supposé plus haut, la puissance réfringente dunbsp;verre est telle que celui-ci ne laisse passer au dehors aucunenbsp;portion de lumière, et que ia surface interne sur laquelle tombenbsp;Ie rayon, devient, dans ce cas, Ie réflecteur Ie plus brillant qu'onnbsp;puisse employer.

» C’est d’après ces considérations que je me suis décidé ii faire usage d’un prisme de verre solide, dont la fig. 3 repré-sente la section. Les deux reflexions qu’exige la théorie que

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je vléns de développer, sént produites par les surfaces « b et b c, de manière que Ie rayon lumineux fgb, après s’être d’a-bord réfléchi en , et ensuite en h, est renvoyc li I’ceil dansnbsp;la direction h e, faisant un angle droit avec sa direction primitive f g. Gette construction présente une autre circonstancenbsp;trés importante et qui a besoin d’explication.

» Lorsque, dans ma première supposition, la seconde reflexion était produite par un verre plan transparent, il est évident que les objets placés derrière ce verre (s’ils étaientnbsp;suffisamment éclairés), pouvaient être vus d travers, en mêmenbsp;temps que l’image réfléchie des objets éloignés; mais lors-qu’on se sert d’un réflecteur prismatique pour produire Ienbsp;même effet, les rayons qui sont dirigés de bas en liaut sur lanbsp;surface è a du prisme, ne peuvent en sortir suivant la mêmenbsp;direction, puisque Ie prisme réfracte la lumière et nepeutlanbsp;transmettre en ligne droite; ces rayons n’arrivent done pointnbsp;è I’ceil. II faut alors que celui-ci se place dans une positionnbsp;telle qu’une portion seulement de la pupille soit interceptéenbsp;par 1’arête du prisme, ainsi qu’on Ie voit en e, fig. 3; alorsnbsp;cette portion de l’ceil recevra les rayons émanés des objets éloignés, par la double reflexion prismatique interne;nbsp;tandis que les rayons venant du papier et du crayon, entre-ront directement dans lapartie de cette même pupille qui estnbsp;en arrière de 1’arête du prisme.

» Selon que l’arête du prisme entame plus ou moins avant Ie eerde de la pupille, la vivacité relative des deux impressions qui résultent en même temps de la vision directe et desnbsp;images produites par la double réflexion, varie si I’ceil s’a-vance trop sur Ie prisme; on ne voit plus que l’image des objets éloignés, Ie crayon et Ie papier disparaissent; si, au contraire , Foeil est trop en arrière, on ne voit plus que Ie crayonnbsp;et Ie papier; les images des objets extérieurs s’évanouissent.nbsp;Mais il y a une position intermédiaire de l’ceil que l’usage fait

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bientót acquérir, et dans laquelle on apercolt en mfiine temps, avec un degré de clarté égal et suffisant, les images, Ie papier et Ie crayon (1). Pour éviter les inconvéniens qui peu-vent résulter des mouvemens involontaires de l’uül, on peutnbsp;chercher ti fixer sa position et régler les quantités relatives denbsp;lumièrc qu’il recoit h la fois du papier et des images réflé-chies, au moyen d'un petit trou pratiqué dans une lame denbsp;laiton qui, sc mouvant autour du centre c, lig. 2, peut s’a-dapter a toutes les inégalités de lumière. Le trou de cettenbsp;lame de laiton se présente sur le bord du prisme, et, ennbsp;poussant la lame plus ou moins en avant ou en arrière , onnbsp;trouve, par uu court tatonnement, le point le plus convena-ble pour la double vision, lorsque l’ceil est placé tout prés denbsp;cette ouverture. L’appareil est soutenu par un pied que 1’onnbsp;lixe tl une table sur laquelle on peut le placer k différentesnbsp;hauteurs.

»L’instruinent devant être situé trés prés de l’oeil, n’a pas besoiu d’avoir de grandes dimensions, et Pon peut réduirenbsp;debeaucoup son volume sans nuire k l’effet. G’est d’aprèscesnbsp;motifs et quelques autres que je me suis décidé ^ le con-struire aussi petit qu’il est possible de le faire avec précision,nbsp;et que je l’ai exécuté sur une échelle telle que les lentillesnbsp;n’ont que trois quarts de pouce de diamètre (2).

» Bien que ma première intention eüt été de faciliter, au moyen de eet appareil, le dessin des objets naturels dans leurnbsp;véritable perspective, et que ce soit li son principal usage,nbsp;eet avantage est loin d’etre le seut qu’on en puisse tirer, car lanbsp;même disposition de réflecteurs peut tout aussi commodément

(1) nbsp;nbsp;nbsp;Geile position doit être telle , quo l’image de 1’objet ne soit pas trop

lumincuse , et que le crayon soit parfaitement distinct. nbsp;nbsp;nbsp;C. C.

(2) nbsp;nbsp;nbsp;Depuis quelques années je construis pour des usages parliculiers des

prismes de cliambre claire trés exacts, n’ayant pas plus de deux a quatre lignes de longueur.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;C. C.

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s’employer pour copier des dessins déj4 fails que pour dessi-ner d’après nature; et rinstrument peut ainsi aider les commen-lt;;ans h acquerir I’habitude de faire des esquisses correctes.

» Lorsqu’on I’emploie 4 cet usage, il faut placer le dessin 4 copier, autant qu’il sera possible, 4 la même distance denbsp;Tappareil que Test le papier placé au-dessous ; dans ce cas,nbsp;la copie a la même grandeur que I’original, etl’on n’a be-soin de lentille ni du cöté du dessin 4 copier, ni du cöté dunbsp;papier sur lequel on dessine.

» En employant convenablement cet instrument, on peut l’appliquer aux mêmes usages que lepantographe ordinaire;nbsp;car on peut réduire un tableau dans des proportions don-nées, en le pla^ant 4 une distance qui soit avec celle öü senbsp;trouve le papier sur lequel on copie, dans le même rapportnbsp;que la réduction que l’on veut faire; c’est-4-dire, que plusnbsp;on voudra diminuer les dimensions de la copie, plus il faudranbsp;éloigner Foriginal.

» Mais, dans ce cas, il fautse servir d’une lentille pour que l’oeil puisse voir d’une manière également distincte 4 deuxnbsp;distances inégales; et afin qu’une lentille puisse servir 4 tousnbsp;les cas, on trouve beaucoup d’avantage 4 ce que l’intervallenbsp;que le prisme peut parcourir sur son pied de haul en bas etnbsp;de bas en haut, soit un peu grand, paree que cela donne plusnbsp;d’étendue 4 l’échelle des reductions.

» Les personnes qui connaissent l’optique comprendront fa-cilement les principes d’après lesquels on doit déterminer la hauteur du prisme sur son pied, 4 une distance du papiernbsp;convenable 4 l’objet qu’on se propose de reproduire.

» En effet, lorsqu’on veut dessiner les objets éloignés, comme les pinceaux de rayons émanés du papier sont rendusnbsp;parallèles pour l’oeil quand il les recoit au travers d’une lentille dont le foyer principal est égal 4 la distance de cettenbsp;même lentille au papier(parallélisme nécessaire, paree que les

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rayons venant des objets élolgnés, sont sensiblenient paral-lèles); de même lorsque I’objet, dont I’image est formée par la double réflexion , est si voisin de I’ceil que les pinceauxnbsp;de rayons qu’il envoie sont sensiblenient divergens, il fautnbsp;que ceux qui viennent du papier aient le même degré de divergence , pour que I’image de roriginal et le papier soientnbsp;vus avec la même netteté. On doit done alors rapprocher lanbsp;lenlille du papier ^ une distance moindre que son foyer principal. On a, en conséquence, marqué sur le support a tiragenbsp;qui porte I’instrument, certaines divisions ^ différentes distances, et sur lesquelles les foyers conjugués répondentnbsp;plusieurs proportions, comme deux, trois, quatre, etc., iinbsp;un; de sorte qu’on peut obtenir, danstous les cas, la visionnbsp;distincte en pla^ant roriginal loin de I’appareil, i des distances qui soient entre elles comme les nombres deux, trois,nbsp;quatre, etc., la distance de I’ceil au papier étant considéréenbsp;comme l’unité.

1) En placant la lentille convexe sur ledevant de I’appareil, et en renversant les distances proportionnelles (c’est-ii-direnbsp;en placant I’original des distances moindres que la distancenbsp;entre I’ceil et le papier), I’artiste pourrait dessiner correcte-ment de petits dessins sur une grande échclle, et le natura-liste, en se servant d’une lentille dont le foyer serait trésnbsp;court, pourrait copier de trés petits objets dont les imagesnbsp;seraient alors considérablement amplifiées.

» Comme la camera lucida a été iinaginée pour remplacer Jusqu’k un certain point la chambre obscure, il est naturel denbsp;les comparer Tune é I’autre (1).

(1) II n’est pas inutile de faire remarquer au lecteur qu’a l'époque ou Wollaston ecrirait son mémoire, la chambre obscure n’avait point encorenbsp;été perfectionnée, soit par lui, soit par nous , et que les défauts qu’il luinbsp;reproche ici ont en partie disparu dans sa chambre obscure périscopique ,nbsp;et presqu’entièrement dans notre chambre obscure a prisme ménisque.

C. C.

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» On reproche h la chambre obscure:

» 1quot; D’etre d’un volume trop considerable pour qu’onpuisse commodément la transporter avec soi;

» La chambre claire est d’un aussi petit volume et aussi portative qu’on puisse le désirer.

» 2°Dans la chambre obscure, tous les objets qui ne sont pas situés au milieu du champ de la vision, sont plus ou moinsnbsp;déformés;

» Dans la chambre claire , cet inconvénient n’existe pas ; il n’y a aucune deformation des images, de sorte qae les rayons lesnbsp;plus éloignés du centre du champ de vision sont aussi droits quenbsp;ceux qui passent par ce centre memo.

» 3° Le champ de la chambre obscure ne s’étend pas au-debi de trente ou tout au plus trente-cinq degrés, lorsqu’on veut conserver aux images une netteté suflisante;

» Mais dans la chambre claire, on peut voir d la fois, et de la manihe la plus distincte, tous les objets conipris dans unnbsp;angle de 70 d 80 degrés. »

II suffit de lire attentivement cet excellent mémoire de Wollaston pour avoir une connaissance exacte de la chambre claire. Néanmoins, nous ajouterons comme supplément cenbsp;mémoire, les renseignemens que nous fournissent les travauxnbsp;du capitaine Basil Hall, du docteur R. B. Bate, de M. Amici,nbsp;aiusi que ceux qui résultent de notre propre expérience.

On peut lire , dans les Transactions philosophiques, année 1812, un mémoire dans lequel Wollaston décrit I’applicationnbsp;du système périscopique au prisme de la camera. Cette modification avait pour but de supprimer le verre concave ounbsp;convexe, mais nous n’avons pas cru devoir adopter cettenbsp;nouvelle construction; au reste, la fig. 4 suffira pour donnernbsp;une idéé du prisme périscopique de Wollaston.

II est surtout un point sur lequel nous appellerons spécia-lement I’attention du lecteur, c’est le grand nombre d’ap-

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plications que 1’on pent faire de eet instrument. En ie dis-posant convenablement, nous I’associons au microscope. La mesure des distances, celle du grossissement des lunettes,nbsp;du microscope, etc., etc., se déterminent trés simplement anbsp;l’aide de la camera. Nous reviendrons sur ces propriétésnbsp;nouvelles dont la découverte nous appartient. Quant auxnbsp;modifications que nous avons fait subir h rinstrument denbsp;Wollaston, les voici en peu de mots :

Nous avons supprimé Ie diaphragme mobile que Wollaston destinait a déterminer la position de l’ceil; cette partie denbsp;rinstrument est plus nuisible qu’utile, comme on pourra s’ennbsp;convaincreen lisantla lettre du capitaine Basil Hall, et sur-tout par l’usage. Les anciens prismes des chambres clairesnbsp;n’étaient mobiles sur leur tige qu’en deux sens: 1° autournbsp;de leur axe, 2° autour de la tige. Nous y avons appliquenbsp;depuis loiig-temps un troisième mouvement ou mouvementnbsp;vertical, au moyen d’une charnière a vis de pression, quinbsp;réunit la tige a l’extrémité du prisme. Deux petits verres co-lorés sontplacés contre la face du prisme qui regarde les ob-jets et peuvent se mettre ou s’enlever avolonté. Les verresnbsp;convexes ne sont plus a demeure sous Ie prisme; renfermésnbsp;dans l’étui, on peut les changer facilement et en avoir telnbsp;norabre que l’on jugera convenable.

La tige est composéede trois tubes qui glissent lesuns dans les autres; Ie plus petit présente a sa partie supérieure unenbsp;petite roue dentée qui fait marcherunecrémaillère, au moyennbsp;de laquelle on peut ajuster rinstrument Ie plus exactementnbsp;possible et faire disparattre complèteraent les inoindres restesnbsp;de parallaxe. Inférieurement, une charnière avec arrêt anbsp;barrette (imaginée par nous et mise en usage en 1823), per-met de donner a la tige tous les degrés d’inclinaison et de lanbsp;fixer soudement au point convenable. En examinant Ie mé-moire de Wollaston et ces divers changemens, on aura la

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description exacte de la camera lucida, telle que nous la conslruisons aujourd’hui.

Quels sont les avantages que présente la disposition ac-tuelle ?

1“ L’image des objets et Ie crayon se voient en même temps et de la manière la plus distincte, aussitót que l’onnbsp;coniprend bien la théorie de I’instrument et qu’on a misnbsp;de cóté toute idéé préconfue relativement aux prétenduesnbsp;difiicultés que présente son emploi.

2quot; La parallaxe n’existe plus, c’est-i-dire que lorsqu’on a posé la pointe du crayon sur uti point quelconque de l’image,nbsp;cette pointe parait toujours au même point, quelles quenbsp;soientles positions qu’oft donne i 1’oeil..

3“ L’instrument a une grande flxité, tout en ofTrant la plus grande mobilité lorsqu’elle est nécessaire.

Li' Get appareil est d’un usage d’autant plus facile qu’on peut 1’employer avec tous les genres de lumière, et dansnbsp;telle position que se trouve Ie dessinateur, soit dans l’intérieurnbsp;d’un appartement, soit en pleine campagne.

5° II est d’un transport aussi facile que commode, car ainsi que nous l’avons dit, Êi l’exception de la tablette et de sonnbsp;support, tout peut tenir dansla poche.

6quot; Le dessinateur est au grand jour et tous ses mouvemens sont libres. S’il veut comparer son esquisse avec la nature,nbsp;un simple mouvement de tête, ou même, avec un peu d’ha-bitude, l’ouverture alternative ou simultanée des deux yeux,nbsp;dont l’un regarde dans l’appareil et 1’autre volt directementnbsp;le papier, sulTisent pour faire cette comparaison.

7“ Le champ de vue est considerable, puisqu’il est com-pris dans un angle de 45 degrés de haut en bas et de 80 dans la direction horizontale.

8quot; On peut avec la chambre claire et du premier jet, dessiner non-seulement les contours des objets, mais indiquer

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les ombres, donner les traits de force; en uii mot, rendre avec sentiment I’ensemble du sujet. II est même possible denbsp;colorier les dessins.

Passons de suite a la manière de se servir de rinstrum.ent.

Et, d’abord, que 1’on se pénètre bien du principe suivant: la connaissance exacte de la structure et de la théorie de l’instru-ment est indispensable a. celui qui voudra Ie mettre en usage.

Lorsqu’on veut copier un objet, il faut fixer Ie pied de 1’ap-pareil ^ une table solide et incliner Ie support ou tige de ma-uière k ce que Ie prisme corresponde au milieu dupapier main-tenu immobile sur la table. On fait alors mouvoir Ie prisme et Ton tourne son cóté ouvert en face de l’objet k copier; ap-pliquaiit I’ceil sur la petite échancrure, on continue de fairenbsp;tourner Ie prisme sur son axe, jusqu’k ce qu’on voie, de hautnbsp;en bas, l’image droite de l’objet qui semble projetée sur Ienbsp;papier.

La grandeur de l’image est k celle de Toriginal, comme la distance de 1’appareil au papier est k la distance de ce mêmenbsp;appareii k l’objet; c’est-k-dire que si la chambre claire estnbsp;placée k un pied du papier et k deux de l’objet, l'image estnbsp;diminuée de moitié; si l’appareil est éloigné d’un pied du papier et de trois de l’objet, l’image est réduite au tiers; il estnbsp;inutile de dire que Teffet contraire aura lieu si l’objet est plusnbsp;rapproché de l’inslrument que celui-ci du papier.

Cette observation nous conduit naturellement k parler de la tige k coulisses et de son usage.

Veut-on copier un dessin, etc., de grandeur naturelle ? Sup-posons ce dessin placé k un pied de distance de I’appareil, il faudra allonger la tige jusqu’k ce que le prisme se trouvenbsp;k la même distance du papier. On voit clairement quelle seranbsp;la marche k suivre pour avoir des représentations plus ounbsp;moins grandes de I’original.

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Voili done I’instrument placé de manière Ji correspondre exactement au centre du papier, donnant une image nette denbsp;1’objet, et situé ii hauteur convenable pour que cette imagenbsp;soit de la grandeur désirée; on fixe alors l’appareil d’unenbsp;manière invariable au moyen des vis et des écrous destinés iinbsp;eet usage.

Pour régler la lumière, on dolt chercher è la répartir con-venablenient et sur l’objet, et sur Ie papier.

Pour yparvenir,on regarde verticalement dans Pappareil de manière a ce que la pupille soitpartagée en deux segraens parnbsp;l’arête ou sommet de Tangle aigu du prisme. On porte ensuitenbsp;la pointe d’un crayon sur un point quelconque de Timage,etnbsp;lorsque cette image et Tinstrument destiné è en tracer lesnbsp;contours sont visibles tous deux, on est assure que Ie journbsp;est convenablement réparti.

Nous avons dit, dans une note ajoutée au mémoiredeWol-laston, que la position de la pupille doit être telle que Timage soit peu lumineuse, tandis que Ie crayon doit être parfaite-ment visible. Pour bien se rendre compte des changemensnbsp;que la position de la pupille peut faire éprouver a la netteténbsp;de Timage, il est nécessaire de consultor la fig. 5. D E estnbsp;une ligne prolongée indéfiniment et passant prés de Ta-rête du prisme P. A R G sont trois pupilles. C est la pupille également partagée par Tarête, etrecevant égalementnbsp;les rayons émanés de Timage et ceuxquiviennent du crayon.nbsp;R recoit plus de rayons de Timage et voit mal Ie crayon. Anbsp;se trouve dans les conditions opposées. Cette dernière position sera la plus favorable pour dessiner facilement les ob-jets.

Avant d’indiquer les procédés mis en usage pour distribuer convenablement la lumière dans Ie cas oü Timage et Ienbsp;crayon ne s’apercevraient pas distinctement, nous devonsnbsp;parler d’un phénomène qui se présente lorsque Tappareil

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n’estpas convenablement disposé, nous voulons parlor de la paraltaxe.

Lorsque la pointe du crayon est fixée sur un point de l’i-mage ou qu’une ligne a été reproduite, si l’ceil fait un mouvement d’avant en arrière ou latéralement, soit pour aper-cevoir les objets placés dans les points les plus reculés du champ de vue, soit sans intention, la pointe du crayon ou lanbsp;ligne tracée ne répondront plus h l’image. C’est ce changement de position relative entre Ie crayon et Ie point qu’on luinbsp;compare durant les divers mouvemens de l’oeil, que l’onnbsp;nomme parallaxe. Toutefois ce changement de rapport n’anbsp;lieu que dans ie cas oü l’instrumentn’est pas a égale distancenbsp;du papier et de l’objet a reproduire. Nous ne croyons pas nécessaire d’allonger cette instruction, en donnant la théorienbsp;de ce phénomène, déja expliqué dans Ie mémoire de Wollaston ; nous devons simplement indiquer la manière de Ie pré-venir.

L’étui de l’instrument renferme plusieurs verres convexes montés de facon h pouvoir s’adapter separément a la camera;nbsp;pour éviter Ie défaut de rapport entre la pointe du crayon etnbsp;l’image, ou la parallaxe, il faut placer l’une de ces lentillesnbsp;dessous leprisme; Ie choixde la lentille sera subordonné a lanbsp;distance de l’objet. Quelquefois, malgré l’emploi de cenbsp;moyen, il reste encore un peu de parallaxe; il faut alors senbsp;servir de la crémaillère en élevant peu a peu Ie prisme; parnbsp;ce moyen on pourra obtenir laplus grande exactitudé de rapport entre Fimage et la pointe du crayon;

Si l’objet a copier et Ie papier se trouvent a égale distance du prisme, Ie verre convexe devient non seulement inutile,nbsp;mais nuisible.

Quant a la repartition de la luinière, l’objet peut être trop éclairé ou trop obscur, coinparaüvement a l’éclairage du papier sur lequel on veut dessiner; dans Ie premier cas, on ne

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voit plus la main iii Ie crayon, ou on les apercoit trés pen; dans la seconde hypothèse, c’est Tiinage de l’objet qui dispa-rait OU qui se montre trop faiblement.

Ce n’est done que dans Ie cas oü la lumière est également réparlie que l’on peut employer l’appareil avec Ie plus d’a-rantage et de facilité.

La meilleure méthode pour régler la lumière est la sui-vante:

Si l’objet est tellement éclatant qu’il ne laisse pas voir Ie crayon [ce qui arrive fréquemment quand on copie des paysa-ges vus d’uue fenêtre), on doit rapproclier la table de cettenbsp;fenêtre jusqu’^ ce que Ie papier re?oive assez de lumièrenbsp;pour que l’on apercoive distinctenient Ie crayon , sansnbsp;néanmoins que cela affaiblisse trop Timage. Si cette précau-üon ne suffit pas, il faut éleyer 1’un des verres colorés et Ienbsp;placer verticalement devant Ie prisme pour diminuer l’éclatnbsp;des objets.

II peut néanmoins arriver que, inalgré ces précautions, on ne parvienne pas h voir également bien dans tous les points,nbsp;l’imageetle crayon, paree que les diverses parties d’uu mêmenbsp;objet peuvent être, les unes plus, les autres moins éclairées,nbsp;OU offrir une couleur différente. Dans ce cas il est nécessaire,nbsp;avant tout, de placer la table dans une position telle, que lanbsp;clarté du papier égale celle des parties les plus brillantes denbsp;Tobjet. Quand ces parties sont dessinées, et, sans rien changer k l’appareil, Ie dessinateur peut, h l’aide de la main gauche, projeter, degré par degré, de l’ombre sur les partiesnbsp;du papier qui répondent aux parties les plus obscures del’ob-jet, et régler ainsi k volonté la lumière, de manière que dansnbsp;tous les points on apercoive également bien Ie crayon et l’i-mage.

Ce moyen de projeter de l’ombre sur Ie papier avec la main gauche, devient encore nécessaire lorsqu’on veut co-

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pier (les objets renfermés dans une chambre. On doit d’a-bord les exposer la plus grande lumière directe que puisse donner Ia fenêtre; puls on se place avec Ia machine de raa-nière h pouvoir, comme nous l’avons dit, öter ou donner denbsp;la lumière au papier, selon les circonstances.

On évitera I’emploi de ce procédé, pour donner de I’om-bre au papier, en se servant d’un papier noir, et en dessinant dessus avec du crayon blanc. On pourrait encore placer, surnbsp;Ie papier noir, du papier végétal h travers lequel on verraitnbsp;Ie premier, etse servird’un crayon de mine de plomb; denbsp;cette manière l’image de l’objet est parfaitement éclairée, etnbsp;les commen^ans réussissent plus facilement h en suivre lesnbsp;contours. On peut employer un papier noirci d’un cóté h lanbsp;manière ordinaire, et frotté de l’autre avec du carbure denbsp;fer OU mine de plomb en poudre. Ge papier ainsi préparé etnbsp;placé sur un papier blanc présente de grands avantages, car,nbsp;en suivant les traces de l’iinage avec une pointe mousse ennbsp;ivoire ou en ader, Ie carbure de fer décalque nettementnbsp;toutes ces traces sur Ie papier blanc.

Des verres colorés, adaptés h nos chambres claires, permettent de modifier h volonté la lumière venant denbsp;l’objet, et de voir avec la même netteté l’image et lanbsp;pointe du crayon qui doit en tracer les contours. Ainsi,nbsp;lorsque l’appareil est disposé de manière ii faire voir, surnbsp;Ie papier, l’image de l’objet, si cette image est trop brillantenbsp;et fait presque entièrementdisparaitre Ie crayon,il est nécessaire de placer, devantle prisme. un verre plus ou moins co-loré qui atténue la trop vive lumière del’objet etlaisse voirnbsp;distinctement Ie crayon.

II est quelquefois nécessaire, pour unmême dessin,d’em-ployer alternativement soit les verres colorés du cöté del’ob-jet, soit I’ombre projetée i l’aide de la main sur Ie papier, paree que tous les points d’un même objet n’étant pas égale-

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inent éclairés , cette manoeuvre devient nécessaire pour inettre constamment, dans Ie inême rapport, l’éclairage denbsp;Fobjet et celui du papier.

L’usage des verres colorésestsurtout indispensable avecla chambre claire d’Amici. Avec celle de Wollaston, Ie dépla-cement de la pupille au-dessus de Farête du prisrae, suffitnbsp;dans Ie plus grand nombre de cas.

Le dessinateur qui, une seule fois, se sera rendu compte par expérience de 1’effet des verres colorés, sera, dans toutesnbsp;les circonstances possibles, en état de disposer ces verres denbsp;manière A en tirer tous les avantages qu’on peut désirer, etnbsp;dessinera, avec autant de facilité sur le papier blanc que surnbsp;le papier noir dont nous avons parlé plushaut.

Nous ferons encore remarquer que la lentille convexe est presque toujours nécessaire, paree qu’elle a la propriété denbsp;détruire la parallaxe qui produit un changement de positionnbsp;réciproque entre la pointe du crayon etl’image, quand Fobjetnbsp;se trouve plus éloigné de la machine que Fappareil ne Festnbsp;du papier.

Un temps obscur, et par conséquent les approches de la nuit, ne sont point favorables pour dessiner les objetsplacésnbsp;dans une chambre peu éclairée.

Le contraste modéré des couleurs facilité le tracé des contours; c’est ainsi qu’on dessinera mieux les cheveux et les habits d’une personae, si Fon place un écran blanc derrière elle.

Si Fon veut faire le portrait de quelqu’un, il est bon que Foeil du dessinateur, et par conséquent Fappareil lui-même,nbsp;se trouvent ii peu prés A la hauteur des yeux du modèle A lanbsp;tête duquel on doit donner un point d’appui, paree que le plusnbsp;léger mouvement détruirait la ressemblance.

Les myopes et les presbytes peuvent faire usage des besides dont ils se servent habituellement, s’ils ne voient pas assez distincteraent dans la chambre claire.

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Si Ton avail i retracer un ample contour, ou ii éxécuter la copie d’un dessin tellenient rapproché de la machine qu’onnbsp;ne püt le faire entrer tout entier dans le champ de la vision,nbsp;on opérerait trés commodément en trawant sur le papier etnbsp;sur le modèle des compartimens réticulaires semblables, denbsp;manière que l’instrument embrassdt k la fois toute l’étenduenbsp;d’un carré du modèle et du carré correspondant sur lenbsp;papier; de sorte que dessinant successivement ce qui se pré-senterait dans chaque carré , on obtiendrait ainsi un dessinnbsp;d’une étendue considérable.

Si l’on voulait dessiner sur du papier ou sur une toile une figure entière en relief, comme une personne, une statue,nbsp;etc., et la copier d’une grandeur h ne pouvoir être vuetoutnbsp;entière dans l’appareil, on éloignerait d’abord le modèle denbsp;celui-ci jusqu’h ce que l’image füt entièrement comprise dansnbsp;le champ de l’instrument: alors on dessinerait cette image,nbsp;qui serail plus petite que celle qu’on désirerait avoir; puis onnbsp;tracerait sur cette première copie et sur le papier oü l’onnbsp;voudrait exécuter le grand dessin, des carrés semblables hnbsp;ceux dont nous avons parlé plus baut, et, se servant de cettenbsp;copie comme d’un original, on obtiendrait ainsi un dessinnbsp;aussi grand qu’on pourrait le désirer.

11 n’est pas inutile de faire remarquer que les carrés cor-respondans de l’original et du papier, quoiqu’étant des figures semblables , ne coïncideraient pas dans l’appareil, si le plan de l’original ne faisait pas un angle droit avec celui de lanbsp;copie, et si le rayon perpendiculaire au plan de l’objet n’é-tait projeté perpendiculairement h la surface du papier.

Cette condition est remplie lorsque l’original est dans une position bien verticale, que le papier est placé bieu horizon-talement, et quand l’axe du prisme est h la fois parallèle aunbsp;plan vertical et au plan horizontal. 11 est bon de disposernbsp;constamment l’appareil de manière k ce que l’objet et le pa-

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pier soient dans les conditions dont nous venons de parler ^ même lorsqu’on n’emploie pas Ie procédé des carrés corres-pondans, afin de ne pas altérer, dans la copie, la ressem-blance qu’elle doit avoir avec roriginal.

Lorsqu’on dessine des objets de grand es dimensions, on peuts’éviter la peine de tracer des compartimens sur l’objetnbsp;et sur Ie papier, en allongeant Ie soutien de l’appareil au lieunbsp;d’éloigner celui-ci de l’objet, et en dessinant ensuite avec unnbsp;porte-crayon d’une longueur suflisante, ou avec un morceaunbsp;de fusin attaché Èi une baguette assez longue, si la distancenbsp;de l’appareil au papier est trop considérable.

Lorsque les circonstances Ie permettent, on peut élever OU abaisser l’objet, ou bien Ie faire mouvoir i droite ounbsp;gauche, afin que son image se trouve également distribuéenbsp;autour de la ligne qui, de l’oeil, tombe perpendiculaireraentnbsp;sur Ie papier.

II faut, lorsqu’on dessine, prendre garde que les cheveux, Ie bord du chapeau, ou tout autre objet, n’interceptent lesnbsp;rayons qui viennent peindre dans l’appareil l’image de l’ob-jet. Souvent on s’étonne de ne point voir ou de voir trés mal,nbsp;et l’on ne s’aperQoit pas qu’il se trouve devant l’instrumentnbsp;nn écran opaque.

La chambre claire peut se disposer trés avantageusement de la manière suivante, dans tous les cas oü la main du des-sinateur re(:oit une trop grande quantité de lumière. On faitnbsp;tourner Ie prisme autour de sou axe pour Ie diriger, nonnbsp;plus vers l’objet, mais vers Ie papier, flg. 6. Alors, Ie dessi-nateur regardant horizontalement h travers l’ouverture dunbsp;prisme qui est tournée vers lui, voit directement les objets h copier; et, s’il fait en même temps courir son crayonnbsp;sur Ie papier placé sur la table, il aper^oit la pointe de cenbsp;crayon qui lui paralt se mouvoir sur les diverses parties denbsp;l’objet, comme si elle y était transportée. Par ce moyen, il

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en pourra desslner les contours en sulvant la trace de 1’original avec l’image réfléchie du crayon.

Comme dans les autres dispositions de l’appareil, si la pointe du crayon ne paralt pas coïncider avec Ie même pointnbsp;de l’objet quand on donne i l’oeil diverses positions surnbsp;l’ouverture du prisnie, il est nécessaire d’approcher ou d’é-loigner l’instruinent de la table, comme nous l’avons déjiinbsp;expliqué.

Nous devons faire observer ici que, si l’on adopte la première méthode, celle de regarder de haut en bas, l’objetdoit être placé de manière è se trouver plus éclairé que Ie papiernbsp;sur lequel on veut copier, et cela paree qu’on ne l’apercoitnbsp;qu’au moyen de deux réfiexions qui lui font perdre l’excèsnbsp;de lumière qu’il a relativement au papier.

Au contraire, si l’on emploiela seconde méthode, qui con-siste h regarder l’objet directement et horizontalement, ce-lui-oi doit être exposé h une lumière moindre que celle du papier qui, étant vu alors au moyen des deux réflexionspro-duites par Ie prisme, perd un peu de la surabondance de lumière qu’il a sur l’objet.

La chambre claire, qui est trés utile aux personnes qui ne connaissent pas Ie dessin,n’estpas moinsavantageusea cellesnbsp;qui ont de l’habileté dans eet art, puisque Ie dessinateur ounbsp;Ie peintre, après avoir pris Ie contour des objets au moyennbsp;de l’appareil, et appliqué ensuite, sans aucun intermédiaire,nbsp;les ombres ou les teintes qu’il croitconvenables,peut comparer son travail avec l’image naturelle en placant l’un a cóténbsp;de l’autre, et apprécier ainsi avec une extréme facilité ce quinbsp;manque a son ouvrage pour qu’il représente véritablementnbsp;l’original.

Le commencant, en exécutantde simples esquisseset en les comparant ensuite attenüvement avec les contours des images produites par l’appareil, pourra acquérir cette justesse

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de coup-d’oeil qui est si nécessaire l’exacte distribution des diverses parties d’un dessin.

L’artiste habile s’épargnera beaucoup de temps en déter-minant avec eet instrument les principaux contours d’un dessin compliqué qu’il voudrait exécuter d’après nature, oucopier sur un tableau déjci exécuté.

Le docteur B. Bate a publié une instruction sur la chambre claire de Wollaston et sur la manière de s’en servir, quenbsp;l’on pourra consulter (i3.U^\amp;Nicholson’sJoarnal^octobre 1809.nbsp;Nous allons en donner quelques extraits :

«.... L’appareil demeurant stationnaire, on pourra remar-quer qu’en portant I’ceil un peu plus en avant du cóté du prisme, et en regardant en dedans du cóté opposé, 1’imagenbsp;continuera de se projeter plus avant vers le dessinateur; onnbsp;obtiendra son prolongement dans le sens opposé en portantnbsp;I’oeil plus en arrière, et l’on réunira ainsi successivement, surnbsp;le papier, l’image réfléchie et distinctede touslesobjetscom-pris dans un angle de 45 degrés de haut en bas. »

Enfin, en portant également I’oeil dans une direction perpendiculaire 4 la première, c’est-4-dire 4 droite et4gauche, on pourra obtenir un champ horizontal d’environ 80 degrés,

étendue bien suffisante dans tous les cas........................»

«Cet instrument est surtout précieux pour un jeune artiste qui sait 1’employer avec intelligence. »

« Par exemple , il esquissera un ou deux des objets situés vers le milieu du champ qu’il veut dessiner. II regardera en-suite ce même champ en se servant de la face supérieure dunbsp;prisme, comme moyen de direction précis vers l’objetde l’ob-servation. Alors il pourra exercer son ceil et son jugementnbsp;A déterminer par son esquisse deji tracée, les grandeurs etnbsp;les distances relatives des objets qui restent a dessiner dansnbsp;le champ du paysage. II comparera ensuite la place qu’il leurnbsp;aura assignée dans son dessin, avec celle que Ie prisme don-

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nera lui-même leurs images; et ces corrections attentive-ment observées, peuvent 1’aider beaucoup ii acquérir une

grande justesse de coup-d’oeii.....» « L’artiste consommé

pourra aussi gagner beaucoup de temps, surtout lorsqu’il aura une grande complication d’objets ^ dessiner, en em-ployant eet appareil pour determiner les positions relativesnbsp;de tons les points de son tableau qu’il considèrera commenbsp;importans; car on sait que c’est encore une des propriétésnbsp;caractéristiques de eet instrument, de placer toutes les projections qu’on peut en obtenir dans la perspective la plus ri-goureuse......»

Les personnes curieuses de connaltre tout ce qui a été pu-blié sur eet admirable instrument, liront avec plaisir l’inté-ressant mémoire de M. Ie professeur Amici de Modène, in-séré dans les Annales de physique, t. XXII, p. 137. On y trouvera la description de différentes chambres claires ima-ginées par ce savant professeur. Le cadre de cette notice nenbsp;nous permet pas de reproduire ce travail. Quant A la lettrenbsp;du capitaine Basil Hall, nous la donnerons en entier A la fmnbsp;de cette instruction; nous conseiilons aux amateurs de la lirenbsp;attentivement.

Dans la première édition d’une notice sur la chambre claire publiée par nous, aumois de mai 1829, nous avons donné lanbsp;description d’une autre espèce de chambre claire trés facilenbsp;A construire.Nousl’avions même fait représenter fig. 26, pi. 3.

Cette forme particulière peut intéresser les amateurs, par la facilité de sa construction; aussi nous reproduisons le dessin de notre première planclie, quoique eet instrument nousnbsp;paraisse défectueux sous plusieurs rapports.

II est composé d’un petit miroir métaliique ou de verre, A B, fig. 7 ,incliné sur une glace transparente A surfaces pa-rallèles A C.

Les rayons émanés d’un objet R, arrivant au miroir B A,

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sont réfléchis en T, sulvant la direction ï D, et sont réfléchis de nouveau par Ia première surface de la glace transparentenbsp;qui les renvoie en O i l’oeil de l’observateur. La transparencenbsp;de la glace A C, permet i roeil de distinguer i la fois cettenbsp;image et la pointe du crayon placée en S.

II est facile de comprendre foute l’importance de la cham-bre claire. Néanmoins, il faut Ie dire, eet instrument ne fut pas apprécié ^ sa juste valeur, même par son célèbre inventeur.nbsp;On a reconnu que non seulement la camera était destinée bnbsp;reproduire immédiatement les objets qui nous environnent,nbsp;mais encore qu’eile pouvait servir ^ dessiner les objets vus aunbsp;moyen d’une lunette ou d’un microscope. Wollaston, Bate etnbsp;Amici donnèrent ci ce sujet des régies générales, sans avoirnbsp;approfondi la question.

Dans son mémoire, Wollaston nous dit: « En placant la «lentille convexe sur Ie devant de l’appareil, et en renver-»sant les distances proportionnelles (c’est-i-dire en placantnbsp;«Foriginal k une distance moindre que celle qui existe entrenbsp;«roeil et Ie papier), 1’artiste pourrait dessiner correctementnbsp;»de petlts dessins sur une plus grande échelle, et Ie natura-»liste, en se servant d’une lentille dontle foyer seraittrèsnbsp;«court, pourrait copier de trés petits objets, dontles imagesnbsp;«seraient alors considérablement amplifiées. »

Evidemment voili Ie germe d’une des plus belles applications de la chambre claire.

Le docteur Bate, guidé par les aperous de Wollaston, écrivait: a Je crois essentiel d’ajouter qu’on peut aussi em-«ployer dans ce cas un microscope composé;quot;mais qu’il estnbsp;»plus commode de s’en servir en laissant au prisme sa positionnbsp;«horizontale, et en placant le microscope aussi horizontale-»ment en face du prisme contre lequel on applique l’oculairenbsp;«de ce même microscope. On peut disposer de la même ma-«nière un télescopc ou une lunette ordinaire, en appliquant

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«son oculaire centre la face antérieure du prisme. On obtient »ainsi sur son papier I’image d’un objet distant, et on pentnbsp;»en tracer les contours d’une manière également nouvelle,nbsp;” agréable et correcte. »

Pour coinprendre l’indication de M. Amici, il est nécessaire de donner en entier Ie passage de son mémoire oü il décrit une quatrième espèce de camera lucida (1).

x Par la combinaison d’un prisnie de verre et d’un miroir gt;gt; de métal, j’obtiens une quatrième espèce de camera lucida.nbsp;« Voici sur quels principes elle est construite : A B G, fig. 8 ,nbsp;»représente un prisme isocèle de verre, rectangle en B; lanbsp;«face B C est parallèle au miroir métallique M N, et en estnbsp;gt;gt; un peu éloignée; une fente de moindre largeur que Ie dia-» mètre ordinaire de la pupille, règne au milieu de ce miroir,nbsp;»suivant la direction longitudinale M N; alors les rayons denbsp;»l’objet éloigné Q entrent en quelque point de la surface A B,nbsp;»se réfléchissent snr A C, sortent par B C, et vont rencontrernbsp;»la surface polie du miroir, qui les renvoie de bas en haut.nbsp;•gt; L’oïil situé vers P, voit l’objet éloigné projeté en X sur Ienbsp;» papier, pendant qu’è travers la fente du miroir il apereoitnbsp;»en même temps la main qui dolt dessiner.

»On remarquera, continue M. Amici, que les défauts re-«prochés è la construction du docteur Wollaston, sont un xpeu diminués. Supposons en effet que R S, fig. 9, repré-ssente la pupille placée sur la fente X Y du miroir métal-•lique; il est clair que l’oeil pourra faire de petits mouvemensnbsp;»vers la droite ou vers la gauche, sans que cela amène denbsp;• changemens sensibles, ni dans la clarté de l’objet, ni dansnbsp;»celle du papier. Quant aux mouvemens dans Ie sens X Y,

(1) Tous les mémoires que nous avons cités dans cette instruction sont consignés dans notre notice . publiée en 1829; et dans Ia deuiièmenbsp;edition 1833.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;C. C.


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»ils n’occasionnent absolunieiit aucune variation. Au reste, *cette construction remédierait A peine aux défauts des ca-

• nbsp;nbsp;nbsp;inera ordinaires, qu’il faudrait encore l’adopter, tant A

• nbsp;nbsp;nbsp;cause du grand champ qu’elle perinet de découvrir, qu’A

• nbsp;nbsp;nbsp;raison de l’usage qu’on peuten faire comme micrometre,nbsp;»en l’appliquant aux microscopes et aux télescopes, ainsi quenbsp;»je me propose de Ie faire voir dans une autre occasion. •

Plus tard, je fis des experiences nombreuses sur les applications de cette merveilleuse machine, et, A l’aide de mes microscopes, je m’assurai que la chambre claire peut servir:

1” A dessiner parfaitement les objets vus par Ie microscope. Dans ce cas on peut s'en servir pour mesurer les angles des cristaux microscopiques d l’aide (Tun simple rapporteur-2“ A mesurer Ie grossissement du microscope.

Squot; A reconnaitre rigoureusement Ie diamètre des objets soumis a l’instrument, et cela, k un 4000** ou 5000® demil-limètre prés, etc.

Ce dernier emploi de la chambre claire appliquée au microscope est d’une utilité incontestable pour apprécier Ie diamètre des fils de soie, de coton, de laine, de lin; la gros-seur des fils métalliques trés déliés, l’ouverture des tubes ex-cessivement capillaires, etc, etc.

Dans ces derniers temps, j’ai soumis k la société d’encou-ragement de nouvelles vues sur les propriétés de la chambre claire; j’ai démontré, premièrement, qu’une chambre clairenbsp;appliquée k une longue-vue ou télescope donne:

1” La mesure exacte du grossissement de l’instrument.

2° La distance d’un objet connaissant son diamètre et réci-proquement.

3” Toutes les dimensions des objets placés sur Ie même plan et k la même distance qu’un objet éloigné dont on saitnbsp;préalablement les dimensions.

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li‘ La facilité de dessiner les contours et les plus petils détails d’un objet éloigné ou inaccessible.

Secondement. J’ai présenté une nouvelie chambre clalre double OU jumelle qui donne plus de champ de vue que lesnbsp;anciennes, mais qui me parait surtout fort importante en cenbsp;qifelle fournira aux physicietis, aux médecins et aux opticiens un moyen d’étudier, d’une manière pratique et sure,nbsp;les divers phénomènes de la vision, soit naturelle, soit aidéenbsp;par Tart, relativement l’emploi séparé ou simultané desnbsp;deux yeux.

Troisiemement. Enfin, une chambre clairecurieuse par la petitesse de ses dimensions et qui permet aux artistes d’em-porter cette utile machine en toute occasion avec autaot denbsp;facilité qu’un compas (1).

Pour mesurer rigoureusement ie grossissement d’une lunette OU d’un télescope quelconque,

II suffira de placer une régie divisée a une certaine distance de la lunette , d’appliquer la face antérieure de la chambrenbsp;claire sur i’oculaire et de dessiner une des divisions de cettenbsp;régie sur un papier placé préalablement sur une table, puisnbsp;ensuite de faire glisser latéraiement la chambre claire, et hnbsp;l’aide de eet instrument seul, de tracer sur te inême papiernbsp;les extrémités de la régie. Ceci étant elfectué, il est évident que Ie grossissement exact de la lunette sera indiquénbsp;par Ie rapport qui existera entre Ie tracé d’une division vuenbsp;au moyen de 1’appareil amplifiant et celui de la mire ounbsp;régie vue k l’aide de la chambre claire seule.

Pour mesurer la distance des objets avec une lunette armée d’une chambre claire,

II faut fixer h cette lunette une régie ou tringle tenant soli-dement h 30 ou 50 centimétres ou plus de distance, au-dessous de Pociilaire une petite tablette ou support fixe; puis

^1) Voir Ia lellre de M Itasil Hall.

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— SA —

avoir une mire ou régie de deux mètres ou plus de longueur.

L’appareil étant disposé de la sorte, il sera nécessaire d’é-talonner une fois pour toutes la lunette et de la graduer sui-vant la vue de l’observateur. Pour cela , on mesurera li la régie OU ii la chalne, mais avec soin, une base de 50, 100,nbsp;200,400 mètres ou plus; ensuite, on portera la lunette k 100nbsp;mètres, par exemple, de la mire déjci indiquée, et, sur lanbsp;tablette, on tracera, ii l’aide de la lunette armée de la cham-bre claire, 1’espace compris entre les extrémités de laditenbsp;mire ; puls on répétera la même opération k 200,300 et 400nbsp;mètres et plus, si on Ie juge convenable; on établira ainsinbsp;une échelle sur la petite tablette. Ce travail une fois fait, ilnbsp;suffira de regarder 4 l’aide de la lunette une mire ou un ob-jet dont une dimension serait connue, pour en conclure denbsp;suite sa distance d’après l’espace que la mire comprendra surnbsp;la petite tablette öü l’échelle a été préalablement tracée.

II est clair que l’inverse aura lieu et que par conséquent il sera facile de juger de la grandeur d’un objet, connaissantnbsp;sa distance. On pourra done, de la manière la plus facile,nbsp;obtenir par ce nouveau procédé tous les avantages des lunettes micrométriques.

II est naturel de penser que toutes les parties d’un objet, placé 4 distance et sur un même plan, pourront être exacte-ment comparées. Quelles applications ne peut-on pas faire denbsp;ce moyen ?

Puisque la lunette grossitles objets éloignés, ils se trouvent ainsi dans les conditions de ceux qui sont rapprochés; rien,nbsp;par conséquent, n’empêche d’en dessiner exactement tous lesnbsp;détails.

II y a sans doute encore beaucoup 4 obtenir des pro-priétés de la chambre claire associée aux Instrumens d’op-tique; je m’occupe sérieusement de cette question, et puis promettre quelque chose de nouveau en ce genre.

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M. Ie capitaine Rlchoux, ancien professeur de topographic h Saint-Cyr, s entretenant avec moi de mes nouvelles applications, coHQut la possibllité de mesurer les distances d l’aidenbsp;de la camera scale. Rentré chez lui, il lit des expériences quinbsp;réussirentparfaitement,et quesans doute il fera connaitre aunbsp;public.

Je crois devoir donner ici la description succincted’un nou-vel instrument destiné aux peintres et aux naturalistes.

Souvent on veut reproduire, soit avec la camera seule, soit avec cette dernière et une loupe, des objets contenus dansnbsp;un vase, ou des pièces anatomiques placées sur une table etnbsp;plus ou moins éloignées de l’observateur, vu la nécessité oünbsp;il se trouve d’avoir devant lui Ie papier sur lequel il dessine.

Avec la camera ordinaire seule il était impossible d’y par-venir. J’avais déjh construit plusieurs appareils qui remplis-saient plus ou moins bien Ie but que l’on se proposait, lors-que je congus l’idée de ce dernier instrument :

BP, PC. sontdeuxprismes triangulairesde grandeursdiffé-

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rentes, disposés de la manière indiquée dans la ligure, au moyen d’une monture mobile fort simple. A B C D indl-quent la marche des rayons qui viennent se rendre A l’oeilnbsp;en D.

On peut, li volonté, placer des lentilles de divers foyers, soit au-dessus du prisme PC, soit au-dessous du prisme BP,nbsp;OU bien même dans ces deux points, et i’on obtiendra des amplifications de deux k dix fois et pius, avec un vaste champnbsp;visuel.

S’agit-il de copier un plafond, circonstance qui peut se présenter souvent dans les musées, il suffit de changer la situation respective des prism es, ce qui se fait avec la plusnbsp;grande facilité au moyen de la monture mobile. Dans ce cas ,nbsp;les deux prismes auront la même position quant aux surfacesnbsp;réfléchissantes, et Ie prisme BP transmettra 1’image du plafond en même temps que la pupille partagée par Ie bord dunbsp;prisme P C, laissera voir Ie papier et Ie crayon.

II suffit de comprendre la première description pour con-cevoir de suite la théorie de cette dernière camera.

J’ose espérer que eet appareil méritera les suffrages des hommes spéciaux, surtout lorsqu’ils seront h même d’en fairenbsp;1’application dans un grand nombre de circonstances oü ilsnbsp;se trouvaient embarrassés, et, par suite, retardés dans leursnbsp;travaux.

Jetermineraipar la description succincte de quelques cham-bres Claires dont les deux premières sont trés intéressantes sous Ie rapport de leur application au microscope.

Soemmering a fait construire une pfetite camera; elle s’applique a l’oculaire du microscope au moyen d'un anneau. C’est tout siraplement un petit miroir d’acier d’un diamètrenbsp;moindre que celui de la pupille. Les objets placés sur Ienbsp;porte-objet du microscope, sont réfléchis par ce miroir ennbsp;sortant del’oculaire. En regardant verticalement, on aper-

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?oit rimage au moyen du mirolr, dont la trés petite dimension permet a l’oeil de recevoir les rayons qui partent ,du crayonnbsp;et de reproduire cette image sur Ie papier.

On trouve, dans un Mémoire de M. Amicl, la description d’une chamhre claire horizonto-verticale de son invention , destinée li reproduire, avec la plus grande facilité, les objets vus au microscope. La combinaison d’un miroirmétal-lique percé et d’un prisme rectangulaire, constitue cette machine fort ingénieuse et de l’usage Ie plus commode.

Au surplus, M. Amici a fait construire un grand nombre de chambres claires. La première, qu’il regarde commesupérieure A la camera de 'NVollaston, est représentée fig. 10.nbsp;Si on compare ce nouvél appareil A la construction de Wollaston , fig. 1quot;, on trouvera beaucoup de ressemblance;nbsp;c’est ce qui fait dire A M. Amici: « Je ne dois point tairenbsp;nque Ie célèbre docteur Wollaston avait déjAconcule projetnbsp;» de combiner un verre plan avec un miroir étamé sous l’in-ncliuaison de 135 degrés, et que cela même fut Ie principenbsp;»qui Ie conduisit plus tard A la découverte du prisme, au-»quel il donna la préférence. Cette idéé 'est en effet consi-»gnée dans son Mémoire, mais jel’ignorais entièrement quandnbsp;»je fis mes premières tentatives. »

M. Amici a changé Ie réflecteur qui, étant en uiétal, évite la double réflexion de la glace étamée. La figure 11 est lanbsp;representation de eet appareil monté.

Ayant observé que dans eet instrument il y avait une double réflexion produite par les deux faces du verre plan, M. Amici propose de dépolir une portion de ce verre. Dunbsp;reste, voici comment il signale eet iuconvénient et Ie moyennbsp;d’y rémédier:

« Supposöus que A iB, fig. 10 éis, représente Ie faisceau de lumière partant de 1’objet éloigné qui, après avoir rencon-

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tré Ie miroir métallique en B, vient frapper Ie verre plan au point C, IJi une portion du faisceau se réflécliit suivant Cnbsp;G, tandis qu’une autre partie , réfractée en C D, éprouve iinbsp;son tour une réflexion sur la seconde face, et sort dans la direction F E, quine formerait aucun angle avec C G, dans lanbsp;supposition d’un exact parallélisme entre les deux surfacesnbsp;du verre. Alors, aussi, les images de l’objetéloigné, produitesnbsp;par les deux réflexions, coïncideraient parfaitement; mais sinbsp;l’on ne veut pas admettre la supposition d’un exact parallélisme entre les deux faces du cristal, il n’en demeurera pasnbsp;moins évident que Ie faisceau F H, se trouvant assez distantnbsp;de C G, tl cause de l’épaisseur du verre, onsera Ie maitredenbsp;se débarrasser enüèrement des fócheux effets qu’il póurraitnbsp;produire, en dépolissant la portion D M qui ne sert k rlen. »

Ensuite, Ie célèbre professeur de Modène imagina une seconde disposition, fig. 12. G E D est Ie miroir métallique in-cliné sur Ie verre plan, sous un angle de 45 degrés; Ie verre transparent A B G D se tourne du cöté de l’objet. En exécu-tant eet appareil, M. Amicl avait pour but d’agrandir Ienbsp;champ de vision de haut en bas. II convient, du reste, quenbsp;les rayons doivent éprouver quelqu’affaiblissement, obligésnbsp;qu’ils sont de traverser Ie verre A B C D avant d’arriver aunbsp;miroir métallique, et que Ie verre plan produira deux réflexions.

La troisième espèce de camera du professeur ne diffère de la précédente qu’en ce que Ie verre plan est remplacé parnbsp;un petit miroir métallique de figure elliptique, plus petit quenbsp;la pupille et supporté par un fll d’aeier qui l’isole. Moyennantnbsp;cette construction, les rayons partant de l’objet arrivent li-brement au grand miroir d’oü ik sont réfléchis sur Ie petitnbsp;En regardant verticalement ce dernier, l’anneau de la pupillenbsp;qui dépasse la circonférence du miroir, apertoit Ie crayonnbsp;et permet de reprodiiire Tiniage.

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Nous avons décritla quatrièïue espèce, flg. 8 et 9, en citant Ie passage de M. Amici, relatif aux microscopes.

Enfin, la cinquième forme, fig. 13, est constituée par un prisme de verre isocèle ABC dont la surface A B fait un angle de 135 degrés avec Ie verre plan M N. G N est une lamenbsp;de cuivre percée d’une fente par laquelle on doit regarder.

Ce dernier appareil est celui qui 1’a eraporté sur tous les autres du même auteur, et c’est ainsi que se construit au-jourd’hui la camera lucida de M. Ie professeur Amici.

Après les détails qui précédent sur les constructions diVer-ses et l’usage de la cliamLre claire, il n’est pas inutile d’a-jouter quelques mots sur l’emploi du mirolr noir.

On s’en sert avantageusement pour colorier les dessins dont Ie trait a été pris avec la chambre claire. On disposenbsp;pour cela Ie miroir de manière A ce qu'il réfléchisse les mêmesnbsp;images que celles qu’on a dessinées, et on peut les copiernbsp;alors avec la plus grande précision, puisqu’elles sont réduitesnbsp;et qu’elles conservent l’exactitude la plus rigoureuse, tant denbsp;formes que de coloris. L’emploi du verre noir est bien supérieur k celui des glacés blanches noircies; les images pro-duites sont beaucoup plus nettes et plus brillantes. Les effetsnbsp;de lumière y sont beaucoup plus sensibles, et Tensemble desnbsp;objets qui s’y trouvent naturellement encadrés est exaeteraentnbsp;celui que la peinture doit reproduire.

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LETTRE DU CAPITAIi^E BASIL HALL,

A M. CHARLES CHEVALIER,

INGENIEUR-OPTICIEN BREVETE ,

l'aris , cc 28 mats 1836.

«J’ai re?u, ily a peu de jours,mon cher Monsieur, la jolie petite camera lucida que vous avez eu la bonté de me per-mettre de regarder, et que j’ai examinée depuis. Elle me pa-ralt être tout aussi bonne ü être employée que celles d’une dimension plus grande, et je crois que vous avez rendu un service important aux artistes et aux amateurs, en rendant eetnbsp;utile instrument plus portatif et moins couteux, sans nuire anbsp;ses autres qualités. Vous me faites l’honneur de dire que monnbsp;autorité en faveur de la camera lucida peut être utile auxnbsp;arts et aux artistes, et que mes instructions pourl’usage qu’onnbsp;peut en faire, doivent diminuer les difficultés que lescom-mengans trouvent en se servant de eet instrument; j’auraiunnbsp;grand plaisir es vous communiquant les résultats demonex-périence, en dessinant par Ie moyen de la camera lucida.nbsp;J’observe, pourtant, que vous m’avez déja fait l’honneur denbsp;traduire et de faire imprimer la lettre que j’ai écrite d. M. Dol-lond de Londres, sur ce sujet, et quoique depuis cc temps

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j’aie fait un assez grand usage de la camera lucida, je n’ai que peu 4 ajouter h ce que vous avez publié.

» Je prends la liberté d’appeler Tattention des artistes de profession sur ie trés grand secours que donne ia cameranbsp;lucida pour copier les tableaux. La fidélité, la promptitudenbsp;et la facilité avec lesquelles, par Ie moyen de la camera, onnbsp;peut non-seulement esquisser, mais aussi ombrer les dessins,nbsp;sont vraiment étonnantes, et je crois qu’elle peut épargnernbsp;uil temps précieux h un artiste, et aussi de l’attention et denbsp;la peine.

» II arrive raremeiit qu’un artiste, en réduisant ou en co-piant un tableau, considère cette opération comme une chose d’art; ce qu’il désire avoir, c’est un contour exact, afin quenbsp;les masses de lumière, d’ombre et de couleur, aussi bien quenbsp;leurs formes, soient indiquées avec precision. Mais s’il doitnbsp;faire une telle esquisse sans l’aide d’un instrument, son attention est fatiguée par Ie degré de soin avec lequel une partienbsp;trés subordonnée, mais trés nécessaire du travail, doit êtrenbsp;faite; tandis que s’il se sert de la camera lucida, il fait sansnbsp;peine les contours les plus exacts en quelques minutes ,nbsp;et il peut ainsi réserver tout son génie et presque tout sonnbsp;temps pour I’ouvrage supérieur de I’application des cou-leurs.

» Pour les personnes qui veulent réduire des grands tableaux , la camera lucida est sans prix, et aussi pour ceux qui veulent avoir des représentations exactes d’ornemensnbsp;d’architecture, ou copier des gravures ou des inscriptions; ennbsp;un mot, après un peu d’exercice, on peut dessiner tout objetnbsp;immobile.

» Qu’il me soit encore permis de faire mention de son utl-lilé admirable pour dessiner des costumes, car la vitesse avec laquelle elle peut être employée est si grande, que de simples figures, même des groupes , peuvent être esquissés avant

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que les modèles vivans soient fatigués de la position dans la-quelle on les a placés.

DC’estde mème extrêmement utile pour les édifices et pour d’autres espèces de dessins compliqués qui demandent beau-coup de temps et de travail, quand on se sert des moyens or-dinaires.

»Je suis trés content que vous ayez adopté la construction de la camera lucida du docteur Wollaston, avec un seulnbsp;prisme 4 quatre cótés, qui est préférable, a mon avis, et 4nbsp;beaucoup d’égards, 4 celle de M. Amici, composée d’unnbsp;prisme A trois cótés et d’un verre plat.

s Avec la camera lucida de Wollaston, l’artiste peut varier sans l’aide de verres colorés et A chaque moment selon sanbsp;volonté , l’intensité de la clarté (si oa peut se servir de cettenbsp;expression ) du modèle qu’il a devant lui; et ceci, je vousnbsp;assure, est un trés grand avantage en copiant des tableaux.

» II me parait que eet important caractéristique de la camera lucida de Wollaston, est en grande partie gAténbsp;par l’usage du petit diaphragme mobile qui couvre Ie trounbsp;par lequel l’artiste regarde, et je vous conseille fortementdenbsp;Ie supprimer, car non-seulement il est incommode, rnaisnbsp;même il est nuisible. L’oeil de l’artiste doit être avancé plusnbsp;ou moins sur Ie prisme, selon que l’objet est obscur ou clair,nbsp;de quoi il est empêché quand il fait usage de la plaque ocu-laire mobile; car il arrive rarement que toutes les parties denbsp;l’objet soient également éclairées, et par cette raison on estnbsp;obligé de changer continuellement la position de l’ceil ennbsp;avant ou en arriére, ce que l’on ne peut faire suflisammentnbsp;quand on emploie un diaphragme oculaire.

» Je crois que vous devriez placer au moins une lenülle sous Ie prisme, comme vous Ie faites dans les grandes chambresnbsp;claires, afin de corriger la parallaxe qui a lieu par la diver-geuce des rayons en certaines circonstances. J’ai trouvé trés-

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utile d’avoir line grande variété de ces lentilles, pour pouvoir dans tous les cas, et quelle que soit la distance, détruire lenbsp;désagrément de ce mouvement parallactique. Je trouve ex-trêmement utile d’avoir un verre rapetissant propre 4 êtrenbsp;placé devant le prisme, non-seulement pour ceux qui ont lanbsp;vue courte, mais aussi, dans certaines circonstances, pournbsp;les presbytes. Je vous conseillerai aussi de faire I’instrumentnbsp;avec un double mouvement en bas, de manière k ce que lenbsp;prisme puisse être mis 4 l’instant perpendiculairement surnbsp;chaque partie du dessin; je sais par expérience que ce pointnbsp;est d’une grande utilité, et vaut bien plus que la différence dunbsp;prix que 1’addition coütera.

» Quand on copie des tableaux, on est obligé souvent de mettre le papier dans l’ombre pour rendre presqu’invisible lenbsp;crayon et le dessin, la position des tableaux dans quelquesnbsp;galeries étant telle, que si 1’artiste ne fait pas attention 4 cenbsp;point il manquera souvent son but; aussi j’ai trouvé très-utilenbsp;d’envelopper toute la machine dans un demi-cylindre de carton , de manière ii exclure presque toute la lumière du dessin que je faisais.

t Si l’on agit ainsi, le crayon est naturellement ii peine visible, et souvent le dessin ne Test pas du tout; le tableau, cependant, est vu trés clairement et les lignes en sont trésnbsp;distinctes. Dans ces cas oü on voit légèrement le crayon, onnbsp;peut cependant, avec une grande facilité, tracer les lignesnbsp;sur le papier, et, suivant ces directions, copier les tableauxnbsp;les plus obscurs et ceux qui sont placés dans une lumière peunbsp;favorable; tandis que, sans la précaution d’obscurcir le papier , il serait tout 4 fait impossible de réussir. D’après lesnbsp;mêmes principes, j’ai trouvé beaucoup mieux de ne mettrenbsp;que rarement un verre coloré entre le prisme et l’objet quinbsp;(loit être dessiné, car il m’a toujours été plus facile de régler

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rintensité de l’éclat du dessin, premièrement, en avangan OU retirantl’oeil; secondement, en diminuant ouaugmentantnbsp;la quantité de lumière sur Ie papier.

» On doit avoir grand soin, dans tous les cas, de placer la table tout 4 fait horizontalement et d’ajustef Ie prisme denbsp;manière que ses coins soient parallèles avec la surface de lanbsp;table et avec les cótés du papier; si on ne fait pas attentionnbsp;4 cela, quelque mauvaise représentation aura lieu.

»II est important de remarquer que la plupart des per-sonnes qui se servent de la camera lucida de Wollaston, trouvent toujours aa commencement de grandes difflcultés, etnbsp;comme l’emploi de la camera lucida d’Amici est trés facile,nbsp;elles abandonnent l’emploi d’un instrument d’une si grandenbsp;efficacité pour un autre qui, en comparaison, est trés limiténbsp;dans son utilité, surtout dans les endroits peu éclairés. Maisnbsp;un peu de persévérance assurera presqu’4 tout Ie mondenbsp;l’emploi de eet admirable instrument.

» Je recommande aussi 4 toutes les personnes de commen-cer en ouvrant les deux yeux, cequi empêche de les fatiguer, et, je Ie répète, de ne jafnais se servir du diaphragnie ocu-laire, car il est vraiment trés nuisible.

»Je ne crois pas avoir rien 4 ajouterquisoitde quelqu’uti-lité; et je serai trés heureux si mes remarques encouragent 4 employer eet instrument qui est d’une grande valeur dans lesnbsp;mains d’un amateur, et encore d’une plus grande dans cellesnbsp;d’un artiste; et j’ose ajouter , après une assez longue experience, — qu/aacun voyageur ne deorait se metlre en campagnenbsp;sans eet instrument. J’aurais beaucoup de satisfaction aussi denbsp;Ie voir introduit dans les écoles et pensions oii l’on enseignenbsp;Ie dessin; alors nous pourrions espérer de voir des representations tolérables de la nature, par de jeuncs dames et de


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jeunes messieurs, au lieu de ces horribles caricatures qui offensent si souvent notre goüt.

. »Recevez, je vous prie,

»Monsieur,

»Les assurances de ma haute considération, «BASIL HALL.

» Cnpifnine de vaisseau de la marine royale anglaisc.»


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TABLE DES MATIERES.

Supériorité de la camera lucida sur Ie diagraphe. Opinions de plu-

sieuis artistes et de MM. Arago et Gay-Lussac............... 4

Quelques passages d’unc lettre adressée par Ie capitaine Basil-Hail

a M. G. Dollond.......................................... 5-6

Quelques régies d’optique..................................... 7

Mémoire de Woilaston ; découverte de ia chambre claire......... 8

Première forme de l’instrument. Note sur les raisons qui ont porté J’auteur de cette notice a adopter la chambre claire de Wollaston

préférabiement a toute autre................................ 9

Suite du mémoire de Wollaston............................... 10

Deuxième forme de la chambre claire.......................... 11

Double vision, position de Toeil................................ 12

Usages de l’instrument et manière de l’employer................. 14

Comparaison de la chambre obscure avec la chambre claire; avan-

tages de cette dernière...................................... 16

Modifications apportées par l’auteur a \achambre claire deW ollaston. nbsp;nbsp;nbsp;17

Avantages de la construction actuelle.......................... 18

Manière de disposer l’appareil. Amplification ou diminution des

images.................................................... 19

Véritable position de la pupille................................ 20

Parallaxe. Verres convcies.................................... 21

Répartition de la lumière................. ^22

Papiers noircis pour faciliter Ie dessin, verres colorés............ 2:t

Procédés a employe r pour reprodui redes objets de grandesdimênsions. 25 Manière curieuse et commode de se servir de l’instrument....... nbsp;nbsp;nbsp;26

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Extraits de I’instruclion du docteur B. Bate sur la manière de sc

servir de la ehambre elaire de Wollaston..................... 28

Nouvelle forme de la ehambre elaire, mauvaise construction...... ' nbsp;nbsp;nbsp;29

Apercus de Wollaston , Bate et Amici, relativement a dc nouvelles

applications de la ehambre elaire............................ 30

Nouvelles applications par I’auteur.......... 32

Manière de mesurer exactement le grossissement d’une lunette ct la

distance des objets.............. 33

Nouvelle ehambre elaire inventée par I’auteur.................. 35

Description succincte de quelques chambres elaires.............. 36

ehambre elaire de Soemmering............................... Id.

Id. de M. Amici.................................. 37

Autres du méme auteur...................................... Id.

Du miroir noir............................................... 39

Lettre adressée par le capitaine Basil Hall a M. Charles Chevalier. 40

IMPKIMEBIE n’ÉD 1'UOtIX et (gt;. niiE !VEnv£-nES-»oxs-E?rF.lt;gt;'s. 3.

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