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SOVSPIRS

Francois,

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SVR LA PAIX

ITA LIENNE

louxte la Copie imprim�e a Anuers.

M. DG XLIX.

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SOVSPIRS FRANCOIS.

SVR LA PAIX ITALIENNE.

DChcf-d�oeuurc de lafchet�!

Eft-il poflible que la France c�t infame traitt�,nbsp;fihonteufemcnt Toffcnfe?nbsp;faui-il quele bruit qui court fi-toftfiloin,nbsp;qu�au Siecle ou nous fommesjnbsp;France ait produit des hommesnbsp;^^^iftres iufqu�a I�auoir delailT�e au befoin,

* eftre alTociez a des fourbes fupr�mcs,

vcndreleurPatrie, en fe vendans eux-mefraes� poltrons I coeurs abaftardis,nbsp;or, ou quel art, ou quels charmesnbsp;ont fi a coup eftourdis,nbsp;jj �Us oftant le fens amp; les armes?nbsp;q^MI lafcher le pied.fansaucun coupdc main,,nbsp;h *ans vne paix honorable ?

Ic moins il la faudroit ftable,

^ ^^�eftans mal traittez, le traitt� full: certain� ^^.^'^^raitter fans honneur ,ians gain, fans aflcuiancc,nbsp;frahir fans efprk, fans coeur ,fans conlciencc.nbsp;lafches Deputez,nbsp;braues

*^ot de folennitez , faire les efvlaues?nbsp;d�vn faquia que vous aiiicz jugcnbsp;perturbateur notoire;nbsp;manque de memoire

^11^^�^^ changez d�auis ? eft-ce qu�il a change ? ^l^'^fiours vn _pcrfide, amp;,ne fut iamais autre :

'' ^ cache fbn crime, cn failant voir le vollrc,

A ij

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On dit qu�il a tant d�pcnf�,

Q_u�il n�a qu�vn faax Loh�$ de reftc.

Comment? Teuft-oniamais penf�gt;

Veu fa Jcfine manifeftc?

Mais il eftoic perdu, s�il nc vous cuft gagnez.

II a bien fait d�cftre prodigue Pour roinpre vne fi forte brigue.

II fe vengc d�s-la,de vousqoil�elpargnez.

Et atteint doubicmcnt au but qu�il fe propofe:

Car il vous perd d�honncurjgaignant ainufacaufc.

Mais cc ne fera pas Ia tout,

II fait bien voir par Ia conduite,

Qiul pretend poufl'cr iufqu�au bout Cette vengeance qu�il medite,

II n�cipargncra pas ceux qui Tont efpargn�.

Paris refous-toy au pillage,

Aux feiix, aux viols, au carnage.

S�il fc peilt voir vn iour dedans ton fang baign�, lamais il ncs�eft pleu dans fapourpre Romaine,

Au poind que celle-la fatisfera fa haine.

Si tu en doute,ouure les yeux,

Vois*tuces Campagnes fumantes.

Et ces maffacres en tous fieux?

Entends-tu ces voix gemiffantes ?

i})

C�efl: d�vn tas d�innocens, qii�vnHcrodc nouueau Perfecute dans ta Prouince,

Par les mains cruelles dVn Prince,

D vn Prince qni veut bien luy feruirdebourreau!

O bourreau de Paris, falloit-il miferable Perdre tant d�innocens, pour fauuer vncoupablc?

C�euft efte peu des cruautcz,

On a veil iufques dans les Temples D'effroyablt s impictcz,

Qui iamais n�auoient cu d�exemples.

On y aveu loger les hommes amp; cheuaux.

Et au lieu d�Autcls, leur mangeoirc,�

Et au licu d�adions de gloirc, nbsp;nbsp;nbsp;' oa

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ilj n*r r nbsp;nbsp;nbsp;� *nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;---------g

On , nbsp;nbsp;nbsp;iatnais aii fond des Enfers inefmes

^es nbsp;nbsp;nbsp;CCS Monftrcs nouueaux�

^t(jp nbsp;nbsp;nbsp;dcschemlfcs,

^es (' � a leurs cheuaux, orncmens des Eglifes.

Vcer'l nbsp;nbsp;nbsp;Autels on aveu ces voleurs

Anjj. , filles amp; les femmes ,

^aijsj. ^'�^i^tcmens infames,

Pcfter Ie lieuj ny Dicu,ny les Pafteurs,

Pr*^a ^ s'oppofer a ces horribles crimes, p CS qu�ils eftoient ont cft� faits vidtimcs.nbsp;cft I !ou eft voftre cceurJnbsp;'c fcnt�Tient fidele,

^rnier voftre valeur ^ cruelle?

^ouffrirez-vous qu�vne bande de gueux '^oij|t^^^_que voftre Patricnbsp;Wj^^cux d�eftrc ainfi fleftric,

dans leur fang ces outrages liontcux? ^^�Vous aller tous ces hommes fans ame,

^ Voftre bien, amp; vouslailfant ce blafme^ ies intcreftshumains,

^''^^�vous que ces impies ,

^Ut h leurs prophancs mains tra'-^ ^lt;iorabIcs Hofties,

Peut-il qu�en ces cxc�s ^�Qnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;foient de lajpartie?

gt;*^on,cc ncfopt plus mpfois,

P^^^cfus-Chrift dans ce S. Sacrement plus deteftablenbsp;confeiller Ie Diable,nbsp;b ^iel gt; ^ deflus leur plusfalc excrement,nbsp;etifpj. 'pas-tu point cu de foudres pour ces crimes?nbsp;Mail pas dcu leur ouurir tes abyfincs?



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-S�ils font la guerre a leur Patrie.

Cc font tous Eftrangers, Conde,Harcour, Prafliu� Grancey, Perfan , Guichc amp; le rcflenbsp;De cette fadtion funefte:

Cc font tous les bourreaux du Tyran Mazarin ,

Qm Dieu mercy n�a pas pour fes delTeins aiiguftes Vn feulhommedc bien,quoy qu�il ait tous les ludcs.

Grande Reyne n�eftimez pas,

Qu^onfeme a faux ce bruit finiftre,

L�exaggerant pour mettre a bas Le credit de voftre Miniftre.

Pluft aDieuqu�i) full vray, nous ferions plus heurcuS; Et vous fericz moins accufable;

Mais vn tel mal heur nous accabic,

Q^e nous nepouuons plus,tant il eftdefaftreux!

Ny nous qui lefouifrons dire au poind qu�ilexcede, Ny vous quile caufez y donner de remede.

Quel remede a des mauxfi grands,

A rant de maifons defolees,

A tant d�outrages de brigans,

A tant de femmes violces,

A tantd�hommes meurtris, a tantd�Autels pollus,

A tant d�Eglifes propban�es,

Enfin,a tant dames damn�es,

Dans ces troubles fanglants que vous auez voulus ?

O que d�accufateurs! craignez 6 pauure Reyne,

Pour VOS Confcils d�enhaut vne Cour, Souucrainc.

C�cft celle oil I on ne pourra plus CalTcr les Chambres de luftic�,

Ny fauuer parvn peu d'Efleus,

Tous le'reprouucz du lupplice.

C�eft celle ou Mazarin, amp; tous fes Partifans Ne trouueront pasbien leur compte,

C�eft celle �u la peur amp; la honte nbsp;nbsp;nbsp;- .

Ferontvoir fur leiir front des traids d�agonizans, Quand Dieu viendra chercher dans leur fein par foW �

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de VorphcliOj amp; Ie pain de Ia vefuc. quot;

Qiii nbsp;nbsp;nbsp;certains Coibcaiix

SenU^ r

Poijj.. '* ^^ '-'Our tons ces maux, nbsp;nbsp;nbsp;,

S^�on les paye amp; les croye.

� ^onftres d�Eglife, Apoftres a^oftats, �'topL^^ ^�h Aireux j d^ menfonges ,

(^Uj nbsp;nbsp;nbsp;prefchcz vos fonge^.,

Slip nbsp;nbsp;nbsp;qu�onfe fauue enperdant les Eftats,

Maltoutiers, qui pour des Benefices, Q toiithaut les plus grands maleficcs.

1 ^^�^ogiens fans foy,

''^peurs du monde aifolsnt,

^iii j nbsp;nbsp;nbsp;fcruent bien Ie Roy,

pillcnt amp; qui Ie volent,

rcmpefchcr nous ferons fadlieux! canbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cette iulte defpenfe,

^ ^�ajc�c qu�on oflFenfe!

I^Opj^^^'t-onapres tout, oftcr encor lesyeux? ^^iJenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fort bien l�authorit� Royale

O.

Oh.^'^^�^Maaarin^Sc toute facabale.

, nous fominesbons Franpois,


iamais bien ny vie.


donnions mille fois


quot;Oys amp; noftre Fatrie.

^^and des tfirangers, des Tyrans fauoris.

I

r nbsp;nbsp;nbsp;noms auguftes

p nbsp;nbsp;nbsp;delTeins comme iuftes,

^ont auiour d�huy pour ruiner Paris.

^ nbsp;nbsp;nbsp;tefaiitmonftrer la ton courage,

p^^fite ton nom , amp;: Ie prend d�efclauage, faudroit prefcher ,

pas'^ ^^g�e de la corde, nbsp;nbsp;nbsp;,

^ nbsp;nbsp;nbsp;lt;}u�on vous accorde.

chiens muets nc ffachans aboyer

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Si cc� n�efl; apres les Abaycs Qwifc toiunent fouucnt en baycs,

H� ! que n�exhortc^^V�us la Reyne a larmoycr

Sur cct embrafement fi grand amp; fi a pla ndre, nbsp;nbsp;nbsp;. ^

Q^ie despleurs de mille ans ne pourroicnt pas

Pourquoy ne luy dices-vous pas,

Qu�eile eft deaanc Dieu rcfponfable De tons ces horribles d�galls,

Qj,ii font fon peuple mifcrahle?

Ge peuple qu'on a veu fi viuement percc Des douleurs de cctte PrinceflTe,

Fauc-il qu�elle mefme ropprefle,

Elle qui Ie pleuroit Ie voyant* oppreflf� i Son coeur n�a-il piti� qu�ayant de la mifcrc,

Et ne veuc. il du bien que quand iln�en peut faire ?

Mais vous Confcl�eurs de la Cour,

Comment liurcrcz vous a Pafques,

Commc fit ludas a ce iour,

lefiis a ces Demoniaques nbsp;nbsp;nbsp;'

Du party Mazarin, a ces Chefs de voleurs,

Sans reparer tant de pillages,

De vols, de viols, de carnages ?

C�cft vous qui perdez tout, myftiques rcceleursy Spauans pour excufer, ignorans poiif refoudre,

Lafchcs pour corriger,amp; hardis pour abfoudre.

La Paix eft Ie bien du commun,

Majs a moins que l�on reftitu�,

Ce qui appartient a chacun ,

Feignant de Ia faire, on Ia tuc.

France, prends garde-la j fi ta Paixn�acepoin�f, Croy-moy, ce n�eft point la la tiennc,

C�eft vne Paix Italiennc,

Qiii Paix en apparence, en effet nc Feft point,

La veritable Paix ennenne du vice,

Eft mere du bon-hcur, mais fille de luftice.