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L E

Mazarïn

Po R T A N T,

La hotte,

1'a nbsp;nbsp;nbsp;^ ^ ^ ’

V bon dos, ie porteray bien tout.

U. DC. XLIXJ

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Maza-riK foRTjnr la hotte

f lay hon dos ie perteray hien tour,

‘A foy tout Ie monde s’abufc Alors que la France m’accufenbsp;'Deccntmauxquc icn’ay point fait,nbsp;Icfuis innocent cn effet,

Quoy que Prouinccs foient en armes,

On dit mefrae que i’ay des charmes r*our corrompre tons les efprits:

C’cft Ic fubict de taiit d’elcrits Oont Colporteur? font tant de conté,

Etfouucnt ie rougisde hontc . Eors que i’entens ces vains propos ;nbsp;ie veux porter tout, car ma foy i’ay bon dos*

II n’ell rimeur dans fa colcre,

E n’eft point fils de bonne mere ^ui ne me blame en bonne foynbsp;E^es crimes qui fortt hors demoy,nbsp;OhaqueMarchand dans fa boutiquenbsp;E^’ayantplus fi bonne pratique.

En iazant au premier venu,

P't d’vn accent tout ingenu,

E faut croirc que I’Emincnce ^ mis au net toutc la France,

EIlc fc perd de bout cn bout 5 ^ ma foy i’ay bon dos, ie portcray bien tout*

EeVigncron lorsquel’orage A fait defordrc au payfage,

fait l’autcur de tous les maux.

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Si Ton void desborder les eaiix Chacun sen prend a l’Eminence,

Qiii founchta nul iTial ne penfe,

Qui i.^niais a mal n’a penic,

Qm n’a pas encor commence,

Viuanc dans la pure innocence,

Cuoy (^u on dife autrement en FrancCj Cequi viert tioublcr mon repos;

Maïs ie veux porter tout, car ma foy i’aybondos.

Les peuples, les Areopages,

Les tols aulll bien que les fages,

Se font portez auctiglcmenc A m’accufcr iniuftemenenbsp;Du moindre mal qui les olFencc,

Le Nautonnicr prend Ia licence,

Quand il void la mcr en courroux,

Et Ic pauurc planteur de choux Voyant fon lardin fans roféenbsp;L’Eminence en eft accufcc,

Et i'entenstous ces beaux propos;

Mais ie veux porter tout, car ma foy i’ay bon dos.

L’Aduocatqut n’a dequoy frirc,

N’a de penfés que pour mefdire,

Contre le pauure Mazarin,

Et ie croymefme que Varrin Au lieu de battre fa monnoye,

N’ayantpas trop le coeurenioye,

A fait libclles contre moy,

Ainli ie Ie penfe, ma foy.

Et dans ces papiers que 1’oncric, Onditqiici'aydans Ia Patrienbsp;Allumé le flambeau par tout;

Oil

Mals ma foy i’ay bon dos, ic portcray bien tout..


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On mcnomme auec infamie, Toute 1 Europe eft cnncmienbsp;t)u beau nom qu’en naiflant i’ay pris,nbsp;Et ie r^ay que les bons efpritsnbsp;Font de nion nom leiir raillerie;nbsp;leffay que gaigne petit crie,

En traifnant tout fon reuenu,

Gontre moy a luy inconnu,

Ec qu’il n'cftlicudcftiislaterre Oiilon nem’aitliuré la guerre,

^ais


ieveux porter tout, car mafpy i’ay bon dos.

. Soit par le fer, oil par dcs mots j

Chacunvicntcenfurerma vie,

E)e routes parts ievoyrenuie Qui dans mille vilains portraits,

Oes crimes que ie nay point fairs,

Ont terni ma iufte loUange,

Ils ont fait vn demon d’vn Ange,

M’ayant mis cornes fur le front,

II eft bien vray que cet affront M'afait mediter la vengeancenbsp;Qu- on doit prendre de cette engeancenbsp;^^’autrefois on nommoic Badautsinbsp;ic veux porter tout, car ma foy j’ay bon dos

I’entens par tout que chacun crie, Ilfaut ictter. alavoiricnbsp;Ge franc marautd’ltalien,

Quivient de.gripper tout le bien Oe la France qu’il vient d’occire;

Aa! ma foy e’eft vn maiuiais fire

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Ë'

Qui ffait cfcorchcr Ie Frar^ois,

Aulfi fans en faire a deux fois,

Ne faiit il pas qu’en plcine Greue Le bourreau promptementrefleue,

Voila l’entretiendecesfotsi Mais le veux porcer cout, car ma foy i’ay bon dos.

Souuentdemes propresorcillcs I’entens qu’on me chante meruaUIes,

Mais cependaht telles chanlous N one rien des agreables fonsnbsp;Qu’ertfaucurde ce grand Miniflre,

Qu^i fut bien moinsquemoyliniftre, Apollon delTus fes fomraetsnbsp;Faifoit ouyr en temps de paixgt;

Car i’entens qu’auec Eminence LePoëtc a fait rimer potcncc,

Et defia ie penfe eftre au bout j Mais ma foy i’ay bon dos ie portcray bien teut.'

Quand ie penfe trouiTer bagage Ie rencontre dans mon voyagenbsp;Meiücurs les vents, amp; les lutins,

Qui pour moy font plus les mutins Que Ton n’en fit és barricades,

Dontle fouuenir rend malades Tout ce que i’ay de Partifans,

Qui ne font pas guerriere gens,

De Financiers toutc la troupe N’eft vail’ante que fur la foupe,

Ou quand jl faut lener imp'os,

Et i’ay tous kurs peebez chargcz dcifus mon dós.

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Chacun èft fait au badinage, en Cour Laquais ny Page,

Vui poucvn demy quart d’efcu

ttiefichartefpingle au cu,

^^imemefmequeNerueze,

Vüi n’eO; pjj plus 4 fon aize, ^oyqu’elleait demoy penfion,nbsp;^cfttioigncroic fa padionnbsp;“Ontre moy que perfonne n’aymc.

Cc n eft peuc-eftre moy aitrmt j ^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fouffric tous ces maux,

™Ics porter tous, hal ma foyi'ay bon dos.

F I N.

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