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P O E T I (^V E
DE LA GVERRE
^tdié aux Conferuateurs du Roy, des Loix, ^ de laPatriei Par M. Q.clk Fort-Lys.
DIXI ES M E -S'E P MA INE,
NdossonsIc harnoiSjHe quiitós point les armes C eft maintenant qu’il faut fc monftrer vraysnbsp;Genfdarmesj
a ^ Celuy qui nous trahit ne doit tien efperfir, lp qui fait en bref vn fol defefpererj*
‘ic dompter Ia force d'vnc Villci 0 !*|^'}^*'gt;niaIin,vn million de familie.
^ c nbsp;nbsp;nbsp;tout, empefchc fes delTcins;
^fonds pes fiers laons qui minent tes ElTeins,
-ocr page 2-Le Dimanche' quatorzc a ncuf Iieures du matW fauois quelqucs affaires en la rue S, Martin;
Et commc ie pafTois fur Ic pont Noftre Dame,
Vne tremeur faifit cn vn moment mon ame;
Car ic ne f^auois pas , au moins a c«ttc fois,
Ou fans ordre couroient nos Edels Bourgeois ^
Lcs armes fur le dos,ayans fort bonne mine, Monftroient quelque fajon d’vn efprit^qui ruminc.nbsp;I.e m’enquis fur le champ dVn homme qui paffoit,nbsp;Et qui fort lencement fon chemin coropafidit;
D’ou venoit que ces gens s atctouppoicot de la forte. II me dit, mon amygt; C eft pour gardcr la portenbsp;Du Palais , au(fi tous les lieux d’alicntour,
Dc peur qua nos Mcflieurs,on ioiie vn manuals Vendredy ils reuindrent de cetre Conferancenbsp;Qui fc tint a Ruel pour le repos de France'gt;
He1as! ic nc fgay pas s’ils oat bien ou mal fait5 Maisjldn tient que le tout demeure imparfaitjnbsp;Et que nos Generaux n ont depute perfonnenbsp;Pour fouftenir le droiol que nature leur donneinbsp;Ils font prefts de partir pour fe fait feulcmcnt gt;
E: pui^ Ion craint encore quclque fouleuement Du Peuple,qui laffe ne demandc quou cft-cc,
Et qui fentmaintenant Ic lieu ou on Ic bleflc.
Car vous f^auez fort bien qu il y a dcs mutins,
Qui parmy tcls tracas feroient de grands butins» Combicn cny a^iDGcns de fac,amp; de cordcjnbsp;Qui nc defircroient qu vne telle difeorde?nbsp;le luy disj 11 eft vray. Ainfi ec bon Vicillartinbsp;Me laiffa,pour aller pourmcner amre parr.
-ocr page 3-pfis chcmin pour venir au Palais J des Caroiïcsjdes CechcrSjdcs Laquais^nbsp;quantitc,qu’il m'eft prcfquc impolliblcjnbsp;^ombrer icy. Ie fis bien raon poffible,nbsp;^|'’'eiidre quelque cas dc nouucau amp; pourquoynbsp;^rn^cncafTcmblczj mais aufli-toft ic voynbsp;'^fs du Parlement fbrtir de raflembléc, }nbsp;dans.la Cour Taffiftance troublec;nbsp;qu ils mctiroient fin a tous fes difcordsinbsp;r ^u’ds fut trois iours on verroient nos accords,’nbsp;I y pacifia vn peu la populace 3
‘^rtant bc quitta cnticrement la place,
^^'loubpAient leurs cris, difantjMon Souucrain,
il nous fa ut 5 amp; non pas Mazarin,
$51^^ leul fujet qui caufe U fouffranoc
ParifiensiQii’iiro te hors dc France? nos MciTicurs eftoient bien cftourdis,nbsp;dcrcchefde n cftre engourdis,
Ie pcuple amp; fauuer la Patric viendroicnt a bout au peril de leur vie.
il y cUt vne cefTation d’armes, dans Paris encrcx plufieurs Gcnsd’arracsnbsp;V ^airc partyj qui vindrcntachepter
jplonib,mefebes jleur laiflant emporter Prouiüons,amp; cie guerre amp; de bouchc,nbsp;du tabac pour prendre a la touche.
¦Hs niurmuroit aflêz, voyant ccla^
Ilf;
%4uoicm pas que Ton monftroit par B, Sti cftoit pas affamc de la forte,
Qcrmain amp; que Ion y rapportc
Enfin Ton peuft cognoiftre par-laeuidcmmcne Combicn nos Senatcurs nous meine prudcmmei^^'
Ie nc puis pas laifTer les fairs de la Boulaye j Ce vaillant Capitaine. Pour faint Germain ennbsp;Onlcuoit dans Je Mans quantité de Soldats,
Pour nous venir liurer de furicux combats ;
11 {(geut fi dextrement ce defl'ein difiipcr,
Que Lauardin n'ofa de rien s’efmancipcr Pour Ie contrccarrer, CognoilTanc Ic couragenbsp;De ce Marquis,prudent,vigilant amp; rres-fage.
II fit tanc par fes foins qoe volontaircraenc Le Maync,pour Paris fe voüe enticreincnt,nbsp;Proteflant d’efpoüfer en tout ces intcrcfls;
Et que pour fon feruice elle a des gens tous pt^^ ce fils'dc Mars, quiica cette Frouince,
Pour s'cfgayer dans vnc qui eft beaucoup plus n’i' jj Puis Monficur de Saindot,apporte vn faufnbsp;Pour tous les Deputezjies meine amp; les condui'^nbsp;Derecliefa Ruël,afin de bien parfaircjnbsp;Pour tous nos Generaux ccric importante affair^'
Et fur faprcfdindejils fortenr dc Parisj Suiuis de nos Bourgeois remplis de ioyeux cris»nbsp;Mefifeigncurs, difoicnnüs , deffendez Pon ?
Lc droid du Roy,i;3cs Loys, amp; dc noftre Patc^^' Faites que f on foulage lc peuplc de fon faixnbsp;En vn mot,Mcffeigncurs,apportcz nous Ianbsp;Si toll on recogncut que des particulicrsnbsp;Du contraire party. Soldats, Officiers,
Et autres qui entroient libre en cetfe nbsp;nbsp;nbsp;,
Pour emporter lc plomb qui nous cft tres-I'
-ocr page 5-T nbsp;nbsp;nbsp;-nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quot;7.,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•
poudfe , plomb jauifi que iay ja dit,
en eftrc cmpefthcz,amp; fans nul contrcdit.
Pour y rcmcdicr,on fit commandemcnt
nc laiflcr forcir aucun lans mandement
nos Mcfficurs de Ville,- 6c que delTus la vic
vendte des armures on cut aucune enuie,
^ eeux que 1’on voyoit qui n'eftoient du party,'
tout incontinent chacun fut aduerty
^ (c tenir tout prcfts,8{ que deflbus les armes
fc tint pour dompter la furcur des allarmes,
nos Patifiens nc manquent de courage,
Jruacun approprians vn arme a fon vfagc,
lont fairs a ccla amp; nc voudroient quitter
pt cxercice fort, qti'on leur fait imiter.
J^Paince de Conty amp; tous nos Gencrauï
j^^plaifcnt pour leur bien dans ces rudes trauaui:
.'^bqu’ils vont vifitcrfürt fouuent noftre armee,
li
^ Vitry , oü cllc cjft entierement formée j
tic Due de Bouillon ne manque point de eoeur,’
^ttant fa maladic cfperant que vainqueur
fon fier ’ennemy,il rcuiendra en joyc j
. nbsp;nbsp;nbsp;noftre Paris aucc teute fa proye;
'J’^fieur Ie Marefchal de Ia Mothe Houdancourc
,^üe de Beaufort,pour Ie faire plus court,
entretenir (i bien la diftipünc,
fon occafion les Soldats il animej
tef tous nos delTeins font fi bien coinpaflcz,!
^ ^ous ferons dans pcu beaucoup de trefpaflez-
(^^,^dans Ie Long-boyau on fit vnc rcueuc,
Fut 1g Duc de Boiiillon qui monrra fon f^auoir^ Faifant tenir nos gens chacuii cn fon deuoir jnbsp;Qui manioient les armes dVne fa9on naïfue jnbsp;Et qui auoient forme leurs forts de Ville-Iuifue;
Le Prince de Conty y prift contentement D’Elbeuf,amp;de BeaufortIa Mothe mefmeniei^^'nbsp;Jamais on a rien veu qui Jut fi agreablc,
Chacun en cét endroit fe monftroit admirable.
Et mefme nos Bourgeois n'efpargnoient leurs foüu*^^ Pour coiirir defreux voir fes frais Cau^licrs,
Dont les cheuaux fougeux boiidinToicnt fur la Tefmoignant qu’ils n’aymoient quc d’alleralague^^^j^nbsp;N ous ne craignons plus rien,tout Ic monde e*J pournbsp;Bordeaux eft noftre amy j Hé ! bien que direz-vo^^^^nbsp;Meilieurs nos ennemis ? Sus,ploycz la toillette,
Voftre force, pour nous n’eft que par trop foib !ette; Vos delTeins nc font pas mainteiiant de faifoninbsp;Nous auons, graces a Dieu,des viuresa foilbii,
11 vous faut deformais abandonner ces lieux,
Qui ne peuuent fouffrir vos eoeurs malicieux? N’efperez plus iamais de reuenir cn France,
Si ce n eft pour fentir tout autant de fouffraiice»
Quc vos barbares mains, nous en ont fait feiirif En vous laiffant de ce vn dur repentir.
Il me faut maintenant raconter vne Hiftoif^
Qui merite alTez qu on en face memoirei C’eft d’vne ieune fillc du Bourg de Charentoii^
Ou bien des enuirons qui tua, ce dit-on,
Qi^trc gros Polonnois lefquels auoient enuic ^
^llc
clir,Meffieurs, iay quclque peu a «rgcnt^
^ ^cfidommagez pas,ie vous en faits prefent; pr^reruez ic vous prie la fleur de mon age ïnbsp;que parloit cette fille bieti fagcinbsp;^ Ces rudes pendartsla prinrent par ie corps,nbsp;^ju’eft pris vn homme de Sergcns 6c recors,nbsp;lïieine au logis dVn ruftique 'champeilre,nbsp;l^^'^yanc qu’en ce lieu-Iails ioiiyroieiit ((ïns eftrenbsp;j^^cogn^us de mdrtel) de la fille d’honneur •,
^ ils xic cognoiflfoicnc ce qu’elle auoit aü cocur. j^^Voicy m qui vient laborder, 6c la portenbsp;vne couchetrc. Alors elle fe tran/porcc,
^ ^ecce defTus luy,faific fon coutelas,
^ frappant au vcnrre, voyla mon vilain bas. frois autrcs foudain mirent la main a la ferpe:
P ^ cctcc Amazonne prefente vne efcharpe,
J pïiant de quitter fon courroux dangereux,
^ luy pourra caufer des regrets douloureux i
n’en veut point j öc frappant de main niortc, p coup cét importun par terre elie porte;
deux autres voyant vn fi trifle accident, t;? ’attent a corps perdu fur cc fexe prudent.
^ Ie fe deflait d’ 'eux 6c paffe fon efpee
trauers de leurs corps iufques a la poignec.
Voyla done tuez amp;c par terre gifant Veuc d’vn cliacun qui par-la vont paffant.nbsp;prit leur cheuaux 6c tout leur equipage,
^ de leur monflrer que vaut Ie pucelagc
fille d’honneur. Mais c’efl trop m'arrefter, ^eprendre mon flilc il me faut apprelier ?
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Le Prince Je Conty êi tons nos Generaiix Vindreiit au Parlement, pour finir nos trauatiX;nbsp;Declarer qu ils n auoient en toute pureté,nbsp;Chargez Icurs Deputez que pour leur feureté,nbsp;Qüe le lèul Mazarin auoit caufe ce mal.
Et que tandis qu en France feroit ce Cardinal.' lis ne pouuoient ioiiyr d aucune e/pcrancenbsp;De viurc en bon accord, ny en toute alTcurance'»nbsp;Q^e fi toft qu il feroit du Miniftere exclus,
Ils promettoicnt au Roy de ne faire refus,
De quitter aulïï-toft leurs propres intcrefts i Et que de s’accorder ils eftoient dcfia prclhnbsp;Qu ils eftoient bien vnis aucc Ie Parlementnbsp;Et qudls ne feroient ricn fans fon confèntcment*^nbsp;Le Grcffe fut chargé d’vnc fi fainéte cnuic,
Et cettc volonté cntieremcnt fuiuic.
On enuoya au Roy cc complot gencrcux,
Dont l’on peut prcjugcr que nous feront heureuxJ Si vne bonne Paix faccommodenos Princes,
O n ne verra que jeux par toutes les Proiiinces. Onbcnira,fansfin,rAutheurdccc bien-faiét,
De nous auoir rendu vn Rcgne li parfaiift.
Enfin Ton Ie tiertdra, en cc lieu, pour vn Ange, Et vn chacun de luy, dira quclque loüange.
Enentendantlafuictejie finisen cc lieu, Atreiids-nioy, cher Lcébeur, ie reuiens, fans
A P A R I S, nbsp;nbsp;nbsp;.
Chez la veyfiie d’A nthoine Govlon, ruë aux trois Cramailleres,