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S V I T T E
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POETIQ^V E
De la gverre
^^dié aux Cmjirudteurs du , des Loix j ^ de IdPatrie',
Par M. Q.dit Fort-Lys,
N EFF J E S M £ SEP MAINE.
VoY! Paris, n as- tu pas dc valêurcux Gcnfd’armcs? Craigncnt-ilsIcnncmy}onc-ilspeur desallarmcs?nbsp;^ Tu cognois leur vertu, ainfi que leur ralcur ? ^nbsp;^j^'.^oy,donc,ó! Paris,qucfl:-cc qui te fait peur^nbsp;fnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Mazarin te puifTc faire outrage ?
Oij *^^^ois-tu dompeer eet eftranger courage ?
Ie vainquerasjfans ployer les genoux»
^ öicu cft oour toy 1 Qui fcra contre nous ?
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C'cft maintenant qu’il fauc dcIaüTcr nofïre crainte Oa nous vicnt fecourir,!! n’ya plus de fcintc,nbsp;L’Armée de Leopold,paroift deik vers Bray,
Sur Somnacj amp; tient-on que cecy cft tres vray ?
Q^c ces troupes voltigcnt és enuirons de Guyfe;
Et quc Ie Due Charles pourfuit fon entreprife De fecouiir Parisj faifant nos ennemisnbsp;Retirer promptemenr. Nous nc fommes endormis?'nbsp;A rcceuoir Ie bied, qui entre eii cetre VilJe,
Sur charcttes amp; cheuaux en nombre plus de mille 5-Si bien qu’on ne peur pas fouffrir d’orefnauant La plus moindre cherié qu’on a eu cy-dcuant.
Et puls Ie lendemain deux de nos Gcncraux Virent Ie Regimcnc (en, ordre fur Coypeaux);
Qu’on nomme de Paris, qui eft dlnfantcricj Tons hommes bien adroits, 5c qui fans flatteric^,nbsp;Ont alTez de vigucur pour fouftenir Ie chocnbsp;De celiiy qui icy fut inuentcur du Hoenbsp;II partit aiidj^toll: pour aller a Ville-luifuc,
Poury former vn Corps-d’Armée alTez naïfucj Quj defirc bien toft de tenter les hazardsnbsp;Qu on rencontre fouuent parmy les champs de
Puis Monheur de Turenne vient pour nous fecou*^'*^^ il ne peut pas fouffrir qu’on nous faffe mouririnbsp;Ny qu'vn fcul eftranger gouuernc Ia perfonnenbsp;Du Roy,en flcftrilTant de nos Lys la Couronneynbsp;II s’ofFre au Parlement jpouf eftre Ie foulliennbsp;De nos Parificns, qui ie cognoifl'e bien:
C’cfl: pourquoy, nos Meffieursj d’vnc tcllc nbsp;nbsp;nbsp;,
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? Ton donnera aduis de tout cecy,
! dj Lotigucvillc cjui n eft pas loing d icy. ^^ritice dw Conty aucc nos Gcneraux,nbsp;retrancher l’arméc auance les trauauxjnbsp;prend pUifir d’y aller cn pcrlonne,nbsp;il a pour Paris vne afFcdion bonne.
e Paris auecque des Caualiers,
dc la Boulayc ea toufiours diligent,: ilr'^nous conferuer il neft point negligent,
'‘'quot;•‘I. 1 nbsp;nbsp;nbsp;-
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K ^fns ou cnuiron,pour cherchcr des Guerriers. pas long temps a batcre la campagne,nbsp;cens bicn montez fur cheuaux de Bretagne jnbsp;drent joindre a luy defiranc de vangernbsp;la France foulFre dVn eftranger^nbsp;rintcrefl; de la caufe communenbsp;cfj^^^^eront la mortjainfi que lafottune
^Qus apprenons qu'ils ont vn grand Conuoy fournyj commc le monde croy,
, farines, vins , de boeufs, moutons, amp; pores, 5li ^^^t ee qui e(l nccedairea nos corps:nbsp;ijg jP'^ürquoy nous deuons pricr Dieu de bon coeur,nbsp;^os ennemis il foit toufiours vainqueur,
le t)
5 pourja Paix,tant les icunes que les vieux; fert celaj puisquc d-e^ faélkuxnbsp;ifti party qu’ils deuroiertt fouftenir?
[1 J^'^dant nos Bourgeois ne font pas bonne minc^ ^orc de goufter I’effet d'vne famine,nbsp;ien du mal a rentomrer du pain,nbsp;jgt;rj j^^y quartron vaut bien plus d’vn douzaiii;
Ijait plus que faire j ny dcuenir.
-ocr page 4-LVn voyant fes cnfans na point cle blen én Tarnc^ L’autre fe plaint au Cicl de voic paftir fa femme.
La femme fe craiac voir vcufuc de fon mary A caufe qu'il n'cft pas comme il eiloit nourry.
Les ieuncs amoureux dciainTent leurs Mailtreflés,
On ne f^aic plus que ccftdc mignardes carreCTes,
Les vnce font Tamour pour vn morecau de pain,
Les autres font plus fages en endurant la faim.
On fait des charitezj mais lasifi froidement,
Qifd cft bien mal- ayfé d’cn parlcr fagement j tt les Kc'igieux qui faifoient quclquc biennbsp;Aux PauLircs tvlcndians, ne leur donnent plus rieü'
£a Dame pour Ie pain ne veut point de iéruante,)
Cc qu’clle mcrprifoir,autresfois,'Ia.contcncs.j Llle mange des poix , auecque du harang jnbsp;£llc ne cognoiO: pltis Ic poiflon de feftang,nbsp;Languiltcjla Truiite, Bc mefme les Mareesnbsp;De fa rcfeótion fe trouuent feparéesjnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;v -
Le Bourgeois ccpendaht fe paffe de bien peu,
Lc bois eft r’cncliery on n’cn met point au feu,
lt;^u6 pour faire boüillir lc pot ou la marmitej Car la fobricté en cc temps on imicc,
Et iamais ie n’ay veu de ma vic, ny mon agc,
A Paris cclebrer fi pcu Ic mariagc.
Ic f9ay bien que 1’on dit j Lors qu’on aura la Nous raaricrons nos fiilcsatel ouatel iinaisnbsp;Tand» que nous fcrons accablez fous les arriicS’
11 faut que nous trempions noftre pain dans ks
II ne faut point de jeuxj oü loge Ia triftcfïè, nbsp;nbsp;nbsp;^
La Gucrrlt;; n eft que trop cn ce licu noftre hoft^
-ocr page 5-Mais laiflfons cc difcours fuiuons nodrc lournal, Voyons comme font Icsgcns du Cardinal,
^«dans Ia Normandie j amp; fi de Longucuillc,
Comce de Harcourt rend la force invtille.
9. abandonné Atgentan , Alen9on s’y voyant figé tout ainfi qu on gU^on^nbsp;y foQ Baron de Marejamp; fa. Caualerienbsp;p. ^ lafché Ic pied aucc Tlnfantciie,
d y auoic leuc pour cc feul Souuerain
Partyfans maudits qu’on nommc Mazarin. pis Monfieur de Chamboy tout remply de Prudence,nbsp;fit bicn-toft changer fa fupeebe arrogance,nbsp;y^approcha du Chefne, ayanc tant feulcmcntnbsp;y’'^nte Maiftres choifis d’vn fort bon Regiment,nbsp;gens bien rcfolus de center 1 aduenturc»nbsp;de s’acquerir vnc gloire future.
/^ricontre vn Sergent qui gardoic cc Chaftcau,
xü* nbsp;nbsp;nbsp;*nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*'
b ^ ptend marchc apres luy. Lors la potte ferme A ^Uuerte auffi-toftjil entre gayemene
compagnons fort habilcment,
^ dc Ia Salie ou banquetoient les drofics ^^oient pas fongé a bien joüer Icutsroflcs.nbsp;fit prifonniers, amp; pric dc kur butinnbsp;.^ticc beaux cheuaux oc pouuantcc deftinnbsp;Au ^ caufe, qu’vn tel perfonnage
^fi^ired’cux pour porter fon bagage j * ^omme Ton prit du Chefne Ic Chaftcau,'nbsp;y auqir donne qu'vn feul coup de chappeau;
Jfur Ic Pont-Ieuis luy ofte fon chappeau, qu’il eft des fiens gt; amp; que voiey larme(
-ocr page 6-Ie V0U5 laiflTe a penfer ü ils auronc cnuic De venii a Paris pour y laiffer la vie.
Ilnous, faut voir cncorc Ic delTcin valeureux,
Du Comte de Harcourt qui penfe affieger Drcux j Pout ce faire il auoit fcceu neuf cornpagniesnbsp;Des Gardesgt;qui eftpient leftes Sc bicngarnics,
O litre plusjil auoit ce fameux Regiment De Bourgongne qui f^ait s’acquitter dignementnbsp;be fa charge; Sc aufli vft peu dart llerie,
A celle fin de mieux former la pillerie.
Cc Prince aduerty de ces preparatifs,
Fill fortir de Roüen, fans f^auoir les motifs De fon foudain defparc; car de l’Infantcricnbsp;Cinq mil hommes auoir. Pour de Caualerienbsp;Trois mille fculement: faifant comic Ie bruiól:,
Qae c’eft Pont cau-de-mer qui tout feul luy nuyt: Qu'il ie va aflieger, Sc Pemporter dc force.
Cccy donna au Comte vne rude détorce;
Mefme fit embarquer promptement fon Canon Sur la Seine, vöulant combattre, tout de bon ,
Lc Comte dc Harcourt, aucc fes compagnies,
Ft luy monflrer comment les armes il manies.
Le fleur faind Valery icccut commandement Da Due dc longue-vife, pour faire Ie logemercnbsp;De fix-vingts bons cheuaux prés dc Mont-fort fatnbsp;Qui eh vn moyen pofte, amp; bien petite Vftlc.
Pour augmenter du Comte le foub^on qu’il auoR Du Siege que cc Due en vain fe propofoit,
II s’aduan^a amp; fit deflogec fon armee,
Afin de conferucr fa bonne renomméè;
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il cut perdu ce qui Juy couda tamj ^omte n'eull iamais eii fon elpric conteïitjnbsp;abandonné vnc d belle Viilc,
Q '‘‘^pos n’cuft ofé frequenter fa familie:
c eft tout fon bon beur que de s'auoir acquis pofte aduanragciiXj fi beau amp; fi exquis:
Monbeur Ie Due de Longue^ville ^ donnet aduis d’vnc fa§on gentiile'
Sainót Valcry fon- Marcichal de,Camp, (klogcr dc cc lieu fur Ie champsnbsp;^‘^ftu’il peuft venir aucc piusde feureténbsp;^ l'^itidre , cogno’ïfant du Comee la bertc.nbsp;fc ^ Ce Due hardy fans fe rendre peureuxnbsp;du fccours aux Iiabitans d’Eurcuxnbsp;(\ ^ieur de Comefnil entra en cette Place,quot;
Ir! craignoit du Bonnet la trompeufe falace,quot; y '^ntcnreurctc,amp;f:monftrentdifpos,
1 ^^fiours dclTous -les. armes y trouuant leur repos: t); t)on-hcur eft venu prefque fans y penfer,nbsp;Veufle, cc grand Due enfin rccompenfernbsp;trauaux paflfez; Qu,’»! foic dit dans i Hiftoire,nbsp;Hos ennemis il a cu Ia Vieftoire.
daurre renfort qui vient frnsy fonger, ^*^101111]e veut nos iours deforraais prolongcr^nbsp;k des gens pour fouftenir Ia guefre,nbsp;vanger Ie tort que Ion fait a Ia te-rrejnbsp;eft Ie Piuot du'trofnc dc nos Rois,
^cs Habirans fi^auent obferuer les Loix. nous fccourir, que Ie grand Dieu famcinCjnbsp;bonne fanté pour nous ofterde pcinc.
-ocr page 8-Lon a bafty vn Pont.dc Batteaux amp; de bois,'
Sur la Se ne, deuant le Port, die, a I’Anglois:
Si toft que I’cnnemy fjeuft fa conftruólion II aftembla fes gens pour fa deftrudionjnbsp;Tout fon deifeineftoit de brufler, ou dc romprenbsp;Cc nouueau baftiment, ou du moins de corrompr^nbsp;Ceux qui le conferuoienti mais nos bons GeneraU^nbsp;Lcs firenc rciirer pour cfpargner Icurs pcaux.
Alors comme enragez d’auoir manque Icur prifcj Ec qu’on auoit rompu vne telle entreprife’^
Ils pilkrent, fans refpedt, les villages d’autour,
£t puis en deflogerent dés la pointe du ionr.
Ec pour conclufion le bon-heur dc la France Sembloit toft icuenir par cette Conferance,
Qu’on tenoit a Ruel, candis que dans Pads On tenoit fur les rangs, des Roys, lcs Fauorits*
On difoit: nbsp;nbsp;nbsp;faut-il endurer tanc dc mal,
Pour vn coeur ft fanguin qui n’eft qu’vnanimal? Quoy! ferons nous touliours traittez de cette forte?nbsp;Dc cc'Fin eftranger dontTamc eft def-ja mortc?
II veut faire la Paix, au prix de noftre fang,
Et fur nos Gcncraux auoir le premier rang ?
Non, non, il nc faut point fouhaicter cette Car ft Mazarin vie nous nc faurons iamais.
Ce bruiót dans le Palais caufa vn grand murrni^'^^' Ic finis, cher Lcdcur, car le temps trop me dure*
A PARIS,
De r Imprimeric 4e la veufue cl’A n t h o i n e C o v l o n , auxerois Cramaillieres.
1645».
¦ nbsp;nbsp;nbsp;,:b.;