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S V I T T E

DV

O V R N AL

POETIQ^VE

ÖE LA GVERRE

^ARISIENNE

Cmjèruateurs du Rojy des nbsp;nbsp;nbsp;de laPatrk,

Par M. Q^dit For t-L y s.

^PTl BS ME S E P M A I N E.

Ans plustarder, Seigneur,cnuoycz nouslaPaix, En chafTanc loin d icy de la guerre Ic faix:nbsp;Faites nous toft goiiftcr Ic repos admirable,nbsp;‘Vqnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rendre heureux Ic pauure miferablc.

S nbsp;nbsp;nbsp;grand Dieu, d’appaifer Ic couroux

vos diuincs loiianges.

ennemisj Et quVn regne plus doux foulag-cr. R’amenez nous nos Anges,

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Tout penGf amp; fongeard, ie me Ris pourmcisct Au Faux-bourgsfaind Marcel,d’ou ie visnbsp;Deux furicux gardens, dVne groffeur extrefme»nbsp;Mais dc leurs viftgesit couleur cftoit blcfmc.

Ma curiofitc s'cnqncfta fur Ie champ Qu'üs eftoient. L'onmc dicrL’vneft Aydcdenbsp;Et cet autre frisc^vii Sergent deBacaillenbsp;Cctuy-lè,cquot;cft Ia Fleurj amp; ccftuy-cy Ia Taille^

IIs vieimcnt d’cftrc pris en cc dernier combat.

IIs eftoient tout de fang,fans Chappeau, ny rabatj Lors ic dis j en riant j Si dans Ia matine'enbsp;Ils cullcnt ffcu gagner vne ccllc iournce,

Ic croy qiulsn’auroient pas auancez de G pres.

Mais efcoutons les bruióts que Ton fit toft ap^^^' Ce fut de Lcfigny en Brie, amp;duChafteau,

Pris par nos ennemisjquoy qu’il fut fortamp;bcaü' Mais des coups dc Canon la longue battcficnbsp;Nous rauit ce licu U. Ie dis fans flatterienbsp;Qiril y auoit dequoy contenter Mazarin,

Tant en mcubles,qucn or,argent,R:ramp; airainj Qj^il afait emporter cn toutc diligence,

Sans y laiftcr aucun fujet de negligeacc.

Cependant a Paris on dcmatidc du pain A bonamp;iuftc prix;mais hclasic’cft cn vain.

Lc pauurc murmurant fouhaitte que fa vic DVne prochaine mort fe trouue toft fuiuie;

Dc ne pouuoirrayder,le Riche fc complaint.'

Enfin chacun gemit, foufpirc, amp; fc plaintj Tout Ic monde fc met cn deuote pricre, ^, 'j*nbsp;Pour chafer loin dé nous, fes trouppe?

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Qul n’aymciit que Ic rang,quc Ie feu, amp;: Ie fer, font venus icy du profoud dé l’Eafcrnbsp;^xprez,pour aflbuuirUragc Mazaïinc.

^etourne done chez toy fcrncnce Cerberinc,

Va voir ton Climat froid fans plus nous tourmenter^ Vu noHs as rous gc’ezjtu ic dois contenter?nbsp;eft vray que depuis que cette gent mauuaifc,nbsp;venuë en ce lieu,nous n’ont cu aucun aifc.

Ciel c’eft courroucé contre nous viucmentj Vn nous faifant fentir vn Hyucr vehement ,

Qui n'cuft point fon parcil depuis dix-f.pc annéesi qui Cc voit fans plus triftes amp; inforcunécs,

Mais courage,il ne faut pour cecy s’attrificr “^ins gencrcufcmcnt a cc mal refiltcr jnbsp;Vlpcrant que bien-tofl: nous aurons dgt;cs douceursnbsp;rendronsefbays nos fidcls fuecefleurs.

Efcoutons ce qu’on dit du Due de Longue-vilic, ^ar on lattend dans pcu en cette bonne Ville,nbsp;cd en Normandie amp; n’cd point endormy,nbsp;il combat prudent contre noftre ennemy.nbsp;Fontaine-Marcel,il ruyne les defTeins,nbsp;taille des croupieres aux Soldats Mazarins,

^i tenoient Quillcboeufi amp; Icurfaifant quitter,

.^Is ontveu comme il f^iit du deuoir s’acquittcr.

Voicy vn autre chant qui cflourdit rorcille.,

^ cft de Ia lafcketc Ia figure cruelle,

faind Cloud amp; Mcudon; voicy les Garnifons,' viennent^ Montlhcry pour piller les maifons:nbsp;j^uaftres n’eft pas exempt de cc fafcheux pillage,nbsp;cc fort bcau,plaifant 6c bon village,

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Doat ie nc dis Ic nom, acaufc que Thorreur CCS Diables y ont faids donnc dc la terreur.

Mcfficurs dc Parlement ayant Ic palTcport,

Firent Icurs Depiitcz cheminerTans effort,

Vers Saind Germain cn Layc,afin d’oftcr Ic fais Du Pcuple ja matte cn luy donnant la Paix.

Cc fut (Meffieurs MoIe,clc Mefmes Prefident,

Et Monlieur Viole, Confciller tres prudent Dc la grande Chambre: amp; dont la vigilencenbsp;Sc conjoint forterncni a fon intelligence.

De CumontjSt le Cocq, Catinal, Menardcau, Tous quaere bien 2clcz,pour porter le fardeaunbsp;DuPeiiplc: Et dc PaluanjConfcillcrs dcs Enqueftnbsp;Auec Monfieur Ic Fevre , Conrciller des Rcquellnbsp;QuJ furent deputez dc ce Senat Auguftc,

Alin dc bien defbattre vne caufc fi iuftc.

Mcfficurs Ics Gens du Roy fbrtirent de Paris, Eftans accompagaez d’Archers tres-aguerris,

Et Gardes dc MonGcur de la Mothc Houdancourt, Tous montczacheuali scn reuindrent tout court,nbsp;Quiles ayant laiffez vcis le cours dc laRcynenbsp;Oil Saintot ics rcceut ,c’cfl: chofe bien certaine.nbsp;Ills furent tous conduióts iuPoucs au Bourg de RucInbsp;iPar luy: Sc fon ordre de ce Eiirc eftoit tci.

gt;c Grammont Ics rcceut au deffus la Monragne gt;cs bons Hommesi tenant tout expres la campagn*.nbsp;jAfinde les mcnerjiüfqucs dedans Saind Cloud,nbsp;gt;ans crainte des,dangcrs ny d'homme ny dc loup.

Mais voicy en chemin quaniite d’Allemans, )aualicrs efffontez, yurongnes 6c gourmans.

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k r nbsp;nbsp;nbsp;-nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-

v*oiercfit: attaqucr auec vne violence

Prefidentjamp;vfer de vengeance]; fon CarrofTe , afin dc Ic tuer.nbsp;nc fe peuft enfin s’effcducr,^nbsp;ij^üy-cy fut toifer la longueur de la terre

de fon corps, vn dangereux parterre, j ^ütres furent pris, amp;c pour feruir d objetnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j

l ^fierenf attacher tous vifs a vn gibet.

! ^lïionfirer que les loix,prudenies öc equitablcs^ ' puru'r ics vices Ie«gt; plus abominables;

ti'' •'


il cfl: dangereux de former des cartels,-

nous l^auons bien,quc nous fommes mon f^^'cüts nos Gencraux firent Ic lendemainnbsp;^'^inirable coup pout amencr du painnbsp;rolocqucz de Paris j faifant vne forticnbsp;k-^s les garnilons , qu’ils fgauoient rn partï/*

Y de fainól Denis, amp; dc Aubcruilliers,

^l^fois gros deffillcz, fortis a millicrs, de reftablir Ie beau pont dc Gournaynbsp;fut vn mal- beur 5 ainfi que ic vous vaynbsp;ij ^crirc icy j Car leur Caualcric

mil chcuauxi auec rinfantcrici \ fept mil hommes de pied tous fouldoyeznbsp;nail Bourgeois dc Paris cnuoycz,

^fent cn vn moment vn puiffanc corps d armee l(j.^Ia populace én fufic allarméc,

P^'Toiffoit pasj Cependant les oygnons a fouffriri dcuanc fes Champions,

\ ^ns fe foucicr ils les tiroient dc terre ^®yqicnt,cc faifant,faire vne iuftc gucrrcj

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La les jplus gros poiraux,fe crouucrent confus, Etaleurs amateurs nc firent aucun rcfus,

De fe rcndrc craintifs, craignant de pis auoir Mcfmes les blectcs-raucs firent au/fi leur dcuoirnbsp;Sc lailTant carrefler des amis dc Bellonncnbsp;Sans plus fe foucier des cnfans de Latonc jnbsp;Ha! que squot;il y eut eu quantité de nauetsnbsp;On y cut ycu courir vn nombrc dc Cadets,

Qui en euflfcnt cueilly pour palTcr leur Carefmc Des racines de perfil, on en cut fait dc mcfme»nbsp;Mais Ie froid Boreas cmpercbolt la faifonnbsp;,Qui fait bien-toft meurir fes racines a foifon.

Les autres plus difcrccs ne s’amufcrent pas Si proche de Patis a faire tant de tracas :

Car lis alloient gaillards auccque efpcrancc Auy bourgs les plus fameux qui font dedans Ianbsp;Ht fans fe foucier d’vn fatal debris,nbsp;l!s vont fans murmurcr i dix lieuës dc Paris,nbsp;Auecque fi grand nombre de chariots amp; charettcsnbsp;Que prefque dans Ia Ville deux centaines y reftes:nbsp;Et iamais on a veu vn fi fameux Conuoynbsp;Entrer dedans Paris:Et c’eft aulfi pourquoynbsp;Le pain fut r’amandé de quelque peu de chofe.

Ivlais, Ó! DIeuque voicy vnc Metamorphofc Bien eftrangc,* fi^auoir, que nosfiers ennemisnbsp;Ne vculcnt pas tenii( ce qu'ils nous ont prorais ?nbsp;Ha!Brie-Comtc-Robertjtu f§ais bien maimenant?nbsp;Qu on ne te deuoit pas traicrer fi lafchement,nbsp;Granccy fut valcureuxj mais la vértu cft mortcnbsp;Des finftant qu il ttaiita aucc toy de la fqrtcj

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^2r i] j^e dcuoit pas en oyant ron Canon temer, pour fleihir fon prccicux tenom,

He te dcuoit pas te promeitre Ia foy, ne ia pas tenir en fc mocquant de toy.

Qüc luy fert d’auoir pris Brie-Comte Robert, fait les adtions d vn frauduleux Soberr,

^üi trahit fa Patric en liurant fa gent mefrac, qui fe vidj enfin, dans Ic malheur extrefme,

^ clfre Ie prifqnnier de ceux qu'il auoit faits, i^^piant cn Icurs mains llaorreur de fes forfaits.

Ie verras vn iour, pour vne tclle injure ^faitter ainfi que toy. Etlc Ciél, ic te iurc,

^^aftira fon orgueil, amp; fon aihbition,

Icra mal venu parmy fa nation.

^^fin, tu ie verras mcfprile dans les lieux,

^lii nc Ie contemploient que compagnon des Dieux.

Cette prifc a Paris, caula vn grand murmurc: !:^^difoit: Cette guerre icy trop long temps dure.nbsp;xüoy I auons du coeur dc fouffrir ce tourment,

‘tious faut tous fortir, amp;; fans conimandementj j vers fennemy, amp; la tefte baiflec,

monfirer qu’il a trop nofire force offenfee.

^^’il cd temps de monftrer que nous fommes foldats, ^^que nous ne craignons les horreurs des combats,nbsp;done, nc tardons plus, puis que tout eft perdu?nbsp;vie ic ne vis Paris fi cfperdu jnbsp;j^^^cun difoit fon mot felon fa fantaifie,nbsp;arnc qui eftoit defia toutc faifienbsp;Ia peur, nc fongeoit qu'a fon foulagcmcnt,

®5mcnt cllc pourroitfuruiurchqneftement.

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Car vn chacun difoit: Lc Roy eft noftrs Maiftre,' Nous lc cheriftbns tous, amp; hayflbns Ic traiftrenbsp;Qui caufc noftre rnalj 11 fane refolumcnt,

Qu’il efpoufe bicn-toft vn noir monument.

II faut, fans plus carder, qu’il forte de la France^

Et ainfi nous ferons hors de route fouiFranee.

II fait tucr nos frercs, amp; Ics va defpoiiillans,

Eft-ce la la vigueur de ccs exploits vaillans ?

Ce difeours penfa bien caufer vn grand malheurj Mais vn homme de bien arriua par bon-heurnbsp;En cc lieu, qui leur dit: Mefticurs, la Pacience,nbsp;Dans ces tracas prefens doit feruir de fcience.

Nos prudens Senateurs one ies yeux bien ouuerts. Pour fages defcouurir les fecrers plus couuerts;

Cc temps-cy ne peut pas durcr plus longucment, Dans peu nous nous vetrons confolez amplemcnt jnbsp;Le plus fort eft pafte, baniftTons la triftefte,

Et fouhaittons la Paix noftre vnique maiftrefte: Ainfi nous vainquerons nos plus fiers ennemis,

Les formant, fans frapper,d'eftre nos bons amis.

C eft ce que ce Vicillard, dit a la compagnie,

Et qui de murmurcr Icur en ofta I'cnuie.

A P A R I S,

ïgt;e riinprimeric de la Veufue d’A nthoine Covlon, rue

aux trois Cramailleres.