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EJV FORME DE TRAGEDIE'.
Par leqvel on remar-
quera la fidelitdesPariliens au Roy.
edi a Monfeigneur le Due de B E a v f o R t. Par U S. D.B.P.C.D.S.M.nbsp;PREMIERE PARTI E.
A P AR I S, ChezLOVIS SEVESTRE,nbsp;rue du Meurier,prs S. Nicolasnbsp;du Chardonnet. *
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EN forme de tragedie.
la fidclitc desParificns au Roy.
Dedi a Monfeigneur Ie Due de B e av f o rt. Parle S.'D B.P.C.D.S.M.
VE D r Kor,
DIEV iuftc vengcur des ingrats amp; perddes,
Qui ne conlidcrant qc dans les Cieux rclidcs,
Doii fans cmpcfchcmcnt cognois les ames yaines,
-ocr page 4-Et penetres les cocursvois leurs penfces raandainesj Qju dvn bras tout arm de foeux amp; de tcnqipieftes,nbsp;Efcrafes tous les iours mille orgueillcufts teltes,
Ie tadore grand Dieu, ie vouc a tels Autcls,
Mes Lauriers 6c mes Lys qui ftront immortels.
Si icfchappe des mains dvn fi cruel harpie,
Qui fait croire a ma Mere quil protege ma vie,' Que ceft fa vcrtu fcule qui parmy tant darmccs,nbsp;Rcndri mon petit aage 6c mes ans animes,
me fait heureux R.oy des ficcles malheureux,' Et Ie Ma,rs auiourdhuy des Princes valcureux,
Que iay receu de luy cette double Couronne,
Qui ferme dans fon cecur ce que lair enuironne, Que les Lys que ie vois fur mon Sceptre pofces.nbsp;Portent mes volontes als Loix attachces,
II me dit que ceft luy qui me les met en main,quot; Pour me rendre dompteur du pran^pis inhumain
Zes Parijiens.
Sire nous patilTons attendans la venu,
Dvn Monarque rawy ainfi de noftre veuc.
2A. onfieut de Beau fart.
Sire) tou; Paris vous fouhaitre.
Ji/tdampifeHe.
Et, quand vous y yiendrez on fcra grande fefte,
de
Ic vous alTeure ( Sire) ie Ie fqay pour certain, pour cela iy engage mon honneur c,raon bieo. ,
Monfieurle Due d'Albauf,
Ne croyez done pas ( Sire^cc tyran Mazarin, Qm vous fait croire ainfi que Paris ell mucin,
Que Ics Pariliens font des pcuples rebelles,
Qui leuent centre vous ieurs armes infidelles.
La 'Reine,
Cela eft tray on me Ia die ainfi.
L^onfieur de Beau fert,
Qm vous la dit^M^idamey) cc craillre tout tranff,
II fane quil ploye biea-toft fous le fer demon bras, D'auoirdic dcs Francois quils font par tropingrats.
Lei Barijiens.
Faut-il que ce tyran qui poulTc de fureur, Rcmpliffc ainfi la France de fa noire terreur.
2t/lonfieur de la Lfothe- Audencourf.
Cct arrabe brigand des terres idumes,
Sentira ce que peut le Grand Dieu des armces,quot; le le feray rentrer dans les trifles forells,
Ou fes grands Peres fourdsoRcbicnfaiddcsaguells,
h/tonfieur de Vendofme.
le plaateray vainqueur fur le hauc desmontagnes, Ce quii fouloitaux picds au milieu des campagnes
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I.
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II
Monfcur Ie Prince de Centy.
Moydepuis que ientcnds Ie Ton de la trompette, Ie change mon repos Sc hays la tempefte,
Si Ie Due de Beau fort par vn feal coup defoudre, Ne met Ie Mazarin Sc fon armee en poudre.
Monfieur de Longueville.
Maudits fcront-ils pas qui font Paris ranger,
Et qui Ic font ainfi de^tirans affieger.
I/[onfcnr de Paris.
O Dieu, ne permets plus que ce penple barbare,
Cc traillrc Sarrain, cet InfameTartare,
Attente fur luftice en rcnueffant les Loix,
Vois ces peuples aiFamez qui crient a pleinc voix:
Ie tcn prie, grand Dilt;?n, par Ie fang qui ruilTcllc De ton coeur enflame ouTamour eltemcclle.
Par ces mains que les coups dvn horrible marteau On cloc furie bois par vn fanglan t bourreau.
Par tes pieds que ie tiens, Sc mille fois ie baife,
O ie trouue mon tout, Sc o ie fens la braizcj Qui mallume Ie coeur, Sc qui me fait volcr,
O ton doigt, o ton oeil me commandc dallcr: Foudroyc lesmefchants, oubien faitsque leur lune,nbsp;Nefoitplusaux Francois mauuaif Sc importuue.
Monjieur de Beaufort.
Qui croiraquemon coeur peut redouter leiFort, Non pas de Mazarin, mais mefmc de la mort,nbsp;Toutbataillepour nous,les Cicux ont duTonnerrC,nbsp;Pour niettre France en Paix Sc en xhalTcr la guerre:
-ocr page 7-Lair amp; lei tourbillons, amp; peut en peu de temps^
Si luy plaift chafticr qui moftale printemps.
Et fera tout tremblerfous vn terrible orage,
Mettant a mort Ie traiftre qui nous fait voir fa rage,
La terre po'uflcra fous fes pieds ennemis.
Les charbonsSt Icsfeuxque la nature a mis,
Aux Cieux du mont Gibel, amp; pour nous les fontaines, lour Sc nuid fans tarir couleront de fes veines.
Monfeur deZonyieviUe.
Iappelle pour tefmoins les Normans 8c Bretons^ Et ceux la quc lon nomme entrc Ie Rhin TheutonS. ^
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Monfieur de Beaufort.
Et puis vn Sicilien qui danfera la dance,
^ous fera chancclcr au milieu de la France?
Monjteur Ie Buc d-orfeans au Roy.
Ie f^ay bien, mon Ncpueu, que tous les Elements^ Obcront alors i tes commandemens,
Ie rends graces a Dicaqui feulcneft leMaiftre,
Tu peux chalTcr Ie lules, il a trop fait la beltc;
On ma dit quil y ]ou amp; gaigne tout largent,
Qm feroit bien plair au pcuple dc N oycnt.
Madamoifede.
Syre,non pasa Noyentlcul,maispar toutla capagoe Les villagcois Francois youdroicnt cftre en Elpagne.
-ocr page 8-Pourquoy parleroient-ils dans la France encetcr* me.
Madamoifette,
Ccil que Lours heriflc dc fa hache Ics erncT
Le Roy.
II y faut donner ordrc ?
MadaTnoifeB^.
Vous nc Ic donnercz fi cc ncft par la corie.'
Ze Roy.
Iy fuis tout refolu, qu'on appelle Beau-fort,
QumI comandc au bourrcau Uc aous Ics mcttre a more.
RZadamoifeSe.
Hai que Beaufort vous ayme, Sire.^
II trouucra des fers pour eux au lieu dempire.
Ze Roy.
Que ie luy parle, faites Ic done venir,
II nc peut fc faifant que me donner plaifir.
hZadamoifelle.
Levoila, Sire, il eft toufiours en garde,
Ceft le P rince que Dieu fans cc lalTer regarded
Bcaii:
-ocr page 9-y
''Monfisuf U Dttc de 'Beaufort'.
Quoy, Sire, criig vous ce traiftre Mizarin/ a trouble la Fra^c 5 amp; pilics dc larcin.
Le Boy.
Ie croiray bien pour moy quil a mes j ule dor.
Monfeut de Beaufort.
Sire, il les a, les partifans encorci
Ze Roy.
Quoy ? ceux-Ia que Ton feint eftre des cormorans: Tout beau ,jentens du bruit, Ibnt-ce pas Alemands
Zionjeur de Beaufort.
Ic memocquedeceuxqui voicnt ia Feuflene- iis tous Harlacs, ou bazannes dEfpagne.
/Jfi|
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Monfeur de Zon^ueville.
11 ny a que Dieu (ul qui tient le foudre en main, Qiu f moncre couJSours aux Francois li humain.
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La Reyne.
le crains bien neancmoins quil nc nous abandonne. Ze Roy.
Ceft luy qui tous les jours les vicloires nous donne.
C
-ocr page 10-Ld Reyne.
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Ccli me fait trembler ccr^indsfc plus foUCttt* j Ze Roy.
Pcftfcz vousqueDlcufoit leger comme Ie vent. .
i
La Reyne.
Non?nuis nousrcflembls aux fcillcs de eet arbf^*
Dieu demeurc par tout ferme comme le marbre-Monfieur de Lonyieville.
II change, quandsingratsnousluy manquons defofgt; Car nous deuons cous cilrc ddeles a fa Loy,
Ou le rendons de oere v ine# orpmuianraKl^,
Monfeur de Beaufort.
. Ceft pour le traiftre quil fcra redoutable. nbsp;nbsp;nbsp;lt;
La Reyne.
Les Fran(jois non t que trop prouoquc Ion courouJ, On yoic ja le feu quil finglcra fur tous.
Le Parlement.
Nosamesinnocentes marches fans auoirpcur,
' Et non les crimes noirs de lules le trompeur.
-ocr page 11-n
Za Keyne.
Les Bourgeois de Paris merires plus de peine.
Zes Bourgeois.
Trouucz Tous parmy nous qui merite la hayne, Vousneverrez Paris tranddetrahilbn,
Encor que nous donniez la more, Ia fain, amp; la prifbn: Le coeur des bons Bourgeois neit fujet aux fapplices,nbsp;Lenombre des Vertus ne cede pas aux vices.
Za Reyne.
Les bons fouucntesfois au milieu des mefchanrs, Ont efprouuc l'acicr Seksglaiues cranchants.
Zes Parijens.
Et pour les bons aufli on fait mifericorde,
A eeux qui nontgagnc ny Ic fcr ny la corde.
Ze Roy.
Ccft la le fulelpoir qui refueillc mes fens,
Parmi lafroideboe,humeur quaS.Germain ie fens. Seigneur ne quitte point le Thymon de la France,
Quf met dedans ta main toutc fn efperance:
Ne te retire point de ton peuple chery,
Et rends Icurs Cheualiersaax Combats aguery,
Au milieu de la paix eiloigne Ie du vice,
(^u'il chaflc Mazarin qm jouc defbn caprice.
Fm de la fresniere Farc.' '
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