L E

theologien

D EST AT.

A LA REYNE.

FuiIRE DESBOVCHER P^RIS.

ïou nbsp;nbsp;nbsp;A P A R I S,

Ia Copic imprimce chez Ie an dv Bray,

S. lacques, aux Efpics mcurs, amp; au Chapelet.

M. D G. X L I X.

A LA REYNE

ADAME,

Ayantappris du Dodleur des Roys amp; des Nations, que lesiuftes choleres de Dieu s’allument fur les reftesnbsp;de ceux.quipar vnc grandeinjuftice retienncnt la vc-jnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ritéprifonniere, amp; ioignant a celal’honneurque i'ay

^''oftrc bien vcillancejSc de 1’acccs a voftre Royale perfonne, eu ^‘^^^icéd’ancien Officier trcs-zelc pour la grandeur amp; Icbon-hcurdcnbsp;°itreRegence,i’cftinicroismonfilcncecriminel, üie nclcronapois

^*'^efteLcttrc.

Pq ^ 5^ pt^ur Yous dire, MADAME, que tous les gcns de bien ^^laifisd’vn profondcftonnement, voyant Paris inucfty paries Ar-j, ^,qyj Pqjjj. commandces fous Ie nom du Roy, amp; authorifécs parnbsp;^eu de voftre Maicfté.

j^gt;ctte bonne Villencfe pouuant encore iugcrcoupable,parlacon-qiYellc a defcsrefpeéts enucrs voftre Maieftc,s’eftimetoutcs-ejj * ^ nbsp;nbsp;nbsp;naal-heureufe du mode par Ie fentimét de fa difgrace. C’eft

Madame ,qui YOUS a toufiours honorc par deflus routes les ^ ,/'lesdecetteMonarchie,auec destendrefles quinei'e pcuuentcx-y^®r. Elle qui a pris la plus grande part a vos maux ,aux tours denbsp;j filence, parmy ces ombres malignes qui couuroient les rayonsnbsp;hj ^^ftreauthorité.Ellequi a comptcIe iourquivous afait Mere,aunbsp;fj^^'^i^rrangdcfesfelicitez.Eilequivousa porté fur fes efpaules aunbsp;^j^P^^ede la Regencc, auec des applaudiflemcns qui ont reioüi Ienbsp;4oy tcrre. Etmaintenant cette Reyne des Villes, arroufe fesnbsp;Voif ? fes larmes, amp; traifne fes atours en la pouffiere, pour vousnbsp;fejnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;contre clle; amp; nc pouuant encorepenctrer toutes les cau-

j^.®*^esdoulcurs, elle plamt la main qui les fait.

'^cftourne de nos cceurs cette pen fee,que ce que nous foufFron:? ïion,”^^^tdc la vengeance de voftreMaiefté. Comment nouspour-touj^'^°“spcrfuader, qa’vncame que nous auonscftimceiufqucsicynbsp;tiopj ‘¦®^fte,priftdcs deflcinsfi basamp;fi terreftres.'“Comment pour-conceuoir des intentions de meurtres amp; de fang , dans vnnbsp;Fcnttant de fois Ie fang de Iesvs-Christ cooler parmy fesnbsp;del,Throfnes, dit S. Denys,font fans pafTion, amp; les bouillonsnbsp;nc peuucnt compatir auec les feux qui font allumcz parlcnbsp;^ fainö Efprit. Voftre Maiefté eft trop apprife pour n®

A i]

ffauoir pas rEfcrkurc,qui nbsp;nbsp;nbsp;qui cherche U vengemce de

trouuera celle de Dien. Elle a crop de connoiflance, pour ignorer qn® la vengeance d’vnfeul homtne a couftc chcr a plufieurs grandsjnbsp;que celle qui fe portc fur rant de tnillicrs de fujets, cft extrémenbsp;dangercufe.SivnRoy n’y adu fuccez, iloffenfe faCouronne; amp; *nbsp;y reuITitdl dcchire fes entrailles.il arriue rarement que les appeti^nbsp;leycngcrruccedentcommeonlesaprojettez ; Ily avnemainnbsp;quilcs arreftcv amp; qui nous apprend, que lörs qu’on dclibcte -fortune d’autruy, il faut appeller la fienne au confeilnbsp;Maispeut eftre que voftre Majefté croit,quc cequ’ellefaiteftnbsp;ceuure de iufticc, qui ne tend point ad’autre but, que demaiotcu'nbsp;Tauthorité Royale. Si c’cftvne iufticc qui vient de Dieu.,pourqi*^lt;nbsp;l’eftendez vous au dela des Arrefts deDieu ? I1 avoulü pardonnesnbsp;vncgrolTe Villepour dix hommes iuftes. Et vous en voulexpÊ*^^

vne centfois plus grande amp; plus üluftre,pour quatreoucinqhomt® ^ que vous eftimez iniuftes. Il n’appartient qu’a Dieu d’cftendrcnbsp;peines des coupables,mefme fur la pofterité. Mais les Rois,quoy q^nbsp;puifl'ent priuer-vne commanaiité enfieredelcurs faueurs, pourleP®nbsp;chéd’vn particulier*, nepcuuent toutesfois felon les Loixde la ^nbsp;fcienccliurcr aux tourmens amp; a la mort des ames innocentes,nbsp;geance de quclques criminels. Sainól Thomas dit expreflementiq*^nbsp;n’y aaucuncraifqnny de Religion ny d’EttatjdetuervnhomiueU'’^nbsp;coupable, fans offenier Dieu mortcllement. Et quoy que ccla *nbsp;eufe auec peine en vnc Gucrreiufte ou il fe faitindirceftement,nbsp;peutpastoutesfoiscxcuferencettcaéiion, qai procédé parvoycnbsp;chaftimcnt,amp;non de Guerre legitime.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j

Les Fauoris vfurpateurs font tout entrcprendre aux Prince* couleur dela conferuation de leur Eftat.Comme fi cét Eftatnbsp;Diuinitéindependente ic TEuangile. Mais qui nc voit,nbsp;moyenon iuftifieroit tousles crimes, amp; qu’il y auroitlieu d’excnbsp;Herodc, apresauoir paffércfpcepariccorpsdcquatorzc milk 'j’nbsp;lt;cns, pour en tuërvn (cul,en difantqu’ils’yfentoit oblige poork*^nbsp;de fon Eftat. Mais qu’eft-ce que 1’Eftat d’vn Roy, finon fonnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

qu’ilconferucaaiecvne foigneufe efpargne,pour fe conferuer-^

II cft tres dommageable, de faire perir vnegro{reVilleamp; ^o^r-peuplcTcIon la c5fciencc,amp; felon I’Eftat.Ie dis felon la cófcieucc cequec’eft entreprendrc fur les pouuoirsdc Dieu,qui eft ialoi^*nbsp;gioircjamp;qui ^paitla mefurcdcfcs vengeances.C’cft vn coup ‘ï'^r jics,nbsp;propre qu’a la toute puiffante main de Dieu, d’cxterminernbsp;amp; desNatfös entieres,amp;depunirvniuerfellcmét,parcequ’il Vnbsp;vniuerfel de routes chofeSjamp; que felon que dit Ie Sage, quand gt;nbsp;abyrnvélemondc,onn’auroitricn a Itiy reprocher; Ét quoy q*^'nbsp;puifsace abfoluë,il pourroit,sas autre caufe,pcrdre par Ie feu,p^/

^parlcfer, tousIeshabitansdelatctre;iIn’aiamaistoatesioJ

CS Villes eiuiercment jfans degramls amp; enórmcs pccliez, dontelles toient couueitcs. ll fic pleuuoir Ie feu amp; Ic tbuffre fm- Sodome amp; Go-orrhejauec les villes qui leureftoient complxes; tnais cc fut pournbsp;'^aftier des vices abcminables qui font boi rtuc ala Nature. II cóman-^afon peuplc de perdre fans reffource lesIebuzeens,lesPherefcens,nbsp;Ainalechites :mais c’eftoient desadorattuts du Diable, amp; dcsman-bf'ars de chair humaine. II fe trcuue aulTi en 1'Euangile la Parabolc Matth.nbsp;'^fiRoy qui fait bruller vne ville; maiscbfl; pour auoir tué fes Am n.nbsp;^dadturs dVocommunconfetuemcnt. lamais Dieutout abfoluqu’ilnbsp;b ti’encreprcnd cesgrandcs ruines fans de grands fuiets. Tappelleicynbsp;°dre lufticc, M A D A M E , i’appelle voftre Prudence Stvoftrecon*

. ^C'acioii: Pariscftoit il entachcdecrinaesfi abominabies,qudllefa-^ ^'^cftcindrepar Ie fcr ic par Iafaim?Il s’agiffoit demettre fur Ie people 'charges amp; des imr-ofts ioiupportabks a ia foib!efl'c;le Parlemét s’eftnbsp;umblé la deflus; le's autres Cours Souueiaines one embraffé Ie mef-a^dcfl'ein, felon les Loix amp; felon les formes ordinaires ,quoy queyo-1 Confeil n’cn full pas fanis. Plufieuis ont ditleursfuffrages auecnbsp;^'berte'que la confcience commande gt; amp; quel’Eftatdu Gouuerne-entde Francepermet; mats peut-efti cauec plus de chaleur que vo-l^p'Confeiln’endcfiroit; Et pour cclaon afoaillé la léjoüilTanccpu-kT d'vn iourconfacté aux Triomphes par des emprilont;emens denbsp;^^^§iftrats, qui eftoienteftimez gens dc bonne vic amp; d’entierc repura-LepeupIes’cneftcmcu,amp;ieBoii

C*eftvouloir faire plus qaeDieUjque de perdredesVillcsenticres vncopiniond’authorité, qu’il n’a iamaijs perduësque pour desnbsp;cxecrables. Quandilvienc pourchaftier Niniueplongéedansnbsp;^nA cap,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pechez, il s’arrefte amp; pardonne, farce f, dit il

fans , cr des fimples gens , ne fpauent difcerner entre la main d'i» Q- la main gauche , outre (juantité d’anvnaux cjui n'ont rien dtini^nbsp;Dieu pardonne cn conlideration tncfme des beftes : amp; vous ne vogt;inbsp;driez pas pardonner pour 1'innocence gt; pour la vertu ,pour tout ƒnbsp;qubl y a de facré amp; de diuin? Mais on dira,que vous n’en youlez po' ^nbsp;au peuplc de Paris, qu’il vous liurc Ie Parlement, amp; vous voilacontt*’

^ te. C’eltvnequeftionagitée paries ThcologiensScholaftiques,qO!

v^aUntia nbsp;nbsp;nbsp;fi on peutliurer vn feul homme innocent a la mort, pout ^P,

in nbsp;nbsp;nbsp;pailerlescholeresd’vnGrandjqüiveucqu’onluy liurc,autretncrit^ ^

dehomici^ mcnflccdefaccagcrtoutcla ville. Tous refpondentqu’iln’eft diotdUtt tnis de luyliurer, paree qu’on ne peut auchorifer vn-pêché par Ie l'*nbsp;onmes tranbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tetnporel. Le Peuplc de Paris croit que fes Mag'll-'^? ^

jmtire. fontinnocensjqu’ilsont fouffert pour me bonne eaufe, pourlaveP amp;pourlaiuftice;S’il lescroyoit ennemis de rauthoricé du Roy? '*nbsp;mectroit en pieces. Mais ayantde tous autres l’entimcns de leurvCnbsp;amp; de leur fidelitéjilnc peut, ny ne dok les abandonner a ladifcrctquot;’^nbsp;d’vn Miniftre eftranger. C'eft vn Peuple trop illuftre amp; trop confei^’''nbsp;tieux , pour fc faire Ie bourreau de gens de cettequalité^amp;detouceal*'nbsp;trequeccroit.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^

Si la conii deration de la Religion refïfte au deflein de V.M. d’Eftat n’y fontpasmoinscontraires. Le plus fage des PoIitiqueS) *nbsp;gufte Cefar, difoit quece n’cftoit pas lefait d’vn habile hommenbsp;ticre de Gouucrnemcnt, d’encreprendrevnc affaire cü ilya plus^Pnbsp;drequ’a gaigner. En celuy-cy , M ADAME, vous perdrez beauco^j^^nbsp;amp;VOUS negaignezrien.Vousperdez Paris, quieft vndemy Roy*‘’ - inbsp;de France, corame fi vous couppicz voftre Couronne par la 0^°*nbsp;C’eft la Reyne des Villes, leThrofne des Roys, le plus hantnbsp;l’Eftat,qui fak la terreur de vos Ennemis,la gloire de vos SuictS)^,nbsp;miration de tout le Monde. C’eft le fciour de la plus haute p’^^^nbsp;MeredesScicnces amp; des Arts, le lieu des grandes affaires,nbsp;take des Trophées amp; des Couronnes. C’eft de la que vienc Ie j^snbsp;des armesle plus prefent, 1’argcntle plus net amp; le plas preft »nbsp;Panfietisont toufiourspaycauec vne diligence qui n’a rien denbsp;qu6 leurfidcüté.

En outre, ruinant Paris, vous touchez a la Clef de la voute; ¦esbranlez toutes les villes qui ont leurs alliances, leursnbsp;kurscorrefpondances dans Paris. II n'y aprcfquc perfonne cunbsp;ce,quines’cftimecommcBourgeois de Paris, amp; qui ne preiine F ^nbsp;a fa profperké, amp; qui ne s’afflige de fa perte. Quclquenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;\c

V. M. puifte auoir de cette entreprife , il faut perdre ^ fangdc VOS Suiecs. Et vous aiKZ defia gerdu a la prik d’vn V

^«tinople. nbsp;nbsp;nbsp;.

j -^diouftez, MADAME, quc les ViUes reuoltées feront tarir tou-les veines de vos Finances,qui ayant efté employees pour Ie mal, nc lailleront paslalibertédefairelebienquandvouslevoudrez. Ie disnbsp;^weparcemoyen vous auez monftré auPeuplefesforces,qu’ildc-^ ignorer, depeurqueccqui s’eftfait en vne bonne caufc , nefe facenbsp;.^autre foiscn vnemauuaile.Etcequipaireencore tout cequ on f^au-’^dire, c’eftquecemalheureivx deileinreleue les Ennemisabbatiis, amp;nbsp;''If les conqucftes du feu Roy voftre tres-bonoré Efpoux , qui ontnbsp;ülté tant d’or de fang , qu’il fuffifoit pour acheter plulieursnbsp;tg Royaumes. En pcrdant tout cecy, vous ne gagnez rien : car cct-füthorité , que vous pretendez maintenirparcette rigueur, n’eftoifnbsp;blellëe. O nf^aitbien que les Regens amp;: Regentes des Royaumesnbsp;5“ij ^iitpaslesOnginauxdefauthorité, mais les Depofitaires: amp;quenbsp;L ^^ulcnt entreprendre par dela les anciens ordres du Royaume, onnbsp;gy''peut oppofer la Loy fans les offenfer. Si V.M. euftpriscetteoppo-dg^'^ciuileiiicnt, ellen eftoitnulleincnt intereflée. Mais les Grands onenbsp;Vgj.' , ^*^^teflês degloire, quincleur permettent pas toufiours de voir lanbsp;Voftre Maiefté a mis maintenant l’aftaireace poinëf,que li la reli-cuiporte fur cllc, fon authorité s’abbatj amp; fi vous furmontez autre-par la clemence , vous la rendez rudcjamp;malfaifante, amp;tellenbsp;Dw ‘^n'eftpius a 1’vlage de cette Monarchie. Nos Roismefmes,toutnbsp;Itj s amp;tout abfolus qu ils ont pü efl:re,n’ont iamais creu que leurs feii-gt ®^^ötez folfent Ia regie de routes lesLoix- Ils ont eftimé, que leurnbsp;deur eftoit de gouuerncr Ic Royaume felon les Ordonnauces ancien-S del’£d;^j.de France , de faire approuuer leurs Edits par les Coursnbsp;Hgpd®ïaincs,dedemanderconfeil, d'efcouter les remonlfrance?, amp;denbsp;• point piquer des oppoficions refpefbueufes qu on leur a Elites de toutnbsp;Atep pour ie bien dela lufticc, amp; la grandeur de leur Eftat. CcMini-^Ot!nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;eftoit Eccentrique prefque en routes afbons, a tiré cette

doj^j ^*^ohie de fon centre , amp; fa extremement dilloquée: Les exemples us d’horreur, que d’enuie de les imiter. A moins ququot;onnbsp;PaCouronneduRoy voftrefilsjV. M. ne lembioit pas deuoirnbsp;des cette rigueur contre des Suiets li doux 8c fi docilcs, qui ontnbsp;^d’ils • immortelles pour Ie Roy voftre fils, leur Dieu-donné»nbsp;%cs)j1''^ontamp; honorent iulques Ma veneration, amp; fouftiendront iuf-^ derniere goutte de leur fang. Apres ccla, M A D A M E , vou-^^^ill continuer ces triftes rcfoiutions, defaire vnanathemede cet-^ de f abyfmer fans rellburce? Si voftre Confeils’iinagine,qucnbsp;^uftice de miner Paris;Voftre Royaume croit que c’eft vne plusnbsp;*quot;§Cqum!^'codeleconferuerpour Ie Roy voftre Filsgt; Si voftre Conleilnbsp;*^^1delnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pebe de faim: La Loy de nature qui eft plus ancien-

Sceptres, diebei voftre peuplequ’ildoit faire iepolübicpour

o

fe garantk dn piu;gt; trifte des flcaux. S’ila pris les annes gt; c’eft pour conferuer vneVillerempiiedebons Sujcts, amp; cmpefcher qu’elle^i^^ ^ ^nbsp;uienncvntombcaudccorpsmorts. Ilncfcroit plus cequileft,s ^nbsp;ftoitartné. II fe garde pour Ie Roy amp; pour vous, croyanc quefajx^'-'^'' ^nbsp;preiudidableè l'Eftatj amp; a voftrereputation.

Ceque IcsdchorsdcParisontfouffert, monftreaflezce qu’oiiavo faire au dedans. On a fait vn degaft de biens infinis, horrible 6c cl p°nbsp;uentable, telque les plus rigoureuxennemis reulïenc pu faire, amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^

les peuples les plus abandonnez Ie pouuoient fouffrir. Qif ont fait ces urcsgens, linonprierpour vous ? linon trauailler nuit amp; iour,poiitnbsp;preparer les ttibutsqui vous nourriflent ? Et pour vous auoir aini'^P^^gnbsp;qu’eux-mcfmes, ils.lont reduits ^ brouter fherbe. Qkont faitnbsp;millions d'ames innocentesquifont dans Paris, pour lesimmolernbsp;cruel des fuppHccs, amp; leur ofter Ie pain qu’ils vous ont incelfan^ ^nbsp;donné ? Helas! MADAME, cfcoutez voftre propre bonténbsp;parle au coeur, amp; voycz dans quelles horreurs vous ejaueloppczd^^nbsp;penfer,cette vcrtu qui nousparoilToit hors la Regcnce, 8c quels conio^^^nbsp;demens vousdonner aunoïndu Roy j que 1’on contraint detöucbe^|^nbsp;fangdefes Suicts,amp;derougir lesFleurs-de-Lysenvnaage, auqud*nbsp;doit blanchir par fon innocence. Les perles de voftre Couronne e’J,nbsp;niftent fur voftre tcfte; Et fe pourroit-il faireque voftre ccEur if en W*' f .nbsp;encore touché? Necraignqz vous pas, M ADAME,ce compte efpo^'^^^jsnbsp;table,qui vous rendraredeuableau Tribunal de Dicu ? ,Necraignc2'';fgPnbsp;point,quelesIarmes desinfoitunez,quimontentau Ciel,n’awlc^'^^jje,nbsp;piée de la luftice diuine, pour la tourner contre voftre Royale Pefl^nbsp;que nous honorons 8c aimons tendremcnt iufques dans nos difgr^^^^snbsp;M ADAME,icvoudrois icy efpargner vos oreilles,amp; voftrenbsp;lafidelité quei’ay voüée a V. M.pour la feureté de fa confcience,amp;nbsp;neurde fa conduite dans l’Eftat, m’en empefche Aprestantdelcgt;^nbsp;permettez-moy vnefculeliberté.: Les Confuils qui plaijentnbsp;jouuentks plnsviiles. V. M-f^aitaflezd'clavoixpublique,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1»

feul homme eft ,1e principe de tous ces grands maux , qui France d’vne entiqre dilïipation. Ie neveux point tremper icynbsp;danslefiel, pourle.dépeindre auec des aigreurs dont ivauraynbsp;horreur. Ie veuxquilfoit innocent,ie veux quilfoit excellent bo*''nbsp;yeux,ftvouslccroyezainll , qu il foit yn parfait Miniftrcd'Eb^^^yarnbsp;iila creance de tantde millions d’hommes qui font dans voftre:

me, repugnelicettepenfée,amp; fi nousauons vnc vifibleeuidence,q^^^,j^-tcs ces horribles conuulfions qui agitent Ia France,nc nous nbsp;nbsp;nbsp;^

tre fource , que pour opiniaftrer fa conferuation dans Ie nbsp;nbsp;nbsp;gcp^'

s. Tfc»»j-lt;rlanslemaniement des affaires: Et outre, s’ilporte fcandaleac^^^^^ fif dans vneinfinitéd’efprits,quin’ont nyfoiblcfte, nynbsp;Scan- malice ; amp; ficcfcandale eftantde cette nature , rie peut eft^ ^ ^ jl els'nbsp;d.*!o,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jpn tQps les T heologienj, fans pêché grief: Certes, M ADA

Bonus ei ia

ucttere cc-amp; vadc pace.

A ---- ------------------------------------------1—..... \-Keg.X9.

. ¦qpres ccla, M ADAME, s’il vous plaift déefcoutcr, non mes propres Duplex e»

^ ^ees, maislerailonncmcntdc coutc Ia France. Vous deuez cette ie- la vie de ^ *'^tion aDicu, t|uinouscommanded*arrachcrnos propres yeux squot;ilsnbsp;fcandalifcnt.Vous la deuez au Roy voftre fils, dcqui vous nepou-^ * Iiazardcr Ia Couronne, pour rintereft d’vne complaifance. Vous Ianbsp;^ veftre Peuplc, pour qui vous eftes obligee d^itnmoler niefmenbsp;Pt /^-'deencasde neccflité.Vous la deuez a Ia railon, qui dit qu il fautnbsp;^^^terer lebien general au particulier. Vous Ia deuez avoftreconicien-y'qui vous defend de perdrevn Royaume pour conferuer vne opinion,nbsp;deuez ï Ia Chreftientc,qui attend de profiter de vos excmples.Nenbsp;point,quileft permis aux particulierSjdc retenir tel feruiteur qu’ilnbsp;tlb'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fortune des Roys ades mefures bien plus eftroites.Et ccluy

Qb' * le plus de puiflance, doit auoir moins dc liberté, k raifon des conle-p*^ccs qui embrailcnt le falut d’vne infinite de teftes.

Ig MADAME,c’eftccque M, le Cardinal Mazarin vous confcil*

‘ s’il eft bien afïedionnc au bien de voilre perfonne amp; de voftre Ce n'eft point engager voftre authorité,que de condefcendre a yosnbsp;E^l^ts.C’eft ceque Dauid a fait apres vne horrible reuolte. Ce que Con-Theodofeont fait, apres qu’on eut traifné Icursftatuès dansnbsp;ibg '^^•Ceuxqui ontfait Ie contraire,qnt eftéeftimez de pcu deiugc-fojj p^dc petit coEur, comme Ie Roy Roboam,qui perdit dix parts dcnbsp;cEgj,^°y^ume, pour s’opiniaftrcr a vn mauuais confeil, qui eftoit a lanbsp;Pcuples. En condcfccndant vous fercz cc que le Cielfaitnbsp;gejjj.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;èla terre, amp; Dieu a rhomme, VousfcfczlaMaiflrelledu

Cêq nbsp;nbsp;nbsp;parvertu, amp;vosexemplesfcront lesinftruélionsdctout

y a de plus pur dans noftre Chriftianifme. ï*ritj *^|r ^^iefté a pü apprendre de 1’Hiftoire ancienne,que cette illuftrenbsp;CCj ^ Berenice, qui eftoit née du fang done le Sauueur a pris naill’an- suttort. innbsp;par fesraresqiialitczlecoeur deTite Vefpafian, ( leplus ay- Tito- cap.’ll.nbsp;cjttt^^'^pereur, amp; le preraicr Conquerant delatcrrc,) qu’elleaymoitnbsp;‘^«^ent, eftantreciproquementhonorée defonamitié,iufqu’^ vne

y

•recherche de mariage. Maïs comrtïeelle vit que Ie Senat amp; Ie Romaia n'aggréoient pas cette alliance, a raifon quelie eftoit enbsp;gere/elle quitta ce grand Prince par vertu, qui Ia congedioitnbsp;l’vnfacrifiantfonaftèdion, iScTautre fa fortune aux intcreftsdel ^nbsp;Cette viétoire queüe emportafur elle-mefme, pour iapaix dnbsp;pirc eftranger, a palfé k Ia veneration de tousles liecles. Et iious c

rons aujH devollre prudence, que vousferezpour vnRoyaunie q^^J^

fIvoftre,ce qu clle a Ihitpour celuy-lamefrae qui luy eftoitli .

amp; que parcemoyen vous rehaulièrez voftre Couronne d’vn luni-'^ comparable.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

Perfonne, MADAME, nepretend faire enfortequelanecelhte''^,p arrache, ce que lavéitu vous deraande. Onfeait que vous sftc^P gnbsp;fantc. Mais on ne peut pas oubIicr,que vousauez.elté toufiours bonbsp;iüfques icy.Ondeüre ofter vnobftaclei vo(aev.ertu. Maisnbsp;vous cherit encore icy,oafepa(Iionnepour voftre grandeur. Etnbsp;D mefmes qu’onvousafaitluioirs,voudroient vous auoir faitnbsp;gré de leurs propres corps pour remonter furie Throne de Paris»nbsp;gardant la iuftice que vousdeuez a vosSujets. Q^afait Paris, Mnbsp;DAM E y ( fi vous voulez ouïr ce qui fe dit) qua fait Paris ? q^nbsp;fait vos M agiftrats ? linon de vous reprefenter les Loix amp; les Ordon*’nbsp;ces du Royaume, i quoyilsfont obligezcnconfcience, s ils nevei^nbsp;cftre condamnez de trahifon ï Q^ont-ils fait, fmon de defendt^nbsp;droióts du Roy voftre fils ? linon de retenirfEftat lorsqu ileftoitnbsp;panchant de fa mine ? linon d’appaifer la fedition, amp; einpefcher 1^nbsp;de psriÉ.’ QifalaitParis armé, linon de s’oppofer a la plus trifted^^'nbsp;ries , quieft la faim ? d'empefcher lesmaftacres l de vous confet^^^^nbsp;reftcsd’vn Royaume tanc de fois deuoré ? Il vous pouiTuitnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;La

fes foumillions,lorsquevousle fuyez. Il vous ouurefes porteSji^^^j C0£ur,en luy r’araenantcefacré Depoftque vous luy auez cnleué.E^ L ,nbsp;ie tourmentez, amp; vous en voulez faire vnexemple d*horreur,d^ 'Let

touchons .nos playes , lt;Sr nous ne pouuons encore, nous imaginer ^ ^es viennentde.TOStraitSjamp;qu’ellespartent de ;yoft.remain. Vollrenbsp;f(jait, que léProphcteRoycftant extrémernent akeré,ne voU' j_,

I ^pasboire-vn verre d’eau qui auoit efté gaigné fur les eniiemis, par tj. jy. j. ^*ager amp; Ie fang derrois de fes feruiteur s, qui s’ eftoienc expofez pournbsp;f^^l^Per. Et qui oferoit penfer que V. M, vouluft achepter lalatis-uond’vnedefesvolontcz, quand elle leroit la plus iufte du monde,nbsp;calamitez d’vn million d’homnies , amp; la dclolation de-toutnbsp;°^Royaume?

* cft ailé ^iuger, que V. M ayanc 1’ame 11 bonne Sc 11 Chrcfticnnc, j. ^point de mauuaifcs intentions: mais que fe croyaac Dcpolitairedcnbsp;j^'^.^laorité Royale , qu’ellc penfe eftre bldfée, elle adroicbdc la maiii-par des exemples d’vne haute feuerité. I’attefte icy Ie Dien desnbsp;^^*^*^arques , que cefl vne iUnlinn d’ElUt , de fe pgurer ejae i’autamp;orite'

^ nbsp;nbsp;nbsp;conjijh en la, rigueur du Gouvernement , amp; en l‘abatjjèmenc

V ^ ‘^^uples. C’cft Ie chemin que les violens Fauoris ont pris de tout jj Ps, pour regner iufqucs fur ieiirs Maiftres, fous pretexte de feruice.nbsp;tellement fait valoir cette authorité Royale qu’ils auoient en-mains , qu’a force de i’elleuer ils 1’ont deftruitc. Ils ont tout

r. ^fibi

Pporter : 3c que fondantfous lepoids d’vne grandeur démefiirée , ils dans leur ruine. On ne voit rien de li ordinaire dansnbsp;*üoinbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘3'-'^ des Couronnes calfées, amp; des Sceptres brifez, pour

Peuples. Ce n’eft point vne authorité 'les p ^ aller par tout enuironné de terreurs , que de faire geinirnbsp;elle ^*^plos innocens fous Ie ioug d’vne amere feruitade, que demar-d-g pi'r les ruïnes des Villes furaantes, que de drelfer des gibets, quenbsp;Igj j_5'^glanter des efchaffauts, amp; aliumer des brallers, comme ont fair,nbsp;erodes amp; les Nerons. L’auchorité Royale eft'vn rayon de la facenbsp;vne haute cftime, vne veneration tres-grande, impriraéedansnbsp;Peuples, qui vicntde lavertii, de la fainéle puill'ancc amp;denbsp;bit dos Roys; mats fur toutde la bonté amp; de Ia clemence, quinbsp;^ ^our Throne eft foullenu paf les mains de 1’amour des Peuplesnbsp;‘^olles^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;P^'- Armes, par les Regimens amp; par les Cita-

^ nbsp;nbsp;nbsp;cette vertu, M A D A M E, que nous auons touliours re-

quot; nbsp;nbsp;nbsp;. V. M. amp; dont vousauez ietté les feraences dans lecoeurde

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tatJon font cfchapées, ne feroit-il pas bicn feant h voftre voftrc fexc, amp; aux bicnfaits que vous auez rcceus de Dieu, de lesnbsp;pluftoftparmifericordc, quelespunirpariuftice J MADAMEgt;leigt;nbsp;que vous adorez amp; que vous deuez reprefeiiter fur leThróne,eft*^^^^jnbsp;dcordieux iufquesaux enfers : Et vous voulez chaftier fur la terrenbsp;pcclicZj OU de furprife ou de faillie,qui font (comme il eft croyable)nbsp;donnezdans Ie Ciel. Necraigncz point que Ia clemence rendenbsp;Sceptre plus foible.Maiscraignez pluftoftquela rigueur nelcroU}?

A Dieu ne plaiie que Ia pallion d vn ccEur irrité, vous faite expoj^ patrimoine de Charlcmagnedc deS. Louys,hazarderra;uurededo^^^^nbsp;iicclcsj Sc de loixantc Sc quatre Roys, aumclprisdes Peuples,quiennbsp;roient les foibldfes, amp; au pillage des eftrangers, qui en enuient ^nbsp;poüille. A Dien ne plaife que vous Icuiezles lacrccs barrières qui ^nbsp;tiennent les Eilats, faifant tenir prcfquc pour perdu, tout ce qti ^nbsp;ft’.onftrc (c pouuoir perdre.

Prenez pitic devous.mefrnc, MADAME, fi vous n’aucz point j pallion de nous ; prenez pitiéduRoy voftre lils ceDicu donnéj^^^^^nbsp;vous deuez pluftoft laifl’er l'amourdcs Peuples en partage,quclanbsp;geance des iniures d’vn Eftranger. Cc n’eft point vn petit nombrenbsp;ciieux quicaufent ccs remuemens, comme on peiife faire crokc anbsp;Majcfté. LesPrinccsamp; les Grands ont leué leftendart, les ParM^^jj^jnbsp;Pont declarez pour Ie bicn public; IcsProuinccsloullcuécs, amp; les y ^nbsp;armées, les Peuples irritez centre Ie Goüuerncmcni. Cc n’eftnbsp;tnain d’vn homme qui fait ccs grandes operations,c’eft celle denbsp;vientpourpunir nos'pechez. Tout voftre Royaume eft cn fcu,^ 'nbsp;fcignez de diftiller vne goutte de roféc pour l’efteindrc.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;a’-flicS

Sortez, MADAME, decesconfulionsd’efprit.R’allumczccs^ ccEpfécs de voftre charité, que nous auons tant de fois adtnH'nbsp;V.M.Fakes remontcrles vertus furie Throne auccvous,dcrcprt*’pjgiinbsp;coeurdeMereenuersvosPeuplcs affligez. Il y a long tempsnbsp;vouspourfuit, amp; tend ^voftreobeyfl'anceles mefmesbrasqu ^nbsp;fur laCroix.Nelemcfprifczpoint, MADAME, amp; vous louu^^^^jje,nbsp;les lours de ce iour redoutabIe,qui vous fera paroiftre deua t fon ft ^nbsp;defpoüillée de tousles ornemens decettefrelle gloire qui vousnbsp;ne: oii n’ayant plus que Ie bicn amp; Ie mal que vous aurez fait ^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pples*

faites ceque vousvoudriez auoir feit pour lors, Sc iugcz vos comme vous defirez cftr e iugéede Dieu. Faites voftre mcrixe de f onbsp;prefente, pour cnfeircnosfelicitez, ScDieu en fera voftre

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