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LA
EN VERS
A PARIS,
Chezquot; Denys Langlois, au mont S. Hilaire, a rEnfcigne du Pelican.
M. DC. XLIX.
-ocr page 2- -ocr page 3-SANS CANONS.
\^mp€r ego auditor tantum ? numquam ne rej^onam, ^^exatus toties rauci Thefeïde Codfi?nbsp;j fifait, il en faut direnbsp;Jïiots qui ne font pas pour rire;
Slui pourroit rire cn ce temps G7 faints amp; maintsfont mécontens?nbsp;n’entcndpar tout quechamadesnbsp;donner de rudes aubades ?
K^U’outre pot amp; corfelct {| il^Btreuue du piftolct,
Q*^Ut s’armer de bonne tefte «^ntrei’inftrument de Ia fefte,nbsp;fcn duquel tant fe plaift Marsnbsp;n’aime que ieux dchazars,nbsp;ji^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;prcferant la fculpture
^ ^.^cellent Art de peinture •j-^.^ait quc trop, Ie malheureuxjnbsp;L en bolfe ou bien cn cneux»nbsp;j^^Iant ftatuës fort antiquesnbsp;Sj fes coutelats amp; piqués,nbsp;eftrc d’antiquitc,
^ ^’auoir bras que d’vn coftc,
? d’auoir lateftc caffée, ^ nbsp;nbsp;nbsp;i
^*^5 pied, iainbe, cuilfc froiffcej
-ocr page 4-Ou d’autres pareils accidens Que caufe l’iniure du temps.
Ce qui me fait penfer amp; crêre,
Que s’il fe mettoit a portraire ,
11 y pourroit bien rcufllr.
Puis qu’il f^ait 1’art de racourcir.
Ce Dicu done nourry dans l’arméc Qui fe plaift tant a la fuméenbsp;Du feu de la poudre a canon,nbsp;Rompons a propos de ce norn.
Tant que nous verrons nos recreuês Courir fi fort parmy les rues,
Eftre fi difpos amp; fi prompts,
Monllrant qu’ils ont bons efperons A la Thionuille, cu la Guiche,
Qui fuït iadis comme bichc.
Et par la crainte de mourir Monftra qu’il f^auoit bien courir.
Dieu vcuille que pas vn des noftres Ne fuye ainfi deuant les autres:
Mais ces Gens fur noftre pauc Ne demeurent pas vn Aue.
Tant qu’ils fcront voir que leurs muics N'ont du tout au talon les müles,
Et que fans peur de bouë ou d'eau, lis courront emmy Ie ruifleau.
Tandis qu’on verra renfermée Dans Paris vne grande armée,
II ne faudra point de canon.
Que veux-tu dire par ce fiom ,
Poëte crotté , qui pariaótance T’erigc en homme d’importance ?nbsp;Songe a ce que tu dis icy.
Mercy, nem’appcllez ainfi;
('Des deux cy, Icquel faut-il mettre Pour bien rimer?} c’eft de peur d’eftrc
-ocr page 5-T\i nbsp;nbsp;nbsp;Tnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/
.,^’cftre uommc Poete crottCj XUe i’auance vnc vcriié,
Quand ie dis pour vn vray prefagej ^anons ne fcront en vfagenbsp;Tant que les bouës dureront,quot;nbsp;que chcuaux ainfi courrontnbsp;^’cntends de ccux qu’on metaux bottcsnbsp;Qui blancs ne font bons pour les crottes«
. Ie m’eftois proprement veftu,
^yis canons a pigeon pattu autre iour pour faire vifite,nbsp;marchois fans aller trop viftCjnbsp;^aifant pour ne les gafter pasgt;nbsp;demy eerde a ehaque pas,
^’eftois auancé dans la rue;
tendant vn grand col de gruc Pelicatement ie vous metsnbsp;«outs de mes pieds fur pauez nets#nbsp;Quand voicy que par brauericnbsp;cheual poulfé de furienbsp;^ar fon indifcret Caualierjnbsp;^ue n’eftois-ieiors en fouUernbsp;^tiec vn bon gros bas d’eftame,’
^ais i’allois pour voir vné Dame. n’culfe mieux dit en verité,
•Rue n’eftois-ie lors bien botté ^eflTus vn bon bas de ratine,nbsp;de ferge non pas fi fine;
^ falloit pour, ces vers lier ^touuer vne rime en lier.)
^fpendant cét impitoyablc ^enoit courant commevnbeaudiabiejnbsp;;^3ns refpeéter mon port diutn;
retiray du chemin ^ vne vifteffe plus aétiuc,nbsp;ne fait rhcrbcfenfitiue
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De rhomme qui la vcut' toucher]^ Tant i’auois peur d’en approcher.nbsp;ïe recule vifte en| arriereynbsp;Auan^ant bicn fort Ie derrïcrc,nbsp;Couurant canons de mon manteaujnbsp;M’appreftant de dire, tout beau5-Toy qui d’vne courfeinciaile,
Aux honneftes gens de la villc j Faifant la guerre par ébat, '
Les mets li-toft hors de combat^^ Car Venus fe plaift a la guerrcj-AufTt bicn que fon adultere.'-'
(Mais tirons-nous de ce penfer ^
De peur de Carefme offencer.)
Ie trouuay plus feur de me tairCj Et de rctenir ma colerc, ¦nbsp;Connoiflant que i’ay Ie defautnbsp;D’appeller coquin ou mavaut ¦-Ccluy qui ni’offcnce ou me gennepnbsp;Q.iiTouiient ne fe met en peincnbsp;Si ie fuis enfant de bon lieu,
Témoin Ie pont de 1’Hoftcl-Dieu ^
Oil Ton me bailla bien Talarmej Y voulant faire Ie gendartne^
Quand on ofa me denier Paftage faute d’vn denier :
Qnpy que pour lors fans hyperbole, leuife en or plus d’vne piftollcvnbsp;Qjè-:ne*fais*ie cn meme danger, -Et n’ay-ie autant d’or a changer.nbsp;Quitte pour auoir plus dc hontCj ,nbsp;Mais reuenons a noitfé conté.
Dans v.ne porte rceulant,
Ic priois Dieu que Ie galand Rencontraft quelque chauffe-trappednbsp;Quandie nrapper^cu d'vne trapp.c^
-ocr page 7-^uurant fort prés dc mes talons)
^Car i’auan^ois a reculons) effroyable precipice,
, faas aucua autre artifice faire vu faut perilleuxnbsp;^ omtne ce Romain glorieuxnbsp;j* i’eufie reculé d’vn pouce.
fi Pon ne f^ait qui nous pouffe, f9ait qu’il y a quclque mainnbsp;^i conferue Ie corps humain.
pauure carcafTe mortelle , p cette fois l’échappa belle:nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i
j.? i’euffe gaflé, ce dit-on,
plus que bas amp; que canon.
Ie vin, pour fort qu^il fe dife^ p euft pji fauuer de ma ebémifenbsp;moule, de ce fier deftin,nbsp;regne auffi bien chez Ie vin,'
I!
!x^’il fait dans vnc chambre haute: i^nt y a, qu’ainfi par ma faütenbsp;j ftant prés du moment final,nbsp;p tombay de fiévie en chuud maL;nbsp;^“aces a vous, horrible entree,nbsp;auoir eftc fi retirée.
^’^aces a vous, pieds amp; talons, n’auoir pas efté trop longs,nbsp;m’en prit, ie voifs Ie proteftegt;
gt;, ^ tourner tant foitpeu la tefie, j^^d’oublier pour vn momentnbsp;iambes Ie blanc ornement^nbsp;foin de moy, dés Phelire mefinynbsp;^urent plus la couleur fi blême:nbsp;^’on eufi dit en veriténbsp;moii groin 1’auoit empruntéinbsp;^ 5^ Vnc pointe pedantefque
vaut Hen dans Ie burlefque)^ ^ canons furent afpergez'^
-ocr page 8-Par ccsCaualicrs enragez,
Craignants de n’attirer a giftc,
Vn raéchant diroit d’eau bcniftcp A Dieu ne plaife, ie Ie crains,
Que i’abufe de mots fi Saints.
Ce ne fut d’eau de fieurs d’oranges ] Mais de I’elTence de mélanges,
D’vrinc, dé bran, amp; du fiux,
Qui tous les mois, ny moins, ny plus, Souucnt ramcnc la Mer rouge ,
Quoy quc l’Arabie ne bouge ,
Ny n'auance Monfieur Paris,
Pour aller voir Dame Memphis.’
Flux qui n’a pas 1’odeur fi bonne, Nonobftant Ie nom qu’on luy donnc,nbsp;Cgt;üe la rofc, ou quelque autre-Hcur,nbsp;Dont elle approche de couleur :nbsp;Sinourrit-il enrecompenlenbsp;Vn fruit d’vne autre confequence.'
Mais que fommes-nous deuenus?
Oil cft Ie paillard de Venus ? Difions-nous.pas que dans rarméenbsp;II fe piaifoit a la furaée?
Si ie ne craignois d’eftrc longj Ou fi i’eftois bon violon,
Ie chantcrois par melodic
Que ce grand Dieu, quoy que bon die,
Aimc plus celle du tabaq ,
Que des inftruments qiii font claq; Qu’au iugement de fes narines ,
(Que chacun f^ait eftre fort vaines^ Vautmieux fumce de renom,
Quc tabaq amp; poudrc a canon. nbsp;nbsp;nbsp;^
Finiffons done fur la fumée, nbsp;nbsp;nbsp;,?
I’y trouLie pour rime affamée.
Rime amp; raifon, car a pixfent On voic qu’on ne vk pas de venri
. F 1 N.