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^LENTRETIEN

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DE MESSIEVRS

DE LA COVR

DE S. GERMAIN,

AVEC

MESSIEVRS

DE LA^OVR

DE PA KL Ë MENT

DE PARIS.

U. DG. XLl'X.

%:Amc i^ermiflion.

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L'ENTRETIEN

S EGRET

DeMeiGeurs de la Cour de S.Germain,

AVEC

Aiejikurs de la Gourde Parlement de Paris.

L n’y a quc la Iuftice,Meflïcurs, qui puiflc fou-ftenir Ia grandeur des Eftats : puis qu’il n’y a quelle feule qui puiffenaaintenir routes chofesnbsp;dans Ie deuoir.Voftre Compagnie a cfté choifienbsp;de Dicu amp;c du Roy pour l’exercer. Et c’eft ce quinbsp;faitque nousvous regardonscomme dés Dieuxnbsp;moreels, qui difpofez du deftindes Peuplesamp;:qui comme Ienbsp;grand DieuduCiel pouucz infpirer ou la yieoulamort,parnbsp;lefoufflede vos bouches.Cc pendant qiiecettelufticearcglénbsp;voftreconduirteamp;lanoftre: Ellcnousafait voirvn Siecled’or,nbsp;rendanta viichacun ce quiluy appaitcnoit: Dien eftoit feruy amp;nbsp;redoute; Ie Prinec eftoit aymé amp;: honoré i Ie Royaume eftoitnbsp;fioriflant amp;: heureux.

Toutes lesalt;ftionsde cette illuftre Vertu , eftoientaurant de facréesfplendeurs,quifercflechiftbientfurl’Eftat,comme lesnbsp;rayons furie corps du Soleil, quile faifoient efclatcr dans Ie plusnbsp;hautluftredefa perfedion, aufll bienquede fagloire. Mais ilnbsp;faut aduouër qu’incontinent que Tharmonie de cette luftice anbsp;efté rompuëj oualterée: incontinent que l’integrité Ta cede a Ianbsp;coraplaifancc, incontinent que nos pqchez font deuenus lesnbsp;voftresjamp;r que la Politique intereflee, a efté plus forte que cellenbsp;de TEuangile: Alors nous auons commence d’efpreuuer l’ef-pouucntable verité des Oracles du S. Efprit, qui menace de

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cojnfondre la fageffe humainc, quand ellc veut s’efleucr au def-fus de la fienne. Dieu efl: Ie fondaccur des Empires, SC d cn vcuc cftreaufli Ie Gouucrneur. Sa prudence eneftl’apuy, amp; lavo-lontéendoiceftrela Regie. line veut pas, Meflieurs, qu’onac-commode fesLoix aux affaires, amp; la lufticeau temps: Mais ilnbsp;veut qu’on accoramodelcs aftaires afesLoix Ie temps a lanbsp;Tuftice.Tout au contraire de ces mauuais Architcdes dont par-le Ariftote, qui niefuroient Icurs regies aux pierres, amp; non pasnbsp;Icspierres aleurs regies.

Nous iicparlous pas ainfi, Meflieurs,pouraucundoutcqup noiis ayons de voftre probité ; Nous croyons que vous prati-qucz cc que Dieu commandoit aux Roys d’Ifracl, d’auoir touf-ioursfaLoy deuanr les yeuxparla ledure, dans lecceurpar lanbsp;Meditation j amp; dans les mains parl’obferuance. Nousf^auonsnbsp;que vous f^auez, que iamais les Souucrains ,nylcs luges n’oncnbsp;fait de bien dansradminiftration des Republiques, que quandnbsp;ilsontfoufmislesLoixtemporellesaux cternellcs; Et quequi-conque s’égarera de ce principe, il tombcra dans riniufticc, SCnbsp;de riniuftice, en toutcs fortes de defordres.

L’animal qui tire fa nourriture des Elcrnens, en tire aufli fon origine ; L’arbre qui rc^oit fa naiffance de laterre, enre^oitnbsp;aufli la vie; La mere qui a produid 1’cnfant, prend foin de 1’éle-uerj Et Ie Soleilacheue dans Tor ,1a perfedionqu’ilauoitcom-mencée. Mais les Eftats qui font plantcz de la main de Dieu, quinbsp;les pourra fouftenir que luy .?S’ils font eftablis par fa Sageffe , quinbsp;les pourra conferuerqu’elle raefmc.?3’ils fontfondcz par fa feu-Ic puifTancc, qui les pourra aft'ermir quefafeule Vertu .^’Etquinbsp;f^ait mieux que vous,Meflieurs, que ceux qui ont voulu fuiurenbsp;d’autres Maximes , ont tefmoigné par leur propte mal-heur,nbsp;qu’il n’y a point de confeil contre ccluy de Dieu, ny point de fa-geffe contre la fienne ?

Le rencontre des affaires prefentesnousferoitapprebender de paffer pour fufpeds en vos efprits: fi auparauant que de vousnbsp;direnoslentimens, nous ne proteflions vouloir quitter pour vnnbsp;temps 1’humeur Caualiere amp; interefïéede de^a,afindetraitcrnbsp;auec vous par les feuls principes de la Politique Cbrefliennc Scnbsp;Ciuilc, que nous profcflbns auec vous comme Cbrefticns, SCnbsp;comme Francois. Nous ne fommes pas du nombre de ceux qi^^nbsp;cftiracnt peu voflre prudence, voftre zclc Sc voftre affedion

pour

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pour Ie bien public : Et quelquc remblanr quc nous ayons fait, nous n’auons iamais pensc quc vous pcuiïiez trauailler pournbsp;d’autres motifs, quepourceuxdelagloircamp;dcla vertu. Nousnbsp;auons toufiours creu tres-conflamment que I’objet de vosnbsp;foins, ne pouuoit eftrc que Ie feruice de noftrc Prince, de lanbsp;Reyne Regentc, amp;C del’Eftat. Nous ne vous connoiflbns pas finbsp;peuquc nous ne fjachions bien, qu’ilfaudroit auoir perdu Ienbsp;fens, pour reuoquer en doutevne fldelitéatteftée partantdcnbsp;Siccles, confirmee par rant de preuues amp;ratifiée entantdefa-meux rencontres,aux defpens mefmes de voftre repos,amp; de vosnbsp;fortunes. Quand nous auons parlé autrement,cc n’acftéqucnbsp;pour eftre Courtifans a la Cour, amp; pour viurc a S. Germainnbsp;commea S. Germain; ainfique vous parlez Sc viuez a Parisnbsp;eommeaParis. Car quine f^ait que vos interefts font infepa-rablement attachez a ceux du Roy amp; du Royaume , amp;: qucnbsp;ceux-la nepeuuent perir, ians quc les voftres foient deftruids?

Apres routes ces proteftations finceres Sc vcritables , que nos ccEursprononccnt plus hautement que nos plumes ounosnbsp;languesnc les ffauroient exprimcr. Nous croyons vous pou-uoirparlercnconfidence,amp; communiquer nos pensees furiesnbsp;affaires prefentes, dcfquelles il femblc qu’il n’eft pas quafi pof-fible de fe taire, puis que tout Ic monde y avnfi notable in-tereft.

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Les accidens qui attaquent les EftatSj font comme Ie feu qui s’eft pris aux Templesamp; aux Autels que chacun doits’effor-cerd’efteindre: chacun a done droid auffid’en dire fa pensee.nbsp;Nous fentons la mifere commune auec vous, comme vne Ecli-pfedu Solcil amp;des Aftres, qui ne pent eflre que tres-funefte,nbsp;fi Tonne court prompeementaux remedes. Nousenapprehen-dons Icsprogrez Sc les fuittes, Sc nous croyons endeuoir con--fcrerauecvousjd’autant plus confidemment Sifranchement,nbsp;que nous f^auons quc la flatteric eft vne peftede Cour, qui anbsp;commence tous nos maux, qui les a fomentcz,qui lescntre-tiendroitcncoramp; les rendroit fans reffource ,fi laProuidencenbsp;du CicI n’appliquoit la voftre pour venir au fecours.

Pour vous monftrer, Meflieurs, combicn cette mauuaife qualitcapeu depouuoir furnosefprits , bien que nous, foyons-Courtifans; Nous vous dirons d’abord que fans vouloir entre-prendredepcnctrcrl’abyfmcdesiugemens deDicu, quenous'

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reconnoifTons impcnctrables,Fansvouloirdifpüterdesvcri-tez dont nous apperceuos mieux leffec quc la caufe: Nous vous dirons pourcant, que nous dcfcouuronsau trauers dc ces épaif-fes tencbres qui nous enuironnenc, queles mal-heurs donclanbsp;lufticcdc Dieunousa inucftis, font dc puillantes preuues quinbsp;nous annoncenc, qu’ileft vcay ce que Ia Politique Chreftiennenbsp;amp;Ciuilcnous enfeignc,cequela Theologie facrée amp; profanenbsp;public, cc quetousles PrincesSe Magiftratsdoiuentfuppofcrnbsp;pour principe : mais cc'que vous deuez croire conftammenc,nbsp;plus que routes autresperfonnesdu monde; f^iauoirque Dieunbsp;deftruict ce qu’il n’a point edifié; Ilrenuerfc cc quil na pointnbsp;eftably: II ruinc ceux quile méprifent: II nc permet les crimesnbsp;que pour les chafticrrllfait iuftice au trompeuramp;: a celuy qiiinbsp;eft trompé: II confond les luges qui fe départent de fa condui-te:Ilofte lefprit aux fagesqui leveulenteftrefansluy, amp; mal-gréluy: Il[derccint Ie Baudrier des Roys, amp;: les lie dc cordej,nbsp;quand ils nc veulcnt pas-lc reconnoiftre pour leur Souuerain: 11nbsp;couure les Preftres amp; les Prelats d’infamie, quand ils profanencnbsp;leurCharaclere;Il fupplantcles Chefs «Selesfuppofts desRcpu-bliques, quand ils abufent de leur pouuoir: II olie Ia parole auxnbsp;plus gens de bien, afin qu’ils nc difcntpointiaveritc, ou s’ils lanbsp;difent, il ne permet pas qu’ils foient écoutcz; II ictte l’ignorni-nie fur la face des Princes, qui Pont voulu ietter fur luy, amp; il re-leucderoppreffionceuxqu’vne iniufle violence auoit fait fuc-comber: II manifefte ce qui auoit efté cache , amp;: il public cenbsp;qu’on auoit tenu fecret: II fait croiflre les Pcuples^que la vexation auoit fait dcfcroiflrc, ^ reftablit ceux qu’on auoit veu per-dus; IlabaifTelesfupcrbeSj amp;:il exalte les humbles: Ildeftruidlnbsp;la force,amp;; il fortihe Ie neant: II abbat dans vn,moment la grandeur des irapieSjSe ilrefTufcitelapoftcritéeftcintederhommenbsp;de bien. 11 fait toutes ces merueilles, paree qu’il eft Dieu,S2nbsp;paree que c’eft a luy afupplcer Ie defaut des caufes fccondes,nbsp;pour mettre tout a la raifon.

JpudDeum eflfortitudo amp;fapientUy ipfe nouitamp; decipientent^ cf eum qui decipitur. Adducit confiliariosinflultum finern óquot; iudt’-ces inftuporem^ Baltheum Regum dijfoluit'i ^pVAcingit fune renesnbsp;eorum, Ducii Saferdotes tnglorios^ ^ optimatesfupplantat. Com-mutans labium veracium, do0^rinamfenttm auferens^ Bffunditnbsp;defpe^ionemfuper Principes,eos qui oppress fuerant, releuatts.^^i

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rtueUtprofundal de tenehris^drproducit in hem nitnlram mortis^ multiplteatgenteS:, ^ perdit eas , ^ fitbiierjas in integYum re-Jbituit^ amp;e.\oh.

Toures ces grandes paroles qui font indubitabies, paree quo e’eft 1’cfpric de Dieu qui Ics prononce , amp; qui Ics execute,nbsp;nous apprennenc vne cfpouuentable verité que nous crain-drions de vous dire, d deia vous ne nous auiez permis de parlernbsp;franchcmenc,amp;: dercnoncer au langage de la Gour. Elies nousnbsp;apprennenc que quand la cholere du Ciel veut punir les Eftatsnbsp;dequclque iniigne defaftrcjl permec que ceux qui les gou-uerncnc, perdent i'cfpric Sgt;L le fens, ou pour ne pas preuoir lepe-ril qui les menace, afin qu’ils nc le preuiennentpas ; ou afin quenbsp;le preuoyanCjils le negligent, amp; s’endorment, afin qu’ils ncnbsp;recourenc pas auxremcdes. La ville de lerulalem amp; Ic Royau-me dcsiuifs furencaffez aduertis , amp; paries Prophetes, Sc parnbsp;millcs autres prodiges, du mal heur qui les deuoit accueiliir:nbsp;Mais les Princes Sc les Magiftrats qui cxer^oientl’autorité, re-ieccoienttouslcs moyens defalut auec autant d’ardeur , qu’ilsnbsp;endeuoient employer pour les recherchcr. Ils s’opiniaftroienc

s’aueugloicnc d’autantplus qu’on les vouloicinftruircamp; cC-clairer : Les Anges Tucclaires de I’Eftac firenc r^tentir leurs voixdansle Temple, Sc dansles Carrefours; Les fignes Sc lesnbsp;prefages paroiflbient de temps en temps: lefus-Chrifl; mefmenbsp;prit la parole pour les aduercir,amp; pour leur dire que leur calami-té feroit fans resource,s’ils demeuroient fans penitence. Chofenbsp;eftrange: que des aduis fi falutaires Sc fi importans ne feruoientnbsp;qu’a les rendre Sc plus coupables, amp;: plus atcachez a leurs def-ordres.

Le mefme arriua au temps du Deluge, accuxquienfurenc fiirpns,amp;: a ces cinq villes criminelles, qui furenc foudroyées dunbsp;Ciel. Le mefme eftarriué a couces les Republiques qui ont pe-ry,amp;le mefme arriueraa toutes celles qui periront. Cette Politique du Gicl eft fi certaine. Sc fi euidentc,que les Payens mef-mesToneveuë Screconnue. Et vn d’entr cux die expreflemencnbsp;qu’en telles occafions, Videmus manum imjcientibu4 fatis ob-tnndi e^hehetari fenptihominmn:^ fugiendo fatA,in media fatanbsp;rititur. Le Poetc Virgile quientendoit parfaicemcntles myftc-rcs de la Theologie Profane, dit que quand le iour fatal de lanbsp;ruine dc Troyc fut arriué, laProphetefle Gaflandre fe cuoic

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d’fcn donner aduis, Tmc etiam fatis aprit ^ Cajfundra futarisy Ora^ Deiiujfu nonnunc^uam credita T'e’^cm. Lesp’usfagess’ef-crioient qu’ilfalloir aller au déuant: mais tour cclan'empelchanbsp;point qu’ils nc fuflcnt affiontcz, amp; affrontez parvn chcual dcnbsp;bois, Quoyqu’on leur reprefencaft qu’alFcurcmcnt cctccquot;machine eftoie deftinéc pour machincr leur ruine : amp;: que ceteenbsp;olFrande dc pictc apparence , eftoit vn cruel artifice preparé anbsp;leur deftruétion : Quoy qu’il n’y eut rien de plus facile, ny denbsp;plus raifonnable, que d’en faire l’efpreuue.auparauant que dcnbsp;l’introduire dans rénccintc de Icurville. Quoy qu’vn cerrairinbsp;Laocoon mefmcpouflanrlc ferdefalanccdanslcsflancsdeccnbsp;Coloflejcn tiraft dcsgcmifiemcfits eftoulfcz, amp; des gouttes denbsp;fang,quitcfmoignoienc aflezlcftraragemedesennemis. Quqynbsp;qu’on leur dill ouuertementquece prefent venanc dcs-Grccs,nbsp;ne pouuoiteftreqtie trcs-fufpeéf jqu’ily auoit des Soldatsca-chez dans leventredecétanimal,qu’ilsfcignoient conlacrer anbsp;Mineruc,amp;qu’illefailloicouiettcren la mer, ou confommernbsp;par lefcu.oudumoinsle vificer,cepcndantlcspauurcs Troyensnbsp;preuenus d’vnc folie imagination, fans examiner vnc affaire dcnbsp;tcllc confèquencc, nc fe contentcrent point dc liiy ouurirlcsnbsp;poites;raaisci»corilsrompircntles murailics pour luy faircvRC.nbsp;entree plus magnifique.

Scandit fatalis machina, maros^.

Fceta armis ^.circum fueri innupaquepielU Sacra canant, fanemqae manu comingere gaudent:nbsp;lila fuhit^mediaque minans illahitur Vrhi.

O Fatria J o Diuum domus y Ilium cf inclyta hello Moenia Bardamdum.^ quat£r ipfo tn limine prtanbsp;Subfiitit ^atque vtero fonitum quater arma dedere gt;.nbsp;Injlamus tarnen immemores, ,cacique furore^

Et mamp;njlrum infaelix facrata fiflimus arce.

Si vous nous pcrmetcez, Meflicurs , de faire 1’application dc routes ces veriteZj nous vous dirons danslelangage dufainétnbsp;Efprit, qu’il eft vray en France aufli Bien que par tout aillcurs,nbsp;que quand Ia luftice de Dicu eft irritée, amp; qu’ellc veut punirnbsp;les Republiques, elle ofte la fcience amp; Ia confcience a eeuxnbsp;qui lesgouuernent. Elle ofte lacreance hc Ie credit aux Sages,nbsp;Sc elle permet que la verité dans leur bouche, prend la placenbsp;du menfongc , êc Ie menfonge celle de la verité. EUc frapc.

d’efton-

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d’eflonnement d'aueuglcment les lugcs amp;: les Magiftrats, amp;c elle ne permet point queccuxquidoiucnt conduite les au-tres, foient capables dc fc guider eux-mcfmes. Et quandilnbsp;leur rcftcroit aflcz de prudence pour faire l’vn amp; l’autre, EIlcnbsp;nc pcrracttra point qu’il y ait affez dedocilitédanslesefpritsnbsp;pour fouffrirvne bonne conduitte. i^ddttcit Conjiliarios mnbsp;Stuit urn finem, amp; indices in fluporem j optimatesfup^lantAt-^ com-quot;nbsp;mutans labium veracium-i^f doUrinatn fènum auferens.

Mais puifqu’il fauts’expliquer encore plus intelligiblement amp; confidemment; Permettez-nousMelïieurs , de vous dc-mander, comment des gens fi Pages fi f^auans comme vous,nbsp;n’ont point confideré cette paroie de Dicu prononcée parianbsp;bouche d vn Prophete,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lesyeux du Seigneur Jont attache'!^

Jur Ie Royaume quit •ojfenfe: Comment n'auez-vous pointpen-fcacette menace qucDicufait centre les Ellatsiinpies amp;:def-reiglez ; Ie Ie perdray dr ie l'effaceray de dejfus la terre. Comment n’auez-vous point con^euce queles Prophanes mefmes enfeignent fi fouuent,que l’iniufticc met Ie defordre dans lesnbsp;Royauraes, ruïne les Monarchies , amp; fait perk les Empires?nbsp;Salomon nc dit-il pas, que la luftice eft l’vnique appuy desnbsp;Throfnes ? Senecque ne dit-il pas, qu’il faut qu’vn Royaume perilTe, quandiln’y aplus dclufticc, plus de pieté, plus denbsp;foy, plus de pudeur. Platon nc dit-il pas, que 1’iniufticeeftnbsp;la deiblation de routes les Republiques? Mais quand tousnbsp;ees Autheurs n’auroicnt point ainfiparlé,lalumiercnaturellenbsp;ne renfeigne-t’elle pas affez, que les Effatss’effeuentous’a-baiffent, felon que les Vertusy font prattiquées ou méprifces^-L’experience de tous les ffeclcs, amp; de toutes les Nations n’a-t’ellc pas fait voir que iamais les Monarchies n’ont fubfiftc^nbsp;qu’autant que la lufticelcsa fouftenues? Oü eft celle des Af-fyriens , des Perfes, des Medes, des Grccs amp; des Romains?;nbsp;Oii font les Royaumes d’Ifraël amp;: dcluda^ Et pour parlerde;nbsp;noftre temps: Ou en eft:Ie Portugal, 1» Catalongne, Naplcsynbsp;1’Efpagne, l’Allemagne, amp; toute la Candie ? Mais ou en eftnbsp;1'AngIeterre ? qui fait voir cefpcéfacleelfroyable ,vn Empire:nbsp;renuerfé, vne Couronneabbatuë, vn Sceptrebrifc ,vnefcha-faut baigné du fang de fon Roy. En verité Dicu fcroit • il Dieu,nbsp;s’il n’eftoit lufte ? Et s’il eft lufte , comment pourroit ilfouf-frit Textreme iniuftice deshommesd amp;:particulierementccile.-

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des hommes qui regifTcnc IcsEftatSjquincpcuucmeftrcfon-dczque fur la lufticc?

Si vousauez, Mcflieurs^faitrcflexionfurtoutescesveritcz, comme il n’cft pas permis de croirc que vous puifllez ignorernbsp;cc que les autres f^auent: Si vous les auez done fceuës, comment auez vous permis,ou toleré , ou dillimulé les defor-dres de Ia France ,ies iniuftices , les impietez , les larcinsnbsp;publics, les blafphemcs, Topprellion des peuples Commentnbsp;n’auez vous point eu pitié de la Vefue amp; dcl Orphelin, Sc dcnbsp;tant de pauures gens de Campagne, dont Ia condition eftoitnbsp;deuenue pire que celle des beftes r Car du moins quand Ienbsp;boeuf amp;: Ie cheual trauaillent, on a Ibin de les nourrir, on nour-rift melme les chiens qui ne trauaillent point. Mais les hommes ont eftccontraints a trauailler plus que les beftes, Sc ilsontnbsp;manqué de la nourriturequ’ondonncaux beftes. II yen a quinbsp;öntpcry faute d’auoir del’herbe Sc du gland. Commentauez-vous permis que les crimes dont l’horrcur n’a point dc nom,nbsp;foient dcuenus Ie diuertiftemcnt des Fran9ois ? Commentnbsp;auez-vous permis que Ie deftjordement de Ia police foitvenunbsp;iulqu’a ce poin£t, que les hommes ayent pafte pour fous, SCnbsp;pour ridicules, quand ils onc voulu agir par les maximes desnbsp;loix Sc de Ia confcience ? que toutela luftice ait efté dans la force iSc que les foibles n’ayent pu auoir d’autrc refuge,que Dieu,nbsp;oulcdcfefpoir ? Comment auez.-vousfoulfert, que nos gensnbsp;de guerre ayent vole , violé, pillé, fous pretexte de manquer denbsp;foldc, puis qu’on Icuoit iufqu’ala derniere gouttedu fang dunbsp;Peuple pour les payer ? Comment auez-vous permis qu’ilsnbsp;ayent ruinc les Eglifes, abbatu les Autels ,brisé les Images,nbsp;forccics Rcligieufes, maftacrclesPreftrcs,foulc IeSaind Sa-crement aux pieds, amp; fait cc que les Huns Sc les Vvandalcsnbsp;n’auroicnt pas voulu faire? Comment auez vous fouftert qu’onnbsp;ait enuoyé des Fuzclicrs dans les Bourgades Sc les Villages,nbsp;pourfaire vneguerre aufti cruellc aux Francois, au milieu dunbsp;Royaumc,qu’onla pouuoit faire aux ennemis au dehors? Comment auez-vous permis que route Ia France ait efté la proycnbsp;d’vn Partifan?amp;: qucfoubslenomd’vn Roy trcs-Chrcftien,amp;Jnbsp;tres - debonnaire,on ait fait cc qu’on n’ofcroit auoir attente cheznbsp;Ie Tutc.f’Comment n’auez-vous point cu pitié dc tant de fo^^ “nbsp;pirs Sc dc fanglots, qui retentiftbient au milieu Sc aux quatro

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coins dll Royaumc ? Lcs aucz-vous ignorcz^lots quc’tout Ic monde les fpuoit? Ec fi vous les aucz fceu, comment n'y auez-vous pjis pouruear Q^le pouuoit amp;: qui le dcuoit, quc ceux quinbsp;font cftablis pour ccla? qui font lcs AngesTutclaires del’Eftat,nbsp;qui font lesTutcursdcs Roys, amp; lcs ProtedeursduPcuplc? Etnbsp;pouuez-vouseftrc luges,amp; luges Souuerains, amp;: Souuerains aunbsp;poind que vous I’eftcs, fi vous ne pouticz romprc i’efFortd«nbsp;I’iniuftice parTautorite dclaluftice?

Comment fouffrcz-vous quc dans vnRoyaumc qui fcvantc d’cftrc trcs-Chrcftien , Ic Paganifine amp;: Ic Mahometifme ynbsp;ayent plus de vogue, quc l’Eüangile ? Comment foujffrcz-vousnbsp;que lefus-Chrift ait moinsdc credit a Paris amp; dans la France,nbsp;que Mahomet a Conftantinoplc, amp;: dans 1’Empiredu Sultan;nbsp;Comment permettez-vous qu’il yait tant de Francois , donenbsp;Ton pourroit compter Icnombrcdcs paroles par ccluydc loursnbsp;blafphemcs ? amp; la quantité dc lours crimes, par celle de Icursnbsp;adions? Comment foufirez-vous qu’on dife, qu’il faut faire vnnbsp;Dieunouueaujamp;qucceluy que nous adorons,eft tropvicux.^nbsp;Ignorez - vous qu’il n’y ait dcs hommes dans Paris, qui ont hon-tc de fc voir encor reduids a pratiquet lcs vieilles impictez,nbsp;manque d’en pouuoir inuenter dc nouuelks ? qui trauaillcntnbsp;pour cn chcrchcr, aucc plusdepaffion quc nous ne trauaillonsnbsp;pour noftrefalut? amp;:quicroyentquandils cn ont trouué,auoirnbsp;merité desCouronnes.L’onfait,Mefficurs, cc qu’on ne peut nynbsp;penfer,ny dire fans horreur. Ettoutcela avoftre veuë, a deuxnbsp;doigtsdevoftre Tribunal. Vouslevoyez,vousl’entcndez: Maisnbsp;aprés ccla,vous faites comme fi vous ne le voyez point, commenbsp;fi vous ne 1’entcndiez point.

Queveutdire,MelTieurs, qu’onn’oferoit auoirviolévn de VOS Arrefts .«^il y ya de I’honncur tc de la vie fi on 1’auoit attente;nbsp;Et vous fouffrez qu’on fc moeque des Commandemens dcnbsp;Dieu6«J del’Eglife. On n’oferoitauoir attaqué vnefculcdcvosnbsp;Ordonnanccs, paree quc vous lcs eftimez iuftes, amp;: qu’ellcs Icnbsp;font cnclfet: Ét vous expofezau mefpris public celles duSym-bole amp; du Decalogue , qui font lcs Regies detoutc lufticc.nbsp;Vous vous paflionnez fi fort pour vos propres intcrefts, amp; vousnbsp;cftesfiindiffcrcnspoureeuxdc Icfus-Chrift, dont Icfalutde-pcnd.Nc fommes-nous pas a la vcille dc voir vne nouucllc Sedonbsp;lt;i^ns ceRoyaumc , qui fuccedcra acclle deCaluin SedeLu-

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ïhcr,dontellc eftlercietton? Maisncla void-onpasdcia nclafent-onpas? Carquif^ait fi Ie Schifme dansTEftat, n’eftnbsp;pointdefiavnde fcsouurages, puifquepour lordinaireladiui-fion dans la Police Ciuile,fuit infcparablement cclle de la Religion, comme l’ombrefuit Ie corps f N’e(l-ce done point affeznbsp;d’auoir efté affligez de contagion,depeftes, de famines, amp;: dcnbsp;guerres depuis tantd’années,fans efbre cncor accablez dc cenbsp;fleau du lanfenifme, qui eft peut-eftre Ie pire de tous? Et quinbsp;peut-eftre nous produira les, mefraesfruidsd’orgueilamp;d’o-piniaftretéjquetoutcsles Hcreficsont accouftumédeproduire.nbsp;Etcependant,Meflieurs,qu’aucz vousfait, ouque faiccs-vousnbsp;pour Ie deftourner?Comment iugera-on fivous l’approuucZjOUnbsp;jfi vousnel'approuuez pas .qyandonverra que vous gardcz Isnbsp;filence fur vn fait dc tclle confequence? Et fi vous l’approuuez,nbsp;qui Ie reprouuera ? Mais les affaires dc la Religion ncfonc pointnbsp;de voftre reffort j.elles regardent TEglifc amp;: lesPrelats. II eftnbsp;vray, mais s’il arriuoit qne l’Eglife amp; les Prelars fuflent defianbsp;diuifez en cette caufc,par Icspartys differens qui fe fbntformcz,nbsp;OU s’ils n'eftoicnt point affez puiffans , ou aflez courageux, ounbsp;aflezzelez, OU d’aflezbonne intelligence pour I’cntreprendrc:nbsp;Ne feroit- if pas bicn feant a voftre autorité de fortifier la Icundcnbsp;rexcitcr,amp;mefmc dei’appliquer, pluftoftquedclaifler couucrnbsp;eécocuf de BafiliCjqui peut-eftre perdrala France, filaFrancenbsp;nclcperd? Oupourle moinsne pouuez-vous pas renuoycr lanbsp;difeuffion de CGtte nouuclle Dodtrine, au iugement de la Sor-bonnc,afinqu’il enfoit puis apres determine felon fa decifionynbsp;auec dcftènfc de la plusrctafter a Taduenir, fur ies peines quenbsp;vousiugerez a propos d’infliger?

Qmnd les Theophilcs, Ics VanninSjles Rugeris 3^ tant d’au-tres one vouludogmatifer, come le nombredes broiiillons ne manque iamaisj quiles a peu reprimer, que Tautoricé des Parlc-mcns,amp; notamment du voftre,qui a tant d’auantage fur tous lesnbsp;autres?.Faut-ilattendrcqueie malfoicfans remede,pourpen-fer a le 1’y apporter,lors qu’onnele pourra plus, lors que lenbsp;poifonfera plus fort que I’antidote? Quel moycn, MeffieurSynbsp;d’accorder toutccia auec voftre lufticc, auce voftre autorite,nbsp;aucc voftre zele, 5«Jaueccetccintegriteincorruptiblequenou£,nbsp;voulons reuercr en vous ? Quel moyen d’accorder tous ces pro-cedez,aucela parfaiteconnoilTancc que vous auezdeccs Oracles-

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de firm ft: nbsp;nbsp;nbsp;^¦‘¦'^ Cour onnes fajfcnt d'vm Nation a 'vnt autre j lt;t

eaufe des m\)ietcz,, des inimes amp; des fraudes. Auez-vous dons pü douter que les defordres dans la Religion amp; hpolice, nsnbsp;tlcii(Tent enfin caufer vn boulcuerfemcncdansrEftat ,amp; dansnbsp;voftre Compagnie ? Mais aucz vous peu letter les yeuxRir lesnbsp;Liuresde rEferiture Saindc,fans vous infiruire dcGettcvcrité,nbsp;autant de fois que vous y auez ku de pages gt; d’oh vient qu'lf-y^ê/sdit Dicu par labouche de \e.icvs\xc,efitemhéentre les mainsnbsp;de fes emiemis, comme entre les griffes des Lyons ejui Pont defchirf ,nbsp;ff ont bruféfes Villes amp; Villages ^.en telle fit fon e^uils ne lay feu-uent flus fermr de retvaitte yamp; que les enfians de Memphis amp; dlt;nbsp;Taphnés les ont entierement rttinez. Peut-ejlre qu ifrdel nejlpasnbsp;mon enfantamp; quil nefipas nay chez,moy: Non., non,celaneJlnbsp;point la caufe de fon in fortune. Onbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dit Ie Seigneur

qaetoutes ceschofeste font arriuées, paree que tu m'as ahandonne lafchement. Dieu ne dit il pas par tout chez les Prophetes, quenbsp;la malice du Royaumede luda a attirétousles maux dontila ejlenbsp;puny: ^ifrdel amp; Ephraim ejlans coulpahles de mefme crime,nbsp;JöuJfriront les mejmes peines: ^u€ leurs ennemis cauferont leurnbsp;dejln'flion ,-amp; les mettronten teldefordrequils demanderont lanbsp;Paix (f ne la pourront attoir ; j^uetous les tours il leur arriueranbsp;quelque nouuelle affliction, a laqué lie Us ne treuucr ont point denbsp;remede\'?\Us ‘\\ conclud, quetousces mal-heurs tomhent fur fonnbsp;FeupleWarceffw. Ie S. Efprit, quiltraite aueceux,comme ils trattent auec luy.

Desaduertiflemens fi clairsamp; cuidens pcuuent ilspcrmec-tre d’ignorer Ie procédé desiugemens de Dieu ? Et fi vous ne les auez point ignorez, comment ne les aueZ'vous,point preuenus,nbsp;amp; pour vous Se pour nous ? O luftiee du Cicl 5 que tu es efpou-ucntablc quand tu es irritéeJ puifquc tu olies aiafila lumiercnbsp;aux clairs-voyans, amp; la prudence aux fages, amp; Ie courage auxnbsp;forts,amp; Tautoritc aux Magiftrats, amp; lequité a la lullice, amp; Iénbsp;Gonfeil aux prudens, amp; rexecution aux Puifiants.Comment ocnbsp;vous cftes-vouspoint fouucnus de ceque difoicee Confcillcrnbsp;d’Eftat d’Holoferne, que quand Ie Peuple d'Ifraëleftoit biennbsp;auec Dieu,ilefl:oitinuineible:maisaulIi quand ilyeftoic mal, ilnbsp;deuenoit Ie ioüet de fes ennemis? Comment auez-vous fi peunbsp;confidcre Ie beau mot de cc Gapiiainc h n^lcJis, qui refpondit

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vn de nos Cauauers qui Ie railloic, en luy demandant quand les Angloisrctourneroiencen France, d’oüilsfurenc chaffez fousnbsp;Charles VI. Nous yrctournerons,dift-il, quand les pcchczdcsnbsp;Fran5:ois feront plus grands que les nofires. Comment auez-vousfi peu confideré cette parole, que Dieudifoicautresfoisnbsp;auxluifs:/epunis commeils m'ont ofensé ie les ay cha~nbsp;filé-) ainfi qu’ils m’y ont oblige. Et fi vous auez confideré toutnbsp;cela,comment n’auez-vous point pensé que les mefmes fuppli-ces nous pourroienc arriuer, quand nous ferions coulpablcs desnbsp;jncimes crimes.

Aduoüons, Meffieurs, que fi vous nous permettez de renon-cer a la complaifanccjnous auons fuict de dire,qu’clle a eftc aulli puiflantefur vous que fur nous. Nous auons fiiiet de dire, quenbsp;Dieu a commence amp;:confommé noftre chaftiment, parl’exe-c\xXXQnêiCCCtx.tvcntb: AdducitConjiliariös in flultum fnem é*nbsp;Indices in fiuporem.^ optimates fnpplantat'ió'C. Car fi vous cftesnbsp;les Boucliers Hela France,les Tutcurs du Royaume amp; du Roy,nbsp;les Colomncs de rEftat, les Peres du Peuple, auffi bien que lesnbsp;luges j pourquoy eft-ce done que cette ancienne vertu quinbsp;auoit toufiours paru fi vigoureufc amp;: fi forte, s’cfl: ramollie Scnbsp;rclafchce iufqu’au poindt quc de nous faire voir cc que nousnbsp;auons veu, amp; que nous n’auons peu voir qu’aucc des yeux denbsp;defpit amp; de furie? Pourquoy auez-vous abandonné lefalutdcnbsp;Ia France,dans vn temps qu’cllc nc pouuoit efperer qu’cn vous?nbsp;Pourquoy 1’aucz vous liuréc a la mercy d’vn Eftranger, amp; d’vnnbsp;Eftranger qui auoit plus d’intercft en fa ruinc qu en fa confer-uation,amp; d’vn Eftranger que vous ne connoifliez point Car finbsp;vous reuffiez conneu, eufliez-vous bien voulu 1’admettre aunbsp;Gouuernemenc de l’Eftat? Et aprés les experiences funeftesnbsp;que vous auicz fakes en la perfonne des autres Miniftres quinbsp;ontprcccdc. Vous ne Ic connoifliez done point, Mcilieurs ,SCnbsp;cependant vous luy auez confié 1’adminiftration de la France,nbsp;Teducarion du Roy,voftrc falut Sc Ie noftre ,nos vies Sc nos fortunes. Et vousluyauezconfictoutcelaabfolumcnt,fouucrai-nementjfansreftridion amp;fans limitcs,pour en difpofercomtnenbsp;illuy plairoit, commes’il euftefté noftre Roy, Sc commefi Ianbsp;France euft eftc fon Royaume. V ous l’aucz honoréi V ous 1’aucznbsp;admircj Vous l’auez aHoré. Aquivoulcz-vous qu’onfcpt®*^'nbsp;nc dc tousles rnauuais fuccez de fon gouucrnemenc ?

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Nous ncvoulons pas croircce quife public auiourd’huy de fa naiflance amp; de fes moeurs: La paflion eft trop forte pournbsp;quelle nefoic pas fufpede, quandmefmeelle diroiclaverite:nbsp;Maisquand on ne diroic qiic cela fcul, que cc Miniftrc n’eft pasnbsp;Francois; quo fa naiffance eft inconnuë-, que fa vertu n’auoitnbsp;point ictté fes rayons par delalordinaire jqucfafuffifanccdansnbsp;les lettres auoit paru tres-mediocre, on tout a fait ignorantejnbsp;que fa picté n’auoit point produid de grands excmples j qu’ilnbsp;nc ffait ny nos maximes,ny noftre langue; que (a fa^on d agir eftnbsp;extremément differente de celle des Francois j qu’on I’auoitnbsp;mefme veu dans vne condition contemptible amp;: mefprifable,nbsp;auparauant que le rencontre luy euft donncla difpofttion denbsp;noftre Sceptre: Aprés tout cela, yauoit-il apparence qu’vnefa-geffe comme la voftre, que par principe de foy Politique, nousnbsp;deuons tenirpour infailUblc, deuft fe laiffcr furprendre en vnenbsp;affaire ft importante, oil il y va du falut du Roy amp;: de I’Eftat?

Quand vous auez veu par les efteds, que la xnauuaife admi-niftration refpondoit aux iuftes foup^ons qu’on pouuoitauoir de fes mauuaifes qualitcz: Quand vous auez veu que nos affaires Ce decreditoient a veuc d’ccil fous fa conduitte, amp;c que lesnbsp;aduantages que nous auions acquis rctournoient de fuceez ennbsp;iiicccz du code de nos ennemis; Quand vous auez vcuqu’ilnbsp;refufoitk Paix, que la France pouuoit donner heureufement anbsp;touteIaChrcfticnte,5zla retenir glorieufemcnt pour cllc mefme: Qi^nd vous auez veu que Ics Armêesdu Roy auoient fouf-fert vn fi fanglant affront dcuant Lerida, entre des mains accou-ftumécs a la vidoirc au triomphe: Qriand vous auez veunbsp;qu’aulieu de reparer cetteiniurc, ce Miniftrc s’occupoit a preparer desfpedacles fcandaleux, amp; des machines d’Enfef, arro-sécs du fang du Peuple , cependant que 1’Archiduc Leopold Cenbsp;preparoit aux Pays- bas au Siege d’Armantiercs, qu’il mcna^oicnbsp;a laface d’vnearmec Royale; cependant qu’ilchoififfoit Lan-drecy, amp; qu’il difpofoit les trophées, aufqucls ont afliftelcursnbsp;Maieftez; Cclanc mcritoit-il pas bien, Meflieurs/juc vous au-tres, a qui route la France fe rapporto de fes interefts: Cela ncnbsp;meritoit-il pas bien que vous examinafliez les caufes de nos dif-graccSjSi la capacitc de ce Miniftrc?

Vous dites en voftre tres-fage amp; tres-iudicicufe, auftibien lt;iuc trcs-humble Remonftrance au Roy amp;: aJaRcyne, que

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voftrc Compagnie a eftimé quepour maintenir la liberte legitime qui fait regner les Roys dans Iccoeur dcsPeuplcs, il ner faut pas permettre qu’aucun particulier s’eftende en trop grande puifl'ancc, au preiudiccdelafouucrainc: Paree que fes efta-bliffemens font contraires aux vrayes Regies de bonne Police,nbsp;cn route forte de Gouuérnemcns: amp; fpecialement aux Monar-chiqucs , qui ont pour Loy fbndamentalc, qu’il n’y ait qu’vn-Maiftre en tiltre amp; en fon^tion. Comment aucz-vous donenbsp;permis quele Cardinal MazarinfefoitaflTis dans Ie Throne , Scnbsp;qu’il ait vfurpé noftre Sceptre , aufli imperieufement comme-s’il auoitcfté noftre legitime Monarque ?

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Vous dices qu’il eft arriué que Ie Cardinal Mazarineflcué par Ic Cardinal de Richelieu, nourry dans fes Maximes ambi-tieufes,amp;:formé dans fes artifices, fuccedanta fonMinifterc, anbsp;fticcedé pareillement a fes defleins : Qu’il n’a pas pluftoft cunbsp;l’honneur d’eftreadmis au maniement desaffaires, qu’iln’cn aicnbsp;abuséjamp;qu’oubliantlbn deuoir, 6c: les obligations qu’ilauoitanbsp;fa Bicn fadricc, fuiuantl’exemple de celuy qui 1’auoitinflruidjnbsp;iln’aicdreflecoute fa conduictc a vfur-pcr la fupremeauthorité.nbsp;Demanierequedeflors iufqu’a prefent , vous raiiczveu Maiftre dc Ia PerfonneduRoy jfousle nouucau tiltre d’Intendanrnbsp;de fon education: Et difpofer lans referue, des Charges, desnbsp;Dignitezjdcs Places, desGouuernements, des Armécs Sc desnbsp;Finances,conferee routes les graces, fans donner part de la gratitude a la Rcyne 5 ordonner les peinesjuy en laiftanc routenbsp;1'enuie , öcqu’encftèt tons Icsfubieds du Roy 5c leurs fortunesnbsp;particuiicres , aufli bien que la fortune publique, eftoientenfanbsp;dependance. Mais quand eela nc feroit point arriué encemcnbsp;qui ont precede, y auoit-il pas fuietde craindre qu’il n’arriuaftnbsp;fous la conduitte d’vn Eftranger, 6c d’vn Eftranger inconnu, Scnbsp;d’vn Eftrangcr nay fubied du Roy d’Efpagne, auec qui nousnbsp;auonsaduellcmenc la guerre: Ec d’vn Eftranger fans aucuncsnbsp;qualicez Heroiques, celles qu’il les fauc pour gouuerner desnbsp;Eftats? Ec mefme fans aucunc qualitc confiderable, nyparfanbsp;naiflTance , ny par fon cfpric, ny par fon experience, ny par fanbsp;fcicnGe,ny par (a piece,ny par fa bcneficence,ny par fa bonce,nynbsp;par aucunedcs vertusqui peuuentrendre vnhommeaymablcnbsp;ou fupportable en fon gouuernement ? Commcncluy abandon-ncr ce quia peine on cuftvoulaconfier au plus grand Perfonna-

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gc du Royautnc, non pas mefmc a tout voftre Corps gt; Eflroit- i! a propos de rifquer en vne affaire dc tclle confequence, ou il ynbsp;va de tons les intereftsdu Roy 52du Royaumc, amp;de femet-tre en hazard d’cftre oblige de dire, nous auonseffétrompez?

Vous adiouftcz en fuitte, que comme les intcrefts de ceu» qui entreprennent fur Tautonté SouuerainCjfont toufiours con-trairesa l’intercftd’vn Souuerain: Vousaucz veufousfonMi-niftere vn vfage dc Politique eftrange^amp;toute opposcea no5nbsp;mceurs; Les vrays intcrefts de l’Eftat abandonnez ou trabis, lanbsp;continuation dc la Gucrred’cloignement de la PaiXjles Pcuplesnbsp;cfpuifez, les Finances dilTipécs ou dcftournées, tout cc qu’il y anbsp;de confiderablc dans Ie Royaumc , ou corrompu ou opprimc,nbsp;pour affuiettir toüs les Francois fous la puiffance d’vn (èulnbsp;Eftranger. Et finalement l’Eftat au poind oü il eft ^ a la veille denbsp;laruinc. Vous dices qu’il a toufiours voulu continuer la guerre,nbsp;amp; efloigner la Paix, afin de fcrcndreplus ncceffaire, amp;c auoirnbsp;plus de pretexte de lener de grandes fommesde deniers poufnbsp;s’cnrichir: Qu’on a defcouucrt en pluficurs oceafions qu’il anbsp;cmpcfché nos fucceZjpour faire balancer les affaires; Tefmointnbsp;nos Armces perdues fautc dc fubfiftancc deuant Lcridai IcS'nbsp;foiblcsfceours de Naples enuoycs acontre-temps ;leSicge dcnbsp;Cremonc , la perte de Courtray , autres adions dc cett©nbsp;qualitc.

Mais feroir-il poffible que des Efprits come les voftres, n’au-^ roient point prcueutousfeseuenemesenvnMiniftre dc cettenbsp;condition: Puifquc les gens mefmes de Village les preuoyoientnbsp;8c s’en plaignoicnt parauance,dés lors qu’onfceutala Campagne que vous l’auiez admiSjOudu moinsquevoüslefouffricznbsp;au gouuernementdc la France /‘Qucpouuoic-on attendreau-tre chofe d’vn Sicilien, d’vn Efpagnol-Italien, d’vnhommedcnbsp;ianaiffanccamp;dcfon education?

Vousdites que fi la propre confeflion dc ce Cardinal peut feruir alc conuaincre ,aprcs auoir dit tant dc fois, qu’il tenoit lanbsp;Paix entre fes mains,outre la voix publique qui Ie declare parnbsp;tout ,amp; la chofe qui parlc d’clle-mcfrae: Iln’eftque tropeui-dent qu’il a trahinos vrais interefts'cn cette affaire fi importante. Vousdites que cette fcule preuarication en vn fujet donbsp;cette qualitc5 mcritoit vnfupplice qui égalaft en quelque fortonbsp;mifcres amp;lcs dcfolations qu’cllca «aufccs. D’oü 1’onpcut:

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tlrcrccttc induffionqu’il auoic lapenséc dc partagervniourla Frace auec rErpagnoI,amp;: que nous fommes peuc-cftre a la veillsnbsp;del’cfprouuer. Vous dices que quae a la depredation des Finan,nbsp;ces, cc ^iniftre n’a donne aucunes limices a fa conuoicife; H anbsp;regardelebien du Peuplccommefaproyejilaeftcauidedefanbsp;fubfl:ance:amp;ladcrniere gouctedu fang des Francois jcftoit lanbsp;leule borne de facupiditc.

Tout cela eft vray,Mcffieurs, 5c il n’y a pas moyen de mieux delcrire nos mal- heurs, ny I’liumeur de celuy qui nous les a in-fligcz, Mais quels ordres auez-vous donne pour empefeher I’e-xecution de fes llniftres defleins/ Quel chaftiment luy,auez-vous impose pour les exadions inoiiiesqu’ilfaifoicexcrcer auxnbsp;Villes 5c aux Bourgadcs, par des Brigades de Fuzelicrs, qui ennbsp;veritc eftoient plus redoutables 5c plus preiudiciables a la France,que les Ennemismefmes de laFranec, puifqu'ilstuoicntim-punement, voloiet,violoienc,brufloient,fousprctr:xtc,difoicnt-ilsj de faire obeyr le Roy. Quand ce Miniftrc arefuse la Paix anbsp;Munfter,qu’il pouuoic conduire fihonorablcment auan-tageufement, fous la fage conduitte de ce genereux Prince,nbsp;Monficur dc Longueuille; quel fupplicc luy auez-vous ordon-né ? quelles precautions auez-vous apportées pour preuenir fesnbsp;fatales entreprifes? L’onapuny tres-feuerement les premieresnbsp;5c Icsplusilluflrcsceftesdu Royaumc,pourvnfeulpecliécon-treTEftat, amp; quelquesfois pour vn feul foup^on. Ec qu’auez-vous fait a celuy-cy, lots qu’il defcfperoit toutle Royaume?nbsp;Vous Pauez laifse efclaterdans la gloirc,dans le luxe, danslesnbsp;grandeurs quite faifoient pare lire au Peuplc corame vn Em-pereur triomphant; lors mcfmc qu’il fc ioiioitde voftre Pour,nbsp;pre, 5c qu’il plongcoic la fienne dans noftre fang.

Vous vous plaignqz 5c auec grande raifon, que cc pretendu Miniftrc a ft fort cfpuiscle Royaume pours’enrichir,qu’ilyanbsp;peu dePCrfonnes a la Campagne , aufquellcsilrcftcvn lid pournbsp;fc couclier ,• moins, a quid ait laifse de quoy fuffifammenc pournbsp;fc nourrir auec fontrauail, 5c qu’il n’y en a pointdu tout quinbsp;puifle viurelans incomrnoditc. Vous marquez les voyes qu’ilnbsp;a tenues pour faire vne telle depredation.Etvousobferucz quanbsp;les feuls fonds immenfes qu’il a confommez dans la Marine,nbsp;dontila difposc, fans enrcndrccomptc, eftoient capablesd’c-puifer les Finances. Vous reprefentez que e’eft alTcz dedirc

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qu’il eftoic Ic Maiflrc, qu’ilprenoit tout cc quilpOuuoittou-cherjcommcs’üeufteftéficn: Q^ila confcrué amp;: augmcncc Ic nombre dcs Partifans amp; gensd’aftaircSjqui cftoicnc Ics fangfuesnbsp;qut Iny facilitoient dcs moyens pour auoir dc Pargenc eomp-tant;0H.’il a leué plus de quacre-vingts millions de liurcs par an:nbsp;Qu’il nous a engage dc cent cinquantc,amp;: qu’on nc trouuc pref-que plus d’or ny de bonne mennoye en France.

Vous vousplaigncz qu ilavoulu circrlesfubiedsdu Royds fa dependance , pour les mettre cn la fiennc.ou de Icur eonfen-temeiK ou par force : Qu’il a fair dcs violences exorbitantesnbsp;pourdeftmire Icsvns,amp;pourintimiderIcsaucres,parvn grandnbsp;nombre de profcriptlonSjd’emprifonnemcns, autres mauuaisnbsp;traitemens,plus ou moins inhumains/clon que la refiftance a fanbsp;tyrannic , luy eftoic plus ou moins nuifiblc ou odieufe, Vousnbsp;vous plaignez qu’ila tafché par route forte d’ardfices Sgt;C dc vio-lenccsjd’abbatre la Compagnie du Parlement: Paree qu’en cf-fedte’eft Ic plus fort rempart pour deffendre 1’autorité Royale,

Ic plus redoutablc-aduerfairc dc ceux quila vculcnt vfurper. Toutcela eft trcs-vray,Me{ricurs,amp;:peuc-eftrcquclemalcftnbsp;encor plus grand que v ous nc le figurez.

Mais qui ne voit qu’on peut rcpliquer^ quccc Miniftren’a cu pouuoir dc faire tous ces maux que par rautoritc que vousnbsp;lay auez donnée,ou que vous auez approuuce,ou dumoins quenbsp;vousaueztoleree^ Toutela France gemiflbit fous leiougdefanbsp;cruaute: TouslesPcuplesreclamoicntvoftrefecourscentrefesnbsp;vexations: Et cependant voftre condefcendance ou complai-(ance font laifsé monter a ce degre de puiflTance, que vous fen-tez maintcnantaucclesautres,parvniuftciugcmentdeDieu.,nbsp;Et nous n’ofons dire^MelTieurs, que peut- eftre s’iln’auoit pointnbsp;eftealTcz imprudence tcmcraire pour vous le faire fentir.Nousnbsp;ne f9auons fi vous culTiez eftcaflezgenereux, pour entrepren-dcc contre luy la conferuation du Roy amp;: de I’Eftat.

Nous appellons route cettc conduittcvncoupdcla lufticc de Dieu, en fon progrez amp; en fa fin, aulfi bicn qu’en fon commencement. La France eftoit aftez criminellc dcuant Dieu, eanbsp;routes fes parties, pour meritcr vn chaftiment cntouslesOc-dres qui la compofent: II failloit vn inftrument dc cette I uftice,nbsp;quiappliquaft la peine condignea nosfautes. Dieus’cft voulunbsp;feruir du Cardinal Mazarin, conamc il s’cft feruy autresfois dcs


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NabucliO{3'onoförs,dcs Antiochcs,lt;3cs Attila, dcsTamberlanf^ amp;autrcsfeniblablcs prodigcspour punir fes Pcuplcs. Ilapcr-misquevoftre vigilance ordinaire fc repofaft, amp; quev^ftrefa-gefle fc donnaft quelquetrefue,pourpermettre acethommenbsp;d’afÜiger amp;: vexer tons les autres.

Et il a permis que nous, ayons efprouuc Ia verité de fes cf-pouuentables paroles-. /wwa/rf/ cor Principttm Populi terr£, 0“ decifiteosvt frttjlraincedmtperinuium iPalpabunt pueiji in te’nbsp;nebris équot; non in luce^équot; errare eosfacietcjunfiebrios. Qinnd Diennbsp;veut punir les Republiques, il change Ie ccrur des Princes qu’ilnbsp;tient en fes mains: Et pour les troraper.il leur fait quitter lesnbsp;bonnes refolutions qu’ils auoient prisdans leur Confeil: Et ilnbsp;les engage en des deffeins dont la fortieefl:auffi difficile, quc'nbsp;l’entrée a efté pcrilleufe. II frappe leur conduitte d’vn fi cfttangcnbsp;aueuglcmcnt,qu on Ics prendroitpourdes hommes, quiraar-ehcroient dans Icstcnebres: Et il rend leurs adions fi extraor-dinaires amp; fi extrauagantes, qu’on les pouiroit attribuer a I»nbsp;paffion amp; a 1’yurefle pluftoft qu’a la raifon. •

Vous Ie voycz amp; refpreuuezmaintcnant ,Mcflicurs gt; mafs nojjs plcurons amp; gemiffons dc cc que vous auez rcconnu finbsp;tard, ec qu’il eftoie ncccffaire de rcconnoiftre dés Ic premiernbsp;momenti que ce Minifire a voulu s’incroduirc dans Ie manic-ment de nosaffaires. Nous foufpirons de cc que voftre iuftc ze-Ic a tant tardé devcniraufccoursde la France; lorsqucleinalnbsp;ne peutquafiplusfouffrir que desremedes violens, quifontdcnbsp;fccondsmaux, peut eftre pires que les premiers.

Auoiions, Mefficurs, que nous auons tous failly, pourauoir voulu eftre trop fages, trop ciuils,amp;trop modercz, pour nc pasnbsp;dire trop intcreflezou trop lafches. Heft vrayjrhonncuramp;: Icnbsp;refpeél que vous portez auRoy, amp; al’authoritc Royale, voosnbsp;rctenoit; Mais euffiez-vous pêché contre cc deuoir inuiolablc,nbsp;quand vous culficz cmpcfché 1’iniufte vfurpation de fon autho-rité en la perfonne d’vn Eftranger ï Nous auons auffi pcchc auecnbsp;vousde rauoiradoréamp;cidolatré:mais^’acfté avoftrcexcmple;nbsp;^ nous fommes cxcufables,paree qu’il faur fuiurc Je train de lanbsp;Cour,amp; que nous n’auions pas Ic pouuoir, comme vous, de re-gler fon authoritc.

Puifque nous auons tous failly, il eft bien iuftc que nous foyons tous chafticz, amp; chafticz delamaiade Dicu. Car affeu-

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remcntilfaut reconnolftrc, fi nousvoulonseftrc raifonnatlc, que la FranccaprouoquéfacholereTurnous,parvnc quanticcnbsp;infinic dc dcfordrcs, quiyregnent impuncment dcpuis long-rcmps,amp; quiyregneront toufiours a Taduenir, fi vous nc les cx-terminez. Ouy, Meffieurs, nous auons qomblé la mefurc denbsp;nosiniquitczjamp;laluftice du Ciel.quine peut s’cndormir furiesnbsp;crimes, fc refucille pour nous punir. Car autrcmcntquelle ap-parcnce quela plus pieufe PrincclTe du monde, euft eftéinexo*nbsp;rable a la voix de tant defoufpirs Si de fanglots ? Commentau-roic-elle peu ou approuuer ou foufFrir Ie deflein dc reduire lanbsp;Ville de Paris aladefolation d’vn Siege ? Comment auroit-ellcnbsp;peu reietter les Prieres des Temples amp; des Autcls, des Cloi-ftres, des Vierges, des Hofpiraux, detant d’innpcens quioucnbsp;follicitc fa mifericorde , fans la pouuoir fléchir Comment au-roit-elle abandonné a 1’infolcnce du Soldat, cant d’ames, qui ncnbsp;föuhaittoient leur conferuation, que pour prier Dicu pour Ianbsp;flenne? Comment n’auroit-elle point conftderé qu’ellcnepou-uoit ruiner Parisians miner Ie Royaume? Si qu’clle ne pouuoicnbsp;ruiner l’vn 1’autrc 5 fans brifer Ic Sceptre Si laCouronnedenbsp;fbnfils? Comment eft-ce qu’elle auroit hazardéa vne guerrenbsp;Ciuile, tant dc pauures fujets , qui fc craifnent fous fes pieds,nbsp;pour protefter qu’ils n’ont iamais pêché,ny vouki pccher contrenbsp;1’authorité Royaler Comment n’auroit-elle point apprehendenbsp;les clameurs du fang de tant de Pcuplcs, qui nc pouuoit man-quer de crier vengeance fur cllcjfielle-mcfme les vouloitla-crifier a la vengeance? Comment ce naturel fi doux Sc fidebon-nairc,efi;-il deuenu fi feuerc,8(: fiimplacable ? Comment auroic~nbsp;clle cfté fi conftante a preferer la conferuation d’vn Eftranger,nbsp;a cellc de toutfon Royaume? amp; d’vnERrangercoupabledenbsp;tons les mal-hcursdu Royaume?Commcnt n’auroit-elle poinrnbsp;redouté les iugemens de Dieu, qui menacent fi rigoureufe-mentlesPotentatsquieftouffcnt cnleurcceurlcs fentimensdenbsp;la clemcncc Sc de la pitié ? Comment vncReyne tres-Chre-ftienne dc nom amp; d’effet, ncfeferoit-elle point fouuenucdesnbsp;exemplesdela bonté de Iefus-Chrift,pourpardonnerquandnbsp;onrauroitoffcnsèeiamp; poux pardonner lors qu’elle en eftconiu-rée par tant de motifs du Ciel Sc de la terreiEc lors que Tcxecu^nbsp;tionde la vengeance luy pouuoic eftre aufiTi fatale a elle-raefi-, qu’accuxdc quielle pretendroitfe vanger?

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Maisquipourroitcncor coneeuoirqu’vn Premier Prïncïccïtt Sang; fi bon Francois; ii fidele fcruitcur du Roy; fi fage en ianbsp;conduicce; fi genereux cn fes dclfeins ; fi heureux en routes fesnbsp;adionsieufi; voulu fauorifer de fa protedion, centre Ie veritablenbsp;feruice du Roy Sc du Röyaume,vn homme qui a merité d’eftrenbsp;robjeét de la haine püblique, amp; de 1’cxecration de tous les Pcu-pIes?Q^I'charme amp; quelle magie a-t’ilfallu employer pour fc-duire vn Heros, que nous auions regardé iufqu’a maintenancnbsp;coramcle Pere dclaPatric,le bras droiét de noftre Roy de Bou-clier de la France, les dcliccs de tous les cceurs, I’inclination denbsp;•toutes les bellesames. Qui pourroit conceuoirqu’vn fi grandnbsp;homme euft voulu expofer vne vie fi precieufe, pourlefalucnbsp;-d’vn coulpable, qui a tafché tant Sc tant de fois dc Ie faire perirjnbsp;O Dieuquileft bien vray que vofire lullicc adesabyfmesnbsp;qui font impenetrables a nos pensees, Sc inconceuables a toutesnbsp;fortes d’cfprits!Faut-il done que nous ayons veu vn Prince pournbsp;qui nous auons fait tant de voeux, trauaillcr a noftre ruine amp; a lanbsp;uenncjafin de defrober Ma Iuftice leChef de tant de voleurs,amp;cnbsp;Ie plus cruel ennemy de faPerfonneamp;c del’Eftac? Faut-ilquenbsp;cét inuincible ,qui auoic efface la memoire dcsCefarsamp;desnbsp;Alexandres, foit venu cnfeuelir l’honneur de toutes fes con-queftes dans Ic iangamp;Iefacdefon Pays-?^Faut-il qu’ayanttancnbsp;¦amp;tant defois eftonné Sc afHigél’Efpagne , en luy enlcuant fesnbsp;Villes Sc fes Prouinccs,ilfe ioitmis en hazard de luycn fairenbsp;vnefi honteufereftitution;amp;:auec tantd’vfure,entournantlanbsp;pointe de fesarmes contre la France r’

Cc n’efl: pas a nous, Mcffieurs, a entreprendre fur Ie meftier des Predicateurs, ny des Politiques : Voftre fageife ell routenbsp;claire-voyante, amp; ce que nous ne voyons qu’auecdes yeux dcnbsp;Hiboux Sc de Chahuant 5 vous le voy ez auec des yeux d’A iglesnbsp;fizdcLinx, Mais nous vous redironspourtant, auecautant denbsp;raifon Sc de confcience, que des Caualiers enpcuuentauoir:nbsp;que des maux fi cllranges amp; fi extraordinaires, Sc fi elloignez dcnbsp;¦remcdeSjfcmblet ne pouuoir procedcr que d’vne haute eholercnbsp;de Dieu, irritée centre nous. Quand il veut frapper Ics ph‘Snbsp;grands coups de fa iullicc,il permet d’ordinaire que les fentinel-lesdela Republiques’endormenr/urlcsdefaftresquiraccueil-lentiil permet que les Souuerains, Sc ceux quiond’autorite,nbsp;s’endurciiTentcontre route perfuafion, Sc s’aueuglent contre la

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veuê des dcfaftrcs qu’ils defcouurent, afin quc rien ne s’oppofc aux effeds dc la vengeance diuine. II nc fauc que replier lesnbsp;ycnxfur nousmefmesj fur Parisj fur la France, furnos Princes,nbsp;furvouSjMcffieurSjScfurtouslcs Ordresdece Royauriic,pournbsp;auoir des excmples de cette verité.

Maispuifqu'iln’yaplusdeconfcilpour Icschofcsfaites; du moins,Meffieurs,prenezgardearaducnir, quele Royaumencnbsp;rctombepointendefemblablesmal-heurs. Vouslcpouuez,nbsp;¦vous Ie deucz,puifqu’il nc faut pour cela que reftablir la lufticc.nbsp;Etdans lacreance que vouslefcrez, puifque tous vosdefl'einsnbsp;n’ontpoinc d’autreobjed, que la profperité duRoyamp;defonnbsp;Peuplc,Nousnc feindrons point dc declarer publiquemenc, Ienbsp;defir que nous auons devoir bien toftlc Mariage de Mademoi-¦fclle S. Germain aucc vollre Parlement: aufli bien qu’ona veunbsp;celuy de Madame Paris; quoy que nous ne tombions pas d’ac-corddetousles articles du Gontrad. Vous en ferez publier lesnbsp;bancs au pluftoft , puifque cette bonne paix vaiidra beaucoupnbsp;mieux qu’vne mauuaife guerre, amp;: que les plus courtesfoliesnbsp;font les meilleures. L’Eglife ne s’oppofera point a cette Polygamie ;amp; nous tenons pour alTeure queny Monfieurl’Arche-ucfquej nyMonficurie Coadiuteur,nerefuferontpointla per-mifiionde faire cc mariage en Carefmc ,quand mefme ce dc-¦uroit eRrc Ic VendredySaindjOuleSamedy depafques.

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