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VOYAGE

D’ I TALIE

D ALMATIE,

D E

GRECE, et DU LEVANT.

Fait auK annêes i6j^. G? i6j6,

Par JACOB SPON Et GEORGE WHELERnbsp;TOME PREMIER.


A L A H A r Ey ‘

Chez ruTGERT ALBERTS, *724*

I

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A U

TRES-REVEREND pere

L E

REVEREND PERE

DE LA CHAIZE,

CONSEILLER du ROY amp; fon Confefleur Ordinaire.

[on Reverend Pere ,

Comme c'eji feuhment Vamour de 1‘Anfiquitéy qui m'a fait entrepren-dre k Voyage d’ltaUe ér de Grece :nbsp;aujfi ay-je crü necejfaire aprés mmnbsp;retour, deconfacrer mes remarque^

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E P I T R E.

a uneperfome éclairée dans cettean-tiquité t tel que j’ay Vavantage , Mon Keverend Vi.s^'Ejde vousnbsp;connottre depms plufieurs armé es jnbsp;car aprcs les recherches que vous a-'vtz, faites , Vinclmation quenbsp;’VOUS anjez témoignée pour les bijouxnbsp;antiques i il n'y a perfonne qui n’ac~nbsp;cepte V. R- pour unjufie arhitre ennbsp;cette matiere, ér qui ne s'en tiennenbsp;A fa decifon. Ceji ce qui wé a faitnbsp;prendre la liberté de 'uous prefenternbsp;ce que je fuis allé déterrer de plusnbsp;curieux dans la Grece, ér que jenbsp;foümets entierement a •votre cenfure,nbsp;efperant que vous Ie recevrez fa-vcrablement , de même que vousnbsp;mefaifiez la grace de me permettrenbsp;a Lyon de vous aborder toutes lesnbsp;fats qmjefaifois quelque décowuertenbsp;d'antiqtnté; ér mefattant deplus,nbsp;comme vous aurez la bonté d'excu-fer les fautes qui fe feront gHJféesnbsp;dans eet Ouvrage, votts appuyerez

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E P I T K E.

ünjji de uotre p''oteldioni les 'Veri-iez que j'y auray mtfes dU jour. Soviffrez done de graces M. R. P-que je vous confidere plutot comwenbsp;un curieux Illujlre) que eotnme unenbsp;perfonm revêtii'e du chafacfefeeleve ^nbsp;dont Ie plus fage de tous les Rois anbsp;Yeconyiu vhve ffobité ej^vatïe rneti-fe , ^ dont l'amour que ‘vous avezetinbsp;^epKislong-tetnps pourles Cefars ér lesnbsp;i^eros de l’Antiquité, femble avoirnbsp;éte tifi jj^iireux Atigure , eotnmenbsp;autrefois l'inclination du jeune Achillenbsp;pour les ar mes fut un prefage de fesnbsp;gy atides atfions. Jnfecié que jefuisnbsp;de l'air de la ’Province ér de lapoufnbsp;fiere du Cabinet ^ ceferoit mal fairenbsp;ma Cour de vous aller importunernbsp;jufqtdau milieu du Louvre, ér inteer ompre des occupatians au ff fe-rieufes ér aujf importantes que lesnbsp;votres. II eft vray qu'encore que jenbsp;ne pnijfe penfer d y. R. fans penfernbsp;en même temps d cette place qu’ellenbsp;* ^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;otcupe

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E P I T R E.

occupe avec tant d'applatidijfement, je ne defefpere pas neanmoinSi quenbsp;tnes Objervationsvoiis puffent étrenbsp;ntiles k eet egard: car il n’ejl riennbsp;de j m mème de fi necej[airenbsp;que de dormer dans les grands atta~nbsp;doemens quelque reUche a Vefprit,nbsp;Ó'j'ofe foutenir qu'il n'y en a pointnbsp;de phs noble ni deplus agrcable, quenbsp;celiiy qui nous ejl procure par la con-Jideration des Monumens antiques,nbsp;particulierement des Medailles érnbsp;des Marbres, qui feront d'egale du-ree avec Ie monde. Ce ne peut-être,nbsp;dis-je, iMon Reverend Ff re,nbsp;qu’un divertijfement digns d'une a-me hcrcique amp; d^tine perfenne, quinbsp;eji incepfarnment prés d'un grandnbsp;Monarqtie , d'avoir tons les joursnbsp;entre les mains des marques einprein-tes fur Ie bronze ér ftir la pier re ,nbsp;de la vertil des anciens Heros. Onnbsp;y void la pompe de letirs trïomphes,nbsp;leur clemence envers les peuples foA-

mis,

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E P 1 T R E.

, les particuliers recompenfez de leur foin ér de leur affeéion pournbsp;Ie public. Onyremarque la liberalise des Soiiverains, S' lu reconnoif-fance des fujetSy Nerva qui domenbsp;du bied a toute la populace -, Trajannbsp;qui dijirtbue des Couronnes a diversnbsp;c one wrens, é?' Hadrien qui a faitnbsp;du bien a toute la terre. Ony obfer-quot;^e enfin tout ce que la vertu morale amp; les bonnes loix avoient infpire'nbsp;de grand ét' de jujle a Vaneknnenbsp;^ome. Les Marbres a la verité mnbsp;peuvent pas facilement ètre tranfpor-Sez pour orner les Cabinets des cu-^ieux. On fe contente des copiesnbsp;^ui en ont été faites fur les ori-ginaux. Ceft, M. R. P ce quefaynbsp;eu de plus en vue dans mon voyagenbsp;•de Grece, ér ce qui ne s'ejl pas faitnbsp;fans peine ér fans rifque, parminbsp;des peuples gr offers S ignorant',nbsp;mais je me tiendray tres-avanta-geufement paye des peines que cettenbsp;* 5nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pajfion

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E P I T R E.

pa£ion m'a c^iifees, Ji je fuis par-U contribuer k l'ajjortiment de •vos curiofitez, en joignant k vos Medailles les Infcriptions des marbresnbsp;quejay rapportees, demème qd'At-ticus revenant de Grece apporta tmenbsp;Mermathene pour fervir d'ornementnbsp;a la Bibliotheque de Ciceron. Jenbsp;pourrois dire k Vkre Reverence ,nbsp;que c'eji-lk ma pajfion dominante ,nbsp;Ji elle rdétoit furmontée par une autre bien plus forte, qui eji de fairenbsp;connottre k tont Ie monde les fenti-mens de veneration que j'ay toüjoursnbsp;eus pour vkre merite fmgulier , érnbsp;Ie zele refpekueux avec kquelje fe-ray toute ma vie,

MON REVEREND PERE,

De Vêtre Reverence,

Lyon, cc T j. Novera-bre 1677,

Lc tres-humblej amp; tres-obeïffant ferviteur,

Jacob Sro-w# PRE-

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* nbsp;nbsp;nbsp;‘ij^'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*¦? -c-

PREFACE.

’Eft une chofe ordinaire, que ceux qui font des Relationsnbsp;de Voyage , traitent leur fu-jet felon leur Genie, Les unsnbsp;ne parlent que de Palais gt;nbsp;‘^’Eglifes amp; de places publiques. Les au-n’entretiennent leurs Leéleurs que dunbsp;Pjan des Villes, de leur Peuple, de leursnbsp;ï’ortifications amp; de leur Police, II y en alnbsp;plus fpeculatifs, qui s’attachent I de-crire Ia Religion 5 les Moeurs amp; les Cou-*umes des Pays , ou ils n’ont fait que paf-Quelques autres nous font la defcrip-^lon des Plantes, des Mineraux, amp; dunbsp;Negoce des lieux qu’ils ont frequentez.nbsp;J’avoüe qu'un Voyageur devroit fjavoirnbsp;rcpondre a tout ce qu’on peut s’informernbsp;de lui aprés fon retour; mais c’eft unenbsp;chofe a fouhaiter , plutót qu’a efperer, è.nbsp;tnoins que de trouver un homme fort u-niverfel, qui eut beaucoup de fanté, denbsp;rentes amp; de loifir en (és Voyages, Pournbsp;*noy, je n’ay pas a la verité negligé tou-lt;Snbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tes

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PREFACE.

tes ces particularitez , lorfque je les ay pui apprendre avec facilite amp; avec peu denbsp;mis: mais il ne fera pas mal-aife de voir •nbsp;quand je n’en ferois pas un aveu fincere inbsp;quemes plus grandes recherches ont eunbsp;pour but la connoiffance des Monumensnbsp;antiques des pays que j’ay vus danscenbsp;Voyage, amp; que ^’a été la ma plus fortenbsp;inclination. Je ne me fuis jamais fort em-preffed’affifterauxplus celebres ceremonies de Rome , aux Concerts ni aux O-pera d’Italië : mais comme j’avois entre-pris amp; aflez avancé avant que partir, unnbsp;ouvrage des Infcriptions antiques pournbsp;fervir de fupplement a celles de Gruterus«nbsp;je paffay a Rome les jours amp; les mois en-tiers a ne faire prefqu’autre chofe quenbsp;confiderer les ftatuës, les bas reliefs amp;nbsp;les mazures, amp; a copier toutes les Infcriptions non feulement qui ne fe trou-vcnt pas dans Gruterus, mais auffi unenbsp;grande partie de celles qui y font déja gt;nbsp;pour examiner fi elles y étoient exafte-ment rapportées: de forte qu’apres y a-voirdemeure cinq mois de fuite amp; re-cuëilli par le moyen de diverfes perfonnesnbsp;intelligentes , toutes celles qui 4ifoient inbsp;mon fujet, du Royaume de Naples amp;nbsp;d’autres lieux d’Italic ou je n’avois pas

deuein

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preface;

deflein de me tranfporter , je m'eti trou-vay charge de plus de deux mille incon-nuës a cet Auteur, dont il y en a nom-bre de tres-confiderables: amp; meditant 1^* delTus la belle recolte que j’en poiirroisnbsp;faire dans la Grece gt; ou les Voyageursnbsp;ii’ont fait jufqu’a prefent qu’effleurer cet-te curiofite, ilme prit une forte envienbsp;d’aller faire du moins une promeftade jul-^u’a Athenes, qui a été autrefois dans lanbsp;Grece, ce que Rome fut dans I’ltalie.nbsp;Feut-être n’aurois'je pas execute mon def-fi je n’eulTe trouve trois Gentils*nbsp;iiommes Anglois qui s’offrirent d’etre denbsp;k partie, de partager avec moy les rif-ques du trajet: mais comme la paffion denbsp;¦^oyager croit en marchant gt; nous n’eu-pas plutot apperceu les cotes de lanbsp;Gi'Cce, que nous dimes entre nous qu’ilnbsp;^’etoir pas jufte de la quitter fans voirnbsp;Gonftantinople , qui y tient prepnte-ment le premier rang amp; a peine eumes-nous fejourne dans cette Ville-la un moisnbsp;entier , que nous voyans fi voifins denbsp;1’Afie Mineure, nous nous crumesobli-gez de luy donner une de nos vifites a-yant notre retour. Dans toute cette routenbsp;j’ay trouve dequoy fatisfaire amplementnbsp;rna curiofue, en ayant rapporte un grand

noru-

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PREFACE.

nombre d’lnfciiptions Grecques, qui n’avoient point encore vule jour. J’ennbsp;donne ici les plus curieufes r amp; qui fervent a la Geographie r mais comme ce-la n’eft pas du gout de tout le monde ,nbsp;je les ay renvoyées^la fin du difcours,nbsp;qui en fera moins interrompu. Je lesnbsp;produis le plus exad;ement amp; le plus fi-delement qu’il eft pofllble; toute 1’in-fidelité que j’y puis avoir commife, eftnbsp;de n’avoir pas toüjours pü faire entrer lesnbsp;Infcriptions felon la difpofition amp; le nombre des lignes qui font aux originaux , a-yant été borne par la petitelTe du volume,nbsp;c'e qui fe pourra reparer dans une editionnbsp;Latine en plus grande forme, fi celle-cy eft bien recede. Une autre infide-iité dont on pourroit m’accufer, quoynbsp;qu’elle foit avantageufe aux Ledleurs,nbsp;eft que dans ces Infcriptions Grecques jenbsp;fepare les mots qui doivent être feparez gt;nbsp;quoy qu’^ la verité il n’y ait la plus grande partie du temps aucune diftinftionnbsp;fur les pierres amp; les marbres d’oiijelesnbsp;ay tirées, foit par la faute des Sculp-teurs, OU par des raifons qui nous fontnbsp;inconnuës. Ce qui fait une telle confu-fion, amp; donne tant de peine a les déchifquot;nbsp;frer, qu’^ caufe de eek dans le Livre

inti'

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PREFACE, intitule MaxmorA OxonitnfA, pour fou-lager le Leamp;eur, on les a mifes premie-rement felon 1’Original, amp; enfuite en.nbsp;petite lettre avec les mots difting:uez^amp;nbsp;naarquez des Accens. Au fonds je n aynbsp;pas cru que ce fcrupule full de fi grande importance, que cek me put obh-ger d’en ufer de la forte. Pour ce quinbsp;eft de toute k relation de ce Voyage, jenbsp;ne Crains pas qu’on m’accufe d’etre men- _nbsp;'eur, comme k plupart de ceux quinbsp;viennent de loin, n’y ayant pas dit desnbsp;chofes fort cbffidles i croire, amp; k ma-uiere fimple Ians politefle dont je lesnbsp;dcbitc, ne les fera jamais pafTer pournbsp;dcs Romans , outre que j’ay eu pournbsp;compagnon de mon Voyage , un Gen-til-honune d’honneur Anglois, qui n anbsp;pas moins de fincerite, amp; qui feroit con-noitre au public mon peu de foy , fi j cnnbsp;avois manque , ayant eu d’auffi bonsnbsp;yeux que moy. Je croy qu’d n’eft pasnbsp;necelTaire de juftiner icy 1’utilite que 1 onnbsp;peut tirer des inferiptions antiques, puisnbsp;qu’on k trouvera alTcz établie , par knbsp;fuite de ces Obfervations; je pretens mê-me qu’elles font d’une neccffité indifpen-fable a ceux qui fe veulent ingerer d’é-crirc dcs Antiquitez de quelquc lieu :

car

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P R E F A C E.

caf qui peut par exemple dire, de qui étoitce Monument antique qui eft furnbsp;le Mufee a Athenes , s’il ne confukenbsp;1'Infcription qui s’y lit encore ; ce quenbsp;pouvoit être ce Fanari ton Dimofthe-nis, ft Ton ne prend la peine de lire eenbsp;qui eft grave fur la frife. Je n’auroisnbsp;point de même été affiiré que Salonanbsp;fut la Ville d’Amphifta, Caftri celle denbsp;Delphesj Hakhiffar celle de Thyatire,nbsp;Melaflb celle de Mylafa amp; non pas denbsp;Milet, fans le fecours des marbres antiques que j'y ay trouvez. Je n’in-fifte pas davantage la-deflliSi paree quenbsp;celuy qui voudroit nier opiniatremenC'nbsp;une chofe ft évidente , ne merite pasnbsp;qu’on prenne la peine de Ten convam-cre, amp; je ne luy voudrois oppofer quenbsp;les premieres lignes de la Preface denbsp;Gruterus, ou il dit que les inferiptionsnbsp;ont été de tout temps enfi grande efti-me , qu’on a toujours cru a jufte titre »nbsp;que celuy qui n’avoit pas de la Venerationnbsp;pour elles ne meritoit pas le nom denbsp;Sqavant, amp; que celui qui les méprifoitnbsp;meritoit celuy d’ignorant. Comme jenbsp;ne penfe pas que cet Autheur ait euparnbsp;ces paroles le delTein de s’attirer un E-^e ilui-meme, je ne pretens pas auffi

tirer

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PREFACE.

tirer vanité des receuils que j’en ay faits.'

Je m’y fuis applique plutot par caprice amp; pour mon divertiflement, que pour ^evenir fgavant. Bien loin de preten-a cette qualite, je me contenteroisnbsp;d’etre de ces gens-la que Scaliger ap-Pelleles porte-amp;x des grands hommes ,nbsp;leur fourniflant par leurs fatiguesnbsp;dequoy exercer leurs fpeculations , amp;nbsp;enrichir leurs connoiffances : auffi n’aynbsp;je ajoute d’explication a mes marbres ,nbsp;'lu’autant qu’il etoit neceffaire pour ennbsp;donner quelque intelligence a ceux quinbsp;un peu de curiofite, mais que lenbsp;travail amp; la meditation rebutent, lorsnbsp;Rti’il fe prefente quelque difficulte dansnbsp;leur chemin.

Quelqu’un fera furpris de ce que je cite a la pag. ny* du Tome II. unnbsp;fymbole de S. Jean, a S,, Gregoire E-'^cque de Neocefarée, qui n’a vêcu nean-rnoins que long-temps après luy , a f(^a-voir dans le troifieme fiecle: mais ilnbsp;faut que les premiers Copiftes qui 1’ontnbsp;sjoüté aux Oeuvres de S. Denys Areo-pagite, ayent cru ou que Saint Jean nenbsp;foit point mort, comme quelques uns desnbsp;anciens fe le font perfuadez , ou que cenbsp;Syqibok ait été dióté a S. Gregoire, lors

que

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PREFACE.

que S. Jean 1’Evangelifte luy apparut: cardurefte on ne pent pas entendre parnbsp;ces mots de S. Jean le Theologien amp;nbsp;I’Evangelifte, Saint Jean Chryfoftome»nbsp;qui ne vivoit qu’au quatrieme fiecle. Voi-cy les termes Grecs du titre de ce Symbo-le, Qiohxtyl» 7oC clytis Voiotj/va toO ©eaAoy^nbsp;^’vuyyiXi?ou i arpo'f toV «yiov rpy,ya'

piOV ^TfiO'KOTtOV

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VOYA-

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Pag. I

VOYAGE

D’ITALIE , DE DALMATIE,

D E

GRECE ET DU LEVANT.

-'f nbsp;nbsp;nbsp;-f f

Livre Premier.

Voyage de Provence ^ i^d’^Iialle.

commencement d’Oclobre \6t4 Monfienr VaiSlam Anti-quaire du Roy pall'a a Lyon ,nbsp;dans le deflein d'ailer en Italicnbsp;avec dcs ordres de Monfieur

--------- Colbert, pour envichir le Cabi-

de la Majefté, de medailles amp; d’autresAn-''‘Initez qu’il pourroit recouvrer en fon voya-Comme j'avois 1’honneur de le connoi-je lui fis confidence du deflein que j’a-''tiis de faire le même voyage; amp; m’ayantté-*no;gné que ma compagnie ne lui feroit pas nefagreable , je lui donnai parole de Tallernbsp;mipdre a Marfcille pour nous embarquer eti-l^rnble, quelques affaires domeftiques m’obli-,nbsp;6®ant de paffer a Creft en Dauphiné , qui eftnbsp;de la route de Provence. Pour ne le pasnbsp;attendre, je partis avant lui de Lyon, amp;:nbsp;^e rendis a Valence, fans m’arréter ni a Vien-ni aToumon, oil je n'avois rien a faire.

/. nbsp;nbsp;nbsp;Anbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jc

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3, nbsp;nbsp;nbsp;Voyage dc Provence^

Va-

tEN-

)C,£.

Je vous avertirai d’abord , que je n’entre-prens pas de faire une defcription exaéte des Villes 8c des autres lieux dc ma route; ce quinbsp;fe trouve dans tous les Itineraires, 8c qui vousnbsp;donneroit peu de fatisfaéfion. Je vous diraynbsp;feulement ce que j’y ai vu de plus rcmarqua-b!e, amp; que de moins curieux que moi ne fcnbsp;font peut-être pas donné la peine d’écriré finbsp;exaAement. Je vids done aux Jacobins de Valence Ie portrait d'un fquekte de Geant trou-vé prés de la, de 1'autre cóté du Rhone dansnbsp;Ie Vivarets. On en a tranfporté quelques osnbsp;au Cabinet du Roy , 8c l’on enmontreauCon-vensde S. Riifs quelques autres, qui font d’u-ne grandeur prodigieufe. Un Chanoine menbsp;fit voir une dent deux fois plus épaifle que Ienbsp;poüce, 8c il pretendoit qu’elle fuft de Geant :nbsp;mais j’ofe afllirer que c’eli une dent d’Elefant,nbsp;paree qu’elle fe leve en écailles. On eft encore plus infatué dè ces os de Geans a Soyonsnbsp;8c a Charmes. Ce font deux villages prochenbsp;de Valence au dela du Rhone, 8c j’y fuspournbsp;voir quelques antiquitez dont l’on m’avoit par-lé. On m’y montra de ces grandsoi , Sedansnbsp;la campagne des pierres a peu prés commedesnbsp;pierres de moulin troüées au milieu , dont lesnbsp;femmes de ces Geans, a ce que difent les bonnes gens de ce pays-la , fe fervoient pour met-tre au bout de leur fufeau. Proche dc Charmes je fus a la cimc d'une petite montagne ,nbsp;pour y voir un tombeau antique , dont per-fonne, a ce qu’on me dit alors, n'avoit encore pü lire rinfcription. Le peuple entêté d’u-ne devotion indifcrete va fouvent viüter ce fe-pulcre, pretendant qu’il eft de quelque Samtnbsp;inconnu. Je ne pus neanmoins y oblerverau-cune marque du Chriftianifme, commeétoientnbsp;les croix, les figures de la Bible , ou 1’Alpha

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d'Italië. nbsp;nbsp;nbsp;5

amp; rOmega, De dix vers qui y font gravezje n’en pus lire que deux entiers , qui ine fem-Went plutot êrre des produöions d'un fieclenbsp;l^ayen; amp; Ie temps qui confume toutes cho-fts, a efface de ia pierre Ie nom de celui quinbsp;y étoit cnfeveli.

Eftant de retour a Valence on crut m’obli-ger beaucoup de me faire voir un tombeau ^u’on pretend étre de rimperatricc Jufline ,nbsp;paree qu’on y lit deffus , D. Justina M. ccnbsp;'jue Golnitz dans fon Itineraire explique tres-'nal Diva Jufiina Mater, au lieu de Düs Ma-tubus Jufiina; car la premier Sc la dernierelet-Ve vont enfemble , étant d’un charadlere plusnbsp;gfos que Ie mot du milieu. C'eil-a-dire, quenbsp;' on recommandoit aux Dieux Manes ou In-fernaux cette Jufline , pour qui étoit fait ccnbsp;tombeau. Si vous me deinandez pourquoi ortnbsp;•t’y avoit mis que fon nom, fans aucun t'itre,nbsp;ti aucun éloge; je vous repondrai que cen’é-toit qu’une petite fille, de qui il n’y avoit ricanbsp;^ dire, Sc dont les parens n'étoient pas con-fiderables. Ce que je n’avance pas fans raifon,nbsp;Ptiifque Ic tombeau eft petit, Sc n’a aucun or-ttement, bien loin d’etre d’une femme d’Em-P^reur, qu’on n’auroit pas enfevelie fi pauvre-Jttent; quand mêine Ie tombeau auroit été af-grand. Joint que Jufline étant uue Impe-P^ratrice Chrêticnne, les Dieux Manes necon-^cnoient pas a fon tombeau.

On me fit voir a cóté de Ia porte S. Felix i tour tonde qui avance beaucoup plus ennbsp;uaut qu’en bas , de forte qu’étant au pied .nbsp;''Oils étes k couvert de la muraille. Quelques-ttns croyent que c’eft un chef-d’cKuvrc d’Ar-t^mteélure, comme la tour panchanfe de Fife Scnbsp;^eile de Bologne, avec lefquelles die n’eft pasnbsp;' comparer, ni pour la grandeur, ni pour lanbsp;A 2.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fac

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4 Voyage de Provence,

Crist

tabvique. Mais le peiiple , a qui d’ordinaire tout cc qui eft diflicile a penctrer , paffe pournbsp;mirack, dit que cette tour s’eft coiirbée de lanbsp;lone, lorfque S. Felix amp; deux autres Martyrsnbsp;entrerent dans la Vilk , comme pour fe prof-terner devant eux. Valence au refte n’a pasnbsp;pits fon nom del’Ennpereur Vakntinien, com-me qudques-uns ont avancé ; car Ptolomeenbsp;qui vivoit du temps de Trajan amp; d'Hadricn ;nbsp;en fait déja mention fous le nom de Valentinnbsp;Colonia; amp; j’ay faitimprimer une belle Infcrip-tion trouvée depuis pen a Die , 8c gravée dunbsp;temps de I’Empereur Philippe, oii eileeftainlinbsp;nomniee.

CREST n’eft qu’iine petite Vilk a quatre lieues de Valence, 8c n’étoit dans fes com-roencemens qu’un Chateau fur la Drome dcsnbsp;Corates de Diois 8c Vakntinois. 11 eft fou-vent park de la Tour de Creft dans les demê-lez qu’ils avoient avec les Daufins de Vien-Jiois. J’y troavai aux murs de la Cathedralenbsp;\me Infcription de Vannée n88. oh il eft faitnbsp;mention d’un de ces anciens Comtes appellénbsp;Aymar de Poitiers, Ademarut de PiSlavis , 8cnbsp;Ik une autre un peu moins ancienne d'un certain Pierre Evêque de Die. Dans la premiere de ces Infcriptions cette Ville eft appelleenbsp;Crifta , 8c dans la derniere Creflatn : mais dansnbsp;les reconnoiffances de Creft manulcrites , ellenbsp;eft nominee Crifta Arnaudi , de quelque Seigneur qui portoit k nomd’Arnaud. Auflieft-elle lituee a l’extremité d’une Crete de monta-gae, qui ne fait qu’une chaine depuis Grenoble jufques a Creft. Je m’etonnai de voir furnbsp;la porte de la Vilk , les armes du Prince denbsp;Monaco ; mais ma furprife cefla , quand onnbsp;inkut dit ,que le Roy lui avoir donné les reve-nus de Creft , Valence, Chabueil, Giane 8?

Moa-

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(3 d'Italië. nbsp;nbsp;nbsp;f

Montclimar. Ce fut par cette derniere Ville ^ue je repris la route de Marieille.

MONTËLIMAR eft appenéAii?«/;//»?»dansMoN-' tine Infcription del’an 1198. laqueüe n’eft au-xEti-tre chofe qu une exemption de droits 6enbsp;ports accorde'e par deux Seigneurs, qui en U'

^'oient alors la Souveraineté , amp; qtti s’appel-loient Gerald Aymar amp; Lambert. Le premier éioit Vicomte de Marfeille, amp; l’on trouwe a Aix en Provence une carte écrite en Tan II13. contenant promelTe de mariage entre E-deÜarde fa filleamp; Bemand de Baux fleur denbsp;ïdeirargiies. Montelimar a une forterelTepref-que negligée, amp; qui étoit peut-être alors unenbsp;des plus confiderables places de ces petitsnbsp;Seigneurs. De Montelimar je vins a Orange,

Cette VilIe a des antiquitez bien remarqua- Ohan-Sles, entre lefquelles il y a un Are de triom-Pbe, qui merite d’etre confideré. Les Tro-Phées qu’on y void gravez feront des monn-mens éternels de Ia vidloire de Marius amp; de Catuhis fur les Cimbres, dont il en demeuranbsp;deux cent mille fur la place , amp; quatre-vingtnbsp;Hjille prifonniers , fcion qu’Eutrcpï cn con-¦vient. II n’y a point a Rome d’arc de triom-Phe de cette grandeur, ni rocme ft fuperbe ;nbsp;i^ar on void dans celui-ci un nombre de Roysnbsp;*^3ptifs , amp; des armes de difièrentes Nationsnbsp;^titaflees les unes fur les autres. Pent - ctrenbsp;rtu'a Rome on craignoit d'en faire de fi hauts,nbsp;pour ne pas donner lieu au murmure du peu-amp; a I'envie des Grands. Quoi qu’il ennbsp;ceux de Tite , de Trajan 6e de Gal-ne répondent pas aux viftoires du pre-^'“-7 , aux conquêtes du fecond , 8c a I’or-dll dernier. Les noms de ces deux Con-mls p.noilient encore a derai dans une pier-A 3nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;re

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6 Voyage de Provence. re de eet Are. On y reinarque d’un eóté Rome triomfante, ayantlaiéteentourée de rayons»nbsp;pour fignifier par la que Rome commandoitnbsp;par tout oil k Soleil éclaire. Dans un auircnbsp;coin de l’are on void la figure de Marthe lanbsp;PythonelTe tenant Ie doigt a l'oreille. Marius lanbsp;menoit avec grand honneur dans fes années gt;nbsp;pour lui predire Ie fueeés de fes entreprifes,

11 y a auffi a Orange un Cirque fort grand ,

amp; un pavé a la Mofaïque dans une ehambre baffe d’un particulier , oii eft reprefenté fortnbsp;au naturel un chat qui lient un rat entre fesnbsp;dens, ce qui fans doute avoit fon niyftere ennbsp;ce temps-la.

Aprés avoir quitté Orange, je paflTai la petite riviere de Sorgue , qui n’eft confiderable que par Ie fejour qu’a fait dans fon voifinagenbsp;Ic fameux Petrarque. II y compofa ces beauxnbsp;Vers qpi ont fiüt Tadmiration de fon liecle vnbsp;amp; 1’on dit en efFet qu’elle a vers fa fource desnbsp;endroits merveilleux pour les enthouiiafmesnbsp;des Poëtes. Comrae je ne pretens pojnt a cet-te qualité, je ne m’y arretay pas, Sc pourfui-vant ma .route, je vins par Cavaillon , Tort ,,nbsp;Lamhclc §? S. Caival i Aix ville capitak denbsp;Provence.

Aïx.

AIX étoit appellée anciennement Slt;a:-tU. paree qu’il y avoit des eaux chaudes, quff Strabon atfüre avoir été prefque cliangées cnnbsp;ftoides de fon temps. Elks font pourtant encore tiedes, quoy qu’on les neglige, Sc quel-ks ne fervent qu’auxTeinturiers, danskquar-rier defquels on me les fit remarquer. UnSei-, gnéur Romain noramé Sextius y avoit menénbsp;«ne Colonie, Sc c’eft ce qui lui a donné fonnbsp;fccond nom. Cette Ville eft une des mieuxnbsp;baties de France, Sc les inaifons du Cours fontnbsp;autant de Palais, doat PArchitedure eft beau-

coup

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6? S'Italië. nbsp;nbsp;nbsp;f

coup mieux entenduë que celle dii Cours de Marfeille, qui toutefois donne plus dans la vu«nbsp;que celui-ci.

Le Cabinet de Monficur Lauthier fait uri des ornemens de la Ville. On y void de pe-lits ouvrages, excellenS 8c adinirables des anciens Graveurs fur des pierres precieufes ; en-autfes une Bacchanale gravée dans un belnbsp;Eliotrope en ovale de la grandeur d’une piecenbsp;quinze fols. Celt un joyau qui ne fe peut-pas payer. Une vandangequot; gravée dans uncnbsp;excellente Carniok t qui n’eft pas plus grandenbsp;que I’ongle , quoi qu’il y ait quinze perfonna*nbsp;gcs, 8c trente-cinq figures d'inftrumens, vafesnbsp;^ autres chofes diöèrentes. Une tête de Mar*nbsp;cellns fur une Cornaline, 8c une de Solon furnbsp;Une Ametbyfte gravée par Diofeoride le meil-Eur Ouvricr qu'Augufte avoit a fes gages. Etxnbsp;up mot e’eft un reciieil furprenant d’Agatlres ,nbsp;d Onyces, de Carnioks, de Jafpes, de Sar-doines 8c de Jacinthes gravées en creux 8c erinbsp;fplief par les pluslrabiles maitres de I'Antiqui-II y a aufll des coquillagcs , des vafes ,nbsp;des medailles, des ftatuës, 8c plufieurs autresnbsp;galanteries qui réjoüilïcnt la vüë 8c I’efprit.

Monfieur Borelly a des tableaux, des chofet '^'“turelles, des medailles d'or 8c des Infcrip-Jions antiques. II conferve le fquclete d’unnbsp;E-yelope. Ce n’éroit pas un de ceux qui man-8crent autrefois les compagnons d'Ulyffe , anbsp;qui il eut 1’audace de crever I’ceil avec unenbsp;'^ugtie poutre al’umée , comme lui même lenbsp;''ccite dans Homere. Celui-ci n’étoit qu'rinnbsp;enfant, né avec un ceil feulement aii milieunbsp;u front, comme l’Antiquiié a accoutumé denbsp;cprefentci- ces Monltres.

foiites ces curiofiteznem'auroientpasnean-”ioms lani retenu a Aix , fans ks manuferipts A 4nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;d«-

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8 Voyage de Provence^ de Monfieur de Peiresk , que j’avois grandenbsp;envie de feuilleter. Cet hommeinfatigablecnnbsp;avoir hide prés de cent Volumes , ou de fanbsp;main, ou dc cclle de fes Secretaires. Unenbsp;panic eft entre les mains defonlieretier. Mon-lieur Sibon en a dix cbei lui. Ccft un tres-galant horame, cjui a auffi uu Cabinet remplinbsp;d’line infinite dc chofes rares , comme gravü-les, medailles, amp; autres pieces antiques. Unnbsp;de ces manufcrits traite des poids 8c des me-fures des Anciens. Un autre n’eft que dc Genealogies. II y en a deux qui ne traiteut quenbsp;cles Langues Orien'.ales, 8c deux autres quenbsp;d’Infcriptions antiques, cc qui étoit de monnbsp;gout 8c qui me convenoit mieux que le relle.nbsp;Monfieur Sibon me permit d’en tirer cc quenbsp;je voudrois. J’y en trouvai plus de trois centnbsp;qui n'ont pas été impriraées, amp; entr’autres unenbsp;tres-curieui'e, dont je me fouvicns d’avoir vünbsp;depiiis quelques fragmens en Italic. Elle menbsp;fembie li particuliere, que je crois vousen devoir dire quelque chofe. C’eft une Infcrip-tio.n, qui contient beaucoup de noms de che-vaux , 8c le nombredes vidloiresqu'ilsavoieirtnbsp;remportées. Vóus verrez ft ces noms avoientnbsp;du rapport a ccux que nos Ecuyers donnent ^nbsp;prefent a leuvs chevaux. Voici les principauxnbsp;qui fe peuvent traduire en Fran9ois. Le^Pe-gafe, le Coureur, le PalTereau, le Loup, le Gay,nbsp;]e Moucheté, I’Aigle, le Meunrier, I’Enje-raudc, le Delicat, le Grave , le Satyre , Icnbsp;Leopard, le Ravilfeur, le Dédale , I’Archer ,nbsp;l’Arbalête, le Dard , le Ramier , 1’Ecrevifle ,nbsp;I’Araignee, I’Exaft, le Poignard, leRomain,nbsp;I’Aiax, le Franc, 1’Innocent, le Vainqueur ,nbsp;le Barbu, le Rufé , I’Argus 8c I’Arion. Poutnbsp;ce qui eft de leur pays, la plupart étoient A-fricains, ce qoi nous apprend que ce n’eft pas

de-

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d'Italië. nbsp;nbsp;nbsp;^

palspeu qu’qn fait ellime des Barbes. Lesau-tres étoient d’Efpagne, de Mauritanië, de Cy-rene amp; des Gaules. Mais a propos de che* vaux , je ne pus point apprendrequ'étoit deve-ïiu l’Epitaphe de Boryfthene Coureur de TErn-pereur Hadrien. E!le avoir été trouvée anbsp;Ce , amp; portee si Aix , cliei M. de Peiresfc.nbsp;Comme les Epitaphes des bêtes font fort extra-ordinaires , olies dcuvent auffi avoir quclquanbsp;caradlere de politefle, qui les fade confiderer.nbsp;On en lit urre a Genes au Palais da Princenbsp;Doria, faite a un de fes Chiens , 8c qui eftnbsp;d’alfez bonne maniere mats je n’ay rien vünbsp;de fi galant que celle d’un Roffignol , gravéenbsp;fur une Urne antique de marbre qui fe void itnbsp;Rome au Palais du Cardinal de Maximis.

Le fejour que je fis a Aix me fut plusfaver-rable que je n’aurois penfé , ayant été caufe que je n’arrivai pas a temps a Marfeille, pournbsp;m’einbarquer avec M.- Vaillant f dans le malheur duquel j’aurois été envelope r puis qu’é-tant parti dans une Barque Livournoife, il futnbsp;pris par-les Coi faires avec une vintaine de Francois , qui alloient a Rome voir 1’ouverture dunbsp;Jubilé. Bien que je' m’engage dans une alfeznbsp;longue digreffion, je croy qu’elie ne vous dé-plaira pas, 8c que vous ferez bien ail'e d’ap-prendre une avanture que fescirconftancesren-dent finguliere, 8c que Ini-même m’» apprifenbsp;depuis fon retour,

Comme le Corfaire étoit d*Alger, qui apaix Svec nous, nos Frangois fe flatterent qu’on lesnbsp;iftettrok a terre, comme il s’étoit pratiqué erenbsp;d’autres rencontres; mais le Reis oirCapitainenbsp;sppellé Mezomorto, s’en excufa fur ce qu’ilnbsp;dtoit trop loin de France 8c d’Italië , 8c qu’ilnbsp;*’avoit pas plus de provifion qu'il lui en fal,-:nbsp;«« pour fon retour a Alger promettaivt denbsp;A 5nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Iw

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to Foya^e it P'rovence'y

ks mettre entre les mains de kur Conful i fon arrivée. On fe contenta de kur faire con-figner Vargent qu’ils avoient, amp; de les foiiil-ler en leur dilant : 'Bona pace , Franceji , fansnbsp;leur parkr d’efclavage. Mais dés qu’ils furentnbsp;cntrei a Alger , tout changea de face. Lenbsp;Day, c'eft-a-dire, k Roy du Pays , prit fonnbsp;huitiéme, qui eft fon droit fur ks Efclaves dcnbsp;bonne prife, prétendant en faire autant furiesnbsp;Francois, qui etoient reclamez par k Chevalier d’Ar vieux Conful de France. Le Day fenbsp;londoit fur cc qu’ayant ecrit trois fois a fa Ma-jefté Tres-Chrêtienne pour avoir huit Algeriensnbsp;qui étoient aux Galeres de France , on ne ksnbsp;lui avoit pas renvoyez, Sc ainfi il prctcndoitnbsp;vendre ks Francois , pour racheter ks huitnbsp;Turcs de cet argent. Le Conful s’y oppofa-forteraent; proteftant qu’il fe vendroit plutotnbsp;lui-meme pour ks racheter , que de foufFrirnbsp;qu’ils fuffent vendus, 8c que c’etoit tompre lanbsp;paix. Le Day infiftant toujours la deffus, M-le 'Vacher Pere de la Miflion lui propofa dcnbsp;les mettre en depoft jufqu'a ce qu’on cut ré-ponfe de France: ce qu’il accepta it conditionnbsp;de ne pas donner le pain aux Fran9ois , quinbsp;furent conduits au Bain de la Doiiane, oil lenbsp;Gonlul kur donna un écu par jour jufqu’aunbsp;mois de Fevrier, qu’on receut ks Lettres dunbsp;Roy qui promettoit de renvoyer les Turcs tnbsp;pourvft qu’on renvoyat les Fraru^ois-. Le Daynbsp;ne voulut pas comraencer , 8c tout ce qu’onnbsp;put faire par le moyen d’un renegat Pariiien rnbsp;a qui on donna cinquante piaftres fous main ,nbsp;fat d’obtenir la liberté de M. Vaillant , qui fenbsp;devoit charger des Lettres du Day. Déslclen-demain il le fit venir devant lui , 8c lui ditnbsp;Sois le bien venu. Ayant apris que tu es aunbsp;let vice, du Roy da France )C veux tc renvoyer r

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y a'Ttalte. nbsp;nbsp;nbsp;Tt

vojer, amp; jevoudrois Ie faire de même des au-tres: inaisje ne fuis pas ici fi ablblu, queton Ma'itre eft chez lui. Tu 1’alTureras que je de-fire d'cntietenir une bonne correfpondance a-vec lui amp; de continuer la paix. Je te ferainbsp;dönner les noras des Algeriensqui font en France, afin que tu procures leurlibené, commenbsp;je t’ay accordé la tienne.

Trois feraaines apres une Barque de Mar« feille étant fur fon départ , il fut rappellé dc-vant Ie Day avec Ie Capitaine , qui par ordrenbsp;du Day lui rendit vingt medailles d'or antiques, amp; deux cent medailles d’argent , qu’onnbsp;avoir trouvées dans fa Valife. II s’cmbarqua'nbsp;done Ie lendemain , quatre mois Sc demi apréï^nbsp;fa prife, laiffant les autres Franjois dansl’efpe-fance d’un femblable retour. La Barque ayantnbsp;fait voile, avan^a pendant deux jours avec unnbsp;Vent favorable : mais a la fin im matelot qui étoitnbsp;au haut du maft, cria qu'il voyoit un Vaif-feau qui avoit Ie ventfureux. LePilotemon-tant auffi-tór lui-incme, découvrit que c’étoitnbsp;t^n Corfiire de Salé avec une Barque de prife :nbsp;Ce qui Ie fit refoudre a mettrela fienne en pou-pe pour fuif en Efpagne. Comme M. Vail-lant fgavoit la mifere des Efclaves, amp; particu-Pierement de ceux qui l’étoient a Salé, il for-*iia un deffein tout-a-fait extraordinaire , quinbsp;fut d’avaler les vingt medailles d’or qu’il avoitnbsp;fur lui, pour fe faire quelque reffourcedanslesnbsp;beceffitez, qu’il prevoyoit lui devoir arrivernbsp;dés que Ie Corfaire fut proche prefque a 1»nbsp;Portée du Canon, il ne manqua pas de 1'exe-cuter. Les autres pafiagers étoient de mêmenbsp;dans la deiniere confternation par les affreufes'nbsp;tdeesdel'efclavagedontils étoient raenacez,IorS'nbsp;'lu’une bourrafque s’étant lout d’un coup le-, cUe écarta Ie batirnent de Salé. 'Vbusnbsp;A 6nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;poll»-

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It F'oyagt de Pro^enat pouveT jiigtr quelle joyc ils en eurent ; nean-moins le vent étant toüjours violent , ils n'é-toieni pas a la fin de leurs craintes , le Pilotenbsp;ne pouvant refifter a I’orage qui dura deusnbsp;jours, 8c les jetta enfin fur Ics cotes de Cata-logne, prets d’éclioüer fur les fables , ou lesnbsp;Efpagnois les auroient pris, fiuiiegrofle vaguenbsp;ne les ei\t remis en iner, 8c s’ils n’euflent en-fuite cótoyé tout ce pays-la a la faveur d'uncnbsp;banniere Genoife qu'ilsarborerent.. Maiscora-me les malheurs s’entrefuivent ordinaireinent ,nbsp;ils vinrent encore s’embaralTer dans les bancs ,nbsp;qui font vers rembouchure du Rhone, a unenbsp;]ieue du Village de Saintes,. oil apres avoir perdu leurs ancres, M. Vaillani refolut d’abordcrnbsp;avee I’efquif, lui cinquiéme, le rivage le plusnbsp;proche : ce qui leur retiflitheureufement, quan-titc de monde étant fur le Port; qui leur mon-trerent Fendroit commode pour venir aterre,.nbsp;amp; les Confuls du lieu lui inodererent fa qua-»antaine a 14. heures, en confideration des dépêches qu’il avoir pour fa Majefié.

Cependant comme il avoir avalétantde medailles d’or, qui lui pefoient fort a 1’eftomac , il demanda avis, a deux Medecins qu’il ren-contra iur le chemin d'Avignon. L’accidentnbsp;leur parut ffngulicr , 8c ils ne demeurerent pasnbsp;d’accord du remede , l'un«propofant des pur-gatifs, tk 1’autre des vomitifs ; 8c dans cettenbsp;incertitude il ne fit rien , 8c pourfuivit fon che-min jiifqua Lyon, de même qu'auparavant inbsp;S. Vallicr, apres avoir mangé des epinars. Ilnbsp;flit d’abord rendre vifite a.M. Dufour fon a-mi, 8c le prefentant devant lui avec fa barbenbsp;8c fon. habit d’efdave, il fut. oblige de dire fonnbsp;nom. A prés s'étre einbrafl'ez, il lui fit le re-cit de fes avantures, 8c n’oublia pas la particu-laritt jles medailles. M. Dufour, qui elt uni-

Ter-

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6? Italië. nbsp;nbsp;nbsp;r |

yfrrelJement curieux des belles chofes , pat Ic commerce qu’il entretient avec les curieux eanbsp;Europe amp; en Afie , a fait auffi un beau re-cuëil de medailles. II demanda a M. Vail-«nt la qualité des Hennesamp; fi- elles étoientnbsp;ci_u haut Empire, qui font les plus pefantcf.nbsp;Clelui-ci lui en fit voir I’echantillon, amp; lui af-fura qu’ellcs étoient toutes des premiers Em-pcreurs. Mais eft-il poffible , lui dit M. Du-füur, qu’un homme d’efprit tP un habile Me-*3ccin comme vous, ait ofé charger fon efto-mac d’un poids fi confiderable de cinq ou lixnbsp;onces, amp; d'une matiere fi folide. Vous par-Ez, lui repliqua-t-il, comme un homme quinbsp;cft a fon aife dans fon Cabinet, Scqui n’envi-Ege qne de cent lieuës loin les malheurs denbsp;1’elclavage. Si vous aviez été en ma placenbsp;^ous ainiez peut-être avalé , non feulementnbsp;Es medailles, mais la Barque méme s’il avoitnbsp;c’é poiiibk , pöur adoucir les amertumes de lanbsp;captivité. NI. Dufour qui avoit achêté en mê-JTie temps cinq medailles que fon ami lui avoitnbsp;montrées, fit auffi marché d’un Othon d'or ,nbsp;amp; de quelques autres qu’il avoit encore danslcnbsp;corps; negoce dont il ne s’étoit peut-être ja-gt;’'ais parlé. 11 s’y accords pour la rareté danbsp;Eit, amp; ayant pris congé de lui , il fe refolutnbsp;Qe partir Ie lendemain par Ie Coche: mais parnbsp;Bonheur il acheva de les rendre avant que denbsp;sembarquer, 8c les remit a 1’achêteur,

Je reprens ma relation que j’ay interrompuë,. je vous diray qu’étant arrivé a Marfeille, jenbsp;¦Voulus m'appliquer a la recherche des curioii-Ez. J’y trouvay quelques infcriptions Romai-mais je n'y remarquay aucun edifice denbsp;grande antiquité, quoyque la Ville ibitun oa-''fage des anciens Phocéens. Elle eft affile dansnbsp;to terroir pierrcux, ayant au basun Portcreo-A 7nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fé

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*4 Voyage de Provence,-fé dans fes rochers, en forme d’araphitheatrer amp; tourné vers Ie Mrdy : car elle eft prefquc'nbsp;de même aiijourd’huy, que Strabon fa an-cicnneraent décrite, amp; a I’avantage de s'etrenbsp;mieux confervée qu’aucune aiure Ville. Lesnbsp;deu« Citadelles 6c 1'Arfenal font en bon état,nbsp;amp; ce font des chofes dignes de la ciiriofiténbsp;des Etrangers^ mais comme je ne me piquenbsp;pas de m’y entendre, je ne voiis en marque-ray aucune particularité. J’aime mieux vousnbsp;entretenir d'une tête prodigieufement grolTenbsp;que 1'on conferve au Convent de 1’Obfervan-ce. C’etoit la tête d’un nomme Borduni filsnbsp;d'un Notaire de Marleille. II mourut 11 y a environ foixante ans, agé de cinqnante. Des Re-ligieux de ce Convent qui 1’ont vu, ra’ont af-fure qu’il n’avoit pas plus dc quatre pieds denbsp;haut, amp; neantmoins fa tête en a trois de tournbsp;par les córet, amp; moins d’un pied de hauteur.nbsp;Les os 4 force de s’ektgir etoient devenus fortnbsp;minces, 6c entr’ouverts de la largeurd’un écu,nbsp;è I'endroit oil la future fagittale fe rencontre a-yec la coronale, qu’on appelle auffi la Fonta-neile, amp; au derriere de la tête a Toccipitale.nbsp;Eien qu’il eiit beaucoup de cervelle, il n'ennbsp;avoit pas plus d’efprit pour cela, 8c c’étoit uirnbsp;Proverbe qui couroit dans Marfeille, Ttt notnbsp;pAs plus da fens /}ue Borduni. Quand il devint d-gé, il ne pouvoit plusfodtenir fa tête fans I’ap-puyer fur un couffin. Il avoit été enterré ènbsp;rObfervance, 6c comme on creufoit dans leurnbsp;citneticre il y a quelques années, on y ttouvanbsp;ce crane, qu’on a depuis cohfervé par rareté.nbsp;J’ay vii depuis i Negrepont un gar9on de i y-i i6i ans qui eft encore en vie r qui a la têttnbsp;]1 peu présfemblable, 8c entierement difForme;nbsp;car le front lui avance de trois travers dedoigfnbsp;ginteflus du yiPage, comme sftl avoir anegrof'

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Cj* d'ItaVts'. nbsp;nbsp;nbsp;\-f

,5applatie par deffus la téte. Prés de-Ubiervance j’allay voir Ia Sucrerie, que la, ^ompagnie des Indes de Hollande avoir éta-‘le, 8c qu’elle a depuis venduë a un Marfeil-ois. On fait fondre dans de grandes cliaudic-6s la Mafcoüade, qui eft Ie Sucre comme ilnbsp;ort des cannes, tout noiratre 8e plein d’ordu-6e quand elle bout trop, on y jette dunbsp;curre ou de la graiflc, pour I’empêcber de fenbsp;l^^pandre au dehors. Enfuite on la met dans denbsp;fitandes formes de terre, 8e puis dans de plusnbsp;Pstites, qui donnent la figure a nos pains denbsp;^ucre. On met ces formes !a pointe en bas,,nbsp;p par deffus le fucre une couche d’argile quenbsp;' on arroufe d’eau chaude, laqiielle de mêmenbsp;S^une Jeifive emporte ce qui eft d’impur, 8cnbsp;. ccoule par une petite ouverture au deftous de'nbsp;^ forme. 11 fe fait auffi a Marfeille grande'nbsp;S'^ntité de Savon, 11 eft compofé d’huile, denbsp;effive de chaux 8e de la foude qu’on apportenbsp;0 Efpague, qui n’eft autre chofe que le fel d’u-herbe marine appellee KaU. Ce Compofénbsp;1’on cuit auffi dans de grandcs chaudieres,,nbsp;06 bout pas fenfiblement, mais il ne laiffe pass' jetter de terns en terns de gros bouillons denbsp;ou ro, pieds de haut, 8c il eft dangereux-J* on approcher, paree qu’il brüle tout cequ’ilnbsp;^uche de combuftible. 11 me femble que lesnbsp;strangers ne derroient pas auffi negliger dcnbsp;'Oir les boutiques des Coraliiftes, Marfeille é-*nt la feule Ville de France oh Ton f^achebiennbsp;Jivailler le Corail. J’y en ay trouvé des efpe-qui ne font pas ordinaires, comme dunbsp;®nc, e’eft-a-dire, de celui qui eftfolidc; carnbsp;pour celui qui eft creux 6c troüé, ce n'eft pasnbsp;0 vray corail.- J’en achêtai une piece qui é-inoitié rouge 8c moitié blanc ^ pour dunbsp;Ics aaltres m’aflureient tous^ qu’il ne

s’ca

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iS Voyage de Provence^ s’en trouvoit point de veritable , mais feiifequot;nbsp;ment des plantes corallil'ées, qui ne peuventnbsp;pas foufFrir la menie pour être mifes en oeuvre. Monlieur Magis me fit voir d'autres fortes de curiofitez, des Murnies 8c des Idolesnbsp;d’Egypte, avec des caraéteres dont je laififenbsp;Fexphcation au R. P. Kircher, qui a depuispeunbsp;mis au jour dans un grand volume, ceux quinbsp;fe trouverent dans la caifle 8c dans les band^nbsp;d’une belle Mumie que Monfieur Dufour avortnbsp;rcceuë d'Egypte, 8c qui a merité d’être milsnbsp;au Cabinet du Roy.

Eir attendant que Ie temps fe rendit beau pour faire voile , j'allai voir ce qu'il y a denbsp;plus remarquable autour de Marfcillc. Surnbsp;ehemin d’Arles on void Ia petite ville de Salon, qui n’eft confiderable que pour avoir ét^nbsp;Ie lieu de la naiflance de Noftradamos. II eAnbsp;enterré aux Cordeliers, moitié dans l’Eglife»nbsp;8c moitié dehors; peut-étre paree qu’on ndnbsp;fqavoit pas s’il étoit Sorder ou Proplu-te.nbsp;traverfai enfuite Ia Crau, qui eft une grandenbsp;campagne de dnq ou fix lieiiës de largeur»nbsp;toute plcine de pierres, entre lefquelles il croitnbsp;un peu d’lierbe excellente pour Ie paturage. L®nbsp;vent y foiifiioit alors terriblement, mais il n’é-toit pas alFez fort pour faire rottier les pierres rnbsp;comrae Strabon allure qu’il arrivoit qiielque'nbsp;fois. Les Andens fe font roinpus la tête poufnbsp;donner la- raifon de cette prodigieufe quantit®nbsp;de pierres. Ariftote croyoit qu’elles y 'avoieU*nbsp;été poulfées pat ces fortes de trérablemens d®nbsp;terre, qui en jettent quelquefois un grandnbsp;Bombre, qui torribent enfuite comme une plu'nbsp;ye dans les plaines. Pofidbnius s’imaginoit qU®,nbsp;cette campagne avoit été autrefois un Lac q*fnbsp;s’étoit defl'eché; mais iEfcbyk , a qui il étc®Jnbsp;permis de mentir auffi bien qu'aux autro$P®^quot;j

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fi? d'Italië. nbsp;nbsp;nbsp;ty

racontc qn’HercuIe combattant centre les jr'guriens, Jupiter fon pcre craignit pour luinbsp;l’extremité oü il Ie voyoit reduit, amp; fitnbsp;“inber une fi grande pluye de pierres, qu’ilnbsp;accabla tous fes ennemis.

. -^RLES eft plein de ruïnes anciennes, en-Abibs, ~ iefquelles on void un refte d’amphithcatrenbsp;beau, que les mailbns baties dedans ca-a demi. Une Diane de marbie qu’on ynbsp;oiifervc dans la Maifon de Ville, fait voirnbsp;les Marfeillois avoient éiabli Ie ciilte denbsp;j? Diane d’Ephefe en ces quartiers-la, commenbsp;^ifiire Strabon. Elle n’a pas de bras, mais ellenbsp;laifie pas d’etre belle; car il n'eft pas impof-Jole (ju'ii y ait tie belles manchotes atdii biennbsp;de belles aveugles amp; de belles boiteuies;

^ ^ans doute c’eft un ouvrage de quelque ex-Sculpteur de l'Antiquité. Plus baquot;^

Arlcs il y avoit dans une Ifle que font les ^tiboüchures du Rh6ne, un Temple confacrénbsp;^^‘^ette Déeffe , oü appareinment cette ftatuënbsp;,'^it placée. Autour des Minimes qui fonthorsnbsp;T la Ville, on void une quantité furprenantenbsp;tombeaux antiques. Ceüx des Chretiens ontnbsp;Croix, ou des hiftoires de Ia Bible gravéesnbsp;. J* dehors, amp; ceux des Payens ont pour lanbsp;j grande partie des inferiptions que l’injurenbsp;el? .^^'¦nps a laquelle ils font expofez, a prefquenbsp;j-^herement effacées. LeChoeur de l'Eglife eftnbsp;de?’® d'une baludrade compofée de fcülpturesnbsp;la Bible, qu’on a raraafiees des pieces de cesnbsp;lgt;^iiUmens du Chrillianifme. On dit que lesnbsp;t,5^^ns appelloient cette campagne les champsnbsp;^.yiées. amp; qu’ils fe croyoient bien-heureuxnbsp;qZ pQuvoir être enfcvelis. On ajoüte mêmenbsp;2'® '^eux qui habitoient Ie long du Rhone troisnbsp;Vonbsp;nbsp;nbsp;nbsp;journées au deffus d’Arles, envo-

leot quelquefois kurs laorts attachei lur ua

aix

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18 nbsp;nbsp;nbsp;Toy age de Provence ^

six a la mercy de cette riviere avec I’argent neceflaire pour leur fcpulture, amp;qu’ilneman -quoient pas de s’arrêter a Arles oir I’cra avoitnbsp;foin de les enterrer. Dans ks Catacombes quinbsp;font fous 1’Eglife, il y a les Epitaphes de Saintnbsp;Trophime, de S. Hilaire , amp; dc quelques au-tres Evêques d’Arles. Les Vers en font excel-lens, 8c paroiffent être des prodiiöions du cin-quiéme fiecle, qui étoit aflez fecond en beau*nbsp;cfpnts. On admire fur tout au milieu de knbsp;voute une de ces Tombes, qui eft toüjourinbsp;moitié pleine d’eau, quoy qu’il n'y en aitnbsp;point dans les autres qui font deffus Sc del-fous.

IK St. D’Arles je me rendis ^ la Sainte Beaumeg

BauME.m’arrêtant aat pied de la montagne a un lieu appellé Gijrg»;tx, qui n’a qu’une petite Eglifcnbsp;amp; un tres-mechant logis. Ce lieu la étoitnbsp;pourtant connu dans 1’antiquité foüs un noninbsp;femblable; car dans une infcription qui y futnbsp;trouvée, 8c qu’on a tranfportée au village denbsp;Gemenos oü je l’allay voir, tl eft appellé Lotus Gargarius. II faut monter de la plus denbsp;deux heures avant que d’etre a la Sainte Baiir-me, qui eft remarquable par fon dcfert 8c parnbsp;fa lituation dans une roche efcarpée, oü l’onnbsp;a pratiqué un petit chemin. La grotte eft fortnbsp;humide , a caufe de l’eau qui en dégoute patnbsp;tout, excepté a l’endroit oü Ton croit que ienbsp;tenoit la Madelaine. II y fait prefque toüjoursnbsp;froid , Ie vent de Nord y fouflant fouvent d’u-ne étrange force, 8c s’il n’y avoit du bois ennbsp;abondance, on'y paiTeroit bien malle temps-Les Religieux qui y fervent font du Conventnbsp;de S. Maximin , oü l’on garde les reliques dsnbsp;eette Sainte Penitente. Le lenderaain je grim'nbsp;pay a cheval jufques au Ciel, du moms juf'nbsp;qu’au delTus des nuës; car la cime de cctte

mon'

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£s? d'Italic. nbsp;nbsp;nbsp;ïp

’Tiontagne, qu’on appelle Ie Saint Pilon, eft ff ®*evée, que les nuës paroiffent fouvent au dei-*ous. M’étant tiré en trois ou quatre heures denbsp;^arche de ces deferts affreux, je vins me refi-®fe au chemin de Marfcille a Toulon, d’oüjenbsp;'US bien-tót a Olioure qui me divertit plus a-peableraent la vüë par ces grands Otangers ,nbsp;jous lefquels un homme a chcval pourroit li-paffer.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;_

Trois heures aprés j’arrivay a Toulon, oujeTorgt; '''us d’abord tout ce que les Etrangers vontnbsp;'oir, le Parc, amp; le fuperbe Vaiffeau nomménbsp;u Royal Loiiis, qui porte plus de fix-vingtnbsp;P'uces de canon. Le Port eft fermé d’un beaunbsp;|Uole , Sc route la plage a un bon an era ge pournbsp;''^.grands Vaiileaux, il n’ya que le vent Grecnbsp;'luiynbsp;nbsp;nbsp;nbsp;incommode.

H lERES n’eft qu’a trois Vieuës de ToulonHieri» ^ merite bien qu’on y faffe un tour. Les jar-?“is de citroniers amp; d’orangers y font admira-Rs par une profufion de la nature plutot quenbsp;I*'' les foins que Ton apporte a les cultiver.

^ Gentilhomme du pays tire jufques a quin-® millelivresdcrente dulien, bien qu’ilnelbit quot;quot;'rv® grande éteiiduë.

L’Hieres jc revins a Marfeille, d’ou je me P'^opofois de reprendre mon chemin pournbsp;, lors qu’un de mes amis y arriva pournbsp;'*5' en Italië voir I’ouvcrture du Jubilé. Jcnbsp;engageay aiféraent avec lui, amp; nous arrê-•mes notre embarquement fur un Vaiffeau denbsp;ïmborirg^ qui devoit partir pour Genes aunbsp;Pferaier bon vent , qu’il nous fallut attendrenbsp;Y®? de trois iemaines. Nous éiant rendus aunbsp;®'ffeau au moment qu’il kvoit I’ancre, nousnbsp;vimes d'abord a la voile, amp;,ledepartfutnbsp;j. P‘'omt, que de deux AUemans qui vouloientnbsp;®mbatquer avec nous , 1’un dsmeura en s’a-

mur

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ao Voyage de Provence^

mufant a faire des adieiix , quoique fes hardiS fulTent déja embarquees; amp; l’autre ayant laif'nbsp;fé les fiennes a une Barque qui ne put atteindrfinbsp;Ie Vaiffeau', fe trouva dedans fans manieaunbsp;fans Lettres de Change.

Genes, En trente-fix heures nous fumes a lavüede Genes, amp; un vent de Nord s’étant levécomnaenbsp;nous étions prêts d’y entrer , il nous falhhnbsp;deux jours entiers pour en venir a bout a force de bordées. Le Port elt toiit ouvert dunbsp;c6tc du Midi, amp; a de petits rochers couvertsnbsp;d’eau qui le rendent mal feur, quand il vientnbsp;quelque- bourrafque. La Ville eft batie ennbsp;Amphitheatre autour du Port, amp; fait une tresbelle perfpedive, amp; k dedans furpaffe de beati-

Goup 1’idée qu’on en a conceuë. On n'y void que des Palais amp; du marbre, amp; la Sirada nova n’en a que de fort fuperbes. Genes a cclanbsp;de particulier amp; d'avantageux furies autresvilles d’Italie, que tous fes Palais fe fuivent fansnbsp;être joints avec des maifons ordinaires. Celuinbsp;du Prince Doria , qui eft au Faux-bourg , ennbsp;des plus confiderables. Pour ce qui eft des E'nbsp;glifes, elles font les plus belles du monde,nbsp;particulierement 1’Annonciade, les Jefuites dinbsp;les Theatins. La nouvelle fabrique de Santanbsp;Maria in Carignano ne leur cede pas. Cen’ennbsp;par tout que marbre, qpe jafpe , que dorures »nbsp;amp; que tableaux des plus fins. Je n’ay jamai*nbsp;vü que la des Excommunications écrites aünbsp;debors des Eglifes contre ceux qui piflerontaü'nbsp;tour, OU qui joüeront auxcartes, oucommet'nbsp;tront quelqu autre indecence. Mais peut-êtrsnbsp;les foup9onneroit-on d’etre moins jaloux de lanbsp;gloirc' de Dien que de la propreté leursouvra'nbsp;ges; car au refte ils n’ont pas la reputation d'd'nbsp;tre- plus Saints que ks autres ; au contraire gt;nbsp;il court UQ Pïoverbe d’eux en Italië , qui n«;

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Ci? d^Jialie. nbsp;nbsp;nbsp;2,i

ietie. Mer fans poiflon , montagnes 'fans , femmes fans honte , amp; gens fans foy.

'Siir eft pas avantageux: Mare fenzapejcs, mon-^lt;fgne fenza letno, Donne fenzavergogKa , v‘Jen

y jm r i nbsp;nbsp;nbsp;_

y a pourrant d’honnêtes gcns comme par gt; mais ]e grand nombre d'efpions amp; de Sbir-fs qui obiervent tout ce que l’on fait, nemenbsp;P^ait p3s. ^^Qnflc^r Ie Chanoine Ferro me fitnbsp;*üir avec beaucoup de civiiite fon Cabinet denbsp;Medailles, de gravures, 5t d'autres bijonx an-‘*']ne3.

Genes nous primes tine Felouque , Êc P^fiant le long de la cote, que les Anciensap-Mloient mer Liguftique, amp; que Ton noramcnbsp;^'ioiird'hui riviere de Genes, paree que de mê-que les bords d’une riviere elle eft pleinenbsp;j Petites Villes tres-jolies , nous arrivamesnbsp;^fiireufement a Livourne.

LlVOURNE eft une Ville faraeufe pour leLi* ”^goce, mais inutile pour ma curiofite. Toutvouiirnbsp;jj que j’yobfervaifut laftatueduPete du Grand ke.

r avec quatre Efclaves de bronxe au def-

PG qui ne font pas mal travaillez. L’ou-de la Porte-Sainte fe devoit bien-tót a Rome, ce qui nousobligeadenousem-^rquer le jour fuivant fur le Canal qui nousnbsp;'“nduifit a Pi/e.

^ette Ville eft grande 5c belle , mais ellePtss.' pas peuplée. Elle a autre-fois fait bruitnbsp;le monde, amp; j’ay trouvé a S. Vidlor dcnbsp;quot;^arfcille une Epitaplie des Pifans , qui etoientnbsp;fap dans une glorieufe entreprife qu’ilsavoientnbsp;eii'^ 'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1114 fur rifle de Majorque , tenue

(jg'‘p/einps-la par des Mahometans. La Tour fe d’nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;P®*quot; hauteftquelquc cho-

fgj admirable, foit que 1’Architefte ait eu def-faire un Chef-d’oeuvre, ou qu’elle fe *8aiffce de eette maniere par un tremblc-

ment

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al nbsp;nbsp;nbsp;Voyage de Provence^

SlENE.

ment de terre. Les S^avans n’en font pas d'ac-coid entte eux , amp; je ne fuis pas afle?. habile pour leur fervir d’arbitre. II y a une autrenbsp;Tour a Bologne de même nature , amp;rons’eftnbsp;taillé autrefois des Religieux voifms, qui pre-fenterent requête pour la faire abbatre, croyantnbsp;qu’elle alloit tomber. Le lendemain nous primes des chcvaux, amp; ne vimes qu’en pafïantnbsp;Stem.

Rome.

C’eft une celebre Academie , amp; bien que nous ne voulvtffions pas nous y arrêter ; novisnbsp;nous^donnames pourtant le temps d'aller 'voirnbsp;le Dome amp; la Bibliotheqne peinte a frcfque pafnbsp;Pietro Perugin, 8c par Raphael, qui furpafl*nbsp;bien-tót fon Maitre.

Enfin nous arrivames a Romaquelques jours devant rouverture du Jubilé , comme nous Icnbsp;fouhaitions. Elle fe fit avecles ceremonies ac-coütumées. Je vous avoüe que je n’eus pas lanbsp;courage de me pouffer dans la foule extraordEnbsp;naire de monde qu’il y avoit a la place de S-Pierre. Le Pape donne les premiers coups poujnbsp;abbatre la porte de S. Pierre , amp; les Cardi-naux le fuivent : cnfuite les materiaux qui 1*nbsp;muroient étant torabez le monde y entre 8c ynbsp;fait toucher fes chapelets. En même temp*nbsp;qu’elle s’ouvrit il partit du Vatican trois de*nbsp;principaux Cardinaux, fuivis d’une Cavalcadenbsp;de toute la Cour de Rome qu’il faifoit beat*nbsp;¦voir , pour faire la même ceremonie aux troi*nbsp;autres Eglifes Cathedrales de S. Jean de La'nbsp;tran, de Sainte Marie Major , 8c de S. Pad;nbsp;hors des murailles. L’exercice de ceux qd*nbsp;veulent gagner les Indulgences accordées pod*nbsp;la vifite de ces quatre Eglifes eft affés rude:nbsp;car on ne la fqauroit faire a pied en moins denbsp;cinq heures, 8c on lés doit vifiter quinze odnbsp;ringt fois chacune, niais on n’eft pas oblige o®

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6? d'Italië. nbsp;nbsp;nbsp;25

'e faire confecutivement. Les Relations que fans doutc on en aura faites , doivent fuiRre ,nbsp;^ je n’en parlcrai pas davantagc.

perdre fon temps.

vousaimez les Livres, vous avezaRome

Lc Pape avoir alors fait une fort bonne Or-^onnance, qui étoit que les Courtilanes n’euf-*^nt point a tenir cette année-la dePenfionnai-|''ïs. Un Francois nous avoir logé chez une '^anie que l’agc couvroit decefoupgon; nean-•tioins coinme elle eut appriseet ordre, amp; crai-Ênant qu’on nc I’acciijat d'avoir été autre-foisnbsp;cette profeffion , elle trouva quelque mé-^hante excufe pour fe difpenfer de nous accor-®er les deux chambres qu’elle nous avoir pro-^Rfes. Ce fut a nous denouspourvoirailleurs,nbsp;quoi nous fumes bien aifes, aprés en avoirnbsp;deviné la raifon: car non feulement nousvou-jlons vivre fagement ; inais auffi nous ne vou-“ons pas donnet l'ieii de croire que nous vécuf-'jons d'autre forte, M. Mayer n’étant venu inbsp;*fome que par un motif de devotion , amp; moinbsp;SUe par un principe de curiofité. De cettenbsp;jj'aniere je ne vous entretiendrai que des An-!j3*^itez, des Jardins, des Fontaines amp; d’autresnbsp;‘^ofes de cette nature; mais plutót n’attendeanbsp;fas que jg yous donne rien de particulier denbsp;^oiTie. Ses curiofitez in’ont fi fort ébloüi.nbsp;gH’il ne m’en refte gue des idéés confufes,nbsp;que j’y aye de’meuré cinq mois a biennbsp;j^itcmpler les chofes. En eiFet, ilfaudroitê-u® tout-a-fait ftupide, pour ne pas trouvernbsp;dequoi fe iatisfaire en routes manieres,nbsp;ïv ''°yager fans nulle curiofité , c’eft , i mon

d,


Ier** Bibliotheques, oü vous pouvez al-Ig^^^tudier tous les jours, excepté les FêtesSc Jendi ; f^avoir celle du College de la Sa-ttce öc celle des Auguftins, Si l’on eft cu-

rieui

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¦t4 Voyéige ds Provence f rieux de manuitrits, il faut voir la Bibliothe-que ctu Vatican, qui s’ouvre auffitrois oaqua-tre fois Ia fcmaine. On y void un Virgile 8lt;nbsp;iin Terence anciens de mille ans , amp; quantiténbsp;de Livres qtii ne fe troiivent point ailleurs. Sinbsp;quelqu’un elt charmé de la Mufique , on peutnbsp;entendre tous les jours des Concerts dans lesnbsp;Eglifes, chez. la Reine de Suède , amp; chex lesnbsp;Cardinaux, amp; des voix les plus excellentes dunbsp;monde. Pour ce qui elt des ceremonies denbsp;1‘Eglife , il n’y a point de lieu dans toute lanbsp;Chretienté ou il y en ait davantage, Sc oü elks loient plus pompeufes. Si l’on a de la paf-lion pour les tableaux, on n’cn peut pas voitnbsp;plus grande quantité qu’a Rome , 8c on y ennbsp;void de la main des plus grands Maitres qu’il ynbsp;ait eu en cette Prot'eüion. Pendant que J’ynbsp;étois on en compofa un Livre, qui elt un re-cueil des plus fins ouvrages de toutesIesEigliresnbsp;de cette Ville. Si vous avex Ia curiofité denbsp;voir de la peinture des anciens Remains, quenbsp;vous pournez chercher inutileraent dans tontnbsp;ie refte du monde, vous en trouverez des piU'nbsp;ces dans quelques cabinets de Cardinaux , Stnbsp;line toute entiere a la Vigne Aldobrandine ,nbsp;qui reprefente une nóce. Si vous en avetnbsp;pour les deffeins des pieces antiques amp; des pein-tres moderncs , Ie ChevaPer del Pozzo 8cplu-lieurs autres curieux vous en feront voir denbsp;tres-beaux recueils. La Sculpture vous plait-clle ? Si vous en voulez de la moderne, vouSnbsp;en verrez de Michel-Ange , comme elt cenbsp;Moyfe incomparable de San Pietro in Vincola *nbsp;de Sanfouin, amp; du Chevalier Bemin qui fai^nbsp;des mervdlles. Pour celle des anciens GreC*nbsp;8c Romains, elle paffe jufqu’au prodige. Lenbsp;Laocoon du Vatican, rHerculeFarnefe, TAU'nbsp;tinous , amp; la Venus de Medicis tiennent

pre'

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fi? d'It alk. nbsp;nbsp;nbsp;zf

¦premier rnng. Enfuite Ie Taiircau Farnefc, Ic ^''larc-Aurele du Capitole, ,amp; Ie Gladiateur denbsp;Lmlovifio. Maisjene veux pas entrer dansnbsp;‘e détail, de peur de me faire une afl’aire avecnbsp;lt;^eux du metier, qui les tangent en differen-claffes, amp; j'en park felon que ma memoi-•^2 me les reprefente; a quoy j'ajoüte leule-*rient que rien ne m’ayant furpris que de voirnbsp;SUe Rome, aprés avoit été ü fouvent facca-ë^c, puifle avoir confervé tant de belles clio-fes. Le Palais Paleftrinea plus de 6oStatues,nbsp;qui pour la plus grande partie one été trouvéesnbsp;riaiis le terrain de la maifon. Celui de Jufti-^'ani en a environ ijo dans une feule Sak :nbsp;forte qu'on pourroit encore dire de Romenbsp;qu'on difoit autrefois d’Athenes, quelepeu-P'e n’y étoit pas en fi grand norobre que lesnbsp;uatuës. Du moins cc qui ne fe jullifieroit pasnbsp;Ia quantité, fe pourroit rccompenfer furienbsp;ëfix; car il y a telle ftatué que 1'on ne don-®croit pas pour cent mille écus , amp; une inquire de miferabks fe vendroient pour peu denbsp;'itofe.

kon de.


Jl y a peu d’honnêtes gens amp; de gens d’ef-qui n’ayent de rellime pourl'Architeéfure. vous aimez celle des Anciens , confidereznbsp;^,6lk du Colifée , du Theatre de Marcellus ,nbsp;''q Pantheon, amp; des reftes des Bains de Dio-p'^tien qui font ailx Chartreux. Et pourl’Ar-uite(q;yj.g moderne, vous n'avez qu'a voir Icnbsp;j^'ais Farnefe, k Palais Borgliefe amp; cent au-(Jont Pon a ftit graver des Livres; laPot-f Pie amp; la Porte del Popok), mais par delTusnbsp;l'Eglife de S. Pierre, qui eft la plus belle

^ *our ce qui eft des Fontaines, vousentrou-®kz d'admirabksamp;d'excelkmment beaux od-«Sur tout celk de S. Pietro Montorio 1,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Bnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;meri-

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%6 Voyage de Provence^

merite 1’admiration de tons les humains.

Si vous étes curieux des bas reliefs , vous en avez pour vous occuper dix ans entiers !nbsp;qivand ce ne feroit qu’au Palais Mattliei, amp; a lanbsp;Villa Borghefe qui en font tous revêtus par de-liors; amp; ce qu’on en a de gravé n’eit pas lanbsp;vingtiéme partie de ce qui refte.

Pour les Pyramides, les Obelifques, les Colonnes amp; les Arcs de triornphe , oü en pour-loit-on trouver de plus remarquables pourfluf' toire du plus fioiiffant Empire cui ait jamaisnbsp;été?

Si vous vous plaifez aux medailles antiques gt; vous en trouverez des Cabinets tres prccicuxnbsp;chez la Reine de Suede, clicz Ie Cardinal dcnbsp;Maximis, amp; chez 1’Abbé brachefi. Ceux dcnbsp;Alonflgnor Ginctti, du Chevalier del Pozzo ,nbsp;dc Dom Augullin , amp; d'autres particuliers •nbsp;ont auffi chacun plufieurs pieces remarquables.

Si vous prenez plus de plaifir aux petits bijoux antiques, comme font des Urnes , des Lacrymatoires , des Idoles , des Vales , desnbsp;Poids amp; des Mefures , vous en trouverez unnbsp;Cabinet tres-bien fourni chez Moiilleur J. P-Bellori Antiquaire du Papc, amp; très-f^avarrt ennbsp;toutes fortes d’ Antiquitez. C’eft itlui qucnouSnbsp;fommes redevables de 1’explication de la Cq-lomnc Trajane 8c. Antonine, 8c il a auffi faitnbsp;1’Eloge des Peintres illuflres, 8c plufieurs autresnbsp;Ouvrages.

La conference des perfonnes f^avantes vont pMr-ellc ? voyez Ie Pere Kirkcr pour les Laii'nbsp;gues inconnuës, 8c pour les Mathematiqiies inbsp;Le Pere Fabry grand Penitencier dc Franc^nbsp;pour la Theologie 8c la Mathematique; Mon-fieur Jean Lucii pour 1’Hiftoire 8c pour 1'Afnbsp;cbitciSure» Moniieur Suarei Evêquc de VaF

^ nbsp;nbsp;nbsp;foi»

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amp; d^Italie. nbsp;nbsp;nbsp;zj

ftn pour les Antiquitcz, l’Hiftoire les Ge-iiealogifs; Le Pere Bartoli pour la Phyfiqueffc Humanitez; Monfietir Fabreltipourks An-^ques amp; les belles Letues; Monfieur Caun-elynbsp;“ibliothccaire de la Reine de Sij|dc pottr lesnbsp;quot;ledailles, amp; Monfieur Nazari , qui traduitennbsp;^*^alien le Journal des S^avans, pour la Litera-Je n’ignorc pas qu’il y en a un grandnbsp;^oiTibrc d’autres, mais je ne nomme que ecusnbsp;Sue j’ay eu 1'honneur de connoitre amp; d'ap-Pfocher.

Les beaux Jardins amp; les Maifons de plaifan-de Rome, attirent tout ce qu’il y a de cu-^leux, amp; ce font de vrays Paradis terreflres 6c uomme deslieux enchantez que les Vignes Borg-, Pamfile , Montalro , Ludovifio , Mat-jquot;®i j amp; de l’Abbé Benedetto , auffi bien quenbsp;jardins du Vatican , de Montecavallo amp; denbsp;^ledicis.

ï’our de beaux ameublemens, il nefautqu’en-dans les Palais Borghefe , Colonne , Pa-'Itrine, Cbigi, Ludovifio amp; Maximis.

Seriez-vous touché comme moi des Infcrip-j°tis antiques, vous en avex si Rome pour con-5,’^tcr votre curiofitc. Je ne m’étonnors pas t-’ntendre dire a quelqucs Etrangers qu'il y ennbsp;J'oit peu, paree qu’on ne reraarque d'ordinairenbsp;5^9 cc qui plait, amp; que peu de gens prennentnbsp;P 2iiir aux Infcripüons. Pour ce qui eft.de moy,nbsp;V cti ay Icu plus de trois mille, amp; copié plusnbsp;piille qui ne font pas encore imprimées.nbsp;vous demandez, des gands , descifences,nbsp;^ Parfums; du tabac en poudre amp; des vinsnbsp;jp Rome le difputcra encore avectoutesnbsp;„ydlcs du monde.

Pari* nbsp;nbsp;nbsp;curieux des Langiies que l'oti

de w P’^efentement en Europe , le Bourgeois *^ome parle bon Italien , la place d’Efpa-B inbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gnc

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Voyage de Pro'iCiu:^ gne park Frangoïs amp; Alkmand , les pierres ynbsp;parlent Latin, 6c les Obelifques Egyptien , Si .nbsp;ainft vous y avei les Langucs mortes avec lesnbsp;vivantes. Peur k Giec, il cft renferraé dansnbsp;les livres dü Vatican amp; de la Sapience , amp; dnbsp;n’y a qu’un petit nurabie de JJodtes qui l'en-tendent.

Enfin je ne trouverai pas étrange que voiis n’ayez, aucune de ces curiofitez, ü vous n’alleznbsp;jamais a Rome que par devotion. Car vousnbsp;aurez afiez d'occupation a vifiter tant d'Eglifesnbsp;amp; de Reliques que 1’on y montre, 6c vous ncnbsp;vous en retournerez pas fans Indulgences, Cba-pekts 8c Agnus Dei, quelle fournit abondani'nbsp;inent a toute 1'Europe Catholique.

C’eft ainfi qu’il faut profiter de ce que l’on rencontre de bon dans les voyages ¦, fücer knbsp;miel 6c la rofée com me les abeilles, 8c non pa!nbsp;Ie veiiin comme les aiaignées. Ceuxquitrou-vent qu’il fe fait tant de mal a Rome ont eunbsp;part affurement a celui qui s’y comvnet , Scnbsp;Ton n'apprend’ ordinairement k vice qu'en knbsp;commettant.

Gelui qui a fait imprimer la Lifte des tableaux qui font a Rome, en promet unefetn-blabk des Palais 6c des Cabinets , 8c Monfieut Patin nous fait efperer la relation de fon voya'nbsp;ge d’Italie, qui ne -fqauroit manquerd’etre bkgt;*nbsp;receuë: ce qui me difpenfe de m’étendrenbsp;cette matieré, qui fera ampkment traitéedan*nbsp;ces deux Livres qu’on nous prepare.

T IVO Tih

Je ne voulus pas quitter Rome fans aller vi' liter les environs, amp; Mónfieur WhekrGenti*'nbsp;bomme Anglois, qui a fait enfuite k voyaS^nbsp;du Levant avee moy, voulut être de lapaitknbsp;Nous fumes premiereraent a JivoU , qui n’c‘nbsp;qu’a demi-jüurnée de Rome. C’eft un lieu ;nbsp;on il femble que I’art 6c la nature difputcnt '*¦

11)

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6? ct’Italië. nbsp;nbsp;nbsp;19

TJi fera paroitre plus de merveillcs. La grande ^afcade 8c celle de Ciceroa , qui precipitentnbsp;rocher efcarpé Ia petite riviere de Teve-rcne, font a mon fens une des plus belles cho-que ]a nature falTe dans les eaux; de rnêinönbsp;que la grande Cafcade 8cles difFerens jets d’eaanbsp;jard;n d’Efle, font les artifices les plus raresnbsp;q'te nons puiffe fournir 1'art Hydraulique. Cet-chiite precipitée du Teverone a creufé avecnbsp;•q temps les róchcrs, 8c forméces vontesqu’oanbsp;avoir fervi de logement a la Sybille Tibur»nbsp;“'ts; car Tivoli eft l'ancien Tïbur. En efFet,nbsp;^tt delTus de la Cafcade on void'les reftes d’unnbsp;Temple , que quelques-uns aflurent avoirnbsp;de(i,é a cette Sybille; d’autres auffiveuleutnbsp;il l’ait été a Hercule, a caufe d’une Infcrip*nbsp;t'oii qni trouvée dans cette Ville , 8c quinbsp;ft Confacrée a un Hercules Saxanus, c’eft-a-.di-un Hercule du rocher , dont Ie Templenbsp;t^t fur Ie roe. En approchant de Tivoli onnbsp;PslTc fill- un Pont, appellé Pmte Lucane , ou ilnbsp;i ® tin beau Maufolée avec deux oii trois gran-fs Infcriptions de Plautius Sylvanus Confulnbsp;^^itain, 8c l’un des fept intendans du ban-Sft^des Dieux, a qui Ie Senat av^it accordénbsp;t riomphe pour les belles addions qu’il avoitnbsp;®'tes dans I’lllyrie. Nous vlraes dans la Villenbsp;quelqnes Infcriptions 8c quelques Mafures, quinbsp;fes anciens titres de N’obleflTe , 8c dans lanbsp;deux tres-belles Statues d’un beaa inar-^^.ëtanite rougeiite Sc moucheté de groffesnbsp;leu * ”°ires, dont il ne fe trouve guere ail-femblable. Elles reprefentent tou-deux la Déefie Ifis adorée dans l'Egypte ,nbsp;itir'^ ^^idrien les avoit apparemment fait ve-fj fttiir lervir d’ornement a fa maifon de plai-c de Tivoli, dont je parlerai bien-lót.

*^ua cc que les Etrangers remarquent a Ti-B 3 nbsp;nbsp;nbsp;Toli,

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obiigea (Sc nous en aliéf fur le lieu. Comme nous y arriva-mes , nous decouvrimes dans ce petit Lac»nbsp;une douiaine d’lflcs an milieu, qui ne nous pa-roiffoient pas d’abord fe remucr, 8c nous crai-gnions déja d’avoir été pris pour dupes , lor*nbsp;qu’il fe leva un petit zephir qui conmnien^adcnbsp;poufler peu a peu ces Ifles denótre cote , com'nbsp;me ft elles nous fuffent venues k la rencontrenbsp;pour nous reprocher notre incredulite. Ellc*nbsp;font a fleur d’eau, 8c toutes couvertes dc ro-feaux, par lefquels nous en faifimes une, pen'nbsp;dant que I’un de nous pafferoit deffus, ce quenbsp;nous fimes tour a tour, 8c nous reconnuine*nbsp;qu’elles avoient de la folidité amp; de I’epaiffeur.nbsp;car nous n en pumes pas atteindrcle fonds avcCnbsp;nos epees. Aufll ce Lac , comme j'ay dit»nbsp;eft fort profond, 8c on le juge par le temP*

quS

30 F'oyage de Provence, voli, mais il y en a peu qiii fe mettent eftpeï*nbsp;ne d’aller voir ce qui eft de plus curieus a de-jni-lieuë de-la. C’eft un petit Lac qui n’a quenbsp;quatre ou cinq cens pas de tour, mais qui eftnbsp;extrémement profond. L’eau en eft fort foiVnbsp;frée, produit tin ruiffeau de raême , fur Ic'nbsp;qiiel on paffe en allant de Rome a Tivoli. Cette eau apporte un limon qui s’attaclie amp; s’en-durcit dans Ie canal , amp; qui bouclieroit bien-tüt Ic paffage, ft on n’avoit foin de lenettoyeïnbsp;de temps en temps. L’air d’alentour eftintec-tc de cette odeur foüfrée, ce qui fait qu’onluinbsp;donne Ie nom de Solfatara, amp; l'on s’y vientnbsp;baigner de Rome pour la guerifon de differen-tes maladies. Mais ce n’eft pas ce qu’il y a denbsp;plus remarquable. Nous avions vti dansla carte de la Campagne de Rome , que Ie Perenbsp;Kirker 1’appelloit Ie Lac des Ifles Sotantes , amp;?nbsp;nous en informant a Tivoli, on nous donnoitnbsp;des réponfes qui ne nous rendoient pas affc*

cclaircir

fravant. re O'd nous nbsp;nbsp;nbsp;dpnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pn Hnét

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6? ^Italië.

demeure a s’élever un boüillon '« lt;5ne ito Pjeires qu’on y jette pquflent en hau*. Lanbsp;grande de ces Ifles a environ aj. paS denbsp;amp; IJ) de large, amp; les autres fontujipeunbsp;^oindres. Pline fait mention de plufieurs Ifleanbsp;l'ütantes en divers Lacs d’Italie, maisentreau-d’une dans Ie Lac Vadimonis , que quel-^'les-uns eftiment êu'e Ie Lac de Viterbe , Scnbsp;^autres celui de BalTanelIe. II ajoiite que eet-étoit chargéc d’une épaiffe foreft , amp;nbsp;ne la voyoit jamais de jour Sc de nuitnbsp;pas Ie niême lieu. Pline Ie nêveu a fort ga-i^^uiient decrit ce Lac Sc ces Ifles flotantes ^nbsp;fes Lettres« c’cft a la 20. du 8. Liv. Sc onnbsp;ƒ ’’'^iUarque beaucoup de relTerablanceaveccel-du Lac de Tivoli, que nous décrivons. Lenbsp;’^ux Pline patle aiuTi de quelques autres Iflesnbsp;ans !a Lydie , qu’on nomme CalamiM , anbsp;aiiie de 1’abondance des rofeaux quellcs ,poï-. c'oininc celles-ci, donf je ne vois pasnbsp;Pourtant qu’il ait eu la connoilfancc , Sc quinbsp;Peut-êirc n’étoient pas fonnées de fon temps.

! jarditis Sc des forêts comme celle de Pli-jj - 8c celles qui font auprès de S'. Oraer , ou

Pe Ie

lt;^iiis d'HalicarnaflTe nous fait Ia defcriptioa j- Ifle dans le Lac Cutil'mm ; appellé pre-|ntetnent Coniigliano, qui avoit 50. pieds denbsp;'arnetre, Sc un pieddeterre audeflusdel’eau ,nbsp;^ flui portoit quelques arbtifleaux. Le peu-PPi de'Tivoli appelle celles-ci des barquetes ,nbsp;dflti’elles fe peuvent gouverner c-omnicnbsp;j,6s barques, Sc je ne fais point de doute quenbsp;. ^ Lac étoit plus grand, elles ne fc puiTcntnbsp;grandirconfiderablement, jufqu’a pouvoir por-’’ des iarditis Sc des forêts comme celle de Pli-

y, 3 des habitans. Car quand même le terroir

peut

doa-

j| fouftfiroit pas pour être trop humide ^’’oit aifé d’y porter deil’iis un pied ou deuxnbsp;^ttte bonne terre. La railbn qu’on neutnbsp;B 4

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52, nbsp;nbsp;nbsp;Foyage de Provence^

oonncfr de ces Ifles flotantes, eft, cc me fem' ble , qiie ce Lac étant produit par des four-ces d’cau foufrée, les boüillons qu’on y re-marque élevent du limon rarefié par Ie foufre,nbsp;qiii furnageant amp; s’attachant avec des joncsnbsp;amp; des herbages qui s’amaflent dans ce marais gt;nbsp;fe groflit peu a peu par de femblable matiercjnbsp;amp; s'augmente par erabas; de forte qiie cesnbsp;ctant compofécs d’une terre poreufe amp; me-' lée dc ce foufre, fe foütient de cette maniercnbsp;fur l’eau , amp; produit des joncs de niême qquot;®nbsp;les autres tcrres niarécageufes. ¦ Mais de qufj'nbsp;que maniere cela fe fade, il me femble tod-jours que c’eft une chofc tres-remarquablegt;nbsp;amp; que les Etrangers qui vont a Rome , ncnbsp;dcvroient pas negligcr d'aller voir , quand eenbsp;ne feroit que pour jufiifier Pline qu’on accU'nbsp;fe dï mentcrie plus fouvent qu’il ne merité'nbsp;Ce que j’en dis ici obligera peut-être que'*nbsp;ns curieux a y faire d’autres nouvelks remat'nbsp;ques.

Yilia rJe Tivoli nous primes Ie chemin de FrC' ] Ja- fcati, amp; nous nous detournames un peu fur 1*nbsp;uiuA- gauche pour voir les mafures de Villa Hadrh*'nbsp;SI.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cpie les Payfans appellent livsli vecchio,

vieux Tivoli , ignorant que c’étoit feulemcu

une raaifon de plaifancedel’EmpereurHadrieU^

Les Jefuites y ont converti cn Cellier un Teih' ple qui en dependoit ; amp; qui eft encore ft*'’nbsp;entier. 11 eft quarré par dehors amp; rond pa‘nbsp;dedans, de 50. pieds feulement de diametrC'nbsp;mais aux angles il y a quatre reduits ménagéquot;nbsp;dans Ie mur, qui fervoient ou pour confet'^^^nbsp;les ornemens du Temple , ou pour les y ‘i®'nbsp;cher dans la neceffité. Nous vimes ennquot;nbsp;deux ou trois Temples a demi détruits, öcunnbsp;partie des appartemens du Palais, dont Ie ,“ 5nbsp;dans ne répondoit pas a 1’idée que nous avio

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fs? d'IlaUe.

tre revêtu de marbre. Les flatuës d’Ifis c. 'Harbre noir qu’on void au Palais de Maxi-a Rome, en ont été tirées. Delafuivantnbsp;,otte chemin libus laiffaraes a main gaucbe lenbsp;de Regilla , cclcbre par la défaite des 1 ar-avuis, ^ vinmes a Frefcati.

. Ce n’ctoit autrefois qu’une maifon de plai-pKEs-nce l_.ucullus, mais c’eft raaintenant uneCATi^ 'fe Ville avec des Jardins amp;. des Palais en-Borghefe y eft remarquablenbsp;gj grandes allécs de laurier a pcrte de vuë,

CjlP^f les bufles amp; ,res ftatuës antiques. Mais Igj ® du Cardinal Aldobrandin la furpallé pournbsp;jttyj'fl'fices d’eau. Nous aliaraes voir lesautresnbsp;tttg ''’®' amp; primes enfuite un guide pour nousnbsp;aux mafures de Tufculum , qui eft slnbsp;j- 'tiilles de la au deffus de la montagne. IInbsp;¦' Suelques niafurcs peu confiderables8cnbsp;B snbsp;nbsp;nbsp;nbsp;H»

ïuis

Concejjg (J’un batiment fi vafle amp; fi magnifiquc ^ fornine on nous Ie décrit. Car ce font plu-beurs petites chambres voütées de mcme gran-, oil nous remarquaines qu’il ne paroif-point de cheminéc. Au refte 1’Empereurnbsp;^^tJrien avoit bati, corame Spartien lerappor-cette maifon de campagne , d’une manie-^ galante, qu’il y avoit imité amp; donné lesnbsp;*'oms des lieux les plus celebres du monde ,nbsp;du Lycée, de l’Academie , du Pryta-du Portique, du Canope d'Egypte amp; dunbsp;¦‘ernpé de Theilalie. Ce nous auroit été uncnbsp;Occupation peu utile denousamufera débroüil-ci'^tous CCS lieux-la. Nous ne voulümes pasnbsp;’cnies nous opiniatrer a chercher les fonde-p'cns de cette muraille qu’il y avoit batie , o^nbsp;j.O'’' avoit Ie Soleil d’un cóté , amp; l’orabre denbsp;, parceque c’étoit une chofe aifée en lanbsp;^apofant du Levant au Couchant. Le bati-i'^cnt^paroit tout de brique , mais il pouvoitnbsp;•en être revêtu de marbre. Les flatuës d’Ifis

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AtBlC

54 Voyage de Provence^ un batiment prelqiie cntier au deflus du graniJnbsp;chemin appellé Ie chcmin vieux. La traditionnbsp;aflurc que q’a été la maifon de Ciceron. Celtnbsp;line des plus belles vues qui foienl au voifina-ge de Rome, car elle eft a la cirae de la mon-t.igne, amp; l’on découvre de la Caftel-Gandolfe»nbsp;Ie Lac d’Albano, la Mer amp; toute la campagnenbsp;de Rome. Les beautez amp; les agreables frai-cheurs de Frefcati rie nous firent pourtant paSnbsp;oublier qu'il nous falloit pourfuivrenótre voya'nbsp;ge. Nous paflames par un gros Bourg appel*nbsp;Ié Marini, parceque c’étoit autrefois une mai*nbsp;fon de campagne de Manus, SclesPrincesColonnes y en ont prefentement une. A quatrenbsp;OU cinq milles de Ia nous trouvames Caftel*nbsp;Gandolfe, qui eft un autre Bourg, oü les Pa*nbsp;pes ont un Palais. Nous y entrames , roaisnbsp;lans y rien trouver qui meritat de nous y arrê-ter long-temps. La vüë en eft belle furie LaCnbsp;d’Albano , Ie long duquel nous continuameSnbsp;nótre chemin , en jettant quelquefois les yenSnbsp;fur 1’endroit oü devoit être autrefois la Villcnbsp;d’Albe-Longue, entre Ie Lac amp; la montagne.nbsp;11 n'y a prefentement la qu’un Convent appellé PalazzuoU , oü l’on découvre quelquefois en remuant k terre quelques reftes de eet'nbsp;te fameufe Ville.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

ALBANO qui en a retenu Ie nom, n’enen qu'a deux ou trois milles. C’eft un Bourg af'nbsp;fcx joli, a qui une maifon de plaifancedeD^Tnbsp;mitien a donné les fonderaens. On y voi®nbsp;plufieurs anciennes mafures , amp; particuliere'nbsp;ment fous les Capucins un petit Amphitheatrenbsp;de pierre de taille, dont il refte quelques de'nbsp;grez. Les vins d’Albano 6c de Genzano tien'nbsp;rent rang entre les plus delicats qui fe bd'nbsp;vent a Rome , oü nous retournaraes par .*®nbsp;grand cliemin qui cótoye l'ancicnne Vgt;a

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It aïte'é

cfi: encore toute remplie des reftes de mo-Huraens placcz de cóté amp; d’autre. Ce chemia toit beau 6c tiroit a Rome en droite ligne ,nbsp;Pavé cummc les autres grands cheminsdcgransnbsp;^uart'ers de pieire , dont l’on appergoit lesnbsp;ple^^* prelque dans tout Ie clicrain de Na-

¦IS rendant a leurs gites ordinaires,

11 n’y a point de condition plus changeants Celle d’un voyageur. Un lieu ne cora-l^ence pas plutót a plaire , qu’il Ie faut quit-Plus on demcure a Rome , plus on ynbsp;' ''ouve de charmes; inais il men fallut partirnbsp;Potir me rendre a Venüe , ou j’avois rendez-ous avec trois Gentilshommes Anglois , quinbsp;^cvoient s’embarquer avec moy pour la Gre-j ¦ Je me fervis de la commoditddesClt;iw^;W-que je n’ay pas vüeétablie ailleurs qu’ennbsp;On change de cheval de pofte en pof-inais on ne court pas, 8c vous n’avcz be-^ ni de poftillon , ni de guide , les chevauiE

^ un pen plus d'un jour je me rendis i Fr-oü je me fis conduire d’abord avec la be.

Jc ^ rHótel-de-Ville. J'y rencontray quel-N^es Gentilshommes du pays , qui me firent j. Ic Portrait a frefque d’Anne de Viterbe,-A ’ 5 cft rendu celebre par fes fourbes dans lanbsp;f'Publique des Lettres. Les Sga vans ne dou-aii ^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11^ I’Antheur des Livres mis-

jj J°nr fous les noms fupofez d’Antiquitez Ba-j^g.?''iftues de Derofe 8c de Chroniqiies de Ma-tjp non. I] faifoit de plus graver des Infcrip-des^* Pnr des marbres en Grec 8c en Latin avec tei-f'¦^’’^i^cres tres-difSciles , 8c les faifoit en-I'erfnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;venoient a être décou-

tou ** *3nelques années aprés amp; les Scavans fe' ['^sntant 1’efprit pour ksexpliquer^ ill’em-toit fur eux,. 8c fe faifoit cftitner par oett«'

B 6 nbsp;nbsp;nbsp;aft-

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Voyage de Pro’vence^ addreffe plus que lous les autrer. J’en vidsdenbsp;cette efpece qu’on a enchafl'ées dans Ie mui' dcnbsp;la Maifon de Ville a 1’entrée d’une des cliara-brcs. L’unc eft une revocation de DidierRoynbsp;de Lombardie, des Decrets d’AIlolphe , quenbsp;Gruterus a prife pour antique. L’autre tftGre-que, amp; parle d’un certain Temple de Cybelenbsp;auprés de Viterbe. La Ville n’a pas manquénbsp;pour 1’lionneur du pays d’y mettre un Elogeficnbsp;une explication, a vee Ie titre de pierre tres-antique; cependant, a monavis, l’uneamp;l'au-tre font des produftions de l'efprit de ce bonnbsp;Religieux. Ce qui rend même la fourbe tropnbsp;grofliere, c’eft que les deux pierres qui devroientnbsp;ctre de deux fiecles bien éloignés l’un de l’au-tre, font d’une même forte, d’une même con-fervation, amp; d.’un caraétcre femjblable , fort menu amp; d’une mauiere qui ne fe trouve pas ail-Icurs.

Je pafTai enfuite Radicofani , une des plus liaiitcs montagn'es d’Italie , furla cime delaquel-le Ie Grand Due a une Forterelfe, qui confinenbsp;avee les Terres du Pape.

Flo-

IS.1;NCE

FLORENCE eft furnommée la Belle , amp; ce n’eft pas fans raifon. La Galerie du Grandnbsp;Due eft une de fes beautez qui me touche Ienbsp;plus. Aprés avoir vü a Rome un fi grandnbsp;nombre de Statues amp; de Buftes, je ne me fe-rois pas iniaginé d’en pouvoir trouver encorenbsp;la deux cent cinquante, amp; il y a parmi quel-ques Iiifcriptions que Ie Cardinal de Medicisnbsp;avoit fait venir d’Afrique. On me crut habilenbsp;liomme, parceque j’en Ifts quelqu’une mieiusnbsp;que r.Abbé Falconieri qui les adonnéesaujour,-C’étoit toutefois une perfonne tres fqavantenbsp;mais ce n'eft pas un grand crime de faire quel-lt;jue faute en copiant une Infcription. Autournbsp;öe cette Galerie il y a plufieurs diambres , oir

ron

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cP Italic. nbsp;nbsp;nbsp;37

' on fait voir les treiors des Grands Dues. II: y en a quatre ou cinq plaines darmes , plusnbsp;^nfiderables par la qualité que par Ic norobre.nbsp;y void une arquebufe d’or rnaffif qui avoitnbsp;prefentée a un Empereur. S’il y avoir cn-eore quelque Beliogabale au monde , il ne pour-*'oit choilir d’indrument pour mourij; plus pre-eieux que celui-la; car nous lilons dans l’Hif-^oire de eet Empereur, qu’il avoit preparé unnbsp;Poignard d’or , Sc des vafes d’emeraude pournbsp;“oiré du poiibn,, au cas qu’il fut obligé de fenbsp;^üer foi-même. On y void aufli des armesnbsp;Jtes-prccieufes prifes iur les Tures par les Ga-^eres du Grand Due.. On conferve danscepe-Aifenal un gros Aymant qui tire beaucoup;nbsp;i] y en a un a la Cour du Palais , oü Icnbsp;¦‘fince fait fa refidence , que les Etrangers nenbsp;^emarquent pas, paree qu’ilfemblen’êtrequ’un-êtos quartier de roche, amp; 1’on ne jugeroit pasnbsp;^ue ce fufi un aymant. C'eft une pierre quinbsp;P^le plus de cinquante quintaus , amp; fi elle a-^oit de Ia vertil a proportion de fa grandeurnbsp;ps effeus en feroient fuiprenans. Mais elle nenbsp;que tres-peu , paree qu’eile a été gatée danbsp;dans un embrafement. Sur ce fujetjevousnbsp;e'Bi un mot d’un autre aymant que j’ay vAnbsp;* Avignon chez Ie lieur Roflani , dont l’effetnbsp;^ fort bizarre. II n’eft pas fi gros que Ie poingnbsp;p.ne tire pas plus d’ime petite clef, quoi qu'itnbsp;•oitbien armé; maisun couteau , ouquelqu’au-d'® piece dc fer qui en a été frottée , tire qua-fois plus que ne fait la pierre niême de-S'Jpi j’ay vü faire l’experience. Son maitre a-jodtoit qu’elle étoit merveilleufe pour touchernbsp;®iguilles de Quadran, amp; que fi on venoitinbsp;^ettre un autre aymant auprés, Ie fien Ie tuoitnbsp;^'Continent, amp; lui faifoit perdre toute fa force,nbsp;¦^cs autres chambres font rcmplics de vaif-B 7nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;felle

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7,^ Voyage de Provence^ felle d’or 8c d’argent, de tableaux de Titian ,nbsp;de Raphael 8c de Carrache ; de meubies pre-cieux, 8c de plufieurs bijoux antiques 8c ino-dernes. On n’y ofe plus guere montrcrledounbsp;de fer , dont la moitié avoir été changée ennbsp;or, comme on pretendoit, par I'arrifice de lanbsp;Chymie, pirce qu’ort a découverr que' tour lenbsp;miracle confiftoir en la foudure, qui joignoitnbsp;imperccpriblement ces deux metaux I’un’knbsp;I’autre. Dans la bafle-cour du Palais on tientnbsp;Ic Carofle du Grand Due , donr il fe fervitnbsp;i fon mariage. Les roiies fonr d’acier , 8cnbsp;I’etoffc prefque route d’or. Jamais Empereurnbsp;Romain n’en eur de fi riche. Auffi les Ro-mains n’avoient-ils que de petits chariots fansnbsp;couverture ; a la referve de leurs femmes quinbsp;en avoient d’approchans de nos Carofles. Maisnbsp;on donnoit des homes a leur vaniré, ennbsp;ne leur permettant d’avoir que deux mulesnbsp;pour Tattelage.

Le Palais oil Ic Grand Due fe tient ordinai-rement, n’etoit que la maifon d'un particulier de la familie des Piti, mais qui meritoit biennbsp;de logcr un fi grand Prince. Les Curieux ynbsp;adinirent moins les riches ameublemens , quenbsp;les platfonds peints par Pietro deCortbne. Lenbsp;Gardinal de Medicis qui vivoit encore quandjenbsp;paffai a Florence, eut la bonté de me faire voirnbsp;iui-meme fes medailles , fes gravures amp; ca-mayeux antiques , oh j’obfervay des chofesnbsp;tres-fingulieres. Une autre de fes curiofitez, é-toil d’avoir receuilli les portraits de quantitdnbsp;de famcitx Peintres, faits deleurpropre main rnbsp;amp; j’en vids- une chambre route pleine. Lenbsp;jardin qui joint le Palais eft beau fpacieux 6cnbsp;en belle vfte. Sur une hauteur qui eft dans fonnbsp;enceinte il y a une petite Citadelle , oh lenbsp;Prince tient fes deniers. La Bibliotheque du

Pa-

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6? d'Italie. . nbsp;nbsp;nbsp;5P

Palais eft bien fournie, mais lesManiifcrits qu’on *'ent a S. Laurens me plaifent encore plus*nbsp;y garde un Virgile écrit du temps de The-odofe , une Hilloire de l’Empereur Alexiusnbsp;Comnenus, amp; une de Florence de Borghinius.nbsp;Je vous parlerai d’un autre manufcrit qui re-garde mon métier, qui eft 1’iinique qu’on fja-de routes les Bibliotbeques de 1’Europe.nbsp;^’eft un gros volume Grec , qui comprend lanbsp;Chirurgie des Anciens, comme d’Hippocrate ,nbsp;*'e Galien, d’Afclepia^ , de Bitbynus , d’A-Pollonius , d'Archigenes , de Nymphodorus »nbsp;“Heliodore, de Diodes , de Rufus Ephefiusnbsp;^ d'Apollodorus Citienfis, dans 1’ouvrage diïnbsp;otiqucl il y a des figures peintes fur Ie parche-^in pour la manierc de remettre les difloca-'^ons. Ce dernier, auftr bien qu’Afclepiadc,nbsp;¦Apollonius amp; Diodes, font citea diverfes foisnbsp;P^r Pline , amp; Gallien parle fouvent d'Archige-^'es. Mais nous na voyons point de leurs outages entiers; amp; Bithynus, Nymphodorus dinbsp;PJeliodore ne nous font preft^ne pas connus denbsp;j’om. C’eft aflurément un grand trefor pournbsp;Medecine amp; pour la Chirurgie de trouvernbsp;‘Ous ces Autheurs-la enferable. MonfieurAn-^ine Magleabecchi eft Intendant de ces deuxnbsp;Bibliotheques. Jamais homme ne futpluspro-que lui pour eet employ ; il a tous les Li-dans fó tête, amp; connoit tous les S^avansnbsp;I’Europe. La Chapelle S. Laurens oü fontnbsp;lombeaux des Dues doit être mife entre lesnbsp;Plus riches ouvrages de l'Italie; tout y eft mar-porphyre, lapis 8c chalcedoine. LaCha-voifine oü font en attendant les corps denbsp;princes en depót , a deux Maufolées denbsp;^Jchel-Ange , 8c a la place du Grand Duenbsp;U y a fur une fontaine un Neptune tiré parnbsp;a'tatre chevaux marins qu’on dit être auffi de

lui.

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40 Voyage de Provence.

lui. Le Dome elt grand , mais il a peu d'or-f nement. L’Annonciade eft fort jolie. Lesau-tres Eglifes de S, Jean , du S'. Elprit 5i de Sain-te Marie meritent aufft d’etre vues.

^Ma curiolité n'auroit pas été I'atisfaite, ft jc. n’eufle trouvé des [nfcriptious. J'en vids tantnbsp;chez les Marquis Corfini 8c Richardi , 8c a lanbsp;Vigne de i’Abhé Strozzi, que j’en fus furpris rnbsp;8c auffi-tót aprés je pourfuivis mon voyage.nbsp;Hoto- 80L0GNE n’a rien de defagreable que fonnbsp;€NE, langage.qui eftle plus corrompu detoute I’ltalie.nbsp;On marche prefque par toute la 'Ville fous desnbsp;Portiques, amp; aux Fauxbourgs on en a fait de-puis pen de tres-fuperbes. Les Convents y fontnbsp;les plus beaux du monde , inais entre autresnbsp;celui de S. Michel-au-Bois, eft le lieu le plusnbsp;agreable qu’on pounoit choifir pour y faire unenbsp;penitence commode. II y a dedans des Logesnbsp;peintes par Carrache 8c fes Eléves , 8c dansnbsp;i'Eglife un beau tableau du Chevalier Guarci-ni. Monfteur Jofeph Magnavacca Peintre Stnbsp;curkux en medailles, me fit remarquer deuïnbsp;peintures a frefque de Guido Retni dansla grande Place, 8c-fous le Palais de la Juftice quatrcnbsp;figures excellentes de marbre de Jean Bologna,nbsp;8c une, peinture de Carrache, qui fefentbeau-coup des injures de 1’air; 8c une Sainte Cecilenbsp;de Raphael a S. Jean-in-Monte. L’Eglife denbsp;S. Procule n’a t'en de remarquable que I’E-pitaphe d’un certain Procule , qui fut tué'nbsp;par la cloche de S. Procule qui lui tomba def-'nbsp;fus; ce qui a donné fujet a deux 'Vers anciensnbsp;qu’on a gravez de houveau au devant de PE-glife:

Si procul a Proculo Froculi campana fuif’ fet.

Jam procul k Proculo Proculus ipfe p’ rtt-.

LC

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(ff d'halte'. nbsp;nbsp;nbsp;41

. Le Cabinet d’Aldrovandus rempli de productions naturelles amp; d’animaux rares eft gardé a ia Maifon de Ville, 8c merite d’etre vudescu-tieux. Monfieur Lotier Banqiiier de Bolognenbsp;^ applique aux medailles a fes lieures de recreation. II en a un tres-beau Cabinet que je par-t^ourus, amp; j’y remarquay plufieurs pieces rates, entre lefquelles je doisconterdeuxOthonjnbsp;oe cuivre, dont 1’antiquité ne peut être con-teflée. II faut laifler dire aux ignorans qu’ilnbsp;tj’y en a point d’Antiques, car tout le mondenbsp;® ingere d’en dire fon opinion. Pour cequi eftnbsp;oe moi, je puis dire que j’en ay vü nne vin-taine dans mes voyages, qui font indubitablc-ttient antiques. J'allai enfuite avec lui 8c utinbsp;lutre curieux nomine Monlieur Louys Borgo-iocchi, a la maifon de campagne du Senateurnbsp;Volta , pour voir 1’Infcription enigraatiquenbsp;o’^lia Laelia Crifpis, qui n’étoit ni homme ,nbsp;tgt;i femme, ni hermaphrodite, qui n’étoit mor-tn ni de faim , ni par le fer, ni par le poifon,nbsp;tnais par tout cela enfcmble, qui n’étoit ni dansnbsp;i^^ eaiix, ni au Ciel, ni en terre , mais quinbsp;®toit par tout. L’Infeription avoit été mifenbsp;Pst Lucius Agatho Prifeus, qui n’étoit ni fonnbsp;ttgt;ari, ni fon galant, ni fon parent, mais toutnbsp;a la fois, 8c femblables colifichets qui fontnbsp;P'tie, mais qui ont neantmoins exercé 1’efpritnbsp;n^s Syavans de diverfes Nations. Un Philofo-Pne de Padoiie 1’a expliquée de 1’eau de pluye.nbsp;^n Jurifconfulte Fiamand , de la matiere premiere. Un Francois, du Mercure chymique,nbsp;^ un Hollandois-, de I'Amour. Au rapportnbsp;ee dernier il s’eft fait un recueil des raifonsnbsp;ims Sc des autres , imprimé préraierementnbsp;? Padoiie, 8c puis a Dordrecht. Pour moi ,nbsp;Je Ics auio s voulu accorder en leur prouvantnbsp;*iue cette Infeription n’étoit pas antique , quoi

qu’ils

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4^ Voyage ie Pro'vmce ^

qu’ils fuppofent tous fon antiquité , amp; j’auroij taché de leur perfuacler qu’on ne doit p;^s s’a-lembiquer Ie cerveau k des penfées ridicules denbsp;quelque moderne qui a voulu faire Ie bel ef-prit. AuiE ce que l'on montre n’en eftqu’uncnbsp;copie , Sc je ne püs apprendre ce qu’étcit de-vcnu l’original. Je prècens même que celui quinbsp;Fa fait n’entendoit pas feulement l’ceconoiTiienbsp;des noms Latins; car iElia amp; Laelia font deusnbsp;families differentes , 8{ Agarlro Prifcus fontnbsp;deux furnoras fans avoir aucune familie join*nbsp;te.

Je bornai enfuite ma curiofité a voir en dif-ferens endroits de la Ville des Inlcriptions antiques , que Monfieur Ie Comte Valerio Zani a-voit eu la bonté de m’indiquer. C’eft un Gen-tilhomme tres-curieux amp; amateur des Lettres, lequel a été Prince ou Chef d’une compagnienbsp;de Sgavans de Bologne, k qui l’on donne Ienbsp;tJtre A'Academia Gelatmm, J'en vids une cn-tre autres au Palais Albergati d’un certain,T/wrnbsp;Aviafius Servandus, qui avoit legué pour l’en-tretien d'un Bain public bati par AuguiJe , 8inbsp;létabli par Germanicus, quatre cent Sefterces,nbsp;qui font plus de vingt-cinq mil écus de nótrenbsp;iTionnpye; car un fefterce fe prend ordinaire-mcnt dans les Infcriptions pour mille petitsfef-terces: comme on peut Ie voir dans les origi*nbsp;nes de la langue Latine de Voffius. AulTi eft-il vrai que les Anciens étoient tort fuperbes dansnbsp;leurs Bains» de même que les Turcs Ie fontnbsp;aujourd’hiiy. De Bologne je m’embarquai furnbsp;Ie canal pour Ferrare.

F.ts.B-A- FERRARE elf une grande Ville , amp; alTez belle, mais elle elf mal-faine amp; mal peupléc.nbsp;De la par des^ canaux 8f par Ie Pó on fe rendnbsp;dans les Lagunes de Venifc, oüj’arrivaiqucl-ques jours avant I’Afcenfion.

VE-

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Ö* d'Italië. nbsp;nbsp;nbsp;4^

VENISE a quelque cliofe de lifingulierdans Veni-* ja fituation, que quand on auroit couru toute se.nbsp;la Terre, on ne pourroit pas dire d’avoirnbsp;ancune Ville qui lui relfemble. CellesdcHol-lande ont bien quelque chofe d’approchant knbsp;caufe de leurs Canaux ; mais la difference eftnbsp;^u’elles font en terre ferme, 8c que celle-ci eftnbsp;®ans la mer. II eft vrayque c’cft une merfortnbsp;baffe, que les Italiens appellent des Lagunes ,nbsp;que nous pourrions peut-êrre nomraer desnbsp;bdarais; 8c neanmoins quoique les badmensnbsp;i'’ayent de fondement que fur Ie fable 8c Ie li-^lon , ils ne laiffent pas d’avoir autant de foli-ddé que ceux de terre ferme. Le cloclier denbsp;quot;• Mare en eft une preuve tres-aft’urée, 8c il eftnbsp;ft haut, qu’on découvre dans un temps ferainnbsp;les autres Villes qui font de la Jurifdidion denbsp;y^nife , jufqu’a dix ou douie lieües d’éten-duë.

L’Eglifc de S. Mare eft auffi fort maffive 8c grande. Elle eit b2t:c s hGrcqite,

^¦dire en croix racourcie 8c quarrée , avec un pand Dórae au milieu , 8c d’autres petits furnbsp;ps cótez. On ne void point ailleurs tant denbsp;^ofaïque ancienne, 8c les parois 8c les voütesnbsp;font routes incruftées en dedans. Les qua-ftc chevaux de bronze dorez qui font !t Ia fa» .nbsp;ïade, furent emportez par les Venitiens au facnbsp;Conftantinople. Conftantin les avoit faitnbsp;'^pir de Rome pour mettrefurunaredetriom»

1'fte qu’on lui aroit drelfé , les ayant ótez de '¦^lui de Neron, fur lequel ils ctoient placez ^nbsp;'^oinme on le reconnoit au revers d’une de fesnbsp;•Medailles.

, Le Palais Pifani a la place S. Etienne a une ps plus belles fagades qui fe voyent en Italic,

^.'1 y a a la porte deux Hercules de marbre ftut font parfaitement beaux. Ceux de Moro-

fini

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44 P'oyage-fle Provence^ fmi 8r de Loredan a Ia même Place font aüffinbsp;tVune maniere bien galante; mais je ne veuxnbsp;pas m’engager dans un détail que d’aurres ontnbsp;déja fair. Je vids dans celui de Rofini un desnbsp;plus beaux Cabinets du monde en medailles ,nbsp;agathes 8c tableaux^ fins. II faudroit des volumes entiers pour donner une liftc exafle de cenbsp;qu’il y a de rare a Venife dans ces fortesnbsp;de curiofitez; car pour Ie gt'and nombre denbsp;beaux tableadx , il efb conftantqu’ellepairetou-tes les Villes d’ltajie , amp; qu’elle Ie peut aunbsp;moins difputer a Rome; 8c pour ce quieftdesnbsp;medailles, il n’y a point de Ville dans l’Euro-pe oü il y ait plus de curieux qui les aiment.nbsp;On void dans Ia grande Sale de 1’Audience , cenbsp;iaraeux tableau de Teintoret, qui reprelentelenbsp;Jugeracnt univerfel, 8c quantité d’autres de Paulnbsp;Veronefe , du Balfan 8c Zuccaro. Le Convent fie S. George conferve encore commeuiinbsp;trefor une Nócc de Cana de la main du premier. L'Eglife eft tres-bien batie , 8c la Bi-bliotheqiie eft des mieux fournies quel’onpuif-fe voir.

J’ay dit qu’il y avoit beaucoup de curieux de medailles a Venife, 8c voici les noms desnbsp;principaux. Le Procurateur Juftiniani en a unnbsp;Cabinet aflez ample. La familie des Capelloanbsp;herité de celui d’Erizxo, qui en a compofé unnbsp;Livre. Monfieur Georgio Barbaro en a fait ennbsp;pen de temps un recuëil des plus confiderables-Meffieurs Morofini, Garzoni, Zani, le Baronnbsp;de Taffis, le Dodkur Bon , 8c d'autres Noblesnbsp;en ont aufll: fans oublier le bon horame Fran-cefco Rota , qui en fournit ces Gcntilshomcnbsp;mes, 8c qui m’en procura la connoiffance.

La Bibliotheque de S. Mare eft une des prC' mieres de l Europe pour la quantité de man af'nbsp;grits Grecs, laiffez la plus grande partie pat- 1^

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Ö* cVItali:. nbsp;nbsp;nbsp;4f

Cardin'al Beflarion Grec dc Nation. Le Veüi-btile eft oriié de llatucs, de buftes amp; d'lnfcrip-^lons antiques, amp; !c dedans de cartouches pcin-tes delicatement. L’Abbé Gradenigo Candiot oc Nation , qui eft un liomme lort civil, en ellnbsp;Bibliotheca ire. /iprés qu'il ui’tut fait voir lesnbsp;Pl-is rares de ce lieu-la fgachant que la curioli-te étoit l’unique qbjet de nies voyages, il menbsp;JP-ciia a 1’ancienne mailbn d’Erizzo, pour menbsp;fattc voir cinq ou flx Infcriptions apportéesnbsp;•iitrefois de Grece, parrai lefquelles il y anbsp;,,B^P''aphe de Diogene le Cyniqiie , avecnbsp;ion chien grave fur la pierre. Celuy du Poëtenbsp;¦Anacreon, qui s’étouffii en avalant de traversnbsp;Bn grain dc raifin. II fe trouve' pourtant im-pi'imé dans Theocrite, amp; 1’on nef^'aii fi le Poe-ïe 1’a pris du maibre, ou ll le marbre l'a prisdn •nbsp;Boëte. Le Palais Grimini eft enrichi par de-nors 8c par dedans dedépoüilles femblables d'A-Suilée 8c de la Grece, car il y a des buftes, desnbsp;Batuës 6c des Infcription antiques.

Pour ce qui eft des Eglifes, celles della Saint» la plus fuperbe pour PArchitedlure, quoynbsp;^u’clle ne foit pas encore tout-a-fait finie. Celicnbsp;S. Jean amp; S. Paul a une place au devant,nbsp;eft la ftatuë a cheval de Bartheleniy de Ber-ëïnio, fameus General des Venitiens. Dansnbsp;Eglife il y a un tableau de Titian , qui re-Pfefente le crucifiment de S. Pierre. Tout joi-pant eft l’EcoIe de S. Mare, oü il y en a denbsp;|[es-beaux; 8c en general ceux qui aiinent lanbsp;^ ^inture ne doivent pas oubher de vifitcr toutesnbsp;*•*^8 Ecoles qui en font ornées.nbsp;j Je fus a Venife pendant toutes les Fêtes denbsp;Ai'cenfion , qui commcncent pat la prome-^ïde que k Doge 8c les premiers de l’Etatvontnbsp;^,quot;¦6 fur la mer, montez fur le Bucentaure.nbsp;^eft une efpece dc Galere a deux étages, enri^-

cliie

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F^oy. de Prov. £5? d'ltal. thie tout autour de fculpture de bois doré. Otinbsp;tient qu’elle a couté cinq cent mille livres, 8Jnbsp;Ie tapis qu'on étend l\ir Ie dernier couvert, com-mc les houfl'es qu’on jette fur l’imperiale desnbsp;carolles de nos Princes, eft de velours rougenbsp;cromoifi avec de larges bandes d’or amp; une cré-pine de menie étofie qui regne a l’entour. Onnbsp;ne void que la parüe des rames qui touchenbsp;l’eau, lans voir ceux qui les manient, amp; en general route la fabrique de cette niagnifique Ga-lerc eft admirable. On la tient route l’annéenbsp;dans 1’Arfenal foüs un couvert, d'oü l’on ne lanbsp;tire que deux jours avant la Fête de l’Afcen-fion , lorfque Ic Prince avec Ie Senat 8c les Am;nbsp;bafladeurs va époul'er la mer, amp; témoigner anbsp;tout Ie monde par cette pompeufe ceremonie 1nbsp;• que la Republique elt maitrefl'e du Golphe gt;nbsp;corame elle l’étoit autrefois de tout Ie commerce d’Orient. Deux Galeres amp; une Galcacefui-virent Ie Bucentaure cette année-la, avec uncnbsp;quantitc de felouques 8c de gondoles, qui fontnbsp;les carofles de Venife. II y en avoir juiques anbsp;quatre OU cinq mille, 8c ccla faifoit un très-belnbsp;effet. Tout ce Cortege s’en va au dela de l'c'nbsp;eucil de Lido, 8c aprés s’être avancé environ unnbsp;mille dans la haute mer, Ie Doge époufe 1®nbsp;Golfe de Venife ou la mer Adriatique, en jet-lant dedans un anneau d’or avec ces paroles La'nbsp;tines; Sponfamus te mare noftrum in Jignum vtf^nbsp;tp- perpetui Dominii; c’ell-a-dirc; Neus vius i'nbsp;poufons nótre mer, pour marque d'une veritable dnbsp;perpetuelle Stigneurie. Le Patriarche donne la bC'nbsp;nediétion au bruit des canons, des mortiers Sbnbsp;des arquebuzades, 8c toute la compagnie v*nbsp;oüir la MelTc a l’Eglifc de Lido. Enluite o*nbsp;s’en retourne auPalais, ou Ic Doge traite les S*'nbsp;nateurs 8c les Procurateurs de 8. Mare, pou*nbsp;ne ïiSQ oublier de la ceremonie dn mariag^j

L*'

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Voy. de Daim. U de 1'Arch. 47 L I V R E II.

f^cyage de Dalmat ie., de Zante, ö* autrcs ïjles des Venetiens, 13 de Con-fiantinople.

A Prés les réjoüiffances de rAfcenfion , noris apprimes quc Ie Bajlc ou Amballadeur desnbsp;^enitiens, partoit dans peu de jours pour Con-||antinople. 'C’étoit im Morofini qui a été Am-l'alTadeur en France, oü Monficur Vernhonnbsp;'^£nt:lhonime Anglois qui devoir faire Ie voya-ëe avec nous, l’avoit connu; de forte qu’il fcnbsp;clurgea de nous faire embarqiier avec luy I'oc-vafioii étant trop favorable pour Ia negliger.

}-e zo. de Juin 1675. on nous vint avertif il falloit partir, amp; nous nous rendimes in-ontinent fur une Galere du Baile. Elle portoitnbsp;^'rr enfeigne Hercule au berceau, amp; étoit com-jJ’ï'ndée par un Gcntilhomme Venitien appellénbsp;j ^riedetto Sanuti. Le Baile palfa deffus jufqu’aunbsp;^ndemain qu’un de fes parens lui amena la fien-j On fit voile fur le ininuit , amp; le vent é-fi doux, qua peine s’apercevoit on qu'onnbsp;Nous ne laiflaines pourtant pas denbsp;ous trouver le lendemain a la vüë de l’Iftrie.

^ heures avant midy nous donnames fonds j * écueil de S. André, oü il y a un Conventnbsp;S. Francois dans une vüë tres-agreable quenbsp;^'^rrncnt les bofqucts de cette petite llle. Onnbsp;?'tipte de Venife jufques-la environ quatre-’'‘quot;t mille.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^

•vOUVIGNE efi: une petite Ville tout joi-Rouvi-[ l’écueil de S. André, fur une languedecNE.

I dont k terroir voilin eft tres-fertile

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4^ Voyage de Daïmatie, en vigces amp; en oliviers. Le vin y ell bon;nbsp;amp; je crois que c’eft la raifon pour laquelle oOnbsp;y void quantiié dé boiteux, paiceque le vinnbsp;violent eft le pere amp; le nourncier de la goutsnbsp;.amp; de la fciatique. Les femmes y portent desnbsp;vertngadins a i’Efpagnole , qui les rendent ef-froyables.

¦TotA, POLA oü nous allames moüiller le lende-main, eft une des plus anciennes Villes de rif' trie, ¦amp; ellc fe feut aulTi beaucoap defon anti-quité. A peine y a-t-il maintenant fept ^huitnbsp;cent habitans, amp; ft 1’on n’y voyoit pas desnbsp;marqués de fon aneienne grandeur, perfonnCnbsp;ne croiroit que c’eut étc une Republique ,nbsp;comme Je 1’ay appris d’une Infcription giavésnbsp;fur ia bafe d’une ftatuë de I’EmpcYelir Severe,nbsp;oü elle eft appellee Refpublka PoUnJis. Cenbsp;marbre eft a la Cour du Dome, amp; on faillitnbsp;a le mettre atix fondemens du clocher qu’onnbsp;y baiit. Ce Dome ( c’eft ce qu’autrcmentnbsp;nous appellons Eglife Cathedrale) a été batinbsp;apparemment fur les ruïnes de quelque Temple Payen , car nous trouvames aupres deSnbsp;reftes de colomnes, de chapiteaux Sc d’In-fcriptions antiques, amp; un petit baiïin de fon'nbsp;taine fort ancien, qui fert prefentement denbsp;benêtier. Pola felon le Poëte Callimachus a etenbsp;une colonie des peoples de la Colchide qutnbsp;pourfuivoient les Argonautes; car ne pouvantnbsp;fqavoir ce qu’ils étoient devenus, ils n’ofercntnbsp;retourner vers leur Roy, amp; fe bannirent vo-lontairement de leur pays, ce qui donna 1^nbsp;iiom de Pola ü la Ville qu’ils batircnt. Pol*nbsp;fignifiant en leur languc des gens bannis, coni'nbsp;me le remarque Strabon. On eft en peine dUnbsp;eliemin qu’ils tinrent pour venir en cc lieu'nbsp;la; car quelqucs Autheurs veulent qu’ilsayept

remonte le Danube appelléanciennemnet//lt;v'*

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Ö* de V Archipel,

qui leur fit donner Ie nom d'lftrie a Ia Province qu’ils vinrent habiter , amp; qu’enfuite ils fir«nt voile dans la mer Adriaüquc avec leursnbsp;®icmes VailTeaux, ce qu’ils ne pouvoient fairenbsp;flu’en les cliargeant fur les épaules, Ie Danube n’ayani point de communication avec cenbsp;^olfe, Quoy qu’il en foit, les antiquitez quinbsp;Paroillent a Pola ne font point des fiecles linbsp;'’ïctilez, mais fculement du temps des Empe-*'surs Romains. Proche de la Place il y a unnbsp;Petit Temple avec quatre colonnes Corinthien-Jes a la facade, 8c huit aux cótez, 8c uncnbsp;‘¦ife de feuillages qui regne autour, fort bien exe-^ntée. Le peiiplc diï quc 9’a cté im Templenbsp;J'e Diane; mais mes yeux me reprefenterentnbsp;** chole autremcnt; car j’y vids fotis le fron-‘°n rinfcription de fa dedicace ^ Rome 8c anbsp;^'Jgiifte. Aufli les noras du vulgaire nousfer-Vent pcu a reconnoitre les Antiquitez. Ennbsp;Vpicy deux autres exemples dans cette mêmenbsp;ville de Pola. L’Amphitheatre appellé I’Or-*^ndine ou Maifon de Roland, 6c une ëfpccenbsp;''^rc de triomphe qu’on nomrae la Porta dora~nbsp;‘“j- II fert maintcnant de porte ^ Ia Ville, 8cnbsp;«n étoit pas autrefois un des moindres ordemens. II avoit été erigé a Phonnenr d’unnbsp;'¦ertain Sergius Lejsidus par les foins de fa fem-d'e. Quant a I’Amphitheatre , il eft i pennbsp;de la grandeur deceluy de Rome, 8ctoutnbsp;de belles pierres d’lftrie, a trois rangs dcnbsp;^tiêtres l’une fur l’autre, 8c il y en a foixantcnbsp;j douze a chaque rang. L’enceinte en eftnbsp;^¦¦tentiere, mais il n’y paroit aucnns degrez,nbsp;1’on tient aufli qu’ils étoient de bois. Palla-dans fons Architedture en a donné le plannbsp;j ‘es dimenlions, que je n’entreprens pas denbsp;orriger. Les Vcnitiens envoyent un Gou-'fneur i Pola, 6c il porte.le titre de Comte.nbsp;^one. Lnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Cnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ib

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Foyage de Dalmutie^ lis y ont ,bari une .petite Citadeile a qtiatrCnbsp;baftions , amp; I’ont laiflee imparfaite , n’y te.»nbsp;nant dedans que dix ou douie foldats , quinbsp;craignent plus la famine que la guere. Lenbsp;voilinage de Venife fait leur feureté.

Zara.

Le loir de Ja S. Jean nos Galeres fe rcroi* rent a la voile, mais ayant trouvé le vent contraire, elks relacherent a fix milk plus avantnbsp;au Port de la Veruda; amp; k jour fuivant nousnbsp;traverfames le Golfe de Guarneret large denbsp;dix-huit milks. La bourrafque nous y prit anbsp;tnoitié canal, mais nous en fiimes quites poutnbsp;la peur. Les Galeres ne font pas propres inbsp;refifter au mauvais terns , comme ks autrcSnbsp;batimens ; neanmoins ks Venitiennes fontnbsp;meilkuresamp;plus fcuresque celles d'aucun autrenbsp;pays, paree qu’elks ont par tout leboifage double. Le vent ne nous étant pas tout-a-fai^nbsp;favorable, nous fumes encore deux jours avantnbsp;que d’arriver a Zara, qui eft a cent milks dSnbsp;Pola, amp; a deux cent de Venife. On void el*nbsp;chemin plufieurs Ifles amp; plufieurs Ports è I’a'nbsp;bry des éceuils qui ks forraent, amp; plufieui*nbsp;Bourgs amp; Villages de Dalmatie; entr’autre*nbsp;ruibo , Selva petite Ville alfez jolie habité*nbsp;de riches mariniers, amp; Saint Pierre Nembo»nbsp;OÜ il y a une tour ccinre de murailles,'nbsp;gardée par douze ou quinze foldats.

Nous entrames a Zara au bruit des canon* amp; dc la moufquetetie, qui tal.^oient bonnen'nbsp;au Balk. Le Comte amp; k Capitaine des at'nbsp;jnes le vinrent recevoir au fortir de la Gain'nbsp;re, amp; le menerent au Palais du General n*nbsp;Dalmatie, qui le traita fomptueuferaent 8cnbsp;mena voir la Ville. Mais il ne luy donna p**nbsp;la droite, pareeque ks nouveaux Baiks n’n!|'nbsp;trent pas dans la fomftion de leur charge qu •*nbsp;ae foient atrivez a Adrianopk, amp; que

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^ de T Ar chlph nbsp;nbsp;nbsp;ft

^rédeceffeur ne les ait inftallez. On arrive il ^ara par un beau amp; grand canal dc nier, qidnbsp;«d entre les Illes amp; la Tcrre ferme. La Villenbsp;'ft affife dans un lieu plain fur une langue dcnbsp;tcrre, qui n’eft attaché au Continent que parnbsp;Iilhme dc vingt ou vingt-cinq pas, qu’ilnbsp;jeur feroit aifé de percer. Elle a de ce cót^nbsp;‘a utie Citadelle tres-bien fordfiée, avec troisnbsp;«aftions minez amp;c contreininez, couverts donbsp;bonnes Demi'lunes amp; contrefcarpes. Ilyavoitnbsp;lors dans la Ville huit compagnies d’Infantc-t'Ci amp; trois de Cavalerie tres-lefte, compo-fées d’Efclavons, de Croates, amp; de Tramon-^ns. Auffi c’eft la Capitale, amp; une des meil--Icures Places de ce que la Republique poffedenbsp;ftans la Dalmatie; Ie Turc pendant la guerrenbsp;ftc Candie n’ayant jamais approché , fans ynbsp;tecevoir de la confufion.

. Zara s’appelloit ancienneraent Jadera , amp; J^ftilfoit des droits de Colonie Romaine. J’ynbsp;‘iis une inferiptionantique, oüI’Empereur Au-lufte eft qualifté du titre de pere de cette Co-j^nic, amp; il y eft ajoüté qu’il en avoit faitnbsp;“itir les Tours amp; les murailles. Proche dcnbsp;•^itglife des Grecs appellee S. Helie, je vidsnbsp;*'Cüx belles Colomnes canelées d’ordre Corin-*ftien , dont la bafe, Ie plinthe, Ie chapiteaunbsp;^ l’architrave font égaleinent de bonne raa-*'jcre. On juge que c’eft Ie refte d’un Tem-P'c de Junon par une Infeription qu’onatrou-\de proche de la, amp;: que je vids dans l’an^nbsp;¦'lenne Eglife de S. Donant. La porte dcnbsp;quot;Jint Chryfogone eft compofée d’une particnbsp;'^Arc antique tranfporté d’un quart de lieuenbsp;'tr dela. L’Infcription nous apprend que ce#nbsp;Are étoit chargé de quelques ftatuës, qu’il ynbsp;*voit en eet endroit-la un Marché, amp; qu’unenbsp;t^cttaine Mdia Annianu l’avoit erigé U’lionneurnbsp;C »nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lt;1$

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yi Vayage de Dalmatic, öc fon raary Lipicim Bajfus; ce qui donne inbsp;connoitre que la Ville avoit alors beaucoupnbsp;plus d etenduë qu’elle n’a prefentement , Ienbsp;tour de fes murailles ne faifanl pas plus de deuxnbsp;milles d’Italie, 8c Ie nombre de fesliabitansnenbsp;pouvant guere monter qua cinq ou üx mille.nbsp;Dans l’eneeinte d’une denii-Lune il y avoit unnbsp;refte d'Araphitheatre, dont on ne void main-tenant aucun veilige, ayant été détruit pournbsp;regler la fortification. Les Romains ne pour-voyoient pas tant au divertilfement, qu’ils ncnbsp;pourvüflcnt davantage au neceflaire. L’eau man-quoit i la Ville, 8c même prefentement il n'ynbsp;a que des citernes. Pour remedier a ce dé-faut ils avoient fait un Aqueduc, qui menoitnbsp;Peau de dix licuës loin de 14. 11 en refte quel-ques mafures , proche defquelles Monlieurnbsp;1'Archidiacre nous afture qu’on avoit trouvénbsp;un fragment d’Infcripiion de 1’Empereur Trajan, qu’on jugeoit par-la en avoir été l’Au'nbsp;theur. Cet Archidiacre s'appelle Valerio Ponte,nbsp;homme fgavant, amp; qui poffede bien I'hiftoircnbsp;de fon pays. II me fit voir parmi fes Livresnbsp;un raanufcrit des Infcriptions d'Iftrieamp;deDaPnbsp;itiatie. Le Comte ou Gouverneur qui com'nbsp;mandoit alors a Zara étoit un Noble Vcnitieiinbsp;nommé Antonio Soderini , tres-civil amp; obli'nbsp;geant. A nótre arrivée nous fumes d’abord »nbsp;la feulc hótellerie qui eft a 7,ara, oü nous aU'nbsp;rions éié tres-mal logez; aulfi ne va-t-on p**nbsp;en ces pays-la pour chercher fes aifes. NoU*nbsp;avions une kttre de recommandation po^^nbsp;voir le Cabinet de ce Gentil-homme, öc **nbsp;Jui ayant été prefenter , il nous receut'avc*'nbsp;beaucoup de civilité, amp; nous retint a foup^^'nbsp;Cependant il envoya querir nos hardes , ^nbsp;nous fumes tout furpris comme nous vou!ilt;^^nbsp;reto^tner a notre logis, tju’il nous avoit deft'f

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VAt'chipeh nbsp;nbsp;nbsp;f5

®é un appartement dans fon Palais. I! a vil *out Ie Levant, amp; en a rapporté un Cabinetnbsp;medailles confiderables. Ce qui vous fur-Prendroit dans cette abondance de bellesnbsp;^hofes, ce feroit d’y voir cinq Othons de cui-'re indubitablement antiques, amp; cela me fitnbsp;feflbuvenir de nótre incomparable Monfieurnbsp;de Peyresk. Dans Ie temps que les Antiquai-*'es croyoient coinme un article de Foy, qu’ilnbsp;de fe trouvoit point de ces Othons de cui-^te! antiques, il lui en vint une flote dunbsp;j-icvant. De cinq qu’il en avoit, Monfieurnbsp;Procureur General de Paris en aquit deuxnbsp;quot;'ais Ie plus beau n’eut pas une fi bonne for-'jine; car 1’heretier de Monfieur de Peiresknbsp;*’étant défait du Cabinet, il fe referva un Ot-®on, paree qu’il avoit oiii dire que c’étoitnbsp;hne piece rare. 11 Ie porta long-temps dansnbsp;poche, pour Ié faire voir a fes amis, 8cnbsp;'*ne foeur qu’il avoit dans un Cloitre l’ayantnbsp;Pfié de lui laifler pour quelques jours, incontinent aprés elle tomba malade, amp; mourut. Onnbsp;*e reffouvint de cette'medaille d’Othon, onl’allanbsp;'hercher parrai les hardes de la defunte, maisnbsp;®n n’en put jamais apprendre aucune nouvelle.

Si vous voulei qu’enfiiitc je vous parle des *xcellens tableaux qui fe voyent dans les Egli-•'sdeZara, je vous diray qu’au Dome, quinbsp;un aflez bel edifice; on me fit voir unenbsp;Peinture de la Sainte Vierge avec S. Pierre Senbsp;Antonie, de la main du Tintoret, Sc unnbsp;*étre tableau du Palma. A Sainte Catherinenbsp;Pn du Titian. A Saint Dominique, un Saintnbsp;Ifróme Sc une Sainte Magdelainc du mêmenbsp;^»lma. J £ s u s enfeignant dans Ia Synagoguenbsp;P'^int fur Ie bois des orgues par Ie Schiavonet-A Sainte Marie, Saint Pierre, Sc S. Je-^önte du Palma. S.Fianqois du Tintoret. Unnbsp;C 3nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ta-

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54 Voyage de 'DdlmatU, tableau de la Sainte Vierge du Diamantm! »nbsp;amp; un S. Antoine du Padoüanin. Dans I’Egli-fe de S. Simeon au deffus de l’Autel eft unnbsp;corps Saint apporté de Judée. Les gens dunbsp;pays difent que c'eft S. Simeon qui poita Nó-tre-Seigneur dans fes bras. On nous Ie décou-Trit a caufe du Baile qui y entendit la Mefle,nbsp;fcquand ellefut finic, nous l’allames voir. Lanbsp;Chaffc a un cryftal au devant gt; amp; Ie corps pa-loit tout cntier avec la chair deflechéc , maisnbsp;toute-fois aflez blanche. Les habitans Ie tien-nent pour leur Protefteur, amp; Ie portent quel-quefois en proceffion par la Villc.

La camp^ne voifine eft affea bien cultivde» mais depuis que ccux de Zara ont eu des efcar-mouches avec les Turcs, on n’y a point lailTénbsp;d’arbres. La montagne appellee la Morlaquequinbsp;regne Ie long de la Dalmaiie eft habitée desnbsp;Worlaques fujcts de la Republique, autrefoisnbsp;fugitifs d’Albanië, gens determine! amp; infatiga-bles, qui ne demandoient pas mieux pendantnbsp;la guerre, qüe de venir aux mains avec lesnbsp;Turcs. Unc poignée d'entr’eux faifoit des partis pour aller faccager quelque Village, amp; ils ennbsp;revenoicnt toöjours cliargez de butin. Ce fontnbsp;des gens fi robuftcs, que les chcmins étant tres-mauvais dans leurs montagnes, amp;c les chevaii*nbsp;courant quelquefois rifque de fe rompre Ie col»nbsp;quatre d’cntr’eux porteront un cheval une ving'nbsp;taine de pas en I’embraflant fous Ie ventre. De*nbsp;perfonn^s dignes de foy me Tont alTuré, amp; m^'nbsp;me quelques-uns de ces Morlaques, de qui .Knbsp;m’en fuis particulierement informé. Quoy qu’i*nbsp;cn foit, ils ont la mine terrible, 8c ils nc vieU'nbsp;nent point au marché avec leurs denrées, qu’il*nbsp;ne portent avec eux leur fabre 8c leur carabin^'nbsp;Ils parlent Efclavon, amp; fuivent la plupart 1*nbsp;Religion des Grecs,

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fj? de fArcUpeJ. nbsp;nbsp;nbsp;ff

t^e jour qui fuivit n6tre depart de 7ara iïousS£*ï-J’fna aux environs de Sthtnho. C’cft la plus Nico. 'orte place de Ia Dalmatie, a vee qiiaire bonnesnbsp;Citadelles. L’une eft au Port, Sc s’appelle S,

Nicolas; La feconde compiend les ouvrages 9«i renferment la Ville; Les auttes deux foutnbsp;fur deux eminences voilines, amp; on les nom-Saint André amp; Ie Baron. La Ville peutnbsp;contenir fept a huit mille arnes, maïs avant lanbsp;Pefle il y en avoit prés de vingt mille, amp; Icnbsp;Pays d'alentour eft bien cultivé. Le Dome eftnbsp;*out de marbre d’une belle Architefture.

~ éceuil d’or vis a vis de la VilJe eft une lilc ^es-agreable 8c tres-bien peuplée. De Zara anbsp;“Cbenico l'on compte 50. niilles, pendant lef-Juels Bous c^oyames Bibigne, S. Caffian, lanbsp;*orrette, Zara vecchia, 8c Moriaro qui pottenbsp;*n abondance des mufeats 8c des olives. De Se»nbsp;benico aTraou on va par canal entre Ia Terrenbsp;J^ferme Sc les Ifles de Girona 8c de Bratza,

Geile de Bua joint Traou, 8c on l’appelle auffi Hlle des perdrix, a caufe de la grande quantiténbsp;Su*on y en trouve. On ks envoye pour la plusnbsp;ifande parcie a Venife fakes, 8c entacées dansnbsp;''CS barils comme des harangs.

Traou eft connu des Anciens foüs leTn-kcW *otn de Tragur'mm, 8c Ptolomée 8c Sirabon ennbsp;Pïrlent comme d’une We. Jean Lucius a montrénbsp;^ue ce n’étoit qu’une Peninfule, 8c que Ie canalnbsp;Jjui la feparc du Continent eft un ouvrage denbsp;' ?gt;'t, amp; non pas de la nature. Ce Monfieur Lu»

Cjus eft un Gentil-homme de ce pays-U que Jay eu 1‘honneur de connoltre » Rome, oü ilnbsp;*eft habitué. Sa patrie lui eft obligée de I’a-'oir tirée des tenebres de 1 Antiquité, par l’hif-oire qu’il en a faite.. II a fait auffi imprimernbsp;lufcriptions de Dalmatie 8c d’autres f9avansnbsp;*raitei. Nous étions arnvci i Traou a l’heur-C 4nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;re'

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f5 Voyage de Dalmatte •, re du diner, amp; nous cherchions un logis, lor»nbsp;qu’on nous dit qu’il nous Moit pourvoir autre-ment a nótre diner, amp; que ce n’étoit pas lanbsp;coütume en ces pays-la de tenir hótellerie. Lenbsp;compliment étoit fee pour des gens qui ne man-quoient pas d’appetit; neanmoins par grace onnbsp;nous conduifit en un endroit de la Ville ouTonnbsp;vendoit fimplement du vin, 6c Ton nous fiten-trer dans le corps de logis au deffous. Nousnbsp;nous étonnames de voir cette maifon qui eftnbsp;aflez belle, amp; qui a la vüë fur la mer, routenbsp;vuide 8c comme deferte, 8c nous fümes encore plus furpris, quand on nous eut dit que e'e-toit la maifon de ce Monfieur Lucius de qui jenbsp;viens de parler. II y a plus de vingt-cinq ansnbsp;qu'il I’a quittée. a caufe de l'incivilité d’un General de Dalmatie, kquel étant venu a Traou gt;nbsp;lui fit fgavoir qu’il vouloit loger dans cette maifon. Le Gentil homme s’appretoitalerecevoir,nbsp;8cfe refervoit feulementun appartement mediocre. Mais Monfieur leProveditcur trenchant dnnbsp;Souverain envoya incontinent aprés fes gen»nbsp;pour mettretous les meubles dehors. Cette inci-vilité le fafehatenement, qu’ilpartit auffi-tot denbsp;ce pays-la, 8c, qu’il n’y a jamais voulu revenif*

La Ville ell en aflez bel afpedl, 8c principa-lemcnt le Fauxbourg qui elt fur 1'lfle de Bua-EUe peut renfermer environ quatre mille ameslt; Le Dome n’eft pas laid, 8c la porte a été tire®nbsp;des dépoüilles de la Ville de Salone, qui eft *nbsp;douze milles de la. II y a dans cette F.gliftnbsp;quelques Statues d’aiTez bonne main.

Au refte none Galere ne vint pas donnef fonds a Traou, mais nous primes a Spalatro u-ne Barque pour y aller. Ce fut principalementnbsp;pour y voir un manuferit qui a fait grand bruitnbsp;dans la Republique des Lettres il n’y a pas fottnbsp;long-temps. Celt un fragment de Petronius At'

bicer»

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0 Je VArchipel. nbsp;nbsp;nbsp;fj

^ter, qui manquoit i fes ouvrages imprimezj ^oinme on n’avoit jamais vCl cette piece, onnbsp;* imagina qu elle étoit fuppofée, amp; »n jeu d’ef-Pjit de quelque S^avanl , qui avoit imité Icnbsp;Jjile de Petrone. Monficur de Valois étoit unnbsp;ceux qui Ia tenoient pour fufpeéle, maisnbsp;l^ynfieur Lucius 8c l’Abbé Gradi de Rome é-toient de fes partifans. Ainfi, comme s’il eütnbsp;queftion de reconnoitre un Prince , l'Euro-^ ctoit divifée en trois partis. L'Italie 8c lanbsp;^almatic la portoient, la France 8c la Hollan-la defavoüoient, 8c l'Aliemagne fe tcnoitnbsp;ïieutre; car Ie Dode Reinefius fit un commen-taiie fur ce manufcrit , fans ofer neanmoins-^len prononcer fur fon antiquité. Monlieurnbsp;Ie Dodeur Statilius, dans la Bibliothcque du-^uel eet original fe trouve, eft un homme denbsp;^eritq, qui en auroit puparler pertinemmenr,nbsp;^ fes maladies nc l’en eulfent empêché , 8cnbsp;Monlieur de Valois a eu tort de Ie prendrenbsp;Pour un jeune homme, puifqu’il eft du moinsnbsp;P'efentement agé de foixante ans. Je ne veuxnbsp;Pïs remuer les cendres de cette guerre, quoy-^ue l’efFet n’en püt pas être fi funefte que de'nbsp;celledes Troyens, maisje ne lailTeralpas d’ennbsp;^^pporter ce que j’en ay remarqué. Ce ma-*'ufcrit eft in folio , épais de deux doigts ,nbsp;Nontenant plufieurs traitez écrits fur du papiernbsp;Sti a beaucoup de corps. Tibulle, Catulle8cnbsp;“toperce font au commencement , 8c no»nbsp;P3s Horace, comme s’eft trompé l'Autheur denbsp;” Preface imprimée a Padoüe. Petrone fuitnbsp;la même main, de la maniere que nous-‘^vons dans nos Editions. Aprés , on voiiïnbsp;’•ctte piece done il eft queftion, intitulée Tra-tMtntum Petronü Arbitriex libro decimo-ojuinto ^nbsp;^ fexto decimo, oil eft contenu Ie fouper denbsp;«titualcioncomme il a depuis été imprimé'

C 5 nbsp;nbsp;nbsp;fiili'

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yS Voyage de Dalmatte y fur cet original, De Salas Efpagnolnbsp;commenté cet Autheur fait mentionnbsp;quinziéme 8c femiéme Livre, mais il ne ditnbsp;pas OÜ il I’a vd. Le Livre eft par-tout biennbsp;lifible , 8c les commencemens des Chapitresnbsp;6c des Poemes font en caraifteres bicux 8c rouges. Pour ce qui eft de l’antiquité du manvwnbsp;L’rit, il ne faut que s’y connoitre 8c le voirnbsp;pour n’en pas douter,8c Ton doit en cette rencontre ajouterplus de foy aux yeuxqu’au raifonne-ment. M. le Dodt. Statilius nous fit faire unenbsp;remarquc que les autres n’avoient pas faite^nbsp;c’eft que fous la page 179. l'année qui y a éténbsp;écrite eft marquee de cette manierc: 14x3. lo.nbsp;Novemb. Ce fiecle-la n’avoit pas des efpritsnbsp;fi bien faits que Petrone, pour pouvoir fedé-guifer fous fon nom.

Nousrencontrames auflila un autre hotnme fgavant, appelléMonfieur le Dodleur Dragra-20, qui nous fit voir quelques Infcriptions antiques dans fon jardin, 8c nous informa desnbsp;particularitez dupays, en quoy je ne trouvaynbsp;pas qu'il y eut rien de fort remarquable.nbsp;SvAiA- SPALAtRO n'eft qu’a douze milles denbsp;ïteo Traou, 8c environ a quatre cent de Venife.nbsp;Il n’eft pas plus grand que le lieu que nous venous de quiter, mais il eft deux fois plus peu-plé, parceque c’eft une cchelle pour les Ca-ravanes de Turquie , qui chargent li leursnbsp;marchandjfes pour Venife. L.e Port eft grand rnbsp;8c a bon fonds 8c bonne tenue , quoy qu'ilnbsp;foit un peu a découvert au Sud-Oüeft. Aanbsp;fond du Port proche des muraiiles de la Ville ilnbsp;7 a un beau 8c grand Lazaret. C’eft le nontnbsp;que les Italiens donnent aux lieux oil 1’on faitnbsp;la quarantaine. Le Baile y logea faute d’autrcnbsp;lieu plus commode, 8c nous y primes aulönbsp;tine ckambre oii, il n’y avoit auciin meuble-

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6/ de TArchipei.

Nous nous arrêtames dix ou douze jours a Spalatro , amp; )a caufe de ce retardement futnbsp;Sue Ie Baile ayant refolu de s’en aller a Con-ftantinople par terre , il fallut aller querir anbsp;cinq journées de la des ehevaux pour fon equipage. Ainfi iiótre Galere attendantfon departnbsp;pour continuer fon voyage, 8c porter les harries les plus embanaüantes, amp; les prefers pournbsp;ie Grand Seigneur, nous eümes Ie terns quenbsp;uous fouhaitions pour voir les curiofiiea de'nbsp;U Ville.

L’abord de Spalatro par mer eft fort agrea-^ We, amp; il eft litué au fond d’un grand BortJnbsp;fait en demi-Lune. La Ville eft quarrée , amp;nbsp;u’a pas plus d'un mille de tour. Igt;ans les mo-lumens anciens de trois a qtiatre cent ans ^llenbsp;eft appellee Sfaletum, Spalatum amp; Afpalatum ,nbsp;St de ceite manicre SpaUto me ferableroit plus-conforme a l’origine , que Spalatro, quoy quenbsp;Ce dernier foil plus en ufage. Cc nom-la luynbsp;peut être venu du mot Latin Palaüum, par-ceque ce n’étoit anciennement qu’un Palais denbsp;* Ëmpereur Diocletien , natif de Salone, qui’nbsp;*’eft élorgnée de Spalatro que d’une lieuënbsp;comme on l’apprend par la tradition du lieu,nbsp;« par ce qu’en a dit Conftantin Porphyroge-®ete, qui remarquc que ce Palais étoit toutnbsp;oati de grandes pierres de taille. Ceux qufnbsp;i’ont pris pour l'ancienne ville d’Epetium, fe'nbsp;font écartez de fix ou fept mille, car on ennbsp;^oid les ruines plus au dela vers l’embouchürenbsp;®e la petite riviere de Zarnovina. Spalatro eftnbsp;wrtifié de bons Baftions de pierre de taille,,nbsp;uont il y en a trois entiers du cêté de la ter-jC, Sc deux demi vers la mer. Mais ce qupnbsp;jC rend plus foibk, c’eft que Ie terroir d’alen-‘«Ur eft plus haut, amp; que la colline au Cou-C 6nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;chanf

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6o P'oya^e de Dalmatie '^

chant oü eit Ie Fauxbourg, commande toute

la Ville.

A la portee du mofqtiet hors de Ia Porte dvt Levant, il y a une Forterefle fur une éminence, qui commande auffi la Ville, avec qiia-tre Baftions, qui ne font ni achevei, ni reguliers. Aufli les Venitiens y tiennent peu denbsp;foldats, amp; ils fe fient fur leur Forterefle de Clif-fa, foüs laquelle il faut paflér pour venir denbsp;Turquie a Spalatro. 11 y a un autre petit Fortnbsp;de terre que Ie Chevalier Vernede avoit faitnbsp;faire a la pointe du Croiflant qui forme Ienbsp;Port: mais comme ils ont prefentement la paijcnbsp;avec Ie Turc , ils Ie laiifenl a l’abondon, 6cnbsp;n’ont a Spalatro qu’une compagnie d’lnfante-rie, 8c la moitié d’une de Cavalerie, l’autrenbsp;moitic fe tenant a ClifTa.

Le Dome de Spalatro étoit autrefois un petit Temple au milieu du Palais de Diocletien.. II eft oftogone au dehors, 8c rond au dedansnbsp;tout bati de belles pierres de taille, horfmis lanbsp;voute qui eft de briquc, au deflbus de laquelle eft une galerie foütenuë de huit colonnesnbsp;Corinthicnnes de prophyre 8c de granite. En-tre le cul de lampe öc cette galerie il y a unenbsp;frife chargée de dilFerens animaux, de feftonsnbsp;de mafcarons , 8c de quelques-têtes, que lesnbsp;gens du pays entctet du nom de Diocletien,nbsp;prennent pour des têtes dé eet Empereur. Aunbsp;dehors du Teinple regne a moitié de fa hauteur tin corridor couvert de pierres de taille,,nbsp;travaillées en compartiment, 8c foütenudehuitnbsp;colonnes Corinihiennes de raarbre, avec unenbsp;Irife bien travaillée. On y montoit par u»nbsp;autre Temple quarré long,, qui donnoit aulfinbsp;Fenti'ée a un auire Temple rond au fond, 8£nbsp;en, avoit uu autre petit a main droite qu’on-

apptlle

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6? de VArchipel. nbsp;nbsp;nbsp;6t

sppelle maintenant S. Jean Baptifte. La place ^ la dilpoiition de l’ouvrage étoient de qiiel-qiie bon inaitre, tnais dans Ie détail les corni-ches ; les feurllages amp; les chapiteanx n’ctoientnbsp;pas de li bonne nianiereque du lemps desEm-pereurs. Depurs que cc Temple a été changé’nbsp;en Eghfe, on l’a pereé pour y faire un Choeur»nbsp;amp; on y a fait quelques Jours, car auparavantnbsp;il ne recevoit de jour que par la porte. Les^nbsp;1’ayens faiforcnt prefquctous leurs Temples ob-fcurs, pour ne pas profaner aux yeux des mortelsnbsp;les myfteres de leurs Dieux, amp;dela vini Pufagenbsp;des flambeaux Sc des lampes qu’on y allumoit

On a auffi ajouté au devant de la porte fur. 1’efcalier im tres-beau Clochcr, percé de qiian-tité de fenétrages , dont ks materiaux de mar-fcre OU de belle pierre ont été tirex des ruineamp;nbsp;de Salone , parmi lefquelles nous trouvamesgt;nbsp;quelques Infcriptions qui parlent de ceite Vil-Je. Appian Sc Gruter en cirent une dans cenbsp;Temple quarré proche d’une Idole de Cybele.nbsp;J'y vids 1’Infcription ; mais cette prétenduë'nbsp;idole n’eft autre chofe qu’im Sphinx de mar-We granite d’Egypte. Les colonnes qui fontnbsp;la autour font auffi de Ia même pierre.

Les murailles du Palais de Diocletien quP embraifent les deux tiers de la Ville , font pref-que entieres , 8e font un quarré Jufte, avecnbsp;tine porte au milieu de chaque face. Il en.nbsp;i'efte trois d’une architeéhire auffi belle quenbsp;folide. Les pierres foüs Pare lont entées ennbsp;ffiortaife les unes fur les autres; ceux qui ba-tilToient alors prétendant de cette manicreren-dre leur voute plus alfurée. Aux cótez denbsp;•chaque porte il y avoit deux petites Toursnbsp;l^exagones, qui gardoient Pentrée , Sc y ajoü-'oient quelque embelliflement. Tout ce quarter de la Ville enfermé dans cette enceintenbsp;G 7nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;eS

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Voyage ch DalmafiCy eft vouté en pluüeurs endroits, Si a quantitynbsp;de mafures antiques. Du cóté de la marine ilnbsp;y avoit un corridor entre Ie Palais amp; un murnbsp;élevé a rftêine hauteur, mais percé de fenêtresnbsp;qui lui laiffoient la vüë de la mer. Ces fenc-ires ont des entre-colonnes 8c une frife delFusnbsp;d’ordre Doriaue alTez bien proportionnée.nbsp;Nous y trouvaraes unc douzaine d’Infcriptionsnbsp;«ui peuvent avoir été portées de Salone, 8cnbsp;dans l’Eglife de S. Francois un bas relief avccnbsp;15. figures ou environ, qui paroiffoit être lanbsp;Tiftoire de Conftantin fur Maxencequifenoyanbsp;dans Ie Tybre. Vers la pointe Occidentalenbsp;du Port i! y a une Eglile de S. George, quinbsp;eft appareinment l’endroit appellé AdDianam,nbsp;dans la Table de Peutinger, a caufe de quel-que Temple de Diane qui y étoit. Prés denbsp;la porte par oü l’on fort en cc quartier-la, ünbsp;y a deux ou trois petits ruifleaux d'eau faléanbsp;amp; foufFréc qui coulent dans la mer, 8c donenbsp;l’on ne tire aucun avantage.

Le Gentilhomme Venitien qui commandoilt alors a Spalatro appellé Francois Lauredano anbsp;été Provediieur a Cerigo. 11 nous fit voir de*nbsp;colonnes qu’il en avoit apportées. II femblenbsp;qu’elles foient de marbre blanc tranfparant,nbsp;mais ce n’eft qu’une eau congelée, qui fe pe-trifie dans les grottes de cette Ille.

Le temps que nous fejournames a Spala» tro ne nous dura pas , parceque nous y dé-couvrions tous les jours quelque chofe de nouveau, 8c que d’ailleurs on y fait tres-bonn«nbsp;diere. II n’y avoit a redire qu’au logementnbsp;qui n’étoit pas fort commode, n'ayant trouvénbsp;que quatre murailles nuës. Les perdrix nfnbsp;valent que cinq fols, 8c un liévre n’y coütcnbsp;guere davantage. On a la viande de bouche-'nbsp;ïie pour t«i fol la livre, 8c les tortuës grofle*

CODt'

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de T'Atchipet nbsp;nbsp;nbsp;4!^

^OTntne les deus poings pour quatre ou dnq lols. Mais Ie plus fouventnousaimions mieux

hire maigre amp; manger de ces petites truites-de Salone, done l’Empereur Diocletien étoitli-friand, que de peur d'en manquer il avoir fait dn conduit exprés qui les amenoic dansnbsp;'On Palais. Elies font aflurément de tres-boijnbsp;gout: celles de la riviere Afcanius dans la Na-Jolic, oü nous avons depuis paffé en allant anbsp;Smyrna, font encore meilleures amp;: beaucoupnbsp;pins grolTes. II n'y avoir point; corame j’ainbsp;nit, d’hotcllerie dans la Ville, li ce n’eft unnbsp;Petit caberei que tenoit une Allemande quinbsp;nous apprêtoit a manger. Un foit que nousnbsp;'oüpames trop trad, nous trouvames les por-*es dela Ville fermées, comme nous voulionsnbsp;dous rctirer a notre chambre , du Lazaret.

Nous crümes que le Gouverneur auroit la civilité de nous faire ouvrir pourne pas lailTer couchernbsp;desEtrangersfurladure. Maisil nous fit dire quenbsp;h mot du guet étoit donné, amp; qu’il falloit prendrenbsp;patience. Nous priames unfsldat denous cher—nbsp;nher quelqu’un qui nous donnat au moins le cou-'ert , amp;nous trouvames enfin un Gentilhoramonbsp;du lieu nomrae Pierre Alberti, qui pous receutnbsp;hes-bien, Venous couchabeaucoup mieux quonbsp;nous n’etions fur nos Strapontains ordinaires..

Mais ilfautvous dire quelque chofede Salone 8c de Cliffa, nous ffimes voir enfuite.

. Salone étok une Villefaracufedansl’An-Cj^pfc. liquité, Mais nous n’y trouvames que desma-° _nbsp;•Ures, amp; il n’y a plus qu’une Eglife avec qua-quot;nbsp;ke ou cinqmoulins. Les Villes periffent aulHnbsp;“ien que les hommes. Elle ctoitdans unebel-h plaine a deux milks de la montagne Morla-^ue qu’elle avoit au Nord , amp; s'étcndoit juf-9nes a un petit golfe qui étoit fon Port, dansnbsp;iequel va tomber la petite riviere qui pafle au

milieu,

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^4 Voyage dé Dalmatk ^

miliea, amp; oü ]'on pêche Jcs truites. Eüe eft dans une égale dillance de Cliffa amp; de Spala-tro, c’eft-^-dire, environ a quatre milles denbsp;FuneSc del’autre. Elle pouvoit avoirhuit a neufnbsp;milles de tour, mais ceux du pays en dil'entnbsp;davantage. Nous étions quatre de compagnie ^nbsp;amp; nous avions autant de voiturins a pied, quinbsp;étoient quatre Morlaques, Stbienquhls tulTentnbsp;d’un regard terrible amp; tels quej’ay depeintplusnbsp;haut ceux de cette Nation, nous en fumesnbsp;pourtant affea bien fervis, 8c on auroit de lanbsp;peinc en nos quartiers a trouver de plus hon-nêtes gens de cette profeffion. Hs nous me-nerent voir parmi ces ruines un trou qu’ils di-foient être k fepulchre de S. Domne premiernbsp;Evêque dc Salone amp;c difciple de S. Pierre, 8Cnbsp;prés de la deux autres fepulchres de S. Ana-ftafe amp; de S. Rainier Prelats du même lieurnbsp;Lechemin qui va de la a ClilTa portoit ancicn-nement Ic nom de Via Gabiniana, commejenbsp;l’apris par une Inlcription antique.

CtissA. CLISSA eft Ie lieu que Ptolomée appelle ' Aniecrmm-, 8c StXihon Andtirinum. Mais eet-te pierre dont je viens de parler Ie noth menbsp;Andetrium, amp; ees monumens font plus eer-tins que les livres qui ont püêtre alterez par lesnbsp;copiftes. C’eft une Citadellede grande importance , qui fut prife fur les Tures par les Ve-nitiens fous lecommandement de Fofculo Pro-vediteur de Dalmalie. Elle avoit été autrefoisnbsp;a 1’Empereur d’Allemagne, amp; l’on dit qu’uncnbsp;Reine de Hongrie l’avoit fait baiir. Depuisnbsp;que la Republique latient, elle en a fait fau-tcr une partie au devant pour la rendre plu*nbsp;forte amp; plus aifée a garden Elle eft fur unenbsp;Crete de colline entre deux hautes montagnes gt;nbsp;ftir Ie chemin de Turquie en Dalmatie. L»nbsp;fentinelle void tous ceux qui paflent, amp; R*’

oblvquot;

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de VArchipel. nbsp;nbsp;nbsp;6^

wlige ï parler. IJ n’y a pourtant ni Ballions,

gt;11 ouvrages de dehors , mais feulement quel-ques terrafles, amp; Je roe fert de muraille. L’eau y manque , amp; Ie froid y eft terribJe en hyver.

Jc m’imagine que c’eft une rude pénitence pour Gentilhomme Venitien d’y aller faire pen-aarit deux ans la charge de Provediteur. 11 ynbsp;* deux compagnies d’InfaHteric , 6c la moitiénbsp;d Une de Cavalerie. La caufe de fa prife fut ,nbsp;outre les vives attaques qu’on yavoitdonnées,

One bombe qui tomba fur la Mofquée , pendant que les Tures étoient a leur devotion , a-''ec l’efperance qu'ils perditent d'un fecours qui fut défair. Ils fe rendirent vies amp; bagues fauces , mais les ïylorlaques leurs ennemis irrecon-ciliables les attendirent a un palTage, amp;lestail-‘Stent tous en pieces de leur propre mouvement. Je vids a Traou une infeription appor-fde de Clifla, c’eft peu de chofe, mais toute-fois cela montre fon antiquité. II ne faut pasnbsp;s’étonner ft Ptolomée l’a mal placée, veu qu’ilnbsp;eft peu exaél: en ces quartiers-la , car il faitnbsp;Traou plus meridional d'un degré que Salonc ,nbsp;^uoique celle-ci approche plus du Midi quenbsp;l’autre. De Spalatro nous paflaraes a Liefinanbsp;on moins de quinxe heures.

LIESIN A eft une Ifie que Ptolomée appel- LiEsri i^Pharia, 8c Strabon Phare, d’environ centNA.nbsp;hiilies de tour, mais ce nc font que rochersöcnbsp;fetres ingrates propres pour des lievres 6c desnbsp;«pins. Auffi les peuples de I’Ifle qui font aunbsp;Oorabre de trois ou quatre mille fe font tousnbsp;tetirez a la Ville du même nom , afin d’y voirnbsp;Suelquefois aborder les Etrangersdans leur Port.

°our les recevotr avec plus d'honneur , ils y Ont fait un tres-beau mole de inarbre 8c denbsp;Pietre de taille, qui environne Ie derai-cerclenbsp;de ce Port. Les éceuils qui font vers l’en-

trée

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^6 P^oyage de Taalmatte , trée font d’autres moles naturels, oü les vaif-feaux font a l’abry. Sa fituation relTemble anbsp;peu prés a celle de Genes, mais vous pouvesnbsp;bien croire qu’elle n’approche pas de fa beauté.nbsp;II y a de tres-bon pain 8c de tres-bon vin, 8snbsp;forces faidines pour exciter I’appetit, dont ilJnbsp;fournilTent l’Italie amp; la Grece. Leurpêcheennbsp;cft affei curkufe, amp; voici de quelle manierenbsp;ïious la vlmes faire. Des qu’on f^ait que lesnbsp;Sardines doivent venir, en May 8c Juin , onnbsp;va dans les enfonccmens des cceuils de Dal-matie, on elles fctiennent, pour fuir fans douse la rencontre des gros poilTons qui les avale-roient. Les apprêts fe font Ie jour, 8c la nuitnbsp;on allume a la poupc d'une petite barque unnbsp;feu d’éclats de pin , 8c on les va chercher k deuxnbsp;OU trois cens pas de la terre. Quand les Pê-cheurs qui rament doucement en ont obfervénbsp;^uelques gros peloton ¦ qui fuit leur lumiere ,nbsp;ils s’en vqnt ducótédeleurs filets, 8c désqu’ilsnbsp;font dans l’enceinte , ils les levent prompte-mentjScrcmplilTent leur Barque de cepoiflfon.nbsp;Lesmeilleures fe trouvent a I’lUe voifine deLilfa,nbsp;Les Turcs qui ne manquent pas d’efprit, fe gue-lifTent de plufieurs maladies avec des Sardines,nbsp;qui font raresen Turquie. Je nefgais pas fi 1’i-magination y contribuë quelque chofe.mais Icnbsp;remedenedeplairoit pas a des matelots de Provence, qui en font un de leurs principaux ragofits.

Je ne vous parlerai pas de la Citadelle , cc n’eft qu’un nid de corbeaux, qu’on abbatroit aifé-ment de deffus les pointes voifines des rochtrsnbsp;Auffi n’y tient-on pour toute garnifon qu’unnbsp;fmiple foldat, qui foit l’Olfice de Capitaine tnbsp;de Sergent 8c de Portier, a peu prés coramcnbsp;celui de Plaute. Nótre Galere aprés avoir fai»nbsp;provifion de bifcuit pour la Chiourme pto-fita dii boft vent , qui la porta cinquantc

jsüf-

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6? de Tyfrchipel y nbsp;nbsp;nbsp;(if

killes dans line apres-dinée jufqu’i Couirola, COURZOLA eft une petite Ville dans unenbsp;jfla de même nom , du reffort de Vcnife auffiCo^»nbsp;'gt;gt;en que Liefina , amp; les Anciens TappellentzotA,nbsp;Clt;)rcyr4 mgra. La manierc dont les Ragufiensnbsp;I on perdue eft afTezplaifantc. Ilsctoientbroüil-lez avec les Venitiens, qui ont un cceuil ap-Pellé S. Mare qui commande la Ville de Ragu»nbsp;avec un petit rocher encore plus prés, quinbsp;^ a pas plus de terrc-plain qu’il en faitt pour lesnbsp;fondemens d’une niailbn mediocre qu’on y »

•cpuis batie. Les Venitiens y envoyerent done ^ne nuit des gens qui y baiirent un petit Fortnbsp;oe carton peint de couleur de terre, amp; y por-^crent quelques canons de bois fabriquez a lanbsp;«ate. Le matin ces petits Repubüquainsayantnbsp;^gt;1 une Citadelle achevée amp; garnic d’artillcrienbsp;fi peu de temps, en furentfort allarmez, Scnbsp;Oernandant a parlementer furent bien-aifes d’eanbsp;^tre quittes pour l’Ifle de Courzola qu’ilscede-tent aux Venitiens en échange de ce méchantnbsp;*¦001161. Mais pour 1’éceuil de S. Mare qu’ilsnbsp;^omandoient, onn’en voulutpas entendre par-La terre ferme le long de la met vis-it-de cette Ifle eft encore a eux, 8c ils y ontnbsp;beaux jardins appellez Saéiomru. Cependantnbsp;Courzola eft fort utile a la Republique de Ve-quot;ife paree qu’elle lui fert comme d’Arfenalnbsp;pour fabriquer amp; radouber les batimens, étantnbsp;Ptefque toute couverte de bois de haute fuf-*3ye. Les Sardines 8c le vin font fes principauxnbsp;*svenus. Elle a cinq Villages peuplez de 14.

* tj. cens ames chacun , mais la 'Ville n’cn a Suere plus de mille , 8c 1’enceinte n^a pasnbsp;plus d’un quart de lieüe. Les murailics ontnbsp;baties par Diocletien , auffi-bien que Itnbsp;yotne de Saint Mare, qui eft au milieu fur unenbsp;^¦liiaence » Si au^uel toules les raës vontabou-

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6S Voyage de Dalmatte, tir en montant. A la fagade fous Tangle dunbsp;toift eft un bufte de marbre d’one tpmme ceu-ronnée. On nous dit que c’étoit la tête de lanbsp;femme de eet Empereur. Mais je n’en vou*nbsp;drois pas être caution , ne Tayant point con-nuë ni par les medailles , ni par les ftatuës,nbsp;Elle eft pourtant antique, ScTEglife auffi, quinbsp;a deux rangs de colonnes en dedans Tune futnbsp;Tautre. Les materiaux en font prefque tout denbsp;marbre, qui fe taille dans Tlfle même iquatrenbsp;OU cinq milles deli. II y a peu de maifonsnbsp;qui n’en foient pareillement baties, mais il nenbsp;prennent pas Ie foin de Ie polir. Comme eet-te Ifle eft pleinc de bois, cela fert d’azile a plu-fieurs bêtes fauvages. On y void entr’autrcsnbsp;un certain animal qu’on me dit être fait com-me un chien, mais il a Ie cry d’un chat oünbsp;d’un paon. Si on allurae du feu la nuit pro-che de ces bois, on en entend un grand nom'nbsp;bre crier amp; entonner unc mufique enragée: denbsp;forte que ceux qui ne les ont jamais oiiis , lesnbsp;prennent pour des gens qui crient. On dit en*nbsp;core qu’ils deterrent les morts pour s’en nour-rir, du refte ils ne font bons a rien, fi ce n’eftnbsp;qu’on en peut faire quelques méchantes fout'nbsp;rures. Les Grccs les appcllent Zachalia, amp; lesnbsp;Tures Tchakal. Nous en avons oüi hurler ennbsp;Natolie proche d'Ephefe, amp; a Sainte Maure.nbsp;Je erois que c’eft Vüyina des Anciens, quenbsp;quelques-uns ont dit être une année male ,nbsp;1’année fuivante femelle; mais Ariftote niecet'nbsp;te pretenduë Metamorphofe. Cette relTemblan'nbsp;ce même de la voix humaine peut avoir don*nbsp;né lieu a ce que Pline en rapporte de fabu'nbsp;leux, qu’elle imite fi bien la voix d’un honi'nbsp;me, qu’elle apprend quelquefois des noms denbsp;Bergers pour les faire forth de chei eux en lesnbsp;appeiUht, 6c les devorer enfuite,

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6? de I* Archipel^ nbsp;nbsp;nbsp;69

En poufuivant nótre route nous viraes les If-*cs d’Augufta, de Meizo amp; de Melcda , qui ®ppartiennent a la RepubliquedeRagufe. Puis,nbsp;l'ous donnames fond a Saiiite Croix, qui eft unnbsp;“£au Port de eet Etat, oü Moniieur Ie Doge

* nbsp;nbsp;nbsp;une niaifoii de plaifance qui merite peu unnbsp;Parcil nom; mais les Bourgeois y en ont d'af-

paflables. Nous voguaines Ie jour fuivant a la viie de Ragule, qui a de la peine a fe re-‘fver depuis Ie furieux tremblement deterrequi

* nbsp;nbsp;nbsp;abima prefque toute. Douze niilles au delanbsp;quot; y a un village appellé Ragufa vecchia , quinbsp;'^oit 1’ancien Epidaure, au dela duquel font lesnbsp;quot;ouches de Cattaro ou nous entrames. Dellinbsp;jgt;ous jRmes voile pour traverfer Ie golfe denbsp;^odrin, qui n’a pas moins de 180. milles denbsp;^ajet. Cell Ie celebre golfe d’Apollonie , oèinbsp;J-efar courut rifque de la vie. Nous laiflamesnbsp;^ petite forterefte de Budua detniere place desnbsp;^enitiens en Albanië. Enfuite li 1’on voguoitnbsp;ferre-i-terre comme nous fimes au retour, onnbsp;^id Dulcegno, autrefois TJlcinium, Ville desnbsp;^*ircs, qui peut contenir fept a buit mille a«

amp; qui eft une aflez bonne échelle, c’eft-*'dire dans Ic langage du Levant , une Ville negoce. Les Francs y ont un Conful. Du-qui étoit Ie Dyrrachium des Romains ,nbsp;«ft qu’un Village avec une Forterefte ruinéc.nbsp;void enfuite Ie golfe de Boyana avec uncnbsp;•jviere de même nom qui entrededans, dequenbsp;noramoit autrefois Drito. Lelongdumê-rivage on trouve la riviere de la Pollona ,nbsp;^ftui Ie voifinage d’Apollonie adonnélenom;

1'eau refte, amp; Ia Ville ne fe void plus, ^ -dulon, que par corruption nous appellonsnbsp;* Malone. A trente milles de li en terre fer-j ? ft a une montagne, ou fe trouve une fon-' de Poix, dont les Anciens ont fait men^

tion ,

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'yó nbsp;nbsp;nbsp;Voyage de ‘Dalmatie,

tion, 8c l’on en calfcutre ks Vaiffeaux , étant niélée avec du goudran. L’écueil de Saienoinbsp;fix milles d€ la Valone bornelegoIfedeLodriunbsp;au Sud-Eft. Comme nous traverfions ce goi'nbsp;fe, nous appergümcs a la pointe du jour ut»nbsp;Brigantin, qui fe retira dés qu’il nous eut dé-couvert, ce qui nous fit croire quc c’étoientnbsp;des Coffaires; particuliérement lorfquenous vi-mes qu’il toinnoit la proiie du cóté de la Va-lone. Nous Ie pourfuivimes chaudement, 8^nbsp;nóire Chiourme fit fi bien, qu’en moins d'uncnbsp;heure nous en fümes a la portée du canon*nbsp;Nous Ie faluames de trois ou quatre voices »nbsp;qui robligerent d’ainener les voiles. Maisilfcnbsp;trouva que ce n’étoit qu’une Barque de Cefa-lonie chargée d’huiles amp; de froinages pour Ve-nife, iaquellenous avoir pris nous-mêmcspoufnbsp;des Corfaires. Ainfi chacun pourfuivit fa roU'nbsp;te, les Cefaloniens bien-aifes de n'avoireuquenbsp;la peur du mal qu’ilscraignoient, ÖcnoustriileSnbsp;de n’avoir eu que l’efperance du profit que nouinbsp;attendions.

Le vent nous étant favorable, nousnemoüil'' lames point a Safeno. Le Comité de nótr®nbsp;Galere nous conta une chofe étrange qui y é'nbsp;toit arrivce depuis quelques années. 11 étoita'nbsp;lors Pilote d’une autre Galere , amp; avoir jett®nbsp;l'ancrc en ce lieu-la. Deux formats denbsp;Chiourme, amp; un d'une Galere de compagni*nbsp;fe fauverent, 8c fe cacherent parmi les brornbsp;failles, jufqu’a ce qu’on fut parti. Mais qnfnbsp;croiriez-vous que firent ces miferables ? Apré*nbsp;avoir demeuré la deux ou trois jours, 8c n'a'nbsp;yact plus rien k manger dans ce lieu defcrt gt;nbsp;les deux camarades de la Chiourme de nótr*nbsp;Comité delibererent fur les moyens de confernbsp;ver leur vie jufqu’i l’arrivée de quelque batt'nbsp;ntentf amp; relolurent de tuer celui de l’autreG*'

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. nbsp;nbsp;nbsp;y de TArchipel.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yl

'ffc qui b’étoit iauvé avec eux , pour Ie man-êff- Ils execnterent ce qu’ils avoient projet* **• amp; fe nourrireiik encore quelques jours dunbsp;^prps de ce mifcrable , jufques a ce qu’uanbsp;’ aifleau étranger venant aboraer en ce mêmenbsp;ils s'y embarquercnt, amp; paffercnt a Ve-

Des environs de Safeno nous découvrimes jVlonts Acrocerauniens, appellcz maintenantnbsp;montagnes de la Chimere. Du cóté de lanbsp;quot;Ier ils font peuplez de cinq ou lix Villages ,nbsp;font têtc au Turc, amp; ne veulent pas payernbsp;Caraifch ou tribiu par tête. Le principal denbsp;*-es Villages s’appelle la Chimara, pofte furunenbsp;•'oche efcarpée, oü tout Ie pays fe peut retirernbsp;cas de befoin. De plus , fi on vouloit lesnbsp;jenir prendre par trier, ils fe fauveroient dansnbsp;^Urs montagnes prefque inacceffibles avecleursnbsp;fOüpeaux, öc fi I’on venoit les chercher parnbsp;^^re, il y a des paffages ft étroits, qu’ils défe-oient une armée i coups de pierre. Ils fontnbsp;oiisfoldats, amp; ils fuivcnt la Religion Greque ;nbsp;«ais ils font d’ailleurs fort adroits a dérober ,nbsp;.«rtime les Magnotes , auffi fopt-ils defcendusnbsp;Macedoniens , comme les Magnotes le fontnbsp;Laccdemonieiis , deux peuples égalementnbsp;«lliqueux; ils ont un bon Port appellé Parto-^normo , oü toutefois peu de batimens ofentnbsp;^Oüiücr; car on dit qu'ils vendent les Turesnbsp;Chretiens, amp; les Chrétiens aux Tures. lisnbsp;fotimettent neanmoins pour le fpirituel aunbsp;y«Ropolitain de Janina, qui eft une grandenbsp;a deux journées de la. Nous commen-*’«ies alors de nous voir a 1'entrée de la Gre-g gt; ce qui nous donna autant de joye qU’Enécnbsp;t autrefois de chagrin lorfqu’il pafla en cesnbsp;^artiers-la. Car il confideroit les Grecs com-^ les deftruöeurs dc fonpays; .amp;nous, nous

Icj

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L’tstE ' l’ISLE de CORFOU eft Ia premiere des Ifles confiderables que Ton rencontre a I*nbsp;fortie du Golfe de Venife , amp; qiii appartientnbsp;avec Cephalonie Sc Zante a la Sereniffime Re*nbsp;püblique. Elle s’appelloit anciennement Phtit'nbsp;da, êc depuis on la nomma Corcyra du nol®nbsp;d’une Nymphe qui y batit une Ville. LeSnbsp;Grecs d’apre/ent I’appellent Corfi, ou Cor-fous.

CASSOPO, OU nous abordames premiere;

DF.

lt;dOR-

FOU.


Casso-


po.

7i nbsp;nbsp;nbsp;Voyage de Dalmatte ^

les regardions comtne des gens , aux ancê' tres defquels nous avons obligation des Scien'nbsp;ces Sc des Arts. Nous eumes auffi plus denbsp;bonlieur qu'Ence, car il fut fept ans pour aller depuis Troye aux environs du Tibre, ^nbsp;nous vinmes en deux mois dc Rome k Tro-ye.

ment, dtoit uncdesVillesdecettellIe, conuu® fousle nom de CaJJlope, fameufe par fon Tempi®nbsp;de Jupiter Cafllen, dont nous avons trouvéplu-lleurs medailles. Ce n’ell maintenant qu’un®nbsp;forterefic ruinée, avec une Egltfe dediée ï 1*nbsp;Panaria, c’efl-a-dire, a la Sainte Vicrge , ^nbsp;fervie par des Caloyers ou Religieux CreCS-Elle eft a moitié pleine de marques de Vceu*nbsp;rendus par des Mariniers ou autres perfonne*nbsp;écliapées de Ia mer. On parle la d’un mira'nbsp;cle, dont nous voulümes voir l’efFet. II y *nbsp;une Image de la Sainte ViergepeintealaGreC'nbsp;que, fur une plaque de pierre enchalTée daD*nbsp;une Chapelle. Les voyageurs qui fouhaiten*nbsp;defijavoir fi quelqu’un de leurs parens eft mort»nbsp;appliquent a cette Image un fol de cuivre d®nbsp;Corfou OU de Dalmatte; Sc fi celui qu’ilspeO'nbsp;fent eft vivant, Ie fol s’attache; s’il eft mort»nbsp;il tombe. J’y vids plufieurs de ces fols qui inbsp;tenoient encore, bien qu’il n’y ait rien defo*' Jnbsp;fiblc qui paioiffe les pouvoirarrêter. J’cn vo^ '

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. nbsp;nbsp;nbsp;ïi? de rArchipel.

WIS appliquer, fans penfer neanmoins a rien , peur de faire mourir quelqu’un de mes pa-II y en eut qui tomberent, amp; d’autresnbsp;Sui s’attaclierent, amp;je crus queceux qui étoientnbsp;öinbex n'étoient pas bien plats. JVJais jen’en-J^sprens pas de donncr la railbn comme celanbsp;ƒ peut faire , ne voulant pas m’ingerer de ju-8er fi c’cft par une vertu naturelle, ouparquel-^we cliofe de furnaturel amp; de divin. Le len-^^wiain nous fimes en peu de temps les dotizcnbsp;w'illes qui nous rcfloient pour arriver a la vil-? Qe Corfou, d’oüjnfqu'a Venife on comptcnbsp;cens milles d’Italie.

Corfou eft, la plus importante Place Cob.' la Rcpublique de Venife polï'ede pourpQy.nbsp;en bride toute la mer Adriatique , 8cnbsp;Clt pourquoi ils y tiennent toüjours une ar-de quinze ou feize Galcres , quelqucsnbsp;p^'Heaux 8c quelques Galeaces. II y a deuxnbsp;orterefles, dont la vieille eft fur deux poin-^ de rochers efcarpez tout autour , avcc denbsp;Baftions au bas. La nouvelle de l’autrenbsp;_ de la Ville n’eft pas de cette force , quoinbsp;j^‘on n’y ait rien épargné; car elle ell com-^andée par une colline voifine appellee le Mont-Un Provediteur voyant cc détaur,

°wlqit enfermer ce Tertre dans 1’enclos des Ijj^failles. Je ne vous dirai pas fi dies fontnbsp;fournies d’artillerie, parceque nous nefu-ijiff pintót arrivez , qu'on fit dcfenfe d’ynbsp;entrer perfonnc, principalementdesAn-Poi^ ^ Franqois. C’eft qu’on nous pritnbsp;ton Ingenieurs, paree que l’un de nótrcnbsp;Ij quot;^Pagnie avoit des inftrumens de Mathema-u ’i ^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;voyoit tous copier dans

ïoni

Ic plan des Places.

D

Le General Priuli qui

tiql-^lwatie, foit inferiptions, foitMafuresan-^ 6c même quelquefois par curiofité era-

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y4- Voyage de Dalmai'ie,

«jui commandoit aux trois Illes, quifont Cor'-foil, Cephalonie amp;Zante, ayantreconnuapré« setre mformé de iachofc, quecen’étoitqu'u'nbsp;ne fimple curiofité, nous donna a M. Whelcfnbsp;amp; a moi la peimiffion de nous embarquer fuinbsp;les VailTeaux de la Republiquc , pour Conftan'nbsp;tinople; car nótre Galepe n’alla pas plu«nbsp;ioin.

L’Eglife Metropolitaine des Grecs elt afleï jaelle , amp; ornée de riches lampcs d'argent , SCnbsp;d’une d’or, pour laqueile un Gentil-homniedenbsp;Corfou nommé Nicolas Politi ordonna par founbsp;teftament cinq mille Zequins de Venife. On inbsp;conferve Ie corps de S. Spiridion Evêque d®nbsp;Corfou, a qu' 1’Hglife eil dedice. Les habi'nbsp;tans difent qu’on a plufieurs foistentédele pof'nbsp;ter a Venife, mais que Ie Saint atoüjours mon'nbsp;tré par les obftacles qu’il a fait naitre, que eet'nbsp;te tranflation ne lui plailbit pas. Son corpsennbsp;tout entier, a la referve d'un bras qui eft *nbsp;Rome. Tous ceux qui Tont vu , difent qu®nbsp;quand on preffe fa chair a vee Ie doigt , ell®nbsp;plie; amp; retourne en fon premier état comm®nbsp;i une perfonne vivante. Les Grecs n’ont pointnbsp;Ia d'Evêque, mais feulement un Protopapa lt;nbsp;c’eft a-dire premier Prêtre. Celui qui l'eftprc'nbsp;fenteraent eft de la maifon ^tBulgari. 11 non*nbsp;chargea d’un prefent pour lePatriarchedeCon'nbsp;ftantinople, amp; c’étoit l'Oftice de S. Spiriditii*nbsp;avec un abregé de fa vie en Grec literal. L*nbsp;frere de ce premier Prêtre , nommé Nicol^*nbsp;Bulgari eft Doéleur en Medccinc, amp; tres'f?*'nbsp;vant auffi en Theologie amp; dansla LangueGrS'nbsp;que. II y a dans Corfou une Academie de bC‘'nbsp;les Lettres, dont il faitmembre, auffibienq»*nbsp;Meffieurs les Doéteurs Jufiimani iy Lupina, ^nbsp;Monfieur Ie Chevalier Marmora, qui a échnbsp;en Italien 1‘H'iftoire dt ce pays-la. H nous n

VP»

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Ö” de VAnhipel^ nbsp;nbsp;nbsp;7f

n y a pas un liecle que la Ville de Corfou j utoit autre chofe que la vieille Forterefte öcnbsp;5 Paux-bourg óeCaJirati, qui eft affex grand,nbsp;p oü nous trouvames quelques Infcriptions antiques. Au bout du Faux-bourg eft l’Eglife denbsp;, c’eft-a-dire, de tous les Saiats, dontnbsp;^dus allames faluër Ie Papa , ou Ie premiernbsp;yetrc. 11 eft Hiemnonachos, ou Moine facré,nbsp;®®PPelle Arfenio Caluti. C’eft un hommcf;a-ant en Theologie, ftc dans Ie Grec literal, ünbsp;,i‘ auffi habile Predicateur, amp; a étudié a Pa-^de. Il nous fit voir parmi fesLivresquelquesnbsp;^anufcrits Grecs lort curicux, cntre autres unnbsp;dd Saint Jean Datnafcene, qui ne fe trouvenbsp;imptimé, amp; qui eft intitule Paliloï; c’eftnbsp;diiime un abregé de fes oeuvres, 8c im Com-mentaire éePtocheprodromus fur les Hymnes denbsp;^SUfe Greque. Son Eglife eft batie en croixnbsp;D inbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Grc^

fon Cabinet de medailles, qui eft prefque corapoie de medailles dupaysgravées dansnbsp;Ion Livre. H nous fit voir auffi des deffeinsnbsp;Poür 1’augmenter; amp; il ne fe contenta pas denbsp;*ious avoir regalé de cetie vue, il nous envoyanbsp;ün prefent d’une corbeille des meilleures figuesnbsp;du monde , qu’on appelle Fracaffanes. Elksnbsp;comme un fuc glacé au dedans , qui faitnbsp;des merveilles conlre les chaleurs du mois denbsp;ds Juillet. Monfieur Spiridiou Auloniti Nabi-a auffi un petit Cabinet de medailles. G’eilnbsp;dn jeune homrae de qui noiK receüraes beau-de civilitex, amp; qui eüt la booté de irousnbsp;*9ire voir tout ce qu’il y ade plus curicux dansnbsp;^ pays. Monfieur Ie Dodeur Capello , quoinbsp;aflex jeune, eft tres-f^avant dans Ia Jurisprudence, amp; dans les belles Lettres; amp;ilnousnbsp;dit qu'ij compofoit im Didionaire enGrecvul-^^ite, Italien Sc Latin , plus ample que tousnbsp;deiix qui ont paru jufques a cette heure.nbsp;n’y a pas un fiecle que la Ville de C

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•jfi Voyage de Dahnatie,

Grcque avec un petit Dome au milieu, amp; aU deflTus de la porte il y a une infeription dulixic-me OU feptiéme fiecle que Ie Chevalier Marmora a taché de déchifrer dans fon Livre. Ünbsp;nous raena enfuite faire la reverence a un autrenbsp;Caloycr plus vieux que lui, qui eft fon oncle.nbsp;C’cft un venerable vieillard tres-fgavant, qui anbsp;fait imprimer un Diftionaire en quatre Lan*nbsp;gues, Grecancien 8c moderne, Latin 8c Italien-11 s’appelle Jeróme Vlach Candioth de Nation,nbsp;Sa Bibliotheque eft nonibreufe en manuferitsnbsp;anciens de Theologie. II y en a plus de vingtnbsp;qui n’ont jamais été mis fous la prefle entreau*nbsp;tres un Commentaire Grec d’Origene fur l'li-vangile de S. Jean, amp; les Sermons d’Ephrera,nbsp;Son Eglife appellée Panaria de Palxopoli dontnbsp;il eft Abbé, eft tres-ancienne, 8c l’Infcriptionnbsp;Grequé que nous y iümes fur Ie grand Portailnbsp;nous apprend que c’eft 1’Empereur Jovien quinbsp;la fit batir; car il fajfoit profeffion de la Reli'nbsp;gion Chrétienne. Ce noni de Palseopoli qu*nbsp;eft reflé a ce quartier-la , ne fignifie autre cho-fe que la Ville ancienne: 8c en effet, c’eft Ünbsp;qu’elle fut anciennementbatie. La grande quaii'nbsp;tité de marbre qui s’en tire fait voir que c’é-toit une Ville grande 8c magnifique. Elleétoitnbsp;dans une prefqu’Ille, qui lui failbit auffi donnet Ie nom de Cherfopoli, 8c elle avoit unbeaUnbsp;Fort, oü 1’on void encore 1’endroit de Ia chai'nbsp;ne qui Ie fermoit; roais il n’a plus de fond^nbsp;que pour les petites Barques. 11 y avoit unnbsp;Aqueduc qui pafiToit de la Ville au Port, poofnbsp;fournir les Galeres d’eau, 8c nous en vtmes 1* 'nbsp;fortie. L’Hiftoire de Corfou , dont nous avon^nbsp;fait mention , parle plus au long de cette Vil' )nbsp;Ie , 8c en donne Ie plan. On y trouva il y *nbsp;quelques années une ftatuë de Germanicus qn* 'nbsp;fift eropoi'tée a Venile par Ie Pxovediteur V*'

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de V Archipel. nbsp;nbsp;nbsp;^,

maïs nous vimes rinfcription de fa bale, y découvrit auffi un grand couvert d’unenbsp;Pjïrre de taille, plein d’une prodi^ieufequanti-de medailles de cuivre de plulleurs Empe-^'eurs; mais principalement de la familie de Se-^fe, avec Ie nora des Corcyréens au revers ,nbsp;une Galere pour marqucr leur puilfancema-

De l’autre cóté de Palaeopoli s’étend une Petite plaine fertile arroféede plufieursruiffeauxnbsp;1’on juge avoir été 1’endroit des jardins dunbsp;^°y Alcinoüs fi renommez dans Homcre. Le*nbsp;^?avans appellenr maintenant ce lieu-la Chryfi-8c le peuple Pezatnili, a caufe dequelqucsnbsp;J'doiilins qui y font. Nous nous fouvinnies ennbsp;®Oüs promenant par la de i’avanture de Naufi-j.®*fi!!e de ce Rol, qui s’en allant au bainavecnbsp;filles de (fhambre rencontra Uliffe qui avoitnbsp;porté par la tempête a cette Ifle , commenbsp;le void au long dans l’Odylfée d’Hotnere,nbsp;V® Cabinet du fieur Nigri de Bologne, poffe-üne medaille extremement rare de cette He»nbsp;*^ine. La Ville renferme plus de vingt millenbsp;j gt;ïies, Sc rifle en a environ foixante mille. El-D tres-tertile en vins Sc oliviers , en cedresnbsp;^ limons.

• nbsp;nbsp;nbsp;Nous Icvames l’ancre de Corfou Ie premier

* nbsp;nbsp;nbsp;d’Aouft 1675. avec un vent de Sirocquinbsp;dtoit contraire Nous ne fitnes ce jour

_ le fuivant que loüvoier, 8c n’avan^dmes ? Environ vingt milles. Enfuite le vent fanbsp;pprna , Sc nous viraes en palfant l’Ille de Ce-cpi] , qui elt deux fois plus grande quenbsp;]J^ de Corfou; car elle a environ 140. mil-^j.de tour, 8c l’autre n’en a pas plus de 70.

fertile ,en huile,, vins rouges, mufeats g '•ellens, Sc en raifins de la nature de ceuxnbsp;^ ^ous nommons raifin» de Cprinthe, de-D 3nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quoi

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7^ P^oyage de Dalrmtie i ^uoi elle tire beaucoup d’argent. Le Keu ounbsp;eft la Fortereffe amp; la refidence du Provediteutnbsp;S’appelle Argoftoli. II y a un grand Portferin®nbsp;de toüs cótez , mais les ancres n’y tienncD*nbsp;pas bien. Aux bouches de ce Port il y a uOnbsp;grand Village appellé Luxuri, oü demeuren^nbsp;plufieurs riches marchands de ces raifinsnbsp;Corinthe. Depuis peu de temps il y eut ujifnbsp;guerre civile entre eux, a caufe d’un déméj®nbsp;de deux Families. 11 fe faifoit des partis ^nbsp;cinquante ou foixante qui fe battoient auflgt;nbsp;crueliement que les Turcs fe battent contrei^*nbsp;Chrêtiens. Les Gouverneurs Veniticns n*'nbsp;voient pas alTez de pouvoir pour appaifernbsp;ablFerens; mais aprés qu’ils furent las de leut*nbsp;divilions, ils firent la paix foüs cette conu-'nbsp;tion, qu’une des deux Families ennemies u*nbsp;prendroit jamais la liberté de pafier dansnbsp;quartier de l’autre, fur peine de la vie.nbsp;Levant il y a un autre Port, oü nous donn*lnbsp;mes fond en revenant de Zante a Venifc. *nbsp;s’appelle Pefcarda, amp; n’eft bon que pournbsp;petits bamp;imens. On void la les ruïnes d’u!'nbsp;Bourg, amp; il n’y refte maintenant autre cbo‘®nbsp;qu’une Eglife avec quelques Caloyers.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;;

Vis-a-vis de Pefcarda eft 1’lfle óeThiaki, ‘l'jj n’en eft feparée que par un trajet de trois unbsp;quatre milles, ce qui la fait nommer parqu^.”nbsp;ques-uns la petite Cephalonie. La confoidquot;'nbsp;té de nom fait qu’on la prend pour 1’Ifle d’Itl}*quot;nbsp;que une des principaks du Royaume d’Uliö^Jnbsp;amp; les Cartes de Sophian amp; de Samfon lanbsp;cent en eet endroit. Mais ils peuventnbsp;trompez; car Strabon pariant de l’Ifle d’ftb*nbsp;que lui donne 8o. ftades de tour, quinbsp;10. milles d'Italie; 8c cette Ifle en a pour'jjnbsp;moins le double. Ainli je crois qu'Ithaquenbsp;tin autre écueil éloigné de fept ou huit

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(3 de PJrchipeh nbsp;nbsp;nbsp;jg

U , appellé encore gt; 9*11 Henplnsf Petit que cette Ifle. I’our celle-cy , je croisnbsp;^e c’eft rifle de DuUchium, parcequ’elle a aanbsp;;^evant un grand Port avec les mafurcs d'uhenbsp;* il'e appellee encore a prcfent Dolicha, com-^e Strabon a remarqué qu’elles s’appelloit denbsp;'®nteras; ce qui meparoitaflezconvainquant.nbsp;I’eanmoins il femble que Strabon eft du cóténbsp;^ ceux qui prennent Thiaki pour Ithaca,nbsp;^ lui-même peut-êtrc ignoroit la veritablenbsp;quot;tuation de ces Ifles , parceque les noras ennbsp;'toient déja changez; car du relle fi nous re-ttourons a ce qu’en dit Homere, il ue femblenbsp;Pas que Dulichium foit une des Ifles Echina-^es, comme les Geographes qui font veaus a-Ptés lui ont penfé; amp; quoi qu’il en foit, c’efl:nbsp;^tie queftion- aflcz difficile a décider. Deuxnbsp;^aiffeauxAnglois vont tousles ans charger dansnbsp;j®Port del’Ifie de Thiaki de ce raifin de Co-htthe dont j’ay fait mention, 8c qui eft cultiVénbsp;P*r les habitans de l’Ifle, qui font reduits ennbsp;tout a trois Villages appellez Onai, Vatht 8enbsp;V't. On y voit dans un bois une mafuredenbsp;.joux Chateau, que les Infulaires difent êtrenbsp;jOn Palais d'Ulylfe, Pour ce qui eft de Tlflenbsp;^ Ithaco elle eft deferte, 8c ceux de Thiaki ynbsp;] Out de temps en temps pour la cultiver. L’If-jO de Cephalonie au fiecle d’Homere portoitnbsp;^tiotn de Samos, Scavoit uneVille du mêmcnbsp;, qui ne devoit pas être loin du Port denbsp;'icarda, dont nous ayons parlé. C’étoit lanbsp;ptts grande Ifle des Eftats d’UliiTe, 8c je m c-jOUne que Strabon ne lui donne que 300. ftadesnbsp;® tour, qui nefont que 3.?. milles, 8c Plincnbsp;o 4^ milles, quoi qu'elle en ait plus de fix-Q St. Mais je ne m’étonne pas des fautcs desnbsp;oographes anciens , puifque les modernes,nbsp;m outre la Geographic antique ont les rela-D 4nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tions

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Sain-

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jVIau-

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Po Voyage de Dalmat ie ^ tions de nötre temps , s’écartent fi grofliefe-ment en beaucoup d’endroits de ces païs-la. ^nbsp;Puifque nous fommesdans leRoyaume d ü-lifle , ne Ie quittons pas fi-tót , amp; parlons unnbsp;pen de 1’Ifle de Sainte Maure. Cette Ifle s’ap-pe'lloit anciennement Leucas, öcles Grecs mo-dernes 1’appellcnt toüjours Ltucadia ; car i!snbsp;n’appelleiit propreracnt Sainte Manre que lanbsp;Fortereffe , ou il y avoit du temps des Veni-tiens un Convent de ce norn. En revenant anbsp;Venire, nous fumes obligez a caufe du inau-vaistempsderclacher a uu Portdecette Ifle ap-pelle Climeno , qui eft le meiileur de tons gt;nbsp;ayant bon fonds amp; bonne tenue. De la il nousnbsp;prit en^ie d’aller voir la Fortercfle , amp; nousnbsp;primes un Monoxylon pour nous y mener.nbsp;Isous voguames quatre ou cinq heitres pour ƒnbsp;arriver, dans le détroit qui la fepare de terrc-ferme. Strabon dit qu’eilcy a été autrefois at'nbsp;tachee , amp; quc Ton creufa ce détroit pournbsp;feparer ; ce qui fe peup aifément croire ; carnbsp;au plus dtroit al n’y a .gucre plus de yo. pas denbsp;trajet , 8c prefque par tout feulement trois ounbsp;quatre pieds d’eau. C’eft en cet endroit leplu’nbsp;etroit qu’etoit la Ville de Leucade fur une équot;nbsp;niinence a un mille de la mer , de quoi I’onnbsp;voit encore quelques mafures, 8c le Port étoitnbsp;prefque tout je canal aux endroits qui avoieiii^nbsp;le plus de fonds. Ortclius 8c Ferrari fe troni'nbsp;pent , quand ils croyent comme les autre*nbsp;Geographes que Sainte Maure (bit encore dau*nbsp;la même place que cette Ville. Ils n’ont pa*nbsp;été fur les lieux, 8c Sainte Maure eft trois mil'nbsp;les au dela , dans le milieu du canal, qui ell eHnbsp;cet cndroit-la large .d'une lieue. La Forterel'nbsp;fe eft bonne, amp; flanquée de quelques Baflion*nbsp;ronds fur une terre fort bafle ; 8c ce quinbsp;tend de quelque conlideration , e’eft qu’on n V

peUk

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6? de V Archipel. nbsp;nbsp;nbsp;8 i

peut aller ni par terre , ni par mer, fi ce n’elt dans ces Monoxyla ou petits bateaux , qui nenbsp;pvennent pas plus d'un pied d’eau, Elle ell:nbsp;leparée par une Foffe de trente ou quarantenbsp;picds de large de deujt autres petites Ifles dansnbsp;Ie marais, qui font comine les faux-bourgs denbsp;de la Fortereffe , oii font plulieurs habitansnbsp;Tures öc Grecs. Leurs maifons ne font quenbsp;de bois, amp; fort bafies , mais en revanche ilsnbsp;font bien vètus. Auffi font-ils grands Corfairesnbsp;for cette mer , amp; Ie Bacha de la Morée y é-toit venu cette année la exprès pour brulernbsp;Jeurs petites Galeres. Uiirag Bey faineux Cor-faire de Lepante en avoit lept ou buit denbsp;^Jainte Maure qu’il comniandoit. Nous laifTa-mes nótre petit bateau en terre , pour y paiïernbsp;fnr une Aqueduc long d'un mille , qui fertnbsp;3u(fi de Pont pour les gens de pied, bien qu’ilnbsp;h’ait guere que trois pieds de large , amp; fans au*nbsp;oun appuy. Quelque alTuré qu’on puiffeêtre,nbsp;on tremble quand on rencontre quelqu'un quinbsp;'''ient du lieu oü 1’on va , car c’ell tout ce quenbsp;Peuvent faire deux hommes que d’y pafTcr denbsp;ftont. II y a plus de cinq ou fix mille amesnbsp;dans la Citadelle, OU dans ces Fauxbourgs ,nbsp;h’ais nous y aurions fait mauvaife cherefansdunbsp;Poilfon que nous y avions porté; car nous n’ynbsp;*fouvames que du pain mal fait 8c de mechantnbsp;'in, avec de ebetif Iromage. I! y a dansl’lflenbsp;environ trente Villages habitez de pauvres Grecsnbsp;qui pêchent 8c cultivent la terre, 8c qui ont unnbsp;Evêque, dont les revenus font appareroraentnbsp;tres-mediocres, L’Ifle eft aflez fertile en grains ,nbsp;eitrons, oranges , amandes, Sep^uragespournbsp;bêtail, 8c elle a douze a quinze lieuës denbsp;|our. La Fottereffe de Sainte Maure n’eft é*nbsp;•oignée que de douze milks de 1'entrée dunbsp;fiolfe d’Ambracie, appellé maiatenant golfe de

D s nbsp;nbsp;nbsp;•tquot;’:'

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Woja^ de Dalmatie,

Larta, proche duquel étoit autrefois la celebre villed’Aélium, fameufepar la bataille d’Augultenbsp;contre Marc-Antoine ; mais a prefent on nenbsp;parle plus de cette Ville. Ne voulant pas allernbsp;jufques-la, nous nous informames des particu-iai'itez de ce Golfc , d’un habile homme dcnbsp;Larta. Nous flumes de lui, que Larta ouArtanbsp;n’étoit pas Ambracia, comme nos Geographesnbsp;nous Ie veulent perfuader. Car la Ville d’Am-liracie qui donnoit Ie nom au Golfe eft a plusnbsp;d’une journée dc la, 8c s’appelle encore parnbsp;les gens du pays Ambrakia, bien quecene foitnbsp;qu’un Village a un mille de la mer, juftementnbsp;au milieu du fond de ce Golfe. 11 y a unnbsp;Chan a fon Port, qui fert de Magafin pour lesnbsp;jnarchandifes que 1’on y decharge. Pour lanbsp;ville d’Arta, elle eft a la main gauche, é*nbsp;loignée dequinze milles de la mer fur une riviere , qui eft appareinment l’Acheron des Anciens , Sc qui fe dégorge felon Pline dans Ienbsp;golfe d'Ambracie. Vturo-pptami eft Ie noiBnbsp;moderne d’une autre riviere qu’on trouve ennbsp;approchant d’Ambracie , amp; fans doute c’eftnbsp;1’Arachthus d’autre-fois, quoiqu’il nepalfa pasnbsp;li prés du village d’Ambrakia, mais apparem-ment la Ville s’étendoit alors jufques-la.

L’entrée du Golfe n’a pas plus d’une demi-lieuë de large, bien qu’il ait plus de 15, lieuës de tour. Sur la gauche on void unefortereflenbsp;des Turcs un peu moins habitée que Saintenbsp;Maure. On l’appelle PreventM , 8c c’étoit I»nbsp;fituation de l’ancienne Nicopolis bStie par Au-gufte en memoirc de fa viétoire contre Marc-Antoine. II y a dans Arta fept a huit millenbsp;habitans,. Ie nombre des Grecs furpaflant denbsp;beaucqup celui des Turcs Le fleur Manno-Man-ntn riche raarchand de cette Ville-la me ditnbsp;quel’Esliie Metiopolitaine appcUée EvtmgtHJlrar

c’efl'

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6? de VArchipel. nbsp;nbsp;nbsp;Sj

C‘eft-Ji-dire ïAnnondade, eft un grand corps dc oatiment, qui a autanc de portes amp; de fenê-Ues qu’il y a de jours dans l’année, amp; qui eftnbsp;joütenu de plus de deux cent colonnes de mar-II ajoüta qu'une Infcription qu’on y litnbsp;fur Ic grand Portail fait foy qu’elle a été batienbsp;pat Michel Duca Comnene. Cette Ville 6c ienbsp;pays d'alentour negotient en tabac, boutar-gues amp; fourrures, dont il fe fait grand com-nierce.

L’Archevêque ou Metropolitain d'Arta fai-foit autrefois fa refldence a Lepante, qu’il a ftuitée a caufe qu’il y a peu de Chretiens. IInbsp;avoit huit Suffragans , mais 1’Empereutnbsp;Juan Paleologue partagea en deux 1’Arche-yefché d’Arta pour eriger celui de Jmim.nbsp;f-cs quatre Evêchez qui relevcnt d’Arta fontnbsp;^ogous petite Ville a dix milles de Pre-quot;''entza , oü l’Archevêque commande aufli.nbsp;^oij/za Ville avec Chateau de l’autre cóté dunbsp;polfe. A'euj en terre-ferrae, aifei grande Vü-a deux journées d’Arta. Acheloo» qui tirenbsp;fpn nom de la riviere d’Acheloüs. L’Evêquenbsp;“G cette derniere Ville fait fa refidence \ An-gclo-Caftro, amp; commande de plus Zapandi,.nbsp;^effalongi amp; Anatolico.

. Janma eft une Ville plus grande qu’Aita ¦uabitée de riches marchands Grecs. Son Me-hopolitain a foüs lui ces quatre Evêcheif^r-pfo-CaPro Ville de mediocre grandeur; Del-qui n’eft qu’une bicoque: Sutrinto, foüsnbsp;^quel font les Villages de la Chimere; Gly-gt; qui prend fon nom d’uoe riviere appel-|ee Glyki, amp;c ce dernier Diocéfe s’étend depuisnbsp;^aramythia jufqü’a Parga fovtereffe des Veni-'*Gns, au bord de la mer.

^ais il ne faut pas oubÜer d’expliquer ce c'eft que cejnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dont i’ay parlé. Ce

Dó nbsp;nbsp;nbsp;font

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84 Voyage de Dalmatte ,

font de petits bateaux faits d’un tronc d’arbrc creufé, longs de 15. a 10. pieds fur un pied 6Cnbsp;demy de largeur, amp; prefque autant de hauteur. On s’en fert a Anatolico, a Meffalongi

a SainteMaure, la mer étant fort bafle dans ces quartiers-la, amp; s’ils prenoicnt plus d’unnbsp;pied d'eau, on courroit rifque de demeurernbsp;Jouvent a fee. Le nom que l’on donne a cesnbsp;bateaux expriir.e bien 1’étofFe amp; la inanierenbsp;dont ils font batis; car Monoxylon 1 en Grecnbsp;Teut dire qu'ils lont faits d’une feule piece denbsp;bois. On s’affit fur le fonds, amp; on les conrnbsp;duit avec de petites rames, amp; même quelque-fois a la' voile. Jamais je ne fus plus furpris,nbsp;que de voir au plus étroit du trajet traverfetnbsp;tleux chevaux dans un de ces Monoxylon gt;nbsp;car pour peu qu’ils fe fullent remuez tout futnbsp;renverfé dans I’eau. Les Etolicns avoient lanbsp;reputation de gens broiiillons Sc méchans, Stnbsp;les Turcs de Sainte Maure ont herité de leursnbsp;qualitez auffi bien que de leur pays.

Pour reprendre nótre route, vous f^aureï que nous arrivames a Zante le 4. d’Aouft»nbsp;Sc que nous y demeurames trois ou quatrenbsp;jours.

’Zaste. ZANTEaété autrefois appelTée parBcf-terusl’lüe d’or , mais elle meriteroit encore mieux ce titre a prefent qu’elle a trouvé le fcquot;nbsp;cret de planter des vignes qui produrfent de

1’or

1

Ct nom de MonoxyJa n efi pas inconnu ^ Hefychius, qui dit que les Cypriots appelloiefJnbsp;. au0 ces bateaux aè'pva: atparemment a caujtnbsp;quilt étoient creufez, d’un chine, que les Greetnbsp;rtemment i'pos. Veicy les paroles de eet Autheur. fnbsp;K^.pvUy TcXotunbsp;nbsp;nbsp;nbsp;KÓTcaiot. Et dant l hty

toire d'Uelhdore il y eji aujfi far Ié de ces Merti' oe'xLh.

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Ö* de rArchipel nbsp;nbsp;nbsp;8 ƒ

^or en produifant Ie raifin qu’on appelle dc ^orinihe, bien qu'il n’en vienne point main-tenant a Corinthe ni aux environs. II eft vrainbsp;lt;lu'il y en avoir autrefois, amp; puifqu’ils en portent Ie nom, il y a bien de l’apparence quenbsp;plan eft venu de la. Je m’en informal par-tjculicrement lorfqiie je fus a Corinthe, amp;nbsp;l’on me dit qu’il n'y a pas long-temps qu'oiinbsp;en recueilloit encore un pcu a Vafilica, quinbsp;eft l’ancienne Sicyon éloignée feukment denbsp;Corinthe de fix a fept milks; mais que com-tj-e on n’en trouvpit pas Ie debit chez lesnbsp;Tiircs, on ks a negligez. Pour quitter un peunbsp;^Antiquité; amp; délafler vötrc efprit en vousnbsp;Parlant de chofes moins ferieufes, je vous fe»nbsp;tai 1‘hiftoire entiere de ces raifins de Cotin-tfte, qui s’accommodent affez bien avec tourenbsp;fttrte de ragouts, une bagatelleréjoüiflantquel-^'lefois plus nótre eftomac qu’une viande tropnbsp;^ourriflante. Je vous dirai done; depuis quenbsp;Chrêtiens ont été dépoffedez de la Grece ,nbsp;^ que k Turc a bati deux Chateaux auxbou-^ftes du golfe de Lepante, il ne permet pas hnbsp;t]os batimens d’y entrer, de peur de quelquenbsp;furprife, amp; que fous pretexte de venir char-S^r la des raifins de Corinthe, les Corfaires denbsp;^althe ne leur fafifent infulte. On fait venirnbsp;t^eanmoins de ces raifins dans k goPfe a Lepante même amp; I Voftitfa, maïs on les portenbsp;* Patras, oü il en croit auffi; quand on les.nbsp;^^ut charger, amp; ces trois lieux en peuventnbsp;‘Ournir la charge d’un Vaifleau mediocre. Vis-*'Vis de Patras dans k pays des anciens Eto-tiens il y a un Village nomnié Anaiolico, batinbsp;^pmme Venifc dans un marais, amp; pcuplénbsp;environ deux cent feux. Ses habitans y cul-t'vent dans la terre-ferme du voifinage Ie rai-de Corinthe qui y reüiTit merveilleufement.

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85 Voyage de Dalmatte,

II eft beau amp; bon, amp; deux fois plus gros que celui de Zantc. Ils en peuvent charger aveCnbsp;ceux du village de Meffalongi un grand Vaif-feau. Nous y fumes dans Ie temps qu’im inar-chand Anglois y avoit mené fon batimentpournbsp;Ie charger de cette raarchandife; 8c je vousnbsp;dirai en paflant, que les Anglois confumentnbsp;plus de ce raifin dans leurs ragouts, que ninbsp;l’Allemagne ni la France enfemble. C’étoitnbsp;un plaifir de voir une flote de Monoxyla ap-poiter chacun cinq ou lix facs de raifin aunbsp;Vaifleau; mais dès que Ie vent commence anbsp;fe renforcer on void en un inftanr ces petitsnbsp;bateaux fe difliper comme un eflain d'abeilles,nbsp;car ils n’oferoicnt pas fe joüer comme nos fe-louques avec les raoindres vagues. Ce mar-chand Anglois ne payoit point dc Doüanenbsp;pour la fortie de ces raifins, mais d'ailleurs ftnbsp;lui falloit faire un prefent de mille ecus aunbsp;Vayvode ou Fermier d’Anatolicö, amp; nonob-ftant cela il ne laifloit pas d’y trouver mieuxnbsp;fon compte qu’avec la Doüane de Zante quinbsp;cft de dix ecus par millier. Cephalonie qui eftnbsp;une grande Ifle en fait avec Thiaki la chargenbsp;dc fept a buit Vaiflfeaux, amp; Zante environ lanbsp;moitié. Ses vignes font dans une tres-bellenbsp;plaine de douze milks de long 8c de quatre ounbsp;cinq de large, ü I’abry des montagnes qUJnbsp;bordent les rivages de l'Ifle; de forte que Ienbsp;Soleil raflemblant fes rayons dans ce fonds JTnbsp;fait parfaitement meurir les raifins de Corin-the, Ic raifin mufcat 8c Ie raifin ordinaire, don*nbsp;1’on fait du vin tres-fort. Qui croiroit qu’unenbsp;place fi mediocre , oü il y a d’ailleurs quanti'nbsp;té d’oliviers 6c de jardinages, produife quatrenbsp;a cinq millions pcfant de ce feul raifin, 8c diXnbsp;mille grandes tonnelées de vin pour l’ufagedeïnbsp;habitans. La Doüane de I’un amp; de l’autre pof'

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Ö* de VArchipel. nbsp;nbsp;nbsp;St*

quarante mille écus par an dans les cofFrer du Doge, amp; Zante amp; Cefalonie enfemblcnbsp;^unt mille. Le millier pefant revient a ceuxnbsp;'lui l’achetent environ 14. écus quoyque Ienbsp;Pferaier achat ne foic que de dix écus, maisnbsp;d y a de gros droits. On vendange ces rai-uns de Corinthe un peu plütot que les aiitres,nbsp;^ l'on en fait des couches fur la terre, qn’onnbsp;«ifie fecher pendant huit ou neuf jours. S’ilnbsp;tomboit de la pluye, tout feroit en dangernbsp;d etre gaté , mais elk y eft affeï, rare. On lesnbsp;ktre enfuite dans des Magafms, amp; quand onnbsp;veut charger fur les Vaiffeaux, on les metnbsp;dans des tonneaux, amp; des hommes les preflentnbsp;®vec les pieds afin qu’ils fe confcrvent mieux,nbsp;^ qu’ils n’occupent pas tant de place. On ennbsp;^it quelquefois du vin par curiofité, mais ilnbsp;trop violent , amp; il peut pafler pour detres-ponne eau-de-vie. Ce raifin frais eft excellentnbsp;* manger, amp; nous le trouvames de tres-bonnbsp;Suftt, de même que les melons de Zante, quinbsp;cedent point a ceux d’Efpagne, amp; ceuxnbsp;P'ii ont la chair blanche amp; mufquée font lesnbsp;^cilleurs. On a auffi dans cette Ifle les plusnbsp;dplles pêches que l’on puifle voit; elles pefentnbsp;d ordinaire huit a dix onces , amp; quelques-dues vont jufques ï quinze 8e a feize. Lanbsp;duair en eft ferme comme celle ce nos auber-I] n’y manque pas auffi de concombrcsnbsp;de figues excellentes, amp; il s’y trouve denbsp;.uuile en abondance 8e d'une grande bonté.nbsp;^^ golfe de Lepante lui fournit de tres-bon-|r*m, 8c la Morée de tres-bon bétail. Enfinnbsp;. un Paradis teneftre, oü routes chofes a-ondent, hormis le bois qui y eft cher, biennbsp;jjd autrefois l’Ifle fut pleine de Forefts, ce quinbsp;j,d'fit donner le fur nom de Sy/wyii par Home-d dï par Virgile. Eüe a environ 50. milks

de

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8S nbsp;nbsp;nbsp;Voyage de Dalmaüe,

de tour, amp; l’on y comptc juiques a 50. Villa'* ges. Si vous êtes curieux de f^avoir les noiusnbsp;d'iine partie, les void comme je les ay piinbsp;apprendre , 8c felon Fortfre de 1'Alphabet;nbsp;AiUo, Amfelo Banato, Belouji, Braka , Cagh'nbsp;fado , Catajidri, Ch'tliomeno, Couchiéji , Coarynbsp;coulidi, S. Dimitry, Faghid, Fioliti', Gahdntinbsp;Galdro, Jeri, Jeracarió, Keri , S. Kiricó , K0‘nbsp;miri, Lagofédt, Langaddchia, Lithachid, LU'nbsp;kd , Mekerddo, Maredis, Mufdki, OrthonidHinbsp;Oxochéra , Pigaddchia , Pijfinounda , Plemonti'nbsp;rió, Sarachindda , Schoulichddo, Tragdki, Volt'nbsp;ma.

La Ville porte k nora de Zante en Italien» Sc en Grec elle s’appelle Zacyntkos auffi bieönbsp;que toute l'lfle. Llle peut contcnir viiigt »nbsp;vingt-cinq mille ames , quoi qu'elle ne fo)tnbsp;pas murée, mais elle a fur tine éminence unenbsp;Forterefle afléz bien munie de canons.nbsp;maifons font baffes a caufe des trernblemens d«nbsp;terre qui y font frequens, ne fe paffantnbsp;d’annécs qu'il n’y en ait, mais qui ne font pa*nbsp;de grans dom mages. La langue I talienne fnbsp;eft prefque auffi commune que la Greque. H /nbsp;a toutefois tres-peu de geos du rit Latin gt;nbsp;quoy qu’auffi-bien que les Grecs» ils ayent u”,nbsp;Evêque qu’on leur envoye de Venife. CeU'*nbsp;des Grecs commdnde auffi Cefalonie, 8c s ƒnbsp;tient Ie plus fouvent. Au deffiis de la ViH®nbsp;en allant a la FortereiTc, il y a une Eglife arnbsp;pellée S. Helie, oü felon que quelques-upsnbsp;ont écrit, on avoit trouvé Ie tombcau de Q'nbsp;ceron ëc de Tertia-Antonia fa femme; ma'*nbsp;je n’y remarquay autre chofe qu’un fond d'L’t'nbsp;ne de porphyre, 8c je ne pus apprendre aucü'nbsp;ne nouvelle du refte, n’y ayant pas la desnbsp;fonnes curieufes comme a Corfou. PendaHnbsp;Ie fejour que nous y fimes, on nous ni^”

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Ö* de It Archipel. nbsp;nbsp;nbsp;Sp

voir un endroit de l’lfie, oü la terre tremble foüs les pieds, Le myftcre canlifte en iinenbsp;fontainede poix qui fort des entraillesde later-fe avec une belle eau claire. La poix demeiirenbsp;ïi.u fond par fa pefanteur, mais quand on ennbsp;il en lombe toüjours fur la terre, avecnbsp;Isquelle il fe fait comme une croüte, le def-foiis fe creufant par 1’eau de la fontaine. Denbsp;fiianierc que quand on marche delTouson fentnbsp;tranler cette terre, comme quand on va furnbsp;f'ne planche qui n’eft pas forte. Ils ont la furnbsp;Cc fujet une plaifanté imagination. C’eftqu’ilsnbsp;croyent qu’en fautant un peu fort en eet en-Cfoit, on excite des tremblcmens de terrenbsp;jJans i’Ifle. lis j’aujoütent qu’enfuite destrem-ulemens il fort toujours plus de poix, 8c furnbsp;fout pendant que le vent de Sud-Oiieft foufle.nbsp;On tire routes les années environ too barilsnbsp;cette poix , 8c elle ell três-bonne a calfeu-frer les Vaifleaux melde avec du goudran. Lanbsp;fontaine eft a ico. pas de la mer, 8c vis-a-visnbsp;eft un éceuil appellé Marathonift, c'eft-a-direnbsp;Ifle de fenoüil, paree qu’il y croit beauGOUpnbsp;öe fenoüil fauvage. Nous y allames faire unnbsp;grand repas du poiifon qui prête fon ventrenbsp;Pour faire la bourtargue, 8c ce fut cliez deuxnbsp;Oaloyers qui s’ytiennent pour Ie fervice d'unenbsp;petite Eglife. L’Autheur d’Athenes anciennenbsp;^ moderne, s’dtonne que les Anciens avoientnbsp;*3onné le nom d’Ifle au petit éceuil de Peeno.nbsp;Oelui-ci oü nous mangeames eft encore plusnbsp;petit, 8c il n’y a pas dequoi être furpris qu’onnbsp;*üi donne Ie nom d'lfle,’puifque les Grecs ap-Pelloient aheiennement Ni^os, 8c que ceuxnbsp;”0 ce temps nomment Nici, c’eft-a-dire Ifle,nbsp;foute forte de terre environnée de la mer,nbsp;¦ans que jj petitefle la privé de ce. nom , ft cenbsp;Peft que quelquefois ils fe fervent du diminu--

tif

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po Voyage de Dalmatk^

tif Nifaki, ou Nifopoulo, ne nommant Xera oil éceuil qu’un fimplerocher, ou des fables cou*nbsp;verts d'eau. Et qii’eft-ce qiie la famcufe Iflenbsp;de Delos qu’un éceuil aifez mediocre? 11 ynbsp;avoit a Marathonili une femme qu’on diloitnbsp;être polTedée, amp; qui depuis quatre ans ne vi-voit que de pain amp; d’eau. Mais nous remar-quames que Ie Diable qui la pofledoit n’étoitnbsp;qu’un fot, car il fe difoit être de Padoüe,nbsp;il ne fjavoit pas un mot d’Italien. 11 eft vra!nbsp;que la femme toute ignorante qu’elle étoit gt;nbsp;répondoit prefquc toüjours en vers fur Ienbsp;champ, dans fon Grec vulgaire, mais il eftnbsp;Conftant que la melancolie amp; Ie genie peuvenlnbsp;faire ce prodige.

Avant que de partir nous allames rcndre line Lettre de recomraandation au Signor Dimitry Beninzclos. II eft Aihenien, mais il y a deux ans qu’il eft ï Zante auprés de fa me-le. C’eft un des plus habiles qui foient darisnbsp;h Grece. 11 f^ait le Latin , Ic Grec amp; la Phi-lofophie, amp; de plus il eft Predicateur, biennbsp;qu’il ne foit ni Caloyer, ni Papa. 11 nouinbsp;apprit que Hiero-Monachos Damaskinos étoitnbsp;mort depuis peu a Athenes, dcquoi nous fft-mes fachez aprés avoir vü fon Eloge dans Ienbsp;Livre d’Athenes ancienne amp; moderne. Hnbsp;n’étoit pourtant proprement que Maitre d'E-cole, mais dans un pays oü il n’y a guercquenbsp;des ignorans, il ne faut pas être beaucoup f^a-vant pour y faire quelque bruit. Les Illes quinbsp;font foüs les Venitiens font mieux fournies denbsp;gens de Lettres que la Grece. Le Papa de I’H'nbsp;glife de tous les Saints appellé Papa ¦Ag‘gt;V.*nbsp;pafte pour bon Predicateur. Il nous fit voifnbsp;fa Bibliotheque oii il y a plufieurs manufcritSrnbsp;amp; un entre autres qui n’a jamais été imprfmé,nbsp;oil font contcnuës les Vies de Saints PereS f

Archer

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6? de V Jrchipeï. nbsp;nbsp;nbsp;pi

Archevêqnes, Abbcz amp; Caloyers dc l’Eglifc ^reque.

Nous necontinuamespas nótre voyage com-nous l’avions comraencé, amp; notrc compagnie n’étant jpas de bonne intelligence fe par-jagea en deux a nótrè départ de Zante. Mon-neur W^icler 6c moi primes la refolution de Pouffer jufques a Conftantinople par mer, 5cnbsp;les deux autres voulurent aller en Grece. C’é-toient deax Gentilshommes Anglois, dontl’unnbsp;sappelloit Ie Chevalier Gilles Etfcuart, 6cnbsp;Pautre Mr. Franqols Vernhon Aftronome 6snbsp;“on Mathematicien. Ils allerent droit a A-Ihenes, 8c de la firent Ie tour de la Morée,nbsp;tnais il en coüta la vie au pauvre Chevalier,nbsp;li s’efforgoit de fe tenir a cheval, quoi qu’ilnbsp;fe trouvat incoramodé, pour ne pas deineu-rer dans des lieux oü il auroit été mal-traitc»nbsp;efperant de pouvoir arriver a Athenesr maisnbsp;aprés qu’ils eurent paffé Lepante pour aller 4nbsp;Belphes, il mourut fubitenient fur la raonta-gne de Vitranitza, s’étant fait defcendre denbsp;cheval. On fit faire Ie rapport de fa mort aunbsp;Cady du premier Village, 6c on l’enterra dansnbsp;tine Eglife Greque la plus proche du lieu oünbsp;il expira. Son compagnon pourfuivit fon voyage, 8c fe rendit pour Ia fecondefois a Athe-ties, d’oü il s'embarqua enfuite pour Smyrne;nbsp;tiiais il fut pris par des Corfaires Chrêtiens quinbsp;Ie depoüillerent 6c Ie laiflerent a Milo, pünbsp;lt;iuelques Vaiflcaux Anglois étant arrivez il.nbsp;emprunta de l’argent pour continuer fa route.nbsp;Nqus avons vü depuis une Lettre Angloifeim-Primée qu’il écrivit de Smyrne, ou ily a quel-ques particularitez de ce qu'il a vu dans lanbsp;^fece. De la il pafla a Conftantinople, 6cdenbsp;Conftantinople a Trebizonde par Ie Pont-Eu-

, d’oü il devoir gagncr la Perfe; mais ou

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pi Voyage ie Dalmatic^ .

a appris depuis quit avoit été miieraWernent ¦tué cn cliemin par des gens avec qui il s’étoitnbsp;pris de quirelle. C’étoit nne perfonne tres-fqavante, amp; qui parloit fept ou huit Langües:nbsp;mais il étoit né fous quelque méchante Etoile,nbsp;car il avoir déja été il y a quelqucs tonées,nbsp;pris efclavc par les Corfaires de Tunis, ce quinbsp;ne Tavoit, pas degoüté des voyages de mer.nbsp;VoiU les rifques a quoi s’expolént les voya-geurs, mais Dieu nous a confervé mon cama-rade. amp; moi de toure mauvaife rencontre ,nbsp;quoique nous en ayons eu la peur plus d’unenbsp;fois.

Le Jeudi matin 8. d’Aouft nótre flote fit voile pour Conflantinople. El!e étoit compq-fée de huit Vaiffeaux, cinq de guerre, amp;troisnbsp;marchands. Le Capitan de Nave y étoit ennbsp;perfonne. Celt une grande charge dans l'Etatnbsp;de Venife. 11 avoit ordre d’accompagner unnbsp;Provediteur qu’on envoyoit ^ Tine, amp; d’ef-corter nótre Vaifleau qui portoit les hardes SCnbsp;les prefens du Bayle. Nótre Batimens portoitnbsp;pour enfeigne la Conftance guerriere, amp; étoitnbsp;commandé par le Capitaine Jean Brome denbsp;Paralto ville de l’Albanie Venitienne. C’eftunnbsp;des braves foldats que la Republique ait a fonnbsp;fervice. II fe trouva dans fa jeuneffe au fiegenbsp;de Paralto, qui étoit attaqué par une arraéenbsp;de deux mille Turcs. Eien qu'ils ne fulTentnbsp;que quarante-neuf dans la Place, ils ne lailfe-rent pas de refilter vigoureufement, jufqu'a-ce qu’aprés avoir tué une partie des Turcs,nbsp;amp; avoir mis en defordre leurs bateries, ils fi-rent une fortie fur eux, amp; les chalTerent denbsp;devant leurs murailles. 11 a été en courfe avecnbsp;Un Vailfeau qu'il commandoit , amp; autant qu'itnbsp;elt redo^uté des Turcs il elt aimé des Corfat'nbsp;res Chretiens, qui ie connoilTent tous.

Avec

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Cf? de V Ai'chipel. nbsp;nbsp;nbsp;9'^

A vee une Tramontane fort favorable nous laillanies en peu de temps les Ifles Strophades,nbsp;^'e les Anciens feignoient être Ie refuge desnbsp;Harpyes, dont Ie vifage étoit de femme, amp;nbsp;corps de Vautour. Les Grecs amp; les Ita-‘iens les appellent a prefent StrofadiStriva-“¦ Ce font deux petites Ifles fort bafles, dontnbsp;* plus grande n’a cjue trois ou quatre milksnbsp;ue circuit, mais qui dans fi petit efpace portenbsp;J}ue grande quantité de fruits excellens. Lesnbsp;murces y font fi abomdantes, qu'on ne f^au-^oit prefque planter im baton en terre, qu’ilnbsp;^ y Ibrte de 1’eau. On dit que dans les fon-*aines de cetta Ifle il fe trouve fouvent desnbsp;kuilles de Platane, quoiqu’il n’en croifle pointnbsp;lu, mais feulement dans la Morée, dont ellenbsp;élojgnée a peu prés de trente mill es. C’efl:nbsp;qui fait croire afl'ez vrai-feroblablement quenbsp;*^28 fources viennent de ce pays-la , par desnbsp;J^^naux foüterrains que la nature a formezfoüsnbsp;abimes de la nier. Cela pourroit en qiiel-maniere autorifer la fable d’Arethufe, quinbsp;® ^llant baigner a la riviere d’Alphée fut pour-'uivie du Dien qui préfidoit a cette eau, 8cnbsp;Ie fecours dc Diane fut changée en unenbsp;‘Ontaine qui alia fortir en Sicile, quoi qu’il ynbsp;'•‘t plus de cent milles de trajet de la Morée %nbsp;'ette Ifle.

; Les habitans des Ifles Strophades ne fe ma-*'^ut jamais, car il n’y en a point d’autres ^''e des Caloyers ou Moines Grecs, jufqu’aunbsp;quot;Oinbre de foixante ou quatre-vingt. Leurnbsp;otivent eft bati en maniere de ForterefTe avecnbsp;terraife' au deflus garnie de bons canons,nbsp;j Une Sarrafmefque a leur porte, de la crain-^u’ils ont des Corfaires. Neanmoins onnbsp;, ous dit que même les Tures amp; ceux de Bar-refpeéient ces bons vieillards, 8c qu’ils

n'a*

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i)4 Voyage de Dalmatte^ n’abordent leur Ifle que pour y prendre denbsp;i'eau.

Le Vendredi 9. d’Aouft nous laidames J gauclie les montagnes d'Arcadie amp; l’eceuil denbsp;la Sapience. C’ett une petite Ifle qui s'appel-loitanciennement Sfihitgi* amp; Sapientia, amp; quinbsp;efl: bien connuë aux Corfaires de Barbaric, quinbsp;fe tiennent cachez derriere, pour attendre ennbsp;embufcade les Batimcns qui fortent du Golfenbsp;de Venife, ou qui viennent du cóté de Sicile.nbsp;Nous n’en étions pas trop éloignez quand unnbsp;matelot découvrit de defl'us nótre Hune disnbsp;grands Vaiffeaux a la voile, qui tenoient Ianbsp;même route que nous. Nous tiraines un coupnbsp;de perrier de nótre bord pour avertir le Commandant amp; toute la flote de ce que nous a-vions vu , 6c l’on éleva dix fois la banniere ennbsp;poupc pour leur faire f^avoir 'le nombre desnbsp;Vaifleaux. D’abord le Capitan embroüilla u-ne panic de fes voiles, amp; rebrouifa cheininnbsp;autant que le vent de Maëftro , qui nous étoitnbsp;auparavant favorable, nous lepouvoit permet-tre. Nous fuivimes fes bordées, 6c nous com-men9anies a nous appareiller au combat. Onnbsp;mit toutes les hardes a fond de cale, on char-gea 1’artillerie, on fit des parapets fur la proüenbsp;6c fur la poupe, 8c l’on difpofa tous les fol-dats dans leurs poftes. Bien que l’on fut danSnbsp;l’incenitude fi c'étoit des Corfaires , parcequenbsp;les Algeriens marchent fouvent avec une bon'nbsp;Be Efcadre de Vaifleaux, ou des amis, on nCnbsp;voulut toutefois ricn negliger dans cétte rec'nbsp;centre. II demeurerent plus de trois heures »nbsp;venir a nous, quoi qu’ils fiflent force de toU'nbsp;tes leurs voiles; ce qui nous fit juger apréslc*nbsp;gageures que l’on avoit propofées, que ce n't'nbsp;toit pas des Corfaires dont les Batimens fon’’nbsp;plus legers, mais qu’il faflolt que ccfufTcntde*

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Cs? cle l^JrchipeL nbsp;nbsp;nbsp;py

Vaifleaux marchands Anglois ou Hollandois, II y en eut d’entre nous, qui crürent que c’é-^oic une efcadre de Frangois comniandez parnbsp;Monfieiir de Ia JJertefdie, qui en vouloit a Ianbsp;flote de Hollande pour Smyrne. Mais quar.dnbsp;’Is furent plus prés, on déeouvrit avec unenbsp;Lunete a longue vüë, qu’ils portoient en pou-Pe Ie pavilion rayé de bleu, blanc amp; rouge,nbsp;^ qu’ainfi c’étoient des Hollandois. De fortenbsp;‘lue fout ce grand appareil de combat, fe re-duilit a rien, amp; nous en fümes quittes monnbsp;camarade Sc moi, pour la moitié d’un barrilnbsp;tie nótre vin, que les Matelots prirent la pei-ïte de boire a nótre fanté, tandis que nous é-tions au deffus de la poupe, a confiderer l’or-tlte de nótre Efcadre, amp; Ie tremoulTcment denbsp;^os Canoniers amp; des Officiers du Vaifleau,nbsp;Nótre Capitan portoit Ie pavilion de Saintnbsp;Mare au grand mats, comme grand Admiral;nbsp;ffiais Ruiter Ie fits, qui commandoit- la flotenbsp;ties Hollandois, n’avoitarboré que la dammetje au grand mats, comme liraple Chef d’Efca-^te. Ainü ce fut a lui de venir palTer foüs Ienbsp;''ent de nótre Capitan, Sc de faluer Ie pre-•''ier. Tous les autres palTerent de même, amp;nbsp;öüiis leur rendimes Ic filut; amp; aprés que Ienbsp;Commandant de la flote Hollandoile eut en-'oyé deux Officiers complimenter nótre Ca-Pitan, nous les laiilames pafler devant. lis al-^ient a Smyrne, amp; avoient trois Vaifleauxnbsp;de guerre qui accompagnoient fept Vaifleaurnbsp;quot;larchands. La bonacc regna prefque toutcnbsp;iiuit-Ia, amp; nous ne nous trouvames Ienbsp;‘^ndemaiii que vis-a-vis du Goliè de Coron,nbsp;V.°nrme nous n’étions pas éloignez du Brazxonbsp;dl Mayna, nous prenions plaifir de nous in-'?’'|ner de quelques Magnotes qui étoient ma-‘^®iers Air nótre bord, dc l’état prefent de leur

pay«.

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Voy


mijs de Dahnatic,


Ceri-

0.

pays. I’s nous dirent que depuis qiielqu* temps Ie Ture les avoir obligez par adreffe ^nbsp;conlentir qu'il batift deux Forterefles fur leursnbsp;cores, amp; qu'il n’y avoir que ceux des monra-gnes qui pullenr évirer de lui payer tribur :nbsp;Que ccla avoir éré caufe que quanrité de gensnbsp;avoient abandonné Ie pays, amp; qu’il y en avoirnbsp;plus de deux mille qui s’étoient rerirez dans ianbsp;Poüille, oü Ie Roi d’Efpagne leur avoir aiE-gné quelques rerres. Ils lont li adonnez aunbsp;larrecin, que voyant arriver quelques Vaifleauxnbsp;dans leurs Ports, ils en vant couper les cables,nbsp;ne pouvant voler aurre chofe. Comme dansnbsp;ces fortes de rccirs on prend plaiCr d’encherirnbsp;les uns fur les autres, pour mieux marquer lïnbsp;genie de la Nation, un Officier qui avoit éténbsp;en ces quartiers-l'a nous conta une hiltorierrenbsp;que je vous donne de la maniere que je l’aynbsp;ïeceuë. Quelques Etrangers étoient dans upnbsp;des villages de ces Magnotes, amp; avoient faitnbsp;porter leurs hardes dans Ia maifon d’une bonne vieille qui fe mit un peu aprés a pleurer.nbsp;Les Etrangers furpris de cela s’informerent dnnbsp;fujet qu’elle en avoit; quelqu’un de la corapa*nbsp;gnie répondit pour elle, que voyant des genSnbsp;qui n’étoient pas de fon pays, cela lui faifoirnbsp;fans doute penfer a I’état niiferable oü les Ma*nbsp;gnotes étoient reduits, amp; qu’elle pleuroit leursnbsp;propres miferes. Hé , neiiny, repliqua auffi'nbsp;tót la bonne vieille s’adreflant aux Etrangers gt;nbsp;ce n’eft pas cela qui m’afflige, mais je pleun!nbsp;de ce que mon fils n’eft pas icy pour vous d^'nbsp;rober vos hardes.

Le quatriéme jour de nótre depart de ZaU' te nous arrivames a l’Ifle de Cerigo, qui eftnbsp;fameufe Ifle de Cythere, pays uatal de Vennsnbsp;gj d’Helene. Cela vous en donnera fans do^nbsp;te des idéés comme de l’Ifte la plus belle ^

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y de r Archipel. nbsp;nbsp;nbsp;f?7

I* plus delicieufe du monde; mais en ce cas je fiiis oblige de vous en defabufer. C’ellnbsp;Ifle montagneufe amp; un terroir fee, quinbsp;^’a rien de fort charmant, Elle appartient auxnbsp;^enitiens qui y envoyent un Provediteur.nbsp;^oiis montames prés d’une heure, avant quenbsp;^2 pouvoir arriver a la Citadelle, qui n’eftnbsp;forte que du cóté de la mer, qu’elle regardsnbsp;•^omme d’un precipice. Dela, quand Ie tempsnbsp;'ft clair on entrevoit 1'Ifle de Candie, qui ennbsp;'ft pourtant éloignée de quarante milles; Scnbsp;'Oviron a moitie chemin on voit Ia petite Iflenbsp;Ctrigoto, oü il n’y a que des chevres fau-Vges, amp; qui appartient au Colonel Macario-de Cerigo, qui étoit venu avec nous dépuisnbsp;f-orfou. II nous fit goüter du vin du paysnbsp;5oe nous trouvames tres-bon. Les vivtes ynbsp;Jont a grand marché, 6c un de nos Camara-y achêta un mouton pour deux quart d e-II y a quantité de lievres, de cailles 8cnbsp;'o tourterelles, 6c ces dernieres étoient lesnbsp;'yfeaux de Venus. Devant Ie port de la Cita-i'lle il y a un petit écueil qu’on appelle Vaeufnbsp;?. caufe de fa figure, 8c 1’on y prend auflinbsp;“‘On qu'a Cerigo d’excellens Faucons. Ce portnbsp;vaut rien , car il eft entierement expoféauxnbsp;'Onts-du Midy, 6c n’a place que pour feptnbsp;5*^ huil batimens. Aufli n’eft ce pas cét en-“roit la qui fait dire a Strabon que cette 111enbsp;j On bon port. II entendoit fans doute parlernbsp;Celui de Saint Nicolas, oü nótre Vaifleaiinbsp;*‘la prendre de l’eau; car outre Ie port desnbsp;p''^nis Vaifleanx qui ont la bon ancrage 8cnbsp;^otine tenue, il y a une darfe enfoncée natu-'ftement dans Ie rocher capable de contenirnbsp;^°' galeres, qu'on pourroit aifément fermer inbsp;h^ne. Nous reconnumes Ie long de ce portnbsp;/.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Enbsp;nbsp;nbsp;nbsp;les

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lt;)§ T'oyage de Dalmatte, les mafures de la V'ille ancienne du Roi Mene*nbsp;laüs prefque toutes a rezde terre, Ce que nous /nbsp;vimcs de plus cntier efl; iitie voute creuféenbsp;dans Ie roe, que ies gens du pays difent avoirnbsp;¦été les bains d’Helene. Coinme nous avionsnbsp;oüi parler des ruïnes d'un Palais d’Hdene quinbsp;étoit de ce cóté-la , nous firaes trois ou qua-tre milles pour y aller; mats nous n’y trou-vames autre cliofe que deux colonnes deboutnbsp;fans bafe amp; fans chapiteau; amp; nous jugeaniesnbsp;avoir été de 1’ordre Dorique. Tout cela nenbsp;nous fatisfaifoit pas, que nous retournames aunbsp;port, oil nos gens avoient fait un trou pro-che de la mer , d’oit ils liroient de l'eau. C’cftnbsp;qu’il y a un lit de riiifleau qui fe feche l’H’*nbsp;té, amp; envoye neanmejns quelque eau patnbsp;delfous Ie gravicr.

Le lendemain nous vimes nos Vaiffeaut que nous avions lailTez foils la Foiterefle, quinbsp;s'étoicnt mis a la voile. Nous en fitnes denbsp;inême, 8t paffames avec bon vent la FalcH'nbsp;tticra, écueil defert Se inhabité, a qui Pieti'Onbsp;de la Valle croit que les Faucons ont dom'dnbsp;le nom; bien quon dife qu’ils n’y font pasnbsp;plus frequens que dans les autres Mes de 1’At'nbsp;chipel. Nous vimes a nótre droite Bella Poli;nbsp;OU l'lfola Bntpata, 8c plus loin Milo Sc 'Anti'nbsp;Thilo. Le premier a un des beaux ports dunbsp;monde. L’écneil de Caravi, qui fignifie cUnbsp;Crec un Vaifleau, étoit a nótre gauche, ^nbsp;plus avant l'Ar^entkre, appellée par les GreC5nbsp;Kimolo, qui a quelques habitans Sc une min®nbsp;d’argent. Ce nom que les GrecsluiconferveU''nbsp;encore, montre que c’eftl’Ifle de Cimolus un*nbsp;des Cyclades, dont Ptolomée Sc Strabon foiU'nbsp;mention ; Ce que nos Geographes n’ont pa*nbsp;eifcote fceu, appellant Cimolus tantót Foliu®

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de rJrchipd.

tantót Sicandro. Sifanto parolt enfuite, ou y a neuf ou diK Villages riches en beauxnbsp;ftuits amp; en belles filles. El'les y ont un grandnbsp;quot;lonaflere, oü prefque routes les Religieufesnbsp;l'Archipel vont faire leur profeffion. Parisnbsp;Paros Ifle renomniée pour fon marbrc,nbsp;P*tut, mais éloignée de nous; amp; Ie foir dunbsp;*7- nous eürnes a notre droitc Serifos, qui anbsp;Pn Bourg amp; un port vers Ie Slid. Cette Iflenbsp;* des mines d’aimant, qui ne font toutefoisnbsp;'stier la Bouflble quoyque Ie Vaiffeau en ap-Ptoche. Nótre Pilote nous afllira qu’il en a-'oit éprouvé, amp; qu’il n’étoit pas fi bon qucnbsp;^elui des autres mines. Pline aflure quc de fonnbsp;*^crnps les grenoüilles de cette Ifle y étoientnbsp;^luettcs, mais que fi on les tranfportoit ail-'eius , elle faifoient autant de bruit que les au-'tes.

La niiicle vent s’étant misauPonant, nous dtclTames la proüe entre Zea amp; Thermia. Nosnbsp;jSifeurs de Cartes déflgurent Ie nom de cettenbsp;l’appellant Ferm'ia ou Fermina; mats fonnbsp;Rentable nom eft Thermia, comine l’appel-‘^nt ceux du pays, d caiife des eaux chaudesnbsp;'1'ii s’y trouvent, car Ie mot Grac ne fignificnbsp;^itre chofe. La reiferablance de prononciati-qu’il y a entre 1’F amp; Ie Th parmiles Grecsnbsp;prefent, a contribué a cette erreur.

, Le jour fuivant nous paflames aflez proche 1’Ifle de Scyra, appellé autrefois Scyros, amp;nbsp;Pïoche de celle de Gyaros que Ton norame inbsp;Pfefent j}oura. Elle avoit la reputation d’êtrcnbsp;d' tres mauvais fejour, amp; 1’on y envoyoit ennbsp;j 'fl des perfonnes de qualité de Rome. Au-JOurd’hui elle ett tout-a-fait inhabitée, la gran-fülnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de rats ayant fait defertcr ces In-

w^ires, li nous ajoütons foy au raport dcPli-

Ë jj nbsp;nbsp;nbsp;negt;

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100 Voyage de Dalmatte ^ ne. Juvenal lui uonne Ie furnom de CoUrie 1nbsp;paree qu’en eifet elle eft tres-petite; amp; Virgilenbsp;celui de profonde, d'autant que lamerd'alen'nbsp;tour y a grand fonds.

Tine. Nous arrivames enfin a Jenos appellee pre-fentement T/ne, qui eft la derniere Ifle que Ie1 Venitiens polfedent au Levant. Elle eft niieiiinbsp;cultivée öi plus peuplée que les autres Illesnbsp;Cyclades, qui font foüs la domination Otternbsp;jnane, paree qu'ellc eft a couvert des inlulte1nbsp;des Corlaires Chretiens. Elle n’a point de Port inbsp;mais feulement une plage appellee Saint N'i'nbsp;colas, oü les Vaifleaux vont donner fonds inbsp;auprès de Ia quelle étoit la Ville de cette Ifleinbsp;amp; bien qu’il n'y ait plus que trois ou quati'^nbsp;rnaifons, Ie lieu porte encore Ie nomdePa/ft inbsp;qui figiiifie une Ville en nótre langue, De-I»nbsp;on monte a la Forterélfe qui eft a quatre oUnbsp;finq rnilles de la mer fur un des plus éminenSnbsp;ciidroits de I’Jile, cc qui la rend confiderablCnbsp;pour 1’avantage de fa fituation. Le Bourgnbsp;joint la Fortereffe, 8c en cas de befoin toult;nbsp;les habitans des Villages s’y pourroient renfet'nbsp;mer. lis fuivent prefque tous le rit Latin gt;nbsp;quoi-qu’ils parlent la langueGreque, Scion Ifnbsp;conté jufqu’a 14. Villages, qui's’employent 1nbsp;^ faire de la foyc 8c a travailler celle de i’lfi^nbsp;d’Andros. Elle n’y vaut qu’environ quart®nbsp;francs Ia livr.e, raais elle n’ell pas fort bell®lt;nbsp;8c ils font ft mal adroits en ces pays-la, qu’a'1nbsp;lieu de lui donner du luftre en la travaillant: gt;nbsp;ils lui ótent celui qu’elle avoit; de forte

leui1

1

Audc aliquid brevihus Gyaris 8c carcef1 dignum. ^aven. Sat. i.

Ut Gyarceclaufus fcopulis pimque Seripb®' Idem. S1t. 10.

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6? rJrchipet nbsp;nbsp;nbsp;töl

•sufs étofFes de foye ne paroiflent pas plusquè “ elles étoient de fleuret. Nous rencontramesnbsp;^ns cette Ifle un Francois qui s’y eft établi,nbsp;^ tache de s’y faire créer Conful de )anbsp;Ration, n’y en ayant point encore en celieu-II s’appelle Charles Guyon , 8c paroitnbsp;'tre fort hónnête hom me. L’lfle elt fertilenbsp;bleds, en figues 8c en beaux raifins , cenbsp;*3ui a donné occafion de graver au revers d'unenbsp;’Medaille de cette Ifle que nous y trouvames,nbsp;grape de raifin. Dans une autre on y voidnbsp;Neptune avcc fon Trident, pareequ’ilyavoitnbsp;•? autrefois un Temple celebre confacré a ccnbsp;^ieu. Elle a aufli porté anciennement Ie notanbsp;'^^'jdrooufa , a caul'e de quantité de fourcesnbsp;®eau dont elle eft remplie. Tout Ie rocy eftnbsp;Ptefquc de marbre, 8C il y en a encore desnbsp;barrières qui ont été autrefois travaillées. Nó-Efcadre devoit s’y arrêter quelques jours,nbsp;Poiir avoir Ie temps de charger les hardesd'uanbsp;“tovediteur de Tine, qui retournoit a Corfoanbsp;la moitic des Vaideaux. Ainfi nous au-jjotis eu peu de curiofité ft pendant cc lemps-nous ne fuffions allé voir l’Ifle de Dclos quinbsp;j) en eft éloignée que de douae milles. Nousnbsp;¦“*lt;nes la partie avec un Doéteur de Tine nom-Signor Nicolo Creïeentier, qui s’offrit fortnbsp;’^öligeamment de nous y conduite. Nous nenbsp;Poiivions fouhaiter une meilleurc compagnie,nbsp;il fqavoit l’hiftoire de ces pays-la, Ie Latinnbsp;p 1 Italien , Sc n’étoit pas ignorant ni en Phi-ofophie, ni en Theologie, ayant bien ctudiénbsp;* Rome. Nous fimes quelques provifionsnbsp;y diner, amp; nótre Doéleur n’oublia pasnbsp;jjnq OU fix gros oignons pour fon écot. Ennbsp;'quot;ance on laifleroit cela aux paifans 8c auxnbsp;^^ïons; mais auffi il faut avoüer qu’il y aau-de difference entre nos oignons 8lt; ceuxnbsp;£ 3nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4«

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I öi Voyage de Daïmatie , de ces pays-la, qu’entre nos poires de bonnbsp;Chrêtien, amp; les poires que Ie vulgaire appelfenbsp;d’étranguillon, c’eft-a-dire afpres amp; rebman-tes. Ces oignons des Mes de l’Archipel n’ontnbsp;point cette mauvaife odeur amp; cette r4crimoni£nbsp;qu’ont les nótres. Ils font doux, amp; fe mangent crnds comme des pomraes , 8c mêmcnbsp;font excellens.pour ayder la digeflion. Je fuisnbsp;perfuadé que les plus'delicats de nos Francoisnbsp;ne feroient pas difficulté d’cn manger, aprésnbsp;cn avoir goüté une fois. Cela me fit fairenbsp;quelque reflexion fur ce qae les Enfans d’Ifraclnbsp;regt|ttoient fi fort les oignons d’Egypte;nbsp;cn effet des gens qui avoient été en Barbarieösnbsp;cn Egypte nous afluroient que ceux de cesnbsp;quarticrs-la font encore plus excellens que lesnbsp;oignons de la Grece. II en eft de même de»nbsp;porreaux qu’on rtiange auili tout cruds ,nbsp;dont les Grecs font un grand regal. .Le So-leil en ces lieux-Ia ayant plus de force, toute»nbsp;fortes de fruits, d’heibages 8c de leguineSnbsp;memiöent bien mieux que fous nótre climatnbsp;OU la chaleur manque. On croiroit que denbsp;manger du concombre crud erl quantité, SCnbsp;même avec du laid! aigre, ce feroit affez poufnbsp;feire crevcr un cheval. Cependant tous ceu*nbsp;qui ont été au Levant f^avant que c’eft un de»nbsp;mets les plus de delicieux des Turcs, 8c quenbsp;perfonne ne s’en trouve jamais incommodenbsp;en ces pays-lL

Nous primes done une Barque de Tine, oti nous laiflames nos Vaifleaux, croyant de le»nbsp;pouvoir venir rejoindre fut le loir. Un petitnbsp;vent favorable nous porta Iieureufement eonbsp;deux heures a Delos, dont je vay vous don'nbsp;net la defcription le plus exaéiement qu’ilnbsp;fera poflible.

Duos.

DELOS cü appellee par les Grecs sigt;

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^ de VArchipel. nbsp;nbsp;nbsp;105

Oombre plurier, paree qu’üs comprennentfous même nora l’lfle Rhensea, qui deloinfem-n’être qu’iine même Ifle avec Delos,nbsp;l'appelient ]a grande Delos, 1 l’autr'cnbsp;ell la veritable, la petite Delos. La pre-j^iere a peu de mafures, 8c a fufS'amracnt denbsp;“otine terre pour être cultivée, comrae ellenbsp;par eeux de Micone : mais la veritablenbsp;pelos a tant de ruines , qu’clle nc fgauroicnbsp;'être, amp; elle n’efl:jrabitée que de Lievres amp;znbsp;Lapins , qui y mukiplient de telie forte,nbsp;*3ue cela lui fit donner anciennement k nomnbsp;Lagia, lagos en Grec iignifiant un Lievre,nbsp;pétoit peut-être pour cette raifon qn’on n’ynbsp;'oulfroit point de chiens, puis qu’ils en au-^¦oient bien-tót éteint la race, amp; que Delosnbsp;®knt un lieufacré, les bétes méme y de-''^oient trouver un afyle afluré. On lui donnanbsp;quot;Uffl Ie nomnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;comme qui diroit 1’iöe

ps Cailles, parceque felon Ie fentiment de «olinus, c’étoitj la que les premieres avoientnbsp;êtéyües. Mais a prefent qu’il ne s'y feme plus denbsp;pains, il ne faut pas s’étonncr que ces oifeauxnbsp;' ayent abandounée pour fe retirer dans les Ifle1nbsp;'^oifines.

Dne fuite de fiecle change beaucoup Ia face . tin pays. Herodote allure que cette lücnbsp;E 4nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;étoit

1

M. Baudrand qui a augmenté Ie 'DiSltonaire 'Ferrari, fe trompe de dire que eette Ifle efinbsp;t^efentement mmmée Fermenc, qui efi Ie nomnbsp;^'gt;rrompu de d'Ifie de Thcrmina a plus de 30.nbsp;^‘Ues de Delos, dont nous avons parlé a la pag.nbsp;99. L’erreur de nos mariniers qui ent cru qiionnbsp;Jp appelloit Sdiles, vient de ce que les Grecs peurnbsp;'re 4 Delos, difent eis Dilous, c?' pour aheiirnbsp;S. Dilous OU S. Diks.

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Ï04 Voyage de Dalmatie’^ étoit fertile en Palmiers, mais prefentementnbsp;il n’y en a pas un feul, amp; il n’y vient que Junbsp;Lentifque, qui eft l’arbrifleau qui porte la gom-me de maftic. On tient qu’il n‘en produit quenbsp;dans rifle de Chio; mais il y a apparcncequcnbsp;fi on Ie cultivoit de même a Delos, il ennbsp;produiroit auffi; car j’y en remarquai quel-ques larmes deflus, èc Ie climat de ces deuxnbsp;Ifles efl prefque ferablable.

Au refte cette Ifle a été fi celebre dans 1’An-tiquité, que vous ne trouverez pas ctrange fi je m’étens un peu fur fa defcription veu quenbsp;les Anciens nenous 1’ont pas aflcznetteroent de-peinte, 8c que les modernes ne nous en ontnbsp;donné que des portraits fort peu reflemblans.nbsp;Laurembergius qui a fait de petites cartes denbsp;toute l’ancienne Grece , cmbroüille plus 1»nbsp;fituation des lieux qu’il ne les déraélc , lesnbsp;ayant placez plütót felon fon caprice, que felonnbsp;la verité: auili eft-il fort difficile de Ie biennbsp;faire, fans avoir été fur les lieux.

Delos a pris fon nom du mot Grec dtkhf c’cft-a-dire parehre, parceque felon quclquesnbsp;Authcurs elle parut la premiere des autrcsnbsp;Mes, aprés l’écoulement des eaux du Deluge,nbsp;qui. arriva au Cede d’Ogyges, long tcmpsnbsp;avant celui de Deucalion. Mais c’eft une amp;•nbsp;ble mal inventée, fuppofé même que ces deluges particuliers euiTent pü fenfiblement enflernbsp;Ia mer. Carles eaux venant iferetirer, Delos auroit plutót été des dernieres a paroitre,nbsp;étant une Ille fort bafle, amp; n’y ayant pas unenbsp;des Ifles voifines , comme Andros , Tine#nbsp;Myconc, Scyros 8c Naxia qui ne foient in-comparablement plus hautes. Strabon mêmenbsp;tout exaél Geographe qu’il eft nous en faitac-croire, en voulant que Ie mont Cymhus, qe‘nbsp;eft au milieu de l’Ifle foit une haute montagne »

puii'

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^ de f Archipel, nbsp;nbsp;nbsp;lOf

Ptiifqu’^ peine ell-elle auffi éleve'e quc celle Oü Capitole; c’eft-a-dire qu’elie n’a quezo. ounbsp;toiles de haut , pour ne pas m'engagcrnbsp;quot;3ns line mefure exadle de Geometrie. Maisnbsp;u y a plus d’apparence que cette Ifle tire l'ori-gine de fon nom de l’opinion qu’on avoit quenbsp;¦Latone y étoit accouehée d’ApolIon öedeDia-Jie gt; amp; que c’étoit la qu’elle avoit ofé paroitrenbsp;premiere fois depuis qu’elle fuyoit par toutnbsp;monde la colere de Junon.

Steplianus en donne une autre raifon aflez inge-•'ieufe. C’eflparee, dit-il, que fon oracle fai-fcit paroitre au jour les choi'es dont l’on s’in-formoit, amp; qui fans cela auroient demeuré cnfevelies dans l’obfcurité. Ariflote en appor-?e une plus naturelle, 8c dit qtie Ddos a éténbsp;sinfi appelleeparee qu’elle vint a paroitrenbsp;tout d’un coup hors de la mer; ce qui n’eftnbsp;Pas incroyable, s’il eft vrai, comme il n’y anbsp;point de doute, que les tremblemens de terrenbsp;ont fouvent élevé des montagnes dans unenbsp;P'aine, 8c poulTé hors de la mer des terresnbsp;^u’on n’y avoit pas encore vues.

Nous ne fumes pas plütêt arrivez a Delos',' ^lue nous étendiracs notre nappe fur l’herbe.nbsp;Pour ne pas aller faire nos promenades ajeun.nbsp;^ais OU Ie peu de provilions que nous avionsnbsp;Porté, OU la démangeaifon de courir parmilesnbsp;iiiafures d’un lieu ft celebre, nous fit abregernbsp;Jiótre repas. Nous commen^araes de marchernbsp;du cóté oü nous voyions de plus grands mon-lt;^eaux de marbre; car 1’lfle en eft fi fort cou-t'erte ^ que ft on y vouloit prefentement batirnbsp;tine quot;Ville, il ne feroic pas bcfoin d’y emplo--yer d’autres pierres.

Nous n’eümes pas fait cinquante pas depuis « petit Port oü nous avoit porté nótre Fc-^uque, que nou* trouvames- onie colonnesnbsp;E 5nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4e-

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to6 Voyage dè Dalmattey debout fans chapiteau, amp; quelqucs autres coU'nbsp;chées par terre. Les habitans des Ifles voili'nbsp;nes, c'eft-a-dire , quatre oü cinq perfonnes rnbsp;«ui ont qiielqirC teintuie de l'Hittoire ,nbsp;t'iennent par une efpece de traditionnbsp;c’étoit Ie Gymnafe, ou les Ecoles; amp; en effetnbsp;aflez prés de la nous irouvames une ancienncnbsp;ïnfcription qui failoit mention d’un Gymnaii-arque, ce qui fert a confirmer cette opinion.nbsp;11 eft vray qu’un peu plus a 1’écart nous ennbsp;trouvlmes une autre, qui parloit d’une feni-blable charge; amp; ainfi cela ne pourroit fervirnbsp;qu'a prouver qu’il y avoit un College a Delos^

Ón dit raême quelaphlpartdesCorfairesChrê-

tiens appellent encore cette Ifle , les Ecplts-Les deux Reéfeurs dont il eft parlé dans cette ïnfcription étoient Atheniens, amp; l’on f?aitnbsp;qu’Athencs a été long-tcmps en poffeflion denbsp;rifle. Mais ce qui mefurprit, eft qu’elles fontnbsp;dediées. Tune a MithVidate Evergetes, 8cratgt;'nbsp;tre a Mithridate Eupator Rois de Pont, dontnbsp;Ie dernier fut vaincu par Pompée; bien qu’onnbsp;life dans Strabon que les Generaux d’un de cesnbsp;Rois faccagerent Delos, Sc la mirent au pilla*nbsp;ge. Les S^avans ontremarqué, que leurnornnbsp;devoit être écrit Mithridate comme on Ie voidnbsp;dans ces deux bales de ftatuë, que je vouSnbsp;donnerai avec d'autres a la fin de cette Relation.

Environ cinquante pas plus loin nousvimes nn lieu pour les Naumachies ou combats d®nbsp;mer qui Ie faifoient pour Ie divertiflement danbsp;peuple. C’eft un ovale de 300. pieds de longnbsp;amp; de 100. de large , revêtu d’une muraille denbsp;quatre ou cinq pieds de haut, autour de 1'^'nbsp;quelle il pafoit encore trois ou quatre colon'nbsp;nes fur pied, Se l’on juge par la qu’il y ennbsp;Toit une rangée qui 1’entouroit , foit qu’ellf®nbsp;fervifleut funplement pour 1’ornemenc,

poiir

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Ö* de fJfcMpet nbsp;nbsp;nbsp;107

pour aifacLer les petitsbatteaux qu’on y faiioit combattre , Ie litu n'étant pas capable d’cnnbsp;porter de gtands. *

Ayant pafle un peu plus avant dans ces pre-cieux debris,' nous nous trouvames fur Ie plan du Temple d’Apollon ce que nous aurions pAnbsp;ignorer, fi nous n’y euffions apper^ö fa fiaiuënbsp;couchée par terre , amp; prefque reduite a unnbsp;Ironc fans forme. Ce font des fuites inevitables de fa vieillelTe, oudes mauvais traitemensnbsp;^u’elle a re^üs par diverfes perfonnes qui onlnbsp;abordé a Dclos. Les unes lui ont emporté unnbsp;Pied, les autres unemain, fansrcfped ni con-fideration de I'eüime qu’on en faifoit anciea-dement. 11 n’y a pas même long-temps qu’unnbsp;Provediteur de Tine lui fit fcier !e vifage, voyant que la tête étoit une trop lourde maife.nbsp;Pour la pouvoir enlever dans fon VaiiTeau. Ennbsp;®lïet c’étoit un vrat Cololfe , car cette ftatuënbsp;^toit quatre ou cinq fois plus grande que nature , comme vous Ie pouvcz juger par ksnbsp;Picfures que j’eus la curiolite d’en prendre. Lanbsp;wgeur des deux épaules enfemble eft de fix.nbsp;Pkds, amp; Ie tour de la cuilTe vers Ie milieu,nbsp;®Pviron de neuf. Je ne pus pas ft bien prendre la hauteur, paree qu’il y manque les deuxnbsp;iambés amp; une partie des cuilTcs. Comme nousnbsp;'drairions un fi beau morceau de marbre, unnbsp;de nótre compagnie nous dit que nous avionsnbsp;*ort de prendre cela pour une ftatuë d’Appol-£ 6nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ion gt;

* C’ejl ce que Ie Poéte CalTimachus appellt’ ’’^poXoio'trce tilfiyit, un Laf rond: car fon Scholiafitnbsp;“yant expliqué que l'on peut entendre la mer parnbsp;mots, a caufe quelle environne l’ Ijle, il ajoü^nbsp;ce peut aujji être un Lat-rond qui efi danpnbsp;, n xiu.1,; T(5nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nspupeer';. Ex Epift. Av-

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io8 Voyage de Dalmatie,

Ionamp; que felon fon fentiment, c’cn e'tolt plutót unede Diane, paree qu’il y reraarquoitnbsp;de longues treffes de cheveux quilui pendoientnbsp;fur les épaules. Je lui repartis que je croyoisnbsp;que c’étoit lui-même qui prenoit Ie change,-amp; que ces cheveux étoient la, marque la plusnbsp;alTurée que cette ftatue étoit d’Appollon , par-;’nbsp;ce qu’ils nous reprefentoient fes rayons; ce quinbsp;avoir porté les Anciens a lui donner Ie furnoranbsp;ó’uikeirecemis en Grec, amp; d'Intonfus en Latin,nbsp;amp; c'cft de la maniere qu’Horace Ie dépeint aö-premier Livre de fes Odes:

Dianjim tenem dtcite vtrgines ,

Intonfum pueri diciti Cynthium,

C’étoit pour fignifierquela chevelured’Apol' lonn’avoit point été coupée, au lieu que Di»'nbsp;ne avoir fes cheveux rattacher, derriere, pournbsp;n’être pas embarraifée a la chaife, dont ellcnbsp;faifoit Ibn divertilfement ordinaire. A quoi ünbsp;falloit ajodter, lui dis-je, que Diane étoit tqü*nbsp;jours reprefentée vêtuë, 8c Apollon nud, al*nbsp;referve d’un petit manteau qu’on lui donnoitnbsp;quelquefois, coramecelui-ciparoifloit en avoirnbsp;CU un fur l’épaule gauche.

Pour ce qui eftde laftatuëde Diane, qu’ofl f^ait par l’Hiftoire avoir auffi été a Delos,nbsp;nousl’y cherchames inutile.ment, 8c nous troU'nbsp;vames feulement prés de la une piece deftatuSnbsp;que nous jugearaes être d’un Centaure , don*nbsp;la fculpture étoit inerveilleufe, les veines ^nbsp;ks mufcles marquant l’effort qu’il faifoit.nbsp;quelques pas de la nous vimes un demicorprnbsp;de femme, dont la. draperie étoit l’ouvrag®nbsp;d’-une main auffi delicate que celle qui avoi*nbsp;travaillée a la piece précedente. Pour moT^'nbsp;jj;Ju^eai que les deux pieces n‘cn avoient au^

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6? de-Tji^chipel,

'ïefois fait qu’une , amp; qu’elk reprefentoit Ie Centaure Nefi'us qui enlevoit Dejanire; cequinbsp;ï^econvenoit pas mal a rornement de ce Tempee, puifque les Centaures étoient confacreznbsp;^ Apollon , comma nous l’apprenons par lesnbsp;types de diverfes médailles, amp; partrculierementnbsp;de * Galien. D’un autre cóté du Temple onnbsp;t'oid encore quatre troncs de marbre, qu’onnbsp;*uroit de la peine a prendre pour des Lions,nbsp;ft les voifins de Delos ne fe reflbuvenoient dcnbsp;les avoir vils fur pied amp; plus entiers qu’ils nenbsp;font. Le Lion étoit atifli dedié a Apollon,nbsp;^ lorfque les Perfes vouloient reprefenter Icnbsp;Sqleil, ils le depeignoient avec un vifage dcnbsp;1-ion, parceque lots qu'il eft dans le figne dunbsp;Lion, il a plus de force que dans tous les autres.-

Entre la mer amp; le Temple regnoit un beau Eortique de marbre du cóté qui regarde I’lflenbsp;de Rhaenia. C’eft la paiticuliercment qu’il reftcnbsp;ttne prodigieufe quantité de grans quartiers de-ttiarbre, de pieces de colonnes, fk de frifesnbsp;cntaflees les unes fur les autres. Les colonnesnbsp;•lu’on y void font pour la plus grande particnbsp;oanelées par le haut j amp; taillées a facetes par Icnbsp;oas. Nous ne vimes dans cetre confufion quenbsp;deux ou trois chapiteaux d’ordre Corinthicn,nbsp;« lefte qui devoit accompagner les colonnesnbsp;ayant été enlevé par les VailTeaux Turcs ounbsp;Chrêtiens, quiy font venus aborder depuisquenbsp;1’Ifle a été abandonné. Les Roys de la Grécenbsp;E 7nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;avoient

, * Medaille Je Galien, Revert,, un Centaurt, ey *‘rit amour Apollini Augufto, ce ejue le Poittnbsp;Manilius liv. i, conjirme dans ces deux Vers:

Et Phoebofacer ales, amp; almo gratus laccho

Qater amp; duplici centaurus imagine fulgsns.

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1 lo T^oyage de Dalmafie, avoient contribué aux frais d’un fi fuperbc' ou-vrage, dequoi il ne nous fallut point d’autresnbsp;preuves que Ie nom duRoy Philippe de Macedoine que nous y lumes fur une grande frife ,nbsp;amp; celui d’un autre Roy appellé DionifiusEuty-dies fur nn marbre fcmblable.

Joignant Ie Temple , ou peut-être même dans fon enceinte nous remarquames unenbsp;grande pierre a deray enterrée, ou fe lifcnt cesnbsp;deux mots, NAStoi AnoAA qui ne nous ap-prirent autre chofe, fi ce n’efl que les habitansnbsp;de 1’Iflede Naxos appellee prefentementnbsp;avoient dedié a Apollon quelque ftatuë, ounbsp;quelqu’autremonument a Delos, dontcemarbre fervoit debafe. De l’autre cóté i! y avoir quel-Gues caraderes , qui approcfaoient de la figurenbsp;des lettres Tofcanes anciennes, mais je reconnuSnbsp;pourtant qu’elles étoient de Grec moderne.

Au pied du mont Cynthien l’on void auffi grande quantité de marbres amp; depierrcs, qu’omnbsp;peut juger ctre des debris de la Vilie , car c'é-toit la qu’elle dcvoit être placée , felon la de-fcription que nous en font les Autheurs, amp;nbsp;particulierement Strabon. Nous y lumes unenbsp;Infcription qui parle d’un Vocu fait a Serapisynbsp;Ifis, Anubis amp; Harpocrates, qui peut-être y a-Toient un Temple, quoique les Hifloriens ncnbsp;nous en ayent pas fait mention;- ou du raoinsnbsp;un Autel dans Ie Temple d’Apollcn; car les^nbsp;Egyptiens difoient quelquefois que Serapisétoitnbsp;Jupiter , amp; d’autrefois que c’étoit Apollon; d’oünbsp;•vientqu’ils reprefentoient fouvent Serapis avecnbsp;desrayons autourde la tête. De même ils crO'-yoient qu’Ifis étoitlaLune, amp; on Ia void quel'nbsp;quefois dans des medailles avec un croiflant. 1

Tout

1

CiUt VilU s'étendoit dam la flaine iusqu’

dé'

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6? de VJrchipeT. nbsp;nbsp;nbsp;r r E

Toat Ie marbre qui étoit employé a Delos étoit de celui de Paros, que les Grecs efti-nioient beaiicoup pour fa beauté amp; pour fa blan-cheur. Le petit mout Cynthius qui donnoitnbsp;Ie furnom de Gynthien a Apollon amp; a Diane^-eft un roc de marbre granite, aftel approchantnbsp;de celui d’Egypte. 11 nc paroit pas nean-iiioins qu’on en ait jamais tiré. On void au def-Itis quclques mafures , comrae s’il y avoit eu-Stieique Temple.

Entte cette colline amp; la mer du cóté qui re--garde l'Ifle Rhaenia, nous vimes un Theatre de nrarbre, dont il refte encore une partie des de-grez. II a un peu plus que le demi-cercleavecnbsp;les angles exterieurs qui rentrent en dedans, 'nbsp;Son diametre en y comprenant répailTeur des-degrez eft de zoo. pieds. Sur le derriere fon6nbsp;placées aux cótez deux efpeces de Tours malli-Ves qui ont 30. pieds de long amp; 18. de large;.nbsp;amp; fous 1’endroit de ia Scene fe découvrent ennbsp;terre neuf voütes fcparées chacune par une mu-raille. Nous les primes pour des citernes, paree qu’a quclques-unes on void un conduit quinbsp;y portoit Peau de pluyc.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Sur

^hroit de mer, qui eft entre les deux Iftes de DeloS' Cs* de Khesnia, amp; même le Theatre dont nous par~nbsp;krans bien-tót étoit dans l'enceinte de la VUUy.nbsp;oomme on l’apfrend par me infeription qui fevoid^nbsp;^aintenant » Venife d la Bibliotheque de Saintnbsp;¦Mare, ztr qui apparemment a été apportée de Dekt. Elle eft imprimée dans le Gruterus k la pagenbsp;^ceev. Stephanas parle d'un lieu appellé Olyin-picum dans l’Ifte de Delos, ou les Mheniens bd-krent une Ville, aux dépens de l'Empereur Hadri-. d caufe dequoi ils la nommerent, la nouvellenbsp;•^thenes d’Hadrien, amp;il ya beaucoup d’apparen-^ que c'étoit cette même Ville dont parle Strabortfnbsp;^t ils avoient rebatie amp;agrandie.

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ïrz J-^oyage de Dalmatte

Sur Ic foir nous voulumes retourner a nos quot;Vaifl'eaux, mais voyant Ie vent fenliblcmentnbsp;angmemé, öc la mer fort agitée, nous trouvailles a propos d'attendre au lendemain. Ainlïnbsp;il fallut pour ce foir-Ia nous contenier des ref-tes de nötre diné, 8c de nous firire des mate-lats de Palium montanum, 8c d'autresherbesquenbsp;nous pumes amaller, efperant que Ie vent fenbsp;calracroit la nuit, 6c que nous pourrions nousnbsp;remettte en mer de grand matin. Mais lejournbsp;étant venu, amp; Ie vent fe rendant toüjoursplusnbsp;fort, nous ne voulümcs pas rifquer avec unefinbsp;petite barque que la nötre. Cetie difgrace nousnbsp;arriva tres-mal a propos, parceque nous n’a-vions pas eu la precaution de prendre des pro-vifions, 8c qu’rl nous auroit fallu jeuner fortnbsp;aufterement tout ce jour-la , fi par bonheur unnbsp;de nötre compagnie n’eüt mené avec lui unnbsp;chien de chafle, 8c porré fon tuiil, avec quoinbsp;il tua quelques lapins, que nous fimes rótif Ienbsp;moins mal que nous pumes, 8c que nous man-geames fans pain , ni bifcuit. Le pis étoitquenbsp;nous n’avions rien a boire, 8c qu’alors la cha-leur étoit tres-grande. Nous clierchames inu-tilement la riviere d’Inofus, qui couloir auiresnbsp;fois dans cette Ifle , felon le témoigrtage denbsp;Strabon 8c de plufieurs auires Geographes, denbsp;l’infidelité'defquels nous avionsbienlieudenousnbsp;plaindre dans une rencontre li facheufe. Maisnbsp;cette riviere dont ils font mention ne pouvoitnbsp;être qu’un torrent -fort mediocre qui ne fe for-moit que par la pluye, oij du moins une lint'nbsp;ple fontaine que le bouleverfement de tant denbsp;ruines nous cachoit. Auffi Piine ne lui donnCnbsp;que le nom de fontaine ; mais il en racontcnbsp;une cliofe merveilleufe; c’eft, ditdlqu’eHe ob'nbsp;fcrvoit le même temps 6c k même regie lt;}“®

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13 AeV Archipel. Iï | 5e Nil quand die venoit comme ce fleuve ^nbsp;crokre tk i décroltrc.

Le Doéleur Crcfcentio, qui étoit notreguide f^avoit pourtant que l'Ifle avoitdel’eau , 8e il s'opiniatra a la cherdier deux heures durant.nbsp;A la fin il trouva une ouverture de voute anbsp;Cent pas du pied de la montagneparmides ma-fures. Ayant jetté dedans une pierre, ilrecon-nut qu’il y avoir de l’eau, amp; nous en vint a-vertir. Nous nous y rcndiines tous , pour jnbsp;faire defcendre un de nos matelots , amp; nousnbsp;J^emplir un baril. C’étoit une belle citerne an-cienne amp; qualre voütes feparées feulement.parnbsp;^uelques piliers. L’eau en étoit bonne , ounbsp;dumoins die npus paroiffbit telle , amp; mêmenbsp;'saffi excellente que le meilleur vin du monde.

L’aprefdinée nous allames a la pointe de I’lfle ^ui regarde Tine Se Mycone, pour obferverftnbsp;bos Vaiffeaux étoient encore a l'ancre. Nousnbsp;'’lmes qu’ils étoient i la voile pour fuivre leurnbsp;l^oute de Conftantinople, 8c fümes bien furprisnbsp;de les voirpartir, fans trouverd’expedient pournbsp;öous y rcndre. Le vent leur étant contrairenbsp;bous jugeames bien qu’ils auroient de la pcincnbsp;* doubler le Gap de Tullo, qui eft de rifle'denbsp;Mycone, ce qui nous donna qudque efperan-ce qu’ils feroient obligez de retourner a Tine,nbsp;bit de venir mouiller au Port de Mycone , ennbsp;^Uoi nous ne fümes pas trompez, car ils vin-'^cnt-donner fond a ce dernier. Notre fommeilnbsp;be fut pas profond cctte nuit-la , par l’in-^Uietude de ce que nous deviendiions fur cenbsp;biiferable écueil de Delos, dont l’ancienne re-bommée ne nous donnoit point a manger,nbsp;^’ous fümes tous cvcillez avant 1’aube dujour,nbsp;7 nos matelots ayant remarqué que le ventnbsp;*ctoit un peu relache,, nous profitumes de cc

moment

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'ï 14 Voyage de DaJmatie, moment pour nous embarquer, amp;: venir a I*'nbsp;rame a Mycone, ce que nous fifmes en moin9nbsp;d'une heure. Comme nous étions tout pro-che, Ie vent recommcnga defoufler pluscruel-kment qu’il n’avoit fait, amp; bien que nousfuPnbsp;iions a 1’abry de la cóte, nous n’eüines pas peUnbsp;de peine a gagner Ie Port. Les vagiiesavoientnbsp;rempli d’cau nótre barque, amp; nous étions pref'nbsp;que autant moüillez que fi nous fuffions torn-bez dans la mer.

Mtco- mycone, anciennement Mymm eft l’Iflc

Sis. oir les Poëtes difoient que les Centauresdéfaits par Hercule étoient entcrrez. Elle n’eft fepS'nbsp;rée de Dclos que de trois milles de trajet , Sinbsp;non pas de quinze , comme Ferrari l’aflurenbsp;dans ion DidionaireGeographique. Entrecet-te Ifle.8c Delos il y a un écueil que les Francsnbsp;appellent Uragontra , 8c les Grecs Tragonifi tnbsp;comme qui diroit Fllle des Boucs. Le circuitnbsp;de Mycone eft de a 30. milles. Elle eftnbsp;fertile en orge amp; en vin, mais qui n’eft pasnbsp;meilleurs. Je m'étonne que Baudrand , qui *nbsp;augmenté Ferrari, dife qu’elle eft fous la dorni'nbsp;nation des Venitiens, n’ayant pas oüi dire qu’ilsnbsp;en ayent Jamais été en pofleffion. Mais il f^nbsp;peut faire que du temps de la guerre, Tllle é'nbsp;tant abandonnée, ils y ayent fait quelque def'nbsp;cente. Car elle n’a point de ForterelTe ,nbsp;c'eft pourquoi les Turcs n’oferoient l'habiter »nbsp;de peur que les Corfaires Chrétiens ne les ƒnbsp;vinlTent enlever pour les rendre efclaves.nbsp;les Galeres du Grand Seigneur ne manquentnbsp;toutes les anuées d’y venir prendre letributp^'^nbsp;tefte qu’ils appellent Caraifch ; Il n’y a qu'uHnbsp;feul village dans Fllle, 6c il payc pourfonCa'nbsp;ratfch trois mille fix cent piafttes. Le norob^nbsp;des habitans monte a peine a deux mille , ^nbsp;l’on y trouve quatre femmes pour un homms

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£5? de VArchipel. nbsp;nbsp;nbsp;11 f

Parceque la plufpart de ces Infulaires font Mariniers OU Corfaires, amp; il ne revient jamais Ia ^oitié de ceux quivont cherclier fortune. Lesnbsp;«lies n’y font pas cruelks , quoique pour lanbsp;Plüpart elics foient trcs-belles. Nótre Capitai-en enleva une, que fon propre pere lui a-'Voit vendue. Elle faifoit femblant de n’y pasnbsp;Confentir, amp; toutes les femmes feignoient denbsp;*’cn allarmer. I^eur habit efl lout-a-tait particulier. Le corps eft de velours rouge ownbsp;°run; les manches font de toile , ayant plusnbsp;lt;i’une aune de large , amp; autant de long. Lenbsp;^Odilon fort plilfé ne defcend qu’un peu plusnbsp;pas que le genou, amp; Ia chemife paroit deflbusnbsp;Jufqu’au foulier, eft pliffée de même , amp; ou-yagée de foye. Elles s’entretionnent a filernbsp;cotton qui croit dans leur Ifle , ou de lanbsp;foye d’Andros, dont elles font des mouchoirs.nbsp;Le Gibier eft a grand marché dans ceite Ille,nbsp;La paire de perdrix ne coüte d’ordinaire quenbsp;^inq fols, mais nous en payames dix , parce-Pue nous étions étrangers. S’ils avoient affesnbsp;oe poudre , on les auroit encore a meilleurnbsp;Pdx. Le bois amp; 1’eau y font rares. On n’ynbsp;otule prefque quedesherhesfeches, amp;un grandnbsp;Juits fournit d’eau tout le Village. II y a environ trente Eglifes Grecques, amp;unefeuIeLa»nbsp;diie. Le Commandant de i’Ifle eft unGreede-Lonftantinople.

Vendredi Z3. d’Aouft nous levames les an-^tes fur le midi, 5c paflames entre Tine 5r ¦^J'cone, qui ne font éloignées 1’une de 1’air-Le que de quatre ou cinq milks. La Tra-fftontane nous étant contraire, elle nous jettanbsp;*0 lendemain du cóté de Nicaria 5c de Samos,.nbsp;Ppe nous laiflames environ a trente müles ftirnbsp;^otre droite. Sur le foir nous nous trouvamesnbsp;Prefque a l’entiéc du canal, qui eft entre Chio-

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ti(f F'oyagê de Dalfnatïe,

K^IO.

6c Ia terre-ferme de Natolie. Comme ce ti'é-toit pas nótre route de nous aller engager dans ce détroit nous fifmes un grand bord a gauchsnbsp;pour aller doubler l’écueilde Venetico, prochcnbsp;duquel nous paflames. Le Dimanche nouSnbsp;eümes bonace , 8c nous avions a nótre droitcnbsp;rifle de Scyros, 8c le petit écueil de Caloiero,nbsp;que, quelques-uns prennent mal-a-propös pournbsp;rifle de Gyaros, qui s’appelle maintenant JoU'nbsp;ra, comme je l’ay dit plus haut. Quand onnbsp;découvre de loin eet écueil , il femble quCnbsp;c’eft une voile de navire. La nuit le vents'é-tant mis au Siroc ou Sud-Eft , nous paflamcsnbsp;entre l’écueil de Pfara , qui n'a qu’un Village, 8c Vlfle de Chiigt;. Le vent continuant denbsp;nous être favorable , nous laiflames a nótrenbsp;droite MeieUn, qui eft l’ancicnne Lesbos,nbsp;vlnines le foir du z6. entre l’Ifle de Tenedosnbsp;6c Ie pays de Troye, oü un caline qui furvintnbsp;nous obligea de jetter 1’ancre.

Mete-

LIN.

Je nc puis quitter l’Archipel , fans vous el* dire quelques autres particularitez que j’afnbsp;fceües. Chio eft une belle Ifle, oü il y a unenbsp;bonne Ville 8c douze ou quinze Villages, qn*nbsp;cultivent le Lentifque 6c Ie Terebinthé, poufnbsp;en tirer le maftic 8c la Terebentine , dont onnbsp;fait beaucoup de casdans toute l’Europe. Oi*nbsp;y fait auffi des étoffes de foye , 8c des darna*nbsp;aflez grolTiers qu’oii envoye en Barbarie. L’Ii'nbsp;le a environ foixante milles de tour, 8c il y *nbsp;un bon-Port 8c une bonne Forterelfe , oü 1®nbsp;Grand-Seigneur entretient une Garnifon.

METELIN eft le double de Chio en grandeur , niais fon negoce n’eft pas femblable» Tous fes revenusconfittent en grams, entruits»nbsp;en beurre 8c fromage, 8c ces deux Ifles pay£!!*•nbsp;chacune dix-huit mille piaftres de Caratfehnbsp;Grand Seigneur. Ceux qui le Icvent des

tal*


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y nbsp;nbsp;nbsp;V Archipel.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;117

dc Qiio, Ic leur font payer encore trois ^ns après leur mort, c’efl-a-dire, qu’ilsyobli-Ê^nt l’heritier. En general , quand un Grecnbsp;change de pays, il faut qu'il paye double ca-^atfch, undans Ie pays qu'il a laifTé, amp; Tautrenbsp;dans celui qu’il vient habiter, a moins qu’il nenbsp;s_cn exemte par quelque addrelle , comtne ennbsp;|achant de caclier fon nomamp;fanaiflance. L’If-de Naxia paye pour Ie fien fix mille piaftres,nbsp;trois mille; Pafh c?' Jiufe autant; Scymnbsp;deux mille; Zea dix-feptcent pour Ie caratfch,nbsp;^ deux mille cinq ccatdedifmcs; Andros (\\iz-*te mille cinq cent de caratfch , amp; fix mille huitnbsp;Cent de difmes'. Negrepon:, quieft la plus grande Ifle de l’Archipel paye pour tous fes droitsnbsp;Cent mille piaftres. Lc difrae vient aux Beysnbsp;Vayvodes, qui font obligez d’entretenir denbsp;Ces deniers-la certain nombre de Galeres, fansnbsp;^U’il en coüte rien au Grand Seigneur. Smyrnenbsp;cntretient deux Galeres; Naxia, Metelin , Sa-hios, Andros une chacune; Chio deux ; My-cone avec Seripho une, amp; de même lesautresnbsp;? proportion. Naxia étoit anciennementdediécnbsp;* Bacchus, parcequ’elle eft fertile en vins ex-cellens, qui n’y valent qu’un quart depiaftrelenbsp;®lril. Sur un écueil qui n’eft qu’a une porteenbsp;de moufquet de l’Ifle il refte un tres-beau por-de marbre , qu’on croit avoir été d’uunbsp;^emple de ceDieu. L’air y eftfibon, qu’unnbsp;^oble Veniticn appellé Antonio Gigli qui s’ynbsp;ctoit retire depuis 30. ans, y mourut depüisnbsp;feu agé de cent quinze. 11 y en a encore unnbsp;*utre de ia familie des Baroci agé de cent cinqnbsp;comme me font alTuré des gens dignesnbsp;de foi qui ont demeuré dans cette Ille.

. Nous fumes contraints de demeurerquelques Jours a l’ancre entre Tenedos amp; la quot;Troade,nbsp;Hotot la bonace, amp; tantót Ie vent contraire ,

s’op-

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ïiS T-'oyage ch Dalmatte,

s'oppofant au deffcin que nous avicns d’avan-eer chemin. Pour ne pas perdre ce temps-la iiiiitilement, nous nous fifmes mettre a terrenbsp;avec l’efquif, amp; allames voir de plus prés k*nbsp;ruines de la ville de Tro7e, dont nous dé'nbsp;couvrions quelques marqués vis-a-vis de nous»nbsp;Le terroir d’alentour eft tout inculte , a knbsp;referve de quelques endroits oü il croit dunbsp;cotton. Le refte n’eft que broflailles amp; bolsnbsp;chênes verds, 6c le terroir ne nourrit que desnbsp;lievres, des cailles 8c des perdrix, qui y fontnbsp;en abondance. Quand nous fumes pres dunbsp;lieu oü étoit la ville, nous vimes quantité denbsp;colonnes , dont il n’y en a pasuneentiere avccnbsp;Ie chapiteau. A l’extremité le la Ville dunbsp;cóté de la Tramontane eft le Port de Troye»nbsp;que l'Antiquité a rendu celebre; raais prefen-tement l’entrée en eft bouchée, 6c il y reftenbsp;peu d’eau dans le baflin, qui eft prefque toutnbsp;comblé de fables. Les pieds des colonnesqu'nbsp;reftent autour font juger que fon circuit étoitnbsp;d’environ quinze cens pas. Ces colonnes ayantnbsp;été toutes rongées par 1’air, ne paroiflent pasflusnbsp;belles que la pierre ordinaire; mais on ne lailknbsp;pas deremarquerqu’elles étoientde raarbre granite d’Egypte. La radefervoit aufll de Port, cenbsp;qu’il eft aifé de juger par quantité de colonnesnbsp;amp; de piliers qui y reftent. II y a même dansnbsp;un endroit des degraz de marbre, 8c prochenbsp;de la deux ou trois tombeaux dont Ia figurenbsp;n’eft guere differente de ceux des Romainsqu*nbsp;font a Arles. Leur conformité me fait avoitnbsp;cette opinion, amp; m’empêche de croire qu^nbsp;ce foient des monumens des anciens Troyens-Nous trouvaraes dans ce qui nous parut l’cn'nbsp;ceinte de la Ville proche d’une moitiénbsp;Temple rond, une infeription Latine dunbsp;de des premiers Cefars. Augufte y avoit en^

voy?

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' nbsp;nbsp;nbsp;^ de r Archipel.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;119

'’lt;^yé line Colonie, amp; avoit un peu remis Ja fur pied. Auffi vcir-on Jouvent a desnbsp;*cvcrs de medailles Imperiales Ie nom qu’ellenbsp;*vo:t pris de Colonia Augufia. Troas.

Le Grand Seigneur a fait enlever quantité colonnes de Troye pour la fabrique de lanbsp;^loPquée neuve dc la Sultane mere. Nousnbsp;'le laiilames pas d’y en trouver encore trotsnbsp;'Vouchees dans les broJTailles, au Sud du Portnbsp;^tir une éminence. 11 y en a deux de 30. piedsnbsp;‘Ie long d'une feule piece chacune , amp; une denbsp;pieds rompuë en trois, qui a quatre piedsnbsp;leiif pouces dc diametre, routes trois de pier-granite. Selon les apparences le quartier lenbsp;plus habité de la Ville étoit fur le plus hautnbsp;il Une colline qu'on monte infenfiblement de-Puis le rivage, environ ^ deux milks de lanbsp;quot;ler. Car on void en eet endroit quantité denbsp;*itafures, de temples, de voutes, Sc un thea-plus petit qne celuy de Delos; mais parti-‘^ulierement trois arcades, amp; des pans de mu-faille qui reftent ePun batiraent fuperbe, dontnbsp;fituation avantageufe amp; 1’étenduë font con-Jioitre que c’étoit le Palais leplus confiderablenbsp;p la Villc. Je ne veux pas croire, commenbsp;I® difent ceux des environs de Troye , quenbsp;étoit le Chateau du Roi Priam, car je nenbsp;tiens pas plus ancien que le temps des pre-Piiers Empereurs Remains. Ce batiraent étoitnbsp;Ptel'quc tout dc marbre, amp; les murailles ontnbsp;_uuze pieds d’épaüTeur. Au devant de ces ar-Si^des, qui paroilTcnt avoir foütenu une voute,nbsp;II y a une fi prodigieufe quantité de quartier*nbsp;de marbre entaffezles uns fur les autres, qu’onnbsp;Peut aifément juger par la de la hauteurnbsp;dc la beauté de ce Palais. Nous decouvrï-.quot;es auffi parmi ces ruïnes un beau Chapiteaanbsp;pilaftre d'ordre Corinthien; mais fi je vou-

loi^

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ïl« Voyage de Dalmatie^ '

lois vousrendre railon de routes les pieces qui rel' tent dans ces mafures, j’en auroispourtroplortg;nbsp;temps , amp; je vous ennuyerois d’une piece »nbsp;1'eche 5c li pcu utile.

Le Samedi 31. d’Aouft nos Vaifleaux avan-cerent quelques milles, pour aller donnerfond proche de la forterefle de Tenedos, qui n’cl‘nbsp;qu’une Tour avec iin Boulevard garni d’en*nbsp;\iron qiünxe canons. Les Venitiens s’en C'nbsp;toient rendus maitres pendant la guerre de Can'nbsp;die, mais les Tures la reprirent par le moyennbsp;d’un tonneau de Sequins, avec lequel ils g*'nbsp;gnerent le Commandant. L’Ifle elt fertile ennbsp;bons vins, dont elle fournit Conftantinople»nbsp;amp; les mufeats y font excellens. Ceuxnbsp;Vaifleau qui fe plaifóient a la chafle, y troU'nbsp;voient autant de gibier qu’ils vouloient, maisnbsp;particulierement des lievres 6c des perdrix.

Le 3. du mois fuivant nous allames nou* fournir d’eau fous le village qui eft au Cap denbsp;Janifleri, oü étoit l’ancienne Ville de Sig^®'nbsp;Nous montamesjufqu'au village que les Grecsnbsp;appellent encore Troias, 8c comme nótre vO'nbsp;yagc fe prolongeoit nous y fifmes provilion denbsp;poules amp; d'oeufs, tout y eft a li grand mar'nbsp;ché , qu’on a quinte poules pour une piallre gt;nbsp;amp; que la douzaine d’oeufs ne coüte qu'un fo^i'nbsp;Nos mariniers y firent aulli grande provifioiinbsp;de féves. Le quot;Village peut contenir enviroHnbsp;trois cens feux. Tous les habitans fontGreCS»nbsp;6c vivent de la vente de leurs denrées, q^*^

fontbleds, vins, fafrans, melons 8cautre fruits-

Le Timin , qui eft nótre piece de cinq folsj vaut la quatorze afprès, mais kurs afpresnbsp;petits, 8c ne paflent pas a Conftantinople.

Quatre jours aprés nous lifmes voile pof^ aller moüiller i 1’Ifle d’Imbros, oü nous avion*

ut

fefoia dc faire du bois. Cette Ille

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6? de rArchipel. nbsp;nbsp;nbsp;iii

un pcu plus grande que Tenedos, 8c a quatre 'tillages, dont Ic principal eft Imbros, accom-Pagné d’une Forterefle. Nous montames a iinnbsp;des plus hauts lieux de l’Ifle, qui n’eft toutsnbsp;que de petites montagnes couvertcs de bois,nbsp;oü il y a beaucoup de chaffe. Un Genril-liom-Flamand de nótre Vaifteau j alia avec fonnbsp;fufil amp; fon chien, 8c en moins de deuxheuresnbsp;d lua un Sanglier 8c iinc Laye avec fes quatrenbsp;•uarcaffins. Ce plaifir lui coüta dier, car Ienbsp;Chef de nótre Efcadre s’étant mis a la voilenbsp;pendant qu’il chaflbit, nótre Vaifteau fut obli-Sé d’en faire autant, 8c nótre Capitainequinenbsp;''^ouloit pas Ie laifler, donna ordr» a trois ouinbsp;quatre de fes matelots dc l’attendre avec l’ef-quif. II vint une demi-heure aprés , maisnbsp;‘efquif ne pouvant atteindre Ie Vaifteau, Isnbsp;nuit les furprit avec Ie raauvais temps, qui leinbsp;jetta fur l'écueil defert de Mauria proche dcnbsp;Tenedos d’oü ils ne fe purent rendre que Ienbsp;ueuxiéme jour a nótre bord , avec aflez denbsp;danger 8c de fatigue.

_ Le 9. nous entrames dans les bouches de Conftantinople, c’eft-a-dire, dans la Détroitnbsp;fameux dc 1’Hellefpont, qui fépare 1’Europenbsp;de l'Afie, 8c en particulier la Thrace de lanbsp;“hrygie. Ce Detroit oü Xerxes Roi de Perfenbsp;Jetta un Pont de bateaux pour faire pafler huitnbsp;'^ent mille hommes en Grece., a deux nomsnbsp;*nciens, 8c deux noms modernes. On 1'ap-^hoit Hellefpont, comme qui diroit, mer dcnbsp;pellé, qui fut fille d’Athamas Roi des The-hains, 8c qui pour éviter les embüches de fanbsp;^^lle-mere Ino, prit la fuite avec Phryxus fonnbsp;‘tere, 8c fe noya en palTant cette mer, qui ennbsp;*etint Ie nora. On l’appelloit encore détroitnbsp;Seftos 8c d’Abydos, du nom de deux Villesnbsp;®®Ues de cóté 8c d’autre de fon tivage, 8c fa-4nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Fnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mcu^

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itl Voyage de V Archipel nieufes par ks amours de Leandre amp; de Hero *nbsp;quelesPoëtesnoLisonttant chantées. Les deu*nbsp;noms modernes font les Dardanelles 6deDetroitnbsp;de Gallipoli, dont je parleai dans la fuite denbsp;cctte Defcription , que je tachcray de vousnbsp;donner Ie plus exaólementqu’ilmefera poffibk-Eftant done fous Ie canon des deux Chi'nbsp;peaux neufs, qui font des deux cótez de rentree , nous les faluames de fept coups de nófenbsp;artillerie , amp; ils répondüent a leur ordinairenbsp;d'un feulcoup a bale. Nous les remerciaines denbsp;Ginq autres, car les faluts de mer fe font toü-jours a nombre impair, comme les Medecins fontnbsp;des pilules qu’ils ordonnent. Ces deux foiteref-fes n’ontrien de conliderable, ni qui les doivenbsp;faire craindre.que la grofleur des canons poin-tezafleurd’eau. Elks n’ont nifolkz.ni ouvra-ges 4:6c ce ne font que de iimples murailles, qui nenbsp;font pas même foütenuës de terre par derriere.nbsp;LefoirrAga.d’une desForterelTesenvoya faluernbsp;nos Capitaines, 8c ks regaler d’un magnifiquenbsp;prefent de deux douzaines d’osufs, 8c d'autant denbsp;poules. Onkspaya.avec ufure, par de bon vinnbsp;amp; de la poudre qu’on prelenta.a ceux qui vin-rent de la part. Car les Tutes n’ont guerenbsp;accoutumé de donner, s’ils n’elperent de rC'nbsp;cevoir Ie double en échange.

Le courant de 1’Helkfpont , qui va tou-jours du Nord au Sud en tombant dans l’A’’' cbipel, comme Pline 1‘a remarqué, 8claTr*'nbsp;montane qui y foufie en Eté quelquefois deu*nbsp;raois de fuite ; nous empêchoit d’aller pk®

avant, 8c nous.commencions de nous ennuie

d'etre fi long-temps a l’ancre. C’eft ce d*** no is fit prendre la refolution d’aller par terr®nbsp;jufqu’aux vieux Chateaux , pour y prendfnbsp;une barque pour Conftantinople, 8c il y avoinbsp;fept OU huii .milks de cheaiin. Nous

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de Conjlantmpïe. 125 SU village Ie plus proche appellé Kainoum-Chorio , c’eft-a-dire Ie Vülage-neuf; pour ynbsp;chercher des cheveaux. J’y couchai chez uanbsp;Grec, qui me receut avec l’Evêque de Serifonbsp;amp; Mycone, qui y étoit venu avec moi, amp;nbsp;«jui avoit Ie même deflein que nous. Nótranbsp;hóte nous traita Ie mieux qu’il lui fut pofli-ble, Sc parccque l’Evêque qui étoit Caloyer,nbsp;comme ils Ie font tous, ne mangeoit pas de lanbsp;viande, felon les regies de leur Ordre, il nousnbsp;fit un repas de raifins, de figues, de miel canbsp;ïaïons, d’ceufs, de fromage 8c de melons d'eaunbsp;sue les Grecs appellent Aagourte. C’ell unnbsp;iruit commun dans ces quartiers-la , 8c lesnbsp;ineilleurs viennent de Gallipoli. Ce village elfnbsp;d'une centaine de maifons de Grecs, quiyontnbsp;une petite Eglife ou nous allaines entendre leursnbsp;Vêpres. Le Prêtre les chanta de la plus miferablcnbsp;Uaaniere du monde, 8c l'on ne difcernoit pas uanbsp;Uiot de ce qu’il difoit. Pcut-être auffi n’yen-tendoit-il rien lui-même; car ils fontlaplüparïnbsp;fi ignorans dans les Villages, qu’ils ne ffaventnbsp;pas feulement lire leur Office, 8c ce qu’ilsnbsp;difent, ils le fjavent ordinairement parnbsp;coeur. Du moins s’ils le fgavent lire, y ennbsp;a-t-il fort peu qui 1’entendent, paree qu’il ellnbsp;Grec literal, qui eP prefque autant different du Grec moderne, que le Latin l’eltnbsp;ue ritalien,

Le jour fuivant 15. de Septembre, n’ayanl pü tiouver des chevaux, nous loüames pournbsp;Uous conduire aux Chateaux quatre chariotsnbsp;pour quatre que nous étoins avec nos hardes.nbsp;i^ótre marché étoit affez fingulier. Nos chariots étoient foutenus de deux petites roüe^nbsp;jolides fans rayons, 8c attelez chacun par deuxnbsp;bufies, qui nous conduifoient avec bcaucoupnbsp;'wgtavité, ce qui fit que lanuit vint, avantnbsp;F znbsp;nbsp;nbsp;nbsp;que

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1X4 'Voyage de TArchipel que nous fuffions anivez. Par bonheur noufnbsp;avions rencontre en chemin un lionnetehora-me, qui nous reconnoiflant pour des Francs,nbsp;nous dit qu’il étoit le Conful de la Nation An-gloife amp;: de la Hollandoife, 8c qui fe mit de-vant pour nous preparer un logis; ce qui nousnbsp;fit bien du plaifir, parceque n’ayant aucunenbsp;connoifiance en ce lieu-la, 8c y arrivant a uncnbsp;heiire de nuit, nous aurions eu bien de la peinenbsp;amp; en trouver un. Nous fumes receus chez unnbsp;de fes amis appelle Eliazer Ruder Droguemannbsp;des Veneticns, amp; le Conful s’appellé Abrahamnbsp;Curfo, tons deux Juifs de Religion, 8c fortnbsp;civils. Nous commenjames a connoitre quenbsp;nous étions en Turquie, paree qu’il nous fallutnbsp;fouper avec nos hotes, les jambes croifées furnbsp;une eftrade , dans la meine pofture de nosnbsp;Tailleurs d’habits. Le Bourg de ce Chateaunbsp;du cóté d’Aiie eft peuplé de trois ou quatrenbsp;mille ames , moitié Mahometans, 8c moitienbsp;Juifs. Les Chretiens y font en tres-petit nom-bre, 8c n’y font pas fort confiderez.

Je m'eiois imagine que ces deux Chateau* defendant l’entrée de la mer de Marmora, ounbsp;de la Propontide, 8c par confequent celle denbsp;Conftantinople, devoient être quelques placesnbsp;d’impottance. Ce n’eft pourtant rien raoinsnbsp;que ce que je m’étois figure, celui du cóté denbsp;J'Afie oil nous étions, n’étant qu'unc enceinte de murailles , avec un méchant foff^nbsp;dc trois ou quatre pieds de profondeur; 8inbsp;celui qui eft du cóté del'Europe, n’eft qu’unenbsp;Tour ronde avec deux Boulevarts avancez eitnbsp;coeur d’une maniere Gothique. Ces deux pe*nbsp;lites 'Villes ne iont point fur le plan des deu*nbsp;anciennes Seftos 8c Abydos, comme le veu-lent nos Diftionaires Geographiques. I! n’/nbsp;paroit aucune mafure antique, 8lt; ce n’eft p^*

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f3 de ConHantinople. nbsp;nbsp;nbsp;iijf

la auffi 1’endroit Ie plus étroit de l’Hellefponr. Car ^ trois milles plus loin il ii ferre bien da-vantage , amp; nous y trouvames au bord de lanbsp;mer des fondemens 8c quelques mafures, quinbsp;iious confinnerent que c’étoit la leur veritablenbsp;Situation. Le nom même d’Abydo, ou Avirnbsp;flo eft inconnu aux Chateaux. Les noms qu’osnbsp;donne a ces deux Bourgs qui font autour desnbsp;fieux fortcrefles des Dardanelles, font le chateau vieux de Romelie , c? le chateau vieuxnbsp;d'Anatolie, chacun felon la maniere d'expri-mer de fa langue. La largeur de THellefpontnbsp;eft la d’environ deux milles, de forte que lenbsp;canon porte aifement d'un cóté a l’autre.

Le lendemain nous primes une Felouque a cinq rames, qui nous devoit conduite jufques-a Conttantinople, c’eft-a-dire aumoins foixan-te lieuës, 8c nous fimes marché avec des mariniers Turcs pourdixneuf paiftres. Nousmar-chames toutc.la nuit 8c arrivaraes deux heure»nbsp;avant jour ^ Callipeli, que nous alldraes voir,nbsp;bien qu’il y euftdelapefte. Mais commcnousnbsp;allions a Conftantinople, oü elle regne pref-que inceflamment, il étoit neceffaire de s’ynbsp;accoütumer de bonne-heure. Gallipoli eft uncnbsp;grande Ville de cinq ou fix milles de tour,nbsp;mais elle n’eft pas peuplée a proportion de f«

gt; grandeur. Chaque maifon prefque a fonjardin. Le Bezeftein, qui eftle lieu oii fe vendent lesnbsp;marchandifes, eftun grand batiment quiaquel-lt;3ues domes couverts de plomb, 8c qui eftnbsp;aflez bien fourni On fait état qu’il y a dansnbsp;la Ville douze mille Turcs , quatre ou cintjnbsp;mille Grecs, 8c presque autant de Juifs. Ellenbsp;ii’a qu’une méchante Fortereffe a peu prés denbsp;Ja maniere des précedentes. Nous avions elTayénbsp;‘1’avancer chemin, mais aprés avoir demeuréinbsp;''Q mille de Gallipoli, 8c paffé la nuit foüs unnbsp;F 3nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;arbre.

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1 i6 Voyage de VArchipel arbre , nous fümes obligcr d’y retourner i e»nbsp;attendant que la Tramontane s’appaifat, 8cnbsp;xious vinmes loger chez Ie Conrnl Venitien.nbsp;Nous ne trouvames pas la des Antiquitez qu*nbsp;nous fatisfilTent , n’y ayant vü qu’une frifcnbsp;de marbre bien travaillée vers Ie Port, 8Cnbsp;qu’une Infcription de peu de confequence.

Nous crdmes que nous pourrions voir quel-Ï^AM- que chofe de plus confiderable a Lampfaco, quir jsACo. eft de 1’autre cèté du détroit d^ns l’Afie.'SCnbsp;nous y paflames malgré un gros vent qui nousnbsp;donnant en flanc menagoit Touvent nótre barque d’être culbutée. C’eftun Bourg mediocrenbsp;habité de Turcs 8c de peu de Grecs. Maisparnbsp;avance, je dois vous donner avis, que quandnbsp;je vous parle de Villes, de Bourgs ou de Villages dans la Turquie,je n’entens pas fairenbsp;tine diftinélion corame dans nos pays de licudnbsp;fermez ou ouverts; car en Turquie les Villes,nbsp;quoique fort.grandes, ri’ont point d’ordinairenbsp;de murailles, a la reibrve de quelques-uncs,nbsp;comme font Conftantinople, Andrinople, 8Cnbsp;quelques Villes frontieres. Celles qui font ^nbsp;peu confiderables ont quelque petite fbrtereuénbsp;commandée par un Aga avec quelques Officiers 8c foldats , qui ne portent pas nean-moinsl’épée.s’ilsnefontcn fadfion. Auffiferoit-ce s’expofer ï quelque affront de la vouloirnbsp;porter dans nne Villè , car il leur fembleroitnbsp;qu’on auroit quelque mauvaife intention, ounbsp;du moins qu’on témoigneroit de ne fe pas croi-re en feureté parmi eux.

Lampfaque eft une des trois Villes que Xerxes donna a Themiftocle pour fon entretien^ Magnefie étoit pour fon pain, Myuns pourftnbsp;viande, 8c celle-cy pour fon vin. Auffi y re*nbsp;marquames-nous detres-belles vignesi l’entour.nbsp;U y avoit un Port excellent i 170. ftadesd’Aby

dos.

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de Confiavtimple.

^os, Si elIefutnomméeanciennement7gt;i/|yaya, felon Ie téraoignage de Svrabon. Priape futnbsp;particuliercinent reveré en ce lieu-la , quiétoitnbsp;celui de fa naiflance, 8c Virgile en fait mention au 4. des Georgiques. Les Turcs quinbsp;liabitent a Lampfaque ne font pas fi fcrupuleuxnbsp;qu’en bien d’autres lieux, oü ils n’ofent pasnbsp;cultiver la vigne, Ie vin leur étant defendu parnbsp;la Loy de Mahoraet. Icy fous pretexte d’a-Voir des raifins, ils ne laiffent pas de faire desnbsp;vins cuits qui leurs font permis, 8c de l’eau dcnbsp;vie, dont les moins fcrupuleux fe fervent denbsp;méine que nous. Entrant dans un lieu, oilnbsp;1'on boit du Café, nous y trouvames un Juif,nbsp;qui parloit Italien. II nous mena voir troisounbsp;quatre Infcriptions Greques, dont les deux plusnbsp;Belles étoient chez un Turc appcllé Achmetnbsp;lt;Aga Tchelebi, 8c quelques mafures, que kousnbsp;jugeames avoir été des murailles anciennes denbsp;la Ville.

La Mofquée eft afiez belle pour ce lieu la. Les gens du pays difent quelle a fervi d’Eglifenbsp;aux Chretiens, 8c en efïét aux quatre colonnes que foiitiennent le Portiqne , on remarqucnbsp;des croix fur les chapiteaux. Notre Juif nousnbsp;snena voir a une demi-heure de la au quartiernbsp;de Sotihachi qiielques debris d’une Eglife: avecnbsp;fept ou halt colonnes couchées par terre ksnbsp;nnes fur les aiitres'. II nous en fit uncontequcnbsp;Ics payfans d’alentour alTurent être veritable,nbsp;que depuis peu d’annees on en voulnt empor-kr qnelques-uncs pour fervir dans Lampfaquenbsp;a la fabrique d’une Mofquée neuve, mais quenbsp;le lendemain on les trouva dans le même lieunbsp;d’oü elles avoient été ótées; 8c cela par deuxnbsp;fois; ce qu’ils attribuent a tin miracle, Dieunbsp;ne voulant pas que des pierres qui avoient éténbsp;Cfflpioyées pour une Eglife, fervüicntauxMof-F 4nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quces

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'i z8 nbsp;nbsp;nbsp;P^oyage de TArchipel

quées des Turcs. Neanmoins ils ne. doivent étre que trop convaincusdu pouvoircjue Diet»nbsp;a donné a ces Infideles fur les Chretiens denbsp;TEglife Greque dont ils fe font appropriez par-tout les prindpales Eglifes. Nous retourna-mes coucher Ie foir a Gallipoli, Ie trajet n’é-tant que de hiiit milles ; roais ces deux lieuXnbsp;ne font pas tout-a-fait vis-a-vis l’un del’autrernbsp;car Lampfaque eft un peu plus au Midy, amp; Gallipoli eft juftement a I’entrée de Ia nier blanche, connuëancicnnementfousle nora dePro-pontide.

Notis partimes Ie lendemain a l’entrée de I*-jiuit, pour profiler du calme, amp; Ie matin nous nous trouvaines avancez de trente milles. Nosnbsp;mariniers ayant befoin de repos nous nousnbsp;arreftames au village appellé PeraJIe , oü nousnbsp;fumes regalez de caféamp; de fruits par l’Aga qui ynbsp;commandoit, ayant reconnu M. l'Abbé Char-pentier qui nous avoit joint avec fa Felouque,nbsp;amp; qui faifoit Ia mêine route que nous. II l’a-voit vü au premier chateau des Dardanelles»nbsp;OU il étoit defcendu. Six milles au dela nousnbsp;fifines une feconde paufe a un autre villagenbsp;appellé Heraclijfa, 6c deux heures aprésnousennbsp;flmes une troifiéme a Alyriofyton, autre village qui a plus de deux cens feux, 8c dontnbsp;les habitans font en partie Turcs , 8c en partienbsp;Grecs. Nous voulumes nous promener dansnbsp;les ruës , mais les enfans nous ayant apperqusnbsp;habillcz a Ia Franqoife', s’attrouperent aprésnbsp;nous, ce qui nous obligea de nous retirerversnbsp;nótre barque. Le Sangiac qui commandoit ennbsp;ce lieu-la nous connorirant pour Etrangers»nbsp;nous aborda , 8c nous entretint quelques mo-mens a.vecun peu d’ltalien qu’il f^avoit. Ilnousnbsp;dit qu’il avoit été pris efclave 8: mené a Mal'nbsp;the, oü il avoit demeuré trois ans avant qu®

de

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Cf? de ConftantmpJe. il9

s’ctre pü rachêter. 11 fc loüoit fort du Cor-faire qui 1’avoit pris , amp; dont il avoit receu toute forte de bon irahement. C'éioit Ie Ca-pitaine Daniël de Marfellle, qui fut tué il y anbsp;deux ans, en febattant contre les Vaiffeauxdenbsp;Tripoli amp; les Galeres du Bey Maffamam. Cenbsp;Sangiac nous fit prefent d’un panier de raifins,nbsp;dont les grains, lans mentir, étoient auffigrosnbsp;que des ceuft de pigeon, amp; Ie goüt en étoitnbsp;tres delicat. Le vin eft k grand marcbé dansnbsp;toute Ia cóte de Ia mer blanche.

Nous couchames dans n6tre chaloupe . amp; partimes avant jour pour traverfer Ie golfe' denbsp;Rodejlo, au fond duquel cfi la Ville de cenom,nbsp;fituée fur le panchant d’un cóteau, amp; dont lesnbsp;inaifons font une agréable vüe fur la marine.

Elle eft aulli grande que CalHpoli, 8c mieux peuplée. Nous y decouvrimes dix ou douaenbsp;Mofquées avec Icurs minarets, c’eft-a-dire, a-vec leurs petites tours, d’oül’on crie aux heu-tes de la priere , pour appeller le peuple ^nbsp;la Mofquée. Les Grecs y ont auffi glufieursnbsp;Eglifesv

Trois heures avant Ia nuit nous arrivames Ueraclée, qui a un beau Port fait en Araphi-j-^jj^nbsp;theatre, d’environ trois milles de tour, 8c dontnbsp;la bouche eft au Nord-eft. Nous eümes affeznbsp;de temps pour y aller cbercher des Antiquitez,

8c nous ne tardames pas d’en decouvrir. Les tnurailles ont des pieces de ftatuës, de colonnes 8c de chapiteaux enclavées parmi leurs au-trcs materjaux, 8c ayant apperccu quelque In-fcription, nous voulüraes la copier, mais raal-lieureufement mon cainaradc 8c raoi avionsnbsp;perdu nos plumes. Ce nous étoit un grandnbsp;malheur en cesquartiers-1^, parceque lesTurcs-^ les Grecs ne s’y fervent que de petites can-tailiées a leur mode, dont neus aarionsnbsp;F jnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• Ipje®

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i^o- Voya^ de f Archipel bien de Ia paine a écrire Ic moindre mot. Dansnbsp;eet embarras nous allames jetter les yeux furnbsp;«ne aile d’oye qui tralnoit par Ia ruë, d’oünbsp;Bous tiiames promptement quatre ou dnq plQ'nbsp;mes, a vee lefquelles nous copiames quelquesnbsp;belles Infcriptions. II y en a une entre autresnbsp;inlerée dans Ie raur de lEglife Cathedrale desnbsp;Grecs, oü fe lit Ie nom de Perinthus, que 1*nbsp;Ville portoit du temps des premiers Empereurs,nbsp;conwne elle avoir eu auparavant celui d'Heracle»nbsp;qu’clle avoir repris dans Ie bas Empire, felonnbsp;que rapporteZozime,. amp; qu’elle retient encorenbsp;aprefent. Cette infeription étoit dediée aThon-Beur de l’Empereur Severe , amp; c’eft avec rai-fon qu’ils fe fouvenoient dece Prince, qui leurnbsp;avoit alfujetti la Ville de Byfance . devenucnbsp;Totjjet de fa colere, pour avoir defendu avecnbsp;trop d'opiniatreté Ie parti de Pefcennius Niger.

Je m’entretenois un jour a Conftantinople avec Monfieur Finfch Ambaffadeur d’Angle-terre , fur la fituation d’Heraclée. G’eft unnbsp;Gentilhomme f^avant, amp; de beaucoup denbsp;merite, amp; qui a une particuliere connoiffancenbsp;de ces pays-lL II me dit qu’il croyoit, quenbsp;c’étoit la Ville de Tchourly, oü il avoit palTé eamp;nbsp;Venant d’Andrinople. Qu’il y avoir mêmcnbsp;trouvé une Infeription a I honneur d’Herenniusnbsp;Etrufeus faite par les Perinthiens. Que la pier-re étant fort groffe il n'y avoit aucune appa-rence qu’elle eüt été apportée d’ailkurs , SSnbsp;qu’ainfl ce devoit être leur Ville. Pour lui di'nbsp;re auffi mon fentiment, je repartis, qu’è 1»nbsp;verité Tchourly devoit être une Ville du ref-fort des Perinthiens ^ n’étant éloignce que dcnbsp;quelques lieuës d’Heraclée; mais que proprc'nbsp;ment Perinthus étoit une Ville maritime, cenbsp;que la.defcription des anciens Geographes, SSnbsp;Jes, medailles de cette Ville, qui ont une Galt;

lerff

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6? de Conjidnt'impfe. i lere ao revers, prouvoient affez clairemenr.

Que rinfcriprion qiie nous y avions trouvec portoit auffi Ie nom des Perinihiens, Sc qu’en-fin Ie nom d’Heraclea qu’elle avoir encore anbsp;prefenr eh étoit line preiive fuffifante.

Le lendemain quatre heures avant Ie jour nous nous mimes a la rame, 8c Jailfames atinbsp;Soleil-levant Selymbria, qui eft une anciennenbsp;Villc, OÜ il y a prefentement plufieurs Mof-^uées, nn Bezeftein Sc Philieurs Eglifes Gre-ques. Plus avant nous vlmes Pivad'es Tfchefch-fnehé, 8c trois ou quatre autre grands IBourgs.

Nous vinraes coucher au Port de la Ville de San stefam, d’oil Ton ne conte que neut ounbsp;dix milies jufques a Conftjntinople.

Le lundi matin 13. de Septembre nous arri- Con-vames a cette grande amp; fameufe Ville, qui*T''^quot; 'bien qu'elle ne Ibit batie prefque entierementnbsp;que de bois, ne lailTe pas d'ayoir fes beautezf'-®»nbsp;aiifii bien que fi elle droit toute de marbre.nbsp;Comme ’nous paffions prés des murailles de lanbsp;Ville, qui font fur le Bofphore, je remarquainbsp;qu’elles dtoient fort negligees. Sc qu’appareni-irient elks n’ont pas été rebaties depuis le tempsnbsp;des Erapereurs Grecs, paree qu'on y void encore en beaucoup d’endroits des inferiptions ,nbsp;oil font des noms des Empereurs qui Icsavoientnbsp;‘relevées. On y lit entre autres les noms desnbsp;Empereurs Theophile, Michel Bafile, Con-flantin Porphyrogenete, Manuel Comnene Scnbsp;Jean-Pakologue, fous 1’Einpire duquel la Ville fut prife. Ainfi cela confirme ce que Gyl-lius dit, que les murailles de Gonftantinople'nbsp;one été rebaties par 1 heophile, fans parler desnbsp;autres, ce qu’il n’auroit pii neanmoins igno-•¦er, s’il avóit obfervé ces Inferiptions, qui fontnbsp;siTez en vide.

t»‘ancienne Byrance, qui étoit an wêmc F 6nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Sea*


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ï nbsp;nbsp;nbsp;Voyage do VArchipel

lieu OU eft mainienant Conftantinople, n’étoit autre chofe que l'cnceinte du Serail, qui eftnbsp;de quatre ou cinq milles. Ses Fondateuis a-Toient confulté I'OracIe^ qui leurordonnad'al-kr batir une Ville vis-a-vis du pays des aveu-g!es. Comme il étoit fort obfcur, amp; qu’ils é-toient en peine de fftvoir ce que l'oracle en-lendoit pat ces aveugles, ils jugerent enfin qu^nbsp;c’étoit fans doute ceux de Chalcedoine, quié-toient traitez, d'aveugles^ pour être venus lesnbsp;premiers dans Ie voifinage du Bofphore, amp; arnbsp;¦v,oir fi mal choifi l'endroit de leur Ville, quinbsp;eft du cóté de l’Afie dans une Alliete defavan-tageufe; au lieu qu'ils pouvoient s’aller poliernbsp;lur la langue de tcrre qui eft cntre la Propon-tide 8c Ie Golfe que fait Ie Bofphore, fi coni'nbsp;mode pour fervir de Port. Ainfi ils refolurentnbsp;d’y aller batir une Ville quils nommerent By-xance y du nom de leur Chef appellé Byzas.nbsp;En effetyla fituation de Conftantinople eft admirable, foit pour la coramoditéy foit pour lanbsp;beauté. 11 ne regne que deux vents en ce pays*nbsp;k , Ie vent de Nord amp; Ie vent de Sud. Quandnbsp;Ie premier foufle, il ne peut rien venir par la-Propontide Scpar Ie Bofphore de Thrace; maisnbsp;alors pat Ic Pont Euxin Ie Bofphore Ponti-que les Vaiffeaux ont vent en poupe, amp; four-niflent la Ville de provifions neceflaires. Aunbsp;contrairequand Ie vent de Sud domine ,nbsp;tien ne peut venir du Pont-Euxin, amp; toiftnbsp;vient de la mer blanche.. Ainfi ces deux ventsnbsp;font comme les deux clefs de Conftantinople*nbsp;qui ouvrent 8c ferment l’entrée aux.Vaiffeaux *nbsp;amp; quand 1’un 8c l’autre ceflént, elle eft librCnbsp;aux. petites Barques qui vont a-la rame.

Ces deux Détroits qui font la communica^ tion de la Propontide avec Ie Pont-Euxinnbsp;^igneat entte. Goaftantinople amp; Galata» ^

s'éUii'

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Ö* de €onfiantmopU. ij j s'élargiflent en un petit golfe de dix ou doiizenbsp;injllcs de circuit. Quand on eft au miüeu, o»nbsp;ne void ni l’entrée, ni la fortie, amp; cc grandnbsp;badin fait Ie plus beau Port du monde, mêmenbsp;pour les plus grands VailTeaux, qui ont affeznbsp;d’eau proche de terre, pour y pouvoir paliernbsp;fur une planche. C’eft autour de ce baffirtnbsp;qu’on void Conftantmople au Midy amp;au Cou-chant; Galata , Fonduk!i-amp; TophanaauNord,nbsp;amp; Scutari au Levant , ce qui donne aux yeuxnbsp;Ie plus magnjfiq.ue objet qu’on fe puiffe imagi-ner. Toutes ces maifons, ou plutót toutes ces-Villes étant baties fur des eminences en Amphitheatre ,. on découvre Ie tout d’un feulnbsp;coup d’eeil; Le mélange des Cyprés amp; desnbsp;tnaifons de bois peint, avcc les domes desnbsp;Mofq.uées qui font fur les lieux les plus éleveznbsp;contribuë beaucoup a ce merveilieux afpeéLnbsp;Mais pour dire auffi let chofes comme ellcsnbsp;font, toute la beauté de Conftantinople eft aanbsp;dehors, car au dedans il y en a peu. Les, ruesnbsp;font fort etroites, amp; il faut prefque toujoursnbsp;monter ou defcendre. Il n’y a que la grandenbsp;rue qui regne depuis la porte d’Andrinople juf-qu’au Serrail, qui eft paflablement belle.

Je ne veux pas entreprendre une defcription axadte de cette Ville, plufieurs autres qucnbsp;moi s’en étant acquitez fidelement, ¦amp; entr’au-rres Petrus Gyllius, Pietro de la Valle, dunbsp;Loir» Thevenot, amp;tout frakhement M.Jeaanbsp;Tavernier, le plus fameux Voyageur dé nó^nbsp;tre ficcle. Il me femble que Rome ne nousnbsp;doit pas être mieux connue que Conftantinople, puifque nous avons tant de relations denbsp;I’une 8c de I’autre. Toutefcis il ne feroit pasnbsp;honncte d’en fortir, fans faire voir que j’y aynbsp;«té, 8c que j’y ay remarqué des chofes, anbsp;^uoi peut-être Ics autres n’ont pas pris garde.

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13t4 Voyage de VArchipel

II n’y a peifonne qui ait decrit plus exa(fl'e' itient Contiantinople que Petrus Gylfius, nean-iBoins il n’avoit jamais vu la colonne de TErn*nbsp;pereur Marcien, corame li elle eüt été perdue. J’eus le bonhenr de la découvrir, amp; j'ennbsp;veux bien donner ici le delfein que je crayon-nai moi-même. On. la void an quarticr desnbsp;Janiflaires tout joignant le bain d’lbrahim Ra-Gha, dans la cour de la maifon d’un particulier. Elle eft de marbre granite, 8c peut a-Yoir environ quinxe pieds de haut. Son chapi-teau eft d’ordre Corinthien, 8c; elle portoit aunbsp;deflbus la ftatue de ce Prince r comme I’ln-ftrription de fa bafe nous 1’apprit, quo! quenbsp;tres-difScile a- dechifrer. Sur le chapiteau eft unnbsp;quarre de pierre creufe orné de quatre ai-'nbsp;gles a fes angles. Cela me fait juger que lenbsp;cosur de ce Prince y pouvoit être renfermé;nbsp;car les deus Vers qui font a la bafe, avertif-ient le Ledeur de confiderer la ftatuë’8c Ie lifnbsp;de Marcien, que Tafianus lui avoit confacré.nbsp;Si c’eüt été un Empereivr Payen, on auroitnbsp;mis la fes cendres dans quelquc urne; maf?nbsp;comme il étoit Chrétien,. 8c que la coüturaenbsp;de brüler les corps étoient abolie parmi eux^nbsp;il y a quelque raifon de croire, qu’on avoitnbsp;mis feulement fon ccéur li dedans, le corps-ctant peut-être enterré foüs la pyraraide.

La colonne qui eft au milieu de la ViHe toute hiftoriée cn bas reliefs, a été élevée anbsp;1’honneur des Empereurs Arcadius 8c HonO-rius, dont l’cm voit la rcnrefcntation fur uiïnbsp;eóté de la bafe. Ü^eux Vidoires leur fnettenfnbsp;la couronne fur la tête, 8c ils font accompa-gnez d’une troupe de Senateurs. Au rang de'nbsp;deflbus, deux autres Vidoires amenent dés-figures de femmescotironnées de crcnaux, qulnbsp;tcprefeBteut amant ‘de Villesque les-amiées-

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de Conftanftnoph. t ces deux Princes avoient foümifes a leurnbsp;Empire. Le Labarum, qui ëtoil Ie chifré en-trelacé des deux premieres lettres du nomnbsp;Chriftos y que la pieté des Empereurs Chretiens avoir fubftitué a l’Aigle Romaine, y 'pa-tok en difFerens endroits» La colonne eilnbsp;route de marbre, amp; de la maniere de celle denbsp;Trajan, qui. eft i Rome. La fculpture n’ennbsp;ek pas fi bonne; auffi eft-elle d'un flecle oU',nbsp;les Arts avoient beaucoup perdu de leiff perfection. Elle eft pourtant affez belle, amp; jernbsp;me fuis également étonné de ceux qui la mé-prifent tour-a-fait» amp; de» autres, qui la preferent mêrae a celle de Trajan; Pour ce qui'nbsp;Èft de la hauteurelle la furpafte; car felon Ianbsp;mefure qu’en a donné Gyllius, elle eft de 147..nbsp;pieds, au lieu que celle de Trajan n’en a quenbsp;IZ3. mais celle d’Antonin les furpalfe toute»nbsp;deux, ayant 177. pieds de haut. Cette colonne dont je parle a un efcalier en dedansnbsp;mais je ne pus obtenir des Turcs la permilïionnbsp;d’y monter, foit qn’ils faffent fcrupule d’y ad-¦Urettre des Chretiens, ou que les degrez ennbsp;Idient ruinez. Les figures de la bafc amp; du basnbsp;de la colonne font fort maltraittées, plutótparnbsp;la fuperftition des Turcs qui n’en veulent pas-IdufFrir, que par fa propre vieillelTe. LeSculp-^ur qui a gravé ce grand nombre de figuresnbsp;d’hommes amp; de bêtes, fera bicn étonné aunbsp;JQur du Jugement, felon 1’opinion de ces ridicules Seétateurs de Mahomet, quand chacu-de ces figures viendra lui demander fon a-a. faute dequoi clles l’accuferont devantnbsp;^eu de leur avoir donné ce corps, fans avoirnbsp;Pd en même temps leur fournir un efprit pournbsp;animer. Car les Turcs ont cette folie imagination de croire que toutes ces reprefenta-‘loos^. foit en plate peintuie, foit en boflc».

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ï nbsp;nbsp;nbsp;Voyage de TJrchrpel

prendront vie a la fin du monde, amp; que leur donnera une ame, en puniflant en raêmcnbsp;temps ccux qui auront eu la teroerité de lesnbsp;faire, amp; d’avoir voulu imiter la puilFance danbsp;Createur.

II y a une autre colonne a cóté de la grand-TUë qui vient d’Andrinople. Elle n’a point de bas reliefs, mais elle eft plus precieuië qnfnbsp;toutes les autres, étant de porphyre, quoiqu’*nbsp;prefent il y ak de la peine a Ie difcerner d’s*nbsp;vee Ic marbre, paree qu’elle a éié noircie patnbsp;les frequens embrafemens des maifons voifines»nbsp;ee qui lui a donné Ie nom de Colonne bruldejnbsp;amp; raême pendant Ie fejour que je fis a Con-Ilantinople, il y eut une centaine de maifonsnbsp;qui brulerent aux environs. Conftantin avoitnbsp;fait mettre fa ftatuë au delTus, mais elle ncnbsp;s'y, voit plus. Gyllius qui en avoit pris toutesnbsp;ks dimenüons,^ éc qui nous les rapporte aveCnbsp;cxaélitude, ne parle point d’une inferiptionnbsp;qui eft tout au haut. Je la lüs avec une petite JU'nbsp;Bete d'aproche, ne pouvant pas aifez difcet-Ber les lettres fans cela, du bas de la ruë. Lenbsp;fens de ce qu’on y Ut n’eft autre chofelinonnbsp;que eette colonne a été renouvellée par 1’Em-pereur Manuel Coranene. On dit que c’eftnbsp;la proche que mourut d’une mort tragique Ienbsp;fameux heretique Arrius.

Four ce qui eft de 1» colonne de Pompéegt;f comme Ie vulgaire 1’appeile elle eft a I’erabou-chüre de la Mer noire ou du Pont-Euxin, fittnbsp;un écueil vis-a-vis du village de Fanari. Cenbsp;rocher eft une de ces pierres Cyanées, dontnbsp;les Anciens racontoient diverfes Fables, cofUf'nbsp;me de dire qu’elles fiotoient fur la mer, tan-tót d-un cóté, tantót de 1’autre. Nous piknbsp;mes une Felouque a fix rames pour l’allervoir-ïdle eft de marbre^ 8i. n’a g^uere plus de dou'

I

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T.I. P. l%7. -

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de Conflantimple. i yy ïc pieds dc haut, avec un chapiteaii Corin^nbsp;thien, amp; une bafe ronde, qui ne paroit pas a-Voir été faite pour cela, mais plutót pourquel-que Alltel de Sacrifice. L’Infcription de cettcnbsp;lgt;afe cft a 1’honneur d’Augufte. Monlieur denbsp;Monconis a cru qu’elle n’étoit pas antique,nbsp;parceque les carafteres en font mal formei, 8cnbsp;fort fuperficiels, mais il ne faut pas s’en éton-Ber, puifqu’elle eft depuis fi long-temps expo-fée a i’air de la mer, qui eft de foi-même cor-tofif; amp; fi monfentiment eft de quelquepoidsnbsp;dans une matiere que je dois entendre, j’a-¦voüe queje ne fais pas de difficulté de la recc-Voir pour telle. En y allant on laifte a main-gauche les Bourgs amp; Villages fuivans, dontnbsp;voici les noms, les premiers étant joints a Gagt;nbsp;lata.

Top-hatia , Foniiukli, 'Bechiktaffh , Ortakioi Coroutfchefné , Arnaudkioi, Bebekbackchefi, Ei^nbsp;bihifjar OW Caftel-Vecchio, Bartohman, Tegna,nbsp;iegnikioi, Therapia, Foiukderé, Saryer.

Et a la main droite dans 1’Anatolie. Scutari, Coujchcougitik , Staarffs, Tchenghelkm, Coula-tdkcheji, Candil-Bakcheji, Eskihi/far d’Anatolienbsp;vis-a-vis celui d’Europe , Ghiokfoüi, Tchi-bou-Wi, inghirlikioi, Onkiar-Skelofi, Bcicos, Saüboa-roun , loro , olim Vanum.

Pour achcver ce difcours des Colonnes de Conftantinople, nous vinmes a l'Arraeydaanbsp;^ui eft une place longue de 550. pas, 8c large de izo. C’étoit 1’ancien Hippodrome dunbsp;temps des Empereurs d’Orient, oii 1’on faifoitnbsp;des courfes de chevaux 8c des réjoüflances pu-“'iques. L’Obelifque, ou l’aiguille qui y eftnbsp;dreflee eft une belle Pyramide quarrée d’unenbsp;^ule piece, 8c d’environ 50. pieds de haut.nbsp;Qn trouve dans les Memoires de Monfieur denbsp;¦^fonconis qu’elle eft haute de do. pas; mais

c’eft

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1 jS Voyage da rArchipel c’eft une faute trop grofliere pour croire qu'el‘nbsp;Ie vienne de l’Autheur; c’en eft une de Tim-preffion; au lieu de 6o. picds. II y a dans lanbsp;bale une lufcription Greque d'un cóté, amp; u-ne Latine de l’autre , qui nous apprennentnbsp;toutes deux, que c’elt I’Empcreur Theodofenbsp;qui Tavoit fait redrelTer, après avoir étéiong-*nbsp;temps' negliglée amp; couchée par terre. Lesnbsp;Vers Grecs difent qifelle fut erigée en rrente-deux jours , amp; l’on voit dans un bas relief»nbsp;qui eft i un des cótez les machines que l’onnbsp;employa pour la mettre fur pied. Je vous ennbsp;donne ici Ie deflcin, avec un autre bas reliefnbsp;qui s’y voit aufli. amp; qui reprefente cette mê-ftie Place coinme elle étoit lorfqu'elle fervoftnbsp;d’Hippodrorae. L’Empereur y va couronnernbsp;quelque Viélorieux, qui fe profterne a fes ge-nbüx: amp; au bout un Cavalier manie fon che-val, amp; l’Ecuyer I’aniitie du foüet, comm®nbsp;on fait dans nos maneges. Cinq colonnes pa»nbsp;foiffent dans eet Hippodrome. Celle du milieunbsp;eft ce même Obelifque. 11 en refte encore nnffnbsp;des quatre autres, qui eft fort haute, au boutnbsp;dé la Place, maflbnnée de gros quartiers denbsp;marbre, amp; qui a une Infcription gravée fur fanbsp;bafe , amp; rapportée par Gyllius. Un Cominen'nbsp;tateur manuferit de Sophocles, * dit que 1®nbsp;Stadium des Grecs oü fe faifoient les combatsnbsp;amp; les courfes, avoit trois colonnes; l’une anbsp;l’entrée, l'autre au milieu, amp; ia troiliérae aUnbsp;bout de la carrière. Que fur la premiere colonne il y avoit ce mot écrit apiztETE»nbsp;e’eft-a-dire: Fat te mieux que tu pourras'. 8c anbsp;k feconde snEY'AE, Depêche i 8c a la der-niere kam on, Ettomne. liremarqueauifi»

* cite dans Fafoldi nbsp;nbsp;nbsp;Gncitfttps editd

^e?ti i6q6.

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Ö* de Confiantïmph. i jp CCS colonnes étoient cubiques, comme cSnbsp;cclle quirefte ici; mais comme eet Hippodro-Kie étoit beaucoup plus grand que Ie Stadiumnbsp;n’étoit que de 115. pas, c’eft pour cettqnbsp;ïaifon qu’on y voit jufques a cinq colonnesnbsp;placées de diftance a autre.

Je reviéns i l’Obelifque, qui eft de marbre Sfanite d’Egypte, chargé de differens caraéle-ïes amp; d’hieroglyphes Egyptiens. De plus route la bafe eft hiftoriée de Sculpture. D'un cóténbsp;paroit quot;Empereur Theodofe, qui tient unénbsp;t^o^ronne a la main, amp; une fouVe de foldatsnbsp;l’envrronne. Au deffous eft un Choeurdenbsp;Muficiens, qui joüent de la flute, 8c dun certain inftrument hydraulique fait en fagon d’oi^nbsp;Sue, dont on voit la reprefentation dans quel-•lUes medailles contourniates de ces tcmps-lè.nbsp;A une autre face Theodofe eft aflis fur utinbsp;tftróne avec fes deux fils Honorius amp; Arcadius-*ccompagnex de route leur Cour. Si j’avoiS-l^Jé meilieur peintre que je ne fuis, 5c quCnbsp;J’eufle eu la commodité , je l’aurois deffignéé-^e tons les cótez: mais il n’y a pas trop denbsp;^ureté de s’y arrêterlong-temps, 8c les Turesnbsp;tie comprenant pas bien les raifoïï^e ma cu-t'ofité, m’auroicnt peut-être fair^elque in-fulte.

On voit encore dans la même Place troii ^erpens de bronze entrelacez 1’un avec l’autre ^nbsp;^tii compofent comme Ie corps d'une colon-8c Jes têtes fortent au delTus en triangle,nbsp;vuelques-uns prennent cette antiquité pour unnbsp;tfépied d’Apollon, on du moins pour la co-^tgt;nne qui foutenoit ce trepied d’or de l’Oraclenbsp;^ Delphes. D’autres veulent que cc füt unnbsp;* klifman, qui préfervoit cette Ville de fer-8c ajoütent, que depuis que Sultannbsp;”tourat fe promenant un jour par la Place, a-

baiit

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KIOlirA. TETPA-IXABYPOTS- AEIXOOTS^I XEIMEXOlsr A:x:oos IVtOYïrOS AX AS TKS AI 0EYAOSIOS BASIAHYSnbsp;[ToAAIHSAS nPOKAOS E nËXEKAETO K.A1 TOSOS ESTHnbsp;Kinisr HEAIOIS EIST TPIAK-OIfTA A Yü.



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140 Voyage de V Archipel batit d’un coup de canne la machoire de de!*-fous d’une des tÊtes, ce Talifman perdit 1»nbsp;venu.

Cette Place de TArmeidan a d’un cöté Is face d'un vieux Scrrail, qui n’a rien de fuper-be, amp; de Üautre la Msfquée neuvc de Sultai»nbsp;Achmet. Cette Mofquée efl: unc des plus ma*nbsp;gnifiques de Conftantinople. Le Dome en eftnbsp;grand, amp; accompagné de quatre demi-dómesnbsp;qui la rendent prefque quarrée en dedans*nbsp;Quatre piliers qui n’ont pas moins de 60. piedsnbsp;de tour, amp; qui en ont un peu plus de haut,nbsp;foutiennentla voüte. Cette proportion neplai'nbsp;raspas fans doute a nos Arcbiteftes; mais Ie*nbsp;Turcs font en poffeffion de faire chei eux le*nbsp;chofes com me il leur plait. Et peut-être, pournbsp;fonder en raifon cette prodigieufe grofleur denbsp;colonnes, me feroit-il permis de dire , q'-i^nbsp;ccla fait d’autant plus admirer la maffe de cenbsp;dome, qu’il lui a fallu avoir, des jambes ft grof-fes pour le fupporter. Ces quatre manieres dc-colonnes font de marbre blanc, canelées d'u*nbsp;ne faqon toute contraire aiix nótres; c’eft-a'nbsp;dire que lacancldre ell: en dcrai-boffe, au lie'snbsp;que celle done nous nous fervons ell en creux-Le Cour de la Mofquée eft de Ia même grari-deur que le plan du batiment, amp; a un corridor autour foutenu de colonnes antiques d®nbsp;rnarbre rouge Sc giis, amp; une fontaine au milieu fermée de treillis de fer doré.

La Mofguée neuve de la Sultanne mere de Mahomet a prefent regnant, eft encore piquot;?nbsp;fuperbe. C’eft un dcs plus beaux edifices qquot;Snbsp;fc puiifent voir, foit par le dehors, foit par lenbsp;dedans. L’Architeifture, bien qu’un peu eloi-gnée de nos regies, ne le cede point a cell®nbsp;des belles Eglifes d'ltalie. Elle a même ^ no-tre égard quclque chofi; de plus furprenant

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y de Conjlantimpk. 141 U nouveauté, Le corps de la Molquée eft unnbsp;Brand Dome avec cjuatre demi-dómes aux c6-tez, amp; quatre autres petits a chaque coin; cenbsp;‘lui rend cec edifice quarré. Les murs amp; lesnbsp;Pilallres au dedans font tous incruftez de terrenbsp;‘^uite vernilfée femblable a nótrc fayence, dcnbsp;*tiême que Ie Trianon de Verfailles La frifcnbsp;‘lui regne autour foüs les domes eft Ample,nbsp;Uiais bien proportionnée, avec des moulons inbsp;{’Antique. Les culs de lampe font tous peintsnbsp;3 fleurs amp; a compartimens ; cette forte denbsp;peinture n’étant pas dcfenduë par la Loy dcnbsp;«lahomet, comme celle des chofes animées.nbsp;A plein-pied de la Mofquée regne tout autournbsp;^u dedans une galerie foötenuë de colonnesnbsp;Qe marbre, amp; au milieu a la hauteur d’uncnbsp;toife OU environ pendent une infinité de lam-Pes, de luftres, de boules de verre amp; d'yvoid's, amp; de vafes dorez, qui doivent faire un belnbsp;'ffet, quand les bougies font allumées la nuit

Pöndftnt i(9i nbsp;nbsp;nbsp;II y a Ju Jaugwi ^ ui* Gki-o

Uen de s’y trouver i ces heures-la; niais hors ‘lu temps de ces Aflemblées on peut entrernbsp;Par tout en demandant permilfion aux Gar-‘Jiens, amp; en leur donnant 1’étrêne. La pro-Pfeté y eft entiere, on n’y lailfe jamais entrernbsp;quot;ies chiens, amp; les hommes laiflent leurs pan',nbsp;'oufles a la porte, ou les portent a la main,nbsp;^ais je ne crois pas que ce foit par devotionnbsp;ftu’ils en ufent de la forte, puifqu’ils en fontnbsp;*utant quand ils entrent dans la chambre d’unnbsp;Particulier, amp; fur leurs fofas couverts d’un tap's ou d’unc fimple natte fine, comme il y ennbsp;* prefque dans toutes les Mofquées. Le Porti-Sue qui regne autour de la Cour eft foütenunbsp;‘‘s belles colonnes de marbre gris entremêlez;nbsp;'^ais les deux qui font a l’entrée font d’unnbsp;•Marbre jafpé parfaitement beau, Elles ont été

tirées

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Voyage de V Archipel tirées pour la plus grande partie, des ruïnes denbsp;Troye. Leurs chapiteaux ne fe rapportent anbsp;aucun de nos ordres, amp; ne laiflTent pas d'etrenbsp;affez bien proportionnez au fufte des colonnes,nbsp;En voici a peu prés la figure:

I Les deux Mofquées précedentes, amp; les au-tres de Sultan Selim, Mahomet, Soliman ^ Bajazei fout baties prefque felon Ie modeledenbsp;Sainte Sophie ancienne Eglife des Chretiens gt;nbsp;qui eft maintenant la premiere de ces fe?!^nbsp;Mofquées Royales, amp; la plus proche du Set'nbsp;rail C’ell un dome tres-vafte amp; tres-bien é-dairé, foütenu de belles colonnes de marbrenbsp;aux e^ez, 8c les murailles en font auffi toU'nbsp;tes incruftées. Je ne m’arrêterai pas a vous ennbsp;donner la defcription, ni a la comparer a Saintnbsp;Pierre de Rome, ï qui elle cede en grandeutnbsp;amp; en architeélure. Cela a été fait par plufieurtnbsp;perfonnes, qui ont mieux exarainé les choft*nbsp;que moi; car j’cus allez de peine aentrerdan*nbsp;cette Mofquée, a caufe que c’étoit Ie temp*nbsp;du Ramazan, ou jeünc de quarante jours»

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6? de Conftantimple. 145 Pergt;d*nt Icfquels felon la Loi les Mahometansnbsp;ï'e mangent rien de tout Ie jour; mals dèïnbsp;^ue Ie Soleil eft couché, il leur eft permis denbsp;fftanger aiitant qu’ils veulent. II leur eft mê-rne defendu de fumer pendant ce temps-la;nbsp;jnais com me ils ont de la peiue a fe fevrer denbsp;fcurs plaifirs, il y en a quelques-uns qui s’avi-fent de faire prendre du tabac a des Juifs, ounbsp;* des Grecs auprés d'eux, pour avoir un peunbsp;part a leur fuinée. Pendant ce temps-la lesnbsp;^¦inarets des Moufquées font éclairez toute lanbsp;^uit de quantité de liimieres, ce qui fait unnbsp;Oei effet dans l’obfcurité.

Aux environs de Sainte Sophie il y a qua-*te Maufolées batis en dome, amp; ornez au de-•lans de colonnes de marbre, de larapes amp; de gros cierges fort cpais en bas, amp; qui vontnbsp;tgt;eu a peu en diminuant. Ce font les fepul-ohres de Sultan Achmet, de .fes femmes, amp;nbsp;oe fes llx vingt enfans étranglez en un journbsp;fon frere Sultan Mahomet, qui lui fucce-a l’Empire. Les tombeaux n’ont qu’unetoi*nbsp;1® de fóye par deffiis une caifle de bois. Lesnbsp;jOales font marquez avcc une figure de têtenbsp;')óe d'un turban, amp; des raouchoirs a l'entournbsp;*^0 col, pour donner ï connoitre leur genre denbsp;gt;tiort.

Un peu plus avant dans Ia grande ruë eft Ie Maufolée du Grand Vifir Mahomet Cpproglinbsp;«acha, pere d’Achmct Coprogli Bagha, quinbsp;roi a fuccedè, amp; qui étoit encore vivant lorf-S*gt;e j’étois a Conftantinople. Ce Maufolée eftnbsp;ooinine une petite Mofquée a dome, avecnbsp;^0 veftibule du cóté de la ruë, fous leqiiel ilnbsp;enterré. Depuis deux ans ce veftibule eftnbsp;découvert, de forte que la pluye arrofe cenbsp;Jowbeau. Voici la raifon qu’on en debite anbsp;Mgt;nftantinopIe , amp; que vous recejy^, s’il

. tjVOUS

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144 Voyage de V Archipel vous plait de la même maniere qu’ellc m'anbsp;«donnée. Ils difent done que Ie Grand Sei*nbsp;gneur 8c Ie Grand Viïir fon fils, eurent unenbsp;ruit un même fonge, dans lequel ie defuntnbsp;Vizir fe prefentoit a eux, 8c les coujuroitnbsp;lui donner un peu d’eau 8c de refraichiffc'nbsp;ment, paree qu’il brüloit. Le matin ils fe 1®nbsp;rapporterent l’un a l'autre, 8c eonfulterent 1®nbsp;Moufti, qui trouva a propos de faire décon-vrir ce Veftibule, afin que Ia pluye y put ei'*nbsp;trer. Le peuple dit qu’il eft puni en l'autrenbsp;monde, pour les tyrannies qu’il a exercéesnbsp;les bourfes durant fa vie.

Le fleur Abraham Finfeh Juif de Religio™ 8c Drogueman des Anglois chez qui nous é'nbsp;tions logez a Galata, nous fervoit de conduC'nbsp;teur 8c de Janiflaire pour nous faire voir I®*nbsp;curiofitez de Ia Ville, qu’il entendoit mieu*nbsp;qu’aueun Ture. II nous fit remarquer en nouJnbsp;promenant que les Porte-faix Tures ont eet'nbsp;tains facs de cuir pleins de paille fur le dos»nbsp;pour porter leurs fardeaux avec plus de corn'nbsp;modité; 8c il ajoüta qu’il n’y avoit qu’un Jni^nbsp;de cette profeffion a qui cela fut permis. NoU*nbsp;vouldmes f^avoir la raifon d’un fi beau privi'nbsp;lege, 8c voici ce qu’il nous en apprit. Sultannbsp;Mahomet IV. qui regne prefentement, a un®nbsp;li forte paflion pour la chafle, que depuislon^nbsp;temps il en fait toute fon occupation. C’ennbsp;par cette raifon que fept ou huit ans de fuit®nbsp;il a fait fa refidence a Andrinople, parcequ®nbsp;les environs font fort propres It lui donner c®nbsp;plaifir qu’il aime tant. Souvent quand la nuitnbsp;I’obligeoit a fe retirer, on le voyoit reveni®nbsp;tout chagrin d’etre forcé de diflèrer fon exer'nbsp;cice jufqu’au lendemain. II fe mettoit fur unnbsp;tapis de Turquie ou de Perfe les jambes uquot;nbsp;cïoix la manij^e des autres Tures, le dos

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y de Conftantincple. ij.f *ppuyé fur un carreau de brocard, amp; fe fai-foit donner a fouper; aprés quoi fans bougernbsp;cettc place, il fe faifoit apporter une couverture, 6c dormoit Ia fans autre fagon. Uunbsp;peu aprés la minuit, il ne manquoit pas de s’é-veiller 6c d’appeller un Page pour fgavoir s'ilnbsp;étoit temps de fe lever; 6c comme il lui ré-Pondoit qu’il ne feroit jour de trois ou quatrenbsp;heitres, il pouffbit un fortpir, 8c fe plaignoicnbsp;de Ia longueur de la nuit. Ayanf repofé encore environ deux heures, il faifoit la mêmenbsp;demande 6c Ie même fodpir. Mais a la troi-fiémc fois, comme on lui difoit que Ie journbsp;commengoit a paroitre, il fe levoit d’abord,nbsp;Sc battoit lui-mcme une tymbale pour fairenbsp;promptement lever tout fon equipage, amp; monter a cheval. De cette maniere il couroit juf-Su’a la nuit a travers les bois 8c les montagnes.nbsp;Un jour pourfuivant un cerf a toute bride,nbsp;fans prendre garde fi on Ie fuivoit, il s’égaranbsp;fi bien, qu’il y avoit deux heures entieres, quenbsp;He fe reconnoiffant point il cherchoit Ie che-Htin fans Ie pouvoir rerrouver. La nuit s’ap-prochoit, 8c il courroit rifque de la paffer dansnbsp;les bois, tout Grand Seigneur qu’il étoit, fansnbsp;Hti Porte-faix Juif qu’il rencontra par bonheur,nbsp;Sc a qui il demanda Ie chemin d’Andrmople.nbsp;U’Hebreü Ie reconnoiffant pour ce qu'il étoit,nbsp;Sc voyant fon embarras, fe mit promptementnbsp;en devoir de lui montrer, 8c de Ie conduitenbsp;jufqu’aux portes. Comme ils y furent arriveznbsp;u fupplia tres-humblement fa Hauteffe de luinbsp;Recorder une grace pour Ie fervice qu’il venoitnbsp;He lui rendre. Parle, lui dit Ie Sultan. Je tenbsp;Ptie, dit k Juif, de m’accordei la permiffionnbsp;de porter Ie fac de cuir fur Ie dos, cornmedesnbsp;®Htres fujets Mufulmans de ma profelïion. Cenbsp;«^rince n’eut pas de la peine \ Ie gratifier d’unenbsp;lm. i,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Gnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;récom-

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1^6 Voyage de VArchipel^

récoinpenfc fi juite, aprés une demande fi mo-dcrée. Depuis ce temps-la ce pauvre Juit' a toujours porté ce fac avec autant de joye qucnbsp;fi on lui avoit donné un fac de piftoles, avecnbsp;lequel il auroit pü remedier a la balfelfe de fanbsp;fortune.

Le peuple de Conflantinople , qui n’aime pas le Sultan, dit que cette violente palTionnbsp;qu’il .a pour la chaffe eft une fuite de la ma-ledidion de fon pere Ibrahim, qui par unSnbsp;cabale des principaux OfSciers , amp;c un fou-levement du peuple fut dépofledé du tróne,nbsp;Sc reflerré dans une prifon. Son fils Maliometnbsp;fut proclaraé en fa place, Sc quelques joursnbsp;aprés on travailla au procés du pere. Lcnbsp;Moufti drelfa un Fetfa, ou Arreftdemort centre lui, Sc le fit porter au jeune Empereur quinbsp;le figna. Ibrahim apprenant par les efclaves quinbsp;le venoient étrangler, que fon fils même avoitnbsp;fjgné fa condaranation , le maudit, Sefouhaitanbsp;qn'il ne put jamais demeurer en fa maifon,nbsp;mais qu’il mourut hors de chez foi au milieunbsp;d’iine campagne , comme une béte faiivage.nbsp;Ce fouhait a déja eu fon effet en partie, com-me le difent les Tures; car il y a fept ou hultnbsp;ans que le Grand Seigneur eft abfent de Con-ftantinople; qui eft l’ancienne amp; ordinaire ré-fidence des Monarques Ottomans. On a fceUnbsp;qu'il j eft allé faire un tour depuis quelqueSnbsp;mois, mais il ne s’y eft guere arrêté craignanCnbsp;peut-être qu’on ne lui joüe le même tour qu’inbsp;fon pere. Pour tacher de rallentir nn peu ennbsp;lui cette paffion fi ardente pour Ia chaffe, onnbsp;l’a porté a faire quelques maitrefles dans fonnbsp;Serrail. II s’eft attaché a quelques-unes , ^nbsp;en a eu deuxoutrois enfans; entre autres unenbsp;fille agée prefentementde cinqou lixans, qu'unbsp;avoit niariée depuis peu a un de fes favoris*

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Ö* de ConftüMlnopIe. 147 De petit mercier qu’i! étoit il fut appellé dansnbsp;Ie Serrail amp; fait page du Grand Seigneur; putsnbsp;en moins de quinze ans ayant paffe par direr-fes charges, il parvint a la dignité de Bacha.nbsp;C’eft affez que fon maitre lui voulut du bicn,nbsp;pour lui donner par avance fa fille, quoiquenbsp;bien éloignee de l’age oü elle dut êire mariéanbsp;On nous racontoit a Conftantir.ople les pom-pes, lescaroufelsamp;lesfeuxde joye qu'on avoitnbsp;faits a Andrinople pour cette felle. Tout Ienbsp;monde avoit raifon de s’en fouvenir, car lesnbsp;peuples avoicnt contribué aux frais de ces nócesnbsp;par de groffes taxes amp; des impofts dont ils a-voient été furchargez, les Officiers en ayant éténbsp;moins exempts que les autres. Le Tefterdtir ^nbsp;OU Treforier qui avoit le foin de chercher denbsp;i’argcnt pour cette grande dépenfe, fit dire entte autres au Capitan Bacha qu’il envoyatqua-Ire. cens jeunes hommes bien vêtus a la Cour;nbsp;pour faire une partic de l’équipage des nou-Veaux mariez, a quoi il ne manqiia pas. Maisnbsp;quand cette troupe fut arrivée, le Tefterdarnbsp;les renvoya, lui faifant fqavoir qu’il falloit quenbsp;cette jeunelTe full route vêtuë d'étoffes d’ornbsp;^ d’argent. Le Capitan Bacha comprenantnbsp;bien qu’on en vouloit a fa bourfe lui fait ré-Ponfe, qu’il ne f^ait pas comment le conten-ter, qu’il craint de ne f^avoir pas vêtirlesgensnbsp;^u’il demande d’une maniere qui lui agrée,nbsp;^u’il prenne la peine de donner les ordres lui-fttême, amp; que pour eet effet il lui en voye centnbsp;ffiille ecus , dont il difpofera , comme il lenbsp;ttouvera bon; ce que le Tefterdar prit de toutnbsp;fon cceur, amp; ayant cu ce qu’il fouhaitoit, ilnbsp;lui en dit plus mot. Enfuite il envoyadirenbsp;9 1’Aga des Janiffaires, qu’il mit un afpre furnbsp;^aque livre de viande qui fe vendroit dansnbsp;Vonltantinople, au profit du Grand Seigneur.

G 1 nbsp;nbsp;nbsp;L’A-

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148 Voyage de T Jrchipel^

L'Aga voyant la confequence de cet impoft repondit au Tefterdar, qu’il ne I’ofoit pas en-treprendi'e ; que leurs deux têtcs feroient ennbsp;danger, amp; que leur Maiire pourroit craindrenbsp;lui-mêrae pour la lienne, par la fuite de quel-que fedition populaire. Que pour la prevenirnbsp;A: ne pas irriter le peuple, il aimoit inieuxnbsp;donner vingt mille ecus qu’rl lui envoya fur I'heu-re. Le Tefterdar les prit, amp; quelques joursnbsp;apre's rendant raifon au Sultan des fomrtresnbsp;qu’il avoit receues, ne paffa en corapte quenbsp;dix mille ecus de I’Aga des Janiffaires, vou-lant fe referver i’autre raoitie pour fes peines.nbsp;L’Aga peu de temps aprés s’étant prefenté de-vant fa Hautelfe, elle lui reprocha la petiteffcnbsp;de fon prefcnt , lui demandant fi dix millenbsp;écus étoient tine foinme a envoyer a un Prince de fa forte. L’Aga fort furpris repartit aunbsp;Grand Seigneur, qu’il etoit vray que fonpou-voir n’avoit pu égaler fa volonté, amp; que toutnbsp;cequ’i] avoir pu faire étoit de lui envoyer vingt-mille ecus. Comment vingt mille, dit le Sultan? le Tefterdar ne in’a fait mention que denbsp;dix mille. Sur cela ils s’expliquerent , amp; lonbsp;Grand Seigneur faifant venir le Tefterdar pournbsp;fqavoir la verité, celui-ci n’ofa la defavoüer,nbsp;niais dit feulement qu’il ne s’en éroit pas fou-venu. Sur-quoi 1’Aga des Janiflaires outré denbsp;pet affront , reprefenta au Grand Seigneur ,nbsp;que ce n'étoit pas la feule fourbe que le Tef-terdar avoit foite, amp; que fa Hautefle en fgau-roit des nouvelles, fi elle vouloit prendre linbsp;peine de s’informer de la fomme que chaquenbsp;Officier avoit donnée. On en fceut bien-tótnbsp;des particularitez, Se le Grand Seigneur poutnbsp;punir le Tefterdar de fon mauvais procédé»nbsp;lui envoya dire qu’il avoit bcfoin de quattenbsp;^ent mille ecus, amp; qu’ii les lui falloit promp'

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ff? de Conftaniinople. tement. II en avoit payé une partie lorfqucnbsp;nous étions a Conftantinople, amp; Von ne dou-toit pas qu’aprés qu’il auroit payé Ie refte onnbsp;ï’e lui demandat fa tête par delTus, pour luinbsp;spprendre que de pareilles friponneries ne doi-vent jamais être impunies.

Nous avions grande envie d’aller voir Ia Cour a Andrinople, mais elle nouspafla quandnbsp;iious fcümes qu'il y mouroit de la pefte presnbsp;de mille perfonnes tous les jours. II eft vraynbsp;^u’a Conftantinople dl em mouroit aulïi deuxnbsp;Ou trois cens par jour, amp; que la pefte y eftnbsp;Prefque continuelle; mais comme la Ville eftnbsp;grande; qu’elle enferme avec les Fauxbourgsnbsp;plus de fept cens mille ames, ce petit nombrcnbsp;de deux ou trois cens eft comptépourrien, amp;nbsp;Ion ne commence a faire des prierespubliquesnbsp;pour être délivrez. de ce mal epedemique ,nbsp;^ue lorfque Ie nombre de ceux qui meurentnbsp;Par jour monte jufqu’a mille. Tous les joursnbsp;Kous en voyions porter en terre Ie vifage dé-oouvert , que leurs Jmans, c’eft a-dire leursnbsp;Prêtres , ont lavé , amp; que Ie peuple accom-Pagne , comme s’ils étoient décedex d’uncnbsp;ïHaladie ordinaire. On fc frequente égale-^ent, on achête aufli bien leurs meubles quenbsp;des autres; il n’y a que ceux de nos quartiers,nbsp;^ quelques gens d'efprit parmi les Grecs amp; lesnbsp;Turcs, qui ufent en cela de quelque précau-**on. II n'y avoit pas huit jours que nous étions arrivez, que la maifon qui touchoit la nó-*•¦6 fut infeétée. Nótre hóte eut allex de prudence pour nous aller incontinent loüer unenbsp;Petite maifon proche de la mer feparée denbsp;tpute autre, 6c il y vint lui-même loger avecnbsp;*a familie jufques è nótre départ. Nous luinbsp;fumes obligex du foin qu’il avoit pris a nótrenbsp;confideration; car pour ce qui étoit de lui ilnbsp;G 3nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ne

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T-fÖ Voyage ie T Archipel, ne craignoit pas la pefte, en ayant étéunefoisnbsp;attaqué. Ceux de Conftantinople tiennentnbsp;pour maxime, qu’on n’eft pas fujct a la re-prendre, quand on a eu une fois Ie bonheurnbsp;d’en cchaper. Cela n’eft pas neanmoins veritable , amp; nous avons des obfervations du contraire. Mon Pere m’a affuré qu’il a vü unenbsp;perfonne dans Lyon attaquée deux fois denbsp;cette maladie, mais en deux contagions denbsp;difFerentes années. J’ai auffi lü dans unelettrenbsp;de Monfieur Gui Patin Profefleur Royal ennbsp;Medecine a Paris , amp; écrite a mon Pere ennbsp;l’année i6j6. qu’il avoit confulté pour uncnbsp;Dame qui avoit eu la pefte par trois diverfesnbsp;fois. 11 eft bien vray que pendant qu’une mc-ane contagion dure, ceux qui Tont euë, ne lanbsp;•craignent plus, amp; qii’ils lervent les maladesnbsp;fans courre de ritquc, comme on l’aremarquénbsp;a Lyon, oü elle a été deux ou trois fois de-puis Ie commencement de ce fiecle. Maisnbsp;quand il vient une nouvelle pefte., ils courentnbsp;Ja même fortune que les autres, paree qu’ellesnbsp;font ordinairement differentes en malignité;nbsp;Ainfi l’on pourroit dire en faveur de ceux quinbsp;croyent n’y devoir étre plus fujets x Conftait'nbsp;tinople , que c’cft toujours Ia même pefte :nbsp;car en cfFet elle ne s’y éteint prefque jamaisnbsp;entierement, pour lef^u defoin que Ic peupi*^nbsp;a de fe conferver.

Nótre guide nous raena, un jour voir ^ Serrail, mais nous n’entrames que jufqu’au pi'nbsp;van, qui n’a rien de fuperbe. Pour les appat'nbsp;temens interieurs du Grand Seigneur amp; desnbsp;Sultanes ce font des lieux impenetrables. Nousnbsp;en decoüvrimcs fort peu de chefe des lieuXnbsp;voilins, amp; nous en consumes peut-êtrenbsp;de beautex qu’il n’y en a en eftét. L’alliet^®nbsp;du Serrairamp; fes jardins contribuent beaucouP

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£s? de Conjlaniinopïc. lyt 3 fon embelliffement; mais tout ceqiieje vousnbsp;cn dirois ne pouroit vous faiisfaire, coinmelanbsp;defcription que Monfieur Tavernier en a pu-bliée depuis pen fur Ie rapport de deux hommes quiyavoient été élevez. Ce que j’auroisnbsp;plus particulierement fouhaitté d'y vojr efl: l’o-behrque qui eft dans les jardins; amp; Ie Tite-Live parfait qu’on a cru être dans la Bibliothe-que du Grand Seigneur. On m’a dit qu’il nenbsp;s'étoit jamais pü trouver, quoi qu’on eüt offert des fommes confideraWes a celui qui a Ienbsp;foin des Livres, li on l’avoit pü avoir par fonnbsp;moyen.

Maïs puifque je vous parle de Livres, vous fercz peut-étre bien aife de f^'avoir li les Turcsnbsp;ks aiment fort. Tout Ie monde f9ait qu’ilsnbsp;n’en fouffrent pas d’imprimez, 8i ce n’ell pasnbsp;aulfi ce que je vous veux dire. Nousfceümesnbsp;de Monfieur Vatz Efcoflbis qui a voyagé qua-tre OU cinq ans dans ces quartiers-la , 6c fre-quenté des gens du pays, ayant parfaitementnbsp;bien appris 1? Turc, amp; l’vfrabe qui eft leurnbsp;Langiie de Science , comme Je Latin dans lanbsp;Chrétienté; nous fceümes, dis-je, de Monfieurnbsp;Vatz, qu’a Conllantinople il y a un Bazar,nbsp;OU marché de Livres manufcrits de differentesnbsp;Sciences, en Turc, en Arabeamp;en Perfan, 8cnbsp;qu’il y a du danger pour les Chretiens d’y al-kr, paree qu’ils croiroient profaner leurslivresnbsp;de nous les vendre. C’cft ce que j’appris mê-me, lorfque palfant depuis aPrufa devant unenbsp;boutique oü ily avoitquelqueslivres Arabes, 6cnbsp;ks voulant marchander, on me renvoya hon-kufement avec 1’injure de Gwoarqu’ils donnentnbsp;ordinairement aux Chrêtiens, ayant reconnunbsp;due je l’étois. Je me retiray promptementnbsp;kus rien repartir, de peur qu’il ne m’arrivainbsp;pis que I’injure. Monfieur Vatz nous dit quenbsp;G 4nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;les

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I ƒ Z nbsp;nbsp;nbsp;Voyage de TArchipel,

les Turcs tenoient des Regiftres annuels de tout ce lt;jui arrivoit dans 1’étenduë de leur Empire, amp; des guerres qu’ils avoient avec leursnbsp;voifins. Que l’on pouvoit avoir une copie denbsp;ces Annales contenuës en cinq ou fix gros volumes pour deux cent écus. Qu’il y a desnbsp;Hiftoriogvaplies amp;: Kcrivains payex pour celanbsp;dans Ie Serrail. Qu'on trouvoit un autre beaunbsp;Livre du gouvernement de l’Erapire Ottho-man. Qu'il avoit achêté lui-même une pleinenbsp;quaifle de livres Turcs amp; Arabes, entre lei-quels il y en avoit de tres-curieux, commenbsp;celui de Chek-Boum Egyptien, de la vertu desnbsp;paroles divines 8c humaines avec quantité denbsp;lignes 8c de figures, par lefquelles il pretendnbsp;faire voir mille chofes curieufes pariesanagram-mes. Un autre qui montre la theorie de ceticnbsp;Icience Cabaliftique. Un DieEonaire Turc èenbsp;Arabe. Un livre de chanfons Turques, oii ünbsp;y en a plulieurs fort anciennes, comme d’A-vicenne fils d’Albuqiierque. Des Grararnairesnbsp;Turques 8c Perfanes. Des Alfabets de toutesnbsp;les Langues. Un Livre de toutes les revolutions du Royaume d'Egypte, fait par un ancien Chek ou Doöeur du Grand Cairefqavantnbsp;Allrologue. Les prédidlions de eet Autheuinbsp;avoient toüjours été trouvéesfi veritables, quenbsp;quand Sultan Selira vint faire la guerre au Roinbsp;d’Egypte, tous les Confeillers de ce Rotluinbsp;difoient que c’étoit une folie de fe vouloir dé-fendre, quoi qu’il eüt une belle armee de Mores, d’Arabes 8c de Maminclucs, 8c qu’il fal-loit felon les prédidlions de ce Livre, que Selim devint maitre de I’Egypte, ce qui arrivanbsp;en effet. 11 nous fit voir aufli une Ephemeri-de de I’accroiflement 8c du décroilTement dunbsp;Nii» tegld par un Dodleur Arabe felon Ie mouvement des Planetcs, 8c particulierement de

la

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6? de Conflantinople. nbsp;nbsp;nbsp;rf j

la Lime. Un autre de la Chirojuande plus curieux que tous ceux de Jean-Baptifta Porta,nbsp;dans lequel l’Autheur pretend que les cara'ifte-res de la main font des lettres dont il donnenbsp;l’Alphabet. II nous paria d'un autre livre in-titulé Bauraan, qui eft un Livre ancien con-tenant quantité d’experiences chimiques, com-menté par un Chek-More qu’il a connu aunbsp;Grand Caire , od il y a beaucoup degenscon-liderables qui s’appliquent a ceite Science. Eunbsp;d’autres vilites que nous lui fifmesilnousmon-tra une hiftoire de Tamerlan en Arabe, plusnbsp;ample que ce que nous avoirs de traduit eunbsp;Franqois de I'Arabe Alliacen. D.eux livres desnbsp;Talifinans, a fqavoir les principes amp; la pratique, defquels il difoit que Monlieur Gaffarelnbsp;avoit eu connoilTance, y ayant pris tout ccnbsp;qu'il avoit fait imprimer dans fon livre des cu-riofitez inoüies. Mais je ne voudrois pas Ienbsp;foupqonner de cela, étant une perfonne ires-fqavante, quoi qu’a la verité on ne faffe plusnbsp;guere de fcrupule de ces fortes de larcins. IInbsp;nous alfuroit de même que Monfieur Grotiusnbsp;avoit dérobé tous les plus forts arguraens denbsp;fon livre de la verité de la Religion Chrêtien-ne, des Auteurs Arabes, amp; particuliereraentnbsp;des oeuvres d'un grand homme que les Latinsnbsp;tiennent pour un Herefiarque, amp; les Coftesnbsp;qui font les Chretiens d’Egypte pour un Saint,nbsp;qui a fait un tres-beau traité contre les Turcsnbsp;amp; les Juifs pour la verité du Chriliianifme.nbsp;Cecy vous furprendra davantage. II nous affu-ra d’avoir vd un livre d’Altronqmie fort ancien , qui fuppofoit 1'ufage de l’aiguille ayman-tée, quoiqu’a la verité ilnel'appliquat pas pournbsp;la Navigation, mais pour d'autres ufages A-ftronomiques. II nous montra auITi une hi-öoire generale du Grand-Caire, une de-G 5nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fcr^

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If4 Voyage de VArchipel

fcription des Eglifes de Conflantinople , IcrS qu'elle fut prife par les Otthomans, Tunenbsp;1’autre ecrites en Arabe. Enfin il nous afluranbsp;qu’il y avoit des Profefleurs publics a Conftan-rinople amp; au Caire, qui enfeignoicnt l’Afiro-logie , I'Aftronomie, Ia Geometrie ^ TAriihme-tique, la Poëfie, 1’Arabe amp; Ie Perfan.

Monficur Cowel Chapelaindel’Ambaffadeur d’Angleterre nous fit auffi voir des chanfonsnbsp;Turques, oü nous n’entendions rien. 11 nousnbsp;alTura que les exprelllons amp; la mufique en é-toient fort bonnes. Un Renegat élevé auSerraitnbsp;T avoit mis des notes a nóire mode. II s’ap-pelloit Uatybeg en Turc : mais fon nom denbsp;Chrétien étoit Albertus Bobovius. II avoit éténbsp;amené cfclave de Pologne, lorfqu’il étoit jeune. II étoit forti du Serrail, 8c étoit devenU-nn des principaux Droguemens. II f^avoitnbsp;éixfept Langues, 8c avoit apris IeFranjois, l’An-glois 8c l’Alleman, comme s’il eut été dansnbsp;ros quartiers. C’eft Ie racme ^ fi je ne mC'nbsp;trompe , qui avoit fourni avant fa mort desnbsp;memoires i Monfieur Ricaud ConfuideSmyt'nbsp;ne, qui a fait imprimer 1’état de l’Empire Ot- ¦nbsp;tonian, Monfieur de Nointel a un traité dunbsp;Serrail qii’il a fait en Itaiien: amp; M. Galland»nbsp;qui a demeuré quelques années a- Conftantino-ple avec M. de Nointel, a pltifieurs chofes-éctites de la main de eet Haly-beg, 8c entrenbsp;autres une bonne partie des Pfeaumes, qu’il anbsp;mis en vers Tures 8c notei en Mufique. Nousnbsp;allames rendre deux ou trois fois vifite a Mahomet Eacha Chiruigien ï l'Atmegdan. II ^nbsp;de l’emploi au Serrail, 8c poffede quelques U'nbsp;vres Latins Anglois 8c Italiens, de Chirurgie 8c de Medecine qu’il entend fort bien carnbsp;j1 étoit Anglois, 8c fut pris jeune paries Turcs-qui l’ont élevé dans la Reli^on Mahometan^

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fi? de Confiantlnople.

Ï1 témoigne beaucoup de civüité aux Francs. Ï1 nous fit voir un livre de Medecine en Arabsnbsp;d’un Dofteur Perfan, qu'it difoit être fort f^a-yant: mais je ne le crois pas fort capable d'ennbsp;juger , fa fcience n’allant guere au dela denbsp;favoir faire quelques fyrops , conferves 8cnbsp;Confitures , dont il s’aquite affei bicn , amp;nbsp;de faigner les malades avec la lancette. Nousnbsp;vlmes pendant que nous étions a fa boutiquenbsp;quelques Turcs qui venoient prendre des pilules d'Opium, qu’ils appellent Afion. C’eft Icnbsp;fuc du pavot fans aucune préparation, ni purification. Tout le monde f(;ait que celaneles faicnbsp;Pasdormir, mais qu’ils leprennent pour cordialnbsp;a plufieurs maladies ,amp; pour aller affronter avecnbsp;nioins de crainte dans la guerre les plus grandsnbsp;perils. Commeils s’y accoutument dèsla jeunef-fe,il n’a plus la force de leur affoupir les fens,nbsp;tjuoiqu’il enait affexpour endormir I’efprit, 8cnbsp;lui oterlesfentimensde la peur8c dela douleur.

Je m’informai auffi particulierement dii Rufina ou Chrifina des Turcs; qui eft une efpece d’onguent, avec lequel ils font tomber le poif,nbsp;Ils en font de deux fortes; un qui eft compose d’orpiment amp; de cbaux vive en poudrenbsp;^u’ils font cuite avec de 1’cau en confiftencenbsp;d’ongnent; I’autre qui eft auffi de chaux avecnbsp;parties égales d’une certaine pierre noiratrenbsp;tninerale, qui vient d’Egypte, qu’ils accom-ïtiodent de même que le précédent. J’en a-chêtai qnclque peu a Conftantinople, oii ellenbsp;eft a grand raarché, marsje ne puis vous ennbsp;¦dpnner d’autres lumieres, amp; nos Droguiftesnbsp;connoiffent rien. II y a de I’apparencequ’ilnbsp;entre auffi de I’orpiment dans la compofitionnbsp;«aturelle de cette pierre. On I’applique quandnbsp;cgt;n entre dans le bain, 8c le Baigneur prendnbsp;fiöigneultment garde, lorfque le poll commen-G 6nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cf

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15Ö Voyage dcVArcht-pel. ce a ëtre roiigé, 6c qu'on le peut aifément tf-ler. Alors il lave promptement la partie avecnbsp;de I’eau chaude, amp; froitant avec un drap rude, enleve ainft tout le poll fans faire du mal.nbsp;Les fept Tours font une efpecc deFortereflenbsp;a l’extremité de Ia Ville du cóté du Midy.nbsp;C’eft oü l’on garde une partie des trefors dunbsp;Grand Seigneur, amp; oii l’on tient en prifon lesnbsp;gens de quaiité. 11 y a quelques années qu’uiinbsp;Chevalier de Malthe pris efclave y étoit ref-ferré. II trouva moyen de fe fauver, amp; de-puis on n’a pas voulu y lailfer entrer les Etran-^nbsp;gcrs, de peur qu’ils rr’en connoiffent le foible-Du cóté de la terre il ya trois muraiJles, maisnbsp;il n’y en a qu’une du cóté dela mer. Jecon-fiderai moins ce Chateau pour fa force quïnbsp;n’eft pas grande , que pour cinq ou fix bas reliefs qu’on void a une porte de derriere qui eltnbsp;jnaintenant murée. II y en a un qui reprefentenbsp;la chute de Phaeton; un autre qui reprefentenbsp;Hercule, qpi conduit le chien Cerbereamp; unnbsp;troifiéme» un Adonis dormant, Venus quis’ennbsp;approche, 8c Cupidon qui lui prête fon flambeau; le tout d’une alTez bonne maniere. Lenbsp;refle n’eft pas fort confidtable. Monfieurlenbsp;Marquis de Nointel- AmbalTadeur de France anbsp;la Porte, qui eft extrémement curieux, pourranbsp;un jour faire deffigner ces reliefs. II nous fitnbsp;voir chea lui plus de curiolkez, que nous n’ennbsp;aurions vft danc tout le refte de Conftantino-

fle. Nous y vimes environ trente marbres oU nfcriptions antiques qu’il a apportées d’Athe-nes, ou de 1’Archipel. Par un furcroit de bonté il nous permit d’en copier ce que nousnbsp;voulumes. H a grand nombre de medailles»nbsp;parrai leCquelles il y en a de bien fingulieres»nbsp;8c quatre cent defl'eins de bas reliefs,. edificesnbsp;amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;q«’il a fait faiie dans tons fes vo~

yageS

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de Condantinople.

yages de Grece amp; de Turquie. H y apeu de perfonnes au monde qui euflent pü avoir cenbsp;credit dans un pays fi ennemi de la peinture;nbsp;niais il y avoit toüjours deux Janiffaires a cóténbsp;de fon Peintre, lors qu'il tiroit quelque chofe.nbsp;11 demeura qiiinze jours a copier feulemeirt lesnbsp;bas reliefs amp; la fagadc du Temple de Minervenbsp;a Athenes. 11 nous fit la grace de nqus en-trenir fouvent des belleschofes qu’il.avoit vüësnbsp;dans fon voyage, nous invita plufieurs foisafanbsp;table amp; nous fit la grace de nous donner unnbsp;Pafleport, au cas qu’ü nótre retour iious tom-baffions entre les mains des Corfaires Chretiens.nbsp;Lc Palais de I’AmbafTadeur qui eft a Pera eftnbsp;lm des plus beaux de Conftantinople, tant pournbsp;Ia vüë qu’il a fur Ie Serail amp; une partie de lanbsp;Villc , que pour fa propreté. On confondnbsp;orciinairement CaUta amp; Pera r ce dernier mosnbsp;figinifiant en Grec au dela, amp; les Grecs voulantnbsp;palfer de Conftantinople aGalata ont accoütii-mé de direnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, je vais de la l’eau ce qui

a donné ^ ce quartier-lalenom de Pera; aulli appellent-ils l’endroit oü on pafte l’eau Peratna ,nbsp;c’eft-a-dire Ie trajet.

Nous allames aulE faluer Monfieur Ie Chevalier Finfch , qui venoft de faire fon entrée ik Andrinople , en qualité d’Ambaffadeur du Roynbsp;de la Grande Bretagne. Son Chapelain Mon-Ceur Cowel nous afiura que Conftantinoplenbsp;n’avoit pas quarante trois degrez de latitude,nbsp;comme nos Cartes Ie placent; mais que patnbsp;plufieurs obfcrvations qu’il avoit faiies avecnbsp;1’Aftrolabeau Solftice amp;a l’Equinoxe, ilavoitnbsp;trouvé que cette Villé n’étqit qu’au 40. deg.nbsp;56. min. amp; que fon obfervation s’accordoit a-vec celle d’un Pere Jefuite tres-habile homrae ,nbsp;qui ne mettoit aulfi Andrinople qu’au 41. degr.nbsp;»8, min. II ajofitoit ^ cela que toutes nosCar-G 7nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tC9

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j f8 Voyage de VArchipel

tes de Thrace font faufles amp; que la plus pafla-

ble eft celle d’Ortelius.

Le tour des murailles de Conftantrnople eft d’environ 15. milles; maisles Fauxbourgs, ounbsp;pour mieux dire ks Villes qui lui font jointesnbsp;n’ont pas moins d’étenduë, Sc ne font pas moinsnbsp;peuplées. Bien qu’elle ait double muraille dunbsp;cóté de terre, elle ne peut pas paffer pour forte.nbsp;Devant les jardins du Serrail proche de la mernbsp;il y a quantité de canons rangea foüs un couvert,nbsp;parmi lefqucls il y en a des dépoüilles de plu-fieurs Princes Chretiens, 8c quelques-uns d’unnbsp;fi prodigieux calibre, qu’un homme pourroitnbsp;être affis dedans, ayant prés de trois pieds denbsp;diametre. On ne charge ces gros canons quenbsp;de boukts de pierre, qui feroient un terriblenbsp;fracas dans un Vaiffeau, 11 y en a un entrenbsp;autres a triple calibre, qui eft peut-être del'in-?ention de quelquhm de nos Renegats,ks Turcsnbsp;n’ayant pas tant de fubtilité pour ces chofes-la. I

Entre Conftantinople 8c Scutari il y a au milieu du Canal une Tourfur un petit tocher,nbsp;avec quelques pieces d’artilkrie. Y étant en-trez nous fumes furpris d’y trouver un puit»nbsp;ffeau douce; car on nousafTura que ce n'étoitnbsp;pas une dterne, mais que k fource fortoit dunbsp;IOC environné de tous c5tes de la mer, 8e ve-Boit de terre-ferme. Je ne fgais fur quel fondement quelques-uns l’appelknt la Tour d«nbsp;Leandre, qui étoit pKitét a Abydos proche desnbsp;Dardanelles. Celk-ci n’a rien d’antique, maknbsp;elle peut avoir été rebStie fur des fondemcnsnbsp;plus anciens.

Nous paflames trois milles plus loin que Scutari pour aller voir Chalccdoine, qui eftnbsp;plus ancienne que Byiance. Les Turcs Tap-pellent CarUkioi, 8c les Grees encore Chalet'nbsp;ion», lis croyent que Ic CoBCÜe de Chalcc-

doi-

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6? de ConfiantimpTe. nbsp;nbsp;nbsp;ï yp

^oitie fe tint a TEglile Metropolitaineque nous-allames voir. MaisMonfieur I’Ambafladeur de France nous dit que c’étoit a un mille de lè,nbsp;amp; qu'il y avoit la une Infcription qui en par-rnbsp;loit. Ce n’eft maintenant qu’un grand Village, oü il y a autour quelques jardins qui fer-¦vent de lieux de divertiflèinent a ceux de Con-ftantinoplc, amp; entre Scutari amp; Chakedoine onnbsp;Voit un Serrail du Grand Seigneur.

Les environs de Gonftantinople font bien cultivez , tout y abonde , amp; les fruits y fontnbsp;Uès-beaux. Le vin feul y eli cher, amp; vaut unnbsp;quart de piaftre la bouteille. Mais la commenbsp;dans tout le refte de la Turquie on pefe le vingt;nbsp;amp; on le vend a Yoque, qui fait du moins troisnbsp;de nos livres. Le boire ordinaire des Turcsnbsp;til le café, qui fe fait avec une efpece de grai-Be en poudre qui vient d’Arabic , qu’on faitnbsp;bouillir dans de l’eau, amp; qu’on boit auffi chau-de qu’on peut le fouffrir. Cette boilTon forti-fie reftomac diliipe les vapeurs qui mon-tent au cerveau , tient • l’efprit éveillé , 8cnbsp;donne de l’appetit. Je me difpenfe d’enpar-kr plus au long , paree qu’elle commence d’ê-tre affez connuë en France. Les Turcs ontnbsp;auffi d’autrfes boilfons appellées Sorbets. Celuinbsp;du menupeupie eft fait avec de l’eau jettéefurnbsp;du raifin de damas pilé;, 8c le forbet desricjiesnbsp;eft cuit avec le fucre 8c le jus de citron , inbsp;quoi l'on ajoüte un peu de miifc. On n’ofe-ïoit vendre du vin dans l’enceinte de Conftan-tinople; mais les Grecs 6c les Juifs ont la li-Ferté d’en faire a Galata. Ces derniers ontnbsp;toüjours le meilleur, paree qu’ils font tenusnbsp;par leur Loy de le faire pur, fans aucun mélange d’eau r mais les Grecs qui ne font pasnbsp;tonfeience de frauder, font fcrupule de boirenbsp;du vin des Jui/s,, de même que les Juifs , de'nbsp;«elui des Grecs^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' Nous

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i6o Voyage de Vult chipeh Nous ne volumes pas manquer d’aller baifernbsp;les mains du Patiiarche a qui nous avions unnbsp;paquet a rendie du Protopapa de Corfou. Celui qui l'eft'a prefent s’appelle Parthenius. Hnbsp;avoir déja été dépoffedé une fois du Patriar-chat; mais il a ii bien fait , qu’il s’y eft réta-bli. La charge eft a celui qui donne Ie plusnbsp;au Grand Vixir , qui ne demandant pasmieuxnbsp;que de remplir fes cofres, fait queces Patriar-ches fe chaflent les uns les autres , amp; que de-puis cinqans ils ont change jufques a cinq fois.nbsp;Du temps de PEmpereur Leon ce Patriarchenbsp;avoit quatre-vingt Metropolitains 8c vingt Ar-chevêques fous lui. II n’en a guere moins pre-fentement, mais les Prelatures font plus pau-vres, depuis que 1’Eglife Greque eft dans l'ef-clavage des Turcs. Quand ils font élevez aunbsp;Patriarchat, ih écrivent d'abord a tons les Metropolitains pour contribuer a la fomme qu’ilsnbsp;ont débourfée pour leur élevation. S'ilsnepa-yent, ils en fubftituent dautres a leur place.nbsp;Les Archevêques taxent a proportion leurs E-vêques Suffragans, 8c ceux-ci les Papes de leurnbsp;Diocefe. Ainfi tont fe fait par Simonie. Lesnbsp;Grecs n’ofent eux-mêmes defavouCT eet abus gt;nbsp;qui s’eft introduit parrai eux. Nous faluamesnbsp;ce Patriarche au fortir de 1’Eglife de Balata.»nbsp;qui eft la Metropolitaine oti il fait farefidence;nbsp;La maniere dele faluër eft de lui baifer ledef-fus de Ia main , oule chapelet qu’il tient, com-me on feroit a un Evêque ou fimple Papa. Onnbsp;Ie traite de i Panagiotit» fou, c’eft-a-dire vótftnbsp;toute , OU tres-grande Sainteté. Mais aux fim*nbsp;pies Prêtres on donne feulement Ie titre d’A-giotita-fou, OU de vótre Sainteté. II n’a autrCnbsp;fuite que des Metropolitains 8c Evêques habil'nbsp;lez en Caloyers , car ils Ie font tous , amp; lui'nbsp;inêine dans fon habit n’a tien ^i Ie diftingu*

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Ö* de Conflanttnoph'. rtfr' autres. 11 étoit vêtu d’une foutane; amp;d'u-vefte par delTus de ferge noire. Nous nenbsp;J^entretinmes pas long-temps, ï caufede 1’em-quot;^rras oü il étoit d’un ordre qu’il venoit denbsp;^ecevoir du Vizir, de Ie venir trouver, ce quinbsp;étoit de mauvais préfage pour fa bourle. Balata eft un Faux-bourgs de Conftantinople, qu’ilnbsp;tie faut pas confondre avec Galata.

Le Bazar, qui eft la place du Marclié, eft |res-beau a voir , amp; chaque métier y a fa rué.nbsp;Les Arts qui fleuriflent parmi les Turcs, amp;nbsp;tjui s’exercent plus parfaitemcnt que parminbsp;^ous, font ceux de Tailleur, de Couroyeur,nbsp;oe Cordonnier, de Brodeur d’or 6c d’argent ,nbsp;oe Tapiffier, de Menufier, de Maréchal, denbsp;Coutelier, d’Armurier, de Sellier, de Faifeurnbsp;ue brides, d'arcs 6c de flêches,. de Baigncur,nbsp;^e Barbier, de Confifl'eur 6c de Faifeur de Sor-^nbsp;^ets. Au contraire il y a beaucoup d’autres‘nbsp;juêtiers qu’ils n’entendent pas fi bien que nous.nbsp;La Medecine n'y eft prefque exercée que parnbsp;quelqucs CandiotS'Juifs OU Renegats; 6c li-tótnbsp;•lu’un Barbier f^alt un fecret, il s’érige en Me-tiecin. Maurocordatus Chretien de Candie,quinbsp;® écrit quelque chofe fur l’ufage du poulmon ,nbsp;qu’il a derobé a nos Auteurs, étoit Mcdecinnbsp;Grand Sei gneur, 6c prefentement il s’eftnbsp;fait Drogueman. Je trouve qu’il a fait pru-demment, car fa vie n’eft pas il fouvent eanbsp;danger que dans fa premiere profeffion , oiinenbsp;pas guerir le Prince dans une maladie, paftenbsp;pour un crime capital. I.es Barbiers f^aventnbsp;quelquefois ftigner, 6c leurs rafoirs ont desnbsp;itianches tout d’une venuë avec la lame. Ilsnbsp;tafent a contrepoil, 6c ont la main tres-legere:nbsp;ttiais au lieu de favonettes, ils n’ont que desnbsp;pieces de favon, comme nos blanchifleufes.

Je voiis donnerois bien quelques autres re-

mar-

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l6z Voyagz du Levant, jnatques des coütumes de Turquie mais nenbsp;pouvant ignorer qu’il y a plufieurs Autheursnbsp;qui en ont écrit, je me contente de vous a-voir fait mes obfervations particulieres, qu'ilsnbsp;»’ont peut-être pas toucliéesii exaftementquenbsp;moi ; amp;je crois même qu’il y en a quelques-unes qui ne fe trouveront point dans les Relations qui courent de ces pays-Ia. II eil tempsnbsp;de quiter Gonftantinople, amp; de penfcr a prendre Je chemin d’Atlienes, queje iduhaitois par-ticulierement de voir.

Livre III.

Voyage d'AnatoUe , avec la defcrrption des Jep Eglifes de FjdpocaJypfe.

NOus étions fort irrefolus fur Ie choix de la route que nous pourrions prendre postnbsp;aller a Athenes, pour laquelle proprementnbsp;nous avions entrepris nótre voyage. II y avoitnbsp;trop de rifque a y aller par mer Jt caufe de»nbsp;Corfaires, 8c il n’y avoit pas moins a craindrenbsp;par terre a caufe de la pefte qui regnoit parnbsp;toute la Thrace, que nous aurions été obligeznbsp;de traverfer. Enfin nous nous determinames •nbsp;amp; Toccafion de deux marchands Anglois quinbsp;alloient a Smyrne, 8c d'un Medecin de leurnbsp;Nation nommé Ie Dodleur Pickering, nous fitnbsp;refoudre d‘y aller avec eux, dans le delTein,nbsp;aprés que nous y ferions arrivez, de prendrenbsp;nos mefures pour pafler dans la Grece.

Nous prlrties done tous enfemble line Bar-cue, 8c partimes de Gonftantinople fur le mi-

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£«? des Sept Eglifer.

•Ji le i6. d’Oftobre 1675. Nous laiflltnes ^ notre gauche Chalcedoine, amp; le golfe de Nicome-, au fond duquel eft cette Ville appellécnbsp;prefentement Ifchmet; 8c k notre droite I’ldlenbsp;*^2 Proté, 0Ü nos Vaiffeaux Venitien,s avoientnbsp;donné fond, le Bayle ne leur ayant pas permisnbsp;de venir au Port de Conftantinople ^ caiife denbsp;la pefte. Le Vaiffeau marcband nommé/aFor-*unetu, qui avoit été oblige d’y venir, ne tar-da guere a être infeamp;é, amp; trois ou quatrc matelots en moururent. Plus avant nous laiflaraetnbsp;*^ur la droite deux ecucils, qui retiennent leurnbsp;sucien nom d'Oxya. 8c de Platy; le premier,nbsp;paree qu’il eft fort pointu; 6c I’autre, pareenbsp;^u'il eft bas 8c large; 8c e’eft ce que lignifienCnbsp;155 noms que les Grecs leur ont donnez. Eufnbsp;ftiite nous paffames pres de la petite Ifle d'An-*^gone, 8c vitimes coucher a celle de Chdois^nbsp;un Monaftere de Caloyers rebati parnbsp;amp;ioti Drogueman du Gfand Seigneur. On fnbsp;''pid fon Epitaphe en Grec literal, 8c cellenbsp;d’un Ambafladeurd’Angleterre appelléEdoüardnbsp;®arton, fous le tegne d’Elizabet. Les Caloyers nous receurent civileraent, 8c nous four-ttitent autant de couvertures 6c de mateiatsquamp;nbsp;itous voulümes. Le lendenaain nous partimesnbsp;de bonne heure, 8c vtnmes dans le golfe denbsp;Montagma appelle anciennement C'lanus Jims,.nbsp;du nom de la Ville de Cium. Nous cotoyd-faes a notre droite le village de Trichlia, 8c anbsp;mille deli celui de Siki, qui eft aflezgrand,nbsp;^ que nos Cartes nom ment Sequino, mal inbsp;propos; car Siki eft fon veritable nom , figni-dant en Grec une figue, pareeque le terroicnbsp;dalentour eft plein de figuiers fauvages. II y anbsp;« une Eglife qu’ils appellent ^gios Stratms,amp;cnbsp;c eft le nom qu’ils donnent quelquefois a 1'Ar-chan^ Saint Michel, comiaq fi.nous difions

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1(54 Voyage du Levant ^ h Saint Capitaine, Proche du rivage il y a unenbsp;fontaine appellee Chriftts, a laquelle les Grecsnbsp;attribuent des miracles. Ils nomment ces fortes d’eaux, auffi bien que I’eau benite ^^ia/-ma.

Mon- a quatre ou cinq milles de la eft la petite

TAG- Ville de Montagnia, oil nous primes terre. II

Mia, eft aifé de juger par fes mafures, que le lieu eft fort ancien, 8e quelques-uns veulent quenbsp;ce foil la Nicopolis de Bithynie. II y a unnbsp;beau K.an, qui a environ cinquante chambres.nbsp;Nous y paffames le refte du jour, amp; primesnbsp;le lenderaain des chevaux, pour aller a Proufa,nbsp;qui n’en eft éloignée que de dix ou douzenbsp;milks. Nous laiflames ^ moitié chemin le village de Moulfanpoula, Sc des campagnes biennbsp;cultivees.

Prou- P R O U S a , ou Bourjia, ou Burfa (car le nom de cette V'ille fe .pronohce de ditFerentesnbsp;manieres; a un aborddes plus agreabks; toutnbsp;le terroir d’alentour étant ombragé de noyers,nbsp;de chataigners amp; de meuriers, amp; embelli denbsp;jardinages de cote amp; d’autre du grand cheminnbsp;qui eft fort large amp;c auffi beau qu’on fe puilTenbsp;imaginer, quoi que peu a pen il aillc en moa-tant. C’etoit I'ancienne Ville de Prufa ad Onbsp;lympicam , étant au pied de cette montagne gt;nbsp;qui étoit autrefois appellée I’Olynipe de Bithyquot;nbsp;nie. C’eft une des plus hautes de I’Afie niineu-re, amp; on la voit de Conftanrinople, bien qu’el-le en foit éloignée de prés de cent milles. Lenbsp;fommet eft couvert de neige toute l’année;nbsp;mais H la moitié de fa hauteur elle a des en-droits fort agreables, des bois de pins amp; fa-pins, amp; même d’une elpece de Cedre, com-me le jugeoit mon camarade fort curieux poufnbsp;les plantes. Ces bois font arrofes de quantiténbsp;de ruifleaux, oh 1’on pêche aifément des trui-

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^ des Sept EgJifcs. tavelées de rouge, que les Turcs appellentnbsp;¦^laghaluc, ce qui, i exprimer Ie mot a lanbsp;, fignifie «» èeau poijfon. Les plus grof-*£s lont portées au Grand Seigneur, coramenbsp;*10 morceau delicat. Cette Ville fut prile iurnbsp;Empereurs Chretiens d’Orient par Sultannbsp;Orchan l’an 1300. 8e devint Ie Siege de l'Elm-pire Ottoman, jufqu'au temps qu’ils fe furentnbsp;rendus maitres de Conllantinople. Elle a encore les murailles qu’elle avoir foüs la domination des Chretiens. Les Turcs ne les ontnbsp;pas voiilu démolir, comme ils font prefque anbsp;routes les autres, paree qu’ils la confiderentnbsp;cotnme une des Villes Royales de l'Empire.nbsp;^’’^ous en fifmes Ie tour, qui eft d’environ fixnbsp;milles, Ellles fontbaties des ruïnes de l’ancien-ne Ville; car on y voit quantité de colonnesnbsp;8c de pieces de marbre enclavées avec les pier-res. Le quartier qui eft fur une roche efcar-Pée du cóté du Baaar, eft appellé le ChSteaunbsp;nu la Forterelïe. Elle eft entourée d'une mu-raille feparée de celle de la Ville , avec quaere portes pour y entrer. Cétoit le refugenbsp;uss Chrêtiens, maïs la Place étoit meilleurenbsp;riu’elle n’eft a prefent. Nous y vimes le Mau-lolée d’Orchan , de fa femme amp;de fesenfans,nbsp;•^ans une Eglife qu’ils ont ótée aux Grecs. Ellenbsp;batieen croix Greque, un dome au milieu,nbsp;le Choeur tout de marbre. On voit auffinbsp;prés de Ik un torabeaüoü font enfevelis les en-,nbsp;fans de Bajazet.

La Ville contient environ quarante mille Turcs, amp; prés de douze mille. Juifs. Pour cenbsp;eft des Grecs 8c des Armeniens, iis fontnbsp;*aiix Faux-bourgs, 8c ne font pas un grandnbsp;aaombre. Au contraire le Bourg de Philadar,nbsp;Jui eft a deux lieuës de Proufa, n’a que desnbsp;^^êtiens, quoi qu’ils foient plus maltraittez

det

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166 Voyage clu Levant, dcs Turcs que par tout ailleurs, car ils leur fontnbsp;payer double caratfch, a caufe de la vigoureu-fe refinance qu’ils leur fircnt, lorfqu’ils fe ren-dirent maitres du pays; Sc comme ce font desnbsp;marques de leur courage, ils fouffrent ce rude traitement fans en murmurer.

L’ancien Serrail de Proula étoit fort petit. II y a quinze ans que le Grand Seigneur y de-vant venir, on I’abatit, 6c Ton en rebatit utinbsp;autre en moins de deux mois. Nous y entra-mesavec un Janiflaire, amp; nousne vimesqu’unnbsp;batiment fort mediocre, qui n’a que fept ounbsp;huit chambres boifees avec des armoires doréesnbsp;a compartiment, fans être accompagné d’au-cun jardin; toutefois la vüë en eft tres-belle.nbsp;II n’y a aucun meuble dans ces chambres,nbsp;auffi les Turcs n’en ont guere, amp; le Concierge qui nous les avoit ouvertes eut pour fa peine une piaftre de chacun de nous.

La Ville n’eft arrofee d’aucune riviere, 8? il n’y a qu’un ruiffeau a un mille dela fur lenbsp;cherain de Montagnia; mats en échange ilnbsp;n’y a point de quot;Ville ati monde ou il y ait plusnbsp;de fontaines. Divers Sultans y ont bati jui-qua fix ou fepr Mofquees, 8c celle d'Aladinnbsp;eft la plus belle 8c la plus ipacieufe de toutes-Elle eft quarrée 8c couverte de vingt-cinq pe-tits domes d’egale grandeur. C’eft une nellenbsp;architedure, amp; toute de pierre de taille. Lenbsp;Bazefluit,. oh fe debitent les marchandifes eftnbsp;un alTez beau lieu; 8c non feulement Proufanbsp;eft une 'Ville de grand negoce, mais elle eftnbsp;aulli de grand pafiage pour les Caravanes quinbsp;vont d’Alep ou de Smyrne a Conftantinople gt;nbsp;amp; il s’y fait des foyes tres-fines. Il y a quan-tité de beaux bains ou étuves a la Turque, ^nbsp;des Kans pour loger les paflans, dans 1’un def-quels aous avions deux chambres pour notrfi

coni'

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6? des Sept Eglifes. 16/ Compagnie. Un de nos Anglois y tomba ma-'^de, amp; nous y retint prés de quinze jours.nbsp;Le Doéieur Pickering Ie faigna deux fois lui-örême faute de Chirurgien, amp; comme il crutnbsp;^ue fa maladie tireroit eu longueur, nous par-times enfin de Proufa aprés lui avoir laifle deuxnbsp;Perfonnes pour railifter. Nous apprlmes quince jours aprés qu’il y étoit mort, non fansnbsp;feupjon de quelque malignité apportée de Con-uautinople, oüla contagion ferenforqoitquandnbsp;ttous en partirnes. Car au refte fa maladie n’é-toit pas dangereufe, n’étant qu’une fiévre tierce intermittente. Quoique Ie commerce desnbsp;deux Villes fut libre, amp; qu’on n'y obfervatnbsp;^ticune precaution, il n’y avoit pouttant pointnbsp;de pefte a Proufa,

Un Armenien nous donna un cheval a cha-ctm julqu’a Smyrne pour trois piaftres. Mon-«eur Wheler fut fortfaché de ce que Ie fien ti’avoit point de bride; mais nous apprimes knbsp;nous y accoütumer dans la Grece, oü nousnbsp;etions montez comme Ie Marc-Aurelc du Ca-pitole fans bride, lans felle 6c fans étrieu, nousnbsp;contcntant d'un licol, d’un baft amp; d’une cor-de pour tout harnois. Le premier jour nousnbsp;tte vinmes coucher qu’a un mille de Proufa,nbsp;®ux bains d’cau chaude qui font au village denbsp;Le grand bain femble une Mofquée,nbsp;^ nous n’y pümes entrer, paree qu’il y avoitnbsp;des femmes. Toute 1’aprés-dinée eft pour cites , 8c le matin pour les hommes. Celui oiinbsp;tjous nous baignames, bien que l’un desmoin-dfcs, étoit un dome tout de marbre par dedans. L’eau ell foutrée, Sc feroit trop boüil-«nte, fi on ne la temperoit avec de l’eau froi-Les Tures les frequentent fort, tant parnbsp;‘t regies de leur Loy qui leur recommandenbsp;bain, que par delices», amp; pour leur fervit-

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töS Voyage in Le'cant ^ de remede en diveri'es maladies, pour la gue-rifon defquclles ils font renommez dans toutlenbsp;pays.

Le lendemain 14. d’Odlobre nous quittames Capligi avant jour, amp; traveriames des campagnes de bled cuitivees par les efclaves desnbsp;Turcs,; car pour ks Mufuhnans; il n’y en anbsp;point de reduits a cette neceflité, amp; ils fontnbsp;tous affez a leur aife dans ce monde. Ils s’aC-tendent de I’etre encore davantage dans I’au-tre, amp; s'appuyent entierement fur les promef-fes ridicules de kur Prophete. Nous nous ar-retames fur k midi a un hameau de Grecs,nbsp;OÜ nous trouvames des oeufs amp; du laid. Nousnbsp;y mangeames fans faire repaltre nos chevaux tnbsp;qui étoient accoütumez a la Turque a fairenbsp;abftinence jufqu’au.foir dans le voyage. Notrenbsp;repas fait, nous fumes encore fix heuresache-val par un pays de même nature que le precedent , mais un peu plus diverfiné par d’a-greables collines. Trois ou quatre milles aunbsp;deqa du gite ou nous nous arrêtames ce foir-nous traverfa.mes une grande plaine, oünbsp;nous decouvrimes a notre gauche un beau lacnbsp;long de z^. milles ou environ, amp; large denbsp;fept ou huit. Nous rencontrames ce jour-lanbsp;fix Cavaliers fairs comme des voleurs de grandnbsp;chemin. On nous alTura auffi que nous nenbsp;nous trorapions pas de les prendre pour tels;nbsp;mais nous etions fept bien armez, amp; nous nenbsp;craignions pas qu’ils ofaflent s’attaquer a unenbsp;plus forte partie que la leur. Notre petite Ca-ravane étoit compofée du Dodeur, d’unmar-chand Anglois, de mon camarade 8c de mownbsp;avec un Janiffaire que nous avions pris depuisnbsp;Conftantinople è un écu par jour lui amp; fonnbsp;cheval , 8c deux ferviteurs; fans compter deu*nbsp;gu trois voituriers a pied, mais qui n’avoienc

poin»

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ff? des Sept EgUfes. i6f) point d’armes, amp; qiii fe moquoient dcs vo-Icurs, paree qu’ils n'avoient rien a perdre.

Le foir nous arrivames a nbsp;nbsp;nbsp;petite Vil-Lou-

prefque deferte, fituéc de I’auire cóté de la tadi riviere qui fort du Lac, 8c fe va jetterau def-lous dans le Granique. C'eft Ic lac Sc la riviere A’ Afemius, mais nos Cartes placent cenbsp;lieu-la au bord du Lac, quoi qu’il en foit anbsp;Irois milles au delfous, 8c ils pofent le lac af-lèa proche de la mcr, bien qu’il en foit eloi-gne d’unc journee de chemin. Cette Villeeftnbsp;allurement ancienne, comme on le rcconnoitnbsp;gt; fes marbres 8c colonnes niifes confufementnbsp;dans la fabrique des murailles, qui font unou-vrage des Empereurs Grecs , avec des toursnbsp;rondes 8c pentagones de vingt en vingt pas.nbsp;Nicetas Choniates, qui a écrit dans le treizic-ine ficcle appelle cette Ville Lopadium. Ferrari dit qu’elie s'appelloit anciennenient Apolli-gt;^“1 ; mais ce qu’il ajoute eft evidennnentnbsp;fiux , difarit qu’clle eft prés du Mont-Olympe,nbsp;dont nous étions éloignezd’une journee. Nousnbsp;y entraraes fur un Font de bois, mais il y anbsp;des mafurcs d’un Pont de pierre. Les maifonsnbsp;Idnt prefque toutes de terre , 8c a peine y a-'^¦il mille habirans. Nous logeames chez unnbsp;prec, qui ne fqavoit parlcrque Turc, amp;dansnbsp;Ifs Villages deces quartiers-la, il n’y a quel-'I'retoisque le Prêtre qui fgache le Grec. IInbsp;itous regala d’une truite prife dans cette rivie-8c nous a'voiiames tons que c’etoitlameil-Iciire que nous euffions jamais mangée. Nousnbsp;^oniinuamcs nötre marclie le lendemain juf-•Id’a midy dans cette belle plaine de la Myfie,

P^ds nous vinmes a de petites collines. Lc loir nous paflames le Granique fur un Pont denbsp;a piles de pierre, quoiqu’on l’eüt pü ai-i^naent gayer n’y ayant pas de 1’eau ju/qu’auxnbsp;l,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Hnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fan-

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t^o Voyage chi Levant^ iansles dcs clievaux. C’eft cette riviere que Iflnbsp;paliage ci’AIcxandre !e Grand a rendu li fa-rneul'e , Sc qui fut le premier theatre de ftnbsp;gloire, lorfqu’il marchoit centre Darius. Ellenbsp;eit prefque a fee en Eté; mais quelquefois ellenbsp;¦le deborde étrangement par les plupes. Sonnbsp;fonds n’ell que fablon amp; gravier, amp; lesTiircsnbsp;qui ne font pas foigneux de tenir les embouchures de rivieres nettes, ont laifl'é prefquenbsp;.combler celle du Granique, ce qui empêchenbsp;qu’il ne foit navigable , même proche dc lanbsp;mer; ou il eft aliez large. Nous le cotoya-mes pendant deux heures, 8c arrivames 'aunbsp;village de Soufighirli, qui n’en eft qu’a unenbsp;moufquetade, II y a un grand Kan ou Kier-vanfera , e’eft-a-diVe une Hotellerie a la modenbsp;du pais , dequoi M. Tavernier nous donncnbsp;une longue 8c exadte defeription dans fes voyage d'Afie. Mats ce Kan étant alors toutnbsp;rempli d'autres voyageurs, nous firmesobligeznbsp;de nous reduire dans un petit bas oh nous mimes nos chevaux. Sc nous nous plaqaraesfurnbsp;uneeftrade ou IbfaalaTurqiieun peu plushautnbsp;pour nous éloigner de fhumidité. Notre hotenbsp;qui etoit Turc nous traita bien a la mode dunbsp;pais. II nous donna du Tragana qui eftdu blednbsp;griié aprêté comme le ris a la Turque; unenbsp;ïourte de moelle, de viande 8c de mie de pain,nbsp;qui etoit fort excellente, 8c un autre ragoutnbsp;qu’ils appellent Voulma. Ce lont des pom-mettes compofees dc jailles 8c foyes de pou-let, de graitle, d’oignons, 8c depiceries fri-caifees dans une feuille de vigne. Le deflertnbsp;conliftoit en de bonnes confitures de poires,nbsp;de primes 8c d’abricots an vin cuit. Nousnbsp;ctions fi perfuadci de la mauvaife chere desnbsp;Tiircs, quecelle-ci nous parut merveilleiife. Scnbsp;ic lendemain nous payames notre hote aufS

gr»-

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des Sept EgUfes. 17X graflTement cue li nous fuffions fortis dii meil-leur Logis de France; ce que Ton fait dc boanbsp;ccEur fans marchander avec eux.

Ayant quitté le village des Bufles-d’eau (car c’eft ce que fignifie en Turc Soitfighhli) nousnbsp;allames encore le long du Granique pendantnbsp;plus d’une heure, amp; a fix milles de la M. lenbsp;DodleurPickerlingnous fitremarquer del’avitrcnbsp;cóté de I’eau aflcx loin de notre chemin, lesnbsp;rnafures d’un Oiatcau qu’on croit avoir etcnbsp;baii par Alexandre, apres qu’il eut pifle la riviere.

Ce pais n’eft fertile qu’en bleds, paree qu’il n’y a que des Turesdans cesquartiers-la, auliinbsp;n’y trouvjons-nous point de vin , ce qui ncnbsp;nous plaifoit pas. II falloit nous contenter dunbsp;café ÖC d’un breuvage a I’Angloife, qui n’étoitnbsp;pas inauvais. Nous le faifions avec I’eau denbsp;vie, du jus de citron, de 1’cau amp; du fucre;nbsp;Car nous avions fait provilion a Proufa d’uanbsp;outre d’eau de vie. II eft vrai qu’il nous eanbsp;couta affezcher; car quand Meffieurs nos An-glois, que nous croyions meilleurs me'nagersnbsp;que nous, nous rendirent le compte de la dé-Penfe, il fc trouva que depuis Conftantinoplcnbsp;jufqu'a Smyrne nous avions dépenfé quarantenbsp;ecus en eau de vie amp; en fucre. Nous pafla-^es fur le midi prés d’un Kan delaiffé, appellcnbsp;Porte-de-fer, qui a autrefois bien fait peur anbsp;gens, ayant été un nid de voleurs amp; d’af-^3fllns qui detrouflbient les paflans. En effet,nbsp;*yant pouffe un peu plus avant, nous mimesnbsp;P'cd a terre dans une prairie pour mangernbsp;Promptement prés d’une fontaine , oft nousnbsp;‘(quyames une tête d’homme décharnée; amp;nbsp;F ctoit apparemment la tête de quelque mal-'ipureux voyageur qui y avoir été affaffiné,nbsp;y ayant point la de Cimetiere.

Ha nbsp;nbsp;nbsp;La

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17?. Voyage du Levant^

La nuit nous arrivames i Mandrago'ia mediant village, done les maifons font deterreSC de chaume. Nous logea'nes dans le Kan,nbsp;eft line grande ecurie avec une eftrade autournbsp;amp; des cheminées de dix en dix pas, oil lesnbsp;gens fe tiennent. II n’y a dans ces Kansqu’unnbsp;homine qni a foin de donner de la paille 8Cnbsp;de I’orge en payant; car dans route la Tur-quie il ne fe park ni de foin , ni d'avoine poutnbsp;ks cheyanx, ce qui eft caufe qu’ils font plusnbsp;legers, amp; qu’ils ne prennent pas de groffesnbsp;pances qui les puiflent rendre pouOifs cominenbsp;les notres, II fournit auffi une nate, fur la-qiiclle on dtend le petit raatalas qu’on portsnbsp;avec fes hardes, amp; 1’on va chercher dans ksnbsp;maifons voifines, le bois , le pain amp; autresnbsp;chofes ne^effaires, autant qu’on les peut trou-¦yer. Mais on porte toujours provifion de risnbsp;en chemin, étant le mets qu’on apprête knbsp;plus aileinent amp; en moins de ternps, car anbsp;leur mode on ne le fait cuire qii’un quart-d’heure dans 1’eau. Quand on a du beurre,nbsp;ou de 1'huile, on I’ajoute en fortant du feu.-Nous I’avons fouvent trouvé bon fans autresnbsp;ingrediens que de I’eau amp; du fel, avecun bonnbsp;pppetit. Je m’imagine bien que mille gensnbsp;s’étonneront en cet endroit, que les Turcsnbsp;n’ont pas 1’efprit d'établir comme nous dc bonnes hote'.Ieries; mais il faut confiderer quenbsp;quelqu’un d’eux s'avifoit d'en tenir, il ne knbsp;trouveroit perfonne qui iroit y loger , ft eenbsp;n’eft les Francs. Car comme les quot;Turcs outnbsp;accoütumé de ne ddpenfer prefque rien dansnbsp;leurs Kans, ce qui s’accorde fort avec kutnbsp;humeur mefquine , ils n’auroient garde denbsp;s’aller fourrer dans un Logis, oil 1’effroyabknbsp;peniee de payer pour une nuit hommeamp;che-Val un écu par tête, feroit capable de les fair?

' nbsp;nbsp;nbsp;fuir

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cles Sept Eglifes.

fuir bien loin , au lieu de les y attirer. Auüi rie voyons-nous pas que les Armeniens faflentnbsp;de grands écots, lorfqu'ils voyagent dansnótrenbsp;Europe. Ils aiment rnieux diner en chemin-faifant, amp;c coucher fur leurs baks de Soye,nbsp;^ue de s’aller mettre dans un bon iit.

II y avoir dans ce Kan dnq ou fix colonnes fort antiques, qiii nous firent juger que Ce lieu-Ia avoit autre-fois été quelque chofe denbsp;plus qu’il n’eft prefentement, Sc la reifemblan-ce de nom me fit croire, que q’a été la Maii-^ropolis, dont Pline fait mention ; car nousnbsp;ctions alors dans la Phrygie, oü il place cettenbsp;Ville.

Le jour fuivant nous palfaraes encore Ie Granique, quin’avoit que deuxpiedsd'eau, Scnbsp;nous marcMmes huit heures durant par desnbsp;Collines defertcs. Le foir nous arrivames aunbsp;pillage de Courougougil, c’eit-a-dire , maraisnbsp;deffeché, Sc nous y recontrames deux Hol-Endois qui venoient de Smyrne, avcclefquelsnbsp;noiis foupames chez un Turc.

Le nous ne iifraes que cinq lieuës, SC nous primes nótre gite a Bafculimbei, Bourgnbsp;d’cnviron trois cens teux. II y a un Kan,nbsp;^ais nous aimames rnieux loger chez un Turcnbsp;la connoiffance du Doéleur Pickerling. IInbsp;npus traita ]e inoins mal qu’il püt avec dunbsp;pilau , c’eft-a-dire du ris a la 'l’urque , dunbsp;^iftgt; Sc de laviande alTezbien aprê.tée, Sc desnbsp;Confitures au vin cuit. Nous remarquamesnbsp;^nez lui l’Inftrument dont ils fe fervent pournbsp;i^Parer le cotton d'avec fa grainc, car il s’ennbsp;*xit beaucoup en ces quartiers-la. Ce font deuxnbsp;^puleaux , l'un de bois, Sc 1'autre de fer, quenbsp;‘ cgt;n fait tourncr tous deux en dedans, Sc Ponnbsp;^ ?Pproche le cotton qui paffe entre deux,nbsp;***« la grain e n’y fqauroit palier paree qd’ilsnbsp;H 3nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;font


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174 Voyage du Levant ^

font fcrreil'un centre I’autre. Li figure vous

I’cxprimera mieux que k difeours.

Jnflnmtnt dts Tuns peur fepartr la grame dt Cote»,

Nous n’avionsplus delaquedeuxpetitesjour-nées jufques a Srayrne.niais nous nous écaria-'Pjjya nbsp;nbsp;nbsp;lieues pour aller voir Thyatire, appd'

tirequot; maintenant Ak-hipr pzr ks Turcs, e’eft' a-dire en leur langue Chateau blanc. Cell unenbsp;des fept Eglifes de I’Apocalypfe , amp; ce fera knbsp;premiere dont je vous donnerai la defeription.nbsp;Elk ell: batie dans une belle plaine , qui a pksnbsp;de vint milks de large, femée de cotonsnbsp;grains; mais il y en a une partie inculte ^

COU'

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Cf? des Sept EgUfes.

couvcrte de tamarife. A Tentrée de la plaine nous v'iraes fur une éminence qui commande'nbsp;Ie chemin , les mafures d’un Chateau, qui por-toit Ie même nom A'Ak-hiJfar , d’oü les Tuicsnbsp;s’étant retirez, ils vinrent batirdans celicu plusnbsp;Commode fur les ruïnes de l’ancienne Thyati-te, öc lui donnerent Ie nom du Chateau qu’ilsnbsp;avoient quite. 11 n'y a pas encore feptouhuitnbsp;ans qu’on ne f^avoit oir avoit été cette fameufe,nbsp;’Ville dé Thyatire, Ie nom même enayantéténbsp;perdu. Ceux qui fe croyoient les plushabiles,nbsp;irompez par une faufl'e reflemblance de nom,nbsp;s’imaginoient que ce fut Ia Ville dcTiriakimnnbsp;journée d’Ephefe. Mais Monficur Ricaud Con*nbsp;lui de la Nation Angloife y étant allé accom-Pagoé de plufieurs de ces Meliieurs qui nego-cioient a Smyrne, reconnut bien que Tirianbsp;n'avoit rien que de moderne, amp; quecen etoitnbsp;pas ce qu'ils cherchoient. Jugeant a pen présnbsp;quartier oii ils virent plufieurs mafuresanti-^ues, amp; trouverent Ie nom de Thyatire dansnbsp;^uclque infeription, aprés quoi ils ne douterentnbsp;plus que ce ne full clle-même. M. Ie Doéleurnbsp;que nous avions l’avantage d’avoir en nótrenbsp;compagnie, comme il eft fgavant amp; curieux,nbsp;loühaita de s’aiTurer de la chofe, amp; fut caufenbsp;que nous y allamcs. Avant que d’entrcr dans-la Ville nous vimes un grand Cimetiere desnbsp;Tures Ie long du chemin, ouremarquantqucl-ques inferiptions, je mis pied-^-terre pour lesnbsp;cqpier. Nous y demeurames toute l’aprefdi-^ce, Sc nous étions logez dans Ie Kan prochffnbsp;nu l3.uar, oü il y a environ trente colonnesnbsp;atrec leurs chapiteaux amp; pied-d’elhux de mar-“fc gt; difpofées confufément en dedans pournbsp;‘oütenir Ie couvert. II y a un cliapiteau d’or-ufe Corinthien , 8c des feiiillages fur Ie fullcnbsp;niênie de la colonne, comme vous en verreznbsp;H 4.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dans

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ij6 Voyage du Levant,

clans un Temple de Melaflb, dont je vous donncrai Ie dellein; ce qui eft aflcz extraordinaire.

Au fiijet de ces colonnes oiivragées de fcnil-lagcs, voici line autre remarque que M. Galland Amiquaire du Roi a faire amp; in’a communiqués. 11 y a un Kiofque ou Pavilion bati par Sultan Soliman prés d’Inghirlikioi qui n’eftnbsp;pas loin de Conllantinople, fiir Ie canal de lanbsp;tner noire. Lefondeinentde.ee Kiofque ellnbsp;de plufieurs colonnes, parmi Icfquelles il y ennbsp;a une de marbre blanc, d’un pied Sc demi denbsp;diametre, dont on n'en voit qu’environ deuxnbsp;pieds de longueur du cóté de la bafe, qui for-tent hors du fondement en guife de canon,nbsp;comme les autres colonnes. Celle-ciell toutenbsp;particuliere : car Ie fiifte même de la colonnenbsp;eft ouvragé de feuillages de vigne entrelaceznbsp;de figures difFerentes d’animaux, comme denbsp;belettes, amp; de liraagons fort au naturel, avecnbsp;deux mafques Sc une cuvepleine de raifinsquenbsp;trois hommes foulent, amp; un autre en tire Ienbsp;vin par Ie bas, Sc tout cela avec Ic goüt Sc lesnbsp;marqués de la bonne antiquité. Cette colonne a été fans doute prife du Temple de Bacchus, dont Petrus Gyllius fait mention dans fanbsp;defcription de Conllantinople, Sc en parlantnbsp;des colonnes voici ce qu’il en dit : CapituUnbsp;inferiorum echinos hahent aircumdantes imomnbsp;partem. Reliqua fan ejl tola veftita foliis; maiSnbsp;il ne les avoit pas obfervécs de fort prés.

Nous primes un Janilfaire du lieu avec nous, pour aller voir les inferiptions antiques denbsp;Thyatire. La premiere qu'on nous avoit in-diquée étoit fous une hale proche du Bazar,nbsp;Sc ellc commence ainfi: H ICPATIXIH ©ïA-TEirHNtiN EOYAH , Ie tres-fuiffant Senat dtnbsp;Thyatire, Une vintaine de Tures s’ctant at-

troU'

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fs? des Sept EgUfes. ijf traiipez autour de nous pour voir ce quenbsp;tioiis fiifions, nous leur difines que c’ctoit unenbsp;pierre du temps des anciens Fayens, oii étoitnbsp;k nom'que leur Ville portoit autrefois. I!snbsp;s’étonnerent de ce noni de Tltj^atue que jenbsp;Prononqai , amp; deux ou trois d’entr’eux nous'nbsp;cn menerent voir d'autres que nous copiames-exadiement. 11 y en eut un noinnré Vezi Che-^bi qui en avoit une chez lui creiifée en reftr-''oir de fontainc, amp; je puis dire que nous n’a-¦vons point trouvé de Tures plus civils qu'ennbsp;Ce lieu-la. Nótre JanifTaire nous mena a lanbsp;Cour d’un des principaux habirans appellé Mn-ftapha Chelehi, oü nous lumes encore trois Inscriptions. Les deux premieres font les jam-bages du portail de la maifon , amp; parlent d’An-*onin Caracalla Empereur Romain , comnienbsp;d’un Bien-faiteur amp; Rellaurateur. de Ie Ville.nbsp;Le titre de Maiire de la lern eer de lamer, quinbsp;y eft donne a ce Prince ambitieux ; eft auffinbsp;rare que celui de Divinité prefente aux mertels,nbsp;Sui lui eft attribué dans une bafe de maibre itnbsp;Lrafcati proche de Rome. Aprés avoir leunbsp;Ces deux pierres,. nous apperceumes au milieunbsp;de la cour un grand cercueil de marbre , oü il-y avoit la place de deux corps, amp; a 1’un desnbsp;cótez 1’Epitaphe da mari amp; de la femme, quinbsp;y avoient été enfevelis. Comme nous nousnbsp;riiettions en devoir de le copier, un des Turesnbsp;du Logis, peut-être par fuperftition , fe mitnbsp;devant nous, amp; ne voiilut pas nous le per-rrrettre, s’imaginant que c'étoit un tombeau denbsp;ftuelqu’un de leurs Saints. Nous fimes fem-^'ant de croire que ce qu’il en faifoit n’étoitnbsp;^cie pour rite; maft n'ótre Janiffaire le fit óternbsp;®cla, ScnousécrivimesFEpitaphe, oüknomnbsp;de Thyatire étoit repeté deux fois. Aprés ce-fious vimq^ vine autre Infcription dans une'nbsp;H 5nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cólon-r

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ly'ê Voyags du Lcvmt y colonne qni foütjent une galerie d’un Kan ,'nbsp;amp; OU nous himes en Grec amp; en Latin, quenbsp;l’Erapereur 'Vefpafien y avoit fait faire dsnbsp;grans chemins l'année de fon fixieme Confu-lat.

Les maifons pour la plus grande partie ne font que de terre, ou de gazon cuit au Soleil,nbsp;fort balTes amp; fans beaiicoup d’artifiee. Leniar-bre qui s’y trouve n’efl employé qu’aux Ciine-tieres, 8c aux Mofquées , qui font au nombrenbsp;de lix ou fept, pour quatre ou cinq mille ha-bitans , qui negocicnt en cotons. IIs fontnbsp;tous Mahometans, 8c il n’y a plus en ce lieu-la de Chretiens, ni Grecs, ni Armeniens, finbsp;cc n’efl peut-être quelques cfclaves , ou quel-ques étrangers qui travaillent chez Ie artifans.nbsp;'ün Grec que nous rencontramcs, 8c quiétoitnbsp;de ces quartiers-I^, nous montra une petitenbsp;Mofquée , qu'il nous affura avoir été unenbsp;de leurs Eglifes. Le minaret de la Mofquéenbsp;étoit tout découvert, 8c il nous dit que lesnbsp;Turcs l'avoient couvert deux ou trois fois,nbsp;mais que le toiél étoit toüjours tombé bien-tot aprés, ce qu’il attribuoit aun miracle a cau-fe d« la profanation qui en avoit été faite parnbsp;'les Turcs en Ia convertiiTant en Mofquée. Lnnbsp;wn mot il n’y a plus d’exercice de la Religionnbsp;Chrêtienne en ce lieu-la , 8c Ditu a puninbsp;fur cux felon fa menace, les impietez de Jezabel. J’ay qutlqut chofe a vous reprocher, ditnbsp;S. Jean a cette Eglife; ctfi que vous fermettez,nbsp;que Jefabel , une femme qui fe dit Prophete ffe, feduife mes ferviteurs, u leur enfeigne u f*nbsp;corrompre par la fornication, C/ d manger de tenbsp;qui efl ftcrifié aux Idoles. fe lui ay denné dt*nbsp;tempt pour faire penitence de fon impuditite,nbsp;elle nt l'a pas voulu faire. Mats je m'en vatnbsp;la reduire au lit, en la frapant de maladie , ca'

ac-

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é? des Sépf ÊgÏÏfes. 175»

atcaller de maux zy d’afflidtions cenx qm corn-ntettent aduhere avec elle. jfe fcrai mourir Jes *nfans d'une mort precifttée, zy toittes les Kglifes'nbsp;connoitront qite je fuis celui qui fonde les reinsnbsp;Zy les casttrs, zy je rendrai a ehacun felon fesnbsp;csuvres.

Lejour fuivant étant veniis au bout de la plaine, nous paflames quelques collines, puis-line autre grande plaine longue deprês de vingtnbsp;lieuës, amp; large de quatre ou cinq, oü Scipi-on furnommé l’Afriquain défit autrefois An-fiocbus. L’ayant traverfée nous gayames \'Hcr-*ntss petite riviere qui fe va jetter avec Ie Pa-ftüle a I’entrée du golfe de Smyrne. L’uneficnbsp;1'autre rouloient ancienneinent de Por dansnbsp;leur fable, mais on n’y en remarque pas a present. Un mille au dela efl Ie mont Sypilus,

amp; au pied la Ville de Magnefie, appellee a prefent Magnefa, oü nous vinnies coucher cheaMaG-Hn Turc. La Ville efl grande, amp; a plus deNïsiE.nbsp;douze mille habitans. Cell la refldence dunbsp;Gouverneur de ces quartiers-la , a qui IVnnbsp;lt;lonne Ie tltre de Muflellem. La montagnenbsp;eft au Sud-Eft. Sur Ie panchant il y a unenbsp;Gitadelle affez mal en erdre. Les Grecs n’ynbsp;ont qu’une Eglife.

Le 3r. nous montamcs trois heures durant Ie Sypilus , amp; arrivames cinq autres heuresnbsp;sprés a Smyrne. Ainft Magnefie n’en ell pasnbsp;fi loin que nos Cartes la mettent. II vim en-¦'’iron cinquante Anglois a la rencontre des nó-ttes. Monfieur leDoéleur Pickerling en efl fort’nbsp;aimé , amp; lis le lui ont témoigné en lui faifanCnbsp;Jne penfion de douze cens ecus pour l’arrêternbsp;a Smyrne amp; être leur Medecin. Nous étionsnbsp;*¦1 peine oü aller loger; mais entre ceux quinbsp;'l^oient venus au devant de nous, il y avoit

Traiteur Fiangois qui avoa apporté une'

H (gt; nbsp;nbsp;nbsp;belle

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I So Voyage da Levant,

belle collatibn,. •amp; qui s'ofFrit de nous-rccevoiK chez lui. II s’appelle Honorat, 8c s’eft mariénbsp;la avcc line Greque. Son logis, oil nous fumes tres bien, eit dans le quartier des Francois Qui regarde fur le Port.

Smyr-

»!£.

SMYRNE eft une Ville fort ancicnne, ba-tie, a ce que difoicnt les Grecs par 1’Amazone Smyrne, qui lui donna fon nom. On la voit reprefentee dans les medailles antiques dcnbsp;la Viile avec la double hache amp; le petit bou-clier d’Amazone, 8c Ton remarque a l’entréenbsp;de la Forterefte fon bufte de marbre , quenbsp;Monfieur de Monconis prenoit pour Apollon.nbsp;Les gens du pays font des contes ridicules furnbsp;cettetête, 8c difent que c’etoit une certainenbsp;Reine de Smyrne qui vivoit du temps d’Alexandre le Grand; d’autres difent que c’eft Se-iniramis : mais au fond ce n'eft aatre chofenbsp;que ce que je viens de dire. On le reconnoitnbsp;a la coiffure femblable aux medailles ou ellcnbsp;eft gravée. Si les Turcs ne s’etoient divertis anbsp;lui tirer des coups de moufquet pour lui caflernbsp;le nez, on lui verroit peut-etre encore la hache fur l’épaule.

Le Port de Smyrne eft un grand golfe de bait licues de tour, 8c qui a prefque par toutnbsp;bon ancrage,. Sc bonne tenue. Mais il y anbsp;com me une efpece de darfe on petit Port ren-fermé pour lesGaleresSc barques Turquefques.nbsp;La Douane qu’on y a batie depuis pea eft unenbsp;maifon avancée fur la mer, 8c fort propre,nbsp;bien qu'elle ne foit que de bois peint 8c vernif-fé. Son droit eft de trois, quatre, cinq 8cnbsp;huit pour cent, felon 1'es Nations, qui n’ynbsp;font pas traitees également. Les Anglois ynbsp;font les plus favorifez, 8c les Armeniens ksnbsp;plus chargez; a Smyrne, de mêine qu’aureftenbsp;^e la Turquie,. ft 1'on ftirprend. q.uelqu'un qui

¦yeuiib-

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y des Sept EgUfes. 181 Veuille frauder la Doiiane , on ne Ini con-fiftjue pas fa marchandife j tnais on lui fait feule-nient payer le double du droit ordinaire. Onnbsp;s’en fie le plus fouvent a. la bonne foy desAn-glois fans les vifiter, paree qu’ils agiffent avecnbsp;honneur,. amp; que la pliipart des negodans qiiinbsp;font la,, font Gentilshommes ou de ricliemai-fon, n’ayant pas befoin de ces adrellp pournbsp;avancer leur fortune. Lorfque nous étions a-Srayrne on achevoit d’y batir un Bezefieinnbsp;vouté de pierres de taille, belong de quatrenbsp;cens pas,, qui prend jour par de petits domesnbsp;couverts de plomb,. amp; qui fera fermé par quatre portes, aux cotez 5c aux extremitez. Onnbsp;y élevoit auffi tout joignant un grand Kan denbsp;pierrede taille; mais pour mettreen e'tat cesnbsp;deux édifices, ils en deiruifent un autre qui-ne faifoit pas un des moindres ornemens de lanbsp;Ville. Cell un theatre antique, qui eft fur lenbsp;panchant de la colline, comme Ton monte anbsp;la Citadelle. II étoit fort haut amp; tres-bien ba-ti, 8c avoit la vue fur la mer. Avant notre a-tivee on y avoit trouvé un pot de medailles^nbsp;deGallien, de fa familie 8c des Tyrans quinbsp;tegnoient en merac temps que lui. J’y trou-¦vai dans la feene une bafe de ftatuë quin’avoitnbsp;Sue le mot de Claudius en Lettres Greques-aflez mal formées, 8c peut-être du mêmenbsp;temps de cet Empereur. Ainfi Ton pourroitnbsp;juger q,u’il avoit été bad, gu du moinsrenou-vellé fous fon regne. Au delTus de cette petite montagne, qui eft au Levant de la Ville,,nbsp;font les ruïnes de la Citadelle dont j’ay parle..nbsp;C’eft un oHvrage des Empereurs Grecs; carnbsp;nous y vinies fur une porte muree deux, ounbsp;trois lignes Greques fi mahaifées a déchifrer,nbsp;5u’on connoiflbit bien qu’elles etoient du basnbsp;Empire, 8c d’un fiede peu poli* Les Turcs

H, 7

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ï S 2 Voyage iu Levant, ont auffi une ForterefFe a Ia bouche du golfenbsp;pour recevoir les droits de chaque Vaifleau ,nbsp;amp; pour defendre l’entrée aux Corlaires; maisnbsp;cl!e n’a que les murailles, amp; un petit fofle,nbsp;fans aucune force que celle de fes canons. A lanbsp;potte de la vieille Fortereffe ou nous étionsnbsp;inontez, il y a un grand cerifier fauvage, quenbsp;les Grecs du pays difent être Ie baton de S.nbsp;Polycarpe premier Evêque de Smyrne, qui unnbsp;moment aprés qu’il fut planté en terre, poulftnbsp;des branches. Le dedans de cette Fortereffenbsp;ruinée n’cft qu’un grand amas de pierres, amp; ilnbsp;y a auffi une petite Mofquée qu’on dit avoir é-tc l'ancienne Eglife’ Metropolitaine dediée d'nbsp;Saint Jean. On voit a fon vellibule deux colonnes d'ordre Corinthicn , mais de la plus belle maniere qui fe trouve parmi les ouvrages desnbsp;Anciens. Proche de la Mofquée cft une grande vodte foutenuë de fort gros piliers. Je crusnbsp;qüe qavoit été une citerne, parceque les four-ces raanquoient dans cette Citadelle. Un pel^nbsp;plus bas on voit hors de fes murailles les ruïnes d’une Chapelle dediée a S. Polycarpe, amp; lesnbsp;reftes de fon tombeau , oü il n'y a rien de con-fiderable. H eft proche d’un beau amp; grand Cirque long d’environ deux cens cinquante pas,nbsp;amp; large de quarante-cinq. Je m’accommodenbsp;sï 1’ufage des Latins en appellant ce lieu-la unnbsp;Cirque; car les Grecs l’appelloient Stadium,nbsp;lorfqu’il étoit de izj. pas, 8c Diaulss quand ilnbsp;avoit le double, comme a celui-ci.

Au bas de la Ville on voit quelques pans de murailles de grolfcs pierres dé taille, méléesnbsp;avec les maifons; 8c ce peuvent être des reftesnbsp;du Temple de Cybele mere des Dieux, unnbsp;des plus celebres du pays. Au Nord 8c au Le^nbsp;yant des murailles coule la riviere Miles, quenbsp;la croyance qu’on eut qu’Homere étoit né au-

pres

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^ des Sept Eglifes. 18:^;

prés rendit autrefois tamcul'e, ce qui donna a Ce grand Poëte Ie furnom de MeUfigenes. Ccnbsp;n’eft maintcnant qu'un ruilTeau prefque a fee,nbsp;a moins que les pluyes ne Ie groffilfent. Lenbsp;peu d’eau qui s’y trouve eft teliement partagé'nbsp;pour deux Moulins qu'il fait tourner, amp; pournbsp;arrofer les jardins du voifinage, qu’a peine luinbsp;en refte-t-il pour payer Ie tribut que tous lesnbsp;fleuves doivent a la iner. C’elt dequoi il nenbsp;faut pas s’étonner, puifque routes les rivieresnbsp;prefque de la Perfe qui courent vers le Midi,nbsp;font coupées amp; diverties par tant de canauxnbsp;pour arrofer les terres , qu'elles s’y perdentnbsp;enfin, amp; qu’elles ne peuvent aller jtifqu’a l’O-cean. Au refte fept Villes fe difputoient en-femble la gloire de la naiflance d’Homere,nbsp;Smyrne, Rhodes, Colophon, Salaniine, Chios,nbsp;Argos amp; Athenes, mais Smyrnc avoir pournbsp;elle les plus fortes preuves, comme Straboiinbsp;le témoigne. Cet Autheur ajoute qu’ils avoientnbsp;un poitique ou étoit le Temple amp; la figurenbsp;d’Homere. J’ai cru que c’étoit cette mafure inbsp;'Jn mille de la Ville entre des Oliviers, quenbsp;lt;}uelques-uns appellent le Temple de Janus.nbsp;C’eft un petit portique, qui a I’entree de deuxnbsp;cotez, au Midi 6c au Septentrion, batie denbsp;grofles pierres fans chaux. Du cótédel’Orienrnbsp;contre la muraille pouvoit être Peffigie dontnbsp;Parle Strabon; amp; le Temple étoit ence lieu-Ik.nbsp;«rêrae ou quelqu’autrc batiment joignant, quenbsp;le tempsadetruit. Neanmoins on m’a écrit de-Puismon depart, qu’on a trouvé depuis peuennbsp;creufant la proche une ftatue de Janus a deuxnbsp;faces, que M. leConfuldeVenifeLuppaxzolonbsp;^ achetéc: ce qui confirmeroit 1’opinion vul--gaire , que c’étoit un Temple de ce Dieu.

Tous ces autres beaux portiques dont cet Autheur fait mention, ne s’y voyent plus amp;

les:.

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I S'4 Voyage du Levant^

Jes rues n’y font plus a droite ligne, (rommcquot; elks étoient anciennement, ayant été fix fois-tcTriblement fecoiiee par ks trembkmens denbsp;terre. Les Grecs du pays apprehendent k fep-tiéme, qu’ils difent devoir être fa ruine cntic-re. On voir encore ^ vingt ftades, commenbsp;Strabon k remarque, e’eft-a-dire environ anbsp;deux milks amp; demi en allant k long dela mernbsp;au Chateau qui \eft a l’entrée du golfe, Ten-droit OÜ étoit la vieilk Smyrne, ou il rellenbsp;quelques colonnes amp; fondemens fur k riva-

ge-

Pour ce qui ell des Infcriptions antiques j’en trouvai quelques-unes alkz remarquabksnbsp;dans k Cimetiere des Armeniens, paree qu’ilsnbsp;fe font fervis de ces marbres pour kurs tom-beaux; mais ils en ont quelquefois effacé lenbsp;Grec pour y graver kurs Epitaphes en Arme-nicn. tl y a aux jardins d’Achmet Aga unnbsp;cercuefl de pierre avee une Infcription, dansnbsp;kquel ori a trouve depuis pen ks os d'un Ro-main avec fon cafque, dc fe armesde cuivre,nbsp;dont I’ufage étoit plus ancien pour la guerrenbsp;que celui du fer

Monfieur Ricaud Conful des Anglois nous fit milk civilitei, 8c voulut que nous mangeaf-fions fouvent avec lui. Cell un tres-galantnbsp;homrae, fort aimé Sc refpecté de tous lesnbsp;Francs. Cell lui qui a ecrit 1’état de I’Enipi-re Ottoman, 8c prefentement H travailk a lanbsp;continuation de I’hilloire Ottomane depuis Sultan Mourat , que les Turcs n’ont jamais nom-mé Amurat, comme nous faifons. 11 nous fitnbsp;auffi voir un livre qu’il avoit avancé, 8c quinbsp;traite de 1’état prefent de I’Eglife Greque.

B’y a perfonne qui fe puifle mieux acquiter que lui de femblabks ouvrages. II a été long-temps Secretaire de 1’AmbalIade d’Angleterse

~ nbsp;nbsp;nbsp;¦ fout

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6? (les Sept Eglifes. iSf fous Monficiïr Ie Comte de VVinchcIfeay, Ssnbsp;f^ait parfaitement Ie Grec ancien amp; moderne, Ie Turc, Ie Latin, l'Italien amp; Ie Francois , outre l'Anglois qui ell fa Langue mater-gt;)cl!e. Les droits du Confulat font tous anbsp;l’AmbalTadeur, mais il a en fon particuliernbsp;^eux mille ecus d’apointement de Ia Compa-gnie du Levant.

Nous vimes aufïi Monfieur Chambon, qui faifort l’office de Monfieur du Pui Confulpournbsp;^es Francois. On ra'a alfaré depuis, qu’on a-'’oit oblige nos Confuls de fe tenir a leurs residences de confulat. Les Hollandois amp; lesnbsp;quot;'^enitiens orit aufli leurs Confuls a Smyrne,.nbsp;Stii eft la mcilleure échelle de negoce de toutnbsp;|c Levant, particulierement pour ks foyes dcnbsp;yerfe que les Armeniens apportcnt par terrenbsp;Jufqu’a Smyrne, oü il y en a qui fe vendcntnbsp;•ie 3.8. a 40. piaftres Ie Halman, qui fait envi-i'on amp; d'ordinaire dix-hnit livres amp; demi denbsp;ïtótre poids;.car il y a de ces batmans dedifie-^¦ent poids. Les autres raarchandifes que l'onnbsp;y charge font des fi!s amp; toiles de coton deMa-gnefie^ des camelots d'Angoura lufttez 8c ta-i^ifez plus beaux que la moire. La piece vautnbsp;40. ou 50. piaftres, 8c celle des rouges teints-fn cochenille va jufqu a 60. bien qu'ii n’y aitnbsp;^ chaque piece que pour deux Veftes a laTur-Sue. On y charge auffi du tabac 8c de la fcam-**tonée, qui eft Ie fuc d'une plante qui croisnbsp;®tix environs de Smyrne, 8c dont nous nouS'nbsp;^crvons dans la Medecine.

Je recherchai particulierement a- Smyrne des-Medailles antiques, pour apprendre quelque» üngularitez du pays. Monfieur Falkner mar-^iiand Anglois curieux 8c fgavant m’en fit voirnbsp;fort de belles, prefque toutes des Villesnbsp;*ientour de l’Ionie» de ia Carie 8c de ia Ly-

die.

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i8(S Voyage du Levant^

«iie, amp; rn’enfit prefent dequelques-unes. II montra entre autres une qui m’apprit I'originenbsp;du nom de Phocée, a qui Marieilie doit fanbsp;naiflancè. C’efl unc Ville qui n'efb éloignée'nbsp;de Smyrnc que de vingt mille, 8c même il ynbsp;en a deux voifines I'unc de 1'autre qui portentnbsp;le nom de foja. •vwhia , ci Foja nova. L-anbsp;vieille etoit la fameufe ville de Phocée , ^nbsp;n’eft prefentement qu’un miferable village. El'nbsp;]e tiroit apparemraent fon nom du mot denbsp;Phccas, qui fignifie un veau matin, pareequ’ilnbsp;fe pêche prés de la quantité de ce poilfon, 8cnbsp;même dans tout le golfe de Smyrne. Le medaillon dont je viens de parler de l'Empereutnbsp;Philippe femble le confirmer par fon revers rnbsp;oü il a un chien qui eft aux prifes avec un denbsp;cesPhocas, 8c le mot on K A iEnn a Ten-tour, qui veut dire que c’eft ime medaille desnbsp;Phocécns. L’Plmbieme eft dilBcile' k pénetrer ^nbsp;car pourquoi Joindre un chien avec un poiflbn »nbsp;fi ce n’eft peut-être pour donner a entendre 3nbsp;que leur puiflance fur terre étoit égale a leursnbsp;forces maritiraes; ou que leur fidelité a 1’Enï^nbsp;pire Roraain, 8c leur vigilance, dont le chiennbsp;eft rEmblcme, difpofoient leur Ville fignifiétnbsp;par ce poilfon a tous les devoirs que deraan-doit une fi douce domination. Mais a direnbsp;vrai, ces fortes denigmes font des nezdecirenbsp;qu’on peut tournet de quelque cótéqu’on veut,nbsp;amp; il me fuffit d’avoir fait part aux curieux denbsp;cette remarque, pour leur en lailfcr le juge-menc libre.

Continuant de m’informer par tout de ces fortes de curiofvtez; j'en achéray de differen-teS' perfonnes affez avantageufement pour payernbsp;une partie des frais de mon voyage; car anbsp;mon retour a Venife, j'y rencontrai Mon-ficur Patin, qui ge me quitta point que je ne

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des Sept Eglijes. 12j ’üi en eufTe vendu alTez conliderablcment, ncnbsp;lui pouvant rien refufer, comme a celui qui anbsp;üté mon maitre en matiere d’antiquitez, lorf-*lue j’étois a Strasbourg avec lui. J’en accom-^odai les Cabinets de quelques antres curieuxnbsp;de celles que j'avois doubles, 6c il m’en reftanbsp;cncore une centaine des plus belles que je vou-lois au moins porter en France. Je ne defa-^oüe point ce commerce, dont les honnêtesnbsp;Sens ne font point diiBcuIté de fc meier, denbsp;^ême qu’un Gentilhomme ne fait pas de ffcru-Pule de troquer ou de vendre iin cheval. C’ellnbsp;Par Ic grand nombre de medailles qui paflentnbsp;par les mains qu’on fe peut rendre habile dansnbsp;eette Science, 6c il eft prefque impoffiblc de Icnbsp;devenir autrement.

Nous ne nous ennuyames point a Smyr-Ue. Cell une Villc de bonne compagnie, 6c de bonne cherc, plus qu’aucunc de toutnbsp;Ie Levant. II y a tout autour tres • boön-e-’nbsp;cliaflc d’excellent gibier, 8c entre autres dcjnbsp;Prancolins , qui valent mieux que des per-drix. Ceite Ville eft bien peuplée , 6c Tonnbsp;tient qu’ilty a plus de 30. mille Turcs, dou-ie ou quinie mille Juifs, 8c neuf ou dix mille Grccs qui n’y ont que deux Eglifes. Lesnbsp;Chrêtiens y fouffrirent de grandes pcrfccutionsnbsp;dans les premiers fiede?. S. Polycarpe y futnbsp;lUartyrifé, 6c Ie Pafteur étant frapé, l’on n’é-Pargna pas Ie troupeau. Mars Dieu les a rrrain-tenus, comme il leur avoit promis dansl’Apo-Calypfc. Ne crai^nez riên, dit l’Efprit aux Fi-deles de Srayrne: U diahte dans peu de tempsnbsp;tnettra quelques-uns de tjous en prifon, afin qutnbsp;tious foyiex, éprotfvez, , c?quot; vous (erez. ajfiipz,.nbsp;pendant dix jours; maïs foytez fidelfs jafques èinbsp;mort, Cf y* iMtitrat la courtnne dt-vie.

Noot.

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188 Voyage du Levant,

Nous n’avions garde de demeurer un rnois ^ Smyrne , fans aller voir Fph-efe, qiii n’en eftnbsp;éloignée 'que d’une journée amp; demie. Nousnbsp;primes un Trucheman Arraenien pour y venirnbsp;avec nous, amp; nous fiimes coiicher a quatrenbsp;lieiies de Smyrne a un village appellé Jawouh-ci, chez un JanifTaire qui connoidoit Ics An-glois, 6f avoir accoütuiné de !es mener a E-phefe. Nous lui propofames de venir aveCnbsp;nous, amp; d’abord il en fit difficulté, pareequ’ilnbsp;y avoir des voleurs en campagne, 8c il nousnbsp;dir qu’ils etoient au nombre de dix-huit cavaliers Arabes. Il s’accorda neanmoins de nousnbsp;accompagner, fi nous vouHons quiter le che-min ordinaire qui eft dans les roehersdu mont-Mimas, oil il y a un palTage dans le roc, quenbsp;les bonnes gens de ces quartiers-la difent quenbsp;S. Paul coupa avec fon épée. L’endroit étantnbsp;favorable aux voleurs, il nous reprdenta qu’ilnbsp;étoit bicn plus fenr de pafler par la plaine,nbsp;quoique le chemin foit plus long; paree qu’aunbsp;moins nous aurions 1’avantage de les voir venir de loin, 8c de n’eftre pas furpris par der-riere. Ayant done confenti a ce qu'il voulut,nbsp;amp; profitant de I'avis qu'il nous donnoit, nousnbsp;partimes une beure ou deux avant jour. Nousnbsp;paflames de grandes plaines, 8c la petite riviere Halis, qui alioit autrefois a Colophon. Nousnbsp;n’y fentimes point une frakheur fi extraordinaire que les anciens Naturaliftes le veulentnbsp;perfuader. Stir les dix lieures dii matin nousnbsp;Times a droite 8c a gauche les ruines d’un ancien Aqueduc qui travcrfoit notre chemin, 8Cnbsp;alioit vers un village appellé Tourbaté, qui don-ne quelques marques d’avoir été anciennementnbsp;une place plus confiderable qu'elle n'eft pre-fentement, 8c qui étoit peut-ére la Ville appellee Metropolis, doat il femble ^ue le aom

de

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13 ck$ Sept EgUfes. igp •lE Tearhalé foit venu, fi ce n’elt plutot I'en-droit dont nous pail.erons bientot. Enfuitcnbsp;nous irouvaraes durant une heure un grandnbsp;chemin pave de quartiers ds pierre en plulieursnbsp;cndroits. C’etoit apparemmcnt lechemin militaire qui ailoit de Smyrne a Ephefe, amp; nousnbsp;jugeames par la que la Viile de Metropolis n'cnnbsp;devoir pas être loin , puifque nous etions anbsp;tïioitié chemin dc ces deux Villes, mais unnbsp;Peu plus prés d’Ephefe comine Strabon remar-«Jue quelle e'toit lituée. Cependant il n'y a plusnbsp;de lieu qui porte ce nom , amp; notre JanilTaire,nbsp;•ti notre Armenien ne nous en 1'gurcnt direnbsp;='ucune nouvelle. L’heure du diner s'appro-•^hant, nous ne voulumes pas manger alaTur-tlue, c’eft-a-dire en marchant , comme ilsnbsp;font lors qu’ils font en voyage, ne s’arretantnbsp;point depuis le matin jufqu’a la couchee: maisnbsp;t'qus mimes pied-a-terre, amp; etalames nospro-'''ilions Ibus un grand Tcrehinthe pres d’un Ci-’’^etiere, on nous fumes aprés le repas cher-*^lgt;er parmi les pierres, fi nous y trouvcrionsnbsp;^tielquc chofe digne de notre curiolité. Nousnbsp;y vimes quantite de pieces de colonnes amp; denbsp;•’larbres antiques, amp; un entr’autres, ou il y a-''oit encore quelque refte d’Infcription. Biennbsp;'Jti’ellc ne nous apprit que le nom de celuinbsp;pour qui elle avoit été faitc, ellc nous confir-an moins dans la penfée que c etoit la veritable fituation de Metropolis, par le grandnbsp;toinbre de mafures amp; de debris que 1'on voitnbsp;autour; amp; nous trouvames cnfuite dans Icnbsp;riuamp proche de I'arbrc fous lequcl nous a-^*ons mangé, deux ou trois voutes fous terre,nbsp;p queiques autres ruines. Il ne nous en fal-pas d’avantage pour nous perfuader lanbsp;dofe, Sj notre Armenien s’informant de cenbsp;nous cberchions, nous lui dimes que nous

YOU-

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I po Voyage dil ant ^ voulions jiiftifier s’il n’y a%'oit pas eu autrefoisnbsp;une viUe en ce lieu-la. II nous avoüa qu ei^nbsp;-cffet ceux du village de Cabagea a un mille denbsp;I’endroit ou nous etions, affuroient qu’il ynbsp;voit eu la un Villc, amp; que même le mot denbsp;-Cabagea lignifioit en Turc une grandd Ville.nbsp;quoique ce Village n’ait que quinze ou vingtnbsp;maifons, ayant pu garder le nom de Ville»nbsp;pour être voifin des ruines de cello-cy. H n ynbsp;a peut-etre pas même fort long-temps qu’ellenbsp;eft détruite, puifqu'il y a encore aux environsnbsp;quatre ou cinq grands Ciinetieres Turcs, qutnbsp;témoignent que ces quartier^-Ia n’ont pas etcnbsp;fi depeuplez aux flecks précedens qii'ils le fontnbsp;prefentement; car nous ne rencontrames p^snbsp;jufqu'a Ephefe une feule maifon dans le grandnbsp;chemin. Cette Ville étoit prefque au pie“nbsp;du mont Mimas, ayant une tres-belle vuë furnbsp;la plaine, Sc le Caijhe deux ou trois milksnbsp;plus avant. Nous coramen^ames a voir cet-te riviere deux heures avant que d’arriver anbsp;Ephefe; mais auparavant nous apper^utnesnbsp;fix cavaliers, qui venoient du cóté de la mon-tagne, Sc marchoient a travers champ. Nousnbsp;nous tinmes fur nos gardes -a cette vüë , nousnbsp;doutant bien que e’etoient des voleurs. D^snbsp;qu’ils nous eurent découverts, ils s’arrêterentnbsp;dans le chemin; mais nous fans faire mine denbsp;les craindre, nous allamcs notre pas ordinaire , tenant la main fur nos carabines. Notrenbsp;Janiflaire paflant le premier, ils lui demapde-rent qui nous étions, Sc ou nous allions. Luinbsp;voyant qu’il y avoit du danger de nous declarer des Francs, que Ton croit toujours en cesnbsp;pays-la chargez d’or Sc d’argent, répondit pru-demment que nous étions de fes amis, Sc quenbsp;nous allions nous promencr a Ephefe. Ain»nbsp;apres nous avoir confidcrez un moment, ^

voyant

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dei Sept EgUfes. rp r

Voyant que nous ctions tous bien arme?,, a Ja i'el'erve de notre Armenien qui n’avoit quenbsp;fon fabre, comrae ils n’avoient pas tons desnbsp;Jfmes a feu, ils crürent qu’il ne feroit pasnbsp;wn fe joiier a nous, amp; que nous ne nouslaif-^^rions pas fi aifément dépoüiller- que les pau-''fes Grecs du pays qu’ils venoientde pülerauxnbsp;Environs. Ils nous quitterent done, de s’il ennbsp;fallu venir aux mains, nótre Janiffaire fcnbsp;ifroit fans doute bien batu; car d’ordinaircnbsp;gens-la ne font pas fourbes, amp; l’on peutnbsp;fier a eux quand on les a pris pour guides,nbsp;avoir deux ou trois piftolets a la ceinture,nbsp;^ de plus il avoir toute la mine d'etre brave.nbsp;9^1ui de ces voletivs qui paroifloit êtrelechef,nbsp;®*oit un Arabe de ceux qui courent d’un paysnbsp;® I'autre amp; n’ont d’autre profeflion que denbsp;“’¦‘gand. Quelqu’un nous dit aprés, que Ienbsp;Pste de nótre Janiffaire avoit autrefois été denbsp;nombre , amp; qu’apparemment ils fe connoif-'oient, ce qui nous avoit fauvé deleurs mains,nbsp;y.uoi qu’il en foit. Dieu nous en garentit, amp;nbsp;a Uil foin particulier des voyageurs qui fsnbsp;^onfleut en fa providence, puifque fouvencnbsp;'’^t'ine les precautions que nous prenons liu-^^inement ne nous fervent qu’a nous précipi-dans les dangers, comme il arriva dansnbsp;rencontre, ayant quitté Ie grandchemin,nbsp;nous croyions que ces voleurs fe trouve-plutót qu’en l’autre que nous primesnbsp;Pour lej éviter. Du cóté de TAfie il n’y anbsp;^'¦'Iqiie point d’autres voleurs que dps Arabes;

du CGté de la Grece, ce font les Albanois 'lui courent les grands chemins. Pour ce quinbsp;des Tures, on en trouve tres-peu qui faf-^nt ce métier-la, n’y ayant rieu que leur Loinbsp;^lt;^ommande rant que la chariré, 8c ceh elinbsp;P^ut'êtr.e caufe ,en partie, qu’ils ne fe portent

pas

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igi Voyagi da Levant^ pas au vol amp; au brigandage. A quoi ilnbsp;ajouter qu’ils ne font pas miferablcs commenbsp;les Albanois 8c les Arabes, que leur extrémenbsp;indigence reduit quelquefois a ceite neceffi-té.

Nous fuivimes pendant une heure 8c demie la petite riviere dont j’ay parlé, laquelle faitnbsp;de grands contours, 8c va tellement en ferpen-tant, que cela a porie la Valle, du Loir 8cnbsp;Monfieur de Monconis a la prendre pour Ienbsp;Meandre. Mais c’eft uneerreur, qui doitêtrcnbsp;corrigée. Ce quej'y trouve de plaifant, c’eitnbsp;que eomme on la voit deux foix en allant anbsp;Ephefe, 8c qu’a caufc des Tours quelle fait »nbsp;on la perd de vüe , lorfqu’on fuit Ie grandnbsp;chemin , 8c qu’enfuite on la paffe fur un Pont,nbsp;quelques-uns ont cru avoir vu deux rivieresnbsp;differentes, appellant la premiere Ie Meandre,nbsp;6c l'autre Ie Caiftre. Mais il eft certain qu’ilnbsp;n’y a qu’une riviere dans oette plaine; que Ienbsp;Meandre eft ^ une journée 8c demie de la»nbsp;ëc qu’il fe décharge dans la mer procbe desnbsp;ruines de Milet; Que celle-ci enfin eft Ie Caif-tre, comme Strabon 8c les autres Geographesnbsp;anciens la nomment; 8c pour plus ample confirmation de cela, on trouve des medailles denbsp;Valericn, de Gallien 8c de Salonius avec cesnbsp;mots au revers: EMSifiN kaïstpos 6c lanbsp;figure qui reprefente cette riviere de Kayflroi,nbsp;que les Ephefiens mettoient fur leurs monno-yes. J’en trouvay deux femblables a Smyrne,nbsp;qui me peuvent fervir de garant de ce quenbsp;j’avance. Les Turcs donnent au Caiftre deuxnbsp;OU trois noms difFerens; Carafou, c’eft-a-direnbsp;Eau noire ; Ccutchouk-Mindre, 8c Mindrefcarttnbsp;petit Meandre, ou Meandre noir, a caufe denbsp;la relTemblance qu’il a avec Ie vertiable Mean-dre , qu’ils appellent fimplement Mindrt, ou

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Ö* des Sept Eglifes^.

tSojouc-Mindre]e grand Meandre. Au rcfle ]e Cayllrevient desmontagnes de Lydie,, amp;coulcnbsp;dans la plaine d'F.phefe, paflant a un mille denbsp;cette Ville vers Ie Couchant.

Nous arrivimes deux heures avant la nuk a Ephefe, (jue les Turcs appellent prefentementF.PHï-•^jafiouc. Je ne crois pas qu’il y ait de Vüle se.

“U monde qui ait de fi grands amp; de fi trifles ¦telles de fon ancicnne fplendeur. On ne voitnbsp;par tout quc des monceaux de marbre, desnbsp;niurailles renverfées, des colonnes, des cha-piteaux amp; des pieces de flatue entaiTées iesnbsp;tines fut les autres, avec des frageraens d'In-fcriptions qu’on y decouvre en divers endroits;

amp; cell proprenient d’Ephefe qu’on pourroit dire que ce n'ell plus quele cadavre d’une Vil-felon la penfée de Ciceron en parlant denbsp;quelques Villes de Grece. La ForterefTe quicknbsp;fur une éminence, cft apparemment un ouvra-des Empereurs Grecs. Sur Ia porte qui eflnbsp;a l’Orient il y a trois bas reliefs, qui ont éténbsp;airez de quelque ancien monument. Celui dunbsp;ttiilieu eft Remain, amp; mieux fait quc ICs autres, Quelques-uns fe font figure! qu’il repre-fentoit un niartyre de Chretiens, amp; a caufe denbsp;cela ont appellé ce portail, la Porte de la persecution. D’autres fe perfuadent p'utót qu’ilnbsp;teprefente la, deftruélion de Troye, öc Heftornbsp;tiré par Ie chariot d’Achille. Mais il vautnbsp;tiiieux lailTcrla chofeindecife , jufqu’a ce qu’onnbsp;puiffe avoir un defiein, oü en confiderantnbsp;“icn chaque figure , on pourroit juger de Ianbsp;t^liofe plus feurement; ce qui feroit alTez mal-®‘fé a obtenir des Turcs, a la porte ¦'d’uncnbsp;forterefle. Dans la muraillefe voit enclavé parnbsp;‘S dehors un autre Iras relief d’une tête avecnbsp;'tn ferpent d’un cóté amp; un are de 1’autre, cenbsp;‘1'ti reprefentc cette Divinité que les payensnbsp;l,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Inbsp;nbsp;nbsp;nbsp;appel-

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IP4 Voyage du Levant, appel'oient Pfoicrpine dans les Enters, qui ednbsp;marquee par le Serpent, ia Lune dans leCiel,nbsp;qui ell expriraée par cette tête , amp; Diane (ornbsp;la terre, qui eft défigaee par cet arc. Cefontnbsp;ces trois Divinitez qui i’elon leur Theologienbsp;ïi'.en faifoient qu’une; qu'ils nommoient auffinbsp;Mtcate trlformis, Hecate a trois vifages ,nbsp;qu’on pourroit dire avec beaucoup d’apparencenbsp;a7oir été une ombre ou un crayon de la tres-fakite Trinitd.

Dans la place du Bazar, proche de la mai* fon, oül'on boit le café , ii y a un anciennbsp;arombeau de inarbre blanc , avec une Infcripti-on a demi eSacée, amp; prés de ia un chapiteannbsp;de même étofe , qui a été creufé par les Chretiens pour fervir de Fonds de Baptême.

On voit en arrivant fur la gauche du grand cherain, des Aqueducs, qui portoient autrefois 1'eau dans la Ville. II en refte encorenbsp;philieurs arcades fur pied , ^ ils étoient cjn-duits de fort loin. 11 y a a cinq ou lix millenbsp;.d’Ephefe une file de ces arcades fur pied, amp;nbsp;1’on y lit une infeription a l’honneur de lanbsp;Diane d’Ephefe , amp; des Empereurs Auguftenbsp;amp; Tibere. Cell lur le chemin d’Ephefe a Scalanbsp;nova.

Le Lendemainnousmontimes a chevaipour aller voir les antiquitez qui font au pied' de lanbsp;montagne du cótédu 'Femple de Diane. Nousnbsp;entrames d’abord dans une grotte foüs le roc,nbsp;que l'on lient être ceüedes fept Dormans, qainbsp;fuyant la perfecution de Diocletien , s’y en-dormirent, amp; ne s’évcillerent que deux censnbsp;ans aprés, ne croyant pas a leur réveil avoirnbsp;dormi plus d’une nuit. Vous pouvez jugernbsp;quelle fut leur furprife, lorfque retournant ^nbsp;Ephefe, üs ne reconnoiffoient plus ni lés pef'

fonnes, ni la mounoye, amp; n’entendoient pref'

que

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{if des Sept EgUfes. r que plus le langage; tout étant alors change,nbsp;amp; tout le peuple devenu Chretien. De peurnbsp;qu’un fi long iommeil ne nous y prit, nous ennbsp;fortimes promtement. La pieté des anciensnbsp;Chretiens en avoit fait une Eglife, amp; ]e rocnbsp;étoit taillé en demi-cercle par devant, ce quinbsp;tient lieu de portique. Plus avant nous vlmesnbsp;ce qu’on appelle le Baptiftere, de S. Jean , quinbsp;eft un grand vafepeuprot'ondd’un beau marbrenbsp;jafpé , d'environ quinze pieds de diametre,nbsp;tians lequel il n'y a point d’apparence , com-me pluficurs I’affurent, que S. Jean 1’Evange-ftfte ait baptife, les fondfions du CriPianifmcnbsp;He fe faifant pas alors avec tant d eclat, com-itie on les fait aujourd’huy.

Prés de la il y a plufieurs collonnes moitic ftebout; moitié couchées par terre, qui fontnbsp;spparemmentauflibienquece vafe , les ruinesnbsp;lt;ie quelque temple Payen.

Nous vlmes enfuite un lieu alTez approchant du Cirque Romain, ou du Stadium desGrecs,nbsp;oft fe faifoient les cqurfes amp; les autres jeuxquinbsp;dtoient en ufage parnii les Payens; amp; toutnbsp;joignant, un portailde marbre, qui letoitpeut-dtre de quelque Eglife. Ily ades inferiptions,nbsp;un has relief qu’on a enclavez dedans fans or-dte , amp; fans deflein. Nous en copiames cenbsp;Sue nous pdmes, amp; allames enfuite cherchernbsp;'Cs mafures du Theatre d’Ephefe, dont il nenbsp;*'cfte prefque rien. 11 etoit un peu plus haucnbsp;Sue le pied de la colline, St avoit la vue furnbsp;Temple de Diane; ce qui etoit propre i.nbsp;^uiouvoir la fedition des Orfevres, qui faifoientnbsp;quot;u^petits Temples d’argent, voyant que S. Paulnbsp;^echoit la deftrudion des Temples des IdoJcs,nbsp;^ qu’il leur reprefptoit fortement que lesnbsp;^Uyrages de la main des hommes n’etoientnbsp;point des Dieux. La vüë de ce Temple amp;

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Foyage in Levant,

fameus dans route 1’Alie Jciir infpiroit la liar-diefle de s’écrier pendant deux heures: Grande tjl la Diane dcs Epheficns.

Sur la ci'.ne d’une colline voifine eft un refte de Tour qnarree, qu’on appelle la prifon denbsp;S. Paul, d’oii nous decouvrimes les inerveil-leux detours du Cayftrc , nous en tirarae«nbsp;un crayon pour les conferer avecceux duMean-die , que M. le Dodtcur Pickerliug nous avoitnbsp;lournis.

Plufieurs Autlieurs ont parle du Meandrc, Dio Prufaeus parlant de fes contours, dit qu’ilnbsp;cn fait en toute fa coutfe jufqu’a fix cens*nbsp;Quelques autresremarquent qu’il faitdes lettresnbsp;Creques dans fon cours, commeeffeéliivementnbsp;Oil y peut aifénient reraarqucr dans le crayonnbsp;que je vous donne le |, ^, les-, \’u. amp; I’t.nbsp;Mais perfonne n’a fait une fi belie delcrip-tion du Meandrc qu’Ovide dans ces Metamor-phofes.

Non [ecus ac Uquidis Phrygius Maander in mdis

Lndit amhlgtto lapfu rejlnitque fluitque,

Occur/enfqne fibi venturas adfpicit undas-,

Et mine ad fontes nunc ad mare verfus aper-tum

Incertas exereet aquae, 8cc.

In mare deducit fejfas errsribiis undas.

Pour ce qui eft du Temple de Diane, il étoit au pied de la montagne qui eft a main gauchenbsp;de la plaine d’Ephefe en venant de Smyrne.nbsp;dans un terroir humide 5c marécageux, ce quinbsp;to caufe qu'on dépenfa plus aux fondemens,nbsp;qu’au refte du Temple: car on avoit mis dunbsp;charbon 6c de la laine entre les materiaux or-dinaires, comme Piine I'affure au iC, livre de

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fon Hiftoire naturelle. Nous cntrames dans ces fondemens par un petit efcalier pratiquenbsp;dans un pan de muraille qui nous conduilicnbsp;fous terre. Nous avions cliacun une bougie anbsp;la main, amp;un peloton de fifcelle, de peur denbsp;nous égarer dans ce labyrinthe; car c’eft Ienbsp;nom qu’on donne a ce lieu-la; amp; ces voütesnbsp;ont en efFet quelque rapport a un labyrinthe,nbsp;étant fort longues amp; entrecoupéesd’autres vod-,nbsp;tcs, oü Ton auroit de la peine a retrouver lanbsp;fortie fans ce fecours. Comme ellcs font fortnbsp;balles, nous pallames par tout, en partie a ge-noux, en partie a quatre pieds, croyant trou-ver quelque chofe digne de nótre curiofité;nbsp;mais nous nc trouvatnes que des chauve-fou-ris qui faillirent a nous crever les yeux. Jenbsp;crus que cela pouvoit bien avoir fervi de citer-ne pour les ufages duTemple, amp; même nousnbsp;remarquames deux de ces voütes plus étroitesnbsp;lt;iue les autres, qui pouvoient être des Aque-ducs qui y portoientl’eau, amp; mêmeil y en cou-loit encore aflez. Nous voulümes fuivre uncnbsp;de ces voütes jufqu’au fond, mais nous fumesnbsp;contraints de nous en revenir après avoir a-vancé environ cent pas, a caufe de la boüe,nbsp;dont nous eümes de Ia peine d nous dégager.

Etant fortis de cc lieu foüterrain , nous con-fiderames li parmi ces pans de murailles amp; les mafures qui reftent de ce fameux Temple,nbsp;t^ous en pourrior.s comprendre Ie plan. Autantnbsp;‘lüc j’en puis juger, je crois qu’il étoitquarré,nbsp;Sc que la longueur I’eraportoit Ie double furnbsp;lalargeur. A voir la place, amp;les medaillesquinbsp;feprefentent ce Temple, Jcnepuis croiie qu’ilnbsp;?it eté d’une autre figure. A quoi je dois a-Joüterce que j’ay remarqué dans Pline, quenbsp;ce Temple avoit 415. pieds de long, amp;

^ large. La face ou i’entrée étoit tournéc 1 3nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dir

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1 p8 Voyage du Levant, du cóté oü cft maintcnant Ic Chateau amp; Icnbsp;Village d’Epliefe. Les murailles font de gran-des pierres, amp; de la brique en quelques en-dt/oits. On y remarque plufieurs trous difpofeinbsp;¦» droiteligne, cequi me fitjuger que ce Temple étoit tout levêtu de plaques de bronze ounbsp;d’autre metal, cramponées dans la pierre. IInbsp;y a parmi ces debris cinq ou fix colonnes denbsp;marbre d’une feule piece chacune, qui ontqo.nbsp;pieds de long 8c fept dediametre, ce quifem-ble répondre aux proportions de 1’ordre Dori-que. Pline dit neanmoins qu’elles avoient 6o.nbsp;pieds de haut, 8c qu'il y en avoit jufqu’a izy.nbsp;Ce Templeetoit dansfes cominencemensaffeznbsp;mediocre. Enfuite on Ie batit plus grand, 8enbsp;en Ie compta pour une des fept merveilles di»nbsp;monde, ce qui pouffa un certain Heratoftratcnbsp;d’y mettre Ie feu, pour faire parler de lui dansnbsp;tous les fiecks avenir. Les Grecs pour ex-eufer la negligence de leur Diane qui ne dé-tourna pas eet incendie, difent qu’elle étoit ccnbsp;jour-la occupée a fervir de Sage-femme a O-Jympia, qui accoucha d’Alexandre Ie grand.nbsp;Ce grand Prince auCQ genereux que vaillant fenbsp;aroyant au plus haut de fa fortune , s'ofFrit de Icnbsp;faire rebatir a fes depens,pour-vü qu’on y mitfoanbsp;itom fur Ie frontifpice; maisles Ephefiens tropnbsp;fcrupuleux s’en défirent galamment, 8c d’une ma-niere dontilne pouvoitpas fe choquer, lui re-prefentant qu’il n’étoit pas jufte qu’un Dieu com-me luidediat un Temple a une autre Divinité.

Au refte il n’y a plus perfonne a Ephefc, capable d’entendre les Epitres de Saint Paul,nbsp;qn’i!^ leur a autrefois écrites. II n’y a aucunnbsp;Chrétien dans Ie Village , 8c leur principalenbsp;Eglife dediée a Saint Jean a été convertie eanbsp;Mofquée, depuis que les Turesfe font rendusnbsp;maitres du pays. Celui qui en avoit les clefs

eut

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des Sept Eglifes. i cut bien de la peine a nous y laine? entrerjnbsp;car en cette matiere-la l’on e(l plus Icnipuleuxnbsp;en Natolie qu’a Conflantinople. Ils dil'cnt quenbsp;nous polluons leurs Mofquées en y entrant ¦,nbsp;niais on a trouvc Ie fecret de leur lever ceicru-pule avec de l’argent. Ce Turc vouloit quenbsp;Monfieur Wheler amp; moy lui donnailtons cha-cun une piaftre; car ils s’iniagiucnt que lesnbsp;pi.ifires amp; les ducats necoütentncn auxFtancs,nbsp;amp; qu’ils en font tous charges. Notre Arme-nien fit en ibrte qu'il fe contenta d’une demi-piafire pour MonfieurWheler, fans rien prendre de moy, l’ayant alTuré que je n’étois quenbsp;1’Ecrivaindece Gentil-homme, ce qu'il devoiEnbsp;croire; pufqu’il me voyoit la plume amp; Ie papier a la main. NouS' approuvames fon ad-drefie a épargner nótre bourfe , (k nous ennbsp;rimes enfemble, nepouvantlui en f^'avoirmau-vais gré. II y a dans cette Mofque'equatreginudes colonnes de inarbre granite , amp; non pasnbsp;de pierre fondue, comraequelqucs-uns denosnbsp;Voyageurs I’affurent dans leurs relations. Jenbsp;ne fqais comment on efi entété de cette fortenbsp;de pierre imaginaire, comme fi les carrkresnbsp;®’avoient pas d’afiez grandes vcines pour ennbsp;tirer de ces grandes colonnes d'une feule piece.nbsp;On eft infaiué en plufieurs endroirs, amp; parti-culierement a Lyon de ces prétendues pierresnbsp;fondues, dont l’on veut que foient compoféesnbsp;^uatre colonnes de I'Eglife d’Enay. Jemefuijnbsp;ctonné que Monfieur deMonconis, tres-habilenbsp;iroinme d’ailleurs, ait autorifé cette erreurdansnbsp;fes Memoires. On fuppofe que c'eft un fecretnbsp;perdu; raais il faudroit montrer auparavant,.nbsp;Sn'il a été trouvé. Je vous donneray encore,nbsp;’d vous plait , la deifus une remarque. IInbsp;y avoir a Geneve une croix de pierre ex-^xtrémement haute, au niveau de la f^^de denbsp;I 4nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Saint

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aoo F’oy/ige du Levant ^

Saint Pierre. On cient qu’elle étoit route d''iine‘ piece de cette pierre fondue , amp; qu'elle futnbsp;abbatuë d’un coup de foudre. J'ay fouventnbsp;corifideré les pieces de cette croix, amp; je tombe dans Ie fentiment d’un de mes amis, quinbsp;les a aulüobfervées exacfement. il tient donenbsp;qu’elle étoit compofée depetites pierres rondesnbsp;cnchaffées dans un ciment tres-fort jetté aunbsp;moule; ce qui fait enfuite un corps auffi durnbsp;que s’il étoit tout d’une pierre. En effet il eftnbsp;certain que Ie ciment dont les Anciens Ie fcr-voient, étoit d’une extreme dureté; ce qu’onnbsp;reconnoit par les demolitions antiques, quinbsp;font prefque impenetrables au fer amp; au feu.

Mais revenons a nótre Mofquée , qui n’»' rien autre chofe de confiderable que ces colonnes , qui font d’ordre Compolite; amp; a la cournbsp;qui eft au devant, que quelques fragraens denbsp;chapiteaux amp; de colonnes, qui de mêrae quenbsp;prefque tous lesraateriaux de la Mofquée, foutnbsp;d’un marbre tres-beau 8c tres-folide.

Nous laiflames enfin Ephefe avecune ferieufe conlideration du jugement de Dicu fur cettenbsp;Ville, dequoi Jesus-Chmst 1’avoit menacenbsp;par ces paroles de 1’Apocalypfe; Souvtma^-vousnbsp;ik l'éiamp;t dont vous êtes dechüe, faites-m peniien-(e , v reijtrex, dans la pratique de i-os premiereenbsp;(Kuvrts.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fi vom y manquex, je vtendr.iy

hien tót a vom, amp; j’it er ay votre chandelier de jon lieu, Ji vom ne vom repentex.

Comrne nous fumes occupez tout Ic matin ¦a voir ccs curiofitex, nous ne pumes partirnbsp;que fur le midi, 6c la nuit nous furprenantnbsp;avant que dc pouvoir arriver a Jamovaci, oilnbsp;nous avions pris nótre JanilTaire, nous perdi-ines le chemin dans la plaine, fans le pouvoirnbsp;retrouver, quoique nous euffions allumé diinbsp;feu pour le cliercher. Nous nous étions bien

dou--

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6? chi Sept EgUfes. 2of

doiUex qu’il nous fainiroit marcher deux heu-res de nuit, mais notre Janiffiiire fe vantoit de fgavoir bien le chemin, amp; qu’il étoit im-poffible qu’il le manquaT. Nous étioiis mêmenbsp;bien aifcs de profiler de robfcurite, pour évi-ter la rencontre des voleurs, qui font afl'ezfre-qiiens cn ces quartiers-la. Ainfi nous fiimcs'nbsp;contraints de pafTcr la unit cn pleine campagne, fans rroiiver Ic moindre abry. Sc ayantnbsp;toute la unit une pluye froide furledos. Nous'nbsp;primes cette difgrace avec patience, amp; ayantnbsp;mis le feu a quclques brolfailles, nous nousnbsp;rechauffames un peu an dedans avec une bou-teille de vin de Srayrne qui nousrelloit. Nousnbsp;entendimes alfex long-temps hurkr autour denbsp;nous de ces animaux appellez Zachnlia, quinbsp;out la voix femblable a ccile d’un homme, amp;cnbsp;ayant un peu fommeillé dans nos capots, nousnbsp;nous levaines a la pointe du jour pour nousnbsp;aller repofer un peu plus a notre aife cheznbsp;notre JanilTaire, qui nous donna un ample dejeuner. Nous avions admiré le foir précédentnbsp;fa patience amp; fa moderation, car il ne prdfe-ra jamais le moindre mot de colere fur notrenbsp;facheufe avanture, comme des gens de fa forte 'nbsp;feroient parrai nous, 8c quoi que fa foif dutnbsp;égaler la notre, ii ne voulut Jamais boire du-vin, toute autre boiffon nous manquant alors.nbsp;Je lui reprefentai inutilement que la neceffiténbsp;n’avoit point de loi, qu’il pourroit fe rendrenbsp;ntalade, 8c que comme Medecin de profeffionnbsp;je lui confeillois de prendre un peu de vin pournbsp;fe foutenir fe cosur. II me répondit en foanbsp;langage, Hekim Benam bir Allah, c’eft-a-direnbsp;^iea fera mon Medecin, ¦ èc il n’y eut jamaisnbsp;ïnoyen de vaincre fon opiniatrcté dans cettenbsp;^ncontre. Une li ferine refokition de ne pointnbsp;boire de Tin ne venoit toutefois pas taut dunbsp;1- 5.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fcrupt-,7

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20% P'oyuge' ill Levant, fcrupulc de pecher centre la Loi , que d’unnbsp;accident qui luiétoit arrivé de depuis peu. IInbsp;avoit toüjours fa cave fournie du ineüleur vinnbsp;du pays, amp; comine il étoit un jour en débau-che avec trois Turcs de fes amis, il les menanbsp;au pied des tonneaux pour faire choix de celuinbsp;qu’ils voudroient. lis y büreut fi bien, quenbsp;les futnées du vin leur étant montées au cer-veau , ils s’entretinrent d’une fille bien faite denbsp;leur Village, qu’ils concerterent d’aller voir ^nbsp;ce qu’ils firent aufli-tót entrant dans la maifonnbsp;malgré toute la refiftance que 1'on leur fitnbsp;Cette fille les re^ut avec plus de fierté qu’ilsnbsp;ne fe l’étoient imaginez, amp; voyant qu’ils n’a-vanqoient rien par la douceur, ils voulurentnbsp;en venir a la force. Mais ils trouverent a quinbsp;parler; car la fille s’étant faifie d’un poignard,nbsp;clle en coucha un d’abord fur Ie carreau , amp;nbsp;les autres épouvantez de la mort de leur ca-inarade fe fauverent promptement. Cependantnbsp;die ne lailia pas de porter Ie lendemain fesnbsp;plaintes a la juflicc. On fit venir ceux quinbsp;avoient voulu ufer de violence contre elle ,nbsp;amp; comme Ie Cadi eutappris qu’ils étoient ivres-Jorfqu’ils en vinrent a eet excés, il fe conten-ta de leur faire donner quelques baftonnades gt;.nbsp;amp; de les condainner chacun a une amende.nbsp;Notre Janiffaire du depit qu’il eut de la fotti-fe qu’il avoit faite, amp; du chatimentquil’avoitnbsp;fuivi, fut auCfi-tót a fa cave, amp; pour lavetnbsp;1’afFront que Ie vin Ini avoit caufé, enfonga tousnbsp;fes tonneaux amp; épancha tont fon vin, faifantnbsp;un voeu particulier de n’enjamais boire. Aullinbsp;les Turcs ne fgauroient prefque boire de vin,nbsp;qu’ils n’en viennent d’abord a l’excés amp; a lanbsp;brutalité.

Etant de retour I Smyrne, nous nous infor* ïnaraes des autres Eglifes dc l’Apocalypfe que

nons

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'amp;? des Sept Êglips. loj' rious n’avions pas vüës. Monfieiir Ie Conful Aii-glois amp; Mr.Ie DodenrPickerling nouscommu-niqiierent Ifs memoires qu’ils qu’ils en avoienr,

amp;les Infcriptions qu’ils ytro’jverent en un voyage qu’ils y avoient fait depuis cinq ou iix ans.

PERGAME eft encore connuë parlesTurcs amp; par les Grecs foüs Ic nom de Pergamo. Cet-PER-te Ville eft a 34. milles de Smyrne, amp; a 20. game.nbsp;de Thyatira, affife au pied d’une montagnenbsp;qu’elle a au Nord, dans une belle plaine fertile en grains, oü paffent Ie Titanus Sc Ie Caï-cus, qui fe déchargent dans la riviere d’Hrr-mus, A cóté de la Ville palTe la petite riviere , ou plutót Ie ruiffeau rapide appcllc ancien-nement Selinas, qui court auSud-Sud-Eft, amp; fenbsp;va rendre dans Ie Caïcus. De 1’autre cótéidu Seli-nus il y a unebelle Eglilequi poitoit Ie nom denbsp;Saintc Sophie convertie prefentement ennbsp;Mofquée. Dans Ie quartier Oriental de la Vilde on voit les ruïnes d’un Palais, qui étoit peut-ctre la demeure des Roys du pays; car c’eftnbsp;Pergame que failbient leur reftdence les Rois Èu-ilrenes amp; Attains, dont il eft fouvent parlcdansnbsp;I’hiftoire Romaine. De toutes ks colonnes quinbsp;enrichilTorent eet edifice , il n’y en refle que cinqnbsp;belles de marbre poli, hautes feitlement dear,nbsp;pieds, amp; 1’on en voit encore quelques-unesnbsp;de l’autre cóté de la ruë. Vers Ia partie Meridionale de la Ville, il y a aux deux cóteznbsp;du grand chemin deux petites collines artifi-cielles, fur lefquelles il y avoit deux petits Fortsnbsp;pour garder l’entrée de la Ville, amp; au Levantnbsp;il y en avoit deux autres femblablcs. On voitnbsp;prés de Ia un grand vafe de marbre de vingt 8cnbsp;un pieds de tour, gravé d’un bas reliefd’hóm-iiies a cheval, fort bien travaillé; Le long dequot;nbsp;la montagne vers Ie Sud-Oueft fe voyent lesnbsp;ruïnes d’un Aqueduc, qui a encore fix arcadesnbsp;I 6nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fur

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2©4 Wojage (tri T.e‘vanf, fur iin niilTeau, amp; au Midy de ces arcadesnbsp;il en a fix autres avec de grandes voütes quanbsp;les Turcs appellent Kijferai. De Ia en tirantnbsp;encore plus vers Ie Sud on Uouve les ruïnesnbsp;d’un theatre fur k^anchantde la colline, d’oünbsp;la vtïë ell tres-bellefur Ia plaine.

Les Chretiens de Pergame font en pauvre état. Leur Eglife Cathedrale de Saint Jeannbsp;qui eft a rOrient,,eft entiereinentruïnée. Ellcnbsp;ü 56. pas de long, amp; 31. de large. Les Turcsnbsp;ont piïs les pieces des colonnes qui étoient anbsp;Ia nef, pour raettre fur les tombeaux-, maisnbsp;Ie corps du batiment n’étoit que de brique. L»nbsp;Viiie ell: peuplée de deux ou trois mille Turcs;nbsp;mais il n'y a que douze ou quinze families mi-ierables de Chretiens Grecs qui cultivcnt lanbsp;terre. II leur refie une Eglife dediée anbsp;Theodore Evêque de Smyrne, fous Ie Dio-cefe duquel ils font compris. Dieu les a encore confervez, pareeque felon Ic temoignagenbsp;de celui qui parle dans I’Apocalypfe ; Jh a-quot;jotent confervé Jonnomnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n avoient ^oint renonce-

la Foi , lore même qa Antipas [on temoin fide~ le avail fouffert le marlyre parmi-eux.

I-AO-

LAODICE'E eft appellee par les Turcs du voilinage Eskihijjar, e’eft-a-dire vieux Chateau; auffi cft-ce une Ville entierement rafée,nbsp;amp; il n’y a prefentement qu’un Moulin fansnbsp;autre habitation. La Ville de Colofle a qui S.nbsp;Paul addrelfe une Epitre n’en eft éloignée quenbsp;dc it. milles, amp; les Grecs I’appellent Chonos.nbsp;Ferrari dans Ton Didlionaire veut que Laodi-cée s’appelle encore Laudichia, amp; qu’elle foitnbsp;nommée paries Turcs Nove-Lejehe, ajoutantnbsp;qn’elie joüit encore du litre d’Archevêché.nbsp;Mais il faut, ou qu’il ait écrit fur de faux mémoires , ou que cette Ville ait acheve de fcruinernbsp;Hi de perdre fon nom depuis ce temps-lL II

eft

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{jT' (hi Sept EpJiCes. züf eft vrai qu’il y en a plufieursqui font troinpeznbsp;de prendre le Boiirg de Laotik, proclie d’An--gonra pour. Laodicée, a caufe de la reflem-Wance de nom. Ce qui re-ile de plus beau anbsp;Eskihiffar font qiiatre theatres de marbre auflinbsp;polis 8c auft] entiers que s’iis avoient eté batisnbsp;depiiis pen. Proche d’un de ces theatres onnbsp;lit une Infcription Grequea I’honncurde rjim-pereur Tite-Vefpafien. Elle a au Nord-Eft la'nbsp;riviere Lycus qui fe perd dans le Meandrc, cenbsp;qui la diftinguoit de quelques autres Villes ditnbsp;tnêrae nom; car on I'appelloit Laodicée proche le Lycus. Cette riviere eft la même quenbsp;Tite-Live appelle Marfyas, du nom du Saty-re Mariyas qu’Apollon écorcha tout vif pournbsp;avoir eu la teraerité de Uii difputer la gldire denbsp;bien chanter. Quinte-Curce nous donne unenbsp;defeription exaéte 8i tres-belle de ce fleuve,-amp; remarque que fa fource eft au fommetd’une'nbsp;montagne , d'ou il tombe fur un roc avecnbsp;grand bruit, amp; que venant a s’epandre dans lanbsp;plaine , il arrofe les campagnes voifines ,nbsp;confervant fes caux toüjoars claires fans lesnbsp;meier avec d’autres. Et paree qu’il reflem-hle en couleur ^ la mer quand elle eft ealme,nbsp;les Poetes, dit cet Autheur, ont pris de lanbsp;occafion de feindre que les Nymphes éprifejnbsp;de fon amour faifoient leur demeure en ce ro-cher. Il ajoute que jufqiies dans 1’enceinte desnbsp;murailles de Celenes il garde fon nom denbsp;Marfyas; mats qu'au fortir des ramparts, com-me il s’enfle, amp; devient irapetueux il changenbsp;de nom, amp; qu’on I’appelle Lycus.

, On ne f^ait ce qu’eft devenu I’Egltfe Chrê-’^lenne, qui étoit autrefois a Laodicée, amp; la *iienace de celui qui eft la Verilé même, n’anbsp;manqué d’avoir Ion elFet Je ffai queUesnbsp;tont VOS oeuvres, qm vous riétts ni froiit, «j-

I 7 nbsp;nbsp;nbsp;ihiui.

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%o6 F'oyage dn Levant y

chaud; mais parceque vohs êtes tiede, je fuhprêt-de VOHS vomir de ma houche.

SARDES appellee aujourd'hui'Sar(/o eft au pied du fameus Mont-Tmolüs, ayant auNordnbsp;une grande plaine arrofée de quantité de ruif-feaux, qui fortent en partie d’une eoiline voi-fine au Sud-Eft de la Vüle, amp; en partie dunbsp;Tmolus. Le Paftole fort de la même mon-tagne k l’Orient, amp; perd forr nom dansl’Her-naus qui paffe prés de Magnefie. Sardes a éxénbsp;anciennement le ficge du Roi Crefus, le plusnbsp;riche Prince de fon Tiede. Tout y étoit riche'nbsp;amp; furperbe, mais elle eft prefentement reduitenbsp;^ un pauvre Village qui n’a que de chetivesnbsp;cabanes, mais oü il y a pourtant un grand Kannbsp;bati i la maniere des autres Kans de Turquie ,nbsp;amp; OU les Voyageurs font comraodement logez.nbsp;G’eft le grand paffage des Caravanes qui vontnbsp;de Smyrne a Alep amp; en Perfe. Ellè n’eft pref-que habitée que de Bergers qui vont menernbsp;leurs troupeaux dans les beaux paturages de la'nbsp;plaine voiftne. On voit a l’Orient de la Villenbsp;tm vieux Chateau a vee les ruines d'une grandenbsp;Egiife. Au Midy Ik au Nord il y a auffi desnbsp;ruïnes confiderables de quelque ancien Palais;nbsp;mais au fond ce ne font que des ruines. Lesnbsp;Tures y ont une Mofquéc qui étoit une E^li-fc de Chretiens, a la porte de laquelle il ynbsp;» plufieurs colonnes de marbre poli. 11 s’ynbsp;trouve quelques Chrêtiens, qui s’occupent lanbsp;plupart au jardinage, amp; qui n’ont ni Prêtre,nbsp;ni Egiife. Aufli le Pils de Dieu dans la revelation de S. Jean reproche a ceux de Sardes,nbsp;^inils avoient la reputation d'être vivans , amp;'nbsp;qu'ils étoient marts; foyezt vigilant, ajoüte-t-il,nbsp;effaites penitence', car fi vaus ne veillex,, jevien-dray a vaus comme le larron, ©* vem ne fjaurezinbsp;s atselh heure j» viendra'h

PHI-

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6f des Sept Eglifes. ioT PHILADELPHE n’eft qu’a 17. millesPsuA-de Sardes vers le Sud-Eft, au pied du memcDEL- 'nbsp;Tmolus, d’ou la vue eld très-belle fur la plai- phb.nbsp;ne. Les Grecs liii confervent fon ancien nom,nbsp;iriais les Turcs qui les broiiiMent t'ous, I'appel-lent Allahfcheyr , comme qui diroit, la Villc-de-Dieu. Lorfqu’ils vinrent s’emparerdu pays»nbsp;les habitans fe battirenc amp; fe defendirent vigou-reufement. Les Turcs pour leur donner de lanbsp;terreur s’aviferent de faire un retranchemenrnbsp;par une muraille tome d’os de inorts liez en-lemble avec de la chaux. Monficur le Confulnbsp;Ricaud m’en fit voit une piece qui étoit afleznbsp;Iblide, amp; qu’il avoiteu la curioiite d’apporternbsp;du lieu il s’en trouve quelque relie. 11snbsp;furent forcez de fe rendre; mais ils firent leurnbsp;Capitulation plus douce que leurs voilins. Onnbsp;leur laiffa quatre Eglifes qu’ils ont encore , Pa-iiagia; Saint George, S. Theodore lt;5c S. Ta-xiarque, qui eft le même que S. Michel. II ynbsp;a dans Philadelphc fept ou huit mille habitans,nbsp;cntre lefquelson peut compter deux mille Chretiens; ce qui nous fait voir I’accomplilTementnbsp;ttierveilleux de la prophetic de TApocalypfenbsp;3-e Jfai qmlles font VOS ccuvres. Jttiensla por-OHvertt devant voas, o' perfonne ne la peat-firmer, paree qu encore que vous ayex,.pesi defor-vous avez, neanmoins gardé ma parole , onbsp;’gt;’avez point renonce mon mm. Pareeque vousnbsp;gardé la patience qui vous eft ordonnee parnbsp;**ta parole , je vous garderai aujft de I’heure de lanbsp;*pntation qui viendra fur tout I Univers , pournbsp;^Prouver ceux qui habitent fur la ierre.

Que pouroit-on fouhaiter de plus formel Pour marquer la venue du Turc I’ennemijurdnbsp;Chriftianifme, amp; qui femble n’avoir éténbsp;fovoyé que pour la punition de nos crimes,

^ pour diftinguer ks veritabks fideles d’avec

les

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loS' Voyage dti Levant. les faux Chretiens; Mais il ne faut pas fciile-ment parler des Turcs, il faut pariet en general de tous les Mahometans, qui occupentplusnbsp;de Ie moitié de nótre grand Continent , Sfnbsp;font répandus non feiilement dans tout FEm-pire Ottoman, inais encore dans route la Perfenbsp;amp; toute la Tartarie, dans une partie des In-des, amp; dans routes Ie cótes de 1’Afrique quinbsp;regardent nótre Europe. Quelle prodigieufenbsp;étenduëde pais n’occupe pas Ie feul Grandnbsp;Seigneur ne fait-il pas des trois mois en-tiers pour traverfer fon Empire.^ Combien denbsp;Royaumes n’a pas aflujeti la vilU a fept collines, cr lt;\HÏ domine fur les eaux; II n’y en anbsp;point au monde a qui ces paroles fe paiflentnbsp;niieux appliquer qu’a Conftantinople. Elle anbsp;fépt collines, fur chacune defquelles il yaiinenbsp;Mofquée Royaic, oü il feprofére tons les joursnbsp;des blafphemes contre Jesus Christ, Et anbsp;prendre même la chofe a la lettre, elle domi-ne fur les eaux, étant la clef de l’Archipel,nbsp;de la Mer blanche ,amp; du Pont-Euxin. Jene nienbsp;pasquecela ne fe puiffe auffi attribuerauxEm-pereursRomains, qui ont leng-tempsperfecuténbsp;1’Eglife naiflante, jufqu’a ce qu’elle eut fur-monté routes ces traverfes, amp; que Ie diablcnbsp;fut enchainé pour mille ans. Ce terme expirénbsp;ileft forti a la faveur des terriblesarmées des Ot-tamans, qui depuis trois cens ans, c’eft-^direnbsp;d’environ mille ans aprés les derniers abois dunbsp;Paganifme, s’accrurent prodigieufement, amp; oc- ‘nbsp;perent une grande partie derAfie,de l’Afrique’nbsp;amp; de 1’Europe: car avant ce terapsda la loi deMa-hornetn’étoit prefque pas connuë dans l’Europe,nbsp;ni dans une grande partie de 1’Afie. X* notnbrenbsp;jfjoüte l’Oracle de 1’Apocalypfe chap. 20, égale-ra celui du fable de la mer. Je les vids Je répan-dre fur la tjrre, (sr tnviromer U camp desSaintsi-.........' nbsp;nbsp;nbsp;' tse'

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Ö* (les Sept EgJtfes. sop'

fte fe peut rien de plus expreinf pour depein-rorgueii dcs Tur.es ik icur tvrannie , la

k-

Cï* la Ville chcriede Dien. C’ellia Vükde jeru-lalem , düiit ils fe font rendus maitres depuis long-temps. Voila ce qui eft déja arrivé ,nbsp;voici ce qui reftc , dont nous devons pricr Diennbsp;d’acourcir Ie terme. Man il defcendh du C'telnbsp;un feu envoyé de Dien qui les itevora, zyle diublenbsp;qui les feduijoit, fut jes.'ê dans l'étang de feu zynbsp;de foujfre, oit la béte O' les faux Prophetes ferontnbsp;teurmeniex. jour zjf nuit a:ix fsscles des Jiecles.nbsp;11 Y a apparence que les anciens Prophetes de»nbsp;Juifs n'ont pas porté leurs regards jufqu’auxnbsp;cveneinens des ces derniers iitcles. Mais nenbsp;diroit on pas neanmoins qu’Habacuc a en-fifigé les Tures dans cette belle Propheticnbsp;touchant les Chaldcens, dont ils font en partje defcendus, dedont ils ont herrté les nrccurs ?nbsp;Je feray , dit I’Efprit de Dieu par la bouchcnbsp;du Prophete , um oeuvre de votre temps quenbsp;voiis ne croiree. point , quand on vous en fera Unbsp;fecit. Car void je m’en vah fufeiter Ics Chal~nbsp;déens, qni font une Nation violente er étour-die, qui rnarchera it travers les pays pour pojje-der Its Tabernacles qui ne font pas a eux. Ellenbsp;e(l funsafe cr terrible. J'oute [on mtorité , crnbsp;tout fin gouvernement viendront d'elle-même.nbsp;Ses chevaax font plus legers que Us Leopards ^nbsp;Cr ont meilleure vuè que les Lynx. Ses gensnbsp;de cheval Je répandront ca Vquot; ld, esT fis cavaliers viendront de loin, lis voleront comme unenbsp;.•'itgie qui find fur quelque proye. Elle ne vien-dra que pour comtnettre des violences, ils ravi-font tout comme an vent d-’Orient, cy feront desnbsp;prifonniers comme-du fkblon. Elle fi tnoque des'nbsp;Roys, er mépri/e les Princes. Elle fi rit denbsp;toiites les FortereJJes, cr avec de Jmples terrafjssnbsp;elle s'en rendra maitrejfe. li me femble qu’il

dr

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aio Voyage du Levant^ legereté de leurs chevaux, amp; la facilité qu’ilsnbsp;ont de prendre des Places. Les Grecs qui ge-miflent fous leurs fers, reconnoitroient encore mieux cela que nous. Ils s’étonnent qucnbsp;les Princes de l'Europe étant tons Chretiens,nbsp;ii’iinilTcnt enfemble leurs interefls amp; leurs forces contre l'ennemi declaré du Chriflianifme,nbsp;au lieu de Ie laifler avancer peu a pcu fur leursnbsp;frontieres. ll n’y a plus que la largeur duGol-fe de Venife encre la 7'urquie amp;rjtalie, amp;nbsp;tousles jours ils viennent faire des efclaves dans-celle-ci. De tousles Princes de liChrêtienté,nbsp;il n’y en a point que feTurc craignc tant quenbsp;Ie Grand Czar de Mofcovie, car il peut met-tre de grandes arniées fur pied , amp; cntrer aifé-jnent dans les terres du Gran-d Seigneur; maisnbsp;ce qui lui donneroit l'avantage fur tous les au-tres, c'elt qu’il n’y a aucun Monarque de lanbsp;Religion Greque que lui, 8c fans doute quenbsp;ïes GreeS feïoient ravis. de p-rfTer fous fa domination, Scqu’ilsfe declareroiecit en fa faveur,nbsp;quand ils Ie verroient entrer dans la Turquienbsp;avec une puiflante armée. Audi ai-je oüi direnbsp;a q_uelq,ues Grecs, enü’autres au Sieur Manno-Mannca marchand de la- ville d’Aita, hominenbsp;d’efprit 8c d’étude pour Ie pays, qu’il y avoitnbsp;nne Prophetie parmi eux , qui portoit qucnbsp;1’Empire du Turc devoit être détruit par unenbsp;Nation Chryfogenos, c’eft-a-dire blonde , cequinbsp;lie peut s’attribuer qu’aux Mofcovites qui fontnbsp;prefque tous blonds.

Mais avant que de quitter ce pays-la , i! faut •vous dire quelques particularitez des Villes voi-fines des fept Eglifes.

Hi»-

KAPO-

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HIERAPOLIS eft une Ville entierement deferte, 8c les Turcs appellent fes ruines Ham-bouk-kalé , c’eft-a-dire Tour de coton, a caufcnbsp;des roclicrs blancs qui font aux environs. Ellc-

eft

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y des Sept Eglifes. 2 j ^ cfl au pied d’une haute colüne, qui a au Midynbsp;line plaine de dnq mille delargeur, amp;prefquenbsp;vis-a-vis de Laodicée. Le Lycus paffe entrcnbsp;I’uneamp;l’autte, mals plus proche de Hierapolis.

On y voit une fi grande quantité de ruïnes dc Temples anciens , amp; tant de belles fonrcesnbsp;d’eaux minerales propres a guerirdes maladies,

‘lu’il ne faut pas s’étonner quc les Anciens lui ayant donné le nora de Hierapolis, c’elt-a-direnbsp;Ville Sainte. (jn y remarque entr’autres un fortnbsp;beau bain de marbre blanc enrichi tout autoiirnbsp;de colonnes qui font tombées dedans. De linbsp;1’eau fe diftribuë en divers canaux, Scfe répan-dant quelques-fois hors des bords, forme uncnbsp;croute de terre blancheatre, dont la fuperficienbsp;teffemble a la couleur de Topafe. Ces eauxnbsp;dtoient aiiffi renommées pour les teintures, amp;cnbsp;J'on, y trouve encore une Infcription Grecquenbsp;dreffée par le Corps des Teinturiers. II y reftenbsp;aiilTi un grand Theatre de marbre a quarantenbsp;degrez , qui merite d’etre conlideré, amp; dansnbsp;le portail duquel fe lit une Infcription a A-Polion furnommé uirche^eies, AüQAAQjSli

apxhphtei.

MlLETn’aeu guere moins de renomMilET» ^ue la Ville d’Ephefe, amp; fa deftinée n’a pasnbsp;plus favorable dans ces derniers fiecles,

Oar ce n'eft plus qu’un amas confus de belles foafures, parrai lefquelles il y a quelques cabases de Bergers. PaUtfchia. eft le nom qu’on luinbsp;dqnne prefentement, a caufe des ruïnes de Paleis amp; de marbres qui s’y trouvenr. Tous nos-Oeographes modernes fe font égarez dans cenbsp;P3ys-la, ayant pris la Ville de Melaffo, quinbsp;. deux journées plus loin que Palarfchia, pournbsp;^ancien Milet, a caufe de la re.ffemblance dunbsp;ftom; au Jieu que Melaffo, com me je mon-‘texai dajis Ja fuite efi Pancienne Ville de My-

lafa,.

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z 1% P^oyagi du Levant,

hfa. Les Anglois de Smyrne découvrircnt quö la Ville de Milet. ou Milefiiim étoit ce Jieunbsp;de Palatfchia par une belle Infcription qui s’ynbsp;•voit encore, on Ie mot de no AIS miAH-Sl£2N eft repeté par cinq fois. La fituationnbsp;s’y accorde, n’étant qu’a une journée amp; deminbsp;d'Ephefe, amp; proche du Meandre, a quelquesnbsp;milles de la mer. Le Meandre que les Tiircsnbsp;appellent encore, comme j’ay déja remarquénbsp;Sciouc-Mindre, ou grand Meandre, eft celebrenbsp;dans l’Antiquité pour fes merveilleux détours,nbsp;qui iinitent les lettres Greques, comme on lenbsp;peut voir dans le crayon que j'en ay donné.nbsp;C’eft une riviere fort étroite, qui n’a guercnbsp;plus de 15. brafles de large; mais en revanclienbsp;clle eft fort profonde, part icnüerement prochenbsp;de Milet, oü elle a autant de fond quedelar-geur.

Milet étoit la patrie de Thales un des fept Sages de la Grece. C’eft lui a qui ce nom de'nbsp;Sage fut premierement donné, amp; qui le raeri-toit bien, puifqu’il fut le premier entre lesPa-yens qui foütint l’immortalité de l’arae , com-me Ie remarque Suidas. Les uns mettent cet-te Ville dans 1’Ionie, les autres dans la Carie;nbsp;mais fi Ie Meandre faifoit , comme on écrit,nbsp;la divifion des deus Provinces, il la faut reconnoitre avec Srrabon de l’Ionie.

As- ASKEMKALESI, ou autreraent le KEMKA- Chateau d'jisUem eft une Ville ru'inée amp; unnbsp;lEsr. . Tort de mer, une journée 8c demi plus loinnbsp;que Milet. Monfieur Pickerling croyoit que cenbsp;fut la Ville d’Halicarnaffe fiége des anciensnbsp;Roys de Carie; mais fi nous en croyonsPiir.e,nbsp;il faut que cette Ville fut encore plus loir.,nbsp;ear il ne Ia met qu’a quinze milles de l’lfle denbsp;de Coos. Ce qui lui avoit donné cette penféenbsp;eü: la grande quantité de marbres anciens

moma'

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6? des Sept Egllfes. 2,1^

itionitmens qui s’y trouvent, avec plufieurs Inicripnons. II m’en communiqui trois 011nbsp;quatre, en Tune defquelles qnoique peu cor-i;eéte, je trouvai que celui pour qui étoitdref-lé l’Epitaphe étoit lASEïS, c’eft-a-dire denbsp;la Ville de Jofus, ou ^ajjits; ce qui me fitnbsp;connoitre que ces mafures étoient Ia Ville d’Ia-(us. J’cn trouvai enfuitc la fituation conformenbsp;a ce qu’en difent les anciens Geographes. Stra-bon dans la defcription de la Carie dit qu’Iaf-fus elt un Ville dans une 111e proche de terre-ferme. On y voit encore l’enceinte dés mu-tailles, un theatre de marbre oü fe lit une-Infcription Greque, qui nous apprend qu'unnbsp;Certain Zopater fils d’Epicrates 1’avoit dedié ünbsp;Bacchus, comme étoit celui d’Athenes. Lesnbsp;habitans de cette Ville étoient autrefoisnbsp;fort adonnez a la pefche , comme on Icnbsp;peut remarquer par une hiftoriettc que Strabonnbsp;nous debite. Un Joüeur d’inftrument muficalnbsp;faifoit un jour montre de fon addrefie dans lanbsp;Ville d'IalTus. Tout Ie monde s’étoit alTem-blé autour de lui pour 1'écouter, mais d’abordnbsp;^u’on oüit Ie fignal pour vendre Ie poilTon,nbsp;Bs fe retirerent tous, a Ia referve d’un feul,nbsp;^ui étoit un peu fourd. Le joüeur d’inlirumentnbsp;ne ffachant pas fon défaut lui fit un compliment, 8c le remercia de ce qu’il lui faifoitnbsp;1’honneur de l’écouter, 8c de ce qu’il eftimoitnbsp;plus la mufique que les autres qui s’en étoientnbsp;allez au premier coup du fignal. Comment,nbsp;tépondit l'autre? je ne 1’avois pas oüi, 8c ennbsp;difant cela, il le quitta brufquement pour fui-vre les autres.

A quelques milles de Ia fe voyent de belles tuïnes d’un fuperbe édifice, que quelques-unsnbsp;poyent être du Maufolée, fappofant que cenbsp;“Cu-Ia eft 1’ancienne Halicaruaffe, J’ajoütepout

COÜ'

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ai4 Voyage du Levant^ confirmation de ce que j’ay avancé, que Straboanbsp;decrivant la core de !a mer en venant du cotcnbsp;d’Halicarnafle pour aller a Sinyrne, met lafl'us, amp;nbsp;enluite Milet, qui n’en eft en eifetéloigné quenbsp;de quinie milks, amp; qu’il park aprés des Villesnbsp;qui font éloignées, comme de celk qui fuit.

M E L A S S O n’eft done pas la Vilk de Mi-MïLAs-kt, comme Ortclius, Ferrari amp; tous ks mo-SD. dernes I’affurent; ce qui fe reconnoif, non feu-lement par ce que j’ay dit de Palatfchia , raais aufli par la conformité de ce que Strabon rap-porte de la Ville de Mylafa avec celk-ci. Audinbsp;voyez-vous quelle a gardé a peu prés le mê-mc nom. Le temple de Jupiter qui étoit knbsp;6o. Hades de la Vilk, s’y voit encore entier.nbsp;Cell un petit édifice avec qiiatre colonnes knbsp;la faqade, dont vous verrez ici kdelfein qu’onnbsp;m’a communiqué. L’autre qui eft plus vaftenbsp;plus fuperbe eft dedié a Augufte , comme ilnbsp;paroit par I’lnfcription de la frife. Mais ce quinbsp;eft de plus convainquant pour montrer quenbsp;MelalTo eft la Vilie de Mylafa, amp; non pas denbsp;Milet, e’eft cette belle colonne que j’ay faitnbsp;graver, erigée a I’honneur de Menander filsnbsp;d’Euthydemus, laquelle s’y voit encore. Carnbsp;Strabon parlant de cette 'Vilk de Mylafa, ditnbsp;que cet Euthydemus étoit un de fes plus illuf-tres Bourgeois, amp; qu’il avoit herité de gran*nbsp;des richeffes de fes ancêtres, amp; qu’il étoit fortnbsp;confideré non feukment dans fon pays, maisnbsp;dans route I’Afie, ou il fut honoré des premie-les Charges. Cependant un certain Hybreasnbsp;vint a fe poufTer dans le monde. Son Fere nenbsp;lui avoit laifTé jqu’un mulct pour gagner fanbsp;vie it charger du bois, ou I’employer a d’au-tres chofes encore plus viles. S’entretenantdenbsp;cela il étudia i Antioche fous Diotrephes tres-#xccllent Orateur. Etant de retour k Mylafa

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patrie, il s’adonna au IJarreau , amp; fe poufla dans quelques Charges publiques, oü il s’avan-9^ eu li peu de temps, qu’il fe rendit coramcnbsp;tnaitre de la Ville du vivant même d’Euthy-demus qui étoit alors agé. Mais Euthydemusnbsp;dUnt dans la fleur de fon age avoit neanmoinsnbsp;plus d’autorité que n’cn avoit alors Hy-treas, amp; même quoiqu’il y eut je ne fgainbsp;Suoi de tyrannique dans fa maniere d’agir, ilnbsp;^e latlToit pas d’être fort refpeöé, paree qu’ilnbsp;s’dtoit rendu utile a fes Citoyens. Hybreas ditnbsp;*^n jour dans une Harangue une parole hardie,nbsp;hiais fort a propos, amp; s’adreflant a Euthyde-®ius; tu es, lui‘dit-il, un mal necefl'aire a nó-*re Ville, car nous ne pouvons vivre avectoi,nbsp;^ nous nj f^aurions vivre fans toi. II arrivanbsp;^nfuite que Labienus partifan de Caflius, s’é-*ant revolte contre les Romains amp; rendu Chefnbsp;des Parthes, qui s'emparerent de l’Afie mineu-•¦e, Zenon de Laodicée amp; eet Hybreas ne Ienbsp;^oulurent point reconnoitre ayant animé leursnbsp;villes contre lui, car ils étoient 1’un 8c 1’autrenbsp;^res-habiles Orateurs, qui perfuadoient aupeu-Ple tout ce qu’ils vouloient. Et comrae La-i'ieniis fe faifoit appeller General des Parthes;

moi , dit Hybreas, je veux qu’on m’appel-|e General des Cariens; car MelafTo eft dans Carie. Enfuite Labienus s’en étant appro-ehé a vee des Troupes Romaines, il fe renditnbsp;J^aitre de la Ville, mais il ne put faifir Hy-quot;¦¦eas, qui s’étoit déja fauvé a Rhodes. Sanbsp;*^aifon fut abandonnée au pillage, 8c la Villenbsp;*^31 traitée. Mais aprés qu'il eut quitté l’Afienbsp;’^ineure, Hybreas retourna a Mylafa, 8c Ienbsp;^^mit fur pied avec la Ville.

Eour ce qui eft d’Halicarnaffe, il y a long-^crnps qu’elle a été ruinée, 8c l’on en voit en-*^üre de grands refles en un lieu inhabitè appel-

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Voyage du Lei-a

Boudron, vis-a-vis Tide dc Cos, qui iVeft point nomraée par les Grecs Stancliio, ni Stiu-go, ni Lango; lice n'eft par nos mariniers.,nbsp;qui ont entendu parler les Grecs, lujfqu'ilsnbsp;veulent dire a Kos, car ils difent Stin-Go, I'snbsp;IC.aprés \’n, Ie pronon^ant coininc un^, iÜnbsp;Stin eft 1’abregé de l’article i’f

Ces trois Provinces qui fe touchent; I’Ionie, la Carie 8c la Lydie font des pays tres-bons 8Cnbsp;tres-fertiles. Les anciens difoient de la der-iiiere, que les pcrdrix y avoient deux coeurs.nbsp;Le Docfteur Pickerling me difoit que 1’origine dsnbsp;cette fable venoit, de ce que le pays étantnbsp;cxtrémement bon 8c fertile en grains, la per-drix, 8c peut-être pluiicurs autres oifeaux anbsp;force de manger prenoient les oreilles du cosurnbsp;ü grofles , qu’elles fembloient un autre coeurnbsp;8c qu’il l’avoit fur tout remarqué aux pigeons.nbsp;II nous arriva une cliofefemblable commenousnbsp;étions fur 1'Archipel a nótre retour de Srayrne.nbsp;Nos matelots ptirent une grofle cortuë de mernbsp;qui pefoit bien prés de trentc livres. L'ayantnbsp;éventrce, ils s’écrierent qu'elle avoit troisnbsp;cceurs. J’y accourus pour voir ce miracle, 8£nbsp;je reconnus que c’étoit les deux oreilles dunbsp;coeur, qui étoient chacune grofles comran Ianbsp;moitié du coeur; car comine ils virent qu’cllesnbsp;avoient auffi un battement, ils s’miaginerentnbsp;que s’étoient trois coeurs.

Nous aurions pü aifément nous refou* dre a aller voir quantité d’autrcs Villes, quinbsp;ont autrefois été celebres dans ces quar-tiers-la, fi 1'on ne nous eiit reprefenté le danger que nous courions pour les voleurs, SCnbsp;pqur les avanies que les Turcs tachent denbsp;faire aux Chretiens , 8c le plus fouvent poutnbsp;de faulTes accufations. On nous aflura quenbsp;depuis quelques annécs un Conful HoUandoi*

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^ ci:s Sept Eglifes. a 17

fut aflaffiné amp; vole auprés d’Ephefe: amp; Ton nous apprit ime facheufe intrigue arrivee dc-puis peu a vm Gentilhomme Frangois, qui al-ioic dc Smyrnc a Alep avec la Caravane, C’e'-toit un homme riche, qui ne voulut pas fenbsp;faire connoitre a Srayrne. II menoit fa fera-nie avec lui, Sc quelques domcftiqucs, amp; ilnbsp;arriva qu’un jour elle tomba de deffus le cha-tneau qui la portoit. Sur cela le valet de ccnbsp;Gentil-homme querella le Chamelier, coinmcnbsp;étant la caufe de cette chute, amp; n'ayant pasnbsp;tjien accommode fon chameau. Ils en vinrentnbsp;a de grofles paroles, amp; des paroles aux coups.nbsp;En un mot le valet tua le Chamelier de nuit,nbsp;St fe fauva, fans en rien dire a fon Maitre. Lenbsp;lendemain matin les Turcs amp; les Grecs voiantnbsp;E Chamelier mort allerent fe plaindre au Cady du lieu le plus proche, amp;c accufercnt ccnbsp;Gentilhomme; de raaniere que le Cady voyant tant de téraoins contre lui, fe dilpofoitnbsp;de le condamner ï la mort. II y avoit la unnbsp;Convent de Capucins Frangois, qui ayantfceunbsp;fon malheur parlerent pour lui, 6c aprés plu-fieurs follicitations ils firent refoudre le Cadynbsp;de lui fauver la vie moyennant mille ecus qu’ilnbsp;lui payeroit. Voici comment le Juge s’y prir.nbsp;L’aprefdinee, lorfqu’on croyoit que rArreftnbsp;slloit etre prononce, il fit revenir toute la,nbsp;Caravanne devant lui, 8c recommenga a lesnbsp;interroger fur I’affaire dont il s’agiflbit. Voili,nbsp;homme mort, leur dit-il; ^ui cft-ce quil’anbsp;tué.^ C’eft ce Frangois, lui repondirent tons,nbsp;ceux de la Caravane cn lui indiquant le Gen-Jilhomme. A quelle heure 1’a-t-il tué, ajoütanbsp;Ie Cady ? II 1’a tué pendant la nuit, repiique-^'ent-ils, mais nous nc fgaurions bien dire riacu-J'e. Enfin le Cady leur demandant de quellenbsp;^naniere, 8c avec quoi il 1’avoit tué, ils repar-I,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;K ¦ '

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z r 8 Voyage chi Levant, tirent qu’ils n’en f-^avoient rien. Comment inbsp;canaille, reprit Ie Cady d’un ton plus fier, voiisnbsp;venez acciifer iin homme d’en a-voir tiié imnbsp;antre fans fjavoir ni quand, ni comment il l’anbsp;fair? Vous netes que de faux témoins, amp; jenbsp;ne fgais a quoi il dent que je ne vous faitenbsp;tous pendre a l'heure même. Si vous ne menbsp;trouvex aujourd'hui vingt mille ecus, a quoi jenbsp;vous condamne, vous ne partirex point d'ici.nbsp;Ainfi il trouva moven de tirer de l'argent denbsp;i’accufé amp; des aceufateurs, qui furent obligesnbsp;de fe cottifer, pour faire entre eux cette fora-me. Un autre Frangois qui ne faifoit quenbsp;d'arriver a Smyrne fut abordé par un coquianbsp;de Grec, qui !e pria inftamment de lui prêtetnbsp;dix ecus. Le Frangois qui ne Ie connoilloitnbsp;point, dit abfolument qu'il ne pouvoit pas;nbsp;furquoi le Grec Ie quittant, lui dit qu’il pour-roit biea s’en repentir. Quelque temps appésnbsp;le Frangois étant parti pour aller par terre anbsp;Conftantinople, amp; ayant beaucoup d’or furnbsp;foy, fut épié par deux ou trois miferables quenbsp;ce Grec avoit apoflez, lefquels le dépoüille-reiit, le menant enfuite garoté au premier Village. Ils dirent que c’ctoit un Corfaire, 8?nbsp;qu’ils l’avoient autrefois vü fur un batimentnbsp;faifant le métier de Pyrate dans 1’Archipel. Surnbsp;eet expoie il fut mis dans un cachot, ik il cutnbsp;bien de !a peinc a cn fortir a force d'argenf,nbsp;car il n’y a rien que les Tures ne loient ca-p.ibles de f.iirc pour l’intereft. Auffi cil-cc u-ne maniere de Provetbe dans tout le Levant,nbsp;que (1 Pon prefente d’une main de l’argent inbsp;un Turc, il fouffiira que de 1’autre main oUnbsp;lui creve un ceil.

Leur juilicc eft courte, comme chacunfgaif, Ceia eft bon cn plufleurs rencontres, Scabreg^nbsp;les procés que la chicane fomente, Mais d’-ail-,

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ff? des Se^t Eglifcs.-

iiurs ils’y glill'e bien desabus, foit en corroirra pant des Juges, ce qui eft facile; ou quelque--fois par l’ignorance 8c Ie fanple caprice d’iulnbsp;Cady, qui etant Icul, 8: n’ayant perfonne dontnbsp;il foit oblige de confulter les avis, juge de Ianbsp;nraniere qu’il lui plait, amp; comme il trouve Icnbsp;plus d’avantage.

Un de nos amis revenu depuis peu d’AIep Hous racontoit un plaifant Jugement que Ienbsp;Cady y avoir rendu. Un Turc avoit vendanbsp;tine de fes elclaves a un de fes amis; mais ilnbsp;tie demeura pas long temps a s’en repentir,'nbsp;paree qu’elle étoit fort belle. II la redemandanbsp;done a celui qui 1'avoit achetée, 8c lui offrit'nbsp;de lui rendre 1’argent qu’il en avoit payé. IInbsp;lui avoüa qu’il ne pouvoit plus vivre fans elle,nbsp;dc Ie conjura de la lui rendre. Celui-ci témoi-gna qu’il ne Ie pouvoit, qu’il ne l’avoit pasnbsp;ïchetée pour Ia revendre, amp; qu’abfolument ilnbsp;la vouloit garder. L’autre voyant qu’il ne póu-''^oit pas l’obtenir de cette maniere, eut fon retours au Cady, a qui il propofa fon airaire;nbsp;Le Cady lui rc'pond qu’il a tort de redenian-der fon efclave, 8c qu’il ne peut pas obligcrnbsp;Celui a qui il I'a venduë a Ia lui rendre. Sur-cela l’autre Ie preffe plus fort, 8c lui prometnbsp;quelque prefent s’il Ia lui fait obtenir. Hé biennbsp;lui dit Ie Cady, je Ie veux bien; pourvü quenbsp;tu falies tout ce que je te dirai, je te proinetsnbsp;lue ton efclave te fera renduë. La partie a-yant été dtée devant Ie Cady, celui-ci luinbsp;propofa de rendre l’efclave, en lui reflituant Ianbsp;tuême fomnie qu’il en avoit donnée. L’acliê-^cur protefta qu’il ne vouloit point s’en défai-te; qu’ils en avoient paffe Ie contraéi enfem-ule, 8c qu’on ne pouvoit je retrafter.. Alorsnbsp;•u Cady ie tournant du cote du deraandeur,nbsp;‘d dit de fe ineltre a danfer, ce qu’il fit 1'in-K. 'bnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fiaat»

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liO P’oyage da Levant^ ftant, ayant promis d’obeir a tout cc qu’il Iiilnbsp;comrnanderoit. Puis s’adreflant au defendeur;nbsp;Et toi, lui dit-il, danfe auffi. Moi! repliqiianbsp;1’autre, je n’cn ferai tien , je ne fuis pas founbsp;comrne lui. Ha ! ha ! reprit Ie Cady, puifquenbsp;tu avoües qu’il eft fou, Ie marché ne doit pasnbsp;tenir; amp; Ie contradf que tu as pafle avec luinbsp;eft nul. Va lui rendre tout ï 1'heure fon efcla-ve pour l’argent qu’il te l’a venduë; c’eft toi-itiême qui t’es condamné, amp; il fallut que lanbsp;chofe allat de la forte.

L’Ionie avoit douze Villes, qui tenoient leurs Aflemblécs dans un lieu proche de Mi-let appellé Panionium. Smyrne y fut ajou-tée, 8c elle faifoit la treiziéme. Ces Villes é-toient.

Ephefs, appellée maintenant Ajafalouk,

Mikt, prcfentement Palatfcha. nbsp;nbsp;nbsp;,

Myms, détruite depuis long-temps.

Zebedos, qui n’eft plus rien.

Teos, nbsp;nbsp;nbsp;Village, nommc Sïgeji,

Colophon, raféc.

Prkne, nbsp;nbsp;nbsp;qui ne parozt plus.

Phocée, appellée maintenant PaUa Toja.

Erythrée, Ie Village de G«y»;é.

Clazomene, Village de Vourla , ou Ktltfman. 1 Chios,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^

Samos, gt; qui retiennent leur ancien nom.' Smyrne, ¦gt;

Pendant tont Ie temps que nous demeura-tnes a Smyrne, nous gardames deux Chameleons en vie. L’un nous avoit étédonné, 88 l’autre qui étoit fort petit avoit été trouvé Iknbsp;la campagne par Monfieur Wheler. Ils tien-nent beaucoup du Lezard, mais ils marchenlnbsp;bien plus lentement, ayant des jambes foitnbsp;longues. Les anciens Naturaliftes difent quenbsp;eet animal vit de 1’air; Mais on a remarqué

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des Sèpt EgUfes. nbsp;nbsp;nbsp;ii t

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^U’il mange des mouches amp; d’autres infedles, aufll un eftomac amp; un petit boyau , ce qui nenbsp;fooit pas neceflaire, s’il nc vivoit quede Tair^nbsp;II eft pourtant vrai que quand on Ie gardenbsp;long-temps, on ne Ie void prefque jamaisnbsp;iHanger , 8c quoique je prefentalle quelquesnbsp;douches au plus gros d^es nótres, j’avois de Ianbsp;Peine a les lui faire avaler. Mais cela n’cft pasnbsp;particulier a eet animal, car il en eft dc mêmenbsp;des Lezars 6c des Serpens que j’ai vft garder^nbsp;^üatre ou cinq mois dans des phioles fans riennbsp;^Hanger. Ce que je trouve de plus remarqua-en cette matiere, eft l’obfervation quenbsp;Monfieur du Four, un des plus curieux denbsp;J’dtre Ville, m’a alfuré d’avoir faite; qui eft,nbsp;Suc bien que Ie Chameleon ne mange pas, ilnbsp;•^e laifte pas de faire beaucoup d’excremens. Jenbsp;^emarquai que les nótres dormoient 24. heuresnbsp;deftiite fans fe remuer; aiiffi la faifon étoit a-'ors aflez ffoide. Leur langue avec laquelle ilsnbsp;dardent les mouches eft longue amp; creufe aunbsp;°out en trompe d’Elephant, 8c Ie deffbus a-’'^artce en fa?on de ciiilliere, enduit d’un plileg*nbsp;’He gluant qui tieni les mouches embarraflees,nbsp;Inline amp; Solin difent qu’il a toüjours la bouchcnbsp;ouverte, ce qui fe remarque neanmoins tres-ïaremenr. Cc qu’il a de fmgulier fur tous lesnbsp;*ntres animaux, ce font les yeux qu’il remucnbsp;*'tiD d’un cóté, 1’autrc de 1’autre, de forte qu’ilnbsp;peut regarder en haut 8c cn bas en mêmenbsp;jernps, OU cn tenir un fixe , 8c remuer l’autre,nbsp;Ils fcmblent deux petits jayets enchaiTés dansnbsp;Iss paupieres, qui font percées d’un petit trounbsp;’’ond pour leur donner du jour; ce qui faifoitnbsp;Hommer leur ceil par Tertulüen PmSlum ytr~nbsp;^hinans, un point roulant de cóté 8c d’autre,nbsp;oeil n’étant en effet gucre plus gros qu’u-’’s tête d’épingle, Mais pour ce qui elf de '

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241 P’oyage du Levant j fon changement de couleur, c’eft quelque ch(gt;nbsp;fe de li furprenant, que vous ne ferez pas fiché que je vous en communique mes obferva-tions. Ariftote, Pline, Solin ScPlutarque ontnbsp;écrit qu’il prenoit toutes les couleurs, li Cfenbsp;n’eft Ie rouge amp; Ie blanc, amp; ils nous veulentnbsp;perfuader que ce changement vient des objetsnbsp;proche defquels il fe trouve, amp; dont il em-prunte la couleur. Cependant j’ai remarquénbsp;aulTi-bien que d’autres ^u’il prend Ie blancnbsp;tres-facilement, non pas a la verité un blancnbsp;dégagé de toutes les autres couleurs; maïs auf-fi toutes celles qu’il prend font toüjours ac-compagnées de quclques nuances. Je ne vou-drois pas auffi nier abfoluinent, comme fontnbsp;quelques-uns, que les objets lui fervent a prendre les couleqrs. II y a quelque chofe de veritable , mais ce n'elt pas cela fcul qui la luinbsp;fait changer. Quand nous laiflions les nótresnbsp;fur une treille, ils devenoient peu a ^eu d’unnbsp;beau verd, qu’on avoit de la peine a diftin-guer des feuilles, amp; quand on les en ótoit, ilsnbsp;Ie gardoient encore quelques momens. Lorf-que Monlieur Wheler prit Ie petit a la campagne , il étoit fur un arbrilfeau, amp; paroiiroit*nbsp;tout verd: mais comme il s’apperceut qu’onnbsp;l’alloit prendre, il toraba en terre, amp; devintnbsp;tout noir. Quand nous les mettions fur desnbsp;étofes noires, amp; qu’ils y demeuraient long-temps, ils devenoient auffi noirs, mais nonnbsp;pas tout d’un coup. Je n’ay jamais remarquénbsp;que pour les mettre fur du bleu, du rouge ounbsp;du violet, ils changeaflent de couleur. Pournbsp;™oi, je crois que leur changement vient pournbsp;I'ordinaire de leurs paffions', aidées peut-êrrenbsp;quelquefois du froid amp; du chaud. Car lorf-qu’ils ctoient d’un beau verd, amp; qu'on lesnbsp;vouloit prendre, ils fe retiroient, fiflant com-

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venant a mowrir étoit jaune pal» fans mou-K 4 nbsp;nbsp;nbsp;chc-

des Sspt Eglifes, 211} fte nne vipere, amp; fe noirciflanr, Lc peurnbsp;Comme plus craintif ch.ingcoit aufüpluspromp-teinent, raais particulievement lorf^ue je l'é-''eülois. La couleur la plus ordinaire da grosnbsp;^toit uu verd grifatre avcc cinq ou fix tachesnbsp;blanchvures amp; rougeatres, a cóté de l’épinenbsp;du dos. Mals ce fonds fe changeoit fouvent ennbsp;Hoiratre, fans aucune apparence de verd ni denbsp;faclies, principalement fi nous Ie laiflions allernbsp;•ïu grand air en un teraps froid. Lorfque je lanbsp;^ettois foüs un bonnet blanc, ou rouge , ounbsp;d'autre couleur,je 1’en tirois incontinentaprésnbsp;lont blanc mélé d’orangé 8c de jaune, 8c quel-Suefois femé de taches plus claires. Je ne fgz-vois a quo! attribuer cela qu’a 1’efFort qu'il fai-foit pour en fortir; car s’il dormoit, i) nenbsp;lt;:hai^eoit point. Je l’avois porté dans nótrenbsp;Vai ffeau, 8c je pris garde un jour qu'il grim-Poit proebe de la fenêtre de mon cabinet, 8cnbsp;cherchoit a s’échaper par quelque fentc. Lanbsp;Siroc qui eft un vent chaud foufloit k traversnbsp;^ je Ie trouvai alors d’une couleur que je nenbsp;1'avois jamais veu. II étoit jaunatre, mouche-»nbsp;té de grandes taches noires. Je 1’ótai de la, 8Cnbsp;cette couleur palTa prefque auffi-tót, devenantnbsp;grifatre. Je l'y remis deux ou trois fois, maisnbsp;d ne devenoit qne jaune mélé d’orange ,nbsp;fans taches. Je l’ai vü quelquefois d’un grisnbsp;t'oir, moucheté comrae un Leopard par toutnbsp;^2 corps de taches noires 8c jaunes, qui difpa-toilfoient dés qu'on Ie manioit. II prenoit auffinbsp;Quelquefois un beau verd enfoncé tacheté Ienbsp;^ong de l’épine de cinq mouchetnres blanchesnbsp;Marges comme un denier. Un foir je Ie trouvainbsp;d’un verd clair moucheté de jaune 8c denoirjnbsp;jtiais ce fonds devenoit gris noir, 8c fe con-tondoit a vee les taches en 1'irritant. Le pc'

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Z24 Voyage Ant t cheturcs, 8c je Ie garde encore comtne celainbsp;Cell aulii ce que dit Pline : DefunSio pallor eji.nbsp;Enfin e’eft une chofe merveilleufe que ceitenbsp;grande variation de couleurs; ce qiai me faitnbsp;étonner de ce qu’a dit le fgavant Monfieurnbsp;Gaflendi dans la vie de Monfieur de Peirefc,nbsp;Car il afifure que le Chameleon ncchangequ’cnnbsp;devenant un peu plus brun lorfqu’il eft mis aunbsp;Soleil. Nc feroit-ce point qu’en nos quartiersnbsp;jl nc fait pas fibien remarquer fes changemens.nbsp;Cela me fait fouvenir que deux Capucins paf-ferent a Lyon il y a quelques annees, portantnbsp;iin Chameleon a Paris, pour le prelenter aunbsp;Roi, Plufieurs perfonnes le virent, 8c aflurc-lent que ce changement de couleurs étoit unenbsp;fable. Je I’obfervai moi-même plus d’uneheurenbsp;fans y rien remarquer. Mais pour ceux quenbsp;nous avions a Smyrne, les couleurs etoient linbsp;•diiferentes, qu'ils fembloicnt tout-a-fait d’au-tres animaux, li on ne leur cut vu la mêmenbsp;figure, 8c qu’on ne ks eut pas quitté de vüë.nbsp;Monfieur Wheler remarqua aufli bien que moinbsp;ces changemens raerveilleux, de même quenbsp;plufieurs de ceux qui étoient avec nous dansnbsp;le Vaiffeau. J’eus bien du regret du gros qu’onnbsp;me laifia échapcr, ayant lailTé la fenêtre denbsp;mon cabinet ouverte; car je n’en eus depuisnbsp;aucune nouvelle. Cct animal craint extreme-ment le froid , 8c M. du Four en ayant faitnbsp;venir cinq ou fix d’Egypte, ils fe troiiverentnbsp;cn chemin pendant I’hyver de l'année dernie-re, qui fut fort rude. Ces pauvres animauxnbsp;qui étoient dans une cailTe defon, s’etoientnbsp;tenement repliez en forme de peloton , ksnbsp;jambes cn croix, 8c la qiieiic noüéc autourdunbsp;col pour fc garentir du froid en fe concentrantnbsp;de cette maniere, qu’il les recent tous mortsnbsp;«a cette trifle polUire.

Nous

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£$? des Sept Eglifes. 12^ fJoTis refolumes nótre embarquement furdeinbsp;Vaifleaux Anglois, qui s’en retournoient, amp;nbsp;dev’oient toucher a Zante, ou nous étionsbicn-aifes de nous rendre, pour aller de la tl Athc-*nbsp;nes. II y avoit deux Vaifleaux marchands,nbsp;i’un nomme la Ville de Londres, amp; Tautróinbsp;I’Oin-David; avec deux Vaiffeaux de guerre,nbsp;le Dragon, amp; le Darthmouth , fur lequel I0nbsp;Capitaine Jean Tempel nous recent avec bean-eoup de civilite. C’eft une Fregate de trentenbsp;pieces de Canon, avec laquelle il a fait dansnbsp;Cette derniere guerre neuf ou dix prifes furnbsp;ks Hollandois. C’eft un Capitaine reconnunbsp;pour tres-brave, amp; hardi comrne un Liott.nbsp;Il mouroit d’envie de fencontrer ceux de Tripoli, avec qui les Anglois avoient alors la guerrenbsp;amp;il nous promettoit a chacun uri efclave,- coniine s'il ies eut déja cus en fon pouvoir; inaisnbsp;nous ne fouhaitions point une pareilie rencontre. Ces Corfaires de Tripoli font Ies plusnbsp;méchans de tous Ies Corfaires de Barbaric. Lesnbsp;Anglois n’otit pas iaifte de les mettre J J.a raLnbsp;fon, leur ayant bruk cinq VaiiTeaux jufqueSnbsp;dans leur Fort avec des Chaloupes, quf fenbsp;itioquoient de la grêle de leurs inoufquetades.nbsp;3ls les ont enftn obligez de faiie la paix aveenbsp;eux, amp; de leur payer la valeur de quatre-vingtnbsp;mille .ecus, en efclaves, marchandifes, ou argent. Pour reconnoitre la civilité des Chevaliers de Malthe , qui avoient bien receu lesnbsp;Vaiffeaux Anglois, amp; kur avoient dónné desnbsp;provifions , ils racheterent un Chevalier, amp;:nbsp;qiiatre cens efclaves Maltliois pour la fommenbsp;de vingt-cinq mille écus , qui fut rabatuc furnbsp;Ce qu’ils avoient prorais. Il fut couclié dan'snbsp;ks atticles de Paix qu’on ne vifiteroit pointnbsp;kurs Vaiffeaux, amp; qu'ils pourroient porter tel--ks marchandifes qu'ils voudroientamp; inême

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zzS Voyage du Levant^ appartenantes a des marchands d’autre Nation.nbsp;Car c’étoit la Ie principal fujet de leur querel-le, ceux de Tripoli croyant avoir droit denbsp;Gonfifquer cequi n’appartenoit pas auxAnglois,nbsp;quoique foüs leur banniere. C'eft Ie Chevaliernbsp;Narbrouc qui conduifii fi bien cette guerre,nbsp;amp; qui la finitavec honneur avant la linde l’an-née 1Ó75. C’eil: Ie mémequi fut il y aquclqucsnbsp;années par ordre de fa Majellé Britannique aunbsp;Detroit de Magellan pour endécouvrir toutelanbsp;lituation amp; les paflages. II en raporta une relation fort exadle.

Le z8. Novembre nous fifmes voile avant Ie jour avec bon vent pour fortir du golfe dcnbsp;Smyrne. Nous laidamcs environ a quinxenbsp;milles fur nótre gauche le Village de Vourla r

cinq milles plus loin celui de Kelijman fur une pointe vis-a-vis de quelques Illes, amp; denbsp;1 ecueil de Calabouroun. Les deux jours fuivansnbsp;nous ne fimes que changer de bord entre Chionbsp;amp; Pfara, ayantlevent contraire au Sud-Oiielf.nbsp;Mais le premier de Decembre nous douWamesnbsp;ces deux Ifles, portant la proüe vers Negre-pont, dont nous approchames. Lelendemainnbsp;nous fumes rejettexprésde Pfara avec une tour-mente qui dura deux jours, amp; finit par desnbsp;tonnerres, des éclair amp; des tourbillons , quinbsp;mettoient tous nos Matelots en defordre. Nousnbsp;roulames encore quatreou cinq jours la autournbsp;avec vent contraire jufqu’au 9. Decembre,nbsp;que le vent s’.étant mis au Nord-Oücft nousnbsp;nous trouvames prells a palTer entre Negrepont

Andros ; mais la miit nous ayant furpris, amp; le vent s'étant renforcé, nous n’ofames pasnbsp;nous engager entre ces deux lües, qui nenbsp;font éloignées que de cinq ou lix milles 1'unenbsp;de l’autre. Lelendemain matin nous nousnbsp;trouvames proche de Tine 6c dc Mycone ,

mais

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de nos Vaifieaux que nous n’appercevions plus, -étoit rOin-David , qui étant Ie raoins fort

des Sepf Eglifes. nj mais commc nous voulions paffer entre cesnbsp;deux Ifles, la boimace nousarrêta tout court,nbsp;Sc la nuit une furieufe Tramontane s’étantlevéenbsp;nous rcnverfames Ie bord, pour ne nous pasnbsp;engager entre ces deux Ifles, reliftant au ventnbsp;Ie mieux qu'il nous fut poflible. La tourmentenbsp;des nuits précedentes nous avoir beaucoupnbsp;travaillex, mais celle-ci fut terribleamp; nosnbsp;Matelots en furcnt épouvantex. Sur^ Ie minuitnbsp;Ie vent s’augmenta fifort, qu’il dechirale voile'nbsp;de Trinquet que nous portions feul. Pendantnbsp;plus d'un quart-d'heure il fut impoffible d’ennbsp;inettre aucun , amp; les autres 'VailTeaux furentnbsp;aufli makraitez. Les vagues eouvroient fouventnbsp;lenótre, amp; j'avois beau fe:raer la fenêtre denbsp;ma chambre, j'cnte-ndois a tousmomensenirernbsp;des ravines d’eau, qui me fcmbloient être au-tant d’avertiifemens que nous étions prets denbsp;faire naufrage. Les cofres, les armoires amp; lesnbsp;canons ébranlez pas les coups de mer faifo entnbsp;Un furieux bruit, 8c vous pouvez juger dansnbsp;t)uel embarras nous fumes route la nuit. Not^nbsp;vaiffeaux comme Ie plus petit 8cIe tnoins chargé, étoit Ie plus fecoüé detous, Scnous croy-ons a toute heure Ic voirrenverfé. Le matinnbsp;nous étions a 50. milles de Tine proche denbsp;1’Ifle Icaria, fans apparence que le venifevou-Iiit appaifer de tout le jour. Cette Ille n’a.nbsp;point de Port, comme ont remarqué les anciens Geographes. Le naufrage d’Icatus fils denbsp;Dedale lui a donné fon nom, 8c a la merd’a-Jentour celui de mer Icarienne. Tout cela nenbsp;nous étoit point de bon augure, non plus qu’um

de tous, nous fit craindre qu’il,neut été en-fcnee, oil qu’il n’eüt échoüécontre les- Ifles de iTitiq OU de Micone, Nous allies tout cenbsp;K lt;5nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;joua-

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zaS Voyage du Levant ^

}our-la vent en poupe, quoi qu’il fut terrible, amp; malgre les vagues auffi hautes que la poupenbsp;du Vaiireaunous avan^ames environ centmiiles^nbsp;Sur le foir nous vimes a notre dtoite I’lfle denbsp;Stampalia , ?gt;c la nuit avec -une fcule voile nous-avanqaraes jufqu’a Scitrpanto. Cell: une Iflcnbsp;d’environ 50. milles de tour, pleine de mon-lagnes afTez fcrtiles. Ainli avec I’aide de Diclinous éeliapames de cette tempête, avec unenbsp;ferme refolution de ne nous plus fier ^ la mer,nbsp;fi nous pouvions gagner la terre. Mais lesnbsp;fenncns de ceux qui voyagent fur la mer, ne-fout gueres plus forts que ceux des Amans, Henbsp;Je danger pafle on ne s’enfouvientplus. Nousnbsp;nous confolames de ne pas voir Rhodes quinbsp;étoit a notre gauche, paree qu’on nous ditnbsp;qu’on ne lailToit pas entrer les Etrangers dansnbsp;la Ville. Lors même que Monfieur I’Ambaf-ladeur de France y alia, on le laiffa bien entrer, mais on ne voulut pas le laifler fortir de;nbsp;fa maifon jufqu’a fon depart, par ce qu’iln’a-Toit pas un PalTeport dugrandVizir, fans quoinbsp;iin Etrangef ne fgauroit voir Rhodes. On ditnbsp;même que'c’eft maintenant wespeu de chafe;-,nbsp;amp; que les Tutes, qui ne raccommodent pref-que jamais rien , en feroient bien plus fa-cilement chaifez, que n'en furent. ks Chevaliers-

Nos trots V-aifFeaux-tinrent Confeil,.8c re-folurent a caufe de ces mauvais temps des’é-loigner des Ifles-, amp; de patfer au Sud de Can-die; cequi étant executé, nous fit encore rou-kr fur CCS mers dix-huit ou vingt jours avant que de pouvoir arriver aZante. II nous etit éténbsp;incommode de demeurer plus long-temps ennbsp;chemin-, . car noire VaiiTeaucommenjoita man*nbsp;quer d’eau , Be en avoir emprumé quelquesnbsp;tonneaux-du Dragon.

LISTE-

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L I S T E

DES-

CABINETS

E T

PALAIS BE ROME,

£.t des pieces les piias curieufes qu'on y: remarque ,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/’«¦f voulm

inferer dans Ie difcours fnivi de cette Relation.

l E Jardin AUohrandm, S Monte-Magnanopoli a des Statues, des-Bas-reliefs, les portraits-de Bar-tole amp; de Baldus de la main de . Rafaël, une Baccanalc; une N6-tre-Dame, une Judith 8c un Saintnbsp;ïeróme du Titain: une Pfyché du Carrache ,nbsp;amp; d’autres excellcns tableaux de Leonard Avin-de Jules Romain 8c d'Albert Durer: avecnbsp;K 7nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;una

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2.^0 Lifle des Cabinets^ tine peinture antique a frefque d’une Noce,nbsp;qui eft le plus beau morceau qui nous reltedesnbsp;anciens Peintres du temps du Paganifme. Onnbsp;en trouve des copies dans une taille douce gra-vée a Rome.

Le Palais du Due d'Akemp! proclie la Place Navonne, a quantité de ftatues amp; de buftes,nbsp;tin bean triomfe de Bacchus de inarbre fin, avecnbsp;plufieurs inanufcrits.

Le Palais de la Mivquik nbsp;nbsp;nbsp;, a desRe-

liques amp; plufieurs antiquitez Chretiennes, im-primees dansle Livre intitule Roraa fakerranea , des peinturesde Guido Reni 6c une Refurredliottnbsp;d’Annibal Carrache.

Le Palais dquot;Aquafparsa, proche de I'Hopita! S. Efprit, ren ferme quelqiies buftes amp; Inlcrip-tions antiques.

Le Cardinal AzzoUni poffede des tableaux de Lanfranc 8c d’autres modernes qui font en reputation.

Le Palais de VAmbaffadeur de Malthe au Cours, a neufou dixftatuës d.tnsla balfe-Cout}nbsp;fjavcir Jupiter, Apollon, Pladrien, Antonin,nbsp;amp;c.

Le Cardinal Bonelli a une belle Bibliotheqiie laiflee par le Cardinal Alexandre neveu de Pienbsp;V. ou il y a des Livres de Theologie 8c desnbsp;Manuferits, entr’autres un Virgile dent dés le-huitiéme ficcle.

Le Signor Jean-Pierre BelUri Antfquaire du Pape a ramalfe un Cabinet tres-curieuxnbsp;de quantité de bijoux antiques, comme 1am-pes, petites ftatues, Inlcriptions , urnes , la-crymatoires 8c quelqhes tableaux fins. 11nbsp;loge proche de S. Jofeph , au mont de 1»nbsp;Trinité.

Le Palais Btr^heft a une Cour Sc des Corridor»

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Pahis de Rome. 25ï öors foütenus de colonnes antiques, quelq^ue®nbsp;ftatuës, amp;entr’autresune fort grande 8e fortnbsp;belle de la Déefl'e Flora: 8e dans les apparte-mens une infinite d’excellens tableaux8c de meu-bles tres-richcs.

L’Abbé Brachefi, a. Sainte Marie Major, a des tableaux, des biiftes 8e de tres belles medailles, Sc particulierement une des fgt;Ius bellesnbsp;fuites de grand bronze qui fe puifle voir.

Le Palais Chigi, a la Lungara a une voute oil eft reprefentê le Banquet des Dieux, 8c des-3utres appartemens peintsa frefquepar Rafaël,nbsp;Sc 11 ne fe pafte point de jour qu’on n’y voyenbsp;One foule de jeunes Peintres , qui s’exercent

deftlgner aptés ces beaux originaux.

Le. Palais du Cardinal Chigi a Santi Apofloüy ® neuf OU dix chambres ornées de ftatuës antiques, entte lefquelles font un Apollon qui é-oorche le Satyrd Marfyas, une Matrone Ro-niaine affife , quelques Venus tres-bélles , amp;:nbsp;quatre Athletes trouvcz depuis quelques an-®ées. lis font tous une pofture fcmblablenbsp;ttiais il y en a un cinquiémeexpirantde fa blef-fure, qui eft unchef-d'ceuvrede Sculpture. Otinbsp;y void outre cela une Nótre-Dame de Guidonbsp;Reni, quelques tableaux de Rafaël, 8cd’autresnbsp;ï’eintres renommez.

Le Palais du même Cardinal, a la Stradade Sainte Marie Major, eft un beau recueil denbsp;Ptoduaions rares de la nature, de lampes, d’ur-gt;?«, de petites ftatuës, 8cd’autres bronzesan-^ques.

Le Palais du Marquis Corfini, a Piazza Fiara-JBetta , eft eurichi de ftatuës , de peintures cxcellentes amp; de Livres curieux.

Le Chevalier Corvino, a la Lungara, a été Curieux de dclEgaet les differens infeftes qui

naif-

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Lijie des Cabinets.

ïiaiifent de chaque plante. il a outre cela qael-ques autres ctiriofitez, comme desiirnes, des-lacrymatoires amp;c des plantes. Ilnousfitvoirune Salaraandre qu’il a gardés lorvg-temps en vie,

• amp; qui eft une efpece de petit lezard. II nous dit qu’^il a plnficurs fors fait Texperience de cenbsp;qu’on dit qu’elle ne eraint point Ie feu, amp; qu’el-fe nourrit dans les flames, amp; que la verité eftnbsp;que lorfqu’il mettoit eet aninaal dans Ic feu, ilnbsp;jettoit autour de lui une bave qui l'éteint amp;nbsp;qui rérapêche de bruler, pourvü qu’on ne l’ynbsp;laiflc pas trop long-temps, car Ie feu confu-mant k la fin cette bave , Sc n’en pouvantplusnbsp;jetter, ü auroitété brulé comme une autre anima}.

Euftacliio nbsp;nbsp;nbsp;eft celebre pour les Teief-

copes , Microl'copes, Engyfeopes, Ss autres Lunettes qu’il travaillc.

Antonro de gli Effeiti poflede une étude de petites peintures, mignatures, pierres precieu-fes , Sc autres bijoux,

Le Palais Caietan proehe du Cours, a fur 1’efcalier une douzaine de ftatues antiques,nbsp;entre Icfquelles la plus curieufe \ mon grénbsp;eft une Orafale vetuc de la dépoüille denbsp;Lion , que le bon Hercule efFeminé par fesnbsp;charmes , avoit troqué contre fa quenoüillenbsp;amp; fon fufeau.

Le Palais du Cardinal Nerli, a Saint Maria }n Campitelli, a des bas reliefs amp; quelquesnbsp;flatuës, entr’autres au bas de l’efcalier celle denbsp;M. Mettius Epaphroditus Grarnmairien Grec^nbsp;qui tient un volume ^ la main. II en avoitnbsp;acheté trente mille felon le térnoignage denbsp;Suidas , qui l’appclle fimplement Epaphroditus. Cela ne vous doit pas furprendre:nbsp;car le volume n’étoit qu’un rouleau de par-

ehe-quot;

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^ Palais de Éome. j ^ gt;

^icmin , ciont la groffeur n’cfl: pas deü-Jiie. II vivoit depuis l’Empire de Neron juf-Siu’a celui de Nerva , amp; enfeignoit publiquc-iiient a Rome.

Le Palais de Santa Croce eft embelli de que!-ques ftatucs fc bas reliefs dans la batle Cour.

Celui du Cardinal Gabrielis de même a l’ef-calier amp; a la Cour.

Le Palais Colonna procbe 1'Eglife de Sandli Apoftoli eft meublé de ftatuës, de bullcs, denbsp;tableaux, amp; d'un beau lit de fculpture, portónbsp;par quaire chevaux raarins de bois doré , Scnbsp;dans le jardin il y a des corniches amp; des cha-Piteaux antiques d'iine grandeur démefurcenbsp;qu’on prétend étre du Palais de Neron , amp;nbsp;de cette Tour dont il regardoit brüler la Vil-

de Rome en chantant l’incendie de Tro-ye. Tous les Antiquaires r.e tombent pas tteanmoins d’accord que ce fut la ce Palais denbsp;Neron.

L'Eglife de Saint Paul liors de la Ville 2 qvtantité d’Inicriptions antiques Payennesnbsp;^ Chrêtiennes partni les marbres du pavé ,nbsp;tnais la plupart fort gatées, 6c fculement ennbsp;pieces.

Paul Frangois nbsp;nbsp;nbsp;a des tableaux 3c des

fieurs rares.

Jüfepli Eelice s’applique aux Medailles 5c aux ifavüres antiques, que les Italrens appelJcnt

Pierre Gigli a la Lungara , a un beau jardin d’Orangers amp; de Citroniers de toute forte,nbsp;*'’ec des flcurs étrangeres Scautres fort curieu-fss.

ï'ionfignor Ginetti pre's de Saintc Marie Major,

* un beau Cabinet de Medailles, entre lef-qttelics il y en a une iiagulierc de bronze de

celles

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quot;2^4 Lifts des Cabinets.

celles qii’on appeüe médaillons. Llle efl: it l’Empercur Alexandre Severe avec I'Amfiteairenbsp;de Tire, amp; l’Infcription MUNIFiCENTlAnbsp;AVGulli. Cell appartemment paree qu’il l’a-voit fait raccommoder; car Lampridius dit quenbsp;eet Empereiir avoit redredé plulieiirs ouvr.igtsnbsp;des Efnpercurs fes prédecellcurs, marque par-ticulieremenrrAmfiteaire dans un autre endroit;nbsp;Lenonum , mentncHm v txchtorum z-ciiigal infi-crutn ararium inferri letuit, jtd fuv-iptibuspi4i,ii-eis, ad injlanratienem Circi, Thcaii'i, Amphi-theatri o* JErar'ü defignavit. II a aulii un Medaillon de Philippe avec cette Infcription aunbsp;revers EX ORACULO APOLLINIS amp; unnbsp;Temple d'Apollon. Cette medaille aufli bi;nnbsp;que la précedente eft 1’unique qut foit au monde en fon efpece.

Le Palais Jafllniam a Ia Rotunda, a une Salle pleine de Itatuès , oii il y en a une en-tr’autres d'une Venus fortant du bain , dont Ienbsp;Chevalier Bemin a cxtrénieinent bien imiténbsp;toutes le beautez, en ayant fait une fembla-ble qu’on voit au même lieu. Un Ecce homonbsp;amp; une Nótre-Damedu Titian. S. Jean aude-fert de Guido Reni. Le Baptême de N. S.nbsp;du Carache amp; quelques pieces de Paul Vero-nefe.

Carlo nbsp;nbsp;nbsp;Gentil-horame Romainafait

un recueil furprenant de toutes fortes d’armes anciennes amp; inodernes, de medailles öc de bronzes antiques.

Le Palais du Cardinal de Majftm'is aux qua-tre Fontaines, eft un des mieux fourni d'ln-fcriptions de ftatués 8c de huiles antiques, a-vec une Bibliotheque 8c un Cabinet de medailles tres-bien choilies. J’y ay vü. uu fuige qui fentoit iiatureikment k mufe, 'ii qut pa:-

fi.'

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Pdlaisde Rome. ti j*

de cette odeur Ia cliambre ou oii Ic

tenoit.

Le Palais de Tabric'ü Majftmis a Saint Andrd, a des bas reliefs, desThcrmes, desInfcriptionsnbsp;8c un tres-beau Coloffe de Pyrrhus, deux buftesnbsp;de Theophrafte amp; de Xenocrates de Chalce-doine, avec quciqnes autres ftatuës.

Le Jardin de AUdicis a Ia Trinité du Mont, a des Üatuës , entre lefquelles efi; cette bellenbsp;Venus fi renominée.

Le Palais Barberin, autrement du Prince de Pahftrine , renferme une quantité furprenanttnbsp;de belles ftatuës 8c de buftes antiques; deux ounbsp;trois tableaux de Rafaël du Baffan 8c du Pouf-fin. Une voute admirablement belle, peintenbsp;par Pietro da Cortone. Une Bibliotheque ounbsp;il y a plufieurs curiofitez fc quelques manu-fcrits, 8c dans le jardin une cinquantaine d’In-fcriptions quele Cardinal Barberin a ramaffées-,nbsp;amp; qui ne font point imprimées. II y a un Li-vre in folio, qui fait la defcription de ce Palais,nbsp;8c qui ell intitule JEdes Idarberinx.

Le Perre Kirker au College Romain, a fait un Cabinet de pieces des Mathematique , Me-chanique, Dioptrique , Talifmansamp;Medailles.

Le Caliitole renferme quantité de belles chores. Les inferiptions de Magiftrats 8c Confuls Romains, amp; deleurs triomfes. Lesftatuësdenbsp;Marius, de Ciceron, de Jules Cefar, d’Auguf-te, de Virgüe 8c du Heros Aventinus. Celienbsp;de bronze de ce jeune hommequi vint en diligence a Rome porter Ia nouvelle du gain d'uncnbsp;bataiüe, 8c qui s’arracha en fuite a fon aifenbsp;une épinedu pied, qu'il n’avoit pas vouluóternbsp;par les chemins, pour ne pas perdre un mo-tnenr. Les trois Furies, quitiennent les flambeaux Sc le foüet a lamaifl. Un bon homme

qvu

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^^6 Lijle des Cabinets ^ qui conduit les Allemans amp; les autrcs Strangers pour voir les curiolitez de Rome, leur ditnbsp;fort ferieufement que ce font les trois graces,nbsp;amp; penfa fe mettre en colere contre moy, quinbsp;difois que c’étoient les trois furies ou les Eu-menides, comme on les appelle aufli. Dansnbsp;les balfe-cours on voit Ie beau Marc-Aurele denbsp;bronze a cheval. Marforio , qui étoit une fortnbsp;grande ftatuë du Tibre a demi couché. Lanbsp;tête d’un Cololfe de Domitien, avec Ie grosnbsp;arteuil. Un tombeau de marbre qu’on attri-buë a faux a 1’Empereur Alexandre Severenbsp;a fa mere Mamea, amp; dont Ie bas relief ne rc-prefente point non plus lenlevement des Sabines, comme l’Infcription qu’on y a ajoütéelenbsp;veut perfuader. La Columna rofirata de Duil-lius. La Colonne milliaire, d’oü l'on prenoitnbsp;la diftance des lieux éloignez de Rome. Lesnbsp;ftatuës de Caftor amp; Pollux, Les Trophéesnbsp;appellez vulgairement de Marius , que lesnbsp;Sgavans affurent être ceux de Trajan , desnbsp;Allocutions , des Chars de triomphe , Scnbsp;des Sacrifices en bas reliefs fur l’efcalier ,nbsp;amp; quantité de peinturcs du Chevalier Gio-feppe.

Le Palais Lancdotti, ruë des Coronari , a une Cour ornée de ftatuës Sc de bas reliefs.

Le Signor Luka Mt negoce de medailles Antiques , Sc les nettoye tres-bien.

Paul Macarani poffedc unc galerie de flatuës amp; de tableaux.

Le Palais nouveau des Paluz.z.i ou Altieri, au Jefu, efl: un des plus fuperbes de Rome.nbsp;J1 y a au bas de l’efcalier une ftatuë d’un Roynbsp;captif, qui fut trouvée il y a quatre ou cinqnbsp;ans a la place Navonne.

“ nbsp;nbsp;nbsp;'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Le

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fj? Palais de Roisse.

Le Palais Pamfite a la place Navonnc ft des ftatuës amp; des tableaux, amp; une voutenbsp;peintc a frefque par le fameux Pietro da Cor-tone.

Raymond Pennalh a une Bibliothcque amp; un Cabinet de toutes fortes d’Ambrcs.

Le Cardinal Carlo Pio; une Venus du Titian , une Europe de Paul Veronefe. Une Sainte Helene du même, une Annondationnbsp;du BalTan, avec un beaujardin de toutesfor*nbsp;tes de Tulipes.

Le Chevalier del Pozzo, a entr’autres les fept Sacremens du Pouffin , des medailles amp; desnbsp;livres de defleins de plufieurs antiquitez de Rome.

Le Sieur Pierre Cherchemont de Paris, tre?^ itfelliicnt en medailles , en fait commerce,nbsp;de mcrae que d’autrcs bijoux antiques.

Le Palais du Cardinal Raggi, a une Sainte Dorothée de Guido Reni, la vertu de Paulnbsp;Veronefe , amp; autres pieces rares.

Le Cardinal Rafponi, des peintures de Titiat^’ de Teintoret amp; de Paul Veronefe. Une Bi*nbsp;I^liothequc fournie de livres de Droit 8c autres Sciences.

Felice Rondanmi a un beau recueil de pein-fes, de camayeux, medailles 8c gravures antiques.

Le Sieur Pietro Ro/ltni Antiquaire a Ia place d’Efpagne vend des medailles 8c autres piecesnbsp;antiques.

Le Cardinal Jules Rofftglioji, a une fuite de la Vierge en Egypte du Pouffin , 8c autres pieces du même. SainteRofalve de Van-Dyk, S^nbsp;des payfages de Claude Lorrain,

Le Palais Sacket/i, ^ Saint Jean des Florcn-ti*s. Une Venus du Titian. Une Nótrc-Dam»

d(l

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Llfle des Cahuiets^

du mcme. Uu enlevement des Sahincs de PieU’t» da Cortone.

Le Palais du Dnc Salviati, a la Lungara, aine Diane duCorrege. Un Ganymede du Titian.

Le Palais Sannefi des peintures .a frefque de Lanfranc, des ftatues de bronze , amp; catnayeuXnbsp;antiques.

Le Palais du Marquis Spad.i des ftatues ; des bas reliefs; des Infcriptions 5c des peintures.

La Reine de Suede uneBibliotheque oüil y a nombre de manuferits, d'agarhes, de bons tableaux, 8c une étude de medailles antiques, 5cnbsp;cntr’autres plus de zoo. beaux medaillons Grecsnbsp;5c Latins.

Le Prince de Sicovaro des peintures excelléfi-tes 8c defleins rares.

Le Vatican a de tres-beaux jardins, oü Pon voit la grande pomme de pin de bronze, quinbsp;étoit autrefois fur la Aloles Hadriani, appelléenbsp;prefentement Chateau Saint Ange. Des ftatues adrnirables, 8c entr’autres celles du Lao-coon , d’Antinous, 6c ce tronc d’un Hercule,nbsp;qui étoit tant eft'mé par Michel-Ange. Lesnbsp;galeries 8c les loges de Rafaël 8c Jules Romain.nbsp;L’école d'Athenes. La Chapelle du Pape ounbsp;cft peint le dernier Jugement par Michel-Ange, des Infcriptions, des jets d’eau , 8c uncnbsp;Bibliotheque de manuferits celebre par tout ICnbsp;monde.

La villa TSorgheft cft remplie d’une prodi-gieufe quantité de ftatues antiques, 8c du modernes du Chevalier Bemin , de buftes «nbsp;d’urnes, de bas reliefs, dont le Palais eft pref-que tout revêtu en'dehors; d’Infcriptions, denbsp;ta,b!eaux, de belles allées 8c de jets d’eau, dont

09

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Palais dj Rome.

*“gt;i a la dcicription dans vin livre expres en 1-atin.

La ri/Ze Cefarini n’cfl confiderable que pour grand noinbred’Inf’criptions antiques enchafsnbsp;fées dans une muraille.

_ La Vigne ^uftiniani, a !a Porte del Populo, fi’a gueres morns de 300. inferiptions 8c autantnbsp;de ttatuës 8c buftes antiques , 8c qiielques urncsnbsp;de marbre, gravées de bas reliëfs tres-cxcellens.

La Vigne Ludovi/ia a des marbres, des In-[criptions 8c des Aatuës antiques, entre lefquel-^cs OU compte Ie Gladiatetir pour une des mcil-letircs de Rome. II y a aufii un lit tout enrichi de lapis, d’agates 8c autres pierres precieufesnbsp;cinquante mille ecus, maij il eft prefen-teitient alPe?. negligé 8c je ne penle pas qu’il eanbsp;Valüt la moitié.

La rilla Matthei efl riclie en tableaux, flay Lies, buftes , obelüques , 8c prés de zoo. Inscriptions antiques. II y a un tres-beau tom-teati, oil font gravées les Mufes avec un Her-cule, qui étoit furnoramé quelquefois Mufagg-Lr. Le Palais Matthei dans la Ville eft auïBnbsp;loiit orné de bas reliefs antiques.

La Vigne Pamfile batie par Innocent X eft ifne des plus belles, pour les allées, jetsd’eaux,nbsp;tgt;eaux meubles, ftatuës 8c Inferiptions anti-«Hies.

La vigne Pemtti, OU Montalto , renfermc ’fiille belles chofes. Les ftatuës de Quintiusnbsp;Lincinnatus , de Gerraanicus , d’un Gladia-leur de pierre de touche : Une Vierge denbsp;Uiiido Reni; Saint Jean de Pomeranci , unenbsp;l^ibliotheque , dont le plat-fonds eft pcint knbsp;ftefque par Baltbafar ^ Croce; Une aflbmtionnbsp;de la Magdelaine pat Lanfranc j Un Chriftnbsp;lUort de Raphael; Les buftes de Neron, de

pyï-

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240 nbsp;nbsp;nbsp;Cahineis^ iSc.

Pyrrhus, de Pefcennius Niger; Saint FrangoiS d’Annibal Carrache; Un Chrift mort du Pafli-gnan: amp; dans Ie petit.Palais les buftes d’An-toninPie, de Caracalla 8c de Geta. Les fta-tuës de Scipion, de Marius 8c d’Adonis. Bacchus S: Ariane de Guido Reni, 8c grand norurnbsp;brc d’Infcriptions antiques dans les Jardins.

IN*^

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AVERTISSEMENT

'E n'efl pas mon dejfein de donner ici toutes les Infcriptions antiquesnbsp;que j'ay trouvées dans mon voyage. Celles que j'ay copiées a Rome, fe-roient toutes feules un ajjez gros volume in folio, c? les Greques quenbsp;J aj recuetllies en Italië, en Gréce cr en Natolienbsp;* en compoferoientpas un moindre, putfquelles mots-*ent a plus de 500. amp; que l’interpret at'ton qu’ilynbsp;faudroit joindre en augmenteroit fenfiblement lanbsp;groffeur, Ainfi je me contente de donner a prefentnbsp;celles qui font cities dans la relation de ce voyage ^nbsp;eu qui peuvent fervir a la Geographic ancienne,

^ a une plus parfaite connoijfance des lieux que j'ay decrits dans foute cette route. Elles font lanbsp;plupart des preuves O* des a£ies publics de ce quenbsp;f ay avancé; comme lorfque j'ay dit quHeracleanbsp;étoit la Ville de Perinthus, qu'Hak-hiffar efl fiernbsp;ie plan de l'ancienne Thyaftre, que Palatsha eft lanbsp;l't llé de M'tlet, Melajfo cel Ie de Mylafa, Eski~nbsp;itijfar celle de Laodicée cr de mime des autres, jenbsp;*te faurois confirmer plus fortement mes ra'tfons^nbsp;^u'en produifant les Infcriptions de leurs marbresnbsp;dh leur ancien nom paroit. Il y a mime quelques-uns de Ries amis, qui me confeilloient de les tnfe-cer aux endroits de ma Relation, oufenfayquel-ï«e mention ; CP* cette maniere feroit peut-étre •nbsp;fnieux du goüt de toutes les perfonnes de lettres :

L 1 nbsp;nbsp;nbsp;mait

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444 Avertiss. au Lecteür. _

relais -ayaut conjideré que la plus grande par tie is ceux qui Itront ce livre, ne ferent pasdesfpavans,nbsp;fvais des perfonnes qui ne fe piquent ni de Grec nsnbsp;de Latin , ou du moins qui nefe plaijent pas fort *nbsp;des Infcriptions antiques, dent eiles ne connoijjentnbsp;pas I’importance, ne cherchant qua. fe divertir,nbsp;ferns vouloir s'appliquer d me leClure ferieufe: j’aynbsp;CfA quit valoit mieux les renvoyer toutes d lafin^nbsp;ok ƒaurois plus de liberté d'y ajouter une explication a chacune, avec quetques reflexions pour lesnbsp;rendre plus intelligibles. De la maniere tnémsnbsp;dont on les difpofe , nous avons fait [uivre Us Infcriptions aux Tomes d mefitre quils en font mention , en forte que la moite efl jointe au premier V‘nbsp;Vautre au fecond Tome , en retranchant ie troi-féme Totne qu’avoient atiparavant fait les Infcriptions.

amp;ue Ji quelquun fouhaitt enfuite de favoir cs que fay dejfein de faire de toutes les autres Infcriptions que fay recueilUes, CX ji je prétsns en profi-ter tout feul fans' en faire part a laRepubliqtie des Spa-•vans, fe lui répondrai ingenüment que je ne fitsnbsp;point un de ces curieux faloux qui gardent leursnbsp;raretez. ZT leurs th'cfors, de mime que le chien dnbsp;trois tetes faifo'tt des Pommes d'or du jardin desnbsp;Hefperides, qui rien laifjoit approther perfonne,nbsp;er qui d moi/ts d'itre trompez comme lui parquel-que addrejfe d'enchanteur , refufent de les profanernbsp;aux yeux des moftels. f}e declare au contraire tnbsp;queje feraypapt au public fans fctupule, de tout cenbsp;queje croiray qui merit era fon approbation, zx quenbsp;pourvA que je trouve des tibraires qui ne fe rehu-tent pas par les dipences ajjez confiderables quit ynbsp;faudra faire, je fuis prit d mettre au jour parti-(uUerement toutes les Infcriptions Greques , quinbsp;n ontpo'tnt itiimprimies par-cy-devant: refervantnbsp;les Latinespour les augmenter zs‘ en faire un Supple-tftent d( Grutcrus. fe feux mime promettre pint

quoit

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Avertiss. av Legteur?

^uon ne s'aviferoit de me demander , peur ne pas dtmentir Ie charaSlere d’Aiithear ¦. car j’xuraiissisnbsp;«« net en plu de temps un autre Livré in folio ,nbsp;Intitule MifceUanea erudita Antiquitatis; oh tlnbsp;J aura une foule de belles choCes tirkes de marbret.nbsp;fiatu'és, gfavures de pierres precieufes, bas reliefs inbsp;eercueils , urnes, poids er mefures antiques, ex-pliquées CT deffeignées aprés les Originaux , quenbsp;] ay vus dans mes voyages, ou, peur ne pas d-éro-ber l’honneur a qui il eft dü , que fay tirés evnbsp;partie des manuferits de feu M. de Bagarris, per-fonne tres-éclairée dans l'Antiquité, er Bibliothe-fUire de Henry IV. er de l'incomparable Ai. danbsp;Peiresk, qui étoit de fan temps Ie Patron er Ienbsp;ppnie tutelaire des Sciences eT'de la Curiofité. Ennbsp;voila ajfez pour me tirer d'une petite raillerie ePurtnbsp;de mes bons amis, quine m'appelle que l'Autheurnbsp;des petits Livres. Mais pour en revenir d ces Ih-fcriptions , je les ay copiées Ie plus fidélement quitnbsp;m'a éié po0ble, les ayant toujours enfuite collation-nèesaux originaux'.ce n’ejlpas que dans quelques-unesnbsp;^ui étoient affex, mal tonfervées, il ne m'y puifjenbsp;it re échappé quelques lettres pour fautres : mptsnbsp;teft peu de chofe au fond \ er pour ce qui efi denbsp;I explication, je la fais d ordinaire af ez, fuccincle,nbsp;pour laiffer aux ffavans la liberté d'en juger ernbsp;de les expliquer Jelon leur fens, lorfquils rte trou-‘Veront pas leur compte au mien. Sjue fi j'en afnbsp;laiffé quelques-unes fans les traduire, c'efl lors qu’el-ies ne contiennent que des noms propres, qu'on peutnbsp;facilement entendre , ou que ce ne font que desnbsp;fragmens , dont Ie fens neji pas complet, er que je'nbsp;n'ay pas pu peneirer.

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Z4^ nbsp;nbsp;nbsp;Jiifcripions^

T O M B E A U

Entre Charme ö* Soyons , dont il eji farlé è la pag. %.

ï. VBI;: ENS GENUS EGREGIVM ATQ. ORDINE PRINCEPS

LVG... SIOGERVM NOBILE CONSI-LIVM

EXACTO VITAE TRANSCENDIT Algt; AETHERA CVRSV.

TERRENVM TVMVLO DANS ANIMAM SVPERIS

......OVA CINER..

.....V.’SAECLA FVTVRA SVT

VSVRAM LVCIS NATVS ANNOS....,

.......NON BREVE

PLVS......

.... PRIMIS ORDINE PRO...'

II ne paroit non feulement aucunc marque du Chriftianifme dans cette Epitaphc, comracnbsp;j'ay dit au commencement de ma Relation;nbsp;mais il y en a deux aflez fortes du Paganifme.nbsp;La premiere eft Ie mot (^iMthera, au 3. Vers:nbsp;car c’eft comme cela que les Payens appelloientnbsp;Ie fejour des Bienheureux. J'en lailte millenbsp;preuves qu’on pourroit tirer des Autbeurs anciens, amp; j’en rapporteray feulement une, desnbsp;deux Vers fuivans de l'Epitaphe de Feftus A-vienus Poëtepayen , impriméeavecmesinfcrip'nbsp;tions, Ignotorum Dtorum Artt pag. 41.

Ihh

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Ibis

Antiques. nbsp;nbsp;nbsp;247

in optatas fedes , nam jappiter thram

Pandit Pefte tibi tandidus ut venias

La fcconde marque du Paganifme eft le mot de Suptri; que les payens oppofoient aux DieuXnbsp;teanes ou Inferi-, amp; ce mot n’auroit pas éténbsp;bien-feant dans la bouche d’un Chrétien, quinbsp;he doit parler que d’une divinité, amp; c’eft k unnbsp;Ovide a dire, Sic vifumeft Superis. J'avoiiequenbsp;les Poetes Chrêtiens ont quelquefois pris cettcnbsp;licence de dire Les Bieuxi mais je ne I’ay pasnbsp;ïemarqné dans les Infcriptions des tombeaux,nbsp;ou devoient paroltre la pieté 8c la fimplicité denbsp;I’Eglife primitive. On y lifoit: Depofitus mnbsp;pace, queifcit in pace, migravit ad Dominum snbsp;ou des expreflions femblables a celles d’une Epi-*nbsp;taphe que j’ay lüë ï Rome, faite pour unenbsp;Chrêtienne du quatriéme llecle enterrée fous lenbsp;Confulat d'Antonius 8c Syagrius I’an 1 de N. S.nbsp;381. La voicitoute aulong, Gruterus I’ayantnbsp;citécfort imparfaite, a la page MCLXXVII.

A ROME,

hors

Dans le Cloitre de S. Laurens des murs.

Theodora qvae vixit annos xxr.

M. VII. D. XXIV. IN PACE EST BISOMV.

AMPLIFICAM SEQVITVR VITAM DVM CASTA AFRODITE

FECIT AD ASTRA VIAM CHRISTI MO-DO GAVDET IN AVLA,

L 4 nbsp;nbsp;nbsp;RES-


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Infcriptions

RESTITIT HAEC MVNDO SEMPER CAE-LESTIA QVAERENS OPTIMA SERVATRIX LEGIS FIDEIQVEnbsp;MAGISTRA

DEDIT EGREGIAM SANCTIS PER SAE-CVLA MENTEM

INTER EXIMIOS PARADISI REGNAT ODORES

TEMPORE CONTINVO VERNANT VBl GRAMINA qvaevisnbsp;EXPECTATQVE DEVM SVPERAS QVOnbsp;SVRGAT AD AVRASnbsp;HOC POSVIT CORPVS TVMVLO MOR-TALIA LINQVENS

FVNDAVITQVE LOCVM CONJVNX

EVA...............ANS

DEP. DIE

ANTONIO ET SYAGRIO CON.

On pourroit ajodter pour line troifiéme raifoii que cette premiere Epitaphe que nous avons ei-tée, n’efl point d'un C-hrêtien , qu’il y eft fait

mention des cendres CINER.....dans Ie cinq-

quiéme vers; ce qui fc raporte apparemmenfi l'ufage Payen de brüler les corps des Defunts.nbsp;Ainfi je ne doute pas que Ie peuple ne s’abufenbsp;de prendre ce cerceuil, pour celui d’un Saint.

A C R E S T

yoyez h la fag, 4. elle eft en lethes un feu Gothiques.

Anno ab incarnatione Domini M. C. LXX^ * VUI t menfe Manio, indkiione feptima: Ego Ado'

fftOr

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JntifMs,

^‘‘gt;rus (Ie Ptil(tvts Comes Valentinenfis , dono', ^audo a'tque concedo plenam lil/ertatem CHnciis ho-*^inibus meis de Criftcc, e^ui rrnnc funt CT* fittuftnbsp;, Ht nullo deinceps tempore d me vel ab alianbsp;f’ttejjorum meorum violentas five injufias exablionetnbsp;f en fare cogantur, fidejujjoresfive obfides prater fuatnnbsp;quot;^oluntatem non. fiant, falvis legibus Cf jn/liciis meisnbsp;^anniscf expecricionibus Cf ofpicio centum milttum :nbsp;esf qttod omni tempore vite mee concejfam liber-^atem confervem jHrisjurand’i religione confirmo. Itocnbsp;intern faiium eji in Ecclefia Sanéfe Marie de Crijia ,nbsp;prafcnte Domino Rotherto Dienfi Epifcopo, Dominonbsp;Ëuflachio Valentinenfi praprojito patruo meo , Petra'nbsp;Pineti, Elia Procuratore , Philêppo Canonicis Dienfis Ecclefia , Gulielmo Priore SanSli Medardi, Pon-eio de Sanêh Pnjebio, Gengione de Va/va , laren'nbsp;tone Monacho Cf mtdtis aliis,

C^eJl-a-direP

L’An del’Incarnation de N6tre-Seigneur ri8S.-au mois de Mars, indiöion feptiéme. Nous* Aymar de Poitiers, donnons , alJoüons amp; con-cedons une libcrté entiere a nos gens de Crelïnbsp;prcfens amp; a venir; de telle manierp quedenê-tre part ni de cclle de nos Succefleurs ^ on nenbsp;leur puiffe faire payer aucuns exceffifs 8f in--juftes impóts, amp; qu’ils ne puiflent ctre obliges de fervir de pleigcs ni d’ótages; fauf nosnbsp;loix, juftices, bans, expeditions amp; logementnbsp;de cent foldats: amp; pour gage que je les veuxnbsp;inaintenir dans ces franchifes tout Ie temps de'nbsp;ma vie, je l’ai conflrmé par Ie ferment. Faitnbsp;dans TEglife Sainte Marie de Creft, prefensnbsp;Mr. Robert Evêque de Die, Mr. Euftache Prefer de Valence mon Oncle Paternel , Pieite'nbsp;du Pineï» Elie Procureur, Guillaume Pricarnbsp;L j,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dsF

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2.fo nbsp;nbsp;nbsp;Infcriptiom

de S. Medard , Ponce de S. Prieft , Gen-gion de Vaiva, Jarenton Moine amp; piufieurs-autres..

Celle qui fuit eft vis-a-vis la préce-dente, mais en lettres Romaincs.

Hoe efl Tejlamentum de banno 'vtn 't quad dederunt' fuis hominibus Petrus Vienjts Epifcopus er ejusne-foteser Gulielmus Crefii mm fuis infmtibus iunbsp;êmni tempore nifi de vifiitti modiis vini puri inter omnes hoe barmttm tali palio fatient. Siuod'nbsp;Jimodius venditur duobusfolidis, ipji vendentfuurnnbsp;tribus er ita in omni pretio hoe bannum facientnbsp;quolibet tempor», nifi in quadragepma er temport mejjium : pro hoe dono dederunt eis homines'nbsp;Crefti LX. folidos Valentinenjes in Tefiimenium fent'-pternum..

€'e.fl~a-cUre..

Céci' eft Ie traité du ban ou impót du vin »-qu’ont accordé a leurs gens de Creft, Pierre Évêque de Die 8e fes neveux, amp; Guiliauine'nbsp;de Creft avec fes enfans, pour tout ie temps a-venir: mats Us ne feront cet impót, ft cen’eftnbsp;pour vingt muis de vin pur chacun. Que ft Icnbsp;vin fe vend deux- (écus) fols , ils vendront lequot;nbsp;leur trois, 8c ainfi si quel prix que le vin le'nbsp;donne ils continueront ce ban toute 1’année,nbsp;excepté en Carêine 8c au temps des moiflbns:nbsp;amp; pour cette donation les gens de Creft Itunbsp;ont fait prefent de foixante (écus) fols de Valence en. téraoignage perpetuel de leur gratitude.

Ii,es Tdmbeaux des Cómtes de Diois 8c Va-

lentinoi*'

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Anfiqttef. nbsp;nbsp;nbsp;23*1

feitinois étoient au Convent des Cordeliers de Creft, comme il fe void par un aéle amp; convention fort authentique receue amp; ftipuléeparnbsp;frois Notaires Ie 15. Avril 1374. par laquellenbsp;il appert qu’un de ces Comtes de Diois amp; Va»nbsp;lentinois, appellé de même que Ie precedentnbsp;Aymar de Poitiers, avoit fondé une grandenbsp;Alefle dans TEglife S. Sauveur, amp; Ie Liberalnbsp;me audit Convent, i chanter fur Ie tombeau-d‘es Comtes de Diois, amp;c. Cette convention-fut paffee 1’an iv. du Pontifical de Gregoire XI.nbsp;amp; receuë par Maitre Gnotic Notaire de Creftnbsp;Reniond Sylveftre de Chateau-double amp; Jean-Rabot d'Upie Notaires Imperiaux, amp; duditnbsp;Corate, avec Ie feau au pied en cire rouge ,¦nbsp;pendant en laqs de foye.

jt MO NTE L ÏMJR,

Citée a Ia page ƒ .

Jtnno ah incamatione Domini MCXCVIII. Geraldus Mmarius cf Égo Lambertus nos duonbsp;D~ii Monttlii per nos er per nos bona fide er fint'nbsp;dolo er mera liberalitate er fpomanea voluntatenbsp;donamus CV* titttlo perfeSla donachnis concedmusnbsp;ernnibus noftrts de Monülto pr/efentibus esf futurisnbsp;bbertatem Salem- ne de atero toltam vel quiftamnbsp;yel aliquam novatn exadionem vel prava ufatica-è» eisfaciamus vel aliquo modo fieri permittamus,nbsp;iseceis per vim vel per aliquam forciam gravamen'nbsp;aliquid vel jaüuram nifi juris vel jufiiciè debito-^enabimur inferre. Sfitod fi nos vel aliquis fuc-‘efforutry pred'iclam dbnacionem amp; libertatem quo-^unqui mode violare temptaverit jam diHos omnefnbsp;pmines nefifos er eorum in villa’ Momilii fale'nbsp;L 6

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afi nbsp;nbsp;nbsp;Infeript tons

dominio nofiro in prefenti vel futur» exiflsntes cmni)ure e?' fidslitate es* ominio abfolvimus, C?*nbsp;ut omnia fuut fuperius fcripta funt fidsUter ohfer-vemus ztr niillo tempore comraveniamus taClisnbsp;faoro-fanÉlis Evangeliis JURAMUS,

Sigilltim

Geraldi

JEmari.

Ecrit fur un plomb.nbsp;Sdgillam

Gwllem. Ugonts.

Un Chevalier portant un guidonnbsp;' avec fes bandes amp;nbsp;ces lettres autour,nbsp;Mateus me fecit,nbsp;Une figurenbsp;a cheval.

Celdi veut dire.

L’An de Tlncarnation du Seigneur Nous Gerald iEmar amp; Lambert, Seigneurs denbsp;Montelimar, de nótre part amp; de la part desnbsp;nótres, donnons de bonne foi, fans fraude,nbsp;d’unc pure liberalité Se franche volonté, 8cnbsp;eoncedons en titre de donation parfaite a nos^nbsp;jOrjets de Montelimar prefens amp; a venir, unenbsp;telle franchife, qu’au refle nous ne leur faf-lions ni permettions faire aucune exaöion ,nbsp;ïribut OU impöt nouveau , ni ne fouffrionsleurnbsp;ctre fait par aucune force ou violence, aiicu-ne charge ni doraraage, au deli de ce qui fe-ra conforme aux reigles du droit amp; de la Juf-tice. Que fi nous ou aucuns de nos Succef-feurs entreprenions de violer en quelque tagonnbsp;que ce fjoit cette donation amp; franchife, en cenbsp;cas nous declarons nos dits fujets de Mon-telimar prefents Sc a venir, avec toutes leurs-poffeffions difpenfés de tout droit, homraag?nbsp;amp; fidelité; Et afin que nous obfervions toutesnbsp;ces chofes,, comme dies font écrites ci-deflus,

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Antiques,

qive Bous n’y contrevcnions jamais, nous JUrons fur les Saints Evangiles.

Cette infeription avoir été tranfportée db 1’Eglife Paroiffiale, a la tnaifon de Ville, 8cnbsp;étoit fur line table de marbre en cliaradercsnbsp;Un peu Gothiques dorés amp; peints de gueulfenbsp;amp; d'azur, fcellée en placard de qiiatre Bullesnbsp;de plomb enchaflees aux quatre coins, ou fenbsp;voyoient les lettres amp; les empreintes ci-delTus..nbsp;J’ai copié tout ccci des manuferipts de Mr.nbsp;de Peirefc, dc ce qu’il dit en fuite: qtte lanbsp;tiionnoye defdits Seigneurs de Montelimar, a-Voit une Croix recroifetee, amp; que le feau d’unnbsp;lamhertus de Montilio Dominus Montilii, avoitnbsp;trois Croix pommetées, dans une cliartc denbsp;Dourbons, comme celles de Thouloufe. La-Ville de Montelimar porte encore, de gueulesnbsp;a la Croix d’or lichee fur un globe d’aiur a lanbsp;bordure d’or. Le nom de Montelimar eft ve-nu de ces Seigneurs iïmars, comme ft Ton di-foit Montilium ^marji Montil-iEmar.

Infcriptton citée ^ Ici page 8. contenant des noms de chevaux, leurs paysnbsp;leurs viiloires.

:.nPRAEMISIT ET C.T OCeVPAVIT ET CIT. CCCVnbsp;INTROIVGIS VICIT

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2f4

Infcnptïoni

DROMO HISP.

I

SICA AF.

ï

PASSER AF.

I

CIRPATO AF.

f

LVPO AF.

I

MELISS AF.

I

SILVANO AF'.

I

DELICAT. MAV. nbsp;nbsp;nbsp;*

LVCIN AF.

I

PARATÖ AF.

I

EVTÖNÖ af.

IV

BAL 1ST. af;

VI If

PYRAL. af; SE

. IV

ANDREM AF.

VIII

PARDO AF.

IV

SPICVLO GAL. VII rï

ROM7LO LAC;

V

ROMVLO AF.

VIIII

RAPACE AF.

V

LVPO AF.

vini

RAETIC. AF.

VI

PALVMB. AF.

VIIII

camm. af.

VI

ROMVLO AF.

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DAEDAL, AF'.

VI

GLAPHYRO

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S P H.

GAETVL. af;

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balist; xiiR

Ilf

ALCIMO

VI

M’EMNOLAC.

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BILARO Hls.

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BARB. AF.

i

SMARAGD, af;

I

C.ALLID. CYR.

I

DRAVCO AF.

I

THELO AF.

I

ARANIO' AF.

I

ARIONE af;

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EXACT. MAV,

I

helio af.

1

PlSTO CIRi

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HIRPINO HEV

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PUGIO AF.

1-

palmat; af.

II

ANDRE, af;

r

PASSER. T».

rr

roman. gal.

1

CATTA AF.

iP

CANDID; AP;

I

PVGIO AF.

Hi

ABASC. THE.

XX

EXCELL.

ARCAD. AET.

XVI

ARACIN.

LVPO HISP.

XXI r

CALLiD.

SAGIT. AF. XI.

XIIX-

AQVILAi

AIACE nbsp;nbsp;nbsp;AP.

XXII

XXX

PECVL.

aether, af,

. XXX

-ocr page 305-

1N G E Nquot;.

XXIIX

ARgo APH. XXX Victors af. xxxii

*NN0CE. af. XXVIII.


ufntiques.

ING. HILAK.


HS


XL,


_PALMAS SIBI COMPLEVIT

c Callid. af. ballist. af. 5»

QVOS EQVOS C...

A ROME,

-f la page p. Epitaphe d'un Roffigmï gravée fier une urne de marbre ^ chsz-Ie Cardinal de Maximis,

DIS AVIBVS

Lufeinit Ph'ilumens. ex aviario Dornitiorum^ ftltlU verficolori pnlcerriKts. cantrici fuavijf. om-nib, grattis ad digitam pipillanti in poculo myr-'‘hino capHt abluenti infeliciter fummerfa, heumi-fella avicula , hinc inde volitabas tota garrula to-fafefliva, latitas modo inter pulla leptynis locu-iamenta implumis frigidula claujis ocelïts, Licinia-filitmena delicU fuét quam in ftnu paftillis alebatnbsp;in propria cubiculo alumna karijf. lacrumans pof.nbsp;Have avis iocundijjtma qua mihi volant obvitt'nbsp;hlando perfonans roftello Salve, toties cecinifii,nbsp;bave avis avia averna.. Vale cr vola per Elyfium.nbsp;in cavea piPia faltans qua dulce canebat, muta‘nbsp;ienebrofd nunc jacet in caved.

Je ne la traduis pas en Francois, pareequ’on He f^auroit Ie fairefans lui óter toute fa grace.

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2,flt;5 nbsp;nbsp;nbsp;Infmptims

ce. Monfieur Bcllori dans un livrc intitule yragmenta Anth^mtatum veteris 'Rorrit, la citenbsp;comme antique; mais quand même elle nelenbsp;feroit pas, je ne I’en eftimerois pas moins,^ 8ïnbsp;de quel liecle qu’eHc foit, elle' ne peut êtrenbsp;qu’une produftion d’un cfprit poli, amp; tpuipof»-fcdoit bien la langue Latine.

Epitaphe d'un Chien de ehajfe ^ a Pergame.

ÏOÏNOMA «SlAOKTNHroS EMOJ Toios TAP rnAPxaNnbsp;©ElPSIH Eni 4gt;0BEP01E KFAIHN'Gïlnbsp;e©bka noAï

Ceji d dire.-

Mon nom étoit Phitocynegos, ou arnatetif de la chafle; paree que j’ai toüjours été tel ,¦nbsp;amp; que j’ai fouvent donné la fuite aux bêtes-les plus redoutables.

jf A R L E S y

Epitaphe de S. Trophime premier Evêque de cette Ville-la, eitéenbsp;]a page 17. les lettres font Romai-nes, fi ce n’eft que les C. quar-rés amp; qu’il y a plufieurs abbrevia*nbsp;tions.

’Ifoph'tmHs hk iclitur AnUtis pr^eftd avilHs .

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Antiques. nbsp;nbsp;nbsp;af 7

Gallia quern primum fenftt jlpofiolkum.

hunc Ambrofium proceres fudere nttorem Claviger ipfe Petrus, Paulas amp; egregius,

Otnnis de cujus fufcepit Gallia fonte Clara falutifen dogmata tunc fidei.

^inc conjianter ovans cervicem Gallia fleSih,

Et matri dignum prahuit obfequittm.

Ipjignifque duet ingeni gloria femper Gaudet Apoftolicas fe meruijfe vices.

Epitaphe de S. Hilaire, la même, en lettres femblables..

Sacro fanSti. legis Antiftes hie quiefeit.

Antijles Domini, qui paupertatis amorem ^raponens aure, rapuit cdejlia regna.

Klarius, cui palma obit us gy vivere Chrijlus, Contemnens /ragilem terreni corporis ufum,

Hie carnis fpoliam liquit ad aftra volans. Sprevit opes dam qaamp;rit opes tnorialia vitansnbsp;J^erpetuis caelum donis terreflrihus emitnbsp;Gemma facerdottim plebis unufque magijler,nbsp;^uflica quin etiam pro Chrifto munera fumeatnbsp;•'Servile obfequium nec dedignatus adire,

Gfficio vixit minimus e? culmine fummus. i^ec mirum fi pofihamp;c meruit tua limina Chri'

r nbsp;nbsp;nbsp;•nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

Angelicafque domos intravtt amp; aurea regna. Igt;ivitias paradifo tiias, fragraatia fempernbsp;Gramina halantes divinis ftoribus hortos,nbsp;Subjedafque videt Nubes gT fidera coeli.

Ces deux Epitaphes^ paroiffent être da mc-me temps amp; d’un raérae Amheur, alles loin du llecle de ces deux grands Saints: car cellesnbsp;le faifoient dans les premiers fiecles del’E-S'ife dtoicut fort liinples, 8c fans remarquer

prefq,uc

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if8 nbsp;nbsp;nbsp;Jnfcriptions

«1

prefqiie aucane qualité, foit qu’on en ufaft ainfi par un efprit d’humilité, ou pour ne pasnbsp;expofer les corps des Chrêtiens 8c de leursPre-lats ^ l’infolence des Payens , qui étoient encore les plus forts dans l’Empire Romain. Maisnbsp;depuis que Ie Chriftianjfme eut Ie delTus, patnbsp;la converfion de I’Empereur Conftamin, lesnbsp;Epitaphes furent proportionnées au merite desnbsp;perfonnes illuftres, amp; l’on en ajoüta aux tom-beaux des premiers Chrêtiens, qui s’étoientnbsp;rendus recomraandables par leurs charges 8cnbsp;par leur Sainteté; ainfi qu'apparemment on ficnbsp;ces deux a Saint Trophinae 8c a Sainte Hilaire. Le quatriéme 8c Ie cinquiéme fiecle pro-duifirent entr’autres plufieurs beaux genies poufnbsp;Ia Poëfie, de laquelle on fe fervoit fóuventnbsp;pour les Epitaphes, comme étoient un Lac-tance, un Claudien, un Conftantius, un Au-fone 8c un Sidonius Apollinaris. C’eft fansnbsp;doute quelque plume femblable qui tra^a lesnbsp;éloges de ces deux Prelats; 8c nous avons uncnbsp;preuve du temps qu’ils ont été gravez fur cesnbsp;tombeaux par la figure des lettres: car c'eft depuis le quatriéme fiecle jufqu’au huitréme qu’onnbsp;yoit dans les medailles 8c dans les marbres antiques, des C quarrez, comme il y en a dausnbsp;ceux-ci.

A 5- milles d’Aix,

jfu Champ;teau S. nbsp;nbsp;nbsp;, fe ’votd ceW

Inferiplion trou-vée 'au pied de la rochl de Sainte FiHoire^ vulgairement ditenbsp;Sainte Jl'enture^

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ijTJ»

Antique!.

FIN.

amp; de l'ait-

FIN.

AQ.

tre cóté.

arel.

C’eft-a-dire, Jints A^uenjes amp; Fines Artllt;t~ 1‘n/es. Ainfi c’étoit vers cette roche qu’étoientnbsp;bornes de ces deux Villes, dont Ie terroirnbsp;touchoit: car c’croit une coutume des anciens de mettre au limites des pays ou desnbsp;PofTelïions particulieres, des pierresqu’on nom-^oit des Termes, pour óter tous pretextes denbsp;different enrre les voifins. C’eft de cette fortenbsp;sue les Grecs avoient placé dans l’Ifthme denbsp;Gorinthe, une colonne fur laquelle étoit écritnbsp;^’un cóté, Jufquici s'étend l'Jonie, amp; de I’au-*te gt; 'üufijti ici s'étend Ie Peloponefe.

Marbre troavé h Garguïez.^ Ö* porté h une moufquetade du village de Ge-menos.) dans une Chapelle de N. Da~nbsp;me du Plan^ ou il fert de table 4nbsp;l'AuleL

A Ia Page i8

Pagani PAGI LVCRETI QVI ^ SVNT

f'lNIBVS ARELATENSIVM LOCO GAR-GARIO

Q. COR. MARCELLI LIB. ZOSIMO lïiïïl. VIR.

AVg. col. ivl. paterna arelate

gt; OB

«ONOREM EIVS QVI NOTÜM FECIT


-ocr page 310-

ilt;50 nbsp;nbsp;nbsp;InCcriptions

INIVRIAM NOSTRAM OMNIVM SECV-LORVM

SACRATISSIMO PRINCIPI T. AELIO ANTONINO

R. ROMAE MISIT PER MVL-TOS ANNOS

AD PRAESIDES PROVINCIAE PERSE-CVTVS SST

INIVRIAM NOSTRAM SVIS IMP........

OB HOC

DONAVIT NOBIS IMPENDIA QVAE FECIT

,VT OMNIVM SECVLORVM SACRA' TISSIMI

PRINCIPIS IMP, CAES. ANTONiNi AVG.

PII BENEFICIA DVRARENT PERMA-NERENTQVE

QVIBVS FRVEREMVR.......

ET BALINEO GRATVITO QVOD AB-LATVM ERAT

PAGANIS....... QVOD VSI FVE-

RANT

AMPLIVS ANNIS XXXX,

C' ejt-h-dire :

Les habitans de Ia communauté Lucretieil' ne, qui lont aux limites de ceux dArles a’Jnbsp;lieu Gargarius, de Gargukz., ont fait gravernbsp;cc marbre a 1 honneur de Quintus Corneliusnbsp;Zofimus affranclii de Marcellus, amp; Sextunt'nbsp;vir de la Colonie dArles lequel a fait connoi-tre l’injuftice qu’on nous faifoit, au tres-AU'nbsp;gufte Prince, tres-facré dans les Cedes a ven'.rnbsp;Titus ^lius Antoninus, amp; qui a mandé lotsnbsp;quil étoit a Rome pendant plufieurs années

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Antiq^ues. nbsp;nbsp;nbsp;i6t

Gouverneurs des Provinces, ayant pour-^uivi a fes frais Ie tort qui nous étoit fait, 8c *^ous ayant même tenu quittes de tous les dé-Pcns , afin que les bien-faits 'du Tres-facrénbsp;‘fince l’Empereur Cefar Antoninus Pius du-f^lTent 8c demeuraffent éternellement dans nó-memoire 8c dans la même jouiflance dontnbsp;nous a mis en pofTeffion : nous ayant grati-fié par deffas du Bain, dont on nous avoit pri-, quoique nous reuffions polfedé pendantnbsp;plus de quarante années.

Pagus Lucretius étoit peut-être toute cettc Petite plaine depuis Ambagne, jufqu’au piednbsp;^le la montagne de la Sainte Baumc, oü eft Ienbsp;'lllage de Gemenos 8c ce lieu de Saint Jeannbsp;*12 Garguiez: car au refte pagus ne fignifie pasnbsp;^oüjours un bourg, raais aufli un pays 8c unnbsp;^erritoire; car c’efl de ce mot pagus, qu’ell:nbsp;^enu celui de pays 8c de Paganus celui denbsp;Payfan. La Ville d’Aubagne pouvoit être Icnbsp;lieu de ce bain qui leur avoit été.accordé; carnbsp;nom d’Aubagne fignifie en I?roven5al rtinbsp;balneum, OU ad Balnea, qui eft peut-être fonnbsp;jDcien nom, 8c qui fentiroit mieux fa bonnenbsp;l-ïtinité que Ie mot d’uiubanea qu’on lui don^nbsp;prefentement.

G E N E S, nbsp;nbsp;nbsp;i

Ie Cabinet de Monfieur Ie Chaf noine Ferro.

-ocr page 312-

C.... TVSTACTVS SVNTONATOR.nbsp;REGIS THOLOMEInbsp;L. V. ANN. L.

Le.jour que je vis cette Inicription je nc pus Jamais deviner, ce que fignifioit ce motnbsp;extraordinaire Suntonator: mais la nuit en fon*nbsp;geant il me revint en 1’efprit amp; je Texpliqua*nbsp;heiireufemenl Muficien, ou maitre des tons 8£nbsp;de la Mufique, felon l’étymologie du Grec»nbsp;qui étoit la langue d’Egyptc du temps deSnbsp;Rois Ptolomées, a un defquels appartenoit cenbsp;Mulicien: car ce mot de THOLOMEI n’eftnbsp;gu’une méchante Ortographe de celui de

Chez Ie Cardinal de Maximis , fouS un bas relief d'une figure debout

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Antiques. ATTICAnbsp;FILIAEnbsp;PATRInbsp;B. M.

,, Jc n’ai pas deffein de rapporter beaucoup ^Infcriptions de Rome, paree qu’il y auroitnbsp;'16 quoi faire un aflez gros volume: je dis mê-JJie de celles qui n’ont jamais été iraprimées:

I Sn veux leulement donner quelque échantil-^n. Celle-ci me paroit aflez particuliere, puis Jn’elle qualilie ce Titus Flavius Expedi-'Us Doöeur des tireurs d’Arc. Doitori fagit~nbsp;^^riorum-. amp; c’étoit peut-être paree qu’il en-“signoit cet exercice: car il nj a point de mê-'ler qui n’ait fes regies amp; fa feienee aulfi bientnbsp;ta pratique.

A ROME,

In campo Carleo, dans le mur i'um maifon.

Q. ERENNIO ETRVSCO MESSIO DE-’

CIO

f^OBILISSIMO 1 CES. PRINCIPI IVVEN- • u iS „TVTISnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ctfarL

Cos. FILIO IMP. CAES. C. MESSI Q.

TRAIANI DECI PlI FELICIS INVIC-* T1

AVG. ARGENTARII ET EXCEPTO-

1

Temq. NEGOTIANTES VINl SVPER-^NAT. ET ARIMIN.

ÜEVOTI NVMINI MAIESTATIQ. E-IVS.

Cette

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Infcript ions

Cette belle Infcription n’eft point imprimée dans le corps des Infcriptions de Gruterus,nbsp;peut-etre paree qu’elle a été trouvéc depiiis»nbsp;comine plus de mille autres que j‘ai copiées inbsp;Rome, bile eft a I’honneur de Quintus He*nbsp;rennius Etrufeus Cefar, Conful amp; Prince denbsp;la jeuneffe, fils de Trajanus Decius, qui pet'nbsp;fecuta tant les Chretiens , faite par les OrfC'nbsp;vres amp; les Changeurs, amp; par ceux qui nego'nbsp;cioient du vin de Rimini amp; des cotes de 1®nbsp;mer Adriatique, qu’ils appelloient Mare SU-ferum d’oü vient le furnom de Suftt'.nbsp;natis.

A ROME,

Chez Leonardo Auguftini Anti-’ quaire.

IVLIVS BALERIANVS QVI VIXIT ANNIS B. XXnbsp;NATALI SVO. D.

* *. e.

ad fof-

[am.

SODALICIARIVS BONVS AMORATVSnbsp;FILETIVS VSQVE * AT FOTSA

Celle-ci eft afles étrange pour le langage» qui apparemment devoir être d’un fieclc biennbsp;dloigné de la bonne Latinité, qui fe corroiH'nbsp;pit par I’abord des Goths en Italic amp; des ati'nbsp;tres Nations étrangeres, qui ayant inondé ce jar»nbsp;din de rEurope,.de mêrae qu’.un torrent de-bordé, en avoient emporté le bon terroir, ^nbsp;n’y avoient. laifle que des pierres 6c de I*nbsp;boiie.

A RO'

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Antiques. nbsp;nbsp;nbsp;i6f

A ROME,

An Palais du Prince de Palejline , ott cedes Barberinas.

Bafe de Jlatue.

CHEIONIOCONTVCIOV. C. OB E-GREGIA FACrA ET RARVM VETERIS SANCTITATIS EXEMPLAR IN-?. ^ il-LvSTRATVRI PROSAPIAE SVAE CV- lupa-IVS OPE AVCTAM INSTAVRA-^'’^-TAMQ^ tot. a SE PICENI ET FLA-MINIAE PROVINCIA GRATVLATVR QVO IVDICANTE qvasi ovodamnbsp;Tarente primevo singvlaeci-*-« c?-VlTATIS IN PRISTINAM FACIEMnbsp;Revocatas esse LETANTVR FO-RONOVANI DESIDERIA TOTIVSnbsp;PROVINCIAE PRAECAEDENTESnbsp;STATVAM AD VIVACExM RECOR-ÖATIONEM ET SEMPITERNAM ME-Moriam POSVERVNT.

, Cette Infcription femble favorifer la pronon-^iation du C. a la mode Italienne com me cn Pfangois ch : car Cheionius ii’eft autre cliofcnbsp;Sae Ceionius, de la familie Ccionia, qui é-'oit une familie illuftre de Rome, de laquellcnbsp;^toit I’Empereur Commode. Pour ce qui eftnbsp;ce Cfionius Contucuis, il y a apparence qu’ilnbsp;^ivoit dans le 4 fiecle, ce que 1’on reconnoitnbsp;marbre par les lettres mal gravies, parcet-Tom, 1,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Mnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tc

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i66 nbsp;nbsp;nbsp;Infaiptions

te addition V. C. vir CUriJ/imus ou Confularis, litre ordinaire de ce fiede, amp; par les diph-thongues /E écrites en E fimples, aux mofsnbsp;de Primevo amp; Letantur. Lc commencement dcnbsp;ce fiecle-la ent quatre Confuls de cette faroil'nbsp;Ie, f^avoir Gajus Ceionius Rufius VolnfianuStnbsp;l’an de N. S. 314. Flavius Rufius Ceionius Cse-cina Sabinus, l’an 316. Publius Publilius Ceionius Julianus Camoenius l’an 315. Cajus Ceionius Rufius Albinus Tan 345. amp; un cinquiémenbsp;qui étoit peut-être Ie même que Ie 4 Ceionius Rufius Albinus l’an 335. Ainfi je ne dou-te pas que ce Ceionius n’eflt de 1’emploi ennbsp;qualité de Prdteur ou deProconful dans les Provinces de Picene Bc dc Flaminie, fous un deSnbsp;Confulats fufnommez, puifqu’éiant de la même familie de ces Confuls, il lui étoit facilenbsp;d’obtenir quelque charge. Picenum étoit Unbsp;Marche d’Ancone, amp; une partie de 1’Abruzze»nbsp;amp; Flaminia la Romagne , fous laquelle étoitnbsp;cette Ville de Forum novum qui avoit dreflenbsp;nne ftatuë i' Ceionius Contucius.

En vöici une que M. Bellori Antiquaire dn Pape, perfonne tres-fqavante , me communi-qua, amp; je 1’ai bien voulu rapporter; pareenbsp;qu’elle illuftre la Geographie de 1’Umbrie, quinbsp;eH incorporée au patrimoine de S. Pierre.

A F O L I G N O.

Autrefois Fulginium, chez Loup Jacobilli.

C. BETVO. TRO. CILONI. MINVCIA-NO

XV. POPULORUM. VMBRIAE. PA'

TRO'

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yfnti/jues. nbsp;nbsp;nbsp;z6y

TRONO. MUNICIPI.

AMERINI. ASISINATES. FOROFLA-MINIENSES.

PVLGINATëS hispellenses. igv-VINI.

INTERAMNATES. MEVENATES. NARNIENSES.

NvCERINI. OCRICVLANI. SPOLE-TINl

Trebiates. tvdertini. et vet-

TONIENSES

B. M. F.

merenti

C’eft a dire, a I’honneur de Cajus Betuutfic^runt Cilo Minucianus de la tribu, Trotnentine, Patra»

^ Prot$6ieur municipal des XV. peuples de l'Om-brie, Amerini, cvc. qui lui ont dedii ce monument de leur gratitude.

I. Amerini font ceux de l’ancienne ville ^Ameria , appellee ptefentement Amelia, anbsp;fix mille de Narni: defquels Virgile fait mention au premier des Georgiques.

Atque Amerina parant lento, retinacula viti.

_ z. Afifmates font ceux d'Aiïife appellee an-ciennement AfEfiura, fameufc par la naiflance du grand Patron amp; fondateur des Cordeliersnbsp;Erangois d’Aiïife.

3. nbsp;nbsp;nbsp;Forofiaminienfes étoient ks hahitans d’unenbsp;ville appellée Forum Flaminii, ddtruite parnbsp;ks Lombards, Ie lieu porte encore fe noin dcnbsp;forfiamma, a trois milles deFoligno.

4. nbsp;nbsp;nbsp;tulginates font ceux de Foligno, qui fcnbsp;bommoit autrefois Fulcinium , on plutot Ful-Zinia conformement a l’Infcription amp; au versnbsp;de Silius Italicus.

^ patuloque jacens fint mxnihus arvo,

Tulginta,

M Z nbsp;nbsp;nbsp;4. Hif-

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ilt;58 nbsp;nbsp;nbsp;Infcriptions

5. nbsp;nbsp;nbsp;Hifbtlknfes , done Ia ville fc nommoitnbsp;Hifpellura OU Hilpella amp; maintenantS/gt;e//5 amp; quinbsp;n’eft plus qu’un grand village a trois mslles dc

rFoIigno. LeFoëte Silius Iiaiicus au 1.8. cn feit mention.

Hifpetlum, e? duro monti per faxa recumlens

llt;[arnta.

6. nbsp;nbsp;nbsp;Iguvir.i font les citoyens de la ville d’I'nbsp;guvium appelléc en fuiteEugubium , amp; mainte-nant Gubio dans Ie Duché d’Urbin.

Interamnates font ceux d'Interamna appellee maintenant Terni, fur la rivier* de Nar oUnbsp;Nera qui fe mêle avec Ie Tibre. On y trou-vc quantité d’Infcriptions amp; d’antiquités, quinbsp;font autant de litres de noblede.

8. nbsp;nbsp;nbsp;'Mevenates font ceux du bourg de BevagnUnbsp;appeüé autrefois Mevania , oü étoit né Ienbsp;Poëte Properce: Elle eft a fix railles de Foli'nbsp;gno. Lucain en fait mention au premier livrenbsp;de la Pliarfalc.

iy? qui tauriferis ttbi fe Mevania campis,

9. nbsp;nbsp;nbsp;Narnienfes étoient les habitans de Narnia, nommée prefentement Narni; c’étoit fenbsp;patrie de l’Empereur Nerva. Claudian cn feitnbsp;mention dans fes vers pour Ie fixiéme Confulatnbsp;d’Hnnorius.

Celfa de higt;ic patulumprafpeiiansNarnia camputff

Kigali calcatur equo.

IC. Nuierini étoient ceux de Nuceria, qui portc prefentertïent ie noin de Nocera.

rt. Ocriculani étoient ceux de Ocricoli ap-pcllé anciennement Ocriculum.

ia. SpoUtini que Tite Live appelle Spole-tani, font ceux de Spoleto, Spoletum. Martial liv. 13.

W'

SpeUtina hihis vel Marfts condiea cellis.

13-

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Antiques. nbsp;nbsp;nbsp;l6g

13. nbsp;nbsp;nbsp;Trehiates^ neuf milks de Spoleto fontnbsp;Ceiix de Trevi, appellee autrefois Trebi*.

14. nbsp;nbsp;nbsp;Tadertini étoient ceux de cette ville qufnbsp;^’appelloit Tuder ou Tuderium, amp; maintenantnbsp;quot;^odi patrie de faint Martin Pape. Siliusau qui-triéme livre:

Et Gradiv'tcolam ctlfo de colie Tudertem.

15. nbsp;nbsp;nbsp;Vettonienfes etoient enfin ceux de Vetto^nbsp;nium, qui a maintenant le nom de Bittona,nbsp;6c n’eft plus qu’une fortereflc.

Cette Infcription les range par ordre Al-Phabetique, de peur de faire naitre quelque Conreftation entr’eux pour la prélTeance. Cettenbsp;ï’rovince avoit encore d’autres villes afles re-»ommées, Camerinum, Forum Sempronii,nbsp;Panum Fortunae, Nurfia, Pifaurum, Reate,nbsp;*rifernum , Vrbinum amp; quelqnes autres quinbsp;^¦econnoiflbient quelque autre Proteéleur qucnbsp;les I j. précedentes. Peut-être auffi qu’elles é-toient comprifes fous ces 15. Gruterus rapporrnbsp;*e une autre Infcription ^ Peroufe , de cenbsp;Caius Betuus Minucianus, qui yeft auffi nom-tné Protedfeur des XV. Peuples d’Umbiic,nbsp;6ns les nommer comme en cclk»ci.

A TIVOLI,

Raportée h la page

Hercvli saxano sacrum ser: svlpicius trophimvs aedem

XOTHECAM CVLINAM PECVNIA SVA A SOLO RESTITVIT IDEMQVEnbsp;LEDICAVIT K. DECEMBR. L. TVR*nbsp;PiLIO DEXTRO M. MAECIO RVFOnbsp;Cos. EVTYCHICVS SER. PERAGEN-ÖVM CYRAVIT.

M 3 nbsp;nbsp;nbsp;Cette

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^7® nbsp;nbsp;nbsp;Infcriptions

Cette Infcription eft de Tannée de N. S-21J. fous I’Empire d’Alexandre Severe , quc Lucius Turpilius Dexter 8c Marcus Maefiusnbsp;Rufus étoient Confuls; auquel temps Serviusnbsp;Sulpicius Trophimus, avoit rebati depuis lesnbsp;fondemens a I’honneur d’Hercules furnomménbsp;Saxanus, un Temple, uh lieu ou Ton tenoitnbsp;des bêtes vives amp; unc cniffne, a fes propresnbsp;fraix 8c dépens, 8c avoit dedié tout cela lenbsp;premier jour de Decembre des Confulats fuf-nommes. Mais il faut remarquer que Culinanbsp;n’eft pas ici propreraent une cuifine, mais unnbsp;lieu proche des Temples ou Ton faifoit lesnbsp;repas des funerailles. Voyez ce qu’en ditnbsp;VolBus dans fon Et'^mologicum lingua La~

tin*.

La-meme, proche la grande Eghfe.

qb POMPEIO Q. F. QVIR. sene-CIONI ROSCIO MVRENAE COELIO SEX. IVLIO FRONTING SILIO DE-CIANO C. IVLIO LVRYCI HERCV-LANEO VIBVLLIO PIO AVGVSTA-NO ALPINO BELLICIO SOLLERTinbsp;IVLIO APRO DVCENIO PROCVLOnbsp;RVTILIANO RVFINO SILIO VALENTI VALERIO NIGRO CLEVS-SA. .NTIANO SOSIO PRISCO PON-TIFICI SODALl ANTONINIANI VE-RIANI SALIO COLLINO QVAESTO-•RI CANDIDATO AVGG. LEGATOnbsp;PR. PR. ASIAE PRAETORI CONSV-LI PROCONSVLI ASIAE SORTITOnbsp;PRAEFECTO ALIMENTOR. xx VIROnbsp;MONETALI SEVIRO PRAEF. FERIA'

RVxM

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jlniiques. nbsp;nbsp;nbsp;2,71

RVM LATINARVM 0. PATRONO MVNiCIPII SALIO CVRATORI FANInbsp;H. V.

S. P. Q, T.

Ces qiwtre dernieres lettres fignifient Senatut populufqut Tiburtinus, Ie Senat amp; Ie peuple denbsp;Tivoli, lefquels avoient dedié ce monument anbsp;plufieurs perfonnesdequalité amp;dc merite , quinbsp;y font nominees.

A FRASCATI,

jar din de la Fille Bcrghefe, a Monte Dracone^ dont il eft • parU a la pag.nbsp;33. (5? lt;* la pag. 177.

\-

IMP. CAES. M. AVRELIO ANTONINO PIO FELICInbsp;AVG. PRINCIPI IVVENTV-TIS NVMINI PRAESEN-TI RESTITVTORIET CONSERVATOR! SEMPER VITAE ADQVE DIGNITATISnbsp;SVAE DEVOTISSIMVS NVMINI EIVS A. AEMILIVSnbsp;MACER FAVSTINIA.

V. C.

L\

Et

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%’ji. nbsp;nbsp;nbsp;Infcriptiom

Et au cêté de cetie bafe,

DEDIC XVIII. KAL.

SEPTEM. .Pi

C. ATIO SABINO II. ET CORNELIO ANVLINO COS.

Celle-ci eft de l’année de N. S. 216. fous Ie CoBfulat de Sabinus amp; Aiiullinus: maisce pre-mier eft noramé dans les Falies §_.Aquitius Sa-binus, au lieu de Cajus Mius. Ce litre aunbsp;refte de divinité prefente qui eft ici donnéparnbsp;JEmilius Macer Fauftinianus k I’Empereurnbsp;Antonin Caracalle eft remarquable, amp; un desnbsp;plus forts que la fiaterie ait mventée a I’hon-.nbsp;Beur de ce Prince.

A FLORENCE,

cHée d la page 35.

Apportée d’Afrique du territoirc dc ^I'unis, de même que les pré-cedentes.

.....PECVNIA PERFECIT ET DEDI-

CAVrr ET OB DEDICATIONEM PV-GILVM CERTAMINA EDIDIT ET DECVRIONIBVS SPORTVLAS ETnbsp;PüPVLO GYMNASIVM EPVLVMnbsp;DEDIT ET HOC AMPLIVS PROnbsp;.SVA LIBERALITATE CAMERAM SV-PERPOSVIT ET OPERE MVSEO E-

XOR-

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Jnticjues. nbsp;nbsp;nbsp;2f5

XöRNAVIT.... CVM..:. AREIS -. FELICE ET RVFINO m.... IS DED, OB QVAM DEDICAT. EPVL. DEC,nbsp;ET PüP. FRVM, DED,

Cette Infcription me paroït être de I’Empf-fc d’Antonin Pie, a caufe du Confulat de Ru» finus, qui fut Conful 1’an de N. S. 153. avecnbsp;Bruttius Prsclens, qiiorque celui qui lui eft ietnbsp;joint, a fqavoir Felix, ne fe trouve pas dansnbsp;les Faftes, ce qui n’eft pas facile a dérnêler,nbsp;SportuU étoient des préfens que les grands fai-foient a leurs inferieurs, dans des jours denbsp;quelque foleranitéde remarque , amp; paree qu’ottnbsp;les portoit dans de petites corbeilles, on leurnbsp;donna ce noni qui ne llgnifie autre chofe dansnbsp;fon origine qu’une petite corbeille. Ceux quinbsp;en veulem fqavoir d’avantage fur cette matie-re, n’ont qu’a cönfulter Budaeus, Turnebus,nbsp;Briflbnius amp; Fuivius Urfinus. Opus mufeutKnbsp;eft un ouvrage de Mofaïque, que d’autres ap-pellent aufli mufiifum , qui eft fait de petitesnbsp;pierres blanches amp; noires rapportées. Voicinbsp;Comment il faut expliquer la derniere ligne,nbsp;»6 hanc de^iieationem epulujn Decumniiusnbsp;populo frumentHtn dedit.

Au mêrae lieti.

....STAF. SACRVM

-...L. MAXIMI MEDICI ET L. AVRE» LII VERI

AVG. ARMENIACr PARTH, ....PLVM CVM ARCV ET PORnbsp;TICIBVS ET OSTEISnbsp;ETOPERE ALB-ARI A. FVND,

M 5

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274- nbsp;nbsp;nbsp;Infer ipttons

Ceile-d eil du temps de 1’Empereur Mare Aurele 8c Lucius Verus, fous lefquels fut e-rigé quelque Temple ( dont Ie mariquementnbsp;de Ia pierre ne nous permet pas de fgavoir Ienbsp;nom) avec une voute, les arcades, les por-tes amp; les murailles enduites de cltaux , cenbsp;qu’ils appelloicnt O^us albarium, comme onnbsp;Ie lit dans Vitruve 8c dans Pline liv. 36. cIi.nbsp;33. de inême que dans cette infeription.

La-même.

SAT. AVG, SACR.

LABIENVS PVDENS

CAECILIANVS C. V.

V. S. L. A.

C’eft-a-dire.

Saturne utiigufio facrum Labienut Pudens Ce--ttiianus Clariffimus wr Votum folvit libeuii ani-i

Lh-même.

IVLIAE DOMNAE AVG. MATRI CA-

STRORVM MATRI AVGVST.......

IMP. CAES. L. SEPTIMI SEVERI Pil PERTINACIS AVG. CONIVGI Q. SI-LICIVS VICTOR ET C. TADIVS FOR-TVNATVS OB HONOREM FLAMvnbsp;SVI PERPETVI STATVAM CVMnbsp;BA.SE EX HIS BINIS MILIB. N. LEGI-TI MIS ADIECTIS TERTIS EX DE-CRETO PAGANORVM PAGI MER'

'CV-

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Antiques. nbsp;nbsp;nbsp;irr^

CVRIALIS S. P. F. IDEMQVE DEDI-CAVERVNT.

Apparemment cette Infcription étoït la bafé oe la ftatue dont die parle, crigée a I’honneurnbsp;^e Julia Augufta ou Domna mere des arméesnbsp;^ de deux Empereurs, Caracalla amp; Geta,nbsp;^ui eft iin litre que les medailles Ini donnentnbsp;*uffi, amp; femme de I’Empereur Severe, parnbsp;Quintus-Silicus Vidor amp; Cajus Traditius For-*unatus en memoire de ce qu’ils avoient éténbsp;honorés de la prêtrife perpetuelle, ayans pournbsp;ret efifet deftiné la fomme de deux mille fef-lerces de leur jufte valcur , avec un tiersnbsp;*joüté par ordotinance des habitans d'un certainnbsp;lieu appelle fagu$ Mercurialis, peuplé des veterans ou Soldats licenties de Mtdilitani, quinbsp;*ft apparemment quelque Province de la cotcnbsp;d’Afrique proche Thunis; d’oit cette pierre anbsp;dtc apportée; mais aucun Geograpbe que je;nbsp;lache ne fait mention de ce pays, non plusnbsp;que du pagus Mtrcurialis, qui etoit peiit-êtrenbsp;Proche du Cap de Eon qui eft cn ces quartiersnbsp;de Barbarie amp; que Pline appelle Mercur'ii pro-'nbsp;*nontorium, au y. livre de fon biftoire naturelle. II fait auffi mention d’unc ville d’Egyptenbsp;appellée Oppidum Mircurii, mais jc nc penfcnbsp;Pas que ce foit ce pagus Mercurialis, amp; j’ennbsp;demeure aux environs de ce Cap qui n’eft pasnbsp;êloigné de Thunis d’oh ce marbre a été ap-Porté: c’eft le méme Cap qui eft appellé dansnbsp;Ptoloraée Hermtum promontorium, öc qui eftnbsp;le plus proche de la Sardaigne amp; de la Sici-k.

A BOi

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27lt;5

Infcriptïonï

A BOLOGNE,

C’eft rinfcription cnigrnatique ciiéc a la Pag. 41.

Chez Ie Senateur Volta:

AM. PP. D.

JÏLIA LJELIA CRISPIS NEC VIR MV-LIER NEC ANDROGYNA NEC PVELLA NEC IVVENIS NEC ANVS NEC MERE-TRIX NEC PVDICA

SED OMNIA

SVBLATA NEQVE FAME NEC FERRO NEQVE VENENO

SED OMNIBVS

NEC COELO NEC AQViS NEC TERRIS

SED VBIQVE lACET LVCTVS AGATHO PRISCVS NEC MA-RITVS NEC AMATOR NEC NECES-SARIVS NEQVE MOERENS NEQVEnbsp;GAVDENS NEQVE FLENS HANC NECnbsp;MOLEM NEC PYRAMIDEM NEC SE-PVLCHRVM

SED OMNIA

SCIT ET NESCIT QVID POSVERIT-HOC EST SEPYLCHRVM INTVS CADAVER NON HABENS HOC EST CADAVER SEPVLCHRVM EXTRA NON HABENS SED CADAVER IDEM EST ETnbsp;SEPVLCHRVM SIBI.

Si qwelque efprit réveur amp; melancRonque' ¦vent s’amnrer a fon explication, il s’y peutnbsp;¦divertij: pour moi i’ai deja proieilé que je nc

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jSnttq^ues. nbsp;nbsp;nbsp;177

5'eftfmois pas antique, 8cque jenevoudroispas Prendre la peine d’en chercher Ie myftere,nbsp;comme plufieurs ont fait. Marius Michaelnbsp;Angelus Profefleur de Padnüe 1'a cxpliquée denbsp;j’eau de pluye Joannes Turriiis Flamand denbsp;’a matiere premiere. Ricardus Vitus Angloisnbsp;de Niobé, puis de 1’ame, amp; enfin de 1’ldée.nbsp;Nicolas Barnaud Frangois, du Mercure , amp;nbsp;Gafpart Guevart l’a appliquée fort fgavammentnbsp;a l'araour. L’iE joint enfemble, ell: une ma-Oiere moderne, amp; fi ce marbre étoit l’origi»nbsp;rial, il n’en faudroit pas davantage pour con-vaincre l'Infcriprion de faulTeté.

A BOLOGNE,

Au Palais Albergati, -pag. 41,

DIVVS AVG. PARENS DEDIT

......AVGVSTVS

GERMANICVS

REFECIT

iN HVIVS BALINEI LAVATIONE HS cccc NOMIN. C. AVIASI T. F. .SENECA Enbsp;P. SVI T. AVIASIVS SERVANDVS PATER TESTAMENT. LEGAVIT VT EXnbsp;Reditv eivs svmmae in PERPE-Tvvm viri et impvberes vtrivs-

QUE SEXSVS GRATVS LAVENTVR.

Je 1’ai expliqude dans ma Relation, amp; jene Veux pas faire des repetitions inutiles. Voyeznbsp;'a la pag. 42. Monfieur Ie Comte Valerio Z’aninbsp;JJi’avoit indiqué une Infcciption fur une colo»-M 7nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n€

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2y8 nbsp;nbsp;nbsp;Infcript tons

qui eft dans im autre Palais que je nc re-pete pas ici', paree qu’elie eft dans Gruter a Ia page ccLxxxi. to. Elle eft de 1’Empereurnbsp;Magnentius. II faut feulement remarquer qu'ilnbsp;ll’y eft pas appellé Liberator vrhis c orbis RO'nbsp;tnani-, mais fimplement «fèt/ Romani, comracnbsp;M. Ie Comte m'avott averti d’y prendre garden

A V E N I S E.

Dans Ia Cour de la maifon ePErizzo^ a la pifcina di S. Moyfe, pag, 45'.

II y a ici la figure d’un Chien afiis fur fort derricre.

ïinE KTON TIN02 ANAPOS SHMA 4)rAASSEIS

TOï KYNOX AAAA TIS HN OTTOS ANH? O KT£iN

AIOTENHS EtnE St NOUETS OS ni©ON QIKRS KAI MAAA NTN AE ©ANÜN ASTEPAS Oi*nbsp;KON EXEI

En void Ie fens:

Dis-moi Chiert, de qui gardes-tu ici la fta-fnë avec tant de foin ? Ce Chien répond. DU Chien. Mais qui étoitcet horame-Ia , 6 chien.nbsp;ll répond. C’étoit Diogene. Apprens-rnoi denbsp;grace de quel pays il étoit.? Refp. 11 étoit denbsp;Sinope, amp; c’ëft Ie même qm habitoit autrefois dans un tonneau gt; amp; qui a raaintenant 1^nbsp;Aftres pour domicile.

On trouve cette Epigramme dans I'Antho-logic Greque, qui a etc en partie recueill'®|

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jfntiques. nbsp;nbsp;nbsp;zjsy

tombeaus, amp; des bafes de ftatues» qui fe tjouvoient dans la Grece, dont celle-ci ennbsp;^toit une femblable: car ce n’eft pas feulementnbsp;'ians ces derniers iiécles, qu’il y a eu des cu-fieux d'Infcriptions. J’en copiai dans la Biblio-thcque de Medicis a Florence une quinzaine',nbsp;que quelque Grec avoir ramaflees dans la Gre-, i! y a quatre ou cinq cens ans. Elles fontnbsp;lt;Sans un manufcrit en vclin, oü ü y a quelquesnbsp;’ritres traitez Grecs joints enfemblc. Maisnbsp;pour remonter plus hant, Suidas parle d’unnbsp;Certain Philocorus Athenien , qui avoir écritnbsp;quantité de livres, amp; entr’autres plnfieurs cho-qvu concernoient les Atheniens, amp; quinbsp;^voit auffi fait un recueil des Infcriptions quinbsp;*6 trouvoient de fon temps dans 1’Attique,nbsp;Quelle perte pour les Antiquaires, que celivrcnbsp;été envelopé dans Ie malheur de plufieursnbsp;*Wres livres qui ne font point venus jufqu’inbsp;•’ous ? Athenée fait mention d’un Polemonnbsp;qui vivoit du temps de Ptolomée Epiphanes,nbsp;qui fut furnommé sTiAoxls-as , paree qu’iïnbsp;J^oit pris beaucoup de peine a copier les Inscriptions des ftatuës amp; des colonnes fepulcra-fur lefquelles étoient gravées des Epita-Pbes, comme dans celles que nous donneronsnbsp;uans la lifte des peuplcs d’Attique: amp; entr’au-hes livres qu’il avoir compofés, i! y en avoitnbsp;lin qui étoit intitulé, des inferipmns qui fenbsp;^^ouvent dans chaque Ville. Un autre des chofesnbsp;Cqdiées aux Dieux dans 1’Acropolis on Citadellenbsp;.q’Athenes, qu’il avoit aulli décrite dans unnbsp;.'^re exprés. Le Commentateur d’Apolloniuïnbsp;Argonautas, 1. 2. cite les livres des Infcrip-*'ons de Thebes d’ün certain Ariftodemus. 11nbsp;y avoit auffi un illüftre Grec appellé Neopto-|*Uius Parianus, qui avoit autrefois compofénbsp;“h recueil d'Iafcriptions , Sc particulierement

de

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200 nbsp;nbsp;nbsp;Infcriptlons

de celles qui fe trouvoient fur leSquot; tombeaox; amp; 1’on peut aifement juger par la kdiire denbsp;plufieursanciens Autheurs, comme Sophocles rnbsp;Herodote , Denys d’Halicarnaffe, iEfchines,nbsp;8c Deinofthene, qu’ils ne negligeoient pas uncnbsp;occupation li utile a l'hiftoire.

Lh-même.

Se lit fur un marbrc cette Epigram-me fur ie Poëte Anacreon.

©ASAI TON ANAPIANTA TOïrON iï 2E' NE

SnOTAAIE KAI AEF EHAN EIS OïKOI^ EA©HS

ANAKPEONTOS EIKON ElAON EN TEli TON npos0Em DEPissoN nAonoiiiNnbsp;nPOS0E[S AEXOTI TOIS NEOIS AAETOnbsp;EPEIS ATPEKEUS OAON TON ANAPA

Monfieur Ic Fevre de Saumur, qui a mis att jour Theocrite, oü cette Epigrainine fe trots'nbsp;Te, 1’explique tres-bien de cette raaniere;

Hanc'ce Jiatuam intuere ó Uofpes Studiofe , er die ubi domum redieriy,nbsp;udrtacreontis 'tmaojnem apad Teit/s vidi,

Glui vir inter Poëtas primas lenuit.

Jis autem ft addideris hoe i^uoi^ue , ipp Scilicet fuerorum eonjttetudinem mirtfice pltf'nbsp;emfe,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

Totum hominem quantus quantus crat dspi»^ xeris^

Dans cette même Cour fe Toyent autres inferiptions Greques, que je rendra'

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jlntiques. nbsp;nbsp;nbsp;281

Jour publiques, avec bon nombre d’autres, s’il plait a cdui qui eft Ie maitre de nótre fanté,nbsp;^ de nótre vie.

A R O U V I G N E,

Pag. 47.

ATTIA M. F. PVPA SI BI ET

M. VECILIO MARCELLO VIRO

VECILIAE M. F. PRISCAE M. VECILIO M. F. PRAESEMTInbsp;FILIO T. F. I.

M. F. c’eft-a-dire Marei Filio ou Filise: 8e T. F. I. teftamento fieri juffir, Le refteneiontnbsp;des noms particulieis.

La-même^

Chez le Sleur Camille Sylveftre cu-rieux de Medailles.

L. CVRTIVS L. L. PRIseVSnbsp;CVRTIA L. L.

JSEVMA CVRTiA D. L.

PYRAMIS

ALBANVS

L. L. Cgnifie Lmïi Lilnnus ou Liberta, 8i

D. L,

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'Sic.

'RefpH-

hlica

Polenjis

devoia

numint

majef-

iatiijut

ejus.

z8z nbsp;nbsp;nbsp;Infcriptions

D. L. Caih Liberta, car les lettres rcnverrés*

Hiarquoient ks noms de femmes.

A P O L A,

Pag. 48.

IMP. CESAR L.

SEPTIMIO SEVE

RO PIO FELICI INVICTO AVG.nbsp;RESP. POL. D. N.M.E.

C’ell: une bafe quarrée d’iine ftatuë qui avoit été dreflee a l’honneur de l’Empereur LuciuSnbsp;Septimius Severus, pieux, heureux 8c invin_'nbsp;cible, par la Republique de Pola devoüée *nbsp;fa Divinité 8c a la Majefté.

Gruterus a cité cette Infcription, auffi-biett que la fuivantc, mals a toutes deux il y man'nbsp;que Ie commencement, qui fe trouve dans knbsp;manufcrit de M. Valerio Ponte de Zara, ^nbsp;qui eft etFeftivement eflacé fur la premiersnbsp;iMfe.

A PO'

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zSj

Antiq^uts.

A P O L A,

^ar um autre bafe de marhre qui fe voyoit autrefois prés de lapréce-dente.

IMP. CAESARI L. SEPTIMIO SEVE-KO PIO PERTINACI AVG. PONT.

Max. trib. pot. v[. imp. xi. cos.

ll. p. P. M. AVREL. MENOPHILVS OrnATVS IVDiaO EIVS EQVO PV-

Blico sacerdos tvscvlanvs

AEDIL. POLAE CVM MENOPHI-tO PATRE LI8. AVGG. N. N. EX brocvrat. INDVLGENTISSIMO.

L. D. D. D.

C'ejl-h-dire.

A l’honneur de Lucius Septiniius Severus Bertinax, pieux, Augufte, Souverain Pontife,nbsp;jouïffant de la puiflance de Tribun pour la fi-Siémefois, declare General d’armée onzefois,nbsp;Conful pour la feconde amp; Pere de la patrie»nbsp;Mare Aurele Menophilus honoré par fentencenbsp;de l’Empereur, d’une ftatuë a cheval élevéenbsp;public, Prêtre deTufculum, Edile de Po-*a avec fon Pere Menophilus affranchi de nosnbsp;Etnpereurs, amp; ci-devant Procurateur de lanbsp;Province tres-bon 8c tres-indulgent: Ie lieu denbsp;ftatuë ayant été accordé par un decret desnbsp;I^ecuiions.

Procha


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i84

hfcriptions

Proche de Ih, on trouvoit encore ce fragment.

POLENSES VOTI SVI COMPOTES

Dans Ie Dome de Pola, citée h Ja Page 48.

M. BA RBIVS SOTER BARBIJ ASCLEnbsp;PIODORiEnbsp;FILI^ PIENTISSI.

Marcus Barbius Soter avoit renfermé dan* ce cercueil Ie corps de fa diere fiile Afclepio'nbsp;dora; amp; c’ell la tout ce que l’Infcription nou*nbsp;en apprend.

INSCRIPTIONS

De Y Are triomf al de Pola.y dont Je def‘ fein eji d la Pag. 49.

Ea principale qui efl fur la bafe du milieti gt; qui portoit apparemment la ftatuë de edu'nbsp;pour qui eet Are avoit été drefiTé, elt de cetrenbsp;Hianiere.

L. SER-

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z2f

Antïq^ues.

L. SliRGlVS L. F. LEPIDVS AED.nbsp;TR. MIL. LEG. XXIX.

C'eji-a-dire.

Lucius Sergius Lcpidus fils de Lucius, Edik amp; Colonel de la Legion vingt-neuviê-ii)e.

^ cote fur une bafe femblable de llatuc eft ecrit.

L. SERGIVS C. F.

AED. II VIR.

Ce Lucius Sergius fils de Caius Edilc amp; Luumvir étoit, fi je ne me trompe, le Perenbsp;^u précédent, qui étoit fils d’un Lucius Ser-Êius, amp; frere de celui dont le nom paroit i

gauche.

CN. SERGIVS C. F.

AED. II. VIR QVINQ.

Ce Cneus Sergius fils de Caius Edile 5s Luumvir pour cinq ans, étoit I’oncle de L.nbsp;^ergius a qui cet efpece d'Arc de triomfe ounbsp;^e monument d’honneur étoit dreffé, par lesnbsp;Eiins amp; aux frais de fa Icmme nommée Salvianbsp;^‘ojluma.

SALVIA POSTVMA PECVNIA.

SERGI DE SVA

Jc

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a8lt;5 nbsp;nbsp;nbsp;Infcript ions

Je l’appelle efpece d'arc de triomfe, parcc' que fi c’en étoit un veritable , qui eüt étenbsp;dreffe par ordre du Senat, pour un triomf^nbsp;qu’auroit obtenu Ludus Sergius, il n'eflnbsp;croyable que fa femme qui Ie voulut honorctnbsp;aprés fa mort de cette marque de fon fouvC'nbsp;iiir, eüt oublié de marquer une particularité finbsp;.avantageufe a la memoire de fon mary. Le*nbsp;Ediles au refte étoient ceux qui avoient I’in'nbsp;tendance fur les Temples amp; edifices publics, ^nbsp;ks Duumvirs étoient dansles Colonies Romai'nbsp;nes, deux perfonncs qui avoientfoin de rendr®nbsp;la juftice, corame on peut voir plus au longnbsp;dans les Autheurs qui ont expliqué les Magfi'nbsp;traturcs Romaines.

A ZARA,

s'appeïïoit autrefois lad er a , Pag. j-o.

Q. ASISIENO Q. F. TRO. AGRIPPaEnbsp;AED. II. VIROnbsp;PONTIFICInbsp;EX AERE CONLATOnbsp;DECVRIONES ET PLEPS

C’étoit rinfcription de quelques monunie”'' dedié, i la memoire de Quintus Afifienus A'nbsp;grippa fils de Quintus, de la tribu Tromen**'nbsp;ne, Edile, Duumvir amp; Pontife, de Pargef^^

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j4ntilt;iues'. 2,87 Wavoient contribué a eet effet les Decurionsnbsp;^ Ie peuple.

Grutcr qui I’a citée, y a fait unc erreur a la ^Etniere ligne , ayant écrit DECVRIONISnbsp;J:'EPIEFS qui ne fignific rien. II y a mani-V^llement PLEPS, ce mot fe trouve auflinbsp;'9'^it dans des autres inferiptions de cette ma-‘'iere, au lieu de PLEBS.

même lieu.

IMP. CAESAR. DlVI F. AVG.

PARENS COLONIAE MVRVM ET TVRRIS DEDITnbsp;Tl. IVLIVS OPTATVS TVRRESnbsp;VETVSTATE CONSVMPTASnbsp;IMPENSA SVA RESTITVIT

Ce n’eft pas une même piert# que la préce-quot;ente, comme Gruter TalTure; mais ce font pierres bien diftindles quoiqu’elles ayentnbsp;placées, peut-être par hazard, Tune auprésnbsp;''P 1’autre. Elle ne fignifié autre chofe fi cenbsp;eft que l’Empereur Cefar Augufte Pcre denbsp;Colonie (de ladera) avoit fait faire les mu-^ailles amp; les Tours de la Villc, 8c qu’un certain Tiberius Julius Optatus, en avoit auflire-'6vé quelques Tours ruïnées par leur proprenbsp;''ieillefTc.

Ceux qui étoient de Jadera font nommez °ans plufieurs Infcriptiöhs ladeftini, 8c non pasnbsp;^dertini comme Pline les appelle.

DelTous

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288

Infcriptlons

Deflous ccttc Infcription il y en * une ancienne de deux ou troisnbsp;flecles.

Vrbe hac prifedus Sanuta ex prole MartnUS

Me ftruxk tandem Veneto dominante Senattt-

C’étoit iin Marin Sanuti qui avoit rebati Ville du temps qu’elle appavtenoit déjanbsp;Senat de Venife: Le Sopracomite de nótr^nbsp;Galere étoit de cette familie, amp; s’appelloit Be'nbsp;nedetto Sanuti; je croi qu’il ne fut pas facb^nbsp;que nous lui indicaffions des titres denbsp;Noblefle de fa maifon, gravez fur cette pie*''nbsp;re.

'TüUt jüignant.

ISTDI SERAPI LIBER.

i. e. Solvit li-hcns

LIBERAE VOTO SVSCEPTO PRO SALVTEnbsp;SCAPVLAE FILI SVInbsp;P. QVINCTIVS PARISnbsp;S. L. M.

A cóté de cette bafe font gravez ifis cr mnt 'o. rapis, amp; l’autre cóté qui eft engage dans

iTiuraille a peut-être la reprefentation de übe'' amp; de Likra, quifque Ia pierre cft dediée a c'CSnbsp;quatre Divinitez , pour la [anti de Scapula filt‘^^nbsp;Publius ^inHius Paris,

A ZA'


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Antiques. nbsp;nbsp;nbsp;zSp

A ZARA,

A la maifon da Siear Tomafoni.

TI. CAESAR DIVI AVG. F. AVGVSTVS IMP. PONTIF. MAX.nbsp;trie, potest. XX COS. III.

DESIG. nil LEG. XI P. CORNEL. DOLABELLAnbsp;LEG. PR. PR;

Celle-ci eft a I’honneur de Tibere, amp; mile Par la Legion XI. 8c par les foins de Publiusnbsp;Cornelius Dolabella, Lieutenant dti Preteurnbsp;ou Gouverneur de la Province.

IVNONI AVGVSTAE APPVLEIA M. F. QVINTAnbsp;SVO ET L. TVRPILII BROCCHInbsp;LICINTANT FILII NOMINE

Cette pierre étoit écrite des deurr cótes, car lit en un endroit les trois premieres lignes ,nbsp;en un autre laj. 8c la 4. ligne, ce qui faitnbsp;'e fens complet. Elle étoit dediée a ’^junon,nbsp;•'irnommée Augufle, par AppuUia ffjuinta, fil~nbsp;de Marcus, en fin nom amp; en celui dc Luciusnbsp;^'srpilius Brecehus Licinianus fin fils.

ANTONIO VIBIANO 1«m. I.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;N

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zpo nbsp;nbsp;nbsp;Infcriptions

ANN. XXX ANTONIA VALERIA SORORnbsp;PIENTiSSIMO POSVIT

Valeria foeur d'Antonius Vihianus avoit drefi U monument de ce cher frere, mort a I'dgenbsp;30. ans.

A T R A O F,

Chez le Doéteur Dragatzo.

D. M.

POMPEIAE

PHYFBAE

LEPIDIVS

VALES POSVIT SIBI ET VXORI BENEnbsp;merenti liber.

LIBERTABVSQ^ SVIS

IN F. P. VIII IN AG. P. VIII.

Cell un monument qu’un mari avoit fti*’ pour fa femme, amp; pour fes affranchis amp; af'nbsp;franchies. La derniere ligne fignifie que. cCnbsp;monument avoit in frontt pedes viij in agro P'nbsp;des viij, c’eft-a-dire huit pieds lt;k large, ^nbsp;buit pieds de long.

A SPALATRO,

Dans les marhres du Clocher.

Pag. 60.

TI. CAESAR DIVI AVGVSTI F. AV-

. gVS'

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Antiques. nbsp;nbsp;nbsp;apt

GVSTVS IMP. PONTIF. MAX. TriB. tOTEST. XXI. COS. II. VIAM A SA-

lonis ad gastel, daesitiativm

ÏER MILLIA PASSVVM CLVI. MunIt

¦et idem viam ad IA.... QVOD

DIVI......VS A SALONIS munIt PER

MILLIA PASSVVM CLVIII.

* CVIVS VIAE MILLIA PASSVVM SVNT CLXVII mvnIt PER VEXIL-Mnbsp;LARIOS LEG. VII. ET XL ITEM?”/'quot;’*

Viam gabinianam ab salonis-^^J,

ANDETRIVM APERVIT et viwnlTfeparé-

Eer lég. vil nbsp;nbsp;nbsp;mais on

voitbhn

La-même. nbsp;nbsp;nbsp;‘l'*‘

unefuite

EOTEST. XiïX COS. II. A COLONIA^r/j;; SALONEN. PER MILLIA PASSVVMnbsp;CLXXVII A LEG. RRO.......

TL CAESAR DIVI AVGVSTI F. AV-* GVSTVS IMP. PONT. MAX. TRIB.I/''f

Ces deux Infcriptions font de 1'Empereur Tibere, qui avoit eu Ie foin de faire mettrenbsp;état les grands chemins autour de Salone,nbsp;Sui alloient en diffèrens endroits. Strabon, aunbsp;^u. livre de fa Geographic, met les D^fitiatesnbsp;lt;^3115 Ia Pannonie, qui comprenoit Ia Hongrienbsp;'I’aprefent amp; quelques pays voilins. La pre-JUiere Infcription en marqué la diftance de Sa-‘Qna, quiétoit de 156. milles. Ponv Andetrium,nbsp;•lous avons déja remarqué, que c’étoit la For-'erefle de Cliffa: a la pag. 64.

A SPA.

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api nbsp;nbsp;nbsp;Infcripions

A SPALATRO,

Proche du Dome : cité^ h ïu pag. 6ï.

AVR. GLYCON ET VALENTIA VIR: GINI VIVI SIBI POSVERVNT

A SPALATRO,

Jvignant EgUfe de S. Franiois, Pag. 6z.

AVR. QVINTIANVS DEC. COLL. FAB. ET CENT. QVI VIXIT ANN-P. M. LI. MENS. V. D... VIVVS SIBInbsp;POSVIT. ET AVR. lAENVARIAÉnbsp;CONIVGI SVAE COT. SI QVIS AEAMnbsp;ARCAM POST MORTEM EORVMnbsp;APERIRE VOLVERIT INFER. DECVnbsp;RIAE MEAE .X. XXV.

Les deux ou trois premieres lettres de cha' que ligne manquent a la pierre ; mais ilnbsp;m’a pas été diflScile de les reraplir. VoicicoiO'nbsp;ment il la faut lire fans abbreviation.

Aurelius ^intimus Decurio Collegii 'Fahruf* {ou Fahrorum) ey CentenarhrW'n qui -vixitnbsp;nis plus minhs ^i.nenjes 5. dies.,., vivus jlHnbsp;pofuit er Aurelia lattuarie, conjugi fsu. ^odj*nbsp;quis earn arcam pofi mortem aperire nolueritnbsp;feret Deouria tnea Sejlertia viginti quinque.

A COVE'

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jlntiques\ nbsp;nbsp;nbsp;ipj

A COVRZOLA,

^1(1 Madonna del Scoglietla.

D. M. S.

Vrsinvs et evtycia parentes infelices vrsino filio HEN-TISSIMO pos. an, XXV.

D. M. S. lignifie piis Maaibus Sacrum,

ftfte eft aifé.

A C O R F O V,

Sar Ie fortail de TEgUfe de Palao^ pli. Pag. 77.

llISTIN EXÜN BASIAIAN EMSN MENEflH STNEPieoN

20I MAKAP r4gt;lMEAON TON A lEPON EE^ TISA NHON

^AAHNÏiN TEMENH KAI BSMOtS ESAAA-

hasas

^IPOE AnOTTlAANHS lOBIAKOS EANON ANAKTI

.11 eft évident par cette Infcription que c’eft ' Empereur Jovianiis qui a fait batir cette E-8'ife ^ 1’honneur du Dieu Tout-puiffant , a-ffés avoir détruit les Temples amp; les autelsdesnbsp;^!'yens de la Gréce. Son nom écrit de cettenbsp;’y'aniere lohianos, montre que la prononcia-'on du b Grec étoit dés lors femblable a cellenbsp;j^l'v confonante des Latins, puifque ceux-cinbsp;’^oient levianoi,

N ï nbsp;nbsp;nbsp;A

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ip4 nbsp;nbsp;nbsp;Infcriptions

A C O R F O V,

Bafi de Jlatu'é de Germanicus^ aii Faux-bourg de Cafirati, pag. 77,

IJOAIS TEPMANIKON KAI2APA TIBEPlOt KAISAPOS riON SEBASTOr KAISAPOS ïWnbsp;NON inATEïONTA 0EOIS

Oefl-a~dire :

La villt de Couifoii recommande aast Dieax, Gertnanicus Ce/ar, fits de Tiéere Ce far tnbsp;Augufte, exerfant la charge de Conful.

Germanicus fils adoptif de Tibere fut Conful l’an 11. de N. S. ou 765. de la fondation denbsp;Rome, enfuite de quoi, il fit un voyage dansnbsp;Ie Levant, amp; c’eft fans doute dans ce temps-li que ceux de Corfou lui dreflerent cette fta-tiië: car il n’en revint pas; étant mort a An-tioche, OU il fut empoifonné par les cnvieuXnbsp;de fa fortune.

même Faux-bourg.

A nOAlS MAFKON KAAH...

TAIOr riON BTBAON TON

HATPONA KAI ETEPrETA

EPMAI HPAKAHI

C'efl^-dire.

La Ville de Corfou confacre a Mercure ^

a

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Antiques. nbsp;nbsp;nbsp;^pf

^ Hercule , Marcus Cali..... Eyblus fils dc

Caius, fon patron amp; fon bienfaiteur.

Ce qu’il y a de confiderable dans cette In-'cription, c’eft I’expreffion du dialefte Dori-Sue, que la Ville de Corfou tenoit, puis qu’il y a en trois endroits I’A pour 1’H A noAli:,nbsp;pour H noAis. eyepfeta pour eyepfethn ,nbsp;8c EPMAI pour EPMHI,

Proche de Id, dans un Jar din.

ioyaian ©eo

ASiPAN APETHS ENEKEN ©EOIS.

C’eft une Infcription qui recommande aux Dieux lulia Theodora, en confideration dcnbsp;fa vertu.

A TINE,

d la page loo. ijc.

M N H M H

TITfi lt;Igt;AAYm EYEAniSXn KATEEKETASEN H TYNH AYTOY

C’eft un monument fait a k memoire d’un Certain Titus Flavius Evelpiftus, par Ics foinsnbsp;de fa femme.

A DELOS. d la pag. 100.

MSIAEOS MiePAAATOY

EYEP.2

N 4


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2plt;J nbsp;nbsp;nbsp;Infcriptions

ÏTEPrETOr SEAEïKOS MAPA0QNIOS rïMNASIAPXflN

Cétoit la bafe d’une ftatuë erigée au Mi-ihridate Evergetes, par Seleucus de Marathon gt; Refleur des Ecoles:

BASE RONDE,

En wn autre erJroit de Tljle^p. io6-

BAEIAEÏIS MiePAAATOr EïnATOPOS EY'

Trx....... TOT MiePAAATOr EYEPrETOÏ

AIONTSIOS nes... NOS AeHNAIOS rYWt-NASIAPXH SAS ANE0HXEN

Le Roi Mithridate , ou Mithridate dont H efl ici parlé, cft ce celebre Roi de Pont qui ü?nbsp;fi long-temps la guene aux Roniains , amp; quinbsp;fut enfin défait par Pompée. -il étoit fils denbsp;Mithridate Evergetes, qui avoit été ami amp; al'nbsp;lié des Remains, amp; cette ftatuë lui avoit éténbsp;dedice par un certain Dionyfius Athenien GyiU'nbsp;nafiarque de Delos.

Parmi les ruines du Poriique de Deloi' ^ Pag. 110.

EASiAEüS 4gt;iAinnor marea.

avoir apparemmentcontribué aux frais dequel' que édifice de Delos.

Elle eft du Roi Philippe de Macedoine, qui

Ld-mcme.

Cclle-

AioNYsior Errrxor.

J,

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Jntiquts. nbsp;nbsp;nbsp;2P7

Celle-ci efl: peut-étre du Roi de Sicile Dio-f yilus, qui fut dépoffedé de fa Couronne, 8c «jUi fut enl'uite obligé de gagner fa vie a fairenbsp;1’oiEce de Maitre d’éeoie a Corinthe.

pied du mont Cynthkn, pag, n 6-

nonAios....r

Torra i........

TOEP EAYXaN......

TON lAiaN SAPAHIAr ISIAI ANOTBIAI APnOnbsp;XPATEI AIOSKOTPOISnbsp;Enr lEPEasnbsp;2TASEOÏ TOY «tlAÖnbsp;KAEOYZ- KOAQNH0EN

¦djfés prei de la, far un marhre qmrréy en petit es lettres^

C’eft Texecution d’un vosu qui avoit éte fair i Serapis, Ifis, Anubis, Harpocrates, Caftornbsp;8c Pollux, fous la Piêtrife de Stafeus fils denbsp;Philocles, qui étoit natif du peuple d’Attiquenbsp;appellé Colonosr car la plupart des charges denbsp;Delos étoient tenues par des Atheniens,

HPAISTION MITONOS A0HNAIOS E-HOIEI

C’^eft-a-dire.

Hepheflion fils de Myron a fait cecy:

, 3joo. ans aprés Ia fbndarion de Rome;- «¦ N 5nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;menit

Myron étoit un celèbre ftatuaire dont Pline fait mention, qui vivoit dans Ie raême tempsnbsp;^ue Phidias r en'viron la 83. 5c 84, orympia-

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29S nbsp;nbsp;nbsp;Infcriptiom

avoit fait quantité de beaux ouvrages que Pao' fanias nous rapporte. Ainli il y a apparencenbsp;que fon fils Hephasftion étant heritier de fanbsp;Science, avoit fait quelqne belle flatuë a Delos dont ce marbre étoit Ie pied-d’eftail.

A TROT E, pag. 118.

DlVI IV LI FLAMINI C. ANTONIO M. F. VOLT. RVFO FLAMIN. DIVlnbsp;AVG. COL. CL. APRENS. ET COL-IVL. PHILIPFENSIS EORVNDEM ETnbsp;PRINCIPI ITEM COL. IVL. PARIA-NAE. TRIB. MILIT. COH. XXXU-VOLVNTARIOR. TRIB. MIL. LEG-XIII. GEM. PRAEF. EQVIT. ALAE Inbsp;SCVBVLORVM VIC. VII.

La derniere ligne n’eft pas moins mal-aiféc

C’eft une baf« de ftatuë erigée a l’honnetir de Gajus Antonius Rufus fils de Marcus de lanbsp;Tribu Voltinie, Prêtre de Jule amp; d’Auguftenbsp;Cacfar, dans la Colonie Claudienne d’Apri 8enbsp;de Philippi Villes de Thrace amp; Prince de cesnbsp;deux Villes. Item dans la Colonie Juliennenbsp;de Parium fur la Propontide, Meflre de campnbsp;de la Cohorte XXXII des Volontaires amp; de lanbsp;Legion XIII furnommée Gemina, Sc Commandant de la premiere aile de Cavalerie desnbsp;Scubuli, qui font des peuples ott des fortes de mi'nbsp;lice cjue je ne connois point.

a expliquer, 8c il y avoit la trois autres In-fcriptions qui ne differoient que par ces cha-rafteres VIC. VII. ou VIC. VIII. ou ViC. IX. qui pourroient fignifier Vicus Septimus*nbsp;Oi'favus, Sec. qui étoient des ruës amp; q.uartiersnbsp;dc Rome ou de Troyc, qui en qualité de

Co-

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Antiques. nbsp;nbsp;nbsp;2P9

Co'onie des Romains avoir fes divifions dc Suavtiers amp; dc nibus comme Rome même.

A GALLIPOLI, Pag. \z6.

nANTA eEOAnror THN ©rrATEPAnbsp;BITAN ANTIKAEOrS

A LAMPS A CO,

Pag. 125.

Chez Achmet Aga Pchelebi.

H TEPOrSlA

KrroN. AnoAAnNioï. apxiatpon. apis-tON. nOAEI THN. EHISHMON. HPOS. HOA AOIS ETEPrETHMASIN. EIS. ATTHN. AAEI-•PANTA. AAM. npns. KAI. nOATAAnANDE.nbsp;KAI. ASYNKPITQS. KAI. AHO XAPIEAME-NON. XEIAIA2. ATTIKH2. TH. TEPOrSIA

Cejl-a-dire.

Le Senat a honoré Cyrus fils d’Apollonius Medecin tres-babile , amp; Bourgeois tres-illuftre,nbsp;a caufe de plufieurs bienfaits qu’il en a receus,nbsp;s’en étant acquitté avec édat amp; beaucoup dcnbsp;dépenfes, amp; fans aucun reproche, amp;c. J’aynbsp;trouvé a Florence dans la Villa Stroizi uncnbsp;petire infeription d’un Cyrus Medecin dc Li-via femme dc Drufus.

CY-

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^00 nbsp;nbsp;nbsp;Infer ipt ions

CYRVS

LIVIAE DRVSr CAES MEDIC.

II peut-être que ce foit ce niemeCyrus Mc' deciii de Lampfaque; car les Grecs étoient !£*¦nbsp;plus eftimez dans Rome , amp; d’ordinaire le*nbsp;Empereurs amp; les plus grands Seigneurs de Rome ne s’en lervoient point d’autres.

jdu meme lieu.

IOÏAIAN SEBASTHN ESTI AN NEAN AHMH-TPA H rEPOïSIA TO AE EI2 TO ATAAMA KAI THN BASIN KAI THN ANASTASIMnbsp;ATTOI AAnANHMA nOIHS AMENOÏ EKnbsp;TiiK lAIiiN ÏDEP' THS EIS TOTS STEOA-NOTS EYSEBEIAS TOT lEPEilS Ti2N SE-BASTHN KAI STEOANOOOPOT TOT STMnbsp;nANTOS ATTHN OIKOT KAI TAMIOT TOÏnbsp;AHMOT TO AETTEPON AIONISIOT TOT A'nbsp;noAAONOTElMOT

II feroit difficile de la mettre en Francois-Void comment je la traduis en Latin.

yuliam Auguflum Vejiam novam Cereri confi' erat Stnatus, impenfas ver'o ad flatuam c? b^'nbsp;Jim , ejufque inttionem faciente ex fuA pecunh*nbsp;propter pitta:em in coronas Sacerdote Augtijioruttfnbsp;ac Stephanephoro totim eoritm domus er cjuejiof-^nbsp;popuU fecundum, Dionyjto ApolUnoiimi Jilio.

C’etoit la bafe d’une ftatue élevée a riion-neur de Julia Augulla.,, ou Domna fcmnield.c I’Empereur, a qiii le trtre eft ici doiiné' ft®nbsp;Vefta nova : pareeque de meme que cettenbsp;Déefte amp; fes Pretrefles appellées Veftales c'nbsp;loient les depofitaires du feu facré , dont j*nbsp;peite ou la diminution aiiroit prefage celle ft®

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Antiques. nbsp;nbsp;nbsp;301

ïa Republique Romaine , aufli vouloicnt-ils, dire que Julia ctoit la gardienne 8c la protec-Rice de I’Erapire. C’cft par cette même raifoanbsp;qu’on trouve des medailles de cette Imperatri-ce avec le revers VESTAE SANCTAE, Scnbsp;d'autres avec un facrifice de Veftales avec cet-le Infcripvion VESTA MATER.

A HERACLEA,

Appellee aujfi autrefois Perinthus. A rEglije Cathedrale, pag. 130.

ArA0HI TTXHI AYTOKPATOPA KAISAPA TPAIANOY nAP©IK.OY YION ©EOT NEPOYAnbsp;YIONON YPAIANON AAPIANON SEEASTOAnbsp;AHMAPXIKHS EEOYSIAS TOI YHATONnbsp;TO r.

C^eft-a-dire ,

A la bonne fortune v a ïhonneur de I’Empe-reur Hadrien fils de Trajan cr petit fils de Ner-va , poffedant la charge de Tribun du peuple pour la dixiéme fits, cr Conful pour la troifié-me.

Cette infeription eft citee car Selderms dans fes Marmora ArundelUana, amp;. aprés lui dans lanbsp;nouvelle edition qu’on en a faite fous le litrenbsp;de Marmora Oxonienfia-. mais il n’y eft pointnbsp;.marqué en quel lieu elle fe trouve. Seldenus anbsp;Clu quil.y faloitUie AHMAPXIKHX eeoyziaxnbsp;TO r; a'u'lieu de TO I, paree, ditdl. quenbsp;dans le troifiéme Confulat d'Hadrien , il avoitnbsp;aulTi pour la troifiéme fois le Tribunal, amp; connbsp;,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;M 7nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pas

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^o^ nbsp;nbsp;nbsp;Infcriptions

pas pour la dixiéme. Mais l’Infcription portc fans difficulté TO I, amp; il n’y a aucune con-tradition a cela , car Hadrien n’ayant étéCon'nbsp;ful que trois fois, on ne laifle pas de fairenbsp;mention de ce Confulat, routes les années qu‘nbsp;Tont fuivi. Ainfi a la dixiéme année de fonnbsp;regne amp; de fa charge de Tribun on difoit toü-jours Conful III. quoiqu’il l’eüt été fept ans au-paravant, comme il feroit aifc a Ie prouvernbsp;par des medailles 8c par d’autres Infcriptions.

La-même,

Dans Ie mm au dehors de l'Egïife, Pag. 130.

ArAÖHEI TÏXHI ArrOKPATOFA KAISAPAnbsp;A. SEnriMION SEOYHPONnbsp;ETSEBHN nEPTINAKAnbsp;ZEBASTON APABIKONnbsp;AAIABHNIKON OAPeiKONnbsp;MEnSTON H BOrAHnbsp;KAI O AHMOS TiiNnbsp;NE£2KOPnNnbsp;nEPlNeiQN

C’eft-a-dire,

'A la honne fortune er* a l'honmur dt l’E0' pereur Cefar Lucius Septimius Severus Plus Pef'nbsp;tinax Augufte, Arabtque, Adiabenique amp; PtiT'nbsp;thique, par Ie Senat cr Ie peuple des PerinthieVtnbsp;Pleocores.

A TCHOVR'

ii

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jlntiques. nbsp;nbsp;nbsp;^05

A TCHOVRLY,

Pag. 130.

AÏTOKPATOFA KAI 2APA TAION ME2I0Nnbsp;KTINTON AEKIONnbsp;TPAINNON ErXEBHnbsp;EYTTXH SEBASTONnbsp;H AAMnPOTATH AISnbsp;NEflKOPOS nEPINemNnbsp;noAis

Ceft une Infcription faite par les Perinthiens riionneur de Caiiis Meffius Quintus Trajanusnbsp;öecius Empereur Romain, comtne la préce-'iente a celui de Severe. Mais e’eft une grandenbsp;Sueftion de f^avoir ce que e’etoit proprementnbsp;9Ue ces Ne0cori, comme on les nommoit ennbsp;prec , amp; J¥.ditui en Latin. Quelques-uns veu-^ent que Ton appelloit ainfi les Villes qui a-J'oient des Temples celebres amp; qu’on difoitnbsp;on ttr Neocorus, quand il y en avoir deuxnbsp;trois. D’autres croyent que cela venoit dunbsp;¦'ombre des folemnitez amp; fetes publiques quinbsp;celebroient. AIbcrtus Rubenius fils du grandnbsp;*Jeintre Rubens, en a fait une differtation La-*'iie imprimée avec quelques autres ouvrages;

un demes amis de Venife, nommé le Doc-¦eur Nicolas Bon Candiote , nous en‘promet quot;n Livre entier qu’il enrichira amp; eclaircira a-'ec des medailles fgt;c des inferiptions antiques,nbsp;^ qui nous en donnera plus de luraieres quenbsp;¦¦otu n’en avons pas encore cues.

A COf^

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304

Infcriptmu

A CONSTANTINOPLE, Pai. 151.

Sur les miirailles qui regardent la

r.

iiYpros eEOlt;i)iAOT en

XPISTa AÏTOKPATOPOS.

Tour de Theophile Empereur en Jefui“ Chriji.

XIÏPIOS ©E04IAOY KAI MI XAHA niSTwN. EN xdnbsp;ATTOKPATOPaN

Tour de Theophile fj? Michel Emp^' Tcurs fideles en jefus- Chriji.

nrpros basiaeiot kap KaNSTANxiMOf

niSTfflN EN X« ATTpICPATOPaN.

Tour de Bafile S Conftantm fideU^ Empereurs en 'Jefus~Chrifigt;-

Sur un Porlai}.j

. nbsp;nbsp;nbsp;1nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.....

ANEKAINI20E Eni BASIAEIOY KAT

TASÏ*'

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30^

^TANTINOY T»N nOFlt;I)YPOrENNHT«N *1-•^OXPISTaN XEBA2T«N AEXnOT«N EN ttE K«gt;KA

RenouveJlé fom Bajlle (f? Conftantin f‘orphyrogenetes ferviteurs de quot;Jefui-^hrijl EmpereurSj en Fannée...... ^nekainis©h Eni manotha tot «gt;iAoxr

®ASIAEI. PaMAIOY TIs» EN NHS... KAI AT fOKPATOPOS PwMAIaN T» KOMNHNOT ENnbsp;èTEI 4gt;X0 BMB

B.enouvellé fous Manuel Empereur Remain ferviteur de Jefus-Chrift ^ fih ____ 0“ de TEmpereur Remain Com-

nene..

6.

On THS ©AAAXSHX ©PAYSMOX UAKVêt ÏPON« KAYAONI nOAA^ KAI X^OAPanbsp;•“epnymenh enexein katenaykaxe nrp-fON EK BA©P*.N BAXIAEIOX HFEIFE EY-Ï^EbHX ANA3

Cette Tour que les fecoujfes de la mer er lesfre-’{uent er uiolens orages avoient fait somber, a été ''elevée depuis les fondement far Ie ben Rot Bafi-^‘ÜS,

j I ar EN Xa AYTOKPATOPOX

Cellc-ci

nAAAioAoror


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^o6 nbsp;nbsp;nbsp;Infer tpl ions

Celle-ci eft de I’Empereur Jean Palaeolo' gue, fous lequel Conftantinople fut prifenbsp;les Turcs.

Au dejfus de la colonne de Porphyre, Conjlantinople, pag. 15Ö.

TO eEION EPrON £N0AAE lt;Igt;0APEN XPON« KAINS MAnbsp;NifHA ErSEBHS ATTOKPATniP

Cet ouvrage admirable ruïne par le temps ^ itt renoMvellé par Manuel Empereur debonnaire-

Je ne mets pas ici une vintaine de 'belled inferiptions que j’ai copiées chez Montieur Isnbsp;Marquis de Nointel AmbafTadeiir de France anbsp;la Porre, paree qu’elles ont été apporcées denbsp;differens endroits de la Gre.ce, amp; qu’elles .nenbsp;fervent de rien a la defeription dc Conftanti'nbsp;nople: outre que le volume s’en trouvefoitnbsp;augmenté plus que jc n’ai delTein de le fairelt;

EPITJPHE de PANAGIOit

Drogueman du G. S. au Convent de Plfle de Chalets proche de ConJiantinO'nbsp;pie, citée a la pag. 163.

Tw XgT

fcelrat Tlatocyiamp;na ^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;kpii-id xloc-t

Meyisc ^lecTTsp’^xvToq U o-acp^v Aepydi^

Kai ^otriXfioiq u^i(X9 s(Xi}(p0ro^

AêX*i7rorolt;3 nbsp;nbsp;nbsp;tonbsp;nbsp;nbsp;nbsp;7r^a(p$-avfjnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;v

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jintiques. nbsp;nbsp;nbsp;ygt;f

«9r5x7jj nbsp;nbsp;nbsp;*5 I^C61CUpt6}f

Ax^y nbsp;nbsp;nbsp;K ^

C'ejl-a~dire.

Cy git Ie corps de Panagioti Interprcte d’iin Empereur tres-puiffant, lequel a été en grande confideration parmi les perfonnes de merite, amp; qui a tenu fa dignité de I’Empire. I]nbsp;eft mort avant qu’avoir atteint la yieillelTe, 8cnbsp;fon ame s'en eft cnvolée dans Ie fejour desnbsp;bicn-heureux, Ie zi. Septemb. 1673.

Quoique ce tic foit pas la coütume des Grecs d’avoir des armoirics, on en a ajoüté knbsp;cettc Epitaphe, qui conviennent a fa profef-fion. L’Ecu eft de quel metal ou couleur ilnbsp;Vous plaira au caducée de Mercure pofé ennbsp;pal, furmonté d’unc tête de Leopard en chef.nbsp;Panagioti a été en grande eftime dans la Cournbsp;du Gr. Seigneur bien qu’il fut Grec de naiflan-ce 8c de religion, jufques-la qu’il fut envoyénbsp;en Ambaflade au grand Czar de Mofcovie. IInbsp;étoit natif de Chio , dont les Grecs ont unnbsp;Proverbe entr’eux , qui dit que lorfqu’on vcrranbsp;Un hommc fage de Chio, on pourra dire d’avoir vü un cheval verd. De forte qu’ayant acquis l’eftime d’être tel, on Ie nomraoit ennbsp;raillant Ic cheval verd.

A MONTAGNIA,

S^r une colonne^ p. 164. T. L.

TVSCV....

P. LOLLI M. F. SECVNDI PATRIS

Dans


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3o8 nbsp;nbsp;nbsp;Infcripiiom

Dam la même FiUt,

K. B.

AïP. lt;DAAB«NHN POrlt;lgt;EINONnbsp;EKATONTAPXONnbsp;AEZnOTATONnbsp;nPEIMOinEIAAPlON

r

XEIAIAPXON ” nbsp;nbsp;nbsp;'

OrPBANIKIANON HAIAIA KOPKIAIAnbsp;NEIKAPETHnbsp;TON ANAPA

II y a Ik plufieurs mots Latins habillez a Greqiie. Aureluim Vlavonetn, Centum milituf^nbsp;Tribunam potentijpmum , Primipilarium chiliaf'nbsp;chum Vrbanum OU Vrbanïc'tanum , Publilia Cof‘nbsp;nelia Nicitrete vintm fuum veneratut.

Cette Infcription eft confiderable en cequ’el* Ie autorife la prononciation de l’OI amp; de l’Elnbsp;comme an I fimple, puifqu’en traduifant deJnbsp;mots Latins, elle les écrit de cette manierenbsp;Pupnum Porlt;DElNON. Primipilarium nPEIMOI'nbsp;nEiAAPK)N; amp; je l’ai ttoavé de même dan*nbsp;plufieurs autres Infcriptions.

A PROV'

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Antiques. nbsp;nbsp;nbsp;509

A P R O V S A,

Pag. 164.

AtrHAis EAnr AHOOPOS ATPHnbsp;AIA XPïSOrONH ©irnbsp;TATPI MNHMHS XAFINnbsp;KAI ATPHAIA A3gt;Hnbsp;XFTTSOrONH ©rrATFInbsp;MNHMHS XAFIN

C'ejl-a-dire.

Aurelius Elpidiphoros en memoire de fa fille Aurelia Chryfogone, 6c dc fon autre fills Au-tclia Afi Chryfogone.

A THYATI-

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5io nbsp;nbsp;nbsp;Infmptiom

A T H Y A T I R -E,

Maintenant Hak-kjjpir: citée al^ Pag. 17:5.

H. BOÏAHKAIO AHMOS ETEIMNHSAN OTAniANnbsp;MAPKEAAAN THN IEEEnbsp;lAN THS APTEMIAOSnbsp;MAEKOT OïAniOr AAnbsp;MAnAPAAOSOr KAI KA

niaias baeshs ©tta TEEA EniTEAESASAN TAnbsp;THS ©EOT MÏÏTHEIAnbsp;KAI TAS ©ÏSIAS AAMnbsp;nPflS KAI nOATAADAnbsp;Nas ANASTHS AN Ti2Nnbsp;THN TEIMHN ANAEONEInbsp;KOT TOT ANAPONEIKOrnbsp;KAI STEATONEIKHS THSnbsp;MHNOTENOrS TQN ©FEnbsp;'EANTHN EK TON lAION

C^eft'è-dire.

Le Senat amp; Ie peuple de Thyatire ont hO' noré Vlpia Marcella Prêtrefle .de Diane, fi»®nbsp;de Marcus Vlpius Dama-Parodoxus amp; denbsp;nidia Baffa, s’étant aquittée des myfteres ^nbsp;ceremonies de la Déeffe amp; des facrifices avednbsp;beaucoup d’éclat 8c de dépenfes. Cette Jjatuenbsp;lui ayant été erigée par les foins 8c aux dépei®nbsp;d’Andronicus fils d’Andronicus 8c de Straton'd®

fills

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Antiques. nbsp;nbsp;nbsp;3 r i

fille dc Menogenes, qui I’ont élevée amp; nour-He.

Diane que les Grecs appelloient Artmh ', ^töit en grande veneration par toute 1’Afie mi-Oeure,' a 'caufe de fón celebre Temple qu’ellenbsp;3voit a Ephefe; amp; cettc Infcription nous faitnbsp;Connoitre qu’elle en avoir auffi un a Thyatircnbsp;dont Vlpia Marcella étoit Prêtrefle. On a trou-Vé auffi ce fragment dans la raême Villc.

ARTEMIAI OREIT...

C’eft-a-dire, « Diane habitante des monta-i»es: de même qu’en d’autres rencontres ils I’appelloient la DéelTe des bois, a caufe de lanbsp;^haffe, dont elle faifoit fon exercice ordinaire.

Celle qui fuit eft d'un même charadlere 6c d’un même ftile que celle d’Vlpia Marcella:nbsp;biais le nom de celui pour qui elle a été fail;cnbsp;cn eft efface.

Proche de la precedence fur une hafe quarrée.

A... STPATOr ArnNO0ETH SANTA TOT

fiponflAEas TÏPIMNOS EN Aosns kai e-

ftllt;I)ANr2SEN TE AE NOMAIS KAI EnlAOSE-5:IN TAIS npos THN BOÏAHN ANASTFA-t'EN TA (DIAOTEIMJiS KAI METAAOnPE-flns KAI TAS AHMOTEAEIS ÖYSIAS KAI S'POTAS AOeONSiS KAI ANYnEFKPI TiiSnbsp;ÊniTEAEANTA EN TH nANHTYPEI KOSM-^SaNTA THIt IIATPIAA EN TE TQ ©tME-•^iKn KAI TYMNn ATONI ©EMASIN ASYN-rt^PlTOS OIKO©EN KAI TEMMASIN nPOS-^APAS toys ATriNIS TAS KATASTAïitX

©EOT

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511 nbsp;nbsp;nbsp;In for ipt tens

©£Or KAI TOr nATPOS aaikianot aiI' APOS EN nASAIS APXAE KAI AEITOÏ^nbsp;riAIS KAI THEPESIAIS TnAKOTONTOS THnbsp;nATPIAI agt;IAOTEIMQS H BOrAH EKnbsp;lAIIiN MAPTïPOïEA ANESTHSEN EK HAI'nbsp;AOS HAIKIAS KAI EN AAAAIS APXAISnbsp;AEITOïPriAS AÏTOÏ HA.. E.. nNETOTNT0gt;nbsp;TH HATPIAI EniAiEAH©£NTOS ANTfiNlO^nbsp;BASSOr

Cétoit la bafe d’une ftatuë que le Senat Thyatife avoit erigé a un de fes citoyens, lt;1^'nbsp;s'étoit acquitté des charges dont on I’avoit bfnbsp;noré, avec prudence amp; magnificence , entr’aU'nbsp;ires des jeux amp; facrifices publics du Dieu Tfnbsp;rimnus qui avoir fon Temple au devant de 1*nbsp;Ville, amp;: des Fetes que le peuple obfervoitnbsp;1’honneur des Dieux; Antonius Baflus ayaf'’nbsp;eu le foin de lui élever en public cette mat'nbsp;que de I’eftime 8e de la reconnoiflance du Ss'nbsp;nar.

A THYATIRE,

Sous Ja hale du Bazar; citée h U Pag. 176.

H. KPATISTH ©ÏATEIPH NflN EOTAH .KAI2AIONnbsp;ATP. HPOKAON HPI2A ANnbsp;APA ETTENH EHI SEMnbsp;NOTHTI BIOT KAI APnbsp;XAIS KAI AEITOTPriAISnbsp;HASAIS AIA TE ATTOÏnbsp;KAI TOr TENOTS

c4‘

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AnüqtieS'. nbsp;nbsp;nbsp;515

Cefi-h-din.

Le tres'puiflant Senat de Thyatire a Ivon»-ïé Clodius Aurelius Produs perfonne de grand merite amp; d’une extradlion noble, en confide-fation de la bonne conduite de fa \ie 8? desnbsp;employs amp; minifteres publics, quiontétéexer-«ez par lui-même ou par fa familie,

A THYATIRE,

Cbsz. Fezi Chdehi: dtée h U Pag. 177.

H nATPIS

M. AïP. Ataaoxon inniKON ton aPxiw.^ PEA THS AEIAS NAliN TÜN EN nEPTAMMnbsp;kai apxiepea kata ton ATTON KAIFONnbsp;The nATPiAos kai aia biot botaapxoknbsp;Timh©enta rno ror ©eiotatot atto-KPATOPOS M. ATP. EEOrHFOr antunei-NOï SEBASTOr STNA-FAI TAS APXIEPEfl-SrNAS TOIS OEESIN EN EKATEPAIS TAISnbsp;ÏIOAESIN OTAOTIMHSAMENON ENAOSi2Snbsp;Kai MErAAOcppoNns anafa Eni [HeESinbsp;Kai EniEiKEiAi kai thi npos thn ha-,nbsp;TPIAA EÏNOIAI AIAnPEnONTA

Cefl-d-din^

T»w. /.

Patric a erigc cc monument d’honnetï \ Marcus Aurelius Diadochus Hippicus, Pon-d’Alie mineure aux Temples qui font anbsp;I*crgame, amp; Pontife dans Ie mêrae temps de

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^14 nbsp;nbsp;nbsp;Tiifiriptions

la Patrie, 8c Conleiller durant fa vic, hotior^ par Ie tres-divin Empereur Marc-Aurele Seve*nbsp;re Antonin , (c’efi-a-dire CaracnUa) des charges dn PontiEcat qu’il a données dans I nn®nbsp;üe '1’atrtre'Ville a des ptcrlbnncs intelligentesnbsp;qni s’en aqiiitteaic avec hoiincur amp; éclat: cnnbsp;icconnoi-flaiMrc jde fon merite partictilier, dcnbsp;fes bonnes inoeurs, de fa douceur, amp; de f*nbsp;¦bonne volonté enven 'k Patrie,

Le Tempte te .plas celebrc de Pergame d-toit celui d’Efculape, d’oü vient que cc Dier» cft prefqiie toüjours reprefepte dans les Medailles de cette Ville-la: amp; Diane en avoit un *nbsp;Thyatire, .comme je 1’ai déja dit.

A THYATIRE,

Chez Mufiafa Jga, Pag. 177.

TON rHS KAi .©.AAAS SHS A-ESHOTHNnbsp;ATT. KAIS. M. ATP. SEOr HPONnbsp;ANTONEINONnbsp;riA.P©. ME. nATEPAnbsp;TEPM. me. nATPIAOSnbsp;iATTOr ïtAiI THEnbsp;®OAEnS ErEPrETHNnbsp;T. ANT, AAOHNOSnbsp;APirNUTOS TOnbsp;TPITON XEIAIAPXOEnbsp;O lEPErS TOr ©Eornbsp;KAI NEnKOPOSnbsp;TOT SEBASTOrnbsp;SA-I EIIITPQHOE BEnbsp;BAÏTOT AP.KHS I

-bianhs

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Anti^uet.

C'efl-a-dire.

Au Maltre de la terre amp; de la mcr, l’Em-quot;pereur Cefar Marc-Aurele Severe Antonin {Caracalla) Parthique amp; Germanique tres-puiflant, Pere de la Patric, bien-faiteur de lanbsp;Ville de Tbyarire, amp; Ie fien en particulier,nbsp;Titus Antonius Alfcnus tres-illijftre Commandant de mille hommes poiar la troiliéme fois,nbsp;Prêtre du Dicu Tyrimms, Neocore de l’Em-pereur, amp; Procureur Imperial du Threfor dcnbsp;Libië.

Je ne prétens que de traduire mot a mot,' en mettant ce mot dc Libië: car je nc fgau-rois d'ailleurs dire ce qn’il fignifie, n’y ayantnbsp;point d’apparence qu’il derive du mot de Ly-bic , qui fignifie une Province d’Afrique, amp;nbsp;qui forme les adjedlifs Lihyfticos , ou Libyfiits^nbsp;niais non pas Lmanos,

A Tautre cêté de la Porte ^ Pag. 177.

ArA0H TÏXH Arr K. M. ATf. SEornbsp;ANT!2NEIN0N

£eb. EïS. eïtïxh T. ANT. AAOHNOSnbsp;APirNOTOS Anonbsp;TPIflN XIAIAPXmi»nbsp;Ton lAiON KïPIOMnbsp;Kai THS nOAEffiSnbsp;ItTISTHN o lEPEïSnbsp;Tor ©EOr KAI NEÜ.»

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flt;S nbsp;nbsp;nbsp;/nfcripiiofis

pereur Cefar Marc-Aurele Severe Antonin hei'; reux Sr pieux: Titus Antonius Alfenus illul''nbsp;tre après trois Commandemens de mille hom*nbsp;mes, Prêtre du Dieu Tyrimnus, honore ic‘nbsp;fon Souverain, Ie fondateur de la Ville dcnbsp;Thyatire.

A THYATIRE,

J)am la Cour de la même maifon pag. 177.

«ABIOS ZOSIMOS KATASKEtASAS e©eto Eni Tonor ica©apoï ontot nrOnbsp;THs noAEnE npos tm SAMBA©Einr

Till XAAAAIOr nEPIBOAni nAPA THN AH' JVI02IAN OAON EAïTfl EO Jl TE0H KAI THInbsp;rATfCrTATHI ATTOr rïNAIKI [AYPHAI-^nbsp;nONTIANH H MHAENOS EXON TOS ET^nbsp;por EEOrSIAN amp;EINAI TINA EISnbsp;SOPON TATTPïN OS AANTOAMHSH ^nbsp;nOIHSH nAPA TAYTA AASEI EIS MEN THI*nbsp;©ÏATEIPHNnN APrrPIOÏ AHNAPIA XElAl''^nbsp;hentakosia eis AE TO IEFOTATON TA'nbsp;MEION AIS XEIAIA HENTAKOSIA TEIKO'

menos rnET©rNos ehs2©en Tni th5

TTMBnprXIAS NOMni TAYTHS THS Efll' ri'AOHS ETPAOH AHAA AY£i ON TO ETE'nbsp;PON ETE0H EIS TO ^^PXEION ETENETOnbsp;en TH AAMOPOTATH ©YATElPHNnN EfO'nbsp;AEI ANQtnATni KATIAAini SEBHPni Mfï'nbsp;NOS ATANAIOT TPIS KAl AEKA THI EHQnbsp;MHNOOiAON IOYAIANOT AHMOSION.

Cela veut dtre.

Fabius Zofimns ayaat fait achapt d’un

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jdntiqueS. nbsp;nbsp;nbsp;5:17

'lïeil I’a mis dans un lieu pur, au devant de la ytlle, au lieu appellé Sambathseum, dans Ienbsp;jardin du Chaldéen, joignant Ie cheniin pu-Wlc, amp; ]’a deftiné pour lui amp; pour fa cberenbsp;tpoufe Aurelia Pontiana : en forte qUe per-fönne n’ait Ic pouvoir de mettre quelqu'autrenbsp;dans ce monument. Que fi quelqu’un étoitfinbsp;bardi que de Ie faire, amp; de paffcr enquelqu’au-^te fa^on nos ordres, il fera obligé de payer' anbsp;la Ville de Thyatire mille cinq cens deniersnbsp;d’argent, amp; au tres-facré threfor public deuxnbsp;Jnille cinq cent: devenant outre cela coüpa-ble de laloi concernantle violement desTom-oeaux. Ayant été au refte fait un double denbsp;tette infeription, dont 1’un des originaux a é-fé mis dans les Archives. Fait dans la tres-lllulire Ville de Thyatire, lorfque CatiliusSe-^erus étoit Proconful, Ie 13. du mois Aud-^aee , fous Menophilus Popularis fils de Julia-

gt;1US.

II y auroit dequoi faire ici un aflfez grand com* ïnentaire: mais je me contente de rcmarqueinbsp;deux ou trois chofes. Le mot denbsp;eft rare. Hefychius expliquenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, /»-

*(gt;ê'ériif \)tKpagt;, qui dépoüille les tombeaux: 8e Meurfius fait mention au liv. i. de fes Anti-quitez des Lacedemoniens, d’une Venus fur-bommée Tymborichos, qui étoit adorée par-tni eux. Le mois Audmtn qui eft ici marqué,nbsp;b’eft pas moins fingulier. Les Macedoniens a-^oient un mois appeüénbsp;nbsp;nbsp;nbsp;qui répondoit

* nótre Janvier, amp;c c’eft apparemment le mê-tne que l’Audnffien que ceux de Thyatire fui-^oient, amp; que d'auires appellent |Le Proconful dont il elt^ici parlé étoit celui denbsp;fACe mineurc, amp; le même fans doute qui futnbsp;Conful fous Hadricn , i’an de N. S. iio. Sc quenbsp;'et Erapereur avoit fait Gouverneur de Syrië,.

O 3 nbsp;nbsp;nbsp;corn-

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3fi8 nbsp;nbsp;nbsp;Infmptiom

comme dit Spartien. II eft appellc dans lesF^fquot; tcs Catilius Severns. Menophilus étoit Ie Ca-pitaine ou Gouverneur de la Ville, qu’ils aprnbsp;pelloicnt Snaugou

A THYATIRE,

Sur um Colonne^ dam. un des Kans,

Pag^ 178.

IMP. CESAR VESPASIANVS AVG. PON' TIF. MAX, TRIB. POT. VI. IMP. XI If-COS. VI. DESIG. VIL CENSOR VIA^nbsp;FACIENDAS CVRAVIT;

AÏTOKPATQP OTEZnASIANOX SEBASTOS APXIEPEïX MEFIXTOS AHMAPXIKHS EEOÏ'nbsp;2IAS TO 9 AÏTOKPATÜP TO-IF. DATH?nbsp;HATPIAOS ïnATOS TO 5- AnOAEAElF'nbsp;MEN02 TO-Z TEIJtEHTHZTAS OAOTSnbsp;BOlBXXSr

CeJa veuf dire,

L’Empereur Cefar Vefpaficn SouvetainPori' tife, joüilTant de la puilTante de Tribun diSnbsp;peuple pour k fixiémc £ois, proclamé Empe-Peur OU General d’armée treize fois, ConfLi''nbsp;pour la fixicmc, defigné pour la feptiémc,nbsp;Ccnfeur, a fait faire les grands chemins.

Nous en trouvames encore d’autrcs a Thya-' tirc que je referve pourquelqu’autre occafion »nbsp;me contentant de donner ici les Infeription*nbsp;qui portent les norns des Villes, ou qui (et'nbsp;ventquelque peu a Ia connoilTancc de leursnbsp;amiquitez.

A SMYR-

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Antiques, y nbsp;nbsp;nbsp;J ïP'

A S M Y R N E,

Au Cimetiere des Armnisns y Pag. ï'84-

ArAOHI TYXBl

ter AAMnroTATH kai MurtonOASt kai Tpis NECKOPa TON SEBASTSIW. KATAnbsp;Ta AOTMATA THS IEPQTA TftX- ÏÏTKAB-ïor rMXPiïAÏS2N.....

Le refte a été cffacé pout y écrire 011e Ept* ^sphe ë'un Ann-enien, amp; Ion 11e void dan»nbsp;tecy que Jes titrcs qu’oa donnoit a la Ville denbsp;Smyrne, dc trcs llluftre, de Mctropok, fqa-'’oir de l'Afie Proconfulaire , 8c quclquefoisnbsp;^aêrne dans les medailles- on la nomnio-it lanbsp;Premiere d’Afic de méme qu’Epliefc. Dansnbsp;*n medaillon de I’Empereur CSfacalIe, qucnbsp;i’ay copic dans le Cabinet du Comie Mofcap-a Veronc, elle y cft nommée la premierenbsp;*n beauté 8e en grandeur: amp; quclques Infcrif^-lions citées dans le livre de Marmora Oxo-Hienfia lui donnent la tnême qualité. Ce medaillon a dun cêtéla léte dc Caracaïïa en buf-k avec ceskltrcs A. K. M. AYP. ANT«NEiNOSnbsp;^ au revers une couronne de chefnc avec cesnbsp;Paroles cMïPNAlOH HPaTON A2IA2 T.nbsp;^EaKOPCN TllN EEBASTGN KAAAEI KAInbsp;lUEFE©! Eni£TPA7.H. TlEEPlOr KAI KPH-1’APiOr c’ell-a-dirc , fgt;mjrrisoru.m primorumnbsp;•Afii ter Neacerorttm Auguftorum pukhritud'tntnbsp;^ nagnituiiine ftd Tiberio ©• Cretarlo tnilhi*nbsp;t^tLpoPitis. Voyci auiii Maim. Oxon. pag. 47,nbsp;^ 1^6.

A SMYR-

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^iö nbsp;nbsp;nbsp;Infer ipt ions

A S M Y R N E,

même lieu que la précedente Pag. 184.

01 eETOTATOI ATTOKPATOPES SEOYHPOS KAI ANTliNEINOi KAl SAFES SMYPNAIOlSnbsp;El KAATAIOS POYlt;I)INOS O nOAElTHS Ï'nbsp;MQN O AIA THN nPOAIPESIN H SÏNE2'nbsp;TIN Eni nAIAEIA KAI TON EN AorOl^^nbsp;STNEXHBION THN HFOKEIMENHN TOlSnbsp;20lt;I)ISTAIS KATA TAS ©EIAS TQN HPO'nbsp;rONON HM£2N AIATAEEIS ATEAEIAN T^I*nbsp;AEITOTPrmN KAPHOÏMENOS ÏMQN Af'nbsp;TON EKOTSm ANAFKH nPOKAAOrMENfiï*nbsp;XOESTH THN STPATHFIAN KATA TO HPO?nbsp;THN HATPIAA lt;Egt;IATPON THN TOYN ElSnbsp;TA AAAA MENEIN AHPArMOSYNHN A'nbsp;KEINH TON AÏTO AIKAIOTATON ESTll}nbsp;or TAP AEION TO ANAFI THN EIS XMA^'nbsp;«•lAOTEIMIAN TENESTAI ZHMIAN KAI MA'nbsp;AiSTA taïtHn tmun AiTorNTiiN rn£*nbsp;AYTOr THN XAPIN

eytyxeite

EHFESBEYEN AYF. ANTONEINOS KAI At-AIOS SHHPATOS,

C'ejl-h-dire»^

Les tres-divrns Empereurs Severe amp; Antoquot; iiin, a ceux de Smyrne. Si Claudius Rufip^'*nbsp;v6ire citoyen, lequel a caufe de fonnbsp;tion aux études amp; I’art Oratoire, eft diipen*^nbsp;des charges publiques felon les divines Conn''nbsp;tutions etablies par nos anceftres, eft ne^''^'nbsp;moins obligé par une necefliic indifpenfabl^^

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Antiques.

i v6tre requifuion , d’accepter Vemploy dc’ Gouvernenr; faites done en forte qu’il ne foitnbsp;pas trouble par d’autres occupations, commenbsp;i! eft jufte ; car ce feroir une chofe iildigne dcnbsp;lui que I’afFeclion qu’il vouS porte, Inr devintnbsp;Un fupplice, puifqiic c’cll: vous-mêmc qui a-\n demandc cette grace pour lui. Bien voiunbsp;foit. Les deputei on été Aurelius Antonius,nbsp;amp; vï.lius Speratus.

II y en a encore fept ou hull autres dans ce Cimetiere, qui ont été donnécs au public dansnbsp;Un petit livre d’un Anglois nommé M. Thomas Schmidt, intituléfeptem Eccltftarum'nbsp;¦Afumincrii: raaisj’ay dequoi Taugmenter d’u-ne fois autant d’lnfcriptions, que je referve a'nbsp;quelqu’autre volume, j’ajoute feulement cesinbsp;deux autres.

C E R C Ü E I L

Au jar din d' Achmet Aga.

JiAPKOS lt;nABI02 MAPKOr OABIOr n02-TAAEPIA inNIOS ETIiN KA

Marcus Fabius fils de Marcus Fabius de la Tribu Galeria, lonien, age de 21. ans.

On dit qu’on trouva dedans un cafquc amp;Ies autres armes d’un Cavalier, mats routes dcnbsp;Guivre comme j’ai dit a la pag, 18 p

A S M Y R N E,

A la Mofquêe qui ed dans Pendos da •vieux Chdteau, pag. 182.

l^EQKOrOS SMÏPNAinN AHMOS ITEIMH-o 5 nbsp;nbsp;nbsp;SES

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mfcnptions

SEN MAPKON ATTIAION EPAAOYA TOISE AN(?lïnATON EniMEAH©ENTOS AïAPKOtnbsp;AïPHAIOï nEPHEPOr TOr Eni xaN O-nAüN STPATHEOr

Ceji-a-dke::

Le people Neocore de Smyrne a honoré Marcus Attilius Bradua Proconlul, parlesfoinsnbsp;de Marcos Aurelius Ferperus Commandant denbsp;Ia Milice.

Mareut jiuHm Bradua fut Conful 1’an de N. S. loS. fous l’Empire de Trajan, comrocnbsp;on 1’apprend par les tables Confulaires amp; il ynbsp;en eut un autre de même nom fous Commo'nbsp;de l'année de N. S. 185. qui étoit peut-ctre lenbsp;petit fils du precedent.

Infeription citée h la psege i8p.. d Pen' droit OU étoit autrefois A/e-tropolis.

ATP. TEPTXAAIAJUOS AHOAAONIOT.... a. ‘

W... ra..

A EPHE'

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A E P H E S È,

s, la ports du Chdfeau ^ pag. ipj.

H BOïAH ETELMHSÉK naHAlON AIAIjON «PAAnbsp;BlANOK-AnOAAOAQnbsp;I’ON ASIiENAIOK «IiIAOnbsp;Ao’rON t'o AE MNHnbsp;MEION KATErKETASENquot;nbsp;riODAlOS AIAIOS 4gt;AAnbsp;BIAWOS XOJAOS Onbsp;AAEAlt;Igt;aS AïXOr XH

Pr ache (ks Mazures du Pemfkde ne, enckv-ée. dahi les TMrbres d’m per-'nbsp;tail ancien pag. 1^)5*

TO MtïHMElOBf n. OlfHAïaï abaSKantöS «TEaTfiBOXi OrHAMJS ABASKAWTOS. NE^-ÏEPOS ZHl OïHAlA ,2B KpïKAA Zm OX^-AIA NEIKOnOAIS amp;C. '

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Infcriptions

Abafcantus Ie jeune; dont l’on void encore l^c-des fragiuens avec fes charaflere^ Latins P* VHDIVS ABASCANTVS IVNIOR. L’Irv-fcription. eft plus longue que je ne la metsici ¦¦nbsp;mais comrae elle étoit alTez Haute amp; cti petitenbsp;lettreje ne pus pas en copier d’avantage,nbsp;ma viië étant trop fatiguéc de ce que j’en a-vois dechtfFré. Le refte n’eft poiirtant que desnbsp;noras de la tnêtne familie , dont il paroit a lanbsp;mème Portc plufieurs fragmens Latins, coiH'nbsp;me ceux-ci. P. VED. NICEPH. VEDIAEnbsp;P. F. PAVLLINAE.... S. S. P. F. PAEDE-ROSamp;c. Ciceron fait mention au livre 6.nbsp;de fes Epitres d’un Publius Vcditis qu’il avoitnbsp;vü dans-ces quartiers-la, lorfqu’il étoit a Lao-dicée. n dit que c'étoit urt ami de Pompée,-mais du refte grand fourbe, amp; qui avoit mê-me une grande familie: Ainfi ce peut être unnbsp;de ceux dont il eft ici parlé, ou du moins denbsp;la même familie, car Ciceron ne dit pas fp»nbsp;furnom.

ufü même lieu.

....ACCENSO ,.KENSI ET.ASIAE.

Quelques-itns de ceux qui ont fait des rela' tions d'Ephefe rapportent comme un mot en'nbsp;tier ACCENSO RENSI: ce qui n’eft pas denbsp;ia raaniere, 8c ce feroit même un- mot baibi'nbsp;rc amp; inconnu. jiccenp éroient les Officiersfu'nbsp;balternéS' des- Juges, 8c qui citoient les- partiesnbsp;at comparottre; 8c„. RENSI eft la fin.denbsp;que mot que je ne f^aurois devioer,.

.A dtiii

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jfntiquts.

A deux: lieuës d'Ephefe fur Ie chemitt de Scala-nova: fur un Aquedue qui al-lolt d, Ephefe: pag. 1P4.

DIANAE EPHESIAE ET IMP. CAESA-RI

APTEMIAI E4gt;ESIA KAI ArTOKEATOPl AVG, ET. TI. CAESARI AVG. F.

KAIEAFI SEBASTÖI KAl TIBEPIM

ET CIVITATI EPHESIORVM CAIVS-

KAI AHMOI TON EOESIiiN TAIOS SEXTILIVS P. F. VOT.

2EETIAIOX nonAior ïios oroTorpu POLLIO CVM OFILLIA A. F.nbsp;noAAiJiN xrn oo-eaaia aïaot errA*

TPl

BASSA VXORE SVA ET C. ,

BASSHITH EAÏTOÏ rïNAlKI KAI TAiai; OFILLIO PROCVEO F- SVOnbsp;G«)iAAini nPOKAni toi eattoï tiojnbsp;CETERISQVE LEIBEREIS SVEISnbsp;p r

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^ï6 nbsp;nbsp;nbsp;Infcriptiom

KAI TOrS AOinOIS TEICNOIS

PONTEM DF SVA PECVNIA FACIVPÏ-

DVM CVRAViT,

THH rE4gt;ïrAN EK T£2N lAIQN ANEöH^

KEN

Ceite Infcription efl; en Latin amp; en Grec, amp; voici comment jc la mcttrois en Francois.

A l’honneur de ls Diane d’Ephefe, de I’Em-' pereur Cefar Augufte, de Tibcre Cefar fonnbsp;fils, amp; de la Villc des Ephtlicns, Cains Sex-tilius Pollio fils de Publius, de la tribu Vetu-ria, avec fa- femme Ofillia Baffa fille d'AuIus»-Caius Ofillius Proculus fon fils Se fcs autrcsen*nbsp;fans, a fait ik coirfaCTéle Pont de ccr Aqiic-due a fes propres frais amp; dépens.

Diane d’Ephefe étoit celebre eomme nouJ avons dit, non feulcment dans- la Ville d’E-phefe, mais auffi dans toute I’Afic mineureJnbsp;Voici une petite Infcription des hahitans denbsp;Miletopolis, gravée fur ane lampe qni a peut-ctre autrefois fervi a quelque Temple que'nbsp;cetre i Déeffe asoit dans ce lien la: mais 1*'nbsp;lampe eft prefentement dans Je cabinet d’anti-qoitez de Monfienr Bellori, dont j’ay parld ^nbsp;la pag. Z3P. ‘

A RO x\fE,

APTEMIX Elt;l!EcmN STTïXOïX AAEaANAPOrnbsp;MEIAHTOnOAEITON

Miletopolis étoit fine Ville entre Cytiftlte amp;la Bithynie proclie du mont Pyndax, com-

JC*

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jfnftqusr. nbsp;nbsp;nbsp;5:27-

me tcmoigne Stephfinus ByzAntinus, amp; Euty-ches Alexander pourroit être Ie nom de celui ^ui avoit dedic la larape.

A ROME,

Sur une frife ^ h la Fiïla-Matthev.

AlfiN lt;PIA0204gt;02 Elt;{gt;ESrOZ EnOlEI

Igt;ion Philofopht Ephejitn , dönt Sthenmt a'volt fait quelque ftatuë, ou quelque, monumentnbsp;d’honneur qu’on lui avoit drelFé, n’eft pointnbsp;dans la lifle des Philolbphes dont Diogcnenbsp;Laërce a décrit la vie, ni dans celle d’Euna-pius: amp; Suidas park de trois perfonnes Hluf-tres de ce nom, dont l’un étoit de Syracufe-^ fuivoit Ja Philofophie de Platon , Ie fecond;nbsp;de Nicée qui a écrit l’hiftoire Romaine, amp; Ienbsp;troijiéme de Prufa Philolbphe amp; Orateur ce-Jcbre, connu fous Ie nom de Dio Chryfotlo-

»JUS.

L'Infcripiion fuivante rfeft pas hin dt

P J^ueduc dl^Ephefe dont mus avom parlé.

Sur unc bafe quarréc,

«AAIAAAN ©rrATEPA M. AYPHAIOï ANTQNEINOrnbsp;KAISAF02 SEEASTOT,

Cétoit une bafe de ftatuë erigée a l'hon-lieur dc Fadilbi fillc de rEmpercur Mate Au-

iele,

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2.a,8- nbsp;nbsp;nbsp;ïnferipticns

rele, qu’Oiflavius Strada dit être inorte pTp' che du Mout Taurus, quoique Capitoiin drfcnbsp;que ce fut Faufline la jeune, femme de eetnbsp;JEmpereur qui mourut la', amp; ne fafie aucunenbsp;mention d’une fille de Mare Aurele qui aitnbsp;porié ee nom. On apprend au eontraire qu el-le a furvecu a Marc Aurele par ce qu'en dit'nbsp;Herödien, lors qu’il décnt la vie de Commode amp; la conjuration de Clearider qnc perfonnonbsp;n’ofoit déeouvrir a ce Prince, Sc qui alloit e-clatter ft fa foeur Fadilla n’eut cu la hardieiienbsp;de s’aller j etter a fes pieds Sc de lui reprefentei'nbsp;Ie danger qu’il couroit lui Sc tons eeux qu*nbsp;lui appartenoient, s’il ne donnoit promtementnbsp;ordre d’arrêter 1’Auilteur de la conjuration*nbsp;Herödien ajoüte qu'étant tout épouvanté dcnbsp;eet avis, il envoya promtement querir Clean-der Sc lui fit coiiper la tête fur Ie champ, cenbsp;qui appaifa Témdtc des foldats qii’il avoit ga'nbsp;gnés a fon parti.-

^ P E RG A M Er

rAION ANTION AYAON lOYAION AthOi YION KOYAAPATON AIS YHATON Atlnbsp;©ïnATON ASIAS SEnXEMOYIPOYM EAOÏ'nbsp;AONUN OI'ATPEM APOYAAEN nPESBEÏ'nbsp;THN KAI ANTISTPATHEON KAP BElSt'’nbsp;KIAS nPESBEYTHN ASIAS nPESBEYTHI*nbsp;SEBASTON EnAPXIAS KAnnAAOKlASnbsp;ANeYDATON KPHTHS KYnPOY nPESBEÏquot;nbsp;THN SEBASTON STPATHEON AYKIAÏ^nbsp;KAI HAMOYAIAS nPESBEYTHN KAI AN-TISTPATHEON aytokpatopos nepoyaSnbsp;TPAIANOY KAISAPOS SEBASTOY TEPM-^nbsp;NIKOY AAKIKOY EOAPXIAS SYPIAS »nbsp;BOYAH KAI O AHMOS TQN nPSPTSlN NEf^'nbsp;KflPSiK nEPrAMHNON TON EYEPTETHN

E0l

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ANASTASEQZ

Antiques, tni MEAHGENTHN THSnbsp;TQN STPATinxnN

C'efi-a-dire.

A rhonnear de Cajus Antius Aulus Julias Quadratus, qui fut Conful par deux foisnbsp;( dans les Fa/les il n efi ncmme quune fois Con~nbsp;ftsl I'an de N, S. 105. fous Trajan : rnais ilnbsp;il avoit iti auparavant (bus Domitien Confulnbsp;Suffeólus) Proconful d’Aiie, un des fept Inten-dants du banquet des Dieux, Frcrc Arvale,nbsp;Envoyé amp; Lieutenant General de Bithynie»nbsp;Lieutenant de i'Empereur dans I'Afie amp; dansnbsp;le Gouvernement de Cappadoce , Proconfulnbsp;de rifle de Crete , Lieutenant Imperial denbsp;Cypre, General d’arraée dans la Lycie amp;nbsp;Eamphylie, Envoyé amp; Lieutenant General dcnbsp;I’Empereur Nerva Trajan Cefar Auguite Ger-lt;nbsp;itianique öc Dacique, dans Ic Gouvernementnbsp;dc Syrie: le Senat amp; le Peuple de Pergamenbsp;honorant leur bicn-faiteur de cettc ftatue, Scnbsp;Ics foldats ayant eu le foin de la faire drefler*

A L AODICE'E,

Citée h la pag, top.

TITQI ICAISAPI ZEBASTOI OYEZnASIANfit ïnATii TO i AÏTOKPATOPOS 0Eor otes-IlAEiANOr Xini KAI TCI AHM£1I NEIKOS-TPATOS ATKIOX TOX NEIKOSTPATOÏ TOT-TON TON AI0ON EK TQN lAIQN ANE0H-KJEN TA nPOZAEI-i-ANTA TOT EPTOT TE-AEIQ2ANTOZ NEIKOSTPA TOT KAHPONO-MOX AXTOY KAGIEPQZANTOS AE TOTnbsp;TPAiANOr XQT ^OrnATOT

C-#

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Infcripüms

Ccfi-a-dirt»

A rhonneur de l’Empereur Tite Ccfar Vcf-pafien Conful pour la fcptiéme fois, fils du Divia Erapereur Vefpafien', amp; i Thonncur dunbsp;Jeuple, Nicoftratus lilamp;de Ludas Sc perft fil*nbsp;de Nicoftratus a mis cettc pkrre a fes frais ^nbsp;dépens. Le reSc' de Touvrage ayan-t éténbsp;par Nicoftrattis fon herirkr, Ik: confacré p**nbsp;Trajanus Proeonful; fiu piurreit Uns U-Trajan^jtti fut enfuite Empereur: c*r il avoffnbsp;titj'u iié Confut fom DomuitJt.

A LAODIC

MNBMA MONOMAXïAÖN AOOINTilN rnCf APXlEPEÏiS KAI ST£iIiAJ-iHlt;)OPOÏ AICKA£'nbsp;Ors roï AIOKAEOrS. tot JSiHTPO*gt;nbsp;Aor

CPétoit un raaibre mis en Tnemoire de quel-ques combats finguliers qu’avoit donné aU People DiocLcs fils de Drocles, petit fiis denbsp;Mctrophilus Pontife ik Prêtre courotmé.

Stephaniis fait mention de qxurtre Villes qui portoient le nom de Laodicéc, Jont il y ennbsp;aa'oit une dans la Syrië, une autre dans laLy*nbsp;die, une troifiéme dans la Lycaonie, ik unsnbsp;d’ans la MeJie, Cellc de k Lydtc dont nousnbsp;avons parlé- fci, ctoit auffi nommée pour knbsp;dift'inguer des atttres, Laodicean Ehririonbsp;OU ad Ljciem , AAOAïKEIA nPOS AYKfll .nbsp;comrae en fait foi cettc Infcription quej’aynbsp;trouvée chez un Sculptcur du Palais Earbe-lirn '

A RO-

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jlntiqmi.

A R O M Ey

fOPVLVS LAODICENSIS A. F. LYCO J’OPVLVM ROMANVM QVEI SIBI '

Salvtei fvit benefici ergo QVAE SIBEI BENIGNE FECIT-

O AHMOS O AAOAIKEnN TCin UPOS AïKfll TON AHMON TOMnbsp;ïnMAItlN TETENOTAnbsp;iïiTHPA KAI ErEPTETHiT

C'ejl-h'dire.

Le Peuple de Laodicée qui cfl: auprés dB ®euve Lycus rewercie par ce Monumeiït ]enbsp;peuple Roraain, pour le fecours 6c les bien-faits qu’il en a rcceus.

A S A R D I Sy

AïTOKPATOPA KAISAPA 0EOT

aapianoï ïion ©Ear tpaianox

ïlaNON t. AIAION AAHANON ANTEtNINON ETSEBHN SEBASTONnbsp;AHMAFXIK-HS EEOrZIAS B. ïnATÖNnbsp;ÏPITON HATEPA HATPrAOS H BOÏAHnbsp;O AHM02 TÖNnbsp;SapAIANÖN ETIMfïSEN HPSAnbsp;ÈrNWAS AïTOr XAPIN

Le Senat 8c le Peuple de Sardes ont voulu 'ci honorer comme un Heros 8c comme leurnbsp;Men-faiteur 1'Erapereur Cefar Tkus- iEliusnbsp;Hadrianus Antoninus Pieux 8c Augufte, filsnbsp;du diviD Hndrien'8c petit fils du divin Trajai\,

iotiii-

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Infcrlptions

joüiflant dc la puilTance du Tribunal poi’’’^ feconde fois, Conful pour la -troiliérae gt; ^nbsp;Fere de la Patrie.

A SARDIS,

Sur la porte du vieux Chateau.

Q. nANAPISTE BnKONTlE ... SAIS ATEAETTONnbsp;EPrON E0I. .. AniSnbsp;TON E©I nONHSAMEN..

Comme cette Infcription eft imparfaite j® n’cntrèprens pas d’en pénetrer Ie fens. J’y r®!nbsp;marqué feulement Ie mot de BSiKONTIE, q®*-eft pris du Latin Vocontie: amp; qui autorife 1*nbsp;prononciation du B. comme un V Latin,

Ld même fur une colonne.

?lAH TIMflArS ETEIMH2EN EK TÜN IAI£iN TIBEPION KAISAPA

Phile Timoüs, ou peut-être habitante dtt Tmolus , a honoré a fes dépens I’Emperedtnbsp;Tibere Ccfar.

L’Hiftoire nous apprenJ que de fon temp* il y eut un grand tremblemcnt de terre a Saf'nbsp;des, Philadelphe amp; autres Villes voifmes, ^nbsp;qu'il leur fit donner des fommes confiderabl®*nbsp;pour fe rétablir, d’ou vient qu’on lui fitnbsp;medaille , qui porte au revers cette InfcdP'nbsp;tion , CIVITATIBVS ASIAE RESTITV'nbsp;TIS, amp; peut-être pour cette même raifon gt;nbsp;cette femme dont il eft ici parlé, voulut doU'nbsp;ner une marqué de fa rccounotflance anbsp;Empereur.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j ¦

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Antiqutt. nbsp;nbsp;nbsp;j 3 5

A PHILADELFHE.

ÏANGinnHN AKTAA MNHMHN BIOT ÜA-r£A£2KEN

Bomü teimhsas eemnota thn aao-

XON

fiAPeENOS HS AnEATEE MITPHNHS fl-PION AN0OS

ESXEN en HMITEAEI nATEAMENON ©A-AAMni

TPEIS TAP En ElKOEIOrS TEAEQSE BIOM ENIAÏTOrS

l^AI META TOTS AE ©ANEN TOYTO AI-norsA «PAOS

C’eft un Monument qu’un certain Aquila *voit drefle a fa femme Xanthippe, qui étoitnbsp;jhorte fan-s avoir en des enfans, amp; agée fen-lement de 13. ans.

A HIERAPOLIS.

AnoAAnNi APXHrHTEi

.Apdlo Archegttes, comme ft nous difions Ie ^rince ’ou Ie Condudeur , étoit auffi adorénbsp;'lans rifle de Naxos, oü ceux de Clialcis luinbsp;^oient drefle un Autel , comme rapportenbsp;a hucydidc au commencement du livre fcizic-»ac.

Au mime Ucu»

TOYTO TO HPnON STEfANOI

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Le Corps des Teinturiers honort amp; couronne monument de ct Herojs.

II y a plufieurs fourccs d'eau chaude a HiP' rapoUs, amp; ces caux dit Strabon au liv. xiij-fa Geographic, étoient merveilleufes pour i*nbsp;teinture des laines, en forte qu’on en teignoj^nbsp;a vee des racines, d’une fi belle couleur, qu’eJ'nbsp;Ie ne Ie cedoit pas a celle de la pourpre öcnbsp;I’ccarlate.

Au même lieu.

«AAorios zEïsrs EprAST«s

HAEirsAs ïhep maaean eis

JTAAIAN nAOAS EEAOMHKONTA AïO KATESKETASEN TO MNHMEIOHnbsp;EAÏTO KAI TOIS TEKNOIS OAA

orifl ©etaoto KAI oAAorm

©ETAAKAm AN EKEINOI ETNXnPHnSIN

C'efl’h-dire.

Flavius Zeuxis maltre ouvrier devant fail® voile au delk du Gap Malée en Italië avec 7^'nbsp;batimens s’eft choifi un monument, 8c i i®*nbsp;Hls Flavius Theodorus, amp; Flavius Theud*'nbsp;Meus s’ils s’y veulent accorder.

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Antiques. nbsp;nbsp;nbsp;33 f

A M I L E T,

appellee maintenant Palatcha: a la Page ziz.

IE 0 r A H aquot;

IH wATEO

AEHI

ora

AriE

lt;Igt;rAASON

THN nOAIN MIAHSIamp;-N

KAI «ANTAS TOTS KATOInbsp;KOTNTAS

EHIO

Ta/A

AriE

O-TAATON

THN nOAIN MIAHSION

KAI HANTAS TOTS KATOInbsp;KOTNTAS

-

3

4

TAHOIwE nbsp;nbsp;nbsp;_

HOTlAwE

Hior ai AE

ATIE

lt;I)TAA'SO N

THN no A IN MIA-HXI«N

KAI HANJAS TOTS KATOInbsp;KOTNT AS

lOTa-

AEH

ATIE

lt;tgt;TAASON nbsp;nbsp;nbsp;^

THN no AIN MIAHSI«N

KAI HANTAS TOTS KATOInbsp;KOTNTAS

IHE-

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Infcriptions

5 or anbsp;AEHInbsp;AriE

4gt;Y AAEON THN no AINnbsp;M1 A H C I « Nnbsp;KAI nANTACnbsp;TOYC KATOInbsp;KOYNTAC

Et au deffbus de ces cinq Inferipttens'-

APXArrEAOI «tYAAccETAI H nOAIc MIAHCI*|Nnbsp;KAI IIANTEC OIKAT.

Cette infeription eft une efpece de Talifin**! 4e ces anciens Heretiques qu’on appelloitnbsp;filidiani ou Gnoftiques, qui trouvoient degr^P’nbsp;myfteres dans les lettres du mot de Jehova»nbsp;'qu’ils cachp.ient fous les fept voyelles Grecqu^nbsp;AEHlOYü difFeremment tranfpofées amp; repetc^nbsp;'ici jufqu’a dix fois: Ie mot de AriE qui leiu'^nbsp;Ie confirme: 8c ainfi j’interprete chaque cfnbsp;reau de la meme forte Jehova fa'm confervtnbsp;Ville de Milet or tous fes habitans; amp; ce quinbsp;au deflbus, b Archariges, qut la Ville de A/j”nbsp;t?* tous fes habitans foient confervez.

Ce font les mêraes Heretiques 'qui noih' jnqient auffi Dieu Abraxas , dont lesnbsp;priles felon la valeur des nombres qu’elles Bg^f

foient, compofoient celui de 365. nbsp;nbsp;nbsp;-

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j/intiquf,s. nbsp;nbsp;nbsp;537

foient être autant de vcrtus amp; d’intclligences divines. Chifflet en a fait imprimer un Traiténbsp;fort curieux , oü l'on void les difFerens types,nbsp;fous lefquels ils Ie reprefentoicnt, tantót com-me l’Anubias des Egyptiens, amp; quelquefoisnbsp;corame un Monftre avec une tête de coq 8cnbsp;deux ferpens en place de pieds, 8c Ic mot d’A-bpasas écrit autour. Pont ne pas me fervirnbsp;de ce qui fe trouve dans ce curienx traitégt; jenbsp;produiray ici une piece qui a été inconnuc anbsp;l’Autheur. C'eft une belle Amethyfte quenbsp;Monfieur de Thou avoit apportéc du Levant,’nbsp;8c dont j’ay trouvé Ic deflein parmi les Memoires de Monfieur dé Peiresk, 8c qui ne fe-ra pas mal a propos pour nous faire connoitrcnbsp;la bizarrerie de ces Heretiques.

Cette figure reprefente mJcM l'Anhange ; prefque de la maniere que les Payens reprc-fentoient leur Mercure, avec des alles a la têtenbsp;amp; aux talons. II tient de la main gauche 8cnbsp;foule aux pieds un Dragon, 8c porte une cou-fonne de la main droite. Ces principaux membres font écrits en particulier de Carafteresnbsp;¦Grecs, dont les mots qui en refultentfontnean-moins Hebrcux ou Chaldaique, felon que cesnbsp;Heretiques avoient coütume de Ie pratiquer.

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55S



AEHIXJYUJ BH I DYIUA

HÏIIYIIIAE ï DYIUAEHnbsp;DYUJAE H I

Y UJAEHI D

lUAEHIDY

en


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Antiques. nbsp;nbsp;nbsp;555

EN VOICY L’EXPLICATION.

Sur la poitrine amp; U ventre.

Le Seigneur des Armies,nbsp;majeflénbsp;caches dansnbsp;la lumiert du feiinbsp;la Pefjejpannbsp;de fa divinise ,nbsp;la force de lanbsp;IA MIX AH A lumiere, Michel.

Sur le hras droit.

A BP Am nbsp;nbsp;nbsp;Abraham

N i K A M A P Nicamarien.

Sur le hras gamht,

£ESAf’ nbsp;nbsp;nbsp;Sefae

SEN nbsp;nbsp;nbsp;nofn

BAP nbsp;nbsp;nbsp;du fils

3)APANTHS^(e Pharan

Le prophete Jcremie nomme Babyl«nc Sc-fac.

Hans la Couronne,

I’exaltation de fon peuple.

Su- les jambes,

P A O A H A Raphael IASOÏHA lafouel

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34^ nbsp;nbsp;nbsp;Infmpims

Les Lettres du Revers fcnt les fept Voycl-ks fept fois repetées, que j’ay déja remarqu^ exprimer tacitement k nom de Jehovtt. Gru-terus dtc une Infcription femblablc, a la finnbsp;de celles qu’il produit comtne fuppofées, la-quelle il dit avoir été gravée fur une plaque denbsp;metal qu’on trouva fur la poitrine d’un fquelettenbsp;qui fut découvert dans «n ancien tombeau pro-che d’Engouléme; amp; ne pouvant deviner ccnbsp;myftere des fept voyelles, il s’imagine que ce-la n’avoit été mis que par raillerie amp;c pour ex-ercer l’efprit des curieux qui viendroient a knbsp;découvrir; mak par la confrontation de cclks-la avec celles^cr, qui font repetées de mêtnCnbsp;amp; tranfpofées fept fois, il eft certain que cenbsp;n’étoit autre chofe que cc nom de jehova,nbsp;qu’on avoit voulu mettre fur la poitrine de cenbsp;mort, qui avoit peut-êtrc cté un de ces He-retiques. S. Irenée au premier livre de fou ou-vrage contre les Payens, dit que les Seftateur*nbsp;de rheretique Marcus cachoicnt les myftcrcsnbsp;fous des lettres Grecques, appropriées a cha-que membredont les mots.étoient Hebraïques',nbsp;comme les fuivans qu’il] rapporte, Bapma gt;nbsp;Eacabafa , Eanaa., Irraurijia, dy arbada, caeff'nbsp;taha, febor, Camelanthi, qu’il interprete, Bienbsp;quodefl fufer omnem virtutempatris invoco, quoinbsp;•vocasur lumen V fpiritu; CTquot; vita, qucniam incor'nbsp;pore regnalii. Ncanmoins fon Commentateurnbsp;Fen Ardentius, dit que ces mots ne font ninbsp;Hebraiques, ni Grecs, ni Chaldaiques, ni Sy'nbsp;riaques, ni Arabes, mais phitot des nomsnbsp;monftrueux amp; barbares. Et cn effet il s’ennbsp;trouve plufieurs dans des Jafpcs, Agathes oUnbsp;Onyces antiques , avec des mots tout-a-f*4nbsp;extravagans, aulfi bien que les figures.

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AntiqueSr

Au même Ikii.

KAï Tor Arior MAPTTPüS oNHSinnor

C'eft quelque refte d’lnfcrfption d’un ancica Chrétien 6c Martyr Onefippus, qui ctoit peac-étre enterré a Milet.

A ASKEMKALESl, p. zij.

AFASHS METABOAHS TÓXtO TO MNKf-MEION AÏ2IMAX0Y TOÏ TETBAKIX XTOI-BAS TOYTOr ME O EEOYSI MOT TA TEKNA AOrSIMAXOS KAI KOTAPTA KAl TA ESnbsp;AïTflN rENNH0HSAMENA TEKNA £iS TEnbsp;KAI rONIAS KAI O TAMBPOS MOTAEQNnbsp;APTEMEISION O EniKAAOïMENOS lASflKnbsp;OIKONEI MEN MEIAHSIOS ®TSEI AE lA-EEïS TOTTOr AE ETEPOS QIAEIS ME0E-EEIO... TE SrN TENETS MOT OTTE ESilTI-KOS TIS EI MH TI ETEP£i TieESOMAI ETElnbsp;M... TOS H TA TEKNA MOT H O TAMBPOSnbsp;Mor O nPOFEIPAM MENOS KAI STN XOPH-SaSIN TINI TE0HNAI O AE HAPA TAÏTAnbsp;'rOAMHSAS H BIASAMENOS AliSEI EIS

Men ton kaisafos «piskon ahnafia XEIAIA OENTAKOSIA eis AE THN...,Ar-Tos AE ENOXOS

C’eft iin monument fait pour un certain Ly-Cmachuï pour fon fits, pour fa fille, 8c les cnfans qu’iis avoientou pouvoicnt avoir, pournbsp;fon beau pere, 8c pour fon gendre appcllénbsp;Won lils d’Artemifias habiiani de Milet öc na-P 3-nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tif

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^42^ nbsp;nbsp;nbsp;Injcriptions

tif de JaJfus: qiii eft cettc même Ville oü fe trouve cette Infcription , parmi des mafuresnbsp;^ue les Turcs appellent Askemkallefi, cornmenbsp;nous avons dit k lapag. zii. Le refte de Tin-fcription amp; la defenfe qui eft faite de mettrenbsp;dans ce tombeau, foit quelqu’un des pareus,nbsp;foit quelqu’autre étranger, i moins que cesnbsp;fils OU fon gendre n’en donnent la permiffion:nbsp;amp; ccux dit-il qui en agiront autrement ou fe-xont quelque violence pour cela, donnerontnbsp;au Threfor ou Fife de 1’Empereur mil cinqnbsp;cens deniers.

A MELASSO.

Infcription de la Colonne qui efi è ïé

Pag, 214.

O AHMOS MENAN APON OïAlAAOrnbsp;TOT ET©YAHMOrnbsp;EÏEPrETHN THSnbsp;nATPIAOS KAInbsp;EE ETEPrETSlNnbsp;TErONOTA

C'eJl-^-dire.

Le peuple a fait ériger cette Colonne poor honorer Menander fils d’Uliades, petitnbsp;d’Euthydemus; ayant été le bien faiteur de fanbsp;Patrie , amp; defcendu de plufieurs qui lui ontnbsp;fait aufli beaucoup de bien.

Euthydemus, un des plus puiffans Citoyeo?

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Antiques, nbsp;nbsp;nbsp;^4^

de MylalTa, amp; tres-excellent Orateur, vivoit au temps de Jules Cefar: ainfi fon petit fitsnbsp;Menander peut avoir vecu fous Tibere amp; Caligula, amp; par confequent I’lnfciiption feroit denbsp;ce ternps-la puifqu’elle y fut mife pendant fanbsp;vie. Vous pouvez voir la delTus ce que Stra-bon a dit d’Euthydenius dans fa Geografie li-vre XIV. ce qui eft une preuve que la Ville denbsp;MylaiTa dont il park la, eft la mêtne quecellenbsp;qui s’appelle maintcnant Melaflb, qu’on s’eftnbsp;trompé de prendre pour Mikt; commc nousnbsp;avons dcja dit a la pag. 114.

EXPLICATION

Des Planches de Medailles antiques ^^fer-vant a la confirmation de ce qui a été avancé dans le voyage de Grece denbsp;Levant ifi ala connoijfance des anti~nbsp;quez de chaque lieu.

Elks font toiites de cuivre.

Planche I.

JAy park a la pag. 53. desOthons decnjvre, dont j’alTure menic d'en avoir vu bon nom •nbsp;bre: ce qui m’oblige de donncr Ic deflein desnbsp;deux pins rates que j’ayc vus , amp; qui n’ont pasnbsp;encore été gravex , quoique plufieurs Autheursnbsp;en aycnt produit avcc ks revers d’lfis, de Se-rapis, de AtArnNEiTON, ou fimpkment denbsp;S. C. dans une couronne. Jc n’ay pas cru nc-celfaire de faire graver leur tête, qui eft fcra-blabk a celles qui ont les revers dont jc viensnbsp;dc paikr,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;P 4nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i. La

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544 nbsp;nbsp;nbsp;Explication

1. nbsp;nbsp;nbsp;La premiere eft done le Revers d’unemedaille d’Othon, que j’ay apportée de mon voyage. Elle a autour de la tête en lettres ^nbsp;moitié rongécs mapk, o©«nos kais. seb.nbsp;amp; pour type du Revers une tête de femmenbsp;voiiée amp; couronnéc, qui a derriere, le cadu-céc de Mercure, fymbole perpetuel de la paixnbsp;qu’elle reprefente, comine les lettres mêmesnbsp;EIRHNH qu’cn y entrevoit le confirment.nbsp;Cet Empereur vouloit par la faire entendre aunbsp;peuple Romain, que fon élevation fur le throne lui apportcroit une paix heureufe danstoutenbsp;1’étenduë de fon Empire, ce qu’il leurexprima

- aufii dans la medaille Latine qu'il fit battreavec CCS eharafteres PAX ORBIS TERRARVM.nbsp;Galba fon prédecelfeur n'en avoir pas moinsnbsp;fait efperer , car il y a une medaille fcmblablenbsp;de cet Empereur avec un même revers, quenbsp;j’ay vüe a Zara chez M. le Comte Antonionbsp;Soderini.

2. nbsp;nbsp;nbsp;La feconde eft un autre revers d’Othotinbsp;encore plus rare, que le fleur Dominique Ba-beli Venitien, qui l'avoit apportée avec d’au-tres du grand Caire, me permit de crayonner,nbsp;ne me Tayant pas voulu vendre pour vingtnbsp;pilloles que je lui en offrois. Elle eft parfai-tement bien confervée, amp; ce revers eft tout-a-fait extraordinaire. Celt une figure de femme vêtuë qui porte de la main droite une petite viftoire, amp; dela gauche un Trotée , avecnbsp;ce mot KPA2IS, qui fignifie In Moderation denbsp;TEmpèreur Othon au milieu de fes viétoiresnbsp;amp; de fes trofécs: car outre qu’il avoit depof-fedé Galba de I’Einpire, il eut encore troisfoisnbsp;Ia victoire contre les troupes de Vitellius: maisnbsp;la quatriéme bataille lui fut fatale, ayant éténbsp;lurpris fous le pretexte d'unc entrevüe, ce qui

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des Medaillés. nbsp;nbsp;nbsp;^4f

füt caiifc qu’i! fe tua lui-même bien moins par defefpoir, que par un fentiment dc compaf-5««. innbsp;fion, de tant dc foldats qui feroient tuez i hOtk9».nbsp;guerre; s‘il s’opiniatroit avouloir difputerTEm*nbsp;pire a Vitellius. Le mot de KFASIS peutnbsp;auffi fignifier le temperament ou la temperance, mais celui de moderation convieni mieuxnbsp;au type qiii accompagne I’lnfcription, amp; n’cftnbsp;pas même nouveau dans les Medailles, car onnbsp;en void une de bronze de 1'Empereur Tiberenbsp;avec un revers MODERATION!, 6c une lê-te au milieu d’un bouclier,

Le 3. amp; 4. rond eft la tête amp; le revers d’u-Be medaille de \’Heroine Nauficaa fille du Roy ¦ Alcinous, dont j’ai pailé a la pag. 77,C’eEunenbsp;tête i ajoüter aux portraits deshommes 6lt; femmes illultres tirez de l’antique, que Fulviusnbsp;Urfinus, Theodore de Galles êcCaninius nousnbsp;ont donnez , dont je peux tnême augmenterlenbsp;rornbre de pliifieurs lêies qui leur ont été in-connuës, comme de celles de Pythodoris Reine de Pont, de Pyrrhus, des Philofophes Xe-nocrates amp; Theon, amp; de quelques autres. Lenbsp;Revers dc Nauficaa eft des Mytiknéens MT-TIA. Eni STPA. lEFOKA. C’eft a dire, lorf-qu’ils avoient pour Commandant ou Generalnbsp;ae la milice un certain Hirocles. La figure denbsp;femme afllfe eft celle de Sappho, que ceux denbsp;Mytilene, parmi lefquels elle étoit née, repre-fentoient dans leurs medailles, comme Juliusnbsp;Pollux 8c Ariftote le remarquent, amp; commenbsp;celles que nous trouvons encore dc ccife Iftenbsp;nous en font foi. La Lyre qu’elle tient a lanbsp;main le confirme aufll, car c’étoit la marquénbsp;des Poëtes Lyriques, entre lefquels elle a ex-cellé. Urfinus dans fes portraits de» hommesnbsp;llluftrcs, produit une medaille qui a d’un cóténbsp;P 5nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I»

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34'^ nbsp;nbsp;nbsp;Explication

h tête de Sappho, amp; de I'autre un Polype, amp; les raêmes lettres MïTIA.

Ceux qui fouhaittent de voir les medaille» qu’on trouve de I'lfle de Corfou, n’ont qu’anbsp;fe prevaloir du Livre intitule Hiftoria di Corfptnbsp;du Chevalier Marmora, imprimée a Venile,nbsp;oil il y a pourtant quelque chofe a dire I'ur desnbsp;medailles qu’il a gravccs, amp; quine fe trouventnbsp;point avec les revers de KOPKTPAinN, commenbsp;Ic Germanicus, I'Othon amp; le Gaiba: maisj’cf-pere qu’il corrigera ecla dans une feconde édi-tion a laquellc il travaille, amp; qu’il augmentcnbsp;de 'beaucoup de defleins.

5. nbsp;nbsp;nbsp;amp; 6. Eft une medaille de I’lfle de Tine,nbsp;appellée autrefois Tenos; dont nous cn trou-vames la quatre ou cinq des reftes d’un pleiiinbsp;vale qui s’y étoit découvert prés de la Citadelrnbsp;le. Elle a d’un cóté la tête de Jupiter Ham-mon, qu’on reprefentoit avec la corne de Be-ïier, amp; de l’autre une grappe de railin, fym-bole de la fertilité du pays, amp;particulierementnbsp;des vignes. TH eft k commencement denbsp;THvion'.

6. nbsp;nbsp;nbsp;8, Eft une autre medaille antique de ceuxnbsp;de Tiné, laquelle a d’un cóté la tête de Neptune , qui étoit particulierement adoré dansnbsp;cette Ifte, oè il y avoit un Temple celebrc,nbsp;auquel fe rendoient une fois 1’année ceux desnbsp;Ifles voilines, pwur lui confacrer une Fête fo-lemnelle, comme dit Strabon au dizieme livrenbsp;de fa Geographic. Le revers eft le Trident denbsp;ce Dieu avec deux Daiifins amp; les lettresnbsp;THNi«ir, qui marquent de même qu’a la pré-cedente, qu’ellc étoit de ceux de l’lfle de Tienbsp;»é.

PtANCHE II.

I. La premiere cfl Ic revers d’unc medaille

frappee

É

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des Medailles. nbsp;nbsp;nbsp;547

fappée par ceux de 'Zante, dont la téte eft un Caracalle. La figure qui eft reprefentée de ccnbsp;c6té avec Ie mot de ZAKYisi©itlN eft un Bacchus qui tient de la droite un railin, amp; de Janbsp;gauche fon thyrfe ou baton entrelacé de Jierrenbsp;ik de pampres: de forte qu'on peut juger parnbsp;la , qiie c'eft depiiis fort long temps que cettenbsp;Ifle a été fertile en bons vins, amp; favoriféc danbsp;Dieu Bacchus.

z. La feconde eft une medaille de ceux d’Abidos, qui reprefentoient dans leurs reversnbsp;Heros Sc heander , dont Ie Poète Mufée a chan-té les amours. Outre leur nom qui y eft écrit,nbsp;on void Leander traverfant Ie détroir dcl'HeJ-lefpont a Ia nage, pour aller voir fa JVIahrefTenbsp;qui demeuroit a Abydos du cóté de TAfie, 8cnbsp;lui a Seftos du Cóté de 1’Europe. Le détroitnbsp;n’a la qu’une demi lieuë de large. Cela n’eft:nbsp;pas difficile a un bon nageur, mais ilfaifoit celanbsp;de nuit, amp; il avoit befoin de lumierc; aufïïnbsp;voit-on ici Hero au deflus d’une Tour, quinbsp;tient un flambeau a Ia main pour lui fervir denbsp;guide; mais le Cardinal de Maximis avoit unnbsp;beau medaillon de Severe avec un revers fem-blable d’Abydos, oü ce n’eft pas Hero qui tientnbsp;le flambeau, mais un petit amour qui voltigenbsp;au deflus de Leander.

3. 4. La troifiéme eft une medaille de grand bronxc, qui a d’un cóté la tête de l’Amaxonenbsp;Smyne, avec fa double hache, qu’on lui en-trevoit derriere lepaule. C’eft elJe qu’on efti-moit avoir fondé 8c donné fon nom a la Villenbsp;de Smyrne. La tête du revers couronnée denbsp;Tours feprefente celle de Thyatirc. Ainfi iJnbsp;faut lire l’infcription des deux cótex conjointe-ment SMïPNAtQN OMOyon» ©rATEIPHNfiNnbsp;Eni AnOAINAnor, ce qui lignifie concerdenbsp;OU alüance, dt cettx de Sinyrni avet (eux dt

P 6 nbsp;nbsp;nbsp;pya-

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54® nbsp;nbsp;nbsp;Explication

Thyatire, dans le tempi qu ApoU'tnarius étolt Gouverneur en cette dernicre. Apollinarius é-toit coufin dc Titus Antonias Alfenus, dontnbsp;j'ai rapporté quelques infcriptions, amp; fon nomnbsp;étoit auffi Alphenus Apollinarius, comme onnbsp;J’apprcnd par une autre belle Infcription qucnbsp;les Teinturiers avoient fait graver a fon hon-Jieur. Ils vivoient 1’un amp; 1’autre fous l Empirenbsp;de Caracalle, amp; par confequent la medaille eftnbsp;de ce tems-la ou environ.

Mais au fujet de cette medaille, il taut que je votis dife ce que je fgai des Alliances quenbsp;ces Villes d’Afie mineure contradfoicnt enfem-ble, amp; particulierement celles de I’lonie, denbsp;la Lydie amp; de la Carie, trois Provinces con-tigues. Comme les Empeteurs Remains leurnbsp;yermcttoient de vivre felon lews Loix , ils nenbsp;trouvoicnt pas mauvais qu’ellcs s’alliaflent lesnbsp;unes avec les autres, amp; qu’elies entretinflentnbsp;une bonne corrcfpondance, pour fe fecourirnbsp;mutuellement cu cas de befoin. Les Livres nenbsp;nous difent prefque rien 14 deffus, mats cequenbsp;nous en f^avons, nous ledevons aux medailles.nbsp;Void la iilte de celles que j’ai reraarquécs ennbsp;\ifitant les Cabinets des Curicux, amp; en ayantnbsp;eu inêrae quelques-unes en mon pouvoir. Jenbsp;ne doute pas qu’il ne s'en trouve un plusnbsp;grand nombre, amp; particulierement dans lenbsp;Cabinet du Roy: mais ceci fervira d'échantiWnbsp;Ion , amp; donnera peut-etre a quelqu’un la pen-fde dc rcchcrcher tout ce qui s’en peut rcncon-ircr.

Alliance de Thyatire C7' de Smyrne.

IMTFNAiaN ©TATEIPHNAN OMONOIA.

Au revers d’une tére qui reprefente le Sacré Senat , iepa xrNKAHTOS. Elle elt gravéenbsp;dans le Thefaums dc M. Patin cliez qui je I’ai

vdc.

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des Medailles. nbsp;nbsp;nbsp;J49

vAc. Je la croi du même temps que cellequc uous avons citée ci-dellus.

Alliance de Smyrne avec Perinthut,

XMTPNAIUN OMONOIA nEPINQIAN Enj MENEKAEOrS.

Menedes eft Ie nom du Gouverneur de Pe-rinthus. C'eli Ic revers d’un Gordicn, moycQ bronie, a Lyon chez M. Dufour.

Alliance de Smyrne avec Efcfe.

SMïPNAinH EOESIQN OMONOIA,

Avec deux temples, au revers d’un CaracaL ie. Chez M. Patin. Voyez fon Thcfaurus.

Alliance de Smyrne avec Pergame.

SMÏPNAICN nEPFAMHNQN OMONOIA.

La mêmejM. Falkner a Smyrne en aaaffiun medaillon de Caracalle, oü il y a de plus En.nbsp;cYP. FEMINOT. Eiculape debout amp; une figurenbsp;couronnée de Tours affife. Item un autrc medaillon avec 3, figures, Efculape cntre deuxnbsp;Déefifes.

Alliance de Smyrne, Pergame e? Efefe,

SMYPNAIflN nEPr. EOtEEION OMONOIA:

Diane d’Efefe entre Efculajfc amp; l’Amazone Smyrne. Revers d’un medaillon d’Antonianbsp;Pie, chez la Reine de Suède a Rome.

Alliance d' Hierapolis avec Smyrne.

lEPAJIOAEITaN SMïPNAmN OMONOIA.

Revers d’unc Otacilia Severa, moytn bronze,

Alliance d'Ephefe avec Sardif.

E'PESiajï KAI EAPAIANSiN OMONOIA.

P 7 nbsp;nbsp;nbsp;Deux

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5 f o nbsp;nbsp;nbsp;Explication

Deux figures qui fe donnent la main. Rc' vers d’une Medaille du grand bronze dcnbsp;Reine de Snede , de 1’Emp. Marc-Aurele.

alliance d’Ephefe V Bierapolis.

EdiESmN KAI lEFAnOAEITSiN OMONOIA.

Revers d’une medaille de Commode, grand bronze, chez la Reine de Suede.

Alliance d’Ephefe avec Cyziqtie.

E4)EXmN NESlKOrnN OMONOIA KïZIKH-NüN.

Diane avec une figure niië debout. Revers d’unc medaille de grand bonze d’Antonin Pie.

Alliance d'F.phefe avec Tralles.

E4gt;ESII2N B. NEIiKOP. TPAAAIANHN OMONOIA.

Diane d’Ephefe avec Jupiter qui eft aftis; au Revers d’une medaille de Lucius Verus.

Alliance d'Ephefe c/ de Pergame. Elt;Igt;EXinN nEPEAMHNnN OMONOIA.

Diane amp; Efculape, au revers d’une medaille de Gallien moyen bronze, chez M. Falkncr anbsp;Smyrne.

Alliance de Pergame ev d'Ephefe. nEPrAMHNON EOESIDN OMONOIA,

Un Chariot tiré par deux Centaures, fur le-quel eft affis un Jupiter qui porte a la main line petite Diane d’Ephefc. Revers d’un medaillon de Commode. II y en a un autre dcnbsp;ce même Empereur avec les mêmes charaifte-res, mais il s’y lit de plus En. STPAiiAnioï.nbsp;ou plutot n. Annior koinon , amp; pour typenbsp;deux figures dont 1’une eft d’un homme demi

veto ,

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dti Medailles. nbsp;nbsp;nbsp;5ft

vêtfl. «lui tient a ja main droite une Juno Pronuba, amp; 1’autre eft comme d’un Herculenbsp;nud qui porte auffi de la droite la Dianc d’E-phefe, gravé dans Odiavius Strada.

Alliantt de Mikt v d'Ephefe.

AlEIAHcIfiN KAI EOEcIÖN OMONOIA.

Venus 8c Diane avec fes deux cerfs. Revers d’un medaillon de Fauftine la jeune. 11 y en anbsp;un autre prefque feniblablc, avec la mêine in-fcription, de Lucius Verus, dans Ie Cabinetnbsp;de M. Morofmi a Venife.

Alliance de Cos avec Milet,

KQflN MEIAHClilN.

Efculape amp; Venus, qu’on adoroit dans ces deux Villes. Revers d’un medaillon d’Antoninnbsp;Pie, delïïgné par M. Patin a Padoüe.

Alliance de Laodicée avec Pergame.

AAOAIKEQN nEPrAMHNÜN OMONOIA.

Revers d’un medaillon de Marc-Aurele j cheïJa Reine de Suede a Rome.

Alliance de Laoiicèe avec Ephefe.

AAOAIKEON EOESinN OMONOIA.

Jupiter avec Dianc amp; fes deux cerfs. Revers d’une Otacilia Severa medaillon, parmi lesnbsp;dcffeins de M. Morel a Berne.

Alliance d'Alicarnaffe avec Pergame. AAIKAPNACCEflN KAI...... SEHT, *AAOY.

Apollon amp; F.fculape, dont Ie dernier fe met ordinairement pour Pergame, ainfi quoique Ienbsp;mot ne s’y life pas, je ne donte pas qu’il nenbsp;1'y faille fnppléer. Revers d’unc medaille denbsp;grand bronze de Caracalla amp; Geta qui fe re-

gar-

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Explication

gardent. A Rome au Cabinet du P. Kirker. jill'tance d'Antioche fur It Meandrt avec Efheji.

ANTIO........ EOESmN AIS NEiiKOTilN.

Diane d’Epliefc entrc deux figures affifes ^ terre, dont Tune reprcfente la rivieredeMean-dre. Revers d'un medaillon d’Antonin Pie gra-vé, dans Odavius Strada.

Alliance de Selga avec Laetdemone.

CEArEQN OMONOIA AAKEAAIMONinN.

Pallas amp; Hercules qui facrifient, 8c un fer-pent qui s’eieve fur l aiitel. Revers d’un medaillon de Trajanus Decius, parmi lesdeffeiiv» de M. Patin. Quoique Selga fnt dans la Pifidiefnbsp;die etoit Colonic des Lacedemoniens, com-Bie dit Stephanus de Byfance. EeAyij, a-óAi? tti-

, «.Tceix.®^

Alliance de teodicée er de Sinyrne.

AAOAIKEQN cMïPMAinN OMONOIA,

L’Empereur debout entrc deux figures de femmes vêtuës. Revers d’un medaillon denbsp;Marc-Aurele: a Zara, chez le Comie Sode-rini.

Alliance de Smyrne avec Nicomedle, 2MÏPNAIQN NEIKOM OMONOIA.

Deux figures couronnees de Tours qui fc donnent la main. Revers d’un medaillon denbsp;Marc-Aurele. A Conftantinople, chez M. lenbsp;Marquis de Nointel,

Alliance de Smyrne amp; Magnefie,

Dans une infeription du terns de Seleucus Callinicus, qui eft niife la premiere dans Icnbsp;livre inütulé Marmora Oxonienfia: oil il y a

UB

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^es Medailles.

SB grand Comtncntaire qui l’accompagne.

Alliance de Pares avec CyzJqae.

Dans un autre inarbre que j’ai copié a Veiii-fe a la Cour du Palais Grimani, qui contier.t une grande Infcription Grequc. Je reprcns iMnbsp;medailles de la feconde planche.

La cinquiéme eft Ie revers d’une medaille de Caracalla, qui a Icnom de Patras COL. A. A. PATR. Colonia Augufim Aroë Patrenfis,nbsp;avec Diane qu’ils adoroicnt la fous Ie furnomnbsp;de Laphria; voyez ce que j’en ay dit en par-lant de cctte Ville-la , au Tomc II. pag, 5.nbsp;£cc.

6. nbsp;nbsp;nbsp;La fi.'tiéme cft Ie revers d’un Commode,nbsp;qui reprefente Ie Port de Patras avec une fta-tuë qui étoit a 1'entrée, amp; une efpece de cenbsp;portique ou arcades dont j’ai parlé a la p. 6.nbsp;Tom. II,

7. nbsp;nbsp;nbsp;La feptiéme cft une Fauftinc jeune clieznbsp;Ie Comtc Molcardi a Vcrone avec Ie reversnbsp;AEAOGN, amp; Ie Temple cckbre d’ApoIion quinbsp;étoit a Delfes. La ftrudltire n’cn paroit pasma-gnifiquc, amp; on n'y void que cinq colonnes:nbsp;auffi fuis-je fort periuadé quoiqu’il fut fort ce-lebre, qu'il n’étoit pas bien grand, veu Ie peunbsp;de te:re-plain qu'il y avoit a Delphes, amp; Janbsp;difficulté d’y porter des materiaux.

8. nbsp;nbsp;nbsp;La huitiéme eft un Geta avec ce reversnbsp;d’un Cupidon qui a fon flambeau renverfé, iknbsp;Ie mot de cIKTsNIaN , qui nous apprendqu’el-le avoit été frappée par ceux de Sicyon , dontnbsp;nous avons parlé a la pag. 179. Tom. II.

Planche III.

Cettc Planche a une medaille de chacune des fept Eglifcs, S{ uae denbsp;nbsp;nbsp;nbsp;au pied

dmnoat Éipylus.

I. La

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5 nbsp;nbsp;nbsp;f4nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Explication

I. La premiere eft un Alexandre Severe Tnoyen bronze, qui a pour revers ©yateiph-NHN, qui marque qu’elle a été battue parnbsp;ceux de Thyatire, quoique la Louve qui al-laite Remus amp; Romulus foit le fymbole ordinaire deRomc: mais e’eft peut-être un traitnbsp;de leur flaterie, pour exprimer leur bonheiirnbsp;fous la domination Romaine. On trouve autfinbsp;qu’Antioche a quelquefois mis dans les medailles ce mcme type.

La feconde eft une Tranquilline prcfque de grand bronze avec I’lnfcription cMTPNAinNnbsp;r. NEJlKOPSiN POYflNOT. cO(lgt;l. Des Smyr-neens Neocores par trois fois, fous le Capi-tainc de la milicc Rufihus. La figure qui ac-compagne I’lnfcription eft celle de 1’AmazonCnbsp;Smyrne, qu’ils rcprefentcut avec la tête cou-ronnee de Tours comme Fondatricc de leurnbsp;Ville, tenant un petit bouclier en demi-Lune,

6 nbsp;nbsp;nbsp;une hachc a deux tranchans que les Latinsnbsp;appelloient bipennis, qui étoit I’armure ordinaire des Amazones.

3. La troifierae eft le revers d’un Valerian Pere, que M. Whcler a dans ion Cabinet,nbsp;de même que d’un Gallien que pofledcnbsp;Diifour, amp; d'un Saloninus fils de Gallien qufnbsp;j’acquis a Smyrne: car dies ont routes troisnbsp;ce même revers EipEcmN KAYcTPOc, avecnbsp;la figure appuyée fur un pot qui verfedc 1’eau,nbsp;amp; qui reprefente comme I'lnfcription en faitnbsp;foi, la riviere du Cayftre qui palfe prochcnbsp;d’Efefe, comme nous avons dit plus ample'nbsp;nient i la page ipz.

4- La quatriéme eft un Geta avec les revers d’Efculape, qui avoit un Temple eelebre anbsp;Pergame, amp; de fa fillc Hygieia qui tient unnbsp;ferpent a la «tain, Sc le mot dc iiEPrAMH-

5. L*

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des Medailles. nbsp;nbsp;nbsp;3 ff

'5. La cinquiéme cft un revers de Commode grand bronze, que Ie feu Cardinal de Medicisnbsp;me fit voir dans fon Cabinet. Elk eft dtsnbsp;Laodicéens Neocores AAOAIKEOil NOOKOPaN ,nbsp;avec Ie type amp; I’infcription qvii fe trouvequel-quefois anx medailles Latines FELICIAnbsp;TEMPORA, mais écrite en Grec Eïttxeicnbsp;KAïroi, par laquelle ils vouloient faire con-noitre Ie benheur qu’ils avoient fousl’Empiredenbsp;Commode dans toutes les Saifons de 1’année,nbsp;qui font reprefentces par quatre jeunes hommes. Le Printeraps porte une corbeille denbsp;fleurs : l’Eté une faucille pour moiffonner:nbsp;l’Autorane une corbeille de fruits amp; carefTc unnbsp;chien de chaffe.- l’Hyver tient un lievre dcnbsp;la main gauche, pareeque cette Saifon eftnbsp;propre pour la chaffe du lievre, d’oü vient quenbsp;yirgile dit:

Auritóftjue fequi lepores, turn figert damas,

vc.

Cutn nix aha jaeet, glackm cum fiumina tra., dunt.

Horace en dit « peu prés autant, Epod, II. Cette Saifon eft aufli reprcfcntéc vêtuë pour fenbsp;garantir du froid. Et nous avons a Lyon unnbsp;bas relief dans l’Ifle Sainte barbe, oü ie trou-?ent les quatre Saifons reprefentées prefque denbsp;la même maniere. Je 1’ai cité dans mes anti-quitez de Lyon pag. 198. Tout incommodenbsp;que fut 1’Empereur Commode , il ne laiflbitnbsp;pas de trouver des fiatteurs, qui lui vouloientnbsp;perfuadcr que le monde ctoit fort heureux fousnbsp;fon regne, car outre cette medaille le mêmenbsp;Cardinal de Medicis m'en fit voir une de mêmenbsp;grandeur avec cette belle infeription dans unenbsp;couronne, que ceux de la Ville de Nicée a-voyent gravée afonhonneur, baciAEtontocnbsp;KOMOAOr o KOCMOC ETTEXEI KIKA1E12N.

6, La

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3 f lt; nbsp;nbsp;nbsp;Explication

6. nbsp;nbsp;nbsp;Lï fixiéme eft iin Marc. Aurefe fte bronze , qui a pour revers un tenaple de Pbiladel-phe; OU 1'on découvre Apollon, 8c autournbsp;i’/nfcription lt;igt;iAAAEAlt;fgt;EnN Eni ErrENETor,nbsp;qui fignifie que ceux de Philadelphe 1’avoientnbsp;frappce, lors qu’ils avoient pour Gouverneurnbsp;Eugenetes. Eile eft dans Ie Cabinet de M. Ienbsp;premier Prefident de Paris.

7. nbsp;nbsp;nbsp;C’eft Ie revers d’nne Tranquillinc denbsp;grand bronze, clrez M. Falkner a Smyrne quinbsp;a autour de la tête «ppor. tpanktaaei-NA cEB. Fruria ou Furia, car il ie trouve é-crrt des deux manieres dans les medailles,nbsp;Tranquillina Augufta, 6c de i’autre cöté uncnbsp;Urne d’oü fort une palme. EITI lOïA. EPMO-eiAOr AP. XrrSAN©INA SAPAIANSiN. Ainfinbsp;c’eft nnc medaille de la Ville de Sardes, qui avoitnbsp;celebré dans cc temps la, les jeux appelleznbsp;Chryfanthina fous Ie Pontificat de Julius Her-mophilus, Le même Cabinet de Monlieur Falkner poftede un medaillon de Caracalle, avecnbsp;un fcmblable revers, 1’urne d’oü fort nnc pal-me, amp; ces mots. En. AN. POïlt;lgt;or. APX. A.nbsp;TO. r. XPrZAN01NA ZAFAIANSIN B, NESl-KOPS2N. C’eft a dire, Antonio Rufi primonbsp;Pontifice lertid-vice , Chrifantina certamina ha-bita apud Sardianoi [ecundo Iftocoros, Voyez ccnbsp;que dit fur ces jeux le livre Marmortt Oxonieifnbsp;fior, au troifiéme marbre.

8. nbsp;nbsp;nbsp;Eft le revers dune Philippe fils, qni re-prefente un Apollon affis, avec ces lettresEnr.nbsp;ATP. TATIANOOr. B. MAFNHTnN Smt.nbsp;Ceux de Magncfie au pied du mont Sipilusnbsp;I’avoient frappée lorfqu’ils avoient un Aurelius Tatianus commandant pour la fecondenbsp;foil.

Plan-

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diS Medailles,

Plancke IV.

I. i. Une têtc couronnée de Tours qui rc-prel'ente la Ville de Phocée éiüCEA: amp; poHr revers ofiKAiEfiN, une petite barque, annbsp;delTus de laquelle fe voyent les deux étoiics fenbsp;les deux bonnets de Caftor amp; Pollux, pournbsp;marqucr les heureufes navigations de ces peu-ples, qui ont été les premiers a voyager furnbsp;iner amp; a fonder des Colonies dans les pays é-loignés, témoin noflre Ville de MarfeilJe, quinbsp;leur devoit fon établiflement.

i. 3. THMNOS la Ville de Temnos qui n'é-toit pas cloignée dcPhocée, amp; proche de la riviere d'Hermus , car Monfieur Falkner anbsp;Smyrnc qui a cette medaille en a auffi unenbsp;autre d’Oracilia Severa, avec Ie revers de cettenbsp;riviere THMNEirnN efmox. pour ce qui ellnbsp;du revers de ceile-ci, c’efl la fortune qui tientnbsp;un gouvernail de navire 6c une corne d’abon-dance.

5. 6. EPTOrAi , Ia Ville d’Erithréc maritime •ce qui eft delignc par la proüe de navire quinbsp;ell au revers avec Ie mot EPrepAiflN. Cenbsp;lieu a éié celebrc par la fejour de la Sybillenbsp;appellee Erythrée. Elle eft chez Ie mérae ^nbsp;Smyrne.

7. 8. ïfKANH Ia ville d'Hyrcane, avec un revers femblablc a celui de Temnos, amp; Ic motnbsp;YPKANÜN, par lequel il ne faut pas entendrenbsp;les peuplcs de l’Hyrcanie proche de Perfe,nbsp;mais les habitans d’un lieu dans la Lydie denbsp;ce nom, a qui Srephanus ne doqne pas i lanbsp;verité Ie nom de Ville, mais feulcment d'unenbsp;campagne, è^inbsp;nbsp;nbsp;nbsp;AvJ'i«f:

la tête couronnée de Tours nous enfeigne qu’il y a eu la-mcmc une ville. Strabon au liv. 13.nbsp;de fa Geographic lui donne Ie meme norn quenbsp;»nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Stephanusj

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ExplicaHon

Steplianus, Sc ajoüte qu'elle avoltpris fonnom des Hircaniens, que les Pcrfans y avoientlaificnbsp;pour riiabiter.

II fe trouve quelques autrcs pctites medailles de cette forte, comme SMïrNA, Revers SMTPNAinN un Lyoii, gravée dans Seguin *nbsp;OU avec une proüe de navirc. J’en ay une quinbsp;a d’iin cóté SMTFNAinN Serapis, amp; de l’autrenbsp;SMYPNAiflN une poüe de navire, Chez Ienbsp;Card, de Maximis j’cn ai vu une d’un cóténbsp;AOKIMOS une tête couronnée. Revers Efcu-lape, AOKiMEiiN , de la ville de Docimeumnbsp;en Pbrygie. 11 y en a auffi de Cyzique K-ï-ZIKOS, Revers KTZIKHNDN.

Planche V.

I. Celt Ie Revers d’un beau medaillon que Monfieur Falkner avoit a Smyrne. II repre-fente la riviere Hermüs demi couchée Sc ap-puyée fur un vafe qui verfc de 1’eau avecnbsp;une plante a la main , Sc Ie mot de lt;igt;n-KAïEüN paree que Ia ville de Phocée n’étoitnbsp;pas éloignce de 1’embouchure de l’Hermus.nbsp;Les lettres autour En. stp. atp. eytïxots.nbsp;TO B. fous Aurelius Eutyches Gouverneur pournbsp;la feconde fois. II fe trouve auffi une medaille qui !a d’un cóté , iepa Eynkahtos Ie facrénbsp;Senat, Sc de l’aurre la proüe de navire avcCnbsp;les deux étoiles de Caftor Sc Pollux, Sc lesnbsp;mêmcs lettres En. s. ayp. Errrxors. t. b.nbsp;ce qui nous la doit faire ranger au tems denbsp;Gordien.

a. La feconde eft ce beau medaillon de Philippe, dont j’ai parlé a la pag. i86. frappénbsp;par les Phocéens fous Ie commandement denbsp;Claudius Scribonianus,

3. 4. La troifiéme eft Ia tête Sc Ie revers d’un beau medaillon du feu Cardinal de Maxi-*nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mis.

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des Medailles.

mis. La tête couroiinéc de tours cft k Villc de Sardis qui fc qnalifie de premiere metropo-le d’Afie, de Lydic amp; de Grece. EAPAIS A-EIAE AïAIAS EAAA AOZA MHTPOnOAIS.nbsp;l’Afic fe prcnd fouvent dansles Marbres, 6cnbsp;les medailles pour l’Ionie fimplement ou pournbsp;l'Afle Procorifulaire, qui étoit une partie dcnbsp;l'Afie mineure. Monfieur Seguin en a fait graver un femblable medaillon du cóté de la tête ,nbsp;mais Ie revers cft different. Cclui-ci eft unnbsp;Jupiter alfis au milieu des ii. fignes, commenbsp;on Ie remarque dans une medaille de Julianbsp;Msefa. La tête qu’il reprefente auffi dans Ie Hennbsp;n’elt pas couronnée de Tours, mais d epicsnbsp;dc bied. II y a apparence que ces deux medaillons font du même temps: comme celuinbsp;de Monfieur Seguin porte Ie nom de Juliusnbsp;Hermophilus Afiarque, nous avons remarquénbsp;dans la 7. med. de la troiliéme planche, qu’ilnbsp;étoit en charge dans Ie temps de Tranquillincnbsp;femme de Gordien troifiéme.

j. 6. Eft un medaillon d’ffomere efpcce de contourniate, «MHPOS, que Monfieur Falk-ner a reconvert a Smyrne , laquelle preten-doit avoir donné la naiflance a ce grand hom-me 8c qui faifoit graver des medailles a fa me-moire. Le revers eft un homme qui conduitnbsp;un cheval, 8c qui appartient a quelque particulier qui avoit gagné quelque courfe ou quelque combat a cheval dans la Ville de Smyr-;

ne.

Plakche VI.

I. C’cft le revers d’unc petite Sabine, che?; Monfieur Falkner a Smyrne , frappee par lesnbsp;habitans de la montagne dc Lydie app'elléenbsp;Tmolus, TMnAEiTON, une petite Diane aveenbsp;fon arc, pour marquer leur application a lanbsp;cliaffe,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;La

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|(?0 nbsp;nbsp;nbsp;Explkatton

1. La feconde eft une Otacilia Severa rap-portée ci-delTus entre les Alliances des Villes d'Afic mineure. lEPAnoAElTON SM/PNAinSnbsp;NEnieoPiiN OMONOIA, qui marqué la bonnenbsp;intelligence de Smyrne avec Hierapolis, quinbsp;avüient quelque jeiix publics communs, quinbsp;font defignés par les deux urnes, d'oü fortentnbsp;deux palmes de chacune.

3. nbsp;nbsp;nbsp;La 3. eft uil Hadrien avec la tête danbsp;Jupiter qui avoit un Temple prés de la Villcnbsp;de Mylafa MTAASEnN, appellee maintenantnbsp;Melafto, comme nous avons dit a la pag.nbsp;Z14.

4. nbsp;nbsp;nbsp;Eft une medaillon de Geta, ches Ie Gard.nbsp;de Maximis avec un Temple a 4. colonnesnbsp;des mêmes habitans de Mylafa MrAASEflN ,nbsp;amp; une divinité au milieu qui fembleroit Dianenbsp;d’Efefe appuyée für fes deux broches, fi ellenbsp;n’avoit un martcau a la main.

y. Eft une medaille de Gallien avec Ie revers de Metropolis, qui eft entre Smyrne 8c Efefenbsp;MHTFonoAEiTüN; ks autres medailles ajod-tent T£2N EN mNiA, paree qu’elle étoit dansnbsp;1’Ionie amp; alTez prés du Cayftre qui eft ici re-prefenté, comme a celle des Efeliens. J’ai vAnbsp;entre les defteins de Monfieur Patin un medaillon de Solon, avec un Jupiter amp; Diancnbsp;d’Efefe au revers amp; l'lnfcription KOlNOïInbsp;MHTPOnOAEITtiN TON EN liiNIA.

€. C’eft Ie revers d’une medaille de Diadu-menien de la Vilk de Colophone, fituée cii-ire Smyrne 8c Efefe proche du ruilTeau Halys qui y eft rcprefenié avec Ie mot de KOAO-4gt;liNmN.

7. nbsp;nbsp;nbsp;C’eft Ie revers d’une medaille de Cara-ca'le; t'rappée par ceux de Lebedos dans Plornbsp;sic, AEBEAinN amp; une Pallas armée.

8. nbsp;nbsp;nbsp;Eft «n autre Caracalle, avec «n fleuve

aiJ

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des Medailles. nbsp;nbsp;nbsp;3(?t

au revers amp; rinfcription duNEiKAIEflN KiA-BIANON, qui étoit quelquc Ville du nom de Nicée daus Ie territoire de Lydie appelIéCawj-pHs Cilhianus qui étoit arrofé du Cayftre. Stra-bon en fait mention au 13. livrede fa Geographic. Cayjlriano itaque campo, q«i medio loconbsp;inter mediterranea cf Tmolum imtdit, verfusnbsp;Orientem conterminus e(l Cilhianus campus ma-gnus ep' habitationibus probe aptus, agrique fer-tilis. C’étoit la même Ville qu’on appelloitnbsp;CtV’ianum, 8e dans Ie bas Empire ValentinU-nopolis, dont il eft fait mention dans les Con-ciles.

J’avois fait deiTein de donner ici unc note particuliere de routes les medailles des Villes-de Grecc Sc Afie Mineure, Sc particuliere-ment de l’Ionie, Carye, Lydie , Bithynie,.nbsp;que j’avois obfervées dans les Cabinets de curieus Sc même dont j’en avois acheté un nom-bre affez confiderable; la plus grande particnbsp;même n’ayant point encore été donnée aunbsp;jour. Mais deux confiderations m’en ont dé-tourné; Tune que ccla groffiroit trop ce volume, 8c même li je Ie voulois faire avec exactitude, ccla feul en feroit un affez juftc; l’au-tre eft que Monfieur Vaillant Antiquaire dunbsp;Roi, qui a déja donné au public deux volumes de medailles Latines , en promet un general des Colonics Romaines Sc Villes Grec-ques, auquel il travaille depuis quelques an-nées, 8c ce fera un ouvrage qui répondranbsp;amplemcnt a ce que les fgavans 8c les curieuxnbsp;fe promettent de fa capacité. Dans cc grandnbsp;nombre de belles chofes qu’il y aura, a peinenbsp;me puis je perfuader que les obfervations quenbsp;j'aurois pft mettre au jour, puffent lui être dcnbsp;quelque utilité, outre que s’il y en a quelquesnbsp;«nes d’affez particulicres pour enrichir.fes re-

Tom, I, nbsp;nbsp;nbsp;Qnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mar-

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Explication

marques, je fais gloire de les repiettre dans de fi bonnes mains. Cette matiere fera extré-meraent curieiife pour rétablir amp; enrichir I’hif-toirc amp; la Geographie ancienne, tant pournbsp;les veritabics noms des Villes anciennes, quenbsp;pour leur fituation , leurs montagnes, leursnbsp;Gouverneurs: amp; mille autres remarques quinbsp;ont écliapé a 1’exadtitude des Geographes, onnbsp;que les Copiiles des anciens livres nous ontnbsp;corrompu. J’ay tin Commode grand bronzenbsp;amp; prefque de la grandeur des medailles, avecnbsp;I'lnfcription de noMnHionoAEiTON Sc dansnbsp;I exergue fous une figure demi couchée nH-rasrNiAS: cependant qui a fgu jufqu’a pre-fenc qu’il y avoit a Pompekpolis Ville de Pa-phlagonie une Fomaine appellée Sunias. Mon-fieur Giraud me fit prefent d’un Geta moycnnbsp;bronze que je n’avois point encore vü, avecnbsp;le revers d’une Diane amp; le mot de 0EAnoYl-snN, qui corrige Stephanus dans le mot denbsp;TEAlt;l)OrS2A, Ville d’Arcadie , qu’il devoitnbsp;écrire conformemeht k la medaille ©EAnoY-SA. II s’y trouve auffi des inferiptions fur-prenantes Sc qui ne font pas communes auxnbsp;medailles Latines, comme quelqucs-unes quenbsp;j’ai déja citées Sc une Saloninc moyen bronzenbsp;que J’ai avec ce revers TON AFAeoN Edgt;E-i;iSiN Sc une Diane, dont le celebre Templenbsp;faifoit I’avantage Sc le bien des Efefiens. Unnbsp;medaillon frapé par les Efefiens a Caracalla Scnbsp;Geta qui fe regardent, avec le titre de NEOInbsp;HAIOI, les nouveaux foleils. On void fduventnbsp;dans ces medailles Grecques des Pontifes, desnbsp;Afiarques, des Prytanes Sc même des Procon-fuls dont rhifioirc ne nous fait aucunc mention , comme dans une medaille moycn bronze de Vcfpafien, a laquelle outre le nom denbsp;cct Earpereur, on lit le commencement du

mot

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des Medailles.

mot KAAYAionoAiTiiN, Claudiopolis deCili-cieoü les Romams envoyoient des Proconfuls , amp; Ciceron y tut en cette qualité; au reversnbsp;dis-je, de cette medaille il y a un faifleau dcnbsp;fix epics de bied amp; écrit autour Ie nom enticrnbsp;du Proconful Eni MAicpor nAANKior oya-por ANamp;rnATOr, ce qui nous apprend quenbsp;fous l'Empire de Vefpafien, il y avoit dansnbsp;la Cilicie un Proconful Romain, appellé Mar-cus Plancius Varus. Mais en voila affez pournbsp;vous donner par avance quclquc goüt d'uncnbsp;piece auffi curienfe, que fera celle de Mon-licur Vaillant, dont je vous ay parlé.

Monfieur Patin , prefentement Profeffeur en 1’Univerfité de Padoiie , a tait auffi depuisnbsp;quelques années un gros volume de medaillesnbsp;des Empereurs en moyen amp; petit bronze, ounbsp;il y en a la plus grande partie de Colonies amp;nbsp;Villes Grecques: mais il cn a depuis recueillinbsp;une augmentation de plus de quatre mille pournbsp;en faire un nouveau volume, qui fera fansnbsp;difficulté un des plus curieux qui ait été mis ennbsp;lumierc.

Pour rempUr les Pages 'uuides de cette feuille, fajoüte ici -quelques-uns desnbsp;plus rares medaillons que 'fay vu cheznbsp;les curieux ou que j'ay acheté dansnbsp;ce voyage-.

HAdrien. Revers Cof. III. P. P. Pallas de-bout, avee Ie eerde antique.

Hadrien. avee Ic titre d’Olympien , AAPIA-NOS KAISAP OAYMnios, Revers une faqa-Q 1 nbsp;nbsp;nbsp;dc

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ExpUcaiion

de de Temple a huit colonnes, KOIKON E-OESiQiN NEOKOP frappée par la coramunau-té des Eplielkns. A Chambciy au Cabinet de feu M. Graxa.

Hadrien amp; iEüus qui fe regardent, Ie premier avec Ie même tltre d’Olympien , Rev'. EfpESXQN AIS NE£2K.

Hadden. R. Hercule amp; Pallas avec unarbre entredeux. Medaillon a Zara chez M. Ie Comte Soderhii.

Hadrien amp; Sabine, les deux têtes Tune fur Pautre, R. une figure qui facrifie au genie denbsp;1'Empereur; Genio Augusti. A Veronecheinbsp;Ie Comte Mofcardi.

Antonin Pie. R. Orphée qui attire les ani-maux autour de lui. Medaillon Egyptien du Cointe Soderint.

Antonin, R. iEnée qui porte Anchife, 8c au deflbus Ia Truye avec les u. cochoiis.nbsp;Medaillon Latin a Rome.

Antonin R. koinon rinoAEfiN , amp;e. Hercule affis Diane debout. A Rome cheznbsp;la Reine de Suede.

Antonin , R. le jugement de Paris. Morofi-nt, A Venife.

M. Aurele R. une vidtoire Cof. IH.

M. Aurele R. KOINON AESBiiiN un temple a 8. colonnes.

Commode R. kemaion eti st. KOP. AOAAIANOT. Jupiter affis.

Commode 8i Hercule en faqon de tête de Janus, R. Tellus staeil , unc figure demi-couchec avee un globe 8c 4. petites figures autour.

Severe R nEPlNQIfiN NEOKOPfiN. iinC galere a voile. Je 1’ai vu auffi a Caracalla 8c anbsp;:Ccta,

Severe R. zees. .. HSios nrsixoi asias

£dgt;E-

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des MedaiUes. nbsp;nbsp;nbsp;^55-

E4gt;ESlfiN. Jupiter affis qui p:-rte de la droite Diaiie d’Epliefe. J’ai eu les üx medaillons pré',nbsp;précedens.

Severe 8c Caracalle qui fe regardent. R.' XAMIHN, l'Empereur a cheval. A Smyrne,nbsp;chez M. Falkner.

Caracalle, R. EOESinN nPOTiaN AXUSQ. Jupiter, affis.

Car. R. EOESiflN AIS neok:ops2N. Une vidoire qui écrit fur une palme.

Carac. R. Elt;Igt;EZinN TPIS NEOKOFSIN KAI THS APTEMIAOS. Diane d’Ephefe entreCaf-tor amp; Pollux a cheval.

Carac. R. EfhESmN MONJiN AnASON TETPAK.IS NEOKOPSiN. Un facrificateur dc-vant Ie Temple de Diane.

Car. R. SAMIHN, 1. fig. debont.

Car. R. AiosiEPEixnN... iEfculape 8c Hy-gica. Dios-ieron, étoit une petite ville d‘Io-nie, entre Colophon 6c Lebedos, auffi Ie trouvai-je a Smyrne.

Carac. R. SMrpNAinN nPflxaN r. neo-KOPüN rnN SEBASTQN, dans une couron-ne, Le même avec 4. templeschez M, Ie Marquis de Nointel a Conft.

Car. R. SMïPNAmN npnTQN ASIAS. r. NEJAKOPÜN ton SEBASTON KAAAEI KAInbsp;MErEQI EniSTPATH T1BEPIOÏ KAI KPH-TAPior, dans une couronne. A Verone,nbsp;chez Ie Comte Mofcdrdi. Elle efl; des Smyr-néens trois fois Neocores des Empereurs, lesnbsp;premiers de 1'Afie (proconfulaire) cn beauténbsp;6c en grandeur, fous Tiberius 8c Cretariusnbsp;Commandans de la Ville. -Voyez la-deflus lanbsp;2. Infcription du livre, intitulé : Marmoranbsp;Oxonienlia.

Car.

fiU.


Carac. R. Eni xaipea attaaoy hep-rAMHNjiN, 3. Temples. A Aix chezM. Bu»-

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3(5lt;5 nbsp;nbsp;nbsp;Explication

Car. R. nEPrAMHNaN seaeinots kh-TEior. Efculapc au defl'us des deux rivieres dc Pergame, Ic Selinus 8c le Citeius. CurL dtnbsp;Medicis.

Macrin. R. SAMIHN, le temple de Junon. Un autre auffi des Samiens, avec Hercule 8cnbsp;Omfale, amp; un autre a trois figures, une vic-toire qui couronne I’Einpereur, 8c a cóté Junon de Samos.

Macrin R. Elt;igt;EZl£ïN monqn npnxoN ASIAS NEOKOPHN. Un quadrige tiré par desnbsp;cerfs. Garzo»i Noble Venitien.

Macrin 8c Diadumenien. R. TAPZOï MH-TPonoAE£2Z. A Corfou chez M. Spiridion Aulointi.

. Ces deux mêmes têtes R. KAISAPEIAS NEOKOPor MHTPonoA. ET. B. chcz M.

.Whel,

Alexandre Severe R. PERPETVITAS AV-CVSTI. Jupiter affis donnele globe du monde Ï. I’Empereur, accompagné de dcuxfoldats. A Rome, chez le Card, de Maximisnbsp;Alex. Sev. R. Bacchus entoure d’une vigne,'nbsp;un tigre a fes pieds Eni Aïf. zhnönos APX.nbsp;A MAIONAN.

Alex. Sev. 8c Mamsea. R. les deux têtes dii Soleil 8c de la lune mypnaiqn nrnTON a-2IAS r. NEOKOPiZN TON SEBB. J'ay eucesnbsp;deux medaillons de Smyrne.

Elagabale. R. un Chariot a quatre chevaux qui porte un aigle. Garzoni, a Venife.

Pupien. R. les 3. têtes de Balbin, Pupien 8c Gordien, tapsoï MHTPonoAEflS, chez M.nbsp;Georgia Barbara a Venife.

Gordien. R. Junon 8c Nemefis ZAmisyn, Gordien. R. ADLOCVTIO AVGVSTLnbsp;L’Empereur haranguant fes foldats, Je Tainbsp;euë de Venife,

Maxi-

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^es Medailles,

Maximin amp; Maximus R. Caftor Sz Pollux debout, Cgt;aKAlE£iN. Chez Ie Comte Lazara stnbsp;Padoiie.

Philippe R. ANTioxEnN, Jupiter dans wj Temple. Je 1’ay eu a Smyrne.

Fia du frémUr Tome\

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