K. Sneyders de Vogel, Groningue, vice=pr�sident. H. K. Westendorp, Amsterdam, tr�sorier.

J. D. M. Ford, Cambridge (Massachusetts), Etats�Unis. A. W. de Groot, Aerdenhout.

�Au moins, ai^^je dit au due de Wellington, il y a des conqu�tes que l�Europe ne nous anbsp;pas enlev�es, notre langue et nos modes.�

Un fait indiscutable, c�est que la langue fran^aise tend de plus en plus a se propagernbsp;dans Ie monde et a devenir la langue presquenbsp;universelle.

L alerte avait �t� chaude. Le francais, d�nonc� par certains comme l�organe m�me de toute r�volution, m�diocrement servinbsp;par 1 expansion administrative de FEmpire et finissant parnbsp;susciter au dehors plus de r�sistances que d�adh�sions, se trouvaitnbsp;d�chu de sa situation officielle d�s les trait�s de Vienne: il �taitnbsp;�reconnu par les puissances qui ont concouru a eet acte quenbsp;I �rnploi de cette langue ne tirera point a cons�quence pournbsp;avenir ...� C�est peu apr�s, le 12 juillet 1817, que la Conf�d�;^nbsp;ration germanique d�cidait de ne plus se servir que de 1�allemandnbsp;les �changes de documents avec d�autres puissances, alorsnbsp;que lt;J�s 1800 lord Grenville avait remplac� le francais parnbsp;jf ais das les usages diplomatiques de la Grande^Bretagne ^).nbsp;denbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Europe qui tentait de se reformer sur les ruines

les R^ Voltaire et de Jean^Jacques, stigmatis� par les Jahn, s, comme un dissolvant de Fesprit. Or ce fut Faristocratie

qui, par migration fran�aise et par les n�cessit�s m�mes de la ain e lance, maintint la langue si d�cri�e en fort bonne place,nbsp;u cours une lecture du terrible Misogallo d�Alfieri, le che:*

1) H. Roumigiu�re. Le Frangais dans les relations diplomatiques.^ Univer^ sity of California Press, 1926. Pour la crise ^i avait mis fin a l�anciennenbsp;diffusion de la langue, cf. mon �tude Comment le XVIIIe si�cle expliquaitnbsp;l�universalit� de la langue frangaise. (Etudes d'histoire litt�raire).

avoir aussi sa part des anath�mes lanc�s centre la nation fran�^ ^aise. Quoique toutes les langues d�en dela des monts soientnbsp;accus�es des m�mes griefs et comprises dans la m�me proscrip�=nbsp;tion, je ne veux �tre, en tant que je Ie puis, que Ie championnbsp;de la langue fran^aise----�

Suivait une d�fense en r�gie de ce �truchement universel�, de ce �lien commun de tous les peuples�. Les peuples? Ce sontnbsp;pr�cis�ment leurs revendications, presque toujours �touff�es parnbsp;Ie syst�me de Mettemich, qui vont donner apr�s 1830 unenbsp;nouvelle client�le a un idiome longtemps appr�ci� par les �lites;nbsp;l��pigramme v�nitienne de Goethe, si clairvoyante, se v�rifie anbsp;fond quelque quarante ans apr�s sa premi�re application:

On s��puiserait a d�nombrer les colonies politiques �trang�res qui trouv�rent en France, un peu avant et surtout apr�s la R�vo�=nbsp;lution de Juillet, un abri a peu pr�s assur�: �Refuge� fortnbsp;diff�rent de celui qui avait dispers� nos huguenots a traversnbsp;rOccident, �Emigration� a peu pr�s inverse de celle de nosnbsp;aristocrates de quatre^vingt neuf, mais, au fond, ensemble denbsp;contacts personnels assez analogue a ces grands mouvements. Lesnbsp;colonies qui, a Paris surtout, mais en province aussi, s�installentnbsp;a l�abri de la �r�action�, �tablissent un lien nouveau entre leursnbsp;pays d�origine et la contr�e qui les accueille: Heine, �Prussiennbsp;lib�r�, Boerne saluant a Kehl la premi�re cocarde tricolore,nbsp;Laube c�l�brant en 1839 �la Mecque des lib�raux�, ont a c�t�nbsp;d�eux les Polonais fuyant Toppression moscovite, la �Jeune^nbsp;Itali� et les r�dacteurs de l�Esule, les partisans espagnols desnbsp;Cortes, des Irlandais et des Hongrois, des Roumains et desnbsp;Levantins.

P�lesgt;m�le pittoresque dont Balzac nous donne maint croquis dans la �Com�die humaine�, path�tique boh�me que d�nombrera,nbsp;mais non sans gouaillerie, une publication comme les Etrangersnbsp;a Paris (1843); soudure �tablie, en tout cas, entre la Francenbsp;de Juillet et les peuples impatients, et qui justifie l�opinion d�unnbsp;observateur a distance, ram�ricain Channing:

�L�immense pouvoir moral, �critsgt;il a Sismondi Ie 16 juin 1831, que la France exerce en ce moment sur Ie monde civilis�, ellenbsp;Ie doit a sa situation g�ogxaphique, a ses relations politiques, aunbsp;fait qu�elle est Ie centre et Ie ressort du grand mouvementnbsp;r�volutionnaire de l�Europe, et a l�universalit� de sa langue etnbsp;de sa litt�rature. Tout cela, en ce moment, fait de la France la

Avec un point culminant qu�on peut situer en 1836, ce prestige nouveau agit de la m�me fa?on que, jadis, l�attrait de la civili#nbsp;sation fran9aise sur les classes distingu�es: mais tandisquenbsp;cellesssci bouderaient plut�t notre embourgeoisement, d�nonce?nbsp;raient la vulgarit� de nos mceurs et la d�pravation de nos lettres,nbsp;les intellectuels lib�raux et les �r�actionnaires� clairvoyants tien#nbsp;nent a se donnet une vue directe des choses. �L�invasion de lanbsp;France�, comme dit Ie sarcastique Thackeray, devient pournbsp;maint Britannique un rite annuel, dont nos voisins d�outre#nbsp;Manche se d�clarent un peu scandalis�s, un peu r�jouis aussi etnbsp;charm�s. Les Scandinaves prolongent chez nous leurs s�jours etnbsp;Heiberg fait, en 1833, pousser au choeur de ses Danois a Parisnbsp;un �gal hourra pour Copenhague et pour la capitale fran^aise.nbsp;La Jeune#Allemagne fait pendant a la Jeune#Italie: Ie bavaroisnbsp;Saphir, en 1831, va jusqu�a donnet des conf�rences a Paris,nbsp;tandis qu�en 1836 Ie viennois Grillparzer affirme que, d�s sonnbsp;arriv�e, il tient en francais avec lui#m�me les secrets monologuesnbsp;qui Ie rendent fameux pour son entourage. Et de bonne heurenbsp;la Russie s��tait plainte �du secours que la France prodigue aunbsp;Pacha d�Egypte, des soins qu�elle prend de former la jeunessenbsp;musulmane au sein de Paris et dans les �coles sp�ciales ....�nbsp;(Nesselrode au Prince de Lieven, 15 septembre 1826).

Si la France de Juillet avait su en effet, comme d�autres gouvemements 1 ont fait, rattacher ces curiosit�s et ces sympathiesnbsp;a des institutions, tout au moins a de durables �l�ments de lanbsp;vie fran9aise, nul doute que la situation du pays s�en fut trouv�enbsp;raffermie. Mais Gutzkow n�avait pas tort d��crire dans la hui#nbsp;ti�me de ses Lettres de Paris (26 avril 1842): �La France de

Entre les dogmatismes doctrinaires et les utopies ou les suren# ch�res, on ne voit pas que Ie r�gime de Louis#Philippe se soit

rendu compte de l�extraordinaire appui fourni par l�opinion a la politique � a condition que celle#ci sache donner quelquenbsp;fixit� a des vagues changeantes et mobiles par nature, et convertirnbsp;des �bonnes volont�s� en volont�s.

II faut prendre connaissance des innombrables impressions de voyage de nos hotes pour se rendre compte de ce paradoxe: lanbsp;v�tust� de Paris, la m�diocre politesse de nos petits fonction#nbsp;naires, Ie laisser=saller de nos intellectuels, la somnolence de nosnbsp;villes de province d�cevant bien des visiteurs qu�attirait Tagr�s^nbsp;ment proclam� d�une civilisation d�moctatique. Le sens de lanbsp;libert� seraits=il done, se demandent certains, l�affaire des jours denbsp;f�te, et seules les inscriptions mises aux monuments nationauxnbsp;enclosent!�elles les grands espoirs affirm�s par les enthousiasmesnbsp;de Juillet? Rares et exceptionnellement clairvoyants sont ceuxnbsp;qui sauront, comme J. Stuart Mill ou Longfellow, appr�ciernbsp;rhumanit� vraie de toutes les classes de la nation, d�couvrir desnbsp;aspects in�dits de la province et, puisqu��un Francais hors denbsp;Paris se croit au tombeau�, r�habiliter une figure plus enti�renbsp;du pays, que ne connaissent gu�re les chroniqueurs du Boulevard.nbsp;Mais les �carences� officielles sont p�nibles a constater.

La France n�a pas, a vrai dire, d�enseignement sup�rieur: elle verra done disparaitre, plut�t d�^ue, une client�le importantenbsp;qu�avait assez longtemps attir�e 1��clat de certains cours dunbsp;Museum, de la Sorbonne et du Coll�ge de France. En 1836,nbsp;en d�pit de toutes les sympathies philhell�nes, c�est un professeurnbsp;de Bonn qui est invit� par la Gr�ce a organiser Finstructionnbsp;publique dans ce pays renaissant. Et malgr� la curiosit� croissantenbsp;de I�intelligenzia pour Fid�ologie fran^aise, la jeunesse studieusenbsp;de Russie ne connait gu�re, a F�tranger, que les universit�snbsp;allemandes.

Nos hopitaux n�arrivent pas a se moderniser, ni a rendre accessibles a des �tudiants du dehors les fameuses cliniques o� desnbsp;maitres cr�eraient des p�pini�res de disciples pr�f�rant Fesprit denbsp;finesse a la rigueur dite objective i). Nos �coles �d�application�,nbsp;h�ritage des temps r�volutionnaires et napol�oniens, pr�parentnbsp;d�excellents fonctionnaires mais ne veulent traiter les �trangers

1) Cf. mon article sur les �tudiants am�ricains d'autrefois dans les gtandes Ecoles frangaises. (Annales de l'Universit� de Paris, mai etnbsp;juillet 1927).

qu�en �auditeurs� a peine bienvenus. Le d�braill� de nos au# berges, l�exiguit� de certains hotels, ne manquent pas de pit#nbsp;toresque, mais bien plutot du comfort que de plus en plusnbsp;exigent les Anglo#Saxons en voyage. Nos classes bourgeoises,nbsp;au temps des Joseph Prudhomme et des J�r�me Paturot, sem#nbsp;blent si effray�es de tout ce qui ne leur ressemble pas, qu�ellesnbsp;�l�vent a la hauteur d�une institution le fameux mur de la vienbsp;priv�e: derri�re l�imperm�able cloison, on a peine a deviner lanbsp;bonhomie des families moyennes et la d�cence des conditionsnbsp;priv�es, et m�me la curiosit� et le gout g�n�ralis�s d�sormais.

Si bien que c�est dans I�ordre litt�raire presque seul que se manifestent les avantages acquis a nouveau par le francais:nbsp;succ�s pr�caires quand une base �tendue leur fait d�faut, et ninbsp;I�Europe litt�raire, ni �Europ�en, ni la Revue Europ�enne, nenbsp;sont des p�riodiques de longue dur�e; ni le retentissement Intel#nbsp;lectuectuel du Romantisme apr�s 1832, desservi d�ailleurs par lesnbsp;exc�s de la litt�rature �industrielle�, ne ram�nerait les lettresnbsp;occidentales a l�unit� de go�t qu�avait connue le XVIIIme si�cle.

L��tranger, en revanche, accueille a nouveau l�idiome r�prouv� parmi les meilleurs instruments �ducatifs. C�est de 1832 et denbsp;1843 que datent, en Hongrie, et la r�organisation des m�thodesnbsp;et la publication d�une grammaire, celle de F. M�rosz, express�#nbsp;ment faite pour l�expansion de ce �puissant moyen de culture�.nbsp;C�est en 1837 que le directeur de l�Ath�n�e luxembourgeois,nbsp;M�ller, �crit que le franfais �n�est pas pour nous un objet denbsp;luxe, mais de premi�re n�cessit�. La Roumanie, le Br�sil, auxnbsp;deux poles de l�Occident, s�ouvrent largement a nos m�thodes,nbsp;et la Rh�nanie d�Ems et de Bade, en d�pit de la prussianisationnbsp;syst�matique, se laisse a nouveau p�n�trer de ferments venus denbsp;1�Ouest. Hugo et Balzac, m�diocres linguistes, voyageront ais�#nbsp;ment dans ces r�gions, et l�on peut en croire les lettres a madamenbsp;Hanska, signalant qu�on �parle fran9ais jusqu�a Francfort�, ounbsp;qu�on peut �aller, en francais, jusqu�a Francfort�.

Oui, mais un ph�nom�ne se produit, assez analogue a celui qui, en 1784, avait fait entonner a Rivarol sa fameuse glorifica#nbsp;tion au moment m�me o� des forces contraires, autant qu�unnbsp;certain appauvrissement interne, la rendaient contestable. II estnbsp;entendu que le francais a �rebondi�, de par le monde, avec un

succ�s digne d�une cause excellente, et que des oeuvres notables, dont certaines sont des chefs-d�oeuvre, se sont ajout�es a unnbsp;grand patrimoine. Mais convient-il, cette fois encore, de tirernbsp;d�un fait historique des conclusions d�finitives et de dire T�ternit�nbsp;ass�r�e parceque Ie pr�sent est favorable? Certains Ie croient etnbsp;Ie proclament ^): c�est qu�ils ignorent des objections qui proc�-dent, soit de la suspicion o� la France r�volutionnaire continuenbsp;d�etre tenue, soit de la contestable �classicit� incluse dans lesnbsp;productions romantiques, soit encore des imperfections et desnbsp;limites discern�es dans la langue fran9aise elle-m�me, a pr�sentnbsp;qu�elle est amplement pratiqu�e et mise en demeure de r�v�lernbsp;ses vertus.

Ce proc�s de la psychologie fran^aise attest�e par son idiome, nous en connaissons les arguments principaux ^). S�il reprendnbsp;avec virulence a mesure que Ie XlXe si�cle progresse, c�est ennbsp;raison de la concurrence m�me entre ces nationalit�s que 1830nbsp;avait mises dans la d�pendance intellectuelle de la France; c�estnbsp;aussi parceque souvent, a l��preuve, les m�rites les plus apparentsnbsp;de notre langue et de notre litt�rature laissent quelque peu anbsp;d�sirer: Ie go�t �veill� par elles est mis en app�tit et r�clamenbsp;une autre provende.

�Langue indigente, prononce Schopenhauer {^�eber Sprache und Worte, dans Parerga und paralipomena. Variante du299bis),nbsp;Ie plus mis�r able jargon latin, Ie pire galvaudage du vocabulairenbsp;latin ... avec son hideux accent sur la derni�re syllabe (tandisquenbsp;toutes les autres poss�dent la p�nulti�me longue avec son effetnbsp;d�d^doucissement); langue d�pouill�e de rhythme et r�duite a lanbsp;rime, presque toujours en � et on (sic), pour faire figure de

que l�oratoire a prise au d�triment de l�instinctif, affirment les partisans de la Kevnsprache; langue mis�rablement d�pourvuenbsp;de ce foisonnement verbal rendu possible, ailleurs, par la d�riva-

1) nbsp;nbsp;nbsp;Cf. R. Thomasson. Unit� et universalit� moderne de la languenbsp;frangaise (Revue frangaise et �trang�re, 1837, p. 374). Cf. Ie prospectus denbsp;tEurope litt�raire, 22 octobre 1832: �La langue frangaise, que sa clart�nbsp;concise et Ie talent de nos �crivains ont impos�e a l�univers, comme lanbsp;langue d�Ath�nes et de Rome ....�

2) nbsp;nbsp;nbsp;Cf. ma communication au Congr�s d�Arlon (1907) sur Deux Objectnbsp;tions psychologiques a la diffusion de la langue frangaise. Vers ce momentnbsp;ce sont surtout les Slaves, de Gogol a Mickiewicz, qui reprochent aunbsp;frangais, principalement, son insinc�rit�.

tion et la composition: autant d�objections qui sont famili�res a quiconque n�ignore pas la lutte depuis longtemps d�chain�enbsp;snr ce terrain linguistique.

Objections qui, d�ailleurs, sont parfaitement inop�rantes contre cette v�rit� constat�e: Ie fran9ais de 1836 peut �tre un truchementnbsp;imparfait de l�esprit, o� se disent parfois a la g�ne la r�verienbsp;slave et la m�thaphysique allemande; il n�en est pas moins li�nbsp;a une vivante pratique intellectuelle renouvel�e par Ie Roman#nbsp;tisme, et surtout a des faits de civilisation, a une int�grationnbsp;humaine des valeurs, qui n�ont gu�re d�analogues dans les tempsnbsp;modernes. Pour des milieux o� r�homme moyen� tient a peunbsp;pr�s la m�me place que nagu�re les classes cultiv�es^), Ie fran#nbsp;^ais est nettement redevenu une langue de culture. C�est lanbsp;conviction de J. Stuart Mill, a qui ses pr�coces s�jours en pro#nbsp;vince ont r�v�l� la vraie qualit� de la France; c�est celle denbsp;Th. De Quincey, a la fois si dur pour les lettres frangaises dunbsp;temps, si d�f�rent a l�ensemble �form� par un peuple, une langue,nbsp;une litt�rature� d�une mani�re unique dans ce cas particulier.nbsp;C�est l�avis d�un t�moin particuli�remept avis�, Henri Heine,nbsp;qui aboutit a ce jugement qu�ont pr�c�d� maintes hesitations:

�La langue frangaise est pauvre en soi, mais les Francais savent, dans la conversation, exploiter tout ce qu�elle contient et sontnbsp;ainsi, de fait, en possession d�une langue riche.�

Cette richesse �de communication� qui multiplie par elles# m�mes les ressources d�une langue, qui associ� les valeursnbsp;moyennes offertes par un commun pass� aux n�cessit�s dunbsp;pr�sent 2), c�est en effet ce qui rendait au francais son m�ritenbsp;essentiel. Hebbel a Paris s�en doute bien, qui constate qu��ennbsp;France n�importe quel rustre connait Moli�re, alors qu�en Al#nbsp;lemagne ce n�est point chaque maitre d��cole qui sait Ie nom denbsp;Goethe�. Grillparzer s�en aper^oit, qui �crit en 1838 a la suitenbsp;de son s�jour chez nous:

�) Cf. Salverda de Grave, franfais et livres frangais dans les Pays=Bas au XVIIIe si�cle dans les M�langes Baldensperger.

On pourrait d�monter, semble#t#il, que grace a I�instruction primaire g�n�ralis�e, mais surtout au �brassement� des classes sodales sous Ie r�gimenbsp;de Juillet, les innombrables locutions courantes qui sont la menue monnaienbsp;de l�esprit, mais de l�esprit orn�, trouvent Ie chemin des classes populaires:nbsp;il y parait aux divertissements et satires d�mocratiques de l��poque. Cf.nbsp;O. Guerlac, les Citations frangaises. Paris 1931.

parceque chez eux la culture aurait atteint son point Ie plus �lev�, mais parceque parmi eux Ie plus grand nombre �prouvenbsp;des besoins intellectuels ...

On Ie voit, c�est bien un �rebondissement� qui marque, pour les ann�es qu�inaugurait la d�faite de Waterloo, les destin�es de lanbsp;langue fran^aise dans ses rapports avec Ie dehors, dans Testimenbsp;o� la pouvait tenir l�opinion �trang�re. M. F. Brunot nous diranbsp;quelles nouveaut�s intrins�ques s��taient ajout�es a son vocabulairenbsp;et a sa syntaxe, de quels assouplissements et de quelles possi#nbsp;bilit�s in�dites Ie Romantisme l�avait enrichie. Non moins im#nbsp;portante, pour sa libre expansion, semble l�esp�ce de �revaluation�nbsp;qu�on a tent� de signaler ici, puisque, d�chue politiquement etnbsp;socialement de son rang privil�gi�, elle retrouvait une r�putationnbsp;diff�rente, mais nullement diminu�e, sur Ie plan de la vie nationale.

Clemente Marot soggiorn� a Ferrara durante uno dei periodi piu torbidi e burrascosi della vita di Renata di Francia: dalnbsp;giu^no 1535 al giugno 15361). Una ispezione, da me compiuta,nbsp;nei registri di Renata conservati nel R. Archivo di Stato dinbsp;Torino mi permette di far noti i seguenti documenti^).

Nel Reg. no. 61 (contenente il terzo �conto� di Jean Gueffier per I�anno 1535) a c. 14'' si legge:

�A Maistre Clement Marot vaslet de chambre du Roy et secretaire des Roy et Reine de Navarre la somme de cent cin#nbsp;quante livres tourn. au quel Madame I�a donn�e et ordonn�enbsp;pour s�entretenir en son service durant troys quartiers commentnbsp;cant au premier jour d�avril MV^XXXV et finissant le derniernbsp;jour de decembre.�

Quanto il poeta si interessasse alia vita della corte ferrarese� � raostrato dai suoi versi, che sono ben noti; quanto bene#nbsp;volmente fosse accolto da Renata, � documentato dagli officinbsp;che la Duchessa gli affidava. Nel settembre dello stesso annonbsp;1535 (c. 780 gi^ troviamo fra coloro nei quali Renata riponevanbsp;una familiare fiducia: �A ung pauvre pellerin le dit jour (7nbsp;settembre) es mains de Maistre Clement Marot ung escu d�ornbsp;soleil au quel madame en a aussi fait don et ausmone.� Anchenbsp;non gli mancarono doni, come segno di riconoscimento deinbsp;servigi prestati. Ad esempio, il 18 gennaio 1536 Renata gli pagonbsp;la stoffa di un vestito: �seize brasses de satin noir du pris denbsp;LX d. la brasse livr�es a M� Clement Marot au quel madamenbsp;en a fait don pour ses estraines.� �)

Marot era stato confermato in corte per tutto I�anno 1536, come risulta dal seguente documento:

�A Maistre Clement Marot poete et secretaire la somme de deux cens livres tourn. a luy ordonn�e par la dite dame Renata

Quest! documenti sono stati in parte conosciuti dal Rodocanachi, Renee de France, Paris, 1896; ma non sono stati ancora pubblicati. Sinbsp;consult!, su Marot a Ferrara, B. Fontana in Arch, della Soc. Romana dinbsp;Storia Patria, 1893, vol. XV, fasc. 3�4 e C. Zaghi, Bibliografia di Renata,nbsp;Ferrara, 1930, p. 67.

pour ses gaiges et entretien durant la dite ann�e presente fin. le dernier jour de decembre 1536').

Ma, proprio in quell� anno, la reazione contro gli elementi calvinist! a Ferrara si era fatta piu intensa e acuta. L�Inquisizionenbsp;sorvegliava, attentissima, i Frances! accolti da Renata. II Duca,nbsp;cattolico, infastidito dalle continue pressioni, s�era risolto adnbsp;intervenire con decisione e aveva fatto imprigionare un segretarionbsp;della Duchessa, Jean Cornillau, e un cantore francese. Jannet.nbsp;II poeta Leone Jamet, che agiva sotto il nome di Chambrun,nbsp;era fra quelli piu tenuti d�occhio in corte. Marot era da poconbsp;giunto a Ferrara, quando il Duca riceveva dal suo ambasciatorenbsp;a Venezia, Giacomo Tebaldi, questa informazione, in data 30nbsp;agosto 1535:

�II R.�quot; Legato in Venezia dice che faccia previsto la Exc. V. �ch�uno francese nominato Clemente � venuto novellamente anbsp;�stare con I�Exc.�^ Signora Duchessa nostra et che questo tale �nbsp;�stato bannito da tutta la Franza per essere lutherano et homonbsp;�de sorte che facilmente con dextreza potria introdurre questanbsp;�peste che Dio Nostro Signore non voglia.�

Gran parte della responsabilita di questo stato di cose si faceva ricadere sulla dama d�onore di Renata, Madame de Soubise, chenbsp;il Duca, appunto nel 1536, rimandava in Francia, come personanbsp;compromettente e sgradita a Ferrara. L�Inquisitore aveva im#nbsp;bastito un processo nel quale figurava, fra i maggiormente indi*�nbsp;ziati, un francese, in cui si � voluto vedere addirittura Calvino,nbsp;mentre il documento seguente mostrera chevisitrattavadi Marot:

Ven. Pater frater comparuit coram prefato P. Vicario citatus et more religiose iuratus supra pectus suum interrogatus si cognoscit quendamnbsp;Clementem Marotti respondit quod sic: et interrogatus cuius sitnbsp;vocis ac fame, respondit quod apud omnes habet famam lutherani etnbsp;interrogatus quare habuit istam famam lutberani respondit quod omnesnbsp;fuerunt (sic; corr. sciunt) ipsum Clementem fugisse ex Francia quianbsp;lutberanus est et est bannitus a tota Francia propter banc causam: et quodnbsp;sit bannitus babetur pro certo a fratribus suis et secularibus venientibus exnbsp;Francia et interrogatus an babeat aliam noticiam de eo, respondit quod non,nbsp;quia nunquam ilium est alloqutus.

Et interrogatus an alium cognoscat in hac civitate vel in curia male vocis ac fama (sic; corr. fame), respondit quod cognoscit quendam virum religiosumnbsp;ordinis heremitarum predicatorem in curia Madame, quem credit virumnbsp;pesimum et pro certo ex audito quod predicavit non esse orandum quianbsp;orationes facte sunt frivole nullius moment! et quod antequam iste virnbsp;predicator esset aut predicaret in curia ille mulieres erant devotissime, sednbsp;postquam ille predicavit non pene volunt videre religiosos aut existimarenbsp;res ecclesiasticas et dicunt quod orare est amissio temporis similiter dicerenbsp;officium Beate Virginis et similia.

Et interrogatus si alium cognoscit in curia suspectum lutheranum respondit quod ibi est quidam nomine Cornelion natione gallus qui in quadra*nbsp;gesima preterita dum ipse testis esset in curia in quadam camera et haberefnbsp;sermonem cum dicto Cornelione audivit ipsum negare lib[e]rumnbsp;arbitrium et omnes potestates ecclesiasticas videlicet confessionem quadrage*nbsp;simam et ad que ecclesia non poterat obligare nee sumus Pontifex et audivitnbsp;a prefato denunciato quod alium invenit fidei et credulitatis more ipsiusnbsp;deponentis, sed quod ipse deponens laudavit se dicens quod erat unus quinbsp;similiter credebat liberum arbitrium sed ipse Cornelion revocavit ipsumnbsp;de credulitate liberi arbitrii; et interrogatus si ipse deponens credit hecnbsp;dicta fuisse per disputationem an ex sua male opinione, respondit quodnbsp;post ulteriora verba ipse Cornelion dixit ipsi deponent! quod exnbsp;disputatione dixit et tarnen credit ipse deponens quod mentiret sed istanbsp;dixerit verba ut cooperiet suos errores: et interrogatus in cuius presentia hecnbsp;dicta sint, respondit quod suus socius presens erat frater i). Et interius sinbsp;ista odio vel etc. dixit, respondit quod zelo fidei.

Acta hec fuerunt in cella Patris Vicarii presentibus ad hec specialiter vocatis et notis: patre fratre Dominico de Dozula et P. fratre Evangelista denbsp;Soncino ordinis Pred. De quibus omnibus rogatus sum ego frater Benedictusnbsp;de Tabia ordinis Pred. sacerdos in seculo Apostolicus.

Marot doveva cercare scampo nella fuga. Nel giugno del �36 s�era gia rifugiato a Venezia�). Girolamo Feruffino, oratorenbsp;estense in Francia, scriveva al Duca il 17 Gennaio 1537:

�Ho poi inteso che Marotto � a Geneva et che non osa venire alia corte.� E il giorno 8 marzo dello stesso anno: �El bonnbsp;Clemente Marotto hora � in questa corte ove presento ch�essonbsp;� ben veduto dal Re.�

(II Prof. Dr. G. Bertoni, della R. Universita di Roma, si onora di presentare all� illustre collega Salverda de Grave i suoinbsp;ossequi e auguri pi� fervidi e cordiali.)

� P. Jourda, Marguerite d'Angoul�me. Paris, 1930, I, p. 186. Arch, estense di Stato: Orator! in Francia (Feruffino).

On ne peut pas parler, dans l�analyse d�une phrase, d�un �pass� d�fini�, si la forme du verbe n�est pas un �pass� d�fini�.nbsp;Par centre, il peut arriver qu�on parle, dans une analyse denbsp;phrase, d�un �subjonctif�, m�me la o� la forme du verbe ne senbsp;distingue en rien de la forme correspondante de l�indicatif, parnbsp;exemple dans une phrase comme: �Je veux que tu paries�. Ennbsp;d�autres termes: quand il s�agit d�un nom comme �pass� d�fini�,nbsp;l��l�menttf/orme a autant d�importance que l��l�ment^/oncfion,nbsp;tandis que, quand il s�agit d�un nom comme �subjonctif�, l��l�squot;nbsp;ment�/orme a moins d�importance que l��l�ment^/onction. Quandnbsp;il s�agit, enfin, de noms comme �pr�terit� ou �parfait�, nousnbsp;constatons un recul plus grand encore de T�l�ment^forme devantnbsp;r�l�ments=fonction: en effet, �pr�terit� et �parfait� ne sont plusnbsp;des noms de formes, mais des noms de fonctions. L��l�menfe�nbsp;forme devient ici tout a fait secondaire; on a pu dire, parnbsp;exemple, qu�une m�me forme verbale exprimait a telle �poquenbsp;un �pr�terit�, a telle autre �poque un �parfait�. II est clair aussinbsp;� pour donner encore un exemple � que Ie mot �pr�terit�nbsp;signifie une fonction dans Ie titre suivant d�une �tude denbsp;M. Meillet: �Sur la disparition des formes simples du pr�terit.�

Les diff�rences que nous venons de formuler entre des noms comme �pass� d�fini�, �subjonctif�, �pr�terit�, �parfait�, sontnbsp;nettes et faciles a constater. Mais il y a, a c�t� de ces nomsnbsp;facilement d�terminables, d�autres appellations syntaxiques, surnbsp;l�emploi desquelles les syntacticiens ne sont pas toujours d�accord,nbsp;et qui, en effet, offrent certaines difficult�s. Qu�est^ce qu�il fautnbsp;entendre par Ie nom de �g�rondif�? Qu�est#ce au fond qu�unnbsp;�optatif�? Tous les syntacticiens ne donnent pas les m�mes r�^nbsp;ponses a ces questions. L�infinitif esb=il un �substantif�, m�menbsp;quand il n�est pas �substantiv�? Comment faut^il appeler sinbsp;dans une phrase du type: �Si je suis venu en retard, c�est quenbsp;j�ai manqu� Ie train�? Je l�ai entendu nommer un si �concessif�,nbsp;et un si �exclamatif�; en r�alit� il ne saurait �tre ni l�un l�autre.nbsp;Est�=ce qu�on a Ie droit de parler d�un �g�nitif� dans: �Ie chapeaunbsp;de Pierre�? Et ainsi de suite.

Beaucoup de syntacticiens appellant l�infinitif un �substantif�, en appelant une forme comma li dormirs un �infinitif substan#nbsp;tiv�. Ce qui ne semble pas tr�s Iqgique. Je lis dans une Syntaxenbsp;historique du francais, a propos de Tinfinitif: �Nous devonsnbsp;done �tudier ce substantif verbal. Ce substantif se distinguenbsp;d�autres substantifs, etc.� Apr�s quoi, dans Ie m�me paragraphe,nbsp;l�auteur parle d�un infinitif substantiv�. Et il en est de m�menbsp;dans bien d�autres expos�s de Fhistoire de la syntaxe fran^aise.nbsp;II est bien entendu que cette fa^on illogique de s�exprimernbsp;n�implique pas sans plus que ces auteurs se seraient tromp�snbsp;dans l�analyse des faits. Mais il y a pourtant ici quelque chosenbsp;qui �cloche�, et il n�est pas impossible du tout que parmi lesnbsp;auteurs qui s�expriment ainsi, il y en ait qui se soient laiss�snbsp;r�ellement induire en erreur par deux choses:

a) nbsp;nbsp;nbsp;par Ie fait que Tinfinitif /afin pouvait se d�cliner, commenbsp;un substantif,

b) nbsp;nbsp;nbsp;par Ie fait que l�infinitif peut remplir, dans une phrase,nbsp;les m�mes functions que peut y remplir un substantif.

Admettons qu�en latin l�infinitif ait �t� r�ellement un �sub# stantif�, faut#il en conclure que l�infinitif est done aussi unnbsp;�substantif� en fran9ais? Evidemment non. Le francais a connu,nbsp;a certaines �poques, un grand nombre d�infinitifs pr�c�d�s d�unnbsp;article, ou d�un pronom possessif. Dans ces cas, l�infinitif �taitnbsp;done r�ellement un �substantif�, puisqu�il prenait l�article^).nbsp;Mais depuis � pour autant que ces infinitifs n�ont pas perdunbsp;jusqu�a leur caract�re d�infinitif: le diner, les vivres, etc. �nbsp;l�infinitif a renonc� a ces pr�tentions: il ne prend plus l�article,nbsp;il ne prend plus comme qualificatif un adjectif, mais un adverbe.nbsp;En d�autres termes; l�infinitif s�est r�sign� depuis longtemps anbsp;ne plus pouvoir �tre un substantif. (On sait qu�en l�italien ilnbsp;continue a pouvoir l��tre). Aucun infinitif n�est plus jamais unnbsp;�substantif� en francais.

Reste la seconde question: a#t#on le droit d�appeler l�infinitif un �substantif� paree qu�il peut avoir, dans une phrase, les m�mesnbsp;functions qu�un substantif?

celle^ci: �Je vois qu�il part�, serait aussi un substantif. Et de m�me: tout accusativus cum infinitive, et Ie pronom r�gime dans:nbsp;�Je Ie vois�. En un mot: tout ce qui peut �tre sujet, apposition,nbsp;compl�ment extrins�que, etc. M. Sechehaye dit quelque part:nbsp;�L�infinitif tel que nous Ie rencontrons dans Ie grec et Ie latin,nbsp;dans nos langues romanes ou germaniques, n�est plus substantifnbsp;que par une certaine parent� logique qui apparait a la r�flexion;nbsp;eest une v�ritable innovation, une forme propre au verbe etnbsp;pr�sentant dans tout son habitus grammatical un caract�re sp�#nbsp;cifique parfaitement net.� Ailleurs Ie m�me savant dit que l�intfnbsp;finitif �est done beaucoup moins substantif que Ie participenbsp;n�est adjectif�. Je cite encore du m�me auteur la phrase suivante:nbsp;�l�infinitif est un substantif (et Ie participe un adjectif), quandnbsp;il s�agit d��tre Ie compl�ment de quelque chose; ils se retrouventnbsp;verbes quand il s�agit de ce qui d�pend d�eux�. A quoi j�opposenbsp;ma formule que l�infinitif francais n�est un �substantif� que lanbsp;oil il est pr�c�d� de l�article. Comment concilier ces deux pointsnbsp;de vue? D�une fa?on bien simple, a mon avis. II faut laissernbsp;�substantif� ce qui est r�ellement �substantif� (Ze cheval, Ienbsp;dormir); pour tous les cas o� il s�agit d��l�ments qui, sansnbsp;�tre des �substantifs�, peuvent remplir les functions syntaxiquesnbsp;qui sont avant tout celles du substantif, on pourrait se servirnbsp;du terme; �substantival�. La subordonn�e apr�s un verbe commenbsp;voir, l�accusativus cum infinitivo, Ie pronom atone r�gime, l�in^nbsp;finitif, voila done autant de �substantivaux�, ayant tous unenbsp;function �substantivale�, mais qui ne sont pas, pour cela, desnbsp;�substantifs�. M. Brunot appelle un pronom un �nominal�; nenbsp;craignons done pas d�appeler I�infinitif vm �substantival�. Ap?nbsp;pelons �pronom^substantif� une forme comme Ie mien, maisnbsp;�substantival� une forme comme me dans: �II me reconnait�.

Dans ce syst�me, qui soulignerait aussi bien les diff�rences que les identit�s essentielles, on appellerait done;

u mien = un �nominal (pronom) substantiv�; Le qu�en dira=t�on = une �phrase substantiv�e� ;

La question des noms syntaxiques soul�ve bien des difficult�s aussi sur le terrainnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;desnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;�valeurs�.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;En voidnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;une, en guise

On appelle g�n�ralement �si conditionnel� la conjonction dans une phrase du type:nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;�S�ilnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Tavait su,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;il l�auraitnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dit�. La m�me

conjonction s�appelle nbsp;nbsp;nbsp;�sinbsp;nbsp;nbsp;nbsp;concessif�nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dans imenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;phrase comme

Or, il n�y a pas longtemps, j�ai assist� a une discussion sur le nom a donner a la conjonction si dans; �Si je suis en retard,nbsp;c�est que mon train avait un retard d�une demi^heure�. Les unsnbsp;pr�tendaient qu�il s�agissait ici d�un si �concessif�; les autresnbsp;l�appelaient un si �exclamatif�. A mon avis il s�agit ici � sinbsp;1�on tient absolument a donner un nom a la conjonction ennbsp;question � d�un si �causal�. Void mon raisonnement.

Dans les trois phrases cit�es, la fonction syntaxique de si est �videmment la m�me; les diff�rences de signification se trouventnbsp;exclusivement dans le contexte. Si l�on appelle le premier si unnbsp;�si conditionnel�, cela veut dire, au fond, que le rapport quinbsp;existe entre la phrase principale et la phrase subordonn�e est unnbsp;rapport �conditionnel�. Dans la seconde phrase, on parle d�unnbsp;�si concessif�, paree que le rapport entre la principale et la suborsgt;nbsp;donn�e est un rapport �concessif�. Or, en appliquant ce crit�re anbsp;la phrase en question, on arrive a cette conclusion que si y estnbsp;un si �causal�, puisque le rapport entre la principale et la subornnbsp;donn�e dans: �Si je suis en retard, c�est que ...� est un rapportnbsp;causal. Je ne sais pourtant pas s�il serait recommandable d�ins*nbsp;troduire, ou de maintenir, ces noms dans la syntaxe; ils d�fi#nbsp;gurent vraiment un peu trop la r�alit� syntaxique. En s�engageantnbsp;irop loin dans cette voie, on finirait peut=gt;�tre par distinguer unnbsp;ne �n�gatif� d�un ne �prohibitif�, le premier dans une phrasenbsp;comme: �Je ne le fais pas�, le second dans une phrase comme:nbsp;�Ne le faites pas�, paree que dans la premi�re phrase il s�agiraitnbsp;d un fait ni�, et dans la seconde d�une interdiction. Ce syst�menbsp;m�nerait loin! Parlons plut�t dans les trois phrases avec si

cit�es plus haut d�un si �conditionnel�, pour opposer ainsi cette conjonction si a un si �dubitatif�, tel qu�on Ie trouve dans unenbsp;phrase comme: �Je ne sais pas s�il viendra.� Un troisi�me sinbsp;sera Ie si �affirmatif�. Et ainsi de suite, pourvu qu�il s�agissenbsp;de diff�rences essentieUes. Un si �causal� ne me semble pasnbsp;�tre de ce nombre; ce nest qu�une nuance stylistique de sinbsp;�conditionnel�. Et il en est de m�me, au fond, d�un pr�tendu sinbsp;�concessif� dans: �Si eet homme est pauvre, il n�en est pas moinsnbsp;content de son sort�. La langue connait un si�que �concessif�,nbsp;mais c�est tout autre chose!

M. Duhem, dans la pr�face de la Bibliographie des Tvavaux scientifiques de Pascal, parue en 1911, a dit toute la reconnais?nbsp;sance que Ton devait avoir pour M. Maire. En 1923, a I�occasionnbsp;du tricentenaire de Pascal, M. Maire publiait chez Beauchesne,nbsp;aux Archives de Philosophie, un Essai bibliographique des Pen=nbsp;s�es, et, entre 1925 et 1927 paraissaient a la librairie Giraud�nbsp;Badin, les cinq volumes de la Bibliographie g�n�rale de toutesnbsp;les oeuvres de Pascal, sur le chantier depuis 1884. La dette denbsp;reconnaissance des �rudits envers M. Maire s�est done cononbsp;sid�rablement accrue, car les recherches sont singuli�rementnbsp;facilit�es grace aux 1715 pages de bibliographie r�parties sous cesnbsp;titres: Pascal savant, Pascal pamphl�taire (Les Provinciales: 1.nbsp;Les �ditions, 11. Les documents) Pascal philosophe (Les Pens�es),nbsp;et, dans le 5��^ volume: Opuscules, Lettres, Biographie et Icono�=nbsp;graphie de Blaise Pascal.

A ces 1715 pages d��rudition, M. Maire a ajout� des Introduce tions: 32 pages pour Pascal savant, 101 pour le pamphl�taire,nbsp;89 pour le philosophe, et, en t�te du 5�^ volume, 96 pages dontnbsp;62 sur La vie et la movt de Pascal. Au total, plus de 300 pagesnbsp;in�ioctavo. Celles pr�fa^ant le premier volume sont parfaitementnbsp;objectives, et br�ves. Mais au second volume, le ton change.nbsp;C�est que M. Maire, qui n�avait pas a �crire une histoire desnbsp;sciences, a cru que �pour bien comprendre le sens et I�espritnbsp;des Lettres Provinciales, il importe de r�sumer ces doctrinesnbsp;dont le d�veloppement aurait amen�, non seulement en France,nbsp;mais dans une partie de I�Europe, une perturbation violentenbsp;dans les id��s morales et la conception du catholicisme.� [p. 3].nbsp;Et comme, a I�histoire de ces doctrines se rattache intimementnbsp;celle de la familie Amauld, M. Maire nous dit comment il voitnbsp;quelques membres de cette familie, a commencer par le dernier,nbsp;par Antoine, �le grand Arnauld, comme le d�signait son parti...

Il �tait altier, orgueilleux, avec une humeur intraitable, sous une apparence de douceur ... Son fr�re ain�, de vingt#trois ansnbsp;plus ag� que lui, celui qu�on nomme Robert Arnauld d�Andilly,nbsp;avait a peu pr�s le m�me caract�re, haineux, orgueilleux, vindijnbsp;catif� [p. 31].

Soit, et tant pis pour les deux fr�res, mais pourquoi M. Maire prend^il, comme seul garant, Varin, �un commentateur

tr�s �rudit, dit Sainte^Beuve, mais avec qui il a Ie regret de ne pouvoir �tre d�accord�, et dont Ie livre: La v�rit� sur les Avnauldnbsp;est �un m�chant livre, aussi mal pens� que folatrement �crit�

A Varin, M. Maire ajoute, il est vrai, Ie t�moignage d�un con# temporain d�Arnauld et il cite complaisamment la page de Jurieu:nbsp;�Je vous avoue que je suis tent� il y a longtemps de fairenbsp;connaitre au monde ce Tartufenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;M. Maire, qui saura, nous

Ie verrons, se servir de Voltaire, ne parle pas de Jurieu l�injmieux. Nous ne l�en blamerons pas; un bon mot, m�me de Voltaire,nbsp;n�est pas souvent une bonne r�ponse. Mais quoi: Arnauld �taitnbsp;injuste pour Ie protestantisme, et Jurieu, a son tour, �accordaitnbsp;trop aux lumi�res d�Arnauld et faisait tort a son coeur��). Tousnbsp;deux se trompaient et ne pouvaient gu�re ne pas se tromper,nbsp;s�par�s, comme ils l��taient par la th�ologie et par la politiquenbsp;Helas! Ce n�est point ici le pays de la v�rit�. Sans doute,nbsp;M. Maire, qui a tant remu� la poussi�re des livres, le sait, maisnbsp;pourquoi le bibliographe n�indique^t^il pas au lecteur la lettrenbsp;du 2 novembre 1685 dans laquelle Arnauld nous dit pourquoinbsp;il ne r�pondra pas au livre de Jurieu?

�Et cependant, continue M. Maire apr�s la page de Jurieu, cet homme entier, orgueilleux, ent�t� jusqu�a �tre d�savou� (?)nbsp;par son seul(?) ami Nicole, jusqu�a �tre abandonn� de tous(?),nbsp;oblig� de se cacher, de s�enfuir et de mourir en exil (M. Mairenbsp;en ferait^il un crime a Arnauld?), cet homme, a c�t� de sesnbsp;d�fauts, avait des qualit�s remarquables�; ... parfois �il retrouvaitnbsp;sa na�vet� naturelle, s�int�ressant aux jeux des enfants, s�aban;�nbsp;donnant a une joie spontan�e et innocente� [p. 34]. Malheurnbsp;reusement pour Arnauld, Freud est venu, et a l�occasion de cesnbsp;qualit�s, M. Maire croit que �la psychologie moderne pronon#nbsp;cerait peut;��tre le mot de refoulement�.

M. Maire [p. 35] consacre dixAuit lignes a la conf�rence de Bourgfontaine. II cite Filleau, Sauvage, Cant�, avec, en note, le

1) nbsp;nbsp;nbsp;Port=Royal IV, p. 50 et V, p. 12. Cf. III, p. 576 pour un jugementnbsp;plus d�taill� de Sainte:'Beuve sur Varin.

2) nbsp;nbsp;nbsp;L�Esprit de M. Arnaud. A Deventer, chez les h�ritiers de Jeannbsp;Colombius, 1684. [F pie p. 7].

*) ib. IV, p. 456. Le prince d�Orange, le h�ros de Jurieu, sera pour Arnauld le nouvel Absalon, nouvel H�rode, nouveau Cromwell,nbsp;nouveau N�ron. Voila qui s�appelle cumuler.

titre de leurs ouvrages. II ajoute une 4^�^ note: �Aujourd�hui on n�admet plus la r�alit� de cette r�union�. C�est de l�excellentnbsp;humour, ma�s Ie bibliographe aurait pu se contenter de porternbsp;Filleau, Sauvage, Cant�, dans la Bibliographie seule, et l�historiennbsp;pouvait remplacer ces dix^huit lignes par ces six mots: Calomnienbsp;des ennemis de Port�gt;Royal.

Mais M. Maire qui, �videmment, regrette que la r�union de Bourgfontaine soit un mythe, et qui doit �se contenter de noternbsp;que toute la doctrine jans�niste fut exprim�e et r�alis�e con#nbsp;form�ment aux r�solutions qu�on attribue a la conf�rence denbsp;Bourgfontaine�, ajoute une 5^quot;�'quot; note qui renvoie a Mgr. Ricardnbsp;et a son livre Les premiers Jans�nistes. Le bibliographe n�a pasnbsp;Ie droit d�ignorer eet ouvrage, mais l�historien devrait le tenirnbsp;pour un tissu de �calomnies, d�invectives et d�outrages�, depuisnbsp;les d�clarations de l�abb� Fuzet a M. Gazier, dans une lettre dunbsp;31 mars 1884, rendue publique en 19221).

Dans le paragraphe suivant, M. Maire porte ce jugement sur le livre d�Arnauld, La Fr�quente Communion: �R�dig� dans unnbsp;langage soign�, tr�s serr� et tr�s dialectique, il enleva le suffragenbsp;de quelques pr�lats qui se hat�rent de l�approuver, sans peut^�trenbsp;l�avoir lu et avant m�me que la pr�face en fut �crite�.

Les quelques pr�lats sont 20 [4 archev�ques et 16 �v�ques] auxquels se joignent 24 docteurs. Deux ans plus tard, en 1645,nbsp;toute la province d�Auch, compos�e d�un Archev�que et de dixnbsp;�v�ques, s�ajoutera a ces quelques pr�lats. Et, pour croire quenbsp;ces approbateurs ont pu ne pas avoir lu, il faut soi^m�me nenbsp;pas avoir lu leurs approbations. II y a mieux: M. Maire doutenbsp;que les pr�lats approbateurs aient fait leur devoir, mais unnbsp;archev�que qu�il ne r�cusera pas, M. de P�r�fixe, Talli� desnbsp;Jesuites, dira du livre d�Arnauld: �Je ne l�ai jamais lu sans ennbsp;devenir meilleur, et je l�ai lu cinq ou six fois� ^). M. Maire,nbsp;champion de l�orthodoxie, devrait parler moins cavali�rementnbsp;des pr�lats approbateurs et d�un livre qui n�a jamais �t� misnbsp;a rindex et dont les J�suites eux^m�mes ont tir� profit.

Arnauld, apr�s la publication de son livre, re^ut d�un anonyme une lettre de f�licitations. Cette lettre, sign�e D. H. est d�un agent

�Signor Ricard est un menteur impudent�. Augustin Gazier. Histoire g�n�raie du mouvement Jans�niste. t. II. p. 280. 281.nbsp;ld. Ibid. t. p. 50. Cf. Port Royal VI, p. 296.

provocateur, tr�s probablement ^). M. Maire avoue que cette forme de pol�mique est peu loyale et peu honn�te, mals, ajoute=tssil,nbsp;�il faut reconnaitre que la lettre est faite avec une grande habilet� etnbsp;que son auteur ... connaissait admirablement Amauld et sesnbsp;�crits�. Cela dit, il en imprime quelques extraits [p. 36�40].nbsp;Remercions du moins Ie bibliographe, puisque eet �crit n�existenbsp;plus qu�en copie manuscrite a la Mazarine.

�Orgueil, ent�tement, presque mauvaise foi, tout cela transparait dans les �crits d�Arnauld et ne laisse pas de r�v�ler un caract�re�nbsp;[p. 54]. Le chapelet est#il complet? Un grain, et inattendu, vanbsp;l�allonger: Arnauld �tait flatteur et Pascal s�y laisse prendre. Sinbsp;cela est, Amauld, qui avait une na�vet� naturelle, nous a ditnbsp;M. Maire, �tait en m�me temps bien habile, en effet. M. Mairenbsp;s�appuye sur le passage des M�moires de Marguerite P�riernbsp;relatant l�incident du projet de d�fense d�Amauld que lanbsp;Sorbonne va condamner, au d�but de 1656. �II fit done un �crit,nbsp;lequel il lut en pr�sence de tous ces messieurs, qui n�y donn�rentnbsp;aucun applaudissement. M. Amauld qui n��tait point jaloux denbsp;louanges, leur dit; Je vois bien que vous trouvez eet �critnbsp;mauvais, et je crois que vous avez raison; puis il dit a M. Pascal:nbsp;Ma�s vous qui �tes jeune, vous devriez faire quelque chose.nbsp;M. Pascal fit la premi�re lettre, la leur lut. M. Arnauld s��cria:nbsp;Cela est excellent, cela sera go�t�, il faut le faire imprimer�.

Nous voyons dans ces quelques lignes le contraire exactement de l�orgueil et de Tent�tement. Mais la flatterie, l�habile flatterie?nbsp;Pour M. Maire, elle est dans les mots que nous avons soulign�s.

Mais, apr�s tout, pourquoi Pascal n�aurait^il pas �t� dupe d�Arnauld? �II se laissait influencer facilement, il se laissaitnbsp;entrainer par qui savait le dominer: apr�s son p�re, Desargues,nbsp;apr�s Desargues, Roberval et Mersenne, apr�s Roberval, M�r�,nbsp;apr�s M�r�, sa sceur Jacqueline; apr�s sa soeur, Singlin; apr�snbsp;Singlin, Arnauld. Toute la psychologie scientifique et th�ologiquenbsp;de Pascal se trouve dans ces �volutions� [p. 55].

On le voit: c�est tr�s simple. Encore fallait�il y songer. Malheureusement M. Maire oublie que quelques pages plus

�Vous forgez des �crits pour rendre vos ennemis odieux, comme la Lettre d�un Ministre k M. Arnauld, que vous d�bitates dans tout Paris...�nbsp;Pascal, Quinzi�me Provinciale.

haut il a �crit [p. 46]. �Quelle joie! quel orgueil pour Pascal d�avoir pu persuader son p�re�; et dans ia suite du paragraphenbsp;M. Maire nous montre Pascal convertissant �par .son exemple,nbsp;par ses discours pleins de feu, de chaleur, d�entrainement,nbsp;sa soeur Jacqueline, sa sceur Marguerite [lire: Gilberte] et unnbsp;beau fr�re�.

Avec ce Pascal aux ordres d�Arnauld, selon M. Maire, et simple arrangeur des documents qui lui seront remis, nousnbsp;voici arriv�s aux Provinciales. �C�est alors [apr�s la 4�' lettre]nbsp;qu�a l�instigation d�Amauld surtout il attaqua directement lesnbsp;J�suites� [p. 66], Ici, M. Maire transcrit en note Ie passage

de prouver qu�ils [les J�suites] avaient un dessein form� de corrompre les mceurs des hommes ...�. Pascal a formellementnbsp;d�clar� Ie contraire. Voltaire, sans doute, Ie savait, mais sansnbsp;doute aussi, il avait int�r�t a ne pas se Ie rappeler l�ann�e o�nbsp;il �crivait cette contre^v�rit�. M. Maire sait tout cela mieux quenbsp;nous. Pourquoi Ie bibliographe impartial est#il un histori�nnbsp;tendancieux?

�La valeur pol�mique des Provinciales, on Ie sait aujourd�hui, d�clare M. Maire, nest d�cid�ment qu�une valeur litt�raire, maisnbsp;d la faut alors d�signer comme exceptionnelle, car c�est elle etnbsp;elle seule qui, pour des si�cles, pour toujours peut^�tre, a accr�dit�nbsp;la l�gende des J�suites, qui, surtout, l�a implant�e d�un coup dansnbsp;la cr�dulit� g�n�rale� [p. 73]. Am�re constatation: Pascal, avocatnbsp;g�nial d�une mauvaise cause. Et voici la seconde, inverse exacternbsp;ment, mais non moins am�re; �Le P. Nouet, en collaborationnbsp;avec le P. Annat, a ouvert la lutte par une r�ponse a la premi�renbsp;lettre. Homme instruit et bon th�ologien, ses �crits �taient d�unnbsp;style lourd et p�dant; aussi sa r�plique, tr�s juste dans le fond,nbsp;ne produisit aucun effet, mais il pers�v�ra, sans se d�courager,nbsp;et r�pondit successivement, lettre par lettre, jusqu�a la quinzi�menbsp;sans obtenir d�ailleurs le moindre succ�s aupr�s du public ... ;nbsp;1��clat des Provinciales submergeait ces �crits et ne les faisaitnbsp;m�me pas lire� [p. 71]. Si le public ne les a pas lus, il a eu tort,nbsp;surtout s�ils �taient �tr�s justes dans le fond�. Mais quelqu�un aunbsp;moins les a lus, et y a r�pondu: Pascal.

les procurer. La dix^huiti�me Provinciale, dat�e du 24 mars 1657, est publi�e au commencement de mai. Le 13 ao�t suivant, Li�genbsp;approuvait les R�ponses aux Lettres Provinciates, qui paraissaientnbsp;en 1658 [peut^�tre en 1657, date que nous lisons sur une fichenbsp;de catalogue], et �taient r�imprim�es en 1659, rivalisant de vitessenbsp;avec les �ditions collectives des Provinciales.

En 1694, le P. Daniel fit imprimer une r�ponse aux Proving ciales �qui a disparu quasi avant de paraitre, �crit Bayle. Elle nenbsp;co�tait que cinquante sols et Ton dit qu�on a offert d�en rendrenbsp;un louis d�or de quatorze francs a tous ceux qui l�avaient achet�e,nbsp;s�ils voulaient la rendre�. Et M. Maire de continuer: �Ce proc�d�nbsp;�tait bien dans les usages des Jans�nistes qui supprimaient lesnbsp;livres et les papiers qui les g�naient ou qui achetaient les gensnbsp;a prix d�or� [p.72]. Ce proc�d� est, en effet, bien vilain. Mais, il ynbsp;a des circonstances att�nuantes: ces Jans�nistes sont des... J�suites,nbsp;car ce sont les J�suites qui ont rachet� a prix d�or le livre d�unnbsp;des leurs dont la publication ne leur paraissait pas opportune.nbsp;II fut r�imprim� deux ans plus tard, et m�me traduit en latin,nbsp;allemand, anglais et italien, �crit complaisamment M. Maire.nbsp;Pourquoi l�historien ni le bibliographe n�ajoutent^ils pas que lanbsp;traduction latine fut mise a l�Index?^).

En avan9ant dans la lecture de l�Introduction, on a l�impression que l�historien regarde tant�t par le gros bout, tant�t par le petitnbsp;bout de la lunette. Comme le bibliographe ^joutera 9a et la,nbsp;a la description des livres, des notes qui veulent �tre des juge#nbsp;ments, il est important de rendre aux mots qu�il emploie leurnbsp;exacte valeur. Les passages de l�introduction sur l�abb� Maynardnbsp;et Havet nous y aideront, croyonsmous. C�est dans son chapitrenbsp;Les Citations � A quoi se r�duit leur v�racit�, que M. Mairenbsp;distribue la louange et le blame.

�Dans le texte m�me des lettres, l�abb� Maynard r�tablit par des notes souvent fort amples les parties des citations tronqu�esnbsp;OU mal donn�es. Tout au plus, pourraifelt;on dire que l�abb�

Maynard dans son d�sir de justice, d�ploie^t�l une certaine partialit� en faveur des casuistes?� [p. 69]. Au lieu de: certainenbsp;partialit�, nous proposons de lire: partialit� certaine.

Page 100: �... l�abb� Maynard fait une r�vision s�v�re, et peuts�tre partiale, des citations donn�es par Pascal.� L�on com*nbsp;prend qu�ici peut=�tre signifie certainement.

�Apr�s l�abb� Maynard, Havet et surtout Aug. Molinier ont constat� eux aussi des erreurs et des absences de nettet� dansnbsp;les citations.� En ce qui concerne Havet, c�est: na pas constat�,nbsp;qu�il faut lire ^).

Grace a cette mise au point. Ton donne son coefficient d�im# portance a la note que M. Maire a ajout�e, dans la partienbsp;bibliographique, a la description de l��dition Havet: �Se tenirnbsp;sur une grande r�serve sur la valeur de cette �dition. L��diteurnbsp;�crit avec un partUpris �vident et a l�aide des notes de Wendrocknbsp;dans r�dition latine de 1658, il veut d�montrer 1�exactitude desnbsp;citations de Pascal extraites des ouvrages des Casuistes�. [p. 315].

Dans Ie second volume. Les documents, les notes sont moins rares. Elles restent peu nombreuses; M. Maire est un savantnbsp;discret, et sage, a preuve cette nbte a VHistoire du Jans�nismenbsp;du P. Rapin, publi�e par l�abb� Domenech: �Lire avec prudencenbsp;car la th�se de lauteur est enti�rement contre les Jans�nistes.�nbsp;[p. 20]. Mais, page 12, a l�occasion du livre de l�abb� Fuzet:nbsp;Les Jans�nistes du XVIP si�cle, M. Maire nous dit: �Toutnbsp;l�ouvrage est �crit dans un esprit nettement antUjans�niste, maisnbsp;avec assez d�impartialit�. II parait �tre fait avec des documentsnbsp;de seconde et troisi�me main.� Les mots que nous avons soulign�snbsp;sont des euph�mismes, �videmment, ou bien M. Maire, a d�fautnbsp;de l�article de M. Gazier dans la Revue historique, qui n�est pasnbsp;mentionn�, n�a pas lu l�article du m�me auteur mentionn� pagenbsp;20 sous Ricard (Mgr), et qui a valu a M. Gazier la lettre denbsp;l�abb� Fuzet du 31 mars 1884. Par cette lettre et par une autrenbsp;du 4 d�cembre 1892, M. Maire aurait su que l�abb� Fuzet,nbsp;devenu �v�que, portait sur son propre livre un jugementnbsp;beaucoup moins favorable que son bibliographe. Le livre denbsp;M. Gazier, Histoire g�n�rale du mouvement jans�niste, renferme,

pages 280 et 281, des fragments de ces lettres qui n�ont pas �clair� M. Maire, car il l�a emichie d�une note: �Cette oeuvrenbsp;est �crite avec partialit�. Le choix des auteurs cit�s Ie d�montrenbsp;abondamment et Vauteur montre bien qu�il a �t� le chef dunbsp;jans�nisme contemporain� ^).

Au sujet du Dictionnaire des h�r�sies et du Dictionnaire du Jans�nisme de l�abb� Pluquet, M. Maire nous avertit: �Etre tr�snbsp;r�serv� sur la valeur de ces articles.� Or on sait par l�avertisse#nbsp;ment de l��diteur, l�abb� Migne, que le Dictionnaire de Pluquetnbsp;est un xemaniement de celui du P. Patouillet, lequel avait refondunbsp;la Biblioth�que Jans�niste du P. Colonia. Le P. Colonia fut misnbsp;a rindex le 20 septembre 1749, et le P. Patouillet le 11 marsnbsp;1754. Si done nous devons �tre r�serv�s en lisant Pluquet, redou#nbsp;blons de prudence quand nous consulterons ses sources impures.nbsp;Cependant M. Maire, sous Colonia=lt;�dition de 1744 (sic), et sousnbsp;Patouillets¹ ²�dition de 1752 (sic), imprime deux pages et quatrenbsp;pages d�extraits dans lesquels Pascal et consorts sont proprementnbsp;arrang�s. Comme ni la mise a l�index, ni la filiation ne sontnbsp;indiqu�es, le lecteur risque de s��garer, s�il s�en tient aux extraits.

Etre tr�s r�serv�, comme le conseille M. Maire, ne suffit pas, car voici ce que M. Bremond �crit, au sujet de Franfois denbsp;Clugny, un oratorien que Ton ne pouvait cependant pas accusernbsp;de pencher vers la rigueur jans�niste: �La notice venimeuse quenbsp;lui a consacr�e la Biblioth�que jans�niste n�est pas le chapitre lenbsp;moins inique de ce m�chant livre, si justement condamn� parnbsp;rEglise�2).

Dans la section XVI [Critique litt�raire, p. 470] on voit avec surprise Saint^Evremond et le volume de ses CEuvres m�l�es,nbsp;dont M. Maire imprime quelques lignes. �... H y a quelquesnbsp;ann�es qu�il y eut dans la Langue Fran9oise une esp�ce d�inon#nbsp;dation g�n�rale de certaines mani�res de parler. On n�osaitnbsp;plus se servir de la premi�re personne ...� Nous soup9onnons

1) �Nous �tions bien abus�s; vous me preniez pour un supp�t de VUnivers; je pensais que vous �tiez un jans�niste enrag� ... Je vousnbsp;remercie de votre absolution, j�y tenais beaucoup�. Op. cit. p. 280.

Histoire litt�raire du sentiment religieux en France. Tome VII, p. 287. Cf. t. IX, p. 48�49.

M. Maire de ne pas avoir �t� int�ress� avant tout par ce passage, mais par la note de l��diteur, qu�il imprime �galement: �Lesnbsp;Jans�nistes invent�rent cette esp�ce de Jargon pour se distinguernbsp;dans Ie monde, et s�acqu�rir une r�putation de modestie etnbsp;d�humilit� extraordinaire.� Ce jugement t�m�raire est au comptenbsp;de l��diteur de 1711 [Londres], qui s�appuye sur Bayle. L��diteurnbsp;de 1726 [Amsterdam], est a la fois plus bref et plus charitable:nbsp;�Les Jans�nistes de Port Royal affectaient de parler par On.�nbsp;II est en m�me temps plus document�, car il continue ainsi:nbsp;�Mr. de Saint^Evremond nous apprend que cette mzni�re denbsp;s�exprimev en tierce personne fut introduite a Ia Cour par Mr. denbsp;Turenne et [nous continuous a notre tour] entretenue apr�s sanbsp;mort par ceux de sa Maison� [V. 373].

Ce petit probl�me du On est plus compliqu� que ne Ie croient les grammairiens, les historiens de la litt�rature et les biographes.nbsp;En tout �tat de cause l�on doit dire d�s maintenant que lesnbsp;Jans�nistes ne sont pas les seuls coupables, si coupables il y a.

�A partir de la page 13 jusqua la fin, l�auteur expose en vers pourquoi les uns et les autres ont sign� Ie formulaire.�

II s�agit de Ia Lettre d�un avocat a un de ses amis, sur la signature du fait contenu dans Ie Formulaire. Lisonsda. Les versnbsp;� satyriques � nous permettront de clore par un sourire cesnbsp;quelques remarques en marge de la bibliographie savante etnbsp;pr�cieuse de M. Maire. A la suite de ces treize pages, quenbsp;beaucoup d�indices nous feraient attribuer a Nicole, on a r�uninbsp;trente^six �pigrammes. Le tout dat� de 1664. La premi�re estnbsp;attribu�e a Racine: c�est dire qu�elle est mordante:

Cette m�me ann�e. La Fontaine rimait sa jolie ballade sur Escobar. Ces �pigrammes, d�auteurs diff�rents, a coup sur, etnbsp;de valeur in�gale, ne sont pas toutes du Racine ou du Lanbsp;Eontaine. Cependant cette autre se rapproche assez de la na�vet�

du contem. Le premier vers de Ia fable, qui, du reste, ne paraitra imprim�e qu�en 1668:

Ne nous moquons pas du petit Novice. Voltaire, qui n�est en aucune fa^on novice, a cru, ou voulu croire, que Pascal �taitnbsp;fou, Joseph de Maistre trouvait le savant surfait et l��crivainnbsp;ennuyeux, et Chateaubriand, jusqu�a 1829, a cru Pascal menteur.nbsp;Pour M. Maite, il fait siennes [IV. 87] les conclusions denbsp;M. Blondel: �Le jans�nisme de Pascal est superficiel, emprunt�,nbsp;occasionnel, �quivoque.� Le contraire, exactement, de ce que, pournbsp;notre compte, nous croyons se rapprocher davantage du vrai. Mais,nbsp;apr�s tout, � et avant tout �, cette pens�e de Pascal est plusnbsp;vraie encore que ce que les uns et les autres peuvent croire:nbsp;�Ce n�est point ici le pays de la v�rit�, elle erre inconnue parminbsp;les hommes.�

Le probl�me de la souffrance se rattache au grand probl�me de la Vie, et m�me s�identifie avec elle. Depuis Platon, en passant parnbsp;l�Eccl�siaste, et les grands moralistes du XVIIe si�cle jusqu�anbsp;Schopenhauer, tous les penseurs qui se sont efforc�s de cherchernbsp;un sens a la vie, ont reconnu que la douleur est la substancenbsp;m�me de l�existence humaine. �Vivre, c�est souffrir�: c�est ennbsp;cette br�ve maxime que se r�sum� la sagesse des nations, cenbsp;qui, transpos� sur le plan philosophique, revient a dire que lenbsp;vouloir^vivre �tant immanent a l�homme, il ne peut jamais senbsp;satisfaire.

Toute joie, tout bonheur, naissant forc�ment d�une privation, d�une souffrance pr�alable, aussit�t le d�sir combl�, l�ennui, lenbsp;tourment et la douleur s�installent a sa place. Nous sommesnbsp;les esclaves de nos d�sirs, et toute notre vie se passe a changernbsp;de prison.

C��tait assez l�avis de Socrate, comme Platon nous le dit dans son Ph�don.

Pourtant, si la douleur est vieille comme le monde, le probl�me de la souffrance n�existait gu�re pour les Anciens: La douleur,nbsp;aussi bien que la joie et le bonheur, �taient pr�sents des dieux.

Dans VHippolyte d�Euripide la nourrice dit a Ph�dre: �souffrir est une n�cessit� pour les mortels�'^). La n�cessit�nbsp;elle^m�me ne se discutait pas; on la subissait. C�est le Chris�gt;nbsp;tianisme qui, en posant le probl�me du p�ch� originel et dunbsp;mal, a cherch� a r�soudre toutes les questions morales ounbsp;m�taphysiques que soul�vent les relations entre l�homme etnbsp;son Cr�ateur.

S�il est vain de demander a la Ph�dre antique du remords au sujet d�une action qu�elle n��tait pas libre de ne pas cornsnbsp;mettre, il n�en est pas de m�me de la Ph�dre de Racine, malgr�nbsp;soi perfide, incestueuse, et qui �regarde la seule pens�e du crimenbsp;avec autant d�horreur que le crime m�me�.

Or, il est �vident que pour l�homme responsable de ses actes chaque faute se paye en souffrances, et m�me chaque pens�enbsp;coupable. Mais la question devient bien plus int�ressante quandnbsp;l�homme se d�bat dans l�incertitude et le doute et qu�il cherche

a approfondir la cause ou Ie pourquoi de souffrances en ap# parence imm�rit�es.

A ce propos qu�on nous permette de citer un passage significatif du roman Les souffrances perdues de M. Andr�nbsp;Th�rive: �... Mais Mme Plavigneux s��tait lev�e, et lui ditnbsp;brusquement: Dites#moi, M. Ph�lipier, croyez=�vous que lesnbsp;douleurs que Dieu nous envoie, servent jamais a quelque chose?nbsp;... Eh bien! moi (c�est toujours Mme P. qui parle) je vousnbsp;dis que vous reconnaitrez toujours les innocents a ce qu�ilsnbsp;sont couverts de souffrances et de mauxl�i)

II y a done, comme Ie titre du roman Ie fait pr�sumer, des souffrances �perdues�, c.#a!gt;d. des souffrances inutiles, des souf#nbsp;frances qui ne rach�tent rien, qui ne profitent a personne, pasnbsp;m�me a la personne qui souffre. Et d�autre part il y a desnbsp;souffrances utiles. Si l�on pressait un peu l�auteur de dire sanbsp;pens�e tout enti�re, il avouerait, croyons^nous, que les souf=nbsp;frances sont d�autant plus utiles qu�elles sont plus imm�rit�es.

De la a consid�rer la douleur comme un signe d��lection auquel on reconnait les innocents il n�y a qu�un pas. Le Roman?nbsp;tisme l�a hardiment franchi en cr�ant ces h�ros vou�s a lanbsp;souffrance, marqu�s d�un sceau fatal, et qui s�appellent Ren�,nbsp;Obermann, Didier, Hernani ou Chatterton, autant de variationsnbsp;sur le th�me de la fatalit� du malheur, puisque tous, tantnbsp;qu�ils sont, ils se croient �n�s pour �tre du malheur un mod�l�inbsp;accompli�.

Dans la carri�re des po�tes romantiques le h�ros fatal ne marque qu�une phase, une mode litt�raire, un �tat d�ame passager,nbsp;tel le Werth�risme ou le Byronisme. En prenant contact avecnbsp;la Vie, avec ce que Maeterlinck appelle si justement le �tragiquenbsp;quotidien�, ils ont appris a �largir le th�me de la douleur ennbsp;y r�int�grant des consid�rations d ordre moral ou m�taphysique.nbsp;A eet �gard, la vie de Maurice de Gu�rin offre un exemplenbsp;fort curieux. D�s l�^e de 18 ans, il �crivait a l�Abb� Buguet;nbsp;�Le malheur est h�r�ditaire dans ma familie. Pourquoi le sen?nbsp;timent du malheur ne se communiquerait?il pas avec le sang?�

Plus intime, moins th�atrale que dans la bouche d�Hernani, la protestation du jeune po�te contre une destin�e in�luctablenbsp;dont il se croit victime, n�en est que plus �mouvante.

Pourtant, qu�on p�n�tre plus avant dans la pens�e du po�te du Centauve, et l�on verra qu�il a beaucoup r�fl�chi sur Ie sensnbsp;de la douleur. Dans la solitude du Cayla, il apprend que lanbsp;douleur, en �liminant de notre coeur les vaines protestations,nbsp;les regrets superflus, les plaintes st�riles, y �labore une vie nou#nbsp;veile; que l�homme ne peut trouver Ie repos que dans la mesure,nbsp;la discipline et la sagesse. C�est ce que Ie passage suivant,nbsp;emprunt� a la Meditation sur la mort de Marie prouve clairement:

�Tandis que l��l�ment pesant et grossier de la douleur s��# chappe par les larmes et tous les signes d�affliction qui �clatentnbsp;d�abord, la partie pure, spirituelle et vraiment de dur�e se retirenbsp;dans Ie fond de l�ame, sans bruit, sans �motions de sens, pournbsp;y s�joumer jusqu�a la fin, recueillie et vigilante. De eet asile,nbsp;elle gouverne secr�tement la pens�e et la vie tout enti�re. Parnbsp;une puissance qui agit avec pr�caution et dans Ie myst�re, ellenbsp;entreprend la transformation de l�ame.�

Lib�ration, spiritualit�, effort de vie ascendante � voila done Ie plus clair du b�n�fice qu�on peut tirer de la douleur. Tousnbsp;ceux qu�une grande douleur a touch�s de son aile sombre,nbsp;reconnaitront dans les m�ditations de Maurice de Gu�rin Ienbsp;secret langage de leur cceur.

D�une mani�re g�n�rale on peut dire que les po�tes parnas# siens, de par leur foi positiviste et leur conception de Tart, ontnbsp;d�daign� de chercher un sens a la douleur. Ce n�est pas quenbsp;Leconte de Lisle m�connaisse l�importance du probl�me angois#nbsp;sant des fins possibles de la souffrance; seulement Ie spectaclenbsp;de la douleur humaine ne lui arrache qu�un cri de r�voltenbsp;d�sesp�r�:

Si dans la Vision de Brahma le po�te demande au Dieu supr�me Bhagavat#Hari pourquoi un Dieu bienfaisant, tout#nbsp;puissant, peut souffrir le mal, pourquoi le monde est imparfait,nbsp;il n�obtient pas plus de r�ponse que �le divin Pils� parlant aunbsp;�Divin P�re� dans le Mont des Oliviers de Vigny:

D�o� vient qu�aux cieux puissants ta force se d�chaine? D�o� vient qu�elle palpite et hurle avec les flots?

II est vrai qu�a ces questions passionn�es Hari r�pond dans les dix strophes suivantes, mais sa r�ponse n�offre aucune prise anbsp;Tame assoiff�e de certitude. Puisque Hari luis^m�me n�est qu�unnbsp;r�ve, puisque toute chose n�est que Ie r�ve d�un r�ve, la supr�menbsp;sagesse est de vivre dans un renoncement complet, de prendrenbsp;son parti de l�irr�alit� profonde de l�Univers, ce �N�ant divin�,nbsp;si cher a Leconte de Lisle.

Et la seule r�alit� qui lui permette de vivre sera de sculpter de beaux vers, �de sceller son r�ve flottant dans Ie bloc r�sistant�nbsp;sur lequel Ie Temps ne mordra pas.

Chose curieuse: du po�te des Po�mes tragiques ou du po�te des Fleurs du mal ce n�est pas Ie dernier qui s�est vraimentnbsp;r�fugi� dans Ie palais artificiel de l�art: c�est bien plut�t Lecontenbsp;de Lisle. II s�y est m�me retranch� pendant la meilleure partnbsp;de sa vie. C�est pourquoi les sombres anathemes du grandnbsp;Parnassien ont je ne sais quoi d�acad�mique, d��tudi�, deguind�nbsp;m�me, qui pr�terait ais�ment au pastiche. Comme l�expressionnbsp;de la douleur est plus sinc�jre, plus vibrante et poignantenbsp;chez Baudelaire! II y a un monde entre Ie pessimisme opaquenbsp;de Leconte de Lisle et Ie pessimisme travers� d��clairs fulgu==nbsp;rants d�espoir, d��lans de confiance mystique, de frissonsnbsp;d�horreur et de volupt� du po�te des Fleurs du mal.

Les Po�mes barhares crient la certitude que l�homme est n� mauvais, les Fleurs du mal la murmurent, la sanglotent surnbsp;Ie ton de la litanie, et Ie mode de la confession. Leconte de Lislenbsp;proteste, d�blat�re contre l�iniquit� de la souffrance, Baudelairenbsp;aime et recherche la souffrance en soi, il tire des jouissancesnbsp;subtiles et perverses de la douleur, mais il sait aussi qu�ellenbsp;est �la noblesse unique�, qu�elle est Ie �divin rem�de a nos

impuret�s�, et que, m�me lorsqu�il a roul� au fond du gouffre, tous les espoirs de r�demption et de purification lui sont permis.

La douleur anUelle un accent particulier, un mode d�express sion caract�ristique dans Toeuvre des romanciers naturalistes?nbsp;Nous ne Ie croyons pas. Evidemment Ie style proprement ditnbsp;n�est pas en cause, puisqu�une seule page de Maupassant senbsp;diff�rencie assez nettement d�une page de Zola, et plusnbsp;encore d�une page de Daudet. Pourtant, ce qu�on ne saurait gu�renbsp;nier, c�est que la douleur dans Ie roman naturaliste n�a pasnbsp;une r�sonance a elle: dans cette vaste com�die de la b�tisenbsp;humaine je n�entends que la mome tristesse intellectuelle denbsp;1��poque, refrain monotone, esp�ce de basse continue, obstin�e,nbsp;o� les harmoniques font cruellement d�faut. �

D�o� vient alors qu�en g�n�ral les romanciers modemes tirent des accords plus profonds du motif de la douleur? cela nenbsp;tiendrait�l pas a ce que, sous l�influence des romanciers russesnbsp;et anglais, Thomme n�est plus, comme chez Balzac et Flaubert,nbsp;consid�r� dans ses rapports avec la vie sociale et familiale, maisnbsp;comme un �tre particulier, unique, irrempla^able, souvent �nigmenbsp;OU chaos vivant^) pour luissm�me? Dans Ie roman moderne Ienbsp;tragique quotidien ne jaillit presque jamais de grandes aventures,nbsp;ni de grands conflits: il se r�v�le par Ie seul fait de vivre. Lesnbsp;questions morales que rencontrent les personnages du romannbsp;moderne, c�est en fonction d�eux^m�mes et presque jamais ennbsp;function de la soci�t� qu�ils cherchent a les r�soudre.

D�s lors, pour �tre plus cach�es, les sources de la douleur ne sont pas moins vives, ni moins f�condes. Dans tel romannbsp;moderne, on rencontre des personnages qui essaiment de la dou!gt;nbsp;leur, tant il est vrai que pour eux Ie myst�re de la douleurnbsp;se confond avec l��nigme de la vie.

C�est ce qui explique que des romans comme La Bonifas de Jacques de Lacretelle, VEpithalame de Jacques Chardonne, lanbsp;L'ie secv�te d�Edouard Estauni� exhalent une sorte d�acrenbsp;tristesse et laissent dans la bouche du lecteur un go�t de cendre.

Stephan Zweig, Dosto�evski: �Chez Dosto�evski I'ame est un pur chaos�, (p. 173).

En outre, les froissements, les malentendus, les chagrins sans cause apparente, entre individus qu�une sorte de fatalit� condamnenbsp;a se heurter, y cr�ent une atmosph�re grise, lourde d�orages.

Le th�me de la douleur, en s�incorporant celui de la solitude morale, y prend une r�sonance particuli�re. A ce titre on pourraitnbsp;dire que toute 1�oeuvre de M. Mauriac n�est qu�une longue com#nbsp;plainte de la solitude. Voici ce que dans ses Essais critiquesnbsp;Marcel Arland dit fort a propos au sujet de Mauriac: �Sesnbsp;personnages semblent en v�rit� porter en eux leur solitude, ilsnbsp;croient �tre seuls paree qu�ils ne sont pas aim�s ou qu�ilsnbsp;n�aiment pas; vienne l�amour, ils se sentent aussi seuls.�

Peu de romanciers contemporains ont p�n�tr� plus avant dans le d�sert de la solitude qu�Edouard Estauni�. Rien de plusnbsp;significatif sous le rapport de la solitude morale que l�aveu,nbsp;d�couvert par Revel dans le journal posthume de son aminbsp;Pierre Jauffrelin, qui s�est donn� la mort pour n�avoir pu franchirnbsp;Tabime qui le s�parait de sa jeune femme: ��tre seul n�est pasnbsp;vivre dans le silence et hors de toute pr�sence humaine; c�estnbsp;�couter des paroles et ne pouvoir les entendre, �tre poss�d� parnbsp;une femme et ne pouvoir ratteindre; c�est guetter avidement,nbsp;par dela le sens des mots qui vont et viennent, un autre sensnbsp;profond que l�on soup^onne, mais qui d�fie par son myst�renbsp;la plus audacieuse effraction; c�est surtout, a l�heure o� l�on senbsp;croit maitre d�une ame, d�couvrir en elle des paysages lointains,nbsp;inaccessibles et si vastes que ce qu�on croyait coimaitre ne comptenbsp;plus . . .�^).

Dans rAppel de la route une jeune fille, Genevi�ve Lormier pour avoir �t� �lev�e par son p�re dans une sorte de solitudenbsp;absolue, n�ose lui faire l�aveu d�un amour qui aurait fait lenbsp;bonheur de sa vie. �Pour se torturer ces deux �tres d�ja avaientnbsp;commence de se taire�, et le tragique c�est que le p�re et la fillenbsp;vivent a leur insu dans le plus affreux malentendu qui se puissenbsp;concevoir.

Le probl�me de la douleur, tel que Mauriac et Estauni� le posent dans leurs romans, �voque souvent le Destin antique,nbsp;paree que la souffrance y tire son origine le plus souvent denbsp;sources irresponsables. II est curieux de constater que l�un etnbsp;l�autre romancier se sont graduellement �vad�s du eerde fatal;

Mauriac en faisant appel aux consolations qu�offre aux ames �gar�es la religion catholique; Estauni� en acceptant la douleurnbsp;comme une grace r�demptrice et en mettant en relief la beaut�nbsp;morale que repr�sente une souffranee noblement support�e.

On a dit de I�oeuvre de Gide quelle �semble ignorer la douleur� 9- Disons tout d�abord qu�il serait assez curieux quenbsp;parmi tant de questions morales qui I�ont sollicit�, I�auteur denbsp;la Potte Etroite eut ignor� pr�cis�ment celle de la douleur, lanbsp;plus angoissante de toutes.

Ce qui trompe toujours les critiques, e�est que Gide ne s�installe jamais a demeure dans une id��; pour lui une id��nbsp;ne repr�sente pas une d�monstration a faire, ni une cause anbsp;gagner; e�est plutot une exp�rience sentimentale dans l��volutionnbsp;de son �tre, un cap plus ou moins difficile a doubler, maisnbsp;qui ne l�emp�che jamais de cingler vers de nouveaux rivages.

Qu�on revive par le souvenir le drame cruel de l�incompr�# hension r�ciproque entire Michel et Marceline dans 1�Immoraliste,nbsp;qu�on relise La Porte Etroite, la Sytnphonie pastorale, I�Ecole desnbsp;Femmes de la mani�re dont on lit Montaigne, e�est a dire �ennbsp;zigs=zag�, la seule mani�re qui vaille, et que Ton nous dise apr�snbsp;si la douleur n�est pas infuse dans ces r�cits; si, pour rendrenbsp;pleinement justice au talent de Gide, il ne faudrait pas corrigernbsp;le vieil adage �vivre, e�est souffrir� en I�allongeant un peu; sinbsp;pour J�r�me et Alissa, pour Gertrude et son pasteur, pournbsp;Robert et Eveline vivre n�est pas seulement souffrir, mais aussi,nbsp;et surtout faire souffrir les autres!

Get essaimage de la douleur est m�me caract�ristique des personnages de Gide. Et, pour nous en tenir au seul exemplenbsp;sugg�r� par La Porte Etroite, quoi de plus poignant que lenbsp;spectacle de deux �tres faits pour s�entr�aimer et qu�une sorte denbsp;fatalit� semble empecher de se rapprocher I�un de I�autre.

Ne dirait#on pas que J�r�me n�aurait qu�a prononcer un seul mot pour qu�Alissa, qui par une sorte d�orgueil a reboursnbsp;s�ent�te dans son amour#vertu, se laissat aimer selon son cceurnbsp;et son instinct de femme?

comme celui d�Alissa, Ie timide J�r�me ne Ie trouve pas, et ne Ie trouvera jamais, paree que sa fagon a lui d�aimer Alissanbsp;l��loigne de lui et la pousse toujours davantage dans la voie dunbsp;r^oncement et du sacrifice.

Non, Gide n�ignore pas la douleur, mais il se refuse a lui chercher un sens. La th�se jans�niste d�Estauni� lui r�pugnenbsp;autant que la th�se catholique de Mauriac.

Si Ie probl�me de la douleur se rattache comme nous l�avons dit, au probl�me de la vie, on ne saurait nier qu�il se rattachenbsp;aussi au probl�me de Dieu.

Par la souffrance, Thomme acquiert Ie besoin de l�immortalit�, et, brisant les limites d�im pr�sent qui ne compte plus, projettenbsp;son existence dans les r�gions de Tinfini. A moins d�opposernbsp;a la douleur Ie �froid silence� de Vigny ou Ie doute haineux denbsp;Leconte de Lisle, on est bien forc� de l�accepter comme un,nbsp;principe de purification. Ecouter Ie secret langage de son coeur,nbsp;laisser fructifier la semence divine de la souffrance, achevernbsp;sa pens�e en sagesse, en justice, en perfection spirituelle, ennbsp;amour de Dieu, c�est peut��tre poser Ie fondement de la seulenbsp;vie qui compte r�ellement, c.^kfd. la vie morale.

M. Bergson^), en constatant que dans tous les domaines Ie triomphe de la vie est la cr�ation, se demande si la vie humainenbsp;n�a pas sa raison d�etre dans une sorte de renouvellement, denbsp;r�g�n�ration perp�tuelle, s�il ne convient pas de proposer commenbsp;but a l�homme �la cr�ation de soi par soi, l�agrandissement denbsp;la personnalit� par un effort qui tire beaucoup de peu, quelquenbsp;chose de rien, et ajoute sans cesse a ce qu�il y avait de richessenbsp;dans Ie monde�.

A ce titre Ie demier mot de la destin�e humaine ne serait^il pas la Joie? Et quel plus sublime, plus path�tique commentairenbsp;lui donner que Ie choeur final de la neuvi�me symphonie denbsp;Beethoven?

II parait �trange, a premi�re vue, que Ie verbe qui d�signe une op�ration aussi importante dans la fabrication des vins quenbsp;Ie soutirage ou Ie transvasement nous soit venu de la languenbsp;d�im pays qui ne produit pas de vin.

Ce n�est qu�au XVIe si�cle qu�on Ie voit apparaitre, g�n�rales ment sous la forme fralater ou ftalattev. Le premier auteur cheznbsp;qui nous le trouvons est G. Cr�tin (� 1525):

�Enfans, dist^il, ne soyez sur ce point Fort indignez, de vin n�avons nous point,

Car Van pass� Lansquenetz pour dessertes N�y ont laiss� riffle ni raffle certes�

Robert Estienne n�a pas fait place a frelater dans son Dico tionaite ftangois=latin de 1539!).

Le Bon Mesnaiger de Pierre de Cressens �), renferme (liv. IV, ch. 33) toute une th�orie: �Comment on transporte le vin denbsp;vaissel en autre�. L�auteur y emploie transporter ou muer, nonnbsp;frelater �).

!) Verlaten, (cp. K. R. Gallas, Fransch woordenboek; 3e �d. Groningen, Welters, 1919 v. a.

frelater. Dans Littr�. Sens propre: transvaser; alt�rer par m�lange, paree que g�n�ralement ces m�langes ne se font pas sans transvasement.

0 Cretin a Fr. Charbonnier, Ed. Coustelier, 1723, p. 235. Ce texte m�a �t� obligeamment communiqu� par mon coll�gue E. Huguet.

*) II manque �galement au Dictionariolum puerorum du m�me (1548). Elutriare, qu�on donnera bient�t comme l��quivalent latin de fralater, y estnbsp;Iraduit par; verser d�un vaisseau dans un autre. Fralater est �galementnbsp;absent de l��dition de Lyon (Theob. Payen, 1552) qui a une partienbsp;fran^aise^latine.

�) Et doit on sijauoir que quant on oste le vin hors de sa lye quil en deuient plus subtil et plus foible. Les tres expers maistres afferment que senbsp;environ de Toussaiotz quant le vin aura cesse de bouillir et que la lye sera

II est plus remarquable que Ch. Estienne, qui �tait de la familie des c�l�bres imprimeurs, n�ait pas cru devoir en faire usage ninbsp;en latin ni en fran9ais. Le Ptaedium tusticum (Paris, 1629, 8�)nbsp;parle de cette op�ration, et se sert d�une forme latine du fran9aisnbsp;transvaser: Vinum diffisum, nos transvasatum dicere possumus..nbsp;quod Itali vulgo dicunt Tvavasav. Ainsi l�auteur cite ou emploienbsp;les formes des langues vulgaires, sans aucune allusion anbsp;fralater ^).

Mais, en 1549, on lit dans la nouvelle �dition de Robert Estienne; Ftalater du uin, eest a dire le tirer de dessus sa lie,nbsp;et le mettre dedens ung autre uaisseau ou il n�y a point de lie,nbsp;OU en ung uaisseau tout neuf, ou en barraux (petits barils).nbsp;Peult estre qu�il fault dire Tralater, ainsi uiendroit il du participenbsp;Tralatum de ce uerbe Latin Transfevo. Pourroit estre aussi qu�ilnbsp;uient de l�aduerbe Foras et du participe Latum, quasi foras latum.nbsp;Elutriate, Transfundere, In alia vasa traiieere. Fralatement denbsp;uin, Transfusie, in alia vasa traiectio.

Les hypoth�ses �mises ici sur l�origine de ce verbe, que Robert Estienne ignore visiblement, ne signifient point qu�il ynbsp;ait des doutes sur la forme v�ritable. C�est bien fralater que lenbsp;lexicographe a lu ou entendu et qu�il a recueilli. II n�y a donenbsp;pas lieu de tirer une cons�quence quelconque de l�absence denbsp;fralater dans des recueils post�rieurs, soit qu�on l�ait �cart�,nbsp;soit qu�on l�ait oubli�^).

descendue au fons, se len oste le vin hors de sa lye grasse, il fera en yuer une mere subtille et deslyee ou il sera mieulx garde et trop mieuhcnbsp;clarifie au printemps que sur sa premiere lye.

1) nbsp;nbsp;nbsp;Dans ledition de 1554 il �tait dit: Caeterum id ubi factum erat, hoenbsp;est, ubi primo et secund� conditum apud antiques, et jam processerat acnbsp;efferbuerat, elutriabant, hoe est transfundebant, quod Graeci

On pourra comparer Ch. Estienne et Jean Li�bault, L'Agriculture et Maison rustique (Rouen, 1613, VI, ch. 16). L�id�e s�y trouve, mais non le mot;nbsp;�L�on cognoistra le vin estre de garde ou non, en ces sortes: Quant le vinnbsp;sera entonn�, quelque temps apres le faut transmuer en autre vaisseau, etnbsp;laisser la lie en son premier tonneau.�

2) nbsp;nbsp;nbsp;Le verbe manque au Vocabulaire frangois=flameng de Gabriel Meurier.nbsp;Anvers, 1566, in 8'�.

II n�est pas non plus dans le Dictionarium puerorum, suivi de Le petit dictionaire de mots francais, 1586.

Dans la partie latine, elutriare est traduit par: verser d�un vase dans un autre.

Du Pinet I�a employ� dans sa traduction de Pline (XIV, 16): II faut fralatter le vin de millet (vin artificiel) apr�s sept moisnbsp;et le changer en un autre tonneau ^).

II est dans Amyot: toutefois le teps coserue et bonifie le vin, qui est ainsi tras^vas� et frelatte ^).

L��dition du dictionnaire de R. Estienne, revue par J. Thierry, (Paris 1564) r�p�te textuellement Particle de 1549.

Nous voici arriv�s a Nicot. Comme on le pense bien, il suit J. Thierry, mais en ajoutant a son texte, de sorte que sonnbsp;article m�rite d��tre cit� tout entier.

Fralater. Est vsit� entre vinotiers, et en trauasement de vin sans plus, et signifie tirer le vin de dessus sa lie, et le mettre dansnbsp;vn autre vaisseau qui n�ait point de lie, ou dans vn vaisseaunbsp;tout neuf, ou en barraulx. Elutriate, Transuasare. On pourroitnbsp;soustenir qu�il faut dire Translater, comme venant du participe.nbsp;Translatum, qui vient du verbe Transferre, et que ITtalien ditnbsp;promiscuement Fra, pour Tra, comme Fra noi et Tra noi,nbsp;Framettere, et Tramettere. On pourroit de memes dire, qu�il vientnbsp;de ces deux Latins Foras aduerbe, et Latum participe, commenbsp;si vous disiez forlater ainsi que Forbourg, et que par metathese

Que Ton ne scauroit vivre ioyeusement selon la doctrine d�Epicurus {Les oeuvres Morales, Lyon, 1587, in-�f., �� 283c). Amyot avait commenc�nbsp;sa phrase en disant: ne nous sembleril pas qu�en remuant ainsi la volupt�nbsp;du corps en I�ame, ils font ne plus ne moins que ceux qui frelatet etnbsp;transvasent le vin d�un vaisseau gast� et perc�, et qui s�en va par tout, ennbsp;un autre meilleur et mieux relic, pour I�y conseruer plus longuement.

Noter que dans la partie latine=^ran9aise, elutrio est traduit non par fralater, mais par verser d�un vaisseau dans un autre.

quot;) Jean Pallet, Diet, tres-ample de la 1. espagnole et frangoise, Paris, 1604.

*). Hierosme Victor, Thresor des trois 1. frangoise, italienne et espagnole. Gen�ve. 1606. L�article est textuellement reproduit avec la faute d�impressionnbsp;dans les �ditions de 1609, 1614, 1637, 1644.

on dit Forlatet, Quasi foras latum � vase haurire, Inque aliud vas traiiecere. Mais le Fran9ois I�escrit et prononce Prelater etnbsp;a ce mot originaire en son pa�s^).

Passons sur les fantaisies �tymologiques, mais retenons deux affirmations, c�est que frelater est usit� entre vinotiers, et quenbsp;le francais �l�a originaire en son pays�.

Les Dictionnaires de la m�me �poque enregistrent frelater, mais sans rien aj outer a ce que nous savons d�ja^).

II semble que personne, parmi les lexicographes n�ait d�m�l� la provenance du mot, et par cons�quent ne se soit pos� la questionnbsp;par laquelle nous avons d�but�: Pourquoi et comment un motnbsp;hollandais s�ests=il impos� en France aux �vinotiers� eux^m�mes?

Je n�ai aucune r�ponse certaine a apporter. Toutefois, en consultant les ouvrages techniques, on aper9oit que le trans^nbsp;vasement n��tait pas une op�ration fr�quente en France, ou dunbsp;moins que, seuls, certains vins y �taient soumis. Olivier denbsp;Serres le dit express�ment:

Le frallater n�est indiff�remment necessaire en toutes sortes de Vins: ... II est ... invent� pour les descharger de leurnbsp;matiere terrestre, afin de les faire demeurer de meilleure saveurnbsp;et de plus facile conseruation: non pour les petits vins, lesquels senbsp;passent tres bien de remuement. Toutesfois le(s) transvaser denbsp;ceux^cy ne sera que profitable estant fait de bonne heure; ...nbsp;Touchant les vins charriables et de facile transport (comme denbsp;tels, Dieu preuoyant a la nourriture de son peuple, s�en treuventnbsp;abondamment en diuers endroits de ce Roiaume) toujours lenbsp;transuaser est a propos, voire a aucuns profitable, s�augmentantnbsp;en bont� a mesure du tracas ... Au contraire, a d�autres tresnbsp;dommageable ne souffrans aucun remuement�).

1) nbsp;nbsp;nbsp;Cet article du Thresor de 1606 est reproduit dans les �ditions in 4� denbsp;1618 et 1625.

frelate, vin /relate: That is shifted out of old into new vessels; or drawne off the lees, and kept in bottles; we say, racked (cf. /ralater).nbsp;prelatement m.: A racking of wine; or as fralatement.

Frelater: to racke, or draw wine from the lees, and put it into a new vessell. Prelateur, m.; A racker of wine.

Ces consid�rations et ces distinctions jettent une singuli�re clart� sur Ie probl�me qui nous occupe. Les Hollandais faisaientnbsp;avec la France un grand commerce de vins. IIs en achetaient,nbsp;soit pour les consommer chez eux, soit pour les vendre dansnbsp;les pays du Nord. Or il est �vident que ce qu�ils achetaient,nbsp;c��tait non pas de ces petits vins de France qui se gatent quandnbsp;on les transporte, mais des vins �charriables�, tels que les Bordeaux,nbsp;dont la qualit� augmentait en voyageant. � On sait la r�putationnbsp;qu�eut longtemps Ie Bordeaux retour des Indes. � Pourl�emporter,nbsp;ils Ie transvasaient, ils Ie fvelataient, et vignerons et marchands,nbsp;t�moins de cette op�ration, s�habitu�rent sans doute alanommernbsp;du mot m�me que les Hollandais employaient.

Mais arriv�s a ce point, nous nous heurtons a une seconde difficult�. Comment se fait�l que Ie verbe frelater ait signifi�nbsp;pour les Francais, d�s Ie d�but du XVIIe si�cle: Mixtionner,nbsp;sophistiquer, nous dirions dans notre francais vulgaire: truquer,nbsp;en langue noble falsifier? II ne suffit pas d�all�guer cette ten*quot;nbsp;dance g�n�rale, maintes fois constat�e en francais, qui pousse anbsp;la d�gradation des mots �trangers.

Etablissons d�abord Ie fait. II n�est pas douteux. D�s 1620 on entend frelater en ce sens, et on l�applique a divers produits,nbsp;m�me a ceux qu�on ne transvase pas. En 1621 les �chastesnbsp;buveuses de ros�e� nous sont montr�es par Etienne Binet (Ren�nbsp;Francois) comme additionnant leur miel de sues �trangers: �Ellesnbsp;(les abeilles) Ie sophistiquent (Ie miel) auec les autres liqueursnbsp;tir�es des autres fleurs qu�elles leschent et �chresment, Ie fralattantnbsp;et bro�illant, si on en pouuoit finer du pur et net comme lanbsp;nature Ie forme, il n�y auroit rien de plus souuerain au monde ^).

Autour de 1650 Ie mot, employ� avec cette signification, se rencontre un peu partout. Naud� dit dans son Mascurat: �Monnbsp;humeur est, quand je n�ose dire la v�rit�, de me taire et de nenbsp;point parler, plut�t que de d�guiser et de frelater mon discours;� ^)nbsp;Sarasin applique frelat� aux mceurs: �II pourra arriver que lanbsp;foy grecque vous sera suspecte et que vous mespriserez lesnbsp;moeurs d�autrefois qu�un ancien nomme frelatt�es.� �)

Merveilles de Nature, chap. X. Le Miel. Au chap. XXXVIII il est question de vin mixtionn�. Le mot de frelat� n�est pas prononc�.

Cette g�n�ralisation n�emp�che pas frelatet de s�appliquer sur# tout au vin. St. Amant qui s�y connaissait, �tant grand buveur,nbsp;dans sa pi�ce intitul�e Albion, o� il d�plore les changementsnbsp;survenus en Angleterre depuis Th�r�sie, constate que les orguesnbsp;se taisent, on n�entend plus la voix des basses:

La Musique rejett�e Ne regne qu�au cabaret,nbsp;Ou Ie blanc ou Ie clairetnbsp;Voit sa gloire frelat�e^).

Mais qu�entend#on au juste par ce mot? Je crois qu�il n�a d�abord d�sign� qu�un m�lange, un coupage. Et si cela est vrai,nbsp;on comprend assez facilement comment cette signification lui estnbsp;venue. L�op�ration honn�te du transvasement devenait frelate#nbsp;ment, d�s que dans Ie tonneau ou Ie vase quelconque o� onnbsp;versait Ie vin, se trouvait un autre vin d�un cru ou d�une naturenbsp;diff�rente. II semble bien que 9�ait �t� la la premi�re phase.nbsp;C��tait d�ja une falsification. Ensuite on a gard� Ie m�me terme,nbsp;quand l�addition �tait non plus une addition d�autre vin, maisnbsp;une addition de substances �trang�res: alcool, sucre, etc.

Les lexiques permettent de suivre Ie mouvement s�mantique. C�est d�abord Antoine Oudin qui dit: fvelatter, conciare � falsi#nbsp;ficaro il vino 2). Puis vient, dans la s�rie des Dictionnairesnbsp;fran9ais#�trangers, Ie Thresor des deux 1. fv. et esp.: frelatter,nbsp;Trassegar el vino, calabriar. Or, dans la partie espagnole, ca/a=nbsp;briada est traduit par: meslange qui se fait d�un vin avec unnbsp;autre, comme du blanc et du rouge, vinos calabtiados, vinsnbsp;sophistiqu�s, meslez de blanc et de rouge�); enfin Ie pr�#nbsp;cieux recueil de Guy Miege met en t�te Ie sens de mixtionner,nbsp;sophistiquer

La s�rie des dictionnaires purement fran9ais donne des d�finitions d�une nettet� d�cisive.

Bruxelles. 1660. Cf. Duez: frelater Ie vin, Ie mixtionner, Ie sophistiquer. Den Wein vermischen, verfalschen, mit dem Wein schelmelen. Vinumnbsp;condire, adulterare. Gen�ve, 1695.

se prend aussi pour falsifi�. Mais Richelet ne connait plus que Ie sens de falsifier, sophistiquer. Cabaretier qui frelate son vin.nbsp;Fureti�re, qui a lu Nicot, rapporte qu�originairement frelaternbsp;signifiait seulement tirer Ie vin de dessus la lie, et Ie transporternbsp;dans un autre vaisseau tout neuf. Mais il n�entend par frelaternbsp;que falsifier et donne pour exemple: Le vin frelat� est nuisiblenbsp;au corps. L�Acad�mie, en 1694, explique: Frelater: Meslernbsp;quelque drogue dans le vin pour le faire paroistre plus agreablenbsp;a la veu� et au goust, comme font les cabaretiers^)�.

II ne faudrait pas croire pour cela que les lexicographes soient unanimes. A tout seigneur tout honneur. Commen^ons par lesnbsp;Flamands et les HoUandais.

Je ne trouve chez eux que le sens de tirer, transvaser, clarifier 2). Les HoUandais avaient�ls int�r�t a ne pas reconnaitre le sensnbsp;nouveau? On pourrait le soup9onner, si des gens d�autres nationsnbsp;ne l�avaient pas ignor� comme eux.

Or je ne trouve que le sens ancien dans le Dictionnaire frangais=allemand4atin de P. Chouet (1637, 8�); dans le Diction^nbsp;naite fr. ital. du m�me �diteur (1635, 1644, 1649).

Monet (^Invant., 1636 et Parallele, m�me date) ne soupgonne pas le changement survenu, non plus que Morel (Dictionariolumnbsp;lat .=graeco=gall. Rouen, 1658) et le Petit Thresor des mots fr. (Ib.nbsp;1648 et 1664). Duez n�est pas plus au courant (I)ict. fr.=all.=lat.nbsp;Gen�ve, 1683), ni Pajot, Diet. nouv. fr.=lat. (1666).

II n�y a eu aucune collusiop entre marchands de vins et marchands de mots. Les autres dictiormaires fran^aisdatins nenbsp;s�accordent pas�).

C�est Th. Corneille, qui, charg� de recenser les vieux mots et les vieux sens, rappellera la valeur que le verbe avait autrefois.

Den Schaat der Duytscher Tale, door Mellema, Rotterdam, Waesberghe, 1618; � de m�me dans l��dition de 1628, dans celle de 1636. De m�menbsp;encore dans d�Arsy, Ie Grand Dictionaire Frangois � Flamen. Rotterdam,nbsp;Waesbergue, 1643. (cf. �d. de 1697).

De m�me dans Gazophylace de la L. Frang. et Flam, de Van den Ende, Rotterdam, Jean Nasran, 1654, cf. 1669).

Thomas La Grue (Amsterdam, 1682) traduit sans plus: verlaten, frelater lt;lu vin.

�) Le Thesaurus novus de 1666 rapporte a la fois le sens de soutirer et celui de mixtionner.

Pomey (1670) donne frelater le vin, le mixtionner, vinum condire, et le transvaser, elutriare, vel txansfundere.

Tant y a que vers 1660 la pratique de �frelater Ie vin� fait l�objet de plaintes et qu�on poursuit Ie frelatement, non pas dansnbsp;Tint�r�t du consommateur, mais dans l�int�r�t du commerce, etnbsp;qu�on en fait une affaire d�Etat.

Certes la pratique n��tait pas nouvelle. Pline parlait d�ja des �fa9ons� donn�es de son temps aux vins de Languedoc. �Onnbsp;n�en sauroit parler au vray, dit�il, car ils les bvoui�lent etnbsp;sophistiquent ordinairement avec de parfums�^). Dans Ie cha�*nbsp;pitre suivant, il pr�vient contre les coupages dangereux: �toutesnbsp;sortes de vins, enseigne4.sil, pour doux qu�ils soyent, ne sontnbsp;jamais bons, meslez les uns parmi les autres�. Et au chapitre XIX,nbsp;il indique la mani�re de sophistiquer les vins nouveaux.

Dans Les Secrets de la vraye agriculture de De Crescens, que nous avons cit�s plus haut, un des personnages, Augustin GaUo,nbsp;enseignait a diversifier un seul vin �faisant quelque festin�, �toutnbsp;ainsi que si on mettoit sur table de plusieurs sortes�. Et Vincent,nbsp;I�interlocuteur de Baptiste, r�pondait �que c��tait la pratiquenbsp;courante d�hosteliers�.

En effet cabaretiers et marchands de vin sans savoir lire ni latin, ni italien, ni francais peut^�tre, s�entendaient a faire,nbsp;� sans parler des vins aromatiques � de savants m�langesnbsp;qui corrigeaient adroitement Ie go�t et la couleur de la pr�cieusenbsp;�pur�e septembrale�.

Le danger naquit quand les Hollandais, pass�s maitres dans l�op�ration, commenc�rent a menacer la r�putation et les int�r�tsnbsp;des Bordelais. II se fit alors contre eux une v�ritable lev�e denbsp;boucliers.

Alfred Leroux, dans sa belle �tude sur la colonie germanique de Bordeaux�) a donn� de br�ves citations tir�es de la cors*nbsp;respondance de Colbert avec les n�gociants de la capitale desnbsp;vins. Les petits saints se plaignent de ces concurrents qui, con^nbsp;naissant les gouts des clients du Nord, s�arrangeaient pour lesnbsp;satisfaire. On �tait trop scrupuleux pour les imiter en cela.nbsp;La v�rit� �tait que, par timidit�, on r�pugnait malgr� les invitesnbsp;de Colbert, a acheter des bateaux et a aventurer des fonds dansnbsp;une affaire d�exportation. Comme il est arriv� plusieurs fois ennbsp;France, on se tournait vers le pouvoir avec l�espoir que quelque

bonne interdiction, fond�e sur des raisons de sant� publique, mettraient fin a une concurrence difficile. Les lettres de Colbertnbsp;a ce sujet sont des plus curieuses. Dans la premi�re, adress�e anbsp;M. de Pomponne (20 mars 1669), il l�informe des fa^ons denbsp;faire des commer^ants de Hollande, qui viennent acheter Ie vinnbsp;a la fin de l�automne et Ie frelatent l�biver^). Dans la seconde,nbsp;qui r�pond visiblement a des plaintes venues de Bordeaux, ilnbsp;examine ce qu�il y a a faire contre les �frelateurs�. Le premiernbsp;oioyen de lutter est de faire comme eux, le second de vendrenbsp;des marchandises jjures, qui seront pr�f�r�es ^). Ces conseils,nbsp;surtout le second, n��taient pas sans ironie et Colbert lesnbsp;renouvela �).

Furentslt;ils sans effet? On a la preuve au contraire que toute une campagne commenga. Les Bordelais perfectionn�rent�ls leur

Les Hollandois viennent tous les ans dans les rivi�res de Garonne et de Charente avec trois a quatre mille (cents?) vaisseaux enlever les vinsnbsp;pendant les mois d�octobre, novembre et d�cembre. Ils portent tous cesnbsp;vins dans leur pays ... Ils en consomment le tiers ou environ. Les deuxnbsp;aufres tiers sont conserv�s, accommod�s et frelat�s, et ensuite, lorsque lanbsp;mer s�ouvre au mois de mars ou d�avril, recharg�s sur les m�mes vaisseauxnbsp;et port�s en Allemagne, mer Baltique et autres pays du Nord o� les vins denbsp;France se consomment (Colb., Lettr., �d. Cl�ment, II, p. 463).

0 �La premi�re (raison dont se servent les Bordelais) est que les Hol� landois, pour porter leurs vins dans le Nord, les frelatent et les accommodentnbsp;pour les mettre en estat de pouvoir souffrir la mer sans diminuer de leurnbsp;force. � Je leur demanderois volontiers quelle difficult� il y peut avoirnbsp;de les accommoder de mesme a Bordeaux, et, en cas que ce soit quelquenbsp;secret qu�ils n�ayent pas, je m�offrirois volontiers de faire venir a Bordeauxnbsp;les plus entendus en eet art. A quoy j�ajouteray que le frelatement desnbsp;Hollandois ne fait qu�affoiblir nos vins, que toutes les c�tes de la mernbsp;Baltique s�en plaignent, et si le vin leur estoit port� tel qu�il croist il estnbsp;certain que sa bont� ruineroit enti�rement le commerce desdits Hollandois�nbsp;(ld., ih., II, p. 549).

Comparez: Aux Directeurs de la Compagnie du Nord, a La Rochelle: �Il est de grande cons�quence d�ex�cuter ponctuellement le trait� .... afin que,nbsp;votre fid�lit� �tant bien connue, vous conviiez par ce moyen tous les paysnbsp;situ�s sur la mer Baltique a se servir de vous pr�f�rablement aux Hollandais,nbsp;9ui out toujours frelat� et falsifi� les marchandises qu�ils y ont part�es.�nbsp;(Depping, Corr. Adminis., III, 541, dans Colb., Lettr., �d. Cl�ment, II, p. 606,nbsp;Note 2).

0 �Je suis,... persuad� que si vous prenez bien garde a l�avenir de ne leur envoyer que de bonnes marchandises et des vins de bonne qualit�, commenbsp;ds n�en ont jamais eu par les mains des Hollandois que de frelat�s et parnbsp;cons�quent consid�rablement diminu�s de leur bont�, vous parviendrer anbsp;en trouver une consummation tr�s grande dans toute l�estendue de cenbsp;Pays^la.� (Aux sieurs Lagny et Pag�s, Directeurs de la Cie du Nord, 23nbsp;juill. 1671. Colb., Lett, II, p. 626).

mani�re de frelater? Ce qui est certain, c�est que l�ambassadeur des Provincess=Unies fit a ce sujet des repr�sentations qui aboUi*nbsp;tirent Ie 16 mars 1683 a un arr�t du Parlement interdisant lesnbsp;falsifications^). Est^ce pour ne pas blesser les Hollandais que Ienbsp;mot de frelatev n�a pas �t� prononc� a cette occasion?

II va sans dire que les �inhibitions� du Parlement n�em^ p�ch�rent rien du tout. La bataille recommen^a au XVIIIe si�cle,nbsp;o� on se mit a sucrer, sous pr�texte de plaire au go�t irlandais.nbsp;Et frelater manque toujours dans les documents, pendant quenbsp;Savary blame�) et que Tr�voux tonne avec une imp�tuosit�nbsp;qui sent l�esprit r�volutionnaire �) et la col�re de Jean desnbsp;Entommeures.

La chimie qui allait na�tre, ouvrait a frelater un avenir sans limites. Mais la langue hollandaise garda son verlaten vierge denbsp;tout contact avec ces impuret�s!

1) nbsp;nbsp;nbsp;M. Guillaumie a bien voulu rechercher aux Archives les pi�cesnbsp;auxquelles fait allusion l�Inventaire des Archives de la Gironde (C. 4374).nbsp;P. S. 1. 10, il y est dit que �les jurats de Bordeaux se sont appliques anbsp;distinguer les diff�rents crus et a empescher Ie meslange et la falsificationnbsp;des vins qui se recueillent dans toute la province�. P. 2 et 3, il est faitnbsp;�inhibitions et deffenses a toutes personnes de couper, mesler, transvasernbsp;et falsifier les vins en fa^on quelconque�.

2) nbsp;nbsp;nbsp;Du vin /relate est du vin m�l� d�ingrediens presque toujours nuisiblesnbsp;a Ia sant�, pour lui donner de la force.

Frelater. v. a. M�ler et sophistiquer une liqueur, en corrompre la qualit� naturelle, en y m�lant quelque drogue, pour la faire paroitre plusnbsp;agr�able a Ia vue et au go�t.

Condire, miscere. II se dit particuli�rement du vin. Le vin d�Espagne est frelat� avant que d�arriver dans les ports. Un cabaretier se pendroitnbsp;plut�t que de ne pas frelater son vin. II n�est pas moins vrai qu�un marchand,nbsp;qui, pour rendre son vin potable, le rend mal sain, commet un crimenbsp;centre la soci�t� et devroit �tre puni comme un empoisonneur public.

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A mon tr�s cher ami et compagnon de luttes fran9aises, Salverda de Grave, dont l�oeuvre a �t� en partie consacr�e anbsp;�tudier les relations franco^hollandaises, traduites par les motsnbsp;d�emprunt, je ne saurais mieux faire que d�offrir cette biographienbsp;in�dite du fameux juriste n�erlandais, Hugo Grotius, par Ienbsp;polygraphe francais de XVIF si�cle, Samuel Sorbi�re.

Voici plus de vingt ans qu�Andr� Morize^), aujourd�hui Ie brillant professeur de Harvard, a produit diverses esquisses denbsp;ce singulier personnage, dont Ie portrait en pied reste a faire etnbsp;dont la correspondance, pr�par�e par son fils en manuscrit pournbsp;l��dition, est conserv�e a la Biblioth�que Nationale. (Ms. latinnbsp;10352�3).

Moi^m�me, j�ai, par deux fois, ramen� l�attention sur cette sorte de reporter avant la lettre, fort intelligent et fort spirituel,nbsp;all�g� de toute conscience et de toute conviction s�rieuse, pro#nbsp;testant, puis catholique affich� et libertin d�guis�, papillonnantnbsp;autour des puissants de la fortune ou de la pens�e pour leurnbsp;arracher quelque p�pite ou quelque parcelle d�or a monternbsp;en prose.

Dans mes Ecrivains frangais en Hollande dans la premi�re moiti� du XVI1� si�cle, (Paris, Champion, 1920, in�8�) jenbsp;l�ai montr� agagant Descartes a Endegeest pour l�exciter anbsp;r�pondre a Gassend, dont lui#m�me reste un fervent fid�le,nbsp;ou s�installant a � Leyde chez Saumaise, qui se plait dans lanbsp;soci�t� de ce vif et bavard m�ridional.

Inscrit a trente ans, en 1642, comme docteur en m�decine a 1�Universit� de Leyde, il s�y �tablit avec sa jeune femme, Judith

Samuel Sorbi�re (1610�1670) dans la Zeitschrift f�r franz�sische Sprache und Literatur, 1908, pp. 214�265; Samuel Sorbi�re et son Voyagenbsp;en Angleterre (1664), dans Revue d'Histoire Litt�raire de la France, avril �nbsp;juin 1907; Hobbes et Sorbi�re, dans la Revue germanique, mars�avril 1908;nbsp;ia Conversion de Sorbi�re dans Ie Bulletin de la Soci�t� d'Histoire dunbsp;Protestantisme frangais, d�c. 1907.

�) Voir l�index. Depuis, j�ai donn� sur Sorbi�re dans les M�langes Paldensperger, 1930 in=gt;8�, pp. 148�164: Le Voyage de Samuel Sorbi�re ennbsp;Hollande en 1660.

Renaud, venant comme lui de la Haye, et il y pratique Tart d�Hippocrate et la religion de Calvin. Un fils Henri naitra denbsp;cette union, et sera baptis� a l��glise Wallonne, Ie 24 avril 1650.

Bien plus que par Tart de gu�rir ou du moins de soigner, il s�est d� ja fait connaitre l�ann�e pr�c�dente par sa traductionnbsp;du De Cive de Hobbes sous Ie titre de �l�ments philosophiquesnbsp;du citoyen, suivis, en 1652, de Le corps politique ou les �l�mentsnbsp;de la loy morale et civile (Bibl. Nat. E 1565).

Par ces deux ouvrages Sorbi�re s�affirmait introducteur de la doctrine �tatiste de Hobbes en France, et pr�curseur denbsp;Spinoza, dont il ne devait pas connaitre le Tractatus Theologico=nbsp;politicus (1670) �tant mort trop t�t, le 9 avril, mais qui s�inspirenbsp;de la m�me doctrine.

Ainsi orient� vers la th�orie politique, il devait se sentir attir� par la puissante figure de Hugo Grotius, honni et banni depuisnbsp;le Synode de Dordrecht de 1619 par les orthodoxes, maisnbsp;d�autant plus aim� et admir� des �libertijnen�, auteur d�ja c�l�brenbsp;du De jure belli ac pacis (1625) ^).

Que le manuscrit du fonds Barberini latin 2173 (F�^ 66�71) 2), que j�ai fait photographier a Rome, soit, biennbsp;qu�anonyme, de la plume, mais non autographe �), de Samuelnbsp;Sorbi�re, la premi�re ligne suf fit a nous le r�v�ler (cf. notrenbsp;planche). Nous ne savons que trop combien il aimait a se parer,nbsp;aupr�s des puissants de la science, chez lesquels il s�introduisait,nbsp;de sa parent� avec son oncle, Fexcellent philologue orientaliste,nbsp;le pasteur et professeur de grec, Samuel Petit*), auteur desnbsp;Ohservationum libri �� (1642), dont il est question a la deuxi�me

1) nbsp;nbsp;nbsp;Dont la meilleure �dition est celle qu�a procur�e r�cemment en 1919nbsp;P. C. Molhuysen en t�te des oeuvres de Grotius; cf. Ter Meulen, Listenbsp;bibliographique des �ditions et traductions de �, Leyde, Brill, 1925.

2) nbsp;nbsp;nbsp;Sur lequel l�excellent chercheur hollandais C. de Waard a d�abordnbsp;attir� mon attention.

Je dis nonoautographe, paree que l��criture est diff�rente de celle de l�inscription dans l�album de Gronovius (cf. �crivains, pl. XXXIII b.; voyeznbsp;notamment la diff�rence des majuscules) ou de la lettre de la Haye, 12 mainbsp;1649 (f�. 244 rquot; du Ms. fr. 3930) ou de la lettre de Nantes, 9 ao�t, du Ms.nbsp;fr. 15209); enfin que les fautes qui d�parent notre texte, Arminianarum pournbsp;Arminianorum, ille pour illae, nosce pour nosse, Sueciae pour Suesiae, seunbsp;pour ceu, Wiszonatus pour Wiszovatus, peuvent difficilement �tre imput�esnbsp;a Sorbi�re, qui est sur de son latin, encore que celui^ci soit parfois plusnbsp;scolastique que classique.

^) Voir sur ce dernier la notice de Encyclop�die des Sciences Religieuses, t. X, p. 513.

ligne. C�est en effet l�offrande de ce texte, dont Sorbi�re a procur� l��dition en 1642, qui fut rorigine de sa premi�re visitenbsp;a l�H�tel de Cavoye (aujourd�hui 52 Rue des Saints^P�res) ^)nbsp;chez Hugo Grotius, alors ambassadeur de Su�de a Paris, depuisnbsp;1635^). Comme on trouve Sorbi�re en Hollande, d�s Ie moisnbsp;de juin, l�entrevue, dont il n�y a pas lieu de douter, a eu lieunbsp;vers Ie printemps, sans qu�on puisse pr�ciser davantage.

Mais ces pr�cisions, d�ailleurs suffisantes, valables pour dater Ie portrait de Grotius, trac� d�une plume alerte, peut^�tre d�apr�snbsp;des notes contemporaines de la premi�re visite, ne valent pasnbsp;pour la r�daction de la biographic, dont la tendance anti�*nbsp;calviniste trahit d�ja Ie transfuge de l��glise r�form�e. Elle nousnbsp;conduit jusqu�au rappel par Christine en 1644 et a la mort anbsp;Rostock (28 ao�t 1645).

II parle de Pierre, fils cadet de Hugo, comme exer^ant encore les fonctions d�avocat, c�ests=a#dire pensionnaire ou secr�tairenbsp;de la ville d�Amsterdam, ce qui nous reporte apr�s Ie 18 marsnbsp;1660, date de son entr�e en fonctions en oette qualit�.

Enfin la demi�re phrase mbi in Hollandiam venero�, d�s que je serai arriv� en Hollande, me permet d��tablir que oette noticenbsp;sur Grotius, qui conceme presque autant Ie biographe que sonnbsp;h�ros, a �t� r�dig�e peu avant Ie 17 avril 1660�), dans Ie desseinnbsp;sans doute de se faire bien venir et bien recevoir du susnomm�nbsp;secr�taire d�Amsterdam, en d�pit de la nouvelle qualit� denbsp;catholique, affich�e par l�encombrant voyageur et ses compagnons.nbsp;Nous poss�dons done pour la r�daction un terminus a quo, 18nbsp;mars 1660, et un terminus ad quem, 17 avril 1660, aussi pr�cisnbsp;qu�on peut Ie d�sirer.

En fait, la biographic �dit�e, ici, pour la premi�re fois, apr�s environ trois cents ans d�oubli, n�augmentera pas beaucoupnbsp;notre connaissance de Grotius, seulement elle nous approchenbsp;de sa personne physique et morale et c�est son vrai m�rite. C�est

Cf. Dumolin, L�H�tel de Cavoye, Paris, 1927, J�ai pu Ie visiter grace 3 la complaisance de Madame Lehr, qui l�a restaur�.

�) Voir la notice de P. J. Blok, dans Nieuw Nederlandsch Biografisch Woordenboek, t. II (1912), coll. 522�528.

�) Le second et demier s�jour de Sorbi�re en Hollande, consigne dans ses Relations et dont j�ai longuement parl� dans les M�langes Baldensperger,nbsp;Paris, Champion, 1930, t. I, pp. 148�164, se place entre le 17 avril et lenbsp;24 juin 1660. Cf. Relations, Lettres et Discours de M. de Sorbi�re surnbsp;diverses mati�res curieuses, a Paris, chez Robert de Ninville, petit in^bquot;nbsp;(privil�ge du 20 oct. 1660) (Bibl. Arsenal B. L. 18939).

moins le juriste qui nous apparait, encore qu�il soit fait mention de son De jure belli ac pads (1625), de son Inleidinghe tot de .nbsp;Hollandsche Rechtsgeleevtheyt (1631), que Sorbi�re appelle unenbsp;Isagog� ou Introduction au droit n�erlandais, que le po�te latin,nbsp;le philologue et surtout le th�ologien.

Avec une dilection particuli�re le biographe s�appesantit sur les luttes bien connues de Hugo de Groot, aux c�t�s dunbsp;vieil Oldenbarnevelt et de ses amis, les bourgeois �arminiens�nbsp;et �libertins�, contre les Gomaristes et les orthodoxes, tenants denbsp;la pr�destination et du calvinisme pur, auxquels rindiff�rentnbsp;Maurice affecte de se rallier, luttes qui se terminent tragiquementnbsp;par la d�capitation de Barnevelt (la Haye, 13 mai 1619), et parnbsp;l�incarc�ration de Grotius, qui ne fut pas toujours tr�s cranenbsp;au cours du proc�s, dans la prison du chateau de Loevesteyn surnbsp;la Meuse (5 juin). L��vasion pittoresque et fameuse du 12 marsnbsp;1621, dans un coffre a livres, pr�par�e par son �nergique �pouse,nbsp;Maria van Reigersberch, et popularis�e par la gravure, est icinbsp;I�objet d�un long d�veloppement, destin� a amuser le lecteurnbsp;et dont la source est le po�me de Grotius, intitul� Silva adnbsp;Thuanum (Paris, 1621). Sans s�appesantir sur les difficult�s etnbsp;les mis�res du s�jour d�exil a Paris, il mentionne la qualit�nbsp;d�ambassadeur de Su�de a lui conf�r�e par le chanceliernbsp;Oxenstiem, d�s 1634, ce qui le fit retourner a Paris, pournbsp;dix ans, alors qu�il I�avait quitt� le 29 octobre 1631 pour tenternbsp;de rentrer en Hollande, ou il faillit �tre repris, et pour se fixernbsp;provisoirement a Hambourg en avril 1632 ^).

Il occupe cette function officielle jusqu�a 1645 ^), mais rappel� a Stockholm d�s l�ann�e pr�c�dente il y retrouve, au lieu denbsp;l�hostilit� calviniste, l�hostilit� luth�rienne, qui ne lui est pas plusnbsp;indulgente, n�y �chappe que pour rencontrer sur la mer cellenbsp;des �l�ments et termine a Rostock, a 62 ans, le 28 aout 1645,nbsp;son orageuse carri�re.

Ce qui int�resse surtout Sorbi�re en Grotius, c�est le pol�miste religieux, r�arminien�, le tenant du libre^arbitre, en conflit violentnbsp;avec le gomarisme, I�orthodoxie, le calvinisme triumphant. Ilnbsp;s�est produit dans la premi�re moiti� du XVIF si�cle un

1) nbsp;nbsp;nbsp;Cf. la notice de P. J- Blok au t. II du Nieuw Nededandsch Biografischnbsp;Woordenboek de P- C. Molhuisen et P. J. Blok, Leyde, Sijthoff, 1912,nbsp;coll. 523�528.

singulier quadrille intellectuel, l�aile gauche du protestantisme avec les arminiens hollandais et les Amyraldistes fran9ais, mar�lt;nbsp;chant vers les J�suites, l�aile droite, qu�elle soit repr�sent�e parnbsp;les Hollandais Gomar et Vo�tius, ou par les Francais Rivet ounbsp;du Moulin, restant fid�le a une doctrine a laquelle s�apparentenbsp;celle des Jans�nistes. Cependant les vrais �libertins� de la^basnbsp;OU d�ici regardent avec curiosit� ou ironie ces pas#volants etnbsp;je crois que c�est Ie fond de l�attitude et de la pens�e du fourbenbsp;Sorbi�re.

Mais il ment, quand il nous repr�sente Grotius et m�me Samuel Petit, ce qui est encore plus ridicule, pr�ts a se convertirnbsp;au catholicisme, comme il l�a fait lubm�me par int�r�t. Sinbsp;Grotius n�est pas un h�ros, s�il a trembl� devant la mort aunbsp;proc�s de la Haye, rejetant toute la responsabilit� surnbsp;Oldenbarnevelt, il n�en a pas moins gard�, a l��gard de T�glise,nbsp;un peu des sentiments qui anim�rent ses p�res en lutte contrenbsp;l�Espagnol pour la Libert� belgique.

Ce qui est vrai cependant, c�est qu�il partage les curiosit�s et les sympathies de Sorbi�re pour l�h�r�sie socinienne, dont Ienbsp;r�le, dans la formation du libertinage francais i), est encore malnbsp;�tabli, qu�il tend vers l�ir�nisme, l�arianisme, la paix et la r�con¹;nbsp;ciliation des �glises et qu�il entretient des relations suivies avecnbsp;les Fr�res polonais Wiszowaty et Ruar^).

Si son portrait de l�homme moral, malgr� Ie juste tribut d��loge accord� au po�te latin, au philosophe subtil, au th�ologien, anbsp;l�humaniste, au juriste, est insuffisant et parfois m�me inexact,nbsp;son portrait de l�homme physique est meilleur et d�un peintrenbsp;qui voit et sait faire voir, tel Hals: la haute taille, la forte carrure,nbsp;les yeux bleus, la coloration vive des joues, Ie visage enlumin�.

Sur lequel mon �l�ve Ren� Pintard pr�pare une th�se de doctorat �s�lettres en Sorbonne.

Voir les importants travaux du professeur St. Kot, sur la R�forme en Pologne, l�Id�ologie politique des Fr�res polonais, dit Sociniens (1932), lanbsp;premi�re �cole protestante en Pologne et l�influence fran^aise sur lanbsp;culture polonaise, dans sa Revue Reformacja w Polsce, I, 1921, pp. 15�34;nbsp;Grotius et la Pologne (ibid. t. IV, 1926 no. 13�16, pp. 100�120); l�articlenbsp;de L. Chmaj sur H. Grotius et Ie Socinianisme dans la revue Reformacjanbsp;iv Polsce, t IV, 1926, pp. 74�99 (en polonais); son livre en polonais surnbsp;Martin Ruar, 1921 (Bulletin de l�Acad�mie polonaise de Cracovie, 2^ s�rie,nbsp;1. XXXVII, pp. 202�356); St. Grabowski, Literatma arjanska w Polsce,nbsp;1560�1660, Cracovie, 1908, VIII, 64�98 p. (Biblioth�que polonaise a Paris,nbsp;N 217).

la barbe abondante, retombant sur la fraise blanche qui enserre Ie cou comme un carcan, a l�ancienne mode. Tel il nous appara�tnbsp;dans l�adroit croquis de Sorbi�re en un de ces passages quenbsp;i�aime a mettre en belle lumi�re, paree qu�il nous donne Ienbsp;frisson de la vie et comme la presence.

C�est aussi cependant Ie peintre qui se retrouve dans son mod�le, auquel il accorde ses propres traits moraux, ce go�tnbsp;tr�s vif de l�h�t�rodoxie, cette curiosit� universelle du pass� etnbsp;du pr�sent, de rexotique plus que du national. C�est cheznbsp;Grotius qu�il affirme avoir rencontr� Edmond Mercier ounbsp;Merci�re, de Vitry en Champagne, dont il est fait mention dansnbsp;les Sorberiana en un passage identique a celui de la pr�sentenbsp;biographic de Grotius et qui parait lui �tre emprunt�^). Cetnbsp;ancien pr�tre �tait pass� au calvinisme, de la a l�arminianisme.nbsp;Mari�, ayant des enfants et voulant nourrir sa familie, il prenaitnbsp;des pensionnaires polonais, a qui il enseigne Ie francais et quinbsp;lui apprennent Ie socinianisme, nom qui vient de Faustus Socin,nbsp;OU plut�t Fausto Sozzini, l�h�r�siarque italien, venu en Polognenbsp;vers 1559 et qui est souvent, au XVIP si�cle, l��tiquette visiblenbsp;d�un �libertinage� cach�. Ces Polonais, Sorbi�re^) nous lesnbsp;nomme in fine et il n�est pas douteux qu�il s�agisse, non d�unenbsp;connaissance livresque, mais de contact personnel.

Deux d�entre eux sont de premier plan, Andr� Wiszowaty et Martin Ruar. Wiszowaty, petitj=fils dudit Socin et avec quinbsp;Sorbi�re avait fait amiti�, l�avait pr�c�d� a Leyde en 1632 et l�ynbsp;suivit dix ans apr�s. Celui=ci devait rester quelque temps encorenbsp;en correspondance avec l�auteur de la Religio tationalis (1665;nbsp;publi� s.1. 1685). Wiszowaty, chass� de Pologne par la pers�#nbsp;cution, revient en Hollande en 1666, au m�me moment, chose

1) nbsp;nbsp;nbsp;Sorberiana ou bons mots, rencontres agr�ables, pens�es judicieuses etnbsp;observations curieuses de M. Sorbi�re, Paris, chez la veuve Mabre^Cramoisy,nbsp;1732, un vol. in�24, p. 148. II n�a pas �t� possible, malgr� d�activesnbsp;recherches, second�es par M. Jacques Pannier, de trouver plus que nenbsp;contient Ie dit passage. J�interpr�te Mercerus par Mercier et L. Chmajnbsp;par Merci�re. II est question de ses conjectures sur Tertullien dans unenbsp;lettre du Cardinal J. Rospigliosi a Sorbi�re, du 30 avril 1663 {Illustriumnbsp;et eruditorum Virorum Epistolae, 1669, p. 464).

2) nbsp;nbsp;nbsp;Cf. l�article de Louis Chmaj, Samuel Sorbi�re et Wiszowaty dans Ienbsp;Bulletin de la Soci�t� d'Histoire du Protestantisme frangais, avril�juin 1928,nbsp;pp. 151�155, et sur Wiszowaty dans Reformacja w Polsce, t. I, 1921, pp.nbsp;189�207 ; 284�308; t. V, 1928, pp. 103�120.

�trange, que Saint#�vremond et y meurt en 1678, un an apr�s Spinoza. On sait d�ailleurs que les Collegianten de Rijnsburgnbsp;aupr�s desquels celuii'ci, chass� par Ia Synagogue, s��tait lui^m�menbsp;r�fugi�, entretenaient des relations suivies avec les Fr�resnbsp;polonais ^).

Quant a Martin Ruar�), c�est lui qui envoie de Dantzig, a Sorbi�re et a son ami Abraham Duprat, les livres traitant denbsp;la Doctrine du s�minaire de Rakow, au point que Ie fr�re denbsp;celui^ci les d�nonce aupr�s des Pasteurs et Anciens denbsp;Charenton'^), Jean Stoinski, petits^fils du r�formateur francaisnbsp;Petrus Statorius et Jonas Schlichting, qui pol�misait contrenbsp;Grotius, Gabriel Lubieniecki et Christophe Crell, fils de Jean ^),nbsp;font aussi partie de ce petit synode socinien, qui si�ge en 1642nbsp;chez Grotius ou chez Edmond Mercier.

Tous Sociniens, tous entach�s de libre^pens�e, tous impatients des r�gies et disciplines du dogme et de T�glise, tous affili�s anbsp;cette sorte de franc^ma^onnerie du �libertinage�, dont je commencenbsp;a apercevoir Ie r�seau et les mailles et dont Ie nceud central estnbsp;a la Playe, o� Saintlt;=Evremond et Spinoza pr�parent la venuenbsp;de Bayle et l�av�nement de Tencyclop�disme.

La publication r�cente du tome CXII du Catalogue g�n�ral des Imptim�s de la Biblioth�que Nationale, Paris, Leroux, 1932,nbsp;m�a permis par son article Mercier (Edmond) de mettre la mainnbsp;sur quatre opuscules latins, formant en tout 15 pages, �critesnbsp;par lui de 70 a 78 ans, trois po�mes de circonstances en distiques,nbsp;Ie premier sur Grotius, Ie second sur l�accession a Tarchi^�pis!*

Cf. 1. C. van Slee, de Geschiedenis van het Socinianisme in de Neder-^ landen, Harlem, 1914, in�8�; W. T. Kuehler, Het Socinianisme in Neder=nbsp;land, Leyde, 1912; L. Chmaj, De Spinoza a Bracia Polscy, dans Reformacjanbsp;w Polsce, 1924, nquot; 9�10, pp. 49�89.

Le Ms. 10353 (p. 55�56) renferme une lettre de Ruar a Sorbi�re (1643), Jacques Pannier a savamment parl� de l��glise R�form�e de Parisnbsp;sous Louis XIII de 1621 a 1629 environ. Paris, Champion, 1932, unnbsp;vol. in�8quot;.

�^) Dont Sorbi�re s�applique a traduire Juni Bruti Poloni Vindiciae pro lihertate religionis, qu�il qualifie dans une lettre a Morus de Livre d�ornbsp;(Ms. latin 10353, f� 38 rquot;).

copat de Paris de Harduin de P�r�fixe, Ie troisi�me au pape Cl�ment IX et une pr�face, �crite a 78 ans, a une �dition denbsp;Tertullien, r�duite en fait a des corrections manuscrites sur unenbsp;�dition du Pallium, qui ne fut sans doute jamais imprim�e.nbsp;Puisqu�il se dit ag� de 78 ans en 1670, il est done n� en 1592.

Du point de vue qui nous occupe ici, nous int�ressent surtout, l�Elegia de vita, obitu et seviptis ill. V. Hugonis Grotii etc.nbsp;Paris, 1662, o� ce nouveau convert! Ie loue d�avoir combattunbsp;l�h�r�sie de Socin et la lettre a Cl�ment IX (1 janvier 1668)nbsp;(Yc 1562) o� l�auteur, qui se dit ag� de 75 ans, rappelle lesnbsp;encouragements de celui qui n��tait alors que Ie cardinal Julesnbsp;Rospigliosi, dus a I�intervention de Sorbi�re. Par contre c�estnbsp;a lubm�me, Edmond Mercier, que Sorbi�re devrait d�avoirnbsp;connu Grotius:

Occasionem mihi dedere Samuelis Petiti avunculi mei Observationum Philologicamm Libti [tres], tunc^) a me innbsp;lucem editi, Hugonem Grotium salutandi, et penitus, quodnbsp;avebam, inspiciendi. Cum enim exemplar obtulissem, et amoeni#nbsp;tatibus illis delectaretur, obvium se statim praebuit, multa supernbsp;Priamo rogitans, super Hectore multa. Nempe de lucubrationibusnbsp;Avunculi Josephum illustrantis et emendantis, percontatus est.nbsp;De libro Dionysii Perroti manuscripto quern alias Petitus osten#nbsp;derat, hoc titulo, de vitandis in reformanda Ecclesia extremis^'),nbsp;de studiis meis, et de aliis bene multis, quorum non memini.nbsp;Ex illo vero tempore patuit mihi ad virum summum aditus, quinbsp;me tanto blandius excepit, quo alacriorem in me, theologicisnbsp;studiis incumbentem, visus est cemere animum ad excutiendasnbsp;Calvinianorum opiniones, quibus ille bellum pridem indicerenbsp;coeperat, et cum quibus manus rursum conserere parabat; imonbsp;et cum aliis Ecclesiae Catholicae adversantibus, ut in viamnbsp;Haereticos omnis generis revocaret. Itaque fovere voluit juvenemnbsp;rerum istarum quas tractabat studiosissimum; qui non insubidonbsp;plane erat ingenio, et ad nomen aliquod grassabatur laborenbsp;plurimo, et industria nonnulla, turn candore, et simplicitate,nbsp;quibus in suspicionem jam venerat Carentonianis �), ne ad artes

II s�agit des Animadversiones in Fr. Josephi Libras pr�par�s par Samuel Petit, encore in�dits, Biblioth�que d�Oxford: Mss. Auct. F inf. 14�5.

0 Je connais ce titre, sans avoir pu, non plus que J. Pannier, trouver le volume, mais sous la forme De extremis in ecclesia vitandis, que celui^cinbsp;attribue a Charles Perrot, r�fugi� a Gen�ve en 1567, pasteur, puis professeurnbsp;en 1598, maitre d�Arminius qui accentua sa doctrine (Cf. J. Pannier, L��glisenbsp;r�form�e de Paris sous Henri IV, Paris, Champion, 1911 (Th�se de Paris)nbsp;pp. 484�485; L. Chester Jones, Simon Goulart, ibid, 1517, in�8� passim;nbsp;H. de Vries, Gen�ve, p�pini�re du Calvinisme hollandais, Fribourg, 1918,nbsp;in�8�, pp. 213�5). II mourut a Gen�ve, le 15 oct. 1608. Son fr�re Denis,nbsp;avec qui Sorbi�re semble le confondre, avait p�ri a la Saintlt;*Barth�l�my.

L�auteur se repr�sente, a la date de 1642, a la veille de son premier d�part pour la Hollande, comme d�ja suspect a ceux de Charenton, c�est==a#nbsp;dire aux protestants de Paris, qui y avaient leur temple (Cf. J. Pannier,nbsp;L��glise r�form�e de Paris sous Louis XIII, Paris, Fischbacher, 1932, in�8�),nbsp;a cause de son penchant naturel, incontestable d�ailleurs, pour le p�lagianisme,nbsp;la sophistique et l�h�r�sie. II s�agit de I�accusation port�e contre lui par lenbsp;fr�re d�Abraham du Prat, vide infra.

Pelasgas, seu Sophistarum gryphos^), et Haereticam pravitatem minus Natura factus esset. Rogavit igitur, ut Perrotti Dissertsnbsp;tationem sibi transmitti curarem, tum ut saepius ilium adirem,nbsp;nee vererer, si quis in scripturis sacris nodus vindice dignusnbsp;occurreret, ejus opem implorare; tune temporis enim Annotatisnbsp;suis, et Henotieis seriptis ineumbebat. Quibus undiquaque Virinbsp;Exeellentissimi, Reginae Suesiae Legati, sed a virtute praeeipui,nbsp;mandatis obsequutus sum libens, exaratis ad avuneulum Epistolis,nbsp;elieiendo libro, et singulis septimanis dubitatiuneulas meas unanbsp;eum Prataeo oraeulo isti diluendas offerens. Sed reposuitnbsp;Petitus, se dudum Vuleano^) tradidisse librum eognati sui,nbsp;veritus seilieet neseio qua ratione, ne quis eo abuteretur adnbsp;turbandam paeem Eeelesiae. Qua de re antequam fusius disseram,nbsp;Hugonis Grotii ieonem rudi penieillo (quemadmodum mihinbsp;moris fuit in aliis viris magnis ob oeulos apponendis) delinearenbsp;non detreetabo. Proeera fuit statura, quadrata in forma, faeienbsp;deeora, flavis eapillis, oeulis eaesiis, vivido genarum eolore,nbsp;renidenti vultu, prolixiore barba, Byssino eollari strieto, morenbsp;veteri, eoUo neseio dieam impedito potius quam ornato, quemacUnbsp;modum eernere poteris in aere inseulta viri imagine, eui Danielnbsp;Heinsius�) versus istos opppsuit:

Cujus quidem epigrammatis eausa parum abfuit quin poeta exilio muletaretur a Republiea quam ream peragere videbatur.

1) nbsp;nbsp;nbsp;II e�t fallu �crire griphos (du grec YP�90?gt; filet, �nigme).

2) nbsp;nbsp;nbsp;II s�agit des Annotate ad Consultationem Cassandri, pr�tre catholiquenbsp;ir�niste du XVP s., scripta anno 1641.

Henotieis (de Ev�r/ji;, unit�) seriptis d�signe I�ensemble des �crits de Grotius en faveur de l�Unit� des �glises.

3) nbsp;nbsp;nbsp;Le m�decin protestant Abraham du Prat, n� en ?, mort a Paris ennbsp;mars 1660 (Cf. Haag, La France protestante, 2' �dition, in verho, V, p. 903),nbsp;ami de Gassendi, de Sorbi�re et m�me du P. Mersenne. II entreprit avecnbsp;ces deux derniers des recherches anatomiques, et fit partie de I�Acad�mienbsp;de Montmor.

0 Petit r�pliqua qu�il avait jet� au feu le livre de son parent, Perrot; V. plus haut p. pr�c�dente, n. 4.

5) Sur Dani�l Heinsius, ce Gantois (1580�1655), professeur a l�Universit� de Leyde, voir mes �erivains frangais en Hollande, pp. 275�291.

Pulsus enim patria fuerat Grotius, et perpetuo carceri damnatus, unde in Galliam aufugerat. Nimirum Delphis in Hollandianbsp;natus^) Roterodamensis orator^), seu Causidicus ad foederatosnbsp;ordines Hagam delegatus fuit. Ibi se immiscuit jurgiis quaenbsp;inter Barnaveldum ^), advocatum generalem Ordinum, et Mau#nbsp;ricium Principem intervenere; quorum vero historiae praemittinbsp;debet status controversiarum Remonstrantium seu Arminia!�nbsp;norum*, theologos inter initio hujus saeculi exortarum.

Jacobus Arminius Amstelodamensis adolescens ** Genevae sub Theodoro Beza�) tyrocinium studii theologici fecerat, et denbsp;Praedestinatione noimullas altercationes habuerat, cum nonnbsp;posset Calvinianae sententiae adhaerere, quae Stoicorum fatonbsp;proxima, et Deum peccati authorem facere videbatur. Innbsp;patriam tunc reversus dederat silentium paci, et in concionatoremnbsp;electus, sedulo vitabat humidi quaestiones frugis, ut aiebat,nbsp;expertes. Non potuit tamen effugere, quin rogatus privatimnbsp;mentem suam aliquando aperiret, unde symmystae, qui plerum#nbsp;que lividi (erat autem Arminius facundissimus) ansam coeperenbsp;virum modestissimum heterodoxeos accusandi, qua ut se purgaretnbsp;indita in synodo provincia refutandi Cornertbii�), qui in Cal?nbsp;vinum quondam de praedestinatione scripserat. Suscepit invitus,nbsp;sed irrito conatu. Cum non posset enim sibi ipsi satisfacere,nbsp;calamum abjecit, et ignorantiam suam, turn aegritudinem causatus

Grotius devint en effet �pensionnaire�, autrement dit secr�taire de I�importante ville de Rotterdam en juin 1613. II fut en mai 1617 Tun desnbsp;Gecommiteerde Raden van Holland, ou membre de la section permanentenbsp;des �tats de Hollande.

0 Le c�l�bre Oldenbarnevelt, pensionnaire de Hollande depuis le 3 mars 1586, ex�cut� a la Haye le 13 mai 1619.

Jacques Arminius (Armijn) d�Amsterdam, professeur a TUniversit� de Leyde en 1602, mort le 19 oct. 1609. Voir Nieuw Ned. Biogr. Wdb., I, 170.

0 Cf. la th�se de H. de Vries sur Gen�ve, p�pini�re du calvinisme hollandais, Fribourg, Suisse, 1918, in�8�, t. I, p. 38 et passim (v. l�Index).

�) Coornhert (1522�1690) fut en Hollande le pr�curseur d�Arminius dans le �libertinage�, c�estlt;alt;dire dans un calvinisme moins rigoureux surnbsp;la question de la grace et faisant plus de place au libre^arbitre de l�homme.nbsp;Cf. Dr. Bruno Becker, Bronnen tot de Kennis van het Leven en de Werkennbsp;van D. V. Coornhert, La Haye, Nijhoff, 1928, in�4� (Rijksgeschiedkimdigenbsp;Publicati�n, N�. 25).

est; habita hac de re scriptis cum Franc. Junio amica colla�= tione; donee tandem defuncto Junio in ejus locum suffectusnbsp;est Lugduni Batavorum anno 1603. Professorio munere theonnbsp;logico functus est placide ad mortem usque, quae contigit annonbsp;1609. Arminio successit Simon Episcopius ^), qui mihi notusnbsp;infra memorandus veniet, cui vero minus bene convenit cumnbsp;Gomaro �) collega; et prout mos est discipulorum acrius placitanbsp;magistrorum ipsis authoribus propugnantium, fiunt jurgia, clamornbsp;utrinque, irae truces, et funebre bellum, donee in synodonbsp;Dordracena ¹ ²) controversiae anno 1619 consopirentur, non mutatanbsp;quidem Arminianorum sententia, sed mulctato capite Barna#nbsp;veldo, et Grotio, atque Hagebertio �) in carcerem detrusis.

Atque talis erat rerum theologicarum status, et quinque illae² Remonstrantium propositiones circa Gratiam et Praedestina#nbsp;tionem non solum per pulpita et suggestus intonuerant, sednbsp;ut doctorum, ita plebis, et muliercularum animos persuaserant.nbsp;Barnaveldius et plerique eruditorum, atque magistratuum adnbsp;partes Remonstrantium accedere videbantur, quo tempore factaenbsp;cum Hispano induciae per octennium anno 1608�). Has, utnbsp;pote conducibiliores patriae suae, promoverat optimus senex.

Le Francais Francois du Jon, professeur a l�Universit� de Leyde de 1592 a 1602, dont j�ai longuement parl� dans mes �crivains (pp. 171�175)nbsp;et auquel Arminius succ�da.

Sur le th�ologien Simon Episcopius, (de son vrai nom Bisschop 1583�1643), professeur a l�Universit� de Leyde, voir N. Ned. Biogr. Wdb. I,nbsp;col. 829.

3) Frangois Gomaer (en latin Gomarus), n� a Bruges, le 30 janvier 1563, mort a Groningue le 11 Janvier 1641, professeur a l�Universit� de Leyde dunbsp;25 janvier au 21 avril 1611, ou il fut le d�sagr�able coll�gue d�Arminius.nbsp;II enseigne de 1615 a 1618 a 1 Acad�mie de Saumur et ensuite a l�Universit�nbsp;de Groningue. II est le type du �fijn� ou calviniste le plus rigide. Cf.nbsp;Nieuw Ned. Biogr. Wdb., t. VII (1927), col. 483�486.

Le Synode de Dordrecht de 1619, qui condamne les opinions de la fameuse Remonstrantie ou Remonstrance, du 14 janvier 1610, charte desnbsp;Arminiens ou Remonstrants (cf. Heering, Groenewegen, etc., De Remonstranten, Leyde, 1919, in�8�), opposant la libert� humaine au principe de lanbsp;grace et de la pr�destination selon Calvin.

�) II s�agit de Hogerbeets (1561�1625), pensionnaire de Leyde, qui fut jet� en prison en m�me temps que Grotius, et �galement a Loevesteyn. Cf.nbsp;G. Brandt, Historie van de Rechtspleging omtrent ... Oldenbarnevelt,nbsp;Hogerbeets en Hugo de Groot, Rotterdam, I, 1708.

*) II s�agit de la Tr�ve de Douze ans, conclue en 1609, entre I�Espagne et les Provinces#Unies, r�volt�es centre sa domination.

qui vel titulum libertatis inde populum adepturum esse sperabat. Adde quod exhaustum aerarium, nee sat munitos adhuc limites,nbsp;nee mereimonium nuperarum soeietatum satis adhue lautumnbsp;validumve animadverteret. Mauritio haee tanti non erant, quinnbsp;pluris faeeret gloriam quam erat ex eontinuato bello reporta#nbsp;turus. Quapropter ut Bamaveldio adversaretur, simulat senbsp;Gomaristam Calvinianis addietissimum, dum Henrieus^) Fraternbsp;e eontra, veluti anceps animi, ad Arminianos videri vult pro#nbsp;pensior. Plebem ita et eoneionatorum faeeem totam, nee nonnbsp;magistratuum et nobilium partem in suas partes Mauritius trahit.nbsp;Spargit in vulgus voees ambiguas de fide Barnaveldi; miras essenbsp;Hispanorum teehnas, nullas gentem prudentissimam oeeasionesnbsp;negligere serendae inter hostes diseordiae, foveri ab Hispanisnbsp;Arminianos, sub quorum stipendio oeeulte militant. Tandemnbsp;palam, quasi eorruptus fuerit ipse Lyeurgus Reipublieae fundator,nbsp;Bamaveldus aeeusatur. Arsenius Sommerdykii topareha, et aliinbsp;aemuli, Palamedem istum insontem, infando judieio, quia bellanbsp;vetabat, demisere neei, et Grotius postquam supplicio adstitisset innbsp;areem Leovestenianam ad Mosam in perpetuas tenebras truditur.nbsp;Qua de re si plura nosse * velis, lege Apologiam quam pro senbsp;et aliis qui Hollandiae praefuerunt Latine seripsit, turn Belgieenbsp;Vitam Barnaveldii, et Historiam Controversiarum de Praedes=nbsp;tinatione a Joanne Utembogardo editam, turn Acta synodinbsp;Dordracenae �) utrinque prolata, et Apologiam Remonstrantiumnbsp;opus Simonis Episeopii �), quamvis ejus nomen non praeferat.

0 Fr�d�ric#Henri fr�re de Maurice de Nassau et qui devait lui succ�der en 1625 comme Stadhouder.

�) Francois Aersen, seigneur de Sommelsdijk, ambassadeur des �tats en France de 1598 a 1614. Cf. Nouaillac, Lettres in�dites de Frangois d�Aerssennbsp;a Jacques Valcke, 1599�1603, Paris, Champion, 1908, un vol. in�80.

Le pr�dicant J. Wtenbogaert (1557�1644) a �crit i�Oorspronfc ende Voortganek der Nederlandsche Kerkgeschillen, 1623, cf. H. C. Rogge,nbsp;W'tenbogaert en zijn Tijd, Amsterdam, 1874�6, 3 vol. in�8�.

') Les Actes du Synode de Dordrecht. Cf. H. Raajan, De Proacta des Dorische Synode, Rotterdam, 1914; id. De groote Synode van Dordrecht,nbsp;Amsterdam, 1918, et les ouvrages anciens de Quick et Aymon.

�) Voir plus haut p. pr�c�dente, note 2. Cette Apologia pro confessione Remonstrantium a paru en 1626.

libris solatium quaerens, qui in area satis ampla cum reliqua supellectile subinde offerebantur referebanturque, visum est uxorinbsp;Mariae Reigerbersgiae Middelburgensi ^), alti spiritus foeminae,nbsp;conjugem illa in area includere, et cymbula Dordrechtum, indenbsp;Antverpiam transmittere. Maritum igitur consilii conscium, mor#nbsp;bum simulantem, in visit maesta cum area sua, custodibus larganbsp;manu nummos dividit, quo se lautius exciperent, et bihorio postnbsp;satellites illos advocat, rursusque pecuniam largitur cubiculumnbsp;intrantibus, monens ut suspenso gradu incedant, ne quiescent!nbsp;aegroto molestiam facessant, et arcam ad fluvium devehant; atquenbsp;haec omnia in lachrymas erumpens forti peragit animo, innbsp;exemplum posteris baud reticendum amoris et prudentiae. Au#nbsp;diendus de toto hoe praeclaro facinore Grotius in Sylva. adnbsp;Thuanum^'). Antverpiae subsistere noluit vir sibi conscius denbsp;non temerata in patriam fide, et quamvis offerretur amplumnbsp;stipendium, maluit in Galliam secedere, ubi Regis foederati mu#nbsp;nificentiam expertus est, donee post necem Gustavi a Regina�)nbsp;in Legatum Suesiae* eligeretur. Quo munere functus est adnbsp;annum usque 45. Nam evocatus, et in aula male exceptus, obnbsp;Lutheranos sibi infensos propter tentatam Religionis concordiam,nbsp;dum per foedam anni tempestatem discedere mavult, quamnbsp;Stocholmiae diutius manere medios inter hostes, et superba patinbsp;fastidia Christinae tanta viri merita insuper habentis, Rostochiumnbsp;post longam et molestissimam jactationem taedio maris appulit,nbsp;ubi fatis vix appulsus concessit aetatis suae anno LXV*); quamnbsp;si ulterius produxisset, in Ecclesiae�) sinum forsan se recepisset.

de sa prison en l�enfermant dans un coffre a livres, �pisode que la gravure a popularise.

2) Non pas J. A. de Thou, l�historien, mais Francois�Auguste, son fils (1607�1642), d�capit� avec Cinq�Mars. II s�agit d�un po�me: Silva,nbsp;ad Franciscum Augustum Thuanum, Jac. Augusti f., qui se trouve dansnbsp;H. Grotii Po�mata omnia, Amsterdam, Ravesteyn, 1670, un vol. in�12,nbsp;pp. 419�428.

2) Christine, fille de Gustave�Adolphe, le choisit comme ambassadeur de Su�de a Paris depuis 1635, � fonction qu�il occupa jusqu�en 1645.

�) II mourut en effet a Rostock, le 28 aout 1645, apr�s avoir fait naufrage sur les cotes de Pom�ranie, venant de Stockholm, ou il avaitnbsp;trouv� trop d�ennemis parmi les Luth�riens. II n�avait pas 65 mais 62 ans,nbsp;�tant n� le 10 avril 1583.

�) L��glise catholique, au giron de laquelle il aurait pr�c�d� Sorbi�re.

Filios reliquit duos, quorum Petrus natu minor, nunc urbis Amstelodamensis Advocatus Reipublicae operam suam feliciternbsp;locavit, ad prima autem munera facile sua in rebus agendisnbsp;solertia perventurus. Et illo et Guillielmo^) Patruo olim ususnbsp;familiariter Hagae Comitis; quanquam non norim fratem 3), neenbsp;sororem ^), quae Mombasio nobili Gallo nupserat. Sed quidquidnbsp;in laudem stirpis dicere possum, longe tarnen infra Hugonis,nbsp;viri magni, viri mirandi, viri sine exemplo (prout Baudius�)nbsp;sole isto exoriente cecinit) meritas laudes positum esset. Tantumnbsp;enim Scaligeri �), Lipsii �), Casauboni �), doctrinam praegravassenbsp;videntur viri duo, Hugo Grotius et Gerardus Joannes Vossius �),

Pierre, Ie cadet de Cornelis. N� Ie 28 mars 1615, Pierre mourut Ie 2 juin 1678. Au moment o� Sorbi�re �crit (1660), il vient d��trenbsp;nomm�, Ie 6 f�vrier, pensionnaire ou secr�taire de la ville d�Amsterdam,nbsp;fonctions qu�il exerga, apr�s avoir pr�t� serment Ie 18 mars, jusqu�en 1667nbsp;(cf. Elias, De Vroedschap van Amsterdam, I, 79, 384, 482). Je dois cenbsp;renseignement a Ia complaisance de mon ancien coll�gue, l�historiennbsp;Brugmans.

^) Guillaume de Groot, fr�re de Hugo, n� a Delft Ie 10 f�vrier 1587, mort a la Haye Ie 12 mars 1662, c�l�bre avocat et po�te. Cf. W. de Grootnbsp;Broeders gevangenisse ... p.p. H. Vollenhoven, p. 47 et passim, et Vorstermannbsp;van Oyen, Hugo de Groot en zijn geslacht, Amsterdam, 1883.

0 Cornelia (1611�1687), qui �pousa, en 1647, Jean Barthon, commissaire^ g�n�ral de la cavalerie et colonel francais au service des �tats, ex�cut�nbsp;en effigie comme traitre a la Haye, Ie mardi 25 juillet 1673 (Cf. G. Cohen,nbsp;ie s�jour de SainU�vremond en Hollande et l'entr�e de Spinoza dans Ienbsp;champ de la pensee /ranfaise. Paris, Champion, 1926, in�8�, p. 66), et quinbsp;se r�fugia en France, o� il re^ut d�autres charges militaires. Cf. Vorstermannbsp;van Oyen, op. cit, p. 13.

0 Dominique Le Baudier, n� a Lille en 1561, professeur a L�Universit� de Leyde, mort le 22 ao�t 1613. Cf. mes �crivains, pp. 219�222, et sesnbsp;Po�mata.

�) Joseph�=Juste Scaliger (1540�1609), lumi�re de l�Universit� de Leyde, qui l�appela a elle en 1593. Cf. �crivains, pp. 187�217.

Juste Lipse, le grand philologue beige (1547�1606). Cf. Nisard (Charles) Le triumvirat litt�raire au XW si�cle, Paris, Amyot (1852)nbsp;in�8�.

�) Casaubon, le c�l�bre philologue francais (1559�1614), gendre de Henri Estienne, et que Scaliger avait surnomm� �le ph�nix des �rudits�.nbsp;Cf. id. ibid.

�) G�rard=gt;Jean Vossius (Voss, de son vrai nom), philologue allemand n� a Heidelberg en 1571, successivement professeur a l�Universit� de Leydenbsp;et a l�Athenaeum illustre d�Amsterdam qu�il inaugura en 1632. Voir mesnbsp;articles de l'Illustration du 2 juillet 1932 et des Nouvelles Litt�raires dunbsp;9 juillet 1932 sur le troisi�me centenaire de l�Universit� d'Amsterdam.nbsp;II mourut en 1649.

quantum illi eruditorum aevi superioris (si paucos excipias) laudem superasse perhibentur. Nemo certe doctius, nemotersius,nbsp;nemo utilius, quae non ultima laus, scripsit, cum inania multa,nbsp;scabra et inamoena caeteri reliquerint. De Vossio dicetur alias.nbsp;At Grotii opera haec sunt: De Veritate Religionis Chtistianae^)nbsp;liber vere aureus quemprimum tetrastichis Belgicis expresseratnbsp;in usum nautarum, et dein Latio donavit Hieronymi Bignoniinbsp;hortatu. In hunc ipse Annotationes �) eruditissimas post ins¹ ²nbsp;numeras contextus editiones adornavit ^), quemadmodum et innbsp;libros suos de Jure Belli ac Pacis^') Politicae doctrinae, et Juris#nbsp;prudentiae Armamentarium refertissimum. De Jure quoquenbsp;Belgio scripsit Isagogem �), quam in foro Hagiensi saepiusnbsp;audivi �) authore superstite citatam. Quae in scripturam sacramnbsp;multis voluminibus annotavit, humanae et divinae sapientiaenbsp;thesaurus continent; adeo apposite ex Sanctis Patribus, et aliisnbsp;scriptoribus gemmas promens, quibus tessellatum opus faciat,nbsp;ut plerumque uno verbo plus doceat, quam alii longo sermone.nbsp;Annotata ad Consultationes Cassandri �), et quae exinde veli#nbsp;tationes ortae ad sarciendum Ecclesiae schisma, quo argumentonbsp;quid praestantius. Historica �), Taciturn vel nimis sapiunt, et si

1627, remaniement latin de son Bewijs van den ivaren godsdienst (1622) qu�il destinait aux matins surtout et o� il avait ins�r� des quatrains,nbsp;plus faciles a confier a la m�moire. Sorbi�re n�a probablement pas vu cenbsp;texte n�erlandais mais le d�but du Livre I de la version latine (p. 3 denbsp;l��d. elz�virienne en 1662).

^) J�r�me Bignon, magistral et �rudit francais, pr�cepteur de Louis XIII et avocat g�n�ral au Parlement de Paris (1589�1656). C�est a lui questnbsp;d�di�e l��dition latine.

Voir H. C. Rogge, Bibliotheca Grotiana. Hugonis Grotii Opevum descriptio Bibliographica, La Haye, 1883 (inachev�).

5) II s�agit du fameux De Jure Belli ac Pacis libri tres (1625) fondement du droit des gens.

�) Inleydinge tot de Hollantsche Rechtsgeleertheyt (1631), Introduction a l��tude du Droit N�erlandais.

�) Le trait, s�il est vrai, est a noter. Le curieux Sorbi�re fr�quente les tribunaux comme les salons.

�) Hugonis Grotii, Annotata ad consultationem Cassandri, scripta anno 1641, s.1. n.d. 61 p. in�8� (Bibl. Nat. D 14740). II s�agit de Cassandre,nbsp;chapelain de Charles�Quint qui travailla aussi a l�unit� des �glises.

�) Allusion sans doute a son Liber de Antiquitate et Statu Reipublicae batavae (1610) ou a son Grollae obsidio (1629), plutot qu�aux Annales etnbsp;Historiae de Rebus belgicis, qui ne parurent qu�en 1657.

quid peccant in eo est, quod nescio quid torvi et salebrosi in stilo reprehensum a plerisque fuerit. Sed veritas return gestarum,nbsp;et sententiarum gravitas praecipue in hisce spectari debent.nbsp;Quoties autem versu ludere libuit in nullos non sese poetasnbsp;effingit^). Praetereo quae ad Philologiam; qua parte accessit adnbsp;Scaligerum ^), ad Salmasium �), ad Avunculum meum ¹ ²), virosnbsp;criticos, expoliendis authoribus, non cudendis solidioris doctrinaenbsp;operibus, occupatos, operis summa plerumque infelices, in naevosnbsp;autem unice intentos, quos cum aliquando deleant, gratiae suntnbsp;bonis illis viris referendae, ceu ² mangonibus veteris pallii maculasnbsp;purgantibus.

Hinc redeo ad Samuelem Petitum²), qui timuit ne Grotius abuteretur scripto Perrotti �), et aegre tulit aliquatenus meamnbsp;cum viro Carentonianis �) et Genevensibus infenso familiaritatem.nbsp;Non alienus quidem erat Avunculus meus ab amplectanda Reli^nbsp;gione Catholica �), et dogmatum interiora sciebat convenire cumnbsp;veteris Ecclesiae fide et patrum scriptis, sed innutritus jejuna subnbsp;disciplina Calvinianorum, ritus omnes puerili metu reformidabat.nbsp;Quod faciunt et alii, strenui et solertes alioquin viri eodemnbsp;veneno afflati, qui ad candelae unius lucem micant vel oculosnbsp;claudunt, et vel ad obviam pompam sacram, ceu ² ad magicumnbsp;spectaculum, indecore trepidant. Ea ego eram animi imbecillitate,nbsp;qua me Grotius primum exuit; ejusque manu scriptam in Albonbsp;meo reperies Graecam sententiam rgdjujuma juaSsTv �e� -mInbsp;fj.aamp;ovvxa vovv e^scv^^; cui viro postmodum superveniens a

Claude Saumaise, le c�l�bre - philologue bourguignon (1588�1653), professeur a l�Universit� de Leyde, cf. mes �crivains frangais en Hollande,nbsp;pp. 311�333.

q Samuel Petit, dont il a �t� question au debut. Cf. Encyclop�die des Sciences religieuses, t. X, p. 513.

�) Ceux de Charenton, les protestants parisiens. Cf. Jacques Pannier, l��glise r�form�e de Paris sous Louis XIII de 1621 a 1629 environ. Paris,nbsp;Champion, 1932, deux vol. in�8� ill.

quot;) Ceci est purement et simplement un mensonge. C�est le n�o^'converti qui parle et je ne crois pas que Samuel Petit ait jamais song� a pr�c�dernbsp;son neveu dans la voie de I�apostasie.

Gassendo^) Horatianum illud Sapere aude, in libertatem me asserere coepi; nam fateor me plurimum ad depellenda praeju*nbsp;dicia ad] uturn duplici ista magnorum virorum adhortatione ;nbsp;adeo ut si quid in philosophicis ausus fuerim proprio martenbsp;experiri illud debeam Diniensi, quemadmodum et per Batavumnbsp;factum est, ne pessulum obderem Gratiae Divinae, quae tandiunbsp;post pulsavit cordis mei ostium, et cui nunquam fores aperuis^nbsp;sem, nisi pervicaciae et praeconceptis opinionibus pridem ejusnbsp;opera vale dixissem.

Apud Grotium vidi Edmondum Mercerum *), Gallum hominem Vitriaci in Campania natum, qui sacris addictus spretonbsp;sacerdotio, et abdicata majorum suorum religione lapsus eratnbsp;in haeresim Calvinianam, et uxorem duxerat, ex qua cum pluresnbsp;liberos suscepisset, alendae familiae Polones et exteros alios domonbsp;sua excipiebat et Gallicam linguam edocebat, unde in Socianis�=nbsp;mum, per Arminianismum gradatim desciverat. Erat ille doctusnbsp;Graece et Latine, sed inprimis versatissimus in scriptis Amobiinbsp;et Tertulliani, ad quos authores explanandos mira pollebat saga^nbsp;citate; quae levicula mutatione literulae facta in aliam affinemnbsp;sensus elegantissimos in locis obscurissimis concinnabat, ceunbsp;immissa in tenebras luce clarissima. Caeterum homo erat rebusnbsp;aliis omnibus ineptissimus, ad iracundiam pronus, et qui adnbsp;meliorem mentem uxore superstite redire noluit, vel non potuit.

1) nbsp;nbsp;nbsp;Sorbi�re devait devenir Ie fervent disciple de Gassend C1592�1655):nbsp;car tel est Ie vrai nom du grand philosophe �picurien, dont il fut Ienbsp;biographe. II �tait n� pr�s de Digne.

2) nbsp;nbsp;nbsp;II ne s�agit pas du philologue Josias. Mercier, Sr. des Bordes, Ienbsp;beau^�p�re de Saumaise, mals d�un Edmond Mercier de Vitry en Champagne,nbsp;qui ne figure ni dans la France protestante ni dans l'Allgemeines Gelehrtennbsp;Lexicon 1750�1751, ni dans aucun dictionnaire biographique, a ma con^nbsp;naissance. Par contre il est question de lui dans Ie Sorberiana ou bonsnbsp;mots, rencontres agr�ables, pens�es judicieuses et observations curieusesnbsp;de M. Sorbi�re, a Paris, chez la veuve Mabre^Cramoisy, 1732, un vol.nbsp;in*24, p. 148, et, chose curieuse, dans les m�mes termes qu�ici: �Edmundusnbsp;Mercerus Gallus, homo Vitriaci in Campania natus, cum plures liheros exnbsp;uxore suscepisset ... Graece.� Puis, une ligne a �t� omise et Ie Sorberiananbsp;reprend a �Arnobii et ... clarissima�. Nouvelle lacune apr�s laquelle Ienbsp;recueil ajoute: �Observationibus ... accinxit�. II est question de ces Obser-vationes in Tertullianum et alios veteres Patres dans une lettre du Cardinalnbsp;D. Rospigliosi {l�lustrium et eruditorum virorum epistolae, p. 464). IInbsp;n�y a pas de doute que l�avocat Graverol ou Henri Sorbi�re, n�ait icinbsp;copi� et abr�g� notre Vie de Grotius retrouv�e dans les papiers de Samuel.

Nam statim atque ad plures abiit, meo et Milleterii i) hortatu in Ecclesiam Catholicam postliminio se recepit, et observationibusnbsp;suis criticis in unum fasciculum congerendis septuagenario majornbsp;sese demum accinxit.

Hujus opera innotuere mihi Sarmatae complures Samosatenb ani^) et inter alios Andreas Vissovatus ¹ Fausti Socini enbsp;Filia unica nepos, Johannes Schlichtingius ^), Stoinsckius �),nbsp;Crellii Filius�), Gabriel Lubiniesckius�), Ruarus�); quos inter

Th�ophile Brachet de Milleti�re, n� vers 1596, convert! au catho^ licisme en 1645, mort en 1661 (cf. J�cher in verb�); lui aussi, comme Grotiusnbsp;et plusieurs Sociniens poursuit Ie r�union des �glises.

De Paul de Samosate en Syri�, �v�que d�Antioche (vers 269) et de Lucien de Samosate, anti^trinitaires. Sarmatae Samosateniani est done unenbsp;fa?on de d�signer les Fr�res polonais. Cf. Kot dans Reformacja w Polsce,nbsp;1921, pp. 105�133.

Andr� Wiszowaty, n� a Fihpow Ie 26 nov. 1608, petitrfils par sa m�re Agn�s, du c�l�bre h�r�siarque Faustus Socin (Fausto Sozzini). Voirnbsp;plus haut mon Introduction. II mourut a Amsterdam, Ie 29 juillet 1678.nbsp;Cf. L. Chmaj, Propaganda Braai Polskich w Paryzu w wickii XVIInbsp;dans Reformacja w Polsce, t. V, 1928. Pour ce personnage et les suivants,nbsp;cl. Sandius, Bibliotheca Antitrinitariorum, Freistadt, 1684, in�12, et Ie livrenbsp;de F. S. Bock, Historia Antitrinitariorum maxime Socinianismi et Soci�nbsp;nianorum, Leipzig, 1774, 2 vol. in�12. Sur Wiszowaty, Sandius, pp.nbsp;221�263.

Jonas Schhchting (1592�1661), cure socinien, pers�cut� par les autorit�s polonaises pour avoir �crit la Confessio fidei, se retira aux Pays^Basnbsp;d�o� il fut aussi exil�. II mourut a Zullichau en Brandebourg, en 1661. IInbsp;a �crit des Nofae in Hugonis Grotii Votum pro pace ecclesiastica et desnbsp;Notae in doctissimi cujusdam viri (H. G.) commentationem ad sec. cap.nbsp;post. ad Thess. ep. 1643 o� il critique Grotius. Voir L. Chmaj dansnbsp;Reformacja w Polsce, IV, 88.

�^) Jean Stoinski, petit^fils du r�formateur francais Petrus Statorius du coll�ge de Pinezow; il se rendit en Hollande en 1638, a Paris en 1642nbsp;et mourut en 1658.

�) Sans doute Christophe, fils de Jean, qui avait eu de grandes pol�^ miques avec Grotius, cf. F. S. Bock, Historia Antitrinitariorum maximenbsp;Socinianismi et Socinianorum, Leipzig, 1774, t. I, p. 140�144; surnbsp;Christophe v. ibid., p. 158.

�) Gabriel Lubieniecki, jeune po�te, Ie troisi�me membre d�une dynastie de Sociniens. Cf. Tad. Grabowski, Literatura aryanska w Polsce (1510�1660),nbsp;Cracovie, 1908, p. 377 (note de J. Moreau^^Reibel).

�) Martin Ruar, recteur du coll�ge de Rakow en Pologne (1587�1657). II visita Grotius a Hambourg, vers mars 1632, avec tout un groupe denbsp;jeunes Sociniens polonais se rendant a l�universit� de Leyde. Cf. L. Chmaj,nbsp;Martin Ruar, Cracovie, 1921, in^Squot; {Bulletin de l'Acad�mie polonaise denbsp;Cracovie, 2^ s�rie, t. XXXVII, pp. 202�356, et W. Sobieski, Martinnbsp;Ruarus dans Reformacja w Polsce, t. I, pp. 134�138.

non recenseo Joannem Salabertum Aginnensem i), et Stephanum atque Gedeonem Curcellaeos ^), patrem et Filium, cognatos meosnbsp;Genevenses; de quibus abunde dicendum erit ubi in Hollandiamnbsp;venero. Sed illos tamen beneficio Merceri primum novi, quodnbsp;acceptum illi refero.

Jean Salabert d�Agen, th�ologien et philosophe n� vers 1600, mort en 1665, auteur de De Concordia Libertatis et Gratiae, Paris, 1651, etc. Voirnbsp;Bibliographie g�n�rale de �Agenais ... par Jules Andrieu, t. XI, p. 271,nbsp;1887; Tamizey de Laroque et J. Dulac, dans la Revue de Gascogne, t. XIV,nbsp;1873, pp. 94 et 289.

0 �tienne de Courcelles (1586�1659), professeur du Coll�ge remonstrant d�Amsterdam, traducteur des Principes de la Philosophie de Descartes.

Son fils G�d�on, pasteur remonstrant, longtemps pers�cut�, fut ensuite nomm� a Noordwijk^binnen, puis a la Haye en 1666, oil il mourut versnbsp;la fin de 1672.

De grondslag van enigerlei rithmiese ontleding is het vast# stellen, of ten minste het benaderen van een voordracht, welkenbsp;20 zuiver mogelik de bedoeling van de dichter weergeeft. Daarnbsp;meestal het kontakt tussen hem en de lezer plaats heeft via denbsp;gedrukte tekst (slechts weinigen horen de dichter voordragen, ennbsp;niet iedere dichter draagt zijn werk goed voor), is de voordrachtnbsp;welke men zich tenslotte als de min of meer juiste voorstelt,nbsp;een persoonlike herschepping. Soms wordt deze herscheppingnbsp;gevormd met behulp van reminiscenzen aan de voordracht vannbsp;anderen, maar ook in dit geval blijft de grondslag van denbsp;rithmiese ontleding zeer subjektief. Wie alleen verzen zou l�zen,nbsp;zou nagenoeg geen besef van rithmiese gewaarwordingen hebben.nbsp;Bij de meesten zal echter het visu�le beeld van de verzen, ver#nbsp;sterkt door tipografiese biezonderheden (verdeling van wit ennbsp;zwart, aksenten, leestekens) zich omzetten in een auditief, diepernbsp;nog, in een motories besef, soms zwak, alleen geuit door eennbsp;innerlik recitatief, met lichte mimiek, zachte fluistering, bewe#nbsp;gingen welke zich bij krachtiger uiting, bij voordracht met vollenbsp;stem, uitbreiden tot rithmiese aksentuering door het gehelenbsp;lichaam. Maar, in welke mate ook het rithmiese besef bij denbsp;lezer#voordrager wakker wordt geroepen, deze streeft naar eennbsp;zuiver inleven van de bedoeling van de dichter. En nu mogennbsp;wij aannemen, dat er, naast sommige observaties, welke alsnbsp;evident onjuist kunnen worden beschouwd, vele zijn te noemennbsp;welke op een juiste voordracht steunen. En t�ch lopen de aksen#nbsp;tu�ringen ver uiteen! En als gevolg daarvan worden verschillendenbsp;theorie�n opgebouwd, die wederzijds bestrijding vinden. Heeftnbsp;dan de een gelijk, de ander ongelijk? Wij treden z�lf, en naarnbsp;ons beste weten terecht, in het strijdperk, wanneer we daaropnbsp;een positief antwoord geven, maar �vu d�en haut�, moeten wenbsp;in elke theorie, of deze uitgaat van de klassieke beschouwing ofnbsp;van de linguistiese, van de muzikale, de fiziologiese of van welkenbsp;ooki) � een deel van de waarheid kunnen ontdekken. Dit isnbsp;voor hen vooral moeilik, die het afbreken van de klassiekenbsp;theorie, met het al te radikale opruimen van jamben, anapesten.

5 nbsp;nbsp;nbsp;65

enz. heeft meegemaakt, om daarvoor in de plaats met geestdrift alleen �intensiteiten� af te wegen, en alle metra heeft vervangennbsp;door vaak te subjektieve skansie, die steimt op min of meernbsp;gekonstateerde isochrone afstanden. Is het te verwonderen, datnbsp;sommigen alles overboord gooiden, wat uiterlike verschijningnbsp;was, en all��n rithme beleven als iets wat aan alle waarneming ofnbsp;definitie ontsnapt, een soort van �rythme pur�, dat door allenbsp;beschrijving ontheiligd werd? En ook deze laatsten hadden nietnbsp;geheel ongelijk, want zij erkenden daarmede het misterie datnbsp;het diepste wezen van het kunstwerk omsluiert.

En toch is er iets tastbaars, iets dat we mogen en moeten beschrijven, indien we ons daarbij niet laten verleiden tot hetnbsp;stellen van ��n der gekonstateerde verschijnselen als basis vannbsp;een sisteem. Het min of meer zuiver �inleven� van een rithmiesenbsp;keten van klanken wordt gewekt door vele verschijnselen: eennbsp;zekere stemming of eerbied, of bewogenheid, welke uiting vindtnbsp;in mimiek, intonatie, aksentuatie, in eigen tempo, waarbij som#nbsp;mige lettergrepen, door biezondere intonatie en klemtoon, steun#nbsp;punten zijn van de klankenreeks. Het kiezen nu van de aksentennbsp;kan zeer uiteenlopen, zonder dat van een redelike norm vannbsp;goede voordracht wordt afgeweken. De bekende, en vaak geana#nbsp;lyseerde regel van Vondel�s Gijsbrecht:

(1) is de meest klassieke, en men moge met Kossmann deze voordracht, welke zuiver jambies is, afkeuren daar de isochronienbsp;het schone rithme vermoordt, toch blijft het de vraag, of ze nietnbsp;het dichtst komt bij Vondel�s eigen ideaal, en dat van velenbsp;zeventiende#eeuwers, welke de jambiese beweging in haar krach#

Nederlandsch Versrythme, 1922, blz. 209�210. Zie ook, over deze regel, A. W. de Groot, Naar een nieuwe Versleer. De Nieuwe TaaUnbsp;gids. XXVI.

tige gebondenheid als een bevrijding van vroegere ongebonden# heid konden gevoelen. Is het zo zeker, dat wij een konventionelenbsp;(d. w. z. breed uitrollende, zwaar en regelmatig geaksentueerde)nbsp;reeks van alexandrijnen volgens onze moderne opvatting opnbsp;de meest juiste wijze voordragen? En toch hebben wij het rechtnbsp;dat te doen, volgens een der wijzen (2) tot (6) � of ook opnbsp;andere manieren, � hetzij volgens de vurige, bewogen wijzenbsp;van (6), die grote brokken klanken samenvat in krachtigenbsp;zwierigheid, hetzij wij, (2) tot (5), in afwisselend tempo meernbsp;kernen van de golving vasthouden.

Vormen deze verschillende wijzen van aksentuatie geheel ver# schillende rithmiese ketenen? Neen: allen hebben een zekerenbsp;gelijkenis, niet alleen door dezelfde woorden die een zekere sfeernbsp;met zich meebrengen, maar ook omdat steeds weer een zelfdenbsp;golfslag terugkeert. Dit is zeker, dat deze min of meer onregel#nbsp;matige terugkeer niet tot sterke isochronie behoeft te voeren, ennbsp;gaarne erken ik hier, bij het schrijven van mijn artikelen in Denbsp;Nieuwe Taalgids (1915) over Het isochvonisme in het Neder#nbsp;landse vers, te zeer bekoord te zijn geweest door Mauricenbsp;Grammont�s bekende uitspraak : �Le rythme est constitu� dansnbsp;toute versification par le retour a intervalles sensiblement �gauxnbsp;des temps marqu�s ou accents rythmiques�. Hiervan uitgaande,nbsp;zocht ik, daarbij steunend op Paul Verrier�s publikaties, eennbsp;regelmatige terugkeer van aksenten om de twee of drie letter#nbsp;grepen, iets als kleine bogen van een brug, dicht naast elkandernbsp;gesteund door stevige pijlers;

Evenwel nam ik reeds aan, dat de aksenten onderling van zeer verschillende zwaarte konden zijn. Het bezwaar tegen deze ietwatnbsp;te zware skansie, die echter ruim vijftien jaar geleden reeds eennbsp;grote voorsprong had op de vroegere stukhakkerij in afzonderlikenbsp;brokjes van een rithmies geheel, was enerzijds het optrekkennbsp;van zeer zwakke aksenten tot z.g.n. sterke lettergrepen, anderzijdsnbsp;het vasthouden van een vrij konstant tempo zonder krachtigenbsp;versnellingen en vertragingen. Daardoor was het gemakkelik,nbsp;enige grondtiepen vast te stellen: S, Sz, Szz (S = sterk, z = zwak).

^ Toen keken, daar �t z�� prachtig was, waarbij de vetgedrukte klinkers op isochrone afstanden stonden. Ennbsp;Ik had mijn hart als pand gegeven

Dit kan wel bij die verzen die werkelik een zeer regelmatige afwisseling van nagenoeg even zwaar geaksentueerde sterke ennbsp;zwakke lettergrepen heeft:

Waar werd oprechter trouw dan tusschen man en vrouwnbsp;ter wereld ooit gevonden?

Maar in alle po�zie waarin het gevoel sterk uitkomt, en het tempo vaak wijzigt, komt bij bewogen voordracht weinig terechtnbsp;van die prachtige egale klankboogjes, die �intervalles sensiblementnbsp;�gaux des temps marqu�s ou accents rythmiques�. Maar de hier^nbsp;boven geciteerde versregel

Ik had mijn hart als pand gegeven ziet er toch uit als een behoorlike reeks van jamben? Daarnbsp;ligt nu juist de fout. Wie zich indertijd bezig hield met vers#nbsp;bouw, moest moeite hebben om zich los te maken van zekerenbsp;overleveringen van de klassieke prosodie. Hij dacht in jambennbsp;en anapesten. Het ware toen beter geweest, de wisseling vannbsp;zwakke en sterke lettergrepen die elkaar bij twee�n of drie�nnbsp;opvolgden, te beschouwen als een soort van lager rithme, eennbsp;�Unterrythmus�, om met de Groot te spreken, een regelmatigenbsp;rimpeling die op een bredere rithmiese golf van groot belangnbsp;is daar ze een zekere konsistentie geeft aan het vers. Toentertijdnbsp;was ik niet geheel bevredigd door de vaak monotone vloeiingnbsp;van sterk#zwak, of sterk#zwak#zwak, die dreigde schone, breednbsp;golvende, hoog opzwiepende verzen neer te drukken in eennbsp;saaie kadens, en trachtte, met Zittelmann en Paulussen, eennbsp;�hoger rithme� daarover heen te bouwen. Dit deel van mijnnbsp;versanalyse bevredigt me nu nog vrijwel, mits � en met vreugdenbsp;vond ik sinds kort in de heldere beschouwingen van de Groot

Doch ook hier zijn twee silben (werd en tus) aanmerkelik lichter. Zie bovengenoemd artikel.

de verklaring van een zekere tweeslachtigheid welke mijn arbeid van toen kenmerkte � mits men het hogere rithme beschouwtnbsp;als het eigenlike, dat funktioneel �n esthetics bevrediging schenkt.nbsp;De oorzaak van het plotselinge optreden van hoger rithme, innbsp;de verzen van Vondel�s Gijsbrecht van Amstel, trachtte ik tenbsp;verklaren door een versneld tempo, dat een zekere samenbindingnbsp;veroorzaakte van aksenten die ver van elkander liggen; ver#nbsp;traagde bet tempo, dan werd het rithme weer normaal. Hiernbsp;moet het oor de hoorder bedrogen hebben. Overal kan, zijnbsp;het ook niet zonder onderbrekingen, de periode van 0.5 tot 2.0nbsp;(dus gemiddeld ^/i) seconde optreden, welke Ebbinghaus, Bolton,nbsp;Stetson, Delacroix, de Groot, konstateerden op velerlei klank#nbsp;gebieden, en welke ook ik vond in Mevrouw Mann#Bouwmeester�snbsp;voordracht van de Gijsbrecht. Lagen nu de �intervalles� vannbsp;Grammont, zoals diens definitie het schijnt te bedoelen, naastnbsp;elkaar, (�Ie retour a intervalles sensiblement �gaux�) dan zounbsp;een vers aldus in perioden zijn in te delen:nbsp;maar dan zou � en dit is het zwakke punt in zijn definitie �nbsp;dezelfde monotonie optreden als straks, met dit verschil, dat nunbsp;een reeks brede golven achter elkander aanrollen, zoals straksnbsp;de (kleine golfjes. Dit strijdt evenzeer meteen bevredigende voor#nbsp;dracht. Een periode van V4 sec., versterkt door vele faktorennbsp;welke haar welluidend maken, vormt op zichzelf reeds eennbsp;esthetics element, dat niet onmiddellik behoeft herhaald te wordennbsp;door een soortgelijke periode, maar ook op afstand met strelingnbsp;kan worden teruggevonden in een soortgelijke periode. Denbsp;Groot�s voorbeelden zijn overtuigend.

The Angel smiled, and from his radiant face toont twee perioden (a tot i, en a tot a) welke door woordennbsp;van relatief weinig rithmiese waarde, en door een rust, vannbsp;elkaar gescheiden zijn. Dit verruimde begrip omtrent versrithmenbsp;strijdt tegen alle a entrance doorgevoerde isochronie; kiestnbsp;all��n die aksenten welke waarlik expressie verlenen; stelt niet hetnbsp;metrum (jambe, anapest, enz.) terzijde, maar subordineert hetnbsp;aan de ruime periode die een gemiddelde heeft van seconde,nbsp;en welke tussen twee sterke lettergrepen 0, 1, 2, 3 of zelfs meernbsp;lettergrepen kan bevatten. Tempowijzigingen worden hierdoornbsp;verklaard. En tevens wordt het duidelik, dat rithme niet is een

staag weerkerende slag, dat rithme niet datgene is, wat een vers tot vers stempelt, maar dat de periode, die in alle min of meernbsp;gebonden taal voorkomt, in gedegen proza zowel als in po�zie,nbsp;in de laatste ��n der middelen is (maar geen all��n optredendnbsp;element), om het gevoel van dichterlike ontroering te wekken.nbsp;Bovendien, dat een metriese onderschikking in primitieve afwis;*nbsp;selingen van sterk en zwak geen integrerend bestanddeel er vannbsp;uitmaakt, hoewel sommige talen, m��r dan andere, deze samen;�nbsp;bindende subordinatie van gewoon en lager rithme als gewenstnbsp;aanvoelen.

Nu neme men nogmaals de verschillende aksentuaties van Gijsbrecht�s beginregel voor zich, en beproeve zelf, of er inder#nbsp;daad een neiging bestaat om de rithmiese periode te doennbsp;optreden. Bij (1), die slechts een verzwaring is van (3), leestnbsp;men dipodies^); in beide treedt de periode zeer regelmatig op,nbsp;in (1) laat men het metrum sterker gevoelen. Bij (2) wordt hetnbsp;tempo tussen de eerste twee aksenten versneld; de cesuur gerekt,nbsp;het tempo tussen de twee laatste aksenten versneld; de afstandennbsp;zijn benaderend isochroon; bij (4), waarin de i van zich minnbsp;of meer sterk kan worden uitgesproken, wordt langen lestennbsp;breed gezegd, als weerslag op de voorafgaande periode hemelschenbsp;gerecht; bij (5) vormen zich vier aaneensluitende perioden. Bijnbsp;(6) wordt gejaagd door het eerste halfvers tot de rust, door hetnbsp;tweede tot het rijm, daar alleen bij snel tempo eentonigheid isnbsp;te vermijden.

Behaaglike vrijheid, die veel tegenstrijdigheden in definitie en in voordracht te samen bindt 1 De uitspraak van Grammont,nbsp;welke ons straks te beperkend toescheen, en all��n toepasseliknbsp;voor zeer regelmatig geaksentueerde verzen, zou van ruimernbsp;toepassing zijn indien ze aldus luidde:

�Le rythme est constitu� dans toute versification par Ie retour a intervalles r�guliers ou irr�guliers de p�riodes sensiblementnbsp;�gales, comprenant entre deux accents rythmiques une moyennenbsp;de 0.75 secondes, et correspondant entre elles.�

1) Cf. Vondel�s: O onvermoeide molenaar, O stedebouwer, schependrager. J. Geurts, Nederlatidsche Metriek, 1902, was reeds dicht bij de waarheid,nbsp;toen hii bii een �natuurlijke beklemtoning� een onderschikking van heffingennbsp;konstateerde, welke tot dipodiese voordracht leidt (blz. 38). Hij had eennbsp;voorgevoel van wat later de �rithmiese periode� zou worden genoemd.

L�INFINITIF FRANgAIS AVEC A ET SES RAPPORTS AVEC LE G�RONDIF LATIN

Les pr�positions latines sont a I�origine des adverbes de lieu ajout�s aux verbes et aux substantifs pour pr�ciser leurs raps�nbsp;ports mutuels. Alors que dans l��tat primitif de la langue les casnbsp;suffisaient pour marquer les rapports de Keu et que fre montenbsp;pouvait signifier: sortir de la montagne, ou: descendre de lanbsp;montagne, l�emploi des adverbes de et ex a permis de distinguernbsp;les deux sens. Ces adverbes ont pu se combiner avec les verbes:nbsp;abire domo, adive insulam, transgredi flumen; ils ont pu s�unirnbsp;plus OU moins �troitement aux substantifs: Mare. Victor. 23,nbsp;12 K: ingalliam; Caes. B. Civ. 3, 6: Saxa inter quietam nactusnbsp;stationem.

L�extension des pr�positions a �t� favoris�e par la fusion des cas. D�s l��poque italique, l�ablatif et I�instrumental n�avaientnbsp;jamais qu�une seule forme. Le locatif subsistait a l��poque italiquenbsp;commune. Mais lorsque les pr�positions furent ajout�es au nomnbsp;pour marquer avec plus de pr�cision les rapports de lieu, Tin#nbsp;strumentaLablatif ne servit plus qu�a accompagner la pr�positionnbsp;qui rendit inutile la forme casuelle. La distinction entrenbsp;l�instrumental^ablatif et le locatif devenant par la purementnbsp;formelle, le latin a perdu les anciennes formes du locatif et lesnbsp;a toutes remplac�es par celles de instrumentaLablatif, pr�c�d�nbsp;le plus souvent d�une pr�position i).

Pour exprimer les notions concr�tes de lieu, le latin n�a conserv� que l�ablatif et l�accusatif. C�est avec ces formes casuelles quenbsp;les pr�positions se combinent exclusivement. Dans les cas o�nbsp;le substantif, accompagn� d�une pr�position, exprime des notionsnbsp;plus abstraites, les rapports d�sign�s se laissent ramener a desnbsp;rapports de lieu. L�id�e partitive, les relations de cause ou d�ap^nbsp;partenance, exprim�es par le g�nitif, supposent la pr�sence d�unenbsp;chose dans le m�me lieu qu�une autre, puis l��loignement de telnbsp;objet par rapport a d�autres; les pr�positions in, inter r�pondentnbsp;a la premi�re conception, de, ex a la seconde, et on dit: Unusnbsp;militum, ex militibus; velocissimum omnium animalium, internbsp;omnia animalia; modieus voluptatis, de voluptate, ambitus reus,nbsp;reus de ambitu. Les pr�positions ad, apud, in pr�sentent le

1) A. Meillet, Esquisse d�une Histoire de la Langue latine, Paris, 1928, p. 158�9.

rapport de destination, exprim� par Ie datif, comme un rapport de direction ou de proximit�: Cic. Off. 1, 116: Ad belli laudemnbsp;doctrinae et ingenii gloriam adiecit; Cic. Cato 34: Legatus sumnbsp;apud aliquem; a c�t� de: Cic. Rep. 2, 67: Tibi legatus eram. IInbsp;y a des verbes, accompagn�s d�un accusatif, d�un datif ou d�unnbsp;compl�ment pr�positionnel, selon Ie point de vue o� l�on se place:nbsp;Desesperare salutem, saluti, de salute; hoc cogor, cogor adnbsp;servitutem; multa admonemur, admonemur de brevitate vitae.nbsp;Caes. B. Gall. 1, 16, 1: Caesar Aeduos frumentum flagitabat.nbsp;Cic. Tusc. 1, 34: Mercedem flagitabat ah iis. Le sens m�tapho#nbsp;rique suppose un rapport local, qui se fait sentir d�autant mieuxnbsp;que le nom a une signification plus concr�te.

C�est ainsi que le sens de la pr�position ad, qui nous int�resse sp�cialement en vue du sujet que nous traitons, s�est �tendunbsp;de plus en plus. A c�t� des rapports locaux de direction et denbsp;proximit�, elle peut marquer, devant un nom abstrait, le termenbsp;d�une action: Ad summam senectutem; le but: Caes. B. Civ.nbsp;2, 35: Ad oppugnationem relictus erat; la conformit�: Cic. Mur.nbsp;19: Vixit ad aliorum arbitrium; la restriction: Liv. 9, 16: Invictinbsp;ad laborem corporis; le degr�: B. Alex. 1, 19: Ad summamnbsp;desesperationem nostri perveniunt. Son emploi devient denbsp;plus en plus fr�quent en latin postclassique; S. Cyprien^),nbsp;S. J�r�me^), S. Filastrius�), S. Augustin^), Ennodius�), en fontnbsp;Fusage le plus divers. Ad, chez ces auteurs, d�signe le lieu o�nbsp;se trouve une personne ou une chose: Filastrius, Div. Her. 1. 55,nbsp;3: Sedere ad dexteram patris; le mouvement vers un lieu: Filastr.nbsp;Praef. 4: Ad eum pervolare; � un mouvement m�taphorique,nbsp;impliquant 1�id�e d�un r�sultat obtenu ou d�un but a atteindre:nbsp;S. J�r�me, Ep. 108,4: Clausis ad publicum foribus; S. Augustin,nbsp;Sermon. 191, 3: Qui corde credidit ad iustitiam; 263,1: Gaudebatnbsp;ad mortem; Ennodius 10, 34: Ad solacium nostrum. II tend anbsp;remplacer le datif, auquel il fait concurrence a toutes les �poquesnbsp;du latin. On constate le m�me d�veloppgt;ement du sens de cette

0 H. Goelzer, �tude lexicographique et grammaticale de la Latinit� de S. J�r�me, Paris, 1884.

P. C. Juret, �tude gramm. sur le Latin de S. Filastrius, Romanische Forsch., XIX, 1906.

*) A. R�gnier, De la Latinit� des Sermons de S. Augustin, Paris, 1886. A. Dubois, La Latinit� d�Ennodius, Clermonts^Ferrand, 1903.

pr�position dans les inscriptions latines, o� ad introduit des com# pl�ments d�adjectifs: C.I.L. XII, 2115: Ad sedem aptam; XIII,nbsp;2476: Ad dei officio paratus; � il s�emploie apr�s des verbesnbsp;de sentiment: Mommsen, Inscriptiones Confoederationis hel#nbsp;veticae latinae 151c: Ad tua templa lubens; C. I. L. XII, 2301:nbsp;At casum matris indoluit; � il finit par supplanter Ie datif apr�snbsp;les verbes tels que dare, concedere: Mommsen 241; Ad cuiusnbsp;templi ornamenta coniunx et filia XC dederunt; Le Blant, In#nbsp;scriptions chr�tiennes de la Gaule 91: Rex locum ad istumnbsp;coenubium concessit^). Dans tous ces exemples on entrevoitnbsp;encore le sens primitif de la pr�position: direction vers unnbsp;lieu, tendance vers un but, modifi�es, nuanc�es par la signi#nbsp;fication du mot auquel il se joint.

Grace a l�extension du sens des pr�positions, elles ont pu se combiner avec les substantifs exprimant une action verbale:nbsp;avec le g�rondif d�abord, avec l�infinitif ensuite. Le g�rondif a unnbsp;ablatif et un accusatif, seules formes flexionnelles permettant anbsp;Torigine l�emploi de la pr�position, paree qu�elles sont les seulesnbsp;a d�signer des rapports de lieu que la pr�position indique plusnbsp;exactement. Les fonctions diverses que remplit la forme en #ndusnbsp;favorise l�emploi de la pr�position dans les tournures o� entrenbsp;le g�rondif. Cette forme se pr�sente tant�t comme adjectif verbalnbsp;(gerundivum) aupr�s d�un substantif ou un pronom, tant�tnbsp;comme compl�ment adverbial �quivalant aux adverbes de mani�renbsp;en #o, tant�t comme substantif marquant une action. Commenbsp;gerundivum elle sert de pr�dicat nominal en combinaison avecnbsp;esse: Multa sunt facienda. Carthago delenda est. Elle est com#nbsp;pl�ment attributif dans Cic. Fin. 5, 82: Philoctetes cruciabaturnbsp;non ferendis doloribus. Cic. Plane. 19: Mirandum in modumnbsp;laetati sunt; � et on voit que le gerundivum n�implique pasnbsp;n�cessairement l�id�e d�obligation, qu�il peut exprimer aussi lanbsp;possibilit�. Le gerundivum figure comme compl�ment pr�dicatifnbsp;pr�s d�un substantif ou un pronom avec les verbes dare, tradere,nbsp;permittere, consedere, relinquere, etc.: Cic. Phil. 8, 15: Con#nbsp;sulibus senatus rem publicam defendendam dedit. Cic. Off. 3,nbsp;86; Perfugam Fabricius reducendum curavit ad Pyrrhum. Li� anbsp;un substantif, le gerundivum se pr�sente a tous les cas. Aunbsp;g�nitif, la tournure peut devenir le compl�ment d�un substantif:

Consuetude hominum immolandorum; exetcendae memoriae gratia; � elle peut devenir compl�ment de cause: Tac. Ann.nbsp;2, 59: Germanicus Aegyptum proficiscitur cognoscendae antiquUnbsp;tatis; � elle peut marquer la tendance, Teffet: Cic. Verr. 3, 132:nbsp;Cupiditas honorum atque ambitiones evertendae ref publicaenbsp;solent esse; et en cette qualit� s�ajouter a un adjectif: Cic. denbsp;Or. 1, 89: Demosthenes Platonis studiosus audiendi fuit. Lenbsp;datif du substantif, accompagn� du gerundivum, a un sens ana=*nbsp;logue. II se pr�sente avec des adjectifs r�gissant ce cas: Cic. Catonbsp;70: Reliqua tempora demetendis fructibus accommodata sunt;nbsp;� avec les verbes esse, praeesse, praeficere, studere, operam dare,nbsp;tempus impendere, deesse, ou l�id�e de tendance se fait �galementnbsp;sentir: Cic. S. Rose. 50: Praeesse agro colendo flagitium putas.nbsp;L�ablatif du substantif, accompagn� du gerundivum, exprime lanbsp;mani�re, le moyen, la cause: Cic. Epist. 4,2,3: Gratiam nos inirenbsp;a Caesare defendenda pace arbitramur. Cic. Fin. 1, 56: Gauderenbsp;omittendis doloribus.

Comme partout ailleurs, la pr�position pr�cise ici le rapport exprim� par le compl�ment, dont le substantif est le termenbsp;principal. Pour marquer le but, la tendance, on peut se servirnbsp;de ad ou de in: Cic. Mur. 5: Res publica consulem me adnbsp;communem salutem defendendam vocavit. Cic. Phil. 10,16: Quid#nbsp;quid habuit virium in libertatem defendendam contulit. Desnbsp;tournures comme: Lex de pecuniis xepetundis. Caes. B. Gall.nbsp;7, 30: In spem veniebant de reliquis adiungendis civitatibus, fontnbsp;d�ja voir la possibilit� de substituer au g�nitif du substantif,nbsp;d�termin� par le gerundivum, une construction pr�positionnellenbsp;qui sera le compl�ment adjectif d�un autre substantif. Prisenbsp;dans son ensemble, la tournure se comporte comme un nomnbsp;abstrait, marquant une action: B. Alex. 74: Quas credebatnbsp;instrui Caesar vel ad opus suum tardandum, vel ad ostentationemnbsp;regiae fiduciae.

L�ablatif du g�rondif, employ� substantivement (gerundium), et d�signant le moyen, la concomitance, peut �galement �trenbsp;appuy� par ime pr�position: d�s les plus anciens textes onnbsp;rencontre, a c�t� de pugnando, des tours comme de piignando,nbsp;pro pugnando, in pugnando, auxquels d�ailleurs se rattachentnbsp;des phrases telles que Cic. Leg. 1, 52: In voluptate spemenda etnbsp;repudianda virtus cemitur.

d�un verbe impersonnel et comme tel il peut s�ajouter un r�gime indirect: Cic. Cato 7: Moriendum certe est. Cic. de Nat. Deor.nbsp;3, 1: Obliviscendum est nobis iniuriarum. Comme cette formenbsp;prend la place du sujet d�un verbe personnel, et semble remplir,nbsp;par la, une fonction substantive, on passe facilement a l�emploinbsp;substantif du participe en #ndus, soit au g�nitif: Ars vivendi,nbsp;insuetus navigandi; soit a l�accusatif, apr�s une pr�position: Cic.nbsp;de Or. 1, 131: In vobis egregiam indolem ad dicendum essenbsp;cognovi. Suet. Ner. 32, 3: Inter canendum; soit enfin a l�ablatifnbsp;avec OU sans pr�position o� il s�identifie avec la forme adverbiale.nbsp;Le gerundium, ainsi employ�, peut s�adjoindre un compl�mentnbsp;direct: Consilium relinquendi Italiam; et cette construction estnbsp;de rigueur en latin classique, lorsque le r�gime direct n�est pasnbsp;un substantif, mais un pronom ou un adjectifineutre: Consiliumnbsp;aliquid faciendi, initium tmhandi omnia. La fonction verbale etnbsp;substantive apparait ici a l�exclusion de la fonction adjective,nbsp;le gerundium se rapproche de I�infinitif qui, lui aussi, est unnbsp;substantif verbal, quoique d�pourvu des terminaisons par les#nbsp;quelles on distingue les cas obliques.

L�emploi des pr�positions est fr�quent devant le gerundivum et le gerundium, et leur nombre s�accroit encore si l�on consultenbsp;le latin pr�classique et postclassique ^). Selon Krause ^), Plautenbsp;se sert de pro, Varron de sine: Nee sine canendo tibicines dicit.nbsp;Ott^) constate la pr�sence de pro avec le g�rondif chez Caton,nbsp;Plaute et Cic�ron: Pro omnibus gentibus conservandis; cheznbsp;Val�re Maxime et S. Augustin. On trouve super avec l�ablatifnbsp;du gerundivum chez Horace: Super iugandis feminis. L�emploinbsp;de cum, prae se rencontre chez Quintilien: Cum loquendo; cheznbsp;Porphirius: Prae fascinandis rebus. S. Cyprien *) a des g�rondifsnbsp;avec in, circa, propter, a, de, pro.

Parmi ces pr�positions ad surtout est fort souvent employ�. Herkenrath �) constate que les accusatifs du gerundium, chez

De Gerundii et Gerundivi apud antiquissimos Romanos Scriptores Usu, Halle, 1875, p. 42.

�) J. N. Ott, Zur Lehre vom Ablativus Gerundii, Festschrift der Gym# nasien Wurttembergs, Stuttgart, 1877, p. 27.

Bayard, p. 250; Herkenrath, Gerundii et Gerundivi apud Plautum et Cyprianum usum demonstravit, Prag, 1894, p. 110.

Plaute, d�pendent uniquement de ad et de inter. Snelleman note la fr�quence de ad chez Cic�ron. Dans Ie Satiricon denbsp;P�trone Ie gerundium (gerundivum) avec inter et in est tr�s rare;nbsp;Inter cenandum (39); in eligendo fratre (80); il n�y a que adnbsp;qui, Ie plus souvent, pr�c�de Ie g�rondif. S. Cyprien�) fait denbsp;ad avec Ie g�rondif l�usage Ie plus fr�quent et Ie plus vari�.nbsp;Les exemples du g�rondif avec ad sont �galement nombreuxnbsp;chez S. Filastrius^). Chez S. Avit �) l�accusatif du g�rondif nestnbsp;construit qu�avec ad et ob; ad y est plus usit� qua l��poquenbsp;classique, surtout dans les cas o� l�on attendrait plut�t une pro�nbsp;position finale ou causa avec un g�nitif. La Mulomedicina �)nbsp;pr�sente une assez grande vari�t� de g�rondifs pr�positionnels;nbsp;il y en a qui se combinent avec ad, a, in, propter, pro, quoiquenbsp;ad soit Ie plus fr�quent. Dans la Peregrinatio��) nous avonsnbsp;relev� deux exemples du g�rondif avec propter, pour Ie restenbsp;tous les g�rondifs pr�positionnels se construisent avec ad. Haag �)nbsp;note que chez S. Fr�d�gaire ad avec Ie gerundivum remplacenbsp;la proposition finale ou causa avec Ie g�nitif; J. Vielliard �)nbsp;fait la m�me remarque a propos des dipl�mes royaux et desnbsp;chartes priv�es de l��poque m�rovingienne. On peut se convaincrenbsp;�galement de la fr�quence de cette tournure chez Gr�goire denbsp;Tours 1�) et dans lespetitstextesajout�sauKomand�^/exandrei^).

La pr�position ad pr�cise Ie rapport de but, d�sign� par Ie g�rondif. La tournure se rencontre avec les verbes marquantnbsp;un mouvement ou une destination, avec les adjectifs et lesnbsp;substantifs impliquant Ie m�me rapport.

�) H. Goelzer, Le Latin de Saint�Avit, �v�que de Vienne, Paris, 1909, p. 279.

�) Proben aus der sogenannten Mulomedicina Chironis, Buch II, III, herausg. von M. Niedermann, Sammlung Vulgarl. Texte, Heidelberg, 1910.

�) Silvicae vel potius Aetheriae Peregrinatio ad Loca sancta, herausg. von W. Heraeus, Samml. Vulgarl. Texte, Heidelberg, 1908.

Le Latin des Dipl�mes royaux et Chartes priv�es de 1��poque m�ro� vingienne, Bibl. de 1��cole des Hautes �tudes, fase. 251, Paris, 1927, p. 202.

1�) Auswahl aus den Werken des Gregor von Tours, herausg. von H. Morf, Heidelberg, 1922.

�1) Kleine Texte zum Alexanderroman, herausg. von F. Pfister, Heidel� berg, 1910.

a. nbsp;nbsp;nbsp;Verbes de mouvement: Intransitifs: accedo, advenio, curro,nbsp;eo, exeo, exsilio, intro, navigo, occurro, procurro, proficiscor,nbsp;propero, venio: Sat. 40: Ad scindendum aprum accessit; 97: Scitotenbsp;ad occidendum me venisse. Mulom. p. 14: Ad manducandumnbsp;se proicit; p. 62: Exilit ad mordendum homines. Peregr. 7, 8:nbsp;Ad quae singula videnda necesse nobis fuit ibi descendere;nbsp;20, 10: Ad accipiendam sanctam Rebeccam hue venerit; 46, 4:nbsp;Qui ad audiendum intrat. Auswahl p. 7: Recedent omnes adnbsp;capiendum cibum; p. 32: Exploratores ad suscitandum ad^nbsp;venerunt; p. 41: Cum socerdus ad implenda ecclesiastica officianbsp;ad ecclesiam properasset. Kl. Texte p. 14: Nos ad negotiandumnbsp;non navigamus; p. 26: Coeperunt scorpiones vemvead hibendum;nbsp;p. 28: Finxi me ire in castellum ad comparandum vinum etnbsp;carnem. � Transitifs: adduco, apprehendo viam, compono,nbsp;moveo, mitto, offero, pono, porrigo, porto, produco, suscipio:nbsp;Sat. 80: Composui ad ptoeliendum gradum; 115: Oculos adnbsp;aveessendos sensus mittit. Mulomed. p. 20: Producere adnbsp;deambulandum. Peregr. 4, 1: Altarium quem posuit Helias adnbsp;offevendum Deo; 20, 7: Dignati sunt ad salutandum me suscipere;nbsp;37, 3: Manum nemo mittit ad tangendum. Auswahl p. 10:nbsp;Dilutum mihi porregunt ad bibendum; p. 13: Testimonia te adnbsp;credendum minime movent; p. 17: Portantes parumper pecuniaenbsp;ad emendam victus necessitatem; p. 27: Ad coemendam pacemnbsp;multum pecunie obtulit; p. 49: Cum equos ad claudendutnnbsp;adduxeris. Kl. Texte p. 32: Apprehend! viam ad eundum innbsp;Fasiacen. � Pour marquer le repos dans un lieu: Peregr. 6, 1:nbsp;Necesse nobis fuit ibi ad tesumendum biduo immorari.

b. nbsp;nbsp;nbsp;Verbes marquant le but, la destination: Sat. 23: Ad bibendum revocavit. Mulom. p. 15: Ad continendam curacionemnbsp;cufabis eum; p. 24: Plus ad nocendum habundare; p. 56: Caldanbsp;ad curandum eum fomentabis. Auswahl p. 7: Quem morsnbsp;mancipaverat ad petdendum; p.48: Quicunque eos ad cusfudien*nbsp;dum accepit; p. 56: At Riculfus clericus ad intetficiendumnbsp;deputatur; p. 64: Priscus vero ad cognuscendam veritatemnbsp;nulla potuit ratione deflect!. Kl. Texte p. 10; Sic enimnbsp;docemur a nostris sapientibus ad bene vivendum; p. 13: Quaenbsp;ad iocundum (iocandum) pertinent; p. 17: Dedit arbitriumnbsp;homini ad descevnendum de omnibus.

Le g�rondif peut se d�tacher du verbe pour se combiner avec un adjectif: Peregr. 19, 5: Loca sunt grata ad vivendum

Christianis. Auswahl p. 4: Segnes es ad haec scvibenda; p. 18: Oportunus est hic locus ad pascenda pecora; p. 26: Nee ei essetnbsp;locus firmus ad commovandum. KL Texte p. 22: Ubi stabantnbsp;homines armati ad pugnandum. � Avec un substantif: Auswahlnbsp;p. 3: Miracula ad conrobovandum fidem; p. 51: Novaque adnbsp;laedandum populum ingenia perquaerebat; p. 48: Quod fecerisnbsp;per hoe verbum signum populis ad me interficiendum; p. 62:nbsp;Quod in seditione populo ad incendendos libros satellites achnbsp;fuissent. KI. Texte p. 11: Tu tempus non habes ad legendum;nbsp;ib.: Nullam aliam annonam ad manducandum querimus; p. 24:nbsp;Fiebant tabulae ad faciendas casas; p. 25: Pecora ad comedendum.

Le g�rondif pr�positionnel avec ad se substitue done a I�ac# cusatif du gerundivum, employ� comme compl�ment pr�dicatifnbsp;aupr�s des verbes curare, dare, accipere, suscipere; au g�nitifnbsp;et au datif du gerundivum ou du gerundium, pr�s d�un sub#nbsp;stantif, d�un adjectif ou d�un verbe, toutes les fois que le sensnbsp;de la phrase comporte l�id�e de but ou de tendance. Ce quenbsp;l�accusatif, le g�nitif et le datif indiquent d�une fa^on asseznbsp;vague, la pr�position ad le marque avec pr�cision. Son emploi,nbsp;non seulement, rend inutiles les distinctions entre l�accusatif, lenbsp;g�nitif et le datif, mais, comme a l�accusatif singulier, masculinnbsp;OU neutre, il n�y a plus de diff�rence entre le gerundivum etnbsp;le gerundium, le fr�quent usage de la pr�position am�ne unenbsp;simplification qui permettra de remplacer le g�rondif par unenbsp;forme n�exprimant que l�id�e verbale pure et d�pourvue de toutenbsp;flexion: l�infinitif. En cela le latin vulgaire ne fait que continuernbsp;une tradition classique, suivant laquelle ad avec le g�rondif n�ex#nbsp;prime pas seulement un rapport final apr�s un grand nombre denbsp;verbes, mais s�emploie assez fr�quemment avec des adjectifs et desnbsp;substantifs: Caes. B. Gall. 7, 1: Caesar ad conventus agendasnbsp;proficiscitur. B. Civ. 3, 8: Ad repellendum et prosequendumnbsp;hostem percurrebat. B. Civ. 3, 38: Scipio magnam partem adnbsp;explorandum iter Domitii et cognoscendum praemisit. B. Gall.nbsp;6, 34: Omnes evocat spe praedae ad deripiendos Eburones. B.nbsp;Gall. 4, 23: Nactus idoneum ad navigandum tempestatem. Ib. 4,nbsp;34: Ad lacessendum hostem et committendum proelium alienumnbsp;esse tempus arbitratus. Ib. 5, 5: Reliquas paratas ad navigandumnbsp;invenit. B. Civ. 1, 78: Corpora insueta ad onera portanda. Ib. 2,nbsp;37: Infirmi ad resistendum; Ib. 3, 100: Laelius tempore anninbsp;commodiore usus ad navigandum. Cic. Font., 30: Voluntas ad

hunc opptimendum; Att. 9, 7: Argumentum ad scvibendum; Font. 12: Facultas ad docmdum.

Cette tendance a remplacer les cas obliques du g�rondif par des formes pr�positionnelles est analogue a celle qui consistenbsp;a placer pr�s des substantifs une pr�position pour marquer plusnbsp;exactement le lieu, le temps, la cause, etc. File est naturelle aussinbsp;avec I�infinitif, lorsqu�il remplit la function de r�gime indirectnbsp;ou de compl�ment de but. Tandis que le g�rondif, comme lenbsp;substantif verbal, d�rive de la forme adjective (gerundivum)nbsp;ou de la forme adverbiale (gerundium en ^=0) I�infinitif avait,nbsp;en indo;�europ�en d�ja, le caract�re d�un substantif verbal. L�ins�nbsp;finitif actif latin est un ancien locatif en s, l�infinitif passif unnbsp;ancien datif. Grace a cette origine, I�infinitif a d� exprimernbsp;primitivement l�id�e verbale en impliquant le lieu o� se faitnbsp;l�action, le but o� elle tend. C�est cette derni�re significationnbsp;qui a pr�valu: l�id�e de but s�est ajout�e originairement au sensnbsp;de rinfinitif apr�s ire, venire, mittere: Prop. 1, 1, 12: Ibatnbsp;videre feras. Verg. Aen. 1, 527: Libycos populate penates nonnbsp;venimus. De m�me avec dare, ministrare: Cic. Tusc. 1, 26: Jovinbsp;bibere ministrat.

L�emploi de la pr�position avec cette forme verbale est exclu tant que l�origine de l�infinitif a exerc� son influence. On n�anbsp;pas eu besoin de compl�ter la d�clinaison de l�infinitif par unnbsp;accusatif ou un ablatif, les seules formes flexionnelles permettantnbsp;l�addition d�une pr�position, paree que le latin disposait d�ja dunbsp;g�rondif et du supin. Cette absence des formes casuelles, cesnbsp;pendant, a grandement favoris� l�extension de l�infinitif, qui,nbsp;grace a son caract�re ind�termin�, a pu assumer les functionsnbsp;les plus diverses. II r�pond a son sens primitif, lorsqu�il devientnbsp;le compl�ment d�un verbe de volont�: Caes. B. Gall. 5, 33:nbsp;Quaeque quisque eorum carissima haberet, ab impedimentisnbsp;peteve et arripeve properaret. B. Civ. 1, 33: Quae agere destin#nbsp;averat. La notion de tendance se laisse �galement entrevoir dansnbsp;les tournures: Satis habeo dicete, necesse habeo progredi, animumnbsp;induco ire in exsilium. Les adjectifs accompagn�s d�un infinitifnbsp;donnent lieu a la m�me remarque; on dit: Prudens moderate, anbsp;c�t� de: prudens moderandi, in dissetendo, ad concilia; assuetusnbsp;ad laborem, pugnando, tolerate laborem; idoneus ad iubendum,nbsp;dicete, paratus ad bellum getendum, pericula subite. L�id�e denbsp;tendance est encore visible dans les cas ou I�infinitif accompagne

Ie r�gime des verbes cogere, assuefacere, facere, iubere, docere: Caes. B. Gall. 1, 4; Orgetorigem causam dicete co�gerunt;nbsp;a c�t� de: cogere ad pugnam, ad defectionem.

L�usage de Tinfinitif pour marquer Ie but devient fr�quent chez les po�tes, depuis Plaute jusqu�a Commodien et Prudence.nbsp;Avec venire on Ie trouve chez Plaute Bacch. 631: Betere venerat.nbsp;Pison et Varron se servent �galement de venire avec un infinitif.nbsp;A partir de Val�re Maxime tous les verbes de mouvementnbsp;peuvent �tre ainsi construits ^); S. Cyprien^) l�emploie avecnbsp;prosilire, accedere; Prosiluerat Christi castra turbare (692, 17);nbsp;Qui primi expungi accesserant (588, 5). On trouve l�infinitifnbsp;apr�s, venio, accurro, descendo, consurgo chez S. J�r�me�). Cheznbsp;S. Filastrius^) on rencontre: Ibant prophetare (101, 2); ignemnbsp;veni mittere (156, 4); misit me praedicave; unxit me evangelizarenbsp;(107, 14). La construction date hibete a �t� usuelle a toutesnbsp;les �poques; les po�tes, a partir de Lucr�ce, ont �tendu cettenbsp;tournure a des verbes tels que donare, tradere, tribuere, ennbsp;admettant d�autres infinitifs que bibere. La Vulgate et les auteursnbsp;eccl�siastiques usent de la m�me libert�. Le nombre des verbesnbsp;de volont� accompagn�es d�un infinitif augmente toujours anbsp;l��poque postclassique �).

La Mulomedicina, la Peregrinatio, les textes suppl�mentaires du Roman d�Alexandre se conferment a eet usage: Mulomed.nbsp;p. 5: Anacoluma curato imponere; p. 21: Dare bibere pusillum;nbsp;p. 53: Si tenueris eum ad ambulandum ducere. Peregr. 2, 1:nbsp;Vallem traversare habemus; 37, 5: Unusquisque animosi vadentnbsp;in Syon orare; 43, 4: Revertitur omnis populus unusquisque innbsp;domum suam resumere se. KI. Texte p. 1: Mens tua quae sempernbsp;amat discere; p. 16: Deos qui vobis imperant omnia male facere.

L�infinitif et le g�rondif avec ad se rencontrent done dans un certain nombre de cas pour exprimer la notion de but. On lesnbsp;trouve l�un et l�autre avec les verbes de mouvement: accedo,nbsp;curro, descendo, eo, venio, propero; les verbes exprimant

1) H. R�nsch, Itala und Vulgata, 2e �d., Marburg, 1875, p. 447; R�gnier, p. 73; Juret, p. 239.

Taction de donner: do, porrigo^); les verbes marquant une destination: mitto, destino, euro, pono^); des adjectifs commenbsp;idoneus, paratus. L�introduction de ad devant Tinfinitif commenbsp;devant le g�rondif a du paraitre d�autant plus naturelle que d�snbsp;le latin classique on rencontre inter devant les deux formes.nbsp;Tertullien avait d�ja remplac� le g�rondif par un infinitif dansnbsp;in inquirere au lieu de in inquirendo^^, et pro exigere se ren=gt;nbsp;contre dans TItala. L�infinitif avec ad est Taboutissement naturelnbsp;d�un proc�d� qui consiste a substituer la pr�position aux ter^¹ ²nbsp;minaisons flexionnelles devenues superflues par Taddition m�menbsp;de la pr�position. Si tel est le cas, on comprendra que Tinfinitif,nbsp;qui par Tabsence des formes flexionnelles exprime mieux quenbsp;le g�rondif Tid�e verbale pure, ait fini par remplacer le g�rondif.nbsp;Le premier exemple de cette substitution apr�s ad se rencontrenbsp;dans la Vulgate²): Jo. 6, 52: Quomodo potest hie nobis carnemnbsp;dare ad manducare. Sirac. 45, 20: Ipsum elegit ab omni viventenbsp;ad offerte sacrificium Deo.

Si maintenant on se rapporte au vieux francais, on constate, apr�s les verbes dont il a �t� question, Temploi de Tinfinitif anbsp;c�t� du g�rondif. Les verbes de mouvement se construisent avecnbsp;un g�rondif pr�c�d� de a: Ger. de Viane: Plus de VII m. lenbsp;suient a tirant (Godefroi); Henri d�Andeli, Li Lais d�Aristotenbsp;452: -Et puis a IV piez aler A chatonnant pardessus Terbe. Meleadornbsp;3415: II s�en venoit a chevaucant; 10738: Mais il vint tout anbsp;galopant. Le g�rondif marque ici la mani�re dont s�accompHtnbsp;Taction. Lorsqu�il s�agit d�un but a atteindre, on trouve un in!=nbsp;finitif pur ou pr�c�d� de a ou de por s). L�infinitif pur rappellenbsp;celui du latin, Tinfinitif avec por r�pond au g�rondif latinnbsp;pr�c�d� de pro, Tinfinitif avec a r�pond au g�rondif latin pr�c�d�nbsp;de ad: Comp. 1173: Quant aler i doiissent al veage gardet.nbsp;Eneas 9625: Coru sont as portes fermer. Ben. Chroniquenbsp;II, 19416: Ainz en vendrunt as ch�s couper. Aymeri 3978: Et

Cf. cependant Brandan 556: Quant vint le journ a/dec/inanf. E. M�nch, Die Verwendung des Gerundiums und des Partidpiums Praesentis im Fransenbsp;z�sischen, Gottingen, 1912, p. 15, 21.

quand vendront as ruistes cox doner ^). Comme en latin c�est d�abord Ie substantif qui attire la pr�position; Tinfinitif suit pournbsp;marquer l�action qui se rapporte au substantif. Mais on rencontrenbsp;aussi un infinitif sans substantif ou bien un infinitif ayant unnbsp;substantif pour r�gime direct: Cor. Loois 290: L�eve demandent,nbsp;s�assient al mangier; 1370: L�en li ameine a veoir la mollier^).

Les trois constructions r�pondent a celles que pr�sente Ie latin: gerundivum accompagnant un substantif, gerundium sans r�gime,nbsp;gerundium avec un compl�ment.

II faut rapprocher de ces exemples les constructions imperson# nelles o� entre un verbe de mouvement: Alex. 17: Quant vintnbsp;al faire molt la font gentement; et celles o� il s�agit d�une m�^nbsp;taphore: Rol. 16: Ne nus seiuns cunduiz a mendier. Pel. Charl.nbsp;34: Jo m�esconduirai ja se vos Ie commandez A jurer sairementnbsp;o ju�se a porter. Rol. 2377: Sire, dist Guens, mei l�avent a suffrir.nbsp;Charroi de Nimes 381: Quant ceste honor a prendre ne vos siet.

L�infinitif avec a remplace Ie g�rondif avec ad apr�s les verbes exprimant l�action de donner, aider, mettre:

Alex. 255: Mes as plus povres Ie donet a mangier. Charroi 932: Si li aportent a mengier a plant�. Chev. au Lion 1052: Si li anbsp;a mangier ofert; 5426: A vestir dessor sa chemise Li a bailli� unnbsp;bel sorcot. Alex. 462: Aidiez m�a plaindre le duel de mon ami.nbsp;Chev. 2034: Et oseriiez vos anprandre Por moi ma fontainnenbsp;a deffandre. Clig�s 776: Et si metrai tot mon travail A direnbsp;ce que moi an sanble.

C�est ainsi que I�infinitif avec a accompagne toutes sortes de verbes pour marquer le but d�une activit� quelconque: Cor.nbsp;Loois 1751: Et il deit vivre a lire son saltier. Charroi 429: Aunbsp;roi servir ai mon temps employ�. Clig�s 405: Que son cuer e�stnbsp;esveilli� A bien doner et a despandre; 1259: Ne cel jor ne lornbsp;lut antandre S�a logier non et as trez tandre; 2733: Qu�onques anbsp;sa paroille ovrer Ne pot Nature recovrer. Le g�rondif, plus rare,nbsp;se rencontre �galement en vieux francais: Meliador 30720:nbsp;Encores li roi Artus donne A tous sauf alant et venant Et ennbsp;leur marce retournant.

J. S�rgel, Ueber den Gebrauch des reinen und des praposifionalen Inf. im Altfranz�sischen, Halle, 1899, p. 28.

�) Cf. A. Stimming, Verwendung des Gerundiums und des Participiums Praesentis im Altfr., Zeitschr. f. Rom. Phil., X, p. 539; M�nch, p. 27.

�) Cf. S�rgel, p. 31. H. Soltmann, Der Inf. mit der Praposition a im Altfr., Franz. Studi�n, I, p. 373 sqq.

L�emploi de l�infinitif s��tend aux verbas marquant l�activit� OU Ie repos en un lieu: estre, remaneir, faire, avoir: Rol. 2772:nbsp;Li emperere fut ier as porz passer; 3489: Cast bataille est muitnbsp;a suffrir; 3858: Puis que il sunt a bataille/usfer. Cor. Loo�s 1508:nbsp;Al malvais pleit vueil estre a comencier. Chev. 402: Del plusnbsp;fin or qui fust a vandre; 2588: Qui ne set qu�est a avenir. Rol. 5:nbsp;Murs ne citez n�i est remes a fraindre. Chev. 485: N�au monternbsp;demore ne fis; 2522: Et plus se tient an sa valor Con plus senbsp;tient a alumer; 3220: Mes au ganchir petit sejorne; 2901: Aunbsp;reconoistre mout tarda; 2918: Ne sai qu�alasse demorant aunbsp;confer Ie duel qu�elle fist. Rol. 1516: Encuntre mei fait asseznbsp;a preister. Cor. Loo�s 110: Ce fait a otreier. Clig�s 2439: Carnbsp;mout faisoient a amer. Charroi 794: Oncle, dist il, qu�avez anbsp;dementer. Chev. au L. 4301: Car ainz que midis soit passeznbsp;Avrai aillors a faire assez ^).

Ces verbes peuvent �tre accompagn�s d�un substantif ou d�un adjectif qui attirent l�infinitif avec a: Rol. 937; Les douze pernbsp;tuit sunt jugiez a perdre; 3889: Granz sunt les colps as helmesnbsp;destrenchier. Cor. Loo�s 1313: Tuit seiez prest as lances abaissier.nbsp;Clig�s 195: Ne n�est mie grief a prover. Chev. 161: Se li cuersnbsp;n�est si esveilliez Qu�au prandre soit appareilliez; 1488: Dont nenbsp;fust ce mervoille fine A esgarder; 2892: Si veez bien comant jenbsp;sui Garnie a mon droit maintenir. Pel. 379: Molt faitbelao�r.�nbsp;L�ger 169; Sed il nen at langue a parler. Cor. Loo�s 150; Ornbsp;avras tu mon reiame a tenir. Charroi 732: Que ja gloton n�aieznbsp;a conseillier Clig�s 339: Alexandres Ie roi salue Qui la languenbsp;avoit esmolue A bien parler et sagement.

On peut faire la m�me distinction pour avoir employ� imper# sonnellement: Clig�s 2288: L�an dit que il n�i a si grief Anbsp;trespasser come Ie suel. Chev. 5839: Que trop i avroit a confer;nbsp;5855: Ne il n�i avoit mes qu�un jor De la quarantaine a ven�r^).

Nous avons vu comment Ie g�rondif avec ad a pu remplacer Ie gerundivum latin avec les verbes dare, tradere, permittere.

0 Le g�rondif se presente avec faire; JVi�nch, p. 17. Cf. aussi Soltmann, p. 383. Stimming, p. 529, donne un g�rondif avec estre: Rol. 1371: Sinbsp;l�orrat Carles qui est as porz passant.

0 Exemple du g�rondif: Romanz. und Past. I, 8, 37: Prendre marit est chose a remanant, Stimming, p. 527. Le substantif accompagn� de l�infinitifnbsp;avec a se d�tache enti�rement du verbe dans Chev. 1886: N�est rien qu�ellenbsp;ne li acroie. Qui convaigne a lui acesmer; Fermail d�or a son col fermer.

etc., ainsi que le g�nitif et Ie datif du gerundivum ou du gerun# dium pr�s d�un certain nombre de substantifs et d�adjectifs.nbsp;Le g�rondif avec ad, a son tour, fait place a I�infinitif avec anbsp;aupr�s des verbes francais qui expriment le mouvement versnbsp;un lieu, Tactivit�, 1�existence dans un lieu, la tendance, et cesnbsp;verbes peuvent �tre d�termin�s par un substantif ou un adjectifnbsp;qui attirent Tinfinitif. C�est ainsi que, par une extension gra#nbsp;duelle des fonctions de Tinfinitif avec a, celui^ci se substituenbsp;�galement au participe en #ndus employ� pr�dicativement i), etnbsp;qu�au lieu de ce participe on se sert de tournures comme: Dunbsp;plus fin or qui fust a vandre, trop i avroit a contet, vostrenbsp;gentilz pere qui tant fait a prisiet, chose qui fasse a escoutev,nbsp;ne fait mie a ctoive. II remplace de m�me le gerundivumnbsp;employ� attributivement: Ben. Chron. 1,1113: A! terrea pZemdre.nbsp;Rom. de Troie 17567: Nest pas damage a oublier. Et commenbsp;en latin le gerundivum accompagne le substantif pour former avecnbsp;lui le compl�ment adjectif d�un autre substantif, le compl�mentnbsp;indirect ou adverbial d�un verbe ou d�un adjectif, I�infinitifnbsp;avec a remplit en vieux francais une function analogue, commenbsp;dans Erec. 1222: Por ce feit buen consoil a prandre, o�nbsp;consoil a prandre est le r�gime du verbe faire, employ�nbsp;impersonnellement ^).

De m�me l�infinitif avec a accompagne le substantif o� celui^ci est pr�c�d� d�une autre pr�position pour former le r�gime indirectnbsp;OU marquer un rapport adverbial: Aliscans 1683: Je ne lenbsp;leroie por la teste a coper. Erec. 109: Je ne ving ga por autrenbsp;afeire Fors por vos compaignie a feire. Raoul de Cambrainbsp;1837: Tous les menace de la teste a trenchier. Ben. Chron. II,nbsp;32941: Que de set ans, senz jor a dire, Ne remaindra son dol nenbsp;s�ire �). Dans d�autres cas, plus fr�quents, le g�nitif du g�rondif,nbsp;compl�ment d�un substantif, encore employ� en latin vulgaire:nbsp;Peregr. 10, 1: Fuit voluntas accedendi usque ad Arabiam. KLnbsp;Texte p. 8: Quamvis habeatis potestatem in lingua vestra multanbsp;loquendi; � fait place, a I�infinitif pur d�abord: KI. Texte p. 18:

2) Sur I�origine de cette construction, voir Th. Kalepky, Syntaktisches, IV, Zeitschr. fiir Spr. und Litt., XLI, p. 41; S. Eringa, La propositionnbsp;infinitive subjective, Paris, 1924, p. 121.

*) Soltmann, p. 363. Les exemples que donne I�auteur lui^m�me, prouvent que le �Bewegungsprinzip� n�explique plus id la pr�sence de a. Cf. aussinbsp;S�rgel, p. 10; Tobler, G. G. Anz., 1875, p. 1068.

Cui negata est potestas in libertatem vivere^); ensuite, en fran^ 9ais, a 1�infinitif avec de: Rol. 829: Nen unt pour ne de murirnbsp;dutance.

Restent les cas o� l�ablatif du g�rondif latin, avec ou sans pr�position, s�emploie comme compl�ment adverbial de causenbsp;OU de concomitance. II se conserve en francais. Mais a c�t� denbsp;ce g�rondif se d�veloppe Tinfinitif adverbial avec ainz, apres,nbsp;cotre, en, fors, jusqu�a, a, par, por, senz, sor. Ici encorenbsp;l�infinitif avec a est d�un usage fr�quent. II marque la simubnbsp;tan�it�: Cor. Loo�s 611: Fiers fust ancui l�estors al commenciev.nbsp;Clig�s 2262: Al entver del nef Ie salue. Chev. 2615: S�a moltnbsp;plor� au congi� prandre; � la cause: Ben. Chron. II, 5282:nbsp;Sur les heaumes ont si fers glas Qu�as ruistes cops prendrenbsp;et duner Les funt sovent estinceUer; 7948: Qu�au suen grantnbsp;pople governer Deserve la haute curone; � la condition: Chev.nbsp;6724: Ja a la verite prover Ne convient autre raison dire. Ben.nbsp;Chron. II, 448: II ne sunt mie a comperer N�a estre en treisnbsp;cuntre un de nos.

L�infinitif avec a a conquis tout Ie terrain qu�occupait Ie g�rondif latin, qui subsiste a c�t� de lui dans certains cas,nbsp;mais limit�, ayant pour compensation, la facult� de s��tendre aunbsp;d�pens du participe pr�sent.

Le po�me latin qui fut compos� au IXe si�cle par Engelbert au sujet de la bataille de Fontenoy a d� ja �t� publi� bien desnbsp;fois: en 1738, par l�abb� Lebeuf, dans son Recueil de diversnbsp;�crits, t. I, p. 165; � en 1749, par dom Bouquet, dans sonnbsp;Recueil des historiens des Gaules, t. VII, p. 304; � en 1811, parnbsp;Pasumot, dans les Annales des voyages de Maltebrun, t. XIII,nbsp;p. 209; � en 1839 (puis en 1870) par Pertz, en appendice anbsp;son �dition de Nithard (^Nithards Historiarum libri IX in iisumnbsp;scholarurn); � en 1843, par Du M�ril, dans ses Po�sies latinesnbsp;populaites ant�rieures au XIle si�cle; � en 1850, par Duru,nbsp;dans sa Biblioth�que histoxique de 1�Yonne, t. I, p. 265; � ennbsp;1852, par Coussemaker, dans son Histoive de l�Harmonie aunbsp;moyen age, p. 86; � en 1877, par Duemmler, dans les Commen=nbsp;tationes philologicae in honotem Theodori Mommseni, p. 267;

� nbsp;nbsp;nbsp;en 1884, par le m�me, dans les Monumenta Germaniaenbsp;historica, Poetae latini aevi carolini, t. II, p. 137.

A ces �ditions s�ajoutent des traductions, notamment celles de Gerold Meyer von Knonau (Ueber Nitkards vier B�cber=nbsp;Geschichten, 1866, p. 139) et de J.^J. Salverda de Grave,

Pourtant, malgr� les nombreuses �tudes dont elle a �t� l�objet, la pi�ce soul�ve tant de probl�mes divers, qu�il ne m�a pasnbsp;sembl� superflu d�en offrir une �dition nouvelle a un savant quinbsp;s�en est lui^m�me occup� de fa9on toute particuli�re ^).

� nbsp;nbsp;nbsp;le ms. No. 124 de Ia Biblioth�que du chateau de Korniknbsp;(Poznan) qui date du Xle si�cle (=-� P);

� nbsp;nbsp;nbsp;le ms. No. 1154 du fonds latin de la Biblioth�que nationale,nbsp;a Paris, qui provient de l�abbaye Saintlt;*Martial de Limoges etnbsp;qui date du Xe si�cle (== L);

�) nbsp;nbsp;nbsp;J.�J. Salverda de Grave, Over het ontstaan van het genre der

,,chansons de gestequot; (Verslagen en Mededeelingen der Koninklijke Akademie van Wetenschappen. Afdeeling Letterkunde, vijfde Reeks, eerste Deel,nbsp;derde Stuk, 1915, p. 464). Voir sp�cialement p. 488 ss.

� un ms. de Saint^iGall, qui provient du couvent b�n�dictin de Sainte^Marie de Pfafers et qui date de la fin du IXe si�clenbsp;(= G).

Le ms. G est Ie plus d�fectueux des trois. 11 ne contient Ie texte en sa suite compl�te que jusqu�a la strophe G inclusive^nbsp;ment. De la trophe H il ne donne que deux vers. II omet lanbsp;strophe I et il s�ach�ve avec la strophe K. � Les erreurs ynbsp;abondent, par exemple au vers 1 (nocfa); au vers 19 (me cumnbsp;edit)-, etc. Manifestement il a �t� ex�cut� par un copiste tr�snbsp;ignorant, qui ne comprenait a peu pr�s rien a ce qu�il �crivaitnbsp;et qui a grossi�rement d�form� le texte. � II ne saurait �trenbsp;question de le prendre comme base d�une �dition.

Le ms. L s�arr�te a la strophe N, par laquelle il se termine. � II a �t� �crit de m�moire, ou du moins il d�pend, directementnbsp;OU indirectement, d�un autre manuscrit qui a �t� lui#m�me �critnbsp;de m�moire. La preuve en est que le vers 33 y r�p�te le vers 21,nbsp;de m�me que le vers 38 y r�p�te le vers 20. II s�agit assur�mentnbsp;la d�un accident; et eet accident, qui ne saurait provenir d�unenbsp;erreur de transcription, suppose certainement une erreur denbsp;m�moire. Le vers 21, qui ne devait porter que le No. 33, estnbsp;venu pr�matur�ment a l�esprit du scribe, par anticipation sur lanbsp;suite. En revanche, le vers 38, omis a sa bonne place, quinbsp;e�t �t� le No. 20, ne lui est revenu que trop tard, a la fin denbsp;sa copie. � Ces accidents ont beaucoup trop d�form� le textenbsp;pour que le ms. i, lui non plus, puisse servir de base a unenbsp;�dition.

Le troisi�me manuscrit, le ms. P, n�est pas exempt de d�fauts. Plusieurs de ses lemons sont manifestement mauvaises, parnbsp;exemple au vers 17 {trahens ad vuinam); au vers 21 (matri ...nbsp;fvatri); au vers 22 (vero); au vers 25 (in vallis cacumine'). �nbsp;Mais il fournit le texte le plus complet, et ses fautes ne d�naturentnbsp;pas la physionomie g�n�rale du po�me. II a paru qu�il se pr�taitnbsp;mieux que les deux autres a foumir la base de la pr�sentenbsp;�dition.

C�est une question de savoir dans quelle mesure le texte de ce ms. P est susceptible d��tre am�lior� au moyem du textenbsp;des deux autres manuscrits.

La comparaison des trois manuscrits entre eux semble indiquer une parent� plus �toite de G avec L qu�avec P: c�est une id��nbsp;que sugg�rent les le9ons concordia (v. 12) et et (v. 19), com#

munes a G et a L, et qui paraissent fautives. II serait aventur�, dans ces conditions, de rejeter une le9on de P sous pr�texte quenbsp;G et L sont d�accord pour en fournir une autre. Tout au plus,nbsp;en ce cas, l�accord de P et de G d�nonce#t#il Terreur de L,nbsp;de m�me que Taccord de P et de L d�nonce Terreur de G: mais,nbsp;du moment qu�on prend P comme base, ce controle est sans cons*nbsp;s�quence pratique pour T�tablissement du texte.

Ainsi, en raison de la parent� particuli�re de G et de L et, en tout cas, paree que Ie texte de G est tr�s lacunaire, on ennbsp;est r�duit, en somme, pour Ie controle du texte de P, a la seulenbsp;autorit� de L. II est extr�mement difficile de d�cider, quandnbsp;la tradition de L diff�re de celle de P, a laquelle des deux ilnbsp;convient de donner la pr�f�rence: une le9on de L, logiquementnbsp;sup�rieure a la legon correspondante de P, ne s�av�re pointnbsp;pour autant comme plus ancienne et mieux autoris�e.

C�est pourquoi j�ai reproduit sans y rien changer Ie texte du ms. P. Aux passages o� ce texte m�a paru alt�r�, j�ai us� denbsp;caract�res italiques et j�ai exprim� en note mon avis sur lanbsp;possibilit� de retrouver la le^on originale^).

A signaler que Ie ms. L pr�sente Ie grand int�r�t de fournir, en accompagnement du texte, une notation musicale, qui a �t�nbsp;reproduite par Coussemaker en appendice a son �dition.

La bataille a laquelle se rapporte Ie po�me fut livr�e Ie samedi 25 juin 841 a Fontenoysaen#Puisaye, dans TAuxerrois. Elle met�nbsp;tait aux prises, d�une part, Tempereur Lothaire et son neveunbsp;P�pin II d�Aquitaine, fils de P�pin I et petit^fils de Louisde#nbsp;Pieux, d�autre part Louis Ie Germanique et Charles de Chauve,nbsp;fr�res de Lothaire et, comme lui, fils de LouisdexPieux. Le 21nbsp;juin, les deux arm�es se trouvaient en pr�sence dans les environsnbsp;d�Auxerre, a environ trois lieues Tune de Tautre, s�par�es parnbsp;des bois et des mar�cages. Le lendemain, 22 juin, Lothaire senbsp;porta vers Fontenoy pour y �tablir son camp. Ses fr�res, se mettantnbsp;en marche a sa suite, le d�pass�rent et vinrent poser leur campnbsp;dans les environs de Thury. Le 23 juin, Lothaire re^ut le renfortnbsp;des troupes de P�pin. Le 24 juin, Louis et Charles lui annon^*

1) Je dois a la tr�s gracieuse obligeance du Dr. Stanislaus Bodniak une copie du manuscrit de Poznan. Je le prie de vouloir bien trouver icinbsp;l�expression de toute ma gratitude.

c�rent qu�il attaqueraient Ie lendemain 25, a 7 heures du matin. Le 25 juin, au point du jour, ils se mirent effectivement ennbsp;marche et, avec le tiers de leurs forces environ, occup�rent lenbsp;sommet d�une colline proche du camp de Lothaire. A l�heurenbsp;dite, la bataille s�engagea sur le Ruisseau des Bourguignons. Onnbsp;se battit sur trois points: a Briottes, o� Lothaire attaqua Louisnbsp;et dut finalement se retirer; a Fagit, o� Charles mit presquenbsp;aussit�t ses adversaires en fuite; a Solmet, o� Alard, partisannbsp;des deux fr�res alli�s, demeura victorieux apr�s une lutte ardente.nbsp;D�s le milieu du jour, l�arm�e de Louis et de Charles, maitressenbsp;du terrain, interrompit massacre et piUage et regagna son camp.nbsp;Le lendemain, dimanche, 26 juin, apr�s la messe, Louis etnbsp;Charles ordonn�rent d�ensevelir les morts, sans distinction denbsp;parti, et firent secourir les bless�s dans la mesure du possible.

Tels sont les faits dont le r�cit de l�historien Nithard nous a conserv� le souvenir^).

L�auteur du po�me, ainsi qu�il le d�clare (v. 23), se nommait Engelbert. La fa^on favorable dont il parle de Lothaire ¹ ²) prouvenbsp;qu�il appartenait au parti de ce prince. II prit part personnellementnbsp;a la bataille; mais il s�est exprim� a ce sujet en des termes quinbsp;manquent malheureusement de clart�. Voici, traduites litt�rale²nbsp;ment, ses paroles�):

Cette action sc�l�rate, qui est ici d�crite en vers, le l�ai vue, moi, Engelbert; et, combattant avec les autres, je suis seul demeur�, parmi beaucoup, denbsp;la premi�re ligne du bataille.

J�ai regard� le fond de la vall�e, et ... {texte douteux), o� le courageux roi Lothaire repoussait ses adversaires en fuite hors du ruisseau.

1�. Que veut dire le po�te quand il �crit qu��il est seul demeur� de la premi�re ligne de bataille�? Veut^il direnbsp;qu�il resta seul a son poste tandisque tous les autresnbsp;fuyaient? Veut�l dire qu�il surv�cut seul de tous ses comi?nbsp;pagnons de combat?

2�. Comment l�auteur se trouvait#il plac� pour avoir Lothaire en arri�re de lui (v. 25: rettospexi)? Que signifie au juste

Histoire des fils de Louis le Pieux, livre II, in fine. �) Voir les strophes D, E, L.

/eras rivulum (v. 27) (variante dus ins. L: forum rivuli)? En quelle direction Lothaire rejetait�l ses ennemis?

Mais, ind�pendamment de ces difficult�s d�ordre en quelque sorte physique, Ie po�me en pr�sente d�autres, d�une esp�cenbsp;diff�rente, non moins embarrassantes. Elles sont relatives a lanbsp;personnalit� de l�auteur.

On s��tnerveille qu�un guerrier du IXe si�cle ait poss�d� une culture suffisante pour s�essayer et r�ussir en une composi^nbsp;lion de cette sorte. Connaitre Ie latin, l��crire avec une correctionnbsp;relative, manier convenablement Ie vers, composer une m�lodie,nbsp;orner son po�me de traits �rudits: c�est Ie propre d�un lettr�.nbsp;Et si l�auteur n�avait pas d�clar� qu�il prit part a la bataille, onnbsp;n�h�siterait pas a Ie consid�rer comme un homme d�Eglise.

Le manuscrit de la Biblioth�que nationale qui contient la pi�ce, et qui appartenait autrefois a l�abbaye Saint^Martial denbsp;Limoges, est uniquement compos� de pi�ces dont le caract�renbsp;cl�rical n�est pas douteux. Dans le po�me lui^m�me, Finventionnbsp;porte la marque de F�cole. L�auteur joue sur la significationnbsp;du nom de samedi, jour de sabbat, jour de Saturne; il mauditnbsp;cette bataille entre fr�res au nom de la loi chr�tienne; il saitnbsp;nommer Cerb�re comme le symbole de Fenfer; il rappelle lanbsp;trahison de Judas; il condamne ce jour d�horreur en souhaitantnbsp;qu�il disparaisse des m�moires, et il ne saurait revendiquer cenbsp;trait comme une invention personnelle; enfin, il termine par unenbsp;invitation a la pri�re des morts. L�id�e ni le sentiment ne sontnbsp;d�un homme de guerre; et Fon y reconnait bien la mani�renbsp;d�un clerc. Cet homme, qui s�est battu, n��tait probablementnbsp;pas un militaire de profession. II a pu se trouver m�l� a Faffairenbsp;par accident, comme il est arriv� souvent, en ce tempsda, anbsp;d�autres eccl�siastiques.

A en juger d�abord ext�rieurement, c�est un �ab�c�daire�, e�est^a^dire que la s�rie des lettres initiales de chacune de sesnbsp;strophes reproduit I�ordre des lettres de alphabet. Cette disposi#nbsp;tion, imagin�e pour la commodit� de la m�moire, est d�emploinbsp;fort ancien puisqu�il existe dans la Bible des psaumes dont lesnbsp;versets se succ�dent selon Fordre alphab�tique de leur premi�renbsp;lettre. Le proc�d� a �t� repris bien des fois par la suite. II a �t�nbsp;pratiqu� par Saint Augustin dans le po�me en vingt strophes qu�il

composa en l�ann�e 393 au sujet de l�affaire des Donatistes i). Les exemples en foisonnent dans l�hymnologie m�di�vale ^).nbsp;D�une fa9on g�n�rale l�on peut dire que c��tait une des caract�#nbsp;ristiques des po�mes destin�s a la r�citation a haute voix ounbsp;au chant et par cons�quent de la po�sie rythmique �).

C�est au genre rythmique qu�appartient notre po�me. 11 est compos� de t�tram�tres trocha�ques catalectiques group�s troisnbsp;par trois. Cette forme po�tique, du moins en tant qu�elle reposaitnbsp;sur l�observation de la quantit� et du m�tre, �tait fort anciennenbsp;et, parmi les po�tes chr�tiens, Prudence l�avait employ�e dansnbsp;la pi�ce IX de son Cathemevinon ainsi que dans la pi�ce I denbsp;son Peristephanon. Mais c�est sensiblement plus tard que, dansnbsp;cette forme traditionnelle, la base du syst�me de versification anbsp;�t� modifi�e et que l�effet de l�accent et du rythme s�est sub#nbsp;stitu� a celui de la quantit� et du m�tre.

La forme rythmique du po�me se retrouve, identiquement la m�me, avec emploi du proc�d� ab�c�daire, dans une pi�cenbsp;qui fut compos�e pr�s d�une cinquantaine d�ann�es auparavant,nbsp;a l�occasion de la victoire de P�pin, fils de Charlemagne, sur lesnbsp;Avares, en 796. On Ie retrouve �galement, sans Ie proc�d�nbsp;ab�c�daire, dans deux autres pi�ces, d�ailleurs tr�s m�diocres,nbsp;compos�es, elles aussi, avant Ie po�me sur la bataille deFontenoy,nbsp;et qui sont, la premi�re, un �loge de la ville de Milan, versifi�

Texte dans Du M�ril, Po�sies populaires latines ant�rieures au Xlle si�cle.

�) Ve Si�cle: Sedulius, Hymne en l�honneur du Christ (Du M�ril, ouvrage cit�, p. 142); � Vle si�cle: Fortunat, Hymne sur Ie retour denbsp;l��v�que L�ontius (CEuvres, livre, I, chap. 16); � Hymne anonymenbsp;Apparebit repentina (Du M�ril, ouvrage cit�, p. 136); � Vlle si�cle: Hymnenbsp;anonyme de l�antiphonaire de Bangor en l�honneur de Saint Comgillnbsp;(Anecdota quae ex Ambtosinae Bibliothecae codicibus nunc primum eruitnbsp;Muratorius, t. IV, p. 119); � IXe si�cle: voir Duemmler, Rbythmorumnbsp;ecclesiasticorum aevi carolini specimen, 1881. Etc.

�) Pamphlets: contre Aquil�e (Du M�ril, ouvrage cit�, p. 261, et Monumenta Germaniae historica, Poetae latini aevi carolini, t. II, p. 150);nbsp;� contre B�n�vent (Du M�ril, ibid. p. 264, et Monumenta Germaniaenbsp;historica, Poetae latini aevi carolini, t. III, p. 403); � Po�mes moraux:nbsp;sur l�avarice (Duemmler, ouvrage cit�, p. 21, No. 15); � sur la charit�nbsp;et l�avarice (Monumenta Germaniae historica, Poetae latini aevi carolini,nbsp;t. II, p. 255); � R�cits: Po�me sur Alexandre (Zarncke, Ueber das Fragmentnbsp;eines lateinischen Alexanderliedes in Herona, dans les Berichte der K�nig.nbsp;Sachsischen Gesellschaft der Wissenschaften, Phil.^Hist. Classe, 1877, t.nbsp;29, p. 57).

entre les ann�es 721 et 736 ^), la seconde, sans emploi du proc�d� ab�c�daire, un �loge de la ville de V�rone, versifi� entre lesnbsp;ann�es 781 et 810^). La m�me forme r�apparaitra, plus tard,nbsp;entre 844 et 849, dans un po�me contre Aquil�e et, vers l�ann�enbsp;871, dans un po�me contre B�n�vent, ainsi qu�un peu plus tardnbsp;encore dans un po�me sur Alexandre�).

Or, si l�on consid�re ces divers po�mes, auxquels Ie n�tre s�ap^ parente, on constate qu�ils refl�tent tous les pr�occupations etnbsp;les fa^ons de voir de gens d�Eglise. Le po�me sur la bataillenbsp;de Fontenoy n�est pas un chant de guerre, n�est pas un chantnbsp;militaire. C�est une complainte qui a �t� compos�e par un eccl�=gt;nbsp;siastique et qui �tait destin�e moins a des auditoires profanesnbsp;qu�a des cercles de clercs instruits.

Monumenta Germaniae historica, Poetae latini aevi carolini, 1.1, p. 24. quot;) Ibid., p. 118.

Le ms. L dome le litre: Versus de bella que fuit acta Fontaneto. Strophe A (mss. P G L) � 1. mane] mani L � tetra noctis dividet] t.nbsp;noctis divitens G; tetram noctem dividens L � 2. Sabbati] sabatum G,nbsp;sabbatum L � non illud] nec illo G � doleo] dolium L.

Strophe B {mss. P G L) � 5. nepoti avunculus] nepotis avunculis G � 6. exhibet] exivit G.

1. nbsp;nbsp;nbsp;cum primo mane. La bataille s�engagea a la deuxi�me heure du jour,nbsp;c�est�a�dire a 7 heures; voir Nithard, Histoire des fils de Louis de Pieux,nbsp;livre II, in fine. � tetra noctis � tetram noctem. Get emploi de I�adjectifnbsp;au pluriel neutre, accompagn� d�un nom au g�nitif, est une figurenbsp;grammaticale fr�quente dans la po�sie du IXe si�cle. � dividet. Barbarisme.nbsp;Le le?on originale a peut^�tre �t� dividens, du ms. L, qui expliquerait I�enbsp;de dividet. La construction du participe pr�sent avec valeur d�un indicatifnbsp;est fr�quente a cette �poque; voir Ermold le Noir, Po�me sur Louis lenbsp;Pieux, �dit. Edmond Faral (Les Classiques de I�histoire de France au moyennbsp;age), p. XXIII, notes 3 et 5.

2. nbsp;nbsp;nbsp;Sabbati. Le 25 juin 841, jour o� se livra la bataille, �tait un samedi:nbsp;samedi, jour de sabbat selon la tradition jud�o^'chr�tienne, jour de Saturnenbsp;selon la tradition paienne. � doleo = dolium. L�e est peut^^�tre un lapsusnbsp;(cf. V. 16 rustice, au lieu de rustici). La substitution de la d�sinence o anbsp;la d�sinence r�guli�re =um se rencontre encore deux fois un peu plus basnbsp;(v. 10 lotario, dans le ms. P; v. 16 Fontaneto, dans le ms. L).

3. nbsp;nbsp;nbsp;fraterna. La guerre �tait entre Lothaire et ses deux fr�res, Louisnbsp;le Germanique et Charles le Chauve.

5. nbsp;nbsp;nbsp;nepoti avunculus. Lothaire avait comme alli�, contre ses fr�res, sonnbsp;neveu P�pin II d�Aquitaine, �galement neveu de Louis et de Charles.

6. nbsp;nbsp;nbsp;La discorde des troits fr�res �tait une offense a la m�moire de leurnbsp;p�re, Louis le Pieux.

Caedes nulla peior fuit campo in quo maxime Fracta est lex christianorum sangiiis hie profluit;nbsp;9 Unda manans inferorum gaudet gula Cerberi.

Strophe C (mss. P G L) � 7 Caedes] Cedens G � campo in quo maxime] camponesque mahina G, campo nec in marcio L � 8. sanguis hienbsp;profluit] sanginem preluvium G, sanguine proluvi L � 9. Unda manans]nbsp;inde manens G, unde manus L � inferorum] infernorum.

Strophe D (mss. P G L) � 10. Dextera] Dexteraque G � potentis] potens G, prepotens L � Lotario] Lhudario G, Hlotharium L � 11. manu suo]nbsp;manus suas G � 12. Ceteri si sic pugnassent] ceteris set si pugnasset G �nbsp;foret] et sit G � victoria] concordia G L.

Strophe E (mss. P G L) � 13. olim velud] velut olim G � tradidit] tradedit G � 14. rex] res G � duces] ducis G � previus] predius G,nbsp;previo L.

7. Le texte du ms. P n�est pas satisfaisant: 1�) le second h�mistiche du vers 7 est difficilement intelligible; 2lt;�) le second h�mistiche du vers 8nbsp;est faux. � La legon nec in marcio du ms. L est plus claire que lanbsp;le^on in quo maxime du ms. P. D�autre part, la leijon sanguine proluvi dunbsp;m�me ms. L, sans �tre bonne, fournit un �l�ment utile de correction. Lenbsp;texte correct parait �tre:

Pour la place de nec, reliant la phrase a la pr�c�dente, cf. vers 43. Les mots sanguis hic, du ms. P, doivent repr�senter une mauvaise lecture denbsp;sanguinis, qui aura entrain� la correction de proluvie en profluit.

9. Unda manans inferorum. Si la legon est bonne, il faut entendre: �la gueule de Cerb�re, d�gouttante de Peau des enfers.�

10�12. Lothaire se trouvait dans celui des trois corps de son arm�e qui combattit contre Louis pr�s de Briottes et ne fut d�fait qu�apr�s unenbsp;honorable r�sistance. � L�un des deux autres corps fut imm�diatement misnbsp;en fuite a Fagit. Le troisi�me se comporta bravement a Solmet. Voirnbsp;Nithard, ouvrage cit�, livre II, in fine.

Gramen illud ros nee imber nee umecta pluvia, In quo fortes eeeiderunt proelio doetissimi,

Strophe F {mss. P G L) � 16. Fontanella] Fontanete G, Fontaneto L � fontem] fonte G � villam] villa G � rustice] rustici G L � 17. Ubi]nbsp;in qua L � trahens ad ruinam] stravit et ruina G, strages et ruine L �nbsp;Franchorum de sanguine] de Francorum sanguinnem G.

Strophe G (mss. P G L) � 19. nee] et G L � nee umecta] me cum edit G, nee humectet L � 20. In quo] ubi G � proelio doetissimi] prelianbsp;doctissima G � 21. Pater matri soror fratri] pater frater mater soror G;nbsp;plangent illos qui fuerunt L � quos amici fleverant (fleverat G)] illo casunbsp;mortui L.

Strophe H (mss. P L; G ne donne que Ie vers 23) � 22. Hoe scelus hinc et inde] hoe autem scelus peractum L � quod vero describitur] quodnbsp;describi ritmice L.

16. nbsp;nbsp;nbsp;Fontanella. Le?on fautive. II s�agit en r�alit� de Fontenoy, dont Ienbsp;nom apparait dans les textes sous des formes diverses, Fontinata (Annalesnbsp;de Fulda), Fontanides (Annales de Saint^Bertin et ailleurs), Fontanedonbsp;(Annales de Saint-Germain), Fontanide et Fontanit (Annales de Lobbes),nbsp;etc., mais toujours avec une dentale finale, et jamais avec une liquide. �nbsp;rustice. La le?on rustici de L est probablement la bonne.

17. nbsp;nbsp;nbsp;La le^on trahens ad ruinam de P est difficilement intelligible. Lanbsp;legon strages et ruina du ms. L semble meilleure. Dans l�incertitude denbsp;ce qui �tait Ie bon texte, je n�ai pas ponctu� Ie vers 17.

19. umecta est inintelligible et doit �tre corrig� d�apr�s la legon du ms. L en (h)umectet.

21. nbsp;nbsp;nbsp;Les lemons inintelUgibles matri et fratri doivent �tre corrig�es ennbsp;mater et frater. Cf. les variantes du ms. L au vers 39.

22. nbsp;nbsp;nbsp;La premi�re partie du vers est fausse. La le^on du ms. L est satis^nbsp;faisante; mais on ne saurait dire si c�est la legon originale. � vero doitnbsp;�tre probablement corrig� en versu.

Engelbertus ego vidi pugnansque cum aliis 24 Solus de multis remansi prima frontis acie.

Karoli de parte vero hac Ludovici pariter, Albesunt campi vestimentis mortuorum lineis,nbsp;30 Velud solent in autumno albescere de avibus.

Strophe I (mss. PL) � 25. in vallis cacumine] verticemque iuieri L (ajout� apt�s coup dans I�interligne) � 26. Vidit] ubi L � Lotarius]nbsp;Hlotarius L � 27. foras rivulum] forum rivuli L.

Strophe K (mss. P G L) � 28. Karoli de parte vero] Carlus de vero parte G � hac Ludovici] Ludowicus G, Hludovici L � 39. Albesunt campinbsp;vestimentis] a. campis mortuorum G, albescebant campi vestes L � mor^*nbsp;tuorum lineis] vestimenta lineas G, m. lineas L � 30. Velud solent innbsp;autumno] Hangelbertus non remansit G � albescere de avibus] primanbsp;fontes acies; alb. avibus L.

24. nbsp;nbsp;nbsp;Les textes s�accordent pour indiquer que la bataille fut tr�s meur��nbsp;tri�re. Mais on ne saurait d�cider si I�auteur veut ici parler du massacrenbsp;qui se fit autour de lui ou de la fuite de ses compagnons.

25. nbsp;nbsp;nbsp;Le sens de cette strophe ne se laisse pas saisir pr�cis�ment. Onnbsp;se rend bien compte que vidit est une mauvaise le?on, a corriger, d�apr�snbsp;le manuscrit L, en ubi. Mais il n�est pas assur� que, pour la le^on innbsp;vallis cacumine, manifestement fautive, elle aussi, le ms. L fournisse unenbsp;correction conforme a I�original. D�autre part, on ne saurait dire ce qu�ilnbsp;faut entendre au juste par foras rivulum. On sait trop peu de chosesnbsp;des perip�ties de la bataille et de la fa?on dont elle se d�roula sur lenbsp;terrain pour distinguer ici la position d�Engelbert par rapport a Lothaire,nbsp;ni la position de Lothaire lukmeme.

28. nbsp;nbsp;nbsp;Le second h�mistiche est faux. II convient de supprimer hac, con=�nbsp;form�ment au texte du ms. I.

29. nbsp;nbsp;nbsp;Le premier h�mistiche est faux. II faut sans doute lire: Albescuntnbsp;campi vestibus.

30. nbsp;nbsp;nbsp;albescere de avibus ne se comprend pas. Quels sont ces oiseaux quinbsp;blanchissent les champs en automne? Des cigognes? On I�a supposenbsp;(Winterfeld). Mais la comparaison est loin de s�imposer. Peut^^�tre lanbsp;correction de avibus en nivibus serait^elle raisonnable. On notera quenbsp;les v�tements de lin blanc �taient consid�r�s a cette �poque comme unenbsp;caract�ristique des Francs.

Laude pugna non est digna nee cantus melodie: Oriens, Meridianus, Occidens et Aquilonbsp;Plangant illos qui fuerunt tali pena mortui.

Maledictus ille dies nee in annis eireulo Numeretur, sed radatur ab omni memoria;nbsp;Jubar solis nee illustrat horrore erepuseulum.

Nox et sequens dies illa noxque dira nimium; Nox illaque planetu mixta et dolore pariter;nbsp;Hie obit et ille gemit cum in gravi penuria.

Strophe L (znss. P L) � 31. nee cantus melodie] nee canatur melode L � 33. plangant] plangent L � tali pena] illic casu L.

Strophe M (mss. P L) � 34. Maledictus ille dies] maledicta dies illa L � circulo] circuli L � 36. Le ms. P, o� les vers sont toujours �crits boutnbsp;� bout, place les mots illustrat horrore erepuseulum a la suite du vers 53,nbsp;au d�but de lanbsp;nbsp;nbsp;nbsp;strophenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;M., o�nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ils sontnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pr�c�d�snbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dunbsp;nbsp;nbsp;nbsp;signe F � nee

Strophe N (mss. P L) nbsp;nbsp;nbsp;� 37nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Nox etnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;sequens diesnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;illa] Noxque illa

nox amara L � dira] dura L � 38^39. in qua fortes ceciderunt proeUo doctissimi pater mater soror frater quos amici fleverant L.

31. Cantus, a corriger en cantu. L�s finale est probablement, dans le manuscrit, une faute analogue a celle qu�on trouve au vers 8 (sanguisnbsp;hic au lieu de sanguinis) et au vers 34 (annis au lieu de anni).

34. annis. A corriger en anni. Voir la note pr�c�dente. � L�id�e exprim�e dans les vers 34�35 se retrouve dans d�autres textes sous des formesnbsp;diverses. B�de, le �p�re de la chronologie�, �crit dans son Historianbsp;ecclesiastica, III,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1, que,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pournbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tuer lenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;souvenirnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;denbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l�ann�e 633�634

pendant laquelle avaient r�gn� les rois anglais apostats Osric et Eanfred, 'successeurs d�Edwin, l�accord s��tait �tabli de son temps parmi tous lesnbsp;computistes pournbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rayer de cettenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ann�e^lanbsp;nbsp;nbsp;nbsp;le r�gnenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;denbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ces deux rois et

pour l�incorporer au r�gne du roi suivant, Oswald, comme si celuhei avait �t� le successeur direct et imm�diat d�Edwin.

36. nbsp;nbsp;nbsp;illustrat. C�est le subjonctif illustret qui parait s�imposer. Le sensnbsp;g�n�ral du vers n�en est pas moins faible. Moyennant la correction denbsp;crepusculo en erepuseulum, le texte du ms. L serait meilleur. On lirait:nbsp;Jubar solis illi desit, aurora, erepuseulum.

37. nbsp;nbsp;nbsp;dies illa. Le^on inacceptable. A corriger peut^�tre en nox amara,nbsp;d�apr�s le ms. L.

39. Le second h�mistiche est faux. II faut supprimer cum ou in. L�un des deux repr�sente une variante qui s�est introduite abusivement dansnbsp;le texte.

o luctum atque lamentuml lllovum cames vultur, corvus,nbsp;42 Orrent, carent sepulturis;

Unusquisque quantum potest restringatque lacrimas; Pro illorum animabusnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;deprecemur Dominum.

Strophes O P (seulement dans Ie ms. P) � 42. Ie mof cadaver est �crit apr�s Ie mot penuria du vers 39, o� il est pr�c�d� du signe F.

41. nbsp;nbsp;nbsp;Le premier h�mistiche est faux. Illorum peut �tre corrig� commonnbsp;d�ment en horum. � Ce qui est dit ici du sort des cadavres, d�vor�s parnbsp;les animaux sauvages et priv�s de sepulture, est contraire au t�moignagenbsp;de Nithard, selon lequel Louis et Charles firent ensevelir les morts, aunbsp;lendemain de la bataille, sans distinction de parti.

42. nbsp;nbsp;nbsp;Duemmler a propos� de corriger vane, en effet peu intelligible, ennbsp;vanum.

A mon v�n�r� Maitre, qui depuis de longues ann�es d�abord par sa parole et puis par sesnbsp;�crits m�a fait profiter de sa vaste science,nbsp;J. J. Salverda de Grave.

Deux articles de A. Tobler dans les Vermischte Beitrage zur franz�sischen Grammatik i) me semblent donner lieu a quelquesnbsp;remarques.

Quoique l�auteur ait bien vu la valeur �m�diale� ^), de plusieurs verbes �r�fl�chis�, les concepts �voix moyenne�, �voix passive� etnbsp;�voix r�fl�chie� n�ont pas toujours �t� assez nettement distingu�s.

D�abord, quelques observations de nature g�n�rale. � Dans la grammaire grecque p. e. on distingue la voix active et la voixnbsp;moyenne; celle^ci peut avoir a l�occasion une nuance passive etnbsp;pr�sente alors, pour quelques notions temporelles, une forme a part.

Quoique l�origine des d�sinences moyennes ainsi que Ie sens �primitif� de ces formes ne soit pas encore compl�tementnbsp;�claircie �), on constate que la forme moyenne pr�sente plusieursnbsp;nuances :

1) nbsp;nbsp;nbsp;celle de Faction ou de l��tat se rapportant particuli�rementnbsp;au sujet; d�une action, d�un �tat qui se d�roule dans la sph�renbsp;du sujet:

c.s=a!¹d. Ie moyen dynamique: (^nai�evofiai tov na�da = j��l�ve mon fils; Xovsrai zag xeigag = il se lave les mains).�)

aiad'dvofiai = je m�aper^ois, je ressens .nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fiovlo/xai = je veux.

3) nbsp;nbsp;nbsp;la nuance causative: kovezai zbv na�da � il fait prendre unnbsp;bain a son fils.

Tome II, 1894, no. 8, Kongruenz der Participia reflexiver Verba et no. 9, Casus des Reflexivpronomens bei sonst intransitiven Verben.

A. H. Hirt, Indo^'germanische Grammatik IV, � 72. Leipzig, Hirzel. ��j K. Brugmann, Kurze Vergleichende Gramm, der Indo^germ. Sprach.nbsp;Hamburg, Triibner.

Ce sens dynamique se pr�sente clairement en latin p. e. dans: (mater) scissa comam = (la m�re) s��tant arrach� les cheveux (Aen. IX 478).

4) nbsp;nbsp;nbsp;un �tat, une action qui a une origine, un auteur plus ounbsp;moins mystique; on l�appelle aussi fait psychique :

Ces sens, on les retrouve en latin dans les verbes dits �d�ponents� qui pour leur forme rappellent partiellement lesnbsp;d�sinences du moyen indo^^europ�en, allong�es ou non par Ienbsp;suffixe^R et qu�on pourrait appeler plus exactement �Medianbsp;tantum�. Le sixi�me sens est exprim� par tout verbe �transitif�nbsp;qui en ce cas prend les m�mes d�sinences que les �d�ponents�.

7) nbsp;nbsp;nbsp;la nuance du sujet ind�termin�: itur = on va; amatur =nbsp;on aime.

A c�t� des verbes simplement actifs et des verbes moyens il existait en grec et en latin der verbes �r�fl�chis� construits ennbsp;grec avec les pronoms �fiavx�v etc., en latin avec les pronomsnbsp;personnels repr�sentant le compl�ment direct ou le compl�mentnbsp;indirect ou bien avec se, sibi.

Or, ces distinctions � d�actif et de moyen � comme tant d�autres dans la grammaire n�ont �t� faites qu�apr�s coup, denbsp;sorte qu�on trouve parfois l�actif simple o� l�on s�attendrait anbsp;un �moyen� et inversement. Ainsi chez Hom�re on trouve desnbsp;centaines de passages o� des formes m�diales s�emploient sansnbsp;aucime diff�rence de sens a c�t� de formes simplement actives^).nbsp;Et dans toute la Latinit�, des verbes �d�ponents� se pr�sententnbsp;aussi a la forme �active� et � mais plus rarement � inversement.

Les d�sinences moyennes et les formes moyennes r disparais^ sent dans les langues vivantes, seul le n�o�lt;grec a conserv� lenbsp;�moven� avec la nuance passive�).

A. M. W. Od�, De uitgangen met R van 't deponens en �t Passivum in de Indo^europ. Talen. Haarlem, Tjeenk Willink, 1924, p. 65.

2) M. Br�al, Essai de S�mantique, Paris, Hachette*^, 1921, passim, et G. W. T. Margadant, De Psychologie van �t Grieksche werkwoord. Dennbsp;Haag, Kruseman, 1929, p. 17.

�) Parmi les langues germaniques le �moyen� s�est conserv� en gotique avec la nuance passive: nimada etc. = je suis pris.

D�ja en latin nous voyons se d�velopper a c�t� de la forme, �d�ponentielle� une forme verbale qui finira par la remplacernbsp;compl�tement c.#a#d. la forme �pronominale�. A c�t� de �moveor�nbsp;on trouve �me moveo� et cette construction s��tend dans la languenbsp;populaire a des verbes qui en latin classique ne se pr�sententnbsp;qu�a la forme simplement active, pour exprimer ou pour renforcernbsp;la nuance subjective, dynamique. Ainsi �sedete vobis (asseyezs�nbsp;vous), gustavimus nobis (nous go�tames), tibi arbitraris (tu esnbsp;d�avis)0. vade tibi (vasten), fugiet sibi (il s�en fuira), vadentnbsp;se (ils iront) 2).�

Ce pronom, que Gessner, cit� par Tobler, appelle Casus der reflexiven Verinnerlichung, terme que Tobler rejette, exprimenbsp;r�ellement, pourvu qu�on omette radjectif �reflexiven�, la �Ver�¹nbsp;innerlichung�. II va sans dire que ce pronom pour exprimer lanbsp;nuance voulue pouvait s�aj outer a des verbes transitifs et anbsp;des verbes intransitifs ou plut�t objectifs et subjectifs. Ainsinbsp;a c�t� des verbes cit�s on trouve aussi: se putare aliquid�), senbsp;sperare, et en francais: se penser qch.

C�est cette forme verbale qui se continue dans les langues romanes et qui pr�sente plusieurs des nuances �moyennes�nbsp;�num�r�es a la page 1. Mais la encore la m�me nuance peutnbsp;parfois �tre exprim�e par Ie simple actif aussi bien que par lanbsp;forme pronominale. Ainsi en francais moderne: se reculer etnbsp;reculer, se bouger et bouger, se disparaitre et disparaitre, senbsp;trotter et trotter; en hollandais zich oplossen et oplossen.

M. Meyer^L�bke constate que la forme pronominale, done moyenne, indique souvent�) un �tat, la modification d�un �tat,nbsp;c. a. d. un mouvement et il cite pour Ie vieux francais: soi g�sir,nbsp;soi seoir, soi taire, s�en aller, s�endormir, soi coucher. Nousnbsp;sentons: coucher, trotter comme des verbes duratifs.

K. Sneyders de Vogel, Syntaxe historique du francais, Groningen, Wolters 21927, � 170.

A. L�fvstedt, Philol. Kommentar zur Peregr. Aetheriae Uppsala, Leipzig, Haupt 1911, page 141.

M. Sn. de V., 1.1. � 160c, cite la phrase: hic morbus se ad corpora increscens ustione extinguitur. II me semble qu�il faut combiner de aveonbsp;increscens et non avec extinguitur. cf. L�fvsted l.l., p. 141.

Gramm, des Langues Romanes III, trad. par A. et G. Doutrepont, Paris, Welter, 1903, � 384.

que la construction m�diale des �Transitifs� a d� pr�c�der celle des �Intransitifs�; l�histoire de ces formes ne justifie cependantnbsp;pas cette opinion, qui du reste est n�e de la confusion � dont jenbsp;parlais au commencement de eet article � du moyen et de lanbsp;forme r�fl�chie. C�est ainsi que Tobler pour s�expliquer desnbsp;verbes comme s�ennuyer, se r�jouir, part des verbes objectifsnbsp;ennuyer, r�jouir, tandis que pourtant, d� ja en vieux francais,nbsp;plusieurs verbes de cette cat�gorie s�employaient comme verbesnbsp;subjectifs.

La nuance �affective� est souvent exprim�e par Ie m�dio5lt;pro^ nominal. Pour �regretter� la grammaire actuelle n�admet que lanbsp;forme simplement active; l�ancien fran9ais et la langue famili�renbsp;pr�sentent aussi se regretter. Dans Ie Roland vs. 1566 (Tel asnbsp;ocis dont al cuer me regrete) M. B�dier^) explique regreternbsp;comme verbe impersonnel. II me semble qu�il vaudrait mieux ynbsp;voir Ie m�dio^pronominal.

Une construction comme �je m��touffe� de la langue famili�re est particuli�rement probante quant au sens affectif de cettenbsp;forme verbale. Du reste en dehors des langues romanes nousnbsp;trouvons la m�me valeur de cette forme verbale p. e. en hollandais:nbsp;zich begrijpen, zich (in weelde) baden, a c�t� de �begrijpen� etnbsp;de �baden�.

L�allemand pr�sente des constructions telles que: sich etwas ansehen, sich etwas erbitten, sich etwas verhitten, sich nichtsnbsp;merken lassen. Puis: sich ausruhen a c�t� de ausruhen, ainsi quenbsp;se reposer a c�t� de reposer.

Quant a la valeur dynamique on rencontre l�un a c�t� de l�autre; arr�ter et s�arr�ter, d�p�cher et se d�p�cher, etc. Int�ressantenbsp;a ce point de vue est l�expression: sauve qui peut, avec Ie sensnbsp;moyen. II en est de m�me pour Ie verbe d�sarmer (poser lesnbsp;armes) et pour des verbes anglais tels que to dress, to undress,nbsp;to wash.

Tobler, a propos du cas du pronom cite: je me permets, je me pardonne, en constatant que le pronom personnel ou r�fl�chinbsp;est au datif, � certainement, mais il s�agit ici de verbes r�fl�chis.nbsp;Dans: je me figure, je m�imagine, et il aurait pu ajouter, je menbsp;rappelle, le pronom peut tr�s bien repr�senter un datif, pareenbsp;que le datif a un degr� plus fort de �Verinnerlichung� que

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l�accusatif mais ici il s�agit de verbes moyens. On peut dire la m�me chose de: se penser qch. ou de qch., de laquelle expressionnbsp;Tobler donne maint exemple^).

Combien on sent plusieurs des verbes pronominaux comme m�dio^pronominaux, c�est ce qui est bien prouv� par I�accordnbsp;avec Ie sujet, du participe des verbes: se rappeler, se demander

La nuance du sujet ind�termin� qui se retrouve en ancien francais dans l�expression bien connue: or se cante (Aucassin etnbsp;Nicolete) est particuli�rement fr�quente en espagnol et ennbsp;italien�). En espagnol on rencontre des phrases telles que: Senbsp;invita a los fieles, ... on prie les fid�les, o� primitivement losnbsp;fieles est au datif et las personas que se ama..., les personnesnbsp;qu�on aime.

Je me propose de d�velopper en temps utile quelques^^uns des points cit�s et surtout de m��tendre sur la nuance ditenbsp;�passive�, mais ce sur quoi je voudrais insister d�s maintenant,nbsp;c�est qu�il importe de mieux distinguer qu�on ne Ie fait ennbsp;g�n�ral entre la voix refl�chie et la voix m�dio^pronominalenbsp;(verbes pronominaux propres, comme dit la grammaire du fran�=nbsp;^ais moderne), de s�parer les m�dio==pronominaux subjectifsnbsp;(d�ponents latins, comme orior) des m�dio^pronominaux objeonbsp;tifs (comme sequor, blandior en latin et en francais: se rappeler,nbsp;se fier) et de ne pas prendre comme point de d�part la nuancenbsp;passive pour expliquer les diff�rents sens des �d�ponents� latinsnbsp;OU des formes modernes qui les ont remplac�s �).

Cf. Sn. de V. � 165. Que Ie pronom se repr�sente l�acc. ou Ie datif (�thique) ne change rien a la construction.

A ce point de vue Ie titre de l��tude du reste tr�s int�ressante de M. A. Ernout, Recherches sur l�emploi du Passif latin a l�Epoque r�publicaine.nbsp;Paris, Champion 1909, pourrait induire en erreur.

THE ACCENT IN DIPHTHONGS CREATED BY THE �BREAKING� OF A SIMPLE STRESSED VOWEL

This is a subject has long been under consideration. In recent times it has received attention from two notable scholars, Pro�gt;nbsp;lessor J. J. Salverda de Grave in Sur une double accentuationnbsp;des diphtongues en frangais {Verhandelingen dev koninklijkenbsp;Akademie van Wetenschappen te Amsterdam. Afdeeling Letter^nbsp;kunde, nieuwe Reeks, Deel XXVIII, No. 1), Amsterdam, 1928,nbsp;and Professor H. D. Learned in The Cause of the Breaking ofnbsp;Vulgar Latin open e and o {The Romanic Review, vol. XX,nbsp;No. 4, Oct.�Dec., 1929, pp. 331�339). These writers have citednbsp;the important literature dealing with the matter.

Now the assumption has been made that the diphthong evolved by the �breaking� of a simple stressed vowel had at first a doublenbsp;accent. Thus in Schwan^Behrens, Grammaire de 1�ancien frangaisnbsp;(Traduction frangaise par O. Bloch), 3e �d., 1923, p. 38, thisnbsp;is stated:

�e, pep, primitivement longs ou allong�s post�rieurement en syllabe ouverte, sont, d�apr�s une opinion aujourd�huinbsp;r�pandue, devenus, sous l�influence de Tallongement ult�rieurnbsp;caus� par l�accent tonique, ��, �p, ��, �� avec accent

But this idea of a double accent � one rather difficult to realize � does not seem tenable, if we examine the dynamicnbsp;processes which have produced the diphthongal status. Already,nbsp;in the M�langes Antoine Thomas, pp. 157 ff., I have indicatednbsp;a possible course of development which may be briefly restatednbsp;here. As a Vulgar Latin e or o is lengthened under the accentnbsp;(and even in Proven9al, in which the presence of a followingnbsp;labial or palatal sound is necessary to produce the �breaking�,nbsp;it is only under the accent that this occurs), its essential qualitynbsp;as open or close is intensified. If it is already close at thenbsp;beginning, as in e, p, it will become closer toward the end ofnbsp;its utterance; if it is open at the beginning, as in e, p, it willnbsp;become more open toward the end. Thus the end of thenbsp;lengthened vowel is differentiated from its beginning; a dif^nbsp;ference of utterance has been established which produces, in anbsp;single syllable, two separate sounds forming a diphthong, where

originally there was only one sound. So it is that � gt; �e gt; Old French ei; � gt; e� gt; O. Fr. i�; � gt; �o gt; O. Fr.�u; � gt; o� gt; O. Fr.nbsp;u� gt; u�.

In what has been said above the real contention is that, at the very moment that the differentiation or �breaking� has producednbsp;the two separate sounds, the accent is taken by the truly sonorousnbsp;or more open (less close) of the Romance sounds, for the simplenbsp;reason that it alone is a pure vowel, while the other is a semi=snbsp;consonant, i (y) or u (w), and as such cannot have an accent.nbsp;That this is true for general Romance seems to be proved bynbsp;the fact that an arching of the tongue toward the palate occursnbsp;at once for the first part of the lengthened open vowel andnbsp;for the latter part of lengthened close vowel, and this archingnbsp;is characteristic of the front semi�=consonant i (y) and the backnbsp;semi^consonant u (w). The arching may be considerable, that is,nbsp;the arched tongue may be raised quite close to the palate, or itnbsp;may be slight, but, in any event, it is present, and it producesnbsp;a sound which is not a pure vowel and has so much of thenbsp;nature of a consonant that it cannot fake an accent. It is worthynbsp;of note that, in the lengthening of stressed open o, an intensenbsp;sification of the rounding of the lips is clear for the first partnbsp;of what was the original single vowel, while, in the lengtheningnbsp;of stressed close o, it is clear for the latter part; this intensifiednbsp;rounding is characteristic of the semi^consonant u (w).

Another contention in the present argumentation is that a Romance diphthong has never consisted of two pure vowelnbsp;sounds, for two adjacent full vowels must be disyllabic; onlynbsp;one of the sounds composing a diphthong has ever been a fullnbsp;vowel and it has alone possessed the accent, while the other, fromnbsp;the very inception of its being, has been only partly a vowelnbsp;and, because of its partly consonantal quality, it has ever beennbsp;incapable of supporting an accent.

It is possible, of course, for some one to suppose that a diphthong may contain two adjacent pure vowels forced intonbsp;a single syllabic utterance through the shortening of the timenbsp;of their pronunciation, just as in music two eighth notes may benbsp;made the equivalent of a quarter note. We await a demonstrationnbsp;of such a process and we doubt it absolutely; any analogy withnbsp;the conditions in music is probably false.

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La vie et les oeuvres de Jeans=Baptiste de Boyer, marquis d�Argens, sont l�objet d�un essai biographique et critique publi�nbsp;par Mquot;^ Elsie Johnston^). Apr�s avoir d�crit la jeunesse denbsp;celui que Voltaire appelle, un philosophe gai, sensible et veronbsp;tueux, son biographe parle dans son deuxi�me chapitre dunbsp;s�jour du Marquis d�Argens en Hollande. Une corresj)ondancenbsp;entre J.^B. de Boyer et Prosper Marchand, en 1711 libraire anbsp;Amsterdam, plus tard habitant de La Haye, auteur de diversnbsp;ouvrages � correspondance trouv�e a la biblioth�que de rUni�=nbsp;versit� de Leyde � nous permet d�aj outer certains faits a ceuxnbsp;relat�s par M�'' Johnston, de corriger certaines erreurs, denbsp;montrer en m�me temps quel role important M. Prosper �nbsp;c�est ainsi que Voltaire le d�signe dans une lettre � a jou�nbsp;pendant quelques ann�es dans la vie de I�auteur des Lettresnbsp;Juives. Malheureusement la correspondance � compos�e d�unenbsp;cinquantaine de lettres de la main de M. d�Argens et de 19nbsp;autres �crites par Marchand � ne sont pas dat�es a I�exceptionnbsp;de quelquesi^unes, de sorte qu�un examen minutieux du textenbsp;n�a permis d��tablir qu�un ordre chronologique vague et incertain.nbsp;On a le droit de supposer que les lettres comprennent unenbsp;p�riode d�a peu pr�s trois ans entre 1735 et fin 1738.

Pour la vie du jeune Marquis jusqu�au moment ou, par suite d�une chute de cheval au siege de Philipsbourg, il fut oblig�nbsp;de quitter le service militaire, nous renvoyons a I�essai denbsp;M�' Johnston.

Infirme a trente ans, sans ressources, le Marquis d�Argens ecrivit a ses parents qu�il voulait se marier et s��tablir, s�ils ynbsp;consentaient. Ils ne s�opposaient pas a son mariage, mais nenbsp;pourraient lui donner d�sormais que la moiti� de la pensionnbsp;qu�ils lui avaient faite jusque^la. Monsieur le Marquis d�Argensnbsp;p�re fit des efforts pour faire rentrer son fils de Paris ennbsp;Provence; il obtint m�me un ordre du Cardinal de Fleury a

1) nbsp;nbsp;nbsp;Elsie Johnston, Le Marquis d�Argens, sa vie et ses ceuvres. Essainbsp;biographique et critique, Paris, Champion, 1928.

2) nbsp;nbsp;nbsp;Lettre de Voltaire au Marquis d�Argens dat�e de Cirey, le 10 d�cembrenbsp;1736. Ed. Beuchot, tome 52, no. 512.

eet effet. Le jeune homme cependant aima mieux passer outre et se r�fugia en Hollande, o� il embrassa la carri�re des lettres ^).nbsp;D�apr�s Johnston, il s��tablit a La Haye; il y a vraisem�=nbsp;blablement fait la connaissance de Marchand.

Geluidei, natif de Guise en Picardie, fit ses �tudes a Paris avec beaucoup de succ�s, et fut plac� ensuite chez un librairenbsp;pour y apprendre le commerce. Passionn� d�s son enfance pournbsp;les livres, il acquit en peu de temps toutes les connaissancesnbsp;n�cessaires, et fut admis en 1698 dans la corporation des libraires.nbsp;II ouvrit dans la rue St. Jacques, sous l�enseigne du Pb�nix unnbsp;magasin qui devint bient�t le lieu de r�union des bibliophilesnbsp;de la capitale. Avide d�anecdotes litt�raires, il les transmettaitnbsp;a Jacques Bemard qui r�digeait alors en Hollande les �Nouvellesnbsp;de la R�publique des Lettres�, et il formait en m�me tempsnbsp;a son usage des recueils qui lui furent tr�s utiles. Marchandnbsp;passa en Hollande en 1711 pour y professer plus librement lanbsp;religion r�form�e qu�il avait embrass�e. Il s��tablit a Amsterdamnbsp;et continua quelque temps le commerce de la librairie^). Il ynbsp;fit la connaissance de Jean!�Baptiste de Bey, marchand, originairenbsp;de Paris qui demeurait a Amsterdam sur un des canaux, I�Oudenbsp;Zijds Achterburgwal.

D�go�t� du peu de bonne foi de la plupart de ses confr�res, il renon^a tout a fait a la librairie pour se livrer uniquement anbsp;l��tude. Les �ditions qu�il publia successivement de diff�rentsnbsp;ouvrages devenus rates, le firent connaitre avantageusement etnbsp;il se vit recherch� de tous les savants de I�Europe qui parta=nbsp;geaient ses gouts. Il ne sortait gu�re de son cabinet, mais il ynbsp;recevait tous ceux qui recouraient a ses lumi�res. Il mourut lenbsp;14 juin 1756 et l�gua, par son testament, le fruit de ses �conomies,nbsp;a la soci�t� des pauvres a La Haye et sa riche biblioth�que anbsp;rUniversit� de Leyde.

Formey dans VEloge du Marquis d�Argens dans son �Histoire de l�Acad�mie de Berlin�, dit que le jeune noble a son arriv�e

Nouvelle Biographie G�n�rale, Didot, 1861. t. 33. Dans les �Poorter* boeken� (Registres des bourgeois) d�Amsterdam on voit que Prospernbsp;Marchand de Saint*Germain*en*Laye, libraire, a pay� ses droits de bour*nbsp;geoisie le 14 avril 1711, tandis que J. B. de Bey I�a fait le 19 novembreinbsp;1732. Celui*ci a �pous� Marie la Coste, de Berlin, demeurant a La Haye,nbsp;le 4 janvier 1732 (Archives Municipales, Amsterdam).

en Hollande n�avait aucun fond de savoir et tr�s peu de dis# position a bien �crire. Heureusement il eut �Ie bonheur denbsp;trouver des amis aussi �clair�s que z�l�s pour lui, qui pr�sid�rentnbsp;a ses premi�res compositions, qui Ie mirent au fait des sources,nbsp;qui lim�rent et rabot�rent son style� ^). II ne s�agissait done pasnbsp;seulement de la correction de son orthographe qui �tait fan#nbsp;tastique, mais de l�am�lioration aussi de la forme et de l�en#nbsp;richissement du fond de ses ouvrages. Et si Prosper Marchandnbsp;n�a �t� cit� nulle part parmi les �amis �clair�s du marquis�, ilnbsp;est certain que pendant la composition des Lettres Juives il ennbsp;a �t�, et un des plus z�l�s. Premi�rement il sert d�interm�diairenbsp;entre l�auteur et ses �diteurs parmi lesquels il faut particuli�re#nbsp;ment citer P. Paupie qui publie des Lettres Juives en fasciculesnbsp;paraissant deux fois par semaine, qu�on a plus tard r�unis ennbsp;6 volumes in#12 ou in#8�. Et puis Marchand � avant de fairenbsp;parvenir a l��diteur les manuscrits que Ie Marquis d�Argens, quinbsp;veut garder Ie plus strict incognito, lui envoie � fait des obser#nbsp;vations, propose des changements dans Ie texte, indique unnbsp;sujet de lettre, �crit une pr�face ou une d�dicace, bref, dans lanbsp;composition et done dans Ie succ�s des Lettres Juives l�anciennbsp;libraire a sa bonne part. Ayant quitt� sa librairie d�Amsterdam,nbsp;il demeurait au moment de la publication des Lettres Juives anbsp;La Haye d�o� il entretenait des relations avec diff�rents auteurs,nbsp;OU il �crivait et publiait divers ouvrages et collaborait au Journalnbsp;Litt�raire.

II peut �tre int�ressant de jeter un coup d�oeil furtif dans la cuisine litt�raire o� les deux amis s�efforcent de rendre les Lettresnbsp;Juives aussi savoureuses que possible; ils lardent ici une lettre denbsp;quelques traits satiriques, en pimentent la une autre d�une petitenbsp;histoire �grillarde. Ou bien Marchand propose au Marquisnbsp;d�Argens de retrancher ou d�aj outer certaines choses. C�est ainsinbsp;qu�il rapporte qu�une personne de go�t a dit qu�elle �tait surprisenbsp;que, parlant des Historiens d�Angleterre, et citant Rapin Thoyrasnbsp;et son Histoire d�Angleterre, l�auteur des Lettres Juives n�e�tnbsp;pas blam� sans mis�ricorde les mis�rables compilateurs �trangersnbsp;qui osaient se donner pour historiens de cette nation, et surtoutnbsp;la mauvaise continuation publi�e chez van Duren a La Haye

qui faisait beaucoup de d�shonneur aux Anglais et a Rapin. II conseille au Marquis d�Argens d�introduire dans une des Lettresnbsp;un bon Whig (ce que M. de Boyer fait dans la lettre 187)nbsp;remontrant a Monceca combien les Anglais d�testent les mis�^nbsp;rabies rhapsodies de ce genre. Lui#m�me, Marchand, a �t� surprisnbsp;de voir que l�auteur des Lettres Juives ne parlait pas de Gilbertnbsp;Burnet^) et en corrigeant la lettre 188, il a ajout� un petit articlenbsp;sur ce savant histori�n. M. d�Argens doit avouer qu�il ne savaitnbsp;pas qu�il y e�t eu un Burnet au monde, il trouve ce que

M. nbsp;nbsp;nbsp;Marchand en dit �divin et bien instructif� et en est extr�me#nbsp;ment reconnaissant, sur quoi celuhci assure a son �tr�s chernbsp;Marquis� qu�il ne mettra jamais que des additions semblablesnbsp;a ses �crits et qu�il l�estime trop pour lui faire rien dire quinbsp;puisse lui �tre pr�judiciable.

A un autre moment Prosper Marchand �crit a son ami qu�une des lettres qu�il lui a envoy�es ne sera pas imprim�e; c�est cellenbsp;sur les Batards, la Polygamie et Ie Mariage; les deux premiersnbsp;sujets pourraient passer, mais �Ie Mariage ... que je crois Ienbsp;v�ritable but de l�homme raisonnable quand il en peut fournirnbsp;la d�pense, y est trop maltrait� et regard� en quelque sortenbsp;comme une imagination de fous. �Vous demandez m�me d�o�nbsp;il est ordonn� ainsi: avez#vous oubli� les passages formels du

N. nbsp;nbsp;nbsp;T.?� Le Marquis d�Argens ne fait pas imprimer cette lettre#la.nbsp;On trouve dans le tome III de l��dition de 1742 une lettre surnbsp;la polygamie et les batards; la lettre sur le mariage y manque.

Marchand, ayant lu la lettre 132 de Brito sur les Pers�cutions des h�r�tiques^) dit qu�elle est admirable; ce serait le chef#nbsp;d�oeuvre des lettres s�il n�y avait pas une queue qui y donne unenbsp;entorse. Apr�s avoir si bien et si sens�ment fait raisonner lesnbsp;Anglais sur la Libert�, pourquoi le Marquis d�Argens s�avise#t#ilnbsp;de les d�sapprouver dans une d�marche d�coulant si naturelle#nbsp;ment de leurs principes, c. a. d. le d�tr�nement de Jacques II.nbsp;�II sera toujours permis � trouve Marchand � a l�homme quinbsp;ne sera point ennemi de lui#m�me et des siens, d�emp�cher le

*) Gilbert Burnet (1643�1715), auteur de History of my own times, etc. Le Marquis d'Argens, �crivant les Lettres Juives, suppose trois cor#nbsp;respondants qui s��crivent: Isaac Onis, Aaron Monceca et Jacob Brito.nbsp;L�article sur les �Pers�cutions� se lit dans les Lettres Juives, �d. de 1742,nbsp;tome IV, pp. 106�115.

prince d�abuser du pouvoir qu�il lui a confi�; et ce prince ne sera jamais l�gitimement prince qu�autant qu�il observera lesnbsp;conditions auxquelles il se sera engag�.� Et qu��crit Jacob Britonbsp;a Aaron Monceca sur le d�tr�nement du roi Jacques II? ...nbsp;�Je ne saurais approuver la conduite des protestants d�Angleterre:nbsp;je suis fermement persuad� qu�il n�est jamais permis aux sujetsnbsp;de se r�volter contre leurs souverains.�

Avec amertume Marchand ajoute a sa remontrance: �II n�est pas �tonnant qu�un Francais, �lev� dans des principes de sou#nbsp;mission aveugle ne sente plus cela et d�truise ainsi ses propresnbsp;droits et son propre bonheur, mais pour ceux qui ont repris lesnbsp;lumi�res naturelles, il leur doit �tre permis de penser autrement�.nbsp;En revanche M. Prosper s��tonne que son ami, qui veut �ter anbsp;tout un peuple, �que dis#je, a toutes les nations de l�Europe�,nbsp;la libertc naturelle, prot�g� et d�fende le libertinage des jeunesnbsp;gens qui se livrent en aveugle a leurs passions. C�est ce qu�onnbsp;peut conclure d�une Lettre contre la juste autorit� des p�resnbsp;dans leur familie, lettre qui a choqu� beaucoup de gens sens�s.nbsp;�Aucune lettre ne vous avait encore port� pareil pr�judice. Quoi,nbsp;dit#on, autoriser de jeunes �cervel�s a se rebeller, contre toutnbsp;droit et raison, contre leurs p�res, qui ne veulent g�n�ralementnbsp;que leur bien, pendant que l�on interdit et que l�on traite denbsp;criminelle une juste et n�cessaire d�fense a l�univers entier contrenbsp;des tyrans et des pers�cuteurs qui ne cherchent qu�a s�engraissernbsp;du plus pur sang de leurs sujets! Ah, l�auteur ... a oubli� lesnbsp;bons principes qu�il avait pos�s�.

Dans une de ses lettres suivantes Marchand rapporte que des personnes de tr�s bon esprit ont �t� choqu�es du pan�gyriquenbsp;outr� de Henry IV. �Ils reconnaissent que c��tait un grand prince,nbsp;mais qui avait des d�fauts si consid�rables qu�on ne peut passernbsp;votre �loge; lorsqu�on vous voit lui offrir des sacrifices et dressernbsp;des autels, en v�rit�, on ne vous reconnait plus pour Juif, etnbsp;l�on dit que vous avez oubli� le D�calogue ... Mais vous n�ynbsp;gagnerez pas plus qu�a votre m�nagement trop pouss� pour lesnbsp;J�suites. Pardon, cher Marquis, de la libert� grande! Mais, ennbsp;v�rit�, je ne cherche qu�a accroitre la juste estime qu�on a pournbsp;vos �crits, et il me fache de vous les voir alt�rer et gater parnbsp;de pareilles pi�ces disparates. Je vous en ai �vit� une seule.nbsp;C�est celle o� vous vous d�cha�nez contre les Presbyt�riens sansnbsp;les connaitre et oCi vous admirez les Anglais que vous ne

connaissez pas plus. J�ai rem�di� a cela, en faisant Ie portrait de ces demiers qui sont les plus insolents mortels de l�Univers.nbsp;Peut^�tre les aimez^vous mieux paree qu�ils ont des ev�ques. Maisnbsp;en v�rit�, on ne pardonnerait point un reste de pr�jug� a unnbsp;aussi bon esprit que vous�. Marchand �tait tr�s port� contre lesnbsp;J�suites et trouvait que Ie Marquis d�Argens n��tait pas asseznbsp;s�v�re pour eux dans ses �crits. Un jour celubci lui envoie unnbsp;brouillon de Lettre Juive, contenant une aventure comique,nbsp;mortifiante pour les J�suites. C�est l�aventure du P�re Fouquet^)nbsp;que lui avait communiqu�e Voltaire. �Elle est capable � ditnbsp;l�auteur � de donner du cr�dit a l�ouvrage et de ranimer lesnbsp;esprits�. Marchand trouve l�aventure abominable. �Apr�s ce trait,nbsp;aimez les J�suites�, r�pond^il. �Les Jans�nistes sont bien devenusnbsp;fous avec leurs visions et contorsions miraculeuses mais dunbsp;moins ne sont^ils point sc�l�rats, et par cons�quent ne m�ritents=ilsnbsp;pas l�indignation dont vous les accablez sans cesse. Je seraisnbsp;tent� de croire que c�est un effet du fouet que vous a faitnbsp;peut^�tre donner en classe votre r�gent de l�Oratoire�.

Une autre fois, M. Prosper lui envoie une liste de 12 obseiv vations sur la lettre 19. M. d�Ar^ens, d�apr�s lui, en comparantnbsp;Mr de Cambray a Mr de Meaux, avait trop lou� ce dernier,nbsp;�dont la fourberie et Ie g�nie pers�cuteur sont d�testables�;nbsp;d�Argens ayant nomm� Descartes �Ie restaurateur de la bonnenbsp;Philosophie�, son ami trouve que eet �loge est un peu fort.nbsp;L�auteur des Lettres Juives r�pond qu�il a chang� tous les articlesnbsp;qui d�plaisent a son critique a I�exception de ceux sur Mr denbsp;Meaux et sur Descartes et deux autres. Pour Ie premier ilnbsp;s�autorise de M. de la Bruy�re qui a dit en pleine Acad�mie:nbsp;�Parlons d�avance Ie langage de la post�rit�; un p�re de 1��glise�;nbsp;3u sujet de Descartes, il rappelle qu�on lui doit la mani�re denbsp;raisonner juste.

La 3i�me Lettre Juive non plus ne plait pas tout a fait a Marchand. Geluidei trouve que l�auteur a fait la part trop bellenbsp;a Voltaire mais Ie Marquis d�Argens se d�fend, disant qu�il anbsp;cru pouvoir donner a eet �crivain quelque chose de plus qu�une

�) Cf. Lettres Juives, �d. 1742, t. IV, pp. 261�264. Apr�s la publication de l�aventure du P. Fouquet, Marchand �crit a l�auteur: �(La Lettre) sur Ienbsp;P�re Fouquet est connue cotnme les petits Pater. C�est a qui en aura etnbsp;on se 1�arrache des mains�.

r�putation ordinaire aux gens de lettres. �II est m�me a Paris au^dessus de ses confr�res�. L��crivain permet cependant denbsp;corriger la phrase, ce qui se fait. Contrairement a l�opinion denbsp;Marchand, qui voit dans quelques vers m�chants la cause dunbsp;bannissement de Voltaire, il dit, au sujet de l�exil de 1�auteur desnbsp;�Lettres philosophiques�, qu�il sait l�affaire d�origine et que cesnbsp;�Lettres� en ont �t� la seule cause.

M. Prosper n�apporte pas seulement des modifications au fond des Lettres Juives; de temps en temps il propose aussi desnbsp;corrections dans la forme. Ay ant trouv� dans la lettre 19 au sujetnbsp;de Bayle la phrase: �II eut des ennemis a combattre. Sa r�putation,nbsp;sa sinc�rit� et sa libert� en �crivant, les lui suscita�, Marchandnbsp;observe: �la Libert� de sa plume ne serait^il pas plus tol�rable?�nbsp;Mais M. Prosper ne fait pas que de corriger, de retrancher etnbsp;d�ajouter. II aide son ami de toutes les fa^ons.

Pour pouvoir composer les lettres qu�Aaron Monceca � �qui depuis plus de 8 lettres est en Angleterre� � �crit sur les Anglaisnbsp;et qui remplissent une grande partie du tome IV, Ie Marquisnbsp;d�Argens prie Marchand de lui envoyer les Lettres sur les Anglaisnbsp;et les Frangais (de B�at de Muralt). �Je n�ai jamais �t� dans cenbsp;paysda. J�ai besoin d�aide pour me donner des id��s; j�ai lesnbsp;lettres de Voltaire, ce n�est point assez�.

De tous les soins que son ami a La Haye prodigue a ses �crits, le Marquis d�Argens lui est tr�s reconnaissant et il lenbsp;dit parfois en des termes dithyrambiques. �Taillez, rognez, coupez,nbsp;brulez sans mis�ricorde�, s��crie�gt;tlt;il un jour. �Vous m�avez con*=nbsp;duit sur le Parnasse par la main; vous �tes mon p�re litt�raire�,nbsp;�criteil une autre fois. Ou bien: �Mes ch�res filles, les Lettresnbsp;Juives, vous ont plus d�obligation qu�a leur p�re; plus vous ynbsp;ajouterez, moins il y aura du mien et plus elles seront bonnes�.nbsp;Ou encore: �Je vous regarde non comme mon ami, mais commenbsp;mon p�re et mon dieu tut�laire�. Et il promet: �Je travaillerainbsp;pour qui vous voudrez, a quel prix vous voudrez, pour ceuxnbsp;que vous prot�gerez et gratis pour eux s�ils n�ont pas de quoi�.nbsp;Et parlant de l��diteur Jean Gallois qui doit imprimer sonnbsp;�Fortun� florentin� il �crit a Marchand: �II suffit que vous vousnbsp;int�ressiez pour lui et je lui ferais quarante romans gratis�. �nbsp;offre ses services a la veuve du libraire Levier, a laquelle sonnbsp;ami s�int�resse. Plus tard, lorsque celui^ci a public chez ellenbsp;Inigo M. d�Argens promet d�en augmenter le d�bit par un

M. Marchand ne s�int�resse pas qu�aux Lettres Juives, mais a tons les ouvrages de son ami. D�abord, il y a les traductionsnbsp;des Lettres Juives. On les traduit en anglais non seulement maisnbsp;aussi en allemand et en hollandais et naturellement M. Prospernbsp;se permet un mot d�esprit sur la langue de la nation qui luinbsp;donne rhospitalit�; �Ainsi, apr�s vous �tre vu siffler comme unnbsp;serpent en Anglais, � �crit�l � vous vous verrez coasser ennbsp;Hollandais comme une grenouille et ce sera un plaisir in�narrablenbsp;pour vous de vous entendre parler du gosier en croc et en couac�.nbsp;M. d�Argens est tout boulevers� d�apprendre qu�on pr�te tantnbsp;d�attention a ses productions litt�raires. �Un mot ou deux je vousnbsp;prie des traductions; depuis cette nouvelle je ne dors plus; jenbsp;crains toujours d�avoir fait un r�ve aimable. Si cela �tait, jenbsp;crois que je mourrais de douleur�. L�air de la Hollande ne luinbsp;fait pas de bien: il souffre beaucoup de migraines. Mais lorsquenbsp;M. Marchand lui confirme la r�alisation de son r�ve, il oublienbsp;son mal �pendant plus d�une heure�.

M. Prosper sert aussi d�interm�diaire entre Ie Marquis d�Argens, qui veut rester inconnu, et Ie libraire Moetjens de La Hayenbsp;gui a r�solu de publier sa Philosophie du Bon Sens, Paree quenbsp;l�auteur �aime ce cher enfant a la fureur�, il est alarm� de sonnbsp;sort. M. Marchand peut Ie rassurer; �Votre Philosophie va fortnbsp;bien, et a la r�serve de quelques grimauds qui grimaudent toutnbsp;seuls, Ie public en est fort content�. De son c�t� M. d�Argensnbsp;est tr�s content de son �diteur: �c�est un honn�te homme�.

A M. Marchand Ie Marquis soumet aussi son projet de faire apr�s les six volumes des Lettres Juives une s�rie de Lettresnbsp;Cabalistiques, trois volumes �d�un go�t singulier� ... �Ce seranbsp;une correspondance c�leste, terrestre et infernale entre un g�nienbsp;�l�mentaire, un cabaliste et Ie diable Asmod�e. Voici par exemplenbsp;Ie sujet d�une. Le Cabaliste �crira a Asmod�e pour s�informernbsp;si un certain Calvin, th�ologien, n�est point dans les enfers. Le

II le fait dans la douzi�me Lettre Chinoise dans une note. �Inigo� c��tait VHistoire de l'admirable Dom Inigo de Guipuscoa, Chevalier de lanbsp;Vierge et Fondateur de la Monarchie des Inighistes, avec une Descriptionnbsp;abr�g�e de 1�Etablissement et du Gouvernement de cette formidable Mo^nbsp;narchie, par le Sr. Hercule Kastel de Selva (Prosper Marchand?) La Haye,nbsp;Vve Leviet, 2 vol. in^8. Cf. Lettres Juives, �d. 1742, lettre no. 85.

8 nbsp;nbsp;nbsp;113

diable cherchera ce Calvin parmi tous les docteurs th�ologiens et eccl�siastiques infemaux et ne Ie trouvera point mais ennbsp;revanche un nomm� Sieur Escobar, un tel pape, un tel �v�que,nbsp;etc.�. L�auteur a d�ja de la naati�re toute trouv�e pour plus denbsp;quarante lettres. M. Prosper l�encourage: Ie nouvel ouvrage p�rio;�nbsp;dique lui parait tr�s bien imagin�. C�est M. Paupie qui va Ienbsp;publier ^).

Le libraire Moetjens, bien qu�il ne puisse pas encore payer Ie manuscrit, tient a publier outre la Philosophie du Bon Sens ounbsp;R�flexions philosophiques un roman de M. d�Argens: le Phi=nbsp;losophe amomeux ou les M�moires du Comte de Mommejan.nbsp;II parait en 1737. En 1736, Moetjens avait d�ja publi� lesnbsp;M�moires de la Ctesse de Mirol ou les funestes effets de l�amournbsp;et de la jalousie. M. d�Argens est un �crivain tr�s f�oondnbsp;pendant son s�jour en Hollande; ayant rompu avec sa familie,nbsp;n�ayant pas d�autres ressources, il lui a fallu gagner la vie anbsp;coups de plume. Et il r�ussit. Avec une surprise ing�nue ilnbsp;constate dans une lettre a Marchand, non dat�e mais �critenbsp;apr�s le 18 octobre 1736, qu�il devient xm petit Cr�sus. �Depuisnbsp;cinq mois, j�ai fait des �pargnes assez jolis pour un infortun�nbsp;exil� ... Je ris en vous �crivant: qui m�e�t dit que je deviendraisnbsp;rang�, e�t pass� dans mon esprit pour un grand menteur�. �nbsp;II ne faut pas oublier que c�est M. Marchand qui r�gie lesnbsp;affaires financi�res pour les Lettres Juives; l��diteur paie quatrenbsp;livres par lettre. Etant �conome et sobre lui^m�me, il exhortenbsp;son ami a ne point faire de d�pense superflue.

M. Prosper manifeste aussi beaucoup de sollicitude pour la sant� de son ami. Geluidei souffre souvent de maux de t�te,nbsp;de coliques, de rhumatismes, de sorte qu�il se voit quelquefoisnbsp;oblig� de rester des jours et des jours sans lire ni �crire.

Sa sant� et plus encore sa crainte d�etre d�couvert et d��tre renvoy� aupr�s de ses parents en Provence sont cause qu�anbsp;plusieurs reprises le Marquis d�Argens a chang� de domicile.nbsp;Nous avons vu qu�il a demeur� d�abord a La Haye. II n�est pasnbsp;�tonnant que nous trouvions un �cho de son s�jour dans Ianbsp;r�sidence des Pays^Bas dans ses M�moires, ou plut�t dans les

*) Elles ont paru en 4 vol. in�12�gt;, en 1737, a La Haye chez P. Paupie. Plus tard, en 1738, l��diteur a publi� ces Lettres en 6 vol. in^8�, et ennbsp;1741 en 6 vol.

�Lettres de M. Ie Marquis d�Argens sur divers sujets�, qui en ferment la suite. Apr�s avoir lou� dans sa Lettre 14, Sm lesnbsp;Hollandais, les Pays^Bas comme Ie pays du bon sens et de lanbsp;libert�, apr�s avoir vant� Ie caract�re des Hollandais, l�auteurnbsp;continue en disant: �J�ai �t� pendant mon s�jour a La Haye anbsp;un beau concert, que donne Ie c�l�bre Francisco Lopez de Liz,nbsp;Juif Portugais, qui a des richesses immenses. Cette assembl�enbsp;se tient chez lui tous les mardis, dans une salie superbe parnbsp;la dorure et les omements. Tout honn�te homme peut y aller.nbsp;II est s�r d��tre parfaitement bien re?u. Les rafraichissements etnbsp;les confitures y sont r�pandus avec profusion. On dit gue lanbsp;d�pense de ce concert va a plus de quatre#vingt mille livres denbsp;notre monnaie par an. Je Ie croirais sans peine. Je n�ai vu cheznbsp;aucun Prince Souverain rien d�aussi magnifique. J�ai eu une con#nbsp;versation assez plaisante avec ce riche particulier sur les Fillesnbsp;de rOp�ra. II doit les connaitre mieux que personne. Filesnbsp;lui ont assez co�t�. C�est en v�rit� un fort honn�te hommenbsp;et g�n�ralement aim� dans ce pays. Apr�s avoir �t� deux heuresnbsp;avec lui, il a eu une impatience infinie de me connaitre. Quelquenbsp;fach� que j�aie �t� de ne pouvoir pas Ie satisfaire, je n�ai pointnbsp;voulu violer la ferme r�solution que j�avais prise de ne pointnbsp;me nommer en Hollande�^).

Toujours la crainte d��tre reconnu hante M. d�Argens; il a peur que son p�re n�apprenne qu�il est en Hollande et ne Ie fassenbsp;renvoyer en France.

Cette appr�hension a �t� cause probablement de ce qu�il a d�m�nag� de la Haye a Amsterdam o� il esp�rait rencontrernbsp;moins de Frangais.

Dans la capitale de la Hollande il est log� d�abord chez M�*' David au Nes. C�est M. de Bey, a qui Marchand 1�a pr�sent�'nbsp;comme peintre ou dessinateur, qui lui a indiqu� cette maison.nbsp;�Grace a vous et a Dieu�, �crit Ie Marquis d�Argens, �je suisnbsp;enferm� dans une retraite dont je ne sortirai selon toutes lesnbsp;apparences que lorsque les fourmis sortiront de leur trou�. Log�nbsp;au cinqui�me �tage, il s�est aper^u bien vite qu�un autre ami

1) M�moires et Lettres de M. Ie Marquis d'Argens, Londres, aux d�pens de la Compagnie, 1755, inAl�, pp. 311�312. Cf. sur M. du Liz, ses concertsnbsp;et l�int�r�t qu�il portalt aux actrices: J. Fransen, Les com�diens francaisnbsp;en Hollande au XVIIe et au XVIIIe si�cles. Paris, Champion, 1925, pp.nbsp;222, 228, 254, 257, 272�276, 284, 290�291.

de M. Marchand demeurait au premier. C�est M. Pr�vost. Naturellement Ie nouveau venu a eu nombre de questions anbsp;essuyer, mais il s�en est tir� heureusement. Ni M. de Bey ninbsp;l�Abb� Pr�vost n�ont Ie moindre soup^on. Grace aux nombreuxnbsp;dessins qu�il a montr�s, il passe aux yeux de son hotesse aussi �pournbsp;un moderne Rapha�l�. Marchand n�a pas confiance en l�efficacit�nbsp;du d�guisement de son ami; on ne Ie prendra pas longtemps pournbsp;�un seigneur de la palette et du pinceau�. On Ie soup9onneranbsp;bien d��tre �quelque gibier de Parnasse�. En effet, dans une lettrenbsp;�crite plus tard d�Utrecht, Ie Marquis raconte que Pr�vost luinbsp;a fait comprendre qu�il devinait la ruse. II lui a alors avou�nbsp;la v�rit� et l�a engag� au silence. M. V. Schroeder dit quenbsp;Voltaire et Pr�vost se sont vus a Amsterdam en janvier 1737,nbsp;mais que �nous ne savons rien de plus de ce s�jour de Pr�vostnbsp;a Amsterdam� ^). Nous pourrons plus loin en donner quelquesnbsp;d�tails.

Apr�s quelque temps nous trouvons M. d�Argens a Utrecht, log� �chez de fort honn�tes gens�, qui ne Ie connaissent �non plusnbsp;que Ie grand Turc�. D�avance M. de Bey s�est soigneusementnbsp;inform� des h�tes du Marquis. Ce sont la veuve d�un m�decin,nbsp;M�' Verschoor, et sa fille, qui demeurent rue des Jacobins anbsp;Utrecht. Elies ont mille soins pour lui et ne s��tonnent pas qu�ilnbsp;ne sorte pas de sa chambre, Ie croyant souffrant d�une sciatique.nbsp;En effet, il ne quitte la pi�ce que pour aller dans la biblioth�quenbsp;du d�funt m�decin dont il a l�enti�re disposition et o� il trouvenbsp;de fort bons livres a c�t� de beaucoup de mauvais. II y faitnbsp;provision de notes sur toutes sortes de sujets qui pourront luinbsp;�tre utiles plus tard: il remplit deux gros in#quarto qu�il a faitnbsp;faire a eet effet. Depuis qu�il a quitt� Amsterdam, il se portenbsp;comme un C�sar, dibsil. Son hotesse consid�re lui et sa femmenbsp;comme ses enfants. Sa femme? Oui, ou plut�t non. Car Barbenbsp;Cochois, dont il s�agit probablement ici, ne deviendra Marquisenbsp;d�Argens que par Ie mariage qui eut lieu a Berlin Ie 27 janviernbsp;1749 2). Nous trouvons cette femme tr�s distingu�e, qu�on anbsp;calomni�e beaucoup, a Maestricht en 1735**) o� elle �tait com�#nbsp;dienne. Elle avait l�intelligence vive et un grand d�sir de s�in=*

1) nbsp;nbsp;nbsp;V. Schroeder, Un romancier francais au XVIIIe si�cle. L�Abb� Pr�vost,nbsp;Paris, Hachette, 1898, p. 89, n. 1.

struire. Le Marquis d�Argens d�veloppa son esprit et trouva en elle une �l�ve z�l�e a qpi il enseignait le latin, le grec, l�h�breu;nbsp;elle collabora avec son maitre a des ouvrages philosophiques,nbsp;publi�s plus tard en Prusse ^).

M. Boyer appr�cie beaucoup les soins que M�'^ Verschoor prodigue a Barbe Cochois aussi. �C�est dommage�, dlt�l, ennbsp;parlant de son h�tesse, �qu�une aussi bonne personne soit jan#nbsp;s�niste outr�e; cela me raccommoderait presque avec Saint Paris�.nbsp;H�las, ses ennemis ne laissent pas longtemps le Marquis jouir denbsp;son tranquille s�jour dans la maison de M�' veuve Verschoor.nbsp;Car il a des ennemis acham�s. II y a d�abord Bruzen de lanbsp;Martini�re qui a violemment critiqu� dans le tome XXIII denbsp;la Biblioth�que Frangaise ce que l�auteur des Lettres Juives anbsp;dit sur l�Espagne et qu�on trouve pour cette raison d�sign�nbsp;dans la correspondance des deux amis sous les noms de Chevaliernbsp;d�Ib�rie, ou de Don Quichotte des Don Quichottes, tandis quenbsp;l��crivain J.^B. Des Roches de Parthenay, un ami de la Martini�renbsp;et collaborateur a son Dictionnaire G�ographique, se voitnbsp;affubl� par M. Marchand du titre de Sancho Pan^a, inventionnbsp;que le Marquis juge �divine�. Pour leur dire leurs v�rit�s l�auteurnbsp;des Lettres Juives fait pr�c�der le tome IV de l��dition ennbsp;volume d�une d�dicace a Don Quichotte et d�une violente pr�facenbsp;dirig�e contre le Chevalier d�Ib�rie, il introduit le tome V parnbsp;une �pitre �au naif et inimitable Sancho Pan^a, le vrai mod�lenbsp;des bons et fid�les �cuyers�. � Puis, il y a �la Limiers�, la veuvenbsp;de l�historien H. P. de Limiers, mort a Utrecht en 1725 �) quinbsp;tracasse le Marquis aussi. Ces trois personnages font de leurnbsp;mieux pour d�couvrir le domicile de M. d�Argens. Bruzen denbsp;Ia Martini�re et Des Roches font m�me faire une enqu�te anbsp;Utrecht par le libraire Desbordes qui, par l�interm�diaire denbsp;M'quot;� Limiers, fait prendre des renseignements aupr�s de M�^nbsp;Verschoor. M. le Marquis en est dans les transes. Son h�tessenbsp;lui promet de lui chercher un refuge sur pr�s d�Utrecht et trouve

Bruzen de la Martini�re (Antoine Augustin �) n� a Dieppe en 1662, mourut a La Haye en 1749, auteur du Grand Dictionnaire g�ographique,nbsp;historique et critique (La Haye, 1726�1730, 6 vol. in=�foIio).

�) H. P. Limiers: histori�n hollandais n� aux Pays^Bas vers la fin du XVIIe si�cle, mort a Utrecht en 1725, descendait de parents francais. II senbsp;fit recevoir docteur en droit et devint membre de l�Acad�mie de Bologne.

des parents, demeurant a Maarsen (un village a 4 lieues d�Utrecht et a 5 lieues d�Amsterdam), dispos�s a loger provisoirementnbsp;M. Boyer et Barbe Cochois. Cependant l��crivain, qui se cachenbsp;a Maarsen derri�re Ie nom de M. Mattheo, se promet de cherchernbsp;au plus vite un endroit o� il puisse vivre tranquille pendantnbsp;cinq OU six ans au besoin. M. de Bey qu�il consulte, opine fortnbsp;pour l��tablir en Frise, qu�il dit �tre Ie plus beau pays de monde.nbsp;II parle aussi de Hom, que Marchand trouve trop sombre etnbsp;trop mar�cageux. Harlingen, d�apr�s M. Prosper, vaudrait mieuxnbsp;pour la sant� de son ami mais l�argent n�y augmente pas et cecinbsp;forme pour M. d�Argens un important point de consid�ration.nbsp;C�est pour cette raison que lui pense s��tablir a Maestricht o�nbsp;il ne perdrait rien, vu que l�escalin y valait dix sous et demi.nbsp;M. Marchand lui propose alors Eindhoven entre Maestricht etnbsp;Bois?le#Duc, o� 1�on vit �tr�s grandissime march�: la monnaienbsp;n�y monte pas comme a Maestricht, mais Ie prix des denr�esnbsp;y est bas et on n�y a pas les inconv�nients de cette derni�r�nbsp;ville o� �un gouvernement migt;*parti rend les moines et surtoutnbsp;les J�suites insolents�. Auparavant M. Prosper a blam� son �tr�snbsp;cher Marquis� de se livrer trop faiblement a ses terreurs paniquesnbsp;et lui a conseill� de se fixer quelque part sous son propre nomnbsp;de Boyer et de braver ses ennemis. II a pens� un moment l��tablirnbsp;a Voorburg 1), mais son ami n�est pas seul et les d�penses pournbsp;deux personnes seraient trop fortes. Pris d�une peur subite Ienbsp;Marquis semble avoir tout a coup quitt� Maarsen et s��tre �tablinbsp;de nouveau a Amsterdam.

Grace aux soins de M. de Bey il y trouve une excellente retraite; une petite maison a une demis=lieue d�Amsterdam o�nbsp;�tous les magiciens du monde ne Ie d�terreraient pas�. On Ienbsp;voit: il est constamment rong� par la crainte qu�on ne d�couvrenbsp;son domicile et qu�on ne Ie signale a son p�te. M. Marchand estnbsp;content que son ami ait trouv� une retraite convenable; c��taitnbsp;n�cessaire: on s�est d� ja inform� de lui. On croit avoir reconnunbsp;Ie Marquis, mais M. Prosper, pour d�router ces personnes, anbsp;d�peint son ami comme un petit trapu, ce qu�il n�est pas. Pleinnbsp;d�enthousiasme Ie Marquis d�crit son petit paradis: il a lou�nbsp;pour un an et pay� 30 florins d�avance pour cinq mois de loyer;nbsp;il a d� acheter des meubles pour 55 florins et Ie voila �maitre

d�une fort jolie maison et d�un jardin enchant�, Ie tout meubl� tr�s joliment et voire orn� de tableaux et d�estampes�. M. d�Argensnbsp;s�extasie surtout sur son jardin. II s�y prom�ne quelquefois avecnbsp;d�lices. II lui en a co�t� 12 florins pour graines, fumier etc.,nbsp;�mais aussi Versailles n�est rien aupr�s de ma solitude�. Et sonnbsp;ami affectueux r�pond avec une douce ironie: �Qui l�aurait crunbsp;que dix florins de graines et de fumier effaceraient chez vousnbsp;Trianon, Marly et Versailles? ... Badinage a part, vous �tes lenbsp;maitre de votre repos, si vous le voulez et je vous supplie ennbsp;bon et sinc�re ami de la vouloir, afin d��loigner de vous toutenbsp;inqui�tude�. H�las, on doit croire que le pauvre Marquis a �t�nbsp;alert� encore une fois, et qu�il a voulu renouer avec Utrecht.nbsp;M. Marchand du moins lui �crit une lettre pleine d�amertumenbsp;O� il accuse M�' d�Argens de causer beaucoup de d�sagr�mentsnbsp;a son mari et de I�avoir oblig� par ses imprudents bavardages denbsp;quitter Utrecht. L��Adrienne Lecouvreur d�Utrecht� � c�est ainsinbsp;que Voltaire a appel� Barbe Cochois dans une lettre i) � nenbsp;semble pas avoir su se concilier la sympathie de M. Prosper: ounbsp;celui#ci garde le silence sur elle, ou bien il la consid�re commenbsp;un obstacle pour son mari. Apr�s la r�ception de cette lettre,nbsp;celuis=ci est au d�sespoir d�avoir irrit� son ami et caus� desnbsp;embarras a M. de Bey. Il veut quitter ce pays ou il n�a gu�renbsp;�t� heureux, il veut abandonner la litt�rature ou il n�a jamais eunbsp;que des chagrins, et passer en Angleterre. Il restera encore douzenbsp;ou quinze jours en HoUande pour travailler aux Lettres Juivesnbsp;dont il doit achever le tome VI. Il enverra les M�moires qu�ilnbsp;est en train d��crire, de Londres ou de Cambridge, car il nenbsp;sait pas encore dans laquelle de ces deux villes il s��tablira. Unenbsp;nouvelle lettre de Marchand remet le calme dans le coeur dunbsp;Marquis. Son ami lui fait comprendre qu�il a conserv� toutenbsp;son amiti�: il ne quittera done pas le pays et le Marquis luinbsp;renouveUe ses t�moignages de gratitude et d�affection. Il senbsp;promet de faire pour Paupie apr�s rach�vement des Lettres

qu�Utrecht poss�dait trois th�atres francais au commencement du XVIIIe si�cle. On y signale vers 1734 une troupe fran^aise sous la direction d�unnbsp;certain J. Jenois(?) et de Mile Anna van Rijndorp. On jouait dans unenbsp;baraque �rig�e sur la place appel�e �Vreeburg�. Cf. J. Fransen, Les Gomes'nbsp;diens francais etc. pp. 286�287. Mais est^ce que Mile Cochois y a jou�nbsp;la com�die?

Juives une nouvelle feuille p�riodique que l��diteur lui a de^ mand�e; ce sera une feuille plus gaie que les Lettres; il parlenbsp;ici sans doute des Lettres Cabalistiques cit�es plus haut.

Malheureusement la sant� de M. d�Argens laisse toujours beaucoup a d�sirer. II souffre de fi�vres tierces et de la bile.nbsp;C�est pourquoi il annonce a certain moment qu�il va quitternbsp;la Hollande pour aller prendre a Maestricht les eaux qu�il feranbsp;venir de Spa. R�tabli, il y restera peut^�tre ou bien il ira anbsp;Utrecht. II demande a M. Marchand de lui d�couvrir dans lanbsp;ville de Maestricht une connaissance quelconque. II lui faudraitnbsp;une personne qui en cas de recherche aupr�s du gouverneurnbsp;dans cette viUe de guerre put dire qu�il est honn�te homme. Onnbsp;lui indique M. Clapar�de, pasteur, qui devient son ami et avecnbsp;qui � d�apr�s sa correspondance avec Marchand � il a unenbsp;longue conversation au sujet de la conversion in extremis dunbsp;Pi�montois Passerano. Pendant l�hiver 1738�1739, done pendantnbsp;son s�jour a Maestricht, la r�conciliation du Marquis d�Argensnbsp;avec sa familie eut Keu. M. Boyer �crit a Marchand de Maestricht,nbsp;Ie 24 ao�t 1738, qu�il partira des Pays^Bas pour un pays plusnbsp;temp�r� au mois de mars de l�ann�e suivante. �Tout est calmenbsp;dans ma familie. Mon p�re m�a �crit et mon fr�re est ici actuelenbsp;lement�. Et dans une autre lettre il dit que son fr�re va partirnbsp;dans trois semaines pour Paris, tandis qu�un autre fr�re �dontnbsp;vous verrez quelque chose dans les Nouvelles litt�raires� est anbsp;Paris o� il passe l�hiver. Geluidei viendra Ie voir au commem�nbsp;cement du printemps et l�emm�nera avec lui a Port Mahon anbsp;35 lieues de Marseille, pays chaud, sous la domination anglaisenbsp;et a deux pas de sa familie: �par la mani�re dont elle en agitnbsp;aujourd�hui avec moi, elle m�rite bien que je m�approche d�elle.nbsp;Je serai peut^�tre quinze ans, peut^�tre toute ma vie a Portnbsp;Mahon ... J�y mangerai tranquiUement la portion tr�s honn�tenbsp;qu�on me fait�^). Voltaire f�licite le Marquis d�Argens dans unenbsp;lettre du 2 janvier 1739 de son raccommodement avec sa familie^).nbsp;En 1736 d�ja Voltaire �tait en correspondance avec lui. Dansnbsp;sa lettre du 18 octobre 1736, dat�e de Cirey le grand �crivainnbsp;lui offre de faire des d�marches aupr�s de M.M. de Richelieu

Lettre de Voltaire dat�e de Cirey, le 2 janvier 1739. Ed. Beuchot, t. 53 no. 756.

et de Vaujour ou aupr�s de sa familie ^). Et un peu plus loin dans la m�me lettre il raconte au Marquis que JJB. Rousseaunbsp;a fait contre lui une �pigramme sanglante qui commence ainsi:

M. Boyer est ravi des lettres de Voltaire. �II a pris pour moi une tendresse incroyable� � �critlt;il a Marchand. �On n��critnbsp;point plus tendrement. Si je n��tais aussi certain que je Ie suis,nbsp;combien ce que je vaux est peu de chose, ses louanges menbsp;donneraient de la vanit�. II m�a marqu� que les Lettres Juivesnbsp;font un bruit du diable en Lorraine, en Alsace et en Champagne,nbsp;o� il se trouve. II ajoute qu�on les a contrefaites en Allemagnenbsp;et que d�s Strasbourg elles passent en France, mais il ne menbsp;dit point dans quelle ville l�on joue ce mauvais tour au sieut,nbsp;Paupie�. Ensuite M. Boyer rapporte a M. Marchand l�histoire denbsp;l��pigramme qu�il dit commencer ainsi: �Cet aigrefin, etc.�. Dansnbsp;une lettre du 10 d�cembre 1736 Voltaire annonce au Marquisnbsp;qu�un de ses amis Revol ira a Leyde et lui fera parvenir desnbsp;lettres par l�interm�diaire de M. Prosper. Le Marquis parle dansnbsp;une lettre a Marchand de ce Revol qui lui a �crit une longuenbsp;�pitre sur la r�putation des Lettres Juives et sur les relationsnbsp;de Voltaire. Plus tard, il fait savoir a M. Prosper que Voltairenbsp;luis=m�me est ce Revol. �Voltaire, avouejsti^il a son ami, m�a pri�nbsp;au nom de l��diteur Ledet de Leyde, de vouloir pendant troisnbsp;mois �crire les M�moires historiques qu��crivait Des Roches�.nbsp;Le Marquis a consenti par complaisance pour Voltaire. Il anbsp;�crit sous le pseudonyme de �M. de Guiran, gentilhommenbsp;lorrain�. Dans une autre lettre M. Boyer trace un amusantnbsp;tableau d�un repas a Amsterdam, ou il y avait plus de trentenbsp;personnes, parmi lesquels �le brave Pr�vost� et M. de Voltaire,nbsp;et ou, quand on parlait des Lettres Juives un petit faquin, Denbsp;Pr�, soutenait que le Marquis d�Argens s��tait fait Turc a

Lettre de Voltaire dat�e de Cirey, le 10 d�cembre 1736. Ed. Beuchot, tome 52, no. 512. � Mile Johnston dit a la page 47 de I�essai; �(Voltaire)nbsp;s�installa sous le nom de R�vol ou de R�nol a Amsterdam�. � Voltairenbsp;aura pris le nom de Revol, form� de la premi�re et de la derni�re syllabenbsp;de son nom. �

Constantinople i). Voltaire I�avait d�fendu de son mieux contre cette �trange accusation. Le Marquis raconte en m�me tempsnbsp;que Voltaire I�a oblig� beaucoup par la mani�re dont il en anbsp;us� envers �notre ami Pr�vost�. Un jour l�Abb� Pr�vost, quinbsp;d�apr�s M. d�Argens, est la candeur et la probit� m�mes, s�estnbsp;am�rement plaint des proc�d�s �d�un nomm� La Motte avec quinbsp;il avait travaill�. La Motte faisait ce qu�il pouvait pour d�toumernbsp;les libraires de lui donner du travail. L�Abb� a fait entendrenbsp;que si le Marquis pouvait lui laisser disposer de deux manuscrits,nbsp;il se ferait deux amis. Geluidei lui a remis le manuscrit du Fauxnbsp;Rabbin 2), que Pr�vost a donn� a Chatelain, et celui des Lettresnbsp;morales sur les diff�rents �tats des hommes et leurs diversesnbsp;occupations^), une esp�ce de morale dans le go�t de la Philo�nbsp;sophie du Bon Sens^), qui a �t� imprim�e par Le C�ne. Ennbsp;outre, M. d�Argens pendant son s�jour a Utrecht a recommand�nbsp;l�Abb�, �veritablement digne d�attention et de piti�, a Voltairenbsp;qui a parl� a son �diteur Ledet et celui#ci a charg� M. Pr�vostnbsp;de l�enti�re correction de tous les ouvrages du fameux auteur.nbsp;Les �diteurs d�Amsterdam ont re^u, d�ailleurs, avec plaisir lesnbsp;manuscrits du Marquis que l�Abb� leur a remis. M. Chatelain anbsp;�t� voir �c�r�monialement� le sieur Pr�vost pour le remerciernbsp;pour le Faux Rabbin et lui a demand� s�il ne pourrait luinbsp;procurer quelque ouvrage un peu consid�rable du m�me auteur:nbsp;c�est que M. Chatelain a d�ja plac� neuf cents exemplaires dunbsp;roman tandis qu�il l�a encore sous la presse. � L�Abb� Pr�vost,nbsp;�crit le Marquis a Marchand, s�int�resse beaucoup aux ouvragesnbsp;de son ami. II a eu le plaisir de lui dire que les M�moiresnbsp;secrets, qu�il a faits pour Desbordes �), ont beaucoup de succ�s.nbsp;On en a vendu d�ja 1100 exemplaires en Angleterre, ennbsp;Allemagne et en France, et le livre n�est pas encore imprim�

1) nbsp;nbsp;nbsp;Voir sur ce s�jour a Constantinople: Mile Johnston, Le Marquisnbsp;d�Argens, etc. p. 21.

2) nbsp;nbsp;nbsp;M�moires du Comte de Vax�res ou le Faux Rabbin, Amsterdam,nbsp;1737, in42�.

Lettres morales et critiques sur les diff�rents �tats et les diverseis' occupations des hommes, Amsterdam, Le C�ne, 1737, in=*8�.

La Philosophie du Bon Sens, ou R�flexions philosophiques sur l�Incer^ titude des connaissances humaines, � a l�usage des Cavaliers et du Beaunbsp;Sexe, Londres (La Haye, Moetjens) 1737, in='12�gt;.

0 M�moires secrets de la R�publique des Lettres, ou le Th�atre de la V�rit�, Amsterdam (Desbordes) 1737.

m�me. M. Marchand remercie son ami d�avoir aid� Ie pauvre Pr�vost et lui pardonne de lui avoir tu ce secret pendant troisnbsp;mois. Le bon Abb� �aurait besoin souvent de semblables �perons.nbsp;II est un peu culsjde^plomb ... II faut se pr�senter quand lanbsp;n�cessit� le demande�. M. Prosper continue: �On dit quenbsp;(Voltaire) va traduire et imprimer Newton, faire une histoirenbsp;de Louis XIV, r�imprimer tous ses ouvrages chang�s et refondus.nbsp;Que d�ouvrage! et cela en courant. Je doute fort que l�on puissenbsp;arriver a Tlmmortalit�, lorsqu�on y court ainsi a pas de g�ant etnbsp;en bottes de sept lieues�. La post�rit� a donn� tort a M. Marchand.

Les Lettres Juives ont �t� un grand succ�s. Fier et amus� en m�me temps, le Marquis d�Argens peut �crire a son aminbsp;Marchand qu�elles vont m�me en Afrique dans l�ile de Malthe.nbsp;Quelqu�un en a aussi envoy� des exemplaires a Rome et on lesnbsp;r�imprime �en terre papale�. Et a un certain moment M. Prospernbsp;�crit au Marquis qu�il doit �tre �content, archi^content, archis*nbsp;p�ripat�tis=content� du succ�s des Lettres. Le d�bit a oblig� Paupienbsp;de faire imprimer du tome V le double de ce qu�il imprimait,nbsp;c�est a dire au dela de deux mille exemplaires. On trouve unnbsp;t�moignage du bon accueil qu�ont trouv� les Lettres Juives aussinbsp;dans les lettres que Voltaire adresse a leur auteur. II manifestenbsp;a plusieur.�:^^ reprises dans sa correspondance combien il admire etnbsp;aime son �cher Isaac� et ses ouvrages. Nous ne r�p�terons pasnbsp;ici ce qu�il dit�-), mais nous citerons une preuve de son estimenbsp;tir�e d�une lettre du Marquis a Marchand. L�auteur des Lettresnbsp;Juives en avait envoy� a Voltaire en Lorraine les trois premiersnbsp;volumes en cadeau. Mais l�ami de la Marquise du Chatelet n�anbsp;pas voulu accepter le volume IV. Au contraire, lors de sonnbsp;voyage en Hollande, il a achet� neuf exemplaires complets desnbsp;Lettres, douze exemplaires de la Philosophie du Bon Sens qu�ilnbsp;a emport�s avec lui en Lorraine (car son voyage en Angleterrenbsp;dont on avait r�pandu le bruit � dit M. Boyer � est unenbsp;imagination ou plutot un leurre). D�apr�s ses lettres Voltairenbsp;aurait beaucoup aim� aller voir le Marquis d�Argens lors denbsp;son s�jour a Maestricht mais il n�a pas r�ussi a le rencontrer ^).

') Cf. les lettres de Voltaire, Edition Beuchot, t. 52 et 53, nos. 483, 498 (dans cette lettre V. park de la correction de ses ouvrages par l�Abb�nbsp;Pr�vost), 512, 516, 526, 530, 531, 566, 756, 873, 882.

Lorsqu�il y arriva en 1740, l�auteur des Lettres Juives avait d�ja quitt� les Pays^Bas.

Estxce que les relations affectueuses entre Prosper Marchand et M. d�Argens dont nous venons d�examiner la correspondance,nbsp;ont eu un caract�re permanent? Une lettre que l��diteur N�aulmenbsp;re^ut en 1753 du Marquis, qui �tait alors a Potsdam aupr�s dunbsp;roi de Prusse, prouve que M. d�Argens aimait encore a cettenbsp;date M. Paupie, �de tout son coeur� et autant que lorsqu�il faisaitnbsp;les Lettres /uives^).

Mais h�las! les relations avec M. Marchand n��taient pas rest�es jusqu�au bout aussi amicales qu�elles avaient �t� pendant Ie s�journbsp;de M. Boyer en Hollande. Dans la lettre que nous venons denbsp;citer, M. Ie Marquis demande a Jean N�aulme: �Que fait Ienbsp;bon Monsieur Marchand? vit�l encore? Est�l toujours fach�nbsp;contre moi? II a grand tort, car je vous jure que je n�ainbsp;jamais eu la moindre part a toutes les pi�ces que notre aminbsp;Paupie a mises dans Ie suppl�ment du sixi�me volume des Lettresnbsp;Cabalistiques; elles ont �t� imprim�es a mon insu. Vous saveznbsp;bien que j��tais en Allemagne lorsqu�elles parurent et l�amiti�nbsp;qui a toujours �t� entre Paupie et moi faisait que je Ie laissaisnbsp;Ie maitre de faire ce qu�il voulait sans m�en instruire�. Nousnbsp;trouvons quelques d�tails de cette brouille entre les deux amis �nbsp;dont l�un a �crit un jour: �Adieu Ie plus tendre, Ie meilleur etnbsp;Ie plus honn�te homme d�un si�cle qui en produit si peu�, �nbsp;dans une lettre conserv�e a Leyde. Les Lettres Cabalistiquesnbsp;avaient renferm� une critique des ouvrages du P�re Hardouinnbsp;qui avait soutenu la th�se �tonnante que les livres anciens, soitnbsp;grecs, soit latins, �taient des manuscrits faits apr�s coup parnbsp;des moines qui avaient emprunt� les noms des anciens auteursnbsp;et dans deux lignes a la fin de la Lettre Cabalistique on lisaitnbsp;que les J�suites avaient donn� les manuscrits de ce P�re a des

1) M. M. Kleerkooper et W. P. van Stockum Jr., De Boekhandel te Amsterdam voornamelijk in de 17e eeuw, �s Gravenhage, Nijhoff, 1914�1916,nbsp;pp. 473�474. Paupie a m�me rendu visite au Marquis lorsqu�il demeuraitnbsp;a Maestricht. Le libraire y resta un mois. II avait apport� des exemplairesnbsp;de YAnthCotton. C��tait un ouvrage de la main de Marchand: Histoirenbsp;critique de �Anti�^Cotton, satire compos�e par C�sar de Plaix, avocat (a lanbsp;suite de YHistoire admirable de dom Inigo de Guipuscoa) La Haye, 1738,nbsp;2 vol. ^12quot;.

*) Le Marquis d�Argens parle de cette th�se du P. Hardouin aussi dans la Lettre Juive no. 80 de l��dition de 1742.

libraires de Hollande. Le libraire Du Sauzet avait protest� contre la critique et contre l�assertion concernant les manuscrits, a quoinbsp;M. d�Argens avait r�pondu que ces deux derni�res lignes avaientnbsp;�t� ajout�es a son insu. Comme tout le monde savait que Prospernbsp;Marchand avait �t� charg� de la correction des Cabalistiques, onnbsp;a d� croire que c��tait lui qui les avait intercal�es. C��tait une erreur,nbsp;car Paupie et Marchand �taient brouill�s depuis quelque tempsnbsp;et le dernier ne corrigeait plus ni la Nouvelle Biblioth�que dunbsp;libraire ni les Lettres Cabalistiques. Lors de son s�jour a Maes=nbsp;tricht Paupie n�avait pas parl� de leur brouille a M. d�Argens.nbsp;Mais celui^ci n�aurait pas d� d�cliner la responsabilit� pour lenbsp;contenu de la Lettre Cabalistique. II proteste dans la lettre ennbsp;question de son amiti� pour M. Marchand, mais probablementnbsp;les anciennes relations n�ont plus �t� reprises, surtout paree quenbsp;le Marquis d�Argens avait d�ja quitt� nos provinces a cenbsp;momentda.

La collection d�autographes r�unie par Alexander baron Schimmelpenninck van der Oye (1839�1918), actuellement auxnbsp;archives de Zutphen (Hollande), contient quelques in�dits denbsp;Lamennais qui contribuent a mettre en lumi�re l�influence qu�ilnbsp;a exerc�e a l��tranger, R�cemment encore on a signal� Ie r�lenbsp;qu�il joue dans la formation des id��s de Groen van Prinsterer,nbsp;qui sera un jour Ie leader des calvinistes n�erlandais 0- Nousnbsp;trouvons ici des lettres qui Ie montrent dans ses rapports avecnbsp;TAllemagne; nous y ajoutons quelques billets et un brefnbsp;commentaire.

La premi�re se rapporte a VEssai, et a ses relations avec Yamlt;f bassadeur et ministre pl�nipotentiaire d�Autriche, Ie comte denbsp;Senfft de Pilsach (1774�1853), et avec l�attach� d�ambassade,nbsp;de Kaiserfeld. Le premier devait se montrer en 1824, lors dunbsp;retour de Rome de Lamennais, un protecteur �clair� au momentnbsp;o� le Prince de Croij, archev�que de Rouen, grand aum�niernbsp;de France, le prie de quitter l�h�tel de la Grandes=Aum�nerienbsp;o� Feli �tait descendu chez son fr�re Jean^). Max de Kaiserfeldnbsp;avait fait une traduction partielle de VEssai^') que l�Ami denbsp;la Religion et du Roi avait annonc�e dans son num�ro du 24nbsp;juin 1820^).

En attendant que le P. F. Dupont, S. J. nous donne la correspondance Lamennais^Senfft, actuellement aux archives dunbsp;Coll�ge des J�suites d�Innsbruck, nous reproduisons ici la lettrenbsp;a von Kaiserfeld; la publication du P. Dupont pr�vue d�snbsp;1923 �) nous apportera sans aucun doute encore des renseignes=nbsp;ments importants sur leurs rapports.

1) nbsp;nbsp;nbsp;T. Versluys, Lamennais et Groen van Prinsterer dans Neophilolosus,nbsp;XVII. no. 1, p. 8�17.

2) nbsp;nbsp;nbsp;Cp. CEuvres in�dites de F�licit� de Lamennais, p. p. A. Blaize. Paris,nbsp;E. Dentu, 1866. II, p. 23.

3) nbsp;nbsp;nbsp;Max. V. Kaiserfeld, Lamennais, Versuch �ber die Gleichg�ltigkeit innbsp;Religionssachen. I. Theil des I. Bandes ... Paris, 1820. Titre donn� parnbsp;Dr. Liselotte Ahrens, Lamennais und Deutschland. M�nster, Helios�*Verlag,nbsp;1930, p. 129. Cp. F. Duine, Essai de bibliographie de F. R. de la Mennais.nbsp;Paris, Gamier, 1923, p. 101.

Chr. Mar�chal, La dispute de l'�Essai sur l�Indiff�rence�. Paris, Champion, 1925, p. 76.

�gt;') V. L. Ahrens, o. c., p. 127 et F. Duine, o. c., p. 112. Pour le moment le livre de Mile Ahrens, p. 127�172, est la source la plus compl�te surnbsp;leurs rapports.

126

Agr�ez, Monsieur, mes remercimens et de votre souvenir et du beau pr�sent que vous voulez bien me faire. L�un et I�autrenbsp;me flattent infiniment. En essayant de montrer la v�rit� auxnbsp;Fran9ais, je n�ai eu d�autre m�rite qu�un peu de z�le, heureuxnbsp;de consacrer tons mes momens a la d�fense des doctrines horsnbsp;desquelles il n�y a ni paix, ni bonheur, ni m�me de vie, pournbsp;1�homme comme pour les peuples. Puissent mes faibles producenbsp;tions embellies par votre talent, contribuer a affermir et anbsp;r�pandre ces saintes doctrines en Allemagne! Puisse la v�rit�,nbsp;toujouTs ancienne et toujours nouvelle, germer dans cette terrenbsp;antique et qui n�a pas perdu sa vigueur, puisqu�elle produit desnbsp;hommes tels que vousl

Agr�ez, Monsieur, I�expression de mon attachement le plus sinc�re et de mes plus respectueux sentimens

La publication de I�Avenir (du 16 oct. 1830 au 15 nov. 1831) �veille partout un int�r�t consid�rable: en Belgique les chefsnbsp;du mouvement antilt;�hollandais, De Potter et De M�rode, ynbsp;collaborent; une �dition sp�ciale parait a Louvain; en Irlandenbsp;O�Connell y puise des forces i); en Allemagne le groupe denbsp;romantiques qui essaie de faire p�n�trer le catholicisme dans lanbsp;vie politique, parlementaire et sociale, est attir� par la figure denbsp;Lamennais. D�est a Munich qu�il lit son Esquisse d�une PhUnbsp;losophie le 12 ao�t 1832; c�est la qu�il con^oit le projet de fondernbsp;une revue destin�e a remplacer l�Avenir et qu�il revolt le 30nbsp;ao�t 1832 1�encyclique Mirari l^os, a laquelle il se soumet.

Goerres, Dcellinger, Clemens Brentano, tout Ie groupe'de la TablesRonde de Munich, romantique, mystique, et en m�menbsp;temps d�une activit� politique, philosophique et �germanique�

R. Vall�ry^Radot, Lamennais ou le pr�tre malgr� lui dans la Revue hebdomadaire du 10 oct. 1931, p. 173.

considerable ^), comptait parmi ses membres le baron Ernest Moy de Sons (1799�1867) a qui la lettre qui suit est adress�e.

Son p�re s��tait �tabli, lors de I�Emigration, a Munich; devenu marchand, celuhci avait acquis une certaine fortune et s��taitnbsp;consacr� a l��ducation de son fils Ernest qui se convertit a unenbsp;foi plus profonde apr�s la lecture du philosophe Saint^Martin.nbsp;Ernest sera professeur a l�Universit� de Wurzbourg, publiera unnbsp;trait� sur la th�orie canonique du mariage, Die Ehe und dienbsp;Stellung dex katholischen Kivche in Deutschland xiicksichtlichnbsp;dieses Punktes ihrer Disziplin (1830) et fondera VAvchiv fUrnbsp;katholisches Kixchenxecht (1857). Lamennais se loue de I�accueilnbsp;que lui fait Moy, qui parait avoir �t� sp�cialement affect�nbsp;au service de renseignements pour les disciples et partisansnbsp;francais voyageant en Allemagne; c�est lui qui signale a Lamennaisnbsp;la singuli�re conduite de Doellinger dans l�affaire du manuscritnbsp;de son Essai d�une Philosophies^.

Au milieu de l�activit� inlassable de Lamennais pour r�pandre ses id��s par la presse � 1�Avenir, et le Correspondant etnbsp;la Revue euvop�ennne qui s�en rapprochent �, il songe a fairenbsp;connaitre les id��s allemandes en France, comme il projette denbsp;fonder une CEuvre des �tudes allemandes afin de guider desnbsp;jeunes Francais en Allemagne¹ ²). Moy est la personne toutenbsp;d�sign�e pour ces entreprises.

La lettre que nous publions ici in extenso a �t� r�sum�e dans la Revue d�Autogxaphes, et la m�me indication a �t� reproduitenbsp;par Anatole Feug�re �). Tous deux rel�vent les pro jets denbsp;rAvenir sans mentionner le troisi�me paragraphe de la lettre.nbsp;Ici le coll�ge de Juilly est sans doute �l��tablissement� vis�.nbsp;Lamennais, voyant que sa Congr�gation de Saint^Pierre doit se

1) nbsp;nbsp;nbsp;G. Goyau, L�Allemagne religieuse. Paris, Perrin et Cie, 1905�1908.nbsp;5 vol. T. II, I. II, ch. V, p. 56�116.

2) nbsp;nbsp;nbsp;V. Goyau, l.c., II, p. 98, n. 3 et 102, n. 2; L. Ahrens, l.c., p. 85�87;nbsp;Sainte^'Foy, Souvenirs de Jeunesse. Paris, Perrin, 1911, p. 239 et 254.nbsp;A. F. Rio, Epilogue de l'art chr�tien. Paris, V. Retaux, 1892. I, p. 364,nbsp;lui donne le titre de baron.

Revue d�Autographes, d�c. 1894, no. 157, p. 12; A. Feug�re L avant l�Essai sur l�Indiff�rence, Paris, Bloud, 1906, p. 329. Je remercie M. Jeannbsp;Bonnerot de la recherche qu�il a faite pour pr�ciser le num�ro de la Revuenbsp;d' Autographes.

charger des hautes �tudes des futurs pr�tres et que La Ch�naie n�y suffit pas, trouve en l�abb� de Scorbiac et en l�abb� de Salinisnbsp;des auxiliaires qui rel�vent Ie coll�ge de Jullly de ses ruinesinbsp;et qui s�affilient a sa Congr�gation au cours de l�ann�e scolairenbsp;1829�1830� Lamennais et Gerbet y font des conf�rences etnbsp;leurs �l�ves occupent les chaires principales i).

Dans l�absence de M. l�abb� Gerbet, je r�ponds. Monsieur, a la lettre que vous lui avez �crite Ie 27 8bre. � Je vous remercienbsp;en son nom et en celui de tous les r�dacteurs de l�Avenir denbsp;l�int�r�t que vous prenez a leurs travaux. Nous esp�rons commenbsp;vous qu�ils produiront quelque bien, quoiqu�il y ait encorenbsp;beaucoup de pr�jug�s a vaincre, et de profonde apathie anbsp;surmonter.

Nous sommes tr�s flat�s de la coop�ration que vous voulez bien nous promettre, et qui sera extr�mement pr�cieuse sous tousnbsp;les rapports. II importe peu que les articles que vous nousnbsp;enverrez regardent l�Allemagne ou l�Angleterre, pourvu que vousnbsp;les jugiez utiles � et convenables pour des lecteurs franpis.

M. Gerbet ne tardera pas, je pense, a revenir a Paris. Ce sera un vrai plaisir pour lui de faire la connaissance personnelle denbsp;M. Greulh *). L��tablissement dont il nous avait parl� subsistenbsp;toujours et continuera de subsister, sa dur�e ne d�pendantnbsp;d�aucunes circonstances ni d�aucun lieu. Je prends done la libert�nbsp;de solliciter de vous de nouveau Ie genre de concours dontnbsp;M. Gerbet vous a parl� pr�c�demment.

La difficult� des temps m�oblige a vous prier de suspendre les envois de livres allemands. Nous aurons plus tard recoursnbsp;a votre obligeance a eet �gard; mais en ce moment il faut pourlt;*nbsp;voir a des d�penses plus press�es et plus imp�rieuses.

0 Abb� de Ladoue, Monseigneur Gerbet Sa Vie, ses CEuvres et l��cole tnenaisienne. Paris, Librairie Saint^Joseph, I, p. 93, cp. G. Weill, Histoirenbsp;du catholicisme lib�ral en France. Paris, Alcan, 1909, p. 64�65.

�) Je ne trouve rien sur M. Greulh, dont M. C. Mar�chal ignore �galement l�existence.

des sentimens tr�s affectueux avec lesquels j�ai l�honneur d��tre� Monsieur, votre tr�s humble et ob�iss* serviteur

Nous ajoutons a ce qui pr�c�de un re^u de la main de Lamennais de Ia m�me collection d�autographes ; il pourra �trenbsp;utile a quelqu�un qui, s�inspirant d�une observation tr�s justenbsp;de M. Louis Barthou ^), voudra �tudier de pr�s les affairesnbsp;financi�res de Lamennais.

Celuis^ci a toujours voulu r�pandre ses ceuvres parmi Ie peuple au moyen d��ditions populaires et m�me de distributions gra;�nbsp;tuites; Ie tailleur Dessoliaire est l�homme de confiance qu�ilnbsp;entretient a plusieurs reprises de ses pro jets *). D�s 1841 onnbsp;trouve les Paroles dans une �dition de 75 centimes, une autrenbsp;de 50 centimes en 1851, d�apr�s la Bibliographie de Lorenz; ilnbsp;donne des editions illustr�es des Paroles, du Livre dunbsp;Peuple, etc. 0-

La maison Sagnier et Bray a publi� Ie Guide de la Jeunesse; elle donne encore l�Imitation avec R�flexions et la Journ�e dunbsp;Chr�tien d�apr�s l�Extrait du Catalogue de cette firme pournbsp;1857 5). Comme la Bibliographie si soigneusement �tablie parnbsp;M. Duine n�apporte pas des pr�cisions sur les rapports de L.nbsp;avec elle, il faut supposer qu�il s�agit ici d�un relev� et d�unnbsp;solde de compte se rapportant a ses �ditions populairesnbsp;d�opuscules.

1) nbsp;nbsp;nbsp;Elle confient encore un accus� de r�ception d�un paquet d�pos� aunbsp;nom de M. Pilat Ie 24 mars 1838. Sur Pikt v. Ahrens, /. c., 172, 189, 212.

2) nbsp;nbsp;nbsp;Louis Barthou, Lamennais et J.=B. de Saint-Victor dans Revue desnbsp;deux Mondes, Ier nov. 1923, p. 166. Les embarras financiers pourraientnbsp;vraiment inspirer un pendant aux Splendeurs et Mis�res de M. denbsp;Chateaubriand de M. Maurice Levaillant.

Je remercie Mile Emma Dronkers, biblioth�caire de la Vereeniging ter Bevordering van de Belangen des Boekhandels, a Amsterdam, de ce ren�*nbsp;seignement. Sur Ie Guide du premier age (1828) et ses avatars qui en fontnbsp;enfin Ie Guide de la Jeunesse, v. Duine, i. v.

III.

J�ai re9U de MM. Sagnier et Bray la somme de quatre cent cinquante neuf francs soixante deux centimes, pour solde denbsp;la vente faite pour mon compte jusqu�au 31 mars dernier, suivantnbsp;le compte qu�ils m�en ont remis.

Je n�ai pas r�ussi a identifier le distinataire du billet suivant, qui date de 1847 d�apr�s la note manuscrite. Les disciples anglaisnbsp;de Lamennais ont �t� nombreux; d�s le d�but de son installationnbsp;a Malestroit, nous trouvons la mention d�une conversion d�unnbsp;jeune Anglais i).

IV.

Tu peux, mon enfant, venir quand tu voudras! Si je suis sourd, tu en seras quitte pour me parler un peu plus haut.

C. de Ladoue, o. c., I, p. 86, 87. J�ajoute qu�Oswald Murray n�appar* tient pas a la familie Murray, �diteurs de la Quarterly Review, qui anbsp;contenu bien des fois des articles sur Lamennais, entre autres en 1848.nbsp;Sir John Murray, actuellement un des �diteurs de cette revue, a eu I�oblis*nbsp;geance de me confirmer ce d�tail.

En mi conferencia en el XIV Congreso de Fil�logos Neer^ landeses (abril 1931), resumida en los �Handelingen� (_pag.nbsp;43�45), en la cual trat� de las relaciones entre el holand�s y elnbsp;espafiol, llegu� a la conclusion de que despu�s o al lado delnbsp;lenguaje maritimo el argot espafiol y hasta el cal� (la lengua denbsp;los gitanos de Espana) presentan los vestigios holandeses masnbsp;numerosos. Ahora � julio de 1932 � prefiero expresarme ennbsp;los siguientes t�rminos; durante las fuertes conmociones eco#nbsp;n�micas, politicas y militares a fines de la Edad Media, losnbsp;gitanos han suministrado muchas palabras a los idiomas denbsp;Europa occidental, a veces despu�s de haberlas tornado de unonbsp;de ellos, tratandose no s�lo de �Lehnw�rter� sino tambi�n denbsp;�Lehn�bersetzungen�. El mismo fen�meno, por lo demas, vienenbsp;repiti�ndose hasta en nuestros dias.

Para el estudio de estos intercambios del siglo XVI es de mucha importancia el que podemos observarunafuertesemejanzanbsp;entre el lenguaje gitano del siglo XVI y el del siglo XX, lo quenbsp;se evidencia por una comparaci�n del �Glossaire tsigane dunbsp;seizi�me si�cle� (Journal of the Gypsy Lore Society, Oct. 1910)nbsp;apuntado en Groninga antes de 15701) y del llamado cal� moderno.

La posici�n social de los gitanos, antes y ahora, explica bastante que dichas palabras en su mayor parte se limitan a losnbsp;terrenos de �Wein, Weib und Gesang�, juerga, caza, vagancia,nbsp;crimen, etc. Como ejemplos doy aquf las siguientes que lanbsp;mayoria se citaron ya en los susodichos �Handelingen�: esp.nbsp;aupa, neerl. hop; cal� bedar, bedelar, neerl. bedelen; esp. brindis,nbsp;al. bring dir �s o ant. flam, brincdis; cal� casto (carcel), neerl.nbsp;delincuente kast; cal� chol� (caza), flam, tjol�e (en el pueblo denbsp;Louwe, v�ase De Bo); esp. chula, flam, tjoeleke (Ren� denbsp;Clercq); esp. esturrear, neerl. storen; esp. del. gao (pueblo, casa)nbsp;neerl. gouw; cal� goZar, gole (gritar, voz), neerl. golen; esp. pop.nbsp;lapo (golpe), neerl. del. lap; esp. palmotear, ant. flam. (Kiliaen)nbsp;palmotten, plammoten; esp. pop. penco (caballo y puta in;�nbsp;feriores), neerl. bink; esp. pimplar, neerl. pimpelen; esp. piojo,nbsp;neerl. del. y mil. piote(rtje)s; esp. polevi, flam, pollevy; esp. puta,nbsp;neerl. dial, poete (v�ase J. v. Ginneken, Handboek der Ned. Taalnbsp;II, 111); cal� singa, neerl. zingen; esp. pop. tirar de la veta

(cohabitar), neerl. pop. van leer trekken; esp. trapalear, neerl. trappelen; esp. velicomen, ant. neerl. wellecomen.

Hay sin embargo tres palabras que merecen un estudio detenido, por cuya raz�n las elegi como titulo de este trabajo.

Picaro como derivado de fr. picard (habitante de Picardia) no me satisface a pesar del articulo de A. R. Nykl (Revue Hisp.nbsp;LXXVII, 1929) y la aprobaci�n de algunos ling�istas. El quenbsp;se citen algunos � muy pocos � ejemplos de tal cambio denbsp;acento, no quita que los espanoles parecen haber poseido unnbsp;oido agudo en cuanto a la acentuaci�n y otras particularidadesnbsp;de palabras extranjeras y basta germanicas. Citar� algunas pala^nbsp;bras holandesas que mi amigo el Dr. Joh. Brouwer (La Haya)nbsp;encontr� en Bernardino de Mendoza, Coloma, Alonso Vazquez,nbsp;Verdugo y otros que en su calidad de militares o hist�ricosnbsp;escribieron diarios y memorias de las guerras de Flandes:nbsp;baili�, neerl. baljuw; buca, neerl. boefc(wijt); buter, neerl. boter,nbsp;butertmelecar, neerl. dial, boterdemelk; (fiestas) caramesias,nbsp;neerl. dial, kerremis; crommestevens, neerl. kromstevens; dalard,nbsp;neerl. daalder; Dartinavont, neerl. dial, dartienavond (Reyes);nbsp;demuir, neerl. dunbier; estrange, neerl. strandje; felibote, neerl.nbsp;vlieboot; frabute, neerl. vrijbuiter; gritanias, neerl. grietenij;nbsp;huma (hume) ganga, neerl. ommegang; jera (hacer buena �),nbsp;neerl. goede chier maken; springstock, neerl. springstok; water*nbsp;land, neerl. waterland; ysvaguen, neerl. ijswagen. Entre losnbsp;nombres geograficos neerlandeses, numerosisimos tambi�n en lasnbsp;obras estudiadas por el Sr. Brouwer, abundan los que dannbsp;testimonio de la esmerada reproducci�n de aquellos autores.nbsp;Por esta raz�n opino que picaro, si no viene del arabe, tienenbsp;SU origen en flam, picker (pickaert) con las acepciones denbsp;�picapedrero; segador; ladr�n, ratero;� ya en el �Middelneder^nbsp;landsch Woordenboek� de Verdam se cita s. v. el esp. picaro.nbsp;Dadas las intimas relaciones entre Flandes y Espana desde finesnbsp;del siglo XV, i por qu� no habian de ir a Espana muchosnbsp;flamencos, victimas de los cambios econ�micos en su tierra, anbsp;ganarse la vida de cualquier manera, al principio como ganapanes?nbsp;No habran tar dado en bajar mas la escala social basta llegarnbsp;al rango de los parias, andrajosos y gitanos^).

El Dr. Brouwer me llama la atenci�n sobre esta frase de Alonso Vazquez: �muchachos flamencos y valones que sirven de mochileros anbsp;los soldados espanoles en Flandes�.

Y la voz de flamenco nos ensena el mismo camino. El Dice, de la Acad. enumera entre las diversas acepciones: �3. dicesenbsp;de lo andaluz que tiende a hacerse agitanado, cante, arte, tiponbsp;flamenco; 4. achulado; 6. Puerto Rico: delgado, flaco; 8. And.nbsp;y Arg. cuchillo de Flandes�. Habran sido flamencos de bajanbsp;estofa los que tan poco se distinguian en Espana de los gitanos,nbsp;que SU nombre pudo aplicarse tambi�n a �stos. Ya en la orde�gt;nbsp;nanza de Medina del Campo (1499) se habla de �Egypeianos ynbsp;caldereros extranjeros�; seg�n G. Borrow (The Gypsies of Spain,nbsp;pag. 11) eran calabreses, per o en vista de la significaci�n denbsp;�cuchillo de Flandes� (en Andalucia y Argentina) y el hecho denbsp;que en Santa Marta de los tres flamencos que fueron expulsadosnbsp;(en 1606) uno era espadero, t por qu� no pueden haber sidonbsp;flamencos? Se llam� este flamenco de Santa Marta Juan elnbsp;Pechelin^) y este nombre nos lleva a la tercera palabra.

O mejor dicho al tercer gtupo de palabras. Pues es indudable que las grafias pechilingue, pichelingue, pechelingue, pichilingue,nbsp;pichilinge, pitchilingues con el significado de �corsario, ladr�n,nbsp;holand�s� son variantes de una sola palabra, lo mismo que lasnbsp;formas pecheUn (1606), pechelinga (1622), picilingue (1652) quenbsp;el P. Eeuwens (loc. cit.) encontr� en los documentos publicadosnbsp;por Miss Irene A. Wright y que tienen la misma significaci�n.nbsp;Pero t se puede asegurar lo mismo del mejicano pichilinga (=nbsp;chiquita) y de pichiUn en �un ochabo pichilin� (F. Rodrigueznbsp;Marin, Cantos pop. esp. I, 221)? El mismo Rodriguez Marinnbsp;escribe: �pichilin, de chico, chiquita; de este chiquitin, chiquilin,nbsp;chipilin, y de este ultimo por metatesis pichilin� (obr. cit. notanbsp;pag. 340). Esta etimologia parece bien probada; un solo ejemplonbsp;quiero citar por ser de suma importancia como origen posiblenbsp;de apodos insultantes y es que en el lenguaje inf an til de Argens*nbsp;tina pichilin se dice del miembro viril (Victor Borda, Textenbsp;aus den La Plata=Gebieten, Leipzig 1923). Giro Bayo en sunbsp;Manual del lenguaje criollo de Centro y Sudam�rica (Madridnbsp;1931) dice s. v. Pichelingue: �Piche y pichin son voces que desdenbsp;M�xico hasta Chile significan �poco� �pequeno� �un pitoche�,nbsp;etc., como se ve en el Vocabulario de Molina y Febres. �nbsp;Moneda pe o pichelinga era la de cobre de infimo precio; y hubo

V�ase P. A. Eeuwens O. P. �Wat zijn Frejelindes en Frechlingas ?� (West^Indische Gids, Diciembre 1931).

unos corsarios �pichelingues� asi llamados porque pirateaban al menudeo, es decir, asaltando de uno en uno los buques quenbsp;venian descuidados de las Indias�. En efecto se menciona variasnbsp;veces en documentos de Sevilla de 1640 moneda pechelinguenbsp;en el sentido de moneda inferior o depreciada ^).

No hace mucho mi compatriota el Dr. R. v. d. Meulen se ha ocupado dos veces de esta palabra en �Mededeelingen der Kkl.nbsp;Akad. V. Wetenschappen, afd. Lettk. Dl. 71, Serie A num. 2nbsp;(�Over een woord voor Hollanders in Spaansche Archivalia�,nbsp;Amsterdam 1932), �Mededeelingen etc. Dl. 73, serie A num. 2nbsp;(�Nogmaals over een woord voor Hollanders in Spaansche Ar^nbsp;chivalia�, Amsterdam 1932). En su primer trabajo trat� de lasnbsp;palabras Ftejelindes y Frechlingas de los documentos espanolesnbsp;en que fueron recogidos los testimonios de marineros espanolesnbsp;en La Habana ante el fiscal de S. M. despu�s de lo sucedido connbsp;la llamada �Zilvervloot� en 1628; estos documentos se publicaronnbsp;en Piet Heyn en de Zilvervloot. Bescheiden uit Nederlandschenbsp;en Spaansche archieven bijeen verzameld en uitgegeven doornbsp;S. P. l'Honor� Naber en Irene A. Wright (Utrecht 1928). Pornbsp;entonces el Dr. v. d. Meulen ignor� por complete la palabranbsp;pechelingue, etc. (habia oido de una forma perchilingues sinnbsp;indicar donde se encontr�) y se puso a demostrar que/re/ehndesnbsp;y frechlingas eran derivaciones del flam. Bruggelingen (habitantesnbsp;de Brujas). Este trabajo muy ingenioso fu� combatido pornbsp;varios investigadores y con los nuevos materiales, alegados pornbsp;�stos, explic� el Sr. v. d. Meulen en su segundo articulo qu�nbsp;no Bruggelingen sino Vlissingen (puerto de Zelanda) fu� puntonbsp;de origen de aquellas dos palabras espanolas y tambi�n delnbsp;grupo pechelingue, etc. En su conjunto este articulo hace lanbsp;impresi�n de ser completo y definitivo, pero en todos los casosnbsp;donde en textos espanoles Vlissingen parece ser mencionado,nbsp;es cierto que se refieren a la ciudad y no a sus habitantes y lonbsp;mismo ocurre en el material colegido por el Dr. Brouwer, dondenbsp;se encuentran al lado de las grafias Pechelingas y Pechilingasnbsp;del Derrotero de 1588 (Tomo II de �Archivo Hist�rico Espanol,nbsp;Madrid 1930, pag. 168�169): Vlissingen, Flisingue, Flesinga,nbsp;Freselinga. La lista de nombres geograficos en �Tesoro de lasnbsp;dos lenguas espanola y francesa� (de Oudin) que da: �Flessingue,

Ville de Z�lande, Flesingue ou Pecilingasquot;, data de 1660 y pudiera reproducir la contaminaci�n ya arraigada y en todo casonbsp;no da la grafia que por entonces ya estaba generalizada en lanbsp;literatura (Lope de Vega, Tirso de Molina, Jeronimo Barrionuevo),nbsp;la con ch de pechilingue, etc. en el sentido de �holand�s, corsario�.nbsp;Es �ste el momento de senalar un error algo grotesco que elnbsp;Sr. V. d. Meulen ha cometido en la explicaci�n de un pasaje denbsp;Tirso de Molina Amazonas en las Indias (Esc. VII, Jorn. 3):

(donde son sus mercaderes escoUo de toda bolsa,nbsp;sus coches nuestros bajeles,nbsp;que en cualquiera tienda encallan,nbsp;y sus ninfas holandeses).

Es claro que no hay cuesti�n de ninfas de Holanda (holandeses), sino de las muchachas en la calle Mayor quenbsp;se comportan como holandeses, es decir, como corsarios.

En vista de las dificultades ya indicadas no me parece superfluo buscar una etimologia del nombre de personasnbsp;pichelingue, etc., aunque no es imposible que �ste se hayanbsp;mezclado con el variante vasco del nombre geografico espanolnbsp;de Vlissingen. En �Handelingen van het XIV Ndl. Philologen^nbsp;congres� propuse la etimologia: esp. pichel sufijo neerl.nbsp;(l)ing; pichel (Dice. Acad.) es bajo latin picarium y bicariumnbsp;(ingl. pitcher, base. pitcherra); �masc. vaso alto y redondo,nbsp;ordinariamente de estano, algo mas ancho del suelo que denbsp;la boca y con su tapa engoznada en el remate del asa�, lonbsp;que resulta un retrato aut�ntico del llamado �klep� o neerl.nbsp;bierpul (jarro de cerveza). En las novelas argentinas henbsp;encontrado la palabra varias veces en el sentido de vasija denbsp;aguardiente. El que los soldados y marineros espanoles hayannbsp;conocido en los Paises Bajos el sufijo ^(l)ing es tan probablenbsp;como es cierto que poetas populares de Holanda como Breeronbsp;(siglo XVII) y Speenhof! (siglo XX) han sabido emplearnbsp;sufijos y sonidos espanoles y el c�mico holand�s Buziau imitanbsp;de manera magistral la intonaci�n de los botijeros espanolesnbsp;que con sus borricos han pasado por Holanda estos �ltimosnbsp;veranos. Ahora bien, para los espanoles una de las parti#

cularidades mas prominentes de los flamencos, holandeses, alemanes, etc. era su intemperancia en el beber, de modo quenbsp;�bebedores, borrachos� era un invectivo muy a prop�sito. Estanbsp;formaci�n capriciosa se habra olvidado pronto y asi la palabranbsp;pudo ser nombre para los holandeses y su cualidad mas odiosa,nbsp;la de la pirateria; y perdi� hasta este sabor desagradable com�nbsp;se ve en pasajes de los �Avisos� de Barrionuevo (1654��56),nbsp;quien lo emplea de los holandeses, cuando junto con los espa^nbsp;noles combaten a los ingleses. i) La significaci�n desfavorablenbsp;qued� en portugu�s, p. ej. el Dice, contemporaneo da linguanbsp;portugueza de B. del Castelbranco (1881) da: �sust. masc. (pop)nbsp;amigo do alheio, ratoneiro, larapio, ladrao� y anade �de esp.nbsp;pichelingue�.

Esta etimologia la propuse en abril de 1931; despu�s me ha ocurrido otra. Bonilla y San Martin (loc. cit.) escribi� en susnbsp;conclusiones sub C: �En America y en Espana se denominaronnbsp;pechelingues o pitchelingues a ciertos corsarios europeos (printsnbsp;cipalmente ingleses) que, desde �ltimos del siglo XVI, teniannbsp;SU principal albergue en un puerto de la Bahia de la Paz (ennbsp;la parte s. de la California baja) puerta que, por esta raz�n,nbsp;se llam� mas adelante de los Pitchelingues . ...� Y he aquinbsp;que G. Borrow^), uno de los mas geniales gitanos o conoce^nbsp;dores de gitanos, cuenta que un importante tribu de los �gypsies�nbsp;de Inglaterra se llaman los petulengres (�the Smiths�), apellidonbsp;que ocurre tambi�n en otros paises y a veces como nombrenbsp;de los gitanos en general. Es de notar que en espanol delincuentenbsp;pechul significa �hombre�.

1. nbsp;nbsp;nbsp;que flamenco (habitante de Flandes) tiene a la vez acepj�nbsp;ci�n de gitano o agitanado;

2. nbsp;nbsp;nbsp;que picaro (tipo de infinia categoria social y de modalesnbsp;traviesos y bribones) probablemente es de origen flamenco;

3. nbsp;nbsp;nbsp;que la voz de pichilingue (pechelingue, pechelin, etc.) comonbsp;nombre de persona o adjetivo realment no ha sido aclarada;

4. nbsp;nbsp;nbsp;que el flamenco Juan el Pechelin, de Santa Marta, fu� unnbsp;herrero;

*) Citado por M. Herrero Garda, Ideas de los espanoles en el siglo XVII, pag. 467�71.

5. que pechilingua (moneda de vell�n de poco valor) se halla en documentos del siglo XVI, es decir, antes de que Vlis#nbsp;singen como puerto de los rebeldes pudo cobrar fama;nbsp;estoy dispuesto a ver el origen de la familia pechelinguenbsp;en la palabra gitana petulingve. En cal� un �herrador� (blacks*nbsp;smith) es petalav�, cal� petal, petul es �herradura�; por esonbsp;es probable que la palabra gitana citada por Borrow hayanbsp;pasado por bocas germanicas y quizas inglesas (que pronunciabannbsp;la t con aspiraci�n) antes de llegar a la forma con ch denbsp;pechilingue y pechul. ^)

Con esta etimologia tendria tambi�n una explicaci�n nada violenta la moneda pechilingua.

1) De la antig�edad de pechul no s� nada, la encontr� en L. Besse, Dkc. de Argot espanol, Barcelona (s. a.).

Cuando estaba corrigiendo las pruebas, se public� un articulo del Prof. Dr. Jac. van Ginneken sobre �Flandes y flamencos = piratas de la Lexnbsp;Salica� (Onze Taaltuin, febrero 1933, Rotterdam).

En les dues �ltimes edicions del REW de Meyer^L�bke no hi trobem registrat el mot olanda ,classe de tela� que ha tingutnbsp;forta vitalitat en el domini de les llengues de la penisula iberica.

Du Cange registra el mot Holanda cap a la mitat del segle XlII�; Aleydis quondam uxor domini Joannis de Avennis,nbsp;Tutrix Hollandiae et Zelandiae. a. 1261, article Tutor.

�s cosa sabuda que les mercaderies han pr�s, molt sovint, el nom dels paisos, o de les localitats d�on procedeixen. Aquest fetnbsp;�s singularment frequent amb els noms d�estofes. Les brusselesnbsp;,puntes de Brusseles� s�n conegudes par tot arreu: el domas �snbsp;un testimoni fefaent de les fortes relacions que un dia hi hagu�nbsp;entre la ciutat de Damasc i les ciutats del Mediterrani occidental.nbsp;Les teles provivents de la ciutat d�Arras han donat el nom alnbsp;catala ras, que ja compareix al segle Xll� en el domini catala, inbsp;que tamb� compareix en el domini del castella: raso. El catalanbsp;piteu �s el nom d�un teixit de liana de color blavosa i moltnbsp;groixut, que es fabrica en la localitat pirinenca de Sant Lloren?nbsp;dels Piteus. I aquesta localitat deu el nom a teixidors francesosnbsp;que, fa alguns segles es trasladaren des de Poitiers a la localitatnbsp;pirinenca de Sant Lloren? dels Morunys, ve�na de Berga.

Entre els multiples mots, amb els mes diversos significats que la paraula catalanus ha creat, cal comptat^hi el picard catalen,nbsp;catelon ,manta de llana�, el qual compareix tamb� en els parlarsnbsp;franco^proven^als i en els dialectes de la Su�ssa francesanbsp;(L. Gauchat, Catalogue, Miscelanea Alcover). Hi ha tamb� elnbsp;nom donat a una classe de ceramica la majolica provinent del nomnbsp;de la major de les illes Balears MAJORICA (REWquot;2, 5248).

Entre els diferents noms d�estofes provinents de l�estranger molt coneguts en l�Edat mitja, i fins als nostros temps anbsp;Catalunya, hi figure el nom holanda, tela fina de Hi, blanque^�nbsp;jada, i a la pla na, que serveix per a llen^ols, robes d�us interior.nbsp;Sembla que el nom li ve de la proced�ncia del fil que s�hi emplea�nbsp;(Pons, Vocahulari de les industries textils, BDC, IV, 111). A1nbsp;segle XV� aquesta roba era ben coneguda a Catalunya: ,Item unnbsp;tros de olanda grossa, circa una cana� (a. 1447, Butll. de la Soc.nbsp;Arque. LuL, VII, 448); ,olanda lencs. lintheum menapium� {Die.nbsp;Nebrissa, ed. 1502). Tamb� compareix el mot olanda sensenbsp;significat en el Thesaurus de P. Torra, ed. de 1633. ,Holanda:

tela d�Holanda; Holanda. Carbassus Hollandicus (^Dicc. catalan= castellano=latino de Esteve Bellvitges). Encara avui a Mallorca esnbsp;empraprada la tela coneguda per holanda:

Dintre els llensolets d'holanda, li somreya fa pocs diesnbsp;lo fillet de lo seu cor

El mot holanda compareix tamb� en castella i significa: ,lienzo muy fino de que se hacen camisas, sabanas y otras cosas�. Tamb�nbsp;son conegudes en castella les lagrimas de Holanda ,pedazo denbsp;cristal� i la fierra de Holanda ,lugar o casa donde hay opulencianbsp;y abundancia y se piensa mas en regalarse que en otra cosa�.

El portugu�s coneix tamb� el mot holanda ,tecido de linho, muito fino e fechado que se fabrica en Hollanda (Figueiredo,nbsp;Novo Diccionario).

I fins i tot �s possible que el vase olana ,lona� sigui tamb� un provinent d�Holanda.

Capmany en ses Memovias, vol. IV, ap. 4, 52, ss. dona un estat dels noms i de les classes de difents mercaderies estrangeres, tantnbsp;de llenceria com de merceria i quincalleria, que entraven a Cata:^nbsp;lunya en els segles XV�, XVI� i XVII�, estrets de les tarifesnbsp;que van establir les Corts, des de 148s fins al 1632.

Ambrunais, Brabante, Bellrepar, Burg blanqueado. Burg angosto, Flansiac, Mornay, Olanda fina, Olanda comun. Nonbsp;dubtem que la hvuneta roba molt usual en I�Edat mitjana, quenbsp;compareix en tots el inventaris catalana, �s un provinent d�Am^�nbsp;brunais. En els capitols X i XI de les corts de Mon9�, de I�anynbsp;1547, s�estableix la tarifa de les segiients classes de teles: Aynaosnbsp;de Alemania, Aynaos de Flandes, olandas finas, olandas medianas,nbsp;olandas bastas, olandas y lienzos de Gante. I en la tarifa delnbsp;mateix any i de les mateixes corts, citada un poc mes avail, esnbsp;fa esment de cintas de hilo cano de Flandes, medias de Ostende,nbsp;bancales de Flandes, camelotes de Flandes i tamb� xammaxaus,nbsp;segurament provinent de Saint Maixent. I en la tarifa de I�anynbsp;1576, fol. 172 del susdit volum es citen: brabantes blancos, bragt;lt;nbsp;bantes crudos, olada blanca cruda para jubones.

La llista de les tarifes per a I�entrada de robes i g�neres estrangers, establerta en 1636, i impresa en casa de Gabriel

Nogu�s en el mateix any, d�na una s�rie important de merca=* deries provinents de Flandes: bayetas de Flandes, buratines denbsp;Flandes, rasos de seda � hilo de Venecia, o de Flandes ... sar^nbsp;guiletes negros o de colores de lana y lino de Flandes o de otranbsp;parte, bretanetas a modo de olandas lianas (a. 1636), olandasnbsp;blancas (pag. 1), olandillas crudas oajizas y pardas (pag. 1).

Sembla que, des del comen9 de l�Edat mitja. Tart textil va desenrrotllar^se extraordinariament a Flandes. Sandero en Flandresnbsp;Illustr. (cap. I, 126) diu que Balduin comte de Flandes vanbsp;introdu�r els primiers teixidors en aquest pais en l�any 983.

Les relacions d�aquest pais amb Catalunya serien ben primer renques. Els Catalans en 1389 ja tenien una llotja a Bruges. I elnbsp;corner^ de Barcelona amb aquesta terra era ja molt anterior, totanbsp;vegada que Jaume Vilaseca en 1299 vivia a Dortdrech, on tenianbsp;una casa de gir i de canvi (Ib., 129). I en el segle XV� elsnbsp;Catalans tenien en les ciutats de Flandes els seus factors i comis^nbsp;saris (Ib., 132).

Capmany, Memovias, IV, (164�166) fa esment d�un docu�gt; ment de 1389, segons el qual, el rei Joan I concedeix al corner?nbsp;de Barcelona el privilegi de qu�, tres mesos abans que les galeresnbsp;parteixin cap a Flandes fins a un mes despr�s de la seva partida,nbsp;ningu ni amb galera pr�pia, o estranya, pugui trametre a Flandes,nbsp;a no ser que les naus anessen carregades, sota la pena de pagarnbsp;nolits aquestes mercaderies: specie grossa e menuda, totes sucres,nbsp;pols de sucres, safra, brasils, laques, indi?, encens, cot� filat,nbsp;datils, fastucs, mastech, ammela, effor, comi, bat�s e falua.

Sgomberiamo la nostra mente, per quanto possibile, da ogni acquisita cognizione storicodetteraria e poniamoci a considerarenbsp;i tre sonetti che seguono nelle identiche condizioni d�un osser^^nbsp;vatore dinanzi ad un quadro, per cui l�armonia costruttrice dellenbsp;parti e Ie tonalita dei colori, a prescindere da ogni significatonbsp;contenutistico, possono suggerire un�impressione d�insieme ednbsp;una sintetica visione priv� di ogni sopraggiunta impalcatura ednbsp;interpolazione dottrinaria.

Guido, vorrei che tu e Lapo ed io Fossimo presi per incantamentonbsp;E messi ad un vascel, ch�ad ogni ventonbsp;Per mare andasse a voler vostro e mio;

E monna Vanna e monna Bice poi Con quella ch�� sul numero del trentanbsp;Con noi ponesse il buono incantatore:

Poesia dettata da uno stato di grazia proprio dell�artefice che crea. Distaccati dal mondo ci sentiamo trasportati in un� atmoslt;*nbsp;fera d�incanto. L�immenso, l�infinito spazio � d�intorno a noi enbsp;sulle acque dell�azzurro oceano ci lasciamo cullare, spinti dallenbsp;ali stesse del nostro desio.

L�armonia che nasce dalla successione delle immagini e Ie movenze e i ritmi della poesia creano in noi un armonico statonbsp;d�animo per cui v�� adesione perfetta della nostra anima connbsp;quella del poeta in un nostalgico abbandono, in un acquietamentonbsp;del nostro essere col mondo esterno.

Come entro breve quadrato di spazio gli antichi alluminatori sapevano contenere tutto l�oceano, cosi � nel breve sonettonbsp;l�immenso mare. Ma se piccolo � il vascello, non lato, non capace,

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sminuito non � esso di fronte all�infinito spazio perch� lo sentiamo governato da una volonta che sovrasta Ie forze stessenbsp;della natura. Una sola la volonta dei tre amici perch� � perfettanbsp;l�armonia in loro: comunione di vita che si prolunga nel temponbsp;in un� esaltazione dell�amicizia.

La visione acquista in grazia, s�arricchisce di nuovi elementii ci sorride la serena bellezza di tre donzelle. Al conforto dellVnbsp;amicizia segue la felicita dell�amore. L�incanto � completo. Va ilnbsp;vascello, spinto da un volere solo, sulle deserte acque dell�#nbsp;oceano; porta fra cielo e mare Ie tre coppie felici d�una felicitanbsp;etema, quale ci viene suggerita dal verso che nel suo ritmonbsp;stesso sembra prolungarsi nello spazio e nel tempo: �e quivinbsp;ragionar sempre d�amore�.

Un sorriso sereno, smaliziato � sulle labbra d�ognuno, a cui piace risponder noi, conquisi, con altro sorriso.

Viso adombrava un verde ramoscello Che i capei d�or cingea, al qual di fuorinbsp;E dentro insieme i due vaghi colorinbsp;Avvolgeva un soave venticello.

V�� un ritmo di danza, di balletto. Richiama la canzone a ballo. � tutto pervaso il sonetto da un senso di vita, di gioia.nbsp;Siedono Ie tre angiolette, � vero, ma non � statica la composi#nbsp;zione. Gia che quell� �intorno ad una fonte� ci fa sentire enbsp;intravedere a guisa di composizione centrale, un movimentonbsp;circolare. Potremmo immaginare intomo alia fonte ed allenbsp;donzelle un rondo di amorini. II tempo cadenzato, leggermentenbsp;niosso di tutta la composizione � accentuato dal soave venticello

che accarezza Ie bionde chiome delle tre angiolette e scherza fra Ie verdi foglie del ramoscello. In ombra pone esso i visi bellinbsp;a riparo dal sole, che non ricordato dal poeta � pur li chenbsp;indora e infiamma la natura. � poesia meridiana, pervasa dinbsp;luce, di palpiti di vita. Senso di vita vissuta, senz�ombra dinbsp;infingimenti e finzioni � nella domanda che l�una fanciulla volgenbsp;alle altre, delle quali non ignora la risposta. Uno scoppiettio dinbsp;risa maliziosette c�invita a godere la vita, a gioire dell�amore.

Solo e pensoso i pi� deserti campi vo mesurando a passi tardi e lenti;nbsp;e gli occhi porto, per fuggire, intend,nbsp;ove vestigio uman l�arena stampi.

Altro schermo non trovo che mi scampi dal manifesto accorger de Ie genti;nbsp;perch� negli atti d�allegrezza spentinbsp;di fuor si legge com�io dentro avvampi:

si ch�io mi credo omai che mond e piagge � fiume e selve sappian di che temprenbsp;sia la mia vita, ch�� celata altrui.

Vasto, immense il senso della solitudine. Una tristezza infinita avviluppa la nostra anima. Sentiamo la presenza d�un uomo,nbsp;dell�uomo colla sua tragedia interiore. � il tema d�una fuga,nbsp;ma lenta, tarda, faticosa. V�� un comandamento imperioso chenbsp;raffrena la passione traboccante.

La natura � presente come dramads persona. � invocata parte# cipe al proprio tormento. � rifugio e conforto. Impera innbsp;essa natura la signoria d�Amore. � spirito questo che ha presonbsp;forma. � sustanzia della sua sustanzia, del poeta. II finto collo#nbsp;quio si muta in un soliloquio. � un a solo prof ondo: un gridonbsp;dell�anima.

Volutamente ho posto i tre sonetd senza indicazione di nome. Un nome � un orientamento. O lo pu� essere, lo deve anzinbsp;essere per chi faccia opera di storico e di critico. Un nome �

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sintesi di vita e perdo d�arte. Sintesi di epoche. Saggeremo I�opera senza richiamo di tempo, che tanto, si dice, il tempo �nbsp;ricostruzione nostra subbiettiva? Ma non sara effettivamentenbsp;una delimitazione alle possibilita costruttive del nostro spirito?

Quale il processo da seguire? Tempo, vita, opere. O non piuttosto: opere, (meglio: opera) vita, tempo? Cercar I�uomonbsp;nell�opera; ritrovare nell�espressione estetica tutti gli elementinbsp;psicologici che ci permettano di ricostruire la personalita del�nnbsp;artista. E indugiarsi nel tempo in commistione coll�opera stessa,nbsp;non perch� aprioristicamente si debba riconoscere nell�opera unanbsp;naturale derivazione, ma perch� utile apporto culturale, che puonbsp;rispondere ad una esigenza dello spirito. Chi sopratutto fa operanbsp;d�insegnamento da una qualsiasi cattedra deve mirare, � mianbsp;convinzione, a questa fusione dei tre indirizzi storico, psicologico,nbsp;estetico, che tutti effettivamente ebbero ed hanno la loro funzione.

I nomi sono di tre sommi: Dante, Boccaccio, Petrarca, non ricordati apposta nell�ordine cronologico per im intento dimostra^nbsp;tivo. Corre quasi un secolo fra la nascita dell�Alighieri e lanbsp;morte del Boccaccio. Pure quegli era ancora in vita quando ebbenbsp;questi i suoi natali. Si avvicinano cosi nel tempo.

Eppure quale divario � fra il sonetto di Dante e quello del Boccaccio. Son due mondi diversi. Diversa la concezione, I�intimanbsp;struttura dei due componimenti. � in quello di Dante il sensonbsp;dell�infinito. V�� I�incantesimo, la magia. La credenza forse nellenbsp;virtu divinatorie del Mago Merlino? Il senso dell�infinito �nbsp;proprio del poeta. Come non ricordare Leopardi? Ma chi mainbsp;I�ebbe come Dante nella sua �mirab�e visione�? Visione � purenbsp;il sonetto d�amicizia e d�amore: �Guido, vorrei ecc.� chenbsp;dinanzi ci spalanca I�infinita azzurra immensita del mare. Innbsp;armonia perfetta colla mirabile primavera di Firenze, fervidanbsp;d�arte e di poesia, ci appare Dante nel fulgore della sua giovi#nbsp;nezza fatta di canti e di amori.

Dottrine d�amore occupavan le menti di Dante e dei poeti suoi contemporanei, dottrine che s�immedesimavano colla grazianbsp;� la gentilezza dei cuori e degli animi. V�� diffusa nel temponbsp;un�intelligenza d�amore, di cui son giunti e son noti a noi inbsp;lineamenti, che ci permettono di intuire tutta la riposta bellezzanbsp;dei ragionamenti d�amore delle tre coppie d�amanti viste dallanbsp;fervida fantasia del poeta e concretate in un gioiello d�arte.

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navigate verso mete lontane, indefinite, irraggiungibili in una serena bellezza fatta tutta di grazia e di letizia.

Circoscritto � lo spazio nel sonetto del Boccaccio. Perno � la fonte. In tondo le tre donne. A guisa di corona sta il verdenbsp;ramoscello. L�aria vi spira d�intorno. Abbiamo il senso dellonbsp;spazio proprio all�arte del Rinascimento. E nello spazio � ilnbsp;moto. Come deliziosamente scherza quel soave venticello! V��nbsp;armonia di colori. Non la presentiamo I�arte del Botticelli?nbsp;L�evidenza realistica � accresciuta dalle parole del poeta: �com�ionbsp;udii�. Ciancian le tre donzelle, narrano i loro amori, le loronbsp;avventure. Quanti e con quale incomparabile arte. Il senso d�unanbsp;vita piena, vissuta � qui nel sonetto, come nel suo capolavoro.nbsp;V�� la stessa grazia narrativa e concezione di vita. � lo stessonbsp;Boccaccio che alia vita sorride ed eleva un inno, annunziatorenbsp;d�un �epoca nuova.

Fusione intima, comunione vera del poeta con la natura � nel sonetto del Petrarca. I tre element! dominant! nel Canzonierenbsp;del poeta: I�io, la natura e I�amore son qui fusi in un�interiorenbsp;imita ed acquista il sonetto, pur anco nella forma, una strutturanbsp;compatta e solida. Balza fuori I�uomo moderno colle sue passion!nbsp;e le sue inquietudini. Non piu giovan gli amori di schermo anbsp;riparo dell�amore, come in Dante, ma s�impone la fuga daglinbsp;uomini. Non piu la chiesa con i fedeli testimoni di come sinbsp;strugga il cuor di Dante, ma il tempio della natura araccoglierenbsp;nella sua solitudine i pianti e i sospiri del poeta.

Ragionano d�amore le donzelle e gli amadori di Dante. Di troppa dottrina ci par d�udire intessuti i loro discorsi, � vero,,nbsp;ma quanta grazia e dignita nei loro gesti e nelle loro voci.

Le tre ipotetiche coppie d�amanti che I�arte del Boccaccio evoca alia mente del lettore, non in ragionamenti d�amore si dilettano,nbsp;ma a coglier della vita e dell�amore, noi lo sappiamo, il fruttonbsp;sapido in trilli di gioia e suono di baci.

Una realta vissuta e non mera fantasia � invece nel Petrarca. Ragiona ancor egli, � vero, d�amore e con I�Amore, ma �nbsp;ragionamento che manca di serenita e di quella qual certa austeritanbsp;che deriva dalla dottrina; manca dell�impeto di vita che echeggianbsp;con senso di gaudio nei canti del quattrocento, ma � soliloquio,,

Ecco come nei tre sonetti dei tre sommi poeti, che un secolo racchiudono di vita e di storia letteraria, ammirate, ed appenanbsp;sfiorate, Ie bellezze intrinseche proprie ad ognuno, noi vinbsp;potemmo scorgere la natura intima dei singoli poeti ed accostatinbsp;nelle loro affinita e disparita trarre potemmo derivazioni atte adnbsp;illustrare aspetti propri del tempo. Assecondiamo ora il nostronbsp;spirito nella innata tendenza a coordinare e sintetizzare e in unanbsp;maggiore unita armonica ci appariranno i tre sonetti, documentonbsp;di vita e segnalazione storica.

Le GETA est un po�me latin de 530 vers, �crit aux environs de 1150�1160 par un clerc nomm� Vital, originaire de Blois ounbsp;y ayant habit�. Ce po�me, qui appartient au genre qu�on a appel�nbsp;les comoediae elegiacae, mais qui n�est pas une pi�ce de th�atre,nbsp;encore qu�il ne soit pas d�nu� de qualit�s sc�niques, doit �trenbsp;consid�r�, semblext^il, comme une sorte de monologue drama#nbsp;tique, destin� a �tre r�cit� et mim� par un diseur habile, anbsp;l�occasion de quelque f�te scolaire. II reprend, en le d�formantnbsp;beaucoup, le sujet de VAmphitryon de Plaute. Le GETA,nbsp;extr�mement c�l�bre pendant tout le moyen age et m�me aunbsp;d�but du 16e si�cle, comme l�atteste le tr�s grand nombre desnbsp;manuscrits conserv�s, est ensuite compl�tement tomb� dans l�oublinbsp;et n�en a �t� exhum� qu�au 19e si�cle, o� les �rudits s�en sontnbsp;occup�s et en ont donn� entre 1830 et 1850 plusieurs �ditionsnbsp;sans grande valeur critique. Depuis, ce po�me n�avait plus �t�nbsp;r�imprim�, jusqu�a l�an dernier o� nous en avons nous#m�menbsp;procur� une �dition avec notice, traduction et notes, dans unnbsp;corpus publi�, a l�instigation et sous la direction de M. G. Cohen,nbsp;professeur a la Sorbonne, par une �quipe de professeurs, et quinbsp;r�unit quinze textes, de m�me nature, semble#t#il, d��poquesnbsp;voisines, et peut#�tre aussi n�s dans la m�me r�gion; certainsnbsp;d�entre eux �taient in�dits, et la plupart de ceux qui avaient d�janbsp;�t� imprim�s avaient �t� mal �dit�s, dans des recueils qu�il �taitnbsp;parfois difficile de trouver; en tout cas, ces po�mes, dont lenbsp;rapprochement est fort int�ressant et suggestif, n�avaient jamaisnbsp;�t� group�s en un tout^).

L�effort des �diteurs a port� tout particuli�rement, dans ce corpus, sur l��tablissement d�un texte digne d�une �dition critique.nbsp;Cela n�est pas all� sans difficult�s pour ceux de ces po�mes

1) La �com�die� latine en France au Xlle si�cle, textes publi�s sous Ia direction et avec une introduction de Gustave Cohen, Professeur a lanbsp;Facult� des Lettres de l�Universit� de Paris. Textes �tablis et traduits parnbsp;Marcel Abraham, Robert Baschet, Andr� Cordier, Alphonse Dain, Eug�nenbsp;Evesque, Marcel Girard, Etienne Guilhou, Maurice Janets, Edmond Lacken#nbsp;bacher, Henri Laye, Paul Maury, Jean Mouton, Marcel Wintzweiler,nbsp;Ouvrage couronn� par 1�Acad�mie des Inscriptions et Belles-Lettres; Paris,nbsp;Soci�t� d��ditions �Les Belles-Lettres�, 1931, 2 vol., in�S�. Pour plus denbsp;d�tails sur l�auteur, le sujet, les sources du GETA et sur la nature denbsp;ce po�me, cf. la Notice en t�te de notre �dition, op. cit, t. I, pp. 3�32.

connus par de nombreux manuscrits, et notamment pour Ie GETA, Ie plus c�l�bre de tous.

Nous avons pu, en effet, dresser dans notre Notice une liste de plus de 45 manuscrits de ce texte, dispers�s dans un grandnbsp;nombre de biblioth�ques a travers toute l�Europe et dont quelques^nbsp;uns n�avaient jamais �t� signal�s jusqu�ici. L��tude d�taill�e anbsp;laquelle nous nous sommes livr� de beaucoup de ces manuscrits,nbsp;que nous avons consult�s directement ou sur photographies, etnbsp;les renseignements descriptifs ou les �l�ments de datation quenbsp;nous nous sommes procur�s sur les autres, nous ont amen� anbsp;prendre pour base de notre �dition sept d�entre eux, les plusnbsp;anciens ^), dont nous avons relev� les variantes dans notre appa#nbsp;reil critique. Pour �tablir le texte, nous avons eu a r�soudrenbsp;quelques petits probl�mes, mais aucun qui ait paru insoluble,nbsp;sauf un qui s�est pos� a propos d�un passage que nous avonsnbsp;longtemps consid�r� comme un locus desperatus. C�est pr�cis�#nbsp;ment de cette difficult� que nous voudrions parler ici, en mon^nbsp;trant par quelle suite de raisonnements nous sommes arriv� anbsp;lui donner une solution, que nous croyons bonne naturellement,nbsp;mais qui ne s�impose pas de fagon irr�futable. Nous n�avonsnbsp;pu nous �tendre sur ce sujet dans notre �dition, dont ni les notes,nbsp;ni I�appareil critique ne comportaient un expos� d�taill�.

Nous ne pr�tendons d�ailleurs en aucune fagon donner une le9on de m�thode critique. Nous n�avons que 1�ambition beaucoupnbsp;plus modeste d�apporter un exemple de plus a I�appui d�une r�gienbsp;de prudence que ne doivent jamais oublier les �diteurs d�unnbsp;texte ancien: c�est qu�il faut se m�fier des corrections qui rens*nbsp;draient plus claire ou plus correcte la le^on obscure ou surprenantenbsp;des manuscrits; par surcroit, nous aurons fourni, si nous avonsnbsp;raisonn� juste, une attestation nouvelle d�un mot latin biennbsp;rarement employ�.

Au vers 331 de notre po�me commence un portrait du per^ sonnage principal, Geta. Ce portrait est amen� de la fa^on sui^nbsp;van te: Jupiter, qui a pris l�apparence d�Amphitryon absent, estnbsp;dans Ia chambre d�Alcm�ne. Mercure, qui s�appelle ici Archas,nbsp;surveille la porte pour que personne ne vienne d�ranger sonnbsp;p�re au milieu de ses exploits amoureux. Pour ne pas �veiller les

Voir, pour tout ce qui concerne les manuscrits et l��tablissement du texte, notre Notice, op. cit, pp. 20�27.

soup9ons d�Alcm�ne, Ie dieu au caduc�e a emprunt� les traits du valet d�Amphitryon, Geta, qui a accompagn� son maitre aunbsp;loin. Or, Ie vrai Geta � envoy� en avant par Ie v�ritable Amphi^nbsp;tryon pour annoncer que celuisgt;ci est sur Ie chemin du retour etnbsp;se hate vers sa demeure � se pr�sente a la porte. II y trouvenbsp;Archas et nous avons ici, entre Ie faux esclave et Ie vrai, la sc�nenbsp;que n�ont pas manqu� de reprendre, depuis Plaute, tous lesnbsp;auteurs qui ont trait� Ie m�me sujet. Elle se d�veloppe ainsi dansnbsp;notre texte: Geta, abasourdi de rencontrer un homme qui pr�tendnbsp;�tre lui^m�me et qui effectivement lui ressemble trait pour trait,nbsp;essaie d�abord de p�n�trer dans la maison malgr� 1�oppositionnbsp;d�Archas; ni ses menaces, ni ses ruses, ni m�me une tentativenbsp;pour passer de force, n�aboutissent. Alors, �pouvant� autant quenbsp;stup�fait, il supplie son antagoniste de se d�crire lui^m�me minu^nbsp;tieusement, �car je suis terriblement inquiet, ajoute^tsil, de savoirnbsp;si quelqu�un, hors moi, peut �tre moi�. Et Archas de d�taillernbsp;complaisamment un portrait peu flatteur et peu engageant:

�Je suis afflig� partout, dit^il d�abord, d�une noirceur inou�e et d�go�tante et mes membres ont tous la m�me couleur: je suisnbsp;pareil aux Ethiopiens, ou aux enfants de l�Inde. Une gale �temellenbsp;crevasse ma noire peau ...� ^). Puis il pr�cise les caract�ristiquesnbsp;peu attirantes de son physique: il d�crit sa t�te (front, joues,nbsp;menton), son cou, ses �paules, son ventre, ses cuisses. Arriv�nbsp;la, et avant d�en venir a ses pieds (qui ne sont pas plus �l�gantsnbsp;que Ie reste), il parle de ses parties sexuelles avec une impudeurnbsp;grossi�re qui ne choquait personne au moyen age. Nous citonsnbsp;Ie passage entier en latin, car, plus facilement que Ie francais,nbsp;�Ie latin, dans les mots, brave l�honn�tet�:

Zonaque nulla potest hunc castigare tumorem Cum pane absortis dum tumet aluus aquis:

Deest spatium lateri, deest renibus. Hispida crura Sunt mihi que scabies ut sua regna tenet,

Tibia curta mihi sed grossa pedesque recurui Ut pedibus solea nulla sit apta meis ^).

Le texte de la plupart de ces vers ne pr�sentait pas de difficult�s et a pu �tre rapidement �tabli, les le9ons des manuscrits �tantnbsp;a peu pr�s concordantes; mals pour les deux vers 347 et 348 aunbsp;contraire, leur sens g�n�ral peu satisfaisant et la pr�sence au versnbsp;348 d�un mot singulier et qui inspire la m�fiance, nous ont amen�nbsp;a nous demander si nous n�avions pas affaire a un passage coronbsp;rompu. Et c�est a propos de ce distique (que avons soulign�nbsp;cbdessus) que s�est pos� le petit probl�me d��tablissement denbsp;texte auquel nous avons fait allusion au d�but de eet article.

Les sept manuscrits dont nous nous sommes servi pour notre �dition sont unis entre eux par des rapports que le stemmanbsp;suivant fait ressortir:

Les le9ons de A, qui est d�ailleurs le plus ancien et sans doute le meilleur de nos manuscrits, ont autant de valeur que celles denbsp;tout le groupe B C D E F G, et ce sont elles que nous avons ennbsp;r�gie g�n�rale adopt�es^). Pour les deux vers 347�348 elles nous

M. Edmond Faral, dans un compte rendu de la �Com�d/e� latine en France au Xlle si�cle, a contest� la l�gitimit� de notre classementnbsp;des manuscrits utilises. �Cinq des po�mes publi�s ici, diWl, se trouventnbsp;contenus dans des manuscrits assez nombreux. II serait trop long denbsp;discuter les classements que les �diteurs ont propos�s de ces manuscrits.

que la tradition a �t� ramen�e: ph�nom�ne maintenant bien connu, et que M. Joseph B�dier a �t� le premier a signaler. C�est une circonstance quinbsp;rend suspecte l�exactitude des classements. En g�n�ral. les auteurs desnbsp;pr�sentes �ditions n�ont pas suffisamment justifi� leurs conclusions. Ils ontnbsp;uniquement fond� leur division des manuscrits en families sur les ressem*�nbsp;blances que celles^ci pouvaient pr�senter. Ils ont perdu de vue que ce

imposaient Ie texte que nous avons cit� plus haut. Ma�s ce texte est assez difficilement compr�hensible et il n�est gu�re commodenbsp;d�en faire un mot a mot pr�cis et satisfaisant. Pour que la phrasenbsp;pr�sente un sens admissible, il faut donner aux mots une signi#nbsp;fication assez inhabituelle, ce qui n�emp�che pas toutefois l�en^nbsp;semble de rester (on nous permettra de ne pas insister!) asseznbsp;surprenant. Par ailleurs Ie mot muto, dans Ie sens de mentulanbsp;qu�il fallait lui donner ici, n�est attest� que par des exemplesnbsp;tr�s rares et sans grande autorit� peut#�tre^). Devant les diffi#nbsp;cult�s que pr�sentait ce passage, nous fumes tout naturellementnbsp;amen� a nous demander s�il n�y avait pas la une corruption de lanbsp;r�daction primitive. Le texte du vers 347 s��tablit sans peine.nbsp;Pour le vers 348, nos manuscrits (qui sont tous de la secondenbsp;qui constitue la parent� des traditions, th�oriquement et pratiquement, cenbsp;sont les fautes communes et seulement ces fautes. Aussi reste^Wl beaucoupnbsp;de difficult�s a r�soudre pour qui s�engagera a son tour dans l�examen desnbsp;probl�mes relatifs a ce sujet. Tel �diteur s�est bien rendu compte desnbsp;objections que provoquait le �stemma� dress� par ses soins: les critiquesnbsp;fort justes qu�il s�est lui^m�me adress�es (t. I, p. 25�26) auraient d� lui fairenbsp;abandonner l�id�e d�une classification qui, dans l��tablissement du texte, nenbsp;pouvait qu�engendrer Terreur.� {Revue critique d'Histoire et de Litt�rature,nbsp;D�cembre 1931, p. 534).

Nous sentons fort bien la valeur des arguments donn�s par M. Faral; et nous ne pr�tendons point que notre classement soit indiscutable. Mais, apr�snbsp;Tavoir �tabli avec le plus de soin qu�il nous a �t� possible, travail quinbsp;nous a demand� beaucoup de temps et de r�flexion, nous restons persuad�nbsp;qu�il est le seul acceptable � �tant tout pr�t d�ailleurs a y renoncer le journbsp;o� on nous en fera voir la fausset�. Nous ajouterons simplement lesnbsp;remarques suivantes: 1�.: La d�monstration bien connue de M. Joseph B�diernbsp;a laquelle M. Faral fait allusionnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;prouve, ennbsp;nbsp;nbsp;nbsp;effet, combien ilnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fautnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;se m�fier

des classements qui ram�nent les nbsp;nbsp;nbsp;manuscritsnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;a deux families:nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;elk ne prouve

pas que jamais un classement en deux families ne puisse �tre juste, ni (surtout!) que tout autre classement alt plus de chances d��trenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vrai;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2^.; nous

sommes parti, pour grouper nos nbsp;nbsp;nbsp;manuscrits,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;des fautes communesnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;(qui sont

des ressemblances, elks aussi); ayant ainsi utilis� la m�thode que M. Faral rappelk avec raison �tre la seuk valabk, nous ne nous sommes pas crunbsp;interdit de signaler en outre ks autres ressemblances nettes qui confirmentnbsp;un classement que ks fautes communes indiquaient mais �taient trop peunbsp;nombreuses pour imposer d�cisivement; 3�.: ks critiques que nous nousnbsp;sommes nous=�m�me adress�es p. 25�26 (car c�est de nous qu�il s�agit) etnbsp;que M. Faral trouve fort justes, ne pouvaient nous faire abandonner notrenbsp;classement, puisque pr�cis�ment nous ks avons �nonc�es pour montrernbsp;comment nous pensions pouvoir y r�pondre de fa9on satisfaisante. Nous nenbsp;croyons done pas que notre classement engendre forc�ment Terreur.

^) Voir ks dictionnaires de Freund, Forcellini, Gesnerus, K. E. Georges et k dictionnaire �tymologique de la langue latine de MM. A. Ernout etnbsp;A. Meillet (Paris, Klincksieck, 1932, gr. in 8quot;).

moiti� du 12e si�cle ou du d�but du 13e et que je cite dans Tordre approximatif d�anciennet�) donnent:

ce qui impose pour les deux premiers mots: Ad curtum (et non cerium, car apr�s ad nous devons avoir un adjectif et non unnbsp;adverbe). Quant au troisi�me mot, quel est^il? Muto, nous ditnbsp;Ie manuscrit A. Les autres Ie contredisentsgt;ils? Avec uenter Ienbsp;distique off re un sens satisfaisant; mais pr�cis�ment uenter semblenbsp;a �liminer, car, �tant donn� l�ordre des vers suivi par tous lesnbsp;manuscrits, une allusion au ventre en g�n�ral n�est nullementnbsp;a sa place ici, et se rattache mal a l�ensemble, alors qu�on a d� janbsp;parl� du ventre plus haut, puis qu�on est descendu aux cuisses,nbsp;avant de parler du genou, des jambes et des pieds; ce retour ennbsp;arri�re serait singulier. II est tr�s probable que uenter est unnbsp;arrangement, ou bien tir� du sens g�n�ral des vers 341�346 (Ienbsp;mot se trouve d�ja au vers 341) par un copiste qui ne comprenaitnbsp;pas bien muto, ou bien �pudoris causa�; il est encore possiblenbsp;que uenter soit un mot tir� d�une glose marginale indiquant qu�ilnbsp;s�agissait de la r�gion du ventre (ou du bass*ventre) dans cesnbsp;deux vers obscurs. Restent les autres termes: priapus n�a d�autrenbsp;valeur que de nous confirmer dans l�id�e qu�il �tait ici questionnbsp;des parties sexuelles, Ie copiste ayant d�lib�r�ment substitu� unnbsp;mot courant a un mot peu connu; membrum n�est sans doute quenbsp;la lectio facilior ou peut^�tre la glose de mentum, et l�on peutnbsp;admettre que cette derni�re legon d�rive de muto. II est donenbsp;vraisemblable que l�arch�type de tous nos manuscrits �talait,nbsp;a ce vers 348, quelque �norme grossi�ret� qui fait songer, parnbsp;exemple, a ce vase antique dont parle Winkelmann ^), et sur lesnbsp;flancs duquel sont repr�sent�s Jupiter portant sur les �paulesnbsp;une �chelle a travers les barreaux de laquelle est pass�e sa t�te,nbsp;et derri�re lui Mercure qui a un long priape attach� a sa

CEuvres compl�tes, t. I, Histoire de l�Art chez les Anciens, trad. de l�allemand, Paris, H. J. Jansen, An II de la R�publique, p. 303.

ceinture. Et cette grossi�ret�, il nous semble bien que c��tait Ie mot muto qui l�exprimait dans eet arch�type. C�est, en effet,nbsp;la le9on du meilleur et du plus ancien des manuscrits quinbsp;nous restent, et, surtout, s�il est facile d�imaginer que desnbsp;copistes aient pu substituer un autre mot a ce mot peu courant,nbsp;on ne comprend gu�re, par contre, pourquoi on aurait substitu�nbsp;muto a un terme parfaitement clair comme, par exemple,nbsp;membtum.

Mais ne pouvaife*il pas s��tre gliss� une erreur dans Tarch�type, et muto n�auraitsiil pas pris la place d�un autre mot qui feraitnbsp;disparaitre, si nous Ie retrouvions, les difficult�s que pr�sentenbsp;Ie distique? Nous fumes confirm� dans cette hypoth�se parnbsp;l�avis de notre coll�gue, M. L�on Herrmann, professeur anbsp;rUniversit� libre de Bruxelles, qui, consult� par nous, nousnbsp;proposa une ing�nieuse correction, a charge pour nous d�ennbsp;�tudier la vraisemblance. Muto �tant peu satisfaisant, il s�agissaitnbsp;de savoir quel mot il avait remplac�; ce ne pouvait �tre, en raison

stantif ou un adverbe; on pouvait songer a nutans ou, mieux, a tuio, et Ton pouvait d�s lors lire I�ensemble d�une fa^onnbsp;satisfaisante a condition de transposer les vers 347�348 apr�snbsp;le vers 344, transposition que rendait acceptable la correspondancenbsp;dum tumet, dum colligit. On obtenait ainsi le texte suivant:

Sic tumeo uentre quod dicor ydropicus esse, 341 Et stomacus paruum nescit habere modum; 342nbsp;Zonaque nulla potest hunc castigare tumorem 343nbsp;Cum pane absortis dum tumet aluus aquis;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;344

�Mais, lorsque, par de fr�quents hoquets il me met en col�re, mon ventre se tend, en toute s�curit� (cf. castigate au vers 343)

Cependant, quelque s�duisante qu�apparut cette correction, nous n�eussions pas �t� tent� de I�admettre si la pal�ographienbsp;et la critique du texte n�avaient paru fournir des arguments ennbsp;sa faveur. En effet, le vers �ad curtum tuto tenditur usque genu�nbsp;pr�sente une s�rie frappante d�allit�rations; or l�allit�ration est

un proc�d� bien connu dont les po�tes latins du 12e si�cle (et particuli�rement dans les comoediae elegiacae) usent avec unenbsp;fr�quence lassante. D�autre part, et c�est la l�important, cettenbsp;r�daction est une occasion de faute^y, on a pu �crire en effet:nbsp;ad curfufo, abr�viation fautive de ad curt� tuto, texte exact;nbsp;plus tard un copiste intelligent, s�apercevant qu�un pied manquaitnbsp;et voulant garder ufo, a pu r�tablir ainsi Ie texte: ad cmtumnbsp;muto, pensant que la faute avait �t� la confusion des m, alorsnbsp;qu�en r�alit� c��tait celle des t. On aurait ainsi Ie texte de Farch�.#nbsp;type d�o� sortent tous nos manuscrits, tandis qu�avec tuto Ienbsp;distique forme une phrase sans sujet exprim�, qui, plac�e apr�snbsp;les vers 343�344, en compl�terait fort bien Ie sens, aluusnbsp;devenant Ie sujet commun des deux phrases; d�autant que lesnbsp;vers 349�350 semblent mieux plac�s apr�s 346.

Mais comment expliquer, si l�on admet que tel �tait l�ordre primitif, que les vers 347�348 aient �t� d�plac�s ult�rieurementnbsp;pour �tre mis la o� nous les lisons aujourd�hui? C�est indispens^nbsp;able et c�est la Ie point sensible. Peutjlt;�tre Ie copiste de l�arch�type,nbsp;r�tablissant Ie mot muto qui amenait une id�� nouvelle, a�Uilnbsp;�t� incit� a reporter Ie distique un peu plus loin, Ie vers 345 luinbsp;paraissant alors la suite logique du vers 344. Peut^�tre aussinbsp;ce distique, n��tant plus compris a cause de la faute qu�il con^nbsp;tenait, avait^il �t� pass�, rajout� ensuite dans la marge, et fut#ilnbsp;r�introduit plus tard dans Ie texte par un autre copiste, maisnbsp;a une place qui n��tait pas la sienne.

Telle est la s�duisante hypoth�se a laquelle nous nous sommes un temps arr�t� et qui nous paraissait r�soudre d�une fa^onnbsp;satisfaisante Ie petit probl�me que nous posaient les deux versnbsp;de Vital. Et cependant nous avons fini par ne pas l�adopter. C�estnbsp;qu�il nous a paru que les arguments par lesquels nous justifiionsnbsp;et notre correction, et la transposition du distique, ne pouvaientnbsp;pr�valoir contre le t�moignage des manuscrits. Aussi logiquesnbsp;qu�elles fussent, nos hypoth�ses n��taient que des hypoth�sesnbsp;qui n�avaient pour elles que des vraisemblances et aucune cer^nbsp;titude, surtout en ce qui concerne le d�placement des deux vers.

�) De l�avis des pal�ographes, les fautes avec tutum, tuto, sont tr�s fr�quentes.

dont nous donnions une explication paree qu�il fallait bien l�ex� pliquer, mais une explication qui n��tait qu�une pure suppositionnbsp;dont la gratuit� ne pouvait se nier.

Le premier scrupule qui nous arr�ta fut Ie suivant: s�il y avait vraiment des chances pour que muto fut une corruptionnbsp;d�un autre terme, n��taittil pas n�cessaire de consulter tous lesnbsp;manuscrits pour s�assurer si l�un d�eux ne nous mettrait pas sur lanbsp;trace du mot primitif? Cette r�vision des deteviores, nous nenbsp;pouvions, pour des raisons mat�rielles, rentreprendre (il fautnbsp;songer qu�il y a plus de 45 manuscrits connus du po�me de Vital);nbsp;mais nous avons v�rifi� tous les manuscrits que nous avons punbsp;consulter ou dont nous avons eu des photographies a notrenbsp;disposition, c�est#a=dire, outre les sept qui nous ont servi anbsp;l��tablissement du texte, une bonne douzaine: aucun d�entre euxnbsp;ne met sur la trace d�un autre mot; on y retrouve au contrairenbsp;soit muto, soit des termes qui confirment qu�il y avait la vraisem�*nbsp;blablement un vocable d�signant les parties sexuelles. Aucunnbsp;non plus ne permet de soupgonner une transposition.

Par ailleurs, une nouvelle �tude du texte nous fournit des arguments auxquels nous n�avions pas d�abord song� en faveurnbsp;du maintien de la le9on des manuscrits. II serait �tonnant, d�unenbsp;part, que dans ce portrait d�un grossier r�alisme. Vital quinbsp;cherchait a faire rire un public peu b�gueule et ignorant lanbsp;pudeur du langage, n�e�t fait aucune allusion aux parties sexuellesnbsp;de son h�ros: c��tait se priver d�un effet facile et sur; d�autrenbsp;part cette allusion �tait une excellente pr�paration aux vers 359�nbsp;367 OU Archas, ayant termin� le portrait physique de Geta etnbsp;passant a ses moeurs, insiste lourdement sur les succ�s que lenbsp;valet obtient aupr�s de sa maitresse par sa vigueur amoureusenbsp;et son inapaisable ardeur; enfin, c�est par les mots suivants qu�ilnbsp;explique ces exploits:

N�entendslt;on pas la comme un �cho du distique qui nous paraissait d�abord si g�nant?

C�est ainsi que finalement, apr�s de longues r�flexions, de multiples h�sitations et des recherches m�ticuleuses, nous avons

�t� amen� a conserver la legon que nous proposait notre plus ancien manuscrit.

II ne nous appartient pas de tirer de eet exemple modeste des conclusions g�n�rales; nous nous bornerons a dire, parlant pournbsp;nous!�m�me, que nous avons trouv� la d�abord une legon denbsp;prudence en mati�re de correction de textes anciens, et ensuitenbsp;une confirmation de cette n�cessit� pour l��diteur d�un textenbsp;latin du moyen age, de ne se laisser guider ni par un amournbsp;dangereux de la bonne latinit�, ni par un souci trop strict denbsp;logique et de clart�; ce n�est pas la langue de Cic�ron qu�onnbsp;�crit a cette �poque, et Ie GETA, parmi beaucoup d�autresnbsp;oeuvres, montre tr�s �videmment que les r�gies de la compositionnbsp;et Ie souci d�art n�y sont pas les m�mes qu�aujourd�hui ^); onnbsp;a presque toujours raison de se fier au texte des manuscrits.nbsp;Et si, comme nous Ie pensons, nous avons nous=*m�me eu raisonnbsp;de Ie faire pour les vers 347 et 348 du GETA, nous auronsnbsp;ainsi apport� une attestation nouvelle assez curieuss a son �poquenbsp;de ce mot muto que les lexicographes d�clarent tr�s rare.

1) Voir a ce sujet E. Paral, Les Arts po�tiques du Xlle et du XlIIe si�cle, Bibl. de l�Ecole des Hautes^Etudes, fascicule 238, Paris, 1924, in

La Walloni� a �t� pendant de longs si�cles, entre la France et les pays flamands, n�erlandais ou bas^allemands, Ie principalnbsp;centre d��change des choses et des mots. Sur une fronti�re denbsp;plus de 300 Kilom�tres, les langues romane et germanique ontnbsp;exerc� Tune sur l�autre une influence profonde et continue.nbsp;Aussi, la r�gion wallonne et ses dialectes ont sollicit� maintesnbsp;fois l�attention des linguistes, notammant du savant professeurnbsp;d�Amsterdam, M. Salverda de Grave, a qui ce recueil denbsp;M�langes est offert en t�moignage de sympathique admiration.

Les parlers de la Walloni�, de souche fonci�rement latine, sont impr�gn�s d��l�ments germaniques. En retour, ils ontnbsp;transmis une foule d��l�ments romans a leurs voisins. C�estnbsp;dire que les dialectes wallons int�ressent les germanistes aussinbsp;bien que les romanistes.

Pour permettre d��tudier, dans son ensemble et avec quelque s�ret�, cette interp�n�tration de culture et de langage, il faudrait,nbsp;au pr�alable, dresser un inventaire rigoureusement scientifiquenbsp;� dans Ie pass� comme dans Ie pr�sent � des richesses verbalesnbsp;de la Walloni� et des pays germaniques qui l�entourent aunbsp;nord et a Test.

Pour la Walloni�, on poss�de a pr�sent un dictionnaire r�gional qui peut fournir une base solide de discussions etnbsp;amorcer des recherches fructueuses ^). Dans Ie triangle form�nbsp;par Ie pays wallon, l�aire du dialecte li�geois repr�sente une sortenbsp;de quadrilat�re log� dans l�extr�mit� nord#est. C�est Ie seulnbsp;dialecte wallon qui confine de deux c�t�s au monde germaniquenbsp;et cette particularit� lui conf�re une valeur sp�ciale au pointnbsp;de vue des �changes linguistiques. II n��tait done pas inutilenbsp;d�explorer d�abord ce coin de terre romane.

Le Dictionnaite Li�gois (D L) est une petite encyclop�die de la vie li�geoise, expliquant en d�tail les choses d�sign�esnbsp;par les mots. Grace a la collaboration de M. J. M. Remouchamps,nbsp;directeur du Mus�e de la Vie Wallonne, il s�est enrichi de 735nbsp;figures documentaires qui rendront de grands services aux �tudesnbsp;comparatives. Je n�aurai pas Fimpertinence d�imiter le hibounbsp;de la fable et de vanter une oeuvre qui, au demeurant, n�est

qu�un essai de r�pertoire critique. Disons toutefois que l�auteur s�attache, selon ses faibles lumi�res, a d�terminer la provenancenbsp;des termes wallons. Un index �tymologique �num�re les sourcesnbsp;du lexique r�gional: comme l�apport germanique m�rite unenbsp;attention particuli�re, on y rel�ve tous les termes allemands,nbsp;flamands et n�erlandais qui sont all�gu�s, m�me a titre denbsp;simple comparaison. L�auteur a done servi de son mieux lesnbsp;int�r�ts de la philologie compar�e.

Alors que Ie D L n��tait pas encore achev�, les philologues flamands Tont accueilli avec faveur. M. Grootaers y voit unenbsp;source pr�cieuse pour les germanistes et notamment pour lesnbsp;n�erlandistes ^). Pour M. J. Grauls �c�est un r�el �v�nementnbsp;dans l�histoire non seulement de la dialectologie wallonne, maisnbsp;encore de la dialectologie flamande�: telle est la conclusion �nbsp;trop flatteuse, en v�rit� � d�une �tude de 30 p. sur lesnbsp;lettres A�C^).

Le Limbourg beige a fait partie, durant des si�cles, de l�ancienne pricipaut� li�geoise. Aujourd�hui encore, cette provincenbsp;appartient au dioc�se de Li�ge et, aux yeux des Limbourgeoisnbsp;du sud, Li�ge est la grande ville qu�ils fr�quentent de pr�f�rence.nbsp;M. Grauls, natif de Hasselt, a rarement lu, dit^il, un livre o�nbsp;il se sent �chez lui� autant que dans ce dictionnaire wallon;nbsp;chaque page lui rappelle des souvenirs: jeux d�enfance, f�tesnbsp;religieuses et r�jouissances populaires, traditions enfin et locutionsnbsp;famili�res, que ne connaissent en g�n�ral ni le n�erlandais ni lenbsp;francais.

Dans son �tude, l�auteur choisit une centaine d�articles du D L qu�il examine surtout au point de vue s�mantique. Sesnbsp;commentaires montrent qu�une tr�s curieuse affinit� spirituellenbsp;relie souvent le li�geois au flamand et au n�erlandais. Signalons,nbsp;a la suite de notre critique: si l�yi adive, zich laten gezeggen;nbsp;am�der, buten; tire ds andjes, op de engeltjes lachen; �llenbsp;�st=� l�drmd sainte Ane, ziji zit al in St. Anna�s schapraai; m�ssenbsp;d�ann�ye, jaarmis; bassenet, bengelen; f� bastd, bastaard maken;nbsp;ctocale (toupie) kokerel; li blanc dj�di, Witte Donderdag;nbsp;brdmint, braaf; btoyon, braai; b�le brute, belbruid; caracole

*) Ibid., pp. 121�151: Een Uitstapje naar het Walenland, supprimer cwake (le li�geois dit cwahe).

(lima^on), karakol; si cassev, zich breken; claw�gon (fleur du lilas), nagelke; etc. � Pour ma part, les notes critiques denbsp;M. Grauls m�ont appris beaucoup de choses int�ressantes, et jenbsp;souhaite qu�il poursuive m�thodiquement ses curieuses �tudesnbsp;comparatives.

M. Grauls me fait deux reproches. A propos d�agu�ce (cor au pied) il estime que j�ai souvent tort de n�gliger Ie n�erlandaisnbsp;et surtout Ie limbourgeois pour m�adresser a l�allemand. Sansnbsp;doute, pour ce mot j�aurais d� aj outer que Ie n�erlandais ekster=nbsp;cog r�pond au malm�dien u d�agace. Si j�ai seulement dit:nbsp;�Comparez l�all. H�hnerauge et Ie fr. oeil de perdr/x�, c�est que,nbsp;dans ces deux langues, il est question, non d�une pie, mais d�unenbsp;poule OU d�une perdvix. La diff�rence, plus que la ressemblance,nbsp;me paraissait remarquable. � A propos d�ahayi (plaire, agr�er)nbsp;que Ie D L d�rive de l�all. hagen, behagen, M. Grauls menbsp;demande: �Pourquoi de l�allemand? Et pourquoi pas du n�ersgt;nbsp;landais?� Pour Ie dialectologue wallon, l�important est de savoirnbsp;que ce mot est d�origine germanique: vient^il du nord ou de l�est?nbsp;qui pourrait trancher la question? A mon sens il est venu desnbsp;deux c�t�s a la fois. On remarquera d�ailleurs quahayi figurenbsp;au d�but du D L. Maintenant que tout Ie lexique m�a pass� parnbsp;les mains, voici comme je r�digerais la formule incrimin�e: �Denbsp;la racine germ, hag (all.s=n�erl. behagen'), qui nous a donn� denbsp;plus dihayou, kihayou�. Je regrette que M. Grauls n�ait pasnbsp;remarqu� l�article kihayou. L��tymologie de ce mot est in�dite.nbsp;J�ai montr� que tot k�hayou est alt�r� de tot d�hayou �tout in#nbsp;commod�, indispos�, d�prim� (comparez Ie synonyme tot k�tal�t�nbsp;pour tot d�tal�t� litt. d�talent�); dihayou lui#m�me, sous l�in#nbsp;fluence probable de hayou (ha�), est alt�r� de dihayi, formenbsp;namuroise cit�e par Grandgagnage. Nous y retrouvons ainsi lanbsp;racine germanique hag, laquelle � chose int�ressante, n�estdlnbsp;pas vrai? � a done donn� au li�geois deux d�riv�s alors quenbsp;les langues germaniques voisines n�ont tir� de la que Ie seulnbsp;behagen.

M. A. L. Corin a �galement �tudi� les �tymologies germani# ques du D L. ^).

1) A. L. Corin, Au dela de Grandgagnage et de Haust, menus propos dun �braconnier�. Dans les Etudes de dialectologie romane d�di�es a lanbsp;m�moire de Grandgagnage (Paris, Droz, 1932), pp. 97�120.

M. Corin est un ma�tre s�v�re, m�ticuleux, rarement satisfait. Les deux lignes d��loge qu�il glisse dans ses 24 pages, ont d�autantnbsp;plus de prix a nos yeux. On appr�cie sa critique probe et rigou#nbsp;reuse, qui vise a construire plus scientifiquement sur le solnbsp;a peine d�frich� de l��tymologie wallonne. Si, dans le domainenbsp;roman, il se qualifie modestement d�outsider et de braconnier,nbsp;il poss�de dans sa sph�re une maitrise incontest�e. Ses obser*�nbsp;vations, qui nous orientent vers les dialectes de Test (aixien,nbsp;colonais, etc.), m�ritent done un examen attentif. Ne pouvantnbsp;ici, faute de place, reprendre toutes ses suggestions, nous signas^nbsp;lerons les principales, dans I�ordre ou elks sont pr�sent�es.

haba (perche ... pour maintenir la charret�e de fumier). A travers ce mot M. C. voit transparaitre un primitif �hakband�.nbsp;Mais sa dissertation tombe devant le namurois chaba, qui postulenbsp;une initiale sk.�stiele (�chalas de haricots); M. C. propose Tall.nbsp;Stiel; mais I�ancien all. Stil n�explique pas la diphtongue wallonne.nbsp;De plus, sti�vler montre que sti�le est pour sterle (comp, bi�le,nbsp;bi�rler; di�le, di�tlisquot;). � stdrev (�pandre), avec a long, ne peutnbsp;s�accommoder de la racine str. Quant a louki star� ou a starenbsp;(regarder dans le vague ou d�un air effar�, d�un oeil qui ne senbsp;fixe sur rien de pr�cis), nesti^ce pas justement le contraire dunbsp;n�erl. staren, all. starr blieken (regarder fixement)? � b�z�nbsp;(quinaud) ne me parait nullement en rapport avec l�all. b�se.nbsp;J�ai l�impression que c�est une forme alt�r�e du hesbignon boz�nbsp;(attrap�, dup�; d�cav�, ratibois�, voy. p. 715), lequel serait litt.nbsp;�bous� (enduit de bouse), pris au figur�. � hdv�strik (souss^nbsp;ventri�re du cheval attel�) est s�rement germariique et pourraitnbsp;�tre compos� de half et de strik ou streng (trait); =strik pourraitnbsp;�tre aussi alt�r� de stik (n�erl. stufc) et le sens serait �dembpi�ce�.nbsp;M. C., de son c�t�, nous apprend que le vocabulaire all. dunbsp;hamachement poss�de le terme halfterstrick, qui d�signe propre,�nbsp;nient la longe. Le champ des conjectures reste ouvert. � br�celetnbsp;(craquelin) ne doit;�il pas, demande M. C., �tre rapproch� denbsp;l�all. Bretzel? Evidemment; mais on fait mieux, on renvoie anbsp;1�article o� M. Feller a trait� longuement de ce mot. � casmadroyenbsp;(ratatouille) inspire a M. C. une note fantaisiste. II n�a pas vunbsp;que, faisant d�une pierre deux coups, je rattache (p. 382)nbsp;casmadroye a madrouyi et ce dernier au n�erl. modderen. �nbsp;cl�di� (primev�re; a Malm�dy cl� d'Paradis') = all. Himmehnbsp;schl�ssel, n�erl. hemelsleutel. M. C. estime qu�au point de vue

s�mantique il y aurait d�innombrables rapprochements de ce genre a faire entre Ie germanique et Ie wallon. H� oui! c�estnbsp;plein d�int�r�t. II faudra done doubler Ie volume du D L; carnbsp;M. C. est insatiable. Pour expliquer moz�te, j�all�gue trois com=nbsp;paraisons et, pour Ie surplus, je renvoie a Weigand, v� Musche.nbsp;M. C. me dit d�un ton de reproche: �il aurait fallu compl�ter ...nbsp;et rappeler Ie Sanscrit muskzA ... II y a ainsi, dans plusieursnbsp;observations de M. C., quelque chose de ... d�courageant. IInbsp;oublie que Ie D L n�est pas un dictionnaire �tymologique et quenbsp;l��tymologie ne peut y tenir qu�une place relativement modeste. �nbsp;han�te (nuque). M. C. d�fend l�opinion de Grandg.; je ne puisnbsp;que Ie renvoyer a Tarticle de Behrens, Beitrage, p. 132. � spiternbsp;(�clabousser, etc.). Grandg. avait d�ja propos� une �tymologienbsp;germanique. Malgr� ses efforts, M. C. ne trouve ni en flamandnbsp;ni en rh�nan Ie correspondant exact de l�angl. spit; il pr�f�renbsp;toutefois chercher de ce cot�, plut�t que d�admettre ma proposnbsp;sition: �Probablement compos� de piter (frapper du pied) et dunbsp;pr�fixe s (lat. ex), litt. faire jaillir en frappant du pied�. Cettenbsp;conjecture se fonde sur la riche s�rie de verbes du m�me type:nbsp;spater, �pater, d�o� aplatir, �craser; sp�ter, compos� de p�ter;nbsp;spinci, �pincer; spiyi (briser), que je rapproche de piyi (1. piler;nbsp;2. piller); spo�sselev, poudrer; str�ler, stw�de, etc. � Pournbsp;bv�di (bousiller), M. C. et aussi M. Grauls invoquent Ie n�erl.nbsp;broddelen. C�est assur�ment plus simple pour Ie sens, mais =0^ s�ynbsp;oppose. � climpe, diclimpi. M. C. trouve �trange la confusionnbsp;s�mantique que je signale a propos de ces mots. C�est la pourtantnbsp;un ph�nom�ne bien connu; comp ar�yi, pruster, tr�ss�rin. D�aibnbsp;leurs les formes hlimpe (Stavelot), sclimpe (Huy), hhbw�gue etnbsp;hUf�sse ne s�accommodent que du germ, slimp.

Dans un chapitre intitul� �Questions de m�thode�, M. C. �met d�exceUentes observations en vue d�aller r�ellement �au dela� denbsp;Grandg. et de ses disciples. R�cemment, M. M. Valkhoff, dansnbsp;une dissertation importante, a trait� Ie m�me sujet avec plus denbsp;d�veloppements 1). On ne peut qu�approuver les principes pos�snbsp;par ces deux auteurs. Tout Ie monde admettra qu�il faut d�ter^snbsp;miner exactement Ie dialecte germanique qui pr�sente la formenbsp;la plus rapproch�e du mot roman, qu�il faut aussi d�terminernbsp;l��poque de l�emprunt, etc. Ce ne sont pas des souhaits utopiques ;

c�est la vole logique que les chercheurs de I�avenir devront suivre pour nos dialectes et que suivent d�ja ceux qui s�occupentnbsp;d��tymologie fran9aise. Pour en arriver la, il faut �videmmentnbsp;que nos jeunes historiens �tudient les relations de tout genrenbsp;que nos anc�tres ont entretenues avec les pays voisins; il faudranbsp;aussi que nos jeunes germanistes nous dotent de glossairesnbsp;r�gionaux pour le flamand et le bas^allemand. Pour I�instant etnbsp;longtemps encore, on en sera r�duit a user de formules pru^nbsp;demment g�n�rales et a multiplier les tatonnements qui peuventnbsp;mettre sur la bonne voie.

A propos de certaines �tymologies du D L, M. C. pose ensuite une s�rie de questions pr�cises. �II arrive, dit�l, que I�auteurnbsp;p�che par exc�s. Ainsi n�est#il pas suffisant de faire remonter lenbsp;w. b�tsdles a Tall, bezahlen? Pourquoi ajouter le n�erl. betalen,nbsp;qui n�en peut mais?� Le reproche de la premi�re phrase menbsp;touche; car, si j�ai �p�ch� quelquefois, c�est par concision excessnbsp;sive. Mais je respire en voyant que M. C. ne signale qu�un seulnbsp;cas de ... surabondance, d�autant plus que, m�me la, il se trompenbsp;manifestement: il n�a pas vu que le D L donne b�tdles a c�t�nbsp;de b�tsdles. � �Par contre, poursuit M. C., on ne voit pas parfoisnbsp;pourquoi des comparaisons sont faites avec le n�erl. et non avecnbsp;I�allemand.� Assur�ment j�ai mes raisons ou mes �impressions�,nbsp;mais je ne pouvais chaque fois les faire valoir: blinki, pour moi,nbsp;est a I�origine un terme d�argot militaire, qui nous vient denbsp;Bruxelles et de la caserne; � clostvi (portier de couvent; termenbsp;arch, donn� par Forir) me parait venir du n�erl. plutot que denbsp;Tall.; ce doit �tre un souvenir de I�ancienne principaut� eccl�s�nbsp;siastique de Li�ge, qui �tait bilingue. � Le D L dit que fo�teletnbsp;(tricher) est connu au nord de Li�ge, fvouteler a I�ouest, anbsp;Seraingtfsur^Meuse; ce mot parait done venir du nord. Au surplusnbsp;Remade et Lobet le donnant aussi pour Verviers (cf. Grandg.,nbsp;I 225, II 526), il peut �galement venir de Test. Apr�s tout,nbsp;n�est^ce pas d�assez mince importance? Admettons qu�il vientnbsp;des deux c�t�s a la fois. L�essentiel (j�ai du moins la na�vet�nbsp;de le croire), n�est^ce pas d�avoir d�pist� I�emprunt germaniquenbsp;et corrig� Grandg., qui invoquait le latin fraudari ou *fvaudulare?nbsp;M. C. est tellement tendu vers son �au dela� qu�il ne daignenbsp;plus voir le chemin parcouru. � Pour expliquer risse (versoirnbsp;de charrue), �pourquoi citer, demande M. C., le moyen n�erl.nbsp;et non pas I�all. Riester?� Void I�opinion de Valkhoff, p. 217:

�Comme riestre se rencontre dans un texte picard et qu�il a subsist� en wallon, il faudra penser plut�t au moyen n�erl. riester commenbsp;mot souche.� Je crois cependant que, Ie w. risse existant dans toutnbsp;lest de la Walloni� (sauf en gaumais o� il est remplac� parnbsp;bosse'), on doit aussi admettre une influence allemande: il ynbsp;aurait emprunt simultan�, comme c�est Ie cas typique de hirenbsp;(bi�re). � A propos de heuse (boite) la critique de M. C.nbsp;montre qu�il ne m�a pas compris. Le mot w. n�est pas un empruntnbsp;germanique, mais l��quivalent exact du fr. boiste, boite (comp.nbsp;cteuh, neuk, croix, noix). Si j�ajoute en serre=file Tall. B�chsenbsp;et le n�erl. bus, c�est a titre de comparaison; peu importe d�snbsp;lors que l�on cite l�un avant l�autre. � II y a une difficult�nbsp;phon�tique a tirer guim�ne du n�erl. gemeen. L�ancien w. ditnbsp;guemine et le mot a des d�riv�s en chestrolais et en gaumaisnbsp;(voy. mes Etym. w. et fr., p. 306). Sans vouloir exclure, icinbsp;encore, une influence simultan�e, l�origine allemande parait plut�tnbsp;indiqu�e. � Pour naw, M. C. confirme pleinement ma cononbsp;jecture; mais, ici comme ailleurs, il oublie de marquer le progr�snbsp;accompli depuis Grandg., qui proposait le latin ignavus, etc. IInbsp;me reproche de choisir pour le n�erl. nauw le sens de ��troit�nbsp;plut�t que celui de �strict�. C�est proprement de l�hypercritique. �nbsp;serif tor. M. C. a raison; je devais dire: �moyen n�erl. schriftoor,nbsp;latin scriptorium�. II m�est arriv� 9a et la, par souci de concision,nbsp;de supprimer Tinterm�diaire. Ainsi, pour spi�gue, qui nous vientnbsp;du fr. espi�gle et non directement du germanique.

Dans l�index �tymologique du D L, le lecteur trouvera tous les �tymons germaniques que l�on cite pour �lucider les originesnbsp;du li�geois. Mais il est d�autres termes qui paraissent bien d�rivernbsp;de la m�me source et qui n�ont pas de note �tymologique:nbsp;boubin�re, clave, dasse 1 et 2, dawire, djivron (p. 717), grdle,nbsp;hansin�le, h�rike, h�stale, hurdin, hustumus�, ingl�tin, l�din,nbsp;mandaye, m�kin, prime, tawe, v�nin (t. de batellerie), etc. Ennbsp;terminant, je signale aux germanistes ces termes obscurs, ainsi quenbsp;d�ailleurs ceux pour lesquels j�ai tach� de fournir une explication,nbsp;souvent toute provisoire.

De betekenis van de Wakker van Zon, die onder verschillende pseudonymen velerlei heeft geschreven, is eerst in 1911 doornbsp;J. Koopmans goed in het licht gesteld^). De uitvoerige werkennbsp;over Nederlandse Letterkunde van Jonckbloet, te Winkel ennbsp;Kalff konden slechts enkele bladzijden over de schrijver be��nbsp;vatten, van wie zij bijna uitsluitend de vier romans besprekennbsp;die, onder de schuilnaam Bruno Daalberg, M. D., het lichtnbsp;zagen. Allen erkennen zijn geest en zijn hekelend vernuft, maarnbsp;men vindt zijn grappen menigmaal plat en onkies; vooral tenbsp;Winkel heeft dit bezwaar. Erger is wat Kalff hem verwijt, ennbsp;daar diens oordeel mij in dit geval onjuist en onbillik voor#nbsp;komt, wil ik beproeven de schrijver, wiens werken ik altijdnbsp;met genoegen heb gelezen, van een m. i. onverdiende blaam tenbsp;zuiveren.

Kalff verwijt dan aan de Wakker van Zon, dat hij niet trouw is gebleven aan het �patriotisch verlichtingsvaandel�, gelijknbsp;Loosjes en Kist, maar een �overlooper� is geworden (blz. 445).nbsp;Hij moet van mening veranderd zijn tussen het schrijven vannbsp;de Steenbergsche Familie (1806�1809) en de Overijsselschenbsp;Predikantsdochter (1816), en in zijn laatste roman, Jan Perfectnbsp;(1817), drijft hij de spot met de verlichting.

In zijn eerste geschrift, De Adel door Anonymus Belga (1768), valt hij de adel aan, terwijl hij op �t eind van zijn leven denbsp;betrekking aanvaardt van sekretaris bij de Hoge Raad van Adel.nbsp;Nog in de Steenbergsche Familie richt hij zich tegen de adel,nbsp;maar in de Overijsselsche Predikantsdochter maakte hij iemandnbsp;van adel tot de held van het verhaal. Voorts usurpeerde hijnbsp;de titel van Baron en Mx. in de Rechten.

Wat is van dit alles juist? Het eerste geschrift, De Adel, is een aanklacht tegen de adel als wettelik bevoorrechte stand, dienbsp;uitsluitend op grond van hoge geboorte zeggingschap had innbsp;�s Lands Bestuur. De schrijver gebruikt daarbij soms sterke

1) Van Kist tot Daalberg, opgenomen in de Beweging IV, (1911), blz. 5 vlg., 113 vlg., 268 vlg. en herdrukt in zijn Letterk. Studi�n over denbsp;19e eeuw, Amsterdam 1931, blz. 47�140.

Jonckbloet, Gesch. der Nederl. Letterkunde V, blz. 283 vlg.; te Winkel, De ontwikkelingsgang der Ned. Letterk. IV, blz. 280�283; Kalff, Gesch.nbsp;der Nederl. Letterk. VI, blz. 445�^5^1.

uitdrukkingen (biz. 13) � hij was toen 28 jaar �, maar hij wil bij �t af schaffen van de heerlike rechten geen �hardigheden...nbsp;�t zijn geen kwaaddoeners die gestraft worden ... zij dwaalennbsp;meest allen ter goede trouw� (blz. 93); �de edellieden van dennbsp;tegenwoordigen tijd zijn voor �t land van weinig nut� (blz. 124),nbsp;maar er zijn talrijke uitzonderingen, waarvan hij er velen metnbsp;name noemt (blz. 126). In zijn latere werken, toen de heerlikenbsp;rechten waren afgeschaft, vindt men nog wel ironie en spotnbsp;met sommige personen van adel � gelijk hij met mensen uitnbsp;alle kringen spot � maar een aanklacht tegen de adel als standnbsp;komt niet voor. Niet slechts in de Overijsselsche Predikants=nbsp;dochter is de held van de roman een edelman, maar ook in denbsp;Twee en dertig woorden of de les van Kotzebue (1805) is denbsp;man die door het leven een edeldenkend, zachtzinnig filosoofnbsp;is geworden iemand van zeer hoge geboorte. Graaf deMontalbi,nbsp;al maakt de schrijver ook van hem, gelijk van bijna al zijnnbsp;personen, somtijds een karikatuur. In de Steenbergse Familie zijnnbsp;de helden van de roman allen van adel: de zeeman Jonker vannbsp;Steenbergen (de jongere broeder van de bekrompen baron) ennbsp;de jonge Horatio von Morgenthal. De �boerenbaron� Roggebastnbsp;is dwaas, maar niet slecht; hij is trouw aan wie hem een dienstnbsp;bewees. Precies dezelfde voorstelling vindt men in de Overijs�nbsp;selsche Predikantsdochter: de oude Graaf van Mathenesse is,nbsp;evenals zijn adellike buurman, hoogmoedig en bekrompen, maarnbsp;Maurits van Mathenesse en Jonker van der Hout zijn edelmoedignbsp;en trouw. Saint Leger daarentegen, een grote schurk, is een lakeinbsp;van oorsprong, die een adellike titel heeft aangenomen. Kalffnbsp;vergist zich, wanneer hij vermeldt dat deze figuur in de Steen�nbsp;bergsche Familie als de schurk voorkomt; daar is de schurk denbsp;rentmeester Obadja Felinus, die zijn meester vleit en bedriegt;nbsp;achter diens rug geeft hij heftig af op de adel (II, blz. 89).nbsp;Geen spoor van veranderd inzicht is bij de schrijver te vinden.

Van de Wakker van Zon�s leven zijn ons weinig biezonder# heden bekend; zijn uit de romans blijkende veelzijdige kennisnbsp;heeft hem nooit tot welvaart gebracht ^). Mag men het hem dannbsp;euvel duiden, dat hij, die nooit anders dan tegen de politieke

*) In De Prullemand van Apollo enz. (1805) getuigt hij (bk. 1): �Door honger en dorst gedreven, neem ik voor een Weekblad te schrijven.� Iknbsp;geloof, dat hij met deze galgenhumor de waarheid zegt.

macht van de adel heeft geschreven, op �t laatst van zijn leven de onschuldige betrekking van sekretaris bij de Hoge Raad vannbsp;Adel, hem bezorgd door protectie van de familie Falck, heeftnbsp;aanvaard?

Ik heb geen enkel bewijs gevonden dat hij zich ooit Baron heeft genoemd of Mr. voor zijn naam heeft gezet, titels waaropnbsp;hij geen recht had. Een Brabands edelman, gelijk Jonckbloetnbsp;beweert {Gesch. der Nederl. Letterk. V, blz. 277)�^), was hij,nbsp;tenzij van verre oorsprong, zeker niet. Hij was geboren tenbsp;Amsterdam en sommige eigenaardigheden van zijn taal doennbsp;aan die stad denken (b.v. telkens �vengster� voor �venster�,nbsp;verder �geut� voor �goot�). Op de titels van zijn boeken staatnbsp;alleen zijn naam of zijn pseudoniem, maar anderen hebben hemnbsp;een edelman genoemd, b.v. van Kampen enlater Jonckbloet. Kalffnbsp;is misleid door de tussen haakjes geplaatste woorden �Baron denbsp;Wakker van Zon�, achter Bruno Daalberg, M. D., op de derdenbsp;uitgave van Jan Perfect, verschenen ongeveer 13 jaren na zijnnbsp;dood. Misschien heeft men gedacht, dat een sekretaris van denbsp;Raad van Adel wel een edelman was geweest.

Ik zal hier niet herhalen, wat Koopmans zo goed heeft gezegd over de betekenis van de Wakker van Zon als schrijver. Eennbsp;satyricus zou ik hem niet in de eerste plaats willen noemen,nbsp;liever een karikaturist; de tekenaar van de platen die sommigenbsp;van zijn boeken illustreren, heeft dat ook zo begrepen en diensnbsp;werk wordt dan ook op de titel �karikatuurplaten� genoemd.nbsp;Mijn bedoeling is zijn verhouding tot Voltaire te bespreken,nbsp;iets wat tot mijn verbazing geen der door mij geraadpleegdenbsp;schrijvers, zelfs Koopmans niet, heeft gedaan ^).

Men heeft de romans van Bruno Daalberg gerekend tot de school van Smollett en Fielding en ook invloed toegekend aan de

Een geslachtslijst van de Wakker van Zon vindt men in Bijvoegsels op het Vaderlandsche Woordenboek, oorspronkelijk verzameld door J. Kok,nbsp;Amsterdam, 1799, op de naam Zon (van). J. ten Brink, Gesch. d. Nederl.nbsp;letterk. (blz. 599), zegt, misschien op �t voetspoor van Jonckbloet: �uitnbsp;een aanzienbk Brabandsch geslacht geboren�.

^) Ik vond alleen bij J. Prinsen, De Roman in de 18e eeuw in WesUEuropa, Groningen^den Haag, 1925, blz. 284, de opmerking: �Bijnbsp;Bruno Daalberg komen wel sporen van Voltaire voor.� Daar de romansnbsp;van Bruno Daalberg chronologies buiten het kader van zijn boek vielen,nbsp;kon de Heer Prinsen deze opmerking niet nader toelichten. Doch in zijnnbsp;Handboek tot de Nederl. Letterk. Gesch., 1928, blz. 521 vlg. bespreektnbsp;hij wel die romans, maar maakt geen gewag van Voltaire.

schelmenroman, met name aan de Vermakelijke Avonturier van Heinsius^), in een der romans genoemd. Iets eigenlik picaresksnbsp;kan ik bij Bruno Daalberg niet ontdekken; groter is de ver�nbsp;wantschap met de beide Engelse schrijvers, maar dan moet ernbsp;toch op gewezen worden, dat Bruno Daalberg, als een deugd�nbsp;zaam Hollander, zijn helden even ontoegankelik maakt voornbsp;verleiding als zijn heldinnen, dus heel wat meer hecht aannbsp;kuisheid dan Fielding: men denke aan Tom Jones. In elk gevalnbsp;is echter Voltaire veel meer het model geweest voor de Wakkernbsp;van Zon, dan enig ander auteur.

Dat onze schrijver veel Frans las, blijkt uit sommige Galli� cismen die men bij andere Nederlanders zelden of nooit aantreft.nbsp;Hij spreekt, in de Overijsselsche predikantsdochter I, blz. 96nbsp;van �gepipeerde� dobbelstenen (fr. �piper�, bedriegen, vervalsen),nbsp;van �Spaansche kasteelen� voor �luchtkastelen� (I, blz. 164); innbsp;de Steenh. Fam. leest men II, blz. 271: �in �t bigotte, weet gij, geefnbsp;ik niet� (vgl. fr. �donner dans la bigotterie, dans la d�votion�)nbsp;en elders (III, blz. 5) noemt hij het knopentellen, de �edelenbsp;Boutonnomancie�; een knoop die de niet jonge freule Agnesnbsp;voorstelt, is �wel is waar wat verlept, maar heeft schoone over�nbsp;blijfsels� (cf. Fr. �elle a de beaux restes�).

In Nog wat lectuur op het ontbijt enz., blz. 39, gebruikt hij de uitdrukking �het woord van het raadsel� (fr. �Ie mot denbsp;l��nigme�) om te zeggen wat de verklaring is van een lastigenbsp;kwestie. Ik noem slechts enkele voorbeelden.

Dat de spotter Voltaire een lievelingsauteur was van de Wakker van Zon, getuigen verschillende plaatsen uit zijn werken.nbsp;Het eerste nummer van de Prullemand van Apollo begint metnbsp;een motto uit Candide; in de Steenb. Fam. wordt (I, blz. 62)nbsp;uit Voltaire�s M�rope (I, sc. 3) de versregel aangehaald: �Ienbsp;premier qui fut roi, fut un soldat heureux� en op blz. 380 ennbsp;blz. 383 (van deel IV) komen duidelike toespelingen voor opnbsp;de filosofie van Pangloss in Candide (zie hierachter); in denbsp;Overijss. Predikantsdochter (II, blz. 34) wordt spottend gewaagdnbsp;van een hoogleraar die beweerd had, dat �de snoode Voltariusnbsp;door behulp eener zekere Pucelle d�Orl�ans de hand aan dit

J. Prinsen, Handb. tot de Nederl. Letterk. Gesch. blz. 522: �Jan Perfect herinnert aan Don Quichotte en de Schelmenromans.�

afgrijsselijk systema (bedoeld wordt het athe�sme) gelegd had�. In Twee en dertig woorden, enz. vermeldt de schrijver, II, blz.nbsp;205, Voltaire�s Candide.

Het kan ons dan ook niet verwonderen, dat de Wakker van Zon op �t laatst van zijn leven een roman geschreven heeft, dienbsp;naar geest en strekking, naar opzet en behandeling, een onbe#nbsp;twijfelbare navolging van Candide genoemd moet worden. Iknbsp;bedoel Jan Perfect of de Weg der Volmaking, vertoond in hetnbsp;leven en de zonderlinge lotgevallen van een Leydsche (sic)nbsp;apothekers zoon, kluchtige roman, door Bruno Daalberg, 1817nbsp;(3e druk, z. d. 1831). Ter inleiding van het bewijs diene hetnbsp;volgende.

De Candide verscheen in 1759 en werd, vermoedelik omstreeks 1768, in het Hollands vertaald onder de titel De Gevallen vannbsp;Candide of de ongeveinsde jongeling i). Dat de roman, in hetnbsp;oorspronkelik of in vertaling, in ons land veel gelezen is, komtnbsp;mij zeer waarschijnlik voor, maar kan ik niet bewijzen; bekendnbsp;is �t echter dat de filosofiese stelling die er in wordt bespotnbsp;ook in Nederland gedurende de achttiende eeuw de aandacht vannbsp;velen trok. Die stelling is ontleend aan de wijsbegeerte vannbsp;Leibnitz en door deze aldus geformuleerd: �nisi inter omnesnbsp;possibiles mundos optimus esset, Deus nullum produxisset�.nbsp;{Theodicaea I, 18, 1710) Het geloof aan de spreekwoordeliknbsp;geworden �meilleur des mondes possibles�, waarin �tout estnbsp;pour Ie mieux�, voert tot het optimisme, tot de �perfectibiliteit�nbsp;van alles; men meent de verwerkeliking er van in alles te ziennbsp;wat gebeurt �). De stelling hangt op haar beurt weer samen metnbsp;Leibnitz� theorie omtrent de �harmonie pr��tablie�, waardoornbsp;de substanties die het geheel vormen, hoewel geheel zelfstandignbsp;en niet op elkaar kunnende inwerken, toch voortdurend metnbsp;elkander in overeenstemming zijn ^). Een volgeling van Leibnitz,

Ik ontleen dit bericht aan H. J. Minderhoud, La Henriade dans la litt�rature hollandaise. Parijs, 1927, blz. 21. Deze vertaling schijnt zeldlt;gt;nbsp;zaam te zijn geworden. Over de Candide leze men een opstel van J. Tielrooy,nbsp;Voltaire als Romans en Novellenschrijver (speciaal over Candide de �� 8nbsp;9), geplaatst in de Nieuwe Gids van 1916. Ik heb met veel profijt,nbsp;even als Dr. Tielrooy, de editie van Candide gebruikt, door A. Morizenbsp;in 1913 te Parijs bij Hachette uitgegeven.

�) Uitvoeriger, in �t Frans, in G. G. Leibnitzii Opera philosophica omnia, ed. Erdmann, 1840, II, blz. 623.

Chr. Wolff, heeft een reeds bij Leibnitz aanwezige mening over de �ratio sufficiens� uitgewerkt, door te betogen dat al watnbsp;gebeurt, elke verandering, een reden heeft, waardoor het terechtnbsp;juist zo is geschied

Gelijk het geval is bij elke populair geworden wijsbegeerte, bekommerden de leken zich weinig om de grondslagen van hetnbsp;moeilijk te begrijpen sisteem van Leibnitz en Wolff. Zij aan#nbsp;vaardden enkele buiten het verband gebrachte uitspraken als stofnbsp;voor hun gedachtenwisseling. Zo vertelt Betje Wolff in een vannbsp;haar brieven (gedateerd 1774) aan D. H. Gallandat Huet, datnbsp;zij met Dr. Hollebeek �een hardnekkige Wolfiaan� pleegt tenbsp;spotten, door hem �eeuwig en altijd (te beduiden) hoe iets b.v.nbsp;dat hem boos maakt, zo zijn moet. Zo hij klaagd � �dat zijnnbsp;koetsier den haver verkwist� � of � �dat de knegt niets naar zijnnbsp;zin doet��, kom ik ... voor den dag met zijne Beste Waereldnbsp;en soutineer dat, volgens de Ratio sufficiens de koetsier zonbsp;heeft moeten handelen en dat de knegt naar de Hatmonia prae-stabilita gehandeld heeft. Schreeuwt hij van kiespijn (daar hijnbsp;zeer aan lijd), ik kom met veel bedaardheid en zeg � �alles isnbsp;goed� � enz.� 2).

De Wakker van Zon, die zijn romans een dertig jaren later begon te schrijven, moet na de ontgocheling ten gevolge dernbsp;gebeurtenissen van 1795 en volgende jaren, de leer van hetnbsp;optimisme en het geloof aan de steeds toenemende volmakingnbsp;wel als een bittere bespotting van de werkelikheid gevoeldnbsp;hebben. Reeds in de Twee en dertig woorden enz. wordt (I, blz.nbsp;45) gesold met het optimisme van Leibnitz en de hierboven reedsnbsp;vermelde plaatsen uit de Steenb. Tam. tonen duidelik dat denbsp;auteur de ironie van Voltaire op dit punt navolgde. Men leestnbsp;er, hoe Baron Roggenbast, de sentimentele ongeluksvogel, alsnbsp;gelukkige echtgenoot van Hanna, de kamenier van adellik bloed,nbsp;filosofeert over de lotgevallen van zijn leven: �Was ik niet doornbsp;de zanggodinnen bedrogen, door Obadja van de huig gelichtnbsp;en door den President (van het revolutionair komit�) op dennbsp;dijk gejaagd, ik had nimmermeer met mijn Hanna, die beter isnbsp;dan ik, het geluk en de kost gevonden� (o. 1. IV, blz. 380). En

1) nbsp;nbsp;nbsp;C. B. Spruyt, Gesch., enz., toont (blz. 497�499) Wolffs fouten tegennbsp;de logica aan.

2) nbsp;nbsp;nbsp;Van en over Betje Wolff geb. Bekker, uitgegeven door Mr. R. H. J.nbsp;Gallandat Huet, Haarlem, 1884, blz. 56 vlg.

in hetzelfde deel (biz. 383) zien de Vrouwe van Steenbergen en Ds. Felinus in �hoe alles zoo had moeten zijn zooals het was;nbsp;en dat zij zonder haar ongeluk en de schelmerijen van anderennbsp;niet zouden genieten wat hen thans nog, schoon onverdiend, tenbsp;beurt viel�.

Dat de roman waarvan ik hierboven (blz. 5) de uitvoerige titel heb afgeschreven, een navolging is van Candide blijkt reeds uitnbsp;die titel. Wie de hoofd# en de bijtitel goed begrijpt, ziet in, datnbsp;Jan Perfect of de Weg der Volmaking niet veel anders aanduidtnbsp;dan de bijtitel van Candide ou 1�Optimisme. De Wakker vannbsp;Zon had een te rijke fantasie om zijn held juist de zelfde voor#nbsp;vallen te laten beleven als de goede Candide, maar in de tweenbsp;romans zijn de avonturen toch soortgelijk. Jan Perfect, doornbsp;zijn Vader opgevoed in de leer der �Perfectibiliteit�, gaat, weesnbsp;geworden, op reis; hij begaat in zijn onnozelheid allerlei ver#nbsp;gissingen, loopt in Engeland gevaar voor zijn leven door innbsp;handen te vallen van zielverkopers en rovers, lijdt schipbreuknbsp;en belandt in Spanje bij een klooster van Capucijners, die hij,nbsp;zwetsende �de Perfectionibus�, weet over te halen tot noodlottigenbsp;proeven met een door hem bedacht middel van zeilen; hij wordtnbsp;vervolgens overgeleverd aan de Inquisitie, ontsnapt naar Frankrijknbsp;en bewondert in Parijs een juffertje van de Opera, dat hemnbsp;als souvenir aan de weg der volmaking, te zamen betreden, eennbsp;ziekte bezorgt, waarvan de geneesheren, die een doeltreffendernbsp;methode niet kennen, hem na drie maanden genezen, doch tennbsp;koste van zijn linkeroog^). Jan Perfect steekt dan de Alpen over,nbsp;komt opnieuw in handen van rovers, wordt bevrijd door denbsp;�liefde� van een �doodonschuldig� meisje, dat hij trouwt en datnbsp;hem van stonde aan met haar �neef� bedriegt en uitschudt.nbsp;In Napels wordt hij met smaad uit de stad verbannen, komt alsnbsp;galeiboef op een Turks schip, lijdt weer schipbreuk en bereiktnbsp;Palestina, waar hij, steeds de zich volstrekkende volmaking dernbsp;wereld betogende, door de Joden eerst wordt ge�erd, maar, alsnbsp;zij de van hem verwachte topazen en diamanten niet ontvangen,nbsp;door hen verdreven. Hij geraakt daarop in slavernij bij eennbsp;Arabier en wordt dan �per divinationem van een kudde blatendenbsp;schapen� koning van de Paralapapappers, een volk even ontbloot

Men herinnert zich dat Pangloss in Candide door een dergelijk avontuur zijn ene oog verliest.

van gezond verstand als hij. Hij jaagt door zijn hervormingen van onderwijs^), landbouw en woonwijze zijn onderdanen voortnbsp;op de weg der volmaking, tot eindelik alle welvaart is verdwenennbsp;en de koning vluchten moet. Een verstandige ketellapper, dienbsp;ook iets weet van het boerenbedrijf, redt gelukkig het volknbsp;van de ondergang. Ten slotte zal Jan Perfect in Cairo met behulpnbsp;van de dames uit de harem de volmaaktheid bereiken, maar hetnbsp;einde is, dat hij op last van de Sultan tot een zeer onvolmaaktenbsp;man wordt gemaakt en in die toestand terugkeert naar zijnnbsp;apotheek aan de Breestraat te Leiden.

Na elke mislukking, na elk ernstig gevaar, is Jan Perfect, evenals Candide, een ogenblik geschokt in zijn optimisme, datnbsp;intussen dadelik herleeft om hem opnieuw in �t ongeluk te storten.nbsp;Eerst op �t einde komt, zo al niet de theoretiese genezing, dannbsp;toch een beter inzicht in de praktijk, zelfs bij Jan Perfect,nbsp;Candide is niet langer de dupe van Pangloss� geleerdheid ennbsp;geeft hem geen andere repliek dan �il faut cultiver notre jardin�.nbsp;Jan Perfect heeft in de trekschuit naar Leiden nog een betoognbsp;van de filosoof Habacuc Knaagwurm nodig, voor hij, nu twij#^nbsp;felend �omtrent der menschen algemeene volmaaktheid� (II,nbsp;blz. 197) weer aan zijn gewone werk gaat.

Behalve uit het verloop van het verhaal blijkt de navolging van Voltaire uit verschillende biezonderheden.

De overige romans van de Wakker van Zon spelen, gelijk men dat van een Hollandse realist kan verwachten, alle op plaatsennbsp;waar de schrijver zich blijkbaar thuis gevoelt: in �t achterlandnbsp;van Overijssel, in de beide Hollandse provincies, in Brabandnbsp;en in Noord^Frankrijk. Een tocht naar Engeland en een reis heennbsp;en terug in korte tijd naar de Ukra�na, worden in een paarnbsp;bladzijden afgedaan. In Jan Perfect maakt daarentegen hetnbsp;realisme plaats voor wilde fantasie: zijn Paralapapappers zijnnbsp;even irre�el als Voltaire�s Eldorado; we komen in landen, waarnbsp;noch Voltaire noch zijn Hollandse navolger de weg wisten. Veelnbsp;duideliker intussen dan uit de schildering der omgeving en uitnbsp;de gelijksoortigheid der avonturen, blijkt de navolging uit het

1) Koopmans heeft reeds gewezen op de verstandige denkbeelden over onderwijs die Bruno Daalberg getoond heeft te bezitten. Hij was eennbsp;vijand van sistematiseren en generaliseren, van �t vaststellen van de bestenbsp;methode, alsof die voor alle leerlingen dezelfde kon zijn. �Tegen de vergt;*nbsp;lichting� (zie KaLff) schreef hij evenmin als Voltaire dat deed.

telkens terugkeerend thema der �volmaaktheid� van de wereld, uit de antipathie tegen de Inquisitie, tegen geesteliken en genees#nbsp;heren en �t meest van al uit het karakter van de hoofdpersoon.nbsp;In Jan Perfect heeft de Wakker van Zon verenigd het onver#nbsp;beterlik getheoretiseer van Pangloss met de onnozelheid vannbsp;Candide. De pessimist Martin van Voltaire is in de Hollandsenbsp;roman de filosoof Habacu Knaagwurm.

Naast de overeenkomst tussen de beide romans die wij op# merkten, dient ook gewezen te worden op het verschil. In denbsp;allereerste plaats is dat het zeer groote onderscheid van talentnbsp;bij de twee auteurs, waardoor Candide een meesterstuk vannbsp;stijl en compositie is geworden. Men zegt, dat Voltaire de Frisonbsp;van van Haren gekarakteriseerd heeft door het oordeel: �Stylenbsp;hollandais, cent paroles pour une�. Indien Voltaire de Hollandsenbsp;navolging van zijn Candide had kunnen kennen, zou hij waar#nbsp;schijnlijk dat vonnis hebben gehandhaafd. Bij meer dan dubbelenbsp;omvang is Jan Perfect armer aan inhoud. Telkens komt de auteurnbsp;door redeneringen het verhaal onderbreken; geen ogenblik ver#nbsp;geet men de man die het spel vertoont; zijn ironie is menigmaalnbsp;zwaar en grof, vergeleken bij die van Voltaire. De Wakker vannbsp;Zon laat ons soms lachen; Voltaire had bij �t schrijven eennbsp;glimlach om de lippen, en in zijn Candide is die lach niet altijdnbsp;�son hideux sourire�. Door aan Jan Perfect �n de eigenschappennbsp;van Candide �n die van Pangloss toe te kennen, heeft zijnnbsp;biograaf hem tot een zot en een karikatuur gemaakt, terwijl wijnbsp;voor Voltaire�s hoofdpersoon, die hulpvaardig is en trouw, ennbsp;al zijn reizen onderneemt om zijn Cunegonde, hoe deerlik ooknbsp;verhavend, terug te winnen, een zeker gevoel van sympathienbsp;krijgen, dat de belachelikheid van zijn persoon tempert. Candidenbsp;is aan �t eind van zijn avonturen een wijzer en gelukkiger man.nbsp;Jan Perfect�s tweeslachtige natuur heeft het niet verder gebrachtnbsp;dan tot twijfel, misschien tot doffe berusting. Zo is de Hollandsenbsp;roman voor wie �t niet alleen te doen is om zich met de karika#nbsp;turen te vermaken, somberder dan de Franse^).

Dit alles neemt niet weg, dat een lezer die over wat geduld beschikt ook nu nog met genoegen Jan Perfect kan lezen, vooral

*) Terecht zegt Morize (o. 1. blz. XLVII): �Candide nest pas une oeuvre d�sol�e et d�primante�, het is; �une oeuvre de clairvoyance et de pessimismenbsp;sans d�sespoir.�

om de denkbeelden van De Wakker van Zon te leren kennen; nog meer verdienen diens andere romans, door de levendigernbsp;verhaaltrant en door de tekening van het leven der Nederlandersnbsp;uit �de Franse tijd�, herlezen te worden. Meesterstukken zijnnbsp;het niet, maar wie weet uit de eerste twintig jaar der negentiendenbsp;eeuw een Nederlandse roman te noemen, die in de verte ver^'nbsp;geleken kan worden met het beste wat in die tijd geschrevennbsp;werd in Duitschland, Engeland of Frankrijk?

�t

The X^ray tube and some of the auxiliary apparatus used in the operations described innbsp;the article on �The Application of X#rays tonbsp;Speech^ Analysis�.

1. Target and tube, in position, as described. � 2. Lead screen (not quite in position) to protect camera. � 3. Leather helmet to enable the speaker tonbsp;hold or to resume a given position. � 4. Adjustable bracket to hold thenbsp;helmet at a given distance from the cassette and to allow it to be raised ornbsp;lowered vertically. The adjustable bolt (with seTscrew) on the outer shaftnbsp;passes (always at a right angle) through a metal plate just above the helmetnbsp;and is firmly fastened inside the helmet to a median metal shank whichnbsp;prevents deformation of the helmet. Thus the speaker may raise or lower hisnbsp;forehead without changing the position of the helmet�s grip on his head.nbsp;A given raising or lowering of the forehead causes a corresponding changenbsp;in the outline of the neck, therefore also of the outline of the tongue. �nbsp;5. Attached to vertical rod on side of cassette: a movable horizontalnbsp;bracket and on it an accurately adjustable slide with a rod pointing at thenbsp;middle of the speaker�s (closed) lips. � 6. Camera for recording lip^positionsnbsp;�simultaneously with X^ray exposure.

Note. The object visible between the speaker�s lips is a small rectangular cork block used, in a few cases, to keep a constant distance between the incisors � generally, a needless precaution.

I am glad to have been invited to contribute a brief account of one of mynbsp;own investigations to this volume ofnbsp;M�langes, in which I may thus joinnbsp;many colleagues who in this appropriatenbsp;way can pay an international tribute tonbsp;Dr. J. J. Salverda de Grave.

Soon after R�ntgen�s discovery of the X#rays, now almost forty years age, a few known attempts were made to applynbsp;them to the study of speech==articulations; but for a long whilenbsp;this new kind of phonetic investigation remained unsuccessfulnbsp;as well as dangerous. A summary chronological list of articlesnbsp;published between 1897 and 1929, with a mention ofnbsp;G. O. Russell�s book (The Vowel: its Physiological Mechanismnbsp;as Shown by X=Tay, 1928), was added by Messrs. Parmenter,nbsp;Trevino, and Bevans to their article on �A Technique fornbsp;Radiographing the Organs of Speech�, illustrated with seventeennbsp;figures and published in the Zeitschrift fiiv ExpevimentaUPhonetiknbsp;of 1 July, 1931, p. 63�84. The latest article that can be mentionednbsp;here is that by Parmenter and Trevino on �Vowel Positions asnbsp;Shown by X#ray�, published with twenty^seven figures, in Thenbsp;Quarterly Journal of Speech, in June 1932. From this toonbsp;brief mention of various fellow^pioneers, I pass to a summarynbsp;account of my own experiments � the first account that I havenbsp;published.

In December 1927, a generous offer by Dr. R. G. Van Nuys, a rontgenologist of Berkeley, California, enabled me to plan andnbsp;not long afterward to undertake, at his laboratory and with hisnbsp;personal collaboration, the actual making of various systematicnbsp;series of X^ray films illustrating speech^articulations. Individualsnbsp;Well adapted by the regularity of their anatomy, as well asnbsp;by numerous other qualities, to furnish what seems to me thenbsp;surest basis of an initial study (normal facts) are not numerous;nbsp;also special auxiliary apparatus had to be devised and made.nbsp;By July 1929, we had at last discovered how, with reasonablenbsp;care, to hold our speakers (our sujets parlants') in a firm knownnbsp;position, and thenceforward we could rely at least upon thisnbsp;essential (but often neglected) feature of all such operations.

one must enable the speaker under examination to sit comfort# ably in a fixed known position which, being known andnbsp;recorded, may be repeated accurately a minute or a month later.nbsp;Every distance and every angle should continue to be the same.nbsp;Any measurable shift of head or neck will make the film whichnbsp;it affects difficult or impossible to compare with other filmsnbsp;made as intended. For example, a raising or lowering of thenbsp;nasal bone, or a shift backward or forward of the speaker onnbsp;his chair, of course changes the angle formed by his chinnbsp;and neck, and the resulting photographic image may be markedlynbsp;altered, though the sound was the same as for the precedingnbsp;film, made as intended. Tilting of the head to either side willnbsp;likewise change the apparent character of the articulation visiblenbsp;only in two dimensions. Again, if the speaker does not cooperatenbsp;as instructed, he may twist his head round, more or less, innbsp;his leather helmet, which must not be strapped so tightly asnbsp;to interfere with his circulation or his equanimity. In a word,nbsp;his position must be verified immediately before every newnbsp;exposure to the X#rays, synchronised with a photograph ofnbsp;the lips.

Nearly all the published reproductions that I have seen are either a few isolated specimens (usually lacking adequate vi#nbsp;vidness) or, if numerous, not only fail to compose a metricallynbsp;homogeneous series but also lack the definiteness of outlinesnbsp;and contrasting shadows required for comparative study, asnbsp;well as other essential qualities^).

If the original X#ray films have the clearness and the homo# geneity now attainable with good equipment, a definite plan ofnbsp;procedure, and a careful technique in which the radiographer,nbsp;phonetician, speaking subject, and an assistant must aU cooperate,nbsp;their relevant outlines may be traced � in my case, on bluishnbsp;tracing#cloth tightly fastened with two spring#clamps over onenbsp;film on an electrically illuminated and electrically cooled call#nbsp;brated viewing#box. Satisfactory radiograms can also be accu#nbsp;rately reproduced on smaller so#called �ortho� films which cannbsp;be rapidly duplicated with no change of scale on other films

1) Both a lack of consistency in his experimental technique and a lack of clarity in his published reproductions, if not in his original films, arenbsp;illustrated in Dr. G. Oscar Russell�s book on The Vowel (1928), mentionednbsp;again at the end of the present article.

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called �process� prints. Either of these smaller films may then be legitimately retouched so as to preserve certain delicatenbsp;features which are otherwise almost sure to disappear in thenbsp;processes required by reproduction for publication in a booknbsp;or printed article. Through unsuccessful technique in the radios*nbsp;graphing or later, adequately accurate reproduction in this finalnbsp;form seems to have been extremely rare. Although practice maynbsp;considerably increase one�s skill, mechanical and other vicis#nbsp;situdes are sure to produce a great many films of which onlynbsp;parts are usable, or which must be completely discarded. Innbsp;the best of my 500 specimens, which can be displayed in seriesnbsp;of sixteen in welkilluminated viewing5=boxes, the most importantnbsp;features � even the outline of the soft palate and uvula � cannbsp;be seen clearly at a distance of from six to eight meters. Slidesnbsp;made from the films are useful; slides made from tracingsnbsp;can of course be clearly reflected to a much greater distance.nbsp;X^ray speech#films, displayed in systematic series, tell a truenbsp;story of speech^articulations, though this story is far fromnbsp;complete. Introducing no arbitrarily imagined elements intonbsp;their illustration of typical articulations, they differ from allnbsp;�sound^charts� made without their help and regularly (fornbsp;example) showing the same form of laryngeal resonances^chamber,nbsp;whatever the sound and whatever may be the outline assumednbsp;for the upper part of the tongue ^).

Van Nuys and I have carried on our operations at 100 milliam.� peres; 85�90 kilovolts; target distance 1.5 m.; exposure aboutnbsp;0.05 sec. In these very short exposures, slight variations maynbsp;be due to the timer. If the simultaneous photograph of thenbsp;lips, as well as the radiogram, shows no shift or blurring, bothnbsp;must be correct. The radiographic conditions just stated wouldnbsp;allow a continuous absolutely safe exposure at least forty timesnbsp;as long as the total time required by a maximum of twenty filmsnbsp;made of the same person at a single session. About ten tonbsp;sixteen are all that we can make advantageously; but eachnbsp;articulation should be X-rayed at least twice. Various uncer#nbsp;tainties, due to mechanical causes and to anatomical differences

1) Additional information, accurately supplementing X^ray speech^analysis and of great value as a whole, is given by Mr. V. E. Negus in hisnbsp;remarkable book on The Mechanism of the Larynx, London, 1929.

as one passes from subject to subject, or due to other causes, require the making of a preliminary test^film which must benbsp;developed for inspection before the rest are attempted. Thisnbsp;simple precaution saves energy, time, and money.

The relevant area that must be shown on our 25 X 20 film includes the nasal bone and five vertebrae, one ring of thenbsp;windpipe (trachea), and the profile of the lips as well as thatnbsp;of the neck. The target is on the same level as the approximatelynbsp;horizontal Uslt;shaped curve between the closed teeth and is atnbsp;a right angle to the molars. The pupils of the eyes, lookingnbsp;straight forward at the lens of the camera, help to establish thenbsp;best position. The speaker sits with his right shoulder againstnbsp;the bottom of the cassette, the median sagittal plane of his headnbsp;and neck being parallel to the film. The resulting image is thusnbsp;about one ninth larger than life-size.

The speaker begins with a very brief spontaneous pronun# ciation of the first continuant in a systematic series of continuants,nbsp;transitional and plosive sounds not being possible, at present, innbsp;X#ray photography, though possible to study with the help ofnbsp;X#rays. Next, at a spontaneously selected and known pitch andnbsp;not more loudly than in normal conversation, the speakernbsp;prolongs this continuant for two or three seconds, generallynbsp;twice; if it shows no perceptible change of pitch or quality, thenbsp;two strings of the X#ray tube and the camera shutter are pullednbsp;simultaneously. If the X#ray film thus made is completelynbsp;successful, the positions of the following parts (and of others)nbsp;will be revealed clearly enough for tracing and reproduction fornbsp;publication: (1) the resonance#chamber formed by the nasalnbsp;cavity and the nasal pharynx; (2) the hard and soft palates, oftennbsp;with a good outline of the uvula; (3) the floor of the mouthnbsp;when the tongue is drawn back or its blade is raised; (4) thenbsp;back and curving sides of the whole pharynx (most clearlynbsp;revealed by nasal sounds), down to the oesophagus; (5) thenbsp;thyroid, arytenoid, and part of the cricoid cartilages, whosenbsp;form, however, is clear only after ossification (chiefly affectingnbsp;the thyroid and cricoid, in the few cases noted); (6) the formnbsp;of the oral resonance#chamber, that is, of the tongue from itsnbsp;tip to its foramen caecum, or thereabouts, according to thenbsp;articulation; (7) the lowest (or laryngeal resonance#chamber),nbsp;showing its maximum capacity, as exhibited sagitally, when the

base of the tongue is curved far forward as for [i], or far forward at the valleculae, but bulging backward over the topnbsp;of the epiglottis (always clearly visible), as for [u]; (8) thenbsp;hyoid bone; (9) the approximate position of the �true� andnbsp;�false� vocal cords, disclosed roughly by the relatively darknbsp;area between them.

X^ray films cannot yet include plosives, but their typical arti# culations can be fairly well revealed by palatograms, and theirnbsp;whole movement, pretty well, by another method not within thenbsp;scope of this article. In the flow of natural speech, all continuantsnbsp;have an onglide and offglide measurably revealed by a kymos*nbsp;graph or oscillating mirror; but their characterising constantnbsp;components manifest themselves in an individual wave^formnbsp;which may be prolonged for several seconds with fluctuationsnbsp;due only to variations of amplitude or to a possible shiftingnbsp;of phase. The X#ray film must and can be made at any pointnbsp;during the brief prolongation of a given quality (say, that ofnbsp;[u], [i], [f], [x] �achdaut�, or any other continuant), which isnbsp;not seriously affected by slight changes of intensity or �loudness�,nbsp;though great changes of pitch change the quality of certainnbsp;sounds and must be avoided.

Frequent spraying of nose and mouth with a compound of iodised sesame oil will spread a dense but infinitesimally thinnbsp;film over all exposed surfaces of the soft parts and thus disclosenbsp;the outlines or areas, or both, indicated above. The rear outlinenbsp;of the tongue, down into the valleculae, is seen through thenbsp;jawbone; also, generally, the attachment of its plica triangularis.nbsp;In some cases, the upper outline is partly concealed by thenbsp;crowns of one or two pairs of lateral teeth, or by metallicnbsp;fillings; if any segment thus concealed does not exceed aboutnbsp;1.5 cm. on the dorsum, or about 1 cm. at the tip, it can benbsp;pretty safely assumed, but in a tracing all assumed lines mustnbsp;of course be indicated as such. In several films the whole dorsalnbsp;outline made by the markedly flat articulation of [a] is seennbsp;through the teeth as well above them.

Not satisfied with sprays (possibly having used the wrong kind, or a good kind wrongly), various experimenters havenbsp;attempted to outline various soft parts with metallic foil ornbsp;with tiny metal chains. Elaborate operations with one or thenbsp;other of these means, or with both, are described by Messrs.

Parmenter, Trevino, and Bevans, as well as by Mr. G. Oscar Russell. Not having witnessed any of these operations, I cannbsp;judge them, and not too well, only by published results.nbsp;The reproductions of films thus made seem to me less vividnbsp;and less instructive than those made with the spray of iodisednbsp;oil already mentioned. Though not with equal efficiency, thisnbsp;spray reaches all the soft surfaces, making some of the mostnbsp;important identify themselves vividly; others well enough tonbsp;justify useful conclusions. A complete covering with any kindnbsp;of foil seems impossible and, in any case, this method seemsnbsp;to leave numerous important features in their original obscurity.nbsp;As for gold chains, or any other kind, even though, as alleged,nbsp;they may not disturb the speaker nor (this is more important)nbsp;distort his natural articulation, a chain cannot surely hold itsnbsp;intended position along the median line of the tongue fromnbsp;its tip backward through the furrow to foramen or radix, thennbsp;downward through the supposed middle of the often verynbsp;humpy lymphoid tissue; still less can any chain stick surely tonbsp;either base-line of the frenulum linguae, nor to the forward^nbsp;curving surface of the base of the tongue when it bulges back�*nbsp;ward, as in the articulation of [u], [o], [x], etc. As is provednbsp;by photographic reproductions, adhesion yields to gravity andnbsp;the chain dangles down vertically, away from the curve whichnbsp;it should help to outline. If the dorsal furrow is or becomes atnbsp;all deep through possible upward bulging of the sides of thenbsp;tongue, this furrow is usually revealed by the film of spraynbsp;(like other cavities); but in any case a two-dimensional picturenbsp;cannot reveal transverse curvatures nor can it disclose the transverse slopes. If stereoscopic X-ray films ever attain the idealnbsp;efficiency thus implied, we shall perhaps be able to estimate thenbsp;varying cubic capacities of the three resonance-chambers whosenbsp;varying form and volume determine so largely the many differentnbsp;sounds that combine to constitute the intelligible symbolism ofnbsp;human speech. Two-dimensional X-ray films reveal a highlynbsp;significant part of the truth that we are seeking.

Of the 500 X-ray speech-films thus far made in my various series, possibly a fifth adequately fulfil the exacting requirementsnbsp;stated above; many others at least supply clear details needednbsp;for comparisons. English (American and British of familiarnbsp;types), �standard� French and �standard� Spanish, illustrated

by ten or more normal adults to each of whom one of these is a mother^tongue, furnish my best records. The sounds success#nbsp;fully X#rayed are limited to about twenty types of thosenbsp;continuants (including a few consonants) which may bear stressnbsp;in natural speech and can evidently be prolonged for two ornbsp;three seconds without any perceptible variation of quality. Thatnbsp;this is possible in plainly indicated by the fact that two wellnbsp;separated productions by a given individual of what the operator�snbsp;ear judges to be the same sound (for example, [u] or [i]) resultnbsp;in two essentially identical radiograms. The superposition ofnbsp;film on film is much less likely to make comparison possiblenbsp;than is that of tracing on tracing.

Marked discrepancies are rare and must be attributed, I think, to some error in the cooperation of operator and speaker innbsp;maintaining the constant posture intended, rather than to thenbsp;articulation itself; however, a given individual may, for example,nbsp;slightly raise one side of the tongue higher than the other innbsp;pronouncing the same sound the second time, thus conveying,nbsp;in a two#dimensional picture, the impression of an apparentlynbsp;higher articulation without essentially changing the acousticalnbsp;character of the resonance#chamber. Marked increases of loudnessnbsp;are in some cases the evident cause of what may be called anbsp;compensatory change of the articulation, for when the incisorsnbsp;are far apart (as for a very loud [a]) the tongue cannot keepnbsp;the same position as when they are close together (as for an [a]nbsp;just loud enough to be clearly identified).

At least in certain vowels, a marked raising of pitch causes the whole larynx to rise (two cm. or more), therefore also thenbsp;base of the tongue, as I have discovered by having a sopranonbsp;sing a given vowel two octaves higher than her lowest clearnbsp;speaking production of the same vowel. When a given individualnbsp;repeats the same quality of sound at the same pitch and with nonbsp;marked change of intensity (loudness), he will also repeat hisnbsp;articulation; his muscles have acquired uniform habits and thusnbsp;repeat spontaneously, easily, and in most cases, I think, inevit#nbsp;ably, the articulations required of him by his mother tongue innbsp;normal speech: articulatory divergencies in producing whatnbsp;appears to be the same sound are due, I believe, to changes ofnbsp;pitch, of intensity, or of both. These divergencies requirenbsp;thorough special research (apparently not yet undertaken) in

which the use of recording^reproducing apparatus, of an oscillo� graph, etc. is essential. Let us hope that our X#ray studies ofnbsp;speech^articulations, at the University of California and else^nbsp;where, may soon be enabled thus to increase their accuracy andnbsp;their scope.

The Xlt;�ray speech^films thus far made here with relatively simple auxiliary apparatus suffice at least, I think, to demonstratenbsp;that presumably all the spontaneous articulations of English,nbsp;French, Spanish, and (I suppose) of all other �natural� languages,nbsp;occur in every normal individual within markedly characteristicnbsp;limits or zones which are relatively the same as those of othernbsp;individuals speaking what a practiced ear (in agreement withnbsp;others) judges to be the same sounds. By �the same sounds�, innbsp;one or more individuals, I mean any speech^sound having anbsp;constant quality determined by at least one, generally by two,nbsp;or, in the case of nasals (as yet scantily investigated) presumablynbsp;three characteristic groupings of partials particularly prominentnbsp;in the distribution of the energy of that sound. Certain voicelessnbsp;fricatives (for example, [s] or [f]) are characterised by particularnbsp;high-frequency groups with no fundamental; oral vowels, bynbsp;two groups (one for the laryngeal, another for the buccal cavity),nbsp;etc. Whoever the individual may be, each of the speech-soundsnbsp;has certain common characteristic distributions of energy innbsp;certain indispensable constant partials which compose it and givenbsp;it identity; it is the variability of the number and relative strengthnbsp;of other partials that enables us to identify the characteristicnbsp;voices of individuals i). Had the various speech-sounds no acoustical bases markedly common to many individuals, there couldnbsp;be no generally intelligible language. In their turn, these acousticalnbsp;bases of speech have definite anatomical and physiological bases,nbsp;to each of which each speech-sound corresponds, as is also true,nbsp;mutatis mutandis, of �mechanical� musical instruments. The beliefnbsp;that this or that vowel �can be produced with the tongue innbsp;almost any position�, is not corroborated by any truly scientificnbsp;investigation with which I am acquainted. In the articulation ofnbsp;certain speech-sounds, some part of the vocal mechanism maynbsp;vary its behaviour without perceptibly altering the quality of

1) Cf. D. C. Miller, The Science of Musical Sounds, and the somewhat later books by Sir Richard Paget, Human Speech, and Harvey Fletcher,nbsp;Speech and Hearing.

the sound: for example, if the lips are properly closed and the soft palate is down, a good [m] does not require much unis*nbsp;formity of the tongue. In general, I find that uniformity ofnbsp;technique in making X=sray speechs*films reveals consistency innbsp;articulation.

Owing to anatomical and physiological differences between individuals, their respective articulations for the same sound (asnbsp;already defined) always differ and may differ markedly; butnbsp;the system of their progressions from one sound to anothernbsp;appears to be the same. For example, every individual decreases

the size of his laryngeal resonance^chamber as be passes from [u] �food� through [u] �foot�, [o], [o], and [a] to [a] Fr. �patte�nbsp;(though [o] is differentiated from [a] chiefly by the lips); thennbsp;a series of increases of that area in passing from [a] throughnbsp;[ae] Engl, �ham�, [�], [e], [i] Engl, �hid�, to [i] Engl, �heed�;nbsp;etc. In a word, for like sounds I find like articulations. Thisnbsp;finding is in part corroborated by the experiments or testsnbsp;described by Parmenter and Trevino in their article on �Vowelnbsp;positions as shown by X^ray� (already mentioned), and neithernbsp;they nor I discover the anatomical and physiological chaos somes*nbsp;what self^contradictorily but often emphatically described bynbsp;G. O. Russell in his book on The Vowel. The analysis bynbsp;Parmenter and Trevino of the causes of that chaos is convincingnbsp;and adequately expresses my own earlier and present views.

culations of [u] as in �fou�, of [o] as in �cor�, of [a] as in �pate�, and of [a] as in �an�, pronounced by a young Frenchmannbsp;whose speech is essentially like that of several million othernbsp;inhabitants of the Ile^dei^France. The roots of the teeth are in�nbsp;eluded to indicate the borders of the hard palate and the floornbsp;of the mouth.

Nos. 105 and 106 both represent his [u], pronounced with the incisors 12 mm. apart and at the pitch of 230 doublenbsp;vibrations. In 105 the tongue is about 3 mm. higher at its topnbsp;than in 106 when the mandibular rami are made to coincide;nbsp;when, by twisting the two original tracings, the vertebrae arenbsp;made exactly to coincide, the tonguedine also coincides prettynbsp;well throughout. The difference thus noted seems due, in part,nbsp;to an undesirable, but not destructive divergence of the twonbsp;curves of the neck. Note in all eight tracings the changing sizenbsp;of the laryngeal resonance^chamber, the bulge in 105 and 106nbsp;of the lymphoid tissue, and the position of the uvula, widelynbsp;separated from the pharynx in 126 and 127.

Nos. 109 and 110 (of the same individual) represent the very open [o] of �cor�. Distance between incisors 7 mm.; pitch 205 d.v.nbsp;The tip of the tongue, and the vertebra at that level, are aboutnbsp;3 mm. further forward in 109 than in 110 when the mandibularnbsp;rami are made to coincide; when the vertebrae are made tonbsp;coincide, the tongue has almost exactly the same outline in eachnbsp;case. The horizontal distance between the back of the tonguenbsp;and the front of the third vertebra is twice as great in the twonbsp;tracings of [u] as in the two of [o], or 24 mm.: 12 mm. (onenbsp;ninth less in the man�s head than in the X^ray film and originalnbsp;tracing).

Nos. Ill and 112 (of the same individual) represent [a] as in �pate�. Distance between incisors 7 mm. (in the film); pitchnbsp;183 d.v. With negligible discrepancies, the mandibular rami andnbsp;neckdines coincide. Between the back of its blade and itsnbsp;foramen caecum, the tongue is about 3 mm. higher in 111nbsp;(film) than in 112; otherwise the two tongue^^lines coincide.nbsp;This line is approximately the same for [a] as for [o], but thenbsp;lips always show a marked difference whose character is evidentnbsp;laterally in the film and tracing.

Nos. 126 and 127 (of the same individual) represent [8] as �an�. Distance between the incisors 14 mm. (in the film);

pitch 217.5 d.v. When the mandibular rami are made to coincide, the two tongue^lines coincide except that the blade shows anbsp;depression in 127. From its base in the valleculae to thenbsp;beginning of its blade, the tonguedine is nearly the same fornbsp;this nasal vowel as for its acoustically closely correspondingnbsp;oral type [a], but the tip is much further fronted (about 8 mm.)nbsp;than for the oral vowel, and the nasalisation is revealednbsp;graphically by the wide interval between the uvula and the oralnbsp;pharynx. Transversely, the opening along the lowered bordernbsp;of the soft palate at least quadruples the distance between thenbsp;uvula and the pharynx. The nasal twang so often heard innbsp;American English is commonly due to imperfect closure of thisnbsp;aperture; full opening necessarily brings the three resonance#nbsp;chambers into action.

LES FEMMES PO�TES DANS LA LITT�RATURE PROVENCALE AUX Xlle ET XlIIe SI�CLES

Dans la liste des troubadours figurent une vingtaine denoms de femme. Deux questions se posent a ce sujet: ces femmesnbsp;sonfeselles r�ellement les auteurs des vers qui leur sont attribu�s?nbsp;Et, s�il en est ainsi, faut^il les ranger dans la cat�gorie desinbsp;professionnels ou dans celle des dilettantes?

II est quelques^uns de ces noms pour lesquels la premi�re question se pose a peine et qu�il faut, au reste, s�rement �liminernbsp;purement et simplement.

Celui de Na Bieiris de voman ne se lit, au^dessus de deux banals couplets d�amour, que dans un seul manuscrit, au restenbsp;fort incorrect (T, fol. 98 v�) i). M. Schultz^Gora a reconnu quenbsp;les mots na Bieiris doivent �tre corrig�s non en Na Biatvis, maisnbsp;en N�Alberis, et qu�il faut reconna�tre dans ce personnage Ienbsp;c�l�bre Alberico da Romano, connu comme auteur de quelquesnbsp;autres vers^).

II faut aussi rel�guer parmi les ombres vaines les femmes qui nous apparaissent comme partenaires das des tensons �videm#nbsp;ment fictives: ainsi cette pr�tendue g�noise qui repousse ennbsp;termes fort grossiers les hommages alambiqu�s de Raimbautnbsp;de Vaqueiras ; ainsi cette anonyme qui, avec plus de finessenbsp;et d�esprit, oppose la m�me r�sistance au marquis Albertnbsp;(Malaspina?) ; ainsi encore la dame, �galement anonyme, qui,nbsp;consult�e par Pistoleta, lui conseille la hardiesse�). Je n�h�sitenbsp;pas non plus a rayer de la liste des �trobairitz�, en d�pit denbsp;la jolie historiette racont�e dans une razo, la donzela Alamanda,nbsp;a qui Giraut de Borneil demande de plaider sa cause aupr�snbsp;de sa dame justement courrouc�e �).

�) 392, 7; Crescini, Manualetto provenzale, no. 35. i) 16, 10; Bertoni, Trovatori, no. 71.

242, 69; �d. Kolsen, no. 57. Dans la tenson anonyme 461, 56 (Schultz, p. 29) nous voyons une donzela, qu�on a propos� d�identifier anbsp;Alamanda, jouer pr�cis�ment ce r�le et se faire l�avocate d�un amantnbsp;volage, mais repentant.

cobias) la participation de dames est surement attest�e par les textes m�mes: Gui d�Ussel s�adresse a une domna na Maria, ennbsp;qui il est impossible de ne pas reconnaitre Marie de Ventadour ^),nbsp;Elias Cairel a une domna Isabela^}, Lanfranc Cigala a unenbsp;Guilhelma^'). Deux dames discutant sur le mariage et le c�libat,nbsp;s�interpellent sous les noms de Carenza et Alaisina /se/da^).nbsp;Cette participation n�a rien qui puisse nous �tonner: les damesnbsp;qui prenaient plaisir a ces joutes po�tiques et acceptaient d�ar#nbsp;bitrer la querelle, pouvaient, a I�occasion, se piquer d�y jouer unnbsp;role plus actif.

II faut, a mon avis, accorder la m�me confiance aux Bio# graphies, aux razos, et m�me aux simples rubriques, quand ellesnbsp;contiennent des indications, si maigres soient^elles, qui n��taientnbsp;pas fournies par les textes; on a constat� en effet que lesnbsp;biographes n�inventaient pas les renseignements qu�ils nous don^nbsp;nent sur la patrie ou la condition de leurs h�ros ou h�ro�nes.nbsp;Nous pouvons done sans scrupules admettre Tauthenticit� desnbsp;vers attribu�s a Azala�s de Porcairagues, a Castellosa, a Claranbsp;d�Anduze, a une toulousaine nomm�e Lombarda, a Tibors, etnbsp;m�me a Gormonda de Montpellier, a Almois de Chateauneufnbsp;et a Iseut de Chapieu �).

II faudrait au reste se garder d�accorder a ces documents une confiance absolue: il semble bien d�montr�, par exemple, quenbsp;le biographe de celle des �trobairitz� qui est rest�e la plusnbsp;c�l�bre, la �comtesse de Die�, ait �t� mal renseign� ou qu�il senbsp;soit embrouill� dans ses souvenirs.

Les difficult�s que soul�vent ces quatre lignes ont �t� mises en relief par M. A. Thomas�), et, plus compl�tement, par le

2) nbsp;nbsp;nbsp;252,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ibid., p.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;22.

0 Ces trois dames ne sont nomm�es que dans des rubriques. En ce qui concerne les deux derni�res, les rapports entre elles que suppose lanbsp;pi�ce mise sous leur nom (253, 1; Schultz, p. 25) sont rendus vraisemblablesnbsp;par la proximit� des lieux qu�elles habitaient, Chateauneuf de Randon etnbsp;Chapieu, Tun et I�autre voisins de Mende. Les legons erron�es du manuscritnbsp;iAlmucs pour Almueis, Capion pour Capieu) ont �t� corrig�es et les deuxnbsp;localit�s identifi�es par M. C. Brunei, dans l�article cit� a la Bibliographie.

*) Francesco da Barberino et Ia litt�rature provengale en Itali�, 1883, p. 117 ss.

D�apr�s Ie biographe, la comtesse de Die aurait �pous� Guih laume de Poitiers^) et aim� Raimbaut d�Orange. Le premier denbsp;ces personnages peut �tre Guillaume Ier, attest� de 1158 a 1189nbsp;environ, ou son petit^fils Guillaume II, mort jeune vers 1227.nbsp;Mais l�un et l�autre �taient comte de Valentinois, non de Die,nbsp;et cette ville m�me n��tait pas dans leurs domaines. Le premiernbsp;�pousa une B�atrice (de la le nom fr�quemment donn� a lanbsp;po�tesse), fille de Guigue IV, dauphin de Viennois; maisnbsp;celui^ci non plus ne pouvait transmettre a sa fille un titre qu�ilnbsp;ne porta jamais; ce titre au reste fut inusit� de 1168 a 1307.nbsp;Quant a Raimbaut d�Orange, il pourrait �tre, non le po�te, maisnbsp;un neveu de celui^sci, qui vivait dans la premi�re, moiti� dunbsp;XlIIe si�cle. II serait naturel, dans ce cas, d�identifier la po�tessenbsp;a une �comtesse de Die�, qui, au t�moignage de Francesco danbsp;Barberino, avait compose des nouvelles moralisantes; mais cettenbsp;hypoth�se aussi se heurte a des difficult�s chronologiques, cettenbsp;dame ayant v�cu a une �poque assez rapproch�e de Barlerinonbsp;(mort en 1348) pour que celui^ci ait pu connaitre un des personsnbsp;nages qu�elle avait mis en sc�ne�).

Des textes rassembl�s par la diligente �rudition de L�on Gautier^) et de M. E. Faral �), il r�sulte que les �jongleresses�nbsp;�taient nombreuses; ces textes nous les montrent faisant le m�tiernbsp;de danseuses, acrobates, chanteuses, musiciennes �), mais ne nousnbsp;disent pas qu�elles se soient adonn�es a la composition po�tique.nbsp;Le fait n�est pas n�anmoins sans exemple. La Biographie denbsp;Miraval nous apprend que sa femme Gaudairenca �savait trouver�nbsp;et qu�elle �faisait ses danses� (il ne s�agit �videmment pas icinbsp;d�exercices chor�graphiques) au sujet d�un chevalier nomm�

*) La comtesse de Die, dans le Bulletin de la Soci�t� d�partementale d�arch�ologie et de statistique de la Dr�me, I. XXVII. 1893, p. 183�202.

'^) Issu d�une branche cadette des comtes de Poitou �tablie depuis longtemps en Dauphin�.

�) La seule solution consiste done a supposer que �Comtesse� �tait, non un titre, mais un pr�nom, lequel aurait �t� port� par deux poetesses vivantnbsp;dans la m�me r�gion a un si�cle environ d�intervalle.

*) C�est aussi dans ces attidudes que nous les montrent les miniatures reproduces par M. Pidal, g�n�ralement d�apr�s des manuscrits espagnolsnbsp;{Poesia juglaresca, p. 46, 72, 232).

Guillem Bremoni). Mais il semble bien que nos po�tesses n�aient pas fait partie de cette corporation, qui �tait fort d�cri�e. Lenbsp;fait est �vident pour celles qui portent des titres nobiliaires:nbsp;quant aux autres, les biographes en parlent avec estime et nousnbsp;les montrent jouissant d�une certaine consid�ration; Azalais denbsp;Porcairagues, Castellosa, Lombarda sont gratifi�es du titre denbsp;domna, rehauss� de flatteuses �pith�tes {gentils, ensenhada);nbsp;Clara d�Anduze aurait r�ussi a nouer des relations avec les bonasnbsp;domnas et les valens omes de la r�gion et Guillelma de Rosers,nbsp;flors de cottesia, aurait �t� accueillie et combl�e de pr�venancesnbsp;par de nobles G�nois �). Ce n�est pas en ces termes que l�onnbsp;parlerait de jongleresses, et ce n�est pas avec ces �gards qu�ellesnbsp;auraient �t� trait�es par leurs contemporains. Les �trobairitz�nbsp;dont nous connaissons les noms �taient done des �dames�, denbsp;naissance plus ou moins relev�e, tenant dans la soci�t� un rangnbsp;honorable, et po�tisant par gout ou pour se faire une r�putationnbsp;de bel esprit.

La plupart ne se sont exerc�es que dans les genres inf�rieurs, n�exigeant qu�un m�diocre effort (tenson, partimen, cobla). Cinqnbsp;seulement se sont hauss�es jusqu�a la chanson; encore troisnbsp;d�entre elles n�ont laiss� qu�un petit nombre de vers, insignifiantsnbsp;par leur forme comme par leur contenu ; de deux seulement,nbsp;la comtesse de Die et Castellosa, le legs po�tique est asseznbsp;consid�rable pour nous permettre d�appr�cier leur talent, o� ilnbsp;me parait, je l�avoue, y avoir plus de gracieuse facilit� quenbsp;d�originalit� et de force�).

Les chansons de la comtesse et de Castellosa qui ont, dans les temps modernes, recueilli plus d��loges que leurs auteurs n�ennbsp;pouvaient raisonnablement ambitionner, sont, il faut bien le dire,

*) De Na Tibors nous n�avons qu�un couplet (440, 1; Schultz, p. 25); de Clara d�Anduze, trois couplets et une tornade, les deux premiers misnbsp;dans la bouche de l�amant, le reste dans celle de la dame (115, 1; Schultz,nbsp;p. 26); d�Azalais, une chanson compl�te, assez banale (43, 1; Schultz, p. 16).

�) De la seconde, nous avons trois chansons (Schultz, p. 23); de la premi�re, deux chansons compl�tes et une fragmentaire {ibid., p. 17).nbsp;C�est par simple conjecture qu�on lui attribue une part dans la c�l�brenbsp;tenson Estat ai en greu cossirier, qui est au reste une des perles de lanbsp;po�sie proven(;ale (ibid., p. 18); cette pi�ce se lit dans les mss. parminbsp;celles de Raimbaut d�Orange et ne porte en rubrique que son nom.

assez d�concertantes: ce ne sont pas des r�ponses a des requ�tes d�amour, r�ponses o� eussent pu se d�ployer la finesse et lanbsp;grace f�minines, mais des requ�tes d�amour directes, ardentes,nbsp;plus sensuelles chez Tune, plus humbles chez l�autre.

La comtesse souhaite de voir son chevalier prendre la place de son mari, et �de Ie tenir, un soir, nu dans ses bras�; se sentantnbsp;d�laiss�e, elle fait valoir ses m�rites, sa noblesse de sang et denbsp;coeur, sa fid�lit�, qui ne lui valent �ni merci ni courtoisie�. Castelj�nbsp;losa s�abaisse davantage encore: elle implore �un beau semblant�,nbsp;la faveur d��tre �retenue�, proteste contre Ie pr�jug� qui interditnbsp;aux femmes de faire les avances: ne vauts^il pas mieux prier quenbsp;mourir?

Fauriel s��tonne et se scandalise a ce spectacle: comment ces nobles dames onts^elles pu consentir �a descendre du rang d�idolesnbsp;a celui d�adoratrices�, a �soumettre la beaut� a la force�, a�jouernbsp;si mal leur r�le de d�esses�, a se rendre coupables �d�une esp�cenbsp;de contresens dans les id��s chevaleresques ^)�.

II admet en effet, ce qu�ont fait jusqu�ici tous les critiques, que les �trobairitz� ont exprim� des sentiments vrais, que nousnbsp;avons affaire ici a de la po�sie v�cue, et il s�extasie, commenbsp;Raynouard et tant d�autres, devant l�ardeur de cette passion, lanbsp;chaleur de ces accents, la simplicit� de ce style ^).

J�avoue, tout en admirant la simplicit� et Ie naturel du style �), que j�ai bien de la peine a croire a cette sinc�rit�, et que cettenbsp;singuli�re attitude me parait devoir s�expliquer autrement. Jenbsp;me figure que nos �trobairitz�, enclaves de la tradition, incapablesnbsp;d�un effort d�analyse, se sont bom�es a exploiter des th�mesnbsp;connus, a user d�un formulaire courant, en intervertissant sim#

�) �Je ne crois pas, �crit Raynouard (a propos de la comtesse, qu�il compare a Sapho), que jamais l��l�gie ait mis autant de grace et d�abandonnbsp;a exprimer une affection aussi tendre et aussi passionn�e. C�est Ie sentiment

Ie plus vrai, Ie plus exquis qui a dict� cette pi�ce.� [A chantar m�er] ____

Et, s�excusant de l�imperfection de sa traduction; �Ce sont des fleurs d�licates dont il faut respirer Ie parfum sur l�arbre m�me.� {Choix, II, p. XLII). M�menbsp;note dans Emeric#David [Hist, litt, XVIII, 580), Aza�s (les troubadoursnbsp;de B�ziers, 2e �d., p. 142) et Ie due de la Salie de Rochemaure [Lesnbsp;troubadours cantaliens, I. p. 414). M. Schultz [loc. cit., p. 7) retrouve dansnbsp;les chansons de Castellosa �comme un �cho de cette vieille conceptionnbsp;germanique de la condition inf�rieure de la femme.�

�) J�excepte de eet �loge la chanson de la comtesse Ah joi et ab joven, en rimes derivatives, qui n�est qu�un tour de force de versification.

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plement les roles. II n�y aurait la que des exercices litt�raires, au reste non d�nu�s de m�rite. Hypoth�se pour hypoth�se, il menbsp;parait plus naturel de pr�ter a ces femmes �nobles et biennbsp;enseign�es� une certaine paresse d�esprit, une �vidente faute denbsp;go�t, que ce choquant oubli de toute pudeur et de toutenbsp;convenance.

F a u r i e 1, Histoire, etc., t. II, p. 74=6. � O. Schultz, Die provenzalischen Dichterinnen, Biographieen urtd Texte, nebst Anmerkungen und einernbsp;Einleitung, Leipzig, 1888, mlt;=4�. � C. Brunei, Almois de Chiteauneufnbsp;et Iseut de Chapieu, dans Annales du Midi, XXVIII, 1916, 462^71.

Qualemcumque virum doctum summa diligentia disciplinam suam colentem parumper cotide animum a labore oportet ab#nbsp;ducere, ut deinde refectis viribus mentis denuo literis operamnbsp;dare possit. Sed haec relaxatie non omnibus aeque expedita est,nbsp;nam est cessandi quaedam ars quam callere non cuivis homininbsp;contingit. Sunt permulti qui cogitationibus suis tam fortiternbsp;tenentur ut nullo tempore, ne somni quidem, negotie planenbsp;vacent. In paucissimis ilium furorem magnificum esse dicas,nbsp;plerosque ei impares esse constat. Miserandi sunt et digni quinbsp;xaxodaif^ove? appellentur, nam studio suo serviunt, non imperant.nbsp;Servitus illa quam sit tristis ipsi sentiunt, et doloris medicinamnbsp;haberent, si improbe labore efficeretur ut commilitonibus prae=�nbsp;starent. Sed labor ille evadit in �strenuam inertiam�. Febris illanbsp;vires mentis debilitat et fateantur necesse est earn caligine quadamnbsp;involvi.

Quam diversa est vitae ratio hominis sani et liberi, justum tempus tribuentis requieti. Mens bonis artibus exculta non torpetnbsp;dum recreatur, sed inscia concoquit et conficit quae antea per=gt;nbsp;cepit. Vir sanus dum ambulat, dum cenat inter domesticos, dumnbsp;confabulatur cum amicis, dum prorsus nihil agit, repente antenbsp;mentis oculos micantem videt scintillam, veritatemque arripit quamnbsp;diu frustra quaesivit. Saepissime viri docti dixerunt pulcherrimanbsp;inventa sibi occurrisse dum otiosi essent.

De variis modis animi remittendi non opus est multa dicere; unum nomino, qui sc�icet consistit in legendis libris historiarumnbsp;commenticiarum. Hujusmodi scriptis nostra aetas tantoperenbsp;abundat ut nunquam non nova quaedam nobis proponantur,nbsp;modo seria, modo faceta. Quid vero? In prioribus tamquam innbsp;tragoediis miserabiles casus vitae narrantur; interesse cogimurnbsp;discordiis inter parentes et liberos, perfidiis amantium, simulgt;lt;nbsp;tatibus amicorum. Num his legendis animi leniri possunt? Immonbsp;concutiuntur. Qui talia legit vix lacrimas tenet et in tristissimasnbsp;cogitationes de imbecillitate Humana incidet, quibus a cultunbsp;doctrinae prohibeatur. Posteriora, faceta illa, non ita raro insulsa,nbsp;interdum risum movent, saepius languorem et taedium afferunt.

Sed est genus tertium, specie quidem serium, non autem re vera. Primas partes hic agit fur, falsarius, raptor, sicarius, velnbsp;potius explorator qui mira calliditate nefarios detegit. Explora#

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tores dico qui anglice �detectivi� nuncupantur, unde historias in quibus horum virtutes legentium admirationi proponuntur,nbsp;�fabulas exploratorias� dicere liceat. Exploratores non sempernbsp;sunt ex iis quibus securitatis publicae cura delata est, sednbsp;interdum sunt homines privati qui acumine quasi divino in^nbsp;citati magistratibus opem ferunt, quos sagacitate longe superantnbsp;et quos saepe contemnunt. Artifices sunt quorum ars est innbsp;indagandis sceleribus, et potius artis exercitium spectant quamnbsp;publicam salutem. Astutia certant cum hominibus scelestis, quosnbsp;non semper penitus oderunt. In fabulis exploratoriis res gestaenbsp;positae sunt intra fines quibus nostra vita hodierna continetur,nbsp;dramatis personae versari putantur Londinii vel Lutetiae vel innbsp;alio loco non commenticio; imaginem vitae praebent, licet in^nbsp;solitae. Forsitan credas fieri non posse quin talibus historiis,nbsp;quippe rebus horrendis plenis, vehementer commoveamur. Ipsanbsp;tarnen subtilitas exploratorum, admirabilis quidem sed nonnun#nbsp;quam major quam pro viribus humanis, nos monet fabulas illasnbsp;non pro seriis esse accipiendas, sed scriptores earum nosnbsp;illusione quadam decipere. De hac re lucutenter disputavit virnbsp;amicissimus Salverda de Grave in commentariolo qui inscribiturnbsp;�De fabulis exploratoriis� Magna copia doctrinae instructusnbsp;nos docet originem hujus generis literarum quaerendam esse innbsp;ilia arte prioris partis undevicesimi saeculi quae vulgo �roman#nbsp;tismus� dicitur. Magnopere amicus noster illis fabulis delectatur,nbsp;ingeniosissimas quasque lectitatas memoria tenet. En prudentissi#nbsp;mum consilium. Nam Sherlock Holmes ille et socii ejus tranquil#nbsp;litatem legentium non perturbant, et exploratoris subtilitasnbsp;habet similitudinem quandem cum sollertia viri docti arcananbsp;historiae linguarum eruentis.

Nonnullis tarnen locis amicus noster differt a viro notissimo Sherlock Holmes, qui totus in arte sua exercenda et aliorumnbsp;inventa supercilio judicans multa contemnit quae ceteri mortalesnbsp;magni faciunt. Spectaculum camporum quos flores, arbores,nbsp;flumina variant et laetificant, eum non delectat. Cubicula Viaenbsp;Pistoriae, in quibus Londinii habitat, socordiam quandam domininbsp;ostendunt. Vestimenta, libri, acta diurna, commentarii, tubulinbsp;quibus fumum haurire solet, promiscue et confuse jacent innbsp;solo, in sedibqs, in mensis. Nihil tale invenias in museo Viae

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Valeriae, ubi omnia sunt nitidissima, pulcherrimo ordine disposita, Cotidie permultae epistolae amico nostro mittuntur, kctas autemnbsp;in mensa scriptoria jacere non sinit, sed summa cura suis quasquenbsp;locis reponit. Non videntur ibi receptacula plena trunculisnbsp;voluminum fumiferorum. Omnino caret illo vitio quod Gallinbsp;appellant �morgue�, omnes qui consulendi vel salutandi causanbsp;eum adeunt, benigne audire solet. Linguae gallicae peritissimusnbsp;batavo sermone utitur purissimo nullis vel perpaucis vocabulisnbsp;gallicis admixtis. Veteres amicitias studiosissime colit, novas, cumnbsp;hominibus dumtaxat spectatae fidei, minime aspematur. Auc�^nbsp;toritate et gratia plurimum valet apud collegas, discipulos,nbsp;necessarios; ab omnibus diligentissime observatur. Permulta quaenbsp;hominibus expetenda videntur consecutus est. Brevi tempore anbsp;re publica removebitur; litteras quas tarn diu coluit, pergetnbsp;amare, et aliquando valetudine minus commoda defessumnbsp;pristinae felicitatis recordatio consolabitur. Sed annos septuagenosnbsp;nati futura prospicere vetamur. Videmus adhuc hujus vitaenbsp;pulchritudinem, quae per tot annos nos delectavit et qua moxnbsp;non jam fruemur. De termino vitae non longinquo nobiscumnbsp;loquentes notissimum illud murmuramus:

Omnem crede diem tibi diluxisse supremum; Grata superveniet quae non sperabitur hora.

Apr�s la publication du G�nie du Christianisme, Ie Classicisme continuait a r�gner longtemps encore dans la litt�rature fran^nbsp;9aise. II influen9ait en premier lieu, et a un tr�s haut degr�.nbsp;Chateaubriand lui^m�me qui composait ses Martyrs rigoureuse^nbsp;ment conformes aux r�gies et aux pr�ceptes d�Aristote, d�Horacenbsp;et de Boileau. Quant a cela, ses lecteurs classiques pouvaientnbsp;�tre rassur�s: �Jamais ouvrage ne fut plus conforme a lanbsp;doctrine po�tique, plus orthodoxe du Parnasse.�^)

Si cependant Ie classicisme n�a pas produit d�ceuvre litt�raire digne de la post�rit�, c�est qu�il s�adaptait mal au nouvel ordrenbsp;social et que les anciennes sources d�inspiration coulaient toujoursnbsp;plus lentement. Les pseudo^classiques �taient des imitateurs desnbsp;Maitres du XVIIe et du XVIIIe si�cle, sans beaucoup d�origi#nbsp;nalit� ni de force cr�atrice, et devenus totalement �trangers a lanbsp;nature et incapables d�observation personnelle.

Cette d�tresse spirituelle obligeait Rousseau, Chateaubriand, Mme de Sta�l, les pr�curseurs des Romantiques, a cherchernbsp;leur salut dans les auteurs anglais et allemands modernes quinbsp;leur enseignaient par leur exemple a �tre eux^m�mes dans unenbsp;litt�rature originale, nationale et chr�tienne, dans laquelle lanbsp;Bible remplagait l��pop�e d�Hom�re, et o� Ie Moyen Agenbsp;prenait la place de l�Antiquit� gr�codatine.

D�autres, au contraire, dont les tendances �taient tr�s appa^ rent�es a celles des po�tes de la Renaissance du XVIe si�cle,nbsp;voulaient rajeunir et revivifier la litt�rature classique actuelle,nbsp;qui souffrait de vieillesse et d an�mie, et s�adresser directementnbsp;aux Grecs et aux Romains.

De ce groupe de n�o^classiques Andr� Ch�nier serait devenu sans doute Ie porte^parole s�il lui avait �t� donn� de publiernbsp;luLm�me son po�me sur VInvention.

La, il loue Hom�re et Virgile comme les po�tes par exi* cellence, paree qu�ils joignaient la force cr�atrice au gout et aunbsp;sens artistique; c�est pourquoi comme mod�les ils sont a pr�#nbsp;f�rer aux auteurs anglais dont trop souvent l�originalit� manque

�) Chapitre d�un ouvrage projet� sur: �l�Hell�nisme en France a partir de la Renaissance�.

d�ordre et de mesure. Cependant il ne faut pas lire ces maitres immortels pour r�p�ter leurs pens�es en francais aussi artistementnbsp;que possible, mais pour �tre stimul� par leur exemple a lesnbsp;�galer dans des oeuvres originales. II ne faut pas les imiternbsp;avec la docilit� servile d�un disciple, mais il faut tacher d�ap#nbsp;procher de leur perfection avec I�ambition et la hardiesse d�unnbsp;�mule, car l�imitateur servile est condamn� a l�oubli; seul Ienbsp;po�te cr�ateur subsistera.

L�auteur de 1�Invention visait principalement la po�sie; il pen# sait a son �pop�e de la science, son Herm�s. Paul#Louis Courier,nbsp;admirateur de Voltaire et des Grands Classiques, pour quinbsp;Rousseau et Chateaubriand ne semblaient pas exister, m�ditaitnbsp;l�enrichissement et Tembellissement de la prose classique lors#nbsp;qu�il pr�conisait en 1823, les m�mes id��s que Ch�nier surnbsp;l�originalit� d�Hom�re dans la Fv�face de sa traduction frag#nbsp;mentaire d�H�rodote.

�La litt�rature grecque est la seule, en effet, qui ne soit pas �n�e d�une autre, mais produite par I�instinct et Ie sentiment dunbsp;�beau chez un peuple po�te. Hom�re, avec raison, se dit inspir�nbsp;�des dieux, tenant son art des dieux, dit#il, sans �tre enseign�nbsp;�d�aucun homme. II n�a point eu d�anciens, fut lui#m�me sonnbsp;�maitre, ne passa point dix ans dans Ie fond d�un coll�ge anbsp;�recevoir Ie fouet, pour apprendre quelques mots qu�il e�t pu,nbsp;�chez lui, savoir mieux en cinq ou six mois; il chante ce quilnbsp;�a vu, non pas ce quil a lu, et il nous Ie faut lire, non pournbsp;�Vimiter, mais pour apprendre de lui a lire dans la nature,nbsp;�au/ourd�hui lettre close a nous qui ne voyons que des habits,nbsp;�des usages; l��tude de lantique ram�ne les arts au simple, horsnbsp;�duquel point de sublime.y�

Son gout pour la simplicit� Ie distinguait, sinon des plus grands des classiques, du moins de leur entourage aristocratique qui senbsp;cr�ait d�apr�s sa propre image une antiquit� de noblesse com#nbsp;pass�e et formaliste. C��tait une erreur grossi�re des traducteursnbsp;du XVIIe si�cle qui firent parler aux anciens Ie langage desnbsp;courtisans de Louis XIV et des habitu�s des salons des Pr�#nbsp;cieuses. Ils s�exprimaient plut�t comme Ie peuple, naturellementnbsp;et sans contrainte; en cela ils ressemblaient a nos vieux �crivains.nbsp;Paul#Louis Courier traduisait done H�rodote dans la na�ve languenbsp;populaire qu�il enrichissait de nombreuses tournures et expres#nbsp;sions archa�ques; en effet, H�rodote �tait un peu Ie Froissard

grec. Le r�sultat ne r�pondait pas a ses vastes esp�rances. Sa na�vet� �tait trop voulue pour ne pas paraitre affect�e et artifi#nbsp;cielle. La o� il avait voulu �tre simple et naturel, il �tait devenunbsp;souvent trivial et grossier. � Aussi le critique et hell�nistenbsp;Villemain pronon^ait tout de suite un jugement d�favorable surnbsp;cette traduction, tandis que plus tard, dans un article en sommenbsp;bienveillant, Sainte^'Beuve la jugeait �tre une parodie^).

Si on veut connaitre la maitrise de Courier dans Tart de traduire, il faut prendre de pr�f�rence sa traduction du romannbsp;pastoral de Longus dans lequel il corrigeait avec talent Amyot,nbsp;le grand traducteur du XVIe si�cle. II y trouvait Amyot tropnbsp;diffus et trop n�gligent; il d�non^ait ses inexactitudes. En outre,nbsp;plusieurs expressions d�Amyot �taient tellement surann�es quenbsp;la plupart de ses lecteurs modernes ne les comprenaient plus.nbsp;Souvent aussi ses mots avaient pris dans le cours des temps unnbsp;ton qui sonnait mal aux oreilles. La connaissance approfondienbsp;du grec permettait a Courier de corriger le texte d�Amyot denbsp;ses insuffusances. Non seulement il rendait les pens�es de l�auteurnbsp;avec plus de pr�cision et de concision, mais il donnait aussi anbsp;son style un caract�re po�tique par lemploi fr�quent d�ar#nbsp;cha�smes choisis avec go�t.

Comme il s��tait familiaris� avec la langue du XVIe si�cle, il pouvait se permettre cette tentative. II �tait un lecteur diligentnbsp;et attentif des prosateurs du XVIe si�cle: Rabelais, Henrynbsp;Estienne, Des P�riers, la reine de Navarre. A c�t� d�eux il fautnbsp;citer avant tout parmi ses auteurs pr�f�r�s La Fontaine, qui, grandnbsp;admirateur de Rabelais et de Marot, avait montr� dans ses Fablesnbsp;et dans ses Contes une m�me pr�f�rence pour des mots archaicnbsp;ques; aussi lui doit�l une foule d�expressions.

C�est probablement sous l�influence du grand fabuliste que Courier �crivait sa traduction dans une prose rythmique quinbsp;s�approche quelquefois de la po�sie. On a pu y signaler plusieursnbsp;vers, des alexandrins, assez souvent pr�c�d�s ou suivis d�unnbsp;vers court.

C�est ainsi que, guid� par un sentiment d�licat de la langue et du rythme, a force de patience et de pers�v�rance. Courier a r�ussi anbsp;transformer sa traduction de Daphnis et Chlo� en un po�me ennbsp;prose dont Saintes^Beuve a pu attester sans exag�ration que

c��tait peuts^�tre la seule traduction qui m�ritat la pr�f�rence sur 1�original ^). Si Ie style �tait affect� et artificiel dans Ie romannbsp;grec, dans l�adaptation fran^aise il �tait presque na�f et naturelnbsp;grace au g�nie du traducteur. Mais ici on regrette doublementnbsp;que l�auteur ait d�par� cette idylle d�licate par des descriptionsnbsp;sorties d�une imagination peu chaste; c��tait l�oeuvre d�un sophistenbsp;grec de la d�cadence et nulle traduction ne pouvait voilernbsp;cette tare.

Ce roman nous transporte dans l�ile de Lesbos, o�, dans un paysage charmant et boiseux, au bord de la mer, pr�s denbsp;Mityl�ne, Daphnis et Chlo� gardent ensemble leurs troupeauxnbsp;de ch�vres et de moutons. On sait leur histoire. Abandonn�s parnbsp;leurs parents, ils grandissent comme des enfants de bergers:nbsp;Daphnis chez Ie chevrier Damon, Chlo� chez Ie berger Dryas;nbsp;tout en jouant ils s��prennent l�un de l�autre. Cet amour, dontnbsp;l��closion insensible forme Ie v�ritable sujet du roman, estnbsp;troubl� par toute sorte d��v�nements. D�abord c�est Ie bouviernbsp;Dorcon qui d�sire Chlo� comme �pouse et qui la poursuit denbsp;son amour; puis ce sont les pirates qui volent leur troupeau etnbsp;qui enl�vent Daphnis de force; une autre fois encore ce sontnbsp;les guerriers de M�thymne qui, pendant la guerre, s�emparentnbsp;de Chlo� comme d�une proie. Mais comme ces enfants se trouventnbsp;sous la protection sp�ciale d�Amour et des Nymphes, ils sontnbsp;toujours sauv�s malgr� les difficult�s et les dangers qui lesnbsp;menacent. Pan aussi, Ie dieu des bergers, leur est favorable etnbsp;leur pr�te par occasion son aide miraculeuse. Aussi Ie romannbsp;as't^il un d�nouement heureux: Daphnis et Chlo� retrouvent anbsp;la fin leurs parents, riches habitants de Mityl�ne qui consententnbsp;imm�diatement a leur mariage.

L�auteur a d�crit, avec beaucoup de soin, Ie d�cor; les tableaux de la nature et du paysage a la succession des saisons sontnbsp;attrayants: la vive activit� et la joie de vivre dans la jeunesse etnbsp;la fraicheur du printemps; la luxuriance g�n�reuse de l��t�; Ienbsp;calme repos de rautomne apr�s Ie temps plein de rumeurs desnbsp;r�coltes quand une derni�re pomme oubli�e luit encore a traversnbsp;les feuilles jaunies; enfin la pesante solitude du long hiver sansnbsp;fin. Tout cela est intimement li� a l�histoire sentimentale desnbsp;deux jeunes amoureux qui, comme les plantes et les animaux.

subissent inconsciemment la silencieuse et myst�rieuse influence de la nature dans les diff�rentes saisons.

Ces descriptions de la nature et ces tableaux champ�tres comme la f�te des vendanges, Ie traducteur les a visiblement rendusnbsp;avec amour dans sa langue maternelle. L�exp�rience lui fittrouvernbsp;les termes les plus po�tiques et les plus pittoresques dont lesnbsp;sons lui rappelaient d� ja d�aimables images de son propre pass�.nbsp;N��tait A\ pas, comme il se d�signerait plus tard dans ses redoutnbsp;tables pamphlets: �PaubLouis Courier, vigneron de Touraine?�

Jeux et danses prennent une large place dans ces f�tes cham^ p�tres. Phil�tas, Ie vieux berger, se vante de ne Ie c�der a personne,nbsp;si ce n�est au Dieu Pan, dans Tart de tirer de la flute des sonsnbsp;harmonieux. C�est pourquoi il envoie Tityre, son fils, cherchernbsp;son instrument. Sur ces entrefaites Lamon, au milieu d�un groupenbsp;attentif, raconte Ie mythe de Pan et de la nymphe Syrinx qu�ilnbsp;avait appris d�un berger sicilien. Bient�t nous voyons Daphnisnbsp;et Chlo� repr�senter dans une danse plastique la poursuite denbsp;Pan et la fuite de Syrinx.

Une autre fois c�est Daphnis qui raconte a son amie comment la nymphe Echo, �lev�e par les nymphes et instruite par lesnbsp;Muses dans l�art du chant, de la flute et de la cithare, excitanbsp;l�envie de Pan, et comment, pour avoir d�daign� l�amour dunbsp;dieu, elle fut d�chir�e par les bergers furieux qui dispers�rentnbsp;ses membres harmonieux sur la terre:

�chant, retient sa musique, et depuis, par Ie vouloir des Muses �imite les voix et les sons, repr�sente, ainsi que faisoit la pucellenbsp;�de son vivant, hommes, Dieux, b�tes, instruments et Pan, quandnbsp;�il joue de la flute, lequel entendant contrefaire son jeu, sautenbsp;�et court par les montagnes, non pour autre envie, mais cherchantnbsp;�o� est l��colier qui se cache et r�p�te son jeu, sans qu�il Ie voienbsp;�ni connoisse� 0-

Ces fables mythologiques, traduites dans la prose m�lodieuse de Courier, donnent tout a fait l�impression d�etre peintes surnbsp;les flancs d�un vase attique ou cisel�es dans l�argent d�un crat�renbsp;artistement travaill�, comme les bergers de Th�ocrite en re^urentnbsp;apr�s leurs concours de chant, comme prix de leur victoire. Voici

1) R. Gaschet, Les Pastorales de Longus, traduction par M. P.-L. Courier, edition critique, p. 69.

d�crite dans une belle page qui avait d� ja frapp� Andr� Ch�nier dans Ie texte grec et qui m�me 1�avait pouss� a Timiter, l�incidentnbsp;qui foumit a Daphnis un pr�texte de raconter la fable de lanbsp;nymphe Echo:

�Ainci qu�ils mangeoient ensemble, ayant moins de souci de �manger que de s�entrebaiser, une barque de p�cheurs parut, quinbsp;�voguoit au long de la c�te. II ne faisoit vent quelconque, etnbsp;��toit la mer fort calme, au moyen de quoi ils alloient a ramesnbsp;�et ramoient a la plus grande diligence qu�ils pouvoient, pournbsp;�porter en quelque riche maison de la ville leur poisson toutnbsp;�frais p�ch�; et ce que tous mariniers ont accoutum� de fairenbsp;�pour all�ger leur travail, ceux^ci Ie faisoient alors; c�est quenbsp;�l�un d�eux chantoit une chanson marine, dont la cadence r�gloitnbsp;�Ie mouvement des rames et les autres, de m�me qu�en un chceurnbsp;�de musique, unissoient par intervalles leur voix a celle dunbsp;�chanteur. Or, tant qu�ils vogu�rent en pleine mer, Ie son dansnbsp;�cette �tendue se perdoit, et la voix s��vanouissoit en l�air; maisnbsp;�quand ils vinrent a passer la pointe d�un �cueil et entrer ennbsp;�une baye profonde en forme de croissant, on ou�t bien plusnbsp;�fort Ie bruit des rames, et bien plus distinctement Ie refrain denbsp;�leur chanson; pource que Ie fond de la baye se terminoit ennbsp;�un vallon creux, lequel, recevant Ie son, comme Ie vent quinbsp;�s�entonne dedans une flute, rendoit un retentissement quinbsp;�repr�sentoit a part Ie bruit des rames, et la voix des chanteursnbsp;�a part, chose plaisante a ou�r. Car comme une voix venoitnbsp;�d�abord de la mer, celle qui r�pondoit de terre resonnoit d�autantnbsp;�plus tard, que plus tard avoit commenc� l�autre�!).

Paul^Louis Courier appartenait a la m�me g�n�ration qu�Andr� Ch�nier et Chateaubriand; il �tait n� a Paris en 1772. Bien que,nbsp;d�s son enfance il manifesta plus de go�t pour l��tude du grecnbsp;que pour celle des math�matiques, son p�re Ie destinait pourtantnbsp;a l�arm�e. Et en effet il est devenu officier, mais un officiernbsp;qui n�h�site pas a quitter son poste pour se vouer tranquille^nbsp;ment a l��tude. Par contre il �tait un savant hell�niste qui, avecnbsp;son sens de Tart antique, supportait mal Ie vandalisme desnbsp;soldats de la R�publique, lorsqu�ils mutil�rent de leurs mainsnbsp;profanes les tr�sors d�art l�gu�s par l�antiquit� a l�Italie. Aussinbsp;dans une lettre a son savant ami polonais Chlewaski se plaint#il

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am�rement de leur furie de destruction qui ne respecte rien. Lui^m�me s�enfermait de pr�f�renoe dans les biblioth�ques et lesnbsp;mus�es italiens. C�est ainsi que dans la Biblioth�que Laurentiennenbsp;de Florence tombait entre ses mains un manuscrit du romannbsp;de Longus qui contenait un fragment inconnu. Mais en ennbsp;copiant Ie texte, il Ie maculait tellement d�encre qu�il en devintnbsp;illisible. II maculait en m�me temps sa bonne r�putation, car sesnbsp;ennemis pensaient qu�il l�avait fait a dessein, voulant s�assurernbsp;de cette mani�re honteuse l�honneur exclusif de la d�couverte.

Mais Courier, m�me s�il avait tort, n��tait pas homme a se laisser accuser impun�ment par ses adversaires. II s�engagea unenbsp;violente pol�mique entre lui et del Furia, Ie biblioth�caire indign�,nbsp;qui lui reprochait en des termes trop violents sa maladressqnbsp;intentionnelle. Alors pour la premi�re fois, dans un scandalenbsp;rendu public, se r�v�la Ie pol�miste ardent jusqu�a la virulence,nbsp;forme a l��cole des logographes grecs, de Pascal et de Voltaire.

Courier acquit une grande c�l�brit� apr�s la Restauration par ses pamphlets politiques: P�tition aux deux Chambres, P�titionnbsp;pour les villageois qu�on emp�che de danser, Gazette du village.nbsp;Pamphlet des pamphlets. Dans ces �crits de quelques pages ilnbsp;s��levait contre les violences r�actionnaires que Ie gouvernementnbsp;et Ie clerg� commirent alors contre la paisible population cam^nbsp;pagnarde, et cela avec l�indignation, l�esprit et l�ironie qui rap=�nbsp;pellent non seulement Voltaire, mais Pascal, Ie Pascal desnbsp;Provinciates. Les quelques lignes par lesquelles commence lanbsp;P�tition aux deux Chambres suffisent a nous r�v�ler Ie ton denbsp;ces pamphlets:

�Je suis Tourangeau; j�habite Luynes, sur la rive droite de la �Loire, lieu consid�rable, que la r�vocation de l��dit de Nantesnbsp;�a r�duit a mille habitants, et que l�on va r�duire a rien par denbsp;�nouvelles pers�cutions, si votre prudence n�y met ordre.�

Ces brochures ne sont, en effet, pas tr�s inf�rieures aux immortelles Provinciates. Ce sont des chefs d�oeuvre d�un formatnbsp;tr�s modeste, �crits dans une prose claire, limpide et teint�e 9anbsp;et la d�archa�smes, mais priv�e de tout ornement litt�raire. Lesnbsp;courtes phrases, �l�gamment polies, trahissent dans Ie style denbsp;la prose une maitrise a laquelle son commerce avec les anciensnbsp;n�est pas �tranger. On l�a compar�, non sans raison, a Isocratenbsp;et a Lysias, car de m�me que les logographes grecs descendaientnbsp;dans leurs plaidoyers au niveau de leurs clients de la petite

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bourgeoisie, de m�me Courier se fait dans ses pamphlets l��gal des villageois dont il d�fendait les int�r�ts. II n�a pas honte d�etrenbsp;na�f et familier dans ses expressions, il s�est forg� une armenbsp;redoutable de la langue du peuple, savoureuse et �nergique.nbsp;Mais cette simplicit�, cette grace, apparemment naturelles, nenbsp;sont chez lui que Ie triomphe du grand styliste, Ie fruit tardifnbsp;de sa patience, un raffinement supr�me.

Nous reconnaissons dans l�auteur des pamphlets Ie traducteur de Daphnis et Chlo�, Ie styliste, Ie po�te en prose, qui comprenaitnbsp;si bien la beaut� de la nature champ�tre, paree qu�il vivait denbsp;la vie de la campagne et qu�il se sentait luij^m�me campagnard.nbsp;Un titre comme P�tition pout les villageois quon emp�che denbsp;danset, annonce d�ja suffisamment que l�idylle ou quelque petitnbsp;tableau champ�tre y interrompt par moments l�argumentation etnbsp;fait passer sur ces pamphlets politiques un souffle de suavit�.

Ainsi nous arrivons a la conclusion qu�a une �poque o�, sauf quelques sp�cialistes, personne ne s�int�ressait a l��tude de l�antis�nbsp;quit�, PauhLouis Courier a continu� dans sa prose d�une mani�renbsp;modeste, mais digne, l�oeuvre de Ch�nier, jusqu�a ce que, Ienbsp;10 avril 1825, Ie traitre coup de fusil d�un assassin, son proprenbsp;garde forestier Fr�mont, mit fin a sa vie.

ESCALUFR� OU ESTALUFR�?

Je recopie, sans y rien changer, deux articles figurant au tome III (dat� de 1884) du Dictionnaire de Vancienne langue frangaisenbsp;de Godefroy, p. 351, col. amp; et c:

Cil estoit viguereus et hardiz et escalufrez. (Renier, des .1111. Aag. d'otne, Richel. 12581, f� 390 v�).

Li riche ne li povre ne doivent estre escalufr�, car meniere d�escalufr� est trop perilleuse et mauveise. Et il est bons qui bien se contient, et quinbsp;est ententis a faire bontez sanz peresse. (ld., ib., fquot; 399 r�).

Car chascuns et chascune qui tant a vescu qu�il eschape de Vescalufrement de jovant se doit on quenoistre et repantir vraiement. (Renier, des .1111.nbsp;Aage d�ome. Richel. 12581, f� 395 vquot;).

Je n�ai pas cherch� a savoir a la suite de quelle confusion Godefroy appelle Renier l�auteur Des quatve tens d�aa^e d�ome,nbsp;qui est Philippe de Novare.

Les sources uniques de Godefroy sont, comme on Ie voit, Philippe de Novare et Gautier de Coinci. Le passage de Gautiernbsp;fait partie du Miracle du soulier et figure dans l��dition denbsp;1�abb� Poquet (col. 155), qui est faite sur le m�me manuscritnbsp;de Soissons, dans une teneur identique, sauf que le vers 10 (lenbsp;dernier cit� par Godefroy) s�y lit ainsi:

^) Mais il est peut��tre utile de signaler ici qu�aux manuscrits connus de l��diteur, M. de Er�ville, Les quaire ages de l�homme, trait� moral denbsp;Philippe de Savarre (sic), publication de la Soci�t� des anciens textesnbsp;francais, 1888, s�ajoutent ces deux autres: Paris, Bibl. nat., fr. 17.177nbsp;(P. Meyer, Bulletin de la Soci�t� des anciens textes frangais, XXI, 1895,nbsp;P. 112), et Louvain, Bibhoth�que de l�Universit�, G. 53 (A. Lingfors,nbsp;Notice des manuscrits 535 de la Bibhoth�que municipale de Metz et 10.047nbsp;des nouvelles acquisitions frangaises de la Bibhoth�que nationale, suivienbsp;de cinq po�mes frangais sur la parabole des Quatre filles de Dieu, danS'nbsp;Notices et extraits des manuscrits, XLII, 1933, p. 160).

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Le manuscrit de Leningrad, Ermitage, Fr. F. v. XIV 9, que j�ai vu r�cemment, donne (fol. 201 v'�) exactement la m�menbsp;le^on que Poquet.

Avant d�examiner le bien fond� de la traduction de Godefroy, signalens seulement que c�est sans doute la variante du ms. denbsp;Bruxelles qui, pour le dernier mot, repr�sente la bonne le^on.nbsp;La rime riche demande en effet musars et non pas buisnavs.

Passons maintenant a Philippe de Novare. Au glossaire de M. de Fr�ville il y a �escalufv�, fougueux, 37, 127, etc.� (eet etc.nbsp;veut dire qu�il faut ajouter 139) et �escalufrement, fougue, 97.�nbsp;Au paragraphe 37 figure le premier exemple cit� par Godefroynbsp;d�apr�s le ms. fr. 12.581 (fol. 390 v�), qui est pr�cis�ment lenbsp;manuscrit base de l��dition:

II est escrit ou livre Lancelot ... que uns prodons et sages et loiaus, qui avoit a nom Farien, avoit .j. sien neveu qui estoit apeleiz Lanbague; cilnbsp;estoit viguereus et hardis et estalufrez. Andui furent a .j. mout grant consoilnbsp;ou il avoit assez de viaus et de sages. Lambagues ... se basta et parianbsp;devant les autres, et ses diz fu tenuz a mal et a folie. 38. Li oncles l�annbsp;reprint mout et li dist: �Biaus ni�s, je t�anseignerai .j. sens qui mout porranbsp;valoir a toi et as autres jones, se il est bien retenuz: garde, se tu te truevesnbsp;en grant consoil, que ta parole ne soit o�e ne tes consaus, devant que linbsp;plus sage et li plus me�r de toi et li greigneur avront parl� et dit lor senz:nbsp;si en porras plus avis�ement estre garniz a dire ton avis ... car granz bontenbsp;et granz peebiez est de fol consoil doner bastivement ...

L��diteur imprime done, comme l�abb� Poquet, estalufr�. Mais, influence sans doute par Godefroy, dont il reproduit la traducenbsp;tion, il s�est repend, car a l�errata il invite le lecteur a corrigernbsp;escalufv�.

... nature doit estre par raison assise et reposee et affermee et estable (var. establie) ou mileu dou moien aage, et en tel estat comme en estnbsp;adonc, de naturel senz ou de fobe, de debonairet� et d�umilit� ou de felonie,nbsp;d�orgueil et de largesce ou d�avarice, de bardement ou de coardise, d�estrenbsp;paisibles ou quereleus, loial ou delloial, soutil ou gros (var. rudes), amesur�nbsp;OU escalufr�, bon ou mauveis en toutes eboses.

Retenons de ce passage que le mot qui nous int�resse signifie ici �videmment le contraire de l�amesur�.

Le troisi�me exemple (c�est le second de Godefroy) figure au d�but du paragraphe 139, le pr�c�dent �tant enti�rement consacr�nbsp;a l��loge de la mesure:

138. Mout se doit on pener d�estre amesurez, car toz jors dit on: Mesure dure. Li riebe puissant en sont mout bonor�, quant il sont amesur� ...

et ce est une vertuz que Dieus et les gens aimment mout, et cil qui sont amesur� ancontre les gieignors d�aus, bien lor en puet avenir ... Les povresnbsp;genz doivent tuit estre amesur� ... Et par mesure pueent eschaper de domagenbsp;et de bonte ... 139. Li riche ne li povre ne doivent estre escalufr�, carnbsp;meniere d'escalufr� est trop perilleuse et mauveise; et celui est bons quinbsp;bien se contient et qui est ententis de faire bontez sanz peresse.

Enfin, Ie substantif figure au paragraphe 97, dans un contexte qui dit essentiellement ceci:

95. En moien aage doit en estre quenoissanz et amesurez et resnables et soutis, fermes et estables en la veraie creance de Nostre Seignor Jhesucrit, sagesnbsp;et porveanz ... 96. Premierement doit on quenoistre soi me�smes, et se doitnbsp;on amesurer et retraire des folies que 1�an a fait en jovant... 97. Et afferm�nbsp;et estable en la veraie creance est 1�an, quant l�an fait les oevres qui afierentnbsp;a la creance de ?aus qui bien croient en Dieu. Et l�an les doit faire qui n�estnbsp;fous et desesperez; car chascuns ... qui tant a vescu qu�il eschape (var. estnbsp;eschapez) de Vescalufrement de jovant se doit quenoistre et repantir vraiementnbsp;et estre verais conf�s et faire penitances et orisons et aumosnes et mandernbsp;avant son tresor en 1�isle si Ie trovera a son besoig, quant il perdra Ienbsp;regne terrien.

J�ai maintenant a m�occuper du Roman de la Rose. On cher�s cherait en vain notre mot au glossaire de Langlois. II ne se trouvenbsp;qu�aux variantes.

Si com mei semble, une parole Si esbaulevree et si folenbsp;Que, qui voudrait, ce crei, musernbsp;A vous emprendre a escuser,

Comme variante du v. 5702, on trouve: �C He estalufree� (les sigles repr�sentent deux manuscrits de la familie C, Dijon 526nbsp;et Amiens, et un manuscrit de Copenhague). Dans Tintentionnbsp;des copistes de ces manuscrits, estalufree signifie done sans doutenbsp;la m�me chose qu esbaulevree qui est traduit au glossaire parnbsp;�effront�e�. Ce mot esbaulevr� n�est pas tr�s fr�quent. Parmi les

Expression figur�e qui signifie a peu pres �se pourvoir, prendre ses dispositions d�avance�.

exemples fournis par Godefroy il y a deux passages de la Somme Ie toi de Laurent de Premierfait dont l�un pr�sente la variantenbsp;esbaluffr�, forme due sans doute a une contamination.

M. E. Lommatzsch me communique obligeamment que dans les notes de Tobler il n�y a pas d�autres exemples d�estalufr�nbsp;(esc=), estalufrement (esc=) que ceux fournis par Gautier denbsp;Coinci et Pbilippe de Novare.

Dans la compilation pieuse qui occupe en entier Ie ms. fr. 12.483 de la Biblioth�que nationale et due a un fr�re pr�cheur dunbsp;Soissonnais (il �tait done compatriote de Gautier de Coinci, maisnbsp;post�rieur d�une centaine d�ann�es a celubci, sa compilationnbsp;datant des environs de 1330) on trouve quatre nouveaux exem^nbsp;pies du mot estaluftee que je lis toujours sans h�sitation avec t,nbsp;et non pas avec c:

C�est bons signes en jouvencele Quant est vergonneuse pucele.nbsp;M�s quant ele est estalufree.

Le mot est toujours au f�minin dans ce recueil (ce qui est en effet assez naturel, puisqu�il est destin� a une congr�gationnbsp;de femmes) et le sens ressort du fait que Vestalufree est oppos�enbsp;a la simple ou a la vergonneuse. Le sens d��effront�e� indiqu�nbsp;par E. Langlois pour esbaulevree, convient assez bien ici.

De ce qui pr�c�de il faut conclure, quant au sens, que l�ac# ception d��effront�, de �d�vergond� est assur�e pour notre motnbsp;chez le fr�re pr�cheur du Soissonnais et dans la variante dunbsp;Roman de la Rose. Ce m�me sens est probable dans le passagenbsp;de Gautier de Coinci. Mais Philippe de Novare semble employer

Tadjectif plut�t dans I�acception d��tourdi� et Ie substantif correspondant dans celle d��tourderie, folies de jeunesse�.

Quant a la forme, nous avons constat� que l�abb� Poquet (ce qui a vrai dire ne prouve pas grand chose), E. Langlois (ce quinbsp;est autrement important) et M. de Fr�ville, tant qu�il suivait sanbsp;premi�re inspiration, ont lu estalufv� (estalu/rement), tandis quenbsp;Godefroy et, probablement a I�instigation de celuiisci, M. denbsp;Fr�ville dans la suite, ont cru devoir lire escalufr� {^escalufte=nbsp;ment). Je cois, surtout sur la foi du t�moignage du ms. 12.483,nbsp;que la bonne forme est estalufv�. Si cette mani�re de voir estnbsp;juste, il ne peut y avoir aucun rapport entre notre mot et Ie motnbsp;landais escalufat, cit� par Godefroy.

Luigi Bonaparte (nato ad Aiaccio nel 1778, morto a Livorno nel 1846), che fu re d�Olanda dal 1806 al 1810, coltivo per tuttanbsp;la vita gli studii letterarii e storici.

Senza prendere in esame le opere sue, tra cui primeggia per importanza quella intitolata Documents histoviques et v�flexionsnbsp;sur le gouvernement de la Hollande, edita nel 1820, mi propongonbsp;di richiamare I�attenzione sopra alcuni suoi curiosi tentativi pernbsp;togliere alia versificazione la rima. La pratica ch�egli ebbe dellanbsp;letteratura latina pot� conferire a tale sua idea; ma certamentenbsp;agirono assai piu sopra lui gli esempii italiani, del �verso sciolto�,nbsp;ed altre saltuarie prove consimili dal Quattrocento in poi, chenbsp;non mancarono di effetti anche in Francia.

Perch� altri ed io stesso, nel trattare della cosi detta Poesia Barbara (dal Carducci in poi, usiamo chiamare a questo modonbsp;la metrica italiana non rimata), non abbiam rammentato tra inbsp;precursor! del Mablin il Vauvenargues, colgo ora I�occasionenbsp;di farlo. L�ingegnoso moralista ha, tra i suoi abbozzi, una Pri�renbsp;a la Trinit� che � tutta scritta in versi irregolari, non rimati:

Non so se I�esperimento del Vauvenargues (1715�1747) fu conosciuto dal piemontese Gambattista Mabellini, che, stabilitosinbsp;a Parigi nel 1807, e divenuto cancelliere deH�Universita e pro==nbsp;fessore di greco nella Scuola Normale, vi fu trasformato, frans*nbsp;cesizzandolo, in quel Mablin, lodato dal Sainte^Beuve e danbsp;altri per un suo dotto lavoro: M�moire sur ces deux questions:nbsp;Pourquoi ne peut=on faire des vers frangais sans rime? Quellesnbsp;sont les difficult�s qui sopposent a l�introduction du rythmenbsp;des anciens dans la po�sie frangaise? II qual lavoro usci a Pariginbsp;nel 1815.

Nel concorso medesimo dove la Memoria del Mabellini ebbe una menzione si present� un altro italiano, Fabate Antonio Scoppa,

siciliano, che parimenti dimorava a Parigi. Confrontando Ie lingue francese e italiana (Les vrais principes de la versification; e,nbsp;con un ritorno sul tema. Les beaut�s po�tiques de toutes lesnbsp;langues, consid�r�es sous Ie rapport de Vaccent et du rhytme')nbsp;egli venne a concludere che i Frances! avrebbero, come glinbsp;Italian!, potuto rinunziare alia r!ma, perch� ne! vers! loro bastanonbsp;gl! accent! a produrre un� altra bellezza che ha !1 vantaggionbsp;d�essere p!� spontanea.

Fu questa Memoria dello Scoppa che indusse Lu!g! Bonaparte a presentare, nel 1819, sotto !1 nome da lu! assunto d! Contenbsp;d! SalntsiLeu, una scrlttura apposlta, all�Accademla Francese:nbsp;M�moire sur la versification (Roma, De Romanis). Movendonbsp;appunto dalle osservazion! del s!c!l!ano, v! sostenne che ! Frances!nbsp;avrebbero fatto bene a riprendere que! poch! tentativ! del Denbsp;Ba�f e d! altr!, nel Clnquecento, e a svolgerl! !n componiment!nbsp;poetic! senza rima, seguendo !1 lungo esperimento italiano delnbsp;�verso sciolto� e altr! esperiment! a p!� riprese.

In conformita a codeste idee produsse molto d! poesia frans= cese (se s! possa o s! voglia chiamarla cosi) e anche qualcosanbsp;d! poesia italiana in vers! non rimati. Po�sies du Comte de St.nbsp;Leu s�intitolano ! due volum! ch�egl! pubblic� a Firenze nelnbsp;1831, raccogliendovi, con la produzione rimata, tale produzionenbsp;�rythmique�.

La D�dicace a mes enfants ha quest! notevol! vers! al figlio Luigi, destinato a salire come Napoleone III sul trono d!nbsp;Francia:

Ed ha questi altri versi, in chiusa, che sono quasi il pro# gramma della riforma de lui propugnata:

La rime, je Ie sais, a pour vous ces attraits Que Racine et Boileau lui pr�t�rent jadis;

Qui vient, a chaque vers, marteler notre oreille Et troubler l�harmonie, en voulant la forcer.

Ho detto che i due volumi non meritano d�essere esaminati particolarmente nella loro materia e nella maniera stilistica; nullanbsp;v�� che esca in qualche modo da un� umile mediocrita, purnbsp;offrendo un documento singolare, per un re, di coltura e dinbsp;bravura letterarie. Mi contento adunque di riferire, da Pri�re,nbsp;questa invocazione a Dio in favore della operosa e virtuosanbsp;Olanda;

Prot�g� la Hollande et son sol qui chancelle Sans pouvoir effrayer ses vaillants habitans;

Le courage constant, les lumi�res modestes D�un peuple vertueux et soumis a tes lois.

L�esercizio fatto da Luigi Bonaparte per giungere a verseggiare senza rima in francese, apparisce da alcune versioni di odi ora#nbsp;ziane; tra le quali � anche il Carmen saeculare in gloria dinbsp;Roma. Altrove il poeta contempla di Roma le rovine, e piangenbsp;SU quelle, e le esalta, cosi da rammentare, assai in peggio, il cantonbsp;di Corinna sul Campidoglio:

L�esercizio apparisce altresi nella riduzione in versi non rimati, alessandrini, di tutto quanto L�Avare di Moli�re. Lucr�ce, tragedia,nbsp;� parimenti versificata, ma � originale; come La suite du Lutrinnbsp;del Boileau, dove, per altro, gli alessandrini sono rimati, e, a dirnbsp;vero, ne appariscono un po�migliori. Cosi hanno la rima alcuninbsp;altri componimenti.

Le date apposte, nell� Indice, a ciascuna poesia riescono d�un certo interesse, facendoci assistere alia vita errante dell�autore,nbsp;da Parigi a Gratz, da Compi�gne a Losanna, da L�Aia a Pirenze,nbsp;da Montpellier a Roma, tra il 1806 e il 1826.

Dal complesso si manifesta une nobile figura, che, se non fu di artista nel senso alto del vocabolo, fu di un uomo superiorenbsp;anche nel gusto e nella pratica delle lettere umane.

De la leyenda de Troya que tan presente estaba en la imagina#= cion de los eruditos espanoles ya en el siglo XI, como se ve ennbsp;los Carmenes y Epitafios latinos que entonces redactaban, nonbsp;conocemos basta el siglo XIII manifestaciones en lenguanbsp;espanola, y �sas epis�dicas, incluidas en obras de contenido muynbsp;vasto (el Alexandre, la General Estoria, la Primera Cr�nica denbsp;Espana}. Una exposici�n de la leyenda hecha en obra aparte nonbsp;se nos conserva sino en dos traducciones del Roman de Troienbsp;de Benoit de Sainte Maure: una, toda en prosa, hecha pornbsp;orden de Alfonso XI y acabada de copiar en 1350, y otra, ennbsp;prosa y verso que solo poseemos fragmentaria.

Este fragmento de Historia Troyana fue descubierto por Amador de los Rios, quien calific� sus versos de �peregrinasnbsp;joyas del parnaso espanol�; pero como este autor prodigabanbsp;elogios semejantes, no logr� atraer hacia su hallazgo la atenci�nnbsp;de la critica. Ni Men�ndez Pelayo se fijo en �l, y eso que tannbsp;avidamente escudrin� toda la poesia medieval; en sus Origenesnbsp;de la Novela no dedica a la historia Troyana sino tres lineas,nbsp;para afirmar que estaba escrita a fines del siglo XIV (en lo cualnbsp;sigue a Rios) y que sus poesias eran a la manera de los laisnbsp;del Tristan y demas novelas bretonas, apreciaci�n inexacta, puesnbsp;los versos de la Historia Troyana son poesia narrativa y no lirica.nbsp;Paz y Melia public� las poesias de que tratamos (Revuenbsp;Hispanique, VI, 62), pero tampoco las apreci� mas que connbsp;el elogio de Rios. En fin, Solalinde que es quien mejor hanbsp;estudiado nuestra Historia Troyana en sus manuscritos, fuentesnbsp;y relaciones, s�lo incidentalmente se ocupa del valor de lasnbsp;poesias, notando que no tienen mas fuente que el Roman denbsp;Troie, y que son pesadas amplificaciones del mismo (Rev. Filol.nbsp;Esp. III, 157); en cuanto a la fecha de esta traduccion la fijanbsp;hacia 1350 o algo antes.

Yo creo que la obra no es tan tardia como se dice ni tan insignii* ficante, y a este prop�sito voy a hacer algunas observaciones.

Examinando el vocabulario de la Historia Troyana, pens� Paz y Melia que la poesia IV, la descripcion de la sexta batalla, eranbsp;mas antigua que las otras. No podemos hallar motivo algunonbsp;para creer que las poesias pertenecen a distintas �pocas, pero sinbsp;observamos en el lenguaje de la obra un arcaismo superior al

de la fecha de 1350, veinte afios antes o cuarenta despu�s, que se Ie asigna por todos.

El vocabulario nos da una primera impresion de mayor ancianidad. El verbo desmanchar, usado en esa poesia IV en elnbsp;sentido de �desarticular las mallas de una loriga�, pertenece alnbsp;l�xico del Poema del Cid (hacia 1140) y al del Alexandre (hacianbsp;1240); mas tarde prevalece el verbo desmallet, usado tambi�nnbsp;en la prosa de la Historia Troyana; el cuento de Otas (hacianbsp;1300?) emplea igualmente a la vez los dos verbos. El pluralnbsp;los dios, usado en el verso y en la prosa de nuestra Historia,nbsp;se halla en el Alexandre, en la Primera Cr�nica de Espana ynbsp;en el Caballero Placidas (comienzos del siglo XIV?); ya hacianbsp;1350 es corriente el plural los dioses. El verbo terzet, �enjugar�nbsp;(tergere) que sale dos veces en nuestra poesia VII, lo hallonbsp;solamente en Berceo y en la parte mas vieja de la Primeranbsp;Cr�nica (hacia 1270). El adjetivo descabenada, dicho de Briseidanbsp;�despeinada y sin toca�, s�lo lo recuerdo en la Cr�nica General.nbsp;El galicismo joya, varias veces usado en nuestras poesias troyanasnbsp;con el sentido primitivo de �alegria�, me es desconocido bajo talnbsp;acepci�n en todo otro texto, y parece indicar una primera �pocanbsp;en el empleo de esa voz. Estos y algun otro vocablo analogonbsp;(salvando el poco conocimiento que aun tenemos de la vida denbsp;nuestro l�xico) 0 iios llevan a pensar que la Historia Troyana senbsp;agrupa mejor con los textos del siglo XIII que con los del XIV.

Y la versificacion de las poesias nos aclara esa impresi�n primera. No dispongo en esta contribucion, de paginas bastantesnbsp;para desarrollar el examen que acabo de hacer de los fragmentosnbsp;en cuesti�n, y me limitar� a exponer mis conclusiones.

El metro de las once poesias es regular isosilabico �a silabas contadas�; los manuscritos de la obra s�lo nos ofrecen un 10%nbsp;de versos mal medidos, y casi una mitad de esos (en 46%) senbsp;corrige introduciendo la ap�cope de alguna =e final: infant(e),nbsp;por end(e), etc., ap�cope que se desusaba ya bastante en elnbsp;siglo XIV, pero que estaba en todo su vigor durante el XIII.nbsp;Y en este punto la ap�cope del pronombre personal encliticonbsp;es muy significativa.

1) Y salvando tambien el que yo escribo ahora apartado de mis libros y papeles, obteniendo por correo las informaciones complementarias que masnbsp;necesito.

La apocope de Ie tras palabra acabada en vocal es obligatoria en la Historia Troyana, lo mismo que en el Poema del Cid, que esnbsp;el texto donde mayor extension tiene la p�rdida de la =e; en elnbsp;Alexandre, en el Apolonio y en el Fernan Gonzalez las formasnbsp;apocopadas estan todavia en gran mayoria respecto a las plenas;nbsp;luego en el Arcipreste de Hita (1330) ya la apocope de Ie estanbsp;en minoria.

La apocope de se en la Historia Troyana viene a situar este texto entre los de mediados del siglo XIII, si bien en ultimonbsp;lugar. En el Mio Cid la forma =s representa un 55o/o del totalnbsp;de casos en que el pronombre puede apocoparse; en el Alexandrenbsp;un 38%: en el Apolonio un 26%; en Hita s�lo un 10%;nbsp;y la Historia Troyana nos da un 27% de formas apocopadas.

La apocope de me vuelve a llevar la Historia a �poca mas antigua. En Mio Cid la forma =m ocurre en un 46 �/o del totalnbsp;de los casos; en el Alexandre representa un 317o; en elnbsp;Apolonio un 18%: en la Historia Troyana un 45 7o; en Hita lanbsp;apocope =m es ya excepcionalisima, pudiendo decirse que nonbsp;ocurre sino en las cantigas serranas para remedar el lenguajenbsp;r�stico.

En conclusion, la apocope del pronombre personal nos impide resueltamente colocar la composici�n de la Historia Troyana ennbsp;tiempos del Arcipreste de Hita, y nos llevaria a situarla en elnbsp;primer tercio del siglo XIII. Pero como a la vez la versificacionnbsp;de la Historia admite la sinalefa en mayores proporciones quenbsp;Berceo y que el Alexandre, debemos hacer descender su fechanbsp;hacia 1270, cuando se escribe la parte mas vieja de la Cr�nicanbsp;General de Espana, en que la apocope de Ie, se, me, esta aun ennbsp;gran vigor.

En cuanto a la significaci�n literaria de la Historia Troyana ha de notarse que si bien la prosa es, salvo raras excepciones, meranbsp;traducci�n del Roman de Troie, en cambio los versos son ennbsp;SU mayor parte originales; el traductor se divierte en poetizarnbsp;largas variaciones sobre los temas que la obra francesa Ie sui�nbsp;ministra. En esta tarea propende, como todo parafraseador, anbsp;la verbosidad y a las repeticiones, pero ne se puede desconocernbsp;que, aunque flojo y desmazalado a veces, muestra un positivonbsp;temperamento po�tico. Por ejemplo, logra una descripcion de lanbsp;sexta batalla donde, mezclando la tradicion �pica espanola connbsp;representaciones de la vida cort�s y de la antig�edad clasica,

nos da un cuadro mas animado que el del poeta franc�s. No hay alii nada de �les cerveles, les entrailles e les bo�les� que Benoitnbsp;esparce por el campo; en cambio aparecen las mujeres troyanasnbsp;sobre los muros de la ciudad, tapando sus ojos ante la safia denbsp;los combatientes y rogando por sus amantes a los dioses.

Nuestro poeta inventa mas que nada discursos, y en ellos tiene trozos ret�ricos de valor. Ademas como era devoto lectornbsp;de Ovidio, gusto explayarse sobre todo en los casos amorosos.nbsp;La lengua espanola tomaba entonces por guia las Hevoidasnbsp;para expresar la pasion femenina en la traducci�n proslstica denbsp;la carta de Dido hecha por la Primera Cr�nica de Espana, y elnbsp;autor de la Historia Troyana intent� tambien por esa via algonbsp;original, en verso, a nombre de Briseida. La hija de Calcas salenbsp;nueva de las manos del poeta Castellano, y sale radiante denbsp;pasion, de volubilidad, de descoco, entregada a nuestra simpatia,nbsp;aunque el autor, siguiendo a Benoit, sermonea contra la revesadanbsp;condici�n de la mujeres. En suma, las escenas en que senbsp;desarrolla la tristeza de Troilo y de Briseida por su separaci�nnbsp;habran de ocupar un indisputable puesto en nuestra historianbsp;literaria como primer ensayo de novela sentimental, aunque laxionbsp;guidezcan a trechos reflejando demasiado fielmente la monotonianbsp;de las horas de dolor de los amantes.

Tambien en la historia de nuestra m�trica tiene que ocupar un puesto importante el esfuerzo que hace el autor de estos fragmentosnbsp;por adaptar la versificaci�n a los temas tratados, y hasta a lasnbsp;mas fugaces situaciones a veces. Para la descripci�n de la sextanbsp;batalla escoge el poeta la cuaderna via, que era metro empleadonbsp;por los cl�rigos en poemas �picos, en vez de la serie anisos�abanbsp;juglaresca, y que ya habia producido una obra famosa, el poemanbsp;de Fernan Gonzalez. Para la lugubre profecia de Casandra elijenbsp;el metro corto, analogo al de las endechas funerarias. Para losnbsp;amores de Briseida con Troilo y con Diomedes usa la cuartetanbsp;beptasilaba y mas la octosilaba, muy empleada por la Hricanbsp;amorosa, gallego� portuguesa. Probablemente fue nuestro poetanbsp;iniciador del uso de la cuarteta para largos poemas, uso quenbsp;despu�s continuaron el rabi Sem Tob en su poema sentencioso ynbsp;Yanez en su narracion de Alfonso Onceno.

Esta prioridad en el uso de la cuarteta narrativa que para el autor de la Historia Troyana resulta de mi fechaci�n de su obra,nbsp;parece comprobarse por la gran variedad de las combinaciones

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m�tricas empleadas en el fragmento conservado y por la sin^ gularidad de algunas de ellas, que parecen revelar un inventornbsp;en tal terreno.

La citada profecia de Casandra esta escrita en d�cimas de versos tetra^ y octos^s�abos: a^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;C� d* e* e* C�:

i Mas ninguno que vos llore!nbsp;ca sol unonbsp;que aqui morenbsp;non fincara, por pecados.

Esta d�cima no recuerdo que se haya usado por ningun otro poeta espanol. Es sin duda un desarrollo de la estrofa tannbsp;frecuente en la poesia latina medieval, religiosa y profana:nbsp;a* a* B� B�

O fortuna velut unanbsp;statu variabilis,nbsp;semper crescisnbsp;aut decrescis,nbsp;vita detestabilis,

estrofa muy conocida de la lirica gallego^portugesa, la de la cantiga satirica de Alfonso el Sabio:

basta intercalar a los cuatro versos cortos otros cuatro, formando dos cuartetas gemelas terminada cada una en el octosilabo. Estanbsp;es, creo, la originalidad del versificador de la Historia Troyana,nbsp;a menos que hallase modelo en algun autor provenzal, dondenbsp;estas combinaciones de versos cortos y largos no son raras. A

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lo que yo recuerde cuando otros poetas anaden versos entre los cortos, suelen ser monorrimos:

Tambien, aunque no tiene tanta singularidad como esad�cima, merece notarse la sextina octos�aba a a h c c b, empleadanbsp;por la Historia Troyana para el duelo de Aquiles por la muertenbsp;de Patroclo:

Anquiles esto dezie e con gran coita caienbsp;sobrel lecho amorte9ido,nbsp;e los griegos quel veiennbsp;cuidavan que lo aviennbsp;por siempe jamas perdido.

Salvo el ritmo acentual, es la misma combinacion estr�fica del �Stabat Mater dolorosa�, seguida en la �poca de nuestro autornbsp;por fray Gil de Zamora en un himno a la Virgen:

i Quid vigoris, quid amoris, quid affectus, quid dul^orisnbsp;habet nomen Virginislnbsp;Est expertus totus mundusnbsp;scit peccator et immundusnbsp;quae spes huius nominis.

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Esta estrofa se us� en la lirica gallego^portuguesa y en la francesa pero no la recuerdo en la castellana.

El esfuerzo de novedad que nuestro poeta realiza en sus versos se aprecia bien por el hecho de que siguiendo �l losnbsp;pasos del Roman de Troie y estando todo este poema compuestonbsp;en pareados de nueve s�abas, s�lo uno de los once trozosnbsp;versificados en el fragmento de la Historia, el ultimo de todos,nbsp;se halla en pareados, y esos son actos�abos, es decir, adaptadosnbsp;a la indole ritmica de la lengua espanola; los juglares, tantonbsp;Castellanos como leoneses, cuando imitaban el pareado franc�s,nbsp;lo hacian mas servil y menos trabaj osamente, usaban un pareadonbsp;anisosilabo de base eneasilabica (Maria Egipciaca, Reyes denbsp;Oriente, Elena y Maria).

El poema frances en sus 30.300 versos no emplea otra forma m�trica que ese pareado de nueve silabas; el poeta espanol ennbsp;sus f ragmen tos conservados que s�lo suman 1.300 versos, ejer#nbsp;cita seis combinaciones m�tricas mezclades con prosa; y comonbsp;parado este hecho con la uniformidad del texto franc�s nos danbsp;una nota romantica bien caracteri�tica, del todo semejante a lanbsp;que da el teatro espanol, polim�trico tambien desde el siglo XIInbsp;hasta el siglo de Calder�n, frente al teatro franc�s aferrado anbsp;sus parados alejandrinos.

Arturo Earinelli, quiza el sabio de hoy que mas literaturas europeas ha estudiado y penetrado, lleno de esa fe individualistanbsp;que ahora priva, cree quim�rico el pretender hallar algunanbsp;caracteristica nacional a trav�s de los varios siglos de unanbsp;literatura. Yo, poseido a mi vez por la convicci�n de que la masnbsp;poderosa creacion individual va arrastrada por mil corrientesnbsp;colectivas, agrego ahora la polimetria de la Historia Troyananbsp;entre aquellos caracteres fundamentales de la Literatura Espanolanbsp;que expuse hace anos.

Een der eersten, zoo niet de eerste, die aan dit onderwerp te onzent aandacht gewijd heeft, is Salverda de Grave geweest. Iknbsp;bedoel zijn opstel �Over de middelnederlandse vertaling van denbsp;�P�lerinage de la vie humaine� i): een der voorstudi�n voornbsp;zijn groot, te gelijk ont^ en afsluitend werk �De Franse woordennbsp;in het Nederlands�, waarmede hij de Nederlandsche en denbsp;Fransche philologie gelijkelijk aan zich heeft verplicht. Eenenbsp;hervatting van dit onderwerp, een vluchtig overzicht en naderenbsp;beschouwing van dit verschijnsel in onze oudere literatuur schijntnbsp;derhalve niet ongepast als bijdrage tot de hulde aan den man,nbsp;die zooveel heeft gedaan voor het bestudeeren der oude en voornbsp;het aanknoopen van nieuwe betrekkingen tusschen zijn vaderlandnbsp;en het land zijner vaderen. Voor �t overige slechts eene proeve,nbsp;die een ander tot grondiger behandeling moge opwekken.

In De Grave�s voetsporen � en in die van zijn voorganger in de Franschi^Nederlandsche studi�n 2) � tredende, heb ik vroegernbsp;onzen Reinaert op dit stuk onderzocht�) en voor de hier allers�nbsp;eerst bedoelde, paarsgewijze met ende, ofte, no enz. verbonden,nbsp;zinverwante (of ook tegengestelde) twee of meer Dietschenbsp;woorden of uitdrukkingen de volgende, bloot uiterlijke, maarnbsp;gemakkelijke indeeling aangenomen, die allicht ook voor anderenbsp;gevallen dienst kan doen, en tevens door eenige voorbeelden hetnbsp;onderwerp van dit opstel voor oogen moge stellen.

A. Twee of meer znw., hetzij alleenstaande, als onderw., voorw., gezegde enz., hetzij voorafgegaan door een bnw., vnw.,nbsp;voorz. enz., als bepaling; typen: bosch ende haghe, nichten endenbsp;neven, hermite ofte clusenave, ander bejach no ander ghewin,nbsp;bi nachte ende bi daghe, dor u edelheit ende dor u eere.

1) nbsp;nbsp;nbsp;Tijdschrift v. Nederl. taaU en letterkunde XXIII (1904) 22�7; zienbsp;ook zijn Franse Woorden in het Nederlands (1906) 30 en zijn ITnfluencenbsp;de la langue frangaise en Hollande (1913) 103, 107 e. e.

2) nbsp;nbsp;nbsp;Jonckbloet, Rein. XXIII�XXIV; zie ook Martin, Rein. XLVI ennbsp;Buitenrust Hettema, Rein. XXIII, XXIX�XXX, LV�LIX.

3) nbsp;nbsp;nbsp;Tschr. XXXI (1912) 231-8; zie ook N. Taalg. XLV (1920) 73-4.nbsp;Tusschen Aernouts en Willems aandeel viel daarbij weinig verschil tenbsp;bespeuren: zie echter ook Kloeke, in Tschr. XXXVIII (1919) 39�41 ennbsp;Willems, in Versl. v. VI. Acad. 1920, 186�7.

B. nbsp;nbsp;nbsp;Twee of meer bnw. of bijw.; typen: fiev ende coene, metnbsp;valschen woorden ende met scoonen i), spade ende vroe.

C. nbsp;nbsp;nbsp;Twee of meer werkw.; typen: stal ende nam, spellennbsp;ende lesen beede, no bewaakten no bescaermen, vromen endenbsp;scaden, sleden ofte braden, dat stelen ende dat rooven.

D. nbsp;nbsp;nbsp;Twee of meer geheele uitdrukkingen of zinnen,nbsp;bestaande uit woorden van dezelfde of verschillende soort of innbsp;verschillende verbindingen; typen: verstaet, neemt miere talennbsp;goom; kets beter raet Ende het dinct mi bet ghedaen, vroo endenbsp;in hoghen, vervaert ende in sorghen van der doot.

E. nbsp;nbsp;nbsp;Herhaling derzelfde woorden of uitdruk�=nbsp;kin gen, vooral in den aanhef, aan het begin van versregelsnbsp;(anaphora); typen: binnen sconinx vrede Ende binnen sconinxnbsp;gheleede; Hoe es di dese bere ontgaen. Die di te voren was

Een onderzoek, bij wijze van proef, der telkens omstreeks 200 eerste versregels van enkele andere, meest oudere Mnl. epischenbsp;gedichten schonk mij nu de volgende uitkomsten, gerangschiktnbsp;in de bovenvermelde groepen A�D of E�).

Veldekes Servaes: A: 1, 7, 19, 29, 63, 85, 111, 116, 145, 153, 176, 184; B: 101, 112, 169, 185, 187, 188, 208; C: 113, 128;nbsp;D: 15, 26, 32, 35, 47, 91, 95, 125, 135, 142, 148. Een groot aantall

Wisselau: geen enkel zeker geval; hetgeen wel schijnt te strooken met de ben., blz. 229, vermelde zeldzaamheid van dezenbsp;en andere parallelie�n in de Overlandsche speelmansgedichtennbsp;(waartoe toch ook Wisselau, naar zijne herkomst, behoort), dochnbsp;wel sterk afsteekt bij de groote frequentie in Veldeke�s Servaes.

1) Over de herhaling van het voorz. (maar niet van het znw.) en de �woordschikking in deze gevallen zie Stoett, Mnl. Synt. � 129.

Zie voor deze laatste soort van herhalingen hen., hlz. 229�230. De ook allitereerende woordenparen zijn in Tschr. XXXI 238 afzonderlijknbsp;opgesomd, naar de vers==telling der diplomatische uitgave van Buitenrustnbsp;Hettema en mij (1903). Mijne latere, critische ed. haal ik hier met �(M)� aan.

�) Waarbij ik mij, na de hierboven gegeven voorbeelden, ter wille der � juist bij de bespreking dezer �breedvoerigheid� van stijl � vereischtenbsp;beknoptheid, bepaal tot het opsommen der versregels (telkens slechts dennbsp;eersten noemende, waarin het eerste lid van een woordenpaar voorkomt) ofnbsp;der bladzijden, zonder aanhaling van den tekst; hetgeen dus alleen vannbsp;de hoeveelheid, niet van de hoedanigheid eenigen indruk kan geven.

Lorreinen (t. z. pl.): A: 62, 204; B: 63, 202; C: 104, 148 D: 55, 139; E: 64 = 66, 79 = 80, 164 = 166O-

Geraert van Viane (t.z.pl.): A: 40, 54, 85, 109, 112, 134 B: 12; C: 118, 131; D: 42, 35, 119, 169, 190; E: 125 = 131.nbsp;Dus in deze oudere Karelgedichten telkens een groot aantal.

Eerguut levert lang niet zooveel op. A: 116; B: 5, 23, 39, 57, 185; C: 186, 889; D: 9, 65, 93; E: 86 = 100, 89 = 96quot;);nbsp;doch zie ook Overdiep�s Inl. XVIII�XIX (epische variatie).

Ook een stellig vrij wat jonger, veertiendeeuwsch gedicht als Rein. II (B, het vervolg) levert toch nog vrij wat voorbeelden.nbsp;A: 3487, 3512, 3575, 3601, 3629, 3649, 3656; B: 3578, 3686;nbsp;C: 3558; D: 3489. Des te opmerkelijker dat dezelfde dichternbsp;in zijne omwerking van Rein. I tot Rein. IIA vele tautologie�nnbsp;geschrapt, weg# of omgewerkt heeft. Blijkbaar was hem dezenbsp;traditioneele stijlvorm � in R. I trouwens, naar Martin�s juistenbsp;opmerking, misschien reeds op rekening te stellen eener �ironi#nbsp;schen Lust am epischen Pleonasmus� � toch min of meernbsp;vreemd geworden, stelde hij, �moderner� dan zijne ruim eenenbsp;eeuw oudere voorgangers, de logische bondigheid boven hunnenbsp;breedweidende uitvoerigheid^).

Over de vooral uit Theophilus bekende herhaling van enkele woorden uit het slot van den vorigen regel in het begin van den volgenden zienbsp;nog steeds Jonckbloet, Brief aan De Vries, 12; en verg. Rein. I (M.)nbsp;2328�9, 2338�9, Tschr. XXXI 248�9 en mijn Crit. Comm. op V. d. v. R.nbsp;296. Iets dergelijks: de herhaling van den regel met omkeering der woord#nbsp;orde, in den Ofr. Renart II 868�9 (zie Foulet, Le Rom. de R. 214�5), ofnbsp;in dezelfde orde, maar met andere beteekenis der homoniemen. Ren. II 13.

�) Iets geheel anders is natuurlijk het (soms op zeer verren afstand) herhaald gebruik van dezelfde (soms ten deele licht gevarieerde) min ofnbsp;meer vaste formules, als in alle oudere epische po�zie gebruikelijk; alsnbsp;b.v. Ferg. 319 = 367 � 71, 1178= 1232, 1547 � 8 = 3475 � 6, 1877 � 8 =nbsp;2385 � 6, 2053 � 5 = 2769 � 71, 2070 = 2155 = 2787, 3936 � 7 = 4068 � 9,nbsp;4347 = 4385. Verg. ben., blz. 230, noot 2.

�) Zie mijne dissertatie, De oude en de jong. bewerking v. d. Rein. 137�43; waar ik, in jeugdig#onkundigen overmoed, deze oudere tauto#nbsp;logie�n en herhalingen van modern standpunt kortweg als �lam, langdradig,nbsp;omslachtig� enz. gegispt heb, in plaats van er een als sieraad bedoeld �nbsp;zij �t hier wellicht reeds ironisch gebezigden � stijlvorm in te erkennen.

Verg. dergelijke wijziging in de jongere bewerking van de Mhd. Wiener Genesis (ben., blz. 229, noot 1).

Salverda de Grave heeft, Fr. Woorden 30, nog enkele andere voorbeelden uit Mnl. dichters aangehaald, als �ghepeins endenbsp;ghedachte� (Hildegaersberch) en �covent ende voorwaerde, pau#nbsp;welioene ende ghetelde� (Stoke); welke laatste gevallen echternbsp;reeds veeleer behooren tot die andere categorie van tautologie�n,nbsp;die, ook naast de tot dusverre besproken verbinding van tweenbsp;of meer Dietsche synoniemen enz., alleen of vooral in het (meestnbsp;jongere) stichtelijke of betoogende proza voorkomen, en die thansnbsp;nader in �t oog gevat moeten worden.

Daar vinden wij namelijk zeer dikwijls verbindingen van een D i e t s c h met een gelijkwaardig, of althans synoniem, vreemdnbsp;(L a t ij n s c h of W a 1 s c h) woord.

Bij Ruusbroec en bij zijn leerling Jan van Leeuwen, �den goeden coc van Groenendale�, schijnen echter niet alleen de eerst#nbsp;genoemde, Dietsche tautologie�n minder dikwijls voor te komennbsp;dan in de oudere po�zie, maar ook de laatstbedoelde, Romaansch#nbsp;Dietsche zeer schaarsch te zijn. Ruimschoots is bij hen daaren#nbsp;tegen te vinden dat andere, beneden blz. 12, te bespreken paral#nbsp;lelisme der gedachte, veelal gepaard met dat van den vorm:nbsp;vergelijkingen en tegenstellingen, verbonden door allitereerendnbsp;beginrijm, maar vooral door eindrijm i).

In het, thans door Plooy�s ontdekking zoo vermaard ge# worden. Leven van Jezus (14de eeuw) vinden wij daarentegennbsp;niet zelden de Dietsche tautologie�n; b.v. het (trouwens recht#nbsp;streeks aan bijbelsche voorbeelden ontleende of herinnerende)nbsp;�sprac (of: vertrac) ende seide�^), door Frings te recht erkendnbsp;en gehandhaafd als �eine ganz gelaufige mittelniederlandischenbsp;Stilfigur, die sich in der niederlandischen Epik allerorts nach#nbsp;weisen lasst�, dus geenszins te wijten aan de �steifleinene Artnbsp;einer gr�beren, zweiten Hand�. Hetzelfde geldt voor de paars#nbsp;gewijze verbonden, overeenstemmende of tegengestelde begrippennbsp;en Dietsche woorden, als �van den wesene ende van den levene,nbsp;te rapene ende te gederne (gaderen), begripen noch verstane.

') Zie o. a. Kalff, Gesch. I 398�400 en het op blz. 416 aangehaalde; Voorts V. in De Katholiek CXLII (1912) 424, noot 1, alsmede Onze Eeuwnbsp;1917, IV 406�7. De Latijnsche vertalingen van deze en dergelijke werkennbsp;maken dientengevolge soms den indruk de origineelen van het Mnl. te zijn:nbsp;de in �t Mnl. aan �t Mlt. ontleende schrijftrant hoort in deze vertalingennbsp;geheel thuis, keert a. h. w. tot zijn oorsprong terug.

best ende corteleecst, iegen redene ende iegen onse gheloeve, worden vergramt ende vererren� enz. Doch daarnaast vinden wijnbsp;hier ook reeds wel de andere, Latijnsch^ of Walsch^Dietschenbsp;verbindingen: �enen process ende ene historileke vertrekkinge,nbsp;laidingirdense ende doeddense�. En eene uitdrukking als �nanbsp;de costume van harre gewoonte� mag worden vergeleken metnbsp;� veeleer dan ge�mendeerd in � �na de c. e n d e h.g.� en anderenbsp;tautologische verbindingen van het (allicht trouwens nauwelijksnbsp;meer als zoodanig besefte) uitheemsche costume met de in�nbsp;heemsche sede, gewoonte, gewone sijn, plegen enz. 2).

In de uit het Fransch vertaalde Reis van Jan van Mandeville (14de eeuw) heeft de uitgever Cramer vijf bladzijden (LVII�nbsp;LXII) zijner Inleiding gevuld met eene opsomming van de innbsp;dat werk voorkomende, twee�rlei tautologie�n. Ik tel daar reedsnbsp;120 Romaansch�Germaansche gevallen � waarbij ik trouwensnbsp;ook zeer oude, �mondgemeene� ontleeningen als feeste en puttenbsp;allicht ten onrechte als nog uitheemsch beschouwd heb�) �nbsp;tegen slechts 56 Dietsche woordenparen (van de boven, blz. 1nbsp;en 2, genoemde typen A�D). Van de 89 (der bovengenoemdenbsp;120) gevallen, waarin het Romaansche woord vooropstaat, zijnnbsp;er slechts 9, waar dit gevolgd wordt door een opzettelijk ver�nbsp;klarend dats; in 31 gevallen gaat daarentegen het Dietsche aan hetnbsp;Walsche woord vooraf. Mogen wij hieruit af leiden 1�. dat hetnbsp;hier, meestal ten minste, niet zoozeer geldt de verklaring, voornbsp;den ondeskundigen hoorder of lezer, van een onbekend uit�nbsp;heemsch woord, als wel de bevrediging eener behoefte of ge�nbsp;woonte om (over)duidelijk te zijn; 2�. dat ook niet zelden hetnbsp;vreemde woord reeds evengoed als, of zelfs beter dan het alsnbsp;puristische �vertaling� daarnevens gestelde inheemsche, maarnbsp;misschien nieuwe bekend was;'�) 3'gt;. dat het gebruik dier vreemdenbsp;woorden hier reeds mede, of misschien zelfs geheel en al, alsnbsp;een pronken met geleende veeren is te beschouwen?

') Zie Litbl. f. germ. u. rom. Philol. XLVII (1926) 151, 153, 155 en Mnl. Wdh. II 1928�9, III 1984�6.

�) Inderdaad is �t zeer de vraag of ook woordenparen als arm ende keitijf niet veeleer tot de Dietsche �tweelingvormen� dan tot de Romaansch�nbsp;Dietsche gerekend behooren te worden.

0 Zie ook S. de Grave, Fr. W. 115; en verg. later de marginale Latijnsche �glossen� ter vertaling der door Hooft gesmede �pujrduitsche� woorden.

vertaler der Pelgrimage van der menschel�ker creaturen (14de of 15de eeuw). Salverda de Grave heeft in zijn bovengenoemdnbsp;opstel, blz. 22�6, een reeks van zulke woordenparen bijeen^nbsp;gesteld: 18 dubbebDietsche^), 12 Walsch#Dietsche, 23 Dietsch^nbsp;Walsche en 2 dubbebWalsche. De vertaler blijkt een soort vannbsp;�Fransquillon avant la lettre� te zijn geweest: hij schept kennelijknbsp;groot behagen, zwelgt in het gebruik (misbruik) van Franschenbsp;woorden. Immers hij heeft niet alleen vaak geenerlei moeitenbsp;gedaan om de in zijn origineel voorkomende Fransche woordennbsp;(veelal �de derivation savante�) door gelijkwaardige Dietschenbsp;weer te geven, ze gewoonweg behouden; maar niet zelden heeftnbsp;hij voor het gewone Fransche woord, in het origineel gebezigd,nbsp;een anderen, ongewonen, geleerds^Franschen term in de plaatsnbsp;gesteld: ter �vertaling� van fr. plent� gebruikt hij noch het reedsnbsp;in �t Mnl. voorkomende overvloet {=vloedicheit), noch het alnbsp;vroeg ontleende en welbekende planted, maar het zeer ongewonenbsp;fr. multitude] Het vreemde woord is hier geenszins een behulp,nbsp;bij gebreke van een gelijkwaardig en gangbaar inheemsch woord,nbsp;maar een bloot versiersel, eene overdadige franje.

Of Jan van Rode, de vertaler uit het Fransch van Des Coninx Somme (1408), op deze gewoonte om Walsch^Dietsche woorden^nbsp;paren te schrijven doelt, wanneer hij in zijne voorrede (ed.nbsp;Tinbergen, blz. 200) zegt: �Mer wantmen die francsoyse woerdenbsp;niet al properliken in duutsche en kan ghesetten also si staen,nbsp;want het een ander maniere van spreken heeft dan dat duutschenbsp;doet, ... so hebbe ic onderwilen mere woerde daertoe gheset,nbsp;onderwilen min enz.� ^): dit schijnt twijfelachtig. Doch dat althansnbsp;de dubbebDuutsche woordenparen hem geenszins onbekendnbsp;waren blijkt afdoende uit dezen op ��n enkele bladzijde (456)nbsp;gegaarden oogst: �wille ende begheerte, verbergen ende heymelicnbsp;te bliven, in ynnicheit ende in tranen, in ghebeden ende in tranen,nbsp;in weelden ende in wellust, simpel ende oetmoedich, hovaerdichnbsp;of curioes, der screyinghe ende des drucks, der bliscap of ydelrenbsp;glori�n.�

Blijkens de Inleiding tot Dat Kaetspel ghemoralizeert (15de eeuw, uit het Fransch?), blz. LXXXII�LXXXVII, heeft denbsp;uitgever Roetert Frederikse in het (Vlaamsche?) hs. K. zoo^

goed als geen Dietsche tautologie�n gevonden^), doch wel enkele malen ��n der (talrijke) Fransche woorden vergezeld, verklaardnbsp;door een Dietsch. Dit laatste is regel in het Hollandsche hs. T,nbsp;dat bovendien zeer dikwijls, ja zooveel mogelijk, de vreemdenbsp;woorden door inheemsche vervangt. Van de 11 uit hs. T mede�^nbsp;gedeelde (doch volgens den uitgever �met tientallen te ver#nbsp;meerderen�) tweetalige tautologie�n zijn er 6 Walsch#Dietsch,nbsp;5 Dietsch#Walsch.

Ook Die Hystovie van die seven wijze mannen van Romen (1479, uit het Latijn) behelst, naar de uitgever Botermans ver#nbsp;zekert, eene �overstelpende massa� tautologie�n; van de doornbsp;hem, blz. 50, gegeven 27 voorbeelden zijn er 20 dubbel#Dietsch,nbsp;7 Walsch#Dietsch.

Uit Gerijt Potter van der Loo�s Hollandsche vertaling van Froissart (15de eeuw) heb ik indertijd, Tschr. VIII (1888) 274,nbsp;noot 1, slechts enkele voorbeelden van Walsch#Dietsche woorden#nbsp;paren opgeteekend: �onsienlijke invysijbele, veryfieren ende be#nbsp;wairheden, handelijker noch tractabelre. De herlezing van ��nnbsp;enkele bladzijde (281) levert mij nu echter aanstonds nog denbsp;volgende, meestendeels dubbel#Duutsche, tautologie�n op: �toenbsp;geseecht ende beloift, hier up dachte of vermoede, te stoten endenbsp;te rommelen, verdorven ende ghebroken, grote ende vreselike,nbsp;verscricket ende vervairt, verslagen of vervairt, wonderlike ge#nbsp;vairde ende grote gerufte, vergaderden ... ende quamen te samen,nbsp;rumoir ende ghevairde, geregneert ende geweest, meerre endenbsp;zwairre�. Op blz. 279 tel ik 4 dubbel#Duutsche, 4 Walsch#nbsp;Duutsche, 1 Duutsch#Walsch en 1 dubbel#Walsch.

Uit de Gesta Romanovum (15de eeuw) heeft Kalff, Gesch. II 398, 414, opgeteekend: mediator vertaald met �middelaer endenbsp;paesmaker�, suh/ec/a = �onderdanich ende subject�, consoZaczo =nbsp;�troestinge ende consolacie�, sculpit = �liet sculpieren, graven,nbsp;maelgieren�; maar ook �decte haer liefmensch oft hemeldennbsp;(^verborg hemj in dat bedde�.

En Salverda de Grave heeft, Fr. W. 30, uit de Enqueste (1494) nog aangehaald: �diminueeren ende verminderen, schattingennbsp;ende contributien, violencie ende cracht�.

latere, 16de, 17de en 18de eeuwen, eenige voorbeelden der verbinding van een vreemd met een eigen woord aangehaald:nbsp;�blamen ende verwijten, overste ende capiteyn, dienaer oft page,nbsp;antieke oft overoude beelden, complexie oft aengeboren aert�nbsp;(Coornhert); �gesproken ende gecommuniceert� (M. v.nbsp;Reigersberch); �vaillandise ende dapperheit� (uit een besluitnbsp;der V. O. C.); �overtuigd en geconvinceert, goed en honorabel,nbsp;bewaring en maintien, obligeant en vriendelijk, uiterste plaisirnbsp;en grootste genoegen, goede en soliede, temerair en ongegrond�nbsp;(C. V. Lennep).

Aan deze enkele zouden nu zonder eenige moeite, zoowel uit werken van dichters en proza�sten (ook Vondel, en natuurlijknbsp;allereerst Cats) als uit officieele stukken en bescheiden ennbsp;ambtelijke brieven, voor de latere tijden tal en tal van voor#nbsp;beelden toegevoegd kunnen worden. Ik bepaal mij: tot enkelenbsp;stalen van beide soorten (Nederlandsche en uit# en inheemschenbsp;tweelingvormen): �naersticheyt, moeyte, arbeydt ende coste,nbsp;gemerct ende gepresen, straffen ende lasteren, in de handennbsp;spouwen ende wercx beginnen, afschuymen, wtmonsteren endenbsp;wechbannen, vergeten ende versleten, verdervers ende mis#nbsp;bruykers� (Coornhert�s voorrede zijner vertaling van Cicero,nbsp;De Officiis)^'); �coninghen ende andere Potentaten, Ban oftnbsp;Proscriptie, ghesonden ende wtghespreidt, gheen ander middelnbsp;noch wegh, voorstaen noch voldoen, dangier ofte ghevaerlickheit,nbsp;verweerende ende verontschuldighende, preeminentien ende dig#nbsp;niteiten, toevlucht ende bijstandt, begheven ende toe gheeyghent,nbsp;begheert ende ghewenscht, grooter gheacht ende meer ghesocht,nbsp;schande ende straffe, doer onsen eyghenen wille ende toedoen,nbsp;gheschiedt ende voorghenomen, te versekeren ende in sijn wesennbsp;te onderhouden� (Apologie van Pr. Willem �); �moetwilnbsp;ende gewelt, privilegi�n, rechten ende gerechtigheden, te beroovennbsp;ende te spoli�ren� (Bor, bij Breen, Hooft als geschiedschr. 274,nbsp;noot 1); ampt ende officy, behulp, recht en Justicy, Robsodinbsp;nonpareille sonder weergae� (Bredero, Sp. Brab. 1970�1, 188,

Hoewel C. in deze voorrede op taalzuivering uit is, desbewust b.v. algemeen, verlijckinge en gesellicheyt reeds w�l, maar sege, bijspel, grontvest,nbsp;Srootachtbaerheyt nog niet iplv. de toen meer bekende vreemde woordennbsp;durft gebruiken, en nature, consci�ntie, glorie nog �qualijck te verduit#nbsp;schen� acht, bezigt hij toch in zijn jongere, althans later gedrukte vertalingnbsp;Van Boccaccio nog enkele Rom.#Germ. tautologie�n (zie S. de Grave,nbsp;*� 1. a. p.).

trouwens reeds spottend bedoeld), �lacheteyt oft poltronnerye, rampen ende desastres, genesen ende herstelt, magistraten endenbsp;overicheden, gesach oft directie, liber ende vry, ongenegentheydtnbsp;ende haet, gepermoveert ende geobligeert, dimissie ende ont�gt;nbsp;slaeginge, gronden ende fondamenten� (uit ��n, korten � zijnnbsp;laatsten! � brief van Jan de Witt, Brieven IV, 413�4); �eennbsp;soubaster ofte flickfloyster, dippen ende rudsen, sackpistolennbsp;offte poffertjes, gellick (gahg) ofte ongans, oranghlammen oftenbsp;thuysvaerders, ijser�= ofte egelvercken, padij offte rijs, puds ofnbsp;baly, malwe offte kaesjens bladen� (Van Riebeek, Dagverhaal,nbsp;bij Boshoff, Volk en Taal van Suid=Afrika, 261). Voorts mogenbsp;eene verwijzing volstaan naar Duyfken ende Willemijnkensnbsp;Pelgrimage (Antw. 1627), ed. Ruys, 46, waar de uitgeefsternbsp;uit de lange lijst van door haar aangeteekende tautologie�nnbsp;een veertiental (Nederlandsche tweelingvormen) aanhaalt; waatDnbsp;naast slechts enkele gevallen staan van vreemde of �bastaard�*'nbsp;woorden, vergezeld van hun Nederlandsch equivalent (zooalsnbsp;�profijt ende voordeel, Bevaert ende Pelgrimage, ghewisse oftenbsp;consci�ntie�); doch waarmede te vergelijken is en overeenstemtnbsp;de lofrede op de Nederlandsche moedertaal, die �soo rijcknbsp;ende vloedigh is, dat sij dickwils eenen sin met dry of viernbsp;verscheyden woorden kan te kennen gheven�.

Voor de 18de eeuw verwijs ik b.v. naar Elzinga, Les mots frangais et les gallicismes etc., 46, waar uit Van Effen�s Holl.nbsp;Spectator een 25#tal �geglosseerde� (meerendeels inderdaad toennbsp;allicht niet zeer bekende en gewone) Fransche woorden, alsnbsp;b.v. �parenthesis en tusschenzinnen�, bijeengesteld zijn.

En ten slotte herinner ik aan de meerendeels nog heden min of meer algemeen gebruikelijke, vaste tautologische (en soms alli*'nbsp;tereerende of rijmende) verbindingen van gelijkwaardige vreemdenbsp;en eigen woorden, als pais en vree, part noch deel, ampel ennbsp;breed, los en liber, liber en vrij, vrij en frank, nul en van geenernbsp;waarde, faliekant verkeerd; en aan dergelijke Nederlandschenbsp;tweelingvormen, als lang en breed, heinde en verre, wijd en zijd,nbsp;kort en bondig, buiten en behalve, zonder erg of list enz.;nbsp;waarin soms een verouderend woord, als heinde of bondig, in denbsp;gestadige nauwe verbinding met een levend, welbekend woord,nbsp;a.h.w. door dit woord overschaduwd wordt en zijne eigenenbsp;beteekenis aan die van dat woord gelijkmaakt.

Meer dan genoeg voorbeelden van deze tautologische uitf drukkingen; waarvan het aantal naar believen uit te breiden ware.nbsp;Geen der twee soorten is trouwens tot het Nederlandsch beperkt:nbsp;beide zijn ook elders te vinden. En beide hebben ook, binnen ennbsp;buiten het Nederlandsch, allerlei verwanten ^).

De hierboven verzamelde gevallen behooren tot twee, veelal naast elkaar voorkomende, maar toch naar aard en doel w�lnbsp;onderscheiden categorie�n.

De eerste, de verbinding van twee of meer inheemsche. Neder# landsche, of althans geheel als zoodanig besefte, zinverwantenbsp;(zelden volkomen gelijkwaardige) of ook tegengestelde woordennbsp;of uitdrukkingen, resp. woordenparen, komt eerst en vooral voornbsp;in de Mnl. oudere epische (en zeker ook wel in de lyrische ennbsp;dramatische) po�zie; ook wel in min of meer po�tisch of plecht#

1) Kortheidshalve wil ik hier slechts terloops wijzen op enkele dergelijke verbindingen elders: op die van een (veelal in vorm vernederduitscht)nbsp;Hoogduitsch woord met de echte, zuiver Nederduitsche uitdrukking, in Hansnbsp;Ghetelen�s Nd. vertaling (of �omschrift�) der Hd. vertaling van een Itali#nbsp;aansch werk, b.v. schepeden, voren effte segelden (Nd. Jahrb. XXXIIInbsp;(1907) 63�5); die van een Italiaansch met het gelijkwaardige Franschenbsp;woord, van een Fransch met het zin# en meestal ook klankverwante, geleerde,nbsp;Latijnsche woord, of van een Rhaetoromaansch met het gelijkwaardigenbsp;Duitsche woord: laver et abluer, fors except�; par etel (utile) e nes (n�tz)nbsp;(Salv. de Grave in Tschr, XXIII 25, Fr. woorden 30, Infl. de la l. fr. 107);nbsp;die van een Fransche en een Nederlandsche uitdrukking in Fransch#nbsp;Vlaanderen: �C�est incroyable ... je zoudt �t niet gelooven� (Hans, Fr.=nbsp;Vlaand. en Zeeuwsch^Vl. (1913) 61); en �vertalingen� van streektaalwoordennbsp;in de algemeene spreektaal, ten behoeve van wie alleen deze verstaan.nbsp;Alles verschijnselen uit streken en tijden, waar en wanneer twee talennbsp;naast elkaar gesproken (en geschreven) worden, en herinnerende aan denbsp;oude glossen, glossaria en twee# of meertalige �vocabularia�. � Anderszinsnbsp;verwant met het hier besproken verschijnsel zijn de (verduidelijkende)nbsp;tautologische samenstellingen van een vreemd of wel een ver#nbsp;ouderend, niet meer algemeen bekend inheemsch met een daarachternbsp;gevoegd, w�l bekend (hetzij inheemsch, hetzij vreemd) woord: koetswagen,nbsp;koppetasse, maelsac, tornoyspel, fretboor, lampetkan, toerbeurt (Vannbsp;Ginneken, in Neophilologus XIII 252; verg. ook de bekende porte=bris�e=nbsp;deur en derg.); en de pleonastische, zgn. appositioneele samenstellingen vannbsp;een verouder(en)den dierennaam met de generieke, algemeen bekende b�#nbsp;naming (elen=, mormeh, muih, rendier; harte=, koebeest; wind�-, zee(l)^nbsp;hond(?); eend=, struisvogel; damhert, tortelduif, ruisvoorn, lintwormnbsp;(Sch�nfeld, Hist. Gramm.^, blz. 179�80; Van Lessen, Samengest. Znw. 24,nbsp;27); waartoe ook behooren plaatsnamen als Franken�, Gelder�, Grieken�nbsp;land; Kiel�, Mij�, Wiel�, Zwijndrecht; Rijnstroom, enz. � En overnbsp;pleonastische of tautologische constructies zie o. a. Verdam, Uit denbsp;Sesch. onzer taaF 113; W. de Vries, Dysmelie 198�232; Stoett, Mnl. Synt.,nbsp;3. � 360.

statig proza: sermoenen, mystieke vertoogen enz. Deze stijlfiguur der �tweelingvormen�, hetzij bloot traditioneel, hetzij meer des^nbsp;bewust als �stijlmiddel�, als een sieraad aangewend ter ver^�nbsp;dieping van den indruk i), ontaardt in lateren tijd, vooral bijnbsp;taalzuiveraars, wel eens tot eene uitstalling van den rijkdom dernbsp;eigen taal.

De tweede, de verbinding van een vreemd, Latijnsch of Fransch met een daarachter of daarv��r gevoegd gelijkwaardignbsp;inheemsch, Nederlandsch woord wordt vooral of alleen ge^nbsp;vonden in het meest jongere, dikwijls uit het Latijn of Franschnbsp;vertaalde of nagevolgde, IVlnl. proza; maar ook, en vooral nietnbsp;minder, in den lateren, immers met vreemde woorden door^nbsp;spekten kanselarijstijl van officieele bescheiden: oorkonden,nbsp;keuren, notarieele stukken, ambtelijke brieven enz., kortom in denbsp;rechtse* en de z.g. �stadhuistaal�. Deze verbindingen zijn vanoudsnbsp;verklarend, verduidelijkend bedoeld: zij vertalen, maar zij willennbsp;ook vooral volledig zijn, alle gevallen omvatten, alle excepti�nnbsp;vooraf weren, uitschakelen. Maar zij ontaarden alras, in den tijdnbsp;der Bourgondische ambtenaarsregeering en der �rhetorijkers �nbsp;niet het minst, maar toch niet alleen in de allengs �tweetalig�nbsp;wordende Zuidelijke Nederlanden 2) �, in een pronken met ontlt;=nbsp;leende, Latijnsche of Fransche woorden, waartegen de zestien# ennbsp;zeventiendeeuwsche taalzuiveraars een alleszins gerechtvaardigdennbsp;en gelukkig welgeslaagden strijd hebben gevoerd.

Zoo ontmoeten elkander hier verschillende stroomingen en strevingen: het breed weiden en te gast gaan in de schatten, hetnbsp;versieren en �bouwen� der eigen taal, en het pronken met ge#nbsp;leende veeren en geleerde termen, maar daartegenover ook hetnbsp;�schuimen� der moedertaal, het afweren en terugdringen vannbsp;den overmachtigen invloed eener vreemde, Romaansche cultuur.

Maar dit alles behoort thans tot het verleden. In onzen tijd, wars van wijdloopig# of zelfs breedvoerigheid, tuk en prat opnbsp;beknoptheid, scherpte, �raakheid� van uitdrukking, wordt geennbsp;der beide hier besproken �stijlfiguren� meer als een sieraad.

1) Ter �vormverzwaring� (Overdiep, De Vormen v. h. aor. perf. in de Mnl. epische po�zie, 46; Dez., Inl. op Pergaut, XVIII).

�) Slechts ten deele juist schijnt echter Cramer�s meening, dat �deze tautologische vertaalwijze in grensstreken ontstaan� zou zijn (Inl.nbsp;op Mandeville LVII).

Wat eindelijk den oorsprong en de herkomst dezer twee�rlei Nederlandsche tautologie�n betreft, rijst aanstonds denbsp;vraag, of de eerstgenoemde, de dubbebDietsche tweelingvormen,nbsp;geheel of ten deele een Oudgermaansch erfstuk zijn.

Zeker zijn ook deze tautologie�n, die inderdaad ra avza jieq� tamp;v avTc�v zeggen, in zooverre zij berusten op het algemeen beginselnbsp;der herhaling en bedoelen door een sterkeren nadruk op hetnbsp;herhaaldelijk gezegde een dieperen indruk te maken, eenigszinsnbsp;verwant met het algemeene, wijd en zijd verbreide verschijnselnbsp;van het parallel is mei); hetzij der gedachte: de her#nbsp;haling eener zelfde gedachte in verschillenden vorm van uit#nbsp;drukking (een �gedachten#rhythme�), hetzij van het begrip:nbsp;de herhaalde benoeming van hetzelfde begrip in verschillendenbsp;bewoording. Dit parallelisme is welbekend uit velerlei oude,nbsp;gewijde literatuur: uit de Psalmen en de andere po�tischenbsp;en sommige gedeelten der profetische, ja zelfs der historischenbsp;boeken van het Oude Testament, uit de po�zie van anderenbsp;Oostersche volken, uit sommige gelijkenissen, spreuken en toe#nbsp;spraken van het Nieuwe Testament, maar ook uit een volkseposnbsp;als de Finsche Kalewala, uit de �carmina� of tooverspreuken,nbsp;de spreekwoorden, sprookjes en �zegsels� van allerlei volken uitnbsp;alle streken en tijden. Welbekend is vooral de variatie in denbsp;Oudgermaansche epische po�zie: Beowulf, H�liand, Hildebrands#nbsp;lied, maar ook nog wel in Otfrid en zelfs in de oudere Middel#nbsp;hoogduitsche po�zie.

Zie over het volgende in �t algemeen: E. Norden, Die antike Kunst= prosa, 166�8, 810�908; ook b.v. W. Wackernagel, Po�tik, Rhetorik undnbsp;Stilistik^ 453�4, 547�50 en in �t bizonder o. a. S. Colliander, Der ParaUnbsp;lelismus im Heliand (1912); W. Paetzel, Die Variationen in der alUgerm.nbsp;allitexationspoesie (1913); R. Str�mpell, Der Parallelismus als stilistischenbsp;Erscheinung in der fr�h-^mhd. Dichtung, in Beitr. z. Gesch. der deu.nbsp;Spr. u. Lit. XLIX (1925) 163�91, waar dbtzelfde onderwerp (doch alleennbsp;voor de dubbebDuitsche tautologie�n en verwante verschijnselen in denbsp;Ogerm. literatuur) breeder behandeld is (zie ook Franck in AfdA. XXXVIII,nbsp;6�14). Dit parallelisme blijkt in de speelmansgedichten en de opkomendenbsp;ridderpo�zie zelden, in lyrische en Uturgische kerkgedichten, in de ridderlijkenbsp;kunstpo�zie en in het proza dikwijls voor te komen. Opmerkelijk is hetnbsp;verwijderen van vele parallelie�n in de omwerking der Mhd. Genesis.

met een parallelisme van den vorm: de herhaling van dezelfde of althans gelijkvormige (symmetrische) zinnen, zinsi^nbsp;deelen, woorden of klanken; hetzij in den aanvang der zinnennbsp;(anaphora) of der woorden (alliteratie, beginrijm, als in denbsp;Oudgermaansche po�zie, maar ook velerwegen elders), hetzijnbsp;aan het (veelal ook rhythmisch gelijke) slot der zinnen of dernbsp;woorden: het �fxoiox�Xsvzov en de clausula, in het latere Griekschenbsp;en Latijnsche �kunstproza� desbewust als stijlfiguur en ^sieraadnbsp;gebezigd en ontwikkeld. Uit welke niet alleen rhythmisch#gelijk*=nbsp;vloeiende, maar ook in de slotlettergrepen gelijkluidende �zin#nbsp;sloten� men ook het in de classieke Grieksche en Latijnschenbsp;literatuur (evenals de alliteratie, het beginrijm) reeds hier ennbsp;daar min of meer opzettelijk voorkomende, maar in de middehnbsp;eeuwsch^Latijnsche hymnen, en ook in vele rhythmische gedeeltennbsp;van sermoenen enz. steviger gevestigde, ten slotte van daaruitnbsp;in de po�zie der Westeuropeesche volken doorgedrongen e i n d^nbsp;r ij m heeft willen verklaren ^).

Nog weer andere soorten van dit formeele parallelisme zijn b.v. de soms licht gevarieerde herhaling eener vraag in hetnbsp;volgende antwoord, zooals in de oude volkslyriek gebruikelijk is;nbsp;de herhaling van ��n of meer versregels^), vooral ten besluitenbsp;van verschillende strophen (de �stockregel� onzer rederijkers,nbsp;ons refrein), na de voordracht van een strophe of couplet doornbsp;priester of zanger, een geestelijk of wereldlijk koor gezongennbsp;of gesproken. En ten slotte zijn met al deze literaire parallelismennbsp;natuurlijk ook verwant en te vergelijken de �variaties� van ofnbsp;op eenzelfde muzikaal thema, dat eerst in zijn oorspronkelijken,nbsp;eenvoudigsten vorm voorgedragen, en daarna in menigvuldige,nbsp;kunstig uitgebreide, gewijzigde en afgewisselde vormen herhaaldnbsp;wordt.

Vergelijk bijv. het herhaalde, sombere: �Halt sunt li pui e li val tenebrus� (het tweede lid vaak gevarieerd) uit de Chanson de Roland.nbsp;Zie verder over deze en dergelijke verschijnselen, b.v. de herhaling vannbsp;(min of meer) gelijkluidende versregels tusschen verschillende Ofr. �laisses�:nbsp;Salverda de Grave, Over het ontstaan v. h. genre d. chansons de geste ennbsp;Strofen in Gormont et Isemhart, in Versl. en Meded. d. Kon. Akad. v.nbsp;Wet. Lett. 5de reeks, I 474, 476, 478; LUI 274�85, 299. En verg. ietsnbsp;dergelijks b.v. in Maerlant, Troyen^fragm. 6666 � 6678= 6694 = 6704, ennbsp;in Rein. I (M) 575 � 6 = 579 � 80, 744 = 750 = 756, 911 � 2 = 913 � 4 =nbsp;916 � 8 (zie boven, blz. 219, E. en mijn Crit.Comm. op V.d.v.R. 189,206).

Met dit alles is echter natuurlijk slechts een overeenkomst in aard en doel, geenszins een historische verwantschap,nbsp;in oorsprong en herkomst, aangewezen tusschen de eerste soortnbsp;dezer Nederlandsche tautologie�n en de bovengenoemde vormennbsp;van parallelisme. Zulke �stijlfiguren� kunnen waarschijnlijk trou^nbsp;wens overal en altijd opnieuw, vanzelf ontstaan. En bij het grootenbsp;�glop� of �vacuum�, dat er helaas � ondanks de krachtige,nbsp;maar min of meer overspannen pogingen van Van Mierlo e. a.nbsp;ter aanvulling � blijft gapen tusschen de Oud#(Hoog� ennbsp;Neder) duitsche en de Middelnederlandsche literaire overleveringnbsp;kan de vraag, of wij deze tautologie�n in onze taal mogennbsp;houden voor een overoude, rechtstreeksche traditie uit de Oud�=nbsp;germaansche po�zie, ook historisch nauw verwant met de epischenbsp;variatie, dan wel ze, geheel of ten deele, moeten beschouwen alsnbsp;navolgingen der Fransche epische po�zie^), evenmin met eenigenbsp;afdoende zekerheid beantwoord worden als die naar de herkomstnbsp;van andere epische formules in onze oudere Mnl. po�zie ^). Innbsp;allen gevalle zullen wij wel mogen aannemen � vooral wanneernbsp;wij bedenken, hoevele onzer Mnl. �dichters�, in rijm en onrijm,nbsp;waarschijnlijk min of meer geleerde �clerke� geweest zijn � datnbsp;deze stijlfiguur althans in het Mnl. en latere proza een sterkennbsp;steun en invloed ondervonden heeft van den Mlat. kanselarijstijl,nbsp;die ten slotte van antieke, classieke herkomst, een ent in den boomnbsp;der Germaansche cultuur is. Of men hier niet van steun ennbsp;invloed, moet men van oorsprong en herkomst spreken?^)

Dergelijke vragen (zelfstandige, evenwijdige ontwikkeling of over=� neming?) doen zich voor bij de vergelijking van vele in begripsontwikkelingnbsp;gelijke Mnl. en Ofr. woorden en uitdrukkingen: zie De nieuwe Taalgidsnbsp;XIV 1�19, 65�78.

�) Zie M. B�lbring, Z. Vorgesch. der mnl. Epik. Eine vergl. Untersuchung der Kampfformeln.

Zoo oordeelt K. Burdach, ZweU und mehrgliedrige synonymische Aus= dr�cke der deutschen Pr osa (in Sitzungsberichte d. Preuss. Akad. d. IFiss.nbsp;1923, XIV): �Die Verbindung sinnahnlicher Worte als stilistische Manier innbsp;der Prosa Luthers und vieler Schriftsteller des 14.�18. Jahrhunderts ist nichtnbsp;volkst�mliches Erbgut und ebensowenig wie die gleiche Erscheinung in dernbsp;mittelalterlichen Predigt und die mehrgliedrigen Tautologien der mittelhoch^�nbsp;deutschen Kunstdichter ein unbewusstes Element erregter Rede. Vielmehrnbsp;stammt alles dies aus dem Schulbetrieb der mittelalterlichen lateinischennbsp;Rhetorik. Diese hat sich in Theorie und Praxis des lateinischen und landes*nbsp;sprachlichen Kanzleistils (�ars dictandi�) seit dem 11. Jahrhundert am vollstennbsp;ausgepragt, die gesamte mittelalterliche Poesie aller Lander beeinflusstnbsp;und geht zur�ck auf fr�hantike, altsophistische Rhetorik (Gorgias), die

Hoe dit zij, zeker zullen wij in dien kanselarijstijl wel voors= namelijk, zoo niet uitsluitend, den oorsprong mogen zoeken dernbsp;tweede soort, der verbindingen van een Romaansch (Latijnschnbsp;of Fransch) woord met een Germaansch (Nederlandsch) woordnbsp;of uitdrukking. Hier heeft zich stellig in de latere middeleeuwennbsp;de krachtige invloed doen gelden der talrijke ambtenaren,nbsp;kanseliers, �legisten� enz., veelal van Fransch^Bourgondischennbsp;huize en bloede, even gewoon in �t Latijn of �t Fransch te denken,nbsp;te spreken en te schrijven als alle denkbare casusposities, exceptiesnbsp;enz. vooraf te overwegen en te behandelen. Al zal vooral in denbsp;noordelijke Nederlanden de plechtstatige, de breedweidende taalnbsp;van het Germaansche, van het Oudfriesche recht, waarin denbsp;(inheemsche) tautologie�n vanouds gebruikelijk waren i), missnbsp;schien ook wel een grondslag achtergelaten hebben, waaropnbsp;gemakkelijk voortgebouwd kon worden.

Zoo zouden wij dan voor beide categorie�n tot een slotsom komen, die wel strookt met de overtuigingen, de wenschen ennbsp;het streven van hem, wien deze bundel gewijd is: een sterkenbsp;inslag der Romaansche in de schering onzer zoowel Noord# alsnbsp;Zuidnederlandsche cultuur.

mit bewusster Kunst uralte Stilform und Rhythmik einer primitiven, poetischen Prosa literarisch gestaltet. Dabei wirkte entscheidend mit dasnbsp;altr�niische Lehrbuch an Herennius, das die asianische und rhodische Kunstnbsp;der in Kola und Kommata gegliederten Periode, der Rede#Figuren (�colores�),nbsp;des wechselnden Satzrhythmus wie der festen Klauseln und des symme#nbsp;trischen Satzparalle�smus dem Mittelalter und der Renaissance zu ver#nbsp;schiedenartiger Anwendung �bermittelte und zur mittelalterlichen Reimprosa,nbsp;zu den Gebilden der Hrotsvitha und des fr�hmittelhochdeutschen Denkmalsnbsp;�Himmel und Holle� wie zur humanistischen Rhythmik Petrarcas und desnbsp;Ackermanns aus B�hmen den Weg wies�.

1) Zie, behalve Grimm, Rechtsaltert. 13�27 en Noordewier, Nederd. Regtsoudh. 4�5, o. a. De Nederl. Rechtstaal (1916) I 13�5, 17�8, waarnbsp;van beide soorten van tautologie�n een reeks voorbeelden gegeven is.

Dans mon petit livre sur Les Noms de Lieu dans les langues romanes, examinant ce qu�il a subsist� des cas obliques de lanbsp;d�clinaison latine, je me suis demand� si beaucoup d�ablatifs nenbsp;seraient pas cach�s a nos regards par la confusion et Famuiss�nbsp;sement des d�sinences et j�ai montr� par les exemples italiens denbsp;Coppito (popul�tum) et de Pitigliano, prononc� pitiianu, quenbsp;la voyelle accentu�e du premier, la voyelle finale du second exr�nbsp;cluaient 1�ablatif. �Comme ce nom de Pitigliano, ajoutais^je, estnbsp;d�riv� par le suffixe =�3nus de Fun des gentilices Petiliusnbsp;ou Petinius, nous constatons ici que les noms de propri�t�snbsp;romaines d�riv�s de ceux des propri�taires n�ont pas �t� transmisnbsp;a la post�rit� sous la forme de Fablatif. Les d�sinences fran^aisesnbsp;en =ay, -ey, =�, -y, correspondantes a des noms gallo^^romains ennbsp;��a c u s, ne sauraient done �tre expliqu�es, comme on Fa tent�nbsp;a plusieurs reprises, par Fablatif en #aco.�

Dans le compte rendu qu�il a donn� a la Zeitschrift fiir Ortsnamenforschung (VII, p. 103), M. Adolphe Zauner contestenbsp;ce corollaire. �Je ne comprends pas, dit#il, ce que les noms de lieunbsp;italiens all�gu�s aux pages 61 et 62 doivent prouver pour lenbsp;francais; je crois que les noms de lieu fran9ais en =ay, =y, etc.nbsp;d�rivent en fait de Fablatif de lieu en �aco, non de Faccusatifnbsp;en ssacum, et j�ai expos� les motifs de cette opinion dans lanbsp;Zeitschrift fiir vomanische Philologie, XL, p. 169.�

Ce que doit prouver Fexemple de Pitigliano (celui de Coppito n�entrant pas ici en ligne de compte), il me semble que e�estnbsp;assez clair. Pitigliano est un exemple typique de ces noms de lieu,nbsp;si fr�quents en Itali�, en Espagne et dans le midi de la France,nbsp;qui sont d�riv�s au moyen du suffixe �=anus de gentilicesnbsp;romains. Joint a des noms de personnes gaulois ou romains, lenbsp;suffixe celtique #acus tient la m�me place, joue le m�me rolenbsp;dans la Gaule Cisalpine et Transalpine et le nord^est de FEspagne.nbsp;Or, les noms romains de fundi, tir�s de noms de lieu ou de nomsnbsp;de propri�taires, sont soumis en latin a la r�gie g�n�rale quinbsp;exige pour marquer les rapports de lieu Femploi d�une pr�po#nbsp;sition. On se rappelle les exemples de Cic�ron: inAnagnino,nbsp;in Aquinati, in Formiano, in Laterio, in Solonio,nbsp;e Solonio, in Pompeianum. Comme avec le temps Fac=�

cusatif a pris la place de I�ablatif apr�s toutes les pr�positions, il est finalement demeur� seul en usage dans la fonction de casnbsp;r�gime de tons les appellatifs et de la plupart des noms de lieu.nbsp;L�u dialectal de Pitigliano atteste que les noms de fundi n�ontnbsp;pas d�vi� de la loi commune.

Les seuls noms de lieu qui se soient perp�tu�s dans les langues romanes sous la forme du locatif singulier ou de I�ablatif plurielnbsp;sont des noms de villes, employ�s en latin sans pr�position, ounbsp;bien, comme les A q u i s, des noms d�agglom�rations de caract�renbsp;urbain qui pouvaient �tre assimil�es a des villes. Pareillement,nbsp;Sidoine Apollinaire met au locatif les noms de quelques^unesnbsp;de ses propri�t�s: Auitaci, Vorocingi, Prusiani. Cepen#nbsp;dant, nous ne pouvons reconnaitre ni ce locatif, ni I�ablatif plurielnbsp;en fonction de locatif, dans aucun des noms de villes francaisesnbsp;en #a c u s, except� celui de la peuplade et de la cit� des Bello#nbsp;u a c i, Beauvais rimant en z chez Wace et chez Chr�tien de Troyes.nbsp;Les formes plurielles en =ies se d�c�leraient m�me comme desnbsp;accusatifs f�minins, si nous pouvions �tre assur�s que ce ne sontnbsp;pas d�anciens singuliers pass�s a la pluralit�. L�ablatif singuliernbsp;de la 2^ d�clinaison est, a la v�rit�, tr�s fr�quent dans lesnbsp;itin�raires. Mais l�absence ordinaire de pr�positions (comme surnbsp;nos cartes et dans nos indicateurs modernes) et Ie m�langenbsp;incoh�rent des cas rendent l�interpr�tation des d�sinences fortnbsp;incertaine. Est#ce, comme il semble au premier abord, a la ques#nbsp;tion ubi, ne serait#ce pas bien plut�t a la question qua quenbsp;r�pond eet ablatif des noms de stations routi�res?

Telles sont, en r�sum�, les raisons pour lesquelles j�ai peine a croire que les noms de lieu gallo#romans en =ay et =y correspon#nbsp;dent a des ablatifs latins. Cependant, si les donn�es foumies parnbsp;la phon�tique nous obligent a y reconnaitre un ancien o plut�tnbsp;qu�un ancien u final, il serait vain de s�obstiner contre l��vidence.nbsp;La question ainsi pos�e n�est qu�un des aspects du probl�me plusnbsp;g�n�ral de la destin�e des consonnes v�laires et labiales pronon#nbsp;c�es en latin avant o et u des syllabes finales. Ce sujet a �t�nbsp;trait� il y a quelques ann�es, aux tomes XXXIX et XL de lanbsp;Zeitschrift f�v romanische Philologie, par feu Stimming etnbsp;M. Meyer#L�bke, puis par M. Zauner dans l�article rappel� ci#nbsp;dessus (p. 233). Comme j�y avais auparavant touch� dans lesnbsp;Etudes romanes d�di�es en 1891 a G. Paris, il me plait d�y r�venirnbsp;aujourd�hui, en profitant de ce que m�ont appris les travaux

d�autrui et mes propres r�flexions. Je ne ferai que rappeler les faits connus, les interpr�tations qui semblent pouvoir �tre admisesnbsp;par tout Ie monde, et ne m�arr�terai que sur des points n�glig�snbsp;OU controvers�s.

G�n�ralement amu�s apr�s une consonne dans tout Ie domaine gallo^roman, o et u finals suivant une voyelle se sont combin�snbsp;avec elle dans une syllabe unique: fr. Andrieu, Dieu, ebtieu,nbsp;juieu, Mahieu, pieux, vomieu, tonlieu, 1. sg. ind. pr. esto(is),nbsp;vo(is), meon dans les Sevments de Strasbourg. U consonne,nbsp;amu� en latin avant o et u, n�a pas mis obstacle a la fusion d�unnbsp;u final suivant avec la voyelle pr�c�dente: riu (cf. it cast. rio),nbsp;clou, pavou; ueus dans Aucassin et Nicolette (30) et peut �trenbsp;eu au vers 1106 du Livre des Mani�res d�Etienne de Foug�res;nbsp;adjectifs picards en =iu; Anjou, Poitou. Mais, sous l�influence desnbsp;formes en =i et =a, un v a �t� restitu� d�ja anciennement dans it.nbsp;uovo, nuovo, cast. huevo, nuevo, fr. oeuf, neuf, les adjectifs ennbsp;=ivo et =i/. Plus tard, g dans toute la Gaule, c, b, p, f dans lesnbsp;dialectes septentrionaux et orientaux, se sont a leur tour amu�snbsp;dans certains mots avant une voyelle v�laire finale, et cettenbsp;voyelle s�est �galement combin�e avec une voyelle pr�c�dente ounbsp;fondue avec elle. Mais, dans d�autres mots, c�est au contraire lanbsp;voyelle finale qui s�est amu�e.

B, p, f amu�s avant une voyelle ou une diphtongue v�laire finale: sieu, tou, lou(p); proparoxytons �v�que (valaisan �v�Jco),nbsp;sarcou (cf. p. 236).

P chang� a la fin du mot en f. Vu final �tant amu�: ne/ (n a p u m) et chief, avec la variante queu assonant en ie aunbsp;vers 158 de la Vie de saint L�ger. Le sort diff�rent de Vanbsp;latin, dans qu[i]eu d�une part, Anjou et Poitou de l�autre, estnbsp;apparu a plusieurs comme une anomalie malais�ment explicable.nbsp;Mais la raison de cette diff�rence est tr�s claire. Dans Andecausnbsp;et Pictaus l�u �tait d�entr�e de jeu contigu; a l�a: dans capu(t)nbsp;le contact n�a �t� �tabli qu�apr�s l�amuissement du p, c�est anbsp;dire au terme d�un long processus de destruction durant lequelnbsp;s�est accompli le changement d�a en ie. La r�sistance prolong�enbsp;des consonnes sourdes a l�amuissement s�accuse, vis^a^vis desnbsp;consonnes sonores, par la diff�rence entre le paroxyton �v�quenbsp;et l�oxyton Rouen.

Prov. esclau, fau, jo; fr. cka�llou, esclou, fou, jou(g), 1. sg. ind. pr. reu (rogo)i); proparoxytons Rouen (Ro torna o 511,nbsp;Rotumo, Rotomo, Rodomo a partir du VIP si�cle), Caen,nbsp;etc., savcou, vautve.

Fr. cieu, gvieu, antiu, feu, jeu, lieu, queu(x), f�tu, malotru, no, pou, rou, hou, font, frpr. dion (d�o� fr. dient'). La 1. sg. ind.nbsp;pr. siu peut �tce model�e sur l�analogie de sius et siut.

G, c chang�s en i ou confondus avec un i pr�c�dent, la voyelle finale �tant amu�e:

Fr. btai (cf. prov. brac), avec la variante brau dans l�ancienne traduction messine des Sermons de saint Bernard; lai, �pi, ami,nbsp;poi; noms d�hommes germaniques Ferri, Henri, Thierry; noms denbsp;lieu en =ay, =�, =ey, =y, avec les variantes lyonnaises et dauphinnbsp;noises en =ieu. A ces exemples bien connus viennent s�ajouternbsp;les noms de lieu form�s de Tappellatif uicus, sous les formesnbsp;Vy OU Vi (souvent remplac�es dans les temps modernes parnbsp;Vic OU Vicq)^), Neuvy, Vieuvy, Bl�vy, Dennevy, Meuvy. II ynbsp;a un ancien Viu (aujourd�hui Vif) dans l�Is�re, deux l/ieu dansnbsp;TAin, trois Viuz (jadis Viu)^) dans la Haute^Savoie et un dansnbsp;la Savoie. Geluidei est un hameau de la commune de Chindrieu,nbsp;appartient done, comme Ie Vif dauphinois, a la r�gion o� #acusnbsp;est repr�sent� par =ieu. Les Viuz de la Haute:*Savoie et les Vieunbsp;de l�Ain n�en sont pas tr�s �loign�s et attestent peufe^�tre lanbsp;concurrence de deux types dialectaux divergents.

Comme il ressort des mots u�s et ni�s, o et u suivis d�s finale se sont amu�s plus t�t que la consonne pr�c�dente, qui n�anbsp;cess� d�etre prononc�e qu�au contact de I�s. Le nominatif singuliernbsp;et l�accusatif pluriel chi�s sont done r�guliers. A l�accusatif sinigt;nbsp;gulier la forme chief peut avoir �t� substitu�e a qu[i]eu parnbsp;l�analogie d�un ancien *kiefs et des d�riv�s chevet, chevir, achever;nbsp;OU bien, sous leur influence, la consonne pr�c�dant u final peutnbsp;avoir r�sist� a la destruction imminente jusqu�a ce que cettenbsp;voyelle e�t �prouv� le sort commun de la plupart des voyelles

��) Dictionnaire topographique de la France: Aisne, Cher, C�te d�Or, Eure^eti^Loir, Hautes�Marne, Marne, Mayenne, Meurthe^et^Moselle, Ni�vre,nbsp;Vienne, Yonne.

finales prononc�es apr�s des consonnes. Dans les Serments de Strasbourg, Ie nominatif lodhuuigs et l�accusatif lodhuuuig nousnbsp;montrent pareillement Ie g germanique encore intact, ou plusnbsp;vraisemblablement d�ja mu� en spirante, avant s et a la fin dunbsp;mot. Mais on peut se demander si l�u final �tait encore pro#nbsp;nonc� en francais, quand ce nom a commence a �tre d�un usagenbsp;familier. Ce point r�serv�, je constate que les formes post�rieuresnbsp;Loo�s et Looi s�accordent tr�s bien avec amis et ami, �pis et �pinbsp;et ceux#ci, en tenant compte de la diff�rence des consonnes,nbsp;avec chi�s et chief. En revanche, quoique u i c u s soit �galementnbsp;appellatif, on a plus de peine a admettre l�influence pr�pon#nbsp;d�rante des cas en s sur les noms de lieu d�riv�s, qui devaientnbsp;�tre principalement usit�s au cas r�gime et n�avaient pas denbsp;pluriel.

Au jugement de M. Zauner (p. 613), il est surprenant que l�u n�ait �t� amu� qu�avant s; mais Ie seul mot qui se pr�te a lanbsp;comparaison, la pr�position od, me parait s�expliquer mieux parnbsp;l�amuissement de l�u que par celui du p de a p u d. Son d n�estnbsp;pas un d caduc; il s�est perp�tu� plus longtemps, si je ne menbsp;trompe, que celui de ad et qued et n�a du s�amu�r qu�avant desnbsp;mots commen^ant par des consonnes. L�o ne r�sulte pas denbsp;la fusion de u avec a, mais, comme celui de forge, du contactnbsp;d�une consonne labiale avec une consonne sonore suivante^).

Stimming croyait pouvoir rendre compte par 1�analogie de tous les cas o� l�u final est amu� et les consonnes pr�c�dentesnbsp;chang�es en i; mais les noms de lieu en #acus, les mots brai etnbsp;lai se sont montr�s r�fractaires a ses tentatives d�explication.nbsp;Selon M. Meyer#L�bke, les destin�es de g et c seraient con#nbsp;ditionn�es par Ie timbre diff�rent des voyelles ambiantes, selonnbsp;qu�elles �taient v�laires ou palatales. Mais on a beau lire etnbsp;relire son article, on n�y trouve pas une justification satis#nbsp;faisante des divergences entre brai, lai et fau, entre les noms denbsp;lieu en =�, -ey, =y et cieu, grieu, entre ami et antiu, entre no,nbsp;pou, rou, trou et pof. Dans Ie cas de lai et des noms de lieu ennbsp;^ay et =y, il suppose que l�influence de l�a palatal aurait �t�

0 M. A. Wallensk�ld, A propos de l'�tymologie du fr. chef, dans les M�langes de philologie offerts a M. Johan Vising (p. 25), admet aussi quenbsp;1� u de a p u d est amu� dans od. �Le mot chef est � pour lui (p. 30) �Ie typenbsp;du d�veloppement de _i.pu apr�s voyelle �. Mais la variante quji/eu demeurenbsp;inexpliqu�e.

second�e par une m�tamorphose de l�ancien u final, r�duit, avant de s�amu�r, a un son interm�diaire entre Ie timbre primitifnbsp;et l�a qui Ta remplac� apr�s les groupes de consonnes et dansnbsp;les proparoxytons. Cette hypoth�se lui para�t confirm�e par Ienbsp;contraste entre les noms de lieu septentrionaux en =ay et =y etnbsp;ceux en neu du Lyonnais et du Dauphin�, dont la d�sinencenbsp;caract�ristique coincide avec la distinction persistante dans cettenbsp;r�gion entre e d�une part, o et u de l�autre, en syllabe finalenbsp;atone. Cependant, les patois voisins, suisses et Savoyards, dansnbsp;lesquels ces voyelles sont �galement distinctes, nous offrentnbsp;les noms de lieu en sgt;acus sous les m�mes formes en =ay et =ynbsp;que les dialectes de langue d�oui. On se demande, au surplus,nbsp;pourquoi les effets de la �r�duction� de l�u seraient limit�s auxnbsp;mots en ^acus et ne se feraient pas �galement sentir dans cieu,nbsp;grieu, antiu, et si une voyelle de transition entre u et a ne seraitnbsp;pas v�laire bien plut�t que palatale.

Une meilleure solution nous seraitjgt;elle offerte par la nouvelle doctrine des �doublets phon�tiques� formul�e avec tant d�autorit�nbsp;par Ie savant a qui sont d�di�es ces pages en t�moignage de lanbsp;haute estime et de l�amiti� de ses confr�res d��tudes? Lui;*m�menbsp;en a fait une ing�nieuse application au cas de poi et pou,nbsp;en les rapprochant des couples bloi et blou, oie et oue ^). Sinbsp;persuasives que soient ses raisons, elks ne m�ont point persuad�.nbsp;La diff�rence des synonymes pou et poi me para�t toujoursnbsp;s�expliquer de la fa^on la plus probable en d�rivant Ie premiernbsp;de l�accusatif p a u c u m et Ie second de l�ablatif p a u c o. C�estnbsp;aussi l�opinion de M. Zauner, qui la fonde sur la concordancenbsp;de poi avec les personnes di et dui; mais la preuve estnbsp;fragile, paree que ces formes verbales peuvent �tre model�esnbsp;sur dis, dit, duis, duit, dient et Ie subjonctif die. II y a un plusnbsp;grave d�saccord entre nous, lorsque M. Zauner suppose quenbsp;Ie c, amu� avant u dans pou, a pu se changer en y avant o.nbsp;Le ede ciconia, Sa (u) conna, Ie g de fragorem n�ontnbsp;pas eu une autre destin�e que ceux de a (u) g u s t u m ou denbsp;lacusculum dans les noms de lieu suisses Locle et Loclat.nbsp;En r�gie g�n�rale, ces consonnes sont amu�es au contact d�unnbsp;o OU d�un u pr�c�dent ou suivant. Si l�on consid�re, en revanche,nbsp;les adverbes gai et lai, les imp�ratifs fai, di et dui, on est amen�

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a penser que Vi de poi r�sulte de la palatalisation du c, devenu final apr�s I�amuissement de I�o, � que la diff�rence entre poinbsp;(ou sa variante dialectale poe') et pou n�est pas la cons�quencenbsp;d�un traitement diff�rent de la consonne avant o et avant u,nbsp;mais du fait que To s�est amu� plus anciennement que I�u, Cecinbsp;pos�, on voit que pareillement I�adverbe iluec, aluec, luec, con^nbsp;cordant avec euc ou ec, avuec, poruec, senuec, et discordant parnbsp;son vocalisme de ill�c (REW 4270), doit tirer son originenbsp;de I�ablatif illo loco, comme lu�s (avec s adverbiale) et lenbsp;portugais logo (ib. 5096) de I�ablatif loco.

Quelles objections sont a pr�voir? � P) L�o caract�ristique de la 1. sg. ind. pr. est persistant dans veu, dont I�analogie menbsp;semble impuissante a foumir une autre explication plausible.nbsp;Mais le g de rogo offrait moins de r�sistance a I�amuissementnbsp;que le c de p a u c o. � 2�) L�o contrefinal n�est pas amu� dansnbsp;I�adjectif d�or� (decoratus); toutefois, ala diff�rence de I�unbsp;de pou, il ne s�est pas non plus uni a la syllabe pr�c�dente. Sanbsp;conservation anormale serait^elle peut=*�tre due a I�influence denbsp;I�o accentu� de decorem et decorus, quoique ces motsnbsp;n�aient pas surv�cu jusque dans les langues romanes ? � 3�) Cnbsp;final n�est pas chang� en i dans bee, houc, coq, due, sac, sec,nbsp;soc, etc. Mais due est un latinisme, coq une onomatop�e et lesnbsp;autres mots avaient un c long. Lui aussi, d�ailleurs, ce c finalnbsp;persistant trahit une tendance obstin�e a la palatalisation dansnbsp;les anciennes graphies dialectales coich, duch, sack, seek, soich.

L�i de brai et de lai requiert une autre explication que celui de poi, puisque ces deux mots ne sont pas de ceux qui pourraientnbsp;s��tre perp�tu�s sous la forme de I�ablatif. A mon sentiment, lenbsp;passage de c a i n�est concevable qu�au nominatif singulier etnbsp;a I�accusatif pluriel, apr�s la perte des voyelles u et o d�ounbsp;r�sultait la mise en contact de la v�laire, d� ja plus ou moinsnbsp;alt�r�e, avec I�s finale. Dans cette nouvelle condition la consonnenbsp;peut avoir �t� palatalis�e moyennant rassimilation de I�articulationnbsp;v�laire a I�articulation dentale dans une articulation interm�diaire.nbsp;Des cas en s I�articulation palatale a pu se propager a I�accusatifnbsp;singulier et y contrarier le d�veloppement normal ou d�terminernbsp;1�abandon des formes du type messin brau et dauphinois lau^).

Cet article �tait d�ja achev�, lorsqu�a paru, au tome VIII de la Revue de Linguistique romane, I�important m�moire de M. A. Duraffour,nbsp;Ph�nom�nes g�n�raux d'�volution phon�tique dans les dialectes franco^

239

Ainsi se confirme et se pr�cise le rapprochement esquiss� plus haut (p. 237) entre ami, �pi et chief. Une tendance persistante anbsp;assimiler ou m�me a confondre les articulations v�laires etnbsp;dentales dans la r�gion centrale du palais se manifeste clairementnbsp;dans plusieurs autres cas, ceux de h n (it. segno, fr. daigner),nbsp;de c s (acast. lexav, fr. Zaissier), de c t (cast, hecho, prov.nbsp;fach, fr. fait), et pareillement dans celui des mots hois, dais,nbsp;frais, lois, tiois, etc., dont on a cru a tort pouvoir rendrenbsp;compte par une m�tath�se et qui parait a M. Zauner (p. 616)nbsp;��nigmatique�.

Le fr. vai et le frpr. /r� ou fti s�expliquent de la m�me fa^on que brai et lai, � et plus ais�ment encore, en tenant comptenbsp;du f�minin vaie et de I�ancien pluriel frag a demeur� en usagenbsp;comme f�minin singulier dans plusieurs dialectes romans. Maisnbsp;ici surgit un doute. Si I�i de btai et de lai a pour conditionnbsp;I�amuissement de la voyelle des d�sinences fu s et #o s, est*ce quenbsp;r a accentu� ne serait pas chang� en e en francais? Car la mu#nbsp;tation frangaise de I�a est sans aucun doute ant�rieure a lanbsp;perte des voyelles finales atones, puisque cet a, persistant dansnbsp;les oxytons ja, esta, a, va, les 3. sg. du parfait de la C*quot; con#nbsp;jugaison, est chang� en e dans les anciens paroxytons clef, ef.nbsp;I� et lez, mes, nez, rez, sez, etc. Mais ce changement ne s�est pasnbsp;accompli d�un seul coup. Selon 1�opinion tr�s bien motiv�e denbsp;M. Zauner (p. 616), I�e a du �tre pr�c�d� par une diphtonguenbsp;ae ou ai qui se conservait encore en ancien francais avant lesnbsp;consonnes nasales (maent ou maint, aime) et dans laquelle a punbsp;se fondre I�i continuateur du c latin, tout comme dans Looi, ami,nbsp;�pi la consonne palatalis�e a pu �tre absorb�e par I�i voyelle.

De ce qui pr�c�de il ressort que les d�sinences en =ay, =ey, =� ou =y des noms de lieu en #acus doivent correspondre a unnbsp;#o de la syllabe finale latine. Cependant, I�emploi de I�ablatifnbsp;provengaux, �tudi�s d�apr�s le parler de la commune de Vaux (Ain). Lanbsp;concurrence des types Fay et Pau, lai et lau, dans les patois de I�Ain, y estnbsp;expliqu�e aux pp. 126�7 par la pr�f�rence accord�e, suivant les lieux,nbsp;tantot a la forme du singulier tant�t a celle du pluriel. Cela revient anbsp;dire que g et c auraient �t� amu�s avant la d�sinence plurielle = o s,nbsp;palataUs�s avant u final ou a la fin du mot, apr�s I�amuissement de cet u-Mes lecteurs comprendront que je ne saurais me rallier a cette explication.nbsp;Je ne crois pas, d�ailleurs, que les noms de lieu du type Fay correspondentnbsp;ni a fagum ni a fago; je les d�rive de fageum.

nous est apparu comme incompatible avec les donn�es de la syntaxe. Ne serait^ce pas I�o des nominatifs et accusatifs gauloisnbsp;en #o s et rfo n qui se serait obscur�ment perp�tu� dans la bouchenbsp;des Gallo�=Romains, demeur�s fid�les dans leur usage familier desnbsp;noms de lieu aux habitudes de la prononciation indig�ne ? Lanbsp;perte de I�n finale, quoique mal attest�e en latin, ne fait pas denbsp;doute, si Ton consid�re la forme gallo^romane des mots ennbsp;s^men: aivain, alevin, essaim, flun, leiin, nourrain, sain(doux).nbsp;Je remarque express�ment que la conjecture ici propos�e nenbsp;peut s�appliquer au mot btai, paree que son prototype gauloisnbsp;parait avoir appartenu a la classe des th�mes en (FEWnbsp;bracu). En revanche, il est impossible, en bonne logique, denbsp;ne pas l��tendre a la plupart des autres noms de lieu celtiquesnbsp;en #us et #um de la Gaule septentrionale et ori�ntale, a I�ex^nbsp;ception peut �tre des villes principales. Si cette conjecturenbsp;m�rite quelque consid�ration, il s�en suivrait que beaucoup denbsp;noms de lieu de la Gaule devaient se pr�senter, dans leursnbsp;emplois les plus fr�quents, apr�s des pr�positions, sous unenbsp;forme identique a celle de l�ablatif latin. Ainsi, contrairement anbsp;nos pr�misses, la d�sinence en igt;o a pu jouir dans la toponymienbsp;gallo^romaine d�une pr�f�rence qui fournirait une explicationnbsp;plausible des noms d�riv�s de l�appellatif uicus sous la formenbsp;Vi OU Vy. II resterait a enqu�rir si les Vieu et Viu de 1�Ain etnbsp;de la Savoie et les noms en -ieu du Lyonnais et du Dauphin�nbsp;doivent leur forme particuli�re a un retard dans 1�amuissement denbsp;l�o final OU bien au triomphe de l�u latin sur l�o gaulois dansnbsp;Ie territoire des m�tropoles romaines de Lyon et Vienne.

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Aanvaard mijn innigen dank voor al hetgeen Gij als leermeester en als mensch voor mijnbsp;geweest zijt. Steeds zal mij in mijn verder levennbsp;Uw lichtend voorbeeld voor oogen staan.

Aunque en las diversas obras que tratan de la historia de la comunidad sefardi en Amsterdam se encuentran algunos datosnbsp;sobre la vida de Rehuel Jessurun (que como cat�lico fu� llamadonbsp;Pablo de Pina) y acerca de nu obra mas conocida, cuyo titulonbsp;encabeza el presente articulo, las Historias de la literatura por#nbsp;tuguesa no se ocupan mayormente de �D). Y si bien el valornbsp;literario del Dialogo no es tal que merezca puesto importantenbsp;en la historia de las letras portuguesas, el hecho de ser el �niconbsp;�auto�portugu�s representado en una sinagoga amsterdamesa, alnbsp;menos el �nico que nos resta^) justifica suficientemente su

1) De Barrios, Casa de Jacob, p. 18 y ss.; idem, Aumento de Israel, p. 42; idem. Rel. de los poetas y escritores esp. de la naci�n jud. amstelo-dama (Amsterdam, 1683) p. 54 y ss. (reimpr. en la Rev. des �t. juives,nbsp;XVIII, p. 281�289); M. Kayserling, Sephardim, Poesien der Juden innbsp;Spanien und Portugal (Leipzig, 1859), p. 175 y ss., 178, 289; idem, Bibl.nbsp;esp.^port. jud., (Estrasburgo, 1890), p. 89�90; Gratz, Geschichte der Judennbsp;(Leipzig, 1897) X, p. 4; S. Dubnow, Die Gesch. des j�d. Volkes in dernbsp;Neuzeit (Berlin, 1927) VI, p. 432; J. S. da Silva Rosa, Geschied, der Port.nbsp;Joden van Amsterdam (Amesterdam, 1925), p. 26.

^) No se Ie menciona ni en C. Michaelis de Vasconcellos y Th. Braga, Geschichte der portugiesischen Litteratur (en Gr�ber�s Grundriss der roma^nbsp;nischen Phihlogie) ni en F. de Figueiredo, Historia de la literatura por�nbsp;tuguesa, ni en Karl von Reinhardstoettner, Portugiesische Literaturgeschichte.

3) Verdad es que la imprenta nos ha conservado algunos autos Castellanos de Daniel Levi de Barrios. Uno fu� editado aparte: el �Panegirico� Contranbsp;la verdad no ay fuerga (Amsterdam, en casa de David de Gastro Tartaz,nbsp;sin fecha). Algunos otros se encuentran en los vol�menes de sus op�sculos.nbsp;Son el �Auto Sacro� Jonen Dalim (el protector de los pobres), el �Dialogonbsp;harm�nico� Maskil El Dal (el que atiende a los pobres), el �Auto Mosayco�nbsp;Tor a Hor (la Ley es la Luz), el llamado Meyrat Henayim (el alumbradornbsp;de los ojos), el �Dialogo� Arbol de las Vidas. Kayserling en su Bibl. esp.-�nbsp;port.-jud. los menciona (p. 19 y ss.), pero de su descripci�n no se despren#nbsp;dera facilmente que eran autos, sino mas bien descripciones elogiosas denbsp;las diferentes academias cuyos nombres llevan. Pfandl en su Geschichtenbsp;der spanischen Nationalliteratur in ihrer Bl�tezeit (p. 484) los menciona denbsp;paso, sin dar sus nombres, anadiendo que los ejemplares que restan de estosnbsp;autos se han hecho muy raros. Aconseja a los que quieran ocuparse denbsp;ellos estudiarlos en las colecciones que poseen la biblioteca de la Uni#

242

estudio. Poseyendo un ejemplar de la unica y rara edici�n impresa la Bibliotheca Rosenthaliana de esta capital, se me hanbsp;parecido ocasi�n propicia para encargarme de este trabajo. Alnbsp;fin y al cabo cumplo con triple obligaci�n, como hispanista (ennbsp;sentido lato), como judio y como amsterdam�s.

Siendo Rehuel Jessurun uno de los primeros parnassim de la Asociaci�n Talmud Tora y su Gabay (tesorero) compuso, paranbsp;que a ocasi�n de la fiesta solemne de Sebuoth en el ano 5384nbsp;(1624) se representara en la Sinagoga de Beth Jahacob (Casanbsp;de Jacob) el auto que intitulara:nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;wauj (Dialogo dos

Montes). Lo ha salvado del olvido en que irremediablemente hubiera caido Ia liberalidad de Ahar�n de Chaves (o Chavez),nbsp;�o velho� ^), que lo mand� imprimir a su costa en esta capitalnbsp;�na officina typographica de Cerhard Johan Janson, em cazanbsp;de Israel Mondovy. Anno 5527 (1767)�.

Antes de entrar en la materia de este drama lit�rgico y de trazar su filiaci�n, para que se lo pueda encasillar en el inmensonbsp;archivo de la literatura dramatica ib�rica de la Edad de Oronbsp;conviene empezar por su descripci�n somera.

DIALOGO DOS MONTES, Auto que se reprezentou com a mayor Aspecta^ao, amp;. solemnidade, na Synag�ga Amstelodassnbsp;mum de BETH JAHACOB, na festa celebre de SEBUOTH,nbsp;Anno 5384. Composto pello Erudito Senhor H. H. R. REHUELnbsp;JESSURUN, An�xo va� s�te Discur9os Academicos, amp;. pre=lt;nbsp;dicaveis que pr�gara� os MONTES. Impresso por ordem donbsp;Senhor AHARON DE CHAVES, o anciao; amp;. por suadespeza.nbsp;Emendado, corregido dos errores typographicos por R. ISHACnbsp;DE ELIAU HISQUIAU ACOHEN BELINEANTE.� La �Ap^nbsp;probacion� es del �Reverendissimo, y Doctissimo Sr. H. H.nbsp;Morenu Verabenu SELOMOH SALEM, Ab^Beth^Din, y Rosnbsp;Jessiba deste K. K. de T. T.� y esta escrita en castellano. Calificanbsp;el Rabino al libro que se Ie present� para su examen denbsp;versidad de Amsterdam (Bibliotheca Rosenthaliana) y el British Museum.nbsp;Posee tambi�n ejemplares la Bibliotheca Montezinos del Seminarie Ets Haimnbsp;de esta capital. En otro articulo, que estoy preparando, me ocupar�nbsp;detenidamente de esta parte tan desconocida de las obras del ilustrenbsp;montillano.

*) Del valor num�rico de dos letras hebreas S' y �' provistas de un asterisco en la poesia hebrea suya que precede al dialogo, se desprende quenbsp;al publicarlo De Chaves tenia ochenta afios.

�antiquissimo�, y dice que lo ha �hallado lleno de Doctrinas, y Documentos legales, y Rabinicos, muy utilozos a la Alma, ynbsp;agradables al devertimiento honesto.� A la Aprobaci�n Ie siguenbsp;la Dedicatoria en portugu�s �A O Magnifico, Virtuozonbsp;SENHOR, DAVID DE AHARON JESSURUN, Parnas Pre^nbsp;zidente deste K. K. que D�os augmente�, firmada por Ahar�nnbsp;de Chaves, y una poesia hebrea y otra portuguesa del mismo,nbsp;ambas sin valor literario, constando la primera de retazos denbsp;la Biblia y siendo la segunda una torpe mezcla de versosnbsp;pareados de doce silabas unos y otros de trece. En ambas expresanbsp;la esperanza de que la acci�n de salvar del olvido obra tannbsp;benem�rita Ie alcance la aprobaci�n de Dios. En las dos poesiasnbsp;suplica al Omnipotente que les sea dado a �l y a sus hermanosnbsp;de raza ver �com alegria� a Jerusal�n.

Precede al propio texto del dialogo un pr�logo en hebreo, parte en prosa, parte en verso, de mano del corrector Acoh�nnbsp;Belinfante. No es mas que otro cent�n de fragmentos incos¹ ²nbsp;herentes, tornados de diferentes libros de la S. Escritura. Lonbsp;unico interesante que contiene es una justificaci�n del habersenbsp;compuesto el auto �en lengua extranjera, en lengua de los nonbsp;judios. Asi lleva la desventaja de no dar fruto en lengua sagrada,nbsp;pero en cambio sera asequible a mas lectures y asi tendra mayornbsp;utilidad�. De esto se desprende que aun a mediados del siglonbsp;XVIII el conocimiento del portugu�s entre los sefarditas amster#nbsp;dameses era mayor que el del hebreo.

Al prefacio hebreo Ie siguen los nombres de las figuras y de las personas que las representaron. El primer papel, el de lanbsp;�Terra�, �he o Prologo, ou o exordio que faz o Author.� Inters�nbsp;pretan los de los Montes de �Sinay, Siyon, Or, Neb�, Guerizim,nbsp;Carm�lo� y �Olivette� respectivamente �o muy insigne Senhornbsp;R. Abraham da Fonseca, primeiro Discipulo do Senhor H. H. R.nbsp;Saul Levy Morteyra�, R. Ishac Cohen Lobatto, �o Hazan�nbsp;R. Josseph Cohen Faro^), R. Mosseh Guidhon Obediente,nbsp;�famozo Po�ta, amp;- d�stro Gramatico� ^), R. David da Fonseca,

1) Dice de �l De Barrios en uno de sus opusculos (p. 785 del ejemplar que posee la Bibliotheca Montezinos) �que despues provo ser Coen, y fu�nbsp;Jazan�. (Aumento de Israel, p. 42).

Dice de �l De Barrios, 1. c. �que aun vive en este ano de 1684, insigne Poeta Hebrayco en Hamburg��.

�o Doctor� R. David de Haro y R. David Belmonte. Desempen� el papel de �Jeossaphat el Rey�, que se califica aqui de �Juiznbsp;experto para decidir a questad�, R. Jeossuah Ulh�a.

En el pr�logo (p. 1�10) la Tierra explica al publico, asora^ brado de su venida inopinada, por qu� ha salido de su centro.nbsp;Recuerda el dia en que Dios en el monte Sinai di� la Ley anbsp;Israel, cuando seg�n el Salmista (Salmo 68 : 9) temblaba,nbsp;asustada de los truenos y relampagos que acompanaban lanbsp;Palabra Divina. Ahora que Ie asustan otra vez iguales rumoresnbsp;terrorificos, no terne que sean senales de suceso aciago, sabiendonbsp;que es el dia de conmemoraci�n de tal feliz acontecimiento, ynbsp;sin vacilar se aventura afuera. Relata a los fieles reunidos en lanbsp;Sinagoga como son sus hijos los Montes biblicos que estan ennbsp;acalorada disputa:

Movida de su amor maternal se pone en medio de ellos y les aconseja fijar dia y lugar para resolver la cuesti�n, que lesnbsp;trae tan revueltos, no sabiendo dia mas apropiado que el denbsp;Sebuoth, ni sitio mas propicio que

A CAZA DE JAHACOB, fiel, amp;. digna; pois aqui com fervor, S, zelo sancto,nbsp;se procura o juizo verdadeironbsp;da sancta Ley, guardar cumpridamente. (p. 6).

Se explaya en elogios de la buena disposici�n y arreglo de la Sinagoga. Expresa su profunda alegria de ver en paz y seguridadnbsp;a los hijos de Israel tan cruelmente perseguidos y maltratados ennbsp;los paises de donde fueron expulsados, y acaba por suplicar anbsp;Dios que salve a Israel

con^ola a os afflictos de seu povo, cuja redemp^ab certa, amp;. verdadeira,nbsp;em nossos dias presto seja,nbsp;como esta caza de JAHACOB dezeja. (p. 10).

Registra Da Silva Rosa (op. cit. p. 34) que alcanz� el grado de doctor en la Universidad de Leiden.

Los interlocutores del dialogo propiamente dicho son los enumerados siete montes (es comprensible que no figure elnbsp;monte Ebal, el de las maldiciones, Deut. XI: 29) que disputannbsp;sobre cual de ellos merece la preeminencia, en atenci�n a losnbsp;favores recibidos de Dios y al papel que desempenan en lanbsp;historia del pueblo israelita. Cada uno expone sus m�ritos connbsp;la mayor elocuencia, pero ninguno acierta a convencer a losnbsp;otros. Propone uno de ellos elegir juez que decida la cuesti�n,nbsp;y por mas que todos aprueben tal sugesti�n, no marchannbsp;acordes en cuanto a la persona del arbitro. Uno propone anbsp;Josu�, otro a Mois�s, un tercero a Abrahan, otros sugieren lanbsp;idea de recurrir al patriarca Isaac, a los reyes David y Salomon,nbsp;a los profetas Elias y Eliseo, a Ahar�n, primer sumo sacerdote,nbsp;y al sabio y sufrido Job. Finalmente se resuelven por el Reynbsp;Josafat: �Rey sancto, perfeito/he perfeito Juiz, amp;. semnbsp;sospeita�. �OS MUZICOS� Ie saludan al justo rey con unanbsp;canci�n. El arbitro juzga que el medio mas eficaz para decidirnbsp;la cuesti�n sera que los contendientes aleguen sus argumentosnbsp;en forma de sermon, citando los parajes de la Biblia en quenbsp;sus pretensiones est�n fundadas.

Una segunda portada precede ahora para introducir a los �DISCURgOS ACADEMICOS, amp;. PREDICAVEIS que pr�=nbsp;garao OS MONTES, na Sinagoga Amstel�dama de BETnbsp;JAHACOB, Ao. 5384. Compostos pello Eminentissimo Senhornbsp;H. H. R. SAUL LEVY MORTEYRA, Rab do ditto K. K.�nbsp;Son estos sermones meras colecciones de citas de la Biblia,nbsp;enumerando cada monte los lugares en que va mencionado.nbsp;Entre las diversas pr�dicas los m�sicos entonan canciones ennbsp;que imploran el favor de Dios para que pronto restituya alnbsp;pueblo de Israel a su gloria pret�rita. Ahora le incumbe al reynbsp;Josafat fallar el litigio. Como es de suponer le da la palma alnbsp;monte Sinai:

5. nbsp;nbsp;nbsp;lutozo lamenta, de seu Templonbsp;as gastadas ruynas, donde aindanbsp;resuscitara a fabrica admiravel,

Los montes todos celebran la decision; persuadidos de la eficacia de los argumentos del juez Ie ceden gustosos el puestonbsp;de honor al monte Sinai. �Por v�s tem o Mundo vida�, cantanbsp;rindi�ndole homenaje el monte Carmelo. �Isra�l Gloria� exclamanbsp;el Neb�, y juntandose a ellos anade el Zetim (Monte de lasnbsp;Olivas): �A Gente Salva^ao�. Les agradece a todos el Sinai susnbsp;muestras de regocijo y alaba a Dios que hizo que llegara anbsp;merecerlas. Suplicale humilde socorra a su afligido pueblo y:

Vosso dar o descendente, que com tantos suspiros dez�ja vir,nbsp;permite o soberano Juiz,nbsp;pella fadiga que tomasteis prezente,nbsp;elle em breve o Mundo r�ja,nbsp;tenha a redea do governo antiguo,

E v�s Congrega el�cta, morada de JAHACOB,nbsp;onde a Ley minha,nbsp;com ta� grande fervor se observa.

E a palma pella grata colheita, restituida azinha sejais,nbsp;a os patrios Montes, livre, amp;. ufana tenhaisnbsp;todos os bems gozando, em Paz perfeita. (p. 100).

Por muchas diferencias que se observen entre esta obra de# vota y la literatura dramatico#religiosa de la Peninsula ib�rica,nbsp;de otra parte hay tanta afinidad que no vacilo en incorporarlanbsp;a este gran conjunto.

viejos de la colecci�n de L. Rouaneti). El largo pr�logo que dice la Tierra puede decirse que es la Loa. i No es que muchasnbsp;veces en los autos de Gil Vicente hay Loa, aunque no se la d�nbsp;tal nombre? La m�sica y el canto son elementos comunes delnbsp;auto viejo�) y casi esenciales en los Autos Sacramentales denbsp;Calder�n^). El que prosa y poesia van mezcladas en el autonbsp;amsterdam�s tampoco fue novedad�). La pluralidad de lenguasnbsp;(algunas veces hay versos hebreos entre los portugueses) no esnbsp;de admirar. i No van entremezclados el espanol y el portugu�snbsp;en algunas obras de Gil Vicente, como si fuera la cosa masnbsp;natural?�) El que entre los personajes los hay aleg�ricos enbsp;hist�ricos es cosa que nuestro auto tiene en com�n con casinbsp;todos los peninsulares, Verdad es que en �stos las mas de lasnbsp;veces personas divinas, angeles y demonios salen a la escena;nbsp;prohibiendo la religion judaica que de los tales se haga repre�*nbsp;sentaci�n, gran numero de las figuras comunes en el dramanbsp;lit�rgico hispano fu� inservible para los fines del autor judio.nbsp;Por otra parte no era desconocido en Espana que conceptosnbsp;geograficos se constituyeran en dramatis personae; asi v. gr. ennbsp;la Earsa Sacramental de las Bodas de Espana�). Lugar analogonbsp;al de los Montes en nuestro drama ocupan las estaciones en elnbsp;Auto dos quatro tempos de Gil Vicente y los arboles en Lanbsp;Humildad cotonada de las plantas de Calderon. Es tambien lanbsp;Tierra personaje harto corriente en los autos cat�licos.

Colecci�n de Autos, Farsas y Coloquios del siglo XVI, publi�e par L�o Rouanet. 3 tomos (Bibliotheca Hispanica, Barcelona�Madrid, 1901).

�) V. gr. el soliloquio del �Seraphim� al principio del ^ufo dos Quatro tempos, el del �Frade� en el Auto da Mofina Mendes, el de Vasconbsp;Affonso en el Auto pastoril portuguez y el de Mercurio en el Auto da Feira.

�) V�anse p. e. los villancicos de la Farsa del Sacramento de las Cortes de la Yglesia (Rouanet, op. cit. III, p. 131 y ss.), los de la Farsa delnbsp;Sacramento de Moselina {ibid., p. 297 y ss.) y los de la Farsa de losnbsp;lenguajes {ibid., p. 329 y ss.).

�) V�anse p. e. El pleito matrimonial del Cuerpo y el Alma, Los Encantos de la culpa y Tu pr�jimo como a ti, pubhcados por Angel Valbuena Pratnbsp;en la serie de Clasicos castellanos (tomo 74). En el ultimo auto los pasajesnbsp;cantados son en numero tan crecido que a veces da la impresi�n de unnbsp;texto de opera.

�) Rouanet (op. cit. I, Introd., p. X) dice que tres de los autos publicados en SU colecci�n son en prosa y que una escena en prosa se halla mezcladanbsp;a las quintillas de otro.

*) V�ase p. e. la Farga de Quem tem farelos {Obras, III, Lisboa, Bibl. Port. 1852), p. 5 y ss.

La representaci�n del drama en la Sinagoga corresponde in^ dudablemente con el uso cat�lico como lo conoci� Jessurun ennbsp;SU juventud. Era costumbre que los autos se ejecutaban en lanbsp;Capilla Real de Lisboa o en los conventos e iglesias en los diasnbsp;de fiesta^). Muchas veces el autor del drama era el director denbsp;escena y el principal de los actores. Asi Gil Vicente las mas denbsp;las veces tom� para si el papel del pr�logo y en general susnbsp;companeros eran unos aficionados escogidos entre los cortesanos.nbsp;Prestaban su concurso en las representaciones ante la familia realnbsp;los m�sicos del rey^). Analoga disposici�n la de la funci�nnbsp;sinagogal: recit� el pr�logo el autor e hicieron los demas papelesnbsp;los mas distinguidos miembros de la comunidad sefardita. Si ennbsp;Portugal frecuentemente los cl�rigos colaboraban en las funcionesnbsp;de obras religiosas a ocasi�n de alguna fiesta liturgica, aquinbsp;tambi�n vemos expresamente registrado que prestaba su concursonbsp;un discipulo del rabino y el mismo hazan.

La versificaci�n es libre e irregular. En el pr�logo alternan estrofas de diez, cuatro, diecisiete y cinco versos con otras denbsp;nueve, seis, ocho, etc. Unos versos son de seis silabas, otros denbsp;doce, otros de nueve y otros de siete, todo sin orden ni regla.nbsp;No hay rima, ni asonancia. En el dialogo propio los versosnbsp;largos de 11 hasta 14 silabas son los mas frecuentes, pero no esnbsp;raro que entre ellos se intercale uno de 3 o 4. En la p. 24 senbsp;encuentra una octava real que el poeta dice haber tornado denbsp;�hum Author modemo�, que en las p. 33 a 36 se glosa en otrasnbsp;ocho octavas �). Las canciones que sirven de intermedio entre lanbsp;disputa de los montes y la venida del rey Josafat y entre losnbsp;diversos sermones en prosa son estrofas de cuatro versos de

�) Faltando ediciones de la mayoria de los poetas portugueses en. las bibliotecas de aqul no he acertado en hallar el nombre del tal �authornbsp;moderno�. Para que sean mas afortunados los que est�n mejor equipados ennbsp;textos portugueses transcribo la consabida octava:

Quem for para julgar no povo el�ito convem de altas virtudes ser dotadonbsp;despido de qual quer humano effeitonbsp;de Juizo, 6. discurgo levantadonbsp;igual a o rico, amp;. povre, sem respeitonbsp;conciderado inteiro, livre, ousado,nbsp;amigo da verdade, amp;. que a nao tor^anbsp;por rogo, amea^o, peita, ou for^a.

siete silabas, asonantes el segundo y el cuarto. Resumiendo hay que confesar que la semejanza entre la versificaci�n de este autonbsp;y Ia de la producci�n peninsular es escasa, abundando los versosnbsp;octosilabos tanto en los autos viejos como en los de Gilnbsp;Vicente, no desviandose de este uso ni Lope, ni Calder�n, ninbsp;ninguno de los demas dramaturgos de la Edad de Oro. Ademasnbsp;es casi imposible senalar entre los autos peninsulares uno cuyanbsp;versificaci�n sea tan torpe y desmanada como la de la obra denbsp;Jessurun.

En cuanto al contenido nuestro dialogo deja encasillarse sin gran dificultad en el conjunto de los autos hispanos. El tema,nbsp;el de la disputa es antiquisimo. S�lo que aqui no hay nada masnbsp;que teologia dramatizada; entra por poquisima parte Ia fantasianbsp;y el autor se atiene rigurosamente a los textos biblicos ^). Asinbsp;es que no logra dar emoci�n religiosa. Y s�l� �sta, como lonbsp;observa acertadamente Valbuena Prat �) es dramatica y no lanbsp;teologia. Falta ademas en este auto el lado c�mico. Y es justa�'nbsp;mente la colaboraci�n de los personajes r�sticos que forma elnbsp;encanto y da vida real a los dramas cat�licos.

d Qu� fuente Ie habra inspirado a Jessurun? Puede ser que la idea de poner en movimiento a los montes sagrados Ie sugirieranbsp;el texto biblico. A lo menos hay un recuerdo del salmo 114 : 4nbsp;y SS. en un pasaje del pr�logo (p. 7) que sigue a continuaci�n:

E nao vos espanteis? Se me detenho contra meu natural, tao largo espasso?nbsp;que assim o Jordao, quando assombradonbsp;da tremenda viza� da Area sagrada,nbsp;depositaria do concerto et�rno,

amp;. Thezouro immortal da Divindade, emfreou a corrente, amp;. deteve as aguas;nbsp;que por gozar avista de tal gloria,nbsp;immoveis huas de outras pinduradas,nbsp;do costumado curfo se esquecerao.

Verdad es que aqui no se nombran los montes, pero se trata de ellos en el mismo pasaje biblico a que alude el autor. Puede

2) nbsp;nbsp;nbsp;En esto no difiere de los autos y farsas de Ia colecci�n Rouanet. V�asenbsp;Introd., p. XI y XII.

�) Pr�logo del tomo 74 de Clas. cast., p. XXV�XXVI; Literalura dramatica espa�ola (edit. Labor, Barcelona, Buenos Aires, 1930) p. 235�236.

ser que aqui tambien mediaran reminiscencias vagas de los Midrashim (leyendas judias). El caso es que los hay en que losnbsp;mismos monies disputan sobre la preeminencia entre ellos. V�asenbsp;la leyenda relatada por L. Ginzberg en su The legends of thenbsp;Jews (Philad. 1911, III, p. 82�85) y tambi�n otra analoganbsp;recogida por M. J. Bin Gorion en Die Sagen det Judennbsp;(Francfort!sdels=Meno, 1926, IV, p. 218�219). Ultimo retono denbsp;estas leyendas es un fragmento de la imponente poesia L�Aubenbsp;du Temple de Edmond Fleg (�coute, Isra�l; Paris, 1921).

La finalidad del auto tambi�n es analoga a la de los peninsulares. A �stos se los ha llamado: sermones en representable idea^).nbsp;El objeto de todos fu� instruir, dar conocimiento de los dogmasnbsp;de la f� en forma amena y comprensible. Ensena el consabidonbsp;drama a los espectadores la importancia de los siete monies en lanbsp;historia de Israel y los milagros que Dios obr� en cada unonbsp;de ellos. Y si en los autos sacramentales es el sacramento delnbsp;altar el eje sobre el que giran los mas de ellos y en todo casonbsp;forma su apoteosis final, en el auto judaico hubo de descollarnbsp;necesariamente entre cuantos actos transcendentales de la historianbsp;de Israel el del Sinai, donde recibi� su Ley de Dios. Querrianbsp;Jessurun celebrar la fiesta del Sebuoth (a la que de modonbsp;caracteristicamente peninsular llama �Pasqua de Sebuoth�) comonbsp;habia visto en su juventud celebrar en su pais natal la Pascua denbsp;Navidad y el Dia del Corpus.

Ademas sentiria Jessurun como judio la necesidad moral de escribir un auto que ensalzara su F�, tan despreciada ydenigradanbsp;en la casi totalidad de los autos Castellanos y portugueses. Unonbsp;no ha de leer mas que La Fatsa des Sacramento de Moselina �),nbsp;en la que el judaismo declarado en bancarrota ve infamementenbsp;enterrar su Ley, o los escamios en La Siega de Lope de Vega �),nbsp;en Los Desposotios de Cristo de Timoneda*) y en el Auto denbsp;la Mesa Redonda de V�lez de Guevara (en el cual el judaismonbsp;ha de declarar su derrota y se arrodilla ante Cristo) �) para

quot;) Rouanet, op. cit. III, p. 297 y ss.; Bibl. de aut. esp. LVIII, p. 11 v ss 0 Bibl. de aut. esp., LVIII, p. 171 y ss.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt; P Y ssi.

) Ed. Angel Lacalle, Serie escogida de autores espanoles, IX CMadrid Hernando, 1931) p. 63 y ss.

comprender el insulto que toda esta literatura constituye para el que cree en la verdad de la religion judia. En todos los autosnbsp;peninsulares la Ley de Gracia aniquila la Ley Escrita. Y losnbsp;judios que se atienen a su Ley o son ciegos o malos pertinaces.nbsp;Asi p. e. en el Dialogo sobre a Resurreigao de Gil Vicente ^)nbsp;los judios, sabiendo y reconociendo entre si que estan equivo#nbsp;cados, por maldad se niegan a abrazar la F� verdadera. El mismonbsp;Vicente trata duramente a los Israelitas en su Auto da Cananea.nbsp;Observa Valbuena Prat^) que el �nico judio simpatico quefiguranbsp;entre tantos que act�an en los autos sacramentales de Calderonnbsp;es uno de El Santo Rey Don Fernando, Ia parte, pero �ste �ennbsp;vez de obstinarse en sus ideas, abraza el cristianismo� �).

i Qu� alegria, qu� gozo experimentaria Jessurun al poder finalmente confesar sin peligro la fe de sus padres 1 La alegria denbsp;verse libre, adorando con sus hermanos de raza al Dios de susnbsp;antepasados, conforme las anejas costumbres y usos en casanbsp;propia, despu�s de tanto bald�n y afrenta, tras cruel persecuci�nnbsp;y azarosa travesia de mares y oc�anos en busca de un refugio,nbsp;esa alegria, con su tinte melanc�lico siempre, por el recuerdonbsp;de tanto dolor pasado, por la memoria de parientes y amigosnbsp;muertos en las hogueras de la Inquisici�n o presos en susnbsp;calabozos, es la que a este auto presta su encanto. Entre elnbsp;farrago de palabras hueras surge de vez en cuando un grito delnbsp;coraz�n, que nos transmite dolores y gozos sentidos. Es entoncesnbsp;que llegamos a conocer a Pablo de Pina que de una parte delnbsp;mundo a otra arrastraba su vida (v�ase Kayserling, Sephardim,nbsp;p. 175 y SS.), aparentando confesar una religion en que no creia,nbsp;anhelando la hora en que pudiera ser el que en verdad era, elnbsp;judio Rehuel Jessurun.

Nao cauzara notavel maravilha ver que na obscura noute do dest�rronbsp;dos filhos de JAHACOB, que perseguidosnbsp;correm fugindo das tiranicas cruezas,nbsp;do mal�volo EDOM, amp;- seus sequazes;

�) Revue hispanique, LXI: Los autos sacramentales de Calder�n (Clasi* ficaci�n y analisis), p. 239.

Es la unica vez que el autor alude a sus perseguidores. Ni palabra siquiera de rencor, ni palabra tampoco sobre la f� cris^nbsp;tiana. A mi ver en esto se muestra el autor de una tolerancianbsp;nada comun por aquellos tiempos. Odios e inquinas olvidadosnbsp;estan; nada mas que la gloria presente le inspira y lagrimas lenbsp;brotarian de los ojos al exclamar:

Em meyo destas orridas proc�llas, os que para este norte, a proa guiao,nbsp;tenhao remance aqui, d�ce, amp;. quieto,nbsp;onde de tantos damnos se refa?ao,nbsp;em esta CAZA SANCTA a boca ch�a,nbsp;em V�Z alta, .A. .A. i) clamem ...nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;(p. 9).

Por de pronto es feliz, pero anhela la redenci�n de su pueblo e implora a Dios:

Que sahidos de tantas estreitezas, entrao nesta largueza, amp;. liberdade,nbsp;neste refugio de Almas affligidas,nbsp;em fim, neste pequeno sanctuario;nbsp;a the que D�os por suas piedades,nbsp;o Grande, redefique avez terceira,

VOS redima com milagros nunca vistos, qual o pastor fiel, a seu rebanho,nbsp;guiandov�s a posse verdadeiranbsp;de vossa antigua Herdade. (p. 9�10).

Su manera de concebir el judaismo aun tiene mucho de cat�lica. Habla del �Sancto YIOB� (p. 29), del �rey Sanctonbsp;JEOSAPHAT� (p. 30). Al describirnos el �Echal� que contienenbsp;la ley, usa palabras de adoraci�n que concuerdan exactamente

con las de los autores peninsulares cuando se referian al Sacralt;� mento del Altar. Asi v. gr. dice la Tierra:

Aque me faz o C�o propinquo; amp;. ajunta minha baix�za, a os outros mais sublimes,nbsp;que reconhego humilde; amp;. aquem veneronbsp;desde o tempo, que ouvindo a vos et�rna,nbsp;me estremeci; amp;. de medo, do meyo corpo,nbsp;retumbarao as intimas cavernas,

No quiero decir que en sus creencias siguiera cat�lico. Signi# ficativa p. e. es la digresi�n sobre el numero uno, que ponenbsp;en boca del Monte Sinai (p. 15). Aqui pensamos en los numero#nbsp;SOS lugares en que en los autos peninsulares se encarece el numeronbsp;tres (la Trinidad). La forma en que da expresi�n a sus pensa#nbsp;mientos es cat�lica, el alma que adivinamos tras ella es judia.

No obstante esto, a los rabinos les habra parecido poco con# forme al espiritu del judaismo la representaci�n de tales autosnbsp;en la sinagoga, puesto que en 5399 (1639) el reglamento intemonbsp;de la nuevamente formada comunidad sefardita reunida la pro#nbsp;hibe. Si tan categ�ricamente se vedan las tales funciones no esnbsp;improbable que fuera del auto tratado existieran algunos masnbsp;que no ban quedado conservados para la posteridad, como el denbsp;Jessurun^).

Sumando los resultados de este estudio hemos de confesar que el Dialogo dos Montes no ha enriquecido a la literaturanbsp;dramatico#religiosa portuguesa de una obra maestra, pero denbsp;otra parte tampoco desmerece mucho poni�ndole en parang�nnbsp;los �passos, dialogos, colloquios� y �praticas� que ha producidonbsp;Portugal despu�s de Gil Vicente�). Comparandolo sin embargonbsp;con los autos espanoles del Siglo de Oro, resulta harto pobre ynbsp;primitivo. Empero no hemos de olvidar que �stos eran los frutosnbsp;de un robusto arbol centenario, arraigado firmemente en el suelo

1) Asi lo supone tambi�n Da Silva Rosa (op. cit, p. 35). Los autos de De Barrios son posteriores a esta prohibici�n y se ban representado en lasnbsp;Academias a que los dedicaba.

peninsular, madurados por los rayos del sol vivificador del catolicismo espanol en tiempo de su mayor fervor y apogeo,nbsp;siendo el auto de Jessurun un tierno primer brote que timida#nbsp;mente naci� en suelo infecundo, en clima duro. Esta planta nonbsp;pudo llegar a desarrollo. Su ultimo tardio retono fu� el teatronbsp;religioso Castellano (detallado en la nota 3) de D. Miguel (Danielnbsp;Levi) de Barrios. Muerto �l, feneci� tambi�n ella �falta de luz,nbsp;falta de sol�i).

De Barrios conoci� y apreci� el auto de Jessurun y Ie dedic� un soneto muy en el estilo de G�ngora, cuyo adepto en poesianbsp;era. Reza asi:^)

Atentos los Judaycos Horizontes estan a los aplausos resonantesnbsp;de figurar personas elegantesnbsp;en casa de Jacob los siete Montes

Varias Gentes, de yerros duros Bronces, pisan sus eminencias arrogantesnbsp;y del Sol Alto Coches rutilantesnbsp;echan de si sus barbaros Phaetontes.

Jerusalem, es piedra muy pesada al cuello de los Pueblos que la llevan,nbsp;como la Casa de Jacob sagrada

Usando palabras de Rub�n Dario en su Canci�n de otono en prima^ vera. Sin embargo no Ie cito fielmente ya que �falto de f� no puede decirsenbsp;de Jessurun ni de De Barrios sin deslustrar inmerecidamente su memoria.

Aumento de Israel, p. 42 (ejemplar de los Opixsculos de la Bibl. Montezinos, p. 785).

La Biblioth�que de TUniversit� d�Amsterdam conserve sous la cote 419 F 24 un opuscule d�apparence fort modeste. Deuxnbsp;planchettes lui font une couverture solide mais bien humble, Ienbsp;titre a disparu, de la d�dicace la fin seule subsiste. On y Ut:

. . . fallu faire pour te Ie produire, je te promets de faire un effort sur ma memoire, amp;. de retrancher queque heure de mes occupationsnbsp;ordinaires pour l�aumanter d�un quart ou davantage, s�il plait a Dieunbsp;de me continuer la sant�.

Cepandant je t�avertis que si tu trouves plusieurs lettres capitales qui ne Ie doyvent pas �tre, principalement des L, que cela est survenunbsp;par Ia faute du compositeur, de plus que j�ay eu fort peu de loisir pournbsp;corriger exactement les preuves.

L�auteur n�a pas sign� cette d�dicace, mais Ie verso du feuillet o� elle se termine nous apprend son nom en m�me temps quenbsp;Ie titre de l�ouvrage: on y trouve Ie d�but d�une po�sie hollansnbsp;daise qui affirme que l��clat du francais a obscurci Ie soleilnbsp;grec et qui a pour titre �Op de Fakkel tot de Fransche Talenbsp;van Monsieur Elie Beaupuy� (Sur Ie Flambeau de la languenbsp;fran9aise de Monsieur Elie Beaupuy). Comme l�ouvrage qui suitnbsp;est bilingue � fran9ais et hollandais � nous admettrons quenbsp;Ie titre, selon un usage fort r�pandu autrefois, l�a �t� aussi:nbsp;celui que nous avons choisi pour cette �tude doit avoir pr�c�d�nbsp;celui qui am�ne la po�sie liminaire.

L�ouvrage m�me, de 256 pages in^S**, est enti�rement intact. C�est un vocabulaire r�parti en chapitres dispos�s suivant imnbsp;ordre logique: �Des parties du Gors humain. Habits d�homme�nbsp;etc., a peu pr�s comme cela se trouve d�ja dans la Nomenclatutenbsp;d�Hadrianus Junius qui remonte a 1567 et qui a �t� souventnbsp;r�imprim�e depuis. Ce qui fait l�int�r�t de l�ouvrage de Beaupuy,nbsp;c�est que chaque chapitre est suivi d�une s�rie de phrases: �Frasesnbsp;sur les parties du cors humain. Frases sur Les habits desnbsp;hommes, des fames amp;. des utansiles des fames� etc. Ces phrases,nbsp;forc�ment banales en partie, ont pourtant souvent une certainenbsp;allure et un air de �pris sur Ie vif� qui les rend int�ressantes.nbsp;La m�thode nous rappelle celle que Com�nius a appliqu�e dansnbsp;sa c�l�bre Janua Unguatum xesevata amea avec un tel esprit denbsp;syst�me que son livre est devenu une petite encyclop�die.

pr�cises pour nous permettre de fixer la date approximative de I�ouvrage. Voici celles qui nous int�ressent a cet �gard ^):

Les actions de la Compagnie des Indes Occidantales, ont hauss� depuis la pais faite avec les Portuguais (p. 125).

b. nbsp;nbsp;nbsp;Le Pape tramble de peur, q�uil a que le Roy de Prance luynbsp;declare la guerre (p. 134).

Le Pape fait de grans preparatlfs pour resister a 1�armee du Roy, il fairait mieus d�implorer la grace de ce genereus S. invinciblenbsp;Monarque (p. 186).

Si le Pape ne donne bien t�t au Roy la satisfaction qu�il luy doit, il est a craindre qu�on fera un Patriarche an Prance pour n��tre plus oblig�nbsp;d�aller a Rome chercher les pardons (p. 186).

c. nbsp;nbsp;nbsp;Il y a grande guerre antre L�Ampereur Romain amp;. celuy denbsp;Turquie (p. 118).

(p. 134).

d. nbsp;nbsp;nbsp;Le Due de Savoye persecute par le fer amp;. par le feu, ceus de lanbsp;religion reformee, es vallees de Piemon, sans que ces peauvres gensnbsp;luy ayent donn� le moindre sujet (p. 119).

On veut contraindre les Vaudois d�aller a la messe, mais ces bonnes gens sont resolus d�andurer les plus cruels suplices, plutot que de le faire

e. nbsp;nbsp;nbsp;On espere, que quand le Prince d�Orange, sera parvenu, an aagenbsp;competant, Messeigneurs les Etats I�amployeront a leur service (p. 118).

Les fails rang�s sous a ont un caract�re fort net; la Princesse royale Marie Stuart est morte de la petite v�role en janvier 1661,nbsp;la paix conclue avec le Portugal date de la m�me ann�e, I�alliancenbsp;avec la France est de 1662. Ceux des rubriques suivantes laissentnbsp;un peu de latitude, mais ils rentrent tr�s bien dans la m�menbsp;p�riode. D�s 1662, il y eut un conflit violent entre Louis XIVnbsp;et le pape Alexandre VII, si bien que �Louis XIV n�e�t pasnbsp;recul� devant un schisme��). En 1661, la Turquie d�clara lanbsp;guerre a I�empereur L�opold Ier; en 1663, les Tures ravag�rentnbsp;la Hongrie, la Moravie et la Sil�sie et emmen�rent 80.000 chr�tiensnbsp;en esclavage �). Les Vaudois se r�volt�rent en 1663 a la suitenbsp;des pers�cutions que leur faisait subir le due de Savoie en d�pit

1) Pour donner une id�� de l�orthographe, je copie toutes les citations sans y rien changer.

de la paix de 1655; Ie trait� de 1664 leur assura ensuite queU ques ann�es de s�curit�^).

Pour toutes ces raisons je crois devoir fixer la redaction de l�ouvrage en 1663 ou en 1664 au plus tard, date qui s�accordenbsp;tr�s bien aussi avec l�allusion au Prince d�Orange, dont les Etatsnbsp;allaient bient�t surveiller T�ducation. Un seul d�tail semble s�op#nbsp;poser a l�adoption de cette date: sur trois feuilles de garde quinbsp;se trouvent au commencement du livre est �crite xme po�sienbsp;pieuse en langue n�erlandaise, qui porte apr�s la signature denbsp;Hendricus Mattheus Beynen la mention �te Nistelroey, de 26nbsp;augustus 1775� (a Nistelroey, Ie 26 ao�t 1775). Mais Ie papiernbsp;de ces feuilles de garde est diff�rent de celui du livre m�me,nbsp;elles ont �videmment �t� ajout�es quand on a reli� l�ouvrage,nbsp;longtemps sans doute apr�s sa publication. (La date r�cente nenbsp;saurait s�expliquer par une r�impression post�rieure, vu Ie passagenbsp;cit� de la d�dicace qui justement fait pr�voir une nouvellenbsp;�dition du pr�sent ouvrage.)

D�ailleurs, des donn�es pr�cises fournies par les archives nous rapprochent de la date que nous venons d�admettre. En effet,nbsp;la Biblioth�que Wallonne de Leyde a bien voulu me communienbsp;quer les mentions suivantes dont je donne ici la traduction:

1684 d�cembre 31. Baptis�e dans l�Eglise occidentale a Amsterdam Segerina, fille d�Elyas de Beaupuie et de Nicolasia Coopmans.

1686 septembre 15. Baptis�e dans la Nouvelle Eglise a Amsterdam Elias, fils d�Elias Beaupuy et de Nicolasia Coopmans.

1724 juillet 9. Baptis�e dans l�Eglise ori�ntale a Amsterdam Sara, fille d�Elias de Beaupuy et de Sara van Vleuten.

Nous voila �videmment en pr�sence de deux g�n�rations: Elie Beaupuy p�re d�s Tan 1684, et Elie Beaupuy fils du pr�c�dentnbsp;et p�re a son tour en 1724. Mais pour arriver a l�auteur de notrenbsp;ouvrage il semble falloir remonter encore d�un degr�. En effet,nbsp;Tan 1684 est post�rieur de vingt ans a la date o� nous avonsnbsp;plac� Ie Flambeau, et a cette date^ci l�auteur avait fait d�ja unnbsp;long s�jour en Hollande, puisqu�il parle dans sa d�dicace d�unnbsp;effort qu�il veut faire sur sa m�moire � sans doute pour re#nbsp;trouver d�autres mots francais � et que d�autre part il �crit

d�ja tr�s bien Ie n�erlandais. D�ailleurs, il dit dans une de ses phrases:

Ce fils est sans doute Thomme que nous trouvons a Amsterdam en 1684, son p�re par contre doit avoir habit� a Utrecht. II ynbsp;a d�ja une indication assez claire en faveur de cette hypoth�senbsp;dans les louanges que l�auteur adresse a cette ville:

II n�y a point de sejour plus agreable dans ces provinces unies, que dans la ville d�Utrecht, tant pour la beaut� de la ville, bont� de lair,nbsp;que pour la douce S- honnete conversation des habitans (p. 124).

Ailleurs il la nomme aussi directement � et c�est a peu pr�s la seule ville n�erlandaise qu�il nomme �:

II se voit a Utree dans l�Eglise sainte Marie, de vrayes cornes de Licorne (p. 83).

Queques yvrongnes d��tudians, ont forc� cette nuit un cors de garde de bourgeois (p. 135).

Les Ecoliers, ou. Les Etudians ont cass� toutes mes vitres, il me faut anvoyer querir Ie vitrier pour les faire reparer (p. 160).

Qu�on m�aille chercher un Crocheteur, pour porter ma valise au chariot de Rhenes i) (p. 161),

o� Ie mot crocheteur est traduit par houdtschildt, mot qui se trouve aussi ailleurs (p. 6) et qui, selon Ie Dictionnaire de lanbsp;Langue N�erlandaise, s�est employ� justement a Utrecht pournbsp;d�signer les membres de la corporation des portefaix.

Toutefois il faut ajouter que Ie t�moignage qui pourrait changer la vraisemblance en certitude fait d�faut: des recherchesnbsp;faites sur ma demande dans les archives de la ville d�Utrechtnbsp;n�ont donn� aucun r�sultat.

La langue du Flambeau pr�sente quelques traits curieux dont certains s�expliquent par la date de l�ouvrage et d�autres ont

*) II ne s�agit pas ici de la ville de Rennes en Bretagne, mais de celle de Rhenen, qui se trouve a mkchemin d�Utrecht a Arnhem.

lt;i�s cette �poque un caract�re dialectal. L�orthographe est d�autant plus int�ressante que l�auteur, sans doute dans Ie but d�indiquernbsp;la prononciation au lecteur, s�y permet certaines libert�s. C�estnbsp;ainsi qu�il �crit ankove (p. 74) pour encore, les dans (p. 75)nbsp;pour les dents, Ion tans (p. 76) pour longtemps, partout Vimonbsp;parfait par =et: elizet (p. 35) etc., et �, � ou ai pour oi apr�snbsp;consonne r: ]'e cv� (p. 36) pour je crois, cretre (p. 68)nbsp;pour croitre, dvet (p. 7) pour droit (adj.), dvait (p. 115) pournbsp;droit (subst.), �tret (p. 28) pour �troit, Ie fret (p. 34 et ailleurs)nbsp;pour Ie froid, conform�ment a une prononciation assez r�panduenbsp;au XVIIe si�cle, m�me dans Ie beau langage ^); la seule exceptionnbsp;est trots (p. 31), tandis qu�il faut ajouter t�t a pourgeaux (p. 22),nbsp;o� la consonne n�est pas suivie de r.

C�est encore une prononciation en somme normale que l�auteur indique par queque (d�dicace et pp. 66, 135) pour quelque^),nbsp;preque (p. 67) pour presque �), armaive (p. 29) pour armoire ^),nbsp;treuv� (p. 18) pour trouv� �), vuyde (p. 30) pour vide �). Aumanternbsp;(d�dicace) et utansiles (p. 14) se trouvent aussi dans la vieillenbsp;langue �), mais ont sans doute au XVIIe si�cle un caract�renbsp;archa�que ou dialectal; couvroiv (p. 21) pour couloir est cit�nbsp;encore par Littr�, quoique, bien entendu, comme vieilli. Citrenbsp;(p. 50) pour cidre est une forme dialectale encore tr�s r�panduenbsp;de nos jours, surtout dans l�est �), crahate (p. 19) pour cravatenbsp;est sans doute �galement dialectal (la forme s�est employ�enbsp;aussi en n�erlandais).

L�influence du dialecte de l�auteur se trahit surtout dans les mots qui ont u pour eu, provenant soit d�o ouvert libre, soitnbsp;d�o ferm� libre: buf (pp. 79, 81, 123) pour boeuf, km (p. 78)nbsp;pour coeur, nuf (p. 32) pour neuf (adj.), nufve (p. 151) pournbsp;neuve, flurs (p. 57) pour fleurs, pu (p. 78) pour peu, courajus

(p. 84) pour courageux. L�orthographe, du reste, est ici peu constante, puisqu�on trouve aussi cceuv (p. 3), neufve (p. 14),nbsp;fleuvs (pp. 58, 59), peu (p. 78 et ailleurs), danjereux (p. 85),nbsp;outrajeux (idem).

Le son � pour oe ou �e s�entend de nos joims encore dans Ie parler de certaines contr�es. La prononciation b�f est m�menbsp;assez r�pandue dans lest et le nord#est^), k�r est rare, mais anbsp;�t� not� dans les provinces de Luxembourg et de Hainaut^),nbsp;n�f (nom de nombre) en Luxembourg et dans les Vosges ��),nbsp;fl�vs encore en Luxembourg, en outre dans les d�partements desnbsp;Ardennes et du Nord *), p� dans le Jura, dans l�Ain et en Haute�*nbsp;Savoie�). En somme, c�est done un dialecte de l�est ou dunbsp;nords*est qui doit avoir influenc� la prononciation de notre auteur.

Les rares particularit�s syntaxiques et s�mantiques nous mon# trent la m�me direction. Ce fut �t� (p. 89) est dialectal d�s lenbsp;XVIIe si�cle, mais comme tel encore assez r�pandu�); settante,nbsp;huittante et nonanfe (p. 206) sont devenus d�s lors plus raresnbsp;dans la langue g�n�rale �), mais subsistent jusqu�a nos jours dansnbsp;certains dialectes et notamment en Belgique, o� l�on remarquenbsp;aussi certaines tournures impersonnelles inusit�es en France;nbsp;notre texte donne la phrase II fume dans notre cuisine (p. 42).nbsp;En traduisant if par iep (p. 65), il pr�te a ce mot n�erlandais unnbsp;sens qu�il a encore en Elandre, mais que Vondel a connu aussi*).

Tr�s curieux enfin est le genre masculin des mots �tahle (p. 22), �tuf (p. 37) pour �tuve, et surtout paite (pp. 16, 18,19)nbsp;et paille (p. 37). On sait que le wallon et surtout le picard ontnbsp;souvent le pour la, mais ici il s agit, du moins pour les troisnbsp;premiers mots, de Tarticle ind�fini, et comme pour �carter l�ex#nbsp;plication trop facile que fournissent les fautes d�impression, unnbsp;paite se retrouve a trois reprises �).

�) Wem, p. 286; d�Arsy donne les vieilles formes a c�t� des formes modernes. 8) N. van Wijk, Etym. Woordenboek der Nederlandsche Taal, i. v. ijf.nbsp;8) Cf. un peire de sorl�, relev� par M. Salverda de Grave dans Unnbsp;livre de compie du XVIe si�cle (originaire de Saint�Amand), p. 15.nbsp;(Mededeelingen der Kon. Akademie van Wetenschappen te Amsterdam,nbsp;deel 70, serie B, no. 9, Amsterdam, 1930).

Ces traits dialectaux nous portent a croire qu�Elie Beaupuy �tait originaire du nord^est de la France. Qu�il f�t Francais plut�tnbsp;que Namurois ou Hennuyer, cela semble r�sulter de sa vivenbsp;admiration pour Ie royaume de Louis XIV:

II n�y a point de plus beau, amp;. de plus fertil pais sous Ie soleil, que la France (p. 123).

Le Roy de France est Ie plus puissant amp;. genereus Monarque de tout Ie mond� (p. 118).

La Reine de France est la plus belle amp; vertueuse princesse de la Chrestient� (idem).

II est vrai qu�au si�cle de Louis XIV de pareils mots pouvaient se rencontrer aussi sous la plume d�un �tranger, surtout s�il �taitnbsp;maitre de franfais, mais je crois y entendre plut�t 1�accent dunbsp;Frangais rempli d�une admiration l�gitime pour son pays etnbsp;son roi.

Je me suis occup� peut;��tre un peu longuement d�un opuscule sans beaucoup d�importance. Je voudrais cependant faire valoirnbsp;deux excuses. D�abord qu�il s�agit ici d�un livre rarissime et peut^nbsp;�tre unique, car une enqu�te faite dans les biblioth�ques de lanbsp;Hollande et de la Belgique n�en a pas fait trouver un autrenbsp;exemplaire, et la liste dress�e par M. Henri Lemaitre i) d�apr�snbsp;les recherches qu�il a entreprises dans les biblioth�ques parisiennesnbsp;ne mentionne pas non plus l�ouvrage d�Elie Beaupuy. En outrenbsp;il m�a paru int�ressant de constater qu�un livre destin� a 1�en#nbsp;seignement du francais et publi� par un Francais en plein XVIIenbsp;si�cle pouvait contenir encore plusieurs traits trahissant le dialectenbsp;de l�auteur.

Aux objurgations de son p�re, qui lui demande d�aller d�fendre sa terre a la t�te de ses hommes, Aucassin r�pond^): �Ja Dixnbsp;ne me doinst riens que je li demant, quant ere cevaliers, nenbsp;monte a ceval, ne que voise a estor ne a bataille, la u je fierenbsp;cevalier ni autres mi, se vos ne me don�s Nicholete me doucenbsp;amie que je tant aim� (II, 23�27). Et plus tard (VIII, 20�24),nbsp;a peu pr�s dans les m�mes termes, il dira encore: �Ja Dix nenbsp;me doinst riens que je li demant, quant ere cevaliers, ne montenbsp;el ceval, ne voise en estor, la u je fiere cevalier ne autres mi, senbsp;vos ne me don�s Nicolete me douce amie que je tant aim.�

M. F. J. Tanquerey, dans une int�ressante note qu�il a donn�e a la Romania^') sous Ie titre de Impr�cations comminaioives ennbsp;ancien frangais (a propos d�un passage d�Aucassin et Nicolette),nbsp;a indiqu� que, pour cette r�plique r�it�r�e, Ie texte du manuscrit �)nbsp;(unique, comme on sait) de la chantefable ne lui paraissait pasnbsp;satisfaisant et appelait une correction au moins implicite.

Je reproduis cbdessous, en l�abr�geant, la discussion de M. Tanquerey: �Au point de vue grammatical, l�emploi de nenbsp;(dans: ne monte a ceval) avec Ie sens de et nest gu�re justifi�nbsp;ici pour coordonner deux propositions temporelles affirmatives...nbsp;Ensuite l�emploi du subjonctif (voise) apr�s que signifiant quand

point de vue du sens la r�ponse d�Aucassin n�est pas plus satisfaisante. L�auteur vient de nous dire que l�amour a rendunbsp;Aucassin oublieux de tous ses devoirs: �II ne voloit estre cevalers,nbsp;�ne les armes prendre, n aler au tornoi, ne fare point de quanquenbsp;�il deust^).� Quand Aucassin refuse la demande de son p�re,nbsp;on s�attend done a ce qu�il d�clare qu�il ne fera rien de ce qu�ilnbsp;est de son devoir de faire, qu�il ne montera pas a cheval etnbsp;qu�il n�ira pas au combat. Or Ie texte imprim� lui fait direnbsp;presque exactement Ie contraire, en lui faisant demander a Dieu

1) nbsp;nbsp;nbsp;Je cite d�apr�s mon �dition d�Aucassin et Nicolette (^Classiquesnbsp;frangais du moyen age, 41; 2�me �dition, 1929).

2) Je rappelle qu�il s�agit du ms. fran?. 2168 de la Biblioth�que nationale a Paris.

de n�exaucer aucune de ses pri�res quand il sera chevalier, quand il montera a cheval et quand il ira au combat.� M. Tanquereynbsp;ajoute: �Un tr�s l�ger changement pourrait rendre cette phrasenbsp;inattaquable au point de vue grammatical comme au point denbsp;vue logique et restituer ce qui a d� �tre Ie texte original. IInbsp;suffirait de remplacer Ie ne qui pr�c�de monte par se.�

Correction l�g�re, il est vrai; mais il faudrait la faire en deux endroits et il est difficile d�amettre la r�p�tition d�une fautenbsp;d�inattention du copiste. D�autre part, M. Tanquerey n�ose pasnbsp;supposer qu�il y ait dans l�emploi de ne pour se une malice denbsp;l�auteur d�sireux de nous montrer Aucassin s�embrouillant dansnbsp;ses phrases, comme je l�ai propos� pour un autre passage etnbsp;il se r�signe a une solution moyenne plus prudente que nette:nbsp;on respectera Ie texte du manuscrit en maintenant ne, mais onnbsp;saura que ce ne �doit probablement se lire� ou du moins senbsp;comprendre se.

Voyons done quel avantage nous trouverions a cette cor# rection, explicite ou tacite. Ce serait �videment, pour M. Tan#nbsp;querey, de restituer sous une forme r�guli�re une de ces con#nbsp;structions qu�il a �tudi�es, dans la note pr�cit�e, sous Ie nomnbsp;d��impr�cations comminatoires� et qu�il d�finit ainsi: �... Cettenbsp;esp�ce d�impr�cation o� Ie serment est accompagn� d�une me#

position optative, ordinairement au subjonctif, et deux propo# sitions conditionnelles qui se r�pondent, l�une jouant a peu pr�s

impr�cation peut se ramener a cette forme: Si tu refuses de faire telle chose (ant�c�dent), que Dieu me punisse (optative)nbsp;si je fais (ou ne fais pas) telle autre chose (cons�quent).�nbsp;Cette forme type, M. Tanquerey la retrouve dans Aucassinnbsp;m�me (X, 21�22): �Se or ne me deffent por li, onquesnbsp;Dix ne li a�t se ja mais m�aimel�, ou, avec d�placement denbsp;la premi�re conditionnelle (X, 73�74): �Ja Dix ne m�a�t, faitnbsp;Aucassins, se vos ne Ie m�afi�s, se je ne vous fac ja celenbsp;teste voler.�

On sait que Ie fran9ais moderne connait encore tr�s bien cette construction, au moins dans la langue parl�e, p. ex.:nbsp;�Si vous ne venez pas avec moi, du diable si je fais cette

visite�, ou: �Le diable m�emporte si je reste plus longtemps ici, s�il continue a faire aussi chaud.� Si c�en �tait le lieu,nbsp;on pourrait �tablir toute une s�rie de types suivant que lesnbsp;divers membres de cette construction sont affirmatifs ou n�i*nbsp;gatifs, suivant qu�ils sont plac�s dans tel ou tel ordre. II nousnbsp;suffit ici de constater que la construction �tait bien vivantenbsp;au XlIIe si�cle, comme de nos jours, et qu�elle est misenbsp;par deux fois dans la bouche d�Aucassin, ce qui est un traitnbsp;tout naturel: il s�agit en effet d�une tournure de la languenbsp;parl�e, de caract�re affectif et presque violent, d�une impr�#nbsp;cation, et cela convient parfaitement au r�le et au caract�renbsp;d�Aucassin, jeune homme bouillant et prompt a s�emporternbsp;quand on le d�tache un moment de la pens�e de sa doucenbsp;amie. M. Tanquerey est done fond� a rechercher dans lesnbsp;r�pliques d�Aucassin d�autres exemples de cette constructionnbsp;et je suis d�accord avec lui pour la reconnaitre dans la doublenbsp;r�plique qu�il s�est propos� d��claircir.

Je crois seulement que M. Tanquerey a �t� tromp� par sa propre formule, ou, si l�on pr�f�re, par une analyse im=�nbsp;parfaite de la tournure qu�il �tudiait. II ne s�agit pas en effetnbsp;dans cette construction d�une impr�cation sous double condition,nbsp;mais plu t�t d�une impr�cation �ventuelle sous condition; ennbsp;d�autres termes les propositions subordonn�es ne sont pas toutesnbsp;deux des conditionnelles; une seule a ce caract�re, c�est cellenbsp;que M. Tanquerey d�signe comme l�ant�c�dent; l�autre n�estnbsp;qu�une �ventuelle, m�me quand elle commence, elle aussi, parnbsp;si. Dans la phrase: �Si vous ne venez pas avec moi, du diablenbsp;si je fais cette visite�, le premier membre exprime bien unenbsp;condition, li�e au reste de la phrase par un rapport de fait anbsp;cons�quence, mais le dernier n�exprime qu�une �ventualit�. Cenbsp;genre de distinction, toujours d�licat, n�en est pas moinsnbsp;important a �tablir; comparons cette formule: �S�il fait beau,nbsp;je sors, sinon je reste�, o� l�hypoth�se alternative conditionnenbsp;vraiment la d�cision a prendre, et celles^ci: �S�il fait beau cenbsp;soir, tant mieux�, ou l�hypoth�se ne conditionne rien^).

�) Ces distinctions ne sont pas toujours bien comprises et elles sont d�ailleurs souvent incertaines; on trouvera dans la Pens�e et la langue denbsp;M. Ferdinand Brunot (voir a VIndex: Eventuel, etc.) des observations quenbsp;je tiens pour essentielles.

Dans ces �ventuelles la conjonction hypoth�tique (qui n�a aucune valeur conditionnelle, je Ie r�p�te) n�est pas n�ces^nbsp;sairement si: elle peut fort bien �tre une temporelle; mon exemplenbsp;peut devenir: �Si vous ne venez pas avec moi, Ie diable m�emportenbsp;(ou je veux �tre pendu, ou il fera chaud, etc.) quand (ounbsp;LE JOUR ou) je ferai (ou si jamais je fais) cette visite�.

Relisons maintenant la r�plique d�Aucassin; elle apparaitra claire si nous cessons de voir dans Ie membre de phrase avecnbsp;quant une temporelle exprimant un futur certain, comme Ienbsp;croit M. Tanquerey, et si nous y reconnaissons une �ventuelle:nbsp;�Que Dieu ne m�accorde plus rien, Ie jour o� je serai (ou sinbsp;jamais je suis) chevalier, .... si vous ne me donnez pas

la coordination de la temporelle �ventuelle avec les phrases suivantes se fait r�guli�rement par ne et non par et. De m�menbsp;la reprise de cette premi�re �ventuelle par que ou sans con#nbsp;junction dans les phrases coordonn�es se fera avec le subjontifnbsp;comme pour toutes les hypoth�tiques: �Que Dieu ne m�accordenbsp;plus rien, si jamais je suis chevalier et que je monte a cheval

La grammaire est ainsi satisfaite; le sens ne fait plus difficult�, puisqu�Aucassin continue, sous condition, a refuser la chevalerie;nbsp;et le copiste du ms. fr. 2168 est sur ce point lav� du reprochenbsp;de n�gligence ou d�inintelligence.

Et si nous avions besoin d�apporter un exemple pour bien �tablir la valeur ��ventuelle� de la proposition temporelle avecnbsp;quant, nous n�aurions qu�a relire cette r�ponse du comte Garinnbsp;� un violent, lui aussi, tout �vieux et d�bile� qu�il soit devenu �nbsp;a la requ�te d�Aucassin exigeant qu�on lui tienne parolenbsp;(X, 52�53): �Ja Dix ne m�a�t, quant ja covens vos en tenrai�.nbsp;Cette fois, impossible de penser que la temporelle exprime unnbsp;fait futur pr�sent� comme certain: il s�agit au contraire d�unenbsp;�ventualit� que l�on exclut rigoureusement: �Que Dieu m�aban^nbsp;donne, si jamais de la vie je vous tiens cette parole!�

En appendice a sa note M. Tanquerey examine une autre le^on du manuscrit d�^ucassin, mais cette fois la contestationnbsp;n�est pas nouvelle et tous les �diteurs modernes de la chantefablenbsp;se sont trouv�s ici a la devine. II s�agit du court dialogue

entre Aucassin et son prisonnier, Ie comte Bougars de Valence (X, 59 sq.); en voici Ie d�but:

Ce texte est intelligible ; c�est celui qu�avait �tabli H. Suchier, et je l�ai conserv�, mais non sans inqui�tude, car en fait, a lanbsp;ligne 60, il mutile la le^on du manuscrit. Je reproduis ci#dessousnbsp;cette le9on ¹ ²) dont la disposition a son int�r�t :

hom de uf� eage ment. quot;q il de ualence fait au . ie uof ai pfnbsp;fire voire fait. aioire fait linbsp;qnf. bailies ca uf� ma� fiat au.

Presque tous les �diteurs ont suppos� une faute dans la troisi�me de ces lignes: l�impossibilit� d�expliquer aioire et lanbsp;quasi^identit� des groupes voire fait et aioire fait rendaientnbsp;cette supposition naturelle. Mais comment comprendre la faute?

Pour Suchier^), Ie copiste a voulu �crire voire fait Aucassins. II faudrait done admettre qu�ayant reconnu son erreur il anbsp;repris, par une erreur nouvelle, son texte deux mots trop hautnbsp;a partir de voire, et encore qu�il a abouti a la forme absurdenbsp;aioire: voila beaucoup de fautes pour quelqu�un qui se corrige.nbsp;II y a plus: Ie copiste n�a pas coutume de s�parer par unnbsp;point, dans les incises, Ie verbe fait de son sujet postpos�; lanbsp;pr�sence du point apr�s Ie premier fait rend peu probablenbsp;rhypoth�se que nous ayons ici, d�s cette premi�re partie de lanbsp;ligne, une incise, originale ou erron�e.

On pourra voir 1 interpr�tation que j�ai donn�e dans mon �dition, aux Notes critiques.

2) Je pensais l�avoir indiqu�e d�une fa^on assez claire dans mon �dition; il me parait cependant que M. Tanquerey s�y est tromp�; de plus une lettrenbsp;s�est cass�e au tirage; enfin, je n�avais pas reproduit, a tort, la ponctuationnbsp;du manuscrit.

Bourdillon a fait remarquer que le a initial de aioire n�est pas dans le ms., comme le laisse croire Suchier, un A majuscule, et qu�il n�y a aucunenbsp;trace de rature ou grattage. II n�en a pas moins adopt�, comme moi^m�me,nbsp;la le?on de Suchier et l�hypoth�se d�un arr�t et d�une reprise erron�e.

Gaston Paris, plus conservateur, avait seulement corrig� aioire (ou plutot auoite, puisqu�il lisait ainsi avec M�on) en avez;

La reprise fautive de la fin d�un mot ant�rieur n�est pas invraisemblable dans une copie rapide; par ailleurs la legon denbsp;Gaston Paris ne retranchait rien au texte et surtout elle marquaitnbsp;dans celui^ci une affirmation renforc�e qui est bien dans le tonnbsp;du dialogue et de ce passage en particulier.

M�on, lisant auoive, n�avait rien corrig� et s��tait content� de couper les mots ainsi:

La premi�re partie de cette legon a I�incontestable m�rite de conserver le texte du manuscrit en tenant compte de sa ponctua^nbsp;tion, et je pense qu�il n�y a pas a chercher mieux ni autre chose:nbsp;voire fait �tait, pour I�ancien fran9ais, une expression naturelle denbsp;I�affirmation renforc�e, parall�le a I�affirmation et a la n�gationnbsp;ordinaires si fait, non fait; c�est un certes ouil ou oui vraiment!nbsp;a c�t� de oui! et non!; le point du manuscrit apr�s voire faitnbsp;donne a croire que c�est bien ainsi que I�a entendu le copiste.

Reste aioire. La lecture auoive de M�on�Moland est erron�e, mais on pourrait admettre que la seule faute du ms. a consist�nbsp;a supprimer un jambage a un u et que aioire doit r�ellementnbsp;se lire auoive, c�est�isdire avoire; la coupe de M�on A! voivenbsp;est alors possible, et si I�interjection a! paraissait �trange, onnbsp;n�aurait qu�a penser a une phrase moderne telle que: �Vraimentnbsp;oui! Ah! oui ...� avec une reprise insistante et quelque peunbsp;am�re d�un aveu apr�s tout d�sagr�able 2).

[Sire, voire,] fait a dire, fait li quens ce qui se traduit par: �II faut le reconnaitre, dit le comte.� Je

*) Moland garde cette le^on qu�il gate en mettant une virgule entre le premier voire et fait; il traduit en note: �Seigneur, certainement, fait lenbsp;comte, ah! certainement�, ce qui ne traduit pas le premier fait.

2) Bourdillon parait accepter cette idee d�une r�p�tition de voire, mais on voit mal comment il comprend la phrase, et la faute du ms.: �... ornbsp;the voire may have been repeated to express eager assent; as Rom. de lanbsp;Rose 12155, Foire voir, mais femple ma pance.� Cependant il avait constate,nbsp;dans Godefroy, I�existence de aioire (voir ci^dessous).

268

Au vrai, il n�y a rien a corriger: je propose, et je me propose, de garder la le^on du manuscrit que je ponctuerais ainsi;

�Sire, voire fait! Aioire?� fait li quens. et que je traduirais: �Sire, certainement oui! Et maintenant?nbsp;(ou Et bien?) ...�

Aioire est en effet attest� dans les Miracles de Saint Eloi^') et Godefroy l�a recueilli dans son Dictionnaive, t. I, s. v., ennbsp;proposant, � a la l�g�re et faute, comme toujours, d�avoir lunbsp;un fragment suffisant du texte, � d�y voir une exclamation denbsp;joie. Voici dans quelles circonstances Ie mot est employ�: saintnbsp;Eloi se trouve entour� d une grande foule, il voudrait d�salt�rernbsp;ces fid�les, mais Ie serviteur qui l�accompagne ne dispose quenbsp;d�un tonnelet presque vide et mesure chichement Ie vin 2);

Li sains hom l�en blasma et dist Que plus plentivement mesistnbsp;Et que plus eslargist sa mainnbsp;Et fesist Ie hanap tout plain.

Le sens de aioire est vraisemblablement celui d�une reprise d�activit�, d�une exhortation: �Allonsl�, �Va maintenantl�, �Etnbsp;maintenant ...�, ou tout simplement �Et bien!� ... Or une m�menbsp;exclamation n�est pas n�cessairement toujours imp�rative, elle

1) Les Miracles de Saint Eloi, po�me du XlIIe si�cle, p.p. M. Peign�* Delacourt, Beauvais^Noyon^Paris, [1859]; le passage qui nous int�ressenbsp;se trouve a la p. 49, col. b.

�) M. A. Ewert, que j�ai plaisir a remercier, a bien voulu v�rifier le texte sur le manuscrit unique conserv� a Oxford, Bibl. Bodl�ienne, Doucenbsp;94, et il m�a envoy� la copie du verso du f� 48 o� se trouve le passage iennbsp;question. J�ai constat� ainsi que l��dition de Peign�^Delacourt, dont on anbsp;dit beaucoup de mal, �tait correcte, sauf au vers 8 du passage transcritnbsp;o� elle lit lui pour hui. L��criture du ms., me dit M. Ewert, est tr�s soign�enbsp;et il n�y a aucun doute possible sur la legon aioire.

peut aussi bien �tre interrogative; Et maintenant?, Et bien? peuvent marquer l�attente d�une indication, d�un ordre: c�estnbsp;pr�cis�ment Ie sens que je donne a aioire dans la r�plique dunbsp;comte; c�est a cette interrogation qu�Aucassin r�pond par l�ordre:nbsp;�Baili�s 9a vostre main ...�

Pour ne pas risquer de trop d�passer les limites qui m�ont �t� fix�es, je remets a une autre occasion d��tudier de plus pr�snbsp;l�interjection aioire; je noterai sommairement les points suivants:

a) la rime aioire: encore des Miracles de S. Eloi, Ia fr�quence des formes oir (= or), oire (= ore), encoire (= encore^ �^) dansnbsp;Ie Nord, Ie Nord^^Est, l�Est de la France, la grande extension denbsp;la forme akw�r �encore� dans les parlers francais modernes ^),nbsp;peuvent inviter a voir dans aioire un compos� de ore �maintenant�,nbsp;ce qui rendrait compte du sens de l�exclamation; Ie premiernbsp;�l�ment peut �tre Texclamation Al, avec passage (phon�tique ounbsp;graphique) a ai, ou l�exclamation Ai! {Hayl, H�!');

h) si la pronunciation de aioire a �t� aw�r, �w�r (cf. akw�r), Ie mot a pu �tre r�duit a aaire (pron. a�r) ou du moins rimernbsp;en =aire, et dans ce cas il me parait difficile de ne pas Ienbsp;reconnaitre dans ce passage de VEscoufle de Jehan Renart,nbsp;qui a laiss� Paul Meyer dans l�embarras:

Paul Meyer, pour compl�ter Ie v. 6136, corrigeait�) en aire (c. a d., je pense, en erre), mais en note il proposait Cairenbsp;�exclamation sur laquelle voy. Romania, XIX, 612�. Je vois,nbsp;moi aussi, a cette fin de vers, une exclamation et je lis,nbsp;en ponctuant comme dans les Miracles de S. Eloi:

�^) nbsp;nbsp;nbsp;Voirnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;E. Wahlgren dansnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;les M�langes Vising, p. 311nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;sq.

*) nbsp;nbsp;nbsp;Voirnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;la carte encore denbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1'Atlas linguistique de la France.

*) nbsp;nbsp;nbsp;Dansnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;son �dition pournbsp;nbsp;nbsp;nbsp;la Soci�t� des anciens textesnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;frangais.

nbsp;nbsp;nbsp;Personne ne s��tonneranbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de la r�duction des deux anbsp;nbsp;nbsp;nbsp;initiaux a un

C�est a propos du vers 244 que Gaston Paris, dans le compte^rendu de la premi�re �dition du Lai de I�Ombre parnbsp;Joseph B�dier, avait dit un mot (sans donner d�autre exemple)nbsp;de I�exclamation caire mentionn�e par Paul Meyer dans sanbsp;note a VEscoufle; or, si pour ce vers les mss. AB ont h�nbsp;caire (B: hez c.), si D a la correction indigente arriere, si CGnbsp;ont le remaniement lamentable II prist en sozriant a dairenbsp;(G: a dire), les mss. EF ont une le^on, qui a pu appeler lesnbsp;retouches de DCG, inais qui me parait excellente, sinonnbsp;originale:

Je pense que nous avons affaire ici encore au aioire de S. Eloi et d�Aucassin, avec une valeur l�g�rement diff�rente,nbsp;restrictive cette fois et non exhortative ou interrogative, �H�lnbsp;done�, �H�! la�^).

Je pense que des lecteurs attentifs trouveront d�autres exemples a aj outer a ma liste. Pour I�instant il suffira que, cette foisnbsp;encore, le copiste d�Aucassin et Nicolette nous ait gard� unnbsp;texte excellent: il n�est que de le bien lire; on m�excusera de nenbsp;pas avoir su le faire plus t�t.

') Je cite 1��dition de J. B�dier pour la Soci�t� des anciens textes francais.

2) Voir Romania, LVIII, 441, une interpr�tation sommaire analogue de M. Raphael Levy.

La personnalit� de Julian Sorel, Ie h�ros du roman Le Rouge et le Noit, a �t� l�objet de bien des jugements diff�rents; m�menbsp;les critiques les plus autoris�s ne sont pas arriv�s a un accord.nbsp;Les uns partagent l�admiration et la sympathie que Stendhalnbsp;�prouvait pour ce caract�re passionn�, dans lequel il a mis tantnbsp;de choses de lub^m�me, d�autres ne voient en Julian qu�unnbsp;aventurier impudent, un profiteur sans vergogne, qui, n��coutantnbsp;que son vil �goisme, brise, sans m�nagement, les entraves quinbsp;l�emp�chent d�atteindre a son but. Tant�t on le consid�re commanbsp;un h�ros, tant�t comme un fripon. De ces opinions contradio*nbsp;toires d�coule au moins la certitude que le caract�re de Juliannbsp;Sorel n�est pas facile a sonder. Je crois toutefois qu�il nousnbsp;deviendra plus compr�hensible, si nous reconnaissons en luinbsp;une certaine affinit� avec le picavo, c�est a dire, avec unnbsp;personnage originaire du roman espagnol, qui, par le fait quenbsp;sous ses diff�rents travestis il faisait toujours paraitre le m�menbsp;ensemble d�instincts et d�app�tits profond�ment humains, a jouinbsp;dans le cours des si�cles d�une popularit� remarquable. Ainsi,nbsp;ceux qui consid�rent Julien comme un fripon auraient raison?nbsp;Oui, si les termes �fripon� et picavo sont synonymes, non, si,nbsp;comme il me semble, le picavo porte en lui, malgr� ses fripon�inbsp;neries, quelques �l�ments de grandeur.

On sait que Beyle aimait a se vanter de ce qu�il appelait son �espagnolisme� et qu�il se disait redevable de eet ensemblenbsp;de qualit�s, a sa grand�tante Elisabeth, une vieille dame sym^nbsp;pathique et originale, qui s�enthousiasmait pour les nobles vertusnbsp;chevaleresques, a la mode espagnole, et qui en rapport avec ceci,nbsp;avait une profonde admiration pour le th�atre corn�lien, dansnbsp;lequel ces vertus ont trouv� une de leurs plus belles expressions.nbsp;Dans la Vie de Henvi Bvulavd, Beyle raconte a propos de cenbsp;qu�il appelle ses �sentiments espagnols� que le glorieux et l�h�s*nbsp;ro�que le �mettaient dans les nues�, mais que ceci avait pournbsp;revers facheux, qu��bloui par le sublime, il ne voyait plus lenbsp;bas et le mesquin et que cette tournure d�esprit faisait de luinbsp;dans sa jeunesse une proie facile de la fourberie.

Or, Julien Sorel peut �tre consid�r� dans un certain sens comme le �moi� id�alis� de Beyle. C�est a dire comme un �moi�

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imaginaire qui, ne s�abaissant jamais aux petites concessions auxquelles m�me Ie plus fort s�abandonne, entrain� comme ilnbsp;Test par la quotidiennet� de la vie r�elle, arrive dans cettenbsp;existence litt�raire a son plein �panouissement. Ne soyons donenbsp;pas �tonn�s si ce personnage est une incarnation de eet es^nbsp;pagnolisme, tant admir� par son auteur. Beyle nous fait voirnbsp;Julien Sorel comme un jeune h�ros, plein d�ardeur, qui s�en;=nbsp;flamme pour tout ce qui est noble et grand, mais qui, plusnbsp;averti que lui m�me, est moins facilement dupe. II Ie repr�sentenbsp;comme un �tre d��lite, en tous points sup�rieur a la soci�t�nbsp;mesquine qui l�environne. Et certes, il y a une grandeur ind�ni^nbsp;able dans eet �trange caract�re. Mais ceci n�emp�che que souventnbsp;aussi nous voyions ce personnage, pouss� par son farouche d�sirnbsp;de parvenir et de profiter d�une occasion qui se pr�sente, coms=nbsp;mettre sans scrupules, des actions assez indignes, dont d�ailleursnbsp;l�auteur n�a pas l�air de se formaliser Ie moins du monde. II ynbsp;a en Julien quelque chose de la noble ardeur du Cid et de l�astucenbsp;du picaro. Or, malgr� eet assemblage de traits contraires, qui anbsp;premi�re vue semblent s�exclure, Julien n�est pas du tout unnbsp;personnage factice, psychologiquement invraisemblable. Bien aunbsp;contraire, m�me les critiques qui ne voient en lui qu�un arrivistenbsp;immoral, admettent que c�est un caract�re plein de vie et denbsp;v�rit�.

II me semble qu�il y a entre la mentalit� du h�ros espagnol et du picaro une parent� primordiale, que l�un et l�autre sontnbsp;anim�s d�un m�me �espagnolisme�, mais qui se manifeste d�unenbsp;fa9on bien diff�rente et que ceci pourrait nous donner la clefnbsp;du probl�me Julien.

Le h�ros a la mode espagnole, l�intr�pide combattant pour l�honneur et la gloire, friand de beaux exploits, ne peut fairenbsp;bonne figure que plac� au milieu d��v�nements grandioses,nbsp;extraordininiares ou tragiques, comme ceux que racontent lesnbsp;romans de chevalerie, ou qui forment l�intrigue des pi�ces denbsp;Corneille. Dans la prose de la vie quotidienne, il d�g�n�r� en Donnbsp;Quichotte (si l�auteur a le sens de l�humour, ce dont Stendhalnbsp;�tait d�pourvu) ou bien il est oblig� de transiger avec ses id�alsnbsp;et ses d�sirs, de se r�gler sur les circonstances et de se contenternbsp;d�une existence aussi belle et mouvement�e qu�il est r�alisablenbsp;dans une soci�t� o� r�gnent l�ordre et l�ennui bourgeois. Sanbsp;prouesse devient alors habilet�, son amour de la gloire le simple

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d�sir d�avoir sa place au soleil. Ce n�est plus par de francs coups d��p�e, ma�s par l�astuce, qu�il combat ce qu�il m�prise, ou ce quinbsp;s�oppose a sa volont�. Et c�est ainsi, il me semble � nonobstantnbsp;les autres th�ories qui existent a eet �gard � que Ie picaro estnbsp;n� dans la vie et dans la litt�rature.

Ne seraiti'ce pas une id�� approchante que Bruneti�re a �mise dans ces phrases, que j�ose all�guer a l�appui de ma th�se,nbsp;formul�e longtemps avant de les avoir rencontr�es: �Ce seraitnbsp;sans doute ... une �tude curieuse que celle des rapports denbsp;l�esprit chevaleresque avec Ie genre qu�on appele picaresque ...nbsp;Faut^il croire ... que les Cartouche et les Mandrin soient anbsp;leur mani�re des esp�ces de chevaliers errants? des fa^ons denbsp;redresseurs de torts? Ou bien, dironsmous qu�a mesure qu�unenbsp;soci�t� se compose, s�organise et se r�gie, ce sont les chevaliersnbsp;d�autrefois qui deviennent les gueux d�aujourd�hui?� ^).

Un rapprochement entre Ie h�ros et Ie picaro parait moins paradoxal si Ton pense que les �sentiments espagnols�, m�me cheznbsp;les h�ros, ne vont pas toujours de pair avec ce que nous,nbsp;appellerions les plus hautes vertus. Dans les vieux romansnbsp;espagnols, de nobles chevaliers, qui nous sont propos�s commenbsp;des mod�les de perfection morale, ne craignent pas de mentir etnbsp;de tromper m�me leurs amis, quand leur int�r�t est en jeu. Leurnbsp;adresse a diss^imuler y est admir�e autant que leur vaillance, etnbsp;leur point d�honneur, dont ils se font gloire, ne les retientnbsp;aucunement de manquer parfois a la plus simple loyaut�. Lesnbsp;h�ros du th�atre corn�lien, g�n�ralement grands dans Ie bien,nbsp;Ie sont parfois aussi dans Ie mal. Les plus nobles sont pr�ts anbsp;sacrifier leur vie a leur devoir, mais d�autres s�acharnent anbsp;satisfaire de viles convoitises, ou une haine aveugle. Et Beylenbsp;lui#m�me n�admirait pas seulement l�h�roisme sublime, mais aussinbsp;�les grands talents dans Ie genre sc�l�rat�, les fripouilles de g�nie:nbsp;toutes les expressions de vitalit� puissante l�attiraient.

L�ensemble de qualit�s que nous appellerons avec Beyle �senti^ ments espagnols� est l�apanage des natures fortement indivi^nbsp;dualistes, dont la ligne de conduite a pour point de d�part Ienbsp;culte du moi. Elles vivent intens�ment et leur ressort int�rieurnbsp;fait que jamais elles ne se laissent rebuter par des obstacles:

1) Bruneti�re, Etudes critiques, 4me S�rie: Influence de l'Espagne sur la litt�rature frangaise, p. 61.

au contraire, elles les recherchent pour les vaincre, ou bien elles s�amusent au jeu de les esquiver. L�espagnolisme a pour basenbsp;un m�me exc�s de vitalit� que celui du gamin qui, par purenbsp;p�tulance, se cramponne a une branche peu solide, pour s�emparernbsp;d�un beau fruit; Ie fait que l�arbre se trouve dans Ie jardin dunbsp;voisin, l�attire plut�t qu�il ne Ie retient, puisqu�il augmente lesnbsp;risques. Un besoin insatiable de trouver un �chappement pournbsp;une surabondance de vitalit�, voila, ce me semble, Ie fondlt;�m�menbsp;de l�espagnolisme. Ce besoin se manifeste diff�remment selonnbsp;Ie caract�re. Vage. et les circonstances: chez un gavroche par desnbsp;polissonneries, chez Ie h�ros par de beaux exploits, ou de su#nbsp;blimes sacrifices, chez Ie simple bourgeois par la recherche denbsp;sensations nouvelles et Ie go�t de l�impr�vu. L�explorateur, Ienbsp;maniaque des sports, l�ascensioniste de glaciers, l�intr�pide h�ros,nbsp;Ie folatre picaro, ce sont tous des esprits apparent�s; ils portentnbsp;tous en eux quelque chose de eet �espagnolisme�, ils ont tous cettenbsp;vitalit� ardente, qui plaisait tant a Beyle et dont l�amour de lanbsp;gloire et de l�aventure, ou Ie d�sir de se distinguer du communnbsp;des hommes, sont comme les fleurs.

Le h�ros � Ie picaro, deux extr�mes qui se touchent et qui se touchent de tr�s pr�s dans la personne de Julien. Son �amenbsp;de feu� est celle d�un h�ros, mais son si�cle et sa conditionnbsp;sociale ont fortifi� en lui des �l�ments picaresques. S�il avaitnbsp;v�cu aux temps �piques, il aurait �t� un preux; dans la soci�t�nbsp;bourgeoise o� l�auteur l�a fait naitre, c�est au picaro qu�il devaitnbsp;emprunter des traits. D�abord �fou de l��tat militaire�, hant� parnbsp;la grande image de Napol�on, qu�il se proposait comme mod�le,nbsp;Julien ne tarda pas a se rendre compte qu�a l��poque trivialenbsp;o� un mauvais sort 1 avait plac�, il ne pouvait se faire, commenbsp;Bonaparte, le maitre du monde avec l��p�e. C�est pourquoi ilnbsp;laissa tomber les beaux r�ves de gloire; au lieu de conqu�rir ilnbsp;ne songeait plus qu�a arriver, et pour chercher fortune il senbsp;contentait des seules armes dont il voyait se servir les plusnbsp;intelligents parmi ses contemporains: la finesse et rh3q)ocrisie.nbsp;Mais �l�ame de feu� du h�ros, le sourd d�sir de subjuguer lenbsp;monde, ne cessait de le d�vorer, et sa mort, a Ia fois ignomineusenbsp;et h�roique, fut comme une conciliation ultime des extr�mes.

Si j�ose appeler Julien Sorel une r�incarnation du picaro, je ne pr�tends pas � au je besoin de le dire � qu�elle soit int�grale.nbsp;La profonde sensibilit� du h�ros stendhalien, la complexit� si

int�ressante � et si humaine � de son caract�re, forment un heureux contraste avec les premiers mod�les, qui se ressemblentnbsp;de pr�s et dont la psychologie reste a fleur d�eau. A c�t� desnbsp;nombreux traits qu�ils ont en commun, les picaros primitifs ennbsp;ont peu d�individuels. Outre cela, la vague du romantisme anbsp;roul� sur Julien et rien de plus contraire a la mentalit� picaresquenbsp;que les t�n�breux Ren� et Antony. Ils n�ont de commun avecnbsp;lui que l�orgueil � qui est plut�t de la vanit� chez Ie picaronbsp;� et ce qui en d�coule, Ie sentiment de leur sup�riorit�. Je veuxnbsp;dire seulement qu�il y a dans Ie temp�rament et dans la carri�renbsp;de Julien Sorel, ainsi que dans Ie cadre g�n�ral du roman, unnbsp;assez grand nombre d��l�ments picaresques, pour pr�tendre qu�ilnbsp;y survit quelque chose d�un genre qui a connu une si grandenbsp;faveur en France. Et je crois voir une chaine ininterrompue, quinbsp;rattache chronologiquement (je n�indique que les anneaux lesnbsp;plus importants) Francion aux originaux espagnols, Gil Bias anbsp;Francion, Le Paysan parvenu a Gil Bias, et Le Rouge et Ie Noirnbsp;au Paysan parvenu.

Julien est, comme la plupart des picaros, roturier et fils d�un p�re fort peu tendre. Comme eux, il quitte jeune et pauvre lanbsp;maison paternelle pour faire sa propre vie, se disant � commenbsp;Guzman et Lazarille � que, puisque personne ne se soucie denbsp;lui, et de son sort, il faut bien qu�il s�en occupe lui#m�me etnbsp;qu�il sache saisir les occasions. Comme eux, il est plein d�entrainnbsp;juv�nile (on a autant de peine a se repr�senter un vieux picaronbsp;qu�un Julien Sorel barbon) ne redoutant rien autant qu�unenbsp;existence obscure et plate. Seulement � notons tout de suitenbsp;cette grande diff�rence � il n�a pas la gait� insouciante desnbsp;prototypes espagnols. Pareil au h�ros romantique, Julien estnbsp;sombre et pale; il maudit le sort hostile qui l�a fait naitre dansnbsp;l�obscurit� et il hait les riches d�une haine envieuse: le ton majeurnbsp;de la Renaissance est transpos� dans la mineure romantique.nbsp;Son intelligence, son ambition, son habilet� � si apparent�e anbsp;I�astuce picaresque � le conduisent, d��tape en �tape, a la fortune.nbsp;Son charme, sa �jolie figure� (tous les picaros sont jolis garfonsnbsp;et le savent) lui assure du succ�s aupr�s des femmes. Elies sontnbsp;� comme pour Jacob, le h�ros du Paysan parvenu � des con�lt;nbsp;qu�tes faciles et comme lui il se rend compte de I�avantagenbsp;qu�il en peut tirer pour sa r�ussite dans le monde. En v�ritablenbsp;picaro Julien s�exerce, sans le moindre scrupule, et avec la pleine

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approbation de I�auteur, en Tart de Thypocrisie, se disant, comme ses prototypes, que si Ton ne veut �tre dupe dans la vie, ilnbsp;faut savoir duper les autres et apprendre a hurler avec les loups.nbsp;II importe de profiter a son beure de la cr�dulit� et de la b�tisenbsp;du commun des hommes. Parvenir est pour lui, comme pournbsp;eux, la grande affaire. Individualistes a l�exc�s, d�pourvus denbsp;sentiment social � quoique parfois accessibles a la piti� � ilsnbsp;ne pensent qu�a r�aliser leur moi et rapportent tout a euxs^m�mes.nbsp;L��goisme inconscient du picaro primitif est devenu chez Juliennbsp;l��gotisme raisonn�. Convaincus de leur sup�riorit�, dans unnbsp;monde peupl� de sots, ils estiment que Ie commun des hommesnbsp;ne m�rite que d��tre exploit� a leur profit.

Le sentiment de leur sup�riorit� a d�velopp� en eux quelques qualit�s �h�roiques�. L�honneur les pr�occupe beaucoup. Maisnbsp;ils en ont un a leur fafon, qui n�exclut pas la fourberie. Or, lenbsp;culte de leur moi ne leur permet pas de commettre certainesnbsp;actions qui, a leurs propres yeux, seraient infames � la trahisonnbsp;d�un ami par exemple � ni de se laisser d�courager par desnbsp;revers de fortune. Dans les mauvais moments ils gardent toutenbsp;leur verve; leur ressort int�rieur leur donne de la force dangnbsp;l�adversit� et jusqu�au bout ils restent fid�les a eux^m�mes. Ilsnbsp;ont l�ambition perp�tuelle de se distinguer du vulgaire, de fairenbsp;admirer leur talent, leur intelligence, leur habilet�, leur charme:nbsp;en ceci Guzman, Jacob et Julien se ressemblent de pr�s. Ilsnbsp;aiment les beaux gestes gratuits, ils sont parfois capables denbsp;d�sint�ressement; Lazarille et Guzman affam�s partagent leurnbsp;cro�te de pain avec un malheureux qui �veiUe leur piti�. Gilnbsp;Bias, Jacob et Julien se montrent compatissants envers desnbsp;malheureux qu�ils aiment, ou qu�ils plaignent.

Julien a la puissante vitalit� des picaros, mais il n�a pas leur insouciance frivole: ils ont un entrain endiabl�, lui une �nergienbsp;farouche. D�ja dans le Paysan parvenu il y a peu de vraie gait�,nbsp;mais pourtant ce roman est anim� d�un bout a l�autre par cenbsp;fin humour qui, sans doute n�excite pas le franc rire, mais quinbsp;fait pourtant �sourire 1 esprit�. Avec Julien nous entrons ennbsp;plein drame. Les prototypes espagnols �taient des ames simples,nbsp;qui ne souffraient que de besoins mat�riels: la pauvret�, la faimnbsp;impitoyable. Ils n aimaient jamais assez pourque la perte d�unenbsp;maitresse les impressionnat beaucoup. Et quant aux injusticesnbsp;sociales, ils n�y arr�taient pas leurs pens�es. Ils suivaient une

morale �l�mentaire: ce que la soci�t� leur refusait, ils essayaient de le lui prendre. Julien Sorel, lui, est un d�class� a la mani�renbsp;romantique. Bien que pauvre, il �tait a I�abri de la faim. Maisnbsp;il souffrait am�rement d��tre le fils d�un roturier et de sentirnbsp;son inf�riorit� et sa maladresse lorsqu�il fr�quentait le monde.nbsp;Son coeur �tait plein de fiel et de haine. Tr�s passionn� et tr�snbsp;sensible � a l�envers de la frivolit� du picaro primitif � sonnbsp;aventure amoureuse tourna au tragique: dans Le Rouge et lenbsp;Noir la farce picaresque s�est transform�e en drame sanglant.

Une question importante se pose: cette ressemblance entre le h�ros stendhalien et le picaro est^elle consciente ou fortuite?nbsp;Autrement dit: Beyle �taits^il initi� a la litt�rature picaresque?nbsp;S�il ne l��tait pas, ce serait la meilleure confirmation de lanbsp;th�orie qu�un caract�re h�roique, plac� dans une soci�t� o� lanbsp;prouesse ne peut s�exercer, prend Failure du picaro. Toutefoisnbsp;nous savons que Beyle avait d�vor� dans sa jeunesse Donnbsp;Quicho�e, qui le fit �mourir de rire� et dont il appelait la d�#nbsp;couverte �peut#�tre la plus grande �poque de (sa) vie.� Je seraisnbsp;fort �tonn�e que ce lecteur avide, qui d�ailleurs avait des con#nbsp;naissances de la litt�rature espagnole, n�e�t pouss� sa curiosit�nbsp;jusqu�aux romans picaresques, dont la vogue a �t� si grande ennbsp;France et dont les traductions, imitations et adaptations couraientnbsp;les rues.

II est vrai que la forme du Rouge et Noir diff�re sous plusieurs rapports de celle qui caract�rise le genre picaresque.nbsp;File n�est pas autobiographique. Le r�cit a une p�rip�tie biennbsp;ordonn�e et s�achemine progressivement vers la crise qui en estnbsp;le d�nouement. Les romans picaresques par contre, sont pournbsp;la majorit�, autobiographiques; leur composition ne suit pas unnbsp;plan bien d�termin� et souvent les auteurs ne se sont pas donn�snbsp;la peine de les achever.

Toutefois, si nous tenons toujours compte de la diff�rence capitale, qui consiste en ce que les picaros espagnols sont desnbsp;h�ros burlesques, et Fautre � Julien Sorel � un personnagenbsp;tragique, certaines analogies dans les cadres des r�cits sont anbsp;remarquer.

En g�n�ral les romans picaresques se dirigent vers une fin heureuse: le h�ros renonce a ses fredaines et finit sa carri�re

dans une prosp�rit� qui forme contraste avec la mis�re dans laquelle il s�est si longtemps d�battu. Julien lui aussi touche anbsp;la r�alisation de ses r�ves ambitieux; la fortune lui sourit. Mais,nbsp;arriv� pr�s du sommet, un crime passionnel an�antit tout cenbsp;qu�il avait gagn� et il est pr�cipit� dans l�abime. Julien, ainsinbsp;que ses prototypes, vit dans une soci�t� qui d�abord lui estnbsp;hostile et dont il fait la lente conqu�te. Le picavo se bat en riant,nbsp;Julien les dents serr�es. Les picaros finissent par faire la paixnbsp;avec la soci�t�: ils s�y soumettent et y vivent heureux etnbsp;tranquilles. Julien aussi arrive a la paix: sous l�influence d�unenbsp;profonde et tout envahissante passion amoureuse, une lentenbsp;�volution morale s�est accomplie en lui. Mais il termine sanbsp;carri�re sur 1��chafaud: jusqu�a la fin le ton mineur est maintenu.

Ainsi que dans les romans picaresques, bienqu�a un moindre degr�, la vie du personnage principal est pour l�auteur l�occasionnbsp;de peindre un certain nombre de milieux et de types repr�^nbsp;sentatifs de la soci�t� de son temps. On sait que le sous^titrenbsp;du Rouge et Noir est Chvonique du 19me si�cle. La secondenbsp;partie de Guzman porte celui d'Observatoire de la vie humaine.nbsp;Stendhal a dessin� d�habiles croquis de milieux parisiens etnbsp;provinciaux, ainsi que d�un certain nombre de personnages prisnbsp;dans ces milieux. La description du s�minaire fr�quent� parnbsp;Julien, qui remplit quelques chapitres dans Le Rouge et le Noir,nbsp;nous rappelle les c�l�bres passages dans Francion sur le Coll�genbsp;de Lisieux, ainsi que les peintures de la vie scolaire, ou univer#nbsp;sitaire, si fr�quentes dans les romans picaresques.

II est vrai que nous chercherions en vain dans Le Rouge et le Noir ces longs et fastidieux sermons, ces hommages a la moralenbsp;conventionnelle, introduits par leurs auteurs � selon toutenbsp;probabilit� � pour se concilier des lecteurs, qui autrementnbsp;pourraient se scandaliser des coquineries qu�ils trouvaient �tal�esnbsp;avec une complaisance si manifeste, et ceci expliquerait aussi lanbsp;fin �difiante de la plupart des r�cits. Stendhal n�avait pas denbsp;concession a faire, le �beylisme� (dont I�espagnolisme �tait unnbsp;des attributs) �tant pour lui l�expression de la plus alti�re vertu.nbsp;Et si Julien p�chait parfois contre les r�gies les plus �l�mentairesnbsp;de la morale, ses fourberies n�ont pourtant aucun rapport avec lanbsp;vulgarit� picaresque. Quoique ces anciens auteurs se donnassentnbsp;ainsi souvent l�air de d�sapprouver la conduite de leur h�ros,nbsp;on sent n�anmoins que leur sympathie secr�te l�entoure et elle

I�entoure au point que le lecteur lui^m�me se laisse gagner par le charme et I�entrain du jeune fripon: il lui pardonne d�autantnbsp;plus facilement ces fautes, qu�il a lieu de remarquer aussi ennbsp;lui � comme nous l�avons vu � quelques grandes qualit�s.nbsp;Stendhal va plus loin encore: approuvant m�me ce que nous con^nbsp;sid�rons comme blamable, il juge son h�ros en tout point dignenbsp;d�admiration et c�est bien l�homme qu�il aurait voulu �tre, qu�ilnbsp;repr�sente sous ses traits. II nous a d�peint Julien comme ��tantnbsp;du bois dont on fait les grands hommes�, comme �un �trenbsp;sup�rieur� �gar� dans une soci�t� m�diocre qui est incapablenbsp;d�appr�cier sa grandeur.

Ainsi, pour r�sumer, les picatos et Julien Sorel pr�sentent ce m�lange curieux de d�fauts et de qualit�s que Stendhal appelaitnbsp;�les sentiments espagnols�, et qui ont produit des h�ros et desnbsp;picavos. Les �l�ments de grandeur qu�ils portent en eux sontnbsp;leur culte du moi, le sentiment de leur sup�riorit�, leur besoinnbsp;de se distinguer, leur amour du beau geste gratuit, leurnbsp;inlassable entrain, m�me dans l�adversit�, leur soif de libert�nbsp;et d�aventures, en un mot: leur vitalit� intense. Leurs �l�mentsnbsp;de bassesse: l�amoralit� fonci�re de leur conduite, l�inconsciencenbsp;avec laquelle ils trompent ceux qu�ils m�prisent, l�habilet� sour=*nbsp;noise qu�ils mettent a 1�oeuvre pour arriver a leurs fins, l�hypoi*nbsp;crisie qu�ils exercent comme un art et dont ils se font gloire.

Or, tandis que les picavos primitifs sont bien plus vicieux que vertueux, il y a chez Julien comme une sorte d�oscillation entrenbsp;noblesse et fourberie, et a la fin de l�histoire le h�ros l�emportenbsp;sur le picavo. Quand enfin Julien va jouir de ce que, a forcenbsp;de patience, d�habilet� et d��nergie, son ambition tenace lui anbsp;acquis, �le travail souterrain des passions� a fait son oeuvre. Sonnbsp;ame de feu, qui couvait sous l�activit� du picavo, �clate etnbsp;consume tout. Incapable de supporter la trahison de la femmenbsp;qu�il adore � la seule qu�il ait profond�ment aim�e � il tirenbsp;deux coups de pistolet sur elle, d�truisant par ce geste de rage etnbsp;de d�sespoir, tout ce qu�il avait gagn� et qui, soudainement,nbsp;n�avait plus la moindre valeur pour lui. En prison, attendantnbsp;l��chafaud, n��tant plus aux yeux du monde qu�un vil assassin,nbsp;il fut pour la premi�re fois de sa vie pleinement heureux, carnbsp;il sut que sa victime vivait et l�aimait. Alors une renaissancenbsp;morale s�accomplit en lui. Ayant r�gl� son compte avec la vie

et avec les hommes, rebut� par cette soci�t� qui l�avait p�tri en picaro, seul devant la mort, �Fespagnolisme h�roique� l�emportanbsp;en Julien sur �l�espagnolisme picaresque�: il marcha a la mortnbsp;comme un brave, purifi� et heureux.

Une question, pour Ie moins aussi int�ressante que celle corns' ment Ie picaro est n� dans la litt�rature, est celle de savoirnbsp;pourquoi, une fois n�, il a eu une vie si tenace; pourquoi il anbsp;tellement plu, non seulement en Espagne et en France, maisnbsp;dans beaucoup d�autres pays encore. Pourquoi enfin Ie picaronbsp;aoUil conserv� dans ses diff�rents travestis, ce type de jeunenbsp;aventurier, auquel tout r�ussit, parcequ�il est habile, confiant ennbsp;lui et plein de charme?

II me semble que la r�ponse nest pas difficle. N� a lepoque de la Renaissance, Ie picaro incarne un des aspects de cenbsp;mouvement. Individualiste a outrance, sa morale � si ellenbsp;peut m�riter ce beau nom � consiste a vouloir suivre librementnbsp;ses penchants instinctifs. S�il a un culte, c�est celui de sonnbsp;moi, et de la beaut� physique. Rien de chr�tien, ni dans sanbsp;conduite, ni dans sa pens�e: il ne croit pas au renoncement,nbsp;l�humilit�, la contrition lui sont �trang�res. Quand il park denbsp;Dieu, c�est famili�rement, comme d�un bon camarade, sage etnbsp;bienveillant, qui dans les moments critiques Ie tire d�embarras.nbsp;Il vit en marge de la soci�t�, afin d��chapper a la contraintenbsp;des deux institutions qui la prot�gent et la dominent: Ie Gou^nbsp;vernement et l�Eglise. II voit clair dans l�hypocrisie de la moralenbsp;officielle et il m�prise ceux qu�il voit s�y soumettre, ne les jugeantnbsp;bons qu�a �tre dup�s par lui, �tre sup�rieur et lib�r� des pr�jug�snbsp;traditionnels. Son caract�re ind�pendant fait qu�il se passe denbsp;tout appui moral et qu�il ne respecte aucune puissance. Lesnbsp;picaros espagnols se moquaient volontiers des pr�tres: Francionnbsp;et Figaro traitaient d�en haut les grands et se vantaient de nenbsp;pas rechercher leur protection. Ainsi Ie roman picaresque doitnbsp;plaire aux esprits pa�ens, a^religieux. Ils y voient r�fl�t� rini*nbsp;souciance hautaine de l�homme qui, ne se sentant pas chr�tien,nbsp;jette loin de lui Ie masque de la vertu officielle. Les romansnbsp;picaresques �taient aim�s de ceux qui ne s�int�ressaient pas beau#nbsp;coup aux conflits moraux inspir�s par Ie christianisme. Ilsnbsp;voyaient d�peint dans Ie personnage principal, l�homme naturel,nbsp;dont l�esprit n�a pas �t� p�tri par une morale de convention:

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il a de terribles d�fauts, mais aussi des qualit�s qui sont assez grandes pourque de temps en temps il se rel�ve a leurs yeux.nbsp;Et Ie picato vit au milieu d�une humanit� moyenne, qui nenbsp;vaut pas cher et qui accepte la morale chr�tienne plut�t en th�orienbsp;qu�eUe ne la pratique. Sans doute, comme contrepoids au h�rosnbsp;trop sublime, les vieux conteurs espagnols ont souvent fait dunbsp;picavo un personnage trop vulgaire. Dans Ie cours des si�clesnbsp;cette figure se raffine et se compHque: Ie picato devient plusnbsp;instruit, plus raisonneur et philosophe. Mais Ie fond reste Ienbsp;m�me et toujours il fait face a la soci�t� bien ordonn�e, s�ennbsp;distingue et la combat. Sa morale reste d�un si�cle a l�autre,nbsp;la chasse au bonheur. Les penseurs chr�tiens diraient que lesnbsp;picaresques d�crivent Fhomme sans la grace, �la mis�re de l�hommenbsp;sans Dieu�. Les picaresques, s�ils osaient �tre sinc�res, r�pon#nbsp;draient peut=lt;�tre, en souriant, qu�ils montrent �les plaisirs denbsp;l�homme sans Dieu�.

Ainsi l�id�al pa�en continue de se manifester en face de l�id�al chr�tien. Je l�ai d�ja remarqu�: les picaresques ont tous l�airnbsp;d�aimer et d�admirer un peu leur h�ros; souvent ils lui donnentnbsp;quelques traits de ressemblance avec eux^m�mes. Ils l�aimentnbsp;pour sa vivacit�, son exub�rance juv�nile, pour son courage denbsp;vivre aussi intens�ment la vie. Ils l�admirent paree qu�il suit sinbsp;franchement ses instincts, paree qu�il n�a jamais pr�f�r� Ie reposnbsp;a l�aventure hasardeuse, car ce n�est que quand sa jeunesse estnbsp;pass�e, que Ie picato devient un bourgeois rang� et tranquille.nbsp;Une oeuvre d�art est bien souvent pour l�auteur un moyennbsp;d��chapper a la vie r�elle: son imagination lui cr�e ce que lanbsp;vie lui refuse. Les picatos sont peut^�tre bien ce qu�auraient �t�nbsp;leurs auteurs, si mille liens diff�rents ne les avaient retenus: lanbsp;mollesse, qui pr�f�re la paix aux risques, un certain manquenbsp;de vitalit�, des scrupules que, tout en ne se sentant pas chr�tiens,nbsp;une longue tradition a rendu indestructibles. Ils n�avaient pasnbsp;la vivacit� folatre de leurs h�ros: bourgeois, dans une soci�t�nbsp;bourgeoise, ils vivaient r�sign�s leur vie quotidienne, fondant unenbsp;familie, ob�issant aux conventions, se soumettant a l�autori�, a lanbsp;r�gie. Mais Ie soir, devant leur bougie, ou leur lampe a l�huile,nbsp;ils s�entretenaient avec leur h�ros, ils Ie paraient des d�fauts etnbsp;des qualit�s qu�ils admiraient et qu�ils auraient cultiv�s en eux,nbsp;s�ils avaient eu Ie courage de se soustraire aux conventions.nbsp;Quant a Beyle, on n�a qu�a lire ses souvernirs et l�histoire de

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sa vie, pour se rendre compte des d�faillances qui le faisaient souffrir: de toutes ses d�faites, petites et grandes, qui I�onfnbsp;emp�ch� de r�aliser par sa vie son ideal d�humanit�. C�est pour#nbsp;quoi le picato, une fois n�, a continu� de vivre. Sous diversesnbsp;influences sa personnalit� s�est renouvel�e: chaque auteur y anbsp;mis du sien. Mais elle a toujours sauvegard� son vieux fonds,nbsp;paree que ce vieux fonds a quelque chose d��ternellement humain.

J�esp�re avoir montr� que Julien Sorel, a son tour, continue la lign�e. Julien Sorel un picaro] Oui, mais un picavo a Tamenbsp;complexe, sensible et raisonneuse, qui, en d�plorant que, dans lenbsp;si�cle O� le sort I�a fait naitre, le role de h�ros lui soit refus�,nbsp;a perdu son rire sonore.

Si Ton voulait accepter mes vues, il est �vident qu�apr�s la lign�e authentique, Julien ne serait ni le seul, ni le derniernbsp;survivant du genre. D�autres h�ros dans les romans de Stendhal,nbsp;tels personnages dans la litt�rature qui lui est contemporaine etnbsp;jusque dans le roman moderne, portent en eux de curieux �l�#nbsp;ments picaresques et il n�y aurait rien d��tonnant qu�on vitnbsp;renaitre un jour le type int�gral, tout comme, un si�cle apr�snbsp;Francion de Sorel � personnage qui avait perdu plusiers traitsnbsp;de la physionomie originale � Gil Bias, si semblable a sesnbsp;anc�tres espagnols, est sorti de I�imagination de Lesage. Ornbsp;l��tude de cette nouvelle floraison d�passerait de beaucoup lesnbsp;pages qui me sont r�serv�es ici et dans lesquelles j�ai du menbsp;borner a un expos� tr�s succinct.

L�x�vus, en latin, est pur adjectif; en roman, il n�arrive que substantiv�. Les deux genres sont tr�s bien visibles dansnbsp;les langues romanes, cf. REW � 5089, 1, 2. En latin, onnbsp;n�omettait pas encore le terme g�n�ral a sous=entendre cinis,nbsp;ainsi que le prouvent les expressions des lavandi�res cinisnbsp;Uxivus ou cinis lixiva �lessive�^). La substantivation s�est d�janbsp;produite en latin. Sans terme g�n�ral, on disait au neutre: lixivumnbsp;(Col., Pall.) En roman, ce terme est toujours a sous�=entendre,nbsp;on ne le dit jamais. Pour la substantivation du masculin ou dunbsp;neutre, les preuves sont les parlers italiens et galloromans et lenbsp;Catalan, pour celle du f�minin toutes les langues romanes.

Get adjectif est d�riv� au moyen du suffixe f�cond en latin et en latin vulgaire: lt;=�vus, nva. La preuve pour cette d�rivationnbsp;est d�abord lixa (sc. aqua), adjectif substantiv� qui a du signifiernbsp;�eau pour le coulage de la lessive�, forme d�sid�rative a l��largis^nbsp;sement =s de la m�me racine que l�qu�dus, liquor, liqueo�).nbsp;quot;Lixus, =a ne se trouve que dans les compos�s elixus, et pvolixus.nbsp;II fut �largi au moyen de =yo= dans cinis lixius �lessive� dontnbsp;on ne trouve qu�une vague trace chez Varron (Pline, 36, 203).

II faut toutefois aj outer que I�explication que je viens de proposer pour adj. lixius n�est pas tout a fait sure. C�est pareenbsp;qu�on ne peut �tre fix� ni sur la place de I�accent, ni sur lanbsp;quantit� de i dans I�hiatus de lixius. Si I�accent avait frapp�nbsp;lixius, il faudrait consid�rer cette forme comme preuve pour lanbsp;disparition de v devant u final^).

Cinis lixius et cinis Uxivus ayant le m�me sens de lessive, les deux expressions finirent d�ja en latin classique par se croisernbsp;en engendrant ainsi le suffixe conglutin� gt;�vius dans I�expression

1) Cf. Romania, L, p. 195�232, LVII, p. 465�478 et 610; Archivum romanicum, VIII, p. 147�160, IX, p. 171�176, XIV, p. 1�10 (Extrait).nbsp;L�int�r�t de ces �tudes, me paraitdl, c�est qu�elles s�appuyent sur les faitsnbsp;balkaniques plus qu�on ne le fait ordinairement dans les recherchesnbsp;�tymologiques.

Cf. le neutre mustum lixivum �von selbst von dem Pressen herab^� fliessender Most� dans la langue des vignerons.

Cf. Ernout et Meillet, Dictionnaire �tymologique de la langue latine, p. 529, au mot lix.

0 Meyer^Liibke, Einfiihrung in das Studium der romanischen Sprach^ wissenschaft, 3e �dition, � 150; Romanische Grammatik, t. II, � 497.nbsp;C. H. Grandgent, Introduzione alio studio del latino volgare, � 324.

de m�me sens cinis lixivius (Pline) ou cinis lixivia (Col.) ou bien, avec Tomission du mot g�n�ral, lixivia (Col.) oxxlixivium �)nbsp;(Cael. Aur.).

Le d�riv� au suffixe conglutin� lixivia ne s�est pas conserve en roman sous forme populaire 2). Port. lixivia est savant. J�ennbsp;trouve la trace, ensuite, dans le latin m�di�val de Raguse o�nbsp;il s�est crois� avec le mot grec pvoikia �dot�, en donnant per=nbsp;chivia^^, la dot de la jeune fiancee ayant �t� constitu�e du lingenbsp;lessiv�. Pevchivia s�est conserv� en serbo^croate pvcija �dot�.nbsp;Remarquez bien que le suffixe =ivia ne s�est pas conserv� dansnbsp;le mot d�emprunt serbo^croate. La d�sinence ^ija de prcija onnbsp;la trouvera plus bas dans l�emprunt serbocroate l�ksija, lu(k)sijanbsp;�lessive�.

Ce conglutin� nvius a d� cependant avoir quelque existence en lat. vuig. J�en ai trouv� un vestige dans le nom de lieu asseznbsp;r�pandu dans l�ile de Krk (ital. Veglia, Yougoslavie) Pvnibanbsp;qui provient, suivant moi, de quot;'pvomvius^^, adj. de promts, �larginbsp;de la m�me fafon que lixivius de �lixus. Cet �largissement anbsp;�t� sans doute provoqu� par l�existence de l�adj. synonymenbsp;procl�vus.

En roman, les repr�sentants de l�xivus, l�x�va accusent des traces tr�s remarquables de l�origine adjectivale. Cinis, le termenbsp;g�n�ral de cet adjectif, �tant en latin de deux genres, la sub#nbsp;stantivation romane prend pour le point de d�part l�un de deuxnbsp;genres. En roman, cinis, ainsi que pulvis devenant f�minin, onnbsp;observe la tendence de g�n�raliser l�x�va au d�pens de l�x�vus.

derivation de Zixms. lixivus et hxmus de nixm �tait expl�tive, ca.d. elle ne modAait en rien le sens primitif de *lixus qu�on trouve dansnbsp;lua (aqua). C est paree que 1 ad junction du suffixe avait ici une autrenbsp;fonction celle dempecher 1 homonymie qui s��tait produite entre lixanbsp;�valet darmee, revendeur, vivandier; huissier (chez Apul�e)�. Pour lenbsp;meme but, on taisait de lixa un autre d�riv� lixiones �aquarum portitores*\nbsp;Ce mot, en outre, etait injurieux dans les compos� semilixa (Tite^Live).nbsp;La d�rivation au moyen de =�vus faisait terme a tout malentendu.

Les raisons qu a i^�r�es B. Bianchi pour ital. h'scivalt; lat lixivia Archivio glott. ital., v. XIII, p. 220, ont �t� infirm�es par M. Meyer#L�bkenbsp;Zeitschrift /. r. Ph., v. XIX, p. 138.

Cf. mon article Les Origines de Raguse dans Slavia (Prague), v. X p. 487, note 8.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;�

quot;) Cf. mon �tude pudi toponomastici sulCisola di Veglia dans Archivio glott. ital. (sez. Bartoli), v. XXIV, � 58 p. 38 et suiv.

la trace phon�tique de eet adjectif. Dans Ie masculin et Ie neutre, V de fivus pouvait disparaitre r�guli�rement: =ius, nva. Lanbsp;preuve la plus �clatante en sont ital. lissio, alsi (Bologna) anbsp;c�t� de a. fr. berrichon lessif. Dans cette derni�re forme =fnbsp;disparait de la m�me fa^on que dans cl� a c�t� de clef ou biennbsp;dans a. fr. jolif, jolive, aujourd�hui joli. C�est ainsi qu�on anbsp;lessi, tr�s r�pandu d�apr�s ALF no. 760. Mais l�ancien fran9aisnbsp;a aussi leissu et cette forme n�est pas, d�apr�s la m�me cartenbsp;de ALF, moins r�pandue que lessi. Elle occupe Ie territoirenbsp;franco;lt;proven9al et Ie centre de la France: franc^comtois les�,nbsp;les�, b. manc. les� ou Is�. La voyelle finale � ne peut remonternbsp;qu�a uu, la finale ^u ne disparaissant jamais dans pareille position,nbsp;cf. pagus Pontivus gt; Ie Ponthieu, piu gt; pieux, deu gt; Dieu. Quantnbsp;t�u gt; � dans cette position cf. prov. beiriu gt; fr. berruyernbsp;�habitant du Berry�.

Les raisons d�ordre g�ographique nous disent qu�il ne faut pas consid�rer prov. leissiu et catal. Ilexiu comme preuves pour lanbsp;disparition de v. C�est paree que la carte No. 760 de ALF nousnbsp;montre la forme proven9ale dans la proximit� la plus �troite denbsp;lessi lt; lessif. u de leissiu et de Ilexiu provient done de la vo^nbsp;calisation de v final, de m�me que dans prov. clau lt; clavem.

II s�ensuit qu�il a d� exister en latin vulgaire Ie masculin# neutre H�xiu, forme qui, a son tour, a engendr� Ie f�mininnbsp;analogique H�xia ^). Ce f�minin est tr�s bien conserv� en romannbsp;a c�t� du plus r�gulier l�x�va. La preuve en est d�abord dansnbsp;frioul. l�sia, v�n., mant., bresc. lissia, alisia (Parme, Reggio,nbsp;Piacenza, Pavia, Mirandola), alseja (Romagna), esp. lejia. Ennbsp;toscan m�me il y a oscillation entre liscia et lisciva. Dans d�autresnbsp;dialectes italiens, c�est la forme classique qui semble pr�dominer:nbsp;Ostuni (Z�usiVa). II en est vraisemblablement de m�me dunbsp;dialecte d�Abruzzes lusiga o� g, au lieu de v, est de la m�menbsp;nature que dans ital. acciuga lt; aphye R E W� 520, d�originenbsp;m�ridionale, a c�t� de ancova.

Le rh�toroman, Ie fran9ais litt�raire et Ie Catalan conserven! eux aussi la forme traditionnelle classique: alciva, lessive, Ileixiva.

Cf. mon �tude Zu den franz�sischen Ortsnamen dans la Zeitschrift f. r. Ph.. V. XLIX, p. 84.

il peut facilement �tre emprunt�. En effet, nous Ie trouvons en celtique et dans la p�ninsule balkanique. II est indiqu� de voirnbsp;comment se comportent vis;=a#vis du suffixe les langues quinbsp;l�empruntent.

Breton lisiu^), cymrique Ileisw s�accordent parfaitement avec a. fr. leissu lt; quot;l�x�u.

Dans les Balkans, nous avons d�abord la forme serbo^croate lihsija, liksija^-) qui remonte sans doute a l�ancien romannbsp;de Raguse et des Bouches de Cattaro ¹ ²liksia. Le v intervocaliquenbsp;pouvant ici disparaitre, de m�me qu�en roumain ou en albanais,nbsp;nous ne savons pas, de m�me que dans roum. lesie, si nousnbsp;sommes en pr�sence de lat. vuig. ²llx�a ou l�x�va. Plus d�cisivesnbsp;dans ce sens sont les formes serbocroates du nord /�si/a ounbsp;luksija^') qui se rattachent sans doute a frioul. ou v�n. lisia

Les formes grecques modernes refl�tent toutes les deux formes � a) celle avec v: dXial^a (Epire, Melos, Sarakatsans, cf. Hoeg I,nbsp;p. 118, 175, 197; Cerigo et dans le P�loponn�se), de m�menbsp;dXoifia (Pinde = Zagori), b) en regard de dXiaid (Somavera),nbsp;dXiad (Chios), dXovocd (Somavera, Melos, Chios) d�o� dXovad]nbsp;dXovaov (Thera).

L albanais a emprunt� au grec �pirote al�siv� (Godin) et Ie bulgare au grec de la Thrace alusiva.

Aucune des formes grecques ne pr�sente ^ pour lat. x comme d�autres mots d�emprunt, tels x�^a,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nd^dkag. En s�ap^

puyant sur ce fait, on aurait raison de consid�rer, avec G. Meyer Neugriech. Studi�n, IV, p. 8, dX^otpa comme emprunt� non pas�nbsp;au latin, mais a un dialecte italien m�ridional.

1) Pedersen, Fgl. kelt. Grammatik. v. I, 218; Jud dans Zeitschrift f. r. Ph.. V. XXXVIII, p. 67, note 2.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/ / '�

�) Rjecnik de l�Acad�mie Yougoslave, v. VI, p. 57, 90; Budmani Dubrovacki dijalekat dans Rad de la m�me Acad�mie, v. 65, p. 161, � 40-Bartoli, Das Dalmatische, v. II, p. 294 et � 399. L�aire serbocroate d�nbsp;liksija comprend encore les Bouches de Cattaro.

D apr�s le Rjecnik cit�, v. VI, p. 228, ludja s�emploie dans Ie nord du Htoral Yougoslave, a Rab (Arbe),^ p. e. l�kdja, o. c., p. 215, se parle ennbsp;Lika et dans mon dialecte natal (Zumberak, Croatie).

d�veloppement de x, m�me dans les repr�sentants les plus authen# tiques en roman de ce mot.

Le roumain n�en accuse aucune trace: lesie a c�t� de coxagt;coapsa, /raxinus gt; frapsen (Moldavi�, Macedoine). Lestenbsp;s�accorde plut�t avec masea lt; maxilla et frasen.

Ragusain liksija nous assure, par contre, la prononciation x pour le latin balkanique de m�me que prov. leissiu, a. fr. leissunbsp;etc., ital. lisciva, esp. lejia le font pour la latinit� occidentale.

Ce qui est curieux, c�est qu�on rencontre aujourd�hui tr�s rarement en France =ezss= pour =gt;rx= dans ce mot. Tr�s r�pandunbsp;est la prononciation Z� siv� ou bien l�siv�. Avec la derni�renbsp;prononciation s�accorde merveilleusement roum. leste, ainsi quenbsp;les formes de 1�ancien francais. Ces formes peuvent sans doutenbsp;remonter a une prononciation latine vulgaire quot;l�ss�va, la pxoonbsp;miscuit� de =x= a c�t� de =ss= se rencontrant d�s le latin vulgairenbsp;des inscriptions ^). Dans les langues romanes on trouve, ennbsp;outre, des traces visibles d�une prononciation hyperclassique,nbsp;tels ital. vescica, esp. vejiga qui refl�tent quot;vexica a c�t� de vessicanbsp;REW 9276. Or, l�x�va comme terme des lavandi�res appartientnbsp;a la m�me cat�gorie s�mantique que *cinisia REW^ 1930, aunbsp;lieu de cinevea, o� le maintien de s intervocalisque, au lieu dunbsp;passage classique r, reproduit sans doute une particularit� dia#nbsp;lectale latine �). La prononciation *l�ss�va n�a done rien d�imagi#nbsp;naire. Elle explique tr�s bien fr. lessive ainsi que grec modernenbsp;ahaifia.

Le mot dont nous nous occupons pr�sente encore un fait phon�tique qui attire l�attention toute particuli�re du linguiste.

1) A L F, n�. 760, on a Iw'asi au point 459 (Vend�e) Iw'ae� dans le point 120 (Hte Marne) ainsi que loU aux points 28 et 38 (Hte Marne)nbsp;o� l�on a ei gt; oi. Les formes ayant �x gt; eis sont un peu plus nombreux, denbsp;m�me celles qui montrent la r�duction i: lis�o. On ne comprend pas biennbsp;l�explication que donne Meyer#L�bke, Hist, franz. Gramm., v. I, p. 136nbsp;d�apr�s laquelle lessive remonterait a *lissive avec la m�me dissimilationnbsp;que v�c�nu gt; vee�nu.

vissit pour vixii est une forme des plus communes dans les inscriptions de tout l�empire, cf. mon �tude Sur la latinit� vulgaire des inscriptions denbsp;Dalmatie (en serbocroate), p. 37, Pirson, La langue des inscriptions latinesnbsp;de la Gaule, 2e �d. p. 70, Schuchardt, Vokalismus, v. II, p. 351, I, 33.nbsp;C�est un trait ombrien et p�lignien dans le latin vulgaire. Cf. aussi Lindsay,nbsp;Die lateinische Sprache, p. 117 et 123 � 125. Grandgent, Introduzionenbsp;etc., p. 142.

�) s intervocalique est conserv� dans le groupe osco^ombrien et sabellique. 288

Cest que, au lieu de e i dans la protonique, on constate u dans trois aires qui sont sans unit� g�ographique. On trouvenbsp;d�abord la voyelle u dans 1�Italie m�ridionale, a Ostuni: (lusiva),nbsp;dans les Abruzzes: lusiga, en serbocroate septentrional /�sua'nbsp;l�ksija, en grec moderne: dkovaia (Chypres, Kreta), �Xovaidnbsp;(Somavera, Melos), dXovad, aXovaov (Thera). II serait vainnbsp;d�essayer de r�duire ces contr�es, tr�s �loign�es Tune de 1�autrenbsp;a un ensemble g�ographique. Rien ne nous autorise a pr�sumer'nbsp;par cons�quent, que la voyelle u de ces formes doit proveni^:nbsp;d une source unique. Je penche a y voir I�effet des accidentsnbsp;particuliers qui se sont produits ind�pendamment dans les ter#nbsp;ritoires respectifs. G. Meyer 1. c. a d�ja propos�, pour ce quinbsp;est du grec moderne, Ie croisement du mot latin avec grec anciennbsp;aXovoia �Ungewaschenheit, Schmutz�. Pour ce qui est du serbo#nbsp;croate, j�ai propos� i) Ie croisement avec l�g �lessive�, mot slavenbsp;provenant du germanique 0- Cest a cause de ce croisementnbsp;que luksija (Zumberak, Lika) n�a rien a fraire avec x denbsp;l�x�va. Pour ce qui est de (l)usiga, lusiva de ITtalie m�ridionale,nbsp;il faut en faire autant. Le croisement avec fl�xus RE W� 3394nbsp;est susceptible d�expliquer Timmixtion de u dans *luxivanbsp;Universif� Yougoslave de Zagreb.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;p

2) nbsp;nbsp;nbsp;Cf. Stender#Petersen, Slavisch^germanische Lehnwortkunde, � 140.

Gaston Boissier, dans son livre: Nouvelles Promenades arch�# ologiques, a �tudi� les origines de la l�gende d�En�e telles quenbsp;les a trouv�es Virgile avant de composer son po�me.

�Nous savons par Denis d�Halicarnasse que les canctuaires de ce genre, c�est^asdire de cette divinit� que Ton appelle l�Aphroditenbsp;En�enne, �taient tr�s fr�quentes sur les c�tes de la M�diterran�e;nbsp;il sen trouvait partout o� Ie commerce maritime avait quelquenbsp;activit� et dans tous ces temples Ie nom d�En�e �tait uni a celuinbsp;d�Aphrodite�, p. 139. Or, Ie nom d�Aphrodite En�enne a donn�nbsp;beaucoup de difficult�s a tous ceux qui se sont occup�s denbsp;cette mati�re. Dans une note M. Boissier cite un m�moire denbsp;M. Womer, Die Sage von den Wanderungen des Aeneas.nbsp;(Leipzig, 1882). Je regrette beaucoup que je n�aie pu me procurernbsp;ce livre du savant Allemand: a ce qu�en cite M. Boissier,nbsp;M. W�mer pense qu�il n�est pas impossible que Ie culte d�Astart�nbsp;ait pr�c�d� celui d�Aphrodite dans les divers pays o� En�enbsp;est sens� avoir abord�. Les vaisseaux de Tyr �tant venus avantnbsp;ceux de la Gr�ce, avaient peut^�tre laiss� des chapeUes qui furentnbsp;consacr�es plus tard a la d�esse grecque, quand les navigateursnbsp;grecs �taient les plus forts. Dans ce cas il serait possible qu�En�enbsp;e�t pris la place de quelque h�ros ph�nicien qui �tait ador� avecnbsp;Astart�. �Cette hypoth�se est ing�nieuse; j�aime mieux toutefois,nbsp;dans cette obscurit�, ne pas remonter plus haut que les voyageursnbsp;grecs.�

C�est la critique de M. Boissier; or, depuis 1899, nous avons appris que maintes fois, surtout en mati�re de voyages pr�snbsp;historiques, il nous faut remonter plus haut pour arriver auxnbsp;Ph�niciens, qui ont d�couvert les plages de la M�diterran�enbsp;avant les Grecs.

Et M. W�mer aurait d� remonter plus haut, a ce qu�il me semble, pour trouver la solution de la question, comment lanbsp;personne d�En�e, en somme un h�ros d�une importance m�diocrenbsp;dans riliade d�Hom�re et dont l�Odyss�e ne fait aucunenbsp;mention, est devenu dans la mythologie des Romains Ie grandnbsp;personnage, comme nous Ie connaissons chez Virgile et sesnbsp;pr�d�cesseurs.

Les Ph�niciens, en effet, n�ont pas travers� les mers, ils ont suivi les c�tes, �tant oblig�s d�aborder d�s que l�eau potable

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leur manquait. Ils naviguaient pour ainsi dire de source a source; lorsqu�ils avaient trouv� un lieu, o� �s pouvaient �tancher leurnbsp;soif et remplir leurs vases pour Ie lendemain, ils �rigeaient surnbsp;eet endroit une statue de leur d�esse pour d�fendre Ia sourcenbsp;contre les injures de malfaiteurs qui, apr�s eux visiteraieiitnbsp;l�endroit. Cest ce qu�on voit, m�me aujourd�hui, dans les r�gionsnbsp;montagnardes, o� la population a �rig� une statue de bois denbsp;la M�re Marie ou de J�sus, pour emp�cher les gens m�chantsnbsp;de salir l�eau coulante qui leur sert d eau potable. Les Grecsnbsp;qui apr�s les Pb�niciens visit�ren! ces endroits, trouvaient partoutnbsp;des sources et des statues d�une d�esse. Une source dans lesnbsp;langues s�mitiques, en hebreu comme en ph�nicien, s�appellenbsp;�ain; ne comprenant pas la signification de ce mot, ou parlant anbsp;leur retour d�un nombre consid�rable d�endroits qui sappellen!nbsp;ainsi, les marins grecs ont, de bonne heure d�ja, donn� auxnbsp;po�t�s 1�id�e de cr�er la fable du voyage d�un h�ros qu�ils ontnbsp;identifi� avec Ie nom du h�ros qui leur �tait d�ja connu parnbsp;riliade et dont la m�re heureusement a �t�, elle aussi, unenbsp;d�esse. Ils ont profit� de l�homonymie, comme ont fait, plusieursnbsp;si�cles apr�s, les Chr�tiens qui en Gr�ce ont donn� aux mona^nbsp;st�res situ�s aux sommets des collines, consacr�es a H�lios, Ienbsp;dieu du Soleil, Ie nom de Hagios Elias, non pas paree que lanbsp;personne de ce proph�te joue un r�le si consid�rable dans Ienbsp;Nouveau Testament ou dans l�histoire de J�sus, mais tout sim^^nbsp;plement a cause de la prononciation des deux noms qui senbsp;ressemblent beaucoup.

II faut done chercher l�origine de la fable des voyages d�En�e chez les Ph�niciens; les po�tes grecs ont cr�� cette narration ennbsp;�tablissant un lien entre les endroits du m�me nom, qui signifienbsp;source, par Ie r�cit du Troyen En�e, Tillustre fils d�Aphroditenbsp;qui l�a pris sous sa protection divine.

Mon cher maitre, j ai voulu exprimer ma gratitude sinc�re pour tant de bonnes choses que vous m�avez enseign�es et ma recon^nbsp;naissance respectueuse pour toute l�amiti� que vous avez t�moign�enbsp;a moi et aux miens, pendant de longues ann�es.

J ai choisi Ie sujet de cette modeste contribution dans la mati�re qui, sans doute m�me aujourd�hui, vous sera ch�re.

paree qu�elle �veille les doux souvenirs du d�but heureux de vos �tudes si lumineuses.

La loi s�v�re mettra une fin a votre activit� universitaire, mais elle ne pourra jamais vous d�fendre de rester Ie chercheurnbsp;hardi et de travailler, pendant beaucoup d�ann�es encore, auxnbsp;profit des v�tres, de vos �l�ves et de tous ceux qui se sententnbsp;attach�s a vous par une amiti� cordiale.

Les Faits des Romains sont une longue compilation d�apr�s Su�tone, Salluste, Lucain, C�sar, Isidore de S�ville, Flaviusnbsp;Jos�phe, d�autres encore. Elle comprend dans Ie ms. du Vatican,nbsp;Reg. 893, 243 feuillets a deux colonnes de trente#quatre lignesnbsp;chacune.

Elle est �crite en prose. Seulement Paul Meyer, qui a consacr� une �tude a notre texte O� a relev� dans Ie ms. 1391 f. fr. de lanbsp;Biblioth�que Nationale, un passage que Ie copiste a caract�ris�nbsp;par Ie mot Rime, �crit en marge, et qui en effet pr�sente cinqnbsp;d�casyllabes, suivis de six vers octosyllabiques. Les voici:nbsp;Assaracus li dist;

A propos de ces vers Ie savant fran9ais se demande si l�auteur des Faits des Romains n�a pas eu sous les yeux un po�menbsp;sur C�sar dont il aurait conserv� quelques vers, question anbsp;laquelle il r�pond n�gativement. �Ces vers, dit�l, sont suspects.nbsp;Ce m�lange de d�casyllabes et d�octosyllabes est inusit�. Et ilnbsp;les attribue a un copiste qui s�est amus� a mettre en vers lanbsp;prose qu�il avait sous les yeux. �Voici, continue#tdl, d�apr�s deuxnbsp;mss., Ie texte original�.

Assaracus li dist: �Sire com# Assamtus li dist: �Sire com# pains, qui vouz fist bouchier? painz, qui vos a fet bouchier?

Mais qui ne voit que Ie ms. 23082 nous donne, a peine d�guis�e, la m�me r�daction versifi�e, que celle du ms. 1391? Lanbsp;question se r�duit done a celle#ci: Des deux manuscrits, 1391nbsp;et 23083, lequel a Ie plus d�autorit�? Or, une �tude partiellenbsp;des mss., que je ne peux reproduire ici, m�a prouv� que 23083,nbsp;suivi par Paul Meyer dans son analyse, change a chaquenbsp;instant d�une facon tout a fait arbitraire Ie texte de 1�original,nbsp;tandis que Ie scribe de 1391 est un homme tr�s consciencieux,nbsp;qui n�apporte aucune modification a sa source, abstraction faite,nbsp;bien entendu, de son orthographe. Puis, non seulement Ie ms.nbsp;du Vatican 4792 et celui de Bruxelles, Bibl. Roy. 10168�72,nbsp;offrent exactement la m�me le9on que 23082, mais les vers senbsp;trouvent encore dans Reg. 893 du Vatican. Or, ce ms. forme avecnbsp;1391 de Paris un groupe qui nous fournit un texte excellent,nbsp;bien pr�s de l�original ^).

Faut#il done attribuer ces vers a notre auteur et en conclure qu�il avait sous les yeux un po�me sur C�sar? Ce n�est pasnbsp;n�cessaire. II semble peu probable que ces cinq d�casyllabes etnbsp;ces six octosyllabes soient des restes d�un po�me ant�rieur anbsp;notre texte, po�me qui aurait pr�sent� alors un syst�me de ver#nbsp;sification bien �trange. Ne vaudrait#il pas mieux revenir anbsp;l�opinion de Paul Meyer en la modifiant un peu? Ces versnbsp;seraient d�s lors dus non a l�auteur lui#m�me, mais au copistenbsp;d�un ms. perdu auquel remonteraient tous nos mss. conserv�s.

1) M. Flutre est, ind�pendamment de moi, arriv� au m�me r�sultat; (voir L. F. Flutre, Les manuscrits des Faits des Romains, p. 116).

Je crois pourtant devoir �carter cette hypoth�se. En effet, Ie passage cit� par l�illustre romaniste n�est pas isol�; il y a d�autresnbsp;traces de vers dans les Faits des Romains. Si Paul Meyer nenbsp;sen est pas aper9U, c�est qu�il a �tudi� surtout Ie ms. 23083 quinbsp;change syst�matiquement Ie texte qu�il copie. Une lecture attentnbsp;tive du ms. Reg. 893 du Vatican m�a r�v�l� plusieurs autresnbsp;passages o� des vers se cachent dans les lignes continues dunbsp;manuscrit. Nous allons les passer en revue.

Gnaeus Pomp�e, enferm� avec son fr�re Sextus dans la ville de Munda, a fait une sortie et a tu� un nombre consid�rablenbsp;des soldats de C�sar. Geluidei fait armer ses hommes et s��lancenbsp;lui^m�me a Ia poursuite de Gnaeus, qui allait rentrer dans la ville.nbsp;C�sar, devan^ant les siens �plus d�un arpent mesur�, crie aunbsp;jeune homme: �Car me lerez la teste, cuivert fill au viel rasot�!�nbsp;Gnaeus, entendant C�sar injurier son p�re mort, se tourne versnbsp;lui et lui dit:

chevaliers adurez et vasseaux feels vers sa cit� et vers son pais. Mes Ia vostre malice est assez espro vee;

Ceste cruiex parole vos ert guerredonee Et la desloiautez qu�il a en vos trovee.

Un peu plus loin les exploits du fils de Pomp�e sont encore chant�s dans six alexandrins, dont Ie troisi�me compte unenbsp;syllabe de trop et dont deux seulement riment ensemble:

Gneus sist sor un destrier de grant pris amorain, Norriz avoit est� en l�isle de Maroc,

Le m�me m�lange de vers rim�s et non rim�s se trouve au fol. 176 d, o� est d�crite la fin de la bataille de Pharsale:

Que il li mist ] | Ie fer tranchant parmi te gros dou piz. Mort Ie trebuche devant Cesar ou pr�.

On Ie voit, ce passage nous offre un aspect bien bizarre: un h�mistiche rimant avec un alexandrin, puis six d�casyllabes nonnbsp;rim�s, et parmi ces six vers deux (Ie troisi�me et Ie cinqui�me)nbsp;dont seul Ie premier h�mistiche est juste. L�auteur continue:

Une fois avertis nous d�couvrons, dispers�s dans l�ceuvre tout enti�re, des vers sans rime, tantot se succ�dant imm�diatement,nbsp;tant�t s�par�s les uns des autres par une partie en prose. Ainsinbsp;dans Ie long passage o� l�auteur nous raconte la lutte entrenbsp;C�sar et Drappes:

Toute pleine sa lance || l�enversa..., (fol. 105c). Puis feri(on) Garion, un senator de Sens,

Dans la demi�re bataille que les Romains livrent en Gaule, Commius, qui veut se venger de Volusenus, s��crie:

A la fin de la bataille navale entre Romains et Marseillais, notre auteur nous d�crit un combat entre Ie meilleur vaisseaunbsp;des Marseillais et la nef pr�torienne, combat dont Lucain nenbsp;sait rien. Un certain Ligdamus lance un pommeau d��p�e versnbsp;Brutus, il tue Galien, qui s�est plac� devant Ie chef romain,

Brutus, arm� d�une hache, tue plus de quinze ennemis, mais Que que Brutus entendoit au ferir,nbsp;deux Grecs veulent l�accrocher et

Dans la description de l�assaut que C�sar avait a soutenir en Egypte les alexandrins abondent:

Gele cire, cil suis, (et) cel poiz a degoter (fol. 213 df). Et li venz forz et roides qui Ie feu avivoit (fol. 214 a).nbsp;Angois que li naviges se po�st esmovoirnbsp;Por fo�r et por trere arriere, en afonda (ibid.).nbsp;N�ot pas tant de memoire ne Dieu ne voloit pas (ibid.).nbsp;Assez pres de lt;lagt; rive, onques nus eschapa (ibid.).

Parmi eux se distingue Ie jeune Jaddus, fianc� d�Ysiphile, la fille du roi Pharnace,

Grande fut la douleur dans l�arm�e des Arm�niens, mais un cousin du damoisel, Monequins,

C�onques escuz ne broigne||ne livalurent uneviez chemise Que li fers de l�espee || ne li colast es entraillesnbsp;Et li fendi Ie foie; jusque outre I�eschinenbsp;Li passa la lemele || de l�espee____

Li rois Pharnax me�smes || fu ou front devant Coverz fu li chevax d�une porpre gouteenbsp;A or jusqu�en la rale; beau chevalier i ot.

Prist une lance, qui vost a lui joster... (fol. 218amp;). Antoines abati a sa premiere joste

Seulement les hommes d�Antoine viennent a la rescousse, ils entourent Monequin;

Tant fu feruz et demaillliez de maces et d�espees Que il fu abatuz et ocis en la presse (fol. 218 c et d).

J�attire I�attention sur le premier vers au beau rythme ternaire et comptant quatorze syllabes. Bien entendu, ce vers n�est pasnbsp;intentionnel, puisqu�il pr�sente un syst�me de versification quenbsp;le moyen age n a pas connu.

La lutte va s�engager en Afrique. Scipion demande a Juba de frapper le premier coup:

Besse I�ensaigne a tote I�aigle dor Et cuide Scipion ferir droit en I�escu.

Remarquons la construction de dernier vers, due � semble#t#il � au d�sir de faire un bel alexandrin.

Cil qui ocis vos a m�a mis grant ire ou cuer 1 (fol. 223 a). II s��lance dans la bataille et tue Goob, un due numidien,

Li boens destriers le portoit en la presse Et Ten gitoit quant il estoit lassez (fol. 223 c).

Nous avons d�ja relev� six alexandrins dans le passage ou sont chant�s les exploits de Gnaeus Pomp�e. II y en a d�autres.nbsp;La belle Renceline prie

Beaus oncles, estes vos done si desesperez? (fol. 231 b). La force de ces genz si est en un sol homenbsp;Se cil estoit chaoiz, || vos verriez toz les autresnbsp;Fo�r ...

Nous constatons done qu�outre le passage cit� par P. Meyer (fol. 162 a), contenant cinq d�casyllabes rim�s suivis de sixnbsp;octosyllabes rimant �galement ensemble, notre texte contientnbsp;encore sept alexandrins rimant en =ee (fol. 228 d), deux ennbsp;(fol. 230 c), trois, et si nous changeons Ahucein en Ahucier,nbsp;quatre vers en =ier (fol. 176 d); en outre une quantit� consid�rablenbsp;d�alexandrins et de d�casyllabes sans rime.

Maintenant il faut nous demander de nouveau si ces vers sont I�oeuvre de I�auteur ou d�un copiste. II n�y a pas de doute,nbsp;il me semble, qu�il ne faille les attribuer a I�auteur lui^m�me.nbsp;Et cela pour deux raisons: D�abord tons ces vers se trouventnbsp;dans des passages ou I�auteur s��carte de sa source, Su�tone,nbsp;Salluste, C�sar, Lucain, pour nous raconter quelque beau faitnbsp;d�armes dont les historiens latins ne nous disent rien; or, ilnbsp;serait bien �tonnant qu�un remanieur eut justement choisi cesnbsp;passages pour les mettre en vers et qu�il eut laiss� de c�t� lesnbsp;autres. Puis, si on comprend qu�un scribe se soit amus� a versifiernbsp;une partie de son texte, on comprend moins facilement qu�ilnbsp;ait cach� partout des vers isol�s que seule une lecture attentivenbsp;nous a fait d�couvrir.

Mais ces quelques passages versifi�s, ces nombreux vers isol�s �pars dans toute I�oeuvre ne sont=ils pas I�indice que notre auteurnbsp;en �crivant les Faits des Romains a eu devant lui un po�menbsp;sur C�sar, qu�il aura remani� mais dont il aura pourtant conserv�nbsp;quelques traces? Non, ce n�est pas le cas, car dans les passagesnbsp;oil I�auteur suit les �crivains latins, son texte serre souvent de sinbsp;pr�s sa source qu�il est impossible que la il ait eu devant lui unnbsp;po�me francais; et qu il n ait consult� ce po�me que pour lesnbsp;r�cits et les d�tails auxquels toute base historique manque,nbsp;personne ne soutiendra cela, je suppose.

Une autre possibilit� se pr�sente: toutes les fois que l�auteur s��carte du sobre r�cit de ses sources latines pour s��tendre sur lesnbsp;hauts faits d�armes de C�sar, de Pomp�e ou de leurs chevaliers,nbsp;il se sera servi du style �pique et aura chant� ces exploits ennbsp;alexandrins et en vers de dix ou de huit syllabes; un copiste,nbsp;choqu� de ce m�lange de prose et de vers, aura fait disparaitrenbsp;les vers. Cette hypoth�se doit �tre �galement �cart�e: un prosifi#nbsp;cateur ne garde pas tant de vers parfaitement corrects mais sansnbsp;rime; la fa^on dont tous nos manuscrits (a l�exception de celuinbsp;de Rome et de Paris, bien entendu) ont trait� les laisses nous

prouve que Ie premier souci d�un prosificateur est de briser Ie rythme du vers, en changeant l�ordre des mots et en introduisantnbsp;des verbes, des particules dans Ie corps de la phrase; changernbsp;r�guli�rement Ie mot qui se trouve a la rime par un synonymenbsp;demande d�ja un effort plus grand et plus soutenu, dont ennbsp;g�n�ral les prosificateurs ne sont pas capables. Or, la presencenbsp;dans notre compilation d�alexandrins et d�octosyllabes au rythmenbsp;bien marqu� mais ne pr�sentant pas de rime nous prouvenbsp;qu�aucun scribe n�a remani� Ie texte.

La conclusion s�impose: ce m�lange de vers et de prose est d� a l�auteur m�me des Faits des Remains, et les mss. Reg. 893nbsp;du Vatican et 1391 de la Biblioth�que Nationale de Paris nousnbsp;fournissent done pour les passages en question, comme pournbsp;toute 1�oeuvre, un texte tr�s proche de celui de l�original.

Et ce fait, �trange au premier abord, d�un auteur �maillant son oeuvre de vers sans rime, s�explique si nous essayons denbsp;nous faire une id�� de sa personnalit� et de sa fa^on de travailler.

Quelques indications suffiront. Notre auteur a pris comme trame de son r�cit la vie de C�sar par Su�tone. Mais Ienbsp;style sec et concis de l�historien latin ne lui va pas; il a l�espritnbsp;trop vif, il aime trop Ie contact direct des choses pour pouvoirnbsp;garder cette fa^on impersonnelle et objective de pr�senter lesnbsp;personnes et les �v�nements; il sait d�ailleurs que ses lecteursnbsp;ne la go�teront pas non plus. Aussi remplace^t�l a plusieursnbsp;reprises Ie discours indirect du latin par Ie discours direct. Ainsinbsp;C�sar, voyant a Cadix une statue d�Alexandre,

l�esgarda et gemi et se tint por perecex. � Ha! fist il a soi meismes, con sui mauves, qui n�ai anquore rien fetnbsp;dont ge doie lox avoir! et cil dont je voi ci l�ymage otnbsp;conquis pres que tot Ie monde quant il fu de mon aage.nbsp;(fol. 4amp;).

Ce qui correspond a une phrase subordonn�e en latin: in# gemuit et quasi pertaesus ignaviam suam, quod nihil dum a senbsp;memorabile actum esset in aetate, qua iam Alexander orbemnbsp;terrarum subegisset ... (Suet., Vie de C�sar, 4).

Quand C�sar, apr�s avoir pass� Ie Rubicon, entre de bon matin dans la ville d�Ariminum, Ie francais rend Ie r�cit de Lucainnbsp;plus vif:

Le m�me effet est atteint par Temploi de l�infinitif descriptif pr�c�d� de la pr�position a:

Tuit s�escrierent et commencerent a apeler Catiline anemi dou commun et parricide (ce est qui son pere ocit). Etnbsp;Catiline a corrociev: �Mi anemi, dit il, me corent susnbsp;(fol. 8c)i)-

La vivacit� d�esprit de notre auteur se manifeste encore dans les r�flexions personnelles qu�il introduit dans son r�cit: il nousnbsp;a racont� d�apr�s Su�tone, 45, que Sulla appelait parfois C�sarnbsp;�le vallet mal ceint�. Cela me fait penser, ajoute^t�l, au roinbsp;Philippe, qu�on pouvait bien appeler �le vallet mal peign� quandnbsp;il �tait jeune. � Lucain nous raconte que C�sar dans le petitnbsp;bateau d�Amiclas avec lequel il voulait passer en Itali� couraitnbsp;grand danger de se noyer; il se voit disparaissant dans les flots:nbsp;�Mes ennemis pourtant, se dit^sil, croiront toujours que je doisnbsp;revenir�. Ce r�cit sugg�re a notre auteur une r�flexion sur le roinbsp;Artur, dont les Bretons attendent toujours le retour (fol. 155 a).nbsp;Et a d�autres endroits encore les mots Ci me memhve am�nentnbsp;quelque r�flexion toujours pleine d�int�r�t.

Son style vif, sa pr�dilection pour les proverbes et les ex# pressions famili�res s�accordent bien avec le caract�re spontan�nbsp;de l�auteur. Les soldats de C�sar reprochent a leur chef sanbsp;folie t�m�rit�: �Veus tu ainsi joer de la pelote des diex que tunbsp;les veus partot essaier?� La construction de la phrase et l�expres#nbsp;sion joer de la pelote sont emprunt�es au langage parl�. Denbsp;m�me au fol. 182 h: �Dont li proverbes dist: Li povres pelerinsnbsp;chante seurs devant le laron. Qui riens ne porte, riens ne li chiet.�nbsp;Et un peu plus loin: �Besoignex n�a loi� (fol. 187c).

Les comparaisons famili�res se pressent sous sa plume: Li faussart s�en passa outre come parmi unviez panier (fol. 223 a).�nbsp;Onques escuz ne broigne ne li valurent une viez chemise (218 a). �

... s escrierent Mor et Numidien si hautement que valees et pui retentirent de lor glativ (fol. 223 a). � D�un homme tomb� anbsp;la mer et pris entre deux vaisseaux de guerre, il dit qu�il estnbsp;�cras� con fesoit une pesanz marteux une puce sor une enclume

1) On trouve en vieux francais plusieurs examples de cette construction: Li l�t sont fait, si vont dormir. Et les puceles as couvrir, Th�bes 1013�14.nbsp;Vait s�en (sc. Eracles) et celes a ourer. Que maufez le puist devouer.nbsp;Eracle 2568. Et li paiens a courecier, ibid. 5781 (cit�s par Tobler#Lommatscb,

d�acier (fol. 137 fo). II aime les n�gations expressives: De si grant dol n�oi onques nus parler n�en fable n�en changon (fol. 192 a). �nbsp;Quant li chevalier virent que lor sire ne se rendroit nainsi nainsinbsp;(fol. 124 c), expression qui se trouve aussi au fol. 241 amp;. Voidnbsp;encore quelques tournures populaires; Pompees le sivi pi� chautnbsp;(fol. 223 a). � Tant furent en doute savoiv mon se ces nesnbsp;aportoient genz qui fussent des lor (fol. 196 d). Relevons surtoutnbsp;les exclamations et les interjections qui se trouvent au milieunbsp;du r�cit:

II les (sc. les soldats) honoroit si en robes et en autres aornemenz que il fesoit lor armes peindre d�or et d�argent,nbsp;et por ce que il fussent plus bel en s�ost et por mielz tenirnbsp;les, car, en non Dieu, cil qui amoient les beles armes etnbsp;les riches garnemenz s�en tenoient plus volentiers a luinbsp;(238 h).

Lors vint Cesar, si envoia letres au senat que, por Dieu, ne li tolissent I�amor, I�onor et le benefice dou pueple...nbsp;(fol. 113 6).

Nous voyons maintenant se dresser devant nous la figure de notre auteur. C�est un homme intelligent et instruit, bon latiniste,nbsp;qui comprend bien m�me des auteurs difficiles comme Lucain etnbsp;Su�tone, grace il est vrai aux scolies et aux annotations dontnbsp;�taient pourvus les manuscrits qu�il consultait; il s�est pench�nbsp;patiemment sur les textes latins pour en p�n�trer le sens et pournbsp;les rendre intelligibles a ses contemporains; il a fait une �tudenbsp;comparative de ses sources, tr�s m�ritoire pour T�poque; il s�estnbsp;livr� a un travail de composition qui lui a demand� un effortnbsp;soutenu: la fa^on par exemple dont il a greff� Salluste surnbsp;Su�tone est remarquable.

Mais ce m�me savant � je ne crains pas de me servir de ce terme � ce m�me savant, qui se penche patiemment sur lesnbsp;textes latins, qui en fait la critique, qui les combine intelligem#nbsp;ment pour donner un r�cit clair, logique, bien �crit, reste pourtantnbsp;un homme du moyen age. Les descriptions des combats notam#nbsp;ment, telles qu�il les trouve dans C�sar ou dans Salluste, il nenbsp;les comprend pas ou, tout au moins, il salt que ses contemporainsnbsp;ne les comprendront pas; une arm�e, compos�e presque enti�rei*nbsp;ment de fantassins, est inconcevable pour un homme du moyennbsp;age. D�ailleurs, ces descriptions sont trop courtes au go�t denbsp;ces hommes habitu�s aux longs r�cits des beaux exploits, des

grands coups d��p�e et de lance tels qu�on les lit dans les chan* sons de geste et dans les romans d�aventure. Aussi, notre auteur,nbsp;qui en g�n�ral suit fid�lement ses sources, s�en est �cart� r�#nbsp;sol�ment, quand il s�agissait d�un combat, et voulant rem�diernbsp;a l�insuffisance du texte latin, il introduit des passages entiers,nbsp;un combat singulier entre Pomp�e et C�sar, un autre entre C�sarnbsp;et Ie fils de Pomp�e, tout un long �pisode, celui de Drappes,nbsp;dont les Commentaires de C�sar ne donnent que quelquesnbsp;cl�ments.

Mais dans ces passages, o� il nest plus retenu par Ie texte latin, notre auteur, qui savoure visiblement Ie style populaire desnbsp;chansons de geste, ne peut se d�tacher du moule et du stylenbsp;�pique. Des expressions entendues mille fois se pressent sousnbsp;sa plume: sor son hiaume gemm�, plus d�un pi� mesur�, tel colpnbsp;li done, puis tvest Ie brant d�aciev, il li tencha la teste, qui tantnbsp;fist a loer, le sens cuida changier, d�autres encore. Souvent cesnbsp;expressions vont former un vers, quelquefois m�me notre auteurnbsp;s�amuse a �crire une petite laisse rim�e.

Ainsi cette particularit�, qui au premier abord nous semblait si �trange, nous permet de nous former une id�� plus exactenbsp;de notre auteur. Il est, a la fois, savant et peuple; il aime,nbsp;comme Rabelais, les oeuvres latines, mais, comme Rabelaisnbsp;aussi, il se d�lecte dans les beaux coups d��p�e, les hautsnbsp;faits d�armes; son style est vif, clair, plein d�expressionsnbsp;famili�res. Tel qu�il est, il a exerc� une influence consid�rablenbsp;en France, mais surtout en Itali�, ou, un si�cle plus tard senbsp;l�vera I�aube de la Renaissance. Son oeuvre soul�ve encore denbsp;nombreux problemes qui meritent d etre etudies de plus pres.

J ai cru que cet auteur, digne successeur du po�te anonyme qui a revele aux Francais lEneide de Virgile, pourrait peut^etrenbsp;aussi interesser le savant editeur de 1 Eneas. Qu�il veuille accepternbsp;cette modeste �tude comme 1 hommage sinc�re d�un de sesnbsp;anciens �l�ves, fier d etre devenu son coll�gue et son ami.

Der Gelehrte, den wir feiern, hat in seiner anregenden Schrift �Sur une double accentuation des diphtongues en fran9ais�nbsp;(1928) inUebereinstimmung mit Rousselot die �psychologischen�nbsp;Gr�nde von lautlicher Doppelentwicklung aufzudecken gesucht.nbsp;So wird ihm denn die Er�rterung einer psychischen Ursachenbsp;der Lautentwicklung �berhaupt nicht ganz ungelegen kommen.

Duraffour, der in seinem Aufsatz in R L R, VIII: �Ph�nom�nes g�n�raux d��volution phon�tique dans les dialectes franco#pro#nbsp;ven^aux� S. 77 von Salverda de Grave�s Aufsatz schreibt: �sinbsp;obscur que reste, m�me apr�s 1��tude qui en a �t� faite, Ienbsp;d�tail des processus, et plus encore, peuU�tre, Ie pourquoi denbsp;ces fails (ich unterstreichel), a poursuivi son id�� avec unenbsp;inlassable t�nacit�, will seine �loi du balancement� als allgemeinesnbsp;Gesetz der Sprachentwicklung rechtfertigen aus einer Art �pr�^nbsp;vision psychique, ou id�odynamique� (S. 55), einer Vorausberech?nbsp;nung der Anstrengungen, die zur Artikulierung von Folgendemnbsp;notwendig sind (daher etwa pia, �Fuss�, aber lo py�^dr�,nbsp;�der rechte Fuss�) Gewifi, die Schwankungen zwischen lallendennbsp;und steigenden Diphthongen mogen sich so rechtfertigen lassen �nbsp;aber warum �berhaupt Diphthongierung? Duraffour spricht, sonbsp;weit ich sehe, nur von der �force diff�renciatrice� (S. 95) �nbsp;womit wir doch bei der Tautologie anlangen: die Diphthon#nbsp;gierung entstammt der diphthongierenden Kraft (wie: der Mohnnbsp;bringt Schlaf, weil er eine schlafbringende Kraft, virtus sopori#nbsp;fera, in sich hat).

Die �differenzierende Kraft�, die Diphthonge erzeugen soil, ist wohl nur eine Erscheinungsform jener differenzierendennbsp;Kraft, die Schuchardt und nach ihm viele andere, so z. B.nbsp;Sch�rr in �Sprachwissenschaft und Zeitgeist�, �Spaltung� genanntnbsp;imd dem �Ausgleich� gegen�bergesetzt haben: nunmehr ist dienbsp;Spaltung innerhalb der Sprachgemeinschaft gemeint, durch dienbsp;das einzelne sprechende Individuum sich verbesondert. Der erstenbsp;�Diphthongierer� (oder besser die ersten D.) hat (haben) nichtnbsp;nur einen einheitlichen Laut differenziert, sondem sie haben sichnbsp;differenziert und abgehoben von der Gewohnheit ihrer Sprach#nbsp;genossen � sie werden ihre Sonderbestrebungen in Ausgleichnbsp;bringen m�ssen mit der um sie herrschenden Sprachnorm.

anderen Begriffspaar in Zusammenhang zu bringen, das auf Croce und Vossler zur�ckgeht: �Ausdruck� und �Mitteilung�.nbsp;Das Individuum spaltet sich sprachlich von der GemeinschaftSi�nbsp;norm ab, weil es sich ausdr�cken will; es ordnet sich ihr unter,nbsp;weil es sich mitteilen will. Ausdruck bringt Spaltung (zentris�nbsp;fugale Tendenzen), Mitteilung Ausgleich (zentripetale Ten.�nbsp;denzen) hervor. Die Lautspaltung (Diphthongierung) warenbsp;vielleicht urspr�nglich einer individuellen Abspaltung von dernbsp;Norm zu verdanken?

Die Diphthongierungstheorie, die Men�ndez Pidal in seinen �Origenes del espanol� vortragt, scheint mir vor den mir sonstnbsp;bekannten den Vorteil zu haben, dass sie eine psychologischenbsp;Rechtfertigung dieses Prozesses gibt, wahrend etwa die Zur�cks=nbsp;f�hrung einer romanischen Lautentwickelung auf ein �Substrat�nbsp;doch wieder nur die Umleitung auf ein anderes Geleise bedeutet,nbsp;nicht zur Kopi� oder Endstation f�hrt (warum �berhaupt ir=�nbsp;gendwo Diphthongierung?) und auch die Schuchardtsche Er�nbsp;klarung (buonu � bona usw.) die Diphthongierung wieder aufnbsp;ein anderes, diesmal nicht ethnisches, sondern phonetischesnbsp;Geleise umleitet (warum also Wirkung des Umlauts?).nbsp;Men�ndez Pidal denkt wirklich, wie A. Castro in seinernbsp;Romania^^Besprechung der �Origenes� (Rom. 54, 125 ff.) sagt,nbsp;ohne viel programmatischen Aufhebens zu machen, �idealistisch�,nbsp;d. h. er sucht einen seelischen Grund f�r die betr. Lautentwicklungnbsp;im Sprecher: dieser suche den o=Character eines vit. q �berstarknbsp;zu betonen und spreche so u, wahrend die Tonstelle in einemnbsp;zweiten Bestandteil festgehalten werde, dessen Qualitat nunnbsp;nicht mehr so wichtig sei, da sie durch den ersten ja geonbsp;n�gend angedeutet sei: daher y�, y�, ya im Altspan. Dienbsp;Differenzierung des einen q in einen Diphthong wird hier ver^nbsp;standlich aus einem Spiel der psychologischen Krafte: dernbsp;Wunsch, ein q zu sprechen, bringt eine individuelle Ueber^nbsp;leistung hervor; es ist also nicht eigentlich so dass der Diphthongnbsp;nur eine pers�nliche Ausdruckleistung ware � er ist dies, abernbsp;doch im Dienste der Mitteilung. Um verstandliches ? zu sprechen,nbsp;bringt der Sprecher gerade nicht sonderen gespaltene Lautenbsp;hervor1

So paradox diese ihren Zweck verfehlende Ueberbetulichkeit des Sprechers erscheinen mag, so plausibel ist sie mir ausnbsp;psychologischen Gr�nden. Nicht nur bei Kindern ist der Krafts*

aufwand der zu vollf�hrenden Leistung nicht proportional, ihre �Barendienste� sind bekannt: auch erwachsene Sprecher pflegennbsp;sich, und nicht nur auf lautlichem Gebiet, in der Dynamiknbsp;ihrer Mittel zu vergreifen und ihr Ziel so zu verfehlen: ichnbsp;erinnere an das Ergebnis meines Buches �Die Umschreibungennbsp;des Begriffs .Hunger� im Italienischen�: die in Oesterreich#nbsp;Ungarn gefangenen Italiener, die die Mitteilung �ich habenbsp;Hunger� mit Umgehung der �sterreichischen Zensur zu ihrennbsp;Angeh�rigen nach Italien gelangen lassen wollten, taten diesnbsp;nicht �mit Mass und Ziel�, sondern durch eine auffallige Ueber#nbsp;deutlichkeit, durch Haufung der Umschreibungen, durch Ueber:�nbsp;treibung beim Umschreiben selbst, durch Hinweise auf dasnbsp;Geheimnisvolle der Umschreibung machten sie aus der ge#nbsp;wollten Geheimmitteilung eine f�r die Zensur offensichtliche,nbsp;klare Darstellung der Tatsache �ich habe Hunger�. Aus Geheim^#nbsp;nisstreben erreichte klare Mitteilung, das ist zumindest ebensonbsp;paradox wie aus Deutlichkeitss� und Prazisionsstreben erreichtenbsp;unprazise, unkorrekte Aussprache eines Vokals.

Ich habe hier eine semantische Entwicklung in Parallele gesetzt mit einer phonetischen. Und dies mit Absicht. Denn dernbsp;Mechanismus oder Rhythmus der semantischen Entwicklungnbsp;ist, wie ich glaube, derselbe wie der der lautlichen: wienbsp;wir in der Semantik immer wieder die beiden Stadi�n finden:nbsp;affektvolle Neuerung � rationale Einebnung, so auch offenbarnbsp;in der Lautentwicklung. Wie der Italienische Kriegsgefangenenbsp;zuerst ho molta spazzola (�B�rste�, von Ausdr�cken ausnbsp;wie: �du kannst dich getrost abb�rsten [es gibt doch nichts]�)nbsp;sagte, um den inneren Affekt, der aus der Unterdr�ckung einesnbsp;Lebensinstinkts entstanden war, loszuwerden, dann aber langsamnbsp;jene Redensart eine ganz gelaufige Lagersprachverwendung wurde;nbsp;wie man f o u t r e (oder f i c h e r) f�r �setzen, legen, stellen�nbsp;urspr�nglich im Frz. gesagt hat, we� das obsc�ne Wort demnbsp;Ausdrucksbed�rfnis viel eher gen�gte als mettre, ballier, bouter,nbsp;(die selber urspr. affektvolle Ausdruckswesen waren) � sonbsp;wird es doch auch im Lautlichen nicht anders sein: eine erreichtenbsp;Lautstufe ist dem Sprecher zu banal, zu ausdruckslos; ein blofinbsp;gesprochenes q gen�gt nicht, es muss �bersteigert werden, d. h.nbsp;verandert. Aber immer will der Sprecher dasselbe mitteilen, auchnbsp;wenn er in seinem Ausdrucksbed�rfnis zu weit geht: er willnbsp;�setzen, legen, stellen� mitteilen, ob er nun mettre, bailler

usw. Oder foutre fiche (r) sagt; er will o mitteilen, ob er dies oder M�, y�, ud sagt. Mit �bermafiiger Kraftenfaltung spricht ernbsp;Laute aus, die er nur einfach �tels quels� mitteilen m�chtenbsp;� und verandert sie dabei. Er will bewahren und verandert.nbsp;Er muss verandern, weil das Traditionelle ihm nicht genugnbsp;ausdrucksvoll scheint. Die Sprache zeigt einen sehr pro;*nbsp;blematischen Menschen, der, mit dem Erreichten nie zufrieden,nbsp;stets neuen, zerst�rerischen Reizungen zustrebt, sich selbst stetsnbsp;�berwinden, dabei sich selbst treu bleiben m�chte! So kannnbsp;es zu keiner Ruhe im Sprachleben kommen, � zwischen Neu^nbsp;sch�pfung und Abn�tzung, Affektentladung und Affektent#nbsp;leerung pendelt es hin und her. Daher jene aus der Morphologicnbsp;so wohlbekannten, im Grunde semantisch bedingten Spirallaufe:nbsp;Fut i=*bogt;ire habeogt;je vais aller, denenentsprechendenbsp;phonetische an die Seite gestellt werden k�nnen: die neufrans=nbsp;z�sisch^dialektalen Palatalisierung (^quigt;k�i) als Wiederholungnbsp;der fr�hromanischen (ki gt;k�i) usw.; nfr. agt;e in m�d�menbsp;(madame) als Wiederholung von vit. a gt; afr. e, usw. Auch hiernbsp;ist anzunehmen, dass die affektierte Aussprache m�d�menbsp;urspr�nglich nicht anderes bezweckte als ein (offenes) a gutnbsp;auszudr�cken, aber �bers Ziel schoss (man vergleiche beinbsp;Damourette=gt;Pichon, �Essai de grammaire frangaise�). Das Bildnbsp;das ich eben gebrauchte, ist richtig, wenn wir es ahnlich dennbsp;fr�her verwendeten umformen: wir sehen einen Sch�tzen, dernbsp;mit zu viel Kraft nach einem Ziele schiefit und es eben dadurchnbsp;verfehlt.

Dies �Gesetz der Verschwendung von Energien� zeigt sich ebenso produktiv inbezug auf die Lautentwicklung wie dasnbsp;�Gesetz der Energieersparnis , das man f�r gewisse Lautwand*nbsp;lungen heranziehen kann (etwa die Gestaltung des span.nbsp;Wortanlauts) und das ja auch in Duraffour�s �pr�cision id�osnbsp;dynamique� waltet. Aehnlich bringt ja die Energieersparnis auchnbsp;auf semantischen Gebiet Aenderungen hervor: tire [sc. l�arc]!nbsp;Wobei allerdings noch zu fragen bliebe, ob die �Einsparungen�nbsp;nicht eher affektvoller Konzentration auf Wesentliches zu dankennbsp;sind (pi 3 j.pied , s. v.; tire mit Betonung des Verbs), sodaB dienbsp;Energieersparnis nur ein Sonderfall der Energieverschwendungnbsp;w�rde (auch der Sparwille ist ja ein Affekt, oft eineLeidenschaft,nbsp;mit all dem Verschwenderischen einer solchen: ich erinnere aunbsp;die �teueren Ersparnisse� mancher zeitgen�ssischen Regierung,

oder an jenen Vorkriegswiener, der um das tradionelle �Sperr? sechserl�, die Geb�hr von 10 Kreuzern, die bei Heimkehr nachnbsp;10 Uhr Abends dem Hausmeister gezahlt werden musste, zunbsp;vermeiden, sich einen W^agen nahm, der einen Gulden kostete!)

Jedenfalls ist der Affekt, das Bed�rfnis nach Ausdruckss* steigerung, eine Art perpetuum mobile, das die Lautentwicklungnbsp;notwendig macht. Nat�rlich erhebt sich, wie in der Bedeutungs:*nbsp;lehre, die Frage: warum hier und jetzt grade in dieser Richtung?nbsp;Warum nicht *madam (wie celagt;cela pik. Ho), warum imnbsp;Gegenteil m�d�m? Warum frz. foutre une gifle, nichtnbsp;ebenso it. *fottere uno schiaffo? Hier m�ssen nat�rlichnbsp;die inner*= und aussersprachlichen Verhaltnisse in Betracht ge^nbsp;zogen werden. Man muss das ganze Geleisesystem eines Bahn#nbsp;hofs, aber auch die in ihm und ausser ihm wirksamennbsp;Willensrichtungen des Personals kennen, um die Bewegungnbsp;eines Bahnzugs gerade auf diesem und nicht einem anderennbsp;Geleise erklaren zu k�nnen. Men�ndez Pidal ist, wie ich glaube,nbsp;das Warum des Vordringens grade der kastilischen Lautungnbsp;herauszustellen gegl�ckt. Letztlich kommen wir dazu, uns zunbsp;fragen, warum jene Ueberbetulichkeit beim Hervorbringen einesnbsp;Q, die zur Diphthongierung f�hrte, grade beim Kastilier desnbsp;9.�11. Jhs. zu beobachten war: die allgemein^menschliche psys*nbsp;chologische Grundbedingung f�r den Lautwandel ist bei einernbsp;bestimmten Sprachs und Volksgemeinschaft realisiert worden.nbsp;Letztlich kommen wir also auf die Volksindividualitat � wie beinbsp;aller echt philologischen Bem�hung. Aber vielleicht heben dienbsp;vorstehenden Zeilen starker als sonst �blich das Vorwavtsstreionbsp;bende, Neusch�pferische des Affekts^') hervor, dem ich nicht

1) Der von Schneegans verwendete Ausdruck �Affektdiphthongierung� (siz. mediku bbuonu, aber b o n u m m i e d i k u) ist m. E. richtignbsp;gewahlt worden, wenn auch Meyer^L�bke (in seinem Aufsatz im Rhein.nbsp;Mus.) an seiner Stelle die Satzrhythmik hervorhebt: denn schlieBlich istnbsp;doch das am Schluss stehende Glied das �affektbetonte�. Nat�rlich mussnbsp;man sich des Grundsatzes �Jedes Wort hat seine eigene Geschichte� auchnbsp;bei dem Zustandekommen (nicht blo6 bei der Durchf�hrung und Veri�nbsp;allgemeinerung) eines sog. Lautgesetzes erinnern: zuerst werden einzelnenbsp;affektbetonten W�rter den Wandel zeigen, also z. B. dem m�d�m f�rnbsp;�madame� muss nicht gleich ein r�m �rame� zur Seite stehen, weil janbsp;�madame� ein Ausdruck der gesellschaflichen H�flichkeit ist und in diesernbsp;Sphare auf eine verfeinerte Aussprache eher gegeben wird als etwa beinbsp;einem Ausdruck der Schilfer. Ein deutsches so hat in dem unwilligennbsp;Ausruf wieso (gespr. etwa w i z � u) deutlich diphthongische Aussprache, wo=�nbsp;gegen roh sie viel seltener bekommt. Wenn mehrere W�rter mit �affekt*

mit Gamillscheg 1) blofi die Funktion der Auswahl unter Bestem hendem lassen m�chte.

diphthongiertem. Laut in einem Sprachsystem zusammentreffen, so kann dann leicht jene �Kategorienbildung� eintreten, die eine Sprachgemeinschaftnbsp;dazu treibt einen Laut durcbgebend dutch einen anderen zu ersetzen, wienbsp;Puscariu einleuchtend dargelegt hat. Die Affektw�rter treiben die Vorpostennbsp;der Lautentwicklung nach vorn � die �brigen W�rter folgen nach, bis dienbsp;grenadierahnlich� vorr�ckende Reihe, das Lautgesetz, hergestellt ist. Undnbsp;dann geht es von neuem los: Affektvorr�ckung � Frontnivellierung undnbsp;stets daccapo! � Vossler, dem Lautwandel �lautliche Verk�rperung dernbsp;Seele� ist (�Sprache als Sch�pfung und Entwicklung�), lehnt ausdr�cklichnbsp;eine psychologische Erklarung wie die von mir vorgetragene im vorhineinnbsp;ab (ebda. S. 132: �Die psychologische Erklarung, dafi der Diphthong ausnbsp;gesteigertem Affekt hervorgehe, ist unhaltbar und bewegt sich an dernbsp;Oberflache Die Affekte der Menschheit sind psychologisch dieselben ge^nbsp;b�eben, aber sie haben sich andere Ausdrucksfornien gesucht. Ihre Wandanbsp;lung ist eine asthetische�) - gewifi smd die Mfekte der Menschheit stetsnbsp;dieselben. aber eben deshalb wandelt sich die Sprache auch m ihremnbsp;lautlichen Bestande fortwahrend. Die spezielle Richtung der allgememanbsp;menschlich bedingten Wandlung der Sprache ist gewiS mit Vossler m der

NeupHL* Monatesch^^^^ 1, 14 ff. Merkw�rdig, dafi er, der das Streben nJh Schallf�lle und die Gegensatzlichkeit gegen�ber der AUtagssprache alsnbsp;kennzeichnend f�r den Affekt betrachtet, dann doch ausdr�cklich erklart,nbsp;dafi der Diphthung nicht der letzte Anlafi zur Diphthongierung ist. Schonnbsp;vlat mufi a�a und aoa zweigipflig gesprochen worden sein. Unter demnbsp;Druck des Affekts kann nun die Zweigipfligkeit ... verstarkt hervorgehobennbsp;worden sein� � aber woher diese Zweigipfligkeit selbst wenn nicht ausnbsp;affektischer Dehnung und �berdeutlichkeit? � Das spanische ch= imnbsp;Anlaut ist ein h�bsches Beispiel f�r die �bertragung eines Lautes aus einernbsp;urspr�nglichen Stellung (im Inlaut) aus Gr�nden der Ausdrucksf�lle (laut.*nbsp;malerische Absicht vermehrt die mit dem Fremdlaut entlehnten W�rter odernbsp;hilit sie einb�rgern): chic o, chaparr�n, chasco, chillar, usw.

Les formes avec au (prononc� o) du futur et, par cons�quent, aussi du conditionnel d�avoiv n�ont pas encore trouv� d�expli=gt;nbsp;cation satisfaisante.

Quelquesjsuns des savants qui en parlent, se contentent de constater cette lacune dans nos connaissances. C�est Ie cas denbsp;Foerster, Erec p. 301, de Brunot, Hist, de la langue fr. I, p. 445,nbsp;de Nyrop, Gram. hist, de la langue fr. IP � 208, de Schwanrnbsp;Behrens, Gram. des Altfranz. � 406.

Suchier, Grundriss I, p. 836, attribue les formes en question a l�influence provengale. II all�gue en faveur de cette hypoth�senbsp;les formes aurtez et amvont, trouv�es, la premi�re, dans unenbsp;lettre d�Orange de 1349, publi�e par U. Chevalier dans son Choixnbsp;de doe. p. 128, la seconde dans les Coutumes de Louhansnbsp;(Xlir s.), et il fait observer que, tandis que B�ze (1584)nbsp;recommande ara/, avtai comme les bonnes prononciations, Ienbsp;Lyonnais Meigret (1550) pr�f�re aorey.

Bourciez, Pr�cis� � 168, Rem. III et Anglade, Gram. �l�m. de l�anc. fr., p. 140, partagent l�opinion de Suchier.

D�autres ont tent� une explication phon�tique. C�est ainsi que Darmesteter, Cours de gram. hist, de la langue fr. II, p. 167, ditnbsp;qu�a partir du XVP si�cle, la forme ancienne du futur avtainbsp;devient aura/ par suite de la vocalisation de v en u. Br�han,nbsp;Futurbildung im Altfr., p. 42, adh�re a eet avis. Cl�dat, Gram.nbsp;raisonn�e � 394, �tablit en r�gie que, lorsque �la terminaison =oirnbsp;est pr�c�d�e de la syllabe av, cette syllabe devient au au futur:nbsp;sautai, auraf�.

Dans son Manuel de phon. et de morph, p. 208, eet auteur s�exprime ainsi: �II est probable que les deux formes (avra etnbsp;aura) ont coexist� anciennement; pour la consonne labiale plac�enbsp;apr�s a semitonique et devant r, la langue a pu h�sister entre wnbsp;et V (cf. autone et avr/7), d�o� d�une part aivra gt; �ra, �crit aura,nbsp;d�autre part avra qui a succomb�; ara, plus rare, parait dialectal.nbsp;Avra pourrait �tre une forme refaite d�apr�s devra.�

Quelques auteurs attribuent nos formes a diff�rentes influences d�ordre analogique. Fritz Holle, Avoir und savoir in den altfr.nbsp;Mundarten, Diss. Marb. 1900, suppose, p. 82, que avr= serait

devenu awr= sous l�influence du parfait apr�s quoi awv= se serait r�guli�rement d�velopp� en aur=, or=.

Korting, Formenbau des franz. Verbums, p. 265, laisse la question ouverte, mais propose �ganz vermuthungsweise� unenbsp;influence analogique de sera/, a laquelle se serait ajout� Ienbsp;soin d��viter rhomonymie navrons, navtez: navrons, navtez.nbsp;Ou bien, il pourrait y avoir une influence des futurs en =rai, sinbsp;nombreux, sur les futurs relativement rares en =vra/. Ainsi seraitnbsp;n�e la forme ara/ dont Va serait devenu o sous I�influence desnbsp;formes oi, ot, orent du parfait, ou, ce qui parait plus probable anbsp;l�auteur, sous celle de voldrai, toldvai. Inutile d�entrer plus ennbsp;d�tail sur ces tentatives.

F. Hild, Prasens (Indikativ) und Futur von avoir nach 22 Blattem des Atlas Linguistique de la France, Diss. Bonn, 1905,nbsp;propose, p. 115, une nouvelle solution a notre probl�me. Selonnbsp;lui, on serait en pr�sence d�un de ces cas o� la prcXnonciationnbsp;s�est r�gl�e sur la graphie. Dans beaucoup de cas Ie voyelle onbsp;�tait rendu par au. Voila pourquoi on pronon^a au comme onbsp;aussi dans des cas comme Ie n�tre, o�, en r�alit�, la vraie pro^nbsp;nonciation �tait av=; c�est la aussi l�avis de L. Jordan, Altfr.nbsp;Elementarbuch, p. 288.

Terminons oette revue par rendre compte des paragraphes que M. MeyerrsL�bke consacre a nos formes. Dans la Gram. rom.nbsp;Spr. 11, � 314, il regarde ara/' comme une �Kurzform� sur \a^nbsp;quelle on a form� un sarai a c�t� de savvai. Atai s�est maintenunbsp;dans la plupart des dialectes, tandis qu au XVP si�cle la languenbsp;litt�raire introduit peu a peu la forme m�ridionale aura/, d�fenduenbsp;par Ie Lyonnais Meigret, mais r�prouv�e par la plupart desnbsp;grammairiens francais du XVP s. � Dans son Hist. Gram. d.nbsp;fr. Spr. I � 342, M. Meyer^L�bke, apr�s avoir de nouveaunbsp;constat� I�influence de nos formes sur les formes correspondantesnbsp;de savoiv, affirme que I�ancienne langue ne connaissait pas lanbsp;forme aura/�, mais seulement avrai et ara/�. II en voit la preuvenbsp;dans la graphie fr�quente averai, dans les rimes riches tellesnbsp;qu�avra/.' navrai et dans l�existence m�me de la forme ara/�, quinbsp;ne peut �tre qu�une r�duction d�avrai. Au XVIP si�cle la languenbsp;litt�raire ne parait connaitre que aura/�, tandis que les dialectesnbsp;gardent encore aujourd�hui ara/� dans ses diff�rentes nuances.nbsp;II s�agit done d�une irr�gularit� de la langue de la Cour et denbsp;la litt�rature du XVIP si�cle. L�auteur ne voit pas de raison

pour que la langue eut subi a l��gard de ces seules formes I�influence de la langue du midi. II n�admet pas non plusnbsp;rhypothese d�une influence de la graphic, d�autant plus inaccep**nbsp;table qu�il s�agit d�un mot appartenant a la tradition orale.

Je crois inutile de faire la critique de toutes les explications dont je viens de rendre compte. Sur celles de Suchier et de Hild,nbsp;je partage enti�rement I�avis sceptique de Meyer^L�bke. Mais anbsp;I�encrontre de ce maitre, je ne crois pas que avrai et arai furentnbsp;les seules formes usit�es dans I�ancienne langue.

A mon avis, il faut d�abord retenir le fait qu�avoir est un auxiliaire et qu�en cette qualit� ce verbe est sujet a des r�ductionsnbsp;qui ne correspondent pas toujours aux lois qui gouvernent lenbsp;d�veloppement des mots ordinaires. C�est a ce caract�re du motnbsp;qu�il faut attribuer la naissance de la forme arai, si fr�quentenbsp;en ancien franfais et restant seule a titre d�indig�ne dans lesnbsp;dialectes modemes.

Aussi M. Meyer^L�bke voitsil dans cette forme une �Kurz� form� et M. Hild appuiesgt;t�l sur le fait qu�avoir �als H�lfszeits*nbsp;wort � Abnutzung in Folge des haufigen Gebrauchs � eineganznbsp;exceptionelle Stellimg einnimmt.� II se peut que ce soit seulementnbsp;a cette condition qu�il faut attribuer le passage avrai gt;arai. Maisnbsp;il me parait possible que d�ja a l��poque ancienne dont il s�agit,nbsp;le futur ait commenc� a se former sur le pr�sent en se d�tachantnbsp;de sa vraie origine. Sur =as, =a(t) du pr�sent on a pu formernbsp;aras, ara(t), d�apr�s loues=loueras, loue(t)=louera(t), finis=finirasnbsp;etc. Enfin � et c�est peut^�tre le plus probable, � cette analogienbsp;a pu contribuer a r�aliser la r�duction, attribuable en premiernbsp;lieu a l�usage fr�quent de I�auxiliaire.

A c�t� de la forme r�duite vivait toujours la forme pleine. L�infinitif et les autres temps avec v exer^aient leur influencenbsp;tendant a conserver au futur la consonne labiale. La forme avrainbsp;OU plut�t awrai, car le vlt;amp; �tait bilabial, a du prendre uitnbsp;double d�veloppement. Au futur ce iv a pass� comme d�habitudenbsp;de bilabiale en dentilabiale et ainsi s�est produite la formenbsp;normale de Tanden francais avrai. Mais au conditionnel certainesnbsp;circonstances s�opposent au passage du w en v. C�est que dansnbsp;la premi�re et la seconde personne du pluriel le groupe wr senbsp;trouvera devant la terminaison =ions et =iez o� Ti prend, dans lenbsp;langage courant, la valeur d�une consonne. Ainsi na�t le groupenbsp;wrj, dans lequel w passe en u. Le passage constitue un all�gement

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indispensable du groupe wrj dont I�articulation offre des diffilt;= cult�s d�autant plus sensibles qu�il s�agit d�un verbe qui par sanbsp;nature m�me exige une prononciation facile. Rappelons a cenbsp;propos que dans la versification fran^aise par exemple deviousnbsp;est de deux, mais devvions de trois syllabes. Dans les troisnbsp;personnes du singulier et la troisi�me du pluriel nous rencontronsnbsp;des circonstances analogues. La groupe wv y est suivi des ter^nbsp;minaisons =oie, =oies, =oit. Le premier �l�ment de la diphthonguenbsp;oi passe a l��tat de miconsonne et la difficult� de prononciationnbsp;sera la m�me que dans les deux personnes du pluriel. Le moyennbsp;d�y rem�dier sera aussi le m�me: la vocalisation de w (v).

II y eut done au futur et au conditionnel des th�mes diff�rents av= et ao=, les deux repr�sent�s par au dans la graphie. Evidem#nbsp;ment le th�me du conditionnel a �tendu son emploi au futur etnbsp;vice versa. Notons pourtant que, lorsque le th�me du futurnbsp;passe au conditionnel, on pouvait pour all�ger la prononciationnbsp;avoir recours a I�insertion d�un e apr�s le v: avevoie, auerions.nbsp;Encore, par cons�quent, une source des formes de ce dernier type.

Si, par cons�quent le passage awr (avr) gt; aur, parait, dans le cas qui nous occupe, admissible et m�me favoris� par certainesnbsp;circonstances' d�ordre phon�tique, il nous reste a voir si ce pas^nbsp;passage, th�oriquement possible, ne se trouve pas en d�saccordnbsp;avec les t�moignages fournis par I�histoire de la langue.

Si nous regardons d�abord le traitement du groupe inter# vocalique labiale r en francais, nous trouvons qu�il aboutit anbsp;vr, sans � en g�n�ral � changement ult�rieur. Bien que ce soitnbsp;en position pr�tonique que le sort de ce groupe nous int�ressenbsp;directement ici, il n�est pas sans int�r�t de regarder un mot ounbsp;il �tait pr�c�d� de la voyelle tonique, le mot fabvica qui devientnbsp;forge. Il nous montre un v lt;b, qui, par suite de sa positionnbsp;devant r consonne, s�est vocalis� en u, apr�s quoi la diphthonguenbsp;au est devenu o. Le mot prouve que w (ou peut#�tre v) pouvait,nbsp;lorsque l�all�gement d�un groupe de consonnes auquel appartenaitnbsp;cette labiale devenait n�cessaire, passer en u. Rappelons aussinbsp;la forme esculurget lt; escolobvicat, cit�e par Schwan#Behrens,nbsp;� 109, Anm.

Il parait a proiri probabe qiue ce passage se produira d�autant plus facilement, lorsqu�il s�agit d�une syllabe pr�tonique et toutnbsp;particuli�rement d�une syllabe pr�tonique d�un mot qui, �tantnbsp;auxiliaire, , figure le plus souvent en position atone dans la phrase.

Pourtant on ne trouve gu�re de preuves de cette tendance. Amone lt; abrotonum est selon toute probalit� un mot emprunt�nbsp;au proven^al. Souvcil lt; supevcelium ainsi que la pr�positionnbsp;super lt; some lt; sem lt; sur sont sans doute des exemples de voca^nbsp;lisation de v devant r en position atone, mais dans ces mots Ienbsp;passage en question a pu �tre favoris� par la voyelle labialenbsp;pr�c�dente.

Comme v repr�sente dans les manuscrits du moyen^'age aussi bien la voyelle u que la consonne v, les textes ne permettent pasnbsp;de conclusion sur la naissance de la forme moderne du futurnbsp;et du conditionnel. Les nombreuses graphies avec e entre unbsp;et r dans des cas o� eet e n�avait pas de valeur phon�tique,nbsp;mais servait exclusivement a indiquer la valeur consonantique denbsp;l�u me paraissent pourtant t�moigner de l�existence d�ime pronon#nbsp;ciation au (ao). Si une pronunciation pareille n�avait pas exist�nbsp;et n�avait pas �t� assez fr�quente pour attirer l�attention etnbsp;provoquer la prudence des copistes, ils n�auraient gu�re fait unnbsp;emploi si �tendu de eet e. II est vrai qu�un e de ce genrenbsp;apparait dans d�autres verbes aussi bien apr�s v qu�apr�s certainesnbsp;autres consonnes, mais dans Ie cas qui nous occupe, la fr�quencenbsp;en est frappante et voila pourquoi on peut y voir Ie t�moignagenbsp;d�une prononciation avec u vocalique concurrente de l�autre.

Cette prononciation �tait � nous l�avons d�ja dit � au ou ao, la m�me que pour l�au lt; a Z vocalis�. Les grammairiens Ienbsp;constatent encore au XVF s. Voir Turot, 1, P- 425�430,nbsp;SchwanisBehrens � 233.

Br�han donne, p. 43, une s�rie d�exemples tir�s de diff�rents textes du moyen^age, o� Ie th�me des formes en question senbsp;pr�sente sous forme d�o (orai, orons). Tous ces exemples sontnbsp;faux, comme Ie montre M. Meyer^L�bke, Ltbl. 1892, p. 69.nbsp;Ceux donn�s par Holle, p. 81, ne tiennent pas non plus deboutnbsp;devant la critique: orai, Aiot 345, vient sans doute de oir. IInbsp;en est de m�me de orai, Po�me moral 176d et de oreis, Raoulnbsp;de Cambrai 2448. Les autres exemples sont tous pour Ie moinsnbsp;douteux.

II est probable que Ie passage au lt; o a commenc� de bonne heure. Si l�on n�en trouve pas de traces dans la graphie celanbsp;n�est pas plus �tonnant que la raret� de ces traces lorsqu�il s�agitnbsp;de au lt; a Z vocalis�.

renseignent gu�re sur l�origine de la voyelle o du futur et du conditionnel d�av�oir. Ils se boment a constater l�existence desnbsp;prononciations orai, aorai, avrai, averai, avai et a se prononcernbsp;en faveur de telle ou telle de ces nuances. Voir Thurot I, p. 432,nbsp;Brunot II, p. 362, Manz, Das verbum nach den franz�sischennbsp;Grammatiken von 1500�1750, p. 24.

Terminons ces remarques par constater que les formes du futur et du conditionnel de notre verbe, o� Ie rapport �tymo#nbsp;logique avec l�infinitif a �t� maintenu, sont devenues celles de lanbsp;langue litt�raire, conservatrice par d�finition, et des classes cuhnbsp;tiv�s, tandis que les patois, qui se d�veloppent librement a l��tatnbsp;naturel, ont presque tous adopt� la forme abr�g�e, caract�ristiquenbsp;de la langue parl�e du moyen^age.

Les relations litt�raires, diplomatiques, spirituelles, sociales, qui ont exist� au XVIIe si�cle entre Port Royal et I�Angleterre,nbsp;entre les Augustiniens ou Jans�nistes de France et les chr�tiensnbsp;de la Grande Bretagne, soit catholiques, soit protestants, sontnbsp;extr�mement int�ressantes et extr�mement obscures. On peutnbsp;dire (je l�ai d�ja dit ailleurs, cf. The French Quarterly Review,nbsp;t. Ill No. 3) que les Jans�nistes ont toujours eu un attraitnbsp;particulier pour les Anglais et les Anglicans. Ils sont catholiques,nbsp;sans �tre trop romains. Ils sont un peu protestants, sans �trenbsp;le moins du monde calvinistes. Ils sont tr�s puritains, et lenbsp;puritanisme est profond�ment enracin� dans les moeurs ang=lt;nbsp;laises. Ils sont de plus de grands chr�tiens; ils ont �t� cruellementnbsp;pers�cut�s pour leurs opinions; ils ont subi la pers�cution,nbsp;je ne dis pas avec patience, mais avec fortitude. Ils ont �t�nbsp;de grands lutteurs, et ma race est a la fois combative etnbsp;tol�rante. Enfin ils correspondent merveilleusement aux pr�^nbsp;ventions et aux convictions de mes compatriotes.

Au XVIIe si�cle les �v�nements qui s�accomplissaient de Tautre c�t� de la Manche ont trouv� un �cho retentissant ennbsp;Angleterre. La pers�cution que Port^^Royal a subi de la hierarchicnbsp;et du roi, r�sultant dans la destruction totale du monast�re etnbsp;dans la profanation m�me du cimeti�re de la vall�e denbsp;Chevreuse, a fortement �mu les esprits d�ici. La compagne denbsp;Pascal contre la Soci�t� de J�sus fut suivie avec int�r�t etnbsp;attention. Le Provinciales furent de bonne heure traduites etnbsp;d�une main de maitre, (serait^ce John Evelyn?) en 1657 sous lenbsp;titre provoquant du Mystery of Jesuitisme. Port Royal, denbsp;sa part, sympathisait avec les infortunes des catholiques anglais,nbsp;tracass�s par une legislation intransigeante, et offrait a bonnbsp;nombre d�exil�s, volontaires ou fugitifs, un asile momentan�nbsp;OU permanent.

Tout le monde connait les figures souvent �nigmatiques trac�es par Saintes^Beuve dans ses pages immortelles � le p�re Archangenbsp;qui �tait un Herbert de la familie princi�re de Pembroke;nbsp;M. Francois Jenkins, gentilhomme et jardinier; l�abb� Ludovicnbsp;Stuart d�Aubigny, mort au moment d��tre cardinal; Milordnbsp;Muskry, noble irlandais � sans parler des personnages d�une

c�l�brit� incontest�e, Elisabeth Hamilton, comtesse de Grammont; Ie due de Monmouth, �l�ve de pr�cepteurs jans�nistes sinonnbsp;des petites Ecoles.

Tout Ie monde les connait un peu et voudrait les connaitr� mieux. On va avoir l�occasion de les mieux connaitre lorsquenbsp;paraitra Ie livre que Miss Ruth Clark de Wellesley Collegenbsp;est en train de publier a Cambridge sous Ie titre de Strangersnbsp;and Sojourners at Port Royal. On y trouvera, si je ne menbsp;trompe pas, bien des choses curieuses et de l�informationnbsp;nouvelle ^).

En attendant il me semble utile de signaler l�existence d�un document absolument in�dit jusqu�ici et qui t�moigne d�unenbsp;mani�re frappante Ie rapprochement �troit qui s��tait fait entrenbsp;les catholiques insulaires et les Jans�nistes de France.

C�est une traduction en anglais du c�l�bre livre d�Antoine Amauld, De la fr�quente Communion. On sait l�immense voguenbsp;dont a joui eet ouvrage � quatre editions dans Ie courantnbsp;de l�ann�e 1643; une traduction latine en 1647 pour satisfairenbsp;les voeux des amis de l�auteur, �qui d�siraient de voir Ie livrenbsp;r�pandu dans les pays o� la langue franfaise n�est pas com^nbsp;mun�ment entendue�.

On sait du reste par une lettre de la m�re Ang�lique a la reine de Pologne qu�un certain Richard Bellings, ci#devantnbsp;secr�taire de la conf�d�ration des irlandais catholiques, a faitnbsp;une traduction en anglais de la Fr�quente latine, qui toucha Ienbsp;Lord Muskry, r�fugi� a Port Royal, au point de faire �unnbsp;renouvellement� entre les mains de M. Scelio.

Or, cette traduction de Bellings, faite sur Ie latin, qui n�a jamais �t� publi� que je sache, n�est pas assur�ment celle dontnbsp;j�ai a par Ier, faite sur Ie francais, comme on va voir tout anbsp;l�heure. Et je conclus que vers 1650�1655 il courait deuxnbsp;traductions en anglais du livre d�Amauld. Cela montre encorenbsp;une fois la fascination exerc�e par la Fr�quente, fascinationnbsp;difficile a expliquer. On se demande, comment a#t#elle punbsp;�mouvoir les esprits a ce point? C�est sans doute qu�elle ioxir^nbsp;nissait une arme contre la casuistique, ou plut�t contre les

casuistes de la direction � qu�enfin elle �tait une premi�re Provinciale.

J�ai devant moi a ce moment un exemplaire unique de la seconde de ces traductions, et je commencerai par Ie d�crire,nbsp;sans omettre la derni�re phase de son odyss�e, qui est amusante.

Au mois de mai de cette ann�e, 1932, il mest tomb� entre les mains un gros volume in^folio en assez piteux �tat �nbsp;veau tr�s fatigu� � contenant un texte complet en anglaisnbsp;de la Fr�quente, d�une tr�s belle �criture du XVIIe si�cle.nbsp;Le dos, fort d�labr�, porte un titre presque affac�

J. I.....AN.

Le J. se laisse lire assez distinctement, ainsi que le premier trait du nom et les lettres A N qui le terminent; mais lenbsp;reste a disparu. Je laisse pour le moment la question de lanbsp;lacune et je continue la description et 1�histoire du volume.

II formait partie d�un lot (No. 596) vendu a I�encan par MM. Sotheby a M. G. David, libraire de Cambridge, dontnbsp;l��talage, dress� en plein march�, est une des particularit�snbsp;de notre ville et rappelle les bo�tes agr�ablement expos�es lenbsp;long des quais de Paris. Les jeunes bibliophiles de l�Universit�nbsp;viennent souvent chasser sur cette terre giboyeuse, et c�est a unnbsp;d�eux, M. Anthony Blunt de Trinity College, que je doisnbsp;la possession d�un objet pas indigne, je crois, d�une petit noticenbsp;dans le Festschrift du savant qu�on honore aujourd�hui.

Ouvronss=le, soigneusement, car la couverture ne tient plus. Le papier en est du format 31 sur 20 cm: 6 pages de gardenbsp;de papier inf�rieur sans filigrane 6 de blanc (bon papiernbsp;de texte a deux filigranes, l�une de deux L mis dos a dos,nbsp;surmont�s d�une couronne et d�une fleur de lys, l�autre d�unnbsp;�cu d�armoiries, pas facile a d�chiffrer) 447 pp de texte -[-3 blancs a filigrane 5 du papier inf�rieur. Somme totale,nbsp;un livre de 447 pages, soit 57 cahiers de bon papier.

CoU� au verso de la couverture se trouve un exdibris, du format d�une carte de visite qui porte le nom �Herbert�

imprim� en caract�res du XlXe si�cle. Jusqu�ici je n�ai pas r�ussi a fixer la provenance de cette �tiquette. Mais voicinbsp;ce qui est bien autrement curieux.

A la quatri�me page des blanches se trouve l�inscription suivante, �crite d�une main qui n�est pas celle du MS, maisnbsp;qui peut �tre celle des notes marginales.

�The lines stroaked under � both in this and the Tradition of the church are to be writen (hsez printed) in anbsp;different Letter from the booke.

And the words marked with points as thus ... whether they be with or without stroakes are to be printddnbsp;in great letters because there have been some stroakesnbsp;carried on by me by mistake.

The notes in the margent must be printed according (to) the letter in the french booke�.

Plus bas, dans une autre encre et d�une autre plume: �Aemulamini charismata melioranbsp;Doe yee aemitate better graces�.

(2�) que la traduction est faite sur le francais, comme du reste est clairement indiqu� par le texte lui^m�me, quinbsp;suit le fran9ais plutot que le latin la ou il y a quelquenbsp;diff�rence.

Les renvois marginaux correspondent a l��dition fran^ 9aise; les approbations sont celles de l��dition fran9aise,nbsp;non de la latine.

(3�) que celui qui cite ainsi I�Epitre au Corinthiens s�oppose a l�id�e des graces inf�rieures, suffisantes ou g�n�rales,nbsp;et en cherche une meilleure, c.!gt;a#d. une grace seulenbsp;et efficace.

Essayons maintenant de combler la lacune en ce qui conceme le nom du traducteur.

Y#a!lt;fcgt;il eu au XVIIe si�cle un th�ologien insulaire favorable a la doctrine d�Amauld et de son �cole, dont le pr�nom estnbsp;J et le nom, de 4 a 5 lettres, commence par un trait verticalnbsp;pour finir en A N? Bryan, Doran, Nolan? Ce doit �tre unnbsp;Irlandais ou un Ecossais, car la terminaison est celtique; denbsp;pr�f�renoe un Irlandais, car un brouiUon d��pitre cousu dans lenbsp;volume entre les pages 124, 125 oii un �v�que anonyme ou

un sup�rieur eccl�siastique chapitre assez vertement son disciple sur Ie texte de Tob�issance et de la charit�, a un accentnbsp;hibernique fort prononc�.

En bien ouil il y en a un. II y a John Nolan, dominicain, docteur en th�ologie, professeur au couvent de Santa Marianbsp;Sopra Minerva, emprisonn� par l�Inquisition en 1653 a Rome,nbsp;o� il mourut en 1656, qui a jou� un r�le consid�rable dansnbsp;les conf�rences, pour ne pas dire la lutte, entre Jans�nistes etnbsp;J�suites au sujet de la Bulle �Cum occasione� projet� parnbsp;Innocent X.

On se rappelle la mission des d�l�gu�s fran9ais a Rome en 1652�53 pour emp�cher l��mission de cette bulle, racont�enbsp;avec une belle profusion de d�tails par im d�eux, Ie docteurnbsp;Gorin de Saint#Amour. Dans son Journal s.a. 1653 Saint#nbsp;Amour parle a plusieurs reprises du p�re Nolan ou Nolanonbsp;qui tint t�te a M. Hallier Ie 14 f�vrier 1653 en soutenantnbsp;l�inadmissibilit� d�une grace suffisante Qournal pp. 385�393).nbsp;Plus loin Saint#Amour raconte Temprisonnement du P�re pournbsp;avoir diss�min�, disait#on, les �crits Jans�nistes �sur les troisnbsp;sens�, (op. cit. pp. 566�567).

Je n�ai accun doute que mon MS soit l�ouvrage de Nolan. Ce n�a pu �tre la cause imm�diate de son incarc�ration, carnbsp;la Fr�quente, malgr� les efforts des J�suites, n�a �t� jamaisnbsp;condamn�e a Rome. A quelques expressions pr�s, (notammentnbsp;celle �des deux chefs de l�Eglise qui ne font qu�un�) elle estnbsp;tout a fait catholique. Et la Tradition de l�Eglise sur Ie sujetnbsp;de la P�nitence et de la Communion (1645) que notre auteurnbsp;aurait �galement traduite en anglais (voir son avis a l�imprimeur)nbsp;n�est qu�un recueil de pi�ces justificatives tir�es des p�res pournbsp;�tayer la doctrine de la Fr�quente. Mais ces livres ont sans!nbsp;doute contribu� a l�exposer a l�accusation d�un jans�nismenbsp;plus ou moins d�velopp�. Quelques passages dans la corres#nbsp;pondance diplomatique du temps (que Ie dois a l��rudition denbsp;Miss Ruth Clark, d�ja nomm�e) parlent un peu vaguementnbsp;du jans�nisme de Nolan. P.e. �Here is a Dominican fryarnbsp;that taught in the Minerva divinity committed to the Inquisitionnbsp;for being aa favourite of the Jansenists�. (A letter of intelligencenbsp;23 Novembre 1653 Thurloe papers, t. I. p. 586).

�An Irish Dominican, Father Nolan, has been put into the Inquisition at Rome for writing somewhat in favour of

Jansenius�. (Hyde a son secr�taire Bellings (non le R. Bellings d�ja mentionn�) 12 d�cembre 1653 Catalogue of the Clarendonnbsp;Papers, t. II, p. 282).

Le p�re Rapin dans ses M�moires donne des indications plus pr�cises, sinon plus exactes:

�Si le Pape ne les (les Jans�nistes) avoit pas condamn�s, pourquoy mettre a la prison du Borgo et de la a 1�Inquisitionnbsp;le p�re Nolano, jacobin, professeur de th�ologie a la Minerve,nbsp;paree qu�il avoit distribu� les papiers des jans�nistes a Romenbsp;apr�s leur d�part?�

�On peut ajouter... qu�en donnant l�ordre pour faire arr�ter le p�re Nolano pour avoir donn� cours aux trois sens jans�nistes,nbsp;le Saints=P�re, ayant su qu�on disputoit sur sa bulle et qu�onnbsp;donnoit des sens diff�rens, dit...� etc.

Je conclus done que ce manuscrit est bien l�ouvrage de John Nolan, O. P., �crit ou contr�l� par lui avant l�an 1653.

La traduction est faite avec soin; le bon p�re y a fait de son mieux; et si Timpression neut pas �t� emp�ch�e, la gloirenbsp;d�Amauld en aurait re^u un grand rehaussement.

Voila en v�rit� une bien petite pierre que j�apporte au mo# nument dress� a l�honneur de mon excellent ami, M. Salverdanbsp;de Grave; mais elle n�a pas servi ailleurs, et il n�est pas denbsp;trouvaille litt�raire si insignifiante qu�elle soit qui ne m�ritenbsp;d�etre signal�e au profit du futur histori�n.

Surtout un manuscrit avant rapport au grand Arnauld aura son int�r�t pour la Hollande, pays o� les archives de Portnbsp;Royal sont si fid�lement conserv�es et o� les martyrs du mo#nbsp;nast�re ont trouv� chez les catholiques de la#bas, victimes commenbsp;eux d�une pers�cution ultra^montaine, un accueil empress�.

Mon enqu�te est loin d�etre termin�e. Plusieurs probl�mes restent a r�soudre � la provenance du papier, de l�exdibris etc.nbsp;Surtout l�histoire de John Nolan avant son arriv�e a Rome.nbsp;Je suppose le manuscrit ant�rieur a la prison, car on a faitnbsp;main basse sur tons ses papiers.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;��

Mais le temps pour tout cela me manque et je me contente de donner ce que je sais de science certaine.

Pour qui aime Chateaubriand et veut Ie connaitre profon*^ d�ment, il est indispensable d��tudier les ouvrages assez nombreuxnbsp;qui ont �t� publi�s ces derni�res ann�es sur son oeuvre et sur sanbsp;personnalit�. On risquerait, autrement, de s�en tenir aux con^nbsp;damnations plut�t sommaires qui avaient force de loi il y anbsp;une dizaine d�ann�es, ou du moins de s�en laisser trop fortementnbsp;impressionner. On risquerait par exemple de croire, avecnbsp;M. Lanson {Histoire illustr�e de la litt�rature fvangaise, Hachette,nbsp;1923, t. 11), que l��crivain immense qui ouvre avec �clat unenbsp;�re encore impr�gn�e de lui aujourd�hui avait �un grain denbsp;sottise�; d��noncer, a la suite du m�me savant, que Chateaubriandnbsp;�eut tous les orgueils [...] jusqu�a l�orgueil sottise�; de luinbsp;refuser la connaissance de la femme(!); de trouver sa volont�nbsp;m�diocre et son intelligence �en somme distingu�e�. On a beau,nbsp;soit dit en passant, �tre un savant et un critique de tr�s grandnbsp;m�rite, comme M. Lanson (�crivain que m�me nous estimonsnbsp;a certains �gards m�connu), on n�accuse pas pour cela unnbsp;Chateaubriand de sottise, on n��value pas de cette fagon p�da^nbsp;gogique une intelligence qui a du �tre puissante, puisqu�ellenbsp;a servi a manifester avec tant de relief une imagination excep#nbsp;tionnellement puissante aussi.

Ce ton �tait assez courant, mais il est abandonn�. Beaucoup d�entre les nouveaux historiens, biographes, critiques et lecteursnbsp;de Chateaubriand reviennent a la position d�un Sainte^sBeuve:nbsp;on sait que celui^ci, tout en lui reprochant vanit� et inconstance,nbsp;insinc�rit� et m�prises, l�admirait et Ie respectait (autant qu�ilnbsp;�tait en lui de respecter quelqu�un); que s�il Ie blamait, c��taitnbsp;toujours avec finesse et nuances, et qu�en fin de compte, il l�anbsp;trouv� digne de deux ou trois volumes d��tudes approfondies.nbsp;Certains, M. Hazard par exemple, dans Ie magnifique manuelnbsp;qu�il a publi� avec M. B�dier, admettent encore la justesse desnbsp;doutes �mis par ce demier, il y a une trentaine d�ann�es,nbsp;concemant 1�exactitude des r�cits de Chateaubriand sur sonnbsp;voyage en Am�rique. Mais tous sentent la n�cessit�, vu lanbsp;grandeur et la beaut� ind�niables de cette noble figure, de

l��tudier a nouveau, de tacher de la comprendre plut�t que de rinculper. Quelques^uns m�me vont jusqu�a vouloir la disculpernbsp;enti�rement. A la suite de M. Victor Giraud (Z,e Christianismenbsp;de Chateaubriand^y), les uns affirment la fonci�re sinc�rit�nbsp;du grand �crivain en mati�re religieuse; d�autres, pour diff�rentesnbsp;raisons, excusent sa vanit�, d�autres encore montrent la cons�=�nbsp;quence de sa conduite politique. Apologies pr�con^ues; attitudenbsp;au contraire plus objective dans diverses �tudes de d�tail ounbsp;d�ensemble; d�fenses nuanc�es: tout prouve un assez fort courantnbsp;en sa faveur. Rappelons aussi qu�une statue, �rig�e en 1930,nbsp;honore d�sormais sa m�moire a Combourg, dans Ie lieu m�menbsp;o� il s�est �panoui a la vie, et que M. Ie Dr Le Savoureux,nbsp;propri�taire actuel de son ancienne demeure a la Vall�e^aux#nbsp;Loups, a cr�� une �Soci�t� Chateaubriand� qui s�est d�jaav�r�enbsp;fort utile.

Dans les pages qui vont suivre, les plus importants des �crits nouveaux sur Chateaubriand, pour autant qu�ils ont paru ennbsp;librairie, vont �tre pass�s en revue et bri�vement discut�s quandnbsp;il y a lieu.

II est avant tout n�cessaire d�avoir a sa disposition, dans le meilleur �tat que possible, les textes m�mes des auteurs qu�onnbsp;�tudie. Pour Chateaubriand l�essentiel a �t� fait a eet �gard:nbsp;souhaitons seulement que la publication de la Correspondancenbsp;g�n�rale, entreprise par M. Louis Thomas, soit promptementnbsp;achev�e. La correspondance avec Hyde de Neuville a�t�publi�enbsp;en 1929 par M.^J. Durry; une �dition critique d�Atalanbsp;et de Ren� par M. Chinard a paru en 1930. Et voici un importantnbsp;petit volume de Lettres a M�' R�camiev, r�unies et annot�esnbsp;par M. E. Beau de Lom�nie (Pion, 1929). Pour la premi�renbsp;fois, ces lettres, parfois si belles et presque toujours si signifi#nbsp;catives, paraissent dans leur int�grit�. Certaines avaient �t�nbsp;reproduces par leur auteur dans les M�moires d�Outre-Tombe:nbsp;il sera int�ressant d��tudier au point de vue du style les modCnbsp;fications qu�il y avait apport�es a ce moments=la. Quant auxnbsp;inductions psychologiques et historiques qu�elles permettent, on

1) Ouvrage en deux volumes, dont le premier a paru en 1924, le second en 1928, et que nous supposons trop connu pour le discuter ici. Lesnbsp;�tudes tr�s int�ressantes de M. Giraud sur Chateaubriand ne sont d�ailleursnbsp;pas caract�ristiques pour le renouveau que nous �tudions, elles en sontnbsp;plut�t des signes avant�gt;coureurs.

pourra les trouver dans un ouvrage de Mquot;'� Durry dont il sera parl� ci#apr�s.

Rien de ce qui concerne la vie d�un grand homme n�est indiff�rent, a condition, bien entendu, que les notions et lesnbsp;faits r�unis sur ce sujet ne servent jamais qu�a approfondir lanbsp;compr�hension de l�oeuvre qu�il a laiss�e, du role qu�il a tenu.nbsp;On sait que les recherches sur la vie des personnages historiquesnbsp;n�ont souvent eu pour but avou� on secret, conscient ounbsp;inconscient, que de satisfaire la curiosit� du public: chose in#nbsp;admissible, selon nous, m�me lorsque Ie pr�texte psychologiquenbsp;est invoqu�.

A eet �gard, ces derni�res ann�es ont fourni, en ce qui concerne notre auteur, plusieurs contributions remarquables.

Un �rudit de province, M. Etienne Aubr�e, a r�uni plusieurs donn�es ayant trait au s�jour de Lucile et Ren� de Chateaubriandnbsp;chez leurs soeurs a Foug�res (Champion, 1929; tr�s curieusementnbsp;illustr�). II y en a d�aussi nouvelles qu�int�ressantes, qui nousnbsp;aident a mieux voir Chateaubriand jeune; Ie livre en contientnbsp;d�autres qui �taient d� ja connues; et quelques#unes paraissentnbsp;franchement oiseuses, comme par exemple les indications surnbsp;la vie des eccl�siastiques ayant mari� des membres de la familienbsp;de l��crivain. Exc�s de z�le, peut#�tre? En tout cas, Ie z�le denbsp;M. Aubr�e est patent, ses r�sultats sont souvent heureux etnbsp;l�amour qu�il ressent pour son sujet ne laisse pas de toucher.

Quel joli petit livre que celui de M'�^ Marie#Louise Pailleron sur Pauline de Beaumont, rHirondelle de Chateaubriand! (ExceUnbsp;sior, 1930, illustr�). D�fense d�une femme charmante et infor#nbsp;tun�e contre celui que les femmes voient comme un �go�ste etnbsp;qu�elles sont cependant forc�es d�aimer, si longtemps m�menbsp;apr�s sa mort (M��' Pailleron l�avouerait au besoin, elle aussi),nbsp;ce r�cit alerte, spirituel, capricieux avec grace et, vers la fin,nbsp;�mu inspire beaucoup d�estime pour son auteur et une profondenbsp;piti�, en m�me temps qu�une v�ritable amiti� posthume, pournbsp;celle qui en est l�h�ro�ne. Le livre est#il tout a fait impartial?nbsp;Non, heureusement, du moins pour le sentiment et pour le ton:nbsp;la documentation, par contre, parait impeccable. Livre utilenbsp;autant qu�agr�able: a nous d�en corriger la conclusion du pointnbsp;de vue oppos� s�il y a lieu.

Pr�cis�ment, plusieurs passages du beau volume de M�' Marie# Jeanne Durry, L�Ambassade romaine de Chateaubriand (Cham#

pion, 1927), nous Ie montrent recherch� par les femmes, plut�t encore que les recherchant lui^m�me: ne l�ont^elles pas quelque#nbsp;fois importun�, ne poursuivaient^elles pas autant leur proprenbsp;satisfaction que la sienne, et son inconstance n�est;selle pas, parnbsp;la, quelque peu excusable? Voila un exemple seulement desnbsp;questions que M�' Durry examine avec beaucoup de tact dansnbsp;la premi�re partie de son livre, consacr�e a �L�Homme dunbsp;monde�: son expos�, ici, est fort vivant et �vocateur. Les deuxnbsp;autres parties, traitant du �Diplomate� et de �L�Ecrivain�, cononbsp;tiennent des discussions historiques, psychologiques et esth�tiquesnbsp;qui m�ritent les plus vifs �loges. Documentation parfaite etnbsp;neuve (puis�e jusque dans les joumaux romains de l��poque),nbsp;intelligence p�n�trante, intuition, connaissance approfondie dunbsp;sujet et de ses alentours, abondance utile dans l�expos�, art denbsp;nuancer les conclusions ... tout y est. M'quot;' Durry r�ussit anbsp;nous faire sentir, une fois de plus, Ie charme personnel denbsp;Chateaubriand, a mettre en pleine lumi�re Ie z�le qu�il a d�ploy�nbsp;comme ambassadeur, a nous faire appr�cier les r�sultats poli*nbsp;tiques, tr�s honorables en somme, de son passage a Rome, et anbsp;donner comme un go�t nouveau aux belles pages de l��crivainnbsp;qui y ont trait. M�' Durry sait^prendre ses libert�s avec Ie grandnbsp;homme, mais toujours avec esprit, et au fond il est visiblenbsp;qu�elle Taime, elle aussi ... Son ouvrage a rempli de la fa^on lanbsp;plus heureuse une lacune qui s��tait fait sentir. D�cid�ment,nbsp;Chateaubriand inspire bien les femmes.

A sa propre femme il a inspir� beaucoup d�amour, un inlas* sable d�vouement et sans doute aussi un grand nombre desnbsp;agr�ables et vivantes pages qu�elle a �crites dans ses deux Cahiersnbsp;pour l�aider a pr�parer les M�moires d�Outre=Tombe. M. Josephnbsp;Le Gras a bien fait de les faire r�imprimer et de publier en m�menbsp;temps pour la premi�re fois le teScte int�gral des Lettres denbsp;de Chateaubriand. Le lecteur de ce volume a l�impressionnbsp;d�entendre r�sonner, a travers les temps abolis, des bribes denbsp;conversations famili�res entre les deux �poux, o� la femmenbsp;partageait le ressentiment de son mari contre les ingrats Bour*nbsp;bons et ne pouvait s�emp�cher de t�moigner a chaque instantnbsp;de son admiration malgr� tout pour Napol�on. Sachons gr�nbsp;a M. Le Gras d�avoir parl� avec tant d�esprit et d��motion, ennbsp;une langue si expressive, de l�histoire et du caract�re de sonnbsp;h�ro�ne; s�il se montre parfois quelque peu partial, disons*nous

que c�est la, sans doute, la ran9on de la chaleur et de la conviction, et mettons^nous en garde ... (M�moires et Lettresnbsp;de Mquot;� de Chateaubriand, Jonqui�res, 1929, illustr�).

Nous mentionnerons en demier lieu, comme contribution a la biographic de Ren�, Ie petit volume illustr� intitul� Lesnbsp;Demeures de Chateaubriand (Les Portiques, 1930). L�auteur, quinbsp;est encore M. Beau de Lom�nie, a sans doute eu tort de vouloirnbsp;raconter a peu pr�s toute la vie de Chateaubriand a proposnbsp;de ses demeures: cU�ts=il �t� d�courag� lui^m�me en ex�cutant sonnbsp;pro jet et est^ce a cela qu�il faut imputer Ie style sans reliefnbsp;de son opuscule? De plus, I�ouvrage n�est pas exempt denbsp;l�g�res inexactitudes. II est utile pourtant, puisqu�il fait mieuxnbsp;suivre en pens�e les vicissitudes de Chateaubriand et fournitnbsp;m�me, indirectement, quelques indications sur son caract�re.

Ce qu�il faudrait maintenant avant tout pour mieux connaitre la vie de notre auteur, ce seraient des documents sur sonnbsp;s�jour en Am�rique et sur son passage a l�arm�e, dans sanbsp;jeunesse. Esp�rons qu�on les trouvera un jour ... Font d�fautnbsp;aussi des monographies non pas pr�cis�ment sur la vie �dansnbsp;le si�cle� du grand artiste, mais sur les circonstances ext�rieuresnbsp;ayant accompagn� la publication de chacun de ses livres, Lesnbsp;Martyrs, VItin�raire, les M�moires d�Outre=�Tombe; circonstancesnbsp;qui int�ressent a la fois la vie de I�homme et celle de son esprit.nbsp;Un petit ouvrage de M. Yves Le Febvre r�pond a cebesoinpournbsp;ce qui est du premier grand livre de Chateaubriand: Les grandsnbsp;�v�nements litt�raires, Le G�nie du Christianisme (Malf�re,nbsp;1929). Sur la gen�se du G�nie, sur son succ�s, sur les diff�rentesnbsp;�ditions, sur l�affaire du prix acad�mique, sur bien d�autresnbsp;points encore, M. Le Febvre foumit chiffres, noms, dates etnbsp;citations, avec autant d�abondance que de pr�cision. Son argus!nbsp;mentation est chaude et vive, sa critique, ing�nieuse, notammentnbsp;quand il traite de la �conversion� de Chateaubriand.

Mais ce n�est pas la l�essentiel de ce qui doit occuper 1�historien, ce n�en est que le c�t� ext�rieur. Ce que la m�moire des hommesnbsp;doit avant tout retenir du passage sur terre de chaque grandenbsp;personnalit�, c�est son oeuvre et l��volution qu�elle a d�termin�e,nbsp;c�est le message qu�elle a promulgu�e. Cet homme qui s�est sinbsp;fortement distingu� de ses semblables, qu�as'ts'il pens� et faitnbsp;penser, qu�as=t#il accompli ou d�truit dans la vie de tous, quelsnbsp;sont les sentiments puissants et originaux qui Font inspir� et

qu�il a propag�s? Pour quelles fonctions, dirait Renan, la Pro# vidence ra#t#elle d�sign� dans son d�cret nominatif? Voila cenbsp;qu�il faut se demander surtout.

Ces v�rit�s iraient de soi si la critique et l�histoire ne les n�gligeaient trop souvent pour les apparences, pour les formesnbsp;ext�rieures, pour les a#c�t�s des grandes existences et des grandesnbsp;oeuvres. Mais n�insistons pas----

Pour ce qui est du message et du r�le de Chateaubriand, les recherches et les �tudes les plus urgentes ont �t� faites d�snbsp;longtemps. Mais voici deux ouvrages qui compl�tent ou cor#nbsp;rigent nos vues. M. Beau de Lom�nie, dans sa volumineusenbsp;th�se de doctorat. La Carri�re politique de Chateaubriand denbsp;1814 a 1830 (Pion, 1929), cherche a prouver que Chateaubriandnbsp;homme politique a toujours, et de fa^on fort cons�quente,nbsp;d�fendu l�ensemble des vues peu th�oriques, mais �minemmentnbsp;pratiques et lucides, qu�il d�signait par sa formule c�l�bre: �Ienbsp;roi, la Char te et les honn�tes gens�. Chateaubriand ministre,nbsp;diplomate, journaliste a#t#il fait du bien a son pays, a#t#il prouv�,nbsp;comme il Ie voulait, que les po�tes ne sont pas par d�finitionnbsp;inaptes aux oeuvres de la vie active? Oui, r�pond M. Beau denbsp;Lom�nie. A#t#il toujours r�ussi? Evidemment non, reconnaitnbsp;son pan�gyriste, mais ne faut#il pas lui tenir compte de sonnbsp;z�le et de son courage, et ne trouve#t#il pas une excuse d�cisivenbsp;dans les circonstances, qui ne sont pas connues pour favorisernbsp;partout et toujours les hommes d�action, autant que dans sonnbsp;caract�re, trop haut, trop noble pour se plier aux humiliationsnbsp;par lesquelles, en politique, on ach�te si souvent Ie succ�s?nbsp;Pl�t a Dieu que M. Beau de Lom�nie n�e�t pas adopt� eetnbsp;�trange parti d��viter Ie pass� d�fini tout au long de son expos�:nbsp;cela ne nous vaut#il pas pr�s de 700 pages d�imparfaits denbsp;l�indicatif? Nous ne croyons pas que, pour un ouvrage commenbsp;Ie sien, ce proc�d� de style fut indiqu� et c�est a lui principale#nbsp;ment que nous attribuons la sombre tristesse o� la lecture denbsp;La Carri�re politique de Chateaubriand nous a plong� pournbsp;plusieurs jours ... II n�en faut pas moins reconnaitre hautementnbsp;les qualit�s de l�ouvrage: il est clair, il est richement document�,nbsp;et il est bien pr�s d�emporter la conviction.

Rien de mieux venu que Ie bel et original ouvrage � �gale# ment une th�se de doctorat � de Alice Poirier, Les Id��snbsp;artistiques de Chateaubriand (Presses universitaires, 1930).

Affection par dela la tombe pour le grand homme dont elle �tudie Tame et les id��s, clairvoyance introspective pourtant,nbsp;mais aussi respect: une fois de plus nous voyons r�unis cheznbsp;une femme ces trois mouvements qui n�en sont peuts=�tre qu�un.nbsp;Ce n�est pas Poirier qui, a la fa^on de tant de savants,nbsp;trouvera de la volupt� a chercher les sources de chacune desnbsp;paroles de son auteur, a analyser celui#ci, a le d�composernbsp;jusqu�a ce qu�il n�en reste que des lambeaux sans vie: aplusieursnbsp;reprises, elle exprime 1�aversion raisonn�e qu�elle ressent pournbsp;ce genre de recherches, et une fois, rencontrant une bellenbsp;remarque de Chateaubriand, elle d�clare esp�rer vivement qu�ilnbsp;sera impossible d�en trouver I�origine chez d�autres! Cependant,nbsp;quand il le faut, elle indique nettement les dettes de ChateaUi*nbsp;briand: ce sera pour marquer avec d�autant plus de force lesnbsp;vues auxquelles il est arriv� par ses propres moyens. Eliesnbsp;concernent principalement, en architecture, la beaut� sp�ciale etnbsp;I�origine du genre gothique, en arch�ologie, la port�e historiquenbsp;des ruines de Myc�nes, en peinture, l�importance tant des valeursnbsp;plastiques que de la lumi�re (Chateaubriand est, en un sens, unnbsp;pr�curseur des impressionnistes), en sculpture, la diff�rence entrenbsp;l�art des Grecs et celui des Romains, et d�une fa?on g�n�rale, lanbsp;n�cessit� pour l�artiste de chercher, avant toutes choses, anbsp;exprimer un �tat d�ame ... Et il les doit, toutes ces vues sinbsp;fertiles et, pour l��poque, parfois si neuves, non a sa sciencenbsp;qui �tait incertaine, ni a son sens critique fort peu exerc�, maisnbsp;a son intuition de grand artiste. Mquot;'� Poirier connait admirable#nbsp;ment bien son sujet, c�est#a#dire que, non moins bien quenbsp;Chateaubriand et son oeuvre, elle connait les sites et les oeuvresnbsp;d�art que Chateaubriand avait vus: en �voquant ceux#ci devantnbsp;nous, elle n�excite pas seulement notre esprit, elle flatte nosnbsp;sens.

Avons#nous voulu dire que toutes les grandes questions con# cernant les id��s et les sentiments de Chateaubrand aient �t�nbsp;suffisamment �tudi�es? Certes non. MM. Victor Giraud et Juliennbsp;Benda Pont dit: une �tude d�ensemble sur Chateaubriand histori�nnbsp;fait d�faut. De plus, il est curieux de constater combien peu onnbsp;croit encore, malgr� tous les plaidoyers, a la sinc�rit� religieuse de

1) nbsp;nbsp;nbsp;M.quot;' Poirier a aussi traduit le fameux petit Uvre du docteur Avramiotti

Chateaubriand. Ce nest pas ici Ie lieu de traiter a fond cettegrave question, mais nous hasarderons pourtant une id�� qui, chaquenbsp;fois que nous y pensons, revient avec insistance dans notre esprit,nbsp;et qui doit d�ailleurs �tre venue a bien d�autres lecteurs desnbsp;M�moires d'Outre=Tombe. Quand Chateaubriand �tait jeune,nbsp;on Ie sait de reste, Ie Catholicisme n��tait pas a l�honneur, ilnbsp;�tait attaqu�, d�cr�dit�, il souffrait � et par la il a d�,nbsp;aux yeux du jeune homme g�n�reux qu��tait Chateaubriand,nbsp;prendre tout l��clat d�une v�rit� nouvelle, toute la fraicheur d�unenbsp;chose jeune et qu�il fallait d�fendre ... Nous avons tous, pournbsp;peu que nous ayons l�ame g�n�reuse, connu dans notre jeunessenbsp;de ces doctrines auxquelles nous croyions paree qu�elles �taientnbsp;neuves, belles et d�cr�dit�es: qu�on songe au socialisme pur desnbsp;hommes qui �taient jeunes aux environs de 1905. Par la suite,nbsp;et pr�cis�ment au moment o� elles cessaient d��tre a la peine,nbsp;o� elles s�imposaient, triomphaient, nous avons d� nous r�signernbsp;a comprendre qu�elles ne r�sistaient pas a une critique serr�e. Etnbsp;pourtant! Nous voulons y rester fid�les, quoi qu�il en co�te anbsp;notre intelligence. Jamais nous ne les d�savouerons enti�rement,nbsp;nous les faisons b�n�ficier de l�incertitude de toute opinionnbsp;humaine, nous y croyons cinq jours par semaine. Et aunbsp;besoin m�me, nous les d�fendrons encore hautementl Cettenbsp;situation ne pr�sentegt;lt;t�gt;elle pas quelque analogie avec celle denbsp;Chateaubriand vis=*as=vis du Catholicisme?

Manquent aussi des �tudes d�taill�es et techniques sur Ie style du grand Romantique. Ce n�est pas la, qu�on s�en rende biennbsp;compte,unde ces sujets que nous appelions tant�t ext�rieurs:nbsp;Ie style est �troitement uni a l�esprit et aux sentiments quinbsp;animent l�oeuvre, il fait corps avec eux; et s�il subit leurnbsp;empreinte, ils subissent Ie sien a leur tour! M. Pius Servien,nbsp;dans son tr�s int�ressant ouvrage. Lyrisme et structures sonoresnbsp;(Boivin, 1930), explique comment, au moyen d�une s�rie denbsp;scansions, il a d�couvert dans les parties lyriques d'Atala unenbsp;certaine r�gularit� de rythme, que Chateaubriand lui^m�me anbsp;d�, soit vouloir, soit sentir apr�s coup, puisque c�est ce rythmenbsp;seul qui explique la punctuation souvent anormale de son textenbsp;imprim�, corrig� par lui. Le lyrisme s�exprime done toujours ennbsp;vers, m�me lorsqu�un ouvrage a l�apparence de la prose; l�originenbsp;du vers romantique remonte, non a Hugo, mais a Chateau^nbsp;briand; celubci a travaill� de fa9on tr�s consciente: telles sont

les conclusions qui semblent se d�gager de l�ing�nieuse �tude de M. Servien. � Mais son travail reste encore trop isol�.

S�il est vrai que pour arriver a connaitre et a comprendre une grande personnalit� du pass�, des �tudes sp�ciales comme cellesnbsp;que nous avons nomm�es sont indispensables, il ne s�ensuit pasnbsp;qu�a en aligner purement et simplement les r�sultats, nousnbsp;voyions aussit�t cette personnalit� renaitre parmi nous. Elle doitnbsp;pour cela � chose paradoxale � �tre d�abord revenue a la vienbsp;dans Tame d�un de nos contemporains, elle doit avoir trouv�nbsp;son biographe, ou son lecteur cr�ateur. C�est dire qu�ilnbsp;est, pour un grand homme d�autrefois, autant de mani�res denbsp;revivre qu�il y a d�imaginations remplies de lui. C�est dire, ennbsp;l�esp�ce, que chacun de nous a son Chateaubriand, et qu�il nenbsp;saurait en �tre autrement. Nous sommes m�me � l�avouerons^nbsp;nous? � heureux qu�il ne puisse en �tre autrement, car il n�ynbsp;a rien de plus d�licieux � ni d�ailleurs de plus profond�mentnbsp;vrai � que Ia diversit� de la vie.

Le Chateaubriand de M. Marcel Rouff est un anarchiste foncier, un homme d�honneur, un imaginatif, un chercheurnbsp;d�absolu ... A simplifier ainsi le portrait tr�s pouss� qu�a trac�nbsp;M. Rouff (Vie de Chateaubriand, Nouvelle Rev. Fr., 1929,nbsp;illustr�e), on serait pourtant in juste envers lui, car son livre estnbsp;parmi les plus finement nuanc�s qui soient. II est, de plus,nbsp;amusant, entrainant ... Le ton n�est#il pas, parfois, un peu tropnbsp;�badin�? Est^il permis d�appeler Chateaubriand un �fumiste�,nbsp;m�me si l�on ajoute: �gigantesque�? N�y aAfil pas chez M. Rouffnbsp;un peu trop de redites et d�inexactitudes? Son oeuvre, cela estnbsp;�vident, a �t�, comme on dit, �vivement trouss�e�; si elle anbsp;quelquesrfuns des d�fauts inh�rents a cette m�thode, elle y anbsp;certainement aussi gagn� des qualit�s.

Mais nous arrivons a un des livres les plus importants qui aient paru ces derni�res ann�es sur le sujet qui nous occupe:nbsp;l�essai du Dr H. Le Savoureux, intitul� simplement Chateau^nbsp;briand (Rieder, 1930; richement illustr�). Ce n�est pas une �vie�,nbsp;c�est une �tude tr�s sympathique, tr�s lucide, tr�s neuve surnbsp;les principaux probl�mes que soul�vent la vie et l�oeuvre dunbsp;grand �crivain. M. Le Savoureux, sans y �tre appel�, sans y �trenbsp;amen� par ses occupations ordinaires, sans partLpris religieuxnbsp;OU politique aussi, simplement paree qu�il aimait et admiraitnbsp;Chateaubriand et qu�il le voyait m�connu et injustement attaqu�,

a pris la parole en sa faveur et a prononc� un plaidoyer pressant qui force a r�fl�chir et auquel tout ouvrage ult�rieur sur Ie m�menbsp;sujet devra �tre au moins une r�ponse. Non, dit^il, Chateaus*nbsp;briand n�est pas �un �picurien�, comme l�a dit SaintessBeuve,nbsp;cela est trop court; Chateaubriand est un �tre d�amour et denbsp;volupt� en m�me temps qu�un grand m�lancolique, un pas**nbsp;sionn� qui veut se r�aliser, un amant de la beaut�, qui veut

dire. Et un artiste m�content, comme c�est la r�gie, de ses r�alisations: de la, en partie, sa m�lancolie. Non, ajoute M. Lenbsp;Savoureux, il n�est pas p r o u v � que Chateaubriand n�aitnbsp;jamais vu la partie m�ridionale de l�Am�rique du Nord,nbsp;le contraire m�me est vraisemblable. H n�est pas vrai quenbsp;eet amant de la nature soit un livresque. II n�est pasnbsp;possible de le traiter purement et simplement de plagiaire; ilnbsp;a utilis� des travaux d�autres voyageurs, mais ce qui est vrai**nbsp;ment beau dans ses oeuvres est toujours tr�s �videmment etnbsp;exclusivement de lui. II n�est pas vrai que eet homme d�actionnbsp;fut un aboulique, que eet �crivain �minent ait eu une intelligencenbsp;m�diocre. En politique, en religion il n�a pas vari� autant qu�onnbsp;s�est plu a le dire. On a peutss�tre exag�r� en plaignant tant lesnbsp;femmes qui Font aim�. Et son ennui n�est pas chose si simple,nbsp;ni si pu�rile ... Tout ce qu�une sympathie profonde pour sonnbsp;h�ros, une psychologie ing�nieuse, sensible et bien inform�e, unenbsp;Science m�dicale approfondie � et sp�cialis�e dans l��tude desnbsp;maladies mentales � ont pu apporter d�aide a 1�auteur, ellesnbsp;Font fait et il en est r�sult� un ouvrage qui marquera dansnbsp;Fhistoire litt�raire.

Deux biographies encore ont paru apr�s F�tude de M. Le Savoureux. M. le s�nateur Henry B�renger, lui aussi, a faitnbsp;b�n�ficier son livre (Chateaubriand, h�ros de l�aventure roman=nbsp;tique, Hachette, 1931, illustr�) de ses comp�tences sp�ciales. Lit**nbsp;t�rateur, homme politique, voyageur, il avait le droit de jugernbsp;Fauteur de l'ltin�raire, de La Monarchie selon la Charte, desnbsp;Martyrs. Son ouvrage, qui cherche visiblement a �tre complet,nbsp;ne manque cependant ni de pr�cision ni de fermet�; il estnbsp;solidement document�, riche de dates, de faits et de citations,nbsp;clairement compos�, �loquent par endroits. Sur les points lesnbsp;plus importants, M. B�renger se montre d�accord avec M. Lenbsp;Savoureux, qu�il cite. D�tail sans grande importance, mais qui

n�en est pourtant pas tout a fait d�pourvu, puisqu�il aiderait, s�il en �tait encore besoin, a mieux situer I�auteur: le livrenbsp;contient un certain nombre de mots peu usuels ou m�me inex#nbsp;istants. Nous citerons doctriner, amertumer, s�enlins*nbsp;ceuler, allural ... Influence de la vie politique (qui aimenbsp;les verbes nouvellement cr��s) ou r�miniscences de l��poquenbsp;symboliste? Peut^�tre les deux. Le livre n�en est pas moinsnbsp;d�une lecture aussi agr�able qu�instructive.

M. Victor Giraud, pour finir, a fait paraitre dans la Collection �Hier� une petite Vie vomanesque de Chateaubriand (CEuvresnbsp;repr�sentatives, 1932, illustr�e). Elle surprend parfois quelquenbsp;peu, bien qu�on sache depuis longtemps comment M. Giraudnbsp;voit Chateaubriand. N�exag�re#t^il pas ses propres vues en qua#nbsp;lifiant Ren� de �malsain�, la Sylphide de �maladive�? Le grandnbsp;Romantique qu��tait malgr� tout Chateaubriand, sans tout a faitnbsp;disparaitre, passe bien un peu trop au second plan, avecnbsp;M. Giraud ... Livre �vocateur cependant.

Que conclure? Aucune des biographies parues jusqu�ici ne nous satisfait pleinement, pour cette simple raison � nousnbsp;I�avons indiqu�e � que chacun a n�cessairement son proprenbsp;Chateaubriand. Ne concluons done pas encore. Etudions objec#nbsp;tivement les faits au moyen des �tudes dont il a �t� parl� icinbsp;et de celles qui paraitront encore, puis assemblons les mat�riauxnbsp;et voyons s�ils tiennent ensemble. Si tel est le cas, si leurnbsp;assemblage finit par former entre nos mains, ou plus simplementnbsp;dans notre imagination, un portrait, un buste qui produit surnbsp;nous#m�mes l�impression de la vie, tenons#nous pour satisfaits.nbsp;Nous serons arriv�s a la v�rit� la plus haute qu�il soit possiblenbsp;d�atteindre quand il s�agit de connaitre une grande figure dunbsp;pass�: a une v�rit� garantie par notre satisfaction esth�tique. Carnbsp;la satisfaction esth�tique, nous en sommes convaincu, est chosenbsp;plus significative qu�on n�a coutume de le penser.

1. Dans sa magistrale �tude Senyor, Herr (W or ter und Sachen 8, 1�11) W. Meyer�*L�bke avait �mis I�opinionnbsp;que le sens �pr�pos�, p r � v o t� du mot senior provenait denbsp;la traduction de ngea^viegog.

Dans le d�veloppement ult�rieur une bifurcation se serait produite: le mot grec aurait �t� appliqu� aux gens de TEglisenbsp;(prifre, etc.) tandisque sa traduction latine senior, mot apparte#nbsp;nant a la langue du peuple, aurait �t� restreint aux maitresnbsp;s�culiers. Une telle supposition ne convenant qu�a un paysnbsp;jusqu�a un certain point bilingue, M.#L. croyait avoir trouv� unenbsp;telle r�gion pour I�ltalie a Naples ou il voudrait voir le pointnbsp;d�irradiation de I�italien signore. Pour les pays au Nord desnbsp;Alpes, M.�iL. songe a un pays qui au quatri�me si�cle ait �t�nbsp;a la fois gallo#roman et grec, a Tr�ves et ses environs. Pournbsp;Tespagnol sen or M.^L. admettrait I�influence de I�arabe ^eih.

2. Au m�me senior, c�est E. Richter qui a vou� tout r�cem*� ment un article, W. u. S. 12, 114 ss.

Du c�t� positif on lui saura gr� d�avoir apport� tant d�exemples bas^latins de notre mot.

D�autre part, E. Richter dit au commencement de son article: �Hatten wir nicht im Afr. unzweifelhaft sire als Subjectivusnbsp;zum Objectivus seignour, so wiirden wir nicht wagen, sire ausnbsp;senior abzuleiten, so sehr widerspricht diese Zusammenstellungnbsp;allem, was wir sonst an sprachlicher Gepflogenheit bei der EnUnbsp;wicklung franz�sischer Lautungen beobachten k�nnen. Die vonnbsp;Senior zu erwartende Afranz. Lautgestalt zeigt sich uns innbsp;seindre. Die Erklarung �Kurzform� ist ein Notbehelf: denn auchnbsp;die Verkiirzung der W�rter geht Franz�sischen sonst nicht innbsp;der Weise vor sich, wie sie in sire vorzuliegen scheint.�

Or, c�est d�] a La Curne qui a tach� d�expliquer notre forme au point de vue du d�veloppement phon�tique: �...szeur. Formenbsp;parall�le de seignour, dans laquelle n mouill� s�est affaibli en i.�

Max Krepinsky, dans son travail Historicka mluvnice francouzska (Grammaire fran^aise historique), cours litho#nbsp;graphi� 1919^, 1930^, dit � 19: (Vers la fin de la R�publiquenbsp;latine) �senior� devant des noms propres et dans les titres d�hon#nbsp;neur s�est abr�g� comme d�autres mots devant des noms propres

(^dominus � prov. En, N'; esp. usted = vuestra merced) en *seiot d�o� ital. sor, sora, furl, siot, siore; engad. sor; fr. site;nbsp;port. seu, seo, so. Mais a c�t� de ces formes raccourcies on senbsp;servait encore de la forme non abr�g�e, de la doublets ennbsp;quelques langues romanes.� La grammaire de Krepinsky �tantnbsp;bas�e sur la chronologie relative, voici comment K. motive lanbsp;date qu�il met sur Ie passage de senior en *seior: cela s�estnbsp;effectu� apr�s que l�i eut perdu sa valeur syllabique (cheznbsp;Plaute dans mescio�, chez Lucile(180�103 avantnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Krepinsky

� 15), �dormio� et avant que eet yod consonantique eut com# menc� a alt�rer la consonne pr�c�dante dans les groupes di, li,nbsp;ni, si, ssi, ti. On n�a qu�a comparer smiov � sire avec v�niat �nbsp;viegne, dit Krepinsky op. cit. 21, 1. �

II est vraisemblable a mon avis que la forme *s�ior a �t� trop vulgaire pour �tre admise dans les titres honorifiques desnbsp;inscriptions, etc.

La forme *seior, ou bien sdor (par ex. seior J�lus') a pass� naturellement en francais sire. Cette mani�re de voir l�ve tousnbsp;les obstracles d�ordre phon�tique.

3. II est done tout a fait inutile de songer a l�influence de maior, comme Ie fait Elise Richter. II ne nous avance nullementnbsp;d�apprendre que tel auteur bas#latin ait appel� maiores les pr�tres.nbsp;Et je ne me permettrais jamais de dire que senior urbis �quivautnbsp;au maior, vu qu�en fran9ais la dignit� du maire ait des tempsnbsp;les plus recul�s sensiblement diff�r� de celle du seigneur. Toutnbsp;ce qu�on pourrait dire en lisant les exemples produits parnbsp;E. Richter, c�est que les auteurs bas#latins du temps m�rovingiennbsp;et carolingien ont �t� loin de donner des d�nominations exactesnbsp;et strictement observ�es aux notions d�une vie nouvelle qui lesnbsp;entourait et bouleversait, de la vie f�odale, car Ie mot *seior,nbsp;ser^ore{m^ � sire, neigneur est devenu avec Ie temps un termenbsp;technique f�odal.

Je trouve dans les Gloses de Reichenau, �dition de J. Stalzer (Die Reichenauer Glossen der Handsch.nbsp;Karlsruhe 115, Sitzungsb. Wien, Akad. Wissensch.nbsp;Ph.#Hist. KI. CLII, VI. Abhandlung (1906) a la page 115,nbsp;no. 1306 du glossaire alphab�tique:

Principes seniores, o� Ie texte grec de l�Evangile (Psaumes 2, z)pr�sente dgxovTEg etLe livre des Psaumes,�d.Francisque#

Michel: li prince. Le glossateur aurait done �crit dans une �poque O� la f�odalit� se faisait valoir puissamment et le rang desnbsp;seigneurs a �t� d�ja fix�. Viollet, Histoire des institutions ad*nbsp;ministratives de la France, I 423 dit a ce sujet: �Le patron desnbsp;vassaux ou vassi n�a peut^�tre pas de nom technique avant lenbsp;Vllle si�cle; a partir de cette �poque il s�appelle senior, v.nbsp;notamment le capitulaire de 787, art. 5 etc.�

II existe en fran9ais un certain nombre de mots qui, dans Ie d�veloppement de leur voyelle accentu�e, se sont d�rob�s auxnbsp;�lois� phonologiques en vigueur; en ancien et en moyen francaisnbsp;de pareils �carts de la r�gie �taient encore beaucoup plus nomlt;gt;nbsp;breux. Souvent il s�agit de doublets, dont l�un ne s�est pasnbsp;conform� a l��volution r�guli�re du son en question. On a essay�nbsp;d�expliquer ces exceptions par une origine savante, par l�analogienbsp;OU par un emprunt fait a un autre dialecte, explications qui,nbsp;ordinairement, manquaient d��vidence. M. Salverda de Grave,nbsp;dans une s�rie d��tudesi), a r�ussi a donner une explicationnbsp;d�ensemble et a montr� qu�il est plus logique de voir dans lanbsp;voyelle des doublets et des mots exceptionnels l�aboutissementnbsp;d�une diphtongue qui, pour Ie mot ordinaire, a �t� ascendante et,nbsp;pour son doublet, descendante. L�auteur a m�me pu fixer cer^nbsp;taines r�gies pour l�apparition de l�accentuation descendante.

A la lumi�re de ces nouvelles donn�es nous voudrions examiner aujourd�hui Ie vocalisme de ce qu�on est convenu d�appelernbsp;r a n c i e n w a 11 o n.

Avant d�aborder l��tude proprement dite des diphtongues et des voyeUes en gallo^roman et en ancien wallon, il sera bon denbsp;poser deux principes sans lesquels nous ne pourrions nous fairenbsp;une id�� claire du processus de la diphtongaison.

D�abord, diphtongaison pr�suppose allongement de la voyelle primitive^). �Le ralentissement de la ten#nbsp;sion OU de la d�tente, dit prudemment Roudet ^), se produit plusnbsp;facilement dans une voyelle longue que dans une voyelle br�ve.nbsp;C�est pourquoi toutes les causes qui peuvent d�terminer Tal#nbsp;longement des voyelles peuvent d�terminer leur diphtongaison�.nbsp;Mais M. Salverda de Grave fait remarquer avec raison que,nbsp;dans tous les cas, ce �ralentissement� am�ne forc�ment un allonges

1) nbsp;nbsp;nbsp;Ia diphtongaison des voyelles libres accentu�es en frangais, Neophilo!�nbsp;logus, III. Over de beklemtoonde klinker in amour en enkele anderenbsp;woorden, MKAW, LUI. Ie double d�veloppement de e ouvert dans lat.nbsp;Bene, Neophilologus, XI, et surtout Sur une double accentuation desnbsp;diphtongues en frangais, VKAW, XXVIII.

2) nbsp;nbsp;nbsp;Ce qui ne veut pas dire que toute diphtongue provienne d�une voyellenbsp;allong�e, cf. guaine et fait ancien francais.

ment de la voyelle. �II semble, en effet, que, si la diphtongue n�est autre chose que la combinaison de la voyelle avec une autrenbsp;qui est Ie d�veloppement d�un de ses deux �l�ments accessoires,nbsp;soit la tension, soit la d�tente, cette extension de la valeur d�imnbsp;de ces deux �l�ments n�est explicable que dans une voyelle dontnbsp;la dur�e est assez prolong�e pour permettre que, soit la tension,nbsp;soit la d�tente, puisse �tre per9ue s�par�ment de la voyelle anbsp;laquelle elles appartiennent� ^).

En second lieu, lors du proc�s de la dissimilation des �l�ments d�une voyelle longue primitive, ce sera plut�t 1��l�mentnbsp;nons=accentu� qui se diff�rencie, car son articulationnbsp;est celle �dont la repr�sentation est la moins intense�. Partant denbsp;ce principe, M. Bouman^) a reconstruit les �tapes successivesnbsp;de la transformation des voyelles libres; il exclut tout changementnbsp;d�un �l�ment accentu�. M�me dans la s�rie �gt; eegt; ei gt; ei gt; pi, ilnbsp;laisse changer l�accent entre �i et ei et introduit une �tape ei. C�estnbsp;possible, mais ce n�estpas n�cessaire. Nous pr�f�rerions introduirenbsp;une �tape oei entre ei et ei et garder l�accentuation descendantenbsp;jusqu�a pe. A notre avis, il faut distinguer ici entre les diph#nbsp;tongues compos�es de deux voyelles et celles compos�es d�unenbsp;voyelle et d�une semi^voyelle. La premi�re cat�gorie peut avoirnbsp;facilement une accentuation flottante, pour la seconde cat�gorie celanbsp;est impossible, a moins que la semi==voyelle ne redevienne voyelle.

Les mat�riaux dont nous disposons pour la connaissance de la phonologie du wallon des XlIIe et XlVe si�cles, ne sont pasnbsp;a faciliter notre tache. Farcis souvent de francisismes a tel pointnbsp;qu�on se demande parfois s�il est encore permis de parler dienbsp;�wallon��), ils offrent en outre une orthographe d�une incons�#nbsp;quence d�sesp�rante. Pourtant, quelques^uns des francisismesnbsp;pourraient se trouver �tre de simples d�veloppements divergentsnbsp;indig�nes, tout comme les pr�tendus picardismes et provenunbsp;palismes en francien, dont M. Salver da de Grave a fait justice.nbsp;Quant au chaos des graphies �tranges, certains savants, commenbsp;M. Wilmotte^), sont parvenus a y voir clair.

1) nbsp;nbsp;nbsp;Sm une double accentuation des diphtongues en franfais, p. 11, n. 1.

2) nbsp;nbsp;nbsp;La diphtongaison des voyelles accentu�es libres en vieux francais,nbsp;Neophilologus, III.

Voir sur cette question: J. Feller, Prangais et dialectes chez les auteurs beiges du moyen-age, BCRTD, V.

*) Nous pensons plus sp�cialement a ses Etudes de dialectologie wallone, r�unies maintenant dans les Etudes de philologie wallonne. Paris, 1932.

M. Wilmotte aussi a �t� Ie premier a appliquer, si ce n�est qu�une fois, a Tancien wallon la th�orie d�une double accentuationnbsp;des diphtongues. Dans son compte^rendu de l��dition Clo�ttanbsp;du Po�me Moral, il �crit: �L�Est a connu deux traitements denbsp;ces voyelles (� et � latins populaires), selon que l�accent senbsp;maintient sur Ie premier �l�ment de la diphtongue qui en estnbsp;sortie (ie; uo, ue), ou qu�il passe au second. Dans Ie premiernbsp;cas, on a i et u, ie et ue = �, � e, la diphtongue �tant r�duitenbsp;a son principal �l�ment; dans Ie deuxi�me, �: i�, � e: ie; �:nbsp;u�; � e: �e. Reste a savoir l��tendue de chacun de ces domainesnbsp;phon�tiques, et s�il n�en existe pas d�autres dans l�Est ...�i).

En ancien et en moyen fran9ais la r�duction de ie (lt; f latin populaire ou y a) a / et de ue (lt; �) a u dans des mots commenbsp;mesnie (pour mesniee^, manive (pour maniere), puent (pournbsp;pueent) n�est pas due, comme l�a montr� M. Salverda de Gravenbsp;a l�aide des textes franciens ou il l�a �tudi�e, a une influencenbsp;dialectale, mais constitue un d�veloppement exceptionnel proprenbsp;a rile de France. Or, tandis que, en francais, I�accentuation des^nbsp;cendante ne se pr�sente, g�n�ralement, que devant un e f�mininnbsp;OU une nasale, elle est de r�gie en ancien wallon. Les rimes dunbsp;Po�me Moral sont la pour Ie prouver; par exemple dans lanbsp;strophe 9 nous avons: amie, druerie, est apparillie, enguienbsp;Aussi les diphtongues r�duites en i sont^elles l�gion; chins,nbsp;dangir, escolirs, tirs, etc. chez Jacques de Hemricourt ^). D�ad#nbsp;leurs, dans les parlers modernes c�est la raboutissement normal,nbsp;c�ests^a^dire r�duction compl�te avec allongement compensatoirenbsp;(magni, Lidjw�s, pi, serwi �serrurier� en li�geois) �). II en est

�) Cf. la belle introduction linguistique de l��dition de M. Alphonse Bayot (Li�ge, 1929).

'i) Georges Doutrepont, Etude linguistique sur Jacques de Hemricourt et son �poque, M�moires couronn�s et autres m�moires de l�Acad�mie Royalenbsp;de Belgique, XLVI (1892).

�) Sur Ie li�geois nous avons consult� surtout: A. Horning, Zur Kunde des Neuwallonischen, ZRPh, IX, la critique qu�en a faite M. Wilmottenbsp;(RPGR I, p. 226 SS.), G. Doutrepont et J. Haust, Les parlers du Nordnbsp;et du Sud=Est de la province de Li�ge, M�langes Wallons, Li�ge, 1892, etnbsp;la petite phonologie de l�excellent Dictionnaire Li�geois de M. Jean Haust.nbsp;Nous avons adopt�, pour Ie wallon, l�orthographe de la Soci�t� de Litt�quot;nbsp;rature wallonne (d�apr�s: J. Feller, R�gies d'orthographe wallonne, Li�ge,nbsp;1905); a noter que la finale n�est prononc�e que si elle est suivie de lanbsp;minute: l�s, mais l�s' �lacs�; e est muet.

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de m�me de ue, qui, dans Ie Po�me Moral, est orthographi� aussi simplement u. L�u a d� avoir Ie son ou qu�elle a conserv�nbsp;encore en li�geois (cour, nou, 6ou/�).

Les diphtongues de e et p entrav�s sont n�es trop tard pour avoir pu participer a la r�duction.

Comme nous avons vu plus haut, M. Wilmotte admet �gale¹ ²� ment, a c�t� de ce d�veloppement sp�cifiquement wallon, Ienbsp;traitement francien comme typique pour une certaine partie dunbsp;territoire wallon.

La m�me r�duction s�est produite dans les triphtongues iei et uoi (uei), issues de e y et de o y latins populaires, a savoirnbsp;iei gt; i et uei gt; ui, par exemple dime, egliese (o� l��l�ment m�dialnbsp;de la triphtongue s�est conserv� encore), siez et huit, ui, muisnbsp;a Li�ge ^). Toutefois, l�i (ie) n��tait pas r�gulier a Li�ge et anbsp;Huy; on y rencontrait demei, mei (lt; mei, pron. poss.), sei (lt;sei)nbsp;et, actuellement, on dit a Li�ge, entre autres: l�t, p� {lt; pectus^,nbsp;dim�y et a Huy: l�y (lt; i//ei), d�m�y^). A Namur, au contraire,nbsp;i s�est g�n�ralis�: pri, �glich�, bien qu�on trouve rarement �),.nbsp;A c�t� de ui plus usuel, les chartes li�geoises et namuroises nousnbsp;offrent �galement oi. Selon M. Meyer^L�bke ^), ces ei et oinbsp;seraient dus a une non²sdiphtongaison; c est aussi 1 avis denbsp;M. Horning 2). Mais quoi de plus simple que de supposer,nbsp;�galement pour les triphtongues, la m�me accentuation flottante,nbsp;constat�e d�ja pour les diphtongues ie et ue. Dans ei et oi nousnbsp;aurions alors Ie r�sultat de la r�duction de i�i et de u�i, phasenbsp;plus ancienne de uei.

Devant nasale, � et p n ont pas abouti a une diphtongue en wallon moderne. M. Marichal reconstruit, il est vrai, pour ex#nbsp;pliquer l�p en w�merais (h�n, s�n, �n), une filiation �qn gt; �en gt;nbsp;�ngt;ugt;d�), mais uon, uen est exceptionnel en ancien wallon. IInbsp;est possible qu�en position fibre tout � et tout p se soit d�doubl�;nbsp;en tout cas, pa et la, ils se sont diphtongu�s devant une nasale,nbsp;comme nous venons de Ie dire (buon et m�me suonges dans Ie

J. J. Marichal, Die Mundart von Gueuzaine^Weismes (phonetisch behandelt). Diss. Bonn, 1911, p. 38.

Closes wallonnes du Ms. 2640 de Darmstadt^)). Ce d�double^ ment aurait pu, souvent, ne pas en arriver a la diphtongaisonnbsp;ordinaire {i�, u�), a cause d�une accentuation d�croissante desnbsp;deux elements (�e, �p), apr�s quoi ce d�but de dipbtongue senbsp;serait monophtongu� ^).

� et 9 ont pris, d�s leur d�doublement, une accentuation des^ cendante {�i, �u) et se pr�sentent ordinairement en ancien wallon,nbsp;Ie premier comme oi, Ie second comme o, u et ou. Nous relevonsnbsp;ainsi, par exemple dans les Dialogues du Pape Gt�goive: soit,nbsp;boriois, voie et paor, lut, oisous^y Au Nord^Est, oi, par oei,nbsp;devient oe: cve�ve, me�s, ve�s a Li�ge, tandis que TOuest¹ ²^) etnbsp;Ie Sud�) ont Ie d�veloppement franpais en we: criv�, mw�,nbsp;strw�t� dans Ie Nord du domaine ardermais�). En ce qui concemenbsp;9, dans les graphics o et u il faut voir probablement desnbsp;r�ductions de la diphtongue ou, qui, a partir du milieu du XlIIenbsp;si�cle, deviendra eu (chez Hemricourt de temps en temps:nbsp;Charneur, gueles, etc.), de sorte qu�en li�geois nous avons anbsp;peu pr�s Ie m�me r�sultat qu�en franpais {fle�v, se�(le), deus).

Si nous comparons maintenant les groupes �[:p[et �[:9[, nous constatons que les premiers, par une accentuation ascendantenbsp;i� et u�, sont devenus des diphtongues descendantes en anciennbsp;wallon {ie, �e) et des monophtongues en wallon moderne {i, o�).nbsp;Les seconds, une fois diphtongu�s, ont gard� probablement leurnbsp;accentuation descendante jusqu�en ancien wallon et peut#�trenbsp;m�me jusqu�a l��poque moderne, comme nous allons voir toutnbsp;de suite, oi, a c�t� duquel on trouve encore pa et la ei plusnbsp;ancien, aurait pu avoir encore, en plusieurs cas, la prononciationnbsp;oei, pour laquelle on manquait de signe ad�quat et dont on ne senbsp;rendait vraisemblablement pas clairement compte. Quant a �u.

q Cf. J. J. Salverda de Grave, Sur une double accentuation ..., p. 30 ss. et p. 63, point 3.

�) L. Wiese, Die Sprache der Dialoge des Papstes Gregor. Mit einem Anhang: Sermo de Sapientia und Moralium in Job /ragmenfa, Halle sur S.nbsp;1900, p. 13 et 19.

Cf. A. Grignard, Phon�tique et Morphologic des dialectes de �Ouest wallon, Li�ge 1908.

�) Ch. Bruneau, Etude phon�tique sur Ie patois d'Ardenne, Paris, 1913, p. 140,

si son second �l�ment �tait la semi^oyelle w, il faudrait supposer que l�o, bien qu�accentu�, se fut dissimil� pour aboutir a ce etnbsp;que Ie w fut tomb� ensuite. Nous n�excluons point, cependant, lanbsp;possibilit� d�une voyelle pleine =u et, par cons�quent, d�unenbsp;accentuation flottante^). Dans ce dernier cas, Ie wallon auraitnbsp;connu Ie m�me traitement que Ie francais, a savoir: o�gt; o�gt;nbsp;ce� gt; c�u gt; ce.

La s�quence d�une palatale n�a pas chang� beaucoup a cette �volution, sauf en hiatus, o� la diphtongue provenant de � anbsp;conserv� son o=, tout en l�allongeant (en malm�dien: cr�y, man�ynbsp;�monnaie�, v�ye^) et en namurois, u: �v�uy, cl�uy �claie�, djinbsp;s�uy �je sois� �)).

f u donne, en ancien wallon, iu (jiule, diut, biut dans les Dialogues ^)), probablement par une accentuation croissante denbsp;la triphtongue oiu ou oiu, et, dans Ie wallon septentrional etnbsp;oriental d�aujourd�hui, u (a Weismes: djunult;iuniperus, su,nbsp;ru/e�), tandis que, d�s Huy, nous avons des formes commenbsp;tile, qui postulent l�accentuation iu au lieu de iu.

Devant nasale, nous rencontrons pour �[: ai, qui est assez remarquable, et ei (yeines, paines, chaaines dans Li Vet delnbsp;Juise^X et, apr�s labiale, Ie plus souvent oi (poine, moins, foinnbsp;dans les Dialogues'^'), pour �: o et u (^raison, com, sumes).nbsp;Auraifegt;on confondu, a un certain moment, a[ nasale et e[ nbsp;nasale? a] et e], e] devant nasale sont rest�s s�par�s jusqu�a nosnbsp;jours (^grand, vinde, vint). Quoi qu�il en soit, les exemples ei,nbsp;ai et oi semblent indiquer une accentuation descendante, commenbsp;en ancien francais �).

f et � qui, d�ordinaire, gardent leur pronunciation latine � � au Nord�Est du domaine wallon seulement: nou, crou, pietdounbsp;en li�geois �, se sont diphtongu�s, toutefois, dans certaines

1) nbsp;nbsp;nbsp;Cf. J. J. Salverda de Grave, Sur une double accentuation � �p. 53.

2) nbsp;nbsp;nbsp;L. Z�liqzon, Die franz�sische Mundart in der preussischen Walloni�nbsp;und in Belgien langs der preussischen Grenze, ZRPh, XVII, p. 424.

3) nbsp;nbsp;nbsp;J. Niederlander, op. cit, p. 20, 21. Pour rendre Vu nous nous servonsnbsp;du signe �u de Pirsoul.

�) Li Ver del Jutse, �dition Hugo von Feilitzen, Upsala, 1883, p. XLII. �) L. Wiese, op. cit., p. 13.

*) Cf. J. J. Salverda de Grave, Sur une double accentuation ..., p. 40, 41 et 63.

positions. Ainsi les chartes li�geoises et hutoises pr�sentent, pour �; ee et ei, surtout dans Ie voisinage d�une voyelle ou de l,nbsp;sp�cialement de Z mouill�e: Maree, Luseie, corteil, deit^). � senbsp;diphtongue surtout dans la terminaison =ura, qui donne =eur, =eurenbsp;{aventeur, nateur, resdeure ^)) en ancien wallon et retire dans lesnbsp;patois modernes (^de�r(e), m�ze�re, magne�ve').

Devant une nasale, on trouve zen et on, a c�t� des formes rest�es intactes in et un � in et on sont r�guliers �, tels matien,nbsp;voisiens, alcon, common, etc. en anciendi�geois et molins, affin,nbsp;unc, cascuns^). Actuellement on a (a Li�ge) e {bin) et o (onnbsp;�un�), a l�entrave, et e (sp�ne ��pine�) et p (pZome) ou o? (leune),nbsp;en position libre, de sorte qu�il faut bien y voir davantage qu��unjenbsp;int�ressante graphie�¹ ²). Au lieu de s�ouvrir, z et u se sont pro#nbsp;bablement diphtongu�s devant une nasale, tout comme les autresnbsp;voyelles.

Nous avons done eu vraisemblablement deux �volutions de ii et de uu; pour ii: ii gt; ei gt; ei gt; �i (ez ancien wallon) et ii gt; ienbsp;(ie ancien wallon) gt; ie gt; i� gt; e, pour uu : u� gt; g�, d�o� d�un c�t�nbsp;gt;�ugt;9 (on ancien wallon), de l�autre gt; qeiz gt; c�u gt; qe (eu anciennbsp;wallon).

En combinaison avec y, u s�est palatalis� et a form�, au contraire, une diphtongue d�croissante ui (cui, lui}, qui se r�duitnbsp;d�ja a u chez Jean de Stavelot: frus, destrme, june �juin��).nbsp;Le li�geois moderne dit: constv�ve, frut, lu. II existe desnbsp;dialectes franpais qui, comme le francien, sont partis d�une accen#nbsp;tuation contraire et ont cr�� des formes comme li, fri, hri �).

aa (lt; a) a eu une accentuation descendante jusqu�a l��tape ae (sesmaene, laene, laes, etc., en ancien li�geois, surtout dans lenbsp;voisinage de nasales et de liquides'^)); la l�acoent a chang� et l�anbsp;s�est assimil� a l�e. ee est devenu d�croissant dans l�Ile de Francenbsp;comme en Walloni�; preuve en est, dans cette derni�re r�gion, la

�) M. Wilmotte, op. cit., p. 54, 55. C�est probablement une graphic archa�sante.

forme r�guli�re ei (jieif, meir, cleir dans les Dialogues^')'), qui, bient�t s�est r�duite a e.

Alors qu�en francais a libre devant nasale, a travers ae, ai, ei, e, devient � (lame) ou e {main) et a entrav�gt;a {anlt; annus),nbsp;il s�est transform� en wallon, libre, en e (linne, min) et, entrav�,nbsp;en a (an). On rencontre, en ancien wallon, la phase interm�diairenbsp;ei et e (dozeine, dierene, foymen lt; fideimanus ^)).

Les consid�rations pr�c�dentes ne forment qu�une simple �bauche. Nous avons laiss� de c�t� intentionnellement plusieursnbsp;formes dignes d�etre relev�es et nous nous en sommes tenu anbsp;celles qui repr�sentaient plus ou moins la norme dans les anciensnbsp;textes wallons. Cela n�emp�che pas, cependant, que d�s mainte^nbsp;nant, nous pouvons d�ja tirer quelques conclusions importantes �).

Tout d�abord des traits comme i (lt;e y) et ui (lt; p y) ou =un (lt; 'unus) que d�aucuns ont r�put�s litt�raires et franpais ^),nbsp;pourraient s�expliquer comme des d�veloppements indig�nes.

Ensuite, il y a un parall�le int�ressant a faire entre l��volution des diphtongues franpaises et des diphtongues wallonnes. Tandisnbsp;qu�en galloroman il est permis de supposer partout une m�menbsp;accentuation pour i�, u�, �i, �u, ae, l�ancien franpais et l�anciennbsp;wallon commencent a diverger a partir de l�apparition de lanbsp;litt�rature �crite. L�ae et l�ou ont repu probablement la m�menbsp;accentuation ascendante dans les deux r�gions, de m�me quenbsp;toutes les diphtongues nasales sont devenues descendantes. M�menbsp;ien (lt; e [-f nasale) qui, en franpais, fait exception, semble �trenbsp;d�croissant en ancien wallon, comme on peut Ie d�duire de con^nbsp;tractions comme vinent, nint, bin a c�t� des formes pleines avecnbsp;ie, a moins qu�on ne doive consid�rer les variantes avec i commenbsp;des e non^^diphtongu�s. La o� Ie wallon se s�pare nettement dunbsp;franpais, c�est dans Ie d�veloppement de ie, �e et �i, dei, (di).

En ce qui concerne les comparaisons que nous avons faites avec les patois modernes, nous avons d� nous fier a nos sources. Jusqu�ici nousnbsp;n�avons pas eu I�occasion de les controler sur place.

0 Ainsi M. Bayot pour / et ui (op. cit, p. LXXVII, LXXVIII) et G. Doutrepont pour =un (op. cit., p. 54). M. Wilmotte, dans la r��ditionnbsp;de ses critiques de l��dition Clo�tta (op. cit, p. 213 ss.), est devenu beaucoupnbsp;moins affirmatif.

qui restent d�croissants en wallon, et dans la diphtongaison conditionn�e de � et de �.

Enfin, nous constatons, en ancien wallon, la m�me accentuation flottante qua �tablie M. Salverda de Grave pour 1�ancien et Ienbsp;moyen francais. Tant�t l�accentuation anormale d�pendra, dansnbsp;les cas de e et de p suivis ou non de e, de facteurs g � o g r a�nbsp;p h i q u e s encore a d�finir, tant�t, avec ei et oi pour i et ui anbsp;Li�ge, de facteurs sociaux � M. Wilmotte observe que cettenbsp;formation �est trahie par des vocables du dialecte populaire� i) �,nbsp;pbonologiques ou autres^). L�accent flottant de iu (et denbsp;UI lt; � y) est d�termin� de nouveau par une cause g�ographique,nbsp;celui de ii pr�^wallon par une cause phonologique.

2) Cf. A. Zauner, Freie und gedeckte Vokale im Franz�sischen, ZRPh, XLVII, p. 607.

David^Louis, baron de Constant^^Rebecque^Hermenches, (1723� 1785) �tait un des quatre fils de Marc#Rodolphes=Samuel Constantnbsp;(1676�1756), qui servit dans l�arm�e des Provinces^Unies et ynbsp;parvint au grade de lieutenant�=g�n�ral.

Comme son p�re et ses trois fr�res, David=�Louis, nomm� d�Hermenches d�apr�s sa propri�t� pr�s de Lausanne, choisit lanbsp;carri�re militaire et servit la R�publique jusqu�a 1761, ann�e o�nbsp;il entra dans l�arm�e fran9aise. En 1768, il se distingua pendantnbsp;l�exp�dition de Corse contre Paoli. II mourut a Paris en 1785,nbsp;avec Ie grade de mar�chal de camp.

Les jugements port�s sur Ie caract�re de Constant d�Hermenches sont loin d��tre favorables. Rosalie Constant, dans ses Cahiersnbsp;verts, dit qu��il avait une grande ambition et un grand amour^*nbsp;propre�, qu��il voulait allier ensemble tous les plaisirs et toutesnbsp;les affaires, la philosophie et la volupt�, la plus extr�me �co#nbsp;nomie et Ie faste et la magnificence, sa femme et ses maitresses.�

A ce curieux m�lange on pourrait aj outer la foi chr�tienne, car une lettre ironique de Voltaire a Constant d�Hermenchesnbsp;(de 1773) nous apprend que celui;lt;ci, un beau jour, eut l�id�enbsp;d�envoyer au patriarche de Ferney une d�fense des dogmes reli#nbsp;gieux, tandis que, parmi les manuscrits laiss�s par d�Hermenchesnbsp;se trouve une Pri�re d�un Suisse, qui est une ardente professionnbsp;de foi.

M. Gustave Rudler fit de lui ce portrait s�v�re^): �L�ain�, d�Hermenches, reproduisit ou exag�ra son p�re, et tourna a lanbsp;duret�: t�te claire, volont� inflexible, coeur froid de libertin syst�*nbsp;matique�, tandis que Godet^) paria de �rarri�re=gt;fond �go�ste etnbsp;sec de sa nature�.

En effet, a lire les lettres qu�il �crivit a Belle de Zuylen, et que Godet reproduit, bien incompl�tement, on a la forte im*nbsp;pression que ce qui manquait surtout a ce beau cavalier quinbsp;tourna la t�te a tant de femmes, dont Belle de Zuylen, c��taient

2) Avant^�propos des Lettres de Belle de Zuylen a Constant d'Hermen= ches, p. XII.

la bont� et l�indulgence. C�est ainsi qu�il accable de sarcasmes les nobles hollandais sans vouloir reconnaitre Ie moins du mondenbsp;les bonnes qualit�s que Belle leur trouve. Du reste, il n�est pasnbsp;moins f�roce en jugeant ses compatriotes lausannois.

M�me dans les lettres qu�il envoie de France et de Suisse a son fils, rest� a La Haye, et o� il prodigue d�excellents conseils i),nbsp;la note tendre fait presque toujours d�faut.

Refusons done a d�Hermenches Ie doux lait de l�humaine tendresse, mais reconnaissons qu�il a su gagner dans sa vie aunbsp;moins deux grandes affections, celle de Belle de Zuylen, quinbsp;l�aima plus qu�en amie, et celle de Voltaire, qui l�admira commenbsp;acteur, lui voua la plus cordiale amiti� et lui adressa de nom#nbsp;breuses lettres ^).

C�est probablement en 1755 que Voltaire a fait la connaissance d�Hermencbes. La premi�re lettre de Voltaire date du 19 novembrenbsp;de cette ann�e, des D�lices; la derni�re en date est du premiernbsp;janvier 1777. Leur amiti� a done dur� plus de vingt ann�es.

Inutile de raconter longuement les d�buts du s�jour de Voltaire a Lausanne et a Gen�ve, apr�s sa fuite d�Allemagne,nbsp;et son arriv�e, d��tape en �tape, en Suisse, o� il esp�re trouvernbsp;la s�curit� dont il a besoin. II loue Monrion, maison de campagnenbsp;entre Lausanne et Ie lac L�man, qui n��tait pas tr�s confortablenbsp;et assez froide, mais qui se trouvait tout pr�s de la demeurenbsp;de ses amis, monsieur et madame de Brenles. Ensuite, pour avoirnbsp;un jardin d��t�, il acheta, au bord du lac de Gen�ve, la maisonnbsp;Saint^Jean, qu�il baptisera les D�lices. Plus tard encore, enchant�nbsp;de l�accueil affectueux que lui font les families de Lausanne,nbsp;comme les Constant, les Gentil, les d�Aubonne, il ach�tera dansnbsp;cette ville une maison o� il fera jouer des pi�ces de th�atre avecnbsp;tant de ferveur, comme du reste aux D�lices, que 1�aristocratienbsp;genevoise et lausannoise sera saisie d�une v�ritable passion pournbsp;la com�die, et que Ie marquis de Gentil de Langallerie, mari denbsp;la sceur d�Hermenches, fera installer, sur sa terre de Monrepos,nbsp;une sc�ne tr�s agr�able o� l�on jouera avec enthousiasme des

Ces lettres de Voltaire appartiennent aux descendantes directes de d�Hermenches, la comtesse de Puckler de Constant de Rebecque et lanbsp;baronne de Constant de Rebecque, que je tiens a remercier ici pournbsp;l�extr�me bienveillance avec laquelle elles m�ont ouvert leurs archives.

pi�ces de Voltaire. Puis, en 1758, c�est Ie bail a vie de Tournay et I�achat de Ferney, tous les deux en France, mais pr�s de lanbsp;fronti�re suisse, et voila d�sormais Voltaire, avec ses refuges ennbsp;Suisse, suffisamment prot�g� contre les dangers qui pourraientnbsp;Ie menacer du c�t� de Versailles, tandis que, en France, il seranbsp;a l�abri du Consistoire et du Petit Conseil de Gen�ve. Commenbsp;disait Ie spirituel pr�sident de Brosses, il voulait, tel l�Ange denbsp;l�Apocalypse, qui avait un pied sur la terre et l�autre sur la mer,nbsp;avoir un pied en r�publique et l�autre en monarchie. Et commenbsp;lui�'m�me �crit a d�Hermenches (dans une lettre du 26 janviernbsp;1759); �Me voicy velours a trois couleurs, fran9ais, genevois etnbsp;suisse. On en est infiniment plus libre et c�est a quoi j�ainbsp;toujours vis�.�

D�Hermenches �tait avec sa femme, la belle Louise de Seigneux, Fame des f�tes th�atrales. Voltaire �tait enchant� de leur jeu.nbsp;Lorsque d�Hermenches eut jou� Ie r�le d�Orosmane et sa femmenbsp;celui de Za�re, �Ie Bonhomme Lusignan� lui �crivit de Monrionnbsp;(Ie 6 mars 1757): �Je ne suis pas a port�e de juger des bellesnbsp;passions d�Orosmane pour Ie vin, les Dames et Ie jeu, vertusnbsp;consid�rables dont un tr�s grand connaisseur fait un sublimenbsp;�loge dans sa tr�s jolie lettre. Mais je certifie a tous ceux qu�ilnbsp;apartiendra qu�Orosmane a jou� tout son r�le avec une v�rit�nbsp;et une passion qui m�ont arrach� des larmes aussi bien qu�anbsp;tous les spectateurs. J�atteste que Zayre a �t� mieux jou�e quenbsp;par MUe Gaussin, qu�il n�y a pas de comparaison a faire entrenbsp;Nerestan et Ie plat acteur qui manque ce r�le a Paris. Guillaumenbsp;Tell serait bien �tonn� s�il avait vu tout cela.�^)

Ce billet ne peint pas moins �loquemment l�extase de Voltaire qu�un des panneaux qu�Huber fit pour Hermenches � ces^aonbsp;dire Ie chateau de ce nom � et qui ornent a pr�sent la salienbsp;a manger du chateau de M�zery. On y voit Voltaire, tellementnbsp;entrain� par Ie jeu de d�Hermenches et de sa femme, que,nbsp;s�approchant de plus en plus d�eux, il finit par se trouver aunbsp;milieu de la sc�ne entre Za�re et Orosmane, auquel il faitnbsp;manquer son fameux coup de poignard.

') Nous reproduisons ici une copie de la lettre de Voltaire, dont l�original semble �tre perdu.

De nos Hameaux vous �tes l�enchanteur; de mes ecrits vous voil�s la faiblesse;nbsp;vous y mett�s par un art s�ducteur,nbsp;ce qu�ils n�ont point: la grace et la noblesse.

C�est bien raison qu�un sorcier si flatteur, pour son Epouse ait une enchanteresse.

II recommande d�Hermenches a Richelieu et a Choiseul; il lui off re de l�argent et un cheval; il Ie f�licite de sa traductionnbsp;du tableau de la Corse par S�n�que; il lui donne, a plusieursnbsp;reprises, des conseils litt�raires.

Ainsi nous voyons Voltaire pr�occup� de la repr�sentation des Scythes qui vont �tre jou�s a Paris au d�but de 1768,nbsp;et, a la m�me �poque, au th�atre de Monrepos, apr�s l�avoirnbsp;�t�, l�ann�e pr�c�dente, a Ferney. II envoie sans cesse a d�Her#nbsp;menches des recommandations, des conseils, et s�effraie desnbsp;vers que son acteur propose d�introduire dans la pi�ce. Nousnbsp;reproduisons plus loin la lettre o� se montre Ie scrupuleuxnbsp;auteur, anxieux de voir gat�s l�esprit et Ie style de sa trag�die.

La passion pour Ie th�atre, qui continuait d�animer Voltaire dans cette derni�re p�riode de sa vie, se r�v�le dans les lettresnbsp;et les billets adress�s a d�Hermenches, et m�me dans de simplesnbsp;phrases se rapportant toutes a des repr�sentations et jet�es rapide^^nbsp;ment au verso de cartes de jeu. Le manuscrit de Fanime, quenbsp;nous avons trouv� dans les papiers d�Hermenches, s�accompagnenbsp;d�une liste d�acteurs o� se reconnait l��criture de Voltaire,nbsp;et d�indications sur les costumes et le jeu qui sont toutes denbsp;sa main.

Trag�die par Mr. de Voltaire repr�sent�e pour la premi�re fois au th�atre de Monrepos.*)

') Fanime a �t� imprim�e dans le 5e volume du Th�atre de M. de Voltaire, Amsterdam, Fran?ois�Canut�Richoff, 1763; ce n�est autre chosenbsp;que la Zulime de 1740, consid�rablement retouch�e.

Fanime fut repr�sent�e en 1757 au th�atre de Monrepos, et en 1760 aux D�lices.

Mohador Mr. De Crouzaz, et Mx. de Voltaire Emir arabe. Albacid Mr. De St. Cierge, ami de Mohador.

Idamore Mr. Le Marquis de Gentil, ami de Tamire. Serame Me La Marq. de Gentil, confidente de Fanime.

nous attendions les ordres des maitres des jeux. fanime en consequence arborera le grand panier, cela meme est n�cessairenbsp;pour arranger les positions du teatre, attendu que deux juppesnbsp;tiennent plus de places que vingt hauts de chausse.

fanime pretend qu�au cinqui�me acte elle doit etre aupres de son pere, et il est incontestable que tamire doit etre a lanbsp;droitte d�Enide paree que c�est luy qui doit la d�sarmer, etnbsp;quil parait convenable qu�il soit aupres de ce qu�il aime, et nonnbsp;aupres de ce qu�il n�aime pas. nous soumettons aux idees dunbsp;genereux tamire ces convenances qui l�emportent sur les incon#nbsp;venients. ces inconvenients sont que tamire ne poura pariet anbsp;droitte et a gauche, mais il sauvera ais�ment cette difficult�nbsp;par un geste et nous nous reposons sur luy de toute la bienseancenbsp;teatrale. la piece nest rien. il ne sagit que des acteurs et de leurnbsp;plaisir. fanime parait attach�e a cette position, elle ne sait pasnbsp;trop bien son role, et serait embarrass�e s�il fallait changer lesnbsp;arrangements dont on convint hier. elle prie le genereux tamirenbsp;d�avoir cette condescendance pour sa faiblesse. elle sera a troisnbsp;heures et demie pr�cise au teatre de monrepos. nous nousnbsp;flattons que le mal de gorge de madame d�Hermanges est dissip�.

Si, comme il va desoi, Voltaire, dans ses lettres a d�Hermenches, dont six seulement ont �t� recueillies dans sa Correspondance,nbsp;s�entretient surtout des choses du th�atre, il touche aussi parfoisnbsp;a d�autres sujets: questions personneUes ou d�int�r�t g�n�ral, sesnbsp;d�m�l�s avec l��diteur Grasset ou les pasteurs de Gen�ve, le

Nous imprimons en italique les additions de Voltaire, en en con� servant l�orthographe, comme nous le faisons partout ailleurs.

mariage de Mademoiselle Corneille, l�affaire Galas, les succ�s et les revers de Fr�d�ric.

Ces lettres n�ouvrent pas de nouvelles perspectives, mais, pour l�esprit qui y �tincelle, elles comptent certainement parmi lesnbsp;meilleures pages de Voltaire.

C�est pourquoi nous croyons int�ressant de faire suivre cette introduction de cinq �chantillons, qui traitent de suj ets diff�rents,nbsp;aux D�lices.

Je^) vois Monsieur par votre lettre que Monsieur Ie due Daremberg^) et la ville de paris partageront vos faveurs unenbsp;partie de l�hiver mais enfin vous nous reviendrez. Je n�auraisnbsp;pas sans cela conclu mon march� avec Mr. de monron�). J�aynbsp;garanti l�interieur de sa maison des injures de la bize. J�ay faitnbsp;des antichambres des fournaux des chemin�es mais je fais biennbsp;plus de cas des decorations du teatre Gentil^). Et vous saveznbsp;quel besoin ce teatre a de vous. Celuy que nous avons eu eetnbsp;�t� aux portes de Geneve n�a servi qua redoubler notre goustnbsp;pour celuy de lausane. Vous serez peutetre bien fach� de ne vousnbsp;pas faire estropier pendant ce temps la sur les bords du danubenbsp;de l�elbe ou du Rhin. Je conviens quil est triste de ne pasnbsp;revenir dans sa patrie avec une jambe de bois. Mais tachez denbsp;vous consoler cette ann�e. II est bien difficile que vous n�ayeznbsp;tot OU tard des occasions de contenter votre goust. Pour moynbsp;j�acorderai volontiers tous les plaisirs a votre gloire pourvu quenbsp;vous nous reveniez les hivers avec tous vos membres.

L�affaire du 5 novembre�) n�est pas a l�honneur des francais et des cercles.

Le roy de prusse qui fait toujours des vers en perdant des villes, et en gagnant des batailles m�avait �crit quelque tempsnbsp;avant cette joum�e

*) Charless^L�opold, prince d�Aremberg, feld=gt;mar�chal au service de l�Autriche, joua un role assez important dans la guerre de Sept ans. II futnbsp;un ami intime de d�Hermenches.

La bataille de Rossbach o� Fr�d�ric remporta une victoire �clatante sur les arm�es unies des Autrichiens et des Francais. La cavalerienbsp;fran^aise �tait sous les ordres du prince de Soubise, grand favori d�nbsp;Louis XV et de Madame de Pompadour, des �cercles� de la cour.

quand je suis voisin du naufrage je dois en affrontant l�oragenbsp;penser vivre, et mourir en roy 0-

II s�est assur�ment conduit en roy et n�en est pas mort. Ceux qu�il a eus en tete ne se sont mis en devoir de tuer personne.nbsp;II faudra voir si ce qui fait sa gloire poura contribuer aunbsp;retablissement de ses affaires. II a tant d�ennemis qu�il peut ennbsp;se faisant une grande r�putation perdre tous ses �tats. Mais ilnbsp;ne m�apartient pas de faire Ie politique. Je ne vois les chosesnbsp;du fonds de ma retraitte qu�avec de mauvaises lunettes. Je menbsp;bome a etre t�moin du bonheur paisible de Mr. votre frere ^).nbsp;II est chez moy avec madame sa femme a Iheure que je vousnbsp;�cris. Je les suivrai bientot a lausanne ou je vous attendray avecnbsp;toutte l�impatience d�un homme qui ne comptera pour ses beauxnbsp;jours que ceux qu�il aura l�honneur de passer avec vous et quinbsp;vous attach� par tous les sentiments que vous inspirez

Votre hautesse veut done �tre en lambrequins et en tonnelet? Nous nous prosternons a votre sublime porte. Nous dep�chonsnbsp;les ordres de votre hautesse au typographe Crammer*) (quenbsp;dieu perpetue son commerce) et nous luy recommandons d�en?nbsp;voier sans d�lay touttes les guenilles tragiques qui peuventnbsp;avoir �chapp� aux saintes fureurs du consistoire. Si les haillonsnbsp;romains n�arrivent point, nous representons en toutte humilit�nbsp;qu�un habit a l�hongroise, a la polonaise, sierait fort bien a lanbsp;bonne mine de Tamire. Nous nous prosternons aux pieds de

Dans une lettre du 9 octobre, Fr�d�ric envoya a Voltaire un po�me qui se termine par ces vers: Pour moi, menac� du naufrage. Je dois,nbsp;en affrontant Forage, Penser, vivre et mourir en roi.

C�est Samuel de Constant, auteur du Mari sentimental, et que Voltaire avait mari� a Charlotte Pictet. Rosalie Constant fut sa fille.

*) Les fr�res Cramer, Gabriel, Fain�, dit le Marquis, et Philibert, le cadet, dit le Prince, �taient propri�taires d�une imprimerie c�l�bre anbsp;Gen�ve. Voltaire vante a plusieurs reprises leur savoir et leur d�sint�resonbsp;sement. En outre, ils jouaient a ravir la com�die.

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votre trone, et nous prions Ie dieu mis�ricordieux qu�il vous conserve les sublimes talents dont Ie bacha buzanval fait unnbsp;si bel eloge.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;V.

Un homme de poids monsieur a qui j�avais �crit une lettre lamentable au sujet de Fabominable avanture de Galas m�anbsp;r�pondu que nous importe qu�on ait rou� un homme quand nousnbsp;per dons la Martinique^). De minimis non curat pretor. Fort biennbsp;messieurs, mais il fallait savoir deffendre vos possessions et nenbsp;pas faire expirer un innocent sur la roue. Plus je r�fl�chis surnbsp;ma pauvre patrie, et plus je regrette Lausane. II est vraynbsp;Monsieur que je Ie regretterai moins a la fin d�avril, puis quenbsp;vous serez en Hollande.

Nous avons icy Ie Kain�) qui nous dit que Ie tripot de la comedie francaise a Paris va tout comme Ie grand tripot denbsp;la France. Tout est d�labr�. Vive Ie petit teatre de Femey quenbsp;vous et madame d�Hermanche vous avez tant embelli. Je menbsp;flatte que nous aurons encor Ihonneur de vous y voir tous deuxnbsp;avant votre d�part. Nous apprenons nos roles. Je rapetassenbsp;toujours quelque trag�die. Nous faisons un repertoire. Nousnbsp;formons un magazin. Cela vaut mieux que d��quiper des vaissauxnbsp;que les anglais prendraient; pour moy, j�ay fait mon traitt� a veenbsp;eux. C�est un Anglais qui jouera chez moy Jaques Rostbeef ¹ ²).nbsp;Nous voyla d�accord comme les Russes et les Prussiens. Jenbsp;voudrais voir les rois qui sont en guerre jouer la com�dienbsp;ensemble. Le roy de Prusse ne jouerait pas Ie role d�amoureux.nbsp;Adieu monsieur, je vous prie d�agr�er, vous et madamenbsp;D�hermanche, et toutte votre familie mes tres tendres respects.

1) Pierre^Victor, baron de Besenval, g�n�ral suisse au service de la France (1722�1791).

�) nbsp;nbsp;nbsp;Les Anglais prirent lanbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Martiniquenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pour lanbsp;nbsp;nbsp;nbsp;premi�re fois en 1762.

Lekain, qui avait d�ja nbsp;nbsp;nbsp;�t� aux D�lices ennbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1755, revint a Femey

nbsp;nbsp;nbsp;Dans Le Frarifais a Londres denbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Boissy, ilnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y a trois Anglais: le

lord nbsp;nbsp;nbsp;Craff, le lord Houzeynbsp;nbsp;nbsp;nbsp;et Jacquesnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Rosbif, n�gociant anglais. �Nous

devions jouer aujourd�hui Cassandre=Olympie et le Frangais a Londres. Figurez^vous que milord Craff �tait jou� par un Anglais qui s�appellenbsp;Craff; mais comme je vous 1�ai dit, un mauvais oncle nous d�range�nbsp;(A d�Argental, 18 avril 1762).

Le bon veillard Sim�on, Monsieur, dira son cantique d�actions de graces quand il aura vu Germanicus. Et s�il daigne en effetnbsp;honorer de sa pr�sence les tracassiers g�nevois, je vous serainbsp;tres oblig� de vouloir bien m�avertir du jour de son d�part.

J�ai fort connu ce pauvre Lally dont vous me parlez. J�ai eu m�me avec lui une correspondance tr�s singuli�re. Je lenbsp;connaissais pour un homme violent, chim�rique, et un peunbsp;int�ress�; mais je suis tr�s sur qu�il n�a ni trahi, ni pu trahir lenbsp;roy. II �tait d�un caract�re a se faire d�tester de tous ceux quinbsp;avaient affaire a lui. Ce n est pas la raison pour couper le counbsp;d�un homme. Les factums pour et contre que j�ai lus attentive#nbsp;ment, ne contiennent que des injures, et pas la moindre preuve.nbsp;L�arr�t ne dit rien que de vague; il aurait du sp�cifier aunbsp;moins une concussion, et on ne se sert que du mot de vexationnbsp;qui ne signifie rien. Mr. d�Ach� et lui ne se sont reproch�s quenbsp;de mauvaises op�rations militaires, et il est bien �trange quenbsp;la conduite militaire ait �t� jug�e par des bonnets quarr�s. Lanbsp;France d�ailleurs est le seul pa�s de l�Europe o� les arr�ts nenbsp;sont point motiv�s. C�est insulter le genre humain que de fairenbsp;mourir par la main d�un boureau un general, sans lui dire pr�#nbsp;cis�ment pourquoi on le fait mourir.

Vous voila frangais. Monsieur, j�esp�re qu�aiant retrouv� vos titres, vous retrouverez aussi la fortune. Elle sera toujours au#nbsp;dessous de v�tre m�rite.

Mon amiti� est hardie, mon cher Colonel, mais la v�tre est indulgente. Si 1 esprit suffisait pour faire des vers tragiques

2) nbsp;nbsp;nbsp;En 1761, le g�n�ral Thomas#Arthur, comte de Lally, baron denbsp;Tollendal, dut rendre Pondich�ry aux Anglais. En 1766, le parlement lenbsp;d�clara coupable d�avoir trahi les int�r�ts du roi et le condamna a mort.nbsp;Le comte d�Ach�, vice#amiral, laissa les Anglais ruiner la dominationnbsp;fran^aise sur les c�tes de Malabar et de Coromandel.

vous en feriez comme Racine. Mais la po�sie est un art comme la musique: il a ses modes et ses clefs.

Semblent a tous les humains prescrire un m�me sort et Ie vers n�y serait pas, c�est une faute a la fois contre lanbsp;sintaxe et contre la versification, et des forces qui prescriventnbsp;un sort, sont une plus grande faute contre Tart d��crire. Ressort,nbsp;qui est au singulier ne peut rimer avec corps qui finit par un s.nbsp;G�nie rime mal avec patrie, travaux avec h�ros; et ces licencesnbsp;ne sont jamais permises que dans des cas extraordinaires. Indatirenbsp;ne peut rimer avec vivre ni familie avec docile ... Mais ce qu�ilnbsp;y a de plus r�pr�hensible, c�est qu�Athamare apr�s avoir parl�nbsp;de sa maitresse avec la plus grande chaleur, apr�s avoir rede#nbsp;mand� Ob�ide avec emportement, reprenne son sang-froid pournbsp;examiner la pr�f�rence qu�on doit donner au gouvernementnbsp;monarchique sur le r�publicain. Cette dissertation est a sa placenbsp;dans la trag�die de Brutus entre I�embassadeur Arons et le jeunenbsp;Titus; mais icy, elle est intol�rable, elle ferait tomber la pi�ce.nbsp;Je vous demande en grace de ne faire ce tort ni a vous,nbsp;ni a moi.

J�ai encore quelque chose de plus s�rieux a vous dire. On saurait bientot que ces vers sont de vous. Messrs de Berne ennbsp;seraient tr�s m�contents, il semble que vous aiez voulu designernbsp;leur gouvernement. Comptez que vous ne manquez pas de gensnbsp;a Lausanne qui en feraient tme aplication maligne. Je vousnbsp;park avec une franchise que ma tendresse pour vous justifie.nbsp;Je vous dis vrai. Qui aimera la v�rit� si ce n�est vous? Si vousnbsp;ne I�aimiez pas, je vous conjurerais du moins de la pardonner,nbsp;et de suprimer par bont� pour moi cette �dition qui me feraitnbsp;une peine extr�me. Je vous embrasse avec la confiance d�unnbsp;homme qui vous sera attach� toute sa vie.

N.B. Si vous voulez absolument quelques vers qui reviennent a votre id��, il faut sans doute les placer avant le moment ounbsp;Athamare a park d�Ob�ide; car apr�s avoir prononc� son nomnbsp;il ne doit plus parkr d�autre chose. Mais ces vers doivent �trenbsp;en fort petit nombre, ce n�est pas icy le lieu d�une dissertation.nbsp;En voicy quatre qui me paraissent assez a propos, et qu�on nenbsp;peut reprocher a un fran9ais qui les avoue. C�est qu�apr�s Indatirenbsp;a r�pondu a Athamare

356

Va, rhonneur de servir un maitre g�n�reux Qui met un digne prix aux exploits belliqueux,

Vaut mieux que de ramper dans une r�publique Insensible au m�rite et souvent tirannique.

Je trouve ces quatre vers fort convenables pour le th�atre de Paris, je les lui envoie. Si vous trouvez qu�ils puissent passernbsp;a Lausanne comme �tant d�un francais vous ne risquez rien.nbsp;Je songe a vous plus qu�a moi.

AI bij de Romeinen komt men het woord �praerogativus� bijvoeglijk tegen (misschien is dit zelfs zijn oudste zin), en innbsp;het Fransch der middeleeuwen keert dit bijvoeglijk gebruiknbsp;terug. Doch later kent men het woord eigenlijk alleen nognbsp;als zelfstandig naamwoord. In 1609 zal Andr� Duchesne in zijnnbsp;Les antiquitez et recherches de la grandeur et maiest� des roysnbsp;de France (blz. 519 aldaar) over de drie gouden of hermelijnennbsp;schouderbanden der Fransche koningen � en, vandaar, dernbsp;Eransche parlementspresidenten � schrijven: �ils ont toutefoisnbsp;voulu avoir quelque marque particuli�re, par laquelle ils eussentnbsp;quelque prerogative sur les autres ... pour estre reconnus pournbsp;rois ...�. Men leest bij Bossuet van een prerogative der armen,nbsp;bij John Dryden (1685) van vrijheid als an English subjectsnbsp;sole prerogative, bij een modern Engelsch schrijver (1875) zelfsnbsp;van the prerogative of making soup, and putting in anythingnbsp;that we like. Doch naast al zulk populair gebruik van het woordnbsp;heeft (�prerogatief� tot op onzen dag een soort technische beteernbsp;kenis bezeten; gefungeerd als een soort rechtsterm, met namenbsp;voor het staatsrecht. Het kan zijn nut hebben dien rechtstermnbsp;te bezien van wat naderbij.

Van haar historischen wortel � het recht van een centurie te Rome om in de comitia centuriata te stemmen (rogare) v��rnbsp;(prae) de overige centuries � is de uitdrukking natuurlijk los#nbsp;geraakt. Te gelijk met de centuries en de comiti�n zelf is dezenbsp;beteekenis verdwenen, om niet te herleven. Al in het Corpusnbsp;Juris zelf komt het woord voor in de vage, on technische'nbsp;beteekenis van recht (bevoegdheid), voorrecht of voorrang:nbsp;praerogativa deductionis, praerogativa minoris aetatis, praeroga�nbsp;tiva temporum, praerogativa usucapionis.

Het schijnt niet makkelijk te bepalen, wanneer en waardoor de term in het publieke leven terugkeert; men zal voor denbsp;middeleeuwen wel allereerst hebben te denken aan internationalenbsp;en nationale oorkonden. Een gezet onderzoek is niet volbracht,nbsp;en in oude tractaten schijnt het gebruik zeldzaam; toch spreekt,nbsp;bijvoorbeeld, het verdrag van Atrecht van 1435 tusschen koningnbsp;Karei VII van Frankrijk en Filips van Boergondi� van denbsp;franchises, droiz et pr�rogatives der onderscheiden �pers denbsp;France� (Cosneau, 1889, blz. 131). Noch In de Nederlanden,

noch in Duitsch gebied echter schijnt de term in zwang in die eeuwen, al komt men hem vermoedelijk nu en dan tegennbsp;onder keizer Karei V.

Zou men wellicht verwachten, dat de middeleeuwsche rechts# term �prerogatief�, op een koning toegepast, synoniem moestnbsp;wezen hetzij (in binnenlandsche verhoudingen) met �regaal�, hetzijnbsp;(in buitenlandsche verhoudingen) met �bijzonder recht van ��nnbsp;bijzonderen staat�, zeg van Spanje, van Zweden, van Turkije, �nbsp;tot nog toe is eenerzijds een gebruik van �prerogatief� en �regaal�nbsp;als erkende synoniemen of tautologie�n (in de Encyclopaedianbsp;Britannica ondersteld) niet ontdekt, zelfs niet voor �s koningsnbsp;recht van de munt, en anderzijds is een kennelijk gebruik vannbsp;�prerogatief� voor ��n bijzonder internationaal recht, eigen aannbsp;��n bijzonder land, niet opgevallen.

Ook na de middeleeuwen ontmoet men aanvankelijk in het Engelsch en het Fransch den term �prerogatief� niet als tech#nbsp;nischen term. Van sir Walter Ralegh verschijnt in 1628, tiennbsp;jaar na zijn onthoofding, een in 1615 geschreven en nog aannbsp;Jacobus I opgedragen werkje: The prerogative of Parliaments innbsp;England: proued in a dialogue betweene a Councellor and anbsp;Justice of peace. In 1666 geeft de veelschrijver Charles Sorelnbsp;in Parijs een boek uit: Divers traitez sur les droits et les pr�=nbsp;rogatives des rois de France. In zijn Trait� des donations vannbsp;1764 zal Ricard bij herhaling (b.v. I, 634; II, 554, 555) overnbsp;la prerogative of la pr�rogative van bepaalde erfgenamennbsp;spreken; Pothier bezigt bij het erfrecht de uitdrukking lanbsp;pr�rogative du double lien. Toch is in deze eeuwen het gebruiknbsp;veel minder verbreid dan men uit werken van jongere Franschenbsp;auteurs zou gelooven: als Picot in zijn Histoire des Etatsnbsp;g�n�raux van 1872 (1888) rept van de �pr�rogatives des Etatsnbsp;g�n�raux�, of Viollet in zijn Histoire du droit civil frangais vannbsp;1905 van �les pr�rogatives d�ainesse et de masculinit� (blz. 914),nbsp;dan zijn dat uitdrukkingen die, naar het schijnt, noch in de oudenbsp;bronnen, noch bij: schrijvers als Denis Le Brun (1734), Claudenbsp;Serres (1753), Pothier en anderen worden teruggevonden. Hetnbsp;Latijnsche rechtslexicon van Barbosa (1737) paraphraseert prae=nbsp;rogativa met het kleurlooze praecedentia, en zelfs met (voorrangnbsp;wegens) anci�nniteit.

Met een rechtsterm �prerogatief� schijnt het dan ook uit# zonderlijk te zijn geloopen. Er is geen sprake van, dat ook hier.

als zoo dikwijls � en vaak zoo kostbaar �, de rechtstaal van thans heugenis zou bevatten en voortzetten van gestorven toe#nbsp;standen. Integendeel, die rechtsterm lijkt een jonge nieuwigheid,nbsp;speciaal voor Angelsaksisch gebied.

In 1689 toch wijdt John Locke � uitgeweken nog onder Karei II, en eerst op het eind van 1688 teruggekeerd � innbsp;zijn Two treatises of Government het bekende hoofdstuk Ofnbsp;prerogative (11, hoofdstuk XIV) aan een ondersteld koninklijknbsp;recht om zonder wetsvoorschrift, en misschien mede zonder ver#nbsp;antwoordingsplicht, te handelen; in welk hoofdstuk Locke denbsp;uitspraak doet (� 160): �This power to act according to dis#nbsp;cretion ... is what is called prerogative�. Hier schijnt voornbsp;Engeland de aanvang te liggen van een technisch gebruik. Innbsp;1765 zal sir William Blackstone op onderscheiden plaatsen vannbsp;zijn Commentaries on the Laws of England deze theorie op# ennbsp;ovememen, en haar aldus weten in te lijven in de Britsche rechts#nbsp;taal tot op onzen dag. Zelfs voor dezen Britschen term �prero#nbsp;gatief� intusschen hoeft men geen overgrooten eerbied te hebben;nbsp;hij kenteekent zich door niets zoozeer als door zijn wazigheid.nbsp;�We find�, zegt Maitland in The constitutional history of England, 1926 (biz. 418, 421, vergelijk 260), �that there is often greatnbsp;uncertainty as to the exact limits of the royal prerogative ...nbsp;Thus our course is set about with difficulties, with prerogativesnbsp;disused, with prerogatives of doubtful existence, with prero#nbsp;gatives which exist by sufferance, merely because no one hasnbsp;thought it worth while to abolish them�; op een andere plaatsnbsp;spreekt hij van wat hem toeschijnt te zijn �a prerogative ofnbsp;extorting money�. De geschriften van den juridisch#dogmatischennbsp;Austin (1832, 1863) schijnen dan ook den term te mijden. Bijnbsp;Amerikaansche schrijvers � b.v. Woodrow Wilson in zijnnbsp;Congressional Government (1884) of Malcolm over de Philip#nbsp;pijnen (1926) � heeten de rechten van den Amerikaanschennbsp;senaat en het kiesrecht �prerogatieven�; de Philippijnsche grond#nbsp;wet van Malolos, 1899, sprak van een �prerogatief� om denbsp;vertegenwoordiging bijeen te roepen.

Frankrijk gaat met dit woordgebruik van Locke en Blackstone niet mee. Noch bij Montesquieu, noch bij andere schrijvers uitnbsp;die dagen, is �prerogatief� een gangbare uitdrukking, al reptnbsp;Esmein in zijn Cours �l�mentaire d�histoire du droit frangaisnbsp;(1925, blz. 277) van de �droits de r�gale� en �les autres pr�ro#

gatives du pouvoir royal� en al gebruikt de Fransche constitutie van 1791 het woord in haar aanhef. Ongetwijfeld zou hetnbsp;volkenrecht van het eind der achttiende en van de negentiendenbsp;eeuw aanleiding hebben gehad om te opereeren met vage,nbsp;internationale �prerogatieven� der onderscheiden souvereinen.nbsp;Toch blijft geruimen tijd de term zelfs daar ontbreken. Vattelnbsp;(1758), wiens woordkeus voor een eeuw of langer beslissendnbsp;zou zijn, spreekt wel van Droits de Majest�, Droits R�galiensnbsp;(boek I, � 45), maar wil niet weten van �prerogatieven�; hetgeennbsp;niet enkel samenhangt met het feit, dat bij Grotius, Pufendorfnbsp;en Wolf de term niet voorkwam, maar mede met Vattelsnbsp;eigen theorie over een gelijkheid aller mogendheden: �Aucune parnbsp;cons�quent ne peut naturellement pr�tendre de Pr�rogative�nbsp;(boek II, � 36). En zoo vindt men, naar het schijnt, ook in hetnbsp;latere internationale recht � gelukkig maar den term �prero^nbsp;gatief� niet gebruikt ter aanduiding van het bijzonder recht vannbsp;een of anderen bepaalden staat; ook niet in Engelsche en Ameri^nbsp;kaansche staatsstukken en werken. Wel plegen Angelsaksischenbsp;schrijvers de diplomatieke voorrechten (in groeiende mate hetnbsp;deel ook van niet^diplomaten) te omschrijven als �diplomaticnbsp;prerogatives�; maar in het Fransch � gelijk meermalen in hetnbsp;Engelsch zelf � zegt men eenvoudig: diplomatieke voorrechten,nbsp;privil�ges diplomatiques. En wel gebruiken ook internationalenbsp;verdragen den term voor het voorrecht eener dynastie: artikelnbsp;65 der congresakte van Weenen van 9 Juni 1815 in verbandnbsp;met ons eigen vorstenhuis: �Le titre et les pr�rogatives de lanbsp;dignit� Royale sont reconnus par toutes les Puissances dans lanbsp;Maison d�Orange;sNassau�; artikel 67 dier akte in verband metnbsp;Duitsche vorsten; het verdrag van 18 December 1923, statuutnbsp;der zone van Tanger, in verband met den sultan van Marokko:nbsp;�L�autonomie de la zone ne pouvant porter atteinte aux droitsnbsp;de souverainet� de Sa Majest� le Sultan, ni a son prestige et a sesnbsp;pr�rogatives de Chef de la communaut� musulmane de l�Empirenbsp;et de Chef de la familie ch�rifienne en r�sidence a Tanger . . .�.

Evenmin als Frankrijk schijnt Duitschland, met zijn dikwijls antieke opvattingen over vorst en vorstengezag, aan het Britschenbsp;woord �prerogatief� als rechtsterm te hebben meegedaan. Vroegernbsp;niet, en later niet; in verband noch met vorstenrechten, noch metnbsp;rechten van anderen; zelfs niet in een geschrift als Das Monar�nbsp;chische Princip van Stahl (1845).

Daarentegen is het weinig moderne en in zijn rechtstaal zelden origineele Nederland zich op een goed oogenblik, hals over kop,nbsp;gaan storten in de mystieke Britsche bewoording der �prero#nbsp;gatieven�. Men is geneigd allereerst aan invloed te denken vannbsp;den Franschen tekst der grondwet van 18J5, waar �Van de magtnbsp;des Konings� voor of door de Belgen vertaald was als �De lanbsp;Pr�rogative Royale�. In Hogendorps geschriften daarentegennbsp;� de zaak was niets voor Gijsbert Karei � schijnt de term tenbsp;ontbreken. Weliswaar vermelden de notulen van Van Maanennbsp;op 8 Mei 1815 uit de, ter wille van de Belgen in het Franschnbsp;gehouden, discussie: �De President� � d. i. Hogendorp �nbsp;�proponeert art. 32, 33 en 34 te adjourneren, tot na de artikelennbsp;over de koninklijke praerogativen in art. 35 en volgende�nbsp;(Colenbrander, II, 1909, blz. 105); maar noch in de officieelenbsp;notulen, noch bij Raepsaet, vindt men te dezer plaatse dennbsp;term, die aan Van Maanen lief is (Colenbrander, II, 1909, blz.nbsp;112, 145, 249, 256, 421) en die dus ook hier wel van den redactor,nbsp;niet van den spreker, zal zijn geweest. Met het genoemde opschriftnbsp;uit de grondwet hangt mogelijk samen de titel van een in 1829,nbsp;denkelijk van Gentsche zijde, in Noor(i=Nederland verschenennbsp;opzienbarende brochure tot verdediging van de onderwijspolitieknbsp;van Willem I: De la Direction exclusive de l�Instruction Publiquenbsp;dans les Pays=Bas, consid�r�e comme une des pr�rogatives denbsp;la Couronne. Doch eerst met de jaren �30 schijnt de term ge^nbsp;bruikelijk te worden in geschriften van mr. D. Donker Curtius.nbsp;In een geschrift uit 1843 van mr. G. W. Vreede over denbsp;goedkeuring van verbonden en verdragen heeft de schrijver hetnbsp;gedurig (blz. 2, 10, 13, 22 aldaar) over �het Koninklijk prae#nbsp;rogatief� of �het praerogatief der Kroon� om tractaten tot standnbsp;te brengen. Als dan op 2 December 1851 mr. Groen vannbsp;Prinsterer in de kamer, ter zake van de halveering der akademienbsp;van wetenschappen, �s konings �prerogatief� aanroert, merkt diennbsp;zelfden dag minister Thorbecke aan: �De geachte spreker heeftnbsp;gewaagd van praerogatief van de Kroon. Ik ken geen praes=nbsp;rogatief van de Kroon; ik ken alleen het Koninklijke Regerings#nbsp;regt, de regten, die door de Grondwet als Regeringsregten dernbsp;Kroon zijn aangewezen�. Bij de behandeling, in 1854, van hetnbsp;Indisch regeeringselement komt een �prerogatief� van oorlogstnbsp;verklaring om den hoek kijken op 26 Juli 1854, geopperdnbsp;door den liberaal mr. Sloet tot Oldhuis. Bij de befaamde ont#

binding van najaar 1866 wordt � niet of nauwelijks door de regeering zelf � het mystische woord �prerogatief� openlijk innbsp;de hoogte geheven, om allen den volke te toonen, hoe snoodnbsp;de motie*gt;Keuchenius is geweest: de kamer zou op het terrein dernbsp;uitvoerende macht zijn getreden, het koninklijk �prerogatief�nbsp;hebben aangetast; waarop het advies der tien juridische hooglt;snbsp;leeraren van 8 October 1866 reageert, helaas niet met een ver=nbsp;loochening van den on^Nederlandschen term, doch met ontkenningnbsp;dat �s konings bevoegdheden of �prerogatieven� zich aan controlenbsp;der staten^generaal onttrekken (Buys, Studi�n over Staatkundenbsp;en Staatsrecht, II, 1894, blz. 113, vergelijk 131, 136); gelijk opnbsp;23 April 1867, van �den niet^constitutionelen geest van hetnbsp;ministerie� sprekende, Thorbecke schertsend de vraag opwerpt:nbsp;�Is dan het beginsel, dat de Koning regeert zonder als mede=nbsp;pligtig in de handelingen of de schuld van het ministerie voor#nbsp;gesteld te kunnen worden, niet het ware praerogatief van dennbsp;Constitutionelen Koning?�. Alleen in Belgi� nog werkt de ver#nbsp;meende rechtsterm na, vermoedelijk wegens den reeds genoemdennbsp;grondwetstekst van 1815; zoekt men in de CEuvres completesnbsp;van den conservatieven snuffelaar Raepsaet (1750�1832) dennbsp;term naar het schijnt vergeefs, zoowel Orban (II, 1908, blz.nbsp;221, 236) als Errera (1918, blz. 119, 202) geven aan de bevoegd#nbsp;heden van den Koning der Belgen den bijnaam �pr�rogativesnbsp;royales� of �pr�rogatives constitutionnelles du Roi�. Het woordnbsp;heeft hier echter niets kenmerkends meer; is simpele parallel vannbsp;een uitdrukking als bevoegdheid, attribuut.

Ook bet canonieke recht, althans de codex van 1917, schijnt een rechtsterm �prerogatief� niet te kennen.

Van dezen vermeenden rechtsterm �prerogatief� dan, voor Engeland uitgedacht met een geheel eigen beteekenis die zichnbsp;tot export niet leent, door Frankrijk niet aanvaard, in de Duitschenbsp;landen en Belgi� zoogoed als onbekend gebleven, in het inter#nbsp;nationale en het canonieke recht zonder beteekenis gelaten, schijntnbsp;het Nederlandsche staatsrecht zich maar niet te kunnen ontdoen ^),

1) Struycken, Grondwetsherziening, 1913, blz. 22; Verslag commissie West#Indi�, 1923, blz. 5; Huart, Grondwetsherziening 1917 en 1922, 1925,nbsp;blz. 44; Kranenburg, Het Nederlandsch staatsrecht, P, 1928, blz. 325,nbsp;326, 380, en IP, 1930, blz. 110. Niet, naar het schijnt, bij Heemskerk,nbsp;Buys, Oppenheim, Van Idsinga, De Savornin Lohman, Krabbe; Lobman,nbsp;Onze Constitutie^, 1926, blz. 296, citeert slechts de Britsche zegswijze.

al past hij daar in geenen deele, en al is hij er vroeger en later haast altijd gebruikt als term#van!=kwade#zaken, als vreesaanjager,nbsp;om de goegemeente te doen gelooven aan een staatsrechtelijknbsp;onderscheid �tusschen heilige en minder heilige regeringsregten�nbsp;� zooals Buys in 1866 het noemde (^Studi�n, I, 1894, blz. 136,nbsp;vergelijk 137) �, of om aan ware of vermeende bevoegdhedennbsp;hetzij van de persoon des konings, hetzij van den koning dernbsp;constitutie, �meer wijding ... te geven� � gelijk het in 1918 heetnbsp;bij Struycken (Het Bestuur der Buitenlandsche Betrekkingen,nbsp;1918, blz. 22) �. Nog in December 1932 zal zoowaar in een totnbsp;de eerste kamer gerichte memorie een minister van justitie hetnbsp;naturaliseeren tot Nederlander bij de wet betitelen als een �pre#nbsp;rogatief� der kamers.

Littr� schijnt dan ook, evenzeer voor Frankrijk en Waalsch# Belgi� als voor Nederland, ongelijk te hebben, als hij, doornbsp;onprecies ontkenen aan de groote Encyclop�die van d�Alembert ennbsp;de zijnen, tusschen �pr�rogative� en �privil�ge� een soort rechts#nbsp;kundig verschil tracht te phantaseeren: �Pr�rogative signifie unnbsp;titre a certains hommages, une pr�f�rence, une distinction, unenbsp;dignit�; privil�ge, un avantage r�el et positif qui met en dehorsnbsp;de la loi commune. La pr�rogative est un honneur, et se rapportenbsp;au rang...; Ie privil�ge a plut�t rapport a l�int�r�t...�. De spijkernbsp;lijkt daarentegen op den kop geraakt juist in de genoemdenbsp;Encyclop�die, waar (1765) eenerzijds prerogatief en privilegenbsp;als synoniemen worden genoemd, doch waar anderzijds de rechts^nbsp;term �pr�rogative royale� bepaaldelijk wordt beperkt tot hetnbsp;staatsrecht van Groot#Britanni� (�Ie pouvoir de procurer Ie biennbsp;public sans r�glemens et sans lois�). Op het continent is hetnbsp;woord �prerogatief� slechts in schijn een rechtsterm; zijn gebruiknbsp;brengt er duisternis in plaats van licht; het kan er in de taalnbsp;des gemeenen levens overal worden vervangen door het een#nbsp;voudiger en duidelijker �recht� (bevoegdheid), �voorrecht� ofnbsp;�voorrang�; het dient er, hoe eer hoe beter, te worden uit#nbsp;gebannen voorgoed.

Salverda de Grave heeft in zijn meesterlik werk �De Franse woorden in het Nederlands� de grondslag gelegd voor elknbsp;verder onderzoek op dit gebied. Zijn werk levert niet alleen eennbsp;waardevolle bijdrage tot de Nederlandse lexicografie, maar zoektnbsp;steeds het nauwe verband met de sociale structuur, met denbsp;historiese ontwikkeling van land en volk. Aard en chronologienbsp;van de ontlening worden voortdurend in het oog gehouden, alnbsp;levert de laatste grote, soms onoverkomelike moeilikheden. Datnbsp;ligt deels in de aard van het onderwerp: aanraking met de Fransenbsp;beschaving heeft in alle tijdperken van onze geschiedenis plaatsnbsp;gehad; doorlopende of herhaalde ontlening van hetzelfde woordnbsp;is dus mogelik en in vele gevallen waarschijnlik; de grenzennbsp;tussen nog geheel vreemde en reeds geheel ingeburgerde, onUnbsp;leende woorden zijn vervloeiend, zodat de juiste datum vannbsp;inburgering � laat staan van eerste ontlening � niet vast tenbsp;stellen is.

Daarbij komt, dat de hulpmiddelen de onderzoeker vaak in de steek laten. Het voortreffelike �Middelnederlandsch Woor=nbsp;denhoek� komt, wat de overgeleverde woordvoorraad betreft,nbsp;de volledigheid nabij, maar heeft uiteraard niet alles geboekt,nbsp;wat eens bestaan heeft. Een groot voordeel is, dat Verdam denbsp;ontleende woorden met evenveel zorg verzameld en behandeldnbsp;heeft als de inheemse.

Als grens tussen de derde en de vierde periode, omstreeks 1600, koos Salverda de Grave het Etymologicon van Kiliaen,nbsp;eveneens een kostbare hulpbron, al zijn de gegevens, bij gebrekenbsp;van aangehaalde plaatsen, moeielik te controleren. Maar na 1600,nbsp;dus in het vierde tijdperk, heeft de schrijver geen grenslijnennbsp;durven trekken. Als hulpmiddel voor de zeventiende en acht*=nbsp;tiende eeuw zouden alleen de opeenvolgende drukken vannbsp;Meyer�s Woordenschat in aanmerking komen. Een vergelijkende

1) Verhandelingen der Kon. Acad. van Wetenschappen te Amsterdam, afd. Letterkunde N. R. VII (Amsterdam, Des. 1906). Een Alfabeties registernbsp;werd bewerkt door J. J. B. Elzinga (iA Amsterdam Febr. 1920); vlg. denbsp;voordracht: Taalbetrekkingen van Nederland tot Frankrijk (Handel, ennbsp;Meded. van de Maatschappij der Ned. Lett. 1911�1912).

studie daarvan zou ongetwijfeld leerzaam zijn, maar men zou de uitkomsten niet moeten overschatten i). Er is geen waarborgnbsp;dat elke druk volledig is: opneming van een woord in eennbsp;latere druk behoeft niet te betekenen, dat het te voren onbekendnbsp;was. Een uitvoerig Frans#Nederlands woordenboek als dat vannbsp;Halma of van Marin zal achter het Franse woord eerder eennbsp;purisme of een omschrijving plaatsen dan het bijna gelijkluidendenbsp;bastaardwoord.

Ons klassieke �Woordenboek der Nederlandsche taal�, dat ieder beoefenaar van de taalgeschiedenis dankbaar leert gebruikennbsp;en waarderen, en dat tot in de zestiende eeuw teruggaat, heeftnbsp;voor het onderzoek van de ontleende woorden niet dezelfdenbsp;betekenis als het Middelnederlandsch Woordenboek. De betrek#nbsp;kelike volledigheid van het laatste is voor het eerste uiteraardnbsp;onbereikbaar. Daarbij komt, dat in de eerste delen, krachtens hetnbsp;beginsel van de geestelike vader, M. de Vries, de vreemdenbsp;woorden bijna geheel uitgesloten werden. De latere redacteurs,nbsp;minder puristies gestemd, hebben zich op ruimer standpuntnbsp;geplaatst, maar ook bij hen bestaat begrijpelikerwijze aarzelingnbsp;om vreemde woorden op te nemen, als niet duidelik blijkt, datnbsp;ze in brede kringen als eigen aanvaard zijn.

Deze omstandigheden maken dus een afzonderlik en ged�# tailleerd onderzoek naar de ontleende woorden in bepaaldenbsp;perioden of bij bepaalde auteurs verre van overbodig. Om nunbsp;binnen de grenzen van Salverda de Grave�s vierde periode, dienbsp;zich over meer dan drie eeuwen uitstrekt, enige ontwikkelingnbsp;na te gaan, zal men biezondere aandacht moeten wijden aan denbsp;middelperiode, de achttiende eeuw, die steeds gegolden heeft alsnbsp;een tijd van sterke en diepgaande verfransing van het maat#nbsp;schappelik leven. Enerzijds kan men dan nagaan, wat reeds uitnbsp;zeventiende#eeuws taalgebruik afkomstig was; anderzijds, welkenbsp;ontleende woorden in de negentiende eeuw gehandhaafd bleven,nbsp;en welke spoorloos te loor gingen.

Het doel van Meyer is niet, het gebruik van vreemde woorden vast te stellen, maar ze te verklaren. De eigenlike gebruiksfeer zal dus zeldennbsp;blijken. Over het algemeen zal hij, als purist, een woord niet te spoedignbsp;opnemen. Een kleine aanwijzing voor inburgering is b.v. de schrijfwijzenbsp;modern, waar in een oudere druk nog moderne staat.

een gelukkige greep, toen hij in zijn proefschrift de Franse woorden in de �Hollandsche Spectator� van Justus van Effennbsp;grondig onderzocht^). Deze kosmopolitiese geest, die in zijnnbsp;gedegen, maar vlotte stijl Nederlander bleef, zonder tot eennbsp;enghartig purisme te vervallen, doet ons een blik slaan in denbsp;werkelikdevende omgangstaal van zijn dagen, in de kringen vannbsp;de meestisontwikkelden.

Zoekt men een pendant voor de tweede helft van de acht# tiende eeuw, dan zal men zonder aarzeling de geschriften vannbsp;Wolff en Deken kiezen. Salverda de Grave begreep dit reeds,nbsp;toen hij voor zijn doel de Sara Burgerhart onderzocht. In vers*nbsp;schillende opzichten belooft dit onderwerp nog een rijker oogstnbsp;dan Justus van Effen: het taalmateriaal is veel omvangrijkernbsp;en strekt zich over een veel langere periode uit; in de romansnbsp;is, dank zij de briefvorm, een grote verscheidenheid van personen,nbsp;van verschillende sexe, leeftijd en stand, zelf aan het woord.nbsp;Vandaar ook dat de brieven, meer dan de gedichten, verbande#nbsp;lingen en vertalingen � die meer traditionele letterkundige ofnbsp;geschreven taal bevatten � voor ons doel in aanmerking komen.nbsp;Ook de brief bevat ten slotte geschreven taal, die min of meernbsp;letterkundig van aard kan zijn, maar juist bij deze schrijfstersnbsp;hebben de brieven de echte, natuurlike conversatietoon, terwijlnbsp;bovendien vaak gesprekken ingelast zijn: de taal staat dus zeernbsp;dicht bij die van de beschaafde omgang.

Onder mijn leiding belastten zich een zeventiental candidaten met het onderzoek naar de Franse woorden in de eigen brievennbsp;van Wolff en Deken, door Dr. Joh. Dyserinck volledig uit#nbsp;gegeven ^), de twee delen van Sara Burgerhart, de acht delen vannbsp;Willem Leevend en de drie delen van Abraham Blankaart. Hetnbsp;omvangrijke materiaal bevat genoeg stof voor een monografie;nbsp;in de volgende bladzijden, die dus op het onderzoek van mijnnbsp;leerlingen berusten, kan ik slechts door een enkele greep op hetnbsp;belang van het onderwerp wijzen.

Les mots frangais et les gallicismes dans Ie Hollandsche Spectator de Justus van Effen. Amsterdams proefschrift (Leiden, firma P. W. M..nbsp;Trap � 1923).

�) Brieven van Betje Wolff en Aagje Deken, met aanteekeningen van Dr. Joh. Dyserinck (�s#Gravenhage � Gebr. Van Cleef � 1904).

taal met gemak verstaan hebben. Aanraking met Frans^sprekende kringen heeft ze niet gehad; in het spreken en schrijven vannbsp;Frans heeft ze zich waarschijnlik niet of zelden geoefend. Denbsp;invloed van de vreemde taal blijft dus veel oppervlakkiger dannbsp;bij Van Effen, die blijkens zijn vele gallicismen vaak in hetnbsp;Frans denkt. Wanneer Betje Wolff gallicismen gebruikt, alsnbsp;belang nemen in, een visite geven, gezelschap zien, door Amstev�nbsp;dam passeeren, e. d., dan is er veel kans dat dit gallicismen uitnbsp;de tweede hand zijn. Veel van de Franse woorden en uitdruk#nbsp;kingen die zij gebruikt, zijn vermoedelik in de uitgaande wereldnbsp;van die dagen al gemeengoed geworden, als biens�ance ennbsp;beau=monde, bizarretie en bon sens, bel esprit en genie, romanesqnbsp;en sentimenteel, honnet en frivole, charmant en frappant. Hetnbsp;aantal Franse woorden, dat Betje in haar eigen brieven gebruikt,nbsp;ten minste in de eerste periode, is vrijwat groter. Niet vrij vannbsp;ijdelheid, wil ze haar kennis van het Frans wel eens luchten, alsnbsp;ze spreekt van but, chagrin, complaisance, d�lassement, vannbsp;bruyant, digne, m�prisant, vile, e. d. ^). Minder vertrouwdheidnbsp;met het Frans toont ze door zonderlinge formaties, als admiradeur,nbsp;ambassadriese, composure, dishoneur, disaccordeeren, displaisirnbsp;divertitie, devenseeren. Biezondere voorliefde toont ze voor verbanbsp;op #eren, b.v. chagrineeren, jouisseeren, loueeren, cacheeren,nbsp;trembleeren, die deels wel van eigen maaksel kunnen zijn ^).nbsp;Opmerkelik is, dat dit overmatig gebruik van Franse en bastaard#nbsp;woorden geleidelik slijt. Op rijpere leeftijd heeft ze daarin on#nbsp;natuur en aanstellerij gezien; mogelik is ook de omgang metnbsp;haar vriendin Aagje Deken van invloed geweest.

Aagje, van eenvoudige afkomst en aanvankelik geringe ont# wikkeling, kent weinig of geen Frans. Dat blijkt al uit denbsp;onbeholpen spelling, wanneer zij vreemde woorden wil schrijven.

Betje meende waarschijnlik ook, dat Franse woorden �comme il faut� waren in vormelik#deftig schrijven aan een voornaam heer als Mr. Noordkerk.nbsp;Zij schrijft b.v. �Zeer leet is het mij, dat ik de onbeschaaftheid gehad hebbenbsp;van zoo maar improviest te komen; doch ik vreesde refus (blz. 11). Of:nbsp;Ik neeme de vrijheid Uweled. Gestr. ons behouden arrivement te com=-municeeren (blz. 70).

^) Rechtstreekse aanraking met Franse lektuur blijkt ook uit de neiging om in de ontleende woorden de Franse spelling te behouden: group, tour,nbsp;douzijn, kouleur, plaisir, familiair, paquet, /range, e. d. Of daarbij somsnbsp;de Franse klank bewaard bleef, zal moeilik uit te maken. zijn. Soms staatnbsp;naast elkaar de spelling romanesq en romanesk.

als temprament, repiteren, genureus, dievevteven, converzaatie. Als zij iemand bedankt voor zijn �vriendelijk onthaal� laat zij volgen;nbsp;�het Fransche modewoord kan ik niet spelden�. Eerst na 1787,nbsp;in Bourgogne, leert ze een Franse roman lezen, �iets, dat ik mijnbsp;nooit had durven belooven�. Haar persoonlike brieven zijn dannbsp;ook vrijwel zonder nieuwe Franse woorden, tot wie zij zichnbsp;ook richt. In Betje�s vroege brieven is dat alleen het geval, alsnbsp;haar gemoed spreekt, b.v. in een troostbrief aan haar zuster^),nbsp;of als ze hartelik^gemoedelik is, als in haar brieven aan Coosjenbsp;Busken of aan Hein Vollenhoven.

Belangrijker dan de slechts ten dele bewaarde persoonlike korrespondentie zijn de gefingeerde brieven in hun beidernbsp;romans, die interessante spiegels van het gehele achttiendelt;�nbsp;eeuwse leven in Holland. De waarde van een authentieke brieven#nbsp;verzameling hebben ze niet: de schrijfsters zijn soms achter hunnbsp;persoon zichtbaar, spreken of preken door hun mond, maar hunnbsp;groot talent van uitbeelding, hun treffend realisme staat onsnbsp;borg, dat ook in het taalgebruik de werkelikheid dicht be#nbsp;naderd is.

Het zou een weinig bevredigende uitkomst leveren, als men uit deze romans slechts lijsten of statistieken van Franse woordennbsp;samenstelde. Het belangrijke van deze bronnen is juist, dat mennbsp;hier, beter dan elders, kan nagaan hoe het gesteld is met hetnbsp;gebruik bij de afzonderlike briefschrijvers en schrijfsters, innbsp;verband met hun leeftijd, karakter en stand; hoe dit gebruiknbsp;afhangt van het onderwerp waarover ze schrijven, van denbsp;stemming waarin ze verkeren, van de geadresseerde persoon,nbsp;De Franse woorden liggen dientengevolge op verschillendnbsp;gebied. In brieven van Abraham Blankaart, van Gerrit vannbsp;Oldenburg zal men handelstermen vinden; Hendrik Veldenaar,nbsp;als officier, gebruikt militaire termen. Als Willem Leevendnbsp;schrijft aan een predikant, zullen we woorden tegenkomen opnbsp;kerkelik of filosofies terrein. Jonge meisjes, die zich in de uit#nbsp;gaande wereld bewegen, als Sara Burgerhart, de geestige ennbsp;guitige Alida Leevend met haar vriendin Pietje Renard, schrijvennbsp;over omgang in de �salets�, over de komedie, over hun toilet.nbsp;Zij spreken van gout, van een beaut�, een belle, van een petiU

�) Zie de 3e brief in Dyserinck�s verzameling en vlg. No. 7 (2de helft), No. 9 en 29.

maitte en een chevalier, van een billet doux, passie, conqu�tes maken, caprices, avances doen, zich van iets een f�te maken,nbsp;vapeurs krijgen, enz. Op onze hoede moeten we zijn, als Betjenbsp;Wolff gaat chargeren, bijv. wanneer zij de �petit^ma�tre� Kootjenbsp;Brunier, ook in zijn taalgebruik, belachelik maakt, of de draaknbsp;steekt met de �savante� Cornelia Hartog.

Hoe groter maatschappelik terrein de roman bestrijkt, des te vruchtbaarder zal het onderzoek zijn. In Sara Burgerhart is denbsp;verscheidenheid van korrespondenten al veel groter dan in denbsp;Romans van Richardson, die de schrijfsters tot voorbeeld strekten:nbsp;de vrouwenkarakters, jong en oud, zijn naar het leven getekend;nbsp;te midden van minder geslaagde mannelike hoofdpersonen vindennbsp;we toch een uitstekend geslaagd type als Abraham Blankaart,nbsp;ook door zijn stijl goed gekarakteriseerd.

Op breder terrein beweegt zich Willem Leevend; door Willem�s studie komen we in aanraking met het kerkelik leven en denbsp;theologie. De karakteristiek wordt verdiept; de tijdgeest wordtnbsp;in nieuwe typen vertegenwoordigd, als de gevoelige Lotje Roulinnbsp;en de wijze Christina de Vrij. Kostelik is het echtpaar de Hardenbsp;getekend, als klein^burgerlike typen. De taal van Tante Marthanbsp;is leerzaam voor de kennis van Franse woorden en uitdrukkingennbsp;die reeds vroeg in volkskringen gebruikelik werden door na^nbsp;bootsing van hogere kuituur. Zij spreekt van koete ki koete,nbsp;simonpl� spelen, geafgronteerd, schokkeeren, kerjeus, kappetaalnbsp;(versterkend adv.), occasie, confertiefje, antipetie, dienstpresen=nbsp;tatie, veraltereerd, verordineeren, spikkeleeren, enz. Dit alles isnbsp;geen charge, maar berust op nauwkeurige waarneming; daarmeenbsp;kan men Betjes brieven aan Vollenhove vergelijken, waar zijnbsp;de rol speelt van de oude baker ^).

Van de drie onderzochte romans is Abraham Blankaart voor dit doel het minst belangrijk. Hier is telkens ��n persoon aannbsp;het woord, zich richtend tot verschillende korrespondenten overnbsp;onderwerpen, die met de eerste roman in verband staan. Somsnbsp;worden het verhandelingen van de schrijfsters, al hanteren zenbsp;daarbij de pen van hun lievelingsfiguur, de degelikmuchtere

1) Het minst op eigen waarneming zal de taal berusten, die zij de adellike jongelui laat schrijven, als de student Hendrik Lindenberg, de getuige bijnbsp;Willem�s duel (deel V) of Frans toe Valkenhof, al laten de schrijfstersnbsp;deze een betrekkelik groot aantal Franse woorden bezigen.

Abraham Blankaart^). Tot aanvulling van de gegevens uit de beide vorige romans kan toch ook dit werk goede dienstennbsp;bewijzen. Vergelijken we het fiches^materiaal, dat mijn leerlingennbsp;uit al deze brieven bijeenbrachten, dan blijkt dat daaruit denbsp;woordenvoorraad, door Salverda de Grave verzameld, op ver#nbsp;schillende punten aangevuld kan worden. Deels vallen dezenbsp;woorden samen met wat Elzinga uit Van Effen�s Spectator op#nbsp;tekende, terwijl er rekening mee te houden is, dat Sara Burgerhartnbsp;reeds door Salverda de Grave ge�xcerpeerd werd. In de eerstenbsp;plaats ontbreken nog verschillende achttiende#eeuwse modetermen,nbsp;die nu wel verdwenen zijn, maar die in een histories overzichtnbsp;niet mogen ontbreken, als: allongepruik, boucles, toupet, pelise,nbsp;soubise, juste, dormeuse, levite, polonaise, kabret, (een leer#nbsp;soort), taille, een puce lint, grisdelin; als huisraad de porteman=nbsp;teau, als voertuig de /argon. Dan volgen, in bonte rij, nog denbsp;volgende keuze: cachot, chapitre, delicatesse, extase, compagnienbsp;(deelgenootschap), harmonie (nl. tussen personen), passage (innbsp;een toneelstuk), sujet, symt�me, tomen (rondrijden), treinnbsp;(gevolg), tresoor (schatkist), vapeurs, de sex (de vrouwelikenbsp;sexe), en als adjectieven: caduc, sinseer, romanesq, satiricq,nbsp;sententieus, bourgeois, cordiaal, illustre, origineel (ook als subst.nbsp;= zonderling), quitte, medicinaal, gouteus. Opmerkelik is hetnbsp;grote aantal woorden op #eren, bij Salverda reeds zeer talrijknbsp;vertegenwoordigd, door Elzinga aanzienlik vermeerderd, maar uitnbsp;deze gegevens nog aan te vullen. Wij noemden reeds voorbeeldennbsp;uit Betjes brieven; uit de romans zijn daaraan o. a. nog toe tenbsp;voegen: adoniseren, affigeren, ergens bij assisteren, brilleren,nbsp;disputeren, dialogiseren, excuseren, calculeren, confideren, per=nbsp;mitteren, prepareren, rebelleren, spionneren, transformeren, trans=nbsp;porteren, triomferen, en als deelwoorden: geblesseerd, gechaus=nbsp;seerd, geraffineerd.

Daaronder zijn er die teruggaan op oudere �stadhuistaal� en dus op Latijnse voorbeelden, in Salverda de Grave�s bekend

Als Abraham Blankaart dus weinig Franse woorden gebruikt, dan vloeit dat voort uit zijn, goed volgehouden, karakter. Hij vindt immers,nbsp;�dat er te veel geleezen en te weinig gedagt wordt� (I, blz. 173) eninbsp;erkent, dat hij niet op de hoogte is van het �conversatielt;�Frans� (I, blz. 231).nbsp;Van stadhuiswoorden heeft hij een af keer: �En weet gij, wat er mij zoonbsp;schoon in bevalt? Er is geen een eenig stadhuiswoord in; en het is innbsp;onze eigen taal opgesteldquot; (I, blz. 36).

EssaiO uitvoerig en grondig behandeld. Bij woorden als com= municeren, introduceren, e. d. is dat stellig het geval, maar tochnbsp;zal bij woorden als assisteren, excuseren, transporteren hetnbsp;bekende Franse woord de factor geweest zijn, die het voorts=nbsp;bestaan voomamelik in de hand werkte. Dat is ook toepasseliknbsp;bij woorden op =ment, =tie, =ahel, =ibel enz. Ook al werd hetnbsp;suffix ment geheel vernederlandst in applaudissement, medicaonbsp;ment, temperament, sentiment, ze verdienen m. i. even goednbsp;opgenomen te worden in de lijsten van Franse woorden. Alsnbsp;analoge vormingen, onder Franse invloed, kunnen dus ook denbsp;volgende woorden op ^tie beschouwd worden, die in Salverdanbsp;Grave�s Essai niet genoemd worden: absentie, affectie, dispositie,nbsp;distinctie, executie, explicatie, incisie, indignatie, inclinatie, inso^nbsp;lentie, intentie, conditie, notitie (nemen), occasie, permissie.nbsp;In haar eigen brieven geeft Betje Wolff vaak de voorkeurnbsp;aan het Franse woord op =ence of Hce boven de stadhuis^nbsp;woorden op entie en itie, b.v. conscience, correspondence,nbsp;defence, destance, opulence, pr�judice, sacrifice, en zelfs: uitnbsp;de grace!

Als wij nu het verzamelde materiaal overzien, dan doet zich de vraag voor: zal het mogelik blijken bij benadering een split#nbsp;sing te maken tussen het gebruik in de eerste en in de tweedenbsp;helft van de achttiende eeuw? Zal men kunnen nagaan, welkenbsp;woorden na � 1750 voor het eerst in gebruik kwamen, welkenbsp;verdwenen, welke sedert de vorige periode in ruimer kringnbsp;gebruikelik werden, en dus als minder vreemd gevoeld werden?nbsp;Elzinga heeft opgemerkt, dat Van Effen de woorden, die hijnbsp;nog als geheebFrans voelt, kursief laat drukken, en maaktnbsp;daaruit zijn gevolgtrekkingen. Ook in de teksten van WoLffnbsp;en Deken worden Franse woorden en uitdrukkingen kursiefnbsp;gedrukt: onderzocht zou dus moeten worden, of dit konsekwentnbsp;geschiedt. Dat bijv. homme du ton, au d�sespoir, air gauche,nbsp;en d�pit de, zuiver Frans zijn, spreekt vanzelf. Ook volage,nbsp;mesquin, divin, e. d. zullen daarmee op ��n lijn staan. Maarnbsp;geldt dat ook nog voor elegant, equipage, ridicul? Een woord

1) nbsp;nbsp;nbsp;Essai sur quelques groupes de mots emprunt�s par Ie N�erlandaisnbsp;au Latin �crit (Verhandelingen der Kon. Acad. van Wetenschappen tenbsp;Amsterdam Afd. Letterk. N. R. III No 1) (Amsterdam � 1900).

2) nbsp;nbsp;nbsp;Andere voorbeelden van dergelike navormingen zijn: sensibel,nbsp;redevabel, vaniteit.

als vetpe�tmaitret, dat ook kursief gedrukt staat, mag toch wel als vernederlandst beschouwd worden. Intussen, wanneernbsp;Van Effen een woord kursief laat zetten, en Wolff en Dekennbsp;het regelmatig in gewoon type opnemen, dan blijkt daaruit tochnbsp;wel een zekere opschuiving naar het algemeen taalgebruik.

Te voorbarig zou de gevolgtrekking zijn, dat een woord, noch door Salverda de Grave, noch door Elzinga vermeld, eerst nanbsp;1750 in gebruik kwam. Het ontbreken van oudere plaatsen kannbsp;een toeval zijn. Toch kan het nuttig zijn, zulke woorden tenbsp;verzamelen, want dan kan geleidelik uitgeschift worden, wat mennbsp;later in oudere bronnen mocht aantreffen. Raadpleegt men hetnbsp;Nederlandsch Woordenboek ten opzichte van ontleende woorden,nbsp;dan zal men herhaaldelik als oudste bewijsplaats een aanhalingnbsp;uit Wolff en Deken vinden, o. a. bij assurant, attent, attentie,nbsp;brillant, bureau, contrast, conserveren, correspondentie, dejeunnbsp;neren, figurant, intressant, kabinet, luxe, meubileren, meublement,nbsp;naif, n�glig�, satiricq, secretaire, sentiment, sentimenteel, sublUnbsp;meeren, sujet, sympathiseren, tante, terwijl het toch volstrektnbsp;niet zeker is, dat al deze woorden eerst in de tweede helft vannbsp;de achttiende eeuw in gebruik kwamen. Bij Van Effen vindtnbsp;men bijv. reeds assurant (astrant), brillant en sujet; de achtstenbsp;druk van Meyer�s �Woordenschat� (1720) kent al: attent, attentie,nbsp;conserveren, kabinet, sentiment, sublimeren en sujet. Goedenbsp;diensten kan het Nederlandsch Woordenboek bewijzen, als mennbsp;wil vaststellen, of een achttiendes^eeuws ontleend woord reeds innbsp;de zeventiende eeuw in gebruik was^). Daarbij dient men reke#nbsp;ning te houden met herhaalde ontlening. Salverda de Gravenbsp;vond diskreet in de derde periode, maar het Ned. Wdb. kentnbsp;geen oudere plaats dan bij Wolff en Deken. Het kan dus evenalsnbsp;excellent, dat reeds in de Middeleeuwen voorkomt, opnieuwnbsp;ontleend zijn. Van Effen drukt frequenteren en melodie kursief,nbsp;en toch komt het eerste al in de derde periode en het tweedenbsp;zelfs in de oudste periode van het Nederlands voor. Nieuwenbsp;ontlening staat vast, wanneer het in een nieuwe betekenis voor#nbsp;komt, b.v. gouverneur als huisonderwijzer, naast het ouderenbsp;gouverneur: bestuurder. Zo gebruiken Wolff en Deken lecture.

') Soms blijkt ook uit de plaatsen van het Ndl. Wdb. dat de ontlening vroeger plaats had dan Salverda de Grave meende: zich informeren ennbsp;fameus komen al in de 16de eeuw, dus in de derde periode voor.

fataal, infaam, souteneren, getoucheerd, met gewijzigde betekenis, en dus waarschijnlik als nieuwe ontleningen.

De deelnemers aan dit onderzoek hebben ook een poging gedaan om statisties het gebruik van Franse woorden enigszinsnbsp;te bepalen bij de verschillende personen die in deze romans tennbsp;tonele gevoerd worden. Niet allen legden daarbij dezelfde maat^nbsp;staf aan: uiteraard is het vrijwel onmogelik, scherpe grenslijnennbsp;te trekken tussen geheel vreemde, ten dele en geheel ingeburgerdenbsp;Franse woorden. De cijfers stegen dus, naarmate ook woorden,nbsp;in vroegere en zelfs in de vroegste tijden ontleend, meegeteldnbsp;werden. Neemt men dat in acht, dan is er uit die getallen, dienbsp;in deze beknopte bijdrage achterwege moeten blijven, toch welnbsp;iets te leren, ten opzichte van het karakter en de positie van denbsp;personen, de behandelde onderwerpen, de bedoeling en denbsp;stemming der schrijvers. Wanneer n�ch in de aard van denbsp;persoon, n�ch in het onderwerp aanleiding gevonden werd voornbsp;een ruim gebruik van Franse woorden, bleek als gemiddeldenbsp;��n woord per bladzijde voor de meeste brieven nog ruimnbsp;berekend te zijn. Bij de behandeling van wereldse onderwerpen,nbsp;vooral bij jonge meisjes of jonge vrouwen die het mondainenbsp;leven kenden, steeg dit gemiddelde tot twee a drie woordennbsp;per bladzijde. Een hoger gemiddelde dan drie werd zeldennbsp;bereikt, o. a. wanneer de geaffecteerde stijl van een petit^maitrenbsp;bespottelik gemaakt werd. Opmerkelik is nu, dat Betje Wolffnbsp;in haar eigen brieven, geschreven tussen 1764 en 1774, dus langnbsp;v��r haar romans, veel meer Franse woorden gebruikt, gemiddeldnbsp;zelfs het dubbele aantal ^), veel meer dus dan bij haar romantiesenbsp;dubbelgangster Alida Leevend. Hoe is het afnemend gebruik vannbsp;Franse woorden te verklaren? Waarschijnlik ten dele als gevolgnbsp;van haar rijper ontwikkeling, die haar van onnatuur en aanstehnbsp;lerij afkerig maakte; andersdeels door de samenwerking met haarnbsp;eenvoudiger vriendin Aagje, in wier aandeel de Franse invloednbsp;begrijpelikerwijze minder aan het licht komt. Ook de neiging tot

In de uitgave van Dyserinck bedraagt dit aantal gemiddeld 8 a 9 per bladzijde, maar daar de grootte van de bladzijden tot die van de oor=gt;nbsp;spronkelike Wolff en Deken==uitgaven � waarop de telling berust � zichnbsp;verhouden als 5:3, komt dat neer op een gemiddelde van ruim 5, vergelekennbsp;met de romans. In latere brieven van Betje Wolff daalt dit getal van 8 a 9nbsp;tot 2 a 3. Dat komt dus weer overeen met het gemiddelde in de roman*nbsp;brieven.

taalzuivering, die in de tweede helft van de achttiende eeuw aan kracht wint, kan meegewerkt hebben. Een aanwijzing in die richtingnbsp;geeft het feit, dat meermalen het Nederlandse woord � weliswaarnbsp;ter afwisseling en zonder bepaalde voorkeur � naast het Fransenbsp;een plaats vindt, b.v. franc=magon: vrijmetselaar, portefeuille:nbsp;brieventas, melancholie: zwaarmoedigheid, comedie: schouwburg,nbsp;machinaal: werktuiglik, capricieus: grillig, caprice: luim, en zelfsnbsp;beau=monde: fraaije wereld] Waar het Nederlandse woord hunnbsp;niet te binnen schiet, maken ze soms zelf een vertaling, b.v. wijzenbsp;vrouw voor vroedvrouw (sage=/emme), of: iemand onderscheidennbsp;(^distinguerj.

Wie in de taal der romans van Wolff en Deken een afspie# geling zou zoeken van ver gaande verfransing onder de achttiende^nbsp;eeuwse Hollandse burgerij, komt bedrogen uit. Men zal toenmaligenbsp;omgangswoorden aantreffen, die nu in onbruik zijn, als zichnbsp;diverteren, superbe, sinceer, desperaat, idolaat, maar een aan#nbsp;vullingslijst van woorden die in de negentiende en twintigstenbsp;eeuw in de mode kwamen, weeg daar stellig tegen op. De heden#nbsp;daagse omgangstaal bevat gemiddeld niet meer of minder Fransenbsp;elementen dan die der achttiende eeuw.

Uit deze voorlopige beschouwingen kan blijken dat een mono# grafie over de Franse woorden bij Wolff en Deken een waarde#nbsp;volle pendant zou zijn naast de studie van Elzinga over Vannbsp;Effen�s taal. Rondom deze centrale figuren kan zich dan hetnbsp;onderzoek uitbreiden over de gehele achttiende eeuw.

II y a une vingtaine d�ann�es, j�ai publi� dans la Romania un article dans lequel j�appuyais de quelques arguments nouveauxnbsp;T�tymologie estovoiv lt;stupere^), mise en avant d�abord parnbsp;Hermann Sucbier^). Je n�ai pas I�intention de revenir ici surnbsp;cette �tymologie �). Si j�en parle aujourd�hui, c�est uniquementnbsp;pour rappeler que, dans I�article en question, je mentionnaisnbsp;le fait qu�en haut^engadinois stuvaiv (pron. Stuair, ^fu^er), quinbsp;�tymologiquement est le fr�re de I�anc. fran?. estovoir, est per;=nbsp;sonnel. II se conjugue, en effet, au pr�sent de I�indicatif de lanbsp;mani�re suivante: eau stu, tii stust, el stu, nus stuvains, vusnbsp;stuvais, els staun. Cette demi�re forme est analogique d�apr�snbsp;haun lt; *h a u n t (it. hanno, fr. onf), faun (it. /anno, fr. font),nbsp;vaun (it. vanno, fr. vont), staun (it. stanno, anc. fr. estont),nbsp;daun (it. danno), qui ont �galement donn� naissance a saunnbsp;(it. sanno) et a paun (de pudair lt; �quot;p o t e r e). A c�t� des formesnbsp;cit�es des T' et 2' pers. du singulier et de la 3' pers. du pluriel,nbsp;se rencontrent eau st�gl, t� stoust, els st�glian, formes model�esnbsp;sur v�gl, voust, v�glian, de vulaiv lt; *v o 1 e r e. Ceci se comprendnbsp;facilement, �tant donn� le parall�lisme, ou, si l�on veut, le rapportnbsp;de contraste, qui existe, au point de vue du sens, entre les deuxnbsp;verbes.

Dans stuvaiv le d�veloppement s�mantique suivant parait avoir eu lieu: �quelque chose me manque, me fait besoin�, puis, �nbsp;l�id�e de manque passant de la chose qui fait d�faut a la personnenbsp;qui a besoin *), � �j�ai besoin de qqche� et enfin �j�ai besoinnbsp;de faire qqche, je dois faire qqche�.

2) nbsp;nbsp;nbsp;Dans le Grundriss de Gr�ber, I (1888), 636, et Miscellanea G. Ascolinbsp;(Turin, 1901), p. 67�9. Cf. aussi E. Walberg, �tude sur la langue du ms.nbsp;Ancien fonds royal 3466 de la Biblioth�que royale de Copenhague (tir�nbsp;a part de Frdn Filologiska F�reningen i Lund. Sprdkliga uppsatser, II,nbsp;1902), p. 11�13.

2) Elle a �t� admise par A. Tobler, � qui avait lui^m�me, on le sait, propos� l��tymologie estuetlt;est opus, � et plus tard par MM. Meyer=gt;nbsp;L�bke {Roman. Et. Wb.) et Voretzsch {Einf�hr. i. d. Stud, der altfrz.nbsp;Sprache, 6e �d., p. 256, 369); elle a �t� repouss�e par H. Kjellman, Lanbsp;construction de I�infinitif d�pendant d�une locution impersonnelle (Upsal,nbsp;1913), p. 655 SS., et M. Regula, dans Zeitschr. f. roman. Philoi, 44 (1924),nbsp;p. 655 s. (�mit unzureichenden Gr�nden�, selon M. Voretzsch).

La m�me construction se rencontre^t#elle quelquefois pour l�anc. fran?. estovoir? C�est ce que se demande feu Pio Rajnanbsp;dans l�un de ses derniers travaux, Timportant m�moire intitul�nbsp;Un nuovo testo pzvziale del �Saint Alexis� primitivo, publi� dansnbsp;Avchivum Romanicum, XIII (1929), p. 1�86. On sait que Ienbsp;regrett� maitre y a reproduit, avec un ample et p�n�trant com^nbsp;mentaire, Ie nouveau manuscrit, d�couvert r�cemment dans lanbsp;Biblioth�que Vaticane, de la v�n�rable Vie de saint Alexis dunbsp;onzi�me si�cle. Ce qui a induit Rajna a se poser ¹ ²) la questionnbsp;qui se lit en t�te du pr�sent article, ce sont les variantes dunbsp;dernier vers de la strophe 86 de ce po�me. Dans l��dition denbsp;Gaston Paris, Ie vers se lit ainsi: [Qui done li vit son grant duelnbsp;demener ...] N�i out si dur ne l�esto�st plover ^). Or, aucun desnbsp;manuscrits n�offre cette ligne exactement telle que la donnenbsp;G. Paris. Voici ce que portent les manuscrits�):

muit fust il dur ki nestoust plurer ni ot si dur cui nestuust ploreirnbsp;ni out si dur nel estust plurernbsp;ni out si dur kil nesteust plorernbsp;not si dur cuer ne lestuece plourer.

On voit que Ie premier h�mistiche ne pr�sente aucune difficult�. VAP ont la m�me le^on; S²) introduit Ie mot cuer et rem?nbsp;place ni ot par not; L offre une modification individuelle.nbsp;Dans Ie second h�mistiche, tous les manuscrits contiennent unenbsp;forme du verbe estovoir: LVAP, l�imparfait du subjonctif,nbsp;S, Ie pr�sent du m�me mode. Mais, dit Rajna, Ie raccord desnbsp;deux h�mistiches entre eux est plus embarrassant, en ce que,nbsp;dans L P, estovoir parait s�employer comme personnel. Le verbenbsp;signifierait done quelquefois �debere�, non pas toujours �opusnbsp;esse��). Un peu plus loin�) Rajna, en discutant la valeur des

2) Ainsi dans la petite �dition de 1885. Celle de 1872 portait N�i out si dur cui n�estoust plorer.

Manuscrit francais du XIIP si�cle, renfermant la r�daction interpol�e publi�e par G. Paris, pp. 199�260 de la grande �dition.

diff�rentes lefons pour la restitution du texte original, �cart� celles de L P, l�emploi personnel de estovoir qu�elles paraissentnbsp;impliquer n��tant admissible qu�avec de grandes r�serves, et ilnbsp;incline a croire que Toriginal a eu ne l�esto�st (A; cf. S).

Que fautdl penser des legons offertes par les mss. L et P? QueUe importance doitsgt;on leur attribuer? Rappelons^nous d�abordnbsp;que les deux copistes sont anglomormands et que, si Ie ms. Lnbsp;a �t� ex�cut� d�ja au XIP si�cle, P ne date que de la fin dunbsp;XIIF, au plus t�t. Le premier de ces copistes, tout en s�effor^antnbsp;de reproduire avec fid�lit� le texte qu�il avait sous les yeux,nbsp;nest arriv�, comme le constate G. Paris, en ce qui concernenbsp;les formes des mots, qu�a une h�sitation perp�tuelle entre cellesnbsp;de son mod�le et celles qui avaient pr�valu de son temps etnbsp;dans son pays. Le copiste de P, dit G. Paris, �crivait avecnbsp;rapidit� et n�gligence; son texte est d�par� de fautes sans nombrenbsp;contre le rythme, d�h�sitations orthographiques et de rajeunisse#

*) Ou plut�t, selon Rajna, nel esto�st, avec enclise du pronom atone. Je crois que, si Rajna avait lu la remarquable Etude sur l�ancienne abr�viationnbsp;des pronoms personnels r�gimes dans les langues romanes de J. Melandernbsp;(Upsal, 1928), il aurait opt� pour l��lision. Voir Melander, p. 7 ss. �nbsp;Dans la phrase en question, Rajna (p. 39) voit avec raison, dans 1', l�accusatifnbsp;le, tout en ajoutant qu�au v. 39d (Ma�s ne puet estre; aillours l'estuet aZer),nbsp;Vestuet repr�sente certainement li 4� estuet. J�avoue ne pas comprendrenbsp;pourquoi dans ce dernier cas, qui me parait exactement analogue a l�autre,nbsp;on aurait affaire a une �lision de li, qui g�n�ralement ne perd sa voyellenbsp;que devant l�adverbe en. La construction estuet ace. -j- inf. est fr�quente ennbsp;ancien francais. Rajna renvoie a Tobler, Kerm. Beitrage, I, 74, o� cependantnbsp;celui^ci ne cite pas d�exemples. En voici quelques^uns: Or est le jur quelsnbsp;estuvrat murir, Roland 1242; Toz les i estoveit morir, Troie 28219; Mais nesnbsp;estuet douter noient. Car eest li leus qui nes oublie, Guill. de Palerne 4344;nbsp;.^vant les estovrat venir. Vie de s. Gilles 200; Trois foiz le restut donenbsp;paumer, Floire et Blancheflor 707 (ms. B, fol. 5 v�, col. a); Einz les estutnbsp;a plait venir, Ambroise 1976; En mer les estut periller, Gaimar 3104; Parnbsp;nuit lo stuet voilier, par bons sen voie aleir, L�une foiz at trop ehaut,nbsp;l�autre lo stuet trembler, Po�me moral 1899�1900; Es tenebres oseurefs]nbsp;les estovrat manoir, ibid. 3598; Car il ne se pu'�nt deffendre, Ainz lesnbsp;estuet par foree rendre [= soi r.], Comte d�Anjou 7218; (de m�me Par nosnbsp;les eovendra passer, Troie 2336; Parmi ces portes les eovendra paser, Aym.nbsp;de Narb. 201; Dont les eonvient totes droites ester, Jusquas mameles les inbsp;eonvient floter. Mort Aymeri 2956�7; Car saehiez que mout la covientnbsp;Estre iriee quant biens avient. Rose 251�2; Lors ne pot plus Danglersnbsp;durer, II le covint amesurer, ibid. 3317�18; Laiens le covient iestre toutnbsp;par fin estovoir, G. de Coinci, Vie de ste Christ. 234; U salt u voler lesnbsp;covenra de mue, ibid. 900; et Qui plus /era de maus, plus le faura boulir.nbsp;Bast. de Buillon 509). Je ne vois rien qui d�fende d�admettre que, dans lenbsp;vers cit� de Saint Alexis (39 d), le pronom pers. r�gime est a l�accusatif.

ments tr�s fr�quents i). Dans L, Ie cas sujet du pronom relatif s��crit tant�t qui, tant�t ki; ainsi ki str. 4 b, 5 e, 7 b, 14 b, 18 d, e,nbsp;33 d, 40 a, 46 b, c,d, 51a, etc. {chi 86 a, 101c, 109 e); Ie r�gimenbsp;cui y figure assez souvent �crit qui: 2 b, 25 c, 62 e, 66 e. Dansnbsp;Ie ki (nesto�st) du v. 86e, je n�h�site pas a voir une simplenbsp;graphie pour cui. Peut^�tre Ie copiste trouvait^il dans son mod�lenbsp;qui, qu�il pronon9ait sans aucun doute d�ja comme on Ie faitnbsp;de nos jours, et l�a^tsil transcrit ki, sans r�fl�chir. En fait, Ienbsp;graphie ki, pour cui, n�est nullement rare dans les manuscritsnbsp;anglo^normands. Voici d�abord quelques exemples emprunt�snbsp;a la Vie de saint Thomas Ie Martyr de Guernes de Pont=�nbsp;Sainte�Maxence: Les justises Ie rei, ki il ot comand� Ke ... 526nbsp;(ms. P); A Vapostolic ... Par ki conseil voldra del tut en tutnbsp;errer 2110 (BPC); ... E as haruns ki pere establirent Viglisenbsp;2502 (B H); ... Pur ki sis anz e plus fu eissuz del pais, Enbsp;pur ki maltalent si humme Vunt ocis 5912�13 (B; D 5912). Denbsp;m�me on lit, par exemple, dans Gaimar', a ki 220, de go ki chaldnbsp;3892; dans Hom, en ki 68 (ms. O), ki amur 817 (CO), a kinbsp;1420 (C O); dans Jpomedon, Ki chaut 2137, Asez ert ki ren n�ennbsp;chaudra 5274, ki en peist 5836. La construction qu�offre Ie ms. Lnbsp;est done r�guli�re.

La le9on de P (ni out si dur kil nesteust plorer) n�est gu�re plus probante. On sait que de nos jours il se r�duit souvent anbsp;i dans la pronunciation courante ^), et il est hors de doute que,nbsp;d�ja en ancien francais, la consonne finale de ce mot, Ie plusnbsp;souvent proclitique, s�articulait tr�s faiblement. Des traces denbsp;ce ph�nom�ne se rencontrent aussi bien sur Ie continent qu�ennbsp;Angleterre; voy. mon �dition de Deux versions in�dites de lanbsp;l�gende de 1�Antichrist, pp. XLIV, LXXII, ainsi que les exemplesnbsp;suivants: Et si me mande [imp�r.] d�Arras Ie sor Guerri Quinbsp;vaingne as noces sa fille Biautris, Raoul de Cambrai 7586�7;nbsp;Par tel couvant qui me face pardon, ibid. 8245; Ce senefie quinbsp;doit estre escout�, Narbonnais 68; I voit ses fiulz, durement lornbsp;escrie, ibid. 107; ... Dom i se face servir et anorer, ibid. 352 �);nbsp;A Deu pri ge qui ne me laist Morir, Folie Tristan de Berne 75;nbsp;Dont ne se puet estre tenu Li chastelainz qui ne lermoie, Comte

') Voy. G. Paris, p. 3 et 5. Cf. aussi p. 137, o� G. Paris, en parlant du ms. P, �ex�cut� par un Anglais�, signale de nouveau Ie peu de soin du scribe.nbsp;2) Cf. par exemple Nyrop, Manuel phon�tique du frangais parl�, � 47, Rem.nbsp;�) Cf. Suchier, o. c., t. II, p. LXXXV.

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d�Anjou 4774�5; Qu�i na si large jusqua Romme, ibid. 6408; Qui nous connut a pou d�aloigne, ibid. 6630; ... son conestahlenbsp;Qui tint a pveu e a estable, Ambroise 982 (ms.); �Boefs�, ditnbsp;li rois, �i te covent aler A roi de Damascle iceo bref porter�,nbsp;Boeve de Haumtone 803; Y pensa d'hel, Ipomedon 1052;nbsp;Adonque i comencea a feindre, ibid. 1354. La graphic inversenbsp;il pour i se rencontre �galement; cf. {Charles de France ... Tintnbsp;cort mout riche a Paris par vigor') .VII. roi puissant il men=nbsp;gierent le /or, Narbonnais 13; De I�ordre Dieu il furent li plusor,nbsp;ibid. 16; Vos il vandroiz richement conre�, ibid. 1257; Et lanbsp;contesse il vient tot a anvi, R. de Cambrai 8487; Pleurent ilnbsp;dames, serjant et chevalier, ibid. 8523; Remis il sunt tuit li barun,nbsp;Ipomedon 6868; de m�me sil pour si: Sil veolt deus kil metentnbsp;ces a cunfusiun. Puis irrum vers ices ..., Horn 1396 (ms. O).nbsp;On serait done en droit d�interpr�ter kil nesteust comme unenbsp;graphic inverse pour ki (= cui) nesteust.

D�un autre c�t�, en examinant de pr�s les habitudes orthos^ graphiques du copiste de P, on remarque qu�il �crit presquenbsp;toujours, au cas sujet du pronom relatif, qui; je n�ai trouv� kinbsp;qu�aux vv. 59 d et 86 a. De m�me, le cas r�gime est not� qui:nbsp;35 e, 36 b, 62 e, 76 a, 81 a, 101 c. En revanche le manuscritnbsp;pr�sente souvent kil = qu�il ; ainsi 12 c, 19 a, 37 e, 54 d, e (ainznbsp;prie deu kil lor parduinst \ par sa merci kil ne seuent kil funt),nbsp;59 a, 61 d, 67 d, 68 e, 69 c, 74 d, 94 b, 102 c, 121b. Admettonsnbsp;done qu�il faut interpr�ter de m�me le kil du v. 86 e. N�anmoins,nbsp;je ne crois pas qu�il s�agisse d�autre chose que d�un simplenbsp;lapsus du scribe, qui, nous le savons d�ja, �tait n�gligent etnbsp;savait imparfaitement le francais. D�ailleurs, lubm�me voyait#ilnbsp;dans [k']il [nesteust plorer] le pronom masculin ou le pronomnbsp;neutre, qui oserait le dire?^)

II est vrai que Rajna all�gue a l�appui quelques passages o� estovoir parait au premier abord s�employer personnellement.nbsp;Cependant il en �cart� luissm�me deux ; et il a bien raison. II estnbsp;indubitable aussi que dans le proverbe, emprunt� a Le Roux de

2) nbsp;nbsp;nbsp;Pour l�absence du r�gime aupr�s de estuet, cf. Li autre fuient, le chanpnbsp;convint laissier, R. de Cambrai 7897; (^Maiur reisun fut il, go crei, D�aler anbsp;vus ke vus a mei. Vie de s. Gilles 2637�8).

Qui qu'en mengast, Y. 1�estut laissier, R. de Cambrai; Li reis Marsilie de nos ad fait marchet, Mais as espees l�estuvrat esleger, Roland 1150�1.

Lincy, Ou vente ou pleut, si vet qui esteut, qui est une simple graphie pour cui; la construction de la phrase est done normalenbsp;Le quatri�me et dernier exemple cit� par Rajna pourrait semblernbsp;plus probant. II s�agit des vv. 309�310 de la �version aristocrat�nbsp;tique� de Floire et Blancheflor. Le manuscrit publi� par I.nbsp;Bekker^) (A; Paris, Bibl. nat. fr. 375) offre la le9on suivantenbsp;(vv. 315�316): Mais qui li porroit si toliv Quil ne l�en esteustnbsp;motir ..le9on qui se retrouve, avec de l�g�res variantes, dansnbsp;le ms. Bibl. nat. fr. 12562 (C; fol. 70 v�, col. b): Qu�i�) ne �ennbsp;estuet m., tandis que la copie que reproduit ici �d�lestand dunbsp;M�riH) (B; Bibl. nat. fr. 1447) porte Qu�ele nen esteust motit.nbsp;Le manuscrit de Rome (Pal. lat. 1971), d�couvert il y a quelquesnbsp;ann�es par P. Christ et inconnu de P. Rajna, �crit (fol. 85 v�,nbsp;col. b) Q ne (ou ue) li n estust pas murir. Cette derni�re lecon,nbsp;qui provient peut��tre d�une �correction� de Que li nest[e]ustnbsp;pas m., rend a tout le moins tr�s vraisemblable qu�il faut lire,nbsp;dans le ms. B, Que le nen esteust morzr�). Dans ce cas, lenbsp;pourrait �tre une simple faute du copiste, qui en commet biennbsp;d�autres �); mais en fait la forme tonique I� lt; Hllxi se rencontre,nbsp;a c�t� de li (et de lei), notamment dans des textes de 1��uest etnbsp;du Sud=�Ouest, quelquefois aussi dans l�Est. Cf. G. Rydberg,nbsp;dans Bausteine zur roman. Philologie'^), p. 379.

Aucun des passages signal�s par P. Rajna ne prouve done l�existence d�un emploi personnel de estovoir. Peut^�tre serait=onnbsp;tent� de reconnaitre eet emploi dans des phrases comme celles^ci:nbsp;Hom ki vodtad dire veir Dire estoet par estuveir Ke richescenbsp;ne vaut rien, S. de Freine, Rom. de philos. 359�361; Ki un bonnbsp;ami perdre estot E ausi bon recovrir pot N�est mie del tutnbsp;senz ami, Ipomedon 5947�9. II n�en est rien, pourtant. Dansnbsp;la premi�re. Hom, au lieu de Home, est mis au cas sujet parnbsp;attraction au pronom relatif qui suit. C�est la un ph�nom�ne

En r�alit� c�est la ce qu�a �crit le scribe (Q le). Mais comme il s�pare r�guli�rement la premi�re lettre du reste de la ligne, ce d�tail graphiquenbsp;n�a, en soi, pas de force probante.

') A remarquer celli�ci: {Mout puet aprendre d'escriture Qui velt entendre a h painture:) Le fet i sont des ancesors (pour Li �.), fol. 11 v� a.

connu; cf. Tobler, Vermischte Beitrage, I, n�. 35 (�Casus des Beziehungswortes bestimmt durch den des Relativpronomens�).nbsp;Dans Ie second passage, ki �quivaut a cui^X et Ie pronom estnbsp;r�gime du premier verbe, sujet du second (et du troisi�me), toutnbsp;comme dans les suivants: �Ce ne set ele par nului, Ce sai je bien,nbsp;fors par celui Cui j�amoie et trahie m�agt;\ Chastelaine de Verginbsp;737�9�); N�i a nul d�aus cui muit n�anuit Et n�en ait pesancenbsp;et contraire, Guill. de Palerne 4698�9. Quant a celui^ci; Kinbsp;Vat n estot guerre duter, Ipomedon 5754, ki y est �galement pournbsp;cui, ici = (a) cel qui, l�ant�c�dent �tant omis comme tr�snbsp;souvent dans la vieille langue; cf. Richeise dune [l��meraude]nbsp;muit granment Ki [= a celui qui] la porte bien chastement.nbsp;Lapidaire I, 250^); Qui emprunte en la fin fault rendre. Mist.nbsp;du Viel Test. 36957;...ef si prestoit Ses danrees qui les vouloit,nbsp;Pathelin 172�3. D�un autre c�t�, cui iqui) peut naturellementnbsp;repr�senter cil cui; cf. A Diu foi, bien ait cui on crient. Jeunbsp;de la Feuill�e 292; Qui il ataint mout a corte duree, Narbonnaisnbsp;6197; Qui il consult ne puet eschaper vis. Mort Aymeri 3597.nbsp;Voila ce qui explique la forme de l�ancien proverbe, mentionn�nbsp;plus haut, Ou vente ou pleut, si vet qui esteut.

Ce n�est pas sur la foi d�un seul passage, d�interpr�tation douteuse et tir� d�un m�diocre manuscrit anglossnormand, qu�onnbsp;voudra admettre, pour l�un des verbes les plus fr�quents denbsp;l�ancien francais, un emploi personnel jusqu�a pr�sent com¹ ²nbsp;pl�tement ignor� � pas plus qu�on n�admettra que convenir aitnbsp;pu signifier �devoir�, en s�appuyant sur un exemple isol� telnbsp;que Ja nuls de vos ne convient remuer. Mort Aymeri 106.

D�autre part, il y a peut==�tre lieu de mentionner, pour finir, une construction dont Rajna ne parle pas et dont Godefroynbsp;ne donne qu�un exemple, qu�il ne distingue d�ailleurs en aucunenbsp;fa^on des autres; je veux par Ier des cas o� la chose qu�il faut

1) Tobler y cite entre autres les exemples suivants: Et cil qui diront bien lor est, Isnelement soiez tot prest De maintenant la teste prendre, Clarisnbsp;23107; Si jure (Renarz) cil qui Vengendra Que Roonel ilec pendra, Renart,nbsp;br. XI, 368.

�) Cit� par L. Foulet, Petite syntaxe de landen frangais (3e �d.), p. 180.

Cit� par K. Sneyders de Vogel, Syntaxe histor. du frangais, � 112. Cf. Ie proverbe �Tout vient a point (a) qui sait attendre�.

n�est pas exprim� par un inifinitif, � ni par une proposition i), � mais par un nom (ou pronom). En void des exemples: Quantnbsp;est atmez, cheval li stot. Rob. de Blois^) (God.); Respondentnbsp;Franc: �Sire, go nus estoet�, Roland 3630 2); Por quant bon mirenbsp;li estuet, Troie 9788; Bones utanges out el tref, Meillurs n'estot anbsp;nule nef. Vie de s. Gilles 897�8; Dont li estuet il coverture,nbsp;L�Arbre d�Amors (JRom., LVI) 343; Lots i estuet autre mesure,nbsp;ibid. 102; Mais il i estuet dous samblant, ibid. 127; N�i estuetnbsp;ja altre respit, Gaimar 4968; Mes engin i estot e art, Ipomedonnbsp;7746; Un jor d�est� i este�st Por veoir ass�s la gainture,nbsp;L�Escoufle 5680�1; Quant ... on li fait au mix con puet N�ennbsp;a on pas ce qu�en estuet, Guill. de Palerne 7179�80; La con=nbsp;corde i ert grans, gregnor n�i estavra, Ant�christ de Berengiernbsp;639; La nueme painne est gri�s, gregnor n�i estavra, ibid. 760.nbsp;Cf., en outre, Chr. Gebhardt, dans Zeitschr. f. roman. Philol.,nbsp;XX (1896), p. 34. Comme Tont d�ja vu A. Tobler �) et Gebhardt,nbsp;Ie nom est au cas r�gime *). C�est la m�me syntaxe qu�on reni*nbsp;contre avec (il) convient; cf. par exemple Dient Franceis: �IInbsp;nus i cuvent guarde�, Roland 192; N�i covint pas saint Juilennbsp;As roiaus por avoir hostel, Guill. de Dole 3627; ... si li fistnbsp;aporter Encre, parchemin et l�afere Que il convient a letres /ere,nbsp;ibid. 869�871; 11 i convendra grant sejour, L�Escoufle 6643; etnbsp;avec (il) faut; cf. Por quoi li faut done tote France, L�Arbrenbsp;d�Amors 362, ainsi que les exemples cit�s par Tobler, l. c., etnbsp;Gebhardt, p. 35 s. Pour l�explication de ce r�gime (de mesure),nbsp;cf. Gebhardt, p. 42�).

Ceci est assez rare en ancien francais; cf. pourtant Se je ve�sse iluec plovoir ... S�este�st il que fi alasse, Rose 1789; Si m'estuet que je dienbsp;tout. Violette 426; (Ma�s il convient que prochains rois Soit pris parnbsp;tans de ceste vote, L�Escoufle 3540�1).

2) nbsp;nbsp;nbsp;Dans une note ins�r�e dans A Miscellany of Studies in Romancenbsp;Languages and Literatures presented to L. E. Kastner (Cambridge, 1932,nbsp;p. 568�570), M. M. Wilmotte suspecte a tort ces deux exemples, les seulsnbsp;qu�il connaisse de la construction dont il s�agit ici.

Dans Sin ai un filz, ja plus bels n�en estoet, Roland 313, il s�agit sans doute d�une b�vue du copiste anglomormand, a laquelle on peutnbsp;comparer le nul(s) du vers cit� ci^dessus (p. 7): Ja nuls de vos ne convientnbsp;remuer. Mort Aymeri 106.

3) Dans le glossaire de la Chanson de Roland (�d. B�dier), a I�article Estoveir, M. L. Foulet explique le r�gime en question comme d�pendantnbsp;d�un infinitif sous^^entendu.

Mon cher Coll�gue et Ami, vous avez connu et aim� Pio Rajna � vous rappelez^vous que c�est chez lui que nous nousnbsp;sommes vus pour la premi�re fois, il y a pr�s de trente ans?nbsp;Vous savez, comme moi, qu�il aimait trop la v�rit� pour prendrenbsp;en mauvaise part une critique objective. C�est pourquoi j�esp�renbsp;qu�il ne vous d�plaira pas que je vous d�die ces pages, ou jenbsp;contredis notre d�funt ami sur un point d�ailleurs peu important.

Notre connaissance personnelle est d�ancienne date. C�est aux inoubliables �dimanches� de Gaston Paris, en 1887�1888, quenbsp;nous nous sommes rencontr�s pour la premi�re fois et que nousnbsp;nous sommes lies d�amiti�. Depuis ce temps, nos �tudes roma=nbsp;nistiques et des voyages a l��tranger nous ont quelquefois (maisnbsp;combien rarement!) mis en rapport direct. J�ai m�me eu, ennbsp;1931, le tr�s grand plaisir d��tre re9U dans votre home bospitaliernbsp;a Amsterdam. Mais durant toutes ces ann�es nous avons r�gus*nbsp;li�rement �cbang� nos publications romanistiques, � et c�estnbsp;alors toujours moi qui ai eu la meilleure part.

Mon cher ami, j�ai toujours admir� votre grand savoir, votre activit� infatigable et la vivacit� �tonnante de votre espritnbsp;scientifique. Je pense avant tout a vos excellentes �ditions denbsp;VEneas, a vos recherches p�n�trantes sur I�influence du fran#nbsp;yais sur le n�erlandais et a vos essais plus r�cents d�expliquernbsp;certaines anomalies dans l��volution des voyelles fran9aises, les*nbsp;quelles ont donn� aux romanistes beaucoup de fil a retordre.

Ce n�est pas en g�n�ral I�habitude, dans des M�moires offerts a un savant, d�analyser � et peutslt;�tre critiquer � les oeuvres denbsp;celui qui est I�objet de I�hommage. Si j�ose cependant consacrernbsp;ici quelques lignes a votre m�moire intitul� Sur une doublenbsp;accentuation des diphtongues en frangais, qui a fait sensationnbsp;dans le monde des romanistes a cause de ses id��s r�volutions:nbsp;nantes, je vous prie de les consid�rer comme un simple t�#nbsp;moignage du grand int�r�t avec lequel j�ai lu votre ouvrage.

D�abord, je dois dire que je partage votre opinion selon laquelle la diphtongaison spontan�e d�une voyelle fran9aise estnbsp;difficile a interpr�ter, si Ton n�admet pas la longueur pr�alablenbsp;de cette voyelle. Cette longueur de la voyelle peut alors, ounbsp;bien dater de l��poque ancienne ou toute voyelle tonique librenbsp;devenait eo ipso longue, ou bien �tre le r�sultat d�un allongementnbsp;post�rieur, du au relachement dans I�articulation d�une consonnenbsp;(lectum�lieit�lit, bellus�beaus^. II est naturellement ims=nbsp;possible de dire a quel moment pr�cis ce dernier allongementnbsp;de la voyelle br�ve primitive a commenc� a se manifester. En

tout cas, il a du �tre en connexion intime avec la vocalisation ou la semi^vocalisation de la consonne suivante. Le provenfalnbsp;ancien, qui ne pr�sente pas, en r�gie g�n�rale, de diphtongaisonnbsp;d�une voyelle libre primitive, mais bien la diphtongaison secon*nbsp;daire d�une voyelle primitivement entrav�e (lectum�liech),nbsp;appuie parfaitement cette th�orie. Comme vous voyez, je nenbsp;partage pas votre opinion sur la limite syllabique primitive dansnbsp;des cas comme lectum (= le^ctum), opinion qui me paraitnbsp;�tre phon�tiquement inadmissible. Pour ce qui concerne lanbsp;diphtongaison d�une voyelle tonique entrav�e rest�e entrav�e,nbsp;comme p. ex. dans le dialecte wallon, ainsi qu�en espagnol et ennbsp;roumain, elle pr�sume �galement, selon moi, un allongementnbsp;spontan� de la voyelle, car, phon�tiquement parlant, rien nemfnbsp;p�che la combinaison de voyelle longue et de syllabe ferm�e,nbsp;comme le montre, entre autres, le finnois dans les cas commenbsp;maalla (a la campagne) ou la d�sinance =lla (avec un I long, donenbsp;r�parti sur deux syllabes) est ajout�e au substantif maa (avecnbsp;un a long). Je m�abstiens d�essayer d�expliquer ici des cas commenbsp;fr. tiers, cierge, vierge, etc., qui sont des formations exceptionsnbsp;nelles, pour lesquelles on n�a pas encore trouv� d�explicationsnbsp;satisfaisantes.

En second lieu, je suis arriv�, apr�s bien des h�sitations, a la conclusion que vous avez raison en admettant une diphtonsnbsp;gaison primitive de a latin accentu� en position libre. Je ne tiensnbsp;pas tant compte de quelques graphies anciennes avec voyellenbsp;double, �num�r�es par vous a la p. 19, lesquelles (m�me cellesnbsp;avec ae) ont pu tout simplement indiquer une voyelle longuenbsp;(un a OU un � ou une voyelle longue interm�diaire entre eux),nbsp;que du fait que la libre devant nasale a donn� ai. Une �palatalisnbsp;sation� ou un �avancement� simple devant consonne orale, donsnbsp;nant comme r�sultat un e long, et une diphtongaison en ai devantnbsp;une consonne nasale me semblent �tre des �volutions phon�tiquesnbsp;trop disparates pour ne pas devoir �tre expliqu�es par l�admissionnbsp;d�une diphtonguessource commune (p. ex. ae) d�o� seraient sortisnbsp;aussi bien l�e de mer (lt;mare) que l�ai de main (lt;manum),nbsp;tandis que la diphtongue ie de chien (lt; anem) pourrait �trenbsp;expliqu�e comme issue de la combinaison d�un i transitoirenbsp;(apr�s la consonne palatale) avec ae.

Aussi la diphtongaison primitive d�un o ferm� libre en ou et sa monophtongaison post�rieure dans certaines conditions

phon�tiques me semblent tr�s probables, vu revolution analogue de 1�e ferm� libre.

Mais je viens maintenant au point essentiel de votre m�moire: la question de la double accentuation des diphtongues en anciennbsp;frangais. Je trouve votre hypoth�se de Taccentuation �mobile�nbsp;tr�s ing�nieuse. Elle suffit a expliquer beaucoup de cas obscursnbsp;dans l��volution des voyelles et diphtongues frangaises. Mais�etnbsp;il y a un mais tr�s s�rieux! � peut=on vraiment dire, commenbsp;vous Ie faites a la p. 5, que les sons peuvent, dans les m�mesnbsp;conditions phon�tiques, se d�velopper de diff�rentes mani�resnbsp;dans Ie m�me parler et parfois chez la m�me personne? D�apr�snbsp;mon avis il ne s�agit pas la des �m�mes conditions phon�tiques�.nbsp;Je sais bien que par �les m�mes conditions phon�tiques� vousnbsp;voulez dire que les m�mes phon�mes, nondnfluenc�s par d�autresnbsp;phon�mes troublants (palatales, nasales, etc.) et soumis a lanbsp;m�me cat�gorie d�accentuation (tonique, protonique, contrefinale,nbsp;posttonique, etc.), se pr�sentent a vos yeux. Mais, selon moi, lesnbsp;phon�mes en question ne se pvononcent pourtant pas absolumentnbsp;de la m�me fa9on dans les diff�rentes parties d�une phrase. IInbsp;y a toujours a prendre en consid�ration l�accentuation syntaxique,nbsp;qui varie infiniment. L�exemple que vous avez emprunt� anbsp;Rousselot (les phrases �je m�en vais� et �je m�en vais laver� dansnbsp;Ie patois de Cellefrouin) me semble illustrer d�une fa9on �clatantenbsp;la th�orie que je voudrais soumettre a votre jugement, savoirnbsp;que la double accentuation des diphtongues de 1�ancien frangais,nbsp;s�il ne s�agit pas d�influences analogiques ou d�emprunts dialectnbsp;taux OU sociaux, d�pend de ce que ces diphtongues, dont lesnbsp;deux �l�ments ont du, en effet, �tre d�abord tr�s �galementnbsp;accentu�s, devenaient ascendantes ou descendant's sous l'influencenbsp;de Vaccentuation syntaxique de la phtase. Et puisque 1�accentnbsp;syntaxique frangais est en g�n�ral, comme vous Ie dites vous^nbsp;m�me, pouss� vers la fin de la phrase, il faut regarder lesnbsp;diphtongues finales d�une �nonciation comme destin�es a �trenbsp;ascendantes et les diphtongues des syllabes de la partie ant�rieurenbsp;de la phrase comme plus ou moins descendantes. D�apr�s Ienbsp;groupement des mots de la phrase, li� a cette accentuationnbsp;syntaxique flottante, l�accentuation mobile des diphtongues fran?nbsp;gaises a pu varier a l�infini. Peu a peu un certain ordre s�estnbsp;�tabli, a mesure que l�accentuation de chaque diphtongue s�estnbsp;fix�e dans les diff�rents parlers.

Pour conclure, je dirai done que je consid�re votre th�orie comme tr�s plausible, pourvu qu�on admette que I�accentuationnbsp;syntaxique ait jou� un role pr�pond�rant dans l��volution desnbsp;diphtongues fran^aises. Quant a la question de savoir commentnbsp;mettre en accord avec cette th�orie tons les cas ou la doublenbsp;accentuation des diphtongues frangaises s�est pr�sent�e spontan�#nbsp;ment, je n�ai pas Tintention � ni la comp�tence n�cessaire �nbsp;de l�aborder a eet endroit. Peut^�tre, si vous jugez ces remarquesnbsp;dignes d�attention, trouverez^vous quelque jour Ie loisir de luinbsp;consacrer quelques lignes�toujours tr�s bienvenues.

II n�est encore venu a l�id�e de personne, que je sache, de pr�tendre qu�en francais, la forme verbale qu�on appelle l�in^nbsp;finitif alt, dans la phrase, besoin d�un sujet. Je ne vols pas denbsp;grammairien, si avide qu�il soit de nouveaut�s, qui ait invent� unnbsp;sujet d�infinitif a des tournures comme il est utile de travailler,nbsp;travailler est utile, fentends crier. II ne s�agit pas, bien entendu,nbsp;de circonstances sp�ciales o� ces fa9ons de parler peuventnbsp;s�employer pour dire a quelqu�un ou pour affirmer a proposnbsp;de quelqu�un que le travail est utile pour lui, par exemple dansnbsp;�mais oui, mon ami, travailler est utile�, avec le sens de �il estnbsp;utile pour vous que vous travailliez�.

Ce sont la des cas ou il est superflu d�exprimer grammatical lement le sujet, �tant donn� que les circonstances suf fisent anbsp;sugg�rer la notion du sujet, sans qu�il soit grammaticalementnbsp;exprim�. Dans des phrases pareilles, on comprend, malgr� Vah^nbsp;sence d�un sujet grammatical, que l�infinitif se dit pourtantnbsp;d�une action qui, dans la r�alit� et dans la pens�e de celui quinbsp;parle comme pour l�esprit de celui qui �coute, a vraiment unnbsp;sujet. Et c�est alors que l�on parle a juste titre d�un sujetnbsp;sous^entendu. En voici un autre exemple: �que faites^vous la ?nbsp;r�parer ma montre�. II est clair que le sujet sous^entendu denbsp;r�parer est je, bien qu�il ne soit pas exprim�.

En n�gligeant ces emplois particuliers d�un infinitif dans la phrase, j�ai l�intention de parler ici un instant des infinitifsnbsp;dont on se sert dans la langue, sans tenir compte d�une appli^nbsp;cation extras=grammaticale, qui, d�ailleurs, n�est que fortuite. J�ainbsp;en vue les infinitifs qui ne marquent que 1�activit� du verbenbsp;toute pure, prise dans un sens g�n�ral, sans aucun rapportnbsp;n�cessaire avec une personne ou quoi que ce soit qui, au pointnbsp;de vue linguistique, doive �tre consid�r� comme le sujet denbsp;l�activit�, telle qu�elle est exprim�e par l�infinitif.

Certains �logiciens� pourraient affirmer, il est vrai, que tout infinitif exprimant une action, et toute activit� ayant n�ces*nbsp;sairement un sujet, tout infinitif doit avoir un sujet, soit exprim�nbsp;soit sousisentendu. Sans entrer dans des discussions appel�esnbsp;philosophiques, on pourrait se contenter de faire remarquer quenbsp;la langue n�est pas souvent logique, et que m�me l�esprit humainnbsp;ne l�est pas toujours. Mais il est, en outre, bien �vident que,

dans la langue aussi, on peut faire abstraction de tout ce qui d�termine une activit�, pour la consid�rer, soit dans l�ordre desnbsp;choses concr�tes autour de nous, soit dans celui de la pens�e,nbsp;comme compl�tement autonome sans aucun rapport ni avecnbsp;un sujet, ni avec un compl�ment, ni avec une notion d�aspectnbsp;OU de temps, par exemple: il faut �tre avant de pouvoiv penser.

Cependant, quand un infinitif, ne marquant que l�activit� consid�r�e en elles=m�me, figure dans une phrase, par exemplenbsp;dans travailler est utile, fentends ctier, un grammairien, sans Ienbsp;vouloir et m�me sans Ie savoir, dupe de la �logique�, pourraitnbsp;s�ing�nier a trouver un �sujet� a ces infinitifs. Oubliant quenbsp;fentends crier est une formule, qui, au point de vue grammaticalnbsp;et syntaxique, est exactement pareille a fentends tonner, ilnbsp;pourrait traduire fentends crier en mettant fentends quon crienbsp;a la place. S�il traduisait en m�me temps fentends tonner ennbsp;disant fentends quil tonne (en hollandais la forme impersonnellenbsp;het appara�t toujours avec l�infinitif: ik hoor het donderen), ilnbsp;pourrait voir qu�il n�a ajout� qu�un sujet purement grammatical,nbsp;mais en n�y pensant pas, il pourrait inventer de m�me un �sujet�nbsp;on pour il faut faire attention avant de traverser la rue en mettantnbsp;a la place il faut quon fasse attention, avant quon traversenbsp;la rue. II aurait peut^�tre plus de mal a trouver une formule avecnbsp;on pour des infinitifs comme �crire, penser, sentir et rendre dansnbsp;bien �crire, eest a la fois bien penser, bien sentir et bien rendre,nbsp;mais une fois donn� la volont� de trouver a tout prix un �sujet�,nbsp;il ne serait pas impossible qu�il y arrivat. Je ne pense pas toutednbsp;fois que ce danger soit tr�s grand pour les infinitifs de ce genre.nbsp;Je ne crois pas m�me que des infinitifs personnels commenbsp;fesp�re arriver a l�heure; je crois vous faire un plaisir; me taire?nbsp;jamais de la vie, puissent facilement amener un beau jour lesnbsp;grammairiens a chercher co�te que co�te un �sujet� on a desnbsp;infinitifs du genre de ceux que nous venons de citer.

Mais l�infinitif fran9ais sert aussi a former, avec l�aide d�une pr�position, une expression adverbiale pour marquer une circon^nbsp;stance de but, de mani�re, de cons�quence, de condition etc.,nbsp;qui d�termine Ie verbe principal ou la phrase enti�re. Ce nenbsp;sont pas les infinitifs qui d�pendent grammaticalement de lanbsp;pr�position de ou d�une autre pr�position et qui ne servent qu�anbsp;d�terminer un substantif ou un adjectif, par exemple: la peurnbsp;de mourir, content de vivre, un mot pour rire, une invitation a

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diner. Je ne vise pas non plus les infinitifs pr�c�d�s de de dans des phrases comme il est utile de travaillev, car, dans la languenbsp;actuelle, ces infinitifs pr�positionnels n�ont que la valeur denbsp;I�infinitif sans pr�position, puisque, du moins a mon avis, lanbsp;pr�position de est vide de sens dans ces tournures, ce qui estnbsp;�galement le cas, lorsque I�infinitif pr�c�d� de de fonctionnenbsp;comme compl�ment du verbe, par exemple dans je cvains de vousnbsp;offenser. Ces infinitifsda, tout comme des infinitifs purs, d�s^nbsp;pendent comme d�termination grammaticale du verbe, mais ils nenbsp;sont pas de la m�me esp�ce que les infinitifs que j�ai ici en vue,nbsp;et qui, formant avec la pr�position qui les pr�c�de, un tout,nbsp;ajoutent au verbe ou au sens g�n�ral de la proposition unnbsp;circonstanciel, comme par exemple dans il chante a ravir, ou anbsp;ravzr marque la cons�quence de Taction de chanter. De m�menbsp;dans la phrase suivante de Paul Bourget: �A �coutev cette femme,nbsp;de cette voix profonde, comme bris�e, comme meurtrie parnbsp;Tacc�s de la joie, une langueur passionn�e s�insinuait dans sesnbsp;veines�, a �coutev marque un circonstanciel de simultan�it� etnbsp;m�me une l�g�re notion de cause a effet; c�est T�quivalent denbsp;pendant qu�il �coutait, en �coutant.

Il est clair que, dans la derni�re proposition, le sujet de Tinfinitif est grammaticalement indiqu�, bien que de fagonnbsp;indirecte, demandant de la r�flexion, par le pronom ses. Onnbsp;pourrait, il me semble, dans des cas pareils, parler d�un sujetnbsp;syntaxique plutot que d�un sujet grammatical, puisque la phrasenbsp;ne nous pr�sente pas de terme comme sujet sous une formenbsp;normalement appropri�e a cette fonction, et que ce n�est quenbsp;Tensemble de la phrase qui nous montre par un autre termenbsp;quel est le sujet. Il y a en effet une diff�rence entre les cas ounbsp;un terme grammatical fonctionne comme sujet et ceux ou lenbsp;sujet n�est connu que par un terme de la phrase qui a unenbsp;autre fonction, mais il nous semble inutile de faire ici desnbsp;distinctions de ce genre pour le probl�me qui nous occupe pournbsp;le moment. Nous parlerons ainsi d�une forme grammaticalenbsp;avec la valeur d�un sujet grammatical toutes les fois qu�un termenbsp;grammatical, quel qu�il soit, exprime directement ou indirectementnbsp;le sujet de Tactivit� verbale.

Il peut se faire, comme nous Tavons d�ja signal�, qu�il y ait un sujet pour la pens�e, sans qu�il soit exprim� grammaticalement.nbsp;Rien n�emp�che dans ces casda, d�ajouter le sujet sous une

forme grammaticale, puisqu�il est r�ellement sous!�entendu. Mais il ne faut pas introduire d�une fa^on arbitraire et dogmatiquenbsp;des �sujets sous^entendus�, quand il n�y en a pas, et quand, pournbsp;en trouver un, il faut aj outer a la phrase une chose ou unenbsp;id�� qu�elle n�exprime ni ne sugg�re. Ainsi, dans la phrasenbsp;suivante, que j�ai lue chez Ie m�me auteur, Paul Bourget: �Cenbsp;premier salon, de dimensions moyennes, communiquait par unenbsp;baie largement ouverte avec un autre salon, beaucoup plus grandnbsp;celuida et o� devaient s��tre ramass�s d�ja tous les invit�s, a ennbsp;juger par Ie brouhaha des conversations�, l�infinitif pr�positionnelnbsp;a en jugev n�a pas de sujet. II est aussi d�pourvu de sujet quenbsp;d�avoiv et s�enfevmev dans: �C�est si doux, Ie secret, Ie myst�renbsp;que personne ne sache, d�avoix dans son existence un asile, unnbsp;sanctuaire a s�en/ermer.�

II n�est pourtant pas difficile de traduire a en juger en mettant si l�on en jugeait a la place. Aussi, avant de citer d�autresnbsp;exemples, examinons a pr�sent ces sortes de traductions d�unnbsp;peu plus pr�s. On ne peut nier que Ie terme on ne soit un sujetnbsp;grammatical, et personne ne s�imagine, je suppose, qu�on peutnbsp;lui enlever la valeur d�un terme grammatical. Mais il s�agit denbsp;se rendre compte d�une chose tr�s importante. Le pronom ilnbsp;dans il pleut, par exemple, est �galement un sujet grammatical,nbsp;mais personne ne se figure, je pense, que la langue pr�sente ilnbsp;au point de vue linguistique comme le sujet qui est cens� fairenbsp;l�action de pleuvoir. II pleut est aussi impersonnel que pluitnbsp;latin OU Ilueve espagnol. Les termes n�indiquent que la pr�sencenbsp;de l�activit� atmosph�rique.

C�est que, comme Ferdinand de Saussure l�a enseign�, les termes qui forment une langue, se composent de deux partiesnbsp;au point de vue linguistique, c�est^a^dire de l�image mat�riellenbsp;phonique (ou �crite pour la langue �crite, je voudrais aj outer)nbsp;et d�une image psychique. L�image phonique est le signifiantnbsp;et l�image psychique est le signifi�. Si done, dans la parole, unnbsp;terme grammatical se pr�sente, il faut pour �tre de la languenbsp;aussi, que ce terme soit le signifiant d�un signifi�. S�il n�y a pasnbsp;de signifi�, la seule forme grammaticale n�a pas de valeurnbsp;linguistique. Ainsi il dans il pleut n�est qu�une forme mat�riellenbsp;vide de sens et ne peut pas �tre consid�r� comme sujet au pointnbsp;vue linguistique.

linguistique, il ne l�a pas toujours. Tout en �tant sujet gram^ matical dans on juge, on ne repr�sente pas n�cessairement dansnbsp;un cas pareil, sous une forme mat�rielle, la notion psychiquenbsp;d�un sujet qui fait l�action. On juge peut tr�s bien signifier etnbsp;signifie en effet bien souvent que Faction de juger a lieu sansnbsp;plus, de m�me que il pleut signifie que Faction de pleuvoir anbsp;lieu. Quand on demande a quelqu�un: �qu�est#ce qui se passenbsp;dans la pi�ce a c�t�?� et quand on obtient comme r�ponsenbsp;Fexpression on se quevelle, cela peut signifier uniquement qu�ilnbsp;y a querelle, que Faction de quereller a lieu, sans qu�il soitnbsp;n�cessaire de voir dans on Ie signifiant d�un signifi�. C�est cenbsp;qui explique que plusieurs linguistes ont d� ja affirm� qu�ennbsp;elle^m�me Fexpression on juge ne dit pas plus que judicatmnbsp;impersonnel. Dans pour �tve heureux il faut quon tvavaille, ilnbsp;n�y a pas plus de sujet linguistique que dans pouv �tve heureuxnbsp;il faut travailler. On a dit ne signifie pas autre chose que ilnbsp;a �t� dit; on divait n�a pas plus de sujet linguistique que ilnbsp;semble. Je ne nie pas que Ie pronom on ne puisse avoir unenbsp;valeur linguistique, par exemple dans on frappe a la porte ^nbsp;il y a quelqu�un (d�ind�termin�) qui frappe a la porte. Commenbsp;on sait, Ie pronom on peut m�me avoir la valeur d�un sujet d�ter�=nbsp;min�, mais tout cela ne nous autorise pas a voir un sujet lin^nbsp;guistique dans on juge. D�ailleurs Ie fait que Fon peut traduirenbsp;travailler est utile en mettant a la place il est utile quon travaillenbsp;prouve que Fexpression on travaille peut �tre consid�r� commenbsp;compl�tement impersonnel, puisqu�il est pr�sent� comme l��qui^nbsp;valent de travailler impersonnel, c�est^a^dire sans sujet lin^nbsp;duistique. Celui qui, par cette traduction, pense pouvoir prouvernbsp;Ie contraire, en conf�rant a on la valeur d�un sujet linguistique,nbsp;ajoute au terme impersonnel qu�est Finfinitif travailler quelquenbsp;chose de nouveau. II ne distingue pas bien les faits, raisonne,nbsp;se trompe. Au fond, Ie probl�me est assez simple. Ou biennbsp;on travaille n�a pas de sujet linduistique, et dans ce cas, il nenbsp;prouve rien en faveur d�un sujet sous;�entendu de travailler, ounbsp;bien on travaille a un sujet linguistique dans n�importe quelnbsp;cas, mais alors, avant de mettre on travaille a la place denbsp;travailler, il faut expliquer et d�montrer que travailler a, luinbsp;aussi, un sujet linguistique. De quelque fa9on que Fon consid�renbsp;la chose, la substitution d�un verbe ayant comme sujet grammas'nbsp;tical Ie pronom on a une forme verbale qui n�a pas de sujet

grammatical est nulle comme preuve dans les questions qui nous int�ressent ici.

II ne faut done pas �tre dupe d�une forme grammaticale qui est aussi vide de sens linguistique qu�une poup�e ou unenbsp;statue sont d�pourvues de vie. II ne faut pas se laisser impressnbsp;sionner non plus par une fr�quence plus ou moins grandenbsp;d�un emploi personnel pour croire que tous les emplois sontnbsp;personnels. II est entendu que les infinitifs pr�positionnels,nbsp;tout en servant a marquer une circonstance adverbiale, nenbsp;passent pas au rang d�un simple adverbe comme bien dansnbsp;bien �evive, eest tout a la fois bien penset, bien sentir,nbsp;bien tendve. C�est que I�infinitif, dans ces emploisda, ne cessenbsp;d�etre un verbe. Et comme la plupart des verbes peuvent �trenbsp;personnels, il est naturel de rencontrer bien fr�quemment desnbsp;infinitifs pr�positionnels ayant un sujet grammatical et linonbsp;guistique. Void quelques exemples que je ne cite qu�a titrenbsp;d�illustration, puisqu�il s�agit d�un ph�nom�ne connu:

Dieu nous a cr��s pout travailler (I�infinitif se rapporte au compl�ment nous'); suiss'je un de tes sujets pour me tvaitevnbsp;ainsi? (I�infinitif se rapporte a tes); je le verrai avant de pavtivnbsp;(I�infinitif aurait pu se rapporter, grammaticalement, tout aussinbsp;bien a le qu�a je, mais la syntaxe a �t� r�gl�ment�e); vengeons=�nbsp;nous par en m�dive; il vit heureux comme un prince sans �trenbsp;riche; partons sans attendre plus longtemps (la d�sinence =onsnbsp;suffit comme morph�me a marquer le sujet linguistique); per^nbsp;s�v�rez afin de r�ussir (la d�sinence lt;=ez suffit a marquer le sujetnbsp;linguistique); peut^�tre alors, et rien qu�a prononcer le nom denbsp;Mme Moraines, Ren� aurait compris quelle place avait prisenbsp;subitement dans sa pens�e cette beaut� fine et rare; s�il avait punbsp;se faire illusion jusqueda sur le genre d�int�r�t qui l�entrainaitnbsp;du c�t� de Mme Moraines, il devait comprendre, a constaternbsp;le trouble nerveux o� le jetait l�approche de cette femme, quenbsp;eet int�r�t n�avait rien de commun avec la simple curiosit�;nbsp;il trouva, rien qu�a la regarder, qu�elle n��tait pas la m�me femmenbsp;que la veille; il n�y avait pas une de ces peintures a laquelle nenbsp;se rattachat le souvenir de quelque r�verie de sa jeunesse, toutnbsp;enti�re pass�e a parer d�images de beaut� la chapelle intime quenbsp;nous portons tous en nous avant vingt ans; /��tais la, juste anbsp;la m�me place que vous, a compter les heures, ind�finiment...;nbsp;le journal de Ren� lui plaisait a relite, quand il n��tait pas la,

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comme un souvenir...; Ren�, Ren�, que ne sms=je assis sim^ plement dans mon fauteuil d�orchestre aux Frangais, a la voivnbsp;jouer la Camille d�on ne hadine pas avec l�amout..h�las, monnbsp;pauvre ami, a salir ainsi l�image de celle que j�ai tant aim�e,nbsp;a trainet dans la fange l�idole par�e autrefois des plus fraichesnbsp;roses, a dishonorer mon plus cher pass� de toute la force denbsp;mon coeur, si /�avais du moins gagn� la paix; aimes=moi bien fortnbsp;pour Ie temps o� tu ne seras pas la a maimer; comme il d�bou#nbsp;chait dans Ie th�atre, il eut un moment de vive �motion a croisernbsp;un des �l�gants rencontr�s chez Mme Komof; elle allait plusnbsp;loin jusqu�a en vouloir a la redoutable inconnue des douleurs denbsp;Rosalie; elle y trouvait cette sorte de ragout singulier que lesnbsp;d�bauch�s de l�ancienne �poque �prouvaient a s�duire desnbsp;d�votes; Suzanne se tenait seule a songer dans Ie petit salon quinbsp;l�avait vue envelopper Ie jeune homme de ses premiers fils...;nbsp;tout se r�unissait pour Z�affoler: l�indignation de rencontrer tantnbsp;de graces . . . enfin une esp�ce d�impuissante humiliation anbsp;retronver cette perfide maitresse, heureuse, admir�e dans l��clatnbsp;de sa royaut� mondaine, tandis qu�i7 �tait la, lui, sa victime, anbsp;mourir de douleur, sans l�avoir chati�e; il avait cess� de pratiquer,nbsp;depuis qu�il avait cess� d�etre pur; et il s��tait laiss� gagner parnbsp;cette atmosph�re de doute que tout artiste moderne traverse,nbsp;avanf d�en revenir au christianisme, comme a la seule source denbsp;vie spirituelle; je suis rest� cinq minutes a me tater, je ne devaisnbsp;peut�lt;�tre pas Ie laisser seul.

II serait facile de citer une foule d�autres exemples, mais ceux qui pr�c�dent suffiront sans doute a faire voir que lesnbsp;infinitifs pr�positionnels marquant toutes sortes de rapportsnbsp;adverbiaux ont fr�quemment dans la langue un v�ritable sujetnbsp;linguistique qui, grammaticalement, est exprim�. Mais tous cesnbsp;infinitifs pr�positionnels marquant un circonstanciel et ayant unnbsp;sujet personnel, quelque fr�quents qu�ils soient, ne prouvent pasnbsp;Ie moins du monde que tous les infinitifs pr�positionnels aientnbsp;besoin d�un sujet. Lorsque la langue ne pr�sente pas de sujetnbsp;grammatical et lorsque la pens�e, m�me avec un sujet gram?nbsp;matical, ne r�clame pas de sujet linguistique comme image psy?nbsp;chique ou signifi�, aucun grammairien n�a Ie droit de forger unnbsp;tel sujet, s�il ne veut pas fausser la langue.

suivre encore quelques phrases dans lesquelles se pr�sente un infinitif pr�positionnel exprimant un circonstanciel sans sujetnbsp;grammatical et sans sujet linguistique:

Et elle, ma Camille, elle avait �t� souill�e a ne Ven pouvoir /aver, par tant de hontes; pour n��tre pas a proprement parietnbsp;un po�te catholique, Jean Suberville n�en est pas moins unnbsp;v�ritable po�te et un excellent catholique; a supposet qu�unnbsp;minist�re ou plusieurs minist�res n�en usent qu�avec bienveillance,nbsp;OU m�me cessent d�en user contre les catholiques, il d�pendranbsp;d�un nouveau gouvernement de les tirer (sc. les lois) de l�oubli,nbsp;de leur rendre leur vigueur et leur efficacit�; a Ventendre (sc. Ienbsp;Pr�sident du Conseil des ministres) la d�claration minist�riellenbsp;n�avait rien pour les inqui�ter; a Ven croire, pareille foi communenbsp;n�a exist� ni au Ile, ni au Ille, ni au IVe, ni au Ve, ni aunbsp;Vle si�cle; il n�y a pas de paradoxe a dire qu�aujourd�hui ellenbsp;est commun�ment inconnue de ceux qui la combattent, et souventnbsp;m�me de ceux qui la pratiquent; a vrai dire eet homme n�est pasnbsp;m�chant; a Ie voir de dos, il a Fair d�un mendiant; pour toutnbsp;dire, e�est un personnage pr�tentieux; pour faire beau, je vousnbsp;assure qu�il fait beau; avant de traverser la rue, il s�agit de fairenbsp;attention aux autos; l�expos� exact d�une chose n�est possiblenbsp;qu�apr�s avoir bien r�fl�chi.

Il me semble inutile de citer d�autres exemples pour prouver que I�infinitif pr�positionnel exprimant un circonstanciel denbsp;Faction principale n�a pas besoin de sujet.

Il existe, en outre, en dehors des cas ou le pronom on peut �tre consid�r� comme un v�ritable sujet linguistique, de tr�snbsp;nombreuses phrases pour lesquelles il est assez difficile de d�cidernbsp;si le sujet on est purement grammatical ou r�ellement un sujetnbsp;linguistique. Voici quelques exemples ou je serais d�avis qu�ilnbsp;ne s�agit que d�un sujet purement grammatical: II parait quenbsp;c�est un crime abominable: a y bien r�fl�chir, on s��tonne qu�unenbsp;chose si simple puisse provoquer tant de clameurs (on s��tonne =nbsp;il est �tonnant); on sent tout cela a Ventendre parler, discuter,nbsp;juger (on sent tout cela = tout cela est senti); on s�imagineraitnbsp;a lire la plainte d�un h�ritier (on s�imaginerait = il viendrait anbsp;Fimagination); a le suivre au cours de ses p�r�grinations, onnbsp;pourrait supposer qu�il y passa toute sa vie (on pourrait supposernbsp;= la supposition serait possible); on �prouve un scrupule a juger

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en quelques lignes ce qui fut la pr�occupation constante et ce qui est aujourd�hui Ie fruit de quarante ann�es de labeur, onnbsp;en �prouve un autre, plus d�licat encore, a constater que ... (onnbsp;�prouve un scrupule = un scrupule se produit); a visitev lesnbsp;morts, �crivait^il, on trouve des impressions graves et douces etnbsp;aussi f�roces (on trouve des impressions = des impressions senbsp;produisent); certes, on pourrait remplir toute une page a confernbsp;des anecdotes, a donnet des chiffres, a relevev des projets (onnbsp;pourrait remplir toute une page = toute une page pourrait �trenbsp;remplie); a lire leurs biographies, on dirait qu�ils ont toutnbsp;absorb� (on dirait = il semble); on ne gagne rien a disloquernbsp;l�Entente (on ne gagne rien = rien ne serait gagn�, il n�y a aucunnbsp;avantage).

Dans une phrase comme �A bien r�fl�chir, quand on conna�t Zirnheld, cette inqui�tude se con9oit�, on pourrait voir dans onnbsp;de on connait �galement Ie sujet de r�fl�chir, mais a biennbsp;r�fl�chir ne d�termine, a mon avis, que de fa^on tout imperson#nbsp;nelle la pens�e cette inqui�tude se congoit. Dans �Et l�on ressentnbsp;de la s�r�nit� a penser que nous autres, nous les avons vus�nbsp;il n�est pas impossible de voir dans on un sujet linguistique quinbsp;repr�sente Ie m�me signifi� que nous, mais l�image psychique denbsp;on ressent de la s�r�nit� a penser peut tr�s bien n��tre quenbsp;pendant Faction de penser ou par Faction de penser Ie sentimentnbsp;de s�r�nit� se produit. Dans �A contempler sa lueur qui scintille,nbsp;la==bas, dans Ie Nord, une m�ditation s�allume aussi en nous,nbsp;de laquelle des pens�es tristes et pieuses ... jaillissent en �tincellesnbsp;qu�on voudrait, qu�on ne peut pas, h�las, fixer�, l�infinitif pr�lt;=nbsp;positionnel a contempler n�a pas n�cessairement de sujet; il peutnbsp;tr�s bien �tre pris dans un sens g�n�ral.

Dans tous les cas, ni les exemples douteux ni la fr�quence des constructions o� 1 infinitif a clairement un sujet, ne nous obligentnbsp;ni m�me ne nous autorisent a forger des sujets de toutes pi�cesnbsp;dans des cas o� il n y en a pas. Et la seule traduction par unenbsp;tournure avec on n�est qu�un artifice. Pour que Ie terme gram^nbsp;matical on puisse �tre pris pour un sujet r�el et linguistique,nbsp;sa seule forme mat�rielle dans la phrase ne suffit pas. Pournbsp;qu�un terme grammatical puisse �tre de la langue et pour qu�ilnbsp;puisse fonctionner comme sujet linguistique, il faut qu�il soitnbsp;l�image phonique ou �crite d�un signifi�. S�il n�y a qu�un signifi�,nbsp;on peut parler d�un sujet sous^entendu, mais s�il n�y a qu�un

�signifiant� sans signifi�, Ie �signifiant� ne m�rite pas son nom et n�est qu�une forme sans valeur linguistique.

Je crois pouvoir conclure de ce qui pr�c�de que Ie fran9ais connait l�emploi d�infinitifs pr�positionnels servant a exprimernbsp;un circonstanciel et n�ayant ni sujet grammatical ni sujet lin#nbsp;guistique, et que d�autres infinitifs pr�positionnels ont un sujetnbsp;grammatical qui n�a pas de valeur linguistique.

Vous avez �t�, il y a quelques ann�es, mon Pr�sident de th�se. C�est vous dire que je vous dois beaucoup. Vous n�avez pasnbsp;�t� sans remarquer, je suppose, que mes id��s � qui sont, jenbsp;crois, dans une large mesure, �galement les v�tres � sur Ienbsp;Participe pr�sent et Ie G�rondif ont port� quelques fruits. C�estnbsp;ce qui m�a encourag� a continuer mon travail sur un secondnbsp;chapitre de la syntaxe du g�rondif, et o� il s�agit de mettre cettenbsp;forme verbale en face d�un autre concurrent, c�est^agt;lt;dire denbsp;l�infinitif. Le Comit� qui s�est constitu� pour f�ter Ie 70e anniver**nbsp;saire de votre naissance, sans que j�aie eu l�honneur d�en fairenbsp;partie, m�a invit� a vous offrir quelques pages. Je lui en suisnbsp;reconnaissant, et il va presque sans dire que je vous devais, anbsp;cette occasion, une partie � assez importante, je crois � dunbsp;nouveau travail que j�ai entrepris.

Si le peu de place dont je puis disposer ne me permet que de vous pr�senter un fragment, j�ose esp�rer que votre perspica^nbsp;cit� y saura reconnaitre du premier coup d�oeil un probl�me quinbsp;ne regarde pas que l�infinitif. Je vous le pr�sente en hommagenbsp;pour tout ce que vous avez fait, non seulement pour moi, maisnbsp;d�une fa^on g�n�rale, pour les �tudes fran^aises et pour lanbsp;connaissance de la France en Hollande. Permettezs^moi de joindrenbsp;a eet hommage rnes plus sinc�res f�licitations, que je vous prienbsp;de bien vouloir transmettre, avec tout le respect que je luinbsp;dois, a Madame Salverda de Grave.

Parmi les innombrables petits probl�mes que soul�ve la com:* paraison entre Ie Parzival de Wolfram d�Eschenbach et sesnbsp;sources fran9aises, 11 en est un qui n�a pu laisser la critiquenbsp;totalement indiff�rente. A partir de la strophe 121, vers 5 et 8,nbsp;Ie mot waleis (ou waleise) d�signe dans Ie texte, comme dansnbsp;sa source fran^aise bien connue, soit Ie pays de Galles, soit unnbsp;habitant de cette contr�e, tandisque l�opinion courante veut qu�ilnbsp;s�applique, dans les deux premiers livres^) du po�me, a unenbsp;terre bien �loign�e de la, a ce Valois, qui a donn� une dynastienbsp;a la France, et o� il aurait plu � pour quelle raison, on I�ignore,nbsp;� a I�imagination de Wolfram de localiser les origines de sonnbsp;h�ros ^). Le p�re de celuis^ci, Gahmuret, est en effet conduit lanbsp;par son humeur aventureuse, apr�s une courte �tape a Tol�de,nbsp;O� il s�est ravitaill� de lances (str. 59, 5�15) et pr�par� a denbsp;nouveaux exploits, sans qu�on prenne la peine de nous dire parnbsp;quels chemins et en combien de temps il aurait accompli cettenbsp;formidable randonn�e.

Bien que � j�en parlerai plus loin � la g�ographie de Wolfram soit singuli�rement fantaisiste, il faut confesser quenbsp;nulle part dans son oeuvre, il n�a aussi d�lib�r�ment fait liti�renbsp;des vraisemblances. II en a eu, semble#ts=il, conscience, car ilnbsp;s�exprime ainsi (str. 59, 21�23):

1) nbsp;nbsp;nbsp;Cette subdivision du po�me est bien connue; elle a �t� notammentnbsp;adopt�e par les �diteurs K. Bartsch (4e �dition par Marta Marti quenbsp;j�utilise de pr�f�rence, 1927) et Ernst Martin. Elle est �trang�re a Lachmann.nbsp;Le Livre I va de strophe 1 a 58, 26; le Livre II, de 58, 27 a 116, 4.

2) nbsp;nbsp;nbsp;Les traducteurs allemands que j�ai consult�s sont d�accord laj'dessus.nbsp;Simrock seul, sans s expliquer d�avantage, n�a attribu� a Herzeloide quenbsp;deux royaumes, �Wals und Norgals� dans le bref r�sum� plac� en t�te denbsp;sa version du Livre II; son texte porte Waleis (Parzival und Titurel,nbsp;�bersetzt und erlautert, I, p. 65, 1849). B�tticher est pr�cis: �Waleis, d. i.nbsp;Valois in Frankreich (Parzival von Wolfram von Eschenbach in neuernbsp;uebertragung etc. etc. (1885), p. 9; cmp. p. XLVI); l��dition Reclamnbsp;(p. 91) donne la m�me interpr�tation: �Waleis = Valois� (I, p. 91). Enfinnbsp;le plus sagace et le plus �rudit des traducteurs, W. Herz, est plus explicite:nbsp;�Waleis ist eigentlich die franz�sische Grafschaft Valois� (478) et il croit anbsp;une confusion de Wolfram avec Wales (Galles) (Parzival, neu bearbeitet,nbsp;7te Auflage, 1927); 1�auteur de la traduction en langue fran^aise, M. A.nbsp;Grandmont, traduit Valois (Perceval, traduit par A. G. Li�ge s. d.,nbsp;p. 39, 59).

er stveich, ine weiz wie lange nach, unz er geste hetberge ersach,nbsp;ime lande ze Waleis

vers qu�on peut rapprocher de ceux^ci, inscrits dans la strophe pr�c�dente (58, 14�16):

Peut^�tre la critique n�a^t^elle pas �t� rendue suffisamment attentive a des deux passages, qui dissimulent mal un certainnbsp;embarras. J�ajoute que les strophes 58 et 59 constituent unnbsp;raccord assez maladroit entre les aventures de Gahmuret ennbsp;Orient et celles qui vont lui co�ter la vie. Plus maladroit peut#nbsp;�tre est un autre raccord, a l�endroit o�, vainqueur g�n�reux dansnbsp;Ie tournois de Kanvoleis et devenu l��poux de Herzelo�de,nbsp;Gahmuret quitte brusquement et sa femme et son fief, pournbsp;voler au secours de son premier seigneur, Ie Baruc.

Wolfram semble n�avoir �prouv� nul d�sir de nous narrer cette nouvelle et fatale exp�dition, dont il s�est afflig� ; mais il prendnbsp;soin de nous dire qu�il en trouve les d�veloppements dans sanbsp;source (str. 101, 30). Ou, du moins, c�est elle qui lui a r�v�l�nbsp;les noms des chefs babyloniens, dont les arm�es menacent denbsp;nouveau Ie Baruc. II nous est difficile de ne pas sourire, lorsquenbsp;Ie po�te allemand nous confie qu�ils se nommaient Ipomidonnbsp;(sic) et Pompeius, et que Ie second �tait Ie neveu de Nabucho#nbsp;donosor. La fantaisie a des limites; elle en avait m�me au Xllenbsp;si�cle. Avouons qu�elles sont d�pass�es ici.

Elles Ie seraient assur�ment, si la sinc�rit� ing�nue de Wolfram ne lui procurait une excellente excuse. Visiblement il s�estnbsp;embrouill� dans ses souvenirs ou ses lectures. Les nouvelles

*) Kocke = la coque du bateau. C�est un des innombrables mots francais familiers a l�auteur parmi ceux qui concernent l��quipement d�un h�ros, Ienbsp;mat�riel de guerre, etc. (pour ne rien dire du v�tement et de la table). Cenbsp;bateau porte un message de Vridebrant a la reine P�lagane, dont Gahmuretnbsp;accepte de se charger. II n�en est plus mention dans la suite, mais seulementnbsp;des armes offertes en pr�sent a cette reine.

aventures de Gahmuret Ie laissent indiff�rent ; au Keu de les narrer, lui si prolixe d�ordinaire, il se tire d�affaire dans cesnbsp;termes, d�une d�plorable banalit� (str. 102, 16�18):

des wart gewunnen und verlom genuoc ze b�den siten:nbsp;man sach ta helde striten.

II est vrai que dans les strophes suivantes, il nous fait Ie r�cit indirect des suites fatales que devait avoir la derni�re prouessenbsp;de l��poux de Herzelo�de. Mais c�est simplement parcequ�il nenbsp;pouvait agir autrement. La comparaison la plus superficiellenbsp;des textes nous prouve qu�a partir d�ici il va prendre pour guidenbsp;Chr�tien de Troyes, qui a ignor� (ou supprim�) les ant�c�dentsnbsp;g�n�alogiques de son h�ros. II est done contraint de cherchernbsp;la soudure entre les premiers vers de son mod�le frangais et lesnbsp;demiers que son long prologue lui avait fait �crire. Gahmuretnbsp;n�est pas seulement la victime de sa bouillante ardeur. II disparaitnbsp;de la sc�ne �pique, o� sa veuve va tenir toute la place (str.nbsp;102, 23�39):

waz ta. geschaehe, wiez dort erge gewin und flust, wie daz geste,nbsp;des enweiz frou Hetzeloyde n�ht.

EUe ne Ie saura que trop t�t, comme l�h�ro�ne du po�te fran9ais, a qui, avec tous les m�nagements possibles on devranbsp;bien finir par apprendre son malheur ^). Mais cette Herzelo�de,nbsp;il a plu a Wolfram d�en faire une reine (a Wolfram ou a sa

1) nbsp;nbsp;nbsp;invent� les premi�res? On l�a soutenu au m�pris de toute

vraisemblance. La lecture des cent premi�res strophes nous montre, par l�abondance des vocables emprunt�s au francais (voyez str. 87, 24, fil lunbsp;cont� Schiolarz) que Wolfram n�a gu�re moins d�obligations a ses sourcesnbsp;fran?aises dans cette partie de l�oeuvre que dans les autres. On lira dans Ienbsp;Bulletin de 1'Acad�mie de Belgique, 1932, p. 382, sq. ce que j�ai observe sur cenbsp;point d�importance.

Str. 103, 29 et 59. On sait que s�est la version conserv�e dans Ie prologue de Mons et de Londres (Bliocadrant). Je n�entends pas discuternbsp;ici l�authenticit� de ce prologue et ferai seulement observer que Chr�tien,nbsp;s�il lui est �tranger, ne l�a pas ignor�, en tout cas qu�il est ant�rieur anbsp;Wolfram. La version de la vulgate mentionne un Ban de Gomeret (var.nbsp;Gomoret) au vers 467 (�d. Hilka), a rapprocher naturellement de notrenbsp;Gahmuret, et Ie p�re de Perceval est aussi victime de sa passion chevaleresque,nbsp;s�il n�en meurt pas d�un seul coup. (vers 435�37).

source autre que Chr�tien) et voici ce qu�aussitot apr�s le passage d�ja all�gu�, il en dira (str. 103, 6�10):

II y a tout d�abord ici une erreur grossi�re. L�Anjou a pour prince, au d�but du po�me, un personnage, Galo�s, qui n�estnbsp;nomm� que plus tard�^) mais qui est le fr�re ain� de Gahmuretnbsp;et fils comme lui du roi Gandin ^). Ce Galo�s meurt avantnbsp;les �v�nements racont�s dans le Livre II, done avant les derniersnbsp;exploits de son cadet et celui*=ci en a eu connaissance; car, com^nbsp;battant au tournoi un seigneur de 1�Anjou, qui porte, renvers�esnbsp;en signe de deuil, les armes grav�es sur son �cu, il apprendnbsp;de la sorte le deuil qui l�atteignait____

mais, ajoute le po�te, il ignore comment est mort ce fr�re en combattant pour une �puissante reine� qui mourut elle^m�me denbsp;chagrin pour l�avoir m�connu^).

mais tout cela exclut d�ja l�identification de Herzelo�de avec une reine d�Anjou. Car nulle part il n�est dit qu�elle r�gne lanbsp;o� r�gnait Galo�s, et surtout en vertu de quel droit, alors qu�ilnbsp;y a h�ritier naturel de celui^ci; au surplus, a quelques vers denbsp;distance l�auteur d�signe ainsi un serviteur de la future m�renbsp;de Perceval:

et il est invraisemblable qu�il n�e�t pas employ� une autre d�^ signation, si cette princesse avait remplac� � assez ind�ment, dunbsp;reste � Galo�s sur le tr�ne.

de reine d�Anjou, en raison du contexte lui#m�me^). A^t^elle plus de droits au titre de reine de Valois? Outre que Ie Valoisnbsp;n�a jamais eu de rois � il a pu donner une dynastie a lanbsp;France sans cela � il resterait a �tablir que Waleys n�a pasnbsp;ici la m�me valeur que dans la suite du po�me.

L�embarras des commentateurs n�est pas sur ce point, moins �vident que celui des traducteurs. II est commode comme Ienbsp;fait Ernst Martin, de traduire Waleys par �Valois� a la strophenbsp;59 et plus loin d�y voir Ie correspondant du francais �gallois�.nbsp;Mais cela ne nous tire pas d�affaire. Le plus r�cent ex�g�te denbsp;Parzival d�clare ing�n�ment ceci: �Waleys, womit geographischnbsp;Valois gemeint ist (str. 59, 23) zeigt durch die Verbindung mitnbsp;Norgals (str. 103, 9, ebenso 128, 7; 140, 26 ; 494, 23; 803, 53)nbsp;Nordwales, dass Valois mit Wales verquickt worden ist, wasnbsp;auch den Anfangsbuchstaben W erklart� ^).

C�est bien vite ditl Mais que fait eet ex�g�te des innombrables passages o� Perceval, d�apr�s Chr�tien, est ici appel� derWaleis,nbsp;c�esti#as=dire indubitablement �le Gallois��). Est#ce qu autant denbsp;de fois Wolfram aurait fait une confusion aussi grossi�re? Ounbsp;bien serait^il simplement rest� fid�le a sa source?

La v�rit�, c�est qu�il y a nulle difficult� d�interpr�tation pour tous ces passages, tandisqu�il y en a une pour ceux du d�but, sinbsp;l�on s�obstine a entendre, selon la tradition, Waleys commenbsp;�habitant du Valois�. Le Valois n�a rien a voir avec les originesnbsp;du h�ros. Son p�re est angevin ^), et l�Anjou n�est pas toutnbsp;proche de Senlis ou de Cr�py. C�est done par sa m�re qu�il senbsp;rattacherait a l�Ile de France. Mais on a vu que cette m�re

1) nbsp;nbsp;nbsp;Au surplus, 128 3�7, dans un passage essentiel pour la suite denbsp;Faction, qu�on a eu le tort de n�gliger, Herzelo�de dit a son fils:

du soli och wizzen, sun min, der stolze Ku�ne Lahelinnbsp;dinen f�rsten ah ervaht zwei lant,nbsp;din sollen dienen diner hant,

2) nbsp;nbsp;nbsp;I, p. 122 (note de str. 103, 7) La table (t. III, a la fin) maintientnbsp;cette confusion s. v. Waleise.

*) cf. str. 6, 26 Gahmuret Anschevin; 11, 1, der junge Anschevin; 17, 9, der junge Anschevin; 38, 11, ich bin Gahmuret Anschevin; 56, 1, er istnbsp;born von Anschouwe.

r�gnait sur Ie pays de Galles, et je ne sache pas qu�il ait exist� une dynastie dont un prince exer^at son autorit� en Grande#nbsp;Bretagne et au Nord#Est de Paris. Certes les Plantagenet ontnbsp;pris Ie titre de rois de France, mais quand done ont#ils sp�cifi�nbsp;que Ie Valois �tait un de leurs fiefs?

La capitale de ce soi#disant �tat d�Herzelo�de s�appelle Kan# voleis. On a essay� d�interpr�ter assez diversement ce nom, quinbsp;n�est pas, s�il est invent�, Ie seul sur lequel se soit exerc� lanbsp;fantaisie de Wolfram ^). Le tournoi o� cette princesse s��prendnbsp;de Gahmuret, groupe autour d�elle des Bretons ^), des Proven#nbsp;9aux�), mais aussi des insulaires; les principaux champions,nbsp;mentionn�s la, lorsqu�ils ne sont pas des sujets d�Uterpandragon,nbsp;le p�re d�Arthur �), viennent d�Irlande ou m�me de r�gions plusnbsp;septentrionales ¹ ²). La presence d�Allemands et celle du due denbsp;Brabant�) ne nous apprennent rien non plus, sur la topographienbsp;de Kanvoleis; il faut done renoncer a identifier cette ville.

Mais si le p�re de Perceval est un Angevin, et sa m�re, du pays de Galles, nous voila ramen�s sur un terrain moins mouvant.nbsp;Les donn�es historiques reprennent peu a peu leur droit. Unnbsp;passage auquel on semble ne pas avoir attach� toute l�importancenbsp;qu�il m�rite, trahit, chez Wolfram, la pr�occupation moins fan#nbsp;taisiste de traiter des faits r�els, en tout cas, une m�moire plusnbsp;sure. C�est celui#ci (str. 70, vers 1�8):

Nu was oucb rois de Franze t�t Des wip in^') dick in gr�ze n�tnbsp;brahte mit it minne:

Diu werde K�neginne hete aldav nach im gesantnbsp;ob er noch wider in daz lantnbsp;waer komen von der heidenschaft.nbsp;des twanc sie grazer liebe Kraft.

1) La ville o� r�gne P�l�gane s�appelle ici Patelamont (17, 6; 64, 17, etc.) d�une interpr�tation aussi malais�e et, en tout cas, d�un orienta�sine suspect,nbsp;str. 68, 1, sq.

II y a m�me ici une r�miniscence assez impr�vue de la l�gende de Tristan et d�Yseut, un Morholt d�Irlande, qui ressuscite pour venir se battrenbsp;(str. 67, 19) et le royaume de Logres n�est pas omis (ibid. 15); comp.nbsp;(66, 1) Lot de Norv�ge.

Ce passage a terriblement embarrass� Lachmann et tous les �diteurs et les critiques qui sont venus apr�s lui. II interrompt lanbsp;tr�s curieuse description du fastueux �quipement de chevalier,nbsp;dont Ie h�ros est redevable a l�Ecossais Vridebrand, par l�entre^nbsp;mise de sa femme, comme on l�a dit plus haut. Ou bien il ne rimenbsp;a rien, ou bien il se rapporte au d�c�s de Louis VII, dont Ianbsp;femme, en �pousant Ie roi d�Angleterre (de souche angevine)nbsp;apr�s son divorce, ne contribua pas peu a aigrir les relationsnbsp;entre les deux nations.

Or Louis VII mourut en 1180, et si les derniers vers ne s�expliquent pas aussi naturellement que les premiers, c�est qu�ilsnbsp;constituent, si j�ose ainsi m�exprimer, une soudure commodenbsp;entre l�histoire et la fiction. De toute fa9on, c�est � contrairementnbsp;a la tradition invoqu�e par Chr�tien, et qui, selon moi, lui a faitnbsp;modifier tout Ie d�but de son ouvrage^) � l�Anglonormandienbsp;qui devient ici manifestement Ie th�atre des �v�nements dont Ienbsp;r�cit emplit les strophes 59 etc. (toumoi de Kanvoleis, amours etnbsp;mariage de Gahmuret avec Herzelo�de, mort de ce prince, nais^nbsp;sance de Perceval). Ce tournoi, ce mariage correspondent m�me,nbsp;dans une certaine mesure, a des r�alit�s, plus ou moins librementnbsp;interpr�t�es. II n�y a done en d�pit de l�apparence, aucune bonnenbsp;raison de traduire nulle part WMeys autrement que par �Gallois�;nbsp;nulle part il n�est pr�cis�, en effet, que la reine Herzelo�denbsp;habitait Ie centre de la France, ni que sa capitale. Kanvoleis, (quenbsp;je soupeonne, s�il n�est de pure fantaisie, �tre l�alt�ration d�unnbsp;nom brittonique; pensez a Carl�on, Cardueil et m�me Camant^)nbsp;pour Caer^Nantes) portait effectivement un nom fran9ais.

�) Erec, 2315. Kavnant est ici mentionn� trois fois, et pas du tout a l�aventure: str. 134, 15; 253, 30; 279. 14. II y est, en effet, fait mentionnbsp;du roi Lac et d�Erec, dont il a plu a Wolfram de faire le fr�re denbsp;Jeschute, l��pouse d�Orilus (= rOrgueilleux de la Lande). Est^ce parnbsp;Chr�tien, l�auteur d�un Erec, ou par sa version allemande que Wolfram anbsp;�t� inform�? De m�me Karidoel (str. 280, 2) ist ici r�sidence d�Arthur,nbsp;ce qui est en contradiction avec la mention de Nantes et de la for�t denbsp;Broc�liande dans la partie ant�rieure du po�me.

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dite de La fr�quente communion .... 318 Johannes Tielrooy .... Le renouveau des �tudes chateaus

B. nbsp;nbsp;nbsp;H. J Weerenbeck .. L�infinitif pr�positionnel sans sujet.... 389

BIBLIOGRAPHIE des travaux de M. J.sJ. Salverda de Grave, dress�e par L.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Kukenheim ..............................406

�LANCES

HILOLOGIE

A. G. van HAMEL

(U).

14

wr

IBF

Biographic in�dite de Grotius par Sorbi�re, Biblioth�que Vaticane a Rome, fonds

Barberini latin, 2173, 70v��71r'� (fin).

IP*

5 nbsp;nbsp;nbsp;65

6.

�r

L�INFINITIF FRANgAIS AVEC A ET SES RAPPORTS AVEC LE G�RONDIF LATIN

97

102

105

8 nbsp;nbsp;nbsp;113

126

III.

IV.

142

144

145

�t

176

190

192

193

200

201

ESCALUFR� OU ESTALUFR�?

203

214

215

216

238

239

241

242

(p. 134).

268

272

273

276

281

282

290

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2%

mit Gamillscheg 1) blofi die Funktion der Auswahl unter Bestem hendem lassen m�chte.

314

J. I.....AN.

340

353

356

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379

390

394

396

BIBLIOGRAPHIE

DES TRAVAUX DE M. J.=J. SALVERDA DE GRAVE LIVRES ET ARTICLES

1888

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1891

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1899

1900

407

1908

1909

1910

1911