LA LEGENDE
DE CHARLES. cardinal denbsp;Lorraine,amp; de fes fre-resjde la maifonnbsp;de Guife.
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TJeJerite en troii liures^pttr fran-coU de l’ifle.
ItJI.
(^¦1191.
A REIMS,
De l’imprimerie de laques Martin.
M. D. LXX VL
-ocr page 2- -ocr page 3-FRANCOIS DE L'ISLE aux leEleurs S.
T E reuerendiflime Cardinal de Lorraine ( a-•*^mis leâeurs)nous auoit repeus fouuencesfois en fon viuant, de certaine cfperancc de nous faire yoir la Legende de fon ffere le Duc de Guilenbsp;tue deuant Orleans. Ce que nous attendions ennbsp;grande deuotion, pour autant que chafeun te-noit pour afleurc que de tant d’hommes d’efpritnbsp;que le Cardinal auoit à commandement,il choinbsp;firoit le plus habile de la main amp; de l’entende^nbsp;nient, pour baftir vn ceuurc (i digne des yeux denbsp;noftrc France. qui dés long temps ne void guc-rcs de chofes qui luy puilTent plaire. Nous fanions aufhque le Cardinal auoit prouilion denbsp;*nemoires pour renrichilTement de i’ouiirage.nbsp;Mais apres auoir beaucoup attcndu,nous auonsnbsp;elle entièrement deceuspar ledecet de ce re-nerendiflime, qui a laifl'é fa legende à faire,auf-fi bien que celle de fes freres. Ce qui a donnenbsp;occafion à pluficurs de Juger finiftrement de celle promefle du Cardinal: entant qu’on a efti-, qu’il auoit voulu ainG tenir en fufpens lesnbsp;'^ns amp; les autres, de peur que fon pot aux rofesnbsp;luy full defcoiiucrt en fon viuant,amp; que l’ordu-rc cachée dclfous,rcndift luy amp; fa race puants amp;nbsp;dctcftablcsà noftre nation. Toutesfois , fansnbsp;nous arrefter trop à difputer ici quil’aefmeuànbsp;nous letter ainlî de la poudre aux yeux, en nousnbsp;Voulant arrefter à fes menfonges, il me faut ren»
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drcrailbndc mon Eiit,amp; direpourquoy i’ay re-Icucles heritiers du CjrdiiwJ((i d’auantureil en a,car ic nc Ic fuis, ni ne le veux cftre) de cellenbsp;peined’eferire celle legende,en laquelle nonnbsp;feulement les vies du Duc de Guife amp; du Car-dinal,mais aufli celles de leurs autres frères fontnbsp;deferites, non pas tout au long, mais en partienbsp;feulement. Il y-a quelques années que penfantnbsp;aux miferes de nollre France, amp; les voyant croinbsp;lire à veuc d’œil,encores que ie nefullêpastantnbsp;aucugle dcnc voir Icbras de Dieu irrite contre Icspcchez des François, li eft ce que regardant les pierres amp; ballons, donc il nous vouloirnbsp;humilier, i’appcrceu que ceux de Guifc entre aunbsp;tres clloycnt comme les premiers en ce rang:nbsp;amp;que leurs rnfes amp; cruautez exercées contrenbsp;grands amp; petits,amp; ia publiées en beaucoup d’ef-crits»ne deuoyent pas demeurer toulîourscf-parfcs.en danger de pourrir au tombeau defi-lencc,amp; n’cllreiamais dcfcouiiertcs delà polle-rite. Cela fit que peu à peu ic commcriçayànbsp;cerchcr parmy mes papiers quelques liuresamp;nbsp;mémoires conformes à ceux que le Cardinal te-noit fi chers en fa vic,Ics ayant fouucnt fur fa table, amp; difant (comme il fit nommément fousnbsp;François fécond en ralfcmblec des principauxnbsp;du Royaume à FontainebcH’cau) que c’clloyccnbsp;les couronnes de fa vie, pour le rendre immortel. 1 J’iceux ic commençay à recueillir quelquesnbsp;pafiages amp; traits notables, d’cfqucls i’cfpcroisnbsp;accommoder vn mien amyqui commençoitànbsp;manier
-ocr page 5-PREFACE, manier cefte befongne hcurcufcracnt. Depuis,nbsp;luy ayant quitte du tout cefte befongne,pour vanbsp;quet à chofe aufli importante, qui fc verra quelque lour en lumière, amp;lesmaflacrcs defainânbsp;Barthélémy eftans entreuenus, ou ceux deGui-fe auoycnt efte des premiers executeurs, ie penfay qu’il ne feroit pasmauuais de conter à ceuxnbsp;qui ne le fauent, vne partie de leur vie. puis quenbsp;eux prenoyent plaifir à y contlnucr.-amp;que le mefnbsp;chant doit ouir amp; voir ce qu’il ne voudroit pas,nbsp;puis qu’il fait ce qu’il ne deuroit.
Or tant s’en faut qüe par ces memoires cueillis de cofte amp; d’autrc(comme ceux qui ont leu les dlfcours publiez depuis quinze ans en ça, lenbsp;cognoiftront prcfques de prime face ) i'aye voulu retenir l’efprit amp; la main de ceux qui pourront auoir de telles ou plus exades Legendes denbsp;ceux de Guife, qu’au contraire ieles priein-ftammentde ne plus frauder la France noftrcnbsp;mere commune , de memoires amp; aduettifle-mens qui luy deuroyent eftre aufti fouucnt misnbsp;deuant les yeux, comme ceux de Guife ont taf-ché iufques àprcfent,amp;tafchcnt encor de lesnbsp;liiy arracher du tout,pour la conduire amp; maniernbsp;puis apres à leur plaifir, amp; félon leurs ambitieuxnbsp;defleins. Souuent ie me fuis cfmcrueillc de lanbsp;ftupiditc de plufteurs François qui font profef-fion d’auoir de l’efprit à reuendre, amp; cependantnbsp;font femblant de croire que nous n’auons biennbsp;quelconque , finon de ceux dcfqucls la plufpart
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de nos maux découlent. Si les affedions par«* culicrcs n’auoyent corrompu la veue de leursnbsp;entendemens, ic m’aficure qu’ils feroyent d’autre aduis: amp; quand il plaira à Dieu leur öfter ce- inbsp;fte vertiere d’ambition.de vengeance,amp; de Tem-blablc couleur qui les esblouit, iis fuiront l'ordure qu’ils cherilfcnt amp; adorent.
Et quant à ceux qui voyent ces maux auec moy, qu’ils confiderent comment amp; iufqucs oùnbsp;ils y peuucnt remédier,afin d’y mettre la main anbsp;bon efeient, comme la loy de nature mcfmcs lesnbsp;y oblige.
Quant aux matières par moy déduites, du commencement ie faifois mon compte de reduinbsp;rc en douze fueillcs de papier ce que i auois à punbsp;bliet en ceft endroit.* mais cftant embarqué, i’aynbsp;cftc'emporté en fi haute mer d’affaires, qu’a-uant que gaigner le port à trauerstanrdc rochers amp; gouffres périlleux, ie feray contraint denbsp;faire vne longue nauigation. Et comme ceuxnbsp;qui ont perdu terre de long temps ne la regai-gnent pas aifement, encor qu’à voiles amp;à rames ils s’y efforcent de tout leur pouuoir : Auf-fi cftant venu fi auant en la mer Guyficnne, icnbsp;tafeherayde venir au bout au pluftoft qu’il fera poffibicjcn telle forte neantmoins quei’cfpe-re eftre exeufé de vous, fi vous ne me voyez finbsp;toft defembarque que l’cuftîcz defirc. Les cour-fèsamp; trauerfes font fi longues amp; diuerfes, tantnbsp;de vagues l’vnc fut l’autre, tant de vents contrai
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rcsfoufflans amp; agita ns !c cours demon vaUTcau endiuerfes parts, que fouuenccsfois c’cft à recommencer, amp; y acoufîours inßnies nóuuel-les routes. Toutesfois à l’aide de Dieu , ienbsp;gaigneray le bord au pluftoft qu’il fera pofîi-blc, en vous faifant voirie refte de cefteLegende,
Le ßile eft tel que le voyez , afauoir ftmple amp; nud, en façon de memoires amp; recueils. Catnbsp;ie me fuis contenté le plus fouuent de reciternbsp;les propres mots des efcriuains qui m’ont precede en cecu Et encores que quelquesfois ienbsp;les couche tout au long, ft n’ay-ie point fait cela pour remplir le papier, ains d’autant qu’il menbsp;fembloit neceflairc au point qui lots fe ptefen-toit à traiter.
Qiwlquc iour nous pourrons voir vnehiftoî te ou ces rudes amp; petis commencemens ou def-ctiptions des geftes de ceux de Guife feront pronbsp;pofezentcls termes qu’il appartiendra à telfu-ict. Ce m’eft aflez, fi mon rude amp; fimple discours peut fetuir à quelques vns de nos François, pour voir amp; fentir le feu qui les acôfumez,nbsp;amp; femble fumer encores par trop, pour acheuernbsp;de tout perdre,fi vn plus grand que les hommesnbsp;n’y pouruoit.
¦ On pourra demander, pourquoy i’ay difFc-té de mettre ceci fi tard en lumière. A quoy ie rc Ipondray qu’il n’eft encores que temps, amp; il fe-roit bien à defircr auftr que cefte Legende fuftnbsp;^.iiii.
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vn difcours des maux du tout paflez » amp; qu’on n’euft plus aucune occafió de craindre pour l’a-nenir. Mais l'ef^rit du Cardinal de Lorrainenbsp;vit encor en le France, amp; ne fait pas moins d’cf-torts ^u’aucresfois pour amener l’Eftat au butnbsp;par'luy tant prétendu en fa vie. Si plufieurs nenbsp;voyent ny n’entendent cela, ic feray trefioy-cuxfi3e temps ne le leur fait fentirà leurcon-fufton. De ma part, il m’a elle impoffiblc d’e-ft're traiftre à celle de qui ie tien la vie. le commence donc à l’auertir des fraudes amp; embu-febes qu’on luy a dreflees pour la deuorcr fousnbsp;prétexte de la maintenir. Qiw mes ftercs amp;nbsp;compatriottes façcnt ( fi bon leur fcmblc) leurnbsp;proufitde la bonne affedion que ie leur por-telaquelle ie leur feray toucher encor cy apres,nbsp;fi Dieu me prefte la vie,amp; ne permettray qu’autre me deuance en volonté de refifter pat moyens legitimes aux menees amp; pratiques des tyrans eftrangers. Si ie ne le puis faire en tant denbsp;fortes que beaucoup d’autres, ce fera pour lenbsp;moins de fi bonne main , que les marques ennbsp;demeureront. le voudroy bien auoir autre fu-ict à traiter, amp; ic ne doute point qu’aucuns n’c-ftiment que ic pouuois fiire autre chofe. ce quJnbsp;cft vray; mats ils ne nieront pas que c’eft vnnbsp;temps amp; trauail bien employé, de dcfcouurirnbsp;àlapofierité amp;à ceux mefmcs qui viucnt encor, ce qui leur cft tref-nccclTairc pour leur in-ftrudion.
Au
PREFACE.
Aurefte, icn’ay point monftrc cfila dedu-ôiondes chofcsje but où il les faloit rapporter , ny comme chafcun en doit foire fon prou-fit, attendu qu’il fera aifé à chafcun de le comprendre, ioint que les chofes palfees ce qui cft contenu en celiure,amp; fera declairccs autres fuyuans, eft fi cler amp; tant bien cognu denbsp;tous que ce feroit foire tort à leur mémoire amp;nbsp;jugement de foire des longs difcourslà deffus.nbsp;Seulement ie defirc, que les François fe fou-üiennent de leur ancienne generofitéamp; liberté, amp; oppofcnt au contraire l’efclauc fcruitude,nbsp;en laquelle ils ont efté tirez par les fadionsdenbsp;ccoxdcGuifè, qui abufans de la fimplicitc denbsp;nos Roys, ont rais l’Eftat du Royaume au danger ou chafcun le void.
le ne doute point que certains courtifans amp; ’utres feruiteursde ceux de Guife, relifanscnnbsp;cefte Legende ce qui eft eferit en leurs conferences, ne hochent la tefte amp; fronçent le nez connbsp;tre nioy,pour contredire à cccy, où à cela. Maisnbsp;Je les pricd’auoir patience iufqu’àtantqu'ils a-yentveu les autres liuresqni luyuront ccfiuy-tybicn toft, fi Dieu le permet; amp;pcut eftrenbsp;nicttront-ils de l’eau en leur vin, ou s’il leurnbsp;prend enuie de dreffer autres Legendes à leursnbsp;niaiftres, pouriieu que ce foit en meilleure con-fciencc qu’ils ne les ont feruis, i’enferay content. Mais s’ils font tort à vérité,qu’ils fâchent que leurs flatcrics amp;: fouffetez feront def-couucrtcs à tout le monde, afin qu’on s’en don-
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ne garde, amp; qu’à l’aucmr nul ne foit pippé qu a fol) efcicnc.
Le Cardinal auoic vn axiome ordinairement en la bouche pour l’auancement de fes entre*nbsp;prifes, Qu’vn menfonge entretenu tr0is heuresnbsp;ou trois iours durant valoir beaucoup : pratiquant aufli ce qu’vn ancien difoit, qu’vn men*nbsp;leur doit eftte erfrôntc iufques au bout. Ses fer-uitcurs 8c partifans retiennent bien cefte regie.nbsp;amp; eftiment qu’en niant hardiment ce qui citnbsp;der comme le iour,le temps fe paflera: amp; comme vne grâd’ partie d’eux fe foucie peu ou pointnbsp;du tout de Religion, ce n’eft de metueilles s’ilsnbsp;foulent aux pieds l’cquité amp; l’honnefteté, co-Jomnes amp; appuis de la vie humaine. Mais denbsp;difputcr beaucoup auec eux, c’eft prefques peine pcrduc:ilfufHt de les remettre au liege iudi-cial de Dieu, deuant lequel ils comparoiftrontnbsp;tort amp; tard, encors qu’ils tafehent de perfuadernbsp;le contraire à eux mcfmcs amp; aux autres.
Si Ion demande maintenant, pourquoy ie ne 1, prelcntc qu’vn liure de celle Legende, amp; »’en aynbsp;promis dauantage tiltre.-iç confefle auoir ennbsp;main les memoires de lœuure entier, maisa-yât cfté furpris amp; comme lié par les mains d’vnnbsp;empefehement incuitable,amp; l’imprimeur délirât publier quelque chofe de ce que i’auois comnbsp;mencé,il a tiré de mes mains celle premiere parnbsp;tie, en laquelle li vous rencontrez des fautesnbsp;d’imprclfions,i’efpere que les exeuferez,n’ayantnbsp;eu la commodité de me trouuer auec l’imprimeur.
-ocr page 11-PREFACE meur, ny le loifir de faire tranferire ce que i’a-uoisalTez rudement tracé de ma main. l’efpcrenbsp;que les liurcs feront plus correéts, amp;.’quefiennbsp;quelque endroits dcce premier liure, il y a eunbsp;quelques particularitczomifcs, elle fe retrouucnbsp;rôt en autre endroit propre cy apres.Si dauâtu-re ceux qui reftent de la inaifonde Guiferece-üoyent celle faueur de Dieu que de laiflèr lenbsp;Royaume en repos, amp; le contentoyent du paffe,l’efFaçans par gracieux Si fideles deportemesnbsp;âPauenir, iene voudrois tenir ma promelîe.nbsp;ains enfeuelirois le premier les memoires desnbsp;maux paflezimais s’ils continuent, comme ilsnbsp;ont fait iufqucs à prefent,ils trouueront des cernbsp;Ocauxamp;des mainsqui leur refiftetont .Et cornnbsp;^ien que par finclTes amp; trahifôns eux amp; leursnbsp;fcniblables fc foyent auancez iufqu’à prefenr,nbsp;plus que par force d’armes : fi cft-cc que la vérité aura finalement fon cours,amp; ne gaignerontnbsp;rien à fuyure le nùuuais train de leurs deuan-^¦ersjfinon de fc rendre tant plus odieux à Dieunbsp;aux hommes.
llshaulTcront tellerhent leur pyramide que pointe leur tombera finalement fur la telle,nbsp;les accablera du tout.S’ils preuienent ce dan-Bçr,en fe mettant en leur deuoir, i’en feray tref-*ifc:amp;ne veux pas nier que fi ceux de Guife fcnbsp;fuflent tenus en leur rang, ils pouuoycnt fairenbsp;fçruiccà la Couronne de France: maisdefer-Uitcurs voulans deuenir maiftres, ils ont gallenbsp;ruiné eux amp; les autres.Or craignant d’e-
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Rendre cc propos trop auantJevous prie, loueurs, reccuoir de bon œil cc£remier liure, en . attendant les autres, ^ui vous feront bien toftnbsp;prcfcnlc'z ; ce quêTe m aflëûre que ferez, fi vousnbsp;eftes vrais François, c’eft à dire, affedionnez aunbsp;feruicc de Dieu,au bien de voftre patrie, amp; à lanbsp;conferuation de voftre ancienne amp; genereufenbsp;liberté.
Corrigez ainfi les fautes.
Auf $.p.b.Marquis de Rotclin commandoit làmcfme.l.zy.halletant. f8.b.l.8.valurcnt. f.nbsp;7.b. Officiers, f.9.b.I.zo. contre, f ii.b.1, 27.nbsp;tout doux.f.ij b.l.ij.s’immifce.f.22.b.l.9.qu’ils,nbsp;f.zj.b.l.zj.voulant. f ipb.l.j tablec. £26.0.1.4.nbsp;le feroit de nom. f.jo.b.l.iç.frercs. f.ji. a.l.jo.nbsp;l’inuita. fjj.b.l.ai.commcncerentils. £32.3.nbsp;zS.l.Qmnt.
-ocr page 13- -ocr page 14- -ocr page 15- -ocr page 16- -ocr page 17-LA LEGENDE DE CHARLES CARDINALnbsp;de Lorraine, amp; de fes frères, denbsp;lamaifoQ de Guife.
T ’An mil trois cens foixâte amp; deux,lean Duc Qg„f^ ¦*~'de Lorraine eftant mort,eut pour fucceifeurnbsp;Charles premier du nom, fon fils aifnc, lequelnbsp;eut trois fils de Marguerite fille de Robert denbsp;Bauieres, Gonte Palatin, afauoir Charles, Ro-hert amp; Federic, qui moururct tous trois ieunes:nbsp;amp; trois filles, dont l'aifnee Marie fiat donnée ànbsp;Enguerand Conte de Coucy, qui mourut fansnbsp;^oirs.da féconde, Caterine, fut mariée à laquesnbsp;Marquis de Baden, en faueur duquel mariage lenbsp;Duc de Lorraine donna audit Marquis les troisnbsp;Preuoftezde Sainft Dier, Arches amp; Bruectesnbsp;aucc quelque fôme de deniers:au moyc dequoynbsp;ce Marquis renonça à la fucceflion de la Duchénbsp;de Lorraine. La troifiemc fille noramee Ifa beaunbsp;futinariee àRencd’Aniou, filsde Loisd’Au-’ou, fécond fils de lean Roy dcFrâce.Ce Renénbsp;premier du nô,fucccda à fon beau pere Charlesnbsp;de Lorraine, amp; eut la Duchede Bar de par Yo-^and d’Arragon fa mere.Mais Antoine Côte denbsp;^audemont, fils de Ferry frere du Duc Charts donna empefehement à Rcnc,amp; maintint lanbsp;öuehe de Bar luy appartenir. A ce luy aida le
Philippe de Bourgongne qui n’eftoit pas
a.i.
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contét du mariage de René auec Ifabeau. Si fut dônee bataille pres Bulainuille,où le Duc Renénbsp;demeura prifonnier amp; fut amené à Düon fousnbsp;lagarde du Duc de Bourgongne, où il le tintnbsp;quinze ans prifonuicr,à l’appetit des Anglois amp;nbsp;Bourguignons,au fcruice dcfquels eftoit Ferrynbsp;de Vaudemont fils de ce Conte Antoine. Fina-, lement fut appointé que René prifonnier don-neroit fa fille aifncc Yoland à ce Ferry de Vaudemont auec la fomme de deux ces mil efeus denbsp;rançon.Surccs cntrcfaitcs,Loysd’Anioufrerenbsp;aifné de René, mourut fans enfâns, cftant à lanbsp;pourfuice du Royaume de Naples, duquel le Panbsp;pe Clement l’auoitcouronné Roy. Cesnouuelnbsp;les entendues René délibéra d’entrer en pofl'ef-fiô de ces Royaumesnnais nonobftât lefecoursnbsp;' des Gcneuoisjdu Duc de Milan amp; autres potennbsp;tats d’Italie, il fut finalement cliaflede Naplesnbsp;par les Efpagnols amp; contraint fc retirer en Frannbsp;ce vers Charles feptienie fon beaufrerc. Et a*nbsp;pres quelque guerre contre ceux de Metz,entennbsp;dant la mort de fa femme Ifabeau, laifTa legou-uernementde Lorraine à lean fon fils aifné, amp;nbsp;délibéra finir le refte de fes iours en fes partiesnbsp;de Prouence d’A n iou.
lean furnômé de Calabre ayant tenu la Lorraine enuiron dixhuit ans laifiavn fils nomme lean d’Aniou,viuant encor fon grâd pere René,nbsp;lequel fiança Anne fille du Roy Loys vnziefme:nbsp;mais eftant defpité contre fon beauperc, amp; pratiqué par le Duc de Bourgogne,comme il eftoitnbsp;furie
-ocr page 19-CAR DINAL DE LOR. z fur le poinól de traiter mariage aucc Marie fillenbsp;de ce Duc de Bourgogne amp; laiflcr celle de Frannbsp;ce,il mourut. Par ce moyen Renc' deuxiefme dunbsp;nom, fils de Ferry de y audemont amp; d’Yolandnbsp;ftereduDuc René d’Aniou, amp; fœur du Ducnbsp;lean fucceda aux Duchez de Lorraine amp; de Barnbsp;l’an 14 7 j.à faute d’autres heritiers, vluât encornbsp;fongrand pere maternel René d’Aniou, amp;fanbsp;tnere Yoland que les Lorrains ne vouloy ent a-uoir pour gouuernante. Ce Duc cy eut de grandes guerres contre le dernier Duc de Bourgon-gne, lequel finalement fut deffait douant Nan-cy.ür viuoit encor le grand René d’Aniou (quinbsp;s’appelloit Roy de Sicilc)pere grand de ce Renénbsp;‘deuxiefme,amp; fe tenoit en fon repos fur fon vieilnbsp;*agccn fes Duchez d’Aniou amp; de Proucnce,nbsp;fort chery amp; careflé du Roy Loys vnzicfme,quinbsp;^ntretenoit paifiblement, craignant qu’il pre-ftaft l’oreille aux Bourguignons amp; Anglois,nbsp;defqucls il eftoit fort folhcité.Si enuoya ce Roynbsp;René vers fon petit fils l’aiicrtir que s’il vouloitnbsp;eftre fon hent er il euft à prendre les armes plainbsp;Oes de la maifon d’Aniou. Ce qu’il rcfufa faire,nbsp;bien accordoit il de les porter mi parties d’Anjou, Prouencc,Sicilc amp; Lorraine.Pour ce refus,nbsp;Je Roy René infiitua fon heritier Charles Connbsp;te du Maine fô ncucu,à caufe de Charles fon frenbsp;tcaufii Côte du Maine. Le Duc René aduertynbsp;de celle inllitution fe hafta de venir voir fonnbsp;grâd perezmais les chofes eftoict ia faites amp; paf-fecs : au moyen dequoy tout indigné il s’en re-a.ii.
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tourna foudaincment. Le Roy René mourut l’an 148 Z. Vn peu apres mourutauffi Charlesnbsp;du Maine fô nciieu.amp;partât Je RoyLoys vnziefnbsp;me, demeura feigncur des pays de Prouencc,nbsp;Aniou amp; le Maine, par donation tcüamenraircnbsp;que ledit Charles luy en linlequcl encor luy laïfnbsp;fa la Duché de Bar.
Apres la mort du Roy Loys vnzicfmc, René de Lorrainefcjiii s’clloit retire en Italie à la per-fualiondu Pape Sixte,pour cflaycr de conquérir les Royaumes de Naples amp; Sicile:amp; auoit c-lié quelque temps à la foldçdcs Vénitiens) vintnbsp;en France demander fon droit aux Contez denbsp;Prouence amp; d’Aniou,amp; à la Duché de Bir.nbsp;Quant â celle Duché, elle luy fut rendue à condition que luy Si Ca fucccircurs en fcroyôt homnbsp;mage au Roy, qui en dcincurcroit fouucrain:nbsp;mais touchant la Prouencc amp; Aniou, fut futnbsp;refponfequ’elles cftoyentjdcla Couronne,amp;nbsp;qu’elles ne tornhoyct en quenouille- Finalcir.étnbsp;par accord du Roy Charles 8. amp; de ce Duc,lcnbsp;different fut remis au iugement de trois deleguez. Ce pend ant, le Roy donna au Duc vnenbsp;comp.ignic de cent hommes d’armc.s aucc trente fix mil francs d’-ippointcment. L'an 1489.nbsp;ceux de Naples ennuyez de la tyrannie du ieunenbsp;AIphonfe,appel)crcnt le Duc René à leur aide:nbsp;maisainfi qu’il s’apprclloit, fut prononce l’ar-rell des trois iuges dclcguez,qui fut tel que nonnbsp;feulement Aniou amp; Prouence, mais encor Naples amp; Sicile appartenoyent au Roy de F rance.
Parquoy
-ocr page 21-CARDINAL DE LOR. j Parquoy Charles huitiefmc entreprint cevoya-ge pour luy mefme. Mais nonobliât ceft arreft,nbsp;Yoland mere de Rene n’é la ifla de porter(a presnbsp;la more de fon pere Rene le grand ) le riltre denbsp;Ryone de Sicile. Rene deuxiefme auG'i fc nomma Roy de Sicile amp; de jcrufalem, à caufe desnbsp;vieilles conqueftes de fes predcccfleurs:amp; fit apnbsp;peller fon fils aifne Antoine, Due de Cabbre,nbsp;amp; porta toufiouts les armes d’Aniou mi partiesnbsp;auec les fiennes. Pour cefte audace amp; autres en-treprifes,il fut mal voulu du Roy Loys douziefnbsp;me chalfc de France amp; pnuc de fes penfions:nbsp;mais il trouua moyen de faire fa paix,puis mou-mt à la chafl'c,ayant efte Due I’cfpace de trentenbsp;cinqans llcur deft femme Philippe fœürditnbsp;Duc de Gucidfcs douze enfantdefqucls les feptnbsp;moururent en ieunelfc, A1 nlla feulement cinqnbsp;fils, afauoir Antoine, Claude, Iean,Loy$amp;nbsp;François.
Antoine fuccedaà fon pere René aux Du-chez de Lorraine A de Ba r, pareiUemct au Con *cdc Vaudemont Si Marquifatde Pont.'A (parnbsp;la mort de Charles Duc dcGueldrrs fiere de fanbsp;merc)la Duché de (jueldres amp; Conte de Zut-phan.Il lailla trois cnfms,François qui fut Ducnbsp;apres luy. A nne mariée au Prince d Orange, amp;nbsp;Nicolas qui fut Euefque de Verdun, amp; depuisnbsp;Euefque de Metz, amp; finalemcntfcôme il eft encores auiourd'huy) Conte de Vaudemont Scnbsp;beauperede Henry troificfme Roy de France.nbsp;Fiâçols fuccclfcur d’Antoine eut vn fils amp; deuxnbsp;a.iii.
-ocr page 22--zLA LEGENDE DV fillesde Chreftienne fille du Royde Damne-march. Le fils nommé Charles deuxiefme fuc-ceda à fô perc l’an i 4 y .amp; vit encor de prefcnt,nbsp;ayant en mariage Claude fille du Roy Henry i-de laquelle il a plufieurs enfans viuans.
Claude fécond fils de René,Duc de Guhe amp; Baro de Ginuille.vint en h Cour de Frâce.où ilnbsp;obtint le gouuetncmét de Champagne amp; Boutnbsp;gongne ayant efpoufé Antoinette de Bourbonnbsp;tante des feus Roys de Nauarre amp; du Prince denbsp;Côdc.'de laquelle il eut F râçois,Charles,Claude, LoySjRcnc amp; le grand Prieur:dcfquels,fpe-cialemcnt de Frâçois qui depuis fut Duc de Guinbsp;fc,amp; tue par Poltrot deuât Orleans,amp; de Charles Cardinal de Lorraine nous ferons en apresnbsp;arnple mention,y adioufiât ce qui viendra à pronbsp;pos touchât les autres freres, l’vn defqucls à fa-ooir Claude fut Duc d’Aumale. tue au fiege denbsp;la Rochelle, René Marquis d’Allebcuf, Loysnbsp;Cardinal de Guife,amp; le grand Prieur.
' leâ troifiemc fils de René, Eucfque de Mets, fut fait Cardinal par recommandation fpccialenbsp;faite au Pape Leon dixifme. l’an 1518. amp; depuisnbsp;cftant ordinairement à la Court de France, fûtnbsp;fort aimé du Roy Frâçois premier, pourcc qu’ilnbsp;ne femefloit point d’autres affairós que de plai-fir.Les deux autres afauoir Loys A Frâçois mounbsp;rurent en bataille,l’vn au Royaume de Naples,nbsp;amp;rautreàlaiourncedc Pauic. Le Duc Antoi-nefutafiez bon hommc,amp; vint volontairementnbsp;trouucr le Roy François à Düon, où il luy fitnbsp;homma-
-ocr page 23-CARDINAL DE LOR. 4 hommage de Ia Duché de Bar,amp; fut bien marrynbsp;d’vnc grand faute qu’il auoitfaitexar ayât le feunbsp;Roy François acquis la Duché de Gucldres,luynbsp;qui pretcdoit que par fucccfliô celle Duché luynbsp;dcuoitefcheoit, pratiqua parvn lacob Canisnbsp;Boutgmaillre de Ncmcgue de faire foullcuer lenbsp;peuple amp; cmpcfchcrquc le Roy n’en entrait ennbsp;pofleffioii. Puis, voyant que le peuple ne vouloir point de luy amp; fe donnoit au Duc de Cle-ucs/il tafcha de r’adoubcr celle faute, mais H nenbsp;peut. Toutefois en faneur de lean Cardinal denbsp;Lorraine fon frere,le Roy François luy pardonna le tout. Qu^t à ce Cardinal,ce fut vn des prenbsp;niicrs attrappcurs de benefices,amp; chafcunàveunbsp;iniques à. quel poincâ il poulla l’Eglifc Gallicane. Toutefois pourcc qu’il ne fut pas home fortnbsp;violent, amp; d’ailleurs elloit defpcnficramp; liberal,nbsp;un le comporta alîez doucement. Qinnt au père du Duc de Guife amp;du Cardinal de Lorraine, en lôn temps il n’eutpas de giâdes charges,nbsp;ne fe fia Ion pas de luy de grandes affaires. A-yantmené fans congé les forces duRoyfccou-rir le Duc Antoine fon frcrc,quieftoit(ccdifoitnbsp;nn)trauaillc d’Anabaptillcs.ccIa fut trouuc fortnbsp;naauuais, amp; fans le Conncflable, qui elloit lorsnbsp;grâd maillrc,amp; Marefchal de Francc.il cull efiénbsp;emprifonne amp; mal traité du Roy François quinbsp;nevouloit fouffrir que ceux tjui n’elloyent riennbsp;que par fa bicnuueillâce, eniambalfcnt ainfi furnbsp;fon authorité.Et de fait, eflaht auenu vne autrenbsp;fois que ce mefme Sieur de Guife gouucrncurnbsp;a.iiii.
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de Bourgogne voulut entrer auchaficau d’Auf-fonne,qui pour lots cftoit vnc charge à part,où le sieur deRouueray gentil-homme Françoisnbsp;amp; Lieutenant dçla compagnie du Marquis denbsp;Rotc)in:l’cntrec luy en fut refufce.ce que Rou-uetay n’eu H fait s’il euH; tenu ledit Sieur denbsp;Ç,uife pour Prince.Il s’en plaignit au Roy Fr^nbsp;jÇois., lequel loua en-cela grandement legenül-hpmc,amp; fe moqua de celuy qui auoit voulu faire le Prince de fon fang. Au refte il pinfoit viucnbsp;ipct,amp; perfecuta iufques au bout pluûeurs matnbsp;chan« dés meilleures villes du Royaume : mais'nbsp;s’eftant attache aux m^rchans de Paris, qui n’e-ftoyét encor accouftutnez au rafoir.la ville printnbsp;le fait en main,fit reuoquer les commiflaires,amp;nbsp;furent les amputeurs du Sieurde Guifç partienbsp;prins prifonnicrsjlcs autres fondirent corne neinbsp;gc au Soleil. Depuis, il en porta toufiours vnenbsp;telle dêt de laiét aux Purifiés qu’en téps de chernbsp;té ny en autre faifon, quelque abôdâcc de blcz,nbsp;vins ou autres viurcs qu’il y euft és pays de Chanbsp;pagne amp; Boiirgongnc,tant côme il en a efté fvnnbsp;apres l’autre Gouiicrneur, iamais ceux de Parisnbsp;n’en ont peu tirer pour leur vi Ile, qu’aucc forcenbsp;lettres de traites bien cheremet achetces.Si eft-ce qu’il ne s’attacha pas depuis à vnc généraliténbsp;d’e/tat de ville. Bien alloit-il allaitant toufioursnbsp;apres quelque côfifcation par cy par là, amp; quel-qu’vne s’acrochoit. Maisfongradeffort futfurnbsp;ceux de Ion gouuernemcnt,qu’il pluma à toutesnbsp;refics.Pourtant le Roy Henry,par l’aduertilTe-
ment
-ocr page 25-CARDINAL DE LOR. 5 ment du Roy fon pcre nc Ie voulut iamais appelnbsp;1er auxaiFjires d’ciUt,combien que fes deux prenbsp;miers £ls, aüauoir Ie Duc de Guife amp; Ie Cardinal de Lorraine fes tnfans en fuflcnt.amp; les con-duifoit Ie bon Sitgneuc lufquesà la porte dunbsp;Roy, puis s’en retournoit ; enquoy, ie nc fcay,ànbsp;Vray parler,de qui Ion auoit plus de hôte,du père ou des enfans.Or mourut il empoifonné, amp;nbsp;côme bon ChrcRien pardonna fa mort à celuynbsp;ou à celle qui par me^arde luy auança le termenbsp;de fes iours en le prenant pour vn autre.
Ses enfans furet auâ.ez par fô frère lean Car ComMa dinal, lequel fc voyât charge de beaucoup de be ceux denbsp;nehcesjcnoifît Charles pour eftre fô fucceffeur, Cwfenbsp;l’ctrctint fpecialemét au college de Nauarre,nbsp;par quelques années, d’où ils fut retire pour vc- auÜ^ez,nbsp;nir gouuerner le Roy Dauphintcar côbicn qu’ilnbsp;y euft d’autres perfonnages en Erace, pour fairenbsp;telle charge, toutefois le crédit de l’ôclc gaignanbsp;cela fur le grâd Roy Frâçois, ioint quelque prô-ptitude d’cfprit qu’on voyoit en ceftuy cy. Tounbsp;tefois du téps du grand Roy Frâçois ils n’eftoictnbsp;pas en grand crédit. Charles cftoit fimplcmcntnbsp;^ôficur de Rcims,fon fiere Frâçois Côte d Aunbsp;tnalc(car leur pere viuoit encor) amp; les autres frenbsp;Tes fe pouffoyent comme ils pouuoycnt. Or fa-uoitle Roy François que ces cfprits pourroyentnbsp;remuer quelque choie, amp; fous le prétexte desnbsp;Duchez d’Aniou amp; Conte de Proucnce brouilnbsp;1er le Royaume, pour celle caulc nc les fauori-foit-il que bic à poinft.Il auoit fait ccH hôneur ànbsp;leur foeur aifncc pour l’amour de fa bcaute',qu’â
-ocr page 26-LA LEGENDE D V l’cntree de la Royne Leonor.cllc fut habillce ennbsp;princefle : mais voyant que ces eftrangers s’ennbsp;prcualoyétjcomme s’ils euflentefté défia princes de Frâce, il dénia à la femme du Marquis dunbsp;Maine le manteau Royal. Chafcunfcaitqucccnbsp;mcfme Roy fur la fin de fes iours porta peu d’afnbsp;feôlion au Côncftable,lequel fe retira en fa mainbsp;(bn. La principale occafion de celle colete fut,nbsp;qu’il entendit que par la recommandation duditnbsp;Sieur Conneftable, le feu Roy Henry lors Daunbsp;phin de France, les auoit approchez de foy; ennbsp;confcqucnce dequoy amp;de leur alliance auec lanbsp;grand Sencfchale de N ormâdie qui gouuernoitnbsp;le Dauphin, le Roy François qui l’auoit aimeenbsp;aulfi fe defpita contre.
Celle grande Sencfchale fille du feu Sieur de S. Vallier auoit r’achetc la vie de Ib perc de fonnbsp;pucelage. Et depuis, au grand malheuramp;def-honneur de nollre France, cllant à demy vfee a-uoitellé baillée à Henry, duquel elle gaigna finbsp;bien le cœur qu’elle deuinc Duchefle de Valen-rlnois,amp; Royne de Frâce,quant à l’efieél. Ceuxnbsp;de Guife voyàns que c’elloit là vne planche pronbsp;pre pour palTcr bien auant en la France, cllimctnbsp;qu’il fa ut s’en feruir, encor que ce full vn tref-vinbsp;lainexpedicnt.ïls procurent le mariage du troi-fiefmc frerc,depuis Duc d’Aumale auec la dernière fille de ladite Sencfchale. Par ce moyennbsp;s’approchèrent de Henry, duquel ils pratique-rant ce pendât deux chofes, cfqucllcs on defeounbsp;urirà aifcmét tous leurs deportemes fubfcqucnsnbsp;contre
-ocr page 27-cardinal de lor. Ö contre la France. Le premier fut qu'ils oferentnbsp;par le moyen de cefte Scnefchale tirer de la bonnbsp;le'amp; fimplicitè de Henry lors Dauphin, en mariant leur frcre,vnc promeflé de leur rcndre,luynbsp;Venu àlaCourôneUa Conté de Prouence.Maisnbsp;comme Dieu rembarre fouuent par les plus pe-tis,l’orgueil amp; la fierté des plus gras, vn fcul Gcnbsp;ncral de la Chefnaye eut bic de la vertu afiez denbsp;leur faire rendre honteufement amp; maugrc euxnbsp;celle promelTc.’cllâs heureux en vn poind, c’eftnbsp;qu’en la icttât au feu, l’on y iettoit aulfi la preu-ÜCamp; leiugementtout aflcurc de leur dcfloyalenbsp;felônie:iolnd que fi lcRoy Frâçois en cull fentynbsp;le vent, c’eftoit fait d’eux amp; de la Scnefchale a-üec. Venôs à l’autre poind, le Roy Frâçois peunbsp;auât fa mort,auoit auprès de foy deux perfonnanbsp;ges qu’il aimoil fingulieremët,afauoir le Cardinal de Tournon Châcelier de l’ordre amp;maiftrenbsp;de rOratoirc,amp; le Sieur d’Annebaut Marcfchalnbsp;amp; Amiral de Frâcc.Le Connellablc clloit pournbsp;lors en fa maifon,amp; eftoit grâd maiftre de Frannbsp;ce aulli.- le Dauphin au côtrairc eftoit cnuclop-pcdela grand Scnefchale’, laquelle auoit à fesnbsp;collez ces deux frétés de Gui le, François Contenbsp;d’Aumale ,amp; monfieur de Reims, par le moyennbsp;de ce mariagefufmentionne.Sur tous autres,lenbsp;Dauphin aimoit le Sieur de Saind André, le pcnbsp;re duquel auoit elle fon gouucrncur. Or comme la maladie de laquelle le feu Roy Françoisnbsp;mourut à Rambouillet fiift lôgucamp; incurable,nbsp;au mgement de tous les médecins: melficurs de
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Guife propofét au Dauphin defaire(fi tort qu’il fera Roy ) vne ordonnance, que nullcpetfonncnbsp;ne tiendroit dorefnauant deux ofHces: là dcEnbsp;fus s’aOcuréc de piller CCS Seigneurs fufnômez,nbsp;amp;auoirpar ce moyen telle entree aux affairesnbsp;qu’aüec letépsils viendroyct audeffus de leursnbsp;dclTcins Quant aux Princes du.fang,pour ce quenbsp;pcrfoniicd eux neinonrtroit femblâtdefc vounbsp;loir trop auançcr, ceux de Guife s’afleuroyentnbsp;d’en venir aifcincnt à bout'.
Emw- Mais auant que palier plus outre,faut confide çoiji. rer deux autres traits notables en la mort denbsp;hatjfoit François premier. Ce Royeftant au liótdclanbsp;ceux de mortifit appeller le Dauphin fon fils,po.ur par-Cutfe. 1er familicrcmét à luy:amp; comnw l’ajme prochaine de fon ilTuc elf côiiiupeiTjent pius alaigrcamp;nbsp;deliurcc de tout faix terrien, foin amp; cures mondaines amp; moins attachée au corps; auffi auiét-ilnbsp;fouuent que les homes en ces teps,lieux amp; accidents là, traitent fouuent de chofes plus hautes,nbsp;que de couftumc,amp; par vne certaine prouoyan-ce, qui furpaffe* l’ordinaire de nature humaine,nbsp;predifent les chofes auenir. Ainfi donc entrenbsp;beaucoup de notables auertificiiics que ce Roynbsp;donnaàfonfilsjil le pria tJ cfi-inftacn;ncnt,qu’ilnbsp;ne s’acoftaft des enfans de Guife,amp; ne lesappronbsp;chart de liiy ny de fes affaires; car difoit il, Monnbsp;fils,i’ay bien apperccu amp; cognois pour vray quenbsp;la race n’en vaut ricn,amp; que fi vou.s faites le connbsp;traire, ils vous mettront en pourpoint amp; voftrcnbsp;peuple en chemife. Cert aduertiflement ertoitnbsp;bien
-ocr page 29-C A RDIN AL de LOR. 7 bien digne d eftre noté amp; execute : toutesfois lanbsp;fimplelle du Dauphin enforcclé par la Sene-fchale ÔC Tire de Dieu fut la France, ne permitnbsp;que le fils obcifl au confeil de fonpere, qui ennbsp;ceft endroit ne parla que trop véritablement. Etnbsp;ce qu ilauoit dit que celle race ne valoir rien,nbsp;apparut bien loft apres. Car le ioiir que ce gi âdnbsp;Roy François mourut à Rambouillet, le Dauphin trauaiHc de regret amp; defplaifir de l’cftatnbsp;oùilvoyoït fon pere languill’ant, s’elloitiettènbsp;fur le hólde la Dauphine, laquelle efloit à ter-fe amp; faifoit de l’efplorec amp; dolente ; au contraire la grande Scncfchale amp; le Duc de Guife,nbsp;qui n’eftoit lors que Conte d’Aumaley efioyét,nbsp;celle là toute gaye amp; ioyeufe, voyant le tempsnbsp;de fes triomphes approcher : celb'y ry fc prou-uienantparla chambre de la Dauphine, amp; denbsp;lois à autre alloitàlaporte fauoirdcs nouuel-ticlles, amp; quand il reuenoit, il s’en va (difoit-•bleg.iland. Mais fans ce galand là, puis qu’ilnbsp;1 appelloit ainfi ,tous ceux de la maifon de Guile n’eulfent laraais elle que petis cadets de Lorraine.
Voyons maintenant l’execution de celle or- Ceux donnaneeque nulle perfonne ne tiendroit à l’a- deGui~nbsp;l’auenir deux offices. Celle ordonnance ain fepilletnbsp;lîarrcllcc amp; le Roy François mort, s’exécuta le Car-premierque d’ellre veuene publiée: carfurlenbsp;champ , Monficur de Reims dcfpouilla le Tour~nbsp;Cardinal de Tournon de l’office de Chan- non.nbsp;cclier de l’Ordrc , lequel leur iecta aufii amp;
-ocr page 30-L'A LEGENDE DV dcfpit leur quitta celuy de maiftrc del’Oratoi-rcj l’Amiral d’Annebaut laiifa l’eilat de Marc-fchal. le laiflc les autres,pour venir à celle grannbsp;de maillrifc, pour laquelle auoir ceux de Guifenbsp;prelïcrcnc inllamnict le nouueau Roy d’eferirenbsp;au Conneüablcjque premier que venir en Cournbsp;il cnuoyalè procuratiô pour refigner l’vn ou l’aunbsp;tre de les officiers de Côncftable amp; grand mai-ftrcjcfperâs bien qu’il retiçndroit celuy de Gonnbsp;ncftable,comme le plus haut amp; le plus apparér.nbsp;Mais foit que deflors le Roy euft arrefte d’exernnbsp;pterfon compere de leur ambition, ou que lenbsp;delîr qu’il auoitqucle Sieur de S. André, auquel il s’en eftoit defcouuci t,fuft préféré en ceftnbsp;eftat par vnc rclignation qui s’en feroit en fa faneur, (afin de frulltcr partons moyens la fierenbsp;attente du Conte d’AumaleJl’en engardaftnle-fcriuitbicnau Cônellablc qu’en toute diligêcenbsp;il le vinft trouucr,mais point de refigner, remetnbsp;tant le Roy à en parler de bouche luy venu ennbsp;Cour.Mais tant s’en fault,que le Roy(qui eftoitnbsp;affamé amp; brufloit d’vn ardant amp; furieux défit denbsp;voir ce Conneftablcqiii fl long temps auoite-fté eflôgné de luy)cuft le courage d’ofter à fô cônbsp;pcrc pas vn de fes cftatsiqifau contraire à leursnbsp;premiers embraftemens il fe trouua fi honteuxnbsp;de n’auoir eftat en main pour luy en donner, amp;nbsp;honorer fa bien venue,que de fa propre perfonnbsp;ne il fit vn p’rclcntàfon compere. Monfieurdenbsp;Reims,s’cftoicfaifydu Cachet: le Conte d’Aumale auoit prins les clefs du chafteau, commenbsp;faifinc
-ocr page 31-cardinal de lor. 8 Lifine de fucceffion cfchcuè. Mais quad ils ouy-rent le Roy criât tout haut à l’vn,rcdez les clefs,nbsp;a l’autre, portez le cachet au grand Maiftre, amp;nbsp;qu’il falloir dormit fous la clef du grâd Maiftre,nbsp;marcher au commandement du Côneftable, amp;nbsp;n’auoircognoiflance des affaires que par diftri-butiondu comperexhafeun peut pen fer quellenbsp;route print fame de l’vn amp; l’autre de fès deux frenbsp;res,voyans mcfme qu’à l’heure fut érigé vn nou ,nbsp;Uel office de Marefchal de France pour laquesnbsp;d’Albô Sieur de S. André, qui eftoit tout ce quinbsp;reftoit au Roy , amp; fur quoy le Conte d’Aumalenbsp;fichoit fa dcrnicre efperance.
Ce fut lavn des foiidcmens de leur qucrele Contre le Conneftablc amp; fa maifon.Mais outre ingrati-le tort qu’ils fc faifoyent à eux mcfincs en ceft tndeen-endroit,ils fc monftroyentmcrueilleufemét in- tttrj lenbsp;grats enuers le Conncftablcxar ceux qui ont e- Conne-fté en F rance du regne de François le gf âd, ont fiable.nbsp;Veu amp; conu que le perc amp; l’oncle defditsdeGuinbsp;fc n’eurent onques en tout le Royaume, ne parnbsp;tout le cours de leur vie, vn tel ne fi bô amy quenbsp;le Conneftablc, lequel dés leur arriuccen Frannbsp;ce eftoit ia en grand credit enuers le feu Roynbsp;François fon maiftre,ayant depuis fuccedéà v-ne incroyable fiucur de deux grans maiftres denbsp;France, l’vti Seigneur de Boify fon coufin germain. l’autre de Sauoyc fon beau pcrc,amp; finale-mentvenuiufq’auplus haut degré qu’hommenbsp;de quelque grâdcur, hors les Primats de la Counbsp;rône, ne de quelque pays qu’il foit,pcuft attain-
-ocr page 32-LE LEGENDE DV dreenFrâcc.A luy feul plus qu’à nul autre fontnbsp;tenus tous ceux de Guife de ce qu’ils font iflusnbsp;d’vne Princelle de France fille de Vcndofme,a-yant le Connefiable moycncje mariage de leurnbsp;mere auec leur feu pere, lequel n’efperant pasnbsp;que iamais tel bien luy deuft aiienir, auoit défianbsp;iette les yeux fur vne damoifellc de moyêne mainbsp;fon. Les prières du Conneftablc (cul valoyencnbsp;tant enuers le Roy François à fon retour d E-(pagne queleurditpcre cuira la prifon , obtintnbsp;pardon de ce que fans aucu ny congé il auoitnbsp;mené les forces du Roy en Lorraine,de entra ennbsp;grace. Eftant auenu le decez de la Roy ne d’Ef-cofl'c fille du Roy,amp; délirât le fèii Roy d’Efcol-fc reprendre femme en France, le Conncftablenbsp;fut caufe que madamoifelle de Guife leur (œur,nbsp;penulticfmc Royne d’EfcoHé,amp;mcre de Marienbsp;Stuard , fut préférée à beaucoup d’autres plusnbsp;mariables, amp; vrayement plus fortables qu’ellenbsp;n’eftoit. Mais il efloit bon de l’enuoyer hors denbsp;cognoilTancc, car du temps qu’elle eftoit nourrie à Nancy, elle auoit voulut laifier la Cour denbsp;Lorraine pour eftre courtifanne de l’Abé denbsp;Beaulieu grand oncle du feu Duc deBouHIon:nbsp;amp; fans l’aduertiflcmentque la Gontelfe de Li-gnanges en dôna à madame Renee de Bourbon,nbsp;cefte- cy s’en alloit auec l’Abbé en fon ferrail denbsp;Beaulieu. Mais l’A bbé en reccut vn traitementnbsp;qui môftre le naturel de cefte maifon: car apresnbsp;l’auoir reccu fur leur foy,amp; fait fcmblât d’auoirnbsp;oublié la legereté de la damoifelle, ils le firentnbsp;tuer
-ocr page 33-CARDINAL DE LOR. 9 tuer de fang froid,adiouftttns à la cruauté vn pernbsp;turc accompagne de grande ingratitude : car lanbsp;tnailon de Lorraine a tiré infinis plaUirs de ccl-le de Sedan, laquelle neantmoins a eflé depuisnbsp;pcrfccutec en duierfcs fortes par ceux de Gnife.nbsp;Pour rcuenir à leur ingratitude enuers le Cô-neftable, le Roy Henry à fon aucnement à lanbsp;Couronne, alfauoir au mois d’Auril i y q. 6. a-yant mis entre les mains dudit Sieur ConncHa-tgt;ie fon bon compere Tvnlucrfcl manicmét,cliarnbsp;geamp; conduite des affaires du Royaume, quelques iours apres print le Côte d’Anmalc,Mon-fieur de Reims fon frere, les Sieurs de Sedan amp;nbsp;de S. André Marefehaux de France,les prefentanbsp;au Connellable, amp;: luy dit en fes termes, Monnbsp;Compere, voicy les di fciples que ie vous prefen-ic pour apprendre de vous,amp; vous obeyr, cômenbsp;ainoy mefine. levons priedclesinltruirecnnbsp;'lies affaires pour m’y faire feruice fous vous tâcnbsp;que vous viurez: amp; en fc tournât vers cux,il leurnbsp;dit, le le vous baille pour voftre pere amp; maiftrenbsp;d’cfcholc,aimez-lc amp; l’hônorcz,amp;Rites ce qu’ilnbsp;Vous dira ; car ie le tien moy- mcfmes pour monnbsp;pere amp; mon meilleur amy, amp; pour le plus loyalnbsp;fidele feruitcur que le feu Roy mû pere ait eunbsp;*gt;cque ie faurois auoir. Apres ccla,le pere def-dits de Guife à la premiere entreueuc de luy amp;nbsp;du Connellable leur dit en ces mefmcs termes,nbsp;Mes enfans, voila voftre pere, car ie fuis moy-niefmes fa creature: faites luy toute voftre vienbsp;fionneur amp; fcruice, car nous le luy deuons. Le
b.t.
1
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tcftnoignngc que le feu Cardinal leur oncle fit en prdence diijfcu Cârdinsl dc Lenoiicourt eflnbsp;encoresplus grand: carce futen i’abfcntc dunbsp;Conneltablcjamp;furquclqucchofc qu'ils vou-Joyent rcinucrcôtreJiiy, Gardez vous bicn(dic-.nbsp;iljd’otfcnfercc peri'onn^gc h: car fans luy vo-ftre peteSi tovte volirc niâifopcuft beaucoupnbsp;foutief t: vous nctutica: pas ce que vous eftes, nynbsp;voürefcsjr auf/r, ic luy doy moy inefmesmonnbsp;aiianccmct, amp;C tout ce que j eus-onques de bien»nbsp;dcfjucur amp; credit enuers le feu Royj Mais toutnbsp;cela ne les peut deftournerde nuire couutrtc-nientamp; ouucrteinenr au Conneftable, enquoynbsp;ifs profitèrent peu durât le regne d Henry: maisnbsp;fous François fécond ils luy payèrent le falairenbsp;de leur cfcholage, comme nous le verrons cynbsp;apres.
de ceux auec le teps p ir nouueilesocc fions,qu’.ils l'onc de Gilt- fiir mouiir finalement ,cnftmblc fes frères, Scnbsp;/e cotre tafehent tous les iours de voir le bout de fa race,nbsp;/ rimi- fi fa leur ne périt la premiere. Pour entendrenbsp;‘ r.ilde donc lefondcmét de tant de maux qui ont toutnbsp;Chn/hl ruiné la France, faut fe fouucnir que le Conne-lait, fiable defireux d’auancerfes neueuxde Cbaftilnbsp;Ion, fit efleuerà dixhuir ans I’aifnc de leur mal-/bn en la dignité de Cardinal, ardamment défi-
CARDINAL DE LOR. lo deux autres alfauoir Gafpar amp; Frâçois de dcgi énbsp;en degré par routes Jes cliarges amp; exercices millnbsp;taires tât par mer que par tei rc:où ayans acquisnbsp;teputatiôs entre tous autres Seigneurs du Royaume, il fut aifé à i’Amiral, qui lors s’appelloitnbsp;le Sieur de Chalhllon, tât par la faucurdu Connbsp;neHable, que pour les débats qui s’eftoyentef-leucz entre les Sieurs de Dampierre amp; de S.Annbsp;dréjde tenir l’vn des premiers lieux pres le Roynbsp;Henry lors Dauphin. Ceque voyant le Contenbsp;d’Aumale defauorife plus que nul autre enuersnbsp;le Roy François i.fe ioignit trcf-eJlroitement amp;nbsp;de fainiliariic amp; d’amitié auec ledit Sieur denbsp;Chaftillon,pour s’infinucr tant plus aifémêt ennbsp;la bonne grace du Dauphin. Celle amitié reciproque continua tellement p’ar l’cl'pacc de quatre ou cinq ans entre ces deux Seigneurs qu’ilsnbsp;*gt;c pouuoycnt viure l’vn fms l’autre amp; eftoyentnbsp;ordimirement habillezd’vne mef neparure.Ornbsp;le pcredcfdirs de Guifc,voulant mettre fa mai-fou en crédit par quelque bout que ce full, delî-*¦011 que le Marquis du Mainefon troiliefme filsnbsp;Hpoufaftla fille de la Sencfchale, courtifannenbsp;du Dauphin. Le Côte d’Aumale ne pouuoit apnbsp;ptouuer ce mariage, toutesfois craignant d’irriter le Dauphin, il s’adrcllc au Sieurde Chaftil-lon lors fon grand aniy pour le prier de luy donnbsp;nerauis, commet fonamyliugulier,furlarc-fponfequ’il deuoit faire lorsqu’on lu,y en par-leroit.adioullantjnon fans larmes, qu’à quelquenbsp;pris que ce full, il n’y confentiroit iamais. Lenbsp;b.ii.
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Steurde Challillon deGrant leconfokrenfon cnnuy, s’efforça de fappaifer: amp; apres quelquesnbsp;propos tenus de part Üi d’autre. la conclulionnbsp;fut qu’il valoir mieux auoir vn pouce d’autho-rité aiiee honneur, qu’vne bralié fins honneur.nbsp;Mais apres celle refolution,tant s’en faut que lenbsp;Conte d’A umalc fuyuift le confeil, fur lequel ilnbsp;s’eftoit le premier opiniaftrement arrellé, quenbsp;pour ierter le Sieur de Challillon en la haine dunbsp;Dauphin, il dit au Marefchal de Vieille ville,nbsp;qui clloit leur amy commun, qu’il n’eull iamaisnbsp;eftiméquelc Sieur de Challillon ouftefteen-uieux de fa grâdcur amp; dc fon aiiancemét en voulant deftourner ce mariagc.Qiût aux autres eaunbsp;fes de celle inimitié, nous en parlerons es endroits propres cy apres.
Prati^ Voila vn des frères bien poutucu. Relie de d» ''oir comme i'aifnc amp; le fécond s’auanccrenr. Lenbsp;2)«c de René leur pere grand auoit cfpoufé Mar-Gutfe gueritelîllc Si heritiere vniquedu DucGuillaunbsp;me de Tancaruilic de la maifon de Harcourt ennbsp;froHuer Normandie ; de celle maifon leur font venus lanbsp;femme. Côté d’Aumale, le Marquifat d’Albcuf,amp; toutnbsp;ce qu’ils ont de propre en France, excepte Gin-uillc. Or poiirccquc celle dame clloit bolfue amp;nbsp;llerile.il la laifl’a pour cfpoufcr (comme ditac-fté)li feeur du Duc de Gucldres,de laquelle fûtnbsp;ilTus le Duc Antoine,lc Duc de Guife leur pere.nbsp;amp; le Cardinal lean lcuronclc.Ornafquit(cômcnbsp;ilsprctcndét)le Duc Antoine,laprcmicrcfémcnbsp;viuat cncoresiamp;laill'a vn fils nôme François,du-
-ocr page 37-CARDINAL DE LOR. ii duquel cftifTu Charles à prcfcnt Duc de Lorr.nbsp;qui cHoit fort ieunc amp; aagc de deux ans ou enuinbsp;ton quad fon pere tnourut. Lors (cömc vcufucsnbsp;amp; pupilcs fót toufiours abayez des mefchans)lcnbsp;Conté d’Aumalc !cuc l’orcille, cóme fi k portenbsp;luy cftoit ouuertc à vfurpcr k Duché,en faifantnbsp;declarer Ic Duc Antoineillcgitinie.Ce qu’il nenbsp;pouuoit faire,finônbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vn pied dedâs k Duché.
Pourtât il fait tout ce qu’il peut pour paruenir à cfpoufcr Chrefticnne, vefue du Duc François.nbsp;Elle comme fagcôc aduifec,amp; vraycinent comme vue mere naturelle, voulantconferuer fonnbsp;fils amp; fon bien, afpiroit à en a uoir la garde: par-quoy elle tenoit ce mofieur l’amoureux en quelque halainc, comme auffi de fa part il cftiraoitnbsp;uien que celle garde noble luy feroit vnc lionnenbsp;fteamp; fauoiable entree à s’emparer de la Duché.nbsp;Pourtant, incontinent apres les noces du Mar-quis du Maine,tous ces nicflieurs les frères parlent de Ginuillc en grande diligence amp; braue c-quipp.tge, pour faire telle velue garde de fô en-fât.Mais fl roll qu’elle tint cequ elle dcmâdoir,nbsp;clic leur donc du rofmarin, amp; s’en reuindret bipnbsp;confus,ôc fur trainchoyjUjCÔmc Ion d t. Ayansnbsp;faillyi leur entreprife i ôtre leur coufin germainnbsp;(car le feu Duc de Lorr. A: eux clloyét enfâs desnbsp;deuxfreres) ils ieterent leurs filez fur les autresnbsp;confins du collé de la mere. Car le feu Roy denbsp;Nîuarrcamp; eux clloyét entans dcfrcreamp; focur.nbsp;Ils tentèrent donc par tous moyens de desbau-ther le mariage entre lanncd’Albrct PrincclFc
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de Nauarre amp; Antoine de Bourbon Duc de Vendofmc depuis Roy de Nauarre. Mais comme vnc vefue J qui auoic eu aucuncincnt affairenbsp;d’eux, coiiuertcrnent les mcfprifa , vne bile denbsp;Roy qui n’en auoit que faire , ouucrtcment lesnbsp;de(d iigna;car(dit-cllcau Roy Henry qui luy ennbsp;pai loit) Voudriez vous,Monficur,quc celle quinbsp;me doit porter la queue fuit ma belle fœur*, amp;nbsp;que la Hile de madame de Valétinois vinft à menbsp;coftoycf ? Parquoy le Roy fe fentant luy- mefmcnbsp;plt;iyéne luycn parla onques depuis. Mais euxnbsp;tbùrnans leur rage contre le Roy mefmc,luy ennbsp;-Hrtiur payer l’amende, comme s’enfuit. Hercu-Idÿd’Ert Duc de Eerrare auoit vnc fille qu’il ai-ittott mieux que fa femme.-car chafeû à vcuquclnbsp;traitement il a fait de fonviuantà ceflc grandnbsp;dame Renee fille du Roy Loys douxiefinc,percnbsp;du peuple .-ceux anffi qui entendent les affairesnbsp;d’elfat , amp; qui cffoyentdccc temps là , fauentnbsp;pourquoyon larcfufa àtant de Princes amp; gransnbsp;Seigneurs qui la dcmandoycnt,pour la mettre finbsp;bas qu’en l’errarc. Or auoit ce Duc ic ne fcaynbsp;quelles parties de pouklrcs,de boulets amp; muni-tionsiamp;autres femblables fitrasqu'ilauoitcmnbsp;ployêes pour luy, de prctêdoit les faire payer aunbsp;Koy^ ceVjXi’il n’auoit peu faire du têps de François fe g râd,qui fauolt la pi pcric qui en cela luynbsp;audit elfe faire. Pour le faire court le Duc baille des parties en mariage à fa fille, amp; Henry lesnbsp;payc.Sa debônaircté les fit panchcr de ce cofte,nbsp;amp; entreprendre bicnhardimêtpluficurs autresnbsp;chofos.
-ocr page 39-CARDINAL DE LOR. u choies. A cela ils adiouftcrent vn autre poinift,nbsp;c’eR qu’en s’accommodant à tout ce quel’aagenbsp;de Henry pouuoit requérir de volupté amp; de pJainbsp;fir,ils ft feruoyent de luy comme de chcual fondu ou d’cfchaL,gucttc,arin de voir plus loin.Urnbsp;n’eftdt befoin de mettre icy en auant leurs in-fametez: les parois, lesliéts amp; chandeliers denbsp;rhuilcl de Reims amp; autres leurs maifons acqut-fes comme on verra tantort, en pourroyent lennbsp;dre ttCnoignage ; car elles ont rougy ( par manière de dire) des paill jrdifes, adultcresèk ma-querelages dont ceux de Gjife ont tfté les mininbsp;lires amp; otïkiers.
De là ils poulfcrcnc plus outre. Car ils ofe- Ceux rent bicnconfeiller au Roy Henry de r’cnuoyer de Guten Italie fa femme Catherine de Mcdicis,amp;' fans fe vewnbsp;le Conneftable amp; le Cardin il de Ch3ftillon,el- Ut ch^fnbsp;lepalfoit les Monts.'.uxpcnfinsquelledemeuy?rCa-rcroit nerile,amp; dthrans ccl.i dctoiit leur cœur, thertnenbsp;pour reprendre leurs premieres querelles furnbsp;l’Aniou, la Prouence amp; la Couronne mcfines,nbsp;s’allièrent par le moyen de l’vn d euxauetcellenbsp;Vilaine Scnelchale m’niklle piita n,de laquelle J^turnbsp;ils fe vouloyenr aufù feruir comme d’vrc cfpongrande pour fuc cr la fubllance de tc pourc Royau- Jfurjô-me. Premièrement ils attirèrent chez celle gt;c deefurnbsp;nefeh ilc,pour tn lu rirer puis apres,ce qu’on apnbsp;pelle le I il let age, e’cll à dire vnc foiunic inelli-mable qui rcuient du rcnouiicllemcnt des offices du Roy iiimcilaqiiclle (omc payee à vne foisnbsp;cxccdc toute la prodigalité des Pences c|ui furent onques,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;b.iiii.
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Char^ nbsp;nbsp;nbsp;Sur ccs entrefaites,Monficur de Rcims,defi-
eyZe«reuxd’amaner des benefices pour mieux achc-Cardt- miner fes dc(rcins,obtinr par le moyen de la Se-W4/. ncfchale Ictres de fiucur d’t icnry, duquel le Pa pe Paul troifiefmc ne tafehoit pour lors quenbsp;des'acointer contre l’Empcreur Charles,pournbsp;venger la mort de ceft abominable Pierre Loysnbsp;fonfils.- comme aufli ce Monficur de Reims,nbsp;que la Senefchalc appelloit maiftre Charles,nbsp;ne cerchoit qu’à r'emplir fes bouges en vendant lafaueur de fonmaiflrc. Jlfiit doncef’nbsp;leu Cardinal fur la fin du mois de Juillet l’annbsp;1 5 4 7. Cela fut caufe que fous ombre du Concile de Boulogne amp; de tels affaires qu’il voulut imaginer, il dreffa vn voyage en Italie, pournbsp;deux principales rrifons. La premiere,pournbsp;braffer ce mariage aucc la fille du Duc de Fer-rare. La féconde, afin de fe faire cognoiftrenbsp;à Rome, pour mieux baftir fes entreprifes ànbsp;l’aducnir. Ellantlà, il print le filtre de Cardinal d’Aniou, mais on feait en quel danger ilnbsp;cuida tomber pour celle folie, amp; fans la Senc-fchalc ou Ducheffe du Valcntinois, il n’euftnbsp;ofc reuenir : tant y a, qu'il fut contraint denbsp;laiffcr fon filtre d’Aniou delà les monts, amp;nbsp;changer de nom en retournant en France,ôcnbsp;reprendre tous deux le nom de fon père. Nousnbsp;l’appellerons donc déformais (comme auffi fpenbsp;cialcmcnt depuis la mort de fon oncle il s’eftnbsp;ainfi nommcjlc Cardinal de Lorraine.
A fon
CARDINAL DE LOR. 15
A fon retour, ils procurèrent tant enuers le Traite Roy Henry que la Cô:c d’Aumale fut érigée en mentnbsp;Duché', aHn de pouirer plus auant François qui fait parnbsp;iors pretedoit à ce Mariage de Ferrare, célébré feux denbsp;quelques mois apres. Lors ils cômencerct àpra Gwfenbsp;tiquer pour fc faire valoir amp; pofer les f mdemes an Car^nbsp;de leur tyrannie contre les grans amp; petis de la dtnalnbsp;France.ll faut cômcncer par leur oncle le Car- lea leurnbsp;dînai lean , par la faueur duquel maiftre Char- oncle,nbsp;les eftoit venu du college de Nauarreàla Cour.nbsp;N’ayans patience qu’il les enrichift de fes benefices par fondccez , ils ne ceflerent ( fpecialc-•icnt maillrc Charles ) de luy tirer de deflbusnbsp;l’aile tout ce qu’il fut poflîble, par vne importunité non gucres eflongnee de violence. Cenbsp;hon neueu trouua incontinent façon de fairenbsp;enuie à fon oncle de s’efloigner de la Cour, luynbsp;’pofta des feruitcurs tels qu’il luy pleut, le de-fiitua de ceux qui luy eftoyent les plus loyaux,nbsp;Ibus telle couuerture que bon luy fembla, amp; fitnbsp;en forte qu’il ne tint pas à luy qu’il ne le miftnbsp;enchemife: tellement qu’cnfinvne mort biennbsp;foüdaine ( car il viuoit vn peu trop au grc de fonnbsp;feueu ) l’emporta au retour de i’elcéfion dunbsp;Pape Iules troificfmc.en l’an 1530. Ce fut lorsnbsp;^Ue fon neueu fc fit bien cognoiftre à Rome,nbsp;ou il gaigna vn ch. pcau pour Ton frcrc, qui cftnbsp;le dernier viuant des fix, nommé le Cardinal de*nbsp;Guilc. A' en ces temps auflî fut achcué amp; acom-plylc mariage de l’aifnc aucc lafille de Ferrate. Ayant auffi dcfpouille leur onde auant
-ocr page 42-LA LEGENDE DV qu’il s’aliall coucher, conhderons comment ilsnbsp;le traitèrent apt es G mort. Or mouiut il forenbsp;cndebté enaers pluiieuis marchaus, de Parisnbsp;fpcculcincnc. Les tichelles tic les meublese-Itoic grandes A'plus que fullifantcspour l’ac-quiter. Luy deceuc, les créanciers le retirentnbsp;par deuers le Cardinal de Lorraine fonneticu,nbsp;qui auûit aiiec le Cardinal de Guile.rcciietllynbsp;tous fes benefices,mais luy fcul s’elloit faiiy desnbsp;mcubles.il fait relpolc qu’il n’eft point heritier.nbsp;Car telles gens n’appcllét pas heritier ccluy quinbsp;prend les biens, amp; ( comme difent les pratuiés)nbsp;s’immifccrcnrhcritage.-maislciilemcLceluy qninbsp;dit ic le luis.Or nul ne difoit le mot. Car le Carnbsp;dinaldc Lorraine vouloir auoir les biens fansnbsp;payer.Scs frères ne vouloycntpas payer fans lesnbsp;auoir. Quant aux bcncfic'cs,lon fait quc(par vuenbsp;rigueur de droit)ils ne fôt obligez aux debtcs.Sinbsp;le Cardinal de Lorraine cull dit à plufictirs qu’nbsp;ilsncs’attcndilTcntd’atioirricn de leur deujcnnbsp;perdant leur debré il.s culîcnt beaucoupgaigne:nbsp;carils cullcnt faiiuc le tempsamp; les frais qu iis ynbsp;firent à attédre p.irl’cfpaccd’cniriron deux ans,nbsp;quelle ilfue prendioit vn icu qu’il faifoit iouctnbsp;par l’vn de fes gens,lequel il fit commettre pournbsp;voT les debtes du dcfuritftj’cs verifier, ce difoit-on, les mettre en leur oidre, amp; autres mots denbsp;pratique que ce cômi.lfairc aiioit en la bouche.nbsp;Cependant on fit taire vn inuentaire difoit l’vn.nbsp;l’autre difoit vue défi ription ,amp;l’autre vnmémoire; mais quey que c’en full,il ne fe truuiw ennbsp;tous
-ocr page 43-CARDINAL DE LOR. 14 tous les biens du defanét, au raport amp; felon lanbsp;confcicncc de fon neucu ijue des bancs,par manière de dire,amp; quelques vieilles fcabelles amp; la-pilTcricsàfaire fcftc.C’elloit en bricfl’inucntoinbsp;rc de ce que le Cardinal de Lorraine ne vouloitnbsp;poinr. Maisleplaifireftoit de fouir parler, Itnbsp;toftqueccs marchans de Paiis fc prefentoyentnbsp;deuant luy, 11 me femble ( difoit-il)que les pouxnbsp;IDC mordent. Vne autrefois c’elloyent des An-glois,des falueurs amp; donneurs de bon iour.Puisnbsp;quad ce venott à chafque particulier, l’vn cftoitnbsp;vnvfurierde Paris, l’autren’auoit paslmré fanbsp;niarchandilc, ccftuy cy l’auoit vendue fix foisnbsp;plus qu’elle ne valoir,ccftuy là auoit reccu quelnbsp;que chofe deffus, à l’autre il n’eftoit riendeu.nbsp;C’eft à dire vous n’aurez rien. Plufieurs furentnbsp;de cefte rubrique. Aux plus fiuoris, on difoitnbsp;qu’ilsaidaftcnt à fc payer. Cen’eftoit pas adirénbsp;tenez la main,mais donez Acquittez.Quand Ionnbsp;3uoit quitté la moitié pour le moins, les deuxnbsp;tiers, les trois quarts amp; pli s, encores trouuoic-on,qu’il n’y auoit rien plus contant rccc u que cenbsp;que Ion auoit donné. Et quant à ccquircftoit,nbsp;f^cmandez ( difoit-on ) quelque t rairc, quelquenbsp;droic ou priuilcge,ou quelque chofe au Roy onnbsp;le vous fera donner. Mais c'eftoit autant,cômenbsp;fi on euft dit à ces marchans. A liez,tuez chafeunnbsp;vnhomcou dcux,amp; Ion vous fera Ixiillcr rcmif-fion. Car la vente dcschaircs.fcabclles amp; tapif-leticscftoit remifeaux Calendes (îrecqucs.Surnbsp;'da,deux notables marchas, entre autres,voyas
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vne telle indignité, apres pluficurs ouiicrturcsgt; finalement ûrirent acquitter Je défunt pour vnnbsp;quartier ou pour vn tiers du reuenu de les btncnbsp;lices ; mais il n’y eut iamais ordre. Les vns ennbsp;ont tiré quelque quart, vn cinquiefmc, Vii di-xiefnie, plus ou moins, amp; la plut part tien dunbsp;tout.Or de ce que Ion quittoit,il falloir tous,ounbsp;peu s’en faut, bailler quittance comme dere-ccutonpcu pcnlèr à quelle fin, ilTauoir pouro-llcr aux créanciers I’Jionneur.amp;au Cardinal lanbsp;mémoire amp; la fouuenancc de leur libéralité.nbsp;Ainfi peu a peu il le desfn de ces marchans denbsp;Paris amp; autres fcniblables, pour combatre plusnbsp;à fon aife les plusgiâs amp; tous les cftats du Royaume,lefqucls il fàloitque liiy amp; les frères domnbsp;ptallent auant que pouuoir toucher le blanc au-
Leur Ils auoyent tiré vne prorncirc d'Henry cflant tjuerelle Dauphin, que quand il (croit Roy, la Gontédenbsp;peur lit Proucncc amp; Duché d’Aniou rctoiirncroyct ennbsp;Jlitchè leurs maios.Or ayans ellé viuementgrattczparnbsp;d'An~ Je general delà Chelnayc,fcla demeura commenbsp;ton. ailopy iufqucs à l’entree du Roy à Angers, carnbsp;lors ils querellèrent de noiiueau celle Duché,nbsp;ne demandans pour lors que le tiJtrc pournbsp;Sevett- l’vn d’eux. Mais vn feulrcgird dctraueis dunbsp;/e»t fat Connclljblc les rcnuctfa b rudement par terre re.qu’onques depuis ils u’en oferent ouurit lanbsp;bouche.
des Cependant, ils ccrcherent vn autreexpe-Pàiices dient, c’eJf de fe faire compagnons des Princes
tout
CARDINAL DE LOR. 15 tout ouuertcmct,amp; les fuppritner obliquementnbsp;amp; manifeftement. En cell endroit, leurs pratiques ont efte fort longues amp; cftranges au pof-lible, comme I’hiftoire feule deieu Prince denbsp;Conde le mondrera clairemcnt,amp; nous en toucheras çàamp; là des parcicularcez dignes de mémoire.
I En premier lieu, d’autant que la dignité de leur fing, ny leur niaifon ne leur pouuoit donner auintage fur beaucoup de gentils- hommes Fr.inç )is, ains feulement la prerogatiue denbsp;leur terres : pour couurir ce qui leur deLilloitnbsp;de race , ils firent enger leurs (impies B iro-iiicsen Duchez, Principautez, Marquifirsamp;nbsp;Contez, qui eft ce qui nifques icy a esblouynbsp;les yeux du populaire ignorant des atfiircsnbsp;deftat.
I En fécond lieu, ils tafeherent d’egaler la dignité des Pairs ( d’autant que le Cardinal l’c-ftoit)à celle des Princes, voire de préférer lesnbsp;Pairs aux Princes. Surquoy aduint l’an 1 f 5 1.nbsp;notable accident. La Cour de Parlementnbsp;de Paris auoitcniioyc fix des plus notables denbsp;fon corps vers le Roy Henry pour entendre fonnbsp;^on vouloir amp; plaifir fur quelques articles, l’vnnbsp;defqucls eltoit tel.
Le fccôd poinéleftjd’enréJrcdu Roy,s’il luy plait que Mefleigneurs les Princes du fing ou aunbsp;tres gras Seigneurs cntr.ins en ladite Cour por-tét leurs efpces.Car de toute antiquité'cela à c-ftéreferué au Roy feul, en ligne de fpccialc pre-
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rogatiue de fa dignité Royale, qui a la main de lulticc, comme eftant luy- mcfmc la iufticc, tenant en feurctc les miniltrcs d’iccllc. Et fi quelque fois y font en ttz quelques Princes ou Seigneurs auec leurs cfpccs, ç’à elle qu’ils ont pre-uenu, trouuant la porte ouuerte, où font entreznbsp;par melgardc, ou bien y font ainfi venus par expies co.i.mandcmcnt du Roy, citant lors irriténbsp;ik marry d’autre thofe contre ladite Cour.-dontnbsp;to.iteslüis n’a cité faite rcc;!c ne coultumetmais
. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;O
au contraire le feu Roy Pi ai çois citât lors Dau pliin, amp; feu Mcflii e Charlcs de Bourbon,y fontnbsp;venus, laillans leurs cfpccs à la porte, amp; ainfilenbsp;f ufoit garder le feu Roy Loys douxicfinc.Ce iunbsp;gemene de la Cour qui pi cferCj^clon droit amp; rainbsp;fon, les Princes à tous Seigneurs, conforme à lanbsp;leancc cjui s’obferue cncoi es en icelle,amp; aux ar-relts donnez contre leur propre pcrc, fifthalinbsp;tort ceux de Guife, que pour engendrer vn débat üi contrariété entre le iugcmcntdu Roy amp;nbsp;ccluy de fa Cour de Parlement,augmenter leurnbsp;credit amp; s’elleucrpcu à peu par delfiis les Pnn-ccs.ils pratiquèrent fous main au lieu que le Secretaire s’accómodant à la dcniâde de la Cour,nbsp;amp; à l'ordre qu’elle auoit tenu, auoit en fon recueil (ainfi que depuis il tefmoigna ) nommé lesnbsp;Princes les premiers, ils furet nommez en la re-fponfe apres les Pairs, comme il s’enfuyt.' Lenbsp;vouloir du Roy clt,que quad en fon abfcncc lesnbsp;Pairs de France, Princes du fang,les Connclta-blcs amp; Marefehaux de F race, iront amp; entrerontnbsp;'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;en fa
-ocr page 47-CARDINAL DE LOR. i8 cn G Cour de Parlement, amp; en la Chambre denbsp;l’audience, foit à huis ouucrts ou clos, qu’ils ynbsp;puillcnt porter leur cfpees:cc que ledit Seigneurnbsp;n’entend pour autre de quelque qualitc.cllat ounbsp;Condition qu’il foit.Fait à Fontainebleau le dernier iourd'Aoull mil cinq cens cinquante vninbsp;figne Henry,amp; contrefigr.c du Thier.
J Pour le troiliefmc poinôt ils pratiquèrent vncmerucillcure rufe pour donner auec Ictcpsnbsp;prefeription à la principauté qu’il vouloycncnbsp;'^furper. Ce lut de s’allier de toutes pars le plusnbsp;hautik richement qu’ils peurent, ikoutrcplusnbsp;fcghlfcr entre les Princes, amp; tenir mcfmc rangnbsp;qn’euK. A l’entree du Roy Henry en la ville denbsp;Sufi-jFrâçois Duc de Guile s i-igéra de marchernbsp;à Codé du leu Roy Je iMaiiarrc premier Princenbsp;de la Couronne. A la premiere faillie que Frannbsp;Çûisx lîtendueil de fa chimbre, ledit Sieur denbsp;Cu’fc fe ietta entre deux Princes du fang , pournbsp;auec eux luy porter la queue'. Pendât les règnesnbsp;d Henry i Frjpçois i. Charles lt;).amp; encores au-gt;0 ird h ly on i veu Si voit on de quelle audacenbsp;Ceux de G'iife eifambent par dclKis les Princesnbsp;d.i f ng, lefquels ilso it opprimez Si foulez auxnbsp;P eds . coname non dirons rantoft, apres auoitnbsp;touché encor quelques poinéts feruâs à defeou-urir leur ambition enragée cn ccd endroit.
4 Ceux de Guife s’eltans ainlî auancez, dc-uindrcnt mcrucillculcment ialoux de leur grandeur, s’attachans audacieufemet à tous cens qui faifoyent telle à leur attentats. Les François re-
-ocr page 48-LA LEGENDE DV ucrent tant leurs Princes,que (comme Ion ne lesnbsp;tien: iniuriez ny touchez en leur honneur, pournbsp;chofcquc les Princes leurfaccnt ou difent,suffi ils ne mettent iamais la main à l’cfpeecontrenbsp;eux) à nul autre quel qu’il foit,eftrâgcr ou François, n’auienc d’outrager la pcifonne d’vn gentil-home François, s’iïneveucfur le champ autant ou plus rcccuoir du gentil*homme,commenbsp;illuyenaura fait ou dit. Or tant plus ceux denbsp;Guifc ont voulu faire des Princes de Frâcc,plusnbsp;ont- ils trouuc degens qui leur ont fait telle,fp^nbsp;cialcmcnt fous Françoisnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Charles p Se encor
auiourd’huy Ion voit celle rcfillâcc durer. Mais cela fc verra en fou lieu. Confiderons quelquesnbsp;exemples du temps d'Hcry. Le Sieur de Roche-fort puilné de la maifon de la Roche- guyon furnbsp;appelé lèul à fcul vn iour au Jardin du Roy ànbsp;Fontainebleau par François Duc de Guifc, amp;nbsp;comme en fes propos il eu 11 bien monftrt' à cenbsp;Duc qu’il ne le tenoit pas pour Prince de France,il luy en fit plus ouucrtc dcmollration quadnbsp;à la feule contenance que le Duc de Guifc fit denbsp;mettre la main fur la dague,cc Sieur de Roche-fort , qui n’eftoit pas encore Chcualier de l’or-drc,comme il cil,cull aufli toll la main à l’cfpeenbsp;amp; le fit tenir coy. Ce que le Roy amp; les Princesnbsp;de France approuucrcnt. Celle refiftance futnbsp;caufe que Icmcfme Duc de Guifcpenfant biennbsp;que le Sieur de Montmorency ( contre qui il a-uoit querelle) lequel n’eftoit pas encores Mare-fchal.ncluy enferoit pas moins,attiltra vn iournbsp;le Duc
-ocr page 49-cardinal de lor. 17 le Duc de Nemours fon grand compagnon amp;lcnbsp;Prince de Ferrare, en vn lieu pres du chafteaunbsp;de S.Germain(quclqucsiours apres que le Connbsp;neltable retourna de fa prifon ) Si puis alla tirernbsp;ledit sieur de Montmorency parla cappcen lanbsp;chambre de la Royne; ( les gentils hommes fanent que cela veut dire) lequel aufli tort fe leuanbsp;fans mot dire ny en parler à perfône,fortit horsnbsp;du chafteau, amp; le luyuit iniques au lieu attiltr^,nbsp;là où 11 luy rendit rtfponfe cigale à fa demande:nbsp;amp; en cela ne le tint pour Prince plus qu’il faifoitnbsp;auparauât : comme aufli il luy monftra depuis ànbsp;Paris,lots que le Roy Charles 9. y cftoir,amp; quenbsp;l’aifemblcc y lut laite pour l’ediôt de luillct, furnbsp;le débit qu’ils eurët pourvue aire d’efprcuiersnbsp;delà lorcftdc Compiegne, que ledit Sieur denbsp;Guife vouloir auoirde prcrogatiuc.- mais fairenbsp;demeura au Sieur de Môtmorency.On fait cornnbsp;ment le Piclîdct Lifet leur a rcfifté fur ce poinâ.nbsp;par pluficursfoistcar vne fois en plaine audian-cc du Parlement de Paris, fit corriger la qualiténbsp;de Prince, que le Duc de Guife auoit prifeennbsp;Certainecaufe. Vneautre fois,il maiirintaunbsp;Cardinal de Lorraine deuant le Roy Henry,nbsp;qu’il n’eftoit P. incc,ny tenât rang de Prince ennbsp;Prance. Eten vn autre voyage deuant le mefmenbsp;Roy, fur vne conteftation inepte que failbit lenbsp;Cardinal,luy via de ces termes.Mon fils mon a-niy,vous eftes encor trop icune, pour entendrenbsp;ces matières là, qui ne font pas les phrafes denbsp;parler aux Princes de Frâcc,adiouftât ces mots,nbsp;'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;c. 5.
-ocr page 50-LA LEGENDE DV vous n’ellcs Prince ny c/gal aux Princes, amp; finbsp;vous voulez prédiece ultrç,dites nous les lieuxnbsp;de vollrc priuçipauié.Ce ieune fils auoit vingt-ciui]an$ pallez, amp; cliyit défia Pairamp; Cardinal.nbsp;La mefine Cour de parlement, par arrcll, débouta le Duc de G.iifc le P-eie, de la prefcancenbsp;qu’il prccendoit,à calife de fa pairryc, contre vnnbsp;' Prince du (aiig.Mais leur audace en cell endroitnbsp;apparoit tout ouuertemcnt en infinies fortes ennbsp;feze ou dixfcpc mois q e régna François i. doncnbsp;il fauticy rvmartjiier quelques particularitcz.nbsp;Si toft que le Roy fîenry eut la bouche clufe,lenbsp;Duc de Guifedc le Cardin il de Loi raine enimenbsp;ncrent dans le Louuie le Roy François z.fes fienbsp;resales deux Roynes.lailfans les Princes du fangnbsp;amp;touslesgrâs .'»eigneurs du Royaume qui n’e-ftoyent de leur retenue pour garder le mortitannbsp;dis qu’eux ne l’ailfoycnt approcher de Françoisnbsp;2. aucun pour parler finon en prefcnce de l'vnnbsp;d’eux,amp; auec fi bônegarde,qu’ils ne le perdoyétnbsp;iamais devcuc. llscnallent alors le Connefta-ble, failàns parler le Roy coinine bon leur (tm-bloir, defapointêt ceux qui ne leur efioyent ag-grcables. Déboutent hôneflcnient les Pi imesnbsp;du fang de leur degrc.cnuoyans I vn en Flandre,nbsp;l'autre en Efpagnc, ayans desferuiteurs fccretsnbsp;prèseux.Ilschangent les eftats amp; officiers delànbsp;naaifon du Roy, amp; Icgouucrncntlors auec tellenbsp;violence qu’on appcrccut comme en plain iour •nbsp;tonte leur intention. Maison verra par ordrenbsp;quelles gens s’y ôppoferent,amp; par quels moyes.
Car
-ocr page 51-cardinal de lor. io Car CCS refiftanccs particulières eftoyet dlt;?peunbsp;d’importance, fi on les compare aucc ce qui furnbsp;vint depuis.
Il faut voir maintenant iufqiiesoù ils ont a-cheminé les affaires de Frâce par leur ambition, accôpagnec d’auaricc, cruauté, impiétéamp;. vilenie manifcrtc.Ie dy donc que depu s qu’ils furetnbsp;efleuez par le nioyê de la Sepefchalc,commc ilsnbsp;eftoyent, amp; leurs enfans font encor d’vn cfpritnbsp;remuant amp; peruers iufqu’au l^out,ils ont perfe-ciitc toutcsfortcsdcgiâsamp; pct's du Royaume,nbsp;pour fatisfiire aux pallions fus mcntionnccs.Etnbsp;niefmcs, quand ils n’ont eu le moyen ou auis denbsp;pcrfccuter ceux qu’ils hayllbyct, ils fc font per-fccutez eiix-mcfmcs, amp; nefeauroit on bonne-mécdire à qui ils ont fait plus de mal, ou à leursnbsp;amis,ou à leurs ennemis. Nouscomnieneetonsnbsp;premièrement par les outrages qu’ils ont fait ànbsp;nos Roysintfnies, puis aux Prineesdufang, ennbsp;apres aux grans Seigneurs du Royaume, delànbsp;nous viendrons aux cftats,airauoir à la Noblcf-fe,à la iufticc, au peuplc,au clergé, à leurs fauo-risamp; amis,puis àeiix mcfmcs cntr’cuxicn pro-pofant le plus fommaircment que faire fc pourra les chofes, nous prierons Icsicétcurs dere-niarqucr en leurs liuresccqui fera obmis pournbsp;le faire entendre à la pofterité qui aura horreurnbsp;de la miferc de F râcc,qui a tant fouffcrt,amp; porté aucc trop de rcfpcét maintesfois des mon-ftres fi dangereux. Par mcfmc moyen auffi , amp;nbsp;comme la dedudion des propos le requerra,
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nous toucherons quelque chofc de leurs vertus, afin quo cognoillc à quelles enfeignes il fe fautnbsp;fouucnir d’eux.
Cornent Ainli donc encor que du commencement ils ceux de ne filfent pas grand bruit, fi cfi-ccquc s’eltansnbsp;Cutfefe fait à croire, qu’ils aiioyent quelque droit à lanbsp;/ontpor Couronne, ils s’efforcèrent de s’y faire voyc parnbsp;tex.ùl’e tous moyens,l’vn defquels fut d’abailTcr tout lenbsp;drott monde fous leurs pieds, amp; s’ils n’elfoycnt Roysnbsp;dw de nom,en attendant le tcmps,ils le furent fou-^o^/df.üentesfoisdefait. Quanta François premier,nbsp;Fr4«ce.'d’autant qu’il les cognoilToit ,ils ne s'auancerct
¦ pas trop. Mais fous Henry i.leurs cornes com-menccrct à fortir.Cc Roy eftoit de doux tfprit, huis de peu de iugement, amp; du tout propre à fenbsp;hifler mener par le nez. A uflî en rcccut-il le fa-lairc:car l’ambition de l’auarice de ceux de Gui-fer’cmplircntdefangrAIcmaigiie, l’Italie, lanbsp;'France,la Flandres, mirent en vente comme aunbsp;plus offrant Icsloixde tonte iu.Qi, e,cfpiiifcrcntnbsp;les bourfesdes poures des riches p.u infiniesnbsp;exaélions. Parlcdr infolcnccamp;mal.btureufcnbsp;confpiratiô, ils fouillèrent aiiffi la niaif m Roy-aie, dedas laquelle ils dreflerér l’cfibafaurpournbsp;y faire venir les horribles trugoe ’’’esde la ruinenbsp;de France, amp; y amoncelèrent le bûcher qu’ils alnbsp;lumerent depuis fi fort que les dammes amp; charbons en durent encores. Mais il f uit voircecynbsp;par le menu, en quoy nous recitetôs mot à motnbsp;les plaintes qui en ont elle fiitcs A publiées denbsp;long tcmps.Le grand Roy François auoit laiffcnbsp;la Ftaa-
-ocr page 53-CARDINAL DE LOR. ijgt; la France en afl'ez bon eftat. Mais ceux de Guifenbsp;Voyans que mille commoditez leur reuenoyentnbsp;de la guerre,ne pouuoycnt ny ne vouloyct fouf-fiir que la France demeuraft en repos. Ce leurnbsp;clto) t vne ouucrture pour s’auaccr, veu l’ardeurnbsp;amp; violence de l’aifiié Si du troilifmc, lefqucls lenbsp;Cardinal n’a iamais craint d’hazarder, fachantnbsp;qu’ê tout euenemet la chofe le valoir,amp; que s’ilsnbsp;elloycnt plus heureux que fages,ce luy feroit vnnbsp;vray moych de s’efleuer iufqiics au bout: amp; s’ilsnbsp;niüuroyent, leur mort feruiroit de pont pournbsp;faire palfer les autres plus outre. Dauantagc,a-yant le principal mauiemet des finaccs du Royaume , 11 leur eftoit bien plus aife de pefeher ennbsp;eau trouble qu’en eau clairc.Outre ceia,le Cardinal voyoit que par vnmcfme moyen il acque-l'oitla faneur de ceux de la querelle defquelsilnbsp;deliberoit faire le profit de fa maifon auxdcf-pens du pourc pcuplcul diminuoit les forces dunbsp;Roy, duquel il defiroit voir la Couronne fur lanbsp;telle de fon frère, comme les trois Couronnesnbsp;Papales,fur la ficnne. Finaiemcnt, ce luy cftoitnbsp;Vn vray moyen pour bazarder le Roy, les Princes du fang, amp; tous ceux de la deftrutâion def-qucls dependoit l’accroiifcment de fa grandeur.nbsp;Voila les braues occafions de la guerre tant Ionnbsp;giic amp;mal-heureufepar tout le Royaume, ànbsp;laquelle il leur fut aife de tourner le cœur dunbsp;Roy,peu expert amp; defireux de nouucl honneurnbsp;au commencement de fon regne, fur l’ennemynbsp;turc de la maifon de France, lequel pour lo:$nbsp;c.Ui.
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ayant (côme loncftimoit) dompte l’Alemaignc, fembloit trop redoutable à ce Royaume, lilonnbsp;ne rompoit de bouc heure tous les dclfeins qu’ilnbsp;pouuoicauoir.. ür trois occalions fe prefente-rcot pour le bien cmpefchcr.La premiere fut ennbsp;roir.paut le cours du Concile de Trente,de Taunbsp;thoi fté duquel l’Etripcrcurfe feruoit, pour dunbsp;tout viur les Allcmâs à fa deuotion, afin de faire puis apres en Italie amp; ailleurs ce que bon luynbsp;cilil fenible. La feconde,en prenant la querellenbsp;delà maifon des tarnefes dcchaflcz de Plaifan-ce parrErapcrcur. La troificfme en pratiquantnbsp;l’aniicede l’Electeur Maurice amp; du Marquisnbsp;de Brandebourg eftâs au fiege de Magdebourg,nbsp;amp; gâmdcment irritez contre l’Empercur àcau-fedela detention du LandgrafFde Helfe, auecnbsp;lefqueU il y auoit apparence que le fils duditnbsp;LandgrafF, amp; autres Èrfnccs Allemansfe ioin-droyent aiftW-nt. Et combien qu’il n’y euftpasnbsp;vne de ces trois occaliôs qui fuft corrcfpondannbsp;te à ce que le Cardin il a ccrchéde tout temps,nbsp;c’efi: affauoir à ce qu’il fiift tenu vn vray pilier denbsp;la foy Catholique : veu que la premiere mettoitnbsp;le Roy amp; le Royaume en danger d’vn interditnbsp;amp; excômunication Papale, 8c contreuenoit notoirement à la grandeur du fiege Apoftolique,nbsp;dont il contref lifoit le zélateur: la féconde trounbsp;bloic le repos de l’Europe : la troificfinc conioi-gnoitrn'inifcflcmcnt le Roy auec les Lutheries,nbsp;amp;leurdonnoit moyen de ferclcueramp; fortifiernbsp;plus que iamais; toutesfois ce fatal cnnemy de
Dieu
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20
Dieu amp; de tous hommes,n’cn voulut laiflet pas vue, sins mit en tefte au Roy Henry, par deflusnbsp;lequel il rcgnoitdefe feruirde toutes les troisnbsp;l’vne apres l’autre. De là vint laproteftatiôconnbsp;tre le Concile, amp; puis la guerre de Parme dref-fee contre le Pape,à l’appetit de ce fuppoftde lanbsp;Papautc,aux dcfpens cxccflifs de ce poure Royaume , amp; au profit du fils d’vu baftard, qui en anbsp;depuis rendu le falaiic, que toutes gens de bonnbsp;efprit en ont attedu. De là vint la prcmicrcfoucnbsp;ce des plus piteufes amp; lamentables calamitctnbsp;qu’ait jamais endurées la poure France.-carennbsp;fin il falut que l’apoftume creuaft, amp; que ces furies drclEtHéc vue guerre ciuile en Alleraaignejnbsp;par laquelle noiiobflât que Dieu ait chafiie lesnbsp;iniquitez de plulleurs,filt;ft-cc que tant de mauxnbsp;amp; de meurtres s’en font cnfiiyuis, que c’eft mernbsp;Veilles comme le Turcnc s'eft encor feruydenbsp;cefte planche que ceux de Girifc luy ont drefleç .nbsp;pour venir iufquesànous. Delà s’enfuyuitlcnbsp;Voyage d’A Icniaignc , où ils faillirent à leur cn-treprife, d’autant que Dieu ne permit que cenbsp;pays to’Tibaü en leurs pattc.s ; mais leur cruauténbsp;fut telle, que leur propre pays de Lorraine ennbsp;fit pourlor.s la premiere experience, rcccuât ennbsp;ceftendroit le filaire d’auoirproduit dcielscnnbsp;fans au monde.Car en premier lieu,ils vouloyéfnbsp;fe véger tellemét de la Duchcfic vefue de François amp; mere du Duc à prcfcnt,laqucllelcs auoicnbsp;mcfprifez.qu’auffi defiroyent ils attrapper ccflcnbsp;Duché. Pour ceft tffcft, ils femerenr trtille ci-c.iiii.
-ocr page 56-LA LEGENDE DV lomnics contre ccftevefue,larendans odieufcnbsp;infiniment enuers le Roy Henry, amp; ne ceilcrétnbsp;jamais que fous ombre d’vnc proteéfiü(i.ar auxnbsp;infigncs malices, c’elî où ils ont touliourseunbsp;plus beaux prétextés ) n’euft prins le Uuc en fanbsp;main, efpcrans bien qu’ayâs vn Roy fauorable,nbsp;la Duché amp; le Duc comme en leurs mains, lenbsp;teps les feroit toucher au but auquel ils vifoyentnbsp;de cecofté là.Maiscomme Dieu eft admirablenbsp;en tous fes faits, il eft auenu quelcDuenylanbsp;Duché de Lorraine n’ont pointeude plusier-raesny plus alfeurcz fondemens, que ceux quenbsp;les couiins deGuifeauoyentpofez pour lerui*nbsp;ncr. Car le Roy Henry print l’enfant en fa garfde,amp; depuis le fit fon gendre.Si bailla la Duchénbsp;en celle de l’oncle Conte de Vaudemonr. Si onnbsp;adioufie à cela la ville de Metz,faudra il puis a-pres vn plus ample tefmoign?gc ? Car qu’eft cenbsp;que celle pauure ville n’a foulîci t en peu d’an-nees amp; par dedâs amp; par dehors,cfiant defpouil-lecdefa liberté, fous l’ombre de la protectionnbsp;d’icelle, dcfmembrce de l’Empirc, ruinée pournbsp;la plufpart,amp; pour le comble de fes mifercs réduite en la feruitudedu Cardinal, qui fous vnnbsp;nom emprunté, en a tiré tous les ans pour lenbsp;moins cent mil francs , n’en lailfantau Roy quenbsp;le deshonneur de l’auoir furprife fous ombre denbsp;la défendre, la charge de la garder aucc defpens’nbsp;inellimabics,la perte de grand nombre de Frannbsp;çois, amp; l’inimitié de l’Empire, qui tous les ansnbsp;renouuelle le decret du rccoHurcmcnt des villesnbsp;de Metz,
-ocr page 57-cardinal de lor. n de Metz, l'houl amp; Verdun, monftrant par là lenbsp;dcGr qu’lia de les remettre en leur premier e-ftat,à la premiere occafion.Peu apres s’enfuyuitnbsp;le liege de Metz,où le Cardinttl craignât la peaunbsp;de fou f(erc,amp; voulant l’agi âdir par delFus tous,nbsp;luy fit cnui,ycr tous les Princes amp; grans Seigneurs de France,pour raflrcurcr,amp; auxdcfpensnbsp;de leur fing,eflcuer iceluy comme fur les efpaunbsp;les de vidoire. Mais quel befoin eftoit il de racheter ce trophée en oflFcnfant Dieu amp; les homnbsp;tties? le tout aux defpens de l’honneur amp; des finances du Roy. Combien nous a elle cher vendu cefte tant vaillante defenfe d’rnc ville eftrannbsp;gere,qui iamais ne nous auoit fait outrage qucl-conqur,fi on n’appcic outrage d’auoircreu tropnbsp;Jegerement aux paroles d’vn Cardinal fon nournbsp;riiron,amp; qu’elle tenoit pour fon Euefque amp; Pa-fteur? Et de fait,les François payèrent bien chèrement le contrechange.quâd la Picardie en futnbsp;hriiflec amp; faccagee iufques à Noyon : amp; fous lanbsp;Conduite du troifiefme frere, gendre de la Du-chefle du Valcntinois,la nobleffe Françoife rc-Ceut la plus grande playe qu'elle euft rcccu depuis la iournee de Pauic, cftant fans caufe ny rainbsp;fon amenée à la boucherie pluftoft qu’à la bataille : car en celle rencontre, où cell ellourdynbsp;I Duc d’Aumale troifiefme frere fut prins par fanbsp;laute, fuiçnt tuez deux cens gentils-hommesnbsp;Frâçois ou enuiron,entre lefquels elloycnt plu»nbsp;j fieurs grâs Seigneurs, alTauoir Sieurs de Rohan,nbsp;de S. Forgeu,dc Nancay,IaMotte, Duncau,’cs
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Baron de Couches, amp; de Caftres amp; autres Sei- • gneurs de marque.Quand le Royaume n’auroic.nbsp;rectu autre dommage par la cûduite de ces gés^nbsp;que ccftuy-là, il fufhioic pour les auoir en dtte-natiô. Tort apres ccftedestàitecn l’an 15 51. aunbsp;mois d’OôtobrcjS’cfuyuit le liege de Metz,d’ounbsp;l’Empcreur ayant cRé chalFc, le Duc de Guifcnbsp;s’attribuant toute la gloire,laquelle auoit elle a-chetee parles PrincesSeigneurs Fiâçoigt;,quenbsp;le Cardinal y auoit fait enuoyer parle Roy,c’eftnbsp;mcrueilles côme ils.s’eflcuerent lors.lVJais qu’apnbsp;porta l’anncc luyuante,linon deux pertes itdou.nbsp;blees amp; non iamais recouurables ? c’eR alfauoirnbsp;la ruine totale de Therouennedt de Hefdin-quinbsp;eftoyent les deux clefs de Picardié.Le Catdinalnbsp;là deflus chantoit les triomphes de fon frère sif»nbsp;nc,fe moquant des Seigneurs Frâçois lt; qui pournbsp;n’cftre alTiHez eftoyent forcez par l’ennemy, amp;nbsp;faifoit croire au Roy qu’il n’y auoit que leurnbsp;maifon propre àgouuerner les affaires de paixnbsp;amp; de guerre.Mais l’cmprifonncmcni du ttoificf-mees mains du M.arquis de Brandt hlt;^urg rom-poitle fîl de telles vanteries; pourtâr fchafteictnbsp;ilsdeleiiçtirer pour fe pouffer les vns les autres;nbsp;Toutcsfpis ils ne voulurent desboufer pour flnbsp;rançon vnifeul,denier de leurs larcins , ny auoirnbsp;compaflion quclcôque du peuple Erançots,quinbsp;eftoit rongé lufqnes aux os.Ils troiiuerent vu aunbsp;tre fort honnefte moyen ; ce.fu» d’emprunter 1lt;nbsp;nom dç Roy,pour tourméteiitouS'CeuxqHcbonnbsp;leur fcmbla, fous ombre d hetefic^afin d’en at,nbsp;trapper
-ocr page 59-C ARDINAL DE LOR. n trapper les confifcadons. Car ccn’eftoitpasaf-fez que celtuy-là par fa temcricé, cult efte caufenbsp;de la mort de tant de grans Seigneurs amp; brauesnbsp;gentis-homincs François à l’heure de fa prilernbsp;mais 11 falloir encores que fa deliurâcccouüaftnbsp;la vie de ceux qui cftoyêc demeurez de relie; voinbsp;reiufqucsà n’efpargncr les fcmmcsdcsbonsamp;nbsp;Vertueux Capitaines, durant rnefmes le tempsnbsp;Î|u’clles expofoyct leurs vicsamp; leurs biëspour lenbsp;eruice du Roy.De cecy feroit fuffifammet creunbsp;le feu sieur de Tcligny, fi quelques temps apresnbsp;il n’eftoit mort au fcruice du Roy Hcnry:car dunbsp;tant cell emprifonnenjent du Sieur d’Aumale,nbsp;la Dame de Tcligny fut fauflemét aceufee d’hcnbsp;tcfie.par la fubornatiô d’vn Sorbonifte.cftafïîcrnbsp;du Cardinal, cÔme eftoyent auffi meflîcurs nosnbsp;maiftres fes côpagnons.gcs ignoras de tout biennbsp;honncur.fiers,cruels amp; fcditicux,$’il y en a aunbsp;monde, fous ombre de la Religion qui leur fertnbsp;dccouucrture : du tout fcmblablcs en ctft endroit au Cardinal de Lorraine, qui les metcoicnbsp;^rsen befongne aux defpensdc l’honneur dunbsp;Roy, lequel en cftoit mal voulu de pluficurs.nbsp;Enquoy fe dcfcouuroit vne autre rufe de cesnbsp;gens, carayansaux collez du Roy Henry leurnbsp;cfponge, alTauoir la Duchcfl’e de Valentinoix,nbsp;belle mere de ce prilonier, laquelle pilloit à tounbsp;les relies, enfcmbleeuxquiauoycnt labourfenbsp;publique à gouucrncrnlsdcfpouilloyent le Roynbsp;de l’amour amp; des biens de fon peuple dont ils fcnbsp;rcuclloycntjfaifans croire que rien n’eftoit bien
-ocr page 60-LA LEGENDE DV fait que par leur conduite. Car mefmes ils furetnbsp;Ij impudens de maintenir que leur frcre d’Aumale auoit fait tref-bien fon deuoir,amp; que ceuxnbsp;qu’il auoit menez à la boucherie l’auoyent pref-qucs trahyncllemcnt que la faute fut reiettee furnbsp;les morts, amp; le furuiuât qui n’auoit obey au cornnbsp;mandement du Roy,qui luy manda exprcflemétnbsp;de ne rien bazarder, apres fa deliurancc , reuintnbsp;CH Cour où 11 fut carcffé par le moyen de fa belle mere autant amp; dauantagc que l’vn des plusnbsp;braues licutcnans de Roy.Àinfi fc moquoyent-ils d’vn cofté du Roy Henry, auquel cependantnbsp;ils auoyent tellement ofte le fens par leurs artifices qu’il n’eftimoit auoir meilleurs ny plus fideles lëruiteursque Icfdids dcGuife, apreslenbsp;Conneftablc, auquel pour ccftccaufe ilsvou-loycnt mal de mort,commc ils le monllrcrct ennbsp;diucrfcs fortes.
Ges guerres de Metz n’eftoyent rien au pris de celles de Picardie, dot ceux de Guife cftoyétnbsp;les allumettes. Et tant que le Duc de Guife amp; lenbsp;Cardinal furent pres du Roy Hcnry,cc feu s’emnbsp;brafa de plus en plus.Encores ne fe côtenterentnbsp;ils de hazarder de ce cofte là l’eftat du Roy, quinbsp;y perdit à Thcroucnncamp; Hedein encores vnnbsp;bon nombre de grans Seigneurs amp; gentils-homnbsp;mes,fans les prifonniers de marque: mais luy firent rcceuoir vne autre grande baftonnadeennbsp;Italie. Orn’cft il pas bcfoinqne nous mefmesnbsp;récitions icy tous nos dômaget,perte de bataille où demeurèrent quatre ou cinq mil hommesnbsp;François
-ocr page 61-C A R DI N A L D E L o R. Zj François pour la plufpart,fans les Capitaines amp;nbsp;gentils-lioinmes de marque : la perte de la vdlcnbsp;de Sicile, qui a tant coullé d’argent à ce Royaume,qui a tant cnfeucly de François,qui a embclnbsp;ly Florence de nollre ignomim e, qui à apporténbsp;perpétuelle fcruicudeamp;quali totale delïruâiônbsp;aux pauurcs Sienois,à qui peut clic cftrc à meilleur droit imputée qu’à la ialoufic de ceux denbsp;Guife qui gouuernoyent tout alors{c’cftoit l’annbsp;15 5 q.ôc 15 5 5 Jaiinans trop mieux différer le fe-Cüurs promis,amp; mettre par ce moyen toute l’arnbsp;mec en defefpoir, que de fouffrir qu’il fuft dit,nbsp;que fans eux la Thofcanc fuft acquifeaii Roy,nbsp;ou pour le moins cotraintc à rcccuoir telle cornnbsp;poîition qu’on luy euft accordée.
Cependant ils auoyent drcflcdes pratiques en Italie pour s’agrandir par quelque moyc quenbsp;ce fuft; Sii toufiours aux dcfpës du Royaumc,amp;nbsp;à la côfulton du Roy. Lon feait qu’ils qucrcicntnbsp;1» Courône de Naples amp; de Sicile,amp; que le Carnbsp;dinal en toute fa vie abayoit apres la Papauté,fcnbsp;perfuadant de faire de nicrucilleuxamp;cftrangcsnbsp;cHangemens, s’ilcftoitvne fois Dienen terre.nbsp;Eftant donc auenu le dcccz du Pape, le Cardinal poufte de fon ambition accouftumee n'allanbsp;point, mais courut au plus toft qu’il luy fut pof-fiblc,pour attrapper les trois courônes qu’il dc-üoroit par vne fotre cfpcrance. Or l’expcricncenbsp;tHonftra lors aux François,queceft homme lanbsp;trainoit tout mal encontre auec foy. Car luy e-ftant party, incontinent l’Empcreur Charles le
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Qmnt amp; le Roy Henry Rirent aufiî toft enclins à donner lieu aux meilleurs confcils de ceux quinbsp;parloyent du repos de tant depoures peuples.nbsp;Tellement que combien que la paix nepeuft e-ftre lors faite, fi elt-ce que moyennant l’auis amp;nbsp;prudence du Côneftable amp; dcrAmiral.trefuesnbsp;pour cinq ans furent accordées le cinquiefmenbsp;lour de FcurierJ’an 15 j 6.Lc Cardinal(fclon fanbsp;couftume) ne vouloir faire fon voyage de Rome à fes defpês,auoit alfuré le Roy Henry,qu ilnbsp;drcH’croitcn Italie de telles ligues cotre 1’ mpenbsp;reur Charles pqu on en auroïc aifcincc le bouc.nbsp;Cela ayant efte crouuc' bon p ar le Rgt;gt;y,fei uit denbsp;couucrturc à l’ambition amp; auariccdii Cardinal,nbsp;lequel aucc grandes capitulatiôs ( touliours auxnbsp;defpcns de ceRoyaumc)fit lieutcnàt general dunbsp;Roy en italic Hercules deuxiefine Duc de Fcr-rarennaisfes pratiques principales efloycntdcnbsp;faire des amis amp; créer des fcruiteurs,à l’aide defnbsp;quels(amp; des forces amp; finances Frâçoifes)il peuftnbsp;conquefter le Papat pour foy, amp; les Royaumesnbsp;de Naples amp; Sicile pour fonfrere. Or fi toftnbsp;qu’il fut aduerty des trefues, cela l’cfmcut grandement car c’eftoit la mort de tous fes defleinsnbsp;de ce cofte là. Auffi ne fc peut- il contenir de dinbsp;rc haut amp; clair deuant plufieurs, en paflànt parnbsp;Ncuers, que ce n’eftoit pas ce que le Roy luynbsp;auoit promis:amp; qu’il auoit bien moyen de rompre les trefues, s’aftcuràt de ce fairc,fi toft qu’ilnbsp;feroit venu à la Cour.^ui lors cftoit à Bloysiau-qucllicu eftant arriuc ,amp; ayant parlé au Roy,nbsp;finale-
-ocr page 63-CARDINAL DE LOR. 24 finalement par les menees de fes agents,fpccia.nbsp;Icinent du Cardinal Carasfe enuoyedu Pape,nbsp;rjui fit preTenter an Roy vne riche elpee,le Roynbsp;s accorda a la rupture defdits trefues, quelquesnbsp;raifons qutlc Connefiable,rAtniralamp;autresnbsp;grans Seigneurs amcnallent au contraire. L’in-itcu.neiK principal de ceux de Guifejciloit ceftenbsp;DuchcH'c du Valentinois, laquelle leur leruoicnbsp;de punt órde corps amp; d’efpnt pour Icsefleuernbsp;au throfne Royal, car elle commandoit au Roynbsp;Henry,A euxcómandoyent àccftecourtilannc.nbsp;Ainli dóe ceux de Guile cnuclopperét Hëry ennbsp;vn per,ure niamtclle, amp; le Royau ne en nou-Ueauxtroublcs,amp; en la perte qu’il rect ut depuisnbsp;en laiouinceS.Laurés,prinfede S.Quentin,rutnbsp;ne de Picardie, amp; en la paix fort defauantageufenbsp;pour les François.ll n'yauoit que ceux de Guile qui efperallcnt gaigner en celle nouuclle : carnbsp;l’ailnc alpiranc à la Couronne de Naples amp; denbsp;Sicile, fe fit donner la charge d’aller rompre lesnbsp;trefues en Italie aucc fix mil Suifles , quatrenbsp;mil François, cinq cens hommes d’armes,3cnbsp;cinq cens cheuaux legers. Chacun feait, qu’ilnbsp;emmena tousles meilleurs foldatsqu’il peuftnbsp;auoir. laillant le Roy en pourpoint, amp; fon peuple en chemife ; car outre tant d’hommes qu’ilnbsp;emmena, les finances furent tellement cfpui-feespar le Cardinal qui en clloit le furinten-dant, que finalement il en vint là,'de prcRernbsp;au Roy l’argent de fes finances, par perfon-Ues iuterpofees à tel intereft , que fon aua-
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rice a porté.Outre cclajes rolles de ce temps là amp; de l’anncc fuyuante, monflreront quelles ex-cclÜucsdonations le Cardinal Ion h ere ob-tindrent de la facilité du Roy,pcndât que Je peunbsp;pic cftoit foulé lufqucs au bout, les finances cf-puifees, comme dit a efté, le domaine, lesre-ccptes,les villes engagées, la guerre allumée, lanbsp;frontière de Picardie es mains du Royd’i fpa-gne. Carrant s’enfaut que les entreprifcs denbsp;Henry confeillé lors par le Cardinal fuccedaf-1 fent, qu’au côtraire peu de temps apres il perditnbsp;cefte lamentable iournec de S. Laurent, où futnbsp;tué lean de Bourbon Duc d’Anghien,lc V icon-te de Turainc, amp; plufieurs autres Seigneurs amp;nbsp;gentilshommes François.L’infanterie t aillée ennbsp;pieces pour la plufpart.lc Côncftablefortblef-ie prins prifonnierauec bon nombre de vaillâsnbsp;Seigneurs amp; gentil-hommes. Douze ou quinzenbsp;' jours apres la ville de S. Quentin fut prifed’af-; fl ut, où le Roy rcceut vne autre bien rude ba-ftonnade. Icyncfautpalfcr vn tcfmoignage denbsp;la bonne volonté du Cardinal de Lorraine entiers le Roy Henry amp; fon cftat. Apres la iourneenbsp;de S.Laurct,lc Roy fc trouuât fans deniers,fansnbsp;gens amp; fane confeil (car le mal-heur voulut quenbsp;le Cardinal demeura feul au pres de luy ) ce re-ucrend au lieu de fccourir le Roy de fes biens,nbsp;amp; pour luy aider de quekjuc partie des deniersnbsp;3u’i I auoit pefehez és finance$,dcs le lendemainnbsp;e ceft accident, fe fit rembourfer par le thre-fori cr de l’cfpargne, d’ync partie de quinze mil
Iturcs
-ocr page 65-CARDINAL'DE LOR. 25 liurcs (ju’il pretêdoit luy eftre deuc. II n y auoitnbsp;cn tout Ic Royaume fi petit artifao, G pourc citoyen, qui ne miß la main à la bourfe pourfe-courir Ion Roy gt; Si qui pour ceft efFeét n’en fuftnbsp;durement executéxepcndant le Cardinal eftoienbsp;deuenu fergent, executant Henry au plus durnbsp;temps de fa fortune, en la plus grande nccefhtcnbsp;defes affaires, iouant au Roy defpouilléauecnbsp;telle impaticce, qu’il ne voulut one attêdre quenbsp;le threforier de l’Efpargne euft recouuré argét,nbsp;ainsle contraignit d’emprunter la Comme qu’ilnbsp;dcmâdoir pour luy fatisfaire. Alors aufG le Roynbsp;Henry obtin t en don de la ville de Paris la fom-me de trois cens mil francs,lefquels le Cardinalnbsp;mania, Dieu feait comment amp; à quoy elles furetnbsp;lors employees.Mais cela foit dit pour efprcuucnbsp;fimplcmct d'infinis femblables traits, ou Ion nenbsp;fait lequel des deux a efte plus grand au Cardinal, ou d’attirer ßs fin ny mcfurc, ou de bruflernbsp;d’impatiéce à cfpuifer la Frâce,qu’il auoit chol-fie pour proye conucnable à fon ambition.
Mais que faifoit le Duc de Guife en I talie,tan dis que la Noblefle Françoife eftoit aux prifesnbsp;3uec rEfp.ignoI,pour pofer(fans le voir) le fondement de la grandeur de ces meflieufs cy ? Lenbsp;t)uc auoit amené auec foy vne bonne troupe denbsp;Noblefle,amp; tary les finances du Roy, fans fairenbsp;chofe qui valuft en Italie, Gnon que pour mettre fon frere en credit, amp; drefler des pratiquesnbsp;en faifant le fimple, il s’en alla auec fon illuflrenbsp;principauté ptoftitucr la dignité d’vn lieutenât
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general du Roy de Frâce dans Rome, à badiner aucc des pteflres, Si faire le baf bout amp; le dernier d'vue table de Cardinaux , la plus partnbsp;d’eux Marmitons amp; gardes-finges du Pape.Sur-lt;juoy on a maintesfois loué la tiâchife de courage d’vn maillrcde Rcqucftcsquiraccôpagnoitnbsp;en ce voyage.lequel indigné de ce que s’ouffroitnbsp;le Duc de Guife : fans congé de la Cardinauté,nbsp;s’aûill brauement auprès du Duc, afin qu’on nenbsp;rcprochaft aux François, que le Lieutenant general de leur Roy cuftferuyde portc-cbappcànbsp;tclspapelarsjamp;frippclippes de marmite, quinbsp;fur leur fumier font fi peu de cas des Roysamp;nbsp;Princes Chrcfticns.Maisquoy?ilfjloit qu’auccnbsp;le court amp; la perte des hommes, la Frâce rcceutnbsp;encores ces deux iniuresen Italie : l’vnc duditnbsp;Sieur de Guifc qui laiffoit fô camp oifeux, amp; lesnbsp;derteins de fon maiftre, pour nacqueter amp; fairenbsp;la cour au Pape,afin de créer (ainfi que le Cardinbsp;nal s’attendoit bien qu’il deuft fairc)dcs Cardinaux nonueaux à la deuotion dudit Cardinal,nbsp;tâtamp;cn fl bon nôbrc,que venant le Papat à vacnbsp;quer, ilfc peurt art'eurer de l'crtrc,autant qu’vncnbsp;foy Cardinale fe peut eftendre. L’autre iniurcnbsp;par l’indifcretion dudit Sieur de Guife qui en fanbsp;pcrfonncjlailfoirfi hontc’’fcmcnr auiler la dignité amp; réputation de fon R.»y, crtant fon lieu-tenan general Les ennemis de b Couronne fcnbsp;rioyent à gorge defployce de cefte fotte ambition,A les plusauifez Françoiseftimoycnr quenbsp;le Roy, amp; le Côncftable,s’cftoyct laiflcz aller ànbsp;telles
-ocr page 67-CARDIN AL DE LO R. i6 telle entreprife, pourfe defchargcrd’vn faixin-fupportablc qui Icurpefoit fur les bras par lesnbsp;continuelles alarmes que l’inconftance U’auari-ce amp; Ja vaine gloire de ceux de Guife dônoit auxnbsp;affaires du Roy, plus que les frais de deux tellesnbsp;conqueftes. Or comme le bu t du Cardinal fuff,nbsp;fi toll qu’il feroit Pape, attirer la guerre à Na-plcsamp; en Sicile,ils fe fuflent ruinez en celle connbsp;quelle, ou venans à bout de leur entreprife (cn-quoy la France euft moins perdu qu’à les tenirnbsp;en fes brasjils s’attachoyent pour toute leur vienbsp;vn cordeau au col à garder ce pays nouuellemftnbsp;conquis. Et comme toutes nouuclles Seigneuries font d’elles mefmcs foibles, odieufes amp; debiles , ils rendoyent aux François l’vn amp; l’autrenbsp;Royaume plus rccouurable de leurs foiblesnbsp;inains,que du puifl’ant bras qui les tient de prelent. Neantmoins fous ce prcccxtc,lc Cardinalnbsp;grippoit à toutes relies, rellcmct qu’à celle occanbsp;fiô amp; autres fcmblablesjceliiy là le louoit à bonnbsp;efcient,qui renuerfa fi bien les Ictres du nom denbsp;Charles de Lorrainc,qu’il trouuî(cc qu’on pounbsp;tioit reprocher à ce reucrend ellre tref-uray)nbsp;Racle' AS i;or de henry.nbsp;Mais nous verrons cela tantollvn peu plus parnbsp;le menu.
En pourfuyuant nolltc propos, apres la perte de tant d’hommes en la iournee de S. Lauret, laprilcdu Conncllableamp; autres finillresacci-dcns,lc Cardinal voyât (ce luy fembloit) la plusnbsp;belle ouucrturc du monde pour auancer fa mai-
-ocr page 68-LA LEGENDE DV fon, defploya lors tout ce qu’il auoit en l’enten-dcment pour exécuter fes deffeins. Le premiernbsp;fut de faire fon freie Roy de fait,tâdis que Henry le feroit. L’autre de lier fi bien fon lierre à lanbsp;pyramide, que l’vn fift finalement tomber l’au-treice fut de moycnner vne double alliance; I v-nedefaniepccMarie StuardRoyne d Elcolfc,nbsp;auec François filsaifné de Henry, amp; l’auttcjdunbsp;Duc de Lorraine fô coulin aiiec madame Claude de France. L’abfencc du Conncftablc,qu’ilnbsp;redoutoitamp;haylloit mcrucilleufement,luyennbsp;acreut du tout la volonté- Q^ant au premiernbsp;poimâjles affaires eftans ainfi brouillées en Picardie,amp; le Royaume defnué de forces, il faloitnbsp;r’appellcr celles quieftoyét en Italie.Cepedantnbsp;le Cardinal prenoit garde que nul n’entrepriftnbsp;la fiirintendance du maniement des affaitcs,s’atnbsp;tendant (puis que le Connefiablc eftoit arrefté)nbsp;delà mettre entre les mains du Duc de Guilènbsp;fon frcre,fi tofl qu’il feroit de retour ; lequel a-uoit efté en mcfmcfcmpsrcpoufc de deuât Ci-uitelle,de forte que ce mandement luy vint biennbsp;à propos: amp; luyfutenuoyél’efcuycr Scipiôafinnbsp;de le faire haftet amp;¦ amener fes forces auec luy.nbsp;Eftant arriuc, le Cardinal le fit incontinent en-uoyer à Compiegne, pour drefler le c.împ,où lenbsp;Roy eftant allé apres, dcclairaen prefence denbsp;touslesChcualiersde l’ordre amp; Capitaines denbsp;fon armee, que le Duc de Guife eftoit venu ànbsp;poinéfpourla conferuation de fon Royaume,nbsp;amp; fut rais en auant de le faire Viceroy en Fran-ce:raais
-ocr page 69-CARDINAL DE LOR. zy cc : mais d’autant que ce tiltrc fut trouué nou-Ucaujil fut commande de luy expedier Ictrcs denbsp;Lieutenant general du Roy en tous les pays denbsp;fon obciirancc; lefquellcs furent drcfl’ecs par dunbsp;Thiet fccrctaire des cômandemens,cn telle forme que le Cardinal voulut, amp; depuis reccues amp;nbsp;Verihees par la Cour de Parlement de Paris , amp;nbsp;autres Parlemens du Royaume, les Princes dunbsp;fag lailfez en arriéré aucc vn manifefte mefpris:nbsp;comme aufil apres la prinfc de Calais, ils firentnbsp;préférer le Duc de Nemours au Prince de Gonnbsp;dé, en la charge de la Caualcric legere, amp; quelque an apres le Marefchalde Brillacau mefmenbsp;Prince au gouuerncmcnt de Picardie. Le Ducnbsp;de Cùifc ayant celle charge, amp; gens à qui commander, enfloit à veuê d’oeil , amp;le Cardinalnbsp;iouoit cependant de la harpe, endormât le Roynbsp;Hêry(parmy telles tempencs) au giron de cellenbsp;vilaine Scnefchalc. Neantmoins Henry qui ai-moit ardemment fon compere le Conneftable,quot;nbsp;amp; d’autre part, n’auoit pas les yeux tellement apnbsp;pefa'ntis de fommcil,quc par fois il ne les defer-en les ouurant n’apperceuft ceux de Guinbsp;fe s’auan'cer par ttop,cômcnça de s’offenfer connbsp;tre eux, amp; ne fe peut tenir de defeharger deflorsnbsp;Vue partie de ce qu’il en penfa plus amplementnbsp;depuis, car il s’exeufa enuers fon compere (ainfinbsp;’ppelloit-illc Conncftablc)kiy mandant par le-ites fecrettes, qu’il auoit clic contraint défairenbsp;le Duc de Guife fon licutcnanr,amp; le mariage dunbsp;Dauphin,auec pluficurs autres chofes contre fanbsp;d-iii.
-ocr page 70-LA LEGENDE DV volonté:maisque letcps luy en feroit la raifon.nbsp;Mitr 'tAnbsp;nbsp;nbsp;Quât à cc mariage du Dauphin,il en va ainfi.
Le Cardinal ne voyantperfonne en Courqui Dan- luy peuft contredire, eftant fon frere fur fon re-phtn a- tour d’Italie pour eftre lieutenant du Roy, amp; lenbsp;uec Conneftablc prifonnicr, il commença à mettrenbsp;Marte en termes le mariage de fa niepee la Roy ne d’E-Sittard feofl'e. Pourparueniràcela,ilmettoitcnau3ncnbsp;jÇojwf quele Roy verroit aufiibien de fon viuant fonnbsp;d'Efcef Ills couróné que l’Empereur Charles auoit veunbsp;fe,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de fon viuant veu courôner le Roy Philippe Ibn
fils Roy d’Angleterre: failat ledit Cardinal pref fer l’affaire par les Efiats d’Efcolfe follicitcz parnbsp;le Sieur d’Oifel,qui manioit en ce pays-là les affaires de4a Roync douairière. Et pour faire connbsp;defeendre la Royne à ce mariage,laquelle auoitnbsp;toufiours dit, qu’il n’y auoitrien prefle, puisnbsp;que les deux perfonnes cftoyent en la main dunbsp;Roy, amp; que le Dauphin fon fils eftoit encoresnbsp;bien ieunc amp; mal fain.-lc Cardinal commença ànbsp;fedeclarer contrôla Ducheffe de Valentinois,nbsp;amp;lablafmcrentoutce qu’il pouuoit, commenbsp;ayant à defdain la mémoire de fon alliance, Sine fe fouueuant plu$(ou faignant l’auoir oublié)nbsp;que c’eftoit l’cfchcllc par laquelle luy amp; fes frères cftoyent montez fi haut. Cela fiifoit-il,cfti-mant que c’eftoit le moyen degaigner Iccccurnbsp;delà Royne, laquellehayflbit extrêmementce-fte Ducheffeamp; non fans caufe,comme chafeunnbsp;fcet : de fait, ceft expedient luy feruir tellementnbsp;pourauancer la bcfongnc,tjucfcpt mois apresnbsp;la prin/è
-ocr page 71-CARDINAL DE LOR. 28 la prinfe du Conneftablc,ce mariage fut accomnbsp;ply, amp; deflors François appelle Roy Dauphin,nbsp;amp; meflieurs de Guife par confequent oncles dunbsp;Roy.
La prinfe de Calais, dont l’entreprinfeauoit Prinfe cftc proiettce par le Conneftable, l’A mirai amp; de Ca-Ic Sieur de Senarpont,augmenta le dcfpit que le lais eg-Roy Henry auoit conccu en fon cœur contre le ment.nbsp;Duc de Guife. Ayant entendu plufieurs fois lanbsp;facilité d éxecuter l’entrcprife, il y voulut allernbsp;en petfonnc:mais le Cardinal voulant defrobernbsp;pour fa maifon le cœur des François en fit de-ftournerlc Roy, amp; donner la charge au Duc denbsp;Guife, qui neantmoins en fit celle difficulté, tenant l’execution pour impofliblc,qu’il vinftiuf-ques à proteftcr(tant il cftoit hardyjquc ce qu’ilnbsp;enfaifoit, n’eftoit que pour obeyr au tref expres cómandement du Roy, qui ne celfoit d’in-fiftcrau contraire, amp; dire qu’en cela n’y auoitnbsp;difficulié quelconque. Aulfi voyant qu’on ennbsp;chantoit les louanges du Duc de Guife par toutnbsp;le Royaume,il nefe peut contenir de dire qu’onnbsp;luy auoit rauy vn honneur qui à luy fculappar-tenoit.
Au rcfic, fous Icschofcs qui aiioycnc la plus La pat.n belle apparence au dehors , le Cardinal cachoit fatte 4.nbsp;toufioursdes defleins cftrangcs pour agrandir uec lenbsp;fa maifijn par la ruine de France. Il nourrit les Ro^nbsp;guerres de Picardie amp; Italie, rompt les trcfucs. d’Efpanbsp;gouuerne toutauec fonhere, pourfatishiircàgne.nbsp;fon ambition, amp; fe faire le chemin pour palTcinbsp;d.iiii.
-ocr page 72-LA legende DV plus outre: mais cela ne fufHfoit. Il faut doncnbsp;tenter quelques autres moyens. Là delTus, la Dunbsp;chefle de Lorraine mit en auant le propos de lanbsp;paixauec le Roy Philippes : ce que le Cardinalnbsp;prenant à fon auantage, comme nous verronsnbsp;tantoft, fe fait donner la charge d’aller t rouucrnbsp;cefte damc,afîn de defcouurir quelque nouucaunbsp;moyen,qui futtel.T Eucfquc d’Arras,maintenâtnbsp;appelé le Cardinal Granuellc, s'eftant trouucnbsp;comme depute du Roy d’Efpagneen celle en-treueuë, dit entre autres chofes, que le Royaume de Frîcc cfloit infeâé de Luthériens, amp; mefnbsp;mes de grans Seigneurs,entre lefquels fut nom •nbsp;me le Sieur d’Andelot, iladiouftaqu’ily auoicnbsp;des Princes auffi,qui parce moyen elpioyentlanbsp;Couronne, à laquelle ils p'ourroyent aile mentnbsp;attaindre à l’aide amp; fàueur des Protellans, cornnbsp;me il auoit nagueres defcouucrt. Ce propos nenbsp;tomba en terre : mais le Cardinal délirant dref-fer lors quelque pratiquc,defcouurit à Granuelnbsp;Je ce qu’il fauoit de quelques offres faites aunbsp;Roy Henry par les P rinces protellans,amp; des allées amp; venues fur ce faites entre le Roy de Na-uarre amp; eux. Or mettoit-il cela en auant pournbsp;ouir l’autre, St fachan t que li on ne trouuoit oc-calionde remuer raefmage en France mcfmes,nbsp;fesdeffeins fe romproyct,amp; fa mai fon irait parnbsp;terre. Grâuelle d’autre partjConfîderant de quelnbsp;le importance, pour les affaires de fon maiftre,nbsp;eftoit la rupture de cefte intelligence auec lesnbsp;Proteftans, pofe ce fondement de la paix auecnbsp;le Car.
-ocr page 73-CARDINAL DE LOR. 29 le Cardinal de Lorraine, que leurs maiflrese-lloyent fi forts cous deux,que fi l’vn ruinoit l’annbsp;trequelque tiers auroit bon marche du victorieux,que partant il faloit necefl'airement les acnbsp;Corder, de forte qu’auec toutes leurs forces, ilsnbsp;cournflent fur ces Euâgelîques,pourfcrccomrnbsp;penfer de leurs pertes,ftifans prcmicrcmêt mounbsp;rir ceux qui feroyent fous l’obeyflance de cesnbsp;deux Roys, fans efpargner perfonne. Le Cardinal péloit là delTus, que les Princes amp; Seigneursnbsp;de France, chargez d’eflre Luthériens, eftansnbsp;morts, le Roy amp; le Royaume feroit d’autant a-flt;)ibly,pour l’auoir en fa maifon, à meilleur conte. Cependât, les côfifcations lèruiroyent pournbsp;gaignef les feruitcurs amp; amis.Mais ce qui luy fitnbsp;embrafler ceft affaire de plus grand courage,fûtnbsp;que G ranuelle luy dit,qu’il ne cognoiflbit Chevalier ny Capitaine au monde tât honoré amp; re-fpeClé,ny plus digne de cefte charge que le Ducnbsp;deGuife. Caralorsil commençai aualerdesnbsp;pays amp; Royaumes tous Entiers par vncfottce-fperance, fc perfuadât de faire fon coup aucc lenbsp;plus beau prétexte du monde, afauoir le zele denbsp;1» religion. Mais tout ccla,eftoit la ruine de Hcnnbsp;*¦ƒ,amp;del’eftatde luyamp;dcfcs fucccffcurs. Carnbsp;depuis que le Cardinal eut plante ceft axiomenbsp;Su cœur de nos Roys qu’il faloit forcer les con-fcicnces,nc tenir la foy aux Hérétiques,a ce pasnbsp;cfté le moyen de faire deux terribles coup.s. L’vnnbsp;d’attirer à foy les grans Seigneurs Catholiques,nbsp;fpccialemcnc le Conneffablc, amp; autres bien a£-
-ocr page 74-LA LEGENDE DV feiâionncz à la F rance, afin de luy eftre commenbsp;' bourreaux pour fe coiippcr bras amp; iâbcs en per-fecutant leurs côciroyens.L’autre de faire mounbsp;rir les Princes,plufieurs gras Seigneurs,vn nombre inliny de noblelic amp; de bons François, quinbsp;rendoyent la Couronne imprenable amp; redoutable à tous fes ennemis.Mais fous ces deux coupsnbsp;font cachées tant dcrufcsamp; pratiques qu’il cilnbsp;impolfibledc les reciter toutes, nous en mettrons en auant quelques vnes,pour faire que lesnbsp;lecteurs fe remettent les autres deuant les yeux,nbsp;amp; fe fouuienent que depuis que le Cardinal eutnbsp;trouuc celle ouucrture,iamais Henry ny fes fucnbsp;cclleurs n’ont eu repos,pour auoir creu vn fi pernbsp;nicieux confeil, qui a elle la ruine auffi du Cardinal amp; de la plufpart des fiens,amp; qui infallible-ment accablera fa maifon:Dieu iulleiuge voulant qu’en la fofl’e que cauent les mefehans, euxnbsp;mefmcs tombent les premiers, amp; qu’ils foyentnbsp;atrrappez au piege par eux tendu, amp; ellrangleznbsp;du cordeau qu’ils auoycnt file* pour les autres.
Pour conclufion, la paix fut faite, au grand defauantage de la Francetmais le Cardinal ne fenbsp;foucioit à quel pris ce full,pourucu que cela fernbsp;uillùfon proieiâ. Le premier article portoit,nbsp;que les Roys procureroyent de faire tenir vnnbsp;Concilegcncral pour all'oppir les hcrcfies,c’eftnbsp;adiré, apres que le Pape amp; les liensauroyentnbsp;fait la conclufion,on courroit fus de tous colleznbsp;aux Luthériens: en quoy le Duc deGuifeferoitnbsp;des premiers employez. Qu^a^t^ux autres articles,
-ocr page 75-CARDINAL DE LOR. 5® des,plusieurs one aflemé que le Cardinal eftoitnbsp;fi bô fcruitcur du Roy d’Eïpagnc,quc pluheursnbsp;pafierent en fa faueur,fans peu ou point de refi-ftance.Etcombienquclc Conncfiableä: le Manbsp;refclial de S. André luy fulTent donnez pour ad-ioinâs, fieft ce que luy amp; Granuclle procurèrent bien fort le profit de l’Elpagnol. Quant aunbsp;Conncftablc, encores qu’il appcrccuftletortnbsp;qu’on faifoit à fon maiftre, amp; defcouurift aucunement le but du Cardinal, toutesfois pour lenbsp;defir qu’il auoit de rcuenir en France,pour reprinbsp;nicr,par le crédit qu’il auoit enuers Henry,fananbsp;Ution defdits de Guife qu’il voyoit prendre vnnbsp;trop haut vol,amp; dont les cffeéls s’eltoycnt dc-nronftrez en la pratique du mariage de leurnbsp;•tiepec, amp; craignant que ce feu ne s’embrafaft,nbsp;tcllemét qu’en fin Ion n’y peu fi remédier,fc kiff’ aller en cefte negotiation. Le Marcfchal denbsp;S. André n’eftoit pas homme qui s’ofaft oppo-ftr au Cardinahcar cftât paruenu en hôneur parnbsp;les moyens que chaf unfcait, il ne faut trouuernbsp;^ftrange s’il auoit l’efprit feruile amp; le cœur bas.nbsp;^r combien que le Cardinal n’ignoraft point lanbsp;grande affeétion queJe Roy portoit àlbn compere le Conncftablc, amp; que ce feroit le plus fc-tretconfeiller, fi toll qu’il feroit en France, nc-’ntmoinseftimant cefte paix le plus brief chc-jnin de la courlc de fes penfees, il en pourfuyuitnbsp;1’publication.
En ce temps,ceux de la Religion fiiuorifez de plufieurs grans Seigneurs amp; iuges de ce Roy au- ledu
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Car^- me, commençoyentàleucrlateftc. Le Carding/ ce»* nal empoigne incontinent c^fte occaiion, pour rrrrrax acheminer fes dcHeins. Sa deliberatiô fut d’intinbsp;/ie tanbsp;nbsp;nbsp;inider les luges équitables,defcouuiir les mieux
Rebgto. affedionncz, ou pour en triompher en les def-tournant de leur confiance, ou en les extermi' naht,mettre de ces creatures en leur place pournbsp;gouuerncr puis apresà fon plailîr, amp; defcouuiirnbsp;tout par leur moyen. PalTant plus outre, il voitnbsp;que ceux de la Religion la quitterôt ou là niain-ucndront.S’ils la quittent,ce fera pour les afler-uiramp; efcorcher plus àloifir. S’ils la mainticnét,'nbsp;ce fera fous lataucur des grans,lefquels par connbsp;fequent feroyenc reculez de la Cour amp; de toutes aftaircs. Luy donc amp; fes forces en auroyentnbsp;tel maniemcnt,qu’cn fin nul ne leur oferoit connbsp;tredire. Outreplus,ils’aflcuroitd’irriicr tellement le Roy Henry à l’encontre des plus gransnbsp;mefmcs.que la placedemeurtroit vuidcà luy amp;nbsp;à fes freres de Guife. Et penfoit que c’eftoit lànbsp;vn fort honnefte moyen pouf donner croc ennbsp;iambeau Conneftablc,d’autant que fes neueuxnbsp;deChaAillon eftans arrachez de luyàcaufedcnbsp;la Religio, amp; le Ro/dé Nauarre amp; lePrincc denbsp;Le Car- Condé auffi,il ne feroit pas fi fort.
dinal Là delTus, il rue vn de fes plus grans coup» i'attA- contrôla Gourde Parlement de Paris, s’adref-che au fant en premier lieu au Prefident Seguier,qui c-Parle- lloit allé en Cour pour impetrer le payemet denbsp;ment de quelques gaiges deus à luy amp; à fes compagnons.nbsp;Paris. Car ayant fait fa harangue au Roy, le Cardinalnbsp;s’auanec
-ocr page 77-CARDINAL DE LOR. 3t s’auancc amp; dit,Ie croy qu’on ne veut empefehernbsp;Vos gages, pouriieu que vous vous portiez fidèlement: amp; apres aiioir fiercroét reproche à toutnbsp;le corps du Parlement,leur côniuence en la connbsp;feôtiondcsprocezdeccux de la Religion,les fitnbsp;tancer par le Roy,amp; commander d’alfembler lanbsp;Mercuriale , qui cftoit le file pour attrapper lesnbsp;plus hardis. Et de fait, ayant défia beaucoup denbsp;feruitcurs en ce Parlement, à leur rapport il enflamma tellement le Roy, qu'il voulut s’y trou-Ueren perfonne, amp; apres auoirouy difeourirnbsp;chafeun à fon tour, fit emprifonner du Bourg amp;nbsp;’utresGonCctllicrs.Ainfi s’attacha le Cardinalnbsp;Ma plus belle perle de la Couronne de Henry,nbsp;en faifant(fous ce beau prétexte de Rcligiôjquenbsp;lï plus notable compagnie qu’on fauroit voir,nbsp;le foit peu à pcu(pour la plus part)conuertis ennbsp;Vne troupe d’efclaues, qui n’ont rien d’honno-table que la robbe amp; l’apparence exterieure. Etnbsp;entre tous les maux que le Cardinal a faitàlanbsp;f rance,ccfiuy-cy en cft l’vn des principaux.
Auffi, Dieu iuftement irrite contre les con-lufions qui commençoyent lors à prendre pied, Ipecialemct rAtheifme,la Magic, I’iniufticcjcsnbsp;Pflllardifes amp; infametez abominables,commennbsp;Çî à exécuter des iugemcs.dcfqucls ceux de Guinbsp;lefc feruirent pour brouiller d’auantageles af-lâires. Ce fut la mort foudainc de Henry, lequelnbsp;eftoit des renans à courir la lance auec le Ducnbsp;fle Guifc,qui l’imita à ce coup,duquel il fut biefnbsp;1« à mort.
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Depor- nbsp;nbsp;Nous auons vcu comment par les guerres de
temens Picardie amp; Italie,ceux de Guife affoiblirent l’c-tie ceux flat du Roy Henry. Voyons maintenant quelle Gui- ques vns de leurs deportemens enuers la perfon fe en- ne de ce Prince, tât en fa vie comme en là mort.nbsp;uerslet Ce Prince eftoit d’vn naturel pailible amp; bénin,nbsp;perfaa- comme chafcunfcair,mals en peu ils chagerentnbsp;ne du merueilleufcmét fon naturel, tellement que s’ilnbsp;Roy euft vefeu plus longuement,la paix aucc le Roynbsp;Htmy, d’Efpagne engendroit de terribles tragœdiesnbsp;dans le Royaume. A uant qu’il fuftRoy,lc Cardinal luy auoit efié donné pour GouuCrncur,nbsp;maisilnefcruit qu’aie corrompre amp; garter, lu/nbsp;feruant de Marquereau amp; feruitcur d’amour.nbsp;Les pierres,cabinets amp; tapifleries de l’hoftel denbsp;Reims (oùinfinies paillardifcs fefont commi-fes)cn parlent encor. Et ne fc contentans de tenir près de luy la Duchefle de Valcntinois au«nbsp;grand dcfpit de la Roync,dcsbauclioyét par autres petis fcruitcurs les dames amp; damoifclles denbsp;tous coftcz,afin que par fi mal- heureux moyensnbsp;il gaignaflent lafaucurdcce Prince en ruinantnbsp;fon ame.Nous ne parlerons point de l’ord amp; Talc adultere qu’ils luy firent commettre àfon retour de Piedmont, luy eftât encores Dauphin,nbsp;ny de ce qu’ils luy ont comme amené celles quinbsp;leur touenoyet de plus pres pour en faire à fonnbsp;plaifir.-c’cft à dire, fc polluer de façons eftrîges.nbsp;Quantle Cardinal fedefpitant contre le Ducnbsp;de Guifefon frere a dit maintesfois, que iamaisnbsp;Cocu ne chanta belle chanlbn, que Ion eftimenbsp;à qui
-ocr page 79-CARDINAL DE LOR. jz a qui il regardoit. Peut cftre que Hêry auoit desnbsp;Compagnons gt; mais c’clloit le premier perdu ennbsp;ces ordures par fentremife de ccux-cy. De lànbsp;vint que pour le ruiner du tout amp; de corps amp; d’anbsp;me, toit apres Ion auenement à la Couronne,nbsp;furent par eux introduits mille moyens d’entrenbsp;tenir ce Prince en lafciuetez, amp; en le deltournâtnbsp;de Dieu, mettre tout en troubles par fucccllionnbsp;de temps pour pefeher mieux à leur aifc.Mais ilnbsp;cri faut conliderer quelques particiilaritez. Lanbsp;Roync Catherine de Medicis demeura Iterilcnbsp;quelques anneçs, dont le Roy Henry citant encores Dauphiâclloitfortdclplaifant. Cesmef-fieurs cy là dcülus, apres leur auoir mis en mainnbsp;leur Scncfchale, tafehoyent à faire que Henrynbsp;fcnuoyaft lalctnme en Italie. Lt vne fois ànbsp;RüÜillon fur le Rofne, ils en lindrent vii grandnbsp;parlement, délibérez de faire r’enuoycr celtenbsp;Roync, qui fut bien aydcc parle Cardinal denbsp;Challillon depuis en ce mcfmc fait. Alors fai-foit-elicdcla Chrclticnnc, ayant la Bible fou-üêtcsfois fur fa table,y lifantÔe faifantlire.D’aunbsp;^fepart citant auenu que par le commandementnbsp;‘lugrand Roy François,trente Pfeaumes de Danbsp;furent traduits par Marot,amp;mis en mufiq lenbsp;Pardiuers mulîcicns:carlcRoyamp; l’Empercurnbsp;Charles le Quit priferent celte tranllationparnbsp;pHolcs amp; prefents. Mais fi perfonne les aima amp;nbsp;! ^mbralTa eltroitement amp; ordinairement pournbsp;les chanter amp; faire châter, c’eltoit ce iciinc Prinnbsp;ce Henry lors Dauphin, de manière que les bôs
-ocr page 80-LA LEGENDE DV en beniflbyent Dieu, amp; fes mignons amp; la Scne-fcliale mefmcs faignoycnt les aimer, A luy di-foycnt, Monfieur,ccftiiy-cy ne fera il pas mien?nbsp;vous me dôncrcz ccftuy là,s’il vous pbit. Lorsnbsp;il eftoic bien cmpefêhé à leur en donner à fa fannbsp;tafic amp; à la leur. Toutcsfois il retint pour luy lenbsp;128. Bien heureux cft quiconqucs (crt à Dieu vonbsp;lontiers. fit luy-mefme vn chant à ce Pfeaumc,nbsp;lequel chant elloit fort bon amp; plaifant amp; biennbsp;propre aux paroles. Le chantoit amp; faifoit chanter fi fouuent qu’il môftroic auoir vn grand défit d’efire bénit en lignée,ainlî que la delcriptiônbsp;cftfaite encc Pfeaume. Quelque temps apres,nbsp;la Dauphinecommeça à auoir des enfans : maisnbsp;Henry au heu de rccognoiftrc vn tel bien,fc laifnbsp;fa aller apres fes ordures aucc celle vilaine Sr-nefchilc,amp; fit pis que deuantitellcmcc aufli quenbsp;celle bencdidion lut ( à peu que ie ne die) con-uertie en vnc horrible malcdiétio.n. A quoy lenbsp;Cardinal de Lorraine fut vn inllrumécfort pronbsp;pre. Car voyant que Henry prenoit plaifir à cesnbsp;faincls Câtiqucs, Icfqucls fortifient la challetc,nbsp;amp; font ennemis capitaux de toute ordure: quenbsp;par fucceffiô de temps il aimeroit mieux fa femme,amp; r’enuoyeroit fa putain,amp; par confequent,nbsp;le crédit de mclïîeursde Guife, fonde furvnfinbsp;falc appuy, s’en iroit bas. commença premièrement à blafonner la tranflation, amp; finalemét lesnbsp;Pfeaumes mefmcs ,fubrogeant au lieu les versnbsp;lafeifs d’Horace , amp; les folles chanfons amp; aquot;nbsp;mours exécrables des Poètes François qu’il mitnbsp;en cre-
-ocr page 81-CARDINAL DE LOR. 3; en credit. Alors Ronfard, IodelIe,Baif amp; autresnbsp;villains poètes commencèrent à entrer en crédit.- amp; Dieu aufli ne voulât pas que fon nom de-incurall plus long temps amli prophane, retiranbsp;les louanges pour les mettre en la bouche desnbsp;petits.Les Plcaumes amp; Marot furet banis.Tounbsp;tesfotes de vilaines clianfons amp; lafciuc mufi-lt;juc vint en auant,par rentremife principale dunbsp;Cardinal,Mecenas de ces vilains brouillons. Etnbsp;pour acheuer la befongne,apres auoit fait öfternbsp;par la Senefchalc au Roy toute fainte mufique,nbsp;ofté à la Royncfon confefleur ßotciller, quinbsp;pour lors prefehoit puremet, il bailla à Hery vnnbsp;lien dodeur Sorbonifte,homme ignorât S* me-fehant iufques au bouc,amp; par ce moyen luy arranbsp;chaducceurce peu de femcnccde pieté qui ynbsp;pouuoit eftrc. Depuis ils le firent compaignonsnbsp;de Henry,amp; fpecialcmcnt eftant Roy, voire ennbsp;plus de fortes que rhôncftetc melines ne le permet. Et de remuer icy telles ordures, ce feroitnbsp;trop ennuyer les Icéfcurs. Que ceux qui fc fou-uicnent du temps efeheu depuis l’an i f o. iufques à la mort, fc propofent aucc moy deuât lesnbsp;yeux les niefchans tours que ceux de Guifeontnbsp;fait à ce pourc Prince, ruinans fon ame,cntrctc-nans l’adultcrc en fon fcin,fc portans fi indignement en fa mailon que ie voudroy n’en auoir ia-maisoiiy parler : amp; les tableaux quicnonteftenbsp;faits, amp; prefentezau Cardinal mcfines, fes contenances amp; façons défaire l’ont monftrcfuffi-fammét. Q^l bien ont-ils fait à la Roync?maisnbsp;c.i.
-ocr page 82-LA LEÇENDE DV quel mal ne luy ont ils fait ? Henry hifla quatrenbsp;fiisviuans. Comment iraircrenr-ils François?nbsp;Nous le verrons maintcnant.Dc quelles confunbsp;fions auons nous elle agitez par leur moyc fousnbsp;le regne de Charles. Si le Cardinal viuoit,comment euft-il manie Henry troifiefme par le monbsp;yen de la Roync Louyfe de Lorrainc?A il aimenbsp;le Duc d’Alençon?au cotrairc, il lu y ofta au depart du Roy de Pologne,la lieutenance, pour lanbsp;faite aflîgner à fon neueu le Duc de Lorraine»nbsp;amp; gouuerncr fous ce prétexté encor plus auda-cieufement que iamais. Mais ces torts demandent vn plus exaâc difcours que nous verrons,nbsp;Ainfi doncjs’cftans mocquez d’Héi y amp; de tousnbsp;les fiens, ils ont emply fa maifon d’ordure, fonnbsp;Royaume de troubles, ruine les grans, accablénbsp;les petis,amp; mis les chofes en telle confufion,qiiCnbsp;fclô les homes il n’y aefpcrâce que le Royaumenbsp;puifl'c cftcc reftauré amp;Jr’amcné à quelque petitenbsp;partie de fon ancienne fplcndeur. Des le viuantnbsp;de ce Prince aufii commencèrent auffià marquer fes feruiteurs qui leur defplaifoyct, faifansnbsp;efearter les vn5,mettans les autres en mauuaifenbsp;gracejoftansd’alentour du Roy fes bons côfcil-1ers, y inrroduifans leurs mignons amp; efclaues,nbsp;par le moyen dcfquelscc Prince eftoit perfua-dc.que mefiieurs de Cuife eftoyent fes plus fidenbsp;les feruiteurs,femans les diuifions entre les Priunbsp;ces amp; grans Seigneurs,pour en attirer les vns denbsp;leur code amp; ruiner les autres tant plus aifémentnbsp;puis apres. Toutes les particularitez fc verrontnbsp;en leur
-ocr page 83-CARDINAL.DE LOR. J4 cn leur ordre cy apres, où ces torts fc cognoj-ftronc clairement. Pour celle heure, nous dirósnbsp;ce mot,qui fera approuué de tous vrais Frâçois,nbsp;qu’en fl peu de temps que Henry à vefeu, il leurnbsp;a fait plus de biens que nul autre Roy precedetnbsp;ne fit onques, par tout vn fiecle à tous fes Icrui-tcurs cnfembleûl a plus foufterr, côportc amp; endure d’ennuy, de fafchcrics, de mauuais deuoir,nbsp;de pertes St dommages d’eux, que maifire, amynbsp;ne pere n’endura one de feruiteurs,comp3gnôsnbsp;ny enfans. Car outre ce que de fon viuant, ilsnbsp;luy ont tourne le dos vne infinite de fois, amp; faitnbsp;périr fon corps amp; fon ame,entant qu’en cuxac-ftcjils ont fouillé fa maifon,gaftc les enfans,ruiné fon peuple, en fa mort ils ont bien monftrénbsp;comment ils l’auoyent refpeâé en toute fa vie.nbsp;Nous auons veu cy deuant que leur aifnc Tentâtnbsp;la mort du grand Roy François s’approcher, fenbsp;tnoquoit de luy, amp; l’appelloit galant. Eux tousnbsp;n’en ont moins dit, amp; tnonflrcrcnt beaucoupnbsp;plus de fignes defiouifiance amp; de leur mefehantnbsp;cesur en la mort d’Henry, leur plus grand amy,nbsp;leur Seigneur amp; bienfaiteur.Qncl fpeâaclc fut-ce aux François plcurans la mort tant inopinéenbsp;de leur Prince,de voir le Duc de Guifcamp; le Carnbsp;dinal de Lorraine à l’heure mcfme de celle mortnbsp;enleuer à face riante leur ieunc Roy amp; ncueu,amp;nbsp;letranfportcrdcs Tournclles au Louurc.Quel*nbsp;qu’vn aulfi alors ne dit pas trop hors de proposnbsp;que ce iour-làfc deuoit appeller la veille de lanbsp;felle des trois Roys. Car il n’y auoit perfonnenbsp;c.ii.
-ocr page 84-LA LEGENDE DV quîvoyât CCS meflîcursauflî àchcual,neiugcaftnbsp;que la hrance auroitvnKoy heritier, Kuydenbsp;nom IculeniéïK, Si deux Roys de Lorraine parnbsp;effect,ou plufîôli deux fins »Se cruels tyrâs.com-hie ils fc firent bien cognoiffre tels depuis. Aunbsp;reffe, c’efffeff at des gräs Chambellans d’auoirnbsp;foucy du corps mort d’vu Roy luff^ues àeequ’ilnbsp;foit en terre. Le Duc de Uuife l’cffoit, amp;• auccnbsp;violence auoit arraché ceff eftatàla m,.inondenbsp;Longucutlle. Qui empelchoit ce Duc amp; fou frenbsp;te le Cardinal,qtii auoyeiit vn Roy à leur deuo-lion, amp;, s’il faut ainff parler, à leur commande-hientjde faire Ictii dcunirjA: non pas fur l’heurenbsp;mcfniC l’abandonner comme vne charonguc?nbsp;que peut-on dire d’eux d’auoir ainff hotjtcufc-met deffourné leur vifage du corps de leur Roynbsp;amp; SeigncurPJ’ayaiïs laihé fans loin amp; fority de fanbsp;garde amp; fcpulturc, pour Inquellc le Côneffablcnbsp;amp; le reffe des bons £2 fideles feriiiteui s demeu-rerent.Encores J s’i Is i u dent a tted u que le corpsnbsp;euftefférefroidy amp; alïeuremcnt mott,ou pournbsp;le moins s’ils Cuflcnt fait quelque contenance denbsp;regret.Mais peut effte ceffe inhumanité procéda dccc qu’ils entendirent que le Roy Henrynbsp;auoit arreffe de les chader apres les feffes amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;!
tournois: oupluffoft leur ambition ne permit pas qu’ils attendiffentpius long temps à defeounbsp;urir ce qu’ils maebinoyent en leurs cœurs, alfa- ,nbsp;Uoir de régner fous le nom de leur ncueu Fran- |nbsp;çois fécond, en attendant l’occafion de paffernbsp;P lus outre.
Mais
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Mais à l’auciiturc fc font-ils mieux portez à Cotnent Vendroit de François t amp; poutroycnc lors auoir^//yênbsp;ü bien fait, que les fautes precedences mérite fontpornbsp;royent d’eftre couuertcs. Voyons li amli tlKCe tezaCenbsp;iciinc Prince aagé de lô. ans pour le plus, n. re droit denbsp;gna pas dixfcpc mois entiers. Mais on pe-iic dire rr^ço«nbsp;lans mét jr, que iamais Roy urne en l’cipjce de i,nbsp;ly.ans ne fut esbranic de la (orte que nollrepo-urcFrance, le tout par l’ambition de ceuxey*nbsp;Et puys affermer.que 11 pour le mfte challimétnbsp;dcnospcchez, Dieu euft encor allongé de 17.nbsp;autres mots le regne de Frai’çois fécond, la mainbsp;fonde Valois per.ioit la Couronne tout quitte^nbsp;8c la NoblelTeFrançoifefepouuoit prépareranbsp;la mort ou à des indig itez ellrâgcs. Le. peuplenbsp;la iufticc amp; le Cierge mefmcs ne poiiuoycnt at«nbsp;tendre qu’vnc horrible tyrannie. Et afin que cela fevoycpluscuidemmentjconfiderons corn-menr ils manièrent le Royaume en ceft efpacenbsp;de 17. mois. Premièrement ils rauirent le Roynbsp;des mams des cftats du Royaume ôc des Officiers de la Couronne,rcmmen jns(en la mcfmcnbsp;heure que fon Perc deceda)dans le Louu^ e auecnbsp;fes frères,fa mere îk fafemme.Là ils Icgarderétnbsp;fibien, queperfonne nepoiiuoit approcher denbsp;luy que quelqu’un de ceux de Guife n’y full pre-feiit. Et lors .lufii furent ils .ippekzGai dcsdunbsp;Roy. Chalîcnt le Conncflableamp;plufieurs au-ties, enuoyent les Princes du fang,l’vn porternbsp;l’ordre en Efpagnc.Ôc l’autre pour conduire tninbsp;dame Elizabeth, l’autre en Flâtfres pour la coigt;
-ocr page 86-LA LEGENDE DV firm3tiondelapaix;amp; finalement les traitcréf,nbsp;ftôme nous verrons, quand il fera parle de leursnbsp;deportemensenuers pluficurs Princes du fang.nbsp;Prennent ou pluftoft rauilTent à eux le maniement de toutes les affaires; car les Parlcmens a-yans enuoyc vers le Roy leurs députez,il leur fitnbsp;entcdre.que fes deux oncles le Cardinal de Lornbsp;raine amp; le Duc de Guifeauoycnt la charge entière de tout: amp; commanda que Ion s’adreffaftnbsp;des lors en auât à eux en tout ce qui concernoitnbsp;Jeferuice dcluy amp;defon Royaume: amp; qu’onnbsp;leurobeyft comme à luy mefmcs. Les voila dc-dairez Rois par leur organe: carceieunc Prince, nullement expérimente amp; miferable fpccia-lement pour auoir fi mefehante compagnie, nenbsp;difoit ny ne faifoit que ce qu’ils vouloyent : carnbsp;le Cardinal l’auoit tellement accouftuméà fesnbsp;fignes, qu’à la moindre de fes contenances lenbsp;Roy parloir, marchoit ou fe taifoit : tellementnbsp;qu’aufîi l’appelloit-on l’amc du Roy, car à la venbsp;rite il le faifoit mouuoir amp; tenir telle mine quenbsp;bon luy fembloit.
Ayâs efearté les Princes Si Seigneurs qui leur eftoyent fufpeds, conlîderons comme ils rengenbsp;rent le refte. Quant au Confeil priuc,apres s’e-nreaffeurez du Chancelier Oliuierqu’ils r’ap-pclcrent,amp; qui lors oublia tant Dieu amp; foy-mcfnbsp;mes, qu’il leur donna fa côfciencc,ils y firct entrer ceux de qui ils fè fioyen t. Dés le teps d’Hennbsp;ry, les Parlemcs s’eftoyent r’emplis degens quinbsp;auoyent apporte le plus d’argent de folliciteurs,
-ocr page 87-CARDINAL DE LOR. 37 ôt de fauoris des grans. Ceux de Guife,voyansnbsp;bien qu’il fdoit auoir à leur deuotion ces gens -là,y auoyent fait encrer peu a peu les enfans desnbsp;plus grans vfuriers amp; exaâeurs,amp; autres manienbsp;res de gens qui auoyent corrumpu tout droit dinbsp;uindt humain, vendu parle menu ce qu’ils a*nbsp;Ooyét acheté en gros ou eu pour recôpenlè, de-claire les fcctets de la Cour,contre leur fermée,nbsp;amp;villcnéla indicé en toutes fortes. Pourtantnbsp;fuc-ila.fcàceuxde Guifederenger ces cours ànbsp;leur dcuotion,tenant les vns en bride,amp;rcmplifnbsp;fans les autres de trCf-jgrandes cfperanccs. Cenbsp;qui auoit efté pratique en cell endroit duviuâcnbsp;de Henry , fut encor par eux plus chaudementnbsp;pourfuiuy fous Frâçois fécond,tellemêc qu’auf-fi depuis ils curent vngrandappuydece coflé-là.Ils fc mirent aulhadrcfTerlcsedacsdela mainbsp;fon du Roy, vfurpâs ce qui appartenoit au Co«nbsp;ncftablc.cncórcs grand Maiftre pour lors. Pournbsp;y faire entrer leurs feriiitcurs amp;gcns de coûtanbsp;leur pofte, ils oftent partie des officiers du feunbsp;Roy, qui de tout temps cftoyent continuez denbsp;pcrecn-fils,lcs 13ifl'ent,fous ombre de bon mef-nage, comme auffi ils renuoyent partie des autres en leurs maifons auec demy gages pour pennbsp;fion, combien que l’cftat nouueaudcs officiersnbsp;domeftiques qu’ils eftabliflbyent, cxcedaft denbsp;beaucoup l’autre nôbre.LcsProuioccs du Royaume amp; les villes de frontière furent auffi gar-nies des leurs, amp; ceux qui n’eftoyent à leur grc,nbsp;tenuoyez en leurs maifont : fut mandé à tousnbsp;c.ifiï.
-ocr page 88-LA LEGENDE DV Gouuerncurs, Chefs de guerre amp; des villes d’rt-beyr au Duc de Guife , comme au Roy mcf-nics. Les finances pareillement furent manieesnbsp;par les plus fauoris du Cardinal, amp; furent auct-tis tous les Parltmcns qu’il auoit la fuperinten-dcncedesaft'aircs d’eftar. Pour demeurer fculsnbsp;armez, font défendre tout port d’armes, fpccia-Icmetit les piftolcs amp; bartons à fcu:amp; les longsnbsp;manteaux amp; grofl'cs cholfcs. Le Cardinal fortnbsp;couard de nature, auoit feeu d’vn Necromâticnnbsp;à Rome, qu’il feroit tue d’vn barton à feu parnbsp;l’enuic qu’on luy porteroit, amp; pour les ennemisnbsp;qu’il acquerroit en France, ertant trteué au plusnbsp;haut degré d’honneur.
Le premier trait de leur tyrannie fut de perfe cuter ceux de la Religion en la perfonne de certains Confcilliers du Parlement de Paris,fpccianbsp;lement d’Anne de Bourg.au procez duquel amplement deferit en diuers traitez amp; difcoursjfpcnbsp;cialcmcnt en fhirtoirc de F rançois fécond, depuis Quelques inoiïrctnifc en lumicrcf^Tppârüifnbsp;fent des uuurtices amp; mefchancetez fi vilainnesnbsp;que rien plus, commifi's par les iiiges apporteznbsp;.par le Cardinal. Vn autre trait fut de bander lenbsp;peuple cotre les grâs,par le moyen qui s’enfuit.nbsp;Pour abatte ceux qui leur pouuoyêt faire terte,nbsp;amp; s’acquérir labicnuueillancc du commun, amp;nbsp;rendre leur gouucrncmcnt agréable , ils firentnbsp;drclTcr lettres de rcuocation de toutes alienations faites tant à vies qu a temps, furt pour re-compenfc de feruiccs ou autrement excepte lesnbsp;vendi-
-ocr page 89-C A R DI N AL DE LO R. j8 venditions : dont les deniers auoycnt cflccm«nbsp;ployez aux grans amp; vi gens affaires du Roy, fansnbsp;aucun delguifeincnt, enfcmbic l’appanage desnbsp;filles de France, 8c le dot de la feu Roync Eleo-nor,duquel iouilfoit l’infante de Portugaise rc-fte rcuny au domaine amp; rcccptes ordinaires dunbsp;Roy. Cela efioit pour faire les paffer plus gransnbsp;par leurs maïs,8c fe fiire des fcruitcurs plus quenbsp;iamais, en leur faifât auoir lettres de declaratiônbsp;telles qu’il leur plaifoit. 3. Letroificfrac, futdcnbsp;faire chaffer le Roy de Nauarre premier Princenbsp;du fang, parles plus indignes moyens que Ionnbsp;feauroit, amp; dont il fera parle au difeours du trainbsp;temét par eux fait aux Princes du fang. 4.IIS arnbsp;rächet au Connellablc l’eftat de grand Maiftre,nbsp;pour le Duc de Guife, amp; achetant le Marefclialnbsp;de Briffac par le gouucrhcmct de Picardie,qu’ilsnbsp;iîfcrènFdcs mams de l'Amiral de Chaftillon.nbsp;J. Pour fe renforçer contrcTcs apparcil?quc Ionnbsp;dreffoit contre leur tyrannie, font dixhuiâ Chcnbsp;ttalîcrs de l’ordre tout d’vnc voice, amp; d’vne matnbsp;que de chcualerîe bien cfp rouucc amp; fans reproche font vn colier à toutes beftet. lt;S. Voyâs quenbsp;Cela ne fuffifoit,8c qu’auec le têps ily auoit danger que les eftats ne demandaffent leur anciennenbsp;liberté, au moyen dequoy leur tyrannie donne-roit du nez à terre, premièrement ils firent trounbsp;(teile plusmauuais du monde au Roy le bruitnbsp;qui couroit,quc Ion effoit délibéré en ce bas aagt;nbsp;gn du Roy de demander les cftats, 8t ce par di-uerfes rufes, la principale dcfqHcIIcs fut d’inti-
-ocr page 90-LA legende DV mider les plus gras par quelque notable moyen,nbsp;amp; gaigner tellement la Roync mere qu’elle fuftnbsp;riullrumcnt pour ruer ce coup. Ils propofcrentnbsp;dôc à celle femme qui d’ailleurs cftoit tenaillcCnbsp;des fers ardans de fon ambition,que lî les eftatSnbsp;auoyent licu.coinmelcs ennemis dcfagrâdeurnbsp;le deliroyent, on I’cnuoycroit faire des iardins,nbsp;fl elle ne palfoit les monts. Partant liiy confeil-Icnt(commc fes bons feruitcurs) d’y aüifcr. Ornbsp;ne regardoyent ils pas à elle,car fi le Roy François euft fiirucfcu au Roy de Nauane amp;au Prirtnbsp;ce de Condé, qu’ils clloycnt refolusde fairenbsp;mourir peu auant les cftats tenus à Orleans, ilsnbsp;l’cuflentfait dcllogcrplus vificque lcpas,carnbsp;fô efprit amp; naturel leur eftoit fufpcâ à mcrucll-Ics. C’clloitdonc à leur commodité qu'ils vi-foyent. Mais celle femme feignant ne voir riennbsp;en leur finelVesjmonftra qu’elle croyoit tout cela, ÿc pour s’affermir auffi de plus en plus,amp; leurnbsp;louer à eux mefmes quelque bon tour, eferjuîtnbsp;au Roy d’Efpagnc fon gendre, fc plaignant dunbsp;Roy de Nauarre amp; des Princes, corne s’ils euf-fent voulu (par le moyen des cftats) la réduire anbsp;la condition d’vne chambrière. Peu de temps a-pres arriué le paquet d’Efpagne, contenant quenbsp;le Roy Philippcsauoitcntédu.quecertainsmu-tins amp; rebelles s’efForçoyent d’efmouuoir desnbsp;troubles .pourchâger legouuerncmctdu Royaume, qui auoit efié fi fagcmentcftably de bortnbsp;nombre de Confeilicrs, par le feu Roy Henrynbsp;fon bon frère amp; beaupere , amp; comme fi le Roynbsp;fon
-ocr page 91-CARDINAL DE LOR. jÿ fonbeaufrcrc n’eftoit capable de luy-mcfmedenbsp;l’adminiftrcr', amp; en bailler la charge à ceux quinbsp;bon luy fembleroit,fans y interpofer autre con-fentement ny receuoir loy de fes fuie(Ss,ce qu’ilnbsp;ne deuoit aucunement fouffrir. Que de fa partnbsp;il cmployeroit volontiers toutes fes forces ànbsp;maintenir l’authorité de luy amp; de fes miniftrcs,nbsp;voire luy couftcroit fa vie amp; à quarâte mil hommes qu’il tenoit prefts, fi aucun cftoit fi hardynbsp;d’attenter au contraire. Car il luy portoit tellenbsp;aflêétion(difoit-il) qu’il fe declairoit tuteur amp;nbsp;protedeurde luy amp; de fon Royaume, commenbsp;auffi de fes affaires, Icfquelles il n’auoit en moinnbsp;dre recommandation que les ficnncs propres.nbsp;Voila comme l’ennemy hereditaire de la Couronne de France cftoit appelé à la defenfe de lanbsp;tyrânie. Plufieurs ont trouuc telles lettres plainnbsp;nes d’audace merucilleufe, qu’vn Prince eftran-ger ofaft ainfi ouiicrtcinent en prefence de toutnbsp;le Confcil priué (où ces lettres furent leues,amp; ànbsp;la barbe du Roy de Nauarre mefmes ) abolir lanbsp;liberté Françoifc,amp; renuerfer l’authoritédesnbsp;eftats. Maisilauoitefté auerty par ceux de Guinbsp;fe de tout l’cftat des affaires, amp; fi les chofes euf-fent fuccedé comme elles commeçoyent, il euftnbsp;cufapartàlapicccauecles autres. Pour l’hcu-•¦ejGcs lettres de TEfp-ignoI curent autant d’effinbsp;cace que ceux de Guife vouloycnt.-car le Roy denbsp;Nauarre corameçaà les bonneter amp; ccrchcr denbsp;foy mefmes les occafionsde s’en retourner garder fon pays.Mais pour le mieux pourmcncr,la
-ocr page 92-LA LEGENDE DV commiflion luy fut donnée de mener Elizabethnbsp;fceur du Koy,inaricc à l’EfpagnoI:amp;Je Cardinalnbsp;de Bourbon amp; le Prince de Ja RocJie Suryonnbsp;pour adioiivs, afin de la rendre fur la frontièrenbsp;de France amp; d’Efpagnc.
Or voyans que tant plus ils cuidoyent s’auan cer en ruinant l’eftatjplus onuroyenc-iJs la bouche aux vrais François,leur dtfltin fut de fc fortifier en gaignanr de nouucau les ParleiTiens,lcsnbsp;EccJcfialliqucs amp; les gens deguerre. L’auanec-ment de la Reüg ô l’accroilkmcc de ceux qui'nbsp;en faifoyent profeffton cfloit vnc belle couuer-ture au Cardinal, pour p-ppirlcs Ecclefiafti-qucs.Quanr aux ParJcmcns,pourautât que plu-fieiirs qui y font pourutus font entres par la fe*nbsp;neftre, eftans’fan» aucune confcience, il ne lesnbsp;falutgucres prelfcrpour fc rendre cfclaucs denbsp;ceux de Guife. Les bôs qui y reftoyét,intimidesnbsp;par les rudes traittemes fais à du Bourg amp; à fesnbsp;compagnons, fc mertoyent la main fiir la bou-che.Quant aux gens deg,'erre,voyans les Princes ne dire mot,amp; le Duc de Guife arme tandisnbsp;que les grans amp; pctis eftoyent en chemife, n’at-tendans autre chofe que l’cfcorchcur, ils fe ran-geoyent du collé des plus forts.Et combien quenbsp;les vnsamp; les autres cognuflent par fullifaiitesnbsp;coniedurcs, que le but auquel tendoit celle mainbsp;fonde Guifeeftoit tout autre que ccluy qu’onnbsp;leur figuroit,fiell ccqu’abrcuuczdcvaineefpcnbsp;rance, amp; pour s’entretenir en vne imaginée pro«nbsp;fperite, comme gens enyurcz chafe un fepteci-
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pit oit CU cc goußrc.
Eitans ainii ceux de Guife eu bonne grace,8c apres auoir ctiongué ceux qui n’eltoyent de leurnbsp;retenue, ils le iciolurenc de pcnfei de plus prèsnbsp;à leurs atfa:rcs,pour telle occalîô Le Roy,Prannbsp;çois venant à cioillrc, commença à donner plusnbsp;de jugement de fon indifpolîcion. Ils l'auoycntnbsp;marié à leur niece Roync d’EIcollc, en luy fai-f int de lî bône beuregoufter les délices du monnbsp;de, amp; dire coifte de lu femme, qu’ils le peulfcntnbsp;manier plus ibupkment. Mais ce Prince mal-fain I amp; qui des Ion cnfaiKc auoit monlb é vnenbsp;tref-dangereufe indifpofition, pour n’iuoir craché ny mouché,lit que quelques liens médecinsnbsp;faits de la main de ceux de Guife les adntitir. ntnbsp;fecrctcteTicnc de pouruoir leurs aftaircs, d’au-tanr que le Roy n’ertoit pas pour la faire lôguc.nbsp;Surcerapport, le Cardinal tenant iaattachcànbsp;fa main la plufpart dlt; s Frâço!s,pour defcoimrirnbsp;Cornent ils eftoyent nffedionncz enuers le Roy,nbsp;dcploroit quelque fois la miltredu tcpsfc l’in-difpofitiô du Roy,qui n’auroir pas peut cftrc(dlnbsp;fuit il ) loifîr de punir le hérétiques, amp; que lesnbsp;chofes pourroyent fe tourner rout autrementnbsp;apres b mortd’iceluy. Ayant rué ce coup,amp; fennbsp;tant plufieurs dcfircr à demy que luy donc pen-fait à quelque flt; rme expediét, pafloir outre, in-fiftant fur la maladie du Roy, laquelle il taxoïtnbsp;malicicufcmcnt de contagion de ladreric;amp; ce ànbsp;double fin, l’vne pour defgoultet les Frâçois denbsp;l’amour naturelle qu’ils portent à leurs Roys,
-ocr page 94-LA LEGENDE DV pour çftre le Roy, cômc ils vouloycnt faire croinbsp;re entaché de telle contagion, amp; par ce moyennbsp;les preparer à nouucau changement ; amp; l’aucrcnbsp;pour rendre tellcmét odieux de la Religion(lef-qucls il pretendoit faire auteurs de ce bruit) en-uers le Roy,que par fon commandement ils fufnbsp;fent du tout cxterminc2gt;afin que cela raclé,ceuxnbsp;de Guife ne trouualTent aucune refiftance.Suy-uât cefte penfec,ils font courir le bruit par ceuxnbsp;de leur faâion que le Roy al loi c à Blois pour (enbsp;faire medecincr à caufe des teintures defonvi-fage, amp; comme quelques vns demandaient quenbsp;fignifioit ce langage , ces efpions difoyent tnnbsp;grâd fccrer à l’oreille,que pour vray le Roy Hcnnbsp;ty eftoit entaché de lèpre, pour laquelle guérirnbsp;illefaloit baigner au fang de bonnombredepenbsp;tisenfans, Üc que défia il yauoit gens commisnbsp;pour aller prendre les plus beaux amp;plus fain*nbsp;quelonpourroit trouuer depuis quatre iufque*nbsp;à fix ans. De fait quelques ruftres fuyuans 1»nbsp;Cour,apofi;c2 par le Cardinal,fe tranfportoyétnbsp;parles bourgadesamp; villages à l’entour delafi'nbsp;uiere deLoyrc s’enquerans du nombre des en-fins, amp; d’autres venoyent apres demandans s’dnbsp;eftoit venu gens pour enregiftrer leur enfiins, amp;nbsp;cju’il fç falloir bien garder deles bailler, d’autâtnbsp;quec’eftoit pour baigner le Roy en leur fang*nbsp;Ces bruits mirct tout ce pays alentour de LdJ'nbsp;re en mcrueilleufe frayeur:amp; le Roy eftant arri-ué à Bloys en feeut les nouuelles qui Je troublèrent grandement amp; fa mere auffi. Mais le Ca^
-ocr page 95-cardinal de lor. 41 dînai en reietta la coulpe fur ceux de la Rcligiô,nbsp;8lt; le perfuada au Roy qui s’en enflamma contrenbsp;eux, d’vne haine qui luy demeura emprainte aunbsp;eceuriufques à la fin de fa vie. Et toutesfois vnnbsp;de ces garnemeqs, quiportoit telles nouucl-les, amp; lous prétexté d’auertir les peres amp; me- «nbsp;ïesdes enfans auoit exige grans fommes de de-•'iers,ayant cfté prins pi es de Loches,conuain-
amp; condamné à eftre décapité,confefl'a.main-'int ôc aflérma iufqu’au dernier foufpir, que le Cardinal luy auoit fait bailler cefte commiflionnbsp;I dtà plufleurs autres aufli. Neantmoinsons’ennbsp;' *ftacha â ceux de la Religion, amp; quoy que cinqnbsp;^'^Riaines ou vn mois auparauant on euft fait vnnbsp;' 'ditaflez rigoureux,le Cardinal fitvnerechar-6®de trois autres ediiâs en Nouembre 1555,.
l’vn dcfquels ces mots eftoyent contenus: gu’és affemblees de iour amp; de nuiô de ceux denbsp;Religion non feulemét Evfage de l’Eghfe Ro-, *^aine eftoit vilainement profané : mais que Ionnbsp;I y^enioit plufieurs propos vilains,infamesamp; in-’^’’ieiix contre fa Maicfte', amp; pour efmouuoir lenbsp;^®^plc à fcdition.Mais cela ne fit qu’aigrir beaucoup de perfonnes qui mefmcs n’efloyent pasnbsp;J,® la Religio,amp; eftimer qu’il y auoir autres chonbsp;® flue la Religion,laquelle en ceft endroificomnbsp;en beaucoup d’autres depuis) ne feruoit quenbsp;ƒ pretexte. Cependant ceux deGuife mirentnbsp;„’’f telle tache fur leur neucu, qu’encor qu’il nenbsp;Iadre,toutesfois depuis ces bruits là,il per-'“tprefque toute fa réputation.
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Sur cela entreuindrent deux accidens qui remuent le Cardinal en nouuelles altérés.L’yn fut que le Prelîdcnc Minard l’vndefcs efclaucsaunbsp;Parlement de Paris fut tué d vn coup de piftole,nbsp;par gens incognns.L’autre fut qu’vn ficn bS fer-» uiter nomme lulian Fermé fut tue alTcz pres denbsp;Chambourg où eftoit le Roy. Ce Ferme alloicnbsp;porter force mémoire à Paris,pour faire proceznbsp;aux plus grâs Princes amp; Seigneurs du Royaume ,nbsp;amp; au très gens notables qui fâuorifoyent à la Renbsp;ligion. Le Cardinal empoignant ces occafions,nbsp;donnevnc recharge de cefte calomnie fufmen-tionncc à ceux de la Religion, amp; par lettres patentes fait encor dcfendi'eplus cftroitcmctquenbsp;!amais,lcpoitdes armestmettât parteis bruitsnbsp;le Roy en l'indignation du peuplcqui n’auoit acnbsp;coullumé de fê voir ainlî fourpcçonné.Ce pen-' dant alfauoir le 23. de Décembre, le Confcillernbsp;du Bourg fut execute «à mort amp; pluficurs autresnbsp;de la Religion en diuers lieux, au grand mefeonnbsp;lentement non fculcmenrdepluhciirs Frâçois,nbsp;mais aufli des Princes effrangers.
Mais cela n’eft comme rien au pris des confu fions amp; mal heurs en qtioy ceux de Giiifccnuc-loppcrét le Roy amp; le Royaume puis apres. Carnbsp;leurs façons de faire ouucrtement tyranniques,nbsp;les menaces dcfquelles on vfoit eiiucrs le.s plusnbsp;grans du Royaume, lereculcmcnt des Princesnbsp;amp; grâs Seigneurs, le mefpris des cftats du Royaume, la corruption des principaux de la iufticcnbsp;rangée à la dcuotiondeccs nouucaux gouuer-neurs,
-ocr page 97-CA RDINAL DE LOR. 41 neurs, les finances du Royaume départies parnbsp;leur commandement , amp;à lt;jui bon leur fern-bloit, comme auffi tous les offices amp; benefices, brief leur gouuernement violent amp; de foy-mcfme illegitime, ayant cfmcu de merueillcufcsnbsp;haines contre eux, taut des grans que des pctis, ,nbsp;amena en avant l’entreprife dont la Renaudiercnbsp;cftoit Chef fous le nom amp; adueu du fecôd Prinnbsp;ce de fang,laquelle fut depuis maniee amp; rompuenbsp;en la forte que nous le dirons au traitement parnbsp;eux fait à la nobleffe.
Pour le prefcnt, voyons corne ils fe mocque- Dt rent alors du Roy amp; de fon eftat. Ayans enten- treprtfenbsp;du par vn certain auocat de Paris nômé des A- d’Am-üenelles qu’on machinoit contt’eux, fe feruirctnbsp;de la Royne mere pour faire venir meffieurs denbsp;Chaftillonà 1» Cour, ou par leur auis fut drcf-fé vn edit du Roy pour adoucir les rigueurs quenbsp;Ion renoit aup irauât cotre ceux de la Religion.nbsp;Orfe fèruoycnt-ilsdcce pour rompre l’entreprife , eftans bien délibérez de reuoquer le toutnbsp;3pres, comme ils le firent entendre par lettresnbsp;particulières à leursefclaues au Parlcmét de Panbsp;ris, où ceff edit fut incontincntpubliéauec lesnbsp;modification enregiftrees au regiftre fecret,tellement toutetfois que quelques Confcilliers fenbsp;laiflcrent aller iufqucs à dire quec’eftoit vnat-trappcminault.Par ainfi ils fe iouoyent de la foynbsp;Royale, mettans cefte tache infime à nos Roysnbsp;d’eftre perfides amp; defloyaux.Ce pendant, ayansnbsp;nouveaux aduertifTcmens, au lieu de penfer à
f.i.
-ocr page 98-LA LEGENDE DV leur gouuernement, amp; ihôftrer p ar elfeét qu’ilsnbsp;ne voaloyent eitrc tels qu’ils s’elloyenc môftrenbsp;iufques à lors.eii foulant au pied toute l’autho-nté du Roy, am iflent des forces de toutes pars,nbsp;baillent avgct à des Auenelles de autres efpions,nbsp;prins CS coffres du Roy, cnuoyëcgenfdarmes denbsp;de tous collez, amp; tienét le Roy au milieu d’eux,nbsp;amp; ayans en cès rcmpclles obtenu lettres pour lenbsp;Duc de Gui/ê d’ellrc licutcnât General du Roynbsp;auec puillance abfo!uc,il ne fut queftion que denbsp;nietti c tout à feu amp; à fang, taifans mourir infimes perfumes nobles,amp; fouillans le nom,Thonnbsp;nrur, les yeux amp; le regne de ce ienne Roy desnbsp;plus horribles cruautez que Ion fauroit penfer.nbsp;Car l’air, la terre amp; l’eau, feront tefmoins à ii~nbsp;mais de laBatb.aricdc ces môftrcs qui ont rcm-ply la V-ance de fang, le ccl de tefmoins amp; denbsp;iuges,amp;. la ici re de complaintes. Leur impofti*nbsp;reapparut auffi ouucrtcmct en ce queiamaisilsnbsp;ne voulurentipermcttre que le Roy entendiftnbsp;comme il appartcnoic,lcs iuftes complaintes denbsp;fes fuicts que Ion traitoit fi vilainement deuantnbsp;fes yeux.Il demandoit quelquesfois auec les larmes aux yeux ce qu’il auoit fait à (b peuple pournbsp;luyen vouloir ainfi( car ces mcfficurs luycor-noyentfans celfcaux oreilles qu’on le vouloirnbsp;tuer, amp; fous ce prétexté l’auoyent enuironne' denbsp;troupes armées amp; ramafl'ees des plus mefehansnbsp;gamemens du Royaume ) amp; depuixontcótinuénbsp;à fe faire garder près de nos Roys,Ia dignité def-quelsils ontconucrtycncc fiifant enicnefay
-ocr page 99-CARDINAL DE LOR. 4z quelle pompe Pcrfiqucamp; frayeur Turquefque)nbsp;amp; difoit qu il vouloit entendre leurs plaintes amp;nbsp;raifons.Ec par fois difoit à les bons oncles, le nenbsp;fay que veulent dire ces remuemes. J’enten quenbsp;c’eft à vous à qui Ion en veut : ie voudroy bien,nbsp;que pour vn temps vous fufiiez hors d'icy, afinnbsp;que Ion cognuft mieux fi ces gens cy s’attachétnbsp;à moy ou à vous.Mais le meurtrier qui tenoit lenbsp;Pere de fon ennemy entre fes bras, fauuoit fa vienbsp;parce moyen,aufli ceux de Guife férenâs iointsnbsp;(comme le lierre à la Pyramide) ferrez amp; con-iointsàceicunePrince, paroyent dextremencnbsp;aux coups, defquclsinfalliblcment ils eulTent e-fté tranfperccz. Ils reiettoyent dôc tous ces pronbsp;pos du Roy.l’aflcurantqueluyny melfieurs fesnbsp;freres ne viuroycncvne heure apres leur parte-nient, amp; que la maifon de Bourbon ne ccrchoitnbsp;qu’à les exterminer à l’aide des hérétiques. Voila comme ils enucnimoycntle Roy contre fonnbsp;fang amp; fon peuple, prenans Valois pour Guife,nbsp;louant manifeftement au Roy defpouillc. Comnbsp;Ole auffi leurs cruautez n’empefeherent pointnbsp;qu’on ne Icurreprochaft ces chofes cnfaceamp;nbsp;par efcrit,eftan$ aceufez d’auoir afFoibly,mangenbsp;amp; ruine les Roys amp; le Royaume. Mais cela feranbsp;déduit encor plus particulictemêt.Lc Cardinalnbsp;fut bien fi audacieux alors que de iurerparlenbsp;fang Dieu en prefcnce du Roy, que le Baron denbsp;Caftelnaul mourroit, amp; qu’il n’y auoit hommenbsp;qui Pen delinraft. Cependant les edits du Roynbsp;touroycntde tous collez, Se le Duc de Guifenbsp;fit.
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pour fc moquer du Roy dauantagc,amp; craignant qucfigrâd nombre d’executez ne les rendifto-dieux à tous,amp; que ce mot d’crtats dont on leurnbsp;frottoir défia les oreilles, ne chatoullaft le ccEurnbsp;du peuple,fut d’auis de fauucr la vie (comme vnnbsp;brigand feroit à quelqu’vn qu’il tiendroit à finbsp;mercy au coin d’vn bois)à la plufpart des pouresnbsp;foldats venus à picdxc qui fut Lit amp; fous mainnbsp;donne à chafeun vn tellun.
lenediray point qu’ils confcillerent au Roy de tuer le Prince de Condé,amp; les moyens qu’iùnbsp;tindrent pour fc lauer amp; blanchir dâs le fang innocent , ny les calomnies qu’ils impoferent auxnbsp;morts, amp;les belles promelfes qu’ijsfaifoyentnbsp;pour l’auenir, le tout fous le nom du Roy, fansnbsp;en tenir rienicar il fera téps d’en parler encor aunbsp;long ailleurs. Maisic raincteueray aux leâcursnbsp;vn autre tort mcrueilleux que leur ambition fitnbsp;Guerre au Roy amp;à fon cftat.Leur niece maneç àFraii-en E- çois 2. eftoit Royne d’Efcolfc. Or pretendoyetnbsp;[cojfe ils qu’elle euft quelque droid fur l’Angleterre,nbsp;far pour eftrc fille du fils d’vne fœur de Henry hui-eeux àe tiefme Roy d’Angleterre, amp; pretendâs qu’Elyrnbsp;Cutfe zabeth à prefent régnante feroit facilement de-aux boutée, veu mcfmcsquc Marie Royne d’Anglenbsp;fens de terre,mariée au Roy Philippc,rauoitf.iitdcclainbsp;France rerbaftarde. Pourtantfirent-ilsprendrcàlcurnbsp;nicpcele titre amp; les armes d’Angleterre amp; d’E-feoffe, refolus de s’approprier en fin le Royaume d’Angleterre, aux dcfpens de la France,fousnbsp;Je nom de leur nicpcc,fuft par fincfl'c ou par force. La
-ocr page 101-cardinal DE LOR. 2^ ce. La Religion dont E lizabcth fjifoit profef-fionleur fut vnecouucrture bien propre pournbsp;gaigner gens en Angleterre, ou Ion fait qu’il n’ynbsp;a que trop de gens afîeâiônez au Pape. La grannbsp;deur du Roy de France amp; l’alliance inuinciblenbsp;des deux Royaumes leur eftoit vn autre manteau , fous lequel s’amaflercnt beaucoup de fer-uiteurs fccrets amp; penlîonnaircs qui vcndoyenCnbsp;leur mcfchante confcicnceau pois de ror,amp; erinbsp;fc moquant de ceux de Guifc Icür pcrfuaderentnbsp;que pour attirer l'Angleterre, ilfaloit doter lesnbsp;Éfcoffois qui pour la plufpart cftoyent de la Rcnbsp;ligion. Car en ce bel exploit les A nglois Cathonbsp;liqucs auroycnt vn fuffifant gage de leur reposnbsp;pour l’aucnir ; amp; qu’il faloit que l’vn des fix frères demeura ft enEfcofle.Snrces menées entrenbsp;oint vn trouble en Efeofle pour la Religion, lenbsp;Roy Henry mourut, amp;cux fc voyans à chcual,nbsp;délibèrent de pourfiiyureceftcproycàcoramp; ànbsp;cry.Ils enuoyentl’Euefquc d’Amiens fort habile homme en Cour d’Eglifè, amp; qui en vn moisnbsp;deuoit réduire (cedifoit-il) tous les Efeoffoisnbsp;defuoyez, amp; vn certain la Brode efceruellc amp; fanbsp;rieux, qui deuoit tuer tout en ce Royaume là.nbsp;Ces deux bôs commifTaircs arriuez en EfcolTe,nbsp;Commencer à faire des partages par fantafie desnbsp;terres des Gentils hommes,amp;(vendans la peaunbsp;de rOurs qu’il n’auoycnt prins) efcriuent à ceuxnbsp;de Guifc qu’il y auoit moyen de tirer deux censnbsp;mil eftus par an de ce Royaume,en faifant mounbsp;ïir la nobleffc amp; aftiiietiflant le peuple,amp; qu’onnbsp;f.üi.
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logcroit là conmmodement mille gentils hommes François pour Elire fcruice-àmeffieursdc Guife.Dicu fait li ce confeil les grattoit où il lesnbsp;dcmaiigeoit, A s’ils cl'toycnt dtfpitcz contre lanbsp;Roy ne Douairière leur lôeur amp; le Sieur d’Oifelnbsp;(on mignon,qui n’eftoycnc d’auis qu’on couruftnbsp;fus aux Efeoliois qui auoycnt du fang aux on-glcs,commc ils le monflrerent bien, taifansfcnnbsp;tir à l’Eucfquc qu’ils n’auoyent que faire de fonnbsp;inftiuiâion,amp; côtiaignans la Brolfe de rebrouf-fer chemin amp; aller faire du braue ailleurs, chaf-fans les prcfîrcs, la Cardinautede Papauté quinbsp;y fulTent demeurez fans la fotte ambitiô de ceuxnbsp;de Guife.Mais outre ce coup, ils curent vnc autre recharge du coftéd’Angleterre,caria Roy-nc Elizabeth fit vnc ample protelfatiô alencon-tre d’eux expreflimentj faifant voir à tous qu’ilsnbsp;cftoyent caufe de tous ces rcmucmcnsàlacon*nbsp;fufiondu Roy amp; a la ruine de fon Royaume.Etnbsp;quelques mines amp; menées qu’ils fifientpuis a-pres,attachâs(felon leur couftume)la peau du renbsp;nard à celle du Lyon,ils ne gaignerent rien de cenbsp;coftc'-!à, finon honte pour eux amp; dommage aunbsp;Roy amp; au Royaume.
Pendant qu’ils efiendoyent leurs ailes fi loin, ceitx de la Religion croilloycnt en France d’vnnbsp;codé, amp; les malcontens du gouucrncmcnt denbsp;ceux de Guife, reprenoyét leurs cfprits, encorenbsp;que Icnrrcprinfed’Arnboifccn euft mcrucillcunbsp;Jeulemcnt cftônc la plufpatt au commenccmct.nbsp;LàdelTuslc Duc de Guife lieutenant general,nbsp;dcfpite'
-ocr page 103-CARDINAL DE LOR. 44 defpité extrêmement qu’en fongouerncmct dunbsp;Dauphincjceuxdela Religion auoyent leuélanbsp;teftc les premiers, y fait delccdre feze enfeignesnbsp;des vieilies bandes du Piedmont,amp; plufieurs aunbsp;tres compagnies de gendarmes François fousnbsp;la conduite de Tauannes, Maiigironamp; autresnbsp;qui feitent de merueilieux rauages en ce pays là.nbsp;Toft apres ils meinent le Roy à fouis,ou ;1 nenbsp;tint pas à eux que la ville oc ljtiuince,car ilsnbsp;eftimoyciit que les babitans auoyent buoriicnbsp;l’entreprife d’Amboyfe, amp; leuren ont longuement garde vne dent de laiéh
Enpouimcnanc ainlilc Roy,amp;luy faifànt Cornent goufter les apalls de toutes voluprcz,iisabu reßfietnbsp;foyent de fa ieuiicllc Ôt fimplicitc, plantans de à toutnbsp;jour à autres les piliers de leur grâdcur pour l’a- ordranbsp;uenir.Et tant plus ils fe voyoient côti edits,plusnbsp;cftoyét-ils enucnimczamp;alHnezà nouiielies pratiques, rendans le Roy odieux à fes fuiets amp; auxnbsp;cftraiigers mefmcs,ru!nans plus le Roy ’ume ennbsp;vn mois alors, qu’il n’auoit efté en vn an t’s guernbsp;rcs coir rc le Roy d’Efpagiie: car c’eft vne chofenbsp;incroyable des exadions amp; des debres qu’ils firent, amp; des biens qu’ils amafl'erent fous Fiâçoisnbsp;leur neucu. Ces deportemens conioints aucc v-nc violence extreme, mirent la plufpart des fillets comme en dcfcfpoir de voir iamais la France en rcpos,veu les coups que ceux-cy luy don-noyent. Toutcsfois pour y remédier premièrement fous le nom de Thcophilc,futcnuoyc'vnenbsp;rcmonftrance à la Royne mere, ou la tyrannienbsp;f.iiii.
-ocr page 104-LA LEGENDE DV de ceux de Guife eftoit depainte au vif,amp; la counbsp;clufioneftoit, qu’il faloit pouruoirau gouuer-ncméc du RoyaumC}amp; bailler vn côfeil au Roy,nbsp;félon les anciennes conftitutionsamp; obfcruatiôsnbsp;de France, non pas à l’appetit de ceux de Gui-fc.Piiis appaifer les troubles de la Religion parnbsp;vn Concile fainét amp; libre. La Royne mere quinbsp;eftoit lors fous leurs pattes, amp; tafcboitde leurnbsp;complaireen toutes chofes, leur fcruantd’ef-pionne en tout ce qu’elle pouuoit,fit retenir ce-luy qui porta cefte rcn)onftrance,amp; apres auoirnbsp;fait ccrclier de tous coftez ce Théophile,amp; donnbsp;ne des peurs au porteur iufqu’à le vouloir batte,nbsp;confiderantque telscfcrits pourroyent aueclenbsp;téps efteindre leurs feux amp; reboucher la pointenbsp;de leurs gJaiucs, côcluent de metre l’inquifitionnbsp;d’Efpagne en France, ayafts premièrement parnbsp;leurs feruiteurs fecrets en Alcmaigne amp; ailleursnbsp;entretenus aux dcfpens du Roy,diftamé par tounbsp;tes fortes de calomnies ceux de la religion. Tounbsp;tesfois la fagefle du Châcelierdel’Hofpitaljquinbsp;manioit politiquemét ces efpines,répit le coupnbsp;en quelque forte.car au lieu de l’inquifition, futnbsp;drefle rdiét de Romorantin, defendant toutesnbsp;aflemblces illicites, comprenant fous icelles lesnbsp;prefchesamp; exercices delà Religion. Mais aunbsp;lieu d’appaifer les troubles , ceft edit les redoubla de toutes parts.Ce qui commença à rcfucil-1er lesefprits fut vn liure intitule la Maioritédunbsp;Roy eferit en la faueur de ceux de Guife pa leannbsp;du Tillct greffier de la Cour de Parlement à Pa
-ocr page 105-CARDINAL DE LOR. 4y ris encor que le traitement qu’il auoit receu dunbsp;Cardinal ne luy en deuil auoir donc la volonté,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;
mais lors chafeun adoroit ces meffieurs,auffi e-Iloyent-ils Roys.
A ce liurc fut fait vne viue refponfe, fuyuie puis apres de diuers autres liurets en grâd nombre, pour lefqucls fut fait fort grande recerche,nbsp;iufques à faire pendre Martin l’Hommet qui a-Uoit imprimé le Tygre de la France ou le Cardinbsp;nal entre fes autres freres elloit depaint de toutes couleurs. D’vn collé le Cardinal faignoitnbsp;d’cllre bien ioyeux qu’on fimmortalizoit ainfi,nbsp;amp;de l’autre 11 pratiquoit gens afin de refpon-dre à tels libelles qui dcfcouuroyent fes rufes,nbsp;amp; faifoyent défia fa legende, immortalizans voinbsp;fement les ordures de luy amp; de toute fa maifon.nbsp;Mais du Tillet entre autres qui auoit eu vn bonnbsp;Coup d’ellrillcjs’cxcufa pour l’auenir amp; exhortanbsp;le Cardinal de prouuoir à fes affaires par autrenbsp;ttioyen, c’ell affauoir d’vfer contre les perfon-fes amp; biens de ceux de la Religion de toutes lesnbsp;fugueurs d’ont on fe pourroit auifer, afin de nenbsp;^cur donner pied ferme, ny aucun efprit deli-'’re.amp;que le Cardinal pourroit eferire particu-^ierement aux Princes, ce qui fut fuiuy commenbsp;deplus expedient.
Or pour entretenir leur crédit, vers les Prin- Nlt;w/«f/ ^cs ellrâgers, defcouurir ce qui difoyent amp; failb let rui-yetjoutre les ambaffadeurs ordinaires qui eflo- nei d»nbsp;yêt à la deuotion de ceux de Guife,ils gaignerct Royan-^force d’argent plufieursfcruitcurs de ces Prin- rne.
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CCS mefmes,ay3s en Efpagnc, Angleterre amp; AI-lemaignc penGonnsires aux dcfptns du Royaume de France. Mais outre tout cela ils auoyent des feruitcurs fcciets es cours de ces Princes c-ftrangers amp; des Ptinces amp; Seigneurs de France,nbsp;auftjuels ils dônoyent de telles pcnfions,que ft Unbsp;lernet la deipenfe des leruitcuis fecrets en Frannbsp;ce montoic par mois plus de vingt mille francs.nbsp;Ils auoyent encordes coureurs quialloytnte-fpianspar les hoftellenes fur les champs pournbsp;marquer Icsvns amp; les autres,dót plulicuts (fansnbsp;y peiifcr) quelque temps aptes elioyentempri-fônez amp; mis en tel poinâ,quc Ion en oyoit plusnbsp;aucunes nouuelles.
Cela ainfi drclféils rcnouucllent leur ligue auec la Royne mere, elenuent à tous leurs par-tifans,amp; s’emparent de toutes fortes de gens,telnbsp;lemcnt que le Duc de Cuilcs’ola vanter qu’il a*nbsp;uoit promeflede douze cens gentils hommesnbsp;Ggnalcz.amp; le fermet de leurs chefs auec Icfquelsnbsp;amp; les vieilles bandes venues du Piedmont amp; autres qu’il auoit àcommâdemcnt, il pafferoit fusnbsp;le ventre à tous fes ennemis. Puis le Cardinalnbsp;mit en auant au côfeil du Roy,qu’il fe faloit fai-fir de la perfonne du Prince de Condé, chargenbsp;d’eftrechefde l’entrcprifcd’Amboifc: amp;ayansnbsp;entendu qu’il eftoit alleen Bearn,perftiadentaUnbsp;Roy quec’eftoit pourluyfaireguerre nounclle»nbsp;afind’efchappcrla punition de fa faute. Ceftenbsp;impreflion donncc,ils expcdicntnouuellcscomnbsp;miflions pour Icuer gens, afin d’aller aflaillir 1«nbsp;Roy
-ocr page 107-CARDINAL DE LOR. ^6 Roy de Nauarrc qui auoit retire le Princefonnbsp;frcre-Enuoycnt le Marcfchal de S. Andre efpicrnbsp;ce que failoic le Prince. Font venir par 1’cntre-milc de la Royne mere vn nomme la Planche,nbsp;afin d’entendre encor plus particulièrement lesnbsp;plaintes des Huguenots d’eftar amp; de religion,nbsp;pour fc munir de nouuclles finefles alcncontre.nbsp;Si deflors furent fi impudens, amp; elle fi ic ne faynbsp;quelle de dire, que le remede à tant de mefeon-icntemens feroit qu’apres le premier Prince dunbsp;fang marchaft vn de ceux de Guifc,8f ainfi con-fequemment. En quoy ils dcfcouurirent afteznbsp;quel efprit les menoit.Puis changent les gouuernbsp;ncurs comme bon leur fcmblc,cnuoyët la Motte Gondrin en Dauphine, amp; autres à leur poftenbsp;deçà Si delà : preparans ainfi leurs filez pour ac-trapper à leur aife tous leur ennemis.
Et comme les iugemensde Dieu font admirables en vn poinói,c’cft que les plus hardis con rempteurs de fa maiefte ont pour vn temps toutes choies plus qu’à fouirait , afin que leur ruinenbsp;foit tant plusgrandepuis aprcs:ainfi enprint-ilnbsp;iceux de Guile. Car comme ils eftoyent aux ef-coutes, nefachans parque! bout commencer,nbsp;la Sague gentil homme Bafque defpefchc parnbsp;le Prince de Condc pour aller folliciter fes a-nois,fut prins à Fôtainebleau aucc plufieurs dc-Ipeches.par le moyen defquelles Si de fes cofef-fions en la torture, ils apperccurét encor mieuxnbsp;que le filet de leur tyrânie s’en alloit coupe, s’ilsnbsp;n’y P renoyent garde. Premièrement font einpri.
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fonncr le Vidamc de Chartres,la belle mere (Jö Prince de Condé; enuoyent le Conte Ringraucnbsp;aux frontières de Lorraine pour tenir prcftvnnbsp;regimen de Lanfquenets amp; deux mille pifto-liers.Font defcédre le long de la riuiere de Loy-re les vieilles bandes venues du Piedmont ennbsp;Dauphiné, faignans les vouloir enuoycr en E-fcoflc: mais ils feiourncrcnt à Gycnamp;à l’entour de Montargis, pour s’afleurer au befoinnbsp;des maifons de l’Amiral. Là ils commirent desnbsp;maux incroyables auec impunité pour en tiretnbsp;meilleur feruice •• pillans ou rançonnans lesnbsp;meilleures maifons, violans les plus bellesnbsp;filles amp; femmes, amp; pour ne faire iuftice , fuffi-foit de charger les complaignani d’eftre Huguenots.
Vn autre expedient fe prefenra là dciliis pour blet de acheminer encor mieux leurs dclTcins. La Roy-fontai- ne mere voyant tant d’apprefts, amp; que parmynbsp;ntblea.» telles tempeftes elle nepourroit fubfifter aifé-ment, d’autant que l’vn des deux partis l’hu-milieroit. Car elle redowtoit plus cent foisnbsp;ceux de Guifè que tous autres, tenant pour certain (comme aufli il eftoit vray) que s’ils ve-noyent à bout des Princes du fang, ilsn’efpar-gneroyent les enfans ny elle auec. D’autrepartnbsp;fi ceux de Guife eftoyent mattex,d’autant qu’elle s’eftoit iointeà eux, il y auoit danger auffinbsp;qu’elle ne tombait quand amp; eux. Pourtant elle demande auisà l’Amiral amp;au Chancelier,nbsp;qui luy dcclaircrcnt eftrc neceifaire de propo-ferau
-ocr page 109-CARDINAL DE LOR. 47 fer au Cófeil du Roy que les Princes,Seigneursnbsp;du Royaume,Cheua licrs de l’ordre amp; gés d’au-tJioritc fuflenc aflcmblcz pour regarder tous lesnbsp;moyens de pacifier les troubles.
Ceux de Guife entendans cell auis, encor qu’il n’aimallcnt en forte quelconque celle liberté del’Amiral amp; du Chancelier, Stfiiflentnbsp;bien délibérez de les abattre comme les autres,nbsp;neantmois y condefeendirent, efliman? que c’e-ftoit Vne plus belle ouuerture que te utes les autres pour venir à leur poinél. Ils difoyent donc,nbsp;que quad le Roy de Nauarre,le Prince de Con-dé,le Conneftable amp; autres receuroyent les lettres du Roy à celle fin, ils ne feroyent aucunenbsp;faute de venir, amp; qu’alors ils feroyent tout portez, pour cllrc retenus, fans donner la peine denbsp;les aller cerchcr fi loin. Que s’ils ne pouuo-yent gaigner encor cela , pour le moins au-royent-ils tant de voix en celle airemblce, quenbsp;toutes leurs aélions pafiecs y feroyent autho-nfees ,amp; leur degré eftably pour l’auenir, tellement que puis apres ce îcroit vn crime 'ma-nifclle à quiconque y voudroit contreuenir.nbsp;les cftats{ fi aucuns le tenoyent) feroyentnbsp;bridez par la decifion de fi notable alTemblee,nbsp;amp; par confeqlient, demeureroyent Roys denbsp;France pareUcél, en attendant que leurs autres pratiques leur en feroyent aulfi auoir lenbsp;nom.
Et fi leurs ennemis ne fe trouuoyent en cefte aflcblccjils auroyent nouucllc ptinfe fur cux,tât
-ocr page 110-LA LEGENDE DV pour les mettre de plus en plus en la ma le gracenbsp;amp; deffiance du Roy,que pour fc venger d’eux a-uec plus de pretexte puis apres. Ainli donc il nenbsp;fur queftiô que de faire courir paquets de toutes parts au nom du Roy, amp; leurs lettrcsà leursnbsp;amis. Lors leur vindrcnt bien à propos tant denbsp;Cheualicrs de l’ordre qu’ils auoycnt forgez peunbsp;au parauant, car ce furent autât de voix gaigneesnbsp;à la confufion du Roy amp; du Royaume.
Mais ils vfcrcc d’vnc mcrueillcufc rufe à l’endroit du Roy de Nauarre. Ils Juy firent eferire par la Royne mere qu’il euft à vcniv:amp; par def-fous luy firent dire p.ir fes confcillicis, afiauoirnbsp;Defeats fon chambcrian, Bouchart fon Chancelier amp; autres qui eftoyent leurs efpions amp; fernbsp;uiteurs fecrcts vers ce Princc qu’jl n’allaft pointnbsp;à cefte aflcmblcc,amp; par ce moyen donnèrent vnnbsp;tel coup de pied à l’eftat du Royaume qu’il s’ennbsp;fent encor: car ce Prince eftanr intimide fut eaunbsp;fe que le gouucrnemct demeura à ces meflieursnbsp;qui fe fortifièrent de nouueau puis apres.
En cefte aflemblcc trois perfonnes feulemct Icspicquercntjamp;lpecialcmentdcHx les irritèrent iufques au bout. l’Euefque de Valence di-fant fon opinion les cfchaufa: maisl’Archeuef*nbsp;que de Vienne nôme Marillac les fit bien changer de contenance en la dotte amp; hardie harangue touchant l’authorité des eftars amp; l’vrgentcnbsp;ncceffitc de les aftcmbler : concluant auffi à vnnbsp;concile nationnal.
De f/»/ Traitant des eftats,il monftra premièrement
-ocr page 111-CARDINAL DE LOR. 48 quec’cftoitle vray moyen de retenir le çeupïçfembleenbsp;en deuoir, puis monftra que c’crtoit des eftats, des E‘nbsp;a quelle fin ils Joyuent eftre aircinblcz. Que fiats.nbsp;plaintes du peuple doyuent cltre ouyesamp; examinees en prefence des eftats.Là defius il fit vnnbsp;difeours bien à propos des maux qui trauail-loycnt le Royaume, amp; dont ceux de Guife(fansnbsp;les nom!ner)eftoyent caufe.Ccs maux cftoyentnbsp;les furebarges extraordinaires crcuès amp; multipliées de telle forte que le peuple en cftoit accablé; refpuifcmct des finances du Roy, fes grandes debtes, les defpcnfcs excclliues du Royaume , l’ignorance du fond des finances, les aftui-resd’cliat embrouillez, les premiers miniftresnbsp;du Roy chargez de tourner toutes chofes à leurnbsp;auantagc,amp; Lire leur profit particulier de la canbsp;lamité de tous, le Roy n’eftoit obey ny le peuple efeautédegouucrnement mal conduic.En a-pres il moiiftroit les grandes commoditezquenbsp;celte allem b lec d’eftats apporteroit. Le Roynbsp;Pntendroit par le menu les affaires defon Roy-®ii’.ne,cx.imincroit les mœurs de fon pcuple.co-R'.oiftroitfa portee amp; pouruoiroit à fon eftat:nbsp;deuienJroit bonpaûeur tondant fon troupeaunbsp;doucemét fans autrement l’ofFcnferifecompor-teroit royalement, c’eft à dire , benignement amp;nbsp;fainéie Tiettferoit heureux amp; acquerroie ce beaunbsp;*’omde Prredu peuple duquel la mémoire aunbsp;Roy Loys x 11.eft plus célébrée amp; reluit pournbsp;exemple à la pofterité, plus que toutes les con-queftes amp; vidoircs de ceux qui ont efte aai pa-
-ocr page 112-LA LEGENDE DV ’ tauant. En apres, le peuple feroit tant plus encourage de fubucnir à fon Roy. Ce qui eft or-dônc en telles alVemblecs à vne merueilleufc efficace de rendre le peuple alaigreA prompt ànbsp;tout bon dcuoir.Ou quand peu degens font appelez à baftir les loix,on viêc à interpreter qu’elles ont efté forgees felon la paffion d’aucuns, amp;nbsp;fans examiner les raifôs qii’cuU'ent peu alléguernbsp;les abfens, s’ils euffent elté ouys. Il adiouüoitnbsp;que la maifon de France auoit floryvnzecensnbsp;ans durant en conlèruanc l’authoritc des cftats.nbsp;Q^Ie mefmecftoit auenuen l’Enpire,és Royaumes d’Lfpagne, d’Angleterre , d’Efeoffe, denbsp;Danncmarclî. Suède, Boheme, Hongrie amp; parnbsp;tout ailleurs, llrefpondoit amplement puisa-près à toutes les obieéliós de ceux qui vouloyétnbsp;faire à croire que l’authorkcduRoy cfioitdiminbsp;nuce en alfemblanc les ellats, amp; taxoit lors afleznbsp;ouucrtemcnt la tyrannie de ceux de Guife, lef-qucls aufi luy en feeurent fi mauuais grc qu’arnbsp;près falloir fait menacer, il fut contraint fe retire r,amp; voyant en quel eftat cftoyent les affaires,nbsp;il en mourut de regrct.Sa harâgue eft impriméenbsp;amp; inferce en la notable hî/Foirc de François fe-conîdciiôuueau mifFênîürtîicre. Partant n’a-‘uônTvoulu allonger ce propos pour le prefent.
Mais ce qui les mit en fureur extreme fut la harangue de f Amiral qui perça l’apoftumedenbsp;leur tytannicxar parlant expreflemet delà nou-uellegardc duRoy,monftra quec’eftoittref-inal fait à ceux qui auoyent ainfi arme le Princenbsp;contre
-ocr page 113-CARDINAL DE LOR. 49 Contre fes fuiets,amp; dit nommément que fi ¦quelques officiers du Roy craignoÿent d’eitreofiennbsp;fez,ils en dt uoyent olter les occafions, 8c que lenbsp;mal contentement n’eftoit pas contre le Roy(âcnbsp;à quel propos aullî, vcuquec’cfioit vn entantnbsp;qui ne boLgeoit ny ne faifoic rien que par k connbsp;teil amp;: abouchement de les oncles) maiS'Con-tre ceux qui mar.ioyct les affaires du Royaume,nbsp;àquoyilcftoit ailedepourooir, pouruca quenbsp;tout t'uftcôpafle par bon ordre amp; felon Ictloixnbsp;dü Roy aiJtne. Le relie de la harangue tendôit ànbsp;mcfinc fin que Marillac. 11 y aùoit auffi quelquenbsp;chofcdcla Religion. Les deux frères de Guifenbsp;monltrcrcc lors qu’ils eftoyent Roys: car outrenbsp;ce tous les Cheualicrsde l’ordre là prefens n’œnbsp;fccent harangucr,ainsdifoyenc feulement qu’ilsnbsp;eftoyent de l’auis de M. le CArdiual, ils s’attàanbsp;querent fpecialemcn à l’Amiral,infillànj fur oe-*nbsp;ftc riouuellc garde, amp; monflrrns en fomme quenbsp;François leur neuen feruoît dcmafque amp; cou-Ucrtiirc i leur felonnie. Comme aiifii les lettresnbsp;fnuoyees incontinent apres ce fie affembice auxnbsp;Bailfifs 8c Senefch iuxfe monftroyct. Car ellesnbsp;ïuoyentcftédrclfves pour le Cardinal, qui profnbsp;hicrcoit vne grade ri formation de l’Eglifefmaisnbsp;deuinezfi les putai.ns reformèrent les Bordeaux)nbsp;?iifemblc les cflar,s , Icfquels on affignoit au 10.nbsp;üur de Deccinbre en la ville de Meaux. Etcfucnbsp;cojicodrnt les gouKcrneûrs 8c licutenâs:des Pronbsp;ïiincesfpqur la pldfpirtferuiteurs amp; cfcLmcsdenbsp;Il maifon de G4iG;)vifitcroycnt refpediucment
g-*«
-ocr page 114-LA legende DV leurs villes, pour cntédre par le menu amp; luy rapnbsp;porter les doléances du peuple, c’cft à dire pratiquer de tous coftczàreftabliflemcnt de la tyrannie. Ainfife moquent-ils del’authoiite Roy-alcicn rcndaht vainc amp; fruftratoire vue li notable aflemblce, comme les effets en apparurentnbsp;incontinent.
•' Ils adioufterent à cela yn autre trait de inec-uetlleufe audace alcncontre du Roy, c’cft de fii remettre en armes toutes les compagnies desnbsp;ordônances, fous prétexte que le feu d’Amboy-feu’eftoit pas eftaint, mais véritablement poufnbsp;ruiner les Princes du fang,Qftcr toute libertéauxnbsp;eftats, amp;acheucf de brouiller tout. Et pour ftnbsp;fortifier dauantage,ayans entendu le retour desnbsp;troupes Frâçoifts reucnucs d’Efcofl’e par le irainbsp;téde paix(queleRoyy auoit efte contraint ac-jnbsp;corderà fon gralid déshonneur Si defauantage»nbsp;par la folle ambition de lès oncles ) les ioignirétnbsp;aux vieilles bandes de Piémont, Mets,amp;: Picar-dieipour leur garde,outre douze cens hommes,nbsp;referuez outre le departement des compagniesnbsp;mifesA: enuoyecs par tous les gouucrnemés. A-yansainli'le glaiucau poing amp; montez à l’auan-tage, font vnc dcfpefthe du Roy leur ncueu aunbsp;Roy de Nauarre,par laquelle le Prince de Condé eftoit charge de crime de Icfe maiefté : Snbsp;pour en auoir le cœur net, ledit Seigneur prtoicnbsp;lcRoyde Nauarre deluyenuoycr fonfrerceonbsp;bonne amp; feurc garde.-finon il feroit luy mcfmesnbsp;contraint de l’aller quérir aucc lî bonne compa-
-ocr page 115-C ARDINAL DE LOR. 50 gnic que la force luy en demeurcroit. Lc Roynbsp;de Nauarre amp; fonfiere refpondircntfagcmencnbsp;amp; de telle conllance, que ceux de Guile virentnbsp;biêqu’auec toute leur puilfance à peine en pournbsp;toyent ilsauoir le bout.Etpourtant s’auiferêt-Us de feferuic de la foy amp; promefle du Roynbsp;pour tromper ces Princes , amp; les attirer au piégé. Parquoy ils font incontinent vnc autre def-pefclie, par laquelle le Roymandoitau Roy denbsp;Nauarreamp;au Piince Je Codé qu’ils pourroyctnbsp;Venir vers luy en toute feurctc,amp; s’en retournernbsp;quand bon leur fembleroit, les afleurant en parole de Roy, qu’il ne feroir attenté à leurs per- ,nbsp;fonnes en aucune maniéré, qu’il entendroit pai-fiblement leurs rcmonftranccsamp; iuftificanons.nbsp;fans qu’ils entralTent en prifon, ou qu’ô leur fiftnbsp;proccz.feulcment il vouloir auoir rcfponfc de lanbsp;bouche du Prince fur les points dót on le chargeait , amp; qu’il ne pouuoit aucunement croire;nbsp;hricfqu’ils leroycnt recueillis félon leur cftat amp;nbsp;dignité, voire qu’on leur bailleroitlerangquinbsp;leur appartenoit au maniement des aftaircs,annnbsp;d’auoirleur confcil amp;auispour rendre toutesnbsp;chofes bien policées. Et quant à la Religion denbsp;laquelle ledit Sieur Prince auoit fait declarationnbsp;amp; proteftation publique, il ne vouloir ny n’en-tendoit que pour raifon de ce, il en Puft aucunement troublé ny inquiété. Cespourcs Princes,nbsp;comme vrais François s’appuyansfurvncfifo-lennelle promefle, encor qu’ils ne fuflent pas dunbsp;tout ft aucuglcs qu’ils ne viflent les griftés de
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CCS lyons de Guife qui les attendoyent pour les deuorer, ny tant defnuez de moyens qu’ils nenbsp;peuflent par le moyé des armes renger ces vfur-pateurs amp; en venir à bouf.toutcsfbi's s’appuyansnbsp;fur leur innocence,amp; conduits cependant,comme nous le dirons plus particulièrement en autre endroit, fe mettent en chemin amp; peu à peunbsp;donnent conge à ceux qui les accompagnoyent,nbsp;pourauec petite trouppe venir donner dedansnbsp;le filé de leurs ennemis.
Voyos donc comme ils firent tenir à leur nc-
ueu la foy tant folcnncllcment pro’.nife. Le mef
rhe iour que les Priilccs ârriucrent ayâs elle fort indignement rcceus peu refpcftcz ou pointnbsp;du tout, le Roy s'efianr fait fuyurc par eux en lanbsp;Çotrz. çhambredeh Roync mcrcjs’adrcllant au Prin-f enurenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i^y dit,qu’on Juy auoit rapporté de
^fr®plufieursendroits qu il auciif fait amp; üiloit plu-cotre luy amp;Teflat de lo Roy-tre[on gume, àratfondcquoy il rauoic mandé pour en propre Jg ycrité par la bouche. Le Prince ayantnbsp;rcfpondu pertinemment monfiré fon innocence amp; dcfconucrtla malice de ceux de Guife,nbsp;(qui n’eftoyent prefens craignans la touche)nbsp;ncantmoins tout à l’heure mcfincs fut mis entrenbsp;les mains de Chauigny Capitaine des gardes,nbsp;efclaucdcccux de Guife, amp; par eux enuoyé lànbsp;cxprcflcmcnt pour emmener ce Prince prifon-nier.Car on ne le voulut pas ballieren garde aunbsp;Roy de Nauarre fon frere qui en refpondoit furnbsp;fa vietmais il auoit aflez affaire à garder la fiene.
Or
CARDIN AL DE LOR. 51
Or comme vne mcfchante confcicnce ne ccf- Leurt fe de cercher des moyens de iriefines pour s’ap. praei-puycFjCeux de Guiferoyans qu’ilsauoyentcora t^uesen-mence vne befongne, de laquelle ils viendroyct uers letnbsp;mal aifément à bout ,s il n’cftoyent i'âUonCcz e/lrun-que des François, encor que plulicurs euffent^frj,nbsp;défia renoncé à leur liberté, » Is dclibcrct de pr,î pour rutnbsp;tiquer amp; attirer à eux les Princes eftrâgers pour nerlt»nbsp;s’en preualoir au befoin. Lon peut penfer fi le F race,nbsp;Roy ne payoit pas les loueurs de ces tragoedics,nbsp;amp; comme fon authorjte cftoit manifellementnbsp;vfurpee en ceft endroit. La paix auoit efte faitenbsp;auec le Roy d’Efpagne j à cefte condition entrenbsp;autres que les deux Roys perfccuteroyêt les Lu-llieriens à toute outrâce.Ccfte entreprinfç ayâcnbsp;cûc rompue par la mort d’Flcnry ,fut renaife fusnbsp;au commencement du regne de François , puisnbsp;entremife à caufe du fait d’Amboife. Mais ceuxnbsp;de Guile ayans leurs deux plus fort ennemis ennbsp;main, refolurent ( en fe moquant auffi du Roynbsp;d’Efpagne amp; luy faifansàcroircqu’ilseftoycntnbsp;grans zélateurs de l’Eglifc Catholique) exterminbsp;Ocr tellement ceux de la Religion, que parmef-inc ilsaplanificnt dauâragc le chemin pour par-ücnir au t hrofne.Ils rnâdcnt donc à l’Ëfpagnol,nbsp;quj de fon cofté cftoir au guer, (dclibei c de leurnbsp;dôner vne trouflc,fi l’occafion s’en fuft oftcrtc anbsp;propos) que le Roy de Nauarre amp; le Prince denbsp;Codé fous ombre de qucrelcr Icgouucrncmét,nbsp;vouloyent faire mourir le Roy amp; fes freres, amp; ànbsp;Vaide de la Roync d’Anglctcrrc,dcs Princes pro
-ocr page 118-LA LEGENDE DV tcRans amp; Suiflcs Euangcliqucs introduire leurnbsp;Religionen F race,Sd regier aufli puii apres tounbsp;té la ChrcHicnté. 11 y auoit prou d’autres pareilnbsp;les calomnies, en fin defquelles ils adioufloyét,nbsp;' Que s’il plaifoit auRoy d Efprgnc les maintenirnbsp;amp;fauorifercn leur gouuerncract,ils empefehe-rôycntlemal qu’onluy vouloitfaite, amp;titn-droyent la main à ce que les promefles d’Henrynbsp;fuflent accomplies. Ils rcceurent refponcc tellenbsp;qu’ils demandoyent, par le moyen du Cardinalnbsp;d^Arasqui penfôitlors auoit trouuc vnc bellenbsp;breche pour faire entrer fon maiftreen France,nbsp;mais qiiâd ceux de Guife fuflent deuenus Roys,nbsp;il y ijuroit encor moins d’entrec qu’il n’a:amp; peutnbsp;eftrc euft-il efte' en plus grand’ peine qu’il n’a e*nbsp;ûé: car l’ambi ion ne veut ny ne peut porter denbsp;compagnon. Demefmcpasilsenuoyentau Pa-pc,au Duc dcSauQycjamp;gaignct les Suilfcs Catholiques par les menées du Colonel Frcnlich,nbsp;qui eftoit à leur deuotion : fe rcfoluent de ruiner tous leurs ennemis en France ceft hyuer-Ia,nbsp;amp; fur le printemps aller aflaillir Cencue,puisnbsp;les Ancmansamp; SuifTcs de la Religion. Étafinnbsp;que l’Efpagnol n’cuft aucun empclchcmentdunbsp;cofle duTurc.quifc pourroit ictter fui fes pays»nbsp;tandis que fes plus grandes troupes entreroyentnbsp;es pays du Roy de Nauarre, on enuoya expresnbsp;à Conftantinoble vers lny,pouraccufcrles Prinnbsp;ces du fangdetrahifon amp; defloyautc . amp; d’aiioltnbsp;confpiréauec certaines gens d’vncnoiiucllc Rcnbsp;ligion qui ne rccogtïoilToit nuis magiflrats ny fu
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pcriorjtez,pour mettre à mort Ie Roy amp; fes fre-res:le fuppliant pendant qu’on feroit cmpefchc à reprimer leur audace de rien innoucr ny entre 'nbsp;prendre du cofte d’Italie amp; d’Efpagne, amp;ce ennbsp;cÔGdcration de l’ancienne amitié, alliacé amp; connbsp;federatiô qui eftoit entre luy amp; les Roys de Frânbsp;ce. Ils curent fi bonne rcfponce que le Duc denbsp;Guifcfe desborda iufques à dire par plufieurSnbsp;fois, qu’en tout eucriemét il aimeroit mieux quenbsp;le Royaume tôbaftenla puiflancedu Turc, amp;nbsp;demeuraft fous fa domination que de voir la donbsp;éirine des Luthériens amp; hérétiques, qu'il appc-loit,yeftrereccuc.
Voila de mcrueilicuxapprcfts pour l’cftablif fement de leur grandeur.Car ils eftoyent armeznbsp;déroutes pieces dedans le Royaume, ayans lénbsp;Roy en leur main,amp; leurs ennemis côme à leursnbsp;pieds. Ils auoyct les villes.les Gouucrneurs,Iesnbsp;finances,le peuple à commâdement.Lcs fufditsnbsp;Princes cftrangcrsles fauorifoyent:amp; peuteftrenbsp;culfent ils eu quelque lopin du gaftcau,commenbsp;fpecialcment l’Efpagnol s’y attendoitbien. a-yantaihfi obtenu aiicment vne trefuc du Turcnbsp;fon grand ennemy.pour fc ruer fur la Francc,amp;nbsp;par ainfi Ion voit ou la cruelle ambition de cesnbsp;gens reduifoit toutes chofes, fi Dieu ne fiiftnbsp;apparu tout à l’inftant, leur donnant plufieursnbsp;coups fur leurs oreilles aiiant qu’ils plialfcntlcnbsp;gantelet.
Ils auoycnt accordé rafiemblee des cftats Lesdef pour defeoHurir tant plus ajfcment Icurscnne-
g.iiii.
-ocr page 120-jLA DEG^NPE DV-ceux de naiSvEx appclluyent ks Içtrps patentes duRoy Cuife h fatoirc pour attrapper lesiolsimais cela n’etnnbsp;rompus- pcfcha^poiux qu’auxe/bts particuliers des Pro-uuiccs beaucoup de chofts nc fufl'cnt mifesciinbsp;autant pour le rçliablifl'enient du Royau;r,e,tancnbsp;àrefgaiddcla Rehgiôtjuc de la polite, commenbsp;à Blois,à Angei$,amp; notaiumêt à Parisicar tou-*nbsp;te Jj grandeur dont ceux de Guife fe faifoyentnbsp;' redouter detous(pf}ez,h en fut dit tout haut ennbsp;plain hpftel dev'llç {les nouuclles entenduesnbsp;de Vemprifonnement du Prince de Conde'),quenbsp;Ion ne füuffi iuoir pas le fang de f race efii c fou-lépâr des cftraii^crs. Ces bruits firent hafter lenbsp;procez au Prince de Çondc lequel on votloitnbsp;faire mourir enijiron lcdjxiefinc de Décembre.nbsp;Qaant au Roy de Nauat re, ils tafeherent de lenbsp;faire mourir. Â: mcfracs.voulurcnt faire ce tort-au Roy leur neoeu que, de Iciirfcruir de bourreau àefpandtefon propre fang. Et comme ilnbsp;ne reftüit plus qu’cxecuter ce coup pour puis a-pres.en faire infinis dautres, Dieu frappa François Z. d’vn apoftume en l’orçiile dont il fut e*nbsp;ftoidFlt;,'finalcmêt,dc momut lecinquicfmc iou?nbsp;de Décembre 156 o. Ceftemort rompit leursnbsp;çntreprinfcSjS: Ics.cftfaya.detelle forte au commencement, que quand ils cognurent qu’il n’ynbsp;auoit plus d’c^rerance, ils s’allcrent enfermernbsp;dans leurs logis, plains dç crainte amp; de frayeucnbsp;incroyable,d’où ils ne partirent d’vn iour ou denbsp;deux, iufqucs 3 ce qu’ils eulfent aflcurance de lanbsp;Roync mere amp; du Roy de Nauarre que rien nenbsp;leur
-ocr page 121-CARDINAL DE LOR. 4z leur feroit fait. Toutesfois ils ne furent iimala-ui fez tju’ils ne fiflent des leur fortîc porter ennbsp;leurs logis foixante ou quatre vmgts mil francsnbsp;qu’il y auoit de refte à l’efpargnc : en forte quenbsp;les finances du Roy eftoyent toutes cfpuilces:nbsp;tuais nul ne s’y oppofa, ce qui fut trouue encores plus cftrange , amp; fitcognoiftre clairement,nbsp;que cela ne fe ïaifoic fans le confentement de lanbsp;Roync mere, qui vouloit maintenir fon autho-fttépar la leur.Et à dire le vray,fi elle ne les euftnbsp;portez,ils dônoyent alors du nez en terre: maisnbsp;les rufes amp; pratiques de ce coflt-là mentent vnnbsp;autres difeours.
l’oubliois vn autre trait de mcfchancetcdc ceux de Guife à l'endroit de leur neueu. Voulâsnbsp;fe lauer les mains de toutes chofes paflees,amp;lcsnbsp;reietttrfur la pui(ranccamp; volonté abfoluc, encores que ce fuftvn enfant qui n’euftje fensnynbsp;la difcrction de pouuoir examiner ny entreprennbsp;dre telles chofcsamp; de fi grande importance, ilsnbsp;obtindrent aifement de luy,qu’il parleroit doucement amp; amiab’ement au Roy de Nauarre.Cenbsp;3u’il fit trois iours auant que tomber malade,nbsp;éclairant que ceux de Guife n’auoycnt iamaisnbsp;tien entrepris contre luy ny côt re les fiens:maisnbsp;que de fon propre mouucment amp; contre leur a-uisi! auoit fait emprifonner le Prince de Condcnbsp;fon frère. Le prio t d’ainfi le croire,amp; d’efi’iccrnbsp;pour l’amour de luy amp; de la Royne fa mere toUnbsp;fêla mauuaifc opinion qu’il pourroit auoir connbsp;ceuc d’eux. Ce qui leur feruit grandcir.ent puis
-ocr page 122-LA LEGENDE DV apres : car ayant tiré celle confefiîon de la bouche du Roy,lequel ils fiiifoycnt mentir vilainement en cell endroit, ils nièrent puis apres fortnbsp;amp; ferme tout ce qu’on leurpouuoit obieâcr,nbsp;chargeansdetoutle dos du tref pafle, amp;voulâsnbsp;combatre tous ceux qui diroyent qu’ils euflentnbsp;rien entrepris de leur telle.
Outre les pratiques fufnommees auec les c-Rrâgers.fous le nom du Roy,à l’ifluc des ellats, les forces de France deuoyent ellre parties ennbsp;quatre armées conduites par les Marefehaux denbsp;S. André, de Brilfac amp; de Thermes, amp; du Sieurnbsp;d’Aumale pour faire le rauage qu’on peut pen-lèr. Car outre la lubuerlîô entière de tous les e-ftats, amp; la ruine des plus grandes amp; anciennesnbsp;maifons qu’on deuoit attaquer, full pour caufenbsp;de la Religion, ou pour auoir tenu le party desnbsp;Princes, ou pour auoir mal parlé du Roy,amp; autres infinis moyens, la Frâce deuoit ellre redui-tcàlafaçondeviurc du Turc, afin qu’il ne fullnbsp;en la puilTance d’aucun de s’efleucr puis apresnbsp;contre la tyrannie de ceux de Guife. Que fi parnbsp;Importuiiitc Ion pardônoit à quclqii’vn,c’clloitnbsp;à condition de perpétuelle ignominie. Outre-plus,le Cardinal auoit vlé de telle diligcce,qu’ilnbsp;n’y auoit coin au Royaume, des habitas duquelnbsp;il n’eull les noms amp; furnoms,s’ils elloycnt de 1*nbsp;Religion, ou gens defadion amp; cntrcprife,pournbsp;leur poiiuoir nuire amp; ne s'efire rengez à leur de-uotion.Cc qu’il auoir rccouurc par le moyédeSnbsp;apoflatïamp; leruitcurs fccretsqui alloyent ordi-naircmeuf
-ocr page 123-CARDIN AL DE LOR. naîrement rodans çà amp; là pour fonder les cœursnbsp;amp; volontcz des hoiniTics: en forte que tels truâsnbsp;cftoyent les iuges amp; drefToyent les fentenccs denbsp;mort de tout le monde.Or auoyent-ils délibérénbsp;d’animer tellement le peuple, contre ceux de lanbsp;Religiô fpecialemér.qu’il ne leur faudroit pointnbsp;d’autre bourreau : amp; n’eftoit pas queftion en cenbsp;faifant de dire,le n’en fuis pas,car les fentenccsnbsp;en deuoyent eftre prononcées par les moines amp;nbsp;autresprefeheurs attiltrczpour aller partout.nbsp;Celle licence au peuple s’appcloit lafeher lanbsp;grande leuriere, pour mot du guet, amp; n’y auoitnbsp;endroit en Frâce qui fe full peu exempter de celle calamite'.Le Roy d’Efpagne s’efloit tellemftnbsp;àuancc de Ibn coflc,félon le tcmpsamp; la promef.nbsp;fe qu’il auoit faite à ceux de Guilë, que délianbsp;cinq ou fix mil Efpagnols auoycnt prins la route de Beam, pour furpredre la Royne de Nauarnbsp;reà l’improuiftc, la mettre à mort aucc fes en-fans, amp; faire pareil maffacre tât de fes fuicts quenbsp;de ceux de la France ; amp; en ce faifant arreflcr 5enbsp;tópre les forces qui cftoyent en Guyenne- Maisnbsp;les nouuelles venues à l’Efpagnol de la mort dunbsp;Roy, Se que la Royne de Nauarre les auoit def-couuerts, 8f s’efloit tellement fortifiée dans fe»nbsp;places fortes, que mal aifement la pouuoit-onnbsp;auoir fans long liege : ne fac bant quel ^ly pren-droyét les affaires, 5e craignât d’auoiradosparnbsp;ceux mefmcsqui auoyent fait venir fes troupes •nbsp;dâs le pays,entre Iclqucls Môluc cftoit des premiers, fous la promclTc du Conte d’Armignsc,
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ils fe retirèrent fans rien exploiter, joint que les lettres qu’ils auoyent du Roy pour le pallagcànbsp;trauers Bayônc(qui ett l’vne des principales fôr-tercHcs Hi clefs du Royaume) fuit en gi âd ou ennbsp;petit noinbrtjamp; le mâdcméc de leur aider de vi-ures, artillerie amp;i muniiions tant qu’ils envou-, droyêt n’cufleiK eu aucune force ne vertu apresnbsp;la mort dudit Seigneur quelques cxprefi'esamp; acnbsp;compagiiccs de menaces qu’elles fuflent.
Cornent Siceuxdctju'.fc s’elloycnt outrageufement portez durât la vie de ce leunc Roy leur neiicu,nbsp;porte- ils ne rccouiireient pas leur hôneur enfa mort.nbsp;rr«r a JJcfoii viuant ils en firent li bonne garde quenbsp;la mort nul n’en approchoit que par leur mercy, le laif-de Fra- fe à parler comment ifsie manièrent en particunbsp;2. lier. Gar outre; ce qu’ils le firent fouler de plai-firs de la chair auant qu’il e uft aage, ils rempli-'nbsp;rentfamaifonde corruptions amp;infametez. Etnbsp;pour legrand delir qu’ils a uoyen.c que leur niece euft des cnfans,amp; cependant fâchât bien quenbsp;Frâçois cftoit mal difpofc à celagt;ayât les partiesnbsp;generatiucs du jour côlfipces amp; empefchces, ilsnbsp;laifierent approcher d’elle pluficurs courtifans»nbsp;à qui il ne tint pas qu’elle ne deuinft bien fertile.nbsp;Encores fujs-ie honteux de fauoir qu’en vnta^nbsp;bleau qu vn certain Italien Luquoys trouua monbsp;yen de faire porter en la chambre du Cardinalnbsp;de Lor.aucc letres du Pape,au lieu d'vncnoftrenbsp;dame de grace,ledit Cardinal,laRoyne fa niece.nbsp;la Royncmcreîk la DuchelfedeGuife eftoyentnbsp;peints au vif, les corps nuds, ayans les bras aunbsp;col,amp;
-ocr page 125-CARDINAL DE LOR. 55 col,amp;lcsiambes enrrelacees cnfembfc. Ie vou-drois'auoir oublié les ordures exécrables quenbsp;i’ay ouy raconter de luy amp; de fes fieres par ceuxnbsp;quieftoyentàla Courduviuant de François 2.nbsp;amp;qui eitoyent tefmoins deschofcsquifcmani-feftoyent prefque aux yeux de tous. François a-uoit mefprifé tout le monde pour les honorer,nbsp;mal contenté tout le Royaume pour les fatisfai-rcamp; mettre au dellus, Icpreparoit à mettre Jenbsp;coufteau en fon propre fang ( on peut bien direnbsp;enfon propre corps) pour les fauuer ; brief s’e-ftoit hay luy-mefmcs pour les aimer, amp; rabaillcnbsp;pour les haufter : fut il onques peftiferé plus a-ban donné que ce corps fut deux mefmes? Il ennbsp;alla ainfi. La couftume obfcrucc de tout tempsnbsp;cnFratice apres la mort des Roys cfl telle, quenbsp;leurs plus fauorisamp; ceux qui ont conduit amp; manbsp;nié leurs afFjircs,doyucnt les accompagner iuf-qu’au tombeau, amp; durant quarante iours qu’ilsnbsp;fontgardez amp; fcru's folenncllcment, attendantnbsp;leurs funérailles. Ayans donc ceux de Guife faitnbsp;garder efteoitement celle ceremonie apres lenbsp;tref pas de Henry, amp; le Duc de Guifey eftantnbsp;doublement artenu amp; obligé , pour auoir eunbsp;(auecle fouuctaih commandement ) l’eflat denbsp;grand Maiftrc de France, qui y aftrint notamment ceux qui ont telle dignité : tant y a tou tef-fois que nuis de tous ceux de la maifon de Gui/cnbsp;Oc firent ceft honneur à leur Roy Sc maiftrc amp;nbsp;mary de leur niece,lequel viuant leur cftoit tantnbsp;cher: ainsparleurcôfcilamp;auis futenuoyciour
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voyât delaifle,amp; mefinc defticuc d’vn tel chambellan qu’eftoit Tannegiiy:amp; puis difant (comme s’il le reprenoit ) qu’il ne fe faloit csbaliir de la bonté amp; deuoir de Taiincguy.pourautât qu’ilnbsp;cftoic François,amp; non eftranger: voulût l’auteurnbsp;deceft eferit attacher parce moyen le Duc de
• uille l’cliat de grand Chambcll in.
Depor- Nous avons veu la mauuaife entree de ceux temens' de Guife Ibus le regne de François premier.Üunbsp;de ceux temps d’Hêry fécond leur ambition remplit denbsp;de Gui- fatig l’Alemaigne I’ltalic leur auaricc mit ennbsp;(efous vcnteamp;commcuuplusofFrjntles loixamp;toute
regne bifticc, efpuifa les bourfes des riches amp; despo-
deChar res par infinies exaftions donc s’enfuyuirét les calamitez fans nombre. Sous François fécondnbsp;Ion ne (auroit dire laquelle des deux a cftélanbsp;plus grade en eux, la rapine ou la cruauté. Vraynbsp;eft que la cruauté fe monftra beaucoup plus,nbsp;comme nous l’auons ia monftré amp; le monftre-rons encor. Mais fous Charles 9. les vices fuf-ditsamp;plufieurs autres amp; toutes les ombres denbsp;leurs vertus fc monftrerent auiour. Ftcnccftnbsp;endroit, feprefentent tant dedifeours par tropnbsp;véritables,que ic me trouue perplcx,nc fachantnbsp;lequel prendre tant le nombre cil cfpais de ceuxnbsp;qui fe prefentet dcfia.Or ic m’afleure d’vnc chonbsp;fc, c’eftqu’il n’y a auiourd’huy François (s’il clFnbsp;vnpeu cognoilfantdes affaires du monde)quinbsp;ne puiffe faire vne autre legende d’aâes particunbsp;liers de ceux de Guife, s’il veut prendre le loifir
d’en
CARDINAL de LOR. yz d’cnraflffmbler cequ’il cnfaic. Partanti’efpercnbsp;eftre cxcufc fi i’csbauche feulement cefte befonnbsp;gnc qui demande plus demains amp; dccerueaiix.
Le Roy François citât mort cóme dit eft,amp; le Cardjn.11 luy ayant fait prononcer ces paroles,lors qu’il rendoit l’efprit, Seigneur pardonne moy mes fautes, amp; ne m’impute point cellesnbsp;que mes miniftres ont faites fous mon nom amp;nbsp;authoritc : ceux de Guife phndrent vn nouucaunbsp;Confeil,qui fut de dcfpouiller la peau deLyon,nbsp;qu’ils ne pouuoycnt plus retenir, fans manifeftenbsp;danger d’eftre trainez à l’cfcorcherie amp; prendrenbsp;celle du renard.lls fe refoluent donc depourfuinbsp;Ure leur chafle par Je moyen de la Roync mere.nbsp;Ils luy promettent donc,fi elle les veut fauonfernbsp;de luy tenir la main a ce qu’elle ticnc le premiernbsp;rang.Et pour lui donner martel en telle ,luy allèguent que les Princes ainfi mal traitez pat fanbsp;Conniuencc ne pourroyent de moins que luy ennbsp;Vouloir mal amp; tafeheroyent de Eabaiircrjafin d*nbsp;efleuerle Conneftable,amp;ccuxde Chaftillon,nbsp;pour puis apres faire d’autres changemes. Q^enbsp;les Ellats la dcgr3dcroyent,fiellc n’alloit aunbsp;deuant par derriere : amp; que combien qu’eux denbsp;Guife fulTcnt reculez, ils auoyent encor tant denbsp;feruiteurs amp; d’amis, que pour long temps ilsnbsp;pourroyent faire tcfle aux Princes. Ce pendantnbsp;elle rctiendroit fon authoritc,amp; fes fils deuenâsnbsp;Diaicursjle gouucrnemét desPrinccs amp; de leursnbsp;partifans fefuanouroit. LaRoyne aulfifinenbsp;eux fe fccut bien feruir de celle offre, amp; ba-li.l.
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amp; nuid letter dans le tombeau de fon perc,fans autre pompe ne folennitéfunebre. Dont auintnbsp;vn brocard que le Roy enncmy mortel des Huguenots n’auoitpeu empefeber d’cllre enterrenbsp;luy-mefines à la Huguenotte. Ce qui amenanbsp;ceux de Guife leurs partifans à ce poinéè, fut l’afnbsp;fcmbice des eftats où ils vouloytt afiifter, pournbsp;crainteque londccretaft quelquechofe contrenbsp;eux,amp; aufli que leur abfeiice fift cognoiftreànbsp;tout le monde la difference entre leur gouuernenbsp;ment furieux amp; illegitime, amp; celuy des princesnbsp;du fang,du Conneftablc, de Montmorency fonnbsp;aifnéamp;dcs trois frères de Chaflillon:amp;qucparnbsp;ce moyen lacaufe amp; racine de la contagion quinbsp;înfedoitla Republique full retranchée, chofenbsp;qu’ils craignoyent plus que la pefle, voyâs biennbsp;que s’ils n’y donnoyent ordre, on cognoiftroitnbsp;qu’ils cftoyent la vrayecaufe amp; fonrcc du defor-dre. Mais fut tout ils aiioycnt à gouuerner vncnbsp;femme, la fermeté’de laquelle leur cftoit grandement fufpedc,ayant l’A mirai au près du Roynbsp;fon fils,auquel alors clic deferoit beaucoup,autant qu’elle s’en pouuoit feruir pour adoucir Icinbsp;Princes amp; les eftats.Ils fe doutoyent aufli qu’risnbsp;n’auroyct les talôs pluftoft tournez de la Coufnbsp;ou du maniement des affaires, que Ion ne fift Vrnbsp;ne infinité de plaintes,la verification dcfquelicinbsp;ne pourroit çftre defniee par la Royne mere nynbsp;autres de leurs amis,attcndii que le crime de Ic-fe maiefté trottoir en campagne. Ces occafionsnbsp;meurent ceux de Guife à quitter amp; renuerfernbsp;toutes
-ocr page 129-CARDINAL DE LOR. 58 » toutes bonnes loix amp; obfcruatiös accouftumccsnbsp;cs funérailles. Le Cardinal s’en voulut excufernbsp;lurlc Roy de Nauarreamp; Jes Cliallillonsjdifancnbsp;qu’ils 1’auoycnc ainlrauifc au confçil,par ce qu’ilnbsp;n’y auoit argent pour employer en celt oeuurcnbsp;pitoyablci combien que les quatre vingts mil li-urcs tirées par luy amp; fon frère des deniers venusnbsp;dePóióiouycuHêcelló plus quefuft'ilÙtcs.Auf-li en furent ils taxez publiquement deflyrs. Carnbsp;le corps ayant cite amené à S. Denis par Satilacnbsp;amp; la Broli’e, où il fut eiiterrc fans aucune folen-nite ny ceremonie Royale,deux iours apres l’cnnbsp;tcricnient, Ion trouua attache auec deux cfpin-gles fur le drap de velours qui eftoi t fur le corpsnbsp;dudit Roy Frâçois vn petis billet de papier counbsp;tenant CCS mots,0« eß tneßire TAtme^uy du ChAnbsp;fleUmAtj tlefloù Frara^uts. Dót chacun au commencement ne faifoit que rire : mais en fin y a-yant penfe de plus pres, fut iugé que c’eftoit autre que lonn’cltimoit. Tanneguy auoit elté prenbsp;mier Ghjmbellan du Roy Charles fcpticfme,amp;nbsp;dcfpendit huiét vingt mille liutespoùr faire enterrer folennellcmcnt fon maillre.qoi ne luy funbsp;rent rédus que trois ans apres.ll fit celle defpennbsp;fc de fes deniers,voyant le corps cllre a bandon-r»é d’vn chacun , tous les Seigneurs s’cllanisrett-rez auprès de Loys omieCme l'on Ris, nouuelle-Bicnt entr^ en regne, amp; lors eftantaupays basnbsp;s’eftoit retire eftant en la male grace dunbsp;Koyfonpere. . Ccllefcrit donc fut interpréténbsp;pour vn regret fait au nom du Roy François, fis
-ocr page 130-LA LEGENDE DV ficlesoppofer aux Catholiques,afin que tandisnbsp;qu’ ils feroyêt aux piinfçs les vns contre les autres elle maniaft tout, amp; qu’on n’cuft loilir denbsp;confidererôt efplufchcr les actions. 11 y auoitnbsp;aufli tant de feruitcurs fecrets qui pour piller amp;nbsp;fouragcrceuxdcla Rcl'giô deuiendroyent trefnbsp;caiholiques: amp; les Cours de Parlement cftoyétnbsp;tellement compolces que fila iufiiee n’cfloitnbsp;réformée depuis la^tcfic iufqu’àla plante desnbsp;pieds, iamais ceux de la Religion ncprolpere-royct. Qu’ayâslc Roy, amp;:fcsfrères en leur mainnbsp;par le moyen de la Roync, il leur feroit aile denbsp;combatte fous ce bouclier tous leurs ennemis,nbsp;amp; en auoir raifon aucc le temps, voire fc fairenbsp;plus grands queianrfais par leur ruine. Vnechonbsp;le les fa fehoitj-afauoir la longueur du temps . amp;nbsp;l’mconftance de la Roync merc,laqucllc leDuCnbsp;dcGuife craignoit plus que toute autre chofe,nbsp;cnfemblc la viuacite du Prince de Condc.Poutnbsp;pouruoir à tout ccla.ils procurée (comme nousnbsp;auons veucy dclTus) leur reconciliationaucc lenbsp;Roy de Nau3rrc,qui fut faite tellement que parnbsp;mefme moyen il quit ta à la Roync mere en lanbsp;prcfencc du Duc de Guife amp; du Cardinal,toutnbsp;tel droit qu'il pouuoit prétendre à la régence dunbsp;Roy amp; du Royau:nc,fans iamais en rien le que-rcller,requcrir amp; accepter;^: figna celle quitta-ce de fa main. AyaiTs ce pointjls concluent quenbsp;le Prince en s’attachant a eux auroit de fi fortes. jnbsp;parties que bic tort oncnauroitlebout,amp;que (nbsp;ce feroit Je moyen pour bander itnftcrc contrenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;|
luy nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
-ocr page 131-CARDINAL DE LOR. 5? luy,amp; tirer lun au party Catholique. Quant à Ianbsp;Royne,ils fe rcfolurent de Ia killer vn peu balc-ccr de cofté amp; d’autre .en attendant curieufe-ment qu’cllc feroit TilTue de fes deportemens.nbsp;Or fauoyent puis qu’cllc auoit cell auantage furnbsp;Ie Roy de Nauarre, qu’cllc pratiqueroit li biennbsp;aux Eilats que fon authorité feroit approuuce.nbsp;Ils auoycnt aufli telle part en elle,que fon incô-ftance leur feroit proufit3ble:amp; que l’an nefenbsp;palTcroit point qu’ils ne viflent quelque remue-*nbsp;ment pour fc remettre au dclTus.
¦Vnc partie de ce dont ils royoyét dcfiaquelques apparences auint; mais ils furet bien trom-« pezen d’autres endroits, Gar apres auoir biennbsp;tourmente ceux de la Religion par quatre guerres ciuilics amp; vn horrible malfacrc fousCharlesnbsp;IX. Cinq d’eux demeurèrent à la pourfuite, lenbsp;plus inepte demeurât derriere : amp; quant au plusnbsp;apparent forty d’eux afauoirle Duc de Guifeànbsp;prefent il eft en tel cftat que ( comme quelqu’unnbsp;difoit de ceux qui vont fur mcr)on np lauroit dire s’il efl vifou mort, ayant reccu vn tclfoufiletnbsp;de Dieu fur le vi lage,qu’il en demeurera fletry ànbsp;iamais.Or faut il confidercr les maux qu’ils firctnbsp;au Royamp;a tout le Royaume, amp; àeuxmefmesnbsp;aufli en toutes ces guerres ciuilles.Et tout ainlinbsp;que les tonnerres n’efclatcnt point que premièrement par lignes prccurfcurs ils nkyent donnenbsp;quelques tcfmoignages de leur proche arriuee,nbsp;aufii ccuxdcGuifeauant que de foudroyer furnbsp;la France fitent leurs bruits fourdcmcnt,amp; pra-h.iii.
-ocr page 132-.'LA LEGENDE DV tiquèrent çaamp;la pour fe rendre plus furieux a-pres s’eftre fortifiez. Eftans deliurez de ce qu’ilsnbsp;craignoyent le plus gt; afauoir de la rccerche de i’nbsp;emprifonncnicnt du Prince,par l’afieutancequenbsp;la Royiic leur en mit au cœur, amp; leur reconciliation auec le Nauarrois, auquel ils auoyent faitnbsp;declarer par le Roy defurid.que c’eftoit luy feulnbsp;qui defon autliorité auoit fait cniprilonner lenbsp;Prince: ils deliberent fe trouucr a/ix Eftats pournbsp;voit ce qu’on y diroitgt;amp; feruir à leur caulê ennbsp;tout ce qui leur feroic poffible.Et auant que paffer oultre.fe liguent auec les Cardinaux de Tournbsp;non amp; d’Arm)gnac,lc Duc de Nemours,les Manbsp;refebaux S. André amp; de Biifiac,les Sieurs deRé-dan,Martigues, Sipierrc,Monluc,la Motte Gonnbsp;,dnn,laSuze,Sâflac, Sauigny ScautresSeigucursnbsp;amp; Capitaines en grâd nombre, qui s’attcixloyétnbsp;bien.de fe faire grands amp; ricbçsamp; opulens parnbsp;les guerres ciuiles,que les Princcs(dilôyent ceuxnbsp;dcGuife) vouloycnt introduire auec le changement de Principauté, ils firent venir le bruit denbsp;celaauxoreillesdu Roy de Nauarrequiau lieunbsp;d’y pouruoir comme il deuoit,commcnça à perdre cœur, amp; quitter fon authorité , comme il lenbsp;monftra plufamplcment toft apres.De la s’enfuinbsp;uit le reiglement arrefté au Confeil du Roy lenbsp;21. de Décembre içôo touchât le Gouucrncmctnbsp;de l’Eftat du Royaumc/)u la Roync mere fut rùi-fe au haut bout.
Ce pendant, y eut vn incident qui futforta-grcable au Cardinal gt; mais il en eut courteioye.
------ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;- ¦ .nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' ¦nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Les
-ocr page 133-CARDINAL DE LOR. ffó Les dcputez d’enuiró quarante Bailliages amp; Scnbsp;nelchauHees du Royaume, maintenoyent Icur-rnbsp;pouuoir cftre expirc,daut2t qu’ils auoycc cfté m2nbsp;dcz par Ic Roy Frâçuis :amp; puis quil elicit mort ilnbsp;faloic auoir nouueaux memoires. Le Cardinal amp;nbsp;les ficns penloyéi bien que fi cela ne roinpoit dunbsp;tout les Eilats,il les reculcroit vn peu, amp; ce pendant ils pratiqueroyent: mais parla fagefiédunbsp;Chancelier amp; autrcsgt;fut conclud qu’on pafieroiçnbsp;oultreiattcndu que la dignité Royale ne mouroicnbsp;point,mais cftoit rcprcfcntee par ion fuccefi'cur.nbsp;Auffi quand il fiit auenu que telles déclarationsnbsp;euflent reculé les Eflats,c’euft efté au grand dcf-auantaigc de ceux de Guife, car es noüueaux memoires ils cufTent auffi des nouuellcs recharges.*nbsp;amp; la Roync mere qui craignoit bien que les Frâ-çois, ne dccouuriflcnt l’çfcrit qu’elle auoit tirénbsp;par menaces du Roy de Nauarre, ne l’en fifientnbsp;recercher amp; chafiiercömcilappartcnoit,pournbsp;auoirfait vnefi dcfloyale traficque de la liberténbsp;du peuple, hafta Ja befongne^enquoyceux denbsp;Guife gaignerent le plus.
Ils penient. làdeflusf ce quicftoit vray auffi) qu’en celle aflcmblcelon traiteroit des afairesnbsp;de la Religion amp; de l’Eftat.Orfauoycnt ilstref-bienque la Religion feroit comme le principalnbsp;pour ce coup, dont ils furent ioyeux aupqffiblc,'nbsp;amp; delibererêt d’employer toutes leurs forces anbsp;poufter la roue 4c cccoftcJà, afin que l’autre dc-meuraft indécis, ou que s'ils eftoyent amenez ànbsp;celle necclfiié que de rendre compte de leut; ad;
h.iüi.
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miniftration, ils prefcntaffent leurs comptes en en champ de bata.llc,pourcftic examinez amp; closnbsp;à la pdinte de l’efpec.enquoy ils s’affeuruyent denbsp;faire vn fi beau brouillis que leurs torss cfgare-royent auec les droits de partie aduerfe. 11 fautnbsp;donc parler de la Religiô à bon cfciêe,amp; en faounbsp;1er les Huguenots, qui tous ardans d’afieélion n’nbsp;àuoycnt autres defleins qu’à penfer à la liberté denbsp;leurs confeienees : cftiinans que la féru tudedunbsp;corps feroit fupportable aucunement, pourucunbsp;que le principa I leur dcmciiraft en fon entier.nbsp;Mais ils fe mefeontoyent fort : car l’vn ne pou-uoitfubfiftcr fans l’autre ,amp; pieté fans iufticeanbsp;vn foible fondement au monde. Comme auflînbsp;quelques vns feeurent bien dire deflors, que fi lenbsp;rcftablifTcmct de l’Eftat du Royaume en fon ancienne lplcndcur,amp; la reformation de la ReligiÔnbsp;ne marchoyent d’vn mefme picd,on en verrOit a-uenirçncorcs de plus grands maux que iamais. 1’nbsp;experience là monftré à ceux qui n’en vouloyentnbsp;rien croire lors:amp; Dieu vucillequcles Françoisnbsp;en apprennent finalement quelque chofe.
Apres celle rcfolution,lc Cardinal de Lorraine fàilbit pratiquer d’auoirla charge de faire la harangue au Roy pour les trois Ellats.ee qui luynbsp;fut accorde par le Clergé:amp; fur enuoyé vn nomme Griueau chanoine de la S. Chappelle par dc-uers le tiers cllat, pour luy faire confentirtauquelnbsp;incontînet à haute voix fut rcfpodu qu’ils ne vounbsp;loyent prendre pour porter la parole pour euxnbsp;ccluy duquel ils auoyent intention de fc plaindre:nbsp;qui
-ocr page 135-CARDINAL DE LOR. 6i lt;jui fut caufe qu il fe déporta d’cn parler à la Nonbsp;bltfle. Et cc pendant empoigna celle rcfponccnbsp;pour en faire fon profit : car il donne à entendrenbsp;aux Catholiques, fpecialement au Clergé,quenbsp;les Huguenots leur marcheroyent fur le ventre,nbsp;fi de bonne heure on ne s’oppofoit à leurs def-fains. quepar confequentil faloitinfifterftirccnbsp;point en la harangue pour le Clergé,amp; que puisnbsp;que le tiers eftat s’eftoit ainfidcfcouucrtamp;auoitnbsp;protefiéà luy qui cftoitvn des principaux men-bres du fiege Apoftoliquc,Ics autres moindres nenbsp;le Clergé fut choifivn nomméQuintin deferteurnbsp;delà Religion,SiT pour lors Dodeur en Droit xnbsp;Canon à Paris.Pour la NoblelTe le Sieur de Rochefort,amp; Lange Auocat à Bordeaux pour le tiers Eftat.
Oncommcçaàtenirles Eftatslexri i.Dccc- Eßatt tre en la falledcftineeà ceftefiniLes Cardinaux d'Orient Lorraine amp; de Guifcamp; le Duc de Guifcs’y lt;trwnbsp;trouucren t pour ouyr amp; faire leur proufit des harangues . Le premier iour fe pafte a ouir la harâ-guedu Chancelier,laquelle les toucha peu ounbsp;Point du tout, car il ne parla qu’en general. Lenbsp;député du tiers Eftat s’arrefta a taxer l’ignoracc,nbsp;^gt;üaricc amp; les diftbiutions des Ecclcfiaftioucsnbsp;fticeamp; apres auoir prié le Roy de maintenir lanbsp;Noblcflc en fes priuilcgcs,prcfc nta vnc requefte
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pat laquelle elloyent requis des temples pour les gentils-hommes de la Religion . Quin-tin pour le Clergé fit vfie longue harenguenbsp;ou inueâiue contre ceuk de la Religion , s’atnbsp; tachant aux plufgrands , amp; nommément ennbsp;termes couuerts à l’Âmiral , qui auoit préfente la requefte de ceux de Normandie quinbsp;demandoyent des temples.
Ces harengues mirent le Cardinal de Lot raine amp; fes freres en bonne efpcrance : carnbsp;ils s’afTeuroyent que fi l’afaire de la Religionnbsp;s’auançoit, comme il y en auoit manifefte apparence ce Icroit le vray moyen de ïcparet lenbsp;Conneftable d’auec ceux de Chaftillon , amp;nbsp;Coptes faire ioiiftef les Catholiques auec ceux de lanbsp;dernMi- Rcligjoh ; pendant quoy ils le rèndroyent lesnbsp;dezà- plus forts.
ceux de Sut celle penfee furuint igt;n autre fait qui leur Cutfe. feruit,encor que lapourfuitc leur en fuftdcf-auantageufe. Les dcpù'téz pour vifiter le Cayernbsp;des Ellats ayans fait leur rapport au Cönfe*^nbsp;priuc : le Roy de Nauarre à: le Chanceliernbsp;furent aux Cordeliers pour parler aux Ellatsnbsp;làaffcmblez , où fut commence a parler de 1»nbsp;rellitution -des dons îmmenfes , de l’acquit desnbsp;debtes du Roy, amp;autrcs chofes fcmblables: cénbsp;qui ne fe pouuoit faire que premièrement ceuXnbsp;qui auoycnt manié les finâces amp; afaircs d’Ellat»nbsp;fous les Roys Henry amp; François fécond riefuf'nbsp;fent amenez à glande extrémité. La Royo®nbsp;mere s’efiouiffoil fort detèlleoÜBcrturc , s’afnbsp;feurant
-ocr page 137-CARDINAL DE LOR. €z fcuranc qu’à caufe de fa rcgcnce on nc Ia rccer-cheroyt aucunement, amp; Ie delibcroit de pouffer celte roue pour humilier ceux qu’elle voyoitinbsp;trop haut pres d’elle. Le Roy de Nauarre nnbsp;auoit rien eu ni manie. Ceux de Guife , le Con-neftable,amp; le Marefcal de S. André cftoycnt lesnbsp;plus auant en celte bcfongnedl n’y auoyt qu’vrtnbsp;feul rcmede pour rompre ce coup, c’eftoit denbsp;troubler le Royaume. Pour y paruenir, amp; dref-ferplus commodément tout ce quiycftoit requis , au lieu de pourfuiure ce point. Dieu iulle-tnent courroucé amp; voulant commencer à battre les François , permit qu’on rcmift les E-ftats au mois de May enfuyuant. C’eftoit cenbsp;que ceux de Guife cerchoyent. Le Conne-ftable n’en fur pas marry, encor qu’il euftpro-tefté quelquefois d’eftre preft à rendre compte.
Le Roy de Nauarre ayant encor alors quelque affeétion à la Religion , le Prince ticnbsp;Condé fon frere amp; ceux de Chaftillon defi-foyent auancer la Religion , ce qui fc pour-toit plus commodément faire, enlailTantccftnbsp;autre point pour vn temps j lequel ils pen-foyent ailcmcnt reprendre puis apres.
Mais ils furent trompez par fambîtion tic la Roync mere , la fetardife du Roy denbsp;Nauarre, les pratiques de ceux de Guife horsnbsp;du Royaume , amp; dedans aucc le Conhcftablenbsp;qu’ils feparcrent de fes neucus fous prétextenbsp;de la Religion.
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Jiufes nbsp;nbsp;nbsp;Ce pendâc le icunc Roy aucc fes fteres eftoit
CS maDsdcla mere qui ne fiifoit queicgarder de Gui qui feroitic plus forr,pourfe letter entre fes brasnbsp;po«rauecfcs ciitans. Et d'autant qu’elle auoit beau-arnener coup foufftrt foubs ceux de Guife,pendât le Rc-le Roy- gne de François fécond ,clle euft bien délire quenbsp;atme ceux de la Rcligiô fulfent demeurez les inaiRresgt;nbsp;aux s’aireurant de les manier plus aifement : car ellenbsp;troublet auoit délia en main les Chaftillôs.le Roy de Nanbsp;uarre fc laifloit menenquant au Prince de Con-. dé,pourucu qu’elle ne s’oppofaft a la reparationnbsp;du tort qu’il prctendoitluy auoirefté faitenfonnbsp;emprifonncmcnr,cllclc reputoit comme lien jamp;nbsp;mefmes cllimoit auoir en luy vn nouucau baftônbsp;pour atterrer ceux de Guife. Le Cardinal de Lotnbsp;raine Tentant que ce Prince cftoit fur le point denbsp;venir en Cour, dellogca fous couleur d’aller faire relidcnccen fon Arclieuefché de Reims,biffant ncantmoins fon fccrc le Duc de Guile, pournbsp;efpion,amp; aucc autres,pour pratiquer félon quenbsp;les affaires fepotteroyent. Le Prince de Condenbsp;ayant effe bien rcccu du Roy, amp; iullific en plainnbsp;Confcil luy fut permis d’en pourfuiure plus ample declaration .nbsp;nbsp;nbsp;Pour cell effed il s’en va à
Paris. Toll apres, firuintvn autre different qui
- mit le Duc de Guife amp; fes partifans en grâd peine , amp; fans la rufe de la Roync mere qui Icurfer-uit bica ce coup.St s’en vouloir aider à f auenitj ils cftoyêc defirçonnczàcccoup.Lc Roy de N»nbsp;uarre folicite par quelques vns qui voyoyct alTcznbsp;der, fc plaignit à la Roynede la trop grande au-,nbsp;thorite
-ocr page 139-CA'RDINAL DE LOR. thorite qu’vfurpoit Je Duc de Guife quitouf-iours luy auoit efté aduerfaire, amp; que ledit Ducnbsp;de Guife demeurât auprès du Roy,luy n’y pour-roit demeurer, amp; qu’il faloitque l’vn ou l’autrenbsp;deflogeaft de la Cour. La Royne ayât fait quelques exeufes pour rompre ce coup, le differentnbsp;yintiufqueslà que le Roy de Nauarre fe bottanbsp;le lendemain eftanttoutpreftà partir ,fuiui desnbsp;Princes du Sang,du Contnablc,amp;: de fes ntueusnbsp;de Chaffillon amp; de plulteurs autres Seigneurs.nbsp;Or la Royne voyoïtbien que fi elle demourorcnbsp;auec ceux de Guife fculcmeut, c’eftoit fait d’ellenbsp;amp; d’eux auffi. Pour fc conferucr feint de procurer leur biê,afin qu’ils ne luy nuifiirct,s’ils demeunbsp;royce maiftres encorevne fois.Elle enuoye quérir le Coneftable, amp; luy fait commander par lenbsp;Roy de ne bouger.Cc qu’eftant obtcnu,tout futnbsp;tompu,amp; le Roy de Nauarre enuoya querirfesnbsp;mulets qui eftoyent défia à Melun.
Ce different diuulguc ntcourir vn bruit que laRoyne fupportoit ceux dcGtiife cotre les Princes du Sangrtellcment que les Eftats p-’rticuliersnbsp;de Paris s’auancerent amp;vindrcnt à toucher auxnbsp;principaux points de l’eftat: l’article de la reddition des comptes n’eftoit oublie. Ceux de Guifenbsp;cftoyent expreffement nommez, amp; fut arrefte denbsp;procurer par toutes voyes que defences leur fc-royent faites d’entrer au Confeil priué, quepre-mieremét ils n’euffenr rendu compte. D’vn coffenbsp;la Royne mere s’efiouiffbit fort, voyant ceux denbsp;Guife fes plus grands ennemis en danger par tel
-ocr page 140-LA LEGENDE DV moyen. De l’autre elle cftoiten quelque peine à caufe de fo regcnce. Pour y pouruoir , ellenbsp;fait vn nouuel accord aucc le Roy de Nauar-re par le moyen du Conncflable. en telle fortenbsp;que ledit Roy fe coiKcnta;amp; follicita le Duc denbsp;Guifç de faire l’hun.ble : ce qu’il fit, plus qu’ilnbsp;n’auoit accouftunic auparauant. Elle enuoycnbsp;quérir le Prince de Coude pour venir lignernbsp;cell accord , amp; fc fert du JVlarefchal de Montmorency, pour faire amender amp; corriger ce quianbsp;uoit cAe* arrcAe aux EAacs particuliers de Parisnbsp;touchant le gouucrnemcnt du Royaume.
Le Cardinal manioit toutes ces afaircsauec laRoync mere,à laquelle il cfcriuoitfouucnt,amp;nbsp;combien qu’ils fe deffiafl'ent l’vn de l’autrçitou-teffoisils auoycnt tant mefnage cnfcmblc,tju ilnbsp;Icurcftoitnccefl'airc pour leur conlêruation denbsp;predre ce chemiri.Ils fc haylToycnt donc extre-mcmët,amp; ce pendant taifoyent de merucillcuxnbsp;efforts a fc maintenir l’vn par l’autre .Et de fait,nbsp;on peut dire que toutes les rufes de ceux de Guinbsp;fc ne leur ont jamais tant ferui que le Itul cfpritnbsp;de la Royne mere,qui les haifloit extrêmementnbsp;neâtmoinsicôme au contraire iamais gens n’ontnbsp;jfàit tac de mal amp; de bic a la Royne mere,qu’ontnbsp;fait ceux de Guife. Mais cela fe verra en autrenbsp;endroit plus cômode.Icy Ion void le poure Roynbsp;amp; le Royaume flottans amp; attendâs le naufrage»nbsp;Pouf à quoy parucnir,ccux de Guife ne fe fentâsnbsp;alTez forts,fous prétexte de Religion fc ioignétnbsp;au Conncflable, l’enaigrilTcnt contre l’Amiralnbsp;fon
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fon ne lieu qui fa i foie ouuertc profcfiîô de la Re ligion.s’aidans de tous artifices propres .Le Manbsp;refehaJ de S. Andre leur ferait bien auffi en cellnbsp;endroit; car il fouffln en l’oreille du Côncftablçnbsp;que ce qui auoit tfte propofe par les Lftats denbsp;repeter les dons immçîcs,auoit efté procuré parnbsp;I’Amirabpour tenir fon oncle en bride,amp; l’aioenbsp;ner à la nccefiitc de confentir au changement denbsp;la Religio. Le Côte de Villars irrite contre l’Anbsp;mirai qui auoit aigrement taxe fes mauiiais de-portemens enLaiigucdoc,poufia auüi à la roué,nbsp;Icllcntct que nonobfiât les remonftrâccs du Manbsp;rcfchil de Montmorency, le Conncftablc s’adjoignit a ceux de Gutlc,qui faifoyct leurs ligues,nbsp;amp; dt'ft^i’oycntau Roy amp; au Royaumç fesfer-uitcurs pour mettre tout en defordre.
AnffiJes Catholiques fefentans fortifiez par Efinoti telles ligues commccerét à fe mutiner.Et la def- on itsnbsp;fus,par l’artifice de ceux de Guife on fait courir Catho~nbsp;le bruit que l’Amiral s’cftvîit fait fort de charter Indues,
' la méfie amp; plater la Raligiô en Frâce fans aucun bruit. Les Catholiques de Beaituais Eucfchc'dunbsp;Cardinal de Chaftillô commccerét amp; furet fuinbsp;uis de ceux d’Amies, Pôthoife amp;autrcs lieux. Anbsp;Paris y auoit des raoyncs amp; autres telles tropeenbsp;tes de feditiô qui auancerent bic les defleins denbsp;ceux de Guife* De fair, fur ces premiers rcmeu-més furet cnuoyccs lettres patères à tous les juges Royaux du Royaume pour faire deftfes denbsp;ne s’entr’iniuricr aucunemet par ces mots desnbsp;Papilles Si Huguenots A* pouruoir à la feurctcnbsp;amp; liberté des vns amp; des autres.
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La Cour de Parlement de Paris, ou il y a beaucoup de fcruitcurs de la maifon de Guilé, enuo-ya de grandes remonftrâces au Confeil priucfur cefteditimais ce n'eftoit qu’vne nouuelle mencenbsp;pour brouiller toufiourslcs cartes, comme onnbsp;dit, amp; adiouftcr vn defordre, a vn autre fous lenbsp;plus beau femblât du môdc,afauoir la Religion.
Ce pcndât,le Cardinal de Lorraine attendoit a Reims le ieune Roy .qui y fut mené à fon Caere,nbsp;ouïe Duc de Guife fut encor fi audacieux que denbsp;fe ietter entre le Roy de Nauarrcamp;le Duc denbsp;Montpcnficr,pout marcher apres le Roy.s’cfga-lant par telle rule aux Princes du fang. Le Cai digt;nbsp;nal fefentant deflors aflez fort, ayant gaigné cenbsp;point de mettre la Religion en auant pour manteau de fon ambitiomfit lors de grandes plaintesnbsp;contre ceux de la Religion, remonftrât que pendant }c colloque arreUë pour rcigler tels ditfe-rcnsjle Roy ne deuoit permettre qu’on innouaftnbsp;chofe quelconque. Et que pour y pouruoir feurenbsp;mcnt,eftoit requis de faire vne loy inuiolable ,amp; ,nbsp;a cefte fin afleblcr au Parlcmêt deParis les Priilnbsp;ces Seigneurs amp; autres du Cofeil priué du Roy,nbsp;pour y drelTcr vn arreft qui feroit garde' folennelnbsp;lement puis apres. Mais cela efioit vne nouuellenbsp;rufe pour acheminer les defleins de la maifon denbsp;Guife.Lc Cardinal fauoit bien qù’cn l’aircmblccnbsp;aflfignee aux Prélats pourauiferaux afairesdelanbsp;Religion,ou les minifircs aufli feroyce appeler,nbsp;ne fe vuideroit rien:amp; que les choies cftans ainfinbsp;en fulpés, le Roy feroit pïcliëde permettre l’cx-. crcicc
-ocr page 143-CARDINAL DE LO’R. (îy crckc public de la Religion; ccqu’auenant lenbsp;Pcinccdc Condcamp; ceux de Chaüillons’auan-ccroyent pour luy faire telle puis apres. Pournbsp;©buier à cela, il penfoit qu’en preuenant ce colloque pat vne autre afl'éblce à Paris, où il auoicnbsp;gens à commandement,!! pourroit gaigner quelnbsp;que chofe,ou pour le moins bander tclleniêc lesnbsp;vus contre les autres, qu’il n’y perdroit rien.nbsp;Voila pourqiioy celle allcmblee fut affigncc, lanbsp;Royne mere s’y accordant prcfque, pourmef-mc conûderation, amp; les partifans contraires, e-lliraâs que cela lèroitpour lebiédu Royaumesnbsp;Les ledeurs peuuent icy pefer, quelles alléesnbsp;amp; venues fnfoyent ceux de Guife, tant dedansnbsp;que dehors le Royaume,amp; comme ils remuoyétnbsp;ciel amp; terre pour lé maintenir. L’Efpagnol amp; plunbsp;fleurs Princes d’Italie eftoyent auertis de iour ànbsp;autre de l’cllat des afaircs,amp; la Royne mere fernbsp;uoit alors de fecretaireàla maifon de Guife,nbsp;pour faire de belles defpeches fous le nom dunbsp;Roy, à l’encontre des Princes du fang, lefquelsnbsp;ccpcndâtonfiiloit bicnfcmblant de fauorifer,nbsp;car en ce temps afauoir le 15. iour de Juin 156 i.nbsp;l’arrcllde l’innoccncc du Prince de Condefutnbsp;prononce au Parlement de Paris, les’chambresnbsp;afl'emblecs.cn tobbes rougcs,en la grand cham-*nbsp;bre du plaidoy.c, en prcfcnce du Duc de Guife,nbsp;des Cardinaux de Lorraine amp; de Guife entrenbsp;autres. Et fur la fin du mois d’Aouft enfuyuantnbsp;fut faite la reconciliation’entre le Prince amp; lenbsp;Duc de Guife.
i.i.
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' Edit de En ces entrefaites fut adrcflc l’edit de luillet IwUet. en cefte afl'êblee de Princes amp; Seigneurs au Par-leinent-de Paris : où ceux de la Religion obtin-drcnt plus de rclafclieamp; liberté qu’ils n’auoyctnbsp;onqucs eue au parauant. Et fut arrcHc auffi derechef,que les Prélats feroyentappele2,amp; fauf-conduit donné aux miniftrcs de la Religion,afinnbsp;de cercher quelque moyé d’accord.Lors le Carnbsp;dinal cômcnça à bien efperer de fes afàires. Carnbsp;il s’afl'euroitauoir vn moyen tout prelf de bander les Eglifcs de la confellîô d’A usbourg contre les reformées de Frâce,à caufe de la Ceiie.-cenbsp;qu’auenant, outre ce qu’il expoferoit les mini-nresenrifee, il cmpefcheroicle Prince de Connbsp;déamp; ceux de Chaftillonqui leur fauorifoyentnbsp;ouucrtcmcnt, defepréparerarchlfer auxuef-feins amp; appareils que le Duc de Guife amp; fes parnbsp;tifans commencoyêt à drcfl'cr pour rendre leursnbsp;comptes à la pome de la lance.-d’autant qu’ils nenbsp;pOurroycnc eftrc fecourus des A Icmâs aufquclsnbsp;on feroit aifémctà croire.qüe tout le remuemetnbsp;du Royaumêneproctdoitqbcdcla Religion.
Ceux de Guife euffent bien voulu trouucr Erati- quelque moyen d’endormir le Prince de Codé,nbsp;pourlediftraired’auccceuxdc Chaftillô. Maisnbsp;ponrrui leur confcicnce les redarguoit, tant pour luy a-nerle uoir fait mille maux qu’ils le lailTcrcntlà pournbsp;Jioyde vn temps, fecontentans de luy mettre en telle lenbsp;Nauar Conneftable amp; autrcs.Mais auant que venir auxnbsp;re. mains, vn autre coup leur fcmbla ncceflaire.Ilsnbsp;voyoyent le R oy de Nauarre aflez bic d’accordnbsp;auec
ƒ
-ocr page 145-CARDINAL DE LOR, 9« auec le Prince de Condé fon frere,amp; penfoycntnbsp;(cequieftoitvfay)quefi cesdeux Princes dcmcunbsp;roycnt vnis, la N obleflc Françoife 8i le peuple,nbsp;nonobftant la Religion,rc râgcroit de leur party, pour chaflcr ceux de Guile, ou les amener 1nbsp;conte,amp; remettre le Royaume par confequcntnbsp;en fon ancienne fplcndeur.Ils font entendre aufnbsp;fi à la Roy ne mere le danger qu’il y auoit pournbsp;elle,fi CCS deux Princes demeurent vnis.Ellc lesnbsp;prie d’y pouruoir de leur cofte, amp; promet de s’ynbsp;employer du fien, comme elle fit par des moyes 'nbsp;fort deshonneftes declairez au difcours de fonnbsp;gouuernemcnt.QiLant à ceux de Guife,dcs le vi-uant de Français fécond,ils auoyét attire i leurnbsp;feruice le Sieur d’Efears Chambellan du Roynbsp;de Nauarre,amp;auoyent defcouucrcparcefte-fpiontous lesfecrets de fon maiftre,lequel ayâtnbsp;dcfcouuertladefloyautédccc d’Efears par lettres eferites de fa main.l’auoitchafi'é d’arrièrenbsp;foy.Il s’eftoit rengéà demy ancc ceux de Guife,nbsp;qui luy font dire, qu’il tafehe par tous moyensnbsp;de fc remettre en grace auec fon ancic maiftre,nbsp;pour leur y faire feruice comme au parauant, a-fauoir l’entretenir en fes plaifirs.faifint les mef-fages vers les dames de la Cour,amp; le deftournernbsp;par confequentde la Rcligion,qui requeroit vnnbsp;renoncement à toutes lafciuetez amp; puantifès.nbsp;Lors tant degens furent mis en befongne ,qucnbsp;Defeats fut rappelé par le Roy de Nau.irre,nbsp;dont plufieurs commcncerct à preuoir de gransnbsp;maux. Au côtriarc Ion aficurc qu’au rapport quinbsp;i.i».
-ocr page 146-LA LEGENDE DV fut fait au Cardinal de Lorraine touchât ce rapnbsp;pci,il commença à rire, amp; frappant (à fa couftu-me) d’vne main dans l’autre, dit à quelques rns,nbsp;que de long temps il n’auoitouy nouucllcsplusnbsp;agréables-
Tfiats ij J J jcy Jcfliis, que les Eftats côrnen-(i Pon~ eczà Orleans, a uoyent cHé remis au muisde May. Depuis pour diuers emperebemens amp; parnbsp;les menées de ceux qui ne vouloyêt rendre cornnbsp;pte qu’à clicual amp; à main armée, ils furent reculez iufqucs àla fin du mois d’Aouft à Pontoilê»nbsp;où ils auoytt cite affignez. Entre autres chofes,nbsp;ce qui toucha le plus ceux de Guife,fpcciaicmccnbsp;le Duc de Guife qui y affiftoit, fut cç que pro-polale Sieur Brctagiieeii fa h-irangue pour lenbsp;tiers Eftat, touchât le mauuais mefnage dcfditsnbsp;deGuife. Nous auon? icy infère fes propresnbsp;mon, d’autant qu’ils font notables. Vos fuiersnbsp;(dit il parlant au Roy) ont efié trauaillez d’infinis fubfidcs,tant ordinaires qu’extraordinaires,nbsp;creucs fur iceux, augmentation deg3bcllcs,fol-dc de cinquante mil hommes de pied,le taillon,nbsp;les vingt liures fur chaeû clocher du Royaume,nbsp;huidl efeus Icucz fur les officiers Royaux,fix furnbsp;les Auocats de Parlement, quatre fur les bourgeois, vefucs amp; artifans, deux fur les autres A-uocats,Praticiens,Notaircs amp; Scrgés,cmprûts,nbsp;non cmprunt.s, francsfiefs, nouueaux acquefts,nbsp;deniers Icuczapres la iourncc S. Laurent, alienation du domainc,aidrs,gabcllcs, ercéÜon desnbsp;bureaux de la Foraine,finâces rcccucs d’offices,nbsp;tant
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tant anciennement que ooaucllcmct érigées. Ja fupprclfion d'aucuns d’iceux,denjers de conrir-mation, autres deniers prins (ur les maifons âcnbsp;hoftels de vilie$,dcnters Icuez des conJignatiôs,nbsp;vaiifelles d'or d’argent billonnecs,munitionsnbsp;de guerre, viures pour les camps amp; armees mi.nbsp;fes fus depuis trete ans,cheuatix amp;harnoisd artillerie,afliette d'eftappes,fourniture, vcllurc amp;nbsp;nourriture dcfoldats,foldc Sc payement de fol-dats en plufieurs villes particulières, falpetrcamp;nbsp;poudre fournis par le peuple,giiges d’officiers,nbsp;gendarmerie, gens de pied non payez, fuppref-lion de la traite Foraine, deniers de conuoy ennbsp;Bretagne, amp; plufieursautres femmes infinies,nbsp;fousdiuers noms amp; filtres,tendis à mcfmcs finsnbsp;d’auoir deniers de vos fuiets. Aumoycn defdi-tes charges infupportables,fetrouucrtvos po-urcs fubicts tant languides, atténuez amp; afoiblis^nbsp;qu’à prefent. Site, ne leur refte à vous offrir amp;nbsp;prefenter autre chofe cju’vne bonne amp; loyale vonbsp;lontc. Se font examinez à diuerfcs fois, amp; ontnbsp;fonde tous leurs pouuoirs auxaLiresdevottrenbsp;Klaieftetmais à leur grand regret fc ttouuct def-Buez du moyen de vous aider amp; fecourir : vousnbsp;fupplians tref-humblemcnt que voftre bon plainbsp;firfoit différer amp; remettre Icfecours qu’en attendez iufqu’àautre temps qu’ils auront repris •nbsp;leurs premiers pouuoirs par tous deuoirs qu’ilsnbsp;feront tant en labcur,induftric,cfpargnc,fobricnbsp;té, que bon traitement qu’ils reccuront de vo-ftre Maielfé. Ne fc pcuuentpctfuadcr, veu lesnbsp;/nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i.iii.
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grans fubfides fur eux Icucz durât les règnes del Roys Henry amp; Frâçois vos pere amp;:frere(de bonnbsp;ne mémoire) que foyez demeure redcuablc de lînbsp;grande fomme.Et reduifans en mémoire ce quenbsp;leshiftoires anciennes tant fainâes que profanes nous ont peu laiffer de l’antiquité pourtef-moignage de leurs hauts faits gt; trouuêt qu’il n’y
que le feu Roy Henry voftre tref honore pere» quelques longues amp; lôtinuelles guerres que letnbsp;dits Monarques ayent fouflenuës, ou biê entre-prifes pur l’augmentation des bornes amp; limitesnbsp;de leurs Royaumes amp; empires.Et à vray dire»]snbsp;debte eû frgrande 8i exccfliue,que qui voudroienbsp;efpuifer tous les threfors de voftre Royaumc.amp;nbsp;rcccrchcr vos fuiets particulièrement, à grandenbsp;peine fc trouueroit or amp; argent en leur puiâan-cc concurrent à ladite fomme. Et quoy que celanbsp;fèmbledur amp; difHciie à croire, cfi encores plusnbsp;ennuyeux à vos fiiiets de rentcdiie,qui n’ont pounbsp;uoir c/gal à leur volonté.Cela les induit à croirenbsp;que li grande fomme de deniers Icuee fur voûrenbsp;peuple, n’eft entree entièrement en vos coffres,nbsp;ny conuertic au proufitdc vos predeceffeurs,nbsp;ainspar donations immenfes amp; autres moyensnbsp;font demeurez pour partie entre les mains d’aucuns particuliers,les maifonsdcfquelsonvoitnbsp;reluire au detriment de vos fubicts. Pour reparer telle adminiAratiô, amp; faire qu’à l’auenir Ionnbsp;ne tombe en tel abiftne de debtes, ils vous fup-
plicnt
CARDINAL DE LOR. lt;î8 plient rref humblement ordonner aux finâciersnbsp;amp; fuperintendans de vos finâces, qui les ont m»nbsp;niées amp; difpenfces durant les règnes fufdids,dcnbsp;rendre amp; tenir compte deleurditc adminillra-tioiidcuanttels deleguez qu’il vous plaira choinbsp;lîr,les députez de vos Rtats y afliftans.que chacune Prouince amp;gouucrnemcnt nommera.Parnbsp;ce moyen feront refroidis amp; reuoquez ceux quinbsp;pourroyent à 1 aucnir commettt e mcfme fa utc.
En l’vn des premierz articles contenu au Ca yer prefenté par le tiers Eftat,ces mots cftoyentnbsp;contenus, Qu’on fit rendre compte aux Comptables,amp; à ceux qui auoyent manie les finâces,nbsp;ne pouuantpenfer ledit tiers Eftat qu’il n’yeuftnbsp;de grans abus qui fe pourroyent verifier. Ét cependant,que tant aufdits comptables qu’autresnbsp;qui auoyent eu le maniement d’icellles finâces,nbsp;mefmes cftant du Côfcil priué, fuft interdit l’acnbsp;ces audit Confcil, amp; lexcrcicc de leurs offices,nbsp;iufqiies à ce que lefdits comptes fuflent rendusnbsp;ailleurs qu’en la chambre des comptes,amp; en lanbsp;prefence des deleguez des Eftats ,amp; lerefteamp;nbsp;debet qui s’en trouueroit fuft payc.Que principalement Ion euft elgard à la reuifion de coptesnbsp;de ceux qui auoyent receu les emprunts particunbsp;liers des fommes de huiôl,fix,quatre,amp; deux ef-cus, vingt liures pour clocher, munitionamp;dc vi-ures, fournitures d’eftappes Sr autres pour lanbsp;guerre,deniers Icuez fur les villes clofes apres lanbsp;tournee S.Laurent,amp; de tous autres deniers extraordinaires leuez fur le peuple. Que les dc-i.iiii-
-ocr page 150-LA LEGENDE DV niers des pcnfions exccffiues amp; donations im-menfes fulfent rcpctccsfansexcepter perfonnenbsp;(fors la Royne mere, cjwiauoitfollicitc les députez du tiers Eftat à faire celte poui fuite pournbsp;les caufes dcclairecs au difcours de fon gouucr-iiemcnt)d’aucant qu’il apparuilloiteuideininct,nbsp;que ces deniers u’auoyent cité employé à l’v fa-gcauquclils cftoycnc deftmcz pourla fubueii-tion des afaires du Roy.
Onpcutpenfcr, lices inftanccs grattoyent ceux de Guilc. Le Cardinal vn peu plus retenunbsp;que fon frère le Duc, fiifoitfemblant de rien,nbsp;comme le préparant àfaire drefl'er fcscomptes.nbsp;Mais on hfoitau vifagede l’autre mille menaces contre l’Lftat du Royaume, dont les clfeéisnbsp;fc môftrcrent cinq ou fix mois aprcs.Pour pournbsp;uoir donc à leurs afaires ils refoluent, quant à lanbsp;reddition des comptes,d’employer tous les moyens qu’ils auoyent pkiftoltq ie füufïrird’cllrcnbsp;amenez à celle neccifité, amp; que fi les afaires denbsp;de la Religion ne leur y faifoyent ouuertute, ilsnbsp;laferoyent cuxmcfmes, en fe ruant aiiec leursnbsp;partifansfur ceux delà Religion , lefquelsfc*:nbsp;royent fauorifez du Prince de Gondé, de l’Aminbsp;ral.Sc d’autres Scigrcurs. par ce moyen lescora-ptcï fc brouUcroycnt fi bien, qu’auec le Ic'coursnbsp;des cllrangcrs ils pourroyét fc haufl’er plus quenbsp;jamais, ayant ce beau prétexte de Religion, amp;nbsp;s’alTeurans par confequent delà faucur de tousnbsp;les Catholiques. Oiitrcpltis le Cardinal voy«nbsp;ant tant de gens de iour à autre fed éclairer denbsp;la Reli-
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la Religion fe fourioit à fa couftumc,difant,quc c’cftoit curee aux gens de guerre qui n ƒ uoyentnbsp;plus de befongnc,amp; vn beau moyen pour tótennbsp;ter beaucoup de grans amp;pcti$, qui ne deinan-doyenequ’à mordre.11 s’riloic accordé fort libenbsp;ralemct à Ia cóuocation des miniftres pour tratnbsp;ter de la Religion à Poilfyauec les Prélats dunbsp;Royaumc,quis’y deuoytnt trouuerpourauifec -aufli de leur parc à aider au Roy pour acquitternbsp;fes dcbtes.C’cftoit en efpcrâcc de mettre les Minbsp;niftres en debat auec les Alemâs de la côfefhonnbsp;d’AusbourgjOU (peut cftrc pource qu’il les efli-inoit ignorans, amp; en auoit fouuctcsfois femé amp;nbsp;fait ferner les bruits de tous coftezjpour les cHônbsp;ner par me f» notable aflemblee, ou les rendrenbsp;muets par fon babil, Si par les ergots de quelques Sorboniftes qui y eftoyent appelcz.pour dinbsp;fputer. Mais ayat penfe depuis de plus près à cenbsp;fait, il s’auifa d'yn autre ezpedrét, afauoir de te*nbsp;mr preft le Lcga t du Pape »afin que fi ce colloque aidoit plus à ceux de la Religion qu’il n’efii-*^oit, on rompiâ l’aficinblec de bône heure» ennbsp;faifant rcuoyer les Minières au Côcilegeneral,nbsp;*Ûigné à Trente. C’eftoit auffipour toufioursnbsp;Contenir en bride la Royne mere, l’inconftan-ce de laquelle ceux de Guife redoutoycnt,à tortnbsp;foijtcs£jis»veu qu'elle Cauoit mieux qt/eux comnbsp;elle auoit à iouer fon rolle : mais elle ne lenbsp;leur communiquoit pas tour,ains feulement cenbsp;qu’elle cognoilfoit plus conuenable à fon auâcenbsp;’ûct. Iis auoycnt ia ctbtanlc le Roy de Nauat i e
-ocr page 152-LA LEGENDE DV par le moyen du Sieur Defeats, il faloit acheucrnbsp;de mettre bas cefle paroy, pour en recueillir lesnbsp;pierres amp; en lapider ceux de la Religiô. comme ’nbsp;ils le firct puis apres. Belles promelles cüoycntnbsp;ncceflaircs en ceft endroit! àquoycc Legat dunbsp;Pape amp; l’AmbalTadeur d’Efpagne follititcz parnbsp;ceux dcGuife,tindrent bien la main.
Collo- Quant au colloque de Poifly, d’autanrque ^uede les difcoursA harangues en ont eflé publiez, amp;nbsp;le feront encor plus amplement quelque iour,ilnbsp;n’eft befoin d’en faire icy long récit, ioint quenbsp;nous en toucherons quelque mot en parlant cynbsp;apres delà Theologie amp; Religion du Cardinal,nbsp;amp; de la belle harague qu’il ht en certeaffemblecnbsp;le i6.de Septembre 15 61. Pour ceft endroit, cenbsp;fera allez de marquer quelques feues rufes connbsp;tre le repos du Royaume.. Premièreme nt pournbsp;faire penfer aux idiots, que les Prélats n’e ftoyctnbsp;pas là aflemblcz pour néant, il fit drefler fofcenbsp;articles de l'inftitution des Eucfques,dc la digninbsp;té deis Eglifes Cathedralcsamp; autres femblablesnbsp;chofes, /ans toucher 1 vn feul poniâ de dodri^nbsp;ne, sleüans tous refolus de ne rien accorder auxnbsp;miniftresjde peut d’eftre cftitnez feduôeurs, amp;nbsp;fairevncbreche irreparable alädignitedufie-gcRomain. Par ce moyen le Cardinal/c mo-‘nbsp;quoit du Roy amp; de tout fôn Confeil qui pretennbsp;doyent à quelque reformation.
LesMiniftresde l’Eglifc reformeedu Royaume ,auoycntcftd exhortez d’y enuoyer quelques vns de leurs compagnons, ce qu’ils firent, obeyf-!
-ocr page 153-CARDINAL DE LOR. 73 obey (Tans aux mandemens du Roy amp; de la Roy-ncmcrc. Pierre Martyr amp; Theodore de Beze ynbsp;furent auflî appelez de Zurich amp; Gencue où ilsnbsp;eftoycni ptofeUcurs en Théologie,afin d’auifernbsp;plus ineuremcnt à cous difFcrcns. Le Cardinalnbsp;fc voyât vn peu trop auant embarque en afaitesnbsp;ou il cftoit encores bien neuf, s’auifa de preue-nir. Si toft que The.de Beze fut arriuc, il fallanbsp;trouu cr en la cha mbre de la Roync mere, où a-pres plufieurs propos,il fut contraint dire auditnbsp;de Beze, qu’il cftoit fort ioyeux'dc l’auoir ouynbsp;parler, amp; qu’il cfperok qu’ils fe trouueroyentnbsp;d’accord enfemble.Mais c’eftoit vne feinte,cô-tne auffi la dame de Curfbl fur le depart luynbsp;freut dire qu’il eftoit homme de bien pour cenbsp;foir là,amp; que le lendemain on verroit le côtrai-rctce qui apparut en ce que ces fuppofts publienbsp;rent que le Cardinal auoit fermé la bouche à denbsp;Beze,amp; fait condcfcendrc àfon opinion.Le tonnbsp;traire eftant apparu en la harangue faite pat ledit de Beze,le Cardinal fe trouua tellement coanbsp;fus,qu*eflât afiemblc auec les Dodeurs Sc Pre^nbsp;lats, il ne fc peut contenir de dire, à la miennnenbsp;volonté que ceßuy-là ( parlant de Th. de Beze)nbsp;euft cfté muet, ou que nous cuflions elle fours.nbsp;Là dclTus ayant efte aduifé qu'il falloitrcfpon-dre,vn dodeur de Sorbonne nommé Dcfpenfe,nbsp;intime fecuiteur de la maifondc Guifcamp; quelques autres baftirent la harangue que le Cardinal prononça depuis,ou fans refpondre à ce quenbsp;les Miniftret auoyent ails en anant, s’arrefia à
-ocr page 154-LA LEGENDE DV deuxpoihcts, afauoii dc parler de l’Eglîfe, denbsp;quelques queltions qu’en dependent : puis de lanbsp;Cenc du Seigneur. En quoy Une fit autre cliofenbsp;que rcplaüter les paralogifmes des Sophiiles.nbsp;Partant i’ay cftimé fupciflu d’inferericy celtenbsp;harangue,laquellefe verra plus proprement ennbsp;rhiltoiredc noftre temps. Cefte longue harangue fut luyuie, des amples difeours de Defpcfe,nbsp;ùaintes, amp; de quelques Icfuites Moines, auf-qiiels IcsMiniltrcs refpondircntfiiffifamment.nbsp;Or le Cardinal clloit bien aife deles efehau-fer les vus contre les autres, afin que cela venant à ennuyer aux auditeurs, on remift le toutnbsp;à vue contcrcncc priuecou pat efcrit,St que cependant le Pape enuoyaft vn nouueau mandement pour acheutr de fefmcr la bouche auxnbsp;Prélats qui ri’attcndoyét autre chofe. Apres quenbsp;par quelques mois on cuit ainfi debatu, finalement la Royne voyant quefur vn feul articlenbsp;des images, les Prélats amp; Miniftres n’eftoyentnbsp;peu tomber d’aclt;ord j Ôi que mefmes lefditsnbsp;Prélats auoyent leurs Docteurs mal vnis en cenbsp;poindh j fit rompre le Colloque, dont lesSor-bonnififs furent fi aifes, qu’ils ne fc peurentnbsp;contenir de faire mil demonftrations d’ami-tit à Theodore de Beze leur principal ennemy»nbsp;des mains duquel ils efehappoyent à tout autre marché qu’ils n’auoycnt cfperé. Mais lenbsp;Cardinal auoit fait eferire par le Pape aux PrC''nbsp;bts.que fur peine d’excommunication ils remifnbsp;fent la decifion de tels differens au Concile de
Trente;
-ocr page 155-CARDINAL DE LOR. 71 Trete: ce qui vint bien à propos à ces incfiîcursnbsp;fort cmpefchcz. Quant à la confcfiiond’Auf-bomg.qui eftoit le piegc où le Cardinal penfoitnbsp;pouüer les Minijlb es, ils fe portcrêt fi prudemment , qu’il y tomba luy mcfme, tellement quenbsp;toute la honte en retourna fur luy.
Durant ces difputesfut drellc ceftedit tant Edit de celebrp, nomme l’cdit de lanuier, par l’auis amp;/«rzamernbsp;conféptpment des plus grans amp; notables dunbsp;Royaume. Ç’eftoit l’expçdicnt pour appai-fcrips troubles,amp; ramener l'cllat en fou ancienne Iplendcur. Mais la maifon de Guife nenbsp;potgioit porter cela, pource qu’auenaneque lesnbsp;chofes fuU'ent paifibles en ['rancc,on demande-roit leurs comptes, defqucls n’y auoit rien denbsp;prcft,finoncnenrollcmensdcfold3ts ,amp; forcesnbsp;tant eftrâgcres que du Royaume:à quoy Us s’emnbsp;ploycrent,comiTic s’enfuit.
Cy deuantnousauonsveu, comme fous pre DnTri texte de Religjon,ils auoyent mis barre entre le umui-Conncfiablcamp; fesneueus de Chaftillon . afin rat,(^nbsp;de fe fortifier de plus en plus,amp; ruiner bien ai fe d.e fa. ca.nbsp;mcntlcfditsdc Cliaftillon qu’ils haylToycntnbsp;redoutoyent extrêmement. Le Connefiible [ton,nbsp;côméça peu à peu à fe defpiter cotre fes neueux,nbsp;fur tour apres qu'on luy euft rapporte, qu’ils e-ftoyét tome les motifs auec la Roync mere, denbsp;ce que les Eftats demâdoyent copte,en quoy ilnbsp;feroit reccrchc',côbiê qu’il n’y ftift à la vingtief-mc partie près tant embrouille que ceux dcGuînbsp;fe. Ayans gaigne ce principal officier de la
-ocr page 156-LA LEGENDE DV Couronne, ils adioignirent à eux le Marcfchalnbsp;de S. Andrc,qui eftoit des plus côptables,comme chafcun fcait. Lors ils drell'ent vn cüfeil en-cr’cux, le Cardinal ayant touEouts ccHe aRueenbsp;de mettre la Religion en auant pour mieux connbsp;duirc fes dcûeins, amp; font vne rcfolution telle.nbsp;Premièrement, que la fupchntendance de toutnbsp;l’afairc feroit baillce au Roy Catholique, quinbsp;pour commencement fc plaindroitduRoy denbsp;Nauarre fauteur d’vne nouuellc Religion.le folnbsp;liciteroit par belles promefles de tout quitter Sinbsp;(crenger au party Catholique. Si le Nauarroisnbsp;demeure oblliné.l’Efpagnol cotinuant lès pro-melfes accompagnées quelquefois de menaces,nbsp;fera leuee en Êfpagne tout fhiuerrpuis luy cournbsp;ra fus à l’improuuc. Et s’il y a rcfiftance, le Ducnbsp;de Guife fe declairera chef de la confeflion Catholique, amp; ira aifaillir le Nauarrois d’autre conbsp;fie,qui fera toll accablé. L'Empereur amp; les Prinnbsp;ces Catholiques Alemans,priez d’empefeher lenbsp;fecours au Nauarrois. Les Suifles Euâgeliqueinbsp;retenus pat les Catholiques. CcuxdcGcneucnbsp;aflaillis amp; entiercmet exterminez par le Duc denbsp;Sauoye,pour donner frayeur aux autres.
Voila quant au premier poindl de leur ligue. Et pour le regard de la France,ils arrcftcrcnt'dPnbsp;oe pardonner en façon quelconque à la vie d’aunbsp;cun qui autrefois eufl cite de la Religion. Lsnbsp;cômiflion des Malfacrcs baillee au Duc de Gu»nbsp;fe, quiauflieutla charge d’exterminer toute Unbsp;race des Bourböns, de peur qu’à l’auenirquel-qu’vo
-ocr page 157-CARDINAL DE LOR. 71 qu’vnnefortift d'eux pour faire vengeance desnbsp;inanacres,amp; reinetcre fus la Religion.
Ilsdeiioycnt puis apres faire la guerre aux Princes proteftans, amp; preOerà rEmpereurßenbsp;aux PrinccsCatholKjues les deniers amallez desnbsp;côfîfcations de tant de gés de la Religion qu’onnbsp;deuoit faire mourir en France. Les Cardinaux,nbsp;Euefqiics amp; autres S. Peres deuoyent fecotti-fer pour fournir aufli aux frais de cefte guerrenbsp;fierce.
Ces beaux articles furent dreflez par le Cardinal, amp; le Conneftable ne s’arreftât qu’à fa religion, eftoit lors tant esblouy, qu’il ne pouuoic voir que combien que fa mailon ne'full nômec,nbsp;toutesfois elle ne pourroit demeurer debout,nbsp;celles de Cbaftillon amp; de Bourbon cftans mi lesnbsp;bas. Quant au Marcfchal de S. Andrc.il eftoitnbsp;bien aife de voir ainfi drefler le»comptes, pournbsp;ce qu’au lieu de rendre le plus rcceu, il cfpcroitnbsp;encor faire nouuellc recepte, fans rie mettre nynbsp;îamais rédre comptc.Outrc ce que ceux de Gui-fe tendoyentàmcfme but,ils fe perfuadoyentnbsp;de fe baigner à ce coup au fang de tous leurs ennemis.
Pour effeduer ces çholcs,ceux de Guife partent de la Cour fur la fin de Nouembre, faifans cognoiftreleurmefcótcnrcment, lequel peu denbsp;Jours apres augmenta encores à caufe des procedures tenticscôtre le Duc de Nemours.qu’ilsnbsp;auoycnt fufeité pour rauir amp; emmener en f.or-taine Monficur d’OrIcan«, amp; l’ayant à leur de-
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uotion le faire chefdeleurentreprife. Car ils vouloyent en tout euenement auoir pluficursnbsp;cordes en leur arc,pource qu’ils nefcauoyét pasnbsp;encores bien quelle route prendroit la Royncnbsp;mere. Toutesfbis eftlmans que fi le Roy de Nanbsp;uarreeftoit delcurrctcnue,ellen’ofcroit ferennbsp;ger aucc le Prince de Condc,de peur d’eftre dégradée, ils tafeherent d’acheuer ce qu’ils auoyétnbsp;délia commence par Defeats amp; autres,par l’in-duiâion d’vnc vainc cfpcranccdeliiy faire rendre fes pays,à quoy le Papc(difoit fon Icgat, quinbsp;cftoit lors vn des premiers follicitcurs) tiedroitnbsp;la main,pourucu que le NauarroisVouluft mainnbsp;tenirl’Eglifc Romainc.Ccqu’il dcclaira toRa-prcs,chanantfcs Miniftres,amp; fcrcuoltantdc lanbsp;Religion :au moyen dequoy il eut beaucoup denbsp;diflàcultcz à la verification de l’cdit de lanuier.
Voyage Quelque temps au parauant ceux dcGuifi^ z/fSrf- auoyentcfcrit au Duc de Virtembeig, Princenbsp;tume, proteftant, le prians de vouloir entrer aucc euxnbsp;en conference de la confeffion d’A ufbourg, ennbsp;laquelle ils donnoyent cfpcrancede vouloir c*nbsp;lire inftruirs. Pour ceft etfcôt ils fe trouuent anbsp;Sauerne près de Strasbourg, amp; là eurent tellenbsp;communication aucc ce Prince enuiron le quinnbsp;zicfmede Feurier 1561.qu’apres auoirpromisnbsp;tous de fuyurc la doârinc de la côfeflion d’Auf-bourg, amp; le Cardinal ayant confetp pour ceftnbsp;clfcâ: aucc Brcnccprincipal miniftre du Duc denbsp;Virtemberg, en finie Duc dcGuifc requit cenbsp;prince en faucur le la Religion,de faire tant cn-uers
-ocr page 159-CARDINAL,D£ LOR. 75 , uers Jes Princes proteftâs,veu que de toute an-ciêneic' la inailô de Lorraine aüoit efte de l’um,nbsp;pue, par 11, cime moyen luy amp;. (çs freies fuirentnbsp;auüugt;,2 pour Princes de i’Lmpjrc,ayans voix amp;nbsp;luiffVges aux lou nees Imptriulesrir parce moyen le peuilcnf fou(lrairéamp; cxciiipcer de la fou-ueraincicdu Roy de France, empefeher le fe-cours que les Princes proteftâs pourroyent dot^nbsp;neràccuxdc la Religion, fe foitilieidecelé-;nbsp;couts,jamp; ponr.reeôpenfe ruiner les Princes pro-teftans puis apres. Commece Prince efloit,aTnbsp;près à les faire reccuoir,comme ils le dêfitoyét,nbsp;nouucllcs vindrenten Alcmaigne du maffacrenbsp;de Vaily,execute par le Duc de Guife au departnbsp;de Sauerne pour venir en France. Les Pritiçcsnbsp;proteftans s’eftonnoyent fort de cela, amp; nô fansnbsp;caufcjveu qu’il n’y auoit que trois ioursjfpar manbsp;nicrc de dire)que le Cardinal de Lorraine auoitnbsp;donné d’vne main des coupes d’argent dorcànbsp;Brcnce Si à quelques autres Miniftres d’Aleraainbsp;gne, amp; d’vne autre il faccageoit ceux de la Religion.
Mais leur deliberation auoit elle faite au pa- Atajft rauantde venir forts iSl’armez en la ville de Pa-. cre denbsp;ris Si dclààlaCour, pours’afleurer de la ville. Vaj]ygt;nbsp;puis des perfonnes du Roy Si. Royne,pour.exc;nbsp;cuter plusaifémcnt Icurcçnlpiration. Et pournbsp;donner quelque bonnefte couleur au retour dunbsp;Duc de G.uife, il fe fait rappeler.par le Roy dpnbsp;Nauarre. Toutesfois il n’eut la patience de pornbsp;ter fa cliolcrc iufques à la jCour.il la defehargea
-ocr page 160-fur ceux de ValTyjcftat accompagne de troupes en armes, fuyuant ce qui auoit cité arrefteplusnbsp;de trois mois au parauant,que chacun prat que-roit autant de Gentils-hommes amp; gens de guernbsp;ré qu’il feroit poffible.pour fe trouuer en armesnbsp;CS enuirons de Paris au cômencemtnt de xMars,nbsp;dót la Royne metcamp; le Roy de Nauatre auoyétnbsp;efté fufhfamment aucrtis.Mais au lieu d y pour-uoir,ils remettoyent les atfàircs de iour à autre,nbsp;rouans en vne niel'me ttagœdie chafeun fon pernbsp;fonnage, d’vnc cftraj-'gc forte. Ainfi le Duc denbsp;Guïfc fc trouua au temps afligné à Nancueil,oùnbsp;il furincontincnt rencontré par les autres par-tifans : delqucls on pent conicéiuref le delîcin,nbsp;fur ce que la plufpart s’acheminaris là.firct leursnbsp;Pafij iesjéStfe mirent en eftar que telles gens ontnbsp;accoullumc,quand ils font leur compte oefehanbsp;zarder à quelque pcrillcufc entrcpriïe- Cependant, la Royne mere ayant eu auiS que pour euinbsp;ter les troubles,il feroit bon que le Duc d Guinbsp;fe ( ainfi armé contre les ordonnances du Roy)nbsp;ne paflaft par la ville de Paris,où le Preuoft desnbsp;Marchas amp; autres des principaux l’attcndoyêt.nbsp;Sur ce, laRoyneluy manda par pluheurs foisnbsp;qu’il euft à la venir trouuer en fa maifô de IMon-ccaux, où il feroit le bien venu , Iny defendantnbsp;trefexpreflemet de n’entrer en ladite ville de Panbsp;ris aucc telle compagnie, afin d’euiter les inconnbsp;ueniés qu’elle preuoyoit en deuoir aucnir,attcnnbsp;du mcfmcs l’cxccution amp; boucherie faire toutnbsp;frcfchcmcnt à Vallÿ, de laquelle on demandoitnbsp;treP
-ocr page 161-CARDINAL DE LOR. 74 trcfinllâmentiulliccau Roy amp; à clic.amp;n’oyoït-on pour ce regard, que plaintes amp; dolcâccs parnbsp;tout le Royaume.Le Duc de Guifemâda pournbsp;tefponce qu’il nepouuoit aller vêts clic,d’autâtnbsp;qu’il clloit empcïche' à lefloycr fcs amis qui l’e-Itoycnt venu voir. Depuis,la Roync luy ayantnbsp;cfcrit pour la fécondé fois à mcfme fin, il ne fitnbsp;aucune rcfpôfe, ains aptes auoir rcccu fes amis,nbsp;fuyuant la conclufion de l’entreprifc, print fonnbsp;chemin d’vn autre collé, amp; accompagné de lesnbsp;adhetansvint à Paris par la porte S.Denis. Sonnbsp;entree lut en armes dcfcouuertes,qui eftoit l’c-ftat auquel on l’auoit toufiours vcu marcher depuis la iourncc de Vafly. A celle entree affi-lloycnt le Preuoft des marchans amp; trois des E-fchcuins contre toute coullume, en grade compagnie,aucc grandes acclamations degens attil-ttez,com.nc fi le Roy mefme y full entré en pernbsp;fonne, iufques à crier à haute voix, Viue mon-fieur de Gcifcifans toutcsfois que luy ny autresnbsp;de fa compagnie monflralTcnt que cela leur dc-pluft aucunement.
Ceux de Guife ayâs rué ce premier coup con Cemert^ tre l’authorité du Roy amp; l’eftat du Royaume, ctmtnsnbsp;palTent outre,amp; commencent à tenir dans Paris despre-vn confeil à parr.La Roync citant encor à Mon- mtersnbsp;ccaux, amp; receuant tous les iours nouueaux ad- treu-ucrtiiremês,que ceux de Guife vouloyent fe fai- hlti»nbsp;fir de la perfonne du Roy amp; d’elle, délibéra denbsp;halter fon partement,amp; Ce retirer en lieu de feunbsp;tetc. Elle vient à Melun,en deliberation de gai-kü.
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gncr Orleans,pour attendre plus grand iour aux afaires qui alloyent tomber en mcrucilleufe connbsp;fution. Mais ceux de Guife enuoyent le Preuoftnbsp;desMarchans crier apres clle'que Paris amp; toutnbsp;(cftoit perdu, fi elle n’y vpnoit, d’autant que Jenbsp;Prince de Condé y cftoit armé, amp; les Parviensnbsp;defarinez. Fait tantquc les armes font renduesnbsp;aux mutins,,pour fortifier le Duc dçGuifeamp; lesnbsp;fiens à l’encontre de leurs ennemis,amp; auoir moinbsp;yen de lt;é faifir tant plus aifement de la perfyn jnbsp;ne du Roy.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
• Et pour auancer enepr mieux la bcfopgoe.fi? rent venir à Paris le Roy de Nauarrcxar ce Prenbsp;uolldcs marchans criôitfans cçficàla Cour,nbsp;que la prefence du Roy de Nauarre cftoit nccefnbsp;faireèParis. pourcmpcfchcr les troubles: ruaisnbsp;C’cftoittputau rebours, parla mencedccçuxnbsp;de Guife, car des qu’il y fut arriuc, le confe j] fenbsp;tint entr’eux plus efiroitemept qu’au parauant,nbsp;amp; fut arrefté entre antres efiofes de fç bien af-feurer de la ville de Paris, êc en chalicr le Pf iiirnbsp;cede Condc,cómcceluy fculquinuifoit àl’en-treprife de s’aller faifir du Royamp;dela Royncnbsp;mere,les amener à Paris, amp; les ayant à cominannbsp;démet exécuter fous leur no 8i aiitboritécc rjuinbsp;eftoitdelibei é. Us firent tant en fin que la placenbsp;leur demeura, amp; qu’ils cnlcucrcnt le Roy lanbsp;Roync amp; les amenèrent au Louurp. Cela fait,nbsp;quelques rcmonftranccsquc Je Cb4cclieramp; autres miffent en auant, fut arrefté de faire g.iiertçnbsp;ouucrte au Prince de Condcamp; aux fions.
Sur
-ocr page 163-CARDINAL DE LOR.' 75 Sur ces entrefaites fut enuoyee au Roy Ia pronbsp;tcftation amp; declaration faite de la part du Prince, contenant les Caufcs qui l’auoyent contraintnbsp;de prendre les atmes, afauoir pour remettre erinbsp;plaine liberté la perfonne du Roy amp; de la Roy-ne,maintenir les edits, amp; nomméinêt le derniernbsp;fur le fait de la Religion : offrant de fc retirer ennbsp;fa maifon,lé Duc de Guifcfaifant le femblable.nbsp;Le Cardinal de Lorraineamp; fes freres.aucc leursnbsp;aiiherans voyans qu’il y auoit deux poinds qu’ilnbsp;faloit fubtilcnient couürir, fauoir cil la captiui-té du Roy, amp; la contrauention de l’edit de lan-uicr: procurèrent à toute diligence l’expcditlorinbsp;d’vne declaration en datte du huitiefme d’A-uril, par laquelle ils font confefTer au Roy , quenbsp;le bruit de fa captiuitc cft vne fauffe amp; menfon-gete calônic côtrouuee par le Prince de Condcnbsp;amp; les fiés,pour s’cxcnfcr de ce qu il faifoit,amp;quenbsp;luy amp; la Royne cftoyent en aufii grande liberténbsp;que iamais,amp; que de leur bon grc ils eftoyct venus à Paris,pour remédier aux troubles Ccs letnbsp;tres furent incontinent publiées en Parlement^nbsp;où ceux de Guife auoyent force creatures.
Pour fe moquer encores mieux du Roy amp; de tout le Royaume, ils s’a uiferent d’vne autre fi-neffe ce leur fcbloit,c'cll que huid ou dix ioursnbsp;apres autres lettres furet dreffces,par lefquellesnbsp;cft-declairé que le Prince de Condc fous vnenbsp;fauffe 8c (imulce couleur de Religion cftoit faifynbsp;en faperfonne, par aucuns feditieux qui letC'nbsp;noyent en leur puiffance.
k.iiî.
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Et pour donner vn coup à ledit de lanuîer, font expedier autres lettres du mefmc mois,parnbsp;lefquclles »Isdônent à entendre fous le nom dunbsp;Roy,qu’il cft auerty que plufieurscngrâd nombre fe font retirez à Orleans amp; ailleurs,fous prenbsp;texte d’vne crainte qu’ils difent auoir qu’on lesnbsp;vucille recercher en leurs confcicnces,amp; empe-feher qu’ils ne iovyflent de l’edit de lanuier.De-clairequ’il n’a entendu reuoquerccft ediâquenbsp;pour la ville de Paris, fauxbours amp; banlieue d’icelle , où il ne veut qu’il y ait autre exercice quenbsp;la ReligionRomaine. Ces lettres contraires ànbsp;l’edit de Ianuicr,font incontinent reccues amp; vérifiées en Parlement.
Cela fait, ceux de Guife apres s’eftre feruis wierr Côncftable pour rauaçcr à Paris, amp; du Roynbsp;troubles jg Nauarrepourenchafier ceux de la Rcligiô,nbsp;cnuoyentlc MareRhal de S. André d’vncofté,nbsp;qui fait de cruels exploits,amafl'ét forces de tounbsp;tes parts,amp; fe mettent en campagne auec de ternbsp;ribles aéfes d’hoftilité contre ceux de la Religion. Nous toucherons icy les chofes fommai-rcmcnt,pourcc que c’eft affezd’en faire metionnbsp;en pafiant, amp;• en laificr l’ample deduéfion à l’hi-ftoiredenoftre tcmps.Prcmicrcment ilsfefer-uent de la Roync iTicrc,du Roy de Nauarre, dunbsp;Parlemét de Paris,amp; dç leurs feruîteurs fccrets,nbsp;pour rompre la confiance du Prince de Condé,nbsp;le feparer de ceux de Chaflillon,qu’ils vouloyétnbsp;ruiner les premiers. Mais n'ayans rien giignc denbsp;ce cofté là (d’autant que voyât Ictus embufehes.
-ocr page 165-CARDINAL DE LOR. 7^ il s'eftoic forùfié à l’encontre d’icelles, tant dedans que dehors le Royaume) iis vindrtnt à lanbsp;violcce fâifans commettre maßacres de ceux denbsp;la Religionen pluGcurs villes du Royaume, af-faillans de violence incroyahle,qutlques placesnbsp;où lefdits de la Religion s’edeyent retirez pournbsp;Jeurfeureté. Encores que le Roy de Nauarrenbsp;fuft Lieutenant general de nom, que le Con-neüable demeutaft en fô cftat.fi cR i e que toutnbsp;paßoit par les mains de ceux de Gu fe , qui ennbsp;moins de rien mitée tout le Royaume en armes.nbsp;Puis auec le ConneRsbieamp; le Martfchal de S. ƒnbsp;Andre',le Duc de Guit preféte vne requefte au-^nbsp;Roy amp; à la Royne mere, par laquelle ils reque-royentl’entier ancantiflement delà Religion,“”''’^*nbsp;dont l’exercice public auoit efic accordé quatrenbsp;mois au parauanc. Que tous officiers de Francenbsp;domeRiques du Roy, de fes frères amp; fœur. tousnbsp;officiers deiuRicc, de guerre,comptes amp; finances du Royaume,amp; a utres ay ans charge,admininbsp;Rrations ou cômiffions du Roy.tinflcnt la mef-me religion amp; en filïent declaration cxprefle.lesnbsp;refufans, delayansou contreuenans priiiez denbsp;leurs cRatsamp;office$,gagcs,charges,adminiRranbsp;t ons ou cômiffions. Que toutes perfonres Ec-clefiaRiqucs euflenr à faire le fèmbl.’ble,. à peine d’cRrc priuez de leurs benefices.Qi c les remnbsp;pics dcfmolis fulfcnr rebaRis auec fitisf ’dió denbsp;tous intcrefls,amp; les demolifleurs punis.Qne lesnbsp;armes prinlcs fans commandement expres lt;dunbsp;Roy de Nauarre fuReaclaiirees: amp; que ceux quinbsp;k'iiii.
-ocr page 166-LA- DEGEN DE DV ' perfcucroyent a les porter contre la volonté lt;iiFnbsp;dit Roy de Naiïarre » Llcutéiiant general amp; re-•prcfentant kl pàrfonne du Roy és pays’dc fbnnbsp;ôfeeidânccjfuirénrdeclairez rebelles,amp; çnntmisnbsp;2düiRtgt;yamp;; du Royjutpc.Qu’au Rlt; y de Nauar-ircftalappartienne d’auoiramp; allcnibltr foitesnbsp;•en iiraricc,amp; qu’-il les retienne durant qiiekjucsnbsp;-mois,pour appui fer ks troubles. Celafâitjlsnbsp;yrorneftoycnt s’en retourneren leur maifons,nbsp;ivoire au bout du inonde(fi befoin ell, diloyent-.»IsJcn cxiJ perpétuel. Cela fut le 4.de kLy 1562.
¦ Lv ¦mefineiour ils fe font commander par le ; 'Roy de ne bouger de-là Gour: parquoy il adref-fent vne autre reqiicEc à la Roync mere,par laquelle ils offroyent fc retirer en leurs màifons,nbsp;•pour obcirfdifoycnz ils)au Roy de Nauarre.Anbsp;•CCStequeftesfucHuHifjmment refpondu parlenbsp;Priuce de Condé,qui dtfcouurit biêamplemétnbsp;ks aitifices de ceux de Gui(è,fe fortifiât de iournbsp;•à autre, tât par l’authorit é qu'il auoit en ceft endroit, que par les lettresque la Royne mere luynbsp;efieltriuitjOÙcHc luy recommandoit la-mcreÂnbsp;Jcstnfans,condjmnancafl’lt;.2ouuertemcntlaty-•rannicdcccuxdcCuife. .
Lon ncfiuroit bonnement dire,(îles finefleS deceux de Giiife firent point autant de mal quenbsp;leur violcce.Quant aux cruautez que IcurfatelKnbsp;tcs cxerceret en diuers endroits de la Fiâcc,fpcgt;nbsp;ciiilcmcnr les gens de guerre,amp;¦ quelques malfa-creux en certaines villes,la po/lerité fera plus e-ftonncc Jiûnt cefte hiftoire de l’an 61. quenbsp;nous
-ocr page 167-CARDINAL DE LOR. 77 nous qui auós eftéfpccftatcurs des horribles tranbsp;gœdics que le Cardinal amp; les frères iouoyent ànbsp;la ruine uu Roy C harles amp; du Royaume. Maisnbsp;il y a eu quelques fintffes en leurs deportemensnbsp;qu’il cft bv foin de remarquer. Le Prince de Cô-auoit des troupes bien armées amp; tefoluës aunbsp;côb itjCÔpofees des plus vaillans Seigneurs,Canbsp;piCaincsÂ: foldats François. Ceux de Guifccrainbsp;gnâs la touche,tafclioyent de diflîpper cefte armee par allées amp; venues, à quoy la Royne merenbsp;amp; le Roy de Nauarreeftoyct employez.Cepennbsp;dant ils lurprenoyét toufiou-s quelques placesnbsp;tenues par ceux de la Re'igiô.amaflbyêt argent,nbsp;amp; appelloyét les eftrâgers de toutes parts au bunbsp;tin.Ie voyâs en dâger d’eftre batus enuirô la finnbsp;de luin,parrentremifedu Roy de Nauarre,ob-tiêncttrcfues,amp; deux iours apres le Duc de Guinbsp;fe part du câp de Baugécy auec quelques autres;nbsp;amp; routincôtinent l’on made au Princede Codenbsp;que fuyuât ce qu’il auoitrequis,lcDuc de Guifenbsp;amp; les fiens s’euoyct retirez en leurs maifons.Lanbsp;Royne eftoit embouchée des propos qu’cjlc denbsp;uoit tenir au Prince au pourparler qu’elle eut a-uec luy amp; aufdits Seigneurs de la Religiô- cômenbsp;le Duc de Gui/c le dôna alTez à entedre par vnenbsp;lettre qu’il en eferiuoit au Cardinal de Lor. laquelle fut furprinfe , en datte du Z5.deluin, la-qucllei’ay icy inferee, pour u öftrer tant mieuxnbsp;l’efprit de ces bôncsgcs. le vous cnuoye(cfcrit-il)ce porteur en diligence,pour vous auertir quenbsp;que tout fut hiet accordé, amp; vous puis dire qu’il
-ocr page 168-LA LEGENDE DV y en a qui fôt bic loin de leur côpte.Noftrc mc-re(la Royne}amp; l'on freie(lc Roy de Nauatre)nenbsp;iurct que pai la foy qu’ils nous doyucr, amp; qu’ilsnbsp;ne vculêt plus de confcil que de ceux que fauez.nbsp;Côclufion,la Rcligiô reformée,en nous côdui*nbsp;fant 0/ tenant bon (comme nous ferons iufquesnbsp;au bout)s’en va à vau l’eau, amp; les A miraux aucatnbsp;mal qu’il eft poffible. Toutes nos forces demeunbsp;rent entièrement, les leurs rompues, les villesnbsp;rendues, fans parler d’edits ny de prefehes, nynbsp;d’adminiftraiion de Sacremens à leur mode.
Leiourenfuyuant le partement du Duc de Guife amp; de fes partifans, le Prince de Code patnbsp;tit pour s’aller mettre entre les mains du Roynbsp;de Nauarreamp; de la Royne mere à Baugency,oùnbsp;ilpalTaà trauers l’armcedc ceux de Guife, aunbsp;grand danger de fa perfonne.La Royne mere e-Rant venue à Tally village prcsdelà,fitbicnconbsp;gnoiftre audit Sieur Prince,à 1’Amira Iamp;.' à quelques autres Seigneurs de la Religion venus là ànbsp;fon mandement, fit incontinent cognoiftre parnbsp;fa rcfpôfe,qu’cllc elloit l’organe de ceux de Gu*nbsp;fc pour entretenir les troubles amp; partialitez.nbsp;Car elle leur dit tout à plat,qu’il ne failloit poîtnbsp;qu’ils s’attêdiflen^ que l edit de lanuierfuftob*nbsp;férue, nyqu’ilyeiiftenFrance autre Religionnbsp;que la Romaine,amp; que les Catholiques eftoyétnbsp;fi forrs amp; tant irritez, mefmement à Paris, quenbsp;fans plus grand tumulte l’edit ne pourroit cftrcnbsp;entretenu. Partant qu’ils fedeuoyent contenternbsp;qu’onleur permettoit de viure en leurs maifonsnbsp;douce-
-ocr page 169-CARDINAL Dt LOR. 78 doucemêt.fans fcandale,amp; fans cftre recerchcz,nbsp;pourueu qu’ils n’y filfent aucuns prefchcsi adminbsp;nirtratioii de Sacrcmens, ny autres exercices denbsp;leur Religion. Or ceux de Guife fachans biennbsp;que le Prince de Condc AfesalTociezcftoyentnbsp;auparauanc parpluficurs fois entrez en proposnbsp;(comme aufli ils tindrent lors le mefme langagenbsp;à la Royne) que pluftoft qu’accorder de leurnbsp;part qu’on forçaft les côfciences. amp; confentir ànbsp;chofe qui fuft contre l’honneur de Dieu amp; fa donbsp;ârine, ils aimcroyét mieux fortirdu Royaume,nbsp;Voire aller en exil perpetuehaduertirent bien exnbsp;preflement la Royne de les attirer encor en cesnbsp;termes par le moyen de cell abouchemet, amp; lesnbsp;prendre au mot. Elle leur promit ce faire, cenbsp;qu’elle exécuta diligemmet, car apres auoir dc-clairé au Princes amp; aux fiens que leurs protefta-tions touchant la manutention des edits amp; de lanbsp;Religion n’eftoyent receuable, accepta l’autrenbsp;poinâ: fort libéralement, afauoir qu’il valoirnbsp;mieux qu’ils feretiraflent de France, leur promettant de leur en faire expedier tant généralement que particulièrement toutes telles lettresnbsp;de feureté qu’ils demanderoyent.Puis apres,tenant leur retraite comme afl'curcc,commença ànbsp;leur difeourir du temps que le Roy feroit horsnbsp;de minoritc,amp; comme il y en auoit qui la mena-Çoyent de la faire durer iufques à l’aagc de vingtnbsp;gt;ns:mais qu’elle auoit bien délibéré de le fairenbsp;maieur à l’aage de quatorze ans, amp; qu’elle s’af-Icütoitjfi on luy vouloir en cela contredire,que
-ocr page 170-LA LEGENDE DV ledit Sieur Prince amp; les liens ne faudroÿentdènbsp;luf venir aider amp; affilier,. Elle ne fc contentanbsp;pas de feruir fi matheureufemet à l’ambition denbsp;ceux de Guife, amp; à la fieuiic auffi ; mais'dés lenbsp;foir nielmc citant de retour à Talfy, dcfpefchanbsp;Ramboillct J pourellre le lendemain du grandnbsp;matin au Icucrdu Prince amp; des liens, pour lesnbsp;halter de partir,amp; luy rapporter le teps amp; Thennbsp;re qu’ils s’achemincroyent prturfe retirer horsnbsp;du Royaume.Elle efcriuic auifi vnc lettre auditnbsp;Sieur Prince par laquelle elle promettoic luynbsp;faire tenir dix mil efcus.Ià part qu’il feroit; monnbsp;llrant par là, qu’elle feruoit d inftrumcnt àceiixnbsp;de Guife pour les chalfer.Un quoy chafeun peutnbsp;voir quelle route cômeça dcYlors à prédre Id pônbsp;urc Frâce.oflant fi malhcurculèmctgouuernec«nbsp;Làdelfusle Prince fc retire en Ion campa*nbsp;uec les Seigneurs qui l’accompagnoyent, ayantnbsp;premièrement defcouucrt àla Roync merecenbsp;qu’il auoit defcouucrt des menées de ceux denbsp;Guife,pour fc faifir de luy au retour de ce pour-parler.Mais tant s’en faut qu’ils rôpifl'ent fa cotinbsp;Ilâcc, qu’au£Ôtrairc,3pres s’eftre refolu de mainnbsp;tenir les loix amp; liberté de la patrie,amp; rendre fonnbsp;deuoir à Dieu amp; à l’Eglifc contre la violencenbsp;des cnnt mis ; il leur prcfcntadcuxloisbataille.nbsp;Mais le Duc de Guife amp; les fiens qui au parauatnbsp;fe fioyent tant en leurs fôrccs,fcns amp; cxpcriéce,nbsp;que d’olcr dire, mcfmc dctiant le Roy, qu’aucCnbsp;trois cens hommes d’armes, ils ne faudroyentnbsp;de mener tellement battâs tous les l lugucnots»nbsp;qu’ils
-ocr page 171-CARDINAL DE LOR. 79 qu’ils auroyent bien àfairc à guigner viflpmcncnbsp;les coings duRoyaume pour fc fauucrJoi s aptenbsp;toutes les forces qu’ils auoycnt pratiquées durant fept ouhuiâiours,amp; depuis aflêbletsfopsnbsp;le nom amp;: authority du Roy, ne peuret faire autre chofe ny trouucr meilleur expedient que denbsp;^fcdcfroberamp; defeamper denuiét pour gaignetnbsp;Blois,ville de nulle force,où ils trouucrëc de ponbsp;urcs habitans tous defarmez, dcfqucls ils inalfanbsp;crerent les vns,noycient les autres,violetét fernnbsp;mes amp; filles,amp; firét de merueilleux pillagesipuisnbsp;ayâs ce palLge ouuerr,flllcrét faccager piuficursnbsp;autres villes amp; fourrager vue bonne partie dunbsp;Royaume. Le Cardinal fuiuoit l’armce auec lenbsp;Legat du Pape,pour couper chemins à tous monbsp;ycs amp; ouuerturc d’accord,amp; pour entretenir Icÿnbsp;troubles, dont il ne faut pas plus certaine preu-Ue qu’vn mémoire qui fut furprins alors, lequelnbsp;il cnuoyoit au Duc de G uife iô frère amp; à fes cô-pagnons en leur câp à Blois, par Scure Contrç-rolleur de la maifô de fondit frere. Ce mémoirenbsp;contenoit ces propres mots,cntre autresiQnantnbsp;à rompre amp; einpefcher ce qui fc met denou-ucau en auât pour accord,c’eft ce qui cfl le plusnbsp;faal life, amp; où Ion a le plus de pclnc:amp; ne croyeznbsp;iamais qu’on fe garde d’y cntcndrc,amp; prefternbsp;l’oreille, amp; qu’il foit accordé s’ils nefe foumet-tent aux offres que la Roync dit leur auoirnbsp;faites. Peu apres il adioufte, Q^ant à fe tenir près de la Roync, tout cela fc fait, amp; y fait-on tout fon pouuoir felon rinftruélion,fansy
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perdre heure ny occafion,amp; côtinucra-on.QuSt au Pape, ce font longueurs lî grandes que Ionnbsp;n’en peut venir à bout,amp; ne tiet à en ci ier, vo.rcnbsp;à s’en courrouccr.Qranc au Iccours de F'âJres,nbsp;nous n’y voyons rien de prtft que de grande Ionnbsp;gueiir,amp; fl en parla-on encores hier àl’Ainbaf-iadeur, qui dit auoirfait fon deuoir d’en eferirenbsp;à madame de Parme. Quant à Meaux,nous n’a-uôs nulles forces pour y rien faire,on void fi onnbsp;les pourra attirer à fe rêdre. N’oublicz le Mansnbsp;amp; Bourges fur tout: amp; faites que partis d’où vo*nbsp;cftcs,cc ne foie à recommencer. Le meilleur eftnbsp;de vous hafter de dcfnicher vn peu rudcmcc nosnbsp;rebelles.Q^ant à la declaration de rebellion elle fut hier Icuc au cor.fcil,amp;’ fembla bien à tous.nbsp;Elle aeftcdreflccparles gens du Roy amp; deuoirnbsp;eftre auiourd’luiy publiée. On dit qu’on à promis de ne rien faire fans vous: amp; vous l’cnuoyc-on pour y adioufter ou diminucr.C’cft autât denbsp;temps,maisr’cnuoyc2 la incontinent.
Le Car- Celle declaration de rebellion fut pratiquée dinal par le Cardinal,afin de rôpre les forces du Ptinnbsp;fait de- ce de Condc, 8e par ce moyen venir aifément ànbsp;flairer bout de fes dclfeins.Lc 27.de luillct i0 i. l’ar-rebellet reft eh fut prononce en Parlement à Paris.Maisnbsp;ceux le Prince 8e les liens ayans prcmicremct reeufenbsp;9«» j’oplasefclauesdeccux de Guile qui fe preparoyctnbsp;fefent à faire cefte declaration, 8e monftrc puis aprèsnbsp;afetnbsp;nbsp;nbsp;l’iniquité d’icelle:le Cardinal n’auaça pas beaU'
deffeint coup de ce cofte, linon de faire cognoiflre fes pratiques 8e rebellions, comme cela fut publicnbsp;deftofS
-ocr page 173-CARDINAL DE LOR. 8o dcflors cn la rcmonftrance que ledit Sieur Prince amp; fes aifociez en tiientàla Royne, où lesnbsp;mots font notables entre autres: Si on vient regarder d’vn dro t œil, les parties de celte cau-Ic, on trouueta gue ledit Sieur Prince amp; lesnbsp;aflbciez ontefte taiifl'emcnt déchirez rebelles,nbsp;par ceux qui Icfot veritablemct. Ils ontefte dc-clairez feditieux par ceux qui depuis la mort dunbsp;feu Roy Heniy,ont caufé tous les troubles aue-nus cn te Royaume. Ont efté dccl ’irez criminels de lefe Maieftepar ceux qui oppriment lanbsp;Àlaieltédu Roy, aboliirentfesordoonances, amp;nbsp;abultv de fon nô Su' authorné,poureftablir leurnbsp;grâdeur au pris de fa ruine.Ceux là,ceux là fontnbsp;criminels de lefe Ma'cftc diuine, dcfquelslcsnbsp;ce jures ont toufiours monftré qu’ils ont l’ambinbsp;tion pour leur ieu, l’auaricc pour leur Religion, 8i les voluptcz de ce monde pour leur paradis amp; derniere félicite: qui ont iurc de faire lanbsp;guerre au Fils de Dieu, à fa parole Si à ceux quinbsp;la maintiênnct; quifontaded’Anabaptiftesennbsp;réitérant le B iptcfme des ertfans ia biptifcz Cc-lon l’ordônancedc lefus Chnftiquiont les mainbsp;fons plaines de rapines, amp; les mains fanglantcsnbsp;decru.iiitez. Ceux-là aufti font criminels de lefe Miicfté humaine, qui ont violé les edits dunbsp;Roy, prins les armes cotre fon cô nandemet amp;nbsp;fâify fa perfonne.qui font amis intimes, amp; fe fernbsp;tient en ce fait de ceux qui ont voulu cn rauilTantnbsp;la fecôJe perfonne de Frâce, oporimer le Roy,nbsp;amp; mettre fon eftat cn confufion Si ruine. £t,s41
-ocr page 174-LA LEGENDE DV faut pafl'çr plus outre, ic dy que ceux là font cri»nbsp;mincis ^e lcfeIÿl4E’.üc,qui oin fa.tdcniitteniêcnbsp;vne maudite fqnfpiration cn.Prouencc par le?nbsp;mainsdeLaunsPrcfidentcn U Gour de Parie’.nbsp;nicntd’AiXjConiointapcc pabiiec Ccrbeionncnbsp;Gouuernein d’Au.gnon pour.lePjpcsrendant,nbsp;afin d’alic nfiicrquinaeniil h,ymn'..eamp;flUi njav-choycnt(cummcils critaifpycnt Ic/crD'Cnt) par.nbsp;le commandement du Duc de Guife.'Dout 1-a-bricefournifioit milhomipes de piçd.dc deuxnbsp;cens cheuaux. Ccfic confpiration venue cn.co-,nbsp;gnoilfancc, Si vérifiée parla Cour de P.irlcniçtnbsp;de Prouence, Entrages amp; Laydct, deux principaux Capitaines de celle fadiou , curent les telles trenchecs,pararre(l donne en ladite Cour.nbsp;L t fi ce lieft allez, i’adiouftçr.y d’auantagc,qi!enbsp;lefditsdeGiiifeontfàitvn fembl.gt;b,!c completnbsp;en Dauphiné,par le Capitaine Mantihcfperansnbsp;parce moyen armer ces deux Piouinces, pournbsp;faire le tout enfcmble marcher à leur dévotion.nbsp;Tant y a,qiic cesconfpirarions faites poi r abolir la prédication de l’EuagiUsccs leuees de gés,nbsp;ce ferment lait de marcher au commandcn’cntnbsp;du Duc de Guife,crient tout haut que luy amp; fisnbsp;confpiratcurs font rebelles, fedirieu);amp;ctimi-ntlsdclefeMaicfté diuinçamp;;,humaine. Et^unbsp;contraire, quç ceux là font vrais amp; fideles ferui-teurs du Roy.qui fc font oppofez amp; oppo-lentnbsp;Vertucufcmçc à leurs rebellions, foditfonsA attentats contre la Maieftédu Roy amp; l’b ftatdenbsp;tout ce Royaume. Et de cela, outre ce qui a c ftenbsp;dit, lolt
-ocr page 175-CARDINAL DE LOR. ditjfoit cncorcs tcfmoinlc rcnucrfcmcntdc Janbsp;police amp; iiiftice de cc Royaume, Ôi mtfmcs denbsp;Ia Cour de Parlement à Paris. De laquelle ils lenbsp;font fcruis en ce faux amp; pernicieux jugement denbsp;rebellion.- nepouuans auffi trouucrvne autrenbsp;compagnie qui fuft tâc corruinpue amp; dcpra uec»nbsp;amp;tantefclaucde leurs volontczamp; appetis quenbsp;ceûe là. Comme de fait,tous ceux qui y rcftentnbsp;auiourd luiy,ou nennet leurs cflats de la faueurnbsp;dcfdits de Guife amp; de leurs adhéras, ou efperétnbsp;en auoir d’auti es par leur moyen.Et mefmcs lesnbsp;principaux d’entr’eux font notoirement corn-prinsen laconfpirjtionamp; 1 guefaitcpar lefditsnbsp;de Gu. fc «Su adhéra ns.
Voila ce qui dcllorscftoit public' à l’cncon- Finef-trcdcccux de Guifc.Maisàccfte fubiilitédcfai fesdti re dcclairer rebelles ceux qui portoyent les ar- C»ird^nbsp;mes auec le Prince dcGondé,lc Cardinal en ad- nalÿournbsp;ioufta encor quelques autres. La premiere fut mamtenbsp;défaire amener au camp de fon frere.le Roy amp; «ir/rrynbsp;la Roync,qu’il enuoya quérir par le Roy de Na rurmie.nbsp;uarre : puis fit marcher ccfl enfant amp; celle femme,comme en triumphe, pour mieux coüurir lenbsp;but de celle guerre. La fécondé fût de gaignernbsp;du tout à eux les cllrangers,amp; mcfmcsles Prorenbsp;Hans Alemans qu’ils firententrerdans le Royaume. Cependant ils s’en moquoyent amp; faifoyctnbsp;leurs rifees de la Religion des Protellans : d’autant (difoycnt-ils) qu’aucc de l’argent ils Irsfai-foyent venir exterminer l’Euangilc en France,nbsp;qu’cux-mcfmes auoycnt plante en Alcmaigne,
I.i.
-ocr page 176-¦ LA LEGENDE DV
Se dont ils faifoyent encor profeüion. Pourfe moquer encord avantage des Alemans,ceux denbsp;Guiielcur firent entendre que dés long tempsnbsp;ils vouloyécintroduirc lacôltffion d’Ausbourgnbsp;en France, ( laquelle le Cardinal auoit dcfcllcenbsp;en plaine aü'cmblee à Poiflÿ, amp; depuis à \aucr-neprotefteau Duc de Virteinbeig qu’il l’aprounbsp;uoit)amp; qu’ils l’eulfent ia fait, n’eult elle qu’ils a-uoyent elle tonliours cmpefcliczparlc Princenbsp;amp; fts adherans, lefquels ils cliargçoyent d’cllrcnbsp;rebcllesjdc vouloir vfurper la Couronne, qu ilsnbsp;eftoy.cnt Anabaptiftes, A t hciQcs,gês fans foy amp;nbsp;Religion.
Z; Car Pendant ces cliofcs,on n’oyoit que tcmpeflcs dinal toute la Francc,amp; horribles confufions,3mnbsp;¦Z/44«nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;déduites es difeours quien onttflépu
Conci- blic2,amp; qui le ferôt encor.Mais le Cardinal vou lant afi'eurer fes afaires comme il pourroit, délibéra laifler fes frétés befongnans en France,taunbsp;dis qu’il yt.oit faire fes pratiques auec le Pape,nbsp;l’Efpagnol amp; autres au Concile de Trente, lenbsp;tout fous prétexté de Rcligiô,amp; de laquelle il fenbsp;moquoit tout ouuerttmctrcar à Gyen amp; à Bloisnbsp;entre autres articles qu’il fit fignerau Royamp;ànbsp;tous ceux de fon con(eil,pour les faire pafler aunbsp;Concile difoit-il,mais en cfFeét,pour amener lenbsp;Pape amp; les fiens à ce qu’il pretcndoit.il y en eutnbsp;cinq entre autrcs,ou Ion peut remarquer l’cfpritnbsp;du Cardinal. Le premier eftoit, que le Canonnbsp;feroit retrâchéde la Méfie,amp; le refteferoit corgt;nbsp;rige à la forme des anciénes liturgies,8f profèrenbsp;en Ftan-
-ocr page 177-cardinal de lor. 8z cn François. 2. Qnc les Pfeaumes fcroyentnbsp;chantez dans les tcpics felon k traduction Fran-çoife, qui en a eftê faite, corrigée toutesfois parnbsp;les docteurs de Sorbonne, autant rudes poètesnbsp;(encores qu’iis boyuêr bien)quemauuais Theonbsp;logicus. j.Qu’on participcroitindiflêrcmmencnbsp;à la Cene fous les deux cfpcces. 4. les pcinnbsp;turcs plates fcroyent permifes dans les temples»nbsp;pourl’hiftoirc feulement, amp; que les images ennbsp;leroy ét oftccs : ou à tout le moins que le peuplenbsp;feroit admoneßede ncicshonnorer ny fimple--ment ny rclatiucmcnt. 5.Et finalement que lcs‘nbsp;Prieurs amp; Curez intcrprctcroycnt ou fcroyentnbsp;interpreter à leurs dcfpens l’Epifirc ou l’Euanginbsp;lcdu jour au peuple. Ainfi manioit la Francenbsp;cert cfprit turbulent: quicontredifoit à tous, amp;nbsp;cftoitde tou5contrcdit,mcfmesà Rome le Carnbsp;dînai Vitclly le reprint aigrcmétidifant que c’e-ftoit vn brouillô amp; vn remucur de mefnage,quinbsp;feulparfcs pratiques tailloir plus de befongnenbsp;en vn iour que le côfiftoirc des Cardinaux n’ennbsp;pouuoit coudre en vn an.Pour mieux faire fa pi-pee,il traina aucc luy neuf Euefqucs,quartes Abnbsp;bc2,amp; quelques Sorbonniftes, amp; arnua 3 Trente au mois de NoucmbrciÇ'ôi.où il fit vnc ha-ranguc le 23.iour du mefmcinois, en laquelle ynbsp;a quelques chofes à remarquer. Premièrementnbsp;il confelfc que ce qui a attiré le iugcinêt de Dieunbsp;fur la Fi âcc,cft la corruption de mœurs en tousnbsp;Eftats, amp; l’entier r’cniierfemcnt de la difciplincnbsp;de l’Eglifc. Puis fur le milieu,parlant de ce quenbsp;l.ii.
-ocr page 178-LA LEGENDE DV requiert le Roy de France: Il demande de nousnbsp;(dit ce bon harangueur) que nous euitions tousnbsp;nouueaux débats,autant que fane fe pourra,quenbsp;nous laiflions toutes queliions nouuellcs amp; in-fruétueufes, que nous procurions félon noftrcnbsp;pouuoir que tous Princes amp; pays s’abüienncntnbsp;de faire gucrre.ils nous faut titre eniicrcmêt ef-longnczdcce delir dcfinouuoirla guerre, denbsp;peur que ceux qui fe font retirez d’aucc nous n enbsp;ftimctquece Côcilcfoit tenu pluftoft pour inciter les Princes à prendre les armes, amp;. pour fainbsp;re des alfociations amp; alliacés pour quelque gucrnbsp;rc, encores qu’elle fuit fainâc, que pour pour-noir àla reconciliation vmuerfclle des efprits.nbsp;11 fait mention puis apres de la reformation denbsp;r£glifc,amp; pour la çonclufion le fournée au fugenbsp;Romain.Le Icótcur peurpcnftr que vouJoitdire tout ce langage. Auflidclàncccfl’a il de machiner contre l’ellat du Royaume , dont ilrccc-uoit lettres de iour à autre, amp; fans Iiiy rien ne fenbsp;faifoit en France. Comme nous le verrons encor cy apres. Mais pu’s que nous fommes fur fônbsp;feiourau Concile, nous y adioullcions encornbsp;quelques ligues. Si toll qu’il cntêdit la mort dunbsp;Duc de Guife fon frere , fur l’authorité duquelnbsp;il auoit aflis fon clpcrance,il fe propofa Ibudainnbsp;de ne rotourner iainais en France, amp; de mefmenbsp;inconftance que de couftumc,tourna fon efpricnbsp;vers les afiires d’Italie, gratifiât en tout ce qu’ilnbsp;peut,non fculemét le Papc,mais les autres Prin-ccseftrangcrsjamp;furtourlc Roy Catholique.
Au
-ocr page 179-C A RDINAL DE LOR.
Au parauant Ia nouuclle de cefte mort, il auoit tenu ferme auec les Eucfques d’Efpagne pour Ianbsp;relidcnce des benefices, contre les difpcnfes dunbsp;Pape, amp; maintenu qu’elles eftoycnt de droit di-uin;mais toll apres il changea d’auis, amp; auec lesnbsp;fiens maintint qu’elles eftoyent de droit pofitif,nbsp;amp; à la pluralité des voix l’emporta. Au moyê denbsp;quoy l’Archeuefque de Grenate s’eferia toutnbsp;haut que le Cardinal de Lor.les auoit trahis.Etnbsp;d’autrepart,comme le Conte de Luna AmbalTanbsp;dciirduRoy d’Efpagne euft différé de fetrou-uer au Concile.pource qu’il defdaignoit d’eftrenbsp;audefl'ousde l’Ambaffadcur de France,le Cardinal fut auteur de l’y faire vcnir;8fpour gaignernbsp;la bienuueillance de l'Efpagnol. fit bailler à cefl:nbsp;ambaffadeur d Efpagne le heu plus honorable,nbsp;fit perdre au Roy de Frâce la prefcance qui n’a-uoit iamais efté en difpute.
Mais voyons fi fes frètes demeurez en Frâce Siege eftoyent meilleurs feruireursdcla Couronne, de Eoi 'nbsp;Le Duc de Guife, tenoit le Roy amp; la Royne en^esnbsp;fesmains, lesfiifanttrotter çà A làjamp;affifterà denbsp;la prinfedes villes,amp; fe cachant fous leur authqnbsp;rité pour ruer fes coups. Car quant au Roy denbsp;Nauarre,il s’en moquoit d’vne fiçon efttâge. Ilnbsp;affiege Bourges au mois d’Aouft. Ceux de dedans fe rendirent en Septebre. Le Duc de Guife y fit entrer le Roy amp; la Royne, vfantlorsdenbsp;nicrueilleufcs menaftes amp; outMgcufes parolesnbsp;Contre ceux qui s’eftoyent rendus.Tous ceux denbsp;la Religion en ces quartiers traitez pirement,nbsp;l.iii.
-ocr page 180-LA LEGENDE DV -que s’ils cuflent cftc Turcs ou Juifs, Le Duc d’Aumale amp; le Marquis d’Ellcbcuf eftoyent ennbsp;Normâdiejl’vn deuâc Rouen,amp; l’autre à Gaen.nbsp;Mais quelques gros amp; gras qu’ils fuflcnr,ils n’a-uaiKcrcnc pas fort de ce colle là. Le Sieur denbsp;Moruillicrs eftoit à Rouen,amp;dans le fort Saintenbsp;Catherine y auoit li bonne garnifon que le Ducnbsp;d'Aumale ne fit que perdre gens amp; munitionsnbsp;tout le lôgde l’eflc.Mefmes les affiegez, pour fcnbsp;moquer de luy.luy drefl'oyent des gargouilles çànbsp;amp; làioù ilfaifoit defpcndre inutilement fes pounbsp;dresamp; boulets,corrmc s’il euft voulu dcfnichcrnbsp;despafiereaux. Au reftechafeuncftoit maifttenbsp;en fon tamp, tellement qu’vn iour vn enfant denbsp;Rouen cflant forty pour aller voir les deporte-mesdu Duc d’Aumale,fonder fescntrcprifcsamp;nbsp;deffeins, ayant veu qu’il n’y auoit fi petit ruftrenbsp;qui ne fc mcflall de le cofeiller fSc de cômâder ennbsp;fa prcfencc,rapport3 qu’il auoit veu force Capinbsp;taincsîk peu de foldats.Parquoy(dit-il)vous n’enbsp;fies en danger,(lnon quand Monlieurd’Aumalcnbsp;dort. Le Duc de Guifeappcloit cependant lesnbsp;eftrangers,comme Jcalicns,Efp3gnolsamp; autresnbsp;pour brouiller tout de plus en plus. Et entciidatnbsp;que la Royne d’Angleterre fe preparoit pournbsp;donner fecours au Prince de Conde,fachâtquenbsp;la Normandie elfoit la dcfccnte,y mena incontinent fon armee traînât -le Roy, la Royne merenbsp;amp; le Roy de Nauarrc,qui y fut bit fie au ficgc dénbsp;Roucn,dontil mourut toftapres, rcccuantlenbsp;falaire de s’effre adioint aux ennemis de la Couronne
-ocr page 181-CARDINAL DE LOR. 84 Tonne amp; aux Gens. Rouen fut prins, Si toute vionbsp;lence y fut cxcrcec.Ccla fait,le Duc de Guife rcnbsp;uicnc à Paris eflant en perplexité, à caufe que lenbsp;Prince de Condc ayant rcceu fccours d’Alcmainbsp;gne vcnoit le trouuer.Maix fur ces cntrcfaitcs,ilnbsp;cRfortiGc de nouuellcs compagnies de Gafcôsnbsp;amp; d’EfpagnoIs, tellement qu’il délibéré empe*nbsp;feher que les Anglois ne fc ioignilfent au Prince.nbsp;Làdelius furuintla bataille donnée à Dreux au Batail-moisde Décembre, ou les chofes fc palVcrentdenbsp;comme Ion fait. Mais corne le refus que le Duc Dreux,nbsp;de Guifc Gc lors de charger lors que le Conne-ftable le luy enuoya dire ( qui taufa la prife dunbsp;Conncftable) GtquepluGcurs cGimerent qu’ilnbsp;ccrchoitceftaccidciic , amp; les autres Iccognoif-fjns iugerent qucc’efloic faute de courageiaufGnbsp;print on de là argument pour s’aGcurer de toutnbsp;ce que ce grâd guerrier Gt depuis cefte iournee.nbsp;Car to’ cófcGcnt qu’apres la iournee de Dreuxnbsp;toute la force de ceux de la Religion confiftoitnbsp;en la troupe que l’Amiral tenoit aux champs,nônbsp;pas en la ville d’Orlcâsqu’vn chafeun tenoit imnbsp;prenable,l’Amiral demeura faiiue. AinG donc lanbsp;raifon vouloir que le Duc dcGuife s’attaquait ànbsp;celuy , lequel vaincu, la ville d’Orléans tciidoitnbsp;les mainsmon pas à confommer les hô.ncs,l’argent,les munitions amp; les forces à la prinfc d’vncnbsp;ville, laquelleprinfc Atabbatue ne faifoitqucnbsp;rendre l’Amiral plus fort,plus acort amp; cfut illé ànbsp;nouuclles amp; hazardeufes entreprifes. On cou-cluoit de là, que le Duc de Guifc auoit eu faute
l.iiii.
-ocr page 182-LA LEGENDE DV tk fens amp; décourage, de n’auoirfccu ou oCc future l’Amiral fe retirant en Normandie,amp; de l’a.nbsp;uoir laide tellement fe renforcer de viilcs,depUnbsp;ces,de forteredes, de gens, d’argent amp; de toutesnbsp;autres munitions. Mais aufii les plus grans amp; lesnbsp;plus experts delà France tienent pour certainnbsp;que fi la guerre euft plus longuement dure, l’A-niiraleull fait rcceuoirvnc bote immortelle aunbsp;Duc de Guife, lequel à Dreux ne l’ofa regardernbsp;au vifage, ne fortant d’Orleâs pour aller en Nornbsp;mandie le fuyure au dos : encores que l’Amiralnbsp;fuft forty à petite troupe de ladite ville affiegee,nbsp;padant vne partie de la Frâce, amp; en la barbe dunbsp;Duc de Guifeforcc villes corne Touque,Caen,nbsp;Falaize, Argenten, Vire amp; autres de Normandie, prins forteredes amp; Chafteaux, contraint lenbsp;Marquis d’ElIebeufde faire ioug, amp;fc rendre ànbsp;fa grace amp; mercy,encores qu’il eut le moyen denbsp;tenir bon,ayant vne place imprenable ( afauoirnbsp;le Cbafteau de Cacn)àfon commandement.nbsp;Mais ce n’clloit pas là fon meftier. Il cftoit plusnbsp;propre à manier vne bouteille amp;vn iambon. Denbsp;fait, quelquesioursauant quel’Amiralappro-chaft de Caen, il voiiloit s’enfuir, amp; fans le Capitaine Renouard il fe rctiroit auant qu’edrenbsp;fomme. De Iiiy donc ne rencontra pas mal à pronbsp;pos vn Gctil bomnic du pays de Caux, lequelnbsp;apres les premiers troubles voyant que l’armccnbsp;du Roy doutoit qu’il y euft longueur au rccou-ürement du Haute dcgracc, leur con/cillad’ynbsp;faire entrer le Marquis d’f llebenf; car il n’y anbsp;(dit-iO
-ocr page 183-CARDINAL DE LOR, Sç (dit-il)place ft forte,fi munie,fi imprenable,quènbsp;incontinent il ne rende. ,
Cependant,le Cardinal ayant rcceu les non-uellcsdc laiourncede Dreux-.Tout va bicn(dit-il)puis que mon fi ere eft faune. Parlc onplusà Paris de nous faire rendre côptc?amp; puis fe tournant deuers deux Euefques fes fauoris, leur ditnbsp;en fouriant,à ce que ie voy, monfieur mon frerenbsp;orra fes comptes tout fcul.voila où ie les demannbsp;dois.Le R oy de Nauarre eftoit mort. Le Marenbsp;fchal de S. André auoit efte tue. Le Prince denbsp;Condc eftoit prifonnier d’vn coftc,amp; le Connenbsp;ftable de l’autre.voila où il les demandoit. Luynbsp;amp;fon frere ne redoutoyent plus qucla Roynenbsp;mere, rinconftanccamp; finefle de laquelle ils a-uoyent à combatte. Pour en venir à bour,ils cftinbsp;ment qu’il ftloit auoir Orleans pour attraper lenbsp;Sieur d’Andelot qu’ils bay(Toyêt amp; craignoyct,nbsp;refeourer le Conneftablc pour l’auoir du tout ànbsp;leur mercy, fi d’auanture ils ne l’cuffent fait def-pefeher en la fureur de la prinfe. Ils auoycnt lenbsp;Prince de Condc qui ne fuft pas efcliappcdenbsp;leurs mains à bon marche Et encores qu’ilsnbsp;vifTcnt l’Amiral en pieds,fi efperoyct ils le matter auec le tcmps.Pour ceft effed ils firent toutnbsp;d’vnc voice quarârc Chciialîcrs de rordrc,amp; dinbsp;ftribuerent les compagnies d’hommes d’armesnbsp;agens delcur retenue. Auffi le Duc de Guifcfenbsp;defcouuritaflcz quelques ionrs auât fa blcfieu-te.- car fur ce qù’vnficn familier luy parloitdenbsp;fiiyure l’Amiral,il fîtrcfponfe , Ce ne ferott
-ocr page 184-LA LEGENDE DV peut cftre pas le proufit de beaucoup qu’ils fuPnbsp;lent fl tüH vaincus,le ieu n’eft pas aflez brouille*nbsp;l’ay à cübatrc vne plus mauuaifc befte que tousnbsp;les Huguenots enfcmblc, parlant de la Roynejnbsp;de laquelle il Ce pla'gnoiraiTcz fouüctcnfon prinbsp;lie, qu’elle çfto c meruciUcnfemcnc ingrate entiers luy,amp;.' qu’elle ourdift'oit fous main quelquenbsp;chofeaucclc Prince de Condé. Mais (difoit il)nbsp;au plailîr de Dieu, qui fait le tort que Ion fait ànbsp;nofti c imifonfparlir de la Prouéee amp; d’AnioU)nbsp;amp; de la Couronne auffi ) f auroy le bout des vnsnbsp;amp; des autres: amp; quoy qu’il coufte, puis que nianbsp;part y cftji’en auray la raifon.auant que leieu fenbsp;departw Encores fedcfcouurc mieux l'iniquitcnbsp;de fo vouloir par vn outre propos qu’il tint, lorsnbsp;qu’il fit faire ces derniers Cheualiers de l’ordre,nbsp;(au rang defquels fon fils Henry plus propre encor à iouer aux noix qu’à tenir cfpcc,eftoit desnbsp;prcmicrs)fur la hôte qu’tnbsp;à tant de gens de bien amp;¦nbsp;eftoycnt.d’y mettre quelques vns qu’il vouloir:nbsp;vous n’entedez pas,dit-il,lcfccrct.ily en n(par-lanr de la Royne) qui veulent viurc en côfufion,nbsp;Â: 11 y en faut tant nicttre,quc le defordre y amenbsp;ne vn bon ordre. Voila le loin qu’il auoit de l’c-ftatdu Royaume. Mais on peut voir commentnbsp;il fe degradoit fiiy-mcfme. En la iournee denbsp;Dreux,le Conneltable auoit efté prins,combatant vaillamment,le Marcfclial de S. André tuenbsp;fur la pl.ice: le Duc de Guife ne s eftoit pçuretinbsp;jcrqu’auec honte amp; vitupère, ayant rtfufédenbsp;charger
in luydifoittju’ilferoit grans Seigneurs qui en
CARDINAL DE LOR. 8(j charger les Huguenots, lors que fon Capitainenbsp;le luy cômanda,amp; d’auoir abandonné fon Chefnbsp;au plus fort du combat.il ne fît aucun honnora-blc exploit en celle iourncc là, amp; perdit l’honneur de la prinfc du Prince de Conde oui tomba es mains du Sieur de Danuillc. Mais pour fanbsp;plus grande çonfufion, il eut en refîc le fcul A-miral,duquel il auoittant mcfdit,St eut celle reproche deuant tout le monde , de n'auoir a-ucc toutes fes forces ofé attaquer ccluyqu’il a-uoit tant mcfprifc, Si qu’il difoit n’auoir vertu,nbsp;proucfle,ny grace de commander. Ce quidefpi-toit extrêmement le Duc de Guife, cfloit de fenbsp;voir bridé par la rçdditiô du Haute de grace auxnbsp;Anglois,qui leur auoit cflé baillé auec quelquesnbsp;conditions qui n’elloyent point iniques pour lenbsp;temps : amp; cela feruit à faire ronger les ongles aunbsp;Cardinal amp; à tous fes autres frétés, qui fe virentnbsp;nouuelle befongnctaillee en cell endroit. Ornbsp;tenoyct ils prefquc pour certain que cela ne s’enbsp;lloit point fait fans l’intelligence de la Royncnbsp;mere auec le prince de Condé amp; l’Amiral. Partant donncrêt-ils côfeil au Roy d’Efpagnc,l’cn-tremife de leurs feruiteurs Iccrcts de demandernbsp;au Roy de France quelques villes à luy garder;nbsp;donnans cfperancc à l’Efpagnolde les luy fairenbsp;bailler, s’il cull cfté tant iniqucamp; mal-auifé denbsp;les demander. Lonfaitle regret qu’en auoit lenbsp;Ouc de Guife quelques iours auant fa bleff- urenbsp;9 mort deuant Orleans, ainfî qu’il s’en defeou-urit à vn ficn familier ; difànt qu’il fe repentoit
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bien de n’auoir fait bailler deux villes au Roy d’Efpagne, au lieu d’vne que tenoyent les An-gloisxar c’eftoit (difoit- il) le moyen de tenir ennbsp;bride l’inconÜance de laquelle il chargeoit Unbsp;Roync, amp; l’enuie amp; ioloufie qu’il difoit qu’ellenbsp;potion dcfia à fa grandeur, auecle moyen quenbsp;cela aporroii de taire quelque grand chofe pournbsp;Icurmaifon , dont il ne fe voulut ouuertementnbsp;dcfcouurir : mais auffi il ne peut tant cachernbsp;fonieu, qu’en difant que parce moyen il euftnbsp;eu fa part delà piece, comme les autres. Ionnbsp;ait bien peu iuger (auec d’autres propos quenbsp;depuis il tint encores ) qu’il n’euft intention denbsp;mettre le Royaume en proye, amp; en auoir fsnbsp;part.
Mort Ces mefeontentemensfurentcaufequel’A-Duc mirai palfa fcurcmcnt en Normandie amp; s’y for^ de Gui- tifiadcnouucau,tandjsquelc Duede Guifcaf-fe. fiegeon Orleans, amp; fe preparoit à plus hautesnbsp;cnttcprifcs,ccftc laexccutec: ne tenant lors quenbsp;propos pleins de menaces contre l’Eftat ti lenbsp;repos du Royaume. Au milieu defes defleins,nbsp;Pültrot luy lira le coup de piftole, duquel ilnbsp;languit quelques iours en terribles tourmens amp;nbsp;mcrucillcux regrets de fevoir tranche au milieu de fa courfè. Il mettoit quelqucsfois lesnbsp;doigts rn fa playc.A comme il s’eftoit extrêmement defpijt contre les chirurgies amp; médecinsnbsp;qui n’auoycnt peu alongerlavieà François fécond , aufli lors ne les pouuoit 11 voir de bonnbsp;oeil, pourautât qu’il fe voyoitpris. En fin,aprcsnbsp;auoir
-ocr page 187-cardinal de lor. 87 auoir pardonné à fa femme, amp; lailfé Ja chargenbsp;de fes enfans au Cardinal, non fans charge denbsp;venger fa more amp; pourfuyurc les entrepnfes,nbsp;tant de fois rompues , il lut comme attaché parnbsp;la mort aux fauxbourgs amp; à la porte d’Orléans.nbsp;Ainfi périt le plus lier de tous ceux de Guife,nbsp;indigne ( ce difoyent plullcurs ) de mourir en lanbsp;ville où vn Roy clloit mort, amp; iju’il entrallnbsp;Vif dedans les murailles de celle t|'Jc luy C'e lesnbsp;ficnsauoyent deüincepour lamortd’vn Prince du fangamp; de plulieurs bons Ohiciersdclanbsp;Couronne.Les Catholiqucs,fpccialcment ceuxnbsp;de Paris ( qui toutesfois n’en auoyent occafion)nbsp;comme il fera dit cy apres, firent vn grand dueilnbsp;pour fa mort. Le Roy de Nauarre auoit eftenbsp;tué douant Rouen. Le Marelchal de S. André,nbsp;le Duc de Neuers amp; autres à Dreux.On n’en fitnbsp;aucunlemblant. Mais pour monficur dcGui-fe qui auoit abandonne fon Capitaine,qui coinnbsp;batoitpournc rendre copte aux f flats de Frannbsp;ce,qui auoit violé les edits, amp; vouloir auoir rai-fondeceux de Valois, on fit des pompes fune-brcsjcomme à vn Roy. Or,comme apres le dc-ces de Frâçois fécond, toute cefle cour qui enuinbsp;tonnoit ceux de Guife, s’efuanouit, amp; toute leurnbsp;multitude fe conuertit à l’inflant en folitudc, amp;nbsp;mefmes plulieurs qui les auoyent fuyuis eflo-yent prefls non fcuUment à tenir le baflin à quinbsp;leurcouperoitla gorge ,ains mefmes de les ef-gorger: femblablement apres la mort de leur aifnbsp;né,ils dcmcurercc côme vn corps perclus de fes
-ocr page 188-LA LEGENDE DV membres, eftans abandonnez de la plufpart, amp;nbsp;poiiriadcfmcfurce puillance qu’ils auoyent v~nbsp;iurpcc, deuenus odieux à ceux qui leur cltoycntnbsp;plus équitables- Lt pourtant le Cardinal,qui e-Itoit lors à Trente,commença à regarder à nou-ueaux moyés pour comencer par vn autre bout:nbsp;amp; commença par l'Efpagnol, dont mefnies il Icnbsp;defcouurit depuis à vn principal confeiller d’vnnbsp;grand Seigneur Frâçoisicar apres auoirfort def-crie amp; blafme l’elbt des at'aircs de France,il luynbsp;difoit, quclcgouucrncmcnt d’Lfpagnc eftoitnbsp;excellent amp; beau, là où les grans du pays ticnnétnbsp;le Roy en bride, fâs qu’il fuit loifible au Roy denbsp;s’en louer, côme de icttôs,hiifant que celuy quinbsp;n’en valoitqu’vncn vaut tanroftdix.tantoli têt,nbsp;tantoftdix mil, amp; quand il luy plaie le remet ànbsp;vn: amp; ne feroit pas (difoit-il) mal aife derarigctnbsp;la France à fonpoinâ. Cependant il fiifoitdunbsp;plurcur, cfcriuant des lettres confôlatoires àf»nbsp;mcrc,Iclqucls à grand peine fauroit on lire fansnbsp;rircjfpecialcmcnt où il eferit ces mefmes mots.nbsp;Madame, ic vous dy que iamais Dieu n’bonoranbsp;tant mere, ne fit plus pour autre ficnc creaturenbsp;(i’excepte toufiours fa gloricufc mere) qu ilanbsp;fait.Mais ce bon fils de la plus Iicurcufe du monnbsp;de apres la vierge Marie Eiifoit d’autres nouuel-ucs pratiques contre l’cftat de fon Roy Sc dunbsp;Royaume, comme nous le verrons maintenant.
Premie Le Duc de Guife ayant la bouche clofc.incô-repact- tinct la paix s’auança,mais de telle forte ce pen-licatto, dât qu’on cognut que les memoires que le Cardinal
-ocr page 189-CARDINAL DE LOR. 88 dînai auoit laiifcz auant qu’aller au Concile,feenbsp;uoyéc de beaucoup.Car i edit de Jûjier fuc comnbsp;me aneantjjle Prince de Code recule de la charnbsp;ge qui luy appartenoit comme au premier Prince du fang; l’Amiral amp; aucrc.s grâs Seigneurs denbsp;la Religionefloignez delà Cour, fpetiakmencnbsp;r Amiral, auquel on mit la refolution du coupnbsp;donné au feu Duc de Guife, qui elloit vn artili-cc du Cardinal amp; les liens pour tenir toufioursnbsp;l’eau trouble amp; ne venir iamais à compte : amp;: denbsp;la Roync mere aufii qui en ceft endroit fauor:-loit ceux de Guife, citant bien aife d’ellongnernbsp;defes (üs toutes gens d’bonncur,afindelescllc-uer amp; t.içonnerà fon humeur, dont les effectsnbsp;fe monlti erent bien depuis.
Depuis les premiers troubles iufqucs aux fc- Dlt;^gt;or-cons, furuindrent beiucoup dcchofesen Fran- teniens cc,où les artifices de ceux de Guife apparurentnbsp;en beaucoup de fortes, à la ruine du Royaumcj Gm-commenous en toucheronsicyquelques parti-cuLiritez plus not3blcs,fans trop nous arrefter ànbsp;la circôltancc des iours: ioint qu’en traitant desnbsp;tors qu’ils ont fait aux Princes du fang, à La No- »»erxnbsp;blcHc, aux Eftats amp; aux particuliers du Royaunbsp;rne,on verra les particularitcz que nous palfonsnbsp;maintenant.
Prcmicrement donc,le Cardinal fait inftancc rr»xfe-vers la Roync mere de faire bailler l’Fftat dc^o/ts. grandiMailtrcafonneucu Héryfilsdufeu l^ucnbsp;de Guife. Et côbicn que celt enfant fuit du toutnbsp;incapable dcccltc, toutesfois au grand deshon-
-ocr page 190-LA LEGENDE DV neurdu Roy, de toute la Frâce, amp; pardefpit dunbsp;ConncJlable, amp; de ceux de la Religion, que lanbsp;Roync cômençoie à haytjil fut efleu grand Mai-ftre,ayant befoin encor alors de verges amp; de prenbsp;cepteur.
Depuis la mort du Roy de Nauarre, la Roync mere elloitdcuenue Catholique. Carelle craignoit que le Prince de Condé lors premiernbsp;Prince du fang ne voulull tenir fon rang,amp; cornnbsp;me 11 la cognoiflbit,la ranger à l’aide de ceux denbsp;Chaftillon,amp; du Côncftablcmcfmcs(lcs bouilnbsp;Ions duquelcommençoyent aucunement à fe tenbsp;froidir)pour luy öfter legouuernement.Le Carnbsp;dinal preuoyant que fi cela aucnoit, luy amp; lesnbsp;freies eftoycnc desferrez, fc rclolut d’y donnernbsp;ordre. En raftémblce d’Ürlcans, les Eftats d’vnnbsp;commun accott auoycnt fut grande complainte des dons immenfes des Roys Henry amp; François fécond faiisà pluficurs pcrlonncs,les vnsnbsp;indigncs.les autres outre mcfiirc.amp; défaire rendre compte à ceux qui auoyct eu charge amp; coninbsp;niandcmct es finances.La premiere de ces plainnbsp;tes, quant à l’indignité des perlonncs côcernoitnbsp;principalement amp; iufqu’au fond du cceur la Dunbsp;chefte de Valctinois amp; toute fon ordurc:amp; quâtnbsp;à l’cxccs touchoit au vif ceux de Guifc,le Marc-fchalde S, André amp; quelques autrcs.La fécondénbsp;plainte regardoit du tout ceux de Guifc,fur toutnbsp;au regard de François fécond qu’ik auoycnt manbsp;nie à leur plaihr, amp; fous le regne infini« deniersnbsp;s'eftoyentcfcoulcz. D’autre cofté la reformation
-ocr page 191-CARDINAL DE LOR. 8^ liondel’eftac Ecdefiaftiquc dont la NobleÜcnbsp;amp; Ie tiers Ellat Eifoyent inrtancc, Eifoit mourir le Cardinal tout debuut.Pourfaire efuanou-ic celte pourfuite, ils ne troimcrct plus promptnbsp;expedient que d’allumer celle guerre ciuile. Ë-ftant appailce,il met en auant à la Royne mere,nbsp;que pour empefeher que le Prince de Condc ennbsp;s’auançant felon fon degré ne luy oliait fon gounbsp;uctneincnt j il filoit faire dcclairer le Roy Majeur , fuyuant ce qu’elle en auoit aufti délibérénbsp;auant la mort du Roy de Nauarre. Or s’alfcu-roic le Cardinal que tandis que la Royne merenbsp;demeureroit maillrcffc, les comptes ne fe ren-droyent jamais. Pource que permettans aux E*nbsp;ftatsdc fonder de fi près ledeporttmêt desgounbsp;uerneurs, il y auoit danger qu’aucc le temps onnbsp;ne la reccrchaft elle mefme. Et quant à la reformation du Clergé, illuy monllrcle dangernbsp;qu’il y auoit d’auâcer ceux de la Religion(ce quinbsp;auiendroit en ce fiifant ) pource qu’elle auroicnbsp;l’Efpagnol, le Pape, amp; tousles Catholiques ennbsp;telle, perdroit fon credit, amp; (peut ellre) (on aOrnbsp;thorité aufli. Suyuant tels confcils, le Roy tollnbsp;apres la paix fut dcclairé Maieur ; amp; la Roynenbsp;mere amp; le Cardinal luy firent iouervn terriblenbsp;rollet, le faifant parler auffi gros que s’il cull eunbsp;quarante ans:auin clloyent-ce eux qui parloyétnbsp;parla bouche.
A ccConfeilJe Cardinal en adiouRavnau. tre touchant l’indruélion du Roy amp; de fes frères. Car il rcmonftra à la Royne que fi elle per-ITI.Î.
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nettoie que les Princes amp; Seigneurs de la Religion approchaflcntde fesenfans, ou quelle les introduift de fi bonne heure aux afaires, ils fc-royent gaignc2,amp; pourroyent aucc le temps luynbsp;donner de la peine à ellemefmes , ou pour lenbsp;moins luy öfter le maniement des afaires,amp; approcher de leurs perfonnes d’autres côfciJlcrs,nbsp;comme les Bourbons. MontmorencisA Cha-ftillons.Pour pouruoir à ce poind.il fait amufernbsp;le Roy à la toupie, à faire ioufter les coqs l’vnnbsp;contre l’autre, à faire battre les chiens, ou à lesnbsp;harer fur ccftuy-cy ou ceftuy-là: puis à ouyrnbsp;des farces, dan fer, babiller aucc des Courtifan-nestftnalemct à iurcr Si paillardcr,lc tout au veunbsp;amp; feeude la Royne, amp; par lentremife deplu-jfieurs feruiceurs de la maifon de Guife. Et d’autant que le Roy cftoit aflez impctucux,pour luynbsp;faire pafter ces bouillons , on le mit à la challè,nbsp;tandis qu’vnefemme amp; vn preftregouuernoyctnbsp;le Royaume. -
Et pour tenir toufiours en halainc ceux de la Religion, amp; empefeher que le Roy aucc le repsnbsp;ne fauorifaft tcllcmét les deux partis cnfcmble,nbsp;qu’en fin les artifices delà maifonde Guifenenbsp;fedefcouurilTenr, le Cardinal feeut bien empoinbsp;gner l’occafion pratiquée par la Royne mere vnnbsp;peu auant l’edit de pacification. On auoit attri-Duc ic ne fiy quelle depofition à Poltrot, par laquelle il confèftbitque l Amiral luy auoit donné charge de tuerie Duc de Guife.Et combiennbsp;qiUC l’Amiralentendant cobruit que la Palettenbsp;fcruitcur
-ocr page 193-CARDINAL DE LOR. 90 feruiteur de ceux de Guife faifoit ferner parmynbsp;les Reiftres proteftans qui eftoyent venus au fe-cours de ceux de la Religion, amp; voyant quellenbsp;confcquence cela tiroit, eiift par lettres expref-fes fupplié la Royne mere de faire garder Pol-Ctot,auquel il dcliroit efttc cófrontcmcatmoinsnbsp;elle l’auoitfait rirer à quatre cheuaux par arreftnbsp;du Parlement de Paris. En quoy fc vçgt;id I’en-clouéure, amp; Ie merucilleux artifice de la Roynenbsp;amp; du Cardinal.Quant aux menées de la Royne,nbsp;cela requiert vne autre legende. Pour le regardnbsp;du Cardinal,11 fut le plus aife du monde,d’auotrnbsp;celle acroche,pour mettre le Royaumeen tron-bles, quand bon luy fembleroit, fe defiaire denbsp;tous lès ennemis de Bourbon,deMontmorencynbsp;amp; de Chaftillon.Et de fait cefte iuftice qu’il faifoit demâder par la vefucs amp; les enfans du Ducnbsp;de Guife, luy cftoit vn moyen merueilleufemcCnbsp;propre pour fe faire valoir.
Car en peu de temps il pafla bien plus outre, donnant à entendre à la Roync, que iamais fonnbsp;gouucrncment ny l’Elat du Roy ne feroyent afnbsp;Icurez,tandis que les Bourbons,Montmorencisnbsp;amp; Chaftillons feroyent à chenal: qu’il les faloitnbsp;humilier, amp;lcur mettre tant de gens en tefte,nbsp;que le Roy amp; ceux qui eftoyct à l’entour de luynbsp;demeuraflènt les maiftres.Qiw fi elle vouloir fenbsp;fcruirdefesfrcres amp; noueux, amp;de ceux qui c-ftoyent affedionnez à leur maifon,elle les trou-ueroit prefts auec leurs moyens.Q^e tâdis qu’elnbsp;le desfauoriferoit ceux de la Relgion, la pluf-in.ii.
-ocr page 194-LA LEGENDE DV part des villes du Royaume employeroyét tousnbsp;moyens pour maintenir elle amp; Ion authorite. ¦
Et d’aufant que c’euft efté brouiller trop les afaircs toutd’vn çoup, amp; i'c hazarder.-vn peu a-aât que de s’attacher aux trois maifons fufmcn-tiônecs enfcmble, apres auoir délibéré auec fesnbsp;freres. le Cardinal propofa à la Roync mere»nbsp;qu'ilfaloit Ce desfaire premièrement de ceux denbsp;Chaftillon ; à quoy la iuftice que demandoyentnbsp;ceux de Guife feruiroit de prétexté, amp; d’autantnbsp;qu'on ne les pourrnit auoir par force, il leur fa»nbsp;loit mófttet bon vifage pour les attrapper en v nnbsp;coup.Or encores que la Royne vift bic l’iniqui*nbsp;te de ceconfcil,amp; les ruines qui s’en pouuoyentnbsp;enfuyure, toutesfois préférant fonambition aunbsp;repos de fes enfans amp; du Royaume, elle fuyuicnbsp;ce chemin. Car encores quelle n'aimaü gueresnbsp;la maifon de Guife, toutesfois Cachât qu’elle ennbsp;cheuiroit mieux,amp; qu’ils cftoyent embarquez hnbsp;suant es afaircs,qu’ils employcroyent tous moyen* pour fc ponferuer auecelle, ilncfutquc-ïlionqucdc regarder aux moyens de fedeftairenbsp;de ceux de Chaftillon.Mais comme ils ellnycntnbsp;fur le poinâ de le mett reen bcfongnc,lc Princenbsp;de Condé en plein Confcil du Roy pr nt le faitnbsp;de l’A mirai en main, amp; declaira rout haut, quenbsp;quicôques’attacheroitàl’Amiralpar autre nionbsp;yen que legitime amp; felon le droit, Juy Prince nenbsp;l’enduretoit pas. Cela amp; autres confidcrationsnbsp;furent caufe de cefte belle reconciliation entrenbsp;î’Amiral amp;CCUX de Guife faite à Moulins, lorsnbsp;que le
-ocr page 195-CARDINAL DE LOR. jgt;i «jue Ic Roy cft«it fur fon voyage de Bayonne.
Or cc voyage fut entrepris pat l’auis du Car dinal amp; de la Roync mere,fous pref exte de fairenbsp;voir au Roy fon Royaume : mais en effect,pournbsp;conférer auec l’Efpagnol, faire vne nouvelle ligue pour remettre le Royaume en nnuucamtnbsp;troubles,côire il auint aullî apres que les cour-fçs curent eftéfaites.Pendarit lefqueilcs le Cardinal amp; fes frétés firét autres pratiques qui s’eti-fuy lient.
Le Cardinal eftant à Trente, auoit pratiqué vne dernière feftion pour faire dcclairer le Roynbsp;de France Hérétique, ScklTniatique, amp; excom-munié.s’il perfeueroit à vendre le domaine denbsp;FEglifcxombien que celle venditionfuft défianbsp;uention que luy mefmes auant fon partemét denbsp;France,amp; fon frèreauant fa mort.auoyentdon«nbsp;nce.Car pour paruenir à leur grandeur amp; acomnbsp;plilTcmcnt de leurs deffeins, alors ils ne trou-uoyent rien qui fuft fainâ ÀTinalienable. En cenbsp;tncfnie delfcin, vouloir faire declaircr le Royaijnbsp;me de N atlarrc, pour la Religion que la Royncnbsp;amp; le Prince fon fils tenoyent, eftre ouucrt amp; ennbsp;proye au premier conquerant.Dont le Roy ad-uerty, manda à fes Ambafladeurs amp; aux Éuef-ques du Royaume de fc retirer promptcmétdanbsp;Concile,faifantau refte de grandes protefta-tions cont' £ les auteurs de ce confcil. Mais ennbsp;cela y auott de f artifice du Cardinal,-lequel ennbsp;fecret dtfoit auoir inventé ce moyen pourgra-ifier au Pape amp; aa Roy Catholique à qui il ptenbsp;m.fiU
-ocr page 196-LA LEGENDE DV fentoit vnc nouuellc proye,amp; d’autrepart cfcti-uoit à la Royne mere, qu’il faloit que le Roynbsp;feift lêmblant d’cpcfcher cela,afin de gaigncr lanbsp;Royne de Nauarre, amp; la fcparer d’aucc le Prince amp; ceux de Chaftillon, pour les rompre tantnbsp;plus aifcment les vns apres les autres. Sur ce ilnbsp;tcuient en France amp; ayant pourueuauxafaircsnbsp;comme nous verrons maintenant, fait vn nou-ueau voyage à Rome, pour follicitcr en perfon-ne cede intcrdiâion contre la Royne de Nauacnbsp;re. Et pour fe purger de telle mefchancctc, il ennbsp;partit deux iours avant la conclufiondu in gement; puis,cftant arriuéà Venife, aceufa aigrement le Pape amp; le Côfiftoire de Rome, d’auoirnbsp;pafle outre contre la volonté du Roy, pour faire entendre qu’il n’eftoit point de la partie.
jîrti- nbsp;nbsp;Eftât de retour,amp; pour s’acquitter de lapro-
cles dit mefle faite au Concile , il fut fi impudent d’en Concile prefenter les articles au Confeil du Roy, nonnbsp;propo- pastât pour les faire receuoir du premier coupnbsp;/ix. pM-au Royaume, que pour auoirvn moyen proprenbsp;U Cat- pour rompre peu à peu l’edit de pacification.Etnbsp;dinalf afin que cela euft plus de luflrc à fa follici tation.nbsp;poter les Ambafl’adeurs d’Efpagne, de Sauoye, amp; dunbsp;trou- Pape vindrent en Cour, amp; prefenterêt certainsnbsp;f»- articles dreflez à l’inftance du Cardinal amp; de fesnbsp;cor le adhéras, lefquels nous avons icy inférez, d’autâtnbsp;Royau- qu’ils defcouurent le fondemet des autres trounbsp;me. blés que depuis ce temps lanousauons veuennbsp;France.
Le premier poinéi cft,qu’ils ont interpelle Je Roy
-ocr page 197-CARDINAL DE LOR. «ji Roy de garder amp; faire obferucren Ton Royau-tQCjpays, terres amp; Seigneuries de fó obeilTance,nbsp;les articles du S. Con eile, nagueres fait à Teen*nbsp;te,qu’ils ont apporte à celle fin.Et pour d’iceuxnbsp;luy faire leâure amp; faire ferment par deuant lesnbsp;deleguez du Concile, cft baillee allîgnation aunbsp;Roy de fe trouUec à Nancy en Lorraine, le iournbsp;de nollre dame en Mars, où fe trouueront lef-dits Sieurs,eux amp; tous les Roys amp; Princes Chrenbsp;ftiens,où ils ont délibéré faire vnc loy generale,nbsp;fuyuant ce qui a cfté fait audit S. Concile, pournbsp;l’extirpation des hcrefies Sc nouuelles dodri-ncs qui feront troUuees répugnantes audit S.nbsp;Concile.
Le deuxîefme poiniS cft, que ledit Sieur face ceffer l’alienation du temporel de l’Eglilè, luynbsp;déchirant par ledit Roy d’Efpagneôc Duc denbsp;Sauoyc. qu’ils n’ont entendu ny entendent e-ftre payez des deniers à eux promis en mariagenbsp;par le defiiiuâ Roy Henry,fur,amp; aux defpens denbsp;i’£glife:amp; qu’il fe doit côtenrer de quelque donnbsp;gratuit que luy feront les Eccleftaftiqucs, ayantnbsp;efgardaux faccagemens qui puis nagueres ontnbsp;cfté faits en fon Royaume,amp; ce fous fon nom amp;nbsp;parfonedit: donttoutesfoisil l’excufent pournbsp;fa tedre icunefTejCommc eftans auftî priez de cenbsp;faire.
Le troißefme, qu’il bannifte, ft mieux il n’aime faire punir les principaux feditieux amp; fehif-tnatiques de fon Royaume, par le moyen def-quels ont cfté faits les fufdits faccagemens de ni.iiii.
-ocr page 198-LA LEGENDE DV l’F glifc, amp; qui ont mis les ennemis de fa Counbsp;ronne en fon Royaume, amp; pour ce faire baillenbsp;entree aufdits eftrangers.
Le quatiicfme, qu’il reuoque la remiflîon amp; abfoluûun qu’il a faite par fon edit de paix « fi-gnammenc contre ceux qui ont commis crimenbsp;.de lefe Maiefte Diuine .-luy remonftrant q'jc cenbsp;n’eftoit à luy,ny à Roy,ny à Prince de Chrelliê-fte,remettre ou pardonner ladite offenfc qui eftnbsp;faite contre la Diuine M«iefté, amp; que telic rc-iniffion appartient à vnfcul Dieu.
Le cinquicfme,quc de fa part comme Roy,il tiet la main à iufticc,amp; icelle autborife, commenbsp;fes prcdeccfl'eurs ont fair.d’autât que d icelle denbsp;pend l’authoritedes Roys amp; Princes Chrcftics:nbsp;amp; que fiifant cela il fera la punition du meurtrenbsp;fi proditoirement fuk à la perfonne du feu Sieurnbsp;de Guife,par ceuxqui luy font notoirement co-gnus,amp; qu’en icelles chofes ne faut vfvr de diffî-inulaiion, côfideré la perfonne meurtrie fi mal-heureufement.- amp; de fe faire obéir comme Roy,nbsp;afin de faire florir iufticc en fon Royaume.Lcf-ditsScigneurs,pourlefquelscux Ambafladeursnbsp;ont charge, luy offrent donner confort amp; aide,nbsp;fi tort qu’il plaira au Roy les en requérir.
Depuis que ceux de Guife vfurperent la Cou ronne, faifans de nos Roys leurs efclaues, il y anbsp;eu deux fortes de confeil$,delettresamp; de paroles de Roy,afauoir patères amp; fcci cttes.Le Connbsp;fèil priue traite ce qu’on veut que tout le mondenbsp;fache. Les lettres patentes amp; paroles dites deuâtnbsp;tOM^
-ocr page 199-CARDINAL DE LOR. pj tous fèrucnt deconfirmation.Mais ceux de Guinbsp;fe y one introduit vn confeij fetret qui depuis anbsp;efte party comme en trois. Car la Koy ne mere vnbsp;a le lié,ceux de Guife Je leur, amp; le Roy quclqucf 'nbsp;fois suffi le ficn compole de certains qui le gounbsp;uernent. Là ont efté rcfolües de noftre tempsnbsp;les afaircîjdont les fanglâtes executions fe fontnbsp;enfuyuies depuis. Les lettres de Cachet font ornbsp;dinairement contraïres aux patcntcs,amp; les paronbsp;les ouucrtes à celles que Ion dit en l’oreille. A innbsp;fl en print-il à la venue de ces AmbaffadeursjCarnbsp;en public amp; au feeude tout le monde, le Roynbsp;leur declaira que l’edit de pacificatiô auoitefiénbsp;fait pour dechafler les ennemis de fon Royaume,amp; autres chofes en general: mais en particunbsp;lier on mania cell afairc au Confeil fecreten lanbsp;forte que nous l’auons veu par effcél depuis. Lenbsp;vingtfixiefme iour de Feburier i j 6 j. le Roy fitnbsp;vn^artie de cefte declaration aux fufdits Am-baÛadeurs, amp; pour mieux coulourer la befon-gne, le Cardinal amp; la Royne mere luy firent a-prendre celle rcfponfc par cocuramp; la prononcer de fa bouche, luy qui entendoit lors autantnbsp;ce qu’il difoit, que ce qu’il ne difoit pas.cllât en-fant,mefmes en telles afaircs.
Or faut noter qu’vn iour au parauant le Car dinal auoit obtenu de la Royne vn congé en fornbsp;me de breuct,figné du fecrctaire Bourdin, pournbsp;porter armes défendues par edits Ä lettres pa-tcntes.Si on dcmâde pourquoy il obtint ce bre-uct de la Royne plullofl que du Roy, veu que
»
-ocr page 200-LA LEGENDE DV celuy feul peut difpcnfer delà loy qui l’a faite:amp;nbsp;pourquoy il ne demanda des lettres parères,ainsnbsp;s’arrefta à vn (impie breuetâ’en laiflèray le iugcnbsp;ment à toutes pcrfonnes libres de paflion. Cenbsp;qui ruruint toll apres, defcouure les defl'cins dünbsp;Cardinal amp; des ficns.
Maisdepouuoir fpecifier icy ces delTeinslà, tant en CCS cheuauchees qu’on fit faire au Royjnbsp;Ibus prétexté du voyage de Bayonne,où la fain-te ligue fut côfermcc,amp; refolu auec le Duc d’Alnbsp;bc de courir fus à ceux de la Religion : qu’es ligues bradées en diuers endroits du Royaumenbsp;par les menées de ceux de Guifc.dôt s’cfuyuirctnbsp;des malTacrcs bombies, fpecialemêt au Maine,nbsp;amp; en Tourainc amp; au Vcndofmois.En Guyennenbsp;le Marefchal de Bourdillon,amp; ailleurs plufieursnbsp;autres,trop au commandement defdits de Gui-feamp; delà Royne. Nous ne parlerons donc icynbsp;parle menu de ces mafl'acrcs, liiyuis d’extorfiôsnbsp;amp; iniuftices eftrâges en diuerfes villes du Royaume, les artifices pour abolir peu à peul’editnbsp;de pacification, les pratiques du Cardinal pournbsp;gaigner le Prince de Condé, fous prétexté d’vnnbsp;Royaume imaginaire amp;d’vn mariage j afin denbsp;rendrer Amiral plus foible,les Citadelles dref-feesen diuers licux,lcs dcfmantcllemcnsdesvi'lnbsp;les tenues au premiers troubles par ceux delànbsp;Religion, les fiuffes accüfations qui leur furentnbsp;mifes fus, la declaration ou edit de Rouffillounbsp;abolifiant manifcllcmêt celuy de pacification.nbsp;La moquerie des rcmonftranccs faites parlenbsp;Prince
-ocr page 201-CARDIN AL DE LOR. 94 Prince de Codé fur ccft edit, amp; de tous ceux denbsp;la Religion qui demandoyent foulagemcntamp; lunbsp;fticc. Le maflacre de Tours amp; du Chafteau dunbsp;Loir. L’audace dc Çhaui^ny cfclaue de la Roy-ne amp; de ceux de Cuife, le banniHcmcnt de certains perfonnages de 14 Rcligiô en la ville de lanbsp;Rochelle. le ne feray aufû plus ample mentionnbsp;de la defenfe de tenir efcholes à ceux de la Religion, à la pourfui te du Cardinal, fuyuant pas ànbsp;pas en cela l’edit delulian l’Apoftat contre le«nbsp;Chrcfticnstla pourfuyte du mefme Cardinal tanbsp;fehant de ruiner les anses comme les corps, à cenbsp;qu’il ne fuftloilible aux Miniftfes de vifiter lesnbsp;malades, ny demeurer ailleurs qu’es lieux mef-mes où feroit l’exercice de la Religion pour lesnbsp;Bailliages.
D’vn cofté le Cardinal de Guife machinoit aücc l’Eucfque du Mans dont s’enfuyuirent infinis maux. Le Duc d’Aumale eftoiten Châpa-sneoùiine faifoit gucrcs mieux. Il ofte a ceuxnbsp;de Troyes l’exercice de la Religiô,qui par la denbsp;claration du Roy leur eftoit permis dans leursnbsp;fâuxbourgSyleur aftîgnant vn village fort incornnbsp;mode. Change de fon authoritc le lieu du Bailliage de Chaumont en Baffigny,contre l’ordonnbsp;nance exprefle du Roy. Et iurla remonftranccnbsp;qui luy en fut faite par le Lieutenant du Baillia-ge(ennemy declairé de la Religion) du commit!nbsp;démet qui luy auoit eftcfalt a accûmoderceuxnbsp;de la Religiô au refus du Gouuetneur.il rcfponnbsp;dit, qu’il auoit des contraires edits du Roy de-
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dans fa manche, amp; défendit à ce Lieutenant Je palTcr outre.Fit emptifonner vn Auocat à Troyes, pour auoirprefenté vnc rcquefteau Roy,nbsp;au nom d’vne poure femme delà Religion,à la-quflleon auoit depuis la paix,coupé les bras amp;nbsp;les iambes.Fit piller amp; faccager lamaifon du renbsp;ccucurde Mafcô.Fauorifa en toutes fortes pof-libles les feditieux amp; publiques alfaüins de Crenbsp;uant. Le Cardinal de Lorraine cftoit en armesnbsp;accompagne de quckjucs Gheualiers de l’ordre!nbsp;amp;les mutins de Paris, amp; autres lieux voyat^snbsp;qu’on couroit fus ainfi à ceux de la Relig;on,nenbsp;deroandoyent finon quelque grand qui les millnbsp;en train pour faire de mefmcs, ioint que le Roynbsp;clioit loin, du en fon abfencc auoycnt grade cn-uie de remuer les mains amp;; faire vn terrible incf-nagc.Ce que preuoyant le Marefchal de Montmorency, amp;: ayant entendu que non feulement ànbsp;Paris, mais suffi par toutes les villes du Royaume les fedirieux eftoyentau guct,attendanslanbsp;venue du Cardinal, aduettit le Roy de ce qu'ilnbsp;fauoictfur qiioy il reccut mandement de nt laif-fer entrer le Cardinalny aucun de ceux deCui-fe en equippage de guerre dedans Patis, Derechef, amp; apres que le Marefchal fut auerty de cenbsp;breuet quelc Cardinal auoit obtenu de la Roy-nc mere, ilaucrtit par pluficurs autres fois lenbsp;Royjfpccialcmcntà Chaalons, à Bar,àMafcoanbsp;dcà Lyon, que fi le Cardinal entroit en armeinbsp;aiicc fl garde,dans legoiiucrnemcnt de Flfle denbsp;Fiance, il fc tpettrnit en deuoir de le defaiftacf.
Cinq
-ocr page 203-CARDINAL DE LOR. 95 Cinq OU fix mois auant que Ic bruit viiill 4 Pa -ris de la venue du Cardinal auec gardes d’arquenbsp;bu2ierj,lc Maiefchalfit la mefmedeclaratiô punbsp;bliquemcnt amp; part iculieremenc à des plus fpc-ciaux fcruitcurs du Cardinal. Et afin que pcr-fonne ne pretenJilt caufc d’ignorance, Ic x n i.nbsp;de Décembre 15 6 4. fit faire defenfc (publiée ànbsp;fon détrompé, amp; deflors imprimée) fur peinenbsp;de la liartà tous fuldats ordonnez pour gardesnbsp;de Gouuetneurs ou police de gouueruément,nbsp;. d’entrer en fon gouiierncmcnt : declairant parnbsp;mots exprès,afin que le Cardinal entendifi parnbsp;là J que etftc defenfe le touchoit, qu’il n’eftoitnbsp;permis à Seigneurs,quels qu’ils fuflcnt,s’ils n’e-iloycnt Princes de lamaifundc France,d’entrernbsp;au gouucrncment de rifle de France, fans aucune garde. Ncantinoins le Cardinal print Ibnnbsp;chemin à Paris:amp; partant de Reims, reit courirnbsp;le bruit qui! allok à Cîinuillc. Et quoy quil fuftnbsp;délicat, ie mit aux champs en la plus grande rigueur de l’hyucr,Ieit des traites exceffiucs amp; nonbsp;accouftumecs a luy en aucune Liifon.ny pour aunbsp;cuns afakes. Ellant arriud à S. Denis,il y eut fornbsp;ce allées amp; venues. Ce pendant le Marefchsl alla en perfonneauparlemêt, ouilfaitque le Carnbsp;dinalatoufiours eftudi^leplus qu’il a peu d’a-uoirdes beneficiers amp;ami!f,fe plaindre que lenbsp;Cardinal fe venoit luy mcfmcptecipiter,amp; come on dit, brufler à la chandelle. Outreplus,ilnbsp;enuoya vn preuoft fur le chemin, qui fe mit ennbsp;deuoir de prendre des premiers qn'il rencontra
-ocr page 204-Entres et» Cardinal ànbsp;Paru.
LA LEGENDE DV’ des gardes amp; hacquebouziers du Cardinal, lê'nbsp;quel nonobftanc tous Tes aduertilTemens, ayantnbsp;entendu que fon frère d’Aumale,qui |u parauâtnbsp;auec des troupes auoit tenu les chaps, deuoic ennbsp;tret par vne autre porte dans Paris, s’acheminanbsp;auffi auec les ficnnes,amp; acriua à Paris fur le foir,nbsp;les rues eftans femees degens ateendans fa venue. Mais le Marefchalde Montmorency auecnbsp;quelques Seigneurs amp; Gentils hommes de marnbsp;que qui l’acompagnoyent, vint au douant, amp; finbsp;tort qu’il appcrccut armes à ceux qui accompa-gnoyent le Cardinal, commença à crier de loinnbsp;qu’on euft à les mettre bas. Les vus s’enfuirent,nbsp;amp; quelques coups furet tirez,dont l’vn des Gcn-tils-hommesdw Marefchalde Môtniorency futnbsp;lue. Le Cardinal amp; fon ncueu le Duc de Guifcnbsp;eurent plus de peur que de mal, mettans villenbsp;ment pied à terre fe fauucrcnten vne maifqpnbsp;prochaine,où Ion dit que le Cardinal clloit firenbsp;iöluquefcschaulfesluy feiuirciit dcbaffin,amp;nbsp;fon pourpoint de felle pcrfcc.
Le Cardinal,plus couard qu’vn Heure, amp; les Cens ddlogerent fans trompette toll apres, fçnbsp;voyans ainfi reculez de leur cntrepnfe. Le bruitnbsp;eftoit(amp; l’Amiral mcfme, ayant efté mandé parnbsp;le Sieur de Motmorency pour luy venir affifternbsp;de confeil amp; d’aide, le dit aux principaux de Pa*nbsp;ris)quc Ion auoit clcrit vne lettre en Normâdie»nbsp;(elle proccdoit de ceux de Ginfc)contcnant cesnbsp;mots, Que le meilleur moyen que Ion ait poucnbsp;remettre en France ceux à qui la Couronne ap-partiét
-ocr page 205-CARDINAL DE LOR. 0 appartient de droit, pour en cxpulfcr ceftc racenbsp;de Valois, c’eftdc (accager les Huguenots quinbsp;les foufticnent:amp; que pour ceft effet il faut vendre de leur bois, pour ainaifer argent amp; armes,nbsp;amp; pour la fin eftoit adiourte',quc les Huguenotsnbsp;qui plaideront ne feront en peine de faire taxernbsp;leurs dcfpcs.Outre cela Ion fauoit de diuers endroits qu’il fe faifoitcucillettcs de deniers entrenbsp;les Catholiques. Chafeun peutpenfer à quellenbsp;fin. Pendant que I’Amiralclloit à Paris,le Ducnbsp;d’Aumale allez aftamc, amp; voulant amalfer quelnbsp;que efcu,s’eftoit retire à Anec aucc fa belle mc-rc,où il auoic amené la garde qui luycft ordon»nbsp;nee pour le gouucrncmentdc Bourgongnc,amp;nbsp;trembloitde peur que le Marefchaldc Mont-morencylpource quec’eft en foa gouuerncmcr,nbsp;amp; que les gens de ladite garde faifoyct plufieursnbsp;extorfions aux voifins)ne lenuoyaft prendre.nbsp;Parquoy il efcriuit par tout à fes amisjles priantnbsp;dele venir fccourir,amp;luy aider à fortirdelà,nbsp;pour fe retirer en fongouucrnemcnt. A ce mannbsp;dement, quelques vns vindrent, les autres n’ennbsp;tindrent compte. Et de ceux qui y vindrent nenbsp;s’en trouua pas vingt qui demeurèrent, pourcenbsp;quc’la feule remonliranccd’vn Gentil hommenbsp;de Normandie les ramena tous à leur bon fens.nbsp;Car cornent voulez vous(dit-il au Duc d’Aumanbsp;*lc) que nous prenions les armes cotre vn Marc-fchal de France, qui de fa feule parole les nousnbsp;pcutarrachcramp; faire tomber des mains? Et s’ilnbsp;nous commandoit les tourner contre vous, que
-ocr page 206-LA LEGENDE DV ferions- nous, fi nous ne voulons eftrc rebellesnbsp;amp; clefübcifians au Roy?Mais la rcfponle que luynbsp;efcriuoit vn Gentil homme du Maine, qui n’a-uoit peu venir à fon mandement j amp; qui tombanbsp;en autres mains, eft memorable pour la liberténbsp;Françoife de parler contre ceux qui fc mefeo-noifienttoù l’on void.comment il faut iuger desnbsp;Lettre! princes. Les mots de cefte lettre fur cenbsp;Duc poinét eftoyent tels:le n’ay point dit auffi» Monnbsp;feigneur, que vous n’ellcs Prince, amp; que ie nenbsp;ntule, yous fuis feruiteur. Mais l’ay bien peu dire, quenbsp;ic ne fache homme en Frâce qui vous recognoifnbsp;fc pour Prince du fang ou de la Couronnc:amp; ennbsp;celaicnepenlèauoirtailly, maismetiendroisnbsp;coulpablede l’auouer , de tant mefmcs qticienbsp;n’ay iamais ony ny entendu que vous ny pas vnnbsp;des voftres l’ayez prétendu. Q^ant à feruiteur,nbsp;pource que vollre courier m’a dit que vous menbsp;teniez pouringrat: ieliiydy voircnient queicnbsp;n’efiois fuiet que du Roy,amp; ne deuois obciflan-ce qu’à luy amp; à fes officiers chafeun en leur endroit. l’adioufieray bien, queien’eftois ferui-teurquedes Princes du fang, amp; ne deuois fer-iiice à nul autre homme viuant, finon de gayetenbsp;de cœur amp; autât qu’il inc plairoit:amp; croy,Mon-£cigncur,quc vous ne le prétendez pas autremetnbsp;de moy. Car vous fauez que i’ay defpendu douze mil liurcs amp; plus de mon bien àfuyure feifnbsp;Moiificiir voftrc pere, Monfieur voflrc frere amp;nbsp;vous, fans que i’ayc onques efte au gages de pasnbsp;vn de vous,ou que i’en aye rcccu bief ait ou aiiannbsp;tage
-ocr page 207-CARDINAL DEL OR. 97 tage. le fuis(graccs à Dieu) Gentil-homme, amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
en ay toute ma vie fait les aétes fans fouruoyer;
amp; puis franchement dire, fans faire tort à per-fonne, qiicie ne fuis à autre qu’au Roy,àfcs Princes, à mes amis, amp; à moy. Carpourlenbsp;iourd’huy,ien’ay point d’autre maiftrequimenbsp;nourriflcamp; paye mes gages que moy-raefines.nbsp;Ccn’eftpas que ie ne vous face fccuice,8cquenbsp;d’honncftetc ie ne vous fois feruiteut, pourueunbsp;que vous le preniez comme d’vne franche vo-lonté,amp; fans obligation que ie vous doyue. Catnbsp;vous n’ignorez point qu’ily enaaflez d’autresnbsp;qui en voudroyent à mcfinc droit que vous,autant prétendre fur moy,ce que pour la vie,homnbsp;me viuant ne me fera auout-r par fbrcc:car ie fc-rois tort à ceux aufqucls fcruice cfl: deu, amp; à tounbsp;ce la NoblelTedc France , laquelle m’en pour-roic iuftement faire reproche. Voila le langage d’vnvray Gentil homme François, qui n’anbsp;pas elle remarque de tous ceux qui portent cenbsp;titrcjcomme il appartenoit.
Au demeurant,le Duc d'Aumale s cikuntrC' Lettres tirédelàcommcilpeut, s’cnallacn Champai- decofpnbsp;gncjOÙ il cômcnçi à faire d'autres menées,pour rationnbsp;entretenir tofioursl’cau troublc.Etlc i5.iourde du Ducnbsp;Feurier 15^5. qui cftoit fix fcmaiiies apres l’cn- d'Au-tree du Cardinal à Paris, il efetiuit vnc lettre au mAe.nbsp;Marquis d’Ellebcuffon frcrc,ou l’cfprit de ceuxnbsp;de Guife fe monftre, amp; le defir qu’ils ont touf-iours eu de ne lailîcr iamais la France en repos.nbsp;Orencefte lettre, apres auoir fait mention de
n.r.
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cc qui eûoic aueiiu à Paris, amp;. s’cftre moque du Roy amp; de la Royiic, difat qu’ils dôncnc des plusnbsp;belles parolesamp; promellcs du n)ôdc,amp; que c’clènbsp;kur couftumc,ii.ad;ouftc:Ccpenddnt monfre-KiSi durant ce temps que vous ferez là où vousnbsp;crtes(afauoir en Toraine)iè fuis bien d’auis quenbsp;vous voyez Moniteur de Montpcnlier.à qui i’c-fcry la lettre de creance für vous, felon que menbsp;mandez. Etnefauritz mieux faire, que de regarder auexiuy les Seigneurs nos bons amisnbsp;de deU,de pratiquer vne bonne alfocution, quinbsp;deuil cftf c faite ri y a Idnç tcibps, li cliafciin denbsp;fon colley eut mispeined’en fcay,qui l’ont mi-fc en auant, Sc depuis quand ça eile'au fait amp; aunbsp;prendre, ils ont feigne du nez , tomme auffi ennbsp;beaucoup d’autres thefes. Et (i cliâfcüp,dc fonnbsp;collé y vouloir trauailler, noïis en aurions biennbsp;toll vue bonne fin,aucc les bancs amp; belles occanbsp;bons que nous en aiions.mais à ceux à qui il tonnbsp;ehe côme à moy, n’en font pas le compte que ienbsp;delireroy bien. Il mefafeheroit bic fort qu’il ne'nbsp;tinllq j’à raoy . Pour le moins feray icconoillrenbsp;le côtraire,fi Oicu me prelle la vie,Et ferois bicnbsp;marry que la réputation que i’ay mis peine d’ac-querir, en full pour cel r perdue, auffi i’efpcrcnbsp;que non.I’cnnbsp;nbsp;nbsp;cy deuât par pluficurs fois efçrit
^Meilleurs deMütpcficr.d’Eflâpcs, Martigues amp; Chauigny.-par où ils auront bien peu iuger lanbsp;Volôtc que i’ay toufiours eue de nous venger, amp;nbsp;côbicnicdefircroisrairocfationquc vous dites:nbsp;preuoyât alfczjcôbicn elle clloit ncccfiàirc,nonnbsp;IcuJc-
-ocr page 209-CARDINAL DE LOR. 98 feulemêc pour nous,mais aufti plt;Mjr tous les gésnbsp;de bic,à qui Ion en veut plus que iamais.Et pournbsp;celte cauic mó frere,ie trouuerois merucilleufcnbsp;ment bó,qiic lefdits Seigneurs y vouluffet entennbsp;dre,laillant ia les villes, d’autant qu’il n’y a aucunbsp;nc alleuracc au peuple(il entéd parler de ceux denbsp;Paris,qui ne fâuoritcrct l’cttepfilçdu Cardinal,nbsp;quad ils le firent allailly commedefarme parnbsp;le Marcfchal de Mótmórent y)cômc ic l’ay cnconbsp;res cognu dernicrcmct. Mais auec la Nobleflc,nbsp;ie luis tout rcfolu Si preft de mi part amp; n’y veuxnbsp;efpargncr aucune ebofe, amp;le plulloft fera lenbsp;meilleur.Qm méfait vous prier d’y regarder,amp;nbsp;en bié auiler tous par cnlcmblc auée ledit Sieurnbsp;de Montpéfier,alt; de m’en rnâder ce qu’en aureznbsp;délibéré ; ;ifin que par là ie rcToiue auec les Seigneurs amp; la Noblciiè qui font de deçà amp; en mesnbsp;gouuerncmcs,qui fci ont tout ce que ie voudray.nbsp;le ne veux oublier à vous direqu’en faifantee-fte lettre, i’ay veu la cop’cd’vne lettre que Monnbsp;lieur de Montpenlier éferit au Marcfchal(denbsp;Môtmorêcy) pour rcfpôfc à celle qu’il luy auoitnbsp;efcriic de fün beau fait. îc vous prie de l’cn biennbsp;remcrcicrdc noûi c pajr,amp;mcfmcs de la micnc;nbsp;encor que ic le face parla lettre que ie luy cfci y.nbsp;Nous en fômes biê tenus à luy Au rcftc,fi vo’ronbsp;yez M l’EjcRjue du Mas,vous ne fnitiez que biénbsp;faire de luy parler au fl t de ladite afl'ociatiô,car ilnbsp;feroitaife auccfcsamisd’ycntcdre,no'’en auôsnbsp;parlé enfemblc. Ce fera aiiffi bien fait que vousnbsp;eneferiuiez à.M.de Martigtres, amp;:fi vous vousnbsp;n.i'i.
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pouucz voir,amp; en communiquer enfemble,il fe-roit encores meilleur. le m’afleurc qu’il côtinuc en la mefme bonne volonté qu’il nous a touf-iours portee: auffi fe peut-il bié tenir afleurc denbsp;la noftre, comme vous luy pourrez mieux fairenbsp;cntcdrc,amp; que ic figneray toufiours aucc Icfditsnbsp;Seigneurs,ce que vous aurez refolu tous par en-femble. le vous enuoye ce cheuaucheur expres,nbsp;afin que par luy i’entende bien amplemét fiir cenbsp;de vos nouuelles. 11 demeurera près de vous, tacnbsp;que vous aduilèrez, amp; me rcuienda trouuer ennbsp;Champagne. Du vingtquatricfmc iour de Fc-urier mil cinq cens foixantc cinq.
Sept mois au paraiiât Icfdits de Guife auoyct pratique vnc autre ligue en Guyenne, par le monbsp;yen du Sieur de Candalcs.du Marquis de Transnbsp;amp; autres, laquelle ayât cfié dcfcouucrtc par ad-uertifTement donncàla Roync mere, elle leurnbsp;mand.a qu’ils n’euffent à palier outre. Néant-moins vn peu aprcsils la voulu rét remettre def-fus,fcfentans fortifiez de l’aucu des principauxnbsp;du Royaume.
D’vn autre coftcle Marquis d’Ellcbcuf à la pourfuite du Sieur d’Aumalc, pratiqua fa liguenbsp;danslcgouucrncmcntde Touraine, recueillantnbsp;de toutes pars tous les vollcurs Sc affaffins publinbsp;ques du pays,qui fous fa conduite commettoyetnbsp;de iour en iour vn nombre infinyde brig3d.igesnbsp;Si de maffacrcs, Icllcmêt qu’il n’y auoit hommenbsp;de bien que ces brigans ne trauaillaflcnt, ny repos qu’ils ne troublalTcilt.
Le
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Le Cardinal de Lorraine pratiquoit de fon Prati-cofté aufli en mefme temps,amp; s’eftorça de met- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;du
tre les Baronies de l’Euefché de Metz en la fan- Cardi-uegardede l’Empercur, fi le Sieur de Salcede nal. Gouuerneur pour le Roy à Marfaulc n’euft em-pelc hé par force la publication decefte fauue-garde. Le Cardinal s’cfcarmoucha là deffuSjScnbsp;fit vne guerre Cardinale, où il fut suffi heureuxnbsp;qu’à fon entree à Paris. Mais encores qu’en celanbsp;il fe fuft rendu ridicule amp; execrable tout enfemnbsp;ble, fienporta-il toufiours vnedent delaiâ: ànbsp;Salcede,amp; la luy arracha le iour de S. Barthelc-my,Ie faifant mafl'acrer à Paris, amp; piller fa mai-fon entièrement.
Mais ce qui rendoit cefte pratique plus fufpe â;e,c’eft qu’elle fut executee par le côfeil du Baron de Poluiller,Gouuerneur de Haguenau,quinbsp;^ur ceft effect vinttrouuer lé Cardinal à Remnbsp;bcuilleren Lorraine: amp;quia follicitcla pluf-part des entreprinfes faite fur l’Eftac de France,nbsp;durant amp; depuis les dernières guerres de Picardie. C’eft luy qui s’efforça de furprendre la ville de Lyon,amp; de faire reuolter les pays de Brcf-fe amp; de Sauoyc, par le confeil du Cardinal d’Arnbsp;ras,fur la fin defdites guerres. C’eft ce Poluillernbsp;qui depuis pratiqua le Roy dc^ràuarre,poüFlenbsp;^re reuolter de la Religion, fous efperance de ,nbsp;luy faire donner recôpenfe du Royaume de Na-uarre. C’eft ce Poluier qui depuis le premier e-dit de pacification ofa pratiquer (feruant de manbsp;quignon au Cardinal de Lorraine ) le Prince denbsp;n.iii.
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Conde fous quelques cfperances qu’ils luy doii noyent de luy faire tomber dedans les mains lesnbsp;terresde l’EucfchedeMetz^ s’il.voiiloit fe de-clairer de la religion Catholique Romaine. Lesnbsp;Icótcurs.pcuuenr penfer ce que Ion pouüoit attendre du confeil d’vn tel hoinme ioint aucc lenbsp;Cardinal,lequel pendât fon feiour à Rcmbcuil-1er amp; en Lorraine, fit d’autres beaux ades,car ilnbsp;pilla fes fuicts ele l’Euefehe de Nleiz,fous pretexnbsp;te de retirer les terres engagées au Conte leannbsp;de Nalfauipcrfuadaau Duc de Lorraine de mafnbsp;facrer tons les fuicts de la Religion, s’il n’euft è-’nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lie retenu par le côfeil des Sieurs de Caftelct Si
BalTompicrrc.fit bannir vn bon nombre des habitas du Pont-amolfon.cn haine de la Religion. Outre cela,il desbaucha (aucuns difènt qu’il viônbsp;laamp; print par force) la fille de Chambre de lânbsp;Baillifuc de Rcnrhcuillcr.
Nok- L’original des lettres du Duc d’Aumale à uelles fun fi erc Je Marquis, dót nous auons veu vn ex-rufti trait en partie cy dclTus.fut prefente au Roy,quînbsp;pourae- ayant fur ce ouy la depofirion d’vu des Chçua-ttrer les hers de fon ordre, qui confefia auoir fignc l’af-trouislts fociatiüUjdont cil parlé cfdites lettres, fit expedier en fon confeil priucl aôc fuyuant, lequelnbsp;nous auonsicyinfère,pourfiiriceluy confide-rcr puis apres quelques notables traits de rufenbsp;Italocardinalique.
A uinurd’huy, dixhuiticfmc de May r j Çp le Roy cftâtau mont dcMarfan.affiHédc la Roy-nc fa mcre,amp;dc Àlonfeigncur le Duc d’Orléansnbsp;fon
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CARDINAL DE LOR. roo fonfrcrea appcHéamp; conuoqué les Princestj^nbsp;fon fang,gens de fon confcil priue',amp; autres Sei-gneiirsamp; Cheiialicrs de fonordre, eftanspresnbsp;de fa perfonne: anfquclsil a fait entendre eftrenbsp;aduerty qu’en plulîeurs endroits de fpn koyau-me, fe font alfociations, cncillcttes de deniers,nbsp;entollemens d’homes, amas amp; préparatifs d’ar;nbsp;mes amp; chenaux : qu’aucuns s’oublient tapt quenbsp;d’éuoyer gés hors de fon Royaume, amp; auoir in-telligencedt communicatioP aucc les Drinçes é-ttrangers.fans fon fccu,contre lès edits de pacification,de Maiorité,amp; autres Qrdonnances,dc-clarations amp; prohibitions fur telles chofes. Cenbsp;qu’il ne peutny ne veut croire, pour l’eftitiKinbsp;qu’il a de l'affection amp; fyncere volôté de tous fesnbsp;fuiets aVobciffance de fes cômandemens, biennbsp;de fon feruice amp; repos de fon Royaume. Néantnbsp;moins pour eftre fur ce plus auât efclaircÿde lanbsp;veritCjies admonefteamp; leur cômafide luy dcclainbsp;rcr ce qu’ils en ont entédu. Ce qu’ils ont fait.Rçnbsp;dauâtage, fupplient tref-humblemct fa Maiefténbsp;croire qu’ils font fi eftoignez de ces faôions t âtnbsp;(icrnicicufes,qu’ils font prefts amp; difpofcz d’employer leurs vies amp; leurs biens, cornme ils ontnbsp;toufiours flit, pour le faire obeyr gt; amp; popr l’cn-tretenemét de fcfdits edits 5lt; ordonnances, repos amp; tranquilité de fondit Royaume. Declai-rans fur leurs vies amp; honneurs, qu’ils n’ont aucune intelligence amp; cornmunication auecceuxnbsp;qui font amp; auroyént volonté de faire telles entrap rifes. Ét quant à eux, ils ne feauent quenbsp;n.iiü.
-ocr page 214-LA legende D V c’clld'aflociations, ligues, fermens, promcfTcs»nbsp;efentsny fignatures baillces à celle intentionjnbsp;{Si à toutes renoncent, ôç n’y veulent auo;r aucune participation, comme contraires à l’obc-iflàncc qu’ils doyiient à faditcMaicfté, amp; au repos de ce Royaume, qu’ils veulent de leur pou-uoir maintenir amp; garder : amp; en cela ne cognoi-Jlre ny fuyure autre intention que celle de laditenbsp;Maicllé, lans que pour querelle particuliere nynbsp;autre occafion,ils prennent.ny lacent predre lesnbsp;armes,p3rquiqucccfoit,fansfon expres commandement. Et combien que leur loyauté amp; fidelité foit alTcz conuê de ladite JVlaiclle', amp; tantnbsp;copirne i^s eftiment qu’il n’en ptiilfe délirer plusnbsp;certaine prcuue que de leurs cffeâstfiont-ilsnbsp;bien voulu, latislaifans àfon commandement,nbsp;ligner ce ptefent aûedc leurs feings. Et à cenbsp;que fous taux prétexte nul ne puiiie de leur nomnbsp;couurir fa mauuaife intention, amp; aünquelcsnbsp;Princes de fon fang 8i autres Rrinces amp; Gou-uerneurs, jClieualicrs del’ordrc. Seigneurs amp;nbsp;Capitaines abfens,fâchent amp; entendent le con-tenucydclfus, A voulu ladite Maiefté qiieccnbsp;prçfcnt aûe leur full enuoyé, pour parleursnbsp;Icings rendre le nicfme tcfmoignage de l’intention bonne qu’ils ont en ceft endroit, nô moindre,comme il s’alfcurc,que les deflufdits cftansnbsp;près faperfonne, voulant croire qu’ils n’en liront aucune difficulté. Car il ne pourroit tenirnbsp;ceux qui refuferont fai«*e femblablc declarationnbsp;par leurs feings, autres que coulpablcs de tellesnbsp;entre-
-ocr page 215-CARDINAL DE LOR. loi entteprifes, fadions amp; intelligences, dignes denbsp;fa male grace, comme contempteurs deîon au-thorite amp;de fes edits,perturbateurs du repos punbsp;blic,amp; en ce faifant criminels de lefe Maiefté.Ecnbsp;en ce cas tels les tient amp; dcclaire defaprefent cônbsp;me pour lors. Et femblablemêt tous ceux amp; celles qui fauroyent aucune chofe defdites aflbeia-tionsjfaâionsamp;cntrepnfcsfufdites, amp; qui n’ennbsp;viendront auertirfaditeMaiefté ; comme il appartient à bons amp; loyaux fuiets i lefqucls auffiilnbsp;entend amp; veut conferuer amp; defendre de toutesnbsp;fes forces, les prenant en fa proteâioncontrenbsp;tous ceux qui entreprendront de les offenfer.nbsp;Pour tefmoignage de quoy il a auffi voulu fignernbsp;de fa propre main ce prefent aâe, les an amp; lournbsp;quedefliis.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*
Ceftaâeeftoitvne poudre qu’on iettoit aux yeux de ceux de la Religion, pour lesierapcfchernbsp;de voir ce qu’on machinoit côtr'eux. Et Ja Roy-ne mere, fuyuant l’induiäion amp; les memoires dunbsp;Cardinal, faignoit elite ainfi mal contente denbsp;ceux de Guife,pour donner occafion aux grandsnbsp;delà Rcligiô de s’approcher du piège peu à peu.nbsp;Le Cardinal auffi amp; fes frétés monllrerent femnbsp;blant que cell aóte les touchoit, maisfecrette-inent ils pourfuiuirent leur pointe,fachans biennbsp;à qui ils auoyent afairc. Et lors les lettres du cachet voloyent de toutes parts, tellement que denbsp;la vint que tout ce qui s’èftoit execute enl ourainbsp;ne amp; au Maine,amp;en d’autres prouince6,au prciunbsp;dice des edits contre ceux de la Religion fut a u-
-ocr page 216-LA LEGENDE DV thorifé par fous main, quelques remonftranccsnbsp;que le Prince de Codé amp; autres en fiflent.nbsp;donc les Catholiques efmouuoyent ciel amp; ter»nbsp;rc,mcttans tout en confulîon, vn aéte en papiernbsp;auec belles piates appaifoit amp; reigloit tout ce*nbsp;la. Si ceux de la Rcligiqq fe remuoyent tanrfoilnbsp;peu, pouf rcfpircr tous vne tyrannie fi violente»nbsp;lors J1 ii’éftoît queftion que de feu amp; de fang,nbsp;téfraoins Icscruautez plus que Bai bares amp;Tur-quefqiiescomtr. fcs contre les habitans de Pa-miers , fauflcmeiit aceufez de fedition, pour nenbsp;s’eftre voulu lailfer couper la gorge, qui toutef-fois s’cftoyen'ij remis entre les mains du Sieùtnbsp;de Kanibouilfetà fa prem ere patolc. d’autantnbsp;qu’il iicnoit de la part du Roy , amp; promettoitnbsp;Îue r;cn ne leur ferojt fait que par l’ordre de iu-lice.
Cependant le Roy arriue à Bayonne, ou fut rçnôucc la fainéieligue,contenant la refolutionnbsp;d’cxterminertousceuxdcla Religion,(ansaucunbsp;ne estxption de degré. fexc,aage ni lieu. On de-uoit commencer en France, mais les apprefts funbsp;rent vn peu logs, car ic Cardinal n’auoitpaS encor aelicuc fes pratiques eh diuersendroits ànccnbsp;les cftrangcrs. Les t fl'ociatlons-dans le Royaume n’eftoyent pas encor trop afTcurecs. Le Prianbsp;reje Condé, l’Amir^d amp; autresgrâds delà Religion aucrtis de ce qui s’eftoit palfé à Bayonne,nbsp;t ât par le feu Princc.de l.i Roche fur-yan que parnbsp;autres tnoyens fe tenoyét fur leurs gardes. Pourtant d'ftera on quelque temps. Cependant fur-uiiidiciiC
-ocr page 217-CARDINAL DE LOR. loi ûindrcnt les troubles dcFlandres,à l’occafiô defnbsp;quels on relolut par l’auis duCardinaJ qui eftotenbsp;tous les jours lomme de fes protnellcs parlenbsp;Cardinal detîtanutllc amp; par le Pape. amp; deiournbsp;»autre auerti par le Card.nal Grâiielle,quefansnbsp;plus attendre on fe fcruiroitdu paliage du Ducnbsp;d’Albe,pour efteduer la conjuration. Druerfésnbsp;defpefches furent enuoyces au Duc d’Albe. Eönbsp;ce mefinc temps aufli, afauoir en l’an i j 6nbsp;mois de luillct, Aouft Si Septembre Ion tint plunbsp;licurs Gonfeils tant àMarchais qu’à rMonceaux^nbsp;pour delibefer luyuaut les memoires du Cardinal , des plus certains amp; derniers moyens qu’onnbsp;tiendroir pour exécuter l’entreprife. £n la dernière aflerablée tenue à Marchais, par l’anis dènbsp;ceàx de Guile, fut anefié que lé Roy fc retire-roit au bois de Vincénes,d’où il mâderoit, fousnbsp;quelque honnefte couleur,les Prince de Condcnbsp;üi l’Aiïiiral.auquel mandement s’ils obeyfl'oyct,nbsp;ou l’vn d’eux,on s’en failiroit. Sinon qu’on auoitnbsp;les fix mil Suifles qui auoyct efté leuezj fous prenbsp;texte de s’ên vouloir feruir, tant contre la Roy-nc d’Angleterre pour la dcfenfe de Calais , quenbsp;pour les tenir fur les frontières,atrendans que lenbsp;Duc d’Albe euft paffé, de peur qu’il entreprinftnbsp;quelque chofe contre les pays du Roy. Qu’onnbsp;auoit auffi ving tdeux compag nies ie gendarmerie , qui auoyent elle choifies amp; nommées poutnbsp;faire monftfe en armes, amp; aufquelles. Ion auoitnbsp;baille vn rendez-vous: parle moyen dcfquclles,nbsp;amp; auecleldits Süiflcs,' on pourroît facilement
-ocr page 218-LA LEGENDE DV furprêdre amp; s’aUeurer du Prince amp; de l’Amiral,nbsp;s’ils ne venoyent au mandement du Roy. Et ce-pêdât qu’il faloit recerclier aucc toutes rigueursnbsp;.ceux de la Religion fur les contrauentionsà l’e-diiâ de Rounillon,mefmemct les Gentils hommes, qui auoyent reccu aux prefehes eftablis ennbsp;leurs maifons autres que leurs fuiets. Ce qui futnbsp;canfe qu’on ordonna à l’in fiance amp; follicitaiionnbsp;du Cardinal de Lorraine, quieftoitpeu de tépsnbsp;anparauant arnucàlaCour,qu’on tiendroit desnbsp;grands iours à Poi6iicrs,pour principalemct vaquer aux procès: de ceux qui feroyent trouueznbsp;coulpablcsdcfditespretcnduesconcrauentions,nbsp;amp; iufques à les.declairer criminels de lefe Maie-ftc.Et pource que les Prefidens amp;Confeillers denbsp;-la Cour de Parlement de Paris,qui auoyent cfténbsp;•nommezpour y aller, ne fcmbloyent afl'cz partiaux amp; faéiieux au Cardinaljil en fit retrenchernbsp;fept delalifté.quienauoitclicfiilt;âc,aulicu defnbsp;quels il en fubrogea d’autres de fes creatures amp;nbsp;defon humeur. Pour le pays de Normandie,onnbsp;enuoya le maiftre des requeftes S. Martin, auquel fut expedice commiftiô à cefte fin, auec letnbsp;tres adrefsâtes àlaCour de Parlemét de Rouen,nbsp;pour vaquer auec ledit de S.Martin au fait de fa-dite commilîion, amp;denedelêinparcrla Cour,nbsp;encores qucce full au temps prochain des vacations.
D’vnautrecoftele Cardinalrafehoit, parle moyen du Conncfiablc,d’endormir l’Amiral amp;nbsp;fes frères qui auoyêt efci it des lcttrcs,ou ils def-couuro-
-ocr page 219-CARDINAL DE LOR. loj couuroyenc les cmbufches qu’on leur drclToit.nbsp;Les(ixinüSuiil'es leuezpour Icxccutiongt; viennent fur ees entrefaites trouuer le Roy à Meauxnbsp;enuiióiic' de ceux de Guife: au moyen dequoy lenbsp;Prince,amp; J’Ainiral voyans qu’on leur en vouloir,nbsp;amp; à tous ceux de la Religion , refolurent (auancnbsp;que les chofes le brouillallent dauantage ) venirnbsp;trouuer le Roy. Etpource qu’il eftoit es mainsnbsp;de fes ciincmisamp; des leurs.ils aduiferent de s’accompagner de quelquesGentils hommes figna-Icz de leurs parens amp; amis, iufques au nôbrc denbsp;cent ou fix vingts,amp; de porter quelques armesnbsp;pour leur feurete. Ce que le Cardinal amp; fes mi-niftres, ne faillirent de faire trouuer au Roy lenbsp;plus inauuais du monde: amp; pour l’etiuenimer dunbsp;tout contre ceux de la Religion,luy firent croirenbsp;qu’ileftoit mort,s’il nefe retiroitviftemêt à Paris , attendu que le Prince de Condé amp; l’Amiralnbsp;eftoyent accompagnez de quinze cens ou deuxnbsp;mil chenaux, amp; vouloyent attenter à fa Maicftc,nbsp;amp; de la Roy ne amp; de Melïîeurs fes frères, amp; entreprendre contre l’Eftat. Ainfi doc le i8.de Septembre fur les 4. heures apres minuit ils fontnbsp;defloger le Roy,amp; le mettent au milieu des Suifnbsp;fcsjcftimans que fi le Prince eftoit fi bien accô-pagné. comme ils difoyent (ce qui toutesfois c-ftoit faux, car lors qu’il fc prefenta pour parlernbsp;au Roy fur le chemin d’entre Meaux amp; Paris, ilnbsp;eftoit fuiuy dé trois ces cheuaux au plus) les chonbsp;fes fe pourroyent tellement efchauffer,que toufnbsp;tours quelques vns de leurs ennemis de part ou
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lt;l’4utrcydcraeurcroyent. Leduc d’AumalcSt quelques autres fuyuirent le Roy, qui ai riua fur.nbsp;les quatre heures apres mi Ji à Paris, ou ceux denbsp;Guilc luy mirent celle refolutiô en telle, de n ainbsp;mer iamaisles Huguenots, comme il c.) fit vncnbsp;grande proteftation.
Le Card.naljfuyuantfj couflume, ne voulut fuyure le Roy, ains faignit prendre fon cheminnbsp;vers Reimsunais ayant elle rencontre par quelques fiés ennemis,(c fauua de vifleflc lur vn ehenbsp;Seconde yal d’Efpagnedans Chafleauthierry Lorsia !e-gfeerre coude guerre ciuilç fut allumée en France , amp;nbsp;cttole. nonobllant les requeftes prefcntccs parle prinnbsp;ce de Coude amp; les fiens, pour remettre les cho-rnbsp;fesen paix, ceux de Guife amp; la Royne mere vounbsp;Us le desfatre des vns amp; des auti es, firent dorernbsp;vnebataille entre Parish S.Denis, où le Çon-neßablefut blcflcàmort.
Cefte iourneeapporta vn mçrucüleux côten, tementaii Cardinalamp;aux liens , Ce voyansdef-pefehez du Conneflable .amp; le chemin ouuert,nbsp;pour paracheuer leurs dcllcins. D’vn cofié ilsnbsp;vouloyent rendre le Roy ennemi iuré de ceux de,nbsp;JaReligiô,lcfqucls auoyent t ant retardé le coûtsnbsp;delà grandeur Guifiennc,amp; par luy ruiner leursnbsp;aduerfaires, Jlfaloit outrçplusauoir quelquenbsp;grand encor plus à commandement que le Roy,nbsp;de l’authoritc duquel ils fepeufient feruir, pournbsp;exécuter leurs paflions. Si tort que le Connefta-ble euft rendu l’efprit,ccux de Guife confcillentnbsp;la Royne mere de faire le Duc d’Aniou lieutenant
-ocr page 221-Cardinal de lor. 104 nât general du Roy fon frère. Elle voyât le biennbsp;qui luy en reucnoit,fuyuit ce confeil.Er la dcilusnbsp;marchèrent les troupes, clhnt le Due d’Anionnbsp;entièrement gouucrnc par ceux de Guile , quinbsp;lors fous fon ombre,amp; depuis aut il taifoyeiit di-ueiTes defpclehes pour ruiner prcinieicmentnbsp;ceux de la Religion. R-ci apres nous verrons lesnbsp;torts qu’ils ontîaits audit Sieur Duc, amp; commenbsp;ils fe font feruis de luy pour ruinci la France denbsp;plus en plus.
Or d’autant que ceux de la Religion eurent Second incontinent fecours d’Alem3gnc,le Cardinal ap edicldtnbsp;pcrceut qu’il faloitencor reculer pour niieux faup^cjÇf^
ter. Partaiit lors que le camp du Pnrtcc de Con «0«. 'nbsp;de cftoitdc’uant Chartres en l’an 15Ó8 il fut cn-uoyer par le Roy vers le Prince, gens pour faire
la paikjc’eftà dircpour defavmer ceux de la Religion, afin de les tuer plus aifémcnc'puis apres. Ç.ar il ne fe peut nier que Icfdits de la Religionnbsp;ne fuflent lors les plus torts. Neaiitmoins fans ynbsp;cft.re contrains par faute de forces ou d’fieurcuifnbsp;fuccc2,ils fç fep.irérent amp; dcfarmercnt,oiiur.insnbsp;les villes à ceux que le Cardinal à la Royrte ine-rey cniinyoyentde par le Roy,àla fimplefoynbsp;parole duquel ils fc remirent de toute lafçurctcnbsp;deleursvies A biens,cxpofans lcurs poiifi/incs 'nbsp;nues aux glaiues amp; coufteaux de leurs aduerfji-’
tes. Lcs Seigneurs amp;Gen; ils hommes de la Religio fe retirèrent tirez eux? la où aucuns ne trounbsp;Uans accez, lesautresertanstrefmalreccus, iuf-ques àcftre tuez Sc raitfacrez cruellement,quel-
-ocr page 222-LA LEGENDE DV ques vns furent contrains de s’alTembler (ce quenbsp;le Cardinal amp; les fiens demandoyent, tant pournbsp;auoir moyen de les calomnierjCÔme infraôteursnbsp;des edióls, que pour leur courir fus amp; les desfaire plus aifcment)amp; ne faclians que faire, ni ou fenbsp;retirer, de prendre le chemin de Flandres, alTcznbsp;inconfidercment, puis que le Roy l’auoit defen-du:mais y eftans forcez par vneextreme ncceflî-té qu’on dit n’auoir point de loy. Neantmoinsnbsp;la peine en fut fi prompte amp; fi rigoureufc,quc lenbsp;Cardinal amp; les fiens s’en deuoyent bien contenter. Ils fe feruirent pour l’execution, du Maref-chal de Colle, afin de charger toufiours la ragenbsp;fur les vus amp; les autres. Puis firent cnuoyervnnbsp;Gentil-homme vers le Prince de Condc, pournbsp;fauoir s’ilauouoitvne telleIcuee,enquoyIonnbsp;peut remarquer vn autre artifice du Cardinal,nbsp;pour entretenir le Roy en fa cholerc.cflôgnct lenbsp;Prince de la Gotfr, luy faire courir fus, ou à cesnbsp;troupes fi elles n’eftoyent auouccs de luy,amp; patnbsp;ce moyen ruiner peu à peu fes ennemis. Quantnbsp;aux cftrâgers venus au fecours de ceux de la Re-ligion,ils furent incontinent renuoycz,amp; grolfesnbsp;fommes de deniers empruntées par Icfdits de lanbsp;Religion pour fournir au payement. Mais parnbsp;les mandemens de ceux de Guife, vne partie desnbsp;deniers fut volee par la garnifon d’Auxerre, aucuns des conduéicurs tuez, les autres rançônez,nbsp;fans aucune iuftice, car le Sieur de Prie gouuer-neur d’Auxerre (où fut fait grâd malTacrelauoitnbsp;le mot du Cardinal.
Nous
CARDINAL DE LOR. loj
Nous remettrons ici /bmmairement en auât Mentes ce que ceux de Guife pratiquèrent depuis celte du Car-paix féconde pour la rôpre bien toft amp; remettre dinalnbsp;le Royaume en nouucaux troubles, pour exter- pour lesnbsp;miner ceux de la Religion premièrement, amp; par trotfief-tel moyen auâcer leurs afaires.En quoy nous re* meserottnbsp;citerons vne partie des plaintes qui dellors en funbsp;rent publiées, referuasaux leCicucs à fe fouuenirnbsp;des parcicularitez qui aurôtefté ici obmifes,carnbsp;le nôbre en eft fi grâd,qu’il eft impoflible qu’vnnbsp;homme feul s’en puiife fouuenir. Le nerf doc 3enbsp;la vraycfeuretcdeceftepaixgifoit en ce que lenbsp;Roy,fes freres Scieur mere defpouillaffent entienbsp;tement toute la desfiâce qu’ils pouuoyent auoirnbsp;de ceux de la Religion : à quoy eux penfoyent a-uoir bic pourueu par vne telle amp; fi própte obeifnbsp;fance que de quitter incontinent les armes, ren-uoyer les forces par le moyen defquelles ils pounbsp;uoyent ranger ceux de Guife amp; autres ennemisinbsp;amp; rendre toutes les places qu’ils tenoyent pournbsp;leur feureté.Le Cardinal pour empefeher vn telnbsp;bié, qui làns doute euft rompu tous fes delTeins,nbsp;ne fit autre chofe qu’entretenir le Roy,amp; le Ducnbsp;d*Anioufquant à la Royne mere,elle menoit fesnbsp;enfans.comme ceux de Guife vouloyent) en cesnbsp;desfiances amp; inimitiez mortelles contre ceux denbsp;la Religio, leur en faifant furuenir tous les ioursnbsp;de nouuelles occafions.Enquoy il s’aida de deuxnbsp;vertus qui luy ont toufiours efté bic familières,nbsp;afauoir d’audace à controuucr toutes fortes denbsp;menfonges,ayant gens à point pour luy aider de
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, cp çofté là: puis d’affcurancc efFrôtee pour ne s’e Aôner point,apres que fcs fauflctez eitoycc dcf-pouuertes. Les pratiques par luy menees pournbsp;entretenir amp; ruiner la Noblcflç tout enfemblc,nbsp;fes pilleries Seexaftips fur le Cierge,^ Içs beauxnbsp;prétextes donc il s’eft couuert à celle lin, ferontnbsp;declairez en leur endroi t propre. Voyôs les tortsnbsp;que luy amp; les liens continuèrent de faire au Roynbsp;amp;au Royaume en general, en quoy derechefnbsp;nous reciterôs les plaintes véritables qui en ontnbsp;«lié publiées.
Toll apres la paix , de laquelle le Cardinal manda à fa mere qu’il empefeheroit l’executionnbsp;ildonnaordrc par certains prefeheurs à fa pofte , que le peuple full refolu que c’elloit con-Tciencede tenir vne telle paix, non feulement,nbsp;pourçe qu’elle eftoit faite auec les hcrctiquesamp;nbsp;Atbeiftes, mais aufli pource que la neccflite'dunbsp;temps fauoit extorquée comme par force, Denbsp;tela auint queplufieurs Catholiques ne firentnbsp;confeiençe de defpouiller toute naturelle afl'c-éiion, amp;les plus mefehans fe voyans la portenbsp;ouuerte à toutes piUerics äc extortions,fç lafchenbsp;rent la bride à toutes fortes de violences amp; mefnbsp;çbancetez les plus exécrables du mode. A quoynbsp;la conniuençp dçs luges amp; Parlemcns, fuictsnbsp;pour la plufpart à ceux de Guife. Içruit beaucoup. Tellement qu’en trois ou quatre mois furet malTacrcz quelques petfonnes de tous cftats,nbsp;faifans profeffion de la Religion , dont nousnbsp;kifi'ons les particularitczà l’hiftoirc denoftre
-ocr page 225-CARDINAL DE LOR. loS temps. Mais il y a deux parcicularitez notablesnbsp;en cell endroit ci. Incontinent apres la paix, lesnbsp;Catholiques d’Amiens (entre autres) maffacrc-rent fix ou fept vingts perfonnes de (a Religion,nbsp;de tous fexes, aages amp; qualitez. Or pout faitenbsp;croire qu’on vouloir chaftier vn fi mefehant amp;nbsp;malheureux ade, on enuoya fur les lieux le Ma-refchal de Colfc, lequel fit emprifonnet les aa-teurs de ce maffacre, qui furent toft apres rclaf-chez amp; cflargis à l’inftance amp; follicitation dilnbsp;Cardinal, lequel en plain confeil dit qu’il faloitnbsp;auoir pitié de ces poures prifonniers,qui auoyctnbsp;eflé induits à ce faire par vn zele de Religion, amp;nbsp;qu’il feroitle premier à demander leur grace;nbsp;tellement que pourvue couleur amp; forme de iu-ftice on fit fouetter trois ou quatre coquins,auC-quels on perfuada de confeffer qu’ils en eftoyët,nbsp;amp; fit on exécuter en effigie ceux qui le deuoyentnbsp;e lire en perfonne, amp; qui cftoyent prefens à Vexenbsp;eution de leurs effigies.
Surlafindumoisdeluinau mcfineani558» ( ß René de Sauoyc Sieur de Sipierre, ayant eftenbsp;maflacréenProuence auectrcntecinqGentilshommes amp; foldats de fa fuite, fuyuant le mande et qui enauoitefte enuoyé par ceux de Guinbsp;fc au Baron des Arts.-quinze louts auant ce maffacre, le Cardinal de Giiife dit en grande compagnie , qu’il faloit défia conter le Sieur de Si-pierre pour vn chef tué, amp; qu’on àuroit ainfilesnbsp;autres.
Par tels amp; infinis autres pareils ades ceux de
o.ii.
-ocr page 226-LA LEGENDE DV la Religion au lieu d’effre receus en leurs mai-fonsauec liberté de leurs confcicnces , fuyuantnbsp;l’ediâ,furent inclines contrains de les fuir, n’e-ftans plus les villes,villes, mais tafnieres de Ti-gre$^amp; de Lions.En apres,les gouucrneurs,Par-lemcns 8c autres ofHçiers, delijuels le Cardinalnbsp;di^pofoit à fon appétit,amp;qui auoyent délia pournbsp;U plufpartjpeu de volonté' défaire publier lanbsp;paixgt;amp; moins encores de l’entretenir,de peur denbsp;perdre le raoyc de butiner à leur maniéré accoitnbsp;Kumçc,eurent leur exeufe toute prelle : afauoirnbsp;que les peuples cllâs ainli irritez,il n’eftoit que-ff ion de paffer outreJe peur de tout gaffer. Cependant le Roy mefmcnon feulement fut entretenu par mille fauffes amp; impudentes calomnies , en.la desliaiice délia conceue de fes fuiets,nbsp;quieff leplusgrand malheur qui fauroitauenirnbsp;à vo Princc:maisauffi cotre la generolitc Royale intimidé amp; réduit iufqucs à ce point,qu’c-ffant perfuadé qu’il neluyeffoit poflible defenbsp;faire obeyr qu’en ruinant vne partie de fes fuietsnbsp;pat l’autre,!! ne fut difficile au Cardinal de tournbsp;ner l’edid de paix en occalion de mille millionsnbsp;de troubles.
Outre cela.le Cardinal voyant quel! ceux de la Religion effoyent du tout iettez aux champs,nbsp;ils le pourroyentamafferamp; fortifier en plulieursnbsp;ljeux,il y pourueut, comme s’enfuit, voire iufqucs d ofer eferire aux Prouinces, qu’on n’adiounbsp;tart point de foy aux lettres du Roy, fi Ion n’ynbsp;voyoit certaines ficnnes enfeignes. Ptemiere-ment.
-ocr page 227-CARDINAL DE LOR. 107 ment, il fit publier l’ediâ peu à peu, tantoft ici,nbsp;tantofi là, pour attirer les plus neccflîteux amp; lesnbsp;plus fimples dansles villes:mais auec le mot dunbsp;guet,de garder les portes en armes.plus foigncunbsp;fement mefmes que durant la guerre, de defar-mer entièrement ceux de la Religion, en y entrant de n’en laiffer fortir pas vn de ceux qui fe-royent entrez,encores qu’ils fe reuoltafient de lanbsp;Religion. En tout cela,le Cardinal fut fi bien o-bey,qu’il y eut peu de villes ou Ion ne mafiacraftnbsp;publiquement, outre toutes autres fortes de vionbsp;lences cxercees, pour faire reuoker les plus fer-mes:ce qui ne pouuoit faillir d’auenir,ayant oftenbsp;le glaiue au Roy amp; à iuftice,pour le mettre entrenbsp;les mains de la populace, auec toute impunité.nbsp;Et pour mieux s’afleurer que pas vn de la Religion n’efehapperoit, le Cardinal donne à entendre au Roy qu’il ne feroit iamais en afieurannbsp;ce contre les entreprifes des Huguenots, fi lesnbsp;villes qui auoyent efté tenues par eux, ou qui e-ftoyent voifines de leurs chefs, n’eftoyent munies de bonnes amp; fortes garnifons. Ce qui futnbsp;auffi toft commandé que confeillé. Et pournbsp;mieux faire encores,s’il y auoit quelque Capitainbsp;ne renommé d’eftre pillard ou cruel, aucun quinbsp;euft quelque mauuaife affcôion particuliere, v-necôpagnicdesbordee à tous vices : voila ceuxnbsp;qui furent préférez, tant qu’on en peut trouuer,nbsp;pour remplir les villes auffi toft qu’elles furentnbsp;rendues,amp; tenir enuirônees lös maifons du Priunbsp;ce de Coftdé, de l’Amiral, amp; autres Seigneursnbsp;o.iii.
-ocr page 228-,.LA LEGENDE DV que le Cardinal haylfoic Sccraignoitle plus. Etnbsp;comme fur vn tel auis quelqu’vn dupriuccon-fcildu Cardinal luycuR rctlionftic qu'il elfoicnbsp;à craindre qu'on ne defcouurill; par trop qu'onnbsp;ne vouloir garder l’edid, Se mefmes que les Catholiques le plaigniiTcnt d’y eAte foulez, eftansnbsp;il grands frais du tout infupportabies au Roy.*nbsp;jVous ne fauez que vous dites, refpondit le Cardinal: Car quant au premier de ces deux points»nbsp;la refponfe fera preÜe,que cell pour entretenirnbsp;les deux parties en paix,felon rediâ:amp; quant aunbsp;fécond, eftans les foldats logez chez les Huguenots,amp; iceux furchargez au centuple, quant auxnbsp;cotti Cations, tout tombera fur leurs coffres ;amp;nbsp;quoy qu’il en foit, leurs contîfcations renabour-feront tout,voirc mefmes payerôt les debtes dunbsp;Roy,apres toutes recompenies.
Le Cardinal non cotent de cela, pour enyicf cher que les Seigneurs de la Religiô ne vinftentnbsp;à la Cour,amp; pour pouuoir exécuter fes delTeinsnbsp;plus fcurcmcnt, pcrfuadaau Roy qu’il ne fêroitnbsp;en allcurâcc de fa perfonne, finô en fe tenant cônbsp;me enclos dedâs Paris.pourvn temps,fans aucunbsp;nement s’en efearter que peu à peu. Ce qu’ayantnbsp;obtenu,pour mieux garder fô prifonnier, il drefnbsp;fa pontslcuis amp; gardes fur toutes les aucnucs êcnbsp;corps degardes par toute la ville de Paris,com-mcau temps de la plus grande hoftilité.
Ayant ainfi dreffe (es filez, il baftit vn edid de par le Roy, pour attirer tous ceux de la Religion dans les villes, afin de les y faire mourir,ounbsp;demeurer
-ocr page 229-CARDINAL DE LOR. log demeurer prifonniers en leurs niaifons,à h mernbsp;ci de toutes fortes de brigands,iuftjues à l’heurenbsp;aflignec des vefpres Siciliennes. Et afin qu’on lunbsp;ge mieux de cela, nous auons couché ici ce belnbsp;edid, contenant ce que s’enfuit. Comme pournbsp;faire garder,entretenir,amp; inuiolablementobfer ^07nbsp;ucr entre nosfuiets le contenu en noftre ediâdre/enbsp;fait fur la pacification des derniers troubles aue parlenbsp;sus encelluy nolfte Royaume^ nous euffions ci CarÂi-deuât eferit amp; mâdc aux gouuerneus de nos Pro nalcrinbsp;uinccs nos vouloir amp; intentiô eftre.Que les por quellenbsp;tes de nos villes fuflent ouucrtes j à ceux de nof- fin*nbsp;dits fuicts qui fôt de la Religiô reformée, amp; euxnbsp;cftablis amp; receus en leurs maifôs, auec iouiilacenbsp;de leurs biés, cômeils efioyct auparauât lefditsnbsp;troubles t laiflans leurs armes à l’entrcc delditesnbsp;villes, felô le reiglemcnt que nous auôs enuoyénbsp;à celle fin, par tous les lieux amp; endroits de no-flredit Royaume.T outesfois nous auôs efté depuis auertis que plufieurs de nos fuiets de laditenbsp;Religion, prenang argument que ion ne les veutnbsp;rcceuoir èfdites villes, ou quad ils y font entrex«nbsp;n’y peuucnt demeurer fans cftre opprimez amp; tranbsp;uaillez par ceux de dedans, ticnent les champs ànbsp;gtolfcs troupes en armes, faifans vne infiniténbsp;de maux amp; opprcfliôs à noftre poure pcuple,tclnbsp;lernet qu’il feroit à craindre que cela ne fuft caUnbsp;fè de letter noftredit Royaume en nouveauxnbsp;troubles. A quoy defirans pouruoir felô qu’il eftnbsp;bien ncceflaire,nous auons de rtouucau dît amp; dc-claitc, difons amp; declairens qut noftre intentioBnbsp;m.iiib
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a toujours clic Si cil,Que lefdits de la Religion prétendue reformée,tant ceux qui auront portenbsp;les armes, que tous autres de la qualité porteenbsp;par nollredit edid^oyent receus amp; rentrer chafnbsp;cun au lieu de fa demeure, ou nous voulons amp;nbsp;entendus qu’ils foyêt admis par les gouucrneursnbsp;de nos Prouincesamp; villes,Baillifs,Senefchaux,amp;nbsp;autres nos iufticiers amp; officiers d’icelles, par lefnbsp;quels ils feront fummezde ce faire,auec toute lanbsp;douceur qu’il fera poffibic, maintenus en plainenbsp;poifcliion amp; iouiliancc de Icuifdits biens.amp; garnbsp;dez de toute iniui c amp;i oppreffion: afin qu’en tounbsp;tefeureté Si repos ils viucnt aucc nos autres fugt;nbsp;iets de la Religion Catholique,fous le benefice,nbsp;amp; en enfuyuant nollre edid de pacification ; le»nbsp;prenant en nollre protedion amp; fauuegardc, amp;nbsp;donnant en garde les vns aux autres. Et en casnbsp;de contrauentton,voulons amp; nous plait les con-treuenans dire punis felon la rigueur de nos c-didsamp;ordonnances,de quelque Religion qu’il»nbsp;foyent, amp; fans acception de perfonnes. Et où a-pres auoir elle ainfi fumez amp;appclez,il fc trouuenbsp;roit quelques ennemis du repos public qui vou-luflcnt continuer à tenir les châps,fouler nollre-dit pcuplc,amp; fc remettre cnfêble en armes,pournbsp;rccômenccr nouueaux troubles; nous voulôs amp;nbsp;entendons que par nofdits gouucrneurs de Pro»nbsp;uinccsamp;villcs.B3illifs.Sencfchaux,amp;autres nosnbsp;iufliciers Si officiers,chafcû endroit foy,amp; comnbsp;me à luy appartiendra,foir faite aflèmblee de telnbsp;nombre de ges de guerre,foit de nollre gendarmerie.
-ocr page 231-CARDINAL DE LOR. lo? meric,gens de pied eftans à noftrc foidc, ou ha-bitans des villes amp; villages, qu’ils verront eltrenbsp;expedient amp; ncceflaifc, felon les auisqu’jls auront du nombre que ferôt lefdics perturbateursnbsp;du repos public,pour leur courir fus,amp; par toutes les voyes qu’ils iugerontles plus expcdicn-tesjles rompre amp; tailler en pieces, de façon quenbsp;la force amp; obeiflance nous en demeurent. Carnbsp;tel eft noftre plaifir. Donne à Paris le i^.iour denbsp;May 15 6 S.CharlcsRobertet.
Il y a infinies captions amp; fraudes du Cardinal en ceft edit,pour exterminer ceux de la Religio«nbsp;tât CS villes qu’es champs, comme les meurtresnbsp;qui s’en enfuyuircnt, amp; vne autre pratique quenbsp;nous verrons maintenât le verifierent par trop,nbsp;au grand intereft de tout le Royaume ,amp;ignominie perpétuelle du nom Royal.
Chafeun fait que l’aifance de tous pays gift ^utret principalement és commerces amp; trafiques , ce r»fes dttnbsp;qui recommande la France pat defius tous les Cardi-Royaumes du monde.Or fut il dit expreffemét nalpournbsp;en la pacification, que les villes feroyent incon- allumetnbsp;tinent remifes en tel cftat qu’au parauât les trou la trai-bles,amp; les trafiques amp; commerces reftablis. Le ßefmenbsp;Cardinal ne pouuant fupporter cela,amp; voulant guerrenbsp;qu’il y euft bien toft en France autant de brigan cttùle,nbsp;dages dreflez, voire aux dcfpens du Roy amp; denbsp;fon poure peuple, qu’il y a de ponts amp; de pafta-ges de riuicre : brief afin qu’il n'y euft trafique,nbsp;lettresamp; bourfes,que treize garnemés ne viûtaf-fent de lieue en lieue, pour en faire rapport au
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Cardinal, il faut confiderer l’ordre qu’il y micj fous ombre d’empefeher ( difoit-il) que ceux denbsp;la nouudle Religiô ne s’aflemblallent pour manbsp;chiner cotre le Roy. Côme de fait fô but tcdoitnbsp;bic là auâi en partie, amp; à quelques deilcins plusnbsp;hauts, li les entreprifes dteflees à l’encontre dunbsp;Prince de Cödejdel’ArniralSc autres Seigneursnbsp;de la Religiô cuH'ent bien fuccede lors. Mais lanbsp;commiffton qu’il fit defpefcher lors, monftrcnbsp;mieux côbiê de tort il faifoit au Roy amp; au Roy-aumc,amp; le grand defir qu’il auoit de rcbrouillcrnbsp;tout pour agrandir fa inaifondela ruine de fesnbsp;ennemis. T elle cft la teneur de celle commiffiônbsp;faite en mefmc temps par l’edit fus inféré, afa-uoiraumoisdeMay i f 6 8.Le Capitaine N.eftnbsp;cômis par le Roy en la ville de N.popr demeurer Capitaine amp; garde du pont amp; paffage: auquel fera baille douze homes pour eftre pres denbsp;là perfonne, pour leur commander ce qu’il ver-ra eftre à propos, amp; à faire pour le feruice dunbsp;Roy.l.cfquels douze homes fa Maiefté payera,nbsp;outre amp; par delfus rentretenement qu’elle luynbsp;donera. Il donnera ordre en premier lieu de faire vn pont letiis au palfage, lequel fera gardé denbsp;iour amp; de nuid bien foigneulement amp; diligemment par luy amp; fes douze hommes ; amp; ne lailTe-ra pallèr aucun.qu’il ne fache d’où il vient, quelle part il va,pour quel afaire, amp; qui il eft. Et s’ilnbsp;void qu’il fe prefente nombre de gens au palfa-gc dudit pôt.lefera flt;judainleuer,amp; ne leur pernbsp;mettra le pallagc qu’il n’ait pourucu à la feu-rcté
-ocr page 233-CARDINAL DE LOR. «o retc d’iccluy,3e qu’il nc fache bien qu’ils n’ayencnbsp;aucun moyen de nuire. 11 afin que luy amp; lesnbsp;douze hommes efians aucc luy puillcnt demeurer continuellement à la garde du pont, auecnbsp;la commodité requife, donnera ordre de faire faire incontinent vne logecouuerte près 8cnbsp;ioignant ledit pont: en laquelle luy 8c fes fol-dats fe pourront retirer, loger 8c accommoder,nbsp;fans s’efloigner dudit pont,ny abandonner lanbsp;garde d’iceluy ; 8c pourceft cftcéf, fa Maiefténbsp;a eferit aux habitans de ladite ville de faire faite, à leurs defpens, ladite loge 8c pontlcuis.nbsp;Et d’autant qu’il peut grandement feruir audit Capitaine pour plus feurement garder cenbsp;pont amp; prouuoir à ce qu’il ne s’y puifle fairenbsp;aucune furprife, de fauoir ce qui fe fera tantnbsp;audit lieu qu’es enuirons, il mettra peine denbsp;defcouurir le plus auant qu’il pourra des a-élions 8c deffeins de ceux de la nouucllc Religion . Et s’il apprend quelque chofe qui foitnbsp;prciudiciable au fcruiccdu Roy, fe tiendra furnbsp;fies gardes,8c enaduertira le Capitaine commis à la garde du pont 8c palTage de la plus prochaine ville .* 8c fera fait le fcmblable par tousnbsp;les autres Capitaines, commis à la garde desnbsp;ponts 8c paffages, iufques à ce que le Roy ennbsp;(bit aduerrypoury pouruoir. Et encores quenbsp;la principale oc c a fi on, pour laquelle le Roynbsp;veut que ce Capitaine demeure au lieu deffuf-dit, foit pourlagardcdu pont 8c paflage: 11 nenbsp;laiflera de fa part à prendre diligemment garde
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que par ceux de la Religion nouuelle ne fe face aucun prefche ou exercice de ladite Religion ennbsp;autre lieu qu’en ceux qui font ordonnez amp; efta-blis par fa Maiefté,tanc par le contenu d’iceux e-dits de pacification,que par le reglement qui ennbsp;a eftc fait,depuis la publication du dernier edit.nbsp;Aura l’œil ouuert,amp; prendra garde le plus presnbsp;qu’il fera poffible, à ce que ceux de ladite Religion ne facent aucuns enrollemens de gens denbsp;guerre,leuees ou colleétes de deniers, alfébleesnbsp;illicites,ou remuemês de guerre,tant audit lieu,nbsp;qu’en tous les lieux d’alentourioù il donnera ordre d’auoirgês fidcles,pour l’en auertir:amp; fi bc-foin eft,y enuoyera aucûs de ceux qu’il aura prèsnbsp;de foy les plus auifez, entendus amp; propres pournbsp;pénétrer es afaires defdits de la nouuelle Religion, pour luy en rapporter ce qu’ils pourrontnbsp;en auoir apprins. Mettra peine d’entendre s’il ynbsp;a aucuns Gentils-hommes mal contens, tenansnbsp;le party du Roy,Iefqucls monftrafTent auoir in-clinatiô à fauorifer amp; fuyure ceux de ladite nouuelle Religion,ou qui fuflent pratiquez par eux,nbsp;QU rccerchezde faire quelques menees ou entrenbsp;prifes pour furpredre quelques villes,auant quenbsp;fe defcouurir de leur party, pour tenir lefditesnbsp;entreprifes plus couuertes amp; moins fufpeéles.nbsp;Et au Ifi mettra peine, quad Icfdits de la Religionbsp;nouuelle feront leurs fynodes amp; aflemblees, denbsp;bien defcouurir amp; entendre la caufe defdites af-fcmblces,amp;cc qui y auraefté coricIud.Trouue-ra moyen d’y faire entrer, fous tel prétexté qu’ilnbsp;auilera,
-ocr page 235-CARDINAL DE LOR. m auifera, quelque homme d’entendemét, qui luynbsp;foie bien lidele,lequel puifle cognoiftre CSe lugernbsp;la fia de leur intention, amp; luy rendre bon compte de qui aura elle propofé amp; refolu en icellesnbsp;aflcmblees. Prendra garde qu’il ne fe face aucunes fecrettes alfemblees es villes amp; autres lieuxnbsp;prohibez amp; défendus, où aucun feeree exercicenbsp;de ladit e Religion. Et afin que le feruice de fa-dite Maicfté fort fait ainfi qu’il appartient, amp; a-uec bonne intelligence entre fes bons amp; loyauxnbsp;fuiets, ledit Capitaine communiquera fouuentnbsp;auec le Gouuerneur ayât charge de ladite ville,nbsp;des chofes qui pourront futuenir pour le feruice de fidite Maiefté, fans entreprendre l’vn furnbsp;l’autre, afin qu’il n’auienne aucune diuifionounbsp;mefeontentement entre le Gouuerneûr amp; luy.nbsp;Sera curieux d’entendre qui font ceux aüdit paysnbsp;qui ont la charge principale de conduire lesa-faires de la Religion nouuellc, quelles penfionsnbsp;ils ont, amp; s’ils defpefchêt quelques Ambafladesnbsp;vers les nations eftrangeres, amp; à quelle fin. Etnbsp;pour faire entcdie au Roy ce qu’il pourra auoirnbsp;apris amp; defcouuert des chofes deffufdites amp; autres touchant fon feruice, il ne fera faute d’enuonbsp;ycr toutes les fepmaincs vnou plufieurs mefl'a-gers felon l’importance des afiires vers fa Ma-ieftézqu’iladrefleraà Môfieur fonfrcre amp; Lieutenant general qui luy fera refponfe. Et pourranbsp;auffi ledit Capitaine faire entendre au Roy amp; ànbsp;mondit Sieur tout ce qu’il pourra apprendre,nbsp;enuoyant fesiett|es àceluyqui fera commis à
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la garde du prochain paffagc, lequel les fera tenir de main en maim par les autres Capitaines qui auront femblables charges, à fa Maieftc, ounbsp;à mondit Seigneur.
Tout homme qui aura tant foit peu de luge-tnent peut remarquer en celle cômiflion de mer ueilleuxartifices du Cardinal, amp; nouueauxap-prefts pour la guerre, par le moyen de laquelle ilnbsp;s’auançoir. Auffi par tels moyens la troifiefmenbsp;guerre ciuile fut toll allumée, car en moins denbsp;deux mois apres la paix, plus de dix mil pcrfo.n-nes furent tuees çà amp; là.Ccpendaoc le Cardinalnbsp;fe vantoit qu’il en feroit plus mourir entre deuxnbsp;tréteaux que le Roy auec toutes fes armées : amp;nbsp;mandoit ordinairement à Rome amp; en diuers aunbsp;très endroits,qu’on auoit plus defpelché de Huguenots envniour depuis celle paix, qu’en vnnbsp;mois durant la guerre.
ligne Outre tout ce que dclTus, le Cardinal crai* dtî Ca- gnant que lesCatholiques ne fe mutinafl'ent pasnbsp;tholi- alfez, fit faire des confrairies, ligues amp; alTocia-^nes. tions, àquoy plufieursdes Parlcmens amp;dcUnbsp;Nobleflc tindreut la main , faifans fond de de-nicrs,prellans ferment,cnroollans foldaLs,amp; fainbsp;fans autres cas lèmblables pour rcntrctencmctnbsp;des confrairies, qu’ilsappelloyentduS.Efprit.nbsp;Notamment en la ville de Diion par Içs menéesnbsp;du Sieur de Tau3nncs,amp; d’vn nommé Begad CÓnbsp;feil 1er au Parlement fut faite vne telle Ligue. Etnbsp;comme aucuns des alîillans dcmandafl'entfilenbsp;Roy les authoriferoit, fut relpondupar Begad,
-ocr page 237-CARDINAL DELOR. lu qu’il auoit lettres de fa Maieftc à celle fin, Icf-quelles Tauanes auoit mifes es mains d’vn liennbsp;fecretaire qui ne fe peut lors trouuer.Et que fi lenbsp;Roy n’auoit agréable, il ne faloit pour cela riennbsp;craindre, pource qu’il fauoit bien où s’adi eflernbsp;ailleurs.Qu^au furplus il ne fe faloit arrefter auxnbsp;lettres que le Roy tfcriuoit ordinairemêc à Ta-uanacs amp; à la Cour de Parlement pour l’obfcr-uacion de l’edit, d’autant qu’il y auoit vn iargonnbsp;entr’çux que tout le monde n’entendoit pat. Ennbsp;plufieurs autres de Bouigongne amp; des autresnbsp;Prouinces furent faits femblables.
Cependant l’exercice de Religion cftdefen- Cofetls ducshautsamp;baspaysd’AuucrgiiCjamp;cs pays ap pourrninbsp;partenans aux frétés du Roy,amp; a quelques Prin nerlanbsp;ces du fang. Les autres Prouinccs rccoyucntde fronet-gras empefebemes, lesapprcfts fe fôt de toutesnbsp;parts pour attrapper les prïcipaux,amp; neâtmoinsnbsp;par lettres enuoyees çà amp; là aux Gouuerncursnbsp;(qui auoyét le mot)on leur dônoit charge de fainbsp;rc entédre aux Gêtils-hômes de la Religiô, quenbsp;le Roy les vouloir biê traiter amp; entretenir en l’enbsp;xercice de leur Religion, amp; leur faire paroiftrenbsp;qu’il les tenoit pour fes boas amp; loyaux fuiets amp;nbsp;fcruiteurstamp;quelesremuemêsquc lô entédoitnbsp;n’eftoyent que pour affcurcr fonEftat cotre plunbsp;fieurs habitas des villes,infolcsamp; fcditicux.poucnbsp;parapres remettre toutes chofes en vn eftat paifinbsp;ble,amp; fauorifer fa NoblefTc tant de l’vnc que denbsp;l’autre religiô,qui eft fa principale force,la laifâtnbsp;viurc en vniôgt;{bus l’authorité de fes edits. V oila
-ocr page 238-LA LEGENDE DV de belles paroles.Mais pource que quelques Canbsp;tholiques n’eftans bien auertisdes intentionsnbsp;du Cardinal amp; des liens, entendans telles lettres , euffent peu fe refroidir, Ion dcfpefchoicnbsp;autres lettres lècrettes , aucc raandemens denbsp;les communiquer à ceux que Ion verroit eftrenbsp;propres à tels comptes. Le Cardinal déchira l’entreprifeàvnagent du Cardinal de Cre-qiiy au chafteau de Madtit au mois d’Aouftnbsp;1 ç 6 8.lequel agent en efcriuit bien au long à fonnbsp;maiftre. Et pource que fon langage eft notablenbsp;pour defcouurir la coniuration du Cardinal amp;nbsp;des liens contre le repos du Royaume, nous a-uons icy inféré les propres mots de ladite lettre,nbsp;qui fut furprife amp; apportée au Prince de Godé.nbsp;Lon donne bon ordre par tout ( dit le Cardinalnbsp;à cell agent pour le faire entedre à fon maiftre)nbsp;que la force demeure entièrement au Roy,pournbsp;attrapper tousles principaux, amp; leur öfter lenbsp;moyen de s’alTembler, afin que les ayant rangeznbsp;a ce poinét là, comme par le reiglemêt qui eft ianbsp;donné fera aife, lon puilfe exterminer entièrement vne telle vennine(ainfi appelloit le Cardinal ceux de la Religiô)enncmis de Dieu,du Roynbsp;amp; de l’Eftat, amp; n’en lailTet vn feul en ce Royaume qui en foit entaché, pourceque ce feroitnbsp;toufiours vne Icmence pour renouucler le mal,nbsp;filon ne fuyuoit cefte voye, dont nos voilinsnbsp;nous monftrent de fi beaux cxemples.E n attendant ce temps qui ne peut eftre plus lôg que denbsp;tout ce mois, on auife par toutes les Prouincesnbsp;de fai-
-ocr page 239-cardinal de lor. nj défaire parler aux principaux amp; moins paffion-nez de la Noblefl'e de lad re Religiô,pour feulenbsp;ment les côtcnir, amufer amp; endormir aatât quenbsp;faire le pourra, corne dcfia^il s’en trcuuc qui ontnbsp;prefté l’oreille,amp; cômencentàs’aflcurer.amp;mcfnbsp;mes aucuns fe vicncnt la biufler à lachâdelle: amp;nbsp;encores on a en outre bônc cfperance,qu’il y ennbsp;a d’autres qui feront le mcfme, lefquels on faitnbsp;défia eftrc esbrâlez.Ce qui fera indubitablemctnbsp;emporter bié toft gain de caufe, amp; nous dôneranbsp;pleine viâoire, fans grade peine amp; refiftâce connbsp;ire les ennemis de noftre foy. Voila les delTeinsnbsp;du Cardinaljlefquels auec plufieurs autres pratinbsp;ques que nous toucherôs en autres endroits pronbsp;pres,attiferét le feu des troifiefines guerres ciuînbsp;les plus longues amp; furieufes que les autres.
Le Prince de Condé fur la fin de ce mefme Troi-mois fe fauua en grand hafte de Noyers en Bout fiefme gongne, où il deuoit eftrc enclos deux iours a- gutrrenbsp;pres,amp;arriua à la Rochelle, contre laquelle le cmlc.nbsp;Cardinal auoit drefte beaucoup de pratiques,nbsp;mais il fe rôpit la tefte en vain.Lors la guerre futnbsp;ouueree. Et comme les préparatifs fe drelToy êtnbsp;pour faire marcher l’armce Catholique, fous lanbsp;conduite du Duc d’Aniou,le Cardinal fitdref-,fcr deux edits, publiez en vn mefme iour au Parnbsp;lement de Paris,le 28.de Septébre, afauoir troisnbsp;iours apres qu’ils eurent efté baftis au Confeil.nbsp;Au premier,le Roy ayant fait vn long narré desnbsp;chofes auenues en fon Royaume pour le fait denbsp;U Religion, declairoit entre autres chofes, que
-ocr page 240-LA LEGENDE DV l’editde lanuier par lequel il donnoit pcrmif-fion à ceux de la Religion d’en faire l’exercice,nbsp;n’eftoit quepronifionnclen attendant fa Maio-ritc, 8c qu’il n’eftoit plusdelibetc de faire obfccnbsp;uer les edits touchant le fait de la Religion. Anbsp;ces caufes paruenu audit aage de Maionté , de-fcndoit tout exercice d’icelle e's pays de fon obenbsp;iffance, voulant irrcuocablcment qu’il h’y eiiftnbsp;autre exercice de Religion que de la Romaine,nbsp;fur peine de côhfcation de corps amp; de biens. Etnbsp;fur les mefmes peines, cômandoit à tous Minières de ladite Religion de vuidcr Je Royaumenbsp;dans quinze ioursidefcndât neâtmoins que ceuxnbsp;delàRligionnefuflcnt aucunement recerchtznbsp;en leurs côfciéccs,pourucu qu'ils voululfenr vi-ure paifjblemét en leur maifqs.Par l’autre,il de-lt;ilairoit que de là en auât il n’entendoit fe feruirnbsp;d’aucûs officiers faifans telle profêffiort, les fuf-pendant deflors de leurs cftats 8i charges ; leurnbsp;çômandât de s’en aller delTaiûr entf e les mains,nbsp;dans quinze ioiirs,autrement que par luy il y fe-roit pourueu.il y auoîc long temps qiicces editsnbsp;eftoyent fur le bureau, le Çardinal lcs mön-ftroit de loin aux Catholiques,pour.les faire venir à l’offrande, amp; foncer deniers pour la foldenbsp;de l’armce,en quoy luy,la Royne mere amp; fc mignons iouêrct leurs ieux accouftumez. Mais cesnbsp;edits nùifirent plus aux Catholiques qu’ils nenbsp;croyoyent: car la plufpart de ceux de la Rligionnbsp;qui n’euflent bouge de leurs maifons,Yoyans denbsp;pcriurc tout manifefte, duquel le Cardinal dlf-famoit
-ocr page 241-CARDINAL DE LOR. 114 fàmoit Ja race des Valois, Je ictterent incontinent en campagnc.Les Seigneurs de la Religionnbsp;cnuoyercnt ces edits en Angleterre amp; Alemai-gne,pour certaine preuue,qu’on ne Jes pourfuy-uoitjcommefeditieuxny atteäans Ja Couröne,nbsp;{comme ils vouJoyent faire croire) ains commenbsp;zélateurs à la Religion que les Catholiques vounbsp;loyent extirper de France. C’cft ce que le Cardinbsp;naJ Scies ficus gaignerent. En ce temps furet punbsp;bliczdiuers efcrits cotre l’audace amp; ambitieufenbsp;cruauté de ceux de Guifc,fpeciaJcmentdu Cardinal, le naturel duquel fut defcrit par vn doâcnbsp;Poète François, auec vnc imprecation à la fin.nbsp;Et pource que le fonnet qu’il en fit.eftgentil, amp;nbsp;nom imprimcjque ie fache)ie l’ay vouluicy prc-fenter au leâeur.
SONNET.
De fer,âeftUide fang,Aiars, tilcarty T i/yphonef BafitforgeairempUtf ame,le cceuryla mainnbsp;Du meurtrteri embrafeur^du tyran inhumainnbsp;,Qui tMetbruße,perdla Frant^oife Couronne.
D'vn Scythe,d’vn Cyclope,(^ d'vnfierLeßrygone, La cruautéf ardeuriôr la fanglante faim^nbsp;^i ranime fefchauffe,amp; conduit fon dejfeiutnbsp;Jlten ijuefer,rie lt;]uefeuirie tjue fang ne refonne.
Puijfe-tl par le fer cruellement mourir, Oupar le feu du ciel horriblement perir^nbsp;Et voir du fang des fient la terre eßre arroufite'.nbsp;Et foit rouillCießainty^ fechè,par lapaiXfnbsp;Le fer,lefeu,le fangycruefardantycfpaisynbsp;^ut tue yard rougit la France dtjfipee,nbsp;p.ii.
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Ceftctroifiefme guerre ciuilccômençant au mois d’Odobre mil cinq cens foixâte huiâ,dura iufques au cômencement d’Aouft 15 o.L’hinbsp;ftoire en a efté efcrite bié au long amp; publiée, oùnbsp;il appert que les Catholiques amp; ceux de la Relinbsp;gion ont efté ruinez les vns par les autres, foitnbsp;qu’on conftdere les batailles données,places af-liegees ou prinfes,chefs amp; foldats tuezuellemétnbsp;que les François ont fait contre cux-inefmcs,cenbsp;quefpetit eftre)tous les autres peuples de l’Euronbsp;pe a maffe 2 enfemble n’euflent feeu exécuter.nbsp;Cependât le Cardinal regardoit iouer celle fannbsp;glante tragœdie,dcfployât tous fes moyês pournbsp;ruinerlcs vns par les autres. Et d’autant que cenbsp;feroit vn labeur infiny de defcrlre le tout, cenbsp;nous fera affczde remarquer icy quelques vnsnbsp;de fes artifices pendant celle troifiefme guerre.
Premièrement, il s’afièura de la perfonne du Roy,qu’il menoitçà amp; là,felon les occurrencesnbsp;des afaires, amp; pouruoirque tié ne fe fill que parnbsp;fbn auis. 11 feruoit auffi de boutefeu pour enfiâ-mer le Roy de plus en plus à l’encontre de ceuxnbsp;de la Rcligiô,fpecialeinent des principaux,contre lefquels on defploya toutes violences amp; tra-hifons pour en venir à bout. Les vns apres auoirnbsp;cllé prins prifonniers furent tuez, nonobllantnbsp;qu’on leur cnil promis la foy, les autres furentnbsp;empoifonnez, contre les autres furent apofteznbsp;des meurtriers,aufquels mefmes.lc Cardinal fitnbsp;donner de grandes recompenfes.
En apres il donna ordre d’auoir force ferui-tcurs
-ocr page 243-CARDINAL DE LOR. n$ tcursaupres du Ducd’Aniou Lieutenant genenbsp;ral du Roy ,afin de l’enuenimcr contre lefdits denbsp;la Religion. Ce qui fut de fi pernicieufe confe-quéce au Prince de Code qu’il fut tué par Mon-tefquiöu Capitaine des gardes dudit Duc d’ Annbsp;iou,eftant entre les mains des Sieurs d’Argencenbsp;amp; de S.Iean qui l’auoyent prins prifonnier. Lanbsp;mefme rufe fit que ce Duc ne voulut donnernbsp;fauf-conduit au Sieur de l’Eftrange député de lanbsp;part des Princes amp; Seigneurs de la Religion aunbsp;mois de luin 15 6 9.pour aller prefenter leur rc-quefte auRoy,fur les moyêsamp; remedes qu’ils conbsp;noiffoyct eftre plus propres amp; côuenablcs pournbsp;faite eeffer la guerre amp; eftablir vne bonne paix.
De mefme rufe fe feruit le Cardinal pour em pefeher que la paix ne s’auâçaft.- car eftant auer-ty que l’Amiral auoit enuoyc au Marefchaldcnbsp;Môtmorency fon coufin cefte requefte, pour lanbsp;prefenter au Roy,il preuint, difant au Roy, quenbsp;ce n’eftoit nullement raifon que les fuiets ainfinbsp;rebelles parlaffcntdcloin, amp;-s’ils ne venoyentnbsp;fe prefenter àfa mercy, il ne les faloit efeourer,nbsp;mais en auoir le bout par les armes. Suyuantnbsp;cela,le Roy dit au Marefclial de Montmorency,nbsp;qu’il ne vouloir rien voir nyouir deceux delànbsp;Religion,fpecialerocnt de l’Amiral, que premienbsp;rement il ne fe fùft remisen bonnegrace,à quoynbsp;il feroit reccu fe mettant en fon deuoir. Comme fl l’Amiral amp; les fiens n’euflènt au para-uant fupplic inftamment le Roy, comme ils fai,,nbsp;foyent encores par cefte remonftrancc, où cesnbsp;gt;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;p.üi.
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mots eftoyent contenusJls fupplient tref-huirt-kgt;lctnent voftrc Maieftt de vouloir ottroycr ߣ accorder gcneraleraét à tous vos fuicts,de quelque qualité amp; condition qu’ils foycnt,librc excrnbsp;ciCe de la Religion, en toutes les villes, villagesnbsp;amp; bourgtdes,amp; en tous autres lieux amp; endroitsnbsp;de voftre Royautneamp; pays de voftre obeillanccnbsp;amp; proteâion, fans aucune exception,modifica-Vpn ou reftriétion de perfonnes.dc temps ou denbsp;lieux,auec les fcurctezneccflaites Sc requi(ès.amp;nbsp;outrc,ordonner Si cnioindre de faire profcflîonnbsp;raanifefte de l’vne ou l’autre Relion/afin de counbsp;per chemin à plufieurs, lefquels a bufâs de ce bcnbsp;yefice amp; grace, font tôbcz en Atheifme Sc en liberté charnelle, s’eftâs liccciezde tout exercicenbsp;amp;profeflîondeReIigion,amp;ne defirâs rienplusnbsp;que de voir vue cófiihon en ce RoYanme,amp; toutnbsp;ordre,police amp; difciplinc Ecclefiaftique renucrnbsp;fee amp; abolie: chbfe trop dâgereufe amp; pcrnicicu-fe,amp; qui ne fc doitaucunemc tolcrer.Et d’autâtnbsp;Sirc,que lcfdits Sieurs Princcs,amp; les Seigneurs»nbsp;CheualiersjGêtils-hÔ!nesamp; autresqui les aeô-p3gnent,ne doutent point queceux qui ont toufnbsp;jours iHfques à maintenât affis le fondement denbsp;leurs dclfcins fur les calônies qu’ils publient in»nbsp;pudêmcnt pour les rendre odieUx,mefmes versnbsp;ceux quifparJa grace de Dieu)fbt affrâchis de lanbsp;feruitude amp; tytânic de l’Antechrift, ne faudrpntnbsp;demettreenauât qu’ils veulent pluftoftopinianbsp;ftremét défendre, ß$ raifô, ce qu’ils ont vncfoisnbsp;rcfoJu croire touchât les articles de la Religion
-ocr page 245-CARDINAL DE LOR. iiä Chreftienne,que de feconiger amp;’retrader,Ief-dits Sieurs Princes,amp; les Scigncurs,Cheualiers,nbsp;Gétils-hómes amp; autres qui les acópaignent,de-clairct amp; proteûêt, come ils ont touliours fait,nbsp;que fl en quelque poinét de la CôfelTiô de (oy cynbsp;deuât prcfentce à voftrc Maicftc par les Eglifcsnbsp;reformées de voftre Royaume,on les peut enfeinbsp;gner par la parole de Dieu , côprinfc es Liuresnbsp;Canoniques de l’Eferiture fainde,qu’ils fe foyétnbsp;eflongnez de la doârine des Prophètes amp; Apo-ftres,que proprement ils döneront les mains,amp;nbsp;cederôt tref-volontiets à ceux qui les inftruirôcnbsp;mieux par la parole de Dieu,qu’ils n’auroyct e-fté dés le cômencement, s’ils errent en quelquenbsp;article. Et pour ceft efFeâ,nc défirent rien tantnbsp;que la conuoçation d’vn Concile libre,genetal,nbsp;amp; légitimement conuoque, duquel yn chafeunnbsp;pourfd eftre ouy, pour déduire fes raifons', lef-quelles feront confermees ou conuaincues parnbsp;la feule parole de Dieu, qui cft le moyc vfitc denbsp;toute ancienneté en pareille occafion.
Cependantle Cardinal efleuoit le Duc d’An iou aux defpen? du Clergé amp; des Catholiques,nbsp;pour ruiner ceux de la Religion ,èc auoir nou-uelle corde à fon arc pour tirer d’autres coups,nbsp;fl la guerre auoit tels fucccs qu’il pretendoit.nbsp;Car quant à la paix, la trouuoit amp; faifoit im-poffiole amp; hors d’efpcrance d'eftte contra-ftee que par la ruine amp; total aneantiffementnbsp;de fes parties aduerfes. Or a-il touHoursnbsp;finement diffimulc fon inteteft particulier, Sinbsp;p.iiii.
-ocr page 246-LA LEGENDE DV pour faire que le Roy trouuaft auflîde fa part lanbsp;paix impofliblc, amp; qucparconfcqucnt ilhazat-dart'tout auant que û’en venirlà, il propofoicnbsp;deux cmpcfchcmens. Le premier emprunté denbsp;la dtueifitc de la'Religion,qui ne pcut(difoit-il)nbsp;rii'nedoit eftre-töTerce en cc Royaume.L’autré,nbsp;eff compofe Ju ripm delà MaieRé du Roy qu’ilnbsp;difoit auoir efte blcficc par ccyx de la Religion,nbsp;amp;qu’jl n’elloit poffible de gucrii* vné telle playe,nbsp;Rnon qû'duk'pôfans les armes feVinflent rendrenbsp;la torde aU col, à la mifericordé du Roy, feantnbsp;au'lrâ de la iuftite dü Cardinal. Mais il s’aîdoitnbsp;dé CCS raifons (äufquelles ceux de la RelîgiÔ ontnbsp;infinies fôi's’Vç'fpondu 'fuffifammcnt)non tantnbsp;pour zele à fa rcligion,de laquelle fera parlé auxnbsp;lîurrjs fuyuan^, ill pburaffeétion qu’il porta R aunbsp;l^oÿ, cotre qû'i il'confpiroit, que pourcc qu’auâtnbsp;que dé côdefeendré à a ucune ouuerture de paix,nbsp;iî vo’uîoit eftre affeuréqu’en tout eucncmët luynbsp;Stlès fieùs dcrtieurdroyfcnt au premier lieu dunbsp;Coufcil du Roy amp; du,Royaume, qu’il pourroitnbsp;dcft!tucr,amp;tnfiiïucr les officiers de la Couronne àjfa difcretiôn, qq’il ôrdonncroitamp; difpolè-rbitdela ïunicc amp; dès finances, félon faconuoinbsp;tife : brief quçleRnyaumcprendroitdcluylesnbsp;loix du faire amp; noii Fairc,dii taire amp; du parler,amp;nbsp;qu’en vri rÂot il remueroit félon fon bon plaifirgt;nbsp;les amp's, les corps amp; les biens,du chcfamp;des ménbsp;bréid’iccluy Royaume.
Auffi craignbic-il que fi le Roy laiflbit appro cher de fes oreilles les remonftrancesjou les dc-putex
-ocr page 247-CARDINAL DE LOR. h? putez de ceux delà Religion, auec le téps il n’apnbsp;perccuft aifémcnt que les Côfeillers qugt; luy ont’nbsp;fait entendre que la guerre cftoit le feulmoyennbsp;d’oftef du Royaume la diucrGté de Religion,e-ftoyent Atheiftes ou gens efceraeUezamp; ignorasnbsp;iufques au bout. Que le Roy fe pourroit fouue-nir que depuis le retour du Cardinal du Côcilenbsp;de Trente, le corps du Confcil priué auoitefténbsp;diuifc amp; bande'en deux diuerfes opiniôs, les vnsnbsp;ne confeillans que la paix,amp; les autres la guerre:nbsp;amp; que par confequent le Cardinal amp; ceux de Ctnbsp;maifon pourroycnt eftre mal traitez. Partant ilnbsp;ferefout auecles Gens défaire durer la guerrenbsp;tant que poflîble fera,pour corrompre amp; feçon-ner le Roy à Ton humeur amp; ruiner ceux de la Rcnbsp;ligiojaGh'd*auoir vn chemin plus aifd aux entre-prifes fecrcttes.11 fe petfuadoit d’auoir à la longue lefdits de la Religion. Premièrement,pour-cequ’eftàns chaïftzae laplufpart des villes dunbsp;Royaume^ réduits aux extremitez d’iccluyennbsp;vn petitanglet de Saintonge, feroyent aife mentnbsp;cnrerrticz dedans ce rccoing de pàys.par le moyénbsp;des riùiércs amp;villes qui fót fur les marches d’Annbsp;goulmois amp; lieux d’alentour: amp; qu’eftâs vne foisnbsp;rangez en telles barrières, la famine amp; la contagion de J’air, fufeitee par l’infedio de leurs trounbsp;pes, les contraindroit dedans peu de mois de fenbsp;rendre la corde au col, à fa difcrction amp; mifeti-corde.En apres,que la principale force du campnbsp;des Princes confiftant en eftrangers, pour lef-quels payer des arrerages feulement qui leur
-ocr page 248-Vît IA LEGENDE py eftoyçnc deus iufqucs alors, ceux de la Religîoônbsp;s’efto^ent prefques cfpuifez, ôc auoyçnt peu dçnbsp;moyés de les payer à l’auenir: dlainis on If^.pournbsp;roit rendre ennemis feroic aife de, Jes.prati-quer, (tnon àcombatre lefditsdela Kcl/gion«'nbsp;pour le moins à fe retireren leur pays, moyennant le rembourlèiTientde leur dcu. É inalemcr.nbsp;Je .Cardinal fondoit le prolpngctncnt de la gucrnbsp;reJiir l’incertjtude de reuenement des bataillesinbsp;àeaulè dlt;?sinfiônucnics de fon particulier. Tousnbsp;oeux qui enfpndqyencqqe toute la Nobleßcamp;:nbsp;plus bclliqucufe pa'rtiç du; peuple Fpâç pis eftoitnbsp;Iprs-cn câp^ignjîfort ii point, pour s cntrepcur-trir,ü vne JjataiHçfedpnnoit, fretDi/Tp.ypij.d’^ornbsp;reur, 6£,dcplôrpy(çnt U miferablç .çpaditjpn dpnbsp;Roy amp; du Royaume ,,panctuns ^kiir ruine pafnbsp;l’eueiKirticnt d\nc telle récpntrc.âqucl_qvé party «juedenieuraftjlAvidoire. Lç Gatdmal Si Je«nbsp;liens cependant wayqnt .fî peu, d’c^rd ƒ. celânbsp;qu’ilscuflent bien vpûja que rwpe.d^ panics ginbsp;fantpar terre euft. hiflïl’autre tellement naurcenbsp;que iamais elJpnç pçu relcuçr ; non pasnbsp;poViSefpcrancedeereer vue nouqcHc NoblelTenbsp;Prâçoifejàüetl vnçfucil)c depapicr^^ou vnepeaunbsp;de parchemin amp; qi^atrc onces de cjre(fuyuât l’a-poph' egtTie'dn Cardinal que le Roy pouuoit fainbsp;rc plus dcGêtils homes ch vne heute,qu’il n crinbsp;fauroit mourir au côbat en dixans)maispluftoftnbsp;d’autant que la NobIclfeFrançuifeeftât.eftain-tc il feroit plus aifë de paracheuer les proiedsnbsp;Giiyficn.s^amp; (auec la faueur des Maires, Efche-oins.
-ocr page 249-CARDINAL DE LOR. 118 uins , amp; Confcillcrsdc la plufpart des villes dunbsp;Royaume atteâiônez de longue main au Cardinal, aufli bien que les Cours de Parlement,fousnbsp;couleur de mamtcnit l’cgiifc Catholique) ven-diquer le droit de la Couronne,qu’ris fe font vânbsp;tcz de fl long temps appartenir à lamxifon denbsp;Lorraine, en vertu d’vne fucceffion imaginairenbsp;de l’cftoc de Charles le Grand. Mais le Cardi-nal craignant que la bataille ne vinft à fe deftixcf-llt;r,pluftoft par vneffroy amp; route de l’yne des arnbsp;mees, que par grande effuûon de fang , il aimanbsp;mieux s’affeurec en la longueur du temps que banbsp;ftir fon cfperance,fur ce fondement mouuant amp;nbsp;hazardeux. Car fi la viâoire euft fauorifé ceuxnbsp;delà Religion, ceux de Guife cftoyent perdus,nbsp;ce leur fembloit. Si elle demeuroit à l’atmee dunbsp;Cardinal, encores preuoyoit-il que la cholerenbsp;eftât refroidie, quelques Catholiques luy pour-royent attacher vnc quercllp aüffi difficile quenbsp;cefte là, amp; redemander la vie des Seigneurs amp;nbsp;Gentils- hommes immolez fur l’autel de fon amnbsp;bition. Car tous ceux qui portoyent lesarinesnbsp;fous le Dued’Aniou, n’eftoyent pas fi deuot#nbsp;au feruice de ceux de Guife, qu’eux euflent biennbsp;voulu.
Ainfi, le Cardinal fila cefte corde de guerres cîuiles le plus long qu’il peut, encores qu’en fesnbsp;confiderations, y euft de grandes inconfideta-dons, lefquelles iene veuxdcfcouurir nirefu-ter, cela appartenant à quclqu’vn qui auroit lenbsp;lolftr de drefler des difeours politiques, amp; mon»
-ocr page 250-LA LEGENDE DV ftrer l’aueuglement des Gentils- hommes François Catholiques, qui pour faire profcffion d’e-ftre gens d’entrcprife amp; d’execution,fe font biffez beffler à toutes reftes par vn preftre, plus'nbsp;couard qu’vne femme, amp; qui fous fon chapeaunbsp;amp; parmi fcs familiers fc moquoit d’eux à bouche ouuerte, comme nous le verrons en fon endroit ci apres.
Le Duc d’Aumale eftoit fur les frontières de* Bourgongne amp; de Lorraine auec grofles troupes, aufquelles il commandoit, pour empefeher-l’entrec des Reiftres qui venoyent au fecours denbsp;ceux de la Religion.En quoy il fut auffi heureuxnbsp;qu’en lès autres exploits de guerre, fes foldatsdfnbsp;ûns tout haut amp; bien fouuent que leur General 'nbsp;auoit plus de chair que d’cfprit. Et de fait, en-'nbsp;Cor qu’il fuft en pays propre pour l’infaterie quinbsp;l’accompagnoit en grand nombre, amp; de gt nsa- 'nbsp;guerris.fi ne fit-il chofe qui V31uft,amp; fut en danger d’eftre battu plufieurs fois, ayant mefmes rcnbsp;fufe de choquer fcsennemis à fon auâtage.Maisnbsp;leCardinalfutaufiicaufeen partie decellepronbsp;cedure, car il nevouloit pasqu’on vinftfi tortnbsp;aux mains, efperant ou gaigner les cftrâgcrs,ounbsp;les auoir mieux à l’auancagc, amp; en fomme vou-lât brouiller les cartes de plus en plus, pour rennbsp;contrer meilleur ieu.
Quant au icune Duc de Guife,pour eftre fort fauortfe du Duc d’Aniou, auec qui il auoit fort ¦nbsp;eftroitte accointance, il fut auancc en cesguer*nbsp;rcsjioiot qiï il eftoit grand maiftre. Lors fon onde
-ocr page 251-CARDINAL DE LOR. 119 dele Cardinal l’enuironna deplufieurs Capitaines qui luyferuirent bien à Poiétiers fpccia-lemenr. Le Marquis du Maine fon frereeftoitnbsp;peu de choie alors, pour fa ieuneüe. Le grandnbsp;Prieur amp; le Marquis d’Ellebeuf freres, eftoyencnbsp;morts quelques années auparauant, fans qu’onnbsp;fc foie beaucoup foucic d’eux,comme auffi ils a-uoyent eu autant d’efprit feulement que le Cardinal de Lorraine leur frere leur en auoit diftri-buc, amp; n’eftoyent faûicux que par fesinftfu-étions amp; commandemens.
Mais à l’auanture auons nous aflezeftendu le propos en celle premiere partie de la Legendenbsp;de meflieurs de Guife. Partant nous laifleronsnbsp;reprendre halaine aux leélcurs, amp; quelque loilirnbsp;a noftre plume pour pourfuyure le rclle,afauoirnbsp;des deportemens du Cardinal amp; des fiens , aunbsp;troiliefme edieSt de pacification, amp; des moyensnbsp;tenus par eux pour venir à la iournee de S. Barthélémy : amp; des chofes qui font depuis auenuesnbsp;de leur part,à la confufion du Roy Charles amp; denbsp;fon eftat. Item des mefehans tours qu’ils ontnbsp;iouëz au Roy Henry troiliefme à prefent re-gnant,à tous les Princes du fang,aux grands Sci-gneurs,à la Noblefle, à la luftice, au Clergé, aunbsp;peuple tant de l’vnc que de l’autre Religion , ànbsp;leurs fauorisamp; amis, voire à cux-mefmes entrenbsp;eux. Cydeuant nous auons vcuvne partie denbsp;leurs façons de faire fous François prcmier,Hé-ry fécond, François troiliefme amp; Charles neuf-uiefme:mais les panicularitez diuerfes qui ferôt
-ocr page 252-LA LEG. DV CAR.DE LOR. marquees és autres liures fuyuans defcouurironcnbsp;qu’en ce premier liurc nous n’auons rien fait qu’nbsp;csbaucher les matieres,amp; monftré comme l’en-tree du palais fanglant, vilain amp; malheureux denbsp;ceux de Guifc. Ceci donc foit le commcncemctnbsp;de plus grand œuvre» amp; à la mienne volonté quenbsp;de ce que deflus, les François puiflent cognoi-ftre à leurs defpens, fur le tard, vnc partie desnbsp;inftrumens dont le Seigneur, courroucé contrenbsp;leurs péchez, s’eft ferui pour les fouetter, afinnbsp;que fe retournans à luy comme il appartient, ilsnbsp;puiflent receuoir, pluftoft que ie n’ofe clperer,nbsp;quelque repos amp; foulagement.
Fin du premier Liure.
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