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Huybert van Bucheli (1513-1599)
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Huybert van Bucheli (1513-1599)
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-ocr page 13-MEM o 1RES
de Feftat de France,
J O V J C SAE s
CONTENANS LES CHOSES
plus notables, faites amp; publiées tant par les Catholiques que par ceux de la Religion,nbsp;depuis le troifiefrae edit de pacification faitnbsp;au mois d’Aouft 1570. iufques au regne denbsp;Henry troificfme.
f.ednitî tn trou volumes y chafiu» def^uels a vn indice des principales matièresnbsp;y contenues.
Premier volume.
MEIT1ELV0VS.C. ' Par Henrich Wolf.
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E n’eft point chofe inntile, nonuellc ni fentees pat cfcrir,râc pour efueilier ceux qui lesnbsp;ont veucs àcftrc f.’ges pourl’auenirjîparlepafnbsp;Ce illcLireft auenu rte faillitsqueponriaiflèrin-ftrudion neteiraire à la pofterité. Ceux qui ontnbsp;cfté ennemis des hiftoires amp; lecueils de chofesnbsp;mémorables,n’ont iamais efté en bonne repuranbsp;tiôparmi les hômes.lly en aeu d’autres qui ontnbsp;cftimé,damant que le bienfaire furpafle le biennbsp;dire,qu’il n’eftoit befoin fe trauaillerbeaucoupnbsp;de móftrer ce qui eftoit paflcjpuis que ebafeunnbsp;deuoittrouuer en foy les aiguillons qui le poufnbsp;faflentà la vertu.Mais puis que d’vn codé, il anbsp;efté roullours plus difficile de bien faire que denbsp;bien parler,amp; qu’outre l’ignorance,pefte des efnbsp;pritsgt;qui enfeuclit incontinent les ebofes bon-»nbsp;nés : vue telle vanité amp; corruption a gaigné lenbsp;monde, que s’il fc fouuicnt de quelque, ebofenbsp;c’eft de mal, s’il fe propofe certain but, ce feranbsp;vn manuals exemple, pour y vifcr,amp;dclongnbsp;temps ces aiguillons de vertu demandent d’e-ftre limez amp; racouftrez par le récit des ebofesnbsp;auenues,qui facent que les mefebas ayent mef-mes bonté amp; borreur des forfaits de leurs pre-decefteurs, amp; les gens de bien foyent tant plusnbsp;encouragez àcnfuyureles ebofes bones.Qjel
-ocr page 16-PREFACE.
ques vns penfenr, puis que fouucnt cn vn reck de chofes aiienues,beaucoup de cotrarietez 5c.nbsp;incnfonges mefrnes fe glifl'ent pour la difficulté qu’il y a de fauoir tout, il faudroit différernbsp;plus log cempsj ou fe taire dutout,pluftoft quonbsp;de doner occafiö aux moqueurs dereietter vnnbsp;liureentierjfous prétexté qu’il y aura quelquesnbsp;fautes.Si le delay apporte toufious lumière à lanbsp;vérité,ie ne condamne pas ceft auis. Mais puisnbsp;que fouuçntesfois par nouueaux remuemensnbsp;le pafl’e s’anéantit;s’il merite d’eftre feeu , ie dinbsp;queleplufioft eft le meilleur, Et fi les chofesnbsp;dignes de mémoire ne doyuçt cftrc defrobccsnbsp;à la pofteritèjceux-laferoyêr louables en beaunbsp;coup de forces quia l’heure mefmes que cecynbsp;oucelaauicntlepublieroycntpartout. Que finbsp;fe taire du tout prouficoit dauatage que d’auer-tir les vns amp; les autres,vrayementilfc faudtoicnbsp;taircunaispuis que lefilencedes vns faiteroi-firc la fureur des autres fouuentesfois, amp; mef-me apporte comme des nouueaux defers aux vinbsp;deux d’entafîér vn péché fur l’autre, qui oferanbsp;dire qu’il ne foit meilleur,en quelque téps, denbsp;parler que de fe t;iire? Il eft vray qu’en cela giftnbsp;lepoinélj c’eft quclondifcnon feulement cenbsp;qu’il faut dire,mais'auffi quand,amp;comme il lenbsp;faut dire.Quantaux fautes,fi elles font comminbsp;fes de fait d’auis,fi elles rçnuerfent l’hiftoire, finbsp;elles s’çntretiénentfcomme de noftre temps ilnbsp;n’y en a que trop d’exemples) amp; fi celuy qui c-ferit n’apporte que des affeiftions particulièresnbsp;dontil foitaifé de leçonuaincre,cllesfontà
-ocr page 17-Condamner amp; reietter. Mais fi pour vn mor, pourvue incertitude de temps, pour vu nom,nbsp;pour vncobmiffiôjou amplincatiô,fi pourqueinbsp;que trait piquât on gaillard, il y a des cerneauxnbsp;« fàfcheux qu’ils reicttcnt ce qui cft bon au re-fte,ie ne puis croire qu’ils trouuct beaucoup denbsp;tompagnons.Les autres eftiment qu’en matière de diieours de chofes auenues,lc tout doit e-ftrcjourre la fidelité, orné d’vn ftilc graue,exa-ôbe amp; du tout hiftorien.Cela eft à délirer, maisnbsp;îe les prie me fupportet, fi ie leur di qu’ils menbsp;confeiTeroht eux mefmes ,que les plus feuresnbsp;hiftoires Grecques amp; Latines, que nous ayonsnbsp;auiourdhuy, ont efte recueillies de diuers memoires amp; traittez, eferits amp;pübliez au para-uant. Il n’cft befoin d’en alléguer les exemtes, puis que ie parle à ceux qui les fanent.
Quelques vns cuident, que c'eft comme papier perdu ,de remettre deuant les yeux ce que on entend encor comme bruire à fes oreilles,nbsp;amp; que ce feroit vn làbeiir beaucoup plus profitable , de drcfl'er quelques hiftoires Grecquesnbsp;ou Romaines. Ceux qui efclairfiflçnt l’antiquité , ne feront de ma part jamais fruftrez dénbsp;leurs louanges. Mais fi au lieu de faire noftrenbsp;proufit amp; de nous fouuenir comme il appartient dé ce que nous allons veu depuis quatrenbsp;ans, nous faifons au contraire de ce que nousnbsp;deuons faire, ce n’eft que bien fait de nous ra-menteuoitjce qu’il femble que nous n’auonsnbsp;iainais veu ni ouy. Êt que fert de fauoir deuiférnbsp;^plaifir de tout ce quieft pafle ilv a mil ans,
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-ocr page 18-amp; ignorer ce quifut fait l’an pafle?Cela(fans di repis Jcft vn vrayrenuerfcmencde menioire,amp;nbsp;cas aiirant eftrâgequedc réconcrcr quelqu’vnnbsp;qui verroit à dix lieues loin,amp;n’apperceuroic lanbsp;foflè amp; le laqs qui feroir à les pieds. Or iî la lecture apporte côrentemcnt 3 l’eftime que ce quinbsp;cftnouueaucfl: autant receuable que le vieil,nbsp;pourueu de rechef que ce córentemét foit fondé comme il appartient, afauoir fur la vérité,nbsp;feul cnrichifîcment des hiftoires. Car quant annbsp;lagage amp; autres fleurs que certains deigoufteznbsp;cerchent feulement, fe conrenrans d'auoir desnbsp;contes faits à plaifir, pourueu que l’oreille foitnbsp;fatiffaite, tant s’en faut que ie fouficriue à leurnbsp;opinion, quei’eftime celaeftrevn certain iugenbsp;met d’vn efpric renuerfc,côme lô eftimeraroufnbsp;iours celuy-là auoir vn cftomachrrefmaldif-pofé qui ne fait que cercher des fauces , faupi-quets amp; tels aiguillôs de bouche ,laiflant pain,nbsp;vin amp; viande foIide.Si la vérité cft accôpagneenbsp;d’elegance, voila vn banquet pour l’efprit fournbsp;ny de tout ce qui y eft conuenable, Mais à l’auanbsp;ture m’auancc-ie trop à parler d’vne chofe quinbsp;merire d’eftre appliquée ailleurs, fi Ion confidenbsp;re le tiltre de ces liures amp; ce qui y eft contenu.nbsp;Ce font memoires voirement amp; bien petits cô-mencemens de l’admirable hiftoire,pour l’agénbsp;cernent de laquelle ie prieDieu qu’il reuefte denbsp;fon cfprit quelqu’vn qui y mette la main, quadnbsp;il fera temps. Mais il ne fut ïamais défendu denbsp;donner courage aux autres,amp; les aider en quelnbsp;que forte. Sicc n’eftpas tant qu’on defireroitnbsp;bien
-ocr page 19-Bien» pour le moins c’eft en quelque forte. Vn peut vaut encor mieux que rien du tout. Quacnbsp;a la vérité des choies gt; il y a bien peu du ni ien,nbsp;carlaplufpartdc ces memoires onteftépublieznbsp;de part amp; d’autre cy deuanr. Ét quant ace quinbsp;peut eftre du mien,fi i’en fuis accufé,il lcralorsnbsp;afTeztemps d’en refpondrc.
Il reftc de dire quelque chofe de mon inten tion.Encores qu’en quelques endroits i’aye li-bremét defcouuert ce que/es roigncux eftiine-ront deuoir eftre caché , fim’afteure-ie d’auoirnbsp;tenu lamcfure requife en la defcriptiódes chonbsp;fes. Or fi ie me trompe en mon iugement,ic nenbsp;plaideray pas beaucoup pour me condamner finbsp;ie voy le contraire. Cependant,il n’y arien quinbsp;foit trop toil dit, lion confidereles chofes denbsp;pres , amp; à la mienne volonté que ie n’eufl'e pasnbsp;dit fi vray en tant d’endroits. Mais puis que lesnbsp;péchez de noftre France n’ont peu foufttiriuf-ques àprefent plus doux chaftiment,qu’on menbsp;fupporte fi i’en parle quelques fois en mon lannbsp;gage.Sii’euflè voulu faire des legendes amp;efcrinbsp;re ce queie fay des aôles particuliers de ceuxnbsp;cv amp; de ceux la,i’auois vn champ bien fpatieuxnbsp;pourm’esbatre. Il m’a fuffi d’en lailfer parlernbsp;quelqueffois ceux qui l’ôt fait en des difeours»nbsp;lefquels nous auon s inférez felon que l’ordrenbsp;du temps l’a requis,fortrarement toutesfois,amp;nbsp;comme i’ay eftimé plus cxpedient.1! cft impof-fible qu’il n’y en ait de maieôtens. S’ils font dunbsp;Nombre des maftàcreurs, qu’ils fâchent que cenbsp;font ici que les prefaces de leurs cruautez-
-ocr page 20-S’ils font Catholiques, qu’ils confi Jercnt deux amp; trois fois les chofes, amp; ie m’aflcuie qu’ils diront que ie n’ay pas inféré la moitié de ce qu’ilnbsp;faloit.Quant à ceux de la R elig!on,ie prie ceuxnbsp;qui ont beaucoup de memoires plus amples, amp;nbsp;véritables, de les mettre en lumière pour feruirnbsp;aufli de leurparc. De la mienne l’ay prefenrénbsp;ce qui ma femblé aucunement conuenir à cenbsp;temps,afauoir les eferits publiez de part amp;d’aunbsp;tre parmy ces tempeftes. Enquoy iî tous ceuxnbsp;qui faner de ces chofes plus que moy,amp; en peunbsp;lient eferire plus difertement, enfuyu ent monnbsp;exemple, il ne fe pourra faire que nous n’ayons quelque iour vne hiftoirc digne d’eftrenbsp;leué Entre routes les autres.
Or ie ne veux entrer au difeoufs duproufit qu’vn chafeun peut faire en rénovât iey vne parnbsp;tie des maux palïez , ni m’amuferà deferire lesnbsp;caufes qui m’ôt cfmeu à publier ceci en ce téps,nbsp;ni les moyens que i’ay tenus à drefîèr tels memoires,d’autant que la leétnre d’iceux y fatiffe-rapour moy. Siayât eu défit de faire cliofe quinbsp;vous fuft agréable amp; profitable (Leéteur) vousnbsp;m’en fauez bon gré,i’en feray bien aife. Et fi lenbsp;contraire auient, ie me contenteray du tcfmoi-gnage de ma confciencc, en remettant letoutànbsp;Dieu,amp; au jugement de tous vrais François.
INDICÉ
-ocr page 21-î ND ICE DES PRIN^ cipales matières contenues ennbsp;ce premier volume.
Le nombfp fignifie la page.
Troißefine edtt de pacification
Âdartage du Roy aueclafille del'Empereur
L ettres de ; R oirè rte er e au Pape
Harangue au Roy parles aimbaßadeurs d’Alema-
Rel^onfie du Roy à laJufdite harangue
Confietlpour atttapper l'Amiral amp; lesfièns
Hificours du maßacrefatt à Orange,parles Catholi-ejues^au mots de Feurier
d^eurtre de ceux de la Religion à Rouen '’jX diiuerfiesprattyuet contre ceux de la Religion
d-tttres du Roy au Duc de Sauoye , enfaueurde fis fi^tet} de la Religion
Nouueiiej rufes contre t Amiral Çfiquot; lesßtns
-ocr page 22-Jumelésgeneraux de ceux de la Religion veut amp;re-lpondMparleRoylei^.OSlobreïlt;t''Jt.
Difeours de ce t^ui auint touchant la croix de GaSti~ nés l'anvÿit-vers Noel
Libelle diffamatoire amp;feditieux de M..Rene Benotfi doEleurde Sorbonne
Reffonfeau libelle dffamatoirede M.Rene Benoiff no
Ltfcoursfùr P alliance auecla Royne d’aingleterre
Hibloire tragique de-ALarie Royne d’Efeoffr,touchât, la coniuration faite contre le Roy fin mary mis itnbsp;mort : amp; P adultere par elle commis auecle Contenbsp;deBothwel
Di/coursfurla detention de la Royne d Efioffe,Ô‘fi elle eft luiitciable de la Royne d jingleterre 24!nbsp;Cotinuation du pourparler de mariage entre le Prince de Nauarre amp; la fœur du Roynbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rSy
Menées de la Roine, pour faire que le Duc eHAniott fuji Roy de Pologne
Voyage du Cardinal Alexandrin en Prance Ö'pour-quoy
Articles de la ligue faite entre le Papeete Roy Catholique amp; la Seigneurie de Venife
Arriuee de la Royne de Nauarre à la Cour
Articles du pourparler de mariage du Prince de Na uarre amp; de la fœur du Roy
Articles touchaht la guerre de Flandres 291 Lettres du Cardinal P elvé au Cardinal de Lorrainenbsp;^^4nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Synodo
-ocr page 23-Synode nattonnal tenu à Nifme's Lettres de la Royne mere à Strojlÿnbsp;Rufis nouMelles contre ceux de la Religionnbsp;Dtfcours aulong du portement de la Reine de Na-.
uarre en fa maladie,ivfjùà la m ort nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;300
’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;¦ ¦nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;¦nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3’4
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Te lament de la Roy ^le de^ Nauarre £pttapheffaits à ta Roine de Nauarrenbsp;Ordonnance du Roy cotre les ^erelles amp;pojrts d'nbsp;mes
Lettres au Roy de Nauarre venantd Paris Lefiite des François allant en Flandresnbsp;Lettres de ceux de la Rochelle à r-Amiralnbsp;Reßtonfi de t'-Amiralaux Rocheloisnbsp;-Aiiertijfemens notables à l'admirainbsp;Negotiation de Pologne continuéenbsp;Lettres du Baron de la Garde aux Rocheloisnbsp;-Aduerttfemens notiueauxà l-Amiralnbsp;Lifcours des nopces du Roy de Nauarre amp; de lanbsp;fœurdu Roynbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;355
Lettres de f-Amiralàfafimme efirites lei^.dlAouji .nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;35^
Preparatf- amp; diu ers confeils pour les majfacrcs Lettres du Baron de la Garde aux Rochelois 364nbsp;Btefure de i Amiral
Propos de i Amiral depuis fa blejfure amp; te yui aumt tout ce tour
^onfetl notable du Kidame de Chartres
P^ifcours des chfes i^ui auindrentle lendemain de la blefitre de t Amiralnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j8o
/{« majfacrespres du Louure 388 d^^Jfacre de l'Amiral amp; desfensnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;589
-ocr page 24-Maffiacre desgeühhomes amp;dome{H^ues desPrirtcês
amp; d'antres Seigneurs,gentils homme s amp; perfott nes notables
Lettres dn Róy au G»uuerneur de Boiirgongne j plt;ïr
le/^uelles tl charge ceux de Guife du meurtre eo-‘ mis etilaperfinne de Af.faimiral, amp; delàfedi-tto auenue à Paris, amp; mande cjtPH vew que l'edit
de paeißcatton fait entreie/nt
Autres lettres au Sieur deJidopeftt Senefchal de Pti
tou,du meßnefiuet que les precedentes
Continuation des majfacres de Paru
Lettres du Roy aux officiers de Bourges ,fiir mefme fitiet que les precedentes
Lettres du threfirier des ligues efcrites aufdites li
gues,par le commandement du Roy,de mefine ar-
42
Declaration du Roy,de la caufe amp; occafio de la mort de I'a4miral,amp;autres fes adhérant Ôquot; compltces,nbsp;derntereniët aUenue à Paris le 24. d’^ou^ i jyz.nbsp;auec treßxprejfes defenßs à tousgentilshomesnbsp;autres de la R eltgiopretedue reformee,de ne fain
Jldafacres de ceux de la Religion a ÂPeaux 434 JlPaß^acres de ceux de Troyes en Champagne
Aiaffiacf'es de ceux de Bourges
Secondes lettres duRcy aux officiers de Bourges 471 Aiaf acre de ceux de la Charité
-ocr page 25-'Memoires infiruÜiçs enuoyeespAr le Ray au Cote /ie Charnyßm lieutenant en Bourgongne
'Lettres iu Baron de la Garde aux Rochelois 496 Lettres de Stro/Jÿ aux Rocheloie,amp;fistrahifinsnbsp;Lettres des Rochehis à Stropy
Lettres^ du Steurde Biron aux Rochelois 504 Lettres dt^RoyàceuxdeSancefre
Continuatii de la negotiatio de Pologne
jldajfacres Sastntur dP à -singers
Nouuelles dumaffdcrea Rome^dflarefiouifance du
Lifcours dvn courtifun defcouurant les rufes du
Roy,delaRoynemere t:P'deleurCdfeilfecret 510 Lettres du Raron de la Garde, parleß/uelles tlrnon-flrefin afèUion contre la Rochelle 551 (55’nbsp;duDut deLorraine cetreßsßüets de la Reltgtonbsp;Excufis du Roy enuers le Papede R oy d’Esfagne drnbsp;le duc d'Æhenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5 J4
Lettres du Roy aux gouuerneurs du Dauphiné amp;
-ocr page 26-Memoires enuoyezpar Ie Roy à tow les gouuer-neurs amp; Itewenans defesPrownces, pouräe^i~ tuer amp; démettre de leurs eiiats amp; charges toutnbsp;ceux delà Religion, encores ejtiils la itou’upfentnbsp;abiurer : referne ceux ejuifontp ourueus de menWnbsp;ePlats amp; offices ^auf/uels fa maieilépermet de co-tiniier leurfdits effats,pourueu ejuils abiurent la~nbsp;dite Religîi^ felon la fr me d'abiuration enuoyeenbsp;à cefle finnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^55
torme d abiuratio d herefie amp; confijfion defoy, tjue
Lettre de Pierre Carpentier lurficonfulte, addreffee à François Portât Ca- diot,par laquelle ilniofirenbsp;que les perfiecutions des Eglifes de France fontnbsp;auenue5,no par la faute de ceux yuifaijoyentpro-^nbsp;feffiondela Relifon,maisdeceuxlt;yui nourrifnbsp;fo'^ent lesfiallions amp; conffirations t^u'on appelle
laCau/i
600
Resfonje de François PortwCandiot, aux lettres diffamatoires de Pierre Carpëtier odiduocat, pour
fansfiiets du Roy,maffdcrez. le 2 t^-d’adouft 1572. appelez fiaR ieux parce plaideTeaunbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6^4
Erreurs notables de la lettre de Carpentier ,remar~
^uez par F.Balduin
lt;;88
Continuation ie la negotiation de Pologne
Cÿi 695nbsp;lt;594nbsp;lt;597nbsp;698
Lettres dit Ro'^ attx Rochelots L et tres du Rgy deNauarre aux R ocheloisnbsp;Lettres des Rochelots au Steurde Bironnbsp;quot;^dtres lettres audit Sieur de Birori 'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘
¦Entreslettres dn Roy aux Rochelots, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;
Lettres de laRoyne mere amp; de monßeurfrere du
Roy aux Rochelots nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yüa
Lettres du Sieur de Biron aux Rochelots 701 Re/jfonce des Rochelots au Roy yàlaRoyne tnere amp;nbsp;à monfieurfrere du Roy
Ceremoniesamp;folemnitez. de f ordreS.ÂÎichel yo'ÿ Remonstrance faite parla BlobleßeCatholiyueau-Roy trefchreStien leurfouuerain Seigneur yoynbsp;lettres du Roy de Nauarre, du Prince de Condé amp;nbsp;du Cardinal de Bourbon au Pape,auecles refpo~nbsp;f“ .
Re^onfis des Rochelots auxßeurs de Biron, StroJJy amp; Baron de la Gardenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;724
aiutres lettres des Rochelots aufieur de Biron yz6 Declaration du Roy pour lefatt de ceux de la Religion qui depuis les maßacres fi font retirez, horsnbsp;du Royaumenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;728
Lettres du Baron delà Garde aux Rochelots,enfitrt-ble larefponfi
•Autres lettres dudit Baron enfimble la rejponfi
Cettres du Sieur de Biron 0quot; du Prefident de Thou aux Rochelotsnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;754
^dit au nom du Roy de Nauarrcypour abolir la Religion en fis pay s nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y\6
Lettres des fieurs de Biron amp; du Figen aux Ro-
-ocr page 28-cheloïs'cè*ceèntreulnt
HßßatdeSancerre nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;__nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;7^4
¦^frejt de la Cour de Parlement contre Gaffar de Coligny, Amiral de France.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^lt;,0
Arreß de ta mefme Cour contre Briquemaut êr Ca-
uagnei
Epitaphes de l'Amiral amp; autres ma^acres;.
Eettres du Duc de Guiß, ou si defiouure les rufes du confeilfecretnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^6^
Lettres patentes du Boy pour le repos Ç^trân^utUstg de to tu lesfkiets de fin royaume^ amp; cofiruatto desnbsp;. corps amp; biens de ceux de la nottueiït opinion yyx,nbsp;J_ettres du Roy à monfteur de Gui fi amp; autres lieutenant amp;gouuerneurs en fis prouinces,parlefiùeï-les il abolit amp; fiibuertitentieremetteus les edits denbsp;paçification,amp; veutejue lafiule Religion Romai-.nbsp;, ne ait lieu enfin royaumenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;S
ipifcours mon^lranten combien defines lef Confeil^ Iers des majfaeresß con^edtfintnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'j'ip
-ocr page 29-MEMOIRES
DE L’ESTAT DE FRAN
CE, DEPVIS LE TRO-ISIESME cdiél de pacification fait au mois d’Aoiiftnbsp;1570, iufques à la mort du Roynbsp;CHARLES. IX. aue-nue au mois de May
J 5 7 4-
Afouuenance des maffacres faits en plu-fieurs villes de France es mois d’Aoutt 8i Septembre i y 7 a, cngrauee au cœur d’vnanbsp;infinité d’hommes,fait defîrer àplufieursnbsp;que la defloyauté des autheurs de ces maf
làcres ne demeure cachee és tenebres d’oubliâce, amp; que les executeurs des cruautez exécrables foyent cliaftiez.nbsp;felon leurs mérités. Or quand il plaira à Dieu.que par r-ne bonne paix, iuftice ait lieu, les bons efperent que lenbsp;fang innocent, efpandu fi inhumainement, retrouueranbsp;bien les coulpables. Mais quât à ceux qui défia par mortnbsp;ontefchappéla main des hommes, ouïes autres qui parnbsp;diuers moyens l’efchapperont ci âpres : c’eft raifon pournbsp;le moins qu’on fache comme les chofes fefont paflees.nbsp;Et afin qu’elles foyent mieux entendues, nous reprendrons le tout de plus haut, amp; ne mettrons en auant quenbsp;ce que chafeun fait en partie, amp; qui a efte publié tant parnbsp;les catholiques que par ceux de la religion: amp; aioufterôsnbsp;apres les maffacres cequieft auenu de notable depuis,nbsp;qui a efté publié touchant l’eftat de la chofe publique
amp; de la religion,iufques au regne de Henri troifiefme.
L’an mil cinq cens foiiantcamp;vn, pourpouruoir aux Edit de troubles qui menaçoyentle Royaume à caufe delà diui lanuiernbsp;fîon es religions,enflammeeparl’ambition de quelques lyfi.nbsp;Srads ennemis des Princes du fang,les eftats furent prefnbsp;tous affemblez au mois de lanuier à S.Germain ennbsp;^’ye,pres deParis.En cefteaffembleejparl’authorité du
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i MEMOIRES DE
Roy Charles ix.qiii y afsiftoit, fut ordonné qu’à I'auenir il feroit libre à. chafcun de faire profefsionde la religionnbsp;dite réformée, auoir afleniblces amp; prefehes publiquesnbsp;pour l’exercice d’icelle, es fauxboargs des villes,amp; no denbsp;dans. Cell edit le gardoit en plufieurs endroits du Roy-auinennefmes il auoit cours en la ville de Paris, à laquelnbsp;Je les autres fe conforment, eftant icelle la capitale. Fra-çois Duc de Giiife , de la mail'on de Lorraine,pour lorsnbsp;grand maiftre de France, ne fe trouua en celle aflem-olecunais ayant elle auerti de cell edit, luy amp; fes frétésnbsp;en furent fafchczamp; defpitez extrêmement. Voyâs doncnbsp;que cela les reduiroit, auecle temps,àd’autres extremi-»ez, c’ellafauoir abaifleroit leur grandeur,amp; les ramene-roit à compte ou à quelque cliofe de pis, attendu quenbsp;d’vn collé les Princes retournero^'entenleur degré,amp; lanbsp;religion réformée feroit efuauouir peu à peu la catholi-que,chez laquelle ils auoyent de grands appuis ; ils fe re-folurent de venir en cour, amp; en aboliflànt par force d’armes la religion qu’ils appelloyentnouuelle,fe faire voyenbsp;à l’execution d’autres plus hauts defleins; comme ils s’e-lloyent aflèz delcouuerts fous le regne de François ii.nbsp;Ainfi donc le Duc de Guife partit de leinvilleacompa-gné de grande fuite.drelîant l'on chemin à Paris.Mais nenbsp;pouuant porter fi long temps fon maltalent contre ceuxnbsp;MalTacre Jg religion, eftant arriué à Vafsy petite ville de Chamnbsp;«« Vafly. pagne ,il fe rua de furie auec les liens fur aucuns de cenbsp;lieu alTemblez au prefehe , tellement qu’il y eut enuironnbsp;deux cens perfonnes tant hommes que femmes tuez ennbsp;ce malTacre.Louys de Bourbon Prince du fang, nomménbsp;le Prince de Condc, avant grande authorité à caufe d’vnnbsp;tel parentage,faifoitprofcfsion de lareligion.Et pourrîtnbsp;Gafparde Coligny AmiraLFrançois fieur d’Andelot fonnbsp;frere, Colonel de l'infanterie Françoife,amp; autres fei-gneurs amp; gentils-hommes de la religion,voyans le Ducnbsp;de Guife s’oppofer ouuertement, amp; renuerfer ( entai*nbsp;qu’en luy elloit)l’editdu Rov, amp; troubler par confequétnbsp;lereposduRovaume ,fe plaignirent par enfemble aunbsp;Prince de Cendé de l’aiidace amp; violence dudit de Guife.nbsp;Icgouuer En ce temps,àcaufede la minorité du Roy, legouuernbsp;’Bcmct du nement du Royaume elloit es maint de Catherine denbsp;Medi-
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-ocr page 31-L^ESTAT de FRANCE, j MeJieis,Florentine, ni epee du Pape Clement y. amp; mere Royaumenbsp;du Roy.Car encor que par les ftatutsdela nation Fran-joife,lacouronneni legouuernementd’icelle ne tom-be en quenouille, toiitesfois par les fubtilitez de cellenbsp;femme,amp; par la fetardife d’Antoine de Bourbon Roy denbsp;Nauarre, à qui ce gouuernement appartenoit: la Roynenbsp;inere futrcceue (contre la couftume) en I’entremife d’i-^eluy.ElIe redoutant 1‘arrogance amp; felonnie de ceux denbsp;Guile, defqucis elle auoit eile efclaue fous le regne denbsp;François 11. amp; s’afleurant de la facilité amp; douceur denbsp;ceux de la religiorepour rabatre la force des vns,empef-cher les autres de multiplier , amp; affermir fon authorité,nbsp;nelaiflà pas efehapper celle occalîon. Partant elle eferi-uit de fa propre main.au Prince de Condé fept lettres ànbsp;diuerfes fois(quatredefquelles font imprimées amp; ont e-fté veuésde.tous) le priant inllamment, puis que le faitnbsp;luy atcouchoit,luy aider de confeil amp; force pour confe r-uer le Royaume amp; le feruice du Roy, contre ceux quinbsp;vouloyent toutperdre:d’auoir pour recommandez amp;nbsp;prendre en fa proteéHon la mere amp; les enfansd’alTeurantnbsp;qu’elle n’oublieroit iamais ce bien fait.amp; fi ie meurs (ef-criuoit-elle ) auant auoir le moyen de le pouuoir reco-gnoillr€,comme i’en ay la voulonté , i’en lairray vue in-ftruûion à mes enfans.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iQues iours apres,le Duc de
Guife coiioiflant aflez de quel poids elloit le nom du Roy en toute la France, amp; afin qu’on li’ellimall qu’il en-ireprinll quelque cliofc de fon autliorité priuee,ayantnbsp;trouué compagnie de là forte,pratiquée de longue mainnbsp;amp; par moyens merueilleux, fit unt que le Roy tombanbsp;en fes mains.Ce qu’ellat fceu„foudain s’elleuerentbeaucoup de troubles, Vne grande partie de la nobleffeFrannbsp;çoife iuftement indignée, fe ioignit auec le Prince denbsp;Condé,quiayant meurementpenféaux afaires.amp;parbônbsp;confeil de gens notables qui luy monftrerent ouuerte-ntent que tel elloit fon deuoir, le faifit de plufieurs ville*nbsp;cfquellesil mitgarnifon.
Lors commença la premiere guerre ciuile. Le Prince Première '''»riant prouuer qu’à bon droit il auoit prins les armes, 1’nbsp;“cttoit en auant qu’à luy appartenoit de maintenir l'e-*«lt;lttRoy,cnquoy eftoit enclos le falutdelapâtric-
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Que l’abobtion de ceft ediâtiroit apres foy l’euidente ruine de la noblefle Sc nation Françoife, àcaufe du grâjnbsp;nombre de ceux qui fe rangeoyent de iour à autre à lanbsp;religion: entrelelquels les Seigneurs, gentilshommes,nbsp;gensd’Jionneuramp;de qualité ne pouuoycnt plus porternbsp;les tourmens amp;cruautez qu’on auoit acouftumé d’exernbsp;cer contre ceux de ladite religion,veu que ceux de Guifenbsp;«ftrangersjcnvfurpantla domination fur tout le Royaume,amp; violant vn ediâ fi folennellcment eftabli,amp; tant v-tile à tous, cftoyentla vraye caufe des troubles amp; diui-fions , DauantageulfembloitquelaRoynemeren’euftnbsp;autre defir que de maintenir la paix, amp; eftcindre la fu*nbsp;reurde ceux de Guife.Mais elle auoit aufsi fon but, comnbsp;me il fe verra,amp; enfauorifant de paroles à ceux de la re-ligion,amp; de fait aux catholiques jvouloit matter lesvnsnbsp;par les autres,pour maiftrifer tant plus àfonaife. Tant ynbsp;a que fes lettres amp; meflàges firent que plus de vingt milnbsp;hommes iugeans de fon affeftion par fondire,feioigni-rent auec ceux de la religio pour la maintenir, amp; ce d’aunbsp;tantplus que la puilTance Royale cftoitlors es mains denbsp;ladite Royne.Apres quelques batailles amp; pluficurs pertes faites de part amp; d’autre, le Duc de Guife ayant ellenbsp;tué par Poltrot deuant Orleans, amp; vn an s'eftant efcoulénbsp;en guerre.la paix fut faite,amp; edift pubbé accordât à ceuxnbsp;de la religion entier exercice d’icelle,amp; pour ceft etfeélnbsp;prefches eftablis en certains lieux. Celle paix dura cinqnbsp;ans,non pas en tousles endroits du Royaume:carles manbsp;giftrats catholiques de plulîeurs villes amp; gouuernemens,nbsp;lcruiteurs de la maifon de Guife, amp; affeàionnez à la relinbsp;fion Romaine, faifovent du pis qu’ils pouuoyent à ceuxnbsp;e la religion.On demanda iufnce,mais en vain. Cependant on ht faire au Roy le voyage de Bayonne,fous cou-Voyage denbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;voirfon Royaume : mais c’eftoit en ef-
ayonne. fgiÇppgm. foUiciter les villes amp; prouinces à nouuelle guer
re,amp; conlulterauec l’Elpagnol des moyens de troubler le Royaume.
Au retour de ce voyage, le Roy venu à Moulins Ion tafche d’attirer en cour ceux de Chaftillon,pour s’endefnbsp;pcfcher, aiiecle Prince de Condé,qui y eftoit retenu parnbsp;la Royne mere en la façon que chafcun fcait.Mais iceuxnbsp;trou-
-ocr page 33-L’ESTAT DE FRANCE. ç trouuans moyen de ne fe trouuer cnfemble es filez,romnbsp;pirent l’entreprinfc dreflee contre eux. Pourtant ceux,nbsp;qui n’aimoyent la paix fuiuirent vn autre chemin. Ennbsp;l’an lyfiy. comme le Ducd’Albe menoitvne armee ennbsp;Flandres contre ceux qui contre la volonté du Roy d'E-fpagne y auoyét receu la religion,amp; pafl'ant au long desnbsp;villes frontières de Frace, la Royne mere fit leuer Sc cn-^'¦er auRoyaume fix mille Suifles,pour mettre en garnison, felon qu’elle difoic : mais c’eftoit ( comme l’ilïue l’anbsp;Hionftré) pourfiirprendre amp; deftaire à l’impourueu lenbsp;Prince de Condé , l’Amiral amp; les autres Seigneurs delànbsp;religion,aufqueh on auoit drefsé embufehes, s’il .auenoitnbsp;qu’ils en efchappalTent amp;. voulufTent prendre les armesnbsp;pour fe conferuer.Elle fe vouloir feruir des SuilTes, dau-tantque ceux qui manioyent lors les afaires ne fe fioyêtnbsp;pas trop aux gens de guerre François. Nous lailTeronsnbsp;pour le prefent toutes les particularitez de celte guerre,nbsp;pourccque noftre intention tend ailleurs.
La fécondé guerre ciuile donc eftant allumée,bataille Second» fùtdonnee entre Sainéi Denis amp; Paris, ou le Connefta- guerre cUnbsp;ble fut blefsé tellement que peu de iours apres il mou- uile.nbsp;rut.Cinq mois apres,les Reiftres eltans venus au fccoursnbsp;de ceux de la religion, la paix fut faite douant Chartresnbsp;aux mefmes côdirions de la premiere , comme nous lesnbsp;auons touchées ci delTusrafauoir qu’il eftoit en la liberténbsp;de chafeun de faire profefsion de la religion reform ce:nbsp;car ceft article a toufiours efté la feule amp; derniere condinbsp;tion de paix faite en toutes les trois guerres.Mais peu Jenbsp;iours apres, on apperceut qu’vne telle paix auoit couuénbsp;be.aucoup d’embulchcs amp; trahifons : amp; que ce n’auoicnbsp;point efté vne paix ,ainsTne guerre lànglante couuertenbsp;du nom de pacification.Car toutes les villes que ceux denbsp;la religion rendirent furentfoudainement remplies dçnbsp;foldats catholiques,exceptee la RocheIIe,pource que lesnbsp;habitans d’icclle,qui fe font mis en la protefrion du Roy
France depuis deux cens ans ou enuiron, ont aioufté ^®fte condition à plufie'urs autres, qu’ils ne feront tenusnbsp;^‘^euoir garnifon finon de leur bon gré . Par mefmenbsp;^''yen le Prince de Condé amp; l’Amiral furent fuffifam-^^tauerttf q;je T^iunnes hommemefchant,feruiteur
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de ceuxde Guife,amp;deucnuen peu de temps Marefchàl de France,leur auoit drefsé telles embufches que s’ils nenbsp;s’eu depeftroyentde bonne heure,ils fc trouueroyentnbsp;enclos amp; prins pour tomber en la main cruelle de leursnbsp;ennemis.Ayans entendu telles,'nouuelles, ils gagnent, ànbsp;grandes traites, la Rochelle, emmenans quant Si euxnbsp;kurs femmes amp; petis enfans.
Troifîef. me guerrenbsp;ciuik.
Ce fut le commencemét de la troifîefme guerre ciuf-le plus longue amp; cruelle que les precedetes. Alors eftoit en cour (comme au parauant)Charles Cardinal deLor-raine,frereduDucdeGuife tué deuant Orleans , homme malicieux amp; fin entre tous,d’vn efprit turbulent, felonbsp;ik cruehtellement qu’à Rome meimes il eftoit odieux amp;nbsp;infupportable.Ceux de la religion le reputoyent pour lenbsp;plus grand amp; coniuré ennemi d’icelle, l’ayans eu horreur a caufe de fes confeils pernicieux amp; fanguinaires, amp;nbsp;l’appeloyentle flambeau de toutes les guerres ciuiles.nbsp;Au commencement de cefte troifîefme guerre,ce bonnbsp;Cardinal confeille au Roy de defendre,par edift perpétuel amp; irreuocable,à tous ceux de fonRoyaume.de faitenbsp;prôfefsion d’autre religion que de la Romaine, amp; declarer qu’il tient pour ennemis, ceux qui-en embraflèroyétnbsp;vne autre . Cefte claufe fur nommément couchee enl’enbsp;dit fait à S. Maur des foffez au mois de Septembre lydS,nbsp;imprimé à Paris amp; à Lyon : amp; depuis pour la nouueauténbsp;du fait,amp; pource qu’elle mertoitfus auRoy vne trcfvilaînbsp;ne taiche de periure Sc defloyauté, fut retranchée des e-dits publiez puis apres : combien aufsi que par pluneursnbsp;edits publiez au parauant le Roy euft permis l’exercicenbsp;de la religiô, parce dernier làtoutesfois il declaroit founbsp;intention n’auoiriamais efté autre fînon d’auoir vne feunbsp;le religion en fon Royaume,afauoir laRomaine,amp; procurer que tous fes fuiets y adlieraflent du tour. Plufieursnbsp;batailles fe dônerent en celle guerre,en l’vne deiquellesnbsp;le Princede Condé pris prifonnier fut tué de fang froidnbsp;par Montelquiou feriiiteur de ceux de Guife amp; lors caprnbsp;taine des gardes du Duc d’Anjou. Apres beaucoup de fienbsp;ges amp; prinfes de villes,chafteaux amp; places fortes gt; les vnsnbsp;amp; les autres s’eftans mutuelleihent fort endommagez,ilnbsp;fut queftiou de penfer à quelque repos.Maisles defloyaunbsp;tel
-ocr page 35-L’ESTAT DE FRANCE. / »ez precedentes mettoyent la Royne amp; le Cardinal eanbsp;grande perplexité amp; doutCjde pouuoir obtenir quelquenbsp;bon accord de ceux de la Religion, qui demandoyentnbsp;meilleure amp;¦ plus ferme afleurance qu’au pafsé:ayans apnbsp;pris à leurs defpens , combien leur creduiïté amp; fimplici-té auoit donné d’occafions à leurs ennemis d’executernbsp;leurs mauuais deflèins.D’autrepart l’ertatdu Royaume,nbsp;a caufedes villes efpiùlées de moyens,amp; pour l’cxtremcnbsp;pouretédumenu peuple amp; des payfans, requeroit qu’onnbsp;traitait quelque accord. Ceux de la Religion ne deman-doyentqu’vne bonne paix pour viure en repos de con-fcience.LaRoyne,ceux de Guife amp; leurs partifans deli-royentbien aufsi quelque ceflaciô d’armes: mais au plusnbsp;fecret confeil du Roy.auoit efté arrefté que toute la paixnbsp;qu’onferoit.tendroit à ce but d’attraper rAmiralamp; lesnbsp;liens,afin de s’en defpecficr pour vne fois.
Il fut donc queüion d’inuenter quelques prétextes Moyens qui euflent belle apparence, pour attirer ceux de la reli-P®“'nbsp;gion à cefte perfuafion là, que la paix qu’on leur prefen-teroit pourroit eftre ferme.Le premier fut la guerre cô- ““j*nbsp;tre le Roy d’Ef^agne. Ainfi donc le Roy fait dire par fes quot;nbsp;amballadeurs a l’Amiral, qu’à ce coup (è prefentoit vnnbsp;fort bon amp; feur moyen de pacifier. C’efta(auoir,que lesnbsp;deux armees fufl'cnt iointes amp; menees en filandres contre IeDucd’Albe,quieftoit caufedes troubles nouuelle-ment furuenus en France. Que le Roy d’Efpagne l’auoitnbsp;affez piqué pour s’en relTentir ; lur tout en ce qu’il aucitnbsp;enuahy la fiioride auparauant defcouuertc amp; acquife parnbsp;les François, qui auoye«c efté furpris depuis auec leursnbsp;condufteurs,amp; taillez en pieces par les Efpagnols. Quenbsp;le mcfme Roy d’Efpagne s’eftóit emparé du Marqi^iiatnbsp;de Final, les habitans duquel s’eftoyent peu auparauantnbsp;mis en laproteélion du François. Que cefte guerre horsnbsp;du royaume feroitvn tresferme lien pour entretenir lanbsp;paix au dedans ,amp; qu’il n’y auoit meilleur moven pournbsp;effacer à iamais la mémoire des troubles paflez. Pournbsp;ceft etfect, cela venoit fort bien à propos fdifoit le Roy}nbsp;que le Conte Ludouic de Nanfiau frere du Prince d’0-.nbsp;ïenge auoit efté en l’armee de ceux de la religion, pendant lequel temps l’Amiral fe fioit de toutes chofes ea
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Iiiy ; que par le moyen d’iceluy Conte, amp; des vafTaux amp; confederez qu’il auoit en Flandres,on pourroit aifémenrnbsp;furprédre quelques villes, amp; recouurer de grands moyésnbsp;de faire la guerre.
treuoySce Tels propos mirent l’Amiral en grande perplexité: de l'Ami- car encor qu’il ne prefumaft que le Roy euft 3.utre chofcnbsp;lal.eftain- au cœur qu’enda bouche : amp;. que fans celle ouuerture 1ernbsp;te en fin, articles de paix fuflentia couchez amp; comme accordez;nbsp;par la ma- gft-ce que tels propos luy rendoyent la negotiationnbsp;«nnemit'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Car il fepropofoitlapuiflànce de ceuxdc
Giiife,affeftionnez de longue main au Roy d’Efpagne. Aufsi fe fouuenoit-il aflez des artifices de la Royne mere, qui ne vouloir offenfer l’Elpagnol, ni fe defioindrcnbsp;d’auec ceux de Guife,qu’elle auoit toufiours portez, ea-tretenantfonauthorité parleurs forces. Il fauoit aufsinbsp;que ceux du priué confeil pour la plufpart eftoyent dunbsp;tout au commandement du Roy d’Efpagne,grand piliernbsp;de La religion Romaine: qu’aucuns d’entfe eux eftoyentnbsp;fes pcnfionaires ordinaires,amp; luy communiquoyét aufsinbsp;les afaires du royaume. Son ambaflàdeur eftoit admisnbsp;au plus cftroit confeil de France, Birague Italien,traiftrenbsp;à ü patrie, homme ignorant iulqu’au bout, fur tout de I3nbsp;cognoiflànce du droit ciuil, eftoit neantmoins Chancelier,au lieu du dofte amp; prudent de L’holpital,qui auoit e-fté renuoyé en fa maifon. Confiderant donc ces chofes,nbsp;il ne pouuoit apperceuoir qu’embufches, amp; autres con-fufions au Royaume,pour l’auenir. Il ne voyoit pointnbsp;que monfieur fi ere du Roy,ni les catholiques, ni le clergé,ni les féruiteurs de la maifon de Guife , fulTent tellement las qu’ils aimalîent le repos pour eux amp; pour lesnbsp;autres. Mais d’autrepart il apperceuoit les maux de lanbsp;guerre,voyoit les plus atfeftionncz fort trauaille2,les E-glifes difsipees, les pays grandement oppreflèz : tant denbsp;lang elpandu flottoit comme deuant fes yeux. Puis ilnbsp;penfoit aux calomnies que fes ennemis amp; enuieux d’v-ne amp; d’autre religion,mettroyent cnau,ât,l’accufans d’e-ftre vn homme turbulent qui ne pouuoit demeurer inbsp;requoy en fa maifon, mais cerchoit toufiours nouueauxnbsp;troubles, pour fes querelles particulières , pluftoft quenbsp;pour autres confiderations. Comme il eftoit agité denbsp;telles
-ocr page 37-L’ESTAT DE FRANCE. 9 «lies penfees, les députez pour le Roy, voulans l’afleu-rer,niettoyenten auanttoutce qui leur eftoit pofsiblc,nbsp;alleguans pour preuuc d’vn fi foudain changement amp;nbsp;haine du Roy de France contre celuy d’Efpagne , qu’vunbsp;certain d’Albene reuenu d’Efpagne quelques fours au-parauant,auoitafleuré le Royamp; la Royne mere ,quenbsp;quelques mois auparauat le Roy Philippe auoit fait em-poifonncr là femme iœur du Roy de France ; amp; que lenbsp;bruit en couroit par toute l’Elpagne : cp qu’il vaut mieuxnbsp;taire maintenant que le defcouurir dauantage,pour l’hô-neur deplufieurs. Cela efmut aucunement l’Amiral ouinbsp;cnclinoit à la paix : mais la follicitation du Conte Ludo-uic qui entédit cefte intention du Roy, le fit pancher entièrement de ce cofte là : tellement qu’induit par tellesnbsp;perfuafions,amp; ne craignant la defloyauté des courtifans,nbsp;la troifiefme guerre ciuile prit fin, amp; fut l’edit de pacification drefl'é en la forme Sc maniéré qui s’enfuit.
CHARLES par la grace de Dieu Roy de France, Troifief-àtousprefens amp; auenir Salut. Confiderans les grands meedn de maux amp; calamitez auenus par les troubles amp; guerres,nbsp;defquelles noftre Royaume à efté longucmët amp; cft encores deprefent affligé, amp; preuoyans la [defolation quinbsp;pourroit auenir, fi(par la grace amp; mifericorde de nolhenbsp;Seigneur) lefdiâs troubles n’eftoyent promptement pacifiez , Nous pour à iceux mettre fin,remedier aux affligions qui en procèdent, remettre amp; faire viure nos fub-iets en paix,vnion,repos, amp; concorde, comme toufioursnbsp;A efté noftre intention. Sauoir faifons qu’apres auoirfurnbsp;ce prins l’auis bon amp; prudent confeil de la Royne noftrenbsp;trefehereamp; treshonnoreeDame amp; mere, de nos tref-chers amp; treiàmez freres les Duc d’Aniou , noftre lieutenant general, amp; Duc d’Alençon, Princes de noftre fang,nbsp;amp; autres grands amp; notables perfonnages de noftre confeil priué. Auons par iceluy leur auis, amp; bon confeil, Scnbsp;pour les caufesde raifons defTufdites amp; autres bonnes Scnbsp;grandes confiderarions à ce nous mouuans ,parceftuynbsp;oqftre prefent Edift perpétuel amp; irreuocable, dit, decla-f®gt;ftatué Si ordonné:difons,déclarons,ftatuons Si ordonnons,voulons Si nous plaift ce qui s’enfuit.
Premièrement, que la mémoire de toute* chofes
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paflees d’vne part amp; d’autre, des amp; depuis les troubles a-uenus en noftredit royaume, amp; à l’occafiond’iceuy, demeure eftainte amp; aflbpie, comme de chofe non aue-nue,fie ne fera loifible ni permis à nos procureurs generaux ni autre perl’onne publique ou prince quelconques» en quelque temps ni pour quelque occafion que ce foitnbsp;en faire mention, proces, ou pourfuite en aucune courtnbsp;ou lurifdiélion.
II. Defendans à tous nos fuiets de quelque eftit amp;nbsp;qualité qu’ils ibyét,qu’ils n’ayent à en renouueler la mémoire, s’attacquer, iniurier ne prouoquer l’vn l’autre parnbsp;reproche de ce qui s’ert paflè;en difputer,contefter,que-reler ne s’outrager, ou ofténferde faiét ou de parole,nbsp;mais fe contenir amp; viure pailiblement enfemble comme freres, amis amp;.concitoyens, furpeiue aux contreue-nans d’eftre punis comme infraékeurs de paix amp; perturbateurs du repos public.
III. Ordonnons que la religion Catholique amp; Romaine , ièra remife amp; reftablie en tous les lieux amp; endroits de ceftuynoftre Royaume amp; pays de noftreo-beiirancc,ou l’exercice d’icelle a efté intermis, pour y e-ftre librement amp; paifiblement exercee fans aucun trouble ni empefehement fur les peines fufdites. Et que tousnbsp;ceux qui durant la prefente guerre , fefont emparez desnbsp;maifons amp; reuenus appartenaus aux Ecclefialüques ounbsp;autres Catholiques , amp; qui les détiennent df occupent,nbsp;leur en delaifleront l’entière poflefsion amp; paifîble iouif-fance , en telle liberté amp; feureté qu’ils failbyent aupara-uant qu’ils en euiïent efté deflaifis.
1111. Et pour ne laiffer occafion de troubles amp; differents entre nos fuiets, leurauons permis amp; permettos, viure amp; demeurer par toutes les villes amp; lieux de ceftuinbsp;noftrc Royaume, amp; pays de noilre obeiflànce,fans eftrenbsp;enquis,vexez ni molefte7.,ne aftraints à faire chofe,pournbsp;le regard de la religion, contre leur confcience : ne pournbsp;xaifon d’icelle eftrerecerchez és maifons amp; lieux où ilsnbsp;voudront habiter , pourueu qu’ils s’y comportent felonnbsp;qu’il eû contenu en ce prefent ediéf.
V. Nous auons aufsipermis à tous Gentils-hommes amp; autres perfonnes tant regnicoles qu’autres, ayans ennbsp;noftrc
-ocr page 39-L’ESTAT DE F R ANC E. À noftre Royaume amp; pays de noftre obeiflance, haute iu*nbsp;ftice ou plain fief de haubert, comme en Normandie,nbsp;foit en propriété ou vfufruia,en tout ou en partie, auoirnbsp;en telle de leurs maifons deldites haute iuftice ou fiefnbsp;qu’ils nommeront pour leur principal domicile à no»nbsp;Baillifs amp; Seneichaux chacun en fon endroit ,\rexercicènbsp;•le la religiô qu’ils difcnt reformee,taamp;t qu’ils y l'erôt re-fidens,amp; en leurs abfences leurs femmes ou famille, dôtnbsp;ils refpondronr,amp;feront tenus nommer lefdites mai-fons ànoidits Baillifs amp; Seiiefchaux, auant que de pouvoir iouir du benefice d’iceluy.Auront aufsi pareil exercice en leurs autres maifons de haute iuftice ou duditnbsp;fief de haubert,t3nt qu’ils y feront prefens, amp; non autrement,le tout tant pour eux que leur famille, fuiets amp; autres qui y voudront aller.
V1. Es maifons de fief où lefdits de la Religion n’auront ladite haute iuftice amp;fiefdehaubert,ne pourront faire ledit exercice,que pour leur famille tant leulemetînbsp;ne voulant toutesfois que s’il y furuient de leurs amis,nbsp;iufques au nombre de dix, ou quelque baptefme preffenbsp;en compagnie qui n’excede ledit nombre de dix, ils ennbsp;puiiTentefce rccerchet.
vu. Et pour gratifier noftre Tante la Royne de Na-uarre, luy auons permis qu’outre ce que ci aeflus aefté ottroyé aufdits Seigneurs hauts iufticiers,elle puifTe d’abondant en chacune de fes Duché d’Albret, Cotez d’Ar-mignac,Foixamp;Bigorre,envnemaifon à elle appartenant où elle aura haute iuftice, qui fera par nous cnoifîenbsp;amp; nommee , auoir ledit exercice pour tous ceux qui ynbsp;voudront afsifter,encores qu’elle en foitabfente.
VIII. Pourront aulsiceux de ladite Religion faire l’exercice d’icelle és lieux qui enfuiuent: Afauoirpourle.nbsp;Gouuernementde l’Ifle de France,aux fauxbourgs denbsp;Clermont en Beauuoifîs, amp; en ceux de Crefpy en Laon-noys.Pourle gouuernement de Champaigne amp; Brye,nbsp;outre Vezelay qu’ils tiennent auiourd’huy, aux faux-bourgs de Villenoce. Pour le gouuernement de Bonr-gonene, aux fauxbourgs d’Arnay le duc, amp; en ceux denbsp;Waillyla ville. Pour le gouuernement de Picardie auxnbsp;fimxbourgs de Montdidier, amp; en ceux de Rybemont.
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Il MEMOIRES DE
Pour Ie gouuernement de Normandie aux fauxbourgj dePonteau-de-Mer,amp;enceux de Carencan. Pour lenbsp;Gouuernement de Lyonnoys aux fatixbourgs de Char-lieu, amp; en ceux deSainftGenydeLaual. Pour leGou-uernement de Bretaigne aux fauxbourgs de Becherel,amp;nbsp;en ceux de Kerhez.Pour le gouuernement de Dauphinénbsp;aux fauxbourgs de Cre{l,amp; en ceux de Chorges. Pour lenbsp;Gouuernement de Prouence aux fauxbourgs de Merin-dol, amp; en ceux de Forcalquier. Pour le Gouuernementnbsp;de Languedoc outre Aubenas qu’ils tienne t auiourdhuy,nbsp;auxfauxbourgs deMontaignac.Pour le Gouuernementnbsp;de Guyenne à Bergerac,outre fiinftSeuerqu’ils tiennétnbsp;aufsi auiourdhuy. Et pour celuy d’O rleans, Touraine,lenbsp;Mayne, amp; Pays Chartrain, outre Sancerre qu’ils tiennétnbsp;au bourg de Maillé.
IX. Et d’abondant leur auons accordé faire amp; continuer l’exercice de ladite religion en toutes les villes oûnbsp;il fe trouuera publiquement fait le i. iour du prefentnbsp;mois d’Aouft.
X. Leur defendant trefexpreflement de faire aucunnbsp;exercice de ladite religion, tant pour le miniftere , quenbsp;reglement,dilcipline, ou inftitution publique des enfansnbsp;amp; .IIItres,fors que és lieux ci delTus permis amp; oftroyez.
X I. Comme aufsi ne fe fera aucun exercice de ladite religion pretcdue réformée , en noftre Cour ny à deuxnbsp;lieues à l’entour d’icelle.
XII. En femblable n’entendôs qu’il foit fait aucun exercice de ladite religiô en la ville Preuofté amp; viconté de Paris, ni à dix lieues .à l’entour d’icelle ville. Lefquellesnbsp;dix lieues nous auons limitées amp; limitons aux lieux quinbsp;enliiyuent ; Sauoir eft,Senlis amp; les fauxbourgs,Meaux amp;nbsp;les fauxbourgs, Melun amp; les fauxbourgs , vne lieue par-delà Chartres fous Mont-Ie Hery , Dourdan amp; les faux-bourgs',Rembouillet,Houdîamp; les fauxbourgs,vne lieuenbsp;grade pardelà MeuIIan,Vigny,Meru, amp; S.Leu de Serens,nbsp;auiquels lieuxfufdits, nous n’entendons qu’il foit fait aucun exercice deladite Religion,fans toutesfois que ceuxnbsp;d’icelle religion puilTent ertre recerchez en leurs mai-fons,pourueu qu’ils fe côportent ainfi que deflîis eft dit.
X111. Enioignonj à no« Senefehaux ou luges erdi'
-ocr page 41-L’ESTAT DE FRANCE, jj ordinaires chacun en leur deftroi£t,!es pouruoir de lieuxnbsp;à eux appartenans,foit de ceux qu’ils ont ia ci deuant acquis ou autres qu’ils pourront acquérir pour y faire l’enterrement des morts : amp; que lors de leurs decez, l’vn denbsp;ceux delamaifon ou famille,l ira dénoncer auCheualiernbsp;du guet,lequel mandera le fofloyeur de laParoifle,amp;:luynbsp;commandera qu’auectel nombre de Sergens du guetnbsp;qu’il trouuera bon de luy bailler, pour l’acompagner, amp;nbsp;garder qu’il ne fe face aucun fcandale, il aille enleuer lenbsp;corps de nuid amp; le porter audit lieu à ce deftiné,fans cô-uoy plus grand que de dix perfonnes : amp; es autres villesnbsp;OÙ n’y aura cheualier du guet, y fera cômis quelque mi-niftre de luftice par les luges des lieux.
XII II. Ne pourront ceux de ladite Religion faire aucuns mariages en degré de confanguinité, ou affinité,nbsp;proliibé par les loix receués en ce Royaume.
XV. Ne fera faite diiference ny diftinftion pour rai-fon de religion à receuoir tant és vniuerfitez, efcoles,nbsp;hofpiuux, maladeries que aufmones publiques,les efco-liers malades amp; poures.
XVI. Et afin qu’il ne foit douté de la droite intentionnbsp;de noftredite Tante la Royne de Nauarre , de noßitsnbsp;frere amp; Confins princes de Nauarre amp; de Condé,pere amp;nbsp;fils,Auons dit amp;declaré,difons amp; déclarons que nous lesnbsp;tenons amp; reputons nos bons parens, fideles ftiiets amp; fer-uiteurs.
XVII. Corne aufsi tous les Seigneurs,Cheualiers, Gé-tils-hômes,officiers amp; autres habitas des villes, commu-nautez, Bourgades amp; autres lieux denoftre dit Royaume amp; pays de noftre obeiflance, qui les ont fuyuis amp; fe-courus en quelque part que ce foit,pour nos bons loyauxnbsp;fuiets amp; ieruiteurs.
XVI II. Et pareillement le Duc des deux Ponts, amp; fes enfans,Prince cPOrenges, Comte Ludouic amp; fes frères, Le Comte Vvolrat de Mansfeld, amp; autres Seigneursnbsp;cftrangers qui les ont aidez amp;fecourus, pour nos bonsnbsp;voifinsparens amp; amis.
Jt I X. Et demourerôt tant noftre dite Tante que nof-'fits frere amp; coufin, Seigneurs,Gétils-hommes, officiers, des villes amp;communautez,amp; autres qui leur ont
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aidé amp; fecouru, leurs hoirs amp; fucceflèurs , quittes amp; def-chargez, comme par ces prefentes nous les quittons amp; defchargeons, de tous deniers qui ont eitépar eux ounbsp;leur ordonnance prins amp; leuez, tant de nos receptes amp;nbsp;finances à quelque fomme qu’ils fe puiffent monter, quenbsp;des villes, cornmunautez ou particuliers, des rentes, revenus 5f argenterie, vente de biens meubles tant Eccle-fiaftiques que autres, bois de haute fuftaye, foit de nousnbsp;ou autreszamendes, butins , rançons, ou autre nature denbsp;deniers par eux prins,tant pour l’occafion de la prelén-te que precedente guerres, fans que eux ni ceux qui ontnbsp;efté par eux commis à la leuee defdits deniers,ou qui lesnbsp;ontbaiilezamp;fourniSienpuilTenteftre aucunemct recernbsp;chez pour le prefent ni a l’auenir, amp; en demourerontnbsp;quittes tant eux quelefdits commis, de tout ledit maniement amp; adminiftration, en rapportant pour toute def-charge,acquitdenoftrediteTante, ou de nofdits frerenbsp;amp; coufîn,amp; de ceux qui par eux auront efté commis!nbsp;l’audience amp; clofture d’iceux.Demoureront aufsi quittesnbsp;amp; defchargez de tous aftes d’hoftilité, leuee amp; conduitenbsp;degens de guerre,fabrication de monnoye,fonteamp;pri-fe d’artillerie amp; munitions,tât en nos magazins que desnbsp;particuliers, confefl:iondepouldresamp; lalpeftres,prinfes,nbsp;fortifications, demantelemens amp; demolitions de villes,nbsp;entreprinfes'fur icelles,brullemens amp; demolitions denbsp;temples amp; rpaifons, eftabliflement de iuftice, iugemensnbsp;amp; executions d’iceux,voyages,intelligences, traitez, negotiations amp; contrats faits auec tous Princes amp; corn-munautezeftrangeres ,introduftion defdits eftrangersnbsp;es villes amp; autres endroits de noftre Royaume.Et généralement tout ce qui à efté fait, géré amp; negotie durantnbsp;amp; depuis les prefens, premiers amp; féconds troubles, encores qu’il deuft eftre particulièrement exprimé amp; Ipe»nbsp;cilié.
X X. Auflî lefdits de la Religion prétendue réformée fe départiront de toutes affociations qu’ils ont dedansnbsp;amp; dehors ce Royaume , amp; ne feront dorefnauant aucunes leuecs de deniers fans noftre permifsion , enrolle-mens d’hommes, congregations ni aflemblees , autresnbsp;que deflus amp; fans armes, ce que nous leur prohibons amp;nbsp;defen-
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défendons, fur peine d’eftre punis rieoureufement, amp; (Comme contempteurs amp;infraûeurs denos commâde-mens amp; ordonnances
XXI, Toutes placesjvilles amp; Prouincesjdemoureront Si iouyrontde mefmes priuileges, immunitez, libertez,nbsp;franchifes,iurifdiöions,amp; ûeges deluftice, qu’elles fai-foyent auparauant les troubles.
ï X 11, Et pour öfter toutes plaintes à l’-àuenir, auons déclaré amp; déclarons ceux de ladite religion capables denbsp;tenir amp; exercer tous eftats, dignitez amp; charges publiques. Royales, Seigneuriales,amp; des villes de ce Roy?u-ine:Et eftre indifféremment admis amp; receus en tous cô-feils,deliberations,alTemblees, eftats amp; fondions qui dependent des chofes fufdites.fans en eftre en forte quelcônbsp;que reiettez.ne empefehez d’en iouyr incontinent apresnbsp;la public.ition de ce prefent edid.
XXIII. Et ne pourront lefdits de la Religion pre-tédue réformée,eftre ci apres fujehargez, ny foulez d’au cunes charges ordinaires ni extraordinaires plus que lesnbsp;Catholiques,amp; felon la proportion de leurs biens amp;fa-cultez.Et neantmoins attendu les grandes charges quenbsp;prennent à porter ceux de ladite Religion, ils feront defnbsp;chargez de toutes autres,que les villes impoferont pournbsp;les defpences paflèes : mais contribueront à celles quenbsp;nous impoferons;Pareillemét à celles des villes à l’aue-nir,comme les Catholiques,
XXI III. Seront tous priibnniers qui font detenus foitparauthoritéde iuftice ou autremêt,mefmes es gai-leres,à l’occafion des prefens troubles,eflargis amp; mis ennbsp;libertéd’vn coftéamp; d’autre,fans payer aucune rançon.nbsp;N’entendâs toutesfois que les rançôs qui ont efté ia payees puiflent eftre répétées for ceux qui les aurôtreceuës,
XXV. Et quant aux differens qui pourroyent interue-nir à caufe defdites venditions des terres, ou autres immeubles,obligations ou hypotheques faites à l’occafion »lefdites rançons, comme aufsipour toutes autres dilpunbsp;tes dépendantes du fait des armes, qui pourroyent forue
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XXVI. Nous ordonnons, voulons amp; nous plaift que tous ceux de ladite religion tant en general que particunbsp;lier,retournentamp;foyent conferuez,maintenus Regardeznbsp;fous noftreproteftion amp; autliorité, en tous amp; chacunsnbsp;leurs biens,droits amp; aftions,honneurs,eftats,charges,pê-fions amp;dignite2,de quelque qualité qu’ils foyent,lauf lesnbsp;Bailli6amp; Senelchaux de robbe longue amp; leurs Lieute-nans gencraux;au lieu delqucls a efté par nous pourueunbsp;de leurldites offices fur les plus clairs deniers de nos finances, fi mieux ils n’ayment eftre Confeillers en nosnbsp;Cours de Parlemens,de leurs reirorts,ou grand Confcil,nbsp;à noftre choix.Auquel cas ne feront rembourfez que denbsp;la plus valeur defdites offices, fi elle y efehet,comme aufnbsp;fi payeront le parenfus fi leurs offices font de moindrenbsp;valeur.
X X V 11. Les meubles qui fe trouuerôt en nature amp; qui n’auront efté prins par voye d’hoftilité, feront rendus ànbsp;ceux à qui ils appartiennent, en rendant toutesfois auxnbsp;acheteurs le pris de ceux qui auront efté vendus par au-thoritc de iuftice ou par autre commifsion ou mandement public tant des Catholiques que de ceux de laditenbsp;Religion. Et pour l’execution de ce que deflus, ferontnbsp;contraints les détenteurs defditsbiens meubles fuiets ànbsp;reftitution,incontinent amp; fans delay, nonobftant toutesnbsp;oppofitions ou exceptiôs, les rendre amp; reftituer aux pronbsp;prietaires pour le pris qu’ils en auront payé.
xxvii I. Et pour le regard des fruits des immeubles,vn chacun rentrera en fa maifon, amp; iouyra recipro-quemétdesfruiâsdelacueillette delaprefente annee. Nonobftant toutes faifies amp; empefehemens faits au connbsp;trairedurant les troubles. Comme aufsi chacun iouyranbsp;des arrerages des rentes qui n’auront par nous efté pri-fes ou par noftre commandement, permifsion ou ordonbsp;nance de nous ou de noftre iuftice.
XXIX. Aufsi les forces amp; garnifons qui font ou ferôt és maifons,places, villes amp; chafteaux appartenans à nof-dits fuiets de qu elque religion qu’ils foyent,vuideront innbsp;continent apres la publicatiô du prefent Ediâ, pour leur
enlaificr
L’ESTAT DE FRANCE. 17 en laifler la libre amp; entière iouiflance, comme ils l’a-uoyent auparauant en eftre defailîs. !
xïx. y oulons pareillement que nos chers amp; bien a-xnez confins le Prince d’Orenge Sc Comte Ludouic de ¦¦ Nanfau fon frere.foyent effeChuellement remis amp; reintcnbsp;grez en toutes les terres,feigneuries amp; iuriidictiôs qu’ilsnbsp;ont dans nofdits Royaume amp; pays de noftre obeiflan-ce, enfemble de la principauté d'Ôrenge, droits, titres,nbsp;papiers,documens ôi dependences d’icelle ,prinfes parnbsp;nos Lieutenans generaux amp; autres nos miniftres parnbsp;nous à ce commis, ou autrement, lefquelles feront auditnbsp;Prince d’Orenge amp; Comte fon frere, remis amp; reftablisnbsp;au inefme eftat qu’ils y eftoyent au parauantleldits trounbsp;bles.'iouvront d’icelle d’oremauant amp; fuyuant les proui-fions, arreftsSc declarauons accordées par feu de tref-loiiable mémoire noftre treshônoré Seigneur amp; pere lenbsp;Roy Henry, que Dieu abfolue, amp; autres nos predecef-Icurs Roys,comme ils faifoyentau parauât les troubles.
XXXI. Comme en femblable, nous entendons que tous titres,papiers, enfeignemens, amp; documens qui ontnbsp;efté prins,foyent rendus amp; reftituez d’vne part amp; d’au-tre,à ceux à qui ils appartiennent.
XXXII. Et pour eftaindre amp; aflopir, autant que faire fe pourra,la mémoire de tous troubles amp; diuifiohsnbsp;pairees:Auons déclaré toutes fentences,iugemés,arrefts,nbsp;amp; procedures,faifics,ventes amp; decrets faits amp; donnez conbsp;Ire lefdits de la religion prétendue reformee,tant viuans'nbsp;que morts,depuisle trelpas de noftre treshonnoré Seigneur amp; pere le Roy Henry, à lloccafionde ladite reli-gion,tumultes amp; troubles depuis auenusiEnfemble l’exenbsp;cution d’iceux iugemens amp; decrets,des à prefent caftez,nbsp;reuoquez amp; adnullezdefquels àceftecaufe nous voulonsnbsp;eftre rayez amp; oftez des regiftres de nos Cours tant fou-neraines que inferieures, côme aufsitoutes marques ve-ftigesamp;monumens defdites executions,liures amp;a£les'nbsp;diffamatoires contre leurs perfonnes mémoire amp; poftenbsp;ricé,ordonnons le tout eftre ofté amp; effacé . Et les placesnbsp;efquelles ont eftéfaites pour cefte occafion, demolitiösnbsp;ou razemens, rendues aux proprietaires d’icelles, pournbsp;en vfer amp; difpofer à leurs volonteï.
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XXXIII. Et. pour le regard des procedures faites,iu gemens amp; arrefts donnez contre lefdits de la religion,eqnbsp;quelcoques autres matières que defdites religion amp;trounbsp;bles,enfemble des prefcriptions amp; faifies féodales , ef-cheües pendant les prefens , derniers amp; precedens troubles, coin encans l’an cinq cens lxvii. feront eftimees cônbsp;me non faites,données ny auenues: amp; ne pourrôtles parnbsp;ties s’en aider aucunement, ains feront remis en l’eliatnbsp;qu'ils eftoyent auparauant iceux.
X X X 1111. Ordonnons aufsiquc ceux de ladite Reli gion demoureront aux loix politiques de noftre Royaunbsp;merafauoirque les, feiles feront gardées, amp; ne pourrontnbsp;ceux de ladite Religion befongner, védre ny eftaller lefnbsp;ditsiours.Et les ioursmaigresdefquels l’vfage delà chairnbsp;cft défendu par ladite Eglife catholique amp;Romaine,lcsnbsp;boucheries ne s’ouuriront.
XXXV. Et afin que la luftice foit rédue amp; adminiftrec à nos furets fansfufpition d’aucune haine oufaueunNousnbsp;auons ordonné amp; ordonnons,voulonsamp; nous plaift.quenbsp;les proces amp; differents meuz amp; à mouuoir entre partiesnbsp;cftans de contraire Religiô,tant en demandant qu en defendant en quelconque matière ciuile ou criminelle quenbsp;ce foit, fovét traiftees*en premiere inftace deu,ït les Bailnbsp;lifs,Senefchaux,amp; autres nos luges ordinaires,fuiuât nosnbsp;ordonnances , amp; où il eicherroit appel en aucune denosnbsp;Cours de parlemétsrpour le regard de celuy de Paris,quinbsp;eilcôpofé dcfeptch.ibres,la Grande, laTournelle,amp;cinqnbsp;des Enqueftes,ceux de la Religion prétendue reformeenbsp;pourront fi bon leur femble és caufes qu’fis aurôt en chanbsp;cyne dcfdits chambres, requérir que quaire,foit Prefîdétnbsp;ou Confcillers,s’abftiennent duiugementde leurs pro-ces,lcfquels fans aucune exprefsion de caufe feront tenus de s’en abftenir,nonobftant l’ordonnance,par laquelnbsp;le les Prefîdens amp; Confeillers ne fe peuuét tenir pour renbsp;cufCzfanscaufe.Et outre ce,contre tous autresPrefîdensnbsp;amp; Confeillers leurs feront referuees toutes recufatiôs denbsp;droit,luyuant les ordonnances.
XXXVI. Quant auxproces qu’ils auront au Parlemét dcThoulouze^ les parties ne fe peuuentaccorder d’autre Parlement, feront renuoyez par deuers les maiftresnbsp;des
S
-ocr page 47-L’ESTAT DE FRANCE. 19 des requeftes de noftre hoftel en leur auditoire au Pa*nbsp;lais àParis.’Iefquels iugeronc,leurs proces indifferemmê^nbsp;en dernier reilbrt Sc louueraineté,amp; comme s’ils eufsétnbsp;efte jugez en nofdits Parlements.
XXXVI ï. Etpourle regard de ceux de Rouen, Dijon,Prouence,Bretaigne amp; Grenoble, pourront requérir que lîx Prefidens ou Confeilliers s’abrtiennentdu jugement de leurs proces, à raifon de trois pour chacunenbsp;chambre.Etenceluyde Bordeaux,! raifon de quatre ennbsp;chacune chambre.
XXXVII I. Les Catholiques pourront aufsi requérir, lî bon leur femble.que tous ceux defdites Cours quinbsp;ont efté defehargez de leurs eftats pour raifon de la Relinbsp;gion par lefdits Parlements , s’abftiennent du iugementnbsp;de leurs procesraufsi fans aucune expreision de caulê , amp;nbsp;feront tenus iceux de s’en abftenir. pareillement leur feront referuees contre tous autres Prefîdensamp; Cofeillers,nbsp;toutes les reculations ordinaires, amp; de droitl, accordées
par les ordonnances.
X X X IX. Et par ce que plufîeurs particuliers ont re-ceuamp; fouiFerttant d’iniures amp; dommages en leurs biens amp;perfonnes,que difficilement ils pourront en perdre finbsp;toit la mémoire, comnie il feroit bien requis pour l’exenbsp;cution de noftre intention, voulans euiter tous inconue-njens,amp; donner moyen à ceux qui pourroyent eftre ennbsp;quelque crainté retournans en leurs maifons, d’eftre pri-uez de repos , attendant que les rancunes amp; inimirieznbsp;foyent adoucies:Nous auons baille en garde , .à ceux denbsp;ladite Religiomles villes de la Rochelle, Mont-auban,nbsp;Congnac,amp; la Charité, eiquelles ceux d’entre eux quinbsp;aevoudront fi toft s’en aller en leurfdites maifons, fenbsp;pourront retirer amp; habituer. Et pour la feureté d’icelles nofdits Frere amp;Coufin,les Princes de Nauarreamp;nbsp;de Condé amp; vingt Gentils-hommes de ladite Religionnbsp;qui feront par nous nommez, iureront amp; promettrontnbsp;vn feulât pour le tout,pour eux 8c. ceux de leurditenbsp;Religion de nous garder lefdites villes, 8c au bout amp;nbsp;terme de deux ans les remettre és mains de celuynbsp;qu’il nous plairadeputenen tel eftatqu’elles font, fans ynbsp;nen innouer ni älterer amp; lans aucun retardement ou
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difficulté pour çaufe ou occafion quelle quelle foit, aa ' bout duquel terme l’exercice de ladite religion y fer*
«ontinué j comme lors qu’ils les auront tenues: néant-moins voulons amp; nous plaiû qu’en icelles tous ecclefia-ftiques puillênt librement rentrer amp; faire le feruice di-uin en toute liberté, amp; iouyr de leurs biens, enlémble tous les habitans Catholiques d’icelles villes:lefquels ec-clefiaftiques amp; autres habitansmofdits frere amp; Coufin Sinbsp;autres Seigneurs prendront en leur proteâion amp;fau-uegarde,à ce qu’ils ne foyent empefehez à faire ledit fernbsp;nice diuin, moleftez ne trauaillez en leurs perfonnes amp;nbsp;en la iouyflance de leurs biens: mais au contraire remisnbsp;amp; réintégrez en la plaine poflefsiond’iceux. Voulans ennbsp;outre que efdites quatre villes, nos luges y foyent re-ftablis amp; l’exercice de la luftice remis, Comme il fouloitnbsp;eftre au parauant les troubles.
X i. Voulons femblablement que incontinent apres la publication de cedit prefent edifh, faite és deux caps,nbsp;les armes loyentpar tout généralement pofees.lefquel-Jes demoureront feulement entre nos mains amp; de no-ftre trelcher amp; trefamé frere le Duc d’Anjou.
XII. Le libre commerce amp;paflàge fera remis par toutes les villes,bourgs amp; bourgades .pontsSepaflagesnbsp;de noftredit Royaume, en l’eftat qu’ils eftoyent aupara-nant les premiers amp; derniers troubles.
X L 11. Et pour^euiter les violences amp; contrauentios qui fe pourroyent commettre en plufieurs de nos villes,nbsp;ceux qui feront par nous ordonnez pour l’execution dunbsp;prefent edift, les vns en l’abfencedes autres, ferontiurernbsp;gux principauxhabitansdefditesvilles des deux religiösnbsp;qu’ils choifîrOnt.l’entretenement amp; obferuarion de no-{ireditedia, mettront les vns en I.a garde des autres , lesnbsp;cliargeronî refpefriuement amp; par atte public de refponnbsp;drcciuilefnentdes contrauentions qui (oront ûite« audit edift dans ladite ville, par les habitans d’icelle refpe-ftiuement.ou bien reprefenter amp; mettre éamains de lanbsp;luftice lefdits conrreuenans.
xiiti. Et afin que tant nos lufiieiers amp; Officiers quetousautres nosfuicts. foyent clairementamp;auectounbsp;wçcrtitude,auertis de nos vouloir amp; intention: Et pournbsp;öfter
-ocr page 49-L’ESTAT DE FRANCE. n citer toutes doutes,ambiguitcz amp; cauillanons qui pour-royent eftre faites au moyen des precedens ediâs:Nousnbsp;auons déclaré amp; déclarons tous autres edifts, lettres,de*nbsp;clarations,modifications, reftrinûions amp; interpretatiös.nbsp;arreftsamp; regiftres,tant lecrets que autres deliberationsnbsp;ty douant faites en nos Cours de Parlemês, amp; autres quinbsp;par ci apres pourroyent eftre faites au preiudicc de no*nbsp;ftre prefent ediét, concernant le faitt de la Keligiô amp; desnbsp;troubles auenus,en ceftuv noftre Royaume, eftre de nulnbsp;elfeftamp;valeur.Aufquelsamp;aux dérogatoires y côtenus,nbsp;auons par iceluy noftredit Edift,derogé amp; dérogeons,amp;nbsp;des à prefent comme pour lots les caftons, reuoquons amp;nbsp;adnullons,declarantpar expres que nous voulôs quece-ftuy noftredit edift foit feur,ferme amp; iniiiolable, gardénbsp;amp; obfcrué,tant parnofdits lufticiers Si Officiers que fu-iets,fans s’arreftern’y auoir aucun efgard à tout ce quinbsp;pourroit eftre contraire amp; dérogeant à iceluy.
XL 1111. Et pour plus grande afteur.rnce de l'entrc-tenement amp; obferuation que nous délirons d’iceluy : Voulons,ordonnes amp; nous plaift que tous gouuerneursnbsp;de prouinces, nos lieutenans- generaux, baillifs, fenef-cbaux amp; autres luges ordinaires des villes de ceftuy noftre Royaume,incontinent apres la receptio d’iceluy no-ftredit ediét, jureront de le garder amp; obferuer,faire garnbsp;der obferuer amp; entretenir chacun en leur deftroir, comme aufsi feront les Maires, Efcheuins,Cappitoulx,amp; autres officiers annuels ou temporels,tant les prefens apresnbsp;la reception dudit ediû, que leurs fuccefleurs, au fermernbsp;qu’ils ont acOuftumé faire à l’entree de leurfdites charges amp; offices,defquels fermens feront expedier.aftespunbsp;Blies à tous ceux qui les requerront.
XIV. Mandons aufsi à noz amez amp; féaux les gens de nos Cours de Parlement,qu’incontinent apres le prefent edict receu, ils aycnt,toutes chofes ceflantes, amp; fufnbsp;peine de nullité des aftes qu’ils feroyent autrement, faite pareil ferment,amp; iceluy noftredit edifl faire publiernbsp;amp; enregiftrer en noldites Cours felon fa forme amp; te-^pur.purementamp;fimplement, fans vfer d’aucunes modifications , reftrinftions, declarations, ou regiftre fe-crct,ny attendre autre ùifsion ne mandement de nous:
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-ocr page 50-U. MEMOIRES DE
Et à nos Procureurs Generaux en requérir amp; pourfuy* ure incontinent amp; fans delay ladite publication: laquellenbsp;nous voulons eftre faite aux deux Camps amp; armees,dedans fix iours apres ladite publication faite en noftrenbsp;Cour de Parlement à Paris, pourrenuoyer aufsi toft lesnbsp;eftrangiers;enioignant pareillement à nos Lieutenâs genbsp;neraux amp; gouuerneurs, d’iceluy noftredit ediftfaire aufnbsp;fi incontinent publier tant par eux que les Baillifsamp; Senenbsp;fchauxiMaires, EfcEeuins,Capitoui2,amp; autres luges ordinaires des villes de leurdit gouuernement, amp; par toutnbsp;où il appartiendra:cnfcmble icelui garder obferuer,nbsp;amp; entretenir chacun en fon endroit, pour au pluftoft faire cefler toutes voycs d’hoftilité,amp; empefcher que toutes impofitions,faites ou à faire à l’occafion defdits trou-bles,foycntleuees apres la publication de noftre prefençnbsp;cdift.Ce que deflors de ladite publication, nous declaresnbsp;eftre fuiet à punition amp; reparation,fauoir eft cotre ceuxnbsp;quivferont d’arm es,forces amp; violencesen la contrauen,,nbsp;tion amp; infraftion de ceftuy noftre prefent edift, empef-chans défait l’execution oùiouiflànced’iceluy,depeinenbsp;de mort fans efpoir de grace ni remifsion. Et quant auxnbsp;autres contrauenrions,qui ne feront faites parvoyes d’arnbsp;mes,force amp; vio]ence,feront punis par autres peines cornbsp;porelles,banniflemens, amendes honnorables amp; autresnbsp;pécuniaires felon la grauité amp; exigence des cas, à l’arbitre amp; moderation des luges à qui nous en auons attribué la conoifrance,chargeant en ceft endroiét leurs honnbsp;neurs amp; confciences,d’y procéder auec la iuftice amp; egalinbsp;té qu’il appartient fans acception ou difterence de per-fonnes ni de religion.
XL vl. Si donnons en mandement à nofdites gens re nans nofdites Cours de Parlemens, Chambre de nos Cônbsp;ptes,Cours de nosAydes,Bainift,Senefchaux,Preuoftsamp;nbsp;autres nos lufticiers Officiers qu’il appartiendra,on ànbsp;leurs Lieutenans,que cellui noftre prefent ediél amp; ordô-nance ils faccntlirc,publier amp; enregiftrer en leursCoursnbsp;amp; lurifdiélions.-Eticeluy entretenir , garder de obferuernbsp;inuiolablementde point en point,amp; ducontenu ioüir Sinbsp;vfer plainement amp; paiiîblement tous ceux qui appartiennbsp;dra,cef[ans amp; faslans cefler tous troubles amp; empefehe-mens
-ocr page 51-L’ESTAT DE FRANCE. 2j mens au contraire : car tel eft noftrc plaifir. En tefmoinnbsp;dequoy nous auons iîgné ces prefentes de noftre proprenbsp;main,amp; À icelles,afin que ce foit chofe ferme amp; ftable inbsp;loufioursifait mettre amp; appofer noftre feel.
O N îq £ i S.Germain en Laye au moys d'Aouft, l’an de grace i j y-a. amp;c. de noftre regne le dixiefme.
Signé, CHARLES.
£t au déflbus,par le Roy cftanten fon Confeil,
Signé, D £ N £ Vf ï I ti £.
Et à cofté vifa,amp; feeliees du grand feel en cire verd en liz de foye rouge amp; verd.
Quelque peu de temps au parauant ceft edit, l’ambaf-fadeur d’Elpagne eftanten cour tafchoit par tousmoyés de deftourner le Roy amp; Ion confeil de faire paix. Au cô-traire le Roy amp; fa mere,voulans monftrcr que leur défit eftoit de pacifier les troubles, communiquèrent leurnbsp;intention à quelques Princes d’Alemagne,au Comte Palatin,au Duc de Saxe,au Marquis de Brddebourg, au Ducnbsp;de Vittemberg.aux Lantgraues de Hell'e,au Duc d’Ho-ftain amp; au Marquis de Bade.Mais c’eftoit vne belle pipeenbsp;pour attirer plus aifémét les oileaux. Ils eftimoyëtdcncnbsp;qu’en reiettant le confeil de l’Efpagnol qu’ils faifoyentnbsp;parler comme leur plaifoit, amp; en lé faifant folliciter parnbsp;les Princes Alemâds; l’Amiral amp; les fiens croiroyent ai-feurémétquela paix feroitferme,amp;qu’ôen vculoitvoi-rementau Roy d’E/pagne.Aufsi ces Princes Proteftîs efnbsp;criuirétaumoisdeluin dumeimean deux lettres l’vnenbsp;au Roy, l’autre à la Roynefa mere, pour les exhorteranbsp;mettre à fin cefte leur bonne intention. On fit courir lenbsp;bruit que ces lettres auoyêtfortauancé la paix : carquâcnbsp;àlaguerredeFlandres,ontenoitcela bien fecret, pournbsp;mieux faire valoir labefongne.
Rufes de la Royn«nbsp;mcie amp;lt;lunbsp;Cardinal.
L’Empereur auoit efcrit aufsi qu’il ne pourvoit plus empefcherque les Reytresamp; Lanfqaenetsn’allalTencaunbsp;fecours de ceux de la Religiô: amp; n’y auoit apparcce qu’ilnbsp;vouluft bailler la fille au Roy,qui lademâdoiten mariage,que preallablement toutes ces guerres ciuilcs quiruinbsp;noyét la Frâce ne fulTent eftaintes.Ces lettres,amp; la pour-fuite de ce mariage du P,.oy auec madame Elizabeth,nbsp;feruirétaidsi pour faire péfer qitelque bié de cefte paix.
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Fimlementceft ediä fut publié lexi.d’Aouftau parle» ment de Paris,amp; le xxvi.dumefmeinoisàja Roclielle.nbsp;Et pour plus grade afleurâce, outre les quatre villes bailices en garde à ceux de la Religion, le Roy vouloir que-fous les parlemens,gouuerncurs,Iufticiers amp; officiers denbsp;la Couronne iuraffcnt fo'cnncllemcnr de le faire exaétcnbsp;ment obferuer félon fa forme amp; teneur.Incôtinent ceuxnbsp;de la Religion pofent les armes,amp; dônent congé à leursnbsp;Reyrres , qu’ils conduifent iufques hors du Royaume.nbsp;Chafcun feretirechezfoyauec bonne opinion que celle paix feroit de longue duree.Car leRoy d’vn cofté nenbsp;chantoitque de paix.Samere faignoit en eftrefort aife.nbsp;Et encores que le Duc d’Anjou monftraft alTez ouucrte-ment quelque maltalent contre ceux de la Religiô,fi eft-ce qu’on elpcroitque celle ardeur de ieunelTe le refroidinbsp;roit auec le temps.Les Catholiques pour la plufpart n’e-lloyentpas marris de voir ceux de la Religio rentrer ennbsp;leurs biens amp; eftats.Qpiantàceux à qui les mains deminbsp;geoyent encor,ils fembloyent eftre en fi petit nombrenbsp;amp; de fi foible eftoft'e qu’on ne môftroit ligne aucun d’ennbsp;auoirpeur.
La Royne de Nauarre eftoitdemeuree à la Rochelle, Â: auoitafsifté à la publicatiô de l’edi cl auec le Comte denbsp;la Rochefoucaut,laNoüe amp; quelques autres gentilshô-mes.Peu de temps apres y arriuercnt le Prince deNauarnbsp;re,le Prince de Coude, l’Amiral amp; plufieuts autres fei-gneurs amp; gentils-hommes de la Relig'ion,apres auoir iunbsp;ré d’étretenir la paix:afinde lailTerrafleoirles efmotiSînbsp;des catholiques,fe rafrefehir de leurs trauaux,auifcr à cenbsp;qui feroit requis amp; necelïàire de leur part tâc pour pour-noir aux villes que le Roy leur auoit baillées en garde,amp;nbsp;pour la conferuationdefquelles ils eftoyent folennelle-ment obligez,que pour auifer en commun aux chef«nbsp;dont il faudroit donner auertiflemenbpour l’entretene-ment de l’edit.
Maiiaee Apres la conc!ufionalt; accord de mariage du Roy a-' duRoÿa- la fille de l’Empcreur, Villeroy fecretaire d’eftatnbsp;ucclafille fut enuoyé en Allemagne pour les particularitezqui fenbsp;dcl’Enipe pouuoyentprcfenter en ce mariage. Leschofes eftansnbsp;accordeesrle Comte de Rets, fut enuoyé vers l’Empe»nbsp;reut
-ocr page 53-L’ESTAT DE FRANCE. 25 leur, aucc ample pouuoïrdc tout acheuer , amp; procuration i Ferdüiid frere dudit Empereur, pour efpoufer parnbsp;paroles de prefent,au nom amp; comme procureur du Roynbsp;ladite dame Elizabeth.CequifutfaitàSpire,oulescftat»nbsp;de l’Empire eftoyent lors afîcmblez,amp; ouTEmpercurnbsp;auoit amené fa femme amp; fadite fille pour eflre plus presnbsp;de France. Par mefme moyen furent députez l’Arche-uefque de Treues, elefteur de l’Empire,rEuefque denbsp;Strasbourg, le Marquis de Bade, amp; le Conte de Solernnbsp;pour amener ladite dame au Roy . Or eftimoitle commun,que la Roynemere auoit poiirfuiui ce mariage,nbsp;tantpour l’alliance en vnefi grande maifon ,que poürnbsp;Voirie Roy fon fils pere de plufieurs enfans, amp; par cenbsp;moyen fe donner du repos amp;. plaifir à l’auenir.Mais ellenbsp;auoitbien de plus hautespenfees. Son defir cftoitde demeurer en bon mefnage auec fon gendre le Roy d’Ef-pagne,qui efpoufoit l’autre fille de l’Empereur. D’autre-part elle ne vouloir pas amener au royaume quelque fine femme qui aucc le temps luy coupait l’herbe fous lesnbsp;pieds.Elle cognoifloitafiez.parle rapportde ceux qu’elle auoit embefongnez en ceil ataire,quc Madame Elizabeth eftoit d’vn naturel fortfimple,qui lelairroit menernbsp;comme on voudroit. Outreplus elle auoit vnemerucil-leufe enuie d’auoir en fapuillànce laRoyncdeNauarre,nbsp;les princes,amp; l’Amiral.Pourtant fait elle harter ce maria-ge, amp; pendant qu’on amenoit l’efpoufe , fait inuiter aux jReligiSnbsp;nopces lefdits Princes,rAmiral amp; autres Seigneurs de la cor.uieznbsp;Religion,aucc les plus doux propos du monde. Et d’au-aux nop-tant qu’elle fauoit afiez combien fes allechemens eftoy* «s-ent fufpcéts : elle faifoit parler le Roy, amp; enuoyer à lanbsp;Rochelle ceux qu’ô eftimoit porter quelque faneur auf-dits Seigneurs de la Religion . Ces Princes amp; Seigneursnbsp;s’exeufent, alléguant l’incommodité du temps, Çeftantnbsp;l’hyuer fort auancé) amp; les dangers des chemins, d’autantnbsp;qu’il y auoit de grandes efmotions en diuers lieux.Erief,nbsp;que s’ils marchoyent en petite troupe,cela pourroit causer quelque grand mal fur eux . Si au contraire ilss’ac-'ompagnoyent S: pour la feurté du chemin, amp; felô leursnbsp;* ^ts.pour faire honneur au Roy, il auiendroit que leurnbsp;prclence en eour feroit plut cnnuycul'e que plailàntc. La
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Royne entendant celle refpóce n'ofa toutesfois reculer, car Madame Elizabeth approchoit, amp; le Roy qui auo«nbsp;veu des pourtraits de fa future efpoufejpreflbit î’afaire.Ilnbsp;relia d’auifer en quel lieu fe feroit le mariage. On vouloir du commencement que ce full 1 Reimsiautresfois 3,nbsp;Compiegne oulespreparatift auoyent efté faits, puis ànbsp;Soiffons: mais les chofes fe pafTans ainlî on print prétexté qu’il fafeheroit aux eftrangers de venir fi auantnbsp;dans le Royaume, en temps diuers amp; incommode ;amp;nbsp;pourtant le Roy trouua bon d’aller iufqu’à Mezieres ville frontière fur les marches de Champagne amp; de Luxembourg,delà la riuieredeMeuze.Ce lieu de foyeftoitnbsp;fort incommode pour celt elfe ft, tant pour ellre eftroitnbsp;que pour ellre ville de guerre. Toutesfois comme lanbsp;puilTance des Roys de France ell telle, que par grandesnbsp;defpences amp; artifice de leurs fuiets, ils fout ployer toutes chofes ,amp; les rendent propres à leurs defîrs, le toutnbsp;fut preparé de forte que d’vue ville de guerre on en fitnbsp;vne ville de triomphe.
Le Duc de Ce mariage duRoyfaifoit penfer fa mere amp; quel-d'”ter quot;sr *1“®’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fecrets confeillers à. vu autre ma-
• pourquôy. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;äfauoir du Prince de* Nauarre auec madame Mar-
’ guerite, fœur du Roy : pour feferuir de cela à beaucoup d’occurrences, amp; de celle pierre faire plufieurs grandsnbsp;coups , comme il fera déduit plus amplement ci apres.nbsp;Celle penfee de la mere fit que le Duc de Guife fe trouua en grand danger à caufe de la fille. Ellant venu ennbsp;cour., apres l’edit de pacification , comme c’eft vn fei-gneur façonné de main propre pour entretenir chaf-cun,amp; qui a beaucoup de bouches à commandementnbsp;pour publier fes louanges, ioint qu’il fe faitaflez mon-llrer, il efloit cartlTédes Dames, entre lefquelles madame Marguerite luy portoit fi bon vifage , que la Royne entendit, que fi cela continuoit, il n’y auoit autrenbsp;apparence finon que le Duc de Guife pourvoit deuenirnbsp;fon gendre. Combien qu’elle aimall ce ieune flt;|gneur,nbsp;toutesfois voulant fe feruir de fa fille, comme on lenbsp;verra cy apres, amp; préférant fa pafsion à toutes autresnbsp;conliderations , délibéra de reprimer le Duc de Guife. Elle ne luy en voulut faire parler, fe doutant qu’ilnbsp;auroit
-ocr page 55-L’ESTAT DE FRANCE. 27 auroitexcufeprompte. D’en reprendre fa fille,c'euftnbsp;efté afièz mal à propos, amp; y euft eu danger d’approcher plus pres le feu des eftouppes. Au lieu de tout cela, elle dit au Roy amp; au Duc d’Anjou fon frere,cjuelenbsp;DucdeGuife s’ingeroit de faire l’dmour à leur fœur,nbsp;qu’ils ne deuoyenc pas endurer que ce petit galand (ain-u l’appeloit elle ) full fi outrecuidé de Touloir efpou-fêr la four de fon maiftre. Brief, elle exaggere tellement ce fait, qu'eux concluent de le tuer. Peu s’en fa-lut que le Duc d’Anjou premièrement, puis apres lenbsp;grand Prieur ,ba(lard du feu Roy Henry, n’en fuilent lesnbsp;executeurs. Toutesfois pour quelques conliderationsnbsp;amp; bien grandes priuautez qu’ils auoyent eues aoec leditnbsp;de Guile , il s’en déportèrent. Et cela s’efuanouit, iointnbsp;que le Duc de Guife ayant fenty quelque vent du def-pit de la Roynemere contre luy,fe déporta ; en afpirantnbsp;àlaveufuedu Prince de Porcian,qu’il efpoufi finalement, amp; en furent faites les nopces à Paris, en l’holleinbsp;de Guife, ou le Roy amp; fes frétés afsiftcrent, non tantnbsp;pour honnorer refpoux,que pour l’entretenir à leur fer-uice : eSme aufsi depuis la Royne mere luy porta meilleur rifage que deuant.
Le Roy ayant eu auertiflèment que madame Eli- Solenitei zabeth approchoit, enuoya fes deux frétés, amp; le Ducnbsp;de Lorraine pour la receuoir ,amp; amener à Sedan villenbsp;appartenant en fouueraineté au Duc de Bouillon ,afsi-fe fur la riuiere deMeuze amp; prochaine des Ardennes:nbsp;au deffus de laquelle ville eft le challeau fort amp; mu-ny, autant qu’autre place de l’Europe. Les deux frétésnbsp;du Roy arriuez à Sedan amp; aduertis que Madame Elizabeth eftoit à deux lieues de là,partirent le vingt amp; qua-triefme de Nouembre, acompagnez des feigneurs de lanbsp;maifon de Guife amp; de Môtmorency, ducheualierd’An-goulefme,Tauannes,Chauigny,Mompefat,Lavauguyon.nbsp;Suzes, Carnauallet, Lignerolles, Cheuerny , Villequier,nbsp;Sainfl: Sulpice,du cheualier Sevre amp; de grand nôbre d’aunbsp;tres feigneurs amp; gétilshômes,pour l’aller receuoir.L’ay-jris rencontrée dans vn coche tiré par quatre cheuauxnbsp;hongres blancs, doré, couuert de velours gris à grandnbsp;broderie de blanc amp; incarnat, le haraois des cheuaux de
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ftiefme façon,fuiui de trois coches pareils, danslefquels eftoitlaConteffc de Fiefque , Sc la Dame de Madruce,nbsp;amp; dans les deux autres plufieurs Damoifelles: elle fut fa-luee deldits Princes freres du Roy, du Duc de Lorraine,nbsp;amp; autres principaux Seigneurs. Puis apres quelques propos en François amp;Aleman,lefquels la Dame d’Aramber-gue cxpofoit, ils remontent à cEeual,amp; tous enfcmblcnbsp;arriuent à Sedan , ou le Roy vint en porter S; apres auoirnbsp;veu ia femme , fans encores fe faire cognoiftre à ellenbsp;(car il eftoit éaché pârmy la troupe qui la regardoitnbsp;monter au chafteau) il s’en retourna coucher auprès denbsp;Mexieress’efiouiflantd’auoirtrouué femme à fon contentement. Le lendemain apres difnerla Royne motitenbsp;en fon coche ,amp; eftant acompagnee des princes amp; fei-gneurs fufnom mez,arriua fur le foir à Mezieres, amp; ayâtnbsp;efté receué de fa belle mere acompagnee de la ducheflenbsp;de Lorraine, de madame Marguerite, des Cardinaux denbsp;Bourbon, de Lorraine amp; de Guife amp; autres : puis ayantnbsp;crté faliieeduRoy,elle fetrouuaaufertinfait aufoir.Lenbsp;lendemain l’Elefteur de Treues amp; les autres députeznbsp;auecques leur fuite vindrent en la chambre duRoy,quinbsp;fortit tort apres de fon cabinet acompagné de la Roynenbsp;fa mere,de fes freres amp; fœurs, des Seigneurs amp; officiersnbsp;de fon confeil. Bien tort apres vint d’vne autre chambrenbsp;la Royne Elizabeth , au deuant de laquelle allèrent lesnbsp;feigneiirs Alemans. Et fetenât icelle Dame pres de l’E«nbsp;lcàcur,vn doûeur qui le coftoyoit commenç.a à déduirenbsp;en Latin, l.a tefte nue, les accords amp; traittez de mariagenbsp;flits amp; promis entre le Roy Charles amp; Elizabeth rilledenbsp;l’Empereur Maximiliandes fiançailles faites .à Spire parnbsp;Ferdinand Archedne d’Auftriche , en vertu de la procuration aluv' enuovee: la charge que les députez auoy-ent eue d’amener ladite Elizabeth,pour la mettreésnbsp;mains du Rov fon mary , amp; de la Royne la belle mere.nbsp;Laquelle confignation ÎSt deliurance ils faifoyent pre-fentement: fuppliâns le Roy de ratifier tout ce qui auoitnbsp;crté fait amp; accordé :amp;qu’à cefte fin luy S: deux autresnbsp;dofteurs confeillcrs de l’Empereur auoyct efté enuoyez.nbsp;enfcmble.11 adiouft.a qu’il efperoit que ce mariage feroitnbsp;grandement vtile à la Chreftienté pour l’amitié amp; vnion
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des Princes amp; des nations voifines. Surte l’Eledeur de Treues prit la parole,amp; dit en Latin, qu’il prelentoit aunbsp;Roy ladite Elizabeth fafemme, fuyuaut la charge qu’ilnbsp;auoit eue del’Empereur:adiouftant vne prierepour lanbsp;profperité de ce mariage. Lors furent leues par le Secretaire Brulart qui a la charge amp; le departement d’Ale-mggne , les lettres de pouuoir en Latin , par lefquellesnbsp;Jefdits députez eftoyent nommezdeiquelles lettres leues , Moruilliers, lors garde des féaux, s’approcha dunbsp;Roy pour entendre fa refponce à ce que delTus, qui luynbsp;au oit efté expoféiSt incontinent dit en Latin que le Roynbsp;auoit entendu amp; veu ledit contrat de mariage, qu’il ap-prouuoit amp; ratifioit auec toutes les claufes portées amp;nbsp;contenues en iceluy.-qu’il receuoit trefvolontiers amp; auecnbsp;grand contentement ladite Elizabeth pour fa femmeda-quellc il promet aimer amp; traiter comme ce qui luy tou-choit le plus. Il remercioit au refte l’Eleâeur amp; autresnbsp;Seigneurs qui auoyent pris la peine d’acompagner ladite Dame:amp; efperoit que ce mariage feroitaubien amp; repos de la Chreftienté. Cela dit,ledit Sieur Eleàeur pre-fcntalaRoyne Elizabeth au Roy fon mary amp; à la Roy-nefamcre.Le Roylafalua,amp; laRoyne merel’embrallanbsp;amp;la baifa, puis la print amp; mit entre le Roy amp; elle. Puisnbsp;apres quelques propos tenus entre le Roy amp; l’Elefteur,nbsp;interprétez par Moruilliers; la Royne fut mence en vnenbsp;chambre,d’ou elle fortit deux heures apres, habillée d’v-ne robbe de toille d’argent couuerte de pcrles,amp;vn grad.nbsp;manteau royal deffusde velours violet, femé de fleursnbsp;delis d’or,brodéd’herminemouchetee;laqueue du mateau contenant à veuë d’œil plus de vingt aulnes de long.nbsp;Elle auoit delTus la teile vne couronne à l’Imperiale, ornée de grands diamans, rubis amp; efmeraudes de pris ex-cet'sif. Le Roy habillé d’vne robbe de toille d’argent,nbsp;couuerte en broderie de perles, fiefourree de loup cer-uiencomme aufsi les Ducs d’Anjou,d’Alençon amp;de Lorraine , la Duchcife de Lorraine, amp; Madame Margueritenbsp;en auoyent de pareilles . Les Seigneurs amp; gentils-hommes pompeufement arouftrez : les Princcfïès,Dames amp;nbsp;Damoifelles aufsi, LeRoy aagé de zo.ans amp; cinq moisnbsp;ou enuirop, amp; ladite dame Elizabeth aagec de feize ans,
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furent efpoufez parle Cardinal de Bourbon. Quant aux folénitez,feftins,prefens faits aux députez,amp; largefles aunbsp;peuple, d’autant que chacun fcait que ce peut eftre entrenbsp;telles perfonnes; il relie d’aioufter pour la fin que le foirnbsp;du Lundy 17gt; qui eftoit le lendemain du mariage, les députez del'Empereur acompagnezdes trois dofteurs fuf-mentionnezvindrent en la chambre du Roy, le fupplier,nbsp;le mariage eftant apcomply , qu’il luy pleuft ratifier encor toutes les conuentions portées par le contrat , amp; i-celles confermer auecferment. Ce que le Roy fit,diaprés quelques deuis, prindrent congé du Roy amp; delànbsp;Royne, pour fe retirer le lendemain vers l'Empereur:nbsp;côme aufsi le Roy amp; la Cour deflogea de Mezieres lenbsp;lendemain; amp; fut Magdalaine de Sauoye veufue du Cô-nellable ordonnée pour eftre dame d’honneur, amp; fe tenir pres de laRoyne regnante:amp; en fon abfence la damenbsp;de Dampierré mere de la Cqntefle de Rets: amp; pour che-ualicr d’honneur le Conte de Fiefque.
Le famedi fécond iour de Décembre 1770, Le Rhof-ne fleuue rcnommc,ayant efté retenu en fon cours impétueux, par vn accident auenu en vn deftroic par ou il pafle , nommé le pas de l’Efelufe, pres Geneue : s’enfla telîement,que ce iour fur les onze heures de nuiél,nbsp;il fe desborda a l’entour de Lyon, amp; fit vn rauage horrible, emportant beftial, hommes, femmes, enfans, 3cnbsp;mefmes enleuant les métairies amp; granges des champs.nbsp;Les Lyonnois fe trouuerent en vne trefgrande perplexité , ayans l’eau bien haute en diuers quartiers de leurnbsp;ville, amp; voyant quelques arches du pont du Rhofne, amp;nbsp;des maifons ruinées par cefte violence, qui dura iuf-ques au_ lundy enfuyuant. Ce fleuue desbordé fit denbsp;grands rauages es autres endroits du Dauphiné amp; Languedoc . Vn mois auparauanty auoit eu vn pareil de-luge en Anuers. amp; le feiziefme de Nouembre, Fcrrarenbsp;auoit efté furieufement âgitee d’vn tremblement de terre,auec grandes amp; eftranges ruines . La riuiere du x^aunbsp;s’y eftoit aufsi desbordea fort impetueufement, ruinantnbsp;beaucoup de pays à lentour. Tout l’hyuer fuyuant futnbsp;violent extraordinairement : tellement que ce Rhofnenbsp;tant
-ocr page 59-L’ESTAT DE FRANCE. ji tant roide amp; ii^etueux,amp; les autres riuieres de Francenbsp;donnèrent paflage long temps aux hommes,aux ehe«nbsp;uaux,amp; chariots qui vouloyentpaffer iur la glace. Lesnanbsp;turaliftes s’arreftoyent aux caufes fecondes,difans ( cenbsp;qui eftoiÇque l’Autonne precedent auoit efté eftrange amp;nbsp;fort pluuieux.Mais les gens de bienrcgardans plus haut,nbsp;royoyent bien que de terribles deluges menaçoyentianbsp;France,comme ils feront aufsi deferits en leur endroit cinbsp;apres.
Nous auons dit,que la Royne mere auoit fait conuier auxnopcesdu Roy, les Princes, l’Amiral amp; autres fei»nbsp;gneurs de la Religton:amp; fur l’elperanee qu’ils s’y pour-royenttrouuer,oneftoit fur le point de donneren rendez-vous àCompiegne à bon nombre de gës de guerre,nbsp;pourfe faire maiftres defdits de la religio. Mais la Royne mere voyant ce coup rompu par la refponce des Prinnbsp;ces,ne retint aux nopces du Roy que les gardes ordinaires de luyamp; de fes freres. Orle Cardinal de Lorrainenbsp;auoitprins refolution de ne s’y trouuernullemcnt,maisnbsp;il vvint,avans entendu ces nouuelles,encor que ceux denbsp;Montmorécy y Eiflent, amp; y amena ceux de fa maifon amp;nbsp;beaucoup de fes feruiteurs.Peu apres , laRoyne mere e-fcritauPape,parle Cardinal de Sens,qu’elle le prioitbic Lettres Hcnbsp;fort de ne trouuer eftrange ni manuals, que leRoyeuftla Roynenbsp;accordé la paix aux Huguenots auec conditions fi auan- æete aunbsp;tageufes pour eux:q'iec'eftoit pour les attrhperamp;enve- i’apc,amp;fesnbsp;niràboutpar vnmoyé plus court:amp;que fi les principauxnbsp;d’entr’eux fe fuflènt voulu trouuer aux nopces du Roy,nbsp;c’en feroit fait. Qifetle efperoit les auoir vn iour fi biennbsp;à fon commandement, que fa Sainfteté amp; tous Princesnbsp;amp; Seigneurs Catholiques conoiftrovent combien peu elnbsp;leaimoit lefdits Huguenots . Cela futcaufeen partie dunbsp;voyage du Cardinal Alexandrin, comme ci apres fera veu.
Pendant ces mariages, le peuple Catholique leuoit toufîours les creftes, ôc y en auoit qui avans defcouuertnbsp;aucunement l’intention du Roy, de la mere amp; denbsp;^n phiseftroit confeil ,menaçovent défia ceux de lanbsp;Religion que les deux ans de la garde des villes eftans
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expirez,on les eftrilleroitbien.Lesparlemens , amp; autre* magiftrats catholiques,s’oppofoyent de fait en diuerfesnbsp;feçons.à ce qu’ils auoycnt promis de paroles. Beaucoupnbsp;de mutins grinçoyent les dents,amp; ne demandoyent qu'^nbsp;meurtrir,comme il apparut à Roua amp; ailleurs puis apres.nbsp;Gela mettoit la Royne mere en grand’ peine. Parquoynbsp;fuyuant fon confeil eftroit,elle tafche d’appaifer tout. Etnbsp;d’autant qu’elle cognoiflbit l’amitiéqui demeuroit entrenbsp;ceux de Montmorency amp; de Chaftillon,dône ordre quenbsp;le Roy monftre fort bon vilàge au Marefchal de Mont-morency,à fes frétés amp; parés:veut aller apres fes nopcesnbsp;feiourner quelque temps à Chantilly,belleamp; forte placenbsp;appartenant audit MarefchaI.Par ce moyen ceux de Gui.nbsp;fe le reculent de IàTEOur:amp; cependant le Roy faintdevoiinbsp;loir fauoir tous moyens d’entretenir fes fuiets en paix;nbsp;apprend fur le doigt l’edit de pacification: amp; fur les diffènbsp;rensfuruenansenl’interpretatiô de quelques articles denbsp;ceft edit,luy mefme en parle en fon confeil comme home entendu,amp; fembloit qu’il n’euft l’elpritfiché qu’inbsp;cela.
Auant quevenir à Chantilly.leRoy feiouriia quelques iours à Villers cofté-rez,ou il fut gratifié de fon mariagenbsp;amp; de la paix de fon Royaume, par diuers ambaflàdeurs.nbsp;Cela auint au mois de Décembre. Entre autres s’y trou-uerent les ambaflàdeurs des Princes Proteftans, qui parnbsp;la bouche de Pvn d’eux prononcèrent deuant le Roy lanbsp;harengue qui s’enfuit.
SIR E,les tref-illuftres Eleéteurs Palatin, de Saxe amp; par les Am Brandebourg.Richard Duc de Bauieres,Georges, Fede-kafla- rie Marquis de Brandebourg, Iules Duc de Brunfuic, Lu-deurs d’A douicDuc de Vittemberg , le Lantgraue Guillauine denbsp;lemagne, Heflêmlean Albert Duc de Mettelburg.éfcCharles Mar-ceiVbr?*^' B^dernous ont ici enuoyez pour déclarera vo-, ftre Maiellc la grande ioye qu’ils ont receiie de la nou-uelle alliance entreuenue entre la Maiefté Imperialle Æ!»nbsp;la voftre.efperans que dorefenauant d’vncömun accord,nbsp;vous cercherez les moyés de remedier aux grids maüx,nbsp;qui trauaillent la Chreftienté , amp; que Dieu par fa fainftenbsp;grace vous donnera fucces de fi heureufe entreprilé ; cenbsp;qu’ils le prient de tresbon cœur vouloir faire,en telle fornbsp;te
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te que fon Sainét nom en foit louégt; amp; toutes gens de bien en recoyuent contentement .Us efperét aufsi qu’elle fera caufe.nonfeulemét d’entretenir,mais aufsi d’aug-méter famitié qui a efté de tout téps entre les predecef-feurs de voftre maiefté amp; les leurs.Ce que voftrc maiefténbsp;a aflez déclaré par la refponce qu’elle a faite aux lettres que quelques vns d’entre eux vous efcriuirent denbsp;Heidelberg ceft efté pafle, pour le tefraoigner à aucunsnbsp;qui ont deUberé de correJpondre à la finguliere afte-aion que par icelle refponce voftredite maiefté à de-monftréauoir, non feulement cnuers eux , mais auftinbsp;enuers tout le monde . Ils nous ont donné cba.ge d’offrir de leur part à voftre maiefté, toute amitié, plailîramp;nbsp;feruice;amp; vous gratifier de la paix,par laquelle,amp; par voftre bonté amp; fagefle, vous auez appaifé les troubles pernicieux , qui auoyent efté fufcitez en voftre royaume , ànbsp;leur grand regret. Et par ce que la bonté de voftre nature ni voftre aage n’ont point permis que voftre maiefténbsp;ait efté aucunement coulpable des maux par cideuantnbsp;auenus,Dieu à regardé voftre royaume de fon œil de pitié , vous mettant au cœur cefte fâimfte affeftion qu’a-uezdemonftree auoiralapaix ,qui a efté lefeul moyennbsp;de conferuer vos fuiets amp; voftre eftat. Donc, Sire, puisnbsp;que le bien de la paix vous eft deu ,amp;la caufedes mauxnbsp;de la guerre à autruy: tous ceux qui défirent voir voftrenbsp;eftat florilTant, efperentque vous effayerez de conferuer la grande reputation que vous auez gagnee en lanbsp;faifant,contre l’auis amp; volonté de plufieurs,laquelle vousnbsp;ne pouuez mieux conferuer qu’en perfeuerant en cenbsp;vouloir,d’entretenir vos fuiets amp; les faire viure en reposnbsp;amp; tranquillité , en gardant inuiolablement à chafeun lanbsp;bberté qui par voftre edit de pacification leur a efté pro-mife.
Si vous le faites , amp; ilyaquelqu’yn qui s’eflaye d’em-pefeher voftre vertueux deflein, amp; de nouueau troubler voftre eftat, Nos trefilluftres Princes amp; Seigneurs nousnbsp;nnticienuoyez pour fignifier à voftre maiefté, qu’en telnbsp;ils employèrent tout ce qu’ils ont de force amp; denbsp;pouuoir pour vous aider à refifter à telles entreprifes , Scnbsp;fliimtenir voftre royaume en paix amp; tranquillité.
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Confiderez,Sire,que la multitude du peuple, comme dit le Sage, eftla couronne du Roy :amp; le principal commandement amp; la principale Loy que Dieu amp; la naturenbsp;ont donnée aux Roys amp; aux Princes, c’elt la conferua-tion de leurs fuiets. Ceux qui défirent vous induire à nenbsp;garder point vos promefles, difans qu’il eft impofsiWenbsp;qu’vn eliat dure ou il y a diuerfité de religion , parlentnbsp;autrement qu’tls ne penfent, ou font ignorans de ce quinbsp;j’eft fait ci deuant, amp; fe fait encor en plufieurs grandsnbsp;Äfloriflans eftacs. Nous ne parlerons point de l’eilatnbsp;des Turcs , ou Ion ne force la confcience de perfonne: ninbsp;mefmes des moines Cfireftiens habitans aux monts A-thes, qu’on appelle maintenât la Saintte montagne, quinbsp;reçoyuent tous les ans aumofnes du grand Seigneur,nbsp;pour prier leur Dieu pour fa fanté amp; conlèruation denbsp;Ion eftat. C’eft choie afleurce qu’au royaume de Pologne, qui eft l’vn de ; plus grands de la Chreftienté, la Religion Grecque amp; R.omaine ont eu lieu de tout temps:nbsp;mefmes enplufieurs villes va Eglifes des deux Religiös.nbsp;Et depuis quelques anneeSjlapluspartdelaNobleifeynbsp;fait profefsion de celle des Proteftâs,amp; fi ne voyôs pointnbsp;que pour cela l’eftat foit troublé,combien qu’il foit gou-uerné par gens de diuerfes Religions, amp; les grades charges foyent entre eux indifféremment diftribuces.
Le changement de Religion qui s’eft fait en Alema-gne.fembloit au commencementbien plus eftrange que ceux qui fefont maintenant: amp; toutesfois l’Empereurnbsp;Charles,puilîant amp; auifé prince,apres auoir par plufieursnbsp;années delibcré.fur ceftafiiire, accorda par prouifion ànbsp;Ausbourg,Ian mil cinq cens trente, la paix que nous appelons de la Religion . Et l’an mil cinq cens cinquantenbsp;cinn,ladite prouifion fut conuertie en edit perpétuel,duquel nousiouiflbns encores à prefent,amp;viuons en reposnbsp;amp; en amitié les vns auec les autres. Les Proteftâs ne fontnbsp;pas moins affeétionnez que les Catholiques à fubuenirnbsp;aux afaircs de la maiefté Imperiale.quand la necefsité lenbsp;requiert. Et combien que les Euefques de Romeayentnbsp;toufiours efté aflèzdiligent à folliriter ceux de l’Empirenbsp;(qui font encores fous leur obeiflance) de ne nous pointnbsp;lt;ndurer,eux toutesfois n’ôt pas efté fi mal auifez que de
«ou-
-ocr page 63-L’ESTAT DE FRANCE. jj troubler la patrie pour obéir aux affeiâions d’autruy.. -L’EmpereurFerdinanJ. de tresheurcufe mémoire anbsp;efté autant affetcicnné à l’Eglife Romaine que Prince denbsp;fon temps ; amp; neantmoins a enduré que ia Religion Romaine ait efté chagee en Cilieye amp; Liduanye, pro unicesnbsp;de Ibn royaume de Boheme ,amp; vn peu auant lamorcennbsp;quelques lieux d’Auftriche. Mais, Sire, fur tout vous doitnbsp;efmouuoir l’exemple del’llluftrifsime Empereur Maximilian noftre fouuerain feigneur amp; prince.-car corne vo-ftre «laiefté l’a choifypour pere.auisile doit elle choifirnbsp;pour exemple en ce que vos deux eftats ont de cômun,nbsp;Perfonne n’ignore qu’tl n’ait ottroyé aux Seigneurs Scnbsp;gentils-hommes d’Auftriche, non feulemét la liberté denbsp;leurs confciéces, mais aufsi de drelTer Eglifes à la formenbsp;de celle des Proteftans,fous certaines côditions, lelquel-Ies,iufques à prefent,il leur a inuiolablement côferueees.nbsp;Et pour n’alleguer feulement ce qui eftvoilîn de noftrenbsp;temps, depuis que Conftantin le grand eut receu publiquement en l’empire Romain la Religion Chrefticnne,nbsp;ilne contraignit point pour cela les Payens de changernbsp;leur religion: l’exercice de laquelle ils continuèrent amp;nbsp;entretindrent iufques au temps deTheodofe, qui fermanbsp;les temples des Idoles, pource qu’il les voyoit frequéteznbsp;de peu de gens,amp; quafi feulement de ceux qui en tiroyétnbsp;profit. On dffputoit en ce temps là que c’eft autre chofenbsp;d’eftre bon Chreftien amp; eftre bon fuiet: car côbien qu’vnnbsp;fuiet foit d’autre religion que fon Prince,il ne lailTe pournbsp;ceb de luy faire feruice, quand amp; ou la necefsité le re-quiert.Côme nous voyons les Roys de Pologne amp; Mof-covie auoir fous leur obeiflànce grand nombre de Tar-tares amp; Mahumetiftes, lefquels les feruent fidelemét auxnbsp;guerres qu’ils ont contre leurs voifins,amp; mefmes contrenbsp;les âutresTartaresquifontde mefmenatiô amp;religiô quenbsp;cux.PlufieursPrincesChreftiés,amp; aufsi l’Euefque de Rome, endurent les Iuift,defquels ils tirent grand proufit.
Nous allégués ces exéples,Sire, pour refpödre à ceux qui ont tafehé de perfuader à voftre maiefté , qu’elle nenbsp;doit endurer enfô royaume aucune diuerfîté deReligilt;5.nbsp;Ils deuroyent penfer que la libertéque vous accorda-Jles a vos fiiiets, il y aura neuf ans à ce mois de lanuier,
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fut caufe que plufieurs vindrentà la cognoiflance de la quot;Religion réformée gt; de laquelle aucun danger ni perilnbsp;ne les a peudiuertir : car c’eft Dieu feul qui a puiflancenbsp;fur les coufciences des hommes, qui melmes ne l’ontnbsp;pas fur la leur propre: tat s’en faut qu’ils lapuiflent auoirnbsp;fur celle d’autruy .11 fem'ole que ceux qui furent caufe desnbsp;premiers troubles amp; guerres ciuiles en voftre royaume,nbsp;n’auoyent pas expérimenté combien peut la Religionnbsp;au cœur des hommes , qui ont la vraye crainte de Dieu:nbsp;car ils penfoyent que la crainte de perdre la vie amp; lesnbsp;biens, feroit que perfonne ne s’oferoit oppofer à leursnbsp;defleins.La necefsité puis apres à conduit les chofes plusnbsp;auant: mais comme les fages onttoufiours iugé, il fautnbsp;regarder, au.x guerres ciuiles , qui a le tort du commencement. Car depuis qu’elles font commencées, infiniesnbsp;iniuftices fe font d’vn cofté amp; d’autre : eftimant vn chaf-cun eftre licite ce qui fert à fa conferuation. Il s’eft cômisnbsp;en ces guerres des e xemples d’inhumanité, qu’on n’euftnbsp;jamais penfé deuoir eftre cômis par vn peuple, duquel lanbsp;douceur a efté parci deuît tant renommee : toutesfois fanbsp;bonté eft encore apparente, en ce qu’il a toufiours accepté la paix,quand voftre maiefté la luy a propofee, amp; s’eftnbsp;fournis a voftre obeiflance.Nous auons veu peu de guerres ciuiles aux autres nations, qui n’ayent pris fin parnbsp;la totale viétoire de l’vne des parties, amp; la ruine de l’au-tre,ou bien dé toutes les deux , furuenant vn tiers qui lesnbsp;opprimoit. Telles viiâoires , comme a dit quelque Sagenbsp;ancien, ont eubien fouuent en elles plus de mal que lanbsp;guerre mefmes.Car communément ceux qui fontvifto-rieux, fe laiflent mener à leurs pafsious, Sc commettentnbsp;infinies cruautez, les vnspar défit de végencedes autres,nbsp;pourauoirle bien de l’innocent,fouuent luy font à croire qu’il a fait chofes , où il n’a iamais penfé : amp; combiennbsp;quelesRois amp; chefs fe foyent cflayez quelques fois denbsp;modérer tellesviftoires, il eftpeu fouuent auenaqu’ilsnbsp;Payent peu faire. Mais Dieu n’a point permfs,Sire,qu’onnbsp;foit venu à cepoinift en voftre Royaume,ne que vosnbsp;mains,ou celles des voftres,ayent en paix commis quelque chofe,dont lapofterité les puilTe aceufer. On ne de-batoitpas ences guerres de la grandeur de voftre Maiefté:
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ieftéxar il n’y auoit perfonne d’vn cofté ni d’autre qui ne la defiraft;niais on doutoit de celle que l’Euelque de Ronbsp;jne a vfurpee en la Chreftienté : pour laquelle maintenirnbsp;il fufcite infinis troubles , amp; fait confumer les forces quenbsp;Ion deuroit oppofer aux Ti!rcs;amp; parauanture l’Italie fera la premiere qui s’enfeutira. Vous dciiez,Sire,eftimernbsp;vos fuiets qui fe font fouftraits de fon obeiflance , en cenbsp;vous eftre plus fideles,qu’ils ne veulent auoir en ce monde autre leigneur, ne faire hommage à autrequ’à vous.nbsp;Et certes les Empereurs de la Germanie ne receurentnbsp;iamaistantde dommage de tous leurs ennemis eftran-gers , que leur en a porté l’afleftion que leurs fuiets ontnbsp;porree aux Euefques de Rome, qui y fouloyent anciennement fufciter troubles quand bon leur fembloit.
Ne croyez point donc , Sire, fon confeil, ne de ceux qui craignent que le feu s’efteignant en voftre maifonrnbsp;ne s’allume en la leur:amp; eftimez que ceux qui vous con-feillerontd’obferuerinuiolablementce que vous aueznbsp;promis par voftre edift de pacification, vous feront fideles fuiets amp; feruiteurs , bons voifins amp; amis. Eten casnbsp;qu’il y ait quelqu’vn qui entreprenne de le violer contre voftre vouloir, foit de vos fuiets, ou autres , nous fî-gnifions derechef à voftre maiefté, qu’en tel cas nosnbsp;treülluftres Princes feront toulîours prefts d'employernbsp;toutcequ’ils ontde forces amp; pouuoir,pour vous aideranbsp;maintenir voftre Eftat en paix óren repos.
Et d’autant qu’ils voyent à quoy tendent les pratiques amp; deïTeins de l’Euefique de Rome, ils veulent bien qu’ilnbsp;fache qu’ils ont délibéré d’y aliifer dorefnauint de plusnbsp;pres qu’ils n’ont fait iufques à prefcnt.pour n’eftre pofntnbsp;furprins, Rs’oppofer plus viuement a fes cruels def-feins , qu’ils n’ont fait par le pafte . Outre les caufes def-fufdites, ils ont occafton de fe mefcontenter de ceuxnbsp;qui ont efté les autheurs des troubles en ce Royaume:nbsp;par ce que les leuees de gens en Allemagne , pafta-ges amp; monftres, tant de l’vn des coftez, que de l’autre»nbsp;ont porté de trefgrands dommages à quelques vns d’entre eux.
11 refte, Sire, que nous prions Dieu, qu’il maintienne voftre maiefté en celle lainfte aft'etfion qu’elle a moh-
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ftrce iufqiies à prefent à Ia paix : amp; luy face la grace Jé tiien toft voir fon Royaume enfon ancienne iplendeurnbsp;amp; reputation. Pourà quoy paruenir, nous eiperons lt;jucnbsp;la Royne fera toufiours d’accord auec vous,enfumant ennbsp;cela la fageflejclemence, amp; generolîté de ceux dont ellenbsp;cft ifluc. Nousefperonsaufsi que la Royne mere denbsp;voftre maiefté , ayantlong temps gouuerné ceit eftat,nbsp;comme vn nauire en pleine mer, battu de tous collez d’orages amp; de tourmentes : amp; l’ayant en fin conduitnbsp;an port de pai.\ amp; de repos, ne permettra pas qu’onnbsp;le remette derechef à la mifericorde des vents. Nousnbsp;croyons aufsi que monfeigneur voftre frère ne feranbsp;pas moins defireux de conleruer fa patrie,que voftrenbsp;maiefté mefmes ; amp; ne doutons point que Dieu ne luynbsp;baille aftez d’occafîons d’exercer heureufement en autres chofes celle grande vertu qui l’a fai:cognoillreànbsp;tout le monde en fa premiere ieunelle . Nous efpe-rons que monfeigneur le Duc voftre frere , tous lesnbsp;Princes de voftre fang, amp; autres ,les Officiers de voftre Couronne, amp; brief, tous ceux qui ont quelque partnbsp;au gouuernemcntde voftre eftat, penferont combiennbsp;iis font rcdcuables à leur patrie , amp;qu’ils ne fauroy-ent faire chofe qui luy loit plus pernicieufe, que denbsp;la fouiller du fang de ceux qu’elle a produits, ni chofe plus louable , que de la maintenir en paix amp; en repos, amp; y faire florir la vertu. Ce que nos trelîlluftresnbsp;Princes vous fupplient trefaifeftueufement de faire. Etnbsp;pour cell clfeél nous ont ici eniioyez , s'offtiuis de leurnbsp;part à faire, en tel cas, tous offices de bons parens amp;nbsp;voifîns, anciens amis, amp; feruiteurs de voftre maiefté.nbsp;Ils vous prient aufsi de croire, qu’autre chofe ne lesnbsp;fait tenir tels propos ,lînon le fingulierdelîr qu’ils ontnbsp;devoir voftreRoyaume lloriflanr en paix amp; en tranquillité : car ils ne doutent point, que voftre maiefté, denbsp;foy-mefme, n’entende trop bien tout ce qui fe pour-roit dire en tel cas , Sc quelle n’ait gens en fon fa-ge confeil , qui l’aducriilTcnt de tout ce qui ell ne-ceflaire.
îterprtnce ^e Roy ayant de vine voix amp; par eferit entendu ce da Äoy i que les Ambafl'adcurs de MeiTeigneurs les Côte Palatiiînbsp;amp;. Duc
-ocr page 67-L’ESTAT DE FRANCE. 39 amp;DucdeSaxeEleCleursduiàinCt Empire,amp; lés Ducs ijfufdfcenbsp;Richard de Bauieres,amp; Iules de Brunfuic , du Landgraue harangue,nbsp;de Helfe,amp; autres Princes de la Germanie, ont eu charge de luy expot'er de leur part.Sa Maiefté leur a fait ref-ponce, L^elle niercie en premier lieu, de toute fa plusnbsp;grande afft£tion,mefdits Seigneurs les Eleftcursamp; Prirrnbsp;ces,dc la cordiale demonftration qu ils luyfontde leur 'nbsp;lînguhere bienveillance amp; amitié , âyans enuoyé lefditsnbsp;Ambaflàdeurs pour fe conuoir amp; congratuler auec ellenbsp;de la nouuellc alliance qu’elle a n’agueres contractée a-uec l’Empereur-par le mariage de la. lilleilaquelle allian,nbsp;ce,elle veut bien faire entendre à mefdits Seigneurs lesnbsp;Electeurs amp; Princes auoir principalement defirce, pournbsp;auoircogncu qu’ainiî que ledit Empereur tient le premier titre amp; degré d’honeur entre les Princes Chreftiés,nbsp;Dieu luy a donne aufsi de grâds fens,prudence, amp; excellentes vertus de magn3nimité,clemence,amp; bonté, qui fenbsp;doyuentdefireren h haute dignité. Outre ce,s'eft touf-iours monftré du tout aHèChionné,à procurer amp; maintenir vn bon amp; heureu.x repos en la Chreftieté.à quoy l’intention de fa dite Maiefté eft de luy correl'pondre, auecnbsp;telle volonté .qu’elle efpere,âu plaifirde Dieu , que leur-dirc commune alliance feruiragrandemêt, pour eftablirnbsp;vne aflèuree tranquilité pour toute la République Chre-ftienne.Et fi d’auâtage, elle a eftimé,que la bônc amp; parfainbsp;te amitié qu’elle a,par naturelle inclination,auec meiÜitsnbsp;Seigneurs les ElcCteurs amp; Princes de la Germanie, amp; quinbsp;luy a efté comme héréditairement delailfçe par fes perenbsp;amp; ayeul.fera par le moyé de ladite alliance, toufiours de *nbsp;plus en plus corroborée : qui font les principaux fruitsnbsp;qu’elle en a efperé amp; defire tirer.
Et pour le regard de l’autre point de congratulation, qui eft de la paix , qu’il a pieu à Dieu reftablir en fonditnbsp;Royaume. Elle leur refpond, qu’elle ne doute point que *nbsp;mefilits Seigneurs les EleCfeurs amp; Princes,qui lé refentétnbsp;amp; fouuienent de la grande amitié amp; bien-vueillance,qu«^nbsp;les Rois de tresheureule mémoire, Henry amp; François,nbsp;pere amp; ayeul de fadite Maiefté, ontporré aux Princes denbsp;l’Empire, leurs predecefleurs, ne reçoyuent toufiour»
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?ne grande ioye Si plaifîr, de ce cju’ils verront fucceder Si le promouuoir pour le bië,profit Si vtilité de ce Royaume,comme a efté la pacificatiô des troubles ; amp; prendnbsp;en fort bonne part les fagesamp; prudens records, quemefnbsp;dits feigneurs les Elefteurs Si Princes luy ont fait faire,nbsp;pour l’entrctenement de ladite pacification. Car il n’y anbsp;rien en ce monde qu’elle ait tant à cœur, ni à quoy plusnbsp;conlfamnient elle pcrfeuere,qu’.à trauailler de mettre amp;nbsp;conferuer pai.’£,vnion amp; repos entre fes fuiets,comme lenbsp;vray amp; feul moyen de la prolperité des Royaumes amp; E-llats. Chafcun aufsi a peu voir comme fes fuiets n’ontnbsp;point pluftoftmonftré l’enuie qu’ils auoyentde venir ànbsp;la recognoillance de léiir dcuoir,qu’elle ne les ait bénignement embraflez amp; receus en fa bonne grace.
Au furplus.lcRovprietrefaffettiieufemëc mefdits fei gneurs les Eletleurs Si Princes de continuer enuers luynbsp;celle bonne volonté qu’ils demonftrent:amp;qu’ainfi,cômcnbsp;lui fuyuant les veftiges de fes anceftres,amp; de la naturellenbsp;inclination , les aime amp;¦ eftimcauec toutefynceritédenbsp;cœur Si d’afréftion,autant qu’il eft pofsibleiEux aufsi luynbsp;vueillent mutuellementcorrefpondre. fe tenâs alTeureZnbsp;qu’en tout temps Sc occafion.ils trouueront ladite maie-llé própte amp; entieremct dilpofee à employer les moyésnbsp;que Dieu luy a donnez,fans rien y elpargner, pour lacônbsp;leruation .tcroilTement de leurs dignitez amp; honneurs.
Fait.à Villiers-collcretsle xxiiii. iour de Décembre, mill cinq cens feptante. Signé CHARLES.
Et au deflous,Brulard.
Il a efté dit ci deflus que le premier filé pour attraper les Princes S: l’Amiral, eftoit le prétexté de la guerre denbsp;Flandres. La bonne rcfponce du Roy aux ambafladeursnbsp;des Princes proteftans.ht que l’Amiral fe laiffi plus volônbsp;tiers mener.! telles entreprifes,combien que fe ramen-teuantfouuentesfois le naturel delaRoynemere,ilfou-loitdire à plulicurSjA: fur toutau Sieur de Teligny.au-quclil donna depuis fa fille en mariagc,qu’il tenoitpournbsp;lufpeèl l’cfprit’¦emuant amp; inconftant de celle femme là.nbsp;Car apres qu’elle nous aura pouffez (difoit-il) en ceftenbsp;guerre de FlanJrcs,elle nous abandonnera au milieu dunbsp;chemin. Il lauoit aufsi que ce propos venoit du Roy, amp;nbsp;qjuc
-ocr page 69-L’ESTAT DE FR ANGE. 41 •Be fa mere n'approuuoit cefte guerre que pourgratifiernbsp;fon fils.Mais elle amp; fes confeillers auoycnt embouché 1 enbsp;Roy, auquel ils faifoyent iouer ceroole:amp;'cepcniiât pournbsp;s’entretenir en amitié auec l’Efpagnol,faifoyent les marnbsp;ris en prefence de fon ambaifadeur, 8i aduertiflbyent lenbsp;Duc d’Albe.de tout ce qui fe negocioit auec 1’Amiral Sinbsp;les fies.Le Conte Ludouicabufe de cefte feinte du Roy,nbsp;efcritau Prince d’Orenge fon frere.Eux,apres auoir cö-muniqué cnfembie,mandêtau Roy que s’il veut entédrenbsp;a l’afaire de Flandres,iis feront qu’ en brief il cognoiftra,nbsp;par beaucoup de bons amp; grands deuoirs,combié ils for.:nbsp;afièamp;onnez à luy faire léruice. Le Rovleur rclpond ennbsp;termes gracieux au pofsible , qu’il a efté fortioyeux denbsp;ce qu’ils luy mandent,amp; les remercie tous deux.
Les confeillers fecrets,voyans ce premier filé aiîèz bie Second tilTmfurent priez d’auifer à vn autre, pour ferrer du tout moyennbsp;les Princes,l'Amiral amp; les leurs. LaRoyne mereconoif- pout »«r»nbsp;foit laRoyne de Nauarre,amp; fauoit que cefte PrincelTe a-Uifee amp; de grâd cœur n’approcheroit iamais de la cour,nbsp;moins de Paris (ou lonlavouloitauoir auec les liens)nbsp;s’il n’y auoit autre amorce que l’edi3:amp; la guerre deFlinbsp;dres.Aufsi laRoyne deNauarre fauoit fi bien la vie denbsp;laRoyne mere,qu’il luy fàl oit d’autres plus grands'gages pour s’approcher d’elle en affeurance. Qii’cllc n’abanbsp;donneroitpas le Prince fon fils,duquei on vieiidroit difficilement a bout, tandis qu’il feroit en telle efcole. Quenbsp;le Prince de Condècroiroitleconfeil d’elle amp; de l’Aminbsp;ral,amp; ne gagneroit-on rien fi on n’auoit la tante amp; lesnbsp;coufins enfemble.D’autrepart,comble que l’Amiral euftnbsp;grand defir de rentrer la bonne grace du Roy amp; luy bailer les mains,fi n’eftoit-il pas tant imprudent de s’allernbsp;letter das Paris,s’il n’y euft eu de plus beaux moyés pournbsp;l’attraper.Les Seigneurs amp; gentils-hommes qui le fauo-rifoyent, n’eftoyent pas délibérez d’aller tous en ceftenbsp;guerre de FlandTes,par confequent demeuras chei eux,nbsp;us pouuoyent venger la mort de l’Amiral de ceux quenbsp;on euft faccagez auecques luy.Parrît le Roy qui comen-(çoit à bien goufter ces beaux confeils, amp; fa mere, ayansnbsp;cerchèquelqu’vn affez habile qui les auifaft de quelquenbsp;•xpedicnt,appeierent£iraguç,ÿlt;Iuy ayans commuai-
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que leur volonté,iuy donnèrent charge exprelïè d’iaifer dctoutfon.pouuoir,à drefTer ce qu’il cognoiftroit propre à l’execution de leurs defirs.La Royne auoit défia denbsp;long téps penfe h ce que Birague mit en auant,(eux deuxnbsp;aufsi en auc.yent défia conféré auec quelques autres,nbsp;mais en general) corne eftoit apparu en ce defpit qu’ellenbsp;coceutcotre leDuc deGuife qui faifoit la cour à madamenbsp;Marguerite ftrur du Royunais voulât, à fa couftume, biSnbsp;faire valoir la befongne ,amp; voir à lôifir les contenancesnbsp;des Princes amp; Seigneurs de la Religion,elle aima mieuxnbsp;que le Roy mift le premier en ieu la guerre de Flandres.nbsp;Aufsi fauoit elle que l’Amiral eftoit de lôg temps en ce-fte opinion que pour eftablir vne bonne paix au Royaume,il faloitamufer dehors les gens de guerre. Ce qu’elle fc feruitde Birague,fut pour auoir aide en l’executionnbsp;de ce proiet,amp; pouflèr de plus en plus sô fils à cela.Qiœlnbsp;Confeil de ques iours fe pairerent,en fin defquelsBirague fit cnten-Biragiie Jre au Roy fil penlée,qui eftoit de traiter, a quelque prisnbsp;nerVi'in'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mariage de lafœur du Roy auec le Prince
r.il amp; les** °® Nauarre,afin d’attirer par ce cordeau les Huguenots, liens. l’Amiral aueclanobleire,.àladifcreciondeiacour.Quenbsp;pour faciliter ccft afaire,il ne faloit nullement pardonner à beaux femblants,prefents,promeires amp; autres telles atrrapoires , amp; eau benite de cour, tant qu’on les viftnbsp;dedans Paris,ou il fàloitque la cour feremuaft lors. Euxnbsp;y cftans venus,recueiUis amp; careflèi, qii’il faloit, pour lenbsp;temps des nopces,leur dreflèr vn fort a plaifir,bien troufnbsp;fè amp;• bien equippè,coinme .à mode de guerre, au pré auxnbsp;clercs,ou pres de Tuyneries,fous couleur de faire exercer les cûurcifans,les vns à aflaillir, les autres à defendrenbsp;Iq fcrt pourl’esbatamp;pairctemps des dames.Qu’il eftoitnbsp;befi'in faire que l’Amiral fuft le chef des aflàilljs, amp; qu’ilnbsp;fuft fuyui des gentils- hommes de la Religion qui lors fenbsp;trouueroycnt en cour, defquels y auroit là bon nombre,comme il eftoit bien à prefumer: amp;: que ceux qui de-fendroyent le fort P-ilTentdt’S plus féaux amp; afleurez cournbsp;tifans.capitainesÂ: foldats du Roy,defquel.s les chefs au-royent le mot du guet de tout ce qu’il faudroit faire.nbsp;Qui ferojt,felon fon aiiis,de charger à plomb leurs har-quèbouzcs, les encarrer, amp; tirer droit à l’Amiral amp; à
ceux
-ocr page 71-L’ESTAT DE FRANCE. 4^ âe fa troupe,leur courir fus ibonefcient,amp; les tuer comnbsp;ment qu’il en fuft,apres auoir fait quelque mine au commencement de combacre amp;fe defendre feulement pournbsp;plaiiîr. Qw celafait on viendroitaifémentà bout desnbsp;autres Huguenot^quelque partqu’iLs fe retiraflcnt, Etnbsp;quant à couurir ce fait,apres qu’il feroit execute on trounbsp;neroit aflez de prétextes. La Royne entendant ce di-fcours,fit en prefence de fon fils quelques difficultezfurnbsp;le mariage,amp; le moyen d’acheminer a point ce que def-fus.Le tout afin d’en donner plus grand gouftau Roy.nbsp;Carilsferefolurentde fuyure cechemin,ce que trouuanbsp;fort bon le Conte de Rets,à qui ils le communiquèrentnbsp;aufsi toft apres,amp; à quelques autres, comme nous le dirons en fon fieu.
Pour bien procéder en ce fait, ils forent d’auis que le Roy iouaft feul cefte tragedie, amp; que quand befoin fc- uerneucsnbsp;roitila mere faindroit d’approuuer fon vouloir pour le 4c France,nbsp;bien de fa fille.Qifil faloit amener la Royne de Nauar-fe amp; l’Amiral tout doucement à ce point:amp;’ remettre fusnbsp;le propos de la guerre de Flandres, amp; y entrelacer quel-que mot de ce mariage : puis le Roy feroit venir l’Ami- rnbsp;talen cour pour entendre fon auisde cefte guerre , amp;nbsp;lors on le feroit meime moyenneur des nopccs amp; de lanbsp;ruine de luy A;desfiens.Premierementdonc on fait counbsp;tir le bruit,amp; y en auoit manifefte apparence,que le Roynbsp;aimoittellementfafcmme, qu’il ne vouloir plus penfernbsp;qu’à fe donner du bon temps au ec la paix amp; les delicesnbsp;de la cour . Que la Royne régnante mettroit la merenbsp;hors de credit,amp; que le Roy commençoità s’aigrir connbsp;tre fa mere , conoiflànt fon naturel remuant amp; ambi-tieux.L’eftatdes afaires du monde, donnoit quelque counbsp;leuràcebruit.caril auient ordinairement qu’vne damenbsp;amp; femme fauorifee eftaint amp; abolit toutes les amitiez amp;nbsp;priuautez des autres. Ainfi ièmbloit-il que le Roy, pournbsp;l’amour de fa femme,ne vouluft plus foufFrir que fa mere fe hauftàft.Il y auoit vn autre point.Monfieurfrcre dunbsp;Roy eftoit le mignon de la mere,tant pour eftre mania-blede fa nature , que pource qu’elle auoit prins peinedenbsp;le façôner plus que les deux autres:à caufe qu’il eftoit lenbsp;chef les armes,amp; qu’elle preuoyoit aucunement que l’innbsp;diipolition du Roy requeroit qu’on ne regardaft pas tant
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à luy .Ses magicie ns aufsi l’ont toufiours abruuee de celle perfiiafion,qu’elle verrolt tous les fils Rois. Pourtant (comme les nietes ont quelque arfeftion particuliere)nbsp;adheroit elle à ceftuy-là, recognoiflant en luy quelquenbsp;chofe plus agréable qu’es autres: car le Roy la rabrouoitnbsp;quelqueslbis.iettantdes propos quilapiquoyent, encornbsp;que luy n’y penfaft pas fort. Q^ntau Duc d'Alençon, ilnbsp;eftoit auec fes maiftres,aufquels elle s’en remetcoit,amp; nenbsp;péfoit pas la mere beaucoup à ce dernier,lequel elle n’ainbsp;moit gueres, pour le moins n’a elle pas iamais fait fem-blant de l’aimer beaucoup. Le Duc d’Aniou eftoit lenbsp;dieu des catholiques, pour auoir efté chefde leurs armées,amp; obtenu viétoire en deux batailles, il auoit grande fuite de noblefle , le cierge luy donnoitparandeuxnbsp;cent mille francs de penfion, pour auoir efté protetteurnbsp;de noftre mere fainéle Eglife,amp;pour continuer touC-iours en celle bonne deuotion.Au contraire,quelques canbsp;tholiques mefmes,qui nevoyoyentpas lefond du facdenbsp;Biragnc:amp;ceux de la religion, oyans dire que le Roy nenbsp;parloir que de paix, eftimoycnt qu’il deuiendroit en finnbsp;quelque Huguenot:amp; que fi ce n’eftoitpar religiô, ce fe-roit en defpit de fon frcre : auec lequel on difoit qu’il a-uoit quelque maille à partir.Aufsi crioit-il à cous proposnbsp;qu’il ne vouloir plus eftre retroublé, qu’il eftoit faoul» denbsp;gilerrerqlie iufqii’àprefent on luy auoit dôné faux à entendre touchant ceux de la Religion. Au côtraire le Ducnbsp;d’Anjou enflé de fes victoires , que les flateurs trompet-toyentincefTimment à fes oreilles ,monftroit tout ou-iiertementlahaine qu’il portoit.à ceux de la Religion.nbsp;Et la Royne mere lauoitbien attifer ce feu de vaine gloinbsp;re,par des boutefeux qu’elle auoit mis à l’entourdeluy:nbsp;faifantiouerleRov en autres habits amp; contenances.Càrnbsp;ilmonftroitbonvifageà ceux que fon frere mefprifoir.nbsp;Par ainfi,les plus habiles penfoyent que l’inimitié com-mençoit à camper entre le Roy tk fon frere , tellementnbsp;que le Rov.pour rabatte la grandeur de fondit frere(quinbsp;de faitcftoitroydescatholiques)amp; reprim-.-r fa merenbsp;qui fe defioignoitd’auec luy,feroit contraint d’auoir entière vnion auec ceux de la Religiô,aufquels il auoit plusnbsp;d’eccafion de fe fier qu’aux Catholiques, qui n’auoyentnbsp;nerf»
-ocr page 73-L’ESTAT DE FRANCE. 45 nerfs ni veines qui ne tendilTentaux commandemés dunbsp;Duc d'Anjou.Mais Dieu fermoir ainfi les yeux à la pluf-p3rr,amp; commençoit a faire les poignées de verges,pournbsp;fouetter les vns amp; les autres,comme tous l’ont veu , plu-fieurs l’ont fenti,amp; le fentiront ci apres.
La Royne de Nauarre,les Princes auec l’Amiral amp;au-tres Seigneurs eftoyent à la Rochelle , comme dit a efté ci deuant.Le confeil du Roy trouue bon d’enuoyerversnbsp;eux pour les affeurerde labône volonté du Roy à mainnbsp;tenir fon ediét,amp; pouruoir à toutes les difficultez occur-rentes lur keluv.Pourcefteifectfut député le Marefchalnbsp;de Co/sé,non ennemi de l’Amirahà caufe del’alliace quçnbsp;ledit lîeur Marefchal .a auec ceux de Montmorency, counbsp;lîns de ceux de Chaftillô.L’on luy baille grofle troupedenbsp;gens de pied amp; de cheual, tant pour mettre touiiours ennbsp;frais ceux de la Rochelle, qui n’eufl'ent ofé faire autre-mentque fe bien tenir fur leurs gardesique pour rôprenbsp;côftance de la Royne deNauarre Si. dei’Amiral.amp;lesfanbsp;çônercomme delongue mainà receuoirtant plus alai-grement puis apres le beau paquet qu’on leur preparoit.nbsp;Le Marquis de Villars marchoit d’autre cofté:amp; quand lenbsp;moyen lé full prefentédeflors de faire vn bon coup, lanbsp;Royne mere euft efté aufsi contente de prendre lés ennemis à la Rochelle que dans Paris.Mais à cela ne s’atté-doit-elle pas pour ce coup, ains louant comme à boulenbsp;veiie,amp; tenant ceux de la Religion en fufpens,dônoit ordre de faire eftimer que le Roy ne penloit point à cesnbsp;troupes:amp; que c’eftoit ( par maniéré de dire) autant parnbsp;plaifir qu’autrement, que tant de caualerie amp; infanterienbsp;tiroit vers la Rochelle.Pour alléurer donc les Princes âcnbsp;l’Amiral, le Roy donne charge particuliere audit fieurnbsp;Marefchal de communiquer auec l’Amiral touchant lanbsp;guerre de Flandres, amp; perfiiaderla Royne de Nauarre,nbsp;les Princes amp; ledit Amiral, de fa finguliere arféiftion entiers eux,amp; au bien amp; repos du Royaume. Cefte delpcf-che fe fit au mois de Decembre,peu apres le mariage dunbsp;Roy;amp;arriua ledit Marefchal bien acompagné àlaRo-chelle,fur la fin du moistou il fut honnorablemét recueilnbsp;li,t'ommuniquant fort priuément auec la Royne de Nauarre,mais Ipecialement auec l’Amiral.Et pource que de
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tefchal de propofitions reipeéliuement faites:tât par ledit fieur Ma Cofséauec refclia!,amp; les Commiflaires députez par là Maiellé ,quinbsp;l’accompagnentique la Royne de Nauarre,mefsieurslesnbsp;re'les P^rîn Princes,monfieur l’Amiral,amp; autres fieurs qui font icia-nec eux,amp; qu’ils ne doutétaucunemét que ledit fieur denbsp;miral.'amp;di Guinféne rapporte bienamp;fidelemêt tout ce que furchafnbsp;feoBts fur cune particularité d’icelles propofitions a efté mis ennbsp;les OCC3- auant.Toutesfois ladite Dame, mefsieurs les Princes, 5cnbsp;fions des mödit fieur l’Amirahdefirans informer au vray leurs de-rroublcs. putez vers fadite Maiefté,amp; les rendre capables de tout
ce qui s’eftpafséés audiences,amp; pourparlez qui fefont faits auec ledit fieur Amiral amp; lefdits commiflaires, ontnbsp;bié voulu faire rédiger par eferit, amp; leur enuoyer ce quinbsp;s’enfuit.
APRES que mondit fieur le Marelcbal deCofsé acompaigné defdits commiffaires à fait entendre à lanbsp;RoyncdeNauarre,auoireu commandement du Roynbsp;de la venir trouuer, pour l’afleurerde fa bonne volonte,nbsp;à l’entretenement amp; obferuation de fon ediift de pacifî-cation;amp;pour mettre la main à ce , qu’en tout amp; parnbsp;tout il foit gardé amp; niaintenuiAufsi pour auec ladite Dame refoudre amp; efclarcir aucunes ambiguitez Si difficul-iez,quifcmblenteftre audit edicl, felon qu’il eft couchénbsp;amp; rédigé par eferit.
Ladite Dame a treshumblement remercié fadite Ma-iefté de cefte afleurance,de laquelle elle n’a iamais dou-té,ainsen aefté tellement refoluë amp; confirmee, qu’elle fe promet voiries defîrables efteéts qu’on a touiiOurs conceus de fa clemence amp; bonté: comme aufsi leditnbsp;fieur Marefch.il fe peut alTeurer que fa Maiefté reco-noiftralatreshumbleamp;deuotefubmifsion Si obeiflan-ce que tous ceux de la Religion luy rendront toufioursnbsp;comme fes treshumbles, fideles, obeiflans amp; loyauxnbsp;fuiet».
Ce
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Ce fait 1 le fieur de la Proutiere, maiftre des reque-ftes de l’hoftel, l’vn defdits Commiflàires, a conimcn. té Ci propofîrion par le premier article de l’Edicl:, auquel il a ioinftle vingtléptieine d’iceluy, amp; y a remarqué vne côtrarieté,en ce, que par le premier la mémoire de toutes chofes paflees , d’vne part amp; d’autre gt; dés amp;nbsp;depuis les troubles aduenus en ce Royaume , demeurenbsp;efteinte, amp; dont il n’eft loifîble aux Procureurs generaux, ni autres perfonnes.en faire mention, proces, ounbsp;pourfuite.Et par le vingtfeptieme, que tous les meublesnbsp;qui fe trouueront en nature,amp; qui n’auront efté prins parnbsp;voye d’hoftilité, feront rendus à ceux qu’ils appartiennent, en rendant toutesfois,aux acheteurs, le prix d’i-ceux.Etfurccrtarricle,amisen3uant, tant pour les Catholiques, que pour ceux de la Religion, qu’il n’eftoitnbsp;taifonnable que ceux defquels les biens auoyent efténbsp;prins par leurs concitoyens,lans forme amp; voye d’hoftili-té,leurfufrentretenus,ains leur fuflent rendusamp;refti-tiiez.Surquoy monfieur l’Amiral ayant prins la parole,nbsp;a dit, qu’il luv fembloit eftre trop meilleur de commencer cefte aftion par la deduftion d i dommage amp; in-tereft, tant des grands que des pen's : n’eftant pas vray-femblable,que les petis peuftent efperer aucun efeft desnbsp;promefles qui leur font faites, puis qu’aux plus grands ilnbsp;eftoit deniéxe qui fe void amp; pratique en la Royne de Nanbsp;uarre, par la ville de Leftore,qui luy eft encores retenue , Et en monfieur le Prince de Condé,qui n’a aiiiouf-d’huy moyen de fe mettre àcouuert enfes maifons, luynbsp;retenant encores Valery amp; autres. Adiouftant aufsi, quenbsp;nul de ceux de ladite Religion pourueus de benefices, Ücnbsp;biens ccclefiaftiques , n’ont encores peu eftre réunis ennbsp;la iouiflance d’iceux, félon ce qui leur eft acordé par l’e-lt;ii£t. Et quant .à la propofiti,»n dudit fieur de la Proutie-re,furleflt;lits premierifevingtl'eptiefme articles de l’ediét,nbsp;encores qu’il apparuft alTez que le dommage amp; intereftnbsp;en eftoit trop plus grand pour ceux de la Religion quenbsp;pour les Catholiques Romains, toutesfois ayant efté fiirnbsp;cela confideré ,qu’vne telle recerche entretiendroit plu-ftoftvne aigreur, partialitez, amp; difeords,qu’elle n’appor-teroit de bien amp;¦ foulagcment: mondit fieur l’Amiral
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auroit conclu,qu’il luy fembloitpour les bonnes raifon* fur ce alléguées, qu’il valoir mieux laifl'cr le texte ainlînbsp;conceuqu’ileftoit:remettancà la religion amp; confciencenbsp;des Commiflaires,rexecutionde l’article,pour lareftitunbsp;don des meubles.
Sur le troifîefme article,pour la reftitution de la religion Catholique,y ontlefdits Commillaires pourucu a-ucc les Maire amp; Elcheuins de celle ville.Et cependant ell bon que lefdits députez entendent que lefdits Commif-faires ont déclaré auoir entendu des ecclelîaftiques Catholiques Roinains,u’auoir encores fait demâde de leurnbsp;reintegration.
Sur le cinquième,ledit fleur de la Proutiere a dit, que le texte ainfi couché comme il eft,n’a elle ainfl entendu;nbsp;ains que Ion entent, qu’vn lieu où aurachoilile fleur denbsp;haute iullice fon principal domicile,il y [oie refldët, fansnbsp;que lelieupuifle ellrecenfé,ni réputé fon principaldo-micilcin’y ayât que quelques vns de fa famille.Surquoy,nbsp;apres que exaéle amp; exprefle leclure a efté faite du contenu audit article,que fur ce a ellé amplement ouy le fleurnbsp;de Theligny,que Ion a aufsi veu l'interpretation qui en anbsp;ellé faite par certains arcicles,du tout contraires à la fub-llance de rediél,amp; qu’il a ellé par mondit fleur l’Amiralnbsp;declaré,qu’il fe vouloir tenir,côme en toutes autres cho-fes,audit ediél:Et que là où l’on voudroit aucunement ainbsp;terer la conception du texte fur cell article, d’autant quenbsp;c’ell la particularité la plus notable qui y foit, il faloitaufnbsp;fl rompre tout le relled’iccluy.MonfieurleMarcfchalanbsp;dit,qu’il en faurbit fur ce l’intention du R.oy:auquel,à ce-fie fln,il en feroi: entendre les remonllrances qui fur cenbsp;luy en ont ellé faites.
Sur le huitiefme article,! ledit fleur de la Proutiere re monllré,que d’autant que le Roy auoit accordé l’eflablifnbsp;feraentde la Religion pour le gouuernementd’Orleâs,nbsp;Touraine,le Maiiie,amp; pays Chartrain,outreSancerre,aiinbsp;bourg de Maillé,furraireurance que les fleurs de Theli-gny amp; de la Chafletiere luy donnoyent, que le fleur denbsp;Loue haut iullicier dudit Maillé fe condefeendoit à le renbsp;ccuoir.-que maintenant fur la plainte dudit fleur de Mailnbsp;lédaMaiellé »’eütendoitlcforcerireceuoirledit pref-cke
-ocr page 77-L’ESTAT DE FRANCE. 49 ehe. Sur quoy apres que ledit fieur de Theligny a efténbsp;ouy:qu’aufsi il a efté fait plainte de l’eftablifleinentpournbsp;Cliampaigne amp; Brie, à Villenoce , où il n’y a point denbsp;fauxbourgs,amp; appartient ledit Villenoce à vn de la Relinbsp;giô:deMailly la ville,oùil n’y a ville ni fauxbourgs,pournbsp;Bourgôgne;amp; pour Bretaigne,deBecherel ejui appartiétnbsp;a monfleur de Laual. Que puis qu’il plait à la Maiefté rcnbsp;muerceluy de Maillé,que par mefine moyen il remuenbsp;xulsiles fufditsde Villenoce,Mailly laville,amp; Becherel:nbsp;attendu que lors del’eftabliflement defdits lieux,il futacnbsp;cordéqu’il ne fe feroit el'cliange,ni tranflatjô que du cciinbsp;fentemet amp; les parties ouyes. Ledit iîeur Marefchal 3. acnbsp;cordé pour ceux qui font en fon departement, d’y pour-uoir.mais ferabefoin de feferuirde la tranflation duditnbsp;Maillé pour les autres de Villenoce,amp; Mailly la ville. Etnbsp;neantmoins fera bon d’obtenir declaration du Roy,amp; ennbsp;tout euenemét lettres adrelTantes audit Iîeur de la Prounbsp;tiere,par lefquelles fa Maiefté en attendît que ledit fleurnbsp;Marefchal y ait pourueu d’vn autre lieu propre amp; conucnbsp;nable:veut amp; entend que l’exercice de Religion fe facenbsp;amp; continue audit lieu de Maillé.
Sur le dixiefme article, faifant mention de la deffe«-fe tref-exprelTe de faire aucun exercice de ladite Reli-gion,unt pour le miniftere que le tenement, difcipline', ou inftitution publique des enfans, fors qu'es lieux permis amp; otcroyez.'a efté veué vne ordonnance imprimée,nbsp;intitulée ¦ Ordonnance du Roy fur les defenfes de tenirnbsp;efcoles,principaute2,colleges , ni lire en quelque art, ounbsp;fcience que ce foit, en public, priué ou chambre, s’ils nenbsp;font conus amp; approuuez eftre de la religion Catholique amp; Romaine ; auec l’arreft de la courue Parlement.nbsp;Lefdites lettres dattees du quatriefmeiour d’Oélobre,fi-gnees Dolu, parlelquelles il eft plus accordé qu’il n’cftnbsp;demandé; ainfi qu’il a efté fait en cefte aflemblee , en lanbsp;prefeneC dudit Marefchal, qui a dit n’en auoit rien obfernbsp;ué, ains fuyui l’ediâ. Corne aufsi par moniteur l’Amiralnbsp;luya efté dit,qu’en cela ni én toutes autres chofes.il n’ennbsp;tendoit foufifir qu’il fuft aucunement violé ni enfrainr.
Sur le vingttroifîefme article,ayant efté remôftrépar ledit fieur de la Proutiere, que lefdits de la Religion nenbsp;D
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fc pouuoyent,en enfuyuât Ie texte dudit article,pretëdre exempts des charges ordinaires, amp;. extraordinaires, quinbsp;auoÿent efté impofees durant les troubles, non plus quenbsp;les Catholiques.A efté refpôdu, qu’encoresque par leditnbsp;article il ne foitpas clairement exprimé, amp; qu’il femblenbsp;qu’il y conuienne bien quelque interpretation à caufe denbsp;ce mot,iMPos£R.oNT,qui fe référé au futur .Si eft-ce qu’e-ftant cert article ioint aueç le dernier, qui contient qu’ilsnbsp;feront defehargez de toutes impofitiôs faites, ou à faire:nbsp;Il y a vn tel efclarcilTemétiqu’il n’en veut eftre plus grad.nbsp;Et fur ce a efté refolu qu’il en feroit parlé au Roy.
C’eft en fubftanee amp; fommairc tout ce qui a cftè traité cefte matinee.
A Pres difner,a difeouru audit fîeur Marefchaliacom-pagné defdits commifîàires. Comme les iniuftices, indignitez, defiances, amp; foufpeçons , efquelles l’on s’eftnbsp;toufiours eftudié d’entretenir ceux de ladite Religion,nbsp;font caufe amp; feuls motifs de la naifrance,nourricure amp; a-eroiflementdes troubles en ce Royaume. Et que maintenant le principal but où il faloit vifer pour eftablir vnnbsp;bonamp; feur repos,eftoit, de leueramp; öfter toutes defiances amp; fbulpeçons d’vne part amp;d’autre:luy voulansbiennbsp;remarquer les occafions iuftes que nous-enauons. Lenbsp;Îiriant, s’il fait que la Maiefté en ait aucunes, de les vou-oir declarer.
En premier lieu donqnes,a efté remonftré audit fleur Marelchal, que depuis le commencement des premiersnbsp;troubles, 'ceft edift de pacification eftoit le troifîeme quinbsp;auoit efté fait.Que mefme auccle fecond,y auoit eu artinbsp;des fecrets comme à ce dernier. Que es deux premiersnbsp;chafeun auoit bien peu cognoiftre côme on s’eftoit gou-uerné. Et que Ion fauoitaflézeommefamaieftéauoitnbsp;tefifté de tout fon pouuoir, auec quelques gens de biennbsp;qui aiment ce Royaume,amp; qui preuoyet les incôueniensnbsp;amp; incomoditezqu’vneguerre y pouuoit apporter, pournbsp;empefeher le cours des malheurs qui le preparoyent.
Que neantmoins la force de ceux, qui pour leur ambition amp; inimitiez particulières, amp; pour faire leur profit delà ruine de ce Royaume, ont conunâdé au Roy,à fonnbsp;Con*
-ocr page 79-L’ESTAT DE FRANCE. 51 Confeil,amp; à tout fon royaura e,a efte tellemét rccognuenbsp;amp; averee , qu’on n'apeu empefcher le cours de leurim-petuolîté. En quoy on pouuoit cognoiftre que le Roy e*nbsp;ftoit tout ainfi qu’vn maiftre de nauire, qui a fon but amp;nbsp;delTein de faire vne route gt; amp; ceux de fon equippage en.nbsp;veulét faire vne autre tout au contraire.Qu’il n’y a pointnbsp;de doute que ceux qui menée le vaifleau, ne le côduifentnbsp;ûu il» voudront,contre la volonté du maiftre.
Etc’eft ce que maintenïtlonaiufte occaiîon de crain dre,quand lonvoidquc ceux qui ont ci deuant forcé lavonbsp;lonté du maiftre de ce vaiircau,ont toute pareille .puiflànnbsp;ce,amp; autEorité qu’ils auoyét au parauât: qu’ils n’ayét auf-iî mauuaiie aifeûion qu’ils eurent iamàis enuers nous,nbsp;«lie eft aflez tefmoignee paroles effecb tous contrairesnbsp;à ce qui a efte promis : par les forces que le Roy entretient lans propos,qui ne fonxgueres moindres que s’il a-uoit vne bien forte guerre .Leiquelles, outre les ruinesnbsp;dupeuple,amp;les defpejjfes inutiles qu’elles apportent dotnbsp;ilferoittrop plus raifonnab'e de les retrancher (veumefnbsp;mementles debtes amp; grades aifaires que fa maiefte a furnbsp;les bras) ne peuuent remarquer autre cliofe,iînô vne defiance que le Roy a de ceux de la Religionoù bien quenbsp;Ion leur veut encor courir fus, ainfi que Ion a fait femexnbsp;le bruit par tour.
Et ne peut-on paspéfer.fur quoy on pourroit fonder vne occafion de defiance defdits de la Religion,veu quenbsp;depuis le commencemet des premiers'troubles, iufquesnbsp;àprefent, ils ont fait entièrement tous les deuoirs amp; fubnbsp;mifsions que fideles amp; affeûionnez feruiteurs amp; fuietsnbsp;pouuoyent faire. Et outre toutes ces precedentes demonbsp;ftrations,ce deuoir dernier auquel ils fe font fubmis',amp;nbsp;obligez à payer plus qu’ils n’ont vaillât, amp; n’ôtdcmoyc,nbsp;couronne tellement leur oeuure,qii’il ny a auiourd’huynbsp;perfonne, qui ne puiffe aifément rccognoiftre «Je quellenbsp;lyncerité ils marchent,quâd on a veu que lors qu’il a pieunbsp;au Roy leur otroy er l’exercice de leur Religion, il n’y anbsp;eu condition fi dure,qui leur ait efte offerte, qu’ils n’ayétnbsp;voulontiersaccepteeitant pour le deuoir de leur» confei-ences , que pour fairç cognoiftre au Roy, l’enuie quilsnbsp;auoyét d’auoir û bône grace:Etpour leuer aufsi les fauf-
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fes perfuafions, impoftures,amp; calomnies dontils eftoyet tant outrageufement taxez. AySf trop mieux aimé pay^nbsp;er les folies de ceux qui ont efté caiiie de ces maux, 8çnbsp;qui de gayeté de coeur ont fait tout ce qu’ils ont voulu,nbsp;que de cotefteramp;s’arreftenamp;parcela empefcher le biennbsp;d’vne paix tantneceflàire en ce royaume,encores que lanbsp;necelsité amp; contrainte,corne chacun faisait fait faire aufnbsp;dits de laReligion tout ce qu'ils ont fiiit;ne voulâs pas aufnbsp;fi entrer en iultification,pour ramenteuoir les occafîonsnbsp;qui lesauoyentmcus de prendre les armes,qui ont efténbsp;cognuèsamp; iugees de chafcun dire treliuftes amp;legitimes.nbsp;Mais d’autant qu’il y a quelques points, amp; particulariteznbsp;fort claires amp; manifeftes pour les deux dernieres prinfesnbsp;d’armes, femble bien eftre à propos', d’en couche r amp; re-marquerquelques vns.
Le premier donc , c’éft la coniurïtion amp; confpiration faite a Bayonne. La leuee des Suifles pour l’executionnbsp;d’icenes,qui fiirêt leuczfous prétexté du paflageduDucnbsp;d’Albe enFladres.Et neantmbins encores que ledit Ducnbsp;d’AIbefuft palTéjles firétauîceriufques à Chafteau-thicrnbsp;ry,ville prefquc au milieu du Royaume.
Laruprufe de la paix faite'à Long-iumeau, par la refo lution de ië fàiiir de tous lés ponts, amp; paflages , commenbsp;ils firent.
Les entreprinfes du Cardinal de Lorraine pour furpré dre feu monfîeiir le Prince de Gondé,amp; monfieur l’A-miral,quand ils partirent de No^’ersiS: ceux qui eftoyentnbsp;deftinez pour ce faire.
Quand, au lieu de faire faire raifon audit fieur Prince des iniulfices generales, amp; indignitez particulières faitesnbsp;à luy, par la requeile qu’il enuôya ali Roy par vn iîen fe-cretaire , contenant aufsi l’occaiîon de (bn departement.nbsp;Ledit fecre taire fut arréfté, amp; emprifonné; Et ledit fieurnbsp;Prince arriiiat à Cofne,luy furet apportéeslettres,par lefnbsp;quelles eftoyt mandé aux Baillifs amp; Senefehaux de luynbsp;courir fus,amp; àceux qui Paccompagnoyent,comme à re-bclles.amp;r criminels de leze maiefié. ’
La bulle expediee par le Pape en Iuillet,pour l’alieiKa pondes Cinquante mil efeus des biens des Ecclcfiaili-ques, par laquelle datte fe peut aifément iuger qu’elle a-uoit
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iioit cfté refoluë au parauant : amp;. auoit-on cöuenu du céps pour l’obtenir.
Et l’cdid fait au mois de Septébre,mil cinq censfoixî te huift: par lequel ils font reuoquer au Roy tous les autres precedes ediftsJQ’eftoit-cc pasfe moquer de famaJnbsp;iefté,amp; nous vouloir entretenir en vne continuelle defiance de tout ce qu’il nous promettroit iamais?
Or maintenant par toutes les aftions,amp; deportements dont on vfe enuers nous, nous n’auons pas moindre oc-cafion de defiance que par le paflcrveu mefmement,corne nous auons ia touché vn mot ci deuantgt; que ceux quinbsp;ontefmeu,fufcité,amp;entretenu les troubles,font eux mef-mes qui ont auiourd’huy toute l’authorité publique ennbsp;leurs mains, tât des armes, que iuftice,amp; finances.Ont innbsp;telligence aufsiauec les ambaflàdeurs eftrangers qu’ilsnbsp;entretiennent és ligues amp; aflociations, qu’ils ont faitesnbsp;pour la ruine amp; extermination de la Religion.
Q^e Ion entretient aufsi des gens de guerre fans propos.
Que toutes les villes qui onttenu pour ceux delà Religion,amp; celles qui ont rédu la plus prompte obeiflannbsp;ce,font celles aufquelleslon met des garnifons,amp; qui rcnbsp;çoyuentles pires amp; rigoureux traitemens, les chargeancnbsp;amp; foulât extraordinairemét.Brefil femble que Ion vueilnbsp;lèfur eux prattiquer toutes les rigueurs de l’ediftiCnpaf-fantfous hience tout ce que les-Catholiques font ,amp; cenbsp;fous la faueur,fupport amp;' conniuence des gouuerneui s amp;nbsp;magiftrats,
i^epour ce qui concerne le fait delaRoyne de Na-uarre, de mefsieurs les Princes,amp; autres;lon n’en a autre chofe cogneu,que les belles paroles,amp; fans aucun effeft.
En ce,que Ion tien encores les places de ladite Dame, comme Leftore.
La façon dont Ion fe gouuerne tantaufaiftde la compagnie de môfieur le prince de Nauarre, que de fon gou uernement: où Ion luy baille pour lieutenant le marquisnbsp;de Villars,quinon feulement ne l’eft venucercher,comme il doit,amp; que fa charge le rcqueroit:mais ne luy a pas-feulement eferit,
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Que möfieur Ie Prince de Condé ne peut rentrer en li mailon de Valéry, amp; que ceux d’Achon fe vantent qu’ilnbsp;mourratrois cens gentils-hommes deuantqu’ils en Portent.
Q^vn baftard deLanflac eft plus fauorifé qu’rn baûard de Bourbon.
Le refus que fait le fie»r de Moruillier d’expedier les prouiltons fur les articles fecrets, amp; la refponce qu’il'faitnbsp;de ne le pouuoir faire . Pource qu’ils ne font pas emolo-fucz à la Couriqui eft fe moquer du Roy, amp; vouloir restnbsp;re fa parole amp; promelles feintes.
Que Ion enuoye par toutes les prouinecs de ce royau me, pour lauoir quel moyen amp; volonté Ion a d’extermi ner ceux de la Religiô, amp; quand il fera temps. Chofe quenbsp;lô fait de ccuxmefines quifont employez en telles chatnbsp;gcs,amp;qui s’en vantent.
Que lô a enuoyé en Efpagne, Pnrtugahltalie Si autres lieux,pour fauoir ce que chacun voudra contribuer pournbsp;ce ft ctfeft.
Qi£il s’eft fait vne alTemblee és quartiers de la Guyen jie,côpofee de douze,ou treize. Où entre autres afsiftoic,nbsp;le fieur de la Vallette;oii il a efté aduifé,qu’il n’cftoit pa»nbsp;faon de rien commencer encores ,amp; principalement cependant que la Royne de Nauarre amp; mefsieurs les Princes, amp; autres qui eftoyent cneores à }aRochclIe,feroyétnbsp;enfemble; mais que cela ne pouuoit plus gueres durer,amp;nbsp;qu’il faloit où que ladite Dame, amp; mefsieurs les Princesnbsp;s’en allafsét à la Cour,oùfe retiraflc.nt en leurs maifons.nbsp;Que s’ils alloyétà laCour,c’eftoit là où ils lesdemîdoy-ent. S’ils s’en alloyent en Bearn,amp; ils n’eulTentles moyésnbsp;de fe faiiîr de leurs perfonnes en y allant,quand iis y fe-royent,il faloit mettre de fi bonnes garnifons le long denbsp;la riuiere de Garonne ,amp; autres paflages,qu’ilsn’euàentnbsp;plus de moyen de fe reioindre aux autres forces, amp; quenbsp;par ce moyen la partie s’acheueroitaifément.
Que Ion a dcuifé Si defseigné auec vn ingénieux,pour fortifier Brouage: amp; que Ion y doit commencer au moi»nbsp;de Mars prochain : qui eft l’vnc des plus infignes amp; ou -uertes defiances qu’ils nous puiflcnt delaifler.
Ce
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Ce font les occafions qui ont cfté déduites audit fieur Marcfchal pour lefquelles on fcnbsp;dcult, amp;eft on endefiancede priant qu’il euftnbsp;à declairer s’il fauoit que le Roy eneiiftquel-qu’vne, afin qu’il y fuftremedie,amp; que Ionnbsp;peiift paruenir au bienamp; repos de ce R oyau-me,àquoy chacun fait demonftration de bonne affection.
Surtjuoy ledit fieur Marefcliiil a dit qu’il ne fauoit que deux principales raifons.
L’vne, que l’on auoit fait eflite des principaux Chefs amp; foldats que Ion entretenoit.Et que par ce moyen il fe-roit ailé de faire vne prompte leuec , amp; de fe faifir denbsp;toutes les villes amp; pays circonuoifins de la Rochelle.
L’autre , Que la demeure de la Royne de Nauarre, mefsieurs les Princes, Amiral amp; autres,en ladite Rochel-le,eftoitful^efte.
SVrla premiere eftoit tefpondu , Que quand lefdits fleurs Princes eftoyent arriuez à ladite Rochelle, amp;nbsp;plus d’vnmois apres,il n’y auoit nuis gens de guerre en-tretenus.Et que Ion auoit cfté contraint le faire quad Ionnbsp;auoit entendu que luy d’vn cofté,venoit auec grades forces de pied amp; de cheual.Et de l’autre cofté,le Marquis denbsp;Villars.Auisi que de toutes parts Ion voyoit en toutes lesnbsp;villes renforcer les eamifons. Mais qu’il feroitbien aifénbsp;de remedier àticla.Et qu’ils feroyentbien aifes de calfernbsp;ceux qu’ils auoy ét, pourueu q le mefme fuft fait par tout.
Sur la féconde,11 en a efté dit défia des raifons aCTez fuf fifantes.Mais outre cela qu’on ne fe pouuoit départir quenbsp;on n’euft mis le reiglement qu’il conuenoit mettre parnbsp;tout ce Royaume, pour la leuee des deniers qu’il faloitnbsp;pour faire le payement des dettes en quoy Ion eftoit ennbsp;toutes fortes obligé . Et quelque diligence 6c folicita-tionqui eneuft cfté faite,on n’auoit feeu obtenir vnenbsp;feule prouifion . El que facilement on n’auoit pas nou-uelles des députez qui eftoyent à la Cour, pour fauoitnbsp;s’ilfe trouuoii quelque difficulté. Etqu*Ü faloit bien
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cftre enfcmble,pourpouruoir à telles depefches . amp; que nul ne le voudroit faire eflans fcparez.Que Ion s’esbaliifnbsp;foit bié des difficultez que l’on faifoit pour cela, veu quenbsp;le Roy eftoit oblige ainfique ceux de la Rêligiô, line fanbsp;loit point faire de doute,qu’à faute de payement, amp; auxnbsp;termes proinis,qu’on ne nft f^irc arreft fur tous les mar-chans,amp; marchandifes de France,amp; que cela feroit caufenbsp;de rompre toute la trafique.
Faità la Rochelle,L’an mil cinq cens foixante amp;vn2e. Le premier iourdçlauuicr. Ain ligné, HENRY.
HENRY DE BOVRBON.
Et au deflbus, DE CABOCHE. Pendant ces allées amp; venue5,les Catholiques encor ef
du mafla- meus de la guerreme pouuoyét prendre gouft à la paix, crç fait a amp; en diuers lieux ne faifôyentque gronder amp; menacer.nbsp;Orege par Les moins turbulehs donnoyent relpicàceux delaRelinbsp;les Catho gion,pour deux ans,au bout defquels les villes de refuge
le deuoyent reiîdré.Mais quelques feditieux ne pouuans
fi longuement patienter ( pourn’auoireftéauconfeildc ne mere amp; des fiensjfe remirent à leur train acounbsp;Itume. Ceux d’Orenge commencèrent. Or afin que lenbsp;tout foit mieux entendu.nous le déduirons vn peu amplement. Quelques mois apres Ledit de pacification, lenbsp;Roy députa le Marefchal de Danville gouuerneur de Lanbsp;guedoc,par ample commifsionamp; lettre de cacheta luynbsp;adreflantes.pour réintégrer à pur amp; à plain lePrince d’Onbsp;renge es villes,chaftcaux amp; terres de (a principauté amp;founbsp;Herainetéd’Orengerle tout lu^'uant le trentielme articlenbsp;de Ledit dernier de pacification,portantquele Roy vouloir que fes coufins le Prince d’Orenge, amp; le Comte Lu-douic fon frere fjfient réintégrez en toutes les terres,feinbsp;gneuries amp; iurifdiâions qu’ils ont dans le Royaume,en-femble de la Principauté d’O renge, amp; de tout ce qui ennbsp;depend,amp; que dorefnauant iceluy Prince amp; fon frere ennbsp;iouyroyent,fuyuatcequi enauoit efté arrefté pa? le feunbsp;Roy Henry amp; les autres Roys,commeilsfaifoyentauàtnbsp;les troublcs.Lcdit fieur Marefchal ayant receu ce mandement des députez du Comte Ludouic, acompagnexnbsp;des plus apparensd’Orenge,tantd’vne que d’autre reli-
-ocr page 85-L’ESTAT DE FRANCE. 57 gion,depefcha le fieur de S.Geranfattendant la commodité d'aller enperfonne àOrenge) pour commander annbsp;Chafteaude ladite villeA faire rentrer ceux de la Religion, qui) pour le refus des Catholiques, demeuroyeninbsp;aux champs.Ce qui fut execute , amp; quelques iours apresnbsp;ledit fleur Marefchalarriué là fit appeler les officiers'dunbsp;Prince amp; la plufpartdes habitans, aufquels il fit plufieursnbsp;douces remonftrances,leur declairant que la volonté dunbsp;Roy eftoit de garder fon edit de pacification : que pournbsp;l’auenir ils oubliallent toutes iniures, viuans en bonnenbsp;paix les vns auec les autres.Pour ccft cffeâ:, il remit entre les mains du Prince toute (a principauté, reftablilTantnbsp;parmefme moyé tous les officiers dudit Prince,chafcunnbsp;enfon endroit refpeftiuement, pour faire leurs chargesnbsp;comme de couftume. Cela fi.it expédié le ly. Décembrenbsp;I î 7 ©.Cependant ledit Marefchal ne voulut commettrenbsp;le chafteau entre les mains du Capitaine Creft, enuoyénbsp;expres pour cela parle Comte Ludouiciamp;Jce pour ne l’a-uoir trouué(comme il difoit)de qualité reqliife pour garnbsp;der vne telle place . Mais en attendantque le Prince ounbsp;fon frere y eulTent autrement pourueu , il y mit le Capitaine Moncmejan,luy commandant détenir la place aunbsp;nom du Prince iufqu’audit temps , amp; cependant donnefnbsp;toute aide amp; main forte à ce que les officiers du Princenbsp;fulicnt obéis en exerçant leurs charges. Cela ayant cfténbsp;declairépubliquement amp;folennellement, comme eft a-couftumé en tels afaires,quelques officiers duPrince rennbsp;trerent en leurs charges,amp; ceux de la Religion, fuyuantnbsp;le commandement dudit fleur Marefchal, fe retirerentnbsp;en leurs maifonsfous la proteûion du Roy,d’autant quenbsp;le chafteau n’eftoit encor en la puiflànce du Prince, llsfenbsp;comportoyent fort paifiblement, fans monftrer femblatnbsp;aucun de fe vouloir refouuenirdes iniures palTees, amp; vi-üoyenten toute concorde auec les Catholiques, cerchâsnbsp;par tous moyens de nourrir la paix que Dieu leur auoitnbsp;donnee.Et pour monftrer le défit qu’ils auoyent deviurenbsp;envnionauec les Catholiques, leur auroyét propofé denbsp;fe prendre en garde les vns les autres relpeétiuement,nbsp;au cas qu’il auinft mal aux vns ou aux autres. Pour ceft efnbsp;feét ceux de la Religion fe prefencerent çn nombre de
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douze ou trete des principaux de laville,pouruea que le» Catholiques vouJuilèntde leur cofté promettre le fcin-blable. Ce qu’ils refuferent en prefeace des Conl’eillcrsnbsp;du Prince amp; des Confuls delaville,quieftoyentfom-tnezd’authorifercela. Se voyansfruftrez de leur offre,nbsp;ils requirent leur cftre permis d’acompagner les Confuls de la ville auec les Catholiques.le tout en nombre efnbsp;eal,amp; choifl par lefdits Confuis.Les Catholiques ne voulurent s’accorder à ccfte requefte.Sur ce.lefdits de la Religion, auertis que certaine menees fecrettes fe faifoyétnbsp;denuiâparles Catholiques, pour faire quelque mafla-cre : ( comme auint puis apres ) Ce retirèrent vers laiu-ftice,y faifant appeler les Confuls,afin qu’on y pourueuilnbsp;comme en temps de paix ,fans vouloir rfer de voyedenbsp;fait, fe confians en la promefle dudit fleur Marefchal,nbsp;en la protedion du Roy, amp; en l’authorité du Princenbsp;amp; aimans mieux, en cbeifiàut, ibuffrir les indigniceznbsp;des Catholiques, que de faire tant foit peu de brefche inbsp;la paix,achetée par la mort de tant d’hommes amp; fl folennbsp;nellcment iurec.
Pour remedier au danger eminent, ceux de la luftice amp;les Conflils firent publier de la part du Prince, qu’il e-ftoit défendu à toutes perfonnes de quelque Religionnbsp;ou qualité qu’ils fulTcnt, de Ce trouuer de nuiét auecjar-mes amp; fans lumière , flnon que ce fuft pour acompa-gner les Confuls,lelquelsfeuls(aueclelugeordinairee-nabli de par le Roy auant la reintegrande) auoyentcharnbsp;ge amp; paiflance d’aller de nuiél auec armes , pour empef-cherles afièmbleesdepart amp; d'autre. Eftoitpareillemêtnbsp;défendu de ne chanter aucunes chanfons diffamatoires.nbsp;Celafutpublié enla vilie,de plain four, le dernier de lannbsp;uieriyyi. Ceux de la Religion ne defîrans que paix cônbsp;tinuerentà fe contenir les nuifts en leurs maifons, fan»nbsp;en fortir.-Ies Catholiques au côtraire,par mefpris du Prianbsp;ce amp; de la publication faite en fon nom, ne celTercnt lesnbsp;nuifts fuyuantes de fe pourmener par ladite ville auec arnbsp;mes amp; en troupe,iettas des pierres aux feneftres de ceuxnbsp;de la Religion, tafchans par ce moyen d’irriter leur pa-tience,afin de venir à vne fedition.Quâd les Catholiquesnbsp;apperceurentque leur airie ne pouuoit efchaufer ceux
-ocr page 87-L’ESTAT DE TRANCE. 59 Je la Religion, finalement le fécond lourde Feurier.il»nbsp;firent vn oeflêin d’exccuter le maflàcre par eux machinénbsp;long temps auparauant, ayans efté par le Contât amp; ennbsp;diuers lieux des terres du Roy, d’ou ils auoyent tirénbsp;quelques foldatsiles faifant entrer de nuift par petite«nbsp;troupes,amp; lors qu’on ne s’en donnoitgarde,à caufe de lanbsp;foy que les Confuls delà ville auoyent promife à ceuxnbsp;de la Religion .-entre lefquels le premier nommé denbsp;Condes auoit promis amp; afleuré és mains de luftice , quenbsp;nul n’entreroit de nuift en la ville, par le moyé des cleftnbsp;d'icelle,lefquelles il tenoit pour lors entre fes mains.
Or les Catholiques ayans lors trois feftes de fuite, empoignèrent incontinent cefte commodité pour frapper de piller aufsi plus à loifir. Ü$ cômencerent vn védre-dy au foir i fe fiifir des pones amp; fortereflés de la ville,nbsp;fuis ayâs introduit les fuidits foldats eftrangers.ils efpie-tét l’heure de minuiû, pour auoir meilleur marché de«nbsp;f’oures ges couchez en leurs lits: amp; lyiz mutiné la popu-ïce, vindrent droit au logis du lieur Prunier treforiernbsp;general pour le Roy en Dauphiné. En cefte maifon e-ftoyent pour lors Iulian amp; de Belluions,Confeillier,Auo-cit amp; Receueur general du Prince, aucc fix ou fept donbsp;leurs domeftiques qui s’eftoyent retirczli pour leur feu-reté.Surce,vn nommé lean Motet,l’vn des chefs delà fe-dition demada ouuerturc de la maifOn, afin d’auoirceuxnbsp;qui eftoyent dedans. L’Auocatrefpondit que ce n’eftoitnbsp;Eas bien procédé de s’adreffer aux officiers du Prince, ànbsp;eure induc,dc en telle façon. Ces remonftraces mutinèrent dauâtage ce Motet,qui pouffant les autres feditieux,nbsp;fit apporter grade quâtité de fagots côtre la porte,amp; metnbsp;ire le feu deifîs.-acôpagnans ce cruel effort de menaces e-ftrâges.éc blaiphemes horribles. Incontinét les pierres de.nbsp;harquebuzades cômencerent à plouuoir contre les fene-ftre.s de cefte maifomcôbien que les Confuls amp; luges denbsp;la ville euffent affcurélefdits Officiers du Prince, deuxnbsp;cutrois heures auant ce tumulte, qu’il n’auiédroit aucunnbsp;mal de la part des Catholiques: amp; que pour ceft elîêft ilsnbsp;»enoyétdefairela patrouillc;ce qui endormit plufieurt.
Cependant,le refte de la ville , rempli de la populace, letcntiffoit d’armes. Les capitaines des feditieux cftojj^
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Louis Guyane, dît le Cadet de Mîgnony amp; Michel de !» Baume.Il y aüoit aufsi des Catholiques d’Auignô.du Cô-tat,amp;d’autres lieux,qui auoyét cfté amenez par trois gar-ncmens,nômez Bataillat,Villeneufueamp; Morichon.Tou»nbsp;ces mutins aflemblez commencèrent a enfoncer porte!nbsp;amp; feneltres,amp; entrans dans les maifons maflacrcrent fu-rieufement plulîeurs gens lionnorables ; Entre autres vnnbsp;jeune gentilhomme nommé Chabert aagé de fetze »nbsp;dixfept ans ,nouuellementreuenu de Paris ou il auoitnbsp;eftudiéifùtcruellement meurtry entre les bras de fa me^nbsp;re , laquelle ils firent eftretefmoind’vn fi eftrange fpe^*nbsp;éfacle . Plulîeurs maris furent maflacrez entre les brasnbsp;de leurs femmes, les vieilles gens amp; les malades dagueznbsp;dans les lits , les ieunes hommes, ayans receu quelquesnbsp;Coups en leurs chambres,eftoyent iettez tous nuds parnbsp;les fenefires en la rue. Ils en eftoulferent amp; enfumèrentnbsp;quelques vns.Les autres ay.âs efté bleflez à mort de quelques coups, furent acheuez les deux iours fuyuans . Lesnbsp;maifons pillees ,les papiers amp; enfeignemens defrebez,nbsp;puis brûliez. Les habillemens vedus publiquemet à l’encan. Et pour le comble de cruauté expolércnt publiquement pour viande aux chiens le.s corps des maflacrez, amp;nbsp;ce en la place publique de la ville. Ils en prindrentquelrnbsp;que nombre qu’ils rançonnèrent eftrangement, leur fai-fantdôner vue partie de leurs heritages,apres auoir perdu leurs meub!es,puisles contraignant d’aller à la Meflcnbsp;les iours fuvnans.
Ce maflacre dura toute la nuift.Sur le matin les Con-fulsvindrent pariétaux officiers du Prince, qui eftoyent encor afsiegez chez le threforier Prunier. Lefdits officiers ayans rcmonftréaux Confuls leur irreparable fau-tnbsp;te,Ie$ fommerent de faire venir le capitaine Montmejan*nbsp;pour appaifer ces troubles,amp; leur donner main forte fui-uant l’ordonnance du Marefchal de Danville,qui pournbsp;teff eflèft l’auoit mis au chafteau: amp; qu’eux aufsi de leurnbsp;partauifaflent de faire celfer vne telle efmorion . Sui cenbsp;les Confuls allèrent vers le chafteau, amp; deputerent l’vrinbsp;d’entre eux nommé Poignety, pour parler a ce capitainenbsp;Montmejan, lequel fit refponce qu’il ne vouloir abando-ner la place,pour laquelle garder foigneufement,il auoitnbsp;elta
-ocr page 89-L’ESTAT DE FRANCE. 6a efté commis par ledit Sieur Marefchal. Les autrer Con-fulsvont crouuer les chefs des feditieux, Icfquels icC-pondirent , qu’ils eftoyent contens de faire quelquenbsp;compofition, Afauoir que tous les eftrangers faifauînbsp;profefsion de la Religion (tous gens qualifiez amp; honorables,habitans en la ville depuis dix ans, auec la bonnenbsp;volonté amp; permifsion du Prince) enflent à fortir dedansnbsp;le terme de deuj iours, fans armes ; amp;, auant que partir,nbsp;payer vne fomme d’argent à ceux du Contât, conduit?nbsp;parlefdits Bataillat,Villeneufue amp; autres.
Lçs officiers du Prince remonftrerent aufdits Confuls
amp; capitaines maflacreurs, que la ville d’Orenge eftoit compafee de tant d’ertrâgers,gens de bien amp; d’honneur,nbsp;qu’ils ne pouuoyent accorder ce point,fans la ruine de lanbsp;ville,au grand preiudicc du Prince ,amp; dommage de toutnbsp;le pavs. Car tous les officiers du Prince eftoyent eftran-gers.comme aufsi eftoyent tous les Aduocats amp; Procu-reurs,hors mis vn oudeux : la plus part des bos marchas,nbsp;amp; lesplus excellons artifans eftoyentfemblablemcnt e-ftrangers: amp; pourtant qu’il eftoit bien neceflaire d’y auHnbsp;fer,amp; bien toft. Ces remonftraces ne peurent flefchir lesnbsp;feditieux , qui au contraire prefenterent vn cataloguenbsp;de ceux qu’ils vouloyent chafler dans ce terme de deuxnbsp;iours. Par ainfî, les Officiers du Prince,furent contraintsnbsp;de députer deux perfonnages, amp; finalement fut accordénbsp;comme les meurtriers voulurent ,amp; ledit accord publiénbsp;par les carrefours de la ville, le Sâmedy troifiefme duditnbsp;moisde Feurier.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ci ¦ gt;
Mais nonobftant ceft accord iuré amp; accordé folennel-lement, ils ne voulurent tenir promefle : ains ayans par 4°'” tel moyen fait fortir des maifons plufieurs qui eftoyentnbsp;.cachez, continuèrent de meurtrir, violer amp;faccager; al-lans lefdits chefs des maflacreurs par la ville, chafcun a-ƒ uec vn garçon, marchant deuant auec vne efpee fan-glante iufques aux gardes . Et pour mieux defcouurirnbsp;ceux de la Religion , qui s’eftoyent retirez chez les voi-fins, afin d’cuitervne telle fiirie, cesfeditieux firent publier par la ville, de l’authoritédefdits Confuls, que toutes perfonnes qui auovent chez eux aucuns de la Religion , euflènt aies mettre en euidence, à peine de voir
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faccager leurs maifons. Aufsi.jJour n’en laifTer elchappef pas vn durant ces maflacres , il y auoit toufiours gardenbsp;aux pós, ports. amp; partages du Contat, pour tuer ceux quinbsp;fe fauuoyent de cefte boucherie,amp; ce fuyuant les ordonnances du Cardinal d’Armignac, publiées en Auignon amp;nbsp;par le Contât,au mois de Décembre precedent,amp; depuisnbsp;eftroitemét obferuecs à l’endroit de ces pontes fugitifs,nbsp;qui s’eftans retirez es terres du Roy, eftoÿét menacez,nbsp;«efmes furent defchaflezde Montelimard.à l’inftigatiônbsp;des Catholiques du Contât, lefqueîs s’en vaptoyent publiquement.
Le Dimâche 4.de Feurier.troifiefme tour Je ces ma.C~ làcres.enuiron les dix heures de nniét.vn citoyé de la ville nôméleande Lange.hôme de marque,pour beaucoupnbsp;de vertus,qui le rendoyét aimable amp; redoutable, amp; qui a-noit des long téps manié les afaires de la ville, au côten-tement de chafcun,au refte bien affetlionné à la Religiô,nbsp;fût tire de fa maifon auec fes trois fils , iennes homes denbsp;grande e(perancc,amp; côduits par lefdits Cadet, la Baume,nbsp;amp; autres chefs des inartacreurs,qui faignoyét les côduircnbsp;en lieu de feureté . Mais eftans vn peu eflongnez de leurnbsp;maifon, furent le pere amp; les deux fils plus aagez cruelle-niétmis à mort.par les mutins qui les attendoyent là denbsp;pied coy. Ces meurtriers auoyent promis leur fauuer lanbsp;Vie, amp; lans cela ne les auoyent peu auoir dedans leurditcnbsp;maifon, quelques efforts qu’ils enflent faits, depuis lesnbsp;maflàcres commencez.Mais Dieu voulût defcouurir leurnbsp;lafcheté, làuua miraculeufement le plus ieune d’entrenbsp;leurs mains.lequel auec merueilleux foufpirs amp; langlotsnbsp;fût Ipeftateur de cefte cruelle tragedie . Ces meurtriersnbsp;»infî enfanglantez.retournét en la maifon dudit de Läge,nbsp;donnans à entendre à fa fcmme.qu’ils auoyét misen lieunbsp;de feureté (ils difoyét vray pour le regard de l’autre vie)nbsp;les mary amp; enfans . Elle penfant que les corps d’iceuxnbsp;n’enflent receudommage.lcur donna imâgeramp;à boire,nbsp;puis à chafeun quelque piece d’argent. Mais auertie denbsp;feur trahifon ,amp; fondant toute en larmes , elle leur dit.nbsp;Prenez, prenez maintenant tout ce qui eft en la maifonnbsp;hardiment, puis que vous auezmeurtry ceux qui en e-IVoyent les iuftes poflèûjèurs.
Ce»
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Ces maflacres amp; rauages ayans continué depuis le i. de Feurier iuftjues au 17. les meurtriers conuaincus ennbsp;leurs confciences de tant de defloyautez amp; brigandages,nbsp;fedouuns bien qu’à 1‘auenir ils enpourroyent eftre re-cerchez par le Prince, amp;chaftiez felon leurs démérites,nbsp;contraignirent plufieurs de la Religion, qu’ils tenoyentnbsp;prifonniers entre leurs mains dedans la ville, de tef-moigner felon leurs peruerfes volontez, amp; contre toutenbsp;vérité , pour donner couleur à leurs maflacres amp; facca-gemens.
U y a vne petite ville enla Principauté d’Orenge,nom» Effort des meeCourtefon,en laquellehabitoyentquelquesgensde ^tholi-laReligion. Les Catholiques avans ouy les nouuelles quesdenbsp;d’Orenge.foudainprindrét les armes,fe faifîrent des pornbsp;tes amp;fortere{res de la ville,faifans courir le bruit que c’e-ftoit pour la cômune feureté de tous : mais leurs defleinsnbsp;eftoyent d’enfuyure le chemin de leurs compagnôs d’O-tenge amp; du Contât. Aufsi lefdits de la Religion s’apper-ceuansbié qu’on aiguifoit les coufteaux pour les efgor-ger,deflogerent debonne heure,amp; fc fauuerent çà amp;. là.
Les autres villes d’alentour cômencerent à fe mutiner. Les Catholiques de Baignols , Nifmes , Montelimar amp;nbsp;Montpelier.amp; femblables endroits cômencerent à leuernbsp;l’oreille,pour faire quelque terrible mefnage. Mais retenus parles gouuerneurs,amp;voyâs aufsi que ceux de la Religio qui eftoyent parmi eux fe tenoyét fur leurs gardes,nbsp;auec deliberation d’eftre prudeiis,aufsi bien que patiens,nbsp;mirent de l’eau en leur vin, amp; fe refroidirét quelque peu.
Les refehappez d’Orége firét drefl'er vne requefte cô- Requefte tenît le difeours fus mentiôné,amp;renuoyerctpar leur de- au ContoJnbsp;^uté au Côte Ludouic qui pour lors eftoit à la Rochelle: Ludouicnbsp;a celle fin qu’il luypleuftfaire vne bonne, briefiieamp; exe-plaire iuftice de ces maflacres, 8i que pour ceft effeét il ^3^' ”nbsp;luy pleuft deleguer quelques cômiflaires pour informer cteur,nbsp;deuement des chofes fus mentionnées, fans acceptiô de d’Oiengr.nbsp;perfonnes.ainsau côtraire fi ceux de la Religion fe trou-uoyent chargez en quelque forte qne cefuft, onles cha-ftiaft à la rigueur : qu’au reciproque, les autheursamp; executeurs de telles cruautez ne fuflent efpargnez. Outreplus qu’il pleuft audit Sieur Conte, faire tant enuers
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le Roy que fes fuietsqui ont part à ce fait fuffent chi-ftiez, amp; donner ordre de faire reprimer ceux du Contât, lefquels fe donnoyent adnli licence de brigander amp; meurnbsp;trinauec impunité:voulans par ce moyen troubler le repos public,commencer yne guerre, amp; violer la paix quinbsp;gt; a efté publiquement amp; fi folennellement iuree de partnbsp;amp; d’autre.
Alors que ce député arriua à la Rochelle, afauoir en Mars, le Marefchal de CofTe en eftoit party auat le moisnbsp;de Feurier, auec tefmoignages amp; amples declarations,nbsp;des Princes amp; del’Amir ai, qu’ils ne defiroyent rien plusnbsp;. qu’vn bon amp; ferme entretenement de l’edit de Pacifica'S tion.Mais ces nouuelles d’Orenge eftans fceues,amp; déclarées au longpar cedeputé,deuant la Royne deNauar-re, les Princes, l‘Amiral,amp; bonne compagnie de gentilshommes de la Religion, tous furent merueilleufcmentnbsp;cfmeus, tant pour la compafsion qu’ils auoyent de ceuxnbsp;qu’on auoit fi cruellement traitez ; que pour voir fi toftnbsp;des troubles. Et tels malïàcres leur faifoyent craindre v-ne nouuelle guerre , veu mefmement que le Marefchalnbsp;de Danville auoit mis au chafteau le capitaine Mont-inejan,qni s’eftoitfî peu fouciéde remédier au mal ; Xnbsp;outre plus auoit refufé de mettre la place entre les mainsnbsp;de celuy qui y eftoit enuoyé de la part du Prince,nbsp;pour en reprendre polTefsion, fuiuant l’article de l’edit,nbsp;concernant ledit Prince amp; fon frere.X
Le Conte Ludouic defpefche incontinent vn gentil-hÔmevers le Roy,pour l’aduertir de ce qui eftoit pafte, Le Prince d’Orenge fait le fémblable, amp; par meflagesnbsp;réitérez, prie le Roy de faire faire iuftice des fuiets denbsp;fon Royaume, qui fe trouueroyét attaints de ces meur-tresamp; faccagemens.Puisluylaifler,fuyuantfon edinl’en-liere poftcfsion de fa principauté amp; de tout ce qui en de-pendoit: commander au capitaine Montmejan de fortir,nbsp;amp; faire place à celuy qui y viendroit au nom du Prince.nbsp;Les Princes amp; l’Amiral prennent occafion, en ioignantnbsp;leurs lettres à celle du Conte Ludouic, de prier le Roynbsp;d’auifer à l’obferuation de fon edit: amp; reprimer de fi bone forte les coulpables, qu’on eutendift qu’il ne vouloirnbsp;point fauorifer les infraéîeurs de paix. Les Catholiquesnbsp;atioyent
-ocr page 93-L’ESTAT DE FRANCE. 65 auoyent lufsi leurs folliciteurs.pour s’excufer,amp; chargernbsp;melmes ceux de la Religion.hinalemét apres beaucoupnbsp;d’inftancesde Prince elt remis en plaine amp; entiere iouif-lànce déroute (à principauté d’Orenge :amp; pour ceft ef-feâle fleur de Berchon gentil-home lage y vint,amp; printnbsp;poflèfsion de la ville amp; chafteau d’Orenge au nom dunbsp;Prince. Cela exécuté, il fait publier de la part du Prince,nbsp;qu’à l’aucnir tous d’vne amp; d autre Religion ayent à viurenbsp;paiflblementjfuyuant redit,auec exercice libre des deuxnbsp;Religiôs.Les autheurs amp; executeurs du malTacre fus ménbsp;tionné, commencèrent à gagner au pied, craignans cenbsp;qu’ils auoyent merité. Or en fin,par les douces parolesnbsp;du gouuerneur qui ne leur monltroit mauuais vilage, ilsnbsp;reuiennent dans Orenge. Ce gouuerneur qui eftoit de lanbsp;Religion,le contenoit en telle,forte que mefmes il s’ab-ftenoit d’aller auxprefches, amp;fauorifoit aucunemct auxnbsp;Catholiques. Mais ayant attrapé les coulpables,il en fitnbsp;bonne iuftice, comme plus amplement fera dit enfonnbsp;endroit.
Nous auons entendu le Confeil que Birague donna le Roy de eu Roy en prefence de fa mere pour attrapper les chefs claire fonnbsp;de ceux de la Religion,amp; comme le Comte de Rets l’vn Rcrec ànbsp;des plus grands amis de la Royné mere,en fut auerti aufnbsp;fi-LeRoy ayàt prins gouftàcela, refolut d’en defcouurirnbsp;quelque chofe au Duc d’Anjou fon frere . Ce qu’il auoitnbsp;occaflondefaire.pour beaucoup de raifons.il voyoitfonnbsp;ditfrerefiiyuide laplufpart delà noblefle Catholique,nbsp;ayant tous les Capitaines amp; foldats, voire mefmes toutes les villes à fa deuotion. Que la Royne leur mere luynbsp;faifoit vn tel accueil qu’il n’eftoit pofsible de plus. Aufsinbsp;les courtifans qui ont acouftumé d’adorer pluftoft le fo-leilleuant que le couchant,auoyent les yeux fichez furnbsp;le Duc d’Anjou qui eftoit Roy de fait,amp; fon frere de titre amp; de nom'feulement. Le Roy eftoit affez foupçon-neux de nature,amp;: commençoit à s’afinerxombien qu’ennbsp;fa maniéré de viure il fe monftraft pluftoft ieune qu’au-trement;Carenceteinps-là,il prenoit fonplaiflrà allernbsp;fouetter dans le lift les gentils-homiïies amp; damoifclles,nbsp;amp; autres femblablcs paflc-temps qu’il continua depuis,nbsp;iufques apres les maflàcres.U faifoit ainfi du ieune hom-
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me en public , afin qu’on s’aiïèuraft tant mieux de luy. Et cependant, afin de n’entrer en manuals inefnage a-uec fon frere, il l’appelle vn tour, 8c le fait coucher auecnbsp;luy, cornme on dit qu’il auoit acouitumé de ce fairenbsp;quand il vouloir communiquer à fondit frere de quelque afaire d’importance . Luy ayant defcouuert tout, lenbsp;ht iurer amp; promettre de n’en rien reueler, d’auoir feulement bon courage,en attédant l’execution. Peu de ioursnbsp;apres,le Duc d’Anjou ayant penfé à celte entreprife, lanbsp;rrouua tellement difficile,que pour s’en mieux refoudre,nbsp;il fe difpenfa d’en dire quelque chofe à fon grand mignon Lignerolles,afind’en fauoir librement Ion auis.Li-gnerollesayantiuré amp; reiuré de n’en fonner mot, tic nenbsp;trouuantrienà redire en ce beauproiet, luy fit l’execution bien aifee, tellement que, fans en parler dauantage,nbsp;le tout demeura couuert.
Inftiuaiü La Royne mere, fachant que le Roy auoit entamé ce delaRoy- propos à foij frçrc, en communiqua derechef auec tousnbsp;ne nacre à les deux à part,amp; leur donna nouuelleinftruftion, comenbsp;fesenfans. ilsauroyent a fe gouuerner. Le Duc d’Anjou fut chargénbsp;de tenir toufîours rude côtenance à ceux de la Religion,nbsp;amp; fort bon vifage aux Catholiqu es, (ce qu’il ne ftiy falutnbsp;pas fort recorder, car les Catholiques luy fourniflbvencnbsp;argent, amp;lefditsde la E.eligion ne chantoyent pas fes vi-ftoires, nynedefiroyentfon auancement, pource qu’ilnbsp;auoit défia comme pris curee de leur fang) afin que lef-dits de la Religion ,fe voyans fi mal receus de ce cofténbsp;s’adrefiàirent au Roy quiertoitinftruitde leur faire faonnbsp;vifage, promettre merueilles, amp; donner aufsi quelquei-fois.Elleaiouftavne autre rufe,c’eft de faire que ces deuxnbsp;frères en fecret fe confermaiTent en ce complot fufmen-tionné, amp; qu’en public le Roy fift par fois femblant d’e-ftre ialoux Sc mal content des deportemens de fon frere . Le tout afin d’attraper ceux de la Religion : car celanbsp;fait, elle, qui penfe rien ne luy eftre impofsifale, coupe-roit tous ces nœuds incontinent. Ourreplus, cognoif-fant la haine de ceux de Guife contre ceux de Chaftillon,nbsp;elle fe refolut de faire durer ce feu couuert, pour le ref-ueiller 8c s’en feruir à point, ainfi que nous lemo^ftre-rons.Pouryparuenir, elle declaireà Gonzague Duc denbsp;Neuers
-ocr page 95-L’ESTAT DE FRANCE. 67 Neuers la raenee,amp; fans luy dire, luy donne aflez à entendre qu’elle ny le Roy ne trouueroyent pas mauuaisnbsp;que le Cardinal de Lorraine en encendift quelque choie,nbsp;*fin de ne s’eftonner des contenances du Roy, amp; de cesnbsp;thangemens qu’il pourroit voir puis apres. Gonzague,nbsp;fiit ioyeux de n belles ouuertures,tant pour fe véger desnbsp;torts qu’il pretendoit luy auoir elle faits , amp; dont il portenbsp;*ncor les marques, que pour la haine extreme qu’il por-toit à l’Amiral fon voilîn,amp; aux autres gentils-homes de
Religion ennemis de fagradeur amp;de l’authorité qu'il * ''furpee au Royaume. Quant au Duc de Guife,ils fe re-^olurêt de ne luy en parler encor, amp; qu’il feroit meilleurnbsp;•^0 s’en feruir à l’execution feulcmcnt.Le Cardinal ayantnbsp;les chofes de Gôzague premieremct,amp;de la Roynenbsp;puis apres,fe porta tellemêt, que rié n’é a efté defcouuercnbsp;fon cofté,non plus que de Gonzaguc,ni des autres. Li-Çoerolles , pour auoir efcou.té trop volôtiers s’en trouuanbsp;comme ci apres fera dit.
Pendant ces menees en France, l’Empereur Maximi- te Roy Jiin,ayantcompafsion (comme ildifoit, amp; eftvray fern- empefehenbsp;Wable) de l’eftat de Flandres , amp; des afaires du Prince l’oncenbsp;*^’Orenge,follicitoitparambafladesle Roy d’Efpagne,amp;nbsp;’“oit défiaprefques obtenu de luy,que le Prince r’entre- quelquenbsp;toit en tous fes biens, à côditiontoutesfois qu’il n’auroit accord a-Point de domicile das les limites de Flîdres,mais qu’ha- ucc l’Ef-^itant en autres lieux ,il iouiroitde tout fon reuenu. Le pagnol.nbsp;^oyde Fr2ce,amp; fescôfeilliers fecrets fe troiiuerét enpeinbsp;t'Cientendâsce traitté,car ils voyo'/ëtvne partie de leursnbsp;’ntreprifes s’efuanouir, fi cefte guerre de Flandres ne fcnbsp;Pouriuyuoit.Car d’vncofté le Roy vouloir bié que l’Efpanbsp;Snol euft de la befongne taillee, afin de luy tirer le fangnbsp;par ce moyé,amp;Ie garder de péfer à nouueaux remuemés.nbsp;ß’autät que quelque beau pourparler qu’ô euft tenu à Ba-ÎOnne auec le DucDalbe,târya(côme les gr.ïds font mernbsp;eilleufement chatouilleux,amp; marris au pofsible.fi quel-qu’vn les coftoye)que lesRoys fe defioyét l’vn de l’autre,nbsp;principalement depuis la mort de la Royne d’E/pagfie.nbsp;Il’autrepart, le R oy portoit vne dent de laift au Princenbsp;•^’Orége amp; à fon frere,qui auoyét fauorifé amp; fecouru lesnbsp;Princes, en beaucoup de façons : pourtant eftoit on bien
-ocr page 96-lt;58 MEMOIRESDE aifedeleslaiflerauxprifesauec vn G puiflant ennemy,nbsp;des mains duquèl à peine pourroyenc ils efchapper bagues fauues . 11 eftoit donc expedient de faire toulîoursnbsp;choquer l’EfpagnoI Si le Prince d’Orenge : ioint qu’onnbsp;fe deiferoic d'vne partie de ceux de la Religion, qu’onnbsp;pnuoyeroit en Flandres, fous la conduite de leurs chefs,nbsp;qui y feroyent tous attrappezxar le Duc d’Albe auoit ordinairement nouuelles de la Royne mere, qui luy coin-muniquoit fes deliberations parl’entremife de l’ambaf-fadeur d’Efpagne, qui eifoit en la cour de France, amp; afsi-ftoit fouuent au confeil priué,amp; au fecret aufsi. Ainiî dScnbsp;le Roy enuoya foudain vers le Prince d’Orenge,l’auertiinbsp;de n’attendre rien de bô d’vne telle foUicitation de l’Empereur , que c’eftoitvne rufe ,inuentee tout expres pournbsp;rompre la leuee qu’il faifoit en Alemagne : que s’il veutnbsp;croire le Roy, il aura certain fecours de luy pour recou-urer fes eftars.Mefmes lettres furent enuoyees au Contenbsp;Ludouic qui eftoit encor à la Rochelle, amp; oyoit fort volontiers les meflages , venans de la part du Roy , Lenbsp;Princed’Orengeayant communiqué auec fon frere,amp;nbsp;tous deux endormis par tant de belles promeffes, fenbsp;refolurent de continuer cefte leuee, amp; fournir aux fraisnbsp;encor qu’ils fuflent comme inftipportables,enattendantnbsp;que ce qui reftoit pour la guerre fuftpreft. Ils refpondi-rent donc au Roy de France, qu’en attendant que le Côte Ludouic l’allaft trouuer en telle part qu’il plairoit aunbsp;Roy luy commander,la leuee fe continueroit. amp; eux luynbsp;feroyent défi bons feruices, qu’il auroit occafion de fennbsp;contenter.
Mariage La Royne de Nauarre, les Princes , amp; l’Amiral, auec de l’Aini- leur fuite,ne bougeoyent de la Rochelle pour pouruoirnbsp;ral auecla à cequiles touchoit, pour l’entretenement de la paix.nbsp;Conteflè jjgj ]gs féconds troubles,dame Charlotte de Lauahfem-me de l’Amirahettoit decedee à Orleans . Partant les a-mis dudit fîeur,le perfuaderent amp; prierét de fe remarier.nbsp;Luy penfant deflors en auant auoir quelque repos, fiiy-uant le confeilqui luy eftoitdonné,amp; à la femonce denbsp;quelques feigneurs parens de la fille du Conte d’En-fremont, fit demander cefte dame en mariage. Laquellenbsp;luy fut accordée amp; menee honorablement à la Rochelle,ou
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le,ou le mariage fut folennizé, amp; honoré de la prefence de la Royne de Nauarre, des Princes, amp; de plufîeursnbsp;feigneurs amp; gentils-hommes de la Religion , Peu dénbsp;temps apres, ledit Amiral donna fa fille Louyfe pournbsp;femme, au fieur de Theligny, gentil homme fort aiménbsp;de tous, pour beaucoup de vertus, qui le rendoyent ad-inirable;amp; chery du Roy mefmes,entre tous autres gentils-hommes François.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quot;
Au mois de Mars de celle année mille cinq cens fe- Synode ptante amp; vn,par la permifsion du Roy,duquel lettres Ipe- - nu lànbsp;cialesfurent obtenues à celle fin, les minilires de ceux Rochellenbsp;de la Religion, auecles députez des Eglifes, s’afl'emble-fent à la Rochelle, pour regarder à ce qui concernoitnbsp;leur doéhrine Si. difeipline . Car les deux dernieres guerres auoyent introduit de grandes confulîons. Etd’au-trepart, il y auoit quelques efprits remuans, qui vou-loyent brouiller la difeipUne, amp; penfoyent auoir trou-*ié quelque chofe à redire en la confefsion de foy def-dites Eglifes . Les Princes enuoyerent lettres aux Seigneurs de Gencue , les priansde donner congé àTheo-dorede Beze, l'vnde leurs miniftr'es,pour venirà ce Sy-tiode ; ce qui futaccordé ,amp;auec ledit de Beze fe trouvèrent Antoine de Chandieu, Nicolas des Gallars, mi-niftres doctes, Si quelques autres en moyen nombre.Lanbsp;Royne de Nauarre, les Princes, l’Amiral Si plufieurs feigneurs de la Religion , fe trouuerent es affemblees défaits miniftres Si députez . Là fut queftion d’auifer auxnbsp;points touchez cideflus. La côfefsion de foy des Eglifesnbsp;de France,qui fontprofefsion delà Religion , ayant efténbsp;leiie d’article en article , apres quelques difficultez mi-fes en auant touchant la Cene Si la dircipl!ne,amp; luffifam-ftient refolues, tous accordèrent lefdits articles entièrement, felon qu’ils font contenus en celle confefsion denbsp;foy,prefentee au Roy l’an lydi. Dont le premier articlenbsp;commence, Nous croyons amp; confeflons qu’il y a vnnbsp;Dieu . Fut âufsi relpondu à quelques argümens de leannbsp;Morelli, qui d’aflez long temps a eferit vn liure , Si s’eftnbsp;efforcé par diuers moyens d’introduire vne nouuéllenbsp;difeipline ecclefiaflique. Celle conference ayant durénbsp;quelques iours,amp; le tout mis par eferit, la Royne de Na-
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uarre,ayant par l’auis du Synode retenu vers foy vne copie de ladite côfefsion de foy, côfermeecôme delîusjlel-dits miniftres amp; députez fe retirerêt en leurs Eglifes, zy-' ans efté priez de donner ordre deltur part,que ceux denbsp;la Religion fe inonftraflent bons amp; loyaux feruiteurs denbsp;Dieu,amp; du Roy, amp; fe preparalïentà payer doucement amp;nbsp;volontairement leur cottifation de l’impoft annuel pournbsp;le payement des Reytres, iufques à plaine amp; entière fa-risfnâion.
Taille im- Pour entendre ce dernier point : Peu apres que lei pofee fur derniers troubles furent eimeus,ceux de la Religion de-ceux de la mandèrent fecours aux Princes d’Alemagne.qui leur futnbsp;poiir'lquot; “f^^ofdéiamp;futcondufleurdestroupesleDuC des deuxnbsp;payement Pbts, lequel auec vingthuit Cornettes qui lâifoyent feptnbsp;des Rcy- mil cinq ces Reytres*’,amp; lîx mil Lanfquenets, entra das lenbsp;tret. Rovaume,au mois de Mars lySii,ou lefdites troupes,nonnbsp;pas entières, ains vnbon nôbre d’iceîles demeurerét iufques en d’Aouft 1^70, que lapaixfijt faite. Apres laquellenbsp;les Princes,l’Amiral,la RocheFoucaut, amp; autres,s’obligenbsp;retderechefaux Colonels defdits Reiftres amp;Lâlquenets»nbsp;,nbsp;nbsp;à leur payer les fommes deues pour leurs gages.Le Roy
en auoit baillé quelque portion : mais le refte fe môtoit beaucoup;tellemétqu’vne des principales occafiôs du lognbsp;feiour des Princes amp; Seigneurs de la Religiô en la villenbsp;delà Rochelle, eftoit pour auiferau moyen de latisfairenbsp;à leur promefle enuers ces gens, qui tant volontaireraétnbsp;auovcntfecouru ceux delà Religion. Pour fournir doncnbsp;au pavement, le Roy accorda aux Princes de faire vnenbsp;leuee fur ceux de la Religion , fi qu’vn chafeun fourni-roit tous les ans le quint de fon reuenu. Et pour ccftnbsp;etfeél, y eut des députez authorifez par les mandemen,nbsp;du Roy , lefquels fe tranfporterent par les prouincesnbsp;du Rovaume , au nom des Princes,pour donner ordre ànbsp;cela. Plufieurs qui auoyent efté grandement foulez durât ces fecôdes amp; troifiefmes guerres ciuiles, trouuoy-ct vne telle recharge fortfofeheufe ,à porter: amp; cela (auccnbsp;le terme de deux ans,poBr la garde des villes baillées ennbsp;oftage)empelcha plufieurs reuoltez de la Religiô,d’y retourner. Toutesfois la plus part deldits de la Religionnbsp;payoit ce uibut fort alaigrement, fou» efperance que Unbsp;paix
-ocr page 99-L’ESTAT DÉ FRANCE.’ 71 päix dureroit , amp; que par confequent ils feroyenc ennbsp;quelque repos. Outre cefte taille ,il y auoitles autresnbsp;fubfides amp; impolis ordinaires amp; extraordinaires pournbsp;le Royjqu’on ne lauroit eftimer,tant il y a d’exces.Et n’ynbsp;a nation en l’Europe , fpecialement en celles qui s’appellent Chreftiennes,qui foitplus chargee d’impolis quenbsp;la France. Les autres nanons le croiroyent n.alaiië-ment)mais ceux qui portent le baft, làuent bien en quelnbsp;endroit il les blefle. Neantmoins on portoit tous ces farnbsp;deaux fi ioyeufenjent, qu’en peu de mois ceux delà Relinbsp;gion firent vn grand amas de deniers. Parmi tant de dif-ncultezjil leur faloit entretenir les miniftres,fournir auxnbsp;frais de'diuers voyages, pour vn plus ferme eftabliflè-mentde la paix . Ils eftoyent contraints d’aller loin auxnbsp;prefches,amp; toute sfois oyans parler du defir du Roy amp;nbsp;de fes proteftâtions pour, la paix, oublioyent tellementnbsp;ces difficultez que leurs aflemblees croiflbyent de iournbsp;à autre.
Les Catholiques eftonnez dé cefte confiance ,amp; voy- Maflacre ans ainfi amafl’er argent, ne fauoyent que penler , amp; de ceux denbsp;commençoyentà s’amollir en quelques endroits. Mais la Reh-non par tout. Car en ce mois de Mars y eut grand îu-muite en Normandie , pour l’occafion qui s’enfuit.nbsp;Chafcun fait qu’aux premiers troubles la ville de'Rouennbsp;futafsiegee, prinfe d’alTaut amp; pillee par l’armee quenbsp;conduifoit le feu Duc de Guife. Depuis ce temps les Catholiques de là s’eftoyent tellement enaigris contrenbsp;ceux de la Religion, qu’il n’y auoit moyen de reconciliation. Le troifieime edit de pacification eftant publié,nbsp;ceux de la Religion auoyent eu aflez de peine à rentrer en la ville, en leurs biens amp; eftats. Depuis, pournbsp;les trauaux qu’ils auoyent , à caufe que le prefche fcnbsp;faifoit fort loin de la ville , ils firent tant enuers lenbsp;Roy, par l’intercefsion des Princes amp; de l’Amiral, quenbsp;ils eurent vnlieupresdc la ville pour y faire exercicenbsp;de Religion . Ce qu’ils continuèrent fort ardemmentnbsp;amp; aucc grand nombre de peuple qui fe trouuoit aux af-femblees. Les Catholiques quipenfoyentauoir tout gagné , fe voyans fruftrez, ne pouuans porter telles ges,nnbsp;te enragez de voir le prefche non trop loin de leuts-
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portes,délibérèrent,quoy qu’il en deuft auenir, fe ruer îur lefditb de la Religion . S’eftans liguez en nombre denbsp;plus de quatre ceus,efpierent vu ioar que prefques tousnbsp;ceu X de la Religion eiloyét allez au prefehe: amp; lors auecnbsp;armes,fe rendirent hors de la porte,ou peu de téps apresnbsp;furuindrent lefdits de la Religion.fur Icfquels ces Catlionbsp;liques fe ruerentde fureur incroyable, auec blafpliemesnbsp;horribles,amp; enmaflàcrerent cruellement,amp; en plufieuisnbsp;fiçons de meurtres,grand nombre , tant d’hommes quenbsp;femmes de Jiuerfes qualttez amp;aages , iuiques à plus denbsp;quarâtequt demeurerêt fur la place. Les autres enrayez,nbsp;aucuns delpouillez de manteau.x,amp; autres bleflez, fauue-rent leur vie à la co jrfe,fe retirans l’vn deçà l’autre delà.nbsp;Les officiers du Roy entend.is ce tumulte font ailcmblernbsp;gens,amp; à viue force fe faiiiiTentdc quelques vns de cesnbsp;mutins amp; malïacreurs, amp; les conlhcuent prifonniers esnbsp;prifons publiques,pour leur faire leur proces. Mais tantnbsp;s’en faut que cela adoucift les autres,qu’au contraire d’vii ,nbsp;complot furieux ils courét.à grolfes troupes vers les pri-fons,enfoncent les portesamp; deliurét les coulpables qu’ilsnbsp;erameinent quant amp; eux,vfans de menaces terribles connbsp;tre lefdits officiers,qui pendant ce vent furieux n’euflentnbsp;ofé mettre le nez dehors, ains fe tindrent longuementnbsp;cachez.
les Diep- Les Catholiques de Dieppe ayas ouy le bruit de ce ra pois tic l.r uage,voulurent enfuyure leurs compaguos, amp; de fait tuenbsp;tent aufsi quelques vns de la Religion. Mais le nombre
® ‘ des fedirieux n’eilantpas fi gros, amp; ceux de la Religion fe referrans fagemcnt,auec deliberaàon de s’oppoier ànbsp;la violence des brigands,fi les officiers de iulHce ne fai-foyentleurdcuoir,firentquG .cefeu s’appaifa peu à peu:nbsp;joint que les Catholiques oyans parler que le Royn’ai-m oit que paix,craignoyentle retour . Pourtant en grinçant les dents fculement,ilsdemeurerentcois,attendansnbsp;autre opportunité.
Entree dö Pendant ces tempeftes deNormandie,les Parifiens fri Roy amp; de foÇ’ent de grands amp; magnifiques appareils pour receuoitnbsp;la koyne le Roy amp; laRoyne régnante , lelquels y firent leurs en-à Pans, trees a diuers iours,fur hi fin de ce mois de Mars i y 71-en la pope amp; fomptuofité acouftumee aux autres Roys,
amp; def-
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amp; defence amplement en liures imprimez,aulquelsnous renuoyons les leéleurs, tendant nolh e deilèin autrepart. ,nbsp;Cependant le Roy faifoit confulter en diuerfes façonsnbsp;des moyens de recouurer argent, tat pour entretenir fesnbsp;eftats amp; nombre extraordinaire d’officiers amp; feruiteursnbsp;de là maifon,que pour s’aquitter d’vne partie des debtesnbsp;itnmenfesdeluy amp; defes predeceflèurs. Il auoit beaucoup irnyè aux deux dernieres guerres,amp; pour faire Ibr-tir bien toft les Reytres hors du Royaume, auoit prefténbsp;aux Princes la fomme de deux cens mil liures, qui n’a-Uoyent encor efté rendus, Qjçant au mariage de la Roy-ne,il n’en eftoitgueres tombé es coffres du Roy, ains ilnbsp;en auoit faitlargefle, tant aux députez del’Empereur,nbsp;arpenerent ladite Dame,que au Comte de Rets pournbsp;fes peines,amp; à quelques autres fauoris,non compnns lesnbsp;Royales ou excefsiuesdefpencesdes nopces. Surce,di-uersconfeils font donnez,delquels nous ne ferons men-tion,pour n’auoir efté executez.La ville de Paris luy donnbsp;na quelque fomme.Mais les Prélats amp; gês d’Egiife,qu’on j g clergénbsp;appelle, mirent lamainàla bourfe àbonefeient. Il n’y defiancenbsp;eut pas faute de gens pour pouffer à la roue , auec belles fournit arnbsp;promeires,amp; le Cardinal de Lorraine sas fe fourrer trop gent aunbsp;auant,donnoitbon courage aux autres.L’occafion de lesnbsp;preflèr vn petit fe prefenta en ce temps aflez à propos.
Pendant les derniers troubles,les Princes fe voy.is courts d’argent,refolurent de faire vendre le temporel des ec-clefiaftiques,par toutou ils auroyëtpuiflance,afinde pornbsp;ter plus aifément les charges de la guerre. A ces fins, lettres furent depefehees fous les noms delaRoyne de Nanbsp;Uarre,des Princes,de l’Amiral,d’Andelotamp; la Roche founbsp;caud.auec ample pouuoir à leurs comis.de s’obligerpournbsp;la garantie. Suvuant quoy on procéda à l’execution ennbsp;tous les endroits qu’ils tenovent,amp; de fiic,ils en tirerentnbsp;grands deniers.Ainfi donc.du cofté de Poitou, Guyennenbsp;amp; autres endroits ou les Princes eftovent maiftres , lesnbsp;ecclefiaftiques auoyent efté defgraiifez.Ceux des autresnbsp;endroits fournilTovent argent plus vifte qu’ils n’euffentnbsp;defîré.tellement qu’au temps de la paix, les pendans desnbsp;bourfes fe rompoyent.Ayans quelque relafche, ils dref-
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fent des articles de doléances amp; remonftrâces au Roylt; tant pour eftre réintégré?, en leur temporel par tout lenbsp;Royaume, qu’es autres commodité? de leurs benefices»nbsp;fuyuatie contenu au troilîefme article de l’edit.Les depunbsp;te? ayans fiait celles offres au Roy, qui depuis fortirentnbsp;effefl:, obtindrét lettres patêtes du Roy,données à Parisnbsp;le l'eziefmc iourd’Auril, audit an i$7i, contenaUs iuf-qu’au nombre de dixhuit articles,fauorables âulditsec-cleiiaftiques en beaucoup de fortes, excepté le premier»nbsp;jgt;ar lequel le Roy fe referuoit de nommer aux Archeuelnbsp;chez, Euefchcz, Abbayes amp; autres benefices du Royau-¦* me,eftans à fa nomination,perfonnages capables amp; qualifiez; fuiuant les fainds Decrets,Conciles amp; Côcordats.nbsp;Surquoy amp; fur quelques autres, la Cour de parlemét ordonna que remonilrances feroyent faites au Roy,amp; fpe-cialcment fur ce premier. Mais foit qu’ils Payent fait oUnbsp;nomdepuis ce temps là on n’a pas laifle de dôner les benefices à des courtifans amp; courtifannes aufsi, qui ontnbsp;trouué des cuftodi-nos,lelquels ont quelque lopin du re~nbsp;uenu pour bailler le refte à ces bons piliers d’Eglife.
le Roy fc £e Koy avant feiourné quelque temps à Paris , partit pourniei- ju mois de Mav, pour aller voirlesmaifonsdeplaifan-fenim^c ee,amp; mener iouer fa femme. Ayants eftéàGaillonamp;nbsp;autres lieux , ils vindrent à Monceaux chafteau plaifant,nbsp;qui appartient à la Royne mere , ou elle les traita quelques lèmaines. Puis allèrent à Blandy'amp; à Fontenay ennbsp;Brye. Cliafcun qui voyoit ces pourmenades, eftimoit lanbsp;paix trelferme : amp; le Roy, fa mere amp; leurs confeilliersnbsp;aufsi faifovent valoir ces paffe-temps pour endormitnbsp;ceu.x de la Religion . Mefmes le Roy enuoya lors mef-fage expres au Conte Ludouic.qui ciftoit encore à la Ronbsp;chelle auec les Princes,le priant de venir en Cour,afin denbsp;conférer amp; auifer enfemble de plus pres aux afaires denbsp;Ceux de Flandres.
Rouen fe D’vn autre cofté ceux de Rouen,que les Catholiques plaignent auoyent fi indignement traitez, enuoyent gens expresnbsp;'d”quot;' âuec amples inftruélions vers la Royne deFsauarre , lesnbsp;t'orts qu’ü Princes amp; rAmiral,pour les auertir de tout, lesfup-leut auoit plier d’auoir compafsion d’eux, amp; pouruoir non tantnbsp;faits. à leur feureté, qu’au chaftiment des feditieiix, amp; à l’en-trete-
-ocr page 103-L’ESTAT DE FRANCE. yj Iretenement amp; conferuation de la paix. Ces nouuellesnbsp;(dont le bruit s’eftoit aucunement efpandu aupara-üant)contrifterent merueilleufement les Princes amp; Seigneurs de la Religion, amp; renouuellerent laplayed’O-rengê ,lt;}ui s’efloit, comme fermee par quelque ordrenbsp;qu’on ) auoitmis.Sur ce,fut auifé qu’il eftoit expedientnbsp;d’enuover gens notables vers le Roy,afin de le prier in-ftamment de pouruoir à ces maux, qui feroyent ( fi lenbsp;ïemede n’y eftoit toll appliqué)les commencemens denbsp;plus grandes miferes que iamais . Ces députez furentnbsp;Briquemaut le Pere, capitaine fort expérimenté, amp; honorable pour fon aage amp; prudence , amp; Arnautde Caua*nbsp;gnes, confeiller au parlement de Thouloufe , eftant lorsnbsp;pres des Princes, pour les afaires amp; dificultez qui fe pre-fentoyent ordinairement fur diuers articles de l’edit,nbsp;te Conte Ludouic s’achemine auec eux,en habitdefgui-té,comme luy auoit efté enioint par le Roy, à diuer-fes lettres qu’il luy auoit eferites. Il fut acompagné desnbsp;fieurs de la Noue,Thelignyamp; Argent-lieu. Les députeznbsp;firerent droitàlaCour,amp; le Conte auec les troisau-fies alla droit au Chafteaude Lumigny enBrye, ou ilsnbsp;^rent fix iours, amp; ce au mois de Iuillet,pendant lefquelsnbsp;ledit Conte fe faignoit cllre vn petit fimple gentil-hom-*nc, s’afleant toufiours au deflbus de tous les aiitres.nbsp;tà attendoyent-ils le Roy, qui y vint, comme nous dirons tantoft.
Reprenons les députez, lefquels arriuez en Cour,amp; Sues iours apres ayans fait la reuerence au Roy,Iuynbsp;entendre bien amplement en particulier, puis ennbsp;figt;n Confeil, pour quelles occafions ils eftoyent enuoy-qz là,de par les Princes amp; Seigneurs de la Religiô; le pri-oyét de pouruoir à ces nouueaux troubles,amp; affermir denbsp;plus fort le repos de Ion Royaume. Le Roy les reçoit amp;nbsp;fareffefbrthumainement ,amp; iàignât auoir entédu qu’ilnbsp;n'y auoit pas eu tant de fang efpandu à Rouen, leur pro-Itfla, qu’il eftoit bien marry de tel accident, amp; prometnbsp;défaire fi bienchaftierles infradeurs defon edit,quenbsp;‘ous fes autres fuiets yprendroyent exemple. Brique*nbsp;fiiaut auertit aufsi le Roy, que le Conte attendoit à Lu-*nigny ce qu’il luy plairoit commander. Ccqu’cftant
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entendu par le Koy,monftra contenance d’en eftre fort aife.Or pendant ces lix iours que le Comte leiourna anbsp;Lumignydl ne bougea du chalteau, mais les trois autresnbsp;alloyent fouu ent à la Cour qui eftoit à Fontenay, diftantnbsp;d’vne lieüe dudit Lumigny . Au bout de ces lîx iours, lenbsp;LeRoycû Royfcdefroba delà Cour, amp; ayant enuoyé deuant Bri-inunique^ q^g,^3ùtamp; Cauaignes, partit acompagné de la RoynCnbsp;ægre,desMarcfcliauxde Montmorencyamp;d’Anuille,amp;nbsp;°’ fort petite luite. Aucuns difent que le Comte de Rets ynbsp;eftoit aufsi.La Marefchalle de Montmorency amp; vne autre Dame acompagnoyent la Royne. Eftans arriuez, ilsnbsp;entrèrent en confeil incontinent tous enfemble, horsnbsp;mis les deux dames:amp; arrefterent trois heures ou enui-ron.Puis au fortir, ayans defiuné tous enfemble , le Roynbsp;fit quelques tours par le Chafteau,amp; s’amufa quelquenbsp;peu a tuer à coups de bafton des connils eftans en vnenbsp;coniiillierede ce Chafteau.Toft apres s’en retourna dif-nerà Fontenay acompagné comme deflùs, Le Comte,nbsp;IaNoiie,Thelignyd: Argent-lieu, feiournerent-là encornbsp;quelques iours,enfindefquels ils deflogerent pour allernbsp;vers les Princes . Chafeun peut conieéturerque ce longnbsp;pourparler fut principalement de la guerre de Flandres,nbsp;LeRov eut vn prétexté prompt pour tirer les afaires ennbsp;longueur,afiuoir que lalaifon feroit malpropre poutnbsp;mener armee, d’autant que l’hyuer approchoit amp; feroitnbsp;auancé, premier que les compagnies fufTentdrefiTees.nbsp;Parquoy d’vn commun auis l’afaire fut remis à l’efténbsp;fuyuant.
Le Roy cleric ànbsp;TA mirainbsp;pour l’atcinbsp;rcc ennbsp;Cour.
Cefte occafion s’olfrant, le Roy qui auoit fait fort a-miable recueil aux gentils-hommes , qui accompa-gnoyent le Comte Ludouic,amp; fpecialementàTheligny gendre de l’Amirahprit occafion de luy dire , qu’il defi-roit auoir l’auis d’iceluy Amiral, fur ceft afaire amp; autresnbsp;de confequence.Theligny ayant refpondu quefon beau-pere eftoit tant affeftionné auferuice duRov,qu’il feroitnbsp;toufiours preftde rcceuoirfes commandemens: le RoYnbsp;peu apres efcriuit amp; enuoya lettres à l’Amiral, par lei'nbsp;quelles il le mandoit auec propos fort gratieux , qu’ilnbsp;euft à le venir trouuer,amp;: qu’il feroit le bien venu.
Le»
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Les remonftrances de Briquemaiit amp; Cauag nes;firent que le Roy (pour les contenter aucunement) enuoya falloir à Rouen comme les chofes s’eftoyent paflees;maisnbsp;ces melTigers auoyent tellement leur leçon par efcrit,nbsp;que les leditieux n’en deuenoyét que plus arrogans , amp;nbsp;pailfoit on ces députez de belles paroles, puis 1 es faifoit-on lùyurela Cour, qui apres auoir tournoyé deçà amp; delà,vint finalemët en Touraine,amp; s’arrella le Roy à Blois:nbsp;ou par l’auis de fa mere,amp; des confeillers fecrets,il coin-*igt;ença à mettre en auantquelques propos du mariagenbsp;de madame Marguerite fa fœur, auec le Prince de bh-Uirre,declarant que ce feroit le plus eftroit 8i ferme liennbsp;de tous autres, pour maintenir la paix entre fes fuiÿts, amp; -'’n tefmoignageaffeuréde fabiéviieillance enuers ceuxnbsp;de la Religion. Les députez des Princes,entendans cela,nbsp;commencèrent à conceuoir quelque bonne efperance.nbsp;Viifcrupulereftoit, afauoir l’impunité du maflàcre denbsp;Raïuen, que le Rov auoit mis fous le picd,amp; ne s’en par-loitplus. A l’occafion dequoy,Briqueraaûtfortifiéparlenbsp;l’onvifage du Roy , amp; follicité des Princes d’vnepart, amp; Pourfuitênbsp;de ceux de Rouen de l’autre, parlant yn iour au Roy dé pour auoirnbsp;ee fait,amp; le trouuant froid à en commander vn vray clia- iufticc dunbsp;ftiment ,s’auançade dire, qu’il feroit à craindre, s’il n’ennbsp;faifoitfaire iuftice , que les Catholiques deuinflent fi in- 'nbsp;folens,qu’ils fe permilTent encores dauatage, amp; que ceuxnbsp;de la Religion, ne les pouuans fupporter ,fufrent contrains de recourir aux armes, s’ils ne voyoyent autrenbsp;moyen d’en auoir iufticeidôt s’enfuyuroit qu’on retour-neroit en guerre, aufsifortqu’au parauant. Le Roy e-ftonné de cefte liardieire,ne feeut refpondre autre ebofé,nbsp;finon qu’il affeuraft les Princes, que bonne iuftice en fe-roit.iàite,amp; bien toft.
Nous auons veu ci delTus,comme le Roy auoit def-couuert au Duc d’Anjou fon frei e, fa deliberation, d’at- Ligncrol-trapper les Princes,amp; l’Amiril, aux nopces à Paris,par le les grand moyédu fort que Eirague auoit deflèigné.Le Duc d’An- mignonnbsp;jou î’auoit reuelé à Lignerolles ,qui en ce temps là c-ftoit vn des beaux fils, amp; des plus fiuoris de la Cour. Or “nbsp;auintapresqueBriqnemaut euft ainfi parlé au Roy, amp;nbsp;s’eftant retiré, le Roy qui auoit fait fortir de fa chambre
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plufîeurs gentils-hommes amp; courtifans qui l’acompa-gnoyent ,commenta a fe defpiter tout feul,amp; en le pourmenant tenir contenance d’vn homme fortindi-gné.Lignerolles furuient, amp; cftant admis en la chambrenbsp;pour auertir le Roy de quelque afaire, le trouuant toutnbsp;cfmeu de cholere, s’auança de luy demander tout doucement l’occalîonde fon mal-talent, amp; qu’il eftoit ai-féàiugerqtie fa Maieftè eftoit efmeuè. Ventre Dieu»nbsp;relpondit le Roy, amp; qui ne feroiten cholere? ce bougre de Briquemaut ( il donnoit couftumierement ceft e-pitheteàceuxquile fafchoyent) me braue, amp; me menace que ie fuis pour r’entrer en guerre, fi ie ne punisnbsp;ceux de Rouen. He Sire,relpond Lignerolles,amp; nenbsp;pourriez-vous attendre , lans tant vous falcher de cela , l’aflaut amp; defence du fort? Or Lignerolles difoit cela penfant appaifer le Roy , amp; luy voulant faire fentirnbsp;qu’il auoit eu part au Confeil , fe monftrant en celanbsp;aufsi peu fage,qu’il penfoiteftre habile homme. Lenbsp;Roy oyant tenir ce langage,amp; fe doutant d’eftre defcou-uert: Ôjtelfort? repliqua-il. Mort-Dieu, ie ne fay quenbsp;vous voulez dire. Le fort. Sire, dit Lignerolles, dunbsp;iour des nopces que fauez. Sur cela le Roy changea denbsp;propos, amp; renuoya Lignerolles, qui s’auifa poßible biennbsp;tard,qu’il auoitvnpeu trop parlé. Tort 3pres,le Roynbsp;fit appeler fa mere , luy demanda fi elle auoit defcou-uert leur deffein des nopces , amp; que quelqù’vn en a-uoit ia parlé. Mais trouuant que fa mere n’en auoitnbsp;rien decelé , il fit venir le Comte de Rets, auquel d’a-bordee (comme aucuns difent) il tint ce langage ; Petit vilain, par le fang Dieu,iet’ay fait trop grand,petit beliftre : mais, ie te feray fi petit,qu’on ne te verranbsp;pas fur terre : tu defcouures mesfecrets ,Bougre. Ilnbsp;aioufta a cela autres femblables propos plains de firieu-fes menaces amp; tîe queftions. Le Comte de Rets toutnbsp;tremblant refpondit, que iàmais il n’auoit penfé feulement d’en ouurir la bouche, fuppliant le Roy de lenbsp;faire pendre , s’il le trouuoit menteur en cefte ref-ponce.
Le Roy ne fachant lors que dire, s’en alla trou-ber le Duc d’Anjou fon frere)amp; luy demande s’il auoit parlé
-ocr page 107-L’ESTAT DE FRANCE. 79 parlé à quelqu’vn de cell afaire . Et comme Ion frere,nbsp;en le fuppliant de luy pardonner, luy euft confefsé qu’ilnbsp;s’enelloitdefcouuertà Lignerolles, amp; non à autre, lenbsp;cognoiflanthommefecret,amp;de difcours,afin d’en a-Uoir fon auis,pour mieux executer le cas. l’a.Y bien ‘conu,dit le Roy,qu’il en auoit ouy les nouuelles; vous m’a-Uez fait tort,qui me gardera de vous dire plus rien.Quâtnbsp;a Lignerolles,c’ell vn lot, il faut qu’il meure . Car, afinnbsp;que vous le fâchiez, ie ne veux pas qu’il en ouure iainaisnbsp;la bouche. Le Duc d’Anjou conoiflant que luy amp; Lignerolles auoyét fait chafcun vn pas de clerc, amp; qu’il n’elloitnbsp;pas temps de baftir des excufes , ne feeut dire autre cho-fe, linon qu’il ne s’y oppofoitpas , Des celle heure là,nbsp;le Roy manda quérir fon frere ballard le Cheualier, luynbsp;eoinmànda d’aller trouuerle jeune Villequier, qui a-»oit quelque querelle auec Lignerolles, luy fournir fix'nbsp;ou fept bons hommes pour fuite ,amp; luy dire au nom dunbsp;l^oy, qu’il elloit vn Poltron, s’il n’eflayoit d’auoir rai-fon de fon ennemi. Le Cheualier fit fi bien fon méfia-Se qu’il laifla Villequier refolu, armé amp; acompagnédenbsp;hieltnes. Mais Villequier pour n’ellre des plus hardis dunbsp;Wionde , n’olà attaquer l’autre, ains fe retira. Qui futnbsp;caufe que le Roy le fit appeler, Si luy ayant reproché fanbsp;couardife, luy défendit de fe trouuer iamais en là prefennbsp;ee, s’il ne tuoit Lignerolles à ce coup : luy donna vnenbsp;bonne efpeegt;amp; l’arma luy-mefme de fon jaque de maille, commandant au Cheualiende luy donner plus feurenbsp;Compagnie qu’à la premiere fois,amp; leur dire que le Roynbsp;leur mandoit qu’ils enflent à depefcher Lignerolles, ànbsp;quelque pris que ce full.Ce commandement fait, la partie fut dreffee de nouueau.en laquelle le Comte de Mafnbsp;feld. Catholique,amp; autres acompagnerent Villequienle-quel ainfî fécondé afiàillit le poure Lignerolles amp; le biefnbsp;fa:amp; comme il s’enfuyoit,vn autre luy donna vne eftoca-de à trauers le corps, duquel coup il tomba par terre amp;nbsp;mourut.
Soudain les meurtriers s’eftâs retirez vn peu à part, di uers bruits coururent fur l’occafion de ce meurtre . Lesnbsp;fus penfoyent fimplemet que Villequier pourfa querelle particuliere, auoit prins Lignerolles àfonauantage.
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comme c’eft vne des vertus courrifaiines, de ne pardon-ner jamais , ains exterminer fon ennemy, par quelque moyen que ce i’oit. Les autres faifoyent courir le bruit,nbsp;que le Duc d’Anjou mefmes, encor qu’il l’aimait, l’auoicnbsp;neâtraoins fait tuer, pour auoir defcouuert au Koy quel-, ques menees dudit Duc auec l’Efpagnol, Aucuns elli-moyentque le Koy i’auoit fait faire, non pour les caufesnbsp;fufmentionnees, mais pour autant que Lignerolles gou-uernoit en tout amp; par tout le Duc d’Anjou;amp; craignoit lenbsp;RoyCdifoit-on) que ce Lignerolles ne fuft vn initrumentnbsp;quelque lour pour le tourmenter en diuerfes façons. Ornbsp;le Roy amp; la Royne, faifoyent foigneufementcourircesnbsp;bruits, afin de retenir ceux de la Religion en ceftq opinio,que le Roy amp;fon frere n’eftoyent pas de bon accord,nbsp;amp; que par confequent, le Roy fcroit contraint ßuorifernbsp;ceux de la Religion, pour s’appuyer fur eux, afin de fairenbsp;telle à fon frere, que tous les Catholiques portoyent. Ilnbsp;eftoit temps aufsi (ce leur fembloit) d’attirer l’Amiralnbsp;en Cour,afin de poulTer en auant ce mariage, amp; y attirernbsp;confcquemment la Royne de Nauarre, les Princes,amp; lesnbsp;principaux de la Religion.11 faloit halter ce point,afin denbsp;le faire marcher auec la guerre de Flandres, pour fairenbsp;deux exploits en vn coup.
les maf- Pour reuenir à ceux de la Religion, le Roy n’ofant facreuts faillir à ce qu’il auoit promis à Briquemaut, amp; à Caua-de Rouen gnes, depute incontinent quelques confeilliers duparle-aucunc- nrent de Paris, pour aller à Rouen ,amp;informer de cesnbsp;mairacres,afîn d’en faire iuftice. Le Marefchal de Mont-pnmez.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yfutenuoyéaucc forces,pour faire exécuter les
.jrrells des commiflaires députez . Mais les maflàcreurs aduertis delongue main, s’elloyent ferrez de collé, at-tendans que cellorage fiitpafle. Car on les auoit aduertis qu’ils fe donnaflent feulement garde de fe fairenbsp;prendre, amp; qu’ils n’en auroyent que la peur. Par ainlboiinbsp;ne fit prelques autre chofe,que confifquer biens, amp; pendre en effigie iufqu’au nombre de trois cens feditieux.nbsp;Quelques belillres furent pendus en perfonne . Les autres prifonniers (apres que le Marefchal fut party, ayantnbsp;faitr’entrerccuxdela Religion,amp; les afleurantdela volonté du Roy ) fortoyent par la porte doree. amp; furent
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Jgt;endus par la bourfe. En fin tout cela s’efuanouit peu i peu deuant les hommes.
Mais pour donner quelque plus grand contentement a ceux de la Religion,on leur fit entendre que le Roy e-fioitpreltd’ouir toutes leurs doléances encor plus ex-prefl'ément,amp; leur pouruoir de tous remedes necellai-tes,tant qu’ils auroyent occafion de s’alTeurer de fa bonne volonté.Q^il eftoit trelmarri de l’audace des Cathonbsp;îiquesde Roueii.amp; qu’il fauoit que le Marelchalde Motnbsp;tnorency,fon beau frere,auoit donné fi bon ordre à tout.nbsp;Sue ceux de la Religion,ne feroyentplus moleftez,amp;;lesnbsp;feditieux fugitifs feroyent attrappez les vns apres lesnbsp;autres,
U a elîé parlé ci defliis de l’abouchement entre le Roy le Conte Ludouic à Lumigny. Mais le Roy ne fe contentât de cela, voulut que le Conte le vinft encor trouuernbsp;^Fôtaine-bell’eau, ou ils communiquèrent derechef lé-^fettement enfemble,amp; mirent en auant plufieurs articles pour l’eftat de Flandres, defquels le Conte deuoitnbsp;Communiquer par lettres auec le Prince d’Orenge fonnbsp;^cre,pour conclurre le tout entièrement amp; bientofta-Pfes. En ces entrefaites, les Capitaines des galleres dunbsp;Prince d’Orenge faifoyent plufieurs auantageufes courtes fur les Efpagnols amp; Portugais, amp; amenons les vaif-leaux par eux gagnez,au havre de la Rochelle (qui eftoitnbsp;lors à la deuotion des Princes)vendoyent leur butin auxnbsp;oabitans du lieu amp; .à autres marchans François ; dequoynbsp;l’Ambafladeur d’Efpaigne fe plaignoit fouuent au conseil priué:mais en prefence il n’eut autre refponce, finonnbsp;Su’on auiferoit que c’eftoit:amp; en fecret on le prioit d’attendre vn peu,amp; l’afleuroit-on que les deux Rois n’au-toyent iamais meicontentementl’vn de l’autre.
Le Conte Ludouic eftant de retour à la Rochelle déchira à l’Amiral le bon traitement qu’il auoit receu du P^oy, la deliberation amp; conclufion touchant la guerrenbsp;de Flandres,amp; combien le Roy defiroit d’auoir fon auisnbsp;fur ce point. D’autrepart les députez des Princes ayansnbsp;faicenCour,cepourquoyilsauoyent efté enuoyez , ennbsp;prenant congé du Roy, eurent tât de bones parolles quenbsp;tien plus,auec recharges de faire venir i’Amiral, auquel
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lettres furent efcrites à cette fin. Semblablement le Roy iemit fus le propos du mariage duquel il ie remettoit ànbsp;en parler plus amplement.La Rome mere deciairoit aufnbsp;fi qu’elle loubaittoit bié fort que les traitez de paix peufnbsp;lent demeurer fi fermes,que le repos du Royaume fullnbsp;bienafl'euré. le Roy foii fils auoit bien beloin dunbsp;bon coni’eil de l’omiral amp; autres feigneursquii’acompanbsp;gnoyent,amp; que c’eftoit vne chofe deplorable de voir lesnbsp;Princes du langde France 11 longuement ellongnez denbsp;la cour,amp; de compagnie femblable à e x. Partant prtoitnbsp;ces députez d’auifer a tous moyens propres pour rev nirnbsp;les vns auec les autres. Aiouttant que fi ceux de Guife e-lloyét irréconciliables, on les enuoyereit faire leur cas ànbsp;part.Ainfi donc ces députez retournent vers le. Princes,nbsp;a laRoclielle,auec declaration de leur negociation.Tlielinbsp;gny tafeboit perfuader à tous que le Roy parloir en toute rondeurdes autres,encor qu’ils n’eulfent du tout cettenbsp;refolution,fipancboyentils de ce cotté-là. Mettent en a-nant ce propos de mariage,amp; declairent ce qui auoit efténbsp;arrefté touebant la guerre de Flandre ,, aiouttans que lanbsp;prefence de. l’Amiral pour en refoudre tant mieux lenbsp;Roy amp; fon confeibferuiroit de beaucoup pour bien achanbsp;miner lesafaires.
Ces nouuelles furent agréables à la Royne deNauar-’ re,amp; au Prince fon fils,tant pour l’bonneur d’eftre alliez
uoireftre vn movenalïeuré pour entretenir vne bonne
Rufes pout ef-RoynVde telle maifon,aue pource qu’ils ettiinoyent cela de-Nauattc * ~nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘
amp; fAini- paix auRovaume ,amp; eftaindre le feu de toutes guerres ral. ciuiles.fpecialemeiitpour la Religion, Maisducommennbsp;cementd’Amiral eut ccfte ouuerturede manage fort fu»nbsp;fpefte,amp; en debatit fort amp; ferme auec la Royne de Na»nbsp;uarredors queTbeligny fit vn ample difcours delabon.^nbsp;ne volonté du Rov,einiers ellcdes Princes amp; 1’Amiral, amp;nbsp;ledefir qu’il auoitque ce mariage Ce traitaft . La Rovnenbsp;mere d’autrepart,fe doutant à peu pres que fi Ion ne bat-ïoit le fer tandis qu’il eftoitchaud, il y auoit danger quenbsp;la Royne de Nauarre amp; l’Amiral en communiquant founbsp;uent enfemble de ce fait, pourroyent inuentar quelquesnbsp;difficultez pour rompre tout, ou accepter le mariagea-«lec telles conditions, que le delïéin fi bien proietté^ fe-fpit
L’ESTAT DE FRANCE.
Toit inutile. Par confequent, le Roy amp; elle amp; les confeil-1ers fecretSjfetrouueroyent plus empefchez que iamais. Et pourtant, auec l'auis de fes plus féaux, elle fait depef-cher par le Roy Je fieur de Biron,pour aller vers la Roy-ne de Nauarre Jes Princes amp; l’Amiral,afin de foliciter ladite Dame à penfer à ce mariage ,amp; luy propoferlèsnbsp;grands biens qui enreuiendroyent à elle amp; les liens ennbsp;particulier,amp; à tous en general.Semblablement pour fainbsp;revenir en cour l’Amiral, afin d’auifer aux moyens denbsp;pacifier le Royaume,amp;pouruoir aux autres afaircs le*nbsp;d’autrepartamp; Theligny aufsi tafchoycut en diucrfes for*nbsp;tes d’afleurer l’Amiral de la bonne a*fe3:ion du Roy,nbsp;^u'il auoit fort bonneenuie de celle guerre, amp; vouloirnbsp;trouuer tous moyens d'eftablir vne paix afleuree en fonnbsp;^¦oyaume.
Orpourne laifler en arriere artifice quelconque pour Artiffces ttamer parfaitement celle toile de ruine de l’Amiralnbsp;des autres, le Confeil fecret délibéra faire marcher“'““'nbsp;^es coiîimiflaires çar les prouiiiccs, pour informer desnbsp;t«tts qu’on faifoit a ceux de la Reiigion,amp;pouruoirqdenbsp;l’editfull obferué. Et dautant que ceux de Montmorency eftoyent aimez des Princes amp; de l’Amiral, le Roy lesnbsp;fit prier d’aider à ces afaires. Voila pourquoy aufsi lesnbsp;Marefehaux de Montmorency amp; de Danuille acompa*nbsp;Encrent le Roy à Lumigny auec la Royne mere,amp; afsi-nerentà ce confeil tenu auec le Conte Ludouic , le toutnbsp;afin que l’Amiral fetinll plus alTeuré. Il y auoit vu autrenbsp;confideration,c’eft,que fi ceux de Montmorency auoy etnbsp;l’oreille du Roy,il faudroit que ceux de Guife fe retirai*nbsp;feBt,Ainfi,ceux de Montmorency auec les autres depu-tez,perfuaderétles Princes, l’Amiral amp; autres Seigneursnbsp;delaReligion,que tout fe porieroit encor plus heurcu-fement qu’ils ne le fauroyét eftimer,qu’il faloit defpouilnbsp;1er toute defiance, amp; entretenir le Roy en fa bonne volonté.
Enuiron ce temps aufsi Ion £iiroic traiter parle Cardi- Poiirpar-nal de Chaftillon, le mariage du Duc d’Anjou auec
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»Jage du la Royne 4’Angleterre . Non pas pouraffeftion que li freie du Royug nrere euft à ce party-là,encor qu’elle euft bié de-Roy auecnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;couronne fur la telle de Ion fécond fils:mais
teifcf nouueau inonde de tous coftez.L’Angleterre elt vn bon morceau ,3 pres lequel ceux de Guife ont abbaye desnbsp;long temps,amp; à diuerfes fois, par le moyen de Marienbsp;Stuard Roync d’Efcoflc. Le Cardinal de Lorraine s’ef’nbsp;iouiflbit fort de telle ouuerture, efperant pour le moinsnbsp;que fa niepce fortiroit de prifon , amp; que nouuelles occa-fions fe prefenteroyentpour defuelopper fes cntrepri-fes.La Roync mere amp; le Roy eftoyent fort indignez denbsp;beaucoup de deporteinens de la Royne d’Angleterre,esnbsp;trois guerres ciuiles pafTees, amp;fe deliberoyent d’auoirnbsp;raifon d’elle amp; de tous eftrangers, tant Alemans que au-'nbsp;tres,quiauoyentfecouruceux de laReligion . En Fran-ce,madame four du Roy, deuoit feruir d’amorce pournbsp;attrapperles Huguenots. Le Duc d’Anjou elloitvne piernbsp;re dellinee pour faire vn autre coup.Mais la Royne d’Aunbsp;eleterre qui void allez clair, fort défiante, amp; qui ne re -îpond du premier coup,fit quelque delais, amp; fe porta denbsp;telle forte que le Cardinal délibéra s’en reuenir enFraitnbsp;ce,amp; comme il eftoit fur fon parlement fut empoifonnénbsp;par vn lien valet de chambre , fuborné de la Royne mere pour ce faire,amp;qui depuis les malîaeres de l’an i y 7 a-fut execute à mort dans la Rochelle, en qualité d’elpion:nbsp;carlorsilconfeflafadefioyauté enuers fon maillrc , Ünbsp;declaim par qui amp; comment il auoiteftéfollicité de cenbsp;faire.
t’Amiral nbsp;nbsp;Outre plus le Marefchal de Cofsé fuvuitBiron, amp; pot
vient en ta ài’Amiral lettres fort gratieufes afin de venir enCour, P°“r.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;amp; le prioitaufsi de faire l’accord de ce mariage, duquel
on parleroit plus amplement à fa venue.Tout cela fe ma nioites moisdeluillet amp; d’Aoull ryyi. L’Amiral voyant tât de lettres amp; de mellàges fur meflages, touch.ït cenbsp;grand defir amp; bonne volonté du Roy,cômença à flefehitnbsp;peu à peu, amp; fe promettre quelque chofe de bon duRoygt;nbsp;lequel il voyoit ieune, d’efprit aflez paifible , ami de re-pos,amp; d’vne parolle ouuerte ce sébloit.Et côbien qu’il rcnbsp;doutait les cautellesdelaRoyne mere,fi ellimoit-ilqu®nbsp;le Roy
L’ESTAT DE FRANCE. 85 le Roy ne la croiroit plus tat, ains prendroit autre partynbsp;pour faire côtrecarre àu Duc d’Anjou fon frère,lequel cenbsp;pendant eftoit vni auec le Roy, ce que i’Amiral ne pou-uoit apperceuoir. Il entëdit aufsi que le Roy faifoit maunbsp;liais vifage à ceux de Guife, amp; que fes confins de Mont-niorency eftoyent les tresblen Venus en cour,aufquels lenbsp;Roy proteftoit fouuent qu’il tenoit I’Amiral au rang desnbsp;plus fages clieualiers du royaume,amp; fideles feruiteurs denbsp;fa couronne: leur communiquoit beaucoup de cltofes,nbsp;leur declarant qu’il defircroit bien ouir I’Amiral fur cela. La Roynemerecrioit d’autre cofté que c’eftoit tropnbsp;guerroyé, qu’il faloit auifer par toutes voyes d’entrer ennbsp;perpétuelle amitié les vus auec les autres : amp; que cliaf-cun fuft honoré dccareiTé du Roy,felon fes merites amp; di-gnitez . Ces aduertiflemens venans de toutes parts, l’ef-branlerentde telle forte,qu’obeillant aux comandemensnbsp;lt;luRoy,il vint à Blois,auec permiffion d’amener auec foynbsp;cinquante gentils-hommes bien armez, pour fa feureté.nbsp;Ceux de Guife fe retirerent à laprieredela Royne,amp;nbsp;parvn dcmicômandement du Roy . L’Amiral donc a-coinpagné de quarante chenaux, arriua en Cour, auec lenbsp;Marefchal de ColTe . Alors la garde du Roy fut renforcée de quatre cens harquebuziers . On faifoit courir lenbsp;bruit, que c’eftoit pour empefeher quelque elfort denbsp;ceux de Guife, qui ne pouuoyent endurer que I’Amiralnbsp;vinft iouer à boutehors .Mais le côfeil feeret dilputa amp; ienbsp;refolut vnefoisde faire mourir lors l’Amirahtoutesfoisnbsp;le tout côfideré de plus pres,on s’arréfta au premier def-fein. Comme de fait c’eftoit r’étrer en vne plus fanglan-te guerre que deuant, fi on euft frappé fi toft,amp; fi petitnbsp;nombre.Donconfuitceprcmier train.Le Roy faitinfi-niescareffes à I’Amiral , lequel voulant luy embraflernbsp;le genouil auec vne fort grande reuerence, le Roy l’empoignant d’vne main le fit releuer, proteftant qu’en fanbsp;vie il n’auoiteuvn iour qui luy fuft plus agréable, amp;nbsp;qu’il efperoit que ce feroit la fin de tous troubles,amp;nbsp;guerres ciuiles.Entre autre.s propos,Ion tient que le Roynbsp;tint ceux-ci ou femblables : Nous vous tenons mainte^nbsp;nât,vous n’elchapperez pas d’ici quand vous voudrez. Cenbsp;font propos à deuAencétes,amp; quifepeuuent prédre aulsfnbsp;F ï
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toft en bonne que mauuaife part. Si eft-ce que l’Âmîwl confefla puis apres, que ce langage l’auoit.fort efmeO*nbsp;craignant qu’il n’y euft embufches.Les freres du Roy lenbsp;reçoyuentartezhumainement: mais principalement!»nbsp;Royne mere,qui luy monftra autant de beau femblantnbsp;que iamais elle auoit fait.
L’Amiral O r afin de luy îéuer t dure defiance,le Roy luy confer réintégré ma de rechef tous fes eftats amp; penfions, le fitr’sntrer inen fes c- continent au confeil priué, le voulut ouyr en fecretamp; anbsp;di parles chofes de plus grande importance, monftrantd«nbsp;gnrtei. ßnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;luy de fa vie amp; de fon Rovauine,comiiie il eulî
fait en fonpere propre. Tous ceux de la Coutluyfai-foyent de grands honneurs amp;: c.trciles. Et pour le reconi penfer des pertes qu’il auoit fourftrtes es guerres pal-fees(car on auoit véduvnc fois tous fes meubles plus prCnbsp;deux à l’encan à Paris)le Rov luy donna pour vne foisnbsp;cent mil francs,amp; le reuertn d'vn an de tous les beneficesnbsp;que le feu Cardinal de Chaftillo fon freretenoitauioutnbsp;de fa mort.Congé bien ample luy eft donne pour repeter fes meubles par toutou ils fenourroyentrrouuer.Lffnbsp;Roy fait aufsi de beaux prefens a Theligny gendre denbsp;l’Amiral* donne à Cauaignes vn eftatde maiftredes renbsp;queftes,en faueur de l’AmiraI.Le propos de la guerre denbsp;Flandres fut remis enauant.amp; en coramuniquoitle Roynbsp;fort particulièrement^ fouuentesfois avec l’Amiral,voinbsp;re feul à fcuhtellementque les courtifans efbahis de telsnbsp;changemens.iuroyentque le Roy deuiendroit Huguenot,ou pour le moins fauoriferoit plus que iamais ceuXnbsp;de la Religion.
I -ttres dn Pendant ce feiour de l’Amiral, plufieurs s'adreflbyent Fny au a Iuy,afin deiouirdu beneficedcl’edit: à quoy il s’em*nbsp;l; ic de Sa ployoit diligemment,amp; le Roy aufsi luy accordoit toutnbsp;uaye.enfa ce qui ne fe pounoitrefufer. Quelque, fujets du Duc denbsp;f ,i'è' quot;j *”rnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Breflè rpecialemcnt)n’ofoyét retourner cheï
! eux,pourautant qu’ils auovét porté les armes pour la RC Iigion,pendanties derniers troubles.-ceque le Duc leurnbsp;auoit eftroitement défendu.lis prient l’Amiral (qui a de»nbsp;gr.âds bics en ce pays deBreiIe,d’où *es anceftres eftoyêtnbsp;fortis)d’intercederpoiireux entiers le Roy, afin d’obtenir quelque lettre de fiiueurvers leur Seigtieurxe qu’ayant
-ocr page 115-L’ESTAT DE FRANCE. 87 Int fait) le Roy accorda cefte requefte,e(criuâtau Duc denbsp;Sauoye,comme s’enfuit.Mon Oncle, le m’alTeure que lanbsp;feuerité dont vous auei vfé à l’encontre de ceux de vosnbsp;fuiets.quifontde la Religion ,amp; ont fuyui les miens quenbsp;Ion pretendoit porter les armes contre m oyi durant cesnbsp;derniers troubles,a elle feulement pour le regret amp; def-plailir que vous auiez de les voir entreprendre chofesnbsp;que vous eftimiez m’eftre defagrcables ,amp; non pour of-fenfe qu’ils euflent commife contre vous. Enquoy ie nenbsp;puis que beaucoup louer voftre droite intention en monnbsp;endroit.Mais puisque vousauez conu, qu’ayant, de manbsp;part, delpouillé tout mefcontentement, i’ay r’allié lesnbsp;miens les vns auec les auti'es,amp; reliably vn cliafcun en cenbsp;qui luy appartenoit amp;; dont il pouuoitauoir efté priué ànbsp;l'occalîon defdits troubles,durant lefquels la pafsion nenbsp;permettoit non plus que la maladie du patient, iuger cenbsp;qui eftoit expedient : maintenant le vous veux faire vnenbsp;tequefte,non point ordinaire, mais des plus alfedion-neesque vous fauriczauoirde moy . C’elbquecomme»,nbsp;pour l’arBour de moy,vous auez traité vofdits fuiets ex-traordinairem.ent en celle c.iufe , vous vueilliez âufsi ennbsp;ma faueur priuee amp; fpeciale recomm.indacion, les rece-Uoir en voftre bonne grace,remettre amp; reftablir es biensnbsp;qui ont efté à caufe de ce confifquez:amp; me donner ce cônbsp;tentement que le puill'e faire conoiftre aux miens que ienbsp;veux non feulemét acomplir amp; obferuerce que làinûe-mët ie leur ay iuré Stpromisrmais que de mefme amournbsp;duquel ie les embralîe,ic délire aufsi faire quelque cho*nbsp;fe pour ceux nui à taufe d’eux , ont porté quelque affti-ftion chez mes amisiàce qu’ils fe refentent de la faueurnbsp;grace amp; proteftion.quc ie leur veux impartir. Celle re-quefte eftlîiuftedefoy,amp; tant plaine d’affedion de manbsp;part, que ie m’alTeure que volontiers m’en accordereznbsp;l’effeét. Aufsi ne vous en ferav-ie plus longue inftance.
Ces lettres furent données à Blois au mois de Septembre r y 71.
Il y auoit de grandes querelles depuis la mortdc François de Lorraine Duc de Guife tué parPoltrotde-uant Orleans, entre ceux de fa maifonamp;l’Amirahquinbsp;eftoit par eux aceufé» d’auoir foUicité Poltrot à faire
F 4
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ce meurtre. Ils en auoyent demandé iullice au Roy a Meul^c amp; à Chantilly des Pan I y 3. Lequel auroit tenu e n fufpens cell: afaire iufques à !’in 1^66, qu’eftant lanbsp;Cour à Moulins,au retour de Bayonne, I’Amiral fut declare innocent de cefte mort,amp; eniointaux vns amp; aux aitnbsp;tres d’oublier tout le pafsé,amp; viure en paix à l’auenir.Denbsp;puis,le Duc de Guife,au preiudice de ceft arreft,cerchoitnbsp;tous moyens d’auoir l’Ainiral en fes mains, pour le faire raourir.Or voyant qu’il eftoitencour ,à l’mrtigationnbsp;de fa mere amp; de fon oncle le Cardinahle délibéré de re-nouueller celle querelle.Mais leconfeil fecret,preuoy-antquelaieunelTe du Duc deGuife , pourroit faire prêt»nbsp;dre quelque nouueauconfeil à l’Amiral, lequel il nefa-loitcfFarouchenfuft d’auisquele Roy commandait auxnbsp;vns amp; aux autres, d’oublier telles inimitiez pour l’amournbsp;de luy amp; du Royaume ,leur prcl'criuant vn formulairenbsp;de celle reconciliation amp; concorde qu’il fit ligner à tousnbsp;deux.Toutesfois,peu de iours apres, le Duc de Guife a-compagné de grand nombre d’hommes bien armez , e-ftaflt venu à Paris,amp;l’AmiraI(qui s’eftoit retiré en fa mainbsp;fon de Challillon fur Loing) ayant fait prier le Roy parnbsp;Theligny de luy permettre d’auoir quelques gens en garnbsp;te Rot cf nifon chez foy : Le Roy luy efcriuit de fa propre main,nbsp;tnt de fa Jongles lettres à Briquemautpourles porter, lefquel- *nbsp;mam'ànbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ficroif trelîoyeùx fil’Amiral le te-
i’Amiial. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gardes,amp; luy permettoit d’alTcmbler tel
le garnifon qu’il voitdroit pour fa feuretéde prioit des’af fcurcren l’alïeéliô qu’il luy porfoit, amp; croire entieremélnbsp;que toute la faneur amp;; lauucgarde qu’vn bon valîàl peutnbsp;elpererdefon Seigneunluy feroitaufsi donnée parle-ditRoy.Plufîeursieurentauecgrand plaifir ces lettres,nbsp;amp; dirent lors qu’il ne faloit plus douter que le Roy nenbsp;portail vne finguliere amitié à l’Amiral.
Anfe nou Le bruit couroit aufsi que le Roy elloit fort mal con-«elfc. tent du Duc de Guife,comme il l’clloit à la vérité : mais non pas felon l’opinion de la plufparc, qui ellimoyét quenbsp;le Roy ne vouloir point que ce dilferent fe rallumall.Onnbsp;. craignoitque le Duc preuenâtle temps, ne rompilltropnbsp;toIllefilé.VoilapourquoyleConfeil fecretpriale Cardinal de Lorraine,de ne point venir en cour, afin d’effacer
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Cèr tout foupçon qu’il machinaft quelque remuement. Ce qu’il fit; lailfant inftruéhons à fon nepueu,felon l’auisnbsp;delà Royne mere,comme il auroità fe conduire en fonnbsp;abfence.C’eftoitde cotinuer ce port d’armes, pour tenirnbsp;l’Amiral en iùfpens,amp;le faire approcher du Roy,qui l’ennbsp;tretenoitpar lettres,^ en faignant condamner leDuc denbsp;Guife,amp;luy commander de viurepaiiiblement, tiroit ànbsp;foy les cœurs de ceux de la Religion, lefquels eftimoyétnbsp;qu’il n’aimoit autres, qu'eux.
Vn autre bruit courut'que c’eftoit 1 ceux de Montmo Autre raft ïenci que le Duc de Guife en vouloir. Iceux aufsi fete-noyentfur leurs gardes : mais c’eftoit vne autre rufe dunbsp;confeil fecret,pour enuelopper en mefme fait ces deuxnbsp;maifons de Montmorency amp; Chaftillon,comme les menbsp;moires fuyuans le monftreront amplement.
Le mois de Septembre fe pafla en ces menees. En O-Aobre les députez des Princes,amp; de ceux de la Religions qui eftoyent ordinairement en cour,pour les afaires connbsp;cernans l’entretenement de l’edit: par l’auis del’Amiral,nbsp;qui en efcriuit, amp; pendant fon feicur .à Blojs,en aucit parnbsp;lé fouuentesfoisau Roy, qui ié monftroitde fort bonnenbsp;Volonté,prefenterét au Roy quelques articles generaux,nbsp;concernans diuers points,lefquels furent veus amp; refponnbsp;dus par le Roy,feant en fon confeil priué, ou il fauorifànbsp;beaucoup ceux de la Religio,qui auparau.it auoyét peinenbsp;a obtenir quelque chofe.Et d’autant que Icfdits articlesamp;nbsp;telpôces font notables, nous auôs bien voulu les inferernbsp;ici, afin qu’on cognoifTe tant mieux comme leschofesnbsp;fe font paflees,pour en iuger droitement.
PREMIEREMENT pour effeôtuer ce Articles que fa Maieftc a acordépour le payement des generau.t ¦nbsp;Reytresduy plaife faire payer la fomme de quanbsp;tre cens cinquante mil liures,deiie à cefte foire veus amp; «nbsp;de Septembre,à Francfort.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;paUeRoy
Le Roy a ci deuant prefte à mefsieurs lesPrinces, amp; à le 14.000 ceux qui les ont acompagnez , la fomme de deux cens btc, tjyi.nbsp;mil liure3,pour le licencement des Reytres, laquelle ilsnbsp;auoyét promis luy rendre amp; r’embourfer desle premier
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iour de Nouembre paffe. Ce qui n’aefté encor faiC.Nc-antmoins fa Maiefté fera regarder à tous les moyés dót on fe pourra auifer, pour recouurer la fomaie de deuxnbsp;cens vingt-cinq mil liures, Qui fera auec lefdits deuxnbsp;cens mil liures, vn payement entier de quatre cés vingt-cinq mil liures,pour leur eftre deliuree.fi faire fe peut,nbsp;fur la fin de la prefente annee.
2 Neantmoinsjs’il ne plâirt a fa Maiefté faire rendre a ceux de la Religion ce qu’a cfté le-ué fur eux de l’impofition .dernièrement fai-te.pour le payement des Reytres amp; Suiflês:nbsp;Au moins,qu’il luy plaife ordonner, que lesnbsp;excefsiues taxes foyent reueiies, amp; ce qui a cfténbsp;iniuftementprins,amp; leué fur eux,leur foit ren-tlu-Etpour les termes enfuyuans de ladite fubnbsp;uention , exempter ceux de ladite Religion,ditnbsp;payement d’iceux.
Quant à rendre ce qui à efté leué,ou exepter pour l’a-uenir ceux de la Religio prétendue reformée, de la fub-uentionqucle Roy leue en trois ans fur fon peupleiC’eft cliofe quefa Maiefté ne peutaucunement accorder, efti-mant qu’à l’vniô amp; concorde de fes fuiets, appartient granbsp;dement l’egalité de traitement amp; indifferente contribu-tiô aux charges publiques. Mais pour le regard de la pronbsp;uifion ordónee pour la moderatio des taxes excefsiues,nbsp;Sadite Maiefté entend quelle foit obferuee,amp; a ordonnenbsp;fur icelle toutes expeditions ncceffàires.
3 Interdire aufsi à tous luges , de cognoi-ftre nv s’entremeller du fait de la Ituce des deniers fur ceux de la R eligion,par les articles f-gnez apres l’ediôt,pour le payement defdirznbsp;Reytres.Ec les ingéniés dônez parles officiersnbsp;de Blovs amp; d’Anjou, caftez comme iuges iainnbsp;terdits par les lettres de fa Maiefté, contre Sinbsp;au preiudice de la referuatiun par elle fait‘s
L’ESTAT DE FRANCE. 51 ifoy amp; fon ptiué C on feil, de la cognoilfancenbsp;de ceftc mariere.
Le Roy àaccordéle contenu en ceft article.
4 Ordonner,executoire amp; contrainte eftrenbsp;delpefchee contre les cotnfcz,par les Commif-faires, ia depytez a mettre incontinent les deniers, es mains des rcceueurs, qui par lefditsnbsp;Commiflàires font ou feront eftablis.
Accordé.
5 Et d’autant que contre l’cdit, en plufieursnbsp;Villes amp; pays, les im.pofitions faites durant lesnbsp;troubles,ont efté Icuees fur ceux de la Religio,nbsp;amp; en outre, pludeursimpofitions ont efté faites depuis l’edit fur iceux, pour les defpenfcsnbsp;paflêes: Voire tous les iours font ottroyees lettres pour en faire en termes generaux, efquel-Ics ils font cottifez contre l’cdit, dont ils fontnbsp;entièrement ruinez.Plaife à fa Maiefté,ordonner comme elle a fait à aucunes prouinces lesnbsp;deniers leuez contre les xxiii. amp; xlv.articles denbsp;l’cdit, eftre rendus. Et inhibition déformaisnbsp;en vertu de quelconques lettres obtenues ou ànbsp;obtenir, les cottifer pour les defpenfcs paflèes.nbsp;Et afin qu’il ny foit fait fraude, qu’à la cottifa-tion defdits deniers qui feront impofez à lare-quefte des villes,ils y afsifteronr.
Le Roy entend que ces cottifations de deniers qui fe ferôt déformais es villes amp; pays, s’il n’y a nul ConfuLEf-çheuin, Confeiller ou autre de ladite aflemblee, qui foienbsp;de la Religion prétendue réformée, Soitappclé ordinal.^nbsp;remetquelqu’vn de ceux de ladite Religion,pour y afsi-fter fibô leur femble.amp;voir qu’ils ne foyétindeuemet furnbsp;chargez ou cottifez contre la teneur de l’edit, amp; ou ils lenbsp;feroyent,cn fiiireplainte à fa Maiefté,pouf y pouruoîr.
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6 Plaife aufs à fa maiefté faire vuider les gaf-nifons qui font es pays de Languedoc, Daul-, phiné,amp; autres n’eftans de frontiere,veu la granbsp;de foule du peuple qui a efté iniques icy,amp; nenbsp;ceflè encor, pour les incommoditez qu’il y anbsp;toufiours d’auoir des foldats pour hoftes en Ünbsp;inaifon,amp; vue garnifon dans yne ville.
Il a eftépourueufurlecôtenu enceft article. Avant le Roy defchargé les fuiets des garirifons, autant qu’il luy ànbsp;elle pofsible.
-J Et pour l’execution de l’Edit,faire pofer les armes aux villes de ce Royaume;amp;afin que lesnbsp;villes d’Orleâs,Lyon,Montpelier,Touloufe,amp;nbsp;le pays du Daulpliiné,foyentremifes en la Pacification ordonnée, y pouruoir de perfonna-ges,tât pour l’adminiftration des villes amp; pays»nbsp;que diftributió de la iuftice, amateurs de paix»nbsp;amp; affeôlionnez à l’obferuation de l’cdit, amp; faire vuider aucuns qui notoirement troublent lenbsp;repos defdites villes amp; pays.
Sera donné ordre .à ce que les habitans des villes ne portent aucunes armes dans icelles, amp; que certain nôbrenbsp;d’entre eux bien qualifiez amp; refponfables, puifTent tenirnbsp;des armes en leurs maifons amp; non autres,fous lespeinesnbsp;des edits. Aufsi fa Maiellé fera eledion de certains Mai-ftres des requeftes, ou autres bons Confeilliers.pouren-Uoyer es villes amp; lieux plus ueceiraires,afin d’y faire garder lefdits edits amp; ordonnances.
8 Députer des Commiflaires pour l’executiô de l’edir, aux pays de Lyonnois,Daulphiné amp;nbsp;Prouence,attendu que monfieur Molle qui eftnbsp;en Languedoc y eft occupé pour lôg temps : Etnbsp;monfieur de Mafparaulte député auec luynbsp;cefte fin s’en renient, amp; les y faire aller au pIUquot;
-ocr page 121-L’ESTAT DE FRANCE. 95 ftoft,veu qu’il y a ia quatorze mois que l’editnbsp;eft fait, duquel lefdits pays ne iouiflent pref-que point.
Il a efté la pourueu fur le côte nu en ceft article, amp; fera mâdé aux cômiffaires ia députez, ou autres en leur def-fautde proprement fe rédre fur les lieux pour executer lenbsp;contenu en la commifsion qui leur a efté enuoyee.
9 Que l’exercice de la Religion foir eftabli esnbsp;lieux ordonnez par l’edit : Premièrement aunbsp;gouuernement de Lyonnois, ou tous les deuxnbsp;lieux eftablis par l’edit fontoftez, amp; pas vnnbsp;reftably.
Les fauxbourgs de Charlieu demeurer ont fuiuantl’e-ditjpourl’vn des prefehes accordez a ceux de ladite Religion réformée: amp; au lieu de fainét Genis de Laual, fera mâdé au Sieur de Mandelot,amp; aux deux CommilTaires,nbsp;ordonnez pour l’execution de Ledit en Lyonnois, ouyrnbsp;ceux deladite Religion amp; autres quiy pourront auoir in-tereft,amp;leur pouruoir de lieu commode pour ceft effeift,nbsp;dedans trois mois, dót ils auertirontle Roy incontinent.nbsp;Cependant fa Maiefté leur a ottroyé par manière de pronbsp;uifion,de pouuoir faire ledit exercice en la grage du Pre-uoftlean,au lieu de la Guillotiere. Nonobftant que ladite grange eft au pays du Daulphiné, attédu que c’eft presnbsp;de la ville de Lyon, amp;pourlacômoditédeceuxdu paysnbsp;de Lyonnois,amp; par prouilîon feulement.
10 Et pareillement es villes appartenans a lanbsp;Royne mere, amp; mefleigneurs freres du Roy,nbsp;efquelles pour la reftrinôtion qui à efté faitenbsp;depuis l’edit,^ contre la teneur d’iceluy à Vil-liers cofte-rez, ledit exercice eft reuoqué ennbsp;doute.
Les prefehes demeurerôt ou ils font eftablis,amp; au fur-plus fera fuyui le reglement de Villiers cofte-rez.
11 Aufsi en vn grad nombre de maifons des
54 MEMOIRESDE
Sieurs hauts hifticiers, incontinent on met en procès la haute iufticc. Pour à quoy remédier:nbsp;Plaife à fa maiefté ordonner, qu’en vérifiantnbsp;par lefdits Sieurs hauts iudiciers, fommaire-met fans entrer en diflention de titres, qu’ilsnbsp;cftoycntiouyflàns de la hante iuftice,auant lesnbsp;troubles,ils foyêtremis en l’eftatqu’ils eftoyétnbsp;lors. Et leur foit permis ledit exercice; Sauf ànbsp;debatre les droits de la haute indice.
Accordé.
12 Qu’il plaife a fa Maiefté , faire exécuter lenbsp;reftablilfement des officiers, ordóne par l’edit,nbsp;ce qui n’a efté fait. Premièrement, quant aiiXnbsp;officiers domeftiqnes du Roy, l’exemple def'nbsp;quels caufe vne imitation aux inferieurs ma-giftratSjde troubler partons moyens les autresnbsp;officiers,au reftabliflement 5: iouy fiance paili-ble de leurs cftats.
Pource que l’ertat de La maifon du Roy n'a peu eftrC cLâgé, il a efté fait eftat à part, des officiers domeftiqueJnbsp;de fa maifon,eftâsdc la religion prétendue réformée,quinbsp;feront payez fur iceluy,amp; leur fera pourueu par ci apres.
13 De raefmes , lès Prenoft des inarefchauXnbsp;Lieutenans 8c archers, amp; autres officiers desnbsp;Preuoftez,qui nonobftant l’edit, voire laplnf-part ayans ordonnances pour eftre remis, fontnbsp;toutesfois hors de leurs eftats.
Pour le PreuoftiLieutenât,greffier amp; archers de Lyon* nois, la fentence donnée par la fiege de le Marefchauceenbsp;fortira effeft :Et Loys du four, foy difant pourueu de l’e*nbsp;ftat de preuoft auditLyonnois,viendr3 pour eftre ouy,nbsp;quant aux Lieutenans amp; autres officiers de la Preuoftenbsp;d’Anjou,amp; autres preuoftez amp; officier» d’icelles, ferontnbsp;remis, fuy uant l’edit.
Pareil-
-ocr page 123-L’ESTAT DE FRANCE. 95
14 Pareillemér les Capitaines des chafteaux ncpouuenty eftrerenns,ainsanx anciens eftnbsp;ordóné qu’ils iouyront de leurs gages,qui fontnbsp;communément fi petits, que tels offices fontnbsp;toufiours mefurez plus au rcfpedl de la digniténbsp;que des emolumcns . Les autres font du toutnbsp;depoifedezjfans recompenfc.
Le Conte de Choilÿ iouyra de tous droits,prerogati-ues amp;emolumés de Capitaine deDourdamamp;garde de la Foreft.Saufl’habitation du challeau,laquelle pourcertai-nes caufes,demeurera enl'eftat qu’elle eft de prefent. Etnbsp;quant aux autres Capitaines,feront remis fuyuantl’edit.
1$ Aufsiles Baillifs amp; Senefchaux de robbe longue, amp; les Lieutenans generaux, ont efténbsp;definis de leurs eftats, combien qu’il ne feuftnbsp;J’ourueu aufdits eftats , amp; parainfi, qu’ils nenbsp;iiflènt pas coprins en l’exemption portee parnbsp;l’edit. Et quant à ceux qui comme comprinsnbsp;en ladite exemption ne t’entrer en leurs eftats,nbsp;la recompenfe de l’eftat de Confeiller leur eftnbsp;defniecjde forte qu’ils n’ôt ny office ni recom-fenfe. Plaife à fa Maiefté ordonner que fuyuâtnbsp;edit leur fera baillé vn eftat de Confeillernbsp;de la Cour.ou du grand confeil, en pavant ounbsp;receuant du furplus de la iufte valleur felonnbsp;qu’il eft porté par l’edit.
Les Baillifs amp; Senefchaux de robbe lôgue, lieutenans generaux amp; aurres,au lieu defquels n’a efté pourueu au-parauant l’edit,rentrerôt en leurs offices fuvuant le xvr.nbsp;article.Et quant à ceux au lieu defquels a eftépourueu amp;nbsp;qui par côfequent ne dovuent entrer en leurs offices parnbsp;l’edit,leur ferapourueu d’eftats de Côfeilliers aux Coursnbsp;de Parlement, amp; particulièrement au lieutenant de Barnbsp;fur Seine.
16 Autres qui auoyent efté pourueus en titres
-ocr page 124-96 MEMOIR E,S D E d’Offices, neantraoins leurs lettres leureftanSnbsp;depefchees par forme de commifsion par certain Reiglement ordonné deuant les fécondsnbsp;troubles, font définis de leurs offices amp; leiU’Snbsp;Commifsions reuoquees, fans qu’ils ayenteitnbsp;aucune recópenfe,ains d’officiers notables fontnbsp;rendues priuees perfonnes.Plaira à fa ^aiefte»nbsp;les remettre en leurs eftars pour le moins rem-bourfant les pourueus durant les troubles.
Pource qu’il y a arreft dôné auec conoiflànce Je C3u(i amp; grande deliberation au confeil priuc du Roy, qui faitnbsp;decifîon de ceft article,amp; qu’on allégué contre ledit AT'nbsp;reft qu’il eft donné contre vn particulier,qui na déduit fl'nbsp;non ce qui eftoit de fon intereft.Au moyen dequoy il nSnbsp;doit preiudicier à l’vniuerfel,amp; ceux qui ont femblable’nbsp;caufes.A eftéauiféque le tout fera rapporté auR.oy.Sur-quoy ledit Seigneur declarant fa volonté, a ordonné qu^nbsp;ceux qui ont efté pourueus par commifsion, r’entrerontnbsp;en leurs eftats,comme s’ils enflent efté pourueus en titrenbsp;d’office.Eç leur en feront baillées lettres. Et pour le regard du Lieutenant du Maiftre des eaux amp; forefts d’Orléans,eft ordonnéque tous deux rentreront.Et le derniernbsp;receu fera alternatif amp; en l’abfence de l’autre.
17 Et combien que Ion ait remis quelques vnsdela Religion en leurs offices. Si eft-cenbsp;qu’on ne leur a rendu que la moitié'de leursnbsp;eftats,pource qu’on a ordonné que ceux qui e-ftoyent pourueus durant les trou bles,iouyroncnbsp;p,tr concurrence ou alternatiuement. Qui eftnbsp;autant que les priuer de la moitié des emolu-mens de leurs eftars.Encores l’on dénié à ceult;nbsp;qui ont voulu rembourfer les pourueus durantnbsp;les troubles d’y eftre receus. Ce que plaira àfînbsp;Maiefté leur permette.
On ne peut accorder ceft article,fans defunir vne partie
-ocr page 125-L’ESTAT DE FR ANCE. 97 des offices de France,amp; y mettre vne diiiifiô perpeçuelle.nbsp;Pource qu’il a toufiours efté à. la diferetiô duRoy,de fairenbsp;amp; creer tous offices alternatifs,laiflant les gages aux an-ciens.Et ceft article a ia cy deuant efté debatu, amp; vuidé.
18 Es maifons de villes ,aflèmblees d’eftatsnbsp;generaux, amp; particuliers, nul de la Religionnbsp;ny eft receu : Pource que les magiftrars municipaux des villes principalles, furent par vn e-dit, de l’an mil cinq cens foixante cinq , misnbsp;par le Roy, tous catholiques, amp; ont perfeuerénbsp;depuis: dont iladuientque plufieurs impofi-tions font ordonnées par lefdits catholiques,nbsp;amp; tombent fur ceux de la Religion,lefquels nenbsp;font ouys, ny appelez, ny à la deliberation desnbsp;iinpofitions,ny au departement amp; impofitionsnbsp;d’icelles. Plaife à fa maiefté, pouruoir à ce quenbsp;fous prerexte d’icelle Religion,telles oppref-fiôs,amp;pilleries,quife font efdites alî'emblees,nbsp;amp; hoftels de villes, ne foyent tolerees à la foule amp; ruine de fon peuple. Et que ceux qui ontnbsp;offices perpétuels efdites villes amp; pays , foyentnbsp;reftablis en l’exercice, gages,pendons, amp;emo-liimens d’iceux.
Ceux qui tenoyent offices perpétuels des villes, y feront remis s’ils en ont efté oftez. Quant aux impofitiÔs, y a efté pourueu fur autre article. Et pour le regard desnbsp;aflemblees d’eftats,en fera parlé auRoy.-qui fera aduerti,nbsp;-S’il luy plaift.de la forme qui fe tient en chacune prouin-ce, efdites aflemblees d’eftats, auant ordonner fon bonnbsp;plaifir.furl’entreuenement amp; afsiftance defdits de la Religion,en iceux.
19 En la ville de Paris,les profeflèurs ont efténbsp;du tout priuez de la faculté de lire es iftienccs,nbsp;qui n’appartiennent en rien à la Religion. Et
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-ocr page 126-«,8 MEMOIRES DE
«les lieux amp; places des Colleges, par les léfpo-ces faites à Villiers cop:e-rez , contre i’expres texte de l’edit. Plaife à fa Maieftéj faire gardernbsp;l’editjfans reftrinôtion, comme eft cxpreflcmétnbsp;porté par iceluy-
Il a efté pourueu par les refponces qui ont efté faites» fur femblables articlesimefmes dernièrement à Villiersnbsp;cofte-rez.
Et depuis le Roy à ordonné que ceux qui exerceront auiourdhuy tels eftats amp; cliarges,ne feront inquiétez nVnbsp;recherchez fous prétexté de la Religion. Et quand lel-dites places vaqueront,fadite maiefte y pouruoira.de telles perfonnes qu’elle aduifera.
20 Par le mefme reiglement, a efté défendunbsp;aux Miniftres d’habiter ailleurs que es lieuxnbsp;ou l’exercice de la Religion eft permis: contrenbsp;la libené oôtroyee,par le quatricfme article denbsp;l’edir, à tous ceux de la Religion. Plaife à fanbsp;Maiefté cafter telle defrnfe.
Il cftbcfoin de permifsion generale en ce regard,d’aU tre que felon l’edit.Et auenant occafîons particulières, ynbsp;fera pourueu felon l’occurrence.Età ces fins fera mandénbsp;aux officiers des villes,auertir fa maiellé de ce qui le pre-ientera en ce regard.
21 Ordôner pour executer ce qui n’a efté exécuté de l’edit, par les commiftaires qui n’ontnbsp;fait que paffer, amp; punition des contrauentionsnbsp;qui fc feront déformais, certains iugeS en chacune prouinccjnon pafsionnez.
Sera mandé aux CommilTaires qui feront enuoyeî felon l’autre precedét article, qu’ils reprennent les arre-mensdes Commiftaires precedens. Et le femblableau«nbsp;iuges ordinaires des lieux, qui en l’ablence d’autres Co-miflaires,feront chargez de l’execution de l’edit.
21 Plaife au Roy pourueoir fur les requeftes
-ocr page 127-L’ESTAT DE FRANCE. 99 des gentils -hommes,amp; habitans du pays Mef-fin,amp;MarquifatdeSallufles,amp;villes qui ennbsp;dependent.
Remis au Roy.
Depuis le Roy à ordonné que tous-les gentils-hommes, amp; autres habitans de Mets , amp; pays Mefsin, auront pour l’exercice de leur Religion, le lieu de Monthoy:nbsp;Sans qu’ils puilTent faire ledit exercice ailleurs auditnbsp;pays. Toutesfois ne feront recerchez pour le faitdelanbsp;Religion, ny contraints faire aucune chofe contre la liberté de leurs confciences. Et feront au refte egalementnbsp;traitez comme les autres habitas catholiques duditpays.nbsp;Pour le regard de SallulTes, les Miniftres amp; autres perfonnbsp;nés detenus pour le fait de la Religion , feront eflargisbnbsp;amp;les habitans dudit pays ne feront recerchez pour le faitnbsp;de la Religion,ny contraints faire chofe contraire à la liberté de leurs confciences . Et feront traitez comme lesnbsp;autres fuiets Catholiques fans diftinûion de Religion.nbsp;Sauf qu’audit Marquifat de SallulTes , ny aura aucunenbsp;aflemblce, n’y autre exercice de Religion, prétenduenbsp;réformée.
25 Touchant le Contât de Venife.
Remis au Roy.
Q^nt aux habitans, le Roy en eferira au Pape, amp; à monlieur le Cardinal d’Armagnac, par deuers lefquels ilnbsp;enuoyera hommes expres de fa part. Et pour le regardnbsp;de fes autres fuicts,ou ils feroyët empefehez en la iouyf-fance des biens , qn’ils ont audit pays, il v fera pourueunbsp;par les officiers defaMaiefté . Tout ainlï que pour lesnbsp;Catholiques, félon l’arreft donné en fon confeil à Paris , le vingt-cinquiefme d’Oftobre, Mil cinq cens foi-xante fix.
24 Qu'il plaife à fa Maieflc, faire iouyr ceux qui font de la Religion.qui ont des benefices,nbsp;de l’effeft amp; execution des articles, accordeznbsp;par fa Maiefté , en faifant l’edit de pacification.
-ocr page 128-loo MEMOIRES DE
Sera drelTé vne declaration pour cell effeél,aux terme* les plus fupportables.que faire fe pourra.
15 Plaife au Roy défendre à tous Iuges,qitc pourraifon de ladite Religion, n’empefehentnbsp;que les peres amp; metes, tuteurs amp; curateurs,nbsp;n’ayent l’éducation amp; nourriture de leurs en-fans amp; mineurs.Tout ainfi qu’ils auroyent s’ilsnbsp;cftoyent Catholiques.
Touchât les tutelles, furies deuxtoyes propolees, de préférer le Pere,ou de fuyure les couftumes des lieux,ennbsp;fera parlé au Roy.
Sa Maiefté à ordonné, que les peres ne feront empel-chez enlanourriture amp;inllitution de leurs enfans, felon leur Religion amp; confcience. Apres la mort defouels, ilsnbsp;ferôt entretenus en la mefmeReligion,en laquelle leurf-ditsperes les auroyent nourris. Et ce iufques à l’aags denbsp;quatorze ans complets, amp; lors ils demeureront en leursnbsp;libertez.
26 Plaife au Roy cafler amp; declarer nuis , tousnbsp;Iesarreftsamp; iugemens, parlefquels ceux quinbsp;ont voulu eftre rteeus en offices , ont efténbsp;chargez, d’informer de leur Religion. Et ordonner que l’edit ( qui ne permet eftre faitenbsp;diftindfcion de perfonnes) fera gardé amp; ob-ferué.
Quant à la receptiondes officiers de ladite Religion, Il n’eft befoin d’autre declaration: Voulât la Maiefte.quCnbsp;fon edit foit entretenu.
27 Plaife au Roy ordonner , que fuyuant
l’article vingt-troifiefme de l’edit, tous lesar refts donnez depuis les troubles, contre ceuxnbsp;de la Religion, feront caftez, amp;les parties re-mifes en l’eftat,qu’ils eftoyent auparauant lesnbsp;troubles,fans faire diftinûion d’abfence,ounbsp;prefcnce, ny d’autre diftinftion, qu’on a vou-*nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lu faire
-ocr page 129-L’ESTAT DE FRANCE. lot lu faire dcpuis5amp; contre l’edir.
L’edit aura lieu au vingt-troifiefme article d’iceluy, fors en ceux qui eftoyét demâdeurs , ou qui de leur fceunbsp;amp; volontairement ont défendu,amp; qui n’ont point efté jugez abfens, amp; par forclufion.-ne tenant,en ce, les prifon-niers pour prefens . Et fur la difficulté concernant leditnbsp;vingt-troiliefme article de l’edit.à caufe des iugemens amp;nbsp;procedures de la paix,d’entre les deux troubles derniers,nbsp;en fera fait rapport au Roy,pour fauoirfi Ion tiédra pournbsp;paix,ou pour guerre,le temps de la petite paix. Le Roynbsp;pour donner toute occafion de repos, amp; tranquillité à vnnbsp;cliâfcun, veut bien que ledit article vingt-troifiefme denbsp;l’edit, foit ertendu, amp; ait lieu, au temps de ladite paixnbsp;d’entre les deux derniers troübles . Le tout felon la declaration fufdite. C’eft-afauoir,pourueu que ceux quifenbsp;plaindrontdes arreftsamp; iugemens,donnez en matièresnbsp;Ciuiles, pendajit ledit temps, n’ayêt efté demandeurs ounbsp;prefens defendeurs volontaires ,fans crainte, ou empri-fonnement de leurs perfonnes.
Et quefuyiiant l’edir au mcfnie article, toutes prefcriptions conuenrionnellcs , cou-ftiimicres, ou legales, dont le temps cft ef-cheu, pendant les troubles , feront tenues pournbsp;ttonauenues.
Touchant les prefcriptions mentionnées audit article,les parties feront ouyes, furl'interpretationde l’edit, quanti! s’enprefenteia quelque différend.
29 Plaife au Roy, declairer, que les fruiclsnbsp;de l’annee mil cinq cens foixante dix, prinsnbsp;par voye d’hoftilité, qui n’eftoyent en nature,nbsp;lors de la publication de l’edit, ne pourront e«nbsp;ft re répétez.
Se faut tenir à l’edit. Et les cas particuliers fe décideront au confeil priué,felon leurs circonftances.
30 Plaife au Roy, comme il a caflé les gar-nifons, reuoquer aufsi les gouuerneurs pa^:-
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-ocr page 130-loi MEMOIRES DE
’ticuliers des villes, amp; pouruoir à ce que Ia gar-nifon deRlaye vuydediainfi fa maieftc Ie trou-ue bon : OU qu’elle ne viue 8c commette les e' xaétionsfur Ie peuple, comme elle fait journellement. Neantmoins que l’exercice de Unbsp;Religion qui en à efté ofté, pour la violéce desnbsp;foldats de ladite garnifon,y foit ramp;mis, fuyuantnbsp;l’edit.Et les mortelpayes de la Religion foyentnbsp;remis en leurs charges.
Accordé pour les gouuerneurs particuliers . Remisait Roy pour le fait de Blaye.
Depuis-fa Maiefté à déclaré fon intention, fur ceft article, qui eft, que l’exercice de ladite Religion, fera au» ‘ faux-bourgs,ou autre lieu prochaimplus commode pournbsp;eux .Et la garnifon oftee de ladite ville.
31 Plaifè au Roy declarer que les prinfes faites tant fur fes fuiets, que Elpagnols, amp; autres eftrangers, fur Mer, deuant la publication denbsp;l’edit,faite à la Rochelle, ne feront recerchees. .nbsp;Non-obftanttous arrefts,donnez contre aucuns particuliers , amp; commifsions decerneesnbsp;à rambalfadeur d’Efpagne , pour la generale recerche,des depredationspar luy prétendues.
Des remonftrances faites, confre-commilsions de l’ambafladeur d’Efpagne , fera fait rapport à fa Maiefté.
Le Roy a ordonné que les cômiftions obtenues, pour la recerclie des procez, amp; iugemens interuenus, fur lef-dites prinfes, furlèrront iufquer à cequeautrement, parnbsp;fa Maiefté en foit ordôné.Et ou il fera requis,de permettre ledit progrès, amp; execution defdites commifsions amp;nbsp;iugemens,declairera que les eftrangers, (es voifîns allielnbsp;amp; confederez , fe peuuent bien contenter de mefmenbsp;traitement qu’il fait à fes fuiets naturels.., par fon e-dit,
-ocr page 131-L’ESTAT DE FRANCE. loj edit. Qui eftl’oubliancedes chofes .menues durant lesnbsp;troubles.
31 Plaife au Roy ordonner que les fils amp; filles qui auront excédé l’aage de vingt cinqnbsp;ans, amp; pour la diuerlitè des Religions, auecnbsp;leurs peres,meres, ou autres parens qui les ontnbsp;en charge,n’ont efté colloquez en mariage,nbsp;pourrontjfuyuant le droiôbfe marier : fans quenbsp;à faute de confentementdes fufdits, leurpuiflenbsp;rien eftre imputé, ny en leurs honneurs , ny ennbsp;luccefsions amp; autres droiefs.
Sur les mariages des enfans,d’autre Rcligiô que leurs peres,qui fe marier fans leur congé, à ce que les peres nenbsp;les puilTent desheriter.il ne faut point de Loy particulienbsp;re pour ce regard.
55 Que les enterremens es lieux ou l’exerci ce eft permis, fe puiflènt faire de iour,amp; que lesnbsp;antres lieux dót les places appartiennent à ceuxnbsp;de la Religion, ne leur feront oftez; amp; faire punbsp;nir ceux qui ont defenterré les morts, depuisnbsp;l’edid publié.
Sur les fcpii!turcs,l'edift fera obferué.
54 Plaife au Roy declarer fon intcnticn,furnbsp;les defpouilles ôé demolitions faites,durant lesnbsp;troubles, employees en autres baftiniens , quinbsp;tou tes foi s fe recognoifient encor.
Touchant la matierè des demolitions .fera parlé au Roy,s’il trouuera ken que Icldites matières miles enocunbsp;ure,foyent cnlcuees. ,
Le Roy tr ouue bon.qu’il ne foit fait recerche de telles chofes,pour le regard de ce qui eft pafsc durant les trounbsp;bles,foit pour repeter les matières,ou l’eftimation d’iceinbsp;les,en ce qui fe trouuer.a mis en ocuure.
55 Que les officiers des villes, efleus du-
G 4'
-ocr page 132-104 MEMOIRES DE rant les troubles,au lieu des decedcz, demeureront en leurs eftats.
Pour les officiers des Villes feront parties ouyes,quad elles ne fe pourront accorder,
36 Pource que fur le fait des mariages denbsp;ceux de ladite ^Religion, ont efté faits, amp; fenbsp;font par les Officiers amp; miuiftres du Roy , desnbsp;iugemcns amp; Ordonnances, au domage defditsnbsp;de la Religion. Plaira à faMaieftéy pour-uoir.
Le Roy à referué à foy la cognoiflance amp;iugement des differents, qui auiendront fur ceft article, Lefquelsnbsp;feront euoquez,quant ils feprefenteront,Sans que cliolè,nbsp;qui puifTe auoir efté faite,apporte aucun preiudice ,à l’innbsp;rerpretation,que faMaiefté pourra faire,de fon edift,
37 Plaife au Rov ordonner, que fes lugesnbsp;cognoiftront des differents des mariages, SCnbsp;autres caufes,qui entre les Catholiques,onta-couftumé d’eftre iugez par les iuges ecclefiaftinbsp;ques. Sans que ceux de la Religion foyent tenus comparoifl:re,deuant eux. Erneantmoinsnbsp;que es cas,efquels le Pape,ou Euefqucs, ont a-couftumé de bailler difpence indifféremment,nbsp;ceux de la Religion,feront tenus pourdifpen-fez,ou prendrôt difpence du Roy,ou de fes 0^nbsp;ficiers.
Sera regardé a prendre vn e.xpedient, tant fur les dif' pcniès,quefurles iugemens de l’eflence de mariage,nbsp;en fera prins aius des Prefidents amp; gens du Roy , au Par-lémentàParis,
Lefdits articles amp;refponces ont efté leus, amp; rapportez par le fieur de Roiflÿ, ConfeilRinbsp;du Royi^en fou confeil priué,en la prefence denbsp;fa Maicl^é,eftanr en fon conleil, le quatorzief'nbsp;me
-ocr page 133-L’ESTAT DE FRANCE. 105 me iour d’Oôtobrc , Mil cinq cens feptantenbsp;amp;vn. Signé CHARLES.
Etplusbas DE NEVF VILLE.
Pour l’execution amp; entretenementda ces articles, amp; ComihiG-pour auifer que l’edit de pacification fuft obferué,enten- laites de-dre les plaintes de part amp; d’autre pour y pouruoir,furent députez coinmiiTaires par le Roy,la plufpart defquéls cenbsp;pendant auoyent leur leçon du confeil fecret, tellement articles denbsp;que bien fouuent ce moyen là feruoit bien peu , ou nui- la confe-loitmefmesjfurtoutà ceux de la Religion. Ces commif tente,nbsp;faires furent diftribueé par les villes amp; gouuernemensnbsp;que l’on eftimoit en auoir befoin. Defarcbes maiftre desnbsp;requeftes,futenuoyéà Lyon. Aurillot côfeiller de Paris,nbsp;a Meaux.Believre coiifeillier de Grenoble, à Môtpellier.nbsp;Barjot maiftre des requeftes amp; Prefident au grand con-feil,a Reims. Villeneufve Prefident à Bourdeaux,en Daunbsp;phiné. La Renye confeiller au grand confeil,.à Orleans.nbsp;De Tilly confeillier de Rouen , au Mans. La Proutierenbsp;ffiaifire des requeftes , à Bourges . Lifore Prefidentdenbsp;Rouen,à Angers.Rogier confeillerdeParis,àTouloufe.nbsp;Fumee maiftre des requeftes,à Bourdeau.x.Du GaftPre-fident de Bretagne,à Perigueux . Banquemare en Breta-gne.Guiotard confeiller au grand confeil, à Rouen. Au-genoux confeiller à Paris,en Prouuence.
Sur la fin d’Oftobre,amp; au commencement deNouem L'Aniitat l’re,rAmiral qui eftoit à Cliaftillon fut appelle duRoy délibérénbsp;pour aller en cour. Pendant fon fciour audit Cliaftillon,nbsp;ilreceut diuerfes lettres du Roy, plaines daffeétiôs Aidenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
mefme teneur que les precedentes.Eftant arriué 5: reccii afaites. de mefme viiâge qu’à la premiere rois, le Roy le voulutnbsp;de rechef entendre,non feulement fur lefaitde laguer.nbsp;te de Flandres, dot il bailloit toute charge audit Amiral,nbsp;mais aufsi fur tous les moyens propres pour maintenirnbsp;l’editdepacification.Item, dece qu’il luy fembloitplusnbsp;expedient pour rendre l’eftatdu Royaume plus affcuré.nbsp;Et au refte le prioit de faire que ce mariage du Prince denbsp;Nauarre auec madame Marguerite fe pourfuyuift, amp;nbsp;qu’il aidait en cela à auancer le repos de tout le Royaume .-puis quelaRoyne de Nau^refe fioit beaucoup ça
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luy.Quanta Ia guerre de Flandres, l’Amiral en declairi auRoy lesiuftes occafions, l’alTeurant qu’outre 1’equiténbsp;de la caufedl y auoit tant de moyens pour la fairegt; que lenbsp;Roy deuoit bien efperer pour ce regard. Et que pour af-feurer toutes chofesdl eftoit bon d’auoir alliance aueclînbsp;Royne d’Angleterre amp; les Princes Proteftans . Car cellnbsp;brideroit ]’ElpagnoI,amp; tiendroit la France en paix. Poutnbsp;le regard de l’ediét de pacification,vn chafeun article deuoit eftrc fongneufement entretenu,amp; les delinquâs chinbsp;fiiez à toute rigueur,fans acception de perfonnes. Quitnbsp;au mariage du Prince de Nauarre, s’en remettoit au bonnbsp;plaifirduRoy, amp; defiroit que la Royne de Nauarre Snbsp;touslesfuietsdu Royaume,fpecialement ceux de la R«nbsp;ligioibreconuflent en cela la bonne affedion que le Roynbsp;portoit au repos amp; acroiffemét de fon efiat, qui ne pour-roit que s’afiermir en vniflant les cœurs de tous,par vn finbsp;beau moyen.Et que de fa part il prieroit amp; confeilleroitnbsp;la Royne d’y entendre,fans faire preiudice à la Religionnbsp;dont elle amp; le Prince fon fils faifoyent profefsiô.Le Roy 'nbsp;(quiappeloit l’Amiral fon pere ) le remercia de fes bonsnbsp;confeils.Le pria d’auifer aux moyens plus propres poufnbsp;faire celle ligue. De s’employer de fa part à ce que l’editnbsp;full entretenu de point en point. Et pour le regard de IInbsp;Religion du Prince de Nauarre,que cela n’empefcherpijnbsp;point que tourne fe portailbieniqu’il donneroit occalinnbsp;à tous d’eftre contens.
Difeours f'““ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘^^”5 foixante neufpendant la plus gran
de ce qui de fureur des troilîefnies troubles,le Parlement de Paris auint tou fît pendre amp;'eftrangIerNicoIas Croquet,PlnIippcs amp; Ri-chant la chard de Gaftines, marchans honnorablesipourautantnbsp;croix de qu’ils eftoyent de la Religion. Entre autres chofes contenbsp;enleurarrell,qui fut prononcé amp; execute le der-vetsNoel nier de luin audit an lyds. ce qui s’enfuit doit efire noténbsp;pourle difcours fuyuant. Ladite Coùr (de Parlement)!nbsp;ordonné amp; ordonne,que la maifon des cinq croix blanches appartenant aufdits de Gaftines, afsize en rue fainfinbsp;Denis, enlaquellc les prefclies afiemblees amp; Cenes ontnbsp;cfté faites , fera rompue , démolie amp; rafee par les charpentiers, malTons, amp; gens à ce conoilTans, dont laditenbsp;cous
-ocr page 135-L’ESTAT DE FRANCE, joy cour conuiendra.Et cependant a ladite cour ordonné amp;nbsp;ordonne que le bois amp; ferrures de fer qui prouiendroncnbsp;de la demolition de ladite maifon, feront vendus, amp; les-deniers qui en prouiendront,fcrontconuertis Remployez à faire faire vne croix de pierre de taille : au delTousnbsp;de laquelle fera mis vn tableau de cuyure , auquel feranbsp;efcrit en lettres grauees, les caufes pour lefquellcs laditenbsp;maifon a éfté ainfi démolie amp; rafee. Et feruira la placenbsp;de lieu public à iamais.Et pour à ce pouruoir eft prohibénbsp;amp; detfendu à toutes perfonnes de quelque qualité amp; connbsp;ditionqu’ilsfoyent, d’y pouuoir faire baftir à perpétuité, fur peine de fix mil liures parifis d’amende, appliqua-bleauKoy, amp; de punition corporelle . Suyuant cell ar-teft, la maifon des Gaftines auoit efté entièrement ra-^ee,amp; à l’endroit d’icelle lesParifiens auoyent faitel-kuer Vne haute pyramide de pierre, ayant vn crucefixnbsp;au fomraetjdoree amp; diapree,3ucc vn récit en lettre»nbsp;d’or fur le milieu, dt ce que delTus, amp; des vers Latins , lenbsp;tout fi confufement amp; obliquement déduit, que plu-fieurs eftimoyent que le compofeur de ces versamp;in-feriptions (on dit que c’elîoitEftiennc lodelle,Poètenbsp;François, homme fans religion, amp; qui n’eut one autrenbsp;Dieu que le ventre) s’eftoit mocqué des Catholiquesnbsp;amp; des Huguenots, Quelque temps apres la publication de l’edit de pacification , les heritiers defilits denbsp;OalKnes, amp; ceux de l’Eglife réformée de Paris, voy-ans celle Pyramide demeurer debout , expreflementnbsp;contre le trentedeuxiefme article dicclui edit, en firentnbsp;inftancevers les Princes Rl’Arnirahlelquelsvoyans lesnbsp;cliofes encor efmcües, furent d’auisde delayer . Finalement, l’Amiral, eftanten Cour, futfollicitéd’auiferàcenbsp;pointxe qu’ayant confideré, remonftra au Roy le contenu en ce trentedeuxiefme article, qui porte que toutes marques,veftiges amp; monumensdes executions faites contre ceux de la Religion , tant viuansque morts,nbsp;Liures amp; aéles dilFamatoires contre leurs perfonnes,nbsp;mémoire amp; pofterité,feroyent oftez Si etFacez:amp; les places efquelles ont efté faites,pour celle occafion, demoli-ôont ou rafemês,rêdues aux proprietaires,d’icelles pour
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envfer amp; difpofer à leurs volontez.Prie leRoy de tenir fa promefre,amp; faire démolir cefte pyramide, puis remetnbsp;tre les heritiers des Gaftines enpoflefsion de leur bien-LaRoynemere voyant que il l’Amiral renoit roulenbsp;faudroit acorder fa requefte,R perdre aucunement la bunbsp;ne grace des Catholiques de Paris,dit qu’il feroit bon Jenbsp;faire cela fins fedition.Et que pour y obuier, faloit en i'nbsp;uertir mefsieurs de Paris,afin qu’eux mefmes y tinlTentnbsp;lamaiibpourentretenirl'edit.Cependantfutarreftéque inbsp;cefte pyramide feroitabatue. Mais les Pariiîens furet in-continet auertis de tout,amp; fur ce la ville députa quelques ,nbsp;bourgeois,amp; l’vniuerlité,des doâeurs, pour aller vers lenbsp;Roy,amp; moyennerque cefte croix ne fuft mife bas, tant •nbsp;pour cuitcr les fcandales ( c’eft adiré les maflacres ) qui jnbsp;s’en pouuoy eut enfuyure, que pour ne violer les arrefts (nbsp;de la cour,qui eft l’aine du Roy,ce difoyent-ils. On fait 1nbsp;bô vifage à ces deputez,amp; pour caufe. Le Roy carefle leSnbsp;dofteurs,Ies afleure de fon affeftion enuersl’Eglife Ci'nbsp;tholique Romaine,amp; doftrine d’icelle. Cependât on faitnbsp;entendre a quelques vns des principaux de Paris, quunbsp;ponr fatiifaire à l’importunité de l’Amiral, amp; ne donnetnbsp;óuuertare ànouuelles defiances,il faloit öfter .cefte py/nbsp;ramidc,qui feroit tranfportee à S.Tnnocent,ou elle feroitnbsp;aufsi bonne(amp; de plus grand profit pour les preftres)quenbsp;chei. les Gaftines. Qu’ils s’afteuralTent que ce n’eftoitnbsp;point pour fauoriferaux Huguenots, comme ils leco- 'nbsp;noiftrovcntplus amplement.Suyuantcela,le confeil re-monftrc .1 l’Amiral amp; aux députez de la Religion, quel*nbsp;on rompoitdu tout cefte pyramide , il y auroit vne fedi'nbsp;tion , amp; qu’il faloit acheter la paix auec cefte populace-'nbsp;mais qu’en feroit öfter amp;:tranfportcr le tout au cemitienbsp;re de S.li;noccnt:amp; que par ce moyen feroit fuffifaifl'nbsp;mentfatisfaità l’edit,lcs mots duquel furent biendeba-tiis.Finalemét,I’Amiral defireux de la paix, ne refîftapa’nbsp;d’auantage, combien que fila puiflance euft efté en f*nbsp;main de par le Rov, il fc faifoit fort de retenir en briJ^nbsp;les Parificns,amp; les faire obeir,quelques mutins qu’ils fuf'nbsp;fent.Le confeil fecret au refte eftoit fort ioyeux de ce d»nbsp;ferent,caril rendoit lesParifiens ennemis coniurez denbsp;l’-'ijcniraLlùr Te des duquel en mettoit toute la rage ; cat
-ocr page 137-L’ESTAT DE FRANCE. 109 on aduertilToit les principaux Catholiques que l’Amiralnbsp;fai foil tout. Qu’il n’eftoit jiofsible luy contredire en ceftnbsp;cndroitjd’autant que l’edit le fauorifoit.Cependant on fitnbsp;trainer ceft afaire en longueur, tout exprellèment pournbsp;faire paroiftre que l’Arairalen eftoit la lèule caule, comme aufsi luy amp; les députez le pourfuyuirent tellementnbsp;que fur la fin de Décembre lyyi.cefte pyramide fut aba -tue de nuift par gens députez delaiuftice,à qui il falutnbsp;commander pluiieurs fois.Et pour faire le tout plus feu-rement,amp; euitcr l’emotion de ce peuple qui adoroit lesnbsp;pierres amp; le bois , on choifit expres vn temps nébuleux,nbsp;venteux amp; aflez effrange, ce qu’vn certain badin nomménbsp;Bclleforeft (qui s’eftmeftéde brouiller les annales denbsp;Frace)impute à vn fort grand miracle. To utes les piecesnbsp;de la pyramide furent tranfportees en ce cemitiere .S.nbsp;Innocent,ou le tout eft demeuré debout, au grandprou-fitdespreftres de ce Iieu,aufquels les biens vindrent ennbsp;dormant, cefte nuiéf là. Le matin,le menu peuple voy-antcefte croix tranfportee, acourut de fnreur, amp; bruf-lavne maifon voifine , malTacra vn ferrurier, puis allanbsp;furIcpontnoftreDame, ou furent bruflezles meublesnbsp;d’vn des Gaftines .11 y eut tel bruit,que le Palais demeura fermé tout ce iour,amp;ceuxde laluftice-cachez . En finnbsp;ces mutins qui ne fauoyent bonnement à qui s’adrefler,nbsp;encoràdemy forcenez, fe retirerent,fans qu’aucune iu-ftice full faite de tels rauages, commis tout en public, aunbsp;veuamp;au fceu de tout le Parlement amp; autres magiftrats fnbsp;qui font là.
Les Sorbonniftes eftoyent fort mal contons, d’vn tel tort fait à noftre mere S.Eglife; encor que quelques pai-fibles Catholiques iurafîent par noftre Dame, qu’on a-Uoit fait grand honneur à la Croix, de l’ofter de la maifon d’vn pendu, pour la mettre en terre fainfte . Or vnnbsp;vaillantDoéfeurdelaSorbonne,nommé maiftre Renénbsp;Benoift,voulutmonftrerfonzele,amp; remettre (commenbsp;ondit)lesfersaufeu.Carfitoft quecefte pyramide futnbsp;tranfportee, il eferit vn petit libelle, duquel nous ne dirons ce que iugeoyent les Catholiques amp; ceux de la Re-ligion,pource que laletfure monftrera que c’eft , amp; parnbsp;les oreilles on conoiftral’.-^e.Nous auons ici couché au
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long ce libelle imprimé à Paris chez Thomas Belot, rue S.leahde Latran ijyi.auec priuilege du Ko y : amp; portantnbsp;les titres qui s’enfuyuent.
Adve RT I SS EM EN T, Du moyen par lequel aiß' ment tous troubles amp; difFerens tant touchât la CroiH’nbsp;de laquelle y a ii grande amp; dangereufe altercation 60nbsp;ccfte ville de Paris, que autres concernans laReligié’nbsp;feront allopis amp; oftez. Par M.René Benoift Angeuin,nbsp;Doûeur Regent en la faculté de Theologie à PariSquot;nbsp;Da Domine auxilium de tribulatione,quia vana faluSnbsp;hominis.Pfal.s. Vbi abundauit deliélum,l'uperabun'nbsp;dauitgratia.Rom.y. A Mefsieurs les habitas de Paris-libelIedifTE craii)s,amp; certainement ie crains beaucoup,Mefsieuf^nbsp;fapiatoire jde Paris, que apres auoir efté les ans palTez fpedateursnbsp;de M.Re- amp; auditeurs des niiferes amp; calamitez des autres villes é®nbsp;ceRoyaume,de longtéps trefehreftien , àlaparfin noU’nbsp;• entrions en vn ieu plus tragicque, amp; d’vn reufsifTemei^nbsp;plus miferable que n’a encores efté veu ny ouy. Car puisnbsp;qu’il eft certain que toutes chofes aduiennenr par la difquot;nbsp;ƒ pofition.amp;prouidence de Dieu, lequel fans auoir accS'nbsp;ptiondeperfonnesiuge iuftement felon les faits amp; ceü'nbsp;ures d’vn chafeu ,ie ne pourvois meperfuader que left**nbsp;de la formidable iuftice de Dieu,qui a chaftié amp;purgé IÇ*nbsp;autres villes, les pcchez defquelles n’eftoyentque boisnbsp;verd en comparaifon des noftres,ne nous brufle amp;afHig^nbsp;beaucoup d’auatage,qui fommes faits le bois fee amp; nuU^nbsp;ment flexible amp; ploy able aux tant frequens amp; afpres alt;J'nbsp;uertiflemens de la parole de Dieu: laquelle ( ô malheur)nbsp;par vne damnable amp; pernicieufe obftination,nonfeul6'nbsp;ment ne voulons effeéluer ,ains (grand amp;euidentiîgu^nbsp;de reprobation amp; prochaine ruine)lacontredifons, deU'nbsp;telons, mocquons, amp; blafphemons,qui a ordinairemeu^nbsp;efté le dernier mal fait des reprouuez amp; peuples prf;nbsp;chains de leur exterminatiô. Cela eft vérifié en ceux flO*nbsp;périrent au deluge, lefquels fe moquoyent des aduerti*'nbsp;femens'amp; admonitions à faire penitence que leur faifu^nbsp;Noë :-en ceux de Sodome amp; Gomorhe,le(quels3fHr'nbsp;geoyent amp; deparoleamp;defaiétle bonLot,quiies adu^J'nbsp;tifsoit:en Pharao amp; es Egyptiens, lefquels contemnoV^^
-ocr page 139-L’ESTAT DE FRANCE. ni rcmonftrances que leur faifoyent Moyfe amp; Aarouj amp;nbsp;affligeoyentià caufe de quoy ils furent fubmergez: esnbsp;®nfans d’Ifrael qui périrent es deferts, à caufe qu’ils cou ¦nbsp;*iedifoyéc aux aduertilTemês de Moyfe leur inftruéleur,nbsp;fonduéteur amp; pafteur, amp; contemnerent l’excellente viannbsp;de la manne,eftans trop délicatement nourris d’iccl-‘C,amp; demandèrent des puants aulx ,amp;pourreaux d’Egy-pfeæn iceux mefmes lefquels furent menez captifs, tantnbsp;Babylone qu’ailleurs, pour n’auoir obey aux Prophe-amp; Prebll:res,delquels non feulement ils melprifoyentnbsp;doûrine Si remonftrances,mais aufsi les affligeoyent:nbsp;Saul premier Roy du peuple d’Ifrael, lequel fut re-Ptouué de Dieu, amp;¦ puis occis par fes ennemys , pour a-uoir defobey a la parolle deDieu propofee par le Prophenbsp;Samuel .Nous lifons le femblable ellre aduena pournbsp;defines raifons aux Rovs Roboam, leroboam , O-^nozias, Achab , Si iffez d’autres, qui n’ont voulu croirenbsp;obeyr,ains ont répugné à la parolle de Dieu, amp; ontnbsp;bloqué amp; affligé les miniftres amp; annonciateurs d’icel-ce que eftre la caufe principale de la ruine deshom-tant en general , que en particulier,enfeigne lefusnbsp;ynrift, quand il dit aux luifs, contredifans à fa pre-“tcatiô; Émplillez la mefure de vos peres, c’eft a dire,c5nbsp;‘’æz leur iniquité , pour eftre du tout exterminez . Serpens amp; engeances de viperes , comment euiterez vousnbsp;feu d’enfer? Ce qu’ils ont fait, contredifant à falain-ûepredication, la contemnant,blafphemant, amp;( puis lenbsp;faifant mourir ,pour icelle: comme depuis ils ont faitnbsp;tnourirfainétEftiene,fainft laques amp; autres,à caufe denbsp;l^oy ils ont efté ruinez par les Romains bien toft a-pres. C’eft ce qu’enfeigne fainélPaufdifant que la terrenbsp;qui reqoit la rozee, (c’eft l’inftruâion de la parolle denbsp;Dieu) amp; n’apporte fruiét ( c’eft afauoir foy, obeiftànce amp;nbsp;autres bonnes reuures)eft proche de malediéi:iou,repro-bationamp; combuftion. C’eft pourquoy lefus Chrift à ditnbsp;que l’arbre que fon pere n’a point planté, fera defraci-nc,amp; la branche qui ne porté fruiét fera coupée amp; iectéenbsp;au feu . amp; luy mefmes a donné malediction A’ fait fei-cherlefiguier auquel il n’a trouué que les feuilles fansnbsp;»ucunfriüél,commeaufsi il menace d’ofterlavigneà
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ceux,quiaulieude luy produire bon fruitt, eftans auer- I tiz par les prédicateurs amp; diligens Pafteurs.ils les ont cô-tredids.repouflez amp; aflligez. C’cft pourquoy il meiialTenbsp;par Efaie laifler en friche amp; en abandon fa vigne, laquelle au lieu de grappes amp; raifîns luy a produit des lambru-fcbes: où entre autres punitions il la nienaflè principalement de luy öfter fes Rayes amp; murs , qui font fes protecteurs amp; fiiperieurs tant Eccleliaftiques que politiques,nbsp;qui ne feront profitables amp; fauorables au peuple, pour le ,nbsp;quel ils font ordonnez, cependant qu’il contemnera ‘nbsp;tranfgreflera la parole amp; fainfts cômandemens de Dieu- :nbsp;Or comme le figuier a efté rendu fee amp;priué de fes belles amp; verdoyantes feuilles, à caufe qu’il n’auoitdu fruift’ ,nbsp;ainfi les luifs fontptiuez de leurs ceremonies,amp; à prefé^ ,nbsp;iuftement les Chreftiens'Catholiques,en grande partienbsp;hypocrites,renians par œuures ce qu’ils côfeflènc de boU 'nbsp;ehe amp; parole, ne refentans amp; gouftans au cueur par vne [nbsp;viue foy,efperance,amp; charité,ce qu’ils voyent,oyëtamp; toU !nbsp;chent en la profefsion de la Religion Catholique , aufsgt; ,nbsp;maloblerueequebié amp; lainétement elle 3. eftéinftitueer 'nbsp;8c cetref-iuftementtcarfi laviue fuvquieft: lefondemétnbsp;du baftiment fpirituel defaut,ce n’eft chofe digne d’adn'*nbsp;ration fi ce qui eft bafti dellus ne demeure entier. L’e.xefnbsp;cice amp; profefsionexterieure ne peut demeurer où de* jnbsp;faut la vraye foy intérieure, laquelle ne peut eftre fan’ ‘nbsp;I’ouye,obéif[ance,reuerence,amp; obferuance de la paroU^nbsp;de Dieu,tout bon amp; tout puiflànt.Parquoy ie ne m’esba-his fi Dieu, fans l’ordonnance duquel rien n’eft fait, permet en ce temps malheureux à caufe de lacorruptiôdanbsp;peuple,amp; deprauation de tous eftats, plus grande qu’ellenbsp;n’eft entre les luifs amp; infidèles, que les temples font ruinez,les autels démolis,les Preftres facmétez, lesnbsp;des faind's brifees, amp; autres chofes, appartenantes anbsp;profefsion e.xterieurc de la vraye foy amp; religion Catho'nbsp;Iique,reiettees,moquees,amp;blafpheraees,par ce que noU’nbsp;les auons prophanees nous mefmes par nos abus intolérables,Icfquels ne voulons aucunemétcorriger : comi'i®nbsp;plus à plain auons par la grace de Dieu, deduid au litirenbsp;du triomphe amp; vidoire de la foy; comme aufsi en celufnbsp;qui eft infeript : Modus tollendæ religionis difeordiï-
ToU-,
-ocr page 141-L’ESTAT DE FRANCE. nj Toutesfois ie ne puis que, comme Dauid amp; leremie ontnbsp;Ploré amp; lamenté la ruine amp; prophanation du temple denbsp;Salomon,ie ne iette profons l'oulpirs amp; fanglots, quandnbsp;nous vois réduits à cefte mifere extreme, que Dieu iunbsp;ftement ofte la tour amp;fortereflè de fon Eglife miliun-te,la vnye arche amp; fauuegarde des efleus Sc fidelles,nousnbsp;priuant de fon enfeigne le figne de la croix, proteftionnbsp;Ordinaire de tous les anciens amp; premiers Chreftiens.Lesnbsp;Anges amp; fainfts glorieux,foldats de lefus Chrift, batailleront-ils pour nous, quand ils ne verrot plus l’enfeignenbsp;de lefus Chrift,leur chefamp; Capitaine?C”eft la tour de laquelle parle Efaie j.chap.laquelle il dit que Dieudemo-hri.à caufe de la defobeiflânce de fon peuple,comme vnnbsp;®-oy fait démanteler les villes, amp; abbatre les fortereflèsnbsp;de ceux qui luv ont efté rebelles.En icelle les bons Chrenbsp;ftiens ont toufiours reconu amp; adoré lefus Chrift pournbsp;nous crucifié.Ils ont mis leur appuy, fauuegarde amp; protenbsp;ûion,amp; pourceftefFeét fa vertu à efté recommandée ànbsp;w grand Empereur Conftantin,amp; ce non làns grande rainbsp;fon.veu que les figures d’icelIe ont efté tant ïouuent lanbsp;fauuegarde amp; protediô au viel peuple, comme il appertnbsp;Exod.ii.contre l’Ange exterminateur . contre la morfu-redes Serpens,Nomb. ai. amp; contre lapunition amp; fureurnbsp;de Dieu,Ezechiel 9.
Nous ne fcaurions certes auoir plus euidente demon-ftrance de l’indignation de Dieu,amp; prochaine ruine, que de voir öfter les armes,l’enfeigne,amp; la fauuegarde de lefus Chrift,le figne amp; image de la croix, contre laquellenbsp;rien humain ne doit preualoir,confiderant ce qui eft auenbsp;nu aux Philiftins pour auoir veu emporter amp; remuer Parnbsp;che.chofe de moindre myttere que la croixdesBethfaminbsp;tes pour l’auoir veuë à nud comme pour l’auoir touchée;nbsp;aufsi à Bâlthafar pour auoir mis les vaifleaux facrez amp; denbsp;diez envfage prophanehulques là il faut auoir en hôneurnbsp;les chofes dediees au féruice de Dieu,amp; appartenîtes à lanbsp;Religiô.QMdnoussômes faits Chreftiés,nous sómesarnbsp;niez de la croix au ff ôt,en la tefte, en la poiftrine amp; auxnbsp;efpaules.Nous conoifsôs amp; adorés en icelle lefus Chrift,nbsp;noftre Dieu amp; Roy,par icelle nous faisôs fuir les diables,nbsp;corne par fréquentation amp; honneur d’icelle. Nous fom-H
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Hies diftinguez d’auec les heretiques amp; infidèles par i-celle. C’eft done ligne que Dieu nous reprouue quid il permet que nous femmes defarmez de fes armes, amp; de-Hitiiez de fa fauuegarde amp; proteftion. La mefle eft gridnbsp;cas,aufsi eft laprebftrife:mais lefondemétde touenoftrenbsp;bien c’eft la croix amp; pafsion de (efus CJirift, de la profef-fion amp; reprefentation de laquelle Dieu ne nous permet-troit eftre tant dangereufement priuez fi nous ne l'auiosnbsp;beaucoup offenfé,Adamamp;Eue ont eftéchaflèzliorslePanbsp;radis terreftre, pour auoir ofé toucher amp; manger, eftansnbsp;feduits par l’aftuce de fati, le fruiét de l’arbre dé fciéce denbsp;bien amp; mal:amp;nous ne feriôs punis,prophanât, mocquâfgt;nbsp;blalphemant,rompant amp; brilant l’arbre de la fapience dinbsp;uine amp;. myftéres treshauts, voire aufsi en laquelle a efténbsp;difpofé Si preparé le faintt amp; diuin pain de viç qui nourrit nos âmes en la S.Croix ? Pourquoy ie vous prie nenbsp;nous arreftôs àblafmerles magiftrats,les princes,ni feulement à courir fur les heretiquesamp; blafphemateurs denbsp;la Religion fainfte amp; bône,par emotiôs,amp; remuemés ponbsp;pulaires,qui ne font toufiours profitables,fiDieu n’i faut»nbsp;Tife,ains conoiflànt qu’il n’v a mal en la ville que Dieu nenbsp;ait fait nous punifsât iuftemét,prenôs les armesde pleursnbsp;amp; oraisös,amp;noushumiliösdcuitfamaiefté,faifonsvrayenbsp;fgt;enitéce,làns laquelle nous périrons,ne pouuâs eftre de_-iurez par les hommes,cependant que Dieu courroucé anbsp;caufe de nosiniquitez bauillera contre nous,amp; nous punira iuftement par ceux qui nous doyuét defendre amp; garnbsp;der.Car c’eft luvqui eftât ferutateur des cœurs amp; coniciénbsp;ces, amp; difpofant toutes chofes en nombre, poids amp; mefunbsp;fe, done de bons, amp; permet de mauuais amp; pernicieux panbsp;fteurs,amp; enfeigneurs,felô que le peuple pour lequel toute puiflance amp; fuperiorité eft ordonnée, eft difpofé amp; I®nbsp;merite.C’eft luy en la main duquel fot les cœurs des priunbsp;Ces amp; Rois,le(quelsil tourne corne il luy plai^difantl’e^*nbsp;crit'jre,qu’il fait regner leshypocrites àcaufedes peche*nbsp;du peuple.Iob.34.C’eft luy qui donne leRoy en fa fureutinbsp;amp; l’ofte en Ion indignatiô,Ôzee.i3.Tellemét que en tép®nbsp;de punitio amp; fureur de Dieu le peuple eft puni amp; affligénbsp;à caufe de fes fuperieurs,amp; les fuperieurs à caufe du peU'nbsp;pie m’eftât aifé a iugerdefquels patifTentle plus,finô qu«
-ocr page 143-L’ESTAT DE FRANCE. nj fefcriture dit que les gras cndurerôt plus que les autres»nbsp;lefquels quad ils ne végent ce qui eft fait cotre Dieu.fou-uét sot punis de Dieu qui met la force au coeur,amp; les piernbsp;res és mains du rude amp; imbecille peuple executeur de f*nbsp;iufte fentence,par ceux lefquels ils doyuét regier amp; con*nbsp;duire,amp; pnnir (elon leur vocation amp; authorité. Ne pen-fons dôc que nous puifsions eftre deliurezamp;oftez denosnbsp;ennuis amp; troubles par les grans du monde,qui çarauentunbsp;re font plus empelchez que nous, ains conoiflant par lanbsp;foy amp; diuine inftruétion,que c’eft Dieu qui abat amp;releuc,nbsp;qui mortifie amp; viuifie,qui humilie amp; exalte, qui a en fanbsp;main amp; pui(rance,la difpofition des Roys,royaumes,peunbsp;pies amp; cômunautez,reconoiflbns-le,amp;chafsât au loin cesnbsp;pernicieux dieux eftranges.qui font caufe de noftre ruy- .nbsp;ne,lcs lierefies,diuinations,libertinages,amour de nouf-mefmes, blafphemes, auarices, atheifme amp; femblablesnbsp;monftres,par lefquels malheureufemét nousfommes fcnbsp;parez de noftre Dieu amp; feul protefteur amp; defenfeur toutnbsp;bon amp; tout puiflànt, lequel pernicieufemét nous oubliôsnbsp;dtlaiflons en nos necefsitez,non fans idolatrie,mettat lanbsp;«hair infirme noftre bras amp;puifsace, ne confideras l’eferinbsp;ture,IaqueUe tâtfouuétnous aduertitdene nous côfiernbsp;es grâdeurs amp; puiffànces mondaines, ains en Dieu tout-puiflànt,lequel iamais ne delailTe ceux qui fe fient amp; verinbsp;tablemét eiperent en luy,qui veut eftre inuoquéen nosnbsp;tribulations,amp;prédplaifirdenous endeliurer, afinqu'ilnbsp;foit eonu auteur de tout noftre bien,amp; corne tel rcconu,nbsp;prie,ferui,honoré,amp; adoré auec humbles aiftions de gra-eesxe que fi nous faifiôs côme il faut en pureté amp; fincerinbsp;té,fans fard amp; hypocrifie,nous auriôsl’abondâce des be-nediéiiôs ft)irituelles,corporelles,amp; têporelles.lcfquellesnbsp;sôt promifes amp; propofees tat apertemêt, Leuit.afi.Deut.nbsp;18.N0US auriôs des fuperieurs veillas pour nous,plus quenbsp;pour eux:des magiftrats amp; princes tels que auparauant,fanbsp;Uorifans amp; auançans l’honnefteté amp; vertu: punilTans le vinbsp;ee,amp; aimans amp; defehargeans leur poure peuple amp; fuiets:nbsp;ils auanceroyent l’honneur de Dieu, qui feroit la cauienbsp;de tout leur bien amp; félicité comme aufsi noftre,nous nenbsp;Verrions tant d’inconftances amp; mutabilitez dangereuièsnbsp;amp; beaucoup fcandaleufes,principalement en la foy amp; re-l»gion,laquelle ne patift point de icu»côme Dieu n’a ag*
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greablevne promefle infidele laquelle il punit dureinét. come il eft manifefte d’Ananiasamp; Saphira,Aft.j.Nous nenbsp;ferions moins cóftans que le payé Pilate, lequel ny pournbsp;la fûrieufe importunité des Iuifs,ny pour la menace denbsp;Cefar,n*a voulu confentir Si permettre le titre de 1*nbsp;croix de lefus Chrift eftre ofté ni changé, encores qu’ilnbsp;fuft grädement ignominieux aux luifs.Nous ferions abônbsp;der la grace amp; améde honorable ou le péché à abôdé, nenbsp;permettat aucunemét que lericho foit reedifiee, de peurnbsp;d'encourir anatheme Si excómunicatiö,par l’exprefle pinbsp;rolle de Dieu:ayât plus elgard à Dieu amp; à fa religiô qu’ànbsp;nos particuliers interefts, fanftifiatA: dédiant les chofeSnbsp;fouillées amp; polliies,par offence d’herefie amp; idolatrie, fonnbsp;exercice Si profefsiô,pluftoft que au defauatage grand denbsp;l’authorité de la iuftice,qui ne doit point eftre craintiuenbsp;ni muabie,éc fcâdale public en matière de religiô rie chanbsp;ger de ce qui eft tat fainftcmétarreftéamp; exécuté pourrenbsp;parer,ÿc au lieu mefine pour faire abôder la grace où anbsp;cfté le de!ift,le blafpheme amp; iniure faite à lefus Chrift SCnbsp;àfafiinde rcligion,pour laquelle nous ne deuons efpar-Cner ni plaindre nos biens amp; vies fî nous fçauons amp; gou-ftons que c’eft d’eftre Chreftiés amp; enfans de Dieu.Mais ilnbsp;faudroit eftre ifsiftez à bon efcictde la grace de Dieu cônbsp;me Moyfe,Iofué,Elie,Phinees,reliu,Mathathiasamp; sébla-bles.pour enfoncer amp; vaincre cotre toute crainte humainbsp;ne,tout ce que s’oppofe à la gloire de DieuEternel,amp;augnbsp;mentation de fa fainfte parolle,foy amp; religion,ce que nenbsp;peut eftre cependât que ne ferôs penitéce, ains feruironsnbsp;plus au diable qu’à Dieu, l’efprit duquel ne demeure esnbsp;charnels môdains amp; malins, ains fortifie les hubles Si penbsp;tits,afin que la viftoireapparoifle eftre f óme elle eft denbsp;luy qui fait parler les enfans, amp; réd les foibles amp; debilesnbsp;robuftes,valides amp; forts. le ne voy dôc moyé d’euiter lesnbsp;d.igiers qui de long temps nous menaflcnt.mefsieurs denbsp;Paris,que d’aller par vraye penitence Si humbles amp; fîncenbsp;reaprières amp; inuocations tafcgrandRoytoutpuilTantnbsp;Dieu Eternehauec lequel il eft neceflaire auoir paix, fi lanbsp;voulons auoir entre nous,car il eft le Dieu de paix amp; connbsp;corde,allons y dôc amp; bié toft. Mais corne il faut en vrayenbsp;foy,e/perance Si charité fans hypocrifîe,en vn cœur fim-
-ocr page 145-L’ESTAT DE FRANCE. ny pie,véritablement contrit amp; non double, comme nousEnbsp;ions auoir fait Dauid,Dâniel,Eftber, Mardochee, ludith,nbsp;lesNiniuites,amp; autres vrais fidelles efleus de Dieu , leünbsp;quels ont brouté leurs ennemis aueclesleures, corne lenbsp;bœufl’lierbe,rëportantla viftoire d’iceux , par humblesnbsp;amp;frequétes oraifos, cöfcflans auec Daniel nos iniquitcz,nbsp;amp;. celles de nos peres, rcconoiflànt l’infinie milèricordcnbsp;de Dieu,en cela que nous ne femmes du tout péris amp; aexnbsp;blez,cequebië auons merité par nos exces,debordemésnbsp;amp;' exécrables peche2,lefquels ont irrité noftre Dieu connbsp;tre nous,amp; merité que ayât abbreuué les autres villes dunbsp;hànap de fon indignation,il nous ait referuéla lie, cômônbsp;certainement iuftement elle cftdeuéànous, qui auôs ounbsp;trepafsé toutes autres villes enpechez execrables.amp;prianbsp;cipalemét au mefpris amp; contemncniét(que ie ne die blafnbsp;phemeamp;perfecutiô)defaparole,amp;annôciateurs d’icelle,nbsp;laquelleiainais n’a efté melprifee amp; contelnneefans grSnbsp;deamp; manifefte punition,côme il appertde la punitiödenbsp;Coré,d’Arhan,Abyron,amp; femblables. Pourquoy ie conclu auec fainét laques, d’où auez vous entre vous guerres amp; débats,fînon des concupifcences amp; dereiglemens,nbsp;qui bataillent en vos membres? Vous defirez amp;cercheznbsp;auec tout ardeur,cc que vous ne trouuez,par ce que vousnbsp;ne le demandez pas,vous demandez étn’obtenez pas,parnbsp;ce que vous demandez mauuailement, alâuoir pour fatifnbsp;faire à vos concupifcencés amp; alî.eftions déréglées amp;def-bordees,vous fouciant plus du tempûrelque dufpirituel,nbsp;amp; feruant à Dieu plus par acquit que par foy amp; fincere vanbsp;rité.Cequi ert manifefte en nos fupplications publiques,nbsp;dites vulgairement procelsionsgeneralies, efquelles Ionnbsp;ne voit I’ordre,deuotion,liumilité,amp; attention neceflàirenbsp;pour obtenir de Dieu ce que luy demandons. Parquoynbsp;ce n’eft de merueille fi nous n’obtenons ce que deman*nbsp;dons,ains les chofes vont toufiours de pis en pis,principxnbsp;lement en matière de foy,amp; religion,de laquelle ayansnbsp;perdu l’ame amp; efprit(pour ainfî parler)qui eft la foy viuenbsp;amp; opérante par charité,ce n’eft de merueille fi nous perdons le corps amp;veftement qui font les chofes externes,nbsp;efquelles confifte amp; doit eftre faite la profefsiô exterieure, neceflaircà falut.Telle eû lefigne amp;:ima^e de la croix
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laquelle qui abhorre,mais» aufsin'aymeamp; honore,ne ft peur iufteinent vendiquer le tiltre de Chreftien.veu qu’ilnbsp;n’ayme ni ne fuit l’enfeigne del» Croix , de laquelle eftnbsp;venue l’exaltation de leius Chrift,amp; toute la grandeur amp;nbsp;magnificence de la Religio Chreftiéne, laquelle ne peutnbsp;cftre aucunement fans la croix entieremét amp;excerieure-ment honoree »contre laquelle rien humainquelcôquenbsp;choft que ce foit, ne dort preualoir, fi ne voulons ertrenbsp;à toufiours miferables . Mais par ce qu’il eft neceflairenbsp;que Di eu nous fouftienne amp; derende en la foy amp; profef'nbsp;fion d’icelle,amp; que fans luy rien humain ne peut nousnbsp;animer amp; dcliurer des entreprinfes,menees,ligues amp;pernbsp;fecutiôs de noz aduerfaires qui Tôt enfâns amp; fauorizés dunbsp;fiecle prefent,amp; que noz pechez empefchét qu’il ne nou»nbsp;aideamp;done vn eftat paifible.ie côcluray le prefer aduerfil^nbsp;feroétpar ce quieftmôpretédu,quieftd’aduertirlesbôsnbsp;Catholiques,de prédre l’armure de Dieu pluftoft que le*nbsp;charnelles,bataillât par oraifons, iufnes amp; autres œuureSnbsp;de penitëce-par amp; foubs la côduite des fuperieurs Ecclefinbsp;aftiques,par lefquels les oraifôs.amp; autres biéfaits,doyuétnbsp;eftre prelentez à Dieu, à la maniéré des anciés amp; vraisnbsp;non hypocrites Chreftrens. le vous prie donc amp; exhortenbsp;auec amp; apres le Prophete, loei, ch. z. prenez garde que lenbsp;jour de la vëge.rce amp; punitiô de Dieu,eft grâd amp; terrible-Qm eft-ce qui le pourrafupporter ? Doncconuertifleinbsp;vous en routvoftrecœur,par iufnes, pleursamp;gemifTemés,nbsp;amp; brifez vosca’urs,amp;nô voz veftemés, amp; vous cöuertif'nbsp;fez au feigneur voftreDieu.-car il eftbening.mifericordi-eux, patient amp; longanime, amp; toufiours preft à pardônef-Qui fçait s’il nous fera encores grace amp; nous deliurer»-’nbsp;Pourquoy fonnez la tröpette en Sion , fanëtifiez le iufne»
qui fuccét la mamellc.Quele mary amp; la femme foy fep* rent du lift, amp; que les preftres mîniftres de Dieu plorentnbsp;entre l’autel amp; lepeupie,amp; difent:Seigneur Dieu pardon'nbsp;nez, pardonnez a voftre peuple, amp; ne permettez que vo^nbsp;ftre heritage fort mocquee , amp; deshonoree eftantvainf»nbsp;parles infidelles amp; eftraugersxommefivous n’eftiez ngnbsp;ftre Dieu tout puifiànt. Voylacequeinefeœblenecef'
fair®
L’ESTAT DE FRANCE. 119 Aire d’eftre fait en ces troubles dangereux. C’eft pour lenbsp;dire en vn'mot, qu’il faut auoir recours à Dieu pluftoftnbsp;que aux hômesifaifant vraye amp; non feinte penitence desnbsp;abhominationsiiinpuretez trop excefsiues en ccfte ville,nbsp;nous puniffant nous niefmes,de peur de l’eftre alpremétnbsp;par noz ennemis,de la main deiquels aucune puifTancenbsp;humaine ne nous pourra deliurer ,cepé'dât que Dieu lesnbsp;animera contre nous,les tenât en fa main cômelavergçnbsp;Si baftô de fô indignatiô, pour nous punir plus ou moinsnbsp;felô la proportiô de noz iniquitez: ce que fi nous ne vou-1ÖS faire,ie crains celte lentScede Samuel.i.desRoys ch.nbsp;U. Si vous-perfeuerez en voz iniquitez,vous périrez auecnbsp;voltre Roy, auquel vous auez recours pluftoft qu’à Dieu.nbsp;Difons donc auec Dauid:feigneur Dieu deliurez nous denbsp;no2affliétions,tribulations,amp; dagers, amp; miferes,car c’eftnbsp;en vain que nons auons confiance es hommes imbecil-les.t rompeurs,amp; malings, donc nous m ettons Dieu no-ftreforce,amp; alors il réduira à néant ceux qui nous affii-gent.Pfeau.ylt;i.
Lætabitur iuftus cum videritvindidam. Pfal.jy. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;“
Si hæc fcitisjbeati eritis.fi fcceritis ea. loan.ij. “
Ce libelle donnoit à penfer à plufieurs.La plufpart efti moyent que ce venerable eftant de loifir(commc le fontnbsp;volontiers telles gens)s’eftoit esbatuà palier ainfi fafan-talîe:amp; qu’il eftoitcouftumier de donner duplaifir , ennbsp;brouillant le papier.Briefqu’il eftoit digne fuccelTeur dunbsp;Curé de Sainft Euftache, qui a tant fait rire le monde.nbsp;Mais les autres difoyent,que ce ftil tendoit bien à autrenbsp;ehofe qu’à donner du pafle-temps : Si que ce dangereuxnbsp;fol ne tafehoit qu’à r’allumer le feu;amp; qu’il faloit que cela luyeiiftefté fuggeré d’ailleurs.Or d’autât que la feditiônbsp;ne s’enflamma daiiantage,au moyen des lettres du con-feil fecret,qui craignoit que l’Amiral ne vouluft iamaisnbsp;entrer dans Paris,ceux de la Religion délibérez de fairenbsp;inftance contre ce Doéteur feditieux, s’en deporteren:.nbsp;Et cependant on luy fitvne bonne amp;brieue cêfure pournbsp;luy apprédre à parler correA,ce qu’il euft f3it,ce femble,.nbsp;Mais le mailacre du vingt amp;quatriefme d’Aotift fuyuant,nbsp;luz remit le cœur au ventre,amp; ouurit derechef la bouche
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à luy amp;à quelques aurres Cens compagnons,couftumier» de babiller amp; faire voler la plume felon le vent.
Et afin que la pofterité voye comme les vns amp; les au* tres ont maintenu leur droit,nous auons conioint au fi*nbsp;belle de ce Codeur fa cenfure,intitulée:
Responce de la plus faine partie de melsieurs de Paris à l’aduertiflement à eux enuoyé par Maiftre Renbsp;né Benoift Codeur en Theologie,fur le moyen d'apnbsp;paifer les troubles auenus à caule de la croix,amp; autresnbsp;concernans la Religion.
Refponcc AJ Onfieurnoftre Maiftre,ayansveu le titre devoftrC au libelle iVladuertiflcment,nous proinettantvn prompts aifénbsp;diffama- remede contre les troubles de la Religiô,nous auôs efténbsp;toile de comme rauis de grad défit de l’entédrermais ayant leuamp;nbsp;M.René côfifteré foigneufement le contenu d’iceluy, au lieu d’ennbsp;Bcnoift, igcciioir foulagemét,nous en auôs etté amp;fommes fi fortnbsp;troubleï,qu’il nous eft impofsible de ne le declarer,poutnbsp;le bien amp; profit public : eftans tels les remedes que vousnbsp;nous propofez, rôine defial’experience la monftré au*nbsp;plus téméraires,qu’on peut bien appeller le remede pirenbsp;que la maladie, amp; pour certain vous tenir, comme nousnbsp;vous tenós,pour vn tref-mauuais amp; peu expert médecinnbsp;de telles playes.Ceci vous féblera fort rude amp; eftr.ige, Änbsp;.àplufieurs devoftreforte,pour n’eftre acouftumezounbsp;d’eftre reptinsjou dedóner lieu aux reprehéfiôs.Mais tâtnbsp;y-a que quad mefmes nous ferons iugez faire contre Innbsp;Loy,encores ferôs-nous excufables par ce dire acouftu'nbsp;mé amp; veritable , que necefsité n’a point de Loy, aprèsnbsp;auoir monftré que vous nous amenez à cefte necefsitéînbsp;; ou de perdre la vie amp; les biés, auec la reputatiô que nousnbsp;auôs acquife d’eftrebôs amp; lovaux fubiets de noftre Roynbsp;trefthreftien, (ce que nous eftimôs eftre vne bône partienbsp;de la vraye amp; catholique Religiô)ou bien de tefmoignernbsp;authétiquemét, que nous n’adlierôs à celuy qui fous om*nbsp;bre de Religion , femble nous vouloir ruiner amp; acableSnbsp;parnouf-mefmcs. Pour prouuer ces chofes, nous qui nlt;nbsp;femmes Theologies,amp; qui auôs apprins de vous qu’il çftnbsp;. dangereux de s’y fourrer trop auant,ne nous arrefterôjnbsp;à difputer par paflages de la fainfte Efcriture:mais par bo
-ocr page 149-L’ESTAT DE FRANCE. ni nés amp; viues raifonsicoformes toutesfois (cornenous eftinbsp;mons) aux articles de noltre fainfte foy amp; reiigtó, amp; parnbsp;les preuuesfenfibles amp; palpables de l’experiêce mefme.nbsp;Que finousy entremêlions quelque cÊofedelafainAenbsp;Elcriture ,nous confeflbns en eftre principalemét tenusnbsp;ivous,qui feul d’entre vous(Mcfsieurs nos Maiftres)nbsp;nous auez fait ce bié par l’imprcfsiô de la Bible frâçoifc,nbsp;d’y lire amp;yapprendrequelquechofetantdeladoârinenbsp;que des hinoires qui y font contenues. Noftre relponccnbsp;donques eft telle.
Vous appliquez deux remedes à nos maux.Le premier eft la repentance amp; amendement de vie . Le fécond ,quenbsp;nous ne permettions nullemétquelerichofoit reedifiee,nbsp;autremcrque nous perirös auec noftre Roy.Quat au prenbsp;mier de ces deux remedes nous le tenôs pour tout certain amp; eiperimétéjfans que iamais il y en loitvenu faute;nbsp;mais nous auos cepédant à vous faire grandes côplaintesnbsp;fur vos reprehéfîons, pour vous faire entendre que vousnbsp;ne fauez pas bien encores où gift le mal, ny le moyen denbsp;bië appliquer la médecine: amp; qu’ainfi foit oyons s’il vousnbsp;plaift Vüftre aduis fur les caufes de la maladie.
Vous craignez, voire craignez beaucoup , dites vous, que nous qui auons efté ces années paflees Ipeftateurs amp;nbsp;auditeurs des miferes amp; calamitez des autres villes,n’entrions en vn ieu plus tragique amp; d’vn euenement plus minbsp;ferable qu’il n’a encores efté veu ny ouy.Helas donques,nbsp;Monfieur noftre Maiftre,puifque vous auez fi grâd’peur,nbsp;cornent nous voulez-vous mettre en ce ieu fi bazardeux,nbsp;de combatte contre les edits de noftre Roy ? Dieu nousnbsp;dointvn plus afl'euré capitaine que vous,oupluftoitnousnbsp;garde d’entrer en ce combat fous voftre enfeigne.Ce nônbsp;obftantàdire vérité, cefte peur ne vous a furprinsfantnbsp;grandes occafions.Mais c’eftoitau commencement, nonbsp;ftre M^ftre, qu’il falloir fentir, voire preuenir ce mal.nbsp;Nous auons efté(dites-vous) fpedateurs amp; auditeurs deinbsp;miferes des autres villes. A cela voyons nous eftre vraynbsp;le prouerbe commun,que les Preftres amp; les Cbartier$(lt;Unbsp;fons maintenant le peuple) ont fait partage de toutlenbsp;tcmps.Nous nous taifons des deux fieges de cefte villenbsp;4e Paris,de la cruelle bataille 4e Sainâ Denis^dc autxei
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tels ieux iouez fur noftre efcliafFaut,Car peuteftre enten dez-vous feulement parler de la derniere guerre plus ef-longnee de nous. Cen’apasefté vous(noilre Maiftre)nbsp;qui auez porté ce fardeau.S’il a falu porter les armesjVO'nbsp;nre vocation vous en a excuféimais bien a-il falu quenbsp;nous amp; nos enfans y ayons employé nos vies . S’il a eftenbsp;queftionde fournir argent vous auez vos droits d’exein*nbsp;prions, amp; couftumes de prendre tout amp; ne donner rien.nbsp;Si vous auez payé vos difmes,tel vous rembourfe qui n’ynbsp;penfe pas,amp;voftre relie vaut trop mieux que noftre tout.nbsp;Si vn clocher a efté brullé en vos benefices lointainSjCoDlnbsp;bien penfez-vous qu’il fe foit perdu de maifons pournbsp;vn clocher.-Ignorez vous comme grande partie d’entrenbsp;nous reculle fes biens d’ailleurs? Si on a brullé les Eglife®nbsp;amp; les images , elles n’ont pas faigné comme nos corpsnbsp;naurez amp; occis. amp; la perte en tombe fur nous, aux def-pens defqiiels il les a falu refaire , amp; non aux voftres. Sinbsp;on a pillé les reliques, elles n’eftoyent pasvoftres , corn'nbsp;me nos biens pillez amp; faccagez eftoyent nofttes.Si on eftnbsp;a vendu amp; fondu,qui en eft plus caufe que vous qui aueïnbsp;pluftoft voulu efpargner vos deniers que les facrez ioy*nbsp;aux,combié que la guerre fe fill pour vousiQuelles pau-uretez miferes auons-nous veués au beau milieu denbsp;nous, eftas ennemis de nouf-mefmesîcôbien de maifonSnbsp;ont efté pilleesamp; faccagees parmi la ville? Vousdireînbsp;que c’eftoyét maifons de hérétiques amp; gens deteftableS'nbsp;¦Tanty-acependantque le mal en renient à ceux qui puisnbsp;apres font chargez des panures vefues amp; orphelins:amp; n’*nbsp;peu le pillard s’ërichir que de nos pertes.Et maintenât Jnbsp;vous ouyr, nous n’auôs efté que fpeftateurs Sc auditeurs.'nbsp;«uy bié vous noftre Maiftre,amp; vos lemblables,qui moif'nbsp;fônez ce que nous femós: vendägez ce que nous cultiuôs,nbsp;amp; nous védez iulqu’à la terre, ou nos panures corps fontnbsp;enterrez.Voylapourquoy les calamitez d’autruy ne fontnbsp;gueres ou du tout point aperceués de vous,qui iouéz vosnbsp;comedies, amp; faites nopces à nos del’pens, tandis que U®nbsp;tragedies font retentir nos panures maifons amp; famille®nbsp;de pleurs amp; la mentations. Interroguez les peres amp; mfnbsp;res qui ont perdu leurs enfans : les orphelins qui ontnbsp;perdu leurs peresgt; amp; ceux-la diront s’ils ont efté fpeâi-teuf’
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L’ESTAT DE FRANCE.
leurs feulement,ou auditeurs.
Vous nous comparez au bois fec,amp; les autres villes au bois verd, eu efgard au mefpris de vos frequens amp; aipresnbsp;aduertiflèmens, amp; fur ce nous faites reflembler à ceuxnbsp;du deluge cótempteurs de Noe, amp; àSodome amp; Gomor-re defquels le poure Lot qui les aduertiflbit a efté affligé:nbsp;à Pharaon, amp; aux feditieux Ifraelites, qui n’ont efcouténbsp;Moyfe amp; Aaron . Sur cela nous confeflbns que voire-ment nos pecliez font grands , voire trefgrands, amp; vousnbsp;remercions de ce que ne nous flatez point, efperans quenbsp;ne trouuerez pas mauuais aufsi de n’eftre flate par nous,nbsp;amp; mefmcs que fcaurez bien fupporter la rude fimpli ¦nbsp;cité de ceux qui ne font fauans, ny dofteurs commenbsp;vous,amp; toutesfois ne font pas du tout belles, gracesnbsp;à Dieu.
Nous auons fouuenance d’auoir apprins tant de vollre Bible françoife,que de quelques aducrtiflemens des denbsp;fenfeurs de noftre catholique Religion, qu’il y a deuxnbsp;fortes de ftux pafteurs, amp; toutes deux grandement reprenables . Les vns nuancent faulTe doarine, amp; ce fontnbsp;ceux-la, qu’il faut du tout fuir. Les autres deftruifent parnbsp;leurs ceuures, ce qu’ils enfeignent fynceremét de la bou-che:amp; de ceux-ci eft-il efcrit, faites ce qu’ils difent amp; nonnbsp;pas felon ce qu’ils font. 'i^ant à vollre doétrine, nousnbsp;lailTons le debat des articles de foy.àqui il appartient^nbsp;hors mis que vollre elcrit, nous femble en quelquesnbsp;points mal accordant auec quelques fermons amp; efcritsnbsp;de vos compagnons , comme nous toucherons en foonbsp;lieu. Mais quant aux moeurs, nous penfons nous ellrenbsp;licite de nous en plaindre aufsi bien que vous vous plaignez des nollres :ce que nous faifons plus hardimentnbsp;que vous nous y acheminez en nous reprenant, tellement que vous-vous mettez du compte, difant : Nous“nbsp;contredifons, dentelons, mocquons,blafphemons la Pa- “nbsp;role de Dieu. Or donc, Monlieurnollre Maillre,vous “nbsp;esbahiflez vous, fi le chariot verfe , quand les roues luynbsp;deflàillent? Si par vollre confefsionmefme, vous contredites à la Parole de Dieu , nous fommes donquesnbsp;bien mal-heureux de vous croire . Qitant à ce mot denbsp;denteler, nous ne fauons qu’il veut dire, finon que vout
-ocr page 152-124 MEMOIRES DE entendiez reprendre ces dentelettes que font nos femmes , amp; que nous portons à nos chemifes. Surquoynbsp;nous vous affeurons que s’il ne tient qu’à cela que 1»nbsp;ville amp; Chreftienté ne foit en paix , nous fominesnbsp;contens de les quitter . Au refte,îî vous-vous moqueinbsp;vous-mefmes de la parole de Dieu, quel chemin nousnbsp;monftrez-vous de l’honnorer ? Si vous blaiphemez lesnbsp;premiers, comme de fait les gens d’eglife en font tref-bons couftumiers, eft-ce merueilles fi tant de gens vousnbsp;enfuyuét?QMntàSodomeamp; Gomorrhe, Monfieur no-ftre Maiftre, fi elle eft en la ville, vous fauez mieux quenbsp;nous où il la faut cercher : fi vous en iauez de tels entrenbsp;nous : c’eft à iuftice, qu’il les faudroit reueler, amp; nonnbsp;attribuer ces beaux titres,à ceux que vous nommez Mef-fieurs de Paris. Et quant aux paillardifes , qui en remplitnbsp;non feulement l.a ville,mais tout le monde.’O feriez-vousnbsp;bien, monfieur noftre maiftre, en bonne foy,mettre vo*nbsp;ftre doigt au feu, qu’il y ait vn feul preftre vierge, de tousnbsp;ceux qui fout en cefte ville ? pour certain fi vous eftie*nbsp;hardy iufques là, nous croyons que vous viendriez tan-toft à la repentance que vous nous prelchez . Qrant anbsp;l’exemple de Noé,helas,plus nous coiifiderons toute vo-ftrc vie,plus nous cognoiflbns combiçn vous en eftes dunbsp;tout ellongnez, hors mis, que vous ferrez tout en l’Arche voirement . Comment voulez-vous que nous vousnbsp;tenions pour tels que Noé, quand apres le temps dangereux amp; dommageable deluge des guerres ciuiles , vousnbsp;faites ce qu’il vous eft pofsible, pour nous empefchcr 1®nbsp;ioiiyflànce de l’amiable tant necclTaire ferenité de 1*nbsp;paix? Et quant à l’exemple de Lot, enquoy vous auons-nous affligez? pour le moins, vos vifages n’en monftrentnbsp;rien. Dieu merci. vous ayez receu des Anges chez-vous,comme Lot, nous ne l’auons point Ouy dire : maisnbsp;bien, qu’on troiuie par trop fouuentpiufieurs perfonnesnbsp;en vos maifons,quine refemblent en rién aux Anges-Lot fut hofpitalier, voire gratuitemét.vous oferiez-vouSnbsp;attribuer cefte vertu , veu que pluftoft, vne bonne partienbsp;d’entre vous,Iogez par tout,au defpcns de l’hofte? Lot a-uec ia femme,amp; filles , fut aflàilly par ceux de Sodonie,nbsp;Vous n’aucz,dites-vous, femmes,ny filles : mais bien éflnbsp;auons
-ocr page 153-L’ESTAT DE FRANCE. 125 auons-nous,amp; Dieu vueille,qu’il n’y en ait point quiayétnbsp;efte par trop aflàillies, par gens de voftre forte : en quoynbsp;donques relTemblez-vous a Lot’En ce que vous nous appelez a repentance , Entrez-y donques les premiers , amp;nbsp;nous vous fuyurons puis apres,Dieu aidant.
Quant à l’exemple de Pharaon, refiftant à Moyie, nous ne fauons comme appliquer cefte fiimlitude, linonnbsp;que vous compariez noftre Roy trefchreftien à ce malheureux Tyran,amp; tous ceux de fon confeil,aux Egy-ptiens.En qu,oy,à Dieu ne plaife, que nous foyons de vo-ftreauis,lequel au contraire, nous olafmons amp; deteftonsnbsp;comme feditieux amp; damnable. Aufsi peu croyons-nousnbsp;que vous nous compariez iuftement aux Ifraelites rebelles à Moyfe. Car vous n’eftes pas nos princes,Dieu mer-cy,amp; ne croyons pas que vous foyez infpirez du fainânbsp;Efprit, pour nous commander den’obéir à noftre feulnbsp;Roy amp; prince fouuerain apres Dieu. Autant en foit ditnbsp;des exemples des Rois Saul,Roboam,Ieroboam,Ocho-2ias, amp; Achab, tous fi impertinemment amp; indignementnbsp;appliquez aux perfonnes de nos Roys amp; de fes princes amp;nbsp;confeilliers (Carautrement ne fcauriez-vous dire àquelnbsp;propos vous les auriez mis en auant) que vrayemét nousnbsp;vous defauouons en ceft endroit,amp; deuez bié prier Dieu,nbsp;que le Roy noftre Sire, ait autant d’efgard à voftre telle,nbsp;que nous auons de refpeél à voftre bonne t, en ne palTantnbsp;plus outre pour ce coup.
Nous ne penfons eftre aufsûgraces à Dieu,engence de viperes, tenans nos meres pour femmes de bien amp; chre-ftiennes,combien que foyons poures pe cheurs, efperansnbsp;toutesfois en la mifericorde de Dieu: amp; penfons aufiinbsp;peu eftre petfecuteurs de vérité (ce que vous nous imputez , combien que n’avons iamais pourfuyui que ceux,a-pres lefquels vous nous auez incitez en toutes fortes)nbsp;que vous elles fainél Ellienne, qui toutesfois àu lieu d’e-lîre lapidé, fauez bien vous retirer des coups : amp; cependant ne faudriez à nous faire lapider les vns les autres, finbsp;nous fuvuions le patron de penitence, que voftre aduer-tiflement nous enfeigne . Nous fommespoures arbresnbsp;qui auons porté R nourri i nos delpens, trop mauiiaisnbsp;fruits, R peu naturels, iufques .1 prefent : en quoy nous
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nous accufonsàbon droit deuant Dieu,qui nous feri la grace de nous amender, s’il luy plaift. Mais que nousnbsp;foyons arbres que Dieu n’a point plantez, nous le vousnbsp;auouerons aufsi peu, que cela nous femble peu accordant à ce que nous auez enfeigné denoftreBaptefme,nbsp;nous transformant maintenant de Parifiens en Phari-lîens amp; Saduceens, aufquels s’adreiToit la parole de lefusnbsp;Chrift, que vous tournez contre nous. Au refte, nous nenbsp;voulons nier, que n’ayons plus que merité Pire amp; indignation de Dieu, pourueu que vous adiouftiez, que deftnbsp;aufsi bien pour vos pechez,que pour les noftres. Dieunbsp;vous face la grace de nous mieux guider, amp; à nous denbsp;mieux fuyure les vrais pafteurs, de peur qu’vns amp; autresnbsp;ne tombions en la folTe.
Au furplus vous tenez vn propos en celle premiere partie de vollre aduertiflement. page z. que nous trouvons fort eftrange, afauoirque toutes cliofcs aduiennentnbsp;par ladifpofition amp;prouidencede Dieu. amp; page 4. quenbsp;fans l’ordonnance de Dieu, rien n’eftfait, qui font lesnbsp;mefmes propofitions, que noftre maiftre de Saindes,nbsp;appelle amp; condamne comme atheifme , en ce qu’il en *nbsp;cfcrit , contre Caluin amp; de Beze . Outre ce que unenbsp;fouuent vous nous en faites retentir les aureilles en vosnbsp;fermons. Regardez-y donc pour l’honneur de Dieu,nbsp;afin de nous mieux refoudre , amp; craignez qu’en maniant les liures de telles gens , il ne vous en prennenbsp;comme à ceux qui manians le glus,s’engluent eux-mef-mes. Car pour certain nous aperceuons en vos elcrits,nbsp;amp; en vos fermons, beaucoup de termes amp; propos def*nbsp;quels vos predecefleurs n’ont point vfé , qui ne faudranbsp;d’ouurir la bouche à ceux que vous talchez de faire taire-It ne vous feruirade rien ce que vous alléguez enlapre-face de vollre Bible françoyfe , vous exculànt de ce quenbsp;vous-vous elles ferui de leur labeur, comme fi vous leurnbsp;olliez, ce qu’ils nous auroyent defrobbé les premiers,nbsp;chofe que plufieurs d’entre nous n’ont feeu encores digérer. Ainfi en fit iadis frere Pierre Dore,en ce liurefra-çois, autrement excellent,qu’il fit du faint Sacrement,nbsp;auquel il s’exeufe d’auoir vfé de ce mot de Sacrificateur,nbsp;pourcc, dit-il, que ie ne veux pas mefme vfer,tantqu«nbsp;faire
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L’ESTAT DE FRANCE. uy faire fe pourra,des mots familiers aux hérétiques . Maisnbsp;nous fuîmes bien efbahis, quand il fut cognu (dont auf-fi nous auons entendu qu’il fut tresbien cenfuré par lanbsp;faculté) qu’il auoittranferit de Caluin ,pres de la moitiénbsp;de fon liure, ce qui fe voy oit par la diuerfité du ftyle,nbsp;pour eftre les matières fort mal coufues.Ainfi craignonsnbsp;nous, qu’il ne vous en preigne , dont nous vous aduertif-fons,pour voftre bien amp; le noftre.
Voila quant à vos reprehenfions, defquelles Dieu vueille que puifsions faire noftre profit,amp; à vous aufsi denbsp;faire profiter ce que la vérité amp; la necefsitè nous a contraints de vous répliquer.
Oyôs maintenant vos lamentations , efquelles vous-vous comparez à Dauid amp; leremie.Dieu vueille départir à noftre Roy, non moins de graces qu’à Dauid, pour lenbsp;gouuernemerit de fon poure peuple , amp; le vueille nié défendre contre tous Ammonites amp; Moabites : mais aufsinbsp;nous garde de l’argument des lamentations de leremie,nbsp;auquel pour certain vous deuicz mieux penfer, pourlenbsp;bien acommoderànos afaires. Car ilfaudroit côclurre,nbsp;que par faute de nous rëdre à ceux que vous appelez nosnbsp;aduerfaires,voftre prefage nous deuft aduenir,qui eft tounbsp;tesfois, tout le rebours de voftre intention. Mais oyonsnbsp;vos complaintes,amp; profons fanglots. Pource,dites-vous, “nbsp;que nous fommes réduits à celte mifere extreme ,que “nbsp;Dieu iuftemét ofte la tour SeforterefTede fonEglife mi- “nbsp;litante, la vraye arche amp; fauuegarde des efleus amp; fideles, “nbsp;nous priuât de fon enfeigne ,1e figne amp;image de la croix, “nbsp;proteäiö ordinaire de tous les anciês amp; premiers Ghre- “nbsp;ftiens. O Dieu,que dites-vous,Monfieur noftre Maiftre?nbsp;qu’on nous veut priuer de la croix’de qui tenez-vous cesnbsp;nouuelles’Si on .a voulu abatte vne pyramide,faitedepuisnbsp;trois ans,au bout de laquelle il y a vne croix,no’ veut-or^nbsp;pourtàt priuer de la croix’Dieu vous doint mieux parleiinbsp;amp; à nous d’auoir bonnes oreilles. A voftre conte noftrenbsp;Rov,amp; fon confeihveulent abatte l’enfeigne amp; proteétiônbsp;dejChreftiens . Eft-ce la vérité que vous nous prefehez?nbsp;a cômencé noftre foy parl’ereftionde la Croix de Ga*nbsp;ftine a a elle efté forgee par tels architeftes depuis troisnbsp;ans,amp; par confequent périra elle par vn fi petit elfort?
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peut eftre que fous ombre que noftre fimplfcüé veut baille hardiefle de nous appeler en vos conférences, amp;nbsp;beuuettes , badaux de Paris, vous nous penfez perfuadetnbsp;que la croix de Gaftine eft defcendue du ciel,amp; le fondement de noftre foy.Raclez cela de vos comptesxar noiî*nbsp;cognoiflbns ceux qui l’ont faite amp; baftie. S’il eitoit que-ftion de nous öfter ce que vous dites, nous auons vn Roynbsp;trefchreftlen qui nous orroit,amp; bonnes remonltranceJnbsp;ne nous.faudroyent.Qm plus eft,vous n’auez ignoréfcô-me l’effetl l’a monftre) qu’il n’a efté queftion d’abatrenbsp;celle croix (qui n’eft la cent amp; miliefme dedans Paris)nbsp;mais feulement de la tranfporter,amp; où? d’vn carrefournbsp;public en vne Eglife : ce qui luy eft trop mieux feant. flnbsp;cftvray que ce qu’elle a efté mife à S.Innocent pluftoftnbsp;qu’ailleurs, en met quelques vns en fcrupule, comme flnbsp;la prouidence de Dieu vouloir monftrer par cela, qu’ellenbsp;3 efté dr^flee cy deuant du fang des innocens.Mais poufnbsp;cela,ne plus ne moins. En fomme il eft queftion de ceftenbsp;croix,amp; non de la croix. S’il vous fafche qu’elle foit abi'nbsp;tue, comme fi toutes les autres s’en alloy en t quandnbsp;quand, comment euiterez vous le vice de beftile, ou lenbsp;crime de calomnie?t.ît de croix fe desfont tous les ioufS»nbsp;de toutes matieres,dedans Paris, pourquoy n’en dites-vous mot.’ II y a eu des Empereurs Cl)reftiens,qui on*nbsp;défendu par conftitutions authentiques,de grauer n’y iß'nbsp;fculper la croix en matière gifante par terre,quelle qu’e*nbsp;le foit, fous peine capitale: vous fouffrez tous les iours lenbsp;eôtraire,ce qui foit dit fans deroguer à la croix ^ains feulement pour vous monftrer que vous eftendez voftre xe-le ouil vous plaift. Il y a plufieurs croix à Paris, en desnbsp;lieux fi mal honiieftes , que nous ne les voudrions nommer, Si ne croyons pas que vouf-mefmes faciez difficulté de les arroufer.non plus que les autres.Cependant q*?nbsp;eft celuy d’entre vous qui en ait iamais crié,non pas rr^*'nbsp;mes parlé? Vous direz qu’on ne marche point par deflu’nbsp;les croix par mefpris, ce que nous eftimons eftre vraY-Mais que vous fert cefte répliqué ? car eft-ce par mcl'nbsp;pris que le Roy noftre Sire a commandé que ceftenbsp;foit abatue.ou pluftoft pour le bien de paix ? Si vous eft*'nbsp;mez que ce foie par mefpris, nous ne doutons que ß
-ocr page 157-L’ESTAT DE FRANCE. 129 foyez condamnable de crime delefe Maiefté, à laquelle vous faites vn tort irreparable. Si vïgt;us eftimez que cenbsp;foitpour le bien de paix, à quoy vous oppofez-vous qu’ànbsp;l'cntretenement de la paix ? Pelons maintenant que peuvent valoir vos exclamations. Lacroix de Gaftine (carnbsp;c’eft de celle-la qu’il s’agi ft, amp; non d’autre) eft la prote- «nbsp;ôion des premiers Chreftiens. A ce compte nous feriôs „nbsp;les nouueaux, voire trefnouueaux Chreftiens, amp; nonnbsp;ceux qu’on appelle ainfi. La croix de Gaftine, eft la tour «nbsp;de l’Eglife militante, dont parle Haie. Qui vous en croi- unbsp;ra, qui ne foit aufsi fot à croire, que vous eftes hardy ànbsp;expofer Ifaye ? bien eft vray, qu’aux defpens de nos viesnbsp;amp; biens,amp; au hazard de tout ce Royaume,amp; de la fécondé efperance d’iceluv ,qui eft Monfîeur frere du Roynbsp;(auquel Dieu doint bonne vie) d’vne Eglife Chreftien-ne, plaine de paix amiable, nous auons eflé faits vncnbsp;Eglife militante,amp; ne tient pas encores à vous,qu’ennbsp;y retournant, il ne vienne quelque efcoufle,qui emporte toutes les deux parties pour fa proye. Mais Dieunbsp;nous en gardera, s’il luy plaift, amp; nous rendra pluftoft.E-glife triomphante en bonne paix, amp; lainde profperité:nbsp;qui eft aufsi pour refpondre à ce demantelement des „nbsp;villes des rebelles, que vous iettez à la trauerfe, nepou-uant vous taire, de ce quetefmoigne la mal-heureufe if-fue de vos confeils. Car mal-heureufe lapouuons-nousnbsp;dire,puis qu’elle nous a amenez à ce mal-heur de fe def-faire amp; démanteler de fes propres mains . Quoy plus’nbsp;L1 ctoix de Gaftine, à vous ouyr parler, eft celle qui anbsp;fauué le peuple ancien*, contre l’exterminateur en Êgy- «nbsp;pte.Celanelifonsnous pas en voftre Biblefrançoifeauf-fi peu que le fèrpent d’airain ait efté attaché à vne croix, nnbsp;Encores moins y eft-il fait mention de la croix de Gaftine. Envnevifiond’Ezechiel nous trouuons le ligne«nbsp;de Thau.Mai s rien qui foit de la croix de Gaftine. Vous «nbsp;alléguez les Philifthins, punis pour auoir veu emporter «nbsp;amp; remuer l’Arche. Cela derechef ne trouuons nous «nbsp;point en voftre Bible françoife : mais bien que Dieu lesnbsp;chaftia pour l’auoir prinfe amp; profanée. Ce qui nousnbsp;femble aufsi mal à propos, qu’il eft pofstbic, linon quenbsp;le Roy Si fes csnfeilliers fovent les Philifthins ,amp;!’£-
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glife des Innocens, foi tie temple de Dagon gt; amp; l'Archs de l’alliance , foit la croix de Giftine, qui font merueil-leufes allegories. Les Bethfamites,dites-vous,furent punis pourauoirveu Si touché l'Arche à nud. à bon droitnbsp;cela rpource qu’ils vouloyent approcher de ce qui leurnbsp;cftoit défendu.Si cela le doit rapporter à la Croix, pour-quoy donc la nous faites-vous toucher amp; baifer? Maisnbsp;quoy que ce foit, ou moiiftrez que la Croix eft profanéenbsp;par ceux qui d’vn lieu profane amp; commun la tranfpor-tent en vne Eglife, ou nous vous tiendrons pour calom-niateur.Quant au Roy de Babylone,Balthafar,qui a profané les vailfeaux du temple,c’eft à vous derechef à nousnbsp;enfeigner quelle conuenance il y a entre l’hiftoire de cenbsp;Roy payen, perfecuteur amp; mocqueur de Dieu, amp; noftienbsp;Roy trefchreftien, entre Babylone amp; Paris, ou bien denbsp;rendre conte de vos calomnies par trop indignes. Voire mefme il y en a entre nous qui paflent plus outre, amp;nbsp;fe doutent que n’attendiez quelque Cvrus,amp; que ne prépariez quelque nuiét deBalthafaren celle ville de Paris,nbsp;tant vos allegories font dangereufes : amp; pourtant vous ynbsp;auiferez . Cependant fi quiconque tranfporte quelquenbsp;Croix de lieu en autre en eft profanateur,quel eftes-vousnbsp;qui fauez fi bien tranfporter les croix de nos bourfes auxnbsp;voftres,amp; cela ou bon vous femble?
„ nbsp;nbsp;Nous fiifons, dites-vous,fuyr les diables par la Croix!
voire mais,jioftre Maiftre, ert-ce par la Croix de Gaftine proprement ? tant y-aqu’.i ce compte il y en a eu ces années paflees qui fe font monftrez pires que les diablegt;:d^nbsp;pourtant fans rien deroguer au ligne delà Croix, Diequot;nbsp;nous doint quelque moven de chaffer l’ennemi, qui aitnbsp;encores p! ;s de force.
” Vous eileucz puis apres la Croix par deflus la Melle, „ laquelle.dires-vous,ne feroit rien fans l.i Croi.x amp; pafsioquot;nbsp;de lefus Chritt. En quoy nous difons,noftre Maiftre,qquot;quot;nbsp;vous elles fophirte tout nianifeftement, en abufant denbsp;la diuerfe lignification de ce nom de Croix, fe prenantnbsp;maintenant pour la pafsion foulîérte en icelle,maintenant pour vne figure de deux ballons croifez. Au premier fens qui n’appartient rien à cede matière , nousnbsp;vous accordons voftre dire, fans toutesfois vouloir .vlpxnbsp;deces
-ocr page 159-L’ESTAT DE FRANCE. 131 de CCS comparaifons par trop rudes: au fécond fens, non'nbsp;amp; nous en rapportons à la faculté mefme. Adam amp; Eue,nbsp;dites-vous,ont efté cluflc?, de Paradis terreftre, pour a- “nbsp;uoir touché à l’arbre dé fcience de bien amp; de mal,amp; nous “nbsp;ferons-nous point punis dé profaner,mocquer, blaf- “nbsp;phemer,rompreamp;bri(er l’arbre de la iàpience Diuine?*’nbsp;ouy pour certain, noftre Maiftre . Maisinonftrez-nousnbsp;ou font ces motjueurs,blalphemateurs,rompeurs, amp; bri-feurs que vous taxez : amp; puis apres aùfsi que la Croix dénbsp;Gaftine foit Urbre de fcience fapience, amp; lors vousnbsp;aurez gagné voftre caufe.
Voila vos lamentables amp; vrayement miferables re-monftrances , fur le plus apparent fgne de noftre ma-ladie.Venons aux remedes par vous propofez. Armons- “ nous, dites-vous, de pleurs amp; oraifons. Vray, certain amp; “nbsp;excellent confeil,es bornes duquel, fi vous-vous fufsieznbsp;contenus , tant de maux ne nous feroyent auenus, amp; nenbsp;nous menaceroyent encores. Mais efebutons vos rai-fons. Tant que I)ieu,dites-vous,co!ifroucé bataillera cô- “nbsp;tre nous,il nous punira iuftemét par ceux qui nous doy- “nbsp;uent defendre amp; garder. Q^e cela ne foït vray, que tout “nbsp;tourne en mal,àceux qui ont Dieu pour partie, nul h’ennbsp;peut douter :amp;aufsi peu qu’il n’ait trefiufte occafiondenbsp;nous chaftier en fon ire, ne fuft-ce que pour auoir tropnbsp;creu de vós furieux amp; fanglans confeils . Mais que Dieunbsp;nous ait amenez à ce ppint, que ceux qui nous doyuentnbsp;garder, nous endommagent, nous ne le voyons point,nbsp;ains au contraire , recognoiflbns nos gouuerneurs pournbsp;bons amp; loyaux feruiteurs de Dieu amp; du Roy.
Dieu, dites-vous apres l’Eferiture, fait regner les liy- “ pocrites à caufe des pechez du peuple. Cela derechef a “nbsp;efté fouuent vérifié : mais à qui l’entendez-vous applic-quer?
Dieu punit fouuent les grinds, quand ils ne vengent “ ce qui eft fait contre Dieu,mettant la force au cœur amp; les “nbsp;pierres és mains du rude amp; imbecille peuple, executeur 'snbsp;de fa infte fentéce.Derechef,àquel propos toutcecy.’eft- “nbsp;ce point de la mefmé boutique que partirentïes memoriaux baillez à Artus Defiré,ily a douze ans,pour porternbsp;ài’n prince eftranger? S’il eft ainfi, Dieu nous garde de
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vous,amp; de vos femblables,amp; vous face plus fages.
igt; ChalTons au loin ces dieux eftranges, les herefies, dt-uinations, libertinages,blafphemes.auarices.atheifnieS' CEaflbns les hardiment,noftreMaiftre . Carvoilanosnbsp;vrais ennemis : mais n’oubliez pas que ces diables, ounbsp;dieux eftranges, fe chaflent par iufnes amp; prières, amp;noonbsp;par armes de fer,ny bras de la chair.
” Nous oubliôs Dieu,amp; laifTons en nos necefsitez,niot' tans la chair infirme pour noftre brasamp; puiflânce. Mal'nbsp;heur à qui le fera,noftre Maiftre,mais gloire foit à DieU’nbsp;qui nous a donné vn Roy Chreftien, parle bras duquonbsp;nous efperons que les bons feront maintenus,amp; les moi'nbsp;chans confondus.
” nbsp;nbsp;Si nous nous confions en Dieu, nous aurions des ma'
’’ giftrats amp; princes tels qu’au parauant, fauorifans honiiO' ’’ fteté amp; vertu, puniiTans le vice, aimans amp; defchargeafl’nbsp;’’ leur poure peuple,amp;; quiauanceroyent l’hôncur de DioU'nbsp;Comment donc noftre Maiftre, auez-vous en autre eft*'nbsp;me noftre Roy amp; prince de maintenant ? Si vous del*'nbsp;rez que Dieu luy augmente fes graces, nous fommO®nbsp;d’accord: mais vos paroles ne monftrent rien de tel. -A**nbsp;contraire, fi vous les eftimez perfecuteurs de Dieu, fa“'nbsp;leurs de vices , tyrannifans leur peuple, amp; defauançaO’nbsp;l’honneur de Dieu, que refte-il, finon que par vnc iuH®nbsp;punition de vos calomnies amp; conuices, le contraire fr*'nbsp;vérifié en vous-mefme?
» Dieu n’a point agréable vnc promelTe infidèle. parO' le veritable : mais derechef à qui en voulez-vous, noftf®nbsp;Maiftre’c’eft à vous à le dire,amp; à vn plus grand que vo^snbsp;d’en cognoiftre amp; iuger.
Itifquesicy, hors mis ces atteintes, pluftoft feditieuft’ que théologales, il femble que vous nous ayez exhorte*nbsp;â toute patience , auec humilité en iufnes amp; prières,nbsp;cft le langage des vrais feruiteurs de Dieu. Mais oyo’’’nbsp;maintenant ouvousaueztafché cependant peu à peu^^nbsp;nous amener par voftre preambule.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
»» Si nous nous confions,non point en grandeurs amp;pn' ' J, fances humaines , ains en Dieu, nous ne férions moii’’nbsp;», conftans que lepayenPilate,lequel nvpar la furieufe i*’’nbsp;lt;, portunité des luifs, ny pour la menace de Ccfar,n’.i vlt;’‘’
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luconfentir amp; permettre, le titre de la croiï de lefus “ Chrifteltre ofté nychangé. Mal-heur foit voirementà “nbsp;ceux qui fe fiéten autre qu’en vn i'eul Dieu.Mais ne vouloir fe prendre contre fon prince, ny forcer fes officiers,nbsp;breffe tenir en degré de fuietfidele,amp;s’il y a du mahvounbsp;loir enluyure lecofcilque n’agueres-voul-mefmes nousnbsp;donniez,afauoir de ieufneramp; prier, cft-ce trâfporterauxnbsp;hommes la fiance qu'on doit à Dieu ? Au contraire,vou-loir eftre plus fort que fon Roy, forcer fes officiers, ennbsp;mefdire en public amp; en particulier, entrer aux maifonsnbsp;par violence, faccager le bié d’autruy,mettre le feu en lanbsp;ville, contraindre la Cour de parlemét de fermer amp; barrer les portes de lamaifondeiuftice, amp;: le tout fous couleur de maintenir la fainde Croix de Gafiine : cft ce fenbsp;fier en Dieu? Et vous noftre Maiftrc,qui par vos crieries,nbsp;amp; de voix,amp; par efcrit,contre toutes defences à vous faites , approuuez toutes ces chofes, eftes vous mené parnbsp;l’Efprit de Dieu ? Car à voftre dirc,Cefar eft noftre Roy,nbsp;lequel ilnenousfaiittltcraindre.quedefouftfirque fesnbsp;edits foyentexecutez. Lesluif. fontles Seigneurs,amp; autres qui les veulent executer,d: quant .t nous,il nous fautnbsp;refTembler à Eilate . Vousfuffife, noftreMaiftre,quenbsp;peut eftre vous nous ayez pour vn coup fait refTemblernbsp;auxluifiqui forcèrent Pilate à condamner l’innocent ànbsp;leur apetit.Cerchez delbrmais vos Pilatçs ailleurs qu’entre nous.
S’enfuyuent maintenant les plus beaux traits de voftre aduertifl'ement.Ne permettez nullement.nullemét.’ amp; quoy?que lericho foit rcedifîee.parlez oituertement, “nbsp;noftre Maiftre,c’eft à dire,que quoy qu’il doyuc aduenir,nbsp;nous ne fouffrions en forte ne maniéré quelconques,nbsp;que la Croix de Gaftine foit abatuc ,ny la maifon rendue à fes heritiers.voire mais, qui nous garentira premièrement quant à Dieu , defendant aux fuiets de s’op-pofer par force à fcs fuperieurs? amp; qu.ât au Roy amp; à lufti-ce,qui iuftement voudra chaftier telles rebelliôs ? Qjjantnbsp;à Dieibvous nous en alTeurez iniques là,de dire que nonnbsp;feulemétnous ferôs tresbic d’en vfer ainlî, mais qui plusnbsp;eft, que fi nous ne le faifons, nous fommes excômuniexnbsp;cemme de la bouche Je Dieu mefmes . Qu^rit auRoy
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amp; à fa iuftice,vous n'eft es pas fi Jiardi de vouloir elbe no-ftre garent : mais vous nouspropofez la gloire des martyrs,qui n’ont efpargné biens ne vie, pour la fainéteKeli-, gion . Examinons donc ces raifons, car la caufe le vaut.nbsp;” Premièrement vous dites, qu’il y a peine d’exprefle ex-n communication amp;anatlieme àceluy qui reedifiera leri-cho. Voire mais.auant toutes choies,monftrez nous quenbsp;lericho foitla maifonde Gaftine, nous difons en qualiténbsp;amp; condition, afin que ne penfiez auoir afaire à quelquesnbsp;moqueurs. Vous direz que l’vn amp; l’autre ont efté mis ennbsp;execration, pour n’eftre iamais reedifiez, à caufe de Unbsp;maiefté de Dieu , qui a efté violée en l’vne amp; en l’autre.nbsp;Mais fi cefte raifon auoitlieu, d’ou vient que par mefinenbsp;moyen, toutes les autres villes des Cananéens , n’ont e-fté mifes en anatheme? S: de fait elles le meritoyét bien.nbsp;Que fi Dieu, pour loger amp; acommoder fôn peuple, rfânbsp;pas voulu vier de cefte feuerité , voudriez-vous bien,nbsp;Monfîeur noftre Maiftre , confciller ou fouffrirque tousnbsp;les lieux ou s’eft fait pis encores qu’en la maifon de Gaftine , fuirent ainfi dediez .î ruine ? peut-eftre que voftrenbsp;zelc s’eftend bien iufques là; en quoy vous feriez pour lenbsp;moins plaifir à ceux qui voudroyentbien voir la moitiénbsp;de France démolie par les François mefmes,pour ena-uoir l’autre.Mais loué foitDieu qui a done meilleur auisnbsp;à noftre Rov,amp;: à fes fages confeilliers. Or fi cefte raifonnbsp;generale n’a lieu, dites-nous l.a fpeciale amp; particuliere.nbsp;Quant à Dieu,il luffit qu’il luy a pieu ainfi ordôner dele-richo.fiins en ccrcher autre raifon . Mais on ne vous fâi^nbsp;tort de La demander .à vous amp; .à tout autre.
” La Cour l’a ainfi ordonné. Soit, amp; à Dieu ne plaifc que nous refiftions àiuftice . Tant v-a cependant que Innbsp;Couràfon authorité du Roy. Ignorez-vous donc quenbsp;celuy par l’authorité duquel vue chofe eft faite la peutnbsp;desfaire,amp; aufsi licitemét l’vn que l’autre? Sicefte raifonnbsp;ne vous contente (à laquelle toutesfois la Cour mefmenbsp;a acquiefeé) fovez donc Roys amp; parlements : ou phi'nbsp;ftoftfovez iugez,amp; punis pour tels quevous-vous monftrez, par le Roy amp; par fou parlement: ou bien de-uenez plus fages, pour diftinguer entre matières d’eftatinbsp;amp; celles de voftre robbe amp; vacation . Mais pofons le casnbsp;quC
-ocr page 163-L’ESTAT DE FRANCE. xjj que Ces Anatliemes s’accordencregardez, Monfîeur no-lire maiftre,à qui vous-vous prenez . Car £ voftre opinion alieu.vne grand’partie de ceux que vous penicznbsp;bien defendre I fout condamnez pour iàcrileges, iînonnbsp;pour auoir prins ains feulement receu, au moins poura-uoir retenu amp; retenir encores l’Auatlieme.Qu’ainlî foit,nbsp;nous lifons en voftre Bible françoife, qu’Achan n’ayantnbsp;prinsqu’vn lingotamp;vne mâteline fut luy-mefmes dutoutnbsp;exterminé auec tout cequ’il auoit.fans rien excepter. Aunbsp;côtraire, vous autres auez eu amp; parti la defpouille de l’A-natbeme de Gaftine,par maniéré de dire iniques à la pounbsp;dre.difputez en donc aueevos compagnons, amp; à quellesnbsp;enfeignesaufsiceux de fainfteOpportune difent tous lesnbsp;iours Meflè pour deux hérétiques morts, s’il eft vray cenbsp;que vous nous enfeignez, que les Huguenots vont toutnbsp;droit en enfer.
Voftre fécondé raifon eft,qu’il faut auoir plus d’efgard“ à Dieu amp; à fa Religion , qu’aux particuliers interefts, ce “nbsp;qui eft vray. Mais monftrcz-nous donc en quoy la Religion eft tant intereflee.s’il n’y a en Paris autant de Croixnbsp;qu’il y en auoit il y a trois ans,ou pluftoft fi vneCrcix eftnbsp;tranfportee d’vn carrefour en vne Eglilé: amp; fi au lieu d’v-ne place on y rebaftift la maifon qui y eftoit.Ce n’e.ft pasnbsp;cela direz-vous, mais cela eftoit dédié à Dieu qu’on remet en vfage commun. Comment donc, neftre Maiflrejnbsp;tant de places que vous autres baillez tous les iours à ba-ftir,font elles pour cela profaiieesrNon.direz-vous,car lenbsp;profit en renient à l’Eglifc, c’eft adiré, à vous Mefsieurs.nbsp;Ainfi foiumais cefte place de Gaftine-ne vous eflant nonnbsp;plus profitable en vne forte qu’en l’autre, que vous fertnbsp;cefte répliqué ? Si vous dites que Dieu y eft honoré, ienbsp;vous demande enquov.’en ce que quelque quidam leuantnbsp;le nez eutveudeseferitures Latines amp; Françoilés ( ef-quelles plufieurs,mefmes des plus doftes, difent n’entepnbsp;dre rien,tant cela à efté obfcurement eferit) amp; conu parnbsp;ce moyen d’icy à ie ne fay combien d’ans, quels ont efténbsp;no.s malheurs,quand Dieu nous a chaftiez les vns par lesnbsp;autres.Au contraire le bien public que nous rcceuons denbsp;lapai.x, le tefmoignage de la grande débonnaireté amp;nbsp;clemëce de noftre'Roy,reluvfans clairemét en cefte Loy
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d’obliuion des iuiures paffees, ne donneront-ils point trop plus clair amp; ceruin argument d’en rendre graces inbsp;nollre Dieu, amp; en honorer noftre Roy amp; l'on fagenbsp;confeil?
Voftre troifiefme raifon eft,qu’en ce qui a efté fi bié of ” donné amp;. execute, rien ne fe peut changer làns grâd def-” auantage de l’authorité de Ialuftice,qui nedoiteftrenbsp;” craintiiie ne muable . Sur cela, qui vous meut d’eftimefnbsp;’’moins iàgement eftre ordonné amp; fait le dernier de felt;nbsp;ades que le premier, veuq le dernier ell encores moinsnbsp;fulpett que rautre,amp; tousdeux fout fondez fur mefmeaunbsp;thorité ? Si vous eftimez vne luftice muable pour fe gou-uerner autrement en vn temps qu’en l’autre pour bonnes amp; meures confiderations, fans point de faute, Mon-lîeur noftre maiftre,vous ne fauez que c’cft de prudence-Et pourtant vous amp;vos femblables feriez fort bien denbsp;laifi'er ces matières à qui elles appartiennent.Mefmes aU |nbsp;fait de Religion,y a-il rien eu aboly par l’Euangile de dnbsp;qui eftoitfoubs la Loy ? amp; depuis encores auons-nous renbsp;tenu tout ce qui fefaifoit fous les Apoftres?nous-nous ennbsp;rapporterons à ce que voftre Bible françoife nous en irionbsp;ftre,en la premiere aux Corinthiens amp; ailIeurs.Toutchanbsp;gement donc n’apporte pas note d’inconftance,ainsaiinbsp;contraire , bien changer à poinft eft certain tefmoigna-gede prudence . Et quant à ce que vous auez craint qu®nbsp;la luftice ne fuyuant voftre auis, fe monftraftcraintiuegt;nbsp;quand vous aurez diftingué entre lareuerence que le’nbsp;fadelles inferieurs doyuent à leurs fuperieurs , amp; fu’nbsp;tout à leur Roy amp; Prince fouuerain, amp; la peur qui gardenbsp;de bien faire,vous aurez apprins le vice amp; defaut de voftre conclulîon.
En quatriefme lieu vous nous mettez en auant le fea” ” dale public, en matière de Religion . Surquoy fi non*nbsp;vous répliquons que c’eft vous qui l’auez accreuamp;âf'nbsp;croifîez, 'entretenant le fimple populaire en ces opinions , nous aurons dit vérité . Et pourtant c’eft à von*nbsp;d’en refpondre , eftant au refte ce fcandale pluftoft prin’nbsp;que donné.
” Vous nous exhortez finalemct à n’eipargner nos vie* ’’amp;nos biens pour la fainfteReligion,nouspropofantle*'nbsp;exeP*
-ocr page 165-VESTAjT DE FRANCE. 157 exemples de Moyfe,Iolue, Helie,P]iinees,Iehu,Mattlii- „nbsp;tias.Mais dont peutvenirce changcmentrCarces années «nbsp;paflèesjors que tout fe faifoit à noftre fouhait, que comnbsp;damniez-vous plus fort en vos fermons, que ces mef-mes exemples, entant qu’ils eltoyent mis enaiiantparnbsp;ceux que nous pourfuyuions comme rebelles ? Moii-ftrez-nous donc,s’il vousplaift,quelle theologie nousnbsp;enfeigne de nous oppofer par armes contre noltrc Roy»nbsp;veu que lefus Chrillmefmes a reconu , que Pilate, entant qu’il eftoit iuge,quelque inique amp; Payen qu’il fuft,a-uoit receu puiflance d’en-haut fur luy, pour celle heure ’nbsp;la?Les Ifraelites fi durement opprelléz, ont-ils prins lesnbsp;armes contre Pharaon? Saintl Paul veut-il point qu’oMnbsp;prie pour les Princes mefmes de fon temps ? Qwnd Julian l’apoilat .à voulu ruyner la Religion, tant de Chre-lliens qu’il y auoitlors au monde, fe font-ils bâdez alen-contre des edits de leur Roy? Moyfe amp; lofué ont frappénbsp;les Egyptiens amp; autres Roys,mais miraculeufement, amp;nbsp;par expres commandementde Dieu,qui les auoit faitsnbsp;Princes amp; gouuerneurs de fon peuple. Noftre Roy tref-chreftien eil-il Tyran, Payen ou perfecuteur? Et quandnbsp;telilferoit,qui vous a donné où à nous l’authorité denbsp;Moyfe ou de lofué?Que fi le zele dePhinees dutoutex-traordinaire auoitlieu inditferemment, ou feroit la luftinbsp;ce?pourle moins vne grande partie de voftre clergé feroit en grand danger. Helie a fait venir le feu du ciel,nbsp;mais quand les Apoftresen ont voulu faire autant, Jefusnbsp;Clirift, comme nous auons appris de voftre Bible fran-Çoyfe,leur arefpondibvous ne làuez de quel efprit vousnbsp;elles menez. Le mcime a tué les Sacrificateurs de Baal:nbsp;mais lefus Chrifl enfeigne que l’Antechrill fera vaincunbsp;de l’Efprit de fa bouche,amp; non à force d’armes. lehu a c-lléoinftRovde Dieu,parcommandement expres,pournbsp;chaltier d’autres Roisimais a quel propos tout celaluionnbsp;que vous faciez nollre Roy amp; nos Princes, pareils à A-chab amp; Ochofias:amp; vous attendiez quelque lehu fait à lanbsp;halte?lequel casaduenant, nous cfperons monllrerquenbsp;c’ell pour Dieu amp; pour nollre Roy, que nous expofe-rons nos vies amp; nos biens. Et fe trouucra encores , Dieunbsp;aidant,des Matathias en vn befoin, contre tels entrepre-
-ocr page 166-138 MEMOIRES DE neurs,s’il s’en rencontre.Que fi vous allégué?, cell exeiHnbsp;pie de Matiiatliias pour nous faire enuie de voirla Monarchie françoife vnie à vofire eftat de l’Eglifejà l’exern-ple des Machabees.vous perdez voftre temps. amp; pouueïnbsp;bien vous repofer pluftoft que d’y trauailler.
Voyla en fomme les arguinens que nous mettez e” auant pour oublier nos vies amp; nos biens , deiquels nou’nbsp;ne fommes esbahts fi vous fanes fi bon marché. Car vosnbsp;moiflbns vous durent toufiours.vous chantez qu,îd nousnbsp;pleurons, vous gagnez quand nous perdons, brief nousnbsp;vous fommes encores plus profitables ellans trefpalTe*nbsp;que viuans.Dieu vous face la grace d’y mieux penfergt;amp; ‘nbsp;nous mieux confeiller . Vray eftquepourlafinifaifau^nbsp;tresbien, comme devous defdiredu precedent qu’il cuft *nbsp;mieux valu ne dire point du tout)vous nous ramenez inbsp;noz vrayes armes, afauoir aux iufnes amp;oraifons,cenbsp;que nous acceptons de bon cœur,comme vray amp; falutai-re remede, efperans que vous en vferez les premiers,nbsp;pour nous en monftrer l’exemple, que nous fuyurons 'nbsp;Dieu aydant; non toutesfois pour nous animer contrenbsp;aucunes entrcprinfes, meneesligues,ouperfecutiôs d’aanbsp;cuns aduerfàircsque vous-vous forgez corne nous cui-dons.Mais bien pour prier noftre Dieu qu’il nous confefnbsp;me en ce bien de paix tantneceflaire, amp; ramene les def-iioyez au droit chemin.vous priant,Monfieur nolle mai'nbsp;lire fiipporter nollre zele, comme nous n’auons prins lenbsp;vollre au pis ; amp; vous allêurans que nous trouuerez touf-iQurs prefls d’obeir à Dieu amp; .1 raifomdont l’vn ne l’autrenbsp;ne vous commande de nous tenir pour vos belles,encores que fovez. tenus pour nos Maillres.
I y 7 !• TJ Ktoiirnons maintenant à la cour. Il a elle dit que le JX 'lt;ov communiqua plufieiirs fois auec l’Amirai touchât les moves de bié alTeurer la paix:amp; que pour y pat-ucnir le propos de la guerre de Flandres, du mariagenbsp;Prince de Nauarre.iK: La ligue auec la Rovne d’Angleter-re,fe traitterovét amp; conduirovét d’vn mefme pied. La tenbsp;folutiô prinfe àLiimignv auec le Conte Ludouic au moisnbsp;de luillet lyyi.portoit qu’on difïereroitiufques au prinn-temps de l’annee fuvuante.pour faire les leuees plus ai-fémcnr,amp;: faire la guerre fans intcrmifsion.Mais l’inten-
’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tion
-ocr page 167-L’ESTAT DE FRANCE. 139 tien duconfcil fecrét eftoit bien autre,come le côrciiu cinbsp;deuât l’a inôllré,amp; apperra encores mieux ci apres. Siiy-uant donc celle refolution.le Roy follicite le Conte Lu-douic de le venir trouucr pour arreftcr de tout,amp; mettrenbsp;puis apres la main aux armes à bon efciet.L’Amiral efcrinbsp;uitaulsi,pen(ant que ce deuoit eftre fans feinte. Le Conte de fa part en auertifloit le Prince d'Orenge fon frere,nbsp;pour arreller entr’eux des articles qu’ils deuoyét prefen-ter au Roy,pour faire vne ferme capitulation.
Qjiâtau mariage,nouueauxambaflades furet enuoy-ez vers laRoyne deNauarre pour La faire venir à Blois,a-uer le Prince fon fils,pour accorder entieremét.On met toit en auât tous les allecliemés qu’il eil pofsible d’inuennbsp;ter.Les plus der voyîs delaReligiôy elloyét csblouys,nbsp;mcfmes l’AmiraLqui auoit tît bône opinio du Roy q riénbsp;plus.'car quelques auertiflemes qu’on luy euildônez, tounbsp;châtie d,âger où il fe precipitoir,amp; qui ie verrot ci apres,nbsp;amp; queluy mefmes auoit euitez auec vne merueillcufenbsp;prudëce,lïfiit-il en cellendroitdespluslourdemét tromnbsp;pez,defîrâtamp; füllicitant ce mariage :amp;que pour^eil effect, laRoyne de Nauarre âc fon fils vinlTent en cour.
Rellétles alliacés auec les Princes e£lr.agers,mais fpe- Difeours cialemét auec la Royne d’Angleterre . Ci delTus nous a-UÖS touché quelque mot de cela: mais il ne fera pas mau “nbsp;uais que les lefteurs entédent les chofes amplemét,pour An^lesci-voir cler.parmi tât de cófufiós.Les Princes amp; l’Amiral de te.nbsp;lîroyét cede alliâce pour le repos duRoyaume,amp; afin denbsp;râgerplus aiièmétl’EfpagnoLen cede guerre dcFlâdres,nbsp;Mais leconfeil fecret auoit vn autre but.La Royne merenbsp;vouloir auoir raifon de la Royne d’Angletcrre,amp;penfpitnbsp;que cede alliâce ameneroit les parties à quelque plus e-droite conionélion,tellement que parle moyen des fer-uiteurs fecrets qu’elle a en ceRoyaume,duquel vne grâd’nbsp;part des habitas font aifedionnez au Pape , elle pourroitnbsp;y remuer mefnage quelqiour.Lc mariage du Duc d’Anjou auec la Royne d’Angleterre edoit vn expedient fortnbsp;propre,ce luy fembloit. Outre ce, il y auoit occafîon denbsp;pourfuyure ced afairc,pourceux de Guife,qui en edoyëtnbsp;contens,eiperant le Cardinal venir au delïùs de lés def-f^’ins ,qui eiloyent de tirer fa niepee hors desprifous
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He h Royne d’Angleterre,la faire Royne des deux Rôt- ! aumesiamp;braflerquelque nouueau mariage,entellelbr- ;nbsp;te que la Religio feroicbânie de là:amp; fero'.t aifé auxRoisnbsp;de France amp; d’Efpagne de dompter non feulement leursnbsp;fuictsiinais aufsi les Proteftâs d’Alemagnc,amp; tous autresnbsp;eflongnez de l’obeiflànce de l’Eueftjue de Rome,nbsp;laoucrel Le fondement de toutes ces cbofes eft tel. Le Roy H«nbsp;Icentre les '7 S.Roy d’Angleterre efpoufapluiîeurs femmes.La prenbsp;K oj nes miere, vefue de fon frcre,qui toutesfois ne l’auoit oncconbsp;d’Efeode nue,à caufe de so bas aage,cômel’on difoit. D’elle,Hér/nbsp;amp; d’Angle gut fiHg nômecMarie:puis il repudù la mere.faifantnbsp;t^rre. declarerle mariage inceftueux, amp; la fille baftarde.Puis ï'nbsp;pres il elpoufavne damoifelle Angloifenomee Annexenbsp;Boule,de laquelle nafquit Elizabeth à prefentRoyne.D’*nbsp;neautre quatriefmc femme,prouint Edouard qui luy fu^nbsp;ccda,amp; mourut en l’aage de feze ans.Marie,quoy que denbsp;claree baftarde,fut Royne par la volôté du peuple efmeunbsp;contre les grands du pays,amp; fpecialement contre le Ducnbsp;deNorthombellaiidqui auoit faitfon fils Rov.Elizabcthnbsp;fucceda à fa fœur Marie decedee fans hoirs, Henry huit'nbsp;iefme eut trois fours.L’vne fut mariee au Roy d’Efeof'nbsp;fe,dontfortit laques Stuard,lequel eut en fécondes nop'nbsp;ces de l.a douairière de Longueville fourde ceux de Gujnbsp;fc,vne feule fille,Maricqu’efpoufa François a.Rov dePrJ :nbsp;ce.Par ainfi,Elizabeth venant à mourir fans hoirs, Marie ,nbsp;Stuard fille de fon coufin germain demeuroit ( s’il n’y |nbsp;iioit autre empefchcmeiit)Royne des deux Royaumes- 'nbsp;Mais du viuantde Henry S.p.ir arreft du Parlement d’Aunbsp;gleterre auoit cfté dit que les enfans de cefte four dunbsp;Rov,mariee en Efeofle,!!! les deicend.âs d’iceux, ne poUfnbsp;royent heriter .à la couronne d’Angleter/e:pour les coni'nbsp;derations qix'auoyét eues les eftats du Royaume,auteursnbsp;dudit arreft. Ceux deCuife penfansbien faire auec lenbsp;temps cplTerceft arreft parmcfine moven qu’il auoitC'nbsp;fté cftabli,3uovent faitde merueillcufes menees du vi-uahtde Francois a.auquel ils .-.uovent mariee ladite ND- ,nbsp;rie Stuard leur niepce.ponr dompter l’Efcoffe : amp; fubiquot;' jnbsp;guer puis apres I’AngIeterrc,po’jr finalement faire torn- jnbsp;herles trois couronnes en leur maifon, par les artifices ,nbsp;qui font déduits ailleurs plus amplement. Ils auovenÇnbsp;grand
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-ocr page 169-L’ESTAT DE FRANCE. 141 grind nombre de fcruiteurs en Angleterre : amp; eftoyentnbsp;délibérez auec le temps de remettre fus l’inique arreftnbsp;de la Royne Marie, qui auoit fait declarer baftarde fanbsp;fœur Elizabeth. Dauantage , il eftoit auenu depuis,quenbsp;leurdite niepce,eftant efehappee d’EfcoiTejpour le fauucrnbsp;en France,auoit efté prinfe en Angleterre, ou depuis il ynbsp;auoit eu des complots auec le Duc Northfolc, qu’elle e?nbsp;fperoitfaire Roy.LeCardinal informé de toutes ces chonbsp;fes,amp; fachantbienquece Duc de Northfolc prifonniernbsp;pour telles menees,eftoit en danger,euft bien déliré quenbsp;certe alliance euft efté défia paffee: car il efperoitpar vnnbsp;moyen ou par autre r’auoir fa nicpce,amp;s’en feruir encornbsp;à quelque bon afaire , comme dit a efté. Maisluyamp;lanbsp;Royne mere penfans que le Duc de Northfork demeu -reroit encor long temps en prifon, ne prefferent autrement ceft afaire,car la Royne de Naiiarre n’eftoit encornbsp;venue,amp; n’en eftoit-on pas du tout affeùTé,cotnbié qu’onnbsp;entendift qu’elle s’appreftoit.
La Royne d’Angleterre avant tenu long temps prifon nier le Duc de Northfolc, defcouurant aufsi de iour ennbsp;iour quelques complots alencontre d’elle amp; de fon eftat,nbsp;commanda à fon confeil de vuider fon proces, ce qui futnbsp;fait le I6.de lanuier ipi.par le Senefchal d’Angleterre afnbsp;lifté de neuf Contes,l’Amiral,amp; dixhuit Barons. Et fut cônbsp;damné à mort,par fentence desfufdits, executee toft a-pres.
Mais puis que nous fommes entrez de France en Angleterre amp; Elcolîe , auant que d’en fortir nous prierons les lefteursde nous fupporter , fi nous leur prefentonsnbsp;l’ample récit de la vie de laRoyne d’Efcoffe.Car outrecenbsp;q telle hiftoire a efté veuë de peu de gens, elle defcouurenbsp;la vérité de plufieurs chofes qui feruentà laconoiffancenbsp;de l’eftat des afaires de Frace.Que fi quciqu’vn répliqué,nbsp;qu’au lieu de memoires de France,ie paffe en Efeoffe, amp;nbsp;traite de chofes paffets de long temps;ierefpôdrav,quenbsp;liceux de Guife amp;'le confeil fecret de France n’eulîèntnbsp;voulu fcferuir de Marie Stuard pour faire beaucoup donbsp;rcmuemcns,ie l’euffe I.iiffee pour telle qu’elle eft . Maisnbsp;amp; cel,t, amp;; le mal qu’elle; pourr.a encores faire quelquenbsp;iour,fi Dieu n’y remedic,ne'me perm ettent d’oublier fes
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ileportcmens:iointqu’iln’ena elle fait mentió es autres reciieils-ci Jeiiît imprimez. Mais fî Ion s’ennuye d’vu telnbsp;difcours . qu’on l'obniette; en fe f'ouuenant que nous nenbsp;preiéntons pas des hilloires exaftement efcrites,ains feUnbsp;îementdes memoires amp; inftrudKons à ceux qui fauron»nbsp;faire l’hiftoire entière,comme nous le délirons.
HISTOIRE TRA G I Q^V E DE M A-
Jt,lï ROY NE d’eSCOSSE, TOVCHANT la coniuration faifte contre le Roy fon mary, mis inbsp;mort ; amp; l'adultere par elle commis auec le Conte denbsp;Bothvvel.
COmme c’eft vne choie cftrange , voire ennuyeufe,i caufe de fa noLiueaucé,de vouloir faire rendre railonnbsp;publiquemét àperfonnes libres de ce qu’on a défia iugenbsp;en priué, aufsi doit-elle bien fembler plus qu’ennuyeufe,nbsp;a nous qui fommes maintenât côtrains, amp; comme tireznbsp;par necefsité ( fi nous ne voulions eilre eftimez les plusnbsp;mefchans du monde)d’impugnerla vie de ceux, dot ne-antinoins nous eufsiós bié voulu cacherles vices;maisvlt;Jnbsp;Ceci fc tap ftre équité , Royne trefilluftre, leue vne bonne partie denbsp;porte à la ce ft ennuy,qui n’oyez pas, auec moindre regret, q nousinbsp;Royne de qu’on detrade ainfî publiquement d’vne qui vous attoUnbsp;j^nglcter- parenté,amp; qui eft aufsi Royne. Et que vous n’eftesnbsp;pas moins fongneufe d’en entendre laverité,que nous denbsp;fuir en cela toute caloranie.ParquoY,nous compredropsnbsp;ce fait le plus fuccinétementque faire fe pourra , voirenbsp;nousl’expoferons auec telle brtefuetéqu’ilfembleraquenbsp;nous voulions pluftoft toucher,côme en palTanMes priP'nbsp;cipaux poinéts, que de les expofer. Et cômencerôs par 1*nbsp;premiere incôftance de celle Roynetcar corne fa legerere ne full que trop própte .à fe marier, aufsi foudaineniecnbsp;s’en eft enfuiuie.ou vne repentance, ou des indices ( fapsnbsp;Haine en- occafîon toutesfoisjde changement de volôté.Et de fai^nbsp;iicrsf- R oy .1’1 par-auant le Roy ayant cité recueilly, non feulementnbsp;d'IlcoH«. aflèzfroideinenttmais aufsi auec peud’hôneur amp; de ref-peél, en fin la haine commença de fe môftrerplus à def-cou-
-ocr page 171-L’ESTAT DE FRANCE. 145 couucrt, principalemct en ceft iiyuer, auquel il fut auecnbsp;vn maigre equipage,amp; indigne d’vn home priué,enuoyé_nbsp;à Pebles,nô à la volerie, mais corne en exil: à içauoir elnbsp;loingné du confeil, amp; de toute cognoiflànce des afairesnbsp;publiques. Et n’eft ia be foin icy d’elcrire les chofes, quinbsp;lors forent apperceues d’vn chacun corne en plain Thea-tre:amp; qui maintenât ainfi qu’en vne image bié recéte de-meurét i;nprimées aux efprits de tous .Or cobicn que cenbsp;cômencemét ait efté lalburcede tousles maux,qui s’ennbsp;font depuis enfuiuis : toutesfois du premier coup,les cô-feils en eftoyét fort cachez: de forte que non ièulemétlenbsp;vulgaire:mais no pasmefmesles plus familiers,amp; qui a-uoyét eu maniemét des grans afaires, ne pouuoyét cornnbsp;prendre, à quoy principalement cefte Royne pretédoit.
En fin, environ le mois d’Auril, i y 6 (S.eftat retournée de Dnmbar à Edimbourg, amp; fe logeât dedas laforteref-fe de la ville,elle n’é bougea iufques au téps de fon accounbsp;cheménapres lequel tout incôtinent les lecrets confeils,nbsp;touchât fa mcfchâceté prcmeditee,cômencerêt à fe def-couurir :defquelsvoicyle fommaire:à fcauoir, qu’ayant Sommai-tué le Roy, .1 quelque pris que cefoft,ellefcremarieroit te de ceftenbsp;auec le Conte de Bothvvel.Et afin de leuer tout foupçon, hiftoire. ,nbsp;qu’elle vouluft cômettre vne telle enormicé,elle comen-çâ petit à petit de letter quelque femence de querelles ennbsp;tre le Roy amp; les Seigneurs,qui lors eftoyent à la fuite denbsp;la ccur.-àce qu’eftâsàeplus enpius enaigris,elle lesame-naft iufques a vne inimitié capitale. Et quad elle cognoifnbsp;foit que ces foupçons eftoyét aucunemét diminuez, ellenbsp;tafchoit par nouuelles detraftions d’exciter, amp; enflâmernbsp;ceux-cy,les vns contre les autres,s’efForçât de perfuader ,nbsp;que la Nobleile auoit coniuré la ruine de l’eftat du Roy,nbsp;amp;le Roy celle del.a Noblelïe. Tellement qu’elle n’auoitnbsp;rié plus en recômandation que deles faire venir iufquesnbsp;aux inains.Et encor qu’elle doutaft laquelle des deux parnbsp;ties feroit la plus forte, Si cft-cequ’elle mettoit corne lenbsp;gain de fa caufe, en la ruine de l’vne amp; del’autre:eftimâtnbsp;qucc’eftoit là le chemin pourparuenirà ce qu’elle auoitnbsp;entrepris. Elle remplit en peu de temps les efprits denbsp;tous.de tant delbupçons, que tou, les grands Seigneursnbsp;auoyent les oreilles remplies de faux bruits: amp; n’y aucrt
-ocr page 172-144 MEMOIRES DE celuy en la cour, qui fuft tat peu que fort de noblenbsp;quelle ne tira ft à celle necefsité , ou de les vengernbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
mes,cotre les accufateurs:ou bié fe retirer en li mail’”’’ Et afin d’obmettre le relie, pourcaufede brieueté,amp;nbsp;nir au point principal.le toucherayfculemçtvae inlig®?nbsp;calônie de ce têps la,qui ne doit point ellr^ oubliee.C’^*;nbsp;que le Royvne nuitldeuifant auec laRoyne iufquesbi*nbsp;urdda Ibine de ce deuisfut,que quali toute la noblelTenbsp;lioit confpiréfa ruine, amp; que défia on auoit defseigo®^^nbsp;moyen de l’executer. Oreftaiit le Roy retiré, la Roy*'®nbsp;fit appeller le Conte de Murrey, fou frere, qui depuis f**'nbsp;Regent,luy failant entendre que la chofc qu’elle luynbsp;lolt propofer, eftoit fort enorme,amp; qu’elle requeroit'®nbsp;prefence . Luy donc eftant fubitement efueillé d’vn pr?'nbsp;fond fommeil, amp; n’ayant prins qu’vne longue robbe, 1quot;^nbsp;fa chemife, tout elFrayc, amp; à demi nüd,s’en courut à eH®'nbsp;Eftant venu,elle luy via quafi du mefme langage qu’ell®nbsp;auoit tenu deuant le Roy , difant que le Roy luy porto''nbsp;vne telle , amp; fi grande inimitié, amp; auoit à tel defplaifir^fnbsp;bon recueihqu’elle luy faifoit pres d’elle, qu’il auoit delfnbsp;beré à la premiere occafion de le faire mourir . Et aiitl''nbsp;elle n’obmet rie de ce qui eftoit en fa puilTance, pour 1®’nbsp;faire venir aux prinfes .Et pour certain ils en fulfent v®'nbsp;nus là, fi Dieu n’cufteu ordonné,de garentir des hoquot;]'nbsp;mes innocés de ces trakifons pernicieufes ,amp;delcouu'’*'nbsp;fon forfait inalkeureux,amp;: plein d’impieté.
Confeil plein tnbsp;traliifon.
ta Roync Mais vovant,que ce defsein n’auoit point fuccedé, eH® maqueicl s'efforça d’inuenter vne antre rufe,pour fiirprendreRnbsp;k de fon encores ieune,amp; peu aduifé.C’eft en le foliciptd’®nbsp;mary. ^re pendJt fa groffeffe,quelque ieune damoifelle,auecl*nbsp;quelle il peuft conuerfer familieremét, luy promettafquot;®nbsp;l’ayder en cela,de tout fon pouuoir,amp; luy pardoner cel'®nbsp;flute, mefmc luy monftra la femme du Conte de M**®'nbsp;reymonquelle cftimaft qu’vne dame fi.vertueufe fuft P®®/-pre à executer telle lafcheté:mais elle vouloir en vn n’®nbsp;„¦Cl me inftant fe venger de trois ennemis, afauoir, du Ro)?nbsp;de du Conte,amp; de fa femnie;amp; par ce moyen auoir occa»^nbsp;—¦ de faire diuorce, amp; laiffer au Conte de Botlivvel, le l*|nbsp;nuptial du tout vuide. Eftant acouchee, combien qu’c*,nbsp;tcciieillift gracieufement tous autres,quand on l’auepif
-ocr page 173-L’ESTAT DE FRANCE. 145 foit qu’ils venoycnt voirie Roy ; toutesfois elle, amp;nbsp;ceux de la fuite defguifoyent tellemét leurs geftes amp; p-quot;!nbsp;rolles,qu’ils faifoyent alFe?. paroiftre ne craindre plus,nbsp;que le Roy penfaft que cela leur fuft ennuyeux,amp; leur arnbsp;riuee,amp; entretenue peu agréable. Au contraire le Contenbsp;de Bothvvel feul auoit toute puilTance,preltdant feul auxnbsp;confeils,amp; en tous afaires. De forte que la Royne mef-nie vouloir bien que chafeun conuft I’affeftion qu’ellenbsp;luy portoit, d’autant que s’il faloit obtenir d’elle quelquenbsp;cliofe, il ne fe pouuoit faire fans luy, tant elle craignoirnbsp;que la faueur qu’elle luy portoit Âjftcachee.
Peu apres fon accouchement, vn certain iour de grïd sn.itin,elle s’en alla auec peu de fuite,au port,qu’on appelnbsp;le neuf,amp; corne chafeun s’esbahifloit,ou elle pouuoit aller, foudain elle entra en vue nature , qui eftoit là tout pirates e-preft, amp; auquel on apperceut Guillaume , amp; EmondBla- ftans à lanbsp;cart, Leonard Robertfon, amp; Thomas Dicfon,feruiteurs conduitenbsp;du Conte de Bothvvél, amp; Pirates diffamez de manifeftenbsp;vol. Eftant ainfi enuironnec de celle trouppe de larrons, au grand eilonnement de tous les gens de bien,nbsp;elle fe mit en mer, fans auoir prins vn leul de tous fesnbsp;plus honneftes domelliques. Or de ce qu’elle fit aunbsp;Chafteau d’Aloa , ou le nauire aborda , i’aymc biennbsp;mieux que chafeun le pëfe,que de l’ouyr de moy. Seule-Jjientie toucherayee mot, que là on n’eut aucun refpeétnbsp;en tout ce qui fut dift,A; fait, ie ne dv àla modeftie d’vncnbsp;Royne,mais non pas mefineà la modcllie d’vnefemmcnbsp;d’honneur . Le R05' ayant anti ouy le depart foudain denbsp;la Royne , alla apres elle, par terre,en celte efperance, amp;nbsp;.deliberation de raccofter,amp; iouyr de la communicationnbsp;mutuelle ,amp;des autres offices de mariage. Or ceux quinbsp;eftoyent 1.1 prefens, fçauent comblé elle le receut amia-blement, amp;ceux, qui en ont ony parler en font afifezre- .nbsp;cordsxar à peine eut-il loifir d’arreller là quelques heu-res, pendant que fes feruiteurs amp; chenaux prenoventnbsp;leur repas, amp; repos,eftât contrainét(à ce que pis n’amnft) p. 4^nbsp;de s‘en retournenmais elle demeura là quelques ioturs, Royne denbsp;finon auec vne magnificence Royale,pour le moins plus Efeode.nbsp;que royale,ou certes pour mieux dire, auec vne licencenbsp;peuRoyale.Delà,on fit quelques chalTes, l’vnc aufieuue
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He Magat.-I’autre au Saulr, qu’ils nomment vulgairement Gleuart.Mais qu’eft-il befoinde dire,comme elle lenbsp;lira lors farclieufe,arrogante,amp; infolente,enuers le Roy-’nbsp;Car la cbofe a efté faifte au veu ,amp; fceii de tous, amp; en eftnbsp;la mémoire aflez recente amp; remarquée.
Eftantde retour à Edimbourg.elle n’alla point en foU Talais,ains en vne maifon priuee prochaine delà, appar;-tenante à lean Balfur, amp; de là en autres mai Ions, ou lenbsp;faifoitvne aflemblee annuelle, appelée Scacar. Or ce$nbsp;maifons eftoyent amples,amp; y auoit quelques beaux iar-dins,amp; pres d’iceux,comme vne fbrme de defert. Mais ilnbsp;y auoit encor autre choie ,qui l’y attiroit plus que toutnbsp;cela. C’eft,que pres de là,demeuroit Dauid Came*nbsp;Tey,feruitcur du Conte de Bothvvel, duquel l’huis de dernbsp;riei e eftoit prochain des iardins de la maifon de la Roy-ne. Par ceft huis Bothvvel alloit amp;venoit,quandbon luynbsp;fembioit.Et qui n’entend le refte.’Tant y a que la Rovnenbsp;inefme a confefsé le fait àplufieurs,amp; notamment auRsnbsp;Rerespai' gent,amp; à fa inere:mais elle reiettoit la faute fur Reres,nbsp;larde , amp; femme impudique,amp; qui auoit efté l’vne des Courtifan-inaqucrtl nés de Bothvvel, quoy que lors elle fuft entre les dainesnbsp;mieux aimees de la Royne. Par cefte-ci donc (qui dei!gt;nbsp;venant fur l’a.îgc, auoit changé le gain de fes paillardifesnbsp;en inaqLierellage)la Rovne, comme elle difoit,fnt de-ceué,d’autant qu’avant introduit Bothvvel en la chambrenbsp;de la Royne,par le iardin , il l’auoit violee , amp; ptinfe patnbsp;forceimais le temps, pere de vérité, a defcouuert coni'nbsp;bien Reres l’auoit trahvecotre fon gré; car peu de ioursnbsp;apres,La Rovne voulant aufsi par force, comme ie croy«nbsp;auoirjà reuenche, eniioya cefte Reres, qui auoit aupara-uant aficz expérimenté les forces de l’homme, afin quenbsp;Adultere elle le luy amenaft prifonnier.Ainlî la Rovne auec Marde URoy- guerite Corrovvd , qui n’ignoroit rien de tous fes con'nbsp;ne aucc feii5,deualerent auec vne ceinture cefte femme le longnbsp;Bothvvel, deijijjiiraille,au iardin pr»chain: Mais comme etei-'ufc ^d” ploits de guerre,on ne pouruoit pas fibiéàtout,queque!nbsp;quot;uerre. ^1“^ incomoditénefuruiéne: 'V'oiev la ceinture qui rôptnbsp;“ londainemt-Lde forte que Reres,femme pelante d’aagC'
amp; de corps,tôbe bas,auec grîd bruit.mais elle, crime vn vieil lbldat,n’eftant en rien eftonnee, ni de l’oblcuriienbsp;de
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L’ESTAT DE FRANCE. 147 de la nuitl.ni de la hauteur de la muraille, non pas mef-nie de celle cheute inopinée,paruint iniques en la chantnbsp;bre de Bothvvel, amp; ayant fermé les portes, tira cellnbsp;homme de Ion lict, amp; des bras de la femme , Si. l'ame-naà la Royne ainfi à demi endormi, amp; à demi nud qu'ilnbsp;elloit. Orquelachofe fe foitpalTee en celle forte ,nonnbsp;feulement la plus grande partie de ceux qui eftoyenta-uec la Royne l’ont confeflé.mais aulsi GeorgeDaglefeyinbsp;Valet de chambre de Bothvvel lauparauant que d'ellrcnbsp;execute,le récita ,amp; duquel la confefsion ell inferce aunbsp;proces.
Cependant le Roy eftant peu s’en faut bSni, amp; dechaf-fcpariniures amp; outrages,fe tenoit à Sterling,auec peu de lèruiteursxar aufsi qu’euft-il fait dauantage, veu qu’ilnbsp;ne pouuoit trouueraucune graceenuers la Royne, nonnbsp;pas inefmc moyé de nourrir au iour la iournee quelquenbsp;peu de feruiteurs,amp; de cheuaux qu’il auoitrEt en fommenbsp;qu’il le voyoitdebouté par contentions efmeués de petites fadaifcsxîu pour caufes recerchces, afin de le calom-nicr.Toutesfois eftant fon efprit opiniaftre en amour , ilnbsp;ne fe peut contenir qu’il ne retournall àEdimbourg,afinnbsp;que par toute forte d’honnefteté,!! peuft r’entrer en grace comme au parauant, amp;iouyr de la focieté coniugale.nbsp;Mais ellantderechefchafsc par vn inlîgne outrage.: derechef aufsi il s’en retourne d’où il elloit venu , pour là,nbsp;comme en vn defert, lamenter là vie miferable. Quelques iours apres, la Royne dcliberantd’aller .1 ledburg,nbsp;amp; fe trouuer en l’aflemblee des luges enuiron le cômennbsp;cernent d’Oélobre, Bothvvel fitfonapprell pour aller ennbsp;LiddciOÙ eftant,amp; ne fe comportant comme le lieu qu’ilnbsp;tenoit, la maifon dontil eftoit, ou l’attente des autresnbsp;lercqucroycnt, ilfutblefsé parvniarronia demimort, Bothvvelnbsp;amp; porté auchafteau d’Hermitage auec efperance incer-biefsé patnbsp;tainede vie,Ce qu’eftant rapporté à la Royne àBorthuic, vu latroii.nbsp;foudain à grandes iournees, amp; en plain hyuer,elle courtnbsp;comme infenfee .à Meltafe:amp; de là à ledburg. Et combien que le bruit full certain de là conualefcence,tüutef-fois eftant fon efprit impatient en ce retardement,ne lenbsp;peut côtenir qu’elle ne declaraft falafciueté desbordee,nbsp;de façôqu’au temps leplus cftnlge de l’annec,mefprifant
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toute difficulté des chemins amp; les embufches des lierons , entreprint le voyage, auec fi petite liiite, que nU» tant peu fuit-il modefte , ne luy eultofé commettrenbsp;vie, ou fes biens.De là eftant retournée pour la fécondénbsp;fois à Iedburggt;aucc extreme foing amp; diligéce,elle prep^nbsp;ra amp; appreita toutes chofes, pour y.faire apporter Both'nbsp;vvel.ürtantdonclà amené,leur maniéré de viure,amp;faingt;nbsp;liarité fut peuhonnorable àla dignitéde touslesdeu*’nbsp;car foit pour le trauail qu’ils fe donnoyêt iour amp; nuiél,oenbsp;ilyauoit peu d’honnefteté pour eux, amp; trop d’infamienbsp;en public , ou par quelque fecrette prouidence deDieU’nbsp;Maladie la Royne tomba en vne maladie fi afpre amp;dangereufegt;nbsp;dcliîtoy- qu’il n’yauoitperfonne,qui euft efperance de fa vie.
pe. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ce que le Roy ayant entendu vint à grandes iournee’
à ledburg, pour vifiter la Royne, la confoler en fon afih' £tion,amp; luy tefmoigner par tous les bons offices qu’dnbsp;pouuoit, fon affeétion amp; foin enuers elle : mais tant s’ei’nbsp;faut qu’à fa venue ou luy euft apprefté vn logis, ou pout'nbsp;ueu de viures tels qu’on donneroit aux homes de moyc’^nbsp;eftat,que meline il n’apperceut aucun indice d’auoirl''nbsp;yn feulamv. Mais ceci eftoit digne d’vne inhumanité bafnbsp;bare,qu’il fut défendu àla noblelfe, amp; à tous les officiet®nbsp;delaCour,qu’on ne luvfift aucun accueihdt qu’on nenbsp;logeait pour luy,amp; qu’il ne fuft receu de perfône, pour Dnbsp;Inhumain ger là vne feule nuift. Et parce que l’humanité du Contcnbsp;léde la de Murrey,qui fut depuis RegSt,eftoit fufpeéte à la RoY'nbsp;Royne. ne, elle faittant auec fa fetnme, qu’elle s’en retourne foijnbsp;dain en fon logis, amp; feignît eftre malade femit au lict Dnbsp;ce que füiibs ce pretexte de maladie, le Roy en fuite’'/nbsp;dus. Ainfî fe voyant deftitué de tous offices d’humanité’nbsp;le iour enfuvuant il s’en retourna en fon ancien defert’nbsp;auec vne merueilleufetrifteiTed’efprit. Cependant qu 'lnbsp;eftoit en cefte necefsité de toute chofes, amp; mefmcs d’a'nbsp;mis,qu’à peincpouuoit-il trouuer quelque petite cabane»nbsp;pour fe loger : Bothwel, comme triomphant de ce paU'nbsp;ureRov, fe retira du logis, ouilauoir habité, amp; vintio'nbsp;ger en vne chambre haute , foubs laquelle la Rosmquot;nbsp;eftoit couchee, amp; combien que tous deux fuflentnbsp;Eu.'dcnte debiles, elle de ià maladie, amp;luvde faplayeiToutesfe'’nbsp;impudici- en cefte dcbiittéjvlle le vifitoit par chafeun iour.Etapte^nbsp;qu’ib
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Qu'ils furent vn peu reuenus en conualefcence,amp;n’eftans pas encores bien fortifiez,fi retournerent-ils à leurs icuxnbsp;acouftumez, voire fi ouuertemenc qu’ils fembloyenc nenbsp;rié craindre finô q leur mel'châceté nefut pas aflezconue.
Enuirôle mois deNouembre, eftant allee de ledburg en vn village nommé Calco , elle rcceut lettres du Roylt;nbsp;lefquelles leués deuant le Regent, le Conte de Honth-ley,amp; le fecretaire,auec vne face tnfte,amp; fe tourmentantnbsp;tniferablcment, comme fi elle euft deu retomber en fanbsp;premiere maladie, elle leur fit entendre haut amp; der,nbsp;que fi elle n’eftoit bien toft depefchee du Roy , ellenbsp;nepoituoit longuement demeurer envie . Et que fi elle n’en pouuoit efchaper par autre moyen pluftoft quenbsp;deviure en ces miferes, elle le defferoit de l'es propresnbsp;mains. Aucuns iours enfuyuans paflant parMerce, amp;nbsp;venant à Coldimgbam , pour y l’eiourner, Reres pal-faut par les gardes, fut reconue amp; enuovee.Or la Roynenbsp;n’ignore point qui eftoyent ceux qui l’acompagnoyenr,nbsp;n’y Quelle alloit.Depuis vers la fin deNotiembre,venantnbsp;a Cragmilar, qui eft vn chafteau diltant d’Edimbourgdenbsp;deux mille pas, en la prefénce des Contes de Murrey,nbsp;(qui depuis fut Regent,amp; maintenant a efté tuéluy-mefnbsp;me)de Honthley,Argathlcy, amp; du fecretaire,elle tombanbsp;lur le propos du temps paffé, aiouftant la raifon, par laquelle il luy fembloit qu’il fe pouuoit coïnodement exenbsp;cuter; afauoir, d’intenter aftion contre le Roy .pour fainbsp;te diuorce auec luy,ne; doutant point qu’elle n’en peuft ai uiuorcj'nbsp;fément venir àbout,veu qulls eftoventen degré de con- fous pre-fanguinité, ou par les loix du Pape le mariage eftoit de texte denbsp;fend u:en fupprimat les lettres ( cliofe bien aifee)par lel- confanguinbsp;quelles ils en eftoyent difpenfez . Et comme quelqu’vnnbsp;euftpropofé cefte difficulté, que fi cela fe pratiquoit ain-fi,ils’enfuyuroir que leur filsferoitbaftard,commee-ftant nay hors mariage , veu principalement que nulnbsp;n’ignoroitles caufes qui pouuovent enfraindre ce mariage , ayant vn peu ruminé en foncfprit cefte refponcejnbsp;amp; cognoiffant qu’il difoit vraY,amp; n’oiant toutesfois fairenbsp;ouuerture de conléiller qu’on mift l’enfant à morr, ellenbsp;quitta le propos du diuorce . Et neantmoins depuis cenbsp;jour là, elle n’oublia le confeilpris aupar-auant, de tust
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le Roy, comme il fera facile d’entendre, par les cJio/*^ qui s’en font enfuyuies.
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qui augmenta grandement le foupçon vulgaire, qui foy y ell aflez prompt,aiàuoinque la Royne auoit vne’'*
miliarité ordinaire auec Bothvvel.
Au corn mencemt nt de Dccembre,apres l’arriuee
Haptrrm- AmbaÆidenrs d.e France , ôc d’Angleterre, pour celf du fils du brcr le baptefme de l’enfant, qui maintenat eft Roy: •il’quot;nbsp;Roy.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;que Bothvvel en cefte aûion paruft mieux, entre tous 1^*
autres feigneurs, elle en partie luy donna argent pour
Depuis le Roy eftant retourné de Sterling à Cragnii' laneftimantqu’elle auroiceité adoucie enuers luyiiSc*!“*nbsp;la longueur du temps auroit aucunement modérénbsp;courroux,non feulement il ne fentit aucun indice de c»,nbsp;gement de volonté ; mais aufsi rien ne luy fut ordou”'nbsp;pour fon viure ordinaire,s’il ne demeuroit à Sterling-cheter des acouftremcs,amp; en partie elle melme les ach^nbsp;ti des marchans : voire eftoit aufsi diligente à regard”’nbsp;s’ils eftoyentbien façonnez,comme fi elle eiift efté,i””®nbsp;diray point fafemme,mais fa feruante.
Cependant, celuy qui eftoit fon legitime mary,au ptefme de fon propre fils, non feulement fut deftituéd”nbsp;tous moyens,pour taire les frais :ainsaulsifutempel”l’,nbsp;de fe trouuer en la prefence des amballadeurs, iufques 'nbsp;luy öfter fesferuiteursordinaires,auec delféces à toutenbsp;Noblefle de le fuyure, honorer, voire faire femblat qu”'nbsp;fidele conoiftre : A: auertiffement aux ambafladeutsnbsp;ftragers de ne parler à luy, encor que la plus grande [’•’’nbsp;du iour tous enflent demeuré dans le mefmc chaftq-quot;*’
Ce ieiinc Prince fe voyant recueilly auec tel mef}’*^ amp; inhumanité, perdit tout courage, amp; delaiflantSt”’'nbsp;ling, fe retira à Glafcvvo, par deuers fon pere. La RoV'’^nbsp;à fon ifliië ne laiflàde le pourfuyure delahayne acouft’’
ï î F O vue nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4*4nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;41V tUXXXM Ltv IVnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4VC Y UX V UU IcC lia. y iic *11-
d’Efcoilc nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fâifant öfter toutela v-tiflèlle d’argent dot il ®
prend' U ft®’” ferny depuis (es nopcesiufquesalors,amp;en mitd'”' vaiflelle ftain en ta place. Mais que cccy foit attribué fculeineut*nbsp;duRoy. mcfpris.’carce quis’eftenfuyui eft vn manifeftearguui-'’
L’ESTAT DE FRANCE. 151 uoit facilement conoiftre,que cela ne vendit point de lanbsp;Vehemence d’aucune maladie,ains dvne trahiîbn faitfe ànbsp;la main, de laquelle furent indices les vefsies colorées,nbsp;qui s’elleuerencpar tout fon corps, luy eftant paruenunbsp;à Glafcvvo, voire auec telle douleur par tous lès mébresnbsp;qu’à peine pouuant refpirer, il donnoit peu d’elperancenbsp;de fa vie;amp; cependât la Royne ne voulut permettre qu’ilnbsp;fullvilité d’vnfeul médecin.
Les ceremonies du Baptefme paraclieuces,elle perfu-ada fon frere le Cote de Bedford amballàdeur de laRoy-ne d’Angleterre, à S. André,qu’il requiftBothvvel d’aller enfemble auec luy, ce qu’il luy acorda volontiers, encornbsp;qu’il ne penfaft rien moins qu'àlaRoyne,qui auoit trou-ué celleinuention, comme l’euenement l’a aflea defeounbsp;uert: car apres quele Roy fut à Glafcvvo,les autres prin-drentle chemin à làin£l André, amp; elle auec fon Botlivvelnbsp;fe retira à Drumen,amp; de là à Tilbarn. Efquelles maifonsnbsp;ils demeurèrent enuiron huift iourç,conuerfans fi bieiynbsp;enfemble en tous leurs repas, amp; autres familiers accès,nbsp;que le contemnemenr amp; mefpris qu’ils faifoyent de leurnbsp;bonne renommee, olfenfoit chafcun,hors mis eux, quinbsp;auoyent reietté toute hôte, veu qu’on apperceuoit qu'ilsnbsp;n’vfoyent plus d’aucun voile, pour couuerture de leur vi-lennie.
Ellans de retour à Sterling, au commencementde lâ uier,i y Ä 7. la Royne commença à fe plaindre de la mai-fon,ou fon fils eftoit nourry, comme incommode,aiou-ftant que le lieu eftant froid amp; humide, il eftoit à crain-dreque quelque catarre n’endômageaft l’enfant, mais ilnbsp;apparoiftra clairement que cela fe failbit à autre intention: veu que toutes ces incommoditez qu’elle alleguoitnbsp;eftoyent efloingnees delà maifon.Et au contraire qu’elles eftoyent en celle ou Ion le vouloir menre, afauoir,ennbsp;heu bas amp; marefeageux . Ainfi l’enfant, qui â peine entroit au feptiefme mois, par vn grand hyuer, fut mené ànbsp;Edimbourg,auql lieu,côme le premier coup d’elTay euftnbsp;peu fuccedé, amp; q la force du poifon euft efté vaincue par Rnyn«nbsp;la fermeté nfiturelle du corps, afin de mettre en euidécenbsp;ce qu’elle auoit côceu des fi lôg téps , elle remit fus nou-ueaux cûfeilt, pour faire mourir le Roy. Elle s’en va doc
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à Ghifc,prenant pour couuertufe de fon voyage, d’allef vilïter Ie Roy eù vie, duquel neantmoins tout le moisnbsp;pafséiclle auoit attendu la mort. Car quelle full à la vérité la caufe de fon acheminement, chafcun le pourra facilement conoiftre , par l'es lettres efcrites à Bothvvel. Tâtnbsp;y a que s’affeurant de fon fils,qu’elle auoit en fa pofl’ef-fiô,ellc s’employe du tout à e-Kterminer fon mari,amp; arri-ueà Claie, conduite par les Amble tons, amp; autres enne*nbsp;' DefTcin mis du pere du Roy.Bothwelaufsi, comme il auoit efténbsp;pour tuer accordé,prepare toutes les chofes qui fembloyent proie Roy. pres pour l’execution de leur mefchanceté. Et premie-rement,ils allèguent que la maifon n’eftoit point commode à vn maladc,nv honnorable à vn Roy , eftant toute rompue, amp; ruineule , pour n’y auoir habité perfonnenbsp;depuis quelques ans:amp; encores lieu non frequente, entrenbsp;les ruines de deux temples,amp; pres de quelques cahuettesnbsp;depoures gens.Etafin que rien ne defaillift pour perpétrer leur lafcheté,on ouurit vnhuis ellant en la muraillenbsp;delaville,qui eftoitconiomt à ceftemaifon, afin d’auoirnbsp;liberté de fortiraux champs. Qiiantau lieu,quifLitchoi-fi.elle faifoit paroiftre auoir eu elgard à ce qu’il fembloifnbsp;plus fain.Et à ce qu’on n’eilimaft, quecefuft par feintife,nbsp;elley demeuradeuxiours. Mefmeleiour precedentd»nbsp;meurtre,elle coucha en vne falle baffe, fous la chambrenbsp;du Roy,s’’eftudiant par ce moyen à fe defeharger de toutnbsp;foupçon,pour reietter libéralement furies autres la caufe du meurtre.
Qncrtlle Troisiours au par-attant la mort du Roy elle s’efFor-du Ro/iSf ça de faire vne querelle,entre le Roy amp; Robert fon fre-defonfie-re, eftimant luy cftre gain li l’vn ou l’autre elloit depef' ché.Pour femence de dilcord , elle mitïn auât le propo^nbsp;que le Rov luy auoit tenu,touchant fondit frere.amp; cinnenbsp;ils fe querelloyent cnfemble, de forte que l’vn fembloitnbsp;cftretaxédc menfonge:en fin peu s’en falut que la cho-fe nevinildes paroles,iufques aux mains. Mais comffltnbsp;l’vn amp; l’autre eulTent mis la main au.x chapeaux,l,a Rov-ne. craignant que rien ne fefift de ce qu’elle efperoinell^nbsp;appella l’autre Murrey fon frere, afin qu’ouil le fift mtquot;*nbsp;rirfur le clup,ou qu’il iuv fift quelque iniurepourl’aui;'nbsp;nir.Et comme cela n’euii ericor fuccede felon fon defif’nbsp;elle
-ocr page 181-L’ESTAT DE FRANCE. 155 elle inuenta vne autre caufe pour faire retomber fur kiynbsp;quelque crime : carie Conte de Murrey eftant abfent denbsp;la cour volontairement,amp; ayant iufte exculé defonab-fence,par ce que fa femme eftoit prefte d'acoiiclier,amp;biênbsp;fort malade, cependant eftant là rAmbalfadeur du Ducnbsp;de Sauoye,la Royne eftima que c’eftoitvne couleur afleznbsp;fuffilànte.pour rappeller fon frere.Mais lavraye caufe e-ftoit,qu’elle vouloir transferer la mort du Roy fur luv,amp;nbsp;le Conte de Morton;amp; par mefme moyen,le deffaire denbsp;ces deux hommes,amateurs du peuple, amp; ennemis de lanbsp;tyrannie.Mais la bonté de Dieu,qui auoit tant de fois aunbsp;parauantdeliuré le Comte deMurrey des embufehesdenbsp;fes ennemis,luyafsifta encores grandement à cefte fois.nbsp;CarleiourduDimanche,quieftoitle neufiefmede Fe-urier,comme il alloit au temple ouvrle prefehe, on luynbsp;apporta lettres,par lefquellcs on l’auertifloit que fa fernnbsp;meeftoit acouchee auant fon terme , amp; qu’il y anoit peunbsp;d’efperance de vie en elIe.Eft.ït elmeu de ce foudain mefnbsp;fage,amp; demandant congé àlaRoyne,elle. refpondit,quenbsp;s’il eftoit anifi,le trauail du chemin feroit fuperflu nenbsp;pourroit profiter à fa maladie.Et comme ilinfiftoitplusnbsp;viuement.elle au contraire le requit,qu’ildemeuraft feu-lementcefte nuiâ:-là,amp; que le lendemain elle le licentienbsp;roit pour fe retirer vers fàfemmeimâis Dieu par fa bonté deliura ceft homme innocent,amp; du danger prefent, amp;nbsp;des calomnies pour l’auentr.Combien que pour tout ce-la,amp; queles caufes de fufpicions en fulïènthors, il ne futnbsp;pas pourtant garent! de toute calomnie. Car les Conte»nbsp;de Hunthley amp; de Bothvvel, ne pouuâs luy donner tachenbsp;de ce vilain afte.par publications de libelles diframatoi-res,s’elforcerent mefmes de l’en charger publiquement.nbsp;Et de fait eftant ce meurtre commis apres minuiéi,auancnbsp;que le iour futvenu,ils publièrent par Angleterre, en ynbsp;«nuoyantgens àleur pofte, que les Contes de Murrey,nbsp;amp; de Morton,cn eftovent auteurs: mais la lumière de vcnbsp;rite leueefeomme volontiers il adulent en tout menfon-ge)cc bruit s’eftiaiiouitincontiiient.
Toutes chofes cftans appareillées pour executervn meurtre fi crucl,amp; toute occafion pour en transferer lanbsp;caufe ailleurs,eftant oftee, craignans que quelque coniu-
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ration populaire n’yapportaft retardemëc ou ernpefcii«' ment,ou qu’elledeicouuriit leurs confeils,ils delioerere!nbsp;de fe depeicher.Ainiî la Royne ayant fouppé,môta lelo®nbsp;ii. couftume en la chambre du Roy,là ou ayant refolu d*nbsp;ne rien obmettre,qui peuftdemonllrer ligne d’ainiabifnbsp;reconciliation, elle demeura quelques heures auecluV’nbsp;Trahifon ayant la face amp;. la parole plus ouuerte amp; familière qu’el'nbsp;hgnalte. jg n’aiioit acoullume,depuis lîx ou fept mois. A l'arriui-’*nbsp;de Paris elle mit fin à fon propos,amp; s'appreRa pour s e®nbsp;aller. Ce Paris eftoit vn iaune homme,François de n^'nbsp;tion,qui auoit demeuré quelques années en la maifn'*nbsp;des Contes de Bothvvcl ,amp;de Seton, amp; en celle del*nbsp;Royne. Luy donc (quoy que le relie des clefs fuRnbsp;mains des feruiteurs du Roy ) gardoit celles de la port^nbsp;du milieu,amp; de l’huis de derriere,qne BothvvehcontroU'nbsp;uantquelques caufes, mais nonafl'ez idoines 3c fuffifj”'nbsp;tes,auoitretenues.Ence perfonnage,Bochvvel amp;la Ko'l'nbsp;neauoyentvne trefgrande côfiance,pourl’efFeâ: de leursnbsp;confeils.C’eftpourquoy fa venue fut ligne, felon qu’ilnbsp;ftoit accordé cntr’eux,que toutes chofes eftoyent prepS'nbsp;rees pour le malTacre.L.a Royne donc l’avant apperceu,nbsp;fe leua incontinent,en feignant vne autre caufe de fo®nbsp;depart.ravdit-elle,grandementfai!!y contre Sebaltód'nbsp;n’auoir point auioilrd’huy elle en mafque, .à fes nopces-Ce Sebaftian eftoit Auuergnois de natiô, amp; homme fof'nbsp;aimé de laRoYne,à caufe de fa dextérité de bien chaKt’nbsp;amp;dire le mot,lequelaufsis’eftoit marié ceiour-là. Eft*'nbsp;le Roy laifsé quali tout feul en cefte folitude , la RoyiJ^nbsp;fe retira auec les Contes d’Argathley,Hunthley amp; CalKnbsp;ley,qui la conduifoyent.Retournee qu’elle fut en fachi'nbsp;bre,elle parla allez longuement auec Bothvvehpeu aptrsnbsp;minuift,n’y ayant lors perfonne que le capitaine desnbsp;des.-lequels’eftant retiré,Sc Bothvvel demeuréfeulnbsp;tefmôins, vn petit apres il fe retira en fa chambre,chi‘’nbsp;géant de robbe, afin qu’il ne fuftconeu de ceux quinbsp;rencontreroyent, 3c veftant par delîus vn acouftrementnbsp;alTez large amp; ample ,femblable à celuy dont vient lc!gt;nbsp;gës de chenal Allemas, StpalTantles gardes,s’enallaain'nbsp;li,pour commettre le meurtre. Or quelle a eftélafaçoquot;nbsp;comme ce meurtre fut exécuté,ont le peut aifément enten- j
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-ocr page 183-L’ESTAT DE FRANCE. 155 t€ndre,parla confefsion de ceux, qui pour ce regard ontnbsp;elle punis.
Ayant donc Bothvvel commis la mefchanceté ,pour laquelle il s’eftoit acheminé, il retourne ,amp; comme nenbsp;fachant rien du fait, s’alla coucher . Q^ant .à la Royne,nbsp;ayanteftéenfufpendde ce qiiideuoit auenir , c’eft mer-ueilles, comme en fin elle ioiiahonneftement fon per-fonnagc. Car elle ne fut aucunement efineiie de l’eîclatnbsp;procédant de la ruine de La niaifon, qui aiioit eilé entendu par toute la ville , ny de la crainte du peuple qui s’ennbsp;eftoit enftiyuie, ny aiiisi des voix, amp; cris difl'emblables,nbsp;qu’on oyoit, comme ne kiv eftant icy furuenu, ainfi quenbsp;ie crov, rien de nouueau , iufques à ce que Bothvvel de-rechefifortant de fon liél:,amp; contrcfaifant l’elfrayé, vint ànbsp;elle,auecles donees d’Argathley,Hûthleyamp; Athley,amp;a-uec les femmes des Contes deÀthley, amp; Marthcy,amp; lenbsp;Secretaire. Là,comme on eut recité cell aéle möftrueux,nbsp;amp;que chacun eut trouuéeftrange,que la maifon du Roynbsp;euftefté ainfi enleuee en l’air, iufques aux fondemens,nbsp;amp;quele Roy mefme fut mortren telle amp; fi gr.ide crainte amp; frayeur de gens de tous eftats , l’efprit Heroique denbsp;la Royne ne fe ietta point en quelques larmes abie-ftes, amp; indignesd’vnnom Royal, de fa race ,amp;degré. Honie de-Î'ar là, où edcoulant, ou furmontant lafoyde tout quelaconftaccnbsp;es aages precedens ont recité de la confiance d’aucuns,nbsp;Cela aufsi partoit de la mefme magnanimité d’efprit, ”nbsp;qu’elle enuoyala plus part de ceux qiii cfiovent là, pournbsp;Içauoircomme le tout s’efioitpafle,les failàntfuyurenbsp;par quelques bandes de gens de guerre . Eu fin, elle fenbsp;mita repoier , auec vn vifagefipaiiible , amp; vn efprit tantnbsp;modéré, qu’elle dormit doucement iniques au lendemain midy. Toutesfois,pourn’efire veüc alienee de toute humanité,en la mort de fon mary,pcuàpeuelle fe réferma, publiant le diieiLqui deuoitbien toil prendrenbsp;fin. Le vulgaire cependant cfi agité de diuers penfe-mens, amp; en incertitude s’il en doit rire, ou pleurer :veunbsp;qu’il efioit dagereux , ou en coguoiflant que c’eftoitvncnbsp;difsimularionde Cour,làmefprrfer ouuertement : ou eiïnbsp;la mal dilsimulatdembler la cognoifire.Et iaçoit qu’il s’é.nbsp;tinfi diuers propos,felô la portee,amp;leiugemctdc chafciin-
-ocr page 184-iS6 MEMOIRESDE neantmoins on nc faifoic point de mention d’en dreflèi*nbsp;aucune poiirfuite.En fin le iour enlùyuant peu apres mi-dy, eftans forcez de honte amp; de crainte, Bothvveb auteurnbsp;de ce maflacre,auec quelques vns de fes complices, viennent au Conte d’Argathlev,poiircequ’ileftoit officiernbsp;perpétuel des caufes criminelles. Et premièrement, il*nbsp;InquifitiS s’efmerueillent de ce qui eft aduenu, 8i ainfi que gens i-ae 1,1 mort gnorans,frouuentla chofe noiiuelle, inaudite, voire in-uRoy, croyable:puis ils commencent de s’en enquérir aucunement. Eailans alTembler quelques poures femmelette^nbsp;(demourans pres de lajleiquelles eftans incertaines,!! elles endeuoventpluftoftparlerque de s’en taire, encornbsp;qu’elles en telmoignalTent fobrement,fi eft-ce qu’avaiisnbsp;declare dauantage que tes iuges n’elperoyêt, on les ren-uova comme celles qui aiiovent parlé temerairement-Aufsi eftoit-il ficile de mei'prifer leurrefmoignage,qnoynbsp;qu’aucuns s’en lenrifTentpiquez'.On appellales domefti'nbsp;qucsduRoy, i’entens ceux quin’auoyentefté enuelop-pez en cefte calamite.Ils nient les clefs aiioir efté en leurnbsp;piiiflance. Qj'i les aucitdoncrikdifovent quec’eftoitbnbsp;Kov(ic. Somme la queftiô ne futpas ditferee par formalite ; mais pluftoftfupprimee,de peur que fi on euftpa®nbsp;plus outre , les fecrets de la Cour n’euflent efté diuul'
Tqutesfois, afin que la chofe ne femblaft eftre du tout Edit fait à mefprifee, on fiitvn edit, auec recompenfe propofee anbsp;plailir. ceux qiii defcouurirovent le fait. Mais qui euft ofé’accu-fer la Rovne ? ou (qui eftoit quafi plus dangereux) Both-vvehd’vn afte fi mefchant? véu mefmes que celuy qui c'anbsp;eftoit auteur, deuoit iuger amp; conclurre à la peine, voir^nbsp;l’executer? Ce pendant cefte crainte,qui fermoir la bouche à chacun en particulier,ne pouuoit faire côtenir tousnbsp;en general : carparliurespubliez,amp; par peintures,com'nbsp;me aufsi par les voix qui furent ouyes de niii£t, il auintnbsp;que les auteurs du meurtre, cogneurent aifément q“®nbsp;leurs fecrets eftovent defcouuerts au peuple. Etcomm^nbsp;perfonne ne doutoit plus de ceux qui auoyent fait lenbsp;fein de ce malheureux afte, ou qui y auoyent prefté !¦*nbsp;main, tant plus ils s’etforçoyétd’en fupprimer lesnomS’nbsp;d’autantplus la douleur du peuple s’accroifloit. Etcom-
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-ocr page 185-L’ESTAT DE FRANCE. 157 bien aufsi qu’ils feigniflent de mefprifer le tout: fi eft-cçnbsp;que ces bruits aucunefois les piquoyent tant au vif, qu’ilsnbsp;ne pouuoyent difsimuler leur ennuy. Ainlî ayaiis quitténbsp;l’inquilition de la mort du Roy,comme délia trop vieille, vne autre l'ucceda beaucoup plus afpre contre les auteurs de ces liures,amp; les calomniateurs, comme ils di-foyentjde Bothwel. Ce qui s’execuroit auec telle feueri-té,qu’on n’y efpargnoit argent,liommes,chenaux, ny labeur. Tous les peintres font appelez, amp; les efcriuains pareillement font afiemblez, afin qu’ils iiigeiit des peintures,amp; des liures propofez. Et fi vn peintre n’euft lors cô-fefle volontairement, qu’il eftoit autheurd’vn pourtrait,nbsp;duquel ils eftoyen ten debat, vn autre qui en eftoit inno ¦nbsp;cent,attaint toutesfois par foupçon, cuft efté puni en fonnbsp;lieu. On adioufta à cefte inquilîtion vn edit, par lequelnbsp;peine capitale eftoit decernee,non feulcmét contre ceuxnbsp;qui en pubberoyent quelque choie : ains aufsi qui au-royent feulement leu ce que les autres auroyent publié.nbsp;Mais ceux qui par peines de mort, voulovent ainfi reprimer les propos du peuple, apres s’eftre raflafiez de lanbsp;trefcruelle mort du Roy, ne quittovent encores rien denbsp;leur haine entiers le defunft. Car laRoyne départit lesnbsp;biens d’iceliiv , comme armes, chenaux, habil!emens,amp;nbsp;autres meubles, ou aux meurtriers mefmes, ou aux ennemis de fon pere, ne plus ne moins que fi tout eiift efténbsp;confîfqué ; mettant comme en proye les fuiets de fonditnbsp;perc,amp; les reduifant â vne extreme poureté.
Mais ce fut vn exemple de cruauté nouuelle , amp; non Cruauté ouye, de ce qu’ayant délia comme repeu fon efprit,par nfignc denbsp;ml tourment, elle voulut aufsi repaiftre fes yeux du fpe-ôacle d’vn corps ainfi meurtri. Car elle regarda non feulement auec fermeté, mais aufsi auec vne grand ardeur, ce corps, le plus beau qui fut entre les hommes denbsp;reft aage. Et foudain apres, fans aucune pompe funèbre,nbsp;le fit porter la nuift par des portefais en vne mcfthantenbsp;biere,pour l’inhumer pres de Dauid Rize. Et comme cesnbsp;chofes eftovent cogneucs de tous, amp; que défia le courroux du peuple euft furmonté les menaces des peines, amp;nbsp;la liberté de fe cödoulolr euft vaincu la crainte, elle s’efforça peu à peu à changer devifage en la maifon:amp; à
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feindre quelque dueil,afin d’adoucir Ptipricde ce peuple offenfé. Car d’autant que cefte coultuine à efté oblërueenbsp;de toute ancienneté, que les Roynes apres la mort denbsp;leurs maris, eftoyent quarante iours, no feulement s’ab--ftenantde toute compagnie, ains aufsi du regard de I*nbsp;lumière, elle commença ce dueil par feintife : mais loonbsp;efprit eftantfurmonté par la ioye, ayant fermé les pof'nbsp;tes,elle ouurit cependant les feneftres, voire ayant ingt;*nbsp;bas la robbe de dueil »quatreioursapres, elle ola regat'nbsp;derlefoleil amp; le ciel. Il auint lors fort mal à propos qu®nbsp;citant Héry Kylgré enuoyc par la Roynç d’Angleterre«nbsp;pourlàconfoler, felon la coullume, toute la farce de amp;nbsp;feintile futdefcouuerte,parvn homme eftranger. Care-fiant venu au palais, parle commandement de la Roy’nbsp;ne, combien qu’il fuft homme des longtemps verfé ésnbsp;Cours des Princes ,amp;qui ne faifoit rien par precipitationbsp;Si legereté: toutesfois il furuint li mal à point,n’eltateii'nbsp;cor le Theatre en fon equipage, qu’il trouuales feneftre’nbsp;ouuertes,amp; la chandelle à peine allumee.Brefle relie denbsp;l’appareil de la farce en fort mauuais ordre . Or de ceSnbsp;4O.iours,qui ell le téps legitime du dueil, ellas les douï®nbsp;iours à regret amp; à demy paflez, amp; voyant que fa difsi'nbsp;mulation neferuoitde rien, n'ofant toutesfois fi toll de'nbsp;monllrer les vrives affedions, en fin ayant fortifié fo”nbsp;efprit, 3i mefprifé tout ce que delTus, corne niaiferie;ellenbsp;reuint à foy amp; reprint fes premieres erres.Elle court dôenbsp;àSeton.auecpeude fuitte,amp;encorde gens qui n’eiloye*nbsp;pas beaucoup trilles. Là Bothwel, combien que pour I’nbsp;vâLini ion ~nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Inbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;z-snbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I xT/»-
dueil s’ef- frergrandcfaucur qu’il auoit lors en Cour , outre la jouit .auec blelTe, amp; les honneurs de fes ancellres, deuoit elV^nbsp;Bothwel. magnifiquement recueilly, apres la perfonnede la Ro)''
ne. Toutesfois , on luv donn.a la chambre prochai*’® de la cuifine : neantmoins non totalement incomin®'nbsp;de pour diminuer fon dueil.Car elle elloit fous la chaiO'nbsp;bre de la Royne, à laquelle fi quelque foudaine trillefl®nbsp;full aduenue,il y auoit vue montée bien fort eftroittcT'*'^nbsp;laquelle neantmoins Bothvvel eull peu aifément moO'nbsp;ter pour la confoler.
Le bruit de ceci eflantparuenu en France, le fieurd** Croc, qui auoit fouucnt efté employé en legation e”nbsp;Efcofl®’
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L’ESTAT DE FRANCE. 159 îfcofle,furuint,encor que ce fiift mal a propos. A fs. per-fualion la Cour defloge de cefte cachette là, tenue mef-me peur infame en la France, amp; vint à Edimbourg: maisnbsp;par-ce qu’à Seton il y auoit tant de belles commoditez,nbsp;il fut queftion d’y retourner , voire au preiudice de bonne renommee. Le conleil futlà aflemblé, comme pournbsp;les grands afaires du Royaume. La ibmme de toute lanbsp;confultation fut,queBothvveI feroit accule de la mort dunbsp;Roy ,amp; puis abfous par iuges apoftez . Et adiouftoyencnbsp;qu’il faloit gagner les petis iuges par faneurs amp; pro-mefles,amp;les plus graues (qu’on deuoit appeler, par maniéré d’acquit) par crainte, à ce qu’il fut abloult par eux.nbsp;Aulsi,outre les liures qui en eftoyent publiez par tout: lenbsp;Conte de Lenos , pere du Roy, l’accufoit publiquement, Le Contenbsp;comme auteur du meurtre . Et par-ce que l’aflemblee de Lcno»nbsp;des eflats eftoit prochaine, afauoir,au treiziefmenbsp;uril, ils voulurent donner le iugementauant ce iour-là, 'nbsp;de forte que leur precipitation fat caufe, que rien n’y futnbsp;fait felon les loix amp; l’ordre, ny aufsi felon la couftumenbsp;ancicne.Car les accufateurs deuoyët eftre appelez, cômenbsp;aufemblable les parens, la femme, le pere,amp;lefils: afinnbsp;qu’il y afsiftaflent, ou enuovaflent leurs procureurs . Lenbsp;nombre de quarâte iours eftoit aufsi le terme legitime.nbsp;Cependant on commande au perede s’y crouuer,deuanrnbsp;treize iours,fans v appeler fes amis,feulement auec la fa-mille , qui pour fon extreme poureté eftoit réduite à biénbsp;petit nombre de peifonnes. Et cependant Bothvvel ac-eompagné de grofles trouppes,couroit par toute la ville,nbsp;ïteftimât que^nul ofaibpoiir le d.âger euident, fousferirenbsp;à fon aceufation (tant il fe foucioit peu des loix, amp; auoitnbsp;tous iugemens en mefpris ) il fit qu’on donnaft fentencenbsp;d’vn meurtre aduenule neufiefmeiour de Feuricr,encornbsp;que leRoyeuft efté tué le dixiefme.Quant aux choix,ounbsp;teeufation des iuges,la mefme feuerite fut gardee . Carnbsp;les meurtriers les efleurent,ny ayant perfoniie qui lesnbsp;tecufift.
Et combien que le Conte de Cafleley euft mieux ai-apo. mé payer l’amede acouftumee,que d’eftre efteu pour iu-ge, amp; n’euft voulu obéir pour cela à laRoync ,qui le luy '’teex.nbsp;commâdoit, meûnes aucc.inenafles,amp; luy auoit enuo; é
-ocr page 188-i5o MEMOIRES DE fonanneaLbpourl’afleLircrcles prières amp; menafles qu’elle luy en faifoit.Si eft-ce qu’en fin,eftant forcé «le craintenbsp;d’eftre enuoyéen exil amp;louÆrir autres peines ,ilnbsp;gca de deliberation.Ainlî les iuges eftans afsis, non po ƒnbsp;rien décréter à l’encontre, ains choilîs pour abfoudre,, !*nbsp;caufe eftplaidee ,fans aucune aduerfe partie, encor quHnbsp;full queftion d’vn iugement capital, ou il n’y auoit autre
¦¦ ’-accuiateur, fors celuy que le coulpable auoit fuppofé : nbsp;nbsp;;
forte qu’on euftpenié venir, non pour plaider vne caul® en va parquet: mais pour venir iouêr quelque farce Eitnbsp;vn Theatre. Cependant parmi telle aireurance,d’obtenirnbsp;gain de caufe(Voyez lùr celaie vous prie, combien vautnbsp;en toutes chofes le tefmoignaged’vne bonne confeief'nbsp;ce) fe prefenta foudainement amp; fatisqu’ils y euffentpen'nbsp;fé,vn ieune hommede La maifondu Cotede Lenos,en'nbsp;uers lequel la raifon du deuoir auoit furmonté la crain'®nbsp;du danger. Là il protefta que cefte aflcmblee n’eftn*'nbsp;point vn vray iugement, veu que rien ne s’y faifoit felt^quot;nbsp;l’equité amp; l’ordre.A cefte voix vne ft grande frayeur ft*’’'nbsp;print les iuges, que tous d’vnemefme bouche proteft*-'nbsp;rét, qu’on ne leur imputaft à fraude à l’auenir,s’ils ablf*'nbsp;uovent l’acciifé, duquel il n’y auoit point d’aceufateff'nbsp;Item s’ils le declaroyct abfous d’vn meurtre qu’on dift*’'nbsp;eftre fait le p.de Feurier, veu que le Roy auoit efté tué*nbsp;lo. 'Voila ce beau iugement auquel Bothvveleftantnbsp;deliuré de crime,mais laué comme de fin noir deco^'nbsp;donnier, il affetboit d’efpoufer l.a Rovne, plus honcft^nbsp;ment,pourluy eftre àl’adiienir plus lalle mari qu’ilnbsp;uoit efté adultere . Pour comble de cefte abfolution, *’’’nbsp;afficha vn eferit au plus eminent lieu de l’auditoire,'’nbsp;il eftoitdit, qu’encores que Bothvvel euft efté fuffilaU*nbsp;mentpurgé, par iugementlegitime,du meurtre ànbsp;faulïèment impofé : toutesfois afin que fon innoceufnbsp;fuft encores plus manifeftee à tous ,il eftoit preftdu*nbsp;defendre par armes contre tout homme, ayant bou**^nbsp;renom mee,amp; nay d’honnefte famille,qui le voudroit**^nbsp;enfer d’auoir tué le Roy. Mais il fe trouua quelqu’vnfi nbsp;deuxiours apres, pareferit affiché publiquement, aet^f^nbsp;pta cefte condition , pourueu qu’on ordonnaft du lie**nbsp;combat,auquel fans crainte il peuft declarer fon
-ocr page 189-L’ES’TfAT? -D,B i F RAN CE.
¦¦’EftaHMinfi l0s«ipritsefineusgt; i’j^GmtJee.dcs.eftat^ Le parle-{urfxice4à.,quot;Comme parTefpicp d.’çnàiron'li.Uît.io.ur.s^. qq ment ou træitad’abolirledugepient, par lequel le pexe.dn CpOr eftatsd'Ef-tequot;de HunsElay auoit-eûéxondaûTiné criminel de.
Maieftéi-amp;?de reftituer.les biens amp; hoaaeu-fs. à .fqii filsi On donna aufsi quelques allechemens au peuple:, de,pxÇçnbsp;miereftie»4t-à l)’iglife,à.ce que quelques loix^cQucliaut lanbsp;tyrannie du Pape, Si par lefquelles , peine eftpit décer:,nbsp;nee ;à ceux qui oléroyent dire quelque moi eontrq lesnbsp;decrets du liege-Romain) fuffent abolies. Et. çomliieanbsp;que cela fuft agreable-au vulgaire , il reliait encores Yfiftnbsp;¦autre chofe,-qui netourmentoit pas.rooius U Rqyncjnbsp;qu’elle olFenfoit le peuple : afauour, la familiarité qu’ellenbsp;luoit auee Bothvvei, qui ii^eftoit encor fi publique qu’elrnbsp;ledelîroituiy fi cachée que le peuple ne s’en apperceull,nbsp;veu que-totis auo-yent les yeux fichez fur .eux Car dlau-:nbsp;tant que Bothvvei eftoit marié que c’eull efté chofenbsp;longue d’attendre àfaire-diuorce, Si cependant -que lanbsp;Roynene le pouuoit auoir publiquement, ny en iouirnbsp;àfon appétit en fecret, amp; toutesfois ne fe pouuant pajîèrnbsp;deluyvon cercha quelque couuerture, linon honnelle«nbsp;pour le moins telle quelle. Et ne fe prefehtant autrenbsp;meilleur adltis , en premier lieu , ils trouuerent cellenbsp;¦Çaillarde inuention , c’eft que Bothvvei prinftla Royne I-a Roynenbsp;i force, amp; qu’alnlî il luy lâuuaft fon honneur., Zu moyen fait pré-dequoy, la Royne retournâtde Sterling.gt;fut ^rinfe parnbsp;Bothvvei ,dc menee à Dumbar. Or fi.ee fut par force,nbsp;ou volontairement-, chacun.le pourra facilement entendre par les lettres qu’elle luy efcriuit. fur le chemin,nbsp;Mais quoy que ce foir, afin que l’iniuredecerauifle-,nbsp;TOent'fuft abolie par l’honnefteté d es nopces, la femmenbsp;de Bothvvei eft contrainte d’intenter double aélion contre (bn mary,pour faire diuorcc.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. -
Lés iuges delegueypar l’authorité de.,la Royne .pour. Bothvvei faire droit en celle cauft, la femme accule-Ibirmaryd’a- aceufé d’a-dultere, qui eftoit.ynecaufGalTeziufteenucrs eux.,pour.dulcere 8cnbsp;obtenircediuorce. Quantaux luges-Papilliques.., com.r,“'ticvfte-bien qu’ils fuffëntinterdits par-les -ellats., wutesfois par,nbsp;commifsiot» de l’ArcheuG(que--de fainél-Àndr-é-, JBoth-,nbsp;*vel eft accufédeuajit.eujfnqai-uwutfqn'myiageiluutoit
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paillarde aucc vne parente de fa femme: en taifant CC* pendant la bulle du Pape « par laquelle il auoit eu pardûrtnbsp;de ce meffait. Somme. il n’y eut point de reurdementnbsp;aux tefmoins, nyaux luges àfairecediuorce: carendi*nbsp;jours lacaufe fût receuë, commencée, conteftee,plaide«»nbsp;amp; iugee par les deux luges.
Apres que la Sentence du diuorce fut apportée à DuJti* bar, Bothvvel appelle tous fes ami.s Si feruiceurs de ton*nbsp;tes pars,afin qu’ils remenalTentla Roy ne (quife feignoünbsp;eftre eapdue ) à Edimbourg, Et comme plufîeurs s'/nbsp;fuffenttrouuexen armes eftaiis furies chemins à la «oß*nbsp;duite d’icelle : la plus part furent faifis de crainte d'efir*nbsp;quelque fois acculez d'auoir detenu leur Royne captin^nbsp;amp; encor que le refte n’y fuft, neantmoins qu’il lèfli*nbsp;bleroit qu’on pourroit prendre de cecy argument a**nbsp;fezfuffifant contr’eux,qu’ils s'eftoyent armez pres d’eH“^’nbsp;lort que le temps amp; les afaires eftoyent en paix .nbsp;fcrupule fut caule, qu’ils ietterent tous leurs lances 3^nbsp;milieu du chemin.amp;la menèrent auec conduite pluspa*'nbsp;fible, au moins en apparence,au chafteaud’Edimbour?’nbsp;lequel eftoit aufsi en lapuilïànce de Bothvvel. Or ay«”*nbsp;demeuré là auec luy, pendant que les bans, qu'on sP*nbsp;pelle,fe publioyéucn fin elle defeendit du chafteau en 1^nbsp;ville, amp; alla au conléil public des luges, leur déclaré’’*nbsp;qu’elle eftoit libre, amp; iouiflànte de les droits : bref»nbsp;Msrîap« moins de huift iours,elle defpefcha ce mariage.non iß’*nbsp;de I.V Roy- riage.que tous les gens debienauoyent en exerrad®*’nbsp;jiejuce Ä: horreur; de façon que le Sieur du Croc ambaflad^ynbsp;Bomvvenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jg France.homme tref-affeétioiiné enuerS r
Royne, amp; de la faéiion de ceux de Guife, quoy qu’il df' meuraft pres de là, amp;,qu’il en fuit fore prié, ne fe voul,nbsp;jamais trouuer au banquet. Çe qui aduint le quinzieiquot;'?''’nbsp;de May audit an, mil cinq cens foixante fepr. Et le qu’”*nbsp;ziefme du mois de luing fuyuant, Bothvvel eftantnbsp;uanté, GU de la mefchanceté de là confcience , ou cha” ,nbsp;Îiar la Royne, vint par deuers les Seigneurs du pays ' *1.quot;'nbsp;evouloyent enuoyerau lupplice,comme Vn parri«*“nbsp;publique.Cc qui a efté fait depuis fur ceci,ne fert de h«'*nbsp;coup 1 noftre propos. Etcombien que mondifcours’J^nbsp;lt;fté pofsible plus long, que vous n’efperiez : ncantm®*^
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ie fens bien, qu’en cercIiantJe mettre fin à ce reck, dcbifle beaucoup de choies : amp; délirant me hafter, i'ennbsp;ty touche d’autres aflez briefuemét, fans auoir rien am«nbsp;pjifîé,felon que l’enormité du forfaitk mcritoit.
PLAIDOYE' CONTRE MARIE, RO y NE D’ESCOSSE, AV-quel eft monftré parargumcns neceflàirest qu’elle eft coulpable de ce meurtre amp; parricide.
Comme ces chofes foyent donc cognues par let* tres amp; tefmoings, amp; foyent tellement eitgraitcc*nbsp;en la confcience de tout le peuple, que ceux qui plus le*nbsp;voudroyenr cnfeuelir, ne les oient nier ; que rcfte-il plu*nbsp;icy à l’elprivou dequoy peut feriiir la diligence, pour cô-fermenou impugner vnechofetanteuidente? Car toutnbsp;y eft fi clair amp; manifefte, amp; appuyé fur tant de mutuellesnbsp;confirmations qu'il n’a befoin d’autre preuue externe:nbsp;amp; eft le tout fi bien teftifié, qu’il ne requiert point d’au»nbsp;très irgumens. Et fi quelqu’vn me demandoit (c.ommenbsp;on a aecouftumé de faire aux autres caufes) quelles ontnbsp;cfté les occafiôs d’vne telle melchâceté? le luy pourroycnbsp;»ufsi demander au cas pareil, puis qu’il appcrtdii temps,nbsp;du heu,du fâit,amp; de l’auteur, qu’eft il befoin de s’arrefttcnbsp;plusauanti en efplucher les caufes? oude s’enquérir parnbsp;les moyens de qui la chofe a efté executee ? Et dereche f,nbsp;*eu que tant de caufes de l’inimitié fe prefentent, iK' tantnbsp;d’indices s’olïrent d’cux-mefmes ,qu'ils pourroyent faite foy,voire à chofes incertaines, vue fi longue expufitiônbsp;du fait pourroitfembler fuperlhic. Mais toutesfois d’au-fcifltque l’impudéce des mefehans eft li gr.ide à tout nier,nbsp;amp; l’allcurance des effronté'/, à delguilêr, expérimentonsnbsp;de quelles armes la vérité peut,à l'encontre de ces mon-ftrcs,maintenirfon innocence.Si donc ils demandent lesnbsp;caufes d'vnc K gr-andelafcheté ; led y que c'tft vue haine,nbsp;R’ inimirdé irrecôciliable. ' e dem.tde à rcux-cy,',’iis veulé'nbsp;nier que ce ne fuft inimitié,voire telle qu'elle ne potutoicnbsp;cftrcraflàfiec que par effufion de lang ? S’ils nient la hai-Rt, qu’ils relpondentpowquoy vne ieunc femme, riche,
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quoy 1’ènuöyoit elle en des niontagnes' defetrés amp; vUi'
lioble ,B.óyné en fommé, a dechaflë d’aupres dcfoy peu s’éii faut énuoyé en exil, en temps de grand hyuer,nbsp;en lieu 'fterile amp; non habité, ains cjuafi toufiours fouf'nbsp;rage des larrons,vn beauieune homme,fon parent,nbsp;fang Rpval, amp; ce qui eft dauantage, qui 1’aimoit’ Pour*nbsp;dès a-uec fi'peu de moyens , au milieu des dangers mam' .nbsp;£eftes,amp; qnafi fans fuite? Car qu’eufticlle fait autre chP^®nbsp;fi elle l’euft infîniement hay? amp; s’en fuft voulu depefcfiÇf’nbsp;reuft-elledi-ieautrementconfeillè ? Mais ie croy qu’él'nbsp;le n’a rien craint de cela . Ains i’argumente que telle jfquot;nbsp;feurance d’efprit éftoit indice d’vne haine obftinee :nbsp;Qu’elle cognoiflbit les lieux amp; n’ignoroit les dangers:«nbsp;toucesfois elle enuoye en ces lieux-là , encor qu’en i®~nbsp;certitude de mort, neantmoins en dangers certains, fo”nbsp;niary, auec lequel elle auoit efté mar/ee peu de tetnP’'nbsp;au paraûant,outre le gré de fes fuietç,amp; contre l’aduis d®nbsp;leurs amis communs,elle enuoye di-ie celuy fans lequ«*nbsp;elle n’auoit peu auïtesfois durer, amp; dont elle ne pouuu'^nbsp;perdre feulement la veuë.
Vous me demanderez lês caufes du changement volonté ? fera-ce lî ie confefle, qu’elles me font imnbsp;cognuès : car c’eftaflèz que ie monftre qu’il y auoitdenbsp;haine. Mais que direz-vous,lî ie demande pourquoyell^nbsp;aauparauant tant aimé ce ieune adolefcent, voirenbsp;l’ayant veu qu’vne feule fois ? Pourquoy fe mària.elle Jquot;quot;,nbsp;née luy fi foudainement, amp; lay deffera des hôneurs fa:’’nbsp;melure ? Car il y a des efprits (principalement de ceu^nbsp;qui ne peuuentporter la grandeur de leur fortune)q’‘^nbsp;«int les affeaions violentes en l’vn amp; en l’autre, afauoif’'nbsp;aimàns outre mefure, amp; hayflans immodérément. Et •’nbsp;quoy qu’ils s’appliq'uent, ils ne fe conduifent par confe’l''nbsp;ains fe làiirenttranfporterparimpetuofité. le pourrof^'nbsp;icvquot;mettre en auànt à ce propos, infinis exemples tirel'nbsp;de l’anriqàité, inais i’aime mieux croire cela par le fâ’ænbsp;mefme.Mettezen nremoire cefte partie deslettres efcf'nbsp;tesàBothvvehou elle s’appelle Medee,c’eftàdire,vne felt;’’nbsp;me qui ne tient point de mefure en amouhnVen hain^’'nbsp;Jepourrove alléguer d’autres caufes d'inimitié (encd’”nbsp;quenoH3ireziuftes)quipôuuoyentjefmouuqir,' ft'cqm^ .
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précipiter fon efprït.debile ..Mais ie mç retiendray d’ea Mire autre chofe , combien qu’il ne tienne à elle qye içnbsp;•n’en die dauantage,amp; qu’elle a lî peu merité de fes îiiietsànbsp;quel’on ne ladeuroit efpargner: tputesfois puis,que lanbsp;caufe publique le veut ainfi., i’efpargneray fon honneur,nbsp;¦•»oire ie I’efpargneray plus que le fait nefl.e requiert. lenbsp;laiflè. donc les. autres occaliô.s de fa haine,,amp; en reuienjà^nbsp;quql eft certain qu’eUe haifloit fou mary, voire d’vnenbsp;trefgrande inimitié. ...
Voulez-vous encof autre argument de çefte hainef Arjuniir Elle eft fi atfeftioqnec enuers fon mary,que ne pouuant ' jquot;'™’nbsp;faire office de femme. cnuersluv ,,eJ,le le: voulut ferufiinbsp;de maquerelle, choilîüîint lafernrtie de fon frere ,pou{nbsp;tenir place. Qj^elle.c.aufe penferons-nous auoir.oçca;
- fionnévnchangement fi foudain? Car. celle qui p.e.u aq parauant amafloit tous les bruits de fulpiçioirs qu’ellenbsp;pouuoit contre fon mary ,amp; ou il n’y auoit rien.dç vray?nbsp;femblable, en fuppofoit de manifeftement faux,amp; fem-ployoit foigneufement (non fors qu’elle, l’ainjoit, ainsnbsp;depuis qu’elle commença de le hair) à çercher toute?nbsp;¦occafious de faire diuorce ; maintenant luy offre volontairement vne femme pour aimer, voire lu,y prometnbsp;pour cela tout.foin 5i labeur ? Quelle caufe po.uiioit ellenbsp;auoir de gratifier ainfi fon.maryî Cependant ellele haif-foit,voire encor qu’elle l’euftaimé. Ce qui eftoit vne virnbsp;lennieincroyable en vne femme , Eftüit-c.e afin que.lçnbsp;¦R-oy fe fentant en fa confcience convaincu d’adukeipnbsp;comme elle,enduraft plus aifément vn côpagnon.’Au cô,-•trairc,il le fouffroit.cotre fon gré.Eftoit-ce pas afin qufvnbsp;yanttrouuéen luy quelque caufe de diuorce,illaiflàft lénbsp;liff nuptial vuide .àBothvvebCar certes pn.nedemandoifnbsp;•quecelannais ce nleftoit le fcul but,amp; ne p.éfez point.qu’pnbsp;le cœur de cefte femme faft remply d’vne fc.ule pq (fini-pie mefchanceté . Elle haifloit la femine du .Gontq .ifenbsp;Muney,de la haine,que les mefehans hayflent toufioursnbsp;les gens de bien . Cela aufsi la tourmentoit que.la renô-mee de l’vne amp; de fautre eftoit diflemblable . Ainfi ellenbsp;'Vouloir faire attaquer le Roy auec le Co'ite,afin de_ fe de,-fiurer de double fjfdierh; par vn mefme afj:«.. Vousnbsp;voyez, combien de chofeî,é’: encor (i’importâcegt;edl.q s’et-
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-ocr page 194-i66 MEMOIRES DE forçoit de faire par vn feul moyen. Car eite penfe ft def'nbsp;faire de l’ennemi de fon adultere , de celuy qui tcnoitl^nbsp;bride à fa licence desbordee,amp; de fon mary qui luy eftclnbsp;defagreable, en executant toutes ces efpeces de mefch*'nbsp;ectez, pour conuoler en ces malheureules nopces.
Que diray-ie de ce qn’elle appela fi tard amp; auec tell« baftcTe Côte de Murrey, fous couleur de quelque crai”'nbsp;te?ne pouuoit-elle attendre qu’il fuft iour ? Mais quell.®nbsp;eftoit la caufe d’vne peur fi foüdaineî Elle craigne^nbsp;peut eftre »comme femme ftudieufe de l’accord des fe*'nbsp;gneurs, S: aimant fon frere, amp; encor plus fon mary, qu®nbsp;je Roy , qu’elle auoit defarmè, n’ailaft en celle nuiânbsp;faillir fondit frere. Et que dr-fe delarmé? Mais defpouill®nbsp;de toute fuitte honnefte, Sc lequel elle auoit fàà aflaiH*®nbsp;par des débats amp; riottes de femmcs:amp; mefme par »nenbsp;de fa compagnie, qui n’elloirpas moins femme effonte®nbsp;qu’impudique. Auoit elle peur que ce ieune adoJefcef'nbsp;deftitué de tous amis, amp; enuironné de toutes efpeces denbsp;miferes,âllaft aflaillir de nuiâ.Et qui?Le frere de la RoY'nbsp;ne, home floriflànt en renommee amp; en biens, amp; ayant 1*nbsp;faueur amp; bone grace de tous les eftats’Et puis ou l’euft-'lnbsp;aflailly’en vn chafteau tresfort, duquel il n’y auoit niov®nbsp;de fortir par fùitte, ny entree , pour en auoir pardon dSnbsp;laRoyne. Et quelle caufe euft il eu de l’enuahirî ve®nbsp;qu’il n’y auoit entre-eux aucune inimitié, finon cell^nbsp;qu’elle mefme auoit femce? Mais que fera-ce fi elle de*nbsp;firoit le plus du monde ,ce qu’elle faignoit grandemeMnbsp;craindre.’ Car autrement, pourquoy appelle elle ainl'nbsp;mainten.ït amp;de nuift Ion frere,fans armes’Pour le moii^nbsp;que ne l’auertilToit elle,que puis qu’il luy conuenoit paf'nbsp;feroutrc,amp; par deuatles portes du Rov,qifilprinflquel'nbsp;ques armes ¦ mefmes pourquoy, ou ne l’auertiflbit ed®nbsp;du danger, ou ne ditferoit de l’appeler iufques au Icndtquot;nbsp;main’ Mais elle dclTeignoit bien autre chofe. Elle auoitnbsp;donné congé au Roy, apres l’auoir félon fon opinioitnbsp;jnfiammédehaine'contre le Conte de Murrey,R pouf'nbsp;tant, elle eflimoit qu’il ne feroit mal aifé que le Roy ei'nbsp;meu d’vne fiefclie colerc,prompt pour fon aage,amp; credunbsp;le en amour, dcipeclieroit amp; voudroit auoir la fin de lotnbsp;cniiemy , le trouuant nud, fans fuitte amp;. fans arm«-.
Et .fini»
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L’ESTAT DE FRANCE.
ïtainfi clIeenuoyoitlcRoycfniea de courroux, à coin mettre vn meurtre : amp; precipitoit au danger le Conte denbsp;Murrey nud.fans fuitte,amp; fans prendre garde à foy .Voy •nbsp;!a fa fantafie amp; ou fon efprit vifoit. Toutesfois les mau-liais côfeils,quoy qu’ils foyentcauteleux.ne font pas toufnbsp;tours accompagnez de fucces bien-heureux.
Mais que lignifie, qu’apres fon acouchement Ç auquel . temps les autres femmes fe repofent plus que iamais en * ““nbsp;l'amour de leurs maris,amp; àiaveuedefquels ellesconfef-fentfentir allégement de leurs douleurs ) en cemefmenbsp;temps elle dechafla fon mari d’auprès de Co-y} Que devons nous cftimer qu’elle fit en cela autre chofe , que cenbsp;qui eft dit par le Comique, de chafler l’homme hors denbsp;la maifon par amour’Mais que celle mignarde, qui reietnbsp;te ainlî fon mary,ou l’ayant admis le dechaflè, amp; à qui lenbsp;coeur fait mal,quand elle I’apperçoit,amp;en la prefence duquel elle eft toulîours saille de douleurs , elle di-ienbsp;neantmoins qui eftant au nauire.auec les larrons amp; Pirates,monte fur la pouppe amp; manie les gros cables amp; rudes, cft-il befoin de plus demander ce qu’elle aime ounbsp;hait.-le ne la veux aufsi aceufer de ce qu’elle repoufla cellnbsp;importun perturbateur de fesvoluptez,eft.âta Aloa.Et le-quel de rechefeftant retournée à Edimbourg, elle reiet-ta.Carieveux croire que ce n’eftoit pour la haine qu’elle portoità fon marytmais pour fes menus plaifirs amp; vo-luptez.leluy pardonne de mefme ce qu’elle ne le voulutnbsp;recueillir à ledburg.Car nô fans caufe elle craignoit quenbsp;6eluy,duquel elle delîroit tant la mort, s’eftant apperceunbsp;d’elle n’augmêtaft les forces de fa maladie. Mais ce qu’elnbsp;le défendit queperfonne ne le logeait, ni aidaft d’aucunsnbsp;viures,amp; que peu s’en faloit qu’elle ne luy interdit le feunbsp;amp; l’eau, eftoit certainement vn indice d’vne trefgrandcnbsp;inimitié, melmes ilfeinbloit qu’elle craignift quelquenbsp;contagion ,lî fon mari euft logé pres d’elle, le ne menbsp;plains point de ce qu’elle le renuoya derechefde Crag-milarà Stcrling,mais de l’auoir defpouillé de toutes chonbsp;fes,ofté fes feruitcurs,diminué fa defpenfe , aliéné la no-blefle,empefché d’eftre vifîté des eftrangers,amp; «jue felonnbsp;fon pouuoir,elle luy a ofté le ciehla terre, amp; la refpiratiônbsp;de l’air,ie ne fcay fi ie do v appeler cela inhumanité, hai-
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-ocr page 196-*8‘ S^IEMOÏRES’DE'-
HÈ'jbjijKiIité; orrcTüautéi'Iejny'pirdonne aufsi cffQu’dl* dcftioSi à SterlingraraifTeHéil’argent.Gar quol beloift**nbsp;fon iiiary. ‘’oit ü tfär'^ent ypuis que défia il poTtoit la mort enldSnbsp;fêiiir Maiïpen'fez cómbien-’eecy aefmeu vrt clialcunJnbsp;CcaJrröiiïf, devoirJeRoy habiter en Vn deferr,en J'ordnf®nbsp;, amp;pauureté,amp; cependantBothv'velcommevn finge’'®*nbsp;ftü'de'pôurpre, eftreprcfenté.aux airibafladeurs cDraO'nbsp;g^erezSt 1'e'mettre ep'auätmon moins par vnamour de Ibynbsp;mèfïn'e, que par emulation de rendre le mary ddieuï’eiJnbsp;tor que cell emulateur ne fnft à comparer à luy,ny e^Pnbsp;rcntagè, riy en beauté, ou autres honnèftes exercices’nbsp;voadrqyequ’ilsniafsctqu’ky'il yaiteirindiced’inimiri®*nbsp;Mais cOiîfbien grande amp; irréconciliable a efté
înimitiêjVotiS lereCueillirez d’icy'.Eftant Ibn mari excliJf tant de fbis.amp;comme decliafle.auec ignominie,reduiîb*nbsp;vue 'extreme ïiecefsitè, amp;. err rn -angtetfort efloingné«^nbsp;îa Cbar,amp; corne bâny de la veue des bom m'es, deîpöuil'nbsp;îë dé feslèruiteursamp;'mcublesdoméftiques ,amp;peus’a®nbsp;faut ' deftitué 'dé viûres rrecelfitires iToutèsfoi» ilnbsp;^ointabbaru päraucunesiniures ,iiy'efpoüuanté d’auc“'nbsp;né'cfaîhte de mort. Ains s’efforce parbons efied'S, amp;F^nbsp;pafiénceifirtamp;de rompre,certes pour le moinsd’adout’fnbsp;éii partie la violente ffriitallcdeceftefprit cruel. Que-’’**nbsp;foit cepéndanreefte bonne femme,cefte Royno-piwy?”nbsp;blè,amp; tant douce amp; mifericordietrfe és calamitezdesbynbsp;lfies?Ellen’eftfiecliie,nypar bienfàièis nypar prières,»“nbsp;pas mefmes en vovat le falle amp; ord équipage de fonnbsp;ty.Ati contraire , elle effn-ritee par plàifirs ,amp; aigrie P'*''nbsp;^rieres.InuéntSt tonfiours quelque nouiielle eipeced’»'*nbsp;trage, adi'al'cune fois'qu’il venoitvers elle .Or vôva»*-qu’elle auoit cmplové eii cecy toutes les forces de fo»nbsp;priti'amp;l’aigreurdefön naturelt Etce pendant que cenbsp;fiée mifèrabfe ieune lio'mme preffedeneeelsitéiiedynbsp;fâillDitpoinr,amp;quoyqirtlfiifl en hicfprisâ :öus,amp;exp®^nbsp;iquucnte^iis aux dangers ,-neperdoit poinreOurag®’*’^nbsp;SttEntoit eli'ofe qnelcbquc de pis, coirtre foy-ntofai-e-'nbsp;fin'c'oilime eftantatîbûin'e de fes miferes amp; tôurlrteîd’^nbsp;le delîVcra de'i,3 deliln-er dè rcspauuretèZfelIedefi’*’‘ Jnbsp;tlietie.ék'fon'i’iiffiéir'de crainte': donnant ordre qu’o»nbsp;b'aïÎLr dti potlôii'p.tf'qaciquGs feruitéurs apoik'z'à
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L’ES'TAtI DB'FRANCE,
W-lt;}O'fc-mlt;Mlfäcaliiamp;ncd;ölletle fobpçonènfuftinoindlce; inaisqöaBtau poifon,i’etip4ileray aill«««sn.i U {nbsp;¦¦ IJt -ne luçoedain cefle' entijeprilaifelünifon defiriellcnbsp;¦alla i'Glaiicvv'Oi, pour là en fa preftäieeraflaßerfoii efpritnbsp;“crael, amp; fes' yrJux aufsi 4es.ltiift’res de celuy qu’ellen’t-ubit-peu-tuer abfent. Et comme Jî ellein’euts efté luffifari-te-àle eournitnter elleelleJuyimetdeuantlctJnbsp;yeuKitantceüx quieftoyent'adminiftriateutis defea met-¦cbantetra,’queles ennemis defortpereivouilant par iie^snbsp;¦tburinens.le ty^rannller, lulqiies au. dernifer lôufplr.Maisnbsp;•pourqu'oy amaflon» nous ides;arg«ïnens,coriime en chonbsp;dedouccufe,veu'qu’ôUe mefe'cneyeultquîendioutionsnbsp;aucunembntP'iedy la RoynerqU/aouuejtemêt protoftô,nbsp;âiori 'au lift deuant' fon amônreux, ou en.faiïhan'ibte ehnbsp;préfence de ceuxqui lüy adliproyent J ou deuant peu denbsp;gens amp; debalîè tonditiómdont lé naturel eft dateurs nynbsp;d’autres fotcbtparila necefsité, !ou trop adôiihèzà fon cônbsp;4èil. Elledy-iea ouucrtenieBt confeflé, non:viie Foiss kmnbsp;legeremendrains par-plulieurs amp; diiierfesfo!3-,.amp; qn prei-iènCedeperfohnages/^u’èlieaubtt accouduméd'adinsM:nbsp;tre en fon codfèil encliofes treigrawes.) que ii bieusto^nbsp;elle n’eftoit deliuree du Roy fon mdry »ellp ),e podreo^tnbsp;•viilre löguement. Et ne peut Ion croire, que cela luy fotnbsp;legeremeht elchappéjl’avSt tant de fois dit dcdeclatéfennbsp;tant de lieux,amp; fi èiloilngnez,voire y odiourtât-jes' larrn'qf:nbsp;pour confirmarioir amp; en la prefeftcdd’hortiines dlkiqxnbsp;de hoWeflè', rieEeffe,reputation,amp;; prudencejiiifqùefo ÊÏ-Ic defcouuritlôrs fon intention , eerchtintd’obtenft Jeupnbsp;confenteineht, amp; attendant d’en auotrJeur 6onl'eiI.''Maamp;nbsp;pôfons-Je cas qu’elle feigniff ces: diedès, que ce» jarmtfinbsp;itfflent'fimuleés.que ceux qpi l’efcouteïét-ne lacreufleqtnbsp;poînt,amp; en fornihc que la grandeur du forfaicoftoit coûte foy a fon dire .'Certes te feroye volontiers du nombrenbsp;debeax quivoudroyent oroire qu’elle auroit piuftoft tei-înr telsqiropös pout tenter amp; eljrrouer ces periônnages,nbsp;qiie'ponr artèciion qu’elle eiieidbfi le fait n-auoitapprounbsp;¦dé fe» paroles,voire fi la cruauté de fes actions n'auoit denbsp;beaucoupfiirmontélarïgueurde'fon propos.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;''ta'fSrfiE
' GarA’oulaHt aller à Glàlcvvo.elie fitbaillcrJe poifoh à'dè IVtrfpbi fon-mary.Pat quijdirâs tuî Gommencî'QiielfD’ôüliauoicfédïtHft;
-ocr page 198-MEMOIRES DE
elle pris? me demandes-tu cela? Comme fi â melcJiiO* Princes il manquoit iamais mefchins miniftres amp; Cefui''nbsp;leurs.mais tuinfifteras poftible.amp;m’enquerrasqni«'nbsp;ftoyétees feruireurs. Premieremétie refpon qu’il appe^nbsp;du venin: car encores que l’impudence des hommes vo*nbsp;Juft denier vne chofe fi clerc amp; nocoiremeancinoins Unbsp;façon de fa maladie le prouuera comme eftant nouuell®’nbsp;non acouftumee,mefmes inconuëaux médecins, prin^*''nbsp;paiement à ceux qui auoyent moins fréquenté î’ItahC’nbsp;tt. l’Efpagne : d’autant qu’il fortoit de tout ion corps de’nbsp;vcfsies coulourees, auec douleur en tous lesmêbresidfnbsp;vne puanteur infupportable. On dira que ces fignes fei’’nbsp;douteux,amp; communs à d’autres maladies .Or fi celle e***nbsp;fe Ce plaidoitdeuant Caton le cenfeubnous ferions bie*nbsp;d’accord,veu qu’il s’eftoit perfuadé, qu’vne femme adul'nbsp;tere,elloit aulsi empoifonnereflc.Cerchons-nous en ce'nbsp;ci vn meilleur tefînoin que Caton, duquel l’antiquiténbsp;eftimé les fentenccs ellre autant d’oracles ? Ne croy®'’*nbsp;nous pas en vn faiél fi cler à celuy dont l’authorité a f®”'nbsp;uent efté en eilime es chofes douteufesrVoyla le tefn’*’.’nbsp;gnaged’vn homme plain de trefgrande intégrité dcdi*nbsp;fne de foy,qui teftine contre vneïemme enflammee denbsp;aine contre fonmari/peur l’amour qu’elle porte àf®**nbsp;adultere, amp; effrenee en l’vne amp; l’autre maladie,poutrenbsp;pouuoir porter,ny la fortune aduerfe, ny la puilTaflCC'nbsp;qui la rend furieufe,amp; par trop indulgente aux richefle’’nbsp;Mais delaiflbns les chofes antiques,amp; ia enuieillies, de tenbsp;poufibns l’inconftance du vulgaire, de celle caufe Roye*nbsp;le: ne receuans aucun pour tefmoin en chofe de finbsp;de importance, duquel la fortune puilïc ellre aflai**’nbsp;par foupçons,ou les mœurs par reprehenfions. De q®®*^nbsp;tefinoins donc vferons-nous ? Car felon celle loy,ilnbsp;droit mettre quelque Roy en auant, amp; toutesfois tellc^
L’ESTAT DE FRANCE. 17, fois il en a pris beaucoup.)Dcquoy ert-ce qu’il auoit prisnbsp;beaucoupîle faift meffne,la maladie,les vefsies, Sc la puînbsp;leur le déclarent, afauoir qui print ce qui luy donnanbsp;quelque deformité,qui cft le venin. Mais la lettre ne parnbsp;le point de venin. Or il me fuffit de ce qui cft dit, qu’en*nbsp;cores qu’il en ait beaucoup pris, ncantmoins qu’il ne futnbsp;pas beaucoup rendu diftbrme,ou combien qu’il n’ait efténbsp;rendu beaucoup diiforme,toutesfois qu’il en print beaucoup. Q^' veut dire ce mot toutesfois î finon que quellenbsp;que fuftTa. chofe qu’il print, qu'en cela eftoit la caufe denbsp;la defbrmité? Et ia^oit qu’il en euft pris quantité,néant-pleins qu’elle anoit peu Icrui à la deformité qu’on efpe-roit.Mais’prenons le cas que ce ne fut pas poifon, amp; fup-pofonsyautre chofe, toutesfois l’on ne trouuerariennbsp;qui puifle eftre mis en ce lieu amp; tenir celle place.En fontnbsp;mequoy que l’on puifle entedre par ce mot (beaucoup)nbsp;tanty a qu’il eft tel qu’en vne lettre lî familière, elle nenbsp;l’ofe nommer par fon nom : voire encor que Ion voulultnbsp;tergiuerfer,elle empefche,qu’on ne le puiflefaire, fi onnbsp;conféré les chofes paflees, aux futures. Ce que vous entendez par le conleil qu’elle donna puis apres.
Premièrement elle dit qu’il faut vfer de purgation puis elle ordonne qu’il foit mené à Cragmilar ,oulesnbsp;médecins, amp; (ce qui eftoit encor plus dangereux quenbsp;tous les médecins ) elle y puiflènt afsirter. loint qu’elle demande confeil à Bothvvel s’il pourroit inuenternbsp;quelque moyen fecret par forme de medecine,pour s’ennbsp;aider eftant à Cragmilar,amp; par les bains.Voyez commenbsp;Je tout s’accorde. Il en a beaucoup pris , il le faut purgernbsp;amp; ce à Cragmilar. aiauoir en vn defert, Sc en lieu pournbsp;n’eftre frequente, co mm ode à perpétrer vn fi malheureux forfait, amp; pour vier de medecinermais quelle? C’eftnbsp;de celle mefme dont il auoit prins beaucoup au para-uant. Comme fçauons nous cela? Elle veut que lenbsp;moyen de cefte médecine foit tenu c.iché.Que fi elle fernbsp;uoit à fa çuerifon,qu’eftoit-il befoin de rié cacher? Poiir-quoy neluy donne-on publiquement, amp; en quelque lieunbsp;célébré? Pourquoy eft.«nt guary de fa maladie,amp;défianbsp;deuenii fort amp; dilpos , ne le purge Ion à la façon amp; lieunbsp;ordinaire? Mais c’efloitvne nouuelle el'pece de rnallt;
-ocr page 200-amp; partant rcqueroit npuueaux reinedes. De quels medii tinp tlonciprent elle cönfeiläA qui donne on la oluirge dânbsp;tercher cefte nouuelle medecine pour le Roy? àl’auoirgt;anbsp;Feÿnemy mefme dù Roy, adultere de la.Royne, le plusnbsp;rnefchantd’entre tous les hommes,Seduquel laimailun 4nbsp;tlle tenue amp; reputee en France.pour irifamc,par,i}mpai-.nbsp;fonriemés, amp; dontaufsientrefesfetuiteurs plufieurtionjnbsp;elte,pôur ce regard',gc‘hcnnez/amp;mis ert prifon,amp;.ttgt;us teinbsp;ftiis pour fufpeih. Quand deuoit-ilprendre celtanbsp;jnedeeine ? ou au bain-, ou il fefuftlaué leul , ouapnes Isnbsp;bain,' ou il deuoit foupcr feul. -Ç’eft ainfî.que le^metUd-tnbsp;nes ont acourtuméd'eftrè appreftees, afauoiHi.par teewnbsp;iiçmis,en licu'fect.et, amp;'làns tefmoinS.Parquoy quÊthal’nbsp;Cunpenfe,amp; eftime en foymefmequel pouueit eftreninbsp;briiuage, que le paillard, la paillarde,l’annemy iS: ruffieunbsp;préparent auecques diligence,amp; baillent en lecret.le peunbsp;îèqaèpar làrvous voyez eombien l’inimitié de la Royn^nbsp;ènüers’lbnmaryaeftéifrecôailiable, cruelle,amp; obftinu^’nbsp;Fayât-aihli'expoféauxlarrons, faittentrer eu quercUea^nbsp;nec la noblefle,5Lfes''freriîs,amp;decliafle nud amp; fouttb'eteuönbsp;chargé d’outrages, trauaillé de contentions!, amp; furnbsp;éinpoïfonné.dri vndefert, pour aueé infinis tourmens, ƒnbsp;Ériirfes’iöuns;iqlnbsp;r Muintenani venbps aux autres cailles. Certes telle iquot;*'nbsp;rhiaé'fiiffifbicbien,'pour’'faire mourir, l’on ennamyd'el*”’nbsp;qu'elle'l’'au«it‘fi fouuent!recetx:hé,ivnefois attcuté^amp;l’^'*nbsp;s^eh faiit.executé .Tolitesfois', autre chofefiiruintea^î’^nbsp;pliisaiprcrqui énfla'iilad’aaantagecefte inimitié,idauai'’nbsp;Pamourimipatientdoric elle a pburfuiui Bothvvel, leqWquot;nbsp;amodir quiconque n’aura point veu, ainÿ aura veu Bodi’^nbsp;vveb'l’eftirhera pofeibleiiiCroVableXarqui auoit-il cûWnbsp;quelque peu d’hóileilecéeEftoit-ce la förcedefon eloq**’nbsp;céfOnrexcellebce de fa beauté, ou la vertu defon Eff*'*nbsp;côioinfte auecvnfe grande richefle qui l’euft rédu plusnbsp;commendable?quautà fonleloquence, ou fa beauté,il'’fnbsp;faut vfer de grand langage : ved que ceux qui rônE,veu gt;nbsp;peuâeùtfôuuenir de laforme.de fon vifage, dé foniu^’^quot;nbsp;c-hei-.amp;dela difùofitiô de tout fon corps;amp;: ceuxqui l’P”'
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gt;é.Mâis j5ôfsible qu’il e^loit prudent en 3fFairesgt;magnani nie à'S’cxpofer auic Jägers,liberal à dJnner,^: modefé qçnbsp;voluptez. Quanti la prudéce.ceux qui iuy fontpjus arfb:nbsp;äionnez, ne la luyolentattribuer.Vray eft qu’ij vfurpçif Couardifanbsp;PopinjonJe magnanimitéiMais entre les, gens d’atnaes, d*; Both,nbsp;«ftant möté fur vn chenal tres à droict, fe tenât.bien alTeu,-lé êi ellant fpeólireur du combatd’autruy, quelque fpis 4nbsp;a pourfuiuy ceux qui fe metcoyet en fuite , n’ayât iaitiaisnbsp;oie regarder l’ennemv de pres au vifage.Voulez-.,vous,vi|nbsp;«cfinoignage d’vne eprcellenre magnanimitécAyapt dpPTnbsp;»é vn olt;jup- in ortcl à «q larrâ,, homme coüard.St de qullqnbsp;hardiefle,voire apres qu’il s’eftoit. rendu, amp;quliln’y.pen-.nbsp;foitpoint, celarronlêiettteparterre,amp;llayantbleiréamp; , ,nbsp;Jneurtry de plufîéurs coupsyîeuft acheué detuer,fila , „ , ' ,,nbsp;mort prochaine ne luy euft faitdeffaillir les.forçds.lenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’ v
pourtoyereciter fesbaines menafllcs ,dontil vfoit.eftani; en Er^e,amp;fadernierepeur,côioiate à vue fui te, iufqueynbsp;aux Cimbres. Mais i'ayme mieux rasfrcchirUmenioirqnbsp;du ilt;5Br,auquel laRoyne l’ayantquitté.fe retira vers la nqnbsp;bleflèiqui vouloir venger le •meurtre du Roy.Lç.s deux arnbsp;meevefteyétpres en bataille . Bothvvel auoitpareilnô-bredtt eobatans, Si en lieu plus auatageux.. Ce prjs:eft,oiçnbsp;prepoféauvainqueur:LaRoyne,quielloitfatrpfçh^rea7nbsp;mie, le Royaume,les richeiTesS; honneurs pourluy,amp;,ljnbsp;poftéî-,ité:amp; outrel’mpuairé desmcfçhancetez..paitées,à
I. iauenif vne trefgrande- lieflè amp; puillanee d'h onnorer fqynbsp;amis  fe venger de fe.s ennemis. Au, contraire l’ignornÎTnbsp;aie, le in efprfst lapauiireté, l’Èxil,amp; en fomme toutes lesnbsp;shofei qhi auindrétjt depuis y ou pBuuoy eut aduenir,nbsp;KprelêntOyent deuant les veux du vaincudly auoitaufs;nbsp;outre lés deux atmees.des tefmoins amp; fpeélateurs ij^nalnbsp;lez,'pour recognoiftre ou la hardiefle , ou la lafch.etédçnbsp;ehaiinnÿfauüir, IaRovne,qui elfoicleprïsdu com.bat,'Stnbsp;lefieur du Crocambafladeurdu Rov dp FrSce.Attçndeïnbsp;«ous do fç.woir ce que fitce magnifique oftentareur denbsp;liardicfle?îgt;remierement, ilfe init deuant l’armeeun,unite fiiwrebeau cheual.Et comme voulat efpargner le.fangnbsp;des citôyenSïamp;.il? monllrer prodigue du fien.demanjafinbsp;dueJqu'vh •vouloir ibrtir des rangs pour venir au'conabatnbsp;lénl àfeul.Etcomiwc plufieuts ded’armee aduerf3i,rç,gïs
II, . ,--,a
X74 M E M O I R E S D E
de maifon, amp; d’hóneur.fe fiiflenc prefentez.A: dóné noms, incontinenccefte furie fe refroidit, amp;c cefte bra''-*'nbsp;de de parolles s’appaifa: amp; de forte tjue fi la R,oyne,coitifnbsp;quelque Dieu tragique fortantd’vne machine, n’euftiD'nbsp;terpoi e fon authorité, amp; n’euft defendu a fou petit p’g^®nbsp;Dioneus', d’entrer en ce combat, non feulement, ilnbsp;euft trouué rif{uë,mais non pas mefme aucune couutf'**nbsp;re.pour en excuferfon refus. Peut eftre qu’cftant le coi”nbsp;bat de feul à feul empefché, il fe porta plus vajllamme-'’'nbsp;en la bataille. Au contraire,ce fût le premier,qui qualinbsp;commencement print la fuite, amp;qui en fin y attira tout'-’nbsp;1’armee par compagnie.
{ducatiû Mais pofsible qu^il arecompenfé les fautes de la gu®f de Both- re, par quelques vertus politiques . Et par quelles î®quot;nbsp;Tvtl. mefmes quelles vertus pouuoit-on attendre de luy.’ al’quot;
noir, d’vn home nourry en la Cour de l’Euelque de Muf' rey, qui ertoit trefcorrompuë amp; .adonneea l’iurongneri^nbsp;amp; aux paillardifes,amp; parmy des vallets, ennemis de tou'*nbsp;difcipline’Eftant deuenu grand,il difsipa tellemét le truÇ'nbsp;ample reuenu de fes peres,en ieux amp; diflblutionsajueff’nbsp;me dit le poète) l’argent pour vn licol défaillit au loufff*nbsp;leux,amp; ne fc contentant d’infefterlesmaifonsdesautrs’nbsp;par paillardifes, en fin il pollua la fienne propre pario'nbsp;cefte.
Or quand ie dy,qu’vn tel home a efté aymé de la RoV' ne,amp; non fimplementaymé, ainsd’vnefaçon vilaine
pafsionnee : Ceux qui ignorent le fait, eftimeront peu*
eftre,queie leur conte quelques prodiges.Q^clqu’vn po' fibic dira,y'en auoit il point d’autre plus i^ne d’eftre aimé en toute la troupe de la ieiine noblefte ? Ouy certesnbsp;plufieurs. Mefmes fon marv cftoit le premier d’entrenbsp;tous, es chofes qui ont acouftumé d’engendrer amour*
Qui a dôc produit vn amour ii eftrâge amp; elloingnéde 1» r^on? Si ie dy que c’eft la côformit? des mœurs,il fcin-blera que i’apporte bié quelque caufe d’amour vtav-feu*nbsp;btable,mais qui fera pofsible tenue d’aucuns pour feuflè*nbsp;Et qui plus eftu'c n'entre pas volontiers en ce propos,amp; **nbsp;ne touche point les bruits, qui eftoyent d’elIc en la Fran^nbsp;ce, pendant fon premier mariage ; encor que les rncftnbsp;chancelez du rafte delà vie, telmoigneui aUèz qu’ils n'e*
-ocr page 203-L’ESTAT DE FRANCE. 17^ fioyent pas du tout vains. Et il ne veux eferire beaucoupnbsp;decliofes ,qui onteftédiuulguees .depuis fonretourennbsp;£l'eoflè:eftant coûtent qu’elles foyent enfeuelies par ou«nbsp;bliâccjou lî cela ne le peut faire, qu’on n’y adioufte pointnbsp;de foy, amp; qu’on les tienne pour faufles amp; coutrouueei. înbsp;£t n’eft beloin en matière d’amour de s’enquérir trop dinbsp;ligemment des caufes.veu qu’ellant cell amour porté parnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,. 1,
iinpetuolîté téméraire,amp; d’vn el’prit troublé, fouucteióis ‘ fe tourne en furie, amp; lequel fi tu veux conduire auec connbsp;feil, cuproufiteras aufsi peu, que de vouloir enrager parnbsp;raifon.
Mais, fi n'y a il point icy faute de caufes.Car il y auoit en l’vn amp; l’autre, quelque fimilitude, finon de beauté, ounbsp;de biens externes, ou de vertus, pour le moins certes denbsp;trefgrans vices.Car elUnt celle ieune femme fubitemencnbsp;clleuee en fouuerain degré de puilîance, n’ayant iamaisnbsp;veude fes yeux au parauant la face d’vn Royaume legitime, ny ouy de fes aureilles, ou propofé en fon efprit cenbsp;qui en eftoit.'Et outre ce, inftruite par les infupportablesnbsp;Confeils de fe» parés(qui lors machinoyét d’eiîablirvne côfeîlj denbsp;n'taniiie en France)elle s’eftudioit de dilpofer à Cs. fanta- ij maifoanbsp;fie,du droit,de l’equité,des loix amp; ordonnances des ma- de Guif«.nbsp;leurs. Et de cell amour infuportable elloycnt indices le*nbsp;parolles, qui fouuent luy efch.ipoyent, ne penfant ioor 8cnbsp;nuiclqu’à cela.Toutesfois la couftumé,lesloix amp; ordonnances du pais,amp; pareillemét le bô acord des Seigneurs,nbsp;fepugnoyent à fa cupidité,à laquelle ellenepouuoitpar»nbsp;uenir, demeurans ces ebofes en leur entier. Cependant 'nbsp;pour y attaindre, elle délibéra d’oller tout ce qui l’en re-lardoitnnais fllecftoit en doute comment, amp; parquelt jnbsp;ininiftres elle l’entreprendroit; tant y a qu’il fallut allernbsp;par fraude, puis qu’on ne pouuoit faire autrement. Vunbsp;fèul Bûtbvvcl fur tous futtrouué propre à cela, Komm« ,nbsp;cstremement necefsiteux ,amp; dontcnafcuneftoitincer» ,nbsp;tain, fi on le deuoit tenir plus lafehe que mefcbancS: le- (nbsp;quel entre; les faftionsde deux religions(quoyquilfullnbsp;contempteur de l’vne amp; l’autre)fembloit auoir ancAioi» 'nbsp;a toutes les deux, Luy donc ayant auparauant offert 'nbsp;fon ayde aux Hambletons, pour tuer le Conte de Mur-Sey, U donnoir bten t Iperancc, qu’vn plut grand proufife i
-ocr page 204-^7lt;î îM fi MOIRES f DE ï ’ lay' efiant'propo fé, il le Juzarderoit à ohofe plusgrani^*'nbsp;allant tellement poilfl’é à le ^eeipiter gt;ainfi par-toruyn^'nbsp;d«‘fa m|ifoir,«{uenulrtfpeébde rejiigionio«dÜiônfléfte’^nbsp;ne le 'ponttoil reuoquer de l'es perniicieax' dfeflèins. Qü^^’nbsp;àl’vfage ‘ immodefé rde paillardife, 'il ne cpreiioitnbsp;moins idi’en tjipportepgloire 'amp;JiÓDeur queles all tres egt;*nbsp;Aypnti’iijilämieÄiie'VitHpere,' ' •nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.,r. .nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;...nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
Source de j-ôofte'femme donc Gonuoiteufed’vne'licence desb^f'
- tle«gt;dc qui eftiimoit lesloix' eftre vne efpece de prifo*’^ ae cniTers i®^‘®'^^*‘op'itKl»oiâj,vne ferHitude5np,voyât,en 10*^'nbsp;Bothvvel, mary aflez de mattere pour mettre çout en trouble, ellp'nbsp;efleutviilli«»muae^ui n'auoit rien àpet;dre,ou enquov wnbsp;I3enommeé peut.€ftre«o.ntaminee : s^ppuy'Stlür ce fr”'nbsp;ddi»«nt'qtte lors(.pt,'elle en.lèroit ennuyee, elle gaigft'^'nbsp;DoitdiwiintctJiperalice par allecheraens,rafiàfieiDit(anbsp;eeliitépae argent, ¦amp; lierQittfa foylt;n le rendântcomfb-ei^d fee-euorlhitez. Voiylalafommeamp;leS'fruiâsde^®nbsp;né iira(i»oderé,.mais enfagé amour,vilainadultere)amp;é^''nbsp;»ftible pfiprioide-: par lequel comme d’vn gage, ces fs*’’quot;nbsp;,1quot;’ gBmoirbSnöpcêS'ferent accordées. Ce fpntdohcicy 1^’nbsp;P, caal'ej del’entrqpitjftfe de ce tneuFtre,afauoif lahainei^'nbsp;¦ I. reconciliable du'mary,amp;r-araour immodéré ded’âduU*'nbsp;ïe! ouwe qu’elle.efperoit dpwansfereroe crime furl^*nbsp;aatresi, amp; faire retomber la punition fur la telledenbsp;ques.e«neinis.qu’ell«'el1iimoit peu, amp; parce moyepnbsp;U®tr emfaplace expofer-cOme en factjficequelques h®'nbsp;mes,principalement i(lnocehs,afin d’appaifer l'ire du P®**nbsp;pie L Auttemeucàquoy euft feruy eellequerelle peu s’t®nbsp;laut miie:à elfeél entre le Roy, amp;.fonfrereRobert?A'! ‘nbsp;qltoy tendoyedatlesfemenceS dedifcords,efparlés
s. SeigneiirsB A'quoy-vifottCequ’elle retint,auec fi gr«** deüiligence.le Conte deMprrey jleioar deuantzqu®“^nbsp;sreurtrÊ full commis »ou quelle caufe ailoic ellede l’^P^nbsp;pellerîlieftoit venu vn AtnbalTadeurdeSauoveiEtpoU''?nbsp;quOy?Il-£iil!oic que ce full pour quelque grànâ cas, Âq®’nbsp;rieÆ’pouuoitdecider-.lànsl’afletnblee des SeigneurS.A®nbsp;OPntfaire cell Ambaflàdeur, ayant elle tard initité aU'B®Jnbsp;ptelme,amp;y venant apres que-tout fut faiét:amp; ne daign»®gt;nbsp;y emtover pour fi;peu de chofe, veu mefnie que celuy “nbsp;grince,_amp; Angleterre,ai|oyeHt défia faiai’officejamp;ay*®’®
-ocr page 205-L’ESTAT DE FRANCE. 177 honte de ne s’y trouuer, il arriua au Bapteftne.non com*nbsp;me ambaflàdeur, mais pour s’excufer de la negligencenbsp;dontilauoit vfé. Or afin qu’il fuftrenuoyé plus hónefte-mentde Conte de Murrey eft mandé par fa femme coinnbsp;me fi elle euft erté à l’extremitéde la mort. Que pou-uoit- il donques plus feruir par fa prefence ! hftoic-cenbsp;pour le faire complice du maflacre? Pourquoy n’auoyétnbsp;ils eflayé cela au parauât? Le voùloyent-ils ioindre àeuxnbsp;alors en tel inftant, amp; fur l’heure mefme de ce parricide?nbsp;L’eftimoyent ils homme leger amp; inconftant, amp; qui vou-lufta chafcun moment de temps changer de côfeilsïquinbsp;fuft infame pour faviepairee,amp; qui ne s’arreftaftej choies prefentesrCertes rien de tout cela n’ofent ils dire encor maintenant.Puis donc qu’ils ne peuuent forger autrenbsp;occafion,finon faulTe.de le retenir,chafcn peut à part foynbsp;colliger quelle en a efté la vrayerafauoir, iemblable à celnbsp;le,qui premièrement contraignit le Côte d’Athley,amp;iuynbsp;apres,à fortir de la cour. Qui l’a tant de fois amené en danbsp;ger de mort? qui l’acalomnié par faufles deétraftions denbsp;lés ennemis pari’Angleterre î qui l’a pourfuyui, commenbsp;Parricide,par libelles diffamatoires?Et qu’il afait qui fe renbsp;lirapluftoften exil, que deconuerferenCour parmyie»nbsp;glaiues des meurtriers au grand danger de là vie?
Mais dequoy proufite l’équité de ceftecaufc,cnucrs des auditeurs,qui font ou ignorans des chofes qui ié fontnbsp;Paflees’ou aduerfaires amp; enuieux, ou inuenteurs de fauxnbsp;bruits? Ceux qui tiennent pour tefmoignages ceruins’’nbsp;les iniures des hommes les plus vains, amp; qui fe vantentnbsp;d’auoir toute puiflànce en la maifon,n’ofent toutesfois fiajon denbsp;' fe commettre à la fentence des iuges,amp; n’ont peu fedef- itRo/ne,nbsp;fendre parles armes.Et comme ils ont redoublé le iuge-ment, à caufe de leur mauuaife conlcience, aul’si par vnenbsp;furie,fortans de telle confcience,amp; s’eftans précipitez ennbsp;guerre, ont fuy vilainement du combat auec frayeur. Etnbsp;maintenant encor que s’appuyans fur leur multitudc,amp;rinbsp;cheiTe, ils fe rient de la prudéee de leurs aduerfaires,mefnbsp;prifent leur force, au pris de celle qu’ils ont: Toutesfoisnbsp;nefe confians entoures ces bellesvertus.fcconüertiflentnbsp;a commettre brigandages,amp; adonnent leur malin cfprit,nbsp;ainfitrauaillé des frayeurs de leurs coofcience.s, àcaîom
-ocr page 206-Molic extrc jnc desnbsp;meur-uiers.
Î7S MEMOIRES DE nies,impofturej,amp; menfonges. Ie les veux toutesfois ai'nbsp;monnefterpour 1’araour que ie porte à ceux de mó payJinbsp;qu’ils defîftent de cefte gt; ou folie, ou rage, ou pafsion dfnbsp;mefdire:de peur que par leurs faux bruits ayans battu le*nbsp;oreilles du peuple, de mefdifances a l’encontre de ceuXnbsp;qu’ils calomnient,lors que la lumière de vérité fera cO'nbsp;gnue, ils ne les rreuuét bouchées amp; fermées à leurs prie*nbsp;res . Car on ne donnera pas toufiours lieu aux fidioo’’nbsp;mais comme les tenebres s’efuanouiflèntpar lefoleil'nbsp;ainfi feront les menfonges.
Or ie n’ay pointbefoin de pourfuiureplus longuein^* les commoditez qu’ils ont eues à'mal faire,amp; l’elperan^*nbsp;de le tenir caché,veu que la facilité de l’executer,l’opplt;’fnbsp;tunitsédes lieux,amp; les occurrences eftoyent en leurpoU'nbsp;uoinmais decelerlefait,quellcneceGité enauoyent-ib'nbsp;veu qu’eftas diuulguez aucune peine n’eftoit à craindre-Car quelle punition douteroit-on,en vnc coniuration w'nbsp;afleuree ? veu que la force des loix, dont ils eftoventle^nbsp;modérateurs, eftoit efteinte , la plus part des efp’rits de*nbsp;hommesconioints par vne focieté de mal faire,oupoiU'nbsp;fez par cfpcrance, ou retenus par recompenfes, eftoye»*nbsp;débilitez amp; reprimez par la crainte d’vne fi grande pui*'nbsp;fance contraircîMais comme que cefoit,fifera-ilbondenbsp;confîderer l’ordre tenu en ce fait,auec la fonie,inconft*’’nbsp;ce, amp; iflùe de leurs confeils.Car par mefme moyen voi**nbsp;entendrez qu’ils n’ont pas eu faute de volonté pour eX'nbsp;cher leur forfait, mais que la furie de leur efprit troublénbsp;a peruerty tout ordre de confeil : d’autant que quelq“®.nbsp;fois,comme voulans tromper leur renommee ils ont***nbsp;ché de couurir leur manuals delTein : amp; toutesfois foU**'nbsp;geans ainfi par tout ouuertement, corne aflèurez denbsp;reputótiö, il s môftroyent ne fe foncier en quelle part 1^*nbsp;hommes interpretoyent leurs aftions.Et de fait on doi*'nbsp;na du venin fecrettement au Roy, voulant aller à Glaïfnbsp;vvo:amp; fembloit que ce full vn bô aduis de le faire mouf’^nbsp;d’vne maladie lente, lors qu’il feroit abfent. Cependa**'nbsp;ils le traitoyent au relie fi cruellement, qu’encor qu^nbsp;mal full aduenu par cas fortuit: fi ell-ce qu’on enftPf.jnbsp;foup^onner,que celloit venin. Car le mary,amp;peredu bnbsp;vnique,amp; premier nay,pere dy-ie de ce fils, duquel
-ocr page 207-L’ESTAT DE FRANCE. 179 ptefme auoit cfté célébré, mec tant de pompes amp; fuper-âuitez , fut chaflequalî nud, côme celuy qui fe iàuueroitnbsp;du milieu du feu, eft tourmenté furie chemin de douleurs extremes, amp; à Glaicvvo trauaillé d’vne maladienbsp;mortelle.Et cepédant que faifoit fa bônefemmeJQuoy?nbsp;Court elle à liiy au premier aduertiflement qu’elle eutnbsp;de fon mal?Côlole-elle le pauure malade de la prefence,nbsp;d’vne paroUe familière amp; d’vn bon vifageïEt ne pouuantnbsp;luy retenir la vie, veut-elle comme aualer fon derniernbsp;foufpir, fermer les yeux au mourant, amp; e n fomme fairenbsp;tous les deuoirs amp; offices d’vne matrone, amp; femme ver-tueufe? Au contraire l’ayant enuoyé comme pour biennbsp;toll mourir, amp; n’eftimant pas qu’il peuft à peine viurenbsp;quelque peu de iours,ene s’en alla en vne autre prouinccnbsp;efloingnee,pour pafler fon temps, vilitâtles maifons desnbsp;Gentiis-hommes,auec Ion Adonis,4: infeétantles hoftelnbsp;leries publiques parla trace de fes ordure s, amp; en fin lorsnbsp;qu’elle prefumoit que parla force du venin, l’heure de lanbsp;mort elloit prochaine, elle retourne à Sterling. Et comme la chofe tardai! plus,qu’elle n’auoit penfé, amp; que la vinbsp;gueur de ieunefl'e cobatoit contre la vehemence du mal,nbsp;afin qu’elle ne femblaft du tout défaillira fon deuoir,nbsp;faiéltoufiours mmed’auoir deliberation d’aller à Glafc-vvo.mais elle ne peut iamais partir.
Orfe voyant fruftree de l’efpcrance certaine qu’elle auoit concené.elle prendnouueaux confeils.Eftant doncnbsp;venue à Edimbourg, elle appelle fon adultere au confeil,nbsp;auec quelque peu de complices de fes fecrets,ordonnenbsp;qu’il faut necclTairement tuer le Roy; encorqu’ils ne fufnbsp;lentaflez refolus dequelie efpecéde mort ils s’endefe-royent.Ce qui fe peut aifément colliger de fa lettre,ou elnbsp;le s’acoi^are en quelque partie à Mcdeecefte empoi-fonnerefle,amp; ûiiguinaire.Item d’vne autre lettre,ou ellenbsp;délibéré -du poilon. Quant au Royquiauoitiataftédunbsp;breuuage de ibn amour.amp; qui ne fçauoit s’il croiroit plu-ftoftà fes gracieufes parolles que de craindre la malicenbsp;de fon naturel : combien qu’il ne fui! hors d’efpoir de reconciliation, fi aprochoit il plus toufiours de la crainte.nbsp;Mais comme il n’auoit, ny la vie, ny la mort, en fa puif-fance, il efi concraiat de parler bas des iniuces pairacj-.
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difsimuler la crainte prefente,amp; feindre quelque e/per**’ ce pour l’aduenirwParquoy il eft enleué,non comme m*'nbsp;ry;m*is comme vn trelpaue,ou pour mieux dire eft tr«'nbsp;pé à la boucherie. La Royne en le glorifiant, fait icy ft®nbsp;triomphes de ce pauure adolefcct trauaillé de toutes ft®nbsp;tes d’iniures,tourmenté de venin,trahi par erobufches,Ânbsp;trainé.au fupplice.Les ennemis de fon pere qu’on yauoitnbsp;expreflemét inuitez fuyiient le chariot: afin qu’ils repe“nbsp;fent leurs yeux de cefpeftable, amp; qu’ils iouylTentdeftnbsp;triftclTe amp; amertume d’efprit de celuy duquel ils attefl'nbsp;doyent la prochaine mort, Et afin qu’aucune ceremoni®nbsp;nç défaillit à ce facrifice,Iean Hambletô Archeuefque iftnbsp;L’Arche- làinélAndré,eftadmis commeSacnficateur.hommeinft inbsp;uefque de fté de toutes fortes de vices, amp; qui s’eftoit fouuent repe**nbsp;ï, André, jgj deipouilles,amp; du fang de ceux de ia nation,amp; vnvft**nbsp;routier de guerre .-Quant au peuple , il femonftra trift®nbsp;tout le lôg du chemin, n’imaginât icy rien de bon. Ceu*nbsp;de la fuite de la Royne ne pouuoyent contrefaire leiitnbsp;triftefle, ny difsimulerleur ioye: veu que l’enormiténbsp;meurtre entreprins, pour la crainte de l’euenement,nbsp;pendoit leur ioye immodérée . On le meine à EditH'nbsp;bourg,amp; non au Palais.Et pourquov?afin que la cotagio®nbsp;de cette maladie peftifere ne nuifift à l’enfant encor teO'nbsp;dre .-voire comme fi on deuft craindre la contagion d®nbsp;ceux qui font empoifonnez:mais la plus vraye caufe ®'nbsp;ftoit,afin que fa prcfence n’empefehaft la deliberation d®nbsp;ceux qui vouloyentlibrement iouirde leurs plaifirsnbsp;confultcr de fa mort.
Ou fut-il donc mené? en la partie de la ville moins ft® quentee,amp; qui auoit ferny autrefois de domicile auxPt®nbsp;ftres,deuât leur regne .Mais depuis quelques ansn’auoi®nbsp;efté habiteeivoire que fi la mailon n’euft efté lors refait®nbsp;pour l’execution de cefacrifice nofturne, elle fiift tongt;'nbsp;bee defcy-mefme.Pourquoy ce lieu fut-il principal®'nbsp;ment choifyrOn difoit que c’eftoit à caufe du bon air-Mais,bon Dieu,celle qui veut meurtrir fon maTygt;Iuynbsp;choit elle vn air fain’A quel propos ie vous prie.’non ce®'nbsp;tes,au moin.s pour luv conferuer la vie: tnais bien pour r®nbsp;ferner fon corps au fupplice. yoyla ou tend cefte dilig®”'nbsp;•te de femme d’eftre ainfi foigneufe de la vie-de fon m®'
-ocr page 209-L’ESTAT DE FRANCE. j8i ry à la fin de fes jours.Elle craint qu’il foitdeliuré de peines amp; qu’il meure ,quot;fans rien fentir. Mais voyons quel e-ftoit ce bon air , aPauoir de cercher les remedes de vie esnbsp;fepulchres des morts : car auprès eftoyenc les raines denbsp;deux temples,du cofté d’oriét le monaftere des lacobins,nbsp;amp; de l’occident le temple de la Vierge , auquel la folitu*nbsp;de du lieu adonné le nô de Champeftre: ducofté dé mi-dy,les murailles de la ville,ou vne faufle porte eft ouuer*nbsp;te, par ou chafcun peut pafler,amp; de Septentrion quelques maifonnettes depauures gens,âprefcntfort ruineunbsp;les, amp; autresfois ayans feruy de bordeau auxpreftres Hznbsp;moynes, comme le nom du lieu, la forme amp; l’alsiette lenbsp;declarer: car ils l’appellentle carrefour des larrons.il n’ynbsp;a auprès autre mailon que celle des Hambletons , qui e-ftoit à vn iead’arc,amp; ou perfonne ne demeurdit.Là Ce rtnbsp;tira l’Archeuefque de fairnâ André,qui auoit touiîours aunbsp;parauant logé au lieu le plus frequét de toute la ville. Lxnbsp;nuift mefme que le Roy fut tué,il y fit le guet:maintenâtnbsp;ie vous prie,puis que ne pouuez des yeux aumoins regai*nbsp;deiicy de l’efprit, les maifontdes preftres du temps paf-fé, mifes parmy les fepulchres amp; les mafuresdedeuxnbsp;temples,amp; encores toutes ruineufes,pres du lieu ou fe renbsp;tirent les larrons amp; voleurs, non efloigné du fort des ennemis , qui regardoit droiâ à l’huis de la maifon,par Iç»nbsp;quel fi quelqu’vn euft voulu fuir, iln’euft pas feeu euitérnbsp;les embufches.Quand vous reprefentezavoftre efpritlanbsp;face d’vn tel logis, amp; que vous oyez parler des ruines desnbsp;iemples, des fepulchres des morts, cauernes des larronsnbsp;amp; bordeaux des putains, n’eft-il pas Certain que non feulement telle maifon,mais les prochaines publient hautenbsp;ment ce maflacre? Et le Roy en y allant demeurer, pre*nbsp;noit-il: pluftoft logis , qu’il n’entroit en vne cauerne denbsp;brigans? Cefte longue place tant deferte amp; inhabitée nenbsp;pouuoit-elle pas donner crainte du mal aux plus fim-ples,foupçon aux hommes auifez,amp; occafion de mal faire aux mefehans?
Aquoy tendoitl’auenement infolenten ce lieu-là, de CôtreTAt fon ennemi,amp;le guetde nuift pofé pres des portes’Pour chcuffqu»nbsp;quoy a-il choifî pluftoft ce lieu , pour fon logis,contre fa de S. An-«ouftume? Voire-mais la maifon efteit vuide, apparte-
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MEMOIRES DE
nant à ion frere,amp; prochaine del’hoftelduRoy. OrelU auoitefté toufiours vuide.Pourquoy dóe n’y es tuiamai’nbsp;allé loger auparauantrPourquoy laiflcï tu le plus beau denbsp;lavillejamp;levoyfinagcdela cour, pour te ietter-là corn'nbsp;me en vn defertrQuel proufit,commodité, ou volupté ƒnbsp;as-tu receu? Comme s’eft fait (pourvu homme aupara-uant curieux de gaigner l’oreille du peuple, amp; lurprCU'nbsp;drelescourtifànspar l’amorce de tes banquets )'lt;jue tUnbsp;t’es volontairement retiré en vn anglet caché, hors 1*nbsp;multitude amp; les magnificences ? Eftois-tu gaignépar I*nbsp;douceurd'u lieu? Eft-i! pofsible qu’vn horam e accabléd*nbsp;benefices plurtoit que chargé, recreatl fon efpriccsru*'nbsp;nés des tëples? Mais i’acorde que ta venue celle partfidlnbsp;fortuite, voire qu’elle ait eu fcscaufes finon vrayeSiâ**nbsp;moins vray-femblables. Cependant que vouloir fig”'’nbsp;fierce guet inacouftumé.-amp; la crainte nodurne des üenS’nbsp;lefquels toutesfois tu ne voulus lailTer fortir au tuffluh^nbsp;publiquerMais aufsi pourquoy fuflent-ils fortis?Eftoit-c‘nbsp;pour te faire fçauoir vue choie dont tueftois auteurnbsp;inuenteur ? Car de ta guette tu humois de tes aureiH“^’nbsp;la temperte de cefte ruine. Je tes yeux la fumée amp; la et”nbsp;dre, amp; de ton efprit la ioye:amp; beuuois peu s’en falloit “nbsp;tes narines l’odeur du foutFre,Ies eulîés-tu fait fot,nbsp;pour refeourre ceux qui efchappoyentde rembrafernt”nbsp;puis que tunevovoisptrfonnequi femit en fuitte?nbsp;quoy les chandelles qui toute nuief apparoilTovent eunbsp;mailon,dcs edifices plus eminens de la ville, coinuitnbsp;tout fuft allé bien,furent incontinent erteinftes.
Mais reuenons au Roy. ce ne futpas allez d’auoir e”, ueit la faillie porte des murailles, pour introduire p^”nbsp;des brigarts,amp; mis embufehes deuant la maifon, de pt”nbsp;que perfonne ne fe i’auuaft, ains ils retindrent par deut'nbsp;eux les clefs de deux portes,l’vne de la maifonnette d’t’’;nbsp;bas,ou avant nercé les murailles.ils remniirenr leurs
-ocr page 211-L’ESTAT DE FRANCE. i8j trouué plufîeurs diuerfes excufes fe retirent les vns çà,nbsp;les autres li.le dernier nommé Alexandre Duram,n’ayant point aflez iufte caafede s’enaller.eltcliafséparlanbsp;Royne . Elle aufsi pour n’eftre trouuee hors de fou devoir, pendant que Bothvvel appareille fonieu tragiquenbsp;de mort,vilîtc le Roy tous les iours:maintenant donnantnbsp;courage à l'on efprit malade d’amour , par douces pro-mefles, maintenant l’oppugnant par riottes, l'exerçant,nbsp;par foupçonSjS; en Comme iouintcefte fable portique,eunbsp;laquelle le cœur de Prometheus croiflant iournelle-ment à nouueaux tourmens, eft rongé par l’aigle quinbsp;voile à l’entour.A ceft exemple, quclquesfois elle noar-riflbit amp; reercoit d’eCperance ce pauure leune adülefcét,nbsp;non À autre fin.iînon à ce qu’il euft aflez de vie pour endurer les tourmens, le vous prie de penfer chacun à partnbsp;foy,cnfon efprit,comblé les entendemés furent efmeusnbsp;par ce nouueau forfait, veu que maintenant on ne peutnbsp;rouir fans indignatiô. La maifon eft appreftee efloigneenbsp;quaii de toute focieté humaine,par le plus mefehant home de tous ennemis du Rov, amp; adultere de fa femme , i-celle maifon plus propre à faire commettre vn maflacrc 'nbsp;que pour habiter :amp; la prepare-on à vn ieune hommenbsp;peu auifé à caufe de l’aage,amp; pour l’amour aife à furprennbsp;dre,defpouillé de fes feruiteurs,amp; delaifsé de fes amis.V-ne maifondi-ie rompue,feule,amp; de tous coftez, non feulement ouuerte,mais abandonee à tous: veu que les cleftnbsp;en eftoyent encre les mains de fes ennemis ; amp; n’y ayantnbsp;perfonne dedans que le ieune homme, non encor afleznbsp;fortifié de fa maladie,amp; vnvieillart debile pour fon aage,nbsp;aueedeux eftrangers , qui ne conoifloyent, ny les lieux,nbsp;nylesafaires,nvles hommes,outreque perfonne n’habinbsp;toit pres dp là, finonermemis ou larrons.Mais cefte fernnbsp;me pouruoyâte auoitfoigneufement auifé qu'il n’yeuftnbsp;danger aucun du cofté des larrons. Car elle ne luy auoitnbsp;rien laifsé qui les y euft peu attirer.Et vouloir que fes ennemis fuflenc fpeâ:ateurs,amp; non pas loueurs de la trage-die.-s’eftâtreferuee, amp; à Bothvvel,l’hnneur de ce bel afte.
Cependant dequoy feruait cefte folicitude de la Roy- famaifoo ne’A quoytendovent ces allées Si. venues nonacouftu-du Roynbsp;mecs?Etcefte malicicuTenon officieufediligéee î EUele minée.
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vifitc par chafcun jour, elle deuife plufieurs heures aoel luy,amp; par deux nuicts repofe en la chambre plus bafle,quot;nbsp;loutesfois nous deuôs dire,que famauuaife côfciencel»“nbsp;faft repofer amp; donnait relafche à fon cruel efprit agit®nbsp;de furies.Et de fait elle craignoit, que fi la partie infeti®**nbsp;te de la maifon demeuroit vuide, le bruit de ceux quinbsp;foyent la mine fous terre , amp; qui y mettoyent la poudrenbsp;à canon, ne fit entrer quelqu’vn des feruitcurs enfouf'nbsp;çon, qu‘ily euft de la trahifon . Car elle mefme de 1®*nbsp;propres yeux vouloir voir ce fait, de telle importas^®'nbsp;pluftoft que de s’en fier à fes feruitcurs. Elle vouloir défia gouftcr en fon efprit fa future ioye. Et ne pouoant denbsp;fes yeux amp; oreilles humer le feu,la fumee, la poudre,nbsp;l’efclat de la maifon tresbuchante,le tremblement, le tumulte amp; frayeur des domeftiques, voire des larrons me*nbsp;mes, amp; des citoyens , pour le moins elle le voulut fait®nbsp;en efprit.Ainfi cftans toutes chofes préparées pour cefi®nbsp;®t)rtelle nuift,en fin le foucy de fa renommee luyviutnbsp;® oyne tra auanf.Ellc dôc s’efforce de leuer toutes fufpicions, t**nbsp;hiflut fon allant viiiter foil mari,lequel elle baifa, luy donna vn aU'nbsp;Biaxi. neau en ligne d’amitié, luy parla plus doucement que d®nbsp;couftume,amp; luy fit les plus belles promeffes du mond®-Et feignant qu’elle auoit plus de foin de fa fanté que jamais,ne delaiflè pas toutesfois la familiarité qu’elle *-tioitauec fon adultere . Ceux qui regardoyent cecyd®nbsp;plus pres n’en imaginoyent rien de bon. Car tant plus 1*nbsp;Koyne monftroit ngne euident de réconciliation, d’autant plus chafeû conceuoit en fon efprit chofes pluscrue*nbsp;les eftre machinées. Autrement d’où fiitprouenu vn 1*nbsp;foudain ehangementrDou procederoit vn tel foin de ce-luy qu’elle auoit voulu empoifonner le mois precedent-Etduqueln’agueres elle auoit non feulement defiré 1*nbsp;mort,maisaufsi voir le meurtrier: en s’efîouiflànt qu'nnbsp;fut en danger de fa vie,par fon frere, voire par fes deu*nbsp;freres : amp; elle cependant conduilànt le combat, comtn®nbsp;file Roy fut entré en lice, appareilloit vn obfeque poU®nbsp;luy. Deuant peu de mois elleaimoit mieux mourir uu®nbsp;de regarder le Roy en vie,d’ou procédé donc cefte fuu*'nbsp;te folicitude de fon falutî
Fatten fi elle dira qu’elle eftuit lors appailce. Quoy-Qi®
-ocr page 213-L’ESTAT DE FRANCE. i8j Q« tu fufTes appatfee enuers ton mary,lequel tu at relcnbsp;gueencedefertjfortereffc de furies!( afin que je parlenbsp;ainfiquele poète) auquel cifant entre les bordeaux desnbsp;putains,les cabanes des beliftres Sc letrùze des voleurs,nbsp;tu auois donné vne maifon, tant pcrcee de touscoftex,nbsp;qu’il y auoit beaucoup plus d'auenues que de fcruiteursnbsp;pour en bouclier les paflàges.’Qui as par ce moyen inui-té les meurtriers à tuer,amp; les larrons à la dcfpouille, ennbsp;defcbaflantfes feruiteurs, qui Pouuoyent eftre prote-ôeurs de fa vie.’Et qui l’as e^ole nud, feul, amp; fans armesnbsp;aux voleurs,pour eftre maflacréî lointquependant quenbsp;ton mary eftoit en ce miferable eftat, ton adultere iiabi-toitau palais,eftantfouuenten ta chambre, amp; auquel lesnbsp;portes eftoyent ouuertes iour amp; nuid. Au contraire tonnbsp;mary,»res luy auoir défendu toute familiarité auec lanbsp;noblefle,S{ licentie fes fcruiteurs, ou empefché qu’ils nenbsp;sinlTent àluy.cftdechafle par moquerie, (amp; à la miennenbsp;volonté que c’euft efté feuleméî par moquerie)amp;delaiffénbsp;en vn lieu defert. Or ie ne demande rien touchant quelques autres fcruiteurs, amp; ne me veux curieufement en-3uerir,pourquoyils fe départirent,amp; pourquoy ils aban-onnerent IçRoy, lors mcfmesqu’il auoit plus befoinnbsp;deleurfecours ,veu qu’il commençoitdefe mieux porter,amp; à prendre l’air, amp; qu’il n’auoit autre fuitte. Mais icnbsp;»e me puis taire d’Alexandre Duram, que tu luy auoisnbsp;donné pout fa garde,amp; pour fon cfpion. Et à quoy auoitnbsp;il charge de prendre garde’Eftoit-ce afin de le rapportetnbsp;comme à vne femme d’honneur,aymât fon mary,main-tenant ferme fon mariage,amp; ialoufe qu’il entretinft quelnbsp;que paillarde?Auoit-elle peur qu’vn ieune home amp; beau,nbsp;amp; Roy,outre cela,nc iettaft les yeux fur quelque autre eanbsp;fon abfence? Rien moins,veuque c’eftoit ce qu’elledefi-toit le plus.Car auparauât elle y auoit incité fon maTy,dônbsp;Oe les moyens pour y pouruoir, amp; luy demonftrant celles qui volontairement s’y eftoyent offertes. Or cecy 1«nbsp;tqurmcntoit infiniment, que cerchant quelque caule denbsp;“ite diuorce, elle ne pouuoit trouuer la moindre fulpi-cion du monde,depaiHardife. Pourquoy donc auoit eUe
RI m P*'«* Juy ¦ C’eftoit i ce que nul de la oobleflede fes fuiets, ou autres eftrangers,pe l’al^erdaft,
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OU parlait à luy.qui peuft defcouurir U traHifon,amp; l’adm» nelter du danger ou il eltoit. Quant à cell Alexandre»nbsp;comme le garde-elle Ibngneul'emeut, pendant qu’ellfnbsp;fait mourir Ion mary ? Combien tard l’a ellelicentjéi *'nbsp;pres auoir chafle les autres,voire quafî fur le point denbsp;homicide,amp; lors qu’elle n’auoitplus que faire de fes HJ’nbsp;ports? Car le iour deuant que ce parricide fut cointr»’’nbsp;Alexandre l’vn des miniftres,amp; complices des confeilsnbsp;crets, luy auoit elle laifle.
Luy donc fcntant approcher ceftc nuid.non moins gt;¦' fame que funebre,il prepare vneexcufefortrufee»(‘¦^nbsp;luy fembloit)pour fon abfence future, afin qu’il ne fe*”'nbsp;blaft auoir quitté la maifon de bon gré, mais par cas j.nbsp;Ruft d’A- tuit.Il merle feu en la paille de fon lit,amp;eftanc la flamed*nbsp;Icxandre. panduê de tous coftel, ayant excité grand bruit, ilnbsp;hors del’hoftelduRoyjfonliaademybrule.MaisleU*?nbsp;demain comme celle excufe ne luy ferait,comme il de®nbsp;roic,d’autant que le Roy mcfme , en prefence de la Roy*nbsp;ne,le pria fort humainement, qu’il ne l’abadonnaft pointnbsp;feul cefte nuict,amp;outreplus l’inciu à coucher auec luy-t®nbsp;me il auoit aupar-auant plufieurs fois pour l’amitié liigt;'nbsp;guliere qu’il luy portoit,fur tous autresiAlexandre eftae'nbsp;icy corne furpris.adioute i fa premiere excufe.qu’ilnbsp;gnoit d’eftre malade, amp; qu’il vouloir coucher enlavilR'nbsp;afin de fc faire penfer plus librement. Et comme pour etnbsp;la il proufitaftpeu, la Royne y int£rpofafonauthoncé,dgt;nbsp;faut que le Roy ne faifoit pas bien, qui retenoit ce ieuntnbsp;homme malade contre fa volonté. Puis apres fe retoiifnbsp;nant vers Alexandre, luy commanda de s’en aller ou boftnbsp;luy fembleroit, amp; ainfi s’en alla auec commandement.itnbsp;ne veux pas pourfuiure icy plus diligemment tous les i®'nbsp;dices de ces mefchancetez. Et ne m’enquerray auetnbsp;plus grande curiofîté,fi ce feu du iourprccedent eltoit a**nbsp;uenu par cas fortuit,ou bié fait tout à propos p ar feintift’nbsp;amp; ne demanderay pourquov cell homme ayant fifo®'nbsp;lient au parauant couché au liél du Roy, ne le voulut Ed'nbsp;re pour ceftc nuith . Bien, acordons que le maladie en6*1nbsp;caufe, le demande feulement amp; déliré entendre quelltnbsp;eftoitcefte maladie, quiluy aduint fi fubitement, amp;nbsp;fans le confeil des médecins le lailfa auant le iour ? dtnbsp;iaqutl-
-ocr page 215-L’ESTAT DE FRANCE. 187 laquelle aucun indice n’eftoit apparu, ny deuant, ny depuis , ny mefmes lors? Mais ie croy que vous l'entendeznbsp;aflez,encor que ie n’en fonne mot. En vn home coulpa-ble de maléfice, la crainte de mort furpafl'e toufiours lanbsp;ïaifon de fon deuoir. Car fi ceft Alexandre, auparauanlnbsp;«ipionj amp; maintenant traiftreamp; deferteur,euft fait quelque confciencc de ces mefchancetez, n’ell-il pas certainnbsp;quelaRoyne, cruelle,comme elle eftoit entoure autrenbsp;chofe, euft encor oifert ce Sacrifice, és funérailles de founbsp;mtry.
Or comme ces chofes fc faifovent, amp; que défia vne bonne partie de lanuiâ eftoitpaflèe, Rercs comme vn CVftoitv.nbsp;foldat vigilant, allant que le lignai fuft donné,fe prefentanbsp;au combat,defortant dcliors,monta à clieual.Et combiennbsp;qu’elle eraignift,eftantconlentante à la tempefte qui de- 'nbsp;uoit venir, toutesfois eftantfur fon cheual, elle attenditnbsp;laRoyne : mais vnpeu loin de la maifon.Cependant,Paris furuient,amp; le propos interrompu, on fe leue. Car ennbsp;le voyant, on fc louuint de cefte faute, qui ne pouuoit e-ftrereparee, finon aiiec grandes expiations: afauoir, quenbsp;la Roync n’auoit pas efte au feftin nuptial du chantre Se-baftian, amp; qu’elle n’y aiioit point danfé, comme vn bouf-fomains eftoitdemeuree alsife pres de fon marv, qui n’eftoit encor bien fain : Si qu’elle ne s’eftoit prefentee ennbsp;mafque au feftin d’vn lien flateurdomefiique. Voila certes vne belle occafion digne d’exeufe. Mais qu’euft-ellcnbsp;faitî 11 s’en fallojt allcr.eftant Paris appcrceu. Car ainfi a-uoit-il efté accordé,OHCre qu’il eftoit befoin d'auoir quelque prétexté. Pourquov donc les nuifts precedentes s’e-ftoit-elleretiree de meilleure heure,fans vfer d’excu-ftsidf maintenant elle veut exeufer fon depart,quoy qu’ilnbsp;fuft ia pres de minuid i Mais pofez le cas qu’il foit ainfi,nbsp;rien ne luy furuenoit-il plus propre que les nopces de Se-baftiantle maintien aucontraire,que fi elle euft quitté le»nbsp;nopces de fon frere,ou de fafœur, pour vifiter fon mary,nbsp;quelque peu mai difpofé, que c’euft efté vne iufte cau-fe d’exeufe enuers tous. Voire quand elle euft fait cenbsp;deuoir enuers vn Roy, qui n'euft efté fon mary, ounbsp;quclqu’vn des feigneurs du pays.Les nopces de Sebaftiannbsp;font-clle de fi grand poids, qu’il faite preferer vne danfe
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amp; mafquarade au deuoir du mariage,amp; à la cliarité.’M**^ certes autre chofe eftoit cachee en 1'on excufe, 8i en cf'nbsp;fte fafcherie de n’auoir fait fon deuoir, amp; non toutesfoi’nbsp;fi cachee qu’elle n’apparoifle à trauers . Car ceile trofnbsp;grande diligéce que tu mets à t’excufer ou il n'eilpas b«'nbsp;loin, emporte iufpicion d’vnemefchancetéocculte,^nbsp;que tu n’ofes defcouurir;amp; tel leger prétexté auginétel^nbsp;foupçon principalement,veu que tu auois en main autr«’nbsp;chofes pour feruir de couuerture.
Or bien receuons cefte excufe, puis que la Roync treuuefuffifante.mais ou va elle apres’Droit en fa chan*nbsp;bre. Q^i fait elle ? Eflant laflee du trauail du iour, amp;nbsp;veilles de la nuia,s’alia-elle coucher? Au contraire,eU®nbsp;deuife auecBothvvelquafifeul, amp; puis à luy tout le'**.'nbsp;Quant au propos qu’elle luy tint, la chofe mefme le del'nbsp;couure. Car Bothvvel s’eftantdefpouillé comme poufnbsp;coucher, prend vne autre robbe, ne voulant eftre cog****nbsp;en allant faire fon mafl'acre. le loue en cela lafinelfe*^'nbsp;l’homme : mais il falloir palTer par les gardes. Ici ie na’^nbsp;lionne de fa folie, amp; voila que c’eft des entendcmeiisJ*'nbsp;fiegez parla fouuenance de leurs forfaits, qui fe defeo**'nbsp;urenteux-mefmes par leur inconftance :amp; eftans aue**'nbsp;glez en toutes choies, ils ne peuuent apperceuoir, linu**nbsp;ceà quoy ils vifent. Orde fauoirce qu’il fit, la mort d**nbsp;Roy,fa fuite,la confefsiou de fes ordures, tout ce qu*^nbsp;enfuyui le meurtre,le declarcnt.Le tumulte eftant exciténbsp;par la ville, luy comme le plus ignorant de tous , s’en rcnbsp;tourna paflànt par les melmes gardes. Et lors que l’efcl*'nbsp;voire la crainte de la ruine fe faifoit fentir par toutes R’nbsp;maifons : la Royne redreflee pour l’attente de ce qui df';nbsp;uoitauenir, amp; efueillee, n’en fentit rien . Bothvvelau»*nbsp;n’en ouyt rien.Voila vne merueilleufe furdité,cependaUfnbsp;tous ceux qui veilloyent en toute la ville en font efpo**'nbsp;tiantez,amp; ceux qui dormoyent s’en efueillent.'.
Enfin Bothvvel fe leuederechef,amp; en vue mefme 1***'' ce de poète,il deuient meflager.Il s’en court à la Royn^’nbsp;là ou aufsi accourent tous ceux qui frequentovent le F**'nbsp;lais. La chofe elloitvraye aux vns , aux autres finiulef'nbsp;mais à tous admirable. Que faifoit lors la Royne ? Nia-*®nbsp;qu’euft-elle fait ? Elle porte patiemment ia félicité:en
-ocr page 217-L’ESTAT DE FRANCE. 189 repofant pailîblemét iufques en plain midy.Neantmoinsnbsp;le iour fuyuant,afîn de mieux orner la fable, elle contrefait vn dueil,lequel elle ne permet eftre veu longuementnbsp;fimulé, pour eftre la ioye logee cnfemblement, amp;filanbsp;honte ne permet qu’elle le mefprifedu tout. Or commenbsp;eeschofesfevoyentdes yeux, letouchentdes mains, amp;nbsp;demeurent es oreilles amp; es confciences de tous: pour-quoy nous cnquerons-nous de l’auteur du meurtre,comme en chofe douteufe ? Mais la Royne le nie. Qu’eft-cenbsp;qu’elle nie ? Qu^elle ait commis ceft hommicide, voirenbsp;comme s’il y auoit grande difference d’eftre auteur , ounbsp;executeur,de commander ou de faire.Or elle a employénbsp;fon confeil, fon aide, fes biens, amp; fon authorité, pour lenbsp;faire perpétrer. Et n’ignore-on point la caufe, pOurquoynbsp;elle l’a faic,afauoir,pour paruenir à ces vilaines nopces a-uec Bothwel.
Et encor que tous ces argumens defaillilTent, amp; tant de telmoins d’entre les complices mefincs , il eft necef-fâire toutesfois, qu’elle foit tenue coulpable par fon tef-moignage,amp; par (es lettres . Et fi tout cela encor dcfail-loit, ce qui a enfuyui le meurtre ,demonftre aflez qui ennbsp;eft l’auteur 4’autant qu’en la mort de fon mary, non feulement elle ne femonftra ennuyee : ains comme ayantnbsp;fait quelque bel elt;cliec,s’édormit.Qu’elle n’a point pleuré,ains s’cfiouiiroit,peu s’en faut publiquement. Quellenbsp;a prins la patience de non feulement voir le corps mort,nbsp;ains le regardoit attentiuement. Qifelle l’a fait enterrernbsp;la nuift,fans aucun honneur funebrt,ou pour mieux direnbsp;l’a fait cacher comme larron, loint que le defguifementnbsp;de fon dueil eftoit fi plain d’inconftance, qu’elle fe mani-feftoitall'ez d’elle mefme . Car que vouloir dire qu’ellenbsp;s’en alla à Seton ? Pourquoy fuit-elle la frequence de lanbsp;wlle,amp; la veuë des homme s ’ Eft-ce qu’elle euft honte denbsp;pleurer publiquement ? ou qu’elle ne pouuoit difsimulernbsp;fa ioyeîOu bien pour fe plonger du tout en dueil, en lieunbsp;fccret? Au contraire à Seton elle ofte entiercmét lemaf-que de ce dueil,fe pourmcnït iournellement aux chaps,nbsp;auec les meurtriers:amp; non feulement retourne à fapre-tniere.couftume, ains aufsialfeéte d’inuiter les hommesnbsp;a leurs ieux, dont elle vfoit, comme eux,auec eux,amp; pu-
-ocr page 218-190 MEMOIRES DE bliquement.Tant elle mefprifoit aifémét l’opinion qu'e®nbsp;Rylgré,amp;f*nbsp;François, *1“ Croc , qui furuiniirent fi mal à propos , amp; 4®*nbsp;Ambafl'a- ontainfidefcouuertauxeftrangers la façon,commet’nbsp;«Jetits, mafquc fut oftéxar fans eux beaucoup de chofes quinbsp;rent faites fe pouuoyent nier ,amp; d’autres Ce pouuoyê®'nbsp;dextrement defgiiifer, qui eulTent bien feruy à leucrnbsp;bruits, qui couroyent.
Les luges ie enque-{leurs aenbsp;gt;A morenbsp;Hu Roy.
Mais la caufe a efteplaidee. par qui? Par Botfivvelc® premier lieu, amp; quelques autres, qui fe font ctforceznbsp;efforcent encores auiourdhuy de deliurer les coulf*'nbsp;bles des peines de la Loy, voire qui font â prefent ouuf'nbsp;te demonrtration, dece qu’ils auoyent mrchiné ennbsp;creL Etauec quelle diligence amp; pieté cefte caule a eft®*'nbsp;gitee?Le5 poures qui eltoyent prochains de la maifon^l^nbsp;Roy.n’oloyent dire ce qu’ils auoyent veu, amp; ouy, amp; s’®’nbsp;touchoyent la chofe vn peu de plus pres, ou ils eftoy®®'nbsp;contraints par crainte de fe taire, ou eftoyent reiett®*nbsp;comme menteurs . Les plus aduifez n’ofoyent charg'*^nbsp;Bothvvcl qui eftoit afsis auec les enquefteurs.Vn ou é®®’'nbsp;des feruiteurs qui eftoyent reftez de ce rauage ,fur®®?nbsp;énquis,comme les meurtriers eftoyét entrez.Les clefsj.nbsp;lent-ils n’eftoyent point par deuers nous . Qui lésa®®'*nbsp;donc? Onrefpondit qne c’eftoit la Royne. Et par-ceq®’nbsp;les fecrets de la Cour commençoyent à fe defcouuff'nbsp;on différé la caufe : mais c’eft pour n’y iamais rentré®nbsp;Q^yauoit-ildoncplus làinâ:que cefte aftionîEttout®nbsp;fois elle profita de quelque peuicar ce que les lugesnbsp;loyent celer , le peuple crioit tout haut : ce qu’ils fnpP’'*'nbsp;moyét s’efclatoitiS: ce qu’ils cachoyét,reluifoit tantnbsp;Voire mais, on publia Vn Edit, par lequel amp; l’impu^^Lnbsp;eft propofee, amp; recompenfe aux dcnôciateurs.Cepe®“*nbsp;qui euft efté fi fot d’ofer ou tefmoigner, ou denon®nbsp;quelquechofe au milieu d’vn fi manifefte dager de la'^'nbsp;contre les Iuges,qui auovët puiiranced’abfoudre,ou fa*fnbsp;mourir ? Deuoit-on efperer que ceux qui auoyent tut ,nbsp;Roy efpargnalTent le dénonciateur du meurne? veunbsp;mes que chacun auoitveu que l’inquifition de la mortnbsp;Roy delailTee.on en executoir vne autre feuerementnbsp;tre les eferits qui denaonftroyent ce meurtre,
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Vousauezouyquelaeftéle iugement auquel Both-wcl fut abfouS) afauoir, par luy aflemblé, les luges aulsi thoilîs par luy gt; amp;. les accufateurs fuppofez. amp; ceux quinbsp;deuoyent eftre legitimes afcufateurs empcfchezj linonnbsp;qu’ils euflènt voulu foufmettre leurs telles aux glaiuesnbsp;de leurs ennemis. Ainlî ce iugement futprononcé, fansnbsp;auoir donné temps legitime »amp; contre la couftume dunbsp;pays,amp; ou on n’agiflbit de la mort du Koy.ains du meurnbsp;trC) qu'on difoit eftre aduenu le iour deuantque le Roynbsp;euft efté occis. Veu donc qu’icy Bothvvel auec faueur, amp;nbsp;prefcns,amp; la Royne auec menaces amp; prières, plaidoyentnbsp;deuant les luges,attendez-vousd’ouyr ce que des hommes efleus contre les loix amp; les coultumes du pays, ontnbsp;prononcé ? Ils ne touchèrent en rien le fai cl par leur fen-lence : feulement déclarèrent le iugement n’eftre legitime, en fe donnant garde qu’à l’aduenir cela ne leur fullnbsp;imputé à fraude,
Qm plus eft,a fin que tout le monde cognuft ce qu’on auoit pourfuiuy par glaiue, par feu,amp; parpoifon, ondef-fait vn mariage,pour en refaire vn autre: voire auecnbsp;lî grande haftiueté. qu’on n’euft feeu faire dauantage,nbsp;pour preparer quelques triomphes apres vne inlîgne vi-ftoire . Toutesfois afin qu’en ces nopces illegitimes, onnbsp;obferuaft quelque legitime couftume, on en publia denbsp;beaux bans pour la dénonciation defquels, encor qu’onnbsp;euft menalTé de peine de mort le Miniftre de l’Eglile, s’ilnbsp;n’euftobey,lî eft-ce qu’en celle publication il teftifianbsp;qu’il fauoit vne caufe pour laquelle ces nopces n’eftoy-ent legitimes : mais en vne lî grande compagnie quinbsp;eftoitceluyqui l’ignoraft.veu qu’ils auoyentlouuenancenbsp;que Bothvvel auoit eu deux femmes qu’il n’auoit de-laiirees,amp;vne troifiefme non eftoufee legitimement.nynbsp;bien répudiée ? Mais on ne failoit point cela pour ob-feruer les ceremonies legitimes amp; accouftumees : ainsnbsp;tomme en theatre,ils s’eferçoyentde reprefenter quelque fimilitude amp; figure de la couftume vulgaire. Car ce-luy qui auoit violé tout droit humain amp; reietté toute re-ligion.mefprifoit aifément le droit diuin.
U mefemble que i’ay expliqué en peu de parole s, ea tfgard à la grandeur du fait, mais poftibie en beaucoup
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plus qu’il 11’eftoic requis, veu que les preuues font cler^^ pur quel confeil, amp; auec quelle cruauté il a efté 'nbsp;parquels inJices,tefmoignages,amp; lettres de laRoynf*^nbsp;tout s’eft paffé, voire en telle forte,qu’il peuteftre coH*nbsp;me apperceu des yeux. Toutesfois ie produiray le ' (Tnbsp;moignage du peuple, que i’eftinie ne deuoir e£bc nbsp;prifé. Vray eft.queles particuliers fouuentesfois troi’*nbsp;pent.ou font trompez par les autres : mais nul ianial*nbsp;déçoit chacun,ou eftdeccudc tous. Or le tefmoig”*?nbsp;donti’ay parlé eft tel: C’eftquelapluspartdupeupl^'nbsp;xyint accouftumé lors que la Royne fortoit en publ*^’ jnbsp;de crier vn bien-venant,amp; fouhaiter toute felicitéjamp;ebo'nbsp;fes femblables, que oul’amour, ou l’adulation a inue^te' |nbsp;apres la mort du Roy, allant au cballeau .parla plusnbsp;quente rue de la ville, il y auoit par tout va triftenbsp;Mais comme vne feule femme d’entre toute la mult*'**.'nbsp;de, eut prié Dieu pour la Royne,vne autre qui pou**®!nbsp;bien eftre entendue, s’eferia incontinent : Ainfifoit-***nbsp;ceux qui l’ont bien mérité.
EPILOGVE, OV CONGE
SION MONSTRÀNT PAR. B®*’, argumens, que la Royne à caufe de lam®^nbsp;de fon mary,a efté parvn trefiufte iugemeJ’^’nbsp;priueedefon Eftat,
OR combien que ces cliofes ayent ainfî efté côme i’ay dit, toutesfois il y en a aucuns qui m**’’,nbsp;tiennent qu’on ne s’eft pas porté feulement rudent®”nbsp;aueclaRoyne, mais aulsi cruellement.’dece qu’apreS*nbsp;forfait il execrable, elle a efté priuee du gonueniem®®/nbsp;Et ne pouuans nier la faute, ils fe plaignent de lanbsp;tion.Ie ne croy pas qu’il y ait homme fi impudent, q“*nbsp;ftime qu’à vne laichet é fi enorme, on ne deuil decef*’*^nbsp;quelque peine. S’ils fe plaignent de la grandeur de 1*P'*,nbsp;Bition,i’ay crainte que nous ne foyons apperceus de to®nbsp;les gens de bien y auoir procédé auec plus de facilité gt;nbsp;ne^igence.qu’auec clemence amp; modeftie, qui auons P®nbsp;ny'tn.ü grand amp; non aoouftumé forfait d’vnc peine fi
-ocr page 221-L’ESTAT FRANCE. 193 Jcre. Car que peut-on décerner de cruel contre l'auteurnbsp;d’vnc mefchâceté fi horrible , en laquelle tous droits di-uins amp; humains ont efté violez,mefprifez amp; quafi abolis?nbsp;Chacune faute à là peine conllituee de Dieu, amp; des hontes . Et quand il y a des degrez aux vices, aufsi peut-onnbsp;»ccroiftre les peines. Quelqu’vn a-il tué vn home? Voilanbsp;fn crime de foy horrible, mais que fera-ce, fi c’eft fou a-nty? ou bien,s’il fait mourir fon pere? Et encore plus,fi ennbsp;’'nmefrtie vice il a commis l’vn amp; l’autre ? Certes la vienbsp;lt;l'vu tel ne peut fuffire, pour en exiger la punition, ny lenbsp;corps à la fupporter,ny la fubtilité des iuges ,à l'inuenter.nbsp;Or,qui a-il icy quinc ibit en celle mefchâceté’Ie delailTcnbsp;a part ces chofes vulgaires, afauoir, que c'eftoit vn ieunenbsp;Hörne innocent, de la nation, fon familier, amp; coufin germain. Voires’il eftpofsible,excufons le fait, en difantnbsp;qu’vne femme, ainfi en adolefcéce,courroucée, oiîenfee,nbsp;amp; ayant le temps palTé vefeu en toute intégrité, a fait icynbsp;témérairement, amp; qu'elle a tue vn homme mefehant, a-dultere, fafeheux mary, amp; Roy cruel. fi ces chofesnbsp;non particulièrement,mais en general fe trouuoyent ennbsp;celle caufe, elles deuroyent inciter, non à en demandernbsp;la punition, ains efmouuoir chacun à commiferation denbsp;fonauenture. Mais que fcra-cc que rièn de tout ce ne fenbsp;peut alIeguerîLe fait de foy eft odieuxzmais monllrueuxnbsp;en vne femme, amp; incroyable en celle, qui cil efpoufee ànbsp;t'n, qui ne l’aime pas feulement fans mefure, ains aufsinbsp;trefardemment.
Or eftât perpétré contre celuy, duquel l’aage pouuoit mériter pardon, la charité amour, la confanguinité re-Uerence, amp; l’innocence faueur ; contre cell adolefcentnbsp;lt;li-ie, auquel on ne pretend obieéler aucune iulle caufenbsp;^'otFenfe,amp; auoir ainfi employé,voirc furmonté tous lesnbsp;tourmens des malfâitcurs,de quelle cruauté dirons nousnbsp;que cela procédé?
Us refpondront que cela vaille aux autres, pour les ré-tlte odieux,les faire punir,amp; dire en exemple à la polle-tlté : mais icy qu’il faut pardonner beaucoup de chofes à l’aage, amp; à la qualité des perfonnes, amp; fur tout au nomnbsp;Royal. Certes ie ne fuis celuy qui vueille qu’on vfe touf-tours de la rigueur du droit, non pas mefmes enuers les
-ocr page 222-194 MEMOIRES DE hommes priuez amp; populaires : mais en vn crime tref'
’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;»nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;«nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t . ..M
grand,vouloir anéantir toute force de droit, amp; ou Ion u’i tenu mefureà oitenfer, diminuer par tou t la peine ,eej^nbsp;ameneroitvn aneantiflèment de toutes loix.à lubiietWnbsp;de la focieté liumaine . Or en ce crime gt; il y a vn li gt'*“nbsp;meilingc de toutes mcfchancetez, auec vne aigreur coflquot;nbsp;jointe à toute cruauté, amp; oubliante de toute bunianitt'nbsp;qu’on ne la pourroitpenfer,ny imaginer plus grande. 1*nbsp;delaiffe les chofes auant dites . Et ne me veux enquetifnbsp;trop curieufement des faiéis des Princes,ny les exainintfnbsp;à la balance du vulgaire. Et ne djfcuteray les degrez cO'nbsp;muns deseftats . S’il y a quelque ebofe qui fe puifleol’'nbsp;mettre fans crime,ie m’en tairay volontiers. len'infift^'nbsp;ray aufsi fur ce qui peut receuoir quelque exeufe enb'^'nbsp;fe,au fexc, ou en la témérité. Et ahn que ie delailTe le f*/nbsp;fte,ilya totalement deux fortes de crimes,qurne penu/'nbsp;cftrc aflez expliquez, pour la grandeur d'iceux, nynbsp;punis pour leur enormitéiafauoir, violer le mariage,nbsp;maiefté du Roy. Car le niari.rge , comme dit l’Apod^“^'nbsp;vravement contientvn grand mvftere. Etcommed^’fnbsp;conferué, il cotient en foy toutes les autres elpeces nbsp;fices inferieurs,aufsi eftât violé, il les renuerfe tous.nbsp;luy qui fait violence à fon pere amp; .à fa mere, ell eftin’“^nbsp;noir chaflode fon efprit toute crainte amp; pieté .nbsp;femme pourl’amotir du mary ,,doitdelaifrer fonnbsp;la mere.Le reite des degrez,ou lîinilitudes des offices“^nbsp;la vie, ne fontau.x belles brutes, ou au moins ils vlj’nbsp;bien obfcurcis . Mais quant à l’amitié coniugale, il n Lnbsp;quafl vn feul des animaux qui n’en.ait quelque fenninnbsp;¦Quiconque donc ne viole pas feulemétce m'yflere.ina '^nbsp;Ïa.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.1 11nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11 n,. ,4i.ltrn.r m c 1, ,T, nb.ivi^r IcSnbsp;peruertit tout ordre de nature,entant qu’en luy eft-fnbsp;Juy qui ne viole pasleRoy.quielllavrayeimagedftP*'’nbsp;en terreuîins le meurtrit.voirele meurtrit li ertreiiern^^^nbsp;que la cruauté infupportable amp; incroyable ne fé condnbsp;pointd’vnfimpletourmeur.netèfemblc-il pà.s lt;p'“nbsp;rtmnbi.eivrSt ou’en lu'V elloif,.ngt;rarlier Dieu du cieliQU^^
-ocr page 223-L’ESTAT DE FRANCE. 195 lé il foy, pour accomplir vndefir d’vne par trop iniuftcnbsp;inimitié.
Mais ils diront qu’il faut pardonner à la noblefle, à la dignité ,amp; à l’aage. Qiie fi elle a efpargné celuy, auquelnbsp;eftoyent toutes cescliorès, ou plus grandes, ou pour lenbsp;moins efgalles, que la maiefié Royale foit icy vallablc.nbsp;Orcobien elleluy doit valoir pour la garentir, elle inei-m,c en a monltré l’exemple. Commettrons nous doncnbsp;noftre fauuegarde à celle qui eftant fœur,femme,amp;Roy-nc,à maflàcré fon mary,amp; fon Roy? Commettrons nousnbsp;noftre ieureté à celle que la honte n’a iamais peu retirernbsp;de volupté ? le fexe de cruauté ? R la religion d'impieté?nbsp;Oerroyerôs nous pardon à l’aage,au fexe, amp; à l’erreur denbsp;celle, quifansiuftes caufes d’inimitié à mefpiife toutesnbsp;ces chofes en fon parét,cn fon Roy,amp; enfon mary? Qiænbsp;fi elleadefîrè tels tourmës en fon iniufte colere, qu’eiii-merons nous qu’elle feroit eftant prouoquec par outrages à l’encôtre des hôraes,qui ne luy attoucheroyentdenbsp;confanguinité, ou n’auroyent efté coulpables de fes dif-folutions, amp; qui ne feroyentconttituez en efgale foçieténbsp;de vie, mais donnez en fauuegarde, ou pluftoft menez ànbsp;la boucherie ? mefmes lors que l’impatience de fes vo-luptezcmpefchees , «Scia cruauté de fon naturel, munienbsp;des armes d’vne licence eiïfenee.fe desborderoit contrenbsp;les biens amp; le fang de fes mifcrables citovens ? Q^l eftnbsp;donc ce crime pourlequel nousfommes blafmez?N’eft-ce pas poiirauoir mis vnefemme (qui fe redoit furieufe,nbsp;fans moyen ne modeftie,amp;abufoit des forces de fapuif-faiice oéfroyees pour la conferuation du peuple, à la ruine amp; fiibuerfion de tous) fous la protection de fes parensnbsp;amp; amis ? Et qui n’auons donné autre plus griefue peine ànbsp;celle que nous pouuions iuftement punir pour fes fuites,nbsp;finô de l’empefeher qu’elle n’en commift plus? Car nousnbsp;neluyauons ofte la liberté, aius la licence effrenee ànbsp;toutes mefchancetez. Enquoynous craignons pluftoftnbsp;d’eftre reprins de trop grande douceur enuers les gensnbsp;de bien, que d’eftre aceufez de cruauté enuers les mef-chatK.
N s, '
-ocr page 224-memoires de
DISCOVRS DE LA PRO'
CÏDVR.E tfnve POVR. l’ABSO-lution du Conte de Both wel.
IL faut entendre, que dans le chafteau d’Edimboorggt;'® Conte de Bothvvel auoit laifle lors qu’il s’enfuit, vnnbsp;tit coifre doré, qui n’auoit pas à grand peine vn pie^ “nbsp;long, garny en plufieurs endroits de cefte lettre R“’'nbsp;maine, F. foubs vne couronne Royalle,dedans lequel;nbsp;auoit certaines lettres amp; efcritures,qu’on cognut tresb'®’nbsp;ainil qu’il fut affermé par pluiîeurs, eftre elcrites de*nbsp;main propre de la Royne d’Efcoire,au Core deBoth''*'^’nbsp;lequel coffre il ienüoya quérir, par vn nommé Geo’o*nbsp;Daglish:mais il fut prins par le Côte de Morton.Etnbsp;icelles efcritures, on auoit pareillement trouu é vn au^^®nbsp;papier efcrit en François, lequel on affeuroit eftre de ;nbsp;propre main de la Royne,contenât vne promelTe de m*'nbsp;riage faite auec le Côte de Bothvvel:lelt;^uel efcrit n’eft®*,nbsp;datté . Et iaçoit qu’aucuns mots fembloyent repugned ¦*nbsp;cela, toutesfois en quelques endroits on pouuoitnbsp;ment remarquer» qu’il auoit efté fait amp; efcrit par eUnbsp;mefmes deuant la mort de fon mary. Il commencenbsp;cefte forte. MARIE PAR LA GRACEnbsp;DI E V , amp;c.
Il y auoit aufsi vn autre efcrit en EfcolTois , lequel fcaftde certain eftre tout efcrit par le Côte de HunthlePnbsp;dattédu y.d’Auril ijisy. contenantvneforme decontr^^^nbsp;de mariage entre ladite Royne amp; iceluy Conte de Bot**'nbsp;vvel, foubfcrit MARIE, lequel feing on cognoift en^^nbsp;de la propre main d’icelle Royne.Et plus bas,Iaques f-*?nbsp;te de Bothvvel: Ce que pareillement on feaireftred^ ..nbsp;propre main dudit Conte de Bothvvel. Auquel temp’ *nbsp;eftoitencorçs chargé par le commun bruit, du meurt’’^nbsp;commis en la perfonne du Roy : amp; dont il ne fut pas a*’!nbsp;fous, iufques au ix. d’Auril enluyuant. La teneur duq“^nbsp;contraft s’enfuit.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
A Seton le t. iour d’Auril iytf7. La trefexcellente, tf®*' haute , amp; trefpuiflànte Princefle Marie par la grace dnbsp;Dieu, Royne d’EfcolTe, confîderant le lieu amp; l’eftat,a''nbsp;quel Dieu tout puillant a conftituc fa hauteire,amp; com*’’^nbsp;paf'^
-ocr page 225-L’ESTAT de FRANCE. 197 par Ia mort du Roy fon efpoux, fa. Maiefté eft maintenîtnbsp;deftituee de nia.iy , viuant folitairement en 1’eftat de viduité, auquel là Maiefté voudroit volontiers continuer,lînbsp;le bien de fon Royaume amp; de fes fuiets le permettoit:nbsp;mais de l’autre part conlîderant les inconueniens qui ennbsp;peuuent enfuiure,inefme en la necefsité ou le Royaumenbsp;eft, fi fadite Maiefté ne s’aflbcioit à vn mary, fa hauteffenbsp;eft délibérée de fe marier. Et facbantquelle incommodité peut arenir au Royaume, s’ainfi eft qu’elle s’alliaft ànbsp;vn Prince eftranger,elle a délibéré de prendre l’vn de fesnbsp;ftibiets.
Ot entre iceux,fadite Maiefté n’é a point trouué d’autre plus doué de toutes bonnes qualite2,que le trefnoble amp; fon trefeher coufin,laques,Conte de Botbvvel : du fer-uice duquel fa Maiefté à toufionrs trouué par cydeuancnbsp;bonne efpreuue, amp; infaillible experience . Et void qu’ilnbsp;perfeuereconftamment eu fon cœur en cefte aftéétionnbsp;enuers fadite Maiefté.C’eft pourquoy fa bauteffe a,entrenbsp;tousautres, fait ce choix de luy. Et pourtant en la pre-*nbsp;fence de Dieu eternel, fidelement amp; en parole de Prin-cefle, par ces prefentes, elle prent ledit laques Conte denbsp;Botbvvel,à efpoux, amp; legitime mary. Et promet fa bau-tefle qu’incontinentque le proces du diuorçe intenté entre ledit Cote de Botbvvel,amp; dame lanne Gordon,à pre-fentfa prétendue efpoufe,ferafiny, par l’ordre de iuftice,nbsp;fadite Maiefté, moyennant la gr,ace de Dieu, foiidaina-pres, efpoufera amp; prendra ledit Conte de Botbvvel pournbsp;marv, amp; accomplira le lien de mariage deuant la face denbsp;l’Eglife,amp;n’en aura ïamais d’autre,durant la vie d’icefuy.nbsp;Et tout ainfique fa maiefté de fon bon gré amp; proprenbsp;mouuement, fans que ledit Conte l’ait aucunement de-feru v.eft du tout refoluë à cela, amp; vfer de cefte faueur amp;nbsp;atfeâion enuers luy: pareillement ledit Conte , en toutenbsp;humilité amp;reuerence recognoitcecy*, félon fondeuoir.nbsp;Et eflant aufsi franc amp; libre, pour fiiirc promeflè de manbsp;ri.ige , nonobftant le proces de diuorce intenté pournbsp;plufieurs amp;diuerles cames, amp; que fadite prétendue cf-poufe en eft confgntante,prend prefentement fa maiefténbsp;pour fa legitime efpoufe , en la prefeiice de Dicu,amp; promet ainlî qu’il en veut refooudre deuant luy , de fur lanbsp;N }
-ocr page 226-ïlt;?S MEMOIRES DE foy lt;[ue doft auoir vn gentil-liommc d’lionneur gt; ƒnbsp;poiiriuyura amp; auancera ledit propos de diuorce, defonbsp;commencé amp; intenté , entre luv amp; ladite dame leai’quot;nbsp;ne Gordon lit pretfcndiie efpoufc, iufques en fin fins'nbsp;le,amp; pour en obtenir fentence diffinitiue. Et incontinc’^nbsp;apres, fous le bon plaifiramp; vouloir de fi maiefté,amp; lo'’nbsp;que (a haiitelîe le ingéra conuenable,il accomplira,amp;nbsp;lenr.iicra, en la fitee de l’Eglilé.leitende mariage,nbsp;uec iadjtc maiefté . Et aimera , honnorera, Sc leruiral*nbsp;hautefle . l'clon le lieu amp; honneur, auquel il a pieu àlid'quot;nbsp;te maiefté lereceuoir,amp; n’aura iamais autre femut^nbsp;qu’elle durant la vie d’icelle. En tefmoin dequov.faiu’'nbsp;iefte amp; ledit Conte ont loufcrit ce prefent contraft^^'nbsp;fidelepromeire, de leurs propres mains, comme il *?'nbsp;pert-leiour,an,amp; lieu deuant-dicts, prefens les tefuioi”*nbsp;lliviians,George Conte de Huiithley,amp; maiftreThoiH'*^nbsp;Hepburnc , Curé de Hauldhauftot,amp;c. Ainfi fio-nénbsp;R.laques Conte de Bothvvcl.
Or il eft .à noter,que ce contract fut fait le cinquiefi”* d’Auril, afiuioir, dedans les huift /èpmaines apresnbsp;meurtre du Roy, qui fut tué le dixielme Feuner aupa'''’.'nbsp;uanr : aufsi fut-il fait fepr iours deuaut que Bothvvcl fijî'nbsp;abfous dudit meurtre, par vn iugement corrompu • ƒnbsp;appert aufsi par les mots du contraft mefmes, qu’ilnbsp;arrefté, dcuantque la fentence de diuorce fut doni’^^nbsp;entre Both”vel amp; fapremierefemme . Et de faitnbsp;certain, il futconclud deuant qu’vncpourfuitte dedi'JO'^nbsp;cceuftcfté intenzee, nv commencée : Combiennbsp;quelques autres mots d’iceluv contraft, il femble eft^^nbsp;autrement fpecifié. Ce que l’on prcuue ainfi :Caf‘'nbsp;contraft eft datté du cinquiefnie d’Auril , amp; il apP^^nbsp;pas les after i'tdiciaires faifts deuant les deuxluges”*nbsp;iauoir, ccclefiaftiqiie amp; ordinaire , amp; ou eft contenu tu“nbsp;•Jcproccîde diuorce entre ledit Conte amp; ladite R“*’nbsp;ne Gordon fit femme .-que l’vn d’iceux proces fut*“^nbsp;renté, amp; commence le vingtfixiefme d’Auril, amp; 1“''nbsp;tre le viugt.'eptiefme.D’.iiiler.r': on void par les regifif*^!^nbsp;qiielei'igement d’ablblntion fut donné à Edimbc“^nbsp;ledoiiviefmc d’Auril: amp; cc parles copies qui ennbsp;¦ bizes amp;¦ ifirnccs de la main de lc.t Belleden arefficr.eutnbsp;Icf]““
-ocr page 227-L’ESTAT DE FRANCE. 199 lefquelles eft Padiournemenr de Botlivvel, la teneur desquelles coppies s’enfuit.
La Cour iudiciaire de la Royne noftre fouueraine dame, tenue amp; commencée en l’auditoire d’Edimbourg,le douziefmeiourd’?mril,ran lyd/.par noble dtpuiflànt Icinbsp;gneur,Arcliambaut Cotede Ergade, feigneur.de Camp-Bel, amp; Lorme, luge general de noftre fouueraine dame,nbsp;en tous les lieux de fon Royaume, ou il y a conucntionnbsp;amp; legitime aflemblee de luges.
En icelle Cour comparut en perfonne en iugement, maiftre lean Spens de Candie ,amp; Robert Creygclitonnbsp;de Clioc,aduocatsde noftre fouueraine dame, Sc en fontnbsp;nom.Et là ledit maiftre lean Spens produilît les lettresnbsp;de noftre dite fouueraine dame,executees, amp; endofléesnbsp;auecraiournement,deft|uelleslettrcs,endo£rement amp; a-iournementla teneur ci apres enfuit.
Marie parla grace de Dieu Royne d’Efcolîè. A nos I cttrcs de amez maiftres Guillaume Purvves,'GuiilaumeLavvfton, ronnniCnbsp;Gai’vain Ramfey mcflagers, nos Preuofts en cefte par-tie,à eux enfemblemcnt,ou à l'vn d’eu.x Spécialement or ' •nbsp;donné,falut. Pourcc qu’il nous eft remonfiré trel-lium-blement,par nos amez amp;: féaux confeillers maiftre leannbsp;Spens de Candie, amp; Robert Creygchton de Choc nos a-uocats,qu’ils font informez.,que noftre bien aimé coulin.nbsp;Si confeiller, Matthieu Conte de Lenos, pere de noftrenbsp;trefeher efpoux,a maintenu que laques Conte de Both-vvel fleur de Hallis, amp;; Creygchton , amp;c. amp; certains autres , font auteurs du traiftre, cruel, deteftable amp; abominable meurtre de fa hautefle, commis le neufiefmenbsp;lour de Feurier dernier paflé , fous le filcnce de lanbsp;nuiâ,en fonhoftel,ou il cftoit pour lors dans noftrenbsp;ville d’Edimbourg, pres l'Eglife des champs, de guet ànbsp;pend, Si d’vnfe felonnic préméditée.Et nous ont déclarénbsp;le foupcon , qu’on a dudit Conte,amp; d’autres, comme av-ans commis ledit cruel de deteftable meurtre. Et pourntnbsp;ayant deliberé,que la vérité en foit conue par l’ordre denbsp;iiiftice , auec toute ha diligence amp; brieueté qu’il fera pof-fihle, auons par l'aiiis des Seigneurs de noftre priuénbsp;con(eil,amp; aufsi à l’humble rcquefte amp; petition duditnbsp;Conte de Bothvvel faiéle à nous,élt; en noftre prefcnce, amp;
N 4
-ocr page 228-100 MEMOIRESDE
s’offrant foy-mefme pour rendre raifon de l'on faifl:, droiâiugement, felonlesloix dupaysærdonnévnfieg*nbsp;iudicial efcre ellably en l’auditoire d'Edimbourg,ledoU' !nbsp;riefme d’Aurii prochainement venant, afin de faireiu^*'nbsp;ce dudiif Conte amp; autres.pour le faift dudit cruel amp;nbsp;minable crime 8i deh£l,ainfi qu’il eft plus au long |nbsp;nu en vn acte inféré au regiftre de noftredit priué côlei*' |nbsp;Pourtant noftre vouloir eft, amp; vous enioignons amp; coi^' 'nbsp;mandons tref-expreflement.qu’incótinent ces prefent^nbsp;nos lettres veuës vous pafsiez outre , amp; en noftre noio »nbsp;authorité,adiourniez lediét Matthieu Conte deLenos e®nbsp;fa maifon, pour côparoir en perfonne, amp; tous autres n®*nbsp;fubieifts ayansamp; pretendasauoirintereften cellecaU‘®'nbsp;par cry public fait à la croix de chafeun marché den®* |nbsp;villes d’Edimbourg,d’Vmbertom,Glafcvvo,Lauerc,S®'*nbsp;tres lieux neccflàires, afin qu’ils comparent deuant n®*nbsp;luges, ou leurs Lieutenans, en noftre auditoire d’Edi*®'nbsp;bourg, ledit douziefme fourd’Aurii prochainement*®'nbsp;nant,amp; fc ioignent auec nous en la pourfuire de cellenbsp;fe,en leur donnât l’exploicl. Eten cas qu’ils ne compa’’®*nbsp;ordonnons que nos luges ou leurs Lieutenans proced®'nbsp;ront, amp; donneront fentence le melme iour, felô les loj*’nbsp;amp; couftumes de noftre Royaume, fans autre delay gt;*7nbsp;prolongation :amp; que vous fommiezaudiétiour vnch**'nbsp;cun d’eux, lur peine de quarante liuresfterlingd’an)®®'nbsp;de : dontils relpondrôrdeuant nous,comme de leurnbsp;pre faicl.Et pource faire,nous vous donnons conioin®^®'nbsp;ment, ou à l’vn de vous, noftre plain pouuoir, par ceu®nbsp;nos lettres,afin que les de]iuriez,amp;executie2 deuémét'nbsp;les endolsiez pour les rédre à celuy qui enferaporte®J?nbsp;Donné fous noftre feing à Edimbourg,le vintgtfepb®/nbsp;me iour de Mars . Et de noftre regne le vintgteinq®’® ..nbsp;me. L’an i y 7. Ainlî ligné de la deliberation du coo*®quot;nbsp;delaRoyne,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;MARIE.
CE QVr FVT MIS SVR LES LET' tres auant diètes.
Le diyneunefme iour de Mars. i y «7. le Guilla®,’7 Purvves, meifiger amp; Preuoft ordonné pour cell eil®®’’:nbsp;fuvuant le cômandement des lettres de noftre fouu®''*nbsp;II®
-ocr page 229-L’ESTAT DE FRANCE. 201 ne dame, amp; en fon nô amp; authorité, ay aiourné Matthieunbsp;Côte de Lenos,amp; tous autres fuiets de fa maiefté, ayîs amp;nbsp;pretendâs auoirintereft en ce qui eft icy fpecifié, par crynbsp;public,faiôt à la croix du marché de laville d’Edimbourg,nbsp;afin de côparoir douant les luges, ou leurs Lieutenâs, ennbsp;l’auditoire d’Edimbourg, le douziefmc iour d'Auril pronbsp;chainement venant, amp; de pourfuyure, amp; fe ioindre auecnbsp;noftrediäe fouueraine dame en la caufe icy déclarée a-uecrexploi£l,cómeil eft .diâ: en icelles lettres, Defqucl-les i’ay attaché vne copie, fur la croix dudiél marché, ennbsp;prefence de lean Anderfoun, amp; Dauid L and, amp; plulîeursnbsp;autres. Et pour plus grand tefmoignage de celle miennenbsp;execution amp; endoflement, i’ay icy mis monfeing. ainlinbsp;figné,Guillaume Purvves.
AVTRE EXPLOICT.
Le pénultième iourdeMars,!« vn amp; deuxiefmes iour» d’Aurihen l’an defTufditde Gauvain Ramfey meffager, amp;nbsp;l’vn des Preuolls ordonnez en celle partie, fuis allé felon le commandement contenu es lettres de nollre fou-ueraine dame , amp; en fon nom amp; authorité, adiourner le-diqMatthieu Conte de Lenos, nommément enfes mai-fons de Glafcvvo amp; Dumbarton.Et pour ce que ic le cer-chay, amp; ne le peu trouuer en perfonne,ny les autres fub-ieäs de fa maiellé, pretendans auoir interell à la pour-fuitte de celle caufe icy declaree: I’ay fait vne proclamation à la croix du marché de la ville de Glafcvvo, Du m-barton,amp; Lauerc,afin de les faire comparoir deuant le lunbsp;ge, ou fon Lieutenant audit auditoire d’Edimbourg ,1enbsp;fufdiél douzielme iour d’Auril prochainement venant, Scnbsp;fe ioindre en la pourfuitte auec la Royne,nollre dite founbsp;ueraine dame, en l’aélion cy dedans elcrite , auec l’ex-ploiït,ainlî qu’il eft là declare,amp; felon la forme amp; teneurnbsp;de fes lettres , dont i’ay attaché coppie, lur vne chalcunenbsp;defdiéles croix en iceux marchez. I’ay faitt amp; exécuté cenbsp;que delTus, par deuant les tefmoins,qui s’enfu^tient ,afa-uoir, Georges Herbefoun,Nicolas André,RobertLette-ric melTager, Guillaume Smonlet, IcanEIambJeton, laques Bannatine, Robert Hambleton, amp; plulîeurs autres.nbsp;Et pour plus grâd tefmoignage, i’ay ligné ces prefente»
-ocr page 230-101 MEMOIRES DE de mon fcing manuel, Gauvain Ramfey melTager.
avtre EXPLOICT.
Le premier iour d’Auril, 1^67. Ie Guillaume Levvfoun melïager Si. Preuoft ordonné en cefte partie, fuis allé felon lecommandement.contenu es lettres de nolire foU'nbsp;uerainedame.à la croix du marché de Forth ,amp; là 1nbsp;public légitimement faict, i’ay aiourné Matthieu Contenbsp;de Lenos , amp; tous autres fuiets de noftrcdite fouuerainenbsp;Dame,ayaiis amp; pretendans auoir interell, afin de pour-fuyure lacques, Conte deBothvvel, fieur de Hailhs ƒ¦nbsp;Creyg£ton,amp;c.amp; autres,pour le Elit du cruel meurtre dunbsp;Roy.Et ay affigé vnc coppie furladite croix,felon laror-me St teneur de ces prefences lettres. Et ce, en prefenrenbsp;des cefmoins ci apres nommez , afauoir , laques Marei'nbsp;chai,Alexandre Borthwic, amp; lean Auderfon, meflagerS'nbsp;amp;plufieurs autres . Et pour plus grand cefmoignage«*nbsp;celle mienne execution, amp; endoifeinent, i’ay lignenbsp;prefentes de mon feingmanuel. Ainfî figné, Guillaun®*nbsp;Lavvfoun,meflager,de ma propre main.
L'ADIO VRNEMENT.
Vous laques, Conte de Bothvvel, fieur de HaiH'*! Creygfton, Scc. eftes aiourné pour raifon de l’aéte cruenbsp;amp; deteftable meurtre de trefexcellent, treshaut, amp; treynbsp;puiflant Prince le Roy,lors trefeher efpoux de laMaieft®nbsp;de la Roy ne, noftre fouueraine dame, commis foubsƒnbsp;filence de la nuicEen fa maifon, pres de l’eglife des chafnbsp;de cefte ville, luy prenant fon repos lanuiét, eftantlefenbsp;mis par trahifon en icelle maifon,en vne grande quant*'nbsp;té de pouldre à canon, par la violence de laquelle tout*,nbsp;logis a efté eileué, amp; iecté en l’air, amp; le Roy mefme ***ƒnbsp;par vous tr.tiftreufcmentamp; cruellement de guet à pen“’nbsp;amp;par vnepréméditée felonnie. Etfiftes cecy le 9.nbsp;de Feurier dernier palTé.foubs le filencede la nuiét, cO*”nbsp;me dit eft,ainfi qu’il eft notoire amp; que ne pouuez niet'-
Sur la production defquelles lettres,ainfi executeeSiC** doffecs amp; fignifiecs,ledit aduocat demanda aéle amp; ***^',.nbsp;ment àl.i Cour, amp; requift que leiuge procédaitfelo**
-ocr page 231-L’ESTAT DE FRANCE. zbj
forme amp; teneur d’icelles.
¦ Ayans donc icelles lettres efté leucs en iugemét, auec l’endefl'ement, le juge en vertu d’icelles,fit appeller leditnbsp;laques,Conte de Bothvvel,comme defendeur d’vne part,nbsp;amp; Matthieu,Conte de Lenos,amp; tous autres fuiets de no-ftredite fouueraine dame,pretendans de pourlüyure ce-fte matière, demandeurs d’autrepart ; afin de comparoirnbsp;en cefte cour,amp; produire leurs demandes ék defenles, félon les loix du Royaume.
Et fur lechainpcomparut en iugementledit laques. Conte de Bothvvel, amp; entra petfonnellcment : amp; apres ilnbsp;choifît maiftres Dauid Borthuic, amp; Luchthile, maiftrenbsp;EmondHay,pour fes procureurs, lefquels pareillementnbsp;comparurent en iugement, iSt furent admis parleiugenbsp;pour ceft eifeft.
Comparut aufsi maiftre HenryRinrofßfoy difant pro cureur d’André Maiftre,ficurd'Errole,Conncftable d’Ef-Cüire,amp;:maintiiitque le Conneflable du Royaume auoitnbsp;efté de tout temps fcul iuge competant de gens de tellenbsp;qualité,afauoir,qui font aceufez d’auoir commis meurtre,amp;efpandu le fang,pres de la chambre du Prince, amp; ànbsp;quatre mille à l’entour. Et pourtant que ledit Maiftre e-ftant à prefent Côncftable de ce Royaume, deuoit eftrenbsp;le iugcdeIaques,Conte deBothvvel, amp; autres fescomplices, appeliez pourcomparoirceiourd’huv,amp; eftre aceufez de l’aéte du fufdit cruel meurtre de Henry, Roynbsp;d’Efcolïc.Etau cas qu’Archambaut, Conte d’Arghleysconbsp;me iuge general de ceRoyaiimc,procédait R prinflla conbsp;noilTancc de ce fait,ledit maiftre Henry, procureur fuf-dit,protefta folennellcment ceftepourfuitte n’eftre pre-iudiciablc audit Côncftable,à fou office,droit,titrc,prounbsp;fit, iurifdi£lion,amp; poll’efsion, en aucune maniéré que cenbsp;fufttmais qu’il pourroit exercer fadire iurifdiétion en tonnbsp;tes telles caulés, au temps aucnir , conformes à la faili-nc de fon office, amp; en cognoiftre ainfi que fes predecei-feurs en auoyent vfé,amp; coneu en femblable cas, Cenbsp;qu’il feroit apparoir par 1.1 louilfance qu’en auoyent euenbsp;de tout temps lèldits predcccficquot;.!rs,amp; autrement. Et requit q cefte'proteftatiô fuftinferee au regiftre des aftes,nbsp;en affermant la iurifdittioei dudift fieur iuge,u’cftre .1 rc-
-ocr page 232-204 MEMOIRES DE ceuoir en ceft endroit.
Le luge n'ayant ei'gard à la proteftation mtfe en auat» en prenâtconfeil.ordonna que nonobftantilconoiftroitnbsp;du fait, att^du que rien n’auoit efté produit en cefte partinbsp;par ledit mailtre Henry, pour verifier le contenu de cenbsp;qu’il auoit allégué amp; protefté.Dequoy leConte de Both*nbsp;wel demanda afte amp; inftrument.
Ledit Matthieu, Cote de Lenos amp; autres fubiets deno ftre fouueraine dame, ayansamp;pretendansauoirintereftnbsp;en cefte pourfuitte, eftîs appeliez par pluficurs fois poufnbsp;comparoiftre amp; fe ioindre auec lefdits aduocats, afin J®nbsp;pourfuvure ladite aétion, comparut Robert CuninghaHinbsp;foy difant eftre feruiceurduditMatthieu,Côtede LenoSinbsp;lequel exhiba vu eferit, cy defloubs inféré , amp; le foubsfi'nbsp;gna de fa main en plain iugement,comme eftâtauthort*nbsp;fé pour ce faire . Et fit vne proteftation, amp; requifitiond®nbsp;tout conforme amp; femblablc à l’eferit, duquel la ten®®^nbsp;s’enfuit.
PROTESTATION DV CONTE de Lenos.
Mefsieurs,iefuis venu en celieu,cnuoyéparmon ftre,Mô-feigneur de Lenos,afin de declarer la caufepo®'nbsp;quoyil eft abfent ce iourd’huy, ayâtpouuoirde luyEft^^nbsp;ceft etfc£l,comnie la vérité eft.La caufe dôc de fon abl®”nbsp;ce, eft La briefueté du temps,amp; qu’il en eft empefehénbsp;fes amis amp; feruiteiirs, qui le doyuent acompagner, po®nbsp;fon honneur, amp; la feuretéde fa perfonne: eu efgard®®*nbsp;forces de fon aduerfe partie,amp; qu’il n’a fecours d’auc®*]nbsp;amis,ains feulement de foymefme. Et pourtant fa^®/nbsp;gneurie m’acomandé de requérir autre iour comp®^®'’nbsp;felô l’importâce de cefte caufe , afin de s’y trouuer.nbsp;fivousvoulez procéder maintenât,ie protefte que ie p®’’’nbsp;fans faire tort à perfonne,vrerde l’authorité à moy cogt;®'nbsp;mife,par modit feigneur mon maiftre, dequoy ie dci®’'nbsp;de afte.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y
Item, ie protefte que fi ceux qui afsifteut à ce iuget®® amp; enquefte des perfonnes aceufees,entreprennent denbsp;abfoudre du meurtre du Roy , que ce fera erreur volo®nbsp;taire, amp; non pas ignorance: d'autant qu’il eft notoirci®
-ocr page 233-L’ESTAT DE FRANCE. xoj Conçu »que ce font ceux-là,qui ont meurtri le Roy,comnbsp;toe mondit feigneur amp; maiftre maintiét,de laquelle pronbsp;teftation ie requiers acte, ainfi figné Robert Cuninghâ.nbsp;De la produftion duquel efcrit amp;prote{tatiou ledit Robert demanda afte amp; inftrument.
Le iuge conlîderant l’efcric amp; proteftation produite par leditRobert Cuningham »euefgard aux lettres en-uoyeesà noftre fouueraine dame , par Matthieu, Conte de Lenos, aufsi produites amp; leues en iugement, def-quelles la teneur eft cy apres inferee : par lefquelles lettres amp; efcrit, ledit Côte de Lenos requiert que briefue amp;nbsp;fommaire pourfuitte foit faite en celte part:amp; aufsi eu efnbsp;gardal’aéle amp;àl’ordre fur ce pris par tes feigneurs dunbsp;priué confeihtü autres chofes femblables : amp; à ce que tesnbsp;aduocats infiftentfur le mefme fait requerans queiufticenbsp;foit faite dudit Cote de Botlivvel,amp; cognoiflant pareillement la requefte amp; demande qu’il a faite,de bien examiner le tout : par l’aduis des feigneurs amp; Barons, afsiftans,nbsp;trouua par confeil qu’on deuoit palTer outre à la decifionnbsp;de la dite caiife cemefme iounfelô les loix duRoyaume.nbsp;Nonobftant refcritamp; proteftation produits par ledit Ronbsp;bert Cuninghâ : amp; cependant qu’il feroit admis à s’aioin.nbsp;dre amp; afsifter aufdits aduocats , pour la pourfuitte finalenbsp;de celle dite caufe,ü bon luy fembloit.
COPPIE DES LETTRES ENVOYEES alaRoyne,parleContede Lenos.
M A-D AME, ie rends treshübles graces à voftre Maie-fte des gratieufes amp; côfolatoires lettres que i’ay receuës le vingt-quatriefmedeceprefentmois:efquelles i’appernbsp;çoy que le bon plaiiîr de voftredite Maiefté, eft de remetnbsp;tre lapourfuite de ce dernier execrable a£le, iniques aunbsp;temps du parlement.Plaile à voftre Maiefté auoir efgardnbsp;que combien que ie foye afleuré que voftre haiitelTe pé-fc que le temps foit aufsi longcômeiefay,iufquesacenbsp;que la vérité de ce fait foit conué,amp; que les auteurs ennbsp;foyct punis felon leurs demerites, toutesfois ie requiersnbsp;trefhumble pardon à voftredite Maiefté, de ce que ie l’é-pefehe Si importune fi fouuent côme ie fuis^ontraint denbsp;^iirc,eftâtchofe qui me touche de fi pres.Requerant auf
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MEMOIRES DE
fi voftre Miieftctreshumblement de prendre en Bonn« part ce mien aduis ,amp; tel qui s’enfuit. C’cft que le temp*nbsp;eft fort long d’attendre le parlement.Iointque cecy n'eftnbsp;de chofe qu’ô ait acotiftumé de traiter es parlemés , ainsnbsp;eftant de telle amp; fi grande importance^que chafcû fcait»nbsp;elle doit pluftofteftre efclarcie auec toute diligêce, peufnbsp;en faire vne punitiô, qui foit en exemple à tous.Coiningnbsp;je fçay que la prouidence de voftre Maiefté le conlidetenbsp;beaucoup mieux que mon efprit ne le pourroit compta*’nbsp;dre. Mais par-ce que i’ay entendu que certains placard’nbsp;ont efté affigez a l’iiuis de l’auditoire d’Edimbourg,nbsp;refpondoyent à la premiere amp; feeöde proclamatiö qrienbsp;voftre Maiefté a Elit faire,amp; qui nomment quelques-vi’*nbsp;comme auteurs dudit cruel meurtre,ie requiers trc,hugt;’'nbsp;blement voftreMaicfté, pour l’honneur de Dieu,deceluynbsp;de voftredite Maiefté, amp; de voftre Royaume , amp; pour 1^nbsp;bien amp; repos d’iceluy, qu’il luy plaifcnonfculernêtfaft^nbsp;appréhender, amp; mettre en feure garde ceux qui fontnbsp;nommez aufdits placards,ains aulsi en toute diligence ¦**nbsp;fembler voftre nobleffe, amp; cela fait, aduertir amp; aiouriicfnbsp;comparoir aux fins y mentionnées.Et s’ils ne comparequot;,nbsp;voftre Maiefté pourra,p3rraduis de voftre noblefle amp;nbsp;feihmettre en liberté ceux qui y lont nommez. En qquot;‘’înbsp;voftredite Maieftéfera vn atlc honnorable.mefme enfquot;nbsp;duifant ce fait à telle extrémité, que là ou cel.i appar'’*nbsp;ftra clercment à voftre Maiefté, elle punifle amp; chaftienbsp;auteurs de ceft afte cruel; ou bien que lefdits placarquot;nbsp;fovent tenus pour faux,amp; de nulle valeur: amp; ceux qui aquot;'nbsp;rôt efté chargez foycntabfous amp; mis en liberté, felou*nbsp;bô plaifir de voftre Maiefté. Ma-dame,ie fupplie lenbsp;tout-Duiflànt maintenir voftre Maiefté en fa urotcéfiquot;*?
L’ESTAT DE FRANCE. 107 cards qui ont efté affigez à l’huis de l’auditoire d’Edimbourg) de ceux que ie penfe eftre dignes d’eftre condamnez pour le meurtre du Roy mary de voftreMaie-fté , que felon mon aduertiflêment elle s’employeroitnbsp;d’en prendre la cognoiflance felon les loix de ce Roy-aume)amp; comme la qualité du crime le requeroit. Fiai-fe.doncques à voftre maiefté fçauoir,que depuis quenbsp;i’ay receu vofdites lettresd’ay toufiours attendu qu’aucüsnbsp;de ces meurtriers fanguinaires) vous fuflent ouuertemétnbsp;coneuz . Mais puis que ie voy qu’ils ne le font pas cnco-res) ie ne puis plus contenir mon cœur, pour les vous cacher ainfi plus longuement. Voftre maielté donc entende les nos de ceux que ie foupçonne grandemét, afauoir,nbsp;Le Conte de Bothvvel, Maiftrelaques Balford) amp; Gil-lebert Balford fou frere, Maiftre Dauid Chamer, Blac-niairtre)lean SpenSjLe Seigneur Francifque,Baftian)Ieannbsp;de BordeauX)amp; loieph Dauid l’on frere.
Lefquels ie fupphe tres-humblement à voftre Maiefté felon ma premiere requefte faite à voftre hautelTe, nonnbsp;feulement faire appréhender, amp; mettre en feure garde,nbsp;mais aufsi en toute diligence aftembler voftre noblefle,nbsp;amp; côfeil,amp; alors prendre tel aduis pour le faift des delTufnbsp;dits,qu’ils puiflent eftre deuément examinez. Commenbsp;aufsi ie ne fais doute qu’en y procédant amli.l'efprit dénbsp;Dieu n’afsifteàlaconclufion, comme i’efpere .Enquoynbsp;voftre Maiefté fera vn ade fainft amp; honorable pour vousnbsp;melmes, qui eftes partie , amp; fatisfera grandement à ceuxnbsp;quiappartiennent aucunement au décédé,lequel auez aimé fi chèrement. Et ne faifant doute que voftre Maiefténbsp;ne donne bon ordre à tout cecy, felon l’importance dunbsp;faitfeomme ie vous en fupplie tres-humblement)ie prienbsp;ray le Dieu tout-pui(Iànt,vous auoir en fa protedion, amp;nbsp;qu’il vous donne en fanté longue vie,auec grace de pou-uoir longuement amp; heureufement regner. De Hovv-ftoun ce dixfeptiefme de Mars.
LES NOMS DES IVGES DEPVTEZ pourl’abfolutiondu Conte de Bothvvel.
André Conte de Rothes. George Conte de Caithe-nes.Gillebert Conte de Cafseley.IeanHambleton corn-
-ocr page 236-io8 memoires de mindeurde Arbroycht fils du Duc. laques fleurde Rof-le.Robert fleur de Somple. lean Maxvvei fleur de Hei*nbsp;reif. Laurens fleurde Oliphant. lean maiftre de Forneft.nbsp;lean Gordoun de Bothinvvate. Robert fleur de Boyd. U'nbsp;ques Cocburnede l'Autoun.IeâSomêruille de Cäbufne*nbsp;than . Mowbray de Vernee Bruxall. Ogilbye dc Boyne.
Les deffus nommez eftans choifls, admis, amp; adiureï pour donner iugement felon la couftume,amp;le Conte dsnbsp;Bothwel eftantaccufé parle proces,du crimecy deuanfnbsp;dcclaré,amp; luy Ie deftinat, 8i s’en rapportant à la fentencsnbsp;defdits luges: Ils lortirent hors de l’auditoire,amp; s’afleW*nbsp;bierent envn autre lieu : amp; apres auoir difputé lôgueiocfnbsp;enfemble,fur tousles poinäs de cefte acculàtiô,vn chair**nbsp;d’eux l’vn apres l’autre »déclara ledit laques Conte dSnbsp;Bothvvel eftre quittte amp; abfous entoutSc en partied**nbsp;meurtre du Roy, amp; généralement de ce qui defpcndo**nbsp;d’icelle aceufation.
Apres cela, ledit George Conte de Caithenes, Cha' celierou Prefident audit iugement, tant en fonnomfi**®nbsp;des autres luges, demâdaa^, à ce que tant les aduoca**'nbsp;que ledit Robert, Cuninghan , ayans procuratio du C”'®nbsp;de Lenos,amp; tous autres quelcôques, fulTent forclos cy a'nbsp;pres à produire autres elcritures.ou preuues quelles q**^nbsp;lesfuflent.pour tafeher de fouftenir ladite acufatiô;amp; q**/nbsp;les luges ne peulTent eftre induids à conclurre autreU*^'nbsp;qu’ils n’auroyét faiéi au parauant: d’autat que nul n’aU®*'nbsp;affermé icelle acculatiô contenir verité,non pas rnefn*^’nbsp;enpartie.’amp;qu’iln’y auoitpointd’accufateur qui copar****'nbsp;flnon les deirufdits,quis’eftoyent prefentez afindc po***'nbsp;fuyure le proces. Et parainfî les luges, ayans efgardà^®nbsp;que de(rus,le declarerentabfous.entant qu’ils pouuoyr^nbsp;auoir connoilTance du faich: auec proteftation que cc*nbsp;ne leur peuft eftre imputé.à faute par cy apres. Lequel a'nbsp;fte,amp; proteftation, à f’irtftat que ledit Côte de Caithen®^nbsp;l’refîdent,amp; vne partie des luges fus nommez furent rC**nbsp;trez en l’auditoire d’icelle Cour,amp; auant que de prouo*^'nbsp;cer l’arreft deflufdiâ:, à la requefte dudit Conte de C**'nbsp;thencs, fut publiquement leu amp; en plain iugement, amp; e**nbsp;demanda derechef aâ:e,amp; inftruraét en proteftant coi**'nbsp;me dit a efté.
-ocr page 237-L’ESTAT DE FRANCE. 209
EXTRAIT DV REGISTRE DES ACTES judiciaires de noftre fouueraine dame, par moy leannbsp;Bellenden de Anchnoule.Clienalier, amp; Greffier genenbsp;ral d’icelle Cour , Ibubs mon feing manuel, Aiiiii (inbsp;gné,Iean Bellenden Greffier de la Cour,
Il faut noter que qu’alors que celle proteftation fut fai te par George Conte de Caithenes Prefîdent audit juge ment,l’acculation eftoit faufle en ce chef, afauoir,d’aut.îinbsp;qu’ils alleguoyent le meurtre auoir efté commis le neunbsp;nefme jour de Feurier,qui toutesfois pour certain aduintnbsp;U' iour enfuiuant au matin dixiefme iour , à deux heuresnbsp;apres minuiél. Lequel iour felon les loix doit eftre coptenbsp;le dixiefme, de forte que par celle cauillation,l’abfoluciônbsp;fut finement fouftenue.
SENSVYVENT AVCVNES LET-tres amp; papiers troiiuez au petit coffre dont il a efté parlé cy denât, qui ont efté approu-nees eftre eferites de la propre main de lanbsp;Royned’Efeoflè.
lettres de la ROYNE D’ESCOSSE eferites au Conte de Bothwel, côtenant le defseing 'nbsp;du meurtre commis puis ^res.
Ellant partie du lieu, ou i’auoy e laifle mon cœur, il fe peut aifémentiuger qu’elle eftoit ma contenance, veii cenbsp;que peut vn corps fans cœiir . Q^i a efté caufe que iuf-ques à la difnee,ie n'ay pas tenu grand propos.Aufsi pernbsp;fonne ne s’eft voulu auancer, jugeant bien qu’il n’y faifoitnbsp;bon. Eftant encor à quatre mil pas de la ville,vint à moynbsp;vu Gentil-homme enuoyé par le Côte de Lenos, qui menbsp;falua enfon nom ; amp; l’excufa de ce qu’il ne m’eftoit venunbsp;audeuant,djfantqu’ilne l’auoitofé entreprendre,à caufenbsp;que j’auoye tenfé Cunigham,auec parolles aigres. Il menbsp;demanda aufsj que je m'enquiflè dufoupçon que i’auoycnbsp;contre iceluy Conte.Cefte derniere partie de fon diré,a-uoit efté adioiiftee par luy,fans que le Conte luyeultcônbsp;inandé.Ie relpondi qu'il n’y auoit point de remede cotre
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U crainte : amp; que s’il eftoit hors de faute, il ne feroit tant timid.e:amp; que ie n’auoye point relpondu afpremeßt’nbsp;finon aux doutes , qui eftoyent en fes lettres. EnfomW®nbsp;i’impofay iïlcnce au perfonnage. Il feroit long d’efcMf^nbsp;toutlerefte . Le feigneur laques Hambleton vint au dt'nbsp;uant de moy,lequel me déclara qu’au parauant ayant eß'nbsp;tendu ma venue,il s’eftoit retiré,amp; luy auoit enuoyé H»'nbsp;fton, pour luy dire, qu’il n’euft iamais creu, ou qu’il l’e“®nbsp;voulu pourfuyure, ou qu’il fe fuft loinél auec les Harnb^nbsp;tons,amp; qu’il relpondit qu’il n’auoit eu qu’vne caufenbsp;fon voyage, afauoir, pour me voir,amp; qu’il ne fe conioiß'nbsp;droit auec les Stuarts amp; H.ibletôs fans mô cômandefli^f'
Lulle Hulton, amp; le fils de Cauldvvellis, acompagß^ d’enuiron quatre vingts chenaux, vindrent au deuantflfnbsp;moy. LulTediétque ce iour-là mefme il eftoit adioufß^’nbsp;par lepere du Roy , contre ce qu’il auoit promis par IbJnbsp;feing,amp; que ce fei ng eftoit par deuers luy,mais que qß,nbsp;on fut aduerty de ma venue,que le iour auoit efté prol®'nbsp;gé. Et qu’il né vouloir aller par deuers le Conte, qui 1’^'nbsp;uoit appeUé,en iurant, qu’il ne luy demanderoitnbsp;rien . Nul des citoyens n’eftvenu à moy :qui faiéique 'fnbsp;CToy qu’jls font d’auec ceftuy-là:amp; puis ils parlent en h*^’nbsp;au moins du fils.D’auâtage ie ne voy aucüs de la Nobk“'nbsp;fe,outre ceux de m.a fuitte.Le Roy appella hier loachiiß'nbsp;amp; l’interroga pourquoy ic n’alloye loger pres de luynbsp;que fi ie le faifoye il feroit pluftoft remis fus. Item po^quot;:'nbsp;quoy i’eftoyevenue,amp; fic’eftoit pour faire vne recócib'*nbsp;tió: fi vous eftiez icy : amp;fi i’auoyc faiét quelque rooIR^^nbsp;mes domeftiques: fi i’auois prins Paris, amp; Gilbert,3®*’nbsp;qu’ils m’cfcriuifsêt:amp; fi ienevouloyepaslicetierlofepb'nbsp;Or ie m'eftnnne qui luy en a tant déclaré: car mefmeunbsp;tenu propos de Sebaftiin. le l’ay enquis de fes lettre'.’nbsp;ou 11 s’eiloit plaint de La cruauté d'aucuns.Il refpôditq“nbsp;eftoit aucunement eftonné, amp; qu’il lè trouuoit fiioyt-’”*nbsp;de me voir,qu’il penfoit mourir de ioye. Cependant il '¦nbsp;ftoit olfenfede ce que i’eftoisainfi penliue.Iem’en alb)nbsp;foupper.Celuy qui vous porte ces lettres vous fera en^*'nbsp;dre ma venue.
lime pria de retourner ; ce queie fi. 11 me déclara mal, aiouftant qu’il nevouloit point faire de teftainci't'^
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BD ceftuy feuLc’eft qu’il me liifièroit tout; amp; que i’auoye efté 11 caufe défi maladie,pour l'eunuy qu’il auoit porté,nbsp;que i’euffc l’affection tintefloignee de luy. Et puis apresnbsp;vous me demadeï dit-il, que veut dire celle cruauté, dotnbsp;iefay mention en mes lettres. Cela s’adrefle feulementnbsp;àvous,quinc voulez receuoir mespromeffes,ny ma repentance. le confeffe que i’ay grandement offénfc: Maisnbsp;non en ce que i’ay touuours define.I’ay aufsi peclié à l’ennbsp;contre d’aucuns de voz citoyens,ce que vous m’auez pir-donnc.le fuis ieurie. Vous dites cependant qu’apres m’a-noir fouuent pardonné ie retourne en fembiables fautes.nbsp;Vn homme de mefme aage que ie fui£,amp; deftitué de cô-feil,ne peut-il pas fiillir deux outrois fois’ou ne tenirnbsp;pas quelque fois promeffeî amp; apres fe repentit de fa fau-te,enfe corrigeant par l’vfige des occurrences? là ienbsp;puis obtenir paidon,ie promets cy apres de ne plus ofte-cet.le ne vous demande rien d’iuintage, finonque nousnbsp;ne faifions qu’vne table, amp; vn lid, comme ceux qui fontnbsp;mariez.A cela,fi vous ne côfentez,ie ne releueray iamaisnbsp;de ce lift, le vous prie de me faire entendre ce que vousnbsp;luez délibéré, car Dieu f^ait quelle peine ie porte , de cenbsp;que i’ay fait de vous vnDieu,amp; qiieie nepéfe à autre chonbsp;fe qu’à vous. Que fiie vous offenfe quelquefois vous ennbsp;eftes ciufe’.veuquc quand on m'otlence.fiiauoyece refiinbsp;gc,que ie me peuffe plaindre vers vous, ie ne fetoye manbsp;côplaintc à autre : mais fi i’enten quelque chofe, amp; que ienbsp;11’aye familiarité iiiec vous,ie fuis contraint de la retanirnbsp;clofe en mon cœur.Ce qui me tourmente tcllcmét, qu’ilnbsp;m’ofte du tout l’entendement, amp; le conieil.leluy rcfponnbsp;doye toufiouts: mais il feroitlong de tout efcrire.le luynbsp;ay demandé pourquoi il delibcroit s’en aller en ce muite Auglois ; Ce qu’il nia, voire aueciurement, mais il anbsp;confelséauoir parle auec les Anglois. Apres, ie l’aven-quis, touchant la difpute de Guillaume lliegait. Ce qu'ilnbsp;a aufsi defnié, iufques à ce que ie Iqy ay rapporté les metnbsp;mes parolles qu’il auoit proférées.Alors il dit qu’il eftoitnbsp;auerry par Minto,qu’on difoit qu’vn du côleil m’auoit apnbsp;porté desletrres,aEn de les tigneT,pour le faire mettre ennbsp;^ifo,voire(,s’il n’obeiffoiCpout le tuer;amp; qu'ilenquift lenbsp;«blàb,ç de 'Minto, qui rclpôditq celaluy femliloit vtav.
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De ce chef, ie luy en parleray demain. Quant au refte» touchant Guillaume Hiegait,il ra;confeflè:mais non iuf-lt;jues au lourd’apres mon arriuee.U defiroitfortqueiquot;nbsp;laffe loger en fon hoftehee que i’ay refufé, luy difan’ïnbsp;qu’il auoit befoin de purgation, amp; que cela ne fe pouuoitnbsp;faire . Il adioufta qu’il auoit entendu que i’auoye anten®nbsp;•vne litiere, amp; qu’il euft mieux aymé aller enfemble auecnbsp;moy . l’eftime qu’il penfoit que ie le vouluffe enuoyefnbsp;prifonnier quelque part ie refpondy que ie le meneroy®nbsp;auec moy à Cragmilar, afin que là les médecins amp; nw/nbsp;le peufsions fecourir,amp; que ie ne m’efloingnallè de nioonbsp;fils. Il refpondit qu’il eftoit preft d’aller , ou le voudroy®’nbsp;pourueu que ie le rendiffe certain de ce qu’il m’auoif®'nbsp;quis.Il defîroit de n’eftre veu de perfonne.11 le fafche to“nbsp;tes les fois que ie luy parle de Vvalcar,amp; dit qu’il luynbsp;chera les oreilles de la telle , amp; qu’il a menty. Car ie 1nbsp;uoye interrogué de cela, amp;dece qu’il s’eftoit courrouf®nbsp;contre aucuns des feigneurs ,amp; les auoit incnaflèz -qu’il nie, amp; dit qu’il les aime tous : amp; me prie quel®nbsp;croye point autrement de luy:amp; quant à ce qui me £0®^nbsp;ehe, qu’il ay meroit mieux mourir,que de faire chofe lt;1“nbsp;me peuft offencer,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j
Qu'auojt-i1 dóe fee-foin dejn deciije-
Or apres.il m’a' vfé de tant de petites flatteries,auec t poids amp; diferetion , que vous en feriez eftonné. ranoy,.|nbsp;peu s’en fjut,oublié cequ’il ditfurle faitde HiegaiM'lnbsp;ne peut rien foupçonner de moy :amp; qu’il ne croira'nbsp;mais que moy qui luis fa propre chair,luy face aucun jnbsp;fplailîr;amp; qu’il fçauoit bien que i’auOye refufé de fon* ,j|nbsp;re à cela.Que fiquelqu’vn cerchoit à luy öfter la vie^d'^jjnbsp;feroit en forte qu’elle luy feroit chèrement vendùénf^jjnbsp;que nul ne luy eftoit,ou feroit fuQ)ea:,ains qu’ilnbsp;tou.s ceux que i’aymoye . Il ne vouloir point perrnc'' .nbsp;que ie-m’en allafle,maisdefiroitque ieveilIalTeauec*nbsp;Et ie faingnoyeque tout eeka me fembloitvrav, amp;nbsp;m’en foucioye beaucoup.Et en m’excufant,que ie n®nbsp;uoyc veiller pour cefte nuift là, il dit qu’il ne po®“nbsp;biendormir. lenel’ayiamaisveu mieux porter,«®nbsp;1er 11 doucemér. Et fi ie n’euflè appris par l’experi®®®’^^,nbsp;r bië il auoitlc coeur mol côme cire,amp; le mie eftr®nbsp;mc diamât, amp; lequel nul trait ne pouuoit percerfin“
L’ESTAT DE FRANCE. itj coché de voftre main, peu s’en euft fallu que ie n’euffenbsp;eu pitié de luy. Toutesfois ne craignez pointxefte forte-reffè fera conferuee iufques à la mort ; mais vous regardez que ne laiisiez furprendre la voftre,par cefte nation,nbsp;infîdelle, qui auec non moindre opiniaftreté debatra lenbsp;mefme auec vous.I’eftime qu’ilsonteftécnfeignezennbsp;mefme efcole.Ccftuy-cy à toufiours lalarme àl’ocil.Ilfanbsp;lue tout le monde:voire iufques aux plus petis:amp; les flatenbsp;d’vne façon pitoyable , afin qu’il les ameine iufques à a-uoir compafsion de luv. Au-iourd’huy le fang eft fortynbsp;du nez, amp; de la bouche à fon pere. Vous donc, deuin^znbsp;maintenâtqueleft ceprefage. le ne l’aypoint encor veu,nbsp;car il fe tient en fa chambre. Le Roy me requiert que ienbsp;luy donne à manger de mes mains. O r vous n’en croyeznbsp;pas pardela rien dauantage,pendant que ie fuis icy.
Voyla ce que l’ay defpeché pour mon premier iour, efperâtacheuer demain le refte.le vous efcry toutes chonbsp;fes,encor qu’elles foyent de peu d’importance,afin qu’ennbsp;eflilant lesmeilleures,vous en faciez iugement.le fuis ocnbsp;cupee en vn affaire , qui m’eft infiniement defagreable.nbsp;Ne vous prent-il pasenuie de rire,de me voirainfibien Conf fsiônbsp;mentir, ai moins de fi bien difsimuleren difant veritérll impudcn-m’atout defcouuert fous le nom de l’Eueique, amp;de Su- cfftônbsp;therland.Et toutesfois ie ne luy av encor parlé,, nv ditvnnbsp;feul mot de ce que vous m’auez déclaré, ains feulementnbsp;ie le pourfuy par force de flatteries amp; prières, afin qu’ilnbsp;s’aifeure de mov. Et me plaignant de l'Euefque, i’ay fçeunbsp;toutes chofes de luy,amp; entédu le refte.Nous femmes cô -joints auec deux efpeces d’hommes infidèles . Le diable Impreca*nbsp;nous vueille feparer,amp;que Dieu nous côioigneà iamais, tion cotrenbsp;dcequefoyonsdcix perforsnes tref-fidellcs, fi iamaisau fon mary.,nbsp;tres ont efté coniointes enfemble. Vovla ma foy,amp; veuxnbsp;mourir en icelle .Exeufez moy,que i’eferi mal, il faudranbsp;que Vous en deuiniez la moytié:mais ie ne puis remediernbsp;à cela. Car ie ne fuis pas à mon aife. Et neantmoins i’aynbsp;vne grande iove en vous efcriuant,pendît que les autresnbsp;dorment, puis que de ma partie ne puis dormir commenbsp;eux , ny ainfi que le voiidroye.c’eft à dire, e.ntre les bras O e.xecti-de mon treicher amv : duquel ie prie Dieu qu’il vueillenbsp;deftourner tout raal,amp; luy donner bon fuçces .le m’en
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vay pour trouuer mon repos iufques au lendemain, afin «jue ie finifle icy ma bible:mais ie fuis fafcliee, que ce repos m’empefclie de vous efcrire de mon fait, par ce quenbsp;il dure tant.Faites moy fçauoirce que vous auez délibéré de faire,touchant cc que fçauez,afin que nous nous entendions l’vn l’autre,amp; que rien ne fe face autrement. lenbsp;fuis toute nue,amp; m’en vay coucher : amp; neantmoins ie nenbsp;me puis tenir que ie ne barbouille encor bien mal,ce quinbsp;me refte de papier. Maudit foit ce tavelé , qui me donnenbsp;tant de trauauxrcar fans luy i’aiioye matière plus bellenbsp;pour difcourir.il n’a pas efté beaucoup rédu diforme,tounbsp;tçsfois il en a pris beaucoup.II m’a quafi tuee de fon haienbsp;nc,car elle eli plus forte que celle de voftre parct:amp;: neat-inoins ie n'approche paspres de luyimais ie m’afsieds ennbsp;vne chaire à fes picds.luy eft.âc en la partie du liét plus efnbsp;loiugnee. Du mefTagerdu pere fur le chemin.
Du dire du fieur laques Kamhleton.
De ce que le preuoft de Luffe m’a rapporté, touchant le retardement.
De ce qu’il s’eft cnquis à loachim.
Du reglement de la famille.
De ma fuitte.
De la caufe de mon arriuee.
De îofeph.
Item du deuis d’entre moy amp; luy.
Delà volonté qu’il a de me complaire, amp; de là rcpeß' tance.
De i’interpretationde fes lettres.
Du fait de Guillaume Hiegait,amp; de fon départ»
Du fieur de Lenin gftoun.
Peu s’en fautque ie q’aye oublié,comme,le fieur deLc uingftoun a dit à l’oreille en foupant,à madamoiléllenbsp;res,qu’elle beuft à ceux qu’elle conoilïôit,fous conditionnbsp;q le ie la pleigeroye en leur nom. Etapresfouperil ni®nbsp;dit,comme ie me chaiiffoyc auprès du feu, cftât appuyernbsp;fur fon e(pauIe:Voyla vne belle vifitation de telles gens:nbsp;mais toutesfois la ioyede nolfre venue neleurpeute-flre fi grande, comme ell la fâcherie à cekiy qui a eftenbsp;delaifséfeul a liourd’hny ,amp;qui ne feraiamais ioyeurgt;nbsp;iufjucs à ce qu’il vous aitveui.Derechefie luy demaday
-ocr page 243-L’ESTAT DE FRANCE. iij ^ui eftoicceftuy-là, luy m’embraflànt plus eftroitemcncnbsp;Rie relponditjC’eft l’vn de ceux qui vous ont laiflee.Vousnbsp;Pouuezdeuincr qui eft ceftuy-là.I’ay luiourd’huy trauailnbsp;léiufques i deux heures en cebraflelet,poury enfermernbsp;U clef,qui eftiointe aubas,auecdeuz petites cordesnl eftnbsp;Rial fait,à caufe du peu de temps qu’on a eu;mais i’en fe-vnplus beau. Cepédant auifez que perfonne de ceuxnbsp;9ui font icy ne le voyercar tout le monde le conoit, tantnbsp;“aeftéfaità la hafte,deuant les yeux de chacun.
Maintenant ie vien à ma deliberation odieufe : vous Rie contraignez de tellement difsimulenque i’en ay hornbsp;reuriveuque vous me forcez de ne ioùerpas feulemctlenbsp;perfonnage d’vne traiftrefle. Qu’il vous fouuiennequenbsp;fil'aifeûion de vous plaire ne me forçoit,i’aymeroyenbsp;Riieux mourir que de commettre ces chofes.-car le coeurnbsp;Rie fcigne en icelles.Bref,il ne veut venir auec moy, finônbsp;fous ccfte condition,que ie luy promette d’vfer en commun d’vne feule table,amp;d’vn mefmelift, comme aupar-ïuant,amp; que ie ne l'abandonne fi fouuent. Et que fi ie lenbsp;fiy ainfi,il fera tout ce que ie voudray,amp; me fuyura.Maisnbsp;il m’a prié que l’attendiue encor deux lOurs.Au commé-«ment ilparloit fort afprementfcôme vous récitera ce-luy qui porte les prefentes)du deuis eu auec les Anglois,nbsp;amp; de fon depan:mais en fin il reuint à fa douceur. Entrenbsp;autres fecrets qu’il me recita , il dit qu’il fqauoit bien quenbsp;monfrere m’auoitrapporté ce qu’il auoit fait auec luy ànbsp;^mrlingrdefquelles chofes il a nié la moitié, écprincipa-icment qu’il fiift entré en la chambre de mô frère.Et afinnbsp;911’11 me creuft pluftoft,i’efto've contrainte de luy accorder quelque cEofe,endifsimuIant.Parquoy,lors qu’il menbsp;pria que ie luy promilTe, qu’incontinent qu’il feroit gue-^gt;nous ne fifsions plus qu’vn lid.ie luy di par difsimula-fion,enfaingnantque ie croyoye à fes belles ptomeffes,nbsp;9510 ie m’y accorderoye,pourueu qu’il ne changeaft d’a-oisrmais cependât qu'il regardaft que perlene n’en feeuftnbsp;nen; par ce que les Seigneurs ne pourroyent eflre cfFcn-tezdenos propos , ny confequemment nous en vou-Jo.r mal : ains feroyent en crainte de ce qu’il m’auroitnbsp;fuyui.Et fi nous pouuions cftrc d’accord enfemble, qu’ilnbsp;pourroit donner ordre,qu’ils eniendroyent combien peunbsp;O 4
-ocr page 244-2.16 MEMOIRES DE ils 1’auoyent eftimé.Item decequ’il m’auoitconfeillé»nbsp;que ie nc recerchafle Ia böne grace d’aucuns lans luy.Etnbsp;pour ces railons, qu’ils feroyent en grand loupçon gt; fi ienbsp;troubloye ainfi maintenant la farce du theatre qui auoit 'nbsp;cfté apprefté pour iouër vne autre fable.
Alors eftant grandement ioyeux,il aioufta. Etpenfez-vous que pout cela ils vous en eftiment d’au.-i.ntageîMaif iefiais bien aife.que vous auez fait mention des Sei-gneurs.Maintenant ie croy que vous defirez que nous vlnbsp;liions enfemblement en paix. Car s’il eftoit ainlijbeau-coup plus grandes fafeheries nous pourroyent adueniinbsp;à tous deux,que nous ne craignôs. Mais àprefent ie veuxnbsp;ce que vous voulez , amp; aimeray ce que vous aimerez j amp;nbsp;deiire que pareillement vous acquériez leur amitié : carnbsp;puisqu’ils ne pourchalTent à m’öfter la vie, ic les aim«nbsp;tous efgalemenr.
C’cft qu’tl le veilt einnbsp;poifoBtïcrnbsp;fon mary.
Touchantcechef, le porteurvous recitera plulîeuH particularitezid’autant qu’il y a trop de chofes,qui reftentnbsp;a efcrire,amp; qu’il eft délia tard. Vous aioufterezfoyfeloOnbsp;voftre parole. En fomme , il ira ou vous voudrez parnK’nbsp;commandemét. Helasl ie n’ay iamais trompé perfonnc:nbsp;mais ie mefubmets en toutes chofes,à voftre volontC'nbsp;Faites moy fçauoir ce que ie doy faire:amp; quoy qu’il c**nbsp;puifle auenir.ie vous obeyray.Etpenfez en vouf-mefni^gt;nbsp;livous pouuez trouuerquelquenjsoyé pluscüuuert,quSnbsp;par bruuage : Car il doit prendre medecineamp;eftre.bai-gné à Cragmilar. Il ne peut fortirdiilogisd’icyàpfu-lîeursiours.Briefà ce que i’eu puisentédre, il eft en grîilnbsp;foupçonineantmoins il aioufte beaucoup de fov à map^nbsp;rolennais non encores tant.qu’il n’en delcouure qiielqu®nbsp;chofe.Toutesfois ie confelîeray,amp; reconoiftray toutdc'nbsp;liant luy lî vous le trouuez bon . Mais fi ne m’efioiiyraV'nbsp;ie iamais à tromper celuy qui fe fie en moy.Neantmoin’nbsp;vous me poiiuez commander en toutes chofes. Ne co»quot;nbsp;?^'^*'^“‘ceuez donc point de moy aucune finiftre opinion:pul’nbsp;vne Tovquot; voiis-mefmes elles caui'e de cela. Car ie ne le feroycnbsp;ne. Voila iamais contre luy pour ma vengeance particuliere. Cetnbsp;la force de pendant il m’a donné attainte du lieu fufpeél.Et a iufq»^’nbsp;l’iinjnidki ici diféouru bien au vif que fes fautes font coneuës : maisnbsp;qu’il V en a,qui en commcttentdc plus grandes, encoresnbsp;qu’il’
-ocr page 245-L’ESTAT DE FRANCE. 117 qu’ils eftiment qu’elles foyent cachées par filence,amp; tou*nbsp;tesfois que les hommes parlent des grids, aufsi bien quenbsp;des petis.Qwnt à Reres,il dit, ie prie Dieu que les ferui-ces qu’elle vous fait, vous foyent à honneur . Il dit aufsinbsp;qu’il y en a qui croyent,amp; que de fa pan il l’eftime veri-table,que ie n’ay point en moy lapuiflance de moy-mefnbsp;Bie, d’autant que i’ay refufé les conditions qu’il auoicnbsp;offertes.
Brief,il ell certain qu’il fe doute de ce que fçauez, amp; de fa vie mefmes. Quant au refte, foudain que ie luy propo-fe trois ou quatre bônes paroles,il fe rehouit,amp; n’a pointnbsp;de crainte.Ie ne l’ay point veu cefte apres difnee : par cenbsp;que ie faifoye voftre brafleleuauquel ie ne puis accômo-derde lacire;car c’eft ce qui defaut à faperfedlion.Et encor ie crain,qu’il n’y furuienne quelque inconuenient, amp;nbsp;qu’ilfoit reconeu,s’il auenoit que vous fufsiez blefsé. Fainbsp;tes moy entendre fi vous le voulez auoir;amp; fi auez afairenbsp;de quelque peu plus d’argent.amp; quad ie doy retourner, amp;nbsp;quel ordre ie tiendray à parler à luy.11 enrage quad ie faynbsp;mention de Lethingtô,de vous amp; de mon frere.Il ne parle point de voftre frere. Quant au Conte d’ArgathIey,ienbsp;fuis encrainte,toutes les fois qu’il en deuife . Il s’afleurenbsp;qu’il ne penfe point de mal de luy.Quant à ceux qui fontnbsp;de dehors,il n’en parle nyenbien,ny en mal: feulementnbsp;ilaeuité toufiours ce lieu. Sonpere fe tienttoufiours aunbsp;logis,amp; ne l’ay point encores veu. Tous les Hambletonsnbsp;fonticy,quiniefQjjt compagnie aflcz honnorable. Tousnbsp;les amis del’autreme fuyuentlors que ie levifite.llmcnbsp;prie,que ie foye demain allez à temps pour le voir leucr.nbsp;Afin que ie le face court,ce porteur vous dira le furplus.nbsp;Si i’âpprcnicy quelque chofe le foirielemettray en menbsp;moire . Il vous déclarera la caufe de mon retardement.nbsp;Bruilez ces lettresrcar elles font dangereufes , amp; s’il n’y anbsp;rien quifoit bien couché. le ne pcfc q chofes fafchcules.nbsp;Si vous eftes à Edimbourg,quand vous receurez cetnbsp;lettres, faites le moy fçauoir.Nc vous olFenfez point,fi ienbsp;me fie par trop .Maintenant donc, mon cher amy ,puisnbsp;que pour vous complaire ie n’efpargne, ny mon hôneur,nbsp;ny maconfcience , ny les dangers, ny mefmes ma gran-dcur,quelle qu'elle puilTe eftre ; le vous prie que vous le
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preniez en Ia béne part,amp; nö feló l’interpretano du fa«* freie de voftre femme, auquel ie vous prie aufsi n’adiou-fter aucune foy, cotre la plus fidelle amie, que auez eue»nbsp;ou que vous aurez iamais. Ne regardez point à celle dçnbsp;laquelle les feinétes larmes ne vous doyuent eftre de 1gt;nbsp;grâd poix que les fidelles trauaux que ie foutfre, afin quenbsp;ie puifle mériter de paruenir en fon Iieu:pour lequel obtenir , ie trahi ( voire contre mon naturel) ceux quini’ynbsp;O amour pourroyent empcfcher. Dieu me le vueille pardonner,amp;nbsp;cieuxamp;de '’°“’ dointÇmon amy vnique)telfuccez amp;felicité,quevonbsp;tcflable. buiiible amp; fidelle amye le fouhaitte : laquelle efper®nbsp;en briefautre recompcfe de vous,pour ce mien fafcheuïtnbsp;labeur. lieft tard, neantmoins ie nedefire iamais cefiefnbsp;de vous efcrire. Et toutesfois , apres vous auoir baifélesnbsp;mains,ie feray fini mes lettres,Éxcufez mon ignorîo^^nbsp;à efcrire, amp; relifez mes lettres : cxcufez la briefueté d«’nbsp;charâfteres : car hier ie n’auoyepointde papier, quandnbsp;i’efcriui ce qui eft au memoire.Ayez fouuenâce de voftf®nbsp;amye , amp; luy refcriuez fouuent. Aimez-moy, commenbsp;vous aime;amp; 3.yez mémoire du propos de ma damoifei'nbsp;le Reres.
Des Anglois. De fa mere.
Du Conte d’ArghIey. Du Conte deBothvvel.nbsp;Du logis d’Edimbourg.
AVTRES LETTRES ESCR'ITES DÉ
Glafcvvo, ou l’on peut voir la haine qu’elle por-toit à fon mary, non fans foupçon qu’elle machinoit fa mort.
Il femble qu’auec voftre abfence foit ioinfk l’oubly’ veu qu’au partir vous me promiftes de vos nouiiellesnbsp;toutesfois ie n’en puis apprendre, dequoy l’efperîce m’*nbsp;quafi ierté en aufsi grande ioye, que celle queie doy re-ceuoir à voftre venue laquelle vous auez différée plusnbsp;que ne m’auiez promis. Quâtàmov,encor que iea’oy^nbsp;rien de nouueau de voqs.-toutesfois,felon la charge, qu®nbsp;j’ay receuèd’ameine l’hommeauec moy Lundy à Crig'nbsp;milar,ouiIferatoucIeMecredy. Eti’irayà Edimbourg,nbsp;pour me faire tirer du fang,fi ie n’enté riê de nouueau denbsp;vous
-ocr page 247-L’ESTAT DE FRANCE. 117 vous au contraire. Il eft plus ioyeux, amp; difpos, que vousnbsp;nel’auez jamais veu. Il me reduiét en mémoire toutesnbsp;1« chofes qui me peuuent faire entendre qu’il m’aime.nbsp;Enfommevous diriez, qu’il m’honnore, recerche a-uec graîrd rcfpeft. Enquoy ie pren fi grand plaifirqucnbsp;ie n'entre jamais vers luy, que la douleur de mon cofténbsp;•naïade ne me faififle, tant il me fafclie. Si Paris m’ap-portoit ce pourquoy ie l’auoye enuoyé, i’efpere que ienbsp;meporteroye mieux. le vous priefaites-moy fauoir biénbsp;lu long de vos afaires : amp; ce qu’il me faut faire, fi vousnbsp;n’eftes de retour ouand ie feray-là arriuee.Car fi vous nenbsp;conduil’ez la chofe fagement, ie voy que tout le faix retournera fur mes efpaulas. Regardez à tout, amp; premièrement efpluchez le fait en vous-melmcs . le vous en-Uoye ceci par Beton qui s’en ira au iour afsigné au Sieurnbsp;Balford. le ne vous en diray dauantage.finon pour vousnbsp;prier que mefaciez enteixdre de voftrc voyage. A Glaf-cvvo ce Samedy matin.
avtres lettres
àluy-mefmes.
l’A y veillé plus tard la haut que ie n’eufle fait, fi ce n’euftefté pour tirer ce que ce porteur vous dira , que ienbsp;trouuclaplus belle commodité pour exeuftr voftre a-faire,qui le pourroit preséter.I’ay promis que ie luy me-neray demain celluy-là. 'Vous.ayez en foin , fi lachofenbsp;vousfemble commode . Maintenant i’ay violé l’accord:nbsp;car vous auiez défendu que ie n elcnuille, ou que ie n’é-uoyalTe par deuers vous. Neantmoins ie ne I’ay fait pour -vousolFencer. Et fi vous fauiez en quelle crainte ie fuis à rnbsp;prefent, vous n’auriez point rât de foupçôs contraires ennbsp;Voftre efprit : lefquels touresfois ie fupporte, amp; pren ennbsp;bonne part ; comme prouenans de la chofe que ie defirenbsp;le plus de toutes celles qui font fous le ciel,amp;que ie pour-fuyauecextreme diligence , afauoir voftre amitié, dótnbsp;tant de deuoirs que ie fay me rendent certaine amp; afleu-ree. Quanta moyien’en defefpererav iamais,amp; vousnbsp;plie quefiiyuât vospromcflesvous me faciez entedrevonbsp;ftre affeftion : autrement i’elhmeray que cela fe fait par
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MEMOIRES DE
mon mal-heureux deftin, amp; par la faueur des aftres én-uers celles qui toutesfois n’ont vne tierce partie de U loyauté, amp; volonté que i’ay de vous obéir, fi elles (coffl'nbsp;me fi i’ertoye vne fécondé amie de lafon) malgré moY’nbsp;occupent le premier lieu de faueur.Ce que ie ne dy po“*^nbsp;vous accomparer à cell homme en l’infelicité qu’il auoKinbsp;ny moyauec vne femme toute efloignee de mifericot'nbsp;dé, comme eftoit celle-là. Combienque vousmecofl'nbsp;traignez ellre en aucune partie femblable à elle, en toU'nbsp;tes les chofes qui vous concernent, ou qui vous peuue”*nbsp;garder amp; conferuer à celle,à laquelle feule vous elles eO'nbsp;tiereinent de droit!. Car ie vous puis m’attribuer cóm^nbsp;mien,qui vous ay acquis feul loyaument, en vous .aima'}“'nbsp;aufsi iniquement, comme ie fay, amp; feray tant que ie''*'nbsp;uray.'me rendant alTeuree,contre les trauaux amp; dangers’nbsp;qui en pourront aduenir.Et pour tous ces maux defqu^'*nbsp;m’auez efté lacaufe, rendez-moy celle faueur ,que vou*nbsp;avez fouuenance du lieu qui ellprochain d’icy. le *’^nbsp;demande pas que vous me teniez promefle demain.Aie’nbsp;que nous nous afl’cmbions,amp;que n’adioulliez point“*'*nbsp;foy aux fufpicions ,finon apres l’experience faite. lenbsp;demande autre chofe à Dieu, fors qu’entendiez cenbsp;i’ay en l'efprit, qui ell vollre ; amp; qu’il vous garentilTenbsp;tout mal, au moins pendàtque ieferay envie,laquelle*nbsp;ne tien point chere, finon, entant que moy amp; elle vo**inbsp;fommcs agréables. lem’en vay coucher, amp; vous dy ’nbsp;Dieu.Faites moy certaine de bon matin de vollre ?***ƒnbsp;ment.Car ie feray en peine,iufques à ce queie l’entend^nbsp;Commel’oifeau efchappé de la cage, ou la tourtregt;q*Ynbsp;ell fans compagne,ainfi ie demeureray feule,pourpl^**nbsp;rer vollre abfence, quelque briefiie qu’elle puilTenbsp;Celle lettre fera volontiers, ce que ie ne pourray W*nbsp;mov-mefmes, fi d’aiiéture comme ie crain,vous ne do*^nbsp;mez dcfia.Ie n’ay ofé efirire en prefence deIofeph,Seunbsp;fiian,amp; Icachim,qui ne faifoyent que de partir quand i '*?nbsp;commencé .à cfcrire ces chofes.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y
AVTR.ES LETTRES ESCRITES
Conte de Bochvvel, touchant le depart de Margue** Corrvvood.oui cognoilïbit amp; aidoit afes amours.
Mon cœur, helas! faut il que la folie d’vne fenirns
L’ESTAT DE FRANCE, xii vous cognoiflez affez l’ingratitude vers moy » foie caufenbsp;de vous donner defplaifir,veu que ie n’y pouuoye mettrenbsp;remede, fans le donner a cognoiitre? Et depuis que ienbsp;m’enfuis apperceuë, ie ne le vous pouuoye dire, pourcenbsp;que ie ne fauoye pas comme m’y gouuerner, d’autantnbsp;qu’en cecy ny en autre chofe ie ne veux point entreprendre de rien faire, fans que ie cognoifle quelle eft voftrenbsp;volonté,queievousfupplieme faire entendre. Car ienbsp;l’executeray toute ma vie, voire plus volontiers que nenbsp;me le voudriez declarer. Que fi vous ne me mandeznbsp;des nouuelles cefte nuift , de ce que vous voulez quenbsp;ieface,ie m’endefpefcheray , amp; me hazarderay de l’entreprendre . Ce qui pourroit nuire à ce que nous deflei-gnons tous deux. Et quand elle fera mariee , ie vousnbsp;prie de m’en dôner vne autre: ou bien i’en prêdray quel-qu‘vne,dont i’eftime que la façon vous contentera . Maisnbsp;quant à leur langue amp; fidelité enuers vous , ie n’en vou-droyepas refpondre. le vous fupplie que l’opinion d’vnenbsp;autre n’efloigne voftre affeftion de maconft^nce. Vousnbsp;meffiezvous de moy,qui vous veux mettre hors de doute,amp; declarer mon innocence? O machere vie,ne le re-fufez pas, amp; ne fouffrezque ie vous donne cfpreuue denbsp;mon obeifTance , fidelité, confiance , amp; volontaire fuie-ftion; que ie pren à trefgrand plaifîr, autant que ie le puisnbsp;auoir, fi vous l’acceptez fans ceremonie. Car vous ne menbsp;fauriez faire plus grad outrage,ny offence plus mortelle.
AVTKES lettres ENVOYEES DE Sterlingà BothvveLtoucHantla menee qu’ellenbsp;faifoinpour fe faire rauir par luy.
M o N s I E V R, bêlas, pourquoy eft voftre fiance mife en perfonne fi indigne pour foupçonner ce qui eft entièrement voftreîl’enrageivous m’auiez promis que vousnbsp;vousrefouldriez en toutes chofes,amp; que chacun iournbsp;vous m’éuoyeriez dire ce que i’auroye à faire. V ous n’ennbsp;auez rien fait. le voux veux bien aduertir que vous pre-niçzbien garde à voftre dcftoyal beau frere . Il vint versnbsp;moy,fans me faire apparoiftre que c’eftoit de voftre part,nbsp;amp; me dit que vous l’auiez requis qu’il vous efcriuit cenbsp;que ie vous voudtoyedire , amp; ou,amp;quand ie pourroye
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aller à vous,amp; ce que vous délibériez faire de luy. Etfur cela il me remonftra que c'eftoit vue folle entreprife gt; amp;nbsp;que pour mon honneur ie ne vous ponuoy prêdre à mary , puis que vous eftiez marié, ny aller auec vous: amp; quenbsp;l'es gens mefmes ne le fouffriroyent pas, voire que lesnbsp;lèigneurs contrediroyét à ce qui en feroit propofé. Bref,nbsp;ilfcnible qu’il nous foitdu tout contraire. le luy relpon-dy,veuque i’en eftoye venue li auant, qûefivous ne vousnbsp;retraciez, nulle perfualîon, non pas mefmes la mort,menbsp;feroit manquer à ma promefle . Touchant la place, pat'nbsp;donnezmoy lî ie vous dy que vous elles trop negligentnbsp;de vous remettre à moy.ChoililTcz la doc vous mefmes,nbsp;amp; m’en aducrtiflez.Cepcndant ie ne fuis a mon aife. Carnbsp;il eftia trop tard, amp; n’a pas tenu à moy que vous n’y ayeïnbsp;penfé de bonne heure. Etfi vous n’eufsiez changé d’opi-niondepuis mon abfcnce,non plus que moy,vous ne demanderiez maintenant d’en eltre refoIu.Tat y a qu’il n’ynbsp;a point de faute de mapart.Et en cas que voftre negligé*nbsp;ce ne nous mettre tous deux au dager d’vn defloyal beaunbsp;frere, R les chofes ne fuccedent, iamais ne puiflè-ie bouger de celle place.Ie vous enuoye ce porteur: d’autîtquenbsp;ien’ofe commettre ces lettres à volire beau frere, qu*nbsp;n’vferaatifsi de diligence. Il vous dira de mon ellat. lu*nbsp;gczquel amendenzét m’ont apporté ces nouuelles cere-monies.Icvoudroye eftre morte. Car ie voy que tout vanbsp;fnaI.Vous me proinilles bie autre chofe par vos premieres promelTes. Mais l’abfeBceapouuoirfurvous,quia-iiez deux corde.ç en voftre arc . Defpefchez-vous de menbsp;f.iire refponcc, afin que ie ne faille : ne me voulant fiejnbsp;en voftre frere.Car il en a babillé,amp; y eft du tout contrai-re.Dieu vous doint la bonne nuiél.
AVTRES LETTRES OV ELLE CER* che quelque excufc.touchant fou ra-VilTement.
D V lieu, amp; de l’homme, ie m’en rapporte a voftre fre-re,amp; à vous.Ie le fuiurav,amp; ne faudray en rié de ma parr-Il trouiie beaucoup de difficultez . le penfe qu’il vous e» a 3duertv,amp; de ce qu’il deliroit, pour bien iouër fon per*nbsp;fonnage. Quant à ionér le mien,ic fay côme ie m’y dois
-ocr page 251-L’ESTAT DE FRANCE. 21} gouuerner: me fouuenant de la façon que les chofes ontnbsp;cfté délibérées. Il me femble que voftre long feruice, amp;nbsp;la grande amitié amp; faueur que vous portée les feigneurs,nbsp;merifentbien que vous obteniez pardon, encor qu’ennbsp;cecy vous vous auinciez aucunemét par deflùs le deuoirnbsp;d'vniiibiet.Oreft-ilque vous entreprenez de le faire, nonbsp;pas afin de me forcer,amp; tenir captiue,ains pour vous rendre aiTeuré pres de moy,amp; que les remonftrances amp;per-fuaûons des autres ne m’épefeheut de confentir à ce quenbsp;Vous elperezque voftre feruice vous fera vniour obtenir.nbsp;Bref, c’eft pour vous afleurer des feigneurs, amp; vous mettre en liberté de vous marier, comme y eftant contraintnbsp;pour voftre feureté, à ce que puis apres me feruâtloyau-ment,vous me puifsiez prefenter vne hüble requefte,cÔ-iointe toutesfois auec importunité. Exeufez-vous doncnbsp;amp; les petfuadez le plus que pourrez, que vous eftes forcénbsp;par necefsité de faire ainfi voftre pourfuite à l’encontrenbsp;de vos ennemis. Vous aurez dequoy dire alTez, fi l’argument amp; le fubiet vous plaift: amp; donnez beaucoup de belles paroles à Ledinton. Q^e fi cela ne vous femble bon,nbsp;aduertiffez m’en, amp; n’en mettez pas du tout la fautenbsp;fur moy,
AVTRES lettres A LV Y MESMES, à ce qu’il regardait foigneufement ,que enlanbsp;rauidant.il fe rendift le plus fort.
M o N s IE V R,depuis ma lettre eferite,voftre beau frère,qui fut, eft venu à moy fort trifte, amp; m’a demandé mô confeil de ce quilferoit apres demain : poureequé il y anbsp;beaucoup de gens icy , amp; entre auTes, le Conte de Southerland, qui aimeroit mieux mourir, veu le bien que icnbsp;leur ay fait depuis n’agueres, que de foutfrirque iefuilenbsp;cinmenee,eux mecondiiifans, amp;’ d’autrepart qu’il craintnbsp;que s’il en furuenoit quelque trouble, on ne l’eftimaftnbsp;ingrat, comme s’il m’auoit trahie . le luy dy qu'il deuoicnbsp;eftrerefolude cela aueevous , amp; mettre hors de fa mai-fon ceux defquels on fe mesfioit le plus.Suyuantce miennbsp;aduis'.il s’eft refolu de vous en efcrire.Et me fuis eltoneenbsp;de le voir 11 peu refolu en temps de necefsité.Ie m'afleu-rebien qu’il fera tourd’honnefte homme : mais ie vous
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ay bien voulu aduertir de la crainte qu’il a d’eftre chargé' amp; accufé de trahifon. à ce que fans vous mesfier de luf’nbsp;vous y regardiez de plus pres, amp; que vous vous rendis*nbsp;d’autant plus fôrt.Car nous auions hier plus de trois ce*’’nbsp;cheuaux des flens, amp; de Lenifton. Pour l’amour deP’^'*nbsp;to'/e'L pluftoll accompagné de trop que de trop peu. Cafnbsp;ceft le principal de mon foücy. le m’en vay acheuer i”*nbsp;dejgt;eiche,amp; prie Dieu que nous nous puißions entreuoifnbsp;bien toll en ioye.Ie vous elcry en diligéce,afinque foy^^nbsp;aduerty à temps.
AVTRES LETTRES EN Rl'
M£ FRANÇOISE, EN forme DE 5°*^quot; nets,qu’elle luy efcriuit auant quenbsp;fer,voire durant que le Roy viuoit encof^®»nbsp;amp; au parauant le diuorce d’entre luynbsp;femme,felon que les paroles mefmes lep°’'nbsp;tent, d’autant qu’elle fe declare deuoit c’’ jnbsp;prçferee en amour à la femme de BothW^ '
Cesfon- • I O dieu- yez de moycompafsion, nets fi mal Et m’enfeignezquelle preuue certainenbsp;confus mô jg puis donner,qui ne luyfemble vaine,nbsp;r ¦nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’’’O” amour amp; ferme affeélion.
bon poc e, nbsp;nbsp;Las,n eft-il pas la en pollelsion
qnc bone ' Ducorps,du coeur,qui ne refufe peine, temine. Ny deshonneur en la vie incertaine,
Offence de parens,ne pire affetlionî
Pour luy tous mes amis,i’eftime moins que raC”’ Et de mes ennemis ie veux efperer bien,nbsp;l’ayhazardé pour luy,amp; nom amp;confcience.
le veux pour luy,au monde renoncer, le vous mourir pour le faire auancer.nbsp;Qim relie plus pour preuuer ma conllancc?
Ji.
Entre fes mains,amp; en fon plain pouuoir, le mets mon fils,mon honncur,amp; ma vie.nbsp;Mon pays,mes fuiets,mon ame afliiiettic
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Eft toute àluy,amp; n’ay autre vouloir
. Pour mon obieâ,que fans le deceuoir Suyure ie veux,malgré toute l’enuienbsp;Qjïifsir en peunCar ie n’zy autre enuie»nbsp;Que de ma foy luy faire apperceuoir:
C^pour tempefte.ou bonace qu’il face, lamais ne veut changer demeure ou place.nbsp;Brefie feray de ma foy telle preuue,
Q^il cognoiftra fans faute ma conftance, Nonpar mes pleurs,ou fainte obeiflance.nbsp;Comme autres font,mais par diuerfe efpreuue.
III.
Elle pour fon honneur vous doit obeifTance, Moyvous obeiflanti’en puis receuoirblafme,nbsp;N’eftantà mon regret,comme elle.voftre femme.nbsp;Et fi n’aura pourtant en ce point préminence:
Pour fon proufit, elle vfe de conftance,
Car ce n’eft peu d’honneur,d’eftre de vos biens dame, Etmoy pour vous aimer,i’enpuis receuoir blafme;nbsp;Et ne luy veux ceder en toute l’obferuance.
Elledevoftre mahn’a fapprehenfion,
Moy ie n’ay nul rcpos,tant ie crain l’apparence.
Pat i’aduis des parens elle eut voftre accointance: Moy malgré tous les miens,vous porte atîeftion.nbsp;Et de fa loyauté prenez ferme affeurance.
1111.
Par vous moncctur,amp; par voftre alliance.
Elle aremisfamaifon enhonneur.
Elle a ioüy par vous de la grandeur,
Dont tous lesfiens n’auoyent nulle afleurance. Rêvons.mon bien,elle a eu la conftance.
Eta gagné pour vntemps voftre cœur. Par vous elle a tout plaifîr cnbon heur,nbsp;Etpoutvousa honneunamp;reuerence.
1 Etn’aperdu.finonlaiouylfance,
l R’vn fafcheux fot,qu’elle aimoit chèrement.
1 le ne la plain d’aimer donc ardemment
I Ccluy qui n’a,enfens,ny en vaillance,
l Ny en beauté,enbonté,ny conftance
l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;P oint de lecond.le vy en cefte foy.
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memoires de
V.
I ôuinge nbsp;nbsp;nbsp;Quand vous l’aimiez,elle vfoitde froideur,
de Both- yjjyj fouffriez pour s’amour pafsion,
¦ Qui vient d’aimer detrop d’affeftion. Son doigt monftroit Ta triftefle du cœur.nbsp;N’ayant plailîr en voftre grand ardeur,nbsp;En fes habits monftroit fans fiâion,nbsp;QiVelle n’auoit peur qu’imperfeftion,nbsp;Peuft l’effacer hors de ce loyal cœur.nbsp;Devoftremortienevisla 'f' ƒnbsp;Que meritoit tel mary,amp; feigneur?nbsp;Somme de vous elle à eu tout fon bien.nbsp;Et n’aprifé,ny iamais eftimé
Vn fi grand heur, finon puis qu’il n’eft ffèn, Et maintenant dit l’auoir tant aimé.
V I.
Et maintenant elle commence avoir. Qu'elle eftoit bien de mauuais jugement.nbsp;De n’eftimer l’amour d’vn tel amant,nbsp;Et voudroit bien mon amv deceuoir.
Par les efcrits tous fardez de fçauoir, Qm pourtant n’eft en fon efprit croilTant,nbsp;Ains emprunté de quelque auteur luifanr,nbsp;A fait tresbien vn enuoy fans l’auoir.
Et touresfois fes paroles fardees. Ses pleurs,fes plaints remplis de fixions,nbsp;Et fes hauts cris amp; lamentations
Ont tant gagné,que par vous font gardées Ses lettre’ elcrite’ auiquels vous donnez foy:nbsp;Et fi raimez,amp; croyez plus que moy.
v 1 I.
Vous la croyez,lasîtrop ie l'apperçoy. Et vous doutez de ma ferme confiance.nbsp;(O monfeul bien,amp; ma feule efperancé)nbsp;Et ne vous-puis afleurer de ma foy.
Vous m’eftimez legere que ievoy, Et fi n’auez en moy nulle alTeurance,nbsp;Et foupçonnez mon cœur fans apparence,nbsp;Vous mesfiant à trop grand tort de moy.nbsp;Vousignorczl’amourque ie vous porte,
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Vous foupçonnez qu’autre amour me tranfporte, Vous eftimez mes paroles du vent.
Vous defpaignez de cire mon las cœur, Vous mepcnfez femme fans jugement;».nbsp;Et tout cela augmente mon ardeur.
VIII.
Mon amour croift,amp; plus en plus croiftra, Tant que viuray,amp; tiendray à grand heur,nbsp;Tant leulcment d'auoir part en ce cœur,nbsp;Vers qui en fin mon ara our paroiftra.
Si trefclairque iamais n’en doutera. Pour luy ieveuxrecercher la grandeur.nbsp;Et feray tant que de vray cognoiftra.nbsp;Que ie n’ay bien,heur,ne contentement.nbsp;Qu’à l’obeir amp; feruirloyaument.
Pour luy fatten toute bonne fortune.
Pour luy ie veux garder,fan té, amp; vie.
Pour luy vertu,de fuyure i’ay enuie. Et fans changer me trouuera tout' vue.
I X.
Pour luy aufsi i’ay ictté mainte larme. Premier qu’il fuûde ce corps poffeffeur,nbsp;Duquel alors il n’auoit pas le cœur.nbsp;Puis me donna vn autre dur alarme:
Qwnd il verfa de fon fang mainte dragme, Dontde grief mal me vint lailfer douleur.nbsp;Qui m’en penfa oller vie amp; frayeur.nbsp;De perdre laslle feul rempart qui m’arme.
Pour luy depuis i’ay mefprifé l'honneur.
Ce qui nous peut feul pouruoirde bon heur.
Pour luy i’ay hazardé grandeur amp; confcience.
Pour luy tous mes parens i’ay quitté,amp; amis: Ettous autres refpefts font aufsi à part mis.nbsp;Briefde vous feulie cerche l’alliance.
X.
Devousiedy,feul fouftien de ma vie, Tintfeulement ie cerche m’affeurer.nbsp;Et fi veux bien de moy tant prefumer.nbsp;De vous gagner,maugré toute l’enuie.
Car c’eft le feul défit de voftre chere amie.
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De vous feruir amp; loyaument aimer,
Et tous malheurs moins que rien eftimer, Et vollre volonté,de la mienne fuyuie.
Vous cognoiftrez auec obeiflance, De mon loyal deuoir,n’obmettantlafcience,nbsp;A quoy i’eftudieray pour toufiours vous complaire.
Sans aimer rien que vous fous la fubieétion, De qui ie veux, fans nulle fiélion,nbsp;Viure amp; mourir,amp; à ce i’obtempere.
X I.
Mon cœur,mon fang,mon ame,amp; monfoucy, Laslvous m’auez promis qu’aurions plaifirnbsp;De deuifer auec vous à loifir.nbsp;Toute la nuiéh.ou ie languis icy.
Ayant le cœur d’extreme paour tranlî. Pour veoir abfentlebutde mon defîr,nbsp;Crairrte d’oubly vn coup me vient failîr.nbsp;Et l’autre fois,iecrainquerendurci
Soit contre moy vollre amiable cœur.
Par quelque dit d’vn mefehant rapporteur: Vne autre fois ie crain quelque auenture.
Qui par chemin deftourne mon amant. Par vn fafcheux,amp; nouueau accident:nbsp;Dieux,deftournez tout mal-heureux augure,
XII.
Ne vous voyant felon qu’auez promis. Pay mis la main au papier pour eferirenbsp;D’vn dilferent,que i’ay voulu tranferire:nbsp;le ne fiy pas quel fera voftre aduis.nbsp;Mais ie fay bien qui mieux aimer faura.nbsp;Vous direz bien,qui plus y gagnera.
DES PLACARDS ET PR O' clamarions du combat affichez par Bothquot;nbsp;vvel,amp;de la refponfe qui y fut faite.
Incontinent apres la mort du Roy, qui fut tu^ eirlâ^aifon, icelle eftant efleuee en l’air par la violeu'^^nbsp;delj^ouldre.àcanon lanuiét du neufiefme iour denbsp;uricr,itÂ,on fit vne proclamation contenant que
TJ
-ocr page 257-L’ESTAT DE FRANCE. 119 que reueleroit les meurtriers du Roy, auroit deux millenbsp;liures fterling. A laquelle proclamation fut refpôdu aufsinbsp;par vn placard affiché à l’huis de l’auditoire d’Edimbourg,nbsp;le feiziefme iour de Feurier en la forme qui s’enfuit.
Pource qu’on à publié que quiconque reueleroit les meurtriers du Roy,auroit deux mille liuresde qui ay feitnbsp;inquifîtion par ceux qui ont commis l’aéte mefme,afferme que les,auteurs dudit meurtre font, le Côte de Botlî-wchmaiftre laquesBalford,le Curé deFlislz,maiftreDa-uid Chambers, Blacmeftre,amp; lean Spens.Lequel fur toutnbsp;eft le principal auteur de ce meurtre, amp; la Roync qui l’anbsp;confenti à la perfuafîon dudit Conte de Bothvvel ,auccnbsp;l’enforcelement de la dame Buclovvogh.
Surquoy fut faite vne autre proclamation le mefme iour,ou l’on requeroit que celüy qui auoit attaché le placard fufdit fe prefentaft, amp; vinftauouèr amp; foubfcrire ennbsp;perfonne à iceluv, amp; qu’il auroit la fomme qui auoitnbsp;efté promife par la premiere proclamation, voire da-uantage s’il le meritoit,fous le bon plaifir de la Royne,amp;nbsp;de fon confeil.
A quoy on fit la refponfc qui s’enfuit, amp; qui fut attachée en la mefme place le iour enfuyuant dixneufiefme dudit mois.
Pour autant qu’on a feit vne proclamation depuis que i’ayattachémon premier placard, ou on requiertqueienbsp;me prefente pour le foubfcrire amp; auouër : pour refponfenbsp;ie requiers aufsi que l’argent foit configné entre lesnbsp;mains de quelque homme de bien , amp; ie comparoiflraynbsp;Dimanche prochain, amp; quatre autres auec moy, amp; lorsnbsp;ie foubfcriray amp; fouftieridraÿ cequei’ay dit, Dauantagenbsp;ie requiers que le fieur Francifque Baftien, amp; lofeph or-feurede la Royne ,foyent arreftezpriionniers,amp; ie dc-clareray ce que chacun d’eux amp; leurs complices firentnbsp;«n particulier.
A ce placard rien ne fut refpondu.
Lequatorziefme iourd’Auril, le Conte de Bothvvel venant pour afsifter au iugement à Edimbourg, artiua a-Uecques enfeignes defployees, rempliffant les rues denbsp;gens d’armes de fa feamp;on. Etfutaccufé amp; abfoustouçnbsp;P }
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cnftmble du meurtre du Roy, par luges qui eftoyent periures. Làildeffiaamp; feprefenta pour combatte feulànbsp;feul, tout homme non dilfamé, qui voudroit maintenirnbsp;contre luy cefte aceufation.
A quoy on fit refponfeparvn autre placard qui fut attaché incontinent apres au mefme lieu , que pour autant que ledit Conte de Bothvvel auoit fait afficher vn placard iîgné de fa main , par lequel il deffioit tout hommenbsp;non diffamé qui voudroit amp; ofcroitdire qu’il fiift coul-pable de la mort du Roy, adiouftautque celuy quilenbsp;diroit, ou voudroit foullenir telle aceufittion, en auroitnbsp;menti par la gorge : vu Gentil-homme d’honneur amp; denbsp;bonne renommee accepta fon offre , amp; dit qu’il prou-ueroitpar la loy des armes,qu’il eftoit le principal auteurnbsp;de ceft horrible meurtre, combien qu’on en euft faitnbsp;quelque inquilïtion, amp; dont pour la crainte de mort lesnbsp;luges l’auovent legercment abfous, Et pource que lenbsp;Roy de France ,amp; la Royne d’Angleterre requeroyentnbsp;par leurs Ambafiadeurs que punition fuft faite d'iceluÿnbsp;meurtre,il fupplicaufsi leurs niaiefiez qu’ils infiftent en-uers la Royne fa fouueraine dame, que par fon confen-temét on puiflè accorder du iour amp;Iicu dedas leurs pays,nbsp;pour venir au combat felon la loy des armes,mefmes ennbsp;leur prcfence, ou celle de leurs députez. Auquel iour amp;nbsp;lieu, il promet amp; iure en foy de gentil-homme de fenbsp;trouuer amp; faire fon deuoir, pourueu que leurs maiefteïnbsp;par proclamation,luy donnent iàufconduit,amp;; à fa com-pagnie,pour palTer amp; repafler par leurs terrcs,fans aucunnbsp;empefehement. Remettant le iugementaux leacursamp;nbsp;auditeurs, combien iufte caufe il a de requérir fur ce lenbsp;Roy de France, amp; la Royne d’Angleterre. Aduertiflàntnbsp;par certes le refte des meurtriers, de fe preparer, d’autant qu’on leur feroit le mefme offre, amp; que leurs nomsnbsp;ieroyent baillez par eferit, afin qu’ils fulîènt cognus d'vunbsp;chacun.
CONFESSION DE lEAN HABRVN, du ieuneTjlla,d’Aglish,amp;; Pourie,qui furent exécuteznbsp;ietroiùefme de îauuicr enfuyuant.
Il AN, lieur de Bovvton , confefla qu’il v en auod neuf
-ocr page 259-L’ESTAT DE FRANCE. 231 neuf qui executerêt l’encreprife,afauoir,le Côte de Bolit-Vvel.le fleur HormiIlon,Hob Hormifton,amp; luy-mefme,nbsp;Talla, d’Aglish, Vilfon.Pourie, amp; François Paris, amp; qu’ilnbsp;n’en vid point dauantage, amp; n’en conoit point d’autres.
Et ne fçayt rien plus, finon que le Roy fut efleué en l’air ,amp; que perfonne ne luy toucha qu’il fache, ou s’il futnbsp;frappé de quelqu’vn , que ce futpar autres que parles fuf-nommcz.
Item, touchant le fleur laitues Balford, dit qu’il ne l’a pas veu foufcrire à l’entreprile, mais bien que c’en eft lenbsp;principal auteur amp; confeiller.
11 aioufla, difantile confefle que c’eft vne viiye proui-dencede Dieu, de ce que ie fuis amené icy, comme vne befte à l’efcorcherie, d’autant que ie m’eftoye pourueunbsp;d’vn nauire,toutesfois ie a’3.y peu efchapper.
Item,il dit que perfonne ne face mal àlaperfuafion des grands,en eftimant que ceux là le fauueront,car ie pénbsp;foye pour certain la mefme nuift que le fait fut exécuté,nbsp;que combien qu’il full paruenu à la conoifTance de chafànbsp;cun , neantmoins que nul n’euft efté fl hardy de dire quenbsp;c’eftoit mal fait, voyant la foufeription des mains de tantnbsp;de peifonnes,amp; conoiflànt l’intétiô de la Royne en ce cy.
Et parlant de la Royne en plein auditoire , il dit;Dieu vueille que tout fe porte bientCar d’autant plus qu’on cache la faim , d’autant plus elle s’augmente . Quiconquenbsp;viura encores quelque téps,iliugeraqueiln’y aicyrieanbsp;de nouueau.
Item, Hineft confefTa qu’il elloit l’vn des principaux meurtriers, amp; pourtajit s’eftimoit digne de mort : maisnbsp;qu’il eftoit alTeuré de la mifericorde de Dieu, qui l’auoitnbsp;appelfé a repentance.
Talla pareillement confefla ce que deirus,amp; s’accorda «1 tout amp; par tout en ce qui touchoit les perfonnes,le nônbsp;bre,amp; la ruine delamaifon duRoy.
En outre afferma qu’à Sctonle Côte deBotàvvel l’ap-pellaamp; luy dira quoy penflez vous, quand vous le villes ainfî efleué en i’air?amp; qu’il refpondit.'helasmronfeigneur,nbsp;pourquoy dites vous cela’carquïdi’oy telles choies, lesnbsp;paroles me naurent iufques à la mort,comme elles vousnbsp;deuroyent faire.
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ltem,qu’alors , il vid le fieur laques de Balford,mettre fon nom,de celuy de fon frere au pardon.
Dauantage, qu’il fcauoit bien le fait trois jours auparavant qu'il deuft eftre execute.
Puis,il aioufta : Apres que ie vins a la Cour,ie delailîày déliré la parolle de Dieu,amp; embraflay toute vanité. Etnbsp;pourtantDieu m’a iuftement puny.Qjrc chafeun donc e-uite mauuaife compagnie, amp; ne fe confie en l’homme-'nbsp;Car nous femmes aufsi prompts a receuoir le mahcoinnbsp;me l’eftouble a prendre feu.
Outre-plus, eftant en l’auditoire il requit lean Brand» Minilire de l’Eglife , d’aller vers le fieur de Lindfeyjd^nbsp;luy dire ces mots.’Monfieur, ie vous pardonne ma mort,nbsp;amp; aufsi a monfieur le Regent, voire à tous autres , magt;^'nbsp;en Ipecial a ceux qui m’ôt trahy amp; liuré' entre vos mains-Car ie Içay que fi vous m’eufsiez peu lautier, vous l’euf'nbsp;fiez fait; vous requérant que de la mefmeaffeélionqf®nbsp;vous voulez refpondre deuant Dieu au iour du iugemr*’’nbsp;vous faciez diligence d’amener en iuftice le relie des a“'nbsp;teurs de ce meurtre,côme m’y auez amené: d’autantqu5nbsp;cecy ra’apas creu en ma tefte.Toutesfois,Dicu foit loü^’nbsp;que fa iullice a commencé enmoy , amp;que par icelle*’nbsp;m’appelle .à repentance.
Dagli ;h dit: Ainfi Dieu me foit iuge, fi ie feeu rien d® la mort du Roy,deuant que tout full fait.Car le Conte denbsp;Bothvvel fortanr de fon liél print les chauffes de velou*^nbsp;amp; fur cela arriua François Paris.qui luy dit quelque m®*nbsp;en l’oreiile:apres il me parla d’autre chofe.puis il me de*nbsp;manda fon manteau à cheuauchcr,amp; fon eljiec: ce que*®nbsp;luy baillay . Qiioy faitilvintà laporte dulogis dufieufnbsp;Hormifl:on:amp; l’ayant attendu,s’enalla,amp; pafla deuant le^nbsp;laco{lins,amp; vint pres le folïe ou il me commanda den^nbsp;bouger. Et i’appelle Dieu pour mon iuge , fi i’en corjc**nbsp;jamais autre chofe, iufques à ce que i’entendy le bruit d®nbsp;lapoudré^i canon. Apres cela il s’enreuintau logis,nbsp;coucha en fon li£h, iulquesàtant que maillre Georg®nbsp;1 lakitarriua , amp; heurta àlaporte. EtquandiedeuroV®nbsp;mourir pour ccl.a , Dieu me foit en tefmoing fi ie Iç*®.nbsp;autre chofe.Et s’il eft ainfi q i’en meure,que doit on fu**®nbsp;à ceux qui ont cümis,confcillé, foulcrit,amp; e.xeciitéle w’*'nbsp;‘ ¦nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;C O
-ocr page 261-L’ESTAT DE FRANCE. 255 conclvsion de tovt
ce que deflus.
Voyla ce qui a efté fidellem ent recucilly, tat des aamp;es de iuftice, que des propres cfcrits de la Roync, commenbsp;aufsi de la confefsion de plufieurs telmoins . Au demeurant les caulès cy deflus , incitèrent celle Royne à prendre ce miferable confeil. Bothvvel aufsi auoit d’autres rainbsp;fons qui n’efmouuoyent pas peu fon elprit. Car celle infame abfolution augmentant dauantage le fait qu’elle nenbsp;leuoit les foupçons , amp; nepouuant plus ellre celé,il eutnbsp;recours au dernier remcde, afauoir , d’impetrer pardonnbsp;de la Royne de tout ce qu’il auoit commis.Mais d’autantnbsp;que cela ne fembloit ny honnelle, ny afièuré de mettrenbsp;nommémctfelon la coullume du pays,.celle inlîgne mefnbsp;cEanceté es lettres de pardon , amp; aioindre le relie en termes generaux, par forme d’appëdice, amp; enfomme con-feflerle meurtre du Roy : il falluttrouuer amp; commettrenbsp;rn crimeautant grand, ou qui ne foil pas moins enormenbsp;que tous lesprecedens, foubs l’ombre duquel le meurtrenbsp;du Roy full comme caché. Or n’en trouua on point d’aunbsp;tres, fors ce rauiflemét lîmulé , par lequel enfemblcmétnbsp;la Roynepeut pouruoirà fon affeélion, enfe mariant,amp;nbsp;Bothvvel à fa feureté.
Depuis fe voyant priueedefonRoyaume,amp; de tout gouuernement, par l’-aiiis des ellats du pays, amp; ellre nonnbsp;leulement en mcfpris à chafcun,ains aulsi referrec en vnnbsp;challeau fous bonne garde : elle délibéra de fe fauuer ennbsp;France,efper3ntqu’àIaEtueurdefes parens elle impetrenbsp;toit quelque nouueau fecours du Roy , pour fe faire remettre en fes honneurs amp; eftats.Aquoy luy donnoitgrinbsp;de efperance la fatlion des Hambletons, qui fembloit c-ftre des plus fortes de l’Efcoflc.En fin apres auoir corrô-pufes gardes par argent, amp; par belles promefles, elle fenbsp;defrobe du challeau en habitdifsimulé. Mais penlànt tenir la route de Frâce, elle aborda en vne ville d’Angleterre,ou eftât reconcile par quelques-vns, quoy qu’oai l'euftnbsp;feceué aflèz honnorablement, fi eft-ccque peu apres lanbsp;Royne d’Angleterre la donna en garde àvn feigneurdunbsp;pays, amp; s’afleura de fa perfonne : de forte que quelquenbsp;pourfuitc qu’elle ait feeu faire dedans amp; dehors le Roy-
-ocr page 262-154 MEMOIRESDE aume, elle n’a peu encores eftre deliurec.Pendant (i pri'nbsp;fon,l’Angleterre acfté agitee dediucrs troubles i ayantnbsp;fouuent attenté de s’emparer de 1’eftat: principalementnbsp;fous lo prétexté du mariage auec leDuc de Northfolc.lequel elle cfperoit faire Roy, i. l’aide d’aucuns feigneursnbsp;du pays,qui eftoyent mal contens.ou défitoyet de remetnbsp;tre fus les ceremonies de l’eglife romaine. Ce qui futdefnbsp;couuert à la Royne,par vne grande prouidence de Dieu«nbsp;eftant par ce moyen le Duemisprifonnier. Toutesfoisnbsp;les Contes de Northumberland, amp; de Vveftmerland, amp;nbsp;plufîeurs autres feigneurs s’efforcèrent en armes iekoünbsp;uertes à deliurer cefte Royne d’Efcofle.Ce q n’ayans peunbsp;executer, fourragèrent les frontières de l’Angleterre, amp;nbsp;en fin furent mis en route, fentans feulement approchernbsp;l’armee de la Royne . Tellement que de tous ces beauxnbsp;delTeins n’eft encores forty autre fruit,finô la prifo» perpétuelle du Duc, amp; fa condemnation à mort,la ruine detnbsp;deux fùfdits Contes,amp; autres feigneurs de leur ligue,
' fubuerfion des maifons des Hambletons, auec vne extre . me foulle des peuples de l’vn amp; l’autre Royaume , amp; 1*nbsp;mort de, deux Regens en EfcofTejmeurtris à fon infligé'nbsp;tionamp; pourfuitte.
Etdenouueau encores,femonftranttoufîours fembll ble àfov-mefme,clle entreprit de faire prendre la RoY'nbsp;ne d’Angleterre , le fecretaire Cicile, amp; quelques autresnbsp;du priuéconfeil, amp; en fin .à l’aide mefmedu Ducd’Albegt;nbsp;amp; de'quelques Lords du Pays,qui abufoyentde la douceur amp; clemence de leurfouuerain magiftrat, s’emparernbsp;de la couronne.Chofe quia efté confermee , tant par lesnbsp;lettres de la Royne d’Efeoflè, que par la confefsion me'-mes de ceux,qui pour ce regard ont efté executez par U*nbsp;ftice à Londres,amp; qui auoyent efté par elle mis en befonnbsp;gne. Entre leiqnels au commencement de cefte annee,nbsp;lyyi.eftoit vn Anglois avant peu au par-auant feruv defenbsp;, cretaireau fieur Henry Norrevs.nommé Mathenlequelnbsp;felie'^cnquot; fut pendu, efcartellé, Artrainé a la mode du pavs; auecvnnbsp;l’an if7i. autre nommé Barne, qui auoit demeuré quelque temPJnbsp;en France . Voyla tout le bien amp; proufit qu’à .ipporteinbsp;l’Angleterre,la prifon, amp; detention de cefte Royne, afa-uoir troubles amp; guerres ciuillcs contiuueles , auec coniunbsp;rations
-ocr page 263-L’ESTAT DE FRANCE. iry niions frcquentes,concrclavie'amp; l’cftatdes pins gratis.nbsp;Voire y a apparence de pis, fi Dieu de ,fa bonté gratuite,nbsp;ayant pitié du Royaume , pour l’amour de fon nommenbsp;l’en retire,ou ne luychange la mauuaifc affeûion qu’ellenbsp;porte à fes voifins.qui n’ont voulu fauoriferfes avionsnbsp;peruerfes amp; desbordees.Mais par -ce qu’il y a vn petit recueil des particularitezquife font paflees fur ce fait: .l’aynbsp;penféeftre meillieur de l’infcrcrtcypourfinde celle Ki-Ûoire tant tragique.
SOMMAIRE RECVEIL des confpirations faites par la R oyncnbsp;d’Efeofiê, contre la perfonne'amp;nbsp;l’eftat de la Roynenbsp;d’Angleterre.
ON fçait alTez que la Rovne d’Efeofle s’eft toufiour» deroonftrce par fes aélions ennemie capitale de lanbsp;Royne d’Angleterre,mefmesiufques à prétendre droidnbsp;lu Royaume d’Anglcterre,amp; le débattre cotre elle apresnbsp;la mort de la Royne Marie fa fœur.
Et apres qu’elle n’a peu ne par force,nc par fineflè, venir au bout de fes defleins, elle promit folennellemét de feconoiftre la Royne d’Angleterre, pour vraye amp; legitime Royne dudit Royaume, comme fille, amp; heritiere dunbsp;Roy Henry huitiefme.
Laquelle aufsi depuis, fuyuant I es loixde ordonnances lt;u piys,a efté aduoüee, receué, de efiablic legitime heii-ficre du Roy Edouardvi .fonfrere.amp;deMariefafœurnbsp;lifnee, amp; declaree Royne à fon facre:amp; pour telle reconbsp;neué,par les hommages des Princes, Seigneurs, PreUts,nbsp;^toutle refte du peuple d’Angleterte,fuiuât,amp; en la mefnbsp;me folennité,amp; ceremonie, que les autres Roys amp; Royces fes predecefleurs,ront efté.
Comme de fait aufsi elle en eft trefdigne, eftant vne ^tinceftè excellente,amp; douee de rares vertus, comme lanbsp;Conté, clemence amp; pieté le tefmoignent.amp;dont elle vfenbsp;rnefmes enuers la Royne d’EfcolIe: qui tout au reboursnbsp;’ en eft .nonftree ingrate,amp; indigne,pour n’auoir tenu fanbsp;proinefle,amp;foy iuree;ains i’auoir tocalemécviolse cotre
-ocr page 264-256 MEMOIRES DE le deuoir des Rois, amp;Roynes: n’y tendu ailleurs, pîrnbsp;adios amp; praftiquesqu’à la rompre,pour en fin vfurper ‘nbsp;Royaume d’Angleterre, qui ne luy appartenoitnbsp;quoy que par fes mauuais deportemens, inhumaniteZ’^nbsp;autres crimes, elle mefme full priuee de fon Royauni^nbsp;d’ElcolTe.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J
Tant y a qu’il elf aflez vérifié que celle Royne, s’ellre ainfi priuee de fon Royaume , amp; en auoir elle dnbsp;cliallee par fa propre faute,a voulu,en cotinuant fonnbsp;nais naturel, pratiquer depuis quelques années fecrettenbsp;met,!'!! mariage auecle Duc de Northfolc,(ans le feednbsp;volonté de la Royne d’Angleterre : de forte que p^fnbsp;moyen elleaellé la principale, voire feule caufenbsp;bellion dernièrement fiiite au pays deNortli,par les C®nbsp;tes de Nortliumberland,amp; Vveftmerland,amp; de la rdiquot;nbsp;amp; foule de tout le pays, qui s’en effc enfiiyulenaçoit^“,nbsp;les habitansd’iceluy pays, enflent toulîours ellé aup^f^nbsp;uant 1 es premiers qui ont prins les armes,amp; côbatu à Inbsp;contre des Efeoflois pour la conferuation de l’ellat dnbsp;gleterre,duquel ils fe monftroycnt fideles protedeuf*'nbsp;Et combien que la Royne d’Angleterre fe pouuoij*.nbsp;llement reflentir de cell outrage,néanmoins vfantnbsp;douceur,amp;clemenceaccouftumee,'aulieu d’en prendnbsp;vengeance,comme elle le pouuoit faire, elle a , (eod'nbsp;l’opinion amp; auis deplufieurs Seigneurs amp; gens de^d^jnbsp;feil, tant dedans que dehors le Royaume ) eflayenbsp;les moyens qui luy ont ellé pofsibles,pour lagratifi^f^ynbsp;me la propre liïur , amp; la reftituer en fon Royaume;'^nbsp;avant mefme conferué la vie , apres que le meurtrenbsp;elle commis en la perfonne du Roy d’Efeofle fon in* 'nbsp;fut defcouuertæncorquedu commencement lanbsp;d’Angleterre ne fe pouuoit perfuader qu’elle eullnbsp;mettre vn crime fi enorrne:de forte qu’à celle ocediinbsp;elle auroit tenté par tous moyens de fiiire réconcilié^nbsp;liée elle les eftats amp; peuple d’Éfcofl'e,elleindre amp; pac***nbsp;k's guerres riuiles qui y elloyent.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^,1
¦ 'pareillement il a ellé clercment vérifié, d’vn chacun,q le Duc de Northfolc ellant côllitué pf* ^^,5nbsp;nier pour la premiere fois,la Royne d'Efcofl'enbsp;eferites àla Royne d’Angleterre, reiioçaau pre^^dd^.^.
-ocr page 265-L’ESTAT DE FRANCE. 237 fiige d’entre elle amp; iceluy Duc, alléguant que ce n’eftoicnbsp;pas elle qui auoit premièrement recerché, amp; pourfuyuinbsp;te mariage,ains le Duc:voire promettoit de ne iamais jnbsp;attendre al’auenir . Comme au femblable ledit Duc denbsp;Northfolc,par fes lettres qu’il cfcriuit à laRoyned’Anglenbsp;terre,reconeut auec toute humilité la faute qu’il auoit cônbsp;®ife d’auoirainfî pourfuyui amp; recerché ce mariage,fansnbsp;lefceu Sc volonté de la Royne d’Angleterre fa fouuerai-•'edame:promett3ntal’auenirde ne iamais rien nego-tier auec la Royne d’Efcoffe , tant pour le fait de ce ma-tiage,qu’autrement,en quelque maniéré que ce fuit.
Suyuant ces proteftations amp; promefles, la Royne de Angleterre, (Princefle vrayemcnt débonnaire amp; pitoya-lgt;le) relafcha iceluy de la Tour de Londres, ou il eftoitnbsp;pri(onnier,luy oélroyantla liberté,amp; fa maifon, auec deliberation de le remettre en brief en tel eftat comme ilnbsp;auoit efté auparauant ; efperant qu’aprps il fe comportc-roit enuers elle ainfi qu’vn bon fuiet doit faire à l’endroitnbsp;de fa fouueraine Princefle,amp; de laquelle il pouuoit particulièrement reconnoiftre amp; tenir apres Dieu,la vie, amp; lenbsp;bien.Outre que par quelques perfonnages d’honneur elle moyenna,comme dita efté,tant auec la Royne d’Ef-coire,quele Roy fon fils,amp; les Seigneurs du Royaume,lanbsp;reftitution d’icelle, auec vn bon accord entr’eux pournbsp;appaifer les troubles, amp; difcords qui y eftoyent pournbsp;lors.
Neantraoins cefte Rovne, amp; le Duc aufsi, contreuc-nansâleurpromefl'e,amp;foyiuree,amp; à tout deuoir, ont depuis pat menees lécrettes, amp; par perfonnes interpo-fees continué à vouloir contraÀer mariage entre eux:nbsp;pour en fin , à l’aide de leurs complices,amp;confedcrez,nbsp;fe faifîr delà perfonne de la Roy ne d’Angleterre,amp; con-fequemment duRoyaume qui luy appartient comme e-ftantvraye,amp; legitime heritiere d’iceluy, le tout durantnbsp;le temps que ledit Duc a efté premièrement mis prifon-111er en la Tour de Londres, comme dit eft,co.mme aufsinbsp;pendant la liberté qu’il obtint d’aller en fa maifon,amp; iuf-quesà ce.que de rcchefila efté côftitué prifonnicr comnbsp;me auparauant.
Maintenant on peut iuger par ce qui a efté couché
-ocr page 266-ijS MEMOIRESDE combien leurs entreprifes, amp; pratiques eftoyentnbsp;cieufcs à i'cftat de la Royne d’Angleterre , s’ils fe funennbsp;ainfi mariez fans fou vouloir,amp; confentement, amp; conn®nbsp;l’attente de tous les bons, amp; loyauxfuiets du pays»nbsp;des meilleurs amis que le Duc euft, de façon qu’on p®®nbsp;dire que Dieu par vne grace amp; bonté fpeciale a icynbsp;dé comme extraordinairement la Royne d’Anglet^*'“^'nbsp;amp; ion eftat,contre lequel la conl’piration eftoit drefl®®'nbsp;non fans efperànce de la pouuoir executer.
Car mefmes ils auoyent delïeigné d’efmouuoir,amp; citer vne nouuelte rebellion pres la ville de Londres, Ç*nbsp;pitale du pays,pour auec leurs forces fecrettes,s’en fai'‘f’nbsp;Et cependant grand nombre de gens de guerre eftf**!nbsp;gers, tant des pays bas,qu’autres de delà lamendeuo}'®nbsp;eftreconduits envn certain haute d’Angleterre,proP**nbsp;àyfaireleurdefcente.Et ainfi les forces des confp“^^'nbsp;teurseftansioiHtes,ilsdeuoyent entrer plus auantnbsp;le pays pour executer des cliofes,lefquellcs ilvautini®®^^nbsp;palTer fous fîlence,que de les eferire . Et toutesfojsd®,nbsp;certain que toutes les coniurations ÿi menees ont e*nbsp;coneucs,amp; vérifiées,tant par tefmoignage,que par lits ®nbsp;critsde plufieurs.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r.j
Mefmes le Carefme dernier, 15’71. vncourriert®, enuoyé par eux dclala mer,auecample pouuoir,merf ,nbsp;res amp; inttruftions par efcrit,pour declarer,amp; tefmoig^nbsp;l’intention de ceux qui deuoyent eftre chefs amp; eon“nbsp;cteurs de la coniuration. Ce qui auroit efté grandeff*®nbsp;îoué,amp;: trouué bon par delà, iniques 2 en eferirenbsp;tant à la Royne d’EfcolTe, amp; Duc de Northfolc,qu’d *nbsp;uefque de Rofle, conduéleur S: auteur de toutes-ces rnbsp;bellions,voirela principallecaulédu malheur amp; calnbsp;té du Duc , Efquclles lettres il fe trouue eferit entre ƒnbsp;tres chofes,qu’ondeuoittenirl’entreprife fecretre A® .nbsp;lareueler à perfonne,fur tout aux François, pour cC^^jnbsp;nés caufes de grâdimportance, iufques à ce que le c®nbsp;tier fut allé à Rome en pofte par deuers le Pape, afi®nbsp;fournir argent : amp; au Roy d’Efpaigne pour baillernbsp;gens de guerre,amp; quelque nombre de nauires pour 1 enbsp;cution d’icelle.
Lequel courrier auoit lettres de creance de 1»
-ocr page 267-L’ESTAT de FRANCE. 159 d’Efcofle,Ju Duc,amp; d’autres,tat au Pape, comme au Roynbsp;d’Elpagne. Et eftant encor à Rome au commencementnbsp;dumoys de May dernier paflè, ilrenuoyalarefponce ànbsp;icelle Royne, au Duc,amp; à d’autres par le moyen de ceftnbsp;Euefque deRofle(homme extrêmement fa£tieux)quinbsp;contenoyent entre autre chofes,que le Pape approuuoitnbsp;l’entreprife de celle confpiration, âc qu’il enelcriroitaunbsp;Roy d’Efpagne pour y tenir la main ; mais que quant ànbsp;luy.à caufe des grans frais de la guerre Turquefque, il e-ftoit fi empefcné qu’il ne luy eftoitpolsible de fournirnbsp;argentpourlors.Etneantmoins fa fainéleté les admônenbsp;ftoit de prendre bon courage,en attendant quelque meil •*nbsp;leure ouuerture.
Il fut âufsi refolu par les chefs de celle coniuratiô d’af faillir au mcfme temps le Royaume d’Irlande, afin d’a-foiblir d’autant les forces de la Royne d’Angleterre ennbsp;ksdiuertilîànt ailleurs,pour la defence amp; tuition de fesnbsp;autres terres ÿt pays.
Etpour plus facilementinduire le peuple, amp;I’attirerà leur deuotion,ils firent publier amp; diuulguer'par perfon-*^5 interpofees plufieurs 1 iures,lettres amp;; traittez tant in»nbsp;primez qu’autrement, ou ils s’elforçoyent de monllrernbsp;Srre la Royne d’Efeofle auoit droit au Royaume d’Angleterre,amp; luy attribuoyent plufieurs titres d’honneurgt;nbsp;de louange ( dont toutesfois les crimes enormes amp;nbsp;pleins d’inhumanité par elle commis, la rédent indigne)nbsp;fn diffamant dutrageufemeni les principaux'officiers, amp;nbsp;feruiteurs de La Royne d’Angleterre,pour paruenin àvnenbsp;lubuerlîon entière de l’ellat.
Brief 11 ell certain,qu’en celle ertreprife, il y a eli plufieurs complices,amp;adherans,qui auoyentballidiuersdef feins pour depolTeder la Rovne de fon Royaume,ütparnbsp;fraudes,finiulations amp; dtfguifemens,quepar forces d’arnbsp;’i'es,fecrettes amp; couuertcs, pour en inueftir celle d’Efeofnbsp;fe,amp; la faire incôtinét proclamer Royne de l’vn amp; de l’aunbsp;tre Royaume. Ce qelloit le but principal ou ils tédoyct.
Qui plus ell,il a elle coneu amp; vérifié que elle , le Duc deNorthfolc,amp; leurs complices auovent delTeingnédenbsp;faire enleuer le ieune Roy d’Efcolïe fon fils , A: l’enuov-*r en Efpagnc : fans vne infinité d’autres petites men • c.
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amp; pritiques,tendantes non .êulement a la fubuerfîon l’ertat d’Angleterre,atns aufsi de toute la Chrcftientéideinbsp;quelles toutesfois Dieu a iulîjuesicy empefclié l’execution.
/¦Cefiendantle 13 .iour du mois d’Oâobte dernier, le’ feigneurs du priuécrfeil delàRoyned’Angleterre,pournbsp;coupper chemin à ces conlpirations, ayans appellépi’nbsp;deuant eux les Maire,Efcheuins, Confeilliers, amp; plus notables citoyens de la ville de Londres,leurfeirent entendre les chofes delTufdites, leur commandant de prend’®nbsp;garde,amp;auoir l’œil lia feureté,amp; conferuation de la ville,foubs l’obeiflànce de la Royne , ainfi qu’elle ferepo-foit fureux,qu’ils y feroyent leurdeuoir
Et le ifi, dudit mois, fe fit vne aflemblee en la mai'®'’ commune de ladite ville de Londres, ou eftoyent lefdi’’nbsp;Maire,Efcheuins, Côfeilliers, amp; principaux de toutes I®’nbsp;compagnies, amp; confraries des quartiers . Là vn nornU*®nbsp;maiftre Guillaume fflietVvrod remonftra que pari®’nbsp;chofes cy deflus on en vouloir a la Royne, amp; à fon e^“’’nbsp;Et partant les exhorta de demeurer fermes en l’obeiflâ®nbsp;ce qu’ils luy deuoyent : auec commandement expres d®nbsp;ne receler,ny cacher les complices amp; adherans de la cO”nbsp;iurationiainss’enfaifir incontinent,amp; les amenerprifop'nbsp;niers, par deuant le Maire,pour les faire chaftier,amp; po'”'^nbsp;exemplairement.
Le mefme ordre fut mis generalemét par tout le paYj d’Angleterre enchafcuneprouince,ville, bourgade,amp;’înbsp;lage,tant pour obuier aux tumultes amp; feditions populo*nbsp;res,que pour empefeher ladelcente des eftrangiersi®nbsp;forte que par ce moyen iufques icy il n’y eft furuenu a®nbsp;cun changement,voire n’eftà craindre àl’auenir, moy®nbsp;nant la grace de Dieu, amp; le bon ordre que la Royne ƒnbsp;ertably pour ceft effeâ:.
Depuis on a procédé auec toute diligence à l’exaW® des Duc de Norfhfolc,Euefque de Rolle,ieurs feruiten’nbsp;amp; complices ; amp; en fin non feulement par leurs depo*nbsp;rions amp; confefsions volontaires, ains aufsi par plul*®“nbsp;Iettres,amp; papiers dont ils ont efté trouuez faifîs, I®’.?nbsp;nees amp; coniurations fufdites ont efté plainemêt vérin®nbsp;amp; efclaircies.
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C’eftpourquoy leid, du mois de lanuier dernier,ly/x. ledit Duc fut prefenté en la grande falle de Vveftminlier,nbsp;pour comparoiftre en iugeraent deuant les plus grands,nbsp;amp; fignalez de tout lepays,mefmes du Conte de ihrewf-bury grâd Senefchal d’Angleterre, felon la couftume. Etnbsp;côbien qu’il y demeura depuis le matin iufques au foir,nbsp;pour eftre ouy en fes iuflificatiôs , touchât les crimes dotnbsp;il eftoit chargé par les députez de la Royne, là prefens,nbsp;neantmoins pour ce que fes relponfes furent trouueesnbsp;friuoles,amp; impertinentes,on le jugea coulpable amp;:côuainnbsp;eu des coniurations cy deflus touchées , amp;parcôfcquentnbsp;de crime de lefe maiefté,amp; en fomme déclaré digne denbsp;mort, pour l'attentat parluy fait contre la Royne (à fou-ueraine dame,amp; fa patrie.
O R combien que la Royne d’Angleterre euftiufte oc cafio de faire refpôdre de plus pres la Royne d’Efeofnbsp;fe, touchât fes attentats amp; côfpiratios; toutesfois,foit qiienbsp;de fon naturel doux amp; bénin elle fecontétaft feulementnbsp;de la tenir de coun, ou craign.it de trop s’auancer,elle nenbsp;pafli outre à l’endroit de ladite Royne d’Efeoflè: laquelle demeura en bonne garde . Ce qui donna courage aunbsp;Cardiiul de Lorraine amp; à la Royne mere de penfer à aunbsp;tres moyens, eftimant venir aifément à bout de la Royne d’Angleterre auec le temps, puis quelle cftoitiîdou-ce.Aufsi auoyentils làleurs feruiteiirs fecrets,'pourcon-feruer là Royne d’Efcoire,quiIs tiennétcomme enlelTe,nbsp;pour la lafeher, fi Dieu permet que le temps vienne .ànbsp;leurfouhait. Or d’autant que plufieurs parlent diuerfe-ment de cefte detention, pendant que nous fommes ennbsp;Angleterre amp;Efcoire,nous auons icy inféré pour côclufî-on de ces afaires,vn difeours publié de lôg temps en fornbsp;me de dialogue,entre l’Hiftorié amp; lePolitique,ou le tout Difeoursnbsp;eft déduit au long tant de part que d’autre.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fur la deté
l’hi ST ori EN.Dicuparfonfecretiugcmêt,tientcôt'on de la meenlefle laRoyne d’Efeoflè, que chafeun fait preten-dre quelque droit à la Couronne d’Angleterre,pour la *VlJe^”ertnbsp;lafeher incontinêt apres la mort de la Royne Elifabeth.
Et Dieu iait,quels remuemens on v verra,fi ainfi auient. de laK ov-Lt, PO L IT I qjt E.O Seigneur !amp;vit-clle encor,ce- ne d’Aa-fte fatale Medee? Qui euft iamais cuidé cela? Il fembloit gler, n;.
-ocr page 270-i4i MEMOIRES DE bien que fa prifon la deuoit auoir priuee de continuernbsp;de fes deportemens, ayant couché à toutes reftes fon e-ftat,honneuramp;: grandeur, amp;iouévne tragedie fanglantenbsp;amp; execrable. Mais à ce que l’on a veu, la violence de ceftnbsp;cfprit,n’a peu eftre retenue ny empefchee qu’elle n’ait tenbsp;télé dernier effort de fon dcltin,traînant auec fon defa-lire la ruine de tous ceux qui s’en font accoftez. L’infortuné Duc de Northfolc a efté le dernier, qui par fon fup-plice nous fert de bon tefmoin,qu’elle n’a laifle peril à etnbsp;fayer :nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;drefsé la plus hazardeufe entreprife qui fe
peut faire,qui eft,d’attenter fur la vie de celle qui a la iîen ne en fa puiflance, amp; de contraindre ceux qui ont la visnbsp;en leurs mains,de n’eftimer point leur vie eftre aflèureenbsp;s’ils neluy oftentla fiennc.Mais qu’attendent-ils ces An-glois?N’yailamequiremonftreàlaRoyneamp; à fon Conbsp;leil la necefsité qu’ils ont de s’ofter vne fois vne telle ef-pinedu pied?
l’h I s. Voire dea:II y en a eu des plus doftes amp; plüs lez qui n’ont rien oublié à luy dire forces arguments •nbsp;MaislaRovne d’Angleterre eft Abonne, elle eft tantnbsp;pleine de clemence amp; douceur, qu’elle ne prent poitt^nbsp;deplaifirà voir refpandrelefang.
LE POLIT. Quelle douceur ( ô bon Dieu) amp; quelle clemenfeeft celle-là,quitraine auec foy la ruyne d’vnnbsp;eftat ft beau amp; fi grand, amp; de la Religion enfenible-N’eft-cepaspluftoftvne cruauté la plus extreme qu’o”nbsp;vid onques ? Si vne telle calamité fe peut euiternbsp;moyens inftesSt licites: celuy qui ne l’empefchera nenbsp;fera- il pas coulpable de tous les inal-heurs qui en adule®nbsp;dront? Sera-ce pas vne cruelle clemence pour efp®e'nbsp;gner le digne de mort,faire mourir tant d’innocens-amp;vnedouble charge de confciencc àvu Prince,de n®nbsp;vouloir faire iuftice,ne procurer le falur de tout fo®nbsp;Rovaume ? Dieu prefentc ce choix à la Royne d’Angl®'nbsp;terre, de faire iuftice, amp; afleurer fon eftat amp; la R®!’quot;nbsp;gion en Angleterre: ou refufant iuftice ,y ruiner I’®'nbsp;ftat amp; la Religion enfemble . Car on ne peut db®nbsp;qu’apres le decez de la Rovne d’Angleterre , les choquot;nbsp;fes eftans en l’cftat qu’elles font, il y ait moyen d’em*nbsp;pel-
-ocr page 271-L’ESTAT DE FRANCE. 243 pefcher que la Royne d'EfcolTe ne viene à. fucceder,amp;nbsp;pir conlequent tout l’eftat du Royaume à renuerier,nbsp;la Religion à changer. Tous ceux qui ne voudront,nbsp;^ftre fi mefchans que de quitter le ciel pour la ter-'¦«,amp; renier leur religion, pour le moins bannis, chaf-lcz,eui amp; leurs enfans miferables : comme on en aianbsp;''eu le pourtraidt au regne de la Royne Marie.
'•’hist. Cela eft certain : Et beaucoup de gens de “'en Anglois ,aiiec lefquels i’ay deuifé de ceft affaire,nbsp;quot;attendentpas mieux. Encores dernièrement laRoy-“e Elizabeth, citant tombée malade ( craignant,'que pisnbsp;'quot;yauint) il y en auoit défiaplufieurs qui penfoyent ànbsp;quot;ouffer leurs quill es.
- '•s POLIT. Ha poures gens! Et cornent eft-cc qu’va J,âflement ( duquell’aiithoritéeft fi grande, comme tu 'nbsp;ftayj ng ouvertement refoudre celle Royne en cenbsp;pit-cy, en ce fait dy-ie, auquel il n’eft pas queftionnbsp;^'quot;leinent de punir le pafsé,mais aufsi d’euiterle malnbsp;P^'^fent amp;aduenir? Dieu aura.bien puny d’aueugle-, ceux qui ne verront clair en cell affaire. Ceuxnbsp;ont remis vn pareil forfaiélautresfois , l’ont remisnbsp;?5ouï de qui ils n’auoyent occafion de douter fem-¦'ble confpirationmiaisde pardonner à ceux qui retiennbsp;la melme volonté,amp;mefmes moyens pour malfai-pluftoft témérité que douceur.
^Angleterre tient (comme l’on dit) le loup par les o-j^'llps.ils ne le peuuent tenir long téps,amp; encores moins 'afeher, que en l’vne S; l’autre forte il ne leur face beaunbsp;J .’P de mal.Le peril y eft tout euident, amp; i.a cfiayéivou-j?quot; encores choquer au mefme efcueil où l’on vient denbsp;’quot;e naufrage,ce feroit à tort, comme dit le prouerbe,nbsp;’ On aceuferoit Neptune.
^^^ela eft bien certain,que tant que laRovne d’EfcofIc O'a.clle ne ceflera de troubler cell eftat, par confpira-Osinteftines : Etfi elle en ell v.ie fois hors ( commenbsp;Roy Je France .s’ellaye iournellement de l’en tirer /nbsp;guerre au dehors amp;: à defcouuert.
f ’y ft'pernfcieux'à vn Royaume q d’y auoir ’Occelfeur, avant des qualitez fi pcrnicieufes à vn c-
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flat,que ia Royne d'Efcolfe. Car en premier lieu, c’eft va fuccefleur ennemi,elle l’auoit aflèzmonftrépar les guernbsp;rcs paflees.Mais en la confpiratiö derniere elle a delcoUnbsp;uert la plus capitale haine qui fè peut monftrer.
L’ambition amp; cupidité de celle couronne, ne luy permet point d’attendre le temps de la fuccefsion.Elle a autrefois vfurpé le titre amp; les armes. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*
A prefent par celle confpiradon, elle a monllré d’en vouloir auoir la poflèfsion amp; la commodité.
Dauantage, elle eft ellrangere de nation, tellement que l’afTeftion naturelle, comme feroit en vnautrefue-celTeur qui feroit fils,ne peut arreller l’ambition qu’ellenbsp;a d’empieter le Royaume.
Item elle ell ellrangere de religion, qui ell la pire qu* Jité de toutes,d’autant mefmes,qu’elle a(commei’ay en'nbsp;tendu dire)lcs partis pieça dreflez dans le Royaume, tellement qu’il n’y efcherroit que le coup de l’execution.
La retention donques d’vn tel fuccelTeur ne peut eftr^. que trefdangereufe à tout ellat.Et au contraire l’externnnbsp;nation fort vtile,amp; au grand repos ^tranquillité d’icel«y;nbsp;de forte qu’on ne peut douter que ce ne full vn grand bi^nbsp;à ceRoyaume,de luy oller celle efpîne du pied,qui nenbsp;fe de le troubler amp; picquer. Et de s’cxpoferau peril qn*’nbsp;peut facilement amp; par moyés licites euiter, pour apres enbsp;fayer d’etlre fauucz par quelq vove miraculeufe de Die*nbsp;amp;: aimer plulloll demeurer en danger,en retardant oUnbsp;fufant iullice, que s’aflcurcr de fonfalut auec laiufHcÇ-Cela s’appelle en bon François, Tenter Dieu trop vil^*'nbsp;^nement.
le àl’accufee amp; àfcs droits,quepofsibletu pourrois re vne toute autre conclulîon.
LE po.IaàDieu ne plaife oie tédel’oreille à celle bón® damc-là. l’entés qu’elle a trop de moyens pourcorrôpf®nbsp;les plus parfaits. Mais lî feroy-ie bien aife d’ellre ennbsp;eû ion fait fut traitté.pour en dire ce qui m’en femble.
t.’rfi. Tu en as dit alTez. pour té garder d’en ellre n*
L’ESTAT DE FRANCE. 145 l’Eglife de Dieu, fi tu veux,afin que faute de raifons , onnbsp;nejaifle plus longuement vne punition fi neceflaire ennbsp;arriéré,ie tiendray le parti de la Royne d’Efcofle(par fornbsp;mededeuis) amp; t’allegueray au mieux-mal qu’il me fem-ble,tout ce que fes partizans allèguent, pour l’exempternbsp;de fon dernier fupplice.toy au côtraire debatras ce qu’ilnbsp;te femblera’eftre raifonnatgt;le,felon l’eftat, amp;( la confcien-ce,pour!ebien de ce peuple-là. l’ay bon moyc d’enauernbsp;tir des Myllords qui me font amis.
lE POL. le le veux bicn,5lt;: fi ne fay point de doute que ie u’en puifle bien refoudre ceux qui fans pafsion auec vnnbsp;iugementpuramp;net,voudrontpoifer mes raifons . Maisnbsp;deuantque pafler outre,ie fuis d’auis qu’en ce fait-cy (cônbsp;me en toute autre matière d’eftat)nous ayons deux con-fiderations coniointement.L’vne,Si ce qu’on propofe eftnbsp;bonnefte.L’autre,S’il eft vtile. Ceux qui en matières d’e-ftat,dient qu’il ne faut confiderer que l’vtiltté, monftrentnbsp;qu’ils n’ont gueres riiôneur,amp; encores moins la confeiénbsp;ce en recommandation, te populace d’Athenes fuffîtnbsp;pour leur faire honte,au iugement qu’il donna, ducôfcilnbsp;que Themiftocles leur vouloir bailler fans le declarernbsp;qu’àvn. Ils efleurent (comme tu fcay) pour l’ouyr,nonnbsp;pointleplusaffeftionnéà l’amplification deleurRepu-elique,ains Ariftides le plus iufte, auquehapres qu'il leurnbsp;eut rapporté que le confeil de Themiftocles eftoitfortnbsp;vtile,mais tref-iniufte:Ils dirent tous d’vne voix qu’ils n'énbsp;vouloyent point. Nous auons donc en ce fait-cy obligation amp; deuoir de regarder autant la iuftice amp; honnefteté,nbsp;comme Tvrilité publique du Royaume d’Angleterre. Denbsp;ce bien public s’ily aintereft ou non, i’en ay défia,ce menbsp;femble,parlé aflezirefte feulement à vuider, fi le fait eftnbsp;aufsiiufteamp;honnefte,comme vtileamp; neceflaire. Il eftnbsp;bien certain amp; ne fe peut nier,que c’eft vn des plus gransnbsp;crimes qui fepeuuent commettre enuers les hommesnbsp;que de confpirer contre le Roy en fon royaum e, contrenbsp;fon eftat amp; vouloir rauir d’iceluy. L’exéplaire punitiô denbsp;Coré,Dathan amp; Abiron,le tefmoigne aflcz.Dauid ordô-néamp; efleudeDieu pour eftreRoy apres Saul, s’eft conténbsp;té de fe defendre amp; fe garentir,fans tamais attenter fur la
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perfonne de Saul, à qui neantmoins il eftoit deftiné fuC' cefleur de. la bouche de Dieu . Et combien que SaulDynbsp;fin guerre mortelle Sc iniulledî clt-ce que DauiJ fe con-damnoit comme digne de mort, s’il euft attenté couttfnbsp;Saul, amp; fit mourir celuy qui l’ofà entreprédre, quoy qti’ilnbsp;fe couurift du commandements: de la iiecefsité de Saul-Ce feroit vne fuperflue S: vaine oftétation de s'amphfi^fnbsp;en long diicours fur la preuue d’vne maxime fi indubit*nbsp;ble:Q^e celuy qui veut renuerfer l’eftat amp; attenter furnbsp;vie du ieigneut fouuerain d’iceluy (ie ne parle pas«!'*nbsp;tyran, de la tyrannie aufsi ) eft digne du fuppliccnbsp;mort:amp; eft permis, voire commandé aux Peres de ma»*nbsp;crer leurs cuEwis,amp; aux freres leurs frétés qui confpir^^nbsp;contre l’eftat. Aufsi qui regarde combien de mauxnbsp;crimes fonttrouuez en ce feul crime ,côbien deperfo“'nbsp;nés y font otfcnfeesdes ruines S: calamitcz qui s’é eiifoynbsp;uent.-lesmiferes qu’vn tel fait traine apres foy,ilnbsp;trouue tant d’expres amp; en fi grand nôbre, dût chafcu leu*nbsp;eft digne de mort,qu’il n’y a pas aflezde fupplices po“^nbsp;vne telle hydre de crimes. 11 ne fautq fe figurer l’im^S®nbsp;d’vne defolatiô vniuerfelle de tout le Royaume,la cruaU'nbsp;té des profcriptiós calamiteux fpeftacle des profcnf’’nbsp;pour iuger le merite de celuy qui en aura eftécaufe-l^^nbsp;ieftant les veii.x plus loin côfidercr qu’il faut abolir tout®nbsp;efpece de Republique amp; d’eftahamp; rendre les homes brU'nbsp;taux lans focicté ne iuftice,fi tel crime n’eft côdâné,d’aU'
- tant qu’il n’y a eftatqui puilTe fubfifter,fi telles confpd^' nous demcurét impunies.Et d’autrepart, leuant encot®’nbsp;les yeux plus haut, confiderer de qui procédé l’autliotit®nbsp;amp; puilTance que Dieu a mife aux Princes fouuerains.ft^*nbsp;leur rauit le iceptre refifte à la puillànce de Dieu, amp; violnbsp;ce qu’il a voulu eftre fainét tfcinuiolable pardeflus tout®’nbsp;choies huitaines.Ce feroit chofc trop ridicule de peul®*^nbsp;exciifer ce fait, pour dire que le crime n’a pas efté eu®'nbsp;étué, ny par conléquenttous les fufdits maux enfuy*»’’nbsp;Car en vn tel crime, fi on attend l’execution, il ne red®nbsp;plus moyen de le puniriil faut que l’entreprile foit pue'®nbsp;comme le fiit: autrementiamais il n’y auroit punitiet*’nbsp;Car fi le crime euft reuilÿ,qui euft puni les coulpables ’nbsp;n’v euft eu ny loy , niiuge pour les condamner .Au
- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;trai-
-ocr page 275-L’ESTAT DE FRANCE. 147 traire ils euflent eu le pouuoir fur kLoy ftiuftice , Lesnbsp;exemples de ceux qu’on lit auoir efté punis ne font pournbsp;auoir execute: ains feulement pour auoir attenté . Reftenbsp;donc pour vn principe confentyamp; indubitable par toutesnbsp;les nations de la terre,3c par toutes loix diurnes amp; humainbsp;nés: Q^vne telle confpiratiô cft digne de plus de mortsnbsp;amp; fupplices que le coulpable ne fçauroit foulFrir:amp; par cônbsp;fequent s’enfuit que la punition n'eft pas moins iufte Senbsp;honncfte,qu’elle eft vtile amp; profitable.
l'hi.Ic t’accorde cela fimplemét. Mais aufsi il faut que tu me confeflesiparl’aduisde Cicero mefmes.que fi l’onnbsp;propofe deux lionneftes 3t deux vtiles , quand amp; quandnbsp;qu’il faut prendre le plus vtile, le plus honnelle amp; mieuxnbsp;feant.
lE poi.lel’auouë.
l’hi. Ily aplus;C’eftqu’en toutes chofes amp;fur tout en tous ingemens, on traite premier des perfonnes /apresnbsp;l’on traite de leur fait, ie dis notammét des perfonnes dunbsp;iugeamp;de l’accufé,
i E igt; O L. le le confelTe, mais que s’enfuyura il pour tant?
l’h I. C’eft que fi nous confiderons les qualitez de la per fonne de laRoyue d’Efcoife, nous trouueronspcurlanbsp;premiere , qu’elle eft maiftrelTe de fon Royaume, de pareille puilTance que la Royne d’Angleterre,n’eft fubieéte,nbsp;inferieure ny iufticiable. Qui es-tu donc, dit l’Efçriture,nbsp;qui iuges le feruiteur d’autruy?Dies a, côme auec vn cornbsp;deau,départi la terre entre les hommes , qui tafche denbsp;l’outrepafler, conrreuient au dixiefme commandementnbsp;perpétuel amp; inuiolable. Et d’aller reiïiifcitcr quelquesnbsp;vieux droits de louueraineté, que l’Angleterre pretendnbsp;deflus !’Efcoire,amp; en vouloir vfer, pour rendre la rovnenbsp;d’Efcofle iufticiable de la Royne d’Angleterredl n’y a hônbsp;medebôiugemét,quine diequeceferoit des pretéduesnbsp;couleurs Sc recerches, pour fe deffaire d’vne Prinçefle ànbsp;qui l’on veut mal. Car puis qu’elle a efté auantfii phfonnbsp;en poflcfsion,de fe dire Monarque en fon Royaume.ellenbsp;ne peut parcôtrainte cftrerenue,qu’en mefme conditio qnbsp;elle eftoit lors Je la premiere heure de fon emprifonne-lt;L4
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ment.'Ce font les loix du grand Empire Romain,eu toutes les grandes guerres qu’ils ont eues par toute laternbsp;fc.C’eft la raifon naturelle qui leperfuade aflez à vn chanbsp;cun.Et de prétendre auisi qu’elle n’eft plus Royne, qu’elle a elle priu'ee du Royaume par fa defmilsion, amp;parl*nbsp;Jeliberatiô des eilats d’Efcolïe : Ce font des traits que Unbsp;Roync d’Angleterre,ny autrePrince ne peut approuuer»nbsp;fans faire tortàl’authoritéque tous les Princes fouue-rainsvfurpentamp; pretendent auoir, deiuger amp; donner lanbsp;loy à leurs fuiets, nô point eftre iugez,ny rcceuoir la loynbsp;*d’eux , ou eftre côtables de leurs allions qu’au feul Die“nbsp;quoy qu’ils facent.Tu fcay bien que le noftre s’en eftfo**'nbsp;uent fait à croire. Eten telles occaftôs, il feinble que If’nbsp;Rois font tousvnis à reprimer amp; combatte le faiél des ftnbsp;iets.Tant s'en faut que la Royne d’Angleterre s’enpui“?nbsp;feruir pour s’approprier authorité für le Royaumed’Ebnbsp;cofle.ll reftedonc à la Royne Marie Stuard,celle qualiténbsp;de Royne fouueraine, non inferieure de la Royne d’Angleterre, laquelle par confequentne peutiullementco'nbsp;noiftre ny iuger fur elle : d’autant que le fondement pft^nbsp;grand amp; préalable pour folider vnbonïugemët.c’eftd®nbsp;îlablir la puiflance amp; authorité legitime de eeluyft“’nbsp;veut eftre iuge.
Les aipbaflàdeurs des Rois font par toutes les plus a-greftes nations,par toutes efpeces de religions, inuiola-bles,amp; ceux qui les offencent tenus pour exécrables violateurs du droiél des gens:à plus forte raifon ceux quinbsp;offenfent les Rois,del(]uels les ainballàdeurs n’ont qu®nbsp;la repütation.Les Romains ont lailTé vn exemple quinbsp;en plufieurs poinéls conforme aufaitde la Royne d’Ei'nbsp;colle. C’eft des ambalîàdeurs venus de la part des Taf'nbsp;quins à Rome, pour emporter leurs meubles apres leufnbsp;reieélion.CesambafTadeurs firent vne confpiration aueUnbsp;aucuns Rcmains,pour remettre lesTarquins amp;; rétietftfnbsp;la Rcpublicquc , tuer les Confiils amp;: principaux d’icelle-'I?nbsp;cônlpiratiô eft defcouuerte :-les Romains font punis: ift'nbsp;ques .1 la ouc Brutus fit mourirfes propres enfans. qua^^nbsp;aux amb.illàdcurs,lefaitcftdebatu au Senat, oùledroifnbsp;de gens le gaigna ,amp; furent les ambaflàdeurs enuoV'nbsp;ez en feureté . Celuy qu’ils repreier.toycnt, qui eftu*’'
-ocr page 277-L’ESTAT DE FRANCE. 149 Tarquin,eftoit chafl'ê dofon Royaume gt;cüme la Roynenbsp;d'Efcofleiles ambaflàdeursauoyét faiû: la cölpiration disnbsp;Rome, apres y.auoir efté receus,corne la Royne d’Elcofnbsp;le afait eu Angleterre apres y auoir efté receue.Et toutesnbsp;fois il futiugé qu’encore en ce cas ils eftoyét inuiolables.nbsp;La fecôde qualité que la Royne d’Efcofle peut alléguernbsp;pour eftre exempte de la generale condamnation des cônbsp;ftirateurs,eft,qu’elle eft réfugiée en Angleterre: chafeunnbsp;icait comme elle y eftvenuea refuge, apres la defroBtenbsp;d’vue bataille,comme elle y a efté receiie refuge amp; feunbsp;reté de fa vie:à cefte heure la faire mourir, on dira q c’eftnbsp;l’afte le plus indigne d’vn Prince qui ait efté-fait iamais ànbsp;autrePrince.Les plus barbaresPrinces ont eu cefte humanbsp;Dite de receuoir les rois deiettez de leurs thrones, amp; lesnbsp;maintenir en toute feureté,les traitterauec hôneuramp; di-gnité:amp; ont pçnféque c’eftoit leurpropre gradeur de fe-c-ourir,ou pour le moins retirer les rois fpoliez de leursnbsp;cftats,foitpar leurs fuiets ou autres Princes. Et n’y a eu ianbsp;mais diflerêce de religiô,inimitié pairec,ny autre occafiônbsp;quiaitempefchécerefpeftdeu à lamaieftédes Rois amp;nbsp;Princes fouuerains,amp;à ceux qui leurappartiennët.On litnbsp;de Chilperic4.roy de Frîce,que les Fraçois chaflerét denbsp;fon royaume,qu’ii fut rcceu à refuge par le roy deLorrainbsp;ne Loys.Alphôfe roy de Portugal chalsé par fon frere Sânbsp;choroyde Caftille, fut receuparleRoyde GtenadeTilnbsp;leda, bien qu’il full Sarrazin: amp;; quoy qu’il luy full prédit,nbsp;qu’il ruyneroit fa pofteritéiil le tint en feureté, amp; le lailTanbsp;allenapres la mort de fon frere,en fon royaume.Les roisnbsp;Loys II. amp;. Charles 8.receurent Zizim ou Gemes Turc,nbsp;deietté del’Empire par Baiazetfon frere, voire mefmesnbsp;lePapelnnocét le receut.ll eftvray qu’Alexadre«.fon fucnbsp;ceflèur luy fit en fin vn trait de Pape. Themiftocles fut renbsp;ceu par le roy des Perfes,amp; quoy q fa foeur luy demâdaftnbsp;punition,dc ce qu’il luy auoit tué Les enfans à Salamine,nbsp;iamais ne voulut violer l’afvle amp; refuge, qui eft és mai-fons des Rois,pourtous les Princes affligez.
il y a bien eu en plufieurs Roys amp; Princes,comine en tous eftats, de la me,châceté amp; nô gueres moins d’exemples de ceux qui ont enfreint amp;violé ce lainft droift d’honbsp;fpitalité:tnais le côfèntemSt vniuerfel de toutes lesnatiôî
-ocr page 278-îjo MEMOIRES DE de la terre i detefté celle perfidie, la fin malheureufe d«nbsp;la pluspart des perfides les côdamne aflez,les poètes s’ennbsp;font ferais pour fiùets de leurs tragedies, amp; les ont logeïnbsp;en leur enfer fabuleux , parmi les plus cruels tournien*nbsp;qu’ils ont peu excogiter . Les billoires en racontent desnbsp;exemples dignes pluftoft d'eftre enfeuelis,que recueilli*nbsp;en la mémoire des hommes,fî ce n’ell pour la fin mile**nbsp;ble qu’ils ont eue.
On n’a que faire de difputer lî laRoyne d’Angleter*® adonné lafoy à la Royne d’EfcolTejde la tenir enfeuf’^’^’nbsp;Car depuis qu’elle ell receue.la détenir vn fl long temp’nbsp;cela importe à fes promefles de feureté; autremét il ennnbsp;fallu dés le cômencement ne la receuoir point, côinen^nbsp;void par les hiftoires Romaines,que quad ils nevouloy^*nbsp;donner feurté aux eftrâgers qui venoyent à eux, Ilsnbsp;cômandoyét dedas Ji.x iours de defloger del’Italie,nw'*nbsp;que depuis' qu’fls les auoyétreceus,ils les ayétrecerche*nbsp;de rien,on ne l’aveu iamais.Aufsi n’y a-il homme qu*”/nbsp;blafraeceux qui de froid fang fontmourir vn qu’ils tie*’®*'nbsp;en IcurpuilTance, encores qu’ilfoit leur ennemy,nbsp;eux prins en guerre,ce que n’a efté la Rovne d’Efeofld-
La troifîemequalité deJa Royne d’Efeoffe eil, qu’t ell prifonniere . Il fembleroit que celle qualité luy dc“‘nbsp;preiudicier, par ce q par cela on conoift qulelle n’a po'p''nbsp;ellé receuë comme refugiee ny donné aucune foy.nbsp;c’efl au contraire: fi elle auoit ellé receuë à refuge amp;1”’®nbsp;melTedônee, on luy pourroit imputer d’auoir côfpif®^®nbsp;tre celle qui luy auoit vfé de celle grade humanité:anbsp;fent n’avât receu aucune humanité de la Royne d’Anp^nbsp;terre,elle ne luy ell de rien o'bligee,voire que pour luynbsp;uoirvfé de cédé rigueur amp; n’auoir exercé en fon endrod’nbsp;celle generofîté Sr beneficéce royale , corne les Rois d°nbsp;i’ay parlé, elle auroit occafiô d’en prêdre végeîce.Cô^^nbsp;fitii’vnRoy d’Hôgriequatrieme,Federic duc d’AuftricW’nbsp;qui ayît fuy vers luy apres la defroute d’vne bataillenbsp;gnee furluy par les Tartares : il le retint prifonnier,nbsp;le contraignit luy bailler argent amp; trois Contez pr*’^nbsp;chains d’Aullricjie. En fin ellant deliuré, luy fit la gus^*nbsp;rc,amp; le tua en vue bataille.il ell certain que lanbsp;ne d’Efeoflea efté toufiours fous bonne amp; feureg^*nbsp;(JC
-ocr page 279-L’ESTAT DE FRANCE. 251 dedamais n’a efté en liberté fous fafoy.Vnprifonnier quinbsp;O eft ^int fur fâ foy amp; à qui on a baillé garde , ne peutnbsp;eftreblafméde r-ecercherfa retraite par toutes les voyesnbsp;*}u'il eft pofsible . Mefmemcnt qu’elle diraauoir eftéin-mftement faite priftianierc. Car ou l’on pretend qu’ellenbsp;foit prifonniere de iuftiée , ou de guerre: autre tiersnbsp;^oyen agile ne s’en peut trouuer.D’eftre prifonniere denbsp;mfticc, i’ay défia dit qu’elle n’eftiufticiable de la R.oyncnbsp;•^’Angleterre : par aihfi elle nepeuteftre prifonniere denbsp;JufticT en Angleterre, par ce que le fondement d’vnenbsp;¦*raye iufticc y deffautjc’eft la puilFancedu luge . D’eftrenbsp;Prifonniers de guerre, on demande en quelle guerre lesnbsp;Anglois l’ont prinfe.Que l’on fe reprefente ce que Elizeenbsp;•lit au Roy d’ifrael, qua^d il amena les Syriens miracu-Jcufementaueuglez au Rov d’Ifraeblelquels voulant faire mourir, le Prophete luy dinqu’il ne les auoit pas prinsnbsp;Parglaiuc, amp;par3rnfi qu’il ne les pouuoit faire mourir,nbsp;»y retenir, ains les deuoit lailFcr enpaixicommeil fit.
Si on vouloir lubtilizcrfiir les aâriôs paiïeesde laRoy-ned’Efcoire,amp;dire qu’elle eft chargee d'auoir fait mourir le feu Roy d’Efeoffe fon mary,natif d’Angleterre: par iinfî ileftoit loifible à la Royne d’Angleterre de co-gnoiftre 3i iugerdu tort fait à fon fuict, par vn eftranger,nbsp;le trouuant en fa terre. Ce fereit entre gens de bon iuge-niét vne couleur recerchee. pourmalquervne charité denbsp;Cour:amp; ne fuft-il que de cc que le feu Roy d’Elcolïe fenbsp;faifantRoy d’Efeofle , quitta alTez par là la naturelle pa-,nbsp;trie.Et la Royne mefme l’avat approuué pour Roy d’El-cofle, taifiblement abdicadefov lôn liiiet: comme aii-eienementles patrons leurs ferfs. Par ainlî elle ne la peunbsp;tenir depuis pour fon fuiet.
Etquand bien la iuftice, ledroiftSc la raifon, permet-rroyent de lâirc m ourir legitimem eut la R oyne d’Elcof-fe: encore propofera-on à la Rovne d’Angleterre ,pour l’efmouuoir.à grace amp; cômiferation:Premiercmentqucnbsp;U Royne d’EfcolTe eft fa prochaine parente. L’exemplenbsp;de Dauid enuers fon fils Abfalô.du Rov Charles ^.euuersnbsp;le Roy Philippe deNauarre. Puis le naturel de la Roynenbsp;d’Angleterre ayant toufiours régné en telle douceur,nbsp;qu’elle en eft louae par tou t.qu’elle ne doit effacer la ver-
-ocr page 280-251 MEMOIRES DE
tu fi recommandable aux Princes, afauoir la douceur pat la cruelle efifufîon de fang de fes plus proches.Les anciésnbsp;Empereurs qui ont pardonné les coniurations contr’euxnbsp;faitesjluy feront propofez.lefquels elle a furpaflc lulques !nbsp;à prefent en cefte louange d’humanité amp; clemence. Da-tiantage,la punition qu’on en feroit fiignominieufe: quenbsp;fi d’vn collé on met deuant les yeux la maiefté Royale,nbsp;en laquelle chacun a veu la Royne d’Efcoffe.eftat Royn®nbsp;d’E/colîè amp; de France,des deux plus anciennesCourônC’nbsp;de toute la terre : amp; apres,le fpeftacle miferable ,qu’ellenbsp;fuit liuree entre les mains d’vn bourreau ; il n’y a fi felo”nbsp;amp; cruel cœur tant fuft il feuere amp; hardi en la condenwa*nbsp;tion,qui ne fuft amolly amp; larmoyant à l’execution. D’a“'nbsp;tre partlerefpeftdu fils du Royd’EfeoiTe fera deque*'nbsp;que valeur, pour refpeéler l’honneur de la mereinlepa*nbsp;rable de l’honneur du fils : lequel ne peut eftre, s’il a*’®”nbsp;cœur, qu’il ne fe reflente du deshonneur que fanbsp;aura fouffèrt par la main des Anglois : tellement q“®nbsp;quand la mere en feroit digne, fi on aime ourefpeûel®nbsp;fiîs,i! fautluydeferer en ceft endroitqu’on ne deshoo®'nbsp;re point la mere,amp; luy en elle confequemment. Ouf®nbsp;les points que i’av traitez de la iuftice amp; de la comW'*®'nbsp;ration.encore adiouftera-on ce point de l’vtilité du RoY'nbsp;aume: car on dira fi on vient iniques là que d’entreprtU'nbsp;dre fur la perfonne de la Royne d’Efeofle : les Roisnbsp;fins aurôtvnbeau pretexte.voire occafion digne deRo’^’ ,nbsp;proteéleurs des Princes aftliecz.d’enrreprédre vne guet'nbsp;re contre la Royne d’Angleterre.-de forte que penfanta'quot;nbsp;feurer fon eftat, clic le met en guerre,amp; en danger; po^nbsp;le moins le Roy d’Efeofle fon fils,commenous venôsu®nbsp;dire.s’il deuient grand,ne feroit pas vrayementfilsis’i*nbsp;haiflbit mortellement l’Angleterre,vovant l’outrage quinbsp;aura efté fait à fa mere : amp; quoy qu’il trouue bon d’eftr®nbsp;Roy afleuré par ce moyen,fi eft-ce qu’il fera commePa'nbsp;uidde çeluy qui auoit tuéAbfalon fon fils, enneiny^nbsp;conlpirateur contre fa vie amp; fon eftat.Voila dôc vne haine entre ces deux Royaumes qui font à prefent de beUnbsp;accord,amp; vne guerre mortelle préparée à l’auenir.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
Or ie te laifle à penfer maintenant, fi ce ne 10”' pas des raifons 3: circonftances de tel poids,qu’elles p®“'
-ocr page 281-L’ESTAT DE FRANCE. 253 uentbien emporter à vneiufte balance, tout ce que tunbsp;pouroisdire alencontre pour vouloir côprendre laRoy-ne d’Efcoflc, en la condamnation que nous tenons tousnbsp;eftre trefiufte, furies conlpirateurs contre l’eftat amp; la vienbsp;d’vn Prince.
LS P o L.Tes raifons ont quelque apparence,pour emporter les pafsionnez au party que tu auois prins à def-fendre. bteis elles ne peuuent en rien efmouuoirvn cerneau bien fait, vniugement der, amp; vne confcience nette, qu’elle ne iuge le plus honnefte, le plus iufte amp;. vtile eftrenbsp;toufiours de mon party. Et qu'il fort vray,efcoute vn peunbsp;enlîlence ce que i’en fay,amp; cequeie t’en veux dire.
Le premier poinâque tuas allegué,de ce que laRoy-ned’Efcofle n’eft iufticiablc de la Royne d’Angleterre, ainseftegaleenpuiflanceàelle.fouueraine en fa terrenbsp;corne elle,amp; que ce feroit vfurper fur le Iceptrc d’autruy,nbsp;amp;c.Tout cela à lieu (afin que ie me taife de fa definifsio)nbsp;quand elle feroit en Efcoire,ou qu’il feroit queftion de cenbsp;qu’elle a fait en fon Royaume: Car alors la Royne d’Angleterre n’y aque voir,amp; ne la pourroit iuftement recer-cher en aucune façon, fous quelque pretexte que ce fuft:nbsp;fi ce n’eft pour l’opprefsion amp; tyrannie qu’elle feroit ànbsp;l’Eglife de Dieu amp; au rovaume de lefus Cbrift,lequel e-ftant efpandu au longamp; au large par toute la te: re, n’eftnbsp;enclos dâs aucunes limites. La defence duquel eft eg.ale-mciit amp; indifféremment recommandée à tous Princesnbsp;delà terre: Pourcecv (dy-ie) le Prince qui a efgardà founbsp;deuoir, peutrecercher, cliaftieramp; combattre fcn compagnon qui fait la guerre à Dieu . Conftantin fertde bonnbsp;e-xemple, qui rengea par armes L'cinius à laifler en paixnbsp;les CÈrcftiens qu’il perfecutoit en fes terres. Mais de cenbsp;que la Rovne d'Efcofl'eafait eftant en Angleterre, quinbsp;peut douter qu’elle n’eri puifle eftre iugee par la Roynenbsp;d’Angleterre? La fouuerainetédes Rois a lieu en leursnbsp;Royaumes:mais depuis qu’ils font au rovaume d’autruy,nbsp;leur fouueraineté n’a point de lieu . Car en la terre d’vnnbsp;fouuerain, il n’y perfonne qui ne luv foitinferieur,mef-m: s en ce qui concerne l’eftat amp; la feureté de la République.L’on voit comment les Rois en ont toufiours vfé.nbsp;quelque autre Roy qui vienne en leur terre, foit-il tant
-ocr page 282-154 MEMOIRES DE
amy amp; parent qu’il voudra, quelle gratification qu’oO luy vueille faire, iamaison ne permet qu’il commande fouuerainementdi ce lïeftauecautatde puiflaucequcnbsp;par courtoiiîe on luy ottroye. C’eil vne chofe pleinenbsp;ialoufie que la foqueraineté , qui ne fe communique la*nbsp;mais à autruy,de forte que toutes les raifons que la S-oY'nbsp;ne d’Efcoflc pourroit alléguer en celt endroit. font contre elle. Car fi pour eftre fouueraine elle pretedquenulnbsp;ne peut ny doit attenter fur la perfonne ,par ce que t-feroit entreprendre lur laperfonne amp; eftat d’vn louuf'nbsp;rain: Pourquoy eft-cequ’elle a entrcprins amp; coniurécó'nbsp;tre laperfonedela Royne d’Angleterre amp;fon eftat nao*'nbsp;mes en fon Royaume ; Et tour ce qu’elle peut dire pou^nbsp;extoller la fouueraincté amp; exemption des Rois.faftnbsp;contre elle . Par ce que c’eft la premiere qui l’a viole*’nbsp;par ainfi elle ne s’en peutplus feruir, non plusque celuYnbsp;qui enfreint vn priuilege, ne s’en peutplus aider,mcfm**nbsp;cnuersceluyenuerslequelill’aropu. Ccluyqui n’efto’^nbsp;refpefté parle Conful comme Sénateur, difoit qu’il n*nbsp;le relpefteroit aufsi corne Conful . le ne veux pas deb’quot;nbsp;tre fi elle cft pareille, ou fubalterne à l’Angleterre: finbsp;eft encores Royne ou priuce de fonRoyaume . Cela ennbsp;certain que les eflats l’en ont peu démettre. Mais quan“nbsp;elle feroit plus affeureeRoyne ou monarque, qu’efi*nbsp;n’eft, puis qu’elle ne craint en la terre d’vn autre R^Ynbsp;faire des entteprinfes pour luy ofterlavie amp; la CouroUquot;nbsp;ne,ne peut-il pas luftcmentdire: Pourquoy voulez-vou’nbsp;que ic refpefte la fouueraineté que vous auez hors d’*'nbsp;«y,quevousne refpeélez pas la mienne en ma tert*nbsp;propre.’
S’il n’eftoit permis à vn Roy de cognoiftre de tels faits fur les eftrargcrs Rois, le mefcliant feroit de meilleur*nbsp;condition que l’innocent. Il feroit loifible de conlpir*fnbsp;par prodition contre les Rois:amp; les Rois ne pourroyentnbsp;deifendre leurs vies amp; leurs eftats par la itiftice. Et tan'nbsp;plus doit-il eftre loifible à vn Roy de maintenir fon *'nbsp;ftat par vne iufte punitiô fur vn autre Roy amp; Monarquegt;nbsp;que fur vn autre qui ne feroit fouuerain : d’autant qu’en-corcs peurroit-on defirer que le Roy offence en requinnbsp;lufticc aufuperieur ducoulpable ,pour n’cftre iuge eu
-ocr page 283-L’ESTAT DE FRANCE. 255 ^caufe propre. Mais où il n’y a aucun iuge pardeflùs lenbsp;'oulpable :ou il faut que les Rois facent eux-mefmes lanbsp;luftice, ou bien qu’ils foyent en pire-condirion, que lesnbsp;plus infirmes .Car à faute de iuge ils n’auroyét aucune renbsp;parationdes torts qui leur feroyt faits . Et toutesfois oùnbsp;n’y a point moyen d’auoir iuge,les Icix permettet auxnbsp;luiets mefmes de fe faire iuftice de leur main.
Au relie ie te confefle , que (comme tu as dit) les am. nafladeuT.s font inuiolables, mais c’eft tâdis qu’ilsfe conferment aux termes d’ambafladeurs. Mais quand ils for-tsnt hors des bornes de leur eftat, ils ne tloyuent plusnbsp;'ftrc tenus pour tels.Les Romains ont attribué la prinfenbsp;ne Rome par les François au crime, qui auoit efté com-tnis par Qd^'abius leur ambalïadcur enuoyé aux François,ou il tua holtilcment vn François, amp; apres s’en alla inbsp;^ome.Les François demandèrent aux Romains,qu’ils lenbsp;leur bail!aflent,pourauoir le fupplice que merite vn am-falTadeur qui faitaftes d’hoftilité.
Les Fecialiens eftoyent d’auis , qu’il le leur faloit livrer: autrementque les dieux en (éroyent fort courroucez amp; defplaifans. Le peuple Romain au contraire lauaa ledit ambafladeur : dont apres l’ire des dieux (commenbsp;ils difent) fat telle contre Rome , qu’ils donnèrent lanbsp;Cité en proye aux François, amp; ne leur refta de tout leurnbsp;Empire que la petite tour d u Capitole . Demades ambafladeur des Athéniens à Antipater , eferiuoit des lettres à Antigonus, pour venir prêdre Macedoine amp; l’Em-pire de Grece qu’il difoit ne tenir qu’à vn filet vieil amp;nbsp;pourry, poureeque Antipater eftoit vieil. Caflander lenbsp;fit mourir comme traiftre. Les ambafladeurs de Per-fes venus à Amyntas , roy de Macedone, voulurent vio»nbsp;1er fes concubines : Alexander fon fils leur flippofa desnbsp;garfons qui les tuerent. Antonius fit donner les eftriuie-res à vn ambafladeur de Cefar, amp; apres le luy cniioya,nbsp;difant qu’il auoitparlé trop fuperbement. Que fi le fenatnbsp;Romain a iugé les ambafllideurs des Tarquins eftre in-uiolaUlespar le droiél des gens, combien qu’ils enflentnbsp;confpiré contre la République .-ç’à efté par ce qu’ils nenbsp;faifovent autre , que la charge que leur maiftre leurnbsp;auoit baillée : mais ils en voulurent bien punir le
-ocr page 284-25lt;î .MEMOIRES DE
maiftrede ce qu'ils pouiioyent.Car combien qu’aupar*' uant ladite confpirationUe S enat euft accordé de rendrtnbsp;aux Tarquins tous leurs meubles,fi cft-cc qu’apres laditenbsp;conipiratiou defcouuerte, ils les declarerent confifqu^^nbsp;amp; exécrables aufsi. La conl'equence n’eft pas bonne,nbsp;qui eft permis àvn ambafladeur, fera permis au maiftrC'nbsp;car les ambalTadeurs ne font pas inuiolables.pourcequenbsp;ils reprefentent leurs maiftres;Ains au contraire, les an»'nbsp;bafladeurs quiviennétde la part de ceux qu’on voudr®''nbsp;le plus offencer,ne laiflent pas d’eftre inuiolables: amp; W“'nbsp;refois fi on tenoit leurs maiftres.on les traiteroit hoftij^'nbsp;ment : Maislcpriuilegedes ambalTadeurs eft fondénbsp;Vn droit des gens,par ce que s’il n’y auoitfranchileamp;nbsp;munité pour telles perfonnes, toute feureté humaine ft 'nbsp;roitperdue, amp; ceux mefmesqui les offenferoyentfoftnbsp;intereflèz aies conferuer,autrementon en ferait autantnbsp;des leurs. Les Confuls Romains refpondirent àHann®nbsp;ambafladeur des Carthaginiens, que leurs maiftres J»»n'nbsp;ritoyentqu’on ne leur tinltpoint la foy non plus qu**nbsp;l’auoyent tenue à leurs ambafladeurs: mais ils ne voU'nbsp;loyent pas punir au feruiteur ce que le maiftïe merito*'’nbsp;nô pour autre chofe que pour la foy publique. D’ailftnf*nbsp;il y a des faits, qui font excufables, voire louables a^tnbsp;feruiteurs, frétés, enfans amp; femmes, pourvue fidélité*-alTedtion feruiable Sc officieufe, qui toutesfois feroynn*-bien punis aux maiftres,peres amp; meres. Les hiftoiresd«’nbsp;feruiteurs, qui ont bazardé leur vie pourfauuerlavie®nbsp;leurs maiftresiuftement condamnez, font vulgaires ynbsp;C'n louange .à chacun. Mais fi les condamnez eulTentla»nbsp;de mefme,ils enflent efté iuftement punis.
Lafeconde qualiré amp;circonftance de ce que l.a Rovnf d’Elcofle eft rePagiee en Angleterre, amp; par ainfi nenbsp;eftre offenfee fans reproche amp; note de perfidie , fait P^'nbsp;reillemént contre elle . Car d’autant fon ingratitude e*nbsp;plus puniflàble, d’auoir voulu öfter la vie à celle quinbsp;conferuoit la fienne. Si celuy qui n’a rien merité ^nuet’nbsp;. Ie Prince qui le reçoit à refuge, veut que pour le feul re*'nbsp;peft d’humanité on le côferue : à plus forte raifon doitquot;’nbsp;rendre le mefme deuoir àceluy, qui luy a fait défia vDnbsp;bon office de protection. Si ceux qui ont violé le droitnbsp;d’hofp»'
-ocr page 285-L’ESTAT DE FRANCE. 257 d’holpitalité aux Princes réfugiez vers eux , lontdetefta-bles ; quelle punition méritent ceux qui l’ont violé auxnbsp;Princes qui les ontreceus?
le riens la foy amp; feureté donnée par la feule reception de la Royne d’Efcofle,amp; accorde que ce feroit rompre lanbsp;foy d’offencer celuy qui a efté receu à refuge : mais c'eftnbsp;vne perfidie deteftable d’offencer celuy qui le reçoit.
Les poètes ont encores plus abondé en tragedies compofees fur ce fuiet, de la punition de telle perfidies,nbsp;que des premieres . Les hiftoires pareillement n’en racontent que tropd’exéples.Lafeule hiftoire del’euerfionnbsp;deTroye pour' la perfidie comife par Paris à Menelaus,nbsp;le confentement de toute la Greceà lapunir amp;s’y obfti-nerdix ans, auectoutes les incommoditezamp;malheur«nbsp;qu’il eft pofsible,demonftre alTez cela.
Cleomenes Roy de Sparte receu à refuge par Ptolo-paee,fuyant Antigonus,amp; ayant apres confpiré cotre luy, fetua. Ptolomee l’ayantdefcouuert fit pendreignomi-nieufemétfon corps,comme indigne de fepulchre. Maisnbsp;qui eft celuy là qui voudroit delfendre vne telle defloyaiinbsp;té,d’vn qui auroit efté recueilly en fa mifere par vn autre,nbsp;amp; apres auroit côfpiré contre fa vie ? Qui tient vn tel faitnbsp;irnpuny ofte tout le lié de la focieté humaine, amp; fait perdre tous les offices d’humanité entre les Roys, s’ils pen-fent qu’ayant receu vn autre Roy à refuge , il luy feroitnbsp;loifîble confpirer contre celuy qui luy fait bon office,nbsp;fans crainte d’aucune punition.il n’en faut faire iugesnbsp;que ceux mefmes qui font réfugiez chez autruy, ceux-lànbsp;les detefteront comme pernicieux amp; dommageables ànbsp;tous les Princes, tant à ceux quireçoyuent ,que aufsiànbsp;ceux qui ont befoin d’eftre receus.
Pour la derniere qualité Sc circôftance : Tu dis que la Royne d’Efeoffe cftantprifonniereamp; mal traiéfce pournbsp;facondition amp; dignité Royale, peut licitement tenternbsp;tous les moyens pour efehapper amp; recouurerfa liberté.nbsp;Cefte opinion eft veritablc,mais qu’elle foit bien entendue ; c’eft à dire qu’on ne peut point imputer defloyauténbsp;à celuy,que l’on tiét fur garde, amp; ne fe fie on rie à fa foy,nbsp;s’il cerche quelques moyens pour euader.
Mais que fi vn prifonnier pour efehapper commet R
-ocr page 286-258 MEMOIRES DE quelque crime,amp; qu’ô ne l’en puifle punirai s’enfuyuroKnbsp;que pour eftre prifonnier , il auroit toute licencenbsp;mal faire.
Le plus vrgent argument en ce fait, , de ce que U Royned’Efcolîe pretend eftre iniuftement, amp; fanslegi'nbsp;time occafiotbdetenue prifonniere par h Royned’AU'nbsp;gleterre, comme n'ayant efté prinfe en guerre ou autre-ment.
Etparainfî, comme entre les Rois , le glaiue eft vrayiuge pour punir amp; venger leurstorts: Sielleavoulquot;nbsp;faire tous apprefts, pour venger par vne guerre le tortnbsp;qu’elle pretend que la Royne d’Angleterre lu y fait, ellenbsp;ne fait que ce que tous les Rois feroyent en femblabl®nbsp;cas,amp; côme ce Duc d’Auftriclie fit enuers le Roy de Ho'nbsp;grie duquel tu as parlé.le te refponds que la Royne d'AU'nbsp;gleterre a fi bien iuftifiéfon fait enuers tous les Prince’nbsp;Clireftiensiamp;monftré que tançparles loix amp; conuenin'nbsp;cesdesdeu.x royaumes d'Angleterre , amp; d’Efeoffe,nbsp;par l’vlageobferué entre les predecefleurs Rois de fr^nbsp;amp; de l’autre royaume, il luv eftoitloifible de reteiiiri®nbsp;Royne d’Efeoffe, amp; luy eftoit impofsible de lanbsp;fans faire tort aux loix anciénes amp; à fon eftat, qu’il rgt; e*nbsp;befoin de faire plus grande inftance fur ce point.
Et rnefme quand bié la Royne d’Efeoflè euft pe» tendre auoireilé iniuftement faite prifonniere, apres anbsp;Hoir fait cefte confpiration , Ion ne peut dire qu’ellenbsp;le foitiuftement; comme il adulent forment quenbsp;bonne caufe, la pourfuyuantpar mefehans moyen’ 1nbsp;la rend mauuaife.
Pompee,Caton amp;le SenatRomain faifoy-ent tort Cclar,de luyrefufer le triomplie fi iuftement aeqe*®'nbsp;toutesfois parce qu’il le pourfuyuoit par confpirationnbsp;contre lapatrie,!! n'v a homme qui n’ait iugé, qu’il auo*nbsp;fait de fa bonne caufe vne mauuaifc.Si on confidere to'-*nbsp;tes les confpiratios qui lé font en vn eftat,elles font la P'“nbsp;part accompagnées de quelque tort,que l'on a fait ànbsp;qui viennent iufques à cefte extrémité amp; hazardeuleen^nbsp;treprinfé : mais ne s’enfuit pas pour cela,qu’ilsfoyeir^*’’nbsp;nocens amp; nonpunilïàbles.
La Royne d’Angleterre mcfmesfuffira pour ex®’”'
-ocr page 287-L’ESTAT DE FRANCE. 259 pic,en ce fait.y eut-il iamais Princefle plus iniuftemêt amp;nbsp;tyranniquement retenue prifonniere, plus feuercmentnbsp;traitée, plus fouuent expofee au danger de mort qu’ellenbsp;fut par fa feue fœur : combien qu’elle ne l’euft iamais of-fenfee?Si eft-ce que iamais n’entreprint ne confpira cotrenbsp;elle:amp; truand elle l’euft entreprins,il eft fans doute qu’ellenbsp;cuit efte iuftement condamnée, combien qu’elle euft peunbsp;prétendre droit à la Couronne. Aufsi Dieu a ouy fa mitenbsp;plainte,amp;luy afaitiufticede fa main.
Qjjand la Royne d’Efcofle auroit eu feulement ce but lt;le rccouurer fa liberté, amp; employer les moyens tendansnbsp;a efcbapper, elle feroit cxcufable : mais d’auoir voulu v-furperl’eftat de la Royne d’Anglererre amp; attenter fur fanbsp;perfonne,c’eft bien indignemët recognu, ce que la Royne d’Angleterre a fait en fon endroit. Elle a eu puiffancenbsp;fur la Royne d’Efcofle , fur fa vie, (il eft certain) fur fonnbsp;eftat. Les occalions en ont efté fi propres, fi fouuent,parnbsp;tant de guerres ciuiles amp; partialitez qui font en ce Royaume-là , qu’il n’y a homme qui par difcours humain nenbsp;le recognoifle ; fi eft-ce quelle n’a voulu iamais attenternbsp;fur fa vie, ny la liurer és mains de ceux qui la vouloyentnbsp;faire iuger par les eftats : encore moins faire eirtreprinfenbsp;fut le Royaume . Mais au contraire elle a tafché par tousnbsp;tnoyens à le pacifier amp; le conferuer pour fon fils: toutef-fois à prefent elle luy rend tout le contraire.
Ce que l’en peut alléguer pour attirer à clemence la R-oyne d’Angleterre à pardonner ce fait, eft bien confi-,nbsp;derablepour auoircompafsion de la Royne d’Efcofle.nbsp;Aufsi vraye iufticc doit eftre accompagnée de compaf-fion, amp; vuide de toute colere,malice amp; cruauté.Mais quenbsp;pour vne pitié, il faille au lieu deiuftice faire iniuftice: amp;nbsp;s’ilfautauoirpitié,euauoir plus d’vne feule perfonne,nbsp;que de tout l’eftat vniuerfel, ce feroit mefurer à fauflénbsp;niefure,amp; poifer à faux poids la clemence,amp; l’humanité;nbsp;car s’il faut eftre pitoyable, ce feroit pluftoft eftre crue!nbsp;que humaimpour iàuuer vn parciculier,qu’ou n’aye pointnbsp;depitié de tout vn peuple, de tant de noblcfle, de tantnbsp;de familles , defquels la mort, le pillage , la ruine, 5;nbsp;la inifere eftoit toute proiettec, par cefte confpiranbsp;ficm : amp; ne feauroyent eftre afleurez, que par la pu-R . 1
-ocr page 288-i6o MEMOIRESDE.
pition du chef de la conjuration.
II y a eu des Empereurs qui ont pardonné les conipi' rations. Vefpafien les mefprifoit toutes, par ce qu’il s’e-ifoit perfuadé y qu’il ftauoit le iour,heure, amp; efpecc de IInbsp;mort.
Ce font des exemples dangereux à imiter; comme de ce pere, qui ayât defcouuert que fon fils le vouloir tuer,nbsp;le mena en lieu où il elfoit feul, luy bailal l’efpee, luy dienbsp;qu’il le tuaft,s’il vouloir. Il y a plus de témérité en telsnbsp;exemples,que declemence.
Mais en ce fait, il y a vne confideration plus impo’’* tante,que en tous les exemples qui fe peuuent propofer!nbsp;amp;: qui met du tout la Royne hors de puiflance d’vl’er denbsp;clemcncé en cell endroit, fans o(fencer Dieu. Car il n’eftnbsp;pas icy queftion d’vne confpiration, qui n’apportaft aU'nbsp;tre changement que d’eftat,amp; regne temporel, mais ellenbsp;importent changement de la Religion , en laquelle,nbsp;quand les Princes voudroyent quitter leur offenfe, n®quot;nbsp;giiger le foin qu’ils doyuctauoirdu falut,amp; repos des fu-icts que Dieu leur a baillez en proteûion, encores n®nbsp;peiiuent-ils quitter celle offenfe, qui tend àrenuerferlenbsp;regne de Dieu, fon honneur, amp; gloire, amp; fon vray fer*nbsp;uice.
11 eft certain , que fi la confpiration eull forti fon ef-fefl,la Religion eull change en Angleterre.-l’inteiligenct du Pape , du Roy d’Efpagne,amp; du ]5uc d'Albe le defeou-urent aiTez.
Quy li Royne d’Angleterre donques fe reprefentcj leiulle lugementque Dieu fit fur Saul, pour auoirfauuenbsp;la vie .à Ag.ig Roy d’Amalec, Roy qui auoit coniuré lînbsp;ruine du peuple , amp; du feruicede Dieu. Ce.fie cleméncenbsp;le fit reietter de deuaiit la face deDieinreudit inutiles lesnbsp;piieresde Samuel, iufques là,que Dieu luy défendit denbsp;prierpourSauIiamp;fitque le Royaume fut tranfportédenbsp;luy à fon prochain,ainfi qu’en parle l’Efçriture.
Achâb avant donné la vie à Benadab , ennemy amp; contempteur de la puilTance de Dieu , fut condamné par la fentence de Dieu, prononcée de l.a bouche du Prophete,nbsp;qui luy dit que fon ameferoitpourlafiene. Dieu a voulu que les hommes fulTént clemens amp;dou.x à pardonnernbsp;leurs
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leurs iniures,amp; feueres j punir les fîenes.
Et fi on regarde bien rhiftoire fain£te, en laquelle les iugemens de Dieu fe cognoilîènt au vray, amp; par certitude: (Car aux prophanesdls ne fe cognoifleat que par cônbsp;ieûure. ) on verra plus de punitions, fur les Rois qui ontnbsp;Voulu eftre clemens aux defpens de l’honneur de Dieu,nbsp;que fur ceux qui ont efté trop cruels . Saul eft puny pournbsp;clemence. Salomon eft loué de fa feuerité . lofué ayantnbsp;lins aucune humanité tué trente vn Rois, eft loué.Saul,amp;nbsp;Achab, pour en auoir laifle efchapper vn, font condamnez à mort. C’eft vne vertu fort recommandable auxnbsp;Princes que cleméce, mais lezele de la Religion eft plusnbsp;fecommandé que la clemence.
De vouloir perfuader qu’il n’eft point vtilg , de faire punition de cefte conlpiration fur la Royne d’Efcof- *nbsp;fe, amp; vouloir faire peur à la Rovne d’Angleterre desnbsp;Rois voifins, elle a défia eflayé, que les entreprinfes desnbsp;Rois voifins ne ceirerontpas,pour referuer la Roynenbsp;d’Efcofle.Mais au contraire,!! n’y ariéqui ait donné cou*nbsp;Mge,volonté,ny moyen aux Rois voifins,pour cntrepré-'nbsp;dre furfon eftat,que la referue qu’elle a fait iufques à cette heure de la Royne d’Efcofle.11 eft certain que tous lesnbsp;troubles palTez en Angleterre , ont efté braflez pat elle,nbsp;amp;fondezfur l’elperance defefiireRoyne d’Angleterre.nbsp;Ees Rois qui s’elmouuroyent de fa mort,font ia efmeus;nbsp;tant fous prétexté de la feule detention , amp; du zele prétendu de leur Religion, que (pour dire la vérité ) pournbsp;l'enuie qu’ils ont de ce beau Rovaume, fi riche, amp; fi oj U*nbsp;lent, qu’ils eftiment vne proye bien aifee, pour eftre en*,nbsp;treles mains d’vne femme ,n’eft:,ntappuyeede perfon-ne,amp; de laquelle ils imputent la clemence à timiditénbsp;amp; craintede n’oferchaftier ceux qui troublent fon e-ttat. La punition de cefte confpiration, n’adioufterariennbsp;ileur mauuaife volonté:mais l’impunité adiouftera biennbsp;aux movens de l’executer.Le Pape,le Roy d’Efpagne, lenbsp;Duc d’Albe, quelle parételle, ou confederatiô, ou amitiénbsp;fi eftroite ont ils à ladite Royne d’Efeofle, que pour fonnbsp;refpeél, ilsaventiamaisvoulu s’armer contre la Roynenbsp;d’Angleterre ? c’eft pluftoft la haine que le Pape , le Roynbsp;d’Efpagne,amp; le Ducd’Albe, portent à la Roviie d’Angle*
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-ocr page 290-zéz MEMOIRES DE terre, 1’enuie qu’ils ontdek voir fiheureufe, au plus fortnbsp;des malheurs de tous fes voifins.
L’ambition qu’ils ont de ce Royaume fi floriflant, S ' encores l’indignation qu’aie Pape, de voir la Religio*’nbsp;plantée , tant en ce Royaume , qu’en celuy d’Efcofle :nbsp;voir fes reuenus, amp; fon authorité du tout perdue, fans ef'nbsp;nbsp;nbsp;I
poirderecouurement. La Royne d’Efcofle ne leurfert que de couleur, amp; de leur fournir de moyens à pratiquâtnbsp;troubles amp; remuemens en tous les deux Royaumes •nbsp;Quand la Royne d’Efcofle ny fera plus, leur malice de'nbsp;ineurera, mais leurs moyens ceflcront, amp; entre autre’nbsp;celuy qui eftle plus fpecieux , amp; auantageux pour le**’nbsp;party; C’cftque la Royne d’Efcofle ne peut faillir d’eft’®nbsp;Royne d’Angleterre, par le droift de prochaineté,nbsp;cours de fon aage.
Celle confideration apporte de grands mal-heurs * l’Angleterreicar les ennemis de la Religio, amp; de la Rof'nbsp;ne , en ont le cœur enflé, voyant la faiîon de leur reg**®nbsp;fl proche.Ses plus alfedionez fcruiteurs, enfontauco**'nbsp;traire intimidez, voyons leur ruine d’autant approcha*'nbsp;amp;les Princes eftiügers font retenus à s’aflocier àlaRoY'nbsp;nç d’Angleterre, fl ce n’eft pour mieux la trahir (com*^’^nbsp;le Roy de Frâce fouhaite)fachâs bien que l’amitié qu *'nbsp;contraéleront auec elle, fera autant d’inimitié auec mnbsp;flicccfleur : tellement que ceferoitcôtrafter auec la P^’nbsp;foiine , non point auec le Royaume : par ce qu’elle eft^*’nbsp;morte, tout le Royaume fera renuerfé.
Oiine feut gueres baftir fur vn fondement,q**”^ void ne pouuoit longtemps durer:amp; (comme dit le p*’*’nbsp;uerbe) Il y a plus de gens qui adorent le Soleil leua*”nbsp;que le couchant. Il eft certain que cefte conflderatio**’nbsp;desfiuorife infiniment tous les deflèins de laRoynednbsp;gleterre. Mais la facilité que la Royne d’Angleterre a,nbsp;fe priuer d’vntel fiiccefleunamp;de s’en eflire vn prochcifl^jnbsp;füit capable amp; fuffifant , peut coupper broche à t**nbsp;leurs defleins.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j
Qinant à l'indignation que le Roy d’Efcofle P”’* auoir ,i l’aduenir, ou contre ceux qui auront faitnbsp;fa mere,ou contre fa mere,qui a fait mourir fon P*^^’jjtnbsp;regarde la raifon ? il a plus d’occaflon de fe ‘'gjjr-
-ocr page 291-L’ESTAT DE FRANCE. 265 du meurtre de fon pere , auquel n’y a occafion, ny prétexté, ains vu parricide,amp; perfidie deteftable. que de ce-luy de fa mere . qui eft accompagné de toute la raifon, amp;nbsp;iuftice, qu'il eft polsible de defirer à vn iufte iugement.nbsp;Ioint,que c’eft vne peur de fi loin, amp; fi incertaine,a(auoirnbsp;de ce que fera vn enfantquandil lèra grand: qu’elle nenbsp;tnerite d’eftre réputée,au prix d’vn danger prefentamp; euinbsp;dent.
Outre ce que la comparaifon eft fort inefgale , de la crainte d’vne guerre externe,àvneconfpiration inteftiiie.
Nous auons dit qu'en affaires d’eftat,il faut regarder fl ce qu’on propofe eft iufte,amp; vtile au public:les autres re-fpeasdedeclemence,de liberalité,de generofité particunbsp;liere, doyuenttoufiours ceder à l’vtilité publique. Mais ilnbsp;y a encores vn tiers, qui furmonte tous autres: C’eft vuenbsp;necefsité publique . Celle-là eft preferee quelques foisnbsp;3UX loix diuines ceremoniales . Les Machabees qui nenbsp;Voulurent combatte au iour du Sabbath , demeurèrentnbsp;enfeigneurs à leurs fuccefleurs de faire ceder les ceremonies diuines,à la necefsité.
Les Romains difent, que leurs maieurs auoyent foulent préféré la necefsité, à la Religion . Les leix politiques luy cedent. Caton qui en a efté le plus rude obferua teur,le perfuada au Senat.en la queftion Catilinaire.aufsinbsp;le falutdu peuple , eft la fouueraincLoy d’vn eftat: car a-lors, la necefsité publique fait licite ce qui autrement nenbsp;l'eftoit point. A plus forte raifon fera-elle preferee à vnenbsp;douceur, qui n’eft que volontaire: amp; à vne clemence, quinbsp;fraine auec foy la ruine de l’eftar.
Que la necefsité, amp; falut publique foit en ceft endroit, il eft aflèz aifé àiuger,par ce quedeflus,oùil a efté mon-ftré que cefte confpiration h’apportoit pas feulementnbsp;changement d’eftat,mais ruinede Religion.
11 ne refte donques,, finon de bien fonder la vérité, certitude du deli£tamp; auoir intention droiéàe amp; fince-m. N’apporter haine,ny pafsions à ce iugement:ains cer-chant la vérité, defirer pluftoft trouuer l’innocence , quenbsp;lîcoulpe. Lacoulpe eftant verifice, auoir compafsionnbsp;du malheur auquel le coulpable eft cheu . Mais auoirnbsp;'’öe balance, Si mefureiufte à cefte pitié,l3quelle,com-R 4
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me la haine particuliere , nedoitiamais nuire au public» aufsila particuliere amitié,ou commiferation,ne doitia-i^ais faire contrepoids à la pitié,que le prince doit auoir»nbsp;de la ruine publique amp; generale de fou Royaume: amp; encores moins au zele qu’il doit à la conferuation,amp; amplinbsp;fication du regne de Dieu.
Le Prince qui refufe la iuftice à vn fien fuieO:, eft coul-|gt;able deuant Dieu,à plus forte raifonceluy qui la refùfe a tousfes fuiefts d’vncoup ,amp; notâment àceuxdefquelsnbsp;on fcait que leur mort eftoit iuree par cefte confpiratiô!nbsp;lefquels ( à ce que i’ay entendu ) font des plus illuftres denbsp;fon Royaume. Et qui par les fidelles feruices qu’ils ontnbsp;faits à la Royne d’Angleterre, méritent qu’elle lentnbsp;oélroye, ce qu’elle doit au moindre de fes fuiets , quinbsp;la iuftice des machinations qu’on fait contre leurs vies-
11 eft certain . qu’il n’y a fidelle feruiteur de la Royne d’Angleterre qui n’aye fait, amp; deu faire tous les officesnbsp;qu’il a peu, de defcouurir,accufer,amp; condamner(ch3fcuUnbsp;felon favocation amp; qualité) vne fl malheureufe confpif*'nbsp;tion,amp; qui par là ne foit expofé à la haine de tous les co-fpirateurs, amp; de leurs complices : amp; plus ils y auront faitnbsp;leur deuoir, plus ils en feront hays de ceux qui font lesnbsp;principaux de cefte confpiration : de façon, que venantnbsp;la Royne d’Efcofle à la fuccefsion du Royaume,ceux qu*nbsp;ont defcouuertà la Royne d’Angleterre cefte confpira'nbsp;tion,font expofez eux, amp; leurs famillcs,à la haine d’icel-le,fi onia laifle impunie . Qu)eftcela fînon pourfauuetnbsp;le confpirateur,amp; ennemyilailTer en prove en fes inainsnbsp;le fidelle fuieél,amp;,auecce,donner vn tref-mauuais exe®nbsp;pie, à tous ceux qui dorefenauantfeauront quelque fent'nbsp;blable confpiration(commcil eft à craindre, puis qu’°®nbsp;s’accouftume à telles faétions en vn Rovaume, que celtenbsp;cy ne fera pas la derniere)à n’eftre fi volontaires .à la dçl)nbsp;couurir,voyans la ruynequi leur eft, amp; à leurpofteritÇnbsp;toute certaine,pour auoir voulu fàuuer la vie , amp; l’eftat »nbsp;leur Royne.
Il IIP fiut uas aller Eueres loin , oour voir les inconue-
L’ESTAT DE FRANCE. 165 quels luy auoyent defcouuert ce qui couchoit à fon honneur,amp; à fa vie , s’eüant môftreafes bons,amp; fidelles ferainbsp;teurs,amp;s’eftans par là rendus ennemis delà Royned’Ef-eo£t,amp;des miniftresde fa lubricitéîll voulut appaifer fetnbsp;ennemis, amp; laifler ceux qui luy auoyent voulu faire feruinbsp;ce : il luy aduint que depuis, il n’y eut home qui vouluft,nbsp;ou ofaft luy vfer de pareils offices , lors que le befoin ennbsp;eftoitplus grand, aufsi eft ce vne fidelité,amp; refolutio biennbsp;rare auiourd’huy,quand vn furet defcouure vn forfait,dU’nbsp;quelilvoit deux ennemis trefcertains deuant fes yeux:ànbsp;fcauoir que celuy qu’il accufe,pourroit eftre quelque iournbsp;fon Roy, amp; auoir (a vie,fon honneur,fes biens,amp; de tousnbsp;les Cens en fa puiffance : amp; l’autre , que quoy qu’il fâchenbsp;dire amp; verifier, l’accu fé n’en fouffrira rien.
Si le confpirateureftoit quelque perfonne infame , de laquelle ils n’euflent occafion de craindre fa haine,amp; inimitié,on pourroit dire qu’ils ont intereft particulier à cc-fte douceur,amp; clemence,amp; qu’il n’y auroit que l’exemplenbsp;publique qui fuft frulfré. Mais eftant celle qui eft la plusnbsp;proche à eftre leurRoyne,concre laquelle ils ont defcoianbsp;üert celle machination, amp; les laifler en proye entre fesnbsp;mains,il n’y a pas vn de ceux qui s’en font meflcfx, qui nenbsp;doiue penfer,que c’en fait de fa vie,dc fes biens,amp; de toutnbsp;ce qu’il a de plus cher en ce monde,!! la Roy ne d’Efcoflcnbsp;vient à eftre leur Royne.
11 eft à efperer,que ceux qui ont efté fidelles à la Roy-Be d’Angleterre,à la defcouuerte,amp; verification.de lacô-iuration,perfeuereront toufiours en lamefme fidelité, quelque danger qu’ils fe voyent prwpofé deuant les yeux.nbsp;Or c’eftvne tentation biendâge'eufe, qu’vnPrince pournbsp;garentir vn qui eft digne de punition, mette en telle elpenbsp;ce de defefpoir fes plus loyaux feruiteurs.
Le refus de iuftice fait parle Prince à fes fuiets,mefme-ment à ceux qui font les principaux, près de fa perfonne, a efté toufiours dommageable au refùfant. L’exemple de la mort de Philippe, pere d’Alexandre , fuffiranbsp;pour tous. Le defefpoir ou tous les fuiets fe voyent fansnbsp;efperance de proteSdon de leur Roy, les contraint d’aUnbsp;1 let cercher leur feureté ailleurs.
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Oreft-cele pire confeil qu’vn Prince peut auoir,lt;lede laifler en defefpoirfes principaux feruiteurs, amp; les contraindre d’aller cercher leur protettion,ailleurs qu’à leurnbsp;Prince naturel.
Si l’on s’amufe à l’opinion’que l’on aura de la punition qui fe feroit:C’eft choie trop vaine,que les opinions, amp; rumeurs des hommes,pour les mettre deuant le falut.nbsp;Fabius Maximus n’en eftoit pas d’auis.Aufsi, quiconquenbsp;s’arrefte à ceia,il monltre n’auoii guere droite intention.nbsp;Ce bon Empereur Antonin, aduertilîoit les Proconfulsnbsp;qui alloyent aux prouinces, de n’alFefter enlaiuftice, reputation ny de feuerité, ny de clemence.car l’vne amp; l’a“'nbsp;treaffe£tion,defuoyent dudroiét fentier de la iuftice.
Ceux qui iugeront fainement, amp; iàns pafsion de ceft affaire , ne pourront eftimer laRoyne d’Angleterre qu®nbsp;tref-iufte Princeffe ,tref fage, amp; bienzelee aufalutdenbsp;tout fon peuple ,amp;àla deftence amp; propagation de lanbsp;vrayc Religion Cljreftienne.
Ceux qui en iugeront par affe£tion,amp; contre la raifoO’ ne méritent qu’on fe foucie de leur iugement ,,ny qu’onnbsp;difputeauec eux par raifon,veu qu’ils labaniflentde leurnbsp;iugement,par leur pafsion particuliere.
Pour conclufîon, la punition de celle confpiration (uf la Royne d’Efcoffe, fuppofé qu’elle foit veritablemenrnbsp;coulpable,quoy que fâchent dire amp;alleguer fes partifans,nbsp;eft tref-iufte, amp; legitime,par toutes loix diuines,amp;:huma*nbsp;nesivtile,voire trefiieceffaire,pourle falut, amp; conferuati'nbsp;on de la perfonne de la Royne,amp; de tout l’eftat d’Ang^C'nbsp;terre , amp; niefmes de ceux ,que la Royne a occalîond’at'nbsp;mer le plus. Au contraire l’impunité, eft vn vray refus denbsp;iuftice,amp; de proteftion à fes fuiets,vn mefpris du falut denbsp;fon peuple,amp;(ce qui eft plus à regretter)vne defertion,denbsp;conténement de laconferuation de l’EglifedeDicu,d^nbsp;de fon pur feruice:lequel,comme tu as diél au commeO'nbsp;cernent, v feroit de tout point renuerfé, fi la mort de lanbsp;Royne Elizabethaduenoit, deuant le fupplicedeuà lanbsp;Royne Marie.
Dieu n’aura faute de moyens pour garantir fonpeuple efleu, amp; amplifier fon regne : mais malheur aq Pafteur,-qui aura nourri !e loup dans le troupeau:amp; au laboureuf’
-ocr page 295-L’ESTAT DE FRANCE. 267 qui n’a chafle le fanglier de la vigne du Seigneur.Ec comnbsp;me dit Ezecliiel, au 33 .chapitre : Ccluy qui oit fonner lanbsp;trompette. amp; ne reçoit point l’aduertiflement, fi l’efpeenbsp;vient, Si l’occitifon fang eft fur luy.amp; encores apres il ad-ioufte.’La guette qui oit le fon de l’eniiemy venât,amp; n’ad-uertitjfî l’efpeeviét,amp; occit vn autre,le fag de ceftuy-là eftnbsp;fur luyiCar il eft mort en fon peché.Mais il redemanderanbsp;(dit le Seigneur ) fon fang de la main de la guette. Il nenbsp;faut point dire,ce danger eft loin de nous,ce fera apres lanbsp;mort de la Royne. Dieu luy face la grace de viure longuement: toutbonfidelle ledoitfouliaiter. Maisc’eftoitnbsp;leprouerbe des enfans d Ifrael, duquel le Prophete en®,nbsp;tat, Vousauez dit,la prophétie eft prolongée,ou fera d’i-cy aplufîeursiours, amp; apres longtemps. Non, dit le Sei-gneur.Tauanceray le iour, amp; ma Prophetie fera auancee,nbsp;non pas prologee.Dieu vueille diuertir ce malheur, cornnbsp;nieilmonftrebienlevouloir;veult;|u’il en donne lesmoynbsp;ens fi iuftes, honneftes, vtiles, profatables,neceiraires, ai-fex,amp; failables.Amen.
NOus fommes demeurez lôg tfps de là la mer: amp; nô Continua fans occafion:car la Royne d’Efeofle nous y a arre- tion danbsp;ftez plus qu’il n’eftoit à. defirer . Mais puis que nous ren- pourpar-trons en France,venons à la Cour, pour entendre corn- *”*nbsp;le mariage de madame Marguerite s’auançoit.
Royne deNauarre eftant follicitee inftâment d’ennemis
amp; d’amis d’entendre à ce party , auoit du premier coup „arre amp; la (comme dit a efté ci demis) receu aflez de contente-fœut dtinbsp;’’tent de ces nouutlies.Depuis,ayît ouy difeourir qlques Roy.nbsp;'’ns qu’elle efeoutoit familieremct, qui luy defeonuroy-cnt beaucoup de dangers en ce faic,eÛe fe trouua enper-plexité.Etpour fe refoudre tant mieux, en communiquanbsp;’occ plufieurs de bouche.Outreplus depefeha gens pournbsp;aller en quelques endroits dedans amp; dehors leRoyaume,nbsp;J'ers aucuns hommes doéles faifans profefsion de la Re-“g'on , lefquels elle prioit inftamment luy donner ad-
, fl elle pouuoit accorder ce mariage, amp; comment s’y deuoit gouuerner, fans blefler fa confcience,nbsp;W nuire aux Eglifes reformees.Proteftant qu’en ceft en-droit,ni en auefi autre.elle ne vouloir en forte que ce fuft
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quels tours on auoit iouez au
rien entreprendre, fi on Iny fflonftroit qu’ily euft mil; Lesrefponcesfurentdiuerfes félon les perfonnes àquinbsp;elle en demandoit confeil. Ceux qui regardoyent firaplsnbsp;ment à la paix, amp; ne confîderoyent que l’apparence deJnbsp;chofes:eftimoyentque ceft honneur deuoit eftre humblement accepté: amp; non feulement eftoyent d’auis, ainsnbsp;aufsiprioyent inftamment la Royne de Nauarrc, de lienbsp;perdre fi belle occafîon. Q^lques autres vn peu verfeïnbsp;esafairesde cour, amp;conoiflans l’efpritde la Royne mere,amp; quel tainéfc elle auoit donné au Roy fon fils,ne poU'nbsp;uoyentfeperfuaderque ces nopces pcuflent jamais pro-fperer. Ils prioyent la Royne de Nauarrede confîderernbsp;quels elle fçauoit faire de beaux difcours fouuentesfois«nbsp;l’vndefquelsmefmes auoit eftéefcritamp; publié fous fimnbsp;nom,pendant les derniers troubles. Que la Royne mer^nbsp;ne pardonnoit jamais. Qm le Roy eftoit acofté d’eime-mis mortel s des Princes, amp; de tous ceux de la Religio*’’nbsp;Qjye la Royne de Nauarre nepourroitiouyrduPrinoonbsp;fon fils,felon fon intention,apres qu’il feroit mariéiatte**nbsp;du qu’il prenoitvne femme plus fine que Ion ne pefofc^nbsp;de laquelle on parloir allèz finifirement. Aufsi que i*nbsp;Rovne mere ne lailleroit tellement fon rendre, au’ell^nbsp;remuer mefnage.eîle l’auroit en japuiirance,felonqu’e*'nbsp;le a vne infinite de deireins,amp;de moyens pour les execunbsp;ter. Et que fi le Prince de Nauarre perfeueroiten faReÜ'nbsp;gion,tant s’en faloit que ce mariage apportai!: quelq**'nbsp;profit.qu’au contraire c’eftoit comme vne femence oOnbsp;troubles,acrcndu que le Roy ni le Duc d’Anjou fon frere»nbsp;ne le pourroyentvoirdebon œil, ou s’ils luy faifoyen**nbsp;bon vilage,ce feroit pour fe mettre en mauuais melnynbsp;ge auec les Catholiques. Que de penferauancer l.i R**!*'nbsp;gion par tel degré,c’eftoit temps perdu, veu que les cho-fes eftoyent eu tel train,amp; la maifon deValois tellementnbsp;cnueloppee auecles Catholiques,que les Huguenots au-royent encor fort afaire, quelque faueur qu’ils eiiiTent-Ils remonftroyentd’auantage, auenantque le Princenbsp;Nauarre prinft party ailleurs,il en feroit redoutable à ft’nbsp;ennemis,amp;: n’auioit faute d’jppuy candis qu’il fauorile-
-ocr page 297-L’ESTAT DE FRANCE. 169 toit les Huguenots à bon.efcienc. Au contraire,ne pou-uoit beaucoup auancer de l'autre part,pour beaucoup denbsp;raifons qu’ils alleguoyent. Mais ils s'eftonnoyent grandement, pourquoy la Royne mere n’entendoitàpour-soirfa fille en Portugal, comme les moyens s’eftoyentnbsp;offerts. Qjïelle fauoit bien que la Royne deNauarre nenbsp;permettroit que fon fils efpoufalten l’Eglife Romaine:nbsp;amp; que la fœur du Roy n’auroit exercice de fa Religion,nbsp;ayant (à belle mere pres de foy. Et que tâdts que la Royne deNauarre viuroit,le Prince fon fils ne tomberoit ia-mais en la puiflànce de la Royne mere. Partant ne pou-aoyent fe douter que de trefmauuaife mefure.
Quelques confeillers de la Royne de Nauarre, déliras de voir ce mariage acompli,pour leur grand bienfcom-nie ils i’eftimoyent)n’eurent faute de répliqués, à chafcûnbsp;des points fus alléguez. Ils difoyent donc que le traitement fait au feu Roy deNauarre, eftoitprocédé de l’amnbsp;bition de ceux de Guife , amp; de la facilité de ce Prince.nbsp;Que ce mariage defarçonneroit entièrement lefditsdenbsp;Guife.alors que les Princes,amp; l’Amiral auec eux, auroyétnbsp;vn tel accès vers le Roy. Q^e la Royne mere ne pouuoitnbsp;dire en cliolere contre le Prince de Nauarre, amp; que celle alliance l’adouciroitiioint que venant furl’aage, ellenbsp;voudroit pluftoft fe refiouir auec fes enfans,que les mettre en mauuais mefnage l’vn contre l’autre. Et qu’elle ai-moit fi tendrement fa fille.que fon gendre auroit part ànbsp;celle affetlion.Que fi le Prince de jSJauarre eftoit fouuétnbsp;pres du Roy fou beau frerc,ce feroit vn moyen pourai-“ler grandement à ceux de la Religion : amp; qu’on donne-toit tant bon confeil à ce Prince,que les filez de fa bellenbsp;mere (quand ores elle entreprendroit quelque tour denbsp;fonpays)feroyent bien aifez à rompre . Et que fi nou-**ciux troubles furuenoyent, elle ne pourroit faire violenbsp;ce a fon gendre, qu’à fa manifefte confufion. Que laper-ficuerance du Prince de Nauarre en fa Religion,pourroitnbsp;faire que le Roy voudroit entendre la vérité des chofes,nbsp;amp; allèmbler quelque côcile nationabpour remettre toutnbsp;cnmeilleur train. Qu’on cbeuiroitbien des Catholi-90es,la plufpart defquels n’ont autre Religion que cellenbsp;lt;lcs Princes ; amp; que le Duc d’Anjou n’entreprendroit
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rien,tandis que le Roy porteroit bonvifageà fonbeaii' frere.Q^ fi le Prince JeNauarre refufoit ce parti,leRoynbsp;fcholere extremeinét) fe mutineroit: que la Roy ne me*nbsp;re ne digereroit facilement vn tel mefpris, amp; que venai*nbsp;le feu à le r’allumer.il n’yauoit apparence que d’vnemd®nbsp;“re extreme.Ils aiouftoyent que le party eftoit recomW*nbsp;dable pour la bonne grace,noblellê de la maifon,amp; aua”nbsp;'tages qiie la Royne mere feroit à fa fille bienaimee, U'nbsp;quelle auroit le fond du coffre. Et quant à ce qu’on troU'nbsp;uoir effrange ce nouueaii conCeil, ils repliquoyent qu’o*nbsp;ne le deuoit eftonnerfî pendant laftireur des armes ce*nbsp;îa n'auoit efté mis en auant. Que l’ardeur des courage’nbsp;eftant comme eftainte, le Roy bien confeillé dediacrsnbsp;endroits,auroit trouuécebonamp; fainéf expedient poulnbsp;r’allier fes fuietsiamp;quec’eftoit luy faire grand tort d’eft’quot;nbsp;mer qu’il fuft fi traiftre amp; melchant, de vouloir parnbsp;moyen de fa fœur.fe venger de ceux defquels il n’auo*'nbsp;jamais peu esbranler les coeurs, auec toutes fes forces-Qifil auoit infinis autres afaires , amp; que tant de tefmo“'nbsp;gnages de fa fincere volonté ne deuoyent eftre ta»^nbsp;prins de trauers:amp; que c’eftoit'faire tort .à la maieft®nbsp;Royale de l’auoir en telle reputation . Q^nt aux ceremonies du mariage,il feroit aiféà enacorder, amp; quenbsp;Roy amp; la Royne fa mere n’eftoyent pas fi fcrupuleu*;nbsp;que pour le bien de paix ils accorderoyent à la RovU®nbsp;de Nauarre peut eftre plus qu’elle ne penfoit. Q^e M*'nbsp;dame feroit ce que fon frere luy comraandcroit,amp; eftu’J,nbsp;fi bien apprife qu’elle fouffriroitd’eftre enfeignee,amp;u’^nbsp;toupperoitpas les oreilles quand lePrince feroitparle!nbsp;ou prefeher quelques miniftres en fa prcfence . Et quenbsp;quant aux bruits qu’on faifoit courir de fon gouuerne-ment,que ce n’eftoyent nouuellesqu’ondcuftlegere'nbsp;ment receuoir ; attendu que fi on vouloir confiderer lenbsp;tout de bien pres,les rapporteurs fe pourroyent bié fo!'nbsp;tromper.
Mais quelques autres perfonnages bien affeffionneï à la Religion , demeurans dedans amp; dehors leRpy^'nbsp;me,auertis de ce pourparler,amp; priez, bien exprefle*nbsp;ment par la Royne de Nauarre de l’en refoudre, luy equot;nbsp;firent de notables auertiflemens : la fomme defquc’inbsp;conte-
-ocr page 299-L’ESTAT DE FRANCE. 271 contenoit en fubftance. Que les promefles de mariagenbsp;Wes mariages mefmes faits encre perfonncs de diuerfesnbsp;Religion eftoyent valables.Et que mefmes entre les infidèles amp; idolâtres encor que les mariages ne foyent dunbsp;tout fans quelque tache, entant qu’ils ne ie font point ennbsp;crainte amp; reuerence du nom de Dieu, toutesfois Dieunbsp;conferuateur du genre humain n’a pas tellemët ofté counbsp;te difference de bien amp; de mal de l’entendemët des plusnbsp;ttiefchâs mefmes,qu’ils ne metcët grande difference entte la conionAion dumariage,amp;:les vilains desbordemësnbsp;des paillards.Puis qu’ainfî eftoit,à plus forte raifon le manbsp;tiage eftoit ferme entre deux parties,dôt l’vne craignoitnbsp;ßieu,amp; que l’infidelité de l’autre ne pouuoit rompre cenbsp;lienzautrement S.Paul n’euftiamais confeillé à la partienbsp;fidelle de demeurer tant peu que ce foit auec l’infidelle.nbsp;Et en appliquant cela aux perfonnes dont eft queftiô,di-Eoyent ne prendre ce mot d’infideles en fa lîgnificatiô genbsp;oerale,inettans diference entre les Papilles amp; autres peunbsp;pies qui n’ont du tout conoillance de Dieu. Finalementnbsp;concluoyêt qu’il eftoit loifible faire ce mariage,peurueunbsp;ffu’vne partie confentift d’habiter auec l’autre, fans quenbsp;celle qui n’eftoit de la vrave Religion vouluft côtraindrenbsp;l’autre à chofes illicites.Mais la difficulté eftoit de fauoirnbsp;fi cela eftoit expedient.Pourprouuer qu’il nel’eftoit, onnbsp;alleguoit que le Seigneur ayant voulu que les Ifraeb'tesnbsp;s’alliaffentauec ceux de leur nation, auoitmonftre le danbsp;ger qui pouuoit auenir faifanc autrement, afauoir diuersnbsp;maux que l’experience a finalement defcouuercs . Qu^ilnbsp;yauoit bien quelque exceptio à cela,afauoir,qu'vnlfraelinbsp;tepouuoit efpoufer vne eftrangere, mais auec certainesnbsp;cautiôs amp; cofideraciôs fortexpreflès. Qjm l’Apoftre n’a-Boit pas dit fans caufe, qu’il ne faut point s’acoupler auecnbsp;les infidèles. Les peres amp; anciés doéleurs de l’Eglife,afauoir,Tertullian,Cypriä,Hiercme,Auguftin^entre autres,nbsp;auoyent merueillcufement fort condamné ces mariages.La partie affeétionnee àla vraye Religion, fe mettre en grand danger, d’eftre tirce par l’autre à vanité?nbsp;amp; idolatries . Que Salomon amp; pluffeurs autres Rois denbsp;luda eftoyent de beaux miroirs : amp; qu’il faloit conlî-dererles grands maux auenus par telles conioniftions.
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Cc confideré, fupplioyent la Royne de Nauarre.de bif® »uifer premièrement 1Î le Prince foh fils pourroitpoin^nbsp;cftre par tel moyen attiré à quitter fa Religion.Si Mad*'
¦ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;me iceur du Roygt; auoitquelque aiFeéhon non feuleni^*^_nbsp;à ce Prince, ains aufsi î la Religion, ou fi elle promette'nbsp;vouloir acquiefcer à raifon. Ils luy mettoyent en auai’nbsp;les inconueniens, Qiæ fi elle venoit à mourir, la RoV”^nbsp;mere auoit de merueilleux moyens pour esbranler Wnbsp;gendre. Q^Pilyauoitpeu d’apparence que la feu'’ “nbsp;Roy peut fi toft oublier la cour,oula quitter fi foudain^nbsp;me«t.Ec qu’y demourant,elle n’auroit faute de gens po“nbsp;la confermer en fa religion fur tout, quand le niariagnbsp;feroitaccôply : amp; qu’elle auoit aïTez d’allechcmensnbsp;obtenir beaucoup de celuy qui l’efpouferoit. Ils rarnelt;]'nbsp;teuwentaufsi àla Royne de Nauarre,ce qu’on auo^nbsp;farallé au feu Roy fon mary l’an I y (î I. quand le Pap^^nbsp;les fiens pourfuyuoyét de faire diuorcc entre ledit
fon mary amp; elle,à caufe de là Religion. Aufsi luy P’'°f’^» foyent ils (ce qu’elle n’ignoroit pas) l’eftat de la cour,nbsp;finalemét l’ire de Dicu,fi en ceft endroit elle faifoittb®nbsp;fe quelconque contre la gloire d’iceluy.
Ces aduertiffèmés furent enuoyez de diuers endroi^' esmoisdelânuieramp; Feurier lyyz.àl’occafion defqu^nbsp;la Royne de Nauarre eftoit fort trauatllee en fon eipr’^'^nbsp;Etquoyque quelques vris luvfiflentles chofes fortdoj“nbsp;ces amp; plaifantes,fi eft-ce qu’elle voyoit beaucoup denbsp;ficultez, Sdfauoit voircment à quelle.s gens elle auoit’nbsp;faire. Toutesfois eftant refolue que ce mariage n’cft®'nbsp;illicite,elle conclud aufsi ne faire rien dont fa confcieut^nbsp;fuft bleflee, ny l’Iionnneur amp; eftat de fon fils recule :nbsp;nbsp;nbsp;,
¦ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;uiter toutes occafions de mal,autant qu’il feroitp.ofsiu* '
amp; qu’eftant pres du Roy, elle perdroit la vie pluftôftfi“ | de promettre quelque chofe qui fuft contre Dieu, leîquot;^nbsp;pouruoyeroit au refte.
Menresde LaiUonscefte princefTe attendre nouueaux mand^^ la Royne du Roy, amp; faire fes apprefts pour aller en Cour,nbsp;faire' d’entendre chofes non moins importantes. Noy’nbsp;fonfiuX uonsditeideuant que le Roy auoit communiqué à fanbsp;Duc d’Àn- frere,Ia deliberation du conleilfecretpour attrapperinbsp;jou fall PrinCesjl’Amirahamp;ceux de la Religion:amp; ce qui enau^^^
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à Lignerolles qui en mourut à Blois, ou ( comme aucuns difent)à Bourgueil.Au parauant amp; depuis3ulsi,lc Roy renbsp;doutoitla puillance de fonfrere,quoy qu’il n’en fift fem-blant: amp; louuent donnoit aucunement à entendre qu’ilnbsp;n’eftoit pas trop content que fon frere paffaft fiauant.nbsp;Ce nonobrtant le Duc d’Anjou appuyé de l’amitié de fanbsp;mere,accompagné des grands, ayans les Catholiques amp;nbsp;leurs bourfes à ion commandement,parloir gros,amp;pra-tiquoit par deflbus terre beaucoup de ebofeS; LaRoynenbsp;mere qui auoit nourry le Roy fon fils en toute difsimulanbsp;tion,craignant que fansmotdire il ne rabaiflaft l’autrenbsp;en vn inftant, fe refolutdepouruoir à cela, en nuançantnbsp;le Duc d’Anjou, lequel elle aimoit tendrement commenbsp;ftecialementfavraye creature.Ayant communiqué auecnbsp;les conferlliers fecrets, elle péfa à ce mariage de la Rôy-*1^ d’Angleterre, à quoy fut employé le Cardinal de Chanbsp;ftillon fort refpeâé en Angleterre,amp; qui autresfois auoitnbsp;efté bien auant en la bonne grace de la Royne mere. Ornbsp;encor que l’alliance qu’on pretendoit faire en Angleterre fous prétexté de la guerre de Flandres,femblaft eftrenbsp;Vn moyen bien propre pour renouer ce traité de maria-gedaRoyne mere conoifsat l’efprit de l’Angloife voulut
' âlence,qui luv auoit entièrement confeillé d’efloigner tes deux frétés, fi elle vouloir fe maintenir, amp; remettrenbsp;ƒƒ thofes en quelque meilleur train. 11 luy auoit perfua-quelques autres) ce mariage d’Angleterre . Maisnbsp;''tyant beaucoup dedifficultezà defmeflerqui olloyentnbsp;^oute efperance de ce cofté , propofa .1 la Royne merenbsp;rnovenç nni Inirnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nnn-
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Ie Roy dePoIogne,pour parler du mariage d’etre fa four l’infante auec le Duc d’Anjou, à telle condition qu’il 1^nbsp;feroit receuoir par les eftats pour fon fuccefleur,attendu qu’iceluy Roy eftoit hors d’efperance d’auoir en-fans . L’autre moyen eftoitque fi ledit fieur Roy, qUJnbsp;eftoit attaint d’vne maladie fort dangereufe, venoitnbsp;mourir , qu’en ce cas le gentil-homme qui auroitia elRnbsp;enuoyé, mettroit peine de gagner la faueur de quelque*nbsp;Seigneurs duRoyaume ,fousl’auis amp; conduitedelquehnbsp;onpourroit puis apres y enuoyer des gens de marque-
La Royne mere qui aimoitle Duc d’Anjoufonö’’ comme dit eft,quoy qu'elle defiraft l’auancement d’itU'nbsp;luy, fi voyoit elle beaucoup de difficultcz en ces deuïnbsp;expedients. Premierement,le Duc d’Anjou eftoit tell^'nbsp;ment embarqué en la mer des plaifirs de la Cournbsp;France, que-ce luy feroitvn grand ereue-cœur de quitte'’nbsp;la compagnie delà damoil'elle de Chafteauneuf, amp; â“'nbsp;tres fauorites, pour aller efpoufer vne vieille en lointainnbsp;pays. En apres,les eftats de Pologne n’eftoyent fi aift^‘*nbsp;manier. Outreplus,la Royne mere penfoit que fi lanU'nbsp;bielle de Pologrie entendoit que le Duc d’Anjou fufttaquot;'nbsp;auerlàire de la Religion,,! peine le voudroit on receuoV’nbsp;quelque promefTe amp; effort qu’en pourroit faire leRnynbsp;Sigifmond.Et fi elle traitoit mal les Princes amp; l’Anfit''nbsp;(comme elle amp; fon confeil s’en eftoyent refolusionj,nbsp;temps auparauant) on reietteroit le nom des quot;Valoisnbsp;Pologne,ou vne grande partie des gentils hommes 1**nbsp;foit profefsion de la Religion . Mais ce qui plus la toutnbsp;mentoit,eftoit la diftance des lieux, amp; l’ap prehéfion^n^nbsp;elleauoit que fon fils tant aimé eftant la n’y fuit fi ’’'f'nbsp;arrefté,quequandmefmes fon frere mo,irroit,il fem*^nbsp;prefques iinpofsible qu’il retournaft en France,amp;nbsp;par ce moyen fon authorité donneroitdu nezà terrt'nbsp;Joint que le Roy voyant fon frere loin aiiiferoitpeuinbsp;ftre à manier fes afaires vn peu plus doucement que P’j-le pafsé,amp; que l’eau trouble venant à s’efclaircir,elle,quot;'^nbsp;mes amp; plufieurs de fa retenue demeureroyent au pieg^’nbsp;pour à vn befoin rendre conte de leurs maniemés.nbsp;ant(di-ie)ces fcrupules amp; autres femblables qui l’cmptnbsp;chovenf de palTer outre,elle demeura quelque temps equot;nbsp;fufpeu»
-ocr page 303-L’ESTAT DE FRANCE. 175 fufpens. Toutesfois,comme c’eft fa couftume de baiflernbsp;la telle quand elle void les dangers,amp; paffer outre, vaincue de l’efperance de couper ces neuds par quelque ind-gne Eabiletc,elle print refolution de faire tout ce qu’ellenbsp;poutroit,à quelque pottque les chofes deufset arriuer.Etnbsp;neantmoins n’abandonna du tout l’efperance d’Angleternbsp;te,retenant deux cordes enfonarc pour defcocber plusnbsp;feurement.il y eut vn autre difficulté fur l’eleétiô du per-fonnage qui deuoit aller en Polongne.L’Euetque de Va-lenceluy nommale fleur de Lanftac le ieune, amp; depuisnbsp;luy nomma vn ieune gentil-homme nommé le fleur denbsp;Renty,de qui on luy auoitrendutefmoignageproprenbsp;pour l’execution de tels tlelfeins.
La Royne mere eftoitdeliberee débattre ce fer tadis «lu’ileftoitchaudxat elle eftimoit quelaRoynedeNa-uarte,les Princesamp;1’Amiral, ne fe lairroyent ainfl ailé-ment mener comme ils firêt,ouque fi on les auoit,ce nenbsp;fetoitfitoft ni tant aifément. Mais voyant qu’iceux pre-ftoyentl’oreille aux paroles du Roy, amp; fe venoy eut rendre aufilé,ellelaiffaPologne pour vn temps,afin de pournbsp;uoir àfes afidres en France. Tellement que la prétenduenbsp;guerre de Flandres amp; le mariage de la fœur du Roy reçunbsp;lerent ce confeil de Montluc,l’efpace d’vn an entier:amp; iufnbsp;ques àl’an t571.au mois de Feurier, que le Roy eftant ànbsp;Blois,la Royne mere ayant ouy nouuelles que le Roy d«nbsp;Pologne ( ou elle auoit des agents ) empiroit quant à fanbsp;fanté,rappslla l’Euefque de Valence, amp;luy dit que fon innbsp;i tendon eftoit de pourfuyure viuement l’entreprife dontnbsp;auttesfois elle luy auoit parlé. Q^lqu’vn pourvoit deminbsp;der poutquoy elle remettoit ceft afaire fus, veuqle tépsnbsp;d’attraper l’Amiralapprochoit,amp; qu’elle le tenoit défianbsp;(ce penfoit-elle')en fa puiffance,comme les memoiresScnbsp;inftrufitions qu’elle enuoya a Stroffy,toft apres, le mon-ftrétaffex.Mais fi on cöfidere qu’il ne luy faloitpas vn annbsp;pourinuéter des efchapatoires,ains vn iour feulemët, onnbsp;ne s’esbahiranullemëtde fa hardieffe.Elles’affeuroitdenbsp;mettre fibié la rage fus àV Amiral amp; à tous ceux de la Renbsp;ligion,que les Polonnois croiroyent ce qu’on leur en di-loif.Sc qu’onleur perfuaderoit aifémétqle Duc d’Anpunbsp;fn’efiitRoy deFrice')neferoit accafaWe des meurtres
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que leRoy feroit Elire.Daiiantjge,il pourroitauenir que les prattiqiiesfèroyent fi biendreflees en Polongne,a-uantque lesnouuelles des maflacres y fufilène venues,nbsp;que les Polonois ne'pourroyent plus refuferce party,nbsp;pour l’auancement duquel on délibéra aufsi s’aider de lanbsp;faneur du Turc. La difficulté de l’eleélion du perfonna-ge l’arrefta quelque temps, par ce qu’elle ne vouloitpisnbsp;que celuy qui feroit etiuoyé, allaft de plaine venue euPo-longne.de peur qu’eftaiit defcouucrt (fi l’afaire ne fut'nbsp;cedoit felon fon defir ) il y euft de la mocquerie . En fi”nbsp;elle auifa d’employer vnhomme, duquel Ion ne fepoufnbsp;roit iamais douter. De telle condition eftoit vn gentil'nbsp;homme François nommé le fieurdcBalaguy, tant pournbsp;l’aage que pour le peu d’e.xperience qu’il auoit aux' afai'nbsp;res d’eftat, amp; qui eftoit à Padoue auec plufieurs gentil'nbsp;hommes François,pour apprendre la langue amp; s’exercernbsp;aux armes.
La Royne mere fît entendre bien amplement auKj’î toute cefte dehberation,lequel l’approuuafortxar il unbsp;ftoit pas trop à fon aife,ayant vn fi grand cninpagnounbsp;fes coftez.Etcequi plus l’efiouitfut d’entendre qu’auafnbsp;la conclufion de cefte negotiation, on fe depefehero^nbsp;de l’Amiral amp; des fiens; car par ce moyen il fe defch’^^nbsp;geoit ( à fon aiiis) de deux pelants fardeaux, l’vn ennbsp;noyant fon frere,côme en exil: amp; l’autre,en affermi'*;'nbsp;fon eflat.felon que fa mere amp; les confeillicrs fecrets* ,nbsp;afleuroyent. Il prelfe donc fa mere de donner ordrenbsp;cela, Eiignant eftre fort ioveuxde l’auancement de *nbsp;ftere, lequel il defiroit en fon cœur bien loin du Roy*^nbsp;me.Le Duc d’Anjou fut fuffifammentaduerti de toutnbsp;afin qu’il ne fe falchaft de telle entreprife, fa mere InVnbsp;defcouuritle fond,afin qu’il prinft courage,en attendnbsp;mieux. Cela fît que deflors en auant, les deux frété’nbsp;monftroyent fort bon vifage en priué ', amp; en public ennbsp;cnn tenoit fon rang.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y,
Ainfi donc on enuova vers ledit fieur de homme expres auec memoires bien amples : amp; Kjjnbsp;difsimuler le butde fon vovage, luv fut commandnbsp;paffer par les cours des autres Princes,pour lefqne^^,nbsp;Roy luy auoit donné lettres de recommandation •
-ocr page 305-L’ESTAT DE FRANCE. 177 tre cefte defpefche, l'Eucfque de Valence luy enuoyanbsp;des lettres qu’il efcriuoit au Roy de Pologne, de qui ilnbsp;eftoit bien conu, amp; fut acompagné d’vn genulhomnienbsp;de Dauphiné,du baillyde Valence,amp;d’vn l'ecretaire dudit Euelque.
La Royne mere amp; les fîens tenoyent cell afaire fe- ^’ouuelle cret,en telle forte toutesfois,qu’ils donnèrent ordre quenbsp;par moyens obliques amp; de longue main les Princes amp; Rdiirio»nbsp;l’Amiral en entendirent quelque chofe. C’elloit pour lesnbsp;attirer plus facilement. De fait,ils ne furent trompez ennbsp;celaxar l’Amiral eftimoit que le vray moyen de mettrenbsp;la France en paix , eftoit d’occuper le Duc d’Anjou ennbsp;quelque autre parc,ce qui viendroit fort à propos pournbsp;ceux de la Religion ( defquels ledit Duc elioit grand ennemi ) fi on l’enuoyoit en Pologne,ou il auroit allez d’a-faires'.Mâis le confeilfecret vifoit bien à vn autre blanc.nbsp;Si la Royne mere nefe deliberoitpas d’enuoycr fon fils,nbsp;qu’il n’euft premièrement donné quelque cfchèc mortelnbsp;à ceux de la Religion,comme il apperra en fon lieu.
Suyiiant le pourparler tenu à Lumigny entre le Roy Le propos amp; le Conte Ludouic , au mois de luillet, en l’an pre- de la guetnbsp;cedent,mil cinq cens feptante vn , la guerre de Flandres ’5nbsp;remife au primtemps commença à le remettre en ter- ,nbsp;mes,eftans le Prince d’Orenge amp; fon frere follicitez parnbsp;le Royd’ypenfer àbon efeient: amp; que le Conte eult ànbsp;le venir trouuer pour arreiter auec l’Amiral de tout cenbsp;qui feroit àfaire. Pour affiner encor dauantage l’Amiralnbsp;amp; faire croire à luy amp; àtous ceux de fa fuite que c’e- 'nbsp;ftoit à bon elcient qii’oli en vouloir à l’Efpagnol, nou-uelles depefehes furent faites à l’Euefque d’Ax, pournbsp;aller en Cônftantinople,amp; ce pour induire le Turc ànbsp;faire paix auec les Venitiens, amp; faire guerre au Roynbsp;d’Efpagne.
LaRoyne de Nauarre n’eftant encor partie pour ve-nirencour, receuoit lettres fur lettres du Roy.pour a-mener le Prince fon fils : amp; fur les difficultez qu’elle fai- (fj gt;^.^uar füit touchant la Religion ,amp; autres chofes concernan- l e s’ache-tes le mariage , le Roy l’affeuroit que le tout pallèroit à mine,nbsp;fon contentement. Cependant le Roy vouloir auoir dunbsp;I’ape,quelquedifpence pource mariage de fa fœur .à vn
S i
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lien coufin,de Religion que 1’EgIife Romaine condamne. La Royne deNauarreayat entendu que le Roy vouloir que ces nopces fe fiflent à Paris , ne vouloir y entendre,ni fe fier, difoit-elle,à cepeuple mutin, ennemy particulier d’elle amp; des liens, le Roy perlîftoit, afin de gagner ce point. Toutesfois, entendant par les agents que la Royne de Nauarre s’en alteroit,la pria de venir,amp; s'af-feurer que tout fe manieroitlîpailiblemenr,qu’elle n’au-roit occalîon de fe plaindre.Pour obtenir ce point,il mannbsp;de .à l’Amiral qu’il euft à le venir trouuer, tant pour arre-11er entièrement ce mariage,que pour traiter d’autres a-faircs.Aquoyl’AmiralobeilEant, ceux de Guifeferetirèrent de la Cour, auec plulîeurs autres Seigneurs Catholiques,amp; dellors le bruit courut que le mariage efto*’'nbsp;comme conclu amp; arrelté.
Voyage nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;aduertilTemens venus à Rome,lePape quinepo“
du Cardi- “0*^ endurer qü’vn tel mariage fe filLignorant le deffei“ nal Alcxâ du Roy, amp; ne pouuant croire ce que toutesfois il ente»'nbsp;dtin cnltâ dit parles lettres de.laRoyne, du ChancelierBirague,nbsp;ce pour autres confeilliers fecrets, afiiuoir que Je tout fe taifoh'^nbsp;‘luuy- bonne fin amp; intention,amp; pour le feruice delà foy Cath»nbsp;lilt;)ue:par l’aduis du Conlîftotre de Rome, deliberad’e»’nbsp;pefeher de tout fon pouuoir que ce mariage ne fe fift-^'nbsp;enuoyätl'Euelque Saluiati en France pour faire toutde-ult;,iramp; en diiigence,il cfcriuitau Cardinal Alexadrinf»?nbsp;nepueu, lequel long temps auparauantauoitefté depefnbsp;ché amp; enuoye en ambaiîàde vers les Roys d’Efjiagn»'^'nbsp;Portugal,pour cfmoiiuoirl’vn à la guerre contre le Tut'-'nbsp;amp; à robferuatiou de la ligue, amp; pour autres afairesdunbsp;grande importance;amp; pour femondre l’autre d’entrernbsp;la ligue fu fdite . Il luy manda donc que de fa part il miunbsp;toute peine de difpofer le mefme Roy de Portugal anbsp;vouloir prendre pour femme madame Marguerite fœttnbsp;du Roy deFrance. Les perfuafions de ce Cardinal eurentnbsp;telle force amp; efficace que ce Roy de Portugal trefobeifnbsp;fiant au liege Romain ,refpondit qu’il eftoit tout pre»nbsp;d’executer ce que la fainfteté du Pape raduertilfoit denbsp;faire.
Le Legat ayant celle refponce,partit foudainenicHti Si en la plus grande diligence qu’il peut,paflaen Fra»'
-ocr page 307-VE ST A T DE ER AN CE. 179 à peine eftoitil entré dans le Koyaume au moisnbsp;Mars mil cinq cents feptante deux : qu’il trouua lanbsp;^oyne deNauarre en chemin,laquelle s’en alloit àlanbsp;^our(qui eftùit pour lors à Blois) parle mandement dunbsp;Koy Le Legat craignât d’eftre pt euenu par elle, print lanbsp;pofte auec trois ou quatre autres, amp; paflant tout au traders du trainde la Roy ne, arriua en Cour premier quenbsp;elle, là ou il fut traitté royalement. Le Roy ayant donne ordre (pour la rcuetence qu’il luy vor toit) que l’A-miral fe retiraft, lequel il afleura de fa parole , que lenbsp;mariage de fafeeur auec le Prince deNauarre fe feroit,nbsp;amp; quele Legat perdoit le temps amp; fes peines de luy ennbsp;parler.
Ce Legat eftant venu au poinét principal des afaires, declaira au Roy l’affeftion amp; vouloir du Pape , l’exhortanbsp;d’entrer en la ligueitafchant le luy perfuader par diuerfesnbsp;raifons, le defconfeillant de conclurre le mariage de fa-dite fceur auec le Prince de Nauarre, amp; luy prefentant cenbsp;parti de Portugal, trop plus honorable en toutes fortesnbsp;amp; de plus grand feruice au Roy que l’autre , amp; plus fa-lutaire à fon ame,amp; de fa fœur . Le Roy refpondit, quenbsp;quand à la ligue il eftoittoutprcft d’y entrer,amp;; faire co-noiftre au Papeamp; à tout le monde qu’il n’eftoit pointnbsp;indigne du nom deTrefchreftien , lequel luy auoit efténbsp;laiflepar fes predecefl'eurs : mais qu’il faloit que toutesnbsp;chofes enflent leur temps ,amp; iingulierement celles denbsp;cefte qualité. Q^nt au mariage,il luy greuoit bien denbsp;auoir délia donne la parole amp; fait promefle au Prince denbsp;Nauarre,laquelle il ne pouuoit faufl'er,fon honneur fau-ue ;bien afleuroit-il la Sainfteté du Pape que le tout fenbsp;faifoit àtresbonne intention ,3«: pour le feruice amp; grannbsp;deur de la Religion Catholique,comme on le conoiftra*,nbsp;ci apres . Et avant tiré de fon doigt vn anneau de grandnbsp;pris ,il le prefenta au Legat, luy difanr qu’il le prinftnbsp;pour vn gage de fa foy, qu’illuy donnoit de ne fe reti-reriamais de l’obeiflance du fiege Apoftolique de Rome, amp; d’eftre toufiours bon fils amp; obeiilant à iccluy.nbsp;Le Legat refufa l’anneau , difant, que ce luy eftoit vnnbsp;tresfufifant gage d’auoir la paroUe d’vn tel Roy, amp; qu’i(
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s’en contentoit afl'ez. D’autant que c’eftoitle plus grand figne amp;vn gage le plus précieux qu’il euft peu dearer re-Uüir du Roy , l’exhortant de faire ainfi qu’il difoit.nbsp;Royne mere l’entretint à part,comme aufsi firent quelques confeillers fecretsfBirague entre autres) defqueisunbsp;entendit vn peu plus amplement l’eftat des afaires. Aunbsp;moyen dequoyilpartdela court fort ctent Si ne fe p£Uitnbsp;tenir d’en monftrer femblant,fi que le bruit courut,entrenbsp;lcsCatholiques,qu’il s’enalloit bien cotent.Il fut defravenbsp;par le Roy,tandis qu’il feiournadans le Royaume, amp; nifnbsp;reccu magnifiquement àLyon.
Ordautantqu’i! i efté parlé de la ligue, en laquelle I® Pape defîroitqueleRoy entraft, nous en auons ici 'U'nbsp;feré les articles, par la leéhire defquels on conoiftra quenbsp;le Legat du Pape prenoit cefte couuerture, pour traiternbsp;d’autres afaires auec le confeil fecret. Carie Roy n’»'nbsp;uoit garde de rompre l’alliance auec le Turc,ni fortifiernbsp;l’Efpagnol,duquel il euft voulu voir les forces anéantie^’nbsp;püurueu que ce n’euft efté à l’auantage de ceux de lanbsp;ligion . Ainfi donc le contenu de celle ligue eftoit tell^nbsp;comme s’enfuit.
Articles quot;[7X1 l’an mil cinq cens foixanteamp; vnze, le vingtiefrU^ de 1.V ligue J_iiour de May , fut conclud, entre le Pape, le Roy Ca-^^c'^lc rT' rhofiquC’ amp; la Seigneurie de Venife,ligue perpetuelîe’Olnbsp;pVle'^Ko'y fi^rifiue contre le Turc amp; les lieux par luy pofledez,coU}'nbsp;càtholi- prins encores Algier, Tunis, amp; Tripoly.Les forces fer®'nbsp;que, amp;I.a dedeu.xcents Galleres ,ccnt Nauires grolTes, cinquaur'nbsp;Seigneu- mil hommes de pied tant Italiens, Efpagnols, que aH^^'nbsp;lie de Ve- mansiquatre mil, amp; cinq cents chenaux,auec Artillery^^’nbsp;munition amp; autres chofes necelïàires.
La contribution des frais eft accordée en cefte maU’« re.Sa Saintlcté amp; 1 e fiegeApoftoIic,promettr.a pour ceft^nbsp;cntreprife,tant oftenfiue comme deffenfiue,douze Gall^nbsp;res bien munies de toutes chofes neceiraire:amp; pour 1^’nbsp;forces de terre trois mil hommes de pied, amp; deux cencjnbsp;feptante chenaux. Le Roy Catholique, promet troys fi'nbsp;xiefmes de tous frais. La Seigneurie de Venife deux fi'nbsp;xiéfrnes, amp; pour l’autre fixielme ont conuenu, qii’aya*’^nbsp;fàicl cinq parts (de-ce que fa beatitude ne pourra liipP’^'
-ocr page 309-L’ESTAT DE FRANCE. i8r er) Je Roy contribuera à trois, parts ,amp;Ia Seigneurie ànbsp;deux: à compte defquelles douera vingt quatre Galleresnbsp;bienarmees.,
Celuy des confederez qui contribuera à plus de là pen lion, en Galleres amp; Nauires.ou geus, ou en autre cliofe,nbsp;dont il aura meilleure commodité que les autres,fera rcnbsp;conjpenfé par les autres,en autre chofe.
Les viâuailles feront tirees des lieux des confederez, ou ils’en trouuera, amp;fc donneront à hônefte pris, amp;lesnbsp;traiâes feront ouuertes au benefice de l’entreprife.Et nenbsp;feront concédées traiftes à aucun, que premièrement nenbsp;foit pourueu aux confederez de ce qui leur fera de be-foin pour l’exercice des armées.
Mais il fera toufioursaupouuoirduRoy Catholique, de pouruoir à fes Royaumes, à la Goullette amp; à Malthe,nbsp;outre à ceux deifon armee. Le payement de latraifte nenbsp;fepuilTealcërpr.là ou il eft impofé ordinaire,amp;là ou il eftnbsp;accouftumé d’eftre .î l’arbitre, comme il eft au Royaumenbsp;deNaples,tie puiffe cftre de plus que de quinze ducats,denbsp;lamonnoye de ce pays là,pour charrette,amp; en Siciliënbsp;de deux ducats pourfalme.
Les forces fufdiftes, foyent en eftre chafeune Annee »Ü moys de Mars, ou,au plus rôin,d’Auril,es Mers de Le-**ant,amp; à l’arbitre des Capitaines,pour plus grand dom-Wage au commun ennemy ,amp; pour plus grande vtiliténbsp;de la republique Chreftienne . en manière que fi pendîtnbsp;su’d fefera quelque entreprife, contre quelque lieu dunbsp;Turc, que fi quelque lieu des Chreftiens eftoit alTailli parnbsp;'uy, les Capitaines pouruoyent au.x defences de ceux denbsp;Sut les forces feront moindre?, encores qu’ilfuft de be-‘Oin abandonner l’entreprife commencée.
neprife qui fe de,ara fait e 1 ftiolique eftoit aflàilly des
Se délibérera chafeun an,à Rome, en rAutomne,ren-'annee fuytiante. Si le Roy Ca Turcs, es parties d’Algier, ou
J- unis,ouTripoly de Barbarie, en temps qu’il ne fe fift aucune entreprife cômune,la Seigneurie foit tenue d’envoyer à fon fecours cinquante Galleres bien armees,cô-^6 fl Maiefté enuoya au fecours d’elle l’annee paffee.
f linli fi la Seigneurie en ferablable cas, fa Maiefté ait à
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MEMOIRES DE
luy ¦ enuoyer le mefme fecours : amp; cecy s’entende toU-fiöurs,que eeluy qui demande l’aide, ait mis enfembls plus grandes forces pröprej, que (’aide qu’il demande.
Si le Roy Catholique faiéî: l’entreprife d’aucun def diftslieux, quelque année que l’entreprife commune »6nbsp;fe face pas,ou que les Turcs n’ayent larmee dehors,delînbsp;quelle la Seigneurie puiflè auoir dommage: fa Maie'nbsp;fté donnera l’aide des cinquante Galeres,amp; le mefmefe'nbsp;rafadite Maielté,quand la Seigneurie voudra faire quel'nbsp;que entreprife dans le Goulfe delà Valonne, iufques*nbsp;Venife.Et le premier fecours foitdonné auRoy,amp; left'nbsp;coda la Seigneurie: faufque fi ne voulat le Roy fecoursnbsp;de la Seigneurie, ladiûe Seigneurie le demandant eneenbsp;cas,ladite Seigneurie foitpremiere àrauoir,amp; le Roynbsp;fécond degré. Si quelque lieu du Pôtife elloit alTailIyift^nbsp;confederez foyét tenus le fecourir auec toutes les forceS’
Aux coni'eils ce que fera d’aduis le plus grand noU*' bre des trois generaux, s’entende eftre délibéré de touS’nbsp;amp; foit execute par celuy d’eux qui aura le nom denbsp;ral de la ligue, qui fera l’illuftrifsime Seigneur, dofflftlnbsp;han d’Auftria, ainfi de larmee comme Je l’exercite Q*’*nbsp;fuyural’armce, amp; en fon abfence fera le Seigneur Mar^^'nbsp;Antonio Collonne, nommé du Roy,amp; approuué desaU'nbsp;tres,amp; fon eftaiidart fera commun à toute la ligue. Mas®nbsp;ceux pour qui l’entreprife fefera.
ui-Jiwsiuu nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;VVUUMU Lvuev. irtUjjUV.
s’ilfe Eiiét entreprinfe plus particuliere, il fera nôm^“
Soit referué tref-honiioré lieu à l’Empereur, 5s s'* Roy de Portugal, amp; lelt; frais qu’ils contribueront fero”nbsp;en augmentatipn des forces communes.
Serot exliortezpar fa Sainamp;eté, l’Empereur,leRoy“, Pologne, amp; autres Prin ces, d’aider 1 cefte entreprife,nbsp;ceftetfetfs’y employera encores le Roy Catholique’nbsp;la Seigneurie.
La diuilîon des lieux qui s’acquefteront auecles aT mes de la ligue , fe fera commune entre les confédérées’nbsp;(comme fut accordé en l’an mil cinq cents trente-fepvnbsp;Mais s’acqueftant Algier, Tunis, Tripoly, foyent du R®:.nbsp;Catholique.Quant à l’artilleryc amp; munition,foyentdi“
L’ESTAT DE FRANCE. 28} quelque chofe,il ne plaifoit au Pape ; autrementles con-trouerfesquipourroyencnaiftre pour quelque caufegt;ap-pwtenantàlaligue, nepuifl'ent conturber la continuation d’icelle , mais toutes fe remettent à l’arbitre dunbsp;Pape,
Que’nul des Princes confederez ipuifle traiter nou-iteauaccord auequeleTurcjfans lerceuamp;confenceméc autres confederez.
Et toutes les fuflites chofes foyent obferuees des 'onfederez, de bonne fby,amp; fans defeduolité aucune, ”nbsp;’ obligeans amp; leurs fiiccefl'eurs Si biens,de quelque fortenbsp;qu’ils foyent,prefens amp; aduenir.
Eut foubfcrite la ligue, le Dimanche vingtiefme iour
May, de l’an mil cinq cents foixante amp; onze. Et le ’ingt-cinquieime, elle fut publiée au Confilloire , pre-fa fainfteté. Si les Illuftrifsimes Cardinaux amp; ambaf-^eurs du tref-illuftre Roy Catholique, amp; del’illuftrifsi-’’tfSeigneurie de V^nife.
Ces princes amp; potentats ainfi liguez auoyenf gaigné 'WieTurcvnc giaixle vidoire au goulfe de Lepante,
l’an lyyi. au mois de Septembre ou enuiron.de laquelle le Roy eftant aduertv par fou Ambafladeur à Ve-*’ile,auoit mande qu’on euft à en faire procefsions en divers endroits de fon royaumc.C’eftoit vne rufe pour cn-'tetenir les Catholiques en haleine, amp; demeurer touf-'uursenlabonne grace des feigneurs de la ligue. Puis, pour contenter le quot;Turc, on enuoya gens vers luy, afin denbsp;'entretenir de toutes parts.
T ARoyne de Nauarre eftSt partie de la Rochene,ou LaRoyne ^lon auoitdrelTé efcoles publiques,arriua finalemétà deNauar-quot;loisau mois de Mars 1571. aueques vne bié grade fuite, rcarriue ànbsp;‘ ^Croit imnofcihlp rîp rlpy-Lirpr Jes CJirpflps nui Inv furet Cour.
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aux articles du mariage, aux ceremonies qui y feroyent faites, amp; au lieu ou fe celebreroit ce mariage. Q^ant ailnbsp;lieu,le Roy vouloir que ceftiftà Paris, alléguant qu’ona-iioit acouftumé de faire les nopces des filles de Rois, conbsp;la ville capitale du Royaume:amp; qu’il ne vouloitqueceftÇnbsp;couftume fuft changée : qu’il entendoit que le principalnbsp;lieu de France full: le theatre, on Ion virt l’alfeftion qu’“nbsp;auoit à la paix. LaRoynedeNauarre debatitquelquenbsp;temps fur ce point, fachant quelle ville eft Paris: niaisnbsp;oyant tant de fermens amp; protellations du Roy, cHe fcnbsp;lailla aller en ceft article . Quant.! l’autre touchanticsnbsp;ceremonies,elle qui eftoit fortalfeftionnce à la Relig’^nbsp;declaroit qu’elle ne perjnettroit point que fon filsnbsp;marié à la mode de l’Eglife Romaine . D’autrepartnbsp;Royne mere failbit vne proteftation contraire . TcHc-ment que ces dames qui eftoyent d’accord du mariagenbsp;efttiuerentquelque temps fur ces ceremonies . Lenbsp;commença ,1 prier la Royne de ( Nauarre qu’il app^®*'nbsp;la tante)auec infinies reuerences, qu’elle luy fiftee biun,’nbsp;amp; à madame Margueritte , que le mariage fuftfolennwcnbsp;felon les cercmoniesréceües entre leurs predecellèursAnbsp;qu’elle ne refufaftce poinft .àla maieftéduRoy de Frau;
??. LaRovne de Nauarre s’exeufoit hardiment: au mo/*'nbsp;dequoy le Roy iurant .i fa maniéré acouftumec, declai^nbsp;hantôt clair , qu’il donn'eroit,difpenfe à fon beau
à fa fœur de toutes les loix du Pape amp; de la Religiop ’ qn’il les efpouferoit pluftoft que de laifler ce marier,nbsp;imparfait.Ccfieproteftations’efpandit tellement çanbsp;que chacun s’en chatouilloitfoy-mefmesd’vne ftço*’nbsp;ftrange ,prenantgrand plaifîr à celle libertéque le R gt;nbsp;fedonnoit: comme lalegcretédes François porte ce gt;nbsp;qu’ils trouuent lieau amp; bon tout ce que leur Roy fait’ cOnbsp;cores qu’il n’y euft que folie amp; fureur.Poutrefouldreccnbsp;fie difficulté, le Roy enuoya .à Rome pour auoit*nbsp;pence du Pape , tant pour le parentage, que pour drcnnbsp;quelquenouuelle ceremonie propre à contenter enanbsp;cun. Il efcriuoit au Pape pour cell effcél: Ic.priant croirenbsp;ce qu’il auoit déclaré au Cardinal Alexandrin ncueU‘’nbsp;ccluy Pape. Vne telle rcquelle eftoit fort odieufe
??, qui faifint du zelateiinproteftoir de ne donner
-ocr page 313-L’ESTAT DE FRANCE. 285 cefte difpenfe, amp; en efcriuoic fouuent au Roy gt; qui ne lenbsp;pouuoit adoucir, amp; eftoit en fort grand peine de luy fai;nbsp;re bien entendre quelque partie de fon dcflcin , pour eunbsp;tirer quelque choie. D’autre cofté la Roynede Nauarrenbsp;demandoit confeil auxminiftres de ce qu elle deuoit faire en cell: endroit. Quelques vns des plus affeftionneznbsp;s’arreftans fimplement à l’authoritc des efcritures, amp;ànbsp;l’experiencedes chofes, difoyentqu’vn tel mariage nenbsp;fe deuoit faire en forte que ce fuit, amp; que tant plus lesnbsp;perfonnes eftoyentilluftres,plus le danger eftoit grand ànbsp;caufe des particuliers en nombre infini, fur le dos del-quels l’inconuenient procédant de telles alliances pou-uoit.tomber . La Rovne deNauarre amp; les Seigneurs denbsp;la Religion arroufez de l’eau benite de Cour, pipez denbsp;bellesparoles,abreuuez de laboifl'on de laRoyne mere,nbsp;amp; esblouis des faueurs amp; careffes du monde, commen-^oyent à fe defgoufter aucunement de tels auis,fe faifansnbsp;a croire'qu’infînis biens leur reuiendroyent de celle alliance. Cela fut caufe que peu de miniftres en dirent leurnbsp;auis,amp; ceux qui en parlèrent, finalement trouuerent paf-fablement bon ce meflinge, tellement que le bruit énnbsp;courut par tout.
Relie le troifiefme point,fauoir eitles articles de l’ac- A rticks cord en ce qui côcernoit l’ellat de l’efpoux amp; de l’efpou- du pournbsp;fciLe toutayât ellé debatu quelques iours,fut acordéen- ’’¦’tkr dunbsp;tre leRoy,fâ mere,amp; la Royne de Nauarre,côme s’éfuit.
Put M lErîment, leditfeigneur Roy en faneur amp; côtemplation dudit mariage donnera en dot à madi- jçnbsp;tedamela fœur la fomme de trois cens mille efeus d’or fœur du.nbsp;foleil,valant ç 4. f.l’efcu : amp; ce pour tous droits fuccefsifs, Roy.nbsp;paternels amp; maternels.
Et moyennant laditefomme en paffint le contraflde mariage, fera ladite dame les renonciations requifes ànbsp;fes dits droits fuccefsifs, paternels amp; maternels, au profit dudit fieurRov,amp;defes fuccelTeurs amp;ayans caufe :amp;nbsp;promettra les ratifier le lendemain des nopces : amp; mou-dit fieur le Prince, promettra aufsi par mefine côtraft denbsp;l’autliorifer pour faire ladite ratification.
Poiirce que les grands amp; importans afaires dudit fieur Roy, l’incommodité du temps, amp; les defpenfes qui luy
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tombent fur les bras,ne peuuent permettre de faire deli-Urer en argent content la fomme de trois cens mil ef-ciis, comme il déliré:ledit fieur fera employer ladite fomme de trois cens mil efcus en acEapt de rente,nbsp;denier douze,fur la ville de Paris : duquel rcuenu laditfnbsp;dame fa fœur iouira, amp; par fes mains , afin qu’ellenbsp;meilleur moyen d’entretenir honorablement, coinæ^nbsp;il conuient à fa grandeur,l’eftat de fa maifon.
defdits trois cens mil efcus les deux cens tn» demeureront propres à la dite dame, fes fuccefleiirs S:nbsp;ayans caule : Si les autres cent mil efcus fortiront natur®nbsp;de meubles.
Et du iour que lefdits fieur Prince amp;; Dame lerou^ efpoufez.ils feront vins amp; communs en tous biens, n»®“'nbsp;bles amp; conquefts, immeubles, fruicts, durant amp; conft»®‘nbsp;leurdit mariage.
LaRoyne mere du Roy , pour le fingulier ainouf qu’elle porte à madame fa fille, luy donnera lafornni®nbsp;de deux cens mil liures tournoys:laquelle fera employ®^nbsp;en achapt de rente fur la ville de Paris, pour eftre prof’'®nbsp;à ladite dame,fes fuccelTeurs amp; ayans caufe:amp; de laqu®*'nbsp;le elle iouira par fes mains, pour l’entretenementnbsp;fon eftat.
Monfieur, icmonfieurle Duc,donneront pareill®' ment à madite Dame leur fœur chacun d’eux la foin®®nbsp;de iy.mil liures,faifans enfemble la fomme de cinquu”^^nbsp;mille liures: laquelle fomme fera pareillemét emploY^^nbsp;en rente amp;reuenu annuehqui demeurera propre à la®'nbsp;Dame amp; aux fiens.
En cas de difsolution dudit mariage,par le trefpas d”' ditfieur Prince,ladite dame furuiuant, foit qu’il v ait®*!'
fans ou non, il fera en fonchois amp; ontion de fe te® de renonciation , elle demeurera franche amp; quitte i*®
toutes debtes amp; hypotheques de ladite communau*®’ encore qu’elle fe fuft obligee durant ledit mariage,p®’*!’^nbsp;raneantmoins ladite Dame reprendre deux cens e***nbsp;quante mil efcus des trois cens mil à elle donnez P®***nbsp;fon dot, par ledit fieur Roy, enfemble lefdits deux c®^^
mil liures à elle données par la Roync fa mere,'^,^.
L’ESTAT DE FRANCE. 187 cinquante mil liures aufsi à elle données, par meffieursnbsp;fes frcres : amp; tous les autres biens qui luy pourront eftrenbsp;efcheus amp; aduenus durant le mariage, par fuccefsionnbsp;ou donation de fes parens amp; amys , auec fon douaire,nbsp;amp; tous fes habillemens, bagues, loyaux, amp; vaiffelle d’argent, feruans amp; deftinez à faperfonne, Si à fon vfagenbsp;ordinaire, à quelque fomme qu’ils le puilTent monter:nbsp;cnfemble les bagues dtioyaux qui luy auront efté donnez en faueur dudit mariage, par ladite dame Royncnbsp;de Nauarre , amp; ledit fieur Prince : Icfquels, pour ob-uier à l’aduenir à tous troubles , feront mis par inuen-taire.
Les cas aduenant que ladite dame decedc auant ledit Prince, amp; que dudit mariage n’y euft enfans, les fuc-ceffeurs amp; ayans caufe de ladite dame aurôt amp; recouurc-ront toutes les bagues amp;ioyaux par elle apportezamp; contenus enl’inuentaire qui en aura cfté fait auec ledit fieur Prince, pourueu qu’elle n’en euft auparauant difpofé,nbsp;enfcmble les deux cens mil efcus à elle conftituez ennbsp;dot amp; qui doiuent demeurer propres à elle amp; aux fiens,nbsp;enfemble les deniersà elle donnez par la Royne fa merenbsp;que par mefsieurs fes freres : amp; outre les autres biensnbsp;immeubles qui feroyent aduenns amp; efcheus à ladite dame par fuccefsion.
Item au cas que ladite dame decede deuant ledit ficurPrince, dcquedeleurmariageyaitenfans, le gouvernement amp; adminiftration des biens delaiflez par ladite dame demeurera audit fieur Prince, iufques à cenbsp;Su’ils foyent en aage, fçauoir les mafles, de i8 ans, amp; lesnbsp;mies de ly. fans qu’il foit tenu d’en rendre conte ; pourleu toutesfois qu’il entretienne lefdits enfans , felonnbsp;leur qualité : fatisface, amp; fupporte les charges de lanbsp;maifon.
Pareillement, au cas que ledit fieur Prince precedaft ladite Dame, amp; qu’il y ait enfans de leur mariage, elle aura l’adminiftration amp; gouuernement de leurs personnes amp; biens meubles tant qu’elle demeurera en viduité , iufques a ce que lefdits enfans foyent paruenusnbsp;en aage, les fils de i8. ans, amp; les filles de i$. fans que lamm Dama amp;it tenue rendre conte , ny payer aucun
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reliqua, pnuriieu aufsi qu’elle entretienne lefdits enfansi qu’elle fouftienne amp; garde les droits amp; fatisfacc aux autres choies delà maifon.
Ledit fieur Prince douera ladite dame de la foinm^ de quarante mille liures de rente amp; reuenu annue«nbsp;pour en iouir par elle fa vie durant,lors que douaire auranbsp;lieLi,amp; ce fur le duché de Vendofmois,fes appartenants’nbsp;amp; dependances. Etoù le trouueroitledit duché ne valoir de reuenu annuel ladite fomme de quarante mil 1*'nbsp;lires, fera fait fupplement iufques à la concurrence de la-ditefomine fur le duché de Beaumont, ou autres terre’nbsp;amp; feigncuries plus commodes àladite dame à fon cholt;’nbsp;amp; option, laquelle pouruoira à tous offices amp; benefice’nbsp;d’icelles feigncuries qui luy feront baillées en afsig*’*'nbsp;tion de fondit douaire, amp; fi aura en icelles tout po“'nbsp;uoir,auec la ville amp; chafteau de Vendofme , pourfoquot;nbsp;habitation, qu’il fuy meublera de tous meubles, ornS'nbsp;mens amp; vftencilles, iufques à la lomme de trente nidnbsp;lires, fans que ladite ville amp; chafteau, ainfî meuWsa’nbsp;comme dit eft, foit contee, ou vienne en diminution dsnbsp;reuenu dudit douaire ,ny que pareillement la faculté dnbsp;pouruoir aufdits offices luy foit en rien contee.
Il eft remis au bon vouloir de ladite dameRoyne“ Nauarre,eft dudit ficur Prince,de doner à. maditenbsp;en faneur de ce mariage, des bagues amp; loyaux de tel*nbsp;qualité, amp; pour le pris qu’il leurplairadefquelles bagus’’nbsp;ainfî données en faneur dudit mariage, feront mife’P’’’^nbsp;inuentaire:afin que pour l’aduenir il n’en puifle rien eftf^nbsp;reuoqué en doute.
Ladite dame RoynedeNauarre, enfaueur dudit riage, qui autrement ne fe feroit,confirmera, entantnbsp;befoin fera, l’article contenu au contraft de marùgnbsp;d’entre le feu Roy de Nauarre amp; elle : afîiuoir ledit fie^^nbsp;Prince fucccdcraàtous les biens tant prefens qu’auen**’’nbsp;amp; déclarera de nouueau ledit fîeur Prince , fon heritic*'nbsp;vniuerfel an contenu dudit article.
Item eft accordé , en faneur amp; contemplation d** dit mariage , que le premier fils defeendant defd***nbsp;fîeurPrincc amp; dame futurs efpoux , fera déclaré herititnbsp;vniuerfel dudit ficur Prince : amp; s’il y a ulufîeurs enfin”’nbsp;lesaU'
-ocr page 317-L’ESTAT DE FRANCE. 289 les autres auront leur legitime aux biens eftans es paysnbsp;de droit efcrit: amp; pour le regard de ceux qui font es paysnbsp;couftumiers partaigeront , comme puifnez , Iclon lanbsp;couftume des lieux.
Et au cas que le premier fils.ainlî déclaré heritier vni-uerfel, mouruft fans enfans, le droit d’heritier vniuerfel fera à l’autre fils plus aifné d’aage procréé dudit mariage, ainfi confecutiuemcnt de fils en fils.habiles à fucce-der: St en defautde malle,à la fille aifnee dudit mariage,nbsp;amp;aufsicQnfecutiuementde fille en fille comme il eft ditnbsp;cy delfus des mafles.
Et aduenant que ledit fieurPrince furuefquift ladite Dame , amp; conuolift en fécondés nopces, n’ayant enfansnbsp;malles du premier mariage, mais feuleihent des filles,amp;nbsp;qu’ily euft enfans malles dudit fécond mariagezen ce casnbsp;la feigneurie de Bearn fera Scappartiendra apres le decesnbsp;duditlieur Prince àla fille aifnee du mariage de luyamp;nbsp;de madite Dame , au contenu des loix amp; couftumes denbsp;Beam :amp; ce fans preiudice de la legitime de ladite fillenbsp;aifnee, es biens dudit fieur Prince, fituez amp; afsis es paysnbsp;dedroiÊt efcrit,amp; de telle part amp; portion quiluy pourranbsp;appartenir es biens, afsis en pays couftumier, felon lesnbsp;couftûmes des lieux.
Item eft accordé, au cas que ledit fieur Prince decede I le premier, amp; qu’il y ait enfans de leur mariage , amp; quenbsp;madite Dame conuole en fécondés nopces,dont elle aitnbsp;pareillement enfanszles iffus du mariage dudit fieur Prinnbsp;ce amp; elle,foyent malles ou femelles, ou les defcendansnbsp;d’euXjfuccederont amp;feront heritiers de la moitié de tousnbsp;lesbiens tant meubles qu’immeubles, prefents amp; auenirnbsp;de ladite Dame , de quelque part qu’ils luy foy ent adue-nus amp; efcheus.
Ladite DameKoyne de Nauatre,pouTlafinguliere affection qu’elle porte à monfieur le Prince fonfils,amp;nbsp;afin que felon fa dignité amp; grandeur il aitplus de moyennbsp;d’entretenir foncftat,luy delaifleradeprefentl’vfufruicEnbsp;amp; iouiffance de la haute amp; balle conté d’Armagnac,nbsp;fruifts, profita. amp; reuenus d’icelu'V,auecle difpos des offinbsp;ces amp;benefices,amp; généralement de toutes çhofesdepennbsp;dantes defdites contex, fans en rien reCeruer.
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Semblablement luy remettra amp; quittera en dudit mariage,les douze mille liures de douaire, qu eUenbsp;a fur tout le côté deHarle,amp;autres biés dudit fleur Prince-
Monfieurle Cardinal de Bourbon, en faueur amp;con' templation dudit mariage, amp; pour l’afFeélion qu’ilnbsp;amonfleur le Prince fon neueu, confirmera au pronnbsp;dudit fleur Prince les dénonciations amp; renonciations’nbsp;des fuccefsions paternelles amp; materneles , cy deuaflnbsp;par luy faites , en faueur du defuntt Roy de NauarrelO^nbsp;frere. Et outre a donné amp; quitté audit fleur ce quinbsp;deu de refte de la fommc de cent mil liures par la traWnbsp;fkiô faite amp; palTee à Paris: par laquelle il a elle accordenbsp;trâflgé entre ladite dame Royne de Nauarre.amp;leditnbsp;Cardinal, pour la fuccefsiö de la maifon d’Alençon;nbsp;cialemét pour les terres de Cliafteauneufamp;Thimerai«’
Fait à Bloys,le ii.Aurihiyyi. ainfl figné, Charles, C*' therine,amp;Iehanne. Et contreflgné Fizcs,Brulart,Pina’'''
Ceux de la Religion parloyent diuerfemét de ce 1”^” liage. Les vns l’approuuoyent entièrement. Les aut’^’nbsp;ayaïis entendu quelque chofe des articles fufmentioiio^nbsp;s’efmerueilloyentdesauantages que la Royne denbsp;narre faifoit à fon fils, amp; difoyent que le Roy amp; la ReV'nbsp;ne fa mere fe mocquoyent des Princes , de ladite Ro)'*’nbsp;de Nauarre, de l’Amiral amp; de tous ceux de la Relig'®”'nbsp;en les faifant venir pafler tels contrats . Mais quelq'*®^nbsp;vns s’efieuans plus haut, apperceuoyent vn horriblenbsp;luge de l’ire de Dieu, menacer la France d’vne gran“*nbsp;defoIatiô.Card’vncofté la cour du Roy eftoit confitenbsp;raille malheurs,amp; ceux de la Religion s’approchoyef'nbsp;preside l’infetliô qu’ils ne pouuoyct faillir d’e auoir K“nbsp;part.Qui plus efr,il s’en falloir beaucoup que lefdits denbsp;Religio fuflent de fi bon accord en la côferuation de 1 ƒnbsp;difcipline.côme il eftoit à defirer.Des l’annee precedéte'nbsp;certains efprits frétillant s’eftovent auâcez pour reniéenbsp;quelque chofe . Ils auoyent efté reprimez par le SyiK”*nbsp;national tenu à laRocheIle:mais ayas trouué quelque e^'nbsp;tree pour remuer mefnage,ils fe manifefterét plus hard’'nbsp;mét es moisdeFeurier enMars,en l’a içyi.amp;n’y auoit’rnbsp;paréce àl’auenir que de grades diuifiôs entre leldits delnbsp;Religio. Mais Dieu appreftoit des verges pour y nrett’nbsp;ordre»
-ocr page 319-L’ESTAT DE FRANCE. 291 6rdre,ce que les plus afFeftionez de ladite Religion voy-oyétbranlleriafur leurs telles: ioint l’abandon amp; licécenbsp;que plulîeurs fe dônoyent défia,telleinét qu’en plufieursnbsp;endroits du Royaume, la plus grade difference entre lesnbsp;Catholiquesamp;ceux de laReligiô.eftoit que les vns alloy-ent àla mefle,les autres au prefche. la vanité, l’orgueil amp;nbsp;autres vices pofledans les vns amp; les autres. lien prenoitnbsp;lt;lôc aux mieux auifez,côme aux pilotes bien experts quinbsp;fentëtvne tourmente lôg temps au.îtquelle foit arriuee,nbsp;en voyant diuers lignes infalliblesquiles en afféurent.
Le ConteLudouiceftoit venu en Cour.auec la Royne Aitîcler de Naitarre. Ayat elle receu du Roy corne de couftume, [ouchât lanbsp;amp; ayant fait ouuerture des grâds moyens qui s’offroyét gucirc denbsp;pour blé faire la guerre en rlâdres,amp; en cliafler les Elpa- Flandres,nbsp;gnols qui y elioyét extrememét hays à caufe de leurs piinbsp;lages,cruautez,amp; villenies ellrages; Le Roy promit qu’énbsp;dedâs peu de t€ps,ily enuoyeroit l’Amiral auec vne puif-fante armee , amp; fut accordé encre eux que fi celle guerrenbsp;auoit heureufe ilTue, le Roy auroit pour fa part tout lenbsp;pays qui elloit depuis Anuers iufques enricardie;amp;que lenbsp;Prince d’Orenge retiédroitHollâde,Zelandeamp;Frife.Suy-11« cela ledit Prince d’ürége amp; fonfrere pourueurentànbsp;ce qui elloit requis de leur part, amp; le Roy pria l’Amiralnbsp;(qui elloit reuenu en Cour,par le mandemêt du Roy, ounbsp;il auoit ellé encor mieux veu qu’auparauant) de penlér ànbsp;tout ce qui feroit propre,pour l’cxecutiô de fa promeffe.nbsp;Lors, il fembla ellre expedient, pouribien acheminernbsp;ces afaires,d’éuoyer quelques vailîeaux en la colle de Brenbsp;tagne, pourempefcherle fecours quipourroit élire en-uoyéd’Efpagne enFladres auDucd’Albe.Ce qui fut e.xenbsp;cuté, amp; la charge baillee au Colonel Strofsy amp; au Baronnbsp;de laGarde,aulquels le Roy cômanda de tirer des hautesnbsp;deBourdeauxamp;de la P..ochelle,quelquesgalleres toutesnbsp;equippees,amp; pouruoir debône heure à tout ce qui feroitnbsp;tequis pour la cöduite d'icelles.On afsébla iufqu’à fix milnbsp;homes de pied,auec gr.id appareil d’artillerie amp; munitiö.nbsp;Le bruit elloit(mais par rifee)que c’elloitpouraller fairenbsp;quelque conquelle es terres neufues , mais à la vérité, lenbsp;wenu peuple mefme difoit, q c’elloit vne armee pour lanbsp;b'ires.Les Frâçois,pour laplufparttrouuovétcclabon:
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Eftat du peuple denbsp;fjiance.
amp; plufieurSjtant d’vne qne d’autre Religion , fe prepa' royentàcela. Quelques autres alloyent en Italiegt;enlanbsp;guerre contre leTurc: fur tout,nombre de gentils-hoffl'nbsp;mes François accompagnans le Marquis du Maine.
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Mort du pape Pie.
Pendant cela, les particuliers du royaume fe rallioy^*’ enfemble,amp; les chofes commençoyent à s’adoucir biennbsp;fort:en telle forte toutesfois que le mal des efprits croii-foit. Qwntaux Catholiques, ils auoyent l'eftat de lanbsp;Cour pour patron. Ceux de la Religion , pour le regaranbsp;des af.iires de la confcience, auoyét afsignation au coiS'nbsp;mencemétde May, en la ville deNifmes en Langucdoonbsp;ou leurs députez fe deuoyent trouuer, pour auifer à 1nbsp;ftatde leurs Eglifes;amp; quant aux dEportemens,ils’enfabnbsp;Mit beaucoup endiuers endroits, que la modeftie amp;zelenbsp;du pafle V apparuft, comme il eftoit bien requis . Il Ynbsp;uoittouiîours quelques Catholiques mal contens, mai’nbsp;en petit nombre , en comparaifon de ceux qui deiuan'nbsp;doyentàviureen quelque paix. Quît aux gens de gu^,^'nbsp;re , l’afiire de Flandres les empefchoit de penfer a»'nbsp;leurs.
Le Pape ayant efté aduertv de ce mariage de la du Roy, amp; prié de donner la difpence: nonobftant le’nbsp;lettres du Roy amp;de laRoynemere,decIairatout ouuert^'nbsp;ment qu'il ne bailleroit point cefte dilpenfe. Le P-®/nbsp;cognoiflant ce Pape eftre d’vn naturel terrible, craigfO’Jnbsp;qu’en fiifant cela fans fon confentement, il n’en fiP ’’nbsp;l’improuifte quelque foudaine demonftrance de choie'nbsp;re à l’encontre de luy, fins attendre l’illue de Lanbsp;nee, amp; que cela pourroit grandement retarder l'e’'^nbsp;cution d’icelle. Ce qui le mit en fort grand doute, 5.'!peYnbsp;fement , comme il pourroit.cheuir de ce Pape .nbsp;comme il eftoit en ces penfemens auec le confeilnbsp;cretquifollicitoit ceft afaire , le Pape tomba malade’ '¦nbsp;mourut le premier iour de May lyyi. Ces nouuell^®nbsp;venues à la Cour, le Roy fît venir l’Amiral,amp; maquot;'*nbsp;aux Princes deNauarreamp;de Condé, qu’ils euflent a»'nbsp;lî à le venir trouuer, amp; qu’il n’y auoit plus d’enipefcho^nbsp;ment pour ce mariage, d’autant que le Papeluvsy’^nbsp;tilîeroit en ceft endroit, amp; ne feroit fi difficile à lenbsp;rer qu’eftoit l’autre . Etpo’.ir obtenir plus aifément ce
J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ftedifpc«-
-ocr page 321-L’ESTAT DE FRANCE. 295 fie difpenfe , on fit faire vne confukation entre les Do-fteurs de Sorbonne, afin qu’ayans approuué ce mariage,nbsp;leur auis fuft porté à Rome, pour auoir plus aifémentcenbsp;congé.
A celle occafîon. Si fur ces entrefaites, le Cardinal de Le eai di-Lorraine faignant d'eftre en grand penfementdefaper- nal de Lot fonnne,d’autant (difoit-il) qu'il ne fauoit ou fe retirer, “itie.ie renbsp;durant que ces nopces fe feroyent, s’en vint à Romenbsp;en pofte :amp; combien qu’eftant encores i my chemin, il *nbsp;entendit nouuelles de la creation du Pape nouueau: maflàciesinbsp;toutesfois il ne laiflà point de pourfuyure fon chemin,nbsp;eftant bien aife de n’cftre point en France , d’autantnbsp;que fa demeure à la Cour, outre ce qu’elle pouuoit em-pefcher en quelque forte l’execution des defleings dunbsp;Roy, pour autant que l’Amiral amp; ceux delaReligion,nbsp;ne fe fulTenc voulu approcher de luy, amp; encores moinsnbsp;’‘il euft efté dans Paris. Luy aufsi fort timide de fa nature , craignoit que parmy ces tumultes de Tournoys,nbsp;^combats de gens armez amp; de faâion contraire, il nenbsp;luy mefauinrt. Et combien qu’il s’afleuraft bien que ceuxnbsp;delaReligion,acouftume2 à fes rufcs,lé douteroyentnbsp;qu’ilvoudroitremuer quelque chofe,amp; qu’en fommenbsp;il ne prenoit pas ce chemin pour l’eletlion du Pape:nbsp;tant y a qu’il s’y retira , en attendant l’euenemcnt desnbsp;nopces.
L’Amiral au contraire , dcmeuroit en Cour ,auec ''Amirât grand pouuoir, fort fauorifé du Roy , qui vfoit enucrs ü'nbsp;luy de fi grande humanité amp; douceur que l’Amiral n’en t'rremfr.nbsp;uuftfceu defîrer dauantage : le Roy l’appelant prelquesnbsp;toufiours, Mon pere ;de façon que l’Amiral s’afleuroitnbsp;entièrement d’vne ferme pai.x . 11 cuidoit que le Roynbsp;full d’vne nature paifible amp;qui aimaft le bon temps:nbsp;qu’iceluy ne pourvoit auoir la fubtiiité de faire quelque remuement au preiudice de fa promefle , amp; denbsp;tant d'accords faits. Partant délibéra de folliciter lanbsp;Royne deNauarre, pour faire venir les Princes à lanbsp;Cour.. Il ettoit fi bienrcfolude l’amitié amp; fidelité dunbsp;Roy, que iamris il ne voulut croire auertiflèmens quelconques quiluy eftoyentenuoyczdeplufieurs endroitsnbsp;pat îcs plus fideles feruiteurs amp; amis, qu’il euft à fe
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donner garde de reis allechemens , amp;qu’il y feroit i trappe. Entre plufleurs exemples, nous en mettrons'Hnbsp;notable , referuans vn autre plus ample aduertifleinentnbsp;qui le verra ci apres, en fon reng. On cognoiltra parnbsp;de quel pied les vns amp; les autees marchoyent en ces i'nbsp;faires.
Lettres dii Cardinalnbsp;Pélve a'inbsp;Cardinalnbsp;de Lorraine.
Peu\ipresque le Cardinal de Lorraine fuft party la Cour, amp; eftantfurfonvoyage de Rome,.on furpnj^''nbsp;certaines lettres qui luy eftoyent adreflees par le Card*'nbsp;nalPelvé, homme fadieuxau pofsible, contenantesnbsp;fomme , que le Roy ne fut ïamais mieux délibéré*^nbsp;. que pour le bon train auquel il voyoiz ledit fleurnbsp;la Roy ne fa mere, amp; le Duc d'Anjou , il eftoit en trc^nbsp;grande efperance d’vn heureux Jüccez des afairesnbsp;entreprinfes. Qu’au retour de l’Amirai en Cour, lenbsp;s’elloit monftré fl accort, que fes plus intimes ennbsp;ftoyent eflonnez: amp; que par ce moyen l’Amiral eft®**nbsp;hors de tout foupçon, amp; que c’eftoit le moyen d’er^'nbsp;cuter ce que le Cardinal de Lorriine fauoit bien. Qü’*^**nbsp;parloir de la guerre contre le Roy d’Efpagne, à quoVnbsp;Roy auoit fl volontiers prefté l’oreille ,que l’Amiral e'nbsp;rtoit du tout refolu amp; arrefté. Et qu’il faloit vfer de rel'nbsp;les rules, en attendant l’execution del’arreftdu confe*nbsp;fecret. Qw; le Roy d’Eipagne auoit cfté ampleine’’.''nbsp;aduerti de tout, amp; auoit-on donné ordre qu’il ne fenbsp;chaft de cell appareil de guerre, qiiin’eftoit qu’vne fe**l'nbsp;tc;car tout ccl.t tendoit au but que delTus. Partant, pr*®*'nbsp;ledit C.ardinal de Lorraine ne douter aucunement,q**® fnbsp;ques pacquets qu’on luy enuovaft, que le Roy-voul*''nbsp;changer de refohition. Q^e la Royne mere, amp; le f’“'quot;nbsp;d’Anjou , n’auQvent rien en plus grande recomman^”nbsp;tion. Qtpe fl toftqu’il v auroitquelque afdire exccutéi^nbsp;Cardinal en feroit aduerty, par homme expres amp;nbsp;délc.
Touchant les nopces du Prince de Naaiarre, il efp®' roitqu’ellesfc fcroy’ent bien toft,amp; que c’eftoit l’e**'nbsp;tree de l’execution , amp; que cependant le temps appr®nbsp;' choit, que les quatre villes, baillées en oftage gt;nbsp;noyent cftre rendues. Ccluy qui enuoyoit l.inbsp;de ces lettres à l’Amiral, efperoit que la Ictdure d*nbsp;ccUeS
-ocr page 323-L’ESTAT DE FRANCE. 195 re d’icelles leferoitpenferà foy àbon efcicnt.Mais ile-ftoit tellement perfuadé de la bien-vueillance amp; fideliténbsp;du Rov,principalement à la fuafion de Theligny fon gennbsp;dre,qu’il ne vid onques der en ce fien fait propre,luy quinbsp;s’eftoit toufiours monftré tant prudent amp;: auifé en infinies autres afaires ; Dieu fe préparant vn chemin pournbsp;vifitertoute la France,ainfi que depuis cela a efté veunbsp;de tous.
Pour attraper encores tant mieux l’Amiral, comme plaint« le bruit s’augmentoit touchant la guerre de Flandres, de l'am-amp; qu’on rapportoit que le Roy de Portugal auoit ar- baifadcurnbsp;mee en mer, fe tenant fur fes gardes, amp; que Strofsy a-uoit grand nombre de vailTeaux en Brouage, l’Ambaf-J'ƒnbsp;fadeur d’Efpagne s’en plaignit à diuerfes fois en plainnbsp;confeil. Le Roy nia qu’il fceuft quelque chofe de tellesnbsp;entreprifes ,que telles plainétes n’eftoyentvray fembla-bles,qu’il enuoyeroit gens à Bourdeaux amp; à la Rochelle,nbsp;auec lettres amp; inandemens pour cmpefcher tel appareil:nbsp;amp;que s'il eftoit fait.ilpouruoyeroità donner contentement audit ambalTadeur, auquel la Roynemereen de-clairoit autant.Mais c’eftoyentnouueaux filez qu’ontif-foit pour mieux tenir les Princes amp; l’Amiral. Carl’am-hifladeur d’Efpagne, Tauannes, Lanflàc,Moruilliers,nbsp;c Duc d’Aumale amp; quelques autres,faits'de la main denbsp;la Royne mere,qui les manioit à fon plaifir,furét partielnbsp;^sdu confeil fecretjbaftilong temps au parauant par lenbsp;Conte de Rets la Royne meregt;Birague,le Roy, fon fre-fc, le Duede Neuers amp; le Cardinal de Lorraine . Cellenbsp;'communication fe fit afin que chafeun aidall au Roy,nbsp;oomme aùfsi tous s’y employerent en diuerfes façons,nbsp;“ifans entendre l'afaire à ceux qu’ils conoiflbyent cftrenbsp;propres pour y feruir. Enfecret le Roy afleuroit l’Ami-
de fon intention , amp; le prioit ne trouuer eftrange fi lî mere amp; luv faifoyent ainfi femblant de n’en rienfa-^oir: (jue c’eftoit pour furprendre plus aifémentle Ducnbsp;d Albe amp; les Efpagnols . Sur ce la Royne mereenpre-•pnee de quelques amis de l’Amiral confeillers au con-ƒ'! priué, dit au Roy qu’elle entendoit qu’il vouloirnbsp;dfefler vne armee pour courir fus au Roy d’Efpagnenbsp;oubeaufrere enuahirfes pays bas. Adonc elle fit
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-ocr page 324-vn long difcours des incoin inodicez qui en aduien-droyent.Le Roy faignant croire qu’elle parlai! à bon el-eient commença à s’excufcr, dilancque quelques elhan-gers le luy auoyentainlî periùadé ; declarequ’iln’a pas tellement embrafle celle guerre,qu’il vueille elmouuoifnbsp;quelques troubles en fon Royaume, amp; qu’il veut croirenbsp;le confeil de là mere. Toft apres il fait appeller l’Ainiral»nbsp;lequel il allètirc de reelief, qu’ilvouloit tenir promef-fe au Prince d’Orége; qu’il Eiloitpouruoir que tout le liftnbsp;bien toft amp; feurement ,de peur que luy melmes ne fuftnbsp;furprins en fon Royaume le premier,veu qu'il auoitnbsp;re à des ennemis Jomeftiques.Tout cela difoicil d’vnvilanbsp;ge lî rafsis,que l’Amiral eftoit tout afleuréde fon direinbsp;comme s’il euft leu dans le cœur du Roy, qui fe mon’nbsp;ftroit merueilleufement ioyeuxdcouuert en fes paroles amp; côtenances, difant qu’il eftoit vray François amp; Roynbsp;des François, de que fonfrere le Duc d’Anjou qui ne parloir giieres que de la tefte,des yeux amp; des efpaules,eftûi’’nbsp;vn Italien . Ainlî l’appelloit il en riant,amp;iettant toulioufSnbsp;quelque iurement à la trauerfe.
Pendant ces menees, les miniftres de la Religion députez pour le Synode nationnal,fe trouuerent à Nilæo’ au commencementde May lyya . entre autres, Nicole’nbsp;des Gallat .,Antoine de Cliandieu, amp; Theodore denbsp;qui futdemâdé aux Seigneurs de Geneue,pour vafiift^f’nbsp;Des Gallars preiîda en ce Synode, ou les argumens d®nbsp;ceux qui vouloyent troubler la diieipline des Eglifes ro'nbsp;formées,furent réfutez, eftât permis .à tous d’afsifter au^nbsp;difputes,amp;: voir, amp; oiiy r, tout ce qui fe feroit amp; dir oit la-Bonnes lettres furent eferites à ces gens là.pour lesprio^nbsp;de fe déporter; amp; autres lettres enuoyeesà laRoyne donbsp;Nauarre, aux Princes amp; .à l’Amirahpour les réprimernbsp;faire entedre au Roy que lesEglifes reformées n’cftoyô*nbsp;cauie des troubles, ains ceux-là qui vouloyent s’oppofe’’nbsp;au bon ordre eftably entre ceux de laReIigion.il y auo*^nbsp;lors grande famine en Laguedocamp;lieux, circonuoyfin^'nbsp;éSIlement qu’en diners endroits on trouuoitdes mortsnbsp;de faim. A l’occafion dequov y euft ordonnances faites anbsp;Nifmes,fiirle reiglementdes viurcs . L’eftat de ceux denbsp;la Religion comiaencoit à fe desbauchernierueilleufe'nbsp;'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;meut
-ocr page 325-L’ESTAT DE FR ANGE. 197 ment, amp; les mœurs n’eftoyent plus tels que par lepafsé,nbsp;fcplufieurs portoyent peu d’atteftion à leur Religion.
Entreautres articles de l’editde pacification,y en a-RedditiS' uoit vn par lequel le Rovbailloit quatre villes à ceux de des villasnbsp;laReligion.pourfeurete de la paix, afin de les garder l’e haillees eunbsp;fpace de deux ans, qui n’eftoit accompli li»on au mois ofta?' auxnbsp;d'Aouft. Ce nonobftant,par Je mandement des Princesnbsp;qui eftimoyent auoir vne paix afleuree, on remet les villes au Roy.Sur ce, lettres font enuoyees à tous les patlc-mens.par lefquelles leRoy declaroit qu'il auoit pour trefnbsp;agréable labonneaffeftion des Princes,amp; l’hôneur qu’ilsnbsp;luyfaifoyentdes’afl’eureren fonedift, lequel il vouloirnbsp;cftre gardéinuiolablement. Ces lettres furent publiéesnbsp;en plufieursvilles,au grand contentement de ceux de lanbsp;Religion .LaRochelle voulant maintenir fes priuilegesnbsp;ancicns,ne voulut receuoir garnifon, déclaras les habitasnbsp;qu’ils fe garderoyentbien euxmefmes.lls eftoyent occa rnbsp;fionnez à'auoir quelque defiance:car tout l’hyuer precedent ils auoyent efté fort ennuyez par les nauires de Lannbsp;dertau, gentil-hommepoifteuinjleur grand eunemy, a-poftat de la Religion,éç feruitcur de la Royne mere.De-puis.afaucir au mois de Mars,auoyen{fouftert beaucoupnbsp;d’infolencesdes galeres du Baron de la garde. Le Roy amp;nbsp;fa mere ne firentpas femblatde trouuer mauuais ce quenbsp;les Rochellois fe maintenovent : car ils penfoyent les a-uoiren vn mefmetvaiftdefilé auec les PrincesStl’Ami-taLDefiitlaRovne mere enuovant toft apres quelquesnbsp;memoires amp; inftruclions àStrofsy,luy efcriuit vne lettrenbsp;de fa propre main.bien cachetée,luy défendit par vne aunbsp;tre lettre qu'il recent ha premiere, de ne point ouurir ce- Stiofsy.nbsp;ftelàiiufques aua^.iourd’Aouft.Or les mots decefteletnbsp;tte,queStrofsy ouutit ce X4.d’Aouft,qui fut le iour dumafnbsp;facte de l’Amiral,eftoyent tels : STROSSY,ie vous auertisnbsp;que ce iûurd’hay i4.d’Aouft,!’Amiral amp; tous les Huguenots qui eftoyent icy auec luy ont efté tuez. Partant aui-fezdiligemment àvous rendre maiftre de la Rochelle;amp;nbsp;faites aux Huguenots qui vous tomberôt entre les mainsnbsp;1 le mel'me que nous auons fait .à ceux-ci.Gardez vous biénbsp;Inbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;d’y faire faute,autantquc craignez de defplaite au Roy^
, inou,fieurmonfils,amp;àmoy.Ètau4«lfous, Cax»emn£,
-ocr page 326-ïlt;)8 MEMOIRES DE
Le Roy ayant entendu lainouuelle creation duPiP^’ XWlliV |/vui UUUXX 1lt;X UllPK^llLV . X-UWie*-*quot; .
Voy age nbsp;nbsp;nbsp;Le Roy ayant entendu laiflouueue creation aui*r’
du Marefdelpcfchai Rome pour auoirladi/pcnfe'. Etcepeiiil^'* chal de quot;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• lt; -1
Moncnio rcticy cnnbsp;Anglcfci-»
IC,
eftimaqu’ilferoitbon de fe defpeftrer du Marefchal d Montmorency,lequel comme allez clervoyantpo“^'nbsp;roit defcouurir quelque chofe de I’entreprilefurced^nbsp;de laReligiomlefquelsilne hailToitpas forti.amp;print^nbsp;cafion de I'enuoyer en Angleterre, pour iurer lallif®nbsp;ce auec laRoyneidont le premier amp; principal afO“nbsp;eftoit que la liberté de la Religion demeureroit, amp;nbsp;IcRoy entretiendroit folennellementamp; inuiolablem^dnbsp;fon edit de pacification. Le Marefchal de Montmor^O'nbsp;cy futen bonne fuite amp; honnorable compagnie en Mnbsp;glecerre,ou l’alliance fut palfee, amp; reuint de là, plul^®nbsp;qu'on n’eftimoit,pour quelque accident furuenu pat 1nbsp;dace cffrence de quelqu’vn de fa fuite, qui traita vilai“®'nbsp;mentvne certaine femme du pays, L’Amiral d’Ang}®'nbsp;gleterre vint; réciproquement en France, pour faite i“'nbsp;rer celle alliance.
Miiigue- On enuoyele Capitaine Minguetiere auecvnnauif^ ntre pou' bien equippé,accompagné d’vn Portugais fort exper*®’nbsp;quay en- té es'voyages de marine,pour aller au Perou,afinde tet®nbsp;J!quot;/quot; noilïre les defcentes,amp; voir quel moyen il y auroii dnbsp;donner là des afaires au Roy d’Elpagne.C’elloitvnen®nbsp;uelle finelfe pour esblouir l’Amiral de plus cn plus.
Pratiques rareillement, on fit traiter par l’Amiral vue l'g^^ nouuclies tiec les Princes d’Aleraagne, amp; fit on folliciter le^d^nbsp;de Florence.par le moyen de GaleazFregoze, poutp’^^nbsp;fier argent,afin de porter plus aifément les frtys denbsp;guerre de Flandres.Et y auoit grande apparence de rnbsp;ucnir .à tout cela,fi le Roy amp; fes confeillicrs fecretsnbsp;fent eu autre intention,
V jjjç Auantque palfer plus auant en guerre, il nous ftquot;' la confiderercequiauintàlaRoyne de Nauarre. Au et’quot;’nbsp;de Nauai inenc^'ment de May, le Roy la pria d’aller à Paris poquot;'.'nbsp;IC .1 Paris, uoir à ce qui feroit neceflàire po'tr les nopces? Ceqa’e('nbsp;le fîc,amp; s’acheminant enuiron le fixiefme, arrnia à PatJ’nbsp;le quinziefme dudit mois :amp; commenç,a à faire diue^nbsp;voyages ç.1 amp; là en diuers endroits de la ville, esnbsp;fons amp; boutiques des artifans pourvoir ce qui feroit ptU'nbsp;preleiourdelafolcnnitc, tant de cequi concenioit 1quot;^nbsp;'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;habits
-ocr page 327-L’ESTAT DE FRANCE. 299 habits nuptiaux,amp; autres dot elle pretédoit faire prefens,nbsp;qde plufieurs cbofes neceflaires.La Royne mere ne vounbsp;lutlaifler efchappercefte occafio.Elle hayflbit extreme-mét la Royne de Nauarre,amp; conoiflbit de lôg téps fonnbsp;efprit-Siellelalaiffoitviure, apres auoir fait maflacrernbsp;les autres,elle craignoit de s’en trouuer en nouuelle peine. De la faire mourir en ce maflacre qu’elle preparoit,nbsp;fous couleur de la querelle ce ceux de Guife,contre ceuxnbsp;de Chaftillon, elle n’y voy oit point de caufe fuffiiante,nbsp;pour en remettre la faute fur ceux de Guife,qui n’anbsp;uoyent rien à defmeiler auec la Royne de Nauarre. Auf-fi eftoit elle hors d’efpoir de ranger le Prince de Nauarre fon gendre,tandis que fa mere viuroit: laquelle eftantnbsp;de bon efprit pourroits’auifer de l’embufcade ,amp; fairenbsp;‘out tourner en fumée. Pourtanta elle recours à maiftre EmpoiCS-®-ené fon tmpciibnneur à gages : qui vue fois prefenta nementdenbsp;’U feu Prince de Condé, vne pomme de fenteur empoi-fonnee, laquelle on defcouurit élire telle par l’expericn-‘e qui en fut faite fur vn chien, amp; par le danger ou fevid ’nbsp;nbsp;nbsp;-
chirurgien duditPrince,pour auoir fenty celle pomme de trop pres. Ce René en vendant fes drogues amp; colletsnbsp;Parfumez à la Royne deNauarre,trouua moyen de l’em-Poifonner.Les autres font d’autre auis. Tant ya que leditnbsp;“»ené s’en eft vanté depuis, amp; a bien ofé dire qu’il auoitnbsp;encor le cas tout preft pour deux ou trois autres qui nenbsp;‘ en doutoyent pas. Ainfi donc le mercredy quatriefmcnbsp;‘outde luin, elle tomba malade au li£l,d’vne heure continbsp;Jquot;‘e,caufee (ce difoit-on ) d’vn maldepoulmons,oudenbsp;temps s’eftoyent formez quelques apoftumes, lef-efmeus amp; irritez par les grâdes chaleurs d’alors amp;
’n trauail extraordinaire, luy cnfl.imerent celle heure Anteile mourut cinq iours apres,au grâd regret de ceuxnbsp;' •aReligion,amp; ioyedu Confeil fecret.Le mal eftoit aunbsp;^'tneau qui auoit efté olfécé delà poifon, amp; ne fut viftté:nbsp;’ Ijioy la Royne mere tint bié la main,faifant cependantnbsp;® la dolente pour l’afliétion de fabonneamie. Ord’au-^æt^u’en fa maladie elle a monftré de quel efprit ellenbsp;Dnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2uons inféré ici le difeoursqui en fut
ié dehors ,enfemble fon teftament, amp; les Epitaphes luy ont efté faits.
-ocr page 328-500 MEMOIRES DE
Pifcours nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;donc ladite Royne de Nauarre le Tentant fort
îaq.yu4
au 15g du prelïeedu mal qu’on luyvouloit faire plus leger,vid bien poncinec qu’il falüit entrer du tout en l’autre vie : amp; pourtant s’ap;nbsp;de laRoy- prelta elle receuoir de la main de Dieu, ce qu’il luy pi'**nbsp;neue Na- ron oj-donner de fa vie , lulques à fe refoudreconllain-fi'^nialaquot; l’^^ntàla mort: requérant toujours inlfammentqu’cH®nbsp;dieiufques fuft point dcftituee, de ce qu’elle auoit eu toute Ùnbsp;à la mort, le plus cher amp; precieux;afauoir,quelque confolatio priO'nbsp;fe delà paro;e de Dieu,auec prières continuelles, le toutnbsp;conformément à ce que ditS.Iaques, que les malauesnbsp;doyuent appeler les anciens de l’Eglife, afin qu’ils prienjnbsp;Dieu pour iceux,attendu que la priere duiulfe eftdegr^nbsp;de efficace deuant luy.
Ffc.
lan. t.ï
Suyuantl'on aducrtilTement, on ne celîadepuis del* folliciter continuellement à prendre bon courage, *nbsp;mettre entièrement la fiance, amp; fon alîeurance en Die*nbsp;commeàceluy quieltoit auteur de fa vie, amp; qui uuogt;'nbsp;puillance de la luy conferuer . Et mefmes vn iour le n’t'nbsp;niftre qui la venoitconfoler,luy remonllraparpluiieut^nbsp;tcfmoignages de l’Eferiture , qu’il faloit qu’en toute*nbsp;choies les Chreftiens fe couformaflent à la volonte“.nbsp;Dieu, d’autant qu’il elloit pere Je fes fidelles. Et par ai”*’nbsp;que les chaftimens deuovent ellre porter patiemine”’’’nbsp;veu que c’eftoit pour leur bicn,amp; laluttquoy que fouue”’nbsp;l.a rigueur des aftlitfions fembloit eftre telle ànolb'nbsp;chair,que nous n'imaginions autre chofe,fors Dieunbsp;armé contre nous pour nous exterminer. Mais qu’il**nbsp;loitconliderer, que comme eftantiufte,il nefaifoiten tnbsp;ci rien que iuilcment, aiifsi qu’eftant pere , il ne tendunbsp;qii’.i nolbe bien: amp;' qu'il n’eftoit pas femblable aux tyru*^’nbsp;qui fe plaifoyent à tourmenter,amp; trauaillcr leurs fubie*-*nbsp;làns raifomains qu’il Eiifoit feruir le tout pourredifit*“nbsp;on de fes elleus.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;
A quoy elle refponditqu’elleprenoit touteschofe* mede la main de Dieu, lequel elle reconoiflbit pour ?ƒ.nbsp;lealeclarant au relie qu’elle n’auoit iamaiseu crainte**nbsp;mourir dur,mt fa maladie :amp; beaucoup moins vouRnbsp;murmurer contre luy , nonobflantle mal qu’elle end*nbsp;roit, facliant qu’il neftifoitrienquine full bon,amp; dro*nbsp;Vofre que le tout luy tourneroit à faiut.
-ocr page 329-L’ESTAT DE FRANCE. joi
Le Miniftre continuant fon propos adioufta, qu’il fal quot; loitcercher ailleurs la caufe des maladies, que n’auoyé*-accouftumé de faire les médecins,qui regardoyent tou-fiours les humeurs corrompues,oh les parties nobles of-fenfees.Car encor que ce fuit là le fondement des maladies ordinaires, amp; comme les fécondés caufes.neant-moinsqu’il faloitvenir iufques àla premiere, afauoir ànbsp;Dieu,Iequeldifpofoitde fes creatures felon fon bon plainbsp;fit,enfaifantlaplaye,amp; y appliqudntaufsil'emplaftre.nbsp;Etparainfîquec’eftoit àluyfurtoutàqni elle fe deuoit ,.sara.i.nbsp;iddrelTer par prières, pour auoir allégement en fon mal, «nbsp;'’oire deliurance entière . Comme il ne luv eftoit pointnbsp;•nalaifé de luvrenuover fa fanté ,fi tel eftoit fon bonnbsp;plaifir,
A cela elle fit refponce, qu’elle ne vouloir defpendre fors de fa feule prouidence,amp; qu’elle fçauoit bien que c’enbsp;ftoitàluy feulde difpoferde toutes chofes pourtantnbsp;Qu’elle le fupplioit qu’il luy donnaft ce qu’il conoiftroitnbsp;‘Oy eftre neceflàire,tat pour fa fanté corporelle que pournbsp;{on falut.Et neantmoins,difoit-ellegt;cefte vie ci m’eft defnbsp;¦5 à bon droit fort ennuyeufe,pour les miferes que i’v 3.ynbsp;‘«ntiesdes ma ieuneire,amp;pource que ie ne vi fans ofFen-'or mon Dieu, auec lequel ie fouhaite d’eftre de toutnbsp;*’'0n cœur.
Le Miniftre répliqua que les pavens auoyent bien ^inscelle confolation en la mort , afauoir que c’eftoitnbsp;«moyen pour eftre mis hors des afflictions de cemonnbsp;Mais que les Chreftiens deuoyent paßerplus ou-'fo.c’eft en confiderant qu’é la mort non feulement nousnbsp;Citions exempts de ces miferes, ains aufsi que nous cornnbsp;’’'onciôs d’entrer en poflefsion d’vue meil lettre vie ,quinbsp;l’eternelle, où Dieu nous auoit préparé vne féliciténbsp;'quot;onarrable parlefusChrift, ainfiqueluy-mefme l’auoitnbsp;'^quot;feigne,difant, Qiie c’eft la volonté du pere,que quiconnbsp;croira en fon fils ait la vie eternelle. Et neantmoinsnbsp;^quot;^lavielongue , quelque miferable quelle fuft, ne laif-'’«d’eftrevnebenediftion de Dieu,puis qu’il l’anoitpronbsp;comme vn tefmoignage de fafiueur aux obferua-f'-'rrs de fà lov. loinél que puis que nous v feruions à finbsp;8 °irc, ceftoit vn autre honneur fingulier amp; vne marque
Xe.iii ^.40
similitude.
jOt MEMOIRES DE de fa bienvueillance, fomme en celiiy que le Prjncenbsp;employeroit de longue main à fon feruice,l'ayant expérimenté fidelle , non pour vn ioijr, ou deux,ains par plu-fieurs années. A/cefte,caufe qu’elle le deuoit prier iß-ftamment que fi c’efloit là volonté de l’employer eneofnbsp;ici bas pour l’accroiflement de fa vérité, qu’il luypleßnbsp;l’accompagner de fanté amp; bonne difpofition.afin que reprenant nouuelles forces, elle s’encourageaft à p^*'®nbsp;cheuer fa courfe beaucoup plus vertueufement que
Surquoyelle protefta que la vie luyeftoitpeudecnu pour fon regard particulier,veu qu’elle ne celToitnbsp;ellementd’offencer fon Dieu en celle chair. Maisqu ynbsp;regardoit aucunement à la ieunefle des enfans qu’il lu?nbsp;auoit donnez , pour les voir priuez de fa prefeuce eonbsp;bas aage . Ettoutesfois , dit-elle, le m’aflèure que P*nbsp;leur fera pour pereamp;protefteur, comme ilm’aed^nbsp;mes plus grandes affliflions : de forte que ie les reU*nbsp;du tout à fa prouidence,afin d’y pouruoir.Voyla lesp*^nbsp;pres parolles.
Le Minilire luy dit qu’il louoit Dieu de la voir ai” ¦ feuree, amp;refolue en fapiouidence:amp;laprioit d’ye”nbsp;nuer, comme eftant vne bonne,amp; alTeuree marque”nbsp;foy, amp; qu’ainfî en auovent faiétces bons Patriarches^^nbsp;pafle ,ayans lailïelefoin fpecialdeleurpofteritee”nbsp;les mains de Dieu : ainfi qu’on le voyoit en Abra””nbsp;Ifaac, amp; lacob, amp; en la benediétion qu’il auoit fouha’^pnbsp;aux liens. Et toutesfois qu’il eftoit bien requisnbsp;le choifittoulîours quelques pcrfonnagesdebonue^^j^nbsp;amp; doftrine, qui peuflent continuer en ces ieunes Pn”nbsp;la femëce de pieté,qui y auoit efté iettee par elle aue”nbsp;fi grand trauail, amp; folicitude: efperantque fa foynbsp;ftance au fertiice de Dieu, leur lèroit en perpétuellenbsp;commandation,pour l’enfuvure amp; imiter toute lee'^de,nbsp;Comme aufsi il eftoit mal ailé, voire quafî incroV”^^;nbsp;qu’ils nefereirentiftcntàtoufiours desbônes amp;fai” jjnbsp;inftruftions, qu’ils auoyentfi fouuentouyes ,tanc ”nbsp;bouche que de ceux qu’elle y employoit pour lesnbsp;ner,amp; accouftumer à fuiure l’honnefteté amp; la vertu-
Et parce que de rechef elle déclara n’auoir point
i
-ocr page 331-L’ESTAT DE FRANCE. ?o’, le de la mort,fachant que c’eftoit vn paffage à quoy toutnbsp;le inonde fe debuoit refoudre , le Miniftre luy propofa,nbsp;que tant s’en falloit que les Chreftiens la deuflènt craindre,que mefmcs ils ne mouroyent iamaisduiuant ce quenbsp;difoit lefus Chrift, Qmconque croid enmoy , il viura lean ^.47nbsp;éternellement, Et ce d’autant que la mort n’ eftoit point ' -Thcf, 4,nbsp;proprement mort, ainsvn dormît, felon qu’elle eftfou-uent appellee de ce nom, voirevnchangement de vie:**'¦nbsp;principalement aux fidelles,pour lefquels lefus Chrift l’a ' 'nbsp;’'aincue.amp; menee en triomphe . De falt;;on que nous pouvions nous eferier auec SainftPaul, O mort oùeft ta i.cor.ij.nbsp;viftoire’O fepulchre où eft ton aiguillonlnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5 5
Elle fut aufsi fouuent admonneftee par luy,de reco-noiftre amp; confeffer fes fautes deuant Dieu ; luy difant que les maladies eftovent le chemin de la mort,amp; que lanbsp;tnort eftoit le falaire'du péché. Et parunt que ce chafti- Rom.s.nbsp;métluy devoitenfeigner à bon efcient,côbien elle eftoit ijnbsp;redeuable 3.faiuftice,non feulement par lacheutedunbsp;premier homme,en laquelle elle eftoit enueloppee,comnbsp;me les autres; mais aufsi par la fienne propre, veu que lenbsp;plus homme debien du monde eftoit encor vnpoure amp;nbsp;mifcrable pecheuf.amp; que fi Dieu nous vouloir enaftier fenbsp;Ion nos fautes, nous ne pourrions attendre que mort 8cnbsp;condamnation eternelle.
A ce propos elle commença de ioindre les mains ,8c l efleuet les yeux au ciel,difant, qu’elle confeffoitvoire-mentauoir commis des fautes fans nombre, 8c plus encor qu’on ne feauroit dire-.Mais qu’elle efperoit quenbsp;Dieu luy fetoit mifericorde , par noftre Seigneur lefusnbsp;Chrift,auquel elle auoit mis toute fa fiance.
Ce dernier propos touchantla mifericorde de Dieu, donna occaûon au \liniftre de difeourir plus au longnbsp;fut l’affeurance qu’ elle deuoit auoir d’obtenir l’effeft denbsp;cellemifericorde ,veuque lefusChrift eftoitvenupournbsp;fauuer ceux qui fe reconoiffent pécheurs, comme luynbsp;mefme l’auoitaffeaprotefté, àifant,qu’il faifoit ailifi quenbsp;le médecin qui n’alloit pasvifiter les fains, comme n’ay-ans point befoin de fon fecours, ains les malades . Etnbsp;qu’au femblablcil s’eftoit ptefenté auec tous fes biens
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à ceux qui s’en recognoiflbyenc vuides, Defquelles ch® fes elle le deuoic d’au rant plus affeurer qu’elle en auo*^nbsp;vn tefmoignage eniiconlcience,quiluy faifoitcrierAnbsp;Rom.S.if ba,Pere. Comme aufsi la foy n’eftoit autre chofequ'.^nbsp;alïeurance certaine de la bonne volonté de Dieu , ni®”'nbsp;feftee en fon fils.
Or d’autant que fur celale miniftre fe teuft, ctaigi’®'! de l’ennuyer par vn trop long difcours, mefmes à c®” tnbsp;que les Médecins trouuoyent mauuais qu’elle P®*^ ,,nbsp;beaucoup: elle, au contrairede pria inftamment qu’il Çnbsp;tinuaft à luy parler de l'on falut, amp; de la vie etern^*nbsp;adiouftant que depuis qu’elle eftoit à Paris, elle auoii inbsp;fez mal fait fon. deuoir d’ouir quelque cliofe de la paf” nbsp;deDieu. Mais qu’àprefentelleeftoitbien fort aift”nbsp;ftre confolee par icelle en fi grande extrémité.
Surquoy illuypropofa la félicité des bien-heur^”? quiiouifloyentau ciel de la prefence de leur Dieu ,nbsp;,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tous les autres biens éternels,lefquels eftoyent fi gf® j
Eraie?4, amp; excellens que l'Efcriture les nous voulant depain®'^, I .Cor.i.j difoit feulement que l’œil ne les auoit point veus ne I®”_nbsp;reillc ouys,voire nepouuoyent monter au cœur del”nbsp;Similitu- me.Etadiouftaceftefimilitude, que tout ainfi qu’vn”-”^nbsp;de. voulant grandement honorer quelqu’vn , luy inoiift*'
fa Cour, fes princes, fes eftats, fes maifons, amp; fes ioy®”-^ plus précieux; ainfi,que Dieu vn iour defployero'i:nbsp;gloire,amp; fa Maiefté,yoire tous fes threfors à fes fidele’nbsp;eileus , lors qu’il les auroit attirez à foy, amp; qu’ilnbsp;belliroit, amp; enricliiroit de lumière, incorruption amp;nbsp;mortalité. Au moyendequoy, puis que telle eft”*' pnbsp;félicité des bien-heureux, qu’elle ne fe deuoit beau”” ”nbsp;foncier de quitter ce monde, veu que pour vnRoy® j ,nbsp;terrien qu’elle delaifloit, elle heritoit le Rovaunienbsp;fieux, amp; pour lés biés qui ne faifoyentque paiTer, amp; ’nbsp;couler, elle iouyroit,à toufîours de ceux qui eftoy^”nbsp;ternels. Et ce d’autant qu’elle auoit ferme fiance ennbsp;ftre Seigneur leftis Chrift.Â: qu’elle s’alTeuroitdefo”nbsp;lur par luy. Et fur ce mot, il s’addrella particuliererne”nbsp;clle,luy demandant fi elle ne croyoit pas que lefus C” ,nbsp;fuft fon fauueur,amp; que par Ion fang il euft fait la putg®nbsp;de tous nos pcchez.
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Aquoy elle refpondit fort promptement cja’ouy ,amp; qu’elle croyoit que c’eftoit fon fauueur vnique, amp; medianbsp;leur, amp; qu’elle ne vouloir point efperer aucun falut d’ailleurs , fachant qu’il auoit fatiifait pour nous abondamment; voire s’alTeuroit que Dieu luy fcroit mifericordenbsp;par iceluyd'uyuant fes promeffes.
Voila vne partie des bons, amp; lainéls propos,dont elle vfa enuiron les trois amp; quatre iours de fa maladie.Com-bien qu’au parauant, amp; depuis, elle ne celfa de continuernbsp;à declarer le mefme, iettant par fois,auec vne façon biennbsp;atfcûionnee ,de grands fouipirs enuers Dieu, pour tef-moignerl’efperance amp; le defir qu’elle auoit d’aller à luy,nbsp;difant fouuentces mots, O mon Dieu mon pere, dcliurenbsp;moy de ce corps de mort,amp; des miferes de cefte vie,afinnbsp;que ie ne t’offenfe plus,amp; que ie iouylfe de la félicité quenbsp;tu m’as promife.
Or non feulement elle atoufiours faiâparoiftre cefte fîenne pieté par fes propos, ains aufsicnce qu’elle mon-ftroit vne face refolue,amp; a{rcuree,fclon que la rigueur denbsp;la'maladie le pouuoitporter,qui tefmoignoit ail'ez que lanbsp;crainte de la mort n’auoit point esbranflé la fermeté denbsp;fafoy.
A la fin de toutes ces particulières confolations, on a-uoit accouftumé de faire toufiours quelque priere à Dieu, à ce qu’il luy pleuft l’accompagner d’vne vraye pa-tience,amp;luy faire mifericorde ; de laquelle priere i’aynbsp;penfé n’eftre hors de propos d’en inférer ici comme vnnbsp;fommaire,telque s’enfuit.
Seigneur noftre Dieu, nous recognoiffons deuant ta face, que nous fomroes indignes de tes grandes miferi-«ordes, à caufe denos iniquiuz que nous méritonsnbsp;nonpas d’eftre exaucez,ains reieftezde deuant toy:maisnbsp;puisqu’il t’apleu nouspromettre de nous exaucer en nosnbsp;requeftes, nous te fupplions, nous pardonner gratuitement toutes nos fautes, amp; les couurir de l’obeifl'ance,amp;nbsp;iuftice de ton fils,à ce que nous te puifsions eftre rendusnbsp;agréables.
Car Seigneur,nous recognoifsons que toùtes nos af-fliâions viennent de ta main,qui es iufteiiigc, parce que nous t’auons inftajnment prouoqué à courroux, par vne
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Eic.j J.Il
Heb. 4.
infinité de vices, voire rebellions , qui font en nouS’ Veu que noftre vie ne refpond aucunement à l’obeillà'’'nbsp;ce parfaite que tu demandes de nous à bon droift pafnbsp;loy,laquelle nous ne ceflbns de tranlgreflende fortenbsp;c’eft ce qui nous faitl profterner à preset, amp; humilier dC'nbsp;uant ta maiellé , pour reconoiftre à bon efeient, amp; r'®’*nbsp;point par faintife,ains du profond de nos cœurs, noft'’'quot;nbsp;mifere,amp; peruerlîté : Et que tous les maux que nous e®'nbsp;durons ici bas prouiennent de celle fource, c’eft Qquot;nbsp;nous ne t’auons pas rendu vne vraye,amp; droiéte obeifla*''nbsp;cc,amp;que nous nous fommes fouruoyez de tesfentief’’nbsp;Si eft-ce Seigneur, qp’il y a mifericorde vers toy,nbsp;que tues noftre Pere;amp;que tu ne veux la mort dunbsp;cheur, amp; infidelle, ains qu’il fe conuertilTe, amp; qu’ilnbsp;C’eft pourquoy nous-nous prefentons deuant lenbsp;de ta grace,aue’c confiance d’obtenir celle grandenbsp;corde, dont tu as de tous temps faiél promelTc à a’®*fqpnbsp;res, à ce qu’il te plaife accepter le merite de lefusnbsp;ton fils noftre Seigneur, pour entière fatiffadion de^ nbsp;iniquitez:amp; qu’eftantappaifé,nous fentions quelque aunbsp;gement en nos maux.
Laquelle requefte felon que tu es le Dieu de cornpa fiôjiious te faifons notamment pour ceux, qui font hanbsp;de tes verges , amp; alTaillis de diuerfes calamitez, mein'nbsp;amp;enfpecial pourlaftoyne ici prefente,abbatuedrnbsp;maladie fort grande, àeeque commeilt’a pleul’am'ênbsp;à bon droit pourfes fautes^comme elle le reconoita^nbsp;nous)3ufsi 11 teplaife,en les luy pardonnant pour pnbsp;mour de ton Fils bien aimé, luy faire .1 l’aduenir F’’®nbsp;fiter ce cliailimentà facorreclion.Sur tout,luydoi’*’nbsp;vngouft, voirevne aflenrance certaine, des biens etnbsp;nels, afin que plus aifément elle fiipporte, amp; endure .nbsp;mertume du bruuage que tu luy as verfé , amp; que 1'’ f jnbsp;delirde iouir de ta prelence, luy face oublier toutesnbsp;grandeurs, amp; magnificences du monde, fachantqu enbsp;ne font rien.au prix de celles que tu luy as préparées.
Kîat.is.
41.
Cependant donneluy aufsi patience en fou mal ;F que tu liais que quoy que l’elprit foit prompt,h e‘nbsp;que la chair eft fragile, voire plaine de defiance, àee^^,nbsp;rcccuant le tout comme de la main de fon pere, elnbsp;puin
-ocr page 335-L’ESTAT DE FR ANGE. 507 puiffe plus alegrcment conformer à ton fainft vouloir.
Et d’autant, ô Dieu, que tu t’es ferui d’elle iufquesici pour l’aduancement de ta gloire ,amp; pour la deffence denbsp;ton poure peuple,nous te fupplions luy rendre,amp; reftitu-er fa premiere côualelcence,à ce que par ce delFaut,l’œu-Ure que tu auois fi excellemment commencé par ellenbsp;ne demeure imparfait, aips que cefte delinrance luy facenbsp;prédre ci apres nouueau courage pour s’y employer encor mieux, mefmes fur tout à l’éducation amp; inftruftiojinbsp;des enfans que tu luy as donnez.
Mais, Seigneur,s’il te plàiftl’appeller,nous ne voulons contredire à ton fainftvouloir.Mais nous te prions aufsinbsp;la vouloir confcrmer de plus en plus en la conoiffancenbsp;de ton fainû Euangile,amp; en la certitude de fon falut quenbsp;tu luy as donnée par la foy en lefus Chrift, à ce qu’ellenbsp;puiffe inuoquer, amp; faniitifier ton nom,iufques audernietnbsp;foufpir.
Et quît à nous, qui fommes ici à l’entour d’elle en fan ié,fay nous conoillre la briefueté,amp; incertitude de ceftenbsp;\'ie,à ce que nous regardions, comme iffaut, en cemi-roir,amp;que nous fijachions que les plus grands du mondenbsp;font fuiefts aux mefmes calamitez , que les pluspetis:nbsp;pour n’auoir ci apres autre enuie d’employer le refte denbsp;nos iours finon à ton honneur amp; feruice:amp; ce au nom denbsp;lefus Chrift ton Fils noftre aduocat amp; médiateur enuersnbsp;toy. Amen.
Vovlaàpeupresle fommairedela prière,pendant laquelle elle ne ceffoit d’efleuer fermement fa veuë au ciel ioignant quelques fois les mains ,amp;iettantfouuentdesnbsp;loufpirs, mefmes lors qu’on faifoit mention de la miferinbsp;corde que Dieu par lefus Chrift éxerçoit fur les pc -cheursde façon qu'il n’y auoitceluy qui n’apperceut clainbsp;rement que elle fuiuoit de fon coeur les paroles qui e-ftovent prononcées en fa prefence.
Tant y aqu’elle continuatoufiours en cefte refoluti-on d’aller à Dieu, tout le temps qu’elle fut attachée au lift', prenant grand plaifir aux fainftes amp; Chreftiénes re-monftrances,quiluy eftovent ordinairement fa ifles parnbsp;plufîeurs hommes doékesquilavenovctvifitcr, rendantnbsp;vn manifefte amp; folénel tefmoignage «le l’efperâce qu’el-
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Ie auoit d’eftre fauuee, par les bons amp; fainfts propos qu’elle tenoiç fouuenc, que i’obnjets pour caufe denbsp;briefueté.
Et combien que les douleurs qu’ell'e fentoit fuffent vehementes, fi ell-ce que on ne luy vid iamais fortirdenbsp;la bouche vnc parolle d’impatience , non pas mefme anbsp;peine de p!ainte,ainfi qu’outre les domefi:iques,plufieursnbsp;autres en pourroyent rendre tefmoignage, mefines Unbsp;Royne mere du RoY,Monfieur amp;Madame,frere amp; lŒUfnbsp;du Roy,qui la vindrent quelques fois\ifiter.
Que fi Dieu parmi (es plus grands trauaux luy faifoit fentir quelque allégement (comme il n’y a maladie ('nbsp;cruelle, qui n’ait quelque intermifsion, amp; relal'cHt ) ellenbsp;donnoit bien àconoilii e que elle defiroit derecouurernbsp;fa premiere fanté,ne refufant rien de tout cequelesnbsp;médecins ordonnoyent pour cell erfeft . Mais aulsiqu.iunbsp;elle apperceuoit le mal s’accroiftre,amp; augmenter,ellei’^nbsp;perdoit point courage, ains fe monllroit eftre ariiieenbsp;d’vne confiance admirable pour fouftenir l’clForr du dernbsp;nier combat,en fe préparant allègrement à la mort.
Et lors qu’elle fe donnoit garde que fes femmes pie“' royent auprès de fon lift, elle les reprenoit incontinent,nbsp;leurremonftrant qu’elles ne la deuoyent point pleurt;'’’nbsp;puis que Dieu l’appel oit en vnc meilleure vie , amp; au por'nbsp;deiîré de fon ialut, où elle auoit toufiours tendu Ärile-Seulement elle regretoit de n’auoir eu le temps po ƒnbsp;vfer de rceoirtpenfe enuers elles, amp; plufieurs autresu^nbsp;fes domeftiques,qui l’auoyent bien feruie,amp; fuyi:ie,s'e;‘'nbsp;cufin: enuers eux de ccla,amp; difiiitque ce n’auoitefténbsp;te de bonne volonté, ains pour fe voir eftre comme lut'nbsp;prinlè parcefte maladie . Et toiitesfois qu’elle s’etForct'nbsp;roit .iv donner le meilleur ordre qu’il luy feroit pofnbsp;fible. ¦
Au refte ce feroit chofe lonsue de reciter tous Is’ bons amp; fa.mfts aduertillemens, qu'elle fit .à fa dame d’l't’*'nbsp;neurgouuernante de Madame laPrinceflc, pournbsp;foire le reciGl’e.xhortant par elle de fe monftrer ferine tçnbsp;confiante en ce bqs aage, au feruirc de Dieu, amp; l’en prie*nbsp;bien inftammeut .i celle fin, croyant le bon confed denbsp;moïifieur le Prince de Naiiaric fon frere, comme auf'
-ocr page 337-L’ESTAT DE FRANCE. 309 desfemmesqu’ellc luybailloit pour fa conduite,amp;fuiurênbsp;les bons exemples, amp; enfeignemens qui luy auoyentnbsp;eftéfaids par le pafTéda remettant,amp; rcngnant en la garnbsp;lt;le,amp; proteiftion de Dieu :amp; tliofcs femblables, que cenbsp;petit difcours ne me permet d’eftendre plus au long.
En fin,le fentant affoiblie plus que de coufiumc, elle fitdrefler fontefiament 6; der mere volóté,auquel elle renbsp;conmiandoitfur toutà mefsieurs fes enfans, l’honneurnbsp;de Dieu,amp;facrainte,amp; les exhortoitàpcrfeuererconftânbsp;ment en la conoifl'ance de l’Euangile , en laquelle ils a-uoyenteftéenfeignczdes leurieunefle. Ordonnant Ipe-cialemcnt queMadame la Princtfle fa fille fuft toufioursnbsp;nourtie,amp; inftruite en icelle,parles quatre dames qu’eJ-le luy baille , amp; menee pour cell effed en fon pays denbsp;Bearn,iulques à ce qu’eftant en aage,Dieu luy euft fufeiténbsp;quelque Prince de mefme Religion,pour l’aucir en ma-riageiEt ce par la conduite amp; confeil de monfieur le Carnbsp;dinal deBQurbon,amp;: Melsire Gafpar,Coute de Colligny,nbsp;Amiral de France , qu’elle eftablit executeurs de fondiâ:nbsp;teftament.
CE teftament receu par les Notaires,amp; leu pour la fécondé fois deuant elle, le dimanchehuitliefme lour deluin.qui fut le iour précédant fa mort,elle fit peu a-pres appeller vn Miniftre de l’Euangile, amp; ayant plus vi-uementapprehende la mort qu’au parauant, luy commanbsp;da de luy parler au loiig des tentations par lefquclles Satan a accouftiimé d’afiaillir La foy des efleus de Dieu,nbsp;cnl’extremitédeleur vie. A quoy le Miniftrefitrcfpon-te,quec’eft: l’heure de vray en laquelle Satan,aduerfai-re (le noftrcfàlut,liure aux fîdelles de plus rudes amp; vio-lens affaux ,m.ais que là aufsi le Seigneur accroiftiX: redouble la vertu amp; force de fon efprit en eux,pour les rennbsp;dre viflorieuxen ce combat. Qjm ce que Satan s’efforce de faire pour les réduire .J defelpoir.eft, qu’il leur metnbsp;deuant les yeux la multitude innumerable des fautesnbsp;qu’ils ontcommifes, amp;. leur reprefente comme au del-couuert la turpitude, faleté lt;S; pollution qui a elle en leurnbsp;Vie: leurpropofant d’autre cofté la iuftice de Dieu, de-uaut laquelle aucune chofe ne peut fubfifter, qui ne foitnbsp;exempte de fouilleure amp; de tache,dontil infère qu’il n’ÿ
-ocr page 338-jio MEMOIRES DE
Efaic y j
Iphef.i
t.Tiai.i lean I
Attente pour les pccheurs, que d’vn horrible iugemenl contleinnacion.Qu^àces chofesil faut oppofer en premier Iieu( ainfi que Dauid fait au Pfeaume cinquante vn-lefine) la multitude infinie des compafsions de Dieu,nbsp;qui furpaflent en nombre infini la multitude de nosnbsp;pecliez.amp;pour le regard de laiufticede Dieu ,que nousnbsp;confeflbns qu’aucune creature fouillée de péché ne peutnbsp;porter le regard amp; examen d’icelle, fi elle eft 1 à appelleenbsp;à conte: mais aufsi que nous fçauons que Dieu n’entrenbsp;point en iugement auec ceux qui croyent en fon fils,ainsnbsp;leur alouë la iuftice amp; obeiflance accomplie d’iceluy,la*nbsp;quelle feule peut refpondre à fon iugement : amp; pourtantnbsp;aufsi en icelle feule ils efperent confifter deuantfaface,nbsp;amp; non en leur piropre dignité ou merite.Que s’ils auoy-ent à compaioiftre deuantlethrofne de Dieu,pourl-tr®nbsp;ceuoirle iugement qu’ils ontmerité,ils auroyentdevraYnbsp;Gccafion d’ellre engloutis d’vn total defefpoir,autant denbsp;fois qu’ils regardent à la iuftice de Dieu : mais quand d’nbsp;jettent leur veué fur celuy , lequel eftant fils éternel denbsp;Dieu a veftii cefte panure nature humaine, pour en icell®nbsp;porter La peine qui nous eftoitdeuë amp; nous en acquire’’’nbsp;lors La iuftice de Dieu nô feulement ne les eftraye potJ’*'’nbsp;mais pluftoft les confole amp; aftctirc.pource qu’ils fontte*nbsp;fterefülution,que puisque Dieu eft iufte.il ne peut reqquot;^nbsp;rir payement d'vne mefme dcbte deux fois,pourrai’*'nbsp;ayant receu vue fatisEuftion acomplie amp; parfaite , de tt'nbsp;luy qui s’eft conftitué noftre plegc,amp; a faiét le p^'en’^*\nbsp;denosdebtespouriious,en cela nous auons afleurâi’t*'nbsp;qu’il ne La peut plus requérir de nous. Aquoy il fautra?^nbsp;porter ces léntcnccs,que Chrift a porté nos langueurs ƒnbsp;douleurs: Qipelacorreëbo de noftre paix a efté mift^**^nbsp;Iuy:Quc par fa plave nous auons guarifon: Qjie nous anbsp;lions tous erre amp; failly.mais le Seigneur a mis fur luynbsp;niquité de nous tous: Qifil a payé ce qu’il n’auoit pas ’’’*,nbsp;iiy; Qu’il eft noftre paix ScappointementenuersDi“-’”’nbsp;Que c’eft l’agneau de Dieu qui ofte les pechezdu n’®*’^nbsp;deTEt plulieurs autres fentences que le Miniftre aioU'nbsp;continuant ce propos aflez long temps, pour ceftenbsp;me confideration, qui meuteefte vertueufe Princeft^ ,nbsp;demander d’eftre fortifiée contre les tentations gt; P’^*' ,,nbsp;ouc’
-ocr page 339-L’ESTAT DE FRANCE. ju (juelles Satan s'efforce en l'excremité de la vie,d’esbranf-1er amp; reniierïerdu tout la foy des fideles. Eten ßn de cenbsp;proposconclud que laiufticede Dieu ne doit plus eftrenbsp;effroyable à ceux aufquels Clirift eft faiftde parluy iuftinbsp;ce amp; redemption, amp; qui reconoifl'ent, qu’iceluy lefus i. Cor. inbsp;Chrift qui n’a point coneupeché.a efté faift péché, c’eff ànbsp;dire oblation pour le péché pour nous.afin que nous fuf- x.Cor.ynbsp;fions iuflicedeDieu en luy.
Etaiouflantàcel3,queces chofes eftoyent dites , non de tous hommes indifféremment, mais de ceux feule-nient qui crovent au fils de Dieu, qui fc repofentdu toutnbsp;fiirlemerite de famort, aufquels ce merite fuffit pournbsp;tout moyen de faluî,felon la doétrine de Sainft Pierre,amp; Aô. 4nbsp;qui fe contentent d’iceluy feuhilluy demanda fur ce pro-pos,fi elle auoit pas fa confiance du tout arrett'ee fur le-fus Chrift crucifié pour fes peche7.,amp; reflufcité prour fa iunbsp;ftification. A qiioy cefte Princefle avant refpondu qu'elle lîattendoit falut, iuftice ni vie d’ailleurs , que de fonnbsp;feul faiiueur lefus Chriff, amp; eftoitafleuree que le meritenbsp;d’iceluy fuffifoit abondamment pour pavement amp; fatif-faftion de fes fautes,encores qu’elles fuflent inniimera-bles;LeMiniftreluv di£t,qu’elleeftoit par ce moyen af-feuree qu’elle ne pouuoit entrer en condemnation, maisnbsp;eftoit ia paffee de la mort à la vie;amp; print de là argumentnbsp;derechef de r’entrer fur cepVopos,que n’ayant aucunenbsp;occafîondeplus redouter le throfne de Dieu qui luy e-ftoittlirofne de grace amp; mifericorde, l’heure de la mortnbsp;Iny deuoit eftre grandement fouhaitable, veu qu’elle nenbsp;luy pouuoit eftre qu’vne introduftion envnevic meillcunbsp;’'c,amp; l’heure enlaquelle le Seigneur efluyant fes larmesnbsp;la recueilliroit auec foy.Qffelle deuoit continuellementnbsp;rtiediter cefte belle fentence ; Qffe bien-heureux fontnbsp;ceux qui meurent au Seigneur , que des lors ils ferepo-fient de tous trauaux . Qiie c’eft l’heure en laquelle ellenbsp;iouyroit de I.1 compagnie amp; prefence vifible de Chriftnbsp;fon efpoux, feroit affbciee auecles anges amp; efpnts cele -ftes,auec les fainds Patriarches , Prophètes, Apoftres amp;nbsp;Martyrs du fils de Dieu, pour iouvr auec eux d’vne mef-me félicité amp; gloire. Surquoy le Miniftre pourfuyuancnbsp;amp; voulant encores fonder de plus pres, fi elle laiflbic
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511 MEMOIRES DE cefte vie à regret,luy vû Je ces mots . Et bien MaJaniftnbsp;s’il plaiit donc à Dieu mettre fin par cefte maladie ànbsp;panure pèlerinage terrien où vous eftes encores aaccnbsp;nous,amp; vous appeller à foy comme il y enade grades iPnbsp;parences,voulez-vous pas allègrement aller à Iny?Anbsp;la cefte excellence Princefle d’vn courage amp; magnanin’'nbsp;té grande, amp; fans aucun eftonnement relpond , ouynbsp;vous afteure.Le Miniftre redouble, regardez doncnbsp;dame,des yeux delafoy,Iefus Clirift cc grand Sauueuf'nbsp;afsis à ladextre de fon pere,quivous tend les bras £0»^nbsp;vous y recueillir.voulez-vous pas aller à luy ? ouy ievousnbsp;allèure dit-elle, bien volontiers, amp; plus volontiers beaU'nbsp;coup que ie ne demeurerois au monde,oü ie n’appcrçoynbsp;rien que vanité. Le Miniftre ne continua point d’auan-tage cc propos,mais luy ayant demandé fur cela s’ilnbsp;. plaifoit que la priere fe fift', amp; que beaucoup de gensnbsp;bien,qui eftoyent là, conioignilTent à fes prières, 1^’nbsp;leurs, ledit Miniftre continua la priere allez longue'nbsp;ment, pendant lequel temps, cefte Princefle nionift*nbsp;roufiours vue ardeur amp;; affedion veliemente à inuoqn^^nbsp;Dieu.
Pourtant le Miniftre apres la priere luy dit,que voVî®^ en elle tant de bons amp;; certains tefmoignagesdefaf“-'nbsp;pentance, amp; du defplailîr qu’elle auoit des otFences PJ“^nbsp;elle commifes cotre Dieu, enfemble l’afleurance qu’d'®nbsp;auoit en fa mifericorde,luy comme Miniftre de l’Eui'’'nbsp;gi'e,amp; Ambaflâdeur du fils deDieu,au nom amp; en l’autl'*’nbsp;nté de celuy qui lu v auoit mis en la bouche la parollcnbsp;reconciliation, l’aflèuroit que fes pecliez luy eftoyentnbsp;mis de Dieu,qui luy en auoit fait pardon, amp; que iaffl**’nbsp;ils ne viendroy eut en conte deuant fon iugement, Sc qti2nbsp;elle n’en deuoit non plus douter que fi le fils de Dien e'*nbsp;perfonne luy difoit,tes pechez te font pardonnez. Etqtienbsp;pour rendre en ceft endroit les panures côfciences crainnbsp;Ivan 10 titles plus aireurees,Chrift auoit vfé de ces mots,parl^'’^nbsp;Niatch. I« jgj Miniftres de fiparolle,Qu’àtous ceux,aufquelsilsnbsp;mettroyentles pechez,ils leur feroyent remis quenbsp;qu’ils dellieroyentici bas, feroit deflié éscicu.x . Voirenbsp;d’autant que la parolle qu’ils annoncent n’eft point p*nbsp;rollehumaiiie,maisparoüe de Dieu, ayantvnmefu'^nbsp;poitl'-
-ocr page 341-L’ESTAT DE FRANCE. jij poids,que s’il laprononçoit luy-mefme. Sur cela demannbsp;da à celle Princeflè, fi elle reccuoit pas ce meilige tantnbsp;gracieux, qu’il luy annonçoit de la remifsion de toutesnbsp;les fautes:Ce qu’elle alTcura faire , aiouftant qu’elle n’ennbsp;faifoit aucun doute.
Peu de temps apresces exhortation,l’Amiral eftant fur uenu,amp; auec luy vn autre Miniftre, elle ouytaufsiceftaunbsp;treMiniftre affez long temps,l’exhortation duquel ten-doit àmefme fin que la precedente ,amp; qui à la fia defonnbsp;propos aiouftaaufsi vne priere qu’elle ouyt encores denbsp;grande affeftion. Au relie elle requit que ces deux Mininbsp;ftresdemeuralTent toute celle ninth là en fa chambre , amp;nbsp;ne s’elloignalTent d’elle.La plus part de celle nuitl fepaf-fa en admonitions,qui furent faites .à celle Princefle parnbsp;ces deux Minillres l’vn apres l’autre: amp; outre lefdites ad-monitions,ayant cômandé qu’on luy fill lefture de quel-qs beaux palîages de l’eferiture : l’vn des deux Minillresnbsp;leutdeuant elle depuis le quarorziefme chapitre de S.nbsp;Ican,iufques au dixfeptiefme. cela faith, ayant fait ceflernbsp;lalefture,la priere fut faifte,apres laquelle la Roynevounbsp;lutvnpeu repofer,mais bien tollapres elle commandanbsp;qu’on leut encores:furquov l’autre Miniftre ayant clioifinbsp;quelques Pfeaumes de Dauidpleins d’ardentes amp;affeftiônbsp;nees prières, côuenables à l’affliftion ou lors elloit celtenbsp;Princcire,eii fit lefture deuant elle , amp; avant pour le dernier leu le trétcvniefme Pfeaume, où Dauid entre autresnbsp;propos,recommandefon efprit en lamain de Dieu,pro-teilantde l’afTciirance qu’il auoit d’ellre racheté de laygt;nbsp;Ibn Dieuveritable;L.a Royne comm.rda derechef fur ce-laque la priere fuft faite,amp; ainfi fe palTa corn me i’ay dift,nbsp;iaplus part de celle nuift,en admonitions,leftures amp;prienbsp;rcs:fans qu’en aucun des propos de celle Princeffe les Minbsp;niflres peuflent apperceuoir, qu’elle eull regret à celtenbsp;vie.Qn,i pluseft encores que quelques iours deuant qu’elnbsp;le tombait malade, elle fefullmonltreefortalfeftionneenbsp;à preparer quelques pompes amp; magnificences pour lenbsp;iour des nopces du Roy de Nauarre Ion fils, telles qu’elle ellimoit conuenables à la grandeur de l'alliance qu’elle prenoit : C’ell chofe admirable que depuis qu’elle fullnbsp;faille delà maladie dont elle ell morte,Dieu luy fit telle-
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314 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;E MOI R E S DE |
ment oublier toutes telles cliofes gt; qu’elle ne iam’ais femblantde s’en fouciereii façon que cefuft- j
Cefte nuiét ainfi bien employee par celle vertue“ | PrincelTe.lc lendemain ayant touliours perl'eueré a i“ ,nbsp;ftrer en toutes fes allions ligne de pieté, amp; foy ardeunbsp;palTa de cefte vie en l’autre, rendant doucement fou®nbsp;prit à Dieu,entre les huiétamp; neuf heures du matin,nbsp;iour de luin lyyi.en l’an 44. de fon aage,qui eftoit le 1'^,^nbsp;iefme iour de fa maladie.Ellc parla touliours fortinté^ ¦nbsp;giblement iufques à l'heure de fa mort:amp;fe monln.'nbsp;non feulement en ce qui concerne le falut del’ame,!“^^nbsp;aulsi en fes autres afaires , d’vn elprit aufsi fain qu’ell“ *nbsp;uoit iamais eu.
Et afin qu’on ne fe doutall qu’on luy euft faiUqué^S** tort,amp; qu’on ne dill qu’on l’auoit fait mourir parnbsp;ellefut ouucrte auec toute diligence amp; curiolité parnbsp;lieurs dolles amp; experts médecins amp; chirurgiens, quiWnbsp;trouuerent toutes lesp arties nobles fort belles tk enr'fnbsp;res ; hors mis les poulinons,qui elloyét de longuenbsp;grandement intereflez du collé droit, où ils’elloitforKnbsp;vue dureté extraordinaire, amp; vn gros apollume. Chonbsp;qu’ils ingèrent tous auoir ellé(quât aux hommes)la t*“'nbsp;le de fa mort.Mais on ne leur commanda d’ouurir le jnbsp;ueau,qui fut caufe que trouuans quelque mal au corpsgt;‘nbsp;dirent leur auis de ceha feulement.Le temps defcouurir*nbsp;les dinerfcs pratiques de la Royne mere en celt endroir-
Voyla en brief cequei’ay penlé mériter d’eftreco“' ché parefcritfurcefait.Priantceuxqui ont eu plus de c“nbsp;noilïànce que mov,de tant de bonnes parties dont Die“nbsp;l’auoit ornee,ne les vouloir enfeuclir par leur lilente-ains les mettre en lumière amp; euidence,à ce que d’vn collé cela ferue d’exemple .à lapolleritc ; Et d’ailleurs nousnbsp;apprenions à louer Dieu de fa fermeté amp; conllance.
TESTAMENT DE L A
Royne de Nauarre.
Z^Onipariiten la prefencede lehâGaiidicher Euftace Goguver notaires du Roy noquot;nbsp;'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ftvc
-ocr page 343-L’ESTAT DE FRANCE. 515 ftre Sire au Chaftelet de Paris, treshaute amp;nbsp;vertueufc Dame amp; Princeffe, Icanne,pat lanbsp;grace de Dieu, Royne de Nauarre, Dame fou-ueraine de Bearn, Ducheflè d’Albret,de Beaumont, amp;Ducheflê Douairière de Vendofme.nbsp;Laquelle gifanr au lift malade,toutesfois fainenbsp;d’entendement ,ainfi qu’il eft apparu aufditsnbsp;notaires, A fait fon teftament,au nom du Pere,nbsp;du Fils amp;du fainft Efprit. Erpar iceluy ordonné ce qui s’enfuit.
Premièrement a recommandé fon ame à Dieu,le priant affeÛneufemét de bon cœur, auoir pitié amp; merci d’elle, luy remettant fes oirenfes par le merite de lanbsp;mortamp;palsion de fonfils noftre Seigneur lelus Chrift.
Veutamp; ordonne fon corps eftre inhumé au lieu où. eft inhumé le feu Roy Henry fon pere,amp; ce fans aucunesnbsp;fgt;ompes,mais felon la Religion reformée de laquelle el-e fait profefsion.
Item a commandé amp; commande à moniîeur le Prince fon fils de viure tous les iours de fa vie felon l’infti-turion que Dieu luy a fait la grace de luy donner par fa parole, conformant fes meurs à icelle, fans s’en laiiTernbsp;deftourner d’vne ligne par les appafts des voluptez amp;cor-ruptions ordinaires de ce monde. Elle luy commandenbsp;aufsi de faire fongneufement , inuiolablement, amp; denbsp;poinâenpoinâ obferuer en fes pays fouuerains de Nauarre amp; de Bearmles ordonnances ecclefiaftiques qu’ellenbsp;icy deuant fait publier, amp; l’exercice de la Religion telnbsp;qu’il y eftàprefent.s’afleurant bien que s’il honore Dieu,nbsp;Dieul’honor.era.
Item luy a commandé d’auoir foigneufement l’oeil fiir fa maifon, en baniffant d’icelle tous Atheiftes, Flatteurs,nbsp;Libertins,amp; perfonnes de mauuaifevie amp; exemple . Etnbsp;d’appeler pres de fa perfonne, amp; pour la conduite amp; ma-niment de fes afaires, perfonnes,dequi la pieté , craintenbsp;de Dieu, amp; la vie en particulier,foit cognuë pour bonnenbsp;ôtnonfcandaleufe.
-ocr page 344-516 MEMOIRESDE I
Luy recommande aufsi expreflementdeprédrelatu telle amp; defenfe de Madame Catherine là lœurduy lerua^nbsp;apres Dieu,de pere, de protecteur amp; conduâeuf, appf®nbsp;chant pres de làperfonne, outre madame deTignoiquot;'**nbsp;le , qu’elle entend ertre fa gouuernante, comme parnbsp;pafle, les Dames de Vaux, de Frontajilles, dtlaDamoYnbsp;felle du Perray, qu’elles entend eftre couchées en Ion cnbsp;liât, dames de qualité, de la Religion reformée,nbsp;quelles la vie amp;; les meurs relpondent à la profefsion®^nbsp;la vraye Religion.luy defendant pareillemétd’vferdaanbsp;cune rigueur contre ladite Damefa fœur, amp;au contr^nbsp;re luy commandant de la traiter doucement amp; paiûb'^nbsp;ment,amp;; la faire nourrir en Bearn,iuf]ues à ce qu’elle 10'.nbsp;en aage d’eftre mariée auecvn Prince de fa qualité,nbsp;Face proFcFsion de la vraye Religion, en laquelle elle ƒ'nbsp;nourrie, qui craigne Dieu, amp; duquel les meurs amp; con“*'nbsp;tions foyenttelles,qu’ils puilTent en vn bon amp;fainâin'’’nbsp;riage viure paifiblementamp; fainftement enfemble.
Prie aufsi trelînftamment monditS.IePrince fonfin* d’aimer monfieur le Prince de Condé, fon Coufin,coif'nbsp;me fon propre frère, Si le tenir en ce mefme rengamp;dfquot;nbsp;gré, comme aufsi elle defire qu’jl face le fcmblable “nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
monfieur le Marquis de Conty , lequel Ipecialemoquot;^ elle luy recommande.comme elle fait pareillement aii'nbsp;tant que faire fepeut, l’entretenementde l’amitié amp;'¦n®nbsp;defdits lîeurs princes auecmoniieurl’Amiral, pourftt'nbsp;uir à l’honneur amp; gloire de noftre Dieu.
Etpourtefmoigner iufques au dernier foufpir de *¦’ vie la vrave amp; maternelle affeftion qu’elle porte à in^®'nbsp;dit fcigneiirle Prince fon fils,iScrecognoilTaiit l’obeifl^'’'nbsp;ce qu’il lu V à toufiours rendue, l’inftitue amp; declare loquot;nbsp;heritier vniuerfel par cefte prefente difpolîtion teft^'nbsp;mentaire:letoutfuyuantamp;au contenu du contrat donbsp;mariage fait entre le feu Roy Antoine fon mary Sc dl®’nbsp;amp;: des articles dernierementaccordez .à Blois, amp; figno^nbsp;dnRoVide laRoynemere, Si d’elle, fur les comiention’nbsp;de mariage de Madame fœur du Roy, amp; de mondit lo'quot;nbsp;gneur le Princefon fils; lequel contrad amp; conuentioiPnbsp;clleconfermeamp;approuuepar ceprefent tcllameiit 0quot;'nbsp;tant que befoin feroit,
Etc®
-ocr page 345-L’ESTAT DE FRANCE. 517
Eten ce que concerne Madame Catherine fa fille,elle veut amp; entend qu’elle ait amp; prenne fon partage amp; fa legitime qui luy peuuent de pourront eftre deus par fanbsp;mort,au contenu des loix amp; couftumesde fes pays fou-uerains de Nauarre, Bearn amp; Domezan, es pays du droitnbsp;efcrit, felon le droit elcrit, amp; des couftumes,es pays cou-ftumiers.efquelslefdits biens fontafsis.
Outre elle donne à madite Dame Catherine lafille, toutes les bagues amp; loyaux qu’elle a àprefent, enfeniblenbsp;tous ceuxamp; celles que monfieur le Conte Ludouiedenbsp;Naflàuauoit engagées en celle ville de Paris, appartenant à M.le Prince d’Orenge fon frère, que ladite Dainenbsp;a du confeiitement dudit feigneur Conte, retirez desnbsp;mains de celuy qui les auoit achetez, pour la fomnie denbsp;treze mille liiires tournoys, au cas que lefdites bagues amp;nbsp;loyaux ne foyent ci apres retirez, en rembourfant laditenbsp;fommede treze mil liures,par ledit feigneurPrinced’O-tenge,ou autre ayant charge fpeciale de luy.Outre luy anbsp;donné le tiers de toutes fes autres baguesifon grand collier,amp; legrand rubv ballavfque ladite Dame a engageznbsp;en Angleterre)exceptez,qu’elle veut eftre héréditaires ànbsp;lamaifondeNauarre . EtoùlefJites bagues amp; loyauxnbsp;duditfeigneur Prince d’Orenge ferovent retirees , donne a ladite Dame fa fille, ladite fomme de treze mil li-tires tournoys, qui fera rembourçee. Et au cas que pournbsp;fuppleer laiufte valeur defdites bagues amp;. loyaux ,ii fal-left encores fournir quelques fommes de deniers auditnbsp;fcgncur Prince d’Orenge , ladite Dame veut que leditnbsp;l'igneurPrince fon fils,la paye amp; la fourniffe de fes propres deniers, amp; ce faifant, que tous les loyaux amp; baguesnbsp;demeurent à ladite Dame fa fille. Et ou ledit feigneurnbsp;Prince ne voudroitfuppleer ce qui reftera pour la iuftenbsp;'’îleur defdites bagues amp; ioyaux.ledit feignent Prince fenbsp;contentant en ce cas de ne les retirer point, elle fait donnbsp;en ce cas à ladite Dame fa fille, de la moitié de toutes fesnbsp;™gues amp; iovaux, lefdits collier amp; rubv ballav exceptez,nbsp;corne delTus. Outre .à fait don à ladite Dame Catherine,nbsp;ce par precipinde fa bordure d’em eraudes.
Dauantage, elle commande .i mondit feigneurfon “''gt;d’auoir^efgardàfesdomeftiques amp; feruiteurs, auf-
-ocr page 346-3'i8 M E M o I R E s D E | quels elle donne outre les gages qui leur font deus,dcuïnbsp;années entières de leurs gages, (ans conter l’annee de I*nbsp;mort. Outre,de les traiter comme elle a traité ceux dudit feu Roy Antoine fon mary.
Et entre ceux qu’elle entend qui feront pres de la pef' i fonne de mondit Seigneur le Prince fon fils.en pareil de- |nbsp;gré, eftatamp;qualité qu’ils fontamp; ont eflé pres d’elle diel' |nbsp;don feruice: Elle luy recommande fpecialement,amp; commande exprelTément comme perfonnes defquels elpnbsp;cognoilt la fidelité, diligence amp; experience, les fleurs denbsp;Beauuoir,de Francourt,amp; de Betut.
Elle fupplie aufsi treshumblement amp; au nom de Dieu, le Roy,la Royne,laRoyne mere,Monfîeur,amp; Monlieufnbsp;le Duc, de prendre mondit feigneur le Prince fon fils®nbsp;madite Dame Catherine auec tout ce qui leur appartieuSnbsp;en leurs defenfes . Suppliant en particulier treshumbl^'nbsp;ment fa maiefté de leur permettre de faire l’exercice denbsp;leur Religion en quelque lieu qu’ils foy ent.-fuppliantaul-fl Madame, d’aimer Madame Cacherine,fa fille, commenbsp;fa fœur.
Finalement elle prie monfieur le Cardinal de Bourbon de feruir de pere amp; de protecteur à mondit feigne''^ le Prince fon fils,amp; à Madame Catherine (a fille, amp; “lYnbsp;auoir foin comme de ceux qui luy touchent de fi pres denbsp;fang amp; d’amitié.
Pour toutes lelquelles chofes fufdites executer complir, ladite Dame aefleu executeurs, Mefieigncii^nbsp;le Cardinal de Bourbon,amp; Conte de Colli^y Amiral denbsp;France:aufquelsamp;.à chacun d’eux feul amp;;^our le toi'^’nbsp;elle a donné permifsion de l’accôplir de poinft en poiquot;nbsp;felon fa forme amp; teneur.Ce fut fait le Dimanche huinc''nbsp;meiourde luin, l’an mil cinq cens foixanteA; douzCien-uironles onze heures du matin.
Ainfî figue Gaudicher amp; Goguyer.
Le progrès de la vie de céfte Princefie, .à elle bien autre que celuy des hommes defnuez de pieté:veiilt;l*'^ ayant des long temps efté appelée .i la cognoiflaneednbsp;fon falut,elle y .a perfeueré auec vne côftance admirablC'nbsp;furtout des l'an ipfio.qu’elle cômençaàdeclarerplusoquot;nbsp;uertement fa Religion,amp; à en faire profefsionpubli\u^^
-ocr page 347- -ocr page 348-310 MEMOIRES DE ftienne, qu’on ne pouuoit dire qu’elle fit paroiftre ï»®*'nbsp;aucun regret de s’elite embarquée en celte caule.
Et d’autant que depuis par quelque viftoire , Dl®® remit en main tous fes pays, principalement denbsp;raineté,amp; que défia par la paix elle en iouilToit fans cnbsp;tradiÊlion, les remonftrances qui luy furent faites parnbsp;plus grands ne luypeurentperfuaderde rien changernbsp;la Religion qu’elle y auoit introduite , ny remettre *nbsp;celle qui en auoit efté chaflee durât la guerrerdifaor ‘° .nbsp;uent que puis que Dieu luy auoit rendu fon pays, den®nbsp;de toute autre Religion que celle qu’elle eltimoit ia'nbsp;fteamp;vrave,elle ne permettroit iamais qu’vne autre y r®nbsp;derechef reftajhlie.
O Litre ce que delTus,chacun feait qu'elle s’eft touh®. monitree affeétionnee à la Religion , auec vn fing®“' nbsp;foin d’ouyr iournellcment les prédications de 1er p^nbsp;fleurs, faifant entendre à tous, qu’elle eftimoit en e®nbsp;confitter la marque des brebis de lefus Chriftiafaquot;®*^nbsp;d’efeouter volotiers fa voix,comme eflanc la vraye no®^nbsp;rituredel’ame.
Pareillement elle auoit vn foin fpccial à faire nourrrf amp; entretenir mefsicurs fes enfans en la crainte de D'®'*’nbsp;ne fe contentant pas qu’ils fuflent admoiinefteinbsp;ceux qui les auoycten garde,ains elle mefme les exh®^'nbsp;toit fouuent à leur deuoir, auec paroles graues,amp; plein®*nbsp;d’^tfeftion.
Dauantage,elle eftoit douce d’vn efprit prompt, cort,amp; d’vne grande rondeur , amp; intégrité: par le inoy®*’nbsp;defquelles vertus, elle n’efpargnoit aucuns, ains rond®'nbsp;lTicnt,amp; fans rien flatter,ou difsimuler,s’oppofoit aux xi'nbsp;ces, amp; niaintenoit auec toure liberté, ce qu’elle eftii®®'^nbsp;eftrc bon,amp; conforme à la volonté de Dieu.
Ce mefme zelc accompagné de confiance, s’eft enc®'' plus particulièrement monfiré en ce mariage, du Print®nbsp;fon fils: car en la difpute des ceremonies dont il fallo*®nbsp;vfer pour ceft eflèft.elle ne voulut iamais cÔfentir à cho-fe quelconque, ou il y allaftdufaiddefaconfcience;fagt;'nbsp;fantaflembler les plus doftes perfonnagesqu’elle pe®‘’nbsp;pour entendre par leur aduis, iniques ou elle pourroUnbsp;s’accorder aux articles qui luy ertoyent propolez, “nbsp;con-
-ocr page 349-¦CU a'^CE«
VE STAT DE nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;g, çourluyuj
'^nfcience (auue .Ce c^u’eUe nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;àecla.ïa.nt
^ortconftamment iufc^ues à Contre V i, plus petite a-cuts fois Qu’eVVe aimeroit mieux eV r ^^ifon en non moifeVledePrance, cpxe pour auancer jjoiffoit tenirnbsp;¦aeutiogencer fonîiieu. làutpieV ellenbsp;tout; ce c^u’ elle auoit de biens, amp; à non
®refme.
S’ENSVXVENT VES ep^ ta.çEes faits à ladite K-oynenbsp;deNauarre.
-ocr page 350-jii MEMOIRESDE VESTIG A. Non. Vis. Non. Casvs.nbsp;Ór DO. AEt E R N VS. FaTORVM.nbsp;lOANNAM. ALBRETIAM. N^VAK^ _nbsp;RVM. REGINAM. De. Medio. Spo.nbsp;Iele. Omnivm. Rervm. Moderator.nbsp;TV LIT. Vt. Post. Tot. ExANTlatos.nbsp;sores. In. Perpetvvm, Cvm. Eo,nbsp;Ac. CoNQJIESCAT.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I. L.
EPITAPHIVM IOANNAE AEBRETM^ Nauarræorum Regina;.
O fpes mortales fluxænimiûmque caducæl Regina ilia (ô Dij) tranquillæ pacis arnica.nbsp;Cui per lætitiam (_ fuerat non vlla falutisnbsp;Cura)fui naci foelicibus ex hymenæis 'nbsp;Conceptam.fibi non parcens Ipedacla parabatnbsp;Grata fuo populo,amp; thalamis decora ampla fiituris:nbsp;Cui vulnus morris fubitæ intercepta recepit,nbsp;¦jT Tale nihil fperans.Nam cur ram tempore læuo
Mors rapis hancrac non potius tunc,cum ipfa labotlUP Fe(ra,fuamque vicem pariter.populique doleb^tnbsp;Galli,quern cede alterna furiabat Enyo?nbsp;ludicis hæc opera altaDei.quiduraprobauitnbsp;Inter vt arma priusconllantis robora mentis,nbsp;Sic nunp in coelo dat prxmia digna me renti.nbsp;I.A.L.P.R.
Le mefme.
De penfemens fautifs,ô foy mal afleuree! Celle Royne(bon Dieu)quila paix einbralToit»nbsp;Rien que toute allegrelTe en fon cœur ne penfoitinbsp;Znbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Pour orner de fon fils l’alliance iuree.
Qui s’apprellantioyeufe à la fefte elperee, Vn fpeûacle nouueau pour le peuple dreflbit,nbsp;Délirant fa faueur.-Siirprife elle reçoitnbsp;La playe de la mort,quanil moins ell defiree.
morfeque ne ras-tu des ennuis deliuree, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
Lors one de toutes parts tant de .troubles couroy^'’ ’
Ô
La France forcenant de fureur enyuree.’
-ocr page 351-FRANCE. 5^5 Au r ƒDieu.Dieu prouua fa confiancenbsp;Donrnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;trauaux cjui fon aine cntouroyent:
‘«ciel.non la tefre.auoir la recoropenfe.
I.A.D.B-
^^igramma in obitvm
Reginas Nauarfa:.
cæîeftia fpirat,anhelum
'^lens corpus cefsic,Eumi(pue iacet.
Mitafi nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Aliud.
Cum?*^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EîCiReginaNauarrae.
^’'':ælum ^^*“?'P™ficns,tuin pia(fi qua fuit) ægrota.volatiti
tnortale habuit,fie fuit exiguu®.
^’esbaK-r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mefme,
pourquoy la Royne fie Nauarre lanonbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^onté,amp; pieté fi rare,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
^'cftlf Htie cinq iours à s’envoler au Ctel. P^Uqu’elle auoit en elle fie mortel.
Obitvm ioannat albre-
liæNauarræorum Reginæ:
d- A M £ N, inj ^ÿ^^^’4'tætanti confria cafusnbsp;mortalibusomen)
Y? quot;obis laeK^ ^enebris prastexerat orbem, pi^reEjt y^™^®’regipæ gaudia fecumnbsp;V^'^' fiefi^ J 5”*5“^.tlligt;nobifque labores:
'a *StUmeo*^”’ “'^eôqueinftrata cubili,
T, , ^tepiJ, pf“’ tnoribunfiâque membra trahebat,
K, tun,)«e ® ’®® querulas de gutture voces, fatittak ^^P“gnis:amp;numen rniquanbsp;O at,miferifque vlulatibus æfiesnbsp;X i.
-ocr page 352-514 MEMOIRES DE
Implebat,longas geminans ex ordine voces.
Sed nil fœmineo gemitu demiflà virilis Fœmina, defixos oculos immotà tenebat,nbsp;Blandè conuoluens atque ardua lumina ccfcloinbsp;Et iam deficiens fato morbôque prem entenbsp;Ingemit;amp; duplices tendens ad fidera palmas,nbsp;Componitvultum,dixitque nouifsima verba.
O pater,ô hoininum diuûnique æterna poteftas, Quo nos vfque pater,quo nos pater vfque relinquis?nbsp;Quando fœlicem placidaue quiete repoftamnbsp;Haue animan accipies,méque tac exoluere cura,nbsp;Quamuis indignam,amp; fanào dignabere monte?
Vixi:quemque mihicurfum mea fata dedere, Perfæuam belli rabiem,pérque inuida mundinbsp;Crimina,iam per te fœlix amp; tuta peregi.nbsp;Hæc mihi funt à te co!icefla,amp; numen in illisnbsp;Nunc agnofeo tuum,cum vix florente iuuentanbsp;AEtatis potui venturæ prouida fortisnbsp;Infauftas vifitare faces infaufti hymenæi,nbsp;Atque parum ftabili fociatas fœdere mentes:nbsp;Cùm me fœlicemfœlici proie beafti.nbsp;Et cùm Bellonç fureret male fana libido,nbsp;Sangüine.afquefacçs quaterettortûraque flagellunlinbsp;Qms,nifi tu, banc animam fæui de faucibus hoftisnbsp;Eripuit,curfùmque dédit pertela tenere,nbsp;Quam prius è vaftis Chrifti nece faucibus Orcinbsp;Su(hileras,eius ducentem é vulnere vitam?
Hanc igitur,cumvix tandem compagibus imis Hæreat.hanc noftrum folus dum putre cadauer,nbsp;Hanc inquam quæfo ne defere,neue mœrentemnbsp;Corripe,fed placido facilis me fufeipe vultu:nbsp;Vt tecum tandem longxuain pace quiefeam.
O pater omnipotens puræ mihi confeie mentis, Hanc femel exceptam cunftis tutare periclis,nbsp;Quæ per te toties erepta eft fofpes ab bofte.
Dixerat,amp; dilt;fto citius inoribunda reliquit Ofla animus fugiens,tenuéfque elapfus in aura^nbsp;Euolat, amp; coelo fefemanifeftus apertonbsp;Inferi;,amp; placida coippoftus pace quiefeit.
-ocr page 353-L’ESTAT DE FRANCE, iij Sonet.
Quiconque foit la bas quiva plaignant ma mort» 5’il me plaint pour foy-mefme,ô quel heur il m’enuieinbsp;S’il a pitié de moy,que i’ay perdu la vie,nbsp;Sache pauure ignorant qu’il me fait vn grand tort.
Si mon corps pour vn temps dans lefepulchre dort, L’ame au ciel versfon Dieu bien-heureufe eft ràuié»nbsp;leiouys d’heur parfait(auquel Dieu vous conuie)nbsp;En rompant de la chair amp;. du monde l’effort,
De toute pàfsion franche amp; libre mon ame Brufle tout en fon Dieu d’vne diuine flamme :nbsp;Prenant tous fes plaifirs qu’or ne pouuez fçauoir.
l’iy tout ce que ie veux.Car en Dieu toute chofe En fa perfeStion m’eft largement defclofe.nbsp;Brief en luy ie veux tout,amp; ie puis tout auoir.
T
Autre.
Apres tant de trauaux 8i grands troubles de guerre, ¦ ' Qw la Royne portoit pour tous les affligez,nbsp;Voyant que Dieu auoit tous les flens foulageznbsp;Des maux qui les tenÿyent, de fi long temps en ferre:
‘oyeufe d’au oit mis fi bonne paix en terre.
Tous les gens à bien faire eflans encouragez, A tout deuoir Chreftien les ayant veu rangez,
A fon Dieu, d’vn plain fault,s’en vole au ciel grâd erre, eftant comme mort,
Elle ne defiroit que de gagner le port,
jj, ^’affranchir de tempefte amp; tout mondain orage.
^«ft-ce pas bien raifon,puis qu’elle à combatu, Qo^ellereçoyue aufsi le pris de fa vertu,nbsp;Etdes threfors diuins remplifle fon courage?
C. B. D. G.
IN O B I T V M IOANNAE.
ALBRETIAE NAVARRORYM Regina:,Epigramma.
gemini fratres hæc aurealumina sentis
X 3
-ocr page 354-}2.6 MEMOIRES DE
Ifacidx’jfanéta daros de ftirpc nepotes, Per coniuratas acies inimicaque tel anbsp;Eduxere,nouo tranantes æquora curfu:nbsp;Tiimque vbi promifla ftatuerunt agmina terra».nbsp;Ceflcre,amp; vilæ mutarunt aêra terrae:nbsp;Sic vbi per medii difcrimiiia cœca profundinbsp;Optatos tetigit portus Regina,ratémquenbsp;Littore conftituit faluani,ferróque reuinxit:nbsp;Non ignara libi quanto maiora parenturnbsp;Incœlojhæc vtenda fuis concefsit.Atillanbsp;Euolat è terris,amp; fe cosleftibus addit.
O. F-
AIukI.
NuIIa eft Oceano,nulla eft tellure corufcans Gemma æquè,vt fueras fplendidç luce tua.
In te nobilitas,diuinâque vultus imago. Et faciles moressingeniûmque fagax.
In te lucebant probitas,pietafque,pudôrque Coniugii,amp;prudens confilium atque fides.
Ergo vt fplendebas cunèlis virtutibus orbigt; Mortua fie inter fidera clara nites.
’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;P. B.
Aliud.
Quo duce gens multos fuperauit facr.i labores, Pœnas diffifus pertulit ille graues:
Nec nifi vidit agros,quô gens vénère beata, Vllo nec tumuli funere confpicuus.
Atquæ duxfucratper totdifcriminarerum,
Hæc quia nil hæfit pacis ad vfque diem. Quo rapuit pietafque fidcfque,experta quietem efinbsp;Atque fuiim in populos ferpere pacis opus.nbsp;Nam fibi non fuerat,patri.a; fed nata iuuandæ,nbsp;Ftederis indues eftmeditata vadem.
Coniugio nati ætatem prouidit in omnein, Secli nonmemorans folius ipfafui.
His vbi confirluit-.defunfta eft munere vitæ, Quæ patriæ vixit,nec fibi nata fuit.
Quin magis iiiDomino moritur,quæ vixit eidem,
-ocr page 355-L’ESTAT DE FRANCE. .
latri.qu.e parans pacis pignus .alacris air. Deusjipfa tuam «{uoniam fum tuta falutem,nbsp;Seiuaminpacetuam,per tua verba,tege.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;S.P.
AUud.
Tœlix t^ux geminam capit vno funere vitam! Varna repletterras.fpiritus aftra colit.
Conàita nuda cauo iaceant licetoffa fepulcbro, Ad vitam fummobæc funt reuocanda die.
Sparfaprius ruptis creduntur femina fulcis, ObduCta vt penitus commoriantur bumo.
Cnnctalatenticum fxuitbyems fub frigore denfo, TeCticjue brumali fub niue terra nget.
Aftvbifunttepidis aepbyris Scfolibus vftæ, Soluuntur gelidæ,vere tepente.niues.
Affurgitteneris è molli cefpite fibris, Lxta debinc plénum falce fecanda feges.nbsp;Sic Kegina iacens tupta tellure refurget,'nbsp;Suppofitana terris nunc premit alta quies.
\ lune celfum Cbrifti apparebit ante tribunal,
l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;V t fidei capiat præmia digna fuæ.
l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Signâque cam pafsim v olitent prxnuncia Cbrifti,
\ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Coniicio aduentum non procul effe fuum;
In quo fe ûftens veftitu PvCgina decoro, Regnantis Cbrifti deferet exuuias.nbsp;SanftoTum reditus expcamp;atique triumpbinbsp;K Tune cum Cbrifto aderunf.bæc mea certa fides,nbsp;¦Dûmque tuo bas lacbrymas fundoRegina fepulcbro,nbsp;Me totum reditus fpes fouet alta tui,
C.B.B.C.
A Vantque veniràPariSiftnousfauttenirlapromeffe'Les maffa fl qu’auôs faite touchât la punitiôdes maffacreursd’O «eurs d'Onbsp;rêge. fin ce teps donc du feiour de laRoyne de Nauarre tenge pn-.àBloysamp;.aParis,legouuerneut d’Orenge au nom duetts-Prince, avantlongtemps attendu,fînalemét mit la mainnbsp;fur le collet de plufieurs de ces meurtriers qui furentnbsp;executex à mort,eftans fuffifammétcôuaincus, amp; confefnbsp;fans leurs cruautex .Les autres fe fauuerent debônebeunbsp;re, amp; furent leurs biens confifquex .Par ce moyen ceuxnbsp;de la Religion y demeurerenten beaucoup plus grande
-ocr page 356-5x8 M E MOIRES DE
feureté qu’au parauant.Et cela féru oit au Confeil fecil^’ qui auoit permis à ce gouuerneur, de choifirdes confeü'nbsp;1ers amp; iuges des Parlemens de Dauphiné amp; Languedoc»nbsp;pour inftruire les proces amp; drefler les fentences.-car ceu*nbsp;de la Religion de tous ces pays s’alTeurans par tel ffloyenbsp;d’auoirvnefermepaix, ilauiendroit qu’on les furpreô'nbsp;droit plu s aifément puis apres.
Or, pour reuenir àla Cour', ce n’eftoit point afles Côfeil fecret d’auoir attrappé la Royne de Nauarre: il J*nbsp;loit auoir dans Paris,les Princes amp; l’Amiral.Ainfi donc]®nbsp;Roy mande amp; follicite lefdits Princes,pour venir àPargt;’’nbsp;folennizer le Mariage du Prince de Nauarre (faitnbsp;par la mort de fa mere) felon les ceremonies qui ferç^^nbsp;veuës ci apres.Le Prince de Condé aufsi eftoit fiancé ànbsp;marquife de rifle , fille de lamaifonde Neuers,auecl^'nbsp;quelle il fut efpoufé à Blâdy en Brye, dix ou quinze iou^^nbsp;auant les nopces du Roy de Nauarre.Ce pendant,lenbsp;amp;. les courtifans plus apparens portoyent le dueil denbsp;Royne de Nauarre.Mais les plus auifez de laReliginft®^nbsp;mencerentà fe douter de quelque grand melchefD'®!*nbsp;leur ayant ofté vn fi excellent fupport.Quant à l’Am'C* ’nbsp;L'Amiral' Cauaignes fut enuoyé de la part du Roy luy dire qu’d quot;nbsp;l'ollicitcde laftà Paris tant poureftre aux nopces que pour I’afo’^^nbsp;lis.
de Flandres,amp; que foudain apres, le Roy ne ferortft';*' dele fuyure. Q^il ne deuoit craindre les menaces ngt; ‘nbsp;fureur des Pariüens.Car poiirce qu’entre les autresviU®'nbsp;du Royaume celle là cft la plus fuperftitieufe,amp; s’efin^nbsp;aifément amp;ordinairement,par les fcdicieux fermonsdnbsp;moynes,on ne fçauroit dire combien l’Amiral Aiceur^^*nbsp;la Religion y eftoyent mal voulus . loint qlfils cftoy^”nbsp;encor fort indignez,de ce qu’au mois de Décembrenbsp;cedant,la croix des Gaftines auoit efté oftee de la ruenbsp;Denis,à la fbllicitation dudit Amiral,comme il a efténbsp;ci deuant. Le Roy bien informé de cefte haine capi'^nbsp;desPariliens contre l’Amiral, lequel ilnc filoitpas !lt;’’¦*nbsp;effaroucher,efcriuit auPreuoft des marchans, lenbsp;çant de griefue punition s’il auenoit quelque trouble anbsp;venue de l’Amiral. La Royne mere amp; le Duc d’Anjou enbsp;eriuirent aufsi à mefme fin audit Preuoft amp; aux autr^^nbsp;magiftrats de Pàiïs,fpecia!ement à leurs feruitcurs y •
L’ESTAT DE FRANCE,
cuns defquels lauoyent quelque cKofe de la menee. BriefjOntafcliàpar tous moyens de leuer toutes occa-lîons de defiance,amp; applanir lé chemin du piege.Toft a*nbsp;ftes Btiquemauld le pere eft eiicor enuoyé vers l’Amiralnbsp;pour l’aucrtir que l’afaire de Flandres ne le pouuoit ma-niér fans fa prefence.
L’Amiral petfuadé par tantd’atgumens, ayantbonne LAmiral efperance amp; meilleur courage.dehrant chaffer du tout la''î'“'nbsp;guetre.horsde France,amp; peu à peu procurer vne fermenbsp;paixauKoyaume,fe refolut d’aller à Paris,nonobftant dinbsp;uers aduertiffemens de fes fetuiteurs, amp; gës dedâs amp; dehors le Koyaume,qui l’honoroyentgrandement,amp; defi-toyent,puis qu’il ne pouuoit côceuoir aucune liniftre opinbsp;nion duKoy,de fa mere amp; des leurs, qu’aumoins il confinbsp;détail en quel Ijeu ils’alloit fourrer, amp; parmi combiennbsp;d’ennemis.Luy qui s’efttüuliours appuyé lur letelmoi-¦giiagede fabönc confcience amp; fur laprouidcce de Dieu,
I teiettanttels auis,côme s’ils fuffentvenus de gés qui euf.
1 fét déliré quelques nouueaux troublesdc mit en chettlin
1 auec moyenne fuitte,amp; eftant artiué 3. Paris, au grand e-
1 nbsp;nbsp;nbsp;ftonnement de toute la ville,fut recueilli honorablemët
1 nbsp;nbsp;nbsp;duKoy,de fes frétés,de la Koyne mere amp;; des autres.
1 PeudeioursauparauantleConte Ludouic eftoitallé l tnFlandtes,acompagné de trois gentils hommes qui a-1 uoyent gland credit enuertl’Amirahafauoii Saucourt,lanbsp;' Noiie amp; lêlis.Le Koy leur auoit doné charge de regardernbsp;, fl par prompts moyens ilspourroyent fe faire maillres ,nbsp;\de quelques villes frontières de fon Koyaume. Ce mâdenbsp;mët elf oit fondé fur diuerfes rufes. Le Koy penfoit quenbsp;quidl’entieprife du Côte fuccederoitbié,il s’en pourroitnbsp;pteualoir,li dauenture fa menee en Ftâce ne fuccedoitànbsp;fonfouhaif.amp; qu’aptes s’ellte fetui de ces gentils homes,nbsp;il les fetoit mettre en pieces par le Duc d’Albe mefmes,nbsp;quiteceuoit de iout à autre aduertiffiements du cofeil fettet de ce qui fe paffoiten Frâcc. Qui® cHoignî^l^Nouc;nbsp;d’aupresl’Amiral il gaignoitbeaucoup,amp;qu’ille rattrapenbsp;toitpuis aprcsiamp;queceuxdelaKeligioquialloyétlàe-
1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ftoy ét aufsibôs taillez en pieces enFlâdtes q maffacrezà
\ nbsp;nbsp;nbsp;Taris.La Koyne mere qui ne void de guetesbô œil la no
\ bleffeFran(;oife, s’affeurât pat les paquets cnuoyez au \ Ducd’Albe,qlesîrâqois quiitoyét enFlâdtes auroyçnt
-ocr page 358-550 MEMOIRES DE baftonnade,laifloit faire fon fils. Ainfi ces gentils EóniCSnbsp;prennent le chemin des pays bas, au delcea denbsp;qui entendant ce depart ü précipité leur efcriuit qu’il se*nbsp;merueilloitfort de leur entreprinfc: qu’ils fauoyentbiellnbsp;qu’il luy eftoit impoflible d’afsébler forces auâtfixiernbsp;mailles,qu’ils auilaffènt de ne rien faire trop à la haftenquot;nbsp;ne précipiter tels defleins qui requeroyent pariées : q**ƒ.nbsp;conoiflbit l’ardente affeftiô du Côte Ludouic, mais qu “nbsp;faloit que tout fuft en train,amp; auoirfcome on dit)lanbsp;de prefte auantque fe mettre à table. Le Contenbsp;poulie de l’amour qu’il portoit à fon pays.craignat aiimnbsp;que le Roy ne tournaft fa robbe,furprend premierems*’*'nbsp;Vaicnciénes: mais ayant efté repoufle par les Efpig”®nbsp;qui eitoyétengarnifon au Chafteau ,il print foudainö^'nbsp;ment le chemin dé Môcs,amp; faiiit celle place, forte de ni'nbsp;ture,amp; bien munie de toutes chofes necelTaires pouf **nbsp;guerre.Cela futincôtinent diuulgué tât par toutelaFli®5nbsp;dres qu’en Frîce Si en Alemagne, dôt ceux de la Rel'g'”nbsp;commencèrent à efpérer mieux, amp; cela faifoitnbsp;que le Roy s'eiloitlors tout ouuertcmét déclaré, Ceq“*nbsp;efmeut aufsile Ducd’Albe,nonobllâtles lettres à luy®'’nbsp;uovees par laRoyne mere amp; fon Confeil fecret, dslt;hfnbsp;au lîeurde Montdoucet ambalTadeur de France esnbsp;bas ,qiie la Royne mereluy aiioitenuoyé des fleurs unbsp;Floréce.mais qu’il liiy réuoyeroit des chardôsd’Efpag”^'nbsp;Que ce n’eftoit ce qu’on luy auoit promisamp;auRoy‘®.nbsp;maiflre. Maisqu’auecleréps il en fauroitbiéauoirfaf^*nbsp;fon.Le confeil fecret amp; fpecialemétceux de Guife,aduf^nbsp;tisde ce mefcôtentemétduDuc,l’appaisét par bellespi'^^nbsp;les, amp; l’aduertilTcnt de fe tenir prell aueefes forces,P®'!nbsp;lêftoycr ceux qui marcheroyentau fecours deMontsunbsp;fauoyent cela,d’autant que peu deiours apres celle pf®nbsp;fe, lenlis retourna à Paris, amp; ayant fiit entendre au R®!nbsp;comme tout elloit palïe, obtint congé pour leuerq*!^nbsp;qiies côpagnies de gens de pied amp; de cheiiahfousle n®''nbsp;du Ros',amp; les mener au fecours de Monts.
Or l’Amiral voyant le Roy agité de diuers penfeP*^^ quand il elloit queflion de celle guerre de Flandres,nbsp;cor que de bouche il protellall qu’il vouloir tenir proff'|^nbsp;fe, au Prince d’Orenge amp; à fou frère, luy rcmonllra q'j^
-ocr page 359-L’ESTAT DE FRANCE. leDucd’Albe aflèmbloit grandes forces, amp; dreflbitvnanbsp;irmee:que fi le Roy ne fe vouloir defcouurir , il aduien-droic que plufieurs fe monftreroyent lafches ; que lesnbsp;moyens fe prefentoyent pour bien befongner, lefquelsnbsp;fi on laiffbit efchapper,il feroit mal-aifé de les recouurernbsp;puis apres: pourtant efioit bon de prédre l’occafion, puisnbsp;qu’elle fe prefentoit. Le Roy commença à protefterîànbsp;aeflus,qu’il ne defiroit finon de voir ceft afaire bié ackc-miné,voulant au refte entendre plus au lôg quels eftoyêtnbsp;ces moyens; afin de prendre auis fur iceux. L’Amiral luynbsp;déclara qu’il fauoit trois mil gentilsbômes qui feruiroy-entfa Maiefté encefte guerre. Dequoy le Roy mon*nbsp;ftrât receuoir vn grand contentemét,n’oublia de luy demander qui ils eltovent,amp; ou ils fe trouueroyét. L’Amiral luy en ayant nommé plufieurs, le Roy luy pria de luynbsp;bailler vn rolle des chefs, amp; des autres plus fignalez. Cenbsp;qu’eftatfait,le Roy defirât en cognoiftre d’auîtagc, pournbsp;les faire tomber au filé en plus grand nombre,cômençanbsp;à luy demâder ou eftoyét plufieurs de ceux qu’il ne voy-oit point efcrits ; luy difant qu’il fift venir vn tel amp; vn tel,nbsp;en les louant,côme vaillants amp; gens de bien. L’Amiral nenbsp;pouuantvoir à quel but cefte demande tendoit, promitnbsp;d’obtenir d’eux qu’ils viédroy ent pour marcher en ceftenbsp;guerre,amp;augméte ce roolle.afin d’encourager t.âtplus lenbsp;Roy,corne aufsi il le fut, mais pour toute autre entreprinnbsp;fe:amp; cepédant donna charge à l’Amirahde ^louruoir àcenbsp;qui eftoit requis ) fignantles commifsiony adrelTees auxnbsp;capitainespour foire les leuees nccelTaires à cefte guerre.
Lamortddla'Royne de Nauarre,mettoit plufieurs. en grand doute,ffecialementceuxde la Religiô,quid’unnbsp;colténe fauovieiitqu.e penfer veyans tant d’appareils denbsp;guerre;amp; de l’àutre,oyâs les orgueilleux propos des Catholiques en diuers endroits,eftoyét enangoifle.Cequenbsp;entendant le confeil fccret, délibéré de leur dôner afleu-rance,pour les attrapper àl’aife. Icnlis nouuellement retourné de Monts eut cecongé,pourleuer quelques cornnbsp;pagnies de gés de pied amp; de cheual fous le nom du Roy,nbsp;amp; les mener au fecours de ceux de Monts, qui eftoyentnbsp;afsiegez par le Duc d’Albe. Et pour la France, on fit vncnbsp;ordonnance, de laquelle la teneur enfuit.
-ocr page 360-331 memoires de
SA M.iieftc voulant que tous fes fuiets viuent enaffli' ciéles vns auec les autres , Si que toutes inimitiez Snbsp;diflenfions, pour quelque caufe amp; occafion que ce foit»nbsp;s’oublient, defend trefexpreflement à tous fefdits fuiets»nbsp;de quelque qualité amp; condition qu’ils fovent, de renou-ueller aucunes chofes des querelles paflees, ny cerchefnbsp;occafion d’en faire ou faire faire de nouuelles, porternbsp;tirer d’aucunes liarquebouzes, piftblles, nv piftolets,«nbsp;battre, ny feulement tirer elpees en querelle,fpeciale'nbsp;ment à la fuitte de fa Cour, amp; en la ville de Paris amp; faux-bourgsd’icelle,fur peine delà vie.Maisques’ily auoito**nbsp;fürucnoit quelque debat ou querelle entre ceux qui fo*'*'nbsp;amp; feront à la fuitte de faditte Court, Qiæ ceux quinbsp;©nt ou auront,fi cefontgentils-hommcs,/ eftant quC'nbsp;ftiondeleur honneur,ils ayentàfaire entendre Icuf’nbsp;différents à Monfeigneur le Duc d’Anjou, frere amp; Li^**'nbsp;tenant general de ladite Maiefté,reprefentantfanbsp;ne par tous fes R oyaumes amp; pays, pour leur en fairenbsp;rc reparation, amp; leur pouruoir promptement, ainfinbsp;appartiendra. Et que ceux qui lourde moindre quau'nbsp;ayentàfe retirer par deuantfon grand Preuoft. Etpoquot;^nbsp;le regard de ceux qui ne font de fa cour ny de la fu*^nbsp;d’icelle, eftans ou qui feront audit Paris, amp;es enuirou’’nbsp;qu’ils ayentà s’adrefler à ceux de la luftice : aulquelsnbsp;Maielfé mande leur pouruoir promptement, ainfi4“'nbsp;appartiendra. Voulant aufsi fadite Maiefté, que tout^nbsp;perfonnes n’eftans au léruice des Princes amp; lèigncunbsp;qui font de fa cour Si fuitte, ou aduouez d’eux, amp; auf®’nbsp;rfayans charges ou afaires, pour lelqu'els ils doyuc^tnbsp;ftfeàla fuittede fadkte cour: amp; pareillement tous vanbsp;gabôiis'amp; autres gens fins adueu, eftans en ladite viH®nbsp;îahxbôurgs de Paris, qu’ils avenr à en vuidér dans vin^nbsp;Dtiàïfe hetiresiapfes la publication de cefdites prçfent^nbsp;fur peine de la hart.Èt alî'n que perfonné n’ennbsp;tendre caufe d ignorance , la prefente ordonnance 1®nbsp;publiée à fonde trompe par trois diuers iours eonfi^f^nbsp;tifs en ce lieu, amp; en la ville de Paris, amp; d’abondant ladgt;nbsp;publication rciterce tous les famedis, mandant amp;nbsp;mandant ladite Maiefté à fondit grand Preuoft,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tig
Lieutenans,amp;aulsi,àfes officiers amp; iufticiers en
-ocr page 361-L'ESTAT DE FRANCE. 355
'’ille de Paris, faire curieufement garder amp; obferuer la-•litte prefente ordonnance, fur peine de s’en prendre à eux en leurs propres amp; priuez noms : amp; icelle faire acta-*nbsp;eher par affiches en certains lieux eminens où Ion lanbsp;puiflc lire.Fait au Challeau de Boulongne le cinquiefmenbsp;lour de luilletnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Signé CHARLES.
Etaudeffous, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;PIN A RT.
Et à la fubfcription eft efcrit ce que s’enfuit:
A noftte amé amp; féal le Preuoft de Paris,ou fon Lieutenant ciuil.
Cede ordonnance fut publiée à Paris le 7, iour de luillet,
IÎ72.. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
IL reftoitd’auoir les Princes, car l’Amiral eftoit au f.lé. Pe'quot;' On leur efcrit tant de lettres ,amp; leur enuoye-ontant“’^^!''''¦nbsp;detneflagers qu’on les fait venir finalement à Paris en cenbsp;mefme temps, ou le Roy eftoit venu pour faire les nop-cesdefa forur . Plufieurs Seigneurs amp; gentils-hommesnbsp;de la Religion accompagnèrent le Roy deNauarre,amp;lenbsp;Prince de Condé,au deuantdefquels prefques toute lanbsp;Cour alla.Ils y furent recueillis duRoy,de fa mere,de fesnbsp;frétés, des autres princes, de Madame Marguerite,Si desnbsp;Princeffcs, comme ils le pouuoyent defirer en apparence.
Comme le Roy de Nauarre eftoit fur fon voyage Si Lettre! au preft à fe rendre àParis,vn doéle petfonnage refpefté denbsp;la feuRoyne fa mere,luy efcriuit des lettres,qut meritét,nbsp;(ce mefemble^d’eftre infeteesen ces memoites.Telle e-ftoit la teneur d’icelles,felonqu’onles apeu exprimer dunbsp;Latin. S IR E, c’eft àfaire àvn cœur genereux,non feulement de ne flefehir fous le faix des aduerfitez, mais auf-fi de leur refifter , voire s’efueiller par ce moyen à fairenbsp;chofeslouables,amp; tafclrer d’auoir le deffus. Parquoy,puisnbsp;qu’il a pieu à Dieu vous donner ceft efprit heroique,amp;nbsp;des voftre enfance vous façonner à la vertu ; dauantage,nbsp;vousinftruireenlacognoiffance de fonpurferuice, auquel fon efprit eft comme enclos, pour reueftit de coir-ftance amp; force inuincible, les plus petits du mondemous
1 efperons que celle grande playe, qui depuis peu de iours a fi griefuement nauré amp; vous amp; toute l’Eglife, ne vousnbsp;abbatta pas du tout, mais au contraire fera paroiftre la
-ocr page 362-ÎÎ4 MEMOIRES DE magnanimité que Dieu vous a donnée. Quat à moyif®*nbsp;queDieu m’a comis vne en charge en fou Eglife,amp;q“ quot;ƒnbsp;pieu à la Royne voftre mere , me tenir (comme vous Mnbsp;liez) au ragde fes feruiteurs, ïa.y eftiméque mofldeuO(nbsp;eftoit de vous prier tic adiurer au nom de lefus Chrift’*nbsp;qui vous auez efté dediédes voftre enfance,que vouspo^nbsp;fuiuiez ce chemin hardiment,courageufementamp;côlU*’'nbsp;ment,tîtque foyez paruenu au bout delacourfe,laquf*‘,nbsp;vous referue vne gloire immortelle deuât Dieunbsp;les hommes. Premièrement auifez d’eftre prudét ennbsp;cndroit,amp;fachez qu’être tous les Rois Si Princes quinbsp;auiourdhuy au mode, vou s eftes celuy à qui Satan dre«®nbsp;des embufches. Car il void bien quel gain ce luy fera s ’nbsp;vous deftourne de la courfe encommencee,amp; de la R-®nbsp;gion dót vous laites profefsion.Vous deuez penfer aufti’nbsp;ce qu’auez expérimenté quelquesfois, comme ie penf®!nbsp;que c’eft ennemy n’auta pas faute de feruiteurs,q“'nbsp;mettra en befongne pour vous corrompre amp; deftourn®fnbsp;du tout. Dauantage, il vous faut bien prendre garde qUquot;nbsp;ne fe ferue de vous mefmes pour executer fes confeiynbsp;alencontre de vous. Car voftre aage,dignité, puilTincenbsp;maiefté font en tel eftat, que le tout vous doit eftre f***'nbsp;pea,de peur que ce qui eft auenu a tant d’autres, nenbsp;aiiiene aufsi. Dieuvueille deftourner ce mal-heurbir**nbsp;loin de vous,amp;; de nous cous. Le temps ou nous fonun®*nbsp;cft fi mifcrable,qu’il fetrouue peu de gens quifoy®*’^nbsp;religieux ou fuperftitieux : car quant aux fuperftition*nbsp;on les laiffe à ceux qui font appelez idiots amp; popula®®’nbsp;encor que les grands s’en feruent pour faire bonne nquot;'nbsp;ne. Maisl’impieté amp; mefpris de toute religion (crin^®nbsp;duquel les Diables mefmes feront iuges) eft ce vepr®nbsp;peftilent,duqueiilvous faut fpecialementdonnergard''nbsp;d’autant qu’il précipité les hommes en vn abyfme,oitP^nbsp;periflent. Cependant, voila vne des plus ordinaires m'*'nbsp;ladies qui foit en ces lieux, ou vous allez maintenant; 0“nbsp;le commun langage n’efteompofé que de blafphenic^nbsp;exécrables, ou toutes vilenies amp; melchancetezfontlup'nbsp;portées: non pas comme autresfois quand les perfoP'nbsp;«es fe cachovent pourmal faire, mais maintenantnbsp;'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;eft*'
-ocr page 363-L’ESTAT DE FRANCE. 355 eftime le vice plus excellent que la vertu. Parquoy, pen-fantiour amp; nuiftàvoftre voyage , ie tremble de peur,nbsp;que h flamme de ccft horrible feu duquel vous approchez ne vous faififfc. Mais toutes chofes font en la mainnbsp;de Dieu gt;qui (comme i'efpcre) defployera fa vertu pournbsp;vous conferuer, amp; vous donnera côleil pour vfer des rc-medespropres à tels inconueniens. Ce fera principalement amp;fut tout quand vous ne ferez iamais las d’ouirnbsp;la predication de la parole de Dieu : amp; qu’outre ce quenbsp;vous prellerez l’oreille aux Pafteurs ptopofans celle pute dofitrine , aufquels Dieu a commis celle charge amp;nbsp;de qui lefus Chtift a dit, Qm vous efcoute, il m’efcoute,nbsp;amp; qui vous teiette il me reiette ; aufsi vous efcouterez vonbsp;lontiers tous ceux qui par fainäs aduertiflemens taf-cheront vous encourager de feruir a Dieu ,amp; vous retirer de tout mal. Certainement, ouir la parole Dieunbsp;n’eft pas prefter l’oreille charnelle . Mais il faut que celanbsp;pénétré iufqu’au fond de voftre cœur, amp; y demeure:nbsp;qu’il guide vos yeux , vos oreilles; qu’il gouuernc toutesnbsp;vos penfees, vos paroles amp; vos faits . Si cela adulent,encor qu’ayez afouftenir beaucoup d’affaux, (enquoy vousnbsp;\ ne ferez autre chofe que fuyure les pas de voftre mere,Princeffe digne de mémoire eternelle) foyez affeu-'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;té de fentir que Dieu a ditvetité, en declarant qu’il hon-
norera ceux qui l’honnoreront. Auconttaire , li vous V ous deftouTnez,tant peu que ce fort,de ce chemin là,(cenbsp;queieneveuxptefumer’) fâchez pour-tout certain quenbsp;ceuxquivousaurontdeftourné de Dieu,amp; vous mon-ftterontbon vifage, à caufe d’vn il lafehe effort, fe mo-quetontde vous en derriere. Dauantage, afin de mieuxnbsp;pteuoit tous dangers, pour les euiier ,il fautqu’inuo-'1 quiez Dieu de toute voftre afteflion , enfuyuant en ce-¦ la l’exemple de ce bon Koy Dauid ; duquel fi vousnbsp;'¦ prenez le Pfeaume centvniefme pour la difeipline amp;nbsp;reigle de voftre maifon , pluftoft que le confeil desnbsp;hommes ; croyez que ce fera vn treffeur expedientnbsp;pour conferuer la bien-vueillance de Dieu , enuersnbsp;vous, comme par droit hereditaire ; amp; que meimesnbsp;vous 8c voftre pofterité , en teccutez accroiffement
-ocr page 364-336 MEMOIRESDE de benedidiôs. Sire,ie prie Dieu,qui eft le Roy des R*’*nbsp;amp; Seigneur des Seigneurs,qu’il vous prenne ennbsp;garde, vous rempluFe de fon Efprit, vrayementlai®“ pnbsp;Royal,fous la coduite duquel vous vous furmôtiez'’O^nbsp;mcfmes en toute pieté, vertu amp; lainélete : amp; quenbsp;ment il luy plaife rendre voftre Maieftc tloriflante ®nbsp;heureufe en toutes choies, à la gloire de fon fainft n®nbsp;à la côlolitionde fonEglife, amp; auproufitde toutle R”)nbsp;aume de Erance.Efcrit ce dixiefme deluillet I .jnbsp;Les Princes eftans venus à Paris , les vns amp;les gt;nbsp;ne deinandoyent linon quelesnopces fefilTent,nbsp;diuerlés fins . Le coofeil fecret n’auoit pas tous fts ” .nbsp;tendus,car les chalTeurs n’eftoyentpas encores tous^^j^nbsp;uez. On làuoitque lenlis amp; autres auoyent beaucoupnbsp;gens prefts pour marcher en Flandres :amp; que finbsp;muoit quelque chofe à Paris,luy les liens feroyent vunbsp;uage ailleurs.il faloit doc fe defeire de ceux la. Pour pr^,nbsp;texte, on donne ordre que le Cardinal de Bourbon Wnbsp;ignoroit la nienee) fait des fcrupules de célébrer q-.,nbsp;riage fans difpenfe du Pape , lequel fe inonftroitaul-'' .nbsp;touche que fon predeceflèur, amp; nela vouloir baillequot;nbsp;Roy de Nauarre ne la demandoit luy-mefmes gt; eu P^nbsp;mettant de viure catholiquement. Cependant onnbsp;foit àfaire des banquets, amp; les couteaux s’aiguifoY.nbsp;pour les nopces, arriu.ans plufîeursde iour à autre, q***nbsp;feeurent bien mOnftrer au temps afsigné.Finaleincutnbsp;apporta de Rome vne difpenfe, maisn’eftant afleznbsp;pie pour la confcience du Cardinal de Bourbon,ilnbsp;renuoyer à Rome.L’Amiral amp; ceux de fa fuite defimY^^nbsp;que ces nopces fe fiflentpourpourfuyure celle guerrenbsp;Flandres . Car ils fauoyentquc Monts eftoitafsieg^F^jnbsp;le Duc d’Albe, amp; que les penlionnaires de l’EfpaguoI qnbsp;eftoyent au confeil du RoydeFrîce tireroycntlescu .nbsp;fes en longucnr,px)urfaireperdrecefteplace,amp;nbsp;eftoyent dedans. Le Roy faignoit bien auoir la æ®nbsp;atFeàion,amp;fe fafchantde tant de remifes du Pape, un*nbsp;rant amp; defpitant, dit qu’il vouloir que le mariage fcnbsp;fommaft,fans plus tarder: que G le Cardinal deBourDO|jnbsp;ne les vouloir efpoufer,il les meneroitluy-mefmcsnbsp;nbsp;nbsp;,
prefehe des Huguenots, pour les faire efpoufer avn^^^.
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-ocr page 365-L’ESTAT DE FRANCE. 557 miniftre: adiouftantqu'il ne vouloir plus que ûfeuri'qu'ilnbsp;appeloit (a Margot, comme aucunsdilënt;tuil plus longnbsp;téps en celle ligueur. Qtm cela venoit de fa mere amp; de fanbsp;dite fœunqui vouloyent auoir celle dllpence.Toft apres,nbsp;le Roy fait femblaqt d’auoir rcceu lettres de fon ambal-fadeurquicftoitàRome.qui luy mandoit,quele Cardinal deLorraine,par fon autorité, credit äc dexterité,auoitnbsp;finalement obtenu la dilpence, amp; fait que la publicationnbsp;full lignee, tellement que par le premier courrier il en-uoycroiï ladefpefclie,amp; cependât le mariagefe pourvoitnbsp;faire , li le Roy n’aimoit mieux attendre encot quelquenbsp;peu. Incontinent ces lettres fontmonllrees àla Roynenbsp;mere,àfa filléÂau Cardinal de Bourbon. La Royne fartnbsp;fort'laioyeufe ,amp; dit que celafuffic(côme fi elle mefmesnbsp;n’euft forgé les lettres) amp; que tien n’empefcboit de célébrer ce mariage,L’efpoufe amp; le Cardinal de Bourbon siynbsp;accordèrent, le Roy declarant qu’il faloitqueces nopcesnbsp;fe filTent au plulloft.Pour ceftetfeéllourfutafsignéaiinbsp;dixhuitieme d’Aoull. Ce que delTus fe manioit au moisnbsp;de luillet fur la fin.
Cependant, le Duc d’Albe qui afsiegeoit Monts eftoit Icnlis Sc aucrti-des leuees delenlis,qui auoit amalTé quatre mil es foldatsnbsp;piétons amp; cinq cens chenaux, lefquels marchans fous le deffaitsnbsp;nom du Roy.pour aller fecourir les afliegcz,furencenuenbsp;lopéz es embufebes du Duc d’Albe,qui les mit en routenbsp;pour laplufpart, ce qui auint par les aduertiflomens dunbsp;confeilfecret, amp; de ceux de Guifefpecialement.qui parnbsp;'lettres amp; courriers aduertiflbyent deiourà autre le Ducnbsp;d’Albe, des delTeins amp; préparatifs delenlis amp; des liens.nbsp;Plufieurs Catholiques qui s’eftoyet ioints à ces troupesnbsp;là,fiirent fort indignez d’vne telle trahifon.Le Roy fai-gnoir cepend.ïtd’en:re fort troublé de cede delfaite amp; denbsp;la perte deValécienes, car il craignoit (difoit-il à l’Ami-ral)quefesentreprinfcseftantentédues du Roy d’Efpa-gne ne fulTent caufes de terribles guerres entre euxiinaisnbsp;foudain pour alTeurer ledit Amiral, qui n’ignoroit painbsp;que le Duc d’Albe amp; le Rov d’Efpagne fauoyent bié telles entreprifesjiuroit qu’il vouloir faire la guerre tout ounbsp;uenement amp; tenir promefleau Prince d’Orenge, quinbsp;en cemefme temps mena d’Alemagne au pays bas vne
Y
-ocr page 366-338 MEMOIRES DE armee de Reytres,dont vne partie des chefs elloyentpé'nbsp;iîonnaircs amp; ioudoyez du Roy, pour toufiours dôner denbsp;la befongne àl’Efpagnol,duquel laRoyne mere efperoitnbsp;receuoir toufiours bon traitement. Cepend.it le Roy pefnbsp;mit à rAmirald’cnuoyerte! fecours qu’il pourroit, tantnbsp;de pied,que de cheuahpour feioindre .i celle armee d’A-lemïds,amp; afsifter au Prince d’Orengc, en tout ce qui le*nbsp;roitpofsible. L’Amiral obtint aifement ce qu’il demada,nbsp;alauoir trente compagnies d’hommes d'armes, amp; autantnbsp;d’infanterie.Il faloit argent pour la folde des gés de pied.nbsp;Surcc le Roy,à l’inftace de l’Amiral, fait appeler fon threnbsp;forier, amp; luy cômande de fournir audit Amiral, autat d’arnbsp;gent qu'il cognoiftra fuffire : defendant d’eferire lefour-niflement à la maniéré accoullumee des threforiersrainsnbsp;qu’on euit feulemét .à fuy ure celle forme : vne telle foni-me d’argent fut deliuree tel iour,par le commandementnbsp;duRoy, à l’Amiral, pour certaines caufes,queIeRoy n’anbsp;pointvoulu eftre efcrites.Ce mandemét fut foufsigné dunbsp;Roy, q^uipar mefme moyen efcriuit .1 Montdoucet, le»nbsp;ambafladeur en Flandres, qu’il eull à procurer par tousnbsp;moyens pofsiblcs,la deliurance de ceux qui auoventnbsp;prins prifonniers en ladelfaitede lealis: dont I’ambaua-deur s’acquitta fidelement,comme on difoit.L’Amiral a;nbsp;uertydecedeuoirdel’ambaffideur , amp; voyant le Rov hnbsp;bien délibéré, amp; proteftant qu’il auroit là raifon du Puynbsp;(TAlbe des Elpagnols,.à caufede cede deifaite, preiioitnbsp;meilleur courage que iamais.Ccux de laReligion regar'nbsp;doyeut .1 ce mariage , amp; quov que diners bruits fiifchein^nbsp;couruffent.toutesfois ils prenoyenttout en la boue ptirr»nbsp;eflans du toutarrellez au bon vifige du Roy, qui failoifnbsp;mille carelfes aux Princes amp; aux principaux gétilshoniquot;nbsp;mes deleur fuite.
Cependant Strolly amp; le Baron de la garde dreflbyent vne grande armee pres du havre delà Rochelle, amp;nbsp;tirait le dit Baron grande quantité de viures, d’artilleriesnbsp;munitions,amp; attiroit gens de toutes pars : ce que voyai’Snbsp;les Rochelois ,auec beaucoup d’allees amp; venues acoin-pagnees de menaces routes manifelles , enuoyerenfnbsp;homme expres, vers l’Amiral, amp;: luy efcriuirent ccqu’nbsp;s’enfuit,
Mon-
L’ESTAT DE FRANCE. 359
Monfèigne'jr,nous efpcrions quand dcnuereinctvous l ettres de aduertilmes de ce qui fe palFoit par deçà , par monlîeur ceux de lanbsp;le receueur Bobineau ; que celle arinee nauale s’appre-. Roebelle ànbsp;ftaftpour feirevoile.amp;Iaifferce pays en liberté; mais 'Amiral,nbsp;nous y voyons fi peu d’auancement, amp; fi peu de moyen' »nbsp;qu'il nous femblc qu’elle ne doit iamais taire le voyage.nbsp;Car ilyaunt del'oldats en Saintonge, amp;eiiGal'coiigiie,nbsp;amp; en arriue tous les iours, que quand il y auroit fix foisnbsp;autant de nauires que Ion en a, ils ne leroy eut capablesnbsp;de receuoir les trouppes, qui font cependant vn extremenbsp;degaft,amp; ruine de pays : fans les infolences eftranges, amp;,nbsp;inluportables defquelles ils vfent, encores que monficur.nbsp;de Strofly les contiene le mieux qu’il peut. Et font ellatnbsp;toutes les bandes de donner fur celle ville , amp; difenttoutnbsp;apertement, que fans la promell'e du fac de celle ville, ilsnbsp;nefefuflèntniisauxcliampslamp;receuons cliafcun iournbsp;aduertiflement des pays circonuoifins, par nos amys,nbsp;quetout ce qu’ils peuiient entendre d’eux, c’ell vue eu-^nbsp;treprife fur celle ville,foit par toutes les trouppes ouiier'-tement, ou par quelque furprife. Ils nous adraonnellentnbsp;chacun,de nous tenir fur nos gardes,ce que nous faifons,nbsp;auec grande incommbdité,ence temps de la récolté des-fniiéls. Ce fera bien pis approclians les vendanges : auquel temps,nous doutons d’ellre chargez de bandes, en,nbsp;cores que monfieur de Stroflv ait fait retirer celles qui:nbsp;y ont filé , amp; en ûx'ou fept iours y ont fait grand dommage, car il s’en prefente encores chafeun iour, pour s’ynbsp;venir loger iufques à Laleu . amp; au Plomb,qui ell ànosnbsp;portes. Nous croyons que leurs maiellez n’entendentnbsp;ces chofes.mais les euenement en font 11 dangereux quenbsp;Vne faute faite,qui ne fe recouure iamais,en tel cas feroitnbsp;nollre entière ruine , tirant vn trait de longue confe-quence. Car le moindre mal dont on nous menace, cilnbsp;que pour le moinson mettra huideens foldats engar-nifon en celle ville.cela nous fait douter de quelqtieschâ-gemens devolôtez de leurs maiellez, fi ainfi à cllé ordó-né.Et combien que nous n'ayons cognu en monfieur denbsp;Strofsy que toute declaration de bonne volonté de nousnbsp;faire bon amp;honnclle traitement itoutesfois nous fom-nés enfufpend,amp;doutôs que nous deuôs faire.Parquo's'
. Y î
-ocr page 368-540 MEMOIRES DE
3uons en diligence depefche le porteur pour vous fup-plier, ce que nous faifons treshumblement, Monfei' gneur,pour la bône afFeftion que de voftre grace il vousnbsp;plaift de nous porter particulièrement, amp; au bien public» 1nbsp;il vous plaife en cliofe fi perilleufe, amp; importante, nousnbsp;départir de voftre bon confeil, felon la grande prudentsnbsp;que Dieu vous a largement départie, afin que félonie®'nbsp;luy, nous nous puilsions conduire amp; gouuerner en ceftnbsp;afaire, comme nous ferons en tous autres, amp; vous feronsnbsp;perpétuel, amp; treshumble ferüice, d’aufsi entière amp; bon'nbsp;ne affetfion que nous (aluons treshumblement vos bonquot; ;nbsp;nés grâces, priant Dieu, Monfeigneur, qu’il vous conlct' inbsp;ueen touteprofperité .De la Rochelle,ce penultiefm®nbsp;lourde luillet, i y 7 a. Vos treshumbles amp; obeilTansftr'nbsp;uiteurs les Maire Efeheuins amp; Pairs de la ville de laR®'nbsp;chelle, amp; foiifcrit, àMôfeigneunMonfeigneurl’Amif'Sbnbsp;Lors eftoit Maire en ha Rochelle laques Henry,hônt®nbsp;bien affectionne .1 la Religion, amp; vigilant aux afaires d®nbsp;{avilie, L’Amiral du tout appuyé fur les promefles o'*nbsp;R oy,nc peut defcouurir ce qu’on luy preparoit, amp; poUf'nbsp;tanr.fiinspenierdauantage à telles lettres , leur fit la r®*'nbsp;ponfefuyuante.
Rcfponfc de I'A mirai auxnbsp;Rochc-lois.
Mefsieurs.i’av receuvoftrelettre par ce porteur,ps . laquelle'vous me faites entendre les desfiances, ou vopsnbsp;mettent les diners biuits qui fe fement, qu’on vueill® n*'nbsp;re vue entreprife fur voftre ville,furquoyievous diraVnbsp;que quoy que l’on vueilîe -dire, vous n’auez,Dieunbsp;cy, niille occafîondecraindi e,raril n’v en a point d’afPnbsp;rence, comme iecroy que des cefte heure vous vous ®nbsp;ferez apperceus ; amp; que ces trouppes feront partiesnbsp;partiriintblentoft . Vous vous pouuez afleurer, qu®nbsp;l’eufle cognu qu’il y euft eu quelque occafion de desfiannbsp;ce.ie n’euife pas‘ fai 11 y de vous en aduertir, ayant en te*,nbsp;aifeftion voftre ville,amp;.toot ce qui touche voftrenbsp;amp; repos,quei’enauray touliouns foin, amp; m’cployeraV%nbsp;tout mon pou noir pour la conferuation d’icelle, amp;nbsp;Jechafeun de'’ous. le voy graces à Dieu, le Roynbsp;difpofé à l’entretenementdelapaix entre fes fuiets, 4''^nbsp;nous allons tous occafion de le louer, amp; n’ayantp®nbsp;fcefte heure autre chofe à vous dire , ie n’allongeray ®nbsp;fte le«®®
-ocr page 369-L’ESTAT DE FRANCE. 34t fte lettre, que pour me recommander de bon cœur ànbsp;Vos bonnes graces, priant Dieu, Mefsieurs.vous vouloirnbsp;toufiours tenir en fa fainfte garde amp; proteftion.De Parisnbsp;le 7. Aoulfiyyi.Voftre entièrement bien bon amy.Cha-ftillô.Etdeflus. À mefsieurs les Maire Efcheuins amp; Pairsnbsp;de la ville de la Rochelle.
En ce temps, de diners endroits de laFrance,cftQyent Aducrtifii enuoyezplufieursaduertifiemens a l’Amiral,afin qu’ilnbsp;prinll garde à foy, amp; fe retirait des dangers ou Ion difoitnbsp;qu’il eftoit dedans Paris, amp; à la Cour. Encre autres, quel-qu’vn luy enucya vn bordereau de memoires, contenantnbsp;ce que s’enfuit.
Souuenez vous que C’eft vn article de foy, refolu amp; ar-reftéau Concile de conilance,auquel lean Husfut bruflé contre le f^uf-conduitde l’Empereur, qu’il ne faut pointnbsp;garder la foy aux hérétiques.
Ayez mémoire que les Romains , les Lorrains, amp; les Courtifans,tienentles Luthériens, les Hugucnots,amp; tousnbsp;ceux qui font vue mefme profesfion de l’Euangile (denbsp;quelque nomqu’ô lesappelle)pour hérétiques bruflables;nbsp;Croyez que partant ils leur ont rompu, amp; leur romprontnbsp;encores la foy iuree amp; promifc,toutesfois amp; qualités quenbsp;la commodité de les ruiner amp; deftruire leur fera offerte.
Sachez, qu’au fecret confeil tenu parmy les Peres, au dernier concile de Trente , il a efté refolu, qu’on peut amp;nbsp;doit tuer,non feulement ceux de la France, qui feront denbsp;cefte Religio,ijjinsaufsi tous ceux qui en ont eu quelquenbsp;fentimêt.foit dclaFrace.ou d’autre nationm’eftât iamaisnbsp;pofsible, que ceux qui ontvnè fois eftéabbreuuez de celle doamp;rine,fe fient derechef en ce qu’on leur a voulu pafnbsp;cy deuant faire entédre, de ha part de fa fainûetéda vie amp;nbsp;les abiis d’icelle,leur eftâs par trop dcfcouuers amp; cognus.
Ne doutez pasaufsi,que la Rovne mere n’accom-plifle ce qu’elle a promis au Duc d’Albc,pour leRov d’Ef pigne àBayonne.’derëpreles edits de paix, amp; ruiner lesnbsp;Huguenots de la France , auec la peau du lion, ou auec lanbsp;peau du renard.
Côfiderez,que le Roy depuis douze ans en ça a eu des tnaiftres amp;inftituteurs qui Vont apprins à iurer ,blafphe-met,fe periurcr,pa!llarder, difsimuler fa foy, fa religion,
Y 3
-ocr page 370-fes péfees,eftrc maiftre de fonvifageiamp;qiü l’ont,fur touft nourri à aimer de voir du lang,commentant par des belles,amp; aclieuant par fes fuiets.
Prenez garde,que le Roy a efté perfuadé par U doât)-ne de Machiauelli, qu’il ne faut pas qu’il fouffte en io® Royaume,autre religiô, que celle fur laquelle foneto'¦*nbsp;eilé fondé: de laquelle, voire de fes faux miraclesnbsp;qu’il môftrc faire copte.Âfléurez-vous qu’on luy a eiil^''nbsp;gné amp;: fouuét répété cefte letô,quc fonRoyaume nenbsp;eftre paifible, cependant qu’il y aura deux religions.
Notez qu’on .a pkiiieurs fois fait entendre au Roygt;Q“^ les Huguenots levouloyenttuer,amp; pour le mieux P®’’quot;nbsp;fuader.luy ont fait voir des lettres de menées amp; deire*”’nbsp;liippofees amp; fiufles.Et aurefte,i’ay feeu de bône part.q'jfnbsp;leiourque laRoynede NauarrearriuaàBloys,ilddf ƒnbsp;mere.'Ne ioue-ie pas bien mon rollct,MadanieîCen's’nbsp;ricnfait,relpondit-elle,il faut aclieuer,Par lamort-DifJjnbsp;Madame,ce repliqua-il,ie les vous mettray tous aufil*^’nbsp;vous me voulez lailTer Elire.
Vous-vous trompez,iî vous broyezqu’vn Roy o“ , ce permette iamais, que fonvalTal ou fuict,quis'eft'’’nbsp;fois efleué et ligué contre fa' volonté (pour quelquenbsp;calîô que ce foit,iufte ou iniufte)vfeamp; iouiiîe de la fnbsp;des loix.Péfezplurtoftque cecy eft engrauédans l*-’ ,^(5nbsp;des Rois amp; des Princes,de venger par les arines,ce4‘*nbsp;clliment auoir cité fait contr’eux par les armes.
Faites voftre compte , que ce que le.s Rois amp; ’’/‘quot;„ji (qui ne regardent à la conlcience) penfent auoir jjjjnbsp;crainte ounecefsitc.ils fe difpêfentde le rompre.fo’'“nbsp;que l’vné ou l’autre de ces deux occafiôs ccllent:amp;nbsp;pour maximes d’eftat,qu’il ne faurpoint garder lesnbsp;iientiôs,faites par le Prince,! fes fuiets armez. Qupl. jfnbsp;regncr,il eft loiiibledc violer la Imsamp;que Ion pei^*: Pnbsp;les entans auecparoles amp; promclles,amp; troper les b*’* ^5nbsp;aiicc des iuremés folénels.C’cft leur cabale ; ce fontJnbsp;loi.x inuiolables,qu’ils n’ofent outrepairer,fcibuciaut.|j^,,nbsp;peu ou riemde la force faite à toute autre lo\ ,foitnbsp;naturelle, ciuile,des gens, ou miinicipalcs,pour cf*'“'nbsp;difent-ils) ennemies deleurrepos,eftat,amp; grandeur-. Voici quelque traiîfamp;cxéplc de Icursplms rares
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Antonin Cómode,faifant par fois treues auec fes volu-ptfz ) efquelles il eftoit du tout plongé , pour employer Je temps amp; fuirl’oiiîuetë, vaquoit à contemplation ,s’ap-pliquantà proietter amp; exccuter des meurtres amp; cruau-tez contre la noblefle de fon Empire. Entre les autres,lunbsp;liait gouuerneur d’vne prouince, qui eftoit fon plus £iuonbsp;rit, qu’il l'ouloit bailéramp; embrafl'er,rappellantfon perenbsp;amp; fon mignon,fut par luy traitreufement tué.
AntoninCaracalle, eftantarriué en Alexandrie, irrité contre les Alexandrins, qui auovent récité de luy quelques vers mal plaifans, fitlemblant de vouloir voir lanbsp;uionllre des ieunes gens de la ville, les plus aptes à I,tnbsp;guerre; amp; les ayant faitapprefter pour la reueüe,lesnbsp;fit tous mettre en pieces, commanda aux foldats Romains. qu’il auoit menez aiicc luy, d’en faire celle nuiétnbsp;làchafcun autant à fon bofte. Il fit faire telle boucherienbsp;dans Alexandrie , qu’il n’ofa faire compter les corpsnbsp;morts, ains eferiuant celle execution au Senat de Rome, luy manda :Quftl n’eftoit ia befoinfe mettre ennbsp;peine, pour fcauoir quels amp; combien de gens y a-uoyent elle tuez: quec’eftoit allez de fcauoir, que tousnbsp;auoyentbieii merite la mort. Lylàndrecoioneldes La-cedemoniés, ayant fous couleur d’amitié,faii venir à foynbsp;buiélcens Milefiens,les fit tous tailler en pieces.
Seruie Galbe,avant conuoqué Siaireniblé le peuple de trois citez de Portugal, pour traiter auec eux,lur les ebonbsp;fes qu’il difoit leur appartenir,en eboifit neuf mille d’en-tr’eiLt des plus gaillards amp; robuftes, qu’il defarma, en fitnbsp;tuer vue partie,l’autre partie vendit.
Antoine.SpinoIe,Gouucrncur pour lesGeneuois de l’if-le de Corfe, avant iuré amp; donné fa foy aux Princes, fei-gneurs, amp; grads perfonnages de Corfe , qu’il appella au côfeil, amp; de là au banquet,leur fit à tous trencher la telle.
Charles feptiefme,Roy de Fr.îce, apres plufieurs guer resamp;tuinultes arriuez en fonRoyaume,ayantfait alliannbsp;ce, amp; contraâé affinité auec le Duc de Bourgongne, amp;nbsp;promis d’oublier toutes iniures amp; inimitiez paflèesnbsp;pour le mieux afl'eurer, ay.àt tout cela iuré fur fon bofticnbsp;coufacree, le fit venir pour le felloyer â Montereau faut-yonne,amp; en le carelTatitiil le tucfurle pont d’Yonne.
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Et plufieurs autres,dcfqaels le récit ieroit long amp; eiiquot; nu veux, les exemples deftjuels on ramentoit ordinairement au Roy , auec le chapitre, dixHuiüeme du hure dunbsp;Prince de Machiauelli, où il traite comme c’eft que lesnbsp;Princes doyuentgarderlafoyifurquoyles maiftresd’e-fcole(auisi peu foucieuxde façonIcience que defare-putation)font des additions amp; glofes plus daugereufes,nbsp;que le mefme texte.Partant foyez diligent à prendre garnbsp;de à voiilt;s,n’yay.âcaucre remeded’efcliaper qu’en fuyantnbsp;hors de la Cour,que ie puisappellerSodome.
L’Amiral ayant veu ceft efcrit,fit fort mauuais vifagea celuy qui leluy bailla: Et renuoya pour toute relponce,nbsp;direà celuy quiluy auoit cnuoyé,Qi£e fi parle paflèilnbsp;auoit eu,amp; les autres Huguenots aulsi, occafion de nefenbsp;fier pas legerementen despromefles , que, Dieumerdinbsp;telle peur ou delïïance eftoitalors fans fondement.
Que la prouidence de Dieu, laquelle guide amp; conduit iufques aux plus petites chofes de cefte vïc, auoitchang«nbsp;le cœur du Roy : de forte, qu’il y auoit dequoy biennbsp;mieux efperer.
Qu^il ne croiroit iamais,quedas le cœur defonR-fï’ peult’loger vue penfee fi mefchante,ny approchanfeat^nbsp;qu’on luy efcriiioit.
Que tout au contraire il croyoit,que dés que la Franck - a efte erigee en regne,il n’y auoit eu vn meilleur Ro?nbsp;que Charles ncufielinc l’eftoit poïir lors.
Qulil eftoitbien vray,que Monfieurfrcredii Roy na* moit pas les Huguenots, amp; qu’on leur faifoit tout ple’Onbsp;d’outrages en diuers lieux du Royaume: mais qu’il elfO;nbsp;roit de voir Monfieur vn iour adoucy,pour les bons fer“*nbsp;ces que les Huguenots luy pourroyent faire,amp; s’attédo’tnbsp;bien (le mariage de Madame faitamp;confommé) q»o^nbsp;Roy feroit faire iuftice des feditieux , amp; pertubateurs dsnbsp;paix.
Que la ligue qui eftoitfrefchementfaiteauecla R^V ne d’Anglfterre ,feruoit d’aflez bon tefmoignagc au*nbsp;Huguenots,de l’affeétion duRoy enuers eux.
Et la ligue qu'il fait reccrcher auec les Proteftas d’Alo magne,confermeradu tout cefte bonne opinion.
ti^e le Roy portant meilleure alîeâion à monfief^ l'ElCquot;
-ocr page 373-L’ESTAT DE FRANCE. 545 l’ElefteurPalatin.qu’à nul des autres princes Proteftans,nbsp;auoit choifi le Duc lean Caiirnirfon fils .pour le le faire penfionnaire gt; amp; le Duc Chrirtoiîe fon niaifné.pournbsp;le retirer en fa Cour, auec entretenemcnt digne defanbsp;qualité.
Q^il defiroit aufsiauoir de l’Angleterre, le myllord deLyceftre,amp; le myllord Burgley,ou l'vn d’eux,pour lesnbsp;feftoy er amp; traiter, comme il defire de careflér tous lesnbsp;loyaux feruiteurs de fa (ceur la Royne d’Angleterre,en finbsp;gne de vraye alliance.
Que le Roy auoit enuoyéfa-foy au Prince d’Orenge, StPauoit donnee au Comte Ludouic fon frere, de leurnbsp;aider amp; les fecourir en tout amp; par tout.contre le Roy d'Enbsp;fpagne: amp; que fans cela, iamais ils n’euffent^entreprinsnbsp;de rien remuer en l’eftat deFlandres.
Que combien que moniîeur de lenlis amp; fes gens ^u’illeurmenoit.euflent efté defFaits,leRoy nelairroit ànbsp;leur enuoyer de nouueau amp; bien toll, vn braue amp; puif-fant fecours.
Que lean Galeas Eregoa.e aflcuroit, que pour cefte guerre de Flandres, le Duc de Florence prefteroit aunbsp;Roy.ou au Prince d’Orenge,deux cents mille ducats.
Qi£e les alfaires vont fi bien en Flandres, que l’Agent duKoypres leDucd’Albc, donne continuellement auisnbsp;^u Prince d’Orenge,amp; communique auec luv par lettre snbsp;^ mefTages, tous les deffcins qu’il peut entendre du Ducnbsp;U ^lbe,amp; le prince d’Orenge à l’Agent tous les fiensitel-'fnientque quad il n’y^uroit autre chofe,que cefte bon-uc intelligence, elle eft fuffifante .i faire bien cfperer auxnbsp;plus timides.
Mais qu’ily a bien plus,c’eft que l’armeede Strofly, Si, “U Baron de la Garde, ne font pres de la Rochelle ,quenbsp;pour attendre la flote venant d’Efpagne, la combatte, amp;nbsp;“0 là,fingler à Flefsinghe, pour fc ioindre auPrince d'O-’^onge,amp;: faire la guerre à ieu defcouuert.
,, cefte occafion,le Prince d’Orenge a enuoyépar ,^uisdu Koy.de l’argét pour payer les nauiresamp; galeresnbsp;*^f''ol'ly,quieftde la meilleure volonté du monde.
Qqan t à fon faiél, amp; querelle particuliere auec le Duc Guife, le Roy les auoit mis d’accord, amp; fait iurerl’vn
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amp; l’autre entre fes mains, de ne fe recercherque d’ani*' tié. Mais que ce miraculeux mariage de Madame,que lsnbsp;Roy donne (ce dit-il)non pas au Prince de Nauarre,nbsp;à tous les Huguenots, à femme , pour fe marier cotnDj®nbsp;aucc eux, elfant le comble de toute feurcté amp; reposasnbsp;faifoit prier ce gentil homme amp;; tout autre, que s’ils luTnbsp;vouloyent faire plailîr .qu’ils ne luy parlafl'ent plu?“^nbsp;ces faiclieufes cliofes du pâlie, qu’ils fe contentaflcnnbsp;de prier Dieu, amp; le remercier de la' grace qu’illetir
uoit daigne faire, d’amener les cliofcs à vn li paili*’'^ eftat.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
Menées à Cependant, il V auoit à Lion auec le gouuerneurqu*^''
l-you- qiies autres leruiteurs delà Rovne mere qui à l’aide
Clins Catholiques de la ville drefl'oyent vn roolledeco“’
ftrangiers qui venoyent en la ville. Pour couurir cela, failbit courir le bruit que c’eftoyent quelques enrooU^'nbsp;mens pour I.i guerre de Flandres.
Cens de La Charité cftoit Tviie des quatre villes d’oftage guerre das furent rendues par lesPrinces.comme dit a elle. Tod^nbsp;laCli.itirc. prcs.la compagnie d’hommes d’armes de Louis àeGo^
qiies vnsimais laprcfcncedc l’Amiral en Cour, amp;fcs Iponces de bouche R par lettres a tous ceux qui lu)'nbsp;dtmaudovent auis, aireuroyent chafeun dtldits denbsp;Religion , qui ibulfroyenr en diuers lieux beaucoupnbsp;d'ind'ignitez des Catholiques.Comme il aiiint à Tropè’nbsp;enChampaone le Dimanche lo.d’Aoiifi ly/X.Car à Ihenbsp;rr n’ie Jr* R pIum aîi }'«quot;iîPnnv^iif- Jil Pi'clclîC y û '
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Portes, fufciterent U populace qui fortitaudeuantdcf dits de la Religion : lelquels furent chargez à grands scmeutuenbsp;coups dcpierres .Orilyauoitvne troupe qui acompa-Fait parlesnbsp;gnoit \n enfant qui auoitefté baptifé ce iout là. Celle CathoU-^nbsp;troupe fut alfaillie, amp; le petit cnfanttué entre les bras de S”'’nbsp;fa nourrice,amp; pluheursdeldits de laRehgion bleffez.Lesnbsp;iuges de Troyes ne firét aucune recerche ni punition denbsp;ce fait, duquel ceux delà Religion ayans faitfecrettc-tnent informer, les informations furent portées à Paris,nbsp;amp; mifes es mains de l'Amirahpour en demander iullicenbsp;au Roy. Cela ne fepeut fidextrement manier,qu'vnnbsp;nommé Pierre Niuelet marchant, pour lors Maire dunbsp;lieu, n'en euft aduertifl'ement; qui enuoya ioudaine-nient, par lavoye du chaflemaree, lettres aux deux députez des Maire amp; Efeheuins de Troyes, lors eftans ennbsp;Cour, Par ces lettres le Maire leur defcouurit entièrement le fait.Maisfdifoit-il) d’autant que les Huguenotsnbsp;fondent le pointl principal de leur plaintif fur le malfa-ctc de Venfantdl faut que pteueniez.s'il cil polsible.amp;ifa-ciez entendre à fa maielle amp; confeil d'icelle, que l’enfantnbsp;eftoit mort des qu’il vint au monde . C’clloit là vnenbsp;fauffeté toute apparente, R qui defcouuroit afl'ez la con-fcience de ce Maire là, les lettres duquel tomberont esnbsp;mains d’aucuns delaRelig'O bqui les porteront àl’Aminbsp;ral, lequel (fans penfer à la fource de tels maux (promit
QR auant que'paffer plus outte.il nous faut rataindre Ncpoiia-le fleur de Balagny , enuoyé en Pologne pour l’a- óöde Po-faire fus mentionné . Iceluy Commença fun voyage par longne cô l’Archiducf etdinand.puis alla trouuer l’Empereur auec nnuce,nbsp;lequel il conféra (.à ce qu'en elcriuit à la Royne merelcnbsp;fieut deVulcobiagent pour le Roy près ledit Empereur)nbsp;plus longuement qu'il n'auoit iamais fait auec gentil-homme François, De là ilarriua cnPolongne ennbsp;plain e fté, la pelle ellant par tout le Royaume, amp; pen-fant pourfuiute fa premiere inftrutlion.qui elloit denbsp;tiret vne promeffe du Roy Sigifmond de donner ennbsp;mariage l'infante fafœur au Duc d’Anjou,amp;ptocuter en-uer» la nobkefle i amp; les eftats de Polongne, que led^
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Ducfuft receu pour fiicccflcurdudit Sigifmond. Iceluy Roy ayant loHgiiementlanguy, vint à mourir lefeptief-me deluillet. Balagny voyant ce defl'ein rompu, délibéra d’eflaver le fécond,qui cftoit de gaigner quelques Seinbsp;gneurs de la cour.pour y paruenir,continua comme il a-iioit commencé au parauant de publieT en toutes compagnies les rares vertus du Duc d’Anjou;amp; ayant ( cela)'nbsp;fembloit)pofé quelque fondement,il s'en dei'couurit ou-uertement aux deux fils du cbâcelier de Pologne, leurrenbsp;monftrantcombien d’honneur ce leur feroitd’auoirfo^nbsp;feruice à vn fi gr.âd Prince que le Duc d’Anjou. Ayant ainnbsp;fi commencé,fe refolut de reuenir en France, pourfjh^nbsp;döner ordre aurefte,amp;partitdePolognefur la findelUquot;nbsp;ler,y laiflant vn fecretaire de l’Eucfijue de Valëce,amp;nbsp;quelques iûurs au parauant enuoye auertiflèments a*'*nbsp;Royne mere,de la mort du Roy Sigifmond.
LeRoyeftantàParis.vers la fin du mois de luillet, *^* aduertv de la mort du Roy dePologne,amp; de la pourlùit'nbsp;te que faifoit l’Empereur pour auâcer l'ArcheducErnelnbsp;fon filsicomme aufsi failovent le Mofcouite, le RoV “nbsp;Suede,le Duc de Prufle Si le Vayuode de Tranflvln.an**^^nbsp;Pourtant délibéra d’empoigner cefle belle occafiô ,p®^.nbsp;entrover au loin(apre.s les inallacres) fon frere,quinbsp;vn peu trop pres.La Royne mere voyant vne des cor“nbsp;de loi! arc rompue, par la rupturedu mariage preteo“nbsp;de fondit fils le Duc d’Anjou auec la Royne d’Anglf^^'^^nbsp;re.fut d’auis de rendre cefte-ci,attendant devoir plus cnbsp;en ces aEiires,pour contenter fon fils bien-aimé, ap‘nbsp;qu’elle fc i'ercitfaotilee du fang de ceux de la Reli?*^fgnbsp;amp;' efperantattrapcrlftRoyned’Angletcrre,aueC'vna‘’nbsp;piège. Ils delibererent donc d’enuoyer quelques nUnbsp;bles perlonnagQS en Pologne , gens du tout .à-leurdenbsp;tion,qui fuirent hardis .à mentir , pour venir à bœit dnbsp;fi grande entrepriie; Si rufez pour fiipplanter leS' au^^-fnbsp;pourfuvuans.IIs lauovent biesique l’Empereair-y aunbsp;drefsédes prattiques.des-ioHg temps au paraiût p-itnbsp;bpCyre,qui v auoit efté fix ans fon ambafladeur.Mai^nbsp;fermant les veux .à tel obieét, regardèrent de lâtis*nbsp;iculcment à leur défit. Pour excufe,on allégué quenbsp;Roy eut veu l’Empereur feul pourfiiyuant, il ne
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voulu donner aucun empefchement,mais les menees de Bilagny lt;iui fauoitbien que le fils de l’Empereur l’em-porteroit par defius tous lesautres competiteurs.la ialounbsp;fie du Roy,amp; l’ambition du Duc d’Anjou ,amp; les confëilsnbsp;delà Royne mere contredirent entièrement à celle cx-cufe là.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*
La difficulté fut fur le choix de ceux qui denoyçnt e-ftreenuoyez. Bienconoilïbyêt-ils qu’il faloitque ce FulL quelqu’vn de robbe longue, amp; qui full courtifan iniquesnbsp;au bout.Car puis qu’il faloit demander le Royaume à vnnbsp;fi grand nombre de gentils-hommes qu’il y a en Polo-gne,ils nepouuoyent eftre gaignezque par longues harangues amp; difcours femezparle pays,amp; en langue conuenbsp;amp; entendue dd la pluspart des eleéleurs .Sur ced’Euelqucnbsp;de Valence leur propofa l’aduocat du Roy au parlementnbsp;de Paris nommé du Faut ou Pybrac , qui autre s fois a e-Itéde la Religion dcTruchon premier prcfident de O renoble,tous deux à la deuotion de la Rovne mere, pto-pres pour vue telle afaire . Mais pour lors le Roy amp; lanbsp;Rovne ne fevouloventpafler de la prefence ni du ferui-ceâuditPybrac,qui leur feruitbien aufsi(ce leur fembla)nbsp;àpIaiJer pour eux amp; defendre leurs maflacres , commenbsp;ilferaditen fon lieu ci apres. Or l’Euefque de Valence preuovant bien l’horrible tempelle qui menaçoicnbsp;laFrance,nedemandoit.qu’àtrouuer quelque onuertu-pour en fortir, amp; n’eftre tefmqin des maux de ceuxnbsp;laReligion,pour lefquels il auoit eTcrit autresfois vnenbsp;fortdofte remonflrancc .nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iours au paravane
ü aiioitdit non feulement au Conte de là Rochefôucaut,, ^Ye^^t^d^ mais aufsi à beaucoup d’autres, qu’il craignoit fort que ppuefeiu^enbsp;Jeurs maniéré de faire (il entendeit les Icucés pour là dcValéce.nbsp;guerre de Flandres ) leur apporterovent quelque dom-J’iagc, amp; qu’il deuinoit défia qu’vn grand defaflrc rom-,nbsp;oeroit fur eux : partant qu’ils le gardafient s’ils eftoyentnbsp;^^ges,amp; qu’ils fe comportafient autTement,ou pour lenbsp;^oins qu’ils reprinlTent le chemin de leurs maifons.nbsp;Xilil n’y auoit occafion de fc fier beaucoup es bellesnbsp;^Ppircnces de la Cour , ni de demeurer long tenvps eiinbsp;afnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;eftf’yent hays de enviez de laplulpart
rinces amp; Seigneurs,amp; de tout le peuple en ge-
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neral. Anifi donc ceft Euefque conuoiteiix de gloire, pour ne fembier la cerclier, nomma puis apres quelques vns, qui ii'eftoyeiit pas afl'ez habiles peur ce fait,nbsp;afauoir le cheualier Sevre, amp; le ieune LaniTic. Maisnbsp;apres auoir employé quelques iours, à celle reeerche,iinbsp;fut prié amp; contraint (difoit-il ) d’accepter celle charge , voyant bien qu’on trouueroit fort mauuais , s ilnbsp;la refufoit . La Koyne mere en eftoit d’aiiis , pournbsp;deux raifons: L’vne que cell Euefque auoit autresfoisnbsp;demeuré en Pologne, amp; qu’il feroit inalaifé qu’il n ynbsp;trouuall encores quelqu’vnde l'es amii, qui luy lerui-roit de condufteur. L’autre, qu’ilelloit venu au del-fus de beaucoup d’autres entreprinfes, amp; que par lesnbsp;artifices,il feroit trop plus qu’vn autre. Le Duc d’Anjou,nbsp;voyant que le Roy fon frere embralToitcell afaire_l“'‘nbsp;afieflueufement, n’ofoit pas dire ce qu’il en penlort’nbsp;car il cull bien déliré plulloll vne couronnenbsp;tre, ou toutes les deux enfemble : mais il pria bien lenbsp;ledit Euefque,de luy faire ce l'eruice, Ayant donc^nbsp;cepté celle condition, il demanda pour adioint hy nbsp;!oc confeillicr au parlement de Grenoble, homme“nbsp;éle,amp; qui eferit bien en Latin, comme Ion dit. **nbsp;uoit befoin d’auoir vn tel homme, pour eferire amp; P^.nbsp;noncer la harangue. Mais ce confeiller n’y peut all^nbsp;qui futlacaufc que l’Euefque fe feruit d’autres inoye’nbsp;qui feront veus en leur endroit.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;..
Voyagcdu nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-.- _________
Paron de pron^jgQ la Cour, auerrir la Koyne mere ? dc l*^Ft la gardenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lt;- .
cn Cour,
amp;’ pour-
quoy.
En ces entrcfxites , le Baron de la Garde vint
.» K, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, U-,,,-,... lu.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;„.v.v ’..j
pareil prochain de la Rochelle . Le Rov perluadoi l'Amiral que celle armee de mer deuoit bien toit m.'^nbsp;cher; mais cependant le confeil fecret donnoit cln^nbsp;ge expreflè d’amufer les Rochelois par belles pn*’*’nbsp;les, amp; au relie fuyure en tout amp; par tout le contefnbsp;CS memoires enuovez .1 Strolsy, à qui l’on fit encorenbsp;vne recharge. Cela fait, le Baron de la Garde partnbsp;diligence ,pour venir en Brouage, où citant arriue ,nbsp;appcrceuant que les Rochcloisauoyent toute occaln’nbsp;d’entrer en foupçon amp; defiance, pour les infolencesnbsp;l’armee ellendue eu Onvs amp; Saintonge.mit peinenbsp;ralTcurenpour mieux paruenir a lès defl'eins, leur elef*nbsp;liant ce qui s’enfuit.
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Mefsicurs,efta.nt arriué en ce lieu, l’vne des premieres l ettres du chofes aefté.d’enuoyerpar deuant vous autres le Sieur ^“5nbsp;Daudiger,pource qu’ô fait courirvn bruit pat deçà,le plus ^o'beloisnbsp;faux amp; melchant qu’on fauroit dire, qui cft que nousnbsp;voulons vous faire defplaifir amp; à ceux de voftre ville.nbsp;Tant s’en faut, qu’au contraire les intentions du Roy,nbsp;de la Roy ne fa mere , amp; de Monlieur fon frcre,font quenbsp;vousfoyex foulagez amp; refpcékez autant que nulles autres villes de ce Royaume, amp; au partir de la Cour,menbsp;commandèrent de ce faire , amp; depuis m’en ont el'crit,nbsp;aquoyieveux obéir. Et vous refpon que s’ilyaquel-qu’vnlous ma charge qui entreprene de vous offenfernbsp;toit en general,ou enparticulier,ie le feray chaftier exé-plairement ; vous priant bien fortde faire accommodernbsp;ceux qui iront amp; viendront là, de.ee qu’ils auront befoinjnbsp;cnpayantdegréàgré.Mefsieurs,iej^rie noftre Seigneurnbsp;qu’il vous donne en tresbonnefante, longue amp; beureufçnbsp;vie.De Brouage ce i4.Aouft,iî7i. Vollre.trefleur amp; partit amy,Poulin.
Outre les aduertifiemens du meurtre,de ce petiten-fant fait parles Catholiques de Tioyés, ce dixiefme d’Ao'jll, comme dit a efté ci deffus , l’Amiral fut aduertinbsp;quéceu.x de Rouen amp; d’Orléans menaçoyentles pref-ratnbsp;elles de prendre En,les deux ans apres la pacificationnbsp;derniere,palTe2. Qu’on oyoit les gentils hommes cftansnbsp;àlafuite de la Cour , murmurer affez haut que dans lanbsp;finduMoisd’Aouft on iuterdiroitles prefehes aux Hu-. guenots, mefmes que plufieurs d'iceux vouloyent fairenbsp;gageure que dans quatre mois les^gentils hommes Huguenots iroyent à l.i mefle . Qu’on fentoit courir vnnbsp;bruit entre les principaux du peuple de Paris , qu’en cesnbsp;nopces fe refpandroit plus de lang que d’eau . Que lesnbsp;commiflaircSjCapitaines amp; dizenier-s de Paris brafloyétnbsp;quelque entreprife aifee à defcouurir à qui y regarde-roit de pres . Qji’vn fameux aduocat de la Religion a-uoit efté aduerti par vn Prefident.de fc retirer pour quelques iours auec fa famille hors de Paris, s’ilvouloitcon-feruer fa vie,Se celle des liens.
Qu^vn Italien engageoit fa tefte.au cas que ces nopces s’accotrpliftcnt.Et vn autre Italien àlatable de lean Mi-
-ocr page 380-M E M o I R E s D E chaet,amp; Sabalitï ambalTaJeiir de Ia feigneurie denbsp;fe vatoic de faiioir Ie moyen, pour ruiner les Hugueuonbsp;en vingt-quatre heures.
Autres îemblables chofes fe refpandoycrtt parmY vulgaire,defqueJIes aufsi l’Ainiral ertoitaduerty.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
On adiouftoit à téla rque la faftion des feditieuï gt; firoit la ruine des Huguenots furtoutees chofes. QS?nbsp;lieu amp; le tempylafacilitoyent.La voulant donc,amp; U P®nbsp;uant mettre .à efféth,qu’on ne deuoit attendre autres’nbsp;fe d’eux.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. '
A tout cela, l’Amiral fans peur, toufiours fembUI’*^^ /ôy,touliours cotisant amp; afleuré fur la bonté du Roygt;‘nbsp;pouuoit prendre occafion d’alarme.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;;
Defalt ces bruitsnedeuoyenteftre mefprifez.tâ^ euft voulu y regarder de pres ,it euft encores trouuC“’^nbsp;uantage.il arriuoit gens à Paris d’heure en heurezamp;'^®*’'nbsp;me auant quelque temperte la nier s’agite ellenbsp;aufsi y auoit il ia quelque horreur en l’efpritd’aucBDS’nbsp;mal auenutoft apres.Quelques Seigneurs amp;Damesnbsp;Religion,partSs de leurs niaifoiïs,pour aller voir ces nornbsp;ces, ou hpnnorér l’efpoux ,furentauertis de n’y allaf’, ,nbsp;leur mettoit-on en auant la fentence de Salomon, Qü..nbsp;me le danger, il y perirU.Mais le vilagedu Roy ftoi^PP-tout le monde. Cependant les Catholiques faifoyent*’!nbsp;d’autres àpprerts. le parle des principaux.Le Cardinalnbsp;Lorraine eftant à Rome.ayant receu aduertiflemen’Jl'*nbsp;les oifeaux ertoyéntau filé, enu«ya memoires auxl’^”?nbsp;tant de ceux qu’il vouloir exprelTemét qu’on faccagt* ’nbsp;que de ce qu’ils auroyenr à faire puis apres : amp; fe doutanbsp;aucunement , qu’on réietteroit le meurtre de rAnutnbsp;fur ceux de Guife, afin d’auoir quelque'couleur pour e*nbsp;eufer les mart3cres,lesexhortad’y bienauifer, afinnbsp;fe trouuer en peine puis .après. Il leur recominandoit n’nbsp;expreflemét les quatre frétés de Montmorency. Le ™nbsp;de Guife,auoit entendu l’intention du Roy,mais,coinn’fnbsp;il ert bouillant, il defîroit Commencer par l’Amiral,nbsp;il craignoit perdre l’occafion qu’il tenoit en main.nbsp;cela fe verra plus amplement ci apres, auec tant de tragt;”nbsp;fons amp; confulîons les vnes fur les autres, qu’il fauttnunbsp;clurre que Dieu eftoit merueilleufementcourroucé'U^’
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ofté le iugement ainfi aux vus amp; aux autres.
Le Dimanche ly.iôui d’Aouft.isyi.l’Euefque de Valen Repart dis Ce ayant fes memoires amp;inftruttiôs bien amples .partitnbsp;de Paris pout_ aller en Polongne . Cela eftoitainlicon-duitàpoinftnommé, tant pour afl’lt;uter les Princes, VA- „„ç,nbsp;mitai amp; ceux de leur luitte, que pour auoir fi loin vn ho- ”nbsp;me propre pour excul'er ce qui le feroit enPrance.com-meaulsiillefceut blé faire puis apres . 11 penlbit menernbsp;Malloc.mais eftât malade,oaen cerchad’autres,qui fe minbsp;rent en chemin pour trouuer ceft’Euefque à Strabourg.
NOus entrôs maintenât envndifcours tebque pëfant aux maux qui s’en font cnfuyuis, ie ne fay pat quelnbsp;bout commencer pour en deferite les particularitex. lenbsp;confeffe, que i’en ay laiffé beaucoup , amp; qui ne deuoyentnbsp;eftre omifes .Mais ily a eu tant de trahilbns amp; cruautexnbsp;les vues lur les autres,que quand ie les auroy par efcrit,lenbsp;papier,!’ancre amp; le temps me defaudroy ent pour les def-crire. Aufsiles lefteurs fe fouuiendront que nous leurnbsp;ptefentons des memoires feulement, qui leruirontà ce-luy quidtelferal’hiftoire de noftte temps,auec les autresnbsp;inftruEtiós amp; amples difeours qu’il recouuterad’ailleurs.nbsp;Or fansvfer de plus longues excufesileDimiche ly.iournbsp;d’Aouft 1571 .fut le foit,furent célébrées enl’hofteldunbsp;Louute àParis les fiâçailles de Henry deBoutbô Koy denbsp;Hiuarre,amp;de madameMarguerite de Etance, fœur dunbsp;Koy, amp;futentfiancexparle Cardinal de Bourbon. Celanbsp;fait, amp; apres qu’on euft fouppéamp;ballé quelque tempsnbsp;audit lieu du Louure ,1’efpoufefutconduite parle Koynbsp;fon ftere, la Koyne fa mere, la Koyne régnante, laDu-cheffe deLottaine,amp; autres Seingeurs amp;ï)ames enl’E-uefehé deParis, ou elle coucha cefte nuiamp;là.
Le lendemain, qui fut le Lundy dix huitiefme, ÀeHauatre conduit par lesDucs d’Anjou amp; d’A„....5«..nbsp;frétés duKoy, les Princes de Codé ôcMarquis de Conty ^juaiic quot;nbsp;fonftere ,Duc àeMontpenfiet,PrinceDauphin,Duc de ac de V»nbsp;Guife, d’Aumale amp; deHeuets, les marefehaux de Mont- fœur dunbsp;morency, de Danville, de Coffé,àe’Pauanes,dc Sauoye, K07.nbsp;l’Amiral, le Conte de laKochefoucaut, amp; fort grandnbsp;nombre d’autres grands Seigneurs tant d’vne que d’ aU'
leKoy Ditcou®
desnopet«
554 MEMOIRES DE
tre Religion, alla trouuer ladite dame en cell Euefch^' Ceiourlàiles Roys de France amp; de Nauarre gt; les Dquot;nbsp;d’Anjou amp; d’Alençon,amp; le Prince de Condé,eftoyent*nbsp;ftus d’vne me fine parure , qui eftoit d’vii acouftremen^^^nbsp;fonds, defatiniaunepafle , tout couuert d’vn enrich»^^nbsp;ment de broderie d’argent,releuee cnbofle, enrichitnbsp;perles Si pierreries. Les autres Princes amp; Seigneursnbsp;tholiques elloycnt vertus de diuerfes couleurs amp;nbsp;auec tant d’or,d’argentamp; pierreries, que rien plus : i”'nbsp;quant aux Seigneurs de la Religion ils n’ertoyent vei‘nbsp;que de leurs habits ordinaires.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. j.
Eftan-, arriuez .à l’eiiefché , Ion s’achemina pour al r'u^Ipoiafer, amp; futladitte Dame Marguerite conduite Pnbsp;le Rov fonfrere , eftant vertue d’vne robbe de veloHj^nbsp;violet femee de fleurs de lys , auec le manteau royal ’nbsp;grande queue traînant, aufsi dudit velours, aufsi bor«^^nbsp;tout à l’entour dé fleurs de lys : vne couronne Impern*nbsp;furlatefte, faite de grofles perles, enrichie denbsp;rubis amp; autres pierres precieufes de valeur inertiniau^nbsp;amp; eftoit fuviiie par la Roy ne fa mere, par laRoyne re- 'nbsp;te, la Duchefle de Lorraine, amp; de toutes les Princely ’nbsp;Dames amp; dainoifelles de la Cour, veftues de robunbsp;de toiled’or amp; d’argent,amp;d’autresveftemenspreciea*nbsp;¦Les cent gentilshommes marchoyent deuant, tenanbsp;les haches au poing; puis les heraulds d’armes auec le^nbsp;cottes acouftumees, les gardes , officiers de la mai*nbsp;du Rov,trompettes,clerons,hauboys amp; autres inftruif^nbsp;Furent lefdits futurs efpoux conduits par vnenbsp;qui auoit efté dreflee tirant depuis l’Euefehé, to''lnbsp;long du temple noftre Dame (qu’on appelle ) iul1‘'nbsp;au deuant de la grand’porte dudit temple , aunbsp;de laquelle auoit efté bafti vn grâd efchafaut.efleueanbsp;voue d’vn chafeun. Sur lequel le Roy deNanarrc?!nbsp;feur du Roy furent efpoufez parle Cardinal deBuUtnbsp;bon, oncle dudit Roy deNaiiarre, auec certain forin“nbsp;laire que les vns amp; les autres n’improuuovent po*nbsp;Ce fait, le Roy de Nauarre fe retira eu vnecour ptsnbsp;du tcmple,auec le Princede Condé , attendant qi'd^nbsp;poule euft ouv la raefle . Puis apres, tous enfcinble renbsp;tournèrent à l’Euefehé, ou fut fait.le difnerceiour
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Le fuir , le Roy feftoy a en la grand’ falle du palais les nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•'
Lrinces amp; princeffes ,fes courts de Parlement, des ay-des,chambres des comptes amp; des monnoy es.Apres foup per fut commencé le bal par le Roy .Cela dura peu,nbsp;àcaufede la mitquarade,ou le Roy eftoit. Premièrement fe prefenterent trois grands chariotsc^ui eftoyentnbsp;trois grands rochers ouefcueilsde mer tous argentez; amp;nbsp;fut chafcun defdits chariots y auoit cinq muliciens lou-ans de diuerfes fortes d’inftDümés qidrendoyent vne grade melodie . Deux defdiyi chariots marchoyent acou-plez enféble.L’autre marihoit feul à leur queuéià la cimenbsp;duquel eftoit ce chantre tant renommé,EPienne le Roy,nbsp;qui tailbit retentir toute la falle de fa voix harmomeufe.nbsp;Âpres venoyent fept autres chariots aulsi argentez,nbsp;dont les trois eftoyéttrois rocherscouuerts de coquilles,nbsp;amp;d’vne inamp;nité depetis animaux de mena lacimedel-quels rochers y auoit vne loge faite auec quatre colones,nbsp;le tout argenté, amp;àans la dite logevn Dieu marin afsis.nbsp;Les autres quatre eftoyét quatre Jyons matins aulsi tousnbsp;argentez, ayansle deuantcomme vnlyon ,Slt;lc derrierenbsp;come vnpoiffon,laqueue entrclaffce,haute(leuee,amp; àlanbsp;Cime d’icellevne coquille d’argent, dans laquelle eltoitnbsp;pareillement afsisvnDieumarin. Et eftoyent ces dieuxnbsp;lousveftus de longues robbes de drap d’or, de diuerfesnbsp;couleurs,obfcures neantm'oins. Aptes cela venoitvn autre grand chariot doté , qui eftoitvncheual marin, ayantnbsp;le derriere en forme de poiffon, auec la grande queuenbsp;aufsi enttelaffee, amp; àla cime vne coquille d’or,fur laquelnbsp;le eftoitafsisNeptune Roy delà met,auec fon trident ennbsp;main,guidant les autres dieux fes iuiets.Sur ce chariot e-ftoitleRoy dePtance .Sur les autres eftoyent les frètesnbsp;du Roy,le Roy de'Nauarre,lc Prince de Code,le Princenbsp;Dauphin,leDuc de GuifeSc le cheualierd’Angoulelme.nbsp;Us chargerét quelques Princeffes amp; dames fur ces chaii-ots-.puis ayâs fait quelques däfes,chafcun feretirapoiit cenbsp;foir .V oila quel ettoit le meftange de ceux de laReligionnbsp;auec les Catholiques, dôtplulieurs furet autant eftonez,nbsp;qu’apteslesmaffacres,oupeus’cn faut.
Ce mefme iourV Amiral efctiuit de fa propre main à fl femme qui eftoit enceinte, les lettres qui lenfuy went.
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Ma trefchere amp; bien-aimée femme,ce iourd’Iiuy fté faites les nopces de la fœur du Roy,amp; du Roy denbsp;uarre.Les trois ou quatre iours qui fuyuent feront ÇOnbsp;mez en ieux,banquets,mafques amp; combats deplâdtt-Roy m’a affeuré, qu’il me donnera puis apres quel^**^nbsp;iours pour ouïr les plainftes qu’on fait en diuers endfnbsp;du Royaume,touchant l’edit de pacification qui y ennbsp;lé. C’eft bien raifon que ie m’employe 3. cela,autant Jlnbsp;me fera pofsible.Car encor que i’aye fort grand dcl'fnbsp;vous voir,toutelTois,vous feriez marrie auec moy(eYnbsp;i’eftime) fi i’auois efté parefleux en tel afaire, amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;
fiift mal aduenu par faute d’yfaire môdeuoir.Toutes' ce delay ne retardera pas fi lÀig temps mon parteffienbsp;de ce lieu,que ic n’aye congé d’en fortir la fepmaine ffnbsp;chaîne. Si i’auois elgardà mon particulier ,i’ainierônbsp;beaucoup mieux eftre auec vous, que de demeurer pi**nbsp;longuement ici,pour les raifons que ie vous diray.nbsp;il faut auoir le bien public en plus grande recommendnbsp;tton que fou particulier. l’ay quelques autres chofe’nbsp;vous dire,fi toll que i’aurav le moyen devous voir.'cenbsp;ie defireiouramp;; nuiét. Quant aux nouuelles que ie ''°“nbsp;puis mâder, elles font telles.Ce iourd’huy,quatre heut^nbsp;apres midi eftoyent lonnees,quand lamelle de l’efpo'’nbsp;a ellé chantee.Cependant le Roy de Nauarre fe pourlP^nbsp;noit en vne place pres du téple, auec quelques Seigut“^’nbsp;de noftre Religion,qui l’auoyent acompagné. Il y a dnbsp;tres menues particularitez,qucielaifle,pour les vous dif®nbsp;en prelénce. Sur ce,ie prie Dieu, ma trefchere amp;biend'nbsp;mec femme,qu’il vous tienne en fa fainéle garde.Denbsp;ris ce iS.iourd’Aouft lyyi. Depuis trois iours en çd’’*;nbsp;efté tourmenté decholiques venteufes, amp; de douleur denbsp;reins.Mais ce mal ne duroit point plus de huit oudixt^dnbsp;res,graces .à Dieii,par la bonté duquel,ie fuis maintena»*'nbsp;deliurede ces douleurs. Soyez alleuree de ma part,qdenbsp;parmi ces fellins amp;palletemps, ie ne donnerayfalcherienbsp;à perfonne. A Dieu derechef Voltre mary bicnaymegt;nbsp;Chastilton. llauoiiefti' fort malade quelques feP'nbsp;maines au parauant, amp; craignoyent aucuns de l.i Reli'nbsp;gion,qu’on ne luy euft fait quelque pareil tour qu’.i *dnbsp;Roync de Nauarre:mais il reuint en conualcfcencc,nbsp;vne
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''nefecrette prouidencedeDieü.qui le vouloit efprouuer plusauant,amp; defcouurir les Coüfeils delaRoyne merenbsp;amp;des fiens.
Le mardy diineufiefme, parce qu’il eftoit fort tard a-uant qu’on fe leuaft, ne fut faite autre chofe pour le regard des nopceSifînôque Ion partit du palais fur les trois Heures apres midi, amp; alla-on diluer à l’hoftel d’Anjou,ounbsp;le Roy de Nauarre auoit fait preparer le difner : amp; apresnbsp;difner on allaauLouure,ou le bal fut drefleamp; continuénbsp;iniques au foir.
MAis la Royne mere amp; le confeil fecret penfoit bien Prépara-a autre danceiafauoir au moyé d'exterminerl’Ami quot;fs P°quot;?
ral amp; les fiens. Or pour côprendre aucunement ces terri- ™aila-bles defleinsjles lecteurs fe fouuiendront du Confeil que ‘ Birague donna au Reyamp; à fa mere, touchant le fortnbsp;qu’on feroit à plaifir incontinent apres les nopces,ou Ionnbsp;feroit entrer l’Amiral auec les fiens,amp; lors ontireroicnbsp;contre eux à bon efcient. Cela auoit efté approuué alTeznbsp;longtemps. Mais depuis on changea d’opinion ,amp; peunbsp;auant les nopces ne Rit on d’auis de drelfer ce fort,
, pourl’indifpofitionen laquelle onvoyoit l’AmiiaLqui ne voudroit parfaire ceft exercice. Mais pour entendre ce changement d’auis,amp; quelque peudesconfeils denbsp;la Royne mere: il faut reprendre les chofes de plus haut:nbsp;amp; confidererici trois conl'eils. L’vn duRoy,acompagnénbsp;de fa mere , de fon frere ,du Conte de Rets,de Birague.nbsp;L’autre de la Royne mere, qui eft le confeil treffecret,nbsp;compofé d’elle amp; du Conte de Rets feul premièrement,nbsp;puis de Biragiiepiour vn tiers, amp; non pas toufiours, amp; denbsp;quelques autres , en certains pointfs particuliers feulement . Le troifiefme,eft le Confeil de Guifé , ou le Ducnbsp;d’Anjou, la Royne mere, Birague, le Conte de B.ets, lenbsp;Duc de Neuers, le Cardinal de Lorraine, le Duc d’Au-inale,Tauânes,Çhiuernyamp; quelques autres fe trouuoyét. jjnbsp;Le Confeil duRoy, autrement Confeilfecret,mettoitnbsp;en auant que iamais le Roy ne verroit fon Royaume ennbsp;paix, que les auteurs des troubles nefiiffent exterminez,nbsp;Or difoyent ils ,qu’il y auoit trois ligues au Royaume,nbsp;afauoir des Montraorécis, des ChaRillôs,amp; desLorrains,nbsp;oude Guife,qui pour leutfs querelles particulières
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uoyent tellemét brouille les cartes, que ianiais ne fe ref' roiten paix tandis que ces faétions dureroyent. Pour Ynbsp;pouruoir.faloit commencer par l’Amiral qui eftoit le relie desChallillôs:amp; ce pour beaucoup de caul'es. Premièrement, c’eftoit vne chofe infuppor|able,qu’vnlîmpl^nbsp;gentilhomme comme ceftuy là, aggrandy par la feule »nbsp;ueurdes Roys, vinftainlî à trancher du braue au pres denbsp;fes raaiftres,auoir aut3nt,amp; plus de fhitte qu’eux,leur bailnbsp;1er regle quand bon luy fembleroit, amp; faire remuer lenbsp;Royaume ou vne grand partie d’iceluy, parler aufsi gr®’nbsp;que les Princes du lang,amp; s’attacher aux Seigneurs fauOquot;nbsp;rifez du Roy, fans les refpetber aucunement. Seconde'nbsp;mcnt,il auoit donné tât de trauerfes au Roy,que ce feraitnbsp;vne follie extreme de l’en laiflèr impuni : amp; qu’efta”'^nbsp;l’occalîon lî propre il falloir conlîderer ce qui eftoit vt»?nbsp;au Royaume, alauoit l’extcniiinatiô des Huguenots,lel'nbsp;quels feroyent entièrement ruinez parla mort de leafnbsp;chef. Tiercemét, qu’il eftoit impoffible q l’eftat du Ro)'-aumcpcuftflorirtandisqu’il y auroitdeux Religions'^nbsp;que la Catholique cftant la meilleure,il falloir racler la“nbsp;tre.Pourparuenir à cela,ils refolurent,puis que le fort nenbsp;fe pouuoit bonnement dreffer, d’auoir quefq’vnqui dnbsp;coup de harqucbouze tuaft l’Amiral, incontinent apte*nbsp;les nopccs. Que de ce coup s’enfuiurovent d’autre’nbsp;biens pour le Roy,c’cft afauoir que les Huguenots cftan’nbsp;en allez bon nombre dans Paris, ne pourroyent endure^nbsp;vn tel outrage fans fe mutiner en quelqueforte'.amp;S“'nbsp;fur cela le Roy auroit vn fort beau prétexté pour les fa*'nbsp;re exterminer, ayant cent fois autant de forces qu’eu* .nbsp;dedans. Que parmi ces coups,ceux de Montmorency*^nbsp;royët aifémét enuelopez,à caufe de la haine que leur p®‘nbsp;toyent les Parifiens amp; la maifon de Guife. Et qu’apres cenbsp;coup fait,amp; les principaux des autres villes du Royaumenbsp;faccagez,iln’y auroit qu’vne Religio.Puis auecletépso*’nbsp;râgeroit fi bien ceux de Guife que le Roy demeutero’nbsp;Seigneur enticremêt,amp; toutes faéliôs cefleroyct. Qua“'nbsp;auxquot;Princes qui eftoyct auec l’Amirahquand leurs apP“.’’nbsp;leur leroy et oftez.il feroit aifé de leur dôner vn autrepvnbsp;en leur donnât des feruiteurs affeéliônez au Royamp;“^|^nbsp;Royne fa mere , pour efpier leur atlions,amp;Jcs eeterutnbsp;deuoir,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•
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Mais le confeil de la Roy ne mere penetroit bien plus C onfeîl de auant. Carie Conte de Rets amp; elle auoyenc preueu de l»Roy“’nbsp;longtêpsenfembleîamp;comme reiolu,quepour aftcrniirnbsp;leur authorité , amp; manier tout le Royaume à leur plailîr;nbsp;amp;fans aucun controlle : il faloit premièrement qu’il n‘ynbsp;euft Seigneur en Ftâce qui ne fuit creature de la Royne,nbsp;amp;efleué par fa libéralité . Outreplus ne fouffrir iamaisnbsp;qu’ils môtaflent fi haut quelle ne les peuft faire defeédre,nbsp;amp;les deffaire quand iis luydefobciroyent.lté ne permettre viure autre Nobleffe que celle qu’elle feroit de iour ànbsp;aune, qui luy leroyent obligez;amp; que toute obciflancenbsp;luy feroit rédue par tel mc.yédans qu’ily euft plus querelnbsp;le pourlaprefeance a caufe de l’antiquité ou grâdeur desnbsp;niaifons. Quant aux Princes , qu’il les falloit amuler ànbsp;d’autres affaires qu’à ceux du Royaume, amp; fi Ion lesnbsp;voyoit fevouloit auacer,leur faucher l’herbe debô ne heunbsp;re par les moyés pratiquez au parauât. Pour le regard denbsp;la Religion,que la Catholique feule demeuraft, commenbsp;eftantlaplus propre pour le maintenir ; loin tie moyennbsp;qu’on auroit d’introduire les Efpagnols amp; Italiens en Frânbsp;ce,qui feroyent entièrement au feruice de la Royne, parnbsp;la main de laquelle ils feroyét auanccz.U y auoit d’autresnbsp;articlespout opprimer du tout les eftats, rcuerfer la plusnbsp;partdes loix,rcngerle peuple par fubtiles exaÛions, démanteler la plulpartdes villes,l’pecialement celles qui nenbsp;font de frôtiere , amp; auoir toufiours vue armee prefte auxnbsp;defpens du peuple, amp; au commandement de la Royne.nbsp;Pourpatuenir àcesdeffeins , les trois faétions fufnom-niees,De Montmorency,de Chaftillonamp;dc Guifed’em-pefehoyent fort.11 faut donc cômeiicer par ceux là qui cônbsp;prenoyétauec eux prefques toute laNobleffe deFratice.nbsp;Ceux de Montmorency pourroyent s'aioindre vn iour ànbsp;la maifon deChaftillon,amp; abaiffer tellement ceux de Guinbsp;fe ,que finalement ils palTeroycnt plus outre puis apres,nbsp;demandans le reftabliffement du Rovaume , ce qui nenbsp;fepourroit faire que la Royne ne perdiftfon authorité,nbsp;amp;le Conte de Rets endanger,pour fesdeportemensnbsp;Outre cela, la Royne fefouuenoit des tours qu’elle a-uoitiouez au fcuPrince de Condé,à l’Amiral amp; à ceux denbsp;la Religion, defquels elle s’eftoit mocquee infinies fois.
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Elle auoit indignement traitté le Conneftable. Pourtant tenoit elle pour tout alTeuré, que li elle les lailTott plu*nbsp;long temps enfemble, fon Conte de Rets amp; elle feroyétnbsp;en beaucoup de peines. Elle craignoit aufsi merueillcn'nbsp;fement l’efpritdu Roy,qu’elle auoit nourri en toute di*'nbsp;lîmulation:amp;lepenfoitques’il preftoit long temps l’O'nbsp;reille .à l’Amiral,il verroit que fon confeil fecretcerchoitnbsp;la ruine du Royaume ,amp; par confequent pourroit tromper fa mere , en ccrcbant les moyens de reftablir toutes cliofes. Quant àceuxdeGuife, encor qu’ils luy fui'nbsp;fentaffeftionnez,(î eft-ce,que leurprefencelameito'tnbsp;en beaucoup de penfemens. Elle voyoït le Roy en trainnbsp;de ne viure pas long temps . Le Duc d’Anjou,n’eft P*®nbsp;trop fpirituel,amp; que s’il alloit en Pologne ,il ne pourroi'nbsp;reuenir fi toft: cependant les Catholiques fauorifoyu”'nbsp;merueilleufement lefdits de Guife , qui à la moindre o(^nbsp;cafion renouuellerovent leurs anciennes querelles,tou^nbsp;chant la Duché d’Anjou amp; la Conté de Prouence,nbsp;très droits qu’ils pretendent au Royaume . Elle fe 1*’“^nbsp;uenoitdes tours qu’elle leur auoit iouez: amp; cornuiunbsp;aufsi le feu Duc de Guife, amp; le Cardinal de Lorraine,!nbsp;uoyentfaitpalTer fous leurs pieds, pendant le regnunbsp;François fécond. Et que fi toft qu’ils pourroyent refnbsp;trer quelque expedient de l’abaifler,ils l’efpargneroy?nbsp;encores moinsqu’alors. Brief, elle fe refolut que!nbsp;gouuernemét ne pouuoit fubfifter ni demeurer deb®nbsp;tandis que ces grands feroyent fi hautefleuez.Prerni^nbsp;ment donc,elle,ledit Concede Retsamp; Birague, ennC'^j^nbsp;qu'il faut que l’Amiralfoit le premier au roolle , ennbsp;forte cependant que les autres n’efchappent point. j|nbsp;l’expedientle plus propre du monde, ce leur fembl^-faut,fuyuant ce qui a efté dit en general au confeilnbsp;attitrerquelqu’vn qui d’vne harquebouzade tue l’Arnifnbsp;amp; mettre ce harquebouzier dans rne maifonquiapP^i^nbsp;tienne a l’vn des feruiteurs de la maifon de Guife : amp; ‘î mnbsp;le coup fe face en plain iour. Incontinent que l’Ami«‘‘nbsp;ra mort,ceux de la Religion fachans la maifon nenbsp;dront de fe ruer fur ceux de Guife:amp; les Parifiens fufnbsp;dits de La Religion amp; de Montmorency, tellement Jli^jnbsp;les vnsdefferontlesaatres.Le Roy fe ferrera cepenu^^
-ocr page 389-L’ESTAT DE PR ANGE. Kîi îuLouurcjamp;auravne troupe prefte, pour fe ruerprom-¦^tementfurle parti qui feroit demeuré comme le mai-ftrc,pourendepefcherà la chaude, ceux qui ferontdesnbsp;principaux.Cela fait,il u’y aura perfonne qui necondamnbsp;né les occis,amp; qui n’ait mefmes pitié du Roy, amp; ne louenbsp;la Royne mere amp; fes officiers qui fe feront tenus ferreznbsp;pour conferuer la maiefté Royale.Quat aux particuliersnbsp;amp; Hu^enots q^ui font par les autres villes , fera aifé d’ennbsp;venira bout puis apres,pourueu qu’ô leur leuedes mainsnbsp;les places de retraitte. Or n’y auoit-il lieu que la Roynenbsp;ctaignift linon la Rochelle ; mais elle la penfoit auoir ennbsp;faraainparlemoyendesinftruttionsque Strofsy amp; lenbsp;baron en auoyent.Puis apres on auiferoit au tefte.
Le confeiltroifiefme ou de Guife contenoit vn arreft denelailfer efchapper l’Amiral ni les principaux de fanbsp;fuite.On ttouuabon aufsiceft expedient de le faire tuer.nbsp;Le Duc de Guife difoit quelques fois, que la iurtice qu’ilnbsp;demandoit au Roy contre l‘Amiral eftoit de le combattre feulàfeul.Nlais celan’euftiamais efté accordé, pournbsp;beaucoup de raifons,amp; fur tout pour l’incertitude de l’e-uenemcnt.Mais ceux de Guife preuoyaus bien ce que lanbsp;Royne penfoit,affemblerenttelles forces dansParis,quenbsp;ceux de la Religion les euflènt peu malailément endomnbsp;tnager-.amp;leRoy mefmes auec les fiens ne leur euftfceunbsp;1 nuire.
Pour faite ce coup,ne falut long temps deuiner. Mau-leuel meurtrier gaigé du Roy, de la Royne, de ceux de Guife,«!; recompenle de la ville de Paris, fut mandé pournbsp;fetrouuer àParis au temps des nopces.Tous les trois cônbsp;feils fe rapportèrent en vn,touchant celt auis de l’execu-lion, e xcepté que ceux de Guife ne fauoy ent pas l’intention de la Royne touchant le logis id’ouce meurtrietti-tetoit-Trotsfepmaines auparauantle Ducd’Anioufai-gnant aller louer envn chafteau pres Paris , auoit faitve-nitMaureuel, auquel il auoit longuement parlé en vn canbsp;binet.Q^lques iours enfuyuans, le Conte de Rets auoitnbsp;aufsi longuement parlé a luy,fcul à feulhors de Paris,onnbsp;il l’eftoit allé trouuer.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Continua
Retournons aux nopces,pendât qlaRoyne mere dref tiondesfe fel’efehauffaut tragique. Le Merctedy xo.d’AouRfuieat ftiasSepaf
562 MEMOIRES DE
fctenips. jgj jgy jgj jjjjjg teiyipj préparez en la falle de BoUf bon,comme s’enfuit.Premieremét en ladite falle a nu*®nbsp;droite y auoit le paradis drefséjl’entree duquel eftoitde*nbsp;fédue par trois cheualiers armez de toutes pieces, qugt;nbsp;lto)'cntle Roy amp; fes freres: à main gauche eftoitl’enftf’nbsp;dans lequel y auoit vn grand nombre de diables amp;nbsp;diabloteauxjfaifans infanies lingeries amp; tintamarres au*’®nbsp;vne grade rôtie tournât das ledit enfer, toute enuiróii®®nbsp;de clochettes.Le Paradis amp; l'efereftoyetdiuifezpari'B®nbsp;ritiiere qui eftoit entre deux,das laquelle y auoit vne bî®nbsp;que coduite parCharô nautônier d’enfer.A l’vn des bou^nbsp;de la fille,amp; derriere le Paradis eftoyent les champs EU'nbsp;fees, afauoir vn iardiii embelly de verdure , amp; de toutesnbsp;fortes de fleurs;amp; le ciel empyree, qui elloit vne gtungnbsp;roiie auec les douze lignes, fcpt pianettes , amp; vne infini*®nbsp;de petites eftoilles faites .à iour,rendans vne grandelucU*nbsp;amp; clarté,par le moyé des lapes amp; flambeaux quieftove*nbsp;artificicllemét acomodez par derriere. Celle roiie efto*®nbsp;en continuel mouuemét, faifantaufsi tourner ceiardiU'nbsp;das lequel eftoyés iz.nymphes fort richemctacouftreeS'
Dans la falle fe prefenterent plulieurs troupes de ch^' ualiers errâs,armez de routes pieces,amp;veftus dediuetlesnbsp;Iiurees,côduits par les Princes amp; Seigneursttouslelqu®'|nbsp;tafehans de gagner l’entree du Paradis,pour puis apres anbsp;1er quérir ces Nymphes au iardin,eftoyct empefehez P’*®nbsp;les crois cheualiers qui en auoyent lagarde, lefquelsl'®nbsp;apres l’autre fe prefencoyeut à la liire,amp; ayans rompu ‘nbsp;picque contre lefdits aflaillans, amp; donné le coup de en®nbsp;ftelas,les renuovoyent vers l’enfer , ou ils eftoyent tr-’’,nbsp;nez par ces diables.Celle forme de combat dura iufflU *nbsp;ce que tous les cheualiers errans eurent ellécombatu^nbsp;amp; traînezvn à vn dedans l’enfer, lequel fut puis closnbsp;fermé.A l’mftanc defeendirent d’vn ciel, Mercure amp;nbsp;pido,portez par vn coq.chantans amp; danfans. Le Mercu*nbsp;eftoit cell Eftienne le Roy , chantre tant renommé d®nbsp;quel defeendu enterre fe vintprefenteraux troischeuanbsp;liers,amp;; apres vn chant mélodieux, leur lit vne haryigu®’nbsp;laquelle paracheuee, il remonta fur fon coqtoulio*'nbsp;chantant, amp; fut reporté au ciel. Lors les trois cheualit*^nbsp;fe leuerent de leurs fteges, amp; trauerfans le Paradis, al
-ocr page 391-L’ESTAT DE FRANCE. 36. rentes champs Elifees quérir les douze nymphes,lel-^uelles ils menèrent au milieu de la falle, ou elles fe mi-rét à danler vn bal fort diuerlifié, amp; qui dura plus d’vnenbsp;grolfe heure.Le bal paracheuédes cheualiers qui eftoyétnbsp;dans l’enfer, furent deliurez.St apres fe mirent à combatte amp; rompre les picques en foule.La falle elfoit toutenbsp;couuerte d’eîclats de picques,Sc voyoit on le feu fortir denbsp;tous codez des harnois. Le combat fini, on mit le feu ànbsp;des trainees de poudre qui eftoyent autour d’vne fontaine dreffee quali au milieu de la falle ,d’ou s’efleua vnnbsp;bruit amp;vne fumee qui fit retirer chafcun.Tel fut le palTe-lemps deceiour,d’oul’onpeutconieaurer quelles e-ftoyent les penfees du Roy, amp; du confeil fccret, parminbsp;telles faintes,Onfait comme Icursflatteurs ont allegorize depuis fur tels ieux, difans que le Roy auoit chafle lesnbsp;Huguenots dans l’enfer . Mais qui fe voudroit employernbsp;à telles fpeculations , il pourroit remarquer beaucoup denbsp;chofes au train de la Cour, qui feroyent rougir tels fla-teurs (s’ils ont encor quelque goûte de bon fang) amp; tousnbsp;ceux à qui ils feruent.
Nous auons inféré cy deffus les lettres du Baron de la garde aux Rochelois,pourles endormir au pres denbsp;leur ruine. Les Rochelois qui fauoyent que ledit Baronnbsp;eftoit ennemy de leur Religion, amp; le plus ancien maffa-cteut de ce Royaume, (ayant commencé à Merindol amp;nbsp;Cabrieres : au demeurant traiftre iurc, amp; de fi bas lieu,nbsp;qu’on ne fait pas bonnement qui eft fon pcre ni fa mere,nbsp;agtandiez par laRoyne mere,à qiii il a fait beaucoup denbsp;menus feruices) qui incommcdoit tout leur trafic,amp;nbsp;Commerce par le moyen de fes galères ; n’ofans irriternbsp;ce Baron,amp; perfuadez d’vne grande bienueillance dunbsp;Roy enuets eux amp;tous ceux de la Religion , refpondi-rent audit Baron le plus doucement qu’ils peureat: amp;nbsp;encores que nous n’avonsladiterefponce, il appert af-fez ducontenud’icelle patvne autre lettre de ce Baron,
comme s’énfuit.
Mefsieurs, i’ay receu voftre lettre que m’ont baillé de Autreslet-voftte part les Seigneurs deCoureilles amp;Gargouillaud;amp; fuis eftébié aife d’auoir entëdu que vo’ eftesbié affeureznbsp;du tout du faux bruit qu’ô a fait courir,amp;qu’il n’é eft rié.Ie Rochelois
364 MEMOIRES DE leur ay encores fait entendre deviue voix l’intention dunbsp;Roy.de la Royne fa mere gt; amp; de monfeigneur, qui 1nbsp;maniemétdes armes;amp;prié le vous dire, que ie nenbsp;pargneray iamaisencJiofequeiepuilïê, pour vous g^'nbsp;der d’eftre oifencez, qui le voudroit entreprendre. Vousnbsp;le croirez ainiî, amp; qu’il ne fe fera rien, que le Roy nenbsp;cômandepar bonnes lettres patétes.Mais cependant g**quot;nbsp;dez-vous que Ion ne vous trompe,amp; ayez en fouuenant?nbsp;l’auis que ie vous en donne,qui ne vous peut finö feruVquot;nbsp;vous l’enfuyuez.-ce que ie vous prie de faire,amp; noftre Sei'nbsp;gneur vous donner (mefsieurs) en parfaitenbsp;bonne amp;longue vie.De Brouage ce lo.Aouft,! jyaVnbsp;trefTeur amp; parfait amy,commefrere,PouIin.
ttopos du L’Amiral demeuroit en Cour apres les nopces poji. koy pour pouruoiraiixafaires des Eglifes reforn,ees.Le Roynbsp;affiner î’auoit prié de le fupporter quelques iours en fespsn^'nbsp;lAnnra!. temps,amp;letirant àpartenuiron celo.d’Aouft, lu)'ƒ*/nbsp;nbsp;‘
Mon Pere, vous fauez que vous m’auez promis de n’o*' , fencer perfonne de tous ceux de Guife, tandis que yo®nbsp;demeuperez ici:amp; eux femblablement m’ont promisnbsp;vous re/pefter amp; tous les voftres.Ie me perfuadenbsp;fte ferme opinion,que vous me tiédrez voftreproffldn 'nbsp;Maisienefuispasfiaflèurédeleur foy, cômeie fuis“*nbsp;la yoftrexar outre que c’eft à eu x d e le venger,ie cogn“’)nbsp;leurs brauades,amp; la faueurque ce peuple leur porte. PVnbsp;quoy,ie ne voudroy pointqu’ils filîent chofe qui tournd,^nbsp;à voftre dômage,amp; que mon hôneur y fuft inrereiré,di'^nbsp;du,come vous îauez, que fous ombre de ces nopces ilsnbsp;font trouuez ici bié accôpagnez,amp; bié armez.Et pouri^’nbsp;s’il vous scbloitbô,i’auoispéféque ce ne feroit point’nbsp;propos, fi ie faifois venir les gardes de mes harquebdnbsp;ziers pour plus grande feureté de tous,de peur ’pi'a l’id’nbsp;prouifte,ils ne vous puiflentendômagcraucuneniennidnbsp;faifant venir fous la côduitede tels amp;tels capitaines,en nnbsp;mant des hommes qu’il fauoit bié n’eftre point fulpet^'nbsp;amp; dontl’Amiral ne fe peuft defier. Lequel ayat enétdunbsp;difeours du Roy,amp;le trouuant fort gracieux amp; amiumnbsp;amp; fait aueefimplicité', le remercia, adiouftant que tonbsp;ainfique cela eftoit entièrement en fa puiflance, qu’^mnbsp;ils’encapportoitàtoutceque fa maiefté ^ti feroit-
-ocr page 393-L’ESTAT DE FRANCE. J65 lt;jmnt à luy, que les harquebuziers ne luy defplaifoyentnbsp;point,d’autant que les gardes font touliours bonnes. Genbsp;difcours fait entre eux, on fit venir douze cens harque-buziers, qui furent mis vne partie à l’entour du Louure,nbsp;amp;lerefte enuoyéen d’autres endroits de la ville,afinnbsp;qu’on ne fceuft point au vray quel nombre il y auoit. Parnbsp;ccft artifice,! laveue de tous de tous ceux de laReRgiô,lenbsp;Koy fit entrer dans Paris, ceux qui les deuoyët faccager.
Ces iours là , le marefchal de Montmorency voyant Le Marcf-telles confij fions à Paris ,amp; redoutant les furprinfes de cha! de 'enxde Guife,ennemis mortels de luy amp; des fiens, fous Montinonbsp;pretexte de s’aller esbatre à la chafle, fe retira de laCour ''nbsp;chez foy:en quoybié luy print,car outre ce qu’il efehappanbsp;de mort ce coup là, aulsi fon abfence futcaufe que fes frenbsp;Tes furent efpargnez.On eftimoit qu’il deuft reuenir levénbsp;dredy matin; mais il seiourna dauantage , amp; ayant entendu ces nouuelles de la bleffeuae de foncoufinl’Ami-tal,print autre auis.
Le leudy XI. d’Aouft, furent dreflees des lices dans leLouute.pour courir la bague, auec vn efebaïfaut pournbsp;les dames.Lafe prefenterent plufieurs troupes; entre autres leRoy,amp; fon frere, vertus en Amazones : le Roy denbsp;Nauarre amp; fa troupe.veftus àlaTurque, de grandes tobbes de drap d’or,amp; le turban en terte:le Prince de Condé,nbsp;amp; le ieune la Rochefoucaut vertus à l’eftradiotte, auecnbsp;tobbes de drap d’orzle Duc de Guife amp;le cbeualier d’An-goulefme eftoyét aufsi vertus enAmazones.Toutes leursnbsp;troupes amp; plufieurs autres richement acouftrees, fe prefenterent fur la lice : mais par ce qu’il ertoit tard on nenbsp;courut que deux ou trois coups, amp; fut (difoit-on) la partie remife au lendemain. Ce mefme iour fut dit au con-feil priué du Roy ,-que on auoit veu force gens à chenal au pré aux clercs , amp; par les places de Paris, auec desnbsp;Piftolesamp; harquebuies à l’arçon de la felle,contre les defences du port des armes; à quoy quelqu’vn du cöfeil ref-pondit, que ce pouuoyent eftre quelques vus qui fe pre-paroyentamp; exercoyent pourlareueue qui fe deuoit faire pour la recreation de la Cour.
Il y auoit fi grand appareil de ieux, telle magnificence de banquets ôtpaflétemps, le Roy aufsi ertoit tellement
-ocr page 394-366 MEMOIRES DE tranfporté apres telles follatreries, tât s’en faloit qu’ilnbsp;quart aux afaires qui le prefentoyêt au confeil ordinaire)nbsp;que mefmcs il ne prenoiepas leloilir de dormir. Maisnbsp;les conl'cils ertoyent défia prins,amp; il fiiifoit corne lechal-feur qui chate amp; loue fort la berte qu’il detertoit amp; mau-dilToit enchaflant.Or en la CourdeFrace.le bal,les dafl'nbsp;fes, les malquarades amp; autres telles vanitez efquelles lenbsp;Roy prend vn plaifir fingVil ier, ne fe font le plus louuentnbsp;que de nuiirt. Qu^ant aux heures du iour propres pour tenir confcil amp; traiter des afaires, il les faut employer n^nbsp;ceflairementàdormir, àcaufedes excez faits en lanui»nbsp;precedente. Au refte, il y a eu des long temps telle ptj'nbsp;uauté entre les gentilshômes courtifans amp; les damoilel'nbsp;les de la Royne mere, amp; vue fi grande licence de rirenbsp;deuifer de chofes lafciues, que les autres nations nenbsp;pourroyent croire,de toutes gens honnertes tienentpof^nbsp;certain,que les ieunes damoifelles font mal logeesnbsp;ces lieux là,pour y conferuer leur pudicité. Qui pins e ’nbsp;s’il arriuequelque matquereau, ou macquerelle: finbsp;que ruffien amp; garnement, propre à inuenter quelqn^,nbsp;nouuelles vilenies fe prelènte,on le void en moins de rgt;^’nbsp;ertre des plus fauoris. Sur touî,depuis quela Roynenbsp;rea eu le gouuernementdu Royaume, il y eft entre*'nbsp;telle fourmiliiered’Italiens, fpecialement en 1**.nbsp;que plufieurs l’appellent maintenant la Franc’Italie’nbsp;autres Colonie amp; elgout d’Italie. Ces folies amp; vanité^nbsp;la Cour,empefehovent l'Amiral de parler aunbsp;traiter de chofes plus graues.Mais quand les deputednbsp;Eglifes reformées enuoyez en Cour, pour fiire pUtn^^^nbsp;des outrages faits en diuers endroits à plufieurs denbsp;dite Religion, entendirent que l’Amiral deliberoit fe^^nbsp;tirer, ils luy portent foudainement leurs requertesamp;nbsp;mandes, le priant de ne partir de là, que premicrein^^jlnbsp;il n’eurtfait pouruoir aux afaires des Eglifes,amp;nbsp;effeâprefenté leurs requertes au Roy à fon coo .nbsp;Pour celle occaiion , l’Amiral refblut (commenbsp;l’efcriuoit à fa femme, par les lettres inferees ci p-de différer fon partement, iniques à tant que la cornnbsp;dite fe prefentart de parler de telles afaires au priuenbsp;feil, ou le Roy auoit promis de fe troiiuer bien
-ocr page 395-L’ESTAT DE FRANCE. 367 pour donner ordre à tout. A ce retardement eftoit conjoint vn autre empefchement. 11 eftoit deu vne grandenbsp;fomme de deniers de folde aux Reytres, qui en la dernière guerre auoyent porté les armes, pour ceux de lanbsp;Religion, ce que l’Amiral follicitoit, aucc vn foin amp; diligence incroyable.
Maureuel, eftantarriuéàParis, pendant ces feftins ,amp; ayant efté vendu Roy, de fa mere, du Duc d’Anjou , denbsp;ceux de Guife, apres auoir parlé au Roy, amp; à la Roynenbsp;mere, fut donné en charge à vn nommé Chailly ,qui lenbsp;mena en la miifond’ou il tira le coup,amp; le recommand.anbsp;à vne femme eftant en ladite maifon . Le vendredy. 11.nbsp;d’Aouft des le matin il agence fa harquebouze, amp; attendnbsp;de pied coy l’Amiral, lequel avant obtenu audiance, fitnbsp;fon rapport au confeil du Roy (ou prelîdoit le Duc d’Anjou , qui en fortitauantles autres) puis au fortir commenbsp;ilalloitenfon logis, ayant trouuéle Roy quifortoit d’v-ne chappellequieft au deuant du Louure, le remenanbsp;iufques dans leieude paume (ou le Roy, amp; le Duedenbsp;Guife,ayans drelTépartie contreTheligny,amp;vnautrenbsp;gentil-homme, iouerent quelque peu) puis en fortit,nbsp;pour s’en aller difner en fon logis,accompagné de douzenbsp;ouquiiizegentils-hommes. llnefut pasàcent pas dunbsp;Louure,que d’vne feneftre treilliflee du logis(ou logeoitnbsp;ordinairement Villemur, précepteur du Duc de Guife)nbsp;luyfut tiree vne harquebouzade auec trois balles, furnbsp;le poinft qu’il lifoit vne requefte , allant à pied par lanbsp;rue, L’vne des balles luy emporta le doigt indice de lanbsp;main droite, de l’autre balle, il fut bleflë au bras gauche.
Lors qu’il futbleffé.le Sieur de Guerchy eftoit à fon cofté droit, d’ou luy futtiree l’harqucbouzade,amp; ifonnbsp;gauche, l’aifné des Pruneaux. Ils furent fort esbahisnbsp;amp; efperdus, amp; tous ceux qui eftoyent en la compagnie.
L’Amiral ne dit jamais autre chofe, finon qifftmon-ftralelieu d’où on luy auoit tiré le coup , amp; où les balles auoyét dôné:priant le capitaine Pilles,qui furuint là,auecnbsp;le capitaine Monins,d’alle'- dire au Rov ce qui luy eftoitnbsp;auenuiqu’il iugeaft quelle belle fidelitéc’efto jt,l’cntend.îc
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de l’accord fait entre luy,amp; le Duc de Guife. ,
Vn autre gentil-homme voyant l’Amiral bleue,s^P procha de luy pour luy fouftenir fon brasgauclie.luVnbsp;rant l’endroit de la bleflureauecfon mouchoir : le ûenbsp;de Guerchy luy fouftenoit le droiél : âc en cefte façon 1nbsp;mené à fon logis,diftant de là enuirô de lîx vingtsnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
y allant, vn gentil-homme luy dit, qu’il eftoit à craind que les balles ne fuflent empoifonnees : à quoy l’Ainifnbsp;refpondiuqu’il n’auiendroit que ce qu’il plairoit à Igt;ieU-Soudain apres le coup, la porte du logis d’où l’harqquot;nbsp;bouzade auoit efté tii ee, fut enfoncée par certains gennbsp;tils-hommes de la fuite de l’Amiral. L’harquebouze inbsp;trouuee, mais non l’harquebouzier : ouy bien vn fie”nbsp;quais,amp; vne feruantedu logis.l’harquebouzier s’en eito',nbsp;foudain enfuy par la porte de derriere, qui Ibrt fur le C‘”nbsp;lire defainft Germain del’Auxerrois:ou Ion luynbsp;vn cheual preft,garny de piftolles à l’arÇon de la felle:nbsp;lequel eftant efehappé , il fortit hors de la porte fagt;”nbsp;Antoine, où ayant trouué vn cheual d’Elpagne qu’on Wnbsp;tenoit en main,defcendit du premier, amp; monta furleienbsp;cond,puisfe mit au grand galop.
Le Roy entendant la blefieure de l’Amiral, qu'tU ieu,ou il eftoit encores louant aiiec le Duc de Gui(e:iednbsp;la raquette par terre, amp; auec vn vilàge trifte amp; abbatu,nbsp;retira en fa châbre; le Duc de Guife fortit aufsi peu ap^^’nbsp;le Roy,du leu de paume.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
L.a chambrière du logis interroguec, refpondit,qucl feigneurdeChailly (qui eftmaiftred’hoftel du Roygt;^nbsp;fuperintendantdesafaires du Duc de Guife) le iour a”nbsp;parauant auoit mené l’harquebouzier dan sie logis, amp;nbsp;iioit affedueufement recommandé à l’hoftefle.
Le laquais interrogué,refpond,que ce iourl3,bi5 matin,fonmaiftre rauoitenuoyéàChaillv,pourle p»^nbsp;défaire en forte,que l’efcuyerâu Duc de Guife, tinftl^nbsp;cheuaux qu’il luV auoit promis, tous prefts.nbsp;nom de fon inaiftre, il n’y auoit pas long temps 4” ' ƒ.nbsp;ftoit à luy,amp; ne l’auoit ouy appeller que Bolland, 1’^”nbsp;foldats de la garde du Roy: maischafcunfaitiquec’efto*nbsp;Maureuel de Brie, celuy qui aux guerres paflees tua enbsp;trahifonle fleurde Mouy.
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Le Roy de Nauarre, le Prince de Condé, le Conte de laRochefoucaut,amp;plulieurs autres Seigneurs,Barons,amp;nbsp;gentils hommes de la Religion, aduems de lablelïurc,nbsp;vrndtentincontinécviliter 1'Amiral.il vint aulsipluiieursnbsp;autres Seigneurs,amp; gentils-hommes Catholilt;3ues, amisnbsp;de l’Amiral,,tous bien fort marris de ce quiluy elloitnbsp;auenu. .
Soudain les médecins amp; chirurgiens furent appeliez. Propos de Entre autres AmbroifeParé Chirurgien du Roy,fort ex- ' imitainbsp;pert en ceft art. Ce chirurgien comméra par le doigt in-dice,le(3uel il coupa, auec grandes douleurs del’ Amiral: cj,unraUsnbsp;car pour n’auoir des pincettes alfez aiguifees , il fut contraint les ouuriramp; ferrer par trois fois . Puis apres il vint
' nbsp;nbsp;au bras gauche,failant des inciliôs en deux endroits ou la
balle auoittrauetfé.L’Amiral endura le tout auec vnvifa-ge conftant amp; pierueilleufement patient,tandis c^ue ceux quilevoyoyétainli découper ne pouuoyent le contenirnbsp;de pleurer à chaudes larmes .Luy les voyât etfrayeZiMesnbsp;amis,dit-il,Pourquoy pleurez vous; lem’eftimebié heureux d’auoir efté aiuliblefle pour le nom de Dieu. Et ànbsp;ïinftant iettant la veue lurvnminiftre nommé Merlin:nbsp;VoycifditiVldes beneamp;ces de Dieu,mes amis.le fuis voire ment bien bleffc : maisie conoi que c’eftpar la volonté du Seigneur noftre Dieu, Scremercie fa Maiefté, de cenbsp;qu’il me daigne tant honorer que ie foutfre quelque chonbsp;fepour fon lainEtnom. Prions-le, afin qu’il m’otttoye lenbsp;dondeperfeuerance. Alors regardant,ce miniftrequifenbsp;lamentoit ,Monfieur Merlinfdit-il) amp; quoy, me vouleznbsp;pasconfoler;Ouybien,Monfieur,refpôdit-il;amp; n’y a plusnbsp;grande ni plus certaine confolation, quefivous-vous ra-menteuez toufiours que Dieu vous honore grandemét,nbsp;vous reputant digne de fouffrir ainfi pour fon nô Si pournbsp;la vraye Religion.V Amiral tepliqua,Si Dieu me traitoitnbsp;comme iel’ay mérité , il me faudroitbien endurer d’autres tourmés'. Mais loué foitfon nom,quand il defployenbsp;la douceur amp; clemence fur moy fon panure feruiteur.nbsp;Ayez donc bon courage,dit quelque autre . Car puis quenbsp;Dieu vousalaifféfaine 8c entière la meilleure partie denbsp;vous, ily a dequoy magnifier fa bonté. V ous auez en cesnbsp;play es vn plus grand atguméi de la mifericorde de Dieunbsp;Aa
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370 MEMOIRES DE que de fon ire.-puis qu’il a preferué de playe lanbsp;tendement, Merlin adioufta,Vous faites bien (Monnbsp;de deftourner voftre péfee de ceux qui vous ont ainnbsp;tragé.pour regarder à Dieu feulement; car certainenbsp;c’a efté fa main qui vous a frappé,amp;ne faut péfer poUf. inbsp;ne heure aux meurtriers.Ievousafleure.refpôdnbsp;que ie pardonne de bon cœur à ccluy qui m’a blefle »nbsp;ceux qui rôt induit à ce faire. Car ie fuis certain qu **nbsp;me lauroyent faire ton quelconque,quad mefmesnbsp;mettroyent î mort, d’autît que la mort m’eft vn P’nbsp;afleuré pour p.arueniràla vie.Il réitéra ce mefæe pWnbsp;puis apres au Marefchal de Danville,quile vint voir,'’’-en la prefence dudit Merlin miniftre,qui eft viuant,ay*g^nbsp;efté miraculeufement deliuré,côme cy apres feraveu-comme ce miniftre lu v declairoit que les maux qui aU*nbsp;lient aux fideles amp; Chreftiés en la vie prefente,lesnbsp;lentfouuentesfois à prier Dieu plus ardamment,amp;l®® •nbsp;guillônent à teuerer fa puifsace admirableifoudain l'nnbsp;ralauec vue voix plus forte que de couftume,amp; y'' .nbsp;grade atfeétion: Seigneur mon Dieu,Perecelefte 5nbsp;ive pitié de moy par ta bonté amp; mifericorde, ne vueilqnbsp;auoir fouuenâce de ma vie palTee, amp; de tiics offences c®,nbsp;tre toy. Si tu prens garde à nos pechez,à noftre legerenbsp;amp; defloyauté en tranfgreffant tes commandemens, 4“nbsp;pourra fubiifter, Seigneur? qui pourra fouftenir la pelannbsp;teurde tô ire? le renonce tous dieux fabuleux,i’inuoqu^’nbsp;recognois,amp; adore toy feulPere eternel delefusCnOnbsp;Dieu eternel. le tefupply’ pour l’amour d’iceluy tonfal ’nbsp;que tu me donnes ton fainft Efprit,amp;: le don de patieiice'nbsp;Pay ma fiance en ta feule mifericorde : en icelle leule C‘nbsp;appuyee toute mon efperance , foit que tu vueillesquenbsp;meureprefentement,ou queie viueencor. Voici,ieprO'nbsp;telle d’eftre preft à tout ce qui te plaira,eftant alTeiiré qU®nbsp;s'il faut que ie meure , tu me receuras incontinent au rÇ'nbsp;pos des bien-heureux en ton royaume. Si tu veux quenbsp;demeure plus longuement au monde, o Pere celeftefa^tnbsp;moy celle grace,que i’employe tout le relie de ma '')€ •*nbsp;auancer la gloire de ton nom,embrafl'er amp; maintenir denbsp;plus en plus ton pur feruice.
Ayant acheué cefte prière,Merlin luy demanda,s’il luf P Ul'-
-ocr page 399-L’ESTAT DE FRANCE. 371 plaifoit pas aufsi qu’eux Minittres qui eftoyent là, ioi- Prières d^snbsp;gniffent leur priere auec la fîenne; à quoy il relpond.it, le miniftr«nbsp;le 4elirebien,amp; vous prie 4e commencer. Pendant que icïx-Mcrlinlaprononçoit,l’accommodant àl’aftliaionpre- miial.nbsp;fente,l’Amiral ayât les yeux eileuez au ciel, monftroitv-ne fort ardate affeAion à prier.Cela eftant aclieué, cornenbsp;Merlin propofaft les exéples des Marty rs,monftrant quenbsp;depuis le temps d’Adam amp; d’Abraham, nul ne s’elfoit fi-delemét porté en la maifon de Dieu, qui n’euft aufsi efténbsp;exercé par diuerfes afftiftions; l’Amiral refpondit à cenbsp;propos là,qu’il fe fentoit merueilleufement fortifié parnbsp;iceluy,amp;que cefte fouuenance des Martyrs amp; fidelesnbsp;Patriarches le confoloic gtandement,amp; appaifoit fort fesnbsp;douleurs.
Bien peu de temps aptes , les Marefchaux de Cofréamp; L’Amiral deDanuillelevienentvoiril’afleurent que cell accident vifité parnbsp;les trouble fort, amp; que de long temps ne leur auint cho- ^7nbsp;fe qui leur pefaft tant fur le cœur. Toutesfois que la con-fiance amp; vertu acouftumee requeroit qu’il prinft coûta- d /inviHe.nbsp;ge,amp; fe monftraft homme . Alors l’Amiral adreffint lanbsp;parole au marefchalde Coffé , Vous fouuient il pas,dit-il,4e ce que ie vousendifois, n’y a pas longtemps rPournbsp;certain,il vous en pend autant àlœil. Lors leMarefchalnbsp;de Danuille dit, MonfieurV Amiral, ie neveux pas entreprendre de vous confoler amp; exhorter à confiance amp;nbsp;patience. Vous elles celuy qui en donnez les enfeigne-mens aux autres. Mais regardez,ie vous prie, enquoyienbsp;poutray m’employer pour vous . le m’efmerucille, d’oùnbsp;peuteftre venucecy. L’Amiralluy refpond, ie n’aŸper-fonnepourfufpeA, que monfieur de Guife; toutesfois ienbsp;ne le voudrois pas affermer . Mais i’ay apprins des longnbsp;temps,parlagtacedeDieu, àne craindre mes ennemis,nbsp;ny la mort mefme,laquelle ne me fauroit nuire, commenbsp;iem’affeure,ainsplufioft me mettra en vn repos perpétuel amp; bien-heureux. Car ie fcay pour certain, quenbsp;Dieu , en qui i’ay mis entièrement mon efperance,nbsp;ne peut tromper ny mentir . Vray eft, qu’vne chofenbsp;m’afùige en cefte bleffurecy,c’eft que ie me voypriuénbsp;du moyen de faire paroiftre au Koy , combien ie de-firois luy faite fetuice. lldifoitcela, ayant efgard à lanbsp;Aa î.
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guerre de Flandres , laquelle felon l’apparence eftoit'”J moyen fort propre pour ramener l’eftat de France pei*?
/ peu à fon ancienne Iplendeur, amp; efleuer le Roy par d« lus tous les autres Monarques. le Jelîrerois bien(aioul»nbsp;il)qu'ii luy pleuft m’ouir parler vn bien peu.car i’ay a lu?nbsp;dire chofes qui luy importent grandement»amp; penfe “nbsp;te Ro de ” perfonne qui les luy ofaft dire.
NaiiaiK nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Roy s’eftant retiré auLouure,auecfamere,fonfr6
amp;le Prin- pc“ d’autres ducôfeil fecret, commença aiesrega' code Con der, comme tout eftonné,amp; fur ce laRoynemere ditafnbsp;dé le plai- fez ]iaat:ll faut promettre iuftice,amp; garder que perfonn®nbsp;pncni a.i ue forte: puis on auifera au reJleincontinent. Et coinffl®nbsp;on vouloir eftendre ce propos, le Roy de Nauarreamp;I«nbsp;Prince de Condé allèrent trouuer le Roy, auquel ilsnbsp;leurs plaintes felon le merite du fait zremonRransqa'*nbsp;ne failoit pas feur pour eux dans Paris, amp; le fuppliâs toutnbsp;hautement de leur donner congé d’en fortiramp;deferu“nbsp;Rcfponcc rer ailleurs. Le Roy fe complaignantaufsi à eux du milquot;nbsp;duRoy amp; heurauenu,amp;: lescofolant.iuraamp;promitdefaireducoulnbsp;de laRoy- , jgj confentans di fauteurs, li memorable iuftiu^’nbsp;ne in..ic. l’Amiral amp; fes amis auroyentdequoy fecontentet-cependant il les prie de ne bouger de la Cour : qu’ils lufnbsp;en laiilènt la punition amp; vengeance ,amp; qu’ils s’afleurefltnbsp;qu’il y pouruoyera bien tort. La Royne mere prefeut^’nbsp;monilroit femblant d’eftre bien fort marrie du cas aiic*nbsp;nu . Q^e cettüit vn grand outrage fait au Roy , que ii ounbsp;fupportüit cela au iourd’huy, demain on prendroitlah^''nbsp;diefle d’en faire autant dans le Louure, vn autre fois dedans fon liét, amp; l’autre dedans fon fein amp; entre fes bras-Par ceft artifice le Roy de Nauarre, le Prince de Conde,nbsp;les autres Seigneurs amp; gentils hommes delà Religie”nbsp;furent arreftez dans Paris.
Soudain,le Roy commande qu’on pourfuiue celui qui auoit fait le coup , amp; pour ne lailTer efehaper ( difoit-il )nbsp;ceux qui en elfoyent coulpables,amp; pouruoirà ce qu’ilnbsp;uinft quelque plus grand mal, enuoyavers le Preuoft denbsp;Paris, luy commandant de mettre gens en ordre, amp;qu“nbsp;futpreft pour exécuter tout ce queleDucd’Aniouluynbsp;commanderoit. Il fit aufsi fermer toutes les portes de rinbsp;ville, difant qu’il ne vouloir pas que ceux qui auoyentfo-
-ocr page 401-VESTAT de ¥ K an ce. 1573 mis vn tel exces fe fauuaffent ; referuant feulement deuxnbsp;Çottes ouuertes pour les allans ôc \'enâs,efc\uellesy au oitnbsp;fetoffe ^arde, afin c^ue nul ne fortift fans congé : amp; faifantnbsp;lemblant de donner ordre à toutes cKofes pour euiternbsp;fcandale vouloir trouuer les coulpables , il Et mettrenbsp;toute la ville en armes : depuis voulut c^uebeaucoup denbsp;Seigneurs amp;. gentils hommes de la Keligion fuffentànbsp;l’entour duc^uartier Si logis de l'Amiral, de peur epu’ eftâsnbsp;cfpars par laville ils ne fuEent mal traitez, ôccpi’ils fuffétnbsp;défendus parles foldats de fa garde •. les affemblant tousnbsp;enfemble pat ce mo'YS,amp;cyu’vn feul ne luy cfcEappaft desnbsp;mains.
LaKoynemere,5tle Conte de Kets, cpii auoitinftruit Maureuebvo-yans c^uele coup n’eiloit donné felon leurnbsp;intentio, amp;Que ceux de la Keligiô ne s’eùoyeiit ruez futnbsp;ceux de Guife , virent bien epue pour ce coup ils ne po'ijnbsp;uoyent pas tant faire rompre de teftestScepa’il fe faloit conbsp;téter de l’Amiral amp; des liens .bleatmoins, ils furet en dotanbsp;te «^uelc^ues beures touebant celle executiontcar ils appernbsp;'ceuoyentaucunemét cpi’il-y auoit d’autres Seigneurs Canbsp;ibolicpies,cpii riapprouueroyent iamais telles cruautez.nbsp;Sur tout,le Conte de Kets fe tournoitt^â Scia »pour affeu-ter fa grandeur,celt;pti ne fe pouuoit faire epu’en ruinantnbsp;les grands.Auparauant donc ils auoyêtfaitvnroolle desnbsp;Seigneurs Catbolicpaes,lt;^uinamp; feroÿent oubliex.Ces epua-tre frétés de Montmorêcy efto'yët les premiers en rang:nbsp;outre ce cj^u’on s’affeuroitbien lt;pue l’Amiral eflat tué furnbsp;le cbamp,ils feroÿent aifément enueloppex.b/lais V alofen.nbsp;ce duMarefcbal dcMontmorency epui ne reuenoit point,nbsp;fit Au toutfurfeoir celle 0x0011110.1.6Nlarefcbal deCeffé,nbsp;Vlieur de biron amp;.«puclcpies autres,y eftoyent aufsi comnbsp;pïistmais ils trouuerent des amis le iour du maffacre , Scnbsp;ainfirefcbapperent,comme tious le verro ns en fon lieu.
Cepcndanc,on faiteereber ce tireur d’b,arlt;puebuxe,d.c* dans8cdeborslaville;maisluy s’enfuyant Ôc'paffant parnbsp;villeneufue S,George,ouilcbagea de clieuàl,aïloit difantnbsp;tout baut,V ous rfaueï plus d’Amiral en Y rance. LeKoynbsp;prié par leKoy deManarre Sc parle Prince de C-ondé, 8lt;^nbsp;âla recpielle de pliiEeurs autres,cômandalt;pu’ô informaftnbsp;iufaitfurle cbap,8cen dônacômifsion expreffe a trois
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de Ia cour de parlement,afauoir,aux prefidentsdeTlioo, amp; de Morfen.Ä au confeiller Viole. En premier lieu onnbsp;entend que la maifoneft à vn Chanoine de S.Germainnbsp;nômé Vjllen)ur,quiauoitefté précepteur du Duc de Guinbsp;lc,amp;eftoitde les plus familiers amp; domeftiques. Lafem*nbsp;meamp;le laquay qu’on y trouua,dirent amp; confeflèrentcenbsp;qui a efté mentionné ci delTus. Ces depofitionsamp; contenbsp;lions ayâs efté portées au Roy, il fit incontinent venunbsp;NanlTey capitaine de fes gardes, luy commandadeiai“nbsp;au corps Chailly amp; le luy amener.Mais fi toft que Chai •nbsp;ly euftouyle coupd’harqueboufe,]! s’é eftoit fuy auLoUnbsp;ure amp; caché en la châbre du Duc de Guife,où ayan^ entenbsp;du le commandement du Roy,foudain fut retiré ailleu[nbsp;plus à l’efcart.Nanfrey,fachantqu’il n’y eftoit pluSiceQ’*’nbsp;dit que c’eftoitvn gentil-homme démarqué Äqu’«quot;nbsp;faloit douter qu’il ne fe prefentaft deuaut leRoy amp;les gt;nbsp;ges,quand befoin en feroit.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j
LeRoy vi Sur ces entrefaites,amp; tandis qu’on bandoit les play^j lut 1 Ann jg l’AmirahTheligny par fon commandement,nbsp;” • uer le Roy, lequel il pria humblement au notn del®
beau pere de le vouloir ¥ifîter,s’il luy plaift en pecudre ^eine.-qu’iceluy ed en grad dangerde mort,amp;a ^upcd’pjnbsp;a dire au Roy chofes importantes amp; concernantes ionnbsp;lutilefquelles lieft aflèuréqu’homme de fon Royau’ ,nbsp;ne luy oferoit defcouurir. Le Marefchal de Danviu® P’'nbsp;par l’Ainirahditlc mefmeau RoyJequelrefpôditatonbsp;deux qu’il iroitvolontiers. Et de fait furies deux he«*’nbsp;apres midi, le B.oy fe mit en chemin acompagné denbsp;Royne la merc,de fes deux freres,du Duc de MontpÇnbsp;fier,du Cardinal de Bourbon,des Marefehaux de Dan'nbsp;le,Tauannes,amp; de Cofle,du Conte de Rets, des lie“nbsp;de Thoré amp; de Meru: amp; peu apres y vint aufsi Gonbsp;zague Duc de Neuers, Du commencement, lenbsp;fit fortir de la chambre tous tes domeftiques de l’A*“nbsp;rahexcepté Theligny amp; fa femme, amp; celuy qui efehapF.^nbsp;des maflàcres,lequel afsiftoit à l’Amiral, amp;nbsp;foigneufemét garde à tou t ce qui fe faifoit Si difo«'*;nbsp;cftât toufiours auprès de l’Amiral. Apres q le Roylfd®nbsp;couftume)eut benignemét falué l’Amiral, amp;
-ocr page 403-L’ESTAT DÉ FRANCE. 375 doucement comme il fe porto it,V Amiral refpondit,auecnbsp;vne lingulierc modeftie,Sire, ie vous remercie autât hû-blement t|u’il m’eft pofsible, de rhoftneur cju“!! plaift ànbsp;voftreMaiefté me faire , 8lt; de tant de peine lt;^ue prenexnbsp;pour moy.Lc Kov luy ayantdeclairéqu’ils’efiouifloitdenbsp;le voir fi confiant,amp; le priantd’auoitbon courage;!’Amiral commenta à dire; Sire, le rVignore point que cy a- Propos denbsp;pres Çs’il plait à Dieu que ie meure) plufieurs calOnierontl Amiralnbsp;mes actions. Mais Dieu , deuantle throne duquel ie fuisnbsp;pteft de comparoir,m’efttefmoin que i’ay touliours efténbsp;fidele Scaffefîtiôné feruiteur de votlrc Maiefté amp;dc voftrenbsp;royaume:amp; que ie n’ay iamais rien eu en plus grande re-cômandation,quelefalutde ma patrie, conioint auec lanbsp;grâdcur 8c accroiffemêt de voftre eftat.Et côbien que plunbsp;licurs ayenttafché de me charger du crime de felonie amp;nbsp;rebellion’.toutesfois le faitÇfans que i’en parle')demôftrenbsp;afTex à qui il faut attribuer la caufe de tant de maux. Derechef, l’appelle Dieu à tefmoinde mon innocence, amp;lenbsp;prie amp; reprie de vouloir eftre iuge entre moy amp; mes ac-cufateurs, ce que ie m’affeurc qu’il fera, felon fa iuftice.nbsp;Quant à moy,ie fuis preft de rendre conte de mes aftiôsnbsp;dcuant fa fainfte maiefté, fi fa volonté eft de me retirer ànbsp;foy,par le moyéde ceftebleft'ure.Mais fans m’arrefter danbsp;vantage àcela,ayant pieu au feu Koy Henry voftre pere,nbsp;m’hônorer de beaucoup de charges amp; dignitex, amp; vousnbsp;ayât pieu me enfermer en iceux,ie ne me faurois côtenifnbsp;eftant trefalTeétiôné àl’accroiffemêt de voftre dignité,denbsp;vous dire,que vo’mefprifex affex incofiderémétle moycnbsp;debié achernincT vos afaires.Vous aucx maintenât l’opportunité en main, telle que vos predeceffeurs n’curétia*nbsp;mais la femblable.Si vous la reiettex entieremét.outre lanbsp;fafeherie que receurex d’vne fi grade perte, i’ay peur quenbsp;voftre royaurfie n’en rccoyuc vne grade plave, voire vnenbsp;ruine bié dâgereule.ï.ft-ce point vne hôte,Sire,qu’0'nefaunbsp;roitfpar maniéré de direquot;) tourner vn œuf en voftre côfeilnbsp;prriue,qu’incôtinétvn courtier n’é porte leS nouuellesaunbsp;Duc d’AlbeîEft'ce point vnepar trop grade indignité quenbsp;ce Duc d’Albe ait fait pédre tat de gétils homes firaçois,nbsp;tant de brau es capitaines Sc bons foldats vos fuiets, prinsnbsp;en la desfaite de lélisîDe laquelle indignité ie receushier
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Refponle lt;Ui R.3y ànbsp;FArairal.
au foirnouuelles certaines. Mais en voftre Couronné fait que rire de cela.Voila la bône aifeâiô que lesFrïço^nbsp;portent à leurs côpatriottes,amp; la compafsion qu’ils ont o®nbsp;leur indigne traitement. Le fécond point,lequel i’aynbsp;cftre bon de vous raméteuoir,eft le manifefte mefpris dnbsp;vos edits,fpecialemét de celuy de pacification.Vous auÇïnbsp;iure la paix tant de fois amp; fi folennellcmét,que les nationnbsp;amp; Princes eftrangers font tefmoins de voitre ferrneo^'nbsp;Vous auez iuré de garder la paixpromifeàceuxd^ 'nbsp;Religion.Mais on ne fauroit dire en combien d’endro't^nbsp;de voftre Royaume, celle promefle eft vilainement v«®'nbsp;lee,nô feulement par quelques particuliers,mais auftinbsp;vos gouuerneurs amp; officiers. le vous ay fouuentprop^nbsp;des choies. Sire, amp;. vous ay fait voir à l’œil, que la fainwnbsp;conferuation d’vne promefle publique, eft vn lien trcf**'nbsp;feuré de paix:amp; qu’entre beaucoup de moyens,c’eftoitnbsp;feul amp; '/ra.y m oyé de remettre amp; reftablir v oftre Roy^“.'nbsp;me en fon ancienne fplendeur amp; dignité. le vous ay ft’nbsp;entendre quelques fois le mefme. Madame, (parlant a 1*nbsp;Royne mere) amp; cependant on fait tous les iours icinbsp;plaintes de meurtres, brigandages amp; feditiôs faites dcÇ*nbsp;amp; delà. N’y a pas log téps que pres de Itoyes en Chaiß'nbsp;pagne, les Catholiques ayans fceu qu’on apportoit d«nbsp;prefche vn enfant qui y auoit efté baptize, le tuerent en*nbsp;tre les bras de fa nourrice. Sire,ie vous fupplieauoirpft’nbsp;iPefgard à tels meurtres, enfemble au repos amp; falut dunbsp;Royaume,amp; à lafoy que vous auezpromife.
Cela dit, le Roy luy fit telle ou femblable refpo”quot;’ Monfieurl’Amirablefay bien que vous elles hommed^nbsp;bien,bon Françoislt;amp; que vous aimez raccroilfcment denbsp;moneftat. le vous tien pour vn vaillant perfonnagegt;^'nbsp;excellét capitaine amp;chef de guerre.Si ie vous eufle eft in’nbsp;autre,iamaisien’euflefait ce que ïiy fait. Paytafc^^nbsp;toufîoursde Etire diligéinent obléruer mô edit depaciö'nbsp;cation:amp;encor maintenant ie defire qu’il foit bien entre'nbsp;tenu,amp; pour cell efièét i'ay enuoyé des commiflàires pafnbsp;toutes les prouinces de mon Royaume. Voici ma merenbsp;qui vous peut aflèurer de cela. Lors la Royne mere dit.nbsp;Cela eft vray,monfieur l’Amiral, amp; vous le fauezbien.nbsp;laquelle il relpondit ; Ouy bienrMadstme; Lon a enuoyénbsp;de^
-ocr page 405-L’ESTAT DE FRANCE. 377 des commiflaires,entre lefqucls il y en a qui m’ont condamné àeftre pendu,amp;propofé cinquante mille efcus denbsp;lecompenfe à celuy qui vous appotteroit matefte. Biennbsp;donc (répliqué le K-oy) il en faudra enuoyer d’autres,quinbsp;ne feront point fufpe As .Cependant,ie voy ,dit ibtegardâtnbsp;l’Amiral, que vous vous cfmouuex vn peu trop en parlât.nbsp;Ctlapourroit nuire à voftre fanté. Vous eftes bleffé voi-lemenf.mais ie fen la douleur de voftre playe. Mais, parnbsp;la mortDieu,ie vengeray ccft outrage fi roidement,qu'ilnbsp;enfera mémoire à iamais. Alors l’Amiral dit. Sire, il nenbsp;faut ccrclrerfortloin,celuy qui m’a procuré ce bien cy.nbsp;Qu(on en demande à monfieur de Guife . 11 diraqui eftnbsp;celuy qui m’a prefté vne telle charité. Mais, Dieu ne menbsp;foit iamais en aide, fi ie demande vengeance d’vn telnbsp;outrage. Cependant ie m’affeure tant en voftre droiturenbsp;amp; équité , que vous ne me refulere?. point iuftice. Dere-l cher le Koy adioufta, Monfieur l’Amiral ,parlamort-ï)ieu,ie vous protefteamp;promets ,que ievous feray iu- ¦nbsp;ftice de ceft outrage . La femme , de la maifon de la-1 quelle a efté tiré le coup , eft en prifon, enfemble le la-quay qui a efté trouué en cefte maifon . Mais auex-vousnbsp;* pour agréables les iuges commis pour informer de cenbsp;'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fait ? Puis que vous les trouuez propres , Sire (refpondit
\ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l’Amiralquot;) ie m’y accorde bien. Seulement ie vous fup-
1 plie humblement que Cauagnes l’vn de vos maiftres ' desrequeftes,y foit adioint, ,enfemble monfieur denbsp;Mafparault,amp;.vnautre qu’il nomma, du nom duquelnbsp;ne fe fouuient celuy qui oyoit ces propos . Cela dit,nbsp;le Koy Si la Koyne mere approchèrent plus pres denbsp;l’Amiral, amp; parlèrent quelque temps fort bas enfettifnbsp;ble. Celuy qui eftoitpresduliA, ne peut entendre autre chofe , finon que furla fin la Koyne mere dit. Combien que ie ne fois qu’vne femme , fi fuis-ie d’auis qu’onnbsp;y pouruoye de bonne heure. Depuis on entendit denbsp;l’Amiral mefmes , qu’il auoit àdmonnefte le Koy de fenbsp;fouuenir des aduertiffemens que ledit Amiral luy auoitnbsp;faits autresfois , touchant les mal-heureux deffeins denbsp;quelques vns à l’encontre de fon eftat amp; couronne.Qi£ilnbsp;deuoit s'affeurer,que les mefmes dangers l’enuiron-noyent: 8c. que partant il fuftfur fes gardes js’il aimoil
-ocr page 406-57S MEMOIRES DE fa vie. Mais c’eftoyenc aduertiffemens en l’air, à csuftnbsp;la Royne mere, qui entendoit cous ces propos. Cepr”nbsp;dânc,le Roy ne toucha point aux afaires de Flandre^’nbsp;ains entamant vn autre propos exhorta l'Amiral dep^^nbsp;mettre qu’on le portait au Louure:qu’ily auoitdaog®nbsp;de fedition ,amp; que quelque grand trouble nes’efme“nbsp;en la ville plaine de mutins S: enragez. On n’entcndo’nbsp;pas lors àquelproposle Roy parloit ainfircar encor lt;]“^nbsp;le peuple de Paris, entre tous autres,att touiîours eftet^nbsp;nu pour badaut amp; infenlc,iî eft ce que nô feulement lanbsp;nue amp; prefence du Roy, mais aufsi le feul récit du no*^nbsp;d’iceluy,lesfaittenirquois.il n’yauoitdonc occaiîonlt;l,nbsp;les craindre, tandis que le Roy monilreroit bonnbsp;l’Amiral amp; à ceux de la Religion. Et pourtant l’Aniiral *,nbsp;remercia humblement. Sur ce, le Conte de Rets dKnbsp;Theligni,amp; àceluyquieiloitpresdu lift del’Arnirahq“*nbsp;cftüit d’auis qu’on le portaft au Louiire, amp; qu’il craige°*nbsp;que le.s Pariiîerts ne èflent telle efmeute,que le RoV ” ‘nbsp;pourroit aifément donner ordre. Onluy fit relponnbsp;qu’il n’y auoit pas vndes medeefns qui approuuaft ƒnbsp;Confeil là, dautant que l’agitation feroit rengreger*^^nbsp;douleurs.Alors le Roy voulut voir la balle dont a^uoit®^nbsp;fté bleflel’Amiral : amp; s’équit s’il auoit beaucoupnbsp;qu.ad on luy coup.a le doigt, amp; la partie du bras offenle.nbsp;comme celuy qui monitroit ladite balle, tinftauoinbsp;manche encor toute enfanglantee , le Roy demanda’nbsp;c’eftoit dufingdel’Amiral, amp; fi beaucoup de fangen®^nbsp;forty de fes play es: adiouftant ( apres la relponce de*’nbsp;tre)qu’il ne fauoichomme au monde plus magnanii**nbsp;8; vertueux que l’Amiral. Puis en rendant la balle,la R ?nbsp;ne mere la voulut voir,amp; dit; Iefui.s bien aifequelabanbsp;n’eft point demeuree dedans: car il me fouuient,lors qnbsp;Monfieur de Guife fut tué deuant Orleans,les Medec’^^nbsp;me dirent quelquesfois, que fi la balle eftoithors ,ennbsp;qu’elle euft efté empoifonnee,il n’y auoit dangernbsp;mort.Lors vn medecm refpondit,Nous ne nousnbsp;pas cotentez de cela. Madame , car voulans preuen'^^^nbsp;danger, nous auons donné vn breuuage à Moniteurnbsp;mirahpour empefeher la force de la poifon , fi d auei*nbsp;rc a y en auoit.
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C\uelque peu àe temps apres que le Tkoy fut par- CoCellafti '1 ,Yean de YerrieresVidame de CEartres, entra en la table duVinbsp;cEambre de l’Amiral, lequel il confola fort longue- dame denbsp;ment, adiouftant pour la fin, que fes ennemis auoyent Cbaïuts^nbsp;fufflfamment dcicounert leur lafcEeté i quand ils nenbsp;s’efto^ent ofé adreffer à luy que parvne feneftretreil-liffee •. amp; que l’Amiral eftoit bicn-Eeureux, de fubfi-fter ainft,auec \n manifefte teCmoiena^e de vertu.nbsp;L’Amiral refpondit •gt; Qu^il s’eftrmoit bien-Eeureux,denbsp;ce que Dieu luy auort fait mifericorde : carbrcn-Eeu-rcux font ceux f dit-il quot;) aufquels Dieu pardonne leursnbsp;iniquitex . Peu de temps apres ,par l’auis du K.07 denbsp;Ylauarre St aufsi du Ptruce de Condé, les principauxnbsp;Sciç,neurs de la Keli^ion, s'affcmblerent en vn cabinet ¦gt; près la cEambrc de l’Amiral , pour auifer à cenbsp;qui eftoit neceffaire de faire alors . Le Vidame denbsp;CEartres remonftra par beaucoup deparolles,qu'ilfa-loitviftementfortir de Paris ¦, St tenir pourrcfolu, quenbsp;c’eftoit ci l’entree de la tragedie, laquelle fe paracEe-ueroitbten toft. Les autres difputovent au contraire,nbsp;que c’eftoit affex , de demander iuftice au Koy , 8cnbsp;qu'il commandai! que les coulpables fuilent cEaftiex.nbsp;'TEeli^ny perfeuera fermement en ceft auis , affermantnbsp;qu'il conoiifoit le cœur du Koy , 8c qu’il ue faloilnbsp;douter de fa fidelité Scbienvueillance.
Ce iouT la , le P^oy efcriuit des lettres à tous les gouuerueurs des Prouinces ,8c des principales villes denbsp;fon Royaume,Sc aufsi à fes ambaffadeurseftans presnbsp;des Princes eftran^ers ; par lefquelles il les aduertif-foit de ce qui eftoit aduenu , 8c promettoit de fairenbsp;en forte, que les autEeurs Sc coulpables d’vn fi mef-cEant a€te ,feroyentàefcouuerts 8c cEaftiex felon leursnbsp;demerites . Cependant, qu’ils fiffent entendre à toutnbsp;le monde, combien ceft outrage luy defplaifoit. Lanbsp;Royne mere ce mefme iour efcriuit des lettres denbsp;mefme fubftance aufdits gouuerneurs Sc ambaffadeurs,nbsp;le tout afin de contenir ceux de laReligion,8c fur tout atnbsp;trapper la Roebelle.
Le foitvenu,futla minuiCt,leDuc d’An’you enuoya que tir le Duc dé Guife, auec lequel il refolut que la nuif! fuy
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uante I’Amiral amp; fes adherans feroyet faccagez, nbsp;nbsp;nbsp;8“®
tous, fpecialement ledit de Guife amp; les fiens, auiüfl^nt J pouruoir à ce qui feroit requis pour l’execucion.LaRoy'nbsp;’ ne mere amp; fon Confeil ne dormoitpas.nileRoy pareillement , ains attendoyent tous le lendemain pour a-cheuer,
Venons au Samedyi^.iourd’Aouft . Ce iourfut priu’ U ? noa. yjj feruiteur,lequel auoit baillé vn cheual de relais à Ma^nbsp;endormir reuel: ceftui-cy confefla qu’il eftoit feruiteur de la nrai'nbsp;du tout fon de Guife. De la auint qu’on faifoit courir des biuir’nbsp;ceux de la par la ville,que ceux de la Religion(qui toutesfoîs ne de-laReligió. mandoyent que iuftice,fans violêce ni parolle outrageU'nbsp;fe)menaçoyenc fort lefdits de Guife. Au moyen dequofnbsp;amp; pour endormir du tout l’Amiral amp; les fiés, les Ducs denbsp;Guife amp; d’Aumale s’en allèrent troiiuer le Roy,amp; en pr®nbsp;fence de plufieurs luy dirent, qu’il leur lembloit quenbsp;maiefté n’auoitpoint leur feruice à gré depuis alTez Ioriamp;.nbsp;temps en ca:amp;quand ils euflent penfé qu’en fe retirant ei’nbsp;leurs maiîbns le Roy y euft prins plaifir, pour luy co^nbsp;plaire ils n’euflènt pas failly de s’en aller de la Cour, fnbsp;Roy faifantfemblantd’eftre bien delpité cotre eux, aU®nbsp;vn mauuais( viiage amp; auec paroîles pires, leur reipon“nbsp;d’vn artifice fingulier, qu’ils s’en allaffen: ou ilsnbsp;droyent, amp; qu’il les auroit bien toufiours,s’il fe trouuo*^nbsp;qu’ils fuflent coulpables de ce qui auoit eftéfait arAi”'^nbsp;ral.Parquoy fe retirans de la prefencc du Roy, bien acrnbsp;pagnez montèrent à cheual enuiron le 'midy, com'rtnbsp;pour fortir, amp; marchèrent verslaporteS.Antoine,inarnbsp;ils ne bougèrent de la ville.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. ,
LesquarteniersdeParis vôtpar toutes les hofteli^rr amp; logis, prennent par efcrit les noms de ceux quinbsp;ioyent profefsion de la Religion, marquent leurs log*.’nbsp;portent leurs roolles à ceux qui leur enauoyentranbsp;commandement. Apres difner, la Royne mere æen^nbsp;Roy, le Duc d’Anjou, Gonfague, Tauânes amp; le Conte .nbsp;Rets en fes iardains desTuiUeries.Elle leur remonftrcnbsp;derechef que ceux apres lefquels ils ont couru fi lofftnbsp;temps font maintenant au filé; que l’Amiral cft au li^ P ƒnbsp;né de fes bras,amp; qui ne le peut remuer.Le Roy de
-ocr page 409-leAcPrince ie Conàé,fontïogeiauLouure îles portes
ferment àe nui£f Ae guet eft afsis,tellement nbsp;nbsp;ils ne pou
noyent fuir ; t^ue les cKefs eftans àefpefchez, il ne faut
pas craindre c^ue ceux de laKeligiôfacentla Iguerre.r^ue
le moyen de faire vn beau coup te prefente : car tous
leurs capitaines Ç dit-ellequot;) font deVarmex amp; mal ptells, a
peine irouuera-on dix ennemis entre milleCatbolicpxes.
LesParillens font en armes, amp; peuuent fournit foixante
mille bommesbien ecpiippex’.cpi’en l’efpace d’vnepetite heure onpouuoit exterminer tous les Huguenots,amp;abonbsp;br la race amp; le nom de ces mefcbans . Q^e il le Koy nenbsp;prend l’occafion c^ui fe prefente,il faut s’all'eurer lt;3ue l’A-miral ellantguéri, toute labtance fe verra incontinentnbsp;embrafee d’vne cpiatriefme guerre ciùile. L’auisdelanbsp;Koyne mere futtrouuéfortbô.Toutesfois il femblaplusnbsp;expedieutde fauuerlavieauKoy deNaùarre, tantàcaunbsp;fe de fa ieuneîfe,^pource c^u’il eltoit allié du Roy. Q^tnbsp;auVrince de Conàé,lon fut en deliberation, s’il auroit lanbsp;vie fauue,pourautât lt;30’il eftoit encor ieune, ou s’il moutnbsp;roit à caille de Ion pere .Mais l’opinion de Gôzague l’emnbsp;porta,c’eft. qu’on le deftoiirneroit de laReligion par menbsp;naces dertourment amp; de mort. Cede refolutiô prinfe l’afnbsp;femblee fe àepart,amp;.eft arreCté que la nuiél fuyuante auâtnbsp;tour l’execution fe fera,de laquelle le Duc de Guife auranbsp;la charge.Sur ces entrefaites, le foir approchant, le Roynbsp;amp;t pofer les douze cens harquebou{iers,pattie le long denbsp;lariuiere,pattleparles rues,amp; vne autre partie auprès dunbsp;logis del’Amiral, àl’étourduquelleRoy auoitfait logernbsp;vne grand part des Seigneurs amp; gentilshommes de lanbsp;Religion.
Quelques amis del’Amiral furent bien auertis dure- 'Nouuelles muementqiii fe faifoitpar la villc,amp;. qu’onportoitdes ar rules 8ctranbsp;mes endiuers lieux,amp;.qu’il faloit neceffairement pren- hiCoiis.nbsp;dre auis fur ces chofes .attendu que tout ce bruit amp; ces alnbsp;lees amp; venues ne Rgnihoyent rien de bon. Partyioy, Ionnbsp;donne charge àl’vn de ceux qui depuis a declare tout ce-ci,d' aller vers le Roy, pour l’auertir de l’efmotion du peunbsp;pie ,amp;.luy demander qu’il luy plaife ottroy er quelquesnbsp;foldats de fes gardes pour demeurer àl’entree du logisnbsp;del’ Amiral.beRoy entendant ce perfonnage, 6t faignât
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.1
J
Autres nouucllesnbsp;riifes.
d’eftre fortefmeu Sc tout esb.iliy, luy demanda qui I‘*y auoitfait ce rapport, amp; par quel moyen l’Amiral en^'nbsp;uoit entendu le bruit? ilcommande par mefme moy^®nbsp;au Conte de Rets de faire venir la Royne l'a mere,nbsp;le eftoit à peine entree , que le Roy fort efmeu , luy d^nbsp;manda, Qu’y a-il?que veut dire ceci?Voici qui me dit q'*,nbsp;le peuple fe mutine amp; prend les armes.Il ne fait,ni l’wnbsp;rautre,refpondit-elle;mais s’il vous enfouuient.yous^^nbsp;liez commandé des le grand matin, que chafeun fenbsp;ne enfon quartier, de peur que quelque trouble n’auie®nbsp;ne.Celaeft vray,refpondit-il,toutesfois l’ay defenduqynbsp;perfonne ne prinft les armes,L’autre voulant aclieuerl .nbsp;melTage , pria le Roy de donner à l’Amiral quelquenbsp;dats de fa garde. Alors le Duc d’Anjou, qui eftoit veonbsp;auec fa mere, relpond,C’eft tresbien dit,PrenezColR*^^nbsp;auec cinquante liarqueboufîers. Mais l’autre repliq^^^f,nbsp;nous fera alTez d’auoir feulement lix archers denbsp;de. Car leur authorité feruira tout autant à cont®^^nbsp;le peuple, que li nous en auions beaucoup dauai^^o .nbsp;Non,non,dic le Roy, amp;. fon frere aufsi. Prenez Colftnbsp;vous n’en fautiez clioifîr vn plus propre . Cela eft^’j'.^j,nbsp;comme par commandement , l’autre qui fauoit p .nbsp;que Conèins eftoit vn des grands ennemis de 1nbsp;neantmoins k teuft toutquoy . Eftantvn peunbsp;de la chambre du Roy, il rencontra le fleur de Tunbsp;frere du Marefchal de Montmorency, qui luy dit ennbsp;reille,On ne vous pouuoit bailler à garderanbsp;grand ennemy qu’à ceftuy-là. L’autre refpondWnbsp;la,Auez vous confideré auec quelle authoritéle 'fanbsp;commandé cela? Nous nous fommes appuyeznbsp;bienvueillance . Cependant vous elles tefmoindenbsp;fponce que i’ay fait lors qu’il a commandé celaf®nbsp;premiere fois.
Quelques heures apres,Cofleins vient au log*’^ ^j,ni mirahaccompagné de cinquante harqueboufîers,'*nbsp;fit deux boutiques prochaines, dans lefquelles ilnbsp;foldats. Peu de temps apres furuint Rambouilletnbsp;chai des logis, qui fuyuant l’aiiis donné par le DU“: jjnbsp;jou le iour precedent, commanda à tous les amp; jj,nbsp;hommes Catholiques logez en cefte rue d’aller,au
-ocr page 411-L’ESTAT DE FRANCE. 3S3 rMTc^m amp; fit venir es maifons amp; hoftellerics les amisnbsp;amp; familiers,de l’Amiral. Ceftoit vne rufe nouucllenbsp;pouifaccager plus à l’aife les gentils hommes de la Religion.
Sur le foir, auint vn cas qui fit entrer plufieurs en pen-fee de la ttahifon. Vn page porioit deux efpieux au logis de VAmiral,par le commandement deTlieligny. Coffeins le cEalTa, empefchant qu’on ne portât! dedans cesnbsp;etpieux.Le Roy de Nauarre qui cftoitlors auec l’Amiralnbsp;entendant ce fait, defcend en bas, amp; demande à Coffemsnbsp;qui le mouuoit à faire cela. Coffeins rcfpondit franchement que le Roy luy auoit commâdé de ce faire.Toutesnbsp;fois, dit-il, puis qu’il vous plait, ie fuis content qu’onlcsnbsp;porte dedans. Ce mefme iout, le Roy auoit mandé auxnbsp;gentils homes familiers du Roy deNauarre, amp;les auoitnbsp;1 admonneftezàdiuerfesfois,qu’ils allaffenttenircompanbsp;gnie àl’Amiral Ôi.fe loger auprès de luy.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
Quelques heures apres, le Confcil fut atïemblé en la chambre de l’Amiral, De rechef le V idame de Chartres chambrenbsp;fut de fon premier auis, amp; infifta auec grande vehemen- de ÏAtni-cequ’onportaftl’Amiralhors deParis , 8c que fes fami-rainbsp;liers amp; amis deûogeaffent auec.Q^il apperceuoit d'heunbsp;re àautre beaucoup de chofes qui le mettoyent en fortnbsp;grand doute.Au contrairç,prefques tousles autres deba-toy ent, qu’il fe faloit contenter de demander iuftice au
1 Roy , amp; requérir quy tous ceux de Guife cuffent 1 forth de Paris, pour autant qu’ils auovent trop grandnbsp;crédit enuers le peuple .L’auis du Vidame fut reietté,nbsp;amp; l’autte approuué par le Roy de Islauarte ,1e Princenbsp;de Coudé amp; plufieurs autres’.voire d’autant plus quenbsp;Theligny maintenoit que c’efloit faire tort au Rov denbsp;reuoquer en doute fa fidelité amp; fincerité ; qu’il fuffifoitnbsp;luy demander iuftice paifiblement 8c modeftement.nbsp;quel’afaire eftoit encor tout nouucau : 8c qu’il eftoitànbsp;craindre que le Rov ne s’irritaft, fi Ion preffoit tantnbsp;les chofes. Vn gentilhomme de Picardie nommé Bou-chauannes afsiftoitiàce confeil. On a remarqué quenbsp;lors il ne dit pas vn feul mot: mais qn’attentiuementnbsp;il eCccutoit opiner les autres, 8: remarquoit leurs a-’-ce qui augmenta fort la mauuaife opinion que
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Ion auoit eue de luy auparauant. Plufieurs ertrange, que luy qui faifoit profefsion de lanbsp;toutesfois eftoit fort bien veu de la Royne mere.»nbsp;fouuentvoir ie Conte de Rets amp; autres tels nug*’nbsp;d’icelle Royne.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rfjï
Ce Samedy , les playes de l’Amiral fe portoyent bien, tellement que les médecins amp; chirurgiensnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;[e
que layie de l’Amiral n’en eftoit en aucun danger: q“^, bris en perdant bien peu de fa force feroit aiiémetRj^^nbsp;ry. Le Roy cnuoya vifiter l’Amiral par diuersnbsp;hommes.La nouuelle efpoufee l’alla aufsi vifiter. y,nbsp;Nouuellct Aufsi ce inefme famedi, dansleconfeilpriuédu^^^,nbsp;lafes. furent examinez certains tefmoins, touchantnbsp;bouzade, le tireur,amp; les coulpables : tellement qu®nbsp;mirai amp; fes amis, croyans que la voye à iuftice lentnbsp;ouuerte,fe refîouiflbyent grandement, s’afTeuran’jj.nbsp;pouuoir facilement conuaincre les autheurs du j,)nbsp;quoy ils aduertirent leurs amis en plufieurs endroitnbsp;Royaume,par des lettres qu’ils leur efcriuirent.les pt* jnbsp;denebouger.amp;nefefafcherdecequi eftoit ^due® j,nbsp;l’Amiral. Que Dieu Ä le Roy eftoyentpuiflàns d’ennbsp;re la vengeance: que défia on commençoit ànbsp;contrelecoulpable amp; fes fauteurs par iuftice,nbsp;fures n’eftovent pas (Dieu merci) à mort ; quejcoinnnbsp;que le bras fia ft ble{ré,Ie cerueau ne l’eftoit pas. En ƒnbsp;façon,les confokât par lettres,les aduertilToyent delenbsp;nir cois, en attendant l’iflue, telle qu’il plairoit a f'*nbsp;d’enuoyer.
Aunes n:- Ce iour-la,le Duc d’Anjou frere du Roy, amp; le cheU* fe- d’Angoulefme, fe pourmenoyent dans vu coche p^^nbsp;ville de Paris ,enuiron les quatre heures apres midy-cefte heure-la il courut vn bruit par Paris .que le RnVnbsp;iioit mandé le marefchal de Mont-morency, pon^nbsp;faire venir à Paris, auec grand nombre de caualeri^nbsp;d’infanterie : que partant les Parifiens auoyent occannbsp;de fe prendre garde;mais ce bruit-là eftoitfaux.
Onvid aufsi entrer ce iour-lafix crocheteurs chargj^ d’armes dans le Louure : dequoy Teligny auerty pa^nbsp;trompette de l’Amiral, refpondit. Que c’eftoyent .nbsp;peurs qu’on fe donnoitfansoccafion; qu’il eftoit tre^^^
-ocr page 413-VEST XT DE TRANCE. 3S5 Ewé àe la bonne intention àu 'B^oy ,lt;\u’il cognoiffoitnbsp;fort blé fon cœuramp;fes affetiions •. c\u’on ne licuoitças fenbsp;faite accroire àes cbofes tant hors Ae propos . lecroynbsp;queTbeliçny ny penlbit aucun mal, à’autant lt;^ue le ionsnbsp;, àeuantlableffure de V Amiral, on auoit ordonné certainnbsp;combat amp; affaut, cpi’ on àeuoit donner à vn cbafteau, c^uinbsp;pour ceft effcQ: deuoit eftre dreifé , àlt;|uoyles courtlVansnbsp;eftoyent conuiez de fe preparer.
mais ce qui augmenta encor la mauuaife opinion fut Taclliie du l'audace de Coffeins, lec^uel voyant apporter au lo^ls denbsp;l’Amiral les cuiraffes deTheligny amp; Guercby, cbaila ce-luy (guiles portoit.Guercby Komme de guerre amp;. propt ànbsp;l’efpee, entendant cela, vint à Coffeins, amp; le tanlt;;a rude- maux»nbsp;ment, tellementc^ue peu s’en falut c^u’ils ne vinffent auxnbsp;mains .Mais Tbeligny gentil komme fort modeftc(comnbsp;metousle fauent^appalface different par vn doux langanbsp;ge.Le Koy l’auoit iibië emmlellé,cpikl n’auoit en la bonnbsp;ehe cpie la fidelité du Koy . Et pourtant Guercby amp; plu-fieurs autres, luy ayans demandé, s’il luy plailbittpu’ilsnbsp;couebaffent cefte nuiftebezï Amiral, poury veiller,lenrnbsp;dit, c\u’il n’eftoitbefoin prendre tant de peine ,amp; les en tenbsp;mercia auec fort gracieufes par oies. A cefte occafton,n’ynbsp;eutpour cefte nuiiftlàcbez 1’Amiral,lt;\ue ceux c^uis’enfuynbsp;uent,afauoir Cornaton,Labonne, Y olet,Merlin miniftrenbsp;de la parole de Dieu, Ambroife Paré cbirurgic du'Koy,nbsp;, t\uatre oucinc^valets de cbambre amp; feruiteurs. Q^ant ànbsp;’Theligny il fe retira en fon logis proebain de celuy denbsp;V Amiral, auec fa femme, amp; ce enuiron la minuift. En lanbsp;baffe court du logis del’Amiral ,y auoit cinc^ Suiffes denbsp;la garde du Koy deNauarre, «pu’ily auoit enuoyez pournbsp;garde.
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Leftoy ayant appellé fon beau frereleK.oy dcNa- Te Roy de narre,luy dit que pour plus grande affeurance, à canfe de Nauarrenbsp;l’audace amp; credit de ceux de Guife,amp; parmi ces embrafe cut'cnïïé»nbsp;més,ilfift venir auLouure fes plus féaux fetuiteurs,pournbsp;eftre pres de luy ,8c luy afsifter en tout euene ment .Lenbsp;Koy de Nauarre croyant ce confeibappela pres de foynbsp;pour cefte nuiSt, quelques gentils hommes de fes fanbsp;millers,
La nuift venue, le Duc de Guife oui auoit la cEarge de AppateHs Bb
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poui ks l’execution, mande querjr premièrement ies Capitiin®’ maliäcres. des Suifles, amp; des nonuelles compagnies, qui eftoyec'nbsp;entrees en Ia ville,comme dit i efté ci de il ns ; amp;. leur H«'nbsp;claire tout ouuertement, ce qu’on auoit murmuréco)®'nbsp;me entre les dents quelques lours au parauant, afauoi^'nbsp;que la nuid elloit venuegt;en laquelle, par le conmiaiiée'nbsp;ment du Roy, onferoitiullice de ces malheureuxnbsp;felperez, qui auoyeut tant fait de maux: que la befte e'nbsp;ftoit prife au piege, qu’il faloit prendre garde qu’elle ƒ ®nbsp;efehappart: amp; qu’il ne faloitpas feulementfaccagerl’j^'nbsp;mirai, mais aulsi fe faouler du läng de ces m elchanS;nbsp;Q^e leRoy l’auoit commandé expreflément, amp; q“’’”nbsp;obtiendroyentvne excellente viéloire fur les anciens e»'nbsp;iiemis , amp; telle qu’es precedentes guerres , il n’auoit e'nbsp;liépofsible d’en gaigner vne li profitable. Qufnbsp;ttorieux auroyent de belles recompenfes , voyaiisleur^'nbsp;ennemis exterminez , defquels ils auroyent tous ft’nbsp;biens en leur puilîancç, fans aucun danger ni trauJ**’nbsp;Q^iislépreparalïentdoiie pour tuer vn ennemi q“'nbsp;uoitles pieds amp; les poings Ijez.Parainfî.lon donnenbsp;geaux Suiflcsde garder le Louure,amp; leur baille onpe’'^nbsp;renfort quelque troupe de François, pour pluftoft niaiftnbsp;crer amp; piller. On leur commande aufsi d’aui(érfniggt;’®îjnbsp;fementqueperfonne delà maifon du Roy deNauarrcƒnbsp;duPrincede Condé ne forte du Louure. Oncoinmiua^nbsp;aufsi à Coffeins capitaine des gardes duRoy,qui gardoftnbsp;le logis del’Amiral,de l’afsiegerde toutes parts.amp;nbsp;tre desharquebuziers çà Si là, pour empefeher qu’auo'«nbsp;n’efchappail.
Afs^bke des dize-picis denbsp;Pans ]nbsp;preppnbsp;leurs.
au I-.,
cre.
LeDucdeGinfe avant tout fon cas preft,faitappeft’ Marcel n’agiieres preuofldes marchans, amp;; luy comma*’nbsp;de de donner ordre qu’à la minuiél s’aflèmblét en lanbsp;ƒ fon de ville, les Capitaines amp; dizeniers de Paris,aufqult;’ftnbsp;...p, 1! veut communiquer quelques nouueaux amp;: lecrets col”nbsp;tnaiia- mar.demençs du Roy.Tous fe trouuentlàde bonnehe”nbsp;re.Lc nouueaii preuoll dés marchans , nommé le pre*’,'nbsp;dent Charron acoftéde quelques feruiteurs de la i”‘”.nbsp;fon de .Gùife,entre lefquels.eiloyétEntraguesii; PuVga’nbsp;lard^prend la parole,amp; dit que le Roy a délibéré d’exte’nbsp;miner tous les feditieux’ qui les années precedentes
-ocr page 415-L’ESTAT DE TRANCE.
Auoyentçïins Yes armes contre Yuy-iSi lt;ie racYer entierc-wient Ya race de ces mcVcYrans; lt;^ue cela eftoit venu bien à point,c^ue YeutsPrinces amp;.caprtaines efto'jcniwmmc ennbsp;prifon dans Y’encYos de Ya viYYc , ryu’on commenceroitnbsp;par eux celYe nuiftYa. Q^nt aux autres ,Ye Kssv donne-loit ordre cyu’on Yeur feroit pareiY traitement,en ciial-rpie prouince; amp; ipue Ye lignai du maft'acre feioitl’Yiorio-2,c du Palais, cpi’on fonneroit au proint dUjiour •. cc epui n’anbsp;acouftumé de t'e faire epu’en clroles grandes. Etepuantauxnbsp;enfeignes epui les diftingueroyent d’auec tous autres , ccnbsp;feroit vnmoueboirblanc attacbe au bras gauebe , amp;. vnenbsp;croixblancbe aucliapeau . Quils auilaffent au reife d’e-ftrebien armez,d’auoirbon courage,Scfaire allumer desnbsp;fiabcaux amp; falots par les feneftres des rr.aifons.pour etnnbsp;peCeber Ye defovAre auant Ye Von de 1’Yiorloge duPalais.
* 'll t
YY ne fadut pas longuement baranguer ceux cpui ne demandovent tpu’afrapper .a'^ansvn tel avantage .Lesnbsp;dizaines fe mettent incontinent en armes ,amp; lesdifpolenbsp;on par Yes carrefours , anecYe moins de Yiruit cpu’il tlfoitnbsp;pofsible. Cependant, Ye Due de Guife amp; Ye Cbeualiernbsp;d’Angoulefme, aflembloyentdiligemmcntgcns armez,nbsp;amp; les pofoyent en diners epuartiers de la ville.
Sur la minui£t,on vid entrer YaKoyne mete dansla cbambreduKoy , n'ayant auec elle cpu’vne ferrmie denbsp;cbambre.LeDuc d’Anpou enuoya le freut de Y^ufles epue-rir le Duc de Guife,YecpueY elYant arriué au Louute , ttou-uaYeconl'eiY'affembYé,ou eftc,ventle Plt;oy,laPsoyne mere,le Duc d’An'pou,le Duc deY^euers.'Tauannes 8s le Connbsp;te de Kets t lefcpuels aprescpuelcpues dilputestoucYrant lenbsp;moyen tpu’ilfaloit tenir pour l’exccutio, conclurent epuenbsp;elle fe deuoit defpeftber .La cbarge en fut donne e au futnbsp;dit Duc de Guife,au*CbeuaYier d’Angoulefme,baftard denbsp;YYenry a.ßt au Duc d’Aumale,lefcpuels eftans accôpagncznbsp;des Capitaines Coffeins amp;.Goas, auec plulicurs baicpue-boufiers delà garde duKoy,8s toute celle du Duc d’An,-pus’acbeminerent vers le logis de 1^ Amiral, pour exccunbsp;ter fl toft epue le fignaY fonneroit.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
Le Duc deNeuers fe fouuenatbic de ceux epui eüoy ét ouc AcNc aux fauxbourgSjfpecialemét de S,Germain des pire?,(fur utts.nbsp;Tamp;Vgt; 2-
-ocr page 416-Commet» ccmét desnbsp;mallacresnbsp;Jgt;res dunbsp;Louijce,
588 MEMOIRESDE lefquels Maugiron fe deuoit ruer) vouloir aufsif'’|jgnbsp;mel'me temps fortir hors de Paris,auec bonne troupsnbsp;cauallerie, pour faire tefte dcempefcher ceux qui fc‘nbsp;ient voulu làuuer à la fuite : amp; en fit fort grande inlt*nbsp;au Roy amp; à la Royne. Mais eux le voulans auoir pre’nbsp;leurs perfonnes pour s’en feruir en vne fi grande efiU .nbsp;te, ne le voulurent point lailTer partir, Sc le retindrnbsp;toute la nuift auprès d'eux, fans repofer en façou “înbsp;ce fuft.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.^1,
Ce confeil fecret dura plus d’vneheure,Âcofflui que l’heure afsignee ne fuft pas loin: toutesfois la R°' .nbsp;ne mere impatiente, amp; craignant que le Roy P® ,nbsp;à l’horreur de tant de forfaits, n’empefehaftnbsp;partie de tels defleins, vouloir à toute force qu’onnbsp;mençaft.Surce,!es meurtriers eftoyent attendans atr^nbsp;tiuement leur fignal. Or en cecliqueüs d'arm es,amp; lu^,nbsp;de tant de flâbeaux,allees amp;venues de tant de gens,quenbsp;ques gentils hommes logez près de l’Amiraî, fenbsp;amp;fortent de leurs logis, demandent à quelques vns“»^nbsp;leur conoiflance qu’ils rencontrent, que veutnbsp;amas de gens armez hors d'heure. On relpond, qu’*'nbsp;ftoit prins enuie au Roy de faire allàillir 3 celle he**nbsp;là vn certain chafteau fait à plaifir, afin que pour lanbsp;ueauté du fait, il eu fi plus de pafletemps. Ces' ge®®nbsp;hommes paflans outre viennent iufques pres du Lou®*^^'nbsp;ou ils voyent force flambeaux ardans,amp; des gensâj.nbsp;mez en grofle trouppe. Les gardes qui eftoyent là ne ¦nbsp;peurent plus contenir, ains commencèrent a lesnbsp;quer de parolles : 8c comme l’vn defdits de la Rclig'®'”nbsp;refpondoit quelque mot ,vn Ibldat gafconle frapped’’nbsp;jiepertus’fane, amp; lors on commença a fe ruer fur les a®,nbsp;tres. La noife eftant ainfi efmeuë, la Royne mere 0*nbsp;au Roy,qu’il n’eftoit plus pofsible de retenir iafure®^nbsp;des foîdats, amp; pourtant elle fait fonner la clochenbsp;temple de SainftGermain de l’Auxerrois.
L’Amiral acerterté du tumulte, amp; entendant aufsi e
L'Aniiril nbsp;nbsp; __ .
ne s’efton cliquetis des .irmes, encores qu’iî n’eiift aucun fecours’quot; uec foy,ne f ,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;~
il difoit fouuentesfois ) fùr la bien-vneiiJance du R*’? conatncilauoit experiments eu oJufieurs grandescn
* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;° leS'
fe peuttouresfois eifrayer, appuyéfcomi®^ comme il auoit experiments en pJufieurs grandescti®
-ocr page 417-L’ESTAT DE FRANCE. 589 fes. Dauantige, ils’affeuroitque fi ceux de Paris co*nbsp;noifibyent que le Ko y n’approuuaft leur folie , encornbsp;qu’il enttcprinlfent paffer outre , neantmoins demeu-ieroycntquois,fitolf qu’ilverroyent Coffeins amp;fagar-de.Par mefme moyen ilfe ramenteuoitle ferment fo-lennel du Koy , de fes frétés , amp; de la Koyne fa mere,nbsp;répété tantdefois pour l’entrctenementamp;conferuati-on de la paix, amp; couché par efcrit en inftrumens pu-bliques.D’auautage, l’alliance faite peu de temps au par-auant,amp; pour la mefme caufe,aucc la Koyne d’Angleterre . les traitez auec le Prince d’Orenge, la foynbsp;donnée anxPrinces d’Alemagne , les villes de Flandresnbsp;fur lefquelles on auoit fait entreprife, les autres def-quelles on s’eftoit faifyaunomdu Koy, les nopces denbsp;la fœur célébrées fix iouts au parauant, qu’il ne permetnbsp;troit eftre fi cruellement enfanglantee . 11 fepropofoicnbsp;aufsile iugt mét des nations efttangeresamp;de toute la ponbsp;fteritéda honte, la grauitéda coftance amp; fidelité que doitnbsp;auoir vnKoyda foy publique,la fainamp;eté du droit des peunbsp;pics ; Eftimant que ce feroit vnf chofe prodigieufe Scnbsp;du tout contre nature de polluer toutes ces choies par vnnbsp;meurtre tant execrable.
Coffeins qui auoit efté commis parle Duc d’Anjou Miffacrt. pour garder la maifonde l’Amiral fenquoy plufieurs di-loyent le prouetbe eftre vray , qu’on auoitbaillé labre-“nbsp;bis à garder auloup)voyant venir le Duc'de Guifede Chenbsp;ualiet,amp;autres ,amp;ayant premièrement pofé enbasfurnbsp;la place amp;patles rues,cinq ou fix harquebouziers vis à visnbsp;dechafeune feneftre,pour garder que perlonne n’elchapnbsp;paft,heurte àla porte . Ceftoit vn peu auant iour la Dimanche Z4.iour d’Aouft, 1571. iour de S.Barthélémy .La-bonne qui eftoit chez VAmiralSc auoit les clefs, enten-dantqu’il y auoit quelqu’vn alapottequidemandoit denbsp;parler à l’Amiral delà part du Koy , defeend foudaine-mentenbas amp; ouure la porte . Lors Coffeins fe rue futnbsp;luy, amp;le maffacre à ccups de poignard; purs auec fes harnbsp;queboufiers vient à forcer le logis , faifant tuer les vnsnbsp;qui fe rencontroyentiles autres qui s’en fuyoyéf.amp;efmounbsp;uant là dedans vn tumulte horrible. Ayant rompu lanbsp;porte de l’efcalhet,amp;vn Suiffç tuéd’vneharquebouza-
Bb )
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de,vint a gaigner les degrcz . Surce l’Ainiral amp; ceux quf elloyent auec luy,encendans les coups de piftoles S: haf'nbsp;quebouzes, amp; fc voyans es mains de leurs ennemis,coi’*nbsp;mencerent àfe prufterner en terre amp; demander pardonnbsp;à Dieu . L’Amiral, s’eftant fait teuer de fon Iict, amp; eftmtnbsp;couuert de fa.robbe de chambre,commanda au minifti'^nbsp;Merlin de faire la prière, amp; luy en inuoquat ardamineninbsp;lelus Chrift fou Dieu de fauueur recommaiidafon cfpnfnbsp;entre les mains . Celiiy qui a efté tefmoin tk a faille tapnbsp;port de ces chofes, entra en la chambre lors, amp; eftantnbsp;mierrogue par Ambroile Paré chirurgien, que voulaitnbsp;dire ce tumulte, luy fe tournant vers l'Amiral dit, Mon-feigneur,c’eft Dieu qui nous appelle àfoy.Lonaforcélcnbsp;logis, amp; n’y a moyeu quelconque de relîfter. L’Amiralnbsp;reipond alors, 11 y along temps queieinefuis difpofcanbsp;mourir.Vous autres,(auuezvous,s’il eft {gt;ofsible:car vousnbsp;ne (auriez garentir ma viede recômande mon ame alanbsp;mifericorde de Dieu. Ceux quitefmoignentces choiesnbsp;pour y auoir elle prefens, atferment que l’Amiral ne futnbsp;troublé de la mort qui luy elloit lî prochaine, non plusnbsp;que s’il n’y etift eu bruit quelconque . Tout foudain tousnbsp;ceux qui efloyent en la chambre(excepté vnfien fidcllenbsp;feruitciirnommeNicolasMufs trucheman pour lalan*nbsp;guc Alemande) montèrent aulbmmetdcla maifon, A’nbsp;ayans trouiie vne feneftre fur le toiS;, commeiiccrcnianbsp;fe lauuer,amp; h piiispart efehapperent, au moyen qu’il n’C'nbsp;ftoit pas iour.Cependant,Coffcins ayant ofié tout ce quinbsp;empefehoit le paljage , fît entrer quelques Suifl'csde lanbsp;garde du Duc d’An jou , car ils eltovent veftus de noir denbsp;ïilanc amp; de verd . Iceux rencontrans quatre autresSui'*nbsp;fés fur les degrcz ne leur touchèrent point. Mais Col-feins armé d’vn corps de cuirafle, auec la rudache airnbsp;poing amp; l’efpeenue,fi toft qu’il lesapperccubcoininan-da à vn des harqueboulîers, qui le coftoyovent, de tirer,ce qu’il fit, de tuai’vn dcfdits Suifles . Lors ils enfoncent la porte de la chambre de l’Amiral , en laquelle entrèrent vn nommé Bcfme Alemî, feriiiteur domeftiqu®nbsp;du Duc de Guife ,amp; lequel on dit auoir efpoiifé vne desnbsp;bafrardesdii Cardinal de Lorraine . ColTeinsiVn piearnbsp;nommé le Capitaine Attin, doraeftique dcfamlh^f
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Duc d’Aumale, qui lutresfois auoit efté aux gages de ceux de Guile pour tuerie feu fieür d’Andelot.ltem Sar-laboux amp; quelques autres ayans tous le corps de cuiraf-fe,la rudache amp; l’efpee au poing. Befme s’adreflant à VA- ynbsp;miral,amp;luy tendant la pointe de l’cfpee nue, commençanbsp;àdire,N’es-tu pas l’Amiral-Ceft moy reipondit-il,a-miial.nbsp;uec vu vilage paihble amp; affeuré, comme les meurtriersnbsp;melmes l’ont confeffé. Puis regardant l’elpee delgainee,nbsp;leunehomme, dit-il, tu deurois auoir efgard à ma vieil-leffeamp; à mon infirmité, mais tune feras pourtant minbsp;vie plus briefiie , Aucuns adiouftent qu’il dit,au moins fînbsp;quelque homme ,amp; non pas ce goujat me faifoit mourir.Mais la plufpart des meurtriers ontrecité les autresnbsp;propos,fpecidernent Attin, qui confeffa que long tempsnbsp;auant les maffacres le Roy luy auoit fait promettre de lenbsp;trouuet aux nopcesàPatis,pour vnbô afaire,amp; n’oublietnbsp;fes armes. Et adiouftoit, parlant à vn perfonnage notable 1 qu’il n auoit iamais veu homme, ayant la mort déliant les yeux, plus affeuré qu’eftoit l’Amiral,de la con-ftâce, duquel les meurtriers eftoyenteftonnez toutes lesnbsp;fois qu’ils en parloyent, amp; mefmes ceft Attinqui reue-nant les iours fuyuans chez foy, ores qu’il fuft acompa-gné amp; bien armé eftoit neantmoins envnefrayeure-ftrange,laquelleparoiffoitàfonvifagc amp; à fes coirtenan-ces.Pour retourner à noftre propos,Befmes defpitantnbsp;Dieu,donnavncoupd’eftocdans la poitrine de V Amiral,nbsp;puis rechargea fur la teftexhalcun des autres luy donnanbsp;aufsifon coup,tellement qu’il tomba par terre tirant à lanbsp;mort.
Le Duc de Guife qui eftoit demeuré cnlabafle Cour, Le corps auec les autres feigneurs Catholiques , oyant les coups, de l’Ami-commence àcrier à haute voix, Befmes , as-tu acbeué?‘^1nbsp;C’eft fait, dit-il. Lors le Duc de Guife repliqua,Monfieurnbsp;le Cheualier ne le peut croire, s’il ne le void de fes yeux:nbsp;iettelepar lafeneftre .Lors Befmes amp; Sarlaboux leue-rent le corps de 1’AmiraVamp; le ictterent par lafeneftre ennbsp;bas.Or d’autât que le coup qu’il auoit receu en la tefte. Sanbsp;le fang quiluy couuroitlevifage empefeboit qu’on nenbsp;nele cognuft,le Duc de Guife febaiffant deffus , S: luynbsp;torchant le vifage auec vn mouchoir,dit,le le conoy,c’cû;
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il luy-mefines:puis ayant donné vn coup de pied auvifi' gedecepoure mort, que tous les meurtriers de Frafl'nbsp;ce auoyenttant redouté,lors qu’il v,iuoit:il fort de Unbsp;porte du logis auec les autres , puis s’eferiant dit, Courage foldats, nousauons heureufement commencé,ul'nbsp;Ions aux autres : car le Roy le commande, amp; repetoitnbsp;fouuent à haute voix ces paroles, le Roy le commande»nbsp;C'eft la volonté du Roy, c’eft fon expres commandement. Incontinent apres l’horloge du palais fonna, amp; co-mença-onàcrier que les Huguenots eftovent en armes»nbsp;amp;. fe mettoyent en effort de tuer le Roy .Vn Italien de lanbsp;garde du Duc de Neuers coupala telle à l’Amirabqui futnbsp;portee au Roy amp; à la Royne mere,puis embaumee amp; e”nbsp;ûoyee à Rome au Pape amp; au Cardinal de Lorraine. Lanbsp;populace eftant furuenue là defTus,coupa les mains amp;1^’nbsp;parties honteufes de ce corps , lequel ainiî mutilé amp; fa«'nbsp;giant, fut trainé par ces canailles l'efpacc de trois ioursnbsp;par toute la ville, amp; finalement porté au gibet de Mont-faucon,ou ils le pendirent par les pieds.
Icsgenti s Leiour de la blefleure del’Amirable Roy auoitbailla amp;°'domV «'^«âsà fon beaufrere le Roy deNauarre ,de fiiire cou-ftiquesde» cLcrdans fa chambre dix ou douze defes plus fauoris»nbsp;Princes pour fegarder des delTeings du Duc de Guife, qu'ildi'nbsp;font raaf- foit eftre vn mauuais garçon. Or ces gentilshommes la»nbsp;facrex. auec quelques autres, quicouchoyent en l’antichambrenbsp;du Roy de Nauarre,amp; ceux du Prince de Condé, les valets de chambre, gôuuerneurs , Précepteurs amp; domefti-ques, requerans à haute voix le Roy de fe fcuuenirdelanbsp;promefle.furent defarmez de l'efpee amp; dague qu’ils por-toyent,par NanfTey capitaine des gardes 8c les iiens,nbsp;chaffez des chambres ou ils repofoyeimpuis menez iuf-qu’à la porte du Louure,ou ( en prefence du Roy qui ly’Snbsp;regardoitparvne feneftre)ils furent cruellement mafla-crez par les SuilTes ,deuant les yeux du Roy,qui crioitnbsp;qu’on n’en laiflaft efehapper pasvn.Entre ceux h eftoyctnbsp;le Baron de Pardcillan, Sainél Martin bourles, amp; B cannais gouuerneur du Roy de Nauarre, le Capitaine Pilesnbsp;amp; autres. Quand Piles,qüi eftoit extrêmement hay pournbsp;auoir fait rcceuoir vne honte à tous les Catholiques, dc-irâtS.Ieâ d’Angely,fc vid parmi la troupe des meurtriers,
-ocr page 421-L’ESTAT DE FRANCE. 395 amp; apperceut les corps de ceux qu’ô auoit ia maffacrez, ilnbsp;cômença à crier tant qu’il peut,appelant à l'on aide la fidenbsp;litédu Roy (qui l’entendoit bien)amp;par mefme moyê de-teftant vne trahifon tant execrable,prend vn manteau denbsp;grand pris qu’il portoit,amp; le prefentant à quelqu’vn de fanbsp;conoilfance,Piles vous donne cela, dit-il, fouuenez-vousnbsp;ci apres de la mort de celuy qu’on fait mourir tant indi-gnenient.MonCapitainc(refpôditl’autre)iene fuis pointnbsp;delà troupe de ceux-ci,ie vous remercie de voftre man-téauàe ne le prendray point à telle condition,«?; le refufanbsp;de fait.A l’inilant Piles fut tranfpercé d’vn coup de haie-barde par l’vn des archers,amp; tomba roide mort.Sô corpsnbsp;fut ietté au monceau des autres , amp; quand les paflans s’a-mufoyent aies regarder,les meurtriers crioyét, Ce fontnbsp;ceux qui nous ont voulu forcer, afin de tuer le Roy puisnbsp;aprt'S.Vn autre gentil-homme de la fuite du Roy de Nanbsp;uarre,nommé Leyramayant receu quelques coups, s’enfuit droit en la chambre delaRoynedeNauarre,ou ellenbsp;le garantit, amp; fauna de la fureur de ceux qui le pourfuy-uoyent,amp; peu de temps apres obtint fa grace duRoy fonnbsp;fi'ere,mefmes le recommanda à fes medccins,cellementnbsp;que par le moy en d’elle,il recouura la fanté amp; la vie.
LeRoydeNauarre amp; le Prince de Condé font appe- ” jndî” lez pour venir parler auRoy,accompagné de fon confeil gnementnbsp;fecret.Il leur dit, qu’apres auoir fouifert tant de guerres, naitra.nbsp;dót fon Royaume auoit efté opprefle, il auoir en fin trounbsp;uévn expedient de mettre finà^toutes occafionsdetrounbsp;bles,en faifant maflàcrer l’Amirahautheurde tarde inefnbsp;cliancetcz,amp; qu’on traittoit de mefmes dans la ville tousnbsp;fes mefehans hérétiques amp;feditieux. Qu’il fefouuenoitnbsp;l’ien combien de maux luv auoyent fait ledit Amiral, amp;nbsp;eux Roy de Nauarre amp; Prince de Condé,eftans les chefsnbsp;de ces defefperez,amp;ayant fait vne guerre feditieufe contre luv. Qifil auoit le moyen amp; l’occafion de fe reflentirnbsp;de tantd’outrages.Toutesfois,pour l’amour du fang , amp;nbsp;deleurieune aage, il vouloir oublier le pafle ;qu’ilss’e*nbsp;ftpyent ainfi mal portez par la faute amp; fuggeftion de l’Anbsp;mirai amp; autres fcmblables mefehans , ia executez , amp;nbsp;qui le feroyent bien toft.Qu’ifne s’en vouloir plus fouuenbsp;»tr,pourueu que ci apres ils aboliflent telles fautes par
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vnc autre fidelité amp; obeiflance,amp; moyennant qu’ils e'^* brafleiit la Religion Catholique,retournai» au giroiinbsp;l’Eglife Romaine , amp;. renonçans cefte Religion, quinbsp;ftoitlemencede tantde troubles. Qu’il ne vouloir àl’a-uenir qu’vne lèule Religion en fon Royaume, afauoirnbsp;celle defies predecefleur-. Et partant qu’ils decIaralTentnbsp;s’ils vouloyent pas luy obéir, linon qu’ils attendent lenbsp;mefimecliallimentqu’ont receu amp; reçoyuent leurs coinnbsp;pagnons.
Refponce Le Roy deNaiiarre eftonnc défieftrangespropos,ref
Nauanc po'^tl fort humblement au Roy,qu’il luy plcuft fie fiouue-
nir de fia promefle,amp; de l’alliance nouueilement contra-fteerqueliiydefiapartferoit en telle fiorteque le Roy fie contenteroit.Cependant il le fiupplioitde conliderercô-bicn la conficiencc eft vne grande chofie,amp; qu’il luy fieroitnbsp;bien inalaifié de renoncer à la Religion, en laquelle il a-uoit efté inftruit des fa ieuneffe. Tout cela difioit-il auecnbsp;vne contenance fort efimeiiedc abatiie.
Que le Roy luy aiioit donné fia foy, amp; à tous ceux de 1* Rcligion,lî fiolennellement, queiamais il nefe pourroitnbsp;perfiuaderque le Roy vouluft fauiïcr vnfiermentfi authenbsp;tique . Pour le regard de l’obeiflance que le Roy requc-roit de lny,il l’auoit fidelement rendue iufqu’à prefient,amp;nbsp;promettoitd’obeirau Roy à l’auenir, fans fedeftournernbsp;de cel.i en faço que cefuft.Mais quatà la Religiô,le Roynbsp;luy en auoit donné i'cxercice,amp; Dieu la conoiflànce,au-quel il en dcuoit rendre conte, amp; que le Rovauoit fionnbsp;corps amp; fies biens en fia piiiffiance. Que partant il enpou-uoitdilpofier félon fion plaifir: mais cependant fia deliberation eftoit de demeurer ferme en la Religion , qu’ilnbsp;maintiendroit toufiours elfre lavraye, quancf mefimesilnbsp;y deuroit laifler la vie.
Le Roy fort indigne de la refiponcedu Prince, commença à l’appeller rebelle, fieditieux amp; fils de fieditieux, le menaçant de luy faire trächer la telle,fi das trois iourJnbsp;il ne fie rauifioit.
Les autres Huguenots qui eftoyenf dedans le Lou-
ure,aufiqucls à prix ou pricre onauoitiufqu’alors fiauué la vie,
L’ESTAT DE FRANCE. 395 ^^''ie.promettroyct de faire tout ce queleRoycôman-“Woit.Entre autres,Grammont.Gamacke,Duras,amp; cer-autres,curent d’autant plus facttement leur pardon,nbsp;le Roy fcauoitfort bien, qu’ils u’auoyent iamais eunbsp;Sue peu ou point de Religion . A l’inftant on fonna lenbsp;toxin du Palais, afin qu’on fe ruaft fur les autres Huguenots (de toutes qualitez amp;. fexcs) qui elloyeht dans lanbsp;ville, Lep retexre eftoit,vn bruit qu'ils firët courir,qu’onnbsp;auoit defcouucrtvne confpiration faite contre le Roy,lanbsp;®ere,amp;feslfcres,pir lesfluguenots.lefquels auoyct défia tué plusdequinze foldats de la garde (ce difoyct ceuxnbsp;qui eftoyent morts) partant le Roy commandort qu’onnbsp;ne pardonnai!: à pas vn Huguenot.
Les Courtifans, amp; les foldats delà garde du Roy, furent ceux qui firent l’execution fur la Noblelîe , finiflans aueceux (ce difovent-ils) par fer amp; defordre, les procès,nbsp;que la plume, le papier,amp; l’ordre de iul!ice,nv tant de ba-tailles,n’auoventiufqu’à lors fceii vuider.De forte,que lesnbsp;clietifs.accufez de confpiration amp; d’entreprifc,tous nuds,nbsp;inalauifez, dcmidormans,defariTiez,amp; entreles mainsnbsp;de leurs ennemis, par limplicité, fans loifir de refprrcr,nbsp;furent tuez,les vns dans leurs litls.Ies autres fur les toiftsnbsp;des maifons, amp; en autres lieux, felon qu’ils le laiflbyenrnbsp;trouuer.
Le Conte de la Roche-foucaut, qui iufques apres on-ze heures de la nuift du famedi, auoit deuilê, ri, amp; plai-faute auec le R ov,avant à peine commencé fon premier ^he-fou-fomne, fut reftieillé par fix mafquezamp; armez, qui entre- ciQU tent dans fil chambreientre lelquels cuidantle Roy cftre,nbsp;qui viiill pour le fouetter à ieuiil prioit qu’on le traitaitnbsp;doucement, quand apres luv auoir ouuert amp; faccagé fesnbsp;coffres,vn de ces malqucz (valet de châbre du Dued’An-iou) letua.parle commandement de fon maiftre.
Bien cil vray qu’au rcfusdeNanfl'ey ,1e capitaine la Barge, qui eftoit l’vn des mafquez , auoit eu commandement duRoy,de l’aller tuer auecques promeffe d’auoir lanbsp;compagnie de genfilarmes dudit Conte de la Roche-foucaut , ny ellant autrement voulu aller , qu’à cellenbsp;condition . Et quoy que ce valet là, ait anticipé à tuer,nbsp;la Barge n’a pas laiffé pourtant d’aiioiqcelte compagnie
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du Conte meurtry.-car aufsi luy donna il quelques coups-Theligny Teligny fut veu de plulîeurs courtifans, amp;quoy qu’ils maïTacié. euflent charge de le tuer,ils n’eurent onques la hardieiSnbsp;de ce faire en le voyant, tant il eftoit de douce nature, Sinbsp;aimé de qui le cognoifloit : à la fin vn qui ne le cognoif'nbsp;foitpas,letua.
Maflàcrc Le marquis de Renel, frere du Prince de Porcian, fut du mar- chafle tout en chemife, iufques à la riuiere de Seine, pufnbsp;Rc'nclnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;foldats Si le peimie, amp; là fait monter fur vn petit ba-
‘ teau,futtuéparBuiry d’Amboylèfoncoufin,acompaguû du fils du Baron des Adrets.
Monfîeur frere du Roy , pour gratifier à l’Archan capitaine defa garde, amoureux de la Chaftegneraye, envoya tuer par les foldats de fa garde , le feigneur de lu Forfe fon beau-pere:amp; cuidant auoir tué deux des frétésnbsp;de la Chafiegneraye.il ne s’en trouu.a qu’vn mort, l’autrenbsp;eftoit feulementblcfle,amp;caché fous le corps mort denbsp;fon pere,qui luy eftoit trebufehé de{rus,d’où fur le foir ilnbsp;fe defpeftrafegliflant iufques dedas le logis du feigneurnbsp;de Biron fon parent. Ce que fachant la Chaftegnerayefunbsp;fœur,marrie de ce que tout l’heritage ne luy pouuoit de-meurenvinttrouuerle feigneur de Bironàl’Arcenal, ounbsp;il eftoit logé, faignant d’eftre bien aife que fon frere fuftnbsp;efehappé, amp; difant qu’elle defiroit le voir amp; le faire pen-fer : Mais le feigneur de Biron qui s’apperceut de la frau-de,ne le luy voulut delcouurir,luy fauuant par ce moyennbsp;la vie.
Baron de Le Baron de Soubize, ayant ouy le bruit des harque-Soiibizc boufes,amp; le cri de tant de gens,prend incontinent fes ar-f UC- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mes amp; court au logis de l’Amiral: mais il fut incontinent
enuironné, amp; mené à la porte du Louure, ou il fut maf-facré.
Cucrchy. Le fieur de Guerchy vaillant homme , fut tellement furprins, que fans auoir loifîr de s’armer, il fut aflàillynbsp;deplufîeurs . Maisayanrrefpecaupoing.amp; vninantcaunbsp;autour du bras, il fit telle renftance , qu’il coucha deuxnbsp;maflacreurs à fes pieds. Mais ayant reccu plufîeursnbsp;coups , amp; les forces luy defaillans il fut accablé amp; hachénbsp;en pieces.
Plufieurs autres Capitaines amp; gentils-hommes, en grand
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Sfand nombre, comme Puuiaut, Beaudiné frere du ficur lt;l’Acier, Berny amp; autres furent aufsi faccagezdes vps dansnbsp;f^urs liâs,Ies autres fe pëlans fauuer, les autres ledefcn-dans auec l’elpee amp; la cappe.Leurs corps eftoyent incontinent traînez deuant le Louure, amp; ragez pres des autres,nbsp;afin que les meurtriers faoulafsét leur veiie de ces mortsnbsp;qui les auoyent tant effrayez en leur viiiant. Les valets denbsp;t^fiambre,pages,laquais, amp; feruiteurs defdits feigneurs amp;nbsp;gentils-hommes, eftoyent aufsi peu efpargnezque leursnbsp;niaiftres. On entre par toutes les chambres Si cabinetsnbsp;du logis de [’Amiral, amp; furent maflacrez de façon horri-Ue,tous ceux qui furent trouuez es lifts, ou qui s’eftoyctnbsp;cachez,entre autres,les pages dudit lîeur, enfans de bonnes amp; nobles maifons.
Le fleur de Briou, goiiuerneur du petit marquis de Conty,ovanc ce bruit, print incôtinentfon petit maiftre,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
tout en chemife,amp; comme il le voiiloit porter plus '1 l’ef-cart,il rencontra les meurtriers, qui luy arrachèrent ce Conty. petitprince,en la prefence duquel,qui pleuroit amp; prioitnbsp;qu’on fauuaft la vie à fon ^ouuerneur, il futmafTacré ,amp;nbsp;fon poil tout blîc de vieUÏefTc taint de fang,amp; puis traînénbsp;par les fanges.
De bon heur ,1e fieur de Fontenay, de la maifbn de Seigneurs Rohan,le Vidamede Chartres, le Côte de Mont-gôme- ^5^quot;^
le fieur de Caumont, l’vn des Pardillans, Beauuois la Relig.ô Node,amp;pluficutsautresfeignenrs amp; gentils-hommes quineft-de la Religion,eftoyét logez aux fauxbourgs (ainft Ger- rencmalVanbsp;main, vis avis du Louure, lariuiere entre deux ; Et Dieu ctez.nbsp;voulut que Marcel, ci deuant preuoft des marchans denbsp;Paris, ayant des le famedi au foir eu corn mandement dunbsp;Roy, de luv tenir mille hommes armez prefts fur la mi-nuiftdu Dimanche, pour les bailler à Maugiron (auquelnbsp;il.auoitdôné charge de depefeher ceux des faux-bourgs,nbsp;ayant aufsi commandé au commifl'aire du quartier amp; aunbsp;Contrerolleur du Mas ,de le guider auec fa troupe parnbsp;les logis defdits de laReligionjn’euft pas fès gens prefts,nbsp;A: quedu Mas Commiflàire s’endormit plus de l’heurenbsp;l’heure afsignee . Cependant vn certain homme (qu’onnbsp;n’a pas veil nv cognu depuis) qui eftoit pafte dans vne nacelle de la ville aux faux-bourgs fainft Germain , ayant
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veu tout ce qui auoiteftéEtit, toute la nuich fur ceux del* Religion en la ville .auertit enairon les cinq heures dunbsp;Dimanche matin,le Conte de Mont-gommery,de cenbsp;qu’il en fcauoit. Le Conte de Mont-gommery en baiU*nbsp;auertillèment au Vidame de Chartres, amp; aux autres tel-tueurs amp; gentils-homes de la Religion, logez aux faux-ourgs:plulicursdefquels nefc pouuans pcrfuader quenbsp;le Roy fuft (ie ne dy pas autheur, mais feulement côfen*nbsp;tant de la tuerie) fv refolurent de pafler auec barques 1*nbsp;riuicre,amp; aller trouuer le Roy: aimans beaucoup mieux'nbsp;fefierenluy, qu’enfuyant, monftrer d’en auoirquelquenbsp;desfiance.D’autresyen auoiole/queJscuidansque lanbsp;tie fuft dreflèe contre la perfonne du Roy-mcfine, lunbsp;vouloyent aller rendre pres de fa perfonne, pour luYnbsp;faire treshumble feruice , amp; mourir fi befoin cftoit anbsp;fes pieds, amp; ne tarda gueres qu’ils virent fur la riuiere rSenbsp;venir droiéf à eux (qui eftoyent encores es fauxbourgs)nbsp;iufqu’à deux cens foldats armez de la garde du RoX’nbsp;criansjTue, tue, amp; leurs tirans barquebouiàdes à laveuénbsp;du Roy, qui eftoit aux feneftres de fa chambre, amp; poUquot;nbsp;noiteftre alors enuiron fept heures du Dimanche matin. Encores dit-on, que le Roy prenant vne harqucbou-fe de chalTe entre fcs mains, en delpitant Dieu, dit : Ti-rons,mort-Dieu,ils s’enfuyent. A ce fpeèfacle ne fachansnbsp;lefdits gentils-hommes que croire , furent contraints lesnbsp;vns à pied, les autres à cheual, les vns bottez, les autresnbsp;fans bottes amp;efperons, laiflans tout ce qu’ils auoyen^nbsp;de plus prccieux,s’éfuir pour fauiierleurvie,l.i où ils cui-doyentauoir lieu de refuge plus alfeuré.Ils ne furent pasnbsp;partis, que les foldats,les Suyflcs de la garde du Roynbsp;aucuns des courtifans faccagerent leurs logis, tuant tousnbsp;ceux qu’ils troutierentde refte.
Encores vint il bien à propos, que le Duc de Guvie voulant fortir par la porte de ßullv , fe trouua auoir ellenbsp;pris vne clef pour l’autre, ce qui doniia tant plus denbsp;loifir de monter à cheual au.x parefTeux . Et ne laiiie-rent pourtant d’eftre pourfuyuis par le Duc de Guife, lenbsp;Duc d’Aumale, le Cheualier d’Angoulefrae ,amp; par plu-fieurs gentils-hommes tueurs, enuiron huift lieues loinnbsp;de Paris.le Duc de Guife fut iufques à Môtfort, où il s'ar-reftS)
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manda à fain£t Cegier amp; autres gentils-hommes ^’alentour, de Ion humeur amp; partilans liens, de faire ennbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
forte,que lefdits feigneurs amp; gentils hommes qui fe fau-uoyentde viftelTe, n’efchappaiTentpoint; autant en en-uoya-il dire à ceux de Honda,amp; de Dreux.hn cefte chaf-fo d’hommes, il y en eut quelques vus de blelTez , Sc bien peu ou point de tuez.
Ce Dimanche, fut employé à tuer, violer, amp; facca-ger: de forte,qu’on croid que le nombre des tuez ce tour la amp; les deux fuyuans dans Paris amp; fes fauxbourgs, fur-paffe dix mille perfonnes.tant feigneurs,gentils-Iiôraes,nbsp;prelîdés,côfeillers,aduoçats,procureurs,efcolicrs,mede--cins,niarchâds,artifans,femmes,filles,amp; enfans. Les ruesnbsp;cftoyéc couuertes de corps morts,la riuiere teinte en ûg,nbsp;les portes amp; entrees du palais du Roy,peintes de mefmenbsp;couleunmais les tueurs n’eftovent pas encore faoulez.
ïntre autrespersônes notables font,la damoyfelle d’Y-uetnv belle mere du marquis de Reynel dame honorable Stfortaffeftiönee àtaReligio.Onluy prefentalepoi gnard à la gorge Jauec menaces d'cllre maffacree 11 ellenbsp;n'inuoquoit la vierge Marie amp; les faincts; ce que n’ayantnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' 1
voulu faire, les mafTacreursla menèrent fur le pont aux tnufniers, ou apres luv auoir dôné plufieurs coups de da-g,i£laietterétdans l'eau.lean Theiiart procureur en par-lem't,amp;leClerc,procureur en Chatlelct,fort hais des Catholiques furet cruellcmét maffacrez,auec leurs femmesnbsp;amp; familles, fans auoir efgard à nul. Le Lapidaire de lanbsp;Rovue mere,Philippes le doux marchât notablc.amp;toutenbsp;fa famille,Vn miniRre du Rov de Nauarre,nômé le Mo,nbsp;te.ieune home fort do£te. Vu autre rainiftre,nômc Burette uiiifsi ieune amp;lt;refdo£tc, qui auoit prefehé long tepsnbsp;àLvon,ouil eftoit bienouv.Nicolas le mercier marchât,nbsp;demeurant fur le pent iioftreDame, fa femme, fon gen-dre.fifille,fes enfans. feruiteurs amp; feruantes, furent tousnbsp;maffacrez amp; iettez dans l’eau.
Les Cômiffaires,Capitaines, quarteniers amp; dizeniers de Paris,allovêtauec leurs gens,de maifon en roaifon, lànbsp;ou ib cuidoyét trouuer des Huguenots , enfonçans lesnbsp;portes,puis maffacrat cruellemêt ceux qu’ils récôtrovêt,nbsp;fans auoir efgard au fexe ou à l’aage ; eftans induits amp;
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animez à ce faire par les Ducs d'Aumale , de Guife amp; dî Neuers,qui alloyent crians par les rues, Tuez,Tuez tout,nbsp;le Roy le commande . Les charrettes chargees de corpsnbsp;morts,de dam oi ft II es, femmes, filles,hommes amp;enfansnbsp;eftoyentmenees amp; delchargees à la riuiere , couuertenbsp;de corps morts,amp;toute rouge de fang,quiaufsi ruifleloitnbsp;en diuers endroits de la ville, comme en la cour du Lou-ure amp; auprès,comme dira efté ci deflus , amp; fera encor £ƒnbsp;apres. car c’eft chofe par trop lamentable de continuernbsp;toutd’vn fil le récit de ces horribles cruautezamp;maflacresinbsp;pendant lefquels, le Roy, la Royne mere, amp; leurs cour-tilans rioyent à gorge defployee,diians que la guerrenbsp;eftoit vraycment finie,amp; qu’ils viuroyent en paix à l’au®'nbsp;nir ; qu’il faloit faire ainfi les edits de pacification, nonnbsp;pas auec du papier,amp; des deputez:amp;donner ordre que le*nbsp;autres efpars en diuers endroits du Royaume fulTentain''nbsp;fi exterminez. Ondittoutesfoisque le Duc d’Alenç^nbsp;fut fort fafché de telles cruautez, amp; qu’il en pleura me»'nbsp;mes,dont le Roy amp; la Royne mere le tancèrent aflez aigrement.
Nouuelks Le conlèil lecret,voyant que ce maflacre de Pâris,n’e-trahifons. ftaindroit pas le feu, ains l’embraferoit daiiantage, d’aquot;' tant que ceux de la Religion, fe retirans enfemble,!^’.nbsp;villes amp; ceux qu’ils habitoyent pourroyent eftre pl^’nbsp;auifez, aux defpcns de leurs compagnons , fut d’auis dvnbsp;faire deux depefches diuerfes; L’vne toft apres que*nbsp;manacrefutcommencé,verslesgouuerneurs amp; Catlm'nbsp;liques feditieux des villes ouy auoitbô nombre decei*nbsp;de la Religion, pour les faire maffàcrer. L’autre paqi’^^nbsp;futd’amufer lefilits de la Religion , par quelques lettrp*nbsp;aux gouuerneurs, lelquels on femeroit, amp; quand ils 1**nbsp;royentattrappez.on les faccageroit comme ceux de P**'nbsp;ris. Ces diuers paquets furent depefchez amp; enuoyez P**nbsp;les prouinces, puis quelques maflacreurs pour aller fa*f^nbsp;des executions particniieres.ainfique le tout fera dedu*^nbsp;Et derechef, nous prions le lefteur de nous fupporterinbsp;parmi tant de matières qui s’offrent, nous ne pouuo**^nbsp;garder fi exaftement l’ordre qui feroitbiê requis. M^*®^nbsp;tenant nous mettons en auant les lettres du Roy qu*nbsp;defcharge de ce maflacre , fur ceux de Guife, pour n
-ocr page 429-L’ESTAT DE FRANCE. 401 courir la haine de tous peuples. Mais c’eftoit vne rufe denbsp;11 Royne mere amp; de fon confcil, qui vouloir attacher lanbsp;corde aufdits de Guile, amp; lauer tonfiours fes mains denbsp;celle mer de fang, qu'elle amp; le Conte de Rets fpeciale-ffient ont efpaudu. le n'excepte point lefdits de Guife ninbsp;les autres,carchafcundes troisconfeiis cydeflusmeo-tionnez y a eu fa part. Mais la Royne mereamp;le Contenbsp;de Retsauec Birague,enflammèrent le Roy, fon frere lenbsp;Duc d'Anjou, amp; ceux de Guife,qm prindrent fort ioy eu-fernent celle pccafîon,amp; feeurent bien puis apres tournernbsp;contre le Roy mefme le cordeau qu'on leur tendoir,nbsp;comme nous le verrons tantoll.
Lettres dv roy av
Gouuerneur de Bourgongne, par lefquel-les il charge ceux de Guife , du meurtre commis en la perfonne de Monlîeur l’A-miral, amp; de la fedition aduenue à Paris, amp;nbsp;mande qu’il veut que l’cdid de pacificationnbsp;foit entretenu.
MOn coulîn.vous auez-entendu ce que ie vous eferi-uisauanthier de lableffure de mon coufin l'Ami-^11, amp; comme i'eftois apres à faire tout ce qu’il m'elloic polsiblc.pour la verification du faiû amp; chaftimet : à quoynbsp;jlne s'eft rien oublié. Depuis il cftaduenu que ceux denbsp;maifon de Guife, amp; les autres Seigneurs amp; Gentilshommes leur adherans,qui n’ont pas petite part en cellenbsp;’¦lie comme chafeun feait, ayans feeu certainement quenbsp;amis dudit Amiral vouloyent pourfuyure fur eux lanbsp;’engeance de celle bleffure, pour les en foupçonner au-'heurs ; A cefte caufe amp; occalîon fe font efmeus'cellenbsp;*”*iél paffee, li bien qu’entre les vus amp; les autres il s’ellnbsp;Paffe vne bien grande amp; lamentable fedition , ayant ellenbsp;‘ercé le corps de garde qui au oit eflé ordonné à l’entreenbsp;“elamaifon dudit Amiral,pour fa feureté: l’ont tué auecnbsp;^¦¦elcjaes Gentilshommes, comme il en aelléa»ifsi maf-acré 4’autres en plufieurs endroits de la ville, ce quj anbsp;cftcmcné auec telle furi^ue l’on n’y apeu apporter lénbsp;Ce
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remede tel que l’on euftpeodefirer, ayant eu aflez d’jf' laites à employer mesgardes amp; autres forces pour met®nbsp;nir le plus fort en mon chafteau du Louuré auec mes frères,pour apres faire donner ordre par toute la ville à l'Jp*nbsp;paifementde la fedition,qui eftde cefteheure amortie!»nbsp;grace à Dieu ,eftantaduenuepar la querelle particulier®nbsp;qui deJong temps eft entre les déuamaifons .•delaquell®nbsp;ayât touâours preueu qu’il fuccederoit quelque mauu»j?nbsp;affaire, l’auoy ci deuant fait toutce qu’il m'auoit elle pof'nbsp;lîblepourl’appaifer, ainfi quechafcün fcait, ny ayant ennbsp;ceci rien de la rupturede l’edit de pacification. lequel i®nbsp;veux au contraire eftre entretenu autant que iamais,ainftnbsp;que ie fais fauoir par tous les endroits de mon royaume-Et dautant qu’il elt grandement à craindre que telle exe-inbsp;cution ne foufleue mes furets les vn cotre les autres,amp; n®nbsp;fefacent grands malîacresparles villes de mô royaume;nbsp;dequoy i’auroisvn merueilleuxrcgret,ievouspriedefa»nbsp;re publier amp; entendre par tous lesneux amp; endroits denbsp;lire gouuerneinentjqu’vn chacun ait à demeurer en reP^nbsp;amp;feuretéenfamaifon , ne prendre les armes amp;ollèm®'^nbsp;l’vnl’autre iUr peine de la vic.’faifant obferueramp; foogu®'*nbsp;femeot garder noftre edit de pacificatiô à ces fios.Et P““®nbsp;faire punir les contreuenansamp; courir fus à ceux qui’U''*nbsp;dtoyent s’efleuer defobeirà noftre volôté,vousafl®m^nbsp;irliez incontinent le plus de forces que vous pourrez, taquot;nbsp;de vos amis quede mes ordonnances amp; autres ,auertirnbsp;fantles capitaines des villes dfe chafteauz de voftreguu'nbsp;ucrneinentde prendre garde à la feureté amp; conferuatio^nbsp;defdites places, de forte qu’il o’en auienne faute,nbsp;tiflantau pluftoft de l’ordre que vous y aurez donne,nbsp;çôme tontes chofesfepaflènt.enl’eftendue dévoftrç g®,nbsp;uernement.Surce ie prie Dieu,mon çouiîu, qu’il vous ainbsp;en fa fainfte garde. A Paris ce 14. d’Aouft. i57»-nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’
Ç H A R L E s. amp;audeflbus,BruIard.
AVTRES LETTRES
Roy,au fieur de Priç Con lieutenât gçncf^
Touraine,fur mefme fyiet que les precedetes^ MOufieurde Prie, vousauez peu entendre comnbsp;mon coufia l’Amiral fut bleflèauant hier »
-ocr page 431-L’ESTAT DE PRANCE. 405 tftoisipres pour faire cf qu’il m’eftoit poflîble'pournbsp;faire faire fi grande amp; piom*nbsp;, ’uftice, qu'il en fijftexemple partout mon royaume:nbsp;1**®? il n’a rien efté oublié ; amp; dçpuis il eft aduenu quenbsp;^^’coulîns de la maifon de Guife,amp; lesautrei feigneursnbsp;adherent, n’ayäs petite part ennbsp;Uü 1nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^caitiayans fceu certainement
P ® amis de mondit confîn l’Amirabvouloyent pour-, yureamp; exécuter fur eux la vengeace de celle blefleure,nbsp;les foupçonner en eflre caufeamp; occafion,'fe (ont ef-jjnbsp;nbsp;nbsp;celle nuift paffee, fi bié qu’être les rns Si les autres,
P ’ ®I1 pâflévne grande amp; lamentable fedition, ayant efté le corps de garde qui auoit efté ordonne a l'entournbsp;^‘atnaifonduditfieur Amiral,luy‘tuéc«fi.maifoiyauecnbsp;^quot;'tes gétils-hômes,cômeil en a eftéaufsi maffacré dau-plufieurs places amp; endroits de la ville : ce qui s’eftnbsp;J ®gt;îéauec telle furie, qu41 n’a efté pofsible d'y apporternbsp;p^/emedequelon y euftpeudefirer, ayant eu aflez d'af-à, employer mes gardes amp; autres forces pour me tenbsp;le plus fort au cEifteau du Louure,afin de dôner ordrenbsp;tout d'appaifer ladite fedition, qui eft graces à Dieu ànbsp;j'5“e Heure amortie, eftâtauenue par laquerelle partiou-’®fequi eft delong temps entre ces deux maifons.de li-^®clle ayant toufîours douté qu'il en aduiédroit quelquenbsp;^’Huais etfed, i'auois cy deuant fait tout ce qui m'eftoitnbsp;f®(âible pour l'appaifer, ainfi que chacun fcaicn'y ayantnbsp;*''ccci rien de rupture de mon edit de pacification, le-iM ie veux au contraire eftre entretenu autant que ia-ainfi que iele fais fauoir par tous les endroitjdenbsp;7®n8.oyaume. Et dautant qu'il eft grandement à crain-que cecy n'efmcuue ou face foulleuer mes fuietsnbsp;j’s vns contre les autres, amp; de faire grands inaffacres parnbsp;de mon Royaume, dequoy i'auroisvn merucil-^’'i'ccgret, ie vous prie que incontinent la prefente re-, vous faciez publier amp; entendre par tous les lieuxnbsp;'^''oftre charge,que chacun ait tant aux villes qu'auxnbsp;'vamps,à demeurer en repos de feureté en fa maifon, r.ynbsp;r[tndre les armes les vns contréles autres,fur peine de lanbsp;‘'»faifant plus que iamais ganierdt foigneulement en-®tenir de conferuet mon dernier edit de p acificatioa là
Ce t
-ocr page 432-404 MEMOIRES DE lt;es fins,amp; pour faire punir les contretienans,amp;courir^'*'nbsp;ceux qui fe voudroyent foufleuer Sc defobeir à noftrenbsp;Jonte, vousaflemblerez incontinentie piusdefoiccs'l'*,nbsp;vous pourrez tant de vos amis cfians de nos ordonn^^nbsp;ces qu’autres,aduerciflant les gouuerneurs capitaines“nbsp;villes amp; charteaux de voftre charge , qu’ils ayent ànbsp;dre garde à la feureté amp; conferuation de leurs places,nbsp;telle forte qu’il n’en aduienne faute,m’auertiffant au P'^^nbsp;fioft de l’ordre que y donnerez, amp; comme toutes chninbsp;pafleront cnl’efteodue de voftre charge, ayant icy*quot; „nbsp;moy mon frere le Roy deNauarregt;amp;mô Coufinle”*/^nbsp;cede Condé,pour courir pareille fortune que nioy:Pfnbsp;fur ce le créateur, Mottfieqr de Prie, vous tenir ennbsp;uegarde.De Paris ce i4.d'Aouftiy7i.ainfl ligné CHnbsp;11 S.amp; plus bas,Pinart.
A V TRE S LETTRES
Sieur de Monpefat fencfchal de PoiiSloUjû mefrae fttict que les precedentes.
A Onfieur de Monpefat.vous auez veu tout ce XVXvous 3.y eferit douane hier,de la bleflure deinôcogt;*nbsp;fin moniteur l’Am irai, amp; que i’eftois apres à faire tout J®nbsp;que m’eftoit pofsible, pour la verification du faiögt;amp; cW'nbsp;ftiment,à quoy il ne s’eft rien oublié. Depuis hier ell ’ 'nbsp;uenu, que ceux de la maifon de Guife, Sc. autres fieutsnbsp;gentilshommes qui leur adherent,amp; n’ont pas petite pî'nbsp;en celle ville,commechafcunfcait, on feeu certaineinc®nbsp;que les amis de monditcoufin l’Amiral, vouloyentpo“''nbsp;fuyurc fur eux la vengeance de celle blellnre, éclc*®**nbsp;pçon qu’ils en ont eu,àeftéoccafîon,qu’ilife font eftnc“’nbsp;celle nuiél palTee fi bien les vns contre les autres, “nbsp;s’eft pâlie vne lamentable fedition, y ayant ellé for®® quot;nbsp;corps de garde qui auoit efté ordôné à l’entree de Unbsp;fon dudit Amiral, luy tué aucc autres gcntils-hoin®®’’nbsp;amp; en à ellé en plufieurs endroits de la ville mallàcrenbsp;•la à ellé mené auec telle fureur,qu’il n’a eHé pofsihnbsp;d’apporter le remede tel que l’on euftpeudefirer, aV^“nbsp;eu aflèad’affaire à employer mes gardes ,amp;autres
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’yanten cecy rien de rupture de l’editde pacification* Wieveux au contraire, cftre entretenu autant queia-’‘'ais. Etd’autant qu'il eft à craindre, que pour telle ef-®'otion, s’efleuentdedans mon Royaume mes fuiets le» 'nbsp;**gt;* contre les autres, amp; en viennent plufieurs maflàcre»nbsp;parles villes, dequoy i’auroisvn merueilleux regret: lenbsp;^OUS Dr,*^ mnniîplir .t* K1r,r,r,.»f-ar nnWipr . X. C^irf» Ar,r,.r,.,
quot;Squatriefme Aouft.iyyi. ligné CHARLES.
in nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;eftoyent d’vne 'mefme teneur i
fo ' ®’5°'a‘*®*’neurs,commeles trois mentionnées en riuenupya enlemble des patentes, par leC-jip'æs eftoit prohibé déporter armes illicites, de faitenbsp;ƒ mbleeson chofe aucune en fraude amp; contre les editl
:oux l'vi»
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cretairé d’eftat,cex4.d’Aouft. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
La Roy ne mere i efcriuitaufiî des lettres aufJ't^j uerneiirs, amp; au x ambafladeurs, de meftne fubûanc®nbsp;les lettres du Roy .11 n’eftoit.en icelles, fait aucune H*nbsp;lioD de laconfpiration de l’Amiral ni desfiens.
Cependant les tnaflacresamp;faccagemenscontiin’û.^^ partny lefquels toutes fortes de gens eiloyent enu®'^nbsp;pez.De la noblefl'e entre antres, Louiers.qui futnbsp;d’vnefeneftrefuï lcpaué,MoDtamar, MontavberC,^nbsp;üray.Coignee,la Roche, Colombiers, Valauoyrenbsp;court, le Baillif,d’OrIeansamp;fön neueu. Robertâdn®nbsp;en parlement.Taucrny lieutenantde la marefchaiicef^fnbsp;autres de tous ellaes : defquels le temps nous feranbsp;les noms. Plu fleurs cependant fetenoyent cachez,nbsp;lédemain furet defcouuerts.Sfmaflacrez.côme il fera jjnbsp;Le Roy,la Royne merc,amp;mefsieurs fes frétés,amp;nbsp;mes iortitét fur lefoir, pour voir les morts l’vn apresnbsp;tre. Entre autres ,1a Royne mere voulut voirienbsp;de Soubize,pour fauoir à quoy il tenoil,qu’jl fuft i)®inbsp;faut d’habiter auecvne femme.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jl
Vers les cinq heures apres midy de ce Dimane» ’ fut flit vn ban auec les trompettes de parle RoV’^jnbsp;châfcun euft à fe retirer dans les maifons, Sc qûe ceu^nbsp;y eftoyent,n’eufient à en foitir hors : ains fuft feulegt;®nbsp;loiflble aux foldats delà garde,amp;aux commiflaite’^jjfnbsp;Paris .auec leurs trouppes, d’aller par la ville arme^’nbsp;peine de griefehaftiment àquiferoitau contraire,
Plufieurs ayâs ouy ce ba.penfoyët que l’afaire s’a roit.mais lelédemain amp; les iours fviu.i$,fut .à recen’*'
ricWcm
Car les Pariflens ayans afsis des gardes aux leur ville, par cômandement du Rov,qtiien voulut’quot;nbsp;les clefs ,afin (ce difoit^il) que nul Fi:guenotelch’Ft[{nbsp;par compere ou parcommerc, apiesauoir moiflbi”’ ,,nbsp;champ à grand tas amp; à pleine main,ils alloyentcue''nbsp;çà amp; là les elpics reftan,s du icur precedent tmenaç’quot; ,nbsp;mort quiconque celeroit aucun Huguenot ,quelqquot;quot;‘i,,nbsp;rent ou amy qu’il luy fuft,3e foite.que tant qu’ils en trnbsp;uerent de refte, furent tuez leurs meubles baillé’nbsp;prove,comme aufsi les meubles des abfens. jpnbsp;¦ Nous commencerons par M. Pierre de la
-ocr page 435-Le Dimanche fur les fix heures du matin', vti nommé “c.
Capitaine Michehqui eftoit harquebut.ier du Roy vint
au lugis d’iceluy,ou il euft entree dautant plus aifeement
Su’oii auoit opinion, que ce fuit vn des gardes Efcoflbife«
duRoy.acaufe quebeaucobpd’entr’eux luy eftoyêtforc affcdionoeî.amp;î’eftoyênt: offertplufîeursfoisà luy. EllXtnbsp;aiofi entré ce capitaine Michel armé d’vnc harquebuzenbsp;furfonefpaule amp; d’vne piftole en fa ceinture, amp; portantnbsp;pourfignal qu’il eftoit des maflacreuts vne fermette à l’ç-tour du bras gauche.» les premieres paroles qu’il tint fuient,que le ficur de Guifc auoit tué par le corn mandemétnbsp;du Roy, rAmiral amp; plufîeurs autres Seigneurs Hiigiie-®ots:amp;dauuntque tout lerefte des Huguenots de quelque qualité qu’ils füffent eftoyét deftinezà la mort, qu’ilnbsp;®ftoit v'enu au logis dudit Sieur de la Place,pour l’exëpternbsp;de eeftecalamité. Mais qu’il vouloir qu’on luy monftraftnbsp;l’or amp; l’argent qui eftoit dans le logis.Lof s ledit Sieur denbsp;la Place fort eftooné de l’outrecuidance de celt homme»nbsp;lequel ftul dans vn logis,amp; au milieu de dix ou douze pernbsp;foone8,ofcit tenir tel langage, luy demanda où il penfoitnbsp;®ftre,iS s’il n’y aùoitpûintdeRoy.Acela,ce capitaine blinbsp;li’iiemantrefpondit,qu’illiiyenióingnoitdócdevenira-decluyparler auRoy , amp; qu’ilentendroitquelle.eftoit fànbsp;Volonté. Ce qu’ayant entendu ledit Sieur de la Place,ôr fènbsp;doutât qu’il y eut quelque grade feditiô par la ville,il s'ef-^oulapar l’huy s de derriere de fon logis, en deliberationnbsp;de le retirer en la maifon de quelque voifin. Cepèndâtla 'nbsp;plus part de tousfes fcruiteurs s’efuanouit.S: ce êipitainenbsp;’yâtreceu chuiron mille efcus,côroe il fe fetiroit,fut priénbsp;deladathoifellèdes Mareiz, fille dudit Sieur, de la conduire auec le Sieur de» Marets fon mary,chez quelque à-’’ty CathQlique,ce qu’il accotda,amp; l’accôplit aulsi. Aprèsnbsp;fêla ledit fieur de la Place, ayat efté refufé en trois dfuersnbsp;“gisifutcôtraintderétrerdas le iîé ,oùil trouuafaféménbsp;sort defolee,amp;-fe tourmentât infiniemét.tantpourcequenbsp;file craignoit,queCe capitaine ne menaft fongendre amp;nbsp;l* filleenlariiiiere. qu’aufsi pourle peril tout certain , ounbsp;«le voyoit elite fdn pauure mary, amp; toute fa maifon.
Ce 4
-ocr page 436-4o8 memoires de
Mais ledit fleur de Ia Place fortifié de J’Efprit de Dieiii^' uecvne confiance incroyable, Ia reprint aflez rudemeot,nbsp;luy remonftrant combien doucement comme de 1*nbsp;main de Dieu il falloir receuoir telles affliâ:ions:amp; apresnbsp;auoir vn peu difcouru fur les promeffes que Dieu fait auïnbsp;liens,la raflèura.
Puis commanda que les feruiteurs dcferuantesquif ftoyentde refte en Ca maifon, fufient appeliez,lefquels C'nbsp;ftansvenusenfa chambre, fuyuant ce qu’il auoitaccoü-ftumé tous les Dimanches de faire vne forme d’exhorW;nbsp;tion àfafamille ,ilfe mit àprier Dieu, puis commença*nbsp;lire vn chapitre de lob , auec l’expofition ou fermondenbsp;M.lean Caluin, Si ayant difcouru fur la iuftice amp; mifer*quot;nbsp;corde de Dieu,lequel(difoit il)corame bonpere,exercenbsp;fesefleus par diuers chafticmens,afin qu’ils nes’arreftentnbsp;aux chofes de ce monde:ll leurremonftraaufsicorabie®nbsp;les afflictions font neceflàires au Chreftien, amp; qu’il n’eftnbsp;en la pur(rance,ny de Satan, ny du monde, de nous nuirenbsp;amp; outrager, finon autant que Dieu par fonbon plaiw'?nbsp;Jeurpermec.amp;que partant 11 ne falloir craindre leur pu»'nbsp;lance.qui ne fe peut eftendreque fur nos corps. Puis ‘°nbsp;remit derechef à prier Dieu, préparant, amp; luy amp; toute i*nbsp;familleà endurer plufioft toutes fortes de tourmensamp;i*nbsp;mort mefme,que défaire chofe qui fuft contre l’honueufnbsp;de Dieu.
Ayant finy fa priere, on luy vint dire que le fleur de Senefçay Preuoftde l’hoftel, auec plulieurs Archers, e'nbsp;ftoit àla porte du logis, demandant qu’on euftà luV fU'nbsp;urir la porte de par le Roy, amp; difant qu’il venoitpourcU'nbsp;feruerlaperfonne duditde la Place.amp;empefcherquenbsp;logis ne fuft pillé par la populace : à cefte occafîon led''nbsp;Sieur de la Place commanda que lapurteluy fuftoiiuefçnbsp;te .lequel eftant entré luy declaira le grand carnage 9'”nbsp;fe fâifoit des Huguenots par toute la ville , amp; par leçon’quot;nbsp;mandement du Roy,adiouftantmefmeces mots entre*nbsp;meflez de Latin,qu’il n’é demeureroit vn feuhty' i M'*''nbsp;CAT AD PARIET EM. Toutcsfois qu’il auoit cxpte*nbsp;commandement de fa Maiefté d’cmpefcher, qu’il ne luVnbsp;fuft fait aucü tort,ainsl’émener au Louure .parcequ ellnbsp;defiroit eftre inftruiéte par luy de plufieurs chofes tou*
-ocr page 437-X’ESTAT D,E FRANCE. 409, *^^”gt;tles'a£feres de ceux delà Religion .dont ilâuoic eunbsp;’*”niinent, amp;pourunt qu’il fe preparaft pour venir trou-kMaiefté.Le Sieur de la Place relpondit- qu'il le fen’-l'fûic touûours fore heureux d’auoir le moyen dcuancnbsp;H*** partir de ce monde ,de rendre conte à (a Maiefté denbsp;Joutes fesâftipns amp;deportemens.Mais que lors pour le»nbsp;aotribles malTacres qui fecominettoyentparlaville, ilnbsp;™yletoitnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jgppyypjf aller iufques auLou-
‘•fOifansencourir vngrandamp;tout euident danger de fa Perfonne,mais qu’il eltoiten luyd’alTeui er laMaieltédenbsp;la pctfonne .laiflanten fon logis tel nombre de les Armorers que bon luyfcmblcroit .iufques à cequclafurienbsp;uo peuple fut! appaifee.Senefçay luy accorda cela, amp;luynbsp;raifla »Udefes Lieutenants,nommé Toute voyc. auecnbsp;’.“atre de fes Archers,
Peu de temps apres que Senefçay fut partide Prefident ^Irarrooipourlors Preuoll des marchans de Paris,arriuanbsp;au logis , auquel apres auoir parlé quelque temps en le-orct.feretirant,il luy laifla quatre Archers de la ville,nbsp;OuecceuxdeSenefçav. Toutlereftc du iouraucclanuiâ:nbsp;fuyuante fut employe aboucher amp; remparer les adue-rrues du logis, auec force bûches , amp; à faire prouilîon denbsp;'ailloux,amp;: de pauex fur les feneftres , tellemenrqueparnbsp;'ofte il exafte amp; diligente garde, il y auoit quelque appa-'ouce, que ces Archers auoycnt efté mis dans le logisnbsp;pour exempter ledit Sieur de la Place, amp; toute là famillenbsp;'lu la calamité cômuneuufques à ce que Senefçay retour-**111 le lédemiin furies deux heures apres difoer,Iuy de-'l*ra,qu’il auoit trefexpres amp; itératif commandementnbsp;•iu Roy de l’emmener, 6f qu’il ne falloir plus reculer. Le-Sleurde la Place luy remonftra, comme« parauant,nbsp;.'dingerqui eftoitpar la ville , à caufe mefme que cenbsp;gt;onr-la au matin, on auoir pillé vne roaifon pres la fîcn-“f. Ce neantmoinsSenefçayitififta au contraire, dilantnbsp;'l’Jec’eftoitvn commun dire des Huguenots de prote-ft«r qu’ils eftoyentfort liumblesamp; obeiffans fubietsdcnbsp;quot;bruiteursdu Roy: mais que quand il eftoit queftion d’o-®rirau commandemérde fi Maieûé, ils femonllroyentnbsp;fout refroidis, amp;. fembloit qu’ils euflentcela forten horfout. Et quanta ce qu’il alleguoitdu danger qui eftoit i
-ocr page 438-^ÏO MEMOIRES DE ¦ aller iufqucs au Louure.Sencfçay refpondit qu’il luynbsp;leroitvh capitaine de Paris qui feroit fort bien coounbsp;fout le peuple, qui l’accompagneroit. CommeSeneiÇ*'nbsp;tenoit tel langage,le fufriômé Pezou, capitaine de Pynbsp;amp; des principaux feditieux,entra en la chabre dudit Si«nbsp;de la Place, amp; s’offrit à le conduire. La Placenbsp;fortinliamment idifant à Scneiçay, que c’eftoit vnquot;pnbsp;plus cruels amp; iTiefchans hommes qui fuffent dansla^'.,nbsp;le, amp; pourtant il le pria feulement, puis qu’il nepo****® jnbsp;plus reculer qu’il n’allafttrouuer le itoyide l’accópsgquot;',nbsp;de fa perfonne,àquoy Senefçay refpondit que pour eunbsp;empefché àd'autres affaire, il ne lepôuaoitcôduitep***’nbsp;dejopas.
Surquoy lafemniedudit.Sieurde la Place,eocore‘l“ cefoit vnedame, à laquelle Dieu a departy beaucoquot;^nbsp;defes grâcesamp;bencdiâ:ions , toutesfois l’ainourgr^^.jnbsp;qu’elle portoit à fon mary, la fit proifernèrdeuant 1«“*^nbsp;Je Senefçay, pour le fupplier d’accompagner fonditnbsp;ri. Mais fur cela ledit fleur de là Place,qui nemonftt*nbsp;niais aucun ligne de courage abatu,commença à releunbsp;fadite femme,lareprenant, amp; luy enfeignant’queceunbsp;If oit au bras des hiômes qu’il faloitaùoir recoursnbsp;Dieu feuI.Puis fctournant il àpperceutau chapeau ,nbsp;fils aifné vne croix de papier, qu’il y auoitmis parioquot;,^nbsp;mité,penfant fe fauuer par ce moyen j dont il le tan^’nbsp;grement, luy commandant d’oller de fon chapeaunbsp;marque de fedition,amp; luy remôftrant, que lavrayelt;f°','_nbsp;qu’il nous faloit porter, cftoyentlès tribulations 5c a**',nbsp;âions que Dieu nous enuoyoit ,comme arreS certaiunbsp;delà félicité amp; vie eternelle qu'il a préparée aujlfi^'J*'nbsp;Puisfe voyant fortpreifé par ledit de Senefçay de s’ac*’nbsp;tniner vers fa maicüé , toutrefoluàlamortqu’ilvoV®*nbsp;luy éffre préparée,print vn manteau,embraflafafeiut® ’nbsp;amp; luy recômanda fort d’auoir fur toutes cliofes l’héu^**.nbsp;Si la crainte de Dieu deuâtles yeux,amp; ainfi fe partit,au^nbsp;vneaflezgrande allegrefic. Delà eftatarriuéiufqu«’.*^nbsp;la rue de la Verrerie, vis à vis de la rue du Coq, cer^unbsp;meurtriersqui l’attendoyentauecdagues nues, gt;1nbsp;enuiron trois heures, le tuerentcômevn panure Jnbsp;au milieu dedix ou douze Archers dudit de Senefçay?nbsp;Icconduifôycrit, amp;futfonlôgis pillé par l’efpace de “
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eu fixiours continuels. Le corps dudit Sieur de la Place, «iontrameeftoitreceueau ciel,fut porté àl’hoftelde ville en vn eflable.où la face luy fut couuerte de Sens, amp; lenbsp;lendemain matin fijt jette en la riuiere.
Pierre Ranius profefleur en eloquence, homme conu Ramus entte les gens doétes, ne fut oublie. 11 auoit beaucoup mallàctsnbsp;d^nnemis,amp; entre autres vn nommé laques Charpentier , qui enuoya les maflàcreurs au college de Prelles.ounbsp;ledit Ramus s’eftoit caché. Mais eftant trouué, pournbsp;fanner fa vi» il bailla bonnelbmme. Cenonobftaiit, ilnbsp;fut maflacré, amp; lettéde lafeneftre d’vne haute chambre,nbsp;en bas,en telle forteque les entrailless’efpandirentfurnbsp;les carreaux,puis fies entrailles furêt trainees par les rues:nbsp;le corps fouetté par quelques efcoliers induits par leurnbsp;inaiftres,au grand opprobre des bonnes lettres dont Radius faifoit profeffioh.
Nousy âdioufterôs maintenant ceux dont nous au ans cathalo-eu mémoire, fans nous arrelterauxcircôftances dcsmafgnedcpla fâcres.'car cela requiert vn liure à part, amp; du temps pour ficurs mafnbsp;en fâuojrla vérité par le menu. Cependant nous délirons facrez, tjtnbsp;^prions tousceui qui en fauentdauantagelc mettre ennbsp;lumière,afin que chalcun entende comblé à elté horriblenbsp;leiugemétde Dieu lùr la France malhcureul’e.Ainlî déc qu’enfan’snbsp;pour particulanferquelquescholes de ces furietiï maf- je diuersnbsp;ûcres,PâTenteau ferretaire du feu Prince de Condé, amp; fa aages.nbsp;femme fille de feu M.François Perruceiniinifiie,eflancnbsp;ptefted’accoucher, furent malTacrez enftmbie,amp; laditenbsp;femme fut le corps defon mary,amp; ce eu la ruedcla vieiinbsp;le mônoye.Cabcche lecretairc du Roy de Naüaare, foanbsp;ftereprocureur a Meaux, le fieur de Montevrin gentil-licmme de Brie.Le Cordonnierde S.Marceau,faftmmcnbsp;trois enfans.En la rue de ta huchette , à l’enfeigne de l’c-«oill€,vne femme enceinte amp; vncfille.Enlatue S.Hononbsp;ré au grand cerf, la fille du fieur de laBuuriere , Guidonnbsp;®e l'Amiral.Les trois erifans du fieur d’Antray, le fils dunbsp;“eur deBeauiacchez Briquemautle Perc. Le Sieur de lanbsp;l’ertéamp;fes enfans.Heclorle feramp;fa femme en la rue denbsp;^vieillenionnoyc.En la rueS.Denis, à la Corne du cerf,
“marchantdefoye,fa femme amp; troisenfans.Lafemme laferuante’du plumalficr du Roy,lefquelles furetnbsp;'‘tees ïiues dans l’eau, amp; eftans demeurées acrochees
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à des pieux furent aflommees à coups de pierres. AU Couftellerie,au bahu Royal,furent tuez vingt amp; cinq, oanbsp;trente perfonnes.Pres la croix du tiroir, à la bannière denbsp;France,ioignantla maifon duSaron de Plancy , tous le’nbsp;Lómmes, femmes,perits enfans ,feruiteursamp; feruantes,nbsp;Luflàut Orfcureamp;lapidairedelaRoynemere, fafèm'nbsp;me, fes enfans amp; locataires. Trois damoifelle d’Orleâs,nbsp;lean Robin, fa fem me qui eftoit Flamende , demouran’nbsp;en la rue S.Martin,àlacroix de fer. Vn Orfeurenomm^nbsp;Bourfelle.La vefuede Gaftinesnoyee. Vn nommé Mau-peléamp; fa femme, qui auoyent proces contre le Duc denbsp;Guife.Oudin petit libraire,demenranten la rueS.Iaques-¦Le dofteur Lopes Efpagnol. Philippes de Cofne amp; vn relieur de liures.en la rue S.lean de Beauuoir.La femme denbsp;‘ lean Borel libraire du Palais. Vn relieur de bures,chez R*nbsp;chard Breton. Vne vefue nommee Marquette, chappe-ronniereamp; deux defes enfans,en la rue S. Martin. leannbsp;Tiflerantcompafleur amp;fa femme,àla porte Baudets.Michel Nattier, Vn efpinglier nommé Corbonan, demo“'nbsp;rant en la rue de Montorgueihfa femme amp; fa fœur. Martin du Perray,presla fontaine du Ponçeau.Vn tirènr d’otnbsp;nommé le petit laques. Simonie tailleur à la barre dunbsp;bec. Vn Barbier,ioigriant la porte S. Honoré amp; fon fil’’nbsp;Maiftre Gilles letailleor,vers le cimetiere de S.Iean.Bailler, marchant de toilles,amp; Matthieu le Pecod,quinqual-lier,enlarueS.Denis,presS.Iaquesdel’hofpital. Vn ar-mùrier du Prince de Condé,nômé le petit Charles.Mai-ftre Vincent armurier en la rue delaheaumerie. Bodetnbsp;amp; fî femme ,àl’enfeigne des deux anges , à lafripperie-Seres marchant, à la tonnellerie. laques de la Chenayenbsp;marchant d’efmail.Martin du Pereyenfileur.Maiftre B-®nbsp;bert menuifier,demeurant en la rue trofle vache,pro’nbsp;de la Rofe. Au lyon noir,rue S.Honoré, logis du fîeur denbsp;Theligny,tous ceux dudit logis furent tuez, comme âut-fi ceux du Logis du Conte de la Rochefoucaut, en la ruenbsp;des Prouuelles. Maiftre Guillaumele Normand menui-fier , demeurant en la rue deBethify, ou Ion en ictt*nbsp;plus de trente parlesfeneftres.Vn Venetié nommé Ma-phé. Simon le Lucquois. Lazare Romain, Piedmontói’-Tous ceux de Coppeaux derriere S. Thomas'duLouurenbsp;furent
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tuez.liors mis vn pourc quife cacha de bonne heu -*'-AlaPetIepres le marteau d’or (d’ou tous ceux de la ®gt;ifon auoycnt efté maflacrez) fur le pot nq^tre Dame,nbsp;^ousleshommes,femmes .cnfans Sc feruantes furent iet-^®^parlesfeneftrcs enl'eau.Ieande Cambray changeur,nbsp;“^oieurantdeuantle Palais,fut maffacré, Sc. Greban mai-’“e horlogier, demeurâtaux fauxbourgs .S.Germain desnbsp;Pf®*gt;al’enfeigncdunóde lefus.En larucdela Calandre,nbsp;^‘stte de faine rue, horlogier du Marefchal de Montm onbsp;^®ocy.leâle iardinier.à S.Germain des prez.Le feruiteurnbsp;“UcnaufecirePomier, en ce quartier mefmes de S. Ger-“»in.AncoineMerlanchon précepteur d’enfans,amp; qui a-“oit eu charge en l’Eglifc reformee de Paris., maflàcré ànbsp;porte S.Michehau logis de leuBrufquet, par Tanchounbsp;'ncurtrier ordinaire.Pierre Carpétras efperônier,deroeunbsp;râta S.Germaindes prez,oulômafracrabeaucoupdegësnbsp;detousfexesamp;aages. Vnceruin menuifier demeurantnbsp;pres S, Bon, nommé GuillaumcFaubert.IeanduBoscc-pîgnonmenuifier,presde S. Paul.Vn vitrier nommé Phinbsp;)'ppe,qui auoit demeuré pres l’hoftcl de Reims. Michelnbsp;Nattier,deraeurant en la rue de Michel le Conte.Giiillaunbsp;®emaillartdoreur,fafemmeamp;fonfils. Bertrandlaifnénbsp;“Oatonnier,amp; efmaillier, demeurant en la rue aux ours,nbsp;fittuéauec fa femme amp; deux de fes feruiteurs,amp; ce 3. di-oerfesfais; caries feruiteurs furent menez fur lepôtauxnbsp;®’eufniers,puis daguez amp; iettez dans l’eau.Le maiftre repeut vn meîme traittement toft apres. La femme fut mafnbsp;facreeauprès defamaifon. Vn quinquallier demeurantnbsp;fur le pôt noftre Dame,nommé Matthieu,fut tué aucc fx,nbsp;feinme,enfemble vn mercier demeurant auec eux, nomnbsp;rué Batthelemi du Tillet.parent du Greffier de la cour denbsp;l’irlemenwommé duTillet.Enlaroe de la Calandre vnnbsp;uoinmé maiftre Guillaume,amp; fa femme. La femme d’vnnbsp;Gtiirurgien nom mé maiftre Iulian, demeurant en la place Maub ert, ayât efté tiree de fon lid ou elle eftoitgrief-ueinétmalade,fut trainee en la riuiere.Le maiftre du fernbsp;Aecheuaben ladite place Maubert ,fut tuéen fa maifon,nbsp;puis trainé en la riuiere. Vn marchant de chenaux, hoftenbsp;la marguerite, ayant receu infinis coups dans fa mai-*un,flitttainé auffienla Huiere,amp; comme lesmeuiv
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triers eftoyenc apres, fes deuxenfans ayans compafii^ Je la niifere de leur pere.amp;tafchansl’ofter des mains a«nbsp;ces cruels bourreaux, amp;crians,arrachez à luy.helas mo»nbsp;pere.helas mon pere,furent enfemble traînez,maflàcrc*nbsp;amp;iettezdans l’eauauecquesluy.Spire Niquet,pauurere'nbsp;Heur de Hures, demourant en la rue ludas, chargea^nbsp;feptenfans,fut brulléà petit feu deuant fa maifooideda*nbsp;vn monceau de Hures qui y furent trouuez i puis à deffliÇnbsp;mort traîné en l’eau. Antoine Syluius chirurgien,futnbsp;dans fa maifon.Le threforier de Pruney aufB. Lesnbsp;triers côtraignirent la Femme d’vn procureur le ClerCiUenbsp;pafl'er par deflus le viiàgedefon mary, maflàcrécriiell’tquot;nbsp;mennpuisfütnoyeeeilant fort euceinte.La femme d'A®nbsp;toine Saunier auffienceinte, tuee dcietteeen l’eaU. L*nbsp;fcmmedeNicolas dupuy orfeure excellent. LafemW®nbsp;deTamponetjla femme d’vn certain brodeur de la dain^nbsp;de Möt-Iay.En la rue S. Martin vne ferne enceinte prU”nbsp;à acouchens’eliat fauuee iur les tuilles de fa maifon,y Wnbsp;tuee,amp; par apres fendue.puis fon enfant ietté amp; brifec®'nbsp;tre les murailles. La dame de Chafteau-vieux amp; fes f®’*nbsp;Hiles. La femme de lean de Coulogne mercietdu Pala'S»nbsp;demourant en la ruedc la Calandre fut tuee,ayant®nbsp;fié trahie par fa propre fille , l’enfeignant aux man®'nbsp;creurs quine lapouuoyenttrouuer , amp; depuis s’eft®*nbsp;rieeà l’vn d’eux,amp; aconfpiré contre fon pere. Le e®®'nbsp;miflàire Aubert demeurant en la rucSimon le Fran®’nbsp;près la fontaine Maubué , remercia les meurtriers quinbsp;uoyentmaflàcréfafemme. Vndeces meurtriersen®nbsp;gez mutins eftant entre auec fes compagnons dansnbsp;maifon ou ilstuerentle maryamp; lafemme, printu®“’^nbsp;fort petits enfans, les mit dans vne hotte,amp; les portantnbsp;trauers la ville en prefencc desCatholiques,s’alla defcn®nbsp;ger fur l’vn des ponts, iettant ces deux panures creatat ,^nbsp;dans l’eamouils furent incontinent fuffoquez. Vne f®'’nbsp;te filledumaiftredu marteau d’or , fut trépec toute«unbsp;dans le fang de fon pere amp; de fi mere maflacrex’nbsp;horribles menaces,que fiellecftoit iamaishuguenott ’nbsp;on Iny en feroit autant.
Mais on ne fauroit direaueccombien decritautez®g meurtres commis es perftmnes fufnommees, amp;
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P’f’intres, furent comm is une ledit iour de Dimanche
les autres (uyuâs. La plul'part tftoy ent tuez à grands '®'*psdedagues ic poignards.Geux-IàeftoyétIes moinsnbsp;^“ellcnient traitiez. Car les autres eftoyent bourreleznbsp;*a toutes les parties du corps,mutilez de leurs membres,nbsp;*®''tque2amp; outragez de brocards plus piquans que lesnbsp;Peintes des glaïues.l’oubliois à dire qu’on aliommaplii-vieilles gens, en leur congnant les telles contre lesnbsp;P’crres du quay,puis on les lettoi t mi-inorçs en l'eau. Vnnbsp;P'htenfantau maillot fut tramé parles ruesauec vnenbsp;quot;'nture au col par des garços aagez de neuf à dix ans.V nnbsp;j'^tre petit enfant emporté par vn maffacreur fe iouoit *nbsp;**harbe d’iceluy amp; fe fourioit. Mais au lieu de l'efmou-'*°‘t àcompaflîon, ce barbare endiablé luy donnavnnbsp;^oiip de dague , puis le ietta en l'eau, fi rouge de fang,nbsp;elle fut log temps fans pouuoir recouuter fapremie-’’touleur.
i, papier pleureroit fi ie rceitois les blafpheraes horri quot;'es qui furent prononcez par ces monftresamp; diables en-'‘’arnez,pendant la fureur de tant de maflacres.La tein-pftcile fon cotinuel des harquebouzes amp; piftoles,lcs crisnbsp;j^ttientables amp; effroyables de ceux qu’on bourreloit,leinbsp;?*flemens de ces meurtriers,les corps iettez par les fcnc
I traînez par les fanges auec des huees amp; fifflemens ç '’quot;ges, les brifemens des portes amp; des fenellres, lesnbsp;•'lloux quion faifoit voler contre, amp; les pillages de plusnbsp;ƒ “X cens maifons,cootinuans Ionguement,ne peuuentnbsp;J'^fetiter aux yeux duletleurqu’yne perpétuelle imagenbsp;'qtalheur extreme en toutes fortes.
d’eaux qui catholi-
P'tCQuru quelques années au parauant, amp; comme par que, maf-j’’''i5geduKoy,incontinent apres les maflàcrcs, fut facter.;, .primé le deluge des Huguenots) emporta aufü quel-U^^’Gatholiques. Entre autres vn Confeilier d’Eglifenbsp;fi(j'’'*riéR.ouillard,qui fut maflàcré à l’inftigation du pre-p^^rrtdeThou, àcaufequ’il aimoitquelque équité,amp;nbsp;viuement fur vn crime de faux certain au-
grand amy d’iceluy de Thou. Eninefme Villemor maiftredes Requclles,amp;fils du feunbsp;'des féaux nommé Bertrand, fut autfilafchement
-ocr page 444-416 MEMOIRES D E maffacre , quoy que Catholique , amp; ce par vu auec 4nbsp;auoicproces.il ne faut pas oublier le fleur Je SalceJ^’^jj,nbsp;pagnohgrâJ Cacholique.amp; ennemy iuré JesHug“^” .jjnbsp;quant amp; Jefquels toutesfois il fut meurtry, toutnbsp;pillé, Je la plus paft du pillage emporté eii l’hoinbsp;Guife.ll auoicaucresfois fait tefte au Cardinal dcLlt;’J,y^ynbsp;xiegt;amp;pourtant aulfl fut-il misfur le papier rouge-uocatde Chappes aagéde plus de yy. an$,futauffi*’’^jjj.nbsp;cré.Denis Lambin profeffeur en Grec, ne fut pasnbsp;crc.mais fes ennemis luy firent fl belle plt;eur(nô pas P .jjnbsp;la Religion, de laquelle il ne tenoit tien , ains par e”nbsp;qu’il en mouruttoftapres.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ƒJl)l
Mais il ne faut trouuer cela eftrange, veu qu’a e* ’nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;*-_____________jaifementfe'j.j-
Grixnós J
Seigneurs mol de Huguenot, vn Komme pouuoit €atholi-
lt;juts en
4^iiger.
ger de fon ennemy, comme il s’en eflfait beaucoup 3 ftes fort tragiques. Dauantage, euITent ils faitnbsp;d’aflàillir quelques Catholiques de petite eftoffegt;‘l‘\jlt;nbsp;mefmes beaucoup de Seigneurs, qui ont porté les y* jnbsp;contre lefdits de la Rcligiô furent en danger ? On ƒ ^iifnbsp;la porte du Lounre à pluflenrs defdits Seigneurs.aWj^^jrnbsp;ils demeuraiTent en prove;amp; le Dimanche auint quenbsp;cel rencô tra lefieur de Thoré, lequel il aduenitiJe ‘nbsp;tirer promptemeot,s’ilaimoit fa vie,amp; qu’il nefailu’Yjf-bon ce iour l3,pou»-ceux de fa maifon. Quant aUnbsp;chai de Cofle, fans les prières delà damoifelleJe .jfnbsp;' fleau-neuf qui yemployafon creditenuers le Duc Unbsp;jou,duquel elle eftoitentretenue, ily pafloitcorDi”nbsp;autres:femblablement le fleur de Bïron, s’il ne fe h*nbsp;ué en l’arcenal.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;uff
Mais retournons à ceux de la Religion,grand
¦ ftemaïre nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;furent maflacrez cruellement esprifon”^Jfj.
maâaeré.’ T3nchou,Pczou,amp; vn tireur d’or, amp; autres maffacr^^ Lomeniefecretairedu Roy eft notable entre autres^,nbsp;ayant efté contraint par le Conte de Rets, dans b P’’ (^ônbsp;de luy vendre fa terre de Verfailles,àtel conte quenbsp;te voulut,fous efpcrance qu’il fortiroit de prilon,oUnbsp;on le contraignit de reflgner fon eftat,defecretai‘'nbsp;contraèf eftantpafle, il fut maflacréâuec quinze*nbsp;parTanchou.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/qUC,
Lesprifons de Chaftellet de Paris »dufour jii'
ƒ
-ocr page 445-L’ESTAT DE FRANCE. 417 ®^^Utres endroits eftoyét plains de prifonniers, aufquelsnbsp;®®lt;ionnoit efperance de relafchermais la nuift on les facnbsp;'’?toitcrnellement,parcinquataines)puis iettoiton lesnbsp;'®fps dans l’eau.Chafcun des maflacreiirs fe vantoit denbsp;^Sctuautez, L’vn difoit en aiioir maflacré plus de cinqnbsp;l’autre en auoit tué beaucoup d’auantaige. Pezou e-‘®Uvndes premiers, comme nous verrons ci apres fanbsp;ynterie en prefence du Roy au Louure, aufsi elloit-ilnbsp;capitaines de Paris,la plus part defquels, auec le brasnbsp;fctroulTé, amp; le poignard tout fanglant, encourageoyentnbsp;æurs troupes. Les commiflaires amp; dizeniers ne s’eipar--gnoyentnon plus que les autres;amp; y auoit autant ou plusnbsp;“C meurtriers que de meurtris.
Nonobftantces fureurs fanguinaires,plufieurs gentils «oinnies enfermez mefmes dans la ville, furent làuuez,nbsp;comme depuis ils ont fait fentir aux Catholiques, que linbsp;On ne les eull point furprius en trahifon,en quelque petitnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;»
oombre qu’ils fuflent, il n’y auoit maflacreur dans Paris, iuezhardipour les alîàillir. Entre iceux’elloyët lesSieurs
Saind Romain, de Cugy, Briquemaut le ieune, amp; autres capitaines,dont la Royne mere fut fort defpitee. Le fieurd’Acier, fut garenti par ceux de Guife, aulquels ilnbsp;donna depuis fon ame,en recompenfe du corps. Lelditsnbsp;de Guife üuuerent plufieurs gentilshommes de la Reli-gion,non fans grande rufe, caAils defehargeoyent par ce 'j'nbsp;tttoyen toute la rage furie Roy amp; fon confeil fecret, guüc.nbsp;dt acqueroyent aufsi des amis en ruynant des enne-oiis,amp;nionftrant par cela qu’ils n’en vouloyent gueresnbsp;*iu’à l’Amirahà caufe de leur querelle particuliere.Cepennbsp;dint eux amp; les leurs auovent efté des premiers amp; princinbsp;Paux executeurs des maflacres. Le Roy trouua fort mai!nbsp;oaife celle courtoifie,amp;en fit quelques reproches aufditsnbsp;de Guife, difant qu’ils aaoyent fauué la vie à tels qui lanbsp;leur pourroyent öfter puis .apres. Plufieurs autres de divers eftats fe fauuerent de Paris.Les autres furent cacheznbsp;ça amp; là.Believre en retira plufieurs. Quelques Catholi-Sttes ayans horreur de tant de defloyautez amp; cruautez,nbsp;en cacherent bon nombre : mais c’eftoit fort fecrette-fient,car s’ils eftoyent tant foitpeu defcouuerts,eux mefnbsp;roes pftoyent en grand danger, comme le Dimanche ils
Zquot;
-ocr page 446-4i8 memoires de aiioyent iniflact é vn Catholique qui eftoit acouru en I*nbsp;maifond’vii lien gendre de Ia Religion. Feruaques voulut fauuer la vie au Capitaine Momns , pour lequel il all*nbsp;prier Ie Royjde luy donner pour tous fes feruices pafleïnbsp;ceprifonnierenrecoinpenfermais ce fut envain ,car Ienbsp;Roy luy commanda de tuer Monins, autrement luy tnefnbsp;mesperdroit la vic.Feruaques eut horreur dufaià(quoynbsp;qu’il fuftfortafpre ennemy de ceux de la Religioni^^nbsp;qu’il en euft tué amp; faccagé plufieurs de fa main au pari-iiant)pour l’amitié particuliere qu’il portoit àMonin’^nbsp;toutesfois il futcötraintdedefcouurir ou il eftoit cache»nbsp;où fut aufsi toft enuo^'é vn tueur qui le defpecha. Le fen»nbsp;blable auinta quelques autresdors qu’ils cuidoyent elh®nbsp;efchappez.
Les Suiffes eurent le pillage de la maifon d’vn fortf quot; ehe lapidaire nonimcThierry Baduere. on dit que ce Pquot;nbsp;lage montoit à plus decent mil efeus. Les crocheteurs»nbsp;beliftres Si bateurs de paué.voulâs auoir les habillen’^”’’.nbsp;delpomllovët les corps morts, puis les iettoyétdans^'*'^*nbsp;uiere de Seine. Tels gamemens auec les foldats euf®nbsp;prelques le pillage,amp; n'en tomba que bien peunbsp;du rout és coffres du Rov.qui n’a rien gaigné en cecf’'nbsp;non la vente des offices amp; eftats vacans , defquelsnbsp;donna-il vne partie à quelques courtifans. Car 1’^'nbsp;d’Amiral fut baillé au marquis de Villars, celuy de C” ?nbsp;celierdeNauarre que ten oit Francoiirt,à Henry de unbsp;mes.fîeur de Malafsize {qui auoit efté moyenneurd^.pnbsp;derniere paix.L’office du Threforier de Priiney futP*^'nbsp;lé à Villequier,amp; la prefîdenterie en la cour des a'“nbsp;qu’auoitlePrefîdentdelaPlace, àvn nommédeNu' -Quant aux autres eftats.le Royffuyuantfa couftunie)nbsp;vendit à ceux qui apportoyent argent. Les nations s*’’ jnbsp;gérés ne fauent pas celle maniéré de faire de queH“nbsp;Rois de France,qui e.xpofenten vente toutes lescom^nbsp;ditez,droits amp; benefices du Royaume, faifas trafiquenbsp;offices de iudicature amp; eftats de finances,auec certain^^^nbsp;xe fiite àchafcun:amp; nefe trouue officier prefquesnbsp;telaFrance qui nedietoiit oiiucrtement, que fonnbsp;luy acoiiftétat amp; tant,queparconfequentil ne feP^''^[,nbsp;bâhir, s’il fe veut rébourfer, amp; tirer proufit de fou ai?
-ocr page 447-conque,fi les greffiers amp;chiquaneurs ne toucliét deniers.
En ces entrefaites le Roy affembla fon confcil,auqucl Eurent monftrees par le Duc d’Anjou,ccrtaines lettres dunbsp;^l»refchal de Montmorency,àTfieligay,du vendredi ax.nbsp;d’Aouft apres la bleflure de i’Amiral, en refponce de celles queTheligny luy auott efcrites: amp; furent lefdittes letnbsp;Cres trouuees dans les coifres amp; entre les papiers de Thenbsp;Egny mort. Par icelles , le marefchal de Montmorencynbsp;uioiiftroitouuertement.le defplaifir qu’il auoit receu,eanbsp;Cendant la bleflure de l’Amiral fon coufin. Qifil ne vouloir pas en pourfuyure moins lavengeance.que fi l’outranbsp;Roeufteftéfaitàfa propre perfonne, n’eftant pas pournbsp;l^iffèr en arriéré , chofe qui peuft feruir à cell effedf,fa-chant combien vn tel acte eftoit defplaifant au Rov,
Entre diuers papiers qui furent trouuez dis les coffres TeftamSt del’Amiral, eftoitfon teffament faitfiir la fin des troifief de l’Aiui,nbsp;Ores troubles. La Rovne mere le fit Ure en prefence de tal.
grandapannage ne puiflànce à fes frétés. Sur céda Roy-oc mere s’adreflant au Duc d’Alençon frere du Roy,Voî b(dit-e!le)voftre bon amv l’Amiral, que vous aimiez amp;nbsp;cffpeftiez tant.Le Duc d’Àlençon refpond, ie ne fay pasnbsp;Combien il m’eftoit ami,mais pour vray,il .a monftréparnbsp;Ce confeilcombien il aimoit leRoy.L’ambafladeur d’Annbsp;Sleterre fit prefques vne mefme refponce,quand laRoy-Oe mere difoit que l’Amiral auoit confeillé au Roy d’avoir toufiours pour fufpede la puiflàncedes Anglois . Ilnbsp;cftoitvoirement mal affeéf'onné (dit-il) contre PAngle-^rrcimais il fe möftroit en cela trefloyal feruiteur de lanbsp;Couronne de France.
. Or auoit-il efté conclu au fécret confeil d’entre le ?oy,laRoyne-mere,Le Duc d’Anjou, le Duc d’Aumale,nbsp;‘c Duc deNeuers,leCôte de Rets,Lanfâc,Tauânes,Mor-!’*mers,Limogcs,amp; Villerov,qu’»ufsi toft quel’Amiralamp;nbsp;'’Huguenots feroyent delpefchez dans Paris,le Duc denbsp;¦'‘life d; ceux de fa inaifon vuideroyét amp; fe r^rireroyent
Dd t
4io MEMOIRES DE hors de Paris en qnclqu’vne de leurs inaifonsiafin qu'ilnbsp;femblaft mieux à toute la France,amp;aux regions voiiines,nbsp;que c’eftoyent ceux de Guifequi auoyëtfaicle tout,fansnbsp;lefeeu duRoy.’pour vengerlùr l’Arairalamp;autres Huguenots , la mort du vieux Duc de Guile , que Poltrotnbsp;auoit tué aux premiers troubles de France .Voila pour-quoy en ces lettres du Dimanclie,il auoitle toutietté lurnbsp;ceux de Guild ; mais ceux de Guife voyans l’atrocité dunbsp;fait auenu, amp; conlîderans qu’ils attiroyentfur eux amp; lentnbsp;pofterité l’ire Je tous homes, à qui l’humaine l’ocieté eftnbsp;chere:amp; par côfequent fe mettoyent en butte ,à laquellenbsp;chalcun viferoit,comme fur les ieuls autheurs amp; coulpa-blesipreuoyans, di-iede mal qui leur en poutroit aueiiif’nbsp;eftans retournez dans Paris,n’en voulurent fortir, n’abannbsp;donner la cour, demandans au contraire iiiftammentinbsp;que le Roy aduouall le tout.
Le Roy auecle mefme cofeil que delTusitâc à l’occalio des lettres du marefchalde Montmorency (quiprenoitnbsp;prétexté fur la volonté du Roy de fe vouloir véger) quunbsp;par ce que ceux de Guyfc ne vouloyent fortir hors de Punbsp;ns,ny le charger de la faute.futcôtraintle tout aduouër.nbsp;Car diloyent ceux defon confeil, lî le marefchal de Mo''nbsp;morency,feulement pour lableffeuredel’Ainiral Ionnbsp;coiifin , eft lî fort piqué, amp; menace tantique fera il quandnbsp;jl en entendra la mort,amp; de tant de gens qu’il aiinoitrSnbsp;fi la maifon de Guife ne s'eu charge,comment couiirirunbsp;on le fait?
Partant, le Roy par l’auis du confeil fecret, refcriiuquot; des lettres à fes amball'ideurs, de aux gouueineurs nÇ!nbsp;prouinces, amp; villes principales de la France: par lelque*'nbsp;les il les auertifloit, que ce qui elloit aduenu à Paris, nnnbsp;concernoit aucunement la Religion , ains auoit eftéfen'nbsp;lement fait pour empcfclier l’execution d’vne maudit?nbsp;ponipiration,que l'Amiral amp; fes alliez auoyent faite,con'nbsp;f re luy.fa mere amp; fes freres : parût vouloir que fes EdidSnbsp;de pacification fulTcnt obferuez.Que s’il auenoit qnenbsp;quelques Huguenots,efmeus des nouuelles de Paris,', nfnbsp;femblaflent en armes enquelque lieu que ce ftiftdlcoffl' Inbsp;mandoitàfesdtéls gouuerneurs de tenir la main,qnibnbsp;fuflent difsipez,amp;rompus.Et afin que par les Iludieuxde
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J^Uaeauté,quelque lîniftrc cas n’auinft. il entendoit que
portes des Yilles JefonRoyanme.fufleutbienamp; di-quot;genunent gardées s remettant fur la creance despor-*5'*ts,le furplus de fa volonté. Cefte volonté eftoit qu’on «ccageaft tous ceux de la Religion, ce qui fut fait, là ounbsp;les peut attraper.
Le mefme laur du Lûdi au matin, le Roy eiiuoya quel S^es capitaines Hc foldats de fa garde à Cliallillon fufnbsp;Loin,pour luy amener les enfans de l’Amiral, Sc de fodnbsp;'eufrere d’Andelot* de gré,ou par force. Mais ontrouuanbsp;*«aifnez partis,amp; délia fauuez à la fuite.
LeDuc d’Anjou enuoya pareillement desfoldats de Fîgarde àla campagne, és enuirons de Paris, vilîter lesnbsp;Huguenots dans leurs maifons aux champs,amp; les tuer.nbsp;Lt afin que nul ny full e(pargné,il enuoyoit .à point! nomnbsp;roé en diners quartiers, ceux de fes foldats qui n’y co-gnoilToyent perlonne, tellement qu’aufsi ils n’en efparanbsp;gnerent pas vn,excepté quelques vns qui furent prins inbsp;tançon par ceux qui elloyent plus frians de l’argent. Etnbsp;fi ne laifloyent pas pourtït de tuer les prifonniers apresnbsp;leur rançon payee.
Ces lours de Dimanche amp; de Lundi,le temps fut beau amp; ferain àP3ris,amp; es enuirons:tellementque le Roy s’e-fiint mis aux fenellres du Louure,contemplantle tempsnbsp;fiitiQu^il fembloit que le temps fe reliouift, de la tuerienbsp;àes Huguenots.
Enuironlemidhonvidvnaubefpinflcury au cemi* Accident here fainét Innocent. Si toft que le bruit cnfutefpandu pouiaciolnbsp;par la ville, le peuplcy accourut de toutes parts, criant, lire la ta-Miracle,miracle,amp; les cloches en carrillôherentdeioye. g' des Pa^nbsp;On fut contraint pour einpefcher la foule du peuplenbsp;depeurquele miraclefuft defcouuert, amp; auilé ’ car aucüsnbsp;eftiinoyét qu’ily auoiteade l’artiiieedeqlquemoync)nbsp;d’alfeoir des gardes à l’entour deraubefpin,pour empelnbsp;cher le peuple de s’y approcher de trop pres , 11 n’y eutnbsp;pas faute de gés qui interpretovét ce miracle ne vouloirnbsp;dénoter autre chofc.iinon que lah'rance recouureroitlanbsp;helle fleur amp; fplendeur perdue. Le peuple s’en retournant de la veue de l'aubel'pin,content amp; fatisfait.penfantnbsp;Sne Dieu par vu tel ligne approuualt toutes leurs aéliô?
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s’en allèrent au logis du défunt! Amiral ; ou ayant trou-ué foil congt;s mort gt; le prindrent amp; traitèrent cëmedit* eftécydelius.
le Roy a- Le Mardi 16 , d’Aotift, le Roy accompagné de fes frc' noue les res.amp; des plus grands de fa cour,ayant efté à la melierenbsp;niaflacres mercier Dieu de la belle vitloire obtenue fur ceux de 1*nbsp;Religion,s’en alla au Palais de Paris,qu’on appelloitiadisnbsp;la cour des Pairs de France, amp; le litt de iuftice du Roy-Làfeant en plein fenat, toutes les chambres alleinblees.nbsp;il déclara tout haut, que ce qui eftoitauenu dans Paris, *'nbsp;uoit efté fait non feulement par fon confentement, ainsnbsp;par fon commandement,amp; de fon propre mouuemeot-Partant entendoit il, que toutela louange amp; la'honte i eonbsp;fulTent reiettees furluy.
Alors le premier Preiîdent, nommé de Thou au norn de tçut le Senat, en louant l’aéte, comme digne d’vnftnbsp;grand Roy, luy refpondit, que c’eftoit bien fait, qu’ilnbsp;uoit iuftement peu faire. Qite qui nefeait bien dillîm“'nbsp;Jer,ne feaitregner.
Q^lquesvns vn peu plus paifibles difoyét que c’efto*'. bië loin défaire côme laVacquerie,iad.sPrefidétennrquot;nbsp;me lieu amp; charge, lequel, ainfi que Pafquier le recite e”nbsp;fon liure des recerches, eftant prelle par le Roy Loys i*'nbsp;d’ejmologuer vn ediét qui n’eftoit point de iuftice,amp;nbsp;cequ’il nclevouloit faire eftant menacé parceRoy*'*'nbsp;delà raort,amp; toutle parlementaufsi,s’habilla amp;auecnbsp;luy tous les Sénateurs de Paris, de robbes rouges, Snbsp;en ceft equipage s’en alla trouuer le Roy qui eftoit courroucé outre mefure . Le Roy elincrueillé de les voir ennbsp;vn tel habit hors de fiifoii, les enquit de ce qu’ils chefnbsp;choyent.Surquoy la V aquerie refpondât pour tous.Nousnbsp;cherchas la mort(dit-il) Sire,de laquelle vous nousaueinbsp;menacez,il nous ne confirmions voftre editt. Eftans tousnbsp;appareillez de la fouffrir pluftoft que de foire chofe contre uoftredeuoiramp; coiiicience.Mais ceftui cin’auoitgarnbsp;de défaire lefemblable.ilprédtropdeplaifirà toutefornbsp;te d’iniufticepour s’y vouloir oppofer;. Ainfi que le Roynbsp;alloitau palais, vn gentil-homefut recogiiuenlatroup-pe pour Huguenot, amp; aulsi toll tué , aflèz pres du Roy:nbsp;qui en fc tournant pour le bruit, ayant entendu que c e-
-ocr page 451-L’ESTAT DE FRANCE.' 425 CoitiTaflos outre, dit-il.pleuft àDieu 4 ce fuft Je dernier.nbsp;LeMercredy 17.leRoy continua d’enuoyer lettres ennbsp;•îuelques endroits,faifant mairacrer cependant tous ceuxnbsp;que lonpouuoit aterapper,comme nous le deduirôs parnbsp;ticulierenienCifitoftque nous pourrons efehapper dePanbsp;ris.Telle eftoit la teneur de ces lettres.
lettres DV ROY AVX OF-ficiers de Bourges fur mcfiue fubieól que les precedences.
X y Oz amez amp; féaux, nous ne doutons point que vous n’ayez feeu a cefte heure la ledition qui eft aduenuenbsp;a noftre trel’grand regret en ceite ville de Paris ces ioursnbsp;pairez,en laquelle mo coufîn l’Amiral amp; quelques autresnbsp;defon parti ont efté tuez, comme aufsi il en a efté tnaf-facré d'autres eiipluiîeurs endroits de celle ditte ville,amp;nbsp;que celle nouuelle ne foit pour älterer le repos qui a ellenbsp;iufques icyennoilre ville de Bourges »depuisî’ediéldenbsp;pacification, s’il n’y ellpourueu . Qmell caufe.que nousnbsp;vous elcriuons prefentement celle lettre , par laquellenbsp;nous vous mandons amp; trefexpreflement ordonnons ànbsp;cliafcun de vous en ce quieft de voftre charge , que il nenbsp;fe lace ou s’elleue aucune emotion entre les habitans denbsp;ladite ville , ne s’y commetent en icelle aucûs malTacres,nbsp;tomme il eft à craindre,par ceux qui fe couurans du prétexté de rupture de l’editl de pacification, combien qu'ilnbsp;n'y en aye aucune en ce faitt, voalans exécuter leurs ven.nbsp;geances, dont nou^ aurions vn incroyable ennuy amp; faf-cherie:amp; à celle fin que vous ayez à faire publier amp; en-tendfe par tous les lieux amp; endroits de noftre ditenbsp;ville amp; autres qui en dependent, Q£C cliafcuir ait ànbsp;demeurer en repos en fa maifon, fans prendre les armes ny offencer l’vn l’autre, fur peine de la vie, amp;failantnbsp;bienamp; foigneufement obferuer noftredit edidldepaci-fication,amp; s'il y a aucun decontreuenantà noftre dite innbsp;teniiomles faire punir amp; chaftier rigoureufement par lesnbsp;peines indiftes en nos ordonnances , ayancl’œil ouucrtnbsp;au furplusàlafeureté de noftre ditte ville , de m.anierenbsp;qu’il n’en aduienne aucun inconHeniét a noftredit lerui-Dd 4
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ce:fi n’y faites faute, fur tant que vous defircz nom faire tionoilire que vous nous eftes loyaux amp; obeiflàns fuiens-
Donné a Paris le ay. iour d’Aouft 1^72..
Ainû figné, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;CHARLES.
Etpius bas, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;De Neufville.
Par lettres efcrittes du mefme iour à fon threforier des ligues,iceluy threforier bon feruiteur de fon maiftrçnbsp;efçriuitpeu apres ce que s’enfuit.
LETTRES D V T H R E S 0-rierdes ligues, efcrittes aufdites ligues par le commandement du Roy,de mefme argunbsp;ment que les precedentes*
MAgnifiques Seigneurs,Monfieur de la Fontaine an» baflàdeurpourle Roy, voftre tresbon amp; parfaita-my, allié amp; confédéré, amp; nioy fon threforier en ce paysnbsp;des ligues, auons commandement de fa Maieftéde vousnbsp;communiquer comme à ceux qu’il tient fes meilleurs amp;nbsp;parfaits amis,vn accident qui eft,ces iours pafle z,aduei)Unbsp;dans la ville de Paris,fa perfonne amp; court y eftant,duqueinbsp;elle fent autant ou plus grand delplaifîr amp;regret,coinmenbsp;le faiâàefté execute en vn temps qu’il y auoit moins denbsp;occalionde le craindre amp; penfer.C’elt que Monfieurl'Anbsp;mirai fortant du chafteau du Louure le xi, iour duinoisnbsp;d’Aouft dernier,Iuy fut tiré vne harquebuzade, qui l’aU'nbsp;roit attaint aux mains amp; aux bras,dont aduertie là Maie-fté elle auroit commandé que diligente pcrquiftiouSnbsp;punition fut faite du malfaitteur amp; autheurs d’vne tellenbsp;mefchanceté. A quoy eftant promptement mis latnainnbsp;par fes officiers,amp; pourceftelfeétconft/tuez pnfonnierfnbsp;les habitans de la maifon d’ou eftoit fbrtie ladite harquenbsp;buzade,ceuxqui auoyentfcommeil eftaifé à prefumer)nbsp;efté caufe du premier mal, voulans preuenir celle iultiû'nbsp;cation,fe feroyent,en aiouftât crime furautre,aflembleïnbsp;en grofle troupe la nuift d’entre le zj.amp;le i4.dudit mois,nbsp;amp; ayans cfmeu le peuple de ladite ville de Paris, à vnCnbsp;grande fedition ,auroyent aflàilly, par grande fureur, lanbsp;maifon ou eftoit logé ledit fieur Amirahforcé les gardes
-ocr page 453-L’ESTAT DE FRANCE. 415 SUefaMaiefté y auoit fait mettre pour fa feurté,amp; tuénbsp;luy amp; quelques autres gentils hommes qui fe feroyentnbsp;trouuez auec luy,comme le femblable auroit efté fait denbsp;Quelques autres de la ville,eftant la chofe môtee en mef-mcinftant à vne telle rage amp; prompte efmotion , que lànbsp;Maieftéypenfantpouruoir,auroit eu afléz.afaireauecnbsp;toutes fes gardes , de garder fa maifon du Louure ( ounbsp;elle eftoit logee auec les Roynes fes mere amp; cfpoufe,nbsp;melTcigneurs fes frétés,le Roy de Nauarre amp; autrcsPrinnbsp;ees)d’eftre forcée.Vous pouuezpenfer, magnifiques Seinbsp;gneurs,la perplexité en quoy s’eft trouué ceieune amp; manbsp;gnanime Roy,lequel,par maniéré de dire,n’ayant maniénbsp;que des efpines au lieu de fceptre, depuis fon ^duenemétnbsp;à la couronne,pour les grâds troubles qui ontqualx toUfnbsp;ïours eftéenfonRoyaùme.eftimoitauecle bon amp; prudent confeil Sc. afsiftance de la Royne fa mere,amp; mefditsnbsp;feigneurs fes frétés,auoireftablivn ferme repos en fonnbsp;ditRoyaume,amp; iouird’vn regne plus heureux,rant pournbsp;luyque pour fes fuiets à l’aueninapres auoir ofté(commcnbsp;il luv fcrabloit) toutes caufes de diuifîôs amp;dcfiances d’ennbsp;tre fêfdits fuiets par le moyen de fes edits de pacificationnbsp;amp; du mariage dudid Roy de Nauarre, auec madame fanbsp;fœur de fa Maiefté,celebré cinq iours auant ceft inconue-nient: amp; celuy de Monfeigneur le Prince de Coudé auecnbsp;Madame de Neuers .ayant dauantage faMaieftéfpour nenbsp;laifler rien en arriéré de ce qui pouuoit feruir à la pacification de toutes chofes,mefmes a la feutré dudift feu A-tniral,fait,cômechafcunfc3ittoutce qu’illuy a eftépof-fible, pour le réconcilier amp; pacifier auec fes principauxnbsp;amp; plus dangereux ennemis, Aulsi eftant Dieu levrayiu-gede la bonne amp; pure intention de fadite Maiefté, a vonnbsp;tu pennetfre que la rage de ce populaire eftant paffee,nbsp;quelques heures apres fe font retirez en leurs maifons,nbsp;n’ayant rien eu fadite Maiefté en plus grande recommandation que de pouruoir incontinent à ce que aucune^ chonbsp;fe ne foitinnouce à fes ediéfsde pacification amp; repos denbsp;fes fuiets de l’vne amp; l’autre Religion.Auquel effeél a deffnbsp;pefché par deuers les gouuerneiirsamp;officiers de fes pro-uinces,à ce qu’ilsvfent de la diligence qui leur eft cômannbsp;dee par lefdifts ediéts,aiiec coramâderoent fî expres d’y
-ocr page 454-416 MEMOIRES DE
tenir la main que chafcun conoiftraceft accident adiienu pour querelle particuliere , Si non pouraucu^nbsp;ckofc älterer defdits ediêts de pacification, conintS’nbsp;Maiefté eftbiendelibereede ne le permettre enaucu^'nbsp;maniéré.Qui cil ptincipalemêt. Magnifiques feignen'^”nbsp;ce qu’elle nous a commandé de vous alTeurer de fa pâ’’''nbsp;amp; en apres vous faire er.r^dre les dangers cminens àeUnbsp;amp; fes voifir.j, non tant à caufe de ladite fedition, carequot;nbsp;efpere que Dieu luy fera la grace qu’elle ne paflèra po'*’nbsp;plus auanc,amp; que faditte Maiefté conferuerafonRoyaquot;'nbsp;me au bô repos qui a efté depuis fou dernier ediét de p^'nbsp;cification.Mais pour le regard des gradée Jeuees amp; affequot;’nbsp;blees de gens de guerre qui fe font en jiuers endroit’’nbsp;mefmeses pays bas,ou l’on ne Icait encotes dequelt®nbsp;lié Dieu fera enclinerla vittoire, ne ou leviétorieux ’'O'*nbsp;dra en apres employer fes forces. Au moyen dequoynbsp;Maiefté vous prie que continuas la bonne amitié amp;nbsp;ligence qui atoufiours efté entre la couronne deftanit®nbsp;amp; les bons amis alliez amp; confederez les feigneurs de’nbsp;gués,vous vueilliezdevoftre partauoir tel efgard fut,?nbsp;le amp; fon Royaume au cas que le befoin le requiere,qi*nbsp;le promet auoir fur vous amp; voftre heureux eftatl’oct*’!”nbsp;fe prefentant,employant cependant vos trefgrïdesamp;quot;'’nbsp;gulicres prudences a la conferuation de l’vnion amp; 1’°?nbsp;repo.s de lunation des ligues.commec’eft la feule cau’enbsp;non feulement de la rendre fecourableàfcsamis,amp;dei^nbsp;réputation amp; grandeur,mais de la faire craindre amp; adfli*nbsp;rer par fes voifins quelques grands qu’ils fovët,vous prO'nbsp;mettant f.i maiefté en toutes voz occurrences toute N'nbsp;mitié fuueur amp;afsiftcnce que vousfcauriez defirerdilnbsp;meilleurs:plus parfaits:entier amyquevoftre natioi’nbsp;aye ny aur.a iamais.
Le leudi aS.d’Aouft fut célébré dasParis vn lubilé extf* ordinaire,auecla procefsion generale, à laquelle leRoYnbsp;afsiftarayant premièrement folicité (mais en vain)leRoynbsp;de Nauarre par douces paroles,S: le Prince deCondépa*^nbsp;menaces, de s’y trouuer.
Le mefmeioiir furent publiées des lettres par lefququot; les on conoiftr.t encor mieux les trahifons. Le titre amp; t'’nbsp;tenu d’icellcteftoit tel.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
Decli-
-ocr page 455-L’ESTAT DE FRANCE. 417 ^HCLARATION D V ROY,nbsp;la caufe amp; occafîô de la mort de l’Amiral,nbsp;autres fes adhérants amp; complices.dcrnie-’^ét aduenue en cefte ville de Paris le 14.nbsp;lour du prefent mois d’Aoiift,i572. auectref-‘Xprellès defences à tous gentils-hommes amp;nbsp;autres de la Religion prétendue réformée,nbsp;tic ne faire aflemblees ne prefehes , pournbsp;«luelque occafion que ce foit.
S DE PAR LE ROY.
AMâièftédefirantfairefcauoii amp; cognoiftre à tous 'iigneurs,gentils-hommes amp; autres fes fuiets,la caufenbsp;A: occafion de la mort de l’Amiral amp; autres fes adhe-tints S: complices,dernieremét aduenue en cefte ville denbsp;i’aris le 14, jour du prefent mois d’Aouft,d’autant que le-•litfaitleur pourroitauoir eile defguifé autrement qu’ilnbsp;n’eft. Sadite Maiefté declare que ce qui en eft ainfi adue-’’Uaeftépar fon expres commandement, amp; non pournbsp;t’afe aucune de religion ne contreuenir à fes edits denbsp;Pacification qu’il a toufiours entendu , cônie encore veutnbsp;^entend obferuer,garder amp; entretenir,ains pour obuiernbsp;^preuenir l’execution d’vne malheureufe Si deteftablenbsp;tonfpirition faite par ledit Amiral, chef amp; autheur d’i-''11e,amp; fefdits adheransA: Complices, en la perfonne du-mt feigneur Roy amp; contre foneftat, la Royne fa mere,nbsp;^efsieurs fes freres, le Roy de Nauarre, princes amp; fei-Çneurs eftanspres d’eux.Parquoy fadite maieftéfaitfea-’^oir par cefte prefente declaration Si ordonnance à tousnbsp;S'ntils-hommes Si autres quelconques de la Religionnbsp;Prétendue réformée, qu’elle veut amp; entend qu’en toutenbsp;*'Urté amp; liberté ils puiflent viure Si demeurer auec leursnbsp;''mines, enfans amp; familles en leurs maifons fous la pro-''ftionduditfeigneurRoy, toutainiî qu’ils ont par cynbsp;j''iantfait,amp; pouuoyentfaire fuyuant le benefice dsi-'’•tsedits de pacification. Commandant Si ordonnantnbsp;'f'fexprellement à tous Gouuerneurs Si Lieutenats ge-’«riux en chacun de fes pays amp; prouinces,amp; autres fes in
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fticiers amp; officiers qu’il appartiendra, de n’artentêr, permettre ne foutfrir eftre attenté ne entrepris en quelque forte amp; maniéré que ce foit,es perfonnes amp; biens defditsnbsp;delà Religion,leurs dites femmes,enfans amp; familles,fur ¦nbsp;peine de la vie, contre les delinquans amp;coulpables. Etnbsp;neantmoins pour obuier aux troubles , fcandales, loup-çon amp; desfiance qui pourroyent auenir à caufe des prefnbsp;clies amp; aflèmblees qui fe pourroyent faire, tant es ma':nbsp;fonsdefilits gentils-hommes qu’ailleurs, félon amp; aiquot;''nbsp;qu’il eftpermispar les fufdits edits de pacification: Sanbsp;dite Maiefté fait trefexprefTes inhibitions amp; deffencesanbsp;tous lefdits gentils-hommes Se autres eftans dé ladite re-4igion,de ne faire allemblees pour quelque occafion qu®nbsp;ce foit,iufquesàceque par ledit feigneur, apres auoirnbsp;pourueuà la tranquillité de fon Royaume,en foit autrement ordonné: amp; ce fur peine de defobeiflance amp; de co-rifeation de corps amp; de biens. Eft aufsi exprelTement défendu fur les mcfmes peines, .à tous ceux qui pour raiiu'*nbsp;de ce que delTus , aurqyent ou retiendroyent des prifuquot;'nbsp;niers de ne prendre aucune rançon d’eux,amp;d’aduertirquot;’'nbsp;continenties gouuerneursdes prouinces,ou lieutenaUi’nbsp;genéraux,du nom uC qualité defdits prifonniers, lefqu^nbsp;ladite Maiefté ordonne eftre relafchez amp; du tout mis é*^nbsp;Ifoerté, fi ce n’eft toutesfoisqu’ils foyent des chefs,nbsp;ont eu cpmmandement pour ceux de la Religion,ou q***nbsp;ayent fait des pratiques amp; meijees pour, eux, amp; Icfft'}.*',-pourroyent auoir eu intelligence de la confpiratiqo lunbsp;dite, auquel cas, ils en aduertiront incontinent fad'tt^nbsp;Maiefté, pour fur ce leur faire entendre fa volonté.nbsp;donnant aufsique dorefnauant nul ne foit fi hardi de ftnbsp;dre amp;arrefterprifonKier aucun, pour raifon de ce q^nbsp;dellus, fans l’expres commandement dudit fieur, ounbsp;fes officiers, amp; de n’allcrcourir ny prendre par les ch.ipnbsp;fermes amp; métairies, aucuns cheuaux, iumens-, bceuft,nbsp;ches Si autre beftail, biens, fruits, grains,ny chofes qu^.nbsp;conques,amp; ne mesfiire ne mefdire aux laboureurs ,ma gt;nbsp;les laifTer fitirc exercer en paix amp; auec toute feufUnbsp;leurlabouragcamp;cc qui eft de leur vocation. Si cefur .nbsp;peines fufdites. Fait à Paris le 18. iour d’Aouft l J/îquot;nbsp;CHARLES, diaudclfous Fizes.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;p
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tadecliration faite en mefmes termes le iour pre-‘'lt;Unt,finilloit à ces mots, Et ce svr peine de de-¦ooeiflauce. Ce qui s’enfuit en cefte fécondé,fut adioufté ƒ lendemain, auec nouuelle exprefsion du nom du Roynbsp;“Nauarre.
Ces lettres, furent enuoyces par courriers expres, à les gouuerneurs de la France , auecd’autres lettresnbsp;p3rticuiit;res du Roy,de mefmc fubftancciExcepté qu’onnbsp;y âiloir adioufté vn commandement . Qu’incontinentnbsp;lettres receues , les gouuerneurs fillént tailler en pieces tous les Huguenots que Ion trouueroit hors de leursnbsp;maifons. Aucuns de la Religio (que lapeur auoit fait for-tirliors de leurs maifons) entendans ce mandement, fenbsp;retournoyent mettre dedans. les autres qui ne s’y ofoyétnbsp;«er,amp; fe trouiioyent dehors, foudain eftoyent tuez, autres prins à rançon , Mais à la fin, ceux qui oheillans aunbsp;mindern ents’eflovent retirez en leurs maifons, ne furent pas de meilleure condition que les autres.Et toutef-tois lefdits gouuerneurs ayans receu lefdites lettres,don-noyent à entendre, qii’iLs ne recerchoyët d’entre les Huguenots,que les coulpables decefte dernierecôfpiration
del’Ainirahqiiequant au pafïe.ils n’y vouloyent pasfeu-leinenttoucher,n’y s’en fouuenir.
Mais potirce que peu de iours apres, fut adioufté auf-dites lettres, que les prifonniers fuiTent deliurez, amp; que nul nefuftfait dorefénauant prifonnier,excepté ceux quinbsp;SS guerres ciiules de la France,auoyent eu quelque charge pour les Huguenots, manié affaires, ou autrement ennbsp;luoyent eu intelligence: deiquels iî aucun eftoit pris, onnbsp;leuft à remettre entre les mains du gouucrneurde la vil-le,ou du pays, qui entendroit du Roy ce qu’il luy plairoitnbsp;den ordonner. Et toutesfois on vovoit auc les nri-
-ocr page 458-4P MEMOIRES DE biens,les confifquerët,vendirét les meubles d’aucuns,facquot;nbsp;cageantamp; pillant les autres.
Kturmu- Or quelques hommes paifibles amp; fâuans, efineus »CS des Ca telles impiecez amp; fi manireftes,ne fe pouuoyent côteninnbsp;lins tenoyentdiuers propos par toute la ville, concenansnbsp;paihblcs. jjjj fubrtance.ce qui s’enfuit. Les vns difoyent auoir fueil-letéla plufp.irtdes hiftoriens, mais qu’ils n’auoyentnbsp;mais leu vn tel cas depuis la création du monde, ils corn •nbsp;paroyct celle cruauté du Roy auec celle de Mithridates,nbsp;lequel iadis par vn fcul meflàge amp; mefrae paquet de lettres , fit couper la gorge à cent cinquante mille citoyensnbsp;Romains enAfie. Quelques autres l’accomparoyétàce-luy de Pierre Roy d’Arragoinqui fit tuer huit mille François enSicile,iaquelle ils auoyent occupée enlonablen-ce.Mais la difference en ces faits eftoitqueces Roys làa*nbsp;iioyent exercé cruauté àlencontredes eflrangers :amp; ee-ffuy-cy fur fes fuiets ,repofans pluftoft fous fa fidéliténbsp;que fous fà puiflance. ceux-la n’elloyent obligez finoi»nbsp;parlapromellè faite à tels eflrangers: celluy-cy efloatnbsp;aftraint par l’alliance nouuellement faite auecles Roisnbsp;amp; princes voifins, à garder la paix qu’il auoit iurctquot;nbsp;ceux-Ia ne s’efloyent, aidez de pratiques quelconque®nbsp;indignes de leur Maiefté royale: celluy-cy auoit abnlenbsp;amp;s’eftoitferui du mariage de fa propre fcur, comiu®nbsp;d’vn apaftidt auoit arroulé de fang fa robbe nuptiale,nbsp;laquelle indignité , tous ceux qui viuront fe fouuieU'nbsp;dront. Les autres difputoyent derechef,combien que e®nbsp;confeil fanguinaire amp; brutal, euft femblé propre à plu‘nbsp;lieurs courtifàns, que toutesfois non feulement la dignité royale.mais aufsi la reputatiô de toute la nation Fraiiquot;nbsp;çoife,amp; I’honnelleté,mefmesrepugnoit.i vnetelleappn-rence d’vtilité. Anilides (difovent-ils) reietta publique-rnét enlaprefencedupeuple, ie confeil que donoitThe-miftocles.afauoirqu’on iniftfecrettementle feu es naui'nbsp;res des Lacedeinoniens, comblé qu’en ce faifant les fo®'nbsp;ces des Lacedeinoniens enfuffent neceflairementdiiiquot;'nbsp;nuees debeaucoup.Furius Camillus ne voulut point recenbsp;uoir les enfans des principaux de la ville desFalifques qu*nbsp;luy eftoyent liurcz par leunmaiftre d’efcole; ains fit del-poufiler ce u aillre,amp; cornnjanda aux enfans de le reinc-
»
-ocr page 459-L’ESTAT DE FRANCE. 451 P*' tout foüettant dedans la ville. Paufanias efcrit que lesnbsp;'*^^eiirs de Philippe Roy de Macedoine, toinberët eunbsp;'''®nies calamitez.pource que hiy faifoit ordinaire de nenbsp;garder fon ferment dcpromelTe farte es alliances,nbsp;autres mettoyentenauantvne loy desdouze tables,nbsp;''cpatron ou defenfeur fait quelque chofe au domma-?^ileccluy quis’eftmisen faproteéfion, il eft loilîblenbsp;courir lus,comme àvn mefchantamp;execrable. Usnbsp;“dputoyent aufsi que le feigneur doit vne mefme fide-“tcàlonvaflàl, que levalîal à fonfeigneur : amp; que lesnbsp;'âiifesamp;feionniej pour lefquellcs le valîal pert fon fief,nbsp;les mefmes caufes,Ie feigneur pert fon droit de vaf-'™ge.Lainaindextre,ettoicappelee par les anciens, lenbsp;S’ge de la foy des Rois ; fi le Roy faifoit au contraire, ilnbsp;®’y auoitplus de communion de droit! auec luv;amp;ne déçoit cftre eûimé Roy, ny de fes fuiets, ny des eftangers.nbsp;^t’pliis recommandables vertus en vn Roy, font iuftice,nbsp;Jcnigiiité amp;elemence.l’inhumanité amp; cruauté font à cô-'‘iitiner en toutes perfonnes, mais fur tout esRois. On anbsp;toufiours loué Scipiô, qui fouloit dire,qu’il aimoit mieuxnbsp;tonferucr vn citoyen Romain.que défaire mourir millenbsp;^nnetniî, lequel propos .1 efté depuis fortfouuent en lanbsp;“Oîacîre de l’Empereur Antonin furnomir.é le débonnaire- C’aeftévne trefvihrine marque pourTiberius, qti’e-ftâtieune homme on aitneantmoins dit de Itiy, que c’e-‘^oitdelabouedeftrempee en fang. Les Rois ontvoire-®entpuifi3ncedevieamp; de mort fur leurs fuiets, mais a-'rtc cognoilTance de caufe amp; informations vallables, amp;nbsp;“On autrement. On ne fauroit imaginer vne plus grandenbsp;'domination que celle des diftateurs .1 Rome, qui auoyétnbsp;Romain l’aiithoritéfouueraine de faire paix amp; guerre,nbsp;öfter amp; fauuer la vie , fans appel à vn plufgrand : mais ilsnbsp;0'ont iaraais eu celle licence de faire mourir vn citoyennbsp;Auel qu’il fu(| ßjus cognoillânee de caufe.Priefee font lesnbsp;ftpgands,amp; non autres, qui oftent lavieaux hommes,nbsp;pos forme de iuftice ni cognoifsaccdccaule.Quieft ce-'0Vqui n’.ipperçoiuequ’vne telle cruauté, vne fi grandenbsp;effufion de fang Chrefticn, ne foie le fruitl d’’ la vie exe-ctahlc des Cov.rtifansrMaintenant les pailiardifes drvile-quot;‘ts horribles font tellemét pratiquées amp; en telle liberté
-ocr page 460-451 MEMOIRES DE par toute la France, que plufieurs femmes de ce Roy***^nbsp;la, font, peu s’en faut,putains publiques. Dieu (difoy^”'nbsp;ils) ne fauroit plus porter tat de blafphemes execrable ’nbsp;tant dede(pitemens,renoncemés ordinaires de fa lainnbsp;maiefté. Il n’eft pas pofsible que les autres nations vue»nbsp;lent croire que lesCatlioliques de France ayent prias c®nbsp;fte marque, pours’entrerecognoiftreamp;difcernerd’aunbsp;les autres,c’eft que de trois mots ils iurêt la tefte.Ia rnonbsp;le fangamp; ventre Dieu . C’eft vne çhofe eftraugenbsp;Roy mefme fe plait tant en cefte couftume de maugtenbsp;amp; blafphemer. Vne telle perte a aufsi enuahy lesnbsp;amp; villageois, qui ne fauroyét ouurir la bouche pour p^nbsp;1er , qu’ils ne prononcent incontinent des execration^^jnbsp;propos vilains amp; horribles contre Dieu.Qui ertnbsp;pourra plus porter tant de paillardifes monrtrueufes! 4nbsp;pourra feulement ouyr parler,fans vne horreur amp;co'’ [nbsp;fion extreme, de ces vilaines delà Cour, qui fenreO^nbsp;enfemble, amp; de tant de bougres amp; Sodomites aboai*”nbsp;Mes qui y font-Bref tout l’vniuers femble fe plaindrctPj^nbsp;maniéré de dire) d’vne fi longue patience amp;douceufnbsp;Dieu, Si n’eft pas pofsible que la France puifle plus*nbsp;rtenir ces monftres là.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
Arguniets pour lanbsp;defchargenbsp;de l’Ami-ral.
Mais à qui pourra-on faire acroirc que l’Amif^'^,, brafle quelque coniuration dedans l’enclos de Paris •nbsp;fut qu’il y a d’ordinaire en la Cour, la côpagnie du *'• jj,nbsp;qui demeure toufiours-là pour le garder : les bande’nbsp;Gafcons,Efco(rois,amp; Suifles font la garde nuiébamp; ù’'*^^,nbsp;Roy mefme,quià toufiours accouftuméd’eftre bie^nbsp;pagné,l’eftoit encore plus en ce temps-Ià,fpeciale*^nbsp;caufe des nopcesde làfœur, amp; auoit àfa fuite la plunbsp;des Princes,Seigncurs,amp; Gentils-hommes de Fran«*^' jjnbsp;n’ignore pas aufsi qu’é moins de trois heures,fepo“ 15nbsp;faire aflèmblec dans Paris de foixante mille homnie^j^jnbsp;fait ,amp; bien armez : fur tout pour ruiner l’Amirahft** -,nbsp;Parifiens haiftoyent à mort,comme chaicun fiit- inbsp;tage, les ieunes gentil s-hommes qui eftoyent la venbsp;caufe des nopces auec le Roy de Nauarre amp; lenbsp;Condé,amp;y auoyétamené leurs femmes,foeursnbsp;ne penfoyent lors qu’à courir la bague, amp; monftrernbsp;beaux habilleincni. Bref,en quel temps pourra-onp
-ocr page 461-L’ESTAT DE. FRANCE. 4« quot;et q l’Amiral ait Elit cefte coiuration.’a ce eftéauant quenbsp;blefle’or le Roy eftoit lori fon grand ami,ilauoitnbsp;fWeu de grands biens amp; faueurs du Roy , amp; ne penfoitnbsp;nouuer homme en France qui luy portait meilleur vt-ûge.A ce eftédonques depuis qu’il futblefle.-voire com-¦nç fi vn homme bleifé extrêmement de deux coups iînbsp;dangereux , tout blanc de vieillefle, auaché par les deuxnbsp;^^Si.l’vn defquels les médecins delibcroyentde couper,nbsp;accompagné de trois cens ieunes hommes, eult voulunbsp;O'J peu s’attacher à foixante mille foldats, prells à combatte,ou come s’il euft eu loilîr en fi peu de temps de cô-lulter d’vn faittant execrable amp; de fi grande importance. Car il ne vel'cut pas gueres plus de quarante heuresnbsp;depuis là blelTure, pendant lequel temps les médecinsnbsp;luy enioignirentde ne parler, Etpuis, s’il eftoit foui'pe-çonné de quelque mefchanceté,eftoit il pas en la puiflannbsp;ceduRoy,veuqueCoireins amp; fa garde qui auoyent fermé les paflàges, le tenoyent enclos amp; entre leurs mains,nbsp;de le faire enleuer tout à l’heure,amp; mettre en vne ptifonnbsp;fi bon luy fembloitrEncefaifantpouuoit onpas s’infor-nieriamp; luy faire fon procez felon les loix amp; droits des nanbsp;lions? pouuoit on pas auoir tefmoins à la façon àccou-ftumee de iuftice? Dauantage,encores que l’Amiral auecnbsp;quelques autres fes adherans amp; domeftiques euft côiuré,nbsp;pourquoy a on traité fi cruellemét des honneftes damesnbsp;amp; ieunes damoifellles, qui eftoyent venues aux nopces;nbsp;Pourquoy tat de femmes enceintes ont elleeftéietteesnbsp;en la riuiere, contre toutes les loix humainesvoire desnbsp;plus prophanes nations delà terre?Pourquoy a onmaflanbsp;tréfansinquifition,côdemnation,formeni figure de pronbsp;ces,tant de vieilles gens, tât de pauures malades coucheznbsp;fout à plat au lift, plufieursde robbe longue, confeilliersnbsp;aduocats, procureurs, médecins amp; beaucoup deprofef-feursamp; hommes doffes es bonnes lettres, du nôbre def-quels entre autres eft Pierre Ramus, renomme par toutnbsp;lemonde . Qmpluseft, fi l’Amiral euft tué le Roy amp;fèsnbsp;deux frétés, y a il home qui ne fache, que toutes les pro -uinces, villes,parlemens,brief toutes fortes de gens amp; denbsp;tous eftats fuflent viftement courus aux armes, amp; ennbsp;moins de rien fans difficulté eutfentdepefchétous ceuxnbsp;£c
-ocr page 462-434 MEMOIRES DE de la'Religion,enclos dans les villes,amp; que lesnbsp;ftrangeresjeuirentapprouuévnetelledertàitecôinenbsp;iufte amp; raifonnable?Car,quât au Roy de Nauarre,iî“f^ .jnbsp;onfonger vnmenfongeplus euidentî L’Amiralj[nbsp;pas eu en fa puiflànce l’efpace de quatre ans ? ne railoinbsp;pas profefsion d’vne mefme religion auecl’Amiral!nbsp;cft-celuy de la Religion qui euft proufitéen laniojtnbsp;ceieuneprince?eftoit-il pashaydesCatholiques’enloU*nbsp;me l’Amiral ne pouuoit efperer d’auoir vn meilleur jUiynbsp;que ceftuy-la, ne qui peut mieux venger l’outrage qu onbsp;luy auoit fait. Pourconclufîon,quelles armes, quels o’nbsp;ftonsdeguerrea on trouué es maifonsdeceuxqui furenbsp;maflàcrez force fontconiedures fur lefquelles fe fondent les iuges qui informer de quelque fait. Voila ce quenbsp;les gens pailîbles âc qui auoyêt quelque confcience fflUt'nbsp;muroyent en diuers endroits de Paris. Les autres raifoUSnbsp;fe verront es autres traitez imprimez ci aptes.
Malfaete ÇI les Pariiîens fe monftrerent furieufement cruel!' de ceux de O ceux des autres villes du Royaume, ou il y aud^nbsp;JaReligiô, nôbredegésde la Rehgion , ne furent pas moins própi^nbsp;eOjie^ refpandre le fang. Nous auôsdit que fi toftquelenia*'nbsp;facre fut commencé à Paris le Dimanche 14. d’Aouft, 1®nbsp;côfeil fecret auoit defpefcbé lettres aux gouuerneursde^nbsp;villes remarquées,pour faccager ceux de la Religiô.Pu*’nbsp;pour empefciierquelefdits de la Religion ne fe fauuaf-fent, on adioufta ce fécond paquet, par lequel le Roylunbsp;defchargeoitfurceux de Guife, Sc promettoitfaire iU'nbsp;ftice de ceux qui auovent tué fon coufin l’Amiral. Or onnbsp;auoit donné aufsi tel ordre dans Paris,amp; dehors,qui!nbsp;perfonne n’auoit moyen quelconque de prendre la pofte pour donner aduertifleinent à fesamis:ainsfaloita-qoirvn congé dcpaflcportdu Controlleurgenerahnoffl-mé duMas .quifutcaufe que quelques vus de la Religion, eftans pres de Paris ce lotir ià.defirans bien afsillernbsp;à leurs freres amp; compagnons, pour les aduertir, fpecil-lenient ceux de Meaux,de Troyes amp; d’Orleans, n’en eurent nypeurentauoir le moyen . Nous commenceronsnbsp;par ceux de Meaux en Brie, comme les plus prochains,nbsp;eftans à vue iournee de Paris. La Royne mere Contef-fe du lieu , les auoit couchez des premiers en fon rolle.
Et
-ocr page 463-L’ESTAT DE FRANCE. 455 ^'Pourtant ce mefmeiour Je Dimanche. fur les quatrenbsp;’'Ores Ja foir,le courrier, qu’elle amp; Ton confeil auoycntnbsp;*'’Uuyé,irriua iuJk Meaux , accompagne J’vn lèditieuxnbsp;’^¦'^ppier drappanr, nommé le Froid : amp;. alla droit au lo-Je Mailtre Louis Coifet, procureur du Roy. au Bail-^wge amp; liege prelîdial de ce lieu. Ayantprcfenté ce pa-^uet.toutlurle champ ce procureur court luy mefines
amp; là, aJutrtir les pillars amp; maffacreurs, (qui aux pre-quot;’ærs, féconds amp; troifiefmes troubles, auoyent fait divers rauages fur ceux Je la Religion) de fe tenir prelts * fept heures precifément, pourfortir en armes de leursnbsp;Wallons,amp; fermer quantamp; qiunt les portes de la viüe.
Or tuant que paffer outre .faut deferire vn peu ce f r-Q- Maflà-furcutamp; fl fuite. Louis Coffetdonc . eft fils d’xn pere.
•jui pour fa tefte monftrueulê eftoit appelé telle Je veau, ƒ*“*¦ homme qui en fa vie a fouillé là confciencc d’infiniesnbsp;ooncufsions, voleries amp; meurtres, traillre amp; difsimu-hteur en beaucoup de fortes, amp;qui perfecuta ceux denbsp;Religion, làns rcfpit aucun : combien mie plulieursnbsp;d’entre eux luy ayent fait confeffèr maintesfois , que lesnbsp;ooremonies de l’Eglife Romaine, ne font pas li liinélcsnbsp;'iw les -Catholiques le fe font croire. Ce lien fils, homnbsp;roe plus propre à iouer vne farce, (pour auoit vn «fagenbsp;du tout ridicule) qu’à exercer telle charge, ignorant iuf-•Ju’au bout.punais,puâtamp; vilain comme vnbouc,yuron-Sue amp; railleur ordinaire, n'ayant dextérité quelconque jnbsp;onauJijpcg, linon de faire rir.e fouuentesfois les moins Inbsp;‘Jehet, amp; defpiter les gens fages amp;: vertueux : luperbe, \nbsp;'J^udicitif, farouche amp; cruel : au demeurant Jemy Catholique , amp; aimant plus lafemme de fon voilin, que lanbsp;«enne, faifoit beau fembiant, amp; monlf toit allez bon vi-
a ceux de IaReligion,mellant parmi les contenâces Quelques traits de gauJiffcrie. Lefdits Je la Religion lenbsp;'®gnoiffoyét amp;tenoyent pour vn home du tout mefehat;nbsp;t^ais ils l’eftimoyent aufsi li fol amp; eftourjj’, qu’il fenbsp;'ontenterqit feulement, ou de leur faire ^tur,ou Jenbsp;adreffer à quelques vns des moindres. Mais alors fanbsp;âlice s'aiguifi.ll eftoit acompagné d’vn,nommé Denisnbsp;°’*nd, fcrgentence BailliageJiomme digne Je millenbsp;0' Sts,pour fes pilleries amp; exadions,pillier de tauernes,
Ee t
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amp; fjins aucune religion. Puis il auoit vn nommé Pigeoni marinier, renieur de Dieu,amp;exercé à meurtrir, auecnbsp;quelques autres mariniers,amp; les boucEers.Item quelquesnbsp;preftres amp; reuoltez.qui de long temps auoyent abiuré 1»nbsp;Religion.laquelle aprins racine audit Meaux, il y îpl“’nbsp;de quarante ans.
ïmprilba L’heure de .lept heures venue, en laquelle chafcun e* pemcns. ftoit chez foy aufoupper, Ils font fermer les portes, amp; 1®nbsp;rendent en diners endroits de la ville, Ipccialcment esnbsp;lieux ou il y auoit plus de gens de la Religion. La ruenbsp;des vieux moulins, fut la premiere afl'aillie ; puis la ruenbsp;S.Remy, amp; la rue Poiteuine. ils empoignèrent lefdits denbsp;la Religion, tant en ces rues,qu’es autres de la ville: lesnbsp;mènent es prifons ordinaires, leur ayant fait raille ou-'¦ träges auparauant. Quelques vus fe cacherent, qu’dsnbsp;trouuerent bien le lendemain amp; autres- iours liiyuans.nbsp;Le foir fe paflà, auec des bruits Si remuemens cftran-ges. Ce qu’entendu par ceu.x de la Religion, demeu-rans au grand marché , (qui eft vne belle place fepareenbsp;delà ville, par le moven de la riuiere de Marne, amp; d’vilnbsp;pont,par lequel on pafle de la ville audit marché) auertisnbsp;par Matthieu Moreau, qui s’eftoit faune de viftefle horsnbsp;de l.i ville , troiillérent bagage La nuitt, fe fauuans esnbsp;villages d’alentour, pour attendre ce qui auicndroitlenbsp;lendemain.
Fiila'-es. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lendemain, qui eftoit le Lundy, fur les trois heu-
res..lu matin, ces bons Catholiques commencèrent a piller les maifonsdeiditsde la Religion . enleuans feulement leplus beau ikle meilleur . Ce pillage ayant duré iufques fur les huit heures., le mcftier leur en fem-blali beau,qu’ils voulurent continuel. P.îrtant ils entrentnbsp;au marché , d’ou tous les hommes s’eftoyent enfuis.nbsp;Là, ils fe ruerentfurles femmes (qui cftoyent demeurées csjïiaifons , pourpouruoir à leurs biens) aulquel-îcniraesnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;firent infinis outrages : en violèrent quelques
viok’cs amp; vnes, en maflàcrerentiufqu’aiinombre de vingteinq ou mafia- enuiron. Entre autres, la femme deO_)ientin Renner,nbsp;créés. marchant de draps. la femme de lean de Prunoy drap-pier. La femme d’vn mercier , nommé Guillot. L.a femme de Philippes Sauart. Vne veufue nominee Gene-
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Dalibert. Vue nommée la Pringctte . amp; vne au-ƒ Ooinmee Pafquette. La femme d’vn Cordonnier Nicolas i qui éftoit énceinte, amp; près du termenbsp;*^Qfanter , receut vn grand coup d’efpce au ventre;
5 fut inenee à l’hofpltal , le petit enfant mettant l’vn /^bras aflez auànt hors ventre. Elle mourut biennbsp;y U âpres,amp; l’enfant aufsi quiauoit eftéoffencé du coup.nbsp;P autre femme d’vn bonnetier , nommé Nicolas,nbsp;ffaineé pour aller .à la mefle: mais elle deteftoit cè-/out hautement: ce qui irrita tellement les mt'ur-, qu’eftans fur le pont, ils luy donnèrent plufietirsinbsp;^®upsdg dague, puis la ietterent dedans l’eau. Beaucoupnbsp;autres furent batues fi cruellement, que peu de ioursnbsp;Pfes, aucunes en moururent. Au relie, celle place dunbsp;‘'Marché ,¦ ou il y a plus de quatre cens maifons, fut entie-f'^gt;ïientpillee,iufqu’aux plus petis vtenfilles, que ces Ca-^oliques peurent emporter:amp;ce pour la troifiefme fois,nbsp;'-^notable procureur JiiKoy eutdu meilleur du pilla-S^'Sa maifon amp; fa court elloyent fi plaines, qu’on ne fa-Uoit par où y entrer.
Delàiilsrentrentdanslaville,furettansparlesmai-Egt;nprr-'Ons de ceux delà Religion, Semettans prifonniersceux Ta'ils pouuoyent attrapper. Maillre lean Macist procu- nonueaux.nbsp;’'fur, homme vigilant amp; de fort bonefprit, amp; qui au relie auoit toulîours fait telle aux principaux Catholi -'lues eu toutes leurs menees,n’auoitpeu ellre apprehen-•lé le Dimanche : mais ce Lundy matin , il fut trouué , amp;nbsp;tomme les meurtriers le tiroyent de fa maifon, luy quinbsp;eftoit fort libre en paroles, leur demandant en vertu MalTacreî^nbsp;tlcquoy ils le traitoyent fi rudement, receut refponcenbsp;l*rle champ, auec coups de dague, amp; futfaccagé fur lesnbsp;tîrrcaux. Gilles le Conte, m.'.rchantdrappier, elloitfortnbsp;bây ,non pas tant pour la Religion, que pource qu’il fenbsp;tndloitde tenir les fermes de la Rovne mere, qui exigenbsp;tîo merueilleufcs impofitions en ce lieu , fur la drappe-fie amp; le vin, amp; pource qu’il manioitquelquesfois les Câ-mbliques de bien pres, ilfutfoi^neufcment cerchétmaisnbsp;liyanstrçuué eu vne chambre, ils n’eurent la patiencenbsp;‘¦cPamener en bas, ains le ietterent par les feneftres lü.rnbsp;It paué,d’eu il fut trainé par les pieds iufquesdeflus le
-ocr page 466-M EM OIR îS DE pont,puis ayant encor receu plufieurs coups depo'S“^nbsp;fut ietté dans l'eau.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;p^ijf
Les prjfons eftoyent plaines de prifonniers. j s'en desfaire .lesmaflâcreurs »conduits par Coll«nbsp;portoit ordinairement en ckafcjue main yn« ^kosinbsp;chargee amp; prefte à tirer) s’acheminèrentefditespf*',nbsp;leMardyvingtfixiefme iour d’Aouft,fur les «04nbsp;heures du foir, auec efpees, amp; dagues amp; grandsnbsp;fteiux. Il y a pres defdites prifons, vne grande coufnbsp;mee de tous coftez de murailles , amp; d'vne forte p°nbsp;Al’Tndcs coings, eft vn large efcalicride vinginbsp;ou trente degrez,par ou Ion monte en la fälle denbsp;diance du nege prefidial amp; bailliage . Les maflad'^^jnbsp;»‘arrengentenceftecouriamp;ColTct monte aunbsp;degrez. Ils auoyent fait vn rolle dcfdits prifon”'nbsp;les principaux defquels eftoyent , Maiftre Nicola’.nbsp;xanne efleu pour le Roy , homme fort debonn’^^nbsp;Nicolas Maciet greffier du Bailliage, aufsi fort jj-Catholiques que fon frere lean Macietfiifnomm«.'^nbsp;de Bontemps praticien. Louis Villette notaire.nbsp;dam fergent au chafteletde Paris . Son frere. leannbsp;uin,Quentin Cioyei, Faron Haren, Faron Regnardinbsp;colas MontdoIot,Son gendre, Guy Blondel, lean F®nbsp;notables bourgeois amp; marchans. Claude Rentier unbsp;tier deftain, Nicolas Caillot, lean Gautier,nbsp;lean Seguin, jeune homme, hlsdu Grenetiernbsp;PhilippesPoyerpraticien. lean Laloue coufturierinbsp;colas Beaufort mercier. lean Taupin mercier. leannbsp;foulon. Pierre Foulé,drappier. lean Iary,tondeur.Ia4 ¦nbsp;Bouuille, lean le Sourd, vn nommé le Pere Adam gt; Fnbsp;fncurs de laine. Guillaume Benard, amp; fort grand nOnbsp;re d’autres anifans ,iufqu’au nombre de deux cen’nbsp;dauantage, comme aucuns maflacreurs mefmes 1nbsp;raconté depuis , fe glorifians impudemment de I«nbsp;cruautez,mefme*eliiyCof[èt,qui long tempsnbsp;en quelque compagniequ’il Ce trouuaft, racontoitfe’nbsp;tus heroiqucs,ou pluftoft publioit fes horribles imP*^nbsp;amp;iniufticcs.
Lors ce Procureur commença en riant a faire apr^ÿ 1er le premier durolle,lequel eftant tiré des prifoi”’.
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les glaiues delgainez, fe profternant en terre amp; ''»»ndant pardon à Dieu, fut loudain maffacré par
V“ fiïdls continuent iufqu’à certain nombre,duquel , ‘**t Q^ntin Croyer furueillant en l’Eglife réformée,nbsp;fs'uy Voyant plufîeurs de fes compagnons maflàcrez.nbsp;?.®*’-îgenoux,priant Dieu qu’il pardonnaftaux meur-‘'rs, dequoy eux ne faifoyent que rire ; amp; ne pouuan»nbsp;f^wpercer à coups de dagues vn double collet de buftlenbsp;3“ il portoit, amp; qu’ils ne vouloyent g after (car ceftoit vnnbsp;'^noutin)luy couperent fes aiguillettes, amp; entre le pournbsp;point amp;; les chaufles, luy donnèrent cinq ou fix coups denbsp;“’gués,dont ce bon perfonnage,inuoquant Dieu à hautenbsp;'oir, rendit l’efptit.
faron Haren, homme notable, amp; de fort bonne na-^te amp; grandement afteftionné à la Religion, auoit efté hfeheuin pendant les premiers troubles,amp; par fon moycnbsp;« inefle auoit efté chaflèe de Meaux pour vn temps.nbsp;Pour celle occafiô,il eftoit hay mortellement des Cathonbsp;ligues feditieux, lelqucls aufsi ne fe contentèrent pas denbsp;le maffacrer fimplement, mais luy couperent le nez, lesnbsp;oreilles amp; les parties honteufes , puis luy donnèrent plu-fieurs petites eftocquades en diuers endroits du corps,nbsp;le contraignans de pafler par le milieu d’eux, commenbsp;par les picques.Mais ne fe pt^uant plusfouftenir pour lesnbsp;tourmens qu’ils luy auoyent faits, il tomba fur fa face ennbsp;terre , amp; inuoquant Dieu fort ardamment, receut encornbsp;infinis coups apres fa mort. Nicolas Maciet.s’eftant misnbsp;à genoux,fit vneardente priere, puis c5me il fe releuoitnbsp;enpiedsjamp;commençoitàadreflerfon proposàce procureur,fut foudainpercé de plufieurs coups,amp;rôba mort.
Il eftoit ia tard .-partant les meurtriers remirent l’e- MaJTicres xecution apres foupper, tant pour reprendre halaine amp; tiouueausnbsp;refctlion, que pour mallacrer plusàl’aife. Car d’autantnbsp;Sue le fang des corps frappez,reialiflànt fur les efpees amp;nbsp;hras retrouflez d’iceux meurtriers ,les ennuyoit, apresnbsp;auoir beu du vin leur iâoul, Äs voulurent retournernbsp;s’enyurer de fang, amp; pour l’elpandre pluftoft amp; mieu x ànbsp;leur aife,prindret des marrelins,qui font gros marteauxnbsp;de fer,dont les bouchers affomment les boeufs,amp; en prenbsp;fence de ce procureur,aflbmm erent les vns apres les au -
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tres ces panures prifonniers, inuoquans Dieu,amp; criansü haut milericorde, que toute la ville amp; le marché en retenbsp;tilToit. Cela dura depuis les neuf heures du foir iniques anbsp;la minuiâ:. Et dautant qu’il y auoit encor grand nombre de prifonniers gt; ils düîcrerent iniques aux ioutsnbsp;fuyuans.
Maffawez Les meurtriers auoyctfait faire en celte cour du Cha-deux fois, fteauvne tranchée ,dans laquelle oniettaces malTacrez
tous nudsiEntre iceux,y enauoit deuxlefquels ayans vn coeur vigoureux, encor qu’ils eullènt receu diuers coupsnbsp;n’eftoyentdutout morts.Ces deux eftoyentlean Laloucnbsp;couftufiéramp;dean Taupin mercier. Encor qu’ils fulTentnbsp;parmi les autres amp; couuuerts de terre, ils fortent lt;dclà,amp;nbsp;tafchènt de fe cacher.mais le lang ie perdant, ils demeurèrent comme efuanouis, tellement que le lendemainnbsp;qui eftoit leMercredy eftans retrouuez,ils furent aflori»nbsp;mez amp; remis en I2 trenchee auec les autres.
lofle Lamiral marchantdrapier,ayant prins vnecof-
notable, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;par les murailles, en defeendant !ƒ
naitffe rompit la ciiiife,tellement qu’à grand peine le peut il retirer des foflez.ll s’alla rendre au prochain fau^nbsp;bourg,nommé des vieux moulins,ou il fut prins le lend®nbsp;main par les maffacreurs qui le mirent i'ur vne brouette»nbsp;amp; la roulans par les rues crioyent vinaigre amp; mouftat-de.Puis l’amenerent en la cour du chalteau, luy demandèrent s’il vouloir aller à la meilê: ce qu’ayant reful^nbsp;tout à plat,fut cruellement aflbmmé.
dredy,ou pour vn coup ils en daguerét vingteinq au mo** lin de laluifiierie,puis les precipitoyent en l’eau de Rlaf'nbsp;ne. ils firent de mefme les autres rruifts, auec des cruau-tez eftranges: les maHâcrez inuoquans la mifericorde denbsp;Dieu.Vnde ceux qu’oniettadâsl'eamnomméPierreFq'’nbsp;lé,n’ayant receu coup» mortel ( d’autant que les mafla-
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traira foi-
Ce nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;celuy qui auoit fenty vne grande afsifta
ïlü’i en fes tourmés, oublia tout cela, amp; à mefure
‘‘ gueriflbit perdit la fouuenance de laReligion,telle-que depuis il eft aile à la ihefle.
(J. ƒ demeurant,Coflet amp; les fiens bien marris que tant Maflicre» fuirnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;marché leur bots de
efcliappez, dreflerét incontinent vne compa es 1nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cheual, qui coururent allez long temps
J Pj ’ges d’alentour , ou ils firent de grands maflacres ^^‘uits de la Rehgion , auec des pillages tels que les
'*fts amp;plult;! barbares du. monde , feroyent beaucoup J °gt;nsfarouches. Es autres villettesamp; bourgades d’alen-
'^t,Ceux,de la Religion furent contraints fortir debóne ^Ure,Ceux qui furent parefleux eurent rude traite-j ^ntifpecialementes lieux du gouùernement dcBrye 8c
Champagne, fous le Duc de Guife : amp; pour euiter le '’'iflacre de leurs corps,abiurerent la Religion.nbsp;I “'lais les villes amp; bourgades du guouernement de l’If-
de France,nefe mutinèrent point. Il y auoit à Senlis qi'^^tie nombre de gens de la Religion. Deux d’iceuXnbsp;l' ''n defquels eft miniftfe hors du Royaume,eftant pournbsp;enFrance pourafaires particulieres)allans,le iourdunbsp;'tnanche à Paris, furent auertis, eftans à deux petitesnbsp;Jtues pres,de tout ce qui s’eftoit fait : au moyen dequoynbsp;j-\tournerent bride , amp; arriuans fur les huit heures dunbsp;'’'tiauertirentquelques vns de leurs compagnon*, afinnbsp;de l’vn à I’autre,chafcunauifaft.à foy. Iceluymini-f^amp;deluyquil’acompagnoitfortirentdes l’heure mefnbsp;^amp;:fefâuuerencà Sedan,puis en dlemagne,amp; Rnile-
^nt au lieu ou ce miniftre demeure, quelques autres Jbi partirent lors pour aller eslieux àrentour,amp; le re-ƒ It lendemain matin. Mais la plufpart follicitez parnbsp;amis,amp; afleurez de la prefence du Marefchal denbsp;f oiitmorency qui s’eftoit retiré à Chantilly pres de là*nbsp;^tournèrent en la ville, ou mal aucun ne fut fait à leursnbsp;^tps,encor que quelques feditieux,le principal defquelsnbsp;appelle Claude Stocq autresfois eftheuin (qui aux pre-'trstroubles, acômpagnéde gamemens femblables»nbsp;r ocura la mort de quelques vns de ladite Religion,
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entre autres de .maiftre lean Grefiii lieutenant a lier homme fort dode amp; bien affectionné à la Relig*?,nbsp;procurairentquel(jue nouueau miflacre, ce que lesnbsp;uins amp; la plufpart des habitans. gens paifibles, nenbsp;lurent permettre.Mais la plufpart de ceux de laditenbsp;ligion intimidez,retournèrent depuis à la mefle. QH-jjnbsp;que vns, font demeurez fermes, s’eftans retirez hor’nbsp;la ville.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J
Or puis que nous fommes enBrye,nou5 conioindfO la Champagne .pour voir ce que firent les Catholi^’^^nbsp;de Troyes, v ray eft que l’ordre des iours femble aucU**nbsp;ment requérir que ceux d’Orléans marchent deU»nbsp;Toutesfûis jdautant que les vns furentaufsi tollnbsp;que les autres, les ledeurs m’excuferont :ioint quenbsp;inalfacres de moyen nombre, nous viendrons à de P*.nbsp;fanglants, pour monftrer tant plus la fureur des Caffo'nbsp;ques, les rrahifons du Confeilfecret, amp; le terrible eu“nbsp;roux de Dieu contre la France.
MalTacrcs A Infi donc, les nouuellcs du maflacrede Paris,irf* de ceux de Zxrent en la ville de Troyes en Champaigne.leMa^^nbsp;Troyes en Ji ig.du mois d’Aouft 1^72.. fur le foir, qui mirent toquot;nbsp;Cliaiiipai- jg jj Religion en vn effroy tel qu’on peut penief'
De façon que la plufpart refolurent des l’heure de fof^, hors de France, amp; fe retirer es villes amp; lieux de feurCt^'nbsp;allant que ce feufufl plus enflambé.Mais pour leur en quot;nbsp;fter le moyen,on pola des le lendemain matin desnbsp;des aux portes de la ville,qui redoubla leur premiernbsp;ftoy, amp; fuyoyent les vns deçà, les autres delà, cerch»quot;’nbsp;des cachettes amp; lieux ou ils peufTcnt auoir moyen d’equot;*nbsp;ter la furie premiere de leurs aduerfaires . Les autres gt;nbsp;referroyent en leurs maifons, amp; là fe tenoyent closnbsp;couuerts. Entre autres vn nommé Eftienne Margquot;'^nbsp;marchant,eftimant que l’alarm e ne full encores fi chaquot;nbsp;de qu’elle eftoit,' refolu de fe fauuer.tira droit à l’vne “nbsp;portes de la ville.Mais au partir de fa maifon, il
nu, quelque defguifé qu’il full, amp; fuyui par la pop“*quot;^^ défi pres qu’il fut contraint rebroullêr chemin,.nbsp;fourrer en la maifon d’vn Catholique fien amy,qugt;aur’.^nbsp;(àce qu’on difoit)bonne enuie dele fauuer.Màislacrainbsp;te d’eftre luy meline volé amp; faccagé, fit qu’il contraig“^^
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quot;^'0611quot;*^^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quitter lamaifon Scfortirhors
?lüs nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Sc qu’il peuft
n *' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pafler par la ville, lay fit changer d’habiw,
^'ies°freconu amp; fuyui iuf ’’laifnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;derriere les muts de la
^ouh^ ^P^^op^lc, amp; eftant attrappé, recent vn grand 'Uuff J® qui luyfot tiré par vn certainnbsp;lyv c Catholique, nommé Boucquet, lequel coup
'dunner dunei en terre, dontfut lailTépout mort. tçf'^'^’P'fionnages de Troyes 1« chargerent amp; por-Pte'^a *nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 Dieu Ie Conte, ou il commença à fe re-
jj . “aredc là fut porté en fa maifon,ouil rendit l’efprit à -, “ æ Samedi fuyuant. Ce mefme iour du Samedi, lanbsp;5 l,P*ff des luges amp; officiers du Roy forent enuoyeznbsp;y * Ufdonnance du Bailly de Troyes, nommé Anne denbsp;l^*'!.‘‘f®ygt;ficurdclâinftPhalIe .partouslcs quartiers denbsp;’^ueiauec commandement expres de rccerchcr denbsp;. *'‘On en maifon, tous ceux qui eftoy ent de la Religio,nbsp;¦’leneres prifons ceux qu’ils rencontreroyent. acenbsp;1. ® fty peu entendre chalcun eut fon depart amp; quar-nommé maiftre Claude 'laquot qui depuis peunbsp;, ’nueesauoiteftépourucudel’ettat amp; office de preuoftnbsp;ij** ueuitiradroiftpour fon commencement,au quartiernbsp;p^^ChriftofleLudot marchant, qui eftoitde la Religion.nbsp;Sdqucs vns affeurent qu’au pluftoft qu’il y eut misTenbsp;gt;il s’eferia de tout loing,à demanda ou eftoit La mainbsp;’’’H de Ludot,laquelle toutesfois iiconoiflbit aufsibiennbsp;^¦lela lienne propre. Et tenoit on qu’il ne faifoit cela ànbsp;^ifeintention,que pour aduenir Ludot defefauuer.nbsp;, defcouuert par foupçon vn certain mutin denbsp;'fte rue, nommé Michau,fauerier de fon meftier, nenbsp;P'ift tenir de dire tout haut aux voifins, que le mortiernbsp;ƒntoit toufiours les aulx,parlant de celaquor,qui autref-tuoit fait profefiion de la Religion, amp; qu’on voyoitnbsp;^'ftefienne façon de faire,qu’il executoir cette charop » contre coeur. Si tott aufsi que la Religion touche v-
Perfonne,encor que ce ne foit qu’en palTant,amp;qu’il taf g** puis apres d’abolir tout, fi luy en demeure il touf-/’Uts quelque petite ettincelle fuffifante pour le rendrenbsp;’out inexcufablc deuant Dieu . Et autti ivray dire,
-ocr page 472-444 MEMO 1R ES DE ; on ne feâit fi laquot vaincu par ieiiigementde fapropf^nbsp;conlciciicc fut rangé à te faire . Car au tempsnbsp;encores à marier, il fe monftroit fort zélé amp; alfeâtonnbsp;né à la Religion,du fentiment de laquelle il eftoit deflo^’nbsp;touché,voire mefmes iufques à fe trouuer aux aflérnhYnbsp;es qui fe faifoyeutadôc en la ville en fecret, pour ouir */nbsp;parolle de Dicu,amp; contribuer pourles afaires denbsp;fe. Mais aufsi tort que contre fa propre confcierice ünbsp;full allié par rnariage, en la mailon d’vn certain procureur deTroyes,ennemi iuré de ceux de laReligiô,luy qu*nbsp;elloitiflu d’vnc fort bafle maifon,eftant fon pere fergct’nbsp;ne cefla depuis de cercher tous les moyens de s’agyau'nbsp;dir,amp; en auoir,à quelque pris que ce full: qui fut taule aenbsp;luy faire reietter la Religion qu’il auoit au parauant goUnbsp;ftee,amp; s’employer du tout à ruiner de là en aiiant ceutnbsp;delà Religion,fous l’authorité des Maire amp; EfeheuinS’nbsp;lelquels vlbyent de luy enceilendroiél comme d’vn pconbsp;cureuramp;follicitcur. Quoy que foie il ell certain que lUquot;nbsp;quotaccompagné de fes fergens amp; fatellites, frappa frf'nbsp;rudement la porte du logis de Ludot, lequel fe leuantdunbsp;fon litl,comme en lurfaut,(car c’eftoit entre les quatre anbsp;cinq heures du matin) quitta foudain fa maifon amp; fe l^O'nbsp;^a en vne autre proche de la fienne, ou pendoit pour en-Icigne le petit fauuage , ou il s’aflèuroit deuoir eftre lenbsp;bien,reccuamp; en toute feureté,pour eftre la demeuraocenbsp;d’.vn marchant Catholique de Troyes, nommé Pierrenbsp;d’Aubeterre, qui en premieres nopces auoit efpoufé lanbsp;coufine germaine du pauure Ludot. Mais,pour tout celail n’en recent aucun au,mcage.Au contr3ir,e,commeUnbsp;quorellüit prell d’enfoncer ïa porte de Ludot, ce d’Aubeterre mettant le nez à la fenellre de fa châbre s’eferi*nbsp;(laus yeftre côtraint)laquot, voici celuy q vous cetchez*nbsp;amp; entre dedans, luy liura ledit Ludot. Qui futvn aûe e-llrange lequel les C.itholiques mefmes trouuerent fty'nbsp;melchant R inhumain,Sur l’heure ce pauure homme fr'nbsp;mené en prifon,lequel bien qu’il excrçall le tr.nn de matnbsp;chandifc,eft:oitfürtbien inftruit amp;vcrfées lettres grecques,perfonnagé craignant Dieu, amp;qui auparauanta-uoit efehappé infinis paflages dangereux . Et cemefrienbsp;jour on le làilit d’vn nommé Claude la gueule cordon-° nie»
-ocr page 473-L’ESTAT DE FRANCE. 44s oierdefon eftat,lequel fut inhumainementmeun;riamp;nbsp;'naflàcrc par les rues,com me on le menoit en prifon.
Outre Ludût, onvtd en peu d’heures plufieurs antres laKeligionÂen grand nombre gt; arteftez es priionsnbsp;de Troyes,du nombre defquels-furent entre autres Thibaut de Meures, qui auoit efté long temps au feruice dunbsp;fieur de Tiennes ou de BQnni' et,qui l’aimoit vmquenïét.nbsp;Mâiftrc Jean le Icune,proctireur au bailliage de Troyes.nbsp;Claude Gaulard du ChafteletdeParis.rcfident à Troyes.nbsp;Claude Peliton,Simô de Villemor, Guillaume Bonrcier,nbsp;Denis Marguin, freredeceluy quifut tué le premier , amp;nbsp;lean Hauart marchans: Henry Ghoney, François Mau-feréorfeiiregt;ilean Garnier,Nicolas R.obinet,amp;: lean Go-hindrappiersdrappans: Pierre Lambert,Nicolasdü Gueinbsp;FrançoisBourgeois,Edmon Artillot, amp; vnieune garçonnbsp;nommé François feruiteur de Pierre Thais, peintres : Lenbsp;petit Pierre,Pierre le Goux,.Guillaume Brenchie , dit lenbsp;petit Guillaume, le grand Thomas menuifiers : Eftienncnbsp;Charpentier, Nicolas Poterat,ferruriers ; lean Gopillotnbsp;ehandelietiKegnaut Godot maçon ! laques Lefchiquautnbsp;contrcpointier: vn nommé lançon cordonnier ; Pierrenbsp;pouruoyeur,taillandier,Ieâ Niotfauetier,amp; autres.Tousnbsp;lefquels on donna en garde es priions aux plus cruels amp;nbsp;figQalez,reftans d’vne tfoupc meurtrière de Troyes, quinbsp;durant les troubles pa^'cz s’eftoyent fouillez du fang denbsp;roaints panures fidelesxlu lieu, ceuX' l.a furent vn nomménbsp;Ferrenetfaifeur de feutres dôt ou fe lèrt es papeteries,nbsp;lean Mergey appelle communément le baftard Mergey,nbsp;pour eftre fik baftard de mefsire Nicole Merquot;ey,Preftrenbsp;de Curé de noftre dame de Troyes, qui pareillement e-ftoithaftardd’vn certain chanoine de fainél Eftienne . Anbsp;tes deus,qui eftoyent comme les chefs amp; colonnes denbsp;tous les autres meurtriers, furent encores adioints pournbsp;oompagnons de cefte garde,vn nommé Martin de Buresnbsp;Peintre,Nicolas Martin Praticien, Nicolas Regnier diéfnbsp;Alliefou.fîlsde l’hofte de l’efciî de Bourgongne, Nicolasnbsp;Fer,chaulfeticr,Laurent Hillot,doreur,vn nommé Poiii-•otifilj de la femme d’vn boucher de Troyes, nommenbsp;loan le Gas,amp; vn Bontargent ombelotier, neuf perfonnanbsp;gosles plus cfuels S( fanglans de toute la ville,que leBail-
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ly auoit triez amp; choifis d’entre tous les autres eftrc les plus fuffifans amp; dignes d’vne telle charge amp;nbsp;mifsion.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-f
Le Mardi fuyuant,qui eftoitle fécond iour dui” de Septembre. Lebaftard Mergey amp; Nicolasnbsp;deux de ces neuf hommes de biencydeuantnbsp;aduertis qu’rn certain efguillettierde la Religion» »‘’ .fnbsp;mé lean Rouflèlot,eftoit en fa maifon à Troyes gt; iquot;'/ 'nbsp;portèrent au pluftoftA s’eftans faills de luy, lenbsp;droit vers ce Bailly de Troyes, qui aufsi tort qu’ill^’nbsp;perceutjleur faifant vn certain lignai, dit tout haut qgt;*nbsp;menait Rouffelot en prifon. Au lieu de prendre Ie5nbsp;min des prifoni,ces deux voleurs, au partir du log*’nbsp;Bailly,menèrent ce pauure homme là en vne petitenbsp;tefortdeH:ournee,afsife entre la tour du chapitre S»*nbsp;Pierrede Troyes, Si la maifon Epilcopale. Rouflèlofnbsp;pres leur auoirdoucemét remonftré que ce n’eftoit**^nbsp;chemin de la prifon,s’enquit d'eux ou ils le menoytui*’nbsp;cela le Baftard Mergcy fit refponce.qu’il le menoit b® jnbsp;chezla Verte.cabaret fort proche de ce lieu,amp;q**®nbsp;leur vouloir donner fix efeus, ils le lailTeroyent allefnbsp;luyfauueroyentlavie.Sii efcusfditce pauurehoin*”^’nbsp;fe fouriant) tout mon bien ne vaut gueres d'auant'Sfnbsp;amp; mettât la mainà fabourlequ’il auoit cachee, leut 'nbsp;ravnefcu au poing,efperant que, par ce moyen ’*nbsp;royent pitié de luy. Mais il aduint tout au rebours-fur l’heure ces deux bourreaux le malTacrercnt amp;nbsp;rent en ce mefme lieu, Si apres l’auoir defpouill^nbsp;ones à fa chemife, laiflerent le corps mort tout elWnbsp;fur le pané.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;e
Le lendemain 3. iour de ce mefme mois, notable machant de Troyes, delà Religion,nbsp;lean Robert, fort homme de bien amp; craignant ’nbsp;doux amp; paifible, qui depuis ce bruit Si tumulte noui*®^^^nbsp;ment furuenu,s’eftoit toufiours tenu caché en fanbsp;fût decelé par quelqiscs vns,amp; faifi au corps parnbsp;fergensde Troyes, qui fur l’heure le voulurent *”1,00nbsp;aux phfons.Ord’autant quecefloit de plain iour,nbsp;homme qui au parauant auoit aflez de fois veu Sinbsp;mente la furie amp; rage de la populace de Troyes
-ocr page 475-L’ESTAT DE FRANGE. 447 de la Religion, craignant au pofsible de tomber ennbsp;P«unt entre leurs mains,pria ces fergens de furl'eoir amp;nbsp;’Rendre iufcjucsala noire nuift,amp; pour plus aifémentnbsp;y faire ioindre, il bailla ichafcun d’eux vne bonnenbsp;fonuued’argent qu’il redoubla depuis. Ce nonobftant,nbsp;«s larrons s’aduifans tout à coup,tuy dirent qu’il falloirnbsp;JRarcEer, bien qu’il fuit fort grand iour; carc’elloit furnbsp;J®* quatre a cinq heures apres midi. Voyant ce piuurenbsp;nomme que par fes prières il ne pouuoit rien gagnernbsp;lut cux,amp; demeuroyent entiers en leur refolution,il s’a-tnemini auec eux. Si Itoft qu’il fut appcrceudcs Catholiques Romains,on commença de huer apres luy. La populace all'emblee le fuyuit pour l’outrager , Et làdelTusnbsp;tes fergens qui le menoyent l’abandonnèrent. Le pau-Rtc homme ayant entortillé fa cappe d l’entour du brasnbsp;pour foutenir amp; deftourner les coups de pierres qui tornnbsp;hoyent de tous collet fur luy dru comme grelle, fe ha-“Oitamp;doubloitlc pas|gt;our gagner les priions, penfantnbsp;ydeuoireltre en feuree.La populace le fuyuoit toufioursnbsp;ferroit de fort pres.Sa pauure femme qui au partir denbsp;’ Hiaifon l’auoit toufiours fuyui iufques vers le’templenbsp;“R Rollre Dame, voyant le danger qui tallonnoit Ionnbsp;'*'’ry, accourut toute cfplouree droit au logis du Bailly,nbsp;eftoit à quelques cent pas de là : «Sc fe profternaanbsp;genoux deuautluy.le fuppliant d’auoir pitié de fonnbsp;P’Uure mary amp; d’elle , pour, en ce faifant, empefeher amp;nbsp;’’’ottre ordre , que fon mary ne fuit fi malheureufc-quot;^ent amp; a tort tué amp;• mafl'acré : vfant de toutes les dou-P^urs qu’il eltoir pofsible,pour flefehir ce cœur de pierrenbsp;'i'ielque pitié.Mais c’eftoyent prières en l’air,amp; plulloftnbsp;'Rftelle efmeu à compafsion la cruauté mefmes que cenbsp;’’’’Iheureuxjquiauoit conhiré 'a riivne entière de tou»nbsp;'tUï (le la Religiô,que Ion pourvoit empoigner:iSc fa prenbsp;'Rte ne feruoit que d’huile au feu, corn me on dit ,poutnbsp;^Rihraferde plus en plus la fureur des mutins.Car cepennbsp;’Rt la populace attrappa ce pauure homme au bout dunbsp;rOntdela Girouarde, ou l’avant arrellétout court, il futnbsp;'Riellcment mallâcré, amp; pillé d’vne bonne fomme d’ar-^“Rt qu’il auoit fur luy. Le Bailly importuné amp; vaincunbsp;Parles larmes amp;, fupplications de celle pauure amp;defolee
-ocr page 476-44S MEMOIRES DE femme,fe tranfporta,commepar maiiiçre d’acquit fur lenbsp;lieu. Et ayant repeu l’a veue, amp;c foii cœur fanguinaire gt; dt*nbsp;lang du corps de ce poure koniine ,-cournant vifage versnbsp;les meurtriers, leur dit d’vneface gayeamp;ioyeufe tel'nbsp;les ou femblables paroles: vous auez eu bien toit fait. amp;nbsp;là delîus fe retira en fon logis, fans commander que lenbsp;corps fuit lcué,amp; porté en terre.
Or vn nommé Pierre Belin,marchant de Troyes, pef' fonnage d’vn naturel amp; efprit turbulent, amp; l’vn des piesnbsp;fignalez mutins amp; feditieux'd’entre tous les Catholjqej’nbsp;Troyens, fils d’vn apothicaire du lieu, eftoitautemfsdunbsp;maiTacre du iour de faiuél Barthelemi à Paris, ou il auu'rnbsp;efté enuoyé quelque temps auparauant,paf les Mayre amp;nbsp;ElcheuinsdeTroyes, auec vn autre marchant de tnel-nie humeur, pour faire retirer le prelche, que les Troyesnbsp;delà Religion , auoyent aprochéau lieu d’Ifles, villagenbsp;diitant de Troyes de deux fort petites lieues. Ce Belionbsp;demeura toufiours depuis audit lieu de Paris, iufquesaonbsp;trehtiefmeiour d’doult ,que le Roy fit expedier fes let'nbsp;tresde cc mefme iour aux; officiers de tous les bailliagesnbsp;de fon Royaume,pour faire publier incontinent à fon denbsp;trompe amp;cri public,par tous les lieux amp; endroits de leursnbsp;Iurifdi£tiôs,fes lettres.de declaration du i8. iour du rnei'nbsp;me mois, portant defences à toutes perfonnes,de n’attenter ny entreprendre es perfonncs amp; biens de ceux denbsp;la Religion ,-3uec exprefle inionélion amp; commandeinetnbsp;à tous fes iuges, de relafcher amp; faire tnettré en liberténbsp;ceux qui feroyent prifonniers . Adcnc ce.Belinfe retiranbsp;de Paris, pour, sien retourner à Troyes, portant fur foynbsp;ces deux lettres du Roy ,qui défia auoyent efté publiéesnbsp;auparauant dedans Paris,defquelles (à ce qu’on tenoit)nbsp;on l’auoit chargé pour les deliurer au Bailly deTroyes,a-fin de les y faire publier. Il arriua en la ville de Troyes lenbsp;Mecredy troifiefme iour du mois de Septembre, entrenbsp;les trois ou quatre heures apres midy. Desl’entrse delànbsp;ville : il commencea de s’enquérir à haute voix des premiers qu’il rencontra, fi on n'auoit encores rien executenbsp;contre les Huguenots , corne on auoit défia fait par toutes les autres villes de France, ou ils auoyent efté wusnbsp;tuez amp; exterminez;amp; par toutes les rups par ou il pan j’“'
-ocr page 477-L’ESTAT DE FRANCE. 449 *111 répétant toufiours ces propos iniques a ce qu’il fùftnbsp;^rriué à fa miilon. Et d’autant qu’au parauant la venue»nbsp;On luoit ouylevent de ces lettres du Roy, Quelquesnbsp;CatEoliques des moins cruels delîrans en eltre mieuxnbsp;*fleurez, s’enquefterenc de Belin qu’il en cftoit.Luy com,nbsp;”16 forcené,efpris d’vne rage amp; furie extreme,refponditnbsp;'l’'’ne grande colere auec iermens Si blafpEemes exe-^riEles, qu’il n’en eftoit rien,amp; que quiconque le diroit,nbsp;*Uoit menti. Et tout de ce pas fe tranlporta au lo-^gt;sduBailly,auquel(àce qu’on afferma depuis)il deliuranbsp;Ion pacquet, amp; luy dit le mot en l’aureille , le follicitantnbsp;^preffantau pofsible d’y entendre au plus toftgt;auât quenbsp;l’intentiô duRoy portee par cefte declaration fufdite,quinbsp;'1 n’eftoitque partrop,aïbn gré,eiiientec,Ie fuftd’auan-Que fi ce cruel Bailly de Troyes fe fuft comporténbsp;on homme de bien comme il deuoit,le fang des pauuresnbsp;’nnocens qui depuis fut par fon commandement fi cruelnbsp;loment amp; inhumainement efpandu à Troyes, ne crieroitnbsp;point maintenant vengeance contre luy douant Dieu,nbsp;nomme il fait.
Mais,le barbare,au pluftoft qu’il eutouy parler ce cor-nui: puant Belin , allembla vnconfeilcompofé detels Perfonnages qu’il voulut choifir. Et leur ayantfait entci»nbsp;lt;lre fa charge telle que ce Belinluy auoit rapportée, lanbsp;rofolution fut prinfe comment on deuoit acheminernbsp;l’execution d’vn fi cruel amp; fanglant deflein. On tcnoicnbsp;pour certain, amp; ainfi le conferma depuis par fon reportnbsp;Perrenet (le chef amp; principal executeur de ce maflacrc)nbsp;pour l’auoir (comme il difoit) apprins de ce Bailly,qu’viinbsp;nommé maiftre Philippes Belin, lieutenant particuliernbsp;*nbailliagedeTroyes, principal confeilleréc duquel ilnbsp;® aidoitfur tous en toutes fes afaires, eftoit l’vn de ceuxnbsp;lui auoit foubfcrit Là ce malheureux deflein: ce que tou-tosfois pourroitde prime face femblerfort effrange,voinbsp;fe incroyable à plufieursjveu le degré que Belin (qui eunbsp;*PParence fembloit homme de bien)tenoiten laiuftice.nbsp;Mais ievous laifle à penfer de quel naturelpeuteftre v.ilnbsp;perfonnage tel que ceftuy là, vn fécond Tiphon, acharnénbsp;de longue main contre ceux de la Religion .La fourcenbsp;descruautez defquelles Caligula Empereur de Romç
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eftoit rempliij^ut imputee à la Nourrice qui I’alaidoit, laquelle outre ce qu’elle eftoit d’vn naturel cruel amp; barbare,encores frottoit elle par fois le bout de fa tiainellenbsp;de fang,qu’elle fai fort fuccer à l’enfant auec le laifl:. Nenbsp;vous esbahiflez donques point fi ce Belin donc ieparle,nbsp;bien qu’il full conftitué en eftatde iudicature,enfanglan-ta fi vilainement par fon confeil , toute vne ville denbsp;Troyèsidu läng de ces panures innocens,veu que ( comme il eft aflez notoire en fon pays) il a efté nourri des Unbsp;inâmelle parmi le fang, qui regorgeoit iufques au foffl-met de la maifon de cnei fon pere, pour eftre illude race de bouchers. Eftant la refolution de ceft afaire arre-flee,felonla deliberation de ce confeil, il fucaduiféquenbsp;pour donner quelque luftre a celle barbare cruauté,amp; fa*nbsp;re qu’elle ne fuit par apres trouueefî eftrange, on s’aiJe-roit en premier lieu du bourreau de la ville de Troyesnbsp;nommé Charles,qui à cefte fin fut mandé du Bailly.MaUnbsp;luy fe monftrantplus iufte, equitable amp; humain que Ifnbsp;Bailly Vaudrey,' refufa tout à plat d’eftre executeur de lanbsp;cruauté.Et pour toute relponce luy dit,.jue cela feroit conbsp;treledeude fon office : n’ayant apprins d’executer au--cun fans qu’il y euft fentence de condemnation precedente . Que s’il y en auoitquelqu’vne contre ces prilon-niers,il eiloit preftdel’éxecuter, en luy faifantapparoir-Autrement il rie voudroit pour la vie attenter iur aucun.nbsp;Ainfi ayant le bourreau refufé le Bailly à fa barbe d’eftrenbsp;executeur de fés cruelles pafsions, le quittant là, fe retiranbsp;en fa maifon.Et bien que cefte refponce feule,partâtd’vnnbsp;te! perfonnage acoufiumé d’elpandre le fang humain,nbsp;fuft bien pour remettre,adoucir amp; rabattre la cruauté desnbsp;plus barbares du monde : t.tnt s’en fauttotitesfoisqueccnbsp;Bailly de Troyes s’en fentift aucunement touché, qunnbsp;s’en aigrit d’auantage: amp;toft apres enuoya qtierirespn-fons ce Perrenet, l’vn des gardes de ces panures prifon-niers de la Religion,qui,pour eftre l’heure d’vn accès denbsp;fieure tierce ou quarte qui le tenoit, ne peut l’aller trou-uer lors. Mais il enuova en fon lieu,vn nommé Martinnbsp;de Bures l’vn de fes compagnons,pour entendre amp; rece-iioir cescommandemens . Le Baillvluy avant dilcourunbsp;ce que Belin fils de l’apothicaire luy auoit fignifié en l au
-ocr page 479-^le.Iuy dit qu’il faloit faire en forte qu’on fe depcftraft “f l’heure de tous les prifonniers de la Religion, amp; ennbsp;'’tttoyet la place . Luy commandant pour toute rel'olu-'Ion,qu’on n’y fift aucune faute,Mais (dit le Bailly ) pournbsp;sntpelchet qu’on ne voye le fang couler par la rue, vousnbsp;Kfetvne trenchee au milieu des prifons ; amp; au bout amp;nbsp;Pendant d’icelle mettrez en terre vn vaiffeau pour le rc-t^uoir. De Bures luy ayant fait entendre, que cela, pournbsp;'I'lclques occaiions dont il paya ceBaillv,ne fe pouuuit lînbsp;promptement , ny le raefme iour executer : promitnbsp;qifonyauiferoit,amp; y tiendroit-onla mamie lendemainnbsp;au matin. Et la defl’us fe retira aux prifons fans en fon-ner mot à va feul de fes compagnons ,non pasmefmcsnbsp;î Peirenet qui adonc eftoit au litt. A ce que Bures reciranbsp;depui5,l'efpcrance qu’il auoit qu’entre temps les lettresnbsp;duRoy, ci deuant récitées, amp; dont il auoit eu quelquenbsp;ventiferoyent publiées,amp; en cefailant les prifonniers rc-lafchcz,le retarda d’en fonner vn mot.
Le lendemain matin,qui eftoit leleudi quatriefme iour du mois de Septembre,d’autant que de Bures auoitnbsp;tenu à peu ce commandement cruel amp; barbare duBail-ly,amp; fans le vouloir publier ; ces panures prifonniers denbsp;laReligion eurent quelque peu de relalche amp; demoure-tent en paix,fe promenans amp; esbatans en la court des prinbsp;fons,comme au parauant. Mais fur les fix à huit heuresnbsp;du matin,le Bailly enuoy a quérir Perrenet, eftimant quenbsp;la cruauté foft executee,luy demanda d’abord,amp;en riant,nbsp;ï-ftee faitrPerrenet luy fit refponce (comme aulsi à cenbsp;qu’on feeut depuis telle eftoit la vérité) qu’il ne 1 auoitnbsp;que c’eftoit. Comment mort (dit adonc ce Bailly ) ils nenbsp;font donc pas encores depefehez, amp; faifi d’vne rage amp;nbsp;furie extreme,facquantla dague au poing, faillitd’enfonnbsp;*er Perrenet, qui le remit amp; appaifa par belles parollesnbsp;^remonftrances.Eftantvn peureuenu àfoy,il fit entennbsp;dre à Perrenet fa volonté 8i comme ilfe deuoit. compornbsp;ter àV endroit de ces panures prifonniers de la Keligion,nbsp;luy commandant au refte de n’oublier à faire la tren-ïhee telle que dit a efté cideffus. Etcombienque Perrenet n’euft que perdre,amp; fuftvn infignegarnement,nbsp;homme defacamp;deeorde, 8e d’vn naturel fort fanglant,nbsp;îf Z
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amp; accouftumé à toutes cruautez , à l’endroit de ceux de laReligion,demoiiraàcefteparolle comme triiiiî. Etnbsp;ladelTusdifcourutau Bailly le danger qu'il yauoitpournbsp;luy en l’execution d’vne fi eftrange Sc hazardeufe entte-prinfe . La crainte qu'il auoit d’en eftrerecerché par a-pres, amp; pourfuyui en luftice par les parens amp; alliez desnbsp;prifonniers.Non no,dit le Bailly,(au moins ainfi que Pernbsp;renet le raconta depuis à vn certain foldat, lors que lenbsp;camp du Roy s’acheminoit à la Rochelle ) il n’y a rien anbsp;craindre pour vous.Ie promets vous en garentir. Necrajnbsp;gnez point.-car nous ferons bien aduoüez. Le Royeft-“nbsp;pas maillreen fon Royaume? Il veut amp; commande quenbsp;ainfi foit fait. D’autrepart i’ay communiqué de ceft afai'nbsp;re auec monfîeur Beim ( parlant de ce lieutenant partie“nbsp;ber) amp; autres de laiufticede ce lieu,qui tous l’ont accosnbsp;dé: voulez vous vue plus grande afleurance pour vous»nbsp;que cela ? Sur celaPerrenet fe départantd’auec leBaU'nbsp;ly,fe rendit fur l’heure au.x prifons,iurant que dedansnbsp;heure il ne refleroit pasvn fcul de ces prifonniers,qui u®nbsp;palfaft le pas.
Arriué qu’il fut es prifons, amp; trouuant les prifonnies’ iouâs parmi la court auec leurs gardes, leur dit queb’^?nbsp;tort le Bailly viendroit és prifons, partant que chafed e“nbsp;àfe retirer en fon cachot, afin que le Bailly conuft q'*nbsp;faifoitbonne amp;eftroite garde d’eux,corne il l’auoitnbsp;mSdé.Cequ’ils firê t.Adôc ces pauures brebis comencertnbsp;àfe douter qu’elles eiloyent deilinces à la boucherie’ ƒnbsp;la deflus fe mirét en pneres.Perrenet à l’inftat appellenbsp;côpagnous,amp; leur fit entendre le cômandemet amp; char?nbsp;qu’il auoit duBailly,amp; tous enfemble interent del'e^etnbsp;ter.Mais qu.îd ce vint au point, amp; qu’ils s’acheminoV““nbsp;aux cachots pourl’executiô,fe trouucrct fi efperdus,fi'-frayez amp; cœurs faillis,que fe regardas l’vn l’autre, dem“^nbsp;rcrent tout court,amp; n’eurent la hardie ffe decómettye'nbsp;afte tant inhumain amp; cruel. Si que contrainte leur fi“nbsp;retourner fans rien faire,rentrans en la chambre dunbsp;lier dôt ils eftovet partis.Mais au lieu de prendre cela cnbsp;me vn aduertiflement enuoyé d’enhaut, pour les adfjnbsp;nefterdelcurdeuoinbataillansde propos délibéré conbsp;leur propre confcience,amp; regimbans contre l’elj’erc'’’^
-ocr page 481-L’ESTAT DE FRANCE. 455 ^ouoyerent quérir chez la Vene, ou Ducy, cabaretier,nbsp;’«Jifeptiers,qui (ontfeize pintesmefuredeTroyes,d’vunbsp;'Ort bó vin,qu’on vcdoit quatre fols la Pinte, amp; pour huitnbsp;^ols de langues de mouton,amp; de tripes,amp; ayans efchauf-'Ó leurs ceruelles de vin,ils firétvne lifte amp;cathalogue denbsp;toits les ptifonniers,qu’ils mitét es mains de NicolasMarnbsp;Jtol’vnde leurs côpagnons,pour les appeller vn par vnfe-*onletoole,amp; ainli qu’ils fe prefenteroyét les malïacrernbsp;®derablement.Ludot l’vn desprifonniers,3ppellé en fonnbsp;f^og.fe prefenta allègrement, inuoquant le nom du Sci-§oeur,Et s’eftant approché des meurtriers pour eftre fa-t rifié amp; receuoir le coup de la m ort,il les pria d’auoir pa-^ooce,tant qu’il fe fuft delpouillé. cela difoit-il ,.d’autancnbsp;So’il auoit endofle vn pourpoint fait d’ceillets, qu’il por-?oit quelquesfois par la ville,amp; en temps turbulent, pournbsp;’''nbefoin fe gaventir des coups de la populace. Or s’crnbsp;^ntluy mefme deflacé,amp; prefenté fon eftomach nud amp;nbsp;ïdefcouuertàces meurtriers , il receutle coup, amp;tom-oa mort.
LepauuredeMeures,n’en eut pas fi bon marché: car Suand vint à fon tour,au pluftoft qu’il fut forti de fon canbsp;tliotices meurtriers luyelcrierét de tout loin,de Meures,nbsp;Mort,demeure,faifans alluüon à fon nom , amp; à l’iiiftantnbsp;1 Vn d'eux luy lança vn grand coup de halebarde,amp; en redoubla plufieurs autres,fans pouuoir trouuer moyen denbsp;*0 tuer. Ce pauure homme fe voyât fi cruellement amp; in-uomaineméttraitté parce triplementbourreau,fans prénbsp;dre fin,empoigna à deux mains leferdelahalebarde, amp;nbsp;ayât luy mefme apointé droit à lapartie où gift le cœur,nbsp;tômença à s'efcrier d’vne voix ferme amp; alleureeàfonnbsp;oourrcau amp; meurtrier,là là foldat,là,droit au cœuf, droitnbsp;’•t cœur,amp; ainfi finit fa vie.
Tous ces pauures gens fouffrirent d’eftre maflacrez,amp; ttitoez à la mort.aufsi doucement amp; paifiblemét.que denbsp;Pauiires brebis,fans aucune rcfiftance . Hors mis que denbsp;dlemorl’.vn d’entr’eux,ieunehôme amp; fort,ayant au fornbsp;tir de fon cachot apperceu les corps defes côpagnons furnbsp;paué, (ht £ efpris de frayeur, qu’il fe letta à la gorge denbsp;y?decesmeurtriers,quife vid endanger d’eftre eftran-6nbsp;nbsp;nbsp;toft il n’euft cfté fccouru de fes compagnons,qui »
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l’inftant firent lafcher prinfe à Villemoràgrands coups d’e/peedont iis le chargèrent fur les bras amp;par toutfonnbsp;corps;de telle maniéré qu’ils te rendirent roide mort furnbsp;la place.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
Notable
Ingenien de Dieu*
11 y auoit pour lors es prifons deTroyes, vn nomme Pierre Ancelin,ceinturierdeTonmeftier, detenu enicel-les pourdebte, quiautresfois auoitfaitprofelsion de 1*nbsp;Religion.Pendât que cell horrible mailacre s'executoitinbsp;il eftoitperché à vne fenellre de laprifon gt; repaiflant lesnbsp;yeux de cefte plus que barbare cruauté. Et non contât denbsp;ce,il fe plaifâtoitamp; gaudilfoit des corps,gifans morts furnbsp;la terre,difantde l’vn qu’il eftoit bien gras, amp; l’autre biennbsp;maigre. Brefiit n'en laiflbic palîèr vn feul qui n'euilnbsp;lardon amp; trait de moquerie.Mais le grîdDieu fceut biennbsp;trouuer tout à coup ce mifetable,amp;en auoirfa raifo.Carnbsp;côme il n’en reftoit plus es prifons vn feul de ceux-là denbsp;la Religion à efgorger, quelqu’un de ces meurtriers iet;nbsp;tant la veuè en h.iuwpperceuant ce rullre qui fe guudiTnbsp;foit trop à fou aife,l’appella,amp; ne fut pluftoft deualé qu’ilnbsp;luy firpalTcrlepas. Puis ils s’adreflerentàvn nôinénbsp;de Bredoulie ferrurier,prifonnier pour fes maléfices,nbsp;le chargeant .à tort Si fanscaufe d’eftre de la Relig!ongt;‘Unbsp;maiTacferent fous ce l'eul prétexté. Etvfans 'àl’endroirnbsp;mefme du corps mort, d’vne cruauté plus que barbare,nbsp;ils luy coupèrent le bas des iambes, pour auoir amp; retirernbsp;les fers delquels il eftoit enferré.
Le maffacreacompli.les meurtriers firent frire derriere la chapelle des prifons,vne grande fofle.iinslaquei le ils ictrerent tous ces corps l’vn lur l’autre ; plulieiirs d inbsp;ceux n’eftans encores du tout expirez.. De façon que l’cUnbsp;nommé Mauferé, qui eftoit au milieu de tous les autres,nbsp;fut veu enleuer allez haut les corps de fes autres compi’nbsp;gnons rangez fur luy en cefte folle. Et la delTus furentnbsp;couuerts de terre, eftans(co'mmc il a eftédit)à demi ' ifi-Mais d’autant que l’ordre quel e Bailly Vaudrey auoit conbsp;inandéeftre gardé, de faire vne tranchée pour receuoitnbsp;le fatign’auoit cfté fuyiiiile fang des occis coula en g«;nbsp;de abondance , par dellbus la porte des prifons, droit anbsp;val en la riuierc fort proche du ]ieu,qui en demeura tounbsp;te teiiiéle.Cequ’eftantappcrceu par quelques palla^^ y?
-ocr page 483-L’ESTAT DE FRANCE. 4$$ '^fliques,ne fachans le faitJes mit en vn tel efffoy,amp;Iiornbsp;qu’ils s’enfuirent toufîours cou rans,crians amp; aniionnbsp;?ns par les rues ce piteux amp; horrible fpeâacle. Occa-^on que pluheurs accourus vers laprilon, ne peurentnbsp;^utre choie conie£turer,finô que lesprifonniers s’eftoyétnbsp;^'ntretuez.Le bruit en fut incontinent efpandu par toutenbsp;ville,amp; en alla Ion aduerti le Bailly, les lieutenas gene-.nbsp;f^lamp;criminel.Mais quoy.’ceftoit recourir aux loups quinbsp;^Wyent mangé les brebis.
¦Au temps que cefte barbare cruauté fut cômife es pri-ions,il y auoit en icelles vn tonnelier nommé Berthele-
Carlot, detenu pour debte.ee perfonnage eftoit l’vn plus mefehans de toute la troupe meurtrière denbsp;Troyes,qui pendît les autres troubles auoit commis infinies cruautez contreceux de laReligiô. Cefte troupenbsp;meurtrière qui lors eftoit es prifons l’adioingnit à ellenbsp;pour compagnon de ce malIàcre.Le malheureux,belon-gna,amp;:fc comportafictuellementamp;inhumainement ennbsp;ceftendroit,qu’il tuaenfapartde fes propres mains, trénbsp;te de ces pauures fideles prifonniers, ainfi que luy mef-melerecognut dcconfelTa fouuent depuis en public denbsp;fa propre bouche puante dt infeétc , tant eftoitil impudent amp; eshôté.Et fut ceft elchec de Carlot fi agréable ànbsp;quelques Catholiques Troyens , que pour ce feul regardnbsp;ils payèrent fa debte, amp; le retirercnt,amp; defgagerent def-dites prifons. Et mefmes à ce qu'on dit on fit quefte par.nbsp;les parojfles pour le retirer.
Leiourmcfme de ce malTacre amp; les autres enfuyans, tous ceux de laReligion qui peurent eftre prins amp; appre-hédez des Catholiques de Troyes,furent inhumainemétnbsp;tuez amp; maflàcrez, fans aucû refpeél: ny diftinûion de fe-xe.Entre autres, la femme d’vn nômé Colin le brodeur,nbsp;fut tiree par force de fa maifon, amp; menee fur le pontdesnbsp;Cordeliers fut fur l’heure tuee amp; maflacree.Sc fon corpsnbsp;ietté en l’eau.Qui pins eft,Ia populace fe môftra lors fi a-charnee, que n’ayant plus moyé d’efeumer fa rage fur lenbsp;pauure corps qui s'enalloita vall’cau,ces barbares s’attanbsp;querent au fang amp;à quelques cheueux demourez furnbsp;la place amp; lieu ou elle auoit eftémafl'acree,amp; furent ià vnnbsp;lôg temps les foulas aux pieds pour ne pouuoir faire pis.
Ff 4
-ocr page 484-4^6 MEMOIRES DE cc mefmc four ils allerer fur les quatre heures du foir Mnbsp;logis de Pierre Blapignon potier d’eftain, ou entrez fan’nbsp;aucune rcfiftéce,fe faiiîrent de fa perfonneÄliiyantfflßnbsp;dehors,il fut maflacré en pleine rue,par vn meneftrier denbsp;Troyes,lean Halé,cômeccmeurtrierconfefîàdepuis:lenbsp;Vantant partout d’auoir faitce beau coup, amenant pournbsp;toute raifon,qu’il l’auoit cômis pour reuége d’vn defplai'nbsp;fir qu’il difoit auoir autresfois receu dudit Bianipignonlt;
Lelendemain qui fut le y.duditmois de Septembre,le Bailly de Troyesappliquantl’emplaftre apres la mort,ftnbsp;puWierà fon de trompe amp; cri public par les carrefoursnbsp;delà ville deTroyes,les lettres amp; declaration duRoy,desnbsp;i8.amp;Jo.ioursdu moisd’Aouft precedent, ci deuant récitées, qu’il auoir receués, leiour precedent ce rnalfa-Credesprifbns, portans defences de nemaflàcrer, raua-ger amp; piller,ni prendre prifonniers aucuns de laReligft’nbsp;aüeccommandement aux iuges de relalcher, amp; meirr®nbsp;en liberté ceux qui feroyent detenus, Aucuns aïTcurenrnbsp;que le Bailly afsifta en perfonneà cefte publication,'^nbsp;qu’à chafeun article que le greffier lifoit, il pronôçoirnbsp;mots,en nazardantrEt point de prefehe.
‘ Gequi fut fait à Troyes,a efté icy mis aulongiftV' liant les memoires qui nous en ont efté baillez pirg®”^nbsp;dignes de foy,'amp; auôs fuiuy iceax memoires mot à nior*nbsp;efperâhs que ceux qui laurontles particularitez notable’nbsp;qui pourroyent auoir efté omifes, ne feront tant ingr’'’nbsp;que de les celer à la pofterité.
Mallâctes Efte maintenat de pourftiiure, amp; voir amp; les Cathob' de ceux de Jaques d’Orléans furent moins cruels que ceux à«nbsp;'Üàns^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;diJ’coursque
a r cans. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;audit Orleans, il ft'*'
queles cheueux me dreflent entefte.Toutesfois,pn’^ qu’il faut que ceux qui viendront cy apres , foyenrr®nbsp;moins des fureurs Catholiques, nous en coucheronsnbsp;céqiienous en auons entendu. Les nouuelles du mageres de Paris auec mandemens expres furent enuoy^nbsp;incontinent, amp;arriuerentlespacquetsle LuiidyiJ-^nbsp;Idhd'emain mandemens, réitérez , pour làccager tonbsp;ceux, de la'R,eligi on.Les Catholiques eftoyent fort en«^^
-ocr page 485-L’ESTAT DE FRANCE. 457 “’quot;'n des long temps, fpecialement depuis les fécondsnbsp;, “^oles; car la ville ayant efté iurprinfe par le fieur denbsp;^ouë,au nonî du Prince de Condc.les images amp; tem-Vauoyent efté entièrement abatues.Et pourunt auxnbsp;. ®tfiefines troubles ils auoyent bruflé amp; faccagé dansnbsp;^\Prifons,plus de fix vingts defdits de la Religion, amp; denbsp;“quot;'S l’edit de pacification de l’an 1570. leur auoyent en-fait dix mil ennuis. Ce neantmoins les prefehesnbsp;'“’'tinttoyent pres d'Orleans, au grand creuecœurdef-Catholiques,lefquels fentans la bride leur eftre ainfinbsp;~lchee,Sc piquez par les lettres d’vn certain prédicateurnbsp;w «.oyjiômé Sorbin,ignorant amp; turbulct entre tous lesnbsp;dofteurs de l’Eglife Romaine, fe faififfent des pones,prénbsp;®^tles armes,amp;s'efpandenten diuerfes places de la ville,nbsp;Lescapiuines eftoyent,vn nomméTexier,aatrcmen£nbsp;capitainelaTour ou la Cour, vn autre nommé lecapi-^oe leRoy,les mariniersamp;crocheteurs pour laplufpart.nbsp;'O couftelier nôméVrinaut,amp;autres en fort grâj nôbre.
Texier, furnommé la Cour, vint auec quelque petite groupe chez vn côfeilier d’OrleasnoméDechampcaux,nbsp;quot;Cur de Bouilly,des plus notables amp; anciëues mallons denbsp;** ''file, demandant à fouper, Luy amp; les liens furent Eu-®'Wnement receus dudit de CEampeaux,quileur fit bonnbsp;chère, ne fachant rien du maflàcre de Paris, amp; pour lanbsp;^ûgnoiffance qii'il auoit audit Texier fou voifin. Maisnbsp;meurtriers apres auoir faitbônecEere,enfc leuâtdenbsp;^^le,Texier demanda labourfe. Etcôme de Chapeauxnbsp;‘C fouriât penfaft que l’autre fe iouaft, ce cruel Eofte etxnbsp;“«fphemant luy declaira en peu de mots ce qui eftottnbsp;’ucnu àParis, amp; l’appareil des Catholiques d’Orléans^nbsp;Pour exterminer ceux de la Religion. De Champeauxnbsp;''ûyant qu'il n’ettoit temps de contefter bailla argent inbsp;’•c brigand, qui pour recognoiflànce de labonne chere,nbsp;?ofanglanta fes mains au fang de fon hofte amp; voifin, hô- 'nbsp;droit,amp; debônaire,s’il en fut onques, amp; pilla auec les .
“ens tout ce qui eftoit au logis.
Cl nuiftduMardizfi.d'Aoulf, furuenât.les maßacteurs MalVacres ^romencerent l’execution à l’entour des rampats,d’vne i l’entournbsp;lnbsp;nbsp;nbsp;fi eftrange façon que les plus barbares du monde en euf dcstnuiail
l ®nt eu horreur amp; compafsion.ll y auoit en tous ces quar les, l ‘‘«cslàËott grand nombre defdits delaReligiou, ToutJ
-ocr page 486-458 MEMOIRES DE la nuift on n’entendit que coups d’harquebouzesnbsp;les.brifemés de portes amp; feneftres,cris eipouuatablesnbsp;ceux que l’ô maflacroic,tât homes femmes qpetis enßsgt;nbsp;bruit de chenaux amp; charrettes traînas les corps mortSii'nbsp;mas de populace par les carrefours auec des exclainaquot;nbsp;tiôs efeâgcsilesblalphemes horribles des ineurtrierSiti'nbsp;ans à gorge defployee de leurs furieux exploits.
Le Mercredy matiruils recommencèrent plus cruellf'. ment,amp; firétlesgrâds maflacres ce iour làtcontinuâs iulnbsp;ques en fin de la iemaine auec toutes les fortes de cruaU'nbsp;tez qu’il eftpofsible de penfer, continuels blafphemesnbsp;brocards contre ceux de la Religionhufques à dire gt; O'*nbsp;eft voftre Dieurou font vos prières amp; l’feaumes?
Ou eftle Dieuqu’ils vont tant inuoquant?
Ou eft il àcefte heure?
Qifil vous faune s’il peut. Aucuns des maflàcreur’^“* autresfois auoyét eu quelque conoiflànce de la Reho’*’’nbsp;en faccage.ttces panures innocéts,chantoyét lecSmeö^nbsp;ment du Pfeaume 43, Reuenge moy,prenlaquerenlt;;“_nbsp;moy Seigneur.Les autres en frapp.ît fur lefdits de 1*^^^nbsp;ligion,difoyct,Or fus,chatez Miiericorde au pau'gt;*®.'}5'\nbsp;eux.Que voftre Dieu vous fauue.Lemefmefut fait £nbsp;ris,amp;en d’autres lieuxaufsi.Ces outrages exécrables®nbsp;branlèrent point lefdits de ha Religio, qui moururét*®nbsp;côft.âmentiEt 11 quelques vus furet esbrâlez(côme il Ynbsp;eut,mais en trefpetitnôbre)cela n’obfcurcicnullemeD*nbsp;patience de force des autres.
Quant au pôbre des occis,les meurtriers fe font vat maintesfois d’auoirfait mourir plus dedouzecens h®nbsp;mes. lté, enuirôcëtcinqu.âtefemmes.amp;grâdnôbreflnbsp;fans »depuis l’aagede neuf ans au delfus. La façon denbsp;faire mourir,eftoit à la plufpart de donner vn coup denbsp;ftolc.puis les delpouiller, trainer les corpsàlariuieregt;nbsp;les letter dans les foftez,comme furent ceux qui dern^^^nbsp;royent pres des murailles.Ils eftoyct aufsi garnisnbsp;fteiaz amp; poignards, dont plufieurs furent cruellci®nbsp;meurtris,enfemble à coups d’efpieux amp;dehalebardes-^^^nbsp;Maintenant nous y adioufterôs quelques particu®nbsp;dôtles noms nous ont eftédonnez, amp; qui ont efte'^j^jnbsp;gez au tëps fufmentiônéifans nous arrefter à l’ordrenbsp;lOUrs.LecôfeilIcr de Ch,âpeauxfut maflacré en la***
-ocr page 487-L’ESTAT DE FRANCE. 459 3^’iuons déclarée. Deuxdefes côpagnons furet traiteznbsp;niefme,afauoir Vaillant amp; Moreau,nommes doftes Scnbsp;''fftueuxitjui n’auoyét rien en plus grande recomandatiônbsp;lue le bien delà ville amp; le repos des habitas : mais les ju-Catholiques les haiflbyctàcaufedeleur intégrité,nbsp;quot;n dofteur [regent de l’vniuerfité , nommé Taillebois,nbsp;nomme de grande pietéamp;(par maniéré de parler)la mo-^oftie mefme.eftant appelé par les bourreaux qui eftoyétnbsp;nfipone, parlai eux par fa feneftre, ne penfant aucune-nientque les homes fe peufTent iamais tant oublier quenbsp;•If commettre les cruautez qui s’exercoyent par tous lesnbsp;endroits de la ville . Eftant defcendu.il fut mené par eu snbsp;¦ufques à la riuiere.ou ils le tuerét amp; ietterent dans l’eau.nbsp;Ib firent pareil ttaitement à vn doéhe Auocat nommé Pa-fîs.Vnautre Aduocat nommé Foucaut.palTant affez prèsnbsp;de la porte pour fe retirer à Hautuillier, futperfuadé parnbsp;‘CS gardes d’entrer dïs la ville,pour fon affeurancetmaisnbsp;c'elloit afin qu’il n’efehappaft,comme aufsi, toft apres ilsnbsp;le maflacrerent.
11 y auoit vn riche bourgeois nommé Bongas.ficur de liNoue.homme fort notable amp; bien eftimé de tous.fpe-cialement de ceux de la Religion.pour lefquels il s’eftoitnbsp;bien employé.Des long temps il eftoit tombé malade,amp;nbsp;^»andles maflacres commencerent.ilvint à l’extremiténbsp;uela mort.perdant tellement toute cognoiffance amp;. (en-'¦ment.qu’il n’y auoit aucune efper.îce de vie. Ce nonob-l^^ntles meurtriers montent en fa chambre ,amp; luy fontnbsp;feceuoir plufieurs coups de poignard, tellement qu’onnbsp;pent dire d’eux.qu’ilstuerent vn homme mort.
Pieux autres notables perfonnages qui auoyét eu char-Çeentrelefdits delà Religion,furent des premiers au f^lle.L’vn s’appeloit Gilles le bo-teux nouble marchant.nbsp;*-ântre nommé le fleurde Coudrav, lequel on auoit taf-'fié es autres troubles amp; maflacres d’esbrâler amp;faire flef-'fiie pour quitter fa Religiô.Mais il eftoit demeuré ferménbsp;^otïie il fit iufqu’au dernier foufpir: car luy mefme voyâtnbsp;qu’il n’y auoit moyen de plus différer , vint ou-f^'claportede fon logis aux meurtriers ,amp;auecvnc af-1nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;admirable leur dit, qu’ils ne faifoyent qu’auâccr
1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘clicité qu’il auoit long téps attendue. Sur ces propos.
-ocr page 488-460 MEMOIRES DE
amp; eninuoquant Dieu,fut mis à mort.
Le lîeur de la Bretefche, nommé Frambcrge, aagé de plus de yy.ansi fut empoigné hors la ville, eftantporténbsp;fur le limon d’vne charrette, d’autant qu’il ne pouuoit aller à cheuahà caufe de fon infirmité amp; vieillelfe. Mais lesnbsp;meurtriers n’y ayans aucun efgard,le faccagercnt fort inhumainement.
laques Merlin marchant, qui auoit longuement dequot; meure à Geneue. fut couru amp; vené par les rues, commenbsp;on feroit quelque befte fauuage,amp; finalement voyantnbsp;qu’on luv fermoir toutes les portes desmaifons ou il lenbsp;cuidoit fauuer,ayant perdu l’halaine, demeura toutcourcnbsp;au milieu de la ville, amp; fut percé de pointes de hallebarde,par plufieurs qui le poutfuiuoyent,les vus à l’cnuyde’nbsp;autres. Ses enfans ia fort grands furent rebaptizez, dunbsp;confeutement de leur mere, qui porta depuis le dueildenbsp;fon mary, à l.i mode accouftumee en l’Eglifc Romaine-Vn grand iiôbre d’autres enfans furent aulsi rebaptize^-
Maiftre Mamert, loueur d’efpee amp; maiftred’efeo homme de moyen aage , ayant relîfté aux Cathobynbsp;toute lanuiftdu mardv , mitle feu en la chambrenbsp;laquelle il cftoit aflailly ,amp; ayant tué vn Catholique -tiré vn autre dans le feu , fut finalement accablé amp;nbsp;par les feneftrcs . D’autant que la maifoneftoit presnbsp;ram pars,fon corps fut traîné deflus, amp; ietté dedansnbsp;foflez.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;..
Vn charpentier,nommé lean Driard, ayantaulsD guémcnt fait tefte aux meurtriers, finalement fe lunbsp;dans ha cheminee de fa chambre , ou jls'i’enfumereo’-telle forte,qu’eftant côtraintfelaiffer tomber, il fut mnbsp;facrc,foncorps traîné amp; ietté comme le precedent.
Le Mardy enuiron midy, vn fort riche bourgeois mé lean de Sougv, aagé de 70. ans ou enuiron,nbsp;nbsp;nbsp;^^^,5
lacré dans ion logis, puis fon corps traîné- amp; iette IcsfoUez.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;_nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jjo-
Le Mecredv, vn maiftre d’eleole, nomme de ƒ• mas,fort alfeâionné .a l.i Religion, ayant efté tire lt;1nbsp;logis,amp;monftrant vne grande conftanceamp; ardeur anbsp;Dieu, en fe difpohint à la mort, commença ànbsp;mçurtriers:Etbien,pcnfcz vous m'eftonnerpar''®’ j,e-
» nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A
-ocr page 489-L’ESTAT DE FRANCE. 40 pltemes amp; cruautéz ? Il n’eftpasen voftre puiflanee danbsp;Softer l’afleurance de la grace de mon Dieu. Frappeznbsp;tint que vous voudrez, ic ne craiii point vos coups. Maisnbsp;lulieud’amulir la dureté de ces tvgres, ils en entrerencnbsp;en fi grande fureur,que tout à l’inftant.l’vn d’eux luy dô;-na vncoup de piftole en la tefte.Les autres ledefpouille-rent,amp;ricKeuerétàcoups de dague,nefe pouuans faou-ler d’infinies playes,qu’ils luy firent receuoir.
charpentier nommé Geruais Tauernier, tiré de fa niaifon par les maflacreurs, luy promettaiis de le menernbsp;boire,la nui£l entre leMecredyamp;leIeudy,futmaflàcré,nbsp;amp; demy mort trainé fur les rampars.
Vn bourgeois de la ville, nom méde Grigny, fut aufsi cruellement traité auec deuxfiens neueux.ïls s’eftoyenrnbsp;cachez en vn grenier, pour euiter celle fureur belliad'e.nbsp;•Mais les meurtriers qui les auoyent pour recommandez,nbsp;fouillèrent tant,qu’en fin ils furent attrappez.Le plus ieu-quot;e neuen fit quelque refinance , tellement que ces gensnbsp;fins pitié, ne voulans s’en empefcber plus loin, l’cmpoi-gnent,amp; iettentparla feneftre de ce grenier.Auint qu’ennbsp;tombant,il demeura acroché par vn des pieds à vn haut-ventqui elloit es eftages au deflbus de ce grenier. Lesnbsp;tneurtriersvoyansce fpettacle , commencèrent à rire ànbsp;gorge defploy ee, amp;: au lieu d’admirer la prouidence denbsp;Dieu,qui retenoit la vie de ce ieune homme,pirvn fi notable moyen,ne voulurent le lailTer viure dauantage,ainsnbsp;defçendans viftement à l’endroit ou il demeuroit fulpen-du,lepouirerentd’vne halebarde en bas, furie paué, ou ilnbsp;teceut encor pliifieurs coups : tant ils auoyent peur qu’ilnbsp;ne vefcuft plus longuement.L’oncle amp; l’autre neueu furetnbsp;oienezàla riuiere,ou eftans,requirentqu’on leur permiftnbsp;de prier Dieu:ce qui leur fut ac'-ordé, amp; comme l’ardeurnbsp;dont ils elloyent pouirez,les faifoitellendre Iaparole,ennbsp;prononçant le Symbole des Apoftres, les meurtriers ennbsp;defpitant amp; blafphemant, commencer cnt à dire, Voicinbsp;des gens qui employeur bien du temps à prier leurDieu:nbsp;amp; difans cela.inalîàcrerent ces deux perfonnages,implo-rans fans cefle la mifericorde de Dieu.
Les Seuins frcres, l’vn notaire . amp; l’autre marchant de draps, auoyent vn autre frere Catholique,amp; l’vndes ca-
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pitaines de la ville.Ccpendantil ne fe mefla aucunement de fauuer la vie à feldrts deux freres , qui mefmes l’en h 'nbsp;rent prier. Ains s’employant à d’autres afaires, les lam*nbsp;en proye,tellement qu’ils furent mailàcrez amp;. traînez à 1^nbsp;riuiere auec les autres.
Pres la tour neufuey auoit en vne mefme maifonqu*' tre hommes, qui voyans le traitement fait à leurs coin'nbsp;pagnons,amp; n’apperceuans aucun moyen d’elchapper UÇnbsp;reîolurept enfemblederefifter à ces brigangs ôtaflifnbsp;fins. En quoy ils Ce portèrent fi courageuiement, ofien;nbsp;fans plufieurs de ceux qui les alTailloyét, qu’il fut impolquot;nbsp;fibledelesauoircnvie. Cela efmeut les meurtriers anbsp;mettre le feu en ladite maifon, dans laquelle moururentnbsp;ces quatre perfonnages.
Vnmarchant nommé laquemin, s’enferma dans grenier, auec fa femme, à l’aide de laquelle il refifta Unbsp;courageufementau.x Catholiques, deux defquels y de-mourerent pour efpies,amp; tant qu’il peut auoir caillouznbsp;a fon commandement, auec les milles du toift, qn’d ”nbsp;eut tefte de meurtrier qui l’ofaftl’attaquer de pres.h^^!’nbsp;enfin ne fâchant plus (comme on dit) de quel bois faire flefehes, amp; perdant le fouffle.laüTa faire les meurtiers»nbsp;qui penfans qu’il y culten ce grenier plus de deux censnbsp;hommes de la Religion, crioyent. On void bien maintenant que ces malheureux Huguenots auoyent voire-mentfait quelque conipiration : mais ne trouuans qufnbsp;ce feul perfonnage ( car fa femme s’eltoit faiiuee parnbsp;fon commandement) tous confus fe ruerent fiiricule-ment fur luy inuoquant Dieu, amp; luy donnèrent vne infinité de coups.
Vn menuifier, la femme, fon fils R fon gendre, fn-rent aufsi maflacreztous enfemble, amp; iettez aux rain-pars.
Emery Chreltienapothicaire, ayant receu plufieurs coups , fut tiré des mains des meurtriers, amp; porté en lanbsp;maifon du lieutenant general, qui l’aimoit, ou noiiob-ftant tout bon traitement, il mourut quelques iours a-pres.
François d’Orleans libraire, fort vieil amp; decrepit, malade des quatre mois auparauant, eut la gorge coupee
-ocr page 491-L’ESTAT DE FRANCE. 46Î ^^nsrefpeû aucunde fon infirmité , ny denbsp;Pliijnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Hage marchant, qui auoit
V nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;aufsi la gorge coupce en fon
go ’ /“coufteliertirantàla mort, fut ncantraoins ef-cliét nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• Vnp-tticter, ayant efté cachéamp; cer-
gçj, °*s Jours entiers,futcontraintdeforrir,pourman-Oeft *'’^'^^‘’^u*t^o’^'''’e™ort il tomba es pattes de ces LosJfaccagcrentdedans £3. courfc faoii-îünnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;celuy qui à caufe d’eux perifloit de faim
P^f^Uant.
*'Jtif J bourgeois d’Orleans , nommé Bouloye, '’lief ¦ Ci’^n'bery en Sauoyc, auoit efté au prcfchenbsp;Cclâ. le fit remarquer par les Catho-’innbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ne luy voulurent pardonner nullement,
P(ii nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;laüTé
tojt 'I fe releua foudain , amp; de l’efpee qu'il por-,ju ^Ualalebras àrvndesmaflacreurs : au moyen de-fell P'“’ grande rage qu’auparauant,on luy ofta le Me fa vie.
q ‘ufieurs autres furent emportez de ce deluge pref-mefme in(tant,Comme Adam Rignoiramp;fonfils, Ij.Mriers.Iean Bon, tailleur d’habits,amp; trois de fes fer-^i^coinde la bonne nouuelle. André Bricherynbsp;(j. ''Onnier, amp; deux de fes feruiteurs à l’autre coin de la-® rue . Vn fourbifleur nommé Mathurin, demeu-y ’en ce quartier. Guillaume de Soiffons cordonnier,nbsp;ç ^’entrayeut nommé Paul. Maiftre Claude L’huillier,nbsp;’'’rolleur du fel.
ij^.Prançois Stample, riche marchant, fut menacé d’a-g ” promptement la gorge coupee, s’il ne bailloit ar-qu’il n’auoitfurfoy,pourtant qu’on l’auoit prins Jde fjmaifon.prenant ancre S papier qu’on luy bail-’ efcriuit vne lettre à fa femme, à laquelle il mandoitnbsp;^lle euftàluyenuover promptement fa rançon. M^isnbsp;Mque la lettre fut fignee , les meurtriers la luv ofte-, la vie ferablablement,fe rians à gorge defplovec,nbsp;'nort S:defavcufue,de laquelle ils tirerét bonne fom-f li'argent ,amp; pour cela ne luy voulurent pas mefmeïnbsp;•’drele corps de fon mary.
Claude Cochon drappier, cftoit fort hay du capi-
-ocr page 492-4lt;î4 M E M O I R E S D E
taine RoyJ’vn des principaux meurtriers.Au moyci’ quoy ilfutcheuaiéde toutes parts,amp; finalementattraprnbsp;hors la ville,ramené dedans, ou il paya rançon. Puisnbsp;ennemis l’attachèrent à vn pofteau,ou ils luy firent ifl*®nbsp;ger del’excrement humain, auec toutes les indiguj'“^ Jnbsp;moqueries amp; villenies qu’il eft pofsible .à vn meft***’’nbsp;cœur d’inuenter ; puis l’ayans maflàcré à petis coups,!^nbsp;trainerent à la voirye.
Vn certain marchant, nommé le Boiché, voyant wt“*® glaiues defgainez amp; la mort prefente, ellima trouutnbsp;quelque humanité entre les defnacurez.Er pourtant ennbsp;profternant à. leurs pieds,commença à leur demander cenbsp;qu’ils auoyent entièrement chafTéde leurs cœurs,afiiilt;’‘fnbsp;milericorde, promettant de faire ce qu’ils voudroyennnbsp;Mais iceuic eftouppans leurs oreilles à toutes prières,nbsp;fe foucians aufsi peu de la meflè que du prefehe ,fe ruequot;nbsp;rent fur luy qni eftoit à genoux, amp; le mirent au rang desnbsp;autres.
Le fils du feu notaire Colombeau,fut maflàcré a“ec fa mere,dame honnorable. Le gendre4’iceiuy Colom-beau,ayant receu crois ou quatre coups de dague, fut jette dedans vn puis fans eau, ou jl languitquelques heures,nbsp;tourmenté beaucoup plus des crapaux amp; autre fembla-ble vermine,eftâtlà dedans.que des playes qu’il auoitre-ceues:au moyen deqtioy il cria fi haut amp; tant de foismi-fericordefappclant vn de fes frétés,qui efloit Catholique,nbsp;amp; qui ne luy monftra aucun figne d’amitié) que les maf-facteurs le firent tirer de là,amp;au fortirl’acheuerent.vfansnbsp;remmes ^quot;^°n endroit,de leurs douceurs accouftumees.nbsp;maHacrees Deux femmes aagees chafeune deplusde7O.ans,furétnbsp;aufsi maflàcrees.L’vne du pays de Foreft, nômee Marie!nbsp;l’autre de Tours, nommee Bonne.Parles guerres ciuilesnbsp;elles auoyent perdu leurs biens, amp; s’ellans retireesà Orleans , viuoyent des aufmonesqu’on Peur faifoit .Néant-moins la poureté f.à laquelle on n’a pas accouftumé denbsp;porter enuie) ne les peut garantir de la main de ceux qu‘nbsp;auoyentiuré de violer tous droits diuins amp; humains.
Vne chaircuitiere nommee N.Dairaines,fort hayedes Catholiques, en prefence defquels elle fe mocquoitfou-uentesfois de la meiTeine fut pas oubliée iufsi.ains desie ,nbsp;mecre-
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^ctedy mitin, les maflacreursTallerenc prendre dans ç'’•îifon, ou derechef elle leur monftra que leurs mena,,nbsp;outrages ne l’eftonnoyentpoint;, car elle continua-®^tefter entièrement la Religion Romaine) tcllemetit.nbsp;r üs la trainerent fur le paué.ou elle futmilcià morb amp;nbsp;“’'Corps ietté auec les autres . La femme d’vnnommenbsp;^¦'’’hot, fut aufsi maflacree, enc qr que fon. mary fuit-tanbsp;““’'que.Les meurtriers attachèrent le corps au bout d'v.
’’l'arrette , amp; ainli le firent trainer ejoJa riuiere, Y ne ’’“TOttiee Marguerite,garde d’acouchees, fut iettee toutenbsp;j'^fiüe dans l’eau,ay an celte folicitce de renoncer la Rer'.nbsp;hgion, ce qu’elle ne voulut promettre. Vne fille ta aagee-quot;ontmee Catherine,couft,uriere de fon ellat,fut fort tournbsp;•quot;entee par les meiirtriers, qui la vouloycnt faire abiu—nbsp;mais elle les repouflafî conftamment,qu’efcumaflsnbsp;“C rage contre elle,ils luy coupèrent les brasr,j:e Meçjçftanbsp;“ymatin; amp; lalailTerent enfermee iufques au foir» qu’ilsnbsp;quot;'teprindrent, amp; l’ayans trainee fur le bord de la riuierenbsp;de Loire,racheuerent,puis liietterent dedans l’eau.
Les corps eftoyent mis cous nuds,les nuitks fpcciale-mentdu Mardy i«. Meccredy a/.ôc chargez dans des charrettes conduites à la riuiere,ou Ion en iettavne grannbsp;départie. Ceux qui demeuroyenc pres des rampars,furent ieteez dans les foffez,ou Ion les laiflà.fans daignernbsp;lescouurir d’vn peu deterre,tellemencquelesloups-amp;nbsp;Wtres telles beftes, en mangerent la plufpart» fans quenbsp;les Catholiques s’en efmeuflCent. aticunemenc -s Ceia^e,nbsp;lt;)u'onauoitiettezdans le Loire, y demeurèrent iufqüejS,nbsp;auleudy, qu’vne grande rauine d’eaux furuint qui lauatenbsp;Piué des rues amp; des ruifleaux taints amp; couuerts du,fangnbsp;des maflacrez, qui furent aufsilauez, mais ils demeurfi-cent encor fur la greue, tajit que les eaux deuenues plusnbsp;grandes les emmenerent plus doiij .Q^lques vus quinbsp;auoyentefté paflezaufil del'eau furentdeuorez par.ies.nbsp;Poiffons, que les Catholiques refufoyent de manger,nbsp;spécialement ayans veu la riuiere çonuertie; en iaog,amp;nbsp;9quot; ils entendirent qu’on (cupit trouué,quelques femainos.nbsp;’près les maffacresjau ventre d’vn brochet,en yne cormnbsp;Pigniede Catholiques,le poulce d’vn homme.
Mais pour accabler plus outrageufement ceux delà
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le» reuoi- Religion, Icfdits Catholiques ne Ce contentèrent pas de fn mafli- faire ces maflacres i ains contraignirent les reuoltez anbsp;ctent ceux frapper amp; meurtrir aiiec eux. Ainfidonconmenoittesnbsp;de la Reli- miferables reuoltez es corps de garde. Là on leur bail'nbsp;loit des armes, amp;les failoit on marcher,amp; donner K’nbsp;premiers coupsdes Catholiques crians auec blaiphenieS’nbsp;frappe,frappe, C’eft vn de tes freres . Si quelqu’vn fe f”'nbsp;gnoic,il eftoit ,en danger puis apres.
Pillages. La plufpart des maifons des miflacrez, furent tierement piliees. C’eftoit auffi le zele qui pouflo'^nbsp;la plufpart de ces brigands , qui de beliftres amp; crocnnbsp;teurs, deuindreirt quot;braucs amp;: gros maillres , en vn ƒnbsp;liant . pendant que les rues Sc places retentilïoyent “ ,nbsp;piteux cris amp; gemiflemésitant des poures femmes vcunbsp;ues,que d’vi) grand nombre de petis enfins mourans 'nbsp;faim, fur les carreaux, fans que perfonne en cuft co^'nbsp;pafsipn.
Encores ne fe contenterent-ils nas, d'auoir emP • ,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.cnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*.
p.ufenou- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;..wnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;------------------
uclle pour la ville de fang Si de toutes fortes de confufionSiP“^, efpandre ’nbsp;kfang.
Abiiiiâ-rions.
dànrces trois jours. Mais pourattrapper ceux qui ent cachez,firent publier grace à cous ceux quifï'^^’nbsp;droyent retourner (comme ils parlent) amp; aller trou'^j^nbsp;vil certain Cordelier, pour abiurer entre fes maiu^nbsp;Religion , amp; promettre de viure Catlioliquement 1nbsp;uenij. Cela eftoit vn artifice,pour continuer leurs fat^nbsp;gemens : amp; la melTc nC' feruoit que de manteau à le**nbsp;crUautez,comme auparauant ilsauoyenttuévn hoB***nbsp;en la prefence des Conftils, verslefquels il s’eftoit lanbsp;lié i- pénfant y trouuer refiige. Plufieurs penfans lanbsp;Uer le corps en perdant l’ame , fortirent denbsp;chettes , amp; abiurereiit de fait . Quelques autres cuidanbsp;euader par ce moyen, furent taillez en pieces, t^*nbsp;ment que ces petis maflacres durèrent plus de q**'”nbsp;jours apre.s les grands. Et mefmes les Catholiques ganbsp;derent jes portes, comme en temps de guerre,nbsp;de plus dcneufmois cnluyuansîdc non fans caufe- El*anbsp;aflàillis dii fecret amp; iufte iûgenient de Dieu, amp; dele“nbsp;confcieacest comme aufsi, tort apres, quelquesnbsp;principaux maflàcreurs mburufent , furieux en amp; denbsp;pwr horrible;
-ocr page 495-L’ESTAT DE FRANCE. quot;407 p . cordelier (duquel nous venons de parler) faifoitnbsp;’^lt;lesabiurationseftranges, amp; telles quelemeritoic
Il ftupiditéde ceux, qui s’oublioyent tant, que de jj *^er k )»rayc Religion, pour adherer aux inuentionsnbsp;'*’ïgt;âines,confermeesamp; maintenues par trahil'onsnbsp;“ttres abominables. Les communes abiurations,e-^®*^qu’onaffembloit en^vn temple, quelque nombre
^ublioyent i faire belle grimace, amp; contenter i’alsi-l'ince,l’abiuration eftoit imparfaite, amp; faloit recom-’''Encer,au'grand danger de leurs perfonnes.
Les autres, qu'on iauoitauoir eu de long temps co- Reuolt« ?noiflince de la Religion, iîgnoyent leur abiuration, coinmtatnbsp;faifoyent recognoi(Tance (euls, ou deux à la fois, traite?.,nbsp;lors le Cordelier crioit à plaine tefte , faifant desnbsp;•ntèrrogats par le menu auecdesdîngeries, pour fairenbsp;'fclatter de rire les malïàcreurs'; amp;• defpiter lespaiiî-Lles Catholiques. 11 leur demàhdoit donc (commenbsp;il fit à vn nommé Daiiiieau,qai aiioit efté ancien ennbsp;l’Eglife réformée, Si 3, quelques autres ) combien denbsp;Jeinps il y auoit qu’ils n’auoyentefté à la melTe :'quelle opinion ils en luoyent, s’ils eftimoyent les prefehes gt;nbsp;miniftres valoir quelque chofe. Quelle aifeétionnbsp;ils en auoycnt pour l’aduenir : Si là leurs compagnons 'nbsp;’loyent bien fait , de perfeuerer là obfKncment ehnbsp;telle opinion . S’ils n’auovent pas efté rebelles à Dieunbsp;au Roy. Il faloit refpondre felon l’intention du moine, autrement, au fortir de là,mefsieurs les doreursnbsp;Catholiques euffent fait vn fermon à coups de daguesnbsp;^'de piftoles. Ainfi eftoyent traitez ces chétifs reuol-tez, les Dimanches principalement : puis apres, les C'a-
-ocr page 496-468 M EM O I R E S DE tholiques mefmes fe mocquoyentd’eux. Et en
vnpquretiflèrrand en tojllc5,nommé Morin,qu’ilsf’'!” drent fur le pont, amp; le iettcrent dans la riuiere. P“*’ ¦ 'nbsp;krent en vn village j nommé J,a Queuure gt; ou fe faifo^'nbsp;l’exercice delà Rebfiion. Vnpoure vignerofeuIdeU“]'nbsp;te Religion en tout ion village, s’eftoit retiré là, amp; voys'nbsp;venir les meurtriers, cuide fe fauucr en la garenne, ma*’nbsp;ils coururent apres, amp; le (uerenrà coups de harquebo»'nbsp;zades, fàifans de mefmes es enuirôs, amp; eu plulîeurs m**'nbsp;fons degeotils-hommes.
MalTactes °“® auons inféré cj deuant les lettres efcrites par de ceux de Roy aux officicts de Bourges en datte du Mecreéynbsp;la Religio.yingtfeptiefme d’Aouft,par lefquelles il les aduertlTodnbsp;i Bourges, du maflacre de fon coulîn l’Amiral, amp; leur declaroitnbsp;fon intention, qui eftoit (difoit il) que chafeun vefcuftnbsp;enpai.x. Or lesnouuelles de lablelTure de l’Amiral ar-riuerent en ladite ville de Bourges, feulement le Lundvnbsp;vingtcinquiefme, qui eiloitiour de foire. .Les principauxnbsp;Catholiques s’eftans afièmblez , defpefcherét des ce lournbsp;mefmes le Capitaine de la.grolTe tour, nommé Ma-rueil.pourallereqpofteàla Cour , entendre comme les
CHU-
L’ESTAT DE: FR ANCE. 469 thofes fe pifloyent. Il partit.ce Lupdy au foir, amp; reuintnbsp;lendemain au foir. Il y a apparence qu’il entendit lesnbsp;'lounelles en chemin; car ceux d’Orléans les reçeurentnbsp;lies ce Lundy.
Cependant) le Mardymatin ,lefdits Catholiques mi- Portcifet-fent bonnes gardes aux porteS)tenans délia comme pour mefs. Certain, ce qui eftoit aufsi) afauoir le maflàcre de l'Ami-falamp;lesßg[j5 Cequevoyans quelques vns de laReli-_nbsp;S*®*gt;gt;i5centendans les nouuelles de la blelïure de l’A-^*¦¦31 iconurent bien qu’il ne faloit pas arrefter dauan-14^''nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;doreurs en loix,forc renommez,afauoir
^ütoman amp;Doneau,deirogerent,fans monftrer fem-“untdes’esfaroucher, l’vn faignant s’aller pourmener 3uec fa longue robbe , l’autre lortant auec quelques ef-'“liers Alemans amp; habillé comme eux. En ces entrefai-*^sgt;onfaitcourir diuers bruits. La nuiél vient amp;Marueilnbsp;rapporte que l’Amiral amp; les fiens auoyentnbsp;maflacrez, amp; qu’on continue à Paris : que les cou-‘^auxfontaiguifezà OrleanS)amp; que le Roy s’attend quenbsp;P’r toutes lés villes du RoyaumC) on faccage les Hugue-Les Catholiques entédans ces nouuelles commen-''''«ntàfemutiner,amp;prendre les armes des le foir dunbsp;Itlardy,
J, Enuironla minuiél, ils commencent à fonner le toc- piHage»-; *'0)pout affembler leurs trouppes, qui auoyent pournbsp;^'''tipal condufteur.vn nommé le grand vinaigrier, ca-^tiine des dizeniers de la ville, accompagné de troisnbsp;J althans gamemens, l’vn nommé Monjan , fourbiffeur:nbsp;^tond, Ambrois, cordonnier , reuoké ,amp; qui plus denbsp;“St ans auparauant auoit eu cognoilîance de la Reli-Thibaut,boucher, cruel amp;nbsp;fo^Rettïeftan- fuyuis de la populace,nbsp;(J fêtent toutes les boutiques des meilleurs marchansnbsp;j? ‘3 ville, pillans Sc. rauiflans tout, fans rien laiflèr. Lesnbsp;, 3ifons aufsi furent faccagees plus hoftilementque fi,nbsp;’ plus eftranges ennemis eufleut emporté la ville d’af-^ttre autres,la maifond’Yues Camialle, fut entie-^^^utpillee.’amp;pourceque ces brigands nepouuoyentnbsp;j^Porter les tonneaux de la caue, ils les effondrerent,nbsp;“tent efpandretout le vin, La maifon d’vn notaire'
Gg i
-ocr page 498-470 MEMOIRES DE Royal, nommé Chattin, fut ainfi ballice. Ilsnelail^”^nbsp;rent rien en la maifon de François Hemeré marchant’nbsp;emportansmefnies les ehemilcs d’vne ieune fillenbsp;gee d’enuirontreze ans, laquelle fut fauuee toute nquot;nbsp;parles iardins, en la maifon de quelque voiiîn. Le» fi®“nbsp;tiques Sc maifons de Guillaume Bigoneau, d'Eftiennnbsp;Cornalcnde Claude Pcllerm, deMiciel Fiat marchan’^nbsp;furent pillees entièrement ; amp; plufieurs autres , dont !ƒnbsp;noms nous font incognus, lean Girard le jeune, fut pri®nbsp;prifoiinier, rançonné à la fomme de cinq cens liur«^nbsp;Meuitr«. tournois, amp; fa maifon pillee. Cemefme »ourtSyiS®nbsp;nein,notaire royal, homme fort riche,fut tué. fa feniin^nbsp;receut vn coup de piftole, dont toutesfois elle ne jn®“nbsp;rut pour l’heure. Leur maifon fut pillee. VincentAu®^nbsp;drappier drappant, fut auffi mafl'acré. Denis de Vig®'”nbsp;coufturier, eftoit nouuellcment reuenu de la desfannbsp;de lenlis en Flandres, .à caufedequoy il eftoit desnbsp;miers marquez. Aufsi fut-il recerché incontinent,nbsp;ficcagé dans vn grenier, ou il s’eftoit caché, pres la n®**nbsp;dé Lys.fou corps fut ietté prr les feneftres fur le paue-
Ceux de la Religion, fe voyans ainfi enfermez, r®*”, riiencerentà fe fauuer çà amp; là, ouïes moy^ens fepre'®nbsp;toyent.efperans que celle furie s’appaileroit,ou qu’au Pnbsp;a}Ier,ils pourroyentfortir par la porte doree.nbsp;paifibles Catholiques aufsi en retiroyent aucuns ¦,nbsp;cftimoyent que ce pillage raflaficroit la populace ; i®' .nbsp;que les officiers amp; gouuerneürs de la ville, nefauoy®®^nbsp;encor que penferdes malTacres de Paris; car ils n’ig’JJ’nbsp;royent la miuuaife volonté de ceux de Guife contre 1nbsp;mirai, leur credit enuers lesParifiens. Comme on ennbsp;doute, leMecredy fepalïèjSc vnepartiedu Ieudy,uUnbsp;gràds remuemes des murins qui alloyët lors partout,nbsp;telle forte neantmoins,qu’aucuns de laRehgiô trouuet®nbsp;jnoyé d’euader.Sur ce arriuerét ces lettres du Roy dunbsp;d’Aouft,fus mentionnées, qui mirent les Catholique’®nbsp;plus grand doute que deuantivoyans que le Roÿnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;)(
noiteeux quiauoyenrbleflèfoncoufin I’Amirahvoulu^^ qu’on vefcuft en paix. Mais les plus fins d’entrenbsp;s’eftonnans de telles lettres , mirent en auant qu’t*nbsp;îcitfauoir auvray la càufe de ces mafl'acres de
-ocr page 499-L’ESTAT DE FRANCE. 4^1 ^U’enuoyansvnhommeàla Cour,ils en auroyentbiennbsp;follla refolutiou. Pendant ces confeils,le Maire nomménbsp;lean loupitrc reçoit lettres du cachet, par lefquelles il ennbsp;tend comme lay amp; les liens aüoyênt à Ce conduire : quinbsp;fut caufe de faire garder les portesplus eftroitemét qu’aunbsp;paraaant.Finalementila declaratiô duKoy dux8.d’Aouft,nbsp;^'gnee Fizes,amp; ci deuant. mife, leur fut enuoyce auecdesnbsp;lettres qui s’enfuyuent,
NOt amez amp; féaux, ayant adiiifé que fous couleur de la mort dernièrement aduenue de l’Amiral âcnbsp;de les adherans amp;. complices, aucuns gentils-hommes amp;nbsp;autres nos fubieéfs faifanspTofefsion de la Religion prétendue reformée, fe pourroyent efleuer Si alTemblernbsp;pour tafeher à entreprendre quelque chofe au preiudiccnbsp;du repos amp; tranquilité que nous auons toufiours delîreenbsp;«n noftre Royaume,eftant le fait de ladite mort defgui-fi S: dôné à entendre pour autre caufe qu’il n’eft aduenu.nbsp;Nous auons fait lâ declaratiô amp; ordônance que prefentcnbsp;tnent nous vous enuôyons, laquelle nous voulôs 3c. entêtons que vous faciez publier incontinent à fon de trôpcnbsp;par affiches par tous les lieux amp; endroits de voftreditenbsp;turifdiâiô accouftumez à faire cris amp; proclamatiôs,à cenbsp;Qu’elle foit notifiée àvn chafcun.Et encores que nous ayons toufiours voulu eftre obferuateurs de noftredit ediânbsp;de pacification : toutesfois voyant les troubles Sefediti-ons qui fè pourroyent efleuer parmi nos fubie£fs,àl’oca-fion de la mort fufdite , tant dudit Amiral, que de ceuxnbsp;Qui l’accompagnoyent : nous vous mandons amp; ordonnons faire delîences particulières aux principaux delànbsp;orte religion prétendue réformée en voitredite iurifdi-^ooiqu'iis n’ayéta faire aucune: aifemblees nyprefehesnbsp;00 leurs maifons ny ailleurs, afin d’ofter toute doute amp;nbsp;jO'Pieion que pour ce Ion pourroit conceuoir,amp; fembla-olenient en aduertir ceux des villes d’icelle voftredite iunbsp;f'Ididion que vous iugerez eftre afaire, à ce qu’ils ayentnbsp;o uiyure^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;en ceft endroit noftredfte inteutiô;
toais que chafeun d’eux fe retire en leurs maifons pour y *wre doucement,comme il eft permis par le benefice denbsp;Gg 4
-ocr page 500-47i M E M O I R E S DE noftre dit ediét de pacification, amp; ils y feront conferucïnbsp;foubs noftre protection amp;; iàuaegarde. autrement là oquot;nbsp;ils ne fe voudroyent retirer apres l’aduertiflèmentq^nbsp;leur en aurez faiâ:, vous leur courrez amp; ferez courir là’nbsp;anec toutes les forces,tant des preuofts des marefchau’^»nbsp;. fes archiers amp; autres que vous pourrez mettre enfernbl^nbsp;^au fondu toxin amp; aiitremenntellement qu’ils foyent t»**nbsp;lezen piecez comme ennemis denoftrecouronne.Ai*nbsp;furplus quelque commandement verbal que nous ayo”’nbsp;peu faire à ceux que nous auons enuoyéjtant deuersvousnbsp;qu’en autres endroits de noftre Royaume,lors que nou’nbsp;auions lufte caufe de' craindre quelque finiftre euen^'nbsp;ment : ayans fceulaconfpiration quefaifoita I tiicoiif''^nbsp;de nous ledit Amiral, nous auons reuoqué amp; reuoquo”nbsp;tout cela,ne voulans que par vous ou autres en foitnbsp;ne cEofeexecutce.car tel eft noftre plaifir.DonnéaP^’'nbsp;le jo.iour d’Aouft li'/i.ainiî ligné,C H A R L E S. amp; P*‘'nbsp;bas, De Neuf ville.
Ces lettres receuès auec la declaration, furent tinent publiées en iugementle troilîefme ouquatri^j'quot;^nbsp;iour de Septembre. Les mutins commencèrent!’nbsp;orgucillir plus que deuant,amp;’ mefmes apres auoir jnbsp;du quel traitement on auoit fait à ceux de la Rel'ê’® c,nbsp;Orleansde ramallèrent pour courir parles maifonS'^f^nbsp;nalemcntapres que le principaux Catholiques fnbsp;ceulettres du Confeil fecret,pour faccagerlciditsdnbsp;Religion, ils commencèrent à les cercher de pres: tenbsp;ment que les huitiefme amp; neufiefme iour duditnbsp;de Septembre, ils en emprifonnerent plulieurs ,qu ¦nbsp;inuerent la nuift fuiuante es prifons de l’archeuefcn^j^f,nbsp;leudy on2iefme,furles onze heures de nuiél gt; les Wnbsp;trierss’acheminerét efditesprifons de l’archeuefeh^j^jnbsp;ftoyent principalement le fufdit grandnbsp;trois autres, afsiftez de plulîeurs feditieux Cathon^ j.,nbsp;fpecialement de lean Boirot, Capitaine d’vn des 4nbsp;tiersdé la ville ,amp;de Lois Boirot fonfrere ,Efche jj,nbsp;ladite ville tlelquels, quatre ou cinq ans aunbsp;rent tuer vu de leurs freres, nommé Nicolasnbsp;tant qu’il n’eftoit de leur naturel, ains deteftoitnbsp;i-enrs mefchancetez, amp; aiioit quelque
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Religion.
* Eftins entrez dans ces prifons,ils mafficrerenc furieu- Maffacres ¦etnentceux qui s’enfuyuent.M.Pierre de la Grange,con des ptifonnbsp;fallier au fiege prefidial.Quelques heures au parauât,fa niets denbsp;féme s’alla letter aux pieds du Maire,delerofmc châbel- Bourges.nbsp;lan 8c autres principaux entremetteurs,afin qu’ils fauuaf-.nbsp;lent la vie à fon mary: mais elle eut pourtoute refponcenbsp;Hu’ilne leur eftoit pofsible d’y mettre ordre.M.Guillau-®e Grouzieux aduocat aagé de 75. ans ou enuiron. Lesnbsp;meurtriers luy vouloyent faire croire qu’il eftoit mini-ftre.Deux autres aduocats,l’vn nommé de la Porte,amp; l’aunbsp;rte Augier.Maiftre Barthlemy Ragueau notaire royal.ilnbsp;woit efté mené prifonnier par vnfien neueu nomménbsp;Martin Henry fils de maiftre André He^ry»notaire bulli-lle.Deux fergents royaux,l’vn nommé CEaflaut, l’autre,nbsp;Guillaume Bourguignon. leanPrcftrau, leanloyneret,nbsp;François Helliot, Gillebert maiftre des trois pigeons,nbsp;tous marchans notables.leâTheullicr côroyeur.V n tan-'Ueur nommé Boner. Vn mercier nommé!’Amoureux.nbsp;El femme .eftoit en extremittéde mort:neantmoins lesnbsp;meurtriers l’allèrent prendre le lendemain, luy ofterentnbsp;fon lia,amp; la porterét en plaine rue fur le paué,ôu elle rennbsp;ditincôtinentl’efprit, avantfeulemé vnlinceul fous elle,nbsp;^ndtappier drapant nommé Godeffroy.Vn chauderon-«fa nommé Poillon.V n menuifier nomméCrefpin.An-ûtélaharpebouchici.Pierre leVers.coufturier,lequel fitnbsp;grade refïftance,empoignantles efpees des maffacreurs,nbsp;tomme aufsi fit le fufnoramé de la Grange Les corps funbsp;mntiettez dans les foffezde la ville pres la greffe tour,nbsp;’¦la porte Bourbonnoife . Les meunricrseftoyenttelle-^'mtefmeus.qu’ils tuerent auec lefdits de laReligion,vnnbsp;Prellte detenu pour debtes , Vn nômé Guillaume Palusnbsp;mt aufsi emprifonné en mefme temps, combien qu’il nenbsp;mHdelà Keligion.On le iettadans les retraits de ceft ar-eheuefchéiou il demeura «ois iours, puis en fut'jetiré,nbsp;ayant protefté quil eftoit bon Catholique,ce qu’il eftoit,nbsp;^Vis que nous fommes à Bourges qui n’eft qu’à vnenbsp;V ioutnee de la Charité,voyós aufsi comme ceux delà de ceux denbsp;Keligion,y furent,traitez par la côpagnie du Duc de Ne- aChatitLnbsp;\nbsp;nbsp;nbsp;®eis, laquelle y entra au temps 8c iout du maffacte de La
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ris,fous prétexté d’yvouloir faire möftre,combien qu’au parauantelle fuftafsigiiee à la prochaine ville duMarqulnbsp;îàt de Salluces,oùledittDuc eiloit gouucrneur, commenbsp;11 apparut par vne patente du Roy.Ces Italiens ayans re-ceu paquet de leur maiftre, fe rendent maiftres,amp; fefaiquot;nbsp;fans fuÿure par la populace amp; par les feditieux de la villegt;nbsp;maflacrerent dixhuiét ou vingt perfonnes de la Keligt”-Entr’autreslc Capitaine Corle.qui s’eftoit marié amp; habitué audid lieu depuis enuiron i. ans,braue amp; vaillant m*nbsp;dat, lequel ayant ouucrt fa porte de nuiéhàvnnomu'®nbsp;Winotte, Italien de natiô,archer de la compagnie du(h‘nbsp;Duc, quife difoit eftre fon amy, amp; luy vouloitfaire pl^'quot;nbsp;lîncôme de faitil auoit efté engarnifon àla CharitéIf“’nbsp;Je fleur de la Buuriere, gouuerneur ( durant les deuïnbsp;que les Princes l’auoyéten garde,auec les villes dela®^nbsp;chelle, Montauban, amp; Cognac, ) faifant profefsion d®nbsp;Religiô réformée, amp; fort familier dudiét Corfe.Cenbsp;moins le fit tuer àcoupsd’efpee,enchemife qu’ilnbsp;pres fon lift,oùfafemme eftoitcouchee,laquellc’'7*'nbsp;piteux lpeftacle,amp;Ie frappa lediét Minotte des pr«'’’‘®fc|inbsp;s’ertans pluiieurs icttez lur celuy lequel ils n’eulfo'^*’nbsp;autrement attaqtier,ny prédre en homme de bien,c®’^nbsp;on dit.Le capitaine Landas d’Orléans, aufsi fort efti’^’nbsp;amp; ayant fait pfeuue de fa vaillance es autres trouble^’,nbsp;bituéde nouueau aumefmc Iieu,fut tuéamp;malTacf^^^nbsp;fon logis.lerofme logat Efcheutn de la ville,ayantnbsp;vncoup depiftoleen fa maifon,fa femme enceinte Snbsp;tholique, pour empefeher qu’il ne fuft bleffé d’auaniag,nbsp;fe inettât au dcuai«,fuc tuee anec fon mary. Qui plquot;^’nbsp;apres leur mort, les maflàcreurs Italiens exercèrentnbsp;aéle fur leurs corps,fî infame amp; horrible,que ie ne le Pnbsp;reciter. Dauantage, ils contraignirent l'vne de lents »* 'nbsp;à enfeigner l’argent de,fon feu pere,amp; trouuerétdenbsp;à fix millefrancs,(comme on difoitjqu’ils pillerenuom^^nbsp;ce la forcèrent de promettre mariage à l’vn desnbsp;triers Italiens fort aagé . le ne puis ny ne doisnbsp;mort de lean Sarrazin,de la mefme ville, aagé d’ornnfnbsp;feptante ans, lequel de long temps auoit prefques tn^^nbsp;flours efté Diacre en l’Eglile reformée, tenunbsp;des paumes gt; amp; homme de bien, par le tcfinoignig^
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Plui Catholiques .Ce bon vieillard eftant en fa maifon 1* •“iftduJeudy au foirquatriefme delieptenibrc ,fut fui-fris,outragé,amp; frappé à coups d’elpee par ces furieux»nbsp;’‘•fquels d’vne face venerable amp;riäte,felon fa couftume,ilnbsp;®itgt; Mefsieurs q me voulez-vous?ay-ie fait tort àperfon-®*îqueiqu*vnfeplaint-ildemoy? Mais cela neleruitdenbsp;^en pour amollir les meurtriers, ains d’vne rage furieu-plus que barbare,ils fe iettetent furcepourecorpsnbsp;?iion qui fe mit fous fon lift,où l’vn des pendars fon ni-*0igt;amp;proche voifin.luy bailla vn coup d’efpee au ventre,nbsp;doit les boyaux fortirent. Lepourehommefentanteenbsp;'oup,amp; voyant celuv qui le luv auoit baillé, dit en s’ef-'riant,ha mon filloheiî -ce ainlî que vous me traittezienbsp;S« vous fis iamais que plailîr. Il languir ainfi nauré deuxnbsp;•oursamp;deux nuifts,durant lefquels (comme on a entennbsp;dude lafemmequi le gouuernoit)il inuoquoitDieu d’vnnbsp;grand zele,amp; d’vne merueilleufe ardeur, s’eftimantheureux de fouffrir pour fon Nom, ayant plus de regret quenbsp;fon fillol qu'il auoit tant aimé,reuft ainfi nauré, que de lanbsp;®rortmeune;amp; ainfi rendit l’efprit à ïiieu. Vn nomménbsp;rrraifire Iaques,Canonnier, fort malade en fon lift, duquel on attendoitpluftoftla mort que lavie,fut ainfi à denbsp;Sriinorttuéamp;mallàcré à coups de dague. ZntoineTa-lonton fut noyé. Eftiennc de Viion fut tué à coups de da-en la prifon. Pierre Bally tixicr , amp; autres,iufques aunbsp;oombre fufdift,furent tuez amp; mafîaerez audift lieu.
Autres y furent naurex Scbleflèz de plufieurs coups d’cfpeesamp;dagues,lefquels en ceft eftat furentrançon-iufques au bout.Les maifons plus honnorables, voi-quot; toutes celles de la Religion,furentpillees ,amp;:falutcn-'OresQup ni,,« rirK/»« ni,,’ ç’nlinvnnf rarbnï d,ir3nrli
CeuxdeSancerreàcir.q lieues de 11, eftoyentengrad dtftreire,voyâs accourir en leur ville plufieurs efehappeznbsp;® Orleans amp; autres endroits.Mais nous les laillèrons en-'otvn peu pour le prefent pour aller iufques à Lyon, en-t'ndre comment le gouuerncur amp;les Catholiques s’y cônbsp;Porterét,li tort qu’ils eurent recca les nouuelles des malnbsp;de Paris.
-ocr page 504-47û' MEMOIRES DE Maflactes A Inli donc le Mercredy 17. du mois d’AouftdSnbsp;de ceux denbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;enuiron les fis heures du matin, le lîeur 0^
delotôouuerneur deLyô.eutaduertilTemét du fait à Paris,amp; vue heure amp;demye apres on ouitrn dc^ ,nbsp;dats courant ça amp; là parmy les rues, qui dit, que l’Ainnbsp;A’ les Princes,amp; tous les Huguenots qui eftoyentnbsp;Pans auoyentefté tuez . Sur cemefme inftant lesponbsp;de la ville fiirëtfermces, Sc les gardes d’icelles réiorc^^^nbsp;les corps de garde pofez auxdeuxdefcentesdupon^nbsp;la riuierede Saône, amp; autres places ,amp; diuersnbsp;des deux coftez de la vilic-Or afin que ceux de la R eu g, jnbsp;ne fuflentefmeus d’vne celle amp; non attendueiaifiedenbsp;lc,faite comme en temps de guerre ouuerte,les Cat“?,nbsp;ques Romains femerent vn bruit, que tout cela fenbsp;pont conferuation de ceux de la Religiomauquel briiit^^nbsp;presauoir adioufté foy troplegerement(outrelâg*fnbsp;ordinaire du Gouuerneur, amp; celle de la Citadelle,nbsp;trois cens harquebouziers de la ville, qui emportoy^nbsp;plus de mille) ils receurentbeaucoup d’autres ennbsp;par la ville,amp;principalemer,t par les maifonsiaufqu^'^nbsp;enioint par les Penons, en l’authorité du Gouueinenbsp;que s’ils vovoient quelque troupe de ceux de laRel'ê* ¦nbsp;n’ayansmefmeque l’efpee,qu’ils fortifient de leurs fl*nbsp;fons,amp; taillafient en pieces ceux-là amp; tout le refte fegt;n'nbsp;blement. Mais ceux de la Religion, s’eftans ia accoulnbsp;mcz à vne modeftie amp;patience incroyable,ne bougerenbsp;en façondu monde, voyans le tempseftre venu.auQ'Jnbsp;(nonobftant la parole amp;authorité du Roy, fur laque!
on fe deuoit raifonnablement appuyer amp; afièurer) il 1**^ loit remettre l’ilTue d’vne telle amp; fi fbudaine efnaçute^nbsp;la proLiidence de Dieu, lequel vouloir mettre les iieninbsp;Vne fi dure efpreuue;amp; le lendemain commencèrentnbsp;croire à bon efeient, qu’il n’y auoit ediéf.ny bonne mü' 'nbsp;ny parole Royallc , ny beau fcmblant du Gouuernein’nbsp;qui les engardaft d’ellre à la mercy des Catholiques,nbsp;quels auoyenthuiné leur fang des les premiers troub“ 'nbsp;Car outre ce qu’ils ne pouuoyét fortir de lavillc.nonP'“nbsp;£mpiifoii que le iour précédée, il ne leur fut permis d’aller amp;nbsp;nemens k librement par icelle.Cetix qu’on trouuoic par les rues»nbsp;mcurties.. ftoyet menez en prifon,c« qui fut caufe q chafeu fe
-ocr page 505-L’ESTAT DE FRANCE. '477 chezfoy. La nuift eftant venue on .commença à les re-'«cher,par les maifons,pour les pilleri ou façonner, ounbsp;'«trainerauiprifousHa plnspart defquels nyarriuoicnbsp;pis,eftans tuez en quelque coin de tue, à coups de poignards,ou bien lettez dedans l’eau:dont quelques vns,nbsp;surfont encores viuans, fe font fauuez à nage , apres a-“ouefté emportez par le fil de l'eau vne demie lieüe aunbsp;“uuQu^.de la ville. Les trois miniftrcs furet recômandeznbsp;troii capitaines qu’ils appellent Penons, amp; leur fut dit,nbsp;Qu’ils donnaffent ordre que pas vn d’eux n'el'cliappaft lt;tenbsp;‘tursmainsidontl’vn des trois capitaines, marchand denbsp;Ioneftat,qu’on nomme Bo^’don, allez conu au pays parnbsp;Ici meurtres qu’il a commis,amp; fait commettre, voire denbsp;fcsparenrpropres,amp;par fes rapines amp; pariuremens , dcnbsp;fauffe nionnoye,amp; autres maJefices,iie faillit à fon coup.nbsp;Carluy accompagné de fes meurtriers defcouuritM.la-^xcsl’Anglois miniftrefhomme debonfçauoirôc gran-oc pieté ) chez vne honnorable femme vefae, par lenbsp;*»oyendeGaJlemandapotbiraire,auquel ledit l’Auglois fttc.nbsp;Poureftretous deux Normans ,luy auoitfait ce benefi-^c,de l’auoir racheté du gibet l’an 156 z.Il fut enleué parnbsp;oditBoydon, enuironles dix heures du foir, en fei-Soant le mener chez le Gouuerneur.foudain qu’il fut ar-''«éfurlepontde Saône,le fufdit l’Anglois receut vnnbsp;'°updehalebarde en l’eftomachjamp;iapresquot; luy auoir cre-“c les yeui à coups de poignard,fat ietté du pont en bas,nbsp;’'•quelonouvt feulement CCS paroles , qu’il réitéra parnbsp;^oisdiuetfes fois,.Seigneur lefus fiy nous mifericorde.
aux autres deux miniftres,iis furent fauuez par '^moyens plus propres en apparence,pour les fairenbsp;^oiirir cent fois,que pour les deliurerdes mainamp;detantnbsp;J. *^’”'igez,ce que l’on a feeu au viay par gens dignes .denbsp;^yLe Vendredy zp.du mois fufdit, vn citoyen de Lyonnbsp;’’onuné du Perat,cheualier de l’ordre, arriua de la cour,nbsp;’uani attendu en bonne deuotion,dcs vns amp; des autres:nbsp;Catholiques ,pourle delir qu’ils au oyenttouûoursnbsp;'‘’de receuoiràfon arriuee»quelque mandement dunbsp;,lequel authorifaft leur cruel ÄfanglantdefTeinnbsp;Religion, pour la confiance qu’ils auoyentnbsp;““fiourseueenlaparolledu Roy, déclarée par fon e-
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did de'pacification,ou pluftoft d’edift pptpettielrS: fo^ uent rafraiicluepar les refponces.qu'ildaii'oit à ceuxdfinbsp;quels par leurs paroles amp; contenances fembloyét*'*®*nbsp;quelque delîpde remuer toufioursquelque chofe/pO“nbsp;älterer le repos de fon Royaume,amp; pourtant ceux de *nbsp;Religion efperoyentdeliurance.Or puis que rifliieacwnbsp;demmcnt monftré que fa creance portoit la fentencenbsp;mort cotre tant de centaines d’hommes innocés.on p®“nbsp;bié afl'eurer pour certain,que la faute en tôbefur le co®nbsp;feil fecret du Roy. Chafcû fçaitq de pluiîeurs prouince’’nbsp;mefmes du Dauphiné,Lâguedocamp;Prouence,il s’eft tro®^nbsp;ué grâd nöbre de la Nobleflè de autres eftats,ayants po^^nbsp;té les armes pour fouftenir le parti de la Religionnbsp;tout le cours de ces miferables guerres ciuiles,aulsi o*.nbsp;côme ont fait les Lyônois. Toutesfois en aucunes delnbsp;tes trois prouinces.les gouuerneurs ou lieucenâsnbsp;ce,quoy qu’ils foyctautat ou plus zelczà leur religionbsp;alFediônez au feruiee du Roy q pourroit eftre le lie®® .nbsp;Madelot,mefmes le Côte de Tende,lequel aux pretn'nbsp;troubles n’a efpargné fon propre pere,frcre,de bellenbsp;re,ayât chafle loiuYit pere hors, nô feulement de lot'ƒnbsp;uernemét de Proucce,mais du royaume, pour le côn®nbsp;en Piedmont ; li en cefte calamité inopinée nul d'euXnbsp;fouffert aucun maflacre eftre fait en leur gouuerne®’nbsp;amp; n’ont eu ceux de laReligion nulle plus aiFeuree reffnbsp;te,q d.is les maifons defdits lîeurs gouuerneurs ou lie® ,nbsp;nans en abfence , voire mefmes iufques à en auoir reO .nbsp;aucüs en leurs propres châbres, s’oppofant à la rage dCanbsp;ques fcditieux.quivouloyentenfanglanter leurs ntai®’^nbsp;réplir leurs coffres de la vie amp; des Èiés des affligez: denbsp;q en leursdits gouucrneméts 'ne s’enfuyuitque po*nbsp;ou peul de tels maffacres. De là on a voulu inferer,q®®j^nbsp;la creance du Perat eiift porté vne telle fentence, qn®nbsp;mefmes le Roy enllauroit ordôné aufsi aufdits nÇ /nbsp;de Gordcsjde loyeufe amp; deTcde,es paysdeDauphinCinbsp;guedoc,amp;Prouéce.adiouftât dau.nage,q s'ils eufsét recnbsp;tels cômandeméts fans y auoir obey, on ne les euftco_|j,nbsp;nuez en leurs charges, (ans les recercher d’vne telle conbsp;uêce, côme on ne lès en a iamais depuis inquiétez. Mnbsp;oh auoitbiê raadéauxfufdits gouuerneurs de cefait®^^
-ocr page 507-L’ESTAT DE FRANCE. 47^, ®n!ie les a defmis, ç’à efté en accédant la cômodite.Le cqnbsp;'¦Ifccrervouloit mettre afin ce qui eftoic plus prefsé.nbsp;Pourtant ne faut-il trouuer eftrange cefte bigarreure.
La Royne mere bailla le paquet à du Perac.Car leRoy quelque furieux qu’il fuit ne feruoit que d’ôbre aux palmés cruelles de fa mere. De fait on vid. alors lettres çfcri-
amp;lîgnees de' la main de M. Claude du Rubis ,procu-t'ur de 11 ville,amp;du receueur deMa(ro,amp; Scarrô elpicier, æts Elcheuips de ville,eftas encour àlapoudùitce cotrenbsp;lesHuguenots,addrefsâtespar deçà a leurs compagnonsnbsp;Lfeheuins ; côcenans qu’ils n’auoyét peu obtenir pluftoftnbsp;palfeport pour le courrier qu’ils auoyét defignéleur mâ-jier des le iour de la blelTeure de l’Amirabpour le refus qnbsp;^urenauoit fait laRo^’ne mere, leur remôltrant qu’il e-1®« bië raifonnable que ceux que le Roy vouloir depel-'Lerifuflent les premiers porteurs,leur difancau furplus,nbsp;Kils auoyétveu côme ils en auoyét vfé à Paris,amp;qu’il npnbsp;Adroit qu’à eux qu’ils ne fifsét de mefmes à Lyon,ou ilsnbsp;’ en pouuoyét retourner quad il Içurplairoit, puis q pournbsp;1 afaire qu’ils eiloyét venus,ils n’auoyét plus que amp;ire ennbsp;eour. fur laquelle afleurace ils ne firêt difficulté d’eferirenbsp;aleurscôpagnonsql’executiô ne futcômifeàcôperes ounbsp;e5ineres,ains que tout paflait par vn chemin.O n dit q cesnbsp;lettres môftreasan gouuerneurpar Mornieu, luy fit tel-trefpôce,rapropriât au fuietqui fe preientoit.le remetsnbsp;le tout à vous,amp; côme lefus Chrift dit àS.Pierre,ce qvous pjofjne'iinbsp;Estez en terre fera lié aux cieux,ce qvous deflierez en ter proie denbsp;tt,feradelliéaui cieux.quelques vnsle cuydatdeftourner Dieu,nbsp;wymirét au deuat le Roy de Nauarreamp; Prince de Codénbsp;qu’il faloitbié faire plus de côte d’eux ql’ô ne cuinbsp;°‘t-llrefpQ(,jjr, Que par la mortDieu,la Royne merenbsp;ïuoit promisq l'vn ni l’autre neferoyëten vie à la Toufnbsp;ttnts.Ieneveuxnôiner pour ce coup,ceux qui furétafscnbsp;æt,pour auifer aux moyés qu’ô tiédroit à l’executiô d’vnbsp;¦’®fibarbare,amp; plus queTurquefquc entreprife: laquellenbsp;F'Kjôduire plus a'ifémét à chef, le lendemain qui eftoitnbsp;‘^^édredùfiitfiitvncry à fon de trôpe,par touslescar-'Wours amp;:lieux acouftumez de la ville,cótenït en fommenbsp;^'^e ceux de la Religiô eufsét à fe rédre en la maifon dunbsp;’ouuerneur,pour,entédre la volôcé du Roy .La plus pannbsp;¦¦fp crédule,ne firent aucune difficulté, ains fe rendirent
-ocr page 508-480 MEMOIRESDE au lieuafsigné,d’où bien toft apres on les enuoyi«”'^’’nbsp;uers lieux al'auoir en la prifon ordinaire, en la niailon anbsp;I’Archeuefqiie ,aux Celeftins,aux Cordeliers, amp;nbsp;lieux capables pour cótenir vne telle multitude. La nu'nbsp;ne fut pas fi toft venue qu’on ouit de toutes pars de la’’*?nbsp;le les cris amp; voix lamentables :tant de ceux qu’on W*nbsp;facroit par les maifons, que des autres ia demy mofquot;'nbsp;qu’on trainoit à la riuiere.Et principalement les cris hofnbsp;riblesdes femmes amp;petisenfans ,qui fenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;u’’
fanglanter. dn lang de leurs propres peres , fendoye”' cœur .à ceux qui auoyent tant foit peu d’humanité. Enf^nbsp;autres,il y eu t vn artifan nommé Martin Genou fondunbsp;de fon eftat, lequel nonobftant qu’il euft la cuilTe to'”nbsp;pue(amp; pour ceftecaufe contraint détenir lelift)fu'U'’'.fnbsp;porté dans vn linceul au Rofne . Et d’autant qu’ilsnbsp;approché vnbatteau à la nage, auquef il s’efloitaccm®nbsp;des mains, au mefmeinftâtonluyallacoupperlesdn’^nbsp;amp; à grands coups de perches amp; auirons fut alfoniniu^^fnbsp;plongé dans l’eau.LeDimanche,qui eftoit le demi«'' 'nbsp;iourdu mois fuldit, enuironhuitÈ heures de marin,’“'nbsp;qui auoyent efté mis aux Cordeliers furent ma»’'®, |jnbsp;entre autres vn bourgeois nommé Leonard MeraU® ’nbsp;maifonduqiiel auoit eftéruinee plufieurs annees aj^j,nbsp;rauant, à l’occafion d’vnc prétendue myne de la®’“*nbsp;lebaftie à Lyon. Plufieursrequeroyét qu’il leurfrnP^jj^nbsp;mis de prier Dieu dcuâtque mourir.Mais lesbourfUj^i,;nbsp;efeumans comme fangiiers, au lieu de leur accorder*nbsp;requefte,lenr donnoyent dés coups de daguenbsp;feiiès, amp; quand ils tendoyent les mains au ciel, en®nbsp;genoux , on leurcouppoit lesdoits amp; le nez,.amp; pu'S® j^snbsp;mocquantd’enx les charpentoyent, prenansplaiW® «nbsp;Voir languir. Quelques vnsqineftoyentattachezde jnbsp;à vne corde,comedesforfats,furentharqueboufeZ j,,nbsp;enfemble,amp; iettez dans le Rofne. Là mefmes vnnbsp;nommé Alexandre Marfilii.fit trencher la tefte a vnnbsp;quois.nomméPâuloMinutily, laquelle 11 gardanbsp;iours,en efperance d’eftre payé du ban, qui eft vnenbsp;me d’argent promife par la Seigneurie de Lucque^^,nbsp;meurtriers des bannis, principalement pour laR^^eî-^te jnbsp;Or en figne de ioye,pour aitoir faitvn fi belüfte,fu'
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grande efcoppeterie en la place des Cordeliers amp; de ^oiîort.Dés celte heure là il ny eut que meurtres amp; fac-f^getnens par toute la ville, auec vne telle licence enra^nbsp;gt; qu'il lembloit que les enfers fuflent ouuerts, amp; les’nbsp;diables fuflent fortis, bruyans amp;. courans çà de là parmynbsp;1« rues. Enuiron les dix heui es du matin de ce mefmenbsp;gt;our,ledit Mornieu , auquel auoit efté donné pouuoir de
amp; delliér comme a efté duft, le trouua es priions de
1 Archeuelché, accompagné de Poculo fon neuen amp; gei: dre de Guillaume Rouille, lors Elcheuin amp; d'autres nonnbsp;gueres moins factieux que luy , amp; de l’vn des commis au greffe criminel,ayant pour garde le lieutenant dunbsp;preuoft des marelchaux,amp;; quelques archers auec les nosnbsp;amp;futnoms de tous les panures prifonniers, lefquels il fainbsp;foit venir Sipaflèr par ordre deuantluy, commeàvnenbsp;môftre, defquels il en fepara enuiron trente,qui abiure-ftnt la Religion de l’Euangile, promettans combiennbsp;Wie Roy le permettroit ci apres , ne vouloir ci apres afnbsp;öfter aux prefehes ni autre exercice d’icelle,lefquels il ennbsp;noya au coniiét désCeleftins.puis deimel'me pas,s’en vintnbsp;Wi'prifons du Roy appellees Rouanne, ou il fit dem ef-mes,amp; ayât empty la bafle falle des procureurs du Palais,nbsp;de ceux quieftoyentdeftinezamp;choifisà eftre maflacrez,nbsp;en remua enuiron vne vingtaine qui furentaufsi meneznbsp;W conuent des Celeftins,dont peudeiouts apres il for-tirent,partie par rançon,les autres par diuers accidtns,cônbsp;me il pliifoit au Gouuerneur de difpofer de leurs vies amp;nbsp;biens, Et fur l’inftant deliura vn nommé Lazare Bardot,nbsp;fergent royal, entre les mains de lean vernay fon enne-my capitahpour l’aller a l’heure mefme mettre fur vn ba-miu,ie tuer à coups de piftole, puis le letter en l’eau,cenbsp;ftni tilt fait par ledit Vernay , Riueray amp; vnmarchant denbsp;enarbô,lequel depuis eftant frappé d’vnefieure chaude a-Ptesauoir efté empefehé par fa femme amp;fes voifins denbsp;te noyer fut en fin attaché auec chaînes amp; cordes, cornenbsp;yn demoniacle.cn mourâtil renioit amp;defpitoitDieu,chonbsp;¦e qui fut efpouuantable à tous les habitansde la ville,nbsp;’neheure apresmidy de ce mefme iounfut fait communnbsp;dement à tous les Penons,de prendre chafeun vingteinq
1 nommes armez amp; douze crocheteursjamp; les conduire à la
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porte Sainfl; George »qui eft du cofté de l’Archeuefque.où le grand maflacre fe deuoit jpnbsp;pendant le ^Gouuerneur Mandelot accompagné du 1nbsp;eur de la Mante, capitaine de la Citadelle de Lyon,1^1¦nbsp;fauoicbien la cruelle amp; fanglante intention dudit G .nbsp;uerneur,fortant par la porte du pont du Rofne,s’ennbsp;au fauxbourg de la Guillotiere, faifant courir vnnbsp;bruit par la ville,difant qu’on alloit pendre quatrenbsp;ftres.audiûbourg, au lieu ou fefaifoit l’exercice dunbsp;Religion: Et cependant il n’y en auoit que trois ordiunbsp;resjdontl’vnauoit défia efté maflacré dés le leudy-clefs de la maifon de rArcKeuefque,où eftoit le plus g'nbsp;nombre des prifonniers, iufques à plus de trois cens unbsp;quante,furent liurees à ceux qui s’eftoyent gayemeu'nbsp;ferts de faire le malTacre, duquel le bourreau ordin^'^^nbsp;amp; les foldats eurent telle liorreur,à la feule femoncunbsp;on leur fit de s’employer à cela , qu’ils refpondirentlt;î“nbsp;jamais ils ne le feroyent. le Bourreau alleguoit, quu ynbsp;luftice apres fentence donnée les liuroitentre fesfflî'’’^’nbsp;il aduiferoit à ce qu’il auroit à faire, amp; qu’au deineur^nbsp;il n’y auoit que trop d’executeurs en la ville tels qu'ils 0 'nbsp;mandoyent.Les foldats refpondirent qu’ils ne vouloyuutnbsp;point eigorger ceux defquels ils n’auoyent iamais tytu“nbsp;aucun defplaifir.Etque fi ces prifonniers auoyent elm'-'tnbsp;quelque fedition,ou leur auoyent faitquelque torwlsannbsp;uiferoyent d’en auoit raifon: ne voulans au refte faite tenbsp;deshonneur amp; mettre cefte vilaine tache auportdesst'nbsp;mes (qui doit eftre accompagné de gentilelTeamp;''et^ 'nbsp;par vn tel afte. plus propre amp; conuenable aux bouchittsnbsp;Çc afibmme-bœufs.qu’àvnvrayfoldat. En ces enrrew’'nbsp;tes vn citoyen de la ville,nommé Mornieu, l’vn des plu’nbsp;ehragez faftieux amp; des plus mefehans du monde , autrement parricide,monftra (puis qu’il auoit procurélafflO^nbsp;de fon propre pere) que fon cœur felon n’efpargnem’fnbsp;pas fes concitoyens . Car il tint la main a faire aniaflernbsp;les maflacreurs,pour les executions horribles qui furentnbsp;faites.
Or quelque peu de temps apres, amp; enuiron les deux ou trois heures apres midy,voicy venir le Cloucapiraujenbsp;des harquebouziers dçla ville , (maintenant capitaine*-
-ocr page 511-L’ESTAT DE FRANCE. 48^ 'Mufteur des bourreaux) auec vue troupe d’enragez’nbsp;’ntrelefquels vil veloutier Geiieuois nôme Merelle, Lanbsp;?oute,amp;Iean deTroye , foldat de la garde du Gouuer-OeurUean veniay charbonnier duquel nous auons parlénbsp;ty deffiis, Pierre hazard, pclcheur âi tueur de pourceauxnbsp;amp; crocheteur de boutiques,donc il a eu le fouet amp; banny'nbsp;fouuétesfoisiauquel pour fes démérites, les Elchcuins denbsp;l*''ille,entre lefquels eftoit Platei drapier, ont baillé vnenbsp;Petite nie que le Rofne fait au deflbus le boullcuartnbsp;ûintl Clerc, là ou il a fait vne petite maifonnette amp; vnnbsp;Iardin:amp; plufieurs autres, la plulpart defquels portoitnbsp;grids coutelats amp; cimeterres. Si toil que ledit le Clounbsp;fut entré en la grande Court, dit tout haut à cespril'on-niers, Il faut mourir. amp;s’eftant tourné vers fes fcruitcursnbsp;hourreaux,leur dit,(us fus dedans, en befongne , n’ayantnbsp;pas oublié de leur demander labourfe pour Ion butin.nbsp;^antàluy,il monta fur vne gallerie, auec foq porte-ennbsp;'eigne nomméSaupiquet,pour auoir le plaiiîrd’vn tel fpenbsp;f^acle. Les bourreaux cômencerent à s’acharner de tellenbsp;'age amp; barbarie cotre ces poures prifonniers.fus lefquelsnbsp;¦Ischarpenterent de telle furie, qu’en peu d’heure toutnbsp;'Uttaillé en pieces,fans qu’vn feul en foit refchappé.Tousnbsp;Prefque furent meurtris,eftans à genoux, amp; prians Dieu,nbsp;“Orsmis quelques ieunes hommes de bonne maifon,nbsp;^ui firentquelque refiftance,amp; quelques capitaines,entrenbsp;autres la Iaquiere,amp; la Sauge,lefquels empoignoyent lesnbsp;®'rves nues,dontauant que receuoir le coup de la mort,nbsp;durent prefque tout les doigts de la main couppez .Entrenbsp;'quot;Us ceux qui ont confefsé le nom de lefus Chrift,ennbsp;^“Utautivn certain marchand chappelicr,nommé Fran-' .'’ducoulleurJitieBouffu ,ne doit eftremisdesder-auec fes deux fils. Car marchantfur le fang de fesnbsp;ƒ tes amp; eftant couuert de celuy qui iilifloit contre fa fa-/quot;courageoit fes deux fils à prendre la mort en grc.nbsp;ant de cette remonftrance . Nous fauons mes enfans,nbsp;^quot;etelle a toufiowsefté la condition des croyans.d’eftrenbsp;'t'eut trai9;ez,amp; meurtris par les incrédules.
Sure les fîmplesbrebis entre les loups.Si nous foutfrirs lefus Chtift,trous régnerons aufsi auec luy. Que lesnbsp;Hh Z
-ocr page 512-484 ME M O I I^ES DE glaiues defgaineznevous effrayent point : ils nousdnbsp;îeiit vn pont, pour paffer heureufement de cellenbsp;rable en beatitude amp; immortalité glorieufe. C’eft quot; ,nbsp;vefcu amp;läguy entre les mefchâs.Allons viure auec noinbsp;Dieu. Allons courageufement apres celle grandenbsp;gnie qui va deuaut ; amp; frayons le chemin à ceux qui^^?^nbsp;orontapres.Quandil vid venir les tueurs, il embrafl^'nbsp;deux fils,amp; eux leur pere,côme fi le pere eull voulu ferd,^nbsp;de bouclier àfes enfans,amp;les enfans,côme fi par vue otgt;nbsp;gatiô naturelle (qui porte de défendre la vie deceluyfiquot;nbsp;nous l’a donnée) euffent voulu parer les coups,qui fur“^nbsp;ruez contre leur pere,aux defpens de leurvie. Dont apf^nbsp;le maflàcre furent trouuez tous trois s’entrembraflaD’’nbsp;ce faifans monftroyent vue plus grande amitié lesnbsp;aux autres que n’a pas fait en leur endroit la femme duo'nbsp;du Coulleur, appellee Anthoi nette amp; mere defdics e»'nbsp;fans,laquelle pour môflrer deplus en plus l’incontinent^nbsp;dont elle a toufiours ellé plaine ,fe maria incontinentquot;'nbsp;pres auec Charles Louuet,capitaine des chapelliers,leq''quot;nbsp;elle fçauoitbien ellre caufede la mort de Ion mary di d®nbsp;ïes enfans,parce ce qu’il les auoit emprifonnez.Lesboutnbsp;reaux apres auoir acheué de tuer amp; defpouiller les corp’nbsp;morts, s’en venoyent aux prifons de Rouanne, pour ennbsp;faire de mefmes à ceux qui des le matin cftoyent daiislquot;nbsp;falle des procureurs, çôme il a efté dit, amp; dautant que lonbsp;lieu defdites prifons n’eftoit commode pour ce faire • Iquot;nbsp;eftoyent venus des plus notables de la ville fe faifir des 1'nbsp;uenues, faire retirer les batteauxdu coftéduport dute-ple pour faire ladite execution fur la place; mais cominnnbsp;Dieu voulut retenir la bride amp; rage à Satan , le Gouuer-neur fut de retour de fon voyage de La Guillotiere, amp; luynbsp;eflant rapporté par gés apollez le mailacre fait à l’Arche-uefehé , comme fi c’euft efté chofeaduenue par efmotionbsp;populaire,amp; non de fon expres commandement,fe trantnbsp;porte auec les officiers dç iullice , aufsi gens de bien quenbsp;iuyfhors mis le lieutenant deLanges,lequel n’accordacenbsp;malheureux maffacregt; fur le lieu ou gifoyent ces pouresnbsp;corps niorts,ou reten.is encores quelque fentimët d’humanité eurent horreur de voir tant de fang humain rel-pandu, tellement qu’il reuoqua le commandement peunbsp;aiipa-
-ocr page 513-L’ESTAT DE FRANCE. 48/ ’opatauant fâittjd’acheuer ceux des prifoiis de Rouan-pe)amp; pour mieux faire là farce, fur faitk par lefdits de lanbsp;luftice proces verbal côtenâtque lefdires prifons auoyécnbsp;*fté brifees par efmotion populaire, à ce qui s’en elfoicnbsp;«nfuyui. Etpour acomplir le ieu de toutes fes partiesnbsp;Jcquifes , fut crié à fon de trompe , que qui fçauroitnbsp;autheurs du cas, le declairant à iuftice auroit centnbsp;*‘^ttspour fon vin ; mais Dieu qui tout fçait gt; fçaura biennbsp;8“and l’heure en fera venue lé requérir de fa main, amp;nbsp;'S fang de tant d’hommes Içaura bien crier de la terre ànbsp;^ieu.Cepcdapt îls fepourmenoyét par la ville,monftrâsnbsp;l^rs pourpoints blancs couuerts de fang,fe vantans d’ennbsp;’Hoir fait mourir l’vn cent,rautre plus,l’autre moins.Surnbsp;niefme inftant, les grandes portes de ladite maifon denbsp;l'Archeuefque furent ouuertes, à quiconque y voulut entrer , dont il n’y eut perfonne tant contraire fttft elle à là’nbsp;^eligion,quin’euftlecœurnauré , de voir vn fi horriblenbsp;caritage.l’en excepte deux,le premierMornieu.lequel a-»oit porté le libelle de fang, quelques heures deuant l’e-iecution,lequel dit qu’il en falloir faire autant de toutfenbsp;rtfted’autre eft le Clou, qui auoit mené ta troupe meurtrière,lequel ayant oublié qu’il eftoit homme,amp; commenbsp;forcené,nefutnonplus efmeu dufangqu’il videfpâdre,nbsp;qu’vnyurongne de voir courir vne fontaine : ne s’eftantnbsp;foucié,de mettre cede tafehe ignominieufe perpétuellement en fa. race , d’auoir efté condudeur des bourreaux:nbsp;lt;100111)00 droit il porte maintenant le nom d’Archi-lgt;ouneau,lequel luy conuient mieux que le nomdeSa-qu’il apriiis depuis, moyennantl’hoirie de fon onclenbsp;®âla,n’agueres décédé. Quelques hommes eftans allez
Vn adte fi cruel amp; inliiimain,dirent que ce n’eftoyenf P^’des hommes qui auoyent fait cela, mais quelquesnbsp;diable^ habillez en guife d’hommes. Dont quelques vns,nbsp;entre autres,le lieutenant de robe courte , moururentnbsp;de l’horreur qu’ils eurent de voir vu fi grand tas de corpsnbsp;’“umainsfi eftrangement chapplez. Quelques femmesnbsp;enceintes lelquelles y furent par curiofité,ayans veu lenbsp;’^ng fumant bouillonnant encores,amp; ruiflelant iufques ànbsp;‘ariuiete deSaone, furent tellement faifies de frayeur,nbsp;efmeucs de trifteflejque plufieurs d’icelles acconche-
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-ocr page 514-486 MEMOIRESDE
rent deuant le terme .Quant au Gouiicrneuri les port-feignes des tueurs eftoyent à fon cofté , amp; les autre’ pourmenoyent par la ville bien remarquez parJenbsp;pourpoints encore tous fanglants.Mais il cft àprefult;“.^nbsp;qu’il ne les conoit point, ou ne les void pas,po*’* .nbsp;qu’il ne s’en fouuientplus (combien qu’ils parlent to,nbsp;les iours luy)à caufe de fa petite veue amp; courtenbsp;retAutrement les bourreaux de fa côfcience luyferp)nbsp;baifTerla teftedébouté, fe voulantcouurird’vnnbsp;lequel n’eft ia befoin d’öfter pour eftre recognu re*’’nbsp;que fcrgeat iuré du Pape, amp; meurtrier desperesdep*nbsp;de quinze cens petis enfans tous médians,lans conternbsp;autres, lefquels ie prie (amp;Dieu pour cefteffet)qu’r‘J ’nbsp;leurs neueux amp; arriéré neueux de ceux qui portent*nbsp;, marques en leurs âmes, corps amp; biens,d'vne h fanglj”nbsp;cruauté, de monftrerà l’aduenir qu’ils, font bons Chrnbsp;ftiens, pour ne fe reflentir d’-vne telle faignee qui fa'ê”,nbsp;amp;. faignera encor deuant Dieu iufques à la fin du rno^nbsp;de, ains faire bien à ceux qui les ont perfecutez, r****^nbsp;mis en chemife amp; à labeface. Sur le foir quelques * jnbsp;des bourreaux,-conduits par leur capitaine, vindrei’*^,nbsp;Rouane qui eft la prifon ordinaire, portans des ljc*’l’;,|jnbsp;là faifoyent venir entre les deux portes ceux q**’^nbsp;auoyent fur leur rooie,iufques au nombre de ya. oue**nbsp;uiron. Il y en auoit d’auantage’, mais ils promit^nbsp;d’aller .à la mefle. Faifans venir leldits enroolez les 'ƒnbsp;apres les autres, les terraflbyent à force de tirer auec*nbsp;licols dont ils eftoyent enlacez ,amp; eftans à demyenf^nbsp;glez les acheuoyét de tuer à coups de poignards. EfJnbsp;lefquels furent le Capitaine Micbel,M.N.Diues Minin'^nbsp;deCbaalons,s’eftant trouué dans la ville par occafi®’?’nbsp;dontfurle champ foufpirant encores fut traménbsp;uiere.On ne cefla toute la nuiét d’enfoncer portes, en*®^nbsp;uer les marebandifes, amp; cercher par tout ceux quinbsp;ftoyent cachez, amp; eftans delcouuerts,apres auoirp*;^nbsp;rançon,eftoyent meurtris,amp; la plufpart traînez à la riu*^j.nbsp;re.Le lendemain matin qui eftoit le Lundi, premier JOnbsp;de S eptembre,on mit le refte des corps,qui n’auoyentnbsp;fté iettez en l’eau,dans de grands bateaux , lefquels ei.nbsp;conduits à l’autre cofté de la riue du fleuue de Saônenbsp;rent incontinent defebargez, amp; les corps eftendus
-ocr page 515-J vest AT DE FRANCE. 4^7 jj'fte.côme à vne voyrie, auprès de l'Abbaye d’Efnay.nbsp;ifayans voulu permettre qu’on lesen-en leur ccmiticre, comme indignes de fepulturc,nbsp;n’infcûaf-K' lt;ioMerent quelque figne pour les letter dansnbsp;’ttnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ayant commencé à trainer,amp; iet-
quot;’ns le fleuue, voicy venir vn apothiquaire, lequel re-rçf.’Qu’onpourroit faire argét de la greffe qu’on tiles corps. A celle premiere femonce on choifit tjf T*’ pins gras amp; refaits, amp; apres les auoir fendus , onnbsp;jj| * bonne quantité de greffe,laquelle a efté vendue troisnbsp;f.’”^5 la liure.Or ne fachîsplus que faire,aprcs plufîcursnbsp;Iç ^.^’’¦’'oqueries k opprobres que les afsiftas,amp; fur toutnbsp;“aliens iettoy ent contre ces panures corps, vnc par-fleu™'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l’autre iettee dedans le
^eux de Dauphiné,de Languedoc, amp; de Prouence, es ’•les amp; villages defquels le Rofne paffe , eftoyent efper-voir tant de corps flottans fur l’eau, fi inhumainement mutileiiplufieurs attache! enfemble à des longuesnbsp;miches, amp; d’autres qui venans à bord , aaoyent les yeuxnbsp;/eoez, le nez, les oreilles, les mains coupees, daguez amp;nbsp;Petcezen infinis endroits, tellement que plufieurs n’a-'’°yent aucune forme humaine. Or fi grand nombre denbsp;m^poures corpsfe rencontra au port de Tournon,quenbsp;hommes amp; femmes du lieu , commencèrent à fai-^Vn bruit, comme fi l’ennemy euft efté aux portes. E-^ns vn peu r.iffeurez,ils font môter gés fur des bateaux,nbsp;^'’Utpouffer auec des crocs amp; perches ces corps aualnbsp;m’u.Lespaifibles Catholiques deViéne,Valéce,V'iuiers,nbsp;ƒ l’ont S.Efprit, ne fepouuoyent contenir de faire in-imprecations alcncontre des maffacreurs. Ceuxnbsp;J, quot;ries entre autres n’ofoyent tri ne vouloyent boire denbsp;f’U du Rofne, ainfi enfanglantee . Et combien qu’il ynbsp;beaucoup de Catholiques remuans en Prouence, finbsp;mi-cequ’il n’y eut point de maffacres, tant la plufpartnbsp;quot;tent efmeus des horribles cruautez commifesa Lyon:nbsp;m’hefinesils enterrerent ces corps en diuers endroitsnbsp;fiuagesde celle Prouince.
he Mardy x. iour dudit mois , il y eut vn merueillcux Hh 4
-ocr page 516-488 MEMOIRES DE filence par toute la ville, iufqucs à l’heure du change oiinbsp;l’on s’apperceutde quelque remuement.Caril y eutquenbsp;ques placards affichez des le grand matin, par le moyennbsp;de Mornieu (qui ne cerchoit lt;^uq/edition) l’vn à la portenbsp;de la maifon de ville, l’autre a la place du change, W'nbsp;quels contcnoyent quelques iniures contre le Gouuer-neur amp; la Mante , amp; ' aufsi contre les Efcheuins de ville-Ces placards remirent la ville en rumeur, parcequ'*nbsp;fembloic qu’ilsfortoyét de la main de quelqueHugucnonnbsp;A cefte heure mefmes,courut vnbruit que les autresnbsp;deux Miniftres,afiuioir lean Ricaud amp; Antoine Caille,e*nbsp;âoyent encores dans la ville viuans. Ce qui fut caufeqn®nbsp;les plus malins amp; acharnez (pour combler laniefuredenbsp;leur cruauté)fe mirent en quelle pourles attraper. Etfntnbsp;donnée charge à quelquesvns,amp;argent liurépourlesnbsp;meurtrir: ou bien s’ils les trouuoyëf en fortant de lanbsp;de les arrefter, afin d’en faire vnlpeélacle en tépsamp;bednbsp;deuantle peuple. Mais Dieu les fitpalTer aumihend®nbsp;lt;ed}:.qui les cerchoyént,amp; en furent quittes pour de rnf'nbsp;gent. Tellement que fi Ion demande qui a eu pitiénbsp;dcdcplufieurs autres que Dieu a preferuez ,icrefpôdraynbsp;quil n’.y a eu que la dame auarice, laquelle fe trouua to“^nbsp;.1 propos logee au cœur de quelques foldats.
Niais entré pluficurscliofes,quife fontcommifesdit* rant ce grandamp;hprriblechappîe.ily enadeuxquit^'nbsp;marqueront à iamai,s cefte maudite couuee de Cathou'nbsp;quesRomains Lyonnois .Lapremiere eftqueplufioot*nbsp;d’eutreux ont efté les premiers inftigateurs pour fairenbsp;tuer leurs propres freres,coufius, parents amp; alliez. Entrenbsp;îclquels celle chatemite d’Orlin le notaire doit tenir 1®nbsp;premier rang. Car ayant le moyen de fauuer fon propt*nbsp;frere laques d’Orlin notaire comme luy, lequel eftoiti®nbsp;gé en fa maifon, il ne fut iamais en repos, qu’il ne 1 e**'nbsp;fait mener à la boucherie auec les autres. L’autre eftq“®nbsp;plufîeurs contre lafoy promife amp; iuree (mais en cela tenbsp;le raaiftre tel le valet)apres auoir tiré de leur prifonniernbsp;tout ce qu’ils pouuoyent, les efgorgoyent eux mei® ’nbsp;Entre vn grand nombre ie produy feulement cefte de^^nbsp;loyauté cornmife contre lean amp; Guiot Daruts ^terer’ j.jnbsp;quels ayans efté defcouuerts dans vn fenil,amp; apres
-ocr page 517-L’ESTAT DE FRANCE. 485 ‘quot;'ent ligné tout ce que les frétés Cropetz greffiersnbsp;'*iirs aduerfes parties auoyent voulu, touchant quel-PtoceSi amp; apres s’eftre deflaiiîs de quelques papiersnbsp;*‘®portance)ils furent tuez furie champ à coups de da-
amp; iettez dans le Kofne, l’vn defquels fut depuis trou î la riue du Rofne presTournon.amp; reconu par vne dsnbsp;Catholiquefutenterré,comme furet plufieurs autresnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;x
morts qui alloyent flottant fur l’eau. Or les bour-eftans défia tous acouftuinez à eftrangler amp;. efgor les hommes, comme on fait les brebis à la bouche-^e,fe trouuoyent prefts toutes amp; quantes fois, qu’il y a-quot;oitapparence défaire nouueau carnage. Entre autresnbsp;*0 gentil homme du Dauphiné venant de la cour en po-«tiayant prins vu paffe port du gouuerneur.eftant atten-'1'1 fur le pont du Rofne entre deux portes, par Boydotinbsp;quelques autres, fut contraint mettre pied à terre» cô-^^aufsifon feruiteur, lefquels apres auoir efté dagueznbsp;quot;ifët iettez en la riuiere.Et du depuis vn mois durant onnbsp;y_a cômis plufieurs meurttesifans laiiïcr efpece de cruaunbsp;^qui n’ait efté pratiquée par Boydon, Mornieu» le Clounbsp;leur fuite.
Et mefmes le 4.d’Oftobre trois notables bourgeois. *l*uoir,lulian de la Beffee valet de chambre du Roy ,Clenbsp;®ient Gautiet, diacre en l’Eglife reformee,amp; Perce-quot;’1 Ploccard changeur, furent eftranglez entre les deuxnbsp;Pottes de là prifon ordinaire . Dont les corps furentnbsp;‘ijftez quelques heures du Dimanche matin fur le pa-®®gt;a laveuë de tout le monde, amp; finalement iettez dansnbsp;q^u .’’Surquoy on a peu remarquer vn terrible trait,nbsp;.^’‘'ugeance delaRoyne: dautant qu’il eft certain quenbsp;dudit de la Beffee threforier de Prance en Nori,nbsp;^ndic^ljfaueur du Conte de Rets, auoit obtenu let-fës du Roy adreffantes au gouuerneut amp; à la Mante,nbsp;îw lefquelles il leur mandoit auoir entendu que leditlu-de la Beffee auoit efté conferué luy amp; toute fa fa-’’'l'ie.chofe qu’il auoit pour agréable. Ainfi donc peu au-î^rauant il eftoit forti des priions, fous la promeffe tou-^sfois de Guyot Henry,oncle de fa femme, ou il ne de-^'iraqu’vniour,qu’eftant venu mandement contrairenbsp;®'»Royne mere, il fut referré efdites prifons . Sur les
-ocr page 518-450 MEMOIRES DE
Juiit heures du foirde Samedi au milieu de fon eftaiit appelé par le Geôlier, fous le nom du Grnbsp;Cropct.^ui luY donnoit à entendre qu’on le dein®^nbsp;en bas.iniîftant ledit de la Beflee, qu’il luy pleutt ^fenbsp;monter, en fin s’apperceuant du trait, d’vne merueunbsp;conftâce fe leu3,embrafle les afsiftans, leur dilânt jjnbsp;nier à Dieu, donna à' l’vn d’eux vne bague d’or jjsnbsp;vne turquoife qu’il portoit en fon doigt,puis defce^nbsp;degrez fort franchemét,fe mit a genoux au pied dnbsp;fit fes prières, puis d’vne conftance affeuree s’eunbsp;droitàla porte à grâd pas:ou au lieu de Cropet ayantnbsp;le Clou accôpagnéde fes alTociez bourreaux, leur dit’nbsp;mes amis,amp; \ vn mefme inftant ïut attiré amp;nbsp;par derriere hors la porte delà prifon parvnnomffl^ ßnbsp;uiria,lorsgeolier,amp; au parauattainturier de filet, W®nbsp;¦fut eftranglé comme il aeftédit.Iefcay bienqueduf^nbsp;fon emprifonnement,il elTaya tous moyens pour eua® .nbsp;la mort amp; racketter fa vie par le moyen defonbieU’^-jnbsp;fon lardin amp; maifon qu’il offrit de donner, euftnbsp;bien confifté en deniers contans comme enimmeubl ’nbsp;iamais le mandement de la Royne ne fuft venu ate^P ’nbsp;mais ceux a’jfquels il fit offrir en dô fondit i3rdin,euHtnbsp;mieux aymé vn plain fac d’efeus, ce qui fut caufe qui *'’1nbsp;en coufta lavie.
Qimlques mois apres toutes ces tragedies iouees^ France, le pape enuoya vn légat vers le Roy.Iequelfrt tnbsp;ceu treshonnorablement à Lyon, amp;les rues tapiu^^/nbsp;arriué qu’il fut,il alla defeendre deflus la calade de Sainnbsp;lean,là ou il entra,amp; ayant ouyvefpres fortit par la fflt'nbsp;me porte qu’il eftoit entré , amp; eftant fur la caladefutnbsp;contré par la plufpart des maflacreurs, qui l’attendoyt*’nbsp;là de pied coydeffjuels le voyans fe miréttous à genoquot;'nbsp;pour auôir abfolutiô.Mais par ce que ledit légat,lequel £'nbsp;iftoit enuoyé au Roy pour le gratifier des maffâcres,nbsp;fçauoit l’occafion pour laquelle ceux cyfe mirent àg“^nbsp;noux deuantluy,vn des notables de la ville luy dit,q‘’^nbsp;ceslgcns qui'eftoyent àgenoux deuant luy,eftoyent ceu^^nbsp;qui auoy en t fait l’executiô des maffacres,ce qu’ayant eU'nbsp;tendu, ledit légat incontinentleur bailla l’abfolutione”nbsp;faifant le ligne de la croix,de la main droitte.Mais pat
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'ï’îtela fe faifort trop publiquement,Boydon ne fe vou-ttoüuer en cefte place,mais alla trouuer ledit Legat fa cbâbre , là ou il luy bailla l’abfolution corne il auoitnbsp;aux autres.quot; Voilale fommaire amp; vray difcours de lanbsp;^lônie Stinbumanité enragee cômife par ceux lefquelsnbsp;*7âs face d’hommes,amp; portas le nom de Chrcftié,fe fontnbsp;’’'ôllreaplus lyons que les lyôs mefmes,amp; plus barbaresnbsp;ne (urét iamais tous les habitas de barbarie. Et cotrenbsp;Hm'îcontreleurs voyfins,alliex, confins amp; propres freres.nbsp;Auit que paffer aux autres maffacres,il faut inferer ql-^les memoires amp; lettres du Roy,touchât le maffacredcnbsp;‘ Amiral, fpeciallenient celles qui furent eferites au gou-''srneut deBourgongne. Tel eft donc le córenu d’icelles.nbsp;Memoires et instrvctions en-uoyees parleRoyauContedeCharay fonLieutenâtnbsp;general au pays deBourgongne.
\ I E Roy confiderant l’emotion n’agueres aduenue ' Ljen cefte ville de Paris, en laquelle a efté tué le fennbsp;Amiral de Chaftillonamp; aucuns gentils hommes quie-\^uyent auec luy , pour auoir malheureufement confpiténbsp;d’attenter à la perfonne de fa maiefté, delà Roynefamenbsp;*e,de meffeigneurs fes freres, du Roy de Nauarre amp; au-princes amp; feigueurs eftans près d’eux, amp; à fon eftat:nbsp;dtque ceux de la Religion pretëdue reformée ne fachîsnbsp;vray les caufesSt occafions d’icelle efmotion,feroyêtnbsp;pour s’efleuer amp; mettre en armés-comme ils ont faillesnbsp;‘toubles paffex,faire nouuelles pratiques menées amp; def-‘tins contre le bien de fa maieftéamp; repos ee fon Royau-me , s’il nyeftoit par elle pourueuôt wit conoiftrela ve-i 1' •nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;hommes amp; autres fubiefts de laditeRc-
“S'on comme ce faifk eft paffé, amp; quelle eft en leur en-mort fon intention amp; volonté. Eteftimantquepouryre
\ Yluwiiviuu oç vuiuiuc. JLI cuiiiidnn|uc yuui y edier ü eft trefgrand befoin que les gouuerneurs desnbsp;njgt;uinces de fon Royaume aillent par tous les endroits
, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.. .v..xxMyau.nc -uieuvnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘?X'‘omT-
de leurs couueinemens, elle veut que pouT i_Pr,n ûon moteur le Corrte de Chatny grad
ee,fon lieutenant general au gouuerneiïjent e
gne,iilleàillieemment par les villes amp; lieux “
l uernement .Ou eftant arriué il aduifera les rn
\ moyens qu'ü,pourta de faite viure en paix j vnion « *
-ocr page 520-49i MEMOIRES DÉ positons les 1'uiets Je faJitc maiefté, tant de l’vnenbsp;l’autre Religion. Et pour y paruenir fera doucement JRnbsp;peler deuant luy en public amp; en particulier, ainlî Q**'nbsp;verra eftre à faire pour le mieux amp; plus à propos, poquot;nbsp;le bien amp; (eruice de fa maiefté, les gentils-hommesnbsp;lieux ouilira, amp;aufsj les bourgeois des villes d’içeluynbsp;gouuernement qui feront de la Religion, aufquels ilnbsp;claireraamp; fera entendre la vérité de ladite efmotion^nbsp;uenueencefteville: pourceque lonleurpourroit auogt;^nbsp;defguifé le fait autrement qu’il n’eft. Et leur dira que **nbsp;dite Maiefté ayat defcouuert.que fous ombre de labiénbsp;fure dudit feu Arniçal, de laquelle elle vouloir faire tainbsp;la iuftice,felon le bon ordre qui y auoit iaefté done:nbsp;luy Amiralamp;Ies gentils-hommes de fa Religion,q^nbsp;ftoyent en cefte ville auec luy, fans attendre l’eifeft denbsp;dite iuftice,auroyent fait vne mefchante, malheureu^nbsp;deteftable confpiration,contre la perfonne de faditenbsp;icfté, de la,Royne fa mere , de mefsieurs fesnbsp;Roy de Nauarre, amp; autres princes amp; feigneurs eftas P.nbsp;d’eux,amp; contre l’eftatainfî mefmes que aucuns desnbsp;cipaux amp; adlierans de ladite confpiration recognoiHnbsp;leur faute,l’ont confefle : elle à efté cotrainte à fopnbsp;i‘egret,pour obuier amp;preuenir vn fi mefclïant peftu^*nbsp;amp; abominable deireing,amp; non pour aucune caufed*^nbsp;ligion,ny pour contreuenit àfon edit depacificatioU’|jjnbsp;permettre ce qui eft aduenu le Dimanche 14.nbsp;mois d’Aouft,en lapcrfonne duditAmiral amp;fesnbsp;amp; complices. Entendant fadite Maiefté,quece no«onbsp;lefdits de la Religion puiffènt viure amp; demeurer en tnbsp;te liberté amp;feureté,auec leurs femmes enfans amp;nbsp;en leurs maifons,fous fa proteélion amp; fauuegarde, e g.nbsp;elle les ymaiptiendraamp;fera inaintenir,s’iJs leveuK .nbsp;tenir douceinêt fous fonobeiirance,cöme elle lunbsp;Voulant que à cefte fin ledit fieur Conte deCharnVnbsp;amp; baille fes lettres Je fauuegarde en bonne amp;nbsp;que forme, qui feroutde telle force amp; vertu, quu ' .^iinbsp;cftoyent emances amp; prinfes de fadite Maiefté : ‘l^jo-vertu d’icelles.ilsfoycnt conferuez de toutes inh^^^ trU*'nbsp;Icnces amp;opprefsions :aucc inionétions Ä: defcn'J-’ j'jis.nbsp;exptefles à ceux de fes fubiets Catholiques
-ocr page 521-L’ESTAT DE FRANCE. 495 foyét fur peine de la vie,de n’arrêter aux perfonnes,biésnbsp;ne famille defdits de la Religion, qui fe contitdront donnbsp;cementen leurs maifons. Etfi aucuns eftoyent fi téméraires Si mal aduifez de faire choies cotre lefdites detfennbsp;fes amp; violer lefdites fauuegardes ,fadite Maiefté veut quenbsp;punition prompte , rigoureufe amp; exemplaire en (bit fai-te,afinque celaferue pour contenir les autres de ne fairenbsp;le femblable.Qui eft le vrij amp; feul moyen de l’afleuraii-cequelàditeMaieftépeutbailler aufdits de la Religion,nbsp;auec fa parole amp;promefl'e qu'elle leur don ne de leur e-ftre bon prince amp;bening,protefteur amp;côferuateur d’euxnbsp;amp; de tout ce qui leur touche, quand ils demouterôt amp; vi-Urontfous fon obeilTanccsfans entreprédre ou faire choie contre fon feruice amp; volonté. Et par ce que fa Maiefténbsp;afouuentcogneu que les entreprifes amp; deliberations faites par lefdits de la Religion contre fon feruice, ont efténbsp;tefolues entre eux aux afliemblees des prefehes, que lesnbsp;gentils-hommes auoyent liberté de faire faire en leursnbsp;maifons amp; fiefs : mon dit fieur le Conte de Charny feranbsp;entendre particulièrement aux gentils-hommes qui ontnbsp;accouftumé faite lefdits prefehes,que fadite Maiefté con-l’ierant qu’il n’y a rien qui tant efmeuue amp;anime les Ca-o'oliques contre ceux de la Religion, que les prefehes amp;nbsp;*‘Vemblees,amp;que les continuas,!! eft tout certain que ce-'^tfteaufe d’empirer amp; augmenter lefdites efmotions:nbsp;înnrcefte occafion, fadite Maiefté defire qu’ils les fa-'^nt ceffer,, iufques à ce qu’autrement par elle en foitnbsp;®'donné,S: qu’ils s’accommodent à cela comme chofenbsp;'inifertgrandement à l’effeft de fon intention, qui eft denbsp;’^^nener doucement fefdits fubiets à vne vraye amp; parfai-^ntitié,vnionamp;concordelesvnsauec1esautres,met-quot;^^ontesdiuifions amp;pattialiiez enoubly. Et d’autantnbsp;^’^tcclaleur pourra femblerdur au cômencement.monnbsp;l'eut le Conte de Charny , regardera à leur faire direnbsp;'quot;icernent, amp; fans qu’ils en puiffent entrer en aucunenbsp;^’ûuaife coniefture; car aufsi fadite Maiefté veut procenbsp;en toute vraye fincerité à l’endroit di ceux qui fe cô-^inietont àfavolôté amp; obeiffance, en laquelle il les ex-otte de viure,auec toutes les meilleures perfuafios qu’ilnbsp;\ quot;'''iitaiamp;affcuteta d’eftre,ence faifant,feurcment main-
-ocr page 522-494 MEMOIRES DE
tenus amp; cöferuez comme les autres fuiets Catholiq“'’' ainfî que fadite Maiefté veut qu’il face. Et afin que fclquot;nbsp;fuiets Catholiques fâchent comme ils aûrontàfenbsp;duire en ceci, monditfîeurle Conte deCharny,leurnbsp;que ce n’a iamais efté amp; n’eft encores l'intention de **'nbsp;dite Maiefté qu’il foit fait aucû tort, iniure ou oppreisioquot;nbsp;à ceux de ladite Religion, qui comme bons amp; loyauï W'nbsp;iets fe voudroyét contenir doucemët fous fon obeilU'’nbsp;ce.Declarant aufdits Catholiques que s’ils s’oublient ta“'nbsp;que d’offenfer ceux de la Religion, qui fe porteront te »nbsp;cnuers fadite Maiefté, amp; ceux aufsi qui auront à celle fl®nbsp;prins d’elle ou de mondit fieur le Côte de Charny,lettre’nbsp;de fauuegarde.elle les fera punir amp; chaftier fur le chafffnbsp;comme tranfereflèurs de fes commandemés, fansnbsp;ne elperance de grace,pardon ou remifsion. Ce que leenbsp;Iiry Conte de Charny leur exprimera amp; déclarera,nbsp;les plus exprefles paroles qu’il luy fera pofsible, amp;nbsp;aufsi executer bien eftroitement. Et apres que fuyuaunbsp;l’intention de fadite Maiefté , il leur aura par celle 'lt;‘gt;1nbsp;douce,qui eftcelle qu’elle aime le mieux , cercher *nbsp;moyésd’afleurer le repos encre fefdits fuiets, ^deif^.nbsp;tre quelque afleurance entre les vns amp;les autrestceux 4nbsp;fe conformeront en cela à la volôté de fadite Maielleinbsp;leles y confortera amp; leur fera tous les meilleurs amp; P‘‘.jnbsp;doux traitemés qui luy feront pofsibles. Mais s’il ynbsp;quelques vns de la Religion,qui fe rendillent opinialunbsp;amp; rebelles à fadite Maiefté, fansauoir efgard aufdicesfnbsp;monftraces, amp; fulTent afséblez en armes, faifanc me'J?.nbsp;amp; pratiques contre le bien de fon feruicededit fieurnbsp;de Charny leur courra fus,amp; taillera en pieces auât qu'nbsp;ayent moyen de fe fortifier amp; ioindre enfemble. amp; P® pnbsp;cell effeft, alfemblera le plus de forces qu’il luy fera nbsp;lîble,tant des ordonnances,du ban amp; arriere-bannbsp;très gens de guerre amp; foldats à pied desgarnifons amp;nbsp;bilans Catholiques des villes de fondit gouuernem^ ,,nbsp;amp; afsiegera ceux qui fe tiendront amp; rendrôt fortsnbsp;les de l’eftendue dudit gouuernemenc,de maniéré qy^nbsp;force amp; authorité en demeure à fadite Maiefté.Faitanbsp;ris le jo.iourd’Aouft, ly 71. ligné CHARLES.amp;P*nbsp;bas, Brulard.
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Les Catholiques de Bourgongne furent tenus enbri-uepar la prudence dudit fleur Conte deCharny.qui en ’Diprouuanttels aftes d'inhumanité, difoit, qu’auec le 'nbsp;temps on ftelchiroit ceux de la Religion beaucoup plu-uoft par douceur que par violence . Vray eft que le fleurnbsp;®e Traues , gentil-homme bourguignon , fut maflà-ete a Dijon, ou ceux de la Religion firent abiuration,nbsp;t^ome en la plufpart des autresvilles de ce gouuernemét.
11 a efté dit que le Roy auoit enuoyé (a déclaration, Eftatdc’.» tOttchantlamortdel’Amiral,àtousles gouuerneursdes S-ochcUe,nbsp;Ptuuinces de fon Royaume, pour par ce moyen repri-’quot;stceux de laReligion.On en enuoyavnc en Poitou,amp;nbsp;^aGuyenne aufsi.Mais auparauat,amp; fi toftque le mafla-'te fut commencé àParis,trois courriers furet depefchez
'a apres l’autre, amp; fort foudain,vers Strofsy,amp; le Baron “'la Garde,pour fauoir comme ils s’eftoyent gouuerneznbsp;*'tfaitdesRochelois.Lefquels furent aduertis des maffa-, '''tievendredyfuyuant,ai),dudit mois,amp;. entendirentnbsp;' que mefme entreprife de maflacre s’executoit ennbsp;r'afieurs autres endroits, amp; mefmement es meilleuresnbsp;'“las de ce Royaume. Les fieurs des Roches Baritaut,nbsp;*4eBelleville, affeûionnez auferuiceduDued’Anjou,nbsp;'““Yenededans la ville, accompagnez de plufieurs gen-,, hommes, amp; foldats ; mais on fe déficit tellementnbsp;“'Ux, qu’ils n'euffent peu effeéVuer chofe qui incommoda grandement les Rochelois , qui fans faire aufditsnbsp;quot;'“rstnauuais traitement, leur permirent de s'en aller,nbsp;'“'ieniouter, comme bon leur fembleroit ,tout ainfinbsp;d's'il n'y euft point eu de trouble enPrance ,amp; d'em-d'ret or,atgent,armes,amp; toute autre chofe qui leur ap-quot;aaihilan que le bruit full pat la ville,qu'ils de-a quot;“¦yent fe faifir d'icelle, a la faueur de 1' armee qui e •nbsp;““atiBrouage.
liB nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'°quot;’nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;confeil eftimoyent que
^^^ochelle fuft à leur deuotiô,3c qu'il n'y reftoit plus que d’giiifer les couftcaux,pour faire vn carnage plus grandnbsp;autres. En cefte mefme opi-ç.,,. 4aprin[e de laRochelle,laRovne deNauarre ef-' idR'^'^cttre au fleur deBeaupuys cheualiet de l'ordrenbsp;3ijon,du zy.d'Aouft-.luy
-ocr page 524-496 M E M O I R E S D E recommandaties meublesiamp;biensqueladanienbsp;court auoit à la Rochelle. Le marefchal de Tauannesnbsp;uoya femblables lettres , pour aucuns meubles quenbsp;me de Soubize auoit en ladite ville. Stroflynbsp;kttres du Roy, amp; aduertiflement du malïacre s’eKnbsp;Charles qu’as-tu fait-tu t’es trop hafte.
Les Rochelois fuffifamment aduertis du pefcherent homme, amp; lettres en Brouage vers Stro .nbsp;amp; Baron delà garde,pour entendtc plus à plowoo-*’’nbsp;le tout s’eftoit pafle à Paris,amp; ailleurs, amp; del'couurirnbsp;tention defdits iieurs,s’il luy eftoit pofsible. Leditnbsp;refpondit ce qui s’enfuit.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jjlt;
lettres du Baron denbsp;la Garde,nbsp;aux Ro-chclois.
MEfsieurs,nous eftious enfemblc le feigneurStrO^ amp;moy quand voftre homme prefentnbsp;arriué, amp; auons veu vos lettres, eftans merueilleulet”nbsp;marris des mauuaifes nouuelles qu’on fait courir ennbsp;lire ville. Et quant aux dommages que dites auoirf^^^nbsp;aux lieux circonuoifîns, vous fcauez bié quec’eftp^fnbsp;gligence de ne nous en auoir aduertis,car desnbsp;cuiTe bien remédié , comme ie fais à prefent, qui enS ,nbsp;les gés, amp; vailTeaux, du feigneur de Belle-ville, s’en''* /nbsp;nétauecles autres, amp; s’ils ne le font, i’y remedieraynbsp;De monfieur de Belle-ville,amp; Roche baritauGie leu*quot;nbsp;cris de s’en venir incontinent, fi leur fanté le peut po^nbsp;Des autres,s’ils ne font malades,ie m’affeure qu’il n Y jjnbsp;à pas vn qui ne s’en vienne. Au refte, faites tantpou*^^nbsp;feruice du Roy,pour vous-mefmes, amp; à ma requefte’l^,nbsp;fur la couleur de ce fubiet, vous ne retiriez point cesnbsp;ures mal confeillez de la Religion,comme il y ennbsp;beaucoup,mais les renuoyer chafcun en leurs mefnSe ¦nbsp;(i iis ferontbeaucoup mieux . Et vous afleurez du *|^nbsp;gneur de Srrofly,amp;de moy,que nous ne permettronsnbsp;mais que piece qui foit fous noftre charge, vous one^’ j,nbsp;nyenfccret, ny en public. Car outre ce que leurs m’nbsp;liez nous ont dit de vine voix,par trois courriers qW gt;nbsp;venus depuis ce qui ell aduenu .à Paris,ils nous ontn*nbsp;déde vous foulager, amp; refpcfter , en tout ce que nnbsp;pourrons, amp; faire obferucr l’editde pacificationgen jjnbsp;lemét par tout, amp; aduertir à la vérité des caufesnbsp;furuenu ce tmnulte.Et encore que ie fache que vous
-ocr page 525-L’ESTAT DE FRANCE. 497 eftcaduertis de voftre cofté , par gens toutesfois qui doi-uenteftre pafsionnez.i’enay did à voftre député prefencnbsp;porteur ce que i’en ay fceu de diuers lieux , qui Je vousnbsp;^quot;iwra mieux reciter que ie ne le vous pourrois efcrire.nbsp;qui me gardera de faire cefte plus longue, ne voulant fainbsp;te tort a fa fuffifance.Bien vous aifeure-ie que fi me voulez croire auec l’aduis de la plus part devos bons citoyësgt;nbsp;vousviurezen paix amp; en repos,amp;remettrez par cemoyénbsp;tollre Ville, en la grandeur amp; reputation qu’elle aefté au-tresfois. Melsieurs,ie prie noftre Seigneur vous donnernbsp;Oubonnefanté, longue amp; heureufe vje.',De Brouage,cenbsp;“ernier Aouftjij/x. Voftre treireuramp; plus cher amy Pounbsp;«n.A Melsieurs,Mefsieur5 les Maire, Jurats, amp; Pairs de lanbsp;Rochelle.
Larefponce de Strofsi fut telle.
MEfsieurs, ie, viens prefentement de receuoir voftre lettre touchant quelques compagnies dequoy ’’ousvous plaignez.Quant aux defordresiene fuis d’au-^te opinion que celle que m’auez coneu, qui eft d’obfe^nbsp;“Or la iuftice,amp; particulièrement tenir la main au foula-?'ment du peuple,amp; voftre.'dl eft vray qu’auions pour lenbsp;oortaindôné le rëdez-vQUspour nous embarquer le der-quot;'or de ce mois. 11 eft furuenu ce qu’auez entendu à Paris,nbsp;liitquov le Roy nous à mandé craignant que cela ne cô-’’“'ft defordre,tenir la main à la paix, amp; vnion de tout lenbsp;'^ode.ce que nous defirons faire,amp; vous prie devons ennbsp;’fteurerivous priant aufsi ( comme ie m’afleureque fe-faire le mefme, pour enfuyure fon intention.N’enbsp;^otlaprefente à autre etîed, ie me recommande tref-“tthlejDent à voftre bonne grace, priant Dieu vous te-Jf^''lagarde.De Brouage,ce ji.d'Aouftii^yi. Voftrenbsp;^^‘fteuramy,Strofsi.Etdeirus,AMefsieurs,Mefsieurslesnbsp;^ftciEfcheuins amp; Pairs de la ville de la Rochelle.
'^r ce bôamp; feur ami voulant fe remettre en credit 4-Trahifon«' ’^^claRoyne meredefefperément irritée contre luy, de de Stroft».
qu’il auoitfailly à prendre la Rochelle gt; penfa y entrer P«le moyé qui s’enfuit.11 dit aux députez de la ville,quenbsp;' urefsieurs de la Rochelle eftoyent en crainte, amp; fe vounbsp;®ycntaiderde fon confeii amp; moyen , il leur donneroitnbsp;li
-ocr page 526-Capitaines à Ia Rochelle.
498 M E M O I R E -S D E pour leur gardeamp;feureté, telles conipagnie.s,amp;dy [jsnbsp;Religion qu’ils voudroyent. Le tout rapporté ennbsp;Rocheloisjbieii auifez, ne furent d’auis de fuiure |j(Snbsp;feil ( vray cordeau pour les eftrangler) ni déroger anbsp;priuileges,qui fontde ne receuoir aucune garnifoP’^ftnbsp;de garder cux-tnefmes leur ville. Et comblé que lî‘j.jiinbsp;fe prefentaft de toutes parts,amp; qu’il n’y euft pour eu*nbsp;à merci ne grace, refolurent de mourir pluftoftnbsp;iufte defence, que de mettre leurs âmes amp; vies ent'nbsp;mains des maflàcreurs , qui deliroyent les faire r”'’ i^snbsp;fpiiituellement amp; corporellement : ôc puis que .jlJnbsp;auoit couferuez contre toute eiperance humain^’^nbsp;ouuriroyct leurs portes à leurs poures frétés efcn’rrj^lj.nbsp;qui fe retireroyét vers eux,en deliberatiô tous eni^*nbsp;de maintenir la vrayeReIigion,iufqu’à la derniereg®^^^.nbsp;de leur fang. Et par ce qu’ils eftoyét mal munisnbsp;ftenir vn liege, fut auifé qu’on manieroit cesnbsp;cernent amp;. fans bruit.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. I*
Rufegrof-lietc du Baron denbsp;la Garde.
Pepuisles troubles,iuenus en France pour lefa*'^ yl Religiô, la ville de la Rochelle a eu huitCapitaineS’i jdnbsp;les huit quartiers en quoy elle eftdiuifee. Aunbsp;maflacre, ils donnèrent charge à ceux qui s’enu* pj-Sauuage, Gargouillaud, Chalmot, Bobineau,nbsp;uidiBonnaud.Le grand, Pynaut, qui ayoyet chafeuj-cens hommes fans gages, viuans àleurs deipens ucftnbsp;tribuas aux charges, en quoy ils ontconftamétpernbsp;pendant toute cefte derniere guerre, auec grade 10nbsp;Ence temps,le Baron de la Garde, demandanbsp;chelois pour le feruice du Roy,grâdepronilîondenbsp;farines,vins, chairs amp; poilTons lalez-'IesblafmantaU^^^ifSnbsp;faire trop grade garde en leurvi!le,amp;de retirer pl® ^[,(1nbsp;fugitifs,amp;malconfeillez,qui eftoit prefage de gra“®nbsp;re.Les Rocheloisrefpondirent le fécond denbsp;qu’ils n’auoyent aucuns viures , fînon quelques lip’ll,;,nbsp;pour vn mois feulement,amp; qu’ils retirer les autres Pnbsp;fiôs de iour à autre des pais de Poiélou amp; Saintong ‘ yétnbsp;leurs vins eftoyét la plus part es caues, Än’enpo“ ^r«'nbsp;cftrez tirez,qifils ne fulTent gaftez,5c ne s’attende) ^iiinbsp;cueillir beaucoup de vin es vendanges prochaiu^^fjjiie,nbsp;pour les chofes pallèes, que pour la faifon trop
-ocr page 527-PESTAT DE FRANCE. 499
Qu’ils ne gardoyét leurs portes plus eftroittemét que de Cüuftmne,amp; auoyét comandemét du Koy.fouuét réitéré,nbsp;amp;priuilege de ce £iire;amp;qu’au refte,ne le trouueroit villenbsp;«n tout le Royaume,plus pailible.que la Rochelle . qu’ilsnbsp;ne receuoyét outre quelques poures marchas,autres personnes,que de fes troupes,amp; de celles du lient de Stroflys
^ncetnefme téps, MonpelatSenefchaldePoitiou, le Confeien-“'ant lieutenat general pour le Roy,en Guyéne,efcriuit ce Caiho-Rochelois, Qtæ la mortdel’Amiraleftoicaduenuc lique, amp; pour certaine côfpiration faite par luy amp; les adhéras cô- '®i“oinnbsp;V''^PersôneduKoy,de laR.oyne,desfreresduRoy,dunbsp;oy deNauarre,corne le Roy le luy auoit mandé. Pour 'nbsp;'i'^elle mort, les gens de bien ne deuoyét s’efmouuoir,nbsp;aisaucotraireeltrebienaifes duchaftiemëtde tels cô-P’''«eurs.Et pourtât les prioit de fe gouuerner lî mode-oho ^quot;'t^ fagemét.quele Roy fc peuft côtenter d’eux,fiinbsp;in 1nbsp;nbsp;nbsp;effoAiil s’y employ croit de tout sô pouuoir,cô-
j.'j'Mbôvoifinamp;amy.LesRochelois ne le tourmête-bf nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fichas de quelle alfeétiô luy amp;les fem-
^Wes defiroyent s’employer cotre ceux de la Religiô. Q^otauxlettres enuoyecspar Strofly , le cofeilfutnbsp;aiUs d’y faire refponce, amp; fuvuantcela, luy efctiuirentnbsp;s’enfuit.
Onfeigneur,Nousvous fuppliôs treshùblement ne Lettres des Itrouuet mauuais,fi nousn’auôs dôné charge à no? Roeheloisnbsp;voftre grâdeur,de vous rédre refpôcc auant * Strony.nbsp;qu’il vous plairoit leur propofer ou cômâ-'l'i’ayâs entendu pat leur rapport amp; fuyuat voftrenbsp;rendât raifon de nos adiós, nous nous affeu-côbien que ces el^anges amp; horribles executionsnbsp;Orleans, amp;nbsp;ji^fP'ochâtde ce pays)à Saumur Siplulreurs autres lieuxnbsp;ojj^’^Vontdonnévn metueilleuxeftonnemcnttfi eft-ccnbsp;aucun changement en noftre en-qu’auex peu voir, eftâten ce-n’aeftévne plus grande amp; foigneufe vigi-
Uu*- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nous prenôs à l’entretenement de
obferuation des edits de faMaiefté: commandée amp; neceffaire, amp; entel-1 '•’^mraandation, que nousn’auons rien plux cher,nbsp;n a
-ocr page 528-500 MEMOIRES DE
Aufsî'celle ville fe comporte autant paifibleinwt’^''.® ville de France , y eftans les cœurs amp; volonté?, des m3g‘nbsp;ftrats amp; du peuple bien accordants. Nous g.irdôs denbsp;noftre pouuoir que nulles perfonnes turbulentes letfnbsp;tirent ici. Par edits publiez nous en auons chaffétous'*'nbsp;gabonds amp;gens fans au eu. Etfaifons eftat de perfeuetnbsp;en celle façon, amp; ne nous femble auoir befoin de p*“nbsp;grande force . Que fi nous eufsions veu amp; voyons en inbsp;uoir mcftier, nous n’eufsiôs fait faute de recourir à vou’’nbsp;ellans trelaiïcurez de la bonne volonté qu’il vous Pquot;'nbsp;nous porterrdont nous vous mercions treshumbletnent-Et fi en ce repos on adiouftoic quelques forces : ceb ®nbsp;pourroit eflre fans quelque alteration perilleufe gt; 1**^nbsp;nous délirons euiter. Et pour en efclaircir amp; aflenf^nbsp;fl Maieftéidefirôs enuoyer aucun des nollres, pourq^nnbsp;fiire lâchans les pafiages peu alTeurez en ce temps gt;nbsp;fiipplions treshumblement qu’il vous plaife ottroyer’’^^nbsp;lire pafleport. Et s’il vous plait l’accompagner denbsp;que voftre lettre portant tefmoignage fauorable de n»nbsp;paifibles amp; bons comportemens,que voftre grandeurnbsp;bië conus,vous nous ferez beaucoup de bien amp; d’hönf''^’nbsp;amp;V0ÜS en fupplions tresbumblemêt. Qii.ïtàvos biftu’.nbsp;nous ferions bien marris d’y donner empefchement,”' nbsp;autre quelcôque cbofc qui vous appartiêne; pluftoft''U‘'nbsp;en ferions nous part des noftres,fi nous en auiös. Lesnbsp;lires font libres,, pour les faire enleuer par vos geiis.qu^nbsp;11 vous plaira.Le nauire du Capitaine Thibault eftoit^®'^,nbsp;tjsquad nous receulnaes voftre lettre en fa faneur. CeWnbsp;de monfieur des Rochel fortira, quand fes gensnbsp;dront. Il n’,1 eftéempelché p3.rnoit5,m3is commande“nbsp;fortir. C’a efté vn empefcliementfait par Boiflèaii, lenbsp;uireduquel auoitefté pris : de la reftitution duquel (P’nbsp;ce que c’eftvnde nosconcitoyens) vous mercions rre^nbsp;humblement :amp; de la liberté qu’il vous plait nous P^^nbsp;mettre delaiirerpalTer delà Charente en celle villenbsp;v.àilTeaux qui nous y apportent marchandifes amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;
chofes neceflaires, fans lefquelles, Sc làns le trafic {lumé, celle poure ville feroit mal accommodée. Etblnbsp;uantcellebontéamp;faueur,qu’ilvous plait nous preb®^nbsp;rer amp; faire, vous fupplions aufsi treshumblement-^!®
-ocr page 529-LESTAT DÊ FRANCE. 501 ' williez permettre amp; donner congé aux gabarriers, amp;nbsp;“srinicrsdefainaSauiuien Sf Tonay-CEarentegt;de rendre en cede ville dixhuit ou vingt milliers deboisde me-fiinàfaire barriques,appartenât au Controlleur pour lenbsp;^oy en Cede ville, amp;donncr congé à François Coyeuxnbsp;'On feruiteiir,delefaire chaigetipafler amp;amencr icy.d’aunbsp;^ncqueceft pour faire les inftruniens des vendangesnbsp;Pfochaines.Et de toutes ces voftres faueurs nous tiendrôsnbsp;perpétuellement obligez outre l’affeftionque fans celanbsp;»ous auons de vous faire tous tresliumble feruice . amp;. denbsp;'®ut aufsi entier, que nous faluons tresliumblement vosnbsp;quot;Onnes graces, prians Dieu (Monfeigncur) Vous donnernbsp;^quot;parfaite fanté,treflôgue Si lieureule vie.De la Rochel-ƒ ’ ce cinquiefme de Septembre,lyyi, Vos tresbumblesnbsp;truiteurs, les Maire, Efeheuins amp; Pairs de la ville de lanbsp;Rochelle.
Ces lettres eferites de part amp; d’autre, monftrent fuffi-’¦quot;tnent les rufes du confeil fecret, duquel Strofly amp; le ‘fonde la Garde eftoventferuiteurs amp; inftrumens :8cnbsp;‘Utrepartlafiraplicite des Rochelois qui ne deman-^“yent, finon qu’on les laiflaft iouir de leurs priuileges»nbsp;delà liberté à eux ottroyee par l’edit de pacification.nbsp;0 proteftoit bien de paroles,que telle eftoit l’intentionnbsp;?^uy, mais par efFeéP,il n’y auoit que voyes d’boftilitévnbsp;jP^t'alenient i l’encontre d’eux,qui ne fe vouloyent laif-'\'i*§“tger de par le Roy.
quot; y auoit en l.a rade de Chef de bois, vn fort bon 8c .’^Onauirenommé le Prince, qui appaftenoit aux he-'‘'fsdu feu fieur de Piles. Le Capitaine PrOuençahquînbsp;,j?\‘’'‘odoit dans iceluy , s’entendant auec les galeresnbsp;Pj ‘'®y,leur laillaprendre ledit vaifleau Si emmenernbsp;»nul f'^^'^dince , Les mariniers difoyent , que s’il euft
*' le défendre, les galeres ne l’euflentpas peu for-
ffouPP« Stroffy , eftoyent plu- £ p, loiiiats de la Religion,qui iufqu’à lors auoyent pe- Kochçjtj.nbsp;Uer'^ir ‘ fuft drclTee pour Flandres. Mais l’ad-
f'ucmentdu tnaflacre venta, aucuns auec leurs ar-I {J OQoippages, fe retirèrent à la Rochelle , qui pat
“oyenfut promptement armee de quelques nauires
1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;H ,
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Gentils hô amp; bons foldafs. En ce mefme mois de Septembre amp; mes amp; mi ¦nbsp;nifttct.
Jufne public.
Nouuciu moyennbsp;pourauoirnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp; ,
la Rochel tous movens defe donner contétcinent : car le.
deux fiiyuans, fe rendirent aufsi en ladite ville enuirc'’ cinquante gentils hommes, cinquante cinq miniftres.®nbsp;quinze cens foldats Poifteuins pour la plufpart, quelque*nbsp;vns de Saintöge amp;d'Onis,le refte de PariS)Orleâs,TouP'nbsp;Bourdraux amp; autres endroits de ce Royaume, felon q'**nbsp;Dieu leur faifoit la grace d’efchipperdes maflàcres,nbsp;fugiezen ladite ville.Leiufne public y fut publié les ne“*nbsp;amp; vnziefme de Septembre,à quoy le peuple fe trou“*nbsp;bien difpofé,n’ayant celTé de pleurer amp; gémir, depuis Knbsp;nouuelles du mafl'acre.
La Rochelle eftoit vne elpine au pied du Roy, nbsp;nbsp;,
Roy ne mere amp; de tout le confeil fecret,dont ils eftoï“, fort ennuyez,amp; ne cefloyent d’y porter la main,cerlt;A’nbsp;arreftoit le cours de leurs deflèins, en l’executionnbsp;quels ils auoyent mis tout leur plailîr amp; repos.nbsp;ans que les lettres amp;menees de Strofsyamp;duBaron unbsp;Garde ne faifoyent que rendre les Rochelois plusaULnbsp;furent d’opinion de fuyure vn autre expedient,ennbsp;uantdufieurdeBiron(qut ferait bien aife fenbsp;eu bonne grace par vnfî remarquable feruice)^j(nbsp;chant de le faire receuoir dans la Rochelle,dont n' .(-gouuerneur. Ils efperoyent que fi Biron y pouuogt;*^|.jj-trelepied , eux y mettroyent le corps aifénient F op-pres. C’eftoit aufsi vne choie vray femblablequel^.^^jî-chelois aimeroyent mieux le receuoirfansantreiu'nbsp;non de fon tram, que d’encourir plus auantlif .ynbsp;tion du Roy,amp;s’expolèr à vne cruelle guerre. An'gt;nbsp;ledit fleur de Biron auoit efté requis par euxnbsp;«erneur, fur tous les Seigneurs qui n’eftoyentde ‘ yfi’*nbsp;ligion.lointquelesdeputezdeladernietepaix/ jje*nbsp;fait entendre auxRochelois que ledit fleur eftolt;*nbsp;plus defîreux de la paix,laquelle il auoit procuréenbsp;cee de tout fon pouuoir. Mefmes au maflàcre jjPnbsp;il auoit retiré dans l’arcenal pluflcurs
Religion ; entre autres lean Boureauamp; laMnnm.fi)J^ tezde la Rochelle. Cependant, afin quenbsp;mieux receu, le Roy le faifant acheminernbsp;nement, enuoya deuant vn roaiftred’hofteJd«
-ocr page 531-L’ESTAT DE FRANCE. 505 ^'Nauarre,nommé le fleur (l’Audeuars,acompagné du-»nbsp;« Boureau,auec lalettre fuyuante.
De parle Roy.
CHers amp;bien aimez, nous eftimons appartenir à l’af- lettt« du feftion de bon Roy,de tenir nos fuiets bienaduertisnbsp;s noftre intention, afin qu’eltas informez de la finceriténbsp;•telle,ils facHent ce qu’ils doyuent enfuyvre,amp; ne foyét ’*nbsp;“ulez par inaduertance, ou autrement : d’autant moinsnbsp;occafion d’importance,comme eft celle qui s’eftpre-Jntee ces derniers iours.Surquoy, encores que ne douons aucunement de voftre obciifante volouté, amp;quenbsp;’diouftiez foy aux rapports,!! aucuns vous eftoyét faitsnbsp;f toement qu’à la vérité: nous auons bien voulu vousnbsp;ijtoe laprefente que vous enuoyons par le fleur d'Au-^tiiars ex pres , pous vous faire fauoir que le feu Amiralnbsp;totres fes adhcrans, cftans en cefte ville, auoyenc.nbsp;ftäinement Sc euidemment confpiré contre noftrenbsp;donne, celle de la Roy ne noftre treshônoree Damenbsp;nos trefthers amp; trefamez frétés,les Ducsnbsp;ptojou amp; d’Alençon, amp; Roy de Nauarre , amp; autresnbsp;jdncesamp; Seigneurs ,amp; eftoyentprefts à, executerleufnbsp;j^'iinable enareprife ,lors que moins nous y penflons,nbsp;r^ilsenauoyentle moinsd’occafion : ce qu’ils euf-fjîp , n’euft efté que Dieu nous infpirant, amp; nousnbsp;Pf tot toucher comme au doigt cefte confpiration, parnbsp;plus certaines que ne defirions , nous n’auonsnbsp;moins, que de les faire tomber au lieu quenbsp;U-Jtos auoyent préparé : dont nous rendons graces ànbsp;jj 1 foSeigneur, amp;nous affeurons que tous nos bonsnbsp;jj ‘®yaux fubiets -, en receuront vn merueilleux bien 'nbsp;aduifant au furplus, amp; vous ennbsp;tie 4“® cela n’a efté fait à caufe ou pour hat-gion, ny pour contreuenir enrien à nosnbsp;du pacification, lefquels auons toufiours enten-’’’U'^î’nn'e entendons , obferuer, garder amp; entretenirnbsp;cU[j ‘aolement, ains feulement pour obùier à l’exe-d’icelleconfpiration. Déclarant à tous nosâl-
li 4
-ocr page 532-504 MEMOIRES DE
iets quelconques de la Religion prétendue reforme^' noftre intention eftre, Qu’en toute feureté amp; liberté,il®nbsp;puiflent viure amp; demeurer auec leurs femmes, enfaosnbsp;familles,en leurs maifons , fous la proteétion de nos C'nbsp;dits, ne voulans nullement, que pour raifondece,k“®nbsp;ifoit mesfait, ne mefdit,ni attenté à leurs perfonnes^^nbsp;biens,fur peine de la vie des delinquans amp; coulpable®'nbsp;Voila l’interieurde noftre intentiô,que feros trefeftroij'nbsp;temét obferuer, eftâs afleurez que nofdits fuiets en fef®'nbsp;trefaifes Sc contens,amp; que vous,entre autres,portansen''nbsp;preinte au cœur,comme vous faites,toute naturellenbsp;dion amp; obeillànce enuers nous, ne vous lailTerez aile®*nbsp;croire autre chofe,que la vérité ci deflus dite.Moins p«®'nbsp;mettrez aucune efmotion, prinfe d’armes amp; violeof^nbsp;contre vos concitoyens, ni autres: ni qu’aucuns des p**^nbsp;eftrangers entrent en voftre ville, amp; n’ayez aucunenbsp;munication auec eux, dont nous ferions trefmarris-contraire,nous voulons amp; vous admoneftons, fur toUnbsp;feruice que deftrez nous faire , de vous maintenir toUnbsp;iours fidclement en noftre obeillànceamp; protediô,nbsp;me nos bons amp; loyaux fuiets, viuans vnis amp; en bon®^nbsp;miticles vns auec les autres, fous l’obferuation de .nbsp;edits : qui eft le plus grand contentement amp; P'*nbsp;que nousfauriez donner. Eftans trefeertainsquet®nbsp;lierez daiitant plus, nous voftreRoy’, enclin amp; dnP|^nbsp;fé a vous conferuer amp; fauorifer , par tous lesnbsp;qui feront en nous,felon que l’auons déclaré à 1''®'.“r.iitnbsp;concitoyens, lequel nous vous rëuoyons auec ledit gt;nbsp;d'Audeuars, maiftre d’hoftel de noftre fœur lanbsp;Nauarre, auquel vous adioufterez telle foy que fe®*nbsp;nou.s mefmes. Donné à Paris le 3O.d’Aouft,i)7*'-Signé CHARLES. Et plus bas, DeNeufugt;^‘J^nbsp;Lettres du Le lîeur de Biron efcriuit aufsi aux Rocbelois Pnbsp;iieue de melmeAudeuars,ce que s’enfuit. Mefsieurs,leR‘’)j^jjnbsp;Biron au.x uoye vers vous le lîeur d’Audeuars maiftre d’hoft® -Rocbelois JeNauarre, auec vn de vos Pairs, pour
entendre là volonté amp; intention fur ce qui eftiB®®^ fcî à quoy ie m’afleurc que vous vous rangerez, d®nbsp;beaucoup mieux obéir à la volonté de fa Maieft®’,“ ^r'nbsp;vous foumçttre à vnc infinité de mal-heurs
-ocr page 533-L’ESTAT DE FRANCE. 505 Fjycnt fuccedcr auenanc le contraire. La lettre de faditenbsp;^iiefté,amp; ce que vous dirôt les deflufdits de fa part vousnbsp;••oyueiit donner aflez d’afleurance de fa bonne volonténbsp;fnvoftre endroit. De moy.vous me trouuerez toufioursnbsp;pfeft à m’employer de toute aft'eûion pour vous,de tousnbsp;les moyens que Dieu m’a donnez: amp; me remetunt aufsinbsp;lut les fufdits, ie feray fimpour me recommander biennbsp;’Ireâueulement à vos bones graces, amp; fupplier le Crea-tcurvous donner (Mefsieurs) en parfaite fanté, beureufenbsp;longue vie. De Paris ce premier de Septembre.
’oftrebienaffeûionnéamy, Biron.
La ville de Sancerre amp; fes babitans prelques tous de la Religion eftoyent lûr le papier rouge du Confeil fecret.nbsp;quot;¦¦»y eft, d’autant que ce n’eftoitpas vn fi gros, morceau ccne,nbsp;Ittela Roebelle, on ne s’endonnoit pas fi grand’peine:nbsp;*'ns s’afleuroit-on de l’aualler en vn matin. Ce pendant,nbsp;Plnfieurs de Bourges,d’Orléans, de la Cbarité,de Gyen,nbsp;d’autres endroits , eftans efebappez de la gueule desnbsp;loups, s’y retirerent, au nombre de cinq cens perfonnes,nbsp;‘'ömes, femmes amp; enfans de diuerfes qualitez, efperdusnbsp;^offarouebez comme Ion peut penter. Ils yfurétreceusnbsp;P*rcompafsion, amp; à caufe de la côiondion de Religion.nbsp;¦Lt combien que dés lors les Sancerrois euflent tref-iuftenbsp;®ccafîon de s’oppofer à telles tuerie de ceux de la Rcli-?'on,amp; à la rupture de l’ediâ: de pacification:neantmoinsnbsp;Pour öfter toutes occafionsàceuxqui ne demandoyentnbsp;3oalesfurprendreamp; à mordre fur eux, fous pretexte denbsp;*,'nfraüion de l’edit probibitifdu port des armes:il fut renbsp;oluducommencement par l’auis de tous les habitas banbsp;ytue2amp; réfugiez ( qui pour ceft ctfeâ furent alTemblez
’^ux ou trois fois)qu’on ne feroit nul afte d’boftilité.ains lu’on fe comporteroit doucement.fe donnant garde auxnbsp;Portes amp; fur les murailles fans armes defendues,pouremnbsp;Pefeher vne furprinfe, amp; pour conferuer les vies de ceuxnbsp;Soi eftoyent dans la ville en ce temps fi calamiteux , amp;nbsp;pour iouir de la liberté de leurs coniciences, fuyuant l’e-Oitdepacification,quenuld’eux n’auoit enfraint. Quenbsp;jO’lcun feroit foigneux de s’humilier deuant Dieu, pournbsp;quot; prier d’auoir pitié de tant de pauures perfonnes expo-proy e aux maflacreurs, amp; dont on entendoit les
-ocr page 534-5o6 memoires de
piteufesnouuelles de four à autre. A cecommencemfflt plufieurs des pauures réfugiez fe trouuoyent non feulement perplex,mais aufsi defnuez amp;deftituez de moyensinbsp;pour s’eftre fauuez comme du feu, fans auoir eu tempsnbsp;niloifirde pouruoirà leurs afaires ; amp; la plufpart ayansnbsp;erté pillez iufques à la valeur du dernier denier.
lettres du Confeil fecret marry que ces panures gens ne fe Roy à vouloy ent laifler maffacrer de par le Roy, leur cnuoVJnbsp;ceux de lettres en datte du troiifieme de Septébre, i y 7fîgneesnbsp;Sancette. Charles, amp; au deflous, De Neufuille, de mefme teneutnbsp;que les precedentes enuoyees aux Rochelois, amp; portéesnbsp;par Audeuars,que nous auôs laiïTé en chemin. Ily aceftenbsp;difference, qu’aux lettres enuoyees aux Rochelois,lenbsp;Roy ne faifoit mention du Gouuerneur ny de garnifon»nbsp;amp;. leur mandoit qu’ils n’euflent à receuoir des eftrâges’’nbsp;En celles eferites aux Sancerrois ,ces mots eftoyentad-iouftez: Vousadmonneftans que furtoutlcferuicequenbsp;vous delîrez nous faire,amp;pour euiter tous inconueniensgt;nbsp;vous reteniez les gens de guerre qu’auons ordonne aUnbsp;fleurde la Chaftre,Gouuerneur,amp; noilre Lieutenantgeneral au pays de Berry, mettre en voftre ville amp; chaftei*nbsp;d’icelle, pour voftre garde amp; conferuation, fans y ftif*nbsp;difficulté,ny vfer d’exeufe que cydeuant n’en auez eunbsp;n’auriez à prefent befoin;ny autre quelconqueexeufe n**nbsp;delay,que ne pourrions ouir de bonne part, attendunbsp;tel eft noftre vouloir pour noftre feruice, amp; pour voftr*nbsp;bien amp; conferuation.Âyans ordônélefdits gensdegueS'nbsp;re eftre payez amp; entretenus, afin qu’ils ne vous tourneu*nbsp;àfoufe,ains feulement pour voftre conferuation.nbsp;Tcfte eft femblable à ce qui eft cörenu à la fin des lettft^nbsp;de la Rochelle.
Côtinua- Nous laiflerons le fleur de laChaftre faire fes apprêt tion de la pour executerfa commifsion, amp; les Sâccrrois reprendtnbsp;ncgotiatiô baleine pourauilér à leurs afaires , pour reprendre I h'nbsp;de Polo- yefque Je Valence qui eftoit party de Paris le dixfepti^nbsp;me four d'Aouft,pour aller pratiquer en Pologne. Eftunbsp;à Elpernay en Champagne,!! fe trouua attaint d’vnedynbsp;fenterie,amp; n'ayât commodité de s’y faire traiter,s acnnbsp;mina vers Chaalons, amp; de là à Sainft Difier, où lenbsp;l’arrefta crois iours, en fin defquels il entendit les no^^
-ocr page 535-ITSTATDE FRANCE 507 [ƒ du maflacre.Or combien qu’il fuft fort debile,toanbsp;i l’ambition le tranfportant, amp;. pour fe trouuer denbsp;Or '¦!'ƒnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;en Pologne , afin de letter de l’ordure aux
'’Ues de ceux qui orroyent tels deportemens de la it nvoudroyent auoir accointancenbsp;Ounbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;eontre l’auis des médecins,print refolution
..quot;0 mourir ou de paflèren diligence. Etde fait, il fe 'incontinent en chemin. Eftant en Lorraine, le Lieu-f ’J^nt du Gouuerneur de Verdun, appelle Manegre, luynbsp;“Oaucoup d’algarades, 8i le tint côme prifonnier quel-jl 's iours, en fin defquels il efchappa, apres auoir receunbsp;'U’es du Roy, de la Royne mere,amp; du Duc d’Anjou, ennbsp;quot;odu cinquième, par leiquelles on le prioit prendrenbsp;J'Urige pour acheucr fa negociationxc qu’il fit,commenbsp;le dirons en fon lieu.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
toft que le maflàcre fut commencé à Paris ,Tn gen- Maflàcres '¦ƒ omme de Poiftou nommé Monforeau,fort renom- à Saumucnbsp;/Jo pour beaucoup de pillages amp; violences (qui finale- amp; ^n-*quot;01« luy ont fait perdre la vie, ayant ellé tué depuis B“’*nbsp;'•''lualitéde meurtrier ) obtint pafle-pcfrt auec lettresnbsp;P®nr aller faire faccager ceux de la Religion à Angiers.nbsp;- nt telle diligence,que le leudy ou Vendredy matin cn-pYoantil entra dans Saumur , où avant tué de fa main lenbsp;^'outenât dudit Saumunamp;efchaulfé les Catholiques, quinbsp;y malTacrerent plufieurs de la Religion:il vint en grandenbsp;*fteà Angiers,amp; tout incontinent fit fermer les portes»nbsp;î^oc intétion de faire faccager tous ceux de la Religion.
* premiere arriuee il s’en va au logis du chapeau rouge f'fs le Chafteampéfant y attrapper le fieur de la Barbee,nbsp;^'don de la compagnie de feu M. le Prince de Condé,nbsp;beau- frere du iîeùr de la Buuriere, Gouuerneur de lanbsp;^barité pour les Princes pendant les deux ans delà pacification. Mais ledit de la Barbee auerty fijr le champnbsp;''ouuamoyen d’euader.en telle forte cependant quenbsp;Unfrere puifné,nommé le fieur du Tertre,qui eftoitnbsp;'^alade d’vne fieure, fut tué par Monforeau ; lequel s’ennbsp;’lia de là au logis de M.de la Riuiere,furnommé denbsp;î;’Uniw,miniftre dofte, de bonne vie, amp; qui auoit drelTénbsp;î'figliie reformee de Paris. Trouuantla femme dudit denbsp;*’Sjuierc à l’enareedu logis,il lafalue amp;labaifc » la
-ocr page 536-5o8 memoires de cuufldinc de France,/pecialeinent des courcifiüs ,amp; Mnbsp;demande ou eft fon mary.Ellerefpond qu’il fe pourniönbsp;ne au iardiii.Difant cela elle y meme Monloreau, lequenbsp;ayant gracieufementembrafte la RiuiereJuy dit, Saueznbsp;vous pourquoy ie fuis venu ici ? Le Roy m’a commandenbsp;de vous tuer,amp; tout maintenant. l'en ay charge exprefte^nbsp;comme vous le conoiftrezparces lettres, quoy difant,» ¦nbsp;luy monftre vne piftole toute bandee. La Riuiere refpôdnbsp;qu’il ne penfoit auoir commis aucun forfait : toutesfoisnbsp;puis qu’on cerclioit ainfi fa viejprioitd’auoir quelque loinbsp;lir d’implorer la mifericordede Dieu,amp; remettre fon einbsp;prit entre les mains d’iceluy . Ayant aeheué en peu denbsp;mots fapriere.ilprefentâ volontairement fon corpsàcenbsp;bourreau qui luy tira vn coup de piftole, dont il mourutnbsp;fur lajilace. Il tua aufsi deux autres miniftres demouransnbsp;audit Anglers,l’vn nommé deCouIaines, amp; l’autre du launbsp;nay,hommes dothes. Fit trainer dans l’eau vn apothicaire nommé Gilles DoiHèau, qui fut enleuédefon lid,^nbsp;ne voulut iamais abiurer la Religion? Vn autrecomp*'nbsp;gnonapotliicairefutruéaupresdelaporte Cliappeliere,nbsp;amp; quelques autres perfonnesendiuers endroits de la ville, iulques au nombre de fept ou Imit.Il ne tint pas à Monnbsp;foréau qu’on n’e.ïtenniuaft tous ceux de la Religion enfermez là dedans, mais quelques vus de la iuftice furentnbsp;plus modérez,tellement, qu’on fe contenta d’emprifoO'nbsp;uer ceux que l’on pouuoit attrapper. Et peu de temps»'nbsp;pres,le Roy y cnuoyaPuygaillard,lequel en fit noyer en-corquelques vus en nombre de neufou dix: entre autresnbsp;la femme du ce miniftre de launay fusnommé, laquellenbsp;monrtra vne merucillculé côftance iufqu’au dernier fou*nbsp;pir. Les autres prifonniers fe retraèlerent amp; promirentnbsp;d’aller à la mefle, puis oignirent les mains de Puygail-lard qui de long temps à fait ce meftier, homme au re-fteindignedcviurcpourl’aâe deteftable par luy commis en la perfonne de l.a premiere femme, tuec à fa foil*nbsp;citation, pour en efpoufer vne autre qu’il entretenoi*.nbsp;Qiælque temps apres fut prins le fîeur de Breffault gentil-homme Angeuin amp; Capitaine fort vaillant,quiauoitnbsp;faitpiufieurs prcuucs de fa hardicirc lt;amp;:prudence, tantennbsp;X» iournee S.Denis,qu’es guerres fuyuantes. Apres auoi*
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longuement prifonnier,IesC.ithoIitiues,fpeciaIcniët ^sPreftres,aulquels il auoit donné la clialîéamp; tondunbsp;quelques vnsd’entr'eux de fort pres gt; le firent décapiter.nbsp;“ tnourut fort conftaniment amp; aucc eftonnement denbsp;ïous les ennemis,chantant vn Pfeaume, lors qu’il fut meut au fupplice.
Retournons maintenant à Paris. D’vn cofté plufieurs •quot;«holiques eftoyent tranfsis,ne preuoyans qu’horri-“æs confuii-ons à l’auenirpour tant de cruautez amp; tralii-'ons ilelquclles y eftoyenfpratiquées. Les autres rafolifnbsp;‘uyentapres ceftaubepin fleuri au cimetiere S.Innocent»
il y auoit grand’ foule, au grand proufit des preftres. fæux de la Reli gion oyans parler de cell arbrifleau, ennbsp;’?S®°ysnt bien d’autre façon que les Catholiques, ils di-¦oyent que cela fignifioit, que l’Eglife qui fembloit élirenbsp;^orte amp; du tout anéantie par ces horribles maflàcres,nbsp;fltüriroit neantmoins puis apres, encor qu’il n’y euft appétence,voire entre tant de confulions amp; embrafemens,nbsp;tomme le buifl'on de Moyfe brufloit fans eftre confumé.nbsp;Les autres Catholiques alloyent en pèlerinage , afauoirnbsp;éu gibet de Montfaucon,viiïter le corps de l'Amiral auecnbsp;non moindre deuotion que l’aubefpin . LaRoyne merenbsp;Voulant aufsifaouler fa veuê d’vn tel fpeô:acle,y alla, amp; ynbsp;nienaleRoy amp; l'es autres fils. Mars maugré la fureur desnbsp;niairacreurs,quelques gens allèrent de nuift en ce gibet,nbsp;ofterent de là ce corps de l’Amiral, lequel ils enterre-ttntenlieu fi fecret que quelque enqueile que les Cathonbsp;l’eues enayentfeeu faire,l! eftdemeuré enterré, amp; euxnbsp;Out elle priuez de la Relique qu’ils vifitoyent fi deuote-ntentrau lieu de laquelle ( tant ils l’honnoroyent ) ils ai-’’’ttent mieux y mettre vn homme de foin,comme il fe-
dit ci apres, que de n’y voir rien du tout.
Il y'auoit à vneiourneede Paris vn lieu, ou ceux delà Reunite ' Religion d’alentour s’aflembloycnt pour ouyr les pref-æ™ rainî
amp; communiquer aux Sacremens.Là eftoit miniftre ^7î'”?* Hugues Sureau , dit du Roller , qui auoit autresfois ellé “ °nbsp;^millre à Orleans, d’où il fut enuoyé ailleurs,pour cllrenbsp;U''nefpritcôtredifant amp; amateur de nouueauté.Par fuc-tefsionde. temps il auoit ellé, cllably' miniftre en cellenbsp;Lglile presde Paris.Les nouucllcs du mairacrc,eftan$ ve-
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nues,il s’enfuit,comme les autres. Eftant priiis,toft il commença à varier,amp; induit plufîeurs prifonniersauC^nbsp;luy de fe reuoker. Le iuge qui le tenoit enuoye incon»'
nent lettres à Paris touchât cefteprinfe, Si des grands gnes de conuerfîon que monftroitce miniftre. Inconünbsp;nent le Roy l’enuoye querir,amp; fut amené au Roy,en pf®nbsp;fence duquel il fitabiuration : amp; par plufîeurs iours ,d^nbsp;liant le Roy de Nauarre amp; le Prince de Condé, fouft***nbsp;la Religion Romaine, s’accordant auec quelques SoCnbsp;bonniftes là prefens, contre lefquels il auoit viueme”nbsp;difputé peu d’annees auparaiiant, dans la mefme ville Pnbsp;Paris. Ces difputes Si lareuolte de ce miniftre, hoffl*”nbsp;de vifefprit Si prompt à s’exprimenesbranlerent left®/nbsp;de Nauarre,la Princefle là fœur,amp; la Princelle deCondegt;nbsp;tellement que cinq ou fix iours apres le mallàcre ibnbsp;lerent à la Mefle, apres auoir receu l’abfolution dunbsp;dînai de Bourbon. Du Rofieryeftoit auec les SorboP
. mit Inrç rrtnmnhnvpnr . Æ’Atfnvpnf rl/*
Condé, encore qu’on le foiiciuft, amp; que du Rofier V employé de par le Roy amp; par les Sorbonniftes, il p®nbsp;pouuoit eftre diuerty de la Religion , en laquelle fes P*nbsp;re amp; mere l’auoyent fait foigneufement inftruire.nbsp;Rofier aufsi trottoir par les maifons deParis, follicbiPnbsp;plufieurs damoifelles àfe reuolter. Ses folliciutions nnbsp;furent du tout vaines,au grand (caudale de plufieurs.
tUiviik uu tuuk T«iiik.a)au giaiiu nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;uv |z(utikw---
Medailles Le Mercredy troilîeme de Septembre,vnnommé N' pour fou- uier,general des mounoyes,prefenta auRoy deux for^^*nbsp;3es*Mafla naedaillcs faites en mémoire des maCTacres, dont 1*nbsp;très. deferiptioneft telle, comme ledifeours en aeftéimpri'nbsp;«1» P/Mtr (Inniixir -, rniii^r m pdaill^»nr^ àl’exeio
Medaille «’^tlaille populaire contient la figure du Roy Charir’ populaire, rieufiefme,feint en Con t}irofneRoyal,ten.antfon feeptf®nbsp;fn un/. m,,n.^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l’aiirre.à l’entour delaçuc*
-ocr page 539-L’ESTAT DE FRANCE. 511 fcrence porte, V I R T V s in RïSîiiif. Au reuersnbsp;lt;i'i«ile,font les armoiries de France, auec les deux colonnes amp; la deuife de long temps prinfe par le Roy , accommodée au fait, p 1 e t a s excitavit ivsti-tiam. Sur ces deux colonnes y adeux chapeaux d’O-liuier,fîgnifiant la paix obtenue parla fubiugation des renbsp;belles, amp; auprès deux branches de laurier, pour triom-pbede viftoire.Outre s’eft rencontré par iufte compaflcnbsp;ment la lettre T.droitement fur la couronne , ligne falu-^ire-, reprefentant la croix de noftre Seigneur IcfuSnbsp;Chrift,amp; aux Hebrieux coiifommation, comme leur letnbsp;cte finale, telle que nous efperons à ce coup de la feclenbsp;oouuelle.La croix(de papier)aufsifut comme vraye en-Icignedes militans enl’Eglife Chrellienne(Papale) portee toulîours depuis ce vingtquatriefme iourd’Aoufl»nbsp;pour fignal es chapeaux des bons (meurtriers) Catholiques, amp; vrais fuiets du Roy (de la cyrannie;)comme Ezechiel la vid marquee par l’Ange es fronts des fidelles.nbsp;(Mais il y a autant de conuenance entre le Thau des Ht-otieux amp; la croix de papier, que portoyent ces bons Ca-thohques,qu’entrevnchreftienamp; vn maflàcreur.)
L’autre medaille à l’antique contient l’effigie du Roy. Medailici Exprimée pres du naturel,auec fes armes difton Fran- ' •‘inique.nbsp;S®‘S,CKARLES ÎX. DOMTEVR DES REBEL J.ES, le X4.Aoufl-,nbsp;jîZt.Au reuers de laquelle eft figuréHercules,couuert denbsp;b delpouille de Lyon (mais il faloit aufsi à ceft Hercules vne peau de regnard) fa maflue ferree envnemain,amp;nbsp;eflâbeau ardantenl’autre,parle moyédequoyil deffaitnbsp;Ihydreà plufieurs teftesr de laquelle pour autude teftesnbsp;*®’tues il en renaiflbit d’autres,reprefentât la fatlion d’inbsp;rebelles,laquelle pour plufieurs de leurs chefs occisnbsp;°’lîilTé de fc refaire, amp; trois fois renouueler la guerre»nbsp;« attenter cefte clandeftine pour la quatriefme. Maisànbsp;/^terminer, outre le fer amp; le feu,l’cau amp; le cordeau ad-lOüftez au bord delà piece.y ont feruy d’inftrumens.
Plufieurs petis rimailleurs brouillèrent lors le papier, “uans imprimer des placards, pyramides renuerfees,nbsp;‘'ymnes,fonnets,difcours, amp; autres tels libelles fameux:nbsp;ccuenans en fomme à ce poinèb, que le Roy auoitefténbsp;’’’crueilleufeinent fage,de furprendre ainfi fes ennemis.
-ocr page 540-lt;11 MEMOIRES DE
lean Dorât poetCjefcriuit des vers latins,ou il feitlO'^quot;^^ de l’Amiral, hlafonnanc vn chafcun des membres d«nbsp;corps mutilé.lean Antoine de Baif fit des ('onnets coDnbsp;ledit Amiral amp; ceux de la Religion, imprimez paringt;‘nbsp;œuures en rime, ou il y a maintes lafciuetez amp; vilen’? ’nbsp;digne fuiet de ceft homme là,de mel'me religion que «nbsp;autres compagnôs. Eftienne lodelle ParifieiuauTsi poet^nbsp;François(qui a autresfois demeuré à Geneue,faifant prO'nbsp;fefsion de la Religion, ou il^t en vne nuiét entre autres,nbsp;cét vers latins,efquclsild|i^ifroitla me/re,auecdesbronbsp;cards conuenables) publfâ fonnets contre les mini'nbsp;ftres,aufquels il impute la caufe de tous les maux.On ditnbsp;que pourcesfonnetsileut bonne fomme d’efcus. Nousnbsp;n’auons ici inféré tels libelles(pour eftre indignes de lanbsp;veüedulefteur) faits par gens fans religion,pour la plufnbsp;parc.iS: auec vne animofité par trop indigne. Et afin d’euinbsp;terprolixité,nousobmettronsau(si plu(îeiirs fonnetsamp;nbsp;vers François oppofez par ceux de la Religion aufditsli-belles,pour nousarrefter aufii de l'hiftoire principalement.
Malîacres nbsp;nbsp;Cependant les maflàcreurs tuoyent par les priions pl^u
eoïKinuez fieiirs de laReligion.Ilsen tenoyentaußi en referuedâs quelques marions particulières , qu’ils faccageoyent 'anbsp;nuiét, puis les iettoyent dans l’eau . Lecinquiefmeiournbsp;de Septembre,le Roy enuoya quérir Pezou bouchennbsp;l’vn des Capitaines de Paris, amp; luy demanda, s’il y auoitnbsp;encores dans la ville quelques Huguenots de refte. Anbsp;quoy Pezou refpondit qu’il enauoit ietté le iour precedent fix vingts dans l’eau ,amp; qu’il en au oit encor autantnbsp;pour la nuiéî venant:dont,le Roy fe print à rire tout hau-Ref onee ^^™^tac,lerenuoyantpoury pouruoir.
desRochc Nous auons veu ci deuant la declaration que le Ro)' lois aux touchant l.a mort de l’Amiral amp; des autres Seigneursnbsp;mande- amp; gentils hommes de la Religion . Cefte declaration i-mens du uecles lettres du Roy dutrentiefmeiourd’Aouftidtlesnbsp;Roy 8c du lettres du fieur de Biron fufmétionnees, eftans es mainsnbsp;îUut de dudit Audeuars maiftre d’hoftel de la Royne de Nauar-rc,furcnt baillées aux Rochelois le feptieime de Septemnbsp;bre. Audeuars en communiquant fes inftruftions,n oublia rien en l’execution de fa charge tant enuers les ma-giftratsr
-ocr page 541-L’ESTAT DE FRANCE. 513 S‘ftrats,que le peuple de l'vneamp;rautreReligion,aflem-Wez pour cell effetl eu la maifon de ville. On a publié cynbsp;'isuantvne refponce qui a efté imprimée , laquelle fem-l’Ie auoir efté faite lors audit Audeuars. Pourtant, nousnbsp;liuonsicyinfereemotà mot.
Response des gentils-hommes, capitaines , Bourgeois amp; autres c-ftans en la ville de lj^ochelle,aux cominâ-demens qui leur ont^é faits foubs le nom du Roy,de reccuoir des garnifons.
NOus gentils hommes, capitaines, Bourgeois amp; autres eftaus en celle ville de la Rochelle,reipondons ^’’ous MonlîeurN. amp; au commandemét que vous nousnbsp;'^‘tes au nom de fa Maiefté , que nous ne pouuons reco-®oiftre ce qu’on nous mande, amp; la crie que vous reque-que nous facions publier , procéder de fa M.amp; de ce-’¦tppellonsnous en cefmoin fa rnefme M. fes lettres dunbsp;^’•8:14 d’Aouft,fa lîgn.'.ture amp;la publication d’icelles:nbsp;P’tlefquelles fadite M. iette la coulpe de tout ce troublenbsp;ytnierementaduenu, amp; de la cruelle executiô faite à Panbsp;p, fur ceux de la maifon de Guife, attcftant qu’il a eu 3.C-5^ ifaireàioytenir fort dans fon chafteau du Louure,nbsp;, les gens de fa garde.Et ne nous lairrons iamais per-’aer qu’vne filafcne entreprife amp; fi barbare executionnbsp;j^’f’nontee en l’entendement de faM.tant s’en faut quelnbsp;tçj'f ‘^^^f^tte defonexpres commandement,côme pornbsp;hç Qtie vous nous auez exhibé ; ne qu’elle aye e-tie couper foymefme fes bras ,amp; polnbsp;de, ^’nopcesfacrees de Madame fa foeur ,del’elFufionnbsp;aftnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iitng noble amp; innocét,amp; diffamer d’vn fi crue!
Royahqui a toufiours tois-nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;toutes les natiós Ie tiltre de franc amp; cour
baille matière aux hiftoriens d’efcrire vne trafique, dont l’antiquité n’a iamais ouy parlernbsp;qv' Pareille, amp; dont la pofterité ne pourna ouir parlernbsp;djjj Eorreur . Ains a eftécouuee à Rome, amp;: efclofcnbsp;^tis par les autheurs de tous les troubles de la Fra-
Kk
-ocr page 542-514 MEMOIRES DE ce.Et quoy que ce foit,nous fommes prefts de maintenirnbsp;que delà bouche de fa M. ne fort point chaud amp; froit,bbnbsp;amp; noiti amp; qu’elle ne dit point maintenant d’vn , maifl®nbsp;nât d’autre: comme elle feroit fi le papier à nous exwW’nbsp;procedoit d’icelle,proteftant de vouloir garder foc ed'nbsp;inuiolablement,puis le violant immediatemét,endednbsp;rantauoir commandé faire les maflacres .-proteftant anbsp;parauant, que c’eft à fon regret, par l’impetuofitéamp;nbsp;lencede ceux de Giiife , aulquels elle n’a peu rcfifterff^nbsp;ptement comme elle défirent. Et fur cefte querelle,nbsp;gentilshommes, capitaines,amp; autres qui vous faifon’“-lie tefpôce, fommes prçftsàcombatre d’homme a h®nbsp;me , ou autrement, pour maintenir l’honneur de n° .nbsp;Roy, contre tous ceux qui profanent ainfi les clioiei*^^nbsp;créés, amp; vilainent, par tels propos amp; tiltres, entant qnbsp;en eux eft, l’excellence de fa Maiellé,amp; desnbsp;Princes dç fon fang.Ains nouspouuons côiefturet,^' .nbsp;mons parles executions qui fefont encores, tant ennbsp;te ville de Paris qu’ailleurs,contte tantdeSeigneursgt;g^^nbsp;tils hommes, amp; autres hommes,femmesamp; enfanS'nbsp;me contre vn grand nombre de ieunes efcolliers,nbsp;ftient apres Dieu des Royaumes amp; republiques à Unbsp;nir) amp; par plufieurs autres aftes barbaresnbsp;qui fe commettent par tciit .Nous eftimons donft*'nbsp;iugeons par ccla,qu’on a forfait enlaperfonne del^nbsp;iefté amp; de mefsieurs fes frétés, que les Guifards R j-gnbsp;lent emparer du Royaume,comme ils ont tafehé de ƒnbsp;temps,ou quoy que cefoit,que là M.eft forcée patnbsp;nbsp;nbsp;,p
fance qu’ils ont prinfe amp; vfiirpee par le moyen du n’ populaire de Paris. Car quant à ce qu’ils difent quenbsp;ralamp;ceux de la Religion auo/ent confpirécontr^nbsp;amp; les fiensice font des comptes d’aufsi bonne mft^’ ^,,,tnbsp;ontautant d’apparence, comme laprocedurc ftU'nbsp;tenue deiuftice ,conimençat pluftoft par l’exccutiu^^nbsp;par l’inquifition du fait .Mais il n’eft ia befoin ftnbsp;temps ledefcouureicarla chofe fevoital’ffilnbsp;ehe àla main, amp; tous ceux de la Religion Roma^ [,3^nbsp;quels refte quelque goutte d’humanité le confe*'nbsp;baifl’ent latéfte de honte, maudiflàns amp;de effUf^^pr)'nbsp;bouche, les cruels executeurs de cefte maudits
-ocr page 543-, L’ESTAT DE FRANCE. 515 JJ, «les mefchans perturbateurs du repos pubKc.quinbsp;jj^ntpeufouffrir non plus que par ci deuant, que cepau-I fnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iouyftlong temps du bien de la paix, que
ƒ Roy feul,apres Dieu.auoitfairc fagement, amp; obferuer “nformément: de laquelle on commençott àfentir lenbsp;feOuftau grand contentement de tous,hors mis les enne-¦s de paix , amp; les ennemis de ce Royaume, qui font lesnbsp;I '*y*îrds.Au dcmeurant,quandfa Maielléeftant hors denbsp;'•fs mains amp; pouuoir,déclarera quelle eft là volonté,nbsp;j,®iis tafcherôs de luy obey r eu toutes choies, oû nos cô-£^''nce$,qui fontdediees à Dieu l'eul, ne ferô t point bleP-en ce cas quitterós plulloft la terre que le ciel, nosnbsp;niions caduques que les celcftes manoirs. Mais iufquesnbsp;'ffte heure le droit de nature, amp; le deuoir que nous a-à nollre Prince naturel, à la conferuation de là cou-j. If, amp; à la proteélion de nos vies, de nos femmes amp; en-nous commande de nous tenir fur nos gardes, amp;nenbsp;mettre àla mercy de ceux qui ont receu la mefmenbsp;/quot;Slante commilsioii de par les Guy fards , fous le nomnbsp;jjPPofédu Roy,de nous traiter de mefmes que ceux quenbsp;’^ntmalheureufement,proditoirement amp; inhumainement traitez auprès defaMaiefté. amp; côme fous les ailesnbsp;“Us les pans de fa robbe , laquelle les traiftres eftran-ns Ont teinte du fangvrayement François ,fans que fanbsp;niellé y ait peu remedier, ny empefcher leurs malheu-deflcins: tant s’en faut qu’elle nous peull maintenâtnbsp;fndre de fi loin, felon fon intention: Laquelle nous e-^‘^gnue, nous arme pour nollre defenfe. amp; pour lanbsp;nosvies,amp;despriuileges qu’il nous a ot-pjjiy^iiufques a ce qu’il foit en moyen de nous defendrenbsp;-.quot;y mefme contre fes ennemis amp; les noftres.
nremonftra aufsi audit Audeuars,que le Roy defen-l'egt; lettres patétes, de faire aucune afsêblee pour ffcice de la Religion, amp; que la Rochelle fe pouuoicnbsp;dit mieux entretenir en paix auec côtinuationdu-Icj '’‘‘^‘¦fice côme auparauant,veu que la plusgrâd part A;nbsp;de Ladite ville en font profefsiô.Dauâtage,nbsp;nujtnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;matière de dçfiîce leur feroit oftee, s’il plaifoit
'fs nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l’armeequi eftoit autour de leurspor
’ de laquelle ils recenovét m ilie torts amp; incômoditez, Kk t
-ocr page 544-5ilt;S MEMOIRES DE ¦
£ftat de Sanecirc.
fe redraft, amp; que Je commerce, fans lequel ils ne pou-uoyenr s’entretenir ,leur demeuraft libre commeaupi' uant. A ces poinéts refpôdit Audeuars,qu’en premier liei^nbsp;fa creance portoit, que le Roy leur accordoit tout librenbsp;exercice de leurReligiô en leur ville,pourueu qu’ils n’ad'nbsp;mÜTent aucuns eftrangers ny forains, amp; qu’ils receuflêntnbsp;le fleurde Biron leur gouuerneur, lt;^il aduertiroit lenbsp;Roy de leur bonne volonté,vnion Si coiicorde,enfemblenbsp;des torts qui leur eftoyent faits par ladite armeedes alTeUnbsp;rant que l’intention du Roy eftoit que les armées fe reti-rairent,amp; que le fleur de Biron eftat arriué en ville, feroitnbsp;incôtinent eifcètuer ladite intention.Et afin qu’ils flifientnbsp;mieux refolus delà volonté du Roy ,il eftoit d’auis qu’ilsnbsp;enuoyailèntquelqu’vn de lamaifonde la ville auec luV'nbsp;pouraduertir le Roy de ce quedefliis, amp;lefupplier tref-numblemétque ion bon plaifirfuftdeleur accorderl’e-xetcice de la Religion felon les edits precedens ,amp; fairenbsp;depefeher lettres* cefte fin.Cela fut approuué de tous,amp;nbsp;vn gentil-homme nommé le fleur de Treilau.xfilles, eutnbsp;la charge de l’aller accompagner. Oulreplus, ledit Audeuars promit d’eferire lettres au Baron de la Garde,aunbsp;grand contentement des Rochelois. Aufsi parla il particulièrement à aucuns qui .-luoyét le maniementdes afai-res de la ville, auecpromefl'e de grandsprefensamp; eftats,nbsp;defquéls le Roy iiioit délibéré de reconoiftre leur bouenbsp;volonté, amp; luyauoit corn mandé de les en alTeurer; entrenbsp;autres il dit au fleur des Mortiers, que le Roy tirât de Inynbsp;le feruice tel qu’il efperoit, qu’il le poiiruoyeroit d’vn e-ftatde prefldét ou maiftre des requeftes. Or encores quenbsp;l’exemple de Francourt fuft recent, amp; que les Rocheloisnbsp;feeuflentbien quelle foy on tenoit à ceux delà Religioquot;’nbsp;neantmoinspourtoufioiirs faire leurs aûires,continuansnbsp;leurs premiers propos ne donnèrent aucun mefeonten^-tement audit Audeuars, tellement qu’il eftimoitqueftnbsp;legation feroit proufitable au Roy,amp; à luy konnorable.
Le huitième iour de Septembre, le Bailly de Berry en-uoya à ceux de Sancerre vne declara«ion du Roy , po“*’ faire cefTer les prefehes :amp; d’autant que cela eftoit fot-mellementamp; direftement contraire àl’edift depacinbsp;cation de l’an mill yy o.lequel le Royauoitdeclarejietj
-ocr page 545-’^édifications faites ou à faire , on ne defifta pas de pref-quot;'ƒ• Toutefois pourne point aigrir les choies , on ceflà fonner la cloche pour quelque temps.
toft que le Gouuerticur entendit les nouuelles du Nouucllcs *uacre,il defpefcha en diligence vn courrier pour en duiyaHa-f'jtter les nouuelles à Rome. Ceux de Guife aulsien a- » Ro-^fes. Le Cardinal attendoit en bonne deuotion cesnbsp;®''uuelles. Aufsi le légat du Pape qui cftoit en France, ynbsp;j^i'natel ordre, que le fixieme lourde Septembre les des Gar-'^Rres que ce légat du Pape auoit eferites de France, fu-dinaux.
leiipe d.. rr,Trîr,«r, P.iflA.mKl...* .X. rrxnf.,,! d,i Pan.. X.
tuez du vouloir amp; confentement expres du Roy : amp; Pource fut arrefté encemefme confeil ,que le Pape a-^^^les Cardinaux s’en iroittout droit de là en l’Eglilênbsp;’¦oft Marc, pour rendre graces folennclles à Dieu tres-®n amp; trefgrand, d’vn tel bien qu’il auoit fait au Siegenbsp;' Rome,amp; à toute la Chrellienté idauantage , que lenbsp;5‘quot;gt;(ly enfuyuant, pour celte melme occafion On cele-^tToic vne Meffe l'olennelle en l’Eglifede la Minerue,nbsp;3**^ le Pape amp; les Cardinaux y afsilteroyent: amp; puis,quenbsp;ƒ lubilé feroit publié par toute la Chrellienté. Le loirnbsp;/'’U. en figne de grande belle amp; relîouiflance, on tiranbsp;“ttecoups de canon du challeau làinét Ange,amp; par tou-.^bville les François entre autres firent çàamp; là feux denbsp;®Ye ; brief, on ne laifla rien de tout ce qu’on a accoullu-'defaire,quand onareceu nouuelles delà plus gran-ç'''*ftoire,que l’Eglife Romaine pourroit auoirde fesnbsp;1 ’’'tuis.On dit que le Cardinal de Lorraine donna mil-I 'lts àceluy qui porta celle nouuelle tant defiree denbsp;Y- Vn iûur auuarauant le Cardinal Vrfin auoit receu
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-ocr page 546-518 M E M O I R E S DE
Proeefs iös Le huitième dudiç mois de Septembre, qu’on celebf« à Rome, la Natiuité de la vierge Marie , les Françpis firent '’lienbsp;procefsion auecfort grande folennitéj à l’Eglife fainélnbsp;Loys, où la plus part de laNoblefle amp; du peuple de Rome le trouua. Les Chambricrs de dehors les muraille^’nbsp;qui font les Euefques, marchoyent deuant le Pape:^nbsp;puis les Cardinaux aufsi Chambriers: apres ceuxcyl*nbsp;garde des Siiifles gt; les Ambaflàdeurs des Roys amp; Je’nbsp;Princes : amp; le Pape fuyuoit delTous vn Pelle, ayant à fe’nbsp;collez les Cardinau.x du Mont amp; d’Ellé : rAmbalTadcurnbsp;de l’Empereur portoit la queue du Pape, pour l’honneuinbsp;qui le Elit à l’Empereur par delTus tous les autres; la ca-uallerie de cheuau.x legers tenoit le dernier rang. Apf^’nbsp;qu’ils furent arriuez en tel ordre à l’Eglife faindl Loys, I-*nbsp;MelTe futcelebree folennellement par vn Cardinal ,1'^'nbsp;glife paree fort magnifiquement : le Cardinal de Lorraine fit attacher aux plus grandes portes de ladite Eg'***’nbsp;des Iettres,qui contenoyent ce qui s’enfuit.
A Dieu tresbon, amp; trefgraiid.
A TRESHEVREVX P E R Grégoire Pape treziefnie de ce nom, amp;nbsp;College facrê des Cardinaux trclillulR^^’nbsp;le Senat amp; le peuple Romain.
CH A R L ES neufiefme,Roy de France Trefcii llien, enflambé de zele pour le Seigneur Dieunbsp;¦ armees, foudainementcomme vn Ange perfccuteurnbsp;noyé diuinement, ayant par certaine occaiionnbsp;né quafi tous les hérétiques de fon Royaume, amp; lesnbsp;nemis , pour fouuenance perpétuelle d’vn fi grandnbsp;fice, éftant remply maintenant d’vne lielTe iolidenbsp;faite, Ce refiouiiTant des etfeds efpouuantables, des inbsp;du tout incroyables , amp; d’vn contentement ^iiïnbsp;toutes fortes par lagrace de Dieu,des confeib doi
-ocr page 547-L’ESTAT DE FRANCE. 51^ tel afâire, des aides amp; fecours enuoyez , des prièresnbsp;Wes par douze ans entiers, des requeftes, vœus, lar-'^es, foufpirs des Cens Se. de tous Clireftiens, adreffez ànbsp;yieu tresbon amp; tout grand: amp; preuoyant que celte grande félicité (pource qu’elle eft auenue au commence-tt^ent du Pontificat de tresheureux Pere Gregoire tre-^‘efine,peu de temps apres fon eleftion admirable amp; di-enfemble auec la continuation fort alTeuree amp; tou-prelle du voyage en Leuant) dénoncé amp; lignifie pournbsp;^frtainvnreltablilTement des afaires Ecclelîaftiques , amp;nbsp;''le vigueur amp; fleur de la Religion qui s’en alloit en de-'idence amp; comme flaillrie ; pour ce grand benefice , e-’’ntconioint auiourd’huy auec vous par prières trefar-
, abfent de corps amp; prefentd’efprit, rend graces '?lgrandes à Dieu tresbon amp; trefgrand ,icyenI’Eglifenbsp;’'ntt toys fon predeceffeur, fupplie treshumblementnbsp;’ botité.que celle efperance ne le trompe point.nbsp;-Charles du Tiltre fainél Apollinaire, preftre de la fain-' Egljfe Romaine, Cardinal de Lorraine, a Voulu fairenbsp;quot;tendre cecy, amp;le tefmoigncrl tout le monde, l’an denbsp;‘'quot;lire Seigneur 1^7Z.
Lemefme Cardinal a déclaré aufsi tout ouuertement, feulement la France, mais aufsi toute la Chre-'enté auoit receuvn bien incroyable,amp; qu’il fe relîouif-*t grandement que ceux de fa maifon principalementnbsp;j''quot;yentparlalînguliereclemence dumefmeDieu, ellénbsp;/executeurs d’vn faift fi grand amp; memorable. En la finnbsp;^ quot;ellc declaration du Cardinal, les mots fuyuans fontnbsp;.'quot;quot;ftez en la lettre enuoyee de Rome parCamille Ca-' ^àfon frere Alphonfe,
îfieureamp;tient on pour tout cettain.que celle con-f’fion entre le Pâpe,le Rov de FrSce,amp; le Roy d’Elpa-auoit elle tellement braffee amp; faite par la rufe amp; Principalemét de ceCardinahque le Roy deFrâcenbsp;f®'t tuer par tout le Royau me to’ les chefs desHu guenbsp;quot;tv aux noces du Roy de Naiiarre ;amp; qu’il aidero‘t denbsp;, pouuoir leDucd’Albe à exterminer les rébellesnbsp;1 ƒ f ’quot;tlreszq le Roy d’Efpagne rédroit au Roy de Fracenbsp;, ''’’yaume de Nauarre:qu’il aideroit au frere duditRoynbsp;Pf^ndre le Royaume d’Angleterre : amp; pour le dernier,
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-ocr page 548-510 MEMOIRES DE
«ue tous alliez amp; confederez employeront toutes leurf forces amp;puifrancespour deftruire amp;extirperleshereii'nbsp;ques d’Aleniagne gt; amp; pour dreflêr ôc eftablir par toutnbsp;l’Einpirc vnenouuelle forme felonies ordonnances dunbsp;Pape.
On afferme aufsi cela du Roy de France, dontperfou-ne ne doute nullement, qu’il atrahypar lettres au Dut d’Albe les Huguenots, qui ont efté desfaits Si mis en pièces auprès de Mons en Hainaut.
Pendant que nousfommes furcefte lettre de Cap'quot; lupi, qu’il appelle le Stratagème de Charles neufienitrnbsp;nous adioufterons quelques particularitcz notables ƒnbsp;contenues. Apres donc auoir recité quelques vnesnbsp;rufes du confeil fecretpour attirer l’Amiral dclesPt'“’,nbsp;ces, lefquelles ontefté amplement déduites cy denu®'quot;nbsp;parlant en Catholique courtifan , il adioufte pour la “Jnbsp;efcriuant à fonditfrere,touchant les mairacres,ce 1nbsp;les a précédez,amp; ce qui s’en eft enfuiuy.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. ,
ru fes du cretiona
Roy, Roincnbsp;mere,8cnbsp;de leurnbsp;confeilnbsp;fecKt.
11 me femblcque la grandeur de ce faiét merite 0' Difeours dç ii’eftre pointpaffee lans la coniidererde pres,nbsp;d’vn cour- pefer diligemment la vertu du Roy, amp; de la Roinenbsp;tifan Ca- re,amp; de leurs con®illiers,d’auoirchoify éeprins j-defew' 'X noble amp; généreux : enfemble la dextérité àle ® ,pnbsp;uranTîcs ’ l’artifice amp; efprit àle fimuler ,amp; la prudence amp;nbsp;.—es du eretion à le taire amp; tenir fecret : amp; finalement La har® jnbsp;Roy, de la R’ amp; courage à l’executer, Sc le grand heur d’ennbsp;~ -- bout. Carpouren dire la vérité, fi Ion confidere .nbsp;gneufement toutes ces chofes, non feulement ellesnbsp;dignes de gloire eternelle , mais on ne peut nier,‘l^pnbsp;n’ayent elle choifis du fouuerain Rédempteur, pq®^ .jfnbsp;niftres amp; executeurs de fa volonté eternelle, fadae^'f)nbsp;leur moyen vnc chofe, qu’il faut dire qu’elle vientnbsp;grande amp; infinie puiffanee : amp; eft force aufsi denbsp;fer , que cell acle fi merueilicux ait efté prémédité,® piinbsp;amp; traité plufieurs mois auparauant, amp; non point anbsp;parcasfortuit, oud’aireuture, vi'y entreprinsaulsgt;fj|gt;nbsp;l’infolence amp; brauerie dernieredes Huguenots deP (,{nbsp;bleflure de l’Amiral, comme difent aucuns, amp; ^pi'nbsp;de le faire croire au.x autres : ayans ceux-cy eennbsp;nion, qu’il pourroit bien eflre que l’cntreprinfe
-ocr page 549-. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Hlituircitcz. CX1UIUU13nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;«a.
ï^^f^ûnnes,
^»premier lieu, on fçait qu’il y a plus de quatre ans p‘W,que le Cardinal fainde Croix, ellantretourné denbsp;. f’nce ,dit àlafainâe mémoire du Pape Fiele quint,, denbsp;'^pïrtde leurs Maieftez , qu’elles n’aiioyent rien plus ànbsp;5æur,nypliis en recommandation, que d’attrapper vnnbsp;'our l’Amiral, amp; tous fes adlierans enlernble, amp; d’en fai-
*n carnage amp;. boucherie memorable à iamais : amp; qu’il ®nafleuraft hardiment fa Sammete: mais que l’afaire.e-•'‘quot;t fi difficile, qu’onneluy pouuoitpoint promettre denbsp;«faire pluftoft en vn temps qu’en l'autre.
Dauantage, l’on fçait aufsi que la mefme Roine mere, depuis la derniere paix faite auec les Huguenots, parnbsp;plufieurs lettre.s efcrites de fa propre main ( leiqueilesnbsp;wnt encores icy , amp; les peut on voir, adreflées au mef-’»ePape, amp; ont cfté leues depuis par vn pcrlonnage, quinbsp;’quot;t l’a rapporté ) s’efforça tant qu’elle peut de l’alTeurer,nbsp;T-“ileRoyne penfoitnyne taichoittant àautrechofe,nbsp;Sji’a exterminer ceux-la ; mais que le moyen ne la façonnbsp;“’'’netelle execution ne fe pouuoit encores bonnementnbsp;‘'«courir, amp; que pour la grande importance dufaitHlnbsp;fedeuoit point communiquer à pcrfonne du monde.
, ®'’tauint,quedés le commencement, tufqu’à tant que J Paixfe fit, combien que cefte grande conception fuftnbsp;®®fia fichee en l’efprit de leurs Maieftez , n’en firentnbsp;”®antmoins participans que crois perfonnages , de/quelsnbsp;^'fefioyenrplus: amp; fix mois auparauant l’execution, ennbsp;«tent part à neuf autres, qui eftoy ent douze en tout, fansnbsp;«lie.
Oucreplus, qu’on me refponde, ie vous prie, la mef-Æ-
51X M E M O I k E S DE rero,ily ädeßaplusde quatre ans, comme ie Pay veunbsp;moy mefme en fonr.-.pportqu’il fit au Senat de fa République, à fon retour de France, difant des Ie commence-cement dudit rapport, que du temps qu'il eftöit eil eenenbsp;Courlà,il vidla Maieftéde la Roine fiefpouuâteeà cau-fedes efmotions paflees, qu’elle n’ofoit point auoir l*nbsp;hardieflè de faire aucune chofe,dont les Huguenots euJ'nbsp;font peu auoir la moindre fufpition du môdermais qu’eynbsp;le , faifant femblant de ne point apperceuoir ce qu'ils b*'nbsp;foyent, auec patience enduroit leurs infolences amp; braua-des,les recueillant humainement, «Scieur prefentantto“nbsp;te amitié en apparence :amp; leur faifant des prefens,lesWnbsp;uorifoitamp; carelfoit en toutes fortes : eftimantfi Mai^’nbsp;(côme elleluyauoitditplusd’vnefois de fa propre bounbsp;ehe) de les tenir parteis moyens paifiblcs amp;contens'nbsp;qu’eftans entretenus en efperance, ceft humeur âuecnbsp;temps fe confumeroit, lequel elle iugeoit eftrenbsp;vne vaine ambitionamp; appétit de vengeance, qu’afre®nbsp;de Religion: efperant qu'auecles ans duRoy,l’obeiu*nbsp;ca croiftroit aux fuiets : amp; que par ce moyen il nenbsp;pas fiaiféaux feditieuxdeleuer les cornes contre!nbsp;Alors ce bon Sénateur Corero adioufte,qu’vnnbsp;Royne mereluy dit en vn femblable propos, qu’ellenbsp;ftimeroit la plus mal fortunée femme de ce mode, **nbsp;feule entre toutes les au très Roynes de France auoitnbsp;malheur, d’endurer tant de trauaux, fafeheriesnbsp;mens corn me elle fait.fînon qu’elle fe confoloit par cnbsp;obferuationamp; regle ancienne qu’on a, que toufioursnbsp;rant les minoritez des Rois, les principaux desRo? .nbsp;mes ont accouftumé de faire des tumultesS: efmotioy^^fnbsp;caufe du gouuernemét, ne pouuans fouffrir qu’autrenbsp;commande que leur propre Roy naturel: amp; qu’elle anbsp;fouuenance,eftant à CarcaiTonne à fon retour de Wnbsp;ne,d’auoir leuvneChronique eferite à la main,ennbsp;le trouua, que la mere du Roy S.Loys nômee Elan®nbsp;fille d’Alfonfè Roy de Caftille, demeura vefueaue®^nbsp;fils, qui n’auoit pas plus d’onze ans:amp;qu’incontinegt;tnbsp;grands du Royaume commencèrent à s’efleuer,ii’®^,,,penbsp;rans qu’ils ne vouloyent point eftre gouuernea,nbsp;femme cfirangcrc; amp; que pour venir plus aiftinei^ leuf*
-ocr page 551-L’ESTAT DE FRANCE. 515 fleurs deflèings,ils fe joignirent auec les hérétiques denbsp;“Quloufe,nommez Albigeois,du lieu dôt ils curent leurnbsp;P'lt;;niiere origine, leiquels tout ainlî comme ces moder-vouloyent point de preftres, ny de moines,né d’i-^*Ses,ne de méfiés, ny autres chofes femblables.Ils ap-puerentaufsi i leur aide,le Roy Pierre d’Arragon,denbsp;qu’il falut donner vne bataille,en laquelle il pleut anbsp;.''«toutpuiflautqu’ilsfuflèntvaincus amp;defaits,nonob-«nt qu’ils fuflent, peut-eftre, cent mille combattans ; £cnbsp;' Koy de France vitlûrieux,côbien que fes forces,quantnbsp;^nombre des foldats, eftoyent beaucoup plus petites.nbsp;“Ouloufe qui eftoit leur rcceptable, fut defmatelee : fi-ƒ fuient à la perfuafion amp; pourfuite de cefte Royne,on.nbsp;ƒ “ paix,amp; auec tout cel3,on accorda à ces mutins amp; re-j ‘*«s,plufieurs chofes qu’ils demandoyent, Si puis auecnbsp;'^'nips.amp;par le confeilde laRoyne (te Roy eftant ve-'n plus grand aage) en fit telle vengeance, amp; chaftianbsp;'‘’rebelles,ainfi qu’ils l’auoyent merité.
^tfur cela, la Roy ne mere reprenant la fubftance de «iftidifcouroit là dcflus,amp; faifant comparaifon,amp;rap-^quot;ftantlesaûions de cefte Royne Blanche aux fiênes,amp;nbsp;(j ^Particularitezqui luy font auenues,monftroit,qu’ellcnbsp;'•neuree vefue eftrangere, fans auoir gens à qui elle fenbsp;J quot;ft fier, auec fon fils aagé de onze à douze ans,amp; lesnbsp;ftu Royaume efleuez , amp; aidez de la Royne d’An-j^'tre amp; des Alemâs,auoit cfté à la mort de fon mary,nbsp;f quot;e fon autre fils, tempeftee amp; tourmentée de pareillenbsp;. ^quot;ne,de laquelle contrainte amp; forcée eftoit en fin ve-*ux armes , voire à fe hazarder amp; mettre en dangernbsp;fiataille. Si que l’ayant gagnee,la ville d’Orléans a-çjjî’^fté demantelee, corne pour lors Thouloufe l’auoiÉnbsp;g la paix ayant efté faite par fon confeil, fort auSta-
I les Huguenots (comme elle le confeflbit) iiiv fnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;temps, de venir à bout de ce qu’il,
trJr nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pouuoir obtenir par les armes, fans vne
^Stande eflùfion de fang.
ad^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ainfî difeouru iufques icy,l’Ambaflàdeur
*o'ftintetrôpit fon propos,difant,Madame, H^.feMaieftédoitfentir vne grande confolation,d’a-
’t leu ceft exemple : pource que ces efmotions, eftanv
-ocr page 552-514 M EM OIRES DE comme vqpounr3iâamp; image vine des chofes auenuesnbsp;de ce temps-là , elle peut eftre aucunement alîeute^nbsp;de la fin amp; iflue de tout.(luy entendant cela du cb'nbsp;filment) La Royne le prenant aflèz fort à rire, auec vn®nbsp;grande douceur, (ainlî qu’elle fait toufiours, quandnbsp;oit dire quelque cliofe, qui luy plait) refpôdit, lene vou-drois pas pourtant, que d’autres fçeuflent que i’ay leu ee*nbsp;fie Chronique-là, d’autant qu’ils diroyét que ie me goU'nbsp;iierne à l’exemple, amp; à la façon de celle bonne Dame*
h t
¦Telle eftoit donques l’intention de la Royne,amp; le ul' oil tendoit fa Maiefié,amp; telle fon efperance.afauoir d’e®'nbsp;tretenir telles gens, iufqu’à ce qu’il peuft commande^’nbsp;fans dépendre de la volonté d’autruy , ainfi qu’elle Tanbsp;fceu faire fagement, amp; Dieu luy en a fait la grace,auq’‘*^nbsp;elle auoit fa fiance ,amp; auquel te recommandant ellenbsp;fon fils,ils ont obtenu ce qu’ils defiroyent, imploras au*^nbsp;fi l’aide des oraifons de plulieurs religieux amp; fainfisnbsp;Tonnages de leur Royaume,amp; de dehors aufsi: ayansnbsp;efcrire en Italie, au General des beauxperes CappuÇ**”’nbsp;le prians qu’il luy pleuft commander par tous lesnbsp;vents amp; monafteres de fes moines trefreligieuXiH'^’nbsp;filient prières trefardantes au grand Dieu, afin qu’il Rnbsp;fill la grace de venir à bout d’vn grand defleing, ‘P.*,nbsp;auoyent deliberî d’executer, à la gloire de fa diuine Mnbsp;iefté,amp;pourlelgt;iendeleur Royaume. Ce qui fut‘*^nbsp;par ces vénérables religieux , ainfi que le mefmenbsp;ral l’affcrme,d: le Cariïinal leur proteéleur.Laquelle cnbsp;fei’ay recitee, non point tant afin qu’on cognoiflenbsp;fiintle alfeéliondeleurs Maieftez, comme pournbsp;firer qu’elle a. cllé,tong temps y a, leur penfee amp; elfnbsp;touchant cell affaipc.
Le CaiJi-iial de Lorraine,nbsp;fauoir l'cnnbsp;tieptife.
Et conformement à cecy, le Cardinal de Lorrai®^^ quand le gentil-homme enuoyé le premier vers laVPnbsp;le Duc d’Aumale,pour l’auertir de ce faiél, fut arriuenbsp;l’iuterroguoicde plulieurs particulajitez,amp; commentnbsp;les efloyent palTees; dont l’on cognut aifement, 4® jfnbsp;eftoit trouué prefent, amp; qu’il eftoit tresbiennbsp;l’ordre dp toute l’entrepriofe,amp; de ce qui s’ynbsp;faire.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^,6
-ocr page 553-fQ'''i encores rien le lo. de Septembre : amp; toutef-j ftadiftance des lieux, amp; la grandeur d’vn telaccidenr, ’eiiA--------- r . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,nbsp;nbsp;nbsp;_o_„_..... ï.
l’ordre fufdit ayant efté donne, fut caufe que les ^’’tiers ne peurent point paffer.
..Affile mevoulois arrefter à reciter tous lesgcftes,Ies |,^*otis,amp;: contenances du Roy,amp; de la Roynemere, dôtnbsp;peut faire iugementtrefcertain,que ceft affaire a efténbsp;quot;’’g temps auparauantpourpenfé amp; délibéré par eux, amp;nbsp;pfiuonfîeur le Duc d’Anjou freredu Roy, ie ferois parnbsp;®plone, amp; ferois parauanturc ennuyeux àceluv qui li-'«'¦teedifeours.
ïliue fcmble ,qucie puis bien amp; doy mettre en auant r kittle moins ceft autre argument fingulier, auquel on
-ocr page 554-ïz6 MEMOIRES DE
J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ale
ne peut contredire , ne répliquer nullement; ceu‘ paratif de celle armee,laquelle auec vn merueille‘'^^(,|i,nbsp;Here fut drcflee plulîeurs mois auparauant l’execnbsp;tant pour amufer Sc tromper l’Amiral amp; fes adherai’^’^^j,nbsp;penl'oyent qu’elle lé drell'allpour la guerre de ris”nbsp;comme pour trouuer en ce temps-là le moyen denbsp;dre laRochelle. Ce qui fut fait auec vue defpehfe,amp;P -g,nbsp;incroyablepourle Roy, à caufedelaiaioulie,amp;niiFnbsp;en laquelle il mit par ladite armee, non feulemenbsp;Roy d’Efpagne , mais celuy de Portugal aufsinbsp;quel par l’efpace de plulîeurs mois, entretint à LisuOnbsp;vne autre armee fort grolTe Sc puilTante , fans rie»**nbsp;où elle demeura iufqu’à la my Aoull palTee, auecgf^^jnbsp;doute de ceux du pays, amp;i aux enuirons de toute!* gnbsp;Oceane,ne fachant point ou elle vouloit aller rencon'nbsp;celle armee Françoife.
Et puis, cell autre Stratagème amp; rufe, quand le 2 accorda à l’Amiral la guerre de Flandres , amp; lit feUin 1*nbsp;de nefepouuoirferuirne fierdes Catholiques ennbsp;entreprinfe-là. Si par ce moyen l’induit de luy mettrenbsp;main vn rooie de (c\ainis,amp;luy perfuada quant amp; q“* .nbsp;d’en appeller amp; faire venir à Paris vn lî grâd nombre *nbsp;principaux, cela ne lé doit point pallèr lans en dire J» ’nbsp;ne laiuerfans le magnifier auec les plus grandes loU*®nbsp;gc$,qu’onaitiamaisHônees à autre Stratagème, quelq*nbsp;iul')tiî,a!gu,amp; d’efprit qu'on le puilTe dire, ou trouuer **nbsp;hiftoires tât anciénes que modernes,amp; qui môllre bieq‘nbsp;leelloit l’intentiô amp; le chef du confeil de leurs Maieö^'nbsp;Dauantage , lî Ion fconlidere la félicité amp;. l’heur,qu’lnbsp;affaire défi grande importance foit venu à fi bonnenbsp;ilïue tantheureufe, voire en vn fi brief temps, on nepe*.nbsp;demeurer fans ellonnement, amp; qu’on ne reuienne toi»'nbsp;iours à celle conclufion necelîàire, que le tout a ellenbsp;CEuure Si volonté de Dieu, lequel efmeu de pitiéamp;co)»'nbsp;pafsion,à voulu vifiter fon peuple.
Et puis, qui efl l’homme du monde, qui peull croit*’ qu’vne telle entreprinfe, amp; affaire, qui a duré l’efpace**nbsp;plus de vingt mois,eflantdemenee par cinq perfonnagc’nbsp;feulement auec le Roy, amp; puis par quatorze, plus del»nbsp;mois : amp; en la fin, le foir, amp; deux iours deuant encoresnbsp;ellaot
-ocr page 555-L’ESTAT DE FRANCE. 527 ^^ten la bouche de pi us de deux cens perfonnes , amp;nbsp;quelques femmes mefmes ; que cela di-ie, fe foitpeunbsp;couuert amp; caché aux ennemis , qui eftoyent dedansnbsp;propres maiions de leur propre fang, amp; qui auoy cncnbsp;’^ouftumé de fauoir toutes les penfees amp; entreprinfesnbsp;Plusfecrettes du Roy amp;de la Royne,amp; non pas feulemétnbsp;'furs deliberations refolues amp; arreftees ; Il cft tout cer-
1 qu'vnetelle chofe ne fembiera point vray-fembla-“'f àceux qui viendrôt apres nous,fi cft-ce pourtâtqu’el-f fft vraye. Mais au contraire , pource que c’eftoit le ''OuloirdeDieu,il n’eft pas pofsible de la defcouuririd’aunbsp;'»nique le Roy mefmes,eftant ieune amp; magnanime,nbsp;quelque fois ne pouuoit endurer l’infolence amp; brauericnbsp;ufceux-ci,Rneiepouuoittenir,qu’ilneluy en efchapaftnbsp;quelques vns fi bien aflenez,de qui s’adreflbycf tellemétnbsp;fontre eux,que s’ils n’euflent efté aueuglez de faiâ:,com’nbsp;ils l’çftoyent, ils fe pouuoyçnt fort aifément douter,nbsp;« Ibupqonncr de quelque chofe femblable à celle, quinbsp;fur eft auenue,
ht à la fin, il y eut bien grand dager, que fa Maiefté ne *’dcfcouunft par inaducrtance,amp;fans y penfer.Car deuxnbsp;trois iours deuantlefaia,MonfieurdeMonpenfierfenbsp;P'uignant au Roy de l’Amiral amp; de fon infolence,qui n’e-n'gt;itplusfupportable,amp;leprcflantd’y mettre quelquenbsp;'fniede,amp; la reprimer : il luy refpondit. Ayez vn peu denbsp;P»'ience,encores pour deux iours feulement. De laquel-''cfponfe.le fieur de Monrpenlîer demeura tout penfif,nbsp;fti fufpend ! amp; en deuifant de cela auec le Cardinal denbsp;quot;Urbonjl’Euefque Saluiati,Nonce du Pape, qui fauoitnbsp;^'»ntiuoins quelque chofe de ce qu’on deuoitfaire,amp; o-• *q'fes deux Seigneurs qui ,en parloyent, lâchant biennbsp;ƒ y n’efio vent pas de ceux qui le trouuoyent au Con-quot;‘feret duRoy,Iàoù on traittoit de ceft afaire,craignitnbsp;o'*ndenientque la chofe ne futdefcouuerte . Mais Dieunbsp;qquot;'vouloir mettre fin déformais aux mefchancetez denbsp;'^f'nialheureux,ne voulut point que cela entraft en leursnbsp;°''fines,afin dedeliurerce bonRoy detantdetourméts,
•on Royaume de leurs mains diaboliques,amp; befongna fn forte,que tous les defleins de fa Maiefté eurent leurnbsp;” delîrce , St rendit tellement imparfaite amp; empef-
-ocr page 556-518 MEMOIRES DE chec la lumière de l’entendement amp; dilcours de cestnefnbsp;(thans, que jamais ils ne s’apperceurent des tromperiesnbsp;qu’on leur auoit braflecs.
Comme on le cognent bien encores, en ce,que le Roy ayant confeillé a l’Amiral, quand il l’alla voir âpre’nbsp;qu’il fut blefle.amp;luy ayant ottroyé qu’il peull: faire S'nbsp;porter des armes en fon logis, pour armer iufqu’à deuxnbsp;ou trois cens hommes, luy, ny pas vn des fiens nes’aui;nbsp;ferent iamais de fe faire bailler le côgé par eferit, ou bienbsp;défaire faire commandementaux Capitaines des gx’’quot;nbsp;des, qu’il les laiflaft porter dedans. Car il n’y a point“®nbsp;doute,quc leRoy .pour ne luy engendrer a ucunfoupço?’.nbsp;comme il luv auoit donné le congé, il ne luyeuft»**quot;nbsp;baillé par eferit, ou commandé qu’on ne les euft po*”'nbsp;empefcliees.ainfi qu’on fit. Car ceft ordre n’ayant pp*”nbsp;cftédonné,ny le commandement fait, quand,fur lel®quot;^’nbsp;les armes arriuerent au quartier del’Amifal ,les gi™®nbsp;ne les voulurent point laifTer palTer.
Mais pourvu ligne plus euidentdeleuraueugleiue'’^ la nuift de deuant le iour qu’ils furent tuez, l’Amiralnbsp;meura en fa chambre auec fix feruiteurs feulcmeut ;nbsp;les Chirurgiens, ainfi que le rapporta Cofsin, Capjxx*.nbsp;de la garde,qiii le feeut d’vn Chirurgien,amp;de l'-Apofquot;*S.fnbsp;re.qui fortirent deuant le iour du mefmelogis,pouranbsp;quérir les chofes qui eftoyent neceUàires pour le P®*’,nbsp;Cequifutcaufedefauuerlavie à beaucoup de Catnbsp;liques. Car fi ces armes-là eulTent efté dedans fon lOo^nbsp;amp; qu’il euft eu les gens pres fa perfonne.ie ne dira/nbsp;ceux que par raifon il deuoitauoineftat en tel eftat,nbsp;ceux qu’ilauoit accouftumé d’auoir ordinairement, gt;nbsp;faut pas douter, qu’il n’eiift iamais efté tué, làns g*xnbsp;eifufion du fangdes noftres.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Al
Or qu’il ait fait cela,foit par art, afin de monftrerq^^j, nedoutoit point delà foy amp; promefle du Royinbsp;mieux alTeurer fa Maiefté,iufqu’à tant qu’il fuft px®nbsp;xecuterfes penfees diaboliques , ou bien ne fe ƒ ig.nbsp;point à la vérité d’aucune ch ofe,amp; ce par trop ‘‘’.jpjutnbsp;ment:en toutes les fortes qu’on le voudra prendre,nbsp;recognoiftre cela d’vne grace particuliere denbsp;nous a voulu tant mie!ixmonftrerfapuiflànce,do^pjfe
-ocr page 557-L’ESTAT DE FRANCE. '519 Jâoire fi grande amp; .accomplie,’fans la mort d’autres,quenbsp;’n feul Catholique , mailtre des requeftes de Monfieurnbsp;ƒ Montpenfier,lequelcheuauchat par Paris auecle Ducnbsp;® Neuers , fut tué par cas fortuit ,amp; ne fair-on bonne-’’«nt par qui.
^ais outre ces lignes amp; autres innumerables , par lef-fa diuine Maieftéafait voirau monde, qu’elle a-^'tdiuinement fauorifé à celte entreprinfe tresheureu ƒ ^aJmirable que ie palTeàcaufc debneueté, il nousnbsp;A fait apparoir vn tres certain amp; plein de fa puiflance in-la confufion perpétuelle des heretiques,amp; à noftrenbsp;ƒ'ncation particuliere : c’eft afauoir(comme il a elle el-f'^de plufiéurs dignes de foy)que dedans Paris, la nuiâ:nbsp;, ^jnies que les Matines Parilîennes commencèrentnbsp;nii’on peut ainlî nommer depuis celle heure-là ena-^quot;^^’ilors qu’on eut commencé d’oller hors du monde cenbsp;pelle pernicieufede Huguenots , vneefpine feche amp;nbsp;toute gaftee.produit des branches vertcs,amp; iet-ç des fleurs,auec grande merueille de tout le peuple,qulnbsp;^'Aroitla voir,comme vn miracle de Dieu , amp;vn lignenbsp;A fon ireappaifee ,Sc vue promefTe deprolperitéà cenbsp;^®yaume qu’il refleurira fous le gouuernement d’vn telnbsp;U ’ amp; fous la conduite de la Sainéleté de nollre fainéhnbsp;le Pape, lequel nous deuons enfuiure à remercier fanbsp;Içr*'’^ ^aiellé, d’vnc fi grande grace,amp; louer le Roy, amp;nbsp;«nrnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Royne mere, amp; leur valeur amp; vertu,
„ æfnble cellede Monfieur d’Anjou en particulier, le-^^'Inon feulement à touliours ellé participant de tout y Hui paflbit, mais fans l’avis duquel, amp; fans luy rien nenbsp;L'cutoit.
(jij. y pareillement ces Seigneurs amp; gentils hommes çq' mis la main à vn faitl lî glorieux, ne doyuentpasnbsp;fruftrez des louanges qu’ils mentent, pourauoir tâtnbsp;g 'Onfeihque de la main,misàfin vne entreprinfe la plusnbsp;amp; la plus importante ,qui foitauenue à la Chre-«itédepuis plufiéurs centaines d’annees, pour le dan-efloit fubieéle d’heure à autre,amp; pour lanbsp;’’lequence, que tire auec foy la qualité du temps oùnbsp;^’fommes.
entre autres, ie veux que vous fâchiez, pour l’hon • LI
-ocr page 558-530 MEMOIRES DE
neur de noftre pay s,que le Duc de Neuers a eu vne grî«' de part tant en cefte entreprinfe, qu’en tout le relie, ainynbsp;qu’on fait, amp; felon que le Pape dit en eftre auerry. M«’nbsp;quant à la conuerlîon de ces Princes.MonlîeurleNonc«nbsp;elcrit ( l’honneur qui en eft deu à Dieu relerué) qu'ont*’nbsp;peut attribuer la plus part des louanges auCardinaUtnbsp;Bourbon', •amp; audit Duc : amp; par confequent de la dernierenbsp;defconfiture de cefte fe£te-là au Royaume de Franc«*nbsp;puis que tous les autres efmeusde l’exemple de ces Prinnbsp;ces,fe reduifent à la Foy, il n’y aura perfonne qui ait honte de faire fon abiuration en public.
Le Roy TJ Etournons àParis, ou les mailacres des corps cef' veut tuer Jt\.foyent aucunement,mais ceux delà Religion «*'nbsp;Je Prince [oyept bien tourmentez ,les vns parleurs parens qui*«’
Con e. foilicitoyent d’abiurer,les autres parleurs voifinsW' mis'Catholiques. Le Roy faifoit folliciter le Prince “^nbsp;Condé de faire abiuration,i quoy il fe monftroitdiffic“^’nbsp;refiftant aux follicitations de plufîeurs.La fermeté del**“nbsp;amp;de quelques vns ,amp; la refinance des Rochelois q**’”^nbsp;vouloyent ouurir leurs portes aux meurtriers,mitleRoynbsp;enteile cholere, que le neufiefine lourde Septembr«'*nbsp;fe fit apporter fes armes,iurantamp; blalphemantqu’il voU'nbsp;loittuerde fimain propre tous les Huguenots, fefiti*'nbsp;mer amp;appella les capitaines de fes gardes: dilântq**’nbsp;vouloir commencer à la telle du Prince de Conde,nbsp;fut empefehé de ce faire, par les prières de fanbsp;Mais le lendemain (ce feu luy eftant vn peupafle)**“nbsp;venir ledit Prince de Condé , auquel il propofanbsp;chofes, la melTe, la mort, ou prifon perpétuelle : S-'Ç“’nbsp;auifaft laquelle des trois luy agreeroitleplus. LePr*”nbsp;Rcfponce gj refponcé, comme l’on dit, quemoyennant lag***nbsp;de Condé Dieu , il ne choifiroit iamais la premiere : les de**^nbsp;au Roy. dernieres il les laiflbit apres Dieu à l’arbitrageamp;diip®nbsp;fition du Roy. Surce il eft follicité par toutes fortesnbsp;perfonnes, amp; commençoit-on à luy preparer vnenbsp;bre à la Baftille . La mifere prefente, les perfuafionsnbsp;fes parens ,lesinduftions de ceminiftredu Roder amp;nbsp;quelques autres , l’esbranflerent finalement. Pluhe
-ocr page 559-L’ESTAT DE FRANCE.' 551 j^^tres fuyuans l’exemple des grands fe reuolterentauf-“ en beaucoup d’endroits, faifans l’abiuration qui fera cynbsp;fes declairee.
. Les huitiefme amp; dixiefme dudit mois de Septembre,
^°y Nauarre follicité par fa belle mere, ^fcriuirent lettres aux Roclielois , qui furent mifes esnbsp;’’J’ins du fîeur de Biron , lequel fe mit incontinent ennbsp;^ncinin. La teneur deidites lettres , eft adiouftee cynbsp;‘près.
Quant aux Sançerrois,leSieurdeIa Chaftre, Gou-Entrcpiin “’¦¦neur amp; Lieutenant general pour le Roy, au pays de fes contrenbsp;j'ffy, cerchoit tous moyens pour mettre la ville à fa Sancerre.nbsp;ƒ Uotion : pour à quoy pouruoir,obtint vue commifsionnbsp;?î^oy,afin d’y mettre garnifon, amp; fit entendre fonnbsp;rUUtioir aux Eabitans, par le lîeur de Montigny leur
, qui enuoya les lettres à la ville , le treziefnîe de .'Ptembre , par fon receueur , Là delTus, les habitansnbsp;^fleiublerent, tiennent confeil fur ce fait, amp; enuoy-cinq ou fix d’entre eux auec memoires pourrefpon^-Jc. Mjjj d’autant que leditfieur de la Chaftre n’eftoitnbsp;/cores arriué à Montigny, comme on penfoit qu’ilnbsp;J**'« euxeftansreuenus i la ville, retournèrent le len-.'¦’'ainauxAix d’Angilon, ou il leur fit entendre fonnbsp;l'''*ntion ,leur bailla les lettres du Roy ,amp; les fommanbsp;J?faire refponfe lemardy füyuant, chez leditfieurdenbsp;'^tigny.ou il fe trouueroit àtlifner.
fea- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Baron de la Garde
^^ifoitatfeftionneaux Rochelois. Mais pour enten-nJ, qui en eft à la vérité, il le dit ouuertement, en v-fiiit 1“’*^ eferit au fleur d’Audeuars, comme s’en-
MOnfîeur,i’ay entendu parlalettre que vous m’ef- Lettres du criuez , que mefsieurs de la Rochelle le. plai-Baron denbsp;yCntdemoy,ce qu’ils ne peuuent faire, qu’en difant de la Garde,nbsp;grandes menfonges . De.moy , i’ay dequoy P’‘' Iefql’ƒlnbsp;® plaindre d'eux, voire auec de bonnes amp; iuftes oct ‘nbsp;'Ons; car ils ne veulent pas eftre feulement Pairs amp; fe^oncô*nbsp;k quot;yensde ladite Rochelle, mais ils veulent faire Its^jj uro-®y’, m’ayans voulu vfer de reprefailles, amp; de beau- chellc.
L1 1
-ocr page 560-551 MEMOIRES D
A»* AT* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;K AVnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A-»
coup d’aunes traits,ießjuels i’3.y notez amp; forcbie e ëcûîv moyen d’en auoir la raifon. Surce ie “ ’gt;i)
_____________________'____I ... nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;_____I
mes recommandations à vos bonnes graces,Priio' (Monfieur) vous laiffer faire bon voyage.nbsp;1ère B,oyale,eftant deuant Rochefort,lcnbsp;1^7^ . Voftre trefleur amp;. parfait amy coninis
La Royne mere, ayant gagné fon gendre, le Nauarre,auquel elle bailla vn Chancelier amp;des gt;•nbsp;domeftiques, tels qu’elle voulut, au lieu de ceuxnbsp;uoyent efté mairicrez; follicita fon autre gendre, 1 ,^(nbsp;de Lorraine, pour rudoyer ceux de fes fuiets, ,'[«1nbsp;do la Religion : A quoy luy obtempérant, fitvnec*nbsp;que s’enfuit.
îdît du Duc de
lorraine, à mou-fon. Concede Prouence, VaudeïT'onCiBl^^ contre fes 2utpl,en 5fc. A tous prefens amp; aduenir, falut. CO ïnbsp;fu etsdela j.^i^g,l^nt,nous aycns.plr diuerfes referipo®, foilnbsp;Re igion.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fait entendre à nos Baillis, chafcun .
efgard, quelle eftoit noftrevolonté amp; intention, Reiglement, Police, amp; Eftat,que nousnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ÿ.
Sirtté amp; entretenu, par ceux oui font orofelsion gt;
apparence , que lefdits de la Religion fe conf® fji royenrdu tout à noftre dite volonté, amp; entretiendra-(,(-de poinften pointf nos edits amp; ordonnances.nbsp;anfmoinseft aduenudepuis, à nollre grand regrnbsp;pat faute peut eftre, amp; conniuence d’aucuns de ’’?* ({!'nbsp;giftrats amp; officiers, que lefdits de la Religionnbsp;largis en leur liberté plus auant que de couftumei^^i^j^ie
L’ESTAT DE FRANCE.
“'¦’ifiuqui en peuuent aduenir.
^ca V 01R faifonsque nous, le tout remis endelibe-^^tiondeseensdenoftre confeil,amp;par l’aduis d'iceux: prohibé amp; défendu, prohibons amp; défendons parnbsp;ftftuy noftre edit, A toutes perfonnes de quelque qualiténbsp;°“ condition elles foyét,de ne faire ne fe trouuer en prefnbsp;’¦‘'CSiafleinblees, côuenticules publiques ou particuliers,nbsp;quot;yfaireaueen exercice de ladite nouuelle Religion aunbsp;“cdans de nofdits pays , terres, amp; Seigneuries, ny allernbsp;d’iceux pour ledit exercice ,amp; apres retourner ennbsp;derneurance, Et au cas qu’ils ne voudroyent obéirnbsp;“yobtempérer à certes, Ains de malin courage amp; def-ftiflànce, voudroyent perfeuereramp; côtinuer en tels Stnbsp;'^oiblables aftes, leur cômandons amp; à chafeun d'eux en-j“'o'’onstrefexpreirement,de fe retirerincontinent,eux,nbsp;femines,S: familles,horsde nofdits pais: neatmoins,nbsp;l’ils puifsét par eux ptoptemêt ou par procureurs,ded.îsnbsp;an continuel, vendre ou faire proufit de leurs biés.Au-^cmét amp; à faute de ce,nous demeurerôt S: aux hauts lu-ociets fous lefquels feront afsis, commis amp; affectez . Etnbsp;^’rapporteront nos Receueurs en ligne de compte aunbsp;f’oiifit de nortre domaine, aufquelles auons defmainte-’’^ot,comme pour lors en cas que delKis.vnis S: incorporez, vnilfons amp; incorporons par certes ; Enioienant tref-tir» tVnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;\nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A
prellement a tous nos Baillis ,Preuorts, ou leurs Lieu-ƒ'’ansjMayeurs 8i autres chdfs amp; officiers de Iurtice,d’a-,®'rl’æij^ foigneux efgard à ce que noftre prefente or-'quot;'nance foit obferuee. Ets’ilfetrouuoit aucun, ou au-quot;‘'’refufans d’y obéir:
''cillons que incontinent, nofdits officiers, amp; vn chaf- . enx,ayent à nous enuoyer rolles fignez de leurs J ‘rr’, contenanties noms amp; furnoms deldits refufans,nbsp;rrr derneurance 8: habitation , fur S: à peine de priua-.“’’a’offîce cotre ceux qui fe trouueront negligés de cenbsp;amp;nousenuoyertelledeclaration, pour icelle parnbsp;{’ousveüc eftre plus plainemét par nous ordonnéSc efta-que verrons eftre necefTaire Si requis à l’entier pa-*ebef execution de certes.
Lefqucll-cs ordonnons à nofdits Baillifs ou leurs Lieu-^cans défaire publierpar les preuofts ,en vne chacune L1 }
-ocr page 562-M E M,o I R E s DE
Preuofté de leur Bailliage , amp; en laiflèr copies lt;IeüenieBlt; collationnées es lieux publiques, afin que nul n’y pr^'nbsp;tende ou fc vueille excufer d’ignorance . De ce faire entant que befoin feroit, auons à tous nofdits Baillift, leur®nbsp;Lieiitenans, nofdits officiers, donné amp; donnons pouuoinnbsp;puiflànce amp; mandement fpectal par celles.
Voulons à eux, en ce fatfant eftre obey, amp; difige’”,' ment entendu par tous qu’il appartiendra, fansdiffit'i''^'nbsp;Car tel eft noftre plaifir.
Entefmoindece , nousauons ligné ces prefentesd^ noftre main, amp; à icelles fait mettre amp; appofer en pla«''nbsp;noftre feelfecret.
Données en noftre ville de Nancy, le qiiatorw^ me lourde Septembre, l’an mills cinq cens foixant^nbsp;douze.
Ainfilîgné CHARLES. Et plus bas, par feigneurleDuc,amp;;c . Leslîeurs Euefque amp; Contenbsp;Toul chef du confeil , Conte de Salm. Marefchquot;nbsp;Lorraine, de Cliafteau-neuf,Bailly de Nancy, denbsp;martin, Bailly du Conté amp; delà Mothe, Maillrenbsp;quelles ordinaires prefens. Contrefignèpourfecre^ jnbsp;Kl. Henry. Et cacheté du ieel fecret, armoyé des arnbsp;de mondit Sieur.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. jjs
le Roy T L a ellédit, queleDucd’Aumale defpefcha l’vn, scxcule J gens vers le Cardinal de Lorraine,qui elloita ,nbsp;Tape'^le'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' pour l’aduertir de ce qui elloit pafte . Le RoV
Roy’d’Ef- t’a lettres de creance à ce gentil-homme, pagne, amp; entédre au Pape,delà part du Roy, quec’eftoitlàfto^pjtnbsp;le Duc re, que fa Saincleté auôit tant foupçonnee, qu’il j^y
-ocr page 563-L’ESTAT DE FRANCE. siS où il tendoit, parles paroles amp; carefles qu’il auoknbsp;aux Huguenots :amp; mefme par les préparatifs denbsp;Suerre; lefquels à bon droit auoyent eité occaiîon d’en-S^ndrer vne fi grande ialoufie, non feulement à. luy, amp;nbsp;Roy fon maiftre, mais aufsi à toute la Chreftienté,nbsp;ÿe tout le monde deuoit aller fans dellùs deflbus, Sc lanbsp;’’Sue contre le Turc fe rompre : mais quoy que cela luynbsp;Mail par trop, amp; qu’il le nauraft iufques au cœur, quenbsp;^i^tesfois il n’auoit peu y reinedi er, que premièrementnbsp;'temps ne foil vénu, amp; l'affaire venue à maturité: amp; quenbsp;P^urtantil le prioitd’enuoyer en diligence vers le Ducnbsp;** Albe en Flandres, l’aduertiflant de tout, amp;c. l’alTeurant,nbsp;Jlttela guerre, quant à fi maiefté , eftoit finie en ce pays-que des prifonniers François qu’il tenoit, il en fiftnbsp;'e que bon luy fembleroit : amp; qu’il commanderoit, quenbsp;tes foldats qui auoyent efté défia enuoyez fur les fron-^'tes, pour tromper les Huguenots (qui pouuoyent e-“te de cinq à fix mille hommes de pié , amp; enuiron deuxnbsp;'t'ùle cheuaux) fe retiraffent dedans le Royaume, aiulînbsp;^ue foudainement il fut fait.
Apres il le pria, de vouloir femblablement faire en-'ndre par le menu toutes ces chofes, au Roy fon mai-''»Ac de luy efcrire , qu’il luy vouloir faire la guerre de 'tte façon: amp; qu’il l’afleuraft aufsi, qu’il luy feroittouf-ttts bon amyamp; parent. Et ne fe contentant point denbsp;'' deuoir qu’il auoit fait vers l’Ambaffadeur fufdit, ilnbsp;vn gentil-homme à
''-our-là, pour faire part au Roy d’Efpagne de tout eftoit aduenu en France : amp; efcriuit de fa proprenbsp;cufe” lettre audit Roy, pleine de courtoifie, amp; d’ex-p^p'gitimes,pourluy öfter de l’efprit toute ombrenbsp;ftoitnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;P*^“ auoir, à caufe de ce quis’e-
Ij. P’iPé celle année prefente: chofe que les Catho-Rov*j^ft*®°yent ùeuoir eftre d’vn tel elFea enuers le deu^ ^Ppagne , que par ci apres , il y aura entre ces
.’Couronnes , vn lien d’amitié fi eftroit, que tou-leux^'^'^°P^ fentira amp; receura vn frurft merueil-jp^^5''®torziefmeiour dudit mois de Septébre,le Roy
‘“tttaiigouuerneur deMafcon,|es lettres qui senti 4.
-ocr page 564-536 MEMOIRES DE fuyuent,par lefquclles on void,qu’on veut recercher to*'*nbsp;ceux de UReligion.qui onceu quelque charge durant'^nbsp;troubles.
Ifctres du Roy aunbsp;gouuer-ncur denbsp;Mafcon.
MOnfieurde Ja Guiche, i’ay fceuqu’ontientaM»' con les trois freres Dagonncaux prifonnierSi Sinbsp;nômé Porcherd’hofte de PaduenturejMoiflbnnieriC*'®nbsp;pin, amp; le capitaine Gris, qui font des principaux faâis''nbsp;de la Bourgongne, amp; ont efté caufe durant tous troublénbsp;de faire prendre amp; reprendre la ville de Mafcon, Si Snbsp;toute la ruine qui eftaduenue audit pais. Et par ce qquot;®nbsp;i’ay entendu qu’ils ont elperance de fortir ,nioyenna*’nbsp;rançon (ce que ie ne veux en façon du monde) le vfU’nbsp;mande amp; ordonne que vous ayez aies retenir, amp;nbsp;en bonne amp; feure garde, fans qu’il en aduienne aucu®nbsp;inconuenient : d’autant que i’eipere par leur moyen lt;gt;«*'nbsp;couurir beaucoup de chofes qui touchêt grandement s'*nbsp;biendemon feruice. S’il fetrouue encore audit lieu“®nbsp;Mafcon quelques prifonniers de la nouuelle Relig'®'*’nbsp;qui foyent faélieux: vous les retiendrez femblableinenc»nbsp;fans foutfrir qu’ils en refchappent, en payant rançon»nbsp;d’autantqueiene veux en forte du monde, qu’il foit pt'*nbsp;rançon entre mes fubiets . Et fur ce, ie prie Dieu (Monquot;nbsp;fleur delà Guiche)qu’il vous ait en flifainâegarde.efc«*nbsp;àPariscei4.Septembreij7z. ligné GH ARL ES.amp;aquot;nbsp;delTous,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Brulard-
Le mefme ioiir, autres lettres furent enuoyces aquot; Gouuerneur de Daulphiné , contenantes ce qui s’enfuit.
Lettres du Roy aunbsp;gouiier*nbsp;neur denbsp;Dauphine.
MOnfîeur de Gordes,par voftre lettre du premier ce mois,i’ay entendul’ordre qu’auezdonné en'O'nbsp;lire gouuernement apres l’adu ertifl'ement qu’auez eu J®nbsp;l’executiô faite en laperfonne de l’Amiral amp; fes idhert^’nbsp;amp; m’aflèurc que depuis vous n’aurez oublié aucune cho'nbsp;fe qu’aurez penfépouuoir feruirà vous afleurer des lieu*nbsp;dontvous aurez occafion de vousdouter. Etafinqu’aye*nbsp;plus de moyens de vous faire recognoiftre, i’ay ordonnenbsp;que les compagnies Corfes que i’auois fait cheminer ennbsp;Prouence retourneront deuers vous,l’ayant defla efcA*'*nbsp;J»»»
-ocr page 565-L’ESTAT DE FR ANGE. 537 ®®n coufin le Conte de Tende: qui ne fera faute de Icïnbsp;enuoyer, d’autant qu’elles ne font maintenant au-^**0 befoin audit pays.Il vous doit auisi aduertir du tempsnbsp;“C leurpartement, afin qu’ayez loifir de pouruoir à leurnbsp;'^ception ,amp; ordonner les-Iieux où elles auront àtenirnbsp;Mtnifon.l’ay veu £e que m’auez efcrit pour le payementnbsp;mortewayes du Dauphiné de ce qui leur eftdeudenbsp;*nnee paflee, amp; fur ce ie feray aduifer à mes finances lenbsp;j^oyen qu’il y aura . amp; fuyuant iceluy n’y aura faute^’ilnbsp;oorferapourueu.Quant à la reparation du pontde Grenoble, il faut que ceux du lieu aduifent les moyens def-HOelsils fe pourront aider en cela,amp; m’en aduerriflantienbsp;nor ottroyeray les prouifîons neceflaires. Et pour le re-Ç^rd des troupes du Baron des Adrez , eftant l’occafionnbsp;Pour laquelle ie les auois mis fus maintenant celTee, icnbsp;n*y efcris qu’il ait à les licentier : paa ainfi ne fera befoinnbsp;’0l’ordonnance que defirez pour fon regard,ny fembla-nionientde vous dire autre chofe fur les refponfes qu’a-'•otfaites aux memoires que ceux de la Religion auoyétnbsp;Ptofeutez contre vous:car vos aftes me font aflez clairsamp;nbsp;notoires,amp; fur cela ie ne voudrois prendre meilleurenbsp;P^euueque leur acculation. A celle caufe, vous ne vousnbsp;J’ottrez en peine de ce cofté là. Au furplus , ie vous ay cinbsp;jouant eimoyé vne copie de la declaration que i’ay faitnbsp;nnlaniortdel’Amiralamp; defes adherans,amp; fait entendrenbsp;lOcmon intention eftpit qu’elle fuft enfuyuieamp;obfer-^0, amp; tous meurtres ,faccagemens amp; violences ceflees.nbsp;j?oîtnioins i’ay plainte de plufieursendroits qu’ô ne laif-‘'^nt de continuer telles voyes extraordinaires, chofe quinbsp;P'=11 par trop delplaifante.Au moyen dequoy i’ay adui-, Vous en faire cefte recharge, à ce qu’ayez à donner or-foenpedenjye Jegouuernementde faireceflernbsp;^ntehoftilité,forceamp; violence:amp; que ladite declarationnbsp;n*t exadement obferueeamp; entretenue,puniflànt ceuxnbsp;jOi y contreuiendront,fi rigoureufement,que la demonstation en puifle feruir d’exemple, eftant bien mon in-’ontion de les chaftier comme il appartient, amp; de m’ennbsp;Ptendre àceuxqui voudrons’fer de conniuenceamp;difsi-*’'olation. La prefente contiendra aufsi aduis fur la rece-Pùondevos lettres du cinquiefme du prefcnt, par leQ
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538
ay à dire pour le prefenc. Priant tùrce le Createur(Mo® fieur de Cordes) vous auoir en l’a fain£teamp; digne gif® 'nbsp;Efcrit.àParis le 14. lourde Septembre. Signé, ,nbsp;CHARLES. Et au bas, Elles. Etaudefliis»nbsp;Monlîeur de Cordes,Cheualier,
D’autant qu’il eft fait mention es precedentes letf
¦ du Conte de Tende gouuerneurdeProuence,amp;du phiné, nous adioufterons ce mot.Incôtinent que lesnbsp;facres furent cômencezjvn gentil-homme d’Arlesnbsp;me la Mole, domeftique du Duc d’Alençon, fut enuoy®nbsp;vers le Conte de Tende,auec lettres ducôfeil fecret po**^nbsp;faire maflàcrer en Prouence tous ceux de la Religion.f *nbsp;Conte ayant receu ces lettres , dit librement à la Mol®’nbsp;Qtfil n’eftimoit point que tels commandemensvinfle”nbsp;du mouuement du Rey,amp; qu’aucuns defon confeil vfn’’'nbsp;poycnt l’authorité royale pour fatisfaire 3. leurs pafsion^’nbsp;dont il ne vouloir plus certain tefmoignage que les lettres que le Roy luy auoit enuoyecs quelques lours aupa*nbsp;rauant, par lefquelles il chargeoit ceux de Guifedecenbsp;maflàcre de Paris. Qif il aimoit mieux obeyr à ces premieres lettres, côme mieux feantes à la Maiefté Royale’nbsp;amp; que ce mandement dernier eftoit fi barbare amp; cruel»nbsp;que quand le Roy mefme en perfonne luy commande*nbsp;roit de le mettre à cxecution,il ne leferoitpas.Cellen’*nbsp;gnanime rcfpôfe feruità ceux de la Religion en cegou-nerncmeiit là, car il n’y eut point de maflacrcs. Mais ellenbsp;fitperdre la vie audit .gouuerneur, qui quelque temps a-pres fut empoifonne dans Auignon, dont il mourut, amp;1*nbsp;place fut baillee auConte de Rets,premier mignon de lanbsp;Royne mere.
Le lietir de Cordes gouuerneur de Dauphiné s’excuia plufieursfois,fur ce principalementqucMonbrunamp;pl”'nbsp;fietirs gentils hommes de La Religion eftoyent encor ennbsp;vie, quiprendroyentles armes pour leur conferuation»
dontyauroit plus de danger amp; de mal qu’auparauant-
L’ESTAT DE FRANCE. 559 ^ilfaloitles attrapper premieremêt,puis on cheuiroitnbsp;’ænientdespetis. Ce gouuerneur auoit efté auancé parnbsp;Môtmorency,amp; mis encefte place parle moyen
* J Amiral,comme aucûs difent. Par ce moyen il n’a pas ^ftefangmnaire iufqu’àprefeiit. Toutesfois lesCatholi- Maflacreà,'’nbsp;3**^ de Romans fe mutinèrent, amp; fi toft qu’ils eurét ouy Romans»nbsp;nouuelles de Paris amp; Lyon, s’amaflerent en grandnbsp;Jombre,amp;fauorife2de la difsimulation des principauxnbsp;la ville, fe ruèrent fur ceux de la Religion, lefquels ilsnbsp;'otiftituerent prifonniers, iufqu’au nombre de 60,ou en-
Il y auoit apparence que ces prifonniers feroyent “Jen toft traitez en la forte qu’auoyét efté ceux de Lyon:nbsp;** euft efté que les plus paifibles Catholiques,defirans faunbsp;'’W les corps de plufieurs de leurs amis qui eftoyent em-Pfifonnez, firent tant d’ailes amp; venues ( ioint que lefieurnbsp;**5 Cordes gouuerneur de la prouince n’eftoit pas cruel)nbsp;Sii’en dedans huit jours apres, quarante defdits prifon-*aiers fortirent tous enfemble defdites prifons, auec pro-*?efl'e cependant d’adherer à la Religion Romaine .nbsp;Quant aux autres qui demeurèrent, ils eftoyent commenbsp;*ndeux bandes. Les vns n’auoyent point d’amis quipro-^Uralîènt pour eux. Les autres auoyent beaucoup d’en-*’fmis,tant pour afaires particuliers, que pour auoir por-les armes, ou fait quelque aéte notable pour la Religion. Sur ce, les Catholiques prenans refolution , en re-leruent fept pour les faite mourir. 11 en refloitencornbsp;^eize, auiquels ils concluentde làuuerla vie.pourueunbsp;Su’ils fâcent abiuration comme les autres quarante fuf-*”00000002. Et fuyuantcela, enuiron le vingtiefme ounbsp;'''quot;Stdeuxiéme iour du mois de Septembre fe tranfpor-^'otefdites prifons en bonne troupe armez, amp; auec lesnbsp;Jj’Sues en main : fur les neuf heures du foir font venirnbsp;* ’•gt; apres l’autre ceux qu’ils auovent deftinez au mafTa-^’’ogt; apres les auoir moleftez amp; les treize autres aufsi.d’v-**ogrofrefumee qu’ils faifoyent entrer par vne petite fe-”oftreen lach.âbre où eftoyent tous ces prifonniers. Cesnbsp;*opt donques furent BarthelemvGros,qui auoit porté lesnbsp;*rmes,amp; eftoit appelé le Capitaine.Romanet Duge,pro-oureur amp; notaire. Vn autre procureur amp; notaire nomménbsp;Mury : amp; vn autre aufsi procureur amp; notaire nommé
-ocr page 568-540 MEMOIRES DE
Benoift du CIou.EnemondMtttiat, marcliantchaufleder amp; drappier. Vu chauderonnier nommé Louys. Vncar-dcur nommé le Pere. Iceux s’eftans encouragezi furentnbsp;cruellement meurtris à coups de poignard les vns apresnbsp;les autres,inuoquans la mifericorde deDieu.Cemafl’acrenbsp;dura deux heures, amp; fut exécuté efdites prifons en pre-fence des furuiuans, lefjuels forent relaichez puis apres,nbsp;ayans abiuré comme les autres quarâte. Les maflàcreursnbsp;forent comme rallàfiezdu fang de ces fept, iniques aunbsp;mois de Mars cnfuyu3nt,qu’ayans prins le fleur du Boisnbsp;gentil-homme du pays amp; fon filsprifonniers,qu’ils accu-foyent de confpiration ,ils les fircntdecapiter, amp; pendrenbsp;aufsi quelques autresdelaKeligion.
Ceux de Valence fe mutinèrent aufsi entendans les iiouuelles de Paris amp; d’autres lieux, amp; tuerentquelque’nbsp;vus de la Religion,mais en petit nombre,amp; leur violencenbsp;fut retenue,!! qu’en peu de iours on y vefeut en paix.
Le fleur de faintt Heran gouuerneur d’Auuergne, tHard Au uancé par ceux de Montmorency,fit prefques vne pareil'nbsp;uergne,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;qyg Jg Conte de Tende: mais il n’adiouftap^’
qu’il n’eu feroit rien fi le Roy le luy commâdoiten pef' fonne.- Et pource qu’il fit en forte que laplufpart de ceu*nbsp;de 1.1 Religion qui eftoyent en fon gouuernement rC'nbsp;tournèrent à la Mefle , les chofes s’y palTerent fansautr®nbsp;bruit. Le delay des Rochelois fiiifoit furfeoir beaucoupnbsp;d’executions fanglantes furies grands amp;petis, lefqueU^nbsp;pendent encores, pour les afaires qui font entreueounbsp;cependant.
Quant au Languedoc , le Marefchal de Danuille y cnuoyé,amp;- les choies s‘y palferent comme nous lediroinbsp;tantoif. Q^lques autres prouinccs, comme laPicann.^nbsp;la Bretagne,amp;; Bourgongne,demeurerétpaifiblesauP^^nbsp;de plulieiirs autres, oùl’on trairait cruellement ceuxnbsp;ha Religion, fpecialementen Normandie ,amp; furnbsp;Rouen , Parlement amp;: ville capicale' de celle prouincenbsp;laquelle les Catholiques firent 'vne horrible bouchenbsp;d’hommes amp; femmes de la Religion.
MaU'acres k 4 Ais d’autant que cela requiert de n’eftre palEé à Rouen. lîlence, nous en dirons vne partie ( car qui poh
-ocr page 569-L’ESTAT DE FRANCE. 541 tout raconter?) felon les memoires que nous enauonsnbsp;recouurez.
Nous auons vcucydeuanc es memoires des mois de Mars amp; d’Auril de l’an 1^71. que les Catholiques denbsp;Rouen mutinez de voir les prefches ti pres de leurs por-tes,s’eftoyent ruez fur lefdits de la Religion, donc ils au-royent tué quelque nombre,blelTé amp; piüé pkiiieurs.I’ournbsp;pouruoir àcesfeditions , leRoy y auoir enuoyé le Ma-refchal de Montmorency, quelques Conleillers amp;Mai-ftres des requeftes, quiayans informé auoyent condancnbsp;amortquelques vas de ces feditieux lors fugitifs, bannynbsp;les vns du Duché de Normandie , les autres de la ville amp;nbsp;bailliage de Rouen pourvu temps, fait information dunbsp;reuenu de quelques vns pourles confifquer au Roy. il ynbsp;iuoit foixantefi.ï condamnez à mort, les plus notablesnbsp;defquels eftoyent lean de la Roche lieur deVandrimare,^nbsp;ferrent maiorde Rouen,maiftre Claude Mortereul Curé cefaindPierre, maiftrePierre Deflandes aduocacamp;nbsp;capitaine .Laurens de Marrommecapitaine, quis’çftoitnbsp;trouué en ce ma.nacre,fut banny du Royaume de Francenbsp;à perpétuité. Mais tous ces arrells demeurèrent fans nulnbsp;eifeà,d’autant que les mutins s’eftans cachez pour quelques mois, fé retrouuerent bien à Rouen quand il faîutnbsp;delgainetles coufteaux. Ainlî donc, fi toft que le mall’a-crefut commencé à Paris,le fieur de Çarrouges gouuer-oeutdeRouen receutlettres du Roy,quiluy mandoicS:nbsp;commandoit exprelTément d’exterminer tous ceux quinbsp;fiifoyent profefsion de la Religion audit lieu,fans en ex-'cpteraucun. Quelques principaux Catholiques receu-'cnt lettres pour tenir la main à cela. Toutefois la pru-,5; moderation du gouuerneur fut telle pour vnnbsp;*^fnps,que toutes chofes demeurèrent plus paifibles quenbsp;* n’auoit eftimé. Mais d’autant que le peuple s’eftoitnbsp;cfchaulft, tant au rapport des cruautez commifes à Paris,nbsp;nue pour fe vouloir refentir des torts amp; injures qu’ils di-¦oyent auoir receus de ceux de la Religion en ce voyagenbsp;du Marefchal de Montmorency : les plus fages d’entrenbsp;lefdits de la Religion amp; mieux preuoyans le prochainnbsp;danger qui menaçoit 3c eux amp; leurs compagnons,fc reti-’'rent incontinent hors la ville : les vns en îeursmaifons
-ocr page 570-54i MEMOIRES DE aux dumps,OU chez leurs amis ,amp; les autres droits”nbsp;glecerre.Ce que voyias les Catholiques,comms”‘'^. j,jnbsp;à emprifonner plufieurs de ceux qui eftoyent refter jjnbsp;leurs maifons , pour les contregarder (difoyentils)®^^^nbsp;furie du peuple.Cela auint enuiron trois fepmainesipnbsp;les maflacres de Paris.
Enuiron ce mefme temps vn nommé Eflienne apothicairc,fort hay des Catholiques,tantàcaufe 9“nbsp;ftoitvn peu libre en fon parler,que pourautant **,3nbsp;longuement demeuré à Geneue, fe retira en vnnbsp;trois lieues pres dudit Rouen,là ou de nuiél quelque’nbsp;vindrent fans eftre recognus, le prendre dans fonnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j
l’ayans mené es bois de préaux, îuy coupperent lag® s cruellement.
Peu apres , le Roy irrité du reftis qu’auoit fait 1® § r uerneur,enuoyaplufieurs courriersaueclettresde i”nbsp;me fubftance que les premieres ; commandant aiib’P.jnbsp;expres à ceux du Parlement de tenir la main à ce 4'^nbsp;fuft obey en ceft endroit. A quoy ledit gouuerneur ( snbsp;cor qu’il fe (oit toufioursmonftré fort peu ainydetsnbsp;inhumanitez) ne pouuantlors, ou par crainte nevo”*^^nbsp;obuier,comme celuyquine manioitpas lepeupls^nbsp;fément qu’il euft bien -voulu: fe retira le iour Ju man^nbsp;dans le chafteau de la ville. Et tandis Ion donna ot“nbsp;que les plus feditieux amp; mutins fuflent auertis de la''nbsp;lonté du Roy amp; de la Royne mere. Les conduéteurs ƒnbsp;meurtriers furentce maiftre Claude Mortereul Curenbsp;fainft Pierre,amp; Laurens de Marromme capitaine.
Vn iour de Mardy que le maflacre commença,les p® tes furent fermees,amp; par les carrefours de la ville on P®nbsp;fa gens arm ez,pour obuier àtousaccidens.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j
Lon maflacra des premiers ceux qui fe trouuete dans la conciergerie,iu(qu’au nombre de foixante ou e®nbsp;iiiron, dont la plufpart furent aflômmez au fortiràm^nbsp;fure qu’on les appelloitpar leurs noms , félon le roonbsp;qu’en auoyent les maflacreurs. Les autres eftoyent anbsp;dommodez à coups de dague. Les maflacreurs vf®y^|,nbsp;de ce mot accommoder ,raccommodans à leur beft*nbsp;amp; diabolique cruauté.
Plufieurs eftimoyent qu’on les tiraft de là pour
-ocr page 571-L’ESTAT DE FRANCE. 545 ^liurance corporelle: de forte qu’vn ellant là prifonniernbsp;pour autre occaüon,fe prefenta pour efcliapper de la prison auec les autres : amp; lans l’aduertilTenient du geôlier, ilnbsp;^0 failoit tnaffacter.
De la prifon on commença àfe ruer fur ceux qui e-quot;Oyentpar les maifons , ou qui s’eftoycnt cachez chez *^rs amis.De façon que depuis le Mardy iufques au Vennbsp;i’edy que l’on ouurit les portes, lefquelles iufqu’àlorsnbsp;’ooyenteftéfermées, auecphilîeurs qui furent tuez lesnbsp;’®ürs fuyuanSjloD tient que les maflacreurs en ont faitnbsp;’’’ourir cinq cens ou enuiron, y comprenant plus de ein-liante fem mes, fur lefquelles on exercca pareille cruauté que fur les hommes. Et d’autant que nous auonsnbsp;•‘Ufti recouuré les noms de pluiieurs malïàcrez , tantnbsp;quot;Ommes que femmes, ce ne fera chofe dutoutimper-^quot;«nte de les inferer en ceft endroit cy, fans nous ar-ftiler à l’ordre qui feroit bien requis. Ain fi donc entrenbsp;’utres malTacrez furent, lean Vieillard, marefchal, fortnbsp;'¦ieil Si caffè. Vn autre fort vieil homme procureur,nom-MalTonnet. Pierre Bouquet, malade des goûtes desnbsp;Wnze ans. Guillot Loifon, hofte de l’efeu d’OrIeans,fortnbsp;'''tilamp; paralytique. Ellicnne Marinier , menuifîer de-jy^ürant au clos fainél Marc. Noel Collard, fieur de Bau-“rihe.Le fieur d’Ingonuille,fortaagé,quin’auoitiainaisnbsp;Portéles armesÆftienne Prouers,marchant grofsier.Vnnbsp;Procureur nommé Sanfun. Le fils du fufdit Maflonnttnbsp;’’aàrelTa à fonpere pour prendre confeil à luy par quelnbsp;’’’“Ven il pourroit efehapper. Sondit pere ne trouuanbsp;J’^iHcur expedient que de luy confeillerde s’allerren -''es prifons auec les autres , où il feroit hors dedan-Fpmais il trouua leglaiue, où la feureté deuoit cftre,nbsp;y’t alTommé auec les autres .Vn autre procureur n om -J des Landes,fut aufsi malTacré. Item le courretier
Anglois, nommé le Coq. Binel, pezeur delaine. Vn ’’’tre courretierdes Anglois,nommé Guillaume Cle-kan de Cam , fellier. Pierre Sourois, drappier.hom-?viaaagé.Iean Mignot. Vn bonnetier,nom mêle Houe,nbsp;’oialfacréen larue. Vn huifsier nomméThomas Mo-, Adam Baudouin , marchant drappier. lean Linard,nbsp;““netier. Michel Thibaut, balancier, en la rue S. Iran,
-ocr page 572-544 MEMOIRES DE
Pierre le Feure,balancier,au coin delà rue efcuyere,Ni-colas l’arbaleftrier, demeurant vers la porte cauchoiW’ Guillaume le Couureur, Martel, Geoffroy de laHay^’nbsp;lean Taffel,laques Vautery,Prcrre Vaillant, lean de Vec-fon,bonnetiers.Denis l’Anglois,coufturier.Ifaac le Loup’nbsp;drappier. Pierre Odye, bofte du chef fainiSiDeuis.ro^nbsp;de laprifon.Le Boulenger de l’auftruche. Vu autre boU'nbsp;lenger de la rue. lean Coutbonaagé de 70. ans,bour'nbsp;geois demeurant pres des Cordeliers. Vn autre horai”^nbsp;aa’gé de 80. ans, en èe mefme quartier. Guillaumenbsp;guette , boulenger. Vn marchant Flameng nomme leJquot;nbsp;Mainfray. Laurens,meiragerd’Anuers.VnCartier,»®quot;nbsp;• meurant pres l’auftrucbe .quot;^Deux couftns nommez 1
Belliers, pigniers , en la rue efcuyere. François Maug^ pres fainä: Viuian. Guillaume Gieret, chappelier.I''*nbsp;Gaumont, marcliantde laines. lean Cauuin, cordonujf 'nbsp;demeurantpres des halles. MaiftreThomas,barbier,!®nbsp;voifin.Boutincburt,conddur de draps.Tafsin deNorm^“nbsp;uille,ceinturier. Hubert Dynan,pres fainâ Martin.'^®nbsp;iieugle,procureur 3uxgeneraux.BartbelemydeNue®“^[.nbsp;Guillaume Helouin.mcnuifîer, en la rue dauuette.nbsp;Cauchois, mcnuifier, au pont de robec, aagé de pl®’nbsp;fio.ans. Philippe.^ leTailIeur,menuificr,cnlaruedeernbsp;tes. Guillaume Pauty,menuifier, au montfainCl ùnbsp;fut tué dans la paille de fon liff.où il s'eftoit mufle, ƒƒnbsp;autres menuilîers en diuers endroits .l’vn nommenbsp;Marguery, l'autre le petit Louys, amp; le tiers Geolfr®y^jnbsp;Feure. Vn nommé Hauart, bon ouutier d'harquebo®’nbsp;amp;'piftônes,demeurâc presfainé’tAm3nd,aagé de 7®Vj(nbsp;îeanTalTebefperonnienen laruedei’efpee.Son pert’nbsp;aagé,amp; fon oncle aufsi. Pierre Azou,pannetier. Ädrl^^^,nbsp;Vaireur,fafteur pour les Flamens, en la rue herb’^j,nbsp;Gueraut Gontier.pres les Cordeliers,aagédenbsp;colas le Clerc,ferrurier,demeurât au bout du pont-laume le Marchant, tellier, demeurant à fainétnbsp;lean Vaillant,ferrurier.RobertTouzé,conroye®y' y,inbsp;de Mante,marchantdebleds.Marin Caue,cymentier’^]jnbsp;maiftre d’efcole nommé Maturin. IfaacPlaftrier.to® ,nbsp;demeurans en laruenoftreDame. GuillaumeReg^^fj,,nbsp;fonrbiffeur, demeuranthors les ponts. Guillaui^^^-jf,
-ocr page 573-L’ESTAT DE FRANCE. 545 'oufturier.enlarue du Heure . laques Varier, courreticrnbsp;QCvins.PierreMorieu,en la rue de la Seille. Benoiftlebônbsp;netier.Iean du Four,relier demeurant pres Dauberte.Ni-colas Danon orfeure,prcs S.Maclou.laques Thierry ton-deur.enlaruepercee. Adrian de la Vierte , artillier, cnlanbsp;Cauchoife-. Pierre Mauuantre, en la rue Vatier Blon-lean de Bourdini, Robert le Couureur Sefonfrere,nbsp;“^netiers.Geolfroy du Bofe meliireur de bled.laques Cenbsp;®quot;e mercier, demenrant fous la groiTe horloge. Ro-'rtûablô,pres les Auguftins.LouisToutain,chauiretier,nbsp;Cauchoyfe. Maiftre Pierre le coq, miniftre du lîeurnbsp;Bofe benard. Guillaume du Ley paintre, aagé de SRnbsp;*”’•11 fut ietté tout vif de fa feneftre eu la rue,ou les nieurnbsp;*^rs l’acheuerent detuer.Vu relier du faux bourg Cau-jJ®yfe. Guillaume Bouuelle bonnetier, aagé de $8.3ns.nbsp;J ’thelot arbaleftier en la rue efcuyere. lean Marpelle,nbsp;aagéde/i.ans.Vn panurenbsp;I J. *llon des champs Mahiets. Roger Contas,pafl'emen-Vn bonnetier de S. André. lean Regnaut,reuendeurnbsp;¦J. S. André. lean Monfel, menuilîer . Poil et, mercier,nbsp;jjj'^'aflain Moucher,bonnetier de la cloche. Pierre Pradonnbsp;Poulain,boucherdemourant pres Cau,nbsp;.. laques lefeure,cardier. Maiftre Pierre Seneftre,nbsp;’'tien. lefle de Couigny, tauernier à l’enfeigne de lanbsp;. NicolasFenebreque, chandelier 3. S. Viuian. loa-Ijf'ai Chenon, folliciteur. Pierre Aubert fut tué entre lesnbsp;R-j ae fi mere Catholique . Pierre Preuoft,picqueur aa-
70. ans.Nicolas Sas, brodeur,amp; fon fils, au près du (ç.’'^‘^apôt.LeSenefchal,hofte du tableau,aagé de 63.ans.nbsp;Sjjj ^ouflet, cordonnier auprès du Palais .Pierre Martin.nbsp;P'ce,tainturier enfoye,aagéde70 .ans.Gregoire lenbsp;Içj***’ an la rue S.Marc.Pierre Pacquin,teinturier de toi-yo.ans. Antoine Varet,t3Uernier,hor9 martin-U Tiuerel.boucher de la rue S. Croix.Raoulinnbsp;j Hayes,aagé de So.ans . Pierre Ponchetchappellier.nbsp;'Illnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tondeuGpres les Cordeliers. Martinquot;
jjj ‘ ‘onftier,pairementierà martinuille.Michel Blondel an laditte rue. lean Layne,Louys Buillot, Ro-^teD^^*‘^in,cl’^pelliarsdemourans en ladite rue.Mat-larre Coippel praticien au Palais. Maturin Daume»nbsp;Mm'
-ocr page 574-54lt;? M E M o I R E s D E dcjpafieméder.TEomasPeutjCornetierien lanbsp;re,iïgédelt;/S' ans. Oliuier AueneL libraire enlalt;lgt;t^'_|jnbsp;Pierre le Rat, tonnelier pres la porte du Bac.nbsp;boutellier, bonnetier à Martinuille . Vn pignierf”nbsp;Beauuaifine, nommé le Blond,aagé de Sf .ans.Guillai'nbsp;Omond tauernier,demeurant aux trois pierres. L jnbsp;Lair,eftaimier, pres la fontaine de Lifieu. Pierre du önbsp;libraire,demeurâc pres les trois eignes. Robert dunbsp;fon neueu,aufsi libraire,près S.Lo.leaii Turet libraire,nbsp;fainfte Croix, aagé de 70. ans.lean Boulard,marchantnbsp;cidre, pres les Auguftins. laques Tierry, tondeur, e® .nbsp;percee.Iean le Quefne mefureur.Pierre leFcureiffl^®nbsp;lier. Richard Pa^on,dcmeurantpres la Croflèiaag^nbsp;yj.ans. Marin le Clerc,ferrurier en la rue aux ours.Gquot;nbsp;laume Hernieu,cartierdemoiirït àS.André.IeanTaUt* ?nbsp;boulenger demeurant pres S . Patrix. Pierre Michel’nbsp;mouleur, au neuf marché. Denis Langlois,coufturief’nbsp;la rue des belles femmes . Nicolas Mouchar, ion fret 'nbsp;IealePreuoft,bônetier,pres lagrolTehorloge.Chriftenbsp;Fauueau, bonnetier, en la rue eftoupee. Vn ieune rouet^nbsp;tier, loueur de chenaux, à Martinuille, Hilaire de la h*nbsp;the,reuendeur de menuilén'e. Maiftre Claude Benfera'ynbsp;praticien au Palais.François Hebert.Laurens Aueugleinbsp;deur de draps, lean le Prince,menuilîer, fur la riuierenbsp;Robec.Ierolme Goguin,Paiietier, en la rue des Crotc^^'nbsp;Richard Lailné piqueur.prcs la porte du cruccHx-te Saquot;,nbsp;nier,frere du maiftre de la pômed’or.Vn chapelier l'O^nbsp;Robert,hors Martinuille.Pierre lourtandcmeurat fnt^nbsp;bec.lfaacFueilhnplaftrier, Guillot Capitonnier,enlatnbsp;Pingon.LouisHernieu.bouIégerideuantS.Maclou.latiquot;nbsp;d’Himbleaille, huillier,demeurant pres du pont. B.®.ƒnbsp;Peyrigart, au clos S. Marc.lean du Fou,tellier,fon voilt;‘ 'nbsp;Nicolas Carrel,homme impotetét fort aagé. Guilla®^nbsp;Bigard, aufsi fort vieil,demeunït pres la porteCauchoi 'nbsp;lean Cornellais, reuendeur de naux. Eftienne le Couinbsp;r(er,reuendeurde nienuiferie,pres la belle image.Pi®nbsp;Paiibpafleinètier.Oliiiier Dalôn,pignier,en la rue dunbsp;tit puis.leanRobillard.iardinier.cn la rue de Mauleunnbsp;Claude Morettegt;chaufretier,en l.a rue .S. Maclou.nbsp;rerrandjpIaflrier.Touflaints Gallardon,folliciteurde 1’^^
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Rs- Paul de Foflc, mercier, près du viel palais. Michel prouuel, amp; plufieurs autres, defquels les noms nous fontnbsp;'nconus. Outre lefquels furentaufsi maflacrez quelquesnbsp;’’cuoltezitant la fureur, eftoit grande.
Ils n’el’pargnerent non plus les femmes faifans profcf-fon de la Religion,qi;and ils les pouuoyent attrapper ; amp; en firent mourir grand nôtre à diuers iours,lpeciak*mêcnbsp;les 17.amp; is.de Septembre:entre lefquelles font celles quinbsp;s’enfuyuét.La femme de l’huifsier Durât,apres auoir ellenbsp;indignement outrageedans fachambre.fut iettee par lesnbsp;feneltrcs furie paué , amp; maflacree parvn fergent royal.nbsp;I-i femme de Geoffroy du Sy,drappier, apres auoir payénbsp;'fois cês efeus de rançon fut mife à mort.La femme d'K~nbsp;tienne du Lis,poudrier. Q^lques damoifelles.La petitenbsp;leanne,femme d’vn cordonnier nommé Piquet. La fern-’ne deDenis l‘Anglois,coufturier.Lafemme de Guillau-'wme Gieret,chappelier.La femme deGrifeiLpannetier.nbsp;femme de Barthélémy Dauuets, aagee de fio.aus. Lanbsp;«iTime dePierre Boullon.La femme d’vn relier des faux-“Ourgs dcCauchoife.La fœur de leâ Poupé.LaMarpelee,nbsp;nigee de 50.ans. Marguerite la Reyne. Deux filles, l’vnenbsp;noinmeéYoland,amp; l’autre,Marguerite delà Fôtaine. La 'nbsp;jnered’vnpauure maflbn demeurantaux châpsMahiets.nbsp;femme d’vn orfeure nommé duBofe,demeurant en lanbsp;berte S.Nicolas. La femme de Pierre du Gord,libraire.nbsp;YenifeDoffey vefue de Romain Simon, femme aagee.nbsp;femme de Guillaume Bouuelle. La femme de leannbsp;' ^oullon,compagnon befongnât en fonderie,noyee dansnbsp;' briuierede Seyne. Guillemette le Boucher,Lafemme,nbsp;\ pierre Preuoft, femme aagee. La femme de Pierre Cal.5nbsp;1 'ou,orfcure.LavefueMautelPlaftrier.Lafemmede mai-
54S MEMOIRES DE bereaux, qu’on trama hors Je Ia porte cauchoife,nbsp;rent lettez les vns fur les autres dans de grandesnbsp;faites expres. Les habillemens furent amalTezdenbsp;parts , puis les bailla on à quelques pauures femmes Pnbsp;les lauer dans la riuiere de Seine. Cela fait, lesnbsp;ques diftribuerent lefJits habillemens aux pauures, pnbsp;Elire eftimez iuftes amp; charitables en leur iniuftice amp;nbsp;auté indicible.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ji,.
Cöfeffioti df du Rc-Ser.
Quelque temps apres ce maflacre, les officiers d^ ftice à Rouen firent quelque, femblant de vouloirnbsp;cher les auteurs d’iceluy : comme ayant efté fait fa'P^pnbsp;commandement ny volonté du Roy. Partant les pl^’* p5nbsp;gnalez maffiicreurs furent cachez pour quelquenbsp;fans {e monftrer. Mais des l’heure ils maintenoyen^nbsp;uoir rien fait qui ne leureuft efté expreflementnbsp;mandé par les principaux du Parlement. Or Ion apPnbsp;ceut bien toft que cela ne fe faifoità autre intentionnbsp;non pour euiter l’infamie qn’vne telle cruauté poOnbsp;apporter à ladite Cour de Parlement, fi Ion euft efto f j,nbsp;fuadé que cela euft efté fait par fon commandeifl’^^nbsp;Mais ce fubterfuge eftoit merueilleufement vain ’ g,nbsp;que toll apres les meurtriers fortirent de leurs cache^^^.nbsp;fe pourmenans auec toute liberté amp; impunité. Cop -dant,amp; quelque mois enfuyuant, puis que les homn’j^^,.nbsp;uoyent lafehé la bride à l’iniquité, Dieu commença a ‘ .jnbsp;re iuftice, commcnçantparle capitaine MarromniO’nbsp;mourut furieux Stdcfefperé. Les autres tourment«^nbsp;leur confcience,comme leurs vifages pâlies amp; desng'^ÿnbsp;le monftroyent, font peris les années fuyuantes. y xnbsp;qui reftent attendent le melme coup qu’ont receulnbsp;compagnons.
Retournons à Paris, où les Sorbonniftes amp; du W j; difputentamp; babillent en prefence du Roy de Nauaf^^^^nbsp;du Prince de Condé,en telle forte que finalement •(nbsp;icuries Princes abiurent la Religion : amp; du Roder enbsp;amp; ligne vne confefsion defoy,auec abiurationamp;^^^pnbsp;ftation delaprofefsion Huguenotique. Telle eft ri” g,nbsp;ption de celle confefsipn, faite par devant jC?nbsp;uefques,moynes amp; doéieurs Sorbonniques.amp;dcsPri||,^.^jnbsp;du fang. Il tafehoit paricelle de réfuter plufieurs po
-ocr page 577-L’ESTAT DE FRANCE. 545, ’’J'î en auant par Caluin amp; de Beze contre la foy de l’E-§'le Romaine. Cespointls eftoyét,Des marques de l'E*nbsp;Riife. De laTrinité. De l’incarnation de lefus Chrift. Denbsp;»defcente aux enfers.De lacaufedu peclié. Delà proui-eencedeDieu. De la prcdeûination amp; réprobation. Dunbsp;quot;inc arbitre de l’homme. Delà iuftification. Delafuc-^ersioudel’Eglife.De l’intercefsion des faiiiéts. Du facri-quot;tedeIaMene,amp; delà tranflubflantiation. LesSorbon-’’jftes firent imprimer cefte confefsion.à laquelle les Mi-quot;'ftres de la Religion ne daignèrent refpondre, pour co-Jjoiftre que celuy qui l’aiioit faite parloir contre fa con-‘^'ciice, Si ne faifoit que repeter ce qui a efte réfuté millenbsp;«1 mille fois.
Ceuxde Sancerre ayans receu les lettres du Roy ,par Refponfe mains du fieur de la Chaftre, amp; les conferans auec ce S»“-fe faifoit'amp;palToit par tout le Royaume de France,nbsp;’’flemblentle feizie/me de Septembre gt; pour auifer àlanbsp;'quot;Iponfe, laquelle ils enuoycrent par leurs dtputeZ aunbsp;''tu amp; iour qui leur eftoyentpreferits. Celle refponfe futnbsp;^ufomme, qu'attendu la malice du temps, les tueries amp;:nbsp;'quot;^fiacres de ceux de laReligion continuans de toutesnbsp;l’*‘'ts, comme ils en font certainement aduerfis, s’eftansnbsp;'oufiours comportez fidelement, amp; n’ayans donné nullenbsp;'ulleoccalîond’eftre recerchez,il eftoitaifé à voifqu’onnbsp;'tndoitlà,de les tuer ,amp; traiter comme les autrds. 'Etnbsp;'tu que parpriuilege de leurs Contes ils font exempts denbsp;Sirnifon, ils ne lapouuoyent receuoir, fuppliant tref-'quot;imblemeut d'eftreexcufeztcarfinon qu’ils vouluflentnbsp;'urnme de propos délibéré auancer leurs iours, amp; lénbsp;P'tcipiter eux mefmes ,ils ne pouuovent faire autre-Jjtnt; Cependant que ces chofes fe palTent, craignansnbsp;“tfirefurprins par ceux qui efpioyent roccalîon,amp; quinbsp;''gt;ltigeoyentiouramp; nuift .1 l’entour de leur ville , àpiednbsp;^acheual, ils commencèrent àfairc racouftrer la bre-tne pres porte Serrure, que le Conte de Martinangue a-“ojt faite aux autres troubles, laquelle cftoit lors en telnbsp;fftat,amp; Il accefsible, que les afnes, chenaux, amp; autrenbsp;“tltaily pouuoyent monter aifement. Etafin decerchernbsp;'ois moyens pour fe maintenir faufs amp; en paix , ils en-‘‘oyerent en Cour vers le fieut de Fontaines, premier
Mm J
-ocr page 578-550 MEMOIRES DE El'cuyetdu Roy, amp; gendre de Madame merenbsp;Concede Sancerre, pour le lùpplierde prendre lenbsp;fe en main, faire entendre au Roy l’innocence n Ale-'nbsp;ures fuiets du Conte fon beau frere:qu’on viuoit p^*nbsp;ment à Sancerre,amp; qu’à tort on les auoit accufczn^^jiujlnbsp;traire , comme ils aiioyenc entendu : amp; pourtant nnbsp;befoin les charger d: greuerde garnifon. CeluV^^’^^jj-voyage, futvn nommé Loysde Sainpré,quidepugt;® i^enbsp;iioita, amp; a toufiours elle deuant la ville au iîegedcA“ ßitnbsp;fit difficulté des lors de prendre de porter vne crogt;nbsp;fon chapeau. En ce mefme temps, d’autant que anbsp;eftoyent en branfle,amp; aucuns prefques refolus d’en P^^jtnbsp;dre pour palier chemin, il fut difputé fi cela fe P®*; ^.50nbsp;faire en bonne conlcience par ceux de la Relig»®^nbsp;comme aucuns difoyét, encores que le ligne l'oit i»nbsp;rentdefoyTamp;quela croix blanche foie l’enfeig*’®nbsp;cicnnedes François, laquelleon pourroit porter*nbsp;en guerre contre l’EfpagnoJ, ou autre eltranger Si-mydu Royaume, tant y a,que pour la circonftan^^^ uenbsp;temps, amp; à caufe qu’outre ce aux autres guerres 5nbsp;font faieçscontre ceu.x de la Religion, ç’atoufionrr^,nbsp;la marque desCatholiques Romainsiellantlorsnbsp;cialement le lignaldes maflacreurs des fidelesffi^î ¦[{nbsp;pprtoyent tous par trophée , il fut dit qu’il neferoirrj^jnbsp;aux. noftres d’en porter;amp; que (fuyuant le prouerbe,nbsp;ne voudra relïembler au loup,qu’il n’aifuble pasnbsp;ceux qui en eftoyent venus là, deuoyent pluftoft r^ jj(nbsp;noiftre leur infirmité, que d’approuuer tel faiél •J'^pnbsp;Sainpré reuint le 2.9.dudit mois,qui. apporta refpoul^nbsp;le qu’on verra cy apres.
Leconfeil fecret defireux d’attrapper ceux de chclle, cflavoicdelesalTeurer par tous moyens. Ernbsp;qu’ils fceulTent qu’on vouloir traiter doucement j(nbsp;qui viuoyent,pour recompenfe des autres qu’on *^,5nbsp;efcorchez, on fit Courir des lettres aux gouiierneurs .nbsp;prouinces, dont nous auons icy inferees celles qur rnbsp;çnuoyees au Duc de Guife,comme s’enfuit.
-ocr page 579-L’ESTAT DE FRANCE. 551
Lettres dv roy av
Duc de Gnife , fon lieutenant general en Champaigne amp; Brie.
MOn coufin, encores que ie vous aye par toutes mes precedentes allez fait entendre amp; cognoiftre coirv-*gt;*en ie defire que tous mes fuiets tant de la noblcffe quenbsp;autres, qui font profefsion de la nouuelle Religion , de fe ,nbsp;contiendront doucement au dedans de voftrc gouuerne-•’lent.foyent par vous maintenus amp; conferuez en toutenbsp;leurcté fous ma proteélion amp; fauuegarde gt; fans qu’il leurnbsp;joit fait en leurs perfonnes , biens amp; facultez,aucun trou-oie ny empelchement, Ce neantmoins i’ay efté aduertinbsp;Uu’en quelques endroits de mon Royaume il s’eft faitScnbsp;continué beaucoup de faccagemens amp; pilleries de mai-quot;nbsp;ions de ceux de ladite nouuelle Religionitat aux champsnbsp;‘Ju’aux villes » fous couleur de l’efmotion aduenue en minbsp;*ille de Paris lez4. du mois d’Aouft dernier paifé: chofenbsp;Hui m’eft inÇniment defplaifante amp;. defagreable amp; à laquelle ie defire eftrepourueu. Au moyen dequoy, monnbsp;Coufin, ie vous prie , qu’autant que defirez me faireco-’’oiftre l’affeftion quevous portez au bië de mon feruice,nbsp;''ousayez à prendre ce fait à cccur,amp; àconl'erucr amp; mainnbsp;tenir au dedans de voftre gouuerneracnt, félon ce que ienbsp;’’ûus en ay ci deuat amp; fi trefexpreflemét cfcrir,tous ceuxnbsp;la nouuelle Religion qui fc contiendront doucement/nbsp;i^ns fouffrir qu’il leur foitvfé d’aucune violcce , foitpournbsp;le regard de leurs biens ou de leurs- perfonnes , non plusnbsp;qu’à mes autres fuiets Catlioliques.Ét là ou il leur auroitnbsp;fait quelque tort ou outrage contre ma volonté quenbsp;’evousay cideuantdeclareeamp; declare encores prefen-’tinent: Ie veux amp; entens que vous faciezfairevnbiennbsp;*ïemplaire chaftiment de ceux qui fe trouueront coulpinbsp;“Ics.de forte que leur punition ferne d'exemplepournbsp;tous les autresjamp; que iemepuiffe voir obeyenceft en-**foit, comme ie veux eflre par tout,amp; mes commuide-tPens receus de tous mes fubicts , auec autre reuerence ,nbsp;qu’ils n’ont efté par le pafte. Vous afleurantgt;m.on coufin»nbsp;que la plus agreüble nouueUe que ie puifle apprendre de
Miu quot;P
-ocr page 580-55X M E M O I R E S DE *0115', ce fera d’oiiyr dire/jue vous auez fait fiirenbsp;bon.chaltimét de ceux de qui i’auray eftédefobey-E'^,nbsp;cc 'ieprieray Dieu (mon coulîn)qu’il vous ait en fanbsp;garde. Efcrit à Paris le 18. jour de Septembre j J 7^'nbsp;Signée H A R L E S. amp; plus bas, Brulart.
MaOUcre quot;C N ce temps, les Catholiques de Tliouloufe
Thon- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;grand malTacre de ceux de la Religion.Les cho
Ionie. yipaflcrcnt comme s’enfuit. Le Dimanche huitie'*j^ nDiicapre.s le maffacrede Paris, fur les huit heures*^nbsp;matin,les principaux Catholiques eurent aduei tifle*’'^nbsp;de ce'qui:s’ell:oit pâlie ,amp; lettres du confqil ferretnbsp;chant ce qu’ils auoycnt à faire, Cela fait, ilsnbsp;blent au fortirde cçconfeil font fermer }esnbsp;portes, ne lailïans que les pentes ouuertes, efquellr’nbsp;commirent gens propres.Incontinent le bruit courutnbsp;la ville, que les feigneurs amp; gentils-hommes denbsp;gion auoyent efté faccagez dans Paris. Ce qu’eftati'nbsp;porté, a ceux de la Religion dudit Thouloufequinbsp;lords de la ville des cinq heures du matin pournbsp;prefehe à Caftaiiet, les vns furent d’auis de fe retirrj ,nbsp;leurs, les autres de retourner dans la villç donnernbsp;leursafaircs. Qiuiitàceuxqui eftoyentlimalauiR^’nbsp;les lailToit entrer pailîbleracnt, en telle forte qu’on rrnbsp;noit leurs elpees amp; dagues à la porte. Surlefoirlesr*^ r^nbsp;de garde furent pofez en diuers endroits. Mais d^aut^t^^^nbsp;que plulieurs Conliillers de la Religion cftoyentnbsp;afin de les attrappenon ne garda pas les portes fi Id*^ -j,nbsp;fement le.lendemain, ains entroit amp; fortoit qui''dn*.f^fnbsp;làns eftre.autrement enquis. Cela elloit fait pour-att'^^j.nbsp;aufsi les autres limples gés errans parles champs»^? ipnbsp;futprendre les villes circonuoilines qui fontdenbsp;gion. Le premier prefident nommé Daffis, homin®nbsp;amp; inhumain, mclmcs à l’endroit de fes propres ennbsp;qu’il ne peut voir ne fentir , manda aux Conlèillief®^.^^,nbsp;fens que fous là parole ils s’en vinflent, amp; quenbsp;cene feruoitqu'à efmouuoirle.s habitans dudic^nbsp;loufc. Qu'il cftoit bien vray qu’on auoit inallacre a .nbsp;mais ce n’eftovet que querelles particulières,nbsp;cela le Roy n’ciiteiidoit point rompre fon edi«^®. t
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fîcatioii.Aücuns fe iaiflcrent perfuader, amp; s’cn retourne-rent.Les autres flairans le danger,ne lailToycnc de fe fauter, comme à Montauban, Puylaurens,Kealmont, amp; ailleurs. Le Mardy, pour retenir ceux qui eftoyent dans la ville, amp; attirer les autres cllans dehors, le Parlement Etnbsp;publier à fondé trompe quelque forme de volonté dunbsp;R.oy,parlaquelle defenfcs eftoyent faites de ne molefternbsp;®n rien ceux de la Religion,ains de les fauorifer. h ceftenbsp;proclamation afsiftoycnt les PreEdenSilé Senelchal, lesnbsp;Csppitûuls, le Viguier ¦, amp; autres, accompagnez de leur
'ponditque c’eftoit feulement pour empefchcr l'cfmo-'¦ondu peuple. Or voyans que leur pipee ne pourroit ’Wrapper les oifeaux efcliappcz, ils fe defchargerent furnbsp;''«xqui eftoyentenIcurpuiflance. Ain'fidonc, leMer-quot;f’dyiour fuvuant furies dix heures du matin,ay ans di-quot;‘1« leurs fergens par troupes,amp;: es quartiers, ils les firentnbsp;‘otrer es mailons defdits de la Religion , qui furent era-f'’’lbnnez'cn diuers conuens amp; prifons de la ville : ce quinbsp;fait par tout ce Mercredy.La garde fut redoublée auxnbsp;^^ftesïamp;vndu Parlement auecquelque marchant Ca-'“olique députez pour commander en chacune des por-pour recognoffiré tous ceux qui fortiroyent, amp; retc-^'vlesfiiyans-Commädcmentfut fait aufsià toutes per-quot;ntiesde decelcr ceuxdeLidite Reliffion au’on fautoit
vniviiiuiu uaiiJ iu vvvÀv i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vil y vii*«*«-
*’£Sa à cognoiftre leur intention, car ils n’auoyenj diamp;
-ocr page 582-5^4 MEMOIRES DE feré lt;]'-tc pour auoir plus amples mandemens de Pans,nbsp;cjui leur forent aufsi apportez par leurs députez nommernbsp;Delpech amp; Madron, riches marchans de la ville, lefquequot;nbsp;exhiberende commandement de la part du Roy gt; qW 1*nbsp;lémaflàcre n'eftoitencores fait,ils ne dirferalfcntpw’nbsp;ibnguemenede mettre à execution fa volonté.A quoyuynbsp;furent prompts. Et vn Samedy matin auant foleil le“^’nbsp;quelques efeoliers batcurs de paué, amp; autres garnenielt;”nbsp;au nombre de fept ou huit, armez de haches amp; coutelasnbsp;entrèrent dans ladite conciergerie, 8c faifans defceB“‘Lnbsp;cespauures prifonniers les vns apres les autres, lesnbsp;facroy ent au pied des degrez d’icelle conciergerie :nbsp;leur dôner aucun loilîrde parler,ni moins de prierPs^^nbsp;On tient qu'ils en maiîàcrerent iufques au nombrenbsp;trois cens.Etapres lesauoirpillez amp; delpouillezdele“nbsp;.accoüftrcmens, ils les eftendirent fur la place, tous »Bnbsp;leur oftant mefmes la chemife, amp; leur laiflàntpourt®
‘ couuerture vne fueillc de papier à chafeun d’eux fuf parties honteufes.Ils les lailîercnt en veue de tous,l enbsp;ce de deux iours entiers. Pendant lefquels on caU*nbsp;grandes folTes en l’Archêuefché dudit Thouloufe, o**nbsp;corps cruellementmutilez furent iettez l’vn furnbsp;ainfi nuds,Quant auxConfeillers prifonniers,apresîj'nbsp;cfté maflacrez, ils forent pendus auec leurs robbesnbsp;gucf, au grand ormequi eften la cour du Palais, tnbsp;pédant les maifons defdits de la Religion furent rinbsp;^esÿtpillees.^
Diuers inaflacres fe font faits en autres lieux,deiq^ç, nous n’auons peu faire mention, pour rien auoir l^s Jnbsp;moires certains. Le temps les nous fera voir, s’il P‘
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Cependant, il eft bien certain que tant par les fuf-mentionuees, qu’autres en diuerfes prouinceS’^.nbsp;les bourgades amp; villages, amp; par les champs, en tfo*nbsp;maines ou vn moisj, les Catholiques ont fait 殓/* ncS’nbsp;crertementamp; ouuertemét tant de milliers deperi‘’^j,jiinbsp;que c’eft vne horreur de s’en fouuenir. Or cöineil^^.^jfSnbsp;pofsible de s’accorder èn ce calcul, aufsi es traiternbsp;imprimez, les vns ont mis plus grand nombre, lesnbsp;wioin». Pour le prelent nous ne pouuons faire
-ocr page 583-L’ESTAT DE FRANCE. 555 precis : car ceux d’vne melme ville ne peuuent pas eftrcnbsp;entièrement d’accord, quand il cft queftion de fauoir iu-ftement combien de gens y ontefté maflàcrez . S'nffifcnbsp;donc de iàuoir qu’il y a eu tant de fang traiftreufement itnbsp;truellementelpandu,qu’ileltimpofsible de le pouuoirnbsp;defcrircamp; exprimer, comme il appartient. Seulement,nbsp;nousprions tous ceux qui peuuctaiderdememoiresce-luy qui dreflera l’iiiftoire de ce temps milierable, de nenbsp;fruftrer la pofterité, de ce qu’il faut qu’elle cognoifle,nbsp;pour eltre plus fage aux defpcns d’autruy.
PluCeurs de la Religiomcsbranfiez par tant de cruels traittemens, abiuroyent de iour en iour: amp; d’autantnbsp;sue les Sorbonniftes dreflerent vn formulaire pour ceftnbsp;effea, nous l’auons ici inféré, auec les memoires dunbsp;Roy, pour le faire receuoir par les prouinces defoanbsp;Royaume.
Memoires envoyez par le Roy à tous les gouuerneurs amp; Lieutenâtsnbsp;de fes prouinces, pour deftituer amp; demettrenbsp;de leurs eftats décharges tous ceux de la R e-gion,encores qu’ils la vouluH'ent abiurenre-fetuc ceux qui font pourueus de menus e-ftats amp; offices, aufquels fa Maiefté permetnbsp;de continuer leurfdits eftats, pourueu qu’ilsnbsp;abiurent ladite Religion , felon la formenbsp;d’abiuration qui eft enuoyee à cefte fin.
LE Roy confiderant combien fes officiers amp; magt-ftrats de la iuftice, amp; ceux qui ont le maniement amp; ^iininiftration de fes finâces qui font de la nouuelle op-uioDifetoyent fufpefts , odieux,amp; mettroyenten grandenbsp;^«fiance fes fubiets Catholiques , s’ils exercct à prefentnbsp;leurs offices, apres ces efmotions fraifehement adue-caufequelefdits offices de iuftice amp; financesnbsp;à ceux qui les tiennent : amp; que cela pourroit
uues, pour demeurent
f»mcnçr au peuple nouuelle occafion de s’cfmouuoir, R mefme ne feroyent par ce moyen iceux de la nou-ucllc opinion fans danger amp; inconuenient eu leurs pet'
556 MEMOIRES DE fonu'esencores qu’ils abiuraflent ladite nouuelle op’quot;'*’’nbsp;Ä lillent [irofefsion delà fainfte foy amp; religionCatnOnbsp;lique Koniaine . fa Maiefté delirant eiiiter Scobuier^'^nbsp;maux amp; nouiieaux troubles quiferoyentpoiirenauen ’nbsp;a auifé de faire déporter lefdits officiers de l’exercicenbsp;leurfdits offices , iulques Ace que par elle en foit aiiti^nbsp;ment ordonné. Et que neantmoins obeiflans cepend’nbsp;iceuxofficiers à quot;fa volonté, amp;. viuans pailîbleinentnbsp;letirs inaifons, fans rien attenter, pratiquer ni entrepr^®nbsp;dre contre fon feruice , ils feront payez de leursnbsp;amp; ceux qui voudront refîgner leurfdits offices à per*®nbsp;nejCatlioliqueSife retinas par deuers fi Maieftéiellél^nbsp;potiruoira fort lionorablemét.Et pour le regardéesnbsp;nus officiers lans gages, qui ne fe trouuentfifcheux,cp^nbsp;me Notaires, Sergents, amp; aufquels leurs offices n'atquot;^'nbsp;huent point d’auftorité, amp; ne peuuenteftre fi odieux Cvnbsp;e)l mesfiance au peuple que les autres.-SaMaieftéà ad^Jnbsp;(jae iceux menus oÇlicicr^ , qui voudront abiurer icegt;nbsp;nouuelle opinion.amp;'faire profefsionde laditefoy .nbsp;gion Catholique; Apoftolique amp; Romaine, pour y^nbsp;dorefnauant, lérontconftituez eu’l’exerciceamp;ioinfl*®nbsp;de leurs eftats. amp;^ue Jes autres menus officiers quinbsp;dront perlîfter en leur nouuelle opinion, fe déportentnbsp;leurfdits eftats,iufqucs'a ce qu’il ait efté'autrement pf®^nbsp;nen par fadîteMaieftéd 8: ce pour les ilicoriueniens d ,nbsp;leur pourrovent-a'duénir, s’ils exercentleurfdits eft^t’Cnbsp;caqfe.de la grande desfiauce amp; fo’upçon qu’ontnbsp;tholiques de ceux qui font de ladite nouuelle opi”'®”'nbsp;Et toiitesfois ladite Maiefté avant mis en confideraonbsp;que laplufpart d’iceux officiers, n’ont autre moyefnbsp;ïiiire',' qne'l’exercicerfe léurfilits offices, elle veut q® 'nbsp;föytnt en liberté de poinioir refigner'i perfonnes Carnbsp;Kqties amp; capables. amp; lors qu’ils le rctirerôt vers elle P®nbsp;ceft cffeffi, elle leur fera la plus grande grace amp; modernbsp;tion de-finances qu’il fera pofsilîle. Laquelle re*®*®''/jffnbsp;vouloir amp;lupprefsion de fadite Maiefté, elle veut e^^^nbsp;declaree aufdits officiers de ladite nouitellepreterr^^^nbsp;opinion, tantpar fes Gôuuerneiirs amp; Lieutenantsnbsp;neraux de fes prouinces, que par fes gens tenantnbsp;couixsde parlements,chambre des compteSiCPurt“^^
-ocr page 585-L’ESTAT DE FRANCE. sq ’’'les,gens du grand confeil.thrcforerie de France,amp; ge-j’^faux de fes finances, Baillifs, amp; ùencfcbaiix, Prenolis,nbsp;‘'•ges ouleuriieutenants,amp; chacun d’eux,ii comme à )uynbsp;’Ppartiendra. amp;. à cefte fin veut amp; entend ladite Maiefté,nbsp;3” ils ayét chafeun en leur regard à faire appeler par dcrnbsp;eux particulièrement Se apart, chafeundes officiersnbsp;^ladite nouuelle opinion, qui fcrôtde leurs corps,char-les adinonnelPcrdefe confor-en ceft endroit à l’intention de fadite Maiefté , tellenbsp;^’’clle eft cy dcflus.amp; fi aucuns defdits officiers de iufticenbsp;finances de ladite nouuelle opinion , avans audoritéiànbsp;^’’lèdeleutfdics eftats,s’efforcent amp; voudroyentretour-au fein Je l’eglife Apoftolique Si Romaine , leur feranbsp;Y que fadite Maiefté l’aura trefagrcable,n’ayant rien ennbsp;y”« finguliere affection,amp;que cefa luy donnera tant plusnbsp;fiance amp; d’affèurance de leur bonne volonté. Si que lànbsp;Maiefté ne les exclurra de fe feruir d’eux à l’aduenir:nbsp;leur pouruoiracy apres, felouque leurs deporte-j’^'cns le mériteront. amp; cependant neantmoins veutpoirrnbsp;raifons deffus ditcs,qu’ils fe déportent de l’exercice denbsp;^urfdits Si offices,iufques à ce que par elle foit ordonné,nbsp;*’tpar ce que enplufieurs lieux amp; endroits deceRoyau-’’’quot;•onafait procéder par voye de faille fur les biens denbsp;de laditenouuelle opinion, qui font mortsouquinbsp;®*Kabfens,amp;des autres qui font cachez, amp; de ceux aufsinbsp;2^*1 eftoyent demeurez en leurs maifons,encores que fa-'te Maiefté ait défia fait entendre par fa declaration dunbsp;,M’Aouftdernier,qu’clle vouloir amp;entendoit,que lefditsnbsp;j'ianouuellcopinionentrafl'enten leurs biens , toutel-.’’’s afin qu’en celait ne foie aucunement douté de fiiditenbsp;'’^ntion,ny fait chofecontreuenante à icelle,elle veut amp;nbsp;[’’tendquefiiyuântla declaration du iS.Aouft, lefdits denbsp;’oouuelle opinion qui font encores viuants,prefens, ounbsp;‘ens,amp; ne fetrouueront chargez amp; coulpables de lanbsp;ƒrniere confpiration,nvd’auoir attété contre faMaiefténbsp;^’’fon eftat depuis fon edit de pacification, foyent remisnbsp;I feftituez en leurs maifons,enfemble en la poffefsion amp;nbsp;de tous amp; chafeuns leurs biens, meubles amp;nbsp;’Uenbles,amp; que les vefucs amp; heritiers de ceux qui louenbsp;leur puiffent fucceder S: appréhender tous Reliai-
-ocr page 586-55S MEMOIRESDE
Clins leurs biens, amp; main leuee leur eftre bailleedccf“’^ qui font faifis,amp; qu'en iccux ils foyent maintenus amp; gnbsp;dez fous la proteébon Sc fauuegarde de fa Maiefté,nbsp;qu’il leur foit mesfait ou mefdit en yielque fortenbsp;{oit. Voulant à cefte fin toutes les feuretez qui leq’’nbsp;ront neceflaires leur eftre baillées, amp; que les officenbsp;magiftrats, enfemble les Maires amp; Efclieuins, amp;nbsp;tres. ayans charges publiques, les maintieneiit entou^^nbsp;feureté ; auec deft'ences à toutes perfonnes de quelque ,nbsp;fiat, qualité ou condition qu’ils foyent, de n’atten^rnbsp;offenfer leurs perfonnes ny biens fur peine de la vie •nbsp;neatitmoins veut fadite Maiefté, qye ceux de ladite n®nbsp;Belle opinion fe foubmettent amp; promettent fur £ƒnbsp;d’eftre déclarez rebelles amp; criminels delefeMaiefte»nbsp;viure dorefnauant fous l’obeilFance d’icelle, ûns f*®”,. gnbsp;tenter ny adherer à ceux qui attenteront contre ft“*nbsp;Maiefté amp; fon eftat : ny pareillement pour chofesnbsp;fes ordonnances,de ne recognoiftre autre que fadite nnbsp;iefté,ouceux qui auront autorité de cômander fouse*nbsp;Etlàou ils fauront quelonattenteroit à l’encontrenbsp;celle fadite Maiefté, de fon eftat amp; feruice,de luy re^^nbsp;incontinent, amp; à fes officiers, comme fes bons Si f,nbsp;fuiets.Et pour öfter tout doute Sc foupçon,tâtà la noW^pnbsp;fe qu’autre,àcaufequ’en ladeclaratiô du i4.du moisp^^jnbsp;fé, fontcôtenus ces mots(Si ce n’eft toutefois qu’ils i“-des chefs qui ont eu commandement pour ceux de ft“^[(nbsp;nouuelle opinion, ou qu’ils ayent fait des prattiqueS[[,,nbsp;menees pour eux,amp; lefquels pourroyentauoit eu in^enbsp;gcncede la confpiration fufdite) Sailite Maieftédebnbsp;qu’elle n’entéd des chofes faites depaftees durât les Vnbsp;bles precedéts l’edit de pacification du moisd’Aouft Onbsp;foit faite aucune recerche , nç qu’aucun en foit nio*^nbsp;enfaperfonne ne biês, ains que pour ce regard iou'*nbsp;du benefice de l’edinmais que les fufdits motsnbsp;feulementde ceuxquife trouuerôtauoiradheré oUnbsp;coulpables de la derniere confpiration faite cotre ft P^^,,nbsp;pre perfonne de fadite Maiefté, amp; fon eftat;amp;nbsp;tres qui font mis prifonniers,foyét mis en liberte.EfUj,nbsp;à céux qui voudrôt faire profefuon de foy,amp; reto fnbsp;4a religion Catliolique:fadite Maiefté defirc que ft’ amp;
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^ORME D’ABIVRATION D’HE-refie, amp; confefsion de foy que doiuent faire les defuoyez de la foy ^pretendans eltre re-ceiis en l’Eglife.
C’eftl’abiuration qu’on Ciic faire à tous ceux delaRe-ligion, qui font demeurez en France ,pour auoir leurs vies faunes. Imprimée à Paris, chez Nicolasnbsp;RofFet, demeurant rue neufue noftreDame,à l’en-feigne du fauciivur,auec priuilege du Roy.
IjKemierementjlefdits defuoyezvoulans retourner au A giron de noftre mere fainAe eglife, fe doyuent pre-à leurs Curezou Vicaires, pour eftrc inftruits denbsp;*11’115 aurontà faire.Ce fait,feront renuoyez pardeuâtnbsp;filerend Euefque amp; Diocefain,fon Vicaire ou official,nbsp;Affaire ladite abiuration amp;;confefsion,en la forme amp;nbsp;^liere qui s’enfuit.
DJ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;il » Atz'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;JCf#» Äf /%»»»•lt;••»? J8f/» *gt;o_
(j. ’defuoyé amp; fcparé depuis amp;c. amp; délirant retourner au fçnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vraye bergerie Clireftienne, qui eft l’egli-
itholique, Apoftolique amp; Romaine , confefle auoir inathematifé, encore à prefent par deuant vousnbsp;fuperieur , i’abiure amp; anatliematife tout er-{( f^lierefîeLuthérienne, Caluinifte, Huguenotique,nbsp;autre herefie quelle qu’elle foit, de laquelle l’ay
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efté cy douant entaché amp; ditfamé.confensàlafoydeno-ftre mere fainâe egllfe : amp; vous fupplie au nom de D’eu, de fon fils lefus Ghrift, amp; de la gloneufe vierge Mine lanbsp;mere,amp;de tousles fainftsamp;fainftes deparadisiqunbsp;plaife me receuoir au troupeau amp; bergerie du peuplenbsp;Dieu, qui vit fous l’obeiflànce du Pape, Vicaire ordonnnbsp;de noftre fauueurlefus Chrift en ladite eglife, me lunbsp;mettant de porter patiem ment amp; faire volontiers la P^^nbsp;nitence qu’il vous plaira m’ordonner, pour l’abfolutienbsp;mesfautesquei’ay commifes, pendantque i’ayvelcunbsp;dites feftes : dequoy ie demande amp; requiersnbsp;Dieu, amp; à ladite eglife, amp; à vous qui eftes ordonne fnbsp;fteur de Dieu le createur,abfolution auec telle peniteu^^nbsp;que iugerez eftre faluraire pour la fatisfaftiô de mes pnbsp;chez amp; offences. Et à ce que cognoifsiezque debôcnbsp;i’ay fait amp; fais ladite abiuration,\e confefle dauatagfUnbsp;uant Dieu amp; vous, que iecroyce qui eft contenu au ly*quot;^nbsp;bole des Apoftres,celuy de fainft Athan3fe,amp; autres c®nbsp;fefsions de foy faites dtappronueesparleslainftscoc'nbsp;dcl’eglife Catholique, Apoftohqueamp; Romaine, donffnbsp;fainfte Eglife Romaine vfe en la mefTe, afauoir; leffnbsp;en vn feuT Dieu le Pere tout puiflant, créateur du «unbsp;de la terre,amp; toutes chofes vifibics amp; inuifîbles •nbsp;feul noftreSeigneur lefus Chrift,fils vnique engendrfnbsp;Dieu le Pere auantlacôftitution du mode,Dieu de D’ ,nbsp;lumière de lumière, vray Dieu de vray Dieu, engen“nbsp;non pas cree,confubft.itiel au pere,par lequel toutes ennbsp;fes ont efté faites,qui pour nous hommes, amp;pournolnbsp;ftlut eft defeendu du ciel,amp; a efté conceu du fainft f/î,nbsp;a pris chair humaine de la vierge Marie, amp; a efté filenbsp;me,à fouffert, amp; a efté crucifié pour nous,fous Ponce,nbsp;late,a efté enféuely,eftdefcêdu auxcnfers,amp;le àeTS‘°^'nbsp;eftrefrufcité,ainfique les eferitures l’auoyent tefmoirj^nbsp;amp; predift,puis eft m onté au ciel, amp; eft afsis à la dextfnnbsp;Dieu fon Pere, amp; derechef viendra gloriéufemcntin^jjnbsp;les vifs amp; les morts, le Royaume duquel fera eternel-croy pareillement au fainà Efprit, Seigneuramp; viuifinnbsp;qui procédé du Pere amp; du Fils, amp; qui auec le Perenbsp;Fils, eft enfemble adoré amp; glorifié, lequel a parlé pï^^nbsp;Prophètes.De mefmc foy ie recognois vne iainûe
-ocr page 589-L’ESTAT DE FRANCE. 561 Catholique amp; Apoftolique.ie cofcfle vnBaptcfme,par le-luel les pechez font remis : amp;. artens la refuredion desnbsp;niort»,amp; la vie eternelle.le croy pareillement,recognoisnbsp;coiifeflc tout ce qui eft contenu es Hures tant du vieilnbsp;Sue du nouueau TeÜamêt, approuuez par ladite S.Eglifenbsp;eatholique,Apoftolique amp; Romaine, ielo le fens amp; interpretation des iaincis dotleurs reccus par elle : reiertantnbsp;touteautre interpretation comme fauceamp;erronncc.Ienbsp;’'econois les feptfacremens de ladite Eglife catholique,nbsp;Apoftoliqueamp; Romaine auoir efté inftituez par nollrcnbsp;peignent lefus Chrift,amp; qu’ils font necefl'aires pour le fà-lut dugenre humain, encores que tous ne doyuent de nenbsp;^efsité eftre à tous confereziafauoir, ie reconois que Icfnbsp;fept facremés font le Baptefme, la Côfirmation,rEii-^liarillie qui eit le fainft facrement de l’autel. Penitence.,nbsp;‘^*treineOnâion,Ordre,amp; Mariage.amp; que lefdits facre-^ens côferent grace,amp; qued’iceux leBaptelme,la Confrmation amp; rOrdre,ne peuuent eftre reiterez fans facri-lefdits làcrelhens ont l’effeftque ladite Eglifenbsp;®ufeigne,amp; que la forme amp; l’vfage aufquels ils s’admini-‘“¦cntaux Chreftiens,eftfainft amp; neceflàire . le reconoisnbsp;’**fsi que la S.Mefle eft vn làcrilice amp; oblation duvraynbsp;'®rps amp;. (àngde lefus Chrift,fous les elpeces de pain amp;:dcnbsp;^*rgt;mefléauec eau, lefquelles matières de pain amp;de vinnbsp;quot;'•s lefdires efpeces,font en la MelTe par les parolles fcr-pUs à la con lecratiomqui y font dites amp; prononcées parnbsp;ƒ Preftre , tranfubftanciees amp; tranfmueesenla fubftancènbsp;j^''lt;lit corps amp; fane de lefus Chrift, nonobftâtque les qua
amp; accidens demeurent efdites efpeces apres ladite ®''fecration;amp; que la mefle éft falutaire amp; profitable tatnbsp;‘viuans quetrefpafrez.Ieconoisamp; cöfefl'e la concomi-j.''ce,c’eftadire,que receuant le corps de lefus Chriftnbsp;l’efpece de pain feulement, l’on reçoit pareillerqençnbsp;cç/,”?i^fus Chrift. le coafeffe que la prière amp; inter-1 fondes fainéls pour les viuans óetrefpalTezeftfainte,nbsp;tç falutaire aux Chreftiens,amp; n’eft côtraire en for-ttiTc l’hônetir de Dieu . Que les prières faitesnbsp;P°“’^Iesfidelles trefpaftez leurprofitentà lanbsp;ton quot;’æ” ‘ie leurs pechezamp; diminution despeines en-fUes pour iceux. QuHl y a va Purgatoire ou les aunesnbsp;Nn
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qui y font detenues font fecourues par les prières desfi-deles. le confefle qu’il faut honnorer amp; inuoquer les lainds xegnans auec lefus Chrift, amp;qu’iceux intercedentnbsp;pour nous enuers Dieu ,amp; leurs reliques deuoir eftrere-uerees.Que les commaudemens amp; traditions de l’Egl“^nbsp;CatholiquejApoftolique amp;Romaine,tant ceux quiappstnbsp;tiennét à la forme amp; ceremonies du feruice diuini amp; d’i*nbsp;filler à icelles, que ie croy eftre pour attirer le peuplenbsp;Chreftienàpieté amp;conuerfion àfon Dieu; comme ieSi'nbsp;nes,abftineuce de viandes,obferuations de feiles,amp; autrenbsp;police ecclefialliquc, felon la tradition des Apollresdtnbsp;fainélsper,es, côtinuez depuis laprimitiue Egliieiul9“^’nbsp;à ce temps, amp; depuis introduits en l’Eglife parl’ordonnS'nbsp;cedes conciles receus en icelle de long temps, ou de ni'nbsp;gucres, font fainéls amp; bons : aufquels ie veux amp; doisnbsp;beir, comme prefcripts amp; diélez par le fainfl Efpr't iquot;nbsp;theur amp; direfleur de ce qui fert à l’entretien de lanbsp;nbsp;nbsp;’‘¦’,5. ,
pn Clirellienne, amp; de l’Églife catholique Apolloli‘î“*[‘j Romaine . lectoy pareilleraétamp;: accepte touslesnbsp;du péché original, amp; de la iullification . l’afferme fi*nbsp;rément que nousdeuons auoir amp; retenirles jenbsp;lefus Chriil, de fa fainéle mere amp; de tous les fa*”^ ^l'rnbsp;leur faire honneuramp; reuerence. le confelTe le pus-des Indulgences auoir eflé lailïe en l’Eglife pfnbsp;Chriil, amp; l’vfage d’icelles eftre grandementnbsp;comme aufsi iereconois amp; confelTe l’Eglife denbsp;eftre lamereSc chef detoutes lesEglifes, j|,(-conduite par lefainél Efprit:amp; que toutes pretendu^J^j-jj-pirations particulières y contreuenantesfontnbsp;ons du diable, prince de dilî'enfion, qui veutfepare''* |i(nbsp;on du corps myftique du fauueur du monde. Fh’^,nbsp;ie promets eftroitement garder tout ce qui a eft^nbsp;amp; ordonné par le S . Concile dernièrement tenunbsp;te: amp; promets à Dieu amp; à vous de ne me départir lt;[,j« |nbsp;de l’Eglife catholique, A pollolique amp; Romaine. jirinbsp;le ferois, (ceque Dieu ne vueille ) ie me foubni'^|,jé'nbsp;peines des canons de ladite Eglifc, fiiéls.llatuez'* jbnbsp;nez contre ceux qui retombent en apoftalie.LaquOnbsp;juration amp;confefsion defovi’ayfignee.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.{A'’, :
, Les cruels amp; furieux malTacresauoyenttelleffl' nbsp;nbsp;/
-ocr page 591-L’ESTAT DE FRANCE. 565 né ceux delà Religion qui eftoyent reliez en vie,que pé- Remo«-lâns à toutes heures, amp; plufîeurs fepmaines apres, à cesnbsp;horribles tépeftes, ils demeuroyent efperdus, tellement reuol,-qu’en tous les endroits du Roy'aume il y eut d’ellrangesnbsp;abiurations, Si. fpecialement fiiypant le formulaire lusnbsp;nientióné. Ceux qui peurét fe retirer de bone heure,eui-terent ce dinger.Les autres ayans efié vne fois ou deux ànbsp;la mellè,contre leur côfcience,amp; trouuâs ouuerture pournbsp;cfchapper, quittèrent incontinentie Royaume de Frâce.nbsp;D’autres s’ellans fauuez pendant la fureur des maflacres,nbsp;retournerét toft apres, fous prétexté de leurs biens amp; fa-’'iilles,amp;firét abiuration. Mais vn fort grand nombre nenbsp;bougea, commençant à oublier bien toft la Religion, al»nbsp;lit fouuent àlamefle.careflànt les maf[àcreursamp; les pre-ftfes.Tellemétque peu de téps apres les maflacres,il fernnbsp;hloitque plufieurs,qui fix fepmaines auparauant auoyétnbsp;Ûit grade profefsiö de laReligton,n’en enflent iamais eunbsp;'ognoiflance.Vray eft, qu’il v en a beaucoup,qui demeu-’ans là,apres auoir efté vne fois ou deux à la mefle,s’ê fôtnbsp;*lcportez puis apres,gemiflans ÿrproteftâs de vouloir fui-'U'e laReligiô.Mais d’autant qu’ils demeuroyêt au dâger,nbsp;^nleur fit deux remôftrîces que nous auôs adiouftees a-Pres l’abiuratió,cöme en l’ordre qui nous a femblà le plusnbsp;propre. L’vne defdites remonftrances eft faite aux reuol»nbsp;*'7 de Lyon : amp; l'autre eft generale à tous lesFraçois reboitez.
Amiable remonstrance aux Lyoïinoisjlefquels par timidité amp; contre leur propre confcience continuent à faire hommage aux idoles. Par I. R. D. L.
TRefehers freres,Ie vous prieprédre le loifir de con-fîderer attentiuement, fans vous flatter amp; vous faire I *oroirequelenoireftblanc,amp;le menfonge eft la vérité,nbsp;* quelle religion on vous a amenez , pour crainte de lanbsp;•bort. Vous ne pouuez ignorer, ne la plufpart des Frank's,que la Religion pour laquelle vous auez efté fi chau-’quot;nient pourfuyuis , ne foit la vraye : laquelle vousnbsp;Nn Z
-ocr page 592-564 MEMOIRES DE aduertitde cercherfalut amp;entiere félicité en lefus Chrifrnbsp;vous appelle à vrayepatience, douceur amp; manfuetu“ 'nbsp;vous inftruit amp; façonne en toute charité amp; dileélio”’nbsp;tant enuers Dieu, qu’entiers les hommes : vous indu'^nbsp;eifre efmeus du zele de l’honneur amp; gloire denbsp;amp;defamaifon, vous ejthorte àfupportervos procnâ®nbsp;en leurs infirmitez, amp; les foulager au befoin. Et pour ƒ 'nbsp;re en vn mot, vous monftre ce que Dieu requiertdc^nbsp;hommes , amp; le vray moyen de viure amp; conuerfernbsp;les hommes fainclement en toute honneftecé amp; niodcnbsp;llie-. Et de fait vous pouuez eftre fideles tefinoins auenbsp;moy, fi vos Pafteurs tant les premiers que les derniers ’nbsp;foie en public ou en priué, en la premiere benediÛ*'^®nbsp;de vos mariages, remonftrances amp; réconciliations»nbsp;vifitations de malades, vous ont propofé chofe qu*nbsp;fuit felon Dieu amp; pour l’édification iStconfolationd^^nbsp;efcoutans,tendans nuiftßciour à ce but de vous nierrnbsp;amp; conduire comme par la main, à vraye pieté,crai”^nbsp;deDieu,foy, efperance,charité,obeifCince auïnbsp;rieurs, toute voye d’équité amp; droiture, amp; au fenh^îj,^,nbsp;vraye vertu. Mais la Religion en laquelle on voftsnnbsp;traînez n’eftbaftie que fur menfonge, idolatrienbsp;ce dechofes mortes, fondée furiniquité, pompesnbsp;daines, tout exces , licence amp; desbordcinent amp; fur/®^;-cruauté,de laquelle ces Lyons Lyônois,vous oiitfadPnbsp;ter les marqucs,helas!en vos ames,corps amp; biens.nbsp;cela fuffit bien pour vous aduertir,que ceft que ’^^,5nbsp;auez gaigné au changeren quel abyfme d’ordure onnbsp;entretient ; quelles vanitez, bobances amp; desbauchernbsp;font furuenus en la place de voftre precedente nnbsp;fteté amp; modeftie: quels allechemensdu monde,n'jjfjnbsp;retez charnelles, ont empoilbnné les cœurs de''°^j('nbsp;jeunefle, amp; quelle pureté dedoétrine on vous anbsp;ter ,1e toutpourvne certaine efperance d’eftre Snbsp;nute de temps à vollre aife. Et toutesfois vmis |enbsp;bien que des le premier iour que vous embranal'^^^f-fainft Euangile , vous priftes celle deuife (croire ƒnbsp;frir) commune à tous vrais enfans de Dieu.nbsp;chofeellrange ,quecequideuroit feruirde noÇ'” ,|j'nbsp;à tous fideles en la vraye doflrine qu’ils cognoin^'’Jjf P
-ocr page 593-L’ESTAT DE FRANCE. 56^ Hoir la Croix »c’eftcel.nnefme qui en fait defuoyer plu-fcurs,amp; tourner le dos à l'Euangile.Laquelle croix ayantnbsp;efté non feulemét chargée,mais aufsi appefantic fur leurnbsp;liosiles marque pour elïre reeognus vrais membres denbsp;Chrift, lequel ayant efté crucifié amp; mis à mort par lesnbsp;Incrédules,a prédit aux fiens, que n’eftans pas par deflîisnbsp;le maiftre, feroyent traitez de mefme luy , amp; auroyentnbsp;beaucoup à foufFrir pour fon nom . Et partant l’execu-liondes chofes, que lefus Clirift auoit prédites deuoirnbsp;îduenir aux fiens, doit feruir de feau authentique à leurnbsp;foy I puisqu’il ne leur eft rien aduenu ,que ce dont luy-inefme les auoit aducrtis, quelques centaines d’annecsnbsp;’uparauant que le tout fuft accomply. Si nous auionsnbsp;ï faire à vn Dieu menteur,lequel au lieudes ioyes amp;nbsp;plaifirs qu’il auroit promis, nous couronnaft d’efpines’,nbsp;nous aurions quelque occafion amp; couleur (ce nous fem-ble)de quitter là fon feruice . Or vos actions amp; depor-*tniens monftrent que fi vous eufsiez efté en la placenbsp;•l’Abraham, vous n’eufsiez pas lailTé vn tel telmoigna-gedevoftrefoyamp;obeiirance,qiie luy. Dieu luy auoitnbsp;piomis la terre de Chanaan par trois diuerfes fois , amp;nbsp;lieu d’icelle, il eut feulement vn petit champ, pour en-ftirer fes morts. Dauantage il luy promit,qu’il efta-“liroit fonpaét enllaacen alliance perpétuelle, amp; à fànbsp;‘lenience apres luy, amp; qu’en luy feroyent benites toutesnbsp;'' nations de la terre. Et vn peu de temps, apres Dieunbsp;commanda de tuer fon fils vnique Ifaac amp; l’offrir ennbsp;‘’crifice : Ce qui eftoit bien liiffifant pour luy faire croi-tout le contraire de ce que Dieu luv auoit dit. Maisnbsp;^“tiy qu’ils’apperceuft de la contrariété des promeffes
Dieu amp; de fes commandemens, en l’immolation “^fon fils ; deque fafov laquelle eftoit fondée fur la pa-fole de Dieu, fuft combatuepar fa foy mefme,engen-'“Ce par vne autre exprefl'e parole de Dieu : amp; que pournbsp;nbeir à Dieu il faluft oublier qu’il eftoit Pere,(chofenbsp;^ctueilleufement dure au cœur de ce vieillard , efprisnbsp;’ ’ne tendre amp; naturelle afFeftion enuers fa propre chairnbsp;propre fang) cftant réduit à ce poinft’d’enfanglan-'cr fes propres mains du fang de fon fils bien aimc;é^nbsp;Hü’il vift par la mort d’ilaac la benediélion proœife a
Nn i-
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tous peuples en iceluy,eftreretrenchee: Si eft-ce 9'* n'a pas pour tout cela cerché vn autre Dieu:amp; a toufiour*nbsp;tenu le party du vray Dieu, quoy qu’il fe vift enfondre (Knbsp;abyfine de tentations horribles. Vous direz,pofsible,quenbsp;Dieu vous à fait endurer trop de mauXjamp;vojJapourquoVnbsp;vous l’auez quitté. Mais n’auez- vous point receudebicosnbsp;de luy, amp; n’en receliez vous pas encore tous les ioursînbsp;Carileftiîbon qu’il defpart de fes dons amp; graces auïnbsp;plus ingrats amp; indignes de la terre . Si vous voulez met'nbsp;tre les maux que vous auez endurez pourfon nom, eunbsp;contrepoids des biens qu’il vous a faits , vous coufeiîe-rez que le bien emportera le mal. Or toutesfois quandnbsp;les vrays feruiteurs de Dieu, amp; toute l’Eglife anciennenbsp;ont apperceu amp; ienti les lignes de fon ire amp; indignation fur leurs teftes, qu’eft-ce qu’ils ont dit.’ A qui fenbsp;font-ils pris? Contre qui fe font-ils defpitez ? En accu-faut deaant Dieu la rage defefperee des mefehans (comine aufsi quoy qu’il tarde, elle ne demeure point impunie) ils n’ont pas oublié de fe faire leur proces amp; fe condamner eux-mefmes , pour eftre abfous deuant Dieu-f^nbsp;Prophete Daniel nous a monftré ce que doit faire toutnbsp;fidele t amp; toute l’Eglife affligée : difant, Nous auonsfa'tnbsp;iniquité, nous auonsfait mefcliaminent, nousauous e-fté rebelles, amp; auonsdécliné arriéré de tes commun-demens, amp; de tes iu^emens. Nous n’auons point obe/nbsp;anos Roys,amp; nos Princes,amp; à nos Peres,amp;atoutlepeU'nbsp;pie de la terre. O Seigneur,à toy eftiaiuftice, amp; ànouînbsp;confufion de face. Dauid ne fe flatte non plus en fon pu'nbsp;ché,difànt. Pay péché contre toy, contre toy feul gt; amp; u/nbsp;fait ce qui t’eftoit deiplai/ant: afin que tu fois îuftifîé eunbsp;ton parler :amp; que tu fois trouué puren tes iugemcns,nbsp;Ilaieti’en fait pas moins . Voici tu as efté courroucé U'nbsp;pres qu’auons péché . Etfommes tous comme ordure,nbsp;éc toutes nos iuftices , font comme le drap fouillé : nousnbsp;fommes tous decheus comme la fueille , amp; nos iniqm-teznous onttranfportezcomme le vent. Tu nous faisnbsp;efiianouir à caufo de noftre iniquité. Vous voyez comme ces iainéts perfônnages ont protefté, que leurs pe-chezeftoyentJa feule catife de leurs aidéies. Car auh’
-ocr page 595-t’ESTAT DE FRANCE. 5^7 ¦’oftre deprauanon naturelle» amp; les tranfgrefsions qui-fflprouienent, font comme la pepiniere de tous nosnbsp;•quot;iui : amp; voila pourquoy les vrays enfans de Dieu ontnbsp;'ouiîourseux-mefmes commencé, pourfuiuy gt; amp;aclie-j** leur fentence amp; condamnation par eux-mefmes.nbsp;^eftvray, qu’apres s’eftre bien humiliez amp; abbatus iuf-’i'ies aux enfers , ils n’y font pas demeurez . Car com-enfans iuïlementchaftiez, ils fe font adreflèz à leurnbsp;^’te en cefte forte : Mais il y a mifericorde amp; pardonnbsp;*'fs le Seigneur noftre Dieu »combien que nous nousnbsp;‘®gt;nraes rebellez contre luy. O mou Dieu (dit Daniel)nbsp;'Mine ton oreille amp; efeoute : ouure les yeux amp; regar-nos defolations, amp; la cité fur laquelle ton nom a efténbsp;inuoqué : Car nous ne prefentons point nos prières de-**’ntta face» felon nos iuftices»mais felon tes grandesnbsp;tompafsions. O Seigneur,exauce »ô Seigneur,pardon-Seigneur enten,amp; le fay: ô mon Dieu,ne tarde pointnbsp;*wufedetoy-mefme. Difons aufsiauecifaie. Seigneur»nbsp;J' te courrouce point tant,amp; n’aye plus recordationnbsp;^‘•noftreiniquité.Et alors fera accomplyen nous ce quenbsp;yieu mefmes 2 dit de îa bouche : Mais à qui regar-“oray-ie ,lînon à l’affligé , amp; outré d’efprit, amp; à celuynbsp;tremble à mes paroles. Voici que dit le Seigneurnbsp;P’t le mefme Prophete : Comme lî on trouue vu grainnbsp;bourgeon, amp; qu’on dife » ne le difsipe pas ; car c’ellnbsp;“tnediûion : ainfi feray-ie » à caufe de mes feruiteurs,nbsp;*fin qu’ils ne foyent pointtous deftruits. Voila com-•quot;eilfe faut approcher de Dieu,amp; non pas s’en efloi-înerparvn defdainrefrongné,amp;vne defloyale lafche-amp; reuolte endurcie amp; obftinee . Vous penfez eftrenbsp;'’’en à couuert, quand apres eftre efehappez de la gueu-*e du Lyon, vous vous eflancez entre les pattes du dragon d’enfer, en abandonnant le party du Dieu viuant.nbsp;et toutesfois quel auantage auez vous, quel proufit vousnbsp;teuient-il » de quitter l’Eternel le Dieu viuant? Voftrenbsp;eonfeience cauterifee, tremblante amp; mal alFeuree » vousnbsp;’eniirade gehenne perpétuelle ,amp; les benediétions denbsp;“‘OU, en fin vous tourneront en maledifbons » amp; voftrenbsp;'epos fera accompagné de continuelle frayeur. Le malnbsp;devoftre apoftafie amp; endurciflement,demeureranbsp;Nn 4
-ocr page 596-5'68 MEMOIRES DE en-vous mcfmcs amp; non pas en Ia religion, amp; moinsnbsp;iiienJVa-i! iufqiies à maielté diuine. Car ellenbsp;faite en foy-inefme, de foy mefme , amp; nous ne 1^?°quot;nbsp;lions faire ne plus petite ne plus grande.Et pourtant^*nbsp;n’a qùt- faire de nous pour fon regard : Mais ce fom®^’nbsp;nousquiauons afairede luy . Et en nous cercb»»t’^*nbsp;' n’êft pas pour luy qu’il le fait ,ains pour nous,qui no'JSnbsp;voulons perdre , Sc luy eit toulîours apres pour uousnbsp;garder, que Satan par fes tromperies, illufions amp;aue-clieincns du monde (comme il fait aux enfans de rebellion) ne nous attire quand amp; luy en vne ruine éternelle-. Si vous croyez qu’il y a vne vie bien-hcureulenbsp;apres cefte-cy, de qui eft-ce. qu’il la faut attendre ? denbsp;Dieu,amp; non pas de fon ennemy amp; le noftre. Confidete®nbsp;queceluyqui a fourré la mort en toutes les creaturesnbsp;dn monde, amp; qui n’a autre ebofe que mort, ne vous peutnbsp;donner la vie prefente ,amp; moins celle qui eft à veni(-11 n’a faitque mal des fa cliente au.x enfers . Il eft hoW*'nbsp;eide amp; menteur . Et depuis quel temps auroit-il ch«®'nbsp;gé denature. Il promet quelque repos (lequel il n’â’®nbsp;mais eu) à ceux qui luy veulent prefter l’oreille : ru®'nbsp;quand bien il le ferait,le repos d’vne heure ou d’vnio®^!nbsp;eft bien cher vendu, lequel eft fiiyui d’vn tourmentnbsp;n’a point de fin. Vous vovez qu’il promettoit ànbsp;de le faire Dieu, amp; il en fit vn diable, comme tous cc^nbsp;qui ne tiennentricn que d’Adam , le monftrentaflctFnbsp;leurs œiiiires . Reuenez donques à vous , amp; ne perinrnbsp;ecz que l’image de Dieu qui eft encore engrauee en 'nbsp;ftre cœur, foiteffacee, par fes idolatries amp; impietcïnbsp;la faufle Eglife . Si la mort vous veut faire peur,nbsp;duifez en mémoire, que lefus Chrift la vaincuenbsp;vous, amp; qu’eftant de fon party, voire tous enferable 'nbsp;auec luy, vous aurez aufsi part a fi vie . Car il dit, ic *nbsp;le chemin amp; la vérité amp; la vie. Fortifiez-vous des
pics des làinfts martyrs anciens amp; modernes» amp; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
mentdc celuy dePoIycarpe EuefqucdeSmyrne,S.’di pie de fa’inft lean: lequel eftatfollicité par les bourre-*nbsp;deblalphemer .d l’encontre de Chrift, fînon qu’à l’hc**^nbsp;mefme il feroit brullé.helas,dit-il,quelle occafîon en**^.^nbsp;ic’ily a quarSte ans que ie fuis à fo feruke, ie n’ay
-ocr page 597-L’ESTAT DE FRANCE. 569 'quot;eu aucun mauuais traitemétde luyA'pourquoj'main-^fnant luy diray-ie iniure? Si la peur de perdre vos biensnbsp;^commoditez vous incite de plus en plus à vous cflon-gnerde la inaifonderEternebfouuenezvous que Da-“id iniquement chafle ,amp; tournoyant par les montagnesnbsp;^fdrefts, neregrettoitrien plus ardemment, que les tabernacles du Seigneur. Car mieux vaut, dit il, vniour ennbsp;to paruis ,que mille ailleurs : i’aime mieux eftre portiernbsp;la maifon de mon Dieu, que demeurer es tabernaclesnbsp;des mefchans. Les ayeiix , pcrc amp; mere de faintVBafile,nbsp;Jjousont monftré qu’il n’y a rien que nous ne deuionsnbsp;‘ouffrir,pour nous conferuer purs amp; nets en la crainte denbsp;l’ieu.Cardutempsde laperlecutionde l’EmpereurMa-*gt;mian, lors qu’il ne fe parloitque de meurtres amp; mailâ-’^fes des Chreftiens par tout le monde ( comme nous a-Uonsveu en France celle annee)ils fe retirerent aueefortnbsp;P«it train,(pour fuir la cruauté de ceTyran)en vne mon-Jîgne,en Pont, pays froid amp; fauuage, ou ils demeurèrentnbsp;Icfpace de fept ans, couchans fur la dure, amp; n’ayans pournbsp;^oute viande que du pain.Car toutes les autres cliofes ne-^¦(làires .àlavieprefenteleurdefaillovent. OrvOusmenbsp;pourrez dire ,11 iémblequ’en adreflant vos admonitionsnbsp;’nous,quifommes maintenant dans la ville de Lyon,nbsp;*‘’05 parlez comme à ceux qui font hors d’efperance denbsp;‘îvieeternelle, amp; qu’en viuanrcommenous,ils font forclos de la ioiiiflance des threfors fpirituels, que lefusnbsp;^briftnous aapportez. Comment fepourroit faire cela?nbsp;Nous adorons Dieu en efprit amp; vérité. Car aufsi le Perenbsp;demande de tels adorateurs. Dieu eft efprit, amp; faut quenbsp;'eux qui l’adorent-, le facent conformément .à fa nature,nbsp;'eft à dire en efprit amp; vérité.Dauâtage,nous prions Dieanbsp;Pârticulierement en nos ma.ifons,au milieu de noftre fa-toille. Nos pieds portent nos corps à l’idole, mais nonnbsp;pas noftre cœur, lequel nous referuons pur amp; net deuantnbsp;^ieu. Car aufsi ce feroit nous eftimer par trop niais ,5cnbsp;JJgt;eriterions d’eftre mis au rang de ceux qui ont perdu lenbsp;ƒ ns commun, fi nous côlentions à des idolatries fi lour-desderquelles neantrnoins tant de Rois amp; Princes ( pournbsp;bien faire les befongnesdes Eeelefiaftiques fay néants,nbsp;gras amp; en bon poinél) veulent faire receuoir aux peuples
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par force, ce qui ne peut entrer en leur tefte que . (t pocrifîe. le refpon que vous faites fort bien de jpCnbsp;fainét exercice d'e prier Dieu inceflàminencdenbsp;en vraye humilité eilongnee de toute fimulation te*nbsp;qu’il luyplaife nettoyer vos fautes paflecsiamp;lesnbsp;commeneige, ouïes plongerai: fond de lanieti^ynbsp;efmeu de voltrerelîpifcerjce, ildeftourne fon ij,,nbsp;ment coürroucé, de vos exces, desbordemens amp;nbsp;tions de voftre vie,amp; du mefpris de fa fainéfe Scnbsp;role, lequel ne continue que trop en ceux qui fep'^'j,nbsp;tant en leur ordure amp;vomiiremenc.Et qu’il vueille aff'nbsp;lir vos cœurs , pour vous ietter aux pieds de fa rnifet**-de, afin qu’il defploye fes grandes compafsions fufnbsp;panure Eglifc,pour luy monftrer fon viiage appaife tnbsp;uorable, amp;. faire reluire fur elle le foleil de 1 idle gt;nbsp;iour de fii rellauration tant defiree Sc reftablilTeniCnbsp;heureux. Si vous faites cela, vous faites bien. Si en eunbsp;grandementlouables, rallumans par ce moyen les efc®^nbsp;celles de la crainte de Dieu; vous aflèurant que vous ƒ ‘nbsp;tirezen bricfque vos prières n’auront point elle vain^'nbsp;Mais quant à l’autre poinét,de penfer que Dieu oCnbsp;point irrité de ce que par voftre prefence vous appr®*^quot;nbsp;liez amp; par voftre contenance auouez les impietezeno^'nbsp;m es de l’Eglife baftarde,vous vous abufez d’autant qua *,nbsp;voulez eftre. Car par ce moyen la prudence Sc fubcili'^nbsp;charnelle voudroit faire vn partage auec Dieu,auquela''nbsp;le veut laiflerle cœur, amp; la recognoillance qu’il tient eUquot;'nbsp;clofe là dedans. Et quant au corps , auec fes actions extt'nbsp;rieures concemans le feruice de Dieu, fera referue^nbsp;l’idole .-comme fi Dieu, le Créateur amp; Rédempteur danbsp;nos âmes en lefus Chrift,ne l’eftoit point aufsi des corp’-Mais ils font appelez par l’Apoftrc le temple du fii®'-,nbsp;Efprit. Quelle raifon y .ail donc de confacrer le lieu oUnbsp;le fiiinél Eîprithabite, à vnc Idole morte, puanteamp; t’’^'nbsp;crable ? Et partant il faut faire la conclufion que fai’nbsp;mcfme Apoftre , Vous n’eftes point à vous mefmes :nbsp;vous eftes rachetez de prixrglôrifiez donc Dieu en voftrnbsp;corps amp; en voftre efprit, lefquels font à Dieu. Vous faut*nbsp;que Dieu fe nomme ialoux en rEfcriture,pour monltrnbsp;qu’il ne fouffrira non plus qu’on luy dcfrobe fon hon^
-ocr page 599-L’ESTAT DE FRANCE. 571 fleur,que le mary qu’on luy ofte là chere efpoufe.ounbsp;fpj’elle mefme s’abandonne à vn autre. Car il parle ennbsp;telle forte de foy mefme, le fuis l’Eternel,teleftmonnbsp;nom : le ne donneray point ma gloire à vn autre, ne manbsp;louange aux idoles. Le mary qui ale cœur afsis en bonnbsp;lieu, eu voyant fa femme conuerfer familièrement auec.nbsp;les paillards,frequenter tous lieux impudiques,amp; s’y pro-ftituer,amp; dire par apres,Mon mary,ie vous prie ne penfernbsp;fiendemauuais icarquoy queieface,ievous puis afleu-ter que ie fuis clufte en mon cœur : fera il lî fa tamp; lî bellenbsp;de la croire, amp;fe contenter de cela ? Et fi la femme paffenbsp;encore plus outre, qu’elle mefprife fon mary, le delailfe,nbsp;non pas pour s’abandonner à vn feuLmais àplufieuis,lesnbsp;terche aux lieux publiques, les attende corne vne effrontée en vn coin de rue,les fuyue: amp; puis apres employe lesnbsp;loyaux qu’elle aura receusdefon mary ,pour entretenirnbsp;les adulteres,amp; les nourrir délicatement: amp; qu’elle les a-tnene en la maifon de fon mary, en la prefence duquelnbsp;elle fouille fa couche, laquelle pour eftre honorable dc-noit eftre fans macule: à telle fcmme,qucl nom luy donnerez vous , amp; de quel fupplice merite vne telle femmenbsp;d’cftre punie? Or vous eftes l’Efpoufe de lefus Chrift : carnbsp;Hieu par le Prophete a parlé de vous, qui deuez eftre lesnbsp;^’lys Ifraelites, le t’efpouferay,dft l’Eternehpour moy,ànbsp;toufioiirsmais; ie tefpouferayiafauoir en iuftice, amp; en iu-Sonient,amp; en bénignité,amp; en compafsions : ie t’efpoufe-t*y enfoy,amp; cognoiftras l’Eternel. Or fi vous continueznbsp;de faire enuers Dieu, ce que la fufditc femme fait enuersnbsp;‘Oninary,que vous l’abandonniez, amp; attendiez les idolesnbsp;tn vn coin de rue en vos procefsions, les fuyuiczpasànbsp;P*s ,amp; les alliezcercher aux lieux de leurs habitations,nbsp;Pfillardant Ipiritucllement, violât la foy promife à Dieu,nbsp;dtfinalement que vos benediftions corporelles en vosnbsp;tnfans amp; facultez terriennes feruent aux idoles, ne craignez vous point que le iufte courroux amp; indignation de.nbsp;'Eternel s’untbrafe plus queiamais contre vous? Vousnbsp;I n ignorez pas quelle menace Dieu a faite à ceux qui lenbsp;‘«nieront deuant les hommes , amp; qui refuferont de luynbsp;' ^Itc tefmoins entemps de perfecution. Or eftesvousnbsp;de ecm [j. Maintenant donc, par vn vray fentiment amp;
-ocr page 600-571 MEMOIRES DE regret de voftre faute fortez d’vn tel abyfme. Et nenbsp;niuniqucz plus aux œuures infruftueufes denbsp;aùis mefine reprenez les pluftoft. Etmoiiftrezennbsp;clin de la monarchie de tenebres (quoy que Satan Pnbsp;vacarmes le vueille einpefcher) amp; en celle laboriennbsp;jiaill'ance de l’Eglife Françoifc, des exemples de ƒnbsp;de Dieu, de force, amp; conftance, contemnementdenbsp;pcrllition des Camars,amp; de tous feruices eftrangeS'nbsp;cela voftre zele à demy glacé en fe refchauifanttaienbsp;d’enfuyure celuy de vos anciens frétés amp; desnbsp;lefquels ont mieux aimé endurer toute forte de tôtnbsp;que le deftourner tant Ibit peu du droit fentier del quot;nbsp;gile.le vous mettrois en auant la conftance adæft'*'nbsp;ce bon vieillard Marcus Arethufîus, Pafteur diligét ƒnbsp;fongueux de fes brebis,Icquel de fon bon gré aban“nbsp;fa vie ( pour mettre fon troupeau en repos ) à lanbsp;d’vue populace enragee. Eteepour n’auoir voulu o3nbsp;vue feule maille de la fomme qu’on luy demandoitPnbsp;rebaftir le temple des idoles. le pourroy aufsiallegJJ'nbsp;conftance du tout admirable des troisnbsp;gieus,Maccdonius,Theodulus,amp;-Tatianus,lefqueb^^,[jjnbsp;brifé les images du temple de Meroé, furent mis lu* gjnbsp;grille, defl’ous laquelle eftoyentdes charbons atdens-en tel eftat parlèrent au iuge Amatus en celle forte,nbsp;prcnsplailîr de manger de la chair roftie,fay nous t ,nbsp;nerde l’autre cofté, afin que quand tu commencernbsp;manger , tunetroiiues de la chair à demy crue. D ''nbsp;droisaufsi vous mettre douant les yeux celle meninbsp;blehiftoire descheualiersde Iulian , pour vousyuU^j^^nbsp;lors que vous auez voftre face deffigurce parl’appt*’ fnbsp;des fau.x dieux. C’eft Empereur ( furnommé Apoftatj^^nbsp;fa reuolte) employoit toute la dextérité de fon entef'nbsp;ment à cercher des moyens pour rcmettrefus le letnbsp;des idoles. lien trouiie finalement vn qui couronu’nbsp;vertu excellente plulîeurs cheualiers Chreftiens.nbsp;temps cftant venu que les cheualiers ,Capitaincsamp;au*nbsp;chefs de guerre fignalez ont accouftumé de le p,enbsp;deLiantrÈmpcrcur,pourreceuoir dons de luy c”nbsp;fontauiourd’hiiy les Princes amp; cheualiers dePordre^j^^.nbsp;lai-ntl Michel deuantnoftre Roy, il penfacomment
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^quot;'roitdeceuoir fous ombre de li coiiftume ancienne.
il Commanda que tous ceux qui viendroyent àluy J, '*'¦ receuoir quelque chofe de fi main, offriflent denbsp;ofcapres toutesfois auoireJiéadmonneftez par fesnbsp;a ( Car il auoit vn autel deuant foy amp; de l’encensnbsp;J 'as) que jeij fg faifoit felon la couftume ancienne desnbsp;quot;'pereurs Romains. Lors aucuns monftrerentliardi-cntleur conftance,amp; ne voulurent ny offrir encens, nynbsp;ceiioiraueunecliofcdeluy.il y en eut d’autresaufquelsnbsp;quot;e ordonnance fondée fur l’ancieuueté oft.i l’entende-f ^g^’Poarn’apperceuoiren fortedu monde quelle of-. æ commenoyenr. Mais les autres, combien qu’ilsnbsp;ailent defcouuert où cela tendoit, neantmoins eftansnbsp;arprins à caufe demain, ou eftonnez de crainte, commenbsp;' leurs cœurs eufleiitefté ferrez par cefte ordonnancenbsp;audaiue, ne peurent decliner celte fuperftition là. Dontnbsp;.‘y en eutplußeurs,lelquels eftansdeceuspar ignorance,nbsp;^Uoquoyët lefus Cliriftd’vn coftéamp; d’autre, enbeuuantnbsp;* naangeant.Alors vn de leur côpagnie leur dit,De quoynbsp;'^ous aduifez vous maintenant d’inuoquer Chrift’veu quenbsp;''ous l’auez n’agueres renié,quâd receuans dons de l’Ein-Pereur,vous offriez de l’encens. Or ceux qui fentirentlcsnbsp;fcniords de leur côfcience fe refueiller en Icurcœurparnbsp;Celte parole, amp;recognoiflans ce qu’ils auoyent fait, ilsnbsp;‘ortirenttoutfoudain,amp;couroyent deuanttous, amp;cri-®yent en faifant grand bruinde prenoyent le vray Dieu amp;nbsp;tous hommes en tcfmoins,qu’ils eftoyent Chreftiens. Etnbsp;’enans à l’Empereur,ietterent l’or qu’ils auoyent receunbsp;^e luy; amp; le requeroyentinftammentqu’il reprift fon or,nbsp;°cqu’il les mill à mort. Neproteftoyent ils pas par cenbsp;’?®yenqu’ils eftoyent touchez d’vne vraye repentance,nbsp;^eeque leur main auoit offenfé amp; forfaitfansy penfer?nbsp;'-if aufsis’efforçoyentilsd’abâdonnet leurs corps à tellenbsp;punition qu’on voudroit pour l’amour de Chrill.Or fre-fes,ceux d’entre vous qui auoyentreceu le coup,non pasnbsp;lurleur corps,maisfur leurbourfe,amp;quideleurbon grénbsp;le font allez fourrer en la fange iufques au menton,qu’ilsnbsp;penfent amp; repenfent qu’ils refpondrontdeceux lefquelsnbsp;a leur exemple fe font confermez amp; endurcis en leurnbsp;theute. Et puis, quel reng tiendront ils au iour que Dieu
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fera afsis en fon throne pour juger le monde?vous,dy iCi eftans lors defpouillez de cefte confiance Chrelliennenbsp;qui vous rendoit honorables deuantDieu amp; les hommes, finon que de bonne heureauecvne magnanimiténbsp;de courage, vous regagniez par le mefpris de laterre]amp;nbsp;amour du ciel, ce que Dieu requiert de vous pourvoftrenbsp;bien amp; repos de confcience. Et quant à Valentiniani ayant charge de mille hommes fous Iulian.quifut puisa-pres Empereur,quel zele ail monftré (nonquei’approu-ue telles voyes de fait, mais feulement fon zele) lors quenbsp;Iulian entroit au temple de Fortune? Les preftres du temnbsp;pie afsiftoyent aux deux coftez des portes ,amp;eftoyentlanbsp;expres pourarroufer d’eau benifte ceux qui entroyent,nbsp;amp; pour les purger, comme ils difoyent ,amp; comme foutnbsp;les Romanifques àl’entree de leurs temples. Caraufsinbsp;leur eau a toute telle propriété que celle de Fortune, ala-uoir d’abolir la vraye , vnique amp; fouueraine purgauon denbsp;lefus Chrift.OrValentinian allant deuant l’Empereuna-perceutvne goutte d’eau fur fon manteau,amp; eftant courroucé, frappa du poing vn preftredu temple, difant quenbsp;pluftollil elloit fouille que nettoyé. Et des lors ilfutim’nbsp;en prifon, amp; delliné àviureen lieu folitaire. Maisn’alquot;nbsp;Ions pas fi loin, que la vieillclTe craintitie amp; tremblant®nbsp;fe propofe la force de Pothin, diacre en l’Eglife anciennenbsp;de Lyon : Laieuneflecellede VetiusEpagathus ,quide'nbsp;fendit les Chreftiens en plein iugement aux defpens denbsp;favie,amp;de Pontique ieune garçon de quinze ans. Lesnbsp;femmes femyrentàla confiance de Biblis amp; Blandine'nbsp;Etles médecins àla hardiefTe d’Alex.âdrePhrygien,médecin. Au refie, le martyre de l’vn de vos Pafteurs, amp; ee-luv des autres fideles anciens amp; diacres de l’Eglife refof'nbsp;mee de Lyon, eftant accompagné de leurpreudhomm'enbsp;amp; intégrité de vie , n’aura il point d’efficace en vs cffu^^nbsp;pour en quittant les idoles vous faire reprendre lesbri-fees duvray Dieu vitrant? Defquels vous ne doutez pomtnbsp;que leurs amesbien heureufes n’ayent la pleine amp; entière iouiflànce auec les Anges celeftes. Et partant oyez,nbsp;l’admonition falutaire que vous fait l’Efpritde Disquot;nbsp;la bouche de fàinélPaul, Ne vous accouplez pointauecnbsp;les infidèles: car quelle participation y a il deiuflm^’^S^nbsp;iniquité-
-ocr page 603-L’ESTAT DE FRANCE. 575 ïTuquité J amp; quelle communication y a il de la lumièrenbsp;îuec les tenebres ? Et quel accord y a il de CJirift auecnbsp;Belial? ou quelle portion a le fidele auec l’infidele? Etnbsp;Welle conuenancc y a-il du temple de Dieu auec les idoles? Car vous eftes le temple de Dieu viuant,ainfi quenbsp;pieiiaditjl’liabiterày en eux, amp; y cliemineray,amp;leraynbsp;leur Dieu ,amp; ils feront mon peuple. Parquoy départeznbsp;’ous du milieu d’eux, amp; vous en ieparez, dit le Seigneur,nbsp;«ne touchez à chofe fouillee,amp; ievous receuray.Etvousnbsp;leray pouf Pere,vous me ferez pour fils amp; filles,dit le Seigneur tout puillânt. Vous pourrez dire, Eftce fi grandnbsp;de faire quelque femblant deuaut les hommes, pour-qu’on fis mocque en fon cœur de l’idole? Et cepen-WntDieu n’auoua pour fiens du temps de laperfecutionnbsp;w lezabel que les fept mille, qui ne fléchirent point lenbsp;fenouil deuant Baal. Voulant fignifier, que cela eft vuenbsp;l’Mtiedu feruice qu’il requiert de nous,afauoir de nenbsp;Wndamnerpas feulement aux cachettes denoftrecœurnbsp;‘fs idoles, mais de ne donner auçun tefmoignage, par vnnbsp;J^ueu fondé fur quelques ceremonies externes , de con-Ifntir à l’honneur amp; reuerence qu’on fait à l’idole. Cecynbsp;*fftémis en pratique de tout temps parles vrays ferui-leurs de Dieu, lefquels n’ont ramais elle fi aduifez denbsp;mettre en auant cefte fubfilité, de partager ainfi auecnbsp;pieu , afin qu’il fe contente du cœur pour lapart, amp; quenbsp;le corps auec fes aélions extérieures lüit dédié à l’idole.nbsp;Les martyrs anciens amp; modernes fe deuoyent aider denbsp;Wfte inuention, pour bien faire leurs befongnes, fauter leurs vies amp; leurs biens. Mais ils ne Font pointfait,nbsp;^wtaiit qu’il ne fe pouuoit faire fans ofFenfe. Etqu’ainfinbsp;‘?'1gt; eonfiderez que quand Nabuchodonofor fit cell editnbsp;•olennelpar l’aduis des Princes de fonEmpirerQ^ tousnbsp;peuples fe iettaflentbas, amp; s’enclinaffent deuant l’imagenbsp;d’or qu’il auoit fait drefler : il ne dit pas que Ion croyenbsp;que cefte ftatue eft le vrav Dieu, ains requiert feulementnbsp;cefte reuerence exterieure, en flefchilTantle genouil deuant icelle, comme il a réitéré amp; déclaré cela en la re-monftrance qu’il fit à ces trois hommesluifs,pour les induire de s’agenouiller deuant l’image d’or,Ces homes fe
-ocr page 604-MEMOIRES DE pouiioyent bien promptement aider de ce confeiLnbsp;la chair mignarde leur mettoit en main gt; pour ejunbsp;le peril de leur vie,le corps faifant hommage à l'idolS’nbsp;lecœuràDieu.Maisils ont fait autremenf.car.ils ontnbsp;lé au Koy en celle forte, Il ne faut point que nous te ¦nbsp;Ipondions de cette chofe: Car voicy noftre Dieu a 4nbsp;nousferuons nous peut deliurerde la fournaifedu fnbsp;ardent,amp; nous deliurera de ta main,ô R.oy,Que s'il nenbsp;veut,fache,ô Roy, que nous ne feruirons point tes d*e“nbsp;amp;. n’adorerons point l’image d’or que tu as fait drei*nbsp;Suyuant ces beaux exemples l’Apoftre faind Pierre do*’nbsp;ne vn bon enfeignement, quand il dit, Mefmesencofnbsp;que vous enduriez quelque chofe pour auoir bienta'^^nbsp;vous elles bien heureux : mais ne craignez peint poufnbsp;crainte d’eux, amp; ne foyez troublez. Ains fantlilîezie ƒnbsp;gneurDieu en vos cœurs, amp; foyez toulîours appareil*nbsp;à refpondre auec douceur amp; rcuerence à chacun qui V® jnbsp;demandera raifon de l’efperance qui eft en vous. Dan*nbsp;n’a point craint les menaces du Roy Darius,lors qu’ilnbsp;blia cell edict, que durant trente iours perfonne nenbsp;requelle à autre dieu qu’à luy, à peine d’ellre iette ennbsp;folie aux lyons. Car ce vray feruiteurdeDieu ne fenbsp;tenta pas de le prier en fon cœur, comme il le pon**nbsp;faire fans blclTer fa confcience,ains entraen fa maifof’nbsp;lesfeneftres ouuertes.fe mettoit àgenoux enfachanbsp;bre, du collé de lerufalem, priant amp; fcconfeliàntdeuanbsp;fonDieu,comme il auoit accoullumé les iourspref,nbsp;dens.Orpour concltirre ce poinél, retenez celladuernbsp;fement du Propheteleremie,lequel il nedônepasrnoi,nbsp;à vousqu’.! l’ancien peuple d’Ifrael. Auquel il predi*nbsp;que finalement il feroit trâlporté en Babylone, amp; lace'Vnbsp;uerferoit parmy les nations qui n’auoyentnbsp;gnoilîance du vray Dieu.Ne les exhortant pas feulen’fnbsp;de retenir ferme la cognoiflance de ce vray Dieu, “l***nbsp;fait lecielamp; laterre,mais aufsi den’adiouller a*’*-**^^nbsp;foy àleurs façons de faire, de n’y adherer en forte qnenbsp;full, amp; ne s’y accommoder pour auoir leur bonnenbsp;Et qui plus eftleur apprend vne fortbelle fentence, P nnbsp;auoir en horreur amp;detellation leurs idoles. Eta cellnbsp;qu’elle full mieux entendue des Babyloniens .iiram-
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S^ge du pays, afauoir Babylonien. Vous leur direz
gt; Les dieux qui n'ont point fait le ciel amp; la terre , J** periroût de terre,amp; de dellbus le ciel. Car aufsi(cô-eft^i Prophete en ce mefine chapitre ) le Seigneur
Dieu de veritéx’eft leDièu de le Roy eternel. ^^rte feraefmeuë par fon indignation: amp; les gens nenbsp;t “'•¦Tont fouftenir l'a fureur. C’eit lùy qui a fait la terrenbsp;t *¦ la vertu , amp; a difpofc le monde par fa fapience,amp; a e-les deux par fa prudence. le fay bien,mes freresgt;nbsp;Parvn muet confentemét,yous dites Amen à tout cenbsp;r ievien de vous remonftrer,amp; que vous mefmes auez
amp; appris autresfois.Mais il vous demeure encore, ce *11616, vne petite doute en voftre efprit, afauoir, qu’ilnbsp;***ihlc que Dieu ne fauorife point celt Euangilc, parcenbsp;i“^desleiour que nous l’auons embrallè , nous n'auonsnbsp;^quot;lue maux en nos corps,amp; fouffert tant de fois la percenbsp;ƒ nos biens, amp; n’auôs fait que tracalTenaller amp; venir,fansnbsp;,'hfde quelque repos vne feule minute d’heure. Et lanbsp;ƒ dus quelques vns font celle conclufîon , Nous ne vou-ns doncques plus rentrer en des combats lî fafcheux amp;nbsp;r**bles, amp; combien que ce foie au peril de nos âmes , lînbsp;’reque nousvoulôs faire nos befongnes,amp;nous don-l^*vn peu de bon temps le reftedenosiours , amp; enido-j,'*nnc,danfant,louant, mafquant,ciblant, laiflercourirnbsp;contre bas. Quel langage eft cecy î N’eft ce pas lanbsp;(J, ’**d‘vn Sardanapale efféminé , d’vn Cerinthe diflblu,nbsp;j,''n Sybarite Calabrois noyé en plailîrs charnels, d’vnnbsp;ƒ iogabale adonné à pompes, brauades amp; mignardifenbsp;ji^nelleîd’vneCleopatra côfite en toutes delices’ha icu-ujjy de Lyon,voudrois tu refsébler aux copagnons d’V-
amp; par les voluptez de ce monde changer la nature J *• me en celle d’vn pourceau ou d’vn linge , amp; n’afpi-**lt;-.1 plus àlavertu , ennemie de volupté , qu’vne gre-®**ille : Si. auoir plus de foin de ta charongne,de ton pe-j '*''ien,de ton cheual,ou du pourceau de ta grange,quenbsp;tonameî Somme,vous demandez vosaifcs:vouç vou-*sz vn lefus Chrill triomphant en ce monde,amp; non pasnbsp;uronnéd’efpines : vn Euangile fans perfecution. Ouy,nbsp;^is lefus Chrill eft nay amp; logé en Tellable fort pauure-®*K, enueloppédc bandelettes, en trauail, tenté au de»nbsp;- Oo
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ftrt.en fueur auprès du puys,pour donner ne amp; à tous autres qui croyent en luy.de l’eau vws gt;nbsp;uerfant entre les hommes tout Amplement. n’^Y*“nbsp;maifou ny buron. Et toutesfois Dieu nousnbsp;nous aHuiettiïTant pas necefTairement à toutes cf* jnbsp;fes. Cependant ce que dit fainâ Paul demeure toUnbsp;vray, afauoir qu’il prefche lefusChrift amp;iceluynbsp;tant en fa perfonne,qu’es membres de fon corps quinbsp;de noftre temps,amp; des fiecles paflez.Ce font deux tunbsp;qui vont J’vne quand amp; l’autre ,amp; ne s’abandonnent Snbsp;bien rarement, afauoir lavraye Eglifenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,j
L’Eglife demeure toufiours,quoy que fouuent, du ¦ Ambroife.elle foit eclypfee, ne laillàntpas ail niiiitnbsp;lanuid tençbreufe de receuoir les rayons de fonlnbsp;lefus Chrift, lefqueis les homes n’aperçoyuent p3Snbsp;jours des yeux de leur teftc , comme eftans maintenbsp;cachez par l’twnbrage de la terre maligne, couuran jnbsp;face,amp; empefchantle luftre de làbeaute,procédantnbsp;ceffe du doux regard de fon elpoux lefus Chrift.Lespnbsp;fecuteurs qui font dcfcendus de Cain en ligne dt®nbsp;s'en vont comme leur pere. Etneantmoinsleurnbsp;bourgeonne, amp; leur race fe multiplie, laquelle eftatt®.^nbsp;jours femblable à foy mefme, doitaduertirl’Eglift“nbsp;tenir fur fes gardes,de peur que par quelque furpnlenbsp;n’emporte la vifioire fur leseleus. Maisilfaudroit O’nbsp;n’acoulper feulement laperuerfité des mahns)cerchenbsp;caufe amp; l’origine des maux defquels les hommes l^P.^.j,nbsp;gnent tant,là où elle eft aufsi.Noftre n,ature,dit quelnn^nbsp;des anciens, eft le toufeau deschenilles, c’eftà dire,tnbsp;elle qui enfemence læterrede tant de perfecutions,^nbsp;tres fortesdemaux.Le Jiableeft celuy qui commenbsp;plein de venin, amp; n’avant point fait d'accord aueclanbsp;mencede la femme(afauoir lefusChrift amp;fes memPtnbsp;ne cefle d’efpandre venin amp; feditions, meurtres gt;manbsp;cres, amp; rages defefperees, cruelles guerres fur la tenbsp;pour précipiter les eleus en mefme ruine que luynbsp;lorsque nous penferons que la paix eft la mieux ailenbsp;amp; appuyee du monde. Et qui plus eft,la foudre des?®^^^nbsp;curions tombera ftir les plus grandes maifons amp; mi^nbsp;fignalees, amp; aux plus grandes villes. Diocletian 1
-ocr page 607-L’ESTAT DE FRANCE. 579 P^î’uydes Roys de ce temps plus'volôciers que Conftan-tin ou Charles le grand) conunençoit quali touliours lesnbsp;P^ffecutions fur les plus grands de l'on Empire.L'hiftoirenbsp;'¦•'Angleterre nous fait voir ( tant font conformes entrenbsp;*uxles perfecuteurs de l’Eglife ) que les plus grands ler-Sneurs du Royaume, amp; la Royne mei'me efleuee ii Unbsp;Royauté par l’ordonnance de ce petit lolîas , le Roy E-®ouard,amp; par le confeniement de tous les eftats du pa'\’5,nbsp;Wïntcruellemétexecutez à mornpour l’Euangile.Maisnbsp;Wdirons nous.lr laperfecuttomqui femble de la naturenbsp;ylte meflàgere de l’ire de Dieu.nouseft vn telhioignagenbsp;l’amour qu’il nous porte ? Car il nous chalhc.d’autantnbsp;nous aime : amp; de fait, l’eftat floriffant.auquel Dieu anbsp;de Lyon, afauoir apres vnfibel ordre Eccle-’’Ihque dreflé, ft'ii4ain apres la celebration de it fainftenbsp;vne obeiflance volontaire de chacun il'Euîgile»nbsp;onlhe que ç’a efté.nô pas vn iugement d’vn deftrufteur,nbsp;I‘quot;s d’vn Pere.qui done aux vns vn meilleur heritage quenbsp;¦srrien gt; amp;aux autres vn aduertiflementde fuyure lesnbsp;^'¦¦niers pour auoir la iouiflànce des biens celeftes auecnbsp;par lefus Chrift.D’auanuge.nous deuons môter plusnbsp;de croire que Dieu l'ayant vifitee eneftat deMarty-ItL?P®’nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘“ynbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dereflburce. Car
’in I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n.’eft point la mort ny la fepulture de l’Eglife^
(f ' æfroidcuifantamp;afpre de l’hyuer refehaufant les en-’'tu æ’ eleus, amp; fortifiant les racines non tarées pour P’^” magnifiqueinét en fon renouueau,nbsp;lu?’’¦’ay que la chair amp; le fang ne nous apprendront ia-tr^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;leçon, afauoir que le pain d’affliftion nous en -
nourrit amp;fortifie nos âmes. Que la couppc d'.i ¦ doj^’ne nous foit vn doux amp; falutaire breuuage. Il fautnbsp;Hfç^Pjier Dieuincellàmment.au temps que Dieu monnbsp;'¦ourroucee,devouloir tourner le mal en bicionbsp;ttç ; quot;¦ nousabbatant d’vne maindl nous reloue de l au -Paoj®”nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;contriftant,qu’il nous confole : amp; nous frap-
tç ‘ 'jn’il nous guerifle. Car c’efl luy qui a celle puiflàn-te(jç®'’'nie dit Anne en fon Cantique, i.Sam. a.£. A;» ’Xipoint d’auoirtoufiours vn prim-temp*,nbsp;’ '!¦*¦ engendrent à la longue, vermine, amp;. toirtcnbsp;¦®n en l’air. Soyons bien ailes que l’iiyuervicuuç.
Oo a
-ocr page 608-580 MEMOIRES DE pour efteindre amp; confirmer par fa froidure toute’nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
nuifibles que le beau temps a produites JL’aife amp; ƒ./• fjil engendrent ambition, voluptez,pompes, migo®'''**nbsp;corps, vTiyes pelles amp; venin mortel de l’ame teg®®nbsp;Et ne lailTons pas, quoy qu’il aduienne, d’elire bonnnbsp;deurs deuant Dieu,ellans eftimez amp; prifeznbsp;pour rendre noftre foy amp; noftre efperance plusnbsp;qae5,deuât Dieu amp; les hommes, que le baume d’hgyfnbsp;Afinmefmequ’auiourd’affliélion, dit fainftChrylonbsp;me, nous foyons comme les eftoilles dudiel, reu“ ‘nbsp;vne clarté plus brillante en la nuit! fombre de noftrelt;*nbsp;ftre/rç,qu’auclair midy de nos delices. Ainli foitil.
¦ ¦ ¦ t gt;
B R.X’e yX. et C h R E s T I E N' ne reinonilrance aux François reuolt^^'
ne reinonftrance Par-S. Gi S.
I
* les deüoirs d’fiuinanité font tant recominandeï O lä parole de Dieu,qu’il nous enioint de foulager n»^nbsp;mes le bedail de noftre prochain , amp; le luy ram«®?nbsp;quand il fera efgaré ; ie m’afleurequetoute perfonnc“,nbsp;moyen iugement mefaurabongré.fi ie ten laOiî*®nbsp;ceux qui fe font fôuruoyez ,pour les remettre au cquot;®nbsp;min, amp; fi ie crie âpres eux maintenant pour les efueill^^’nbsp;amp;leur faire voirtfc fentir l’ordure en laquelle ils s’e®nbsp;fondrenrde plus en plus. Q]æ fi quelqu’vn defnature'-^nbsp;ennemy de la gloire deDieuefl marry demon entt^.nbsp;prifc, ieme contente d’auôir Dieu pour garand, de*}quot;,nbsp;i'efpcre eftre approuué. Et quant avons , François, Ÿ*'nbsp;c'f deuant auez embraffé la vrave Rèligiôn , puis l’au^^nbsp;delaiflee pour adherer àl’Antechrift,ievousprie au n®!”nbsp;de Dieu de prendre autant de loifirde lire ce brief eftf*'lnbsp;comme bien à k hafte , amp; fans penfer de pres à vous,'nbsp;vous.cft auenu de quitter le chemin de vérité. Or auaquot;nbsp;quevous monftrcr ledangeroù vous elles,ie fuis co®'nbsp;tent d’en|endreles telles quelles raifons qui vous ont p®®nbsp;efmouuoirà quitter lefus Chrift.pour faire homw’ênbsp;à fon ennemy amp; au noftre: afin de receuoirce qui 1®'nbsp;yeccuable, Sc condamner aufsi ce que ne voudrez aquot;®“nbsp;ncinC'
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’æoientfoùllenir, quand vous y aurez penfédepres. Et pour mieux déduire amp; comprendre le tout, conlideronsnbsp;äuecvos excufes les circonftances qui en peuuent depcn-icomme de temps, lieux, petfonnes, amp; autres fern*
blables,
•¦tt au danger amp; fe perdre parmÿ,â'n’y,a«tluy de vous quot;lui l’approuue en l'on cœur. Car fe.ioindre à l’Ante-
amp; quitter la vraye Eglife, c’éft vn forfait fi euidenr, nulle confcience ny eloquence humaine ne l’oferoitnbsp;'’yvoudroit excufer. Beaucoup moins quelqu’vn d’en-vous fe voudroit il ingerer de maintenir vne caufenbsp;tant ruineufe. Cependant,voila la pierre de voftre a-'¦'oppeinent. Mais voyez, ie vous prie, où l'ennemy denbsp;foftre falut tafche de vous guider. S'il gaignc Ce poinét,nbsp;de vous faire trouuer bonne telle excufe,eftce pointnbsp;pour boucher puis apres vos oreilles à toutes falnûes re-’’’oaftrances ? Mais quelle elloit celle perfecution, quenbsp;pour icelle vous deulsiez vous accommoder au monde?
, æ a ellé foudaine, violente, ellrange, amp; telle qu’on tten faiirnir r riAnr A .rr,n,T(,r vn,» oiirrn rnmKlnKl,*.
de toute raifon .Faites comparaifon de vollre re-‘t® auec tous les tourmens qu’ont enduré les fideles J.'*®ucment mallacrezen celle perfecütion :amp;ie m’af-j'’p®'luevous n’oferez imaginervoftreconditioneftrenbsp;oiorte quelconque fi douce,que celle de vos compa-ÇOons morts au Seigneur. Comparerez vous le troublenbsp;J ® Confcience au repos d’icelle, l’idolâtrie à la Vraye Re-?Sgt;on, lediable àlefus Chrilt, l’enfer à Paradis, la monnbsp;ivie; Eli ce fagement fait,de fc prccfjnter au feu,nbsp;r»ur fuir la fùmee ou la flamme? Q-ucl propos v a il d’a-
Oo 3
-ocr page 610-lt;3^ MEMOIRES DE
no i r pliiftoft regardé la terre que le cielj'idole que la vie bien heureufe. Il n’eft pas befoin d’amaflci' i lnbsp;les tclmoienages de la parole de Dieu, ny les exefflP'nbsp;de tantdcndelesferuiteurs fiés,amp;cesnueesdetefao*nbsp;qui nous ontprecedezxarcene fcroitquepour aggwquot; nbsp;d’autant plus voftrecondamnatxon:qui n’eÛ que tropnbsp;niiée parle remords devoseonfciêcesfimiferableme^nbsp;bb 'lîees.Ce fera alTez pour le prefent.lîvous nous efclat^'nbsp;citiez vn peu comment roi» anez entendu euiter le coupnbsp;de la perfecution, Ä que fignifie s’accommoder auec 1nbsp;monde. Laplurpartde vous pouuoic fuyr:amp;quelques 'Unbsp;aiifsi .luoyent fauuécorpsamp; amezmais d’autantque*^nbsp;nioindre (afauoirlarichelFeou la famille) eftoitdeineunbsp;ré derrière : pour garder cela, ils font .hélas, retournenbsp;engager corpsamp;amel l’Anteclirift. Quelle foreurelenbsp;ce cy, de perdre le bras pour la manche, le corpsnbsp;les biens, amp; l’ame pour le corps ? Qiunt à vous quinbsp;liiez- alFez de confiance pour demeurer, fi vous eft^nbsp;tombez quand l’orage eft paruenu à vous, à qui en do*nbsp;ou imputer la faute qu’à vous mefmesî Sivousdeine**'nbsp;rez encores en la fange, qui vous y retient finon l’anW’“,nbsp;de vollre chair ? Mais quelles commoditez a le mond^_nbsp;l’ayfauué, direz vous , ma vie,celle de ma femmenbsp;mes enfans, mes biens, honneurs amp;plaifirs. Tuy eu^nbsp;vue mort ignominieufe, ou pour le moins vn banoifit^nbsp;ment bien long, ladifette, les maladies ,amp; quelque li^'nbsp;gucur bien longue. Eft-ce fauuer fa vie de croupir eiu *'nbsp;doiatrie, en trouble de confcience, en l’ire amp; fureurdnbsp;Dicu.= .Sauuez vous vos femmes amp; enfans en les condutnbsp;fan taux enfers ? Elles vous riches en perdant la vie éternelle’ Y a il honneur ou plaifirdeferuir au fiable? Mourir. pour vérité de Dieu ell-ce ignominie? eftre banu;nbsp;pour querelle fi fainde eft-ce point vn tefmoignagedcnbsp;lingtilierefaueurde Dieu enuers les fiens ? Eft-ce pui”nbsp;le plus grand bien qui nous fauroit aduenir qu’emnbsp;bien loin du diable amp; de fes fuppofts? Les mefehans nou^nbsp;bannilFent, amp; nous les banniflbns aufsi, car nous ne vou^nbsp;Ions accointance quelconqueauec eux,nyne les vounbsp;drioiis iamai#voir,fi faire fe pouuoit. Manger P*“’Zgnbsp;paix amp; en inuoqnant Dicugt; eft-cc vne cliofc (à ''’l
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^gt;s)qu’ayent defdaigné les Patriarches,Prophètes,Apo-
gt; Si le chef de cous les enfans de Dieu? Elire maladenbsp;quot;languir corporellement ellvn accidét bien doux,qu3dnbsp;’’’’Us lommes alTearez que lefus Chrift ne nous renoncenbsp;^apointdeuancDieufonpere. S’il y a quelqu’vn d'en-’fe Vous,qui n’entéde point cecy, tât pis pour luy, car fonnbsp;^gement lera d'autant plus rigouleuique la patience denbsp;¦“ieu aura différé à l’efueiller.
Quanta ceux qui fe fonttrcuuez parmy les coups, s'en faut qu e ie les exciife, qn’au contraire ils fe fontnbsp;®on auis) oubliez au double: car puis que Dieu les ap-P’ioit à luy rendre tefmoignagedeuant les hommes , ilnbsp;^faloit faire conftamment comme les autres qui fontnbsp;®gt;en.heureuï.Ou fi Ion n’auoitalTez de force, la deman-Seigneur, qui l’euft donijee à tous ceux qui la luynbsp;®“flent demandée en foy.Si par infirmité on cftoit tom-quand la porte a ellé aucunenement ouuerte, alorsnbsp;æu crioit qu’on fortift de Babylonne.
. L’obieftion commune ferneren auantmaintenant,a-^'‘oir l’infirmité de noftre chair , amp; c'eft mcrueilles de ®itre eloquence en cell endroit. En profperité nous nenbsp;r^nfons en forte quelconque à ce point, pour faire prouinbsp;'pilde confiance deforce de l’efprit du Seigneur pour lenbsp;?Ser auenir.Mais d’où vient celle infirm ité’qui lanour-tientretientamp; chérit en nous ,finon nous mefmes? Au-quot;tdefois donc que nous alléguerons cela pournousnbsp;ƒ Uurir, autant de fois lignerons nous noftre condam-^¦^tion deuant Dieu. Or pour s’entretenir d’auantage ennbsp;d’infirmité ou plultoft malice de la chair, on metnbsp;Jouant la volonté des perfecuteurs, les edits des Sei-aufquels il faut obéir amp; eftre fuiets nonfeulemcc
7 l’ire ,mais aufsipourlaconfcicnce.Lesconfeils des
gt; l’importunité des parens, les larmes des femmesnbsp;®oamp;ns ne font oubliées, Si cuide la plufpart fous ce
(comme Ion dit,) de la poudre aux du Seigilçiir, afin qu’il diffimule amp; face fem-. ®tdc ne voir Ÿn telforfait. Mais ce n’ell pas guérir lanbsp;J *y®gt;âins l’empireripuis que tous les empefehemens quenbsp;e fl quot; fowe au deuant, nous doyuent dautantplusnbsp;“’niaier à nous acquitter en tout amp; par tout de noftrenbsp;Oo 4
-ocr page 612-584 MEMOIRES DE
deuoir. Il eft bien vray que celuy qui fe fera reuolté fans auoir cels obiets eft beaucoup plus coulpabJe. Mais pen*nbsp;foils nous que Dieu mette noftre foy à l’efpreuue fansnbsp;caiifeî QMiidilnous fait ceft honneur de nous mettrenbsp;' bien aiiaiic au combat, cftceafin de reculerriousprétexté que beaucoup d’ennemis nous enuironnentîplu*nbsp;ftoft faut il combatte plus courageufement, puis quenbsp;fa vertu accompagne d’vne façon finguliere ceux quinbsp;en ont le plus de befoin . La vertu de noftre foy, la fermeté de noftre efperance, la dureté inuincible de noftrenbsp;patience , l’ardeur de noftre zele à la gloire de noftrenbsp;Dieu,doit luire fpecialement lors queîatanfartfesefforts d’anéantir tout cela en nous:amp; douons eu ceft endroit reflembler le feu qui monftre beaucoup plus f»nbsp;vigueur quand il eft aflailly du froid fon contraire. Lesnbsp;combats des feruiteurs de Dieu onr efté grands felonnbsp;lamefurc des graces qu’ils auoyent receues. Les exemples d’Abraham, MoYfe,Dauid, fainét Paul amp; desnbsp;autres nqu^ en font preuue certaine. Et cen’eft pointnbsp;fans caufe que nous fommes fi foigneufement exhor-luc. ij 15 tez de fqire profiter les talens receus, d’eftre eommfnbsp;ï’hil.i.if lumierej au milieu de la nation peruerlé , combatte lenbsp;i.Tim.s. bon cpmhat de la foy, amp; demeurer fermes, en icelletnbsp;amp;qu’aufsi la menace eft adiouftee, que celuy qui a perilnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cç qu’il cuide auoir, s’il ne le fait valoir foigueufe-
ment. Toutesfois voyons fi vos prétextes doyuenteftre du tout reiettez. La volonté des perfecuteurs s’eftendnbsp;hicrucilleufcment loin , mais ie n’ay iamais leu que tousnbsp;les hommes du monde, voire tousles diables aycr.tnbsp;puiflancefur n,oftre volonté :amp;s’ilauient que nous foy*nbsp;ons contrains de faire quelque chofe,ilya tellementnbsp;de la contrainte que la volonté n’en doit eftre feparee.nbsp;Le marchant iettera la marchandife dans la mer pournbsp;cuiter le naufrage. Il y eft contraint pour fauuef la vie.nbsp;mais le feroit il s’il ne le vouloir ? Il y a contrainte quandnbsp;nous fommes tellement forcez que noftre volonté nenbsp;fe peut mouftrer eu forte quelconque, comme fi onnbsp;vous auoit fermé la bouche :que fçpt ouhuitbour/eanlnbsp;vous euffent traînez aux temples des idoics,qu’eftaus lanbsp;Üs vous eniTent (nonobftarit voftrercfiftaace,J mdemene--------- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;“nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;attgt;
-ocr page 613-Vest AT de frange. lt;8« «ttâcKf., -nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, Z,
St Ou ” nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’ æ æ’ mains jointes vers les idoles«
toute forcc.Encores ne vouscôtrain (J point à parler(en vous dounantla liberté denbsp;^*^*^*’nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de voftre volonté. Mais ceU.
Pis auenu. Qu_elqucs vns d’entre vous onteftérude--fent ' fynagogues de l’?inteclirift,mais s’ils euf tie ^***'**^^bouche pour del'piter telleieripieté à bÔ efnbsp;q^.¦ƒ vÇomine Dieu les appeloit à ce faire) il eft certain
* *' y fuflent pas entrez . Peut eftre a-on dit quelque . psflànt pour contenter aucunenict la confcience»nbsp;Pe iudedans : mais cela a plulloft encouragé lesnbsp;ecuteurs de pafler outre, que de lailTer aller libresnbsp;qu’ils voyoyent aller aflez volontairemct auec eux.nbsp;quelle authorité de commander ont eu les perfenbsp;J eurs? la piufpart font canailles,amp; brigans n’ayans riennbsp;df 5°ææ^oder. Q^ant aux autres qui fous pretextenbsp;difent officiers, ontcommandéqu’onnbsp;j/“il’idolâtrie, ils les faloit rembarrer du mefme ar-r dont ils faifoyent femblant d’vfcrufauoir que cenbsp;ynieiines au nom duquel ils comm3ndoyentainfi,pernbsp;'uut le contraire par edit foleunelamp;irreuoca-^'Mais ils adioulloyeut(direz vous)la violence au com.nbsp;Rudement. Cela eft vrayxependapt il ne fenfuit pointnbsp;fe ^eurviolence Si tyrannie Dieu ait deu eftre of-au xfupericurs, il leur faut obéir voircmentnbsp;' Jqut la confcience mefmes,c’cft à dire en ayant efgard.
'eu qui ig commande,fans s’arrefter s’ils font bons ou ’Uuaisicat la principauté eft deDreu.Mais vous ne prounbsp;jamais ni par la parole de Dieu, ny par vn feul au-’Prouué de gensdebon jugement, qu’il faille obéirnbsp;fç *‘fince,à vn Roy,à vn Empereur,s’il commande cho-'®ittftes Si mefehantes , foit contre la premiere, foitnbsp;(jf la fécondé Table. Qui eft celuy de vous qui vou*nbsp;®gt;t obéir au plus grand Roy de toute la terre, s’il comgt;nbsp;¦^doit de commettre vn adultere ou porter vn faux tefnbsp;“¦gnage ?amp; quand il faudra que vous foyez idolâtres,nbsp;“’mos d’horreur d’olfenfer Dieuquevoftte
• Soyons donclùiets aux Roys amp; «’nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iufqu’à l’autel'comme dit le prouerbe,
afauQir, çncanc que le$ çotvinandcmcus de Dieji
-ocr page 614-586 M E M O I R E S D E n’y font pas violez.S’ils veulent paffer outre*
Afl.ftt?quot; jiaijce que lotsilfauc pluftoft obéir à Dieu j jjc mes. Les confeils font bons quand ils tendent à Ug‘°nbsp;de Dieu .Nous n’auons pointd’amis que ceuxnbsp;entretiennent au chemin de faluc. Nos vrays
Mat IX tens font ceux qui font auec nous la volonté de noltr r ' recelefte,amp;qui nous preunentparlamainpourniODnbsp;en la montagne du Seigneur amp;cnlamaifonnbsp;lacob.Si vos parens felon la chair ont vne droite cogonbsp;fancede Dieu, ils auront en horreur voftre apoftaW-toute perfonne qui aura tantfoit peu d’entendement,nbsp;teftera toufiours à part vortre beftife amp;legereté:amp;snbsp;font fuperftitieux ouatheiftesivous deuezentierem®nbsp;reietter leur confeil en matière de religion. Lesnbsp;amp; enfans nous attouchêt de pres , mais la gloirenbsp;nous doit eftre plus chere amp; precieufe que toutes les t®nbsp;mes amp; enfans du monde,voire que noftre propre vi®' unbsp;Vous auez pres de vous de mauuais confeillers,amp; “®j^nbsp;uerles fortes. Les vns (ont moqueurs amp; contempteursnbsp;Dieu tout ouuertement.Les autres font certainsnbsp;neurs amp; faux nicodemites.Les troifiefmcs font les id® .nbsp;tres obftinez en leur fuperftition.Les premiers fe r*®”,';nbsp;gorge defployee de vos miferes,amp; en parlant à vouSiUnbsp;honte de vous exhortera leur reffembler. Quant auxnbsp;condsjilsdeftournentbeaucoup de paflages amp;exefflP^^nbsp;prins de la parole de Dieu, pour vous endormir,nbsp;chent d’accorder lavraye Religion auec la fauffe,!®.^^nbsp;en tout,pour le moins en quelque pirtie:vo’ font act®,nbsp;qu’il fuffit qu’ayez vne telle quelle bonne affeétion*'nbsp;uant Dieu,amp; que quant à l’exterieur.il fe faut accom®^nbsp;der au temps,Les derniers vous folicitent amp; regardentnbsp;que vous faitespour feconfermer en leur perditio*’gt;*(|,rfnbsp;vous y vovent marcher les premiers. Et quand vousnbsp;courez affez vifte à leur appecit,ilsvous eftiment maunbsp;de Dieu.-iugent par voftre Froide affeâion que la R®nbsp;dont faifîez auparauant profefsion eftoit vnenbsp;d’hypocrifie amp; d’atheifme. Ladeffus.vous vous 1®nbsp;gouuerner par tels confeillers , amp; en preilantnbsp;tous trois, tombez peu à peu au fond de tout mal h® 'nbsp;au péché contre le faind Elprit. Mais pour
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^’ESTAT de FRANCE. 5S7
confeiliers,mettez la mainàvoftreconfcié-
a * vanité de telles gens.Qwntà la vraye Re-H^r ** ¦ ”' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;faifiez profefs ion auât les mailacres dei
'*e c*' f' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n’y a celuy de vous q ne l’approu
q** 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;veux difputer enl'or-
lüo' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vous,ioint que vous pouuez Si deuez
liures pour vous en refoudre bié amplc-y a quelque fcrupuleux entre vous, qui cuidanc f^L ® “ge,forge des doutes amp; queftions en fa telle, pournbsp;^oy-niefme le premier,amp; lés autres puis apres»nbsp;} Attende bien toft le payement entier de fa legereté:
Co n’ay entreprins ni n’entrepredray iamaisde ^j)''tecer les fouis amp; curieux, i’efery à ceux qui ont encornbsp;Pfiude confcience Si de crainte de Dieu.
Pe a nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;m’eftendre trop auant, ie refpondray en
^'•de paroles à vne autre difficulté qui vous tourmente, ^^and vous côfiderez la longuepatiéce de Dieu,quilail*nbsp;Lnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;les liens en mille dangers, permet qu'ils
fatellitesjle^ls j’ufe triôpher,voire cracher impunément cotre le ciel»nbsp;i^ûtinent celle mauuaife péfeeviét audeuant, qu’il vautnbsp;hurler auec les loups qu’ellre ainfi tourmétédt ef-®fchéâuec les brebis.Touchât la patiéce deDieu,en l'af-‘‘^ion des fiésiil n’y a article de doftrine plus foigneufe-^'nt déduit en l’efcriture fainde. La vie des fideles lenbsp;^^te manifeftement. Les affliftions font fi neceflairesnbsp;^oieilleuri, que fans cela nous nous ruinons auec lenbsp;^Onde;amp; quand Dieu befongne tellemêtqu’ilnous veutnbsp;tell hôneurque de foutfrir pour fon nom,nousauôsnbsp;“^Me occafion de nos en efiouir, corne fes autres fer-j-'^^Urs ont fait. Or vous verrez tantoftli les afUidionfnbsp;?*’ttant terribles que vous les imaginez. Quât aux mef-jf^us.ie vous prie auoirfouucnanccdecequi eft dit a»nbsp;•Suj.yj.qu'ilsfont en lieu dâgereux amp; gliuant.
ba mefchanceté (dit quelqu’vn efclairé de la feule lu* ^fte de Dxture)engédre elle mefme ie ne fayquelle drfnbsp;r‘ailaceamp;punitiô,nô point apres q le délit eft eômisrJnai«nbsp;( l'inllât melriies qu’elle le cômet, côméce i foufirirl*nbsp;f'iue de fe maleficç.amp; Ti’y â mefthât qr i ^iiîd ilnbsp;nbsp;nbsp;d Jlî*
!
-ocr page 616-^88 MEMOIRES DE tiir d’autres malfaiteurs, és.perfonnes d'iceux nenbsp;croixmiais encor-, lamefchanccté d'elle mclinenbsp;des tourmens contre elle mefme, citât m eriieiUeufe f“'nbsp;iiriere d’vnevie miferable, qui auecliôte amp;. vergongnjnbsp;de grandes frayeurs, de terribles troubles en l’efprit’^*nbsp;regrets amp; inquietudes continuelles. Quand donc vousnbsp;ftes esblouisde la profperitédesperfecuteurs,amp;vousW*nbsp;fez aller iufqnes là, que de defirer leur amitié: vous re*'nbsp;femblezles pctis cnfans,qui voyàs desbeliftresbiéa^*^'nbsp;lirez iouans quelque tragedie fur vn efchafaut, les ont eonbsp;eftime amp; grade reputatioihvoire les iugent bié-heureuXinbsp;dcfirans leur reflembler : cependant le ieu cefle, amp;nbsp;ioueiirs defpouillent leurs beaux habits,pour deuenir bequot;nbsp;lillres amp; périr pourement: auisi pluiîeursmefchans tiennent les'grands lieux d’autfaorité, les grandes dignitez,nbsp;font extraits de grades maifons amp; races illuitres. ce fontnbsp;leurs paremen/; amp; necognoit-on pas leur malheur, tantnbsp;que le ieu dure, amp; iufqu’à tât qu’on les voye extermine^’nbsp;ce que Ion ne deuroitpaslors appeler puniriô fimplem^'’nbsp;mais aclieuementamp;accompliflemétde punition; car lesnbsp;mefehans qui efehapent le coup viiîble de la punitioniuenbsp;lailTcntpaspourtantde receuoirlepayemétde leurniel'nbsp;chanceté, non feulemét en fin apres que Dieu aura beaucoup attendu, mais deflors qu’ils font le mal iufqu’à vnnbsp;bien long temps apresiafauoirlafin deleurvie:amp;nefontnbsp;pas feulement punis finalement apres qu’ils fout en-uieillis ,ains au contraire ils enuieilliflenteftans punis amp;nbsp;bourrellcz toute leur vie. Si le téps de la patiéce de Dieunbsp;vousfembic long, amp; que ne voyez toutouuertement lenbsp;coup qu’il defcliarge fur les mefebâs ,foiiuenez-vousqnenbsp;toute duree humaine quelque longue qu’elle foit,eft vnnbsp;ricn,aii regard de Dieu,amp; autant que l'inftant de maintenant; amp; que les coups qu’il donne en feeree, fontfans co-paraifonplus horribles,que ceuxqu’ilfaitfentirtout ou-uertement:tefmoins les diables amp; les confciences des re-prouuez,rongees du ver qui ne meurt point. Cependantnbsp;le iufte endure, direz-vous, amp; le mefehant eft à ion aile,nbsp;l’ày défia refpondu, que tout ce qui reluit n’eft pas or, ».nbsp;que c’eft mal conclud, le ne voy point les mefehans cha-ÀieZjils ne le font donc pas; car Dieu a mille moylt; ns kquot;
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Mets de fouetter fes ennemis. Qii'eft-il beloin qu’il nous les manifefte? car nous en ferions eifroyez, comme d’vunbsp;abyfmeeftrangementprofond,qu’vnperefige ne veutnbsp;pas monftrerà fon enfant. Si vn mefcliant eftpuny de fonnbsp;forfait trente ans apres qu’il l'a commis, c’eft aur.it comme s’il eftoit gehcnné ou pendu fur les veipres, amp; nô pasnbsp;des le matin.Mais 11 eft en liberté, direz-vous . Iele nie.nbsp;earoutre ceque fa confcience le tientdepres amp; le tourmente fans cefïê, ou le refueille par interualles*bien rudement,il eft detenu amp;; enfermé en celle vieamp; enl.i nenne comme en vneprifon ,dontil n’a moyen de fortir ninbsp;de s’enfuir. Toutesfoislesmefclians font des feftins,s’ef-lgt;atentà plufieurs ieux,rientilt;fgt;,audiirentà tous propos.nbsp;Aiifsi font bien les criminels, qui louent au.Kdez ou à Lanbsp;paume,amp; font des officiers entre eux, tandis que le iugenbsp;fait leur proces à minute la fentence de leur mort igno-’’ainieufe. Dirons nous que les criminels qui font dete-misanx fersamp;auxcachots d’vne prifomne fontpointpu-’’is iufqu’à tant qu’on les pende? Si vn brigand fonge qu’ilnbsp;grand feigneur,qu’il fait grand chere,amp; eft bien à fonnbsp;’•fo, s’enfuit-il pourtant qu’il (oit ainfi ? Q_u’eft-ce que de i.Cor.7.nbsp;lt;:efte vie, linon vne figure, vn fonge, vne vapeur? Si les 5*’nbsp;®filchaiis vfongent, amp; cheminent en image,endeuons- *nbsp;®ous eftrefitroublez,qiie nous leur voulions reffiembler? /jqugj,nbsp;Lsiufte eft iocômodé,cc vous fembic ; mais nulne fouf-¦’'equeceluyquireftime ainfi. En endurant nous vain- pfcan.jj.nbsp;^iaôs,amp; toutes les foulfrâces de Cefte vie, ne font de poids 7.nbsp;jlUelconque, au pris des biens préparez en la vie éternel- I-“': ai-ij.nbsp;ƒ • Il n’y a donc point (à proprement parler) de patience ' *nbsp;“SDieu,de bien ni de repos pour les mefenans: amp; vous -4-aa»nbsp;’ous trompez grandement, de ne vouloir èftimer ny ap-Mer punition, finon le dernier point amp; article d'icelle,nbsp;'’’(fans en arriéré les pafsions, les frayeurs , les attentesnbsp;la peine, les regrets amp; repentances dont chafque mef-'dant eft trauaillé en fa confcience: qui feroit tout autantnbsp;^definous dilîons quelepoiflbn encore qu’il aitauallénbsp;‘'ameçon,n’eft pointpris,iniques à ce que nous le voyôsnbsp;roupé par pieces amp; rofti par les cuifiniers. Car tout mef-'dantqui commet vn malfait, eftaufsitoftprifonnierdenbsp;mfiice de Dieu , comme il l’a «ommis, S( qu’il a auallé
-ocr page 618-590 memoires de l’hameçS de Ia douceur amp; du plaifir qu’il a prisnbsp;le remords de la confcicuce luy en demeurantnbsp;mé.qui le tire amp; gebennedufqu’à tant que le cflnbsp;zecution finale foit donné, amp; au’il foit du tout plObnbsp;perdition. Pour conclufion,ie di (s’il eft loifible de Fnbsp;ainfi)que les perfecuteurs amp; brigads, qui depuisnbsp;tépsontrauagé a. leurplaifir, n'ont bel’oinnide-^'^^^lgnbsp;d’hommeaucunquiles punilTe, parce que leufvienbsp;fuffit allez, eftant corrompue amp; trauaillee de toutvinbsp;raefchanceté.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n Je voU’
le vien maintenant a vn autre poinO:, qui w monftrer le danger où vous eftes, afin quenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j pjcU
pres àvous. Sic’eftoitd’auiourdhuyquel’EglilP U» fiift perfecutee,amp; les fideles affligez iufqu’aunbsp;roitquelque excufe,ce femble, de vous eftre ainii “ ,nbsp;lezimais puis que des le commencement d’icelle '“y ,jnbsp;ce iour , telle à efté fa condition, que par le cheniiu dnbsp;croix Dieu ait retiré fes enfans à foy.voui eftes mnbsp;ueilleufementabufez, de cuider trouuer vn autre «spv^nbsp;dient,pour paruenir à la vie bienheureufe. Et quand runbsp;fuyez ü fort vne telle condition, vous condamnez ouunbsp;tement le Seigneur, comme s’il n’auoit pas efté bien snbsp;uifé en l’ordonnance des diuers accidens de la vie “nbsp;fiens. Il aura monftré en ï’oeuure de la creation ,amp; unnbsp;conferuation de fes creatures, iniques à huy.vne fapienunbsp;admirable : cependant il fera (à voftre iugement) penbsp;aduifé au gouuernemët de fa maifon.Sivous ofteznbsp;lt;à fageire,quelle opinion pouuez-vous eonceuoirdelnVnbsp;ni en quelle côfcience l’inuoquercz-vous s'il eft defpou’*'nbsp;lé de la principale partie de fa-gUiire’Il y a long tépsqu^nbsp;les feruiteurs de Dieu ont trauaill^arracher du cnamPnbsp;du Seigneur ,cefte mefchanre graine dont vous vous rÇ*nbsp;paillez, alauoir l’amour de celte vie corruptible amp; la toi'nbsp;le opinion d’vn royaume charnel de lefus Chrift. Neƒgt;£nbsp;condamnez point, lî ie les enfuy.ains foyez marris cotrenbsp;vous-mefmes decefte peruerfité d’entendemét.quivoi^nbsp;fait cercher la vie en la mort, amp; le ciel en la terre. Magt;’nbsp;conlîderons de plus pres la grandeur de celle faute leu^nbsp;n’eft point commune nivfitee, corne nousfommestonbsp;enclins à beaucoup de vanitez, menfonges, amp; malheur^
-ocr page 619-L’ESTAT DE FRANCE. 591 pout lefquels il faut bien que nous gemifsions fans ceflcnbsp;“tuantDieu.Ce n'eft point vnpeché auquclles hommesnbsp;’yent accouftnmé de tomber, auisi toit fans y penfer»nbsp;9u’autreinent: mais vous auez quitté la parole de Dieu,nbsp;“tlaiffélavraye Eglife,abâdonné voftre mere,oublié volontairement le chemin de iàlut,mis fous les pieds lenbsp;^ouuenir de la vie eternelle, renoncé lefus Chrift amp; lenbsp;oenefice de fa mort amp; obeiflance parfaite rendue à Dieunbsp;*on pere pour vous;dauantage,vous continuez en ce ma'-“tur , pisnbsp;nbsp;nbsp;„on contens de tout cela, vous auez a-
'loué amp;reconu deviue voixpar efcrit ligné de voftre main pour véritables,fainiftes amp; neceflaires a falut,les tradicii snbsp;'^uamnables inuentions de l’Antechrift. vous elles veau-au giro Je la putain de Babylone,fuccez Si auallezlenbsp;’tninde fa couppe abominable,courez en la voye de pt tnbsp;’iion:vous vous efgayez en fuperftitions.amp;tafchez d’im-Piimer en voftre entendemét quelque opinio que les te-quot;tbres d’idolâtrie font lumière de vérité. Et pour le cc-JtiVous contriftez le S.Efprit,fcaiidalizez vos frétés,irrita le Seigneur,amp; preftez le col à Satan, qui triomphe denbsp;fOusàl'on plaifir. S’il faloit maintenant efplucher toutesnbsp;ts fautes parle menu, vous entrouueriez des autres quinbsp;p’ dépendent en aufsi grand nombre pour le moins.nbsp;5 te qui augméte le mal eft la qualité de vosperfonnes.nbsp;.’’0 mercenaire offenfe celuy qui le met en befongne,nbsp;'Orfait eftgrandrmais quad l’enfant ofFence,irrite,def-renonce fon pere, quel fupplice fauroit-on inuen-aflezextreme pour vne telle delloyauté,fur toutquadnbsp;çjîtte bénin amp; doux au pcfsible , aura par vne longuenbsp;tg^'t de temps, par vne infinité de biens-faits tafehé denbsp;Pytladuretéde fon fils, mefmes l’aura prié de paixnbsp;lie quot;^’’l^ltappoinreiTientf Dieu vous auoitauouez pournbsp;Cci J ot vous ramenteuray les biens que vous auez re-fiu* L l*iydl''ous en doit biéfouueninluy aufsiles vousnbsp;ttb * - ” mmenteuoir en téps amp; lieu.Q^’auez-vous faitnbsp;.Ptndâtîquelle occafion vous a-ildonne de ledefpiternbsp;1, ? ' tn facc,luy cracher au vifage,quitter fa maifon,amp;rcnbsp;tiVnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;précieux qui eftoit irïuoqué fur vous? Mais
‘tz-vousenfans deDieu de voftre nature’qui l’aefmeu 'quot;»is adopter ? d’où i lét qu'il vous doue encor quelque
-ocr page 620-^9Z MEMOIRES DE loifir depenfcr à vous ? Voftre ingratitude efl-eU^ P ^jjgnbsp;du tout inexcufablc ? Sapatience amp;. bonté vousnbsp;pas rompre le cœurpour quitter le mauuaisnbsp;retourner à voftrepere,pour dire aueclarmetgt;nio'’ jjnbsp;tue t f. 18. i’ay péché contre le ciel amp; deuant toy : amp; i l’exenip^®^^),nbsp;ce prodigue,fentir vos iniferes amp; l’ordure des
amp; diables,parmi lefquels vous eftes,pour courir vilW chezccluy qui eft preft à cacher voftre nudité,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i^'
ftice de fon Fils, vous repaiftre du pain de fa parole,» ner occafion à fes Anges amp; .à tous fes autresnbsp;quifontau cielamp; enla terre, des’eliouirôc chanter Pquot;nbsp;voftre conueriïon?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
Tant s’en faut aufsi que la procedure tenue en tant cefte faute horrible, Si les autres circonftaneer Hnbsp;en depédent,vous exeufent, qu’au contraire, ce vousnbsp;eftrc nouuelle occafion de lamenter. AuantlaÊWte^^^jnbsp;nue,queile prouifion de foy, patience amp;zele .,c,nbsp;pourl’aduenir? Plufieursd’entre-vous auoyentafleïnbsp;uangile en la bouche,mais le coeur eftoit au roonde.'»‘nbsp;la ne fc monftroit que trop es contenances,h3binct’'5nbsp;banquets,conuerfations, pratiques, amp; trafiques. Ilnbsp;pas infîfter beaucoup enlapreuue deceft article-ftre reuolte fi foudaine le manifefte.La plus part denbsp;n’ont pas attendu qu’on leur ait demandé s’ilsnbsp;perièuerer ounoibainscomrtiefoldatsdecoeurfaily’i-^f,nbsp;jette les armes bas, ou pluftoftfe fentaiis du tout denbsp;mezont quitté l’enfeigne de Icfus Chrift,du pf^.j'jf-coup:amp;qui pis eft,au lieu de gémir en quelque coin^nbsp;,cart,fefontiettez entre les pattes de Satan,penfansnbsp;uer falut en leur perdition. Les autres vn peu plusnbsp;geux ont fait mine de combatte pour quelque téps;nbsp;la fureur de l’aduerfaire a efté plus puillànteenleufnbsp;droit,quelavoixdu Seigneur. Quand l’afriiftionS*^^,fnbsp;uenue,au lieu de s'humilier deuant Dieu .qui rpjr'nbsp;inuoqué au temps de necefsité fpecialement, la P. arU'nbsp;fe font arreftez à lacôfideration delà malice des inbsp;mens dont Dieu s’eft ferui pour nous affliger, amp;nbsp;gardé le bafton non pas la main qui frappoit. Lesnbsp;ont efté affezfoigneux de ferrer leurs hardes ^P^^jef-ù leurs corps,eftinians auoir beaucoup gaigné,fi
-ocr page 621-L’ESTAT DE FRANCE. 595 Pens de leur ame, ils pouuoyent acquérir lia bonne gra-^e de Satan amp; de l’Antecfcrift fon fils . Quelques vusnbsp;ont gémi amp; pleuré quelque peu, mais ledueila eftétan-eoft pafTé, quand le diable leur a promis monts amp; mer-ueilles,amp;s’eft fait adorerpar eux . Q^utàce qui s’eftnbsp;pafle depuis,c’eft vne grand’honte que la plufpart d’entre vous ont monftré aufsi peu defemblant d’eftre ef-meus du meurtre horrible de leurs frères , que lî on a-uoit tué des mouches.Aucuns en font encor fafcheztmaisnbsp;Dieufait pourquoy, afauoir, ou pource qu’ils tiroyentnbsp;quelque profit des morts , ou d’autant qu’il leur en pendnbsp;nutanti l’œil. Mais ce qui afflige le plus les gcnscrai-gnansDieu, eftqu’vngrand nombrede vous s’eft tclle-nrent abaftardy,amp; 3. pris leply des fuperftitions auec tel -le deuotion , que la lèmence de pieté eft prefques eftouf-fite, Quand vous auiez liberté de feruir à Dieu en pureténbsp;•le conlcience, vous làuez combien vous auez efté peunbsp;fi^igneux de profiter en la conoilïànce amp; crainte de founbsp;ooin.-la charité enuers les pourcs eftoit merueillcufe-•nent refroidie prefques par tounmaintenant il y a pref-fe pourmonftrer qu’on n’eft plus de la Religion ; filesnbsp;'dolatres n’employent qu’vue heure à leurs folies,nbsp;*ons en voulez vne amp; demie . Leurs facrificateurs nenbsp;‘Ontcareirezamp; honnorez auiourdhuy , prefques que parnbsp;'lt;^sreuoltez,qui endiuers lieux ontdefpendu bonne partie de leurs biens pour feftoyer amp; enyurer telles peftesnbsp;genre humain.La forme de voftre abiuratiô eft fi hornbsp;tihle,quelescheueux medreiTenten telle quand feule-’^ent il m’en fouutent.Si jamais le diable à de/pité Dieu,nbsp;^^ften ce maudit efcritlà, où comme tout en vn coup ilnbsp;par la gueule de ce grad dragon par qui il fait lanbsp;guerre à rEgliié,toutce qu’il pourvoit inuéter pour ane-®'ttir la Maiefté de lefus Crhift noftre feul S'auucur, Pro-rheteSi Sacrificateur eternel. Les ceremonies dont ontnbsp;fie les fiippofts de l’Antechrift pour vous tirer .à cela denbsp;’'oftregre,fonc ridicules amp; mefehantesaufsi. Penlailîenbsp;iugeœent plus ample à vos confcienccs amp; .i ht parolenbsp;w Dieu, à laquelle ievous prie examiner cefte abiurati(5;nbsp;Pæ ”'’^^^ttre(fi ne l’auez ia fait)quevous abiurerez à bônbsp;Vicient l’idolâtrie, pourvQUS ranger de rechef.à la vrave
Pp
-ocr page 622-î94 MEMOIRESDE
jEgîife.quivoustendencor/amain. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;je
Quand vous ne feriez efclairez d’autre lumiereq“ celle de nature,encor ne feriez vous que tropaccuUnbsp;ayâs violé amp; faufle iî defloyaument voftre ferméci P' .jnbsp;à vn Seigneur à qui vous deuezamp; les biens amp; la vie-**nbsp;la parole de Dieu amp; le tefinoignage de vos côfcienee Fnbsp;netre bien plus profondx’cft donc double ingratiW“®nbsp;s’endormir fi alTeurément quandon efirefueilléd^ “nbsp;d’endroits. Coparons vn peu ayfsi vollrepecEéaueçnbsp;tres afin devoir fi quelques vns vous pourroyent po^“*'nbsp;ftifier.Or clioififlez tel forfait que voudrezifoit contrénbsp;premiere ou contre la fécondé table,amp;vous n’en trou“nbsp;rez point de plus grief, ni approchât plus pres de ruin“nbsp;tale amp; du péché contre le S. Efpritque le voftre.nbsp;que ieVeux fuir toute lôgucur,ce m’eftallèz devonsnbsp;poferfimpletnent les chofes:afin qu’en voftre partieuh®nbsp;vous les côfideriez par le menu puis apres.LesmauX *!“nbsp;voftre cheute a caaacZyel'cla^amp; enfantez, font fi eftf^^nbsp;amp;de tâtd’efpeces,qu’il eft impofsiblcdcles exprimof-'nbsp;bonté, fageffeiiuftice, proiiidcnce,patienceamp; maiefté“^nbsp;Seigneur en eft côine aneâtie: Le pere celefte eftmeft®jnbsp;nu de fes enfans.-Noftre feigneur lefusChrift eftdefp““!nbsp;lé de fon office, fon fang vilipendé,fa mortmefprifcO’'nbsp;vertu reiettee, le S.E/prit côtrifté, les Tinges fonthóreu^’nbsp;les fidelles gemilTentpour vn tel mal, le diable amp; lesnbsp;rient,les fuperftitieux fe côferment en leurs maudites igt;’nbsp;iientioQs. Pourl’aduenirjleiugcmétdeDicu s’enflaffli“^'nbsp;pour foudroyer fur vos telles, en vous priuât defag'quot;“'-^'nbsp;L’Antechrift aura comme gagné fa caufe en triomph““'nbsp;de la venté de Dieu en vos perfonnes.Qiu'ile honte eu'nbsp;ce-ci que foyez tant malheureux amp; infenfez d’aftet“**^nbsp;vos corps amp; vos âmes à l’ennemi de noltre falut,po“’’nbsp;croire amp; fuyure fes mefehantes fuggeftions ? Eftes-vouSnbsp;pas coulpablesde periureAt de crime de lefe maieftédi'nbsp;uine,f ¦nbsp;nbsp;nbsp;• ƒ \.......
as nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;UC pciiui C vx UC LIllllC UC iciu.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-
quot;ine,d’abandonner le cap de noltre Sauueur lefus Chn
............--------------zferuiràl’vii'-'-
¦ nbsp;nbsp;nbsp;1
ouyede crucifier dereelieflefus Clirift! tenir pour clio^^ profane le fang de l’alliance , voire ce fang duquel“®*nbsp;foin mes lauez àfandificz'.O quel mallieur:de k fo“*
I.Cor. 10. pour vous rendre .aBelialrVous nepouuez il, Sli.c. â l’autre enfemble. O quelle insratitiideamp; cruauté nop
Hcbr. 10.
»5-
-ocr page 623-L’ESTAT DE FRANCE. 595 tn pechez, chaffer le faind Elprit, amp; les fainds Angesnbsp;fâpez à l’entour de nous, quand nous craignons le Seigneur,amp; contrifter toute la compagnie de hdeies côboiirnbsp;geoisdes fainfts,citoyens descieux, heritiers de Dieu amp;nbsp;coheritiers de Chrift! La grace de Dieu eftoit offerte douant laperfccution, auiouramp;durant le temps d’iceile,nbsp;amp;depuisaufsi, afin de fortifier les cœurs de ceux quinbsp;'’oudroyent refifter au mal. Quand donc on n’en a tenunbsp;n’en tient-on encores conte ,ains aime-on mieux fenbsp;jaiflergagnerpar les tentations amp; allechemens du diable amp; des concupifcences peruerfes , helas, que peut-onnbsp;Attendre, finon toute ruine amp; confulion?Si vous pourfui-“^^ce train, qui fera coulpable linon vous-mefmcs ? quinbsp;pourrez alléguer excufe legitime, pour maintenirnbsp;'^fte horrible reuolte, ains ferez enueloppez en la con-anination des apoftats. Penfez tant foitpeu,amp; regardeznbsp;5‘oin les frayeurs de confcience, langueurs amp; puni-°us temporelles préparées à ceux qui feront commenbsp;^Usueprefentezvous les tourmens eternels,le feu inex-j^oHibledever ne mourant point,le pleur amp; grainccmctnbsp;^^dentsqui vous attend infailliblement, linon que parnbsp;repentance vous ayez recours à la mifericorde denbsp;J.nbsp;nbsp;nbsp;, 8cquittans la fynagogue de l’Antechrilf, r’entriez
’’’aucun delay en l'Eglife de Dieu.
tout cela vous fera facile, fi vous fuyuez ce chemin h ƒ ^parole de Dieu nous monftrc, afauoir qu’en vrayenbsp;f^.f’ilitéamp;cognoiflânce non feinte d’vn fi enormefor-jj.b Vous vous profterniez amp; d’efprit amp; de corps douantnbsp;ttnabiurer toute idolatrieamp;impieté ouvouseftesnbsp;,jç^‘ôg temps demeurez. Implorez fans cefle l’afsiftâccnbsp;melprife les cœurs abbatus,ainss’ar-ôi/''ceux-la,amp; y habite. Cerchezies compagnies oùnbsp;oq I fihinuoqué:amp; fi toftque vous pourrez rencontrernbsp;^’ahr Eglife où le miniftere de l’Euagile foit re-¦'tcognoiflez vos fautes eiHgt;leurs amp; gemiflemensnbsp;te Qnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vos freres, amp; rebaftiflez par vraye conuerfiô
Vo|aj'’auezdemoly par crainte 8c trop grand amour de pQUf’’'®ùnes.Penfez que le fainâ: Efpriteft plus puiflàntnbsp;’ouj ’“.t” fortifier au bien, que Satan n’a efté fort pournbsp;attirer au mal.Efpcrez en Dieu qui promet fon afsi-Pp Z
-ocr page 624-Muth.10. 1«.
ï-uc 14.17. l'an is.ionbsp;amp; t5.nbsp;Art's 14.nbsp;XI.nbsp;x.Tim.j.
II.
x.Tiin.4.
7,8. y^poc.î.^»-I.Cor
^ç)6 M E M O I R ES DE ftance à ceux qui I’honoreröc. Souuenez-vous de fa bon’nbsp;jé,amp; qu’il prend plaifird’ouir parler les liens amp; ks exaucer , lans tromper aucun d’iceux qui s’adreflent à luy ennbsp;foy. Puis rcprefentez-vous lefus Chrift intercédant pournbsp;vous , amp; par la vertu de fon facrifice appaifant fon Pere»nbsp;amp; le vous rendant fauorable.Ayez recours à ce bon Sau-ueur,qui en mourant à rendu la vie à tous ceux qui lanbsp;cercheront enlà mort, amp; le vouspropofez encor crucifienbsp;deuantvos yeux, tendant fes bras pour vous accoller,nbsp;amp; attacher voftre obligé 3 fa croix , efpandant fon fangnbsp;pour lauer VQS ordures, ayant le collé ouuert pour vousnbsp;mettre pres de fon coeur ,amp; faire os de fes os, amp; chair denbsp;fa chair : comme parcy deuant départant de fois il vousnbsp;en a donné les tefmoignagesde gages bien aflèurez ennbsp;fa parole amp; en l’adminillration de fa fainéle Cene. Qiænbsp;lespalEages de l’Efcriture fainéle touchant la nature denbsp;Dieu,la certitude de l’elediô des fideles, de de la vertu denbsp;nollreSeigneurlefus Chrift vous foyent familiers, afinnbsp;defurinonter toutes tentations. Et fi voltre péché eftnbsp;grand,fouucnez-vous que la mifericorde de voftrePe*nbsp;re celefte eft fiaus comparaifon plus grande,pourHeu quenbsp;par obftination amp; impenitence vous ne reiettiez du toutnbsp;la grace qu’il vous prefente.
Pourlaconclulîon , fouuenez-vous que la croix eft ineuitable aux enfans de Dieu, qu’il faut entrer aux cieuxnbsp;par diuerfes affliélions :que tous ceux qui veulent fidelement viure en léfus Chrift fouffrirontperfecution. Partant fi vous aticz quelque relalche, cueillez nouuelleforce pour fouftenir vn nouiieau combat, de marchez hardiment apres ce grand capitaine lefus Chrift,qui a délia ennbsp;main la viftoire pour vous en faire particip,as. L’honneurnbsp;de celle guerre eft fi grand, qu’il nous fait cheualiersdenbsp;l’ordre du Roy des Rois,nous Elit rois amp; fiicrificateurs e-ternels, Le plaifir eft incomprehenfîble, amp;le repos dvnnbsp;tel combat eft fi doux, que l’cntendemét de l'homme nenbsp;le fauroit comprendre. Qjiît au profit,il eft fi grand qu 0nbsp;ne le pourroit imaginer.ChSger la mort ,i lavie,renferanbsp;paradis,maltieuràbon heur,toutmal à toutbié, iove mnbsp;diciblc à triftefl'es amp; langueurs , biens éternels amp; infinis,nbsp;aux chofes corruptibles Acaduqucs,nos mefchaut^s a|^e
-ocr page 625-nus fatras corruptibles, mais vous fouuenans de biéheureufedôt la parole de Dieu nous afl'eure,
L’ESTAT DE FRANCE. 597 fiions amp; damnables œuures, à faincles méditations amp;nbsp;louanges continuelles de la bonté de ce grand Dfeu no-ftre Pete, ce font les gages préparez aux fideles qui fui-uront leur chef au chemin des aflîiélions.poureftrecou-ronnez de gloire eternelle aiiec luy, amp; voir leurs ennemis vifîbles amp; inuiiîbles, confondus * abyfmezpouria-mais au feu cternel.Nc perdez donc vn tel bien pour l’incertaine poflefsion d’vue vie caduque amp; de quelques me-cefte vienbsp;amp; dót Isnbsp;^¦eiprit nous donne ia quelque poliefsiô en lefus Chrift,nbsp;ä lt;îui nous lommes conioints par la vertu de la foy, efle-uez vos cœurs à cefte felicité:amp; fans plus craindre la ragenbsp;eu monde, fautez par delFus tous empefehemens, pournbsp;finalement le but de la fupernelle vocation.
PEndât la fureur des maflacres, quelques Catholiques Rufes non
amp; Courtifans auoyent retiré chez eux plufieurs de la *^uligiô,amp; d'autres,qui pour n’eftre point Papiftes,eftoy- majpjcres*.nbsp;®utcn aufsigrad danger que leidits de la Religion.Entrenbsp;^utres, Guy du Faur, dit de Pybrac.aduocatdu Roy en lanbsp;Gourde Parlemét,remarqué pours’cllre formalizé pournbsp;* Religion .à la fin du Regne de Henry z. auec du Bourgnbsp;2 autres,amp; depuis pour auoirfait telle au Prefidentde S.nbsp;^''dré, amp; parlé fort hardimét contre iceluy en plaine au-®‘ance,ne fe fentitpas fort affeuré pendant ces dernièresnbsp;jRipeftes. Car combien qu’il eult quitté l’e.xercicedelanbsp;.'ligion, 8i euft donné Ion ame à la Royne mere, de la-^(^fileileftoitdeucnil creature, fi eft-ce qu’il pouuoit a-encor quelques ennemis couuerts au parlement,qui
J '*rroyentapoftersquelques meurtriers,amp;le fiiire pafltr
^Hesautres, comme des Catholiques mefmes n’y a-^''yëtpâs efté efpargnez.Pour cefle caufe il fe tint caché,
quot;¦c mefines quitta fon logis pour fe retirer chez la da-p^ueNemotirs , ou il futquelquc temps. Orlc confeil (^^retvoyoit bien , que fi les nations circonuoifines n’e-ijûyent deceues par quelques eferits artificiels, l’hiftoirenbsp;maflacres rendroit les Catholiques François,le Roy,
R'«re)fonfrere,amp;leurs adheransicxecrables '1 la po-
Pp 3
-ocr page 626-j98 memoires de
fieri té . Que les Poloiiois ne voudroyent iamais po^'' Roy Ie Duc d’Anjou, s’ils encendoyentcjue luynbsp;l'on frcre fuflent les principaux condutleursdecefte W“*nbsp;guinairc mcnee ; amp; par coiilè^uent Monlucquieftoic eonbsp;chemin pour la negotiation de Pologne, perdroit le tepsnbsp;amp; l’argent. Pourtant la Royne mere amp; les fiens eftime-renttju’il faloitauoirquelque hommequi peut efcrire»nbsp;.amp; periu.ider aux eftrangers que le Roy ny fort frere n e*nbsp;ftoyent point auteurs de ce maflacre, amp;que l’Ainiral SCnbsp;auoyent confpiréique quât à l’execution,le Roynbsp;' quot;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ni fondit frcre n’auoyent entendu qu’on efpandit le laug
en ii grande abondance : amp; que pour ces cruautez il s on faloit attachera la populace.
Pibr.ac Pour faire telles excufes, Pibrac fembla homme pro' choifipour pre , tant pource qu’il feroit bien aife de fe confermer ennbsp;cxcuiet les bonne grace de la Royne mere amp; des liens, que ce fo'nbsp;mallacics.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;moyen de l’auancer. Luy qui eft ambitieugt;-'
lufqu’au bout,voyât que pour mettre la main àlaplu^O’ il fupplatüit fes ennemis,amp;âfqueroit lafaueurdes gt''“’’nbsp;condeicenditaifémentjamp;receut les memoires qui luy W'nbsp;rent baillez incontinent apres les mallàcres,3uec lespr®'nbsp;meflès d’eftre auancé en biens amp; honneurs.Pendantqu*nbsp;s’apprefte amp;: drefle fon difcours,vn certain folliciteur donbsp;afaires de ceux de la Religion au priué confeil, nom'”.nbsp;Pierre Carpcntier,failant profefsiondes loix, fe mit^“'nbsp;li en allant par le moyen qui s’enfuit.
C.-irpcn- Ce perfonnage ayant pratiqué par diuers moyens d ticrefpion lire receupour profcfleur en droit à Geneue,y iouo jnbsp;de la Roy. deux roolles meruéilleufementdiuers. Card’vnnbsp;ne mere, prévoit gages de la Seigneurie de Ceneue pourco*nbsp;profefsiooide laquelle il s’acquitta fort lafchemenbelWnbsp;vn vray inocqtieur, encor que l’on l’admoneftaïl iôuuod^nbsp;tesfois de fon deuoir, D’autrepart,il tlloit auxnbsp;la Royne mere, ou pour le moins auoitpromeflèa^nbsp;auancé en faifant quelque bon feruice.A celle occali^nbsp;communiquoit quelquesfois auecBelievreambafludquot;nbsp;vers les Stivlfes, Or auint que s’eflant retiré de Gonnbsp;pour fes maléfices,!! retourna en France,ou faignan' enbsp;bralîer plus que iamais la Religion, s’inlinua en lanbsp;ne grace duiieurde Cau3gncs,amp;l'e mitàfolliciterad^j
-ocr page 627-L’ESTAT DE FRANCE. 59gt;-feil priuéles afaires de ceux de la Religion, le tout pour cipier leurs aétions amp; feruir à la Royne mere.Sur ces entrefaites les maflàcres furuindrent. Incontinent Carpentier fe retire chez Believre l’vn des confeillers fecrets:nbsp;non pas tant pour (auuer fa vie (car qui euft cerché vnnbsp;homme qui n’eut jamais religion ni confcience qu’aunbsp;dehors ,amp; quiportoit vne infinité de vifàges?) que pournbsp;s'offrir à faire leruice de corps amp; d’ame à ccu.x de quinbsp;üeftoit creature, Aufsi fut il foudainemeiit defpefchénbsp;auec ample pafTepor^amp;paffant feuremét à trauers laFrâ-ce,lors que tous les glaiues eftoyent defgainez, vint ànbsp;^etSiOu ayant eftéfelloyé en lacuifine du fieur de The-Uales gouuerneur, fut accompagné du meflager de Metsnbsp;(âuquel le gouuerneur commanda à peine de la vie d’ac-^oinpagner ce coureur) iufques dans Strasbourg. Eftancnbsp;^’iifailoit le pleureur,deteftant le Roy, la Royne mere*nbsp;^tousles Catholiques,louant hautementl’Amiral, du-S'tcl il auoit toufîours le nom en la bouche . Quelquesnbsp;fançois y arriuerent fur ces entrefaites. Les vus qui co-S'loiiroyentd’aflez long temps ce Thouloufan , donne-f^tit aduertiflemens, à qui il appartenoit,de la qualité dunbsp;l’^tfonnage. Les autres eftoyets délibérez de luy fairenbsp;Pctrr,s’il fuftforty de l.i ville.Luy cognoiflantaucuncmctnbsp;religieux, amp; cependant pour eftreaucune-’’l’^rit fauorifé, demeura quelque temps en cefte ville là,nbsp;, ’doutant ce qui fe difoit à l’entour, feruant aux menéesnbsp;l^onfeilfecret, felonies memoires quiluy furentbail-au fortir du logis de Believre. Outreplus il dreffa vnenbsp;adrefiec à François Portus,homme dofte,pailible,nbsp;®''nemy des mœurs de Carpentier, profefleur des let-jj^^^recques à Geneue, par laquelle il veut exeufer lesnbsp;’‘‘acres, amp; aceufe en tout amp; par tout l’Amiral amp; lesnbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;¦ Puis fir imprimer fadite lettre en Latin amp; en Fran-
f dônant ordre qu’elle couruft par tout. Côbien qu’el-
‘“icvnpeu longue amp;ennuyeufe,toutesfois fuyuant no-‘c deliberation,qui eft de prefenter des memoires amp; in-^‘‘ftions pour feruir .à l’hiftoirc entiere,nous l’auons fait ^‘tre en ceft endroit cy , comme ayant efté eferite aunbsp;de Septembre,amp; publiée toft apres, traduite du La-gt;lt;:onime s’enfuit.
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-ocr page 628-6oo MEMOIRES DE LETTRE DE PIERRE CAR-pentier Iinifconfulte, addrefl'ee à Françoisnbsp;Porrus Candiot , par laquelle il nionftrenbsp;que lesperfecutions des Eglifes de Francenbsp;font aduenuesjuon par la faute de ccnxquinbsp;faifoyent profefsion de la Religion, maisnbsp;de ceux qui nourridoyent les radions amp;nbsp;confpirations,qu’on appelle la c A v s e.
VOftre proces de fainft Germain demeure eiifeuely parla mort foudaine de Seue, quifaiioïc vos affairesnbsp;en mon abfence, amp; moy-mefme qui vous eicris la pre-fente fuis mort, eftant pour la quatriefme fois eu exil denbsp;France en Allemagne. Caren nos liures, l’exil eft vneef-pece de mort. Maisie crainbien fort, Portus mon ainygt;nbsp;que les nations eftrangeres excitees par l’autliorité desnbsp;anciés Pliilofophes, qui eftimoyct indignes de pitié ceuxnbsp;qui endurent les peines qu’ils ont méritées,ne nous chaf-fcnt hors de leurs limites,comme infames amp; detellablesinbsp;foudain qu’ils entendront que non pour la Religion, cô-me aiiparauant, mais pour l.a Caulénous aiiôs eftéchafnbsp;fez hors de nos pays. Or afin que ie me puifle purgednbsp;de celle Caufe, tât enuers vous qu’enuers tous les hôwe’nbsp;de bié d’Allemagne amp; de SuyfFeue vous ay bié voulu ad-uertir par la preféte elcrite grofsieremét amp; d’vn nouues“nbsp;ftyle,que ie ne me fuis iamais mellé de celle Caufe: maisnbsp;au contraire ayant elle la fource de tous nos maux,ieBfnbsp;m’y fuis iamais enrollé,amp; l’ay toafiours eu en horreur c*’nbsp;me vnedâgereufe pefte.Carquepeutauoir eu de cornuunbsp;cefte Caulefqui n’eft autre chofe que vne illicite afsébft^nbsp;amp; faftion de quelques vus des noftres qui n’ôt voulu vienbsp;de la paixamp;viure pailîblemét,pour interrôpre le repos pj*nbsp;blic,enfreindre amp;violer les ordônances de noftre Prinesnbsp;auecmanature pailible,amp; ma profefsiö de lurifprudee^’nbsp;qui ne côlîfte qu’en l’obferuatiô amp; reueréce desnbsp;qui punit trefgrieuemét les feditieux,amp; tous ceuxq“’nbsp;mefprifent ? le m’eftois fort refiouy, amp; embralFois lanbsp;berté qui nous auoit efté baillee par noftre Roy
-ocr page 629-L’ESTAT DE FRANCE. 6oi '“’’'itievn don de Dieu fi longtemps amp; fi fort defiré parnbsp;“^predecefleurs.Mais foudain que i'ay cognu que cellenbsp;quot;“ônable Caufc ne tendoic au feruice de Dieu gt; mais aunbsp;ƒ ntrairc à vne mefchante amp; feditieufe rebellion,ie m’ennbsp;Mu tout retiré,amp; n’y ay iamais adhéré, voyant qu’ellenbsp;J ‘ournoit les cœurs de la foy amp; obeillance que nousnbsp;Uons tous à noftreRoy,de laouelle nul vray FrÛçois nenbsp;peut dellourner fans la perte de fon ame. I’ay péfé quenbsp;“ure Roy Charles eftoit enuoyé du ciel pour elleindrenbsp;j^’teux qui nous confumoyent du temps de François amp;nbsp;^ury fes pere amp; ayeul. le me fuis contenté de ce qu’ilnbsp;eftoit permis de viureen paix amp; tranquillité fous fanbsp;yuteilion.Mais quant à ces fauteurs de la Caufe.qui ten-’“yent à autre chofe qu’à l’eftablilTemcnt de laReligion»nbsp;^eftuftioyent à nouueautez, ie leur zy fouuentesfoisnbsp;Prédit les calamite2amp; tepefies dont nous fommes main-^quot;^nt opprimez auec eux. Ce que ceux qui relient desnbsp;uettiônezàladitecaufenemefauroyentnier. Or nousnbsp;nitnes tous perdus ; fi vous m’en demandez particulie-enient l’occalîon.ie ne vous la puis dire; feulement vousnbsp;W’s dire que nous fommes perdus, amp; du tout perdus, finbsp;'euiie nous aide. Mais vn feul ponicl me tourmentenbsp;j?*'tgt;c’eftque nous endurons pour les fautes d’autruy. Sinbsp;*Dmes fort marris que nous, qui ne nous addonnons ànbsp;®''^re,qu’au repos amp; à la pieté, ayons fouffert naufrage a-les feditieux,auec lefquelsnous ne nous eftiôs iamaisnbsp;mais au contraire nous en efiions du tout fepa-faiclSc de volonté. Ce que vous pourrez mieuxnbsp;^®§noiftre par la marque qui nous diftinguoit d’auecnbsp;delnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;noftres eftoyent doux amp; pacifiques,contens
fu '^'’fP''efente fortune,amp;de laclemence de leur Prince, jjj) contraire, turbulens,elleuez, amp; non contens de lanbsp;JJ ƒ fté de confcience amp; exercice de Religion qui leur e-, JJottroyé, ils vouloyéttoutrenuerfer, fe nourrifl’oyétnbsp;'®dition,amp; prenoyent l’incertain pour le certain.
fj- toutes les marques par lefquelles en l’Eferiture netc On peut difeerner les bös d’auec les mauuais,nousnbsp;paroyeiit d’eux. Ils faifoyentafsiduellementconuenti-Ov a* slîemblees.-là ne fe parloir ny deDieu,ny de paix,nbsp;y de tranquillité.Le propos qui s’y tenoyentn’efioyenc
-ocr page 630-6oi MEMOIRES DE que de guerres Scefmotions. En public ils mettoVWtWnbsp;auïtle prétexté de la Religion,en lecretils nebaftifl^Y^^nbsp;rien que guerres amp;diireuhons.Et cônie Minos amp;Lyc'U’'nbsp;gue,ils fondoyentle principal appuy de leur Republiq'^®nbsp;lur leurs armes. Ainiî toute l’efperance de leur Caulêf^'nbsp;pofoit du tout fur leurs forces. Et noncontens de la calamité des guerres pafleesjdontonvoid encores la Francenbsp;toute ruinee,ils vouloyent (afin que i’vfe des mots de Samuel) deuorer perpétuellement la France de leur glaïue.nbsp;Et toutesfois leur prétexté eftoit, qu’ils vouloyent maintenir leurs Eglifes en pleine liberté, laquelle ils difoyentnbsp;n’auoir entièrement par l’edit de pacification.
A ces peruerfes entreprifes nous nous oppofions «ƒ* lementicar nous eftions plulîeurs de bon aduis, qui em®nbsp;addonnez tant feulement à la traquillité amp; vraye P,’®’-®’, jnbsp;deteftions les guerres, principalement ciuiles, aufqueUj^nbsp;(comme dit l'Efcriture fainàe) l’amertumenbsp;queue. Nous mettions en auant le repos amp; tranquilli^®’nbsp;deteftions les armes. Eftions d’auis de changer lesnbsp;en coultres, amp; les efpees en befehes. Nous difionsq® ,nbsp;n’eftoyent efmeus d’aucun zele à maintenir la lib® .|jnbsp;Chreftienne,maisque fous ce beau pretexte de liber'®nbsp;vouloyent couurir leurs côfpirations:amp; qu’il aduieiid'nbsp;s’ils ne defiftoyent de leur entreprife, qu’ils feroveo^'nbsp;brcffrappezdela main de Dieu,comme paroisbläcu’^^jnbsp;pource qu’il eft eferit d’eux, Ayîs la liberté pour prêt®nbsp;de malice. Car iamais en aucun fiecle fi entière^nbsp;fut donnée aux Eglifes, què celle ejui nous a eftedounbsp;en noftre temps, par la bénignité du RoyCharleSid®nbsp;te que nous auons peuvrayement dire ce que d*®~,fl-phore de cefte grande paix des Eglifes, qui fut renou^^,nbsp;Jee fous l’Empire de Martian, qu’en noftre temps*®’nbsp;des ont efté d’or.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. juf
Les Hiftoires nous tefmoignét que depuis Gah®?^ ques à Diocletian La paix a efté trefgrande aux Egj’^^qjiC
Les principaux poincts de telle félicité Eccleli^ nous font racontez par Eufebe,cn cequ’il ditque*®^^^^:nbsp;pereurs donnoyent aux Chreftiens les gounernein^fj^y-dominations fur lesGentils,amp; par leurs edits leuro^^l^ j:nbsp;oyent toute liberté amp; feureté.Nous auons eu tout
-ocr page 631-I-’ESTAT DE FRANCE. 605 !ÎX*: gt; ayans eu le Roy fi débonnaire, que les Pa-’’’'Hs *(ï -^ portoyent enuie, Si Ce plaignoyent de ce quenbsp;ciçj^ ƒ“æs preferez à eux.difans qu’eltSs enfans de l’an-^ieiinbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fils aifnez du Prince, l’ancienne loy de
ftlu, J*® nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Hu’ils marchaflent derriere les po-
f'tbpnouuelle religiô. Leurs prefcheurs alloyét nous ce que le tribu de ludadifoit des dix trinbsp;Ptef ’^‘H^els il fe plaignoit, de ce qu’ils luy auoyent efténbsp;Dauid.difàtdls ont defrobéle coeur du Roy. „nbsp;Prince nous a efté fi doux, qu’aucunnbsp;’'*H ’'ær(s’ils n’cft du tout empoifonné de ce noir ve-Dqjj Caufe) que ce Roy plein déroutes vertus ne
*gt;tfauoriféinfqueslà,que d’auoirreceuhumaine-‘^ir^’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mefmes qu’il fauoit
illicites au dommage de {( Iç Ion Royaume -.afin de les gagner par douceur,nbsp;tjj ƒ’^ftournerde leur mii'erable entreptinfe,imitantnbsp;Augufte,lequel s.'fît eftéaduertique Cin-l’o™po‘^fi'y‘l*’ofioi^ombufches, l’ayant faitnbsp;lbv*f^*'’yl^'™^^fi’rtliumainemët,le fitfeoirpres denbsp;^p^Juy offrit le Cirfiilat pour luy amolir fon couragenbsp;to ƒ *^^^r^fien:ce qu’il fit. Quant .à nous,cognoiflant quenbsp;»q ^^’’ t-^scliofesfefaifoyentfiliberalemétpar leRoy,amp;nbsp;ceux de laCaufe demeuroyêt obftinez ennbsp;tf ?’igt;alheureux propos,nous eftiôs tous marris,amp; con-'l’a'n^^^^^onfcfi'erauecles Papiftes, que le Roy,bienquenbsp;fç I .'’ts reply de toutes vertus,auoit le vice de Theodo-Ij ƒ 'tune, amp; Alexis Comnene Empereurs, c’eft afauoirnbsp;ttiQpP grande clemence,pourlaquelle,comme nous tef-Iju’g'ie l’Eferiture fainfte.Dieu a iadis chafle les Rois denbsp;(Jç ? ^oyaumes.Et côbien que le Roy retinft la religionnbsp;(}|.^^®ayeuls,neantmoins iamaisil ne parla mal de la no-Ij. ’t'ornant nous,amp; ceux de noftre religion de nos tref-. ^^ftes,tât en public qu’en particulier,s’abftenant Si cô-Oü Inbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;qu’on s’abftint de ces vilains noms
les Papiftes fouloyét nous donner,d’heretiques,fedi-du'^'^l^'^’n'ineux delezeMaiefté,ne permettant en façon fufsions prouoquez de faiftny de pa-tlonnbsp;nbsp;nbsp;pour le regard de nosminiftres.il a renouuelé de
‘tt'c temps cefainiftamp; celebrç edit de Valentinian, qu{
-ocr page 632-6o4 memoires de Jj, . défendit à toutes perfonnes de n'irriter ny
Miniftres de 1’Eglife, comme eftas laboureurs du delefus CKrift, amp; procureurs du grand Roy.nbsp;pofantles editds de paix, il commanda qu’onnbsp;paroles qui s’y trouueroyent aigres,amp; qu’on ynbsp;lieu de douces ,amp; qui n’euflent aucune aigreur, unbsp;ne femblaft point qu’il vouiîftinarqucr de paroinbsp;qu’il embralToitcôme tresfideles fuiets.En quoygt;nbsp;en plufieurs autres chofes il monftroit la douceurnbsp;efprit, amp; côbien il eftoitcfloignédu naturel des 1 Jfnbsp;quifaifans bien aux perfonnes,attachent leur hoflO pf!nbsp;paroles.En quoy auec iulte caufe elf reprinsNeruS’ u’)lnbsp;lors qu’il dônala paix aux Eglifes des Chreftieos,nbsp;fit efiargir leurs prifonniers, il coucha fon edit en enbsp;mes, Q^i! vouloir que tous les coulpables d’iwj’*nbsp;fentablous : quoy difant ilmarquoit d’impiete 1^nbsp;culteurs de pieté.Breftoutes amp; quates fois que ftnbsp;s’ell trouueeauiugement des proces d’entre no*” ]egt;nbsp;Papiftcs.elle s’ell rendue lî fauorablé enuers nous,“!nbsp;Papilles en murmuroyent bien fort, difans que i^nbsp;' n’eftoit gueres elloignéde noftrc Religion. Conri”nbsp;ciennementpiuiieurs foupçonnoyent Alexandrenbsp;d’ellre Chrellié,fous ombre qu’il fauorifoit les Cht ij(nbsp;en fes iu'gemens. ÎVlaislebonPrinceencorqu’iIo'’Jnbsp;bien que lî vn peuple elf mal édifié delà Religion lt;*nbsp;Prince,il ne luy obéit pas volontiers, d’autant qu’dr® ,,nbsp;plusvolontiers fes mœurs corrôpues que fa doélrinenbsp;iiertie,àrexemple du peuple de Côlfantinoble,quinbsp;donna Balîlifciis tenant la religion peruerfe, pour f* p,nbsp;Zenon prince de mauuaifes mœurs,mais de religionbsp;ne. Aufsi qu’il auoit ouv dire que du temps denbsp;Plt;o^ de Bu!g,irie auoit efte fort affligé, amp;nbsp;fedéde la courône par les liens pour mefmecaule»nbsp;moins encor qu’vn tel d.îger ne full à defprifer,nbsp;gea point pourcela de courage enuers nous,dfn usnbsp;de nous faire conoiftre en tout amp; par tout côbien inbsp;auoit pour aggreables ¦ nous accordant toutes cho . j,nbsp;fortbôcœur,dc ne voulât en façon du mode nousnbsp;re pour plaire aux Papilles, qui le prelToyent fort ’nbsp;plaintes defquels e^oyét par luy fagement difsiiP‘*^^.jip-
-ocr page 633-L’ESTAT DE FRANCE. 605 Vilement réprimées.Et quad les principaux des Papiftesnbsp;«iberans en fon côfeil priuéde la crâquillite duRoyau-'’’^luymettoyent en auant celle fentence deDioclehan,
Royaum e ne pouuoit eftre remis en fon premier ’ft«, fi premier la variété des religions n’eftoitoftee , amp;nbsp;“«Un contraint de retourner à fon anciéne religion, amp;nbsp;s’il enfuyuoit l’ordre qui auoit efté tenu par fon perenbsp;f '^'predecelTeursjlachofe publique feroir bien regie amp;nbsp;j‘’'gt;ieruee,luy remonftrâsque luy mefme deuoit mettrenbsp;Jftain à cbaiTer cefte nouuellc amp; eftrange religion:amp; eunbsp;^ ‘uiiter Paul Aemil Conful, lequel, quand le Senat futnbsp;qu'il faloit démolir les autels eftrangers d’Ifîs amp; denbsp;tfne fe trouuât aucun manouurier qui y ofaft met-'^niain, apres auoir defpouillé h robe, print vne Ha-Iç J en dôna contre les portes de leur tSple. difans quenbsp;deuoit faire le femblablc,amp; alléguas plufieursau-l’exhorter à ce, luy fe monftrant fermenbsp;’’'Ulnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;P°“'‘ Pobiferuation de fon edit de paix , ne leur
fe prefter l’oreille,mais leur faifoitla mefme refpiî-. PPmpereur Michael fit iadis à Nicephore, qui le ’'Uf '''^’¦grir par lettres contre ceux qui ne vouloyét ho-ne contrail! perfonne à lareligion.nbsp;moines, Sorboniftes, amp; autres fem-’’Oii put harangues élaborées amp; vehementes l’a-^''hhï' ' °“*“ enflamber cotre nous.il leur fit vne refpôfenbsp;celle que fitlouinian l’Empereur aux Macein qn* l’auoyent voulu efmouuoir par plufieurs ca-Catholiques, fauoir eft qu’il deteftoitnbsp;“Uti^f’ntions, amp;: aim oit amp; honoroit ceux qui viuoyétennbsp;'li^u ’paix amp;concorde.Ettoutainli que le mefme loui-^enK'’'Pofa filence à Lucius preftre Alexandrin, qui parnbsp;lettres aceufoit amp; calônioit Athanafe Euefquenbsp;^•tsa- ' femblablementnoftre Roy fupprima les e-’î'i’i f ^^’’’«oires de femblables gens,qui netendoyentnbsp;impofa filence. Bref, en toutes cesnbsp;¦ clemëce a efté telle enuers nous,que vravemétnbsp;peu dire ce qu’anciennement on a dit de lanbsp;I Fm.’’¦pnquillité des eglifes du temps de Maurice: Ennbsp;félicité marchoventenfem-quand les anciens ont voulu dire au plus mauuais
¦i
¦6olt;5 MEMOIRES DE
temps que les Eglifes eftoyent affligées, ils ont noté qn’il , n’eftoit point permis aux Eglifes de conuoquetprelcJies 'nbsp;amp; fynodes,côme au temps de Licinius.Au contraire,4^5“nbsp;ils ont voulu remarquer vne grande tranquillité aux Egl*nbsp;fes, ils ont dit qu’il s'y faifoit plulîeurs Si. frequensnbsp;des amp; alIemblees.Nous auons eu toute liberté,feureté,nbsp;frequence de fynodes,amp; telle que l’antiquité n’en a eunbsp;plus grandes,ce que vous aufsi, Poreus, auez alTez coneu-Car ce bon Pafteur qui adore la Candide, amp; penfe qu’l*nbsp;n’y ait autre dignité qu’elle,vintde vos quartiers pour al'nbsp;fembler; le fynode, amp; y prefider, au grand regret de tousnbsp;les gens de bien.Il a contraint le Parlemct de publier le’nbsp;edits de pacification , pour vne plus grande feureténbsp;berté. Le Parlement ie defendoit par l’authorité des a»'nbsp;ciennes loix,à l’exemple du Senat Roma)n,lequelquaunbsp;il eutfaitmourir ApolloniusChreftien contre les loia^^nbsp;Antonius,qui defendoyent qu’aucun ne fufl puny pout‘_nbsp;religion Cfireftienne, s’exeufa, difant qu’il auoit des*^_nbsp;ciennesloixparlefquelles il n’eftoitpermisdelaiflèt^'nbsp;cliapper aucun qui fe côfelTaft Chreftien.Mais noftrenbsp;Roy ne recent ny approuua femblables excufes,amp; ot**'’nbsp;naque les nouuellcs loix derogeroyét aux premiereS'nbsp;que felon elles les iugemens feroyent donnez. Et aya’’nbsp;entendu que plufieurs prenoyent en mauuaife partnbsp;publication d’edits,difans de luy ce queiadis on difogt;'nbsp;Maximinus, qui commâdoitde publier des edits po“^nbsp;liberté des Chreftiens .fauoir clique le Prince faifo*'nbsp;edits par ignorace; noftre bon Roy efmeu de ferablab*nbsp;propos, pour môftrer qu’il ne les auoit pointfaits «y Fnbsp;ignorace ny parfurprinfe, ains auec plaine cognoifla*’nbsp;de caufe,a voulu fouuentesfois afsifter à la publicatioflnbsp;fes editsluymefmeramp;plufieursfoisadifcourufortdil^.j !nbsp;tement furies raifons qui l’auoyét induit àfairefoo^nbsp;de pacification.Entre tousles edits qui ont eftéancieo*'nbsp;ment faits en faneur des Chreftiens, celuy quenbsp;nus fit publier eftant preft de mourir eft principalo^î-celebré,par lequel il ordonne que tous Chreftiens rb’^^jnbsp;remis fans rien payer en tous leurs biens qui leur auny^jnbsp;nbsp;nbsp;1
efté occupez par le fife, ou par les citez , ou qui auny^^j. j i cfté autrement donnez ou vendus à des particulRf^^j
-ocr page 635-L’ESTAT DE FR. ANGE. 607 , edit Maximinus fauorifa aux Chreftiens au doni-tiers acheteur ou poflelTeur, contre droit amp; iu-“ice.Mais les Chreftiens n'ont fenty aucune commoditénbsp;Je ceftedit durât la vie de Maximinus ny apres la mort,nbsp;quot;»ais nous auons receu grande commodité de ces editsnbsp;Patlaclemence de noftre Roy, qui n’a iamais celle iuP-î'tes à ce que la chofe fuft paracheuee,amp; quç nous fufsiösnbsp;J.** tout remis, en defpouillantles pofleireurs de bonnenbsp;®ygt;(àns qu’il nous couftaft rieu.Dauatage,il Ce fioit beau-plus à ceux de noftre religion qui n’auoyentiamaisnbsp;tnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Httt auoyent fuyuy tantoft l’vne part, tan
te ‘ ’^^tre, iugeant ce Prince trelïage que ceux cy entre-leur cœur vn môceau d’impietez recueillies Plulîeurs religions diuerfes. Ainlî ce bon prince lesnbsp;tè r ’ taxoitcouuertementleur inconftance, à l’e-p-r‘v de Leon Empereur,qui n’auoit voulu mettre l’Em-mains deZenon,pource qu’il auoit varié ennbsp;ouj.S'on,maisauoitefleupour fonfticcelTeur fon fils,nbsp;UjjV^tiit tombé en fcmblablevice que le pere.Chacunnbsp;’niK ^“tnanité Si libéralité il a receu amp; traité lesnbsp;Patl desPrinces Allemâs de noftre religion,quinbsp;noftre liberté: amp; eux mefmes peuuét tef-Pf^jê'tvr corne ils furent renuoyez honorablement auecnbsp;impétration de ce qu’ils demandoyent. Il leurnbsp;‘^°tis donner tout exercice amp; feureté de noftrenbsp;'ûiift point mis cela en longueur, iln’apointad-1„. de côdition.Ce bon amp; liberal Prince n’a point vou-j^L^iter Hunnericus Hundrius Roy des Vandales amp; desnbsp;ft. auquelquâd l’Empereur Zenon eut demandé parnbsp;lj)e?'d'aflâdeursla paix pour les Eglifes Chreftiennes,amp;nbsp;Jiitp jttuent pour celle de Carthage, il ottroya vraye-Muj.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tous les Chreftiens qu’il a-
luiettion, mais à telle conditiou que ceux de fa Çq ?''toyent femblablcment exercice de la leur dansnbsp;tlt;ljj, tinobleamp; par tout l’Oricnt. Mais ce Prince libe-t * P?tnt voulu vfer de ces reciproques demades, nonnbsp;kii^j'’*“’iques dehors de raifon,enuers les Princes d’Al-
¦ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Royne d’Angleterre. Car il nous a donné
i '‘On ƒ™orté à leur requefte, fans exceptions ny condi-' quot;'Hutlconques. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
-ocr page 636-60S memoiresde
Et ne s'eft point courroucé contre les n öftrer éeC® qu’ils follicitoyeot les Princes eltrangersà pitærpo
i J
Car ceux qui demandent par autruy ce ‘1“’*“. , uroyent demander eux mefmes,femblent fe deaer^nbsp;clemente deleurPrincegt;amp; telleschofes ont actoufteO’nbsp;d’engendrer grandes defiances en l’endroit des Pnntenbsp;foupçonneux. Mais nóftre Prince trefdebonnaire nesenbsp;point, ofFenfé de telles chofes que les autres ont accounbsp;ftumé de punir en leurs fuiets.
Car il eft défendu au fiiiet ne negotier auec l’eftranS^ fans le congé de fon Prince,, Etàceftecaufeondit^’*.nbsp;Theodorus Euefque d’Antioche fut iiiftement cnuo)nbsp;en exihpource qu’en cachette amp; au defceu du Princednnbsp;rabie fon feigneur, ilauoit efcrit vne lettre à Confiaquot;®nbsp;nus. Aufii Sapor RoydePerfe chafla Simeon Euelq“*^'nbsp;pource qu’il eftoit trop familier de l’EmpereurdeR®nbsp;me . Mais noftre Prince n’a tenu conte de ces chofes^nbsp;voulant à l’exemple d’Agefilaus eflre iufte, amp; vfer de’® 1nbsp;droicà l'encqntre de nous qu’il aimoit.ll s’eftudioitnbsp;toutà conferuer la paix entre nous amp; les Papiftesi^’^nbsp;gouuernoit en telle maniéré, amp; tenoit vn tel moyen ƒnbsp;le cours desdeux religions eftoitforttranquiUeenlcnbsp;Royaume, amp; par fa grande prudence amp; vigilance n®”nbsp;rendoit façilevnechofequiferobloit du toutimpofu®' 'nbsp;Il fut publié vn edit du temps de Rotaire Roy des Le®nbsp;bars,quepar tous les lieux d’Italie il y auroit deux ejnbsp;fes amp;deux Euefques,I’vn Catholique,l’autre Atrien, w*nbsp;qu’il pleut à Rotaire, la paix dura en Italie entre les denbsp;lors qu’il eut changé d’opinion amp; qu'dnbsp;fonda plusd’intcrpofer fon authoritéà lacouferuaunbsp;de celle tranquilité, la paix fut foudain rompue entrenbsp;deuxEglifes . Mais noftre paix a efté interrompuenbsp;par la faute du Roy,mais parnoftte proprenbsp;nosfaftions .Car noftre Roy efttouîiours deincut®nbsp;mefme volonté de garder fon edit, Sc par luy ünbsp;ftoit loifiblc de viure en repos amp; tranquilité. Sacheznbsp;enbriefparquels moyens par quelles faflions.K ^^nbsp;chinatiôs des mefehans hommes nous fommes decnbsp;d'vii fi grand repos amp; trâquilité ounous eftions.Enq“^!
I
-ocr page 637-L’ESTAT DE FRANCE. 6oç, iSnque les mefchans qui font à l’entour de vous ne di-fencqueie controuue aucune cliofe, i’appelIeDieuàtef-moinque tout ce que iediray nefera nyen faneur denbsp;noftre Roy,ny en haine ny charge d’aucu.Ceux qui m’ôtnbsp;coneude longue main fauét combien ie fuii'ennemy denbsp;menfonge amp;devanité:car ie fay que les Théologiens attribuent le menfonge aux diables , amp; les Philofophes lenbsp;nombrent entre les chofes deshonneftes.
Sainâ Auguftin voulant monftrer que toutes les perfe-Wtious de l’Eglife eftoyent nees des feditions amp; des façons que les luifs fabriquoyent en leurs fynagogues, a *Ppellé la fynagogue des luifs la fentine de pcrfecutiou.nbsp;Ainfi nous pouuons appeler cefte mefchante amp; malheu-Caiife ,qui eft le i'eul motif de noftre ruine, nous lanbsp;pouuons à bon droit nommer la fonuine amp; fource denbsp;“Utes nos perfecutions. L’inquietude, l’infolence , amp; lanbsp;'“nfpiration des noftres, qui s’erfbrçoyent d'auancer ce-Iknbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;damnables moyens,nous a priuez de noftre
“tté Chreftienne, de nos patries amp; de nos biens. Ainfî innocens ettans meflez en ce tumulte auec les mef-ç ’usamp; feditieux, fommes punis,amp; auons fouftenu lenbsp;P “J'toux de noftre Prince. Ainfi anciennement les luifsnbsp;tes n “‘pttt turbulent irritèrent les courages des Prin-tç Payons contre eux amp; les Chreftiens enfemble,defor-tj.'^æ^pîr la faute d’euxfeuls,les vns amp;les autres furentnbsp;çi’''ez,commeles hiftoires letefmoignent,du temps denbsp;‘’“dius.
“tïiblablement du temps de Traian, pour la fedition Chreftiens, encores qu’ils fiiflent innocens.nbsp;toJ't quant amp; quant chaflez par l’ordonnance du Senat,nbsp;ennemis de la Republique. Lefquels luifs eftansnbsp;Çl des amp; feditieux de nature, ne pouuans exciter lesnbsp;iiQp'^uiens à eftre rebelles à leurs Princes, les pourfuy-Qji^^^tcomme ennemis mortels.comme tefmoigne lu-colloque auec Tryphon, iufques là, qu’au tépsnbsp;U,p^*^o,Barochabas,chefdelafaàion Iudaique,ne pou-“ts' ^’‘“’fctles Chreftiens(qui n’eftimoyéteftre permi?nbsp;fuperieurs )à s’armer contre le peu-Chreftiens mefmcsj amp; exerça v-^erueillable cruauté contre eux.
-ocr page 638-6io MEMOIRES DE
Ainfi ces feéVateurs de la Caufe defirans deftn“*', Caufe malinftituee .parnoftre fang, fe fontnbsp;forcez de nous faire prendre les armes, amp; nous rnbsp;coulpables de leurs maudites confpirations,dont^ ,nbsp;irritez griefuement gt; ceux qu’ils ne pouuoyentblcgt;‘^^p,nbsp;uec le fer eftoyent par eux outragez d’iniurieufo Pnbsp;les, de forte que nous qu’ils auoyent prins en hain^nbsp;que les Papiftçs mefmes, eftiôs defchirez par euxnbsp;tes fortes d’iniures amp; mefdifances, amp; pour n’auoir*®nbsp;eftre complices de leurs malheuretez nous eftions 1 F ,nbsp;rezd’auec eux. Nous donc à l’exemple des Lacede ,nbsp;niens, eftiinions qu’il faloit facrifier aux Mules gt; ” j-Mars,c’eft .1 dire qu’il faloit cercher tous moyens ho», .nbsp;lies de reconcilier auec nous les Papilles nos adueria* .nbsp;auec tous bons offices, lans lesprouoquerdauantag^lnbsp;iniurcs , nypar armes àlencontrede nous. Eux aunbsp;traire difoyent qu’il faloit pourfuyure lioftilemen'nbsp;Papilles par toutes voyes, foit par armes ou par par®* rnbsp;amp; qu’il faloit lafclier la bride à la fureur .Ils auoyentf^j^,nbsp;iours en la bouche la trompette du feditieuxSebe.paf^^^nbsp;quelle il excitoit le peuple à fcditiondt rebellion connbsp;leRoyDauid.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
Ils difoyent aufsi que la paix amp; vnion ne fe pouuoit ligieufement ny Chrefliennement entretenir entrenbsp;Papilles amp; nous, amp; qu’il fe faloit garder par tousnbsp;ens que cela n’auinll, comme ellant chofe pernicieu'^^jnbsp;la Caufe. Et pour le mieux perfuader ils alleguoy'jjnbsp;plufieursraifonsprinfes del’authorité de ie nefay,nbsp;nouuelleTheologie tiree de ce vilain lac, duquelnbsp;tiré comme d’vne mine amp; carrière toutes les feditioo’nbsp;confpirations. Ils n’auoyentfaute de Minillres apO''^^nbsp;lefquels inllruits en la mefme efcolede mefchancetegt;nbsp;citoyent les coeurs des plus paifibles à fedition,nbsp;leurs furieux prefehes dellournoyent plulîeurs gens Pnbsp;fibles de leur bonne nature. On dit que Xenocratenbsp;tellement touché le cœur defes auditeurs .queplud^nbsp;apres l’auoir ouy, dedilToIus deuenoyent teniperaunbsp;modclle.s. Mais des prefehes de ces furies aucun 0^^nbsp;reuient plus modelle,aucun rr’en deuient meilleur-.jjnbsp;contraire , de paifibles amp; modelles qu’ils cfloyeur* p
-ocr page 639-L’ETAT DE FRANCE. 6ir ’ allument tellement de celle fureur, qu’ils deuiennentnbsp;Prompts amp; hardis à commettre toute forte de mefchâcenbsp;tc-Autrefois Pierre Ramus , homme de bien, amp; fort ef-’Oigné delaCaufe,3t moy,nous fommes trouuez au prefnbsp;ehe d’vn de ces Minilrres qui defgorgeoit plufieurs iniu-fes contre les Papilles, amp; excitoit les liens à fedition.nbsp;oous luîmes contraints de fortir auec vn fort grand cre-Urta:ur,amp; non lans murmurer contreluy.Dequoycenbsp;quot;On homme fefentant offenféjnousenvintdemandernbsp;«raifon, apres auoir acheué fon prefche.Nous luy fif-•¦^es celte refponce. En l’hifloire ecclelîaftique Valenti-^lan Lieutenant de Iulian,qui depuis fiit Empereur,a eliénbsp;ort loué de ce que faifant compagnie à lulian allant aunbsp;temple de Fortune il bailla vn coup de poing au portiernbsp;0 temple,pource qu’à l’entree illuy auoitietté vue leu-goûte de leur eau de purgation fur fon veflement,d’aunbsp;ot qu’il difoit queluyquieftoitChrefticnnefefentoitnbsp;point purgé de celle eau Etlinique, maisplultollfouil-^-Aüfsi h nous t’eufsious donné des coups de poing ànbsp;’ll]* as fouillé amp; offenfé nos aureilles, en efpandaiitnbsp;renin de ta feditieufe Caufe, vn chafeun pourvoit direnbsp;W nous aurions fait chofe digne de toy amp; de ta fureur,nbsp;¦nlinousle lailTafmes , apres l’auoir grieuement tancé,nbsp;es Minières n’oublioyent rien à faire pour exciter lesnbsp;sens a fedition,amp; rompre lapaix publique.
Au contraire, nous auions plufieurs de nos Minifires pens de bien,fauans,amp; craignâs Dieu,amp; detellans la Cau-’•efquelsnous oppofîons comme vne muraille à leurnbsp;ç'j'yi’t'nfe. Sauoir elide Spina ,des Rollers , Holbrac,nbsp;Voll Haye, Mercure, amp; plufieurs autres, lefquelsnbsp;laf c '°'ttierain Pontife ( qui par la leéture des P.oetesnbsp;J ƒ’ts amp; de Rabe!ais,ell tant auancé en impiété amp; impu-^ee,qu’il ne peu t goulter aucuncm ent la pieté) haylToitnbsp;. etelloir, amp; les auoit notez de fa cenfure comme de-eursde la Caufe. Car il a ordonné par fes decrets quenbsp;1 ’conques ne felieroit auec ferment à la Caufe, feroitnbsp;'»rommunié.
ais nous qui mefprifions fes cenfures mettions pei-le nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;publique de la Caufe n’augmentaft, amp;
Ptinll racine. Et quant à moy qui ellois fort occupé Qjl
-ocr page 640-6it MEMOIRES DE à mon office d’Aduocat, i’employois tout Ie loifirnbsp;pouuois prendre à coinbatre cefte furie.
Or la principale raifon qui m’induifoit à decsftcf opprimer cefte Caufe, eftoit que ie voyois que ceu*!“'nbsp;s’yeftoyentvne fois Iiez,eftoyent fi. changez queP“^.'nbsp;fonne n’euft iugé que iamais ils çulTent efténbsp;Car ils commençoyent incontinent à parler fi n*quot;nbsp;Roy amp; des Princes de France , Scmonftroyent ennbsp;fi mauuaife opinion, amp; hayflbypntde telle forte la .nbsp;de'Valois , qu’ils auoyent horreur de l’ouyr feule®'pnbsp;nommer. Donc voyantvne fi grande mutation,J’nbsp;luignec des cœurs amp; mœurs des François,ie me fii’’nbsp;té que les Sacrificateurs de cefte malheureufe Ca®'nbsp;leceuc^ent perfonne en leur roolie,que premier’’ jjnbsp;luy euflènt arraché le cœur, dans lequel chacunnbsp;a la fleur de lys, amp; l’amitié de fon Roy viuement en'nbsp;neetimitans en cela Nahas, qui ne voulut onenbsp;les Iâbiens,finon que fous condition qu’on leur arranbsp;î’œil dextre. Et certainement,afin que nous jninbsp;àparttoutes fictions , depuis que quelquesvns en gt;^1nbsp;enroollez en l.a Caufe, comme s’ils euflènt pemnbsp;dextre,ils regardoyent detrauersde leur œil f,,i'nbsp;enuieux l’heur de noftre Roy, amp; la profperitenbsp;Royaume. Eteftoit cefte haineamp;ce venininfiis^ ,((nbsp;lé dans le cœur de nos François »principalement^,!'nbsp;mefchantqui prclide fur vous, amp; qui, commenbsp;de la nation Alinonee, obtient le Royaume^nbsp;ficat: lequel voyant que la France qu’il vouloirft''nbsp;feu amp; à fang, eft efchappee vne amp; deux fois denbsp;s’eft tellement enflammé contre noftre Royne (nbsp;ayant le gouuernementde fon fils ieune ,auoi^,^(jinbsp;prudemment amp; virilement tous fes deflèins)lt;inrnbsp;the maintenant que d’abolir le nom de Valoisnbsp;uerferl’eftatde la France ,difant publiquement flnbsp;öfter la mereamp; les pen's,afin que i’vfedenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;flj^
1er. 11 enfeigne ce!.a publiquement tant de par efcrit, amp; l’imprime dans le cœuramp; lanbsp;tous ceux de la Caufe. Voila le principalnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j;
auquel afpirent amp; tendent tousles efforts de ,f lont. Us s’en promçtœnt bonne iflue pat '
-ocr page 641-L’ESTAT DE FRANCE. 6ij ''•f ’bominable Prophete, la voix duquel eftà ces gensnbsp;*“^iiglç2 comme vn oracle, amp; les efcrits, Comme les li-Sibylle. Et pour mieux y exciter ceux de fanbsp;attirer plus de gens à icelle, il feignoit, commenbsp;**gt; fecondCatilina.que plufieurs grands feigneursamp; gensnbsp;bien, qui neantmoins deteftent leur fedition, font oc-*^ultenient de la partie. En apres, il donnoit FauiTementinbsp;^¦’tendre qu’on auoit fait des afl'emblees en Angleterrenbsp;^^SuylTe pour auancer les affaires de la Gaule,au preiudi-Roy amp; dece Royaume. Etquetous auoyentcon-'Pbeà ces fins,amp;auoyent promis d’y employer leur pei-’’fileur bien,amp; leurpuiflance, moyennant que ceux delànbsp;Caufede France euflent bon courage ,amp; qu’ils fuffentnbsp;“æn délibérez de s’efleuer promptement en armes. 11nbsp;blafmoit inceflamment lalafchetc de ceux de laCaufe,nbsp;tte ce que viuans en paix amp; tranquillité , il fembloit qu’ilsnbsp;'uflènt oublié l’inimitié qu’ils portent au Roy amp; aux Pa-P’I^es. Il difoit que s’ils fe haftoyent la viftoire eftoit ennbsp;''Ht tnain:au côtraire,que par trop longue attente les oc-«fionsfe perdoyent. Etfaifoit fauoirtouteequedeflusnbsp;’x Prince delà Caule,amp; àfes plus fideles Confcillers, parnbsp;ƒttres, efcrits, marques, noms changez amp; defguifez,afinnbsp;tenir couuertes fesmefch.ates intentions à nous qu'ilnbsp;'‘¦«gnoit autant que les Papiftes:d‘autant qu’il fauoit quenbsp;’î^uans tant feulement à pieté amp; tranquillité, nous le de-^^ftions auec fes rufes. Maisayans moyamp; quelques vnsnbsp;^es noftres defcouuert par bruits, foupqons, amp; autres in-'eesalfez certains,qu’il en vouloir à la perfonne duRoy,nbsp;^tafchoitde réuerfer fbn eftat,nous luy efcriuifmes founbsp;'ttaupjrauant celle derniere côfpiration plafieurs let-, Mes amp; pleines de menaces, par lefquelles nous luynbsp;^t'Oncions nouuel œuure ,amp; qu’il fe departift de ceftnbsp;®'{'tre feditieux amp; diabolique, amp; nous laiflàH iouyr de lanbsp;P’gt;tamp; repos, fans fe melier des affaires de France. Maisnbsp;ffan nous n’auôs peu efehapper que ce malheureux en-^tniy du Royaume amp; du repos public , auec fa funeftenbsp;^^ufeidontilaietté les foademenspar l’induélion denbsp;^tan, ne nous ait fait tomber en ces calamitez amp; amertumes.
ht cependant fans fe mettre en danger, loin de la mer, 04 J
-ocr page 642-614 MEMOIRES DE il regarde Neptune faifant rage, prenît fon plaifîrnbsp;heu des banquets amp; tauernes, tandis que nousnbsp;amp;fomines en exil pour fa mefchanceté. Lorsqu** jJjii-dire que nous menions paifible vie,amp; qu’au «elu^ N-ce il n’apparoilToit aucunes nuees de feditions **7, jtC*nbsp;tes, il eneftoitfort marry. Et incontinentnbsp;tumultes, amp; remettre fus 1 autel de Difeorde, d uO**nbsp;icyau fecours desnouueaux fuppofts amp; miniftfus^^^jtnbsp;fureur amp; audace. Mais quand il oyoit dire qu’il ynbsp;quelque meurtre fait en France, qu’il y auoit fedi**nbsp;batterie, telles nouuelles luy tomboyent dans IaP°’ jf-ne plus douces que miel(afinquei’vfedela façond^r^j,,nbsp;1er d’Homere) car c’eft chofequi luy eft donnée denbsp;re, qu’il repaift fort volontiers fes yeux de fangnbsp;comme vn autre Alpiu s. Tellement que quand il *’*'[jfii'nbsp;que les François fe battent amp; s’entretuent en beftf®nbsp;tes,telle nouuelle le relîouyt, le doux Pafteur amp; g,dnbsp;qu’il eft.Par ces edits qu’il a fait fur le fai£t de la gu^*^ j’ilnbsp;commande que tous Papiftes foyenttuez,difant q** 11nbsp;en refte aucun viuant, fa Caufe ne peut eftre alTeuf^ ƒnbsp;commande qu’on coupe les parties honteufes auxnbsp;nés amp; preftres , il dit qu’il en veut emplir vn puy, ‘**’*''^1'nbsp;iadis Alachis tyran des Lombards auoit entrepris *1^ (lire , fi la mort ne l’eufi preuenu. Et quant à nous qu*nbsp;fions de nous enrooller en la Caufe, amp; qui nous en ,unbsp;feparez , il eftime qu’on nous doit prolcrire amp; banu jnbsp;loin. Si toutes ces cliofes aduiennent comme de!**nbsp;malheureux tyran ( ce que Dieu ne vueille) il faud*’-*j^,tnbsp;dire ce que quelqu’vn dit à Sylla, voyant qu’il ne vo** ^jinbsp;mettre tin à fes proferiptions, Auec quiviurez '/o'tinbsp;France ? car ceux qui demeureront de ceux de la L j^jinbsp;malaifement pourront peupler vue ou deux villes.*^^nbsp;fon efprit aueuglé nevoid rien de tout cela, tâtilel*^^|pnbsp;mé contre leRoyamp;fon Royaume,qu’il demande la , j(,nbsp;tude amp; defolation de laFrance à quelque prix que (irnbsp;Et fi Dieu euft donné à ce bon Euefque amp;Prophete^^^^^nbsp;force admirable de parole qui auoit force de glaire,/ anbsp;laquelle fainft Pierre tu.a Ananias amp; Sappliira: amp; ‘\jlnbsp;Paul aueugla Elimas, bon Dieu 1 quels malTacresnbsp;enFrâce.Ce furieux couperoitd’vncouplagorgea* jj
-ocr page 643-L’ESTAT DE TRANCE. 6^
France:maispource qu’il neluy eft permis d’vfer de 'j'Uauté amp; force ouuerte enuers la France amp;enuers nous,nbsp;'‘neccfle point de machiner fa ruine encachette.Et voy-~nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jepar_
' inc que fes entremetteurs amp; meffagers qt 'is pat toute la France n’auoyent pas alTenbsp;ÖrA 1- Z 1 • •nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;_ ,nbsp;nbsp;nbsp;_
, nbsp;nbsp;nbsp;[ezauancéà fon
S'é la fedition amp; la Caufe, apres les auoir bien tancez, en ’nluy mefme y vint fous prétexté d’vn fynode general»nbsp;3nil auoitaflemblé de diuers prefeheurs de fa faftion,nbsp;quot;“n point pour traiter de la religion,mais de la Caufe. Anbsp;pUelle airemblee,comme mefehâte Si illegitime, dref-tant feulement pour nourrir amp; entretenir les fedi-l'°nsen France, refifterenttoiis ceux qui tenoyetît pournbsp;p* reijgionpure,efloignezde fadion amp; fedition: meimesnbsp;*®'re Ramusappreftoit vn liure plein de doftriiie amp; pie-Contre fa faâion amp; témérité, par lequel il enfeignoitnbsp;1“U eftoit venu en France en cachette, amp; comme par v-ƒ ?outtiere, pour nousdonnerpar force le talmud denbsp;^’‘'c’ye,amp;nous ferner des feuxamp;feditions au lieu de la
amp; fainfte religion. Ce liure euft efté bien toft mis I 1' æ quot;’’ore parRamus.s’il ne fuft mort en ces miferes. Ennbsp;I æniblee la plus fecrette de ce fynode, en laquelle il a-orà'feulsde la Caufe,amp; encor les plus fideles,ilnbsp;.“Onna nommément qu’on amalTaftde tous coftez lenbsp;nerfsnbsp;.Sperre. Et pour ce faire il aduifa que chacun ven-'I^uoit, amp; que l’argent ieroit misaupluftoftnbsp;On pourroitau threfor de Ceneue,amp; à labourfe com-n?''^ 4'’’ ^uoit efténouuellcment eftablie à cefle fin. Etnbsp;Iç^quot;' au furplus de ce qui eftoit necclTaire pour amaflernbsp;fg §cns guerre eftrangiers,il en prenoit la charge furnbsp;/•‘Ucontinent que i’entendis qu’on dreffoitvne bourtenbsp;’’’Une,amp; que les noftresamafî'oyent argent,iemôftraynbsp;' n^^^Fe faifoit fans aucun exemple de nos maieurs.
, ia,'’^ les anciennes Egliies des Chreftiens n’auoyent I, ais eu bourfes communes, que pour les panures: quenbsp;1 offrions libéralement pour les pauures, amp; pournbsp;cio Dieu toute noftre fubftance , mais que nosnbsp;Clés n’eftoyent ouuertes à perfoiine pour vouloir en-Ptedre la guerre cotre lePrince amp;le repospublic.En lanbsp;tnc afleblee cefte furie ordôna que partoute laFracenbsp;04
-ocr page 644-^16 MEMOIRES DE defcription fuft faite du nombre des hommes ,nbsp;cultez de ceux qui font profefsion de la Religion •nbsp;les bons refuferent d’entrer en ce denomorenienbsp;defcription , pource que tel dénombrement eltnbsp;profefsion de fuietion, laquelle n’eftdeuë à autre 4nbsp;Prince . Ce font chofesqui appartiennent aux j 1nbsp;non aux autres.Et mefmes d'autant qu’elles contienn |nbsp;enfoy quelque renouuellement amp; mémoire de leru'^^^nbsp;de,les Roys mefmes ne les doyuent pas faircatoU'nbsp;heiirtes,ny legerement.Mefme Dauid fut affligé de 111nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;|
(tefmoin Samuel ) de ce que iàns caufe il auoit fah j fer amp;; dénombrer fon peuple . Quiconque eftant pn“nbsp;vfurpé le dénombrement des hommes, amp; labourfeco^nbsp;mune, il entreprend fur l’authorité du Roy.Etdynbsp;ne poHuois bonnement croire que le Roy qui eft marenbsp;peuft endurer telle chofe.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lt;
Dauantage que la Caufe euft fon Prince, enuiron» de troupes, fon Chancelier ,fes Secretaires, fes Amo*nbsp;iadeurs, fes Tlrreforiers, fes Capitaines, fes legi®”nbsp;pour munir des Egliies comme des frontières ,nbsp;tout cela fe fift aux defpens du peuple,que de grandsnbsp;gesamp;falaires leur fulTent afsignez fur le fang amp;nbsp;des fuiets du Roy, qui d’ailleurs à grand peine ontp®*nbsp;fince/de payer les tailles amp; impolîtions ordinaires:*nbsp;leurdeclarois que par telles façons de faire le peuplenbsp;ftoitprefle, amp; le Roy olfenfé. Car à la vérité celan’eft®*nbsp;autre qu’eftablir vn nouueau Royaume en la barbe ƒnbsp;Roy ;amp; preuoy ois que telles chofes eftant faites, mein'®nbsp;en la cour du Roy, amp; en fa prelence, elles ne pounoye®nbsp;durer,ny eftre endurees long temps.
Les peres de famille n'endur$nt pas volontiers leurs affaires domeftiques ,que l’adminiftratiundele*nbsp;bien foit vfurpee parvn autre: plus difficilement l’endquot;nbsp;rent les Roys en leurs Royaumes, amp; en leurs Cout'*’nbsp;efquelles la plufpart du temps ialoufie amp; foupçon ®quot;^nbsp;couftume de faire leur nid. En fin ceû argent fauxnbsp;oimeux de la Caufe amaffé de noslarmesamp; plaintesnbsp;tre la volonté du Roy . amp; fans fon mandement,eu®nbsp;difsipé, amp; confirmé par ceux de la Caufe en mauuais vlnbsp;ges. Car plufieurs perfonnes inutiles amp; indignes de viquot;^
-ocr page 645-L’ESTAT DE FRANCE. 6rf d«4sur mefchanceté en cftoyent nourris fplen-®^*Oentamp;magnifiquenient.Surquoy ic vous teux direnbsp;® 5*emple qui eft aflèz cogncu en Cour.
’ “ pauure homme du pays de Gafcongne vint à moy pour vn proces, tout mal en ordre, amp; delchiré, à qui ienbsp;preftay de l’argent pour viurc au iour la iournee.11 ad-uint que par le moyen de l’ancienne Frequentation qu’ilnbsp;luoitauec lafemme d’vndela Cauie »qu’il entretenoit»nbsp;“fiitpàrelle introduit en la Caufe. En moins de rien ilnbsp;deuint tout autre que de couftume,tellement que ielenbsp;m efcongnoiflois. le le trouuay habillé à l’auantage » accompagné deplufieurs valets, au refte defpendanVvnenbsp;infinité d’argent, en toutes fuperfluitez amp; voluptez. ïenbsp;demande à quelques vns,qui l’auoit en fi peu de tempsnbsp;efleué en tel heur d’vne fi grande mifere ? ils me refpon-dent que c’eltla Caufe.le leur demande encor pourquoynbsp;Vn homme de néant amp; moindre que tous hommes s’e-ftoit rendu fi agréable au Prince de la Caufe,qu’il ne s’ef-loignoit iamais de luy ? on me dit qu’il luy auoit promisnbsp;fon leruice en tel homicide qn’il luy plairoit. Ce qu’ayâtnbsp;feeu ie tanqay par plufieurs fois ces courtifansde la Car»nbsp;fe, de ce qu’ils n’auoyeni honte de nourrir aux defpensnbsp;pubhques, des hommes de néant, couuerts de tous vicesnbsp;amp; raefchancetez, amp; les charger de leur ambaflàdes amp; nenbsp;gotiations les plus graues amp; ferieufes : A quoy il s menbsp;tefpondoyentà l’aureille que bien tort ilsferoyétvn aftenbsp;grand amp; memorable. Dontie colltgeois que laCaufe a-noitdes larrons amp; des meurtriers caçhez dedans fon feinnbsp;comme dedans vne gaine,qnideuoÿent pluftoft eftre re»nbsp;doiuez pat les Princes,que par lesperfonnes priuees.inbsp;brief, i’oyois dire qu’ils aflen)(bloyent,detouscoftez,nbsp;“ri homes hardis,courageux, ei,trepreneurs, amp; promptsnbsp;»Jamain,pour faire quelque mefchantamp; malheureuxnbsp;»fte. Et quand ie m’enquerois quel profit-pouuoyentnbsp;porter ces monftres d’hommes à la deffufdite Caufe,nbsp;ris ne me tefpondoyent finon ,c’eft pour faite vn beaunbsp;Coup , Cependant ils viuoycnt amp; cftoyent nourris du'nbsp;rroftre, deuans eftre à l’aduenit caufe de noftre ruine, carnbsp;pour mon regard, à grand peine ay ie peu efehapper lesnbsp;mains deces meurttiers.Or n’ayans peu ceux de-laCau-
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fe iinpetrer du Roy qu’il déclarait guerre ouueftc Roy d’Efpagne, ils entreprindrent de faire tuer en trahi'nbsp;fon par leurs meurtriers les deux perfonnes les plûs pro'nbsp;ches du Roy, l’vne en ligne direfte, l’autre en ligne cornbsp;laterale,penfans que ceux là les auoyeut empefehez d O'nbsp;btenir du Roy ce qu’ils defiroyent.Dont ayans eftéfefflnbsp;vn petit bruit par quelques vns, ayant entendu que k’nbsp;principaux de leur noblefle envouloyent tenirconleinbsp;fecret, ie petfuaday àplufieurs gentils hommes de nO'nbsp;Itre pays qui m’eftoyentfort amis de ne fe trouuer poi®'nbsp;en cefte aflèmblee , Si fuyuant le confeil de Salomo®nbsp;aqu’ils ne fe meflaflent point auec les feditjeux, d’auw®nbsp;que leur ruine eft prochaine. Et ayans ceux là refuie lt;»nbsp;s’y trouuer ,amp; m’ayans allez legerement nommé a®nbsp;theur de ce confeil, non parmalueillance qu’ils mepof'nbsp;talTent, mais fans ypenfer, ils me mirent en grand da®'nbsp;ger. Car ceux delà Caufe en eftans aduertis,d’auta®'nbsp;âufsi qu’ils cognoiflbyent que ieleur puyfois fort,nbsp;d’autres affaires, qui appartenoyent à l’eltablilTeme®nbsp;de leur Caufe , baillèrent charge de me tuerà vn dec®’nbsp;volleurs qu’ils nourriflbyent de noltre argent pour le ®nbsp;trim entdu public,amp;de tous gens de bien ; lequelnbsp;demain apres difnerpenfantme trouuer feul faifant®,nbsp;eferitures pour mes parties comme i’auois accouftu®’^’nbsp;de fortune il me trouua entre vue amp; deux heures apf®nbsp;midy difnantplus tard que decouftume auec mes don’llnbsp;ftiques amp; quelques vnsde mes parties, à caufe de q®®.jnbsp;ques empefehemens que i’auois eu au matin. Parquofnbsp;s’en retourna fans rien faire amp; fans mettre en euid^e®nbsp;la fureur . OItrachns ayant efté enuoyé parMitlirid®nbsp;pour faire tuer Lucullusfous ombre d’amitié, ilnbsp;entrer chez luy,ponrce que de fortune il dormoir cenbsp;là à midy:doncPlucarque eferit que le dormir du mjd,nbsp;fauua./iinlîledifner d’apres midy mefauua.Carh lt;nbsp;difné à l’heure 3ccouftumee,ceux de la Caufe eunc®pLlnbsp;du en moy vn grSd ennemy.Ce qu’ayant eqtédu pa® lt;nbsp;deTholofequim’auertiten àmy que fi i’auoisnbsp;du fer, pour l’aduenir ie me gardalTe du venin, ayapjj^gnbsp;libéré de me plaindre en public de ces embûches®nbsp;dit qu’en vne fi grande licence de meurtriers ,il
-ocr page 647-L’ESTAT DE FRANCE. 6iÿ *®siHeur de me taire amp; me garder.Far telle contrainte,amp;nbsp;'Menace ic fus côtraint de me départit de la plainte que i’inbsp;•lois délibéré de faire .Pource que ceux de la Caufe rem-Pliflbyét les brigâds amp; voleurs de ricEefles, tous les meC-^hanss’aflembloyent à l’entour d’eux, partie fous efpe-•ince de butin,fi la guerre ciuile,qu’ils elperoyent, fe fuftnbsp;fnibrafee,partie aufsi pour la friandife de l’argent cotentnbsp;^wfe trouuoit preft pour tous ceux qui promettoyétfai-•s meurtres en trabifon, ou hardies entreprinfes. Q^l-Sues vns des noftres attirez par ces raifons.ou autrementnbsp;leur inclination mauuaife, d’autant qu’ils voyoyétquenbsp;la poureté eftoit la côpagne de la Religion,efchappoyentnbsp;'lenousiamp;s’adioignoyent î ces mefchans fettateurs de lanbsp;^lufe. Mais nous portions allez patiemment la perte denbsp;•ulles gens, amp; dilîôs ce que iadis l’Eglife d’Angleterre a-uoitditde CadbaldeRoy d’Angleterregt;quis'eftoit rangénbsp;uut idoles, pource qu’il ne pouuoit endurer les reprehé-fions que les Euefques luy faifoyent pourfes fautes publiques; qu’il auoit nuy.nô à l’Eglife, mais à foy-mefmes.nbsp;ha Caufe s’enfloitde iour en lourde mefchasamp; malheu-•sut hommes : mefmes plufieurs gês de bien par imprudence s’y lailToyent tomber, penfans qu’il ne s’y traittoitnbsp;d autre chofe que de la pleine liberté des Eglifes,de la-S^ellcles MiniftresdelaCaufefaignoyent auoir l’Idee,nbsp;l’exhibovent au peuple comme chofe populaire,amp; fai-myent commeSymonides,lequellouantles mules faifoitnbsp;^ention des cheuaux qui les auoy ent engendrces,3c nonnbsp;quot;SS afnefTes; ainfî.ceux cy propofoyét en public la liberténbsp;'‘Sl'Euangile, de laquelle, commed’vn bon commence-y'sntaeftéengendreecefte malheureufe Caufe. Mais ànbsp;sntree de leur Caufe ils ne faifoyent mentio de la faâiônbsp;“^sôfpirationquia fouillé amp; corrompu celle liberté d’E-^^ngile, amp; par ce plufieurs hommes fimples amp; rudes,nbsp;bien les perfonues peu refolues en leur entende-’'Jsnt,qui demenoyent diuerfes chofes en leurefprit,nbsp;^uins attirez par ce premier afpeél de celle beauté, amp;
le fpecieux nom de celle liberté, elloyent prins amp; Engluez comme par des filets. En celle liberté Chre-’siine,dont nous faifions profefsionvravement amp; purement , amp; eux fauffemeut amp; afin de mal faire, il nous eft
-ocr page 648-610 MEMOIRES Dß
aJuenu ce qui adiiint i refpoufc Jont parle 1’lutarque f» fes narrations amoureufes,laquelle ainii que fon mary **nbsp;inenoitcn fa maifon futempoignce par fes amoureuainbsp;amp; comme chacun d’eux la tiroit àfovjelle fut mireraolC'nbsp;ment Jefineinbree : Ainii nous vrais efpoux tirions anbsp;nous la liberté de l’Euangile pour en vfer,amp;, ceux d« **nbsp;Câufe latiroyentàeux pour eu abu(er,amp; defguiferlenrnbsp;mefchanceté,amp; en fiii cefte liberté defchiree amp; aniiichi-lee s’eftperdue, amp; ell maintenant deuenué à néant ennbsp;France, amp; eft ce malheur aduenu , non par iioftre faute,nbsp;mais par la mefchaceté de ceux de la Caufe, comme i aynbsp;délibéré de vous môllrer parlapiefente, fuyuant ceqnenbsp;ievousay promis parlccoinmencementd’icellê. D*’®'quot;nbsp;afinquc vous nous dcliuriezdetoutfoiipçonde feditio®’nbsp;amp;que vous elfimiezque nous fommcs fans faute,fcach®*nbsp;que toutes les contentions que nous auons eu auec ceo*nbsp;de la Caufe, qui ont efté en grand nombre,diuerfesiamp;’^nbsp;gres,nous auons toujours combatu pour la pieté amp; tr^nbsp;quillité, amp; auons mis grande peine à eftaindre toutes 1®nbsp;flammes de lcdition que la Caufe allumoit de iouras®nbsp;tre. Comme le veiitde Midy amalTe les nuées,ainujnbsp;Caufe les tumultes amp; feditionsxommelaBife difsip®nbsp;nuee.s,ainfi nous difsipions tant que nous pouuions h’®nbsp;mefchances entreprifcs,amp; n’efpargnions rien pourynbsp;uenir. Ils vcillot’tpt pour la guerre amp; pour la ruine “nbsp;public ,amp;en cela nous auions vne trefaigre amp; trelt;3*’®nbsp;contention contre eux , afin de diffiiader amp; empefehetnbsp;guerre , laquelle ils procuroyent par tous moyens à e®.nbsp;pofsibles.Nons leurpropofions la fagefledes Gentilsy^nbsp;ont voulu que ion entreprenne les guerres lors tant f®®,nbsp;Icment qu’on nous trompe,qu’on nous contraint,cuq“nbsp;nous defpouille. Mais tant s’en faut que nous peufsi®®nbsp;prendre les armes contre les Papiftes fous ce pretest®^nbsp;que fi nous voulions venir à conte (comme on ditcon’nbsp;munémcnt) ils auroycntplus grande occafion de nO®nbsp;faire la gu erre pou reelle caufe,Les mefmes Philofop®‘nbsp;ont elliméqiic la guerre,qui eftehofe prefque brutale,®,nbsp;fedoitiamais entreprendrefinon afin d’auoir P®’’'?,nbsp;feurce.Mais laCaiife veut renonuellerla guerre pour
quot;¦ ftruire vue paix amp; Vntrcfgrand repos public. L’antiq®'b
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f»! combien que les Théologiens eiliment que les guer-liefe doyuent entreprendre par volonté,mais par iie-'camp;ité, amp;- ne doit on vfer de remedes lî afpres,linon lots *1»» la dure necefsité nous prelTe.
MaisriennepreffoitlaCaufe,autrechofe ne la tra-que le trop de repos, amp; afin que i’vfe des paroles Euftbe, l’Eglife foifonnoit trop en paix. La Caufe de-‘’f»ee de tout pretexte raifonnable de guerre,neant-î^qinspreparoitla guerrecontrelecommandement denbsp;. *cu,amp; fans la permifsion duMagiftrat : amp; fedoit appe-telle forte de guerre par les loix militaires non guer-p’ mais brigandage. Les armes des perfoiincs priuecsnbsp;°*gt;t exécrables, fi elles ne font couuertes de l’authoriténbsp;?» CQnfentement du Magiltrat. Tant que le Prince denbsp;Oudé a vefeu, fon nomferuoit de couuerture à leursnbsp;ptreprinfes, à l’exemple d’Abraham qui eft exeufé alfeznbsp;f®idementdeceqii’eftant perfonne priuee il arma lesnbsp;)**ns fous pretexte qu’il auoit fait alliance auecEfcolamp;nbsp;j/’nibre Princes de grande authorité,amp; qu’il auoit arménbsp;foldats fous leur aueu. Mais lé Prince de Condé eft.itnbsp;^’'fft, on ne peut alléguer pour autheurs de cefte mal-/»reufe gucrre.ces bons amp; innocens Princes qui luy on^nbsp;( »tefcu,veu que ayans befoind’eftreaiîthorifez par au-àcaufe deleurbas aage , ils ne peuuent donner au-j.'oritéaux autres. Car par le benefice de leur aage le re-J?tiement leur eft toufiours ouuert.Et le Prince de Con-mefmess’ilviuoit ne vous authoriferoit iamais en l’é-cprinfe d’vne fi mefehante amp; volontaire guerre . Défianbsp;’»oit cognu l’impofture amp; mefchanceté de la Caufenbsp;1» On b,Vnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J.______;i- j_Tgt; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;O. —
f,tr MEMOIRES DE tan inuenteur de la Caufe:amp;pourcefteraironlt;juîD^(’?Jnbsp;luy annonça la mort du Prince de Conde,ie le vy ftutnbsp;deioye,pource qu’il cognoilToit ^ue par la mortalnbsp;Prince,la principale charge venoit aceux quifâuoriwjnbsp;plusqu’ils ne deuoyétleurs mcfchantes faaiôs amp; 1»nbsp;fe.Etaufsi dautant qu’il fauoitquele Prince de ConJs Jnbsp;uoit grandement deftournéfon efpritde la Caufe, P’nbsp;leconfeil de ce fainét homme Perocelly,dequiceftuyrinbsp;eftoit ennemy mortel, comme de cous les autresnbsp;de bien. lepenfe que file Prince de Condé eufteu loiquot;nbsp;il euft dit en mourant à fon fils amp; à fon neueu, de ceux o®nbsp;la Caufe,cequeluftinian le ieunemourantditàTyboi^’nbsp;qu’il auoitdefigné pour Empereur en luy monftrantft*nbsp;Confeillers quieftoyentprefens ,Ne leur croy point, uCnbsp;leur obey point: car ils m’ont mis en lamifere«ùtuin5nbsp;vois. Nous nous efforcions, ô Portes, d’arracher les af'nbsp;mes des mains des feditieux, auec plufîeurs autresnbsp;fons,amp; aucunesfüis nous y profitiôs quelque peu, amp; pöU“quot;nbsp;vn'temps. Mais incontinent nous oyons dire qu’ils auop'nbsp;cnt empoigné quelque legiere occafion de s’efmouuoir-En quelque lieu le Magiflrac auoit donné fa fentencenbsp;contre l’edit de la Paix, amp;. partant il falloir deftruire amp; I®nbsp;Roy, amp; les Papiftes : amp; eftoyent excitez à ce faire pafnbsp;leurs mefchans Miniftres , de telle façon que bien fouuetnbsp;on fuft venu aux armes, fi nous ne fufsions accourusnbsp;pour leur remonftrer que plufieurs paroles faufles s’ef'nbsp;pandoyent contre le Magiftrat, amp; leur enfeignions qu'ilnbsp;ne falloir pas temerairement ietter vn Roy innocentnbsp;hors de fon throne pour la faute d’vn Magiftrat, amp; quenbsp;les anciens s’eftoyenc fouuent oubHéz en ceft endroit.nbsp;Car plufieurs affliéiions eftoyent données ai\ciennemétnbsp;aux Chreftiens par les LieutenansdesProuinces,amp; nom*nbsp;mémentpar les gouuerneurs des Gaules,comme tef-moignent les hiftoires, contre la volonté des Princesnbsp;mefme Chreftiens,amp; en cefteErçô plufîeurs gens de biennbsp;eftoyent oppreflez. Ainfî fainft Marin noble Soldat eutnbsp;la tefte tranchée en Cefareepour la Religion Ghreftien-ne contre la volonté de Galien Empereur, fous le regnenbsp;duquel l’Eglife eut vne grande paix. Ainfî ont efté plufieurs indignitez perpétrées par les Magiftrats, contre
' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lâinct
-ocr page 651-J. Ve s tat de FRANCE. 625 lenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;defceu d’Arcadius.
*gt;011 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;falioit corriger les fautes des Magiftrats,
P^'' ''oyede iSiçj \ ’ 4“’d falioit demander iuftice par luftice, mef-7 enclin. Quand celle feditiônbsp;s’efleuoitfur le champ. Ils fai-**^'1’auoit faitquelque chofepour ener-Roy de feu,de foudre,nbsp;jtiçj '^urutiion de fon Royaume , ils couroyent aux ar-en falloir parler auRoyau-pjijp H^elques fois feruent à leurs peuples, amp; qu’ils fontnbsp;'as ^'’‘f’.'hofes par contrainte amp; mal gré eux,amp; qu’en cenbsp;homme de iugemétamp;d’équité ne lesblafma.nbsp;flej * piteux a efté appelé le proteéteur de l’Eglife, amp;nbsp;enuuya en exil Nicephore Patriarche qu’ilnbsp;qui eftoit cognu par fa grande probité amp;nbsp;plçnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de vie, amp; ce pource qu’il ne plaifoit pas au peu-
Se nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pouuoit relifter fans meurtre amp;domma-
qu’en allant à '''Ptefches,ils eftoyét haralTez par les mocqueriesamp;nbsp;populace Papille , amp; de là ils prenoyentnbsp;toinbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;torches pour allumer la lédition, amp; auoyent
Miniftres qui les prouoquoyentà fu-f’Prefchans que toutes iniures mefmes les plus lege-eß deuoyent vanger par läng amp; cruaucé,eftans du tout j^^olelTé à mort d’vne tuile que luy auoit ietté vne fem-g^j'^ftienne,!! appaifa tous les liens qui le vouloyent v5-p^.’^mourant fitiurer à fes amis qu’ils ne demïderoyctnbsp;quç P“'’i“°” d’elle. Car ce faind homme cognoilToitnbsp;la vpourfuyuent trop aigrementnbsp;J, Engeance d’vne iniure,fe font mis en grands dangers,nbsp;de grands mallàcres fur leur chef. Sousnbsp;d® ludee du temps de Glaudius,nbsp;itsnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Romain tetrouffant honteulement
‘'abilleniensauoit tourné fon derriere vers le temple fçj. ,p5gt; voulans lesluifs s’en venger, ils efmeurentvnenbsp;'^d^te lesRomains,qui leur fucceda fi mal que dixnbsp;it luifs y furenttuez.Et finalement ce qu’on s’efforça
-ocr page 652-614 MÉMOIRES DE en vain de venger cefteiniure legere,fut caufe d’''*'® P*'quot;nbsp;fecution generale fur toute la ludeeamp;Palettine. 'nbsp;niftres de la Caufe faifoyent courir ce prouerbe, F^y '7nbsp;brebis,le loup te mangera,difans qu’ils auoyent efté mnbsp;fierez par les Papiftes, pource qu'à l’exemple des br^nbsp;ils menoyentvne vie douce amp; paiäble, mais quenbsp;demandoit d’autres façons de viure, amp; d’autresnbsp;Qu’il falloir aiTaillir les Papiftes, qu’il ne falloir laj*nbsp;fans vengeance aucunes menaces, ny iniures. qu’ilnbsp;deiouren iour entreprendre quelque chofe parnbsp;l’edit, afin qu’en vfurpant petit a petit, la liberté desnbsp;fes prift accroiflèment. Au côtraire nous difions qu®nbsp;ftoit chofe digne de la modeftie Chreftienne,de nousnbsp;tenir dans les bornes des loix amp; limites del’edit.ij,nbsp;me quelqu’vn des Théologiens difoit, la plusnbsp;berté Chreftienne qu’on lauroitauoir, eftde rfj*nbsp;loix. Brefie difois qu’en attentant contre, ou par^rnbsp;l’edit,nous nous rendrions indignes d’iceluy,congt;n*®nbsp;frafteurs des conuentions particulières que nous au®nbsp;Élites auec le Roy, amp; aufsi comme violateurs de ce cnbsp;traft general, par lequel fainft Auguftin dit quenbsp;hommes fontaftraints d’obeyr aux Rois,ce qu® ® [{nbsp;Chreftiens deuons faire plus que tous autres auec 'nbsp;douceur, amp; fans gloire amp; audace, amp;,côme ditfainc^^^^jnbsp;goire, auec parfaite humilité . Du temps de Valenf*®^nbsp;PEglife d’Alexandrie s’eftant rendue plus infolent®nbsp;de couftume, amp; s’eftant efforcée de paffer plusnbsp;la liberté qui luy eftoit pcrmifc,fut fi abaiffee amp; * . iydnbsp;que les Chreftiens furent contrains facrifier aux f,nbsp;des Payens , ce que Dieu par fa clemence ne vueiH® rnbsp;mettre de noftre temps.
La liberté Chreftienne a toufiours efté ancienn®^^^,^( donnée fous cefte condition,que les Chreftiens viU v.^nbsp;modeftementamp;pacifiquement,ûns rien entrepfnbsp;cotre les loix amp; la difeipline publique. En ces Je*nbsp;»fté conceus les edits qui ont çfté faits de lanbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
Chreftiens,amp; des laifs par Augufte,Tybere,Gaiusgt;^j^5 gi nus,Antoninus Pius,Maximinus,amp; autres Enipcf®^nbsp;mefmes les Chreftiens anciens fontnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lt; Jri**’’
JScrenus,aux epiftres qu’ils efcriuenti Traian amp; jjcc
-ocr page 653-L’ESTAT DE FRANCE. 625 cliofes conformément auxnbsp;(jjfcommcnçoyentàfaire desfeditiôs,nbsp;lenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,amp; commettre quelque chofe contre
^‘oix,alors les edits qui cftoyét faits de la liberté Chre °” ordonnoit contrenbsp;de Pnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;des faccagemens,des pillages,
tu nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;des bnilemens, lames ardantes,tor-
tte^^’frotiflemens furdesgrils ardans, amp; au-s chofes femblablcs . Et eftans priuez de liberté, ils c-fïcntmis fous le iougdeferuitude qu’ils auoyent rae-. 5quot; Etd'aiitantqueparleurfureur ils .anoyent prouo-tar telles calamitez,perfonne n’auoit pitié d’eux: J^otnmequelqu’vn des anciens adit,Cen’eftpoint ef-p °'t de fang que punir les fediticux . Sainél Cipriennbsp;^tit de J J perlecution qui fait fous Dece, qui auoit etténbsp;rebellion amp; fedition des Clireftiens,nbsp;® 2 eux en cefte forte . La perfecution eft venue denbsp;’pechez : Vousfuyuiezl’orgueil,vous renonciez aunbsp;paroles,amp; non de faiâ;. Vous vaquiez à fedi-:nous fommes donc batus comme nousnbsp;’’leritons.
le ’^^nd fainft Cip rien dit ces paroles à ceux là, il par-^ulsi 3. vous qui eftes adonnez à la Caufc, qui en l’editamp;les loix,amp;confpirans contre le repos pu-?!«amp; le Roy ,âue2 precipitéamp; vous amp; nous en ces cala-que des longtemps vous dciîriez auancer, iî nousnbsp;1nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;P^^'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Car eftans
dç *^7deNauarre iSi le Princede Côdéarriuez enCour: Ij,^'lac qui nous a eftélî funefte,amp; duquel iournellemctnbsp;)^Jtgt;aux s’euaporentdeuersnous, commedelaPaludenbsp;ft '.’’’pl'is, lettres nous font apportées parlefquelies il e-(j '* mandé à toutes les Eglifes,que par l’aduenementdenbsp;(^amp;tands Princes la Caufe eftoit venue en aage,amp; qu’il c-Içj’^'^P’ Attelles Eglifes hauçaflentleur courage,amp;;qu’el-hf p'’trairent aux villes auecques armes, amp; fiflent leursnbsp;i dedans les murailles d’icelles contre l’cdit. Lesnbsp;(.j^ftes eftant receiies amp; diuulguees , on commanda à vunbsp;*tun d’aller aux prefehes auec les armes. Commeonnbsp;y Ppteftoit î l’execution d’vne chofe lî dangereufe,nousnbsp;iccourufmes pour diuertir vne E grande calamité,nbsp;Rr
-ocr page 654-a(gt; M E MO I R E s DE , ¦ mefmementde 1’Eglifede Paris : nous prions *nbsp;ftres de conlîdererdans l’hiftoire de fainélAmbfO)nbsp;me dans vn miroir,le pernicieux euenement d’rnCnbsp;fi,peftifere. Gainas grand Capitaine fous l’Empcr®“j^|f(nbsp;cadius,entreprit vne mefme chofe, amp; voulantintro ƒnbsp;les Arriens.defquels il eftoit,dans les murs de Gontnbsp;noble, dans laquelle il ne leur eftoitloifîble denbsp;femblees publiques, difantqu’il n’eftoit pas conuennbsp;que luy qui eftoit grand Capitaine amp; venoit nnuu^^^fnbsp;ment de ii grandes expeditions de guerre ,allaftnbsp;Dieu hors des murailles de la ville.par cellenbsp;re temeraire amp; infolente il tomba en foupçonnbsp;la tyrannie,amp; fut caufe de grads tumultes amp; contenunbsp;tefmoin fainèlAmbroife. Et par ainfi afin d’euitcfnbsp;maux ie difluaday vne li dangereufe amp; temeraire exe jnbsp;tion,laquelle couuransamp; mafquans par la venue “nbsp;grands Princes,ils excitovent enuie contre eux.
Ayans donc différé celle entreprinfe combien . cuflent delaifle la force ouuerte, ils ne fe repofoyf‘’quot;[j£nbsp;pourtant. Ils s’eftudioyent de ferner des inimitiez^*’^nbsp;le Roy amp; fon frere le Duc d’Anjou. Et pourcequenbsp;de peur eft toulîours aux aureilles des fedicieuxiilsnbsp;nbsp;nbsp;L
entque la trop grade amitié qui eftoit entre ces deu* res eftoit fortfufpefte à leur Caufe , amp;que de ladiK^'^nbsp;entre lesdeux freres prouiendroitvne trefgrande r jjnbsp;quillité amp; paix aux Eglifes : que fi cel'a n’aduenoit ilnbsp;mal pour elles.
Et neantmoins il eft efcrit par le Prophete que la des Princes eft noftre paix, amp; les hiftoires Ecclefiaft'fnbsp;tefmoignent, que iamais les Eglifes ne furent finu'^nbsp;blement affligées, que lors que les Princes frèresnbsp;' novent guerre amp; inimitié l’vn contre l’autre. Nicefunbsp;tefinoignequ’en Efpagne du temps des Sarrazins,!^’ jnbsp;glifes endurèrent grade calamité à caufe des guerres 4^^nbsp;furent entre deuxfreres.En France du temps deGhanbsp;le Ghauue, amp; Loys freres, pendit qu’ils font guerre^|^^jnbsp;contre l’autre, toutes les Eglifes furent deftruitesp-France amp; la Lorraine. Mais ces hommes ennemisnbsp;pos,amp;ayans en horreur la paix nepouuoventmetir® |jnbsp;la en leur efprit, tant ils brufloyent de haine
-ocr page 655-L’ESTAT DE FRANCE. 617 ^oy,amp;le repos de la Prince,Ils femoyent des calomniesnbsp;contre le Roy amp; la Roync mere amp; ceux du Confeil :ilsnbsp;ïccufovent publiquement leur iniuftice, afin d’alienernbsp;plus aifément du Roy le cœur du peuple.Ils difoyent quenbsp;le Roy n’ofant rompre publiquement Ä’ à defcouuert l’e-ditdep.tix, le faifoiten cachette, amp; par lettres: amp; qu’ilnbsp;imitoitBafîlifcusmefchant Empcreurdtquel n’ofant op-pugner publiquement le Concile de Calcedoyne, luynbsp;eoupoit la gorge par des lettres qu’il enuoyoitde tousnbsp;eoftez à fes Magiflrats. Or n'y a il perfonne qui ne fachenbsp;que cclacft tresfaux en noihreRoy,d;vous mcfmes Porto, quand vous vinfies en France, vous viftesqne la paixnbsp;amp; le repos eftoyent conferuea entons lieux parle Magi-fitat.Et en Cour vous nous trouualles iouyflans de grandnbsp;tepos,amp; de grand honneur. Mais telles façons «e mefdi-re du Roy, amp; de ceux de fon confeil,ce font vieux l'trata-gemesdetous feditieux,quiveulétfembler amateurs dunbsp;peuple, enblafmant l iniuftice amp; opprefsion des R-ois denbsp;des Gouuetneurs, amp; font femblantd'auoir pitié du peu-plegt;pour exciter enuie cotre les Princes. Ainfi Cefar.ainfinbsp;Catilina, ainfi Abfalon, ainfi tous hommes feditiéux amp;nbsp;perdus,ont efpandules faftions par le peuple. Les mcfdi-fancesdccesgensne ceflbyent iamais ,amp; eftoyent fortnbsp;atroces Contre le Roy, la Roync mere,amp;le fangRoyal.nbsp;ï-tpource qu’entre telles gens qui mefdifoyent du Printe, «deftoitvii péché que de fe taire, amp; de n’y confentir,8cnbsp;\vn blafpheine que de vouloir defendre lo Roy: moy amp;nbsp;yabtes noftre amy , home de douce conuerfation,fuyôsnbsp;'’affeinblee amp; côpagnie de telles gens, pour euiter noi-I’'^noiffant mcfmemcnt que quelques vns de ceux denbsp;la ^ufe auoyent efté rendusfufpeâs, amp; prefqueb.tnis amp;nbsp;ueicEeus de la Caufe , parce qu’ils fembloyët mcfdire dunbsp;Roy trop modeftement.Et tant plus la petulance des Mi-oiftres cftoit grande, d’autant plus augmentoit la licencenbsp;de vomir iniutes contre le Roy, amp; ceux de fon fang. Ornbsp;Weftantvn iour rencontré entre quelques Miniftres quinbsp;niefdifoyent de telle façon ,ie leur recitav des paroles
, ptinfes de Vepiftre de Valctinian Empereur auxEucl-\ quesd‘Afieamp;dfcPhrygie,oùil ditqueparcesmarqutsoa \ cognoit amp; feparelcsEuefques bons amp; fideles, des met-
-ocr page 656-618 M E M O I R E S D E chans,pource que parles prières Jes bös lesnbsp;appaifees fur laterre, ils ne Jetratleiit pointnbsp;lance Jes Empereurs .ils fe ren Jent fuiets à leu’'’, j,.nbsp;Si vous nourrifsiers Jes guerres amp; feJitions, Q’*’ Jlnbsp;iez qu’il n’y a fi cruelle mefJifance au monde doninbsp;foie permis vfer contre le Roy , amp; qui eftimez en’nbsp;franchis Jes loix,amp; n’y eftre aucunement obligezi”nbsp;venez à la cenfure Je Valentinian, vous trouuere^ ^1,11nbsp;vous elles vrayement ce que vous elles, MiniftfU’^i^iiinbsp;de Dieu ,mais Je Satan. Mais à ces gens furie«”’nbsp;n’auoyenc pas leur elprit en leur puillance, ie |jf-fois à eux , non point auec Jes raifons de pieténbsp;quelles ils ne fe lailTent gouuerner) mais auec des P jj,nbsp;amp; craintes que ie leur propofois, amp; mettois ennbsp;faut; Ne fauez-vous pa.s bien que les Rois ont p«’ utnbsp;yeux amp; phifieurs oreilles?ne lauez-vous pasnbsp;les anciens ont dit, Ne maudilîèz point le Ropnbsp;lire penfee, caries oifeaux du ciel luv porter vottrunbsp;Nepenfez-vous pointque le Roy quad il verranbsp;abuîerez li long temps Je fa trop longue patience,”’ (-il la côuertira en ii c,Iaquelle à l’c ndroit Jes Rois e' ji-fagere de la mort’N’auez- vous point leu,que lesR”nbsp;meus parles moqueriesdeleurpeuple,encoresnbsp;legeres,oncexercé de grandes iruautez?Leshilllt;^fj,,Vnbsp;content que Maximinus aflembla toute la ienneU” j»nbsp;lexaJrie eufemble,amp; la fit tuer par fes garJes,po«”'®nbsp;fl auoir ouy dire à Rome qu’elle auoitietté desnbsp;contre luyamp; fon pere,amp; qu’elle s’elloit mocqueenbsp;qu’ellant de petite llature, il auoit voulu côtrefai’^nbsp;ftç amp; l’alleure d’Alexandre. Anallafe empcreurco’’^^|£-ni Helie Euefque de lerufalejn comme crimineu” ^,jlnbsp;fe maiellé , pource qu’il auoit feulement ouy dir«nbsp;s’elloit moqué de fes aélions. Vous donc qui vonbsp;dreflez à famaie(lé,nô feulementauec brocardsnbsp;mais qui foulez l’honneur amp; de luyamp;defaraceamp;’’ ,,'ilnbsp;le,par des iniures atroces amp; piquantes, penfez-vo«^^, 5:nbsp;les pourra digerer amp; endurer .= Non fera ctoycz-f’^^jjc-s’il le fait,il ferachofe domageable au public amp;àl” Inbsp;fié. Car comme nous tefmoignent les Philc’fi’P'l^^j.iiaC'nbsp;douceur entiers les homes mefehas amp; diflolusiC’
-ocr page 657-L’ESTAT DE FRANCE. óz? teenuersles bons . Car l’humanité qui n’eftpointcon-iointe auec iuftice , ce n’eft point vne vertu digne d’vnnbsp;Prince, comme difoit Archidamidas contre Charillus,nbsp;qu'on louoitpource qu'il auoit efté doux amp; humain enters vn chacun. En celle façon ie Içur annonçois l’indi-gnatiôduR.oy,amp;Ieur ruine future,afin de leur faire quelque peur . Mais en celaie perdois ma peine, car apres a-uoir efeouté tout ce que ic leur auois dit,pour tout paye-tient ,ilsmemettoyent en auant, leiourque monfieurnbsp;^eGuyfe futblelTcpar Poltrot,duquel iourils font aufsinbsp;g,rand eftatquand ils en parlent, que Brutus faifoit de fesnbsp;Calendes Je Mars, amp; Cicéron de fes Nones deNouem-adiouftoyent que tous les Poltrots n’eftoyent pasnbsp;jnorts enFrance.Quoydifant.ils menaiToyenttacitemetnbsp;‘ ^oy ,(jç Je mourir de mefme mort en trahifon,nbsp;par des meurtriers a{reure2 , qu’ils nourriffoyent amp;nbsp;^'’treteiioyent à cefte fin dans les entrailles de la G aufe,nbsp;rnoyendefquels ayant ofte au Roy , monfieur denbsp;“‘fc qui eftoit fon bras àroit,ils fe promettoyent aufsinbsp;-.^Pouuoir faire tuer le Rov mefme . Incontinent quenbsp;ouy ees horribles amp; efpouuantables voix, ie com-{^®‘’Çay idefefpercrde la paixamp;tranquillité des Eglifes»nbsp;°tuertement ce que iadis Caton dit quand ilnbsp;que la ruine qui approchoitàcaufe delànbsp;fUf '“quot;de Catilina eftoit prefentc, La calamité eft défianbsp;lit, ’’“ftte teile. ladis les Eglifes ont eilé princes de leurnbsp;P“quot;quot; leviers foup-Vv “““'duration 8(. fedition , J'autantque les Rois e-dfjf quot;tfî ialoux de leurs Royaumcs,qu’ils eftoyét efprisnbsp;jy’’pte quafi Panique.
d'I.{ a vint celle grande perfeciition amp; horrible cruauté '’oiil .quot;de , pour vn foupçon faux qu'il auoit eu,qu’on luynbsp;Vjj^^dofterfonRoyaii.Tie. P.arvnc femblablc craintenbsp;'Titus amp;VefpaGaniis, firentmourir cruellementnbsp;qU’j, '“quot;x de la maifon des Rois de ludee . Ainfi amp; fansnbsp;tot^^euftaytj-eccpjefj-ure , le nombre des Ghreftiensnbsp;'’«nnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;» eftre fufpefl à Traian, Sc de cefte fufpicion
' trefgrâje psrfccutiô fur les Eglifes.Sem-ÎOn ^quot;'“tLicinius efmeu par vn legier amp; riditule foup-'Poiirce qu’il penfoit que les Ghreftiens prioyenç Kf î
-ocr page 658-MEMOIRES DE
Dieu pour Conftautin,amp;nô pour luy,il les
Icmeiit. Si telles cliofes font aJuenues à ces innocens, » qui n’auoyentiamais pen!é non pas eu fongeaut, înbsp;feditiou , que penfez vous qu’il aduiendra de nous i del'nbsp;quels la confpiration amp; fadion eft par maniéré de dir^nbsp;enferree dans les yeux amp; dâs les mains des l’apiftesîNou*nbsp;dyie qui manions les armes publiquement, qui faifo»®nbsp;en cachette des ligues auec les eftrangers, au detriuieo'nbsp;du Roy amp; de fou Royaume, qui attachons le Roy d'iwi'nbsp;res amp; d’execrations,qui le menaçons ,amp; mefmes luyapquot;nbsp;prertös le feu,la ruine amp; le fac de fon Royaume, le diloi’nbsp;que ie necraignoisqu’vnechole,qu’il ne nous auintp^nbsp;la Caufecequiaduint iadis aAfpar ,amp; Arburius Capi»’quot;nbsp;nés de guerre du temps de Leon Empereur.Ceux là avs^nbsp;drefledes embufehes contre Leon pour le faire inourd'nbsp;craignans que leur mefchaceté ne fuft defcouuerte, exO'nbsp;toyét leurs complices de fe harter pas telles paroles,De'nbsp;notons le Lyon, aiiparauant qu’il nous faceferuirfutnbsp;ble pour foil difner. Ce qu’ayât feeu Leon,il les fitHie***“nbsp;trir de grand matin par Zenon. Et par ainiî avant pre^enbsp;iiu leur embufche,amp; leurtiahifon gt;il les fitferuiru®nbsp;pour difner comme ils auovent prédit, mais pour*nbsp;deiîeuner. Et pource qu’aux feditions amp; fâdions,!”nbsp;a accourtiimé d’ertre le bouclier des Rois,ie prefageunbsp;que ces £idions,fcditions amp; embufehes delaCaufed*^nbsp;beroyent furie chef de ceux qui en eftovent auili^.^_nbsp;le fav bien que tu as iceu de p!ulieursperfonnesceq’''^jnbsp;uint à Paris la matinee de fainft Barthélemy, mais on^^^nbsp;fait quelle entreprinfc auoyent fait nouuellement jnbsp;de la Caufe, pour laquelle le courage du Roy aitnbsp;griefuement offence ,amp; fi foudainement alluriiénbsp;eux . Seulement fçay-ie bien que dans le corps denbsp;malheureufe Caufe,il y auoit tant de mauuaifesnbsp;de trahifon amp; fedition,airemblees de lî lôgue inaiU’7^,^nbsp;cftoit impofsible que la Caufe ertät iî malade P^^^.Lnbsp;plus longuement. Mais ce qui eft le plus à plain*!nbsp;certe calamité ,c’ert que plulîeurs des noftres n‘’'^iil'nbsp;tuez auec ces mefehans gt; s’en eftant fauué fort peu.nbsp;quelsie confeillequ’en ceftexil amp; perfecution ’ i oUnbsp;teat les anciens Ghreftiens, qui ertans en l’cxtrenJ^ijpijS
-ocr page 659-L’ESTAT DE FRANCE. 65t nous fommes ( comme raconte Epiphanius amp; luftinennbsp;l’apologie) fiiyoyent le combat,fe lôuRenoyentde prières amp; cogitations fainiâes , ne fevcngeoyent point parnbsp;ûûrions amp; feditions, mais recouuroyent la paix de l’Eglinbsp;le perdue,non par armes,mais par prières. Mais ces mi-ferables reliques quifont demeurez de la Caufe ruineenbsp;amp; rompue, ne veulent pas imiter cela, ils ne le peuuentnbsp;lubmettre d’aller au Roy à genoux, amp; luy dire ce que lE-glilede Conftantinoble dit auecfaincl Ambroifp àPEm-Pereur,pour appail'er iicoleVc, O Augufte nous venonsnbsp;Pourpricr,amp; nô pour combatre.Mais au contraire à l’ex-'Wple d’vnferpent qu’on acouppé en pieces, ils tafcbentnbsp;raflembler amp; elmouuoir 3. l'édition leurs tronçonsnbsp;'banques R inutiles, amp; s’efforcent de remettre fus enco-f^vncoup lent melcbante amp;malheureufe Caufe, fousnbsp;prétexté de Religion laquelle ils n’ont en façon du mon-amp; fous couleur d’vne liberté Chreftienne, laquelle ilsnbsp;mieux aimé perdre lors qu’ils l’auoyent, que de quilt;-*^rvnfeul poinélde leur Caufe amp; fatlion.
Ces entreprinfes de guerre qu’ils font ne tendent à f'^^re chofe qu’à aigrir deplus en plus le Roy qui eft of-¦^*'fé contre nous, amp; à le contraindre de conuertir fonnbsp;^snhaine perpétuelle,coque nous deuons engardernbsp;par tous moyens que nous pourons qu’il ne nous aduiennbsp;u'Egelîppe raconte que ladis quelques neueux de ludasnbsp;l'^tent trouuer Domitian qui eftoit fort courroucé amp;nbsp;jlSri contre les Chreftiens, amp; luy firent entendre que lenbsp;^“yaume de Clirift n’eft point mondain ny terreftre,nbsp;^ais cclefte amp; angelic , que eux en cftans feftateurs ilsnbsp;Iç^'a'anioyent point les armes,les glaiues,les guerres,nynbsp;’^“nlpirations, mais feulement les prières amp; oraifons,nbsp;'’’fnoyent vne vie paifîble; ce qu’ayant Domitianen- inbsp;‘‘perdit tout lôupçon,amp;.commença à auoirbonnenbsp;,''Ote des Chreftiens, Si deuint plus doux enuers eux.nbsp;.''Yieftime-ie qu’ilfe fautprefenterauRoy à genoux,nbsp;“Vncœurabaifîe , amp; fans retenir en foy aucune penfeenbsp;)• P'’Station d’armes ou vengeance :amp; par ce moyennbsp;Ypere que nous ferons remis parle Roy en la liberténbsp;P hreftiêne,dc laquelle la Caufenous a deiettez.tât ce b5nbsp;ftnee eft doux amp; clemét.Par ce moy é nous lilbs que leamp;nbsp;Rt
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Empereurs ont elle adoucis par les anciens peres remis fus leur liberté perdue,non par armes, nonnbsp;de bras,mais par prières amp; oraifons.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'jgiiS)
Quadratus amp; Ariltides ont amoly parleurs Eures amp; Apologies, le cœur d’Adrian enflanibenbsp;les Chreftiens,amp;ont obtenu de luy vn Edit ennbsp;d’eux. Ainlî luftin en fon Apologie à Antoninus 1 * inbsp;fîta tant,que l’Empereur commanda que les Cnfnbsp;ne fiilFent plus moleftez. Appollinaris Hicrapon'^ßfrnbsp;impetra autât deVerus.parfon Apologie pour lesnbsp;fliens de fon temps. Themiftius appaifa ValenO/’^jjnbsp;vn Eure qu’il luy dédia ,amp; gaigna tant que lanbsp;mort dont les Chreftienselloyentcondamnezfnt‘'^^j,Xnbsp;gee en exil. Qu’on compare noftre temps auecnbsp;là,nos guerres, nos armes, lieges, ruines,depopuW'^^jj.nbsp;amp; faélions contre les Princes.depuis que nous auoosnbsp;lu ouurir le chemin à lefus Chrift par armes, nou® jynbsp;lions rien profité , au contraire nous auons toutnbsp;d e fang , de cruauté, de triftefle, amp; de mifere. Et cesnbsp;lés anciens ont obtenu ce qu’ils vouloyent parnbsp;oraifons, modeftie amp; patience , par leurs efcrits amp;nbsp;logies . Mais voftre bon pafteur, qui porte jfiCnbsp;cngraué au cœur ,amp; lefus Chrift aufront,nepeniePnbsp;qu’il fiiille imiter ces fainéls perfonnages anciens. *nbsp;cueille des pieces de l’ancien naufrage de la Caufe »P gt;nbsp;compofcrquelquenouuelle fedition.il blafmefoc'-Sjftnbsp;qui relient de ceux de 1,1 Caufe, de ce qu’ils n’ont tu^^_nbsp;Princes de France, lelquels il leur auoit marqué p^fr^,nbsp;fieursfois. Cependant il les exhorte de prendre couf^synbsp;leur promet l’aide desAIlemans,des Anglois,amp; desnbsp;fes. Car ces mefchÛs fuppoftsdela Caufe,fous oinbf^ .nbsp;la Religion qu’ils mettent en auant,n’ont point de nU .nbsp;de folicirer les Alemans amp; Suyires,qui ne font encorenbsp;uertisdeleurmefchanceté detrahifon. Ils’effcrcedenbsp;efmouqoir par lettres amp; amballàdes,amp; fon but el jjnbsp;nous ruiner encor d’auâtage que nous ne fômes.
rez de mapart à ce boutefeu amp; furie infernalc,qu'n'|^|j pofe , amp;s’il ne le veut faire, qu’il aduiendraenbrefp^ ;nbsp;permifsion de Dieu,qiie les Princes amp; Rspubliquesnbsp;tiennent noftre Religion, apres auoirdefcouuertl^.^^p
-ocr page 661-L’ESTAT DE FRANCE, 635 l'ifon de lâ Caufe, amp; la confpiration de ceux qui en font»nbsp;^sfqnels fous l’eipece de Religion amp; liberté Chrcllien-s’efforcent de renuerfcr amp;. fubuertir les Eftats amp; Républiques, fe mettront en armes pour les opprimer,nbsp;ufsiegeront voftre ville Abel receptacle de tous fcdi-*æux,amp;boutique de toutefaélionamp; conlpiration,duquel ficge elle ne fera point deliuree, iufques à ce qu’ilsnbsp;“‘yent ietté du baut enbas des murailles, la tefte de Se-bePrincedes feditieux,qui s’eftoit rebellé du Roy Da-»nbsp;quot;’d.geauoit deftourné le peuple de fon obeiffance. le-3uel Sebe fi vous regardez aux lettres de fon nom , amp; ànbsp;’ Vérité dufaift, vous trouuerez que c’eftla figure denbsp;paileur,qui Dieu aidant receura vn pareil fruiftdcnbsp;trahifonsÂ: conlpirations quelejticfmeSebe,amp; a-, ^‘^'’ne fin digne de là vie amp; mœurs, Ét à la-fin apres quenbsp;J 'befdela Caufe auraefté couppé,nous rendrons lanbsp;Uange à Dieu, amp; par telle expiation, ayansappaifé Ionnbsp;celle du Roy, nous remettrons fus nos Eglifes,pu-j- ’ ^nettes detoute contagion delà Caufe. Etvousnbsp;n^blablement.Portus mon Singulier amy,ornement denbsp;Office, laiflànt cefte auare amp; ctirelle terre, vous enre-¦p^ndrez à voftre maiftrefle madame la Duclielfe denbsp;amp; , qui a toufioursvefcu comme nous en la purenbsp;deteftanc la Caufe. Et alors tous enfemblee-(j-H^Meuez de tant de miferes,amp;purgez decesmau-dp bumeiirs de la Caufe , ferons confefsion publiquenbsp;ilfnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’ telle qu’on dit que fit Conftantin quand
Interrogée de fa fov par Acholius Euefque ; qu’il çji^.^alToit la fov que l’Eglife obferuoit en Tllyricauantnbsp;»/¦le fuft infeiftee de l.idottrine d’Arrius : ainfi auecnbsp;nous embraflerons ceftenbsp;Eglifes de France auoyent auant qu’eftrenbsp;Pb 'fnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;amp; contagion de la Caufe. ce qu’il
•e nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nousottroyer parfon fils lefus Chrift,lequel
lit f qu’il vous maintienne fainamp; faufauectoute vo-kr dlegt;amp; qu’il garde vous amp; tous les bons du mal de n ^nfe.A Dieu,amp; nous aimez comme vous auez de counbsp;***«• De Strasbourg le ly.iour de Septembre, 1J71.
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Carpentier ayant fait courir falettreoubon les maiftres, amp; principalement en diuers endroits d Alnbsp;magne,fans en enuoyer aucun exemplaire à Françoi’nbsp;Portas,aqui elle s’adreiroit,amp; qu’il appelle fon gradanj)-continua quelque temps fes pratiques, pendant quepWnbsp;fieurs fiens compagnons, (l’vndefquels futpendu peunbsp;temps apres ) voyageoventen diuers lieux, pour aplani^nbsp;le chemin à beaucoup d’entreprinfes, que leconfeil'U'nbsp;cretdreflbit contre plulîeurs Princes amp; Republiquesdenbsp;la Religion. Finalement il fe retira en France,pour auoifnbsp;quelque os à ronger. Etcombien que la refpôfede Fran'nbsp;çoisPortusaiteftéefcrite cinq mois depuis ,toucesfoisdnbsp;nous a femblé meilleur de la ioindre à la lettre de Cal'nbsp;pentier. Telle cft donc la teneur d’icelle traduite dt*nbsp;Latin.
RESPONSE D E F R A N' çois Poreus Candior,anx lettres difFamatoi-res de Pierre Carpentier Aduocat.
Pour tinnocence àes fideles fiefuitenrs de Dieft oheifians fiuiets du Roy ,malfiacrex.le •vingtt]»ff'nbsp;triefimed'Aoufinbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;afpellezfittHieHXfitf
Plaidereau.
FRANÇOIS PORTVS A Pierre Carpentier,Aduocat.
Ceftere- T’-^y finalement receu tes lettres au commencement de fponfe a IFeurier,eferites à Strasbourg, comme tu le mandes,nbsp;elle cfcii- des le quinziefme iour de Septembre auparauant : dontnbsp;te à Gene- i’ay efté grandement efmerueillé , pour redire franche-ue, où F. ment ce qui m’en fcmble. Carie me fuis ellonnéquetesnbsp;Portusde- lettres imprimées en François amp; en Latin ayent ellenbsp;meute. jeuès amp; reloués de tous, allât que tomber entre les mainsnbsp;de m oy à qui elles s’adreflby eut: amp; encor plus, de ce
-ocr page 663-L’ESTAT DE ERRANCE. 655 elles ont quelque apparence d'amitié amp; de feruice, amp; cependant gt; à vray dire , ne contiennentautre chofe qu’vnenbsp;vilaine calomnie contre celle Eçlife amp; Republique. Maisnbsp;quand ie me fuis ramentu tes (ïeportcmens lors que tunbsp;eftois par deçà , amp; de quelle impudence tu defguifes tousnbsp;les poinds de ton accufation,i’ay ceflédc m’ellonner quenbsp;Vn liôme qui a mis toute honte fous le pied poufle tellesnbsp;cliofes en auant : amp; ay eftimé qu’on pouuoit renuoyer aunbsp;loin ce qui n’eft fondé en fidelité amp; authorité de l’accu-fateur (car il faut toufiours bien confiderer qui eft celuynbsp;qui parle) ny en preuues ou raifons fermes: ains n’eft autre chofe qu’vn vain amp; malicieux difcours d’vn fotplai-dereau.Toutesfois ayant penfc depuis que nous fommesnbsp;en vn temps , auquel plufîeurs font aufsi prompts à rece-uoir des calomnies toutes manifeltes,que tardifs amp; difficiles à prerter l’oreille aux defenfes de la vérité, fl m’anbsp;femblébonde refaire quelque refponié; non pas que l’innbsp;nocence de ceux que tu diffames ait befoin de mon aide,nbsp;ou ta mefchâceté d’eftre dcfcouucrte par quelqu’vnimaisnbsp;pluftoft afin de contenter aucunement mon efprit, amp; laf-cherlabride à mon iuftecourroux, autant quel’equitélenbsp;requiert.
Tu m’efcriscomme à ton amv amp; familier.Mais à quel propos as tu penié .î cela fi tard ? Qj^nta moy, Carpentier, ie ne fauoy’ pas mefmcston nom , quand tu vins ennbsp;tefte efchole pour eftre profefTeur en droid , par lenbsp;moyen de celuy que tu iniuriesmaintenant.Etàla mienne volonté que iene t’eufleiamais coneu,ny cefte République aufsi, laquelle tu as deshonnorce par ta prefen-'S: eftant abfent la perfecutes non moins traiftreufe-’^entque calomnieufement. le t’ay veu en ceftecité,pa-refïèux iufques aubout à faire ta charge , cruel amp; inhu-main enuers ta femme,honefte,affligee extrêmement amp;nbsp;toufiours malade , auec laquelle tu conuerfois autant quenbsp;lî vousn’culsiez iamais efpoufé l’vn l’autre. Tu eftois in-liipportable à tes domeftiques (fi tu en auois quelquesnbsp;vns)voire mefmc à ton propre frere, qui toutefois te ref-fembloit aucunement: amp; quant aux marchans amp; gens denbsp;meftiertrauaillans pour toy, tu les payois en outrages.nbsp;Je t’ay ouy reprendre amp; etnfurer viuement de ces chofes
-ocr page 664-6)6 MEMOIRES DE enia compagnie des freres, où tu alleguois ta reftenbsp;le deCafcongne, amp; promettois merueilles jfansiiæ’”nbsp;rien executerde fait. Ié fay comment noftreconipsg”’®nbsp;a lùpporté patiemment tes maniérés de faire,ife fpeciaienbsp;ment celuy, qui en reçoit maintenant de toy (ingratquenbsp;tu es) bien poure recompenfe. Quand la pefte nous quot;,nbsp;fligea, i’ay fouuenance que tous les freres continucreut*nbsp;faire leur charge; mais toy,au fcandaledepluiîeurs,quii'nbsp;tas la chaire pour trotter çàamp;lààton plailîr, oùtutnf'nbsp;nois vneviedesbauchee, en perpétuelles contentions!'nbsp;uec ceux que tu appellois tes difciples, amp; faifois ianbsp;menees de trahifon, auec quelques autres, comme on Unbsp;' coneu depuis,mais trop tard. PourceIa,laSeigneurietUtnbsp;pluiîeurs fois en deliberatiô de te caflèr,amp; l’euft fait, fan’nbsp;î'intercefsion d’vn de nos Pafteurs, contre lequel tu tenbsp;bandes maintenant, l’eftois prefent, lors qu’en noftre al'nbsp;fcmblee on rapporta que ta feruantefe plaignoit d’auut^nbsp;tftéfolliciteepartoy àpaillardife. Lors i’apperceuàtonnbsp;vifage , amp; à ta voix chancelante, combien tu bleflois tanbsp;confcienceenniantcefaift, de ia vérité duquel ilconftanbsp;fuffifammeutpuis apres. I’ay fouuenance qu’on t’enchaf'nbsp;gea de donner ordre qu’elle vinft en la ville incontinent'nbsp;ou que tu lafillès venir en iufticeau village,auttementtunbsp;ferois tenu pour coulpable amp; conuaincu du faid, amp;: tju'f'nbsp;ne telle vilenie amp; toute ta procedure ne pourroitpl“’nbsp;cftre fupportee de pas vn de nous. Eftantefmeudetelsnbsp;propos,™ demâdas ton congé à la Seigneurie,de laquetifnbsp;tu l’obtins facilement : car elle auoit refoludete preuC'nbsp;nir : puis apres, craignant d’eftre diffamé en iuftice, tufu-bornas quelques gens pour faire peur à ta feruante,afi'’nbsp;qu’elle ne vinft fur les terres delà Seigneurie. Combiefnbsp;que tu feeuffes où elle eftoit ,amp; que tes amis t’admonnc'nbsp;ftaffent fouuentde te purger d’vue telle tache, tant s’efnbsp;£mt que tu en ayes tenu conte, qu’au contraire ayantnbsp;cfté appellé deuant le Chaftelain (qui eft vn iugepourlanbsp;Seigneurie ,es villages dependans d’icelle) fans poiirfu)'nbsp;urelacaufe,tu t’enfuis fans direà Dieu,amp; t’enallasa LaU'nbsp;fanne. Mais pourquoy cela ? Car tu auois promis le cofrnbsp;traire par ferment,qn3nd la Seigneurie te receut encefnnbsp;citcifans aucun merite tien: amp; ton hôneur außi requff'^'J
-ocr page 665-L’ESTAT DE FRANCE. 657 •luetu nex’en allaffesp.-is ainfi fans congé. Mais tu auoisnbsp;''oeconfciencequi te bourreloitincelTammentjamp;nctenbsp;P^frnettoit prendre repos quelconque panny nous.Ie faynbsp;ænquetu allégueras tes dettes,lefquelles tu n’a pasen-payees. Or iene t’accuferoy pas de cela , n’eftoit quenbsp;‘¦sft vntrefeuident tefmoignage de ta viediflolue : car tunbsp;*^ois beaucoup plus grâds gages que pasvn d’entre nous,nbsp;^^neftois G bien payé,que fouuentesfois tu les as receusnbsp;^uâtque le terme fuft efcheu : amp; mefmes nos Seigneursnbsp;®*'teGé extraordinairement liberaux en ton endroit. Ornbsp;n’ignores pas,combien que nous viuionsaiTcz Gmple-*^^nt(lionnefl:ementtoutesfois)des gages de la Seigneu-f*': toutesfois pas vn de nous,graces à Dieu, n’a fait ban-Hueroute, ny fraudé fes créanciers, comme tu as Elit, toynbsp;en auois le moins d’occaiîon.QMut à la vie que tu a.snbsp;à Laufanne, les lettres que tu as receucs, de qui amp;nbsp;Pnurqtieiigj jjyfjjs, les complots auec vn certain Çado-I f^''amp;toncouGnBelles-aigues,en plus grande liberté quenbsp;inbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fi on t’.euft defcouuert pluftoft, Carpentier, tu
! .pfiwreceu le payement conu enable à tes tranifons. De ^’Commet t’es tu porté à Befançon? où tu allas fans eftrenbsp;appelé,apres que Balduin en fut party, fous couleur de li-endroit!, mais commerilTuele môftra,en partie dau-'’’’^'lu’â Laufanne tu auois dcfgorgé beaucoup de pro-»n^iqiii defcouuroyenttamefclianceté: en partie,pourcenbsp;r® Befançon eftoit plus près de France, amp; fort commo-ƒ pour vos confeils pernicieux: bref, dautant que toynbsp;pnrnundamp; gouffre infatiable n’auois pas falaire fuffi-Cj^pour mener t,i traliifon. Tu y fus receu par quelquesnbsp;,amp; notamment par vn bon perfonnageamp; do£!enbsp;çfiitonfulte , pource que tu leur difois que tu venois denbsp;«'’eue.Et ayant entendu qu’il y auoit quelques fecrettesnbsp;’'nibleees,non pas de la Caufe,. (comme tu gazouilles)nbsp;^’is pour l’exercice delà Religion:amp; que les principauxnbsp;J plus bonnorables de la ville tafchoyent d’obtenir denbsp;’jnaiefté Imperiale , permifsion dedrefler vneefcolenbsp;Oblique,tu fais combien tu follicitas, pour auoir la cbar-Scde ceftepourfuitre. Car ayant iaconuenu de pris pournbsp;. snervne autre trahifon en Alemagne , dont tu auoisnbsp;* louclié deniers, non pas tant que tu defirois, pour la-
-ocr page 666-638 MEMOIRES DE quelle executer aufsi tu te mis en cliemin au meÇæfnbsp;temps:tu efperois receuoir double paye pourmelmenbsp;voyage )amp; trahir ceux deBefançon à leurs propres del-pens.Tu ne peux non plus nier(car il en appert partes letnbsp;tres,)qu’eftant là,tu n’ayes defcouucrt aux Papilles les al-femblees des fideles, lelquels t’entretenoyent inagnin-quemcnt,en el'perance de drelTervne elchole. Quipl“’nbsp;cft, tu baillas aux Papilles les lettres de ce bon perlon-nage, quinetecognoiflànt pas bien encor, amp; delirant lenbsp;foulagement de ta miferable famille, à tarequcfte,lenbsp;montrant plus facile que bienauilè, t’auoit baille quenbsp;ques recommandations à plufieurs particuliers.
Or que fis-tu en ce temps-lien Alemagne ? penles-quenous ignorions tes complots auec B^les-aigues^“’ ce que tu refpondis à Cadorat qui fc plaignoit que tu*nbsp;uois trop tardéîni quel argent,de qui, amp; pour quellenbsp;fe tu l'as receu r Mais voici vne mefchanceté deteftahl 'nbsp;qu’eflant interrogué pourquoy tu venois là, tu relpoenbsp;dis fauflement que ceux de Befançon t’y auoyent e**nbsp;uoyépourfolliciter leur affaire ; mais tant s’en faut qinbsp;tuypenfalTes, qu’aucontraire, par vue trahifon incruVnbsp;able,tu fis aceufer vers lamaieflé Imperialeces g^usanbsp;bienaufquels tu eftois tant oblige, comme fi fous prei'nbsp;te d’impctrervneefcoleils enflent délibéré d’introdud^nbsp;des foldats fous le nom d'efeoliers, amp; liurer leur vill^^nbsp;ceux que tu appelles faftieux amp; gensde la Caufe .Hnbsp;bien vray fcmblable voiremëtqiie ceux delànbsp;que tu les appelles ainfi)fuflet allez cercher des SuifTcsnbsp;Alemans qui lors efloyent leurs ennemis: ou qu’incoiii*.nbsp;nent qu’on auroit çnrendu qu’vn certain legilte noniB'^nbsp;Carpentier, home du tout incognu.aiioitcbmencé à lif*nbsp;en droiftà Befançô,les François vaccourroyttpour(fo‘i’nbsp;prétexté d’eftiides ) fe faire maiftres d’vne ville afsÜ'^’t'Jnbsp;milieu de la Franche Côté.-cu que les Alem.îS viendro)’^nbsp;pour amoindrir les priuilcgesiSrfranchifesde l’Empi^^'
Toutesfois,tu as efté creiu^arnemétque tu es: en tel forte que depuis ce temps la, outre le refus denbsp;promife au parauât,les ennemis de lareligionnbsp;qu'ils n’ayent chafle vne grande partie des citoyens,amp;nbsp;duit la ville en vn fort mïferable ellat.Si tu demandesnbsp;men'
-ocr page 667-L’ESTAT DE FRANCE. 659 ^cntnousfauons ces chofes, faches qu’il en appert forenbsp;/ûplement, amp; de plulieurs autres complots, par certainsnbsp;^fuffifans tefmoignages extraits des lettres eferitesdenbsp;P propre main, ôi d’autres 2 toy enuoyees, lefquelles vnnbsp;'Surferont publiées quand amp; en tel endroit que tu n’ennbsp;gueres content. Saches au'si que letoutacfléclai-^^nient defcouuert.ou pour laplul’part, par laconfefsionnbsp;I® miferable compagnon de tes mefchancetez, feduitnbsp;“cfançon partoy amp; par Belles-aigues .fnrprins finale-j'^ntaucevn doubledetcs chiffres,amp;lufteraent executenbsp;en celle cité.
y ^ependant,Carpcntier,ofes tu bien m’appeler tô amy? j^f^yeftquei’allayàParis,il y a enuiron deux ans, où nenbsp;1 '^ognoiflantpas encores bien,amp; voyant que tu t’oHroisnbsp;çjj ® faire plailir en quelque mien proces, l’acceptay cellnbsp;. '^^gt;aSn d'auoir accez par toy à vn bon perfonnage, inbsp;n * fuis grandement obligé,amp; duquel tu m’auois parlénbsp;Iques fois, afin de luy lailTer la charge de mes petitesnbsp;la feule caufe pourquoy ie t’allay voir,amp;nbsp;ws, fi i’eulTe efté mieux aduifé, ie deuois bien deui-Ce que tu couuois en ton cœur: quand tu tafehois menbsp;de celle Efcole, fous ie ne fay quelle efperance denbsp;J.’ods gages ailleurs, amp; me faifois dire ces chofes p.itnbsp;pj fje Ramus, amp; monlîeur de Cauaignes, duquel tu de-jj^^doisentièrement pourlors,amp;quetLi iniuries mainti-ç Pi^apres fa mort,te monllrant extrêmement ingrat ennbsp;endroit.le pcfe que tu n’as pas oub!ié,amp; de ma part ienbsp;î^âmenteuray toulîours ce que ie refpondy à ces bonsnbsp;hiç '’uages, de la fimplicité defqiiels tu abufois afin denbsp;ef^i'fpmper.Pourquoy donc m’appeles tu ton amy’astunbsp;a(j^'''^Carpentier,que iefufle homme propre pour eflrenbsp;participant de tes trahifons'I’auois entédu quenbsp;f(. .f^uillois quelque eferit cotre la dignité de celle Egli-*fiâ •nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;aduertisqne l’an pâlie
Pcefenté cell eferit a vn home de nollrc religion iiç Pf'^cur à Paris,afin de le mettre fous la prelTe.ce qu’ilnbsp;Eiçnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;faire toutesfois,fe monllrant tel qu’vn home de
^'lid nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Or maintenant, ayant trouué (comme tu
1 Js P ^)''ne fort propre occafion pour te faire valoir, tu ^gt;'gé la preface amp; quelques autres chofes, puis tu as
-ocr page 668-640 M E M O I R E S D E publié tes rapetafferies amalTees d’ailleurs pour lap*“*nbsp;part. Carnoiisfauonsamp;cognóiironsalTezcüinbieuiUnbsp;ignorant des bonnes lettres amp;difciplines:nousenauu^nbsp;roiigy maintesfoisnellcmentqu’onvoidaflèztluetuBnbsp;jamais ouuert les liures de ces auteurs que tu allege®nbsp;fortement, afin qu’on t’eftime quelque choie : fadantnbsp;ceft endroit corne plufîeurs autres , qui par le moyensnbsp;indices amp;abbregczdes liures, efcriuent,amp; mettentnbsp;apres leurs ineptes recueils en lumiere.Mais encor,elfnbsp;chös vn peu par le menu les calomnies de toy dcdect“nbsp;qui t’ont aide à commettre vne telle mefchancete.
Tu commences par mon proces,amp; aucunement apf pos, car tu es vn chiquaneur qui as toufiours vefcunbsp;miferablement de ce meftier là:tellementqu’il ne fc“nbsp;pas esbahir fi tu prés plaifîr à caufer de ces chiquanC’nbsp;» Ton proces(dis tu)gift par terre,deftituc d’aduocat.P^nbsp;quoy non,puis que l’Eglife de lefus Chrift,n’eft pasnbsp;ment parterre en ce lieu là , mais aulsi y eft foulesnbsp;„ pieds auec vnc extreme barbarie. Tu adiouftes: Sceu^^^,nbsp;„ follicitoit tô affaire en mon abfcnce,a cfté tué.
pentier, t’ay ie iaftiais eu pour folliciteur?Sceue hoi” doéle Si craignant Dieu, n’a-il rien fait que pournbsp;l’abfence de Carpentier.’certes voila vn menfongep'*’^nnbsp;par lequel tu as voulu commencer ton epiftre,auB^nbsp;malencontre tout manifefte.Mais,pofé le cas quenbsp;«ecommandé mon proces, en me fiant tropIegereiBnbsp;a tes promefiTesrquoy’eft ce ainfi que tu abandonnes! .jnbsp;tus ton gr.âd amy,amp; ne luy gardes point la foy, ores lt;1
„ en eft temps? le luis mort, dis tu. Ainfi donc, à ce nbsp;nbsp;J
vby,Carpêtier, il y a plus d’vn chien en enfer.Mais fi“ iepenfe à toy, il me fouuientdes deux vers mentio*’j|jnbsp;par Suetone en la vie de Domitian,touchant lanbsp;du Capitole, qui ne pouuoit dire. Tout va bien, ma'Snbsp;Jement,Toutirabien. Tu n’es pas mort,vilain : suis*nbsp;ftois tu pas digne, traittreamp; malheureux apoft« fijjellnbsp;es,de mourir auec tant de milliers de gens de bien- ..nbsp;ce que tu mourras,tu mourras à ton tour,amp; (fi tu nc rnbsp;fes autrement à toy ) receuras de la main du Seigncnbsp;falairedeu àtant de mefchancetez tiennes. lenbsp;marry de Jamort de Sceue,qui ne te relTembloit c“
-ocr page 669-L’ESTAT DE FRANCE. '641 '^P^ndïnt ie ne regrette pas trop celuy qui eft forty dunbsp;ponde tant à la bonne heure. amp; auant ces horribles con-ofions furuenues depuis. Mais quelle forte de mort as tunbsp;'foty,homme de bien? le fuis bauny (dis ru)de France en gt;•nbsp;^'oniagne. O qu’heureufe fcroit la France helle auoit.»nbsp;'''îffe tous tes feæblables auectoy, Carpétier,afin qu'onnbsp;P^ullluynbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;àbonefcientce que làincklerofme en
'*‘tgt;afauoirquec’eltvnpays repurgé demonftres. D’au-^^Partl’AIemagne elt miferable, en laquelle eft logé vn
Carpentier traiftre amp; apoftat, d’entre tant d’autres ^“'da lailTez en France. Mais à quel propos, ie te prie,nbsp;pus allégués tu ton banniflémentî Penfes tuque nousnbsp;S^orions pj]- pourquoy tu fus fauue durant lesnbsp;^^fiicresà Paris? nous fauons bien pourquoy tu vins ànbsp;^is,amp; aux delpés de qui tu fus eiiuoyé en polie,accom-dumefiager, auquel onenchargea à peine de lanbsp;^j^dete conduire fainamp;ûuf 'n Strasbourg. Car il fautnbsp;'tu queceluy quine craint point Dieu, foitendoute denbsp;autres cbofes. Eftant arriué là,où ta faifois acroi-., mefines chofes que tu efctis maintenanr.ne te fou-j ^ot il plus pourquoy tu en partis, amp; vers qui tu te reti-
Apres que tu y eus demeuré quelque temps, amp; incdi-, belle epiftre -, retournas tu pas à Mets? le ne deman-j point lî tu fus appellépourrendreraifon de ton voya-^'’'’yne m’enquiers de cequ’on fit auectoy en ce lieunbsp;j^'^itce n’eft pas moy qui fe foucie de telles afaires.Bicnnbsp;^~V‘ie quetueftois ordinairement,comme vn maftinnbsp;ç ^'l'é.en la cuiline du gouuerncur : amp; ayant eflé troiluénbsp;jj** ville par vnbon perfonnage marchant de pardeça,nbsp;Ijÿit’eftimoit autre que tu n’es, le menas tu point cheznbsp;K^'aiftre del’Eglife réformée de Mets, nôméOliuier?nbsp;1,’'upas àceMiniftrequetu trouuois du tout eftrangenbsp;ç ƒ’tience des noftres , amp; que tu auois perdu le temps ànbsp;[ J ’dmonnefter plufieurs, d’efueiller les Alemans pournbsp;QtOuffg,. cedangerqui les menaçoitcomme les autres?nbsp;perfonnage, homme paifibleamp; modefte,nbsp;clloit allez d’exhorter fon trou-lu”?nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;patiëce amp; pricres,ne luy reprochois tu pas
' Ur ^^^°''^^d:heamp;decœurfailly?Apres,toy de retour en '¦‘uae du gouuerneur ( amp; qui en chafleroit les chient,
-ocr page 670-641 MEMOIRES DE apres qu’ils y ont lefché les efcuelles)fus tu pas caufe quenbsp;on commanda fort expreflement à ce marchant,nom®nbsp;de paix, amp; qui eftoitlàpourtrafïîque de marchanlt;hiugt;nbsp;vuider la ville,fans luy donner loifir de mettre fin à les gt;nbsp;faires? Quelques iours apres ilte rettouua envneautnbsp;ville de Lorraine,ou fa prefence t’elpouuata de forte,qunbsp;dç crainte qu’il ne decelaft tes courfes, tu le mis eu dag^nbsp;de perdre la vie. Guides tu point aufsi que nous ignoranbsp;le lieu où tu t’enfuys apres auoir receu nouuelles qunbsp;toine Proft ton compagnon auoit efté pendu, ce que tU;nbsp;machinas ,amp; tes vains efforts pour entrer en deuisaunbsp;vn Gentil-homme ennemy de tes femblables,com®nbsp;i’eftime?Voila le bannilTement volontaire de CarpenUnbsp;pour laReligion.Si cela eftoit vray,ne vois tupasbiena^nbsp;que tu es,que tout ce pourquoy tu as efté pratiqué,outnbsp;offert volontairement pour le faite, eft renuerfé patnbsp;propres parolesîCar tu dis ton intention eftre de fet®nbsp;der à tous, que les mafl'acres n’ont point efté faits àçaU'nbsp;de la Religion, mais parla fureurdequelques fediti^,^nbsp;aufquels toy amp; plufieurs autres auez refîfté de P**'®?.,nbsp;tout ouuertement.Pourquoy donc tremblois tudans^^^nbsp;ris, ayant fî bonne confcience ? que n’attendois tu 1 ouaej^nbsp;amp;recompenfede ta bonne affeiftionîMais tucraignoP^^nbsp;rage du peuple.Voire,comme fi Carpentiereftoit00”nbsp;àParis,par ouydire mefmes; finon parauanturedequ^nbsp;quechiquaneuricommefiau milieu de tant d’hom® 1nbsp;qui n’ont bougé de là, nonobftant tous maifacres, vnnbsp;folliciteur de tantd’afaires n’auoitfceu trouuervnp^ttnbsp;retraite chez quelqu’vnede fes parties : ou comme»nbsp;luy qui peut librement conuerfer entreles Papift^s’nbsp;courir de toutes parts, ne pouuoit rencontrer u»'*’.,nbsp;grf.idRovaume, quelque coin pourfemettre àfauunbsp;Vois tu point (mefehant) que par vn iufte iugemen'nbsp;Dieu tuas perdule fens, tellementque tu ne peuxc^^^^nbsp;urir ton efpritdeflovahencores que tu fois exercé ennbsp;hifons ? Orie declareray ton fait à la vérité. Sousl eip nbsp;de iene favqnelle recompenfc, tu as penfé,qu’enre'? ,nbsp;d’eftre chalfé .àcaufe de la Religion, tu pourrois de»nbsp;urir fi tant de panures fideles nuds lt;amp; demy-morts,f^^^nbsp;giez par deçà , complottoyent point en pays eftrang^^
-ocr page 671-L’ESTAT de FRANCE. 64? ficela auenoitfce qu’ils n’ont iamais penie.cojn-r 'sftime) tu peulTes ,àton auis, empefcher leurs ef-Phnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;accroire par cefte epiftre feinee par tout,
p/*âCaufede ces faftieui,que tu appelles,cfioit fe-Religion; c’eità dire pourdef*. ^rirtön intention , qu’en Ibufflant celle fumee auxnbsp;Uii'lnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;efttingtTS, tu as eftimé pouuoir faire
Cef^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lemblance aucune de vérité en
aijj- ’S“* Icspeuft efmouuoir àfecourir les panures
*^laisderechef,ie m'efmerueille icy delà mefchanccté pour executer telle entreprinfe.n’anbsp;p^^æauoir autre expedient, que d’efcrire particuliere-p vn amy. le m’eftonne aulsi pourquoy il achoifynbsp;lüvnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;home de lointain pays, amp; inconeu,pour
les^ lettres d’afaires de fi grande importâce. Voicy J '’iots,Ic crain que quad les nations eftrangeresenten-1,nbsp;fommes chaflez de France,no point pour gt;•nbsp;pç ®'’8'oi,côme par cy deuanwnais pour la C3ufe,elles »nbsp;J, 9®us dénient tous droitsd’hofpitalité. Mais ie t’afleu ,»nbsp;j, '¦e ce collé là. Car il n’y a homme qui ne fache biennbsp;^^^afion de telles calamitez, quoyquetu rafches de lanbsp;; ^Urir. Le ciel amp; la terre le crient a haute voix, le fangnbsp;complaintes,le Roy,par declarationsnbsp;J “hees, reiette tout fur la fureur du peuple : brief, il n’ynbsp;P^ffonne que Carpentier,qui ofe exculer ouuertementnbsp;barbare cruauté. Mais tu fais bien qu’il y a vn autrenbsp;J '“ft qui rend fufpeélsenuers les eftrangers, non pasnbsp;mieux ellrefans pays que fans Rc-ainstes femblables,qui défaits amp;de parolesim-j .'“lent fur le front de toute la nation Françoife celle vi-l'““ tache de trahifon, emprainte par quelque petit nô-
“ fi auant, qu’elle ne pourra pas eftre ai (cm en t effa-Prefuppofons toutesfois eftre vray ce que tudifsi-[j.“'es tant mal à propos,amp; te vantes d’auoir prétendu au des panures bar.nis.quelintereft y ay-ie moy.quctunbsp;jj“facestoncôpagnon?Cerchedesexcufesde to cofte,nbsp;veux : de ma part ie n’ay befoinquetoynvautremenbsp;d““ne exeufervers les Suifles ouTilemans. Éts’il le fait gt; Mi’eftimes tu fi belle que ie te prinfle pour aduocarflnbsp;Sf t
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Mais confidere derechef combien tu te contredis lourdement en peu de motsxar ayant parlé de moy, comme lîi’cftoisdu nombre de ceux pour le faJut defquels tunbsp;prends tant de peine,tu dis auoirefcritcefte epiftreipo'Jfnbsp;t’excufer cnuers moy amp; tous autres gens debien,touchynbsp;vne chofe,de laquelle tu côfefles ne t’eftre iamais mede'nbsp;Maisoùas tu le fens , Chiquaneur, de t’excuferenuersnbsp;ceuxque tu dis eftre eniieloppezau mefme danger auecnbsp;toy? Il falloir donc efcrire ces chofes aux Alemans amp;nbsp;aux Suifles, non pas à moy en particulier, que tu prensnbsp;(ce fembfe) pour tefmoindeton innocence, voire combien queie demeure en vne ville, à laquelle feule fpeciS'nbsp;lementtuas tafcliéd’attribuerlacaufedeces tempede'quot;nbsp;cy. Dauantage. où font tes accufateurs ? y a il Aleinannbsp;-SuilTe qui fe foit foucié de fauoir fi Carpentier eftnbsp;ou noir ? ne te fouuient il plus de cequ’vn farceur diin'-autresfois, Ne te mefle point de ces afaires, perfomiei'^nbsp;t’en charge. Certes celuy fe confelTe coulpable, qui s'^Vnbsp;cufe n’eftant point accufé. QMnt aux autres choies,nbsp;t’acommâdé d’en prendre la charge ? penfes tuqu’auc“”nbsp;des fideles ayant desiuges tant équitables, ellinie âuo’‘nbsp;befoin du confeil amp; du babil d’vn fi inepte amp; fot hart®nbsp;gueurquetu es.’ Mais qui plus efl-.toiite cefie tienneep'nbsp;lire que tu eonfeires(amp; tous aufsi,foit que tu en parles®,nbsp;nond’appcrçoyuent aflez) eftre non feulementnbsp;trefmalicieufement eferite, que contient elle autre en®nbsp;finon vne continuelle intieftiue pleine d’outrages coft^nbsp;vne infinité de bons Srinnocens perfonnages .viuam-trefpaflez’ll ne falloir donc appeller ton epiftre la defe®nbsp;fe des gens de bicn,ains vne trefinique aceufation •'nbsp;qu’on cognoifle fi ie dy vray , confiderons chacun p®'®''nbsp;par le menu,
Le mot de Caufe t’offenfe, dontie m’efmerueille-'® que tu es, ou pour le moins tu veux eftre eftimé fo*'*nbsp;neur de caufes.Mais i’enten bien ton intention.Tu asnbsp;treprinsde defendre ceux qui n’ont eu caufe quclco®‘îj|,nbsp;amp; pourtat tu ne peux porter les autres qui en auovequot;®nbsp;ce fens donc, amp; pour ce refpeftappelons les. Ceuxnbsp;Caufe,de laquelle nous foit permis dire propremc®'^^.,nbsp;Apophthegme de Cicéron : qu’il vaut mieux eftre ofi^^
-ocr page 673-L’ESTAT DE FRANCE. 645 tn vne bonne caufe, que dôner lieu à vne mefcEante.nbsp;quelle eft la definition de celle Caufe,à ton auis?Ily „nbsp;’ (ce font tes paroles) vne afi'ociation amp; faftion illicite,,nbsp;par quelques vns de nos Fraçois, lefquels n’ontvou- „nbsp;garder la paix amp; viure à requoy.pour troubler le repos,,nbsp;Public, contre les loia amp;. edits du Prince. Voila pour cer- ,gt;nbsp;f^nvne acculation bien grande,mais fur quels argumensnbsp;elle fondée ’qui (ont ceux là, Carpentier? en quel lieunbsp;enquel temps ont efté faites telles entreprinfes ? Veuxnbsp;qu’au preiudice de tant d’excellens perfonnages onnbsp;.U'ouftefby au dire de toy lèubqui ne mets en auât confiture quelconque qui merite ce nom ? Mais efcoutenbsp;^’’elquechofe plus ferme, pour t’arrefter fi court, ^ue tunbsp;faurois tergiuerfer. Tu dis , le n'ay iamais manie ceftenbsp;P ^'‘feiie n’en fus onc,ie l’ay toufiours eu en horreur. En „nbsp;fauceilyaeu trois guerres ciuiles demenees par vnenbsp;S^and'Pjrt de la noblelle fous la conduite de ce Princenbsp;?^guanime amp; de vertu immortelle, le Prince de Condé,nbsp;'^udisqu’ils ont eu mauuaife caufe,premierement.ie tenbsp;’’’fttray audeuantles auis des illuftres Princes d’Alema-lefquels tu ne peux taxer qu’en te rendant infuppor-p’^leàtoutlemondexomme s’ils auoycntefté mal aui-
amp; eftourdis, quand fans bien cognoiftre la vérité d’vn f' faiétils onttüut üuuertement fourny gens amp; deniersnbsp;’‘’Prince de Condé amp; à l’Amiral, toutes amp; quantes foisnbsp;U guerre a efté commencée amp; renouuelee. Ou biennbsp;les iccufes d’auoir efté mefehans ( entendez yn peu,nbsp;^’ffilluftres Princes, les calomnies que ce caufeur effron-Publie tout ouuertement cotre vous.qui l’auez recueil-’ fugitif en vospays,comme luy mefmes le diQayans eu.nbsp;'®'nniunicationamp; voulu aùoir part à tant de briganda-çfs. Aucuns d’entre eux mefmes ont efté prefens aux cô-executions d’iceiix: entre autres, le Duc de Deux-Ponts, Prince qu’on ne fauroit iamais aflez louer pour fanbsp;“‘’uneaffcâion enuers les Eglifes ,amp; pour fa magnani-, s’eft volontairement expoié à tous dangers amp; à lanbsp;pour cefte Caufe.Il faut que tu aceufes tous les fuf-’'ottunezou d'vne incroyable legereté d’efpiitScbeftifenbsp;'•’anifeftejou de mefchaceté defeiperee; ou que toy mel-s pluftoft demeures côuaincu d’eftre le plus impudentnbsp;Sf 3
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amp; audacieux garnement qu’on fauroit imaginer.!'’ j{ pen Jant,qüe dcuiéndrôt ceux lefquels tu as entreP^'nbsp;defendre enuers les nations eftranges? eft ce leM*nbsp;bon aduocat, de calomnier les iuges mefines, ^lt;91nbsp;moyen les irriter à l’encontre de foy amp; de l'es paru ' jnbsp;cfcoute encor vn autre tefmoignagc plus expres, jnbsp;les fois que la paix a efté faite, le Roy n’a il point i(nbsp;p.rf paroles difertes,exprefles amp; manifeftes.l’innocenbsp;ccfteCaufe.puis que tu l’appelles ainfiîn’a il pascéiy jjnbsp;que toutes les cliofes ordonnées,dites Sc faites penua'\^'nbsp;guerre à l’encôtre de ceux de la Caufefpuis que ieinbsp;tu dônes ce nom aux fideles feruiteurs deDieu,amp; pUnbsp;fuiets de la couronne de France ) non point denbsp;1 eur pardonnant, mais d’autant qu’il elloit acertencnbsp;bonté de celle Caufe’ Si cela ne luffit,que pourra 0^nbsp;guet d’auantage? queltefmoirt pourra produire IInbsp;lî le Roy mefmes n’eft fuffifant? autat d’edits denbsp;tion,autant de tefmoignages qui te coupét lagorgÇ’nbsp;pentier. Si tu dis que les premieres guerres ont efte Pnbsp;toll efmeuespar ceux de la Caufe, que par lesautrf*nbsp;n’auoyent point deCaufedes premiers edits te delm^J^nbsp;ront: les féconds amp; troifiefmes edits aufsi.li tu pafj^^nbsp;feeödes amp; troifiefmes guerres :ce nonobiUt tu olc*nbsp;fer encor. Mais pourquoy nous donnons nousnbsp;chofestant manifeftes? Vien en auant,Carpentier.po“(^^nbsp;condamner tov mefme. Où eftois tu aux premiersnbsp;blesrdansStrasbourg.auec qui? en lacôpagniedes P'^'‘|,jjnbsp;paux de Tlioulouze.que faifois tu? tout ce que tupo''''j]jjnbsp;pour le bien de la Caufe.ne tançois tu pas ces gens ri^^nbsp;d’eflre taquinsamp;auaricieux,pource qu’ils n’ai^oyctp^jnbsp;de toutes leurs facultez ceux qui eftoyét à la guerre dnbsp;le Royaume’pour cell etfedl,allas tu pasiulquesennbsp;uers? Éftant de retour en France, apres l’edit denbsp;tion, ne follicitas tu pas pour ceux de Tlioulouze a ,nbsp;contre du Parlement, afin que toutes fentences doornbsp;contre eux fufl'ent refcindees,amp; qu’ilsfcoinnie innofdnbsp;fuflent remis en leur entier ? durant tout ce temps tnbsp;pas iointauec ceux de la Caufe? Te donnèrent *I?P^z„ifnbsp;tres de recommandation,quand tu vins biennbsp;deçà,pour y lire en droi£l?Rcceus tu pas chez toy 10
-ocr page 675-L’ESTAT DE FRANCE. 647 sue ceux de Montauban enuoyoyent pour haftet le fe-cours des Alemans ? n’as-tu pas prefté l’efpaule à ces af-fiires-là,autantlt;]u’il t’a eftépofsible? pendant la troifîef-me guerre, afsiftois-tu pas aux prières qu’onfaifoit pournbsp;11 paix des Eglifes ? fis-tu pas feinblant de gémir auec lesnbsp;autres,quan3 on apporta les nouuelles delà mort dunbsp;Prince de Condé ?qu’eft-il aduenu depuis pour te fairenbsp;changer d’opinion ? Si eftant alléché pat belles promef-fcs,corrompu par argent,tu as tourné ta robe , s’enfuit ilnbsp;pourtant que la bonté de la Caufe en foit diminuée ? Lanbsp;paix derniere eftautfaite , toy qui auois engagé pour vnnbsp;rien ta confcience,ne lâchant fi tu pourfuyurois ou recu-lerois ,t’infinuas par moyens l’ubtils premièrement ennbsp;l’Pglife de Paris, de là es maifons de quelques grandsnbsp;Seigneurs, qui ne fauoyent pas comme tu t’eftois porténbsp;pat deçà. Qjrelque peu de temps apres, il aduint que ce-loy que tu faifois femblant d’honnoreriufques lors , re-eouura certains tefmoignages de ta trahifon toute ma-uifefte;amp; pour fon zele enuers l’Eglife de Dieu,ayant ad-**erti de ce tous ceux qu’il faloit,oubl]as-tu cauillationnbsp;Quelconque pour t’exeufer foigneufement enuers ceuxnbsp;deparde la? Euoquas-tu pas auiugemétde l’Eglife de Panbsp;fis celuy qui t‘auoitdefcouuert?L’appelois- tu pas calomniateur ,difant que tueftois preft de monftrer qu’il n’e-uoit rien des chofes vrayes miles en auant contre toydefnbsp;Quelles fe defcouurans au iourd'iiy telles par tes propresnbsp;uoportemens, à quel propos cerchons-nous autres tef-Uioins quetoymefmes’Tu fais(ce qu’on prouuera,fi tu lenbsp;®'es) apres que ton délateur euft protefté n’auoir aucunnbsp;uifferët particulier auec toy, qui par ton dire melmes a-Uois receu beaucoup de grâds plaifirs deluy,amp; que félonnbsp;ƒ droift, iln’eftoittenu mbir iugement es lieux ou reû-uoit l’aceufé, toutes fois ne recula iuge quelconque de cenbsp;Piocez que tuintétois cotre luy.Si tu auois quelque relienbsp;“U confcience,il te fouuiendroit,de ce qui s’enfuiuit,amp; cenbsp;Qui t’en fut dit en la compagnie des Minillrcs amp; Anciensnbsp;l’Eglife fufnommee.
Mais, puis que tu hais tant cefte Caufe, ie defîre que tu refpondes auxpoinéls qui s’enfuyuent. Le premier,nbsp;par quel bout tu prins le changement de cefte Caufe: lenbsp;Sf 4
-ocr page 676-«48 MEMOIRES DE fécond ,en quel temps tu l’as quittée, ayant cognuquehnbsp;lechangeoit,comme tu l'eicris entes acculations-*-troifielme, fi tucognois que quelqu’vnde ceux qui‘O®nbsp;morts ( contre lelquels tut’efleues maintenant ennbsp;reur ) machinaft contre les ediÛs de pacification,en®nbsp;trela tranquilité du Royaume ,amp; contre la perfonne“*nbsp;Roy, en quelle confcience conuerlbis tu dauantage aunbsp;eux qu’auecnuls autres?pourquoy prenois tu tantdep^'nbsp;he pour te purger enuers Mmiral amp;luy faireactroifnbsp;que tu n’eftois point traiftreJd’où vientquetuefloistounbsp;ioursàlatablede Cauaignes?amp; fiquelqu’vn veneit''^nbsp;luy pour fe plaindre de quelque chofe commife coofnbsp;l’edift de pacification, tuelfois Ip premier qui t’oftmnbsp;volontairementà folliciter leurs affaires aupriuéCoUnbsp;feil,ou Cauaignes eftoit comme procureur des Eg‘**nbsp;de France,lequel apres fa mort, (ingrat que tues, s’il Y ‘ nbsp;eut one) tu appelles Chancelier de la Caufe,nbsp;dre fa mémoire odieufe : mais tu fais fi tu as occaflonnbsp;parler ainfi. Pour le dernier point, quieft le principalnbsp;tousjie demande,fi tu entedois que ceux lefquels tu mnbsp;ques, coniuraflent contre le bien de la paix, pourqunY jnbsp;n’en as fonné mot, toy qui portes fi grande reueren^^nbsp;la maiefté Royale,qui aimestantlapatrie,Âqu’^jjnbsp;fi bien garder amp; maintenir la paix. Car ie dy (5t le® *nbsp;ciuiles dont tu fais profeùionle monftrent)que 'nbsp;qui 11’a point defcouuert les confpirateurs eft enuipnbsp;ble comme celuy qui a confpiré. Tu magnifies gj'nbsp;des vertus du Roy, afauoir fa patience admirable,la «nbsp;ceur incroyable à l’endroit desnoftres,fa perpétuellenbsp;ftion à bien eftablir amp; entretenir la paix. voire, coit*nbsp;fi nous eftions en debat de cela, flateurque tu es, ounbsp;me fi on nefauoit pas bien tant par les lettresnbsp;enuoyees aux gouuerneurs des prouinces, lenbsp;mes que l’Amiral fut tué , amp; parles lettres denbsp;deur enuoyees peu de temps apres aux villes denbsp;contenantes toutes enfiibitance que le peuplenbsp;ce maflacre contre la volonté du Roy.A quelnbsp;nous parles tuicyde fes vertus ?y a-ilquelqu’vn¦“nbsp;nous qui aitaceufé le Roy?amp; quand ainfi feroitit a-1nbsp;né charge défaire fes exeufesres tu point crirnin®*
-ocr page 677-L’ETAT DE FRANCE. 649 Ib maiefté,ayant celé des cJiofesfi grandes que tu co*nbsp;gnoiflbis fi bien? Mais toutesfois oyons ce que tu defgo'’nbsp;gescontrc ceux de laCaufe. TudisquelaCaufeauoi^,»nbsp;des affèmbleees continuellesgt;on l’on ne parloit en fa^on gt;»nbsp;Quelconque de Dieu ni de la paix, mais de la guerre amp; „nbsp;des armes; aufquelies entreprinfcs mefchâtes nous-nous »nbsp;oppofions(dis tu)de tout noftre pouuoincar nous citions »nbsp;Uon nombre quin’approuuions tels confeils.Or puisque »nbsp;'out cela n’ellpas mefme vray femblable.pourquoy ne lenbsp;Margueray-ie corne manifeftementfauxîCar à qui per-‘Uaderas-tuquc ceux qui font profefsion de-la vrayeRelinbsp;Sion, en faueurde laquelle ils s’eftoyent expofez tant denbsp;‘Oisà tous dangers, comme l'ilTuedes trois guerres l’anbsp;*nôftré,iSlt; defquels tout le falutconfiltoit en laprofperiténbsp;duKoy amp; en l’obferuatiô de fes edits, ayét voulu traiternbsp;de la guerre en leurs afl'emblcesfSi quelque ambitio eha-'ouilJoitceux-de la Caufe, s’ils eftoyent tran/portez d’a-durice, par qui pouuoyent ils elperer d’eftre elleuezamp;nbsp;Enrichis mieux que par le Roy Charles neufiefme, quinbsp;uur fâifoit tant de carefl’es ,amp; fc monftroit leur amy ennbsp;'*ntde fortes? Eneullent-ils peu auoir vn plusfauorable,nbsp;’pfesl’âuoirfait mourir’mais ia n’aiuenne que celte mefnbsp;'uanceté tant detellable foit venue en la penfee de tantnbsp;du gens prudents amp;craignansDieu.Eftoyent-ilsfifots,innbsp;•'uléi amp; forcenez d’ftimer qu’ils pourroyent vfurper lanbsp;':;Ouronne en ce temps-là, de en vne telle ville que Paris?nbsp;^os alTemblees (dis tu) lé faifoyent en fecret amp; fans tef- «nbsp;d^oins.Y eftois-tu dôc appelle, ou fi tu en parles par ouy nnbsp;d're,ou fipluftoft tuas audacieufement controuué toutnbsp;'ola-Qni eftovent tous ceux du bon cofté qui n’approu-doyentpcintfcominc tu parles) tels confeils? d’où vientnbsp;Qde de ce grand nombre que tu dis, i[ne s’en eft trouuénbsp;P»s Vn qui decelaft ces mefehans coufpirateurs tant -denbsp;‘Ois 3duertis,mais en vain?
J Tucompares ce peu de temps qui s’eft efcouléentre ^dernière paix amp; celte fanglante tragedie auec le fieclenbsp;doréde l’EmpereurMartian.Peut-eftre quenous eufsiôsnbsp;'oueuce temps-là, fi les péchez de hommes n’eufsentnbsp;'^ntprouoqué àcourrouxia patience amp; mifericorde dunbsp;S'ànd Dieu. Mais quand ie compare ce temps de Mar-
-ocr page 678-6)0 MEMOIRES DE , tian auec Ienoftre pendant la paixd’y trouue viiefor'nbsp;de difference laquelle ne doit eftre difsimulee.L’W'O’nbsp;Tacóte qi)e Martian auant qu’auoir fait profefsion de’nbsp;mes,ayant rencontré pres de Pliilippopolis le corps “ ,nbsp;homme fraifehemét tnéjl’enfeuelitfoudain, eftâtto'it''.nbsp;d’humanité amp; grande compafsion:onlefurprintlufnbsp;faiél, par cefte conieéture ayant elté aceufé d’auoir inbsp;le meurtre , fut en grand danger de perdre la vie. E® .nbsp;temps là doncjCarpétier, on ne foutfroit pas les hofflinbsp;desjon faifoit confcience denepointenfcuelir vncöu^nbsp;mort.Diras-tuque ces chofesconuiennétàcelles de®|^-lire ceps? Mais pleuft à Dieu qu’à tout le moins nous p®nbsp;sions voir quelque apparence de ce téps-là,auquel ce onbsp;Empereur reprima les Moines d’Alexandrie amp; de P*nbsp;ftliine, quiauoyent comis de grands forfaiéts cotrenbsp;dits touchant la paix des Egliles.Ie defireaufsiqueC®’ ,nbsp;fuiions horribles qui(peu de temps apres)enuelopp®’^,nbsp;l’Rmpire de Conftatinoble.foyét deftournees duRoyjjnbsp;mede France.par la böté de Dieu,lequel ie prie qu’*'*’nbsp;fe bien loin des François les calamitezdont tu faisnbsp;tion,amp; qui affligerét tout l’EmpireR.omain,depuisGa‘*pnbsp;nus iufques à Diocletian. Combien que tu te fois for' ¦nbsp;loignéde la vérité au récit de cefte ancienne hiftoir® 'nbsp;tee trop fommairement par Eufebe, laquelle partan'nbsp;deuoispuiier d’ailleurs »toutesfois peut eftrenbsp;beaucoup d’exeufes en ceft endroit. Mais qui eft®®* 'nbsp;qui te pourra efeouter en mêtant fi impudemment ƒ
” que tu adiouftes. Il n’y eut iamais fiecle ouïes Egln®’^^^ ”yent eu vne paix plus ample, que celle que la benig®'nbsp;du RoyCharles a accordée en fôRoyaurae.Mais del®nbsp;auras tu honte ci apres,eftant fi effronté que d’ofer Wnbsp;tir fi ouuertemétîLa paix gift elle en l’eferiture desnbsp;ou pluftoft en obferuationdes loix eferites? Quelles “nbsp;cuirez a-on faiftesde receuoiramp; publier le premier^nbsp;aflàuoSr de lanuier, faiéf par l’accord amp; confenternc®'nbsp;tousles Eftats’quia lors troublé la paix? quia auu®’^nbsp;finalemct eftaintpar fôfagla premiere guerre ciuiR^^^^nbsp;Frâce eftoit-elle point delolee alors? Les gés denbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jj
ils pointcfté malfacrez en infinis endroits ?
le premier ediét de pacification : mais la cruauté fo® ,
-ocr page 679-L’ESTAT DE FRANCE. 651 des Frouençaux, les forfaits horribles amp; non ouys, perpétrez par ceux de Languedoc .fpecialement tes Thou-louzains,alencontre des fidelesda cruauté plufque barbare de ceux du Mans.la rage defefperee de ceux de Tours:nbsp;rant de maflàcres faits en plain iour à Blois amp; Or leas parnbsp;des brigands exécrables,au veu amp;fceu des Magiftrats:tâtnbsp;de gétils-hómcstraiftreufemét tuez en leurs propres mainbsp;fonsde Prince de Condé amp; l’Amiral chaflez iniques en vnnbsp;petit coin amp; bout du Royaume, leur admirablee efchap-pee de la patte de ceux qui les vouloyëtfurprédre:les cô-rinuelles amp; vaincs reqftes des fideles qui auoyét prefquenbsp;rôpu les aureilles aux Gouueriieurs amp; Magiftrats pour a-Uoiriufticettoutes ces chofes monllrêt-elles pasfuffil'am-rrrer.conte ce premier edit de pacificatiô a cfté bië amp; ioi-Rneufeinct obferuéfChafcuu le fait,amp; côbien que nous e-ftiniiôsque le Roy {lequel pluiîeursmefprifoyétlors parnbsp;rropacaufedefaieuneiTe) en ait efté marri,tâty a qu’elles fôt auenuesicôme ie l’ay dit. QtyyrLors que ccft editnbsp;^utrefcindé,efcriuit-on pasen termes expres(maisfauire-rriét à môauif) que ces premiers edits auoyent efté extorquez par la malice du tcps,amp;que iafnais ils n’auoyct e-fté faits à bô efciét ni pour eftre de duree.’Qui a fait ceftenbsp;üuteîdi-le fi tu veux,car ce n’eti pas à moy àfaire.Certainbsp;tiemët le Roy amp; fes freres en doiuét eftre excufcz à cau-le de leur ieunefle.Il eft vray-femblable que la mere eufl:nbsp;mieux aimé vn plus paifible ordreaux afaires que tât denbsp;•roublesquil’empeichoyét fortau gouuernemëtdu roy-aume.Ie dy ce qui eft aucnu,S.-rië autre,afin de refùter tesnbsp;mêfongcs.Quât à ce qui eft auenu iufqu’à la fin de la trotnbsp;fiefine guerre ciuile,l‘ofes-tu bien appeler Paix, impudëtnbsp;dateur! En quelle côfcience diras- tu eftre fiecle doré ceftnbsp;tipacededeuxans depuis la derniere paix iufqu’à ceftenbsp;tragedie fanglanre?L'horrible tuerie des fideles dcRouë,nbsp;thaftieepar vn bannilTementimaginaire d’vn petit nombre de tant de meurtriers, que le Roy vouioit eftre punisnbsp;a la rigueur : les feditions elmeues à Orleans par le gendre de ton Belle s-aigues : les maifons des fideles de Parisnbsp;furieufcmcnt pillees eu plain iour : lecooieil du Roy af-'emblé tant de fois pour l’interprétation de l’edit : tantnbsp;de complaintes d’infinis povres fideles des torts à euxnbsp;Ûfts contre Ledit de pacification , ouyes Si entendues
-ocr page 680-6îi M E M O I R ES DE de toy craiftre malheureux qui ue bougeoisdes ,inV^'nbsp;C aulnes,auquel prefques toutes ces côplaintes e*'nbsp;adreflees,amp; dót par fois aufsi on te laiffoit quelqu®^ j,,nbsp;ge, comme des brebis au loup : tant de declarationnbsp;Roy, vaines toutesfois, que fon edit fuit eftroittonnbsp;gardé : toutes ces chofes ne defcouurent-elles pasnbsp;lammenttes menfonges, quad tu eftimes tantceftof jnbsp;Quoy plus ? oyons ton propre telmoignage à leooonbsp;„ detoy-mefmes.Voicitesparoles.LesPapiftesaccojnbsp;„ ordinairement le Roy de ce qu’il nous eftoit trop ƒnbsp;„ leurs prefcheurs crioyent que les noftres auoyent o'nbsp;„ bé le cœur du Roy.Nous autres qui eftiôs pailiblesnbsp;„ bonnaires confefsionsqueleRoyeftoit entaché dunbsp;„ deTheodofe le ieune amp;. d’Alexius, afauoir de trop^'.^j,nbsp;„ de douceur,à raifon de laquelle Dieu auoit autresfo'^^^j,nbsp;té des Rois hors de leur liege. Les Papiftes nous oU^^,nbsp;J) gooyent en public amp; en priué, difans que nous eftio^ „nbsp;„ retiques,feditieux,amp; criminels de lefe maiefté. Souunbsp;„ tesfois les Princes repetoyent au confeil priué ceftonbsp;„ tence de Diocletian, que le Royaume ne pouuoit nnbsp;„ remis en fon premier eftat,fi la diuerfité de Religion n .
ftoit oftee, Si que tous fuflent contraints faire proft „ de laPapiftiqne .'Les Moines,Sorboniftes amp; autres 1^^^,nbsp;„ blables prefcheurs tumultueux,ont fouuétpar leurs Pnbsp;„ posaiguifez,voulu enflammer le Roy à l’enconctn^^nbsp;nous. Ou as tu donc le fens’Ou eft celte grandeP^**’.«nbsp;font cesfiecles d’or, pendantlefquels les poures tg'nbsp;ont eftécontinuellement troublées amp; inquietees paf jnbsp;ennemis manifeftes de la Religion, (lefquels tuapp^'^^jnbsp;Papiftes, .Sorboniftes, tumultueux, afin que tu cachesnbsp;trahifons,fous ce prétexté, cômefi tu ne fauorifoisp® jnbsp;aux Papiftes)amp; par vous autres ennemisdomeftiquesfl,^nbsp;n’aimiez nullement la fidelité amp; douceur du Roy? * .nbsp;di moy, ietepriexeux qui declaroyent tout hautnbsp;mefchantvouloir, amp;.¦ queles menaces du Roy n’ontnbsp;empefeher en forte quelconque qu’ils n'ayent oppt*nbsp;en toutes fortes les innocens:qui parlermons feditie
amp; par liures imprimez amp; eferits d'vn ftile plain de rag^^^ fureurbcftiale, onttout oiiuertement baillé les ariiies^^^nbsp;peuple pour piller les maifons, maflàcrer crue
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amp; femmes, enfans, mafles amp; femelles,jeunes amp; ^’(ienedi rien qui n’ait cfté fait à Paris amp; Rouennbsp;del fnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;font-ils point criminels
JJ ^æmaiefté amp;infrafteursdepaix ? Orilsn’ontfaitii-leur apprend leur Religion execrable. Mais rç^ Semblables (lî aucuns y en a) quelle couuertu-dc ?'^?’^‘^®^''''egt;us donner à voftre cruauté? O gês paifiblesnbsp;jj^ ebonnaires, qui n’eftimoyent point pour crimel’au-p ^fiSes mefclians,la fureur amp;la rage de ceux que tu ap-cp Papiftes, ains feulement fe fafehoyent de la dou-I •’ouRoy! Q^’eft-il beibinde s’enquérir dauîtage p.irnbsp;j^fapport de quelles gens le Roy a efté fîfortdefpiténbsp;JJ ^ouenimé à l’encontre des fideles ? void-on pas biennbsp;pp'^’quot;iui ont apporté du bois pour allumer du tout ce feunbsp;PouuâtahlejBriefq ui font les auteurs de ta ruine, ô po-crante,qui as efté autresfois le plus floriilànt Royau-'•ounionde ,amp;maintenantes le plus miferable? Cenbsp;J donc n’a pas efté d’or,ains d’ordures amp; mefcliance-£ ^lamentables, dont on peut dire que Critias a autref-prédit ce oui dn aduiendroit en certains vers de tellenbsp;quot;'•l’ftance:
C'eftoit vn temps,auquel la vie humaine
Fut desbordee amp; beftiale aufsi: Le vil fuict maiftrifoit fans fouci:nbsp;Les bons n’auoyent recompepfe certainenbsp;De leur vertudes melchans gamemensnbsp;Pour leurs forfaits n’eurent nuis chaftimenj.
Tu me fais mention de Cinna nepueude Pompee, le-ayant drefle embufehes à Oftauian Augufte Empe-j^0r,au lieu d’eftre puni, receut des prefens de fon Prince 'lU'jUel par ce moyen il deuint fidele feruiteur. Mais ànbsp;3M propos cela?On void bien de qui tu veux parler,fousnbsp;Pnom de Cinnaimais au moins le temps monftrera fitunbsp;vray ou non. Pofons le cas toutesfois qu’ainfi ait efté,nbsp;Pfut eftre aufsi que la France pouuoit auoir vn fecôd Au-|nfte, fîquelq u’vn euft prins la peine de ramenteuoir aunbsp;Ivoy ceft Apophthegme de Seneque, qu’il fautmefmesnbsp;ronferuer les mauuais citovés, comme on fait les memmes languiflans :amp; fi par fois on eft contraint tirer dunbsp;fâng,cela fe doit faire tellement qn’on ne face ouucrturc
-ocr page 682-6^4 MEMOIRES DE aux corps plus grade que la iiecefsité ne le requiert. Voifnbsp;la qu’en dit ce perfonnage.inerueilleufeinentcontraire’nbsp;toy qui te nommes débonnaire amp; pailible.Mais que ''eutnbsp;,, dire ce que tuadiouftes? Le Roy entendoit qiiequano'/?nbsp;I) peuple eft abreuué d’vne mauuaife opinion de la Relig'®nbsp;JJ de ion Prince, il ne iuy obéit que par contrainte, amp; ^e de-jj ftournefouuentesfoisde fon obeiirancc.Gcl3vabié,G»r'nbsp;pentier,que finalement tu parles côme tu l’entens. Voit*nbsp;voirement ceftebelle reigle generale de Diocletian,nbsp;vous auezacouftumé dechâter aux oreilles des Ro)S,qU’nbsp;cftimët que la Religio n’eft autre cliofe,find vnecertaiutnbsp;police exterieure tenant les hommes en quelque deuo**‘nbsp;G’eft ainfi que ce mefehant Florentin Machiauel fuçôo^nbsp;fon Prince. Mats fiiuroit-on dire chofe plus abfurde,''^**nbsp;qu’il n’eft queftion que de la vraye Religiôxar autrcint*’nbsp;y a-il rien plus inique de fuyure vn condufteur qui Wnbsp;mefmes eft hors du droit chemin?
Mais derechef combien te monftres-tu fot, quad aptt* auoirditquelesPapiftcs ne ceflbyentde tempeftercôttfnbsp;les edits du Roy, tu les magnifies à prefentcöme oben'nbsp;fans au Roy:amp; adiouftes que ceux qui fuyuent l’autreRtnbsp;ligion(au nôbre dcfquels toy-rneûne veux eftrcnbsp;obey par contrainte amp; fe fontdeftournez de luy ?Tuti*®nbsp;außi vn difeours mal à propos, de l’Empereur Conune'nbsp;dus,comparant foix temps aunoftre, poureequ’ilnous’nbsp;efté loifible de tenir fouuent desSynodes.Maispourquoynbsp;n’as-tupluftoftchoifiConftantin,ceft abateur d’idole*-Entre autres chofes que les EgÜfes de France ontobtfnbsp;nues de la bénignité du Rov, cefte -cy en a efté l’vne, al’’nbsp;uoirqu’ô leur aperraisd’auoirdesSynodt's,pourueuq''ynbsp;les officiers du Roy V fulïent appelez. Qui nie cela? q*^nbsp;n’en a rendu graces à Dieu? qui n’en a remercié le R®)'nbsp;De l,à,tu entres en vn autre propos tout diuers ,conin’^nbsp;C’eftia couftiinie de vous autres chiquaneurs de mefly^nbsp;toutes chofes,amp; faire vn tripotage,à la maniéré des cujli'nbsp;j^niers. Car tu dis, que le Roy auoit acouftumédefefiY^nbsp;JJ ceux de noftre Religiô qui eftoyct fermes en icelle ,ƒƒ'nbsp;J ftoftqu’aux autres quis’cneftovétreuoltez.C’eftbiêdU’
amp; à la miéne volôtéqu’il pourfuiuift en'cefte deliber^*®-aufsi cornent pourra eftre fidele au Roy,celuy quiab^^^
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4 promife à Dieu.’ Et fi cela fe pratique,que deuié-miferable, quoy que tu efperes quelque grade di-pour auoir ainfi calomnié les gens de bien. Mais ie «isiniure de te mettre au rang des châgeurs de Reli-Ç*on:car tu n’as peu changer la tienne,veu que tu n’en eusnbsp;ji?'^“’Q.u?utaux noms de Maximin amp; Maurice par toynbsp;æguez,amp;; cedifeours de Zeiiô,tout cela eftmal à point;nbsp;r tu n’ignores pas l’hiftoire Sc malheureufe finde Zenônbsp;Serina fa belle mere, tellement qu’il femb'leque tunbsp;(j ^^Proffetnent choifi ces malheureux noms d’entrenbsp;J '’tu’autres del’hiftoireancienne.OriedefirequeDieunbsp;tbonamp;toutpuiflàntdeftourne arriéré des Françoisnbsp;itt tels exemples par toy alléguez.
((ji^yonsencor vn autre acculation . 11 n’eftpas loifible » d’auoirintelligence quelcôque auec les »nbsp;'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fans le fceuamp;aueuduPrince.lls ont donc mal »gt;
J, u^deni,ïderamp;requérir liberté de leurs côfciences au
ç ^ 't^luftresPrincesd’Alemagne.Mais par quelles loixamp; uftunjej cela eft-il défendu? Peux-tu dire que cela fortnbsp;fj’V'luer en forte quelconque auec les eftrangers’ne fe-q quot;’ point loifible de s’aider des ami.s deaffbeiezdu Roy?nbsp;cK ræ Si tyrannie feroit cela? Tu allégués dere-propos deux exéples,difant:Pour fembla-”^
Ij ƒoupçon,vncertain Roy d’Arabie banitTheodore E- gt;»* ’^Ue d’Anthioche.SaporesRoy dePerfe,chafla aufsi vn ”nbsp;. ^fque nômé Simeon, d’autant que l’Empereur de Ro- »gt;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;haiflbit.Aquel propos tout ceci,maiftre badin?veux ”
^ire foufpçonneux,c’eft à dire,rcdre le plus miferable Jetons les Princes du monde, celuy que tu flattes main-j^MïCarfauroit-on trouuerchofeplus miferablequ’vnnbsp;],?y qui a peur de fes fuiets ? Voila pourquoy on dit quenbsp;J), t^pereur Augufte qui eftoit vn Prince fort fage amp; be-l’p ’^'il’sraplufieurs fois de quitter le gouuernemëtdenbsp;P’feKtat c’eft vne chofe miferable de redouter ceuxnbsp;On commande)amp; qu’vn de fes familliers n’eut argu-”'plus propre pour ledeftournerde ce faire, que ce-lt;lifant qu’il s’en deuoit déporter, dtfnbsp;netrouuaft 8c fentiftnbsp;cotre foy, tous ceux aufquels il auroit cômandé au
-ocr page 684-656 MEMOIRES DE parauant. O que les Princes font miferables quinbsp;cofeillersà l’entourd’euxlveu qu’ils necognoiircntt^“*nbsp;en quiil Ie faut fier,ni ceux qu’ils doiuent craindre. 5*'”nbsp;voulois tirer quelque chofe de ces exemples amp;nbsp;fer au Koy,afin de l’enfuiure, n’en auois-tu point de plt;nbsp;propre en main ? Ce que tu allégués de Theodorenbsp;que d’Antioche auroit quelque apparence, file Roy'?quot;,nbsp;loitvferd’authorité, comme ce Roy Arabe a fait i®“?quot;nbsp;ment de bânir Theodore, Mais quant à ce que tu rccijnbsp;de l’exil de 5'imeon,ie di que cela eftfaux.Etfîquelqu’nbsp;de tesPapiftes ouSorboniftes.quc tu appelés tumukue“^'nbsp;dit que tu as choifi pour autre regard l’exemple denbsp;cruauté de Sapotes a l’endroit de l’Empereur Valen^^^nbsp;regarde fi tu aimes mieux prier qu’on te pardonnenbsp;ftife,ou fi tu veux confeflcr eftre coulpable du crime Qnbsp;tu mets fus aux autres. Mais l’exemples que tu lt;dioe*nbsp;puisapres,monftreairezquetu es plus condamnable^^nbsp;beftife. TuauoisalTez ouuertementapprouué l’ad®'nbsp;ceux que tu flattes maintenant,ou pluftoft de Diocle^Ç,nbsp;autheur digne d’eftre approuuédetoy;afauoirqu’vnfnbsp;aume ne peutconfîfter, où on foulfre diuerfité deR^^^jnbsp;gion: amp; ie t’accorde librement ce point, qu’vnnbsp;doitauoirrien en plus grande recommandation,’’nbsp;dedonner ordreque lavraye Religion demeure fe”nbsp;foitinuiolablementgardee. Mais ayant oublié toy'’’’jj[nbsp;mes,tu propofes Rothaire Roy des Lombards, parnbsp;duquel amp; fans infraéiion de la paix publique, il Y e^‘ ƒ
. chafq.ie ville d’Italie, tant qu’il pleut au Roy,deux quesd’vn fidele,rautre Arian.Ainfidonc Carpenticr,‘l[^^fnbsp;mefmes nous ferions Arians ,1a paix pourroitde’r’^^i^j.nbsp;ferme en France parmy l’exercice des deux Rohs' ujnbsp;linon que tu puiflerprouuer que les Italiens fufle’^’r^jjnbsp;obeiflans aux Lôbards,que les François nelefonta^nbsp;,, Rois.ll n’a pas tenu au Roy,dis-tu. Mais moy porrrnbsp;n’apporte finonvne fontaine de pleurs pour eltai” /.fnbsp;feu dans lequel tu iettesde l’huile, ay-iepenfé “nbsp;le Roy.’Pour quelle raifon donc me fais-tu le roo*'. ^j,rrnbsp;la ? Cependant ton impudence me contraintd e p^f^nbsp;quelques vns des points fur lefquelles ton ^00quot;*^ (otsnbsp;appuyee. Tu nous allégués la rebellion amp;nbsp;nbsp;nbsp;co
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Witieux des luifs, qui efmeurent Claude Empereur fot amp; de nul el'pritiTraian croyant trop de leger,comme l’e-piftre de Pline touchant le fait desChreftiens le monftre,nbsp;Adrian prince cruel, à perfecuter les Ghreftiens. Or celanbsp;ne touche en rien ceux de la Caufe, li tu neprouues premièrement qu’ils reflemblent aux Iuifs:amp;li tu n’accom-paresle Roy (lequel tublafmes iulqu’au bout.penfant lenbsp;louer bien fort) aux fufnommez: mais ia n’auienne qu’ilnbsp;les enfuyue en des aftes tant iniques. Car qui eftie Prince (pourueu qu’il foit lage amp; modéré) qui vueille que lesnbsp;innocens foyent punis pour le forfait des coulpables.
Mais, ie te prie, qu’ont fait ces gensdelaCaufe? Leur ,• petulance, orgueil amp; confpiration nous a (cè dis-tu) fait „nbsp;perdre noftreTiberté,noftre pays amp;: nos biés.Mais for quenbsp;*n es,ou tu mènes par la gorge,ou tu appelles le Roy,Ty-fâ, voire le plus execrable de tous ceux que tu as delcritsnbsp;dejustou tu fais les Frâçois, eftimez doux de humains,nbsp;lesplusfeditieuxde tout le monde ,d’auoir exercé vnenbsp;ctuauté lîbarbare àl’endroitde vous autres tant paifiblesnbsp;amis de repostou eu aceufes lesMagiftrats deFr.îce d’v-nonchalance incroyable,ou d’ellre compagnôs amp; fauteurs de telles mefchancetez, quand depuis tant de tempsnbsp;^ptes icellescommifesjils n’ont fait information quelcô-Ritoalencontre de cesmefehans amp;defefperez garnemés.nbsp;’oila en quels crimes tu t’enueloppes , en voulant parienbsp;•te fay quelle forte aceufation, receuoir quelque recom-P^nfe.Mjis di-moy encor,poure affligé,quel mal ont faitnbsp;tes gens de laCaufe? Nous ne vouliôs pas (ce font tes pa-,,nbsp;teles) nous aflbeier auec eux . Noftre opinion elloit»nbsp;^n’on deuoitfacrifieraux Mules, non point à Mars Dieu „nbsp;‘leguerre,amp;eftiôsd’auisqbiepar deuoirs hôneftesil faloit „nbsp;Attirer les Papilles à nous aimer. Mais ceux de la Gaufe ,,nbsp;tfioyentque la bride deuoit eftre lafehee à toute violéce. „nbsp;usauoyent toufiours en bouche la trôpette de Sebe,alle- »nbsp;gnans qu’enbône confeience nous ne pouuiôs demeurer „nbsp;'tpaix aueclesPapiftes-.ilsauoyétaufsides miniftresapo „nbsp;ez amp;inftruits en l’efcole de méfchâceté,qui par leurs fer „nbsp;cr'L’^tt'ettoyét en trouble les elprits pailîbles. Si tu as fa- „nbsp;t) e aux Mufes,badin que tu es,ce ne fut iamais à bô ef-‘ent;c’eftàdiretuas topfioiirs e«l’.entendement tourné
Tr
-ocr page 686-«58 MEMOIRES DE àchofes mefchantes, encor que pour vn téps te trouuiDnbsp;parmy les bons,tu ayes fait lèmbllt d’en cftre. Qwtnbsp;crimes par toy recitez, ie confcfle qu’ils font enormes Knbsp;horribles : mais par quelle raifon, par quel tefmoigmgegt;nbsp;ou(au mois)par quellescóieftureslesprouueras-tuïAs-t'*nbsp;iamais entédu qu’vu feul mot de tout cela ait elle dit en*nbsp;Ire ceux de la Keligiô?Pourras-tu prouuer,où,quâd,amp;:p*fnbsp;quels miniftres a elté prononcé vn feul mot de prêdre lesnbsp;armes? à quel propos l’eulTent-ils fait quad melmes ils ennbsp;eullent eu l’enuie, puis que labicn-vueillâce du RoyWnbsp;apportoit plus de proufit que tout ce qu’ils euflèntpennbsp;obtenir par les armesfSauras-tu monllrerque quclqu’'?nbsp;ait peuellre li delcfperé de vouloir bazarder fans caulenbsp;aux dangers d’vne guerre , le lien de la paix tât heureufejnbsp;acquife ii chèrement,par tât de lang amp; de trauaux?Yâ'‘nbsp;homme entre ceux que tu appelles Papilles qui ait iamS'’nbsp;fait rapport ou côplainte de ces chofes au Roy, aux go“'nbsp;uerncursdes Prouiuces,aux parlements,ou aux iu^sW'nbsp;ferieursràquiell-ce que lesMinülreseuflentperfuâdérn'nbsp;la?a la noblefle? Mais les gentils-hommes ne pouuoyentnbsp;pas fouhaiter dauâtage quecequileur eftoit accordé p^nbsp;J’edir.comment reulfcnt-ils faittrouuer bon aux habiw*nbsp;des villes accablez de defpenfes, trauaux, ruines inßnie^’nbsp;amp; qui ne pouuovët rien (quand mefrnes ils en euflènt ennbsp;la volonté) ellans dellituez au fecours de la Noblem'nbsp;Quant aux minillrcs des Eglifes,y a-il homme de lanbsp;ligion,à qui tu puifles perfuaderqu’ils euflent voulu criernbsp;àla guerre en temps de fi grande paix, que par meln'nnbsp;moven leurconfi(loire,le peuple ou les Synodes prouM'nbsp;ciaux ne les euflènt redarguezviuement, oumefniesde-pofé de leur miniilere fiiyuant la dilcipline ellablieentrenbsp;les Eglifesde France? Pouuovent-ils faire cela fans coo-treuenir ouiiertementàladoélrinc qu’ils annonçoyent,nbsp;amp;au formulaire des prières publiquesrEtpourtanwMfnbsp;cun peut apperceuoir que pour le moins ce que tu disnbsp;touchant les miniftres eft faux, ridicule amp; malicieufemetnbsp;controuu ’. Tu produits toiitesfois quelques tefmoins.a-fauoir P, Ramus pour lepremier, lequel tu appeleshom-mede bien amp; grand enneiny de la caufe comme tov-gt;enbsp;t’accorde que c’eftoit vn bon perfonnageimais ie nie çn'
-ocr page 687-L’ESTAT DE FRANCE. 659 fixe reflerablattxar il ne pouuoic eftre homme de bien amp;nbsp;tel que toy tout enfemble. Mais pourquoy le prens-tunbsp;pour tefmoin?eft-ce pas d’autant qu’il ne tepeutdefmen-btiàcaufequ’ileftmort? Sivous citiez en li grand nombre vous autres paiiîbles amp;c modérez, n’y en a-il plus pasnbsp;vn en vie qui ait entendu ces chofes auec toy ? pourquoynbsp;etaignent-ils maintenant de dire le nom de ceminiftrenbsp;icditieux,contre qui deilors plufieurs d’entr’eux murmurèrent aflez clairement,comme tu le dis ? Mais reuenonsnbsp;aux tefmoignages.Tu confolas (dis-tu) P. Ramus qui fenbsp;plaignoitàtoy de quelque prefche fcditicux qu’il auoitnbsp;ouy,amp;Iuy alléguas î’hiftoire de Valentinianvn desprincipaux officiers de Iulian l’Apoftat.qui donnavncoup denbsp;poing à certain preftre du temple de Fortune, qui l’auoicnbsp;arroufé d’eau benite.A quel propos cela,Carpentier? Situnbsp;approuues ce fait (car pourquoy l’alleguerois-tu?) ou eilnbsp;ooft efprit débonnaire amp;paifible ? merites-tti pas pluftoftnbsp;le nom de turbulent amp; fcditieux ? Etpourtantauiie, pournbsp;le moins ci apres , d’exercer ton mefticr de mentir, plusnbsp;finement que tu ne fais , amp; tefouuienne qu’vn menteurnbsp;fioitauoir bone mémoire. Mais n’as-tu plus d’autres tef-¦noins ? l’en ay (dis-tu) d’entre les miniftres, Si qui fontnbsp;gens de bien,doftesüt craignans Dieu. Quifont-ils ?Tunbsp;nommes Defpina. Maisconfidere lepartyqueietepre-fente.M. Defpina te dira à ton nez deuanttous, (ie m’ennbsp;alTeure) quand il te plaira , que tu ments impudemment.nbsp;Puis du Rofier. En premier lieibfi ie vouloy’,iepourroy’nbsp;îtref-iuile caufe reietter celuy qui n’a pas feulement ab-iuré vilainement Si manifeftement la vérité de Dieu,nbsp;!’'aisaufsi l’a impugnee en public amp; en particulier. Maisnbsp;’^llegueray vue autre exception.Car maintenant duRo-fioreftenl’EglifedeHeydelberg,ellant efchappé de lanbsp;¦quot;ain des mefchans,parvne finguliere mifcricorde denbsp;pieu : il recognoilt fon péché , detefte Carpentier amp;• fesnbsp;‘Sniblables,tant s’en fautqu’il t’applaudifle.Tu adiouftcsnbsp;Houbraqueamp; Capehtous deux garentis miraculcufemëtnbsp;par la grace deDieu,du glaiue furieux desbouchers,6tquinbsp;to tiennent ordinairement pour vn traiflre, apoftat, amp; vi-*am calomniateur.Quant à la Haye,ie m’afTeure qu’il t’anbsp;On pareilleeftitne,on ditaufsi qu’il eft à Nifmes,tant
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s’en faut qu’il foit auec toy pour accuferceuxdeb'-’
»1 Touchant Mercure gt; ie me luis fort esbaliy de ton dence, quand tu lepreus pour tefmoin.veu que s’iHnbsp;fait faute,ce feroit direéfeinent au contraire de ce q»®' ,nbsp;disrcar il a toufîours efté aux guerres,amp; meliues eftnbsp;nié homme entendu au faitdes armes : maintenant annbsp;il t’a en execration. Cependat tu es fi effronté amp; ineicnnbsp;defefperement d’ofer reprocher à tant de gens de tous enbsp;flats bien affetlionnez à la Religiô,àla profperité duRO;nbsp;Si. conferuation du royaume,qu’ils haiffent mortelle®®®nbsp;le Roy amp; toute la race des Valois? Les guerres ciniitsnbsp;pour la Religion ont duré onze ans ouenuiron dans*nbsp;France. Pendant ce temps ie maintien qu’il n’y a eu pW'nbsp;ehe ni fermon faitparminiftre quelconque , ou le Ru)nbsp;Charles neufiefme amp; tout le fang Roval n’ayent erterecoin mande z à Dieu es prières publiques*. le di qu’d ” 1 *nbsp;eu pere de famille qui faifant prières en fa inaiion auj*-les fiens foir amp; matin, n’ait aulsifait métion en icelles“nbsp;la maiefté du Roy.Eu la maifon de l’Amiral mefinesae'nbsp;quel tu fiiifois tantdereuerenccs peu de iours auani'/nbsp;mort,tous les ionrs,amp;ce inefmeiour qu’il fut bleflè,''*’’'nbsp;ré à l’heure mefme.s qu’il fut tué,ie maintien, Carpendef'nbsp;(amp; i’en ay de bons amp; certains tefinoignages) que quaf “nbsp;on enfonçoitles portes defonlogis, amp; que ce grandie*'nbsp;gneur empefehéde fes deux bras pour les coups receu'’nbsp;toutesfois fe leuantde fon lit au moins mal qu’il poum’*'nbsp;amp;fe faifant couurir d’vne robbe pour attendre la m®*'nbsp;prefente,àrinflant niefmes fit prononcer par vn minift^fnbsp;de la parole de Dieu lequel vit encor, la priere adrefle^ ’nbsp;Dieu pour le falut R- côferuation du Rov amp; du royaumCquot;nbsp;autïcamp; aufsi ard.'mentque pour le falutde luyqui fep*®nbsp;paroit d’allerau ciel tout .àl’inftît.Et toy,maftin,vis-tu e**'nbsp;cores,prenît gage pour maudire les viuans amp; les moro-
Finalement pour furmonter tov-mefme en impudecc amp; mefdifince , tu dis que par toute la France on fit''!’nbsp;roolle des perfonnesamp; biés de ceux delà Religion:nijgt;**nbsp;» perfonne (dis tu) ne peut cômander cela,fice ne font If®nbsp;gt;, Rois:di mcfmesDauid pourauoirtcmeraii emétfaùa®nbsp;,, brer le peuple,cn fut rudement chaftié.Premieremct c®.nbsp;cor que ceux de la taufe euflent fait cela comme tii
eft c®
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eft'ce que tute monftres inepte en ceft exéple, que tu allégués pour prcuue de ton plaidoyé comme i’eftime. En apres,ce que tu cotrtrouues touchant l'enroollcment desnbsp;perfonnes eft tant faux, inepte amp; ridicule,qu’a peine me-rite-il Amplement vne fimple negatiue. Quant à Targetnbsp;leué oupluftoftqu’on deuoit leuer, celacrt vny qu’on a-uoit cotizé les familles de ceux de la Religion à certaine 'nbsp;fomme de deniers. Mais que te pouuoit-on demäder ennbsp;ceft endroit,chiquaneur amimé, qui nôobftant qu’ayes Vrnbsp;ne famille,ne laifles d’eftre vn vray vagabond, fuiuanttâi-toft Tvn,tantoft Tautre ,qui as aufsi peud’arreftenplacenbsp;que de reputation, bref tu es vn zero,n’ayant chef ni cer-Uelle.Touchânt cefteleueede deniers,chafcun fait qu’onnbsp;luoit cômencé à la faire pour le pavemét de la folde desnbsp;Rciftres, amp; ce par le vouloir amp; commandement du'Roy-»nbsp;en enfuvuant Tedit de pacification.cela auoitefté ördönénbsp;nianÉépar diuerfes patentes à quelques perfbnnagesnbsp;æen faire l’amas fous certaines loix amp; conditions. Putsnbsp;ftuetu fais que les François font autant bien informez denbsp;cela comme on fait que le Roy eft Roy, amp; que tu n’igno--’'es pas que Cauaignes n’auoit afaire dont il futgueresnbsp;plus foucieuxque de ceftuy-la:N’as-tu point deconfciécenbsp;”7 dehontc.mefchantgarnement, de vouloirperfuadernbsp;’uxeftrangers que ceux (que tu appelles)de la Caufe,pa’rnbsp;inandemés voire par les cômaiidemens expres de ce-
*uy que tu nomes Sebe (par renuerfement de lettres)ont gt;» ^ercé vne manifefte tyrâniefur tousceuxde la Religiô?nbsp;^ïisqui eft ce tat puiirantSeigneur,qui'ait tenus fuietsànbsp;“nvouloir la Royne Nauarre.fon fils amp; heritier Je Prin-^®de Condé,TAmiraks’ne grand partdelà noblefle, taiirtnbsp;vjliej amp;- prouinces de France ? Ceftuy-laeft vn de nos
'*fteiirs,lequcl,comme tu dis,à Geneue,c’cft à dire (felô ” ^nexpofitiö) en cepuantlac,en cefte miniere'de feditiô”nbsp;^boutique de toutes mefchancetez.tientvn pontificat de ”nbsp;,\rcgne enfemble,comme les Machabees.pourquoy nç ”nbsp;ylois-tu comme lePapcR t.tt de Cardinaux,amp;Euefques?
’’vement voila vn plaifant conte amp; digne d’vn cerueau ultilTucommelctien . Car te pourroy-ie refpondrenbsp;chofe ? Au refte fi tu appcrceuois quelque faute ennbsp;’c lcuee,que ne le difois-iu tout haut!
Tt 3
-ocr page 690-66}. MEMOIRES DE
n Tu adiouftes que Ia Caufea eufon prince.Elle aeufon prince .amp; conducteur fous I’enfeigne duquel on marchoitnbsp;durant la guerre: mais depuis,point:amp;toutesfois,iecon-felTeque les poures fideles affligez auoyent à bonJtoitnbsp;celle couftumede recourir veis ceux qui par leurconleilnbsp;amp; authoritc enuers le Roy obcenoycnt cequieftoitiuftenbsp;” amp; raifonnable. Elle a eu fon Cliancelier. Voicivnmen-fonge trefpuant,finon que tu appelles Chancelier ce giâlt;lnbsp;perionuage,duquel tu te moques apres fa mort,apres 1’»quot;nbsp;uoir ainfi pipé en fon viuant. le parle de CauaignW,nbsp;dclafcience Si confcience duquel les Eglifes efloyent hnbsp;bien affeurees , qu’onrapportoitprefquesà luy feultotfnbsp;lesafaires touchant l’obferuation del’edit de paix amp;lt;lôtnbsp;il faloittraitterau confeilpriué. Ce que tu adiouftes p“?nbsp;apres des confeillers, Secretaires , Threforiers, Amb*'quot;nbsp;fadeurs, Capitaines arreftezamp; remuez de lieu enautr^’nbsp;ne merite pas que ie m’amufe à le refuter:car tout cenbsp;tu dis eft fi ridicule , que te nier ton dire Si te refpooJ'^nbsp;fft tout vn. Or comme tu es vn plaifant gaufleur, tu ta’’nbsp;vn conte d’vn certain Gafcon fortpovre à quitupreft’’nbsp;de l’argent. Bonté de Dieu, qu’eft-cecireft-il pofsible“^.nbsp;Carpéticr qui ne vit que d’emprunt oudclarcin,aitpmnbsp;de l’argét à quelqu’vn-ie m’eltône bien decela,finon’l'’nbsp;tu ayes prefté l’argent d’autruyîmais ie te lairray difF”nbsp;fi cela eitloifibleparles loix ou non. Au reftequefi’nbsp;J’ home de tô paysrle tefmoignage que tu luy reds,eftnbsp;»gt; fe ragea .1 la Caufe par le moyé de l’accoinrîce amp; pa'*nbsp;’gt; dife qu’il cômettoit de long téps auec la femme d’vnnbsp;«-dâ qui eftoit de la Caufe. Pourquoy n’as-tu fait fauoh /nbsp;Côfiftoire ces vilenies la, foit que tu en fufTes auerty n ,nbsp;lors oudepuis-pourquoy as-tu efté maquereau de
” tere,Carpétier?Mais oyôs le refte.Ce Gafcô deuintbf^^j »’ tout foudain, afauoiraux defpensdelaCaufe.cóme^^,nbsp;”:le côfeffa.Tu nous côtes merueilIes,Carpétier,qu’vn »nbsp;cô.qu’vn home de tô pays (tu m’entéds bié)aitpeuy j.,nbsp;trouuer d.is Paris en tel téps , le moyen de chagerft\^;nbsp;beaux à du velours.Mais il difoit que laCaule l aiu”’nbsp;cquippé.Tu as peuteftre-côtrouué cela: Maispofô’nbsp;iqu’ij le t’ait dit, s’enfuit-il ponrtâtqu’ilparlaftenvcr’nbsp;m’alTeure que ru ne perfuaderas à pas vn de ceux
-ocr page 691-L’ETAT DE FRANCE. 66} cognu la pieté, vertu amp; intégrité de vie iuftju’à prefentnbsp;dote notable Seigneur, que tu appelles le Prince de lanbsp;Caufe,qu’il ait nourry ny entretetenu des adulteres ounbsp;aflafsins amp; maflacreurs à gages. Or quanta l'accufationnbsp;âtyuante , ie m’csbahy d’ou elle peut dire procedee.nbsp;Ils vouloyent (dis-tu ) que le Roy déclarai! la guerre”nbsp;ouuerteà l’Efpagnol . On guerroyoit donc couuerte-vnbsp;roeiit, Carpentier. Mais toy tant occupé a manier qucl-9uesmenus affaires,comme tu l’efcris, auois-tu bien tantnbsp;oelotfîrd’ofer elplucher les confeilsplus fecrets duRoy-auine. MaislailTons ces chofes, quine nous attouchentnbsp;pasbeaucoup.Quantàce que tuforges touchant ie ne faynbsp;Siels afcendants amp; tranfuerlaux (c’eft ton langage) fortnbsp;prochains duRoy,lefquels on vouloir tuer: que ne parlesnbsp;ru plus ouuertement.afîn que tes calomnies apparoilR’ntnbsp;rrrieux îcarau moins il y auroit qlque accord entre vousnbsp;autres caloniateurs . Ce que pltiiieurs ont efcrit amp; publiénbsp;pourexcurcrccsmaflacres,commefi tousles auoyenta-Uouez.tft contraire amp; repugnant l’vn à l’autre. Mais quadnbsp;nous accorderiôs qu’il y auoit quelque vérité , n’es tu pasnbsp;eriminel de lefemaiefté, de n’auoir dcfcouucrtà ceuxnbsp;Si’ilappartenoit des chofes tant certaines amp; probablesnbsp;fcornine tul’efcris)parle tefmoignage de t.ât degentils-nôines? Mais peut eflrequequelqu’vn te demSdoitcoleilnbsp;rachat ces chofes ,amp;quetu eftois des premiers en ceftenbsp;^‘Icniblee que tu dis auoir eflé faite.Peut eltre aufsi quenbsp;rufaifois telieà ceux , enlacuifine defquels tu allofscer-rterles miettes comme vn chien affamé . Et toutesfoisnbsp;n dis qu’ils t’ont drelTé embufches pour refaire mourir,nbsp;Sue tu es efch.ippé par grand miracle,d’autant que parnbsp;casdauenture tu auois difné vn peu tard auectes feiui-Ceurs domeftiques . Mais de quels feruiteurs me parlesnbsp;n ?veu que tu relTembles celuv,lequel(comme difoit vnnbsp;certain farceur s’en mocquant)n’auoit feruiteur,ni coffre,nbsp;nipunaife,ni araignee,nifeu,ceftàdire(felon noftrepro-ierbc)n’auoitne feu ne lieu? Toutesfois ce que tu racontes n’eft pas du toutcontrouué . Mais eicoute aufsi la reC-poncede celuy que tu accufes amp; calomnies impudemment, qui cftvnhonneftc gentil homme amp; de bonne
Tt 4
-ocr page 692-t’ayant donné charge de pourfuyurevn h en affairé' P ce qu’il t’eliimoithommedebien,à caufe quetuwy'*nbsp;les gens d’honneur par toy vendus: tule trahis à fanbsp;aduerl'e. Eftant fortelineu pour vne telle indigniténbsp;grand dommage de fa maifon, il confelTe eftreven“nbsp;ton logis, auec vn ballon, en intention de bien p
faut point faire la guerre, finôpour caufesiulles amp; ne' làires,à quel propos,babouin que tu ts,veuqueienbsp;mais demandé ni donné confcil d’entreprendre ou fa’’’nbsp;ccfi'er Ja giierre: encores que à l’auenture i’entéde tnie“^nbsp;que toy tous ces dilcours vulgaires amp; familiers aus e**^nbsp;fans de l’efcole ? Mais tune voulois pas perdre cesnbsp;cueils, que tu as ppfsible tranfcripts de certaine declaif^j-tion faite en quelque college de Paris,Car chafeun 0'nbsp;fez ce.di£lon de Terence , QjPvn homme fage doit tequot;nbsp;terrons moyens auant que venir aux armes. Mais''quot;^nbsp;autres chiquaneurs de France auez pris maintenant cequot;^nbsp;couftumefeommeie l’ay apperceu pendant le peu de Iquot;nbsp;iour que i’ay fait par delà)apres auoit fueilleté les indic^j
L’ESTAT DE FRANCE. 6^5 voftre dire.le ne fuis pas eftonné fi vous autres CEiqua-neurs faites cela, puisque vous eftes en vn Royaume,ounbsp;pour le iourd’huy vne grand part deshabitans d’iceluynbsp;viuent de la beftife des autres. Car voyant que les gensnbsp;de bon efprit, ou aumoins qui en ont l’apparence, prennent plaifir à telles niaiferies, il me fouuient de l’exhortation des Athéniens à leurs harangueurs,afauoir,venons »nbsp;aupoinft,amp;de ce que dit vn poète de ceux qui femoB-flrent pluftoft fots que patiens en s’arreftant beaucoupnbsp;adeschofes de néant. En fin,i’aycommencé àcraindrenbsp;qu'on ne puifîe bien prédire des François (Dieu vueillcnbsp;toutesfois deftou'rner tel malheur) cequedifoit lugur-tha de l’empire Romain de fon temps : Que le Royaume périra bien toft s’il trouue vn acheteur : amp;, que cenbsp;vieux poète Ennius n’ait prefques voulu expreflèmentnbsp;prédire le malheur de la France en certainsvers dont lenbsp;fens eft tel:
D’ou vient,ie vous fupply,que tant à l’improuueuei La République auons entièrement perdue?nbsp;Les fols,les ieunes gens,amp; les nouueaux-venusnbsp;Gouucrneurs de l’eftat eftovent deuenus.
Mais cela foitditenpaflànt ,amp;Dieuvueille empefeher telle iuine,carquepourroit-on attendre destroubles,voinbsp;te de la confufion d’vn fi grand Royaume ( laquelle toynbsp;tes femblables attirez à mon grâd regret) finô vu hor-tible changement de la plufpart du monde? Or quant ànbsp;tuoy qui n’ay intereft quelconque en cela pour mon par -titulier,ie puis à meilleure occafion déplorer celle com-ttiune calanaité redoutée de toutes gens de bien, que toynbsp;d’oiiurir la gueule apres quelque morceau en calom-tiiant fi effrontément tantd’excellés perfonnages dece-dez:veu que cela ne te touche en rien.ains pluftoft tu de-ttois gémir pour celle confufion generale.le n’eftime pa?nbsp;que tu ayes cerché quelque reputation deuant les hom-ttgt;es,veu que tu as accouftumé de te vendre pour rien,amp;nbsp;t’ as honneur quelconque que tu puifles proftituesr, ou finbsp;tuPexpofois en vente,il n’y a homme tant contemptiblenbsp;P'Jifle-il eftre qui le voulull acheter.
Mais ceci eftfortplaifant que tut’accompares au vent Septentrional: cary a-ilrien plu» froid que toy,inifc*
-ocr page 694-6G(, MEMOIRESDE rable plaidereau ¦ Ie vent niefines voirement neftP*_nbsp;li vain que tu es. Il y autant feulement vn point acnbsp;tiger enta fimilitude,c’elt qu’anciennement °'’nbsp;que tout malheur venoit de Septentrion ( car Knbsp;n’eftoit rien alors ) mais grand mal ne fauroitfn^^'^nbsp;toy encores que tu ayes fort grand défit de ma 1 *nbsp;d'autant que tu n’en as pas les moyens :amp; quano ƒnbsp;bien fort enflé tes foufflets, ilc’en fort qu’vn bruit lO
, teS’
Au refte, tu perds ton temps, pauure infenfe que tu en te perfuadant de pouuoir renuerfer amp; anéantirnbsp;l’eftlair de tes menfonges, la gloire de ce prince tre’nbsp;luftre , magnanime entre tous,foit enla viejfoit^”^^nbsp;mort, aflauoir le Prince de Condéiquand tu babille’^nbsp;c’elloit vn homme priuéiJc particulier,qui a baillé le® .nbsp;mes à fes gens: adioufiantà cela le ne fay quoy toucii^^nbsp;l’alliance d’Abraham auec les Princes de Paleftine -Prince de Condé net’aiamais conté pour vn des Wnbsp;encor que tu fufles à Strasbourg amp; tafehaflès de quot; ,nbsp;tout feruice aux feruiteurs de fes feruiteurs : maisfl‘'jjnbsp;les gens a-il eu, boufon impudent;S’il eftquefti®”nbsp;la caufe amp;fondemenc de la guerre ( ie ne parlenbsp;pour cefte heure de l’edift de pacification, qu’aucnbsp;n’ont honte de dire auiourd’huy, que ç’aeftévn editnbsp;torqué du Roy par la malice du temps)n’aonnbsp;duit en vue des plus célébrés aflemblees du ,,nbsp;ou l’Empereur Ferdinand prefidoit , amp; depuis !'•'nbsp;pas imprimé les lettres de la Royne mere au Pr'”^nbsp;de Condé, par lelquelles elleluy donnoit chargenbsp;prières de maintenir amp; garderie Roy amp;c leRoyaU'’’nbsp;Que veux-tu dire babillard ? poiirquoy abayes tunbsp;Hin que tu es ? Ce prince vit maugréla mort, toY^.nbsp;femblables elles mofts en viuant: iînon que tu tepct* ,nbsp;des d’eflre immortel,toy qui n’as pas encor commetnbsp;viqre . Apres la mort du Prince de Condé, ilnbsp;point alléguer ( dis tu ) que ces bons amp; innocens Prif
” furuiuans foyent auteurs d’vne guerre tant mefeha^^fj ” veu qu’ayans befoin de l’authorité d’aurruy ennbsp;” afairespriuees,ils nepeuuent donnsrauthoritéau*nbsp;très. Mais monfieur le lurifcoufiilte, qui ne s’eftonn
-ocr page 695-L’ESTAT DE FRANCE. 667 j de U vilaine ignorance en ceft endroit ? Si la guerre faite par le Prince de Condé eftoit iufte, aufsi l’a efté cellenbsp;dernière, qui n’elloit pas vne nouuelle guerre , ains feulement continuation amp; pourfuite de la precedente. Etnbsp;combien qu’il n’appartienne point à vn particulier d’ef-mouuoir la guerre, toutesfois.tu te inonftres bieiiefcer-uelléilitupenfesque pouriugerdu fondemét de la guerre on fe doyue plulloft arreller au chef des armes, qu’à lanbsp;caufe pour laquelle elles font leuees.Or fi tu neconfeflesnbsp;lt;îuecelte guerre a elle iulle,roit qu’on confidere la caufe,nbsp;oul’authorité, il faut que tu reiettes comme faux, ou quenbsp;ficondamnescomme iniques, le mandement mefmestnbsp;du Roy amp; les trois edits de pacification. Si tu veux les ac-tuferde fauffèté , tu perds ton proces fur le champ : fi tunbsp;calomnies d’ellre iniques,il te faudrapluilollcondamnbsp;’’wqu’eicomer Ptßj.eitj. guerre elloit illegitime des lenbsp;Commencement,tu fais que la faute ne fe pouuoit purgernbsp;puis apres. D’où vient donc que tu fais métion du bas aa-RedesPrinces. Outreplus, ne mets tu point en conte Unbsp;^oyne-de Nauarre tutrice de fonfils proche parent dunbsp;] ®y apres fes freres, laquelle eull efté chef de l’armee, finbsp;elle euflefté homme?.Si tu eftimes ces ieuncs Princes faunbsp;du glaiue des mairicreurs(dôt ru plaides la caufe)patnbsp;(^^finguliere grace de Dieu, amp; par l’authorité du Roy, finbsp;ons quetu les fais par flatterie, amp; comme ils le font à Unbsp;crfié ; pourquoy, au lieu d’aceufer les viuans, amp; t’efleuernbsp;moquerie cotre les morts,ne deplores tu pluftoft ceftenbsp;ctcftable violence qu’on leur afaite, tantd’indignitcz amp;nbsp;'‘träges qu'ils ontfouft’ert envn inftant,tantde leurs do-cftiques efgorgezdeuât leurs yeux,leurs nopcesamp; ma-j *ges enfanglantez du fangdetantde gentils hommesnbsp;^Urs parés amp; amis. Que ne pleures tu pour les maux quinbsp;quot;oironnent le Royaume, quand mefmes iet’accorde-Y «jue quelques particuliers auroyent efté iuftementnbsp;a mort? Rien nepreflbitla Caufe (dis tu ) elle- n’e- gt;»nbsp;J ‘t trauaillee que de trop grand repos : l’Eglifedesbor- gt;,nbsp;grande paix . Quelle ftupidité eft cecy • gt;»nbsp;faifois mention des outrages horribles desnbsp;’‘«si k formons feditieux amp; libelles diffamatoiresnbsp;orbojiniftes, des complaintes continuelles faites au
-ocr page 696-MEMOIRES DE confeil priué parles Princes, amp; desdcfleins (dontnbsp;uoisaulsi quelque cliofe) dreflèzpour couper la gorgenbsp;aux noftres.Quel repos donc nous forges tUirnainf^’o''nbsp;quelle paix a peu faire desborder les Eglifcs,veu quellesnbsp;n’auoyencpas prelques commencé à forcir de mileresnbsp;affliÛionsrMais à quoy mefuis-ie amufé?Tu dis,amp; altenbsp;mes en foy de chiquaneuramp; harangueur à louage,quenbsp;as l'oLiuentcsfois rompu beaucoup d’cntrepriles violenbsp;tes(comme iî tu t’eftois trouué en quelcôque anen'l’^fnbsp;d’Eglife , linon pour eftre auditeurdes prelches,ouponbsp;fo poegor de crimes, lî q’a elle en alïemblee partieuhenbsp;faites amp; dreirees,comme fi ceux de la Caufe irritez t®®nbsp;tre quelques mauuais Magiftrats, enflent voulu depbnbsp;lé Roy de fon throne. Mais qu’alleguois tu à ces en
„ preneursjQue les occafions eftoyent bien legereSiM^ji „parfois on lemoit beaucoup de faux bruits. He,nf.jnbsp;point honte de mentir fi malheureufement.’Lesfeu’ ,nbsp;cfmeuésà Paris,Rouen,Orleans,amp; prefques infinisa^jjnbsp;endroits,efloyent elles legeres'm’a on pas enuoyéçanbsp;des députez amp; commiflaires extraordinaires ponrif*^j|nbsp;mer ? y a il article en l’edit fur l’interpretation duq*’'^ jnbsp;n’aitfaludifputer, par l’iniutlice des Magiftrats? asnbsp;bien feeu, en peu fauoirde Cauaignes , quecefeulf® |fnbsp;retint l’Amiral à Paris iufqu’au lourde fa mort, afaoOj^^,nbsp;délit d’obtenir du Roy auantque prendre congé dn Znbsp;que prouifion feure Si fuffifânte fuftdonnee aux fr j-snbsp;lüyuant l’edit, à l’encontre des rufes amp; delloyauternbsp;iiiges mefmes ? Et toy, tpiiftre (à qui on auoit rero*j^j,nbsp;pourautantqu’on ne trouuôit pas hôme qui voulunrnbsp;der les caufes des fideles) n’en en as tu pas fait plain^^jjnbsp;confeil pnué ? vrav clique tu te moquoisen ton eff“nbsp;ceux pour qui tu plaidois.côme l’eft'eél lemonftrenbsp;tenant;.! l’inftant-mefme que l’Amiral fut traiftreufc- ' (nbsp;bicfle , ne tenoir ilpas en main vne requefte de qo^ “nbsp;Eglifé Françoif^?
Maisovons ce quetu propolois pourreprimer de La Caufe, qui eftoaœnt de fi grand loifir. Tu Iciynbsp;guois l’exemple d’vn certain perfonnage nomme J*nbsp;lequel fut décapité fous rEmpereurGaliehus,qui o_nbsp;pas fort contraire aux Chreftiensimais autremenre ,.))
-ocr page 697-L’ESTAT DE FRANCE. dé? ’’Prince defcfperé en mefchancetez. Cependant tu aïnbsp;P ’ns tel plaifîr en ceft exemple, que tu l’as mis deux foisnbsp;j.'î’Uant.-Tuadiouftes qu’on a fait beaucoup demauxànbsp;^’n^Ambroifeiau defceu de l’Empereur Arcadius,amp; quenbsp;remedier àcela, on v a deu procéder par lavoye dunbsp;Mais pourras tu nommer quclqu’vn des nollresnbsp;r ’4it prins autre chemin que ceftuv-là? Puis apres tu disnbsp;les Roys mefmes font contraints quelquesfois denbsp;quelque chofe au peuple, comme iadis Loysle De-“nnaire bannit par contrainte le Patriarche Nicephoro,nbsp;(j‘’’’d’appaiferle peuple, duquel il n’euft peudonterl’au-fans effu/ion de fans. Mais fache nous vn peu à di renbsp;’^’’ tu aspefché celte hiftoiie. Cependant ,pofé lecasnbsp;a”ƒinfifoitje m’efmerueille,Carpenricr,que tu ne louesnbsp;’’fsil'exempledePilate,lequel voyantle crydes luifsfenbsp;®’’forcer,fut contraint leur liurer lefus Chrift pour eftrenbsp;'’’’t'iîé, apres auoirfaitproteftation bien exprefle qu’ilnbsp;’’yconfcntoit point. Ofes tu bien faire Charles neufief-’’’e*, Roy de France, feruiteur de ha populace de Paris ,amp;nbsp;pniener en ceRovaume le temps lamentable de Char-fixiefmeN’as ru point honte de faire profefsiondenbsp;J^ftre religion,eftant fi mal inftruit es premiers rudimésnbsp;'’¦telle, que tu n’ayes point appris encores, qu’il ne fautnbsp;foinc faire ma! afin quebien enaduienne ? Vraycment,nbsp;'Picy vn merueilleux Theologien , amp; gentil mainteneurnbsp;I ” Ghriftianifme à lencontre de ceux de la Caufe. Fina-‘fuienttumetsen auât quelque raifon fort propre à tonnbsp;’’’tention : mais tu l’as empruntée de quelqu’vn,qiie ie nenbsp;’’eitimeray point pour ce coup. Cependant, tu n’en fisnbsp;’’’enrion quelconque aux nodres , lors que tu tafehoisnbsp;l^totnmetu mens) de reprimer leurs efforts ; mais main-¦tiianttu l’allegues pour exctifer aucunement la cruauténbsp;^eteftable du peuple enragé de la France, corn me aufsinbsp;telle eft la feule caufequi t’a fait efcrireles chofesfusnbsp;’’’entionnees. Quelle eft donc celle raifon, que tri allégués? La fedition cruelle amp; fanglante, efmeué pour vnenbsp;otcalion bien legere .à l’encontre des Tuifs, durant le goitnbsp;Uernementde Cumanus. Accufedoncce gouuerneuramp;nbsp;fies foldats.mais elloit ce peu de chofe (tu’vn fi grand per-fonnage que l’Amira[,amp; tel que depuis beaucoup de cen-
-ocr page 698-6-jo MEMOIRESDE taines d’ans Ie monde n’en a gueres ven de plusnbsp;foit outrageufement blelFé par vn meurtrier à gag^’.’j,nbsp;plein iour, retournant du Louure en fon logis, auiD'nbsp;de l’appareil des nopces royales ? que firent lorsnbsp;la Caufe? coururent ils prendre les armes? firent ilsnbsp;quelconque tant petit foit il à ceux qu’on fauoit eftt®nbsp;tneurs de celle blelTeure ? S’en allèrent ils chez euxnbsp;prendre leurs armes ? car ils eftoyent venus aux nopnbsp;où on les auoit femonds , non pas à la guerre. deuxU’^^^^nbsp;apres,eftans defarmez, tous en leurs litls amp; fans atteu .nbsp;aucunement telle lafcheté,furent ils pas cruellemét^ ,nbsp;facrezîL’Amiral demäda il autre garde que celle du K-Quand on força fon logis pourT’aller meurtrir,tru^^^.nbsp;on quelqu’vn en armes-brief dequoy fe couuroyent*:nbsp;qu’on maflacroit, finon de la foy du Roy, des loix, amp; yjnbsp;edits de pacification ? Cependant, tu es fi eifronténbsp;que celle fedition de populace a ellé efmeuê par vne jnbsp;legere occafion. Du temps de Sylla, fanguinaire amp;nbsp;nbsp;,
entre tous autres ,vn certain garnement nommer bria,audacieux Hi mefchantiufques au bout, fut fi en^ tnbsp;té d’ofer tirer en iullice vn excellent perfonnage noi”nbsp;Sceuola,nouuellementguery d’vne grande playe^'^'f^.^snbsp;la main de ce garnement, qui l’aceufoit denant les i^Snbsp;d’auoir grand tort de ce qu’il ne s’elloit laifle tranipe'
amp; meurtrir tout à fait.Or il y aplufieursmilliers de^^^j deIaCaufe,Iefquelstu ne laurois faire adiournerpnbsp;foutfrir qu’on les acheue de tuer: car ils ont ellé noigt;nbsp;lementbiellèz.mais efgorgez comme panures breb’S^jnbsp;tu B’en faurois à grand’ peine nommer vn qui ait efienbsp;en fe defendant.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, i,I
Mais qui pourvoit fupporter, malheureux amp; mêle que tu es , les outrages que tu vomis àlencontre d® jjnbsp;glife ancienne ,amp;de tant demilliersde fainélsMa’’nbsp;maflacrezfous l’empire deTibere, Caius,Traian,A ynbsp;nin, Mavimin amp; Deciiis. (ie te laifle àpenferpour^j^|^jnbsp;tu as oublié Neron,Domitian,amp; tant d’autres Icmhi .nbsp;monflres ) Comme fi les Chrelliés auoyentpar']''^^ jJnbsp;rebellion prouoqué ces tyrans exécrables à 'f '^^jpssnbsp;grandes cruautez? mais plulloll, toy raefme nes jjnbsp;dig“® ’ fl“® fl“® appelles Papilles tedefch“
-ocr page 699-L’ESTAT DE TRANCE. 671 leurs mains fanglantes ? Et pourtant, Carpentier, tu esnbsp;coulpable de menfonge infame amp; deteftable deuancnbsp;Dieu amp; les hommes, quand pour excufer ces ennemis denbsp;lefus Chriftamp; perfecuteurs defonEglife , tu appelles Se*-ditieuxÊc-infracteurs d'edits tant de bons amp; excellensnbsp;perlonnages, célébrés, amp; dont la mémoire eft demeureenbsp;precieufe par tant de fiecles.Ie cofeil'e que fainfl Cypriannbsp;impute en quelque forte la caufe de cefte horrible perfe-cution efmeuë fous Decius aux mœurs diÜ'olues de plu-inbsp;nbsp;heurs,qui toutesfois faifoyent profefsion de la Religion
Chreftienne.Mais quat à ce que tu babilles que les Chre-ôiens violèrent ieditieufement les edits faits en leur fa-ueur,à raifon dequoy ce tyranDecius fut ainlî eiiuenimé, ie dy que tu as aufsi fauflèment controuué cela , comm enbsp;ce quetuimpofes maintenant à ceux de la Caufe. le dynbsp;dauantage,que tues tellement conuaincu du crime denbsp;falfiÄcation de liures, que tu ne faurois efchapper. Car lenbsp;mot de Sedition que toy fauflàire as mis en auant, ne fenbsp;lit point en fainft Cyprian: mais bien enuie amp;. difiention,nbsp;mots hgnifians toute autre chofe que ce que tu pretendsnbsp;tu acculàni les Chrcftiens d’auoir forfait contre les editsnbsp;de l’Empereur, ou contre la paix publique : car jiar cesnbsp;I mots font entendues les contentions efmeuës.par lesnbsp;' Chreftiens mefmes es eleftions que faifoit le peuple, amp;nbsp;muchantla reception amp; revnion des reuoltez au corpsnbsp;de l'Eglife. Si tu faifois le femblable, amp; qu’en fuyuant lesnbsp;l'^linifres des Eglifes Fran^oifes,lelquels tu accufes ànbsp;grand tort, tu inueftiuafles contre l’exces, diflblution amp;nbsp;Ambition de quelques vns, contre le mefpris delà paro-It de Dieu ,amp;contre les desbauchez, chacun maintien-droit auec toy, qu’à bon droit le Seigneur s’eil griePue-ment courroucé contre fon peuple ,amp; que pour celle oc-'tfionilacommeliuré fa gloire entre la main de fes ennemis , en la mefme façon que quand lerufalcm fut ruimee parles Babyloniens. Mais deu.x chofes t’cmpefchentnbsp;de ce faire,afauoir , que tu plaiderois contre toy mefme: St puis li tu abufois ainlî ceux qui t’ont bâillé argentnbsp;pour maudire les gens de bien , tu ne (aurois oii aller,nbsp;lyant trahy Dieu amp; trompé le diable . Tu defcouures
y
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vne mcfine confcience en ce difcours que tu fais de 1'^' glile d'Alexandrie tant perfecutee du temps deValenti-nian: car tu en parles comme fi celle calamité elloit auc-nucpar la faute des Clirelliés,amp; qu’ils euflent donné oc-cafion auxPayens de les contraindre de facrifier aux ido-les.Or il appert que celle premiere ledition qui chafTa A-thanafe, amp;: en laquelle toutesfois les Clircllicns ne furentnbsp;pas contraints de facrifier aux idoles : à la fécondé aulslt;nbsp;efmeuè pendant que Pierre homme Ghreftien amp; Lucinsnbsp;hérétique Arian y elloyent Euelques , furent braflèesp*/nbsp;la mefchancetéde l’Empereur Valens, à qui jpparteo»’'nbsp;Alexandrie,amp; non par Valentinian.Dauantage.peuteUrnbsp;que tu confonds auec ces deux vne autre fedition qu*nbsp;uint pendant que Théophile y elloit Euefque, lous l'ei’'nbsp;pire de Theodofe , par lezele inconfîderé de quelq“^nbsp;Chrelliensidontneantmoins l’iflue futheureufe.nbsp;endroit donc tu defcouures derechef tabeftife inbsp;ie ne te veux attribuer toutesfois.ains à ce tié auertu'nbsp;que tu cognois ,amp; lequel ie ne nômeray pourlepfc* ,nbsp;Or ie defireroy’ que ce que tu dis des Chrellieosnbsp;trains d’afsiller aux idolatries Payennes, conuint a nonbsp;temps aufsi peu que le relie.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.f-
Tu adioulles dauantage que quand le Roy de reamp;' le Prince de Condé vindrent en Cour, oncon'i’’^j.,nbsp;da à tous d’aller au prelche auec les armes. MaisP^j,,)nbsp;quoy cômanderoit on ce qui ne fut iamais defendu-’^^^,nbsp;que le prefehefe faifoità dix lieues de Paris,Âqu’^t’^^jÿnbsp;te la France,excepté bien peu de lieux,il faloit allet^jj.nbsp;loin pour ouyr la parole de Dieu, communiquera»nbsp;cremens,amp; folennifer le.s mariages,ie te prie,honilt;®(^jjnbsp;bien, trouues tu ellrage qu’on y loit allé auec le ina»^nbsp;amp; l’efpee, puisque vollre droiél ciuil mefmesnbsp;priuilege à ceux qui vont par pavs ? Pourras tunbsp;que pour cela les nollres ayent fait feditionnbsp;lieu que ce foit.Et quat à l’hilloirede Gainas quo^^qii’nbsp;commandes de cercher es eferits de fainft Amlvo^^jj^ifnbsp;elloit mort des lors,tu monllresnbsp;ta vilaine beftile , amp; vne mefchancete beaucoupnbsp;tellable en l’application d’icelle. Tu dis aufsi q»® inbsp;la Caufe s’elludierent de mettre inimitié entre le fuit
-ocr page 701-L’ESTAT DE FRANCE. 67} Confrere, puis tu adiouftes qu’ils l'emoyent descalom-fiies contre le Koy : comment accorderas-tu ces chofes?nbsp;iitu neveux dire,qu’ils ne fauorifoyent nid l'vn niinbsp;l’autre, ou qu’ils aimoyent plus le Duc d’Anjou que lenbsp;Roy .Mais pourquoy fe fiilTent ils mis en la mauuaife granbsp;ce du Roy qui leur eftoit tantamy amp; faiiorable , comme,nbsp;toy mefme le recites’Aucontraire .penfes-tu que les e-ftrangers aufquels tu as penfé öfter le iugement, ouïesnbsp;menerpar le nez comme belles,par tes calomnies puantes,ne fâchent bien ce que lesbons Catholiques ontdef-gorgé contre le Rov,tanc en leurs fermons que par liuresnbsp;imprimez - vn fcul libelle diffamatoire de René Benoitnbsp;Theologien de Paris te rend fuffifamment côuaincu,amp;iu-ftifie les noftres en tout amp; par tout.Tu dis qu e ie t'ay trounbsp;“cenCourviuant à l’aile amp; en grande honneur . Ict’y aynbsp;veu voirement, miferable chiquaneur,à la fuitte des çuiùnbsp;ncs deplufieurs des noftres que tu outrages maintenant:nbsp;tun’y eftois honnorény eftimé aucunement, amp; quantnbsp;tonloifîr,tu y en auois tant, que la faim t’euft eftranglé,nbsp;files noftres net’eulTent donné moyen dedifner entenbsp;faifant plaider leurs caufesque tu trahiflois au lieudelesnbsp;fiiendefendre Quantàce denis que tu controuues auoirnbsp;tenu fpecialement auec les miniftres,icm’aireurequcnbsp;quiconque conoiftra Carpentier, rira tout fon faoul eanbsp;ceft endroit. Mais entre autreschofes,cefte-ci cftre^nbsp;tnarquable que tu racontes auoir ramentu à ceux de lanbsp;Caufe tant indigens de tes a'duertiiremens Si confeils,nbsp;que fouuent les Roys auoyent fait de grandes cruantez,nbsp;cftans efmeus à cela par quelque legere moquerie denbsp;leurs fuiets. Quels Roys donques?Antonin meurtrier denbsp;fijn frere, Anaftafe bannifleur de tant de fideles miniftresnbsp;del’eglife, Herodes meurtrier des petis enfrns, Vefpafiînbsp;^Tite ruineurs de la nation Inifue, Traian condamna-fileence qu’ilaperfecuté les Chreftiens, Licinenne-^yiuré de l’Eglife.Voicivnbrauedefenfeur de la maie-“eRoyale,qui a eftimé que le Roy Charles pouuoitbieunbsp;taire ce que tant deTyrins exécrables ont corn mis.Eft cenbsp;point faire vrayement amp; tout ouuertement la mefmcnbsp;chqfe que tu condamnes en ceux de la Caufe ¦ Car ie tenbsp;prie s’il fuit aduenu aux miniftres de uoftre Religion dè
-ocr page 702-074 M EMOI R ES DE proférer en prefchant paroles feinblables ànbsp;leur as dires comme tu l'efcrisjferoyentils pas iuunbsp;coulpables du crime de lefe Maiefté? Mais voicy jgnbsp;de toute folie , qu’apresauoirremply quelquesnbsp;babil touchât les prelchesfeditieux des miniftrcs,!^nbsp;träges defgorgcz contre le Roy, la Royne fanbsp;fon frere amp; fes conlcillersdes côplots faits contre W P rnbsp;pre perfonne duRoy,que tu dis auoir pris peine “nbsp;cher amp; romprc:finalement tu confefles ne fauoir ce 4“^.^nbsp;uoycnt machiné ceux de la Caufe, pourquoydeRoYnbsp;cfté fi foudainement amp; extrêmement irrité àlenCOquot;nbsp;d’eux. Ainfidonc, chiquaueur, tu n’as pas entendu eeqnbsp;tu efcriuois ; amp; toutes les fois que tu as voulu atterU’nbsp;quelque chofe de ces affaires-la, ( mais qui te croitnbsp;quand mefmes tu lurerois?) autantdefois te defcouurnbsp;tu ou menteur,ou efceruellé pour le moins.
Mais.monfieur le loup, quel confeil donnes tu aux „ lires brebis elparfes ? Qjæ chacun ( dis tu ) fe fortifie F'nbsp;„ prières amp;fainéles meditations.Et que penfestu doncqc«nbsp;,1 les fideles facent.Au contraire(adiouftes tu)ilsne veuieHnbsp;„ point demander pardon .au Roy, ains par la perfuafion**nbsp;„ Sebe,fe preparët.àlaguerre:aulieuque ces bons perfoonbsp;„ nages Qwdratus, Ariilides,Iu(lin,Apollonius,fe font dC'nbsp;„ fendus par requeftes amp; exeufes, non point par les ariricS’nbsp;Mais , Carpentier , tu ne deuois pas difputer de cela aoettnbsp;moy, ny auec cefle cité tat paifible, en laquelle ie n’avnbsp;mais veu autre glaiue defgainéque celuyde laparoleJ'tnbsp;Dieu. C’eftoit aux turbulensdc feditieux (fi tu les conois)nbsp;qu’il faloitt’adrefler:R quoy que nigazouilles,iefuiscet'nbsp;tain qu’on les iupporteroitaufsi peu par deçà, comme i6nbsp;te cognoy r'emplvde vanité amp; trahifon.Or quant à celuynbsp;quetu appelles Sebe,efcoute marefpôfe. Qiund tun’aii-roiscommis finon celle mefchancetécy, de maudire^nbsp;outrager en tant de fortes celle cité, retraite amp; domicilenbsp;. de pieté amp; de toutesvertus.amp;ce pqrfonnage excellent ennbsp;fauoir amp; crainte deDieu,amp; à qui tu es tant obligé pour lesnbsp;biens amp; plaifirs qu’as receus de luy, certes tu as bien merité que tous hommes doftes amp; Chrefliens t’avent ennbsp;execration . Mais tant s’en faut que tes iniures l aventnbsp;cfhiCB,qu’au contraire ie puis protefter franchement,nbsp;nifil
t
-ocr page 703-L’ESTAT DE FRANCE. 655 cuft efté bien content que i’euflè obmis toute ceilenbsp;Partie de ta lettre ou tu lejefchires ainfi , comme choienbsp;’’’dignede refpôfe.Toutesfois l’indignité du fait me con-^¦¦lintde terefpondre fommairemcnt àchafque point!.nbsp;^0 premier lieu,quelle fureur,quelle rage te poulie à de-^’grer celle cité qui t’a receu tant honneftement auec tanbsp;^niille,quii ßpjtiemijieiu fupporté ta viedefreiglceiennbsp;’luelle tuas ouy lapuredot'trine del’Euangile, outu asnbsp;ftu apperceuoir des exemples de toutesvertus,ou tu n’asnbsp;enneiny fînon toy mefme : en laquelle on fait bonnenbsp;^‘curcinflice (s’il y a ville fous le ciel ou iullice regne )nbsp;^fuant d’exemple notable à toutle monde; de laquellenbsp;I procédez tant d’excellens inllrumens pour auancernbsp;de Dieu .'tant de martyrs de lefus Chrill: tantnbsp;“Otninesfauans bien verfez aux bonnes lettres,mel-’^nc, ingrat amp; delloyal que tu es, ofes tu bien nommernbsp;'lut tu ne trembles de frayeur à l’inftant) celle cité quenbsp;¦^tu a r^pofee à l’Antechrift, Sc conferuee miraculeufe-, f ®Bt par li long efpace de temps,pour feruir de refuge amp;nbsp;ƒ traitte aux pauures fideles bânis pour la Religionrlgnonbsp;1 5^ tu encor ce que tant d’exemples t’ont peu apprendre,nbsp;lUe celle citéell comme l’efcueil contre lecjuel plulîeursnbsp;l'ttnemés qui te rellèmblët ont accoullume de fe frotternbsp;uoiirer,y eftafls pouffez par les flots de la iulle ven-ptance de Dieu ? Tefouuient il plus combien tu deuinsnbsp;ptlinc.amp;commeliaftiuementtugaignas au pied t'en-(.uyantdecelieu, fans eftre chaffé ffautre que de ta con-tffrayee, qui te laiffoit aufsi peu en paix, que lî tunbsp;Ulleseule bourreau à ta queue? Dois tu pas bien fauoirnbsp;^’intenant comme il eu a prins à ton compagnon amp;fa-turde tes trahifons,AntoineProfl:,qui peu de téps apresnbsp;ijquot;® tu eus efcrit ton cpillre,alla marquer ton logis augi-/t,comme luy mefme Jp-difoit àhaute voix,lors qu’il ynbsp;.^°nduit?n faudra donc,pendart,qu’en celle ville ou ennbsp;®Ique lieu d’alentour tes calomnies amp; vilenies rercii-quelque partque tu tra-iilh malheureux, ou pourras tu te retirer que l.rnbsp;e main du Seigneur ne t’empoigne amp; tire au fupplice.»nbsp;toy mefme feras ton bourreau. Car c’ellla recom-I '’’e ordonnée à ceux qui «ffemblentle trajftre ludas,
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laquelle aufsi ils receurontau jour afsigné, dcceftelpr^ qui t’a lùggeré ces difcours amp; difté ta belle lettre. Le Seigneur dit a fon Eglife gt; le beniray ceux qui te béniront,amp;nbsp;maudiray ceux qui te maudiront. Ou pourras tudoncnbsp;fublîiler,miferablc que tu es’Cependant.à ton contt,Ge-neue eft vne fentine , c’eftvne folle amp; mine defeditions:nbsp;comme fi ces titres ne conuenoyent pas àceftecauernenbsp;de brigands, de laquelle tu fors à prelenc, tout couuert S:nbsp;fouillé du fang de ceux que tu as traliis.Geneue eft voirc-ment, felon ton dire, vne efcole de mefchanceté : amp; cellenbsp;puâte latrine dont Satan mefmes ne peut déformais porter l’infetlioii,l’era l’Eglife catholique.VrayementGene-ue eft vne braue boutique de feditions,quîd tout le monde eft contraint s’eftonner de la paix amp; tranquillité d’icelle. Elle fera le receptacle des confpirateurs ; amp; cependant tous les ennemis deplete amp;.¦ Iioiuiefteté ont confpi'nbsp;ré fa ruine.C’eft ce portauare amp;dangereux,qui a recueil'nbsp;ly tant tl’alîligez elchappezdu milieu des vagues amp; delànbsp;tcmpefte,qui a couuert tant de nuds,qui a foulage tant denbsp;necefsiteux , amp; qui t’a (ô vipere) receu amp; nourry tant bénignement amp; libéralement en fOn propre fein. Ortofnbsp;pour cert-iin tu creuerastmais elle eft en profperité.amp;: de’nbsp;long temps a craché tout ton venin . t'^ant à nollreP'*-fteur, le nom duquel t’a tellement efpouuanté ( encore’nbsp;que tu fois audacieux à tout rompre) que tu ne l’as o'“^.nbsp;exprimerne loué Dieu que tune làiirois rien allegnefO! jnbsp;ce ne fout menfonges impudens en toutes fortes) q“'nbsp;merite qu’on y refponde. Tu veux faire âcrotrenbsp;Pontife amp; Roy .à la mode des Machabees. Maisfepeut';nbsp;Elire qu’vn tel chiquaneur que toy, ait efté fi mal adroit’nbsp;controuuer des bourdes, que de mettre en auantvner’'nbsp;bleayant fipeu de vray-lémblancc queceftecy? Vnƒ-ftranger voirement fera Roy à Geneue ,où tu làis bi^”nbsp;que les citoyens ont efté de tout temps fi roidesmainte-neurs de leur liberté.Mais ofes.tu bien appelerRovcelfYnbsp;qui nctrouue perfonnequi vouluft eftre fon lieutenant-Certainemert,ie fuis inepre moy mefmes Jerefuterte -les niaiferics. Venons.iu Pëtificat.Il fera Papeaufsifdf”nbsp;ton dire ; ce fera donc hors de Geneue : car toy-mefn'C’nbsp;fais qu’en cefte ville l,i on a le nom amp; pyilfance du Fap^ i
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telle deteftation,que cliacun y tient pour refolu que le l’apc amp; Satan font compagnons de nom amp; de fait.QiMncnbsp;anoftrePafteur, n’a il pas fes coadiuteurs coefgaux aunbsp;tfliniftere? eft il pas le premier à receuoir la céfure de fesnbsp;’Compagnons .’quelle difference y a il entre luy amp; les au-tresrfi ce n’eft cefte cy,afauoir qu’il a phls de charge.Pref-rher en quinze ioiirs l’efpace d’vne fern aine entière, lirenbsp;en Theologie tous les Lundis amp; Mardis, employer tousnbsp;les iours(fans efpargne de fanié ny de vie)à eft udienprjei-rhetamp; eferire ,c’eft voirement vfurper vne tyrannie furnbsp;l'Eglife. Quanta fes prefchfcs, leçons amp; eEcrits,nousco'nbsp;noiflons iournellemét s’ils fentent le vin oul’huile. Maisnbsp;lui t’aefmeu de mentir fi impudemment en luy repro-elütles tauernes,fpecialemcnt en cefte ville cy,ou il n’eftnbsp;permis à habitant quelconque d’aller prendre fon repasnbsp;es hoftelleries,qu’il n’ait demandé congé à la Seigneurie?nbsp;Quand eft-ce (effronté menrcur)que tu asveuquelqu’viinbsp;«le nollre compagnie adonné àgourmaridife.’ eft-ce pasnbsp;s'oftre frugalité qui t’a offenfé autât que nulle autre cho-fc,quandtu eftoispardeça,’ Maispeuteftre que ce per-foiînage qui fous apparence de modeftie,fe contient pai--fihlement à Geneue,corn mande en authoritéfouuerainenbsp;Silicurs. C’eft donc vu gouffre infatiable,(dis tu)qui a dc-*”gt;réla Francc,amp; pleure encor maintenït de ce qu’on luynbsp;é^rrachéde la gueule ce grand Royaume. Maisofes tunbsp;wtntemonftrer en mentant fi. vilainement? Il .a efté voisement en France,en fon pays, au grand danger de fa vie,nbsp;y cftât appelé amp; enuoyé par ceux qu’il appartenoit. Il n’ynbsp;a rien dit ou fait en cachette. Monftre quelqu’vn de qui ilnbsp;audeliréles ncheffes ou commoditez. Fay vn peu appa-loir qu'il y foit allé pour fon particulier, amp; qu’il ait eu ef-Sardou àfoy,ouàfes afaires, ou àfon trefehér pereeftatnbsp;uir le bord de la foffe ,ou àfon patrimoine,qui toutefois n’eftoit pas à reietter. Il protefte d’eftre preft à rédrenbsp;rfifonàtousde toutce(|u’il aditamp;fait. Silefiege iudi-rial de cefte cité (ou tu dis qu’il regne) ne t’eft agréable,ilnbsp;eft preft d’accepter tout autre iuge non du toutfulpeél.nbsp;On dit que tu n’es pas loin d’iev, amp; comblé que felon vosnbsp;loix, la partie complaignanre foit tenue fubir iugementnbsp;au lieu ou refide l’aceufé ; neantmoins il declaire eftre.
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preft (fi les .Seigneurs luy en donnent congé) clecortipî-rojr par tout ailleurs , fous conditions équitables. Mais! qui perfuaderas tu(fi ce n’eft à. quelqu’vn aulsi *3“^nbsp;es afne ) que ce perfonnage vueille deuorer la France, amp;nbsp;efpere digerer vn tâtgros morceau dans vn fi petit efto-J, inac? Touteslois(felon ton dire)il a enuoyé fes decrets amp;nbsp;» maudeinens en France. Par qui? Par fes furieux amp; turbu-j, lens Miniftres. Mais on ne fait point receuoir par forcenbsp;des Miniftres aux Eglifes, ains on leur en prefente quandnbsp;elles en demandent, puis elles les acceptent ou refufent,nbsp;felon que bon leur femble. Et ß ces Miuiftres eftoyentnbsp;anfsi noirs amp; furieux que tu les forges,babouin que tu es,nbsp;peiifes tu qu’eftans tels amp; ayans rcceu mandement de cenbsp;boutefeu amp; terrible furie de Geqeue leur Pape,ils eufleninbsp;fi longtemps fupporté vncluquaneuramp; ordure de palaisnbsp;tel que tu esC ependant, fi on t’en veut croire, ce Pape anbsp;bien oféconiurer contreleRoy mefmes: voire afin dcnbsp;monterai! throne royal, ou pour y cflsuer quelqu’vn pa^nbsp;l’authorité duquel il pourroit puis apres eftablir fon poquot;'nbsp;,, tificat.Quqy plusfC’eft vn eimemy defefperéde laFrad^nbsp;„ 11 fe baigne au (àng,tout fon plaifir eft d’ouyr dire que ICnbsp;,, François s’entretiient : brief, il feroit content découpe'nbsp;„ d’vn feul coup la gorge à tout le Royaume. Parloiisco'-reaement,chiquaneur:luy qai afpiré tant apres la Francenbsp;la voLidroit il deuorer auant que d’en iouyr?mais quel a'quot;nbsp;gunient mets tu en auant pour prouuerqu’il aitvnnbsp;fi fauuage amp;defnaturé ?eft ce d’autantqu’il a efté esp'^'nbsp;miercs guerres’mais ayant perdu ta mémoire, tu dgt;'nbsp;qu’il ne fe prefentoit iamais aux dangers,amp; qu’eftant lo''’nbsp;du bord, il aaccouftuméde regarder les flots de la n’';'nbsp;courroucée : comment donc t’accorderas tu auecla ver'(nbsp;té, quand tu contredis àtoymefme? Or il aalsiftéaiPnbsp;premieres sruerres, d’autantou’il en fur emielonné fan’ gt;
-ocr page 707-L’ESTAT DE FRANCE, 679 tant s’en faut qu’il cerche des excufes pours’eftre fîdelle-ment amp; hardiment acquitéde fondeuoir,quand la necef-fité l’a requis. Eltant retourné pardeça, luy peux tu fairenbsp;reproche quelconque,que tu ne fois incontinent rembarnbsp;ré par la vérité meîrnes, 5; par autant de tefmoins qu’il ynbsp;ad’hommes viuans en celte cité ? 11 penfe(dis tu)qu’il n’ynbsp;a autre Dieu que là Candide, llfaloitdoncque tu luy prenbsp;fentalTts encor comme vn prefent digne de toy celle calomnie toute moifie.11 y a trente ans amp; plus qu’eftSt en lanbsp;fleur de fon aage amp; doué de grandes graces au corps amp;nbsp;cnl’efprit.il s’esbatit esvniuerfitez d’OrIeansamp; Paris ànbsp;efcrire quelques vers latins , lefquels puis apres luy mef-me condamna de paroles amp; de fait,encores qu’ils fuflentnbsp;doftement agencez amp; fauorifcz des mufes mefmes , cenbsp;que tu ne faurois nier, alors aufsiil préféra l’opprobre denbsp;Chrift, à l’amour des parens,amis, pays,biens,amp; à fa propre vie. Cependant, infeufé, tu es bien lî hardi de luy reprocher cela, toy qui au contraire as quitté la maifon denbsp;Dieu que tu auois fouillée par ta vilaine amp; deteftable vie,nbsp;pour te plonger finalement en lafentine mefme de toute mifereamp; abomination. Aufsi ru l’acçtifes d’Atheifme,nbsp;luy qui enfeigne 8i inltruit en la crainte de Dieu tant foi-gneufementSc auec vn fuccezlî heureux , pat tantd’an-uees.vn milion de perfonnes,iour amp; nuitbpar paroles,el-crits amp; bonne conuerfation . Mais comment es-tufief-lionté’de luy mettre fus qu’il prend plaifir. enlaleèturenbsp;des poètes fifeifs, amp; entre autres, de Rabelais , veu que tunbsp;n’ignores pas qu’on tient pour crime en celte elcole,amp; cônbsp;damne-on ceux qui vendent ou achètent tels liures réplisnbsp;deprofanegaudillèrieamp; impiété manifefte.Quant à Ra-quot;flâis, lequel on dit eltre vn moqueur deteftable en toutnbsp;amp;par tout,chafcun feait queM.Caluinla condamné publinbsp;quement de viue voix amp; par eferit.
Outreplus,tu dis que le Prince de Condé commençoit ahairce perfonnage noftre pafteur, lequel il a recognunbsp;amp; appelé Ion pere iufqu’au dernier foufpir de fa vie tantnbsp;glorieufement terminée pour la querelle du fils de Dieu.nbsp;Tu as bien raifon voircment de dire qu’il châtoit amp; rioit,nbsp;pendant que tousles autres pleuroyent, lors qu’on apporta les aouuelles de la mort du Prince. Au contraire
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tous ceux decefte Eglife font tefmoins de fatrifteJTeà de fes larmes , quand pour deftoiirner l’ire deDie“'®'*'nbsp;bon amp; tout puilîant on fit prières publiques amp; folennel-les,que ce perfonnage prononçoit. Mais encor, oyons v-ne autre plus griefue accufation, que tu mets en auantennbsp;„ tels termes:Cel't ennemy du genre humain,amp; qui inachi-„ nele changement de l’eftat de France, declareamp;preichenbsp;„ publiquement qu’il faut exterminer la mere amp; les petis;
(c’eft la Royne mere amp; fes enfans, fi on veut adioufter „ foy à tô rapport) amp; par paroles amp; par efcrit imprime tel»nbsp;,,au cccurd; enl’entendemétdetous.Tiuroy-ie tort enceftnbsp;endroit fi ie prioisDieu de t’arracher celle langue mefdi-jànte,cômeDauid a fait la mefme imprecation à lencon-tre de tes lemblables ? Que ce perfonnage ait machinénbsp;vn changement au Royaume de France! mais auec quelsnbsp;J, engins amp; inftrumens’De parolesfdis tu)dc par efcrits. A-meine donc des tefmoins, ou produy quelque fueillet denbsp;papier.Mais àqiielhôme perfuadcras tu,poîirueu qu’il fache que c’eft des loix amp; mœurs de celle cité, paiiîble ennbsp;tre toutes autres, que celle parole foit elchappeede lanbsp;bouche de nollre Palleur en la prefect- amp; au fceu de tous’nbsp;pourras tu produire vn fcul tefmoin entre tarde milliersnbsp;d’auditeurs qui ne téfm oigne entiercmét du contraire; Ifnbsp;formulaire des prières que nous faifons pour les Rois A:nbsp;Princes eft il pas imprimé’ voudrois tu bien maintenirnbsp;que les Seigneurs de celle cité permiHent qu’on renuer-fall celle forme de prier? n’oyons nous pas tous les ioursnbsp;nollre Palleur déplorant les miferesdela France, s’accablant par fa propre force, detellâtles pcchez des nollr*sgt;nbsp;priât trefalfeélueufemétD ieu à ce qlluy plarfe gouuerner,nbsp;tlechir amp; manier par fou Efpritles cœurs de tous Rois R'nbsp;Princes de la terre: reprimer la rage amp; fureur de Satan amp;nbsp;de tous lesmefehans, auoir finalement pitié dtcoinpafnbsp;lion de tous panures affligez’Qyf a il faitdauantage felonnbsp;gt;, tôdire.’Il feme par le moyen de lés minillres,des decretsnbsp;J, Thalmudiques , oracles de Sybilles', amp; lettres plaines denbsp;„ menaces,pour m ettre tout le mode en combulîion.M»'’nbsp;quand cela s’ell il fait? à quelles gés ail eniiové telles let-,, treslpar quels melïàgers’pourquelle occafîon? llaordô-j, né parfes decrets (dis tu) que celuy foit excommuniénbsp;jiundtf
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qui refufera depreftsr le ferment amp;fe joindre »,
J '^Caufe. Effronté, de quels decrets me parles-tu? nos Eccclelîaftiqnes font elles pas imprimées amp; diüul-8“ees?que|ie mention d’anathemey a-ilen toutenoffrenbsp;“t^ipline Ecclefiaftique? dauantage,eft-ce luy qui eft au-Qudreffeur des articles de noftre difcipIincîSi tu en-^•’ds parler des articles paffez es Synodes deFran-'^itrouueras tu cliofc approchante de ce que tu dis?ànbsp;W propos appliques tu cela à noftre pafteurra-il con-les Synodes?a-il afsifté en pas vu d'iceux , exceptenbsp;deux derniers tenus à la Rochelle de àNifmcs?A-ilnbsp;r ^tendu oiipeu gouuerner àfon plaiftr ces deux ou ilnbsp;j^fttrouuér Ouy(distu)amp; mefme il y eft venu à grandnbsp;2 ^y^ntaflemblé illégitimement vne troupe denbsp;rfedicands, j traité des afaites de la Caufe, non pas de la,,nbsp;*^'*gion,amp;y aprefideau grand regret amp;fcandale Je tounbsp;ç gfns debieruArrefte-toy donc vn peu enceft endroit,nbsp;’fpcntier.La pa ix faite , amp; eftant queftion de lareftau-’^'onamp; comme nouuelle fondation des Eglifes Franches , le Synode proiuncial de Sainétonge, qui en cenbsp;I^Ctps la , fiiyuant l’eftat des Eglifes du Royaume, auoitnbsp;J,’¦'ged'afsigner le téps amp; le lieu du Synode general; futnbsp;„®Cis de demairJer à la Seigneurie de Geneue ceftui no
• P‘*ftcur,pour lé trouuer au Synode amp; y dire fon auis fplufieursarticles de la dodrineamp;dilcipline. La Roy-dcNauarre amp; les Princes eftans encor à la Rochellenbsp;entendu cefte refolutiô,, furent de mefme aduis auf-j ¦. Etpourtant lesfreres deSaiudonge eferiuirent auxnbsp;j^'goeiirs de cefte Cité amp; à noftre compagnie, afin qu’ilnbsp;trouuaft.Céttefmoins pourrçt te-Dr ?f’*'îu’il reftifuaamp; refufa autant qu’il luy fut poûible,nbsp;jj.^cffant entre autres chofes ceque tu fais maiutcnant,nbsp;^^^oir.quefon voyage feroitfuiet.à beaucoup de calomnbsp;cs.Les Princes enuoyerent aufsr leurs lettres par homenbsp;*pres,deniâd«ns inftâmét celamefmes: déclaras en prpnbsp;termes que le Synode eftoit conuoqué au feeu amp; dunbsp;CfifentementduRo^'.- ce qui efmeut la Seigneurie d’en-là noftrepafteur;lequel ayant trauerfé plufieursnbsp;B’'^uds dangers, arriua dans la Rochelle vn iour deuantnbsp;rhignatipa 4« Synode. Le lendemain les députez desnbsp;prpiiüi.
-ocr page 710-68i MEMOIRES DE prouinces de France, qui, fuyuant Ia couftumegt;fs Cjonbsp;ciictrouuer là,eftans aflcmblezpar l’autlioritéamp;co’’nbsp;cement du Prince de Nauarre lieutenant pour lenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’.ij,
la prefence des Princes amp; dumagiftratde la noftre pafteur fut prié d’afsifter non feulement ànbsp;node, mais d’y voul oir prelider. Ce qu’il refufa preiQquot;®nbsp;obilinément,comme cinq cens tefmoins le pourront tenbsp;ftifienremonflrant qu’il eftoit venu là comme eftrap?^ 'nbsp;encor qu’il full: François ; qu’il nefauoitpas b’nnles connbsp;fturaes qu’on obferue es Synodes en France,«: qu’ent®!“nbsp;me il elioitfortmal verfé ea plufieurschofes ,requ»enbsp;pour l’acquit d’vne telle charge: qu’il eftoit venu au mat* j-ment de lacompagnie,nonpas pour prefider,nypasin^nbsp;mes pour donner fa voix,mais pour direfon aduis furl^nbsp;chofes dont on levoudroic interroguer. Quo y plus-P^nbsp;le cômun accord amp; par les prières de tât de perfonnes^nbsp;fi notables, il fut contraintaccepter celle charge, non?’’nbsp;loutfeuICafin que tu lefaclies)mais accompagnéde dequot;*nbsp;autres aflefleursayans mefme authorité que luy.Ell-cynbsp;vn empire fi grand que tu le fais, Carpentier ? propoiquot;nbsp;feloB, l’ordre eftabli à cell etfeéh de quels afaires oquot;nbsp;doit traiter:demander l’auisàvn chafeun des depute^nbsp;des prouinces : donner audience à ce qu’vn particuliquot;*nbsp;afsiftant là voudra dire : ramener au point ceux quic’^'nbsp;trauagiicnt en longs dilcours.-arrefter toutes chofesp^*nbsp;le plus grand nombre des voix , qui font recueilliesaucquot;nbsp;les aduisparlesfecrctaireselleusàceftefin:finalement’nbsp;donner ordre que tout ce quia cfté arreftéau Svnodquot;nbsp;foit mis au net, leu puis apres en l’alîèmblee pour elîfquot;nbsp;examiné , aprouué amp; receu d’vn chafeun àqui on en faitnbsp;donner copie. Si ru veux dire que ces chofes n’ayentS'nbsp;fté dites,faites,efcrites,reciteesamp; approuuees librementnbsp;amp;fincerement au veu amp; feeu de chafcumlesPrinces, gentils hommes amp; gens de tous eftats encores furuiuans.patnbsp;la grace de Dieu, pourront rendre tefmoignage àveritenbsp;contre tes calomnies. Car encor que ie nefulîèpasdinsnbsp;la,Rochelle en ce temps-la, tovtesfoisiene mets rien ennbsp;auîtqueie n’aye des tefmoins dignes de foypour prou-tiermondire. Si on a manié quelque chofe outre lesa-faires de laReligiôjS’il y a eu quelque alTemblee fecrette,
-ocr page 711-L’ESTAT DE FRANCE. 68) °n a changé quelque mot aux A êtes du Synode, fi lenbsp;'quot;ndre murmure du monde s’eft efleué en ce lieu là a-“Contre de noftre pafteur, brief fi tous n’y ont parlé li-ƒ cnientjfî toutes chofes n’y ont efté dites amp; faites paifî-j,j^cinent gt; doucement amp; Chreftiennement comme entrenbsp;accord, melmes auec métion honora-. C de ceux qui font ennemis de noftre Religion:amp; fina-p ngt;ent fi noftre pafteur n’eft retourné par deçà auec vnnbsp;nonnefte tefmoignage , ie fuis cotent qu’il ait le tortnbsp;J Que tu ayes gaigné ta caufe. Toutcsfois(cc dis-tu) tous gt;)nbsp;France qui tenoyent î bon eïcient lepar- »nbsp;ydela pure Religion amp; qui n’auoyent accointace quel- gt;•nbsp;““que auecla Caufe,ne trouuoyent pas bon cequedef- »nbsp;^•amp;P.Ramusauoitefcritvnliure dode amp; Chreftien, »nbsp;“quelil monftroit que ce Sebe eftoit venufurtiue-»nbsp;« par chemins obliques au Royaume de Fràce pour »nbsp;“Its fairg rcceuoit le Talmud de Sauoyc au lieu delà »nbsp;„nbsp;nbsp;nbsp;Religion,amp; embrafer toute la France par tumultes »
ef k Chafcunpeutfauoir en quelle eftime celle gt;» choie aeu le fàuoir amp; la pieté de P.Ramus, quandil futnbsp;J. “eu par deçà tant humainement ,amp; eut permifsion denbsp;“epubljquemét, combien que nous n'approuuiôsaiicu-“ttienc beaucoup de chofes en fa logique, amp; en toute fanbsp;“iniered’enfeigner.Etpuis que le Seigneur l’a honnorénbsp;“la couronne de martyre,ccrtainement,la memoiredenbsp;“perfonnage nouseftehere amp;precieufe. Cependant ilnbsp;“u pas befüin que tu le faces fi fauât en Theologi«^ veunbsp;i“unes’eftiamaisperftiadé(queiefache) d’yeftre tantnbsp;‘“eéque tu eftimes :amp;n’y a pas vn de nous qui ait on-J “^apperccu qu’il difeordaft d’auec nous en quelquenbsp;'“^dela dodrine ou delà difcipJine.Nousfauons quenbsp;J clque temps apres amp; lors que tu ne penfois nullementnbsp;,,p“lsafaires,finon en ce que tudefirois voir en troublesnbsp;/¦S'ifc que tu trahiflbis à fes ennemis, ayant efté enfor-“Ic par vn ou deux perfonnages , les erreurs amp; refueriesnbsp;dquelsauoyent elle réfutées amp; condamnées beaucoupnbsp;c rois : en lieud’acquiefeer aux articles du Synode de lanbsp;Rochelle,il les reietta,amp; en abolifîàntladifcipline incié-cgt;entreprintd’en eftablir vne nouuelle, eftimant (conirnbsp;c’eûçit vn homme vehement; amp; touliours tenu pour
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v h efpritcnclin à remuer afaires, amp; introduire des nou-iicautez)ce que ie prie eftre entendu en bonne part gt; car icne preten blalmer aucunement ce bon amp; heureux tel-moin de Icfus Chrift) qu’on pouuoit changer beaucoup^nbsp;de chofes en l’ordre du gouuernemcnt EccIeiîalUque.nbsp;tellement qu’il ne tint pas à toy amp; à quelques autres quenbsp;cela n’engendraft vn Ichifmc fort dangereux. Mais pour;nbsp;quov ne dis-tu que deilors cela fut reprimé amp; fuppri*’'®nbsp;au Synode Prouincial, fous certaines conditions qui de-’nbsp;uovent eftre debatues puis apres au Synode Nationn-d anbsp;Nifmes.’Noftre pafteur y fut attiré par les prières trefini'nbsp;portunes amp; trois fois réitérées des Eglifes de France-ynbsp;prefida-il’dôna-il mefmcs favoixrPourquoy difsimuleS'nbsp;tu qu’en la prefence du lieutenant pour le gouueriieujnbsp;de Languedoc,amp; du magiftrat dcNifmes, audienceaydnbsp;efté donnée publiquement à quiconque voudroit parlff’nbsp;on lent, pela amp;. examina le liure de P.Ramus, qui n’cfto’fnbsp;venibs’excufarit fur la longueur du chemin,amp; tous les el'nbsp;critsenuovez au mefme Synode par deux autres pef'nbsp;fonnages.’Toutcela eft contenu es aétes du Synode,po“^nbsp;monftrcrquand befoin fera, combien ton impudence ennbsp;defefperee.il apperradelà qu’és Synodes de la Rochellenbsp;R’ de Nifmcs on n’a mis en debat article quelconque denbsp;la confefsion des Eglifes Françoifes, excepté le mot denbsp;„ Subftance:qu’apres auoirouy ceux qui fe plaignoventdenbsp;quelque.s articles changez au S vnode de la RocheIlc,toU'nbsp;tes chofes furent arreftees benignemen,t amp; paifiblerneff'nbsp;pareillement l’opinion de P.Ramus amp; des deux autre®nbsp;apres auoir efté longuemen:,doucernencamp; diligemrneu®nbsp;debatue.fiit reiettee du commun confentementdetou®’nbsp;amp; que finalement on donna charge à quelques vns d’ao'nbsp;ioufter au liure de la Gonfirmation de la difciplinedes t'nbsp;glifes de France les fommairesdesargumens amp; réfuté'nbsp;lions eferits fans aucune parole piquantexequi apparoynbsp;ftra .mec le temps,fi Dieu le veut, amp; lors on iugera de Inbsp;rudition amp; diligence de ces deputez-la.
gt;, Quantaumot de Subftance , voici comme il eu
-ocr page 713-L’ESTAT DE FRANCE. 685 Päs qu’ils doutaflent de la communication myftique amp;nbsp;jpirituellequelesfideles oncau corps de lefus CErill ennbsp;*3 Cene mais d’autâc que ce mot femble fauorifer à ceuxnbsp;mainciennent obftinément vue ie ne lay quelle man-•lucation corporelle iS: conionftion fubftannelle des lignes amp; des cliofes lignifiees, dilfercHS d’auec les Papillesnbsp;lt;^‘n l’erreur de la transfubftantiation feulement.Orle Synode eftima qu’on ne pouuoic rien changer encefte concision ou formulaire,que pkilieurs n’en fulient olFcnfez:nbsp;pourtant fut d’adnis de retenir ce mot,en adiouftant v-interpretation familière amp; conuenable d'iceluy,ex-Pdiuee és aftes du Synode.Finalemenccelle quellion futnbsp;^^‘•ouuelleeauSynodedeNifmes ,oii fut leu vn liuretnbsp;innové par certain perfonnage, amp; audience donnée à vitnbsp;’Utre qui feiTigioit n’en élire pas bien refolu(caril n'y ennbsp;onques en toute l’alTetnblec que ces deux qui ef-^sulTegt quellion fur ce mot) chalcun recent l’article dunbsp;^ynode de la Rochelle auec celle declaration, que tel e-'oitl’aduis des Eglifes Françoifes,fans preiudicier au-'^nement aux Eglifes qui pour certaines iuftes caufesnbsp;5'’feilt point de ce mot, auec lefquelles autrement lesnbsp;^glifes de France s’accordent en tous les poinds de lanbsp;^«ligion.
- ^oilacorame les chofesfe fontdites.faites amp; paflees. veux-tu donc entendre par ces feflateurs de ienenbsp;’yquelle pure Religion.commefi les Eglifesde Francenbsp;’“oyentellé diuifees en Religion? où as-tu pefché cesnbsp;yf^nniques edits de Sauoye? Mais tu dis que noftre Sebcnbsp;^’’fosniandcmens de guerre, commïde qu’on efgorgenbsp;(j les Papilles, qu’on coupe les parties (que i’ay hontenbsp;ƒ! ’’Ornmennevoitlantvfer du vilain langage de ton epi-aux moines^ rnilTotiers que tu appelles ainlî.'Voi-^’''ornme fi les cris R reproches de nollre pafteuralen-,nbsp;^®utre de l’infolence R cruauté des foldats aux premiersnbsp;^oiihles, s’ellovent efuanouis en l’air : amp; comme fi plu-^Urs tefinoins dignes de foy ne pouuovcnt declarernbsp;l’^il racheta en ce temps de fes propres deniers quelquesnbsp;^sdeces moines dcpreflres, lesdcliiirant de mort pre-^uteparte! moven. Qi'çveux-tu dire dauantagerll or- unbsp;°nna enl’alTcmblee fecrette du Synode,qu’on amafie- ».
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” roit grand’fomme de deniers pour 1’entretenemét ” guerre)amp; queceft arger feroit mis au trefor de Geneueamp;nbsp;” auchangequ’onya nouuellemétdrefle pourceft efe“-Aquiferoit-il reis commandemésî aux gentils-homniesnbsp;du tout efpuifez ? au peuple qui eftfipoureque pluueursnbsp;miniftres apres auoirdeipêdu leurs propres iàcultez ontnbsp;ellé contraints d’abandonner leurs Egliles qui ne les pou*nbsp;uoyententretenirreftoit-ce pas au mefme temps quep^fnbsp;edit du Roy amp; par lettres patentes fort expreffes Si rciK-rees.on exigeoit fortinftamment de ceux de la Relig'*’nbsp;vne grand’ iomme de deniers, montant à plus d’vn ni»'nbsp;lion d’or, pour le payement des Reiftres. A quel ptopo‘nbsp;cefte guerre,puis qu’on auoit obtenu la paix contre elp^'nbsp;rance,auec des conditiôs fort raifonnables, par lafaue^fnbsp;du Roy qui monftroit lors fî bon vifage aux nülb^^'nbsp;Quant au threfor de Geneue , chafcun fait combien c’cj,nbsp;peu de chofe: amp; quant au chage que tu dis auoir eftédr^*'nbsp;le pour amaflèr deniers de gucrre,oùas-tu le fens en i”®nbsp;contant tels fonges ? vn homme detantfoitpeudeiug^'nbsp;ment eftimera-il qu’on vueille enuoyer bien loin eng^Jnbsp;de de l’argent araalTéipour faire vne guerre foudaine?nbsp;fi noftre pafteur euft efté tât liebetc que de prefcrirenbsp;les chofes , au lieu d’eftre obey, fefuîl-on pas moqu^“,nbsp;luy à gorge ouuerte?N’as-tu plus rien à dire,Carpent)Cf_nbsp;' »gt; Si ay ,dis-tu. Quand le Roy de Nauarreamp; le Prince‘‘
’gt; Condé vindrent encourpour les nopces,on m’appo^y 5’des lettres de ce lac malencontreux,par 1 efquellesnbsp;’gt; mandoit qu’il eftoit temps que cliafcUn le retiraft ennbsp;’) mes dans les villes, pour y faire prefches,contre l’edi':nbsp;11 Pacification.Partant,on fîtfoudaincômandementàto
» que fiiyuant la volonté du prêteur ou dictateur,ils nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j
» fent les armes aux prefches. Nous auons parlé cy dece portd’arni^s,quieft vne fiétionridicule aHpob*‘’^^_nbsp;Voici vne autre impofture beaucoup plus periiicieunbsp;On fait qu’cnce temps-là les prefches fe f^dfoyent honbsp;des viiles,amp;faloit que ceux de bien loin s’y trounaU^^^nbsp;Declare nous donc,chiquaneur efceruelciCommei'pnbsp;qui s’aflembloyent en lieux forteflongnezdeleurSji^^,nbsp;/ons , pouuoyentaufsi fetrouuer dedans les villes ?
• uantage , que pouuoit fure la plufpart du menu P
-ocr page 715-L’ESTAT DE FRANCE. 6S7 pie defarmé, efpars amp; peu exercé en guerre, quand mef*nbsp;mes il eneuft eu enuie,fanslefecoursdes gentils-hommes voifins î or tous eftoyent alors à la fuite des Princes,nbsp;pour honorer les mariages, ne penfans nullement à lanbsp;guerre au milieu d’vne h grande paix: tant s’en faut qu’ilsnbsp;euffent enuie de procurer la mort de quelqu’vn,qu’ils n’enbsp;ftimoyent en forte quelconque la leur cftre fi prochaine.nbsp;Pour le moins donc.cy apres fi tu es délibéré de pourfui-ure à mentir,Carpentier,auife d’exercer cela vn peu plusnbsp;dextrement.Mais quand ccllèras-tu?ce léra quand il plaira au Seigneur.
Demapartieferaylîn, apres que i’auray refpondu en peu de paroles à l’exhortation que tu me fais dem’alliernbsp;Juec toy pour eftre traiftre comme tu es. La terre puiflenbsp;mndre fous mes pieds, amp; m’engloutir tout vif, Carpcn-, pluftoft que i’enfuyue ta defloyauté. Il y a pref-Wquarante ans,que i’ay embrafle la pure Religion:nbsp;’^fuis forty d’Italie pourvenirenccfte Eglife ,que i’efti-•Pois entre toutes autres,dés long tépsry elfant arriué,onnbsp;a receu fort humainement amp; traité honnorable-i’ay des gage.s dont ie me contente,ie n’en cerchénbsp;P®'ntdeplus grands, encor qu’ils foyét beaucoup moin-es que ceux que tu y receuois, ingrat que tu es. le fennbsp;les iours à l’endroit de moy amp;des miens vne gradenbsp;f^’T'anité des Seigneurs de celle Republique qui m’ontnbsp;pour leur bourgeois, le leur ay obligé ma foya-‘^ferment,amp; qui eft le principal,ie fuis nourry delipa-æfecclefte,amp; communique auxfainftsSacremens. l’e^nbsp;e^'^'^vne telle condition eftre le comble de ma féliciténbsp;fe ’’’ôde.La trefilluftre Princefre,Madame la Duchef-Vp ®^lt;^rraremamaiftrcire, au feruice de laquelle tunbsp;que ie retourne,amp;' à qui aufsi, pour infinis biens quenbsp;f 3 Scies miens auoBS receus de fa libéralité, iç con-^deuoir ma vie, mon fang, amp; tout ce que ie tien plusnbsp;. Sc précieux ici bas, n’a que faire maintenant denbsp;feriiice. Pourtant rile ne m’appelle pas aufsi;denbsp;çj^^ucofté, eftant vieil amp; maladif, ie ne quitteray pa.s manbsp;pour me précipiter en des dangers amp; brigan-ges tous manifeftes , ni ne mertray le pied en Francenbsp;^ien’yvoyela Religion amp; pur feruice de Dieu'm’y.
-ocr page 716-688 MEMOIRES DE donner libre entree. Iln’eftpasdoncbefoin que tu ff®nbsp;confeilles rate!voyage. Au contraire,ie fais d’uu’“!''.nbsp;cy apres tnt’abftiennes de faire mention de celle extenbsp;lente princelTe,linon que tu prétendes de l’olfenfernbsp;dement. Car c’cftvnc Dame tant alfeêfionnee àlacrii’^'nbsp;te de Dieu, qu’elle dételle amp; a en extreme abomin*“”*’’nbsp;les vilains.traiftres.efpioiis.defertcurs de leur eJlatÂ’®'nbsp;cation, hypocrites, brief tôutes gens qui te reflcrnbleut-Q^nt à ce que tu menaces cefle Eglife amp;. Republiq“'nbsp;d’ellre entièrement ruinee,lî elle ne fe racheté en fai^quot;'nbsp;mourir'feulement noftre palteur fus mentionné, tunbsp;portes enhommequi es afsisau confcil des ennefflb“*'nbsp;vérité , encores qu’ils fulTcnt belles iufques là de t’au®.'^nbsp;en quelque reputation,ou donner audienceà telbabou’”nbsp;que toy, qui n'as pour toute parure qu’vn babil à!oua£”'nbsp;Mais conlidere combien peu nous fommes eftonoe’”,nbsp;ton dire. II y a log temps que noftre pafteur declare q“’nbsp;eft prell d’ellre compagnon de plulîeurs autres, la lU®nbsp;defquels il repute tresheureufe,pour leur regard.nbsp;à nous,pour le prefent nous lairrons conlîdererà to)'nbsp;tes femblables ces deux fentenccs.
Qui donne confeil mefehant,
Sa ruine il va cerchant. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r ¦
Item ,LesChrelliens peuuentamp; veulent mourir a®/^ quand il plait à Dieu,mais ils ne pcuuét ellre iainais v3»**nbsp;\Cus.DeGencue,ce premier iour de Mars,l’an du ieig®®'*nbsp;c 1 I O, L X X I I I.
IL ne fera pas mauuais, ce mefemble, d’adioulleta®._ Ile refponce de François l’ortus, l’auis de Balduin lut’nbsp;confulte(qui autresfois à fait grande profefsionnbsp;ligion,amp; depuis s’eftoit reult;*lté) touchât la lettre de Lnbsp;pentier : afin qu’on voy e tant mieux la vérité des cho‘nbsp;Nous auósdöc extrait cell aduis d’vne lettre latine q“ ®nbsp;criuit ledit Balduin à vn lien amy,comme s’enlüicnbsp;ERREVRS NOTABLES Dƒnbsp;la lettre de Carpentier, remarqueznbsp;Balduin.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
QVant 3. l’efcrit contre ceux de la Caufe,vous prudemment ce que les hommes doéles amp; fi®*
-ocr page 717-L’ESTAT DE FRANCE. 689 du nez en iugeront: amp; ce que pourra refpondre partie ad-uerfehomme fubtil amp; vehement.
Et pourtant ie n’en diray pas daiiantage.Mais d’autant que plufieuts qui lifent quelques hiftoires rneilees en ce-fte lettre,amp; aucunement à propos, eftiment qu’elle ait e-fté baftie par quelque fameux lurifconfulte, amp; a l’occa-fion de ce louent (comme i’entcn)celuy que cognoiflez:nbsp;i’ay bien voulu vous monftrer en paflant qu’il n’y a railoanbsp;quivous doiue iaduire àeftre de ceftauis.Etafin que(fHy-uant le dire dupoete) vous puifsiezpar vn iuger. de tousnbsp;les autres,ie mecontenteray devons marquer vn palla-ge entre tous.N’eft-ce pas vne ineptie amp; fottife en hiiloi-re, de ce qu’il dit qu’au defceu d’Arcadius on a fait beaucoup de torts à fainâ; Ambroife. Item , de ce qu’il main-tiétque Gainas eftoit fous Arcadius du temps d'Ambroi-fe,amp; que pjf jg tcfmoignage dudit fainct Ambroife, Gar-a efté caufe de grands troubles. Puis quand il contint fainâ Ambroife auec l’Eglife de Gonflantinoble,nbsp;bft-ce pas autant que fi nous difions que Conllantino-^Ic eft Milan, amp; Milan Conftantinoble : qu’Ambroife eftnbsp;f-lirifoftome, amp; Chrifoftome Ambroife : QifHonoriusnbsp;quot;ft Arcadius, amp; Arcadius Honorius ? Sainâ Ambroife e-“oitmortauant qu’on euft ouy parler de Gainas. Quandnbsp;V cfcrit aufsi que luftinian le leune dit quelque cRofenbsp;’ Tibere: qui eft (ie vous prie) ce nouueau luftinian*nbsp;'quot;âtceluyque nous appelons le ieune n’eftoit pas en-'^’55 né quand ce Tibere eft mort. Or ce n’eft pas à fai-J^’vnbon hiftorien de prendre luftinian pour luftin.nbsp;T'ait que veut dire, cequieftadioufté confufement, Auf-'/quot;gufte Tibere amp; Caius Traian, ont fait des edits tou-la liberté des Chreftiens amp; des Juifs. Traian s’ap-quot;it Marcus Vlpius amp; non pas Caius. Si par Caius ilnbsp;^quot;tcnd Caligula, perfonne nedira que ceft Empereur aitnbsp;fait des edits enfaueurdes Chreftiens ; encoresnbsp;quot;iquot;s en faueur des luifs, lefquels il taftha d’opprimer,nbsp;/®'Parfes edits,qu’enfailàntdreflerfonidole,amp; vou-templexoœme Philo le monftre en diuers
PendantqueCarpentier dreflôit cefte fienne lcttre,l’E- Continua , * “elque de Valepce, efchappé des mains dc^lanegre,ti«n de ia
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»egotiatiö lieutenant du gouuerneur de Verdun , qui i’auoit rude-de Polo- ment manié, amp; lufqueslà que cell Euefque penfoit qus S’*'-la Royne mere luy euft drefle ccfte embufche,
faire tuer en Lorraine: eftant accouragé, par les lettres du Roy,de ladite Royne,amp; du Due d’Anjou,continua Ionnbsp;voyage, duquel il efperoit quelque chofe, pour les «hue»nbsp;moyens qu’il fe propofoit, coniiftaiis en fes rufes,*nbsp;en la fufnfaiice des hommes qu’il penfoit trouuer anbsp;Strasbourg , lefquels le deuoyent accompagner. Le fon*nbsp;dement de fes rufes eftoit vn beau langage , accotnpaquot;nbsp;gné d’eferits, e.xculàns le mafl'acre , amp; de grandes piO'nbsp;mefles aux gentils-hommes Polonois, fpecialeinenr anbsp;ceux qu’il cognoiftroitauoir l’efprit ambititieux. Ite®nbsp;de belles propofitions des commoditez que ce Royaume auroit en receuant le Duc d’Anjou, reboutant annbsp;contraire les autres compétiteurs, entre lefquels elloitnbsp;vn des fils de l’Empereur , Pour parueniràcela, il arteftanbsp;en foy-mefme, puisqu’il en eftoit venu fi auant,defran'nbsp;chir le fault ,amp; mentir puis apres à toutes relies, co^'nbsp;me il fera dit en fon lieu . Il eftoit tellement appuyé lanbsp;deirus,que nulle autre confideration ne le peut esbranj;nbsp;1er qu’il ne pourfuiuift. Aufsi penfoit-il trouuer à Stral-bourg pourcoadiutcurs le Confeiller Malloc, L’Abbé lt;1®nbsp;S,RuFz,amp;le fieur Scaliger.il fe vouloir feruir de ces troisgt;nbsp;qu’il auoit fort bien choifis aufsi. Malloc eftoit homW*’nbsp;deconfeil,amp; qui eferit bien en latin. L’abbé,qui eftnbsp;home de compagnie, fcroitles voyages parle royaumenbsp;de Pologne. Scaliger qui eft le plus do tic ieune gentilhomme qui viue auiourdhuy, amp; qui pour n’auoir attaintnbsp;tout au plus que le trente amp; quatriefme an de fon aage.anbsp;vne exaéle cognoiflance des langues, amp; prefques de toutes fciences ,au demeurant, propre en toutes compagnies , amp; bien affetlionné à la Religion . Monluc fepnbsp;vouloir aufsi feruir pour efcrire(cômeil eft fort propre anbsp;cela, ayant la langue Latine à commandement) amp; parler à la noblelî'e de la Religion . Qiiantl Malloc, fa maladie l’empefeha de venir. L’abbé de S.Rufz amp; Scaligernbsp;eftans arriuez à Strasbourg ,amp; n’y trouuans l'Euefque,nbsp;entendans aufsi les nouuelles du maflâcre,s’en retournèrent. L’Abbé penfoit que fon oncle ne pafleroit ou-
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que ce feroit temps perdu. Scaliger deteftant les tyuautez commifes en France, fe contenta d’eftre paf-ß fi auant, amp; fe retira en lieu ou il peuft proufiter da-Jjantage,fansblellerfaconfcience, comme il fit aufsi,nbsp;«ifant valoir les graces que Dieu luy auoit faites . Lanbsp;caufe pour laquelle il fuyuoit Monluc j eftoit d’autantnbsp;Su’ayant eftudié en droit à Valence , fous le dodeurnbsp;Cujas, il auoit efté infinué par ledit Cujas, en la boii-Jie grace de l’Euefqne.qui n’auoit pas mal choify en attirant ce perfonnage (les anceftres duquel ont elle Sei-gneurs de Vérone) à l’acompagner en ce voyage.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
Ainfi donc, Monluc ne trouuant point fes gens .à Straf-fiourg,fut grandement troublé. Mais fon ambition aua-^nt ce morceau, le fit pafler outre. Et comme il efloit fur le point 4e fon defpart, il trouua en la rue à Straf-“outgivn nommé Bazin procureur du Roy en lapreuo-^^edeBlois, homme de bon entendement amp; propre ànbsp;feruir aux grands , qui s’eftoit refugié là, pour euiter lenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
ma/ïàcre : car peu auparauant les eftats d’Orléans, amp; depuis,il auoit (auec beaucoup d’autres) defconucrt le pot auxrofesdu Cardinal de Lorraine,amp; parlé aflez librement en vue harangue qu’il fit pour l’aiTemblee des e-ftats. Ilfclaiflalors emmenerparMonluc,auquel il fitnbsp;de bons feruices en Pologne , comme il fe verra en fonnbsp;lieu. Peu apres,Monluc vint à Francfort,ou les Colonelsnbsp;desReiftresle firent arrefterpour auoir payement denbsp;w qui leur eftoit deu par le Roÿ4e leurs gages de la det-nicre guerre, ou ils auoyent combatu eftans en l’armeenbsp;des Princes. Monluc ayant plaidé, obtint fentenc.e d’ab-î°‘Ution pour fon regard,le vingt deuxiefmç de Septem*nbsp;°‘'e,l 5 71. puit fit tant par diuerfes pratiques que finale*nbsp;quot;'Until arriiia à Lipfe ville appartenant au Duc de Saxe,nbsp;«nuiron le fixiefme d’Oélobre.Ou nous le lairrojis pournbsp;confîdererles autres afaires de France , que la lettre denbsp;Carpentier nom a fait laiiTer plus longuement qiic nenbsp;Peniîons.
* - Z
R Eprenons maintenant le fîeurde Biron enuoyé par Voyagedu le Confeil fecret à la Rochelle. Pendantla/ureur
des maffacres à Paris, il auoit retiré dans l’ArceriaMes lag^ochette Xx t L
-ocr page 720-6^1 MEMOIRES DE deputezdesRocJielois,conimcnous l’auonsveu ci“ p^,nbsp;amp;fauualavieàvndes freres de la ChaflegneraV^'^^j;nbsp;moifelle liaiee de Larchan apiciine des gardes dunbsp;d’Aniou, à raifon dequoy, il auoit acueilly beaucoupnbsp;haine, amp; mefmes eftoitvn des premiers entre les Catnbsp;liqaes.à qui Ion fe fuft attaché, fi ceux de la Religionnbsp;fent efté entièrement desfaits. Mais la Royne mcfUnbsp;feruant ceite execution pour vne autre fois, fit P^ .nbsp;ledit de Biron enuiron le dixiefme de Septembre anbsp;les lettres du Roy amp; du Roy de Nauarre. Luynbsp;par quelque bon feruice de Cour, s'aflèurer amp; s’agraU“’ ’nbsp;marche tout doucement accompagné de fa femme, Unbsp;fi fccur,fuiuies de plufieurs damoifelles, train reflentaunbsp;plus la paix que la guerre. Eftant arriué à Nyort à dinbsp;lieues de la Rochelle,!! s’acofta fort des GentiishomU’^’nbsp;delà Religion, aufquels il perfuada, comme il peut, qu'nbsp;necerchoit que le repos du Royaume amp; lebiende»nbsp;Rochelle,deteftoitlesmaflacres amp;. les auteurs d’vnC“nbsp;jnalheureufe entreprife; pria le Sieur de Sigongnes gcU'nbsp;til-homme d'Onix proche de la Rochelle , fort arft'nbsp;ftionné .à la Religion, d’aller en la ville, eftimant quenbsp;Rochclois relpeâeroyent ledit fieur de Sigongnes :nia'®nbsp;eux ayans fufpeélstous ceux qui venoyent de celle P’^'nbsp;trouuerent eltrange l’ambaflàde dudit de SigongneS’nbsp;par ce que le droit de voifinage amp; fa profefsionluy corn-mandoyent d’eftre defenfeur de celle caufe . Le fieu*^®nbsp;Biron enuoya aufsi l’vn des députez de la ville , amp; enfeWnbsp;ble BoiÏÏeau l’vn de fes gens, pour auertir les Rocbq'nbsp;lois de l’intention du Roy, contenues es lettres qu’“nbsp;leur enuoya par le fufdit Boifleau, contenantes ce q“®nbsp;s’enfuît.
De par le Roy.
Lettres dn Z~*Hers amp; bien amez, comme nous délirons furtoutes B oy aux v^chofes la conferuation de nos bons amp; fideles fuiets,nbsp;BQsheJojs. nous voulons aufsi leur donner entière occafion de s’af'nbsp;feurer denoftre bonne amp; fîneere intentionmousvousi'nbsp;wons ces iours icidepefehé le fieur d'Audeuars, amp;3a‘:^nbsp;ques luy vndçvos concitoyens,pour vous declairer »
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’¦«ndre capables de noftre volonté, à laquelle nous elti-monsque vous vous ferez conformez,comme bons amp; o-beiflànts fuiets font tenus de faire.Neantmoins,nous n’a-Uons voulu delaifler de vous enuoyernoftre cher amp;biea *niélcfieurde Biron, Cheualierdenoftre Ordre , Capitaine de cinquante hommes d’armes de nos ordonnan-ces,ConfeiHeren noftre Gonléilpriué, amp; grandmaiftrenbsp;de noftre Artillerie: lequel nous auons choify,fait amp; créénbsp;Capitaine amp; Gouuerneur de noftre ville de la Rochelle,nbsp;pays d’Onis: pour vous faire entédre encores plus particulièrement noftre vouloir amp; intention . Auquel nousnbsp;''ousenioignonsamp; admonncftons d’obeir,amp; adioufternbsp;telle foy que vous feriez à noftre propre perforine. Donné à Paris*,le 8.lourde Septembre,! f 71.
H ARLES. Et plus bas. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;De Neufuille.
Outreplus ledit fleur de Biron enuoya aux Rochelois ytie lettre du Roy de Nauarre, laquelle nous auons aufsinbsp;*nferee,amp; contient ce qui s’enfuit.
MEfsieurs.Côbienque ie ne doute nullemcnttdevo- Lettres du ftre fidelité au feriiicc du Roy mon feigneur,amp; en-nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;“e
tiere obeiflànce î fes cômanJemens : fi n’ay-ie pas voulu laiffer palTerl’occafion qui fc prefcntc de vous efcrirenbsp;par monfieur de Biron depefchcdeuers vous par fa ma-tufté, fans vous faire la prefente, pour vous prier commenbsp;teluy quideflre voftre bien amp; conferuation autant quenbsp;Sons mefmes pourriez faire, de vouloir auec tout l’hon-Beur amp; refpecf que les bons amp; fidelesfuiets doiuent inbsp;16UrPrincc,entendre ce qne le fieur de Biron a en chargenbsp;commandement de vous dire: amp; vous renger amp; fub-’’'cttre G librement amp; franchement i l’intention delànbsp;’’’aiefté, qu’elle puiflecognoiftre que vous ne dépendeznbsp;Sue d’elle , Si que vous n’auez volonté que la fienne feu-‘6. C’eft (cemefemble) le moyen que vousauez à tenir pour vous conferueramp; maintenir, amp; pour vous re-leuer Si garentir des perils qui vous menaffent fi vousnbsp;faites autrement. Gonfidcrez.ie vous prie,que l’eledionnbsp;fiue fadite Maiefté a faite dudit fieur de Biron , pournbsp;commanderen voftre ville fous fon authorité ne vous vnbsp;eft pas peu fauorable :5t pour eftre iccluy fieur de Biron , comme vous le cognoilTez, Chcualier d’honneur,
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amp; tant defireux amp; amateur de la paix, qu’il fe comporte' ra auecques vous en toute douceur,amp; fans vfer de rigueofnbsp;ni violence quelcôque.L’afleuranceque i’en pren me fai'nbsp;vous prier encores ceftc fois de rendre vne própteobeif*nbsp;fance,amp; de ne douter aucunemct de la bôté de fadite ma*nbsp;iefté : enuers laquelle, encores que ie la trouue de bonnenbsp;alFeftion en voftre endroit, ie m’employeray toufioursnbsp;podr vous faire plaiiîr, d’aufsibon cœur que iefuppHei*nbsp;Créateur (meffieurs) vous tenir en fa fainfte garde. Denbsp;Paris ceio.de Septébre,i ppi. Vollrebienbôamy,Heß'nbsp;ry. amp; deflus, A mcfsieurs les Maire, Efclieuins Pairsnbsp;de la ville de la Rochelle.
Lettres des T^Oifleaufit entédre aux Rochelois,quele lieurde Bl-Rochelois £zrô s’en venoit à Surgeres , amp; defîroitde cöinuniquer au fieurdc auecaucuns du corps de ville,députez par leurs conci*nbsp;Biron. toyens. Pour cell effeél fut apporté vn pafleport duditnbsp;fieur de Biron :parquoy les Rochelois ayans député lesnbsp;lîeurs Moriflbn amp; d’Haraneder, efcriuirent par eux lenbsp;vingttroifiefme de Septembre , audit fieur de Biron, luynbsp;failant entendre la deftrefl'e en laquelle ils Ibnt par lesnbsp;armees de mer amp; de terre, qu’on leur coupe les viures denbsp;toutes parts , comme à ennemis, combien que le Roynbsp;les tienne par fes lettres, pour bons amp; fideles fuiets;^-s’efmerueillent comme on eniambe ainfi licencieule-fnent contre l’intention de fa maiellé. Qu’il leureftgri“nbsp;que l’armee de mer les enuoye, laquelle a efté pour lanbsp;plufpart acommodee dans la Rochelle, de viures, muni-tiôs amp; artillerie, de laquelle àprefent on les bat par met’nbsp;amp; battroit on volontiers par terre. QiPils font contrainsnbsp;fe maintenir en telle garde amp; feureté, comme s’ils a-uoyentafaircanx ennemis de la Couronne. Carlapuii'nbsp;fance amp; autorité qu’il a, peuuent aifément remédiera cesnbsp;maux: iSrque cela fait,ils s’approcheront alFcClueufementnbsp;de fa grandeur, pour en bonne aiTeurance receuoir e^nbsp;cômandemens,fous l’obeiflance de fa ipaiefté;fe rappornbsp;tans des particularitez aux députez de leur ville.
Ces députez arriuez àSurgeres communiquer^t o guement auec le fieur de Biron,qui les tira a part,amp; conbsp;mença auec grandes larmes à déplorer la conditionnbsp;temps amp; du povre Royaume,deteftantl’entreprilc^^^^^
-ocr page 723-L’ESTAT DE FRANCE. 69J îîcciition du maflacre : amp; louoit Dieu de ce que fon nomnbsp;nefetrouueroit el'crit entre les maflacreurs.-promettoitnbsp;défaire retirer toutes les forces lî t oft qu’il feroit dans lanbsp;ville: amp; que fi on atioit doute de luy qu’il fe contenteroitnbsp;d’y entrer luytroifiefme,amp; pour deux ou trois heuresnbsp;feulement,afin que l’intention du Roy cftant etfectuee,ilnbsp;peuft mettre ce pays en liberté, O u autrement le Roy fenbsp;mefcontentât d’eux, n’oublieroit rien pour leur faire fennbsp;tir faiufteindignation.Ledit fieur deBiron vint à lalarrienbsp;à deux petites lieues de la Rochelle, pour de là entendrenbsp;plus aifémentnouuelles,amp; outre lefdits députez qu’il rennbsp;uoya,il en defpecha deux autres, le 1.6. dudit Septembre.nbsp;Surcey eut diuers auisen la ville , Aucuns conckioyencnbsp;a l’entree dudit de Biron, penfans pariàeuiterde grandes calamitez. Mais les autres conoilToyent que laditenbsp;entree eftoit de perilleufe confequence , pour autant quenbsp;ledit fieur de Biron pouuoit auoir là dedans plufieursnbsp;affeftionnez a fon feruice, amp; qui ne preuoyoyent la mi-fere extreme en laquelle ils feroyent réduits, fi Ion lesnbsp;pouuoit attrapper vne fois. D’autrcpart,ledit fieur eftancnbsp;dans la Rochelle le bruit en courroit par tout, amp; ceuxnbsp;qui voudroyent donner quelque fecours à la ville feroyent retardez par ce bruit,voiredu toutdcftournez:amp; partant dilTuadoyentcefte entree,fpecialcment pendantquenbsp;les troupes feroyent pres amp; à l’entour de la ville. Ils ad-iouftoyent aufsi que le fieur de Biron qui fe difoit desnbsp;plus paifibles auoit fort trauaillé à forger la paix,auan-eer les nopces, Si y conuier les plus notables amp; fignaleznbsp;delà Religion: dont fe feroit enlüyuie la plus piteufe tranbsp;Sediequi auint one en toute la Chrelliente, amp; dont lanbsp;quot;0 malheureufe faitiuger que les commenceinens n’e-ftoyentbons ny louables.
Apres auoir ouy la creance amp;difcours defdits députez, le confeil'du Maire eftant affemblé pour en conférer,nbsp;fut auerty que les galeres eftoyentàChef de bois, amp;nbsp;vn trompette du Baron de la Garde apporta deux lettres aux Rochelois, de ce melmeiour. Par l’vne leditnbsp;Baron mandoit que le iour au parauant il auoit receunbsp;lettres du Roy,de laRoynemere, amp; du duc d’Anjou,nbsp;Xx 4
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par lefquelles ils l’aduertifloyent que le fieur de Biron dî uoit arriuer ce ioiir en leur ville , amp; qu’il s’y trouuaft an”nbsp;qu’eux deux auifafleiit àcequiferoit requis pour le fer*nbsp;uice de fa maiefté : Si lî ledit fieur de Biron n’eftoit encores arriué,les prioitluy faire fauoir des notiueiles. L’a“'nbsp;tre lettre contenoit qu’il penfoit enuoyer la fufditeparnbsp;vn gentilhomme , mais voyant les armes enleurniaininbsp;il auoit donné celle charge à fon trompette . les prian’nbsp;de penfer qu’ils auoy eut vn bon Roy, amp; grand pour ch»'nbsp;Hier ceux qui ne luy voudroy ont obéir.
Malîacre A la mefme heure arriua vn meflàger de MontaubaO) de ceux de qui portoit aduertiilémenc que ceux de Cadres d’/ll^'nbsp;Caftres. geoys ayans receu le fieur de La Creufette leur voil'Onbsp;pour gouuerneur.auec grandes promeiTes, de maintenirnbsp;ceux de l’vne amp; l’autre Religion , auoyent eftétrahysi^nbsp;partie d’eux mis au fil de l’eipee, ledit gouuerneur ayanonbsp;contre fa promefle,mis de nuiél en la ville plufieurs geH'nbsp;darmes amp; foldats. De ces deux occurrécesdc autres,cen*nbsp;du confeil recueillirent vne manifefte refolution du mai'nbsp;iacre general, amp; furprife de leurdite ville. L’apreldin^nbsp;le Maire fit aflembler tous les bourgeoisSc habitansnbsp;ville,pour leur faire entédre l’intentiô de fa Maiefté,nbsp;dit fieur de Biron . Ce fait tout ledit peuple s’eferiad’'''’nbsp;voix, que ledit fieur de Birô ne deuoit eftre receu en ’u‘ ’nbsp;iufques à ce que les armees fuflenr congées,ou telleW^*’nbsp;retirees,que tout foupçon amp; defiance fulTent leuez.
Ledit fieurde Biron attendant larefponce deceO* fa Rochelle receut aduertiflementquele Capitainer®*^nbsp;pry(qui les nouvelles du maflacre, amp; La fîmulatiônbsp;barquement entendus, s’eftoit retiré des troupes dunbsp;deStrofsy ) deliberoit de le charger.car il auoit quel'?’nbsp;argoulets qu’il cenoitaupgt;aisd’Onis,ou il auoit fiitbenbsp;coup de pillages:amp;ores qu’il full eftimé vaillant amp;nbsp;deux , neantmoins pour les grandes amp; iuftesnbsp;qu’on frilbit de luy , le Maire, amp; fon confeil ne lenbsp;rent rcceuoiren ville,n’y l’aduouer aux champs.nbsp;aduertiflement leditfieur deBiron monta incontine^jnbsp;cheual,amp; retourna à Surgeres. Les Roehelois s’excunbsp;fort enyers ledit fieur de Biron pour n’auoir aucuue’^^|,{nbsp;fauorifé les entreprifes duditPourpry,auquel ib
-ocr page 725-L’ESTAT DE FRANCE. 6ÿ7 lt;ionné congé, amp; ne s’en vouloyent ayder,quelque affairenbsp;Sui fe prefentaft, qui fut caufe que ledit Pourpry fe retirainbsp;delà à peu détours.
Ce mefme iourles Roclielois firent reponce aülîeur deBiron comme il fenfuit.
K 4 Onfeigneur, voftre lettrereceue, Si voftre volonté IVlentendue de venir en cefte ville,parle rapportquinbsp;nous à elle fait de voftre part, parles lîeurs de Moreil-les.amp;deTreil-maynardinous auonsaupluftoft que pofsgt;nbsp;ble nous à efté,apres auoir entendu le commun auis desnbsp;l'ibitans de cefte ville, defpeclié le porteur, ne trouuansnbsp;aucun des noftres qui ayt voulu entreprendre le voyage»nbsp;pour vous fupplier,ce que nousfailons treshumblement,nbsp;Monfeigneur, puis que fa Maiefté nous fait tant d’honneur,de s’afleurer de noftre tresliumblc obeilïànce,amp; fidelité conue, qu’il vous plaife n’en entrer en doute, amp; nenbsp;tfouuer eftrâge fi en temps fi périlleux, eftans enuirôneznbsp;d’vne armee terreftre Si naualeno’fommes envnemer-'•cilleule deffiance.Mcfmement facliâs que les mafl'acresnbsp;•Continuent par tout, comme n’agueres eft aduenuà Cadres par l’entree d’vn gouuerneurqui a voulu tout mettre au fil de l’elpee, ce qui eftoit deda Religion, dont tou-•esfois partie fe font fauuez, amp; font aux mains contre lesnbsp;autres. Aufsi qu’il y a huict mois que toutes ces troupesnbsp;nous enuironnent ,à mefme intention,amp; non autre,cequenbsp;^ieu mercy ils ont failly .à executer par deux ou troisnbsp;dirprifes, amp; encores n’agueres fous l’afleurance de voftrenbsp;'•«nue iconfpiration a efte faite par aucuns de noz citoyens, par intelligence, qu’aiions commencé àdelcouurir,nbsp;teile intention nous.àefté apertement declaree parnbsp;•’'onfieur le Baron de la garde,lequel pendant que fufsieznbsp;tii cefte ville, comme il nous a efcrit,s’eft prefentéauecnbsp;*es galleres pour vous y venir trouueràce matin. Cesnbsp;tnofes font de fi grand poids, car il y va de nos vies, quenbsp;tombien que n’ayons iamais eu que tres-bonne, amp; hon-’’orable réputation de voftre grandeur, bonté, amp; bonnenbsp;grace, nous fommes contrains vous fupplier tresbum-ulemcnt de nous faire tantde bien amp; de faueur,qu’ennbsp;demôftrant par vn effeâ certain la bonne volonté qu’il
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vous plait nous declarer, vous contenter pour le prefent de n’entrer en cefte ville ,amp; furfeoir lufquesàcequele»nbsp;chofes foyentpluscoyes,amp; paifibles,amp; toute occanondenbsp;telle deffiancetollue ,amp;de crainte desttoupes depied»nbsp;amp; de cheual qui peuuent forcer noftre liberté i en laquelle fa maiefté nous a permis viure,fous l’entiere obeilîan-ce de laquelle nous conferuerons à iaraais cette ville aanbsp;peril de nos vies,amp; vous ferons toufiourstreshumblefe^nbsp;uice,d’3ufsibóneafFeftionque nousfaluons treshumble-mentvoftre grandeur, prians Dieu (Monfeigneur) vousnbsp;donneren fa grace,treflongue amp; heureufe vie.Dela Rochelle ce 17. de Septembre.lyyi. Vos treshûbles amp;oben'nbsp;fans feruiteurs,lesMaire,Efcheuinsamp;Pairs de la ville denbsp;la Rochelle.
Lexy. dudit moys arriiierent à Surgeres lefdits fieurs d’Audeiiars ,amp; Treilaux-filles ,auec lettres du Roygt;“^nbsp;la Royne mere , du Duc d’Anjou, telles comme cfnbsp;defTous font inferees. Ledit iieur de Biron fit refpo®*^nbsp;auxRochelois quelefdites lettres contenoyentl’enrier®nbsp;intention amp;bonne volontéde fa maiefté enuers eux.
De par le Roy.
CHepS amp; bien aimez, nous auons receu auec fingeb^ contentement vos lettres du 10. de ce mois, leidnbsp;les outre ce que particulièrement a fait entendre lenbsp;d’Audeuars porteur d’icelles , nous ont de tant plusnbsp;firme l’affeurauce qu’auons de voftre droite inteno®^^nbsp;amp; fidelité, amp; qu’en ces prefentes occafions vous couD^jnbsp;erez audeuoir de bons déloyaux fubiets , commenbsp;fommes bon Roy, voulans qn’en cognoifsiez touiilt;’î^(,nbsp;de tant mieux les effefts, amp; en quelle recommanda^nbsp;vous nous elles. Ainfi donc, ferez aduertispremierein^^jnbsp;que nous vousfcauons tresbon gré des pailiblesdep^^j,nbsp;mens,dont nous cfcriuez auoir vfé en cesdites occaiionbsp;Qu’il n’y a eu efmotion,amp; altercatiô en voftre vill^-'-^.nbsp;tous nos fubiets tant d’vne,’qued’autre Religion, ftnbsp;tiennent en repos,amp; que vos aélions refpondeiit an^^i^nbsp;volôté,amp; àl’obferuatiô denos edits de pacificatió,ft^,^^^nbsp;benefice defquels defirez eftre maintenus, qui nous
-ocr page 727-PESTAT DE TRANCE. 699 ^^làgreables nouuclles , eftimans bien que deuez eftrsnbsp;^ftfaflèurez de noftre bonne volonté,laquelle en generalnbsp;particulier a efté abondammenttefmoignec« mefme»nbsp;^quot;Uchant nos edits,lelquels vous admoneftons amp; ordon-*'ons d’entretenir amp; obferuer. Et encor que par nos derrieres declarations. Si pour les côfiderations y mention-rees,amp;que vous mefmes pouuez iuger, eufsiôs inhibé amp;nbsp;•iefendu toutes aflemblees amp; prefches,t3t es maifons desnbsp;gentils hommes qu’ailieurso perm îles par noftre edit dftnbsp;Picificatiôjiufques à ce qu’apres auoir pourucu à la tranquillité de noftre Royaume,en ayôs autrement ordonné.nbsp;Neantmoins cognoiÔàns voftre droite inteotion,ne voulons quefoyez copris efdites defenfes , mais qu’en foycatnbsp;exceptez, amp;puifsiez faire l’exercice de la Religion prétendue reformee,ainfi qu’auparauant; Entendans neantmoins,amp; vous ordonnant que ne receuiez aucuns eftran-gers dansvoftre vine,fans le congé amp; permifsion du fietirnbsp;ue Biron voftre gouuerneur,de raffcaion,valeur,amp; intégrité duquel auons entière afleurance : ny qu’admettieznbsp;aufditcs alTemblees amp; prefches autres perfonnes que lesnbsp;liabitansR'domiciliez de tout temps en ladite ville. Aunbsp;•leniourant, nous faifons partir amp; reuenir les forces tantnbsp;quot;Ir mer que de terre qui eftoyent en vos quartiers, voulusnbsp;W fi aucune prife de vailleaux amp; autres chofes auoit efténbsp;lâite fur vous, elle foit incontinent reftituce. Non feule-Jl'ciitpermettons,mais ordonnonsexprelTément,que lenbsp;libre commerce amp; trafic foit remis amp; continué. Et pournbsp;J’ousdemonftrer quelle afleurance auons de voftre fide-*’^®’amp;:affeftion que viurez paifiblementamp;en vnion,amp;nbsp;cöferuetez de tous inconueniens,nous efcriuôsprc-l^nremêtaudit fîeurde Biron,vous faire fauoir que n’en-ffndôs vous bailler aucune girnifon,amp; que nous contenterons pourueu quereconoifsiez, refpecliez, amp; obeifsieznbsp;wdit fietir deBiron comme dcuez,ce que vous enioignôsnbsp;Refaire, tenant le lieu qu’il fait, amp; eftant perfonnagedenbsp;telle cftimeamp; vertu. Voila les meilleures amp; plus conue-uables prouifions que pouuonsvous bailler,vous recom-ttiandât toufîours voftre deuoir amp; obeiflancc: fur tout nenbsp;receuoir aucuns eftrangers, ny auoir pratique ou intelligence auec euxj eftans infeparables de nous, fuyuant vos
-ocr page 728-700 MEMOIRES DE 'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. A
priuileges que vous auons trel'volontiers connniie*-furplus ne faites faute de croire ledit lieur de Biron,“ obeyrcoiume ànousmefmesience queluyfailoi’S pnbsp;fentemencentendre,amp;continuerons cy apres ^^7®nbsp;occafionsà kiy mander de noftreintention.Etaufsn:nbsp;rcz entierementlcditlîeur d’Audeuars, lequel nousvnbsp;renuoyons prefentement par delà. Efcric à Paris lenbsp;Septembre,! j / a. iîgné, C H A B. L Enbsp;amp; plus bas, DeNeufuilIe.
De la Roync mere.
MEfsieurs, les lettres qu’auez eferites au Royi^®^ fleur mô fils, amp; à moy, lious ont efté trefagrcaWnbsp;amp; eltime que vous receurez aufsi auec entière alft®nbsp;amp;reconoiflànce la refponfc qu’il vous fait, amp;ceque‘’^ijjnbsp;part vous dira le fleurde Biron: vous allcurantnbsp;ne luy fauriez faire plus de feruice, que continuaas c® ynbsp;vous fiiitcs .à viure en repos,vniô amp; amitié,fous fon ounbsp;fance. Ce luyferaaufsi grand plaiflr d’entendrenbsp;refpeftez le fleur de Biron voftre gouuerneur, congt;nbsp;mémenc au lieu qu’il tient, amp; à (a valeur amp; merite, Sinbsp;quel vous receurez tout bon amp; gratieux traitement-ma part, ie vous en prie fort, amp; de croire que ie moynbsp;neray touflours ce qui fer.a pour voftre bienStadnaO^^nbsp;ge , en perfeuerant par vous au deuoir de bons amp; loï’ ,nbsp;îuiets,priantDieu vous auoir,Mefsieiirs,enfanbsp;fte. Elcrit à Paris le is.iourde Septembre,! J 7 a-CATHERINE. Rplusbas, DeNeuW''nbsp;amp;• deftîis, A Mefsieurs les Maire,EfclieuiDS,Pairs,quot;nbsp;feillers,amp; Iiabitansdcla Rochelle.
De Monficur frere dii Roy.
MEfsienrs, par ce que le Roy Monfeigneur Si fait particulieremct entendrefonintctionanigt;nbsp;de Biron à vous, fur les lettres que luy auezefericquot;^’^-ce qu'il deiîre que faciez amp; continiricz pour fonnbsp;contencemenc, ieae vous feray longue lettre,
-ocr page 729-L’ESTAT DE FRANCE. 701 ’ne remettray fur les fîennes, vous difant neâtmoins quenbsp;oi’auezfaitplaifir de in’efcrire, amp; aduertirdu bon ordrenbsp;*îuieft envoftre ville,de l’vnion,paix, amp; amitié en laquelle vous viuez, qui me font nouuelles trefagreablej, amp; fêtent de tant plus quand vous perfeuererez, comme icnbsp;ßi’affeure, en cefte bonne affeftion,' mefmement que ledit fleur Roy mon frere vous en donne tant d’occafion,nbsp;amp;VOUS gratifie, ainfi que verrez par fes lettres, amp; les ef-fefts. Au demeurant, vous luy ferez feruice , amp; vous feranbsp;lionneur amp; aduantage , d’honorer amp; refpefter ledit fleurnbsp;de Biron felonie lieu qu’il tient, amp; fa valeur amp; merite, amp;nbsp;luy obeyr, dont ic vous prie bien fort, amp; noftre Seigneurnbsp;«lu’il vous ait en fa garde. EfcritàParis le is.de Septembre,! 5 71. figné H E N R. Y. ,amp; plus bas,nbsp;DeNeufuille. amp; deflus, A Mefsieurs lesMaire,Efcbe-uins,Pairs,Confeillers,amp; babitans de la Roebelle.
Le fleur de Biron ayant receu la lettre desRoebe-lois telle que deiTus, fut fort fafebé, amp;. par farefponfe luur euft volontiers fait entendre combien leur gracieu-fetcluyeftoit mal agréable, finon qu’il fut retenud’vnenbsp;jlperance de paruenir à fes deffeins, ou par rufe, ou parnbsp;‘Orce,amp; qu’y eftant paruenu, il auroit moyen de faire co-uoiftre aux Rocbelois leur faute, tant de parole que d'ef-^ufkiquecen’eftoit pas à luy à qui on s’adreffoiGmais aunbsp;, qui eftoit afTez puiflant pour en auoir la raifon ; amp;nbsp;pourtant ledit fleur, commeil eft fage mondain, eferiuitnbsp;’ufdits Rocbelois la lettre fuyuante.
MEfsieurs, i’ay entendu par voftre lettre, amp; par les Lettres du Heurs de Lauboinyere , amp; Boifleau, ce qui fe palTa fleur de ninbsp;bleràlaRocbelle, dontie fuis trefmarry: vous alTeurant tô aux Ronbsp;deuant Dieu amp; fur mon bonneur,que l’intentionamp; corn- ehelo;s.nbsp;’’’indement du Roy eft au contraire, côme ie monftroisnbsp;^ne lettre de fa Maiefté eferite au fleur Baron de la Garde, auxfîeurs deMoreilles,amp; Treil-maynard,amp;: autre dudit Baron à moy,qui faifoit mention du commandementnbsp;qu’il auoit eu. le ne fay quel vent a couru,ou humeur d’alnbsp;leraucontraire, tanty a qu’il n’a feeu aucunes nouuelles,nbsp;ny receu lettre denjoy,efpcrant le lendemain,qu’arri-
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uerois en voftre ville l’aller trouuer pour le faire retirer, felon les lettres que le Roy luy en elcrit.Or encores qu’ànbsp;mon grand regret ie ne fais ce que i’cftimois eftre aunbsp;contestement du Roy, amp; au repos de voftre ville, amp; dunbsp;pays des enuirons , amp; de tout le public du Royaume ; Sinbsp;eft-eequeiene laiflerayde depefeherau Roy pour luynbsp;faire entendre ce qui s’eft palFé, auec toutes excufesac-compagnees d’artifices ..pour les faire admettre ,amp; pournbsp;auoir des lettres de fa Maiefté reiteratiues, auec expresnbsp;commandement pouriùire retirer lefdites galleres. amp;nbsp;forces desenuironsdecepays. Cependant le vous prienbsp;bien affeétionnément amp; iiiftamment vous contenir en lanbsp;bonne volonté que leldits fleurs de Lauboiuyere amp;Boil-feauvous ont laiirez,amp; que me mandez par voftre lettre,nbsp;quieft que voulez demeurer en l’obeilTance du Roynbsp;oftans les forces amp; desfiances vous demeurerez en voftrenbsp;premiere opinio,de me receuoir felon l’intétion duRopnbsp;qu’il vous a fait entendre tant par lettre,que par moy.quenbsp;par ceux des voftres que Ion vous a renuoyé en pofte,nbsp;font les fleurs de la Motte «St Boubereau. Et vous pr*6nbsp;croire que fans le deflr que i’ay que la bône intention «j“nbsp;Roy fuft executee, lt;amp; ne fiiftfophiftiquee par autruyift^*®nbsp;ie n’euiTe prins telle charge pleine de peine, traiiail,^^^'nbsp;lomnie.Car i’ay aflezd’empelchemens en l’eftat amp; orn*quot;nbsp;quci’ay en ce royaume.Derechefievous prie.Mefsio'quot;^’nbsp;encores bien affeftucufemét.que fa Maiefté ne fuitnbsp;'deceuède la bonne opinion qu’il a de vous, amp; de l’an®nbsp;rance que luy en ay dônee. Qui fera fin,me recomnaannbsp;dant atfciftueiifement à voftre bonne grace, priant D'® 'nbsp;Mefsieurs, qu’il vous doint entreslongue fanté,heureunbsp;vie. De Surgeres ce iiS.Septembre.i $ 7 a. Voftrenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j
ment alFeftionné amy, Biron. amp; defTus, A Mefsieu®^ Maire, Efeheuins, Coufeillers, Pairs de la ville de la Rnbsp;clielle.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f ¦ cO'
Le Baron de la Garde mettoit grâd’ peine de tïdreaux Rochelois qu’il eftoitleuramy.amp;fortdeiir .nbsp;de leur bien amp; repos, amp; par ce que fouuent fenbsp;que le comerce leur eftoit empefehé par lesnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ju*
contraignoy'ent d’aller en Rhé ou Brouage les '’^ qui deSroyent de venir à la Rochelle, il s’exeufe
-ocr page 731-L’ESTAT D’E FRANCE. 705 lettres,difant que les vus eftoyent forbans amp; pirates.qu'ilnbsp;vouloir faire punir par iuftice, les autres de leur bon grénbsp;auoyét prins port és lieux fufdits: bref,qu’il n’empefehoitnbsp;Si ne vouloir empefcher le trafic amp; commerce de la Rochelle.
LesRochelois firent relponfe aux lettres du Roy,de la Royne mere, amp; du Duc d’Anjou, felon que le tout cft icynbsp;couché.
Au Roy.
Sire, nous rendôs graces immortelles à voftre Maicfté
Je l’afleurance de nos intentions amp; fidelitez qu’il vous a pieu nous declarer par vos lettres clofes , enuoyeesparnbsp;le fieurd’Audeuars, lefquellcsnous ont d’autant plus ref-iouis cntêdansvoftre bonne volonté amp; cômandcment,denbsp;rappeller ou renuoyer loin de nous les forces qui nousnbsp;tiennent corne afsicgez,huit mois a,parmer amp; par terre,nbsp;amp; renouuelervn repos amp; trâquillité, reftabliflant le commerce cefle. Ce qu’aufsilefîeurde Biron noftre gouuer-Beurnous auoit promis faire, ce qui n’a point eu d’cfFeft,nbsp;mais fe font de plus pres approchées amp; ralTemblees : amp; ànbsp;inefme iour que ledit fieur de Biron s’approcha, amp; n’e-ftoit qu’à deux lieues de celle ville, le fieur Baron delànbsp;Garde s’approchaaufsi auec fes galleres amp; nauires,pournbsp;y entrer auec quelque intelligence d’aucuns eftar.s au dedans , délibérez de s’elleuer : ce qui nous mit en vn mer-ueilleux efmoy,ayâs ce mefme iour eftéaduertis de nou-Ueaux maltraitemés faits à ceux de la Religion en aucu-Bes villes, amp; lieux nô gueres eflongnez de nous, par ceuxnbsp;quicommandoyent en icelles fous l’authorité de voftrenbsp;Maiefté.Parquoy fufmes contraints fupplier ledit fieur denbsp;Birô de furleoir de venir en celle voftre ville, iufques à cenbsp;que par la retraitte amp; ellógnement des forces nouspeuf-fiôs en feureté amp; Iiberté,telle qu’il plaift à voftre Maiefté,nbsp;lereceuoir,l’honorer,amp; luv obeyr côme noftre deuoir lenbsp;porte, amp; fuyuant vos edits de pacification, puis qu’il vousnbsp;plaift iceux eftre icy entretcnus;ce que fuppliôs treshum-blemcnt voftre Maiefté, Sire, n’imputer .a aucune mau-uaife intention, ainsnous exeufer en celle part, amp;conti-Huer celle voftre côfiance amp; certaine alTeurSce de noftre
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loyauté, amp; treshumble amp; entière obeiflance: Comme nous afleurons que fous icelle vous conferucrez nosnbsp;biens amp; nos vies,aediez à iamais au feruice de voftre Ma-iefté.prians Dieu,Sire,qu’il luy plaifç icelle maintenir ennbsp;fa grace auec toute profperitc. De voftre ville delà Ro-chellc,ce xy.Septembre, i y 7 a. ligné,Vos treshumblesnbsp;amp;trefobeiflansfuiets ,les Maire, hfcheuins ,amp; Pairs denbsp;voftre ville de la Rochelle.
•A la Royne mere du Roy.
M Adame, n’ayans iamais eftéen autre volonté amp; in-tétion, que de prefter toute obeiflance treshumble à vosMaieftez, amp; fachansledelîrqu’auezde noftrebiennbsp;amp; repos, nous auous fait amp; faifons tout deuoir d’y conti'nbsp;nuer: combien qu’y foyons eftrangement troubleznbsp;les forces qui nous enuironnent,huit mois a,amp; plus.ToU'nbsp;tesfois puis qu’il plaift à. vos Maieftez qu’elles fe retirent’nbsp;nous en recourons vn grand amp; fingulier bien , dont tendons graces treshumbles à voftre Maiefté,Madame-'nbsp;qui nous donnera moyen de receuoir,refpefter,amp; obeyrnbsp;au fieur de Biron noftregouuerncurfous l’obeiflàncedenbsp;vos Maieftez, en laquelle perfeuererons à iamais au de-lioir de tresbons,tresfideles,amp; tresloyaux fuiets,amp; d’aufl*nbsp;bonne aifeftion que nous prions Dieu,Madame,vous ac-croiftre en fa grace tout heur amp;profperité. De laRO'nbsp;chelle.ce 19.Septembre,! $71. ligné,Vos treshumblesnbsp;amp; trelbbeiflans fuiets, les Maire, Efeheuins, amp; Pain d^nbsp;voftre ville de la Rochelle.
A Monfeigneur.
MOnfeigneur, les lettres qu’il a pieu à voftre Excellence nous eferire, nous ont feruy côme d’vn éperon au cheual courant en fa carrière, nous refehaunint d’autant plus au deuoir du treshumble feruice amp; obéit'nbsp;fance à leurs Maieftez, amp; à vous: en quoy nous continuerons à iamais,ayans receu ceft aduantage.que d'entendrenbsp;le commandement de faire départir les forces, qui nou’nbsp;tiennent
-ocr page 733-L’ESTAT OE FRANCE. 705 ferment depuis huit mois comme afsicgez, dont nousnbsp;deûronsamp; attendons l’cffetlipouraiioir moyen de viurenbsp;«n repos lt;Sc traquillité, auec tel refpeft) honneur amp; obeif-^ancequ’il appartient receuoir M. de Biron , amp;. les com-’’landeniens de leurs Maieftez amp;de voüre excellence,nbsp;laquelle nous prions Dieu,Môfcigneur,vouloir augmen-inbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
teren fa grace de toute félicité. De la Rochelle ce 15.de Septembre i$7i.
S t les Rochelois cfloyent empefehez 3, fé défendre *uec les mefmes armes dont on les aflailloit, ce n’eftoitnbsp;tien au prix des angoilTes où lé trouuoyent réduits dansnbsp;villes ceux qui auoyentfait profefsion de la Religion:nbsp;^ar encores que la fureur des maflàcres fuft aucunementnbsp;fefroidie.fî eft-ce qu’on en defpefchoit toulîours quelques vnsçà amp; là. Et pour les accabler entieremét, on taf-uhoitde leur arracher du tout la Religion. Sur tout lenbsp;l^oy amp; la Royne mere eftoyent apres leRoy de Nauarrenbsp;le Princede Condé, lefquels ils amenèrent finalement
* uefte neccfsité(commc dit a cfté cy deflus) par diuerfe» pratiques d’aller à laMcflé,penfans peu à peu les guignernbsp;tout. Mais outre cela la Royne mere vouloir fe def-raire des ennemis loinuins,commedes Rochelois,amp; autres feiablables : ce fait,auifer à ceux qui eftoyent pre$,amp;nbsp;qu’elle auoit beaucoup plus en fa puiflance.
- pour acheuerde triompher de ces deux ieunes Ceremo-a tmcesjleR^y délibéra faire fa fainâ: Michel.amp; célébrer nies amp; fo-Jafolennité de fon ordre au temple noftre Dame de Pa- K-nnitez ris; où les préparatifs eftaqs faits, le Roy arriua dans le d' l'oidienbsp;taœur,its’afsitJjnaindroitefousvndaizde drap d’or;
^vn peu plus bas au mefme cofté eftoyent afsis le Duc ® ‘ d’Anjou fon frere,les Ducs de Montpenfier,de Neuers,amp;nbsp;deGuife , le Marefchal deTauannes ,1ePrince Dauphin,nbsp;les fieurs de la chapelle aux Vrfins, Rubempré , amp; Ville-quier le ieune.De l’autre cofté du choeur i main gauche ynbsp;*Uoit vn autre daiz aulsi de drap d’or, fous lequel n’v a-Hoit perfonne,mais yeftoyent feulement lesefcuflbnsnbsp;de armoiries des Roys d'Érpagne,deDannemarcamp; denbsp;Sücde. Vn peu plus bas eftoyent afsis le Rov de Nauarre,nbsp;'es Ducs d’Alançon, dtd’Vzez, le Prince lïe Gondé.lesnbsp;Ceurs de Sanfac,de Lofleside Chauignyje Côtade Ruts,
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amp; Villequicr l’aifné. Tous ces Seigneurs eftoyent tabih lez de blanc, amp; couiierts de leurs grands manteaux denbsp;drap d'argent, auec la grande queue traînante fufques eùnbsp;terre,le chaperon de velbuxcramoiC, cnrichy de brode^nbsp;rie d’or,amp; de grande qualité de perles amp; pierres preciea-fes,auec le grand collier de l’ordre par deflus. Au deuancnbsp;du Roy, dans le choeur , eftoyent afsis fiir des fiegcs cou-uerts de drap d’or, les maiftres des ceremonies, les huiC-£cr,thréforiér,grcÔîer,amp; Chancelier de l’ordre, lousve-ftus de grandes tobbes de fatin blanc, auec les chaperonsnbsp;defatincramoiiî; En ceftcquippage le Roy amp; les fufditsnbsp;Seigneurs afsifterenc la veillé de ïainâ: Michel à vefptes»nbsp;Âtlciouràla meflc,amp;àvefpresamp;vigilçs pour les aine*nbsp;des Chcualiers trefpalTez. Ainii ces bons Catholique*nbsp;pour la plulpart,prioyét Dieu pour les âmes de plufieurs»nbsp;du fang defquels leurs confciences eftoyent plus tainte*’nbsp;que leurs chaperons de couleur cramoifie. Et poùrta®^nbsp;aiifsi ohantrerent-ils deliuree.Carle lendemain en lae'quot;
U feruice des morts, afsifterent le Roy amp;
Seigneurs fufdits,tous veftus de grands manteaux amp; perons à bourrelets noirs,auec le grand collier de l’oro*,^
par deflus:excepté le Roy,qui auoit le manteau amp; ctop®' ron violet.Ils allèrent à l’offrande en l’ordre que s’eniu' •nbsp;Premieremét y alla le Roy feul, précédé par les otn^'^ \nbsp;de rordre,téhantvn cierge en main,amp;fuiui du Dued’A®^nbsp;îou fon frere qui prefenta fon offerte; Le Roy eftantnbsp;J_____L r__I« ri.._ Jgt; a _____j -__-laa üifdl™
TjESTAT de FRANCE. 707
S Ire,les Seigneurs amp; Gentils-hornmps qui fontencefte itemo»-üle de Paris, amp; à voftre fuite, viuansamp;delirans viurc ftiâ»epar Comme GhreÛiens,amp; yrais enfans dei'EglifeCatholique NoblefTnbsp;amp;. Romaine, vos trfshumbles feruiteurs amp;fuiets,repre- Catholt;gt;nbsp;fentans amp; fe faifans forts de la plus grande amp; faine pairnbsp;tiedelaNoblelTe de voftre Royaume,ayas entendu que cfnéftiennbsp;fous ombre de quelques vns mal fentans de la foy.qui fe Icurfouu»nbsp;font manifeftez, amp; ont apertemét déclaré leurs aifeinös, rain Sci-depuis voftre aduenemenf à l.a Couronnexe que pouueznbsp;auoir conu en la requeftequ’ils vous ont n’agucres pre-feutee.jSf fait imprimer, par laquelle entre autres chofesnbsp;ils requièrent l’ouuerture de la iuftice eftre efteinteennbsp;leur endroit,les ordonnances qu’ils voyent eftre à leur a-Uantage eftre entretenues,amp; celles qui font contre eux a-boliescayâs fait courir le bruit que toute voftre Nobleflenbsp;eftoitinfcftce de l'hcrefie Luthérienne, Zuinglienne, ounbsp;Caluinifte:Chofe,Sire,qui nouseft tellementinfupporti-ble,quenous fommescontrains,fachans (comme dit eft^nbsp;lameilleureamp;plus grande partie des autres Gentil-homnbsp;«lesde voftteRoyaume eftre Catholiques,amp; aulsi obeif-fans enfans de l’Eglife , aufquçls iioqs nous faifons fortsnbsp;faire ratifier celle pre fente requeftç, Vous fupplier tref-humblement cpmmanderquc par toutvoftre Royaumenbsp;amp; pays de voftre obeiflance lo viue en la crainte de Dieu,nbsp;felon fesfainéls commanderaens, amp;conftitutions defanbsp;«inéle Eglife Catholique amp; Romaine,ainfique Ion anbsp;vefeu depuis le regne de Clouis premier Roy Chreftien,nbsp;iufqucs avons, durant lequel temps infinies perfonnes,nbsp;tant de vos predecefleiirs Ro}’.s qu’autres ontflory, parnbsp;excellence de vertus amp; perfection de vie, reluifans parnbsp;miracles que Dieu a faits par leurintercelsion. Entre lef-queis nous fuffit nommer fainft Charlemagne , amp;fainélnbsp;^ouys,qui ont efté de voftre maifon, fous laquelle Eglifenbsp;prenantpar vofditspredecefleurs le facre, ont acquis le ,nbsp;nom deTrefchreftien,amp;; comme ils ont eu,auc'z encoresnbsp;par la grace de Dieu,celle belle preeminence amp; vçrtu pqrnbsp;^effu s tous les Princes Chreftics, de guérir des efcroucl-les;de façonquecepédantquclaReligion aeftépar euxnbsp;bienobferuee amp; entretenue, ceftuy voftre Royaume anbsp;5oqfiour!icfté preferné «le fcs.cnnemiS)Eoquot;n°ré^ exaltp'
-ocr page 736-708 MEMOIRES D Ê
par defîîis tous autres, y eftans les Roys craints amp; obey?) iul'^ues à cequepartiedc laieunefle s’ctl laillcefcduire«nbsp;amp; a changé d’optuionen ladite Religion, Non tant parnbsp;leur malice, que par la perfualîon d’aucuns aucheurs denbsp;cefte no J uelle fefte, lelquels pour le defir de viure librement amp; lubriquement, ont rompu le faind voeu de cha-fteté qu’ils auoyent fait à Dieu. Et combien qu’ils nientnbsp;Je Pape ni autre perfonne pouuoir dilpenfer d’aucunenbsp;thofe,neantmoinsdifpenlénttous les iours defd’tsvœux,nbsp;pour attirer toute perfonnes vicieufes à leur façon de viure. Cequi nous meut, Sire, vous lupplierde n’adioufternbsp;foy à telles gens , qui fe font efforcez mettre fedition ennbsp;Toltre Royaume, des le temps du Peu Roy voftre frere,amp;nbsp;du voftre n’ont voulu garder aucunes de vos ordonnances amp; commâdemens.mais fe fontingerez aux derniersnbsp;Eftats tenus en cefte ville,amp; ailleurs de voftre Rovaume,nbsp;vouloir chalTer amp; priuer la Royne voftre mere de la conduite amp; adminiftration devoftre perfonne,amp; afairesdenbsp;Voftre Rovaumexombien qu’ils nepeuuentnierquepafnbsp;fa fagefleamp; bonne coduite ii n’ait eftégouuerné en toute paix amp; obeiflànce devos fuiets.A laquelle outre laper-fiiÀiondefcs vertus .pour l’honneur du feu Roy voftr®nbsp;pere, amp; de vous, qui elles fon fils ,nous deuons tout honneur amp; obeiflànce, Etnoncôtensde ce, ont fait plulî^uf*nbsp;libelles diffamatoires contre elle, femonftrans dautantnbsp;diflemblables des fainéfs Apoftres, defquclsils fedifc”^nbsp;fn vu re les voves; comme eftantainlî que lefdits Apoft'^^’nbsp;aventronuerty le peuple par humilité amp; patience, foui'nbsp;fi ans amp; pria ns pour leurs ennemis.Ceux-cy au contraïf®nbsp;rempliflent leurs hures , propos Arfermons d’iniures*nbsp;blalphemes contre ceux qui ne leur veulent adherer ,*nbsp;ont entre eux vne bourfe commune des deniers quiinbsp;îeuent particulierement,lans voftre permifsion.nbsp;moven de laquelle ils peuuentaflembler forces,nbsp;beaucoup de tourmets à leurs aduerlaires. Parquoy,Sgt;''^'nbsp;dèrechefnous vous fupplionstreshumblemét,qu’ilnbsp;plaifecbafler tels miniftres,réduire vos fuiets.amp;P“”'.^nbsp;îésdelinquans obftinez,le pluftoftamp;enlameilleured**^nbsp;gence que faire fe pourra.Confideré qu’ils netcdenCI“nbsp;l’extérmination de voftre Royaume, amp; i fe diftrai«
-ocr page 737-L’ESTAT DE FRANCE. 709 'Voftre obeilTince : Lefquels fortifians amp; augmétans.poufnbsp;eftre cèfte loy fi alléchante amp; attirante à la volupté charnelle,le peuple lagoufteamp;atFeaionnefiallenient,que nenbsp;fourrez,lors que vous voudrez,y remedier. Et à celte finnbsp;vouloir,s’il vous plaift,que les ordonnances furie faitldenbsp;la Religion,du feu Roy François vollre grand pere,iS. dunbsp;feu Roy Henry voftre pere,que Dieu ablolue, loyêt gardées amp; cntretenucs.Dauantage,pour leur oller toute oc-cafionde murmure,vouloir aui'si mettre police à la mau*nbsp;uaife adminiftration amp; gouuernemêtd’aucuns irnniftresnbsp;derEg!ife,dt de cous autres Eftats.Pour lequel elfeâ: nousnbsp;Vousoffrôs nos biens,nos corp ., de nos vies,que n’y vou-lôs efpargner iufques à lademiere goutte denoilre laug.nbsp;Vous fuppliant encores,Sire,de nous vouloir exeufer filanbsp;f refente requefte n’eft fi bien ornee amp; fardee de langagenbsp;que la leur; parce que n’ayâs fait profefsion que de la vertu amp; des armes pour la conferuation de voltre Royaume,nbsp;¦amp;ne defirant par iceluy langage feduire ni foullraire au-cun,nous ne nous y fommes lainais amufez ni arrellez.
Laquelle prefenterequefte nous offrons ûgner toutes amp; quantes fois qu’il plaira à voftre Maiefté le commander, afin, Sire, que conoifsiez le bon nombre de ceux quinbsp;défirent amp; veulent demeurer vos treshumbles amp;trefo-bciflans feruiteurs amp; fuicts,ainfî que leurs perfonnes»nbsp;»iens amp; vies y font obligez.
IL aeftéditqueceuideSancerre fe tenoyent fur leurs Ceux d» gardes,fâns toutesfois faire aéle d’hoftilité.Cela defplai Sanerrrenbsp;foit au Confeil fecret, qui les vouloitauoirà fà mercy,amp; adailUi.nbsp;battre le chien deuant le lion, c’eft d dire , par le traitement qu’on feroitàceux cy, râger les Rocheloisamp; ceuxnbsp;de Languedoc à quelque poinél plus aifé. Pourtant des lenbsp;mois de Septébre s’alïemblerent quelques troupes poufnbsp;enuironner Sancerre , amp; harafler tellement ceux de dedans, qu’ils preftaflent la gorge les premiers au coufteaunbsp;des maffacreurs. Apres auoirbeaucoup tournoyéje premier iour d’Oflobre certain nombre de gens de pied 5tnbsp;de cheual parurent en la plaine fur le chemin , uraus esnbsp;villages de Sury en Vaux amp; Gheueniol.Iceux aucc grandes brauades vindtent iufqu’au pieddeV’S^^® allez pres
n i.
-ocr page 738-ÿta MEMOIRES DE
delà «Ikjagaflansamp;âppellans au combat,ceux quifert-nans clos amp;couuerts ne deinandoyeut rien àpcrfonne» en Icsiniuriantamp;conuiantaux nopcesà Paris. Ils continuèrent ainfi trois iours fuyuans, principalcmnt le matin?nbsp;i l’heure du prefche,donnans l’alarme à toute la ville.LeJnbsp;Sancerrois voyans bien qu’il faloit entrer en lice ,amp;quenbsp;quelque rcmonftrance qu’ils enflent faite de laiufticeamp;nbsp;équité de leurcaufe ,on neleslairroîtiamais en paix: e-ftans afl'aillis de fi près ne peurentplus difsimuler.EllanSnbsp;donc contrains de brider telles courfes, qui les endora-mageoyent iagrandement,amp; repoufler laforccparlxnbsp;force,ils forten t deflu s, amp; entrent fi viuemétfurces trou-f es,que de premiere arriuec ils les firent reculer plus denbsp;trois cens pas:amp; en efcarmouchant, y eut vn cheua) blanenbsp;des leurs tué ,fon hommeblefle amp;pofté par terre qiiifenbsp;fauua à la fuite, amp; fut la felle amp; hirnoisdu cheual emportée par les goujats de la ville,! laveuè des autres qui fe retirèrent à leur courte honte.La nuidd’entre le troilîefmcnbsp;amp; quatricfme iourdu mefmemois,ceux delà ville,tantnbsp;du lieu qu’eftragers rcfugic2,eftans aduertis que ces troupes eftoyent logees au village de GheuenioLà demienbsp;lieue, s’afleurâs que ce feroit le lendemain à recommen»nbsp;cer,amp; qu’ils ne faudroy ent de continuer leur train,amp; eni-pefeher les-villageois de venir au marché, comme ilsa-uoyent ia faitieftans aucunemét ioyeux de l’efchec tombé fur ces troupes le iour precedent, amp; conduits parlenbsp;Capitaine la FÎeur(quieftoic rcichappédu maflàcredenbsp;Faris,amp; arriué àSancerre le id. d'Aouft, où il auoit commandé aux autres troubles ) amp; par vn autre Capitainenbsp;nommé Montauban , font entreprinfe de les aller voirnbsp;vifiter de plus pres. Et fucceda fi bien l’afaire.que les ayâsnbsp;trouucz ferrez audit Gheueniol, bien ou’ilsfiiflèntbarri-quez,tranchez, amp; barrez de charrettes par toutes lesaue-nues,ils les chargèrent de telle façon,amp; donnèrent l’alarme fi chaude amp; fi roide dans leurs corps de garde, amp; ennbsp;la halle dudit lieuoùvne partie d’iceux eftoit, qu’ils lesnbsp;mirent tous en route, amp; en demeura quarantecinq tueznbsp;par les rues,amp; par les maifons, où ils fe penfoyent cachetnbsp;amp; fauuer: lefquels furent enterrez le lendemain par lesnbsp;fayfans.La Fleur,amp; ceux qui l’acompagnoyent, amène-
-ocr page 739-L’ESTAT DE FRANCE. ÿa tentfept prifonniers : amp; entre autres le Capitaine Dur-bois )lt;jui tut mis en prifon au chafteau lt;Je Sancerre auccnbsp;fescpmpagnons, là où eftans fort gracieufement traitez*,nbsp;ilsenpcnferent rendre fi bonne recornpenfe .qu’ellarsnbsp;Quelque temps apres feis en liberté par aucuns de la ville. amp; par le fieur de Racam.qui furprint le cbafteau.com-Ine fera dit cy apres, ils cuiderept couper la gorge à ceuxnbsp;qui leur auoycnt fauué la vie. De cefte desfaite furent a-inenez,parlesviaorieux, foiaantecheuaux ,beaucoupnbsp;d'armes,amp; autres butins ; amp; confefla Durboisà fa prinidj.nbsp;qu’il n’auoit nulle commifsion pour leuer gens, ne fairenbsp;ce qu’il faifoit. Mais ( foit qu’il «lift vray ou non ) il a efténbsp;swluoué, amp; a efté toufiours depuis au fiegé deuant la ville.
Ceux delà Rochelle n’eftoyent pasplusà leur aife* ayans tant d’ennemis à l’entour d’eux. Et pourcei tantinbsp;d’afaires qui fe prefcntoy ent leur eftoit bcfoin tenir prèsnbsp;la petfonne duMairevn txin fidele Confçil d’hommesnbsp;affeûionnezà laReligioq amp; àla conferuation dé laville.nbsp;Or combien que le Confeil euft acouftumé d’eftre choifi;nbsp;fié vingtcinqEfcheuînsamp;feptantecinq Pairs, qui fontlelnbsp;Cent de la ville : toutesfois, parce que les bourgeois amp; e-llrangers auoyent pareil intereft en cefte caufe que ceuxnbsp;de là maifon de ville,fut auifé d’eftire des Efchçuins,.nbsp;Pairs .bourgeois Ä: eftrar^ers quatre de chafcüne defdi-c«qualite2:ce qui fut fait. Aufsi le fieur de S.Eftiennçnbsp;«fieu pour commander aù» gens de cheual , dreflàvnenbsp;Corncttc.qu’ii tint aux champs pour cmpefcher que l’en-nemy nefourrageafile pays d’Om'x.Furétdreflèes aufsi.nbsp;quatre compagnies d’eftrangers fouldoyez, chafcüne dénbsp;fix vingtshommes,lelquelles les fieursdes Effars.Ri-uiereleLys, les Capitaines Normandamp;Viroletcondui-foyent:amp; quatre autres petites compagnies fouldoyees,nbsp;devingtcinqoutrente hommes cha/cune,qui auoyentnbsp;pour Capitaines, Monmalle, Blays, la Motte amp; la Font.nbsp;Cesaprcfts.fcfaifqyentcn telleforte,queles Rocheloii,nbsp;ne faifoyent aucuneinuafion, eftans délibérez de fe tenirnbsp;fiir leurs gardes, amp; fouffrir encor tout ce qui feroit pofsi-ble.auantque fe defendreamp;rcpouflertout ouuertementnbsp;la nolencedes ennemis.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;..
Cependant Icfic^ de£Ùroa,qtiipourfuyuDit fpirpB-»-
’^1
-ocr page 740-MEMOIRES DE treprifcjScccrchoittous moyensd’eftrcreceu enlaville»nbsp;s’ehallaenBrouage pour conférer aucc le lieur Strofsynbsp;amp;le Baron de la Garde :amp;du premier iour d’Oftobrenbsp;Lettres du efcriuit aux RocheloiS) offrant par feJ lettres faire cllon-Ccur de gner toutesle» forcctqui eftoyeutà l’cntourdeleurville.nbsp;Rochelonnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;terre, amp; les faire retirer en lieu dont
les RocEelois ne pourroyentauoir iußedesfiance, pour-ueu qu’ils baillaflentfeureté conuenable defe maintenir en ladite ville fous l’obeiflànce des edits du Roy,amp;pro-miffent de receuoir celuy qu’il y voudroit enuoycr pournbsp;fon feruice.
de.
Du Biton Le Baron de la Garde leur eferit aufsi de mefme jour delà Gir- qu’il s’efmcrucille comme ils font difficulté de receuoirnbsp;le fieur de Biron: par ce que Iç Roy, qui a grande fiancenbsp;en eux gt; penfe que cela foit défia execute, les afléurantnbsp;qu’en generalise en particulier il s’eraployerapour lesnbsp;{çens de bien de leur ville,s’alléurant qu’ils ne refuferontnbsp;es offres dudit fieur de Biron qui font nonnelles amp; auan-tageufes.
Dn fieur Strofl'y.
M»n*3crcs
à Bouc- tholiques de Bourdeaux appuyez fur la faucur amp; conni-dcaux. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, -.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;- ‘ c J
Le fieur de Stroflÿ (duquel les lettres eftoyent plus refpeftees que de tous autres)leurpropofe qu’ils ayentinbsp;cEoifir la paix ou la guerrcifauoir ell la paix en obeiflantnbsp;à. leurs Maieftez,qui eftlefcul moyen de conferuer leursnbsp;vies ,biensamp; honneurs, Si deliurer la France de grandesnbsp;calamitez : comme au contraire la guerre fanglante nenbsp;leur peut manquer,s’ils conüuuent leurs delayemens. 'nbsp;Pendant qu’on follicitoit ainli les RocEeloisles Ca-uence du fieur de Montferrant gouuerneur, qui auoit telnbsp;mandementqueles autres, apres auoirfaitbcaucoup denbsp;peurs à ceux de la Religion, fpecialement depuis laiour»nbsp;ncc S.Bartlielemy, finalement defployerent leurrage lenbsp;troifieme iour d’Oftobre, amp; en tuerent par les rues amp;nbsp;dans les maifons iufques au nombre de fix vingts ou en-enuiron,amp; des principaux ; n’oubliâs à piller les m^ons.nbsp;Le gouuerneur eftoit des premiers, amp; remplit fi bien fesnbsp;bouges, qu’en moins de rien il defgagea tout fon biennbsp;qui eftoit hypothéqué; amp; tient-on affeuremeotqu’il y fitnbsp;vn butin de plus de cent mille francs. Quelques vnsdenbsp;la Religion fe fauuerçnt es chafteaux Trompette amp; du
-ocr page 741-L'ESTAT DE FRANCE. 71t Haimaisla plufpart peu à peus’efcoula de la ville. leJnbsp;Vns le fauuaiis en Angleterre,amp; les autres î la Rochelle.
Nous laillerons les Rocheloisprendreauisfur les let-*fes que les miniftres du confeil leeret leur cnuoyoyenf, pour voir comme les Princes eftoyent traitez à Paris. Onnbsp;ne s’eftoit point contenté de leur faire abiurerla Religion, en les faifant aller à la mefl'e. afsifter aux ceremonies de l’ordre de i.Michel,amp; publiant vue infinité de calomnies contre tant de Seigneurs .gentils-hommes amp;nbsp;particuliers meurtris indignement; mais outre tout cela,nbsp;fis eftoyent contrains de voir amp; d’entendre les moyensnbsp;amp; expédions que leurs ennemis coniurez tenoyeut pournbsp;acheuer le refte. Et pour le comble, le Confeil leeretnbsp;s’aida du Cardinal de Beurbon leur oncle . afin de leurnbsp;faire faire hommage à celuy qu’en leur coeur ils tenoy etnbsp;pour Antechnftamp;principalennemydu FilsdeDieu.ala- ffttresdanbsp;UüirauPape. Et pourtant afin de les confondre du tour, Roy denbsp;00 fit des defpefchcs en leurs noms amp; du Cardinal de Nauatrejnbsp;Bourbonaufsi, le troifieme iour d’Odobre.adrelIantes cond*nbsp;»U Pape Jefquellcs nous auons icy inferees.non que nous 4^ car-eftimions que ces Princes y ayent iaraais donné Tnvray dînai denbsp;confentement(car la bonne inftruftion qu’ils ontreceuë Bourbonnbsp;en leur ieunefle ne pouuoit eftre effacee par le fang de »a Vapc,nbsp;leurs feruiteurs amp; amis) mais feulement pour monltrer
tnifere de ce temps, amp; en quelle extrémité ceux de lai Religion eftoyent réduits. Nous y adiouftons d’v ne fuitenbsp;les lettre^ du Pape, afin qu'on reconoifie aufsi le meûnenbsp;efpritqui auoit manié les afaircs paffees.Le tout fuyuanenbsp;lacopic imprimée À Paris amp; à Lyon,coaune s’enfuit.
Lettres du Roy de Namrre.
TReflainét Pere, L’efperance que fay de la paternelle affeftion que portez toulîours .comme Vicaire denbsp;Dieu en terre,à ce que fes cnfàns defuoyez pourquelquenbsp;temps de noftre mere fainfte Eglife. Apoftolique amp; Romaine, amp; fc repentans amp;reduilans,y foyentbenignemétnbsp;recueillis amp; reeeus.a tellement vaincu le doute qu’autre-tnentie pouuois auoir de la iufte feuerité de voftre Sain-fteté, qu’apres auoit çfte conforté parle Roy crefehre-
-ocr page 742-yi4 MEMOIRES DE
/lien, amp; par la fage amp; prudente admonition de la Royné madame ma belle-mere i Mefsieurs fes frétés . de monteur le Cardinal de Bourbon mon oncle , amp; de monnbsp;Coufin monfieurleDuc de Montpenfierien cefteper-fuafionde lïiefuis finalement reiolu que voftredite Sain-fteté, me rècofiôiffantpôur vn des Sens, par les premieres marqués que i'iy réçeuës en ladite E^life, en la foynbsp;de laquelle i’ay efté baptize, amp; ne m’imputât l’iuftitutionnbsp;qui depuis m’a efté donnée, dont il n’eftoit point en moynbsp;(veu mon bas aage) faire iusement ou eleûion : elle nenbsp;defdaignera de m’ouurir lesbrasdefon indulgence,amp;nbsp;en receuant la confefsion de cefte mienne penitence,re»nbsp;duûion amp; obeifl'anee,Coôirhe ie l’ay icyt'efmoigneeftnbsp;proteftee en la prefcnce du Nonce dé voftréSainâete,nbsp;mereceuoir an giron d’icclle Eglifé ,dontie vousreco-Bois chef, amp; nie retenir amp; reputer déformais pour tre^*nbsp;Jiumble,trefobei{fant,amp;trefdeuotfils, cômei’en fupphenbsp;treshumblemét voftre Sainûeté, à laquelle i'efpere rendre bien toft folennclle fnbthifsion , pareille à cellenbsp;mes predeceflèursRoys, par perfonnage expres quel®nbsp;délibéré cnuoycf vers voftrcdice Sainteté, fi toftqi*’quot;nbsp;luy plaira l’auoir aggreablc, ainfi qu’elle entendra par **nbsp;Gentilhommequcdepefche àprefent ledit fiéutCardi'nbsp;nal de Bourbon mon oncle, tant pour ceft efFeü,qu'aiift*:nbsp;pour fuppliertreshumblemét voftredite Sanûetedem*nbsp;part,qu’en approuuant le mariage, dont il aplesâu R®^nbsp;m’honnorer auecques Madame fa fœur, nous donnier quot;nbsp;«ittroyiez pourlaconfanguinitéqui eft entre nous, la drnbsp;fpenfe qui fera necelTaireiauec telle abfolutionqne nounbsp;amp; noftré profperité en demourioiis defehargez enuefnbsp;Dieu amp; voftredite Sainfteté.
Laquelle,treflaitift Peré,ie Tupplie lé Créateur voul®*^ longuement conferuer amp; maintenir, pour le bien,/^,^nbsp;Îimeamp;gouuernement de fadite fainâe Eglif®-
Paris le troifîefme iour d’Oftobre gt; l’an mil foixantede douze.
Refpoi^*’
-ocr page 743-l’eStat de frange;
Kefpönfe de noftre treflainä; Pete att RoydeNauarre.
NOftre trefcherfils enlefus Ghn'ft, Salut amp;benediV âion Apoftolique. Nousn’auons jamais leu chofenbsp;plus agreable que les lettres de voftremaiefté. Car quanbsp;peut yn pere foubaiier amp; eftimer davantage,que voir founbsp;fils trefeher releué de la mort ? Ou quelle mort peut-onnbsp;trouuerpluspernicieufcamp; miferable que celle de l’ame*nbsp;Et quelle vie doyuént les hommes plus defireramp; aimernbsp;que la foy Catholique? De laquelle qaicôque eft decheu»nbsp;s’elt enfemble aliéné d’efperance amp; charité, c’eft à dire,nbsp;qu’il a fait perte entièrement de tout bien. Carfelon cenbsp;que nous auons de foyinous aimons,dit fainft Gregoire-Et autant que nous aimons,autant nous donnons d’elpe-ïance. Varquoy fainélPauI appelle la foy fubliftencedtnbsp;Vray fondement des chofes qu’on efpere. Nous deuonfnbsp;defirer premièrement celle foy dire des Chreftiensnbsp;maintenue dcperpetuceinuiolablement enfon integri-té.Apres,fi quelqu’vn s’eft feparé d’icellc.qu’aufsi tort il ynbsp;foitreüny. Ayans donc leu les lettres de voftre maiefténbsp;touchant voftre reduftion à noftrc mere l’Eglife ,de laquelle la deception amp; impiété d’autruy vous auoit diftraicnbsp;amp; feparé, lors que pour la fîmplicitédevoftrebasaagc,nbsp;Jl auiez le jugement d’y penler; nous auons rendu infimes graces àDieu.Et encore que fufsiezabfent de corps,nbsp;vousauôs eu prefent en cfprit.chery amp; embrafl'é de cœurnbsp;amp; de penfee în’ayans moindre ioyeamp; plaifirqucccpa-fleuramp; ce pere qui nous eft propofé en l’Euangile. Ecnbsp;auons aufsi voulu dire corn me luy, Efiouifléz-vous auecnbsp;Jnoy, cari’ay trouué ma brebis laquelle eftoit perdue.nbsp;Et ce mien fils eftoit mott,amp; eft refùlcité.il eftoit perdu,nbsp;amp;eftretrouué. C’eft à prefent que vous eftes noftrq fil»nbsp;reftitué à noyis amp; à cefte Eglife militante de la grace denbsp;Dieu , fous l’enfeigne duquel vous vous eftes entoilé amp;nbsp;donné la foy au fainft Sacrement de BaptefmeUà haulnbsp;aufsi vous luy eftes amp; à l’Eglife triomphante tellementnbsp;conioint,que cefte vcritémefme tefmoigneqû’ilyaforcnbsp;grande ioye au ciel de voftre conuerfion amp; refipilccacc.
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Il refte qu’à ces deux points que nous voyons en vofdite» lettres. afâuoir Jefplaifîr amp; repeiitauce des oftênfes paf-fees,amp; profefsion de la vraye foy,vou$ adioulbez ce troùnbsp;lîeme de S.Cypnan. Celuy ,dit il, fait penitence, lequelnbsp;eaptiuant fcs aft'edions âc volontez en i’obciflance üesnbsp;commandemens de Dieu,amp; obtempérât à fes minillreSjnbsp;par fes officieux lcruices amp; bonnes œuures fe rend Dicà-propice amp; fauorable. Ge que nous efperons de voftrenbsp;jnaiefté,parle moyen de ccfte grace de Dieu,lequel vousnbsp;s retiré de fi grandes tenebres pour vous donner l’iieu-reufe iouifl'ance de fa lumière admirable. Etnouspro-*nbsp;mettons aufsi que toufiours vous vousreprefenterezde-uantles yeu.x fes benefices amp; faueurs. Et que tout ce qué^nbsp;vous auezdericlieflesjde dons d’elprit, de grandeur amp;nbsp;puiflance (dont vous eftes de cefte beneficence diuinenbsp;Iieureulém ent accôply) vous le référerez. amp; eu vferez dunbsp;lout à la gloire amp; louange de Dieu, amp; que par ce moyennbsp;vous vous per.fiiadcrez que ce n’eftpas aflèz que vous entendiez quelles doyuent eftre vosatlions, fi enfemblenbsp;vous ne faites ce que vous entëdez eftre de voftre deuoir.nbsp;Car ceux qui oyent la Loy ne font point iuftesdeuantnbsp;Dieu , ains ceux qui la mettent en cft’eû feront iuftifiez-Et tout ainfi que les œuitres ne font pour rien comptéesnbsp;fi elles n’accompagnent la foy:ainfi la foy eft morte tansnbsp;les œuures.Efleuez l’iionneur de vos penlees à chofesdi-gnes de voftre maiefté amp; vertu Royalle. Et cognoifieZnbsp;cefte grace amp; débonnaireté infinie de Dieu enutrs vous-Car il preferue amp; garde les vns des leur enfance en leurnbsp;innocence amp; pureté de vie, amp; perm et les autres tomberinbsp;afin que d’autant plus ardemmctils fe leuent pour coin-battre,que ignominieufement ils eftoy ent tombezdeua®nbsp;les yeux de ce grand amp; fouuerain Capitaine. Et que parnbsp;eertc ardeur^ vertu ils effacent toute uche amp; ignominie dont ils s’eftoy ent au parauant fouillez. Qui en vferanbsp;de cefte façon amp; aiiec cefte profefsion de penitence amp; denbsp;foy,dônera tes fru its dignes de ces deux vcrtus,fe pourrinbsp;bien promettre amp; attendre les falaires que Dieuarefer-uez à ceux qui l’aiment, plus grands que les yeux pi lesnbsp;oreilles ni tout autre fentiment peuuent perceuoir amp;nbsp;•eomprendre. fit de ccfte mefme grace de recompenfenbsp;feronl
-ocr page 745-L'ESTAT DE FRANCE. 717 ferotbienheiirez IcRovTrefchreftienJa Royne,le Cardinal de Bourbon,amp; le Duc de Montpenfier, par lefguelînbsp;Dieu a voulu que fufsiez fi faindemenl induit amp; perfuadénbsp;à larevnion de l'Eglife Catholique, Leur foyamp; vertusnbsp;vous doyuent eftre à imitation. Et d’autât que vous efpe-rez plus grande recompenfe, parce qu’il eft croyable quenbsp;voftre redudion fera caufe que par voftre exemple plu*nbsp;fieurs fe réduiront. Confideréque la vie du Prince eîl Unbsp;rcigle des adions du peuple. Nous vous enuoyons ladif-penle que vous demandez.Et s’il furuient autre chofe ennbsp;quoy nous peufsions par l’authorité Apoftolique gratifier a voftre Maiefté gt;nous defirons en eftre auenis , afinnbsp;de vous donner argument trefmanifcfte de noftre bien-vueillanceamp;alFedionnee volonté en voftre endroit.
Donné àRome ,de faind Pie-re fous le feel du pef-cheur le premier iourdeNouembre,mil cinq cens foi-xante amp; douze,l’an premier de noftre Pontificat.
Lettres de Monfeigneur le Cardinal en-uoyces à noftre trcftainift Pere.
Pere, apres auoir baife' la fainÜeté de ?orpieds en toute humilité'.
tnesdernieres lettres i’auertilTois voftre Sainteté que le Roy de Nauarre, fa Sœur , le Prince de Condé,amp; fes frétés mesneueux »enfemblela Marquiicnbsp;d’Ifle ma niepce, laquelle ledit Prince de Condé auoicnbsp;efpoufee hors l'Eglife.eftoyent par la bonté amp;mifericor-de infinie de noftre Dieu tout-puiflant, venus à celle resolution , qu’ils ont abiurc l’erreur de la Religion dontnbsp;ils eftoyent imbeus des leur enfance, receu noftre Religion Catholique, Apoftolique amp; Romaine,amp; d’icelle faitnbsp;publiquemét libre amp; volontaire profefsion.En quoy certainement nous n’auons pas eu peu à faire.Car ayas prinsnbsp;l’auis des plus recommandez en d,otriueamp; bonne vie, amp;nbsp;plus fignalez Doéleurs que nous ayons en la faculté denbsp;Theologie,amp; enfemble de quelques Eueiques, pour menbsp;çonforter amp;;iideren i’affetion amp; fçlicitudç que l’auoi^
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«le defrieiner ccfte perte amp; pernicieux erreur, graué SJ cmpraint en l’interieur de leurs cœurs.Nous y auons employé beaucoup de iours le plus fouuent fans nul effeû:amp;nbsp;aeantmoins apres nous eftre pluCeurs fois rafiemblez Sçnbsp;conuenus furcefte mefmeoccurréce.finalement ontveunbsp;idefcouuertamp; conu les piperics,menfongesamp; abus denbsp;leurs minirtres, amp; ont confeflc ouuertement, qu’il n’y anbsp;autre Egliiè que l’Apoftolique amp; Romaine. Etenceftenbsp;creance alTeurez,l’ont cmbraflee, non point par fimula-lion.ains d’vne fî grande gayeté amp; fincerité de cœur,qu’ilnbsp;4Be feroit impofsible ledire,nipenfer feulement,fans vnnbsp;ƒ laiiîr extreme amp; contentetqent indicible. Car de toutenbsp;l’anxieté d’efprit,amp; fafcheries,dont par plulîeurs ans paf-fcz i’ay efté inquieté,pen Jantqu’ils ertoyent tenus captiSnbsp;dansles liens de ccfte herefie, ie mefensparce feulbénéfice de Dieu du tout allégé amp; garenty .A l'infinie bonténbsp;duquel ic dois amp; rendray toute ma vie graces immortelles. Et quant à voftre Sainfteté, parlafuafion StfainfteSnbsp;monitions de laquelle i’ay entrepris la peine de cefainânbsp;«euure, ie iuy dedie aufsi vne feruitude perpétuelle, amp;re-^oy auecelle vne ioye infinie pour la fifainfte conuer-ÿon demes nepueux à la reunion de l’Eglife ,lefquel$nbsp;promettent par leurs aamp;ions , que iamais ils nç def-•Toyeront del’obeiffànce de lafainéte amp; inujolable Egli-fe Romaine. C e qu’ayîs conu, par l’auis defdits Dofteurs,nbsp;luefques, amp; duNonce de voftreSainfteté,qui m’atouP-jours afsifté en toutes ces chofes,amp; duquel l’aide m’a eftenbsp;»refagreable,les auons receus au giron del’Eglifefous Unbsp;faneur de voftre grace amp; clemence. Attendans amp; iraplo-rans pardon amp; benediftion plus ample de cefte voftrenbsp;$ainéleté,laquelle afin d’impetrer,amp;vous faire plus gradenbsp;prenne de leur reduftion,penitencc,amp;; fincere obeiflancenbsp;enuers le fai nft fiege Apoftolique,ont délibéré prefenternbsp;leurs requeftes à la Sainfteté de vos pieds. Quât à moy,denbsp;peur qu’en ce faift de Religion il ne femble que ie leurnbsp;vueille interdire ce qui eft de mon deuoir,amp; fi fort m ei-loigner des loii de nature, amp; du fangdc mes ayculx, isnbsp;fupplie à genoux tresbumblemét cefte voftre beatitude,nbsp;qu’il luy plaife tirer des threfors de l’Eglife l’indulgencenbsp;qu’elle leurconoiftra proprede felon le
-ocr page 747-L’ESTAT DE FRANCE. 719 offenfes.Etayantcfgardàl’inftitution amp; education qu’il«nbsp;ontdes leur enfance receuc auec le laiâ:, leur ouurir ennbsp;leur penitence les bras du benefice devoftre indulgence,nbsp;amp;leur pardoner gracieufement ce qu’ils ont offsnfé de-üant qu’ils euflent reccula doctrine de la fainâe Eglifçnbsp;Catholique,amp;approuuM par fon authorité Apoftoliquenbsp;leurs mariages , afin qu’eux Si leur poftenté en dei^eurent defchargez, amp; qu’ils puiflcnt aleurfaluc en foutenbsp;vertu amp;fainftetépaficr le refte de leur vie.Car plus ils Cenbsp;refentirôt de l’indulgence amp; benediétion de vollre fain-ûeté.d’autantpluseftroitement demeureront aftraints S;nbsp;obligez à rendre le feruice qu'ils luy doyuçnt.à receuoirnbsp;les coramandemens.en l’obeiflance de ccftc voftre fain-fte amp;^oftoliqueauthorité.
'^fcflainft l’ere.ie prie le Tout-puiflànt de vouloir con C^fuerÿcmaintenirvoftre fainftece pour lebien amp; régies de fon Eglife, amp; de toute la Chreftienté. De Paris I4nbsp;troifiemc Qaobre.
Refponfc de noftre creflàinit Pere le Pape à Monfeigneur le Cardi -nal de Bourbon.
'^ftre fils bien-aimé, falut amp; benediétion Apoftolî-Que-Par vos lettres,amp; celles 4e nos trefchers enfans
les Roy de Mauarré, amp; Prince de Çondé, lefquelles nous auoHsleupIufieursfois auec autant de plaifir 8e çontcn-tement qu’il eft pofsible , Auons conu de quel bien Senbsp;don dé graces Dieu a par fa bonté, eux,vous, nous. Si fonnbsp;heureufement fauorifcz. Cardestenebresd’im-pieté les a retirez à la trefpure amp; trefagreable lumièrenbsp;de la vérité Catholique, amp; de la mort rcleucz à la vie. A,nbsp;voulu que d’vne fi fainéie Sccelcfte entreprife vous fuf-fiezAuthcurScmoyen, auec tant de foucieufes peines,nbsp;pour puis apres recôpetifcr en abondance Si bien -lieurernbsp;cternellcmcilç le merite devoftre zele St parfaiteafFe-ßiontque nous en vne fi grande efîouifl'ance de tous Vier?nbsp;fufsions remplis du plus grand plaifir qui fe peut dire.nbsp;G’çfiaufsjlafentence des fainfts Peres quiconoiflbyer.?
MEMOIRES DE
cela par experience,que l’Euefque fymbolifeamp; participe par ie ne fay quelle fympathie en la ioye que l’EglÜe reçoit de voir en elle fe maintenir Si accroiftre l’honneurnbsp;oeDieu. Parce que la gloire de l’Eglife eft celle de Ionnbsp;pafteur amp; prélat, A celle Eglife ces trefillullres amp; trel-chers enfans font reflituez Si reunis en leur premiere intégrité de foy, amp; auons efperanCe de la bonté amp; miferi-corde infine de Dieu,que celle ioye tant particuliere quenbsp;publique viendra à l’accroiflement amp; comble de fa per-îeflion.A l'occafîon que par vn tant inlîgne amp; remarquable exemple plulîeurs ferôt pouffez amp; induits reprendrenbsp;le chemin pour r’entrer en l’Eglife d’où ils s’elloyentnbsp;fouruoyez amp; eflongnez entièrement. Quand aux peinesnbsp;que vous auez prinfes pour effeâuervnh fainélocuure,nbsp;nous ne les pouuons louer que par les parolles de cenbsp;treflàind: Pere Gregoire.Si nous confiderons exaéleméfnbsp;(dit-il) les chofes inuifîbles, cell plus grand miracle con-uertir le pecheur par la parollc de prédication amp;confo-lation de propos fâinéls,que refufeiter vn corps mort.nbsp;Carence.'luy efl refufeitee la chair encores mortellenennbsp;l'autre eil viuifieel’ame pour viure éternellement. Orünbsp;c’cll chofe fâmU'ereamp;commine à tous ceux qui fontnbsp;tenus captifs Si aueuglez en l’obfcure ignorance de leursnbsp;vices ,auoir à contre-cœur amp;aufsi grief que la mort,denbsp;fe tirer de celle obfcurité à la refdeleftable lumière denbsp;vertu,il eft certainement encores plus difficile àteuxqu*nbsp;font enfeuelis dans les tenebresde l’heretique impiem»nbsp;de s’en pouuoir efchapperÄ; affranchir. Carlediablele*nbsp;tient plusauantplongez,amp; ellroitement liez, vovatqu’ilnbsp;n’y a autre crime , par lequel il puiffe def-vnir amp; feparefnbsp;les hommes de l’Eglife,amp; les rendre ennemis d’icelle. Änbsp;que tant que la foy tiendra fon liege dans le cœur, il y*nbsp;efperance de falut, Si qu’anfsi toll qu’elle en ellhprsnenbsp;relie que l’attente d’vne ruine perpétuelle amp; future damnation. Dieu vous ayât donc fait celle grace qu’ayez peunbsp;faciliter Si douer heureu x Ihccez i la difficultéd’vne tellenbsp;O'-currence; querelle-ihfinon que tant qu’il fera en nousnbsp;pofsible nous rendions treshumbles graces àcelluy no-lire Dieu, Sc luy recômandions de toute nollre affeftionnbsp;fes enfans? Nous leur efcriuons amp; délirons que vousleurnbsp;confit-
-ocr page 749-L’ESTAT DE FRANCE. 721 confirmiez par parollcs lespromefles que nous leur faisons, aiauoir que nous les aurons à ramais trefcliers, amp;nbsp;que nous lie perdrons vne feule occafion,où nous puif-fions der.ionftrer amp; faire paroiftre nollre paternelle affection enleurendroit.Nous leurenuoyons les difpenfesnbsp;qu’ils demandent. Et s’il y a autre cEofe en quoy nousnbsp;puifsions vous amp; eux gneißer, ce nous fen plaifird'eanbsp;cftre aduertis.
De fainâ Pierre à Rome, fous le feel du Pefclieur, le premier de Nouembre, M. D. LXXII. Et de noftrcnbsp;Pontificat,l’an premier.
Lettres de Monfeigneur le Prince de Condé,enuoyees à noftrc tref-fainét Pere le Pape.
Reflainct Pere , L’Iiumble confiance que nous auons en l’amour fainfte amp; paternelle afFedion , que vous
auez toufiours eue enuers les vrais enfans de Dieu , amp; de la grace amp; douceur de laquelle voftre bonté couftumierenbsp;’'fe à l’endroit de ceux qui pour quelque temps efgarezamp;nbsp;diftraits de voftre troupeau, te veulent d’vn cœur contritnbsp;amp; humilié retourner à fa fainfte amp; Catholique Eglife,nbsp;nous a telleméteflongné la crainte amp; la doute qu’autre-mcDt nous ponuions auoir iuftementde la méritée rigueur de voftre feuerité,qu’apres auoir elle doucementnbsp;amp; fainiftement admoneftez par noftre trefeher amp; tref-honnoré Seigneur Sc oncle Moniîeur le Cardinal denbsp;hqurbon, amp; prins le fainft auis des plus fpeciaux amp; religieux Doâeurs de la fainfte faculté de'Theologie ,quinbsp;n'Ont voulu , ne nous aulsi, douter que la fainde conuer-fiondu pecheur ne foità noftre bon Dieu trefagreable:nbsp;Nousauôs eftimé, Pere treflainft.que nous eftans maintenant retournez à la foy de noftre premiere creance, Unbsp;marque de laquelle nous auons par vos miniftrescy devant receu'c aufainft Sacremétde Baptelme,voftre Sain-fteté en ayant plus efgard au defplaifîr amp; repentance quenbsp;UiaintenSt nous auons denos offenfespalTees.procedcesnbsp;plus de l’inftitution amp; education,que nous encores ieuncs
-ocr page 750-7ii MEMOIRES DE
I St
amp; tendres de I’efpritamp;iugemét.auons receuédel'âutruy, lt;jue de noftre malice amp; conoiflanceme nous refufcra(s’dnbsp;iuyp!aift)de nous ouutir maintenant les bras du beneficenbsp;de foil indulgence, amp; de nous receuoir au giron d’icellenbsp;fainitc Eglife Catholique,Apoftolique amp;Rómaine,eu laquelle par proteRajion de dorefenauat y viure mourir,nbsp;pous vous reconoilfons pour chef amp; vicaire general denbsp;Dieu en terre,amp; comme tel nous daignez déformais tenir amp; reputer pour vos treshumbles amp; trefdeuots enfans*nbsp;amp;fiipples brebis de VQlfre fainÊt troupeau,receuantdçnbsp;nous la confefsion denoftre foy,creance, reduélion.pS'nbsp;nitence,amp; obeiffance que nous faifons à iointes mains dsnbsp;coeur deuotamp;d’efprit humilié aur pieds de voftre Sainteté,femblable à celle que nous auôs atuellement faitsnbsp;par deçaidu tefmoignage de laquelle il plaiftbienauRoYnbsp;noftre fouuerain Seigneur nous honorer, amp; vous en fairenbsp;foy parles lettres qu’il en eferit prefentément à voftrenbsp;Sainéteté,à laquelle aul5i,trelïàinéîPere,reconoiirans l’o‘nbsp;fenfe que nous mal confeillez auons cômife enuers Die**nbsp;amp; voftre Sâinfteté.au mariage qui s’eft acôply entre nousnbsp;deuxeoufins germains,enfans du frereamp; de la faut,contre l’ordonnance amp; inftitution de noftre mere fainftenbsp;glifciftipplions treshumblcment voftre Sainteté nous lanbsp;remettre amp; pardonner, amp; en icelle approuuant, nous accorder voftre grace amp; difpenfe de confanguinité, amp; not’nbsp;en donner telle abfolution,que nousamp;noftre poftef*^^nbsp;demeurions defehargez enuers Dieu amp; voftre Sainftctc^nbsp;Laquelle,trcllainftPere,nous fupplions le Créateur vou^nbsp;loir longuemët conferuér amp; maintenir pour le bien,g°nbsp;uernefTjent Staugmeritationde fafaihte Eglife.
Eferit à Paris le j.iour d’Oétobre,l’an M.D. LXXH •
Refpofc de noftre treflaind Pere le P3.pß à Monfeigneur le Prince,Madame la Princeffe de Conde.
Bien aimez amp; Nobles enfans en lefus Ghrift, benedition Apoftolique. Loué foit Dieu amp;
-ocr page 751-L’ESTAT DE FRANCE. 715 Seigneur lefus Ghrift, Pere Je mifericorde, amp;Dieu denbsp;toute çonfolation,qui nousconfole en toute nolhe affli-ftion. Car auf'si nous nedeuonsvfer d’autres termes ennbsp;vne fi parfaite ioye, laquelle nous a leiié tout le defplaifîrnbsp;amp; ennuy que iufques à prefentnous auions porté de lanbsp;perte de voftre falut en la feparatiôde l’Eglil'e.Et de cellenbsp;Jnefme ioye l’vne amp; l’autre lerufalem,celle terreftre Si lanbsp;celelle,eftremplis.Nous auons leu vos lettres, tefmointnbsp;des biensamp;faueiirs que Dieu vous a de fa grace libéralement départies pour voftre fi libre amp; alaigre profefsionnbsp;de foy St. revnion au fein de noftre mere Eglife vnique,amp;nbsp;hors laquelle n’y a point de falut. Or d’où la malicieufenbsp;fraude ifautruy vous auoit retirez amp; feparez, là voftre af-feüionamp; franche volonté vous'a revnis.de forte que cellenbsp;fcparation ne vous peuttourner à blafme,amp; voftre redu-ftionvous revfsità honneur amp; louange perpétuelle.Ayâïnbsp;donc leu vos lettres, nous nous fommes elîouysd’vn aifenbsp;amp; contentement indicible. Car par icelles nous eonoif-fons que vous auez reporté la gloire du triomphe furienbsp;diable, lequel s’eftoit emparé Ùe la for ter elfe de la foy,nbsp;«’eftafauoir qu’il auoit renuerféle fondement de falut.nbsp;Maintenant celuy aux yeux duquel toutes chofes fontnbsp;’’’^^’amp;defcoLiuertes,enfeigneque fait cell ennemy eftâtnbsp;l’e/prit jmmôde(dic-il) eft forty del’hom-ine, il marche par lieux fees amp; arides cerchant repos, Sfnbsp;n en trouuepoint.Alors il dit,le retourneray enmamai-fon.d’ou ie fuis forty. Vous donc,trefchers enfans,veillez,nbsp;amp;refiftez confirmez en lafoy, amp; parez-vous du boucliernbsp;de celle foy contre fes dards enflam mez, de peur que s’ilnbsp;^ousfurprentdefpourucus.ne vous aduienneeequi s’enfuit, Etlafindecellhommeell pire que le commencement. Soyez aufsi auertis.qu’il vous faut fouftenir vn autre combat. Car Dieu eftant renoncé non feulement parnbsp;paroles, ains aufsi par œuures, Satan s’efforcera de vousnbsp;öfter celle demonftration de foy, laquelle reluit aux ccii-Ures. Aceftecaufe donnez peine que celle foy que vousnbsp;portez aux cœurs foie aufsi demonftree amp; paroifle en vosnbsp;aftions extérieures, afin que tous conoillèntque là ou anbsp;abondé 1 e peché,la grace y abonde dauantage.Aufsi per-fcadez-veus que voftre foyamp;.vertus dignes d’homme»
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Clireftiens,joint l’excelléce de voftrc fang Royal amp; tref-iiiuftre,amp; le rang que vous tenczgt;ferontoccalîôn de falat à plufieurs.Car comme les adions 8c mœurs des Princesnbsp;font en,la veuëamp;: regard d’vn chacun, nous eiperonsquenbsp;par voftre exemple plufieurs feront induits reprendre lanbsp;foy Catholique, amp;fe maintenir en l’intégritéd’vpe ver-tueufe vie. O r vous ferez excitez à ces vertus que nous a-uons dites,amp; aux fluids dignes depenirence, quand vousnbsp;aurez ceft heur de vous remetttre deuant les yeux la fou-«enance des benefices amp; faneurs que vous auezreceudenbsp;noftre Dieu immortel. Car au lieu de peine vous au« denbsp;fa débonnaireté rapporté grace amp; milericorde,fans fairenbsp;preuue de celle trefgrieue fentencede faind Gregoire:nbsp;Les pecheurstiennentles yeux ouuerts en la peine, lef-quels ils ontfermezen la coulpe. Finalemét,haftcz-vousnbsp;dautantpluftoftparueniràDieu,que vousen eftiçzeflon-¦gnez,amp; penfez qu’il ell fcrutarcur de vos cœurs,amp; que vosnbsp;plus intimes amp;fecrettes cogitations luy font manifefteS'nbsp;cheminez deuant luy en fîneerité devie,amp;d’vn cœurpar-faitemétChreftieq.Quant à la dilpenfe quç vous JeniaU'nbsp;dez,nous la vous ottroyonsde bien bon cœur, amp;pe''ousnbsp;maquera iamais rien de noftre part de tout ce qui fe peutnbsp;fefperer d’vn pere trefdebónaire à l’endroit de fes enfansnbsp;bien nez amp; vertueux. Pour telsaufsi nous vous auouonsnbsp;amp; embraflbns d’vn faind baifer 8c bien-vueillance paternelle. ObeylTez au Cardinal de Bourbon voftre oncle,nbsp;vous perfuadez qu’il vous eft diuinement donné du ci®!'
De S. Pierre à Rome,fous le feel du Pefeheur, le premier de Nouébre,iî7i. l’an premier de noftre Pontificat-
Mefpoftfe deflus a efté dit que les fieurs de Biron, Strofsy,^ des B oche v^le Baron de la Garde auoyent elcrit lettres d’vn mefquot;nbsp;Jo!i aux nie argument,le premier iour d’Oclobre: ce quiinettoitnbsp;l^sRochelois en grande perplexité,veyans fpecialementnbsp;Strofs’y, amp;c g“«tre leur eftre denoncee par celles de Strofsy. Ora-Paron de P*es auoirconfultélonguemét, trouuerentrefoluemc«nbsp;la Garde, partout difeours, que la paix, telle qu’on la leur voulwçnbsp;donneneftoitleplus grand mal, amp; la guerre le tnoiaiire.nbsp;8c cerchans quelque bon amp; ferme fondement,trouueren^nbsp;que tout branlloit du cofte de la Cour amp; des Ccurrnans.
-ocr page 753-L’ESTAT DE FRANCE.
pirceque lafoyi quieft lefeul fondemét des Royaumes, ^^epubliques,amp; de toutes aftions humaines,eftoit bannienbsp;par la defloyauté de certains mefehans Confeillers : amp; nenbsp;^ettoit aux Rochelois remede plus propre, que fe tenirnbsp;Pur leurs gardes. Pourtant firent-ils brieue refponfeàcesnbsp;Seigneurs »contenant en fomme, qu’on leur promettoitnbsp;beaucoup, amp; que tienne s’efFcétuoit. Que perfonuesdenbsp;«e monde ne fauroyent eftre plus defîreufes d’vne bonne paix qu’ils eftoyét. Qu^on leurpropofoit à tous coupsnbsp;¦yne droite amp; fincere affedion du R.oy,amp; que neantmoin»nbsp;ils eftoyét moleftez amp; foulez en toutes forces,Que leurs ,nbsp;lettres precedentes amp; leurs paifiblcs deportemens mon-llroyent clairement la bonne volonté qu’ils ont auferui-« de leurs MaiefteZ.
¦ Sutcela.lefieurdcBironréuoyaincontinencverseux Solllcîti-’n gentil-homme dé la Religion nommé le fieur de la rions poat Riue.pour fauoir entièrement leur volonté,les priant parnbsp;lettres de l’en cfclaircir entièrement. Vn autre gentil- R“'“'“'»nbsp;Itoramc de laReligion,nommé le fleur d’Ouartyjqui auxnbsp;precedens troubles auoit longuement feiourné à la Rochelle, eftant requis du fleur de Biron, pria par lettres lesnbsp;Rochelois de faire eftatdes remonftrances du fleur de lanbsp;^•ue.s’aiTeurer aux promefles du fleur de BrrÔ,amp; fe don-garde de bailler argumét aux malins d’exercer gran
des cruamjj pjr prance.
LeBaronde la Garde eferiuit aufsi qu’il a efperance que tout fe portera bien,amp; leur donne confeil de députernbsp;deux de la maifon de ville qui aillent trouuer le fleur denbsp;•Biron j pourarrefterauee luy du moyen qu’il faut tenir»nbsp;paurfairc retirer les forces qui fontentour la villc,pareil-lement les eftrangers eftans en ladite ville : amp; qu’én fon •nbsp;pârticulier ilsdoyuent autant elpcrerde luy que d’amynbsp;qu’iisayent. .nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;..nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;¦ - ¦
. Cesailees Sc venues auee taùtde follicitations,confer-moyent les Rochelois en leur iufte desfiance, dautant qu’ils ne voyoyent execution aucune des belles promef-fes qu’on leurfaifoit. Pourtant férefolurent-ils de payernbsp;d'ancre amp; papier ccuxquilcs aguettoyétde toutes parts,nbsp;de en fe tenât à counert par moyen legitime,amortir peunbsp;Àpeu ( t’ileftoir ppflible) lachatfde cole de leurs enne-
-ocr page 754-7z«S MEMOIRES DE
mis. En continuant donc leurs precedentes refponfes, 3t renuoyerenc la Riue aucc lettres bien amples au fieur denbsp;Biron,comme s’enfuit.
lettres des Rochenbsp;lois aunbsp;ficur denbsp;Biron,
MOnfeigneur,apres auoirfait refponfe aux lettres qu’il auoit pieu à voftre grandeur nous eferire parnbsp;voftfe trompette,nous auons receulc iourdliierparM.denbsp;la Riue la recharge que nous auez eiïuoy ee: defirât d’entendre noftre refolution fur ce que noes auez eferit, amp; cenbsp;que nous demâdons. Aufsiauons entcduce que ledit lîeurnbsp;delà Riue nous a dit de voftre part. Vous fupplionstref-humblemët de nous exeufenfi ^uftoft ne vous auons faitnbsp;rclpôfe,amp; mefmes par efcritià ce qui nous a efté rapporténbsp;de voftre part par M.deTlionay-boutonne ; cat d’autantnbsp;qu'il ne portoit que parole, nous penfions audit fatisfaitnbsp;par paroles. Mais nous femmes trefdefplalfartsdecequenbsp;(comme nous pefions auoir fait par nos lettres du vingt-'nbsp;lîxiefmede Septembre) nous nevousauôs mieux efclair-cy nos volontez tresboiines amp; plus alfeftionnees pourlsnbsp;bié amp; feruice de fa Maiefté amp; le voftre,fous fon obeiflan-cc , dont vous fupplions treshumblement nous exeufer.nbsp;Labrieueté de noftre refponfea(peut eftre)donùé taufenbsp;àPoblcurité.Si eft-ce que par tout ce que vous auez efc”'nbsp;amp; fait dire par vos députez, il nous a femblé vous auoirnbsp;mis denant les yeux , le miferable amp; calam.iteux eftat denbsp;ce temps , amp; mefmement de cefte ville gt; la trefiufte douleur que nous auons de nous voir fi long temps licftile*nbsp;ment traitez, l’horreur des exemples prochains,les cau-fes toutes claires de noftre crainte amp; desfîance,non pointnbsp;de voftre grandeur, mais de plufieurs ennemis aperte'nbsp;ment déclarez de cefte pauure ville, l’extreme peril auquel nous nous fentons expofez, le défit afFe£bonné quenbsp;nous portons au bien, repos ,vnion amp; tranquilbté coirt'nbsp;munes , nos comportemenspaifibles en occafions fi ef-meucs amp; troublées, amp; la finguliere affeftion otc nousnbsp;portons naturellement à noftre honnefteamp;fainttelibet''nbsp;té, en laquelle là Maiefté a déclaré nous vouloir maintenir. Pour ces caufes auons fupplié voftre grandeur, comme faifons encor treshumblement, MonfeigneUr, de nenbsp;prendre en maiiuaife partl’eftongnement qu’auons faitnbsp;«k vous donner entree en cefte ville » que parauant qu .y.
«atrelt;
-ocr page 755-L’ESTAT DE FRANCE. 727 entrer Une vous pleuft enUoyerlî loin routés les forcesnbsp;^ui nous caulént telles craintes, que nous puifsions eftrtnbsp;nors de toute doute, amp; vous receuoir en toute feurcté,nbsp;piixamp; repos,fuyuantles edits de pacification. Et vousnbsp;Puuuezbien affeurer qu’il n’y a eu, de noftreaage, gouverneur mieux venu,refpeâ:é,honnoré amp; obey,que vousnbsp;ferez de nous,fi ce bien nouseftoit aduenu : amp; donnerieznbsp;Jnoyen à quelques pauuresgens s’enfüyans, fauuei desnbsp;inaflàcres, amp; autres qui ne pouuans demeurer à lèureténbsp;vn leurs maifons, fe lont retirez en celle ceinture à cou**nbsp;Vert, de prendre leur liberté ailleurs,amp;à nous de les ennbsp;«ire fortirle plusdoucemenrquepourronsxequ’aùtre-vientne ponuons honnéftement faire,amp; en feureté rtief-^os de nous, pour le nombre qui y eft. Car d’eftrangersnbsp;vyenavnfeul.-bienyfônt quelques vingt ou trente gen*nbsp;*ilslioinnaes, amp; plufieurs de nos voifins, qùi pour n’eftrenbsp;puiez, faccagez amp; tuez en leurs maifons ,fontvenusicy,'nbsp;’ufquels n’auons peurefulèrhonnefte retraitedefquelsnbsp;°ut tous en pareille deuotion que nous.Et n’y a celuy de ’nbsp;Vous qui n’ajt rgeeu vn irefgrâd mefeontêtemènt du rap-nous aditvousàuoir efté fait,qu’on vous a,nbsp;e cercher en voftre logis à la larrie, le foir que vous en
Çg P nbsp;nbsp;’Pour vous outrager : car nous n’y auons penfé.'
ch °”^’Pvutefire,quelques coureurs qui tiennent leÿ nonbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘^^’bandez des compagnies de l’armee, lefquelr
celte ville, amp; n’approu-' ns leurs aâions en aucune Chofe, amp; moins en 00116-1)quot;nbsp;JJ V’s ils nous fontbeaucoup de nuifance , amp; telle, que flnbsp;*’ecraignions de trop entreprendre,nous ferionsnbsp;del’*nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;railleren piecesxomme du tout,amp;
Te 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ville,le fieur de la Riue vous pourra fai-
feit, '** Nous vous fuppliôs treshumblemct.Mon-i,o°''^.^r’ne nous imputer celle infolëce, de laquelle n’a-j(. feeu que par rapport, de feriôàs bien marris d’y t • vonfenty.-ains vous afleurer que nous délirons tousnbsp;aff A^.’^^’^brnble feruice à voftre grandeur d'àufs» bontiéquot;nbsp;d; D • *'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;faluons tresLumblement vos bônes graces,
löamp; L æ® ’ oofeigneur, vous donner, en fa grace, Vû Lvie.De laRochelIe le 4.d’Oélobre i Î7Wnbsp;¦ “’tfvshumblesferuitcursjçf îi(J4««iEfcheuint,amp;lt;,
4gt;'
-ocr page 756-718 MEMOIRES DE
Stratagème contre IcsRochc-loi$.
Trois iours apres ces lettres enuoyees.Ie fleur d’Ouar» tyefcriuitvnc lettre(afauoir le feptiefme dudit mois)qu'ilnbsp;enuoya au Mairedefuppliantluy permettre d’enleuerdenbsp;la Rochelle foixante quintaux de bifeuit ,pourlenauirenbsp;du fleur Strofsy fur lequel il s’en deuoit aller, come aufsinbsp;(difoit-il)le refte des vaifleaux auoit commandement denbsp;fe retirer, amp; eftoit commandé aux gens de pied de s’ennbsp;aller promptement en Picardie.Outreplus,il demandoitnbsp;quelques vins, amp; de l’artillerie: adiouftant qu’il n’euft faitnbsp;celle demande,flnon dautant qu’il fauoit bien que cela«®nbsp;pouuoit incommoder la ville,amp; qu’ils le pouuoyent iiffnbsp;mpnt executer.
La refponfe fut, que les bifeuits eftoyent aux partie«' liers qui s’en eftoyent munis, parce qu’ils ne receuoyen'nbsp;plus de farines amp; bleds , àeaule des palTagesqui leur®'nbsp;ftoyentferme2,commc il fauoit tresbien. Quant au vi«’nbsp;vendanges n’eftoyent encor fàites,amp; n’elperoit-on ennbsp;cueillir que pour la prouifion de la ville feulement.'Tn«'nbsp;chant l’artillerie, le Maire difoit y auoir fatisfait par ''B®nbsp;autre lettre.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
Vnechofefafchoit le Confeil fecret. C’eftqu’apfes*^^ maflàcresplufleurs s’eftoyent fauuez hors du RoyauBt ’nbsp;qui pourroyent beaucoup nuire auec le temps. Pourra ’nbsp;afin de les faire reueniramp; les attrapper plus ailément’nbsp;auifé de dreflèr vne declaration au nom du Roy,nbsp;fait de ceux de la Religion qui s’eftoyent abfenteï Bnbsp;du Royaume depuis le iour des maflàcres. C’eftoit a .j^nbsp;pour esbranlerceux qui s’eftoyent retirez à la P-® -.p,nbsp;amp; ailleurs en feuretç. On drelfa donc celle declarat^^jnbsp;qui fut enuoyee aux bailliages amp; villes de Franc® P^gnbsp;eftre publiée : ce qui fut.faiten diuers endroits', co®nbsp;s’enfuit.
De par le Roy.
NOftre amé amp; féal, nous femmes aduertis q“ cafion de ce qui eft aduenu le vingtquatri®)®nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f
d’Aouft dernier palTé au feu Amiral de à fes f°P nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ftr
la malheureufe amp; deteftable côfpiration nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;aufi*
te contre noftre propre perfonne amp; nollre
-ocr page 757-L’ESTAT DE FRANCE. 72^ four quelques meurtres qui fe fontcômis par la fureur dûnbsp;peuple en aucuns endroits de noftre Royaume, de ceuxnbsp;de la nouuelle opinion : aucuns d’iceux craignans, pofsi-ble, qu’il ne leur fuft fait quelque outrage, ou pour autrenbsp;occalion, fe font fans noftre congé amp; permifsion rendusnbsp;abfens de noftredit Royaume,amp; retirez es pays qui fontnbsp;hors de noftre obeilïànce: N’ayans point fceu (commenbsp;nous eftimons) lescommâdemens que nous auons fait*nbsp;expres aux Gouuerneurs amp; Lieutenans generaux de nosnbsp;Prouinces, amp; à nos luges amp; Officiers, de les maintenirnbsp;fous noftre proteéfion amp; fauuegarde, amp; de les preferuernbsp;de toute violence, tant en leurs corps qu’en leurs biemÿnbsp;foutueu qu’ils fecontiennentdoucement,amp; obeiflentinbsp;nos commandemens. Et pource que nous confîderonsnbsp;bien les grands maux, peines amp; necefsitez que peuuenCnbsp;fouffririceux nofJits fuiets de ladite nouuelle opinion,nbsp;quifefontabfentez, eftans maintenâtdeftituezde biensnbsp;amp; rnoyens pour furuenir à leurs necefsitez, amp; que nous'nbsp;délirons, comme bon pere de famille , de ne les laiflernbsp;perdreimais au contraire les ramener À nous,amp; les mai«nbsp;tenir amp; conferuer,fe deportans en noftre endroit auéc lenbsp;^euoir de la fidelité amp; obeiflance qu'ils nous doyuent.nbsp;A «fte caufe nous vous mandons, commandons amp; tref-CstprelTetnent enioignôs, que vous ayez à foigneufemécnbsp;^ous enquérir Je tous ceux de ladite nouuelle opinio,quinbsp;au dedâs Je voftre bailliage,reflbrt amp; iurifdiftion.fe fontnbsp;retirez amp; abfcntez hors de noftre Royaume depuis leditnbsp;xxiiii.iour d’Aouft, de leurs noms, furnoms ,quilitez amp;nbsp;^emeurances : dcfquels apres auoir efté bien informez.nbsp;Nous voulons que vous les faites appeller à Ban, amp; leurnbsp;^Suifier (parla façon qui eft accouftumee à l’endroitdesnbsp;abfens) qu’fts ayent à s’en reuenir dedans certain tempsnbsp;competant amp; râifonnable, que nous voulons leur eftrenbsp;pource par vous prefix : Lequel expiré, là ouilsnefere-prefenteroyent, dont nous ne pourrions iuger en euxnbsp;autre chofequ’vne mauuaife volonté,amp;grande defobeif-faiice à nos commandemens,Nous voulons amp; entendôsnbsp;que vous faites procéder à la faille en noftre main denbsp;tousamp;chacuns leurs biens tant meubles qu’immeubles.nbsp;Au regime delquels vous eftablirei bös amp; fufÇfansCom-
-ocr page 758-7}o MEMOIRES DE mtflàires,quilescoutrcgardent foigneufen)ét,amp; enpuiftnbsp;fent refpondre , amp;. rendre bon compte quand amp; à qui ilnbsp;appartiendra, amp; que par Nous ou luftice fera ordonné.nbsp;Nous aduertiflancdes nomSjfurnomsjÄ: qualitezdeceuxnbsp;qui fe feront ainiî rendus abfens au dedans de voftrcditnbsp;refibrt, amp; du denbir que vous aurez fait à executer nolnbsp;prefcns vouloir amp; intention. Et à ce ne faites faute, Carnbsp;tel eil noilre plaifir. Donné à Paris lehuitiefme iournbsp;d’0£lobre,mil cinqcensfoixante douze. Signé,
CHARLES. Etau delïbus, Brulaît.
D’Vn autre collé le Baron de la Garde qui n’eftoit moins affeélionné àlafurprinfe de la Rochelle quenbsp;le lîeur de Biron, ne laiifoit pafler iour qu’iln’efcriuiftnbsp;aux Roclielois,péfant parles importunit«z,ouautremét,nbsp;les amollir , comme on fait la cire à la manier. Mais cenbsp;Confeiller leur eftoit fi fiifpeét, que fes lettres eftoyenfnbsp;autant d’inftruélions pour le desfier de luy amp; de fesfem-blables.En ce temps donc il leur efcriuit deux lettres quenbsp;BOUS auonsinferees en ceil endroit.comme en leur propre rang, fuyiiant l'ordre du temps,auec les relponfes: lenbsp;tout comme s’enfuit.
lettres da Baron denbsp;la Gardenbsp;aux Ko-chclois.
MEfsieurs,Incontinent que nous eufmes veu vos der nieres lettres, M.de Biron, le S.de Strofle amp; moY»nbsp;nous commençafmes à faire acheminer les geris de piednbsp;amp; les eflôgner de voilrc ville, afin que perfonne ne peuftnbsp;dire qu’on vous vueille faire aucune futprife. Et du collenbsp;delà mer, ie fis renuoyer les mariniers que i’auois f**'nbsp;venir en Brouage.pour armer quelques vaiiTeaux, en’O-Iô té de les tenir fi près de vos r3des,que ceux qui ontnbsp;armer des gallions n’eulîent ofé fortir de volhe haute.nbsp;Nous auôs faittoutceci,afin que faMaieftéconoiflequenbsp;Ion ne vous a iamais donné occafîon devons plaindre,nbsp;comme vous auez fait: voulans obéir en tout amp; par tout,nbsp;comme nous deuons. Mais eftantaduerty hiermatindenbsp;diuers endroits,amp;deperfonnagesveritables,queiecroy,nbsp;que vous autres permettez encor la demeure autour denbsp;voftre ville à des côpagniesde gensdechcualamp;de piedrnbsp;faites armer amp; equiper des vaifleaux dans voftre haute,amp;nbsp;aufsiau Plomb:queiourneliemctvoschalupesamp;gallio*nbsp;font des deprcdatiôs furies pauures fuicts defaM^*^*quot;'
-ocr page 759-t’ESTAT DE FRANCE. 7?x amp; fe font mis en effort de deffeodre en l'iile.de Rhé, lânsnbsp;«lue iamais lefdits fuiets leur ayëtbaillé occalion pour ennbsp;auoir defpiailîr, iînô que Ion vouluft prédre en tnauuaifenbsp;pattla fidele obeiflance qu’ils doyuent au Roy,ainfi quenbsp;Dieu le côinande. Mettât ces choies en confideration,amp;nbsp;qu’il n’y a jour qui jj’importe beaucoup à la foule amp; dô-magedes pauures innocés:iefuisbic voulu moy-mefmenbsp;venir ici,afin qu’il n’y aitplus d’allces amp; venues,Arque ce-pendât on ne permette à ceua qui vous veulêt mettre ennbsp;la guerre,côtinuer en leurs pilleriesamp;vollcricsrpour vousnbsp;dire frâchement aui'si que là amp; quad vous n’y pouruoireanbsp;pourtoutDimâche procliain,no’ y pouruoirôs,ainfi quenbsp;nous ioines obligez,pour ledeuoirde nos charges.Quâtnbsp;à moy, ie defirerois iiifinimët q voulufsicz prédre la peine de députer deux de vos citoyes pour venir iufques ici,nbsp;que nous aujfafsiôsles moyés qu'il faut tenir envnenbsp;choiéde fi grade importâce.Et fi nevoulez croire ma foynbsp;•amp;tnô hôneur,queievous oblige de les vous réuoyeri'n-continët,amp; s’il y a qlqu’vn qui en doute.ie vo’ enuoyeraynbsp;deux perfonnages de quali té qui nebougerôt d’entre vosnbsp;niains.iufqnes J çe qu’ils i'qyët retournez.Et attendît vo-^erefpôfe ie feray fin à tria Jettrc.priât Dieu vous dônernbsp;^®fsieurs,cn bôncfanté,heureufeamp; longue vie. De ma.nbsp;Federerealle ce ß.Oärobre ly/a. Voftrecreffeuramp;par-Poulin.
Rcfponfe des Rochelois.
MOnfeigneur nous auons tant de fois.ûtisfàitaiicon tenu de voftre lettre,amp; monftré p.ir effeftque nousnbsp;forantes en tout deuoirde l’obeillànce de fa Maiefté,(cenbsp;que nous ne trouuons de voftre part, ayant toufiours vos-forces autour de nous qui nous guerroyent)que ne vousnbsp;pouuonsplus eferire que ce que nous vous auons efcricnbsp;^agueres. Sur ce,ti’ayîs rien de nouucau,finon que nousnbsp;fomtnés aduertis qu’on a maffacré ceux de la Religion ànbsp;îourdeaux,amp; quant à nous, n’ayans rien entrepris ni faitnbsp;finô nous côféruer.ce q nous fctôs Dimâche amp; toufioursnbsp;aidant Dieu,nous leprions, Monfeigneur,vourchîger lanbsp;Tolôtédenous mal faire,amp;nous mettie en liberté; amp; eunbsp;ce failant vous dôner en fa grace longue amp; heureufe vio.nbsp;Yos treshumbles feruitcurs,les Mailç,EfcheuinsZ.c.
-ocr page 760-73Î MEMOIR ES DE Autres lettres dudit Baron.
MEfsieurs.encores qiievousnj’ayez aduertypar vo-rtre lettre d’arfoir, auoir fatisfait tant de fois à cç que vous elcriuois:fi veux-ie bié vous faire encores ceftenbsp;ci pour la derniere que vous efcriray iamais . fi ie ne voynbsp;par eft'eft que vous ayez changé d'opinion amp; de façon denbsp;faire. Car voulans dire la vérité,vous fauezbien qu’on nenbsp;vous a famais guerroyé, éncor qu’en ayez donné toutesnbsp;les occalîons auec armes defcouuertes. Quant eft de nunbsp;part, ie ne vous ay ramais requis que vouslaiiîàfsicz entrer piece de ceux qui font fous ma charge, en voftre vil-le:mais au contraire ay toufiours voulu'vousgarder,puisnbsp;que le Roy fe faoic en vous autres. Par ainfi ie vous prie,nbsp;autant afieftucufement que ie puis, de vous contenter denbsp;cela,qui eft beaucoup: amp; ne permettez plus que ceux quinbsp;fe di/'ent eftre à la folde de voftre ville, ou bien a l’entre-tenement,viuent fiJr les panures fuiet!,amp;fur ceux qui na-Uiguent pour gaigner leur vie, amp; qui ne vous ont iamaisnbsp;faitdefplajfir,ni ceux dej’ifle de Rhé,dôtla plufpartfontnbsp;de la Religiô,que dites voftre. De ceux qui ont efté exécutez à Bourdeaux amp; autres lieux de ce Royaume,ie vous,nbsp;en diray la caufe,qui eft qu’on les a trouuez au.roolle desnbsp;confpi’rateurscontre le Roy, la Roynefamere, Meffei-gneurs fes freres. Et le vous peut faire croire le bofli^nbsp;honnefte traitement qu’ont les autres gens de bien quinbsp;fontaux villès,bourgs amp; vill3geS,lèrquels viuent en ps’^’.nbsp;amp; font honnorez amp; refpeéiez comme ils eftoyent aup**nbsp;rauâtles troubles, fans qu’en fait ni endit on les offenj®nbsp;aucunement. Voila qui me fait encores entreprendre o®-vous prier(attendâtla refponfedes lettres que vous aue»,nbsp;»fcrites au Roy,qui ont efté enuoyces en diligence) engt;rnbsp;pefcher qu’il nefeface aucü mal ni deiplaifiràperlonne,.nbsp;Et fi voulez entretenir quelques gens pour voftre garde,nbsp;Êiites-leà vosdefpens: perfonne ne vous en garde. Menbsp;promettat cela,ie feray retirer les miens,amp; me prometsnbsp;cant de M. de Biron qu’il fera le femblable.
chofes fi raifonnables,fi vous n’eftes du tourdeliberez^^^ vous perdre, ie tien pour certain que les accepterez.nbsp;voulant autrecliofe de vous que voftreprbmeflèjcqm^ijj
-ocr page 761-E’ESTAT DE FRANCE. 735 je vous donne la mienne. Sur ce,ie prie Dieu, Mefsieurs,nbsp;vous donner la grace ne croire plus ceux qui ont tantnbsp;d’enuic de vous mettre en guerre,comme i’ay de volonté de vous voir en repos. De ma gallere re.tlle ce lo.nbsp;Oétobre i$7i. V oftre trelaflèuté amp;meilleur amy,Poulin^nbsp;A Mefsieurs , Mefsieurs les Maire , lurats, Pairs amp;nbsp;Efcheuins de la ville Je la Rochelle.
Refponfe desRochelois.
MOnfcigneur, nous fommes bien marris qu’il ne vous plait vous contenter de ce que nous vous auösnbsp;éfcrit, enquoy penlîoiis auoir fatisfait à noftre dcuoir, amp;nbsp;eu auez veu amp; voyez les effets de noftre part; ce que nenbsp;Voyons de la voftre , qui nous admonnertex de paix. Etnbsp;combien que(huit ou neuf mois a) nous ayez fait amp;làitesnbsp;guerre ouuerte,prenant nos biensrvous nous voulez fairenbsp;croire que c’eft nous qui menós les armes. Chafeunvoidnbsp;lecôtraire,amp; ne nous peut eltre imputé,auccques raifon,nbsp;que nous ayôs fait vn feul afte, qui ne foit de trefpaifiblesnbsp;amp; obeiflàns fuiets de fa Maiefté : qui ne faifons, mais par.nbsp;force fouftenons la guerre que vous nous faites, amp;nousnbsp;en couurons le mieux qu’il nous eft pofsible : chofe per-mifepouriufteamp;naturelledefenfe,ànoftre grand regretnbsp;perte â£,(jQ]jjjjj3gg_ Etiî nos voilîns en ont eu quelquenbsp;roule,ce n’a efté que par ceux de vos troupes, que pournbsp;leurs infolences n’auôs voulu receuoir en celle ville plusnbsp;longtemps ,quepourlerefpeél de vous amp; de Monfei-gneurdcStrolTy, conferuans celle pauure ville en founbsp;intégrité: laquellegt;fuyuant voftre confeil (tresbon ennbsp;celle part) nous délibérons garder par la grace de Dieu,nbsp;comme nous fommes tenus , pour obuier à ce que telsnbsp;JnalTacres n’auienent, comme es autres villes, que nousnbsp;croyons ellre innocentes du crime que leur impofez,nbsp;Jt vous pouuons dire vne fois pour toutes , que tantnbsp;que nous orrons amp; verrons celles amp; lî horribles nouucl-les,amp;que ferons ainli traitez comme vous continuez,nbsp;nous nous plaindrons à bonne occalîon deuant Dieu amp;nbsp;noftre Roy. Qui eft tout ce que vous pouuôs promettre,nbsp;Vous fupplians treshumblement, Monfcigneur, de vousnbsp;tenirpour fatisfait,puis que nous fuyuons voftre confeil,
-ocr page 762-754 MEMOIRES DE
amp; entrer en volonté de nous laifler viure en paix, repoï amp; liberté. Icelle efFsduantinous prierôs Dieu vous donner en fi grace longue amp; heureufevie. De la Rochellenbsp;ce lo. Oftobre lyyi. Vos treshumbles feruiteurs, le*nbsp;Maire, Efcheuins,amp;c.
Celte refponfe gratta viuemetle Baron,qui voyant Ion papier, fon ancre ôcfes peines perdues, toft apres partennbsp;diligence pour aller à Paris rendre rai l'on de fa negotiation,amp; confuker fes oracles pour l'auenir. Le Conleilfe-cret auerti cependat que les pipees de ce Baron amp; autresnbsp;n’auoyent de rien ferui finon à rendre les Oifeaux pi“?nbsp;auifez,regardoit à tiftre d'autres filez pour auoirles Rn*nbsp;chcloisaùfsiaifémétquelesmaffàcrez àParis ôtaillf“*'*'nbsp;Pour celt effeâ le Roy commanda à vn Procureur en 1*nbsp;Cour de Parlement à Pariï, nommé Durand , procure“''nbsp;de la mailon de ville, amp; de plulieurs particuliers denbsp;Rochelle, d’aller iufques là, pour leur perfuadcrquelq“®nbsp;choie au contentement de leurs Maicltez, amp; au profit d*nbsp;la ville,où il auoit beaucoup d’ainis amp; conoifiàns:amp;q“’^?nbsp;tout il fe gouuernaft par l'aiiis du lîeur de Biron. Dura»nbsp;n’olant reculer, ou (peut eftre) n’eltant|gt;as marry d’ed'®nbsp;employé, fe mit incontinent en chemin, amp; vinttrouuenbsp;le lîeur de Biron à S,lean d’Angely, lequel apres auo*'nbsp;cômuniqué auec ce procureur, le defpefcha vers les RO'nbsp;chelois aueclettres de telle teneur.
l ettres du Tt lt; Efsieurs,le Roy auoit opinion que m’eufsiezrect^ ilcur de Bi JvJ^en voltre ville, veu ce nue luy en auicz alTeureta“.nbsp;par voltre lettre que par M.d’AuJeuars maiftre d'ii®^'nbsp;'°''' deIaRoynedeNauarre,amp;parTreil-aux-fillesdevoHf^nbsp;corps de ville. Il abien voulu vous enuoyer encornbsp;rand, qui elt voltre procureur de ville,pour vousnbsp;en premier lieu de la bonne volonté de fa Maielté,ledcnbsp;lîr qu’il a que viuiez en repos amp; p.ri v aucccontentemc“ •nbsp;amp; falloir dequoy vous auriez à vous plaindre ,nbsp;dellus y pouruoir. II m’a apporté lettres pour ceftefte ’nbsp;lefquelles ie vous cômuniquerois lî i’eltoisen voltre vinbsp;le:amp; encor le ferois àquelqu’vn des voltres, lî en voun“^nbsp;enuoyer vers nous, amp; donc auriez contentemén attennbsp;que vous vifle en corps.N'eftant celte à autre efteâ.isnbsp;Kay fiu.me recommandât aftcâueufçmét à voltre
-ocr page 763-L’ESTAT DE FRANCE. 755 grace: priant Dieu,Mefsieiirs,vous donner bonne Jclonrnbsp;guevje. DeS.Ieand’Angelyce ly.Oâobrciy/i. Voftrcnbsp;bien aiFeétionné amy,Biron.
Au partir de Paris, du Thou premier Prefîdent bailla lettres à Durand adrefl’antes au Lieutenant de la Rochel-le amp; au fleur Moriflbn,parlefquelles il les coniiioit gra-^ •nbsp;cieufementà procurerlapaix, telle que les Maieftezde.»nbsp;firoyentfort qu’ils receulîent. Durand auec ces lettres denbsp;celles du fleur de Biron arriuadansla Rochelle,dontnbsp;plufieurs fe mefeontenterent, fe voyans tant malcon-feillez en afaire de telle importance, par vn qui elloitnbsp;fôfeillerdc la ville amp; aux gages d’icelle.Toutesfois ceuxnbsp;du confeil efperans Ce feruir de Durand, ne luy monftrc-tentquebon vifage, amp;: le renuoyerent auec refponfe ailnbsp;fleur de Bironireæonftrans que de leur part ils ont touf-lours effèi^ué tout ce qu’ils auoycnt promis, amp; que denbsp;l’autre part s’exécute tout le contraire. Car de iour à autre ils font referrez amp; leurs commoditez retranchées.nbsp;Eux qui auoyent acouftumé de trafiquer auec toutes fortes d’eftrangers, n’ont pas moyen de trafiquer auec leursnbsp;i'oifîns. Que leurs marchandifes font pillees à leur veuè.nbsp;Que le fleurde Royan a fait prendre en Olonne deuxnbsp;quot;autres de la Rochelle chargez de drogues amp; efpiceries,nbsp;de la valeur de quinze à feize mil efeus. Plufieurs autresnbsp;nauires chargez de bled amp; vin ont efté pillez parl’armeenbsp;denienôcde nouueau vn nauire venant de terre neufue anbsp;elle arrellé. Qifauec Durand ils enuoyent Martial Cou-gnard l’vn des bourgeoisdelaville,pour entendre duditnbsp;fleurde Bifon ce qu’il luy plaira communiquer.
Le Gptifcil fecret penfant bien que Durand ne feroit pas grand cas,penfa qu'il falloit donner vne recharge. Etnbsp;pourtant le Roy amp; fa mere firent commandement aunbsp;fleurdu Vigen gentil-homme de marque en Poiâou , amp;nbsp;qui elloit de laReligion,de s’employer en cell afaire. Etnbsp;pour y paruenir, amples memoires luy furent donnez:nbsp;auec lefquels il vint trouuer le fleur de Biron à S.leaiinbsp;d’Angely enuiron le temps que Durand en partit pour aller à la Rochelle. Nous les lairrons communiquer en-femblepour toucher vn autre poinél que l’ordre du tépsnbsp;fe nous permet oublier.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*¦
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Idit au /TXNàveu ci deflus come les Princes eftoyent traitez, nçiH du \^iufques là qu’onauoit efcritlettresenleurnoinaiinbsp;R°y Pape,amp; fait faire beaucoup de chofes direûemét côtrai-'out^abo ®nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jpmife par l’edit depacificatiô,amp; au rég
lit la Re- amp; dignité qu’ils tiennent en ce Royaume. Outre cela,le ligion en Confeil fecret preuoyant que les fuiets du Roy deNa-ftjpays. uarre pourroyent fe fafcher Si remuer mefnage ou donner fecours àceuxdeMontaubanpuautresiôé pour abolir le bô ordre eftably par la feue Roy ne de Nauarre eunbsp;fes pays , aclieuer de mettre les afaires en confulîon i amp;nbsp;öfter toute efpcrance aux Roclielois: drelTa vn editaunbsp;nom du Roy de Nauarre,tel que s’enfuit.
HEnry par la grace deDieu Roy de Nanarre,Seigneur fouuerain de Bearn; A tous prefens amp; aduenir. Salut-N’ayans rien tant déliré depuis qu'il a pieu à Dieu nousnbsp;appeller à la fuccefsion de nofdits Royaume amp; psT’’nbsp;linon que les ruines amp;defolations quiy eftoyent adu^nbsp;nues , tant pour les diuilions premièrement tolerees “¦nbsp;depuis introduites pour le faitt de la Reli^iou ,qucu^^nbsp;guerres amp; troubles qui les ontfuyuis, piiiflèpt eftrep*^nbsp;quelque bon ordredt reiglement redreffees Si repareu^nbsp;Si eftimant que le meilleur confeil que nous pouuionsnbsp;dénions prendre en affaire de fi grSd poids amp; importa”'nbsp;ce , eftoit de la Royne noftre trefehere amp; treshonor”nbsp;Dame amp; bellemere, pour la f ¦ guliere prudence, fag” pnbsp;amp;: vertu qui eftenelle.en'émble dela.Royne noftre'^^gnbsp;chereÄ: trefaimec compagne Si efpoufe , amp; denbsp;trefcheramp;trefaimé oncle tilonlieur le Cardinal denbsp;bon,pour le zele affeéfion amp; trefparfaite amour que f”nbsp;cun d’eux nous porte : Nous auons par leurditnbsp;aduis,amp; pour nous refoudre en ces diuilions SidiftraWnbsp;de Religion,à ce qui feroit falutaire,tant à nous qu’a n®nbsp;dits Royaume amp; pays, ententiuement voulu ouyrnbsp;conferéce volontaire amp; amiable de beaucoup de gran^^^nbsp;amp; fufiifans perfonnages amp; Doéfeurs Catholiquesnbsp;Theologie, qui nous ont efté reprefentez par noftrenbsp;oncle , deuant lefquels eftans admis amp; introduits jnbsp;des plus fauans Miniftres d’opinion contraire, qui aPnbsp;4gt;luficurs difputes par pluficurs amp; diuers iours
-ocr page 765-L’ESTAT DE FRANCE. 737 entre eux,auroyent lefdits Miniftres.par fi grands amp; eut-dens tefmoignages amp; argumens cfté conuaincus par lefdits Catholiques, qu’ils auroycnt franchement reconu amp;nbsp;confefle, comme entre autres a fait maiftre Hugues Sureau,dit de Roziers,amp; leurs compagnons Minières de lanbsp;ville d’Orléans,amp; autres endroits de ce Royaume, qu’ilsnbsp;auroyent merueilleufemct cfté feduits en leurs erreurs,nbsp;amp; aidé à faire faillir les autres, amp; icelles reuoquans amp;nbsp;abiurans, amp;s’en repentans , requis eftre teceus amp; recueillis au giron de l’Eglife Catholique, Apoftoliqueamp;nbsp;Romaine , dont nous auons rapporté tel fruift,que re-conoilTans icelle Eglife, eftre la feule Colonne de vérité,nbsp;fur laquelle tous Rois amp; Princes Chrcftiens doyuentnbsp;appuyer amp; eftablir la religion de leur eftat. Et deiîransnbsp;acefte caufe que tous nos fuiets foyentà noftre imitation amp; exemple induits àfuyure cefte voye,amp; les chofcsnbsp;qui par cy deuant auoyent efté ou faites ou ordonnéesnbsp;contre amp; au prciudice de l’ancienne amp; trcf-louable forme de ladite Eglife Catholique, Apoftolique amp;Romai-tgt;e, en forte caiTees abrogées, amp; reuoquees, qu’il n’y aitnbsp;plus occafion entre nos fuiets, de les tenir en diftraflionnbsp;amp; lt;liuifion,amp; la mémoire des querelles, contentions, iu-gcmens,arrefts ,amp; autreschofesfuruenues,àcaufedef-dites diuifions qui pourroyent laiffer à la pofterité quél-depicques,haiues, ou reproches, tellementnbsp;allopis que nous puifsions voir tout ce qui appartientnbsp;premièrement à l'honneur amp; feruice de Dieu, réduit ennbsp;fon ancienne fplendeur Si vnion, felon l’ordre amp; inftitu-lion de noftredite mere Sainfte Eglife Catholique,Apo-ftolique, amp; Romaine, amp; nofdits peuples viuans pailible-ment amp; en concorde, enfemble deliurez de tant d’op-prefsions, vexations, foulles amp; dommages qu’ils ont eunbsp;pour lefdites diuifions amp; guerres,amp; où il y auoit à craindre qu’ils ne recheuffentjs’il n’y eftoit parla bonté denbsp;Dieu pourueu du remede que nous penibns conforme ànbsp;fa volôté,Sauoirfaifons,que nous pour toutes ces caufes,nbsp;auons par lesfufdits aduis de laRoyne noftredite Damenbsp;amp; belle-mere,de noftre compagne amp; efpoufe,dudit fleurnbsp;Cardinal de Bourbon noftre oncle ,amp; plufieurs autresnbsp;notables pçrfonnages de noftre confeil, dit, ftatué, amp;
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ordonné, difons,ftatuons,amp; ordonnons, voulons amp; nom l’Iaift ce qui s’enfuir.
Premicrenient,que ladite Religion Catholique, Apo-ftolique amp; Romaine , foit remife en tous les lieux amp; endroits de nofdits royaume amp; pays, où l’exercice d’icelle pour lefdites diuifîons ou reiglemens fur ce interuenus,nbsp;a efté delaifle Se. intermis,pour y eftre librement amp; feulenbsp;cxercee, fans aucun trouble ou empefehement,défendisnbsp;tout autre exercice de la Religion nouuellc. Et pour ob-uier à toutes occaiîons de mesfiance amp; de foupçon entrenbsp;nofdits (uiets,amp; aux côucnticules amp; fecrettes aflcmbleesnbsp;qui fe pourroyent encore fufciçer amp; entretenir,!! les Mi-nillres de ladite nouuelle Religion efloyent foufiferts ennbsp;nofdits Royaume amp; pays, Ordonnons que tous lefdit»nbsp;Miniftres de quelque qualité amp; condition qu’ils foyent,nbsp;ayent à vuider amp;fortir Hors nofdits Royaume amp; pays, ûnbsp;ce n’eft qu’ils fe reduyfent à ladite Religion Cathohque,nbsp;Apoftolique amp;Romaine,amp; abiurët leurs erreurs.Auquelnbsp;cas entendons qu’ils foyent conferuex Atpuiflentdemeunbsp;rer en feureté en nofdiu Royaume amp; pays,amp; non autre-ment.Voulons aufsi que tous Euefques amp; Prélats, Abbea,nbsp;Chapitres,Curez, Commandeurs, amp; autres perfonnagesnbsp;Eeelelîartiques fortis hors nofdits Royaume amp; payS’*nbsp;caufe defdits troubles , rentrent en l’entiere Se piiüblenbsp;poftefsiô amp; iouiflance de leursEuefehez, Abbayes,Coni-nianderies. Benefices, biens amp;reuenus,amp; enperçoyuentnbsp;les difmesamp;autrcs droits qui leur appartiennét.comniÇnbsp;ils faifoyent auparauant lefdites diuifions, A: qu’ils ennbsp;eulTcntefié delTaifis, nonobfiantles ordonnances fur cenbsp;faites, pour la difpofition amp;: difpenfation defdits biens.Ânbsp;de l’inftitution de certain Confçil qu’on difoit Ecclefia-ftique.loquelàlarequefteamp;remonftrance des Syndicsnbsp;de iioftredit pays,Nous auons fuppriraéamp;aboly,fiippr'quot;nbsp;nions amp; aboliflbns par cefdites prefentes »Voulons Änbsp;nous plaiftqueles CómmilEiires.Fermiersamp;Receueursnbsp;ertablis au regime amp;gouuernement defdits biens,foyetnbsp;contrains detenus d’en rendre conte, amp; les deniers dontnbsp;/nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, ils fe trouucront redeuabjes amp; reliquataires, amp; felon la
particuliere nature amp; qualité des benefices dont ils ferôt procédez, eftre rendus amp; reftituez jux titulaires deWiisnbsp;benefices
-ocr page 767-L’ESTAT DE FRANCE. 73? benefices qu’ils conoiftront auoir efté priue?. à caufe défaits troubles: amp; les autres deniers où il n’y a aucune personne priuec qui ait interefts ,eftre mis en noftremain,nbsp;•Ufques à ce que par nous en foit autrement ordonné : Etnbsp;On reuoquas tous iugemens,arrefts,proccdures,fentéces,nbsp;liifies,ventes, amp; decrets dônez à l’occalîon amp; pour le faitnbsp;^es troublés furuenus àcaufe de laP,eIigionamp;diuiiîôdcnbsp;Oofdits fuiets, tant viuans que morts depuis le commencement defdits troubles, Auonsiceuxiugement,arrefts,nbsp;procedures, failles, ventes,S; tout ce qui s’en eft enliiyuinbsp;defaprefent cafle amp; annullé , voulons iceux eftre oftez amp;nbsp;y^yez des regiftres de nos cours tant fouueraines quenbsp;inferieures, enfcmble tout ce qui reftoitde monumensnbsp;publiques,foit tableaux ou autre chofe,qui foitpour diffamer amp; desbonnorer leur mémoire amp; de leurpofterité.nbsp;Et moyennant ce,voulons que cous genti!s-liommcs,of-Eciers, amp; autres perfonnes de nofdits fuiets de quelquenbsp;Qualité amp; condition qu’ils foy et,rentrent en tous amp; chal-cuns leurs biens,droits amp;aftions,lionneurs,eftats,ofhces,nbsp;Çburges.dignitez, donc ils eftoyenc pourueus,amp; dcfqnclsnbsp;ils iouyfToyenc euflenc peu iouyr fans Icfdics croiiblcs,nbsp;iugemésamp; arrefts interuenus côtre eux à l’occalîon d’i-ceux troubles,Et afin quepour les chofes ainfi reftabliesnbsp;remifes en leur premier eftar,nul n’encreprenne parnbsp;Teproclie,ou autremenc,dcs chofes paflees fufeiter quelque querelle oualcercaciô; Nous voulôs que la mémoirenbsp;ne toutes chofes pafTces d’vneparc3:d’autre,desamp;.’depuisnbsp;Mdits troubles amp; emotiôs en nofdits Royaume R pays,nbsp;demeureeftaintcamp; affoupie corne de cho.fe nô adiienue.nbsp;Etnefera loifible ni permis à nos Procureurs.gcneraui,nbsp;ni autre perfonne publique ou priuee quclcôque,en quelque temps, ni pour quelque occafion que ce foie, en fairenbsp;mention, proces amp; pourfiiyce en aucune cour ni iurifdi-dion, Defendans à tous no.s fuiets.de quelque eftat ounbsp;qualitequ’ilsfoyent,qu’ilsn’avent à renouueller la mémoire, s’attacher, iniurier, ni prouoquer fvn l’autre, parnbsp;reproche de ce qui s’elt paflè:difputer,côtefter,quereller,nbsp;ni s’outrager ou offenfer de faift ou de parolle, mais fenbsp;Contenir Sviure paifiblemct cnfemblc,côme fuiets naisnbsp;Ib’mefmeciehnourris fur mcfme terre,obligezàmcfaie
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Prince, Stviuans fous tnefme Lois, Fors amp; Couftumes font tenus de faire, fur peine aux cpntreuenans d’eihenbsp;punjs comme infraéleurs de paix, amp;pertutbaturs delànbsp;tranquilite publique.
Si donnons en mandement à noftre trefcberamp; tref-amé coufin le fleur de GranJmont.gouuerneur amp; noftre Lieutenant general reprefentât noftre perfonne eu nof-dits Royaume amp; pays, gens de la Chancellerie de noftr?nbsp;Royaume amp; Court fouueraine de Bearn ,Baillifs, Senel-ch3ux,Alcades,amp; autres nos iuttrciers amp;ofBciers qu’il appartiendra,ou leurs Lieutenans,que ccfte noftre prefentenbsp;ordonnance ils facent lire, publier amp; enregiftrer en leursnbsp;courts amp; iurifdiftions, 8c icelle entretenir’, garder amp; ob-ferucr inuiolablementamp; depoinéhenpoina, amp;du contenu iouyramp;vfer plainementamp; paiflblement ceux qu^lnbsp;apparticdra, celTant amp; faifantccfler tous troubles amp; enr*nbsp;pefchemens au contraire. Cartel eft noftreplaifir.nbsp;tefmoin dequoy nous auonsàcesprefentes flgnees denbsp;noftre main , fait mettre amp;appofer le feel de nos armes«nbsp;Donné à Paris, le feizieme iour d’Qétobrc, l’an mil cinbsp;cens foixantedouze. Ainfifîené, H Ei'! R-Y.
Et fur le repli, Par le Roy de Nauarre, Seigneur fou-uerain ; Brodeau. Eyfeellé fur double queue.
LEs fuiets du Roy de Nauarre, fachans bien que leuf Prince eftott captif,amp; qu’il n'auott fçruiteur aucû autour de fpy qui np luy fuftvn efpionapoftéparle Confeilnbsp;fecret qui auoit forgé ce bel edit,ne fe foucierènt de cela,nbsp;ains par moyens legitimes fe tenans fur leurs gardes, fenbsp;marntindrent (nonobftant diuerfes algarades) en l’eftafnbsp;auquel la Royne les auoit lailïcz : efperans que fi Di^^nbsp;faifoitla grace à leur Roy de fortir deprifon il leur tien-droit vn langage direftement contraire.
lettrejdes quot;t^Our reuenir au fleur de Biron,que nous auons laiflê a fleurs de S.Iean d’Angely,il efcriuit auxRochelois le xi.d’Oquot;nbsp;du vquot; Ûobre ,fe plaignant de n’auoir receu telle relponfe qu'nbsp;aux Roquot; nttendoit,queTcurdeputén'auoit aucunes lettres ni rn'-chelois. Jnoires, amp; que le tout n’eft que vent en belles paroles.
Q^e s’ils euflènt enuoyé qijplqiiçs vns des leurs ault;e
-ocr page 769-L’ESTAT DE FRANCE. 741 pouuoir de conclurre amp;arrefter, les forces feroyencànbsp;prefent efloignees. Pour là fin il les prie de fe refoudr«nbsp;auec le fleur du Vigen ,lequel trois iours auparauanc a-uoitefcit au Maire, qu’il eftoit enuoyé parleurs Maie-îftez, pour comitiuniqucr afaire de coiifequence, requérant à celle fin pafleport pour fa feureté. Le Maire fitnbsp;refpôfe qu’il ne pouuoit luy accorder l’entrec de la ville,nbsp;pour beaucoup d’occaflons qu’il fait bien. Qu^es’illuynbsp;plait fe rendre à Tadon, village pres de la porte S.Nicolas , on eneendra volontiers fa charge, amp; luy fut enuoyénbsp;palTeport tel qu’il defiroit. Ce pafleport reccu,ledit fieurnbsp;du Vigen arriua à Tadon le vingtdeuïfiefme d’Oûobre,nbsp;où les députez du Confeil de la Rochelle l’ayans ellénbsp;Vouuer,il leur fit entendre l’intention du Roy amp; de lanbsp;Royne mere,amp; plufieurs propos de la part du fleurde Bi-ton. Mais d’autant que c’eftoit la mefme remonftrancenbsp;qui auoit efté faite par tous les autres,aufsi eut-il pareillenbsp;tefponfe que les precedens. Partant il s’en retourna cenbsp;fiiefme iour coucher à Sigongnes , à trois lieues de lanbsp;Rochelle. Auquel lieu arriuerentdenuiftquelques fol- Mauuiisnbsp;dats, fediiàns delà Cornette du fleurde S.Eftienne, qui amp; indignenbsp;ayans forcé la maifon, Si tué deux ou trois des hommes rranemctnbsp;dudit fleur, amp; iceluy blefle en fon lift d’vn coupxl’efpee,nbsp;emmenerentfes cheuaux,amp; emportèrent fes meilleures vjgep,nbsp;“¦’des, Ä: vgtiJjijs le lenderriain tout cela à l’encan à defauouénbsp;Bourgneuf quartier dudit S.Ellienne,le fieur de la amp; dctefténbsp;Çuynieniere acheta le traquenartquiportoit le fieur du par l.-sRonbsp;Vigen : Si eftant dinfi monté vint le lendemain à la Ro- ehelois.nbsp;thelle,oû il raconta librement,com me il auoit recouurénbsp;«chenal, amp;du tour qu’on auoit fait au fieur du Vigen,-qu’il nommoit Renegat.
Le fieur de Languillier,de la maifon de Belleuille, gentil-homme de marque »vaillant amp; fort affedionné ànbsp;la Religion, parent amp;amy dudit Vigen, remonftra fou-dâinau Maire amp; aux principaux du Confeil l’indigniténbsp;de ce fait: duquel nous ferons (dit-il) tous chargez , c’eftnbsp;que les ennemis de la Religion prendront occafîon denbsp;dénigrer tous ceux qui font dans la Rochelle,voire toutenbsp;l’Eglife de Dieu, s’ils n'en faifoyent vne iuftice exem-plairc:veu que l’iniure eftoit f^’teaux Maieftez, defquel-Ax» i
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les ledit fleur du Vigen eftoit ambalTadcur, S: cnfembîe à ceux de la ville, qui l'auoyent fait venir fous leurpifTe-port amp; faufconduit. Guymenicrc oyat le bruit amp; melconnbsp;tentemcntde plufleurs,tafcliade retournerd’ouilvenoit:nbsp;mais eftant prins,fut mené au Confcil. Intcrrogué fur cenbsp;fait, refpondit qu’il auoit acheté ce traquenart à l’encan,nbsp;amp; n’auoit efté à Sigongnes:toutesfois d’autant qu’il eftoitnbsp;chargé d’auoir confeillé ce fait, fut arrefté priionnier ennbsp;la tour du garrot. Le peuple amp; les Miniftres detcftoyentnbsp;l’aûc des lüldats qui auoyent fi indignement naité vnnbsp;ambalTadeunqui dcdroitdiuindt humain eft inuiolable.nbsp;Le lieur de S. Eftienne (fous la charge duquel eftoyentnbsp;ces foldats) auquel les Rochelois deferoyent beaucoup,nbsp;alloua ce fait de fesgens, difantqu’ille maintiendroitdenbsp;bonne guerre à toutes perfonnes bien entendues au faitnbsp;militaire : adiouflant qu’il ne retourneroit à la Rochelle,nbsp;fi on ne vouloir auouér ce fait. Apres quelques lettresnbsp;d’aireurancesiil corn parut au confeiljamp;làpour preuuedenbsp;fon direjâllegaqu’ayant receuaduertifltmëtqu’onauoitnbsp;defcouucrt pres de Sigon^nes quinze oufeize hemmesnbsp;bien montez aucc piüoles a l’arçon de la felle,amp; cnigpîtnbsp;que ce fuflent ennemis pour le charger, auoit comro.îdenbsp;à quelques vns des fiens d’y aller,amp; fe rédre les plusfortsnbsp;audit licu,4zilspouuoyét;pour àquoy paruenirils auoyetnbsp;tué d’entree deu.x ou trois hommes amp; blefle voirementnbsp;ledit fleur du Vigen: maisqu’ayans entendu qui il eftoit,nbsp;ils rengainèrent efpees amp; piftoles. Que la maifonleutnbsp;eftoit lufpede, d’autant que le Seigneur du lieu frequen-toit ordinairement les ennemis de la ville,amp;dcfconfeil'nbsp;Joit à fes amis d’entrer en icelle.Que le Maire ayât donenbsp;paflèport au fleur du Vigen deuoit aucrtir les côpagriesnbsp;qui eftoyent en campagne,ou pour le moins faire accomnbsp;pagnerpar vn trôpetteou taboutin ledit fleur du Vigen.nbsp;Q^e ccluy qui a les armes,doit,tant qu'il peut rendrefonnbsp;party le plus fort,contre tous ceux qu’il ne conoit point.nbsp;Apres quelques difputes, Guymenierc fut rclafché, fansnbsp;cftre condamné ni abfous,veu l’eftat des afaires. Le fieuenbsp;de S.Eftienne retourna à la compagnic,airez mal cotent,nbsp;amp; s’attachant à quelques particuliers: cachantnbsp;ce mcfcontentement,qui finalement produifitreftc« te
-ocr page 771-L’ESTAT DE FRANCE. 743 queledit ficur de S.Eftiennc fe retira jamp;Guymeniercnbsp;»ufsiicotnme fera dit cy apres.
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La refpôfe des Roclielois aux lettres du fieur de Birou, Rcfpenft mife es mains dudit fieur du Vigen lei4,d’Ûdobrecon- au fieurnbsp;tenoit. qu’ils n’auoyét point entrepris de fatisfaire de vét de Biron.nbsp;ô;de parole audit fieur de Biron,corne il leur auoit efcrit:nbsp;ains qu’ils eftimoyent auoir tellemétfaüsfait, qu’il auoitnbsp;occafionde fe contenter.Qu^ilsnecerchoyét.en feruât ànbsp;Dieu,qu’auoirpaix amp; feureté:amp; qu’ils entct.dét toufioursnbsp;du côtraire,par ce que les maflàcrcs côtinuét lur les plusnbsp;obeiflalis. Qu’ils ont iuftc occafion de le tenir fur leursnbsp;gardes,amp; que le droit diuin, naturel amp; des gens leur permet de veiller pour leur côferuation amp; feureté. Que s’ilnbsp;euft exécuté ce que tantdefoisil a promis ilsl’euflentnbsp;tcfpcûéjlionnoré Si obey fur tous les gonucrtieurs qu’ilsnbsp;®nt jamais eus en leur ville. Par autres lettres ils s’excusèrent fort de ce qui eftoit auer.u ( à leur regret) au fieurnbsp;du Vigen , tant enuers luy ,qu’enuets le fieur de Biron amp;nbsp;autresaes prians tous de ne leur imputer vn tel fait,qu’ilsnbsp;B’auoyeut confeillé ni ttouué bcn:amp; auoyent grand def-plaiiîr de ce que ledit fieur du Vigen auoit eflé fi malnbsp;traité au retour de fon anibaflàde.
Cependant les RocLelois efieyentaduertis de diners itttrcsdeS par gens qui arriuoyent de jour à autre en leur Rocheloisnbsp;'nie qu’ils auroyent en briefvne arm ce pres de leurs mu Contenbsp;tiijles ; amp; (jue c’eftoit l’afaire à quey le Roy amp; fon Cop-. d‘ Mom-ieilvaquoit leplusfoigneufcment. £t pourtant,,outre ce S®“™“!nbsp;auoyent ia enuoyé hommes amp; lettres enAngle-'frrc,ils firent vne recharge au Conte de Montgomery.nbsp;^quot;Vidjtjje de Chartres amp; autres feigneurs amp; gentilshommes là refugîc2,pourlcs prier depenfer aux movesnbsp;popres de leur ,afsifier. Pour cefi efitAalsd.cputercnt lenbsp;feur de Pardaillan, vn roiniftre r.ômc du Moulin, amp; leannbsp;Dauid Pair de la maifen de ville , pour faire ce voyage»nbsp;3utc lettres au Conte de Montgcmmeryfpecialcmct,^nbsp;plufieurs amplesmemoiresamp;procuraticnspour tirer vi-ures,munitiôs de guerre éi tout autre fecours neceflaire.nbsp;Les lettres au Conte de Montgomery côtenoyct que depuis les ma fiacres ils luy ^uoyét fait entendre par diuersnbsp;ineflagesl’efiatdcleuryiUc,amp;Jarefolutiôpai eux prüifg
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de fe defendre contre les maffàcreurs, fi on les venoit aflaillir.Que n’ayans eu nouuelles de luygt;îls auoyent en-uoyé gens expres vers luy en Angleterre, afin qu’il lesnbsp;confeillaft amp;aidaft en cefte grande necefsitéà maintenirnbsp;la gloire de Dieu amp; ceux de la Religion. Ces députeznbsp;firent voilé pour aller en Angleterre,la nuiét du ij.Oûo-bre. La guerre eftoit lors ouuertement declairee,pourcenbsp;que tous ceux qu’on conoiflbit cftredela Rochelle e-ftoyent retenus prifonniers amp; mis à rançon. Tous lesnbsp;Vaifleaiixquivouloyentvenir en leurIraure eft®yeutar-reftezi amp; les marchandifes appartenantes aux Rocheloisnbsp;faifîes St conSC([açes : fommc,tous aótes d’hoftilité exercez contré eux.
Eftats de Sancerre.
Voyons maintenant comme les Sancerrois eftoyent maniez. Nous auons tôuclié ci defliis (pag.jfo.)nbsp;qü’cu.t defîrans fe maintenirpaifiblemcnt auoyent en-uoyé Lôys de Sainpré vers le fîeur de Fontaines beau-frere du Conte de Sancerre,pour lefupplierde leur procurer quelque repos. Or apres que ledit fieur eut ouy cenbsp;meflageramp; receu les lettres des Sancerrois, il leur en-uoya vn nommé Gadaillet fieur de Chiron, valet denbsp;Chambre amp; Veneur du Roy, ancien feruiteur du feunbsp;Conte de Sancerre,qui arriua le y.Oélobrc.Ce Cadailletnbsp;eftoit vn vray courtifaa, home choifiamp;'fort propre pournbsp;endormir ceux qui n’alMyét acouftumé d’ouir les artiiel-lemens , amp; receuoirde Peau benifte de cour. Et défait,nbsp;eftant conu d’vne grade’pàrtie des principaux amp; plus ap-parens habitans naturels de la ville,qui le feftoyoyent ennbsp;leurs maifons,il en esbranlaplufîeurs,qui furent încontirnbsp;nent gaignez, amp; fe lailîerent efcouler par fes douces paroles amp; promefles: tellemét qu’il fut le premier motif amp;nbsp;Ibuftet de Satan, pour érlgendrer la di.ufion entre les habitas qui cailla la trahifort (lu Chaftéatf.i ù il fut aufsi tué,nbsp;comme on verra cy apres.
Le i4.dùdit mois,ils’etlj-é'toiirriiéh Cour,amp;parceque les habitas auoyét eferit amp; fait entendre (outre ce q nousnbsp;auôs dit) audit fieur de Fôtaincs,p‘ar Sainpré,qmoycnnâtnbsp;qu’on les lailTaft en paix,céVdes principaux d'entr’eux s’qnbsp;Vligef oyeht à luy,amp; l’alTeuretovét fur leur vie qu’il nefénbsp;‘nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;feroit
-ocr page 773-L’ESTAT DE FRANCE. ^45 ter oit rien entre eux cotre l’edit dernier de pacification,nbsp;qu’ils auoyent toufîourseftroitemênt obferué,amp; ne rece-Uroyét perfonne qui fift du contraire! Luy de Ci part leurnbsp;ayant mandé amp; eferit qu'au pluftoft ils enuoyaflent parnbsp;déuers Iuy,amp; qu’il leur feroit entédre ce qu’ils auroyent inbsp;faite,amp; côment ils fe deuroyét gouuernen ils en efleurétnbsp;cinq des plus notables, dont deux eftoyent Catholiques,nbsp;afauoir maiftrélean Fouchart,lieutenant, amp; Pierre Rouleau,amp; trois delà Religion, Guillaume Huichard,procureur, Simon Àrnaud,procureur de la ville, amp; Louys Dargent Efeheuin. Ceux-cy doneques auec amples mémoires fignex des plus, riches CSc apparens, s’acheminèrent ànbsp;paris vers Jedïtfieur auec Gadaillet, pour faire entendrenbsp;leurs comporcemens eftre autres qu’on ne le croyoit, amp;nbsp;auoit-on fait entendre à la Cour. Mais eftans arriuez, amp;nbsp;tutiniidez, comrrieil eft vray-femblable, au lieu défairenbsp;leur charge fuyuant l’inftruftion amp; memoires qu’ils a-^nyent,ils furent confeillez de demander pardon au Roynbsp;t^nniine mal-faiteurs,au nom de tous les habitas de San-eerrerce qu’ils fire'nt:amp; en outre prièrent le fleur de Fon-^‘nes de s’àcliejTiiner pour venir en leur ville. Celaùit,nbsp;^?daillet fut renuoyé le premier, amp; arriua en pofte lenbsp;'‘tgtfixiefine dudi t mois, à deux heures apres rrtidy , amp;
* “apurez à cinq.Le Lundy fuyuantifut faite aflemblee S?'’®ralede ville, oùils firent entendre ce que deflus,amp;nbsp;ttentqu’ànbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;le fleur de Fontaines s’achemt-
.°*tpour venir à Sancerrc,Vayans afreuré,amp; s’eftans faitfr ®tts fur leurs vies qu’il yentreroit ,comme aufsileslet-S^’ils apportèrent de Ci part le portoyent. En ceftenbsp;®niblee ilfutrefolu, que comme les députez auoyentnbsp;paflè leur commifsion, aufsi feroyent-ils, Sc denbsp;ta dciàuouez. Et parce que ceft acheminementnbsp;J, '’^pfccipdté dudit fleurde Fontaines eftoit fort dange-tg'*-craindre qu’à faute d’y pouruoirlenbsp;ifnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;en fuit trop tardif, ilfùt pfôptement refolu qu’on
au deyant, pour le prier qu’il ne trouuaftmauuais, ïï att ’'j^'^y P^’ttioit permettre Pcntr.ee fijibre en la ville,nbsp;^^.^quot;‘‘“la.tnalicc du temps, amp; qu’en autre faifon il y fe-Pu*^^*^*^**^*®quot; qn’on eftoit bien marry que les dc-tfz s’eftdyent tant oubliez de le prflrf 'deveniGamp;pren-
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lt;Jre celle pcincicar ils n’en auoyent nulle charge. Durant ce temps le fleur de la Chaftre ôcautres eltoyét en Cour,nbsp;à pourfuyure plus ample coromifsion du Roy. pour (parnbsp;moyens plus violents) réduire amp; amener les pauures ha-bitans de Sancerre à leur deuotion. Mais le fait cftant de-batu au confeilpriué,ils furent déboutez pour lors àlanbsp;xequefte dudit fleur de Fontaines : car on penfoit par foûnbsp;moyen,mieux amp; pluftoft venir à chefdecetpu'ilspreten-doyent.Chofc qui toutes fois nefucceda.
Le mardy vingthuitiefme d’Oftobre .coufiderantlê danger amp; la faifonlanglante, fut derechef rclolu au con-fcil,amp;ratifié en l’aflemblee generale des naturels habi-tansamp; autres habituez,que le fleur de Fontaines,quoynbsp;qu'il en aduint, amp; quoy que les députez amp; autres inflftaf-fent au contraire, n’entteroit point pour lors en la villo-amp; s’y oppofoit-on de tant plus fort, qu’on rcceuoittou*nbsp;les iours rapports certains , qu’on ne ceflbit de tueramp;nbsp;inaiTacrer ceux de la Religion en plufleurs gouueA^quot;nbsp;mens amp; endroits du Royaume.
Ce refus d’entree au fleur de Fontaines engendra Î'rande altercation en la ville : caries députez reuenusdinbsp;a Cour,qui auoyent engagé leurs vies amp; honneurs, 1'nbsp;uec plufleurs autres des principau.x , qui gaignezpafnbsp;y confentoyent, vouloyent ^u’il full receu ,amp; qu’ilnbsp;traft : les autres, amp; nommément tous les refugi«’ Vnbsp;contredifoyent, amp; s’y oppoioyentformclleineotamp; ma'nbsp;nifeftement. Les principaux confentails i cfcfie entrf^nbsp;cftoyent maiftre André Clement, Eaillif de Sancerre»nbsp;Claude Amant, amp; lean Fouchart, Catholiques, troianbsp;Efeheuins, François des Moulins , GuillaumeFinou,^nbsp;LouysDargent, amp; aucc eux plufleurs autres ,qiiitrih''nbsp;rent leChafteau jlefquels feront nommez amp; fpecifie*nbsp;cy apres. Leurs principales raifons eftoyent, 1^ .nbsp;fleur de Fontaines , bcaufrcrc de M.le Comte izuroitnbsp;întereft fl celle place cftoit ruinée, amp; les habitanS tue^nbsp;Si dellruits,parce que ( comme beaufreredu Cornte)nbsp;cela le regardent : qu’il ne demandoit l’entree aueefof'nbsp;ce, ains feulement luy dix oudouziefmerne vouloir en'nbsp;trer dans le challeâu, amp; n’empefehoit qu’on ne fi^nbsp;de amp; corps de garde pour s’alleurcr. Les contredifans^
-ocr page 775-L’ESTAT DE FRANCE. 747 cefte entree gt; tant habitans que tous les habituez, ayansnbsp;mieux apperccu amp; delcouuert le langage des Sirenes denbsp;Gour, delquels le premier article de toy eft de n'en a-uoir point, amp; ne nen tenir aux heretiques, qu’ils appellent : amp; le fécond , de ne rien faire contre la volonté denbsp;ceux à qui ils ne veulent defplaire ni defobeyr : alle-guoyent contre les autres, qu’encores que le iîeur denbsp;fontaines cuJlIe wuloir de faire ce qu’il difoit, il nenbsp;pouuoit l’executer »pour ne pouuoir einpefcher l'iirten-tion amp; le dclTein d’autres plus grands, contre tous ceuxnbsp;de la Religion :amp; qu’il y auoitmoyen dele recoinpen-fer d’ailleurs, la ruine amp; deftruélion de la ville entreue-nant : que s’il entroit, nul n’euft oft luy contredire,quandnbsp;il euft voulu entrer au Chaitcau »introduire les gentils-horatnesdu pays, amp; foire tout ce que bon luy euft fem-Wétioint quefon honneur amp; grandeur ne luy permet-’nbsp;toyentde coucher vne feule nuiélen la ville, finon qu'ilnbsp;y euft commandé, amp; n’euft iamais fouffert que les habitans , qui ne luy eftoyeiit pas feulement inferieurs, maisnbsp;comme fuiets.luy enflent rien prefeript, ni rien fait dansnbsp;la ville contre fon vouloinmefme kiy prefent.
Le Mercredy au foir ip.d’Oftobre il arriuaà Cofne. ¦ville diftante de deux lieues de Sancerre ,de l’autre codénbsp;la riuiere de Loyre.en baifiânt. Gefte approchena-“*illa encores à merueillesceux quiauoyentcnticrcmct'nbsp;lefolude s’oppofer de toutlcurpouuoirà fon entree,denbsp;y auoit grande diuifion entre eux dcles'autres, riuiîeursinbsp;principaux de la ville, gagnez par les députez reuenusnbsp;de Cour (comme nousauens dit) trop craintifs,amp;ayansnbsp;plus d’efgard à leurs biens,qu’à la conferuation de l’f.gli-ledc Dièibde fi long téps dreflee en leur ville par vn pri-*'*fogefpecial,furét voir d: faire la reuerenceà Cofneaudit heur,duquel ils cerchoyétentierementlabonne grace. Luy de fa part, comme feigneur accort qu’il eft, nonnbsp;feulement les receuthiimaincmenti maisaufsi leur ratifia les ptomefles qu’il leur auoit ia faites par efcrit,amp; fortnbsp;faire par Cadaillet: amp; les afléura de la bonne volonté amp; a-mour qu’il leurportoit. Ces alle« amp; venues de Sancer-teà Cofne durèrent enuiron cinq ou fix iours , non fautnbsp;legrand mefeontentement de ceux qui voyoyent l’irn-.
-ocr page 776-74? MEMOIRES DE portance amp;dangereufecöfequence de ces voyages fifre^nbsp;quents, qui ne fcruoyét qu’à en esbranler de lour eniournbsp;pluiieurs, par ce moyen attirez à changemét de volonté.nbsp;Et de fait, cela engendra, ou pluftoft acreut, tellement lanbsp;diuilîon la commencée entre les habitans naturels dunbsp;lieu,que plus de quarante maifons en ont elle ruinées depuis,les chefs amp; familles s’eftSs abfentez de la ville, apresnbsp;îa reprife du chafteau, amp; la plufpart mefroe retirez auecnbsp;les Catholiques afslegeans, comme il fera veu cy apres.
T Andis que ceüx de la Rochelle amp; de Sàiicerre pen-fent àeux,leRoy, laRoyne rnere,amp; leCôfeil fecret ne dorment pas. Ils entendoyenttjue plufieurs tant dehors que dedans le Royaume diloyent aflèz ouuette-ment fee qui eftoitvray aufsi) que les eftrangers auoyentnbsp;en extreme defdain le Roy amp; tous fes Conleillersià quenbsp;la pofterité detefteroit beaucoup plus que nul hommenbsp;viuant tant de defloyautez amp; cruautez. ils penfoyent bierinbsp;aufsi que celanuiroit grandement à la negotiation denbsp;Moulue,lequel nous irons retrouuer tantoft. Etqoeceuxnbsp;quieftoyentrefehappèzdes inaflàcrcs auec le temps re-prendroyent halaine, pour donner encor des empefehe-mens à l’acompllflèment des defleinsdu Gonfeil fecret.nbsp;Et pourtant,ils auifentque trois chofes font expedientes.nbsp;La premiere,qu’il feroitbon de faire le procesfpoar gar-der quelque forme de iüftice)amp;, félon la couftume, mettre à la queftlon quelques vnsefehappez des mairacres,amp;nbsp;qui auoyent efté-tirez de leurs cachettes,puis menezpn*nbsp;fonniers, afin qu’ils fulTent condamnez par fentence denbsp;quelquesiuges cominis, amp; executezàmortenprefencenbsp;du peuple. Et ioindre à celle execution vn arreft contrenbsp;I’Amirahdu corps duquelfqui auoitefté enleuédeMont-faucon,amp; enterré fecretemct)onferoic vhe figure amp;fan'nbsp;tofmedc foin, que le bourreau traineroitparla ville»nbsp;pendroit puis apres, ta fécondé, qu’il faloit publier desnbsp;lettres patentes , par lefquelles le Roy ofdonnerqit qu®nbsp;ceux de la Religion füflent côferuez,fans toucher à leur»nbsp;corps amp; biens aucunement, mais qu’on les lailTaft vi^^nbsp;en liberté de conlcience: les attirer doucement parce!nbsp;pipee, pour faire Vn fécond maflàcre puis apres. La tro^^
-ocr page 777-L’ESTAT DE FRANCE, 749 fiefme, de faire publier des liures amp; difcours pour palliernbsp;ce qui auoit efté fait:amp; les enuoy er de toutes parts,ipcci»-Jement en Pologne amp; en Alemagne : puis faire des recharges aux Ambalîadeurs en Angleterre, Suiile , amp; ailleurs, de juftificr le Roy amp;les Catholiques dç plus ennbsp;plus.
Pour l’execution du premier expedient,il eftoitauenu qu’entre autres prifonniers quelques iours apres les maf-facres on s’eftoitfaify de M. Arnautde Cauaignes,mai-ftre des requeftes,député par les Princes,amp; receu du Roynbsp;i'our vaquer aux afairesqui pourroyent entreuenir fqrnbsp;es articles du dernier edit de pacification. Quoy qu’ilnbsp;euft des ennemis , pour s’eftre rondement porté amp; viuc-roent oppoféà beaucoup d’iniuftes deportemés du Conseil fecret ; toutesfois la Royne mere donna ordre qu’onnbsp;Çardaft.afin de s’en feruir,fi elle pouuoit.On auoit prisnbsp;aulsi chez l’AmbalTadeur d’Angleterre Briquemaut lenbsp;pere,qui s’y eftoit fauué pendant les plus grandes fureurs,nbsp;gentil-homme aagédeyo. ans,amp; quis’eïloitvaillammétnbsp;cniployé toute fa vie au feruice des Roys de France.Sou-dainqu’ilsfont en prifon, on leur aipene à tous des bour-auec menaces de les brifer amp; defehirer par pieces,nbsp;’”‘'’«fcriuenttoucà l’heure de leur propre main qu’ilsnbsp;quot;quot;'fonfpiré auec l’Amiral de tuerie Roy .fesfreres , lanbsp;°yue inefe,amp; le Roy de hïauarre. Ils s’efcrierejit tousnbsp;qu ils prendront la mort en grc, puis que telle eft la vo-lonteduRoy. qQgt;i]snepeuuent lupportertant de tour-prient humblement le Roy de leur eftre doux,amp;nbsp;cruellement traiter, cependant s’alTcurentnbsp;de Dieu,qu’ils endurerontnbsp;5 ICS pins grands tourments du monde,plulloft que denbsp;üoir vue telle tache en leur honneur, amp; auouér vnnbsp;cnionge tant impudent amp; calomnie fi rnanifefte. Lesnbsp;tes amp; t^ges qui leur furent baillez oyans leurs plain-_°^defen(es,ayans efgirdàleurs qualitez, déclarèrentnbsp;^1 s ne vouloyent point fe fleftrird’vne infiimie toutenbsp;Quelquesnbsp;ours le pa{rerent,pendantlefquels on tafeha de les auoiünbsp;les^ moyens. Mars eux fe fentans innocens de tel-, , sputations,dçmeurerent plus fermes que iamais.
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Tellementqu’oncftiblit d’autres iuges en la place de ces premiers:amp;leur donna-on des bourreaux amp; greffiers lesnbsp;plus propres à telles cruautez:fi qu’en moins de rien Bri-quemaut amp; Cauagnes furent condamnez par tel iuge-ment couuert de facrénomdeiuftice gt; îl eltre pendus.•amp;nbsp;de faitfurent menez en l’vue des plus grades amp; notablesnbsp;places Je la ville, fuyuis de plulicurs miliicrsd’hommes.nbsp;La Royne mere mena à ce fpeftacle le Roy amp; fes autresnbsp;lîls,enfemblc le Roy de Nauarre fon gendre. Les Cour-tifans eltimansqu’à ce dernier exploitccla viendroitfortnbsp;apropos, iîBriquemauten la prefehcedc tout le peuplenbsp;demandoit pardon au Roy,luy cnuoyent gens pourl’ad-uertir qu’il pourroit aifément fauuer favie.que le Roye-ftoitbehin amp; mifericordieux de fa nature, qu’il auroit fanbsp;grace facilement, s’il la demandoit en confciTantle crime dont il elloit chargé. Biiquemaut refpond franchement amp; d’vn grand courage , que ce n’eftoit pas à luy ànbsp;fafre,ains au Roy, de demander pardon à Dieu d’vn telnbsp;forfait : qu’il ne prieroit iamais qu’on luy pardonnait vnnbsp;crime,dont il n’eftoit aucunemet coulpable, mais du toutnbsp;innocent, dont il appelloit Dieu à tefmoinile fuppliantnbsp;cepêndantde pardoner au Royvne telle delloyauté.Celanbsp;dit,ces deux excellensperfonnagesfurentattachezparlenbsp;bourreau, puis pendus amp; eftranglez. O n pendit auec euxnbsp;Vil homme de foin aySt la figire de l’Amiral, en renuçr-fant par telle execution to itc forme de iugemens, veunbsp;que l’Amiral auoitefté tué auparauant,amp; apres fa mortnbsp;on luv faifoit fon proces. Et afin qu’on vove encor mieuxnbsp;celte belle procedure, nous auons icy inféré les deux ar-relts du Parlement de Paris contre l’Amiral amp; lefdits Bri-quemaut amp; Cauagnes.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
Arreft de Ja Cour denbsp;Tai'lemêtnbsp;cotre Gaf-pard denbsp;Colignynbsp;Amiral denbsp;Ktancc.
VE V parla Chambre ordonnée parle Roy au temps des vacations.les informations faites àlarequeltenbsp;du Procureur du Roy,fuyu3nt l’arrelt donné par ledit fei-gneur Roy.feant en fon Parlemét le ay.iourd’Aoultdernier,! l’eacôtrede feu GafparddeColigny, enfonviuantnbsp;Amiral de France.pour raifon de la confpiration n’ague-rcs par luy faite contre le Roy amp; fon Eltat, tranquillité amp;nbsp;repos de fes fuiets:interrogations,conftfsion$,amp;deneg3-
-ocr page 779-L’ESTAT DE FRANCE. 751 gâtions d’aucuns prifanniers es prifons de la Conciergerie du Palais,pour raifon de ladite confpiration apportéenbsp;au Greife de ladite Cour,refcripciô,lettres mifsiues,man-demens, ordonnances, memoires, quittances amp; reccptesnbsp;dudit feu de Coligny,datees du iS.iour d’Aouft 1571.amp; autres iours amp; mois enfuyuâs iufqu’au iS.d’Aouft ij/i. dernier palTc, cnquefte faite d’offices fur la vérification desnbsp;efcriturcs amp;feings dudit feu de Coligny appofezefditesnbsp;niifsiues,refcriptions, mandemens, inemoires,quittâces,nbsp;amp; recepiflez ,amp; autres pieces mifes par ledit Procureurnbsp;general du Roy, par dcuers deux Confeillers de laditenbsp;Cour commis par ladite Chambre, pour l’inftruftion ditnbsp;proces criminel dudit Coligny, fes adhéras amp; complices,nbsp;Conclufions dudit Procureur general, amp;touc veu amp; con-fidcré, dit a efté que ladite Chambre a déclaré amp; declarenbsp;ledit feu de Coligny auoir elle crimineux de leze Maie-fté,perturbateur amp; violateur de paix, ennemy du repos,nbsp;tranquillité amp; feureté publique, chefprincipal, autheur amp;nbsp;çonduâeurde ladite confpiration faite contre le Roy amp;nbsp;fon Eftat,a damné amp; damne fa memoire,fupprimé amp; fupnbsp;primefonnomà perpétuité: amp; pour reparation dcfditsnbsp;crimes,a ordôné amp; ordonnequele corps dudit de Coli-gny(fi trouuer fe peut)finon,en figure,fera pris par l'exe-cutcurde la haute iuftice, mené, conduit detrainé fur ynenbsp;claye,depuis les prifons de la Conciergerie du Palais iuf-quesenla place de Greue, amp;illcc pendu en vne potence,nbsp;qui pour cç faire fera drelTee amp; erigee deuant l’hoftel denbsp;ville,amp; y demourrapédupar l’cfpacedevingtquatre heu-res:ce fait,porté augibetdeMontfaucon,amp;pendu enice-luy au plus hautiü eminent lieu; feront les enfeignes,ar-mesamp;armoiries duditfeu de Coligny trainees à queuesnbsp;de cheuaux par les rues de celle ville, amp; autres villes,nbsp;bourgs, Si bourgades où elles feront trouuees auoir efténbsp;mifes à fon honneur,amp; apres rôpues, amp; brifees par l’exe-cutcur de haute iuftice,en ligne d'ignominie perpétuelle,nbsp;pn chacun lieu amp; carrefour ou Ion aacouftiimé défairenbsp;proclamations publiques. Toutes les armoiries amp; pour-traitures dudit deColigny,foit en boirc,ou painture amp; tableaux, oi’ autres pourtraits en quelque lieu que foyent,nbsp;ferontcalTezjrafez, rompus amp; lacerez :amp; eft enioint à
-ocr page 780-75X MEMOIRES DE
touïiuges Royaux faire executer le prefent arreft en ce regard, amp; chafeu en fon endroit,amp; à tous les fergés de cenbsp;relfort defenfes d’en garder ou retenir aucun. A déclarénbsp;amp; declare tous les biens féodaux qui fureut audit feu dçnbsp;Coligny tenus amp; mouuans itnmediatemét de la couron-ne,remis,retournea,amp; incorporez au domaine d’icelle;amp;nbsp;les autres fiefs amp; biens , tant mçubles qu’immeubles, acquis amp; confifquez au Roy. A déclaré amp; declare les enfansnbsp;dudit feu de Coligny ignobles, vilains,roturiers, intefta-bles,indignes amp; incapables de tenir eftats, offices, digni'nbsp;tC2,amp;biens enceRoyaume: lefquelsbiens (fiaucunsennbsp;ont) ladite Chambre a déclaré amp; declare acquis au Roy-Eten outre,a ordonné amp; ordône que lamaifon feigneu-riale amp; chaftel de Chaftillon liir le Loin, qui eftoit habitation amp; principal domicile dudit de Coligny, enfeniblçnbsp;la balle cour, amp; tout ce qui depend du principal manoir,nbsp;ferontdemolis, rafez amp; abbatus , amp; defenfes de iamais ynbsp;ballir n’y edifier:amp;que les arbres plantez es entour de U'nbsp;dite maifonamp; chaftel, pour l’embellilTement amp; decorajnbsp;tion d’icelle,feront coupez par le milieu.Aufsi a ordonnenbsp;amp; ordonne, qu’en l’aire dudit chaftel fera drelTé amp; erigonbsp;vn pilier de pierre de taine,auquel fera mife amp; appofee v-ne lame de cuyure, en laquelle fera graué amp; eferit le pro*nbsp;fent arreft: amp; que dorefenauant par chafeun anlevingt-quatriefme d’Aouft,iour amp; fefte de fainaBarthelemyil*^'nbsp;ront faites prières publiques,amp; procefsions generales ennbsp;celle ville de Paris,pour rendre graces à Dieu de la puni'nbsp;tion de ladite confpiration faite cotre le Roy amp; fonnbsp;Pronôcé amp; exécuté, lefdites armoiries trainees à queuesnbsp;decheuauxparles carrefours decefte villedcfauxbourglnbsp;de Paris. Les zy.St ly.io'ürs d’Oâobre,l’an mil cinq censnbsp;foixanteamp; deux. Collation faite. Signé Malon-
?Urcft de la Cournbsp;cotre Bri-lt;[ucmautnbsp;amp; Caua-gnc.
VE V par la Chambre ordonnée par le Roy au temps des vacations le proces criminel fait àlarequedenbsp;du Procureur general du Roy, fuyuant l’arreft donné parnbsp;le Roy feant en fon Parlement le vingtlîxiefme d’Aouftnbsp;dernier, à l’epcoptre de FrançoisBriquemaut,amp;Arnaufnbsp;de Cauagne.prifonniers es prifons de la Conciergeriedunbsp;Palais a Paris, pour raifon de la confpirationfaite par founbsp;Gafpard
-ocr page 781-L’ESTAT DE. FRANCE. 755 Gafpard de Goligny, lefdits Briquemaut amp; Cauagrtc, amp;nbsp;complices cotre leRoyamp;fonEltat.les proces criminelsnbsp;faits à autres prifonnier^4 Lyon,pour raifonde laditenbsp;confp.iration apportez au Greffe de la Gour,amp; tout ce quinbsp;a efté mis amp; produit par deuets ladite Chambre, par lenbsp;Procureur general du Roy auec fes concluiions: amp;ouysnbsp;amp; interroguezpar ladite Chambre iceux Briquemautamp;nbsp;CauagneÆ les délits à eux impofez;amp; toutcoiilîdeté,ditnbsp;i efté que ladite Chambre a dedaré amp; declare lefditsBti-quemautamp;Cauagne crimineuxde leze Maiefté.-pour reparation duditcrime,a condAmué.amp; condamne ledit Bri-queroautàeftre executepriuéamp;d.^gradé detouthon-neur. Ce,fait,lefdits Briquemaut amp; Cauagne eftre menez:nbsp;amp; traînez chacun fur vnecliye.parl’executeurdeda haute iuftice, depuis les prifons^Pila Conciergerie duPalaisnbsp;iufquesàla place de Greue gt;diillecpendus de eftranglcEnbsp;en vne potence croifee qui y fera dreffee amp; crigee, pournbsp;y demeurer l’efpace de vingtquatre heures, amp; apres portez amp; pendusau gibet deihlontfayçon. Adeclaré amp; declare tous les biens feodauxdefdits Briquemaut deCa^'nbsp;Uîgne, tenus amp; mouuans immédiatement de la couronne, revnis, retournez amp; incorporez à icelle : amp; tous leursnbsp;autres biens, tant meubles qu’immeubles ,feodatix quênbsp;roturiers,aqnisamp;côfifquez au Rov.Et les enfans d’iceuxnbsp;Briquemautamp; Cauagne ignobles, vilains, roturiers, infa-inteftables,inàigoes amp; incapables détenir aucunsnbsp;eftats,officesamp;dignitez en ce Royaume,amp; tous amp; chacuns leurs biës,meubles amp; immeubles (fi aucuns en ont)nbsp;aquis au Roy. Prononcé aufilits Briquemaut amp; Cauagnernbsp;amp; execute le zy. iourd'Oftobre i j 7z. Collation farte,nbsp;auifî ligné Malon.
O K comme les Catholiques , fpecialement ceux du
Parlement de Paris, tafehovent par tel arreft, amp; autres libelles fameux ,de rendre odieufe amp; deteftable de-uant le monde la mémoire de l’Amiral,lequel ils a-uoyent hay mortellement durant fa vie, pour auoir fait telle aux ambitieux deffeins de ceux defquels ilseftoy-ent creatures amp; efclaues entièrement : au contraire ceuxnbsp;de la Religion publièrent par tout des effiaies de l’A.,nbsp;Bbb
-ocr page 782-754 MEMOIRES DE mirai, à l’vne defquelles ces vers cftoyent appofez-
'TaliferiUviiltuqitenJamColignitMheros, .QMin ijerè illnflrem vitâijitt mtrfijfte facit.
enfembie quelque reprefentation de fonmaflàcre:puiS diuers Epitaphes Grecs,Latins amp; François,pour luy principalement. Cela fit penfer aux Catholiques que ceux J?nbsp;la Religion auoyent encore quelque vigueut, amp; qu’ilsnbsp;pourroÿent derechef tailler de la befongneau Confeilnbsp;fecret. Pourtant, le Roy amp; fa mere auec les leurs tafche-rentplus fortqueiamais depourfuyure leurpointe,amp;ii-cheminer viftement leurs afaires,enla forteque nousnbsp;déclarerons. Cependant nousauons icy adiouiléViiepetite partie des epitaphes faits par certains bons amp;doâesnbsp;perfonnagcs au defun£h Amiral amp; aux maflàcrez.S’ileuftnbsp;falu y mettre toutcequ’auions, c’eftoit pour faire vn \'0-lumeaflez ample. Genousadoncefté aflez de choiiirnbsp;d’entre les Latins amp; François ceux qui nous ont femblénbsp;les plus conuenables.Etquantàla vie de BAmiral,contenant le récit des feruices qu’il à faits àl'Eglife de Dieu,au,nbsp;Roy amp; à la France,elle fe verra en fon lieu plus commodément cy apres, auec les vies d’autres perfonnages, quinbsp;eftans mis en conference,donneront de belles inftru-ftiont à la pofterité.
^LLVSTR.
-ocr page 783-L’ESTAT DE FRANCE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;755
ILLVSTRISS. HEROIS GASPARIS COLIGNII MAGNI GAL-LIARVM THALASSIARCHAE, CHRISTIAN AE VERITATISnbsp;FORTISSIMO ET RELIGIO-SISSIMO PACE BELLO C\y Enbsp;ASSERTORI, BEATO CHRIST!nbsp;M ARTYRI, EPICEDl A.
N. N.
Nanque parentarnnt, G aßt are magne,tibù
’ nbsp;nbsp;Illaautem{iußaefi tj/ua nummisira) cadauer
l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tß paitria iam tumnlm.
Bbb 1
MEMOIRES DE
N. N.
Pro f atria caput expoßnt(jui millepericlû, Gar,hab et nullum mortuut ecce caputsnbsp;Sacra,prophana manu afferuit,lt;juifirtis vtraejuetnbsp;Nunc habet is nullas truncus vtrincjue manM^nbsp;Has inçrata tuo grates perßluis alumno,nbsp;Gnllia,âedecorisfaflla mini^tra tui.
Laudsbus tlla ßsis etenim celebrata maneiunti Gafparis ecce caput-,Ga^^arie ecce manutt
ait te tpßm,fiiritiß,tibires ipjQ, docebit Sic ficuijfe caputßcfecuijfe manut.
E I V S D E M.
2Vigt;« contenta caput cru de h cade perempti G aßaru ^0quot; gemmas cadere faua mantU,
Suftinuitpartes etiam -violarepudendas Gallta,ficprobro nobtlttandaßto. ¦
Nempe tua,Gaflgt;ar,nihtlefl iam in mortepudendunf Gallia,fld totusfittuue ifle pudor.
E I V S D E M.
IQm vetuitpraceps rutretne Gallia Gaflar^ Proh fielu«,ex alto pracipitatue iit.
Ingemuit terraanfinitfque inuita cruorem Haußt. amp; eft tales edere viß flnos,
Gallia,tu Peteros hoc Stante,iacente iacebiS), Jpfà tua infelix pracipitata manu.
E I V S D E M.
Pracipitem deditex aUo,amp;te rurßs in altuna Suftulit ex imo te fieleratti manus.
-ocr page 785-L’ESTAT DE FRANCE
757
Scilicet vt y«lt;« te fiudnit fiejJgt;{ndare,(jaßgt;ari H£ceadem in caIos toderetvpjue mantu»
Pergite crudeles,Quo p endet celfiortfict
Celfior hoevellrutn ßatfitper ecce caput.
E I V S D E M.
»
£ cruce (prohfitcinue^pendet Coligniiu heroT^ Q^fitbiit Chrifitpro cruce rmlLe cruces.
^uge igitur,Gaßgt;ar, decoratie dedecut ip[üm, ¦Archetypum exemple ßc reßrenteJùum.
¦eit cur inuerfi pendes ßc corporel ver^ i^l^d tecum fiterint omnia iurafirnul.
h» F. P.
Et terra (^pofjto palfue difcrimina mille, ¦^ereiaStaturGaßßarui in vacuo.
Scilicefvtrdiut ingens,0*pontut,amp;aer, conclamentvndtcjue fauitiem.
E I V S D E M.
negata tibi ne^uacjuam.Gaßßareyterrei
Ip/f ”egaris:eras caleßi ab origine totus:
‘otum Voluit cAlumynil terra recepit.
E I V S D E M.
Egt;(iphDbum AEneas lacerum crudeliter ora -eiteiue inanMsambasvtdicyÓ“ indolutt.
^ra manûfi^ttt ambos lacerat me barbara plebes, Qtunetiam infultansfigit amp; ipfa cruci.nbsp;EneampictasyOC te indelebslis tfta,nbsp;^iiiPlftiees,impiettis,improbe)nobilitat,.
Bbb i,
-ocr page 786-758 MEMOIRES DE
E I V S D E M.
Non noua,non inopina mihi mors firgtt,tdipfùm PrdtHidi:ßd dulce mori,Chriß0ijtte dicutamnbsp;R cddcre ntinc animam. Satü ah iam perfida noßranbsp;G allia tempßcopem ßdet.Tu,barbare,fidumnbsp;Jnfidè iugulanSjà titßo numiae iufianbsp;Premia sßerato.Falix in limineportfunbsp;Me capit. hen lt;^uanti capient te Gallia luHuel
Aliud in patibuldme quo pcpendit Galparus Colignius.
E I V S D E M.
Inßiwis locM hici^uondamyt^uo fapenocentttm lußie penßnturcnmina fippltciù.
Dum tarnen htan/Sns har et Colignius heros^ Pignore ab extmio nobilitatiti adefi»
O cui concédantßbtimiaÄfaußlea!
O cui PhidiacaßÜa ßpulchra manu! Hoffntis hoctantipietas ßcit almaßiecorernnbsp;Ferre loco amp; ltgno ijua valet indecori.
Notatio nominis Colignij. E I V S D E M.nbsp;Jgneut hic collie paleas ^uißpepapalesnbsp;aibßmpßtßnUü lucida ßammaßit.
Obruttu ule tarnen paleis,caligo videtur Eße bonis,nec iam lucidaßamma micatznbsp;Falleris:ignis inefi eineri,ejui crede,peruretnbsp;EtpaleastCß trit lucida ßamma bonis-
-ocr page 787-L’ESTAT DE FRANCE imwo malos vrit,rscreatiam IttmineßnElos,nbsp;Et noua iamßicltuflammea fleUa nùcat,
A. C. M.
Exànimumfteterat lt;juod Galparts in crucefidA Corpits amicorum ßrripuere manw.
^ic infelici dereptm ah arbore truncut Exapiturpatria contumulandtu humo.
^idfacitûlpatria/èpeliri poffeputatis
Cam i^tto tampatria e/iipßßpultaßmal?
L. D. N.
(^ntan Galfarsti enß iaceret^
(E'ah quantum opprejfit ¦visfceleraia Ducem!} 'Eerra dolens tremuit^diru vlnlata t^uerelûtnbsp;patriayöquot; psttriit concidit ipß Paterlnbsp;ipß etiam finguïtibut aéra complenstnbsp;gemitù/^ue cornai 0“ laniata genaSy
'^^ibuitPtet!iSiCandor,lt;è' alma Eides-
E I V S D E M.
^go silcideSialter PEeptunus ego lt;juem Eranbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;filo monÜrafnec armaßlo,
C ) amp; pace cado. Necme mea 'virtnt Regis dexterafincki met?
f? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;L. B, D,
^i^e^ator^stißjHismirdnßjUtgemeufqtte s*ois immiti corpora cafi manu,nbsp;'^enerans.Namqua cntdelia cerniinbsp;** ”ira,ßrnataßtnrpietatis honosi
-ocr page 788-700 MEMOIRES DE
Impi.'.U ilia quidem fitror^df 'veßniaficif, Obßi^Hiturßtriis dumßra tnrba ßis.
O pi étau,ôßnita fides Candida Francûm Pelîera! testis digne fiinera ‘veHrà canet?
Nec mouearefinto ipuedfintrca cadauerafoedo His dtfieEia lociiyordt^tie tranca vides,
Fttnera ßinthacgrata piis^iumulb^ue carenteSf Qali ßint dtgni mmere,nin tumuli»
S. M. M.
^pid mirumfitrunca pedéfifue-tmaniifijut saputquCi Pâtreßo extin^o Galitaprona ruit?
^uid mirumfitota ruit viduata cerebro? Non habet ifita capKt,trunc»s vtifle caput,nbsp;jQjdd mirum ß ßtpfi nequitfi.eßndere?nullatnbsp;Poßidetifta maKUS,truncui vtilie mantu.
Qßd mirum fi It are nequitß labitur expes?
Non habet illapedes,trutJCM i/tifiepedes: Nec vero incußs e]uenipuam,nam teipfi necaßi^
Infielix patrem fic perimendo tuum. G aßt are (juodfifirma tuo tu liante manebas,
Gal^are ^uid mirum fi pereunte peri«?
Infœneam D. Amiralij pendentem imaginem.
M. A. V.
judteio ijuod tarn repetito pendet,imago efi, Quinetiamlacerumcorpfu imagoßit.
,rtt veroillaßi meliorfi^oris imago,
Spiritw hac caIo rcÜitHendtu erat.
-ocr page 789-I-’ESTAT DE FRANCE. J^em CO lut t viuMiiConformi quot;vt morte referret,nbsp;Nancjue etiam necù eii Chri^ttti imago pite,nbsp;At tu maiorum iam vix virtutis imago,nbsp;Ettjua ’nullaßtpitputris imago minus^nbsp;Gallia,pro veris auide ficfalfà reponens.nbsp;Sein ijuid portendattalis imago tibi?nbsp;Credemibi,veri fi me nonfallit imago,nbsp;Hiccerta exitij pendet imago tui»
A. C. M.
ßtpetis hac image? cuius ^‘^fuGalliafialita e^tmago.
Adtumulum.
E I V S D E M.
^ieeß Gasparus Ule ^uifuit,dum ^^xit,Gallta Gallia,peremptonbsp;allia Gallia eß cadauer.
E I V S D E M.
^’^pia fàcrilega ßerabatfa^iogentis
Alterna folem mergere noüe tuum. ^ptrabat liuor. tjuid tum?tibi,Gai^ar,vter^ue
Morte tnumphata fecit ad aßragradum. quot;^^is vhi,amp; lucem cum Chriito regeperennem
^l^rtiti deuoto fangutne martyr hahes. ^Pfi bis eß leti funHui ^uocjue legibus,vtfiiinbsp;lUa Palestina gens malefana plaga.
L. C. A.
’t^ifice me quondamfatisfilicibus außtm Grajfantes Pelago pracipitare rates»
-ocr page 790-XI E M o I R. E s DE
Et die, IngratA plebtspreperaßeßalutem, Collinio prifins attitkt exitturft.
E I V S D E M.
Eiuenti meglandi manus amp;peBoraferr9
TraieHttm ante dtem quod cecidiße -videti jfblarte periße putof^Gallie concurrere Gallot
Impia dum belli fatäi^Ueßorßjue iuhent.
Errat. Ille egoßam Galpareuiplurima vtrtut Praclaram namen fecerat G'pietat.
Perfida ^uem pacitßtb imagine Gallta lußtm Dedere non meriu (proh fieltis) aufa nectfnbsp;Gallia,Collinium adaerßs terramp;^aemarifque
À. XÏ. 9.
I'ita ego vinus eramtihiGallia:morttatsahmori Sam tibi,lt;jaem volaiviaeremortemea,
Eum tu in cade mea ifuarit tihi fiua falutem^ Ta me ejaoßabatßantetcadente cadte.
Extinxti me te'^ueßmulfera Gallia-.Sedtu Per te verfa tacetßo rediüiuat ego.
Eiße tao fapere exemplo,debes mthi foeli.v
Cotti
L’ESTAT DE FRANCE; T. F. R.
Corui ad Pfcudogallos.
Htcubi Parrtßis Fttlconiafurcctmtnatur
Excidtumyfnfontii pondéré prejfa vtrt: Supplicium rauco crocitamuigutture corui^
Parcentei reüro cordaferirefenü^ Exanimt Jenü:atcontrÀ jusfenditefinteSt
Illico difierptos roHra redunca dahunt. Q^id fibi vult Galli,mgrarum furba volucrum
Pebloraquod veStrü candidiorageritl
Gallia adexteros.
E I V S D E M, üeÜoreis olim vigui,^uit Gullitt Francis
Pirma,mea vnius vi labefaÜa cado. mir are altos hoßies peregrine,ruinAS,
Pfi mihi,ijM0 ßeteramfHlta,peremptM Atlas-
Ad I. C. P. Ode.
P. S. M.
taie cfuicijuam poß hcmintcmgenus
Ltmo creatum contigitl heufidem!
Hum taie cjuicejuam peruetuliû
Hilboria memorant ah annis? loi^ueturpolbera Gallicas
Prafenßfue ruptofixdere nuptias,
Seclis nec vllis eluentur
Fa^a crHenta,rfefas piando, •^^roßuentem fanguine Secjuanam
Fxpauithorrens Oceanus pater-
-ocr page 792-7^4 MEMOIRES DE Exhorrueritnt interemptosnbsp;Naiadcs,amp;timnere Nymphi.
Ga,ritmn(t mÇos amp; Liger haudpotis Ktfèrre,nectjnos preicipites dedttnbsp;Jnfiumen,infiin^ufitrortsnbsp;Pons Araris Rhodanitjue viuos.nbsp;nongemifcat? sjuis jihi temperetnbsp;A copioßs luminalachrymis?nbsp;Qhù non inoblita cupreßitnbsp;Egregias antmau parentetînbsp;Tu flens ad amnem mœitui Ely^rium,nbsp;In luüuofa corticepopulinbsp;IncidisjO Phœbi amp; tuorumnbsp;Grande decus Cameraridarum,nbsp;voce plangû carminafunebri,nbsp;Ceu prallituta morte CaySiriusnbsp;Aies/ènilifitndtt olimnbsp;G Utt ure trille melosfub auras,nbsp;¦ ïllum,cygneù tyuellubus aggemens,nbsp;Grex iuniorum candidtu anfirumnbsp;Miratur^aufcultans canentemnbsp;Lugubribusfieaflata fibris.
Atvosfielelliperfida pellora^ StriHo profufis enfle cruortbuSfnbsp;Terras amp; vndas aerémejuenbsp;Tsngite,mulcib€rtflcjue flammas.nbsp;yindex Olympoflcilicet arbiternbsp;Æortalium res ejui trutina parinbsp;Diifen/itjVlciflcens atrocesnbsp;P erfiiiaflcelerumcjue caujflaSfnbsp;Sederenemo cernttur : imptas
-ocr page 793-L’ESTAT DE FRANCE.
Cides Ó außtf quof^ue Neronios Qm curetgigamumfHrefUum,nbsp;Hand alitjuu vigilat I ehoua.nbsp;intuetur tam hana,i^»Àm malOfnbsp;^^perpetrantur,calttuum J) eut.nbsp;En (fua ferena ßilendet aUrumnbsp;Caffiopes,oculum Tonantù'nbsp;^ti perutcact corrigerefcelua
Exertat orbi fiammiuomum iubar ChrifluiyGtgantaot Cyclopasnbsp;Sanguinea face territurue.
clangor arigt; ,iam tuba clajpco Eranunciatrix iudicv^ferttnbsp;¦^ares:,malù afueta pœnasnbsp;Turba dabit:pta plebs ouabit.
COLIGNII
EPITAPHIVM, N. C. M.
' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Hofpes amp; incola.
J.Chri^o amp;patria charijf, heroS:, ¦^aximue inui^o peüore,mente^manu.nbsp;animum vis autfrtunaßbegitynbsp;E’iEIus inauditafraude dolôi^ue iacet.
^'Qyfiacet'i I.Incautumlethalivulnevelaßt, ^^fcelus à furets exagitata nianus.
diuaajfiiiunttumulo? 1, Prima optimarerum Eelligtofcffas dilaniata comas.
oiltera tjua? I.Nemefs^cjua vindice criminis author Ebit ad inf mas fanguinolentus aquas.
Ei. .Atgenercfe heros JauSyVita, amp; gloria parta eß
ETon occidendo,fed moriendo tibi.
-ocr page 794-7lt;gt;tf MEMOIRES DE
A. M. C.
Rhodaniu rapidif^Óquot; ^rar clementd^us vndi^
Qm UtgeYy^ totum SequAna,fiilcat iter:
Et lt;^MÀ/ànguineofluÜu Garnmna Pyrenen
Lintjuit^t^r infamt Navba tingit a^tta:
Excufftt multa vi animA:mailatâlt;]tieferro
'Truncàijiie curtatK membrA cAdatteribut^ ï'’ófne fob deletA?pob dignAtA perenne
NominA,vôJhe pAtiverberA? vó/he crncem? Exlices animAyCAle^ÜA pignorAÎNufjuAm
CaU porta patetnobiliore via.
De rubo fpinifero, efflorefccnte in Cœmctcr’^ Innocentium,dum maétantur Chriftianinbsp;Lutetiæ menfe Auguftoj 1571.
I. C. A,
Florefcnntl^inA:cAHeantfibi L ilia:raro
Liliaftbß:inb furgere latafolent,
Dumßeriles inter'vemabant Lilia ^pinatf
ALaxima Galle tui gloria ruris erat.
Nunc dum Romuleis foret rubus alper in hortit^
Et mala Condaas enecatvmbra rofoi:
Natur am noUris credas tibi dicere verbit,
Liligerum perdetRomula ßina ducem.
A. D. D,
Pafamveux-tufauoirceluy ejui giß ici?
Et fa vie amp; fAmort,amp;finfepulchre aujfi?
Voy tous cts trois en vn. regarde fa patrie^
Luverrasfon tombeau,^fa mortamp;fa vit,
Il vino it a la France, en la France yiuant,^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, a
-ocr page 795-L’ESTAT DE FRANCE. ließ mort à la France,à la France ftruant^nbsp;Et contre fa fureur parfafureur extremenbsp;La France efi le tombeau Àe luynbsp;nbsp;nbsp;d’elle~me/me.
‘1
Car elle luy niant tout honnew au tombeau^ Et defihirantfin corps en a iettéen reau,nbsp;Enabrufie' aufeu,Gl’ le relie a fait pendre,nbsp;P enfintpar ce moyenfans fipulchre le rendre:nbsp;fixais vn homme inconttace corps retire'.nbsp;Et l'a fécretemettt en ce lieu enterré.nbsp;Ou eß donc fintombeaultleft par tout le monde.nbsp;Il eß en l'air,au feu,en la terre, amp; en l’onde,
DV ME SME.
Celttyejuipo^f iavie,Ó'hiende fa patrie, ai cent fois expofe'amp; les biens amp; la vie,nbsp;Celuy tjniFrance a fa teile centfiisnbsp;^^pofe à la mort, fans telle tu le vois,nbsp;^l’^y lt;jui des deux mains maintenoit PEuangile,nbsp;^^aintefjott auffila police ciuile,nbsp;pari ennemi del'vne amp; P autre loy,nbsp;^ans Ivngnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jfin,in maintenant ic le voy.
l^’gt;tia,France,comment les bons Francois tu payes. Te tuant en leurmort,te naurant en leurs playes.nbsp;^^Trance^n^ate vaimais tyuoy que tes deß'eintnbsp;•^ytnt enfin coupé celle telle amp; ces mains,nbsp;Celle telleed ces mains reuiendront en lumière.nbsp;Et ces membres coupez, auront leur gloire entière:nbsp;Et Verras à lafia que tes propres deßeinsnbsp;Ont coupe' à toy-tnefine amp; la telle amp; les mains,nbsp;D V M E S M E.
Cruel,cruel Francois,tu ne t'es contenté
-ocr page 796-76S memoires de D'oHoir cruellement à Z Amiral oSlénbsp;lEtla te^e amp; les mains'.mats tes mainsfurieufesnbsp;Lny ontanjji coupé les parties honteufes:nbsp;Jedi donccjiien fa mortriy a rien de honteux.nbsp;Et ^ue lesfiuls meurtriers ont la honte pour euX,
D V M E S M E.
Celuy i^ui empefihoit ^ue France ne cbeuß-pas. Parla France a eiée'précipité'en bas.
La terre a beu fon fang,la terregemijfante Le boire ainfilefang d'vne vie snnocente.
Ha France, tu efiois debout parfin appuy. Lit-elle,amp; maintenanttu tombes auecluy.nbsp;Et comblant le malheur de ta fureur extreme,nbsp;J estant vn autre en bas tu iy iettes toy-mefme!
D V M E S M E.
Luhautenbas,Gafgt;arontaiette’, Et puis du bas en haut on fa monté,nbsp;L’vnparfureur,rautrépar autre vice.
Jls font confus par leur propre malice. Et toy heureux.Car le bras furieuxnbsp;^ui ta mis bas fejleue tufiju aux deux.nbsp;Pendez, pltis hautjeuez-lo haujfez ores:
Jl efi plushâutfùrvos teébes encores.
DV ME SME.
Gafiartu es pendu auec ignominie Pour celuy yui en croix pour toy donna la vie.nbsp;Et ta mort à fa mort aucunement refemble,nbsp;Om a ton deshonneur honnorable rendu.
Maispour^uoy fa-on donc tout à f entiers pendu-C'efitju'on a renuerfé toutes les loix enfemble.
-ocr page 797-L’ESTAT DE FRANCE. 769
VEnons maintenant au fécond expedient clioiii par le Confeil fecret pôur attirer ceux de la Religion,nbsp;afauoir lettres patentes en leur faueur. Mais le piege futnbsp;delcouuert incontinent par l'incoiiiideration des leuncsnbsp;confeillers.Car le duc de Guile, prefent à ce Confeil ra- Leitics dunbsp;frcfcEy le ly.d'Octobre., par lettres qu’il elcriuit du inef- duc denbsp;meiüuràia inete ,inonltre ouuertement où tendoit le Gÿfe.ounbsp;Conléil leeret. 11 luy mande donc puisqu’il a pieu à Dieunbsp;confondre amp; exterininerce grad hcreliarque (il entendnbsp;l’Amiraljauec laplufparidc les adheraiis.ce qu’elle auoit lüifeçret.nbsp;touliours grandement déliré' pour le bien amp; repos denbsp;l’Eglife : l’efpere (dit-il) Madame, que le fuccez de cesnbsp;ataircs fortira tel elted que ce Icra à l’honneur de Dieu,nbsp;amp; au repos amp; tranquillité de la Republique Chrcltienne.nbsp;Car auiourdhuy, le Roy dimnement inlpiré ne voulantnbsp;lien laifl’er qui répugné à la foy Clirellienne i a entièrement determine amp; refolu en Ion Confeil, d’exterminernbsp;étalement amp; rafer tout le relie de celle vermine fedi-ùeufe.fans rien efpargncr iufques aux enfans,amp;ceux quinbsp;ont aidé amp; fauorilé à leurs machinations amp; entreprinlesnbsp;malheureufes. Et n’attendons plus pour ce faire , linonnbsp;lue les principaux d’entre eux l'oyent plus ralTeurez. Au
herefle
, le Roy a eu feur aduertifl'ement de l’eftrange llra-^^genie qu’on drelTe au Prince d’Orange, lequel il ne peut cüiter qu’à la perte de la perlonneamp; des liens. Onnbsp;aiiisi pratiqué amp; délia gaigné quelques vus de la villenbsp;jie Geneue, lefquelsauec vue troupe de foldats, qui lontnbsp;il fous couleur de Religion, s’en doyuent emparer auecnbsp;telle indullrie amp; fubtilité, que Ion efpere gt; auec l’aide denbsp;•ü''’quot; devoir le vray bout de toutes puantes amp;infedesnbsp;, s , amp; que la fource de tous les maux amp; malheursnbsp;ue nollre France fera bien toll réduite à néant, pour lanbsp;tecompenfe de fes biensfaits. Alois, Madame , nousnbsp;ttiompherons de nos ennemis ,¦ lefquels par tant denbsp;mmps ont vexé la pauuré Egiife amp;• les minilîres d’icelle.nbsp;¦DeParisce vingtfepciefme tour d’Oûobre, mille cinqnbsp;Cens loixante R douze. Voflre treshumbleamp;trefobeil-fant fils, H E N K, y. . quot;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;¦ ,
Ce qu’il dit du Prince d’Orange amp; autres entréprifes, ''aainlî. Le Confeil fecret ne fe contentant pas d’auoir
Ccc
-ocr page 798-MEMOIRES DE
ainfi remué la France, auoit mis cntefte au Royqu’ÎÇP coup ilaiiroit la raifon de tous les Princes amp; Seigneursnbsp;qmauoyentfauoriféàfes rebelles. Us oncacoultumédenbsp;qualifier ainii ceux de la Religion. Entre les premiers-eftoyent l’Eledleur Palatin , le Prince d’Orangc. la Seigneurie de Geneue amp; autres pres amp; loin.Or penioyent-.nbsp;ilsauoiren la perfonne de rAmiralamp; des autres François coupé à demy la gorge aux Princes fulhoinmezinbsp;aulquels ils deliberoyent courir fus à toute outrantenbsp;aaecle temps. Mais Dieu leur tailla a fiez de befongncnbsp;chez eux,fans en aller cercherhorsdelamaifon.oùpeutnbsp;eftre ils n’eufl'entpas trouué les gorges fipreftes à cou-perqu'ils le feperfiiadoyét.Neantmoins tant ilseftoyentnbsp;enyurez de celte faillie profperité, ils commencèrent anbsp;dreller des menées. Q^ant à l’Elcâeur Palatin amp; fesnbsp;voifins, on enuoyaforce eipions,comme Carpentier amp;nbsp;autres femblables pour confiderer les afaires, amp; prafiquot;nbsp;querç.àamp;Là. Mais celte mine ayant elté efuentee vnnbsp;des cfpions, grand amp; lafehe vilain (s’il en fut onqu^s}nbsp;compagnon de Carpenticramp; de Belles-aigues feruiteurnbsp;intime du Chancelier Biraguc.s’eftant venu faire pendrenbsp;au lieu de Carpentier, amp; dcfcouurant encor ce qu'onnbsp;fauoit alTez; le Confeil fecret ne gaigna autre chofe,nbsp;finon de rendre ehafeun plus foigneux de fuir touslesnbsp;amiellemensamp; pipees de la Cour de France. Quant ailnbsp;Prince d’Orange ,1a Royne mere manda (incontinentnbsp;apres les maflacres) à vn Colonnel des Reiftres, qu’ell«nbsp;auoit fait appointer audit fieur Prince,auec vn gros reg’quot;nbsp;men de cauallerie, qu’il le tue,ât fe retire puis apres ennbsp;France. Or elle mena tellement cefte pratique,que Innbsp;Prince ne pouuoit que perdre la vie,oudu moins fe troU'nbsp;uer plus bas que iamais. Car ß le Colonnel noroirgt;e
fion,amp; fachant cependant qu’il demeuroit fufpeft, il'® retira en Alemagne aueefes troupes, ce qui recula rner-ueilleufemét les afaires du Prfnce d’Orange. Et s'il l'euinbsp;cxecucé,chafcun peutpenfer combien d’autrescôfufioosnbsp;»’en enfuyuoycnt.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;c,
Voiladonc la refoliiMan i qui cft d’acheuer le relie,
-ocr page 799-L’ESTAT DE FRANCE. 771 rider dedans amp; dehors le Royaume, tout ce qui leur fai-foit mal auxyeux.amp;au cociir.Reftede voirie lac mouillénbsp;dont ils fe couurent, amp; la pipee qu'ils font poutrappelcrnbsp;les oifeaux elpars. Le lendemain donc on elcrit les lettres patentes du Roy pour le repos (dit-il) amp; tranquilliténbsp;de tous les fuiets de l'on Royaume , amp; conferuation desnbsp;corps amp; biens de ceux de la nouuelle opinion. Ces letnbsp;tres furent enuoyees par toutes les prouinccs amp;i publiéesnbsp;folennellement. Telle cftoit la teneur d'icelles.
De par le Roy. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘ ,
CH A R L E S par la grace de Dieu Roy de France, A tous ceux qui ces preféntes lettres verront, Salut,nbsp;tloinme pourpreuenir l'eftéttde la mal-heureufe St de-teftable confpiration faite par le feu Amiral amp; aucuns fes-complices amp; adheres fur noltre perfonne,celle de noftrenbsp;creshonoree dame amp; mere,de nos trefehers amp; trefaincztnbsp;freres les Ducs d'A iiiou,amp; d'Alençon,amp; Roy de Nauarre,nbsp;At autres Princes amp; Seigneurs eftans pres de nous, At fur.nbsp;ooftre eftat, Nous ayans cfté contrains faire procéder à l'encontre d'iceux par l'execution que chafeun ànbsp;Pdd entendre , fans que noftre intention fuft ,que pournbsp;Suon de ce aucuns de nos fuiets entreprinfenr lesvnsnbsp;les autres choie qui fuft pour älterer le repos pu-oe, amp; ôlfenfer le particulier: ni que l'innocent por-^âft l'iniquité âi faute du coulpable ; Neantmoins eftantnbsp;.ƒ nouuelle courue par tous les endroits de noftrenbsp;^dyaume amp; obeilTance, les peuples tant des villes quenbsp;gd plat pays fe font tellement efmeus , tant pour la dç-^'’ce en laquelle ils entrèrent, amp; le danger auquel ilsnbsp;P-nioyent eftre , que polities inimitié?, conccues pournbsp;endommages amp; interefts qu'ils aiioyent fouirert denbsp;cfUide la nouuelle opinion durant les troubles paflez,nbsp;''quot;c licence eftfenee infinis meurtres, pillcries amp;nbsp;^uiileruens auroyent eftécomis fur plufieurs perfonnesnbsp;s ladite nouuelle opinion,auec telle fureur que l'autho-*^rtedç nos officiers éeminiftres de iufticcauroit eu peu
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de force à les'contenir amp; .reprimer. A quoy defirant. pouruoir amp; remedier , n’ayant rien plus cher amp; en recommandation que la conferuacion de nos fuiets , amp; nenbsp;permettre que le fang d’iceux foit par tels moyens re-fparidu , comme le deuoir d’humanité, amp; office d’vn bonnbsp;Prince Je requiert. Apres auoir mis l’afaire en deliberation, amp; prins fur ce l’aduis de la Royne nolbreditedame amp; mere, nofdits freres, Roy de Nauarre, amp; autresnbsp;Princes,Seigncurs,amp;: gens de noftre Confeil priué,Auonsnbsp;parleur bon confeil amp; commune deliberation ordonne,nbsp;amp; ordonnons. Que tous les Gouuerneurs de nos Pro-uinces s’acheminerohi promptement chacun en leurnbsp;gouuernement, pour en iceux faire ce/Ter tous troubles,nbsp;tum’ultés,efmotions,meagt;rtres,piUeries, rançoritieinens,nbsp;rauiflèmensde biens meubles,amp; occupation des immeunbsp;bles,beftail,vins,grains,amp; généralement tontes voyesdenbsp;faift, faire punir amp; chaftier exemplairement ceux quiJesnbsp;auroyent commifes, principalement depuis la publication de noftreditc declaration ,amp; donner ordre à l’adue-nir que tels inconueniens n’aduiennent. Ce que nousnbsp;leur enioignons trefexpreflement, amp; nous aduertir dunbsp;deuoir amp; diligence qu’ils y auront rendu,! ce que nousnbsp;en puifsions demeurer fatisfait, amp; afin que noftre volonté foit du toutconue, amp; que nul n'en prétende caufe d’ignorance , ni ne puifle couurir fa mauuaife volonté fousnbsp;faux prétexte.
Nous auons derechef défendu fur peine de la vie,» toutes perfonnes de quelque eftat, qualité amp; conditionnbsp;qu’ils foyent,de ne tuer, meurtrir, ni attenter parvoyenbsp;de faid aux perfonnes, ni biens d’aucuns de ladite nou-uelle opinion.
Ordonnons amp; entendons que les biens qui auroyent efté prins fur eux,ou aucuns d’eux,foyent reftituez amp; rennbsp;dus promptement,amp; les détenteurs d’iceux à ce fairenbsp;contraints par emprifonnement de leurs perfonnes,amp;¦nbsp;toutes autres vovesde rigueur.
Que ceux de ladite nouuellc opinion qui ne fê trou-ueront chargez d’auoirentreprins contre noftre perfon-ne amp; eftat depuis noftredit edit de pacification, ne rien attenté contre iceluy edit, ne puifFent eftrc recerchez ninbsp;*nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;moleftc?
-ocr page 801-L’ESTAT DE FRANCE. 77? moleftez en leurs pcrfonne amp; biens par voye de iuftice,nbsp;ni autrement, pour ration des-chofes aduenues durantnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1
les troubles paifez amp; parauant ledit edit. Et fi aucuns eftoyent detenus prifonnicrs , nioleftez ou empefchez,nbsp;•OU leurs biens faiiis, qu’ils foyent mis à pleineamp;entierènbsp;deliurauce. Et à celle tin , pour entière obferuation denbsp;nollre intention, Enioignons aufdits Gouuernetfrs nosnbsp;officiers, ayans l’authonté de iuftice, amp; aux Maires amp;nbsp;Efcheuins des villes prendre en leur garde d! proteftionnbsp;ceux de ladite nouuelle opinion,pouruoir que les efmo-tious, meurtres amp; pilleries ceflent, Si n’aduiennent cinbsp;apres en aucune forte, fur peine de nous en prendre ànbsp;eux, où il fc trouueroit de leur faute , negligence , ounbsp;difsimulation. Voulons aufsi que lefdits Gouuerneurs amp;nbsp;nosLieuteuans generaux en chacune defdites Prouincesnbsp;fe tranfportent par les villes amp; lieux de leurs gouuer-nernens, amp; facent faire les cheuauchees aux Preuofts denbsp;nostrelciiers Si amezcoulins les Marefchaux de France,nbsp;par les endroits qu’ils verront plus neceflaires , pournbsp;cliafticr amp; punir promptement les voleurs, meurtriers^nbsp;amp; autres gens mal viuans, à'ia foulé Si opprefsioh dunbsp;peuple. Feront aufsi lefdits Gouuerneurs, chacun en fonnbsp;«Igard, alFembler la noblefle de chafeun Bailliage denbsp;leurs gouuernemens en laville principale amp; autres du-
Bailliage qu’ils verront plus â propos , pour leur declarer nollre vouloir amp; futeution conformément à ce quedefltis. Et dauantage en la principale ville du Bailliage , amp;¦ autres où ils pafl'eront en leur gouuernement,nbsp;feront'venir par deuers eux tous les officiers de iuftice,nbsp;amp; aufsi les Maires^, Efeheuins, amp; quelque nombre desnbsp;pnneipaux citoyens , aufquels ils déclareront de viuenbsp;voix nollre intention , leur faifant commandement denbsp;J’enfuyutechafcun.en fon efgard: aduifer auec eux desnbsp;reglemeus qui feront neceflaires pour le repos amp; tranquillité des fuiets,lefquels ils ferôt mettre par efcrit,auecnbsp;inionAiô de les obferuer, amp; s’il eft befoin d’autre proui-fion,nous en aduertirOnt pour y fatisfaire.Et pour autantnbsp;qu’encesefraotionsamp;defordresquelona veus, lès officiers deiuftice fe font exeufez qu’ils n’auoyent la forcenbsp;fuffifante pour refréner la fureur amp;infolence du peuple,nbsp;Gcc J
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ni apprehemler le^ malfaiteurs Si les punir, Nous voulons amp; entendons que Jcldiis Gôuuerncurs commandét de par nous aux Maires.amp;£iclieuins des villes s’afiem-,blcr.amp; faire eîeftionde certain nombre de bons amp;nota-ibles citoyens amateurs du bien amp; repos public gt; kfquelsnbsp;•feront tenus d’auoir armes en leurs maifons pour eux amp;nbsp;Joursder.uiteursiS: afsifter lefdits Maires amp; Efebeuins tounbsp;les fois. amp; quintes que beloin fera. Aufquels Maires , Ef-cheuins amp; habitans fufdits. cnioignons en tous cas d’ef-motion.populaire.feditioniou autre force publique, d’af-lîrtcr Si accompagner les luges pour nous faire obéir, amp;nbsp;noftre.iuftice, faire celTer les troubles, prendre amp; appréhender les malfaiteurs,les faire punir,fur peine de nousnbsp;ej; prendre aufdits Maires amp; Elcheuins qui refuferont,nbsp;tntec lefdits citoyens ,amp; autres .forces des villes defquel-Jesilamp;pourront difpofer, d’afsiller lefdits officiers ,amp; e*nbsp;cas deirufdirs d’cfmotiôs amp; meurtres, pilleries Si rançon-rieraensj Nous entendós «Je voulons que tous les officiersnbsp;de noftrc iiilbce aiJiept en perfonne ou feront lefditesnbsp;efinotioiis pour les ftird cefTcr, prendre amp; appréhendernbsp;les autheursamp; coiilpables des conftituer prifonniers,pournbsp;apre5,3lt; le.pluspromptementqùefairefe pourraduft'''ii*nbsp;reamp;iü^cr leurs proces. Et afinqueraiithoritédcnoftrenbsp;lulbce loit refpetee Si obeye , amp; que la force luy en demeure,' lefdits Maires, Efcheutns,amp; habitans ainfi efleusnbsp;accompagneront amp; afsifterontcn perfonne lefdits ofi^nbsp;ciers. Et aufsi à ce que le repos (é puifTe mieux mainte*nbsp;nir dedans lefdites villes, par l’Vnion amp; intelligence, tantnbsp;de nos officiers que de ceux qui ont le gouuernementnbsp;defditqs villes, amp; les principaux habitans d’icelles: Enioi-gnons aufdits officiers, Maires Si Efeheuins, de s’aflètn-feler vne fois la fepmaine là délibérer des chofes quinbsp;feront requifes pour le bien dcfdites villes, amp; y pouruoirnbsp;promptement:amp; là où ils verront eftre befoin d’aduertirnbsp;le Gouucrneur, le feront en diligence, à fin que rien nenbsp;demeure en arriéré. Outre ce entendons que des deliberations qui fe refondrontdcfdites affemblees ,1e lugenbsp;qui y prelideraface proces verbal, qu’il reprefenteraaunbsp;Gouuerneur pour moflrer la diùgence dont ils auroyeotnbsp;vfc à l’execution de nofire vouloir.
Si
-ocr page 803-L’ESTAT DE FRANCE. 775 . Si donnons en mandement à tous Gouuerneurs Scnbsp;Lieutenans generaux de nos Prouinces, amp; autres nosnbsp;Lieutenans generaux d’icelles Prouinces en leur abfeii-ce, Que celdites prefentes ils facent lire amp; publier parnbsp;tous les lieux amp; endroits de leurfdits gouueriiemens , amp;nbsp;le contenu garder amp;obfcruer inuiolablement, lans permettre ou louffrir y eltre contreuenu en aucune forte,nbsp;ou maniéré que ce foit, directement ne indiretleineut,nbsp;Procédant amp; faifant procéder à l’encontre des contre-uenaiis par les peines portées amp; contenues par ccfditesnbsp;prefentes ; car tel cil noftre plailir. En tcfinoin de quoynbsp;nous auons ligné ces prefentes de noftre main, amp; à icelles fait mettre amp; appofer noftre feel. Donné à Paris lénbsp;¦'^ingtliuitiefme iour d’Oélobre, l’an de grace mil cinqnbsp;cens foirante amp; douze. Et de noftre regne le douziefme.nbsp;Ainiî figné .CHARLES. Par le Roy en Ion confcil,nbsp;Fixes. Scellé fur fimple queue en cire iaune.
VOila des lettres fort fauorables . amp; qui monftroyent I-‘tit.s du voirement vne bonne afFeélion du Roy enuers fesnbsp;fttiets.Mais c’eftoyent lettres patentes,c’eft à dire ouuer-HSi Ily en aiioitd’autres clofes.qui châtoyent bien autre prouinccsnbsp;xhanlon.amp;qui furent drelTeescinq ioursapres. On les par Icf-idrelToit aux Gouuerneurs des Prouinces, amp; par icellct quelks ilnbsp;Jeurfaifoit. on entendre l’intérieur de l'intëtion du Roy, diifcouiir«nbsp;-afauoir d’aboiir entieremét tous les edits de pacificatiorj ’quot;ten-¦4 çftablir la feule religion Romaine par toutlcRoyaU'^nbsp;-jiie.C’ertoit donc ici le vrây liure,auquel les parentes ft tnbsp;uoytnc decouuerturc feulciiicnt- Rcftc de voit le contenu d’içeluy.adreiré au duc de Guifc.gouiierneur denbsp;CliampagneR-Brie., Ce que les autres Gouucmeuisamp;nbsp;.Lieutenans des Prouincesreceurént, contenoit les mef-mes mots.Pourtant il nous .t fufty d’en inférer feulementnbsp;.yn exemplaire.contenant ce qui s’enfuit.
L e Roy ayant c.onu.quela déclaration qu’il a faite fur lesoccaüonsqui féfont n’agueresprefenteesen ce-fteville de Paris »les memoires amp; inftruélions defavo-lonte qu’ilacnuo.yees de toutes pars aux Gouuerneursnbsp;de les Prouinces R;Lieutenans generaux en icelles, amp;nbsp;lepres . particulières aux Sencichaux , amp; à fes Cours
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de Parlement, amp; autres miniftres amp; officiers de iuftice, n’ont.peuiutquesicy empefcherles Coursdes meurtres,nbsp;pil[eiies;amp;^àccagemeus ijui fe tout faits en la plulpartnbsp;des villes de ce Royaume au grand defplailir de la Maie-fté,aauifé pour le plus lîngulier remede ,enuoyer tousnbsp;les Gouuerneurs en cliafcuii • del leurs gouuernemens,nbsp;afleurc qu’attendu leur qualité amp; pouuoir qu’ils ont denbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1
fa Maiefté, ils fauront bien faire fuyurc amp; obletuer fon nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;|
intention, laquelle pour plus amplement declarer, fadite Maiefté a fait depefclier fes.lettrespatentes qui leur fe- ,nbsp;ront'bttillees: Icfquelles il entend qu’ils facent exaûemftnbsp;obferucr. Outre le contenu delquelles, monfeigneur lenbsp;Duc de Guife Gouuerneur amp; Lieutenant general pournbsp;fadite Maiefté en Cliampaigneamp;Grie fera venir deuersnbsp;luy les Gentils-liommesde la nouuelle opinion refidensnbsp;en fon. gouuernement, leurdira quele vouloiramp;inten- |nbsp;tion du Roy eft de. côiérüer eux amp; leurs femmes,enfans,
amp; familles , les maintenir en la pofl'efsion R iouiflance ) de leurs biens : pourueu que de leur part ils viuentpailï- )nbsp;blement, rendans à (a Maiefté l’obeillance amp; fideliténbsp;qu’ils luy doyuent : ce que faitans le Roy aufsi les gardera qu’ils ne foyent par voyéde iuftice ni autrement iré-quietezni moleftez en leurs pcrfonnesamp;;biês,pqurrai-fon des chofes faites durant les troubles amp; déliant l'edicnbsp;de.p'acification au moisd’Aouft ly/o. Apres les admone-nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f
fteraamiablemct ne perfeuerer plus longuemêt én l’erreur des nouuelles opiiiiôs, Si de reuenir a la religiS Catholique, fe réconcilias à l’Èglife Âpoftolique amp; Romaine , en la doétrine amp; obeillance de laquelle les Roys fés predecefleurs amp; leurs (iiiets ont toulîours fainftementnbsp;vefcn,amp; ce Royaume s’eft foigneufemêt côduit Si inain-tenu.Leur remonftrât les malheurs amp; calamitez qui fontnbsp;aduenues en cedit Royaume depuis que ces nouuelles o-pinions font entrees aux elprits des homes. De combiennbsp;de meurtres elles ont efté caufés, qu’elles ont defuoyénbsp;ceux qui font tombez du droit chemin qu’ont tenu leursnbsp;anceftres, elles les ontfaitfeparerpremiereroentdel’E-glife,apres de leurs plus proches parêsife font aufsi efloignez du-lèruice de leur Roy,voire de l'obeiflance Si fidelité qu’ils luy doyuét, comme Ion aveu depuis ce regne.
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Q2? que les autheurs Sc chefs de cefte p.irt Ayent Voulucouurir leurs aclioris dunne de Religion ou denbsp;côfcienceitoutcsfois les œuvres amp; efteds ontaffel. inon-llré que le nom de Religion n’eftoitqu’vn rnàfque pournbsp;Couurirtoiites machinations amp; defobeiflànce, amp; Ibus ccnbsp;prétexté allembfér,fub6rner,amp; gaigiier gens,les aftrain-[nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lt;lre,amp; par ferment faire iurer en la caufé ¦, fous ce titre de
! Religion ,amp; par telles voyes les diftrairede Ixnaturelle affedion qu’ils dovuent à leur Roy iconfcqiiemmentdenbsp;fon obeiflànce.-eftâtaflez notoireque quelquecortiman-dement qu’ayrpeu faire le Roy à ceux de la nouuellenbsp;opinion , ils ne luy ont obey depuis fon regne, linon au-tantqu’il plaifoiià leurs chefsiaucôtraire,quand leurfditxnbsp;chefs ont commandé prendre les armes , s’elleuer, S’emparer des rilles, bru/ler eglifes.piller amp; faccager,de trou-l bler le Royaume, le remplir de feu Si fang, ceux quiVc-ftoyentainfidefüoyezàles fuyurè.oublioyent toute loy-I ^otéde toutdeuoir de bons fuiets.pour obéir amp; exécuternbsp;' leurs commandemeiis. Lefquellcs thofes lî les gentils-liohimes veulent bien conlîdcrer, ils iugeront facilemétnbsp;combien feroit leur condition malheureufe Si miferablenbsp;S’ils perfeuerent plus longuement. Car ils peuuentbiennbsp;d eux-mefmes ellimcr que le Roy enfeigné parl’expe-1 riente de tant dé dangers,dont il a pieu à Dieu prefétüérnbsp;luy 8:fon Eltat,ayant efprouué les malhétirs amp;calamireznbsp;que ce Royaume a fouffertparles furprifes des chefs denbsp;cefte caufe,leurs adherans amp; complices,qu’il nefè'feruir*nbsp;Ufrtaîs volontirs d’vn gentil homme fon fuiet qui' tiendra autre Religion qiie la Catholique,amp;: en laquelleaufsînbsp;leRoyfuyujfit fes predecellcurs veut viiireamp; mourirtil *nbsp;Veut auftj poQf, öfter toutes Jeffiances entre Tes fureté,nbsp;pour efteindre la fource‘des'difcords amp; feditions, quenbsp;tous Ceux (principalement les gentils-hommes,defqtielsnbsp;ilfefertes lieuxplus honnorables) qui délireront eftrcnbsp;de luy recoiius pour bons Si loyaux fuictv i qui voudrontnbsp;auoir fa bonne grace, Sc eftredeluy employez es charges de. fon feruicc felon leurs degrez de qualitez , facentnbsp;profefsiondeviure dorefonaiiât en mefme Religion quenbsp;talienne. Avantefprouuéqueles difeords amp; guerres ci-I ùilçs' ne cefleront en vn Ellat ou il y aura diue'rfitc de
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Religion , amp; qu’il eft impofsible à vn Roy maintenired vn mefnie Royaume celte repugnance de Religioniqu unbsp;ne perde la bien-vueillâce amp; obciflance de fes luietsiyoïrnbsp;reque ceux qui fcrôc de la Religion répugnante à la benne. ne défirent en leur cœur que changement de Roy amp;nbsp;d’Eftat.Par les ratfpns fufdites le fieur Duede Guife piwrnbsp;amener à mefme fin .s’eft'orcera àperfuader la nobleue.nbsp;Si autres perfonnes qualifiez de ladite nouvelle opinio”»nbsp;de retourner d’eux-mcfmes amp; de franche volonté à lanbsp;Religion Catholique.amp; d’abiurer la nouvelle,fans attendre plus.eïpres commandement duRoy.Car en quelquenbsp;forte que ce foit, ledit Seigneur eft refolu faire viure lesnbsp;fuiets en fa Religion , amp; ne permettre ianiais ni tolcrennbsp;quelque çhofe qu’il en puillè auenir, qu’il y ait autre fot'nbsp;me amp;• exercice de Religion en fon Royaume que del*nbsp;Catholique. Ledit fieur Duede Guife comuniquera au*nbsp;prirtci paux officiers amp; magiftrats ay âs la principale charge de adminiftratiô de la iuftice des villes de fon gouuer-nemét.la declaration de fadite Maiefté, afin qu’ils entendent quelle eft fon intention, Sc la boue fin à laquelle eH?nbsp;tend,au repos amp; vnion de fes fuiets;pour par ledit fieur denbsp;Guife amp; lefdits officiers amp; magiftrats eftre procédé auecnbsp;vne mefme intelligence amp; correlpondance à l'effeft q“®nbsp;deffiis, àce que lefruift,reposée vtilitc enpuiflerevfsir»nbsp;telle que fa Maiefté defirc, non feulement pource qui Ifnbsp;peutregardcnmaisl’vniuerfelde fon Royaume.LesBail-liß diifienefehaux qui ne font delà qualité requife,pafiq'nbsp;ront procuration pour refigner dedâs vn mois leurs offices à gentilsrhomraes capables! delaqualité portee parnbsp;l’edit fur ce fait,qui les pourrôt^qnjr exercer.Età fautenbsp;de ce faire, fa Maiefté les declare maintenantcommedesnbsp;lors priuez de leurs offices,Â!afinqu’ilsn'ayent occafio?nbsp;de couleur de reinife amp; excuiè, ellcentéd amp; leur permetnbsp;qu’ils puiffent refigner leurfdits eftats fans pourcepayernbsp;aucunefinance.Tous Baillifsamp;- Senefchauxrefideront eunbsp;leurs Bailliages amp; SenefehaufTees, fur peine de priuatiou:nbsp;Sc où ils ne pourroyent ce faire pour autre empefehe-ment, feront tenus de refigner. ce que fadite Maiefté eu*nbsp;tend pareillement qu’ils puilTcnt faire fans payer finance-Tous Archeuefques amp; Eiicfques refiderontfur leurs benefice^
-ocr page 807-L’ËSTAT DE FRANCE. 77S Ziefices; amp; ceux qui par vieillefTe, indifpofition de perfon-nes ou autrement,ne pourroyent prefeher amp; annoncer lanbsp;parole de Dieu, amp; euxmef'meseâifierlepcuple, défairenbsp;autres funftions appartenantes à leurs charges amp; digni-te2,feront tenus prendre vn côduûeur pour lesfoulager,nbsp;amp; s’employer au deuoirdeleur charge. Äuquel coudu-^heur ilsafsignerontpenfion honefteamp; raifonnablc,rcllcnbsp;que fera auilt,felon les fruids amp; reuenusdu benefice.Lesnbsp;Curez pareillement relîderont fur leurs benefices,ou feront admoneftez de les refigner à autres qui relîderontnbsp;en perfonne ,amp; feront deuoir de leurs charges. Les Ar-cheuefques amp; Euefques s'informerontde ceux qui tiendront les Abbayes amp; Priorcz,amp; autres benefices qui fontnbsp;en leurs dioccfcs.de quelles qualitez ils font, amp; le deuoirnbsp;qu’ils render.ti l’adminiûration de leurs benefices .-dontnbsp;ils feront procès verbaux, qu’ils mettront es mains desnbsp;gouuerneurs.qui les enuoyeront puis apres àiaMaicfté,nbsp;pour y pourtioir ainfi qu’elle verra eftre à faire par raifon.nbsp;Feront refider aduellcment les Curez es lieux de leursnbsp;benefices: dont ils feront proces verbaux,qu’ils mettrontnbsp;es mains des gouuerneurs, qui les enuoy eront puis apresnbsp;à-fa Maiefté.pour y pouruoir ainfi qu’elle verra dire à fai-tepar raifon . feront redder aétuellement les Curez esnbsp;lieux deleurs benefices, ou pouruoirontà iceux d’autresnbsp;perfonnes capables, felon les difpofitions Canoniques.nbsp;Faità Paris le troifielinedcNouembre , mille cinq censnbsp;foixante douze. Signé CHARLES.
Ainfi eftoit manié le Royaume de Frâce, amp; toufiours Côfcilleri le feu Amiral chargé de côiuration.ürpource qu’en d«malamp;-ditiers traitez aioùftez cy apres, comme es triemoires êtes com-precedens. ce crime luyeft impofé par fes ennemis, ilnbsp;fautconfiderer icv comme ils s’acordent enfemble. Lesnbsp;¦inauuais Confcillers du maifacre craignans que l’eHran-geté du fait ne caufaft quelque efmeute par les villes dunbsp;Royaume deuât qu’on y peufl faire de mefme qu’.i Paris,nbsp;s’auiièrét,en abulant de l’authorité amp;' reputation du Roy,nbsp;défaire entédfepartoutquecemaflàcreeftoitauenu p.irnbsp;tumulte populaire au gr.ïd regret du Roy.iufqucs à charger grandement, ceux de Guife. Et que cela ait efté ainfi
-ocr page 808-ySo memoires de cfcrit, il en appert par lettres exprefles cy deuït inCerees,nbsp;adreliees au nom de fa Maieftéaux gouuerneursamp; villesnbsp;principales,dt mefmes à mefsieurs des Ligues.Peu apres,nbsp;foit que Dieu euft priué de 1'ens tels mauuaisConfeillers,nbsp;foit qu’ils fufl'enthors de touteduiute,péfansauoirpour-ueu à tout ce qui pouuoit auenir es villes de prouinces, ilsnbsp;mettent en auant le crime de lefe Maieftéamp; de coniura-tion defcouuerte fi foudainement, que le Roy auroit eftenbsp;contraint de preuenir.Mais outre ce que la chofe de foy-mefmes n’eiloit feulement vray-femblable, Dieu les a-ueugla tellement, qu’il ne faut autres iuges netefinoiiisnbsp;pour les redarguer. Car quant au Cardinal de Lorraine,nbsp;qui en fit ce bel arc triomphal à Rome,il ne fait nullenbsp;mention de celle coniuratiommais attribue le tout à vnenbsp;certaine ihi'piratiô de Dieu au coeur du Roy: ce qui mon-llre euidemment que l’imputation dudit crime eft neenbsp;depuis le maffacre,lequel n’euft iamais efté annoncé iufrnbsp;ques àRome , puis qu’il eftoitfi bien fondé ,quelacaufenbsp;n’en euft efté tout enfembleexprimée. Et qu’en fait-onnbsp;dire au Roy mefmes deux iours apres en plein Parle-meiK? .Que celte coniuration de tuer tout,fans mefmesnbsp;cfpargner le Roy de Nauarre, auoit elle faite depuis lanbsp;bleffure du feu fîcur Amiral, ne pouuans les Huguenotsnbsp;auoir patience qn'on leur fift iuftice.Mais qui dit-on qui *nbsp;fait la blelîurecaufe de tout ce mal? On ne lait, amp; le Roynbsp;faifoit toute diligence de le fauoir. Voilace que portel*nbsp;declaration faite' au nom du Roy eu Parlement le vingt'nbsp;fixielme d’Aouft, fans auoir efgard àcc qu’on luyauoitnbsp;fait eferire par tout deux iours auparauant. Etqu’en.-lt;}ttnbsp;celuy qui.depuis en fut enuoyé porter la parole aux D'nbsp;gues?ll dit que le feu fieur Amiral cftoit venu expres »nbsp;Paris acompagné de brigands pour executes fa confpir*'nbsp;tion de long téps pouriettee. Maisque portoitceltecon-inration ? De tuer M.d'Anjou ,amp; de.Guile enlaprefencenbsp;du Roy melme. Mais quant aux Roys , il n’en fait nulltnbsp;mention,ce .quetoutesfois eftoitle principal poinftdenbsp;l’accufation : amp; pourtant n’euft iamais cité omis par luy»nbsp;s’il euft efté veritable. Mais qui auoit tiré la harquebula*nbsp;de?on ne fait (dit-il)finon qu’on prefume que c'eft vn certain Maurevel, enneiny particulier de l’AmitaLqui lenbsp;menaçoit
-ocr page 809-L’ESTAT DE FRANCE. 781 mena^oit pour l’homicide commisduranr la guerre ennbsp;laperlonne du heur de Mouy. Et qu’en dit l’Auocat Pi-brachenla belle epiftie Latine amp; Françoife, inferee aunbsp;Volume fuyuant, imprimée auec priuilegcdu Roy à Paris? Il dit que la conuiration fut prife en la chambre duditnbsp;fieur Amiral bleiFe, ce que le Roy auroit entendu le lendemain de la bltiTure par le rapport de trois irréprochables délateurs, amp; qui s’eftoyent mefmes tromiez en cenbsp;conreil,amp; tous trois accordant. Mais que portoit ceftcnbsp;coniiiration ? 11 n’en ofe rien dire . Etde l’autheur de lanbsp;blcflure? Riendutout. D’autrecofté, l’Euefquede Valence pratiquant alors l’eleftion du Roy de Pologne, amp;nbsp;quifauoit letout deuant qu'entrer en Alemagne,qu’ennbsp;dit-il amp; de voix amp; par efcrit enl’afsëblee desPölonhois?nbsp;Il dit (comme nous verron» en fon lieu) que tout a elfenbsp;fait par tumulte populaire : amp;fe fumet à eftre eftinié lenbsp;plus mefchant homme du monde, s’il fetrouuequeia-tnaisleRoy ait feulement approuiié vn tel amp; fi malheureux afte, tant s’en faut qu’il l’ait commandé. Qu’en ditnbsp;“ualement Camille Capilupi Courtifan de Rome , au li-^ret qu’j]çf)fait intitulé. Le Stratagème deCharlesînbsp;“Ont nous auons couché en nos memoires ce que lesau-P'es auoyent omis.Il dit que la coniuration eftoit faite denbsp;tnaijj, amp; leiour de l'execution afsigné au vingt-I ^'’oiuefme d’Aouft . Que le Roy en eftant auerty,attitranbsp;nry-inefnie Maurevel pour tirer fur l'Amiral le vingt-euiiefjj)e;cequifutfaitaufsi. Voilafurvnmefme Fuitnbsp;tefmoignages, afauoir lettres du Roy à tous les gouverneurs, du vingtquatriefme d'Aouft propre iour dunbsp;allacrç.Jjnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;faitg ay contrairedes lettres par
ƒ .'F^^'S'ieur Roy en plein Parlement levingtlîiiiefme uditmoisrla harangue de l'AmbaiTadeur du Roy auxnbsp;'gves : l’epifire de l’Auocat Pibrach : les ades de l’Euef-qncde Valence en Polongne:amp; finalement le rapport denbsp;'-apilupi,toi|,difcordans entre eux es circonftances dunbsp;temps,des pei fonnes,amp; du fait mefme:amp; qui plus efi,tousnbsp;'amp; forgez, qu’il n’y en a pas vn qui nenbsp;puilleefire combatu par certaines amp; neceilaites raifons,nbsp;tomme defî.i il a effé plus que fuffifàmment monftré, amp;nbsp;eieraencor bien amplementcyapres; encoresquela
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ctiofe parle Je fóy-mel'ine.
Tels ciloycnt les JelTeiijs du Confeii fecret cotre touj ceux de Ia Religion. Cependant,l’Euefque de Valencenbsp;pourlnyuoit fa negotiation de Pologne . ellant arriuéanbsp;Lipfe.ville del’EIetieur de Saxe,apres s'eilre defpellrédenbsp;diuerfes difficultez parmy l’Allemagne, où le nom dunbsp;Roy, de la Royne mere, du Duc d’Anjou, amp; des Françoisnbsp;elloit delchiré d’eftrange forte,D’vn autre cofté pluiîeursnbsp;de la Religion voulans pouruoir à leur confcience amp; anbsp;leurs corps aufsi ,tafclioyentà fe fauucrhorsde France:nbsp;les vns en Angleterre, les autres en Allemagne,fpeciale-incntàHeydclbergamp;à Strasbourg:lesautres enSuiileànbsp;Kaile, amp; en diners lieux de la Seigneurie de Berne, comme .à Laufanne i amp; ailleurs. Vn grand nombre fe retira anbsp;Gcneue.La RocIie!IeiMôtauban,Nifmes,amp; quelques vil-lettes du Viuarez amp;des Sevenes feruirent de retraite anbsp;plnfieursde Guyeniie,Languedoc,amp; autres prouincesTanbsp;plu (part de ces panures fugitifs eftoy ent defnuez de bics,nbsp;ayans eftédefpouillez fur les chemins parles voleurs,qmnbsp;âcheuoyent d’emporter ce qu’ils auoyent peu tirer de lanbsp;flamme des maflacres. Neantmoins, refpirans apres v-ne fi horrible tempclle , encore prenoyent-ils pourlieu-reu.x prefage, que parmy tant de meurtres amp; deluges denbsp;fang ou eftoyent demeurez gens de toutes qualitezipref-ques tousles miniftres des Eglifes reformées (hays fpÇquot;nbsp;cialementdes maflacreursie oyent cfchappezis’alfeurasnbsp;que Dieun’aiioit conferué les payeurs, que pour ralTera-bler encor quelque iour les brebis efparfes. Enccsddo-lations pluneursbonsperfonnages des Eglifesd'Angleterre amp; autres pays eftrangers firent de grades aumofnesnbsp;pour le foulagement des panures eftrangers : tellementnbsp;que plufieurs furent merueilleufementconfermez en lanbsp;doiftrine delà prouidencedeDieuenuersies liens. Vraynbsp;eft qu’aucuns ayans leurs afaires en recommandationiOUnbsp;leurs femmes amp; enfans derriere, ou folicitez pardiuersnbsp;allechemens rentrèrent aux filez du Côfeil fecret, où lesnbsp;vos font morts pauurement; les autresayans fouuentdenbsp;belles peurs,fe font endormis pres de leur malheuntadisnbsp;que leurs frétés réfugiez ont loué l’Eternel pour fes iuge-mës amp; mifericordesjcôme nous verrôs au volume fuyuat.nbsp;Nous
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Nous n’auôt point fait mention des deliurances admirable? de fort grand nôbre de particuliers de laReligion, pourtant qu’il faudroitla vie d’vn home pour les deicrire,nbsp;felô leur merite, le diray cela de ma part,que fi i’en met-tois enauâtce que i’en fayde la bouche des efchappez,ienbsp;feroisvn volume pareilàceftuy-cyJvlais l’efperance quenbsp;i’ay qu’aueebon loifir.ceux qui ont efté fi excellemmentnbsp;afsiftez de Dieu,ne tairont fes louâges.mcfait contenternbsp;defuyuremonintention.enprefentantdes memoires amp;nbsp;annotations d’vne partie de ce qui s’eft pafl’é.D'vne chofenbsp;affeureray-ie le Le£l:eur,c’ell que les miracles plus remarnbsp;quables que Dieu a faits cnlaconferuation des liens ennbsp;plufieurs milliers d’annees.ont efté par luy renouuelez ànbsp;l’endroit de ceux delà Religion en l’efpace dequelquesnbsp;mois.dequoy ie les prie fe bien fouuenir.pouraipireraunbsp;but où Dieu les feinond par tant de refmoignages de fanbsp;bonté, laquelle il a fait clerement reluire au milieu de fesnbsp;iugemens,côferuant les liens en la folTe des lions,amp; cheminant auec eux en l’abyfme de mort!
Orauant que conliderer plus auant les deportemens des Catholiques amp; de ceux de la Religion en France, ninbsp;reprédre l’Euefque deValence s’acheminant en Pologne,nbsp;ce volume eftant paruenu à faiufte grofleur, il a femblénbsp;expediëtd’y mettre fin,tantpourdônerau Leéteurquel-Uuc loifîr de.reprédre halaine, que pour luv aiguifer l’af-fcftiondebien pefereequi eft côtenu au volume fuyuat,nbsp;cotenant le renuerfement d’vne grade partie des meneesnbsp;du Confeil lecret!amp; en fomme.les certaines amp; cuidentesnbsp;preuuesdece que chante le Prophete au Pfeaume 1^7:
Zj Eternel confirte Ôquot;ßulage
Ceux ^uaffiitlion tient en ßrre:
Et des meßhans toute la rage
RahajJJe CZ renuerßpar terre.
FIN DV PREMIER VOLVME,
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