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VOLVME SECOND DES

CHR ONI Q^_y E S

D'ENGVERRAN D E MO N S T R E LE Tnbsp;gentil-homme iadis demevrant

A CAMBRAT EN CAMBRESIS,

Clr

Guillaume Chault;liere,rue fainót laques,à l’enfeignc du Temps amp; de l’Homme Sauuage.

1^7^-

Auec Priuilege du Roy.

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P RO LO G V E.

N trcfrenommé Philofophe nommé Vegece recite en vn fien liurc qu’il feift de la vaillance amp; prudence de cheualeric,nbsp;que l’exercite des armes amp; la continuation de batailler quenbsp;eurent iadis les Rommains furent caufe qu’ils fubiuguerentnbsp;amp; dominèrent la plus grand partie du monde. Laquelle recitation amp; qu’il ay t ainlî efté il femble eftre veritable, par cenbsp;que engin fubtil induftrié amp;exercité d’armes fait plusfou-



iient obtenir viôloire que grande affemblée ne multitude de combatans. Et à dite la vérité peu de choie euft efté le petit nombre d’iceux Romains en leur temps au reo-ard de toutes autres nations, fils n’eu fient eu en autre maniéré fubtillité ôcnbsp;inftrudion de combatte que n’auoient leurs aduerfairesimais ils eftoient à ce dunbsp;tout ordonnez amp; de iour en iour continuoient en icelle exercite par laquelle ils 'nbsp;acquirent durant leur regne grand renommée amp; ineftimable louenge qui aunbsp;iourd’huy demoure par efeript en plufieursliures :lelquels clercs, figes amp; elo-quens pliilofophes amp; poètes ont fait amp; compofé tant en metres comme en pro-fe,5c qui Ibuuent deuant les Princes amp; grans ièigneurs font alléguez amp; voulen-tiersveuz amp; ouyz pour les vertueufes cntreprinles 6c hardiefles d’armes qui ynbsp;font eferiptes 6c trouuées. Si peult on confiderer en celle partie que le trelpuif-fant Dieu créateur du ciel 6c de la terre de fi grace donne à vn chacun entendement par Iby lèparer de tous autres, par lequel aucunesfois le ferment en aucunes perfonnes diuerfes imaginations d’vne melme chofe, car nous voyons quenbsp;lesliuresde pluficurs Icienccs compofées parles figes anciens ont ellé 6c fontnbsp;adiouftées aucunes choies,qui eft a fiippoler icelles auoir ellé precedentes à l’entendement d’iceux: lefquefs n’en voulurent pour lors mettre n’elcrire finon cenbsp;qu’il leur fembloit que la matière requeroit. Et ceux qui ce ont qui s 6c trouuénbsp;foit par entendement naturel, elcripture ou experience entant que l’intentio Ibicnbsp;vtille ôc raifonnable, le doiuentbenignemêt 6c aggreablement retenir fins pournbsp;ce reprouuer l’aéleur. Et aufii nul ne fe doit pas trop efmerueiller fi les hommesnbsp;ayans leurs engins appliquez a la guerre trouuent ou imaginent felon la qualiténbsp;du temps aucunes nouuelles maniérés qui leur femblent ellre necelTaires 6c con-uenables à la conduiéle d’icelle. Et qu’onequefmais ils ne veirent ne Iceurcnt lesnbsp;parolles qui leur viennêt de leur propre entêdement 6c imagination par fardantnbsp;defir qu’ils ont aux belbngnes,comprenans 6c confideras en eux mefmes les maniérés qu’ils parçoiuent ellre pour eux aduantager d’enuahir leurs ennemis, 6cnbsp;eux deffendre d’eux tant par art ôc manière louable comme par proëlfe 6c vaillance de corps: dont tous hommes de noble courage qui fe mettent a hanter 6cnbsp;pourfuiuir icelle guerre par ordonnance,contrainóle ou neceflité conuenable,lenbsp;doiucnt de leur pouoir inllruire 6c employer vaillamment 6c honnorablementnbsp;au bien de la choie publicque ôc aufli en particulier pour leur honneur 6c corpsnbsp;garder ôc deffendre,ôc en ce faifint peuuent acquérir grande recommendation.nbsp;Et fans aucunement vouloir delroguer à la vaillanceôc proèlTe des anciens preuxnbsp;en armes,ne diminuer leurs excelles ôc nobles ßits:Selon mon opinion on trou-ue aulli haultes ôc excellentes vaillances de plulîeurs maniérés auoir efté faiélesnbsp;au temps dont celle prefente hyffoire ou chronique fera mention qu’en icelles,nbsp;que par auant on peuk auoir veu ôc ouÿ recorder : car par vfage ôc continuationnbsp;t

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PROLOG

ont efté mis cn cours moult de crucis amp; diucrs habillemens de guerre defquels par auant n’eftoit aucune mémoire : pourquoy à I’occafion amp; ayde d’iceux auecnbsp;autres fubtilitez ont efté commifts amp; fbntaduenties ditierfts maniérés de foynbsp;conduyre entre la deflufdide gtierre.Pour lefqu elles ramener â mémoire,recordation veritable, ie Enguerran de Monftrelet faifant ma reftdence en la cité denbsp;Cambray qui autresfois ay prins laborieux plaifir à faire mettre parefeript parnbsp;maniéré de chronique les merueilleufès aduenturcs amp; vaillances d’armes dignesnbsp;de louége amp; recordation aduentics au trefehreftien Royaume de France,es paysnbsp;voifinsamp;és marches loingtaines tant de lachreftienté comme d’autre loy, aunbsp;mien petit entendemêt fans polir les chofes,ne iftir hors de la matière, mais mettant le fait direéhement, en enftiiuant les recitations qui faiéles en ont efté à moynbsp;par plufieurs hommes nobles amp; autres notables perfonnes, amp; aufli par Roysnbsp;d’Armcs,Heraulx amp; pourftiiuans dignes de foy amp; de credence, qui ont efté pre-fens aux befbngncsune fuis remis à continuer amp; pourftiiuir ce que de longtempsnbsp;auoy e amp; ay encommencéc amp; a entendre les befbngnes, pour compiller ces pre-fèntes hyftoires,qui fe comprennent comme on pourra veoir à elles lire amp; ouyrnbsp;en batailles mortelles,defolations de plufieurs Eglifts, citez,villes amp; fortereftes,nbsp;depopulation de moult de pays amp; autres merueilles piteufes a recorder,dont lesnbsp;vaillansöc prudens hommes tant nobles comme autres qui longuement y ontnbsp;expofé corpsamp; biés amp; fouff ert amp; enduré peine amp; trauail cn perils de leurs corps,nbsp;amp;quc grad partie d’iceux y ont par vaillance ou par pitoyable aduenture mifera-blement finé leurs iours, doiuent eftre bienheurez amp; guerdonnez,en racomptatnbsp;leurs vaillances,bonnes renommées amp; nobles faits, tant pour eux que leurs fuc-cefleurs,amp; doit eftre dénoncé par les viuans à durable mémoire. A laquelle ouyrnbsp;reciter toutes nobles perfonnes de vaillance amp; hardy courage fe peuuent amp; doiuent reueiller à vouloir loyaument fèruirleur Prince amp; fèigneur droiâ;urier,ennbsp;gardant fà querelle amp; bon droit. Et pour ces raifons ay voulu mettre amp; par ex-pofèr mon temps,comme dit eft,en perfèuerant cn icelle occupation:car auec cenbsp;ay aflez apperceu amp; veu par experience ce que aucuns Princes amp; fèigncursdenbsp;grandes auôloritez amp; de diuers cftats ont prins plaifir à en veoir amp; ouyr aucunenbsp;chofè, jaçoit ce que ce ne foit pas fans peine d’enquerir,veiller amp; trauailler quenbsp;tels faits fe puiffent aufti par ordre afTcmbler.Toutesfois de tant peu griefuelenbsp;trauail comme Fadeur y prend plaifir quand il le fait libcrallernent.Si commencera iceluy mon fécond liurc au mois d’Odobre mille cccc. xxij. q ui eft la fin dunbsp;premier volume par moy autresfois compofé des hyftoircs precedentes.Etauffinbsp;le commencement du regne de trefhoble mémoire Charles le bien inftruit par lanbsp;grace de Dieu Roy de France fèptiefîne de ce nom,amp; finira ou mois de May 1 annbsp;mille cccc.xliiij.Auquel mois ôc anfè prindrent amp; fermèrent les trefucs d entrenbsp;les Royaumes de France amp; d’Angleterre en la ville de Tours cn Touraine.

S'ensuit la table de ceprefent deuxießie 'volume d'Enpuerran de Mon^irelet.

Et ^emietement.

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SECOND

O M M E N T Z« nouvelles de la, mort du Roy Charles le bienbsp;ayméfuret a^fportees au Ducnbsp;de Touraine Daulph 'm fon


feul fils filujieurs autres matières. Fueillet i

Comment Charles Duc de Touraine DauR fhin fut couronné apres la mort du Roynbsp;Charles fon pere.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i

Comment les Parifiens enuoyerent leur am-hafifiade en An^eterre deuers le Roy Piety fion confieiiautres matières, i, . Commet les capitaines du Roy Charles faß-fmblerent en grand nombre pourleuernbsp;l^jiege de JAeulan. Et commet le Duc denbsp;Bethfort traiCia d ceux dudit pont, z.nbsp;Comment les Francois eßchellerent ^prin-dr ent la fiorterejfe de Dommart en Pon-thieunbsp;nbsp;nbsp;plufieurs autres matteres.nbsp;nbsp;nbsp;3.

Comment les Ducs de Bethfort fie Fourgonne de Bretaigne 'vindrent d Amiens feirent alliance entre eux.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4.

Pothon defain^eTrciUeamp;^ Eyon-nel de Tvandonne feirent armes en la prefence du Duc de Bourgongne. y.nbsp;Comment le Comte de Salfiebery afiiegealanbsp;firterefie de lAontaguillon, laqtielle fenbsp;rendit d luy ('y autres matières. 6.nbsp;Commet le Roy Charles de France feit afiie-ger laville deßreuant par leConnefia-bledEßcoce le Comte de Tantadournbsp;Auuergnois.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y.

Comment mefiire lacques de Harcourt tint parlemet auec mefiire Raoul le Bouteil-lierpour la reddition du Crotoy. g.nbsp;Comment la ville de Compien^ie fut remißenbsp;en la main des Anglais. Et comment lanbsp;ville chafiel du Crotoy furent rendusnbsp;au Duc de Bethfort.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ii.

Comment deux mai fires en ars furent en-uoye^en la cité de Tournay pour admo-nefler amp; entretenir le peuple en l'amour du Roy Charles autres matières, ir.nbsp;Commentmefiirelean de Luxembourgaf-fiegea le chafiel de Jfviege. Et comment

TOLTTIE.

ilfeitvneembufche ofi Pothon de fain-éle Treille fes compaignons furent defconfits.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ii.

Comment en cefl an grand quantitéd'Anglais arriuerent d Calais^ autres ma^ tieres en brief Et comment mefiire leannbsp;deLuxébourgafiiegea la ville de Gutfenbsp;plufiteurs autres matières. - -iz.nbsp;Commentéeßigneur de Longueualnbsp;nbsp;plu-'

fleurs autres feigneurs fe tournèrent de la partie du RofiCharles. ' 'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;13,

Comment le Duc de Bethfetyt ^da d grand-fiuifance tenir la iournee deuant Tvry ; laquelle ville g^t^ forterefe luy furentnbsp;rendues.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;13.

Comment le Duc de Bethfort pourfuiùit les Francois gj^ les combatit deuant Fer-nueil.

Comment ceux de la ville de Tournay fef meurent Ivn contre l'autre.

Comment ceux de Guyfe traiélerent auec mefiire lean de Luxembourg gyt* mefiirenbsp;Thomas de Ramp fon,

Commet les Ducs de Bethfort g^ de Bourgongne prindrent peine d appaifr les Ducs de Clocefire de Brabant.

Comment les Ducs de Çlocefire g^ laDu-gt; cheffiefa femme allerét de Calais en. Hainbsp;naultprédre l’obéiffiance des bonnes villes . Et comment le Duc de Bourgonÿcienbsp;feprépara pour aller en l’ayde du Ducnbsp;de Brabantfon coufin.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j8.

Comment le Duc de Clocefire enuoyavnes lettres au Duc deBourgon^e. Et la copie A icelles.

Copie des premieres lettres du Duc de Bourgogne enuoyees au Duc de Clocefire.

Copie des f codes lettres enuoyeespar le Duq de Clocefire au Duc de Bour^gne. z o.nbsp;Comment le Duc de Bourgonÿîe retournanbsp;en Flandres.Et commet il renuoya vnesnbsp;fécondés lettres au Duc de Clocefire gsr*nbsp;¦ la copie d’icelles.

Commét la ville de Braine en Hainault fut defiruiéle def lee par les commis dçnbsp;t 'V


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TABLE BES

Brabant ö** autres matteres. zi.

Commet le Pape 'Martin enuoya 'ones huiles au Buc lean âeBrabat la teneur dicelles.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;zy.

Comment apres le departement du Buc de cloceftre la guerreßeßteut en Hainauli.,nbsp;amp; comment la Buchejje laqueline denbsp;'Bautere efcriuit au Buc de docepirenbsp;pourauoirßcoursnbsp;nbsp;nbsp;le contenu d'icelles

lettres. ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;X3.

Comment le Buc de Bethfort el^ le Buc de Bourgo'ngne fe trouùerent ensemble ennbsp;la 'Ville de Bourlens amp; autres matteresnbsp;enjuïùans.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;z^.

Comment le Souldan amp; les Sarraicins de-Itbererent dialler conquerre tout le royaume de chippre. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;z^.

Comment le Buc deBourgonghe feit grandes preparations pour combattre le Buc de cloceflre autres matières. z6.

Comment la DuchefelaquelinedeBautere fe partitnbsp;nbsp;nbsp;embla de la 'ville de Gand

gÿ*fen alla au pais de Hollande. nbsp;z6.

Comment le SDuc de Bethfort meit ius le champ des XDucs de Bourgongne denbsp;docefire g^ autres matières. z-j.

Comment le figneur de Siluatier 'vint au pa:is de Holla de en bay de de la 'Duchef-f laqueline de Bauiere.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;zy.

Commentle D/zc t/e Bourgongne retourna en Hollande afiegea la 'ville de Ze-ne über ehe, laquelle fe rendit dluy^gjt*nbsp;autres matières.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;z 8.

Comment les Sarra'gms retournèrent en chippre cM eurent bataille aux chip-priens. En laquelle bataille le Pfiy f^fnbsp;prins cZ meneau Souldan. z^.

Commet la forterefc de Moynes en cham-paignefut reprinfedes Fracois.^gy' comment fentence fut rendue pour le Duc lean de Brahant la forterefi d'Ori-pette en Prouuence.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;31.

Côwwewf le Duc ne Bethfort feit aßieger Montargis : Et comment lefegefut leuénbsp;par les Francois gs^ autres matières. 31.

CHAPÏTP.ES ¦

Cornet la forterejfe de la Malle-maifon qui efloit d bEuefque de cambray fut prinfenbsp;par meßire lean Blondel^g^^ autres matières.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5}'

Comment meßire lean '^londel rendit la fortereße de la Maüe-maifon quilauoitnbsp;prinfe d b Euefque de cambray.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;33*

Comment le Tiuc de 'amp;ourgongne retourna au pais de Hollande où ilfeit a faillir lanbsp;'ville de Hermonfort g^ autres matières.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;34-

Comment en ce temps le Souldan de^abi-loine efcriuit lettres aux Princes ehre-ßienSfg^ la teneur dlicelles. 34-Comment les Anglois 'vindrent en la Duche de ÿretaigne où ils feiret moult de mauLnbsp;gÿ* dedans dommages, g^ autres matières,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;34-

Comment meßire lean de Luxembourg af fiegea 'amp;eaumont en Argonne.

Comment le traiblé fe feit entre le T)UC dt Bourgongne g^ la -Duchefe laqueline denbsp;Bauierepour la guerre de Hollande, gFnbsp;le contenu d’iceluy.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3^’

Comment le comte de Salfebery 'vint en France d tout gras gens en bay de du quot;DUCnbsp;de Bethfort. Bt comment le Bgt;uc de Bournbsp;gongne ramena la jyuchejfe laqueltne denbsp;Bauiere en hainault.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3 •

Comment ceux de Tourney fefneurentde rechief b'vn contre l'autre.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3 7*

Comment le cote de Salfebery conquifliar-gueaux g^ plufieurs 'viües deuers Or-leans.Bt cornent le duc de Bethfort 'voulut auoir les rentes des Bglifes. 51' Comme le comte de Salfebery aßiegea lanbsp;cité A Orleans où ilfut occis.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;31'

Comment vnprefeheur nommé frere Thomas conuertitplufieurs perfonnes g^ a-batit les boubans g^ atours des femmes enplufieurs parties.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3

Comment grans tournoyemens fefeirent en la ville de Bruxelles.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;35’-

Comment le comte de Namur treßaßa g^ fut le DUC de Bour^gne fon heritier. 40«nbsp;Comment


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DF SFCOddD POmiE.

Qomment le Roy charles de France le DUC de 'Ëethfortnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;leurs puiffance ren

contreront l'vn l'autre vers le JAont if-piloy. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;48. ¦

Qomment le Roy charles de France enuoya fes ambaffadeurs d Arrêts vers le duc denbsp;'amp;ourgongne.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;49.

CommentlefeigneurdeLongueual print le chafieau dkmmarle fur les knglois. 49.

Qomment la ville de compienÿte fe rendit au Roy charles.'Ë.t du retour des ambaffadeurs de France qui efloient alle^yversnbsp;le DUC de Bourgongne.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5 o.

Qomment le duc de Bourgongne enuoyaßs ambaffadeurs d Amiens pour entretenirnbsp;les habitas d'icelle vi lie de fa partie. 51.

Qomment le Roy charles de France f en retourna en Touraine nbsp;nbsp;nbsp;en '¥,erry .nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;51.

Qomment le duc Philippe de '£,ourgongne en grand appareil ramena fa fæur en lanbsp;cité de Paris au duc de 'sgt;ethfort fonnbsp;mary.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;51.

Qommét les Francois amp; les 'amp;oiurgongnons courroient l'vn fur l'autre^ nonobflat lesnbsp;trefues qui y efioient.

Qomment le feigneur de Saueußs nbsp;nbsp;le ba-

fiardde ffinél Pol furent prins deuant Paris par les François. Ef comment parnbsp;dautres Francois la ville de S. Denysnbsp;fut prinfenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;efchellée.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;53.

Deplufieurs conquefes que feirent les Anglois.

Qomment le duc de ^ourgongne fe remaria la tierce fois d ma damoyfelle ffabelfille au Roy de Portugal.

Qomment Fflienne de Fignolles dit la Pdire efchella print la ville de Louutersnbsp;en Tdormandie.

Qomment en cefl an le duc de ^ourgongne mifl fus vne ordre qui fut nommee l ordre de laThoifon.

Qomment lefeigneur de creuecueur

bert de Saueufes furent rencontre-^des Francois en allant d.clermont en -Qeau-uoifis.

Qomment les Anglois allans au fecours du fiege A Or leans rencontrerent les Francois qui les ajj^ailtirent.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;40.

Qomment vnepucelle nommée leanne vint deuers le Roy Charles d chinon ou il fenbsp;tenoit. Ef comment ledit Roy charles lanbsp;retint auecluy.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;41.

Qomment de^ar le Roy charles nbsp;nbsp;ceux de

la ville dOrleans vindrent ambafj^a-deurs en la cité de Paris pour faire trai-cléau 'DUC de 'Qethfort, afin que ladiéie ville dOrleans demourafipaifible. 4^.

Qomment lapucelle leane nbsp;nbsp;plufieurs no

bles capitaines Francois deprandre^ nom raffrefchirent la noble ville citénbsp;dOrleans deviuresnbsp;nbsp;nbsp;degens darmes:

depuis leuerent lefege. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;41.

Qomment le Roy de France d la requeue de la Pucelle leanne d'autres nobles capitaines eéians en la ville dOrleans leurnbsp;enuoya gras gens darmes pour aller furnbsp;fes aduerfaires.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;43.

Qomment la Pucelle leannefe connétable de France It duc dAlenconnbsp;nbsp;nbsp;leurs

routîes coquirent la ville de largueaux. 'S-t la bataille de Patay où les noblesnbsp;Francois defconfirent les Anglois. 44.

Qomment le duc de 'ßourgongne d la reque-feduDuc de Bethfort fen vint d Paris où de nouuel ils reconfermerent leurs alliances.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;45.

Qomment le Roy charlès de France fe meit fur les champs d tout grand foifon denbsp;gens d'armes de cheualiers, auquelnbsp;voyage meit en fon obeiffance plufieursnbsp;villes e?* chateaux.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;46’.

Qomment le Roy charles de France d tout grande noble cheualerie, d toutnbsp;grand nombre degens darmes fen vintnbsp;en la cité de Reims où il fut facré parnbsp;l'Archeuefque de Reims.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4 6.

Qommétle duc de Bethfort feit moult grad affemblée degés d'armespour aller combattre le Roy charles. 'S.t comment il luynbsp;enuoy a vnes lettres,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;¦nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;47.

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TABLE DES

Qomment cinq Francois feiret armes à Arras contre cinq Bonrgongnom nbsp;nbsp;autres

menues matières.

Comment le Duc de Bourgongne d tout fa puijjance alla loger deuant Gournay furnbsp;Aronde.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^6.

Comment le Duc de 'amp;ourgongne alla mettre lefiege deuant le thaflelnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;forterejjede

Choify.Lef il coqut^l en brief tour s.

Comment leanne la Pucelle rua iusFran-quet dArras amp; luy feit trencher la te-

Comment Fené Duc de'ëarmiflle fiege deuant chappes cmpres Troyes en cham-

Qomment leanne la Pucelle fut prinf des nourgongnons deuant cornfiengne.

Qomment le ieune Pspy Henry d'Angleterre Hmt en Fracenbsp;nbsp;nbsp;de fendit'd calais. 8.

Commet apres la prinfede la Pucelle le Duc de Bourgongne cr* fesgens fe logeret deuant la ville de compiengne. 58.

Qomment les Liégeois fe meiret fus d puif Jdncede communes vindrent en lanbsp;comté de Namur.

Qomment le Duc de 'ßourgongne enuoya le feigneur de croi en la Comté de Namurnbsp;contre les Liégeois.

Qomment le comte de Hontidon vint deuant compien^e en lay de du ytucde ¦Qourgongne.

Qomment vn homme nommé Thomelaire eyr* ceux de Fßims meirent lefiiege deuatnbsp;cldarhpigneux.

Qomment le Duc Philippe de quot;Rrabant tref-ipaf^a.'E.t comment le Duc de Bourgongne print la poffiefiion de ladtéie Y)uché. 6o.

Qommentmefitre lean de Luxembourgen-treprint legouuernement duJiege de co-piengne, nbsp;nbsp;des ordonnances quily feit

amp; autres matières.

Qommet le Prince Orenge fut rué tus par les François.

Qomment les Frartàsis vindrent deUant la .ville de Compiengne ou ils leuerent le

CHAPITRES

fiege des -^ourgongnons

Qomment le'Marefchalde 'sgt;oufifiac alla af fieger le chafiel de cleremont en 'amp;eaU'nbsp;uotfis.

Qommentplufieurs Anglois amp; 'amp;ourgon-gnons vueillans au commandement du Duc de Rourgongne aller afiieger Gar-mi^y furent rencontre':!^amp;^vainctts desnbsp;Francois.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘ó’y.

Qomment les Francois demaderent d auoir bataille cotre le Duc de Rourgongne amp;nbsp;â fapuifance^ laquelle ledit vucparfonnbsp;cofeil ne voulut accorder G'* autres matteres.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;66.

Qomment le gens meßire lean de LuXem-bourgprindrent le fort de S.'Martin auquel ils furent tous morts nbsp;nbsp;prtns. 6^.

Qommet Pothonde fainéle Treille amp; rnef fire Lois de Ftucourt furent prins desnbsp;Anglois.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;68.

Qomment IMaillotin de Rours amp; mefiirs Heéîor de Flauy fe combattirent Nunbsp;contre l autre en la ville d’Arras. 68.nbsp;Qomment les gens du Roy charles voulurent prendre la ville de corbie.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;0-

Qomment lefeigneur de Rarba-:^n mifijio-ge deudt le ^afiel d'Anglureque tenoïet les gens du Duc de Rourgonghè.

Qomment leanne la Pucellefut condanée d eflre arfeG^mifed mort dedans la villenbsp;de Rouen.

Qomment le Conctle fut remis Gr“ ordonne d Rafie par la menée induclion denbsp;l'Empereur.

QommentleDuc deRar vint en la comté de Faudemontpour la conquerre d force. .

Qomment le duc de Rar qui auoitafiiegéla ville de Faudemont fut cobatu du comte de Faudemot G^ defconfitpar luy amp;nbsp;fesaydans.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;73-

Qomment le ieune Roy Henry déAngleterre vint d Paris d grand compaignte pournbsp;efir-econfacréd Roy de France. y'ÿ.nbsp;Comment ceux que le duc de Rar auoit laifnbsp;L


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fe-;fhuant yauiemontfe nbsp;nbsp;ar tirent a,-

pres la bataille dejß(jquot;dible. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;q 6.

Comment meßtre lean de Luxembourg aß-ßemblagens ßen alla en champaigne contre les Francois ou il coquiflplußeursnbsp;forterejßes amp;' autres matières.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;7 óquot;.

Comment le Luc dl Alencon print prißnnier le cbancèüier de Bretagne. -j -j.nbsp;Comment les Francois cuiderent prendre lenbsp;chafiel de Foiien.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y.

Comment les Francois prindrent le chaflel de Lommart en Ponthieu^ ey-* emmene-rentleßeigneurprißonnier. 78.nbsp;Comment meßire Fhomets Kiriel Angloisnbsp;fut commis capitaine du ch a Bel de cler~nbsp;mont en î.eauuotfis.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;78.

Comment les habitans de channy furOiße defruirent amp;“ deßoleretle chaßel de leurnbsp;'oiHe.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y 9

Commet la ^ille de Chartres fut prinße par

Ids'gens du Roy Charles. nbsp;nbsp;'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;~!9

Cdomment le cardinal de fainble croix Fint en France de par le S.pere pourappai-fer la guerre des parties dèfufdibles. 8 o.nbsp;le souleuert de Laagny fur FJar-ne fut prins des Anglois.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;81.

Comment Philebert de Faudray gouuerneur de Tonnoirrenbsp;nbsp;nbsp;le feigneur Lamone allèrentferuir le Luc de Bethfort.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;81.

Comment le Luc de isethfort Fmt d grand

P U fane e deuant la'ville de Laigny fur Flame pour ayder conforter les Anglois amp; ^ourgongnons qui l'auoient af

gt; lefquels en finfen partirent Çans nulconqueß.

Chomment les Gantois fefneurent contre aucus desgouuerneurs de leur ville. 83.nbsp;Ciommet meßtre lean baflard de fainbi Pol

amp; lefeigneur de Humieres furent prins , des Francois.

Comment plufieurs maléfices furent fais perpetre:fs pais d'Arniennois^Santhoisnbsp;Fimeu.

Comment le 'Damoifel de commercis print la ville de Ligney en ^arrois appartenat

LF SFCONL FOLFME.

d meßire lean de Luxembourg. nbsp;nbsp;nbsp;83.

(Foment la forterefes de la ^ove vers Laon futprinfie des Bourgongnons lefquels fenbsp;contrefirent Anglois autres' matières.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;84.

Comment frere Thomas alla d Romme où il futars.

Comment la Luchejfe de Bethfort mourut.

Comment aucuns capitaines Francoispaffe-rent la riuiere de Somme pour courir en Arthois.

Commet vn lAoyne d l'ordre S.'amp;enoifi voulut prendre le chafieau S.Ange d Romme.

Comment la paix fut traiblée entre le'Duc de 'Rar dlvnepartnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;le comte de Fau-

¦ demont.

Comment la Lucheffe de Bourgongne accoucha d’vn fils en la ville de G and. 85. Comment la paix fut traiblée entre le Lucnbsp;de Rar Fvnepart amp; les cotes de fainbinbsp;Polnbsp;nbsp;nbsp;de Ltgney di'autrepart.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;86.

Comment la guerre fefmeut entre meßire leannbsp;nbsp;nbsp;meßire Anthoine de Fergy Av^

ne part nbsp;nbsp;lefeigneur de Chabieau-Fil-

lain dl autre part.

Comment la paix futtraibiée entre le duc de 'Rourgongne eiÿ* les Liégeois.

Comment le Luc de Rethfortqui fe difoit Regent de France ebfioufa la fille du cote defainbl Pol.

Commet la ville de S.Fvalery en Ponthieu futprinfedes Francois.

Comment les ducs de Rethfort de Rour-gongne vindrent d S. Orner.

Comment en la cité de Tournay eut grand troubleey* difentiopourl'Fuefchéd’icelle d caufe de la mort de bEuefque dudit heu meßire 1 ean de Torfy.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;87.

Comment les Francois feirentpffieurs con quefles fur les marches de Rourgon-88.nbsp;Comment le Luc de Rourgongne reconquifinbsp;plufieurs forterefes que les Francoisnbsp;t V

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TABLE DES CHAPITRES

auoient conquifesen fon pais de Bour-gongne.

Comment Cilles de P oft cil es fut accufé de trahifon dont il fut décapité.

Commentas Francois efcheüerent lanille de cre/^y en Falloisnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;plufieurs autres

matières.

Comment le Duc de Bourgogne tint la iour -nie de Pafy. Et comment il fif aßieger la “villenbsp;nbsp;nbsp;forterefe dl Aualon.

Comment Pierre de Luxembourg comte de S.Polaßiegeala’ville de fainéi Fvale-ry^ auquel “voyage il mourut.

Comment le feigneur de la Trimouille fut prins en l'hofiel du Roy char le snbsp;nbsp;nbsp;rendit la Vicomté deTboiiar s.

Comment Guillaume de coroam rua ius lean de neaurain. Et comment la forte-reße de Haplaincourtfut reconquife parnbsp;meßire lean de Luxembourg. i.nbsp;les comtes de fainéî Polnbsp;nbsp;nbsp;de Li~

gny tindrét la iournée de Villiers le car-bonnel. Et depuis ruerent ius les Francois de lagarnifon de Laon. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i.

Commet la Hire amp; plufieurs autres Fran-cois coururent en Arthois en cam-breßs mais ce fut deuant baduanture defufdiéîe.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;9^--

Comment le Duc de Bourgongne tint la feße de la Thoifon d'Or en la “ville de Dijon.nbsp;Et comment il alla aux nopces du fis dunbsp;DucdeSauoye.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;9^.

Comment les concile de 'Rafle fut in cefl an en grand efiat tenu.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;9 3.

Commet la “ville le chafiel de Prouins en Rrie que tenoiet les Francois furet prinsnbsp;; des Anglais Rourgongnons. Et außinbsp;comment la “ville i^forterejfedefainéinbsp;V“valery fut reprinfl des Francois. 9^.

Comment le DUC de Rourgon^e retourna en fes pais de Rourgongne en ^ladresnbsp;en Arthois emmena auec'luy leannbsp;fils du comte de JHeuers autres matières.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;P 4.

Comrnent ledit lean de PPeuers fut ordonné

d mettre lefiege deuant Moreul amp; luy fut donnée la comtédlEBampes. 9 4.nbsp;Commet le Pape Eugene fut en difcord controles Rommains qui le ^joulurent tenirnbsp;d. Romme outre fln gré.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;9

Comment le fort de fainél Fincent empes

Laon futdemoly. Et commentplu/icurs forterefe furent conqutfes par les Bour-gongnons.

Comment le feigneur de Thalebot vint en

France ou il conquifl plufieurs villes amp; forterefifes.

Comment le comte dlEPlampes reconqiufi la ville de fainéi Vvalery.

Comment les Rrancois prindrent la ville de

Han fur Somme en Ver mandais.

Comment la ville forterelJcdechafteAU-

Villain furent mis en l'obeifance du duc de Rourgongne.

Commet d boccafion delà guerregrans tailles furent faiéles nbsp;nbsp;nbsp;cueillies furie pats

d'Arthois autres d benutron. 9^' Comment les capitaines du DucdeBour-gongne vindrent deuant Ville-wndienbsp;où efioit le Duc de Rourbon Et commentnbsp;apres ils aßiegerent Relle-Ville, laquellenbsp;fe rendit.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;96.

Comment le feigneur de Vtlleby amp; Matha-go Anglais meirent lefiege deuantfamél Seilerin.Et comment ils conquirent premiers les Rrancoisynbsp;nbsp;nbsp;nbsp;depuis iceux^n-

gloisfurentrue':^usci'gt;defconfits. 9’J. Comment la Hire print malicieufement lenbsp;feigneur dlOffemont.

Commet les communes de Normandie fef-leuerent contre les Anglais nbsp;nbsp;leursgar-

nifons.

Comment la Hire print le fort de Rretueil en B eauuoifis par force déaffault.

Comment les Ducs de Rourgongne cr de

Rourbon conuindrent enfemble en la cité de Neuers fur traidé nbsp;nbsp;nbsp;conuention

de paix.

Cornent ayméDuc de Sauoye fe rendit her-mite en vn manoirnommé Ripaille. 99.

Comment

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DF SECOND rOL^ME.

Qommïnt les communes de Normandie Je r ajjemblerent en grand nombrenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;al

lèrent deuant la 'villede caen. sco.

Comment le Duc Philippe de 'amp;ourgongne auec laDucheJJe fa femme retourna dunbsp;pais de 'èourgongne en Flandres ennbsp;Arthois.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ioo,

Clomment les Francois prindrent la 'ville de Pue fur les Anglais.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’ loo.

Cowîwzf«? la Hire Pothon , Philippe de la Tour amp; le feigneur de Fontaines defeatnbsp;Jret le comte A Arondel Anglais deuantnbsp;lechaßeldeGerberoy. -t , . loi.nbsp;le Duc de ^ourgbngne- fut malnbsp;content indigné fur ceux de la 'villenbsp;d'Anuers.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lox.

les Francois prindrent fir les Anglais la ville defuncl Denys en Fra-ce.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;loz.

Comment les srancois a^res quils eurent fit vnes lettres de trefuesaux Tèourgon-gnonsfur les marches de ^eauuoißs alle^nbsp;rent courre le pais de Boulenois egt; autres.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;103.

Ciomment les cardinaulxde S. croix

chipprevindrentd Arras pour eßre au grand Parlement.

Comment Lois de Luxembourg comte de S.Pol efoufa leanne de Tiar comtelfe denbsp;iMarlee^deSoiJfons.

Comment les 'srancois furent rue^ius vers Pcthels du baflard de Hurriieres. 104.

Comment les ambaffadeurs du Poy Henry d Angleterre vindret d Arras pour eflrenbsp;augrandparlemétauecle'Duc de ‘^our-gongne. ¦nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;104.

Cowwewf les ambafadeurs de irance vin^ drent en grand nombre en la ville AArgt;nbsp;ras pour ellre au parlement dejfuf-dit.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;104.

Comment mefire îeande Marie cheualier dECjaigne le feigneur de chargnynbsp;furent armcTfvn contre l'autre. loy.

Comment les François eyi* -^ourgongnons e-ßans en la ville d'Arras eßoient cordiaf

lement enfemble l'vn auec l'autre. 107. Comment le cardinal de FinceClre vint d

Arras pour eßre en la conuention quild , eßoit ajfemblée.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;sQy.

Comment durant le temps du parlement

A Arras la Hire c?* Pothon vindrent courrir eN fourrager le pais du Duc denbsp;'^ourgpn^e.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;107.

Comment les Poys d'Arragdn nbsp;nbsp;nbsp;de Na-

uarre furent prins deßonßts deuant Gayette par barmée du Duc de MiUan.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;108.

Comment le cardinal de Fvincebired toute l'ambalfade de Anglois fepartit de la ville A Arras. Et comment autres 'om-baßfadeurs de plußeurs lieux vindret ennbsp;ladiéle ville.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;108.

Comment la paix fut fulle nbsp;nbsp;confermée

entre le poy Charles de Frace nbsp;nbsp;le Duc

de Bourgongne en la ville A Arras. 108. Comment les Anglois aßtegerentlavillede

S.Tsenys en France, laquelle en ßn leur fut rendue par traiclé.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n6.

Comment T fabel Poy ne de France treßaf-fa en la ville de Paris. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11 y.

Comment les cardinaulx cN plußeurs autres ambaßadeurs fe depa^r’tirent de la ville A Arras. Et comment le Duc denbsp;Bourgongne conßitua Jes officiers és bonnes villes fortereßes d luy donées amp;*nbsp;accordées par le traiclé deffufdit.nbsp;nbsp;nbsp;117.

Comment apres la paix d'Arras le Duc de

Bourgongne enuoya aucuns de fs officiers A armes deuers le Poy d'Angleterre G^ fon confeil pour monßrer les caufsnbsp;de là paix qu il auoit faible au Poy denbsp;France.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;“7*

Corn ment le commun peuplé de la citéd A-miensfeßmeutpour les impoßtions qu on vouloir mettre fus.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ïi8.

Comme^it les Brancois coururent Gf pille-rét les pais du Duc de Bourgongne apre^ la paix d'Arras. Et außi commentéenbsp;Marèfchal de Pieux print villes Gr*for-- tereffes en ^ormadiefur les anglois. ay.

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Ccmmcnt les Ansols je commencèrent doubter des Bourgongnons qui menoientnbsp;guerre auec eux contre le Koy de France.nbsp;Et ne voulurent plus conuerfer en leurnbsp;compaignie plusieurs autres matièresnbsp;en brief.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iii.

Qommentle Roy Henry dAngleterre en-uoya fes lettres d ceux du pais de Hollande pour les attraire defa partie nbsp;nbsp;la

copie defdtbies lettres. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11

Comment apres la paix d‘Arras le Duc de 'E.ourgpngne conclud de fairenbsp;nbsp;nbsp;mener

guerre aux Anglois. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iü. 113.

Çlomment le Duc de Bourgongne auec aucuns de fespriue^ confetlliers fe conclud d'aller afieger C?* conquerre la ville denbsp;Calais.

Commet la ville de Paris fut reduibîe en bo-beifance du Rpy Charles de France.ix'^. Comment Artus comte de Bdchemont Con-nefable de France feit guerre au quot;Damoi-feau de commerces.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;115.

QommentbEuefquedu Liege fes Liégeois deflroulferent Boufeuure nbsp;nbsp;nbsp;plu-

fieurs autres forterejfes qui les guerroyaient. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;12.6,

Comment les villes c?* fortereffes d’Ochi-. mont furent deßruibles O* démolies par le Damoifeau Euerard de la Marche.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;116.

Comment les Anglois de calais coururent vers Boulongne Graueltnes amp; def-confrent les Flamens^amp; delà Hire quinbsp;gatgnaCtforsnbsp;nbsp;nbsp;tantofi le perdit. 12.7.

Commentas Ganthois amp; ceux du pais de Flandres feiret grand appareil de guerrenbsp;pour aller deudt la ville de calais. 117.

Comment mefire lean de croï Baillif de Hainault d tout plufieurs autres capitaines ajfailltt les Anglois dont il futnbsp;. vaincu.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• ii8.

Cpwwe«? les ilamens allèrent aßieger la ville de calais,nbsp;nbsp;nbsp;comment ilsfen par

tirent.

Comment mefire Florimont de Brimeu Se-

TABLE DES CHAPITRES

nefchal de Ponthieu conquif la viUe du crotoy,.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;134,

Cowzwe«/- Humfroy Duc de clocefre arri-uad Calais d tout grand nombre de ^s d'armes entra en ilandres en Ar-thois amp;-és autres pais du duc de Bourgongne ou il feit moult de damages. 13 4.nbsp;Comment les Flamens fe remeiret en armesnbsp;depuis quils furent retourne^^ de calais en leurs villes.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;135.

Comment la Hire print la ville nbsp;nbsp;forteref-

re de Soiffons eyr autres matteres. 13 • Comment la Duche/fe deBethfort feuraunbsp;Comte de fainbl Pol fe remaria de lanbsp;franche voulenté. Et comment chattesnbsp;de Sectile traibia auec le Duc de Bourgongne dcaufe de fa deliuram e. ht comment les Anglois reprindrentla videaenbsp;Ponthoife.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i3^-

CoîwwfÂf le Roy AECcoce fut meurdry pr nui^ en fa chabrepar le comte d'Athd-les fon oncle c?* autres matteres.

Comment la Hire^Pothon plufieursaU' tres capitaines du Roy de Frame aidèrent auotr la ville de Rouen B t commetnbsp;ils furent affaillisnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;defeonfits des An-

glois qui les furprtndrent en leurs logis. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;13^-

Comment ceux de Bruges fefneurent contre leur Prince f^ offitciers, amp;y grand debatnbsp;nbsp;nbsp;grand occtfiion.

Comment le Bourg de la Hire courut amp;M moult de rnaulx fs marches de Peronoe,nbsp;Roye Montdidier.

Comment plufieurs capitaines Francois aa commandement du Roy Charles denbsp;France allèrent reconquefier plufieursnbsp;villes fàrterefifes que tenaient les Anglais . Et comment ledit Roy en fia propnbsp;preperfonne alla deuant la ville de iAo-ftreau-ou-faut-Tonne laquelle tlrecon-quift.

Comment ceux de Bruges ifirent par fu-fieurs fois hors de la ville allerem fourrager le plat pais.

Commenp

-ocr page 13-

DF SECOND yOLFNE.

beijj'anct du Roy Charles de Frace gt;

Comment il y auoit grand difcord entre le Pape Eugene^ entre le cöjeil de 'Ëafle ürnbsp;autre s matteres.

Comment le comte d'Eu qui efloit prifon-nier en Angleterre retourna en France, des armes qu'il feit.

Comment la Hire^ïdanchtfort nbsp;nbsp;plufieurs

autres capitaines du Roy Charles cour-rurenî és Allemaignes.

Comment le comte d'Ellampes reprint la fortereffe de Raoullet fur les gens dunbsp;feigneur de Moinbsp;nbsp;nbsp;autres matter6*5.15 4.

Comment vne a femblée fe feit entre calais Graueltnes du cardinal A Angle-'nbsp;terre de la 'Ducheffe de ^ourgongnenbsp;pour trouuer maniéré d'auoirpaixfnal-le entre les parties de Francenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;d Angleterre.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;154.

Comment le Roy de France contraignit Ro-digue de FiUadras lequelgaf oit O* tra-uailloitfon pats daller guerroyer fur les Anglois.

Comment le Pape Eugene enuoya fès lettres en plufeurs lieux de la chrefienténbsp;nbsp;nbsp;la

teneur dicelles. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1^5.

Coww/e«/- meßire lean de Luxembourg enuoyafes lettres aux cheualiers de la thoi-fon de ce qutl fe fentoit en l'indignation du Ducde'amp;ourgongne.

Comment le comte de Richemont connefia-ble de France print la 'ville de Meaulx en Brie fur les Anglois.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;162..

Comment meßtre lean de Luxembourg en -uoya lettres deuers le grand confeil du 'DUC de 'amp;ourgon^enbsp;nbsp;nbsp;la teneur dicel

les. ‘

Comment le Roy Charles de France enuoya Dame Katherine fa filledeuers le Duc denbsp;'Rourgongne pour l accomplilfement denbsp;laprâhejfe du mariage dicelle daménbsp;du cotedecharrolois fis audit Duc.\6^.

Commet le baßarddeBour bon print la 'ville de la Motthe er^Lorraine. 16^.

Comment les Anglois reconquirent la 'ville de Fefcamp en Normandie. 14z.nbsp;le feigneur d'Offemont print lanbsp;Hireprifonnteroùil ioüoitdla paulmenbsp;en la cité de Rcauuais.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;141.

Comment le Roy Charles de irance feit fa premiere entrée en la 'ville de Parisnbsp;defufs quelle fut reduiéîe en fn obeifnbsp;jancenbsp;nbsp;nbsp;lespreparatios quony feit.i^y.

Comment les Rrugelins fe commencèrent d amoderernbsp;nbsp;nbsp;enuoyerent leurs ambafa

deur s deuers le Duc de Rourgongnepour auoirpaix.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;144.

lefeigneur dAuxi^ meßire Flori-mont de Rrimeu Senefchal de Ponthieu O* dAbbeuille allèrent aßieger le cro-

r

Comment plufieurs capitaines Francois d ^out grand nobre degens de guerre qu’onnbsp;^ppella eforcheurs 'vindrentau pais denbsp;Hainault.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;14Ó'.

Comment grans peßilences gsr* famines fu-^'ont en ceß an.

Comment les Ganthois feirentnouuelle mutation!^ fe meirenten armes dont les 'heures furent les principaux. 147.

Comment le traiélé fe fett entre le duc de iourgongne ceux de la 'ville de Bru-

150. (iommét la guerrefe refneut entre la Duchénbsp;de Rarnbsp;nbsp;nbsp;la comté de Faudemont. 151.

Comment la famine, la guerre gst* la peßi-l^ncefut grande nbsp;nbsp;merueilleufeen plu-

ßeurspais. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;41.

lefeigneur Thalebot^mefire Thomas Kmel Cr* aucuns autres capitaines Anglois conquirét Longueuillenbsp;nbsp;nbsp;plu-

ßiiurs autres fortereßes fur les T^ran-^ois. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1^2..

^lt;imment le traiélé du mariage fut faiéi entre fai fié fils du Roy de Nauarre g^ la damoifelle de cleues niepce au Duc denbsp;Pourgongne.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;151.

Comment les villes gs^ chafleaux de Mon-tarfs gsr^ cheureufes furent mis en fo- nbsp;nbsp;Commentplufieurs notables ambaffadeurs

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fafemblerent entre Grauelines amp;• ca-lais fur le fait du parlement qui fe deuoit tenir faire entre les Koys de Francenbsp;d'Angleterre.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t66.

Comment les Anglois quot;vindrent au pais de Santhots où ilsprindret le chafiel de Yol-leuille Cl*y feiret moult (£autres maulxnbsp;Cl* cruauté^nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;s66.

Comment le Daulphin le Duc de 'bourbon Cl* plußeurs autres feigneurs f départirent du Rfty Charles de France. i6-j.nbsp;Comment les Francois coururent en la terrenbsp;de N celle appartenant d mefire lean denbsp;Luxembourg.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;169.

Comment le comte de Sombreffet d tout grdd puiffance cl Anglais afiegea la •ville de H arfieur.

Comment vn grandfei^eur du pais de Bre-taigne nommé le feigneur de 'R.aix futac-cufédlherefe.

Comment Pierre Fegnault frere bafard de la Hire alla fourrager les pais d'entournbsp;Abbeuille.

Comment les ambaffadeurs de Fraceß’Angleterre Cl* de Bourgongne 'vindret d ca lais pour traiéler la paixfnalle.

Comment les Bairoys C* Lorrains coururent en la Comté de Faudemont où ils feirent moult de maulx Ci* dedans def-rois,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l’y!..

Comment le Duc Orleans fut deliuré de la prifn d'Angleterre par le moyen dunbsp;Duc de Bourgongne Ci* elfoufa la da-moifelle de cleues niepceau Tiuc de Bournbsp;gongne.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;173.

Comment le Rpy de France alla d Troyes en champaigne^Ci* comment plußeurs villes Cl* fortereffesfè meirent enfon obeifnbsp;fance Ci* autres matières. 178.nbsp;Cornment les Anglais qui fe tenaient au chanbsp;ßeau de Foüeuille faifoient^toult denbsp;maulx en Amiennois Ci* és pais dlenui-- ron Cl* defconßrent aucuns feigneursnbsp;Picards Ci*_ leurs gens qui les affailli-rent. “ ’nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;178.

TABLE DES CHAPITRES*

Comment les gens du comte deS.Pol de-ßroufferent aucüs des feruiteurs du Roy de Brance qui ramenaient des habtllemesnbsp;de guerre tant de la cité de Tournay cornnbsp;me d ailleurs^ Ci* l'amende que ledit Cote de S.Pol en feit.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;179.

Comment la Ducheffe de Bourgongne vint aLaondeuers le Roy pour faire aucunes requefles eC* autres matteres. 180.

Commét la Ducheffe de Bourgongne fepartit du Roy Charles eflantd Laon.^C* retourna au Quefioy où alors efioit le duc de Bourgongnefon mary,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;181.

Comment la fortereffe de Montagu appartenant au Damotfau de commercis fut abbatue cC* deflée par le commandement du Duc de Bourgongne.

Gomment le Roy de France alla mettre le fiege deuant la ville de creif laquelle ilnbsp;conquifi.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i8z.

Comment le Roy deBrance alla aßiegerla ville Cr* fortereffe de Ponthoife laquellenbsp;en fin il conquifi d'affault.

Comment le Duc d lorchfuuerain gouuer-neur de Normandie pour le Roy dAn-glettre vint vers la ville de Ponthoife pour cuider leuer lefiege du Roy de Fra-ee.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;184»

Cornent le Duc d'Orléans retourna de Fran ce deuers le Duc de Bourgongne.nbsp;nbsp;nbsp;18.

S enfuit la copie des inUruPlions enuoyées au Roy Charles de France par les feigneurs quifefioiét affemble-z^ d Neuers.nbsp;Et les reffionces fatcles par ceux de finnbsp;grand confeifc lès requefles faicîes parnbsp;les deffufdits.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i8ó'.

Refionces faiéîe par le Roy aufdiéles articles. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;187.

Comment le Roy charles de France fett grandaffemblée de^s darmes auec lefnbsp;quels alla tenir la iournée de Tartas^ dnbsp;laquelle iournee les Anglais ne comparurent point.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ipr.

Comment le Roy de France apres la iournée de Tartasf m alla loger deuant ftinélnbsp;Seuer

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PZ SECOND VOLVNE'. ‘

Seuer chiefdu pais de Gaficon^e^iLt* co~ quiflladtéîe 'viUe O* chaßel autresnbsp;plußeurs places audit pais.

Comment Pierre Régnaultfut par force débouté de la forterefe de lAilly. 193.

Comment le Roy de France feitgrad ajfemblée degens d'armes pour aller en Normandie . Et d'aucunes courfis lt;amp; con-quefles que le Comte de Sombreßfet feit au pais d'Aniounbsp;nbsp;nbsp;ailleurs fur les Fra^

cois. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iP3.

Comment aucüs cheualiers gentils-hommes de la court du Duc de Bourgongne entreprindrent 'vn fait Aarmes par lanbsp;maniéré cy apres declairée.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4.

Comment du mandement deffufidit les armes furent faibles nbsp;nbsp;les noms de ceux

qui deuoientfaire lefdiéles armes. 15? 4.

S'enitiit les articles fur le fait des armes de pied.

Comment le T)M.c de 'Sgt;our^n^e enuoya le comte d’Efiampes d tout grand puifan-ce de gens d'armes en la Duché de Lunbsp;xembourg.

Comment le Liuc de Bourgongne meit la. Duché de Luxembourg en fin obeifnbsp;fiance.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;196.

Comment aucuns des gens du Daulphin fi tirerent 'vers le pais de -Rourgongnefifnbsp;quels furent rue'^ ius par le Marefchalnbsp;de 'amp;ourgongnenbsp;nbsp;nbsp;lesßens.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;8.

Comment 'vnes trefues furent faiéles (ÿ* données entre les Bpys de Francenbsp;d'Angleterre ^5^- tous leurs parens amp; a-mis,allie\fi^Jùbieéls.

mis,allie\e^fubie^s.

Qy finifl la table âes Chapitres du ßcond Volume ^Enÿierran de 'Mon^relet.

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E SECOND

VOLVME DES CHRONIQ.VES

D’ENGVERRAN DE

MONSTRELET. ,

^ontmentles nouvelles de la mort dtt Rpy Charles Ie hien-aymé furent apportées au Duc de Touraine Daulphin ßn feulfilsnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;autres

plufieurs matières,

N l’an mille quatre cens xxij.au mois d’Oélobre deC- i^zz. fùfdit, furet portées les nouuelles du trefpas du Roynbsp;Charles le bien-aymé au Duc de Touraine Daul- .nbsp;phin fbn feul fils, lequel eftoit empres le Puy en Au-nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T'

ucrgne en vn petit cllaftel nommé Efpally, qui eftoit à l’Euefque du Puy . Lequel Daulphin oyant lesnbsp;nouuelles deflufdióies, en eut au cueur grand trifteßnbsp;fe,amp;plora treshabondamment. Etpreftementparnbsp;l’ordonnance de fon confeil fut veftu de noir pour lanbsp;premiere iournée : amp; le lendemain à fa mefle fut ve



ftu d vne robbe de vermeil,amp; y auoit plufieurs officiers d’armes veff us de leurs filafons:fi fut lors leuée vne bannière de France de la chappelle:amp; adonc lefditsnbsp;officiers commencèrent à crier haut amp; cXcï^'viueleKoy. Apres lequel cry fut faille l’office derEglife,amp; n’y fut fait pour lors autre folennité. Et de ce iour en a-uant tous ceux tenans fon party le nommèrent Roy de France.

Item apres ce que le Duc Philippe de Bourgongne fut retourné en Ar-thois depuis la mort du Roy d’Angleterre, il aflembla plufieurs de fes capitaines dedans Arras : amp;futconclud quemeffireleande Luxembourg aflemble-roit gens pour fubiuguer les Daulphinois de la Comté de Guife, amp; du pays en-uiron : lefquels trauailloient grandement lés marches de Cambrefis amp; de Ver-niâdois,amp; fur Ce les affembla autour de Peronne.Et en ces iours fut le feigneur del’Ifle Adam mis à plaine deliuranceàlarequefte du Duc Philippe de Bourgongne, lequel par long temps auoit efté deteSu prifonnier dedans la baftillenbsp;S.Anthoine par l’ordonnance du Roy Henry d’Angleterre deffund, amp; fut remis amp; reftitué en fes biens amp; auec ce en.partie de lès offices. Item en ce mefmenbsp;temps furent enuoyez plu fieurs cheualicrs amp; efcuyers de Picardie à la iournée

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M.CCCCXXII. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLVXiE II. DES CHKONIQ^ES

de S.Vvalery, pour foramer meffirc laques de Harcourt de le rendre comme promis i’auoit : Lequel après ladide fommation leur feit faire ouueriure de la-dide villedeS.Vvalery,amp; en demoura capitaine meffire lean Blódel. Lanuidnbsp;de S.Martin d’hiucr de ceft an par certain moyen fait par auant, la ville de Ruenbsp;fut rendue en la main de melTire laques de Harcourt:auquel ceux de la ville fei-rent ferment amp; feauté pour amp; au nom du Daulphin, en viollant la paix finallenbsp;qu’autresfois auoient iurce,amp; y commeit ledit meffire laques pour capitaine lenbsp;leignciir de Verduifant. Et pource qu’il auoit pou de gens pour fournir fès for-terelfes, manda aucuns de ceux de la Comté de Guifc : lefquels gens venus parnbsp;deuers luy trauaiîlerent moult le pays par leurs courfes. Item en ce mefme têpsnbsp;fut prins dedas le chaftcl de Thoyfi fur Oyfe le feigneur Bofqueaux,léquel'pafnbsp;grand téps auoit eu trefgrand regne en tenant le party du Daulphin amp;d’Orleas.nbsp;Si fut mené à Paris,où il fut décapité amp; efcartellé: pource que long tempsparnbsp;auât il auoit occis amp; mis a mort par haine qu’il auoit à luy,meffire Guy de Hatnbsp;court Bailhfdc Vermandois.

Comment Charlei Duc deTouraine Daulphin fut couronné apres la mort du Roy Chdt' lesfonpere.

Pres la mort du Roy Charles de France deffiufdit, fon feul fils Charles Duc de Touraine Daulphin, par le confeilnbsp;de fcs Princes fe feit couronner amp; eflcuer à Roy de France,

Daulphin, par le confeil

I en la ville de Poiéliers. Et de ce iour en auant par tous ceux tenans fon party fut nomme Roy de France, commeeftortnbsp;fon pere en fon viuant. Et vn pou par auant auoit ileftéennbsp;V w Vnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gründ peril de fit vie en la ville de la Rochelle: car en tenant

Ion confeil auec fies Barons,cheut vne partie de la chambre oùil eftoit, amp; y mort lean de Bourbon feigneur de Préaux amp; aucuns autres. Et mefmementnbsp;ledit Daulphin y fut vn pou bleflé: mais fies gens le tirèrent haftiuementhorsnbsp;du peril, amp; le menèrent en autre lieu plus feur,où en brief temps il fut réparénbsp;mis en bonne fanté.En ceft an fut prins meffiire Manshatt d’Efue dedans le cha-Rel de Vitry,dont il fut capitaine amp; gouucrneur,amp; futprins parla Hyretenantnbsp;Je party du Daulphin corne faifoît ledit Manshart : amp; nonobftant que parlonsnbsp;temps ils eufient cfté bien amis en/èmble par femblant, fi fut ledit meffire Mâî-hart defficuré de tous fies biens,dc fa fortereffe:amp; auec ce fut mis à rançon àtrel'nbsp;grand fomme de deniers, amp; fi fut par long téps detenu prifonnier bien deffiobnbsp;étement.Et comme il fut commune renommée, lean Raoulet auec la Hyre fatnbsp;confenrant de luy bailler cefie gäbe de Puille. Item meffire lean de Luxebourgnbsp;amp; tous fès gens d armes qu’il auoit affemblez autour de Peronne ( comme ditnbsp;eft) en la Comté de Guife amp; és marches d’entour, oùil conquiften affeznbsp;temps les fortereffes de Buiffy fur fontaincs,Proify amp; aucunes autres, amp; aptesnbsp;fen retourna à tout fes capitaines, aufquels il donna congé,amp; fen retournèrentnbsp;chacun en leurs propres lieux.*

Anvleterredeuers le ieune Roy Ht-

Enc’efl

Comment les Parißens enuoyerent leur ambaffade en ry^ fon confeilnbsp;nbsp;nbsp;autres matteres.

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D'ENG^EKK. de UONSTKELET, CHAKLES vil Z

¦ N ceft an amp;: en ce temps enuoycrent les Parifiens amp; ceux du grand cofeii du ieune Roy Henry d’Angleterre au cofeil dudit Roy, amp;de lanbsp;Royne, vne ambaflade folcnel pour faire rcquefte que briefenfuiuatnbsp;fut enuoyé en France vn certain nombre decombatians j pour refi-fterauxentreprinfes que.chacun iour faifbicnt les gensdunouuel Roy Charles nagueresDaulphin de Viennois. En laquelle ambaflade allèrent l’Euefquenbsp;deTerrovvane, maiftre lean deMailly, meflire Bourdin de Salignies, Mi-chault Lailler amp; aucunes autres notables perfonnes : amp; allèrent par l’Ifle où ilsnbsp;parlèrent au Duc de Bourgongnç, amp; de là par Calais nagerent en Angleterrenbsp;ou ils furent ioyeufementreceuz : amp; leur fut du confeil du Roy amp; de ladiôfenbsp;Royne promis bon amp; brief fecours. Et apres qu’ils eurent accomplie leurdidenbsp;ambaflade ils retournèrent en France. Le quatorziefhae iour de lanuier auditnbsp;an,fytprinfèparfubtillité la'forterefle dupontdeMeulan par les François:nbsp;defquels efloit chiefméflire lean de Grafuille. Et auec luy auoit plufleurs notables hommes de guerre, iniques au nombre de cinq cens corrtbattas, lefquelsnbsp;meirent à mort ce qu’ils y trouuerent d’Anglois:amp;apres le préparèrent en toutenbsp;diligéee pour tenir ladiéfe villeamp; forterefle du pont,en les pouruoyat de viurcsnbsp;amp;habillemens de guerre, amp; en réparant la fortification d’icelle. En ce tempsnbsp;la Comteffe de Hainault doüagere futdeffiéed’vn pauure fàquemain, lequelnbsp;cftoit nommé l’Efcremot Caftel, natif de Ligny en Cambrefis pour lors capitaine de la tour de Beaumont,foubs meflire lean de Luxembourg. Apres lef-quelles defliances luy courut aucunes de fes villes amp; feit guerre à fes hommesnbsp;fubieéfs par longue elpace de temps. En ce temps ou enuiron le Noël y eutnbsp;plufieurs bourgeois de Paris, qui feirent conlpiration enfemble contre le Roynbsp;Henry en intention de liurerladiéte ville en la main de Charles Roy de France: defquels bourgeois y eut vne partie prins dont les aucuns furent décapitez , amp; vne femme à ce confentant fut arfe. amp; les autres fe rendirent fubieefs :nbsp;entre lefquels fe partit Michault Lailler amp; tous leurs biens furent prins de parnbsp;le Roy Henry amp; confifquez. Item en ces iours mefmes fut prinfe la ville denbsp;Lafferté Milon des François par le confentement des habitans d’icelle : maisnbsp;lechaftel fut defFendu par ceux qui le gardoient, lefquels mandèrent haftifnbsp;fecoursaufeigneur del’Ifle Adam, au feigneur deCafl:illonamp; aubaftard denbsp;Tyandequel de l’Ifle Adam aflembla de cinq à fix cens combattans, amp; les mena par derriere audit chaftel : amp; tantoft à certaine heure qu’ils auoient concludnbsp;enfemble, alTailIirent vigoureufement ceux de la ville, qui en brief temps fansnbsp;grand deflencefurent defeonfits amp; plufieurs prins amp;: occis cruellement,amp; tousnbsp;leurs biens rauis amp; emportez fans auoir nulle pitié. ItemaflTez brief enfui-uant la prinfe de Meulan defliifdiéle, le Duc de Bethfortqui fedifbit regentnbsp;en France, aflembla grand nombre de combattans tant Anglois, Normansnbsp;comme Picards, atout lefquels il alla mettre le fiege deuant ledit pont denbsp;Meulan à vn lez à l’autre cofté de la riuiere, amp; là feit drelTer contre les portesnbsp;amp; murailles grans engins pour icelle conforwlre Se abbatre. Et en ce continuanbsp;par grand diligence, amp; fut là afliegé depuis l’entrée de lanuier iufques au moisnbsp;de Mars enfuiuant que lefdits aflîegez commencèrent à traider. Ce fiege durant au mois de Feurier, furent conquis par meflire lean de Luxembourg les

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M.CCCCXXII. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;IL DES CHKONIQVES

forts dcFranquemez NeufLiille,Endoras,Viroufonce amp; Canaple. Auec lequel de Luxembourg efloict le feigneur de Saueufe, melïire Dauiod de Poix amp; plu-fieurs hommes d’armes exgers amp; efprouuez en armes : apres laquelle conque-fte retournèrent deüant la ville de Guifeamp; la liurerentà ceux de dedans vnenbsp;trefgrande efcarmouche. Et ce fait par deuat Oy fi en Terace retourna ledit denbsp;Luxembourg en fon chaftel de Beaureuoir, amp; donna congé à tous fes capitaines amp; autres gens d’armes.

Comment les capitaines âu Roy Charles fassemblèrent en^aâ nombre pour leuer le ge de Meulan^C^ comment le Duc de Bethfort traiCla à ceux dudit heu.

NlafindumoisdeFeurierfaflcmblcrent en trefgrand nombre les gens du Roy Charles vers le pays de Berry, foubs la conduire dunbsp;Comte de d’Aumarle, du Comte de Bouquen Efcoçois, du Vicomte de Narbonne, ded’Anechy leChaftel Breton amp;plufieurs



autres capitaines à tout fix mille combattans ou enuiron: leiquels ils menèrent amp; conduirent iufques à fix lieues près dudit Meulan, amp; eux venus audit lieu ilsnbsp;ordonnèrent leurs batailles-.naais il fe meut difTention entre eux,parquoy ils rC'nbsp;tournèrent en trefpctite ordonnance amp; fans riens faire, amp; à leur retour perdirent de leurs gens treflargemêt des garnifons qui eftoient à Chartres,amp; es paysnbsp;d’enuirondepar les Anglois, qui feferirent entre eux quand ils apperceurentnbsp;qu’ils f’en alloient ainfi à defroy : laquelle chofe venue à la cognoilTance des af-fiegez deMeulanleur fut moult defplaifànt, quand ils veirent qu’on leurfàil-loitd’enuoyerfccoursauiour qu’on leur auoit promis, dont par courroux amp;nbsp;defefpoir ieôlerent la bäniere du Roy Charles qu’ils auoient mife fur leur portenbsp;du haut en bas,Et puis montèrent plufieurs gentils-hommes à la vcüe des affic-geans amp; là defpecerent,defchirerent leurs croix amp; enfeignes, qu’ils portoiét dunbsp;Roy Charles deflufdir,endc(pitant à haute voix ceux de delà qui leur auoientnbsp;enuoyées comme faulxpariures. Et briefapres commencèrent à parlamenteinbsp;auec les gens dudit Comte de Bethfort,amp; fut ce furet gens efleuz des deux parties pour traiéàer : C’efl à Içauoir du cofté de Bethfort qui Ce difoit Regent, lenbsp;Cote de Salfebery, melEre lea Fafcot,mcfEre Pierre de Fôtenay,melEre lean denbsp;PoLilligny feigneur de la Motte,Richard de Vvydeuille,Nicolas Bourdec gràdnbsp;bouteiller de Normandie,^ Pierre le Verrad.Et de la partie des aflîegez furentnbsp;commis meflire lean de Grafuille,fire Loÿs Martel,mcflîre Adam de Croifinesnbsp;chcualiers,Iean d’Eftainbourg,Iean de Mirot,Roger de BoilEe,Oudin de Boifnbsp;fie amp; lean Marie efcuyers : Icfquels commis amp; traideurs des deux parties def-fufdides conuindrent cnfemble par plufieurs fois, amp; en fin furent d’accord patnbsp;la forme amp; maniéré cy apres declairé.

S'enfuit la coppie du dejjufdit traiCiéde Meulan.

Rcmierementtous les aflîegez deuant-dits rendront amp;deliureront ledit pont amp; la forteraffe en la main de monfeigneur le Regent, ounbsp;de fes commis amp; députez ainfi reparée, fortiffiée amp; garnie de canons , pouldres amp; arbaleftres amp; autres^ habillemens de guerre com

me elle eft en prefènt, (ans à icelle faire fraude, mal engin ne deception,amp; fans faire


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DENG^ERK. Tgt;E MONSTKELET, CHARLES FIJ, 5 faire aufdits habillemens de guerre amp; autres chofes deffenßiblespour ladidlenbsp;forterefleaucungaft, fraólion ou aucune empirance de viures ou autres chofes pour corps humain : laquelle forterefle amp; pont ils rendront dedans demainnbsp;tierce qui fera le fécond lourde ce prefent mois de Mars. Item eft traiclé amp; appointé que tous ceux qui à prefent font audit pont de Meulan amp; fortcrelTe denbsp;quelque eftat qu’ils foient, fe rendrôt amp; mettront du tout à la voulenté de mo-feigneur le Regent en la plus grand humilité amp; obeïflance qu’ils pourrôt: pournbsp;caufe de laquelle humilité amp; obeïflànce lefdits commisôc députez dudit mon-feigneur le Regent de là haute graccjcn vfant de mifericorde amp; en l’honneur amp;nbsp;reuerêce de Dieu amp; du faincl temps de Karefme qui eft de prefent,les receueranbsp;amp; leur laiflera les vies fiuues,excepté ceux qui autresfois ont efté en robcïflan-ce de feu le Roy d’Angleterre heritier amp; Regent de France, auquel Dieu par-doint, amp; ceux qui ont fait le ferment de la paix finable des Royaumes de Fracenbsp;amp; d’Angleterre,amp; ceux qui ont efté confentansamp; coulpables de la mort de feunbsp;lean le Duc de Bourgongne dernieremet trelpairé,amp; Gallois,Irois amp; Efcoçoisnbsp;faucuns en y a,amp; excepté auec ce lean Dourdas, vn nommé Sauary feruant amp;nbsp;Bernabant,Oliuier de Lannoy,amp; les canonniers amp; ceux qui furet en la premiere etnbufche qui entrèrent premièrement audit pont, lefquels demourront à lanbsp;Voulenté de monfeigneur le Regent. Item eft appoinélé que faucuns gentilsnbsp;hommes amp; autres delFufdits non exceptez, comme dit eft,fe veulent rendre amp;:nbsp;mettre en l’obeifiance du Roy noftre fouuerain feigneur Roy de Fraceamp; d’Angleterre , amp; de monfeigneur le Regent comme fes vrais hommes liges amp; fairenbsp;guerre à l’encontre de fes aduerfaires,corne nagueres ils faifoient contre le Roynbsp;noftredit feigneur amp; mondit feigneur le Regent, iceluy monfeigneur le Regêcnbsp;de fa grace les receura fans ce qu’ils payent finance ne rançon, pourueu toutednbsp;fois que de ce faire amp; accomplir ils bailleront plaige amp; caution. Item que tousnbsp;ceux qui à prefent font en ladiôte fortereffe amp; pont de Meulan,qui ont ou tiennent ou autres pour eux aucunes villes, places ou fortcrclTes au Roy noftreditnbsp;feigneur,amp; à monfeigneur le Regent les rendront amp; deliureront à mondit feigneur le Regent, ou â fefdits commis amp; députez : amp; auec ce feront toute leurnbsp;puiflance ôc deuoir par deuers leurs parens amp; amis qui aucunement en tiennet,nbsp;qu ils les rendront à monfeigneur le Regent ou à fes commis. Et iufques à cenbsp;qu’ils auront fait amp; accomply les chofes deflufdiéles, ils demourrot en la vou-ienté de mondit feigneur le Regent, lequel les chofes deflufdicles accompliesnbsp;dcüement les receura commue deffus eft dit.Item que faucuns eftans audit pontnbsp;amp; forterefle de Meulan, ont ou tiennent en quelque lieu que ce foit aucus pri-fonniers Anglois, François, Bourguignons ou autres marchans de l’obciflancenbsp;amp; ferment de mondit feigneur le Regent,ils les rendrôtamp; deliureront franchement amp; quiélemêt fans prendre defdits prifbnniers ou de leurs plaiges ranços.nbsp;Item eft appoinété que ceux qui font en la forterefle du pont de Meulan dedasnbsp;le iour de lendemain,mettront ou ferot mettre en vn ou deux lieux certains denbsp;ladiéte forterefle tous leurs harnois de guerre fiifis aucune chofe rompre, froif.nbsp;fer ne defpecer : amp; auffi feront mettre en vn autre lieu certain tout l’or amp; l’ar-gét,vaifrelle, ioyaux amp; autres biens de value eftans en ladiâe forterefle fans ennbsp;retenir,receler ne deftourner aucune chofe en quelque lieu ne par quelque ma-

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M.CCCCXXII. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLJ/ME IL DES CHKONIQJES

niereciue ce les deliurerontamp; dénonceront aux commis de monfei-gneur le Regent fur peine de perdre le benefice de ce prefent traiól:é,amp; la grace de mondit feigneur le Regent. Item mettront en vn ou deux lieux de ladiâenbsp;forterefle les chenaux eflans en icelle amp; leurs harnois,pour icelle eftre deliureznbsp;en l’efiat qu’ils font de prefenr,auecles autres chofes aux commis de mondicnbsp;feigneur le Regent fur la peine deffufdiôle. Item fur 1 adióte peine eft traiôlé amp;nbsp;accordé, que ledit temps durant ils ne laifferont ne fouffriront partir de ladiélenbsp;forterefle amp; pont de Meulan, n’entrer en iceux quelque perfonne quecefoitnbsp;fans le congé amp; licence de mondit feigneur le Regent. Et fur icelle mefine pcfnbsp;ne dénonceront,bailleront amp; deliureront à luy ou à fefdits commis tous les de-uantdits, excepté ceux dont ils n’auront cognoiffance. Et affin que toutes lesnbsp;chofes deffufdiéles amp; chacunes d’icelles foient interinées amp; accomplies fermement amp; vaillablemenr,les deffufdits commis amp; députez d’vne partie amp; d’autre,nbsp;ont mis leurs féaux à ce prefent appoinélement le premier iour de Mars l’an milnbsp;le quatre cens amp; vingtdeux.

Apres que tout le contenu de ce prefent traiélé fut accomply en la maniéré defl'ufdiôle,à caufe de ce furent rendues en la main dudit Regent les forte-reffes de Marcouffy, de Montlehery amp; plu fleurs autres, effans lors en robeïf fance des defdits aflîcgez ; lefquels furent trouuez au iour de ladiéfe redditionnbsp;en nombre de cent gentils hommes amp; deux cens autres combattans, dont lesnbsp;pluflcLirs feirent le ferment cydeffus deuifé, amp; iurerentd’eflrebons amp; loyauxnbsp;enuers ledit Regent, amp; mefmement leur promeit amp; iura ledit feigneur de Gra-uille : amp; furent menez â Rouen prifonniers iufques au plain accompliffementnbsp;de tout le traiélé. Et fut certifiée par ledit de Grauille aux commis du Regent,nbsp;que le Roy Charles effoit en vie quand il fe partit de luy derniererrient pour venbsp;nir à Meulan:mais il auoit eff é blcffé en la ville de la Rochelle d’vne maifon quinbsp;effoit cheuffe où il tenoit fon confeil, dont cy deffus eff fait mention.

Comment les Francois efchellerent eÿ* prindrent la fbrterejpe de Dommart en Ponthieti, ^Itißeurs autres matteres.

E vingtiefme iour de Mars de ce prefent an,les François efchcllerent amp; prindrent la fortereffe de Dommart en Ponthieu : dedans laquel-le effoit le Borgne de Foffeux Cheualier,amp; laques de Craon fon


fe


beau fils : lefquels fe fauucrent apetite compagnie fecrettement pat vne poterne quand ils ouyrent l’effroy: amp; meffire Symon de Boulenuiller,Ieannbsp;de Douceure amp; plufieurs autres effans audit chaftel,furent detenus prifonniersnbsp;aucc la femme dudit de Folfeux:amp; generallement tous les biens d’iceluy furentnbsp;prins, rauiz amp; butinez : defquels biens y auoit grand habondance tant de ladite ville de Dommart comme du pays. Et brief enfuiuantle feigneur de Cro-toy à tout trois ou quatre cens combattans, fen alla loger en vne forterefle appartenant à l’Euefque d’Amiens nommée Pernois feant à vne lieue auprès dudit Dommart, pour là tenir kontiere amp; garder ledit pays contre Icfdits François. Et apres aucuns iours enfuiuans fut vn traiôfé faitaucciceux François, parnbsp;condition qu’ils rendroient ladiéle fortereffe amp; fen retourneroient au Crotoynbsp;a tout leur gaignage,amp; effoit le chefd’iceux vn nommé D^andonnet. En cellenbsp;faifon

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I) eng TERR. DE MONSTRELET CHARLES J/ll. 4 ûifünleDucdeCÎoceftreeut en mariage la Duchcfle lacquelincdcBauierCjnbsp;Comteflc de Hainault amp; de Hollande : laquelle long temps par auant(comraenbsp;dit eft dcftus ) cftoit allée en Angleterre : nonobftant que ladiéle lacqueline a-uoit efpoufé le Duc lean de Brabant, qui pour lors eftoit encores viuant : pournbsp;lequel mariage moult de gens furent grandement eftirerueillez. Eu l’an defliif-ditalla le Roy d’Arragonen Italie à la requeftedela Royneleannefemmeànbsp;laques de Bourbon : laquelle auoitefleu pourfon hoir amp; heritier ledit Roynbsp;d’Arragon, amp; luy venu audit pays dechafla le Duc d’Anjou, qui (è nommoicnbsp;Roy de Cccille ôc tous fes gens. Et apres atrahit vers luy amp; â fon accord tousnbsp;les capitaines de ladiéfe Royne : c’eft à fçauoir Fortebrace, Tartaille amp; aucunsnbsp;autres anciens amp; des plus principaux de toute Italie. Lefquels brief enfuiuancnbsp;tous d’vn commun accord, iceux amp; ledit Roy d’Arragon feirent tenir prifon-iiicre ladicle Royne leanne.Et par ainfi fut punie de telle punition qu’elle auoitnbsp;puny fon feigneur amp; mary laques de Bourbon . Et demoura ledit Roy d’/Xrra-gon feigneur amp; maiftre de la plus grâd partie d’Italie, certaine efpace de temps,nbsp;ft le Pape mefmes faccorda à luyamp; y enuoya le Cardinal de Sainél Ange pournbsp;faire ledit accord : lequel Cardinal en failant fon voyage, ficommeil entroitnbsp;par vne planchette en vne forterefle,cheut du hault en bas es foftez, amp; febleflanbsp;tellement que brief enfuiuant il en mourut.

A V temps deflufdit vindrent les nouuelles es marches de France des here-fes amp; rebelles contre la foy chreftienne,eftant à Pragues amp; es marches de là environ, lefquels femettoient en peine de acquérir amp; mettre en fubiedion cha-fteaux amp; forterefles fur les Chreftiés: amp; eftoient iceux herefes en plufgrand erreur amp; plus puiftans que parauant n’auoient efté.Et tant que l’Empereur ne po-tioit refifter contre eux, amp; fen retourna en fon pays de Hongrie fans eux riens ineffaire. En l’an deflufdit les gens de melTirc laques de Harcourt feirent fe-crettement plufieurs courfes es pays de Vimeu, de Ponthieu, d’Arthois amp; desnbsp;HKarches àl’enuiron . Et mefmementprindrent amp;emmenerentplufleurs char-tues aux cenflers du Mont faind Eloy empres Arras. Si les menèrent vendre amp;nbsp;butiner dedans la ville du Crotoy, pour Icîquelles courfes les riches laboureursnbsp;du pays n’ofoient coucher en leurs lieux amp; hoftels ne faire labeurs. Et d’autrenbsp;part les François qui fe tenoient en la Comté de Guife alloient amp;venoient fou-tientaudit Crotoy amp;à Rue,parquoy le pays eftoit alors moult trauaillétantnbsp;d vne partie comme d’autre, amp; n’eftoit iuftice en riens obeÿe. En ceft an furentnbsp;les bourgeois amp; communaulté de Tournay en grand diflention l’vn cotre l’autre,amp; faflemblerent en armes à tout les bannières de leurs meftiers par maniéré de commotion : c’eft à fçauoir les grans contre les petis, amp; receurent le feigneur de Moy qui tenoit le party du Roy Charles, amp; leur bourgeoifie,nbsp;nbsp;nbsp;plu-

henrs hommes de petit eftat feirent leurs capitaines en doubtantlespreuofts, iurez amp; autres gouuerneurs : Setoufiours la plus grand partie d’iceux foubfte-noient la partie dudit Roy Charlesnoutesfois ils fe appaifèrent pour icelle foisnbsp;fans coups ferir, amp; depuis par plufieurs fois fe meirent en armes en faifant pareilles mutations à celle deflhfdicfe. Auquefan aufli faflemblerent enNormâ-diedeux mille amp; cinq cens Angloisfoubs la conduire du feigneur de la Poule,de Thomas Bourry amp; aucuns autres chefs de guerre : lefquels fe meirent ànbsp;A iiij

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M.CCCCXXIII. yOL^ME II, T)ES CEJPyONlOEES

chemin, paflerent le pays du Maine. Et de là en degaftant pays allèrent iuE ques deuant AngierSjOÙ ils feirent de grans dommageSjamp; prindrent audit paysnbsp;grand nombre de prifonniers ,bcftail amp; autres biens, à tout lefquels ils f’en retournèrent loger par plufieurs iournées a vne grofle ville nommée Bufignes denbsp;la Grauelle.Durant lequel temps,lean Comte d’Aumarle qui par ceux du paysnbsp;fçauoit celle cheuauenée, amp; auecluy le Baron de Colilouure,le feigneurdcnbsp;Fontaines du pays d’Anjou amp; melïire Pierre le Porc, feirent grand amalls denbsp;gens d’armes amp; de communes, amp; les attendirent alTez pres d’illec audit lieu denbsp;Grauelle en trelbonne ordonnance. Et lors que les Anglois les apperceurentnbsp;delcendirent tous à pied amp; meirent tout leur bagage arriéré d’eux. Si les allaibnbsp;lirent les François tres vigoureufement amp; de grand courage, amp; en elloit la plusnbsp;grand partie à cheual. Et les Anglois le delFendirent alfez vaillamment,amp; y eutnbsp;vn trcfdur ellour. Mais Enablement iceux Anglois furent tous dcfconfits,amp; ciinbsp;demeura lors fur la place douze cens largement. Et y fut prins lefeigneurdehnbsp;Poule, amp; auec luy bien trente gentils-hommes. Et des communes de la partienbsp;Françoife moururent fix vingts perfonnes fur tour.

De Ein mille cccc. xxiij.

Comment les Ducs de Bethfort^de Bourgongne nbsp;nbsp;de Bretaigne 'vindrent d Amiens amp;

feirent alliance entre eux.

\ commencement de cell an mille quatre cens vingt amp; trois, bl* femblerent à Amiens les Ducs de Bethfort,de Bourgongne amp;Bfe-taigne auec eux de chacune partie grand nombre de cheualiers^nbsp;efcuyers.Et auec ledit Bethfort qui fe nommoit Regent de France,nbsp;elloit le grand confeil du ieune Roy Henry d’Angleterre .Et auec le Duc denbsp;Bretaigne elloit Artus Comte de Richemont Ibn frere : lefquels Princes venusnbsp;audit lieu d’Amiens feirent l’vn à l’autre grande reuerence amp; lèmblant de toutenbsp;amour.Et donna le Duc de Bethfort royallementâdilher aux autres princes ennbsp;l’hollel epilcopal de l’Euclque d’Amiens, où il elloit logé. Et apres ces choiesnbsp;traiôlerent l’vn auec l’autre, amp; feirent alliances par la forme amp; maniéré contenue en vnes lettres,feellées de leurs feauxamp; lignées de leurs lignes manuels,def-quels la copie mot apres autre fenfuit.

Iean gouuerneuramp; Regent du Royaume de France Duc de Bethfort, Philippe Duc de Bourgongne, amp; lean Duc de Bretaigne. A tous ceux qui cesnbsp;prefentes lettres verront amp; orront falut.Sçauoir failbns que pour la confidera-tion des amiticz amp; prochaineté de lignage, qui ja font entre nous moyennantnbsp;les mariages concluds, accordez Scconfermez entre nous lean Duc de Bethfort Regent de France, amp; nollretrefchere amp; trelàimée compagne amp; confinenbsp;Anne de Bourgogne d’vne part, amp; noflre trefehier amp; trelaimé frere Artus Ducnbsp;de TouraineComte de Montfort amp; d’Yury,amp; de nollre trelchere amp; trelàiméenbsp;feur amp; coufine 'Marguerite de Bourgogne d’autre part,amp; pour le bien du Roynbsp;nollre fire^ amp; de les Royaumes d^ France amp; d’Angleterre, de nous amp; de noznbsp;dominations amp; feigneuries : de noz terres pays amp; lubieôls nous amp; chacun denbsp;nous,iurons amp; promettons ellre amp; demourertant quenous viuronsen vrayenbsp;fraternité,bonne amour amp;vnion: amp; nous entreaimerons amp; entretiendrons

comme

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D'EI^GJ/EKK: de ytONSTKELET CHARLES m. comme freres, parens amp; bons amisrgarderons amp; deffendrons l’honneur l’vn denbsp;l’autre tant en couuert comme en publicquejfans fradion ne quelconque diflî-tnulation:aduertirons rvn l’autre de tout ce que nous fçaurons amp; entendronsnbsp;eftre au profht,dommage,honneur ou blafme l’vn de l’autre amp; de noz feigncu-fies, terres,pays amp; fubieds. Et fè aucun ou aucuns nous faifoient mauuais rapport l’vn de l’autre, nous n’y adioufterons point de foy: mais retiendrons feure-ßient chacun deuers nous ceux qui feront lefdits rapports : amp; par vraye amournbsp;amp; charité ferons fçauoir incontinent à celuy de qui telle relation aura efté faille,pour en faire ainfi comme raifon fera. Et fc nous ou Tvn de nous auons affaire pour noftre honneur, ou noz pays, terres amp; feigneuries garder amp; delFen-dre contre aucuns autres, qui nous vouldroient greuer ou endommager : nousnbsp;^chacun de nous ferons tenus d’aider amp; feruir celuy de nous qui aura à befon-gner fi de ce fommes requis,amp; â cinq cens hommes d’armes ou de traid valantnbsp;ledit nombre, en la maniéré que cil qui aura à befongner vouldra. Et fera tenunbsp;lt;^eluy qui fera requis payer fes gens a fes defpens pour le premier mois.Et celuynbsp;qui les requerra, fera tenu de les payer du fien au temps qu’ils fèruiront outre.nbsp;Êt fe aucun de nous veult auoir plus grand puilTance pour ayde,«celuy qui fur

amp; de ce fera requis, fera tenu d’ayder le requérant le plus habondâment qu’il pourra fes pays dcniourez garnis. Item que de toute noftre puiftance amp; par lesnbsp;Meilleures voyes amp; maniérés que nous fçaurons aduifèr, nous nous employc-Mns pour le relieuemcnt du poure peuple de ce Royaume, qui tant a à fouffrirnbsp;tant feuftf e de poureté,à débouter les guerres hors de ce Royaume amp; le metnbsp;Mc enpaixamp; tranquilité:affin qu’en iceluy Royaume Dieu foit ferLiyamp; honno-Mjamp;que niarchandife amp; labour y puilfent auoir cours. Nous amp; chacun denbsp;nous promettons loyaument amp; en parolle de Prince, faire, tenir amp; accomplirnbsp;toutes les chofes deffufdidtcs par la maniéré defliifdióle, autant que nous viue-Mnsjfans dorefnauant faire ne aller à l’encontre par quelque maniéré que cenbsp;foitjfoubs l’obligation de noz biens tant meubles que immeubles prefensamp; ad-fcnir.En tefmoin de ce, nous auonsfait mettre noz féaux à fefdides prefentes:nbsp;^cfquelles nous auons feellées amp; fignccs denoz propres mains:amp; auons eferiptnbsp;deflbubs noz propres noms,enla ville d’Amies lexvij.iour d’Auril.L’an mil-quatre cens vingt amp; trois.

Avec iceluy traicfcéamp;accorddeftufdiót,furent parconfermez les deux Mariages deftus declairez : c’eft a fçauoir du Duc de Bethfort Regent amp; de An-t’efeur au Duc de Bourgongne.Et auec ce de Artus de Bourgongne,amp; de Marguerite feur au Duc deflufditdaquelle par auant auoit eu elpoufé le fils aifné dunbsp;l^oy Charles Daulphinde Vienne amp; Duc d’Acquitaine. Et fut vérité que lenbsp;^uc de Bourgongne donna a fa feur Anne auec le Duc de Bethfort fa Comténbsp;Q Artois, auec toutes les appendances heritablement, en cas toutesfois qu il n ynbsp;^uftnul hoir de fa chair nez en loyal mariage. Apres tous lefquelstraiétez fcnbsp;Repartirent de la ville d’Amiens les Ducs de Bethfort amp;de Bourgognedefquelsnbsp;^tournèrent enfemble à Paris, amp; le Comte deflichemont fen alla à Arras. Etnbsp;h Duc de Bretaignc receut premier fix mille efeus pour les defpês de fon voyage,que luy feit deliurer ledit Regent,amp; puis retourna en fon pays auec fes Bre-Mns. Durant le téps que les Ducs de Bethfort,de Bourgongne,Ôc de Bretaigne

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MXCCCXXIJI, rOLJ/lyiE It DES CHKONIQ^ES' furent enfeinble à Amiens, requift iceluy Duc de Bourgongne audit Bethfort,nbsp;qu’au cas que les chafteîlenics de Peronne, de Roye amp; de Mondidier feroientnbsp;remifes au dommage du Roy, qu’en ce lieu luy fuffent deliurées les villes d’Amiens amp; d’Abbeuille, MonftreiljDourlenSjBcauquefne amp; toutes les apparte*nbsp;nances.Surquoy luy fut refpondu qu’on en parleroit au grand confeil du Roy.'nbsp;En apres le Duc de Bethfort Regent à tout grande puiflance de fes Anglois,fennbsp;alla à Troyes en Champagne : auquel lieu luy fut amenée honnorablement dunbsp;pays de Bourgongne Anne feur au Duc Philippe, amp; luy amena en gracieux appareil la dame de Rochefortôe la dame de Salins,accompagnées du feigneur denbsp;Sainôt George amp; aucuns autres Barons amp; feigneurs de Bourgongne. Auec lefnbsp;quels eftoitvn nommé lean de Quielong,quidepar le Doede Bourgongnenbsp;auoit efté enuoyé deuers la DuchelTe Douagiere pour faire apprefter les befonnbsp;gnes. Lefquels venus audit lieu de Troyes ,1e Duc de Bethfort efpoufà ladiélenbsp;damoifellcde Bourgongne. Et furent les nopces faiéles tant folemnellcmentnbsp;comme royallement. Apres lefquelles aucuns iours enfuiuans palTez, fe départirent lefdictes dames l’vned’auec l’autre non mie fans pleurs retournans ennbsp;Bourgongne. Et le Duc de Bethfort à tout là femme la DuchelTe,printfonnbsp;chemin vers Paris : auquel chemin il alTiegea puiffammentla ville de Pons furnbsp;Seine,laquelle en brief fut par force d’alTaux prinfc des Anglois,amp; la plus grande partie des François qui dedans eftoient furent mis à mort cruelle. Et de lanbsp;paflàoultre amp; alla feiournervne efpace de temps à Paris en l’hoftel des Tour^nbsp;nelles,lequel pour fà demeure il feit grandement reparer.

Comment Pothon de SainCle Treille nbsp;nbsp;Lyonnel de Tvandonne feirent armes À Arrtts

en lapreßnee du Duc de Bourgon^e.

propres iours furent faiéles armes â Arras en la prefencc du ^^^Duc de Bourgongne,iuge en cefte partie de Pothon de Sainétenbsp;g Treille d’ vne part, amp; de Lyonnel de Vvandonne d’autre part. C’eftànbsp;fçauoir que ledit Pothon auoit requis Lyonnel, qu’ils peuflent courir l’vn contre l’autre tant qu’ils culfentaffis l’vn fur l’autre fix coupsdelance,nbsp;ou icelles rompues. Etaloppofiteledit Lyonnel auoit requis àPothondeco-battre apres de haches, tant qu elles pourroient durer. En apres quand le ioutnbsp;fut venu amp; qu’ils fe furent preparez,Pothon entra premier au champ commenbsp;appellant accompaigné de fes gens bien gentcment,amp; alla faire la reuerencc aunbsp;Duc de Bourgongne qui eftoit en fon efchaiiffault, amp; puis fe retrahit . Et afleznbsp;toft apres entra ledit Lyonneide Vvandonne accompagné de meflire lean denbsp;Luxebourg,qui le feruit tout leiour de Iances,amp; aucuns autres de fes feigneursnbsp;amp;amis:amp; comme auoit fait ledit Pothon alla faire lareuerence au Duc,amp;nbsp;puis fe meit a fon lez au bout des lices : amp; affez toll apres ils fe preparerentanbsp;courre 1 vn contrei autre. Si coururent plufieurs coups moultroidement, entre lefquels y eut de chacune partie aucunes lances rompues amp;froiflees l’vn furnbsp;1 autre. Toutefuoyes fur la fîn% heaulme Lyonnelfutvnpetitcafie du fer denbsp;fon aduerfàire, ócdecceut la telle blecée non mie grandement. Et pourtantnbsp;le Duc de Bourgongne de ce aduerty, les feit celTer deplus courre l’vn contrenbsp;1 autre ce iour, touchant les armes à chenal. Le lendemain le Duc de Bourgongne

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N ce err. de 'monstrelet chakles eu. 6 gne reuint cn Ion efchaufFauIt enuiron dix heures, accompagné du Comte denbsp;Richemont amp; desfeigneurs de fon confcil pour attendre les champions, quinbsp;deuoient faire leurs armes à pied. Et aflez toll apres entra Lyonneide Vvan-donnetoufiours accompagné de meflire lean de Luxembourg, amp; alla commenbsp;il auoit fait le iour de deuant faire la reuerence au Duc Philippe:amp; puis retourna dedans (on pauillon, amp; là attendit fon aduerfaire, lequel vint tan to fi: apres.nbsp;Et apres qu’il eutfaiélela reuerence audit Duc fe retrahit dedans ion pauillon.nbsp;Ettantoftcommeileftdecoufiumeen telcas^ fut crié par vn herault que toutnbsp;homme vuidaft les lices, amp; que nul ne donnafi; empefehement aux championsnbsp;fur peine capital. Et adonc Lyonnel de Vvandonne qui cftoit appellant iffit denbsp;fon pauillon fa hache en fon poing, amp; marcha le grand pas fur fon ennemy:Ie-lt;quel quand il le veit approcher iffit hors de fon pauillon,amp;alla à l’encontre dudit Lyonnel : lequel Lyonnelle affaillit vigoureufement, cn iettant pluheursnbsp;coups de fà hache à bras tourné contre iceluy Pothon. Et aucunesfois frappoitnbsp;dcftoc fans celfer ne réfréner fon alaine. Et cn ce faifànt Pothon receuoit froidement fes coups fur fa hache, en les deftournantà fon pouoir arriéré de luy.nbsp;Et quand il veit fon point il approcha ledit Lyonnel amp; le Ecrit plufieurs coupsnbsp;de la poinde de fa hache par deffioubs fà vifiere de fon bacinet, amp; tant feit qu’ilnbsp;leua ladide vifiere, tant qu’on veoit plainement le vifàge dudit Lyonnel :nbsp;lequel fe voyant en ce danger, feit tant qu’il print la hache de Pothon d’vnenbsp;ttiain defToubs fon bras.Et Pothon print Lyonnel d’vne main par le bort de fonnbsp;bacinet amp; le efgratigna de fon gantelet au vifage. Et en ce faifant amp; hardiantnbsp;Ivn l’autre Lyonnel referma fàvifiere à pou pres. Ettantoftle Duc de Bour-gongne les feit prendre cnce point par ceux qu’il auoit commis à garder lenbsp;champ, defquels ils furent menez deuant le Duc : lequel prefentement leur ordonna à demourer bons amis enfèmble, tant comme il touchoit leurs armes cynbsp;deifus declairées, amp; fur ce retournèrent chacun en leurs hoftels. Et feit là leditnbsp;Pothon de grans boubans auecques fes gens. Et le lendemain coururent de fernbsp;de lance l’vn contre l’autre Rifflard de Champremy, tenant le party du Roynbsp;Charles contre le baftard de Rofbecque, amp; rompirent l’vn fur l’autre aucunesnbsp;lances: mais en conclufion ledit Rifflard fut enferré tout parmyfon harnoisnbsp;qu’on vit vers lecofié, Seneantmoins ne fut point percé au vif. Pour lequelnbsp;coup le Duc de Bourgongne les feit cefler amp; retournèrent en leurs hoftels chacun accompagné de fes gens. Et dedans briefs iours fen retourna ledit Pothonnbsp;auecles fiens en la Comté de Guife.

Comment le Comte de Sdljebery aßiegea la forterejje de 'Mont-Aÿtilondaquelle fe rendit d luy,Et autres. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;;

N ce temps alla le Comte de Salfcbcry à tour grand puiffianre affie-ger la fortereffe de Mont-Aguilon en Champàigne par l ordonnance amp; commandement du Duc de Bethfort, qui fe difoit Regent de France:lequel Salfebery eftoit poiftlors Gouuerneur du pays denbsp;Champàigne, amp; de Brie: lequel fiege il continua par moult longue efpacedenbsp;temps en faifant plufieurs-affaux par diuers enginsamp; autres inftrûmens de guernbsp;tc,amp; y fut bien fix mois ou enuiron. Toutesfois ce temps durant, furent liurez

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MXCCexXIlL l'OLniE II, DES CEIROEEI O.^ES

plufieurs aflauxa Ia forterefle amp; par diucrfès maniérés de les aflieger furent moult oppreflez.Et pouoient eftre dedans iufques à fix vingts combattans,defnbsp;quels eftoient capitaines le feigneur de la Bourbe, le feigneur de Cotigny amp; vnnbsp;homme d’armes nommé Bourghenon:defquels fix vingts combattans fe deparnbsp;tirent grand partie amp; en Ia fin n’y demourerent que trente ou enuiron, lefquelsnbsp;en conclufion furent contraints de manger leurs cheuaux : amp; en la fin fe rendirent audit Comte de Salfebery par cbdition,qu’ils payeroient pour lauiicr leursnbsp;vies vingt amp; deux mille faluts d’or, dont pour ladiétc fomme fournir dcmou-rcrent en hoftage quatre des principaux iufques à l’accompliflement d’icelle.Etnbsp;repartirent les compagnons en pur leurs pourpointeaux foubsbonfaufcon-duir,referué ceux qui autresfoisauoient fait ferment de la paix finable, qui a-uoit cfté iurée entre les Roys de France amp; d’Angleterre. Et quand tous fen furent partis(comrae dit eft ) la forterefle fut abbatue amp; du tout démolie. En cesnbsp;mefmes iours fut prins dedans Arras par le commandement du. Duc de Bour-gongne meffirc Mauroid de Sainéf Leger, pour plufieurs plaintes qui de luy c-ftoient venues audit Duc, tant pour auoir pillé fa ville d’Auchin, comme pournbsp;plufieurs autres faits.Si fut mené prilbnnier au chaftel de Chauetignes,où ilnbsp;par l’efpace d’vn an entier. Et puis fut deliuré par le pourchats de fes amis. En cenbsp;mefmetempsIeDucde Bethfort feit par fes Anglois aflieger puilfamment^nbsp;de force la forterelTe d’Orfay, entre Paris amp; Montlehery. Laquelle tenoient lesnbsp;Françoisdequel fiege lefdits alTicgeans continuèrent enuiron fix fepmaines. Etnbsp;en la fin fe rendirent les ;ifliegez à la voulenté du Duc:defquels les vns furent a-menez à Paris les telles nues,en purs leurs pourpointeaux,vne corde lice entournbsp;leur col,amp; les aucuns tenans leurs elpées nues les pointes appuyées à leurs poi-élrines. Et en tel point furent menez à l’hoflel des Tournelles en la prefencedu-dit Duc de Bethfort amp; de là femme : lequel Duc commanda tantoll qu’on lesnbsp;menait au challellet:maisla DuchelTc meuë de pitié pria tant pour eux àfonfejnbsp;gneur amp; mary, qu’ils furent deliurez làns auoir autre peine, amp; fen allèrent oünbsp;bon leur fembla.Les vns au party dont ils eftoient venus,amp; les autres demourerent du party des Anglois. Item au mois de May furent enuoyez de Rouennbsp;du territoire de Cauxdefixà fepteens Anglois :lelquels menoit le Baillif^®nbsp;Caux, amp; paflerent parmy Abbeuille, amp; alTiegerent le chaftel de Noëlle fur l^inbsp;mer appartenant à melfire laques de Harcourt. Et dedans briefs iours apresnbsp;ceux qui elloient dedans doubtans non auoir fecours,rendirent aufditsAngloi^nbsp;leur forterefle en eux départant faufleurs vicsamp; leurs biens.Et adonc ledit nad*nbsp;fire laques de Harcourt remanda hafliuement fes gens qui eftoient à Ruenbsp;laiflà la ville habandonnée à les ennemis làns y mettre quelque prouifion. E^nbsp;laquelle fans faillir les Anglois entrèrent tantoll apres, où par moult de maniC'nbsp;res trauaillerent les fimples gens qui y eftoient demourez. Et lors fut mife frÇ®nbsp;tiere à l’encontre du Crotoy de la gent Anglefche, ainfi que vous pourrez ouif*nbsp;Audit mois de May fut faiëlevne groffe bataille empres Naples, entre A'nbsp;phons Roy d’Arragon d’vne ptrt, amp; le pere au Comte François, amp; autres capitaines du pays d’Italie d’autre part ; lefquels de rechef feftoienttrouuez cofl'nbsp;tre le Roy d’Arragon, amp;: pour vérité la defeonfiture fut lors faiéle fi grandenbsp;les Arragonnois, qu’il failIut par force que le Roy Alphons d Arragon fe faij^

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LEN GEE RR. DE MON ETRE LET. CHARLES TII. uaftàbien petite compagnie en luy départant de la bataille, autrement euft ilnbsp;efté mort ou prins de fes aduerfaires. EnuironJa fainâ: lean Baptifte enlui-uantjfnt afliegée par meramp; par terre la ville amp; forterefle du Grotoy par les An-glois. Defquels eftoit principal capitaine meflire Raoul Bouteillier, qui treC-puifîamment amp; en grad diligence feit fon oft fermer amp; loger fes gens trelàuan-tagcufemêt.Et mcftire laques de Harcourt fe prépara trefvigoureufement pournbsp;luy deffendre, amp; feit afleoir plufieurs canons amp; autres engins pour ietter contre fes ennemis, affin de les garder qu’ils ne peuflent approcher de ladiefe ville.nbsp;Pourlequelliegeles habitans du pays furent moult ioyeux.

Comment le Roy Charles de France feit aßieger la 'ville de Creuant parle ConneClahle dEfoJfenbsp;nbsp;nbsp;le Comte de Fentadour Auttergnois.

L’entrée du mois de luillet le Roy Charles'feit pafler fes gens la ri-uicre de Loire, amp; affieger à grand puiflance la ville de Creuant, la-K quelle tenoit le party du Duc de Bourgongne. Et eftoit chef dudit I hege le Conneftable d’Efeofle, lequel auoit auec luy pluheurs grasnbsp;Icigneurs, qui vaillamment fe combattirent contre lefdits affiegez pardiuersnbsp;logins amp; habillemens de guerre qu’ils auoient: pour lequel hege ne furent mienbsp;tant feulement troublez les bourgongnons, mais auec ce les Anglois : amp; pour-^^nt la Duchefte Douagiere de Bourgongne manda haftiuement les plus gransnbsp;Seigneurs de Bourgongne,amp; leur requift inftamment pource amp; au nom de fonnbsp;fils le Duc, qu’ils aftemblalTent diligemment leurs gens pour donner fecoursnbsp;deffufdits affiegez de Creuant : îefquels feigneurs auec le feigneur de Tou-longon Marelchal de Bourgongne, fe meirenc enfemble à toute puiftance, amp;nbsp;tfieuaucherent iniques à Auxerre: auquel lieu vint de par le Duc de Bethfortnbsp;Regent le Comte de Salfebery, le Comte de Suffort, le feigneur de Vvilleby amp;nbsp;^^cuns autres feigneurs Anglois, tant qu’ils furent iufques au nombre de qua-mille combattans ou enuiron gens d’eflite amp; efprouuez en armcs,à l’encon-defquels A nglois: allèrent pour les honnorer le Comte de loigny Bourgo-S^on, le Borgne de Toulongon, le feigneur de Vergy, meffire lean amp; mcftirenbsp;^uillaume devienne, meftireRegnier Pot, le feigneur de Rochefort amp; plu-^eiirs autres notables feigneurs Et eux venus ScalTemblez enlèrable,feirentnbsp;grand rcuerence l’vnà l’autre amp; puis cheuaucherent l’vnauec l’autre en bellenbsp;^’’donnance iufques en la ville : amp; fut logé ledit Comte de Salfebery en l’hoftelnbsp;Euefque. Et quand ils furent vn peu refedionnez de boire amp; de manger, lenbsp;Ycmblerent lefdits feigneurs tant Anglois que Bourgongnons en l’Eglifeca-^edralledela ville : amp; là prindrent leurs concluhons telles quecy apres ferontnbsp;éclairées. Apres les Anglois amp; Bourgongnons fe meirent à chemin pour allernbsp;''^rs Creuant combattre leurs aduerfaires, amp; defeendirent à pied à enuiron vnnbsp;^’¦^nd quart de lieue d’iceux. Alors il faifoit moult grand chault : amp; pource fu-grandement trauaillez tant d’aller à pied pour la pefanteur de leurs armesnbsp;^otnme de l’ardeur dufoleil. Et ce propre ioui^urent faits cheualiersdeceftenbsp;Partie Guillaume de Vienne, fils au feigneur de faind George, lean feigneurnbsp;-^uxi, Philippe feigneur de Trenont amp; Copin de la Viefuille.

PREMIEREMENT fut ordonné par lefdits feigneurs,que lendemain qu’il B

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M.CCCCXXlll. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOL^XiE 11. DES CFîP^ONlQJ^ES

eftqit vendredy fe partiroient auec tous leurs gens à dix heures du matin pour aller loger vers Creuant. Item ordonnèrent deux Marefchaux pour auoir regard fur leurs gens : c’efl à fçauoir pour les Bourgongnons le feigneur de Vcr-gy,amp; pour les Anglois meffire Gillebcrt de Hallefàl. Item fut crié que les An-glois amp; Bourgongnons fufl'enc d’accord amis enfemble en bonne vnion,fansnbsp;faire debat ne remors fur peine d’eftre punis à la voulenté des capitaines. Itemnbsp;fut ordonné qu’ils cheuaucheroienttous enfemble envn oft. Ety auroit fxnbsp;vingts hommes d’armes : c’eft à fçauoir foixante Anglois amp; foixante Bourgongnons,auec autant d’archiers qu’il y appartenoit pour defcouurir deuant. Itemnbsp;fut ordonné que quand on viendroit au lieu,où on fe deuroit combattre qu’incontinent qu’il fera dit amp; publié, que chacun defcende à pied, amp; ceux qui ennbsp;feront refus foient mis à mort, amp; tantoft les cheuaux foient menez arriéré 1 e-fpace de demie lieue. Et ceux qui feront trouuez plus pres foient* prins commenbsp;Gonfifquez. Item fut ordonné que chacun archier feitvn penchon aguifeanbsp;deux bouts pour ficher deuant luy quand befoing en feroit. Item fut ordonnenbsp;que nul de quelque eftat qu’il fut, ne fut fi hardy que de prendre prifonniersnbsp;au iour de la bataille iufques à ce qu’on voye plainement que le champ fbit gai-gné: amp; que fi on en prend aucun,tantoft foit occis, auecques luy celuy qui l’aura prins fil en fait aucun refus. Item fut ordonné que chacun fe pourueuft denbsp;viande pour deux iours:amp;: auecques ce que ceux de la ville d’Auxerre enuoyafnbsp;fent viures apres l’oft,entant qu’ils en pourroient finer, ôc ils feroient biennbsp;payez. Item fut ordonné que nuis ne cheuauchaffent deuant ne derriere fansnbsp;l’ordonnance descapitaines fur peine cappital, mais fe tienne chacun en l’ordonnance où il fera raisdefquelles chofes deffufdiôles furent en ce iour proclamées amp; publiées au fon de trompe en la ville d’Auxerre. Et le lendemain(com-medit cft) quand ils eurent ouy la Mefle en grande deuotion amp; beu vn coup,nbsp;ils fe départirent de la ville en grand fraternité amp; allèrent loger tous enfemblenbsp;en la vinchelles à vne petite lieue de leurs ennemis. Et le fàmedy enfuiuant en-uiron dix heures du matin,fe deflogerent amp;allerent à belle ordonnance deuantnbsp;leurs ennemis : lefquels fans faillir ils trouuercnt ordonnez en grande amp; noblenbsp;compaignie : amp; auoient prins place fur vne montaigne deuant ladiâe ville denbsp;Creuant, laquelle ils auoient tenue nuiâ amp; iour en attendant leurs gens. Maisnbsp;lefdits Anglois amp; Bourgongnons allèrent paffer par l’autre lez de la riuierenbsp;d’Yonne,du cofté vers Coulongnelez Vimeusou Vigneufes. Etadonequesnbsp;defeendirent les François de leur montaigne, amp; vindrent contre leurs ennemisnbsp;en monftrant grand femblance de hardieffe, amp; fe meirent en bataille l’vn contre l’autre, où ils furent bien trois heures fans autre chofe faire : amp; eftoit la riuiere d’Yonne entre deux. Et apres fc aduancerentles Anglois amp; Bourgongnons , amp; gaignerent vn pont fur leurs ennemis, par lequel ils les commencèrent fort a greuer amp; enuahir. Et d’autre part ceux quieftoient en la ville,lesnbsp;affaillirent par derriere moult roidement. Et adonc commencèrent de toutesnbsp;parts à combattre les vns conlt;e les autres trefafprement. Mais en conclufionnbsp;les deffufdits AngloisSe Bourgongnons obtindrent la victoire contre leurs ennemis amp; gaignerent le champ,auquel furent morts amp; prinsla plus grand partienbsp;des Efcoçois, qui eftoient au front deuant la bataille, defquels y auoit enuironnbsp;trois

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D'ENGEERR. de MONSTKELET. CHARLES VIL 8 trois mille.Toutcsfüis le Conneftable d’Efcoce le rendit prîfbnnier au fèigneurnbsp;deChaftelluz : mais il eut vn œil creué. Et pareillement fut prifonnier le Comte de Ventadour au fcigneur de Gamaches, amp; eut auflî vn œil creué. Eftiennenbsp;amp; Icgn de Farimeres Cheualiers Efcoçois, auecques plufieurs autres notables ,nbsp;hommes iufques au nombre de quatre cens : amp; furent morts fur la place tandis le nepueu du Comte de Bouquinon,meflîre Thomas Secron, meffire Guil-hume Hambonamp; fbn fils tous cheualiers d’Efcoce, lean Pillot capitaine Efcoçois amp; le Baftard du Roy, auecques plufieurs autres iufques au nombre denbsp;douze cens ou enuiron. Apres laquelle vidloire r’aflemblercnt les capitainesnbsp;Angloisamp; Bourgongnons en grande vnion, amp; entreront dedans la ville denbsp;Creuant, en remerciant amp; regraciant le créateur de leur viéloire, où ils furentnbsp;moult ioyeufement amp; honnorablementreceuz, amp; leurs gensfe logèrent aunbsp;plus pres. ToutesfoisPerrinetamp; aucuns autres chaflerentles fuians allez longuement J fi en prindrent amp; occirent plufieurs en faifànt celle pourfuite. Et lenbsp;lundy enfuiuant que lefdits capitaines eurent alTemblez leurs gens, ils fe partirent Ivn d’auecques l’autre. Et puisfen allèrent les Bourgongnonsen leursnbsp;propres lieux. Et les Comtes de Salfebery ôc Suffort retourneront au fiege denbsp;deuant Mont-Aguillondulieu mefmes dont ils fefloient partis, amp; y auoientnbsp;laifle aucune partie de leurs gens pour garder ledit fiege.Et fut vérité qu’au iournbsp;de la bataille delTufdiéle, ledit Comte de Salfebery feit bien quatre vingts chc-Ualiers ou plus. Et puis apres la delTufdiôle bataille de Creuant, ledit Comte denbsp;SufFort alla aflieger la ville de CoulTy : laquelle fe rendit à luy dedans certainsnbsp;briefs iours enfuiuans. Et de là alla au pays de Mafconnois, où fe meirent en o-heiïTance plufieurs fortereffes que les François tenoient. Si feit par vn de fes capitaines nommé Claidas le fort chaftel de la Roche,qui en fin femeitenfonnbsp;obeiflance.

Çr parle âe plufieurs matières en brief.

Nuiron le temps deffufditjle Duc de Bourgongnefe partit de fon pays d’Arthois amp; fen alla à Paris, amp; de là en Ion pays de Bourgogne,nbsp;où il feiourna iufques au mois de Feurier enfuiuant :amp; mena auecques luy le Comte de Richemont, qui efpoufa lors fa feur, dont lenbsp;rnatiage eftoit fort long temps deuant, comme deflus eft dit. A l’ilTue du mois



de luillet f’alTcmblerêt plufieurs François des marches de Maulfon, de la Cornac de Guife amp; d’ailleurs : lefquels encloÿrent foubdainement dedans Bethleem ^Bailly de Vermandoisamp; le Baftard de S.Pohmais meflire lean de Luxcbourgnbsp;amp; le Comte Marefchal Anglois, fe meirent tantoft enfemble auec grand nobrenbsp;de leurs gens amp; cheuaucherent hafliuemêt pour leucr le fiege que tenoient lefnbsp;dits Françoisdefquels François quand ils en furent informcz,fe partirent amp; tirenbsp;lent en grand hafte vers leurs marches : amp; les deflufdits Comte Marefchal amp;nbsp;meflire lean de Luxébourg les pourfuiuirent roidement bien xx.lieuès,pour lesnbsp;cobattre.En ceft an arriuerent les Arragonnoi# amp; les Caftellans en grand puifnbsp;fànce au pont de Naples:amp;: illec prindret de force icelle villede Naples,laquellenbsp;fut pillée amp; courue : amp; prindrent la plus grand partie des puiflans hommes,iufnbsp;flties au nobre de huiôl cens,lefquels ils enuoyerent prifonniers en Arragon,amp;nbsp;B ij

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MXCCCXXIII. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLPME II. DES CHRONIQUES

en y eut grand partie de morts : amp; fut bien le tiers de îa ville arfè amp; deflruide j dontleRoy Loys fut moult troublé. Mais brief enfuiuantparl’ayde queluynbsp;enuoyaleDucdeMilan,ilreconquifl: icelle ville de Naples amp; plufieurs. Aunbsp;mois d’Aouft enfuiuant, meflire lean de Luxembourg conquift par force d’afnbsp;fwlx la forterefle d’Arfie:dedans laquelle cftoient enuiron trente Sacquemainsnbsp;tenans le party du Roy Charles, dont les aucuns furent mis à mort amp; penduz,nbsp;amp; ladiéle forterefle fut aife amp; du tout démolie. Et de là ledit de Luxembourgnbsp;alla aflieger Landouflies, où il fut iufques au mois d’Oélobre, en combattantnbsp;iceux de fes engins tresfort. Mais en conclufion ceux de dedas rendirent la forterefle par tel fl,qu’ils fen allèrent fàuf leurs corps amp; gràd partie de leurs biês :nbsp;laquelle forterefle comme celle de delTus, fut démolie amp; abbatue. En ce tépsnbsp;mefmes le Comte Marefchal Anglois eftoit à tout fix cens combattans ou enuiron furies marches de Laonnois :pour lequel ruer ius amp; deflrouflerfaflcm-blerent les gens du Roy Charles,mais ledit Cote de ce aduerty alla contre eux,nbsp;amp; les feit fuïr amp; départir l’vn de l’autre. Et en les pourfuiuant tout chaudeméf,nbsp;fe boutterent vne partie dedans la forterefle.Auquel lieu ils furent dudit Comte afliegez fans arreft, amp; tant approchez qu’en la fin ils fe rendirent à fa voulen-té. Si en y eut grand partie de pendus amp; fut ladiôle forterelTe defolée. Au moisnbsp;d’Aoufl: deflùfdit le capitaine de Lebuiflerie entre Tornus amp; Malcon tenant lenbsp;party du Roy Charles, mcit iournée pour deliurer la forterefle au feigneur denbsp;Thoulongon Marefchal de Bourgongne pour vne fomme d’argent, dont ils e-ftoient enfcmbled’accord : mais à icelle iournée leur capitaine auoit fait deuxnbsp;embufehes pres de la forterelTe : lefquelles apres ce q ledit Marefchal fut entrenbsp;en icelles luy douzie(me,fes gens faillirct auât fur ledit Marefchal amp; fes gens: finbsp;lesdelconfirent fi que pou en efehappa, amp; par ainfi ledit de Thoulongon futnbsp;detenu prifonnier luy amp; fes gens dedans le chaftel.Et depuis certaine efpacedenbsp;temps fut deliuré pour le Comte de Vantadour, qui auoit efté prins en la bataille à Creuant,dont defliis eft faiéle mention. En c’efl: an meflire lean de Luxembourg meit en fon obeïflance les fortcrclTes de Cambrefis en Terace,PfOt'nbsp;fy 5c autres, lefquelles les gens du Roy Charles tenoient. En l’an deflufdit furent mifes en la main du Comte de Hainault toutes les terres duComte de Po-tieuvre, qu’il auoit en la deflùfdide Comté par le feigneur deHarechgou-uerneur deccluypaÿs, pource qu’on auoit foulpeçon, qu’iceluy Comte denbsp;Pontieuvre ne voulfifl: mettre garnifon en fes forterelTes qu’il auoit audit

- paÿs:telles comme Landrecy, Auefhesamp; autres.

Comment meßire laques de Harcourt tint parlement auecmeßire Raoulle Bouteilles pour la reddition du Crotoy.

Tem apres cc que meflire Raoul le Bouteiller eut tenu fbn fiegepar

J mer amp;parterre,iufque3 au my mois d’Oétobre. Il eut parlement a-uecques meflire laques de Harcourt. Et ordonnèrent de chacune partie leurs commis ^ourtraideramp; donnèrent trefues les vns auxnbsp;autres. Et en fin furent d accordpar la maniéré declairée cy apres. Duquel traité la copie Penfuit.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/ r '1

C EST le ttaiôle fait entre Raoul le Bouteillercheualier,amp; Guillaume Mi

ners

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MOÎ^^STKELET. CHARLES VIL 9 ners efcuyers commis amp; députez de par le trefexcellent Prince le Duc de Beth-fort Regent de Frace d’vne part, amp; meflire laques de Harcourt cheuaker lieutenant general en Picardie pour le Roy Charles : ledit de Harcourt foy faifantnbsp;fort du clersie, des nobles amp; des manans amp; habitans en la ville amp; chaftel dunbsp;Crotoy d’autre part. Premièrement le premier iour de Mars prochain venant ;nbsp;Le fécond amp; le tiers £0leil leué depuis l’heure de prime,monfeigneur le Regentnbsp;ou fes commis, feront iufques à trois heures apres midy chacun defdits troisnbsp;iours armez deffus les champs entre la ville de Rue amp; le Crotoy.Et fils ne fontnbsp;combattus par ledit melTirc laques, ou par aurres tenans fon party durant lesnbsp;trois iours deffufdits fi puiffamment, que le champ luy demoure: ledit meflîrenbsp;laques ou fes commis bailleront amp; deliuveront reaument amp; de fait âmonditnbsp;feigneur le Regent, ouàceluy qu’il ycommettra ladide ville amp;: forterelfe dunbsp;Crotoy.Etfaccomplirontprefentementàtrois heures apres midy au tiers iournbsp;dudit mois de Mars. Item ledit melTirc laques amp; generallement tous ceux denbsp;fa compagnie de quelque eftat ou condition qu’ils foient, fe pourront partir a-Oecques tous leurs biens dudit Crotoy au iour de la reddition-.excepté les con-fentans de la mort de feu lean Duc de Bourgongne, qui demourrôt en la vou-^enté de mondit feigneur le Regent faucuns en y a. Item ledit meflire laquesnbsp;fera tenu de laifler audit chaftel toutes les pouldres, arbaleftres amp; traid fansnbsp;fiés gafter ne defpecer,re(èrué neuf veuglaires,deux cacques de pouldres,vingtnbsp;ßc trois afbaleftres,amp; neuf coffres de traid. Et toutes Ces gens emporterot har-’îois,habillemcns amp; autres biens. Item au cas qu’aucûs de ladite ville amp; chaftel de quelque eftat qu’ils foienr,voudroient demourer en faifant le ferment ànbsp;bondit feigneur le gouuerneur amp; Regent, ou à fes commis leurs bies meublesnbsp;heritages leur demourronr,amp;: de ce on leur baillera lettres luffifântes. Itemnbsp;ledit meflire laques aura du nauire pour le port eftant au Crotoyx’eft à fçauoirnbsp;la grande Hulqueamp; la Barge,ColinrAnglois,Plumeterre,Balenier, laques, amp;:nbsp;Martinet,amp;il (era tenu de laiffer l’autre nauire,amp;les vaifleaux des pefeheurs de-^ourront à ceux à qui ils font, moyennant qu’ils feront le ferment comme ditnbsp;«ft. Item meflire laques fera tenu de rendre tous les prifonniers, qu il a de pre-fent en ladiébe ville amp; chaftel de Crotoy, amp; on luy rendra pareillement vn Jenbsp;fts gens que tient meflire Raoul le Bouteiller. Item durant le temps deflufditnbsp;^ousceuxdeladide ville amp; chaftel, ceflcrontde faire guerre en appert amp; ennbsp;^ouuerr,par quelque maniéré que ce foit, lauf que ledit meflire laques durantnbsp;ledit iour pourra faire guerre fe bon luy femble outre l’aire de Seine. Item nenbsp;pourront îeldits monfeigneur le Regent ne nuis de fès gens ce temps pendant,nbsp;faire enuahie n’entreprinfe fur ladiéte ville amp; chaftel du Crotoy par quelquenbsp;Saniere que ce foit,ne pareillement fes alliez.Item durant ledit têps iniques aunbsp;premier iour de Mars,pourrot ceux du Crotoy aller en marchadife es villes denbsp;ft‘Ue,amp; d’Abbeuille ,amp; de S. Vvallery moyennant qu’ils en ayent conge des capitaines d’icelles villes amp; non autremêt.Et aufli pourront aller par mer en mar-chandift:amp;aüfli pourront amener vins amp; toutes autres denrées pour vendre,nbsp;ûufqu’ils n’en mettront riens dedans ladide ville amp; chaftel pour le rauitailler,nbsp;finon pour la quotidiane du temps qu’ils y doiucnt cftre. Item toutes les gensnbsp;de mondit feigneur le Regent, ôc aufli ceux tenans fon party pourront aller ennbsp;B iij

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M.CCCCXXI1L nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLVME IL DES CHKONlQEES

la ville du Crotoy pour befongnerjCe qu’ils auront à faire par le congé du capitaine. Item fil aducnoit durant ledit temps deflufdit 5 qu’aucuns vaifleauxou gens d’armes arriuaffent au Crotoy ils n’y feront receuz:amp; n’auront aucune ay?nbsp;de ou fecours par les vaifleaux d’icellc ville, amp; ne pourra ledit meffire laquesnbsp;durant ledit temps, fortifier, ne demollir ladicle ville amp; chaftel. Item monditnbsp;feigneur le Regent ou fes commis bailleront faufconduiôl à ceux qui ferôt dedans la ville amp; chaftel au temps de la reddition, où bon leur femblera pour aller tenir leur party, amp; à tous leurs biens,amp; auront quinze iours de vuidenge:amp;nbsp;apres auront faufconduid autres quinze iours. Item aura ledit melïire laquesnbsp;faufconduid pour luy, fes enfans amp; toutes fes gens durant ledit temps,foit parnbsp;mer ou par terre pour aller où bon luy femblera. Item pour accomplir toutesnbsp;les choies delîufdiôles amp; entretenir,ledit melfire laques baillera en pleges inef-fîre Pierre de Hergicourtcheualier, Boort de Fiefiez, lean Sarpe amp; Perceualnbsp;Cambiet efcuyers,Ican d’EIIampes, Gilles le Roy amp; lean de Gönne bourgeoisnbsp;de ladiéfe ville du Crotoy. Lefquels pleges feront quittez apres la reddition denbsp;ladidlevilleôc chaftel du Crotoy: encasqueceluyqui feditleurRoylesfe-coLirroit ou fes commis en demeurant viôlorieux fur la place, feroient aulfinbsp;quittes les pleges deflufdits. Lequel traitée faitamp;lefdits pleges baillez fe départit le liege. Et ledit meftire laques feit vendre toutes fes prouifions en Ab-beuille amp; ailleurs,ôc remanda fes enfans qui eftoient en Hainault au chaftel denbsp;Hamcfche.Et quand ils furent à luy venus il les enuoya à Monftreul Bellay.Ennbsp;apres meftire laques de Harcourt, comme dit eft, vendit toutes fes prouifionsnbsp;amp;: à tout infiniz biens fe meit en mer auec partie de lès gens, en laiftant au Cro-,nbsp;toy fon lieutenant general meftire Choquart deCombionne. Et puis fen allanbsp;nageant au mont S.Michel,où il fut receu moult honnorablement : amp; de là alla à Monftreul Bellay veoir fes enfans,amp; là meit la plus grand partie de lès bies.nbsp;Et aucuns iours apres enfuiuans alla deuers le Roy Charles qui le receut trefbe-nignement,amp; luy donna aucuns dons comme Roy: amp; puis fe départit pour aller deuers le feigneur de Partenay,qui eftoit oncle àlafemme que ledit meftirenbsp;laques auoitefpouféc. Lequel de Partenay tenoitôc auoit toufiours tenulenbsp;party du Duc de Bourgongne. Et apres qu’iceluy meftire laques eut efté receunbsp;dudit feigneur de Partenay liberallement amp; à grand honneur,iceluy meftire laques luy requiftd’auoir fa forterelTeen garde, amp;aufli qu’il voulfift laiflèrianbsp;querelle du Duc de Bourgongne qu’il auoit toufiours mainrenue,amp; il fefaifoitnbsp;fort de faire là paix au Roy Charles,amp;fi auroit fon eftat ainfi qu’il auoit accou-ftumé.Dequoy ledit feigneur de Partenay luy relpondit,que Ion intètion eftoitnbsp;de demourer feigneur de fa fortereftè amp; de fes feigneuries:amp;: que ceux à qui elles appartenoient apres là mort les prinlTent fil leurplaifbit. Adoneques leditnbsp;meftire laques aftèz pourueu de fon fair, comme il cuidoit, meit la main auditnbsp;feigneur de Partenay,amp; le feit priibnnier du Roy Charles. Et lès gens leuerentnbsp;le pont du chaftel: amp; en ce faifant fut la noife ouïe de la ville,dont les gens tousnbsp;efmeuz en grand nombre vindrent au chaftel,amp;tirerent le pont qui n’eftoit cliqué ne veroüillé : amp; lors tout l^ubdainement montèrent amont amp; occirentnbsp;cruellement ledit meftire laques,lean de Herlèlames, lean de Fronlfieres,Philippe de Neufuillc amp; plufieurs autres de fes gens. Ainfi trouua ledit meftire la-

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D'ENGRERR. DE EIONSTDELET CHARLES RII. iq lt;]ues fl mort afpre, cruelle amp; haftiiie par vn petit de couuoitifedaçoit-ce qu’onnbsp;le compte en plufieurs autres maniérés.

Cy parle de plufieurs autres matières en brief.

N ce temps ceux de la Coté de Hainault furent en moult grad elFroy amp; tribulation, pour double de la guerre des Ducs de Cloceftrc amp;nbsp;0nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de Brabant,dont ils veoyent l’apparence, par ce quetoùs deuxauoiêt

elpoufé leur dame amp; beritiere.Et difoit chaeû d’eux eftre feigneur (kl pays ayant la meilleure querelle. Et aufti que les feigneurs du pays eftoientnbsp;diuifez amp; tenoient les vns le party du Duc de Brabant, amp; les autres le party denbsp;la dame amp; du Duc de Cloceftre.Nonobllant que par auat tous euflent fait ferment de loyauté à iceluy Duc de Brabant, ôc l’auoient tenu long temps pour ¦nbsp;feigneur. En ce temps faflémblerêt a Amiens les Ducs de Betbfort amp; de Bour-gongne auecques leur grand confeil de chacune partie, pour traiéfer de la paixnbsp;entre ks deux Ducs delTufdits de Cloceftre amp; de Brabant. Mais en conclulionnbsp;au dernier ils fc départirent l’vn de l’autre (ans riens pouoir concorder : amp; prin-drent iour pour eftre à Paris fur la befongne delTufdiôle. En ce temps le-Ducnbsp;deBethfort feit aflieger trefpuiflammêt par les Anglois, amp; auecques eux le feigneur de l’Ifle Adam,amp; lebaftarddeThyanlechafteld’Iury.Pour lequel fiegenbsp;leuer faftemblerent en grand nombre,le Comte d’Aumarle, le baftard d’Alençon amp; plufieurs autres capitaines.Lefqucls cheuauchantpardeuers ledit fiege,nbsp;trouuerent le capitaine d’Auranches ftereau Comte de Suffortqui venoitdenbsp;courre,amp; auoit donné congé à vne partie de Ces gens : lequel fut affailly defditsnbsp;François amp; defconfit,amp; fut de faperfonneprifonnier. Pourquoy iêeux Fraçoisnbsp;cfperans trouuer ladide ville defgarnie, fe meirent à chemin pour la conquer-te.Et ce fut eux venus deuant,y liürerent vn grand aflaulc : mais les habitans fenbsp;deffendirent vigoureufement, tellement qu’ils occirent amp; naurerent plufieursnbsp;de leurs enncmis,Iefquels demourerent en leurs foftez. Et apres iceux Françoisnbsp;faichans que le Duc de Bethfort venoit pour les combattre,fe départirent de lanbsp;encheuauchanthaftiuement vers la Duché de Touraine , toutesfois furent ilsnbsp;pourfuiuis de leurs gens. Item le troificfme iour d’Odobre audit an, fut prin-ie la ville de Han fur Somme par les gens du Roy Charles, que menoit Pothonnbsp;de .STreille par efchelles par faute de guet.Pour laquelle prinfe meftire lean denbsp;Luxembourg fut fort troublé,par ce que c’eftoit à kiy.Et pourtant en grand diligence alTembla ce qu’il peuft aflembler de gés d’armes:à tous lefquels au tiersnbsp;iour de la prinfe il cheuaucha iufques à ladide ville. Et en grand bardiefte toutnbsp;foubdainement feit icelle alfaillir amp; pafter fes gens d’armes parmy la riuiere a-Ueefon eftandart. Lequel porta ce iour tresvaillamment vn homme d’armesnbsp;nommé lacotin de Cambray. Finablementledeflufdit lean de Luxembourgnbsp;leconquift en brief la ville fur lès ennemis amp;: en print amp; meit à mort cruellenbsp;grand partie. Et ledit Pothon au pluftoft qu’il peut auecques aucuns de fes gêsnbsp;fen refuit en Teracc. Toutesfois ils furet pourfuiuis par ledit de Luxembourgnbsp;amp;fesgens,amp;:y en eut en icelle pourfuite de pr?ns grand foifon. Auquel iournbsp;fut prins dedans ladiéfe ville amp; nauré terriblement,comme en peril de raortvnnbsp;homme d’armes nommé meftire lean de Fôtenelle Valerien de S.Germain :•

B iiÿ-

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M, CCCCXXIII.

rOLyyïE IL DES CHKONIOEES

auquel ledit ineffirc lean de Luxembourg brief cnfuiuant feit trencher la teile, celt à fçauoir audit Valerien .

Item cn ce temps la Royne femme du Roy Charles accoucha d’vn fils,lequel fut nommé furies fons Loys premier Daulphin de Viennois. Pour la na-tiuite duquel fut fait grand liefTe amp; grand ioye par toute Ion obcifiance, amp; par efpecial en la bonne cité de Tournay:amp; furent fais grans feux par toute la ville,nbsp;amp; crioit le commun Noël à haute voix en menant grand ioy e amp; liefie. Item ennbsp;l’an delTufdit les François prindrent le chaflel de Beaumot fur Oyfe,lequel briefnbsp;enfuiuatfutaffiegépar le comandement du DucdeBcthforr,amp; en finrecoquisnbsp;amp; tout demoly amp; abbatu. lté en ce têps fe refmeurët ceux de la ville de Tour-nay,amp; fe meirêt en armes l’vn cotre l’autre à bânicre defployée:amp;fut la caufe denbsp;celle efmcute,pource que la comunauté doubtoit que les feigneurs de Moÿ amp;nbsp;de Confias qui eftoient en leur ville amp; auoient grad audiece, ne leur baillafléntnbsp;garnifon plus puiflant d’eux.Neatmoins Ibubdainement ils fe rappaiferentfansnbsp;coup ferir:amp; alfez toll apres fedepartirêt les feigneurs delTufdits de ladiéle ville de Tournay doublas la fureur d’iceluy comun, amp; alla ledit lèigneur de Moynbsp;demeurer en Liege. Item en ce temps la ville de Champagne fut efchelléeparnbsp;faute de guet des gés du Roy Charles.Lefquels clloiêt enuiro ccc.c6battâs,defnbsp;quels eftoient conduôlcursYuon du Puis, Angerot deLaux amp; Brouflàrt:lefquels fins delay prindrét emprifonnerent tous ceux de la ville qui tenoiét Jenbsp;party des Anglois amp;des Bourgongnons,auecques tous leurs biens.Et brief cn-îuiuant vindrent deuant ladiôle ville de Champagne pour icelle reconquerre lenbsp;feigneur de l’Ifie Adam,Lyonnel de Bernonuille,Ie feigneur de Thyan amp; aucusnbsp;autres, qui pou ou néant y feirent : amp; pourtant tout le pays d’enuiron fut de re-chiefpour icelle prinfe en grad foucy amp; tribulation. Item en ces mefmes ioursnbsp;fut reprinlè fur les gens du Roy Charles la ville de la Charité fur Loire,par vnnbsp;aduanturier tenant le party du Duc de Bourgongne nommé Perrinet Crafiet :nbsp;lequel par auantamp; long temps apres feit forte guerre au Roy Charles furiesnbsp;marches de Berry,amp; au pays d’enuiron.Pour laquelle prinlè les François furentnbsp;moult fort dolens amp; courroucez, pourtant qu’ils perdirent le paflage de l’eaüenbsp;qui leur eftoit fort duifable. Item en ceft an Arthus Cote de Richemont,apresnbsp;ce qu’il eut efpoufé Marguerite fœur au Duc de Bourgongne:Nonobftât le ferment amp; les alliacés, qu’il auoit faiéles par auant auec le Roy Henry deffunét ôinbsp;fes fucceireurs,fen alla par deiiers le Roy Charles pour aucun difeord, qui futnbsp;entre le Duc de Bethfort amp; luy: duquel Roy Charles il fut moult fort ioyeuft-mêt receUjamp;brief enfuiuat il fut fait Coneftable de Frace parledit Roy Charles-Pour le departement duquel Cote moult de gês furent efmcrueillez attédu l’alliance fi nouuelle qu’il auoit eue auec ledit Duc de Bourgogne. Au mois de lannbsp;uier en ceft an falTemblerét en la ville d’Amies les Ducs de Bethfort,amp; de Boutnbsp;gongne,le Comte de Conuerfan,rEueIque de Tournay fbn frere, meflire leannbsp;de Luxébourg, auecques grand nôbre de notables perfonnes amp; confeilliers denbsp;chacune partie,amp; les ambafladeurs des Ducs de Cloceftrcamp; de Brabat.Et tou-tesfois iaçoit ce que plufieurs fois fur ces propos furent en confeil,ils ne peuretnbsp;ries concorder.Et pourtant aflignerct à iceux ambaftadeurs vn iour a cftre enuinbsp;ron la Trinité enfuiuant. Et apres fè départirent les notables Princes defliifdits.

Comment

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1)'ENG y ERR. T)E 2Ä0NSTRELET CEÏAKLES RII. a Comment la Giüe de Compiengne fut remife en la mam des Angloù.Et comment la 'ville

amp; le chaflel du Crotoy furent rendus au IDuc de Bethfort.

Temen ce temps alla le Duc de Bethfort en la ville de Montdidier, oil il fiir rinf T nn /iY innrc • •Py/' l^i rirrlnnnl rnnitainpç tilnt RrMirn-on-


où il fut cinq ou fix iours : ¦amp; là ordonna capitaines tant Bourgon-gnôs comme Anglois pour afiieger la ville de Compiegne, defqucls 'nbsp;nbsp;nbsp;fut le chiefle feigneur de Saueufc. Et fi y furent commis le Baillif de

RoücOjle capitaine de Gifors nommé Malberyje feigneur de l’iQe Adam,mef-fite Lyônel de Bournonuilleje Baftard Thyan, le feigneur de Creuecueur,Robert de Saueufe amp; plufieurs autres. Lcfquels apres icelle ordonnance mandèrent tout foubdain leurs gens en grand diligence, amp;fafiemblerentaupontS^ Maxence.Et de là cheuaucherent en ordonnance iufques à Compiegne : c’eft ànbsp;fçauoir le feigneur de Saueufe amp; les Anglois du codé vers Montdidier: amp; fe logèrent tous enfembleau bout de la préeen vne ville nommée Venuette, amp; denbsp;lautre codé de l’eaiie à l’abbaye de RoyaMieu, le feigneur de Tide Adam, Lyo-nd de Bernonuille amp; aucûs autres capitaines: lefquels tant d’vn codé que d’autre continuèrent leur fiege enuiron trois fèpmaines. Lequel temps durant y eutnbsp;grandes efcarmouches entre les parties : Mais neantmoins en conclufion lesnbsp;François non ayans efperàce de fecours, feirent traiéfé aux Anglois par condi- ¦nbsp;rion,qu’ils fen iroient fàufleurs corps amp; leurs biens: amp; auroiét trois fèpmainesnbsp;iour d’eux partir,en cas qu’audit iour le Roy ne leur liurad bataille, amp; fur cenbsp;baillèrent leurs hodages. Et aiifii rendroient le feigneur de Soral,qui auoit edénbsp;prins par iceux afïiegez deuat ladiéfe ville. Apres lefquels traiâ:ez,fe departiretnbsp;retournèrent chacun en leurs propres lieux.Et le iour venu auquel ils auoiêcnbsp;promis de rendre ladiéàe vil le,fe départirent tous enfemble pource qu’ils n’eurent point de fecours: amp; meirent icelle ville de Compiegne en la main des Anglois par le Duc de Bethfort, qui fe difoit Regent. C’edà fçauoir en la main denbsp;^onfeigneurdeMontferrantjlequely commid eapitainele feigneur del’Idenbsp;Adam.

Item enuiron l’idue du mois de Feurier alla ledit Duc de Bethfort à tout rnoult grand nombre de gens d’armes en la ville d’Abbeuille, en intention denbsp;renir la iournée qui pieça auoit edé prinfe pour la reddition du Crotoy. Maisnbsp;pource que ledit Bethfort fut aduerty feürement, que les François nefecom-paroidroiêt point à puifTancc, il enuoya quérir ladiéle iournée à meffire Raoulnbsp;JcBouteiller amp;demoura à Abbeuille: lequel rneffire Raoul fe tint entour lenbsp;Crotoy,le premier,fècôd amp; tiers iour de Mars.Quand ce vint audit iour à heure de midy ou enuiron,fut rendueladiéàe ville amp; forterede du Crotoy par mePnbsp;Ere Cloquart de Cambronne en la main dudit meflire Raoul: lequel luy renditnbsp;fes hodages, amp; luy bailla faufeonduit pour luy amp; pour fes gens aller deuers lenbsp;^oy Charles,amp; outre 1 eaüe de Seine par tout où bon luy fembleroit. Et apresnbsp;jceluy mefsire Raoul le Bouteiller, quand il fut entré dedans le Crotoy, printnbsp;les fermens des bourgeois amp; habitans, qui edeient demourez en ladiéïe villenbsp;chadel.Et auecques ce fut conditué ledit mefsire Raoul Bouteiller de par lenbsp;Regent, general capitaine de ladicfe villc:pour la redditio de laquelle plufieursnbsp;leigneurs du pays d’enuiron:Ô£ aufsi It pauure eomtnuß furent petitement reP

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M.CCCCXXIIL nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;IL DES CHLONlCiVES

ioüis,doubtans qu’au temps aducnir les alliances qui eftoient entre les Anglois amp; le Duc de Bourgongne fe rompiflentjamp; que par le moyen d’icelle forterefle,nbsp;fuflent en voye de totalle deftruólion : iaçoit ce que ceux qui y eftoient de pre-ftnt leur enflent fait de grans martyres. En ceft an mourut le Pape Pierre de lanbsp;Lune,qui fenommoitBenedic : lequel tout fon temps auoit defobcy à l’Eglifenbsp;Rommaine depuis le concilie tenu à Conftance,amp; voulut mourir Pape. Et encores en fa mort aux Cardinaux qui eftoient auecques luy,feit faire eledion entre eux.MaisafTeztoft apres fâ mort femeirentà l’obeïflance de noftre fainôtnbsp;Pere le Pape Martin.Et par ainfi fut l’Eglife en bone vnion par toute Chreftiête.

Comment deux maifites en Ars furent enuoyc'^cn la cité de Tournay^pour admonnefict Oquot; entretenir le peuple en l‘amour du Koy Charles amp; autres matières.

N l’an deflbfdit vindrent en la ville de Tournay deux maiftres en ars illecques enuoyez par le Roy Charles, pour admonnefter les bourgeois amp; le commun, qu’ils fc voulfiflent entretenirtoufioursennbsp;leur bon propos vers ledit Roy, ficomrae ils auoient fait long téps



par auant : promettant par la bouche des deflufdits qu’ils en fèroient moult bien guerdonnez au plaifîr de Dieu fi le Roy retournoit en fà feigneurie. Leftnbsp;quels ambaffadeurs furent treshonnorablement receuz des nobles amp; du com-mun:amp; leur furent faits beaux dons, amp; leurs defpens adminiftrez amp; payez auxnbsp;defpens de la ville treflargernent. Et apres qu’ils eurent efté en icelle ville amp; cité de Tournay certaine efpace de temps, l’vn retourna en Berry amp; l’autre de-moura encores à Tournay , en faifant plufieurs predications, en attrayantnbsp;toufiours iceux que bien ils fentreteniflent au party du Roy: mais en fin fon e-ftatfut amoindry, amp; fe refroidirent ceux de Tournay de luy faire fi gransnbsp;biens, qu’ils luy auoient fait de premiere venue. Au mois d’Auril enfuiuantnbsp;meflireleande Luxembourgaflemblafes gens d’armes, amp;auecquesluyfirenbsp;Thomas de Rauifton cheualier Anglois: lefquels allèrent mettre le fiege déliant Oyfi en Terace. Et dedans briefs iours enfuiuans traiôlale Cadet, qui ennbsp;eftoiccapitaine auecques ledit de Luxembourg, par telle condition qu’il luynbsp;rendroic la forterefle au cinquiefme lourde May enfuiuant. Et par ainfi fe départit le fiege, amp; luy fut rendu au iour deflufdit. Auquel an ledit de Luxembourg aftiegea l’Eglife de Broifli,laquelle auoient fortiffîée aucuns Saquemensnbsp;tenans le party du Roy Charles, qui moult faifoient de dommages au pays. Etnbsp;pareillement afliegea la tour le Borgne, amp; furent prins en ces deux places biennbsp;quatre vingts d’iceux:entre lefquels eftoit vn nommé le gros Breto, vn de leursnbsp;capitaines.Et furent tous pendus aux arbres affez pres deSery lezMazieres.nbsp;Item en ceft an furent arfes de feu de mefehieffix cens maifons ou enuiron, ennbsp;la ville de fàinél Amand,auecques la porte de la bafle court de l’abbayc amp; deuxnbsp;chambres de deux moines dudit lieu: amp;ne demoura que deux panures maifonsnbsp;entre les deux portes de la ville: dont le menu peuple de ladiéfe ville fut toutnbsp;defolé, amp; eut grand trifteffe amp; doublement. Item en ceft an fe rompirent lesnbsp;trefuesquiauoientduréenuironl’efpace de treize iours, entre leSouldandenbsp;Babiloineamp;leRoydeChippreparle rapport d’aucuns faulx Chreftiens,quinbsp;rapportèrent au Souldan que les Chippriens occioientfes gens quand ils lesnbsp;pouoient

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D'ENGTEKK. DE MO N ST1{E LET CHARLES Tll. a. pouoient attaindre. Sur lequel rapport Gns autre deffiance faire au Roy denbsp;Chippre, ledit Souldan enuoya fix gallées plaines de Sarrazins defcendre ennbsp;Chippre, amp; faire guerre par feu amp; par efpce. Et premièrement ardirent amp; de-ftruirêt du tout la ville de LymeçOjauecques grad foifon d’autre paÿs.Et lors lenbsp;Roy deChippre de ce aduerty,affin de refifter enuoya vn fien cheualier meffirenbsp;Philippe Preuoll: à tout grans gens: lequel venu aux deffiuffiits Sarrazins en efi-,nbsp;carmouchant à eux,fut féru d’vne flefehe au vifage, duquel coup il cheut.Et ta-toft lefdits Sarrazins luy trencherent incontinent le chief,amp; prindrent fes elpe-tons dorez auccques ladide telle, Ôcfe retrahirent en leurs gallées amp; puis retournèrent en Surie.

Comment meßire lean de Luxembourg aßiegea le chaflel de T'viege : nbsp;nbsp;nbsp;comment il feit

ijne embußche^ où Pothon de fatnbie Treille fes compaignons furent defconßts.

N ce temps meffire lean de Luxembourg affiegea la forterefle de Vviege trefpuiffiamment : lequel fiegedura enuiron trois ffipmai-nes, continuant toufiours ledit de Luxembourg de faire abbatre amp;nbsp;defiompre par fes engins icelle fortereffie. Eten fin lefdits affiegez



non efperans auoir fecours,feirent traiélé auec ledit de Luxembourg par tel fi, qu’ils Pen iroient fauf leurs vies en delaiflant tous leurs biens, promettans d’euxnbsp;non plus armer deçà la riuiere de Loire, finOn en la compagnie du Roy Charles. Apres lequel traiclé fè départirent en allant à Guife, amp; la fortereffie fut de-tnolieamp; abbatue. Et apres le premier ou fécond iour enfuiuant, ledit meffirenbsp;Lan de Luxembourg fc deflogea auec aucuns de fes plus feables. En ce tempsnbsp;fut Pothon de Sainïie Treille prins ficomme vous orrez. le vous dy que mef-hrelean de Luxembourg, durant ledit fiege. Ce meit en embufehe derriere vnenbsp;petite Eglifeenuers les marches de Guife, pourveoirôc pour attendre Ce aucuns de fes ennemis feroientaucune enuahie apres fes gens, laquelle chofè ad-nint comme il l’auoit propoféc:car ledit Pothon de fainôle Treille, l’Ellandartnbsp;de Mailly, le feigneur de Verduifantamp; aucuns autres expers amp; efprouuezennbsp;armes, faillirent hors la ville de Guife en venat vers ladiéfe embufehe.Et adoc-ques ledit de Luxembourg voyant fur eux fon aduantage à tout les fiens, allanbsp;vigoureufement contre eux. Et tantoft par grand vigueur les meit en grad défi-roy. Et y fut prins ledit Pothon, le feigneur de Verduifant amp; aucuns autres ennbsp;petit nombre. Mais ledit Eftandart de Mailly de plaine venue, affifl fa lancenbsp;deffius Lyonnel de Vandonne, fi le porta ius de fon cheual, amp; le bleffia trefdu-rement vers l’efpaulle: tant que ledit Lyonnel tout fon viuant en fut affolé denbsp;bras amp; deiambe. Apres lequel coup iceluy Eftandart voyant que proè'ffen’ynbsp;pouoit riens valoir, amp; que fès ennemis eftoient trop forts fe retrahit viftementnbsp;dedans la ville de Guife. Et meffire lean de Luxembourg auec fes gens chalEinbsp;longuement les autres qui fenfuioient en plufieurs parties. Et apres retournanbsp;amp; affembla fès gens en menant grand lieffe de la bonne aduature qui luy efloitnbsp;aduenue:amp; ainfi à tout fes prifonUiers retourné en fou chaflel de Beaureuoirnbsp;donnant congé à fes capitaines iufques à fon rappel.

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M.CCCCXXIÎI. rOLï^ME II. DES CHKONIQ^ES gt;'

De Ian mille cccc. ^ xxiij.

Commcntenceflan^andquantitéâ'Ansols arrivèrent d Calais. Et autres matières en brief. Et commet meßire lean de Luxembourg afiegea la ville de Guife amp; fu'nbsp;ficurs autres matières.

commencement de ceft an, vindrent d’Angleterre nageât par mer en la ville de Calais feize cens combattans Anglois ou enuiron:doncnbsp;la plus grand partie allèrent â Paris deuers le Duc de Bethfort, amp; lesnbsp;autres deuers melïire lean de Luxembourg furies marches de lanbsp;Comté de Guife. En apres meffire lean de Luxembourg traiôlaauec Pothonnbsp;de Sainde Treille amp; autres fes prifbnniers, par condition qu’eux amp; leurs gensnbsp;fe departiroient de la ville de Guife amp; f en iroient outre l’eaüe de Loire fans faire guerre ne dommage : promettans de non retourner, finon en la compagnienbsp;du Roy Charles. Par le moyen duquel traidé, amp; aucunes autres finances quenbsp;ledit Pothon paya, fut mis en plaine deliurance luy amp; fes gens : amp; fen alla outre la riuiere de Loire,comme dit eft. En ceft an falTemblcrent fur les marchesnbsp;de Champaigne,laHyre,IeanRaouletamp; aucuns autres capitaines tenant lenbsp;party du Roy Charles,auec grand nombre d’autres gens : lefquels ils menèrentnbsp;amp; conduirentfurles marches d’Ardanne amp; deRetelois, amp; affiegerét enfafot'.nbsp;terefie Oliuier d’Eftaneuelle.

E N ces propres iours par l’ordonnance du Duc de Bcthfort amp; duDucde Bourgongne,meflîre lean de Luxembourg feit grandes preparations de gensamp;^nbsp;d’habillemês de guerrc,pour afficger la ville de Guifè en Teracc. Apres lefquel-les preparations en la compagnie, le leigneur de Piquigny5Vidame d’Amiens,nbsp;les feigneurs d’Anthoing,de Saueulès,rneflire Colard de Mailly, Ferry fon fiere,mcflire Dauiod de Poix,Maufroy de làinôt Legier, meflire Lyonnel de Bar-nonuille,le Baftard de faind Pol amp; plufieurs autres en grand nombre vindrentnbsp;deuant ladiéle ville de Guife.Et auec luy eftoit mefsire Thomas de Rampftonnbsp;Anglois à tout certain nombre de combattansdefquels venus deuant icelle vil-le,trouuerent grand refiftence, de la garnifon qui eftoit dedans: laquellegar-nifon affin que leurs ennemis ne les peulTent approcher, ardirentleurs faulx-bourgSjOÙ il y auoit moult belles habitations,excepté deux maifons qui ne furent point arfes. Mais ce ne leur valut riens. .Car tantoft- ledit mefsire lean denbsp;Luxembourg feit loger fes gens en plufieurs lieux à l’enuiron de la ville : amp; fil^nbsp;drefler fes engins contre la porteamp; muraille vers les faulxbourgs.Duquel fiegcnbsp;ainfi rais (comme dit eft) furent en briefenuoyées Icsnouuelles au Duc Regnier de Bar amp; Comte de Guife, amp; aufsi au Duc de Lorraine fon beau pere,parnbsp;lean feigneur de Proify gouuerneur amp; capitaine d’icelle ville de Guife. Lequelnbsp;par les lettres amp; meftàges fupplioit humblement, en notiffiant la nccefiité où ilnbsp;eftoit au deffiuffiit Duc de Bar fon feigneur,qui luy voulfift donner fccours,lefnbsp;quelles nouuelles delpleurent moult à iceux Ducs. Et pourtant aftembla plufieurs confeils amp; grand nombre^e gcns,pour à ce mettre pourueacc:mais pournbsp;doubte qu’ils ne meiflent leur pays en guerre contre le ieune Roy d’Angleterrenbsp;amp;du Duc de Bourgôgne,ils fe déportèrent d’y procéder par voye de fait:Et parnbsp;ainfi fe continua ledit fiege aftez paifiblement par certaine elpacc de temps, finbsp;non

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KENGEERR, DE MONSTRELET. CHARLES KII, non des aßiegcz qui fouuentesfois feirent plufieurs faillies en grenat à leur po-uoir leurs ennemis. Lefquelles faillies chacune a par foyferoient trop longuesnbsp;a racompter. En ceft an enuiron la S.lean Baptifteje Comte de Salfebery gou-uerneur de Champaigne amp; de Brie, homme trefrenommé en armes, expert amp;nbsp;fiibtil, aßiegea en la Comté de Vertus vne bonne petite ville nommée Sodune,nbsp;laquelle en concluùon fut prinfe par force d’affault par vne mine. Et ceux quinbsp;eftoient dedans pour la plus grand partie furent crucllemet occis,amp; en y eut denbsp;morts enuiron deux cens tout du moins,amp; les autres furetprins prifonniers.Etnbsp;auecques ce tous leurs biens furent rauis amp; piliez : leurs femmes violées, amp; la-diéle fortereffe démolie.Et fî auoit ledit Comte de Salfebery deuat icelle le fèi-gneur de Chaftillon, qui fut fait cheualiér dedas la mine par la main dudit Cote. Et efloit le capitaine d’icelle ville vn tresvaillant homme d’armes nomménbsp;Guillaume Marin,lequel fut occis auec les autres de ladiôle prinfe d’icelle. Ennbsp;ce temps le Duc de Bethfort feit afsieger le chaflel de Gaillon,qui eftoit à l’Ar-cheuefquc de Roüen moult forte place, laquelle tenoiêt les gés du Roy Char-^es.Etfinablement fut tant battu par les engins des afsiegeans,qu’en la fin les af-fiegez fe rendirent amp; fc départirent faunes leurs vies, amp; fut icelle fortereffe de-tïtolie. Enuiron ledit mois de luing ledit Duc deBethfort,feit afsieger la villenbsp;chafleau d’Iury.En brief apres le fîege, fut la ville gaignée par puiïfance : Etnbsp;chaftel qui eftoit fort amp; bien garny de gens d’armes tint enuiron vn mois :nbsp;au bout duquel les affiegez feirent traidéauec les Anglois, promettant àliurernbsp;ladiâe fortereffe la nuiâ de l’Affumption noftre Dame, en cas qu’ils n’auroiétnbsp;ftcours du Roy Charles puiffant affez pour les combattre amp; demourer viélo-fieux fur la place. Apres lequel traiélé amp; les fèuretez prinfes de chacune partie,nbsp;ft deffeit ledit fiege. En ce téps les Anglois amp; les Bourgongnons,tenoient plu-fieurs fîeges fur les marches de Normandie.Et eftoient pour ce temps les François fort au deffoubs.Et pour lors fut mife en l’obeiflance du Roy Henry Neel-ftenTardenois.Etfeit Alardinde Monfay traiâé auec le Duc de Bethfort,nbsp;pour la fortereffe de la Fere, par condition qu’il ne feroit point de guerre fî ellenbsp;demouroit en fà main: Sinon que le Roy Charles retournaft à puiffance outrenbsp;i eaüe de Seine en venant vers la Champaigne.

Comment le fèiÿ^ettr de Lonÿieual^ O*plufiews autres feignewt tournèrent delà parue du Roy Charles.

N ceft an le feigneur de Longueual, Régnault fon frere,Iean Blondel le feigneur de faind Symon, lean de Mailly,le feigneur de Maucourt

? amp; plufîeurs autres cheualiers de Vermandois, amp; d’enuiron,qui touf-amp; iours auoient tenu le party de Bourgongne, faffemblerent en la vil’ edeRoyeenVermandoispourauoir aduisamp; deliberation enfemble, com-^eilspourroient refîftcr aux gens d’armes qui fouuent degaftoient aucunesnbsp;deleurs villes,de leurs amis amp; de leurs gardes. Etviuoient indeüement furie ’nbsp;pys, dont moult leur defplaifoit apres qu’ils eftoient retournez des courfes ,nbsp;fieges ôc affemblées que par auant auoit faiôt*s mcfïirelean de Luxembourgnbsp;pour la conquefte de la Comté de Guifè : lefquels venus audit lieu de Roye ennbsp;y eut aucuns qui fallierent enfemble, amp; feirent alliances pourrefîfter contre

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M.CCCCXXIIL nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rOLPMS IL DBS CHKOLLIQ^ES

lefdits gens darmes. Les autres doubtans ledit de Luxembourg, fexcuferent en confcillant qu’vne autre iournce fut prinfc: dedans laquelle fut enuoyé mefnbsp;Lage propice deuers meflirelean de Luxembourg, fçauoirfon opinion, amp;fenbsp;c’eftoit de fon gré que tels deftroits fendent faits à ceux qui fur ce fedeparti-roient. Neantraoins les aucuns n’entendirent point à la befongne fi auant quenbsp;depuis elle fapparut: amp; pourtant fe retrahirent tout coyement d’eftre à tellesnbsp;aflemblécs. Toutesfois ledit feigneur de Longueual, Régnault fon frère, mefnbsp;fire lean Blondel, le feigneur de Maucourt, Pierre de Recourt ôc plufieurs autres leurs alliez continuèrent en celle befongne. Et fi conclurent enfemble denbsp;eux tourner du tout du party du Roy Charles, amp; meirent dedans plufieurs villes amp; fortereffes, dont les vns eftoient feigneurs amp; les autres capitaines gens denbsp;par eux les plus forts : mais brief enfuiuant leur intention vint à cognoifTance,nbsp;pourquoy allez briefuement ils furent en grand cache. Et toutes leurs villesnbsp;terres amp; feigneuries furent raifes en la main du Roy d’Angleterre : amp; aueccenbsp;la plus grand partie appellee à Ban . Sife rendirent tous fubieôfs, amp;tindfenCnbsp;tout plainement le party du Roy Charles menant guerre de nuiél amp; deiournbsp;au pays du Roy Henry ôc du Duc deBourgongne : dont moult de gens furent efmerucillez,pource que ledit feigneur de Longueual amp; aucuns des autresnbsp;deffufdits, auoient tout le temps feruy le Duc de Bourgongne amp; tenu fon par-ty:mais ils fexeuferent en difant que c’eftoit par les defplaifirs que leur auoientnbsp;faits amp; faifoient encores chacun iour les gens du deflufdit fire lean de Luxembourg: puis difoient que mieux aimoient mettre enaduenture de perdre tousnbsp;leurs biens,que de viure en telle fubieôfion : iaçoit-ce que depuis eurent moultnbsp;a fouffrir. Et y eut pour les caufès deflufdiótes d’cxecutez à mort,comme cy a-pres vous fera declairé.

Comment le Duc de Bethfort alla à grand puijjance tenirfà tournée deuant lurydajU^^^ 'Villenbsp;nbsp;nbsp;forterejje luy furent rendus.

Y dit l'hiftoire qu’enuiron huiôt iours en Aouft de ceft an,Ie Duc de Bethfort aflembla plufieurs hommes d’armes,archiers amp; capitainesnbsp;Anglois: ceft à fçauoirles Comtes de Salfebery amp; de Suftorr,lefeigneur de Villeby amp; plufieurs autres capitaines tant de Normandienbsp;comme d ailleurs,iufques au nombre de dixhuid cens ou enuiron homes d’armes, amp; huiél mille archiers: lefquels il conduifit amp; mena iufques à Jury pour e-ftre à la reddition d’icellc,dont par auant eft faide mention : amp; tant cheuauchanbsp;a tout fon arroy qu’il vint deuant lury la nuid de l’Affumption noftre Dame.nbsp;Et tout ce iour fe tint en bataille attendant fes ennemis, lefquels eftoienttrefnbsp;grandnombre,amp;bien dixhuiôl mille combattans foubsla conduiôfeduDucnbsp;d’Alençon, les Comtes d’Aumale,de Ventadour, de Tonnoire, de Donglas ôcnbsp;de Bofquen amp; de Moiry, du Vicomte de Mardonne, du feigneur de la Faiettènbsp;amp; plufieurs autres feigneurs amp; Princes de grand renommée, amp; eftoientà troisnbsp;lieues près dudit lieu d’Iury ou enuiron:lefquels enuoycrêt quarante des mieuxnbsp;coûtas amp; plus expers de leur oft, Ôiles mieux montez pour aduifer le cotenne-ment deleurs aduerfaires.Lefquels couras voyans de loing le Duc de Bethfort

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D'ENGEEFK de MONSTKELET. CHAKLES eil 14 amp; fes gens en mouk belle ordonnancejretourneiêc en leur oft:amp; furent chalfeznbsp;amp; poLirfuiuis des Anglois.Et eux venus dirent ce qu’ils auoient trouué amp; veu .nbsp;Et adoncques les feigneurs delTus nommez du party du Roy Charles, nonnbsp;voyans pour lors leur aduantage, retournèrent treftous enfemble iufquesàlanbsp;ville de Vernueil au Perche, qui pour lors tenoit le party du Roy Henry : auf-quels ils feirent entendant qu’ils auoient defconfits tous les Anglois, amp;quenbsp;leur Regent feftoitfauué à petite compagnie. Et fur ce propos ceux de ladite ville de Vernueil leur feirent ouuerture amp; grand obeilfancc, pour ceux amp;:nbsp;au nom du Roy Charles. Apres laquelle reddition, comme le traiâé Iccon-tenoitbaillèrentfàufconduit à aucuns Angloiseftans leans, amp; les renuoye-rent à tout leurs haches enuers leDucdeBethfort. Gerard delà Paillierequinbsp;eftoit capitaine d’Iury, voyant que l’heure eftoit venue amp; paffee que fon fe-cours deuoit venir, alla deuers le Duc de Bethfort qui eftoit en bataille deuantnbsp;pour attendre fes ennemis : amp; luy prefenta les clefs de la forterefle, en luy requérant faufeonduit pour luy en allerfelon le contenu du traiclé tant pour luynbsp;comme pour fes gens, lequel luy fut accordé. Et lors ledit Gerard prefent ledit Duc tira vne lettres, lefquelles il luymonftraendifànt: Orvoy-iequ’aunbsp;lourd’huy m’ont failly dixhuiél grans feigneurs du party du Roy noftrc fire , lefquels m’auoient promis de moy donner fècours : aufquelles lettresnbsp;cftoient attachez leurs féaux. Et incontinent furent feurementau deftufditnbsp;Duc quatre gentils-hommes des gens dudit Gerard. Item apres ledit Duc denbsp;Bethfort print conclufion de pourfuiuir les François, qui à ceux d’Iury auoiétnbsp;promis de donner fecours,amp; qui presdelàeftoient venus, comme diteft.nbsp;Sienuoyale Comte de Suffort deuant à tout feize cens combattans, pour lesnbsp;cheuaucher amp; aduifer. Lequel Comte alla à Dampuille amp; à VafTeux, amp; de là ànbsp;Bretueil au Perche à deux lieues pres de Vernueil, où eftoient lefdits Françoisnbsp;à toute leur puiffance. Et ledit Duc de Bethfort alla à Eureux à tout fbn oftrau-quel lieu le Comte de Suffort luy enuoya certain meffage pour luy faire fça-uoir, que lefdits Fràçois eftoiêt auprès dudit Vernueil tous enfemble. Et pour-ce iceluy de Bethfort fe meit à chemin pour y aller, amp; tant feit qu’il y paruintnbsp;atout fes gens pour combattre leurs ennemis: Lefquels par auant leur venuenbsp;auoient eüe obeïffance de ladiéfe ville de Vernueil, que fouloient tenir les Anglois , par ce qu’ils leur auoient donné à entendre que le deftufdit Duc denbsp;Bethfort amp; tous les fiens auoient efté deftonfits deuant lury. Et fut ladicte bataille par vn ieudy dixfeptiefme iour d’Aouft en la maniéré comme vous orreznbsp;deprefent.

Comment le Duc âe Bethfortpourßiiuit les Francois . Et comment il les combattit de-^ uant Eernueil.

R eft vérité comme ie vous ay ja dit,que le Duc de Bethfort auec fès Barons amp;: cheualiers amp; gês d’armes eftoit(côme dit eft)deuant lury.nbsp;Et là luy furent apportées les nouu»lles véritables, que fes ennemisnbsp;feretrayoientvers Vernueilau Perche. Etadoncques pource quenbsp;le iour de la reddition d’Yury eftoit venu,feit fommer ceux de dedans qu’ils ac-quitaftentleur pro meffe. Lefquels non ayans efperance de fecours,feirêt obeïft

C ij

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M. CCCCXXllI.

rOLyXiE II. TIES CHKONIIU^ES


tre.Et à l’approcher cfleuerent les Anglois tous

fance audit dc Bethfort, Sgt;c luy deliurerent ladide forterefle, en prenant de Iiiy faufconduiâ: pour eux en aller auecquestous leurs biens, fans emmener nuisnbsp;des prifonniers qu’ils auoient. Et lors commeit ledit Duc, capitaine de ladiâenbsp;ville vn clieualier de Galles, renomé en armes, accompaigné de plufieurs foul-doyers. Et apres les deflufdides choies accomplies le propre iour de l’AlTum-ption,fe partit ledit Duc de Bethfort atout fa puiffancedcdeuantYury amp; fcnbsp;meit à chemin pour pourfuiuir fes ennemis, amp; alla loger en vne grolfe ville ennbsp;tirant vers le Perche nom,me Dainuille en Vaifleux : ôè le lendemain trefinatinnbsp;fe deflogea en belle amp; trelgrande ordonnance, amp; cheuauchaiufques aflezpresnbsp;de Vernueil. Auquel lieu amp; à l’enuiron efloient logez les François fes ennemis:nbsp;lefquels fçachansfa venue fe préparèrent bien diligemment, amp; meirent leursnbsp;gens en bataille pour aiïemhler à l’encontre d’iceluy Duc . Et feirent feulementnbsp;vne grofle bataille fans faire auantgarde.Et auecques ce ordonnèrent les Lombards,amp; aucuns autres à demourer à cheual foubs la condiïióte du Borgne Ca-meran, du Rouflin, Pothon amp; là Hire, pour rompre amp; enuahir leurs ennemisnbsp;par derriere ou au trauers, Et en ce faifànt la groffe bataille de François deflufnbsp;diele eftoit à pied.Pareillement le defTufdit Duc de Bethfort auecques les fiens,nbsp;defeendit à pied: amp; feit mettre fes gens en bataille en vn oft tant feulement,fansnbsp;auffi faire auantgarde ne laifler homme à cheual. Et furent mis les archiers, aunbsp;front deuant, ayant chacun vn penchon deuant eux aguifé amp; fiche en terre. Etnbsp;eftoient les plus grans fols defdits archiers des deux bouts de la bataille par maniéré d’aelles. Et derriere les hommes d’armes eftoient tous les pages, les chenaux amp; les mefehans gens non puiffans de combattre. Lefquels chenaux furentnbsp;plufieurs lieux les vos aux autres : affin que leurs ennemis de pied amp; de cheualnbsp;ne les peufî'entfurprendre. Et pour lefdits chenaux amp; bagages garder, furentnbsp;commis de par le Duc de Bethfort deux mille archiers. Affin que ladide bataille ne peuft par derriere eftreenuahie. Et adonc de chacune partie furent fah^nbsp;cheualiers nouueaux en trefgrand nombre. Et apres lefquels, amp; toutes les ordonnances deffufdides faides en iceluy ieudy fixiefmeiour d’Aouft, enuironnbsp;trois heures apres nonne,fafremblerent ces puiffantes batailles Evnecontrel au-ils ontaccouftumé faire, duquel fefmerueillerent moult les François.Laqucllenbsp;bataille ainfi aftemblée dura enuiro trois pars d’vneheure moult terrible,cruel-grand puiftance, par fi grand efpace fans veoir lequel auroit vidoire. Et en cenbsp;faifiint les François qui auoient efté ordonez à cheual pour ferir fur les Angloisnbsp;par derriere, vindrent iufques aux cheuaux liez enfemble dont deffiis eftfaillenbsp;mention : lefquels ils ne peurent trefpercer ne pafter outre.Et auffi poùfla refi-ftence que y meirent les deux mille archiers deflufditsrpourtant iceux Françoisnbsp;a cheual a tout aucunes bagues amp; cheuaux qu’ils emmenerent,fè meirent à finfnbsp;amp; laifterent tous les autres gens^ombatrans de pied en ce danger. Et adonc cesnbsp;deux mille archiers Anglois,eux voyans deftombrez de leurs eunemis,fe trou-uerentfrais amp; nouueaux auecques leurs gens au front deuant en la bataille, amp;nbsp;en efteuant de rechef vn grand cry. Et lors aftez brief enfuiuant fe commencè

rent

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L'ENGTERR. DE MO N ETRE LET. CHARLES TH. 15 rent les François à defeonforter. Et les Anglois en grand hardiefle fe boutèrentnbsp;en eux,G les feparerentamp; ouurirent leur bataille en pluGeurs lieux.Et tant continuèrent lefdits Anglois, qu’en ce Enfant, ils obtindrent la victoire amp; glt;'iigne-rent la bataille non pas fans grand peine amp; efFuGon de fang de chacune partie.nbsp;Car comme il fut feeu par Roy d’armes, hcraux amp; pourfuiuans, amp; autres gensnbsp;dignes de foy des Fraçois deflufdits, y eut de morts fur la place de quatre à cinqnbsp;niille combattans : defquels y eut grand partie d’Efcoçois amp; enuiron deux censnbsp;prifonniers.De la partie des Anglois furent morts enuiron feize cens,tant de lanbsp;nation d’Angleterre comme de Normandie : defquels furent les principauxnbsp;deux capitaines, l’vn nommé Dodelay amp; l’autre Charleton. Et de la partie desnbsp;François y furent morts des gens de nom ceux qui fenfuiuent : c’cfl à fçauoirnbsp;lean le Comte d’Aumale, le Gis au Comte de Harcourt,le Comte de Tonnoir-re,le Comte de Ventadour, le Comte de Donglas amp; meflire laques fon Gis, lenbsp;Comte de Boufquen qui alors eftoit Conneftable du Roy Charles, amp; le Comte de Moiry, le feigneur de Grauille ancien, le feigneur de Montenay, melGrenbsp;Anthoine Bcaufauk amp; Hugues de Beaufaulc Ibn frere,le feigneur de Belloy amp;nbsp;fon frere, le feigneur de Manny,lefeigneur de Combreft, le feigneur de Fontenay, le feigneur de Bruneil , le feigneur deTumblet, amp; le feigneur de Poify:ennbsp;la Daulphiné,lc feignr de M3the,le feigneur de Rambelle:enLanguedoch mef-Ere Gaultier de LindeGiy,meGire Gilles de Gamaches,Godefroyde Malertroir,nbsp;lames Donglas, melGre Charles de Boin, meGire lean de Vretafle, mefGrc Gilles Martel, le Gis de Harpedame,meflire Brunet d’Auuergne, meflire Raoul denbsp;laTreille,Guy de Fourchoniuere, meflire Pochart de Vienne, meflire lean denbsp;Murat,le feigneur de Vertois,meflirc Charles de Gerammes,Dragon de la Salle, le feigneur de Rambouiler, le baftard de Langlan,le Vicomte deNarbonrie,nbsp;lequel apres ce qu’il futtrouué mort en la bataille fut efcartellé, amp; fon corpsnbsp;pendu au gibet, pource qu’il auoit efté confentant de la mort du Duc de Bour-gongne delFunéf, le feigneur de Guidry,meflire François de Gangeaux, Grenbsp;Robertde Laire, meflire Loÿs de Teyr, le feigneur de Foregny, Morant de lanbsp;Mothe, meflire Charles d’Anebal amp; Robinet fon frere, Pierre de Courceilles,nbsp;Gre Aimery de GreGlle, Andrieu de Clermont,GreTriftan Coignon, Colinetnbsp;de Vicomte,Guillaume Remon, Meflire Loÿs de Champaigne, Peron de Lip-pes,Gre Loÿs de Braquemont,le feigneur de Tionuille,le feigneur de Rocheba-ron, meflire Philippes de la Tour,amp; meflire Anfelin de la Tour.Et y furétprinsnbsp;prifonniers le Duc d’Alençon,le baftard d’Alençon, le feigneur de Faiette, le fl-redeHormit,meflirePierre Hcriflbn,meflireLoÿsdeVvaucourtamp; Rogiernbsp;Broufler,Huchet de faind Maie amp; Yuon du Puys. Ceux furent les principaux,nbsp;tuais moult en y eut d’autres que ie ne puis pas tous nommer.

Item apres que ledit Duc de Bethfort eut obtenu la viôtoire de la bataille de Vernueil(commc dcfliis eft dit) G r’aflcmbla fes princes autour,amp; en grandenbsp;humilité remercia fon créateur fes mains ioinétes, amp; les yeux leuczvers lesnbsp;deux de la bonne aduenturc qu’il luy auoit e^ipoyée. Apres furent defnuez amp;nbsp;deueftus grand partie des morts, amp; fut prins ce qu’il y auoit de bon. Ledit Ducnbsp;de Bethfort fe logea celle nuiél autour de Vernueil amp; feit trefbien gueôler fonnbsp;oft, que fes ennemis ne feuflent aucunement aflemblez. Et le lendemain ceux

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xi.ccccxxni. rOLyXiE il des chkoniqjes

qui feßoient retraióls dedans Ia ville amp; chaftel : c’eft à fçauoir lefHits François furent fommez de par ledit Duc, qu’ils rendilFent la ville amp; forrerefle. Lefqiielsnbsp;attains de paoiir fçachans la grand mortalité amp; defconfiture de leurs princes,nbsp;feirent traidté, amp; rendirent ladiôfe ville amp; forterefle en la main dudit Duc parnbsp;condition,qu’ils fen iroient faufleurs corps amp; leurs bicns.Si y eftoit le leigneufnbsp;de Ranabures.Et apres que ledit Duc eut regarny ladide ville amp; cbaftel deVer-nueil de fes gens,il retourna à tout fon oft en Normandie. Item le propre iournbsp;de la bataille deirufdiâe,fe départirent de la compagnie dudit Duc de Bethfortnbsp;certain nombre de Cheualiers amp; efcuyers de Normandie, amp; des marches con-quifes a l’enuiron, qui autresfois luy auoient fait ferment de loyauté, amp; fe rendirent fugitifs. Pour laquelle offence les aucuns furent depuis grandement punis par ledit Duc, tant par punition corporelle : tant de leurs terres comme autres biens, qui furent prins comme confîfquez amp; mis en la main du Roy Henry.Si y fut entre eux le feigneur de Choify,amp; meflire Charles de Longueual.Ennbsp;ce temps fut prins le feigneur de Maucour, qui eftoit complice du feigneur denbsp;Longueual, amp; deX autres deftus declairez par maiftre Robert le ieune Baillifnbsp;d’Amiens.Et fut par le confeil du Roy Henry décapité en ladiôte ville d’Atniésnbsp;amp; fon corps mis au gibet.Ses biens amp; heritages confifquez au Roy:amp; pareillement vne autresfois fut prins Pierre de Recomp, qui eftoit des complices, parnbsp;vn nommé Raoul de Gaucourt, lequel l’cniioya à meflire lean de Luxêbourg:nbsp;amp; ledit de Luxembourg l’enuoya a Paris où il fut efcartellé comme trahiftre,S^nbsp;fes membres furent pendus en plufieurs lieux. Item brief enfuiuant furentnbsp;portées les nouuelles d’icelle douloureufe iournée deuers le Roy Charles ; lequel pour la deftrudion de fes Princes amp; de fà cheualerie,eut au cucur trefgradnbsp;triftefle amp; telle que plus n’en pouoit.Et fut par long temps en trefgrand ennuy,nbsp;voyant que de toutes parts fes bcfbngnes luy venoientau contraire.

Comment ceux de la, 'ville de Tournciy fe refmeurent C'vn contre Iautre.

S L’entrée du mois de Septembre fe rebellèrent, amp; armèrent l’vn contre l’autre les bourgeois amp; commune de la ville de Tournay.C’eftà fçauoir ceux du marché amp; de la vieille Fermete, contre ceux d’entrenbsp;deux murs.Et fut icelleefmeute faiéle pourvnechaînedefeenduenbsp;par nuid enuers la boucherie, par vn feure qui demouroit entre deux murs :nbsp;pour celle caufe fut banny de la cité de Tournay. Apres lequel banniflément,nbsp;ceux d’entre deux murs fe croifèrent de droiéles croix en trefgrand nombre. Etnbsp;les autres du marché leuerent ponts,amp; feirent barrière contre eux amp; grans bounbsp;leuers. Et apres commencèrent à letter amp; traire l’vn contre l’autre: mais en Unbsp;fin prindrent trefues enfèmble pour l’amour de leur proceflion. Eten conclu-fion fe rappaiferent pourcefte fois, fans porter grand dommage les vns auxnbsp;autres.

Comment ceux de Guife traitèrent auecques meßire lean de Luxembourg, amp; Thomas de R,aml)fion.

Item

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D'ENGJ/EKR. DE 2dONSTP^ELET CHARLES ril. k?

Tem après cc que mclÏïre lean de Luxembourg, amp; meffireThomas eurent par bonne diligence amp; grand labeur continué leur hege de-ƒ uant la ville amp; chaftel de Guifc, iufques au my mois de Septembrenbsp;OU chuiron : les afliegez voyans les viures faillir amp; non ayans efpe-rancede fecours, commencèrent à traiéferaucc les deux feigneursdeiïufdits.nbsp;Eten fin furent d’accord par les conditions cy apres declairées. A tous ceux quinbsp;ces prefentes lettres verront ou orront,lean de Luxembourg feigneur de Beau-reuoir,amp; Thomas de Rampfton chcualier Chambellan de monfeigneur le Regent,capitaine commis amp; député en ces marches de par le Roy de France amp; denbsp;Angleterre noftre fouuerain feigneur : par monfeigneur le Regent amp; par monfeigneur le Duc de Bourgongnefalut. Sçauoir faifons qu’auiourd’huy auonsnbsp;traiâé, appointé amp; accordé és noms que dit eft, auec lean de Proify gouuer-neur amp; capitaine des ville amp; chaftel de Guifc, les gens d’Eglife, gentils-hommes,compagnons de guerre manans amp; habitans d’iceux ville amp; chaflel. Et parnbsp;ces prefentes traidons,appoin6bons amp; accordons foubs les conditions,moyês,nbsp;conuenances amp; promeflés cy apres declairées. Premièrement lefdits gouuer-ncursjgens d’Eglife, gentils-hommes, compagnons de guerre, bourgeois manans amp; habitans de ladicle ville amp; chaflel de Guife,fefont mis amp; par nous ontnbsp;eftéreceuz à aucune compofition: moyennant qu’ils ont promis, iuréamp;en-conuenancé,rendre,bailler amp; deliurer franchen/ient amp; abfoluement lefdits ville amp;chaftel à nous,ou lt;à l’vn de nous aux députez de l’vn de nous ou à autre quenbsp;le Roy de France amp; d’Angleterre y aura commis ôi ordonné, au premier iournbsp;de Mars prochain venant. En cas qu’à ce iour prins pour ce faire, ne foient fe-coLirus : amp; que les fèigneurs ou princes de party que ceux de Guife tiennent ounbsp;aucuns autres par eux commis ou députez à ce, ne combattroient l’vn de nousnbsp;ou autres commis de par le Roy amp; toute noftre puiifance : c’eft à fçauoir entrenbsp;la ville de Sains amp; la maifon de Fouquaufains, où nous auons à ceux de Guifenbsp;efleu amp; aduifé enfemble, plait pour tenir ladiôte iournée. Item fe les Princesnbsp;amp;feigneursdu party que lefdits de Guife tiennent ou leurs commis amp; députez, venoient pour combattre ainfi queditefl,amp; ils efloientdefconfits ou fenbsp;tournoient en fuitte : lefdits de Guife feroient tenus de nous rendre amp; deliurernbsp;iceux ville amp; chaflel. Item au cas que l’vn de nous ou autres commis de par lenbsp;Roy de France amp; d’Angleterre, feront defeonfits en bataille, ou que comparernbsp;ttyoferionsfur ledit lieu amp; place pour cobattre au premier iour de Mars: nousnbsp;ferons tenuz de rendre, bailler amp; deliurer aufdits de Guife fans aucune difficulté les hoflagesôc feurctez que pour la reddition defdits ville amp; chaflel nous auront par eux eflé baillez. Item mondit feigneur le Regent amp; mondit feigneurnbsp;de Bourgongne, ou l’vn d’eux Sc les commis d’eux ou l’vn d’eux : nous ou 1 vnnbsp;de nous feront tenuz d’eflre amp; comparoir en la place en telle puifTance que bonnbsp;luy fernblera, amp; tenir iournée tout le premier iour de Mars. C’efl à fçauoir depuis l’heure de Prime, iufques à foleil couchant cedit iour. Et fi combattus onnbsp;vaincus n’efloient lefdits de Guife, feront tcnuaincontincnt apres foleil couchénbsp;fans aucune difficulté, fraude ou mal engin nous bailler amp; deliurer lefdits villenbsp;amp; chaflel de Guife, en receuant de nous lefdits hoflages. Item ce pendant la-diéle compofition, ou vn mois apres, que ledit gouuerneur amp; tous autres eflas'nbsp;G iiij

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M. CCCCXXIII.

rOLXME II. DES CHKONIQ^VES

efditsville amp; chaftel,gens de quelque eftat qu’ils foient, f’en veullent partir pour aller enfemble ou à part outre la riuiere de Seine deuers leurs Princes,ounbsp;ailleurs en places tenans leur party,ils pourroient faire amp; emporter amp; faire emmener auecques eux tous leurs clicuaux amp; armeures, bagues amp; autres biensnbsp;rneublcs. Et pour tout ce faire feurement, leur baillerons amp; ferons bailler parnbsp;rnondit feigneur le Regent(fi requis en fommes)bons faufs-conduits, fuffilansnbsp;ôcvallables auecques conduit, fils fe partoient enfemble outre la fbmmedenbsp;vingt perfonnes. Et fe aucuns vouloiêt aller hors du Royaume fut en Hainaulcnbsp;ou autre part, faire le pourroient à leurs périls. Item amp; fi apres icelle compo-fition, aucuns des dclTufdits de Guife veullent demourer fur leurs lieux, amp; ailleurs es lieux amp; pays obeïflans au Roy 6c à mefdits feigneursle Regent amp; lenbsp;Duc de Bourgongne, ils y feront receuz en faifant le ferment de la paix finallenbsp;entretenir, faidle entre les royaumes de France amp; d’Angleterre. Et iouyroncnbsp;franchement de tous leurs heritaiges amp; pofTeflîons non donnez. Et fils fe veulent partir ( comme dit eft ) ils emporteront auec eux leurs biens meubles tantnbsp;feulement. Item lefdits de Guife amp; chacun d’eux en ayant bulette,ou làufcon-duit des conferuateurs ordonnez fur l’entretencment de ce prefent traidé, quinbsp;feront tenus de leur bailler, pourront alleren aucunes villes que nous leura-uons ordonnées amp; ordonnons : ôc en icelles entrer par le congé des capitainesnbsp;où gardes defdides places, ou de leurs lieutenans. C’eft à fçauoir faind Quentin,Riblemont, Laon, Bruyères, Crefpy,Marlc, Aubenthon,Vertus,amp; és vilh'nbsp;ges d’enuiron pour recouurer amp; auoir pour leur argent tous viures raifonna-blement amp; autres denrées,qui feroient leur befoing,pour leur vie amp; fubftenta-tion le temps durant d’icelle compofition tant feulement. Item lefdits de Guife pourront pourfuiuir leurs debtes licites amp; raifonnables par deuantles conferuateurs, qui en auront la cognoiflance, amp; feront tenus de faire raifonauxnbsp;parties icelles ouyes. Item fi pendant icelle compofition,aucuns tenans le party du Roy,prenoient par efchelles ou autrement lefdits ville amp; chaftel de Guife, nous ferons faire à noftre loyal pouoir de les en faire vuider,amp; mettre iceuxnbsp;ville amp; chaftel, enfemble lefdits de Guife à leur premier eftat ôc deu : lefquelsnbsp;auflî ne les prendront ne feront prendre ledit temps durant. Item pendanticel-les compofitions, lefdits de Guife, pourtant qu’ils foient refidens efdits ville Scnbsp;chaftel ne prendront ou feront prendre couuertement n’en appert aucunes places de l’obeifTance du Roy6c de fes feigneurs,6c ne feront guerre à leurs fubietsnbsp;en nulle maniéré. Item abolition generalle eft faide aufdits de Guife amp; toutesnbsp;gens de quelque eftat qu’ils foient amp; de tous cas : excepté à ceux qui font coul-pables de la mort monleigneur de Bourgongne que Dieu abfolue,ceuxquiontnbsp;iuré la paix finalledes coulpablesdela trahifon commife fur la perfonnedunbsp;Duc de Bretaigne, tous Anglois amp; Irois fe aucuns en ya efdits ville amp; chaftel,nbsp;lefquels demourront en iuftice.Et pour en auoir plainement cognoiflance, lefnbsp;dits de Guife nous bailleront parefeript les noms 6^: furnomsde ceux qui denbsp;prefent font demourans efdiéle^villes amp; chaftel gens de guerre amp; autres. Itemnbsp;ce pendant icelle compofition aucuns de noftre part ou de la part defditsdenbsp;Guife, fe commettront aucune chofe ou contraire ou preiudice de ce prefentnbsp;traiéléjou des dependences iceluy ne fera ja rompu, enfraint ne violle; maisnbsp;pourront

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D'ENG^EKK. DE MONSTKELET CHARLES m, ij pourront amp; feront tenus les conferuateurs dudit traiéïc faire prendre amp; punirnbsp;les malfaiôleurs, aufli de faire faire la reftitution là où il appartiendra. Itemnbsp;lefditsde Guife pendant icelle compofition, ne feront guerre pourtant qu’ilsnbsp;Idient demourans en icelle ville amp; chaftel, n’en ceux ne receuront ne fouftien-dront aucuns de leurparty qui vueillent faire guerre. Et fil aduenoitque au-cûs faifans guerre feuflent par ceux du party du Roy,amp; defdits lèigneurs pour-fiiuis à veuëd’oeil amp; mis en chace iufques dedans ladide ville amp; chaftel: iceuxnbsp;de Guife feront tenus les bailler amp; deliurer à ceux qui ainfi les auront pourfui-uis amp; chaffez, pour en faire comme de leurs prilonnicrs. Item pendant icellenbsp;compolîtion lefditsde Guifene pourront,ou deurontdémoliriceuxville amp;nbsp;chaftel ne fortiflier autrement qu’ils font de prefent : amp; auecques ce né démoliront point les approches de dehors. Item incontinent que nous aurons faitnbsp;retraite en feureté tous les canons, artillerie, engins, habill Semens de guerre amp;nbsp;autres biens eftans en noftredit oft, nous leueronsnoftre liege amp; partirons denbsp;deuant lefdits ville amp; chaftel pour aller où bon nous femblera. Item ledit gouverneur amp; autres gentils-hommes amp; bourgeois defdits ville amp; chaftel iufquesnbsp;nombre de xxiiij. perfonnes, iurcrent folennellement tenir amp; faire entretenir ce prefent traidc fans enfraindre en aucune maniéré. Et ceux qui aurot feel,nbsp;le feelleront de leurs féaux. Item auecques ce pour plus grand feureté, lefditsnbsp;de Guife nous bailleront huilt;ft perfonnes en hoftage: c’eft à fçauoir lean de Régnault de Hamel, lean de Cadeuille,Iean de Beauuoir,Iean de faind Germain,nbsp;l’ancien Vvautier,meflire Valerant du Mont,amp; lean de Flangin de Voulbes.Etnbsp;en cas que aucuns iront de vie à trefpas ou fen fuiront pendant icelle compofî-^ion, lefdits de Guife nous bailleront amp; fourniront toufiours de huiâ: perfonnes hoftaigiers aufli fuflifàns ou plus. Item que nous amp; lefdits de Guife auonsnbsp;cfleu amp; ordonné enfembled’vn commun accord amp;confèntement: Separeesnbsp;prefentes eflifons amp; ordonnons conferuateurs de ce prefent traidé : c’eft à fça-Voir de noftre cofté meflire Dauiod de Poix cheualier. Et du cofté de ceux denbsp;Guife Collard de Proify efeuyer ou fon commis. Auquel meflire Dauiod ou ànbsp;fon commis, auons donné amp; donnons plain pouoir amp; auélorité de bailler auf-dits de Guife faufconduiéls ou bullettes neceflaires, de cognçiftre amp; determiner de tous cas qui eftoient approchez : qui tant d’vne part comme d’autre, fenbsp;pourront mouuoir pendant ladiélc compofition fur les promefles amp; conuenà-ces cy defl'us declairées amp; chacunes d’icelles. Item auons promis amp; iuré,iuronsnbsp;^promettons loyaument fur noftre honneur accomplir toutes leschofescynbsp;deffus declairées,au regard de celles que tenus fommes d’accomplir de tout nonbsp;fire royal pouoir,amp; chacune d’icelles garder amp; entretenir par tous les fubieélsnbsp;amp; obeïfTansau Roy amp; à mefdits fèigneurs le Regent amp; de Bourgogne fans enfraindre en aucune maniéré. Item pour la plus grande feureté de ce, ferons lenbsp;plus diligemment que faire fe pourra louè'r,ratiffier amp; approuer ce prefent traite parmondit feigneurle Regent en la forme amp; maniéré cydeflus declairée.nbsp;£n tefmoing de ce nous auons fait mettre noz ^aux à ces prefentes : donné ennbsp;voftre fiege deuant lefdits ville amp; chaftel de Guife le dixhuiÜiefme iour denbsp;Septembre, l’an mille quatre cens xxiiij. Apres lequel traidé fait amp; accomplynbsp;comme defl'us eft contenu les hoftages baillées ,fe départit le fiege de deuant

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M.CCCCXXIII, ’ rOLyME IL DES CHRONÏCII/ES

Guife, amp; retourna ineflire lean de Luxembourg; en fon chaftel de Beaureuoir, en donnant congé à fes capitaines. Et meflire Thomas de Rampfton à tout lesnbsp;Angloisaliadeiiers Paris, où eftoitle Duc de Bethfort oùilfut receu moultnbsp;ioycufcment.

En ce tcm.ps futtraicEc fait entre le feigneiir de Montagu tenant party du Duc de Bourgongned’vnepart, amp; Eftiennede Vignollesdit la Hire d’autrenbsp;part.C’eft à (çauoir que ledit de Montagu deuftauoir l’obeïHancc de Vitryennbsp;Partois, amp;i. autres forterelTes en Charnpaigne que tenoit ledit la Hire,dedans lenbsp;premier dimenche de Karefme enfuiuant en cas qu’il n’auroit fecours du Roynbsp;Charles audit iour : lequel fecours ne luy fut point enuoyé. Et pourceainfi quenbsp;promis l’auoit, bailla audit feigneur de Montagu l’oberiTance des delïuixdiôtesnbsp;villes amp; forterelTes qu’il tenoit en Charnpaigne. En ces iours melEre Manfroynbsp;delainél Leger amp; le baftardde fainét Pol, aflemblerent de quatre à cinq censnbsp;combattans, lefquels ils conduirent au pays de Barrois : amp; là feirent maux ine-ftimables, amp; acueillirent grans proyes, à tout lefquels ils retournèrent hors di-celuy pays fans auoir empefchement. En ceftan au mois d’Oôlobrc le Duc denbsp;Cloceftre amp; lacqueline de Bauiere, ComtelTc de Hainault, de Hollande amp; denbsp;Zelandedaquelle ledit Cloceftre auoit efpoufée par auant en Angleterre,comme deftus eft ditmonobftant que le Duc lean Duc de Brabant fon premier mary fut encores en vie,à tout cinq mille combattans Anglois ou enuiron vindretnbsp;nageant par mer du pays d’Angleterre à Calais, en intention d’aller en puiflan-ce d’armes au pays de Hainault :lequel,comme dit eft,appartenoitàladiétela-queline pour d’iceluy auoir robeïflanceamp;gouuernemêi.Ét eftoitlors auecquesnbsp;eux principal gouuerneur de leurs gcnfdarmes le Comte Marefchal Anglois-

Commentas Ducs de Bethfort nbsp;nbsp;de Bourgongne prindrent peine d appaißr les ddttci

de Cloceflre nbsp;nbsp;de Brabant.

mois d’Oétobre conuindrent enfèmblecnlacitédeParis les Ducs de Bethfort amp; de Bourgongne, chacun à tout fon confeilnbsp;ainfi que promis l’auoient à laderniereconuention pareuxtenueànbsp;Amiens, pour traider de la paix amp; diflence qui cftoit meüe entrele



Duc lean de Brabant amp; le Duc de Cloceftre. Et là en ladiéle ville de Paris pra-ticquerent, amp; débattirent la matière en grand deliberation de confcil par plu-ficurs iournées felon les propofitions, allegations amp; probations d’vnepartie amp; d’autre :jaçoit ce qu’icelles parties enflent proces en court de Rome deuant lenbsp;Pape.Et en fin traidcrcnt tant lefdits Ducs de Bethfort amp; de Bourgongne, quenbsp;ils feirent appoinôlemenc felon leur aduis amp; de leurs confeils entre icelles parties. Lequel traidle ils enuoyerent par leurs ambalTadeurs deuers les Ducs denbsp;Brabant amp; de Cloceftre. Et alla en ccfte ambaflTade deuers ledit Duc de Cloceftre a Calais, où il eftoit luy amp; fa femme, meflire Raoul le Bou teiller amp; l’Abbenbsp;Fouquans. Lefquels la venus,monftrerent audit Duc les articles dudit appoin-dement amp; de leur ambalTade ^cfquels eurent dudit de Cloceftre amp; delà Dame refponce negatiue, dilàns ainfi que point ne tiendroient celle ordonnance.nbsp;Mais dirent qu’ils iroient en Hainault à puiflance prendre l’obeïflânce de leurnbsp;pays.Et fur cefte refponce fc départirent lefdits ambalTadeurs.Et ceux qui furetnbsp;en U oyez

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D'ENG^ERR. DE ^MONSTRELET CHARLES m, i8 enuoyez deuers ledit Duc de Brabant, eurent de luy refponceauecques fonnbsp;confeil,qne l’appoinôlement queauoicnt fiitles Ducs deBourgongne amp; denbsp;Bcthforr, i! auoit bien pour aggreable en eftoit contentdefquelles refponcesnbsp;des deux Ducs dcflufdits, furent portées à Paris deuers les Ducs de Bethfort ôcnbsp;deBourgongnc qui de ce furent fort troublez, pource que ledit Duc de Cloce-ftre n’auoit voulu tenir ledit appoinélcment qu’ils auoientfair.Et parefpecial lenbsp;DucdeBourgongne enfut trefmal content, amp; tant qu’il dit tout plainement ânbsp;Ion beau frcrc le Duc de Bethfort: puis qu’il veoit que fon frere le Duc de Clo-ceftre ne vouloir condelccndre à nul traiéf é de raifon,qu’il ayderoit de toute fànbsp;puiflance à fon coufin le Duc de Brabant à garder fon honneur,amp; fa feigneurienbsp;contre ledit Duc de Clocefl:rc:par lefquelles tribulations,ledit Duc de Bethfortnbsp;fut trefcourroucé en cueur contre fon frere, doublant que par telles diuifionsnbsp;amp; diflentions,les alliacés qu’ils auoient en France auecques ledit Duc de Bour-gongne, ne fuffcnt du tout corrompues amp; adnichillées. Item lefdits Ducs denbsp;Bethfort amp; de Bourgongne, fcirent la fefle de Toulfainéls amp; leiour des âmesnbsp;dedans Paris folemncllemenr, chacun en leurs hoflels.Et lors aucuns iours en-fuiuans ledit Duc de Bourgongne feit en fon hoflel d’Artois à fes propres def-pens, les nopces de meflîre lean de la Trimouille feigneur de lonuelles amp; de lanbsp;damoifcllede Rochebaron feurau feigneur d’Amboife, qui pour ce temps fenbsp;tenoit auecques la Royne de France, femme au Roy Charles defFunóh en la co-p3ignie de la dame de Lafferté. Aufquclles nopces furent ladiéte Royne, leditnbsp;Duc de Bethfort, fa femme la DuchefTe feurau DucdeBourgongne:auecquesnbsp;eux le Comte de Salfebery amp; la Comtefle fa femme, le Comte de Suffort, l’E-Ucfquc de Theroüane,le feigneur d’Eftable,auecques trefgrand nombre de notables cheualiers,efcuyeis,dames amp; damoifelles,amp; autres gens de grand amp; no-^leeftat, qui trefgrandement furent fcfloyez amp; receuz par ledit Duc de Bourgongne amp; les fiens . Et furent adonc grans refolutions amp; efbatemens ,tant ennbsp;boire comme en mangiers riches amp; précieux, comme en dances, ioufles amp; autres efbatemens.Et mefmes iouflercnt les Ducs de Bethfortôc de Bourgongne,nbsp;aucuns autres Princes auecques grans nombre de leurs cheualiers. En apresnbsp;ledit Duc retourna de Paris en fon hoflel de Bourgongne, amp; là print en mariage par difpenfation apoflolicquc,la vefue de fon oncle Comte de Neuers iadisnbsp;ttiort a la bataille d’Azincourt.Laquelle dame efloii moult renommée de viurenbsp;f^indement, amp; auoit du deflhfdit Comte de Neuers deux enfans. Et fi efloitnbsp;leur germaine au Comte d’Eu, qui pour lors efloit prifonnier en Angleterre amp;:nbsp;tlemie feur à Charles de Bourbon Comte de Clermont. En ce mefme tempsnbsp;tendit fon efprit lean de Bauiere iadis Euefque de Liege,oncle au Duc de Bourgongne amp; à la DuchefTe laqueline de Bauiere. Et pourtat qu’il n’y auoit nul en-Dnt de la DuchefTe de Bourgongne fàfemme,ildeclaira enfonderrain leditnbsp;Duc de Bourgongne fon hoir amp; fuccefTeur. Etmeit du tout en oubly ladefTuDnbsp;diéle laqueline de Bauiere fa niepee.

Comment le Duc de Cloceflre nbsp;nbsp;la Ducheffe ßfen^e allèrent de Calais en Hainault,

prendre l'obeïffance dei bonnes villes nbsp;nbsp;comment le Duc de BourgongneJe prépara

four aller en l'ayde du Duc de Brabant fon coufin.

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yOLl/liE IL DES CF-IRONKIEES

N la fin du mois de Nouembrc, le Duc de Cloceftre auecques fon grand oft qu’il auoit amené à Calais, comme dit eft deftus,amp; la Du-chefte laqueline fa femme en fà compagnie fc meit à chemin. Et parnbsp;Houdain amp;au dehors de Lens en Arthois alla en Hainault.Et en pafnbsp;fiant parmy le pays du Duc de Bourgongne, ne fiouftrit faire nul defroy, finon


M.CCCCXXIJI.



prendre viures courtoifement. Et alla premier à Bouchain amp; à Mons, où il obeÿaftez liberallement. Auquel lieu vindrenc deuers luy plufieurs des fei-gneurs amp; gentils-hommes du pays pour à luy amp; à fà femme faire feruiceamp;o-beïftancc. Et brief cnfuiuantfeirent ferment audit Duc de Cloceftre toutes lesnbsp;bonnes villes de la Comté de Hainault appartenans à la Ducheftc laqueline,nbsp;qu’il difoiteftre fia femme :amp;aufli tous les feigneursamp; gentils-hommeséunbsp;pays, hnon feulement la ville de Halx, qui tint le party du Duc de Brabant. Etnbsp;pareillement le tindrent le Comte de Conuerfan feigneur d’Anghien,amp; melEr^nbsp;Angilbert d’Anghien, amp; lean de lumont auecques toutes leurs villes amp;nbsp;refles.Et les autres, comme dit eft, tant nobles comme bonnes villes enropantnbsp;amp; adnichillant le ferment que autresfois auoient fait au Duc de Brabant, tein-drent plainement le party d’iceluy Duc de Cloceftre amp; de la Ducheffe laqueline. Item aucuns iours apres que ledit Duc de Bourgongne eut efpouféfaf^^'nbsp;rae,comme dit eft deffus,il fie partit d’icelle, amp; alla à Mafcon,où il tint parieretnbsp;auecques le Duc de Sauoyeamp; les ambaffadeurs du Duc de Bretaigne:E)efinbsp;quels eftoit le principal Artus Comte de Richemontdequel parlement durantnbsp;vindrent audit lieu de Mafton enuoyez de par le Roy Charles de Bourbon Cote de Clermont, l’Archeuefique de Reims, l’Euefiquedu Puys amp; aucuns autresnbsp;notables ambaffadeurs. Lefiquels entre autres chofes traiderent le mariage dudit Comte de Clermont, amp; d’Agnes fieur germaine du Duc de Bourgongne. Etnbsp;là promeit ledit Duc de Bourbon en parolle de Prince en la main dudit Arch^'nbsp;uefiquc,de Tefipoufer dedans certain temps qui par les parties fut conclud. Eta-presfàns planté d’autres grandes befongnes accomplir , fie départirent 1 vu u®nbsp;l’autre amp; retourna chacun en fon propre lieu.

Item Philippes Duc de Bourgongne fiçaehant la venue de Honfroy de Cloceftre en Hainault, de ce moult indigné, enuoya fes mandemens pitonsnbsp;en fies pays de Flandres,d’Arthoisamp; à l’enuiron par toutes fies dominations.Lef-quels fans delay furent publiez és lieux accouftumez. Contenans que tous nobles amp; autres de quelque eftat qu’ils fuffent, qui fie auoiêt accouftumé d’armef,nbsp;fè meiffent fus en armes pour aller en l’ayde du Duc de Brabant, contre le Ducnbsp;de Cloceftre en la compagnie de meflireleande Luxembourg, des fieigneufsnbsp;de Croÿ,de l’Ifle-Adam amp; autres capitaines, qui à ce feroient commis pour lesnbsp;conduire amp; mener. Apres laquelle publication feffemblerent trcfgrand nonvnbsp;bre degens d’armes fioubs la conduire defidits fieigneurs, qui tous enfieroblc lenbsp;tirerent deuers Philippe Comte de fainél Pol,frcreau Duc lean de Brabant.nbsp;Auquel de par ledit Duc fut baillé la charge de faire guerre, amp; refîftencc contre ledit Duc de Clocefte. Ai^ec lequel Comte de fainél Pol eftoit principenbsp;gouuerneur Pierre de Luxembourg, Comte de Conuerfan amp; Braine, fèigncurnbsp;d’Anghien. Et fi y eftoit meflire Angilbert d’Anghien Damoifèau de Viffenia-Ie,deRofbarre amp; aucuns autres grands fieigneurs Bannerets du pays de Bra-»

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D' ENG EERR. DE NONSTKELET. CHARLES NI. banr, suec grand multitude de commun du pays de Brabant amp; infinis habille-inensde guerre. Et adonc commença de toutes parts la guerre de Hainaultnbsp;moult doraraagcufe par feu amp; par elpee :parquoy le poure peuple fut moultnbsp;opprclTéj car le dclTufdit Duc de Clocefire meit grand garnifon de les Angloisnbsp;audit pays de Hainault en pluficurs villes amp; forterellesà luyobeïlLms. Et pareillement le feit le Comte de S. Pol fur toutes les frontières de fon obeïlTance.nbsp;Lefquelles garnifons fouuentesfois couroient fur les marches de l’vn l’autre, ennbsp;faifant(comme dit ell) grans amp; innumerables dommages.

Comment le Duc de Cloceßre enuoya vnes lettres au Duc de Bourgongne amp; la cop^ie d’icelles.

gt;;iTemaprescequ’iIfutvenuàlacognoiirancedu Duc de Clocellre, ynbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Duc de Bourgongne par ces mandemens auoit fait alTembler

gens d’armes par fes pays, pour relier contre luy à l’ayde du Duc de Brabant, il fut de ce grandement malcontent. Et pourtant elcriuicnbsp;Vnes lettres-.lefquelles lettres il enuoya en Bourgongne deuers ledit Duc,amp;nbsp;contenoient mot apres autre ce qui fenfuit. Hault amp; puilfant Prince,trefchernbsp;amp; trefaymé coufin : nouuelles me font venues qu’en voz terres amp; leigneuriesnbsp;par deçà on a publié, amp; fait cry de par vous, que toutes gens dilpolez aux ar- ,nbsp;ßiesfoient prefts pour aller en la compagnie de melïire lean de Luxembourgnbsp;amp; autres au feruice de mon Coufin de Brabant, à l’encontre de moy, mes amis,nbsp;bienvueillans amp; fubieds en donnant à entendre contre vérité plufieurs chofes:nbsp;au tant ou plus en ay apperceu par vne coppie de certaines lettres, qui fe dientnbsp;de vollre part elcriptes en voltre ville de Dijon le vingtiefme iour de Décembre : lefquelles publications amp; lettres, comme ie croy, viennent de voftre feeunbsp;ordonnance : pourtant que afiez fçauez ce que le temps palfé ay fait à voftrenbsp;prière^ contemplation amp; requefte. Et par quantes fois foubs mon beau frere lenbsp;Kcgent,amp;:àvous me fuis foubmis pour cuiderappaifer le différend amp; difeord,nbsp;Konten icelles lettres eft fait mention, ce qui eft entre mondit coufin de Brabant amp; moy : quantes iournées en ay acceptées, amp; que les offres en mon prejudice en feit faire : aufquelles, comme vous fçauez, ceux de la partie du Ducnbsp;Brabant ne voulurent oneques condefeendre ne prendre aucun traiôlé, fup-pofe qu’icelles lettres foiehtcoulouréesau contraire,ainfi que parlacoppienbsp;dicelles (fi vous la voulez vifiter)apparoir vous pourra. Et ie fçay auffi que cenbsp;^ue fait en ay, n’eft eflongné de voftre bonne mémoire. Et fi fçauez que fi proximité de lignage vouloir vous mouuoir d’aucunechofe faire,pluffoft de-Dnez eftre enclin de ayder a ma partie que l’autre, veu que ma compaigne amp;nbsp;efpoufeeft deux fois voftre confine germaine, amp; que mondit coufin de Brabant de tant ne vous appartient. Et encores oultre y elles obligé par le traiéténbsp;lt;le la paix par vous amp; moy folemnellcmcnt iuré, ce que oneques ne iura leditnbsp;h)uc de Brabant : mais (comme vous fçauez) a fèit alliances contraires qui contre luy vous deuroient mouuoir. Lequel traiélé n’a eflé par moy enfraint ne janbsp;Refera : ains de Falloir penfé ce me feroit moult grief, amp; me fembleroit, fi faitnbsp;iauoye, que depuis ne me pourroit bien venir ainfi qu’il ne feroit. Et aufli menbsp;tiens-ie certain qu’en voftre vie ne ferez le contraire. Et d autre part,n’auez en-

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Xi. CCCCXXIIII.

yOLPXiE II. DES CHKONIQ^ES

coïGS peu appet'ceuoir que auant ne depuis que ie fuis par deçà, n’aye toufiours cïlé défilant de à vous amp; aux vollres complaire : ne que i’aye fait, procuré ounbsp;porté,ne fouffert procurer à vous ne à voz fubieôls aucuns griefs ou domages:nbsp;mais Icfdits fubiects ay traiéf é amp; eu aulïi pour recommandez comme les miensnbsp;propres,corne de ce vofdits fubieéfs vous peuuent donner cognoilTance.Auec-ques ce fçauez,comment pieça vous ay efeript que vray efl:,que par deçà ne menbsp;fuis entremis de demander autre chofe : ains fuis content d’auoir ce qui me appartient à caufe de madidlecompaignevoffreconfine;amp;qua l’aydede Dieunbsp;garderay tant quelle viura, qui bien eft affez fuffifant. Et fe aucune chofe me anbsp;conuenu amp; conuient faire contre monditcoufin,comme vous fçauez,n’en fuisnbsp;en coulpe:raais par contrainâe par fes emprinfes pour mon honneur garder amp;nbsp;mon pays deffendre, le m’a conuenu faire felon que fçauoir le pouez. Quand anbsp;la vcrité(comme ie tiens) vous la fçauez defi3,qui font affez notiffiantes chofesnbsp;par lefquelles ie ne puis croire,que oneques lefdiôfes publicatiôs amp; lettres pre-cedétes de voftre feeu ou certaine cognoiflance ayent efté faiéfes.Pour ce haultnbsp;amp; puiffant Prince,mon trefeher amp; trefaimé coufinûe vous prie tres à certes quenbsp;ce que deffus eft dit,vous vueillez bien confiderer.C’eft à fç3uoir,ce que i’ay faitnbsp;à voftre contemplation amp; requefte, le refus de l’autre partie, la prochaineté denbsp;Jignage,le traiôf é de paix que n’ay fait à l’encontre d’aucune chofe du voftre, 32nbsp;lefdiótes entreprinfes de mes aduerfaires.Et ie croy que fuppofé ores quad ainhnbsp;feroir,qu’on m’a donné à cognoiftre que ne puis encores croire, fe bien y peftznbsp;prendrez autre confeil, amp; ferez d’opinion contraire. Quand autrement faire lenbsp;vouldrez. Dieu à qui on ne peut riens celer gardera mon bon droit,amp; lefermecnbsp;qu’auez ie y appelle. Hault amp; puiffant Prince,trefeher amp; trefaimé coufin,parcenbsp;porteur me fai(ftes fçauoir de voftre intention, auec fil eft aucune chofe q pournbsp;vous faire puiffe,ie m’y emploiray de bon cueur, noftrefeigneurlefcetquifoitnbsp;garde de vous. Efeript en ma ville de Mons,foubs mon fignet le douziefme ioutnbsp;de lanuier.Hault amp; puiffant Pjincc mon trefcherôc trefaimé coufin,ie vous en-uoyc en ces prefentes lettres enclofes la fèmblable coppie d’icelles lettres, aiofinbsp;/ignées de Croÿ : defquelles lettres la fuperfcrfption eftoit : A hault amp; puiflàotnbsp;Prince mon trefeher amp; trefaimé coufin le Duc de Bourgongne. Et I’inftafcrip-tion: voftre coufin le Duc de Cloceftre Comte de Hainault, de Hollande,denbsp;Zélande,de Pennebourg amp; feigneur de Frife : lefquelles deffus declairées amp; re-ceuèsdu DucdeBourgongne,les vifita en grand declaration de cÓfeil.Etapre^nbsp;referiuit par la maniéré cy apres declairée audit Duc de Cloceftre.

des premieres lettres âu Duc de Bourgongne envoyées au Duc de Cloceflre.

J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Honfroy Duc de Cloceftre; ie Philippe Duc

V ^^^jComte de Flâdres amp; d’Arthois, ay receu voz lettres rnoy a reffans,cfcriptcs a Mons en Hainault foubs voftre fignelcnbsp;xjj.iour de lanuier dernier paffe,contenans plufieurs chofes:amp; entrenbsp;ICS autres, qu auez ouÿ nouuelles qu’en mes terres amp; feigneuries par delà on anbsp;gt; 9^® toutes gens difpofez aux armes, fuffentnbsp;pie ^pour aller en la compagnie de noftrc trefeher amp; trefaimé coufin meflircnbsp;ean c Luxembourg amp; autres, pour aller au feruice de mon trefeher amp; trefnbsp;aimé

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D'EHCEERR. DE UONSTRELET. CHARLES VU. xo 3imé coufinle Duc de Brabant à l’encontre devons amp; de voz bienvueillansnbsp;fubieds, en donnant à entendre plufieurs chofes contre vérité, comme portent vofdides lettres. Et que autant ou plus que auez apperceu par lacoppienbsp;qu’cnuoyée m’auez de certaines lettres, qui fe dient de ma part efcriptes en manbsp;ville de Dijon le vingtvnielme lourde Décembre. Sur ce hault amp; puilTantnbsp;Prince 5 de la plus grand partie d’icelles voz lettres ie me paflede Elire recitation amp; refponce : car gueres ou riens ne m’en eft, forts de ce qui topebe à monnbsp;honneur que ie ne vueil ou dois fouffrir blaimer ne charger contre droit amp; rai-fon. Et pourtant vous eicripts amp; lignifie, que les lettres amp; publications d’icelles font lèmblables en fubllance en ladiéle coppie que m’auez enuoy ée, procédant de mon feeu amp; les ay ordonnées, mandées amp; commandées eftre faiéles.nbsp;A quoy ay efté meu du relFus par vous fait,de obtempérer aux articles amp; pointsnbsp;dernièrement par beau frere le Regent, amp; moy à grand deliberation du conléilnbsp;a Paris aduifées,amp; depuis à vous prefentées,pourrappailèment du contends amp;:nbsp;difeord d’entre mo trelcher amp; trefaimé coufin le Duc de Brabant d’vne part, amp;nbsp;Vous d’autre. Lefquels articles iceluy mondit coufin le Duc de Brabant ( pournbsp;Dieu mettre de fon coll:é,amp; coplairc audit beau frereamp; à moyjauoit oéfroycesnbsp;amp; accordées:mais ce nonobllant vous apres voftredit reffus amp; làns vouloir attendre la fin du proces pendant en la Court de Rome fur ledit contends, elles ànbsp;puiflaiice d’armes amp; de guerre entré au pays de Hainaulr, vous clForçant d’ennbsp;débouter mondit coufin de Brabant amp;de luy en oller fa polTelïion.Et defdiélesnbsp;chofes font mefdiéles lettres caufées, qui font certaines ôc veritables,fi commenbsp;Vous pouez fçauoir amp; ignorer, ne nier ne le pouez. Si n’ay en ce riens donné ànbsp;entendre contre vérité, comme menfongierement amp; à tort me mettez fus, amp;nbsp;Voulez charger,comme il me femble, par voz lettres delTufdides.Lefquelles ienbsp;garde par deuers moy,pour enfeigner quand temps fera. AlTez voy amp; trop m’ellnbsp;deshonneur, quefaitauezamp; efforcez faire à mondit Coufin de Brabant fansnbsp;Vouloir charger mon honneur amp; renomée, que endurer ne vouldroye ne vueilnbsp;devons ne de nuis autres. Aulïi croy-ie que ceux à qui ie attiens amp; qui me at-tiennent de fang,lignage amp;affinité:amp; mes loyaux,feaux,vall'aux amp; fubieâ:s,quinbsp;fi grandement amp;fi loyaumentont feruy melTeigneurs,mes predecelfeursßcnbsp;moy ne le vouldroient pasainfi palTerne fouffrir. Pou rce cil il, que ie vousnbsp;fomme amp; requiers parces lettres, que vous rappelez amp; defdiétes ce que m’auez elcripr, que i’ay donné chofèà entendre contre vérité, comme dit efl: amp;nbsp;felon ce que contiennent vofdiéles lettres és eicripts patens.Et fe faire ne le vounbsp;lez,amp; que vueillez maintenir la deuantdiéle parolle qui peut charger mon hô-neur amp; renomméede fuis amp; lèray prell de m’en deffendre de mon corps contrenbsp;le vollre,amp; de vous cobattre à l’ayde de Dieu amp;de nollre Dame,amp; prenât iournbsp;raifonnable amp; copetant par deuant treshault,trefexcellent amp;trelpuifl'ant Princenbsp;l’Empereur mon trefeher feigneur amp; coufin.Et affin que vous amp; tout le mondenbsp;voye,que ie vueil abbreger celle chofe amp; gaÿer mon honneur eflroidcment.nbsp;Si mieux vous plaiflie fuis content que nous prenons à iugemon trefeher amp;nbsp;aimé coufinzamp;aulfi vollrebeau frere le Regent Duc de Bethfort,leql par raifonnbsp;ne deurez refufer:car il ell tel Prince que ie fçay,qu’à vous amp;à moy ße à tous aunbsp;tres il vouldroit ellre droiélurier iuge.Et pour rhonneiiramp; rcuerence de Dieu,

D ij

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MXCCCXXIllI. yOLVXiE 11. DES CHRONIQUES ScpoureuiîereffufiondefàngChreftien, Sedeladeftruólion du peuple dontnbsp;en moncueuray conipafîion : ildoicà vousamp;àmoyqui fommes cheualiersnbsp;adolcfcens,cftre plus conuenable(au cas que les parolles defTufdiôtes voudrieznbsp;parmaint-enir) par mo corps (ans plus celle querelle mener â fin lâns y aller parnbsp;voyc de guerre, dont il conuiendroit maints gentils-hommes amp; autres tant denbsp;voilre oil comme du mien finer leurs iours piteufemêt: laquelle chofe me def-plairoit fainfi le failloit faire. Et aufii deuroit il faire à vous veu que la guerrenbsp;des Chrelliês doit defplaire à tous Princes Catholiques . Et a moy amp; elle defnbsp;pleullamp;defplaiftfautrementfe pouoitfaire. HaultêepuiflantPrince, furienbsp;contenu de celles me vueillez faire relponce par voz lettres patentes, amp; par lenbsp;porteur de celles, ou par autres le plus brief que faire fe pourra làns proroguctnbsp;celle chofe par eferitures ou autrement:car i’ay défit belongne, preigne briefuenbsp;conclufion pour mon honneur. Etnedoy laiflerne laifleray qu’elle demeurenbsp;en ce poinôl. Et fur celle matière apres la reception de voz lettres delTufdiélcs,nbsp;vous eulTe plulloll fait relponce amp; referit, n’eulTent cllé plufieurs grandes occupations qui depuis me font furuenuesamp; m’ont retardé. Et affin qu’il vous ap-paire que ce vient de mon feeu amp; propre mouuement, i’ay efcric mon nom ennbsp;ces prefentes, amp; à icelles fait mettre mon fignet. Elcrit le troifiefme iourdcnbsp;Mars, l’an mille quatre cens amp; vingt amp; quarre.Lefquelles lettres furent de parnbsp;ledit Duc de Clocellre leües, amp; allez les vifita tout au long auec fon confeil. Etnbsp;fur icelles pour faire relpoce cfcriuit de rechiefau Duc de Bourgongne en telle forme que cy apres fenfuit.

Coptic des fécondes lettres enuoyéespar le Duc de Clocellre au Duc de Bourgonÿte.

Ault amp; puifiant Prince Philippe Duc de Bourgongne,Côte de Flan-oncle des Roys d’Angleterre,Duc de Clocellre,Comte de Hainault, de I-îollande amp; Zelande amp; de Penneburg,leigneur de Prize amp; grand

5 ïdres,Comred’Arthoisamp;deBourgongne:leHonfroy,fils,frcreamp;: ßnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;oncle des Roys d’AngleterrCjDuc de Clocellre,Comte de Hainault,

de Hollande amp; Zelande amp; de Penneburg,leigneur de Prize amp; grand Chambellan du Roy d’Anglcterre:ay receu voz lettres en forme de plaquartânbsp;moy adrcirans,cfcrites le troifiefme iour de ce mois: lefquelles affin qu’il m’ap-paire, que le contenu vient de voilre feeu amp; propre raouuement:auez ligné amp;nbsp;eferit voilre nom, amp; a icelles fait mettre voilre feel. Defquclles pour la grei-gneurpartiereciter,m’ellauffipou ou moins, qu’il ell à vous des mienes àvousnbsp;adrelTées eferites en ma bonne ville de Mons, en ma Comté de Hainault foubsnbsp;mon fignet le douziefme iour de lanuier dernier palîé. Si n’ell entant qu’ellesnbsp;font mention du rcffus,quc vous diéles par moy ellre fait pour nô vouloir ap-paifer le difcord,qui ell entre mon coufin le Duc de Brabant d’vne part,amp; moynbsp;d’autre part,qui ell moins que verité:car mon trefehier amp; trelàyraé frere le Regent Duc de Bethfort,amp;: tout le confeil de France,Içauét que i’en ay fait amp; aufnbsp;11 faides vous. S’ignorer le voulez ne pouez : amp; que diôles,que mcnlongiere-ment amp; à tort vous ay mis fus aucune chofe par mefdiélcs lettres: amp; vous fem-ble qu’aflez trop du deshonneur amp; outrage vous eftoit, que m’impofez auoirnbsp;fait à mondit coufin de Brabant fins vouloir changer voilre honneur amp; reno-mée:pourquoy mefommez amp; requerez par vofdiéles lettres, de rappeller amp;nbsp;deldire ce par les miennes eferit vous ay,ou finon vous elles prell de delFendrenbsp;voilre

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D'ENGEERR. DE NONSTRELET. CHARLES EU. xi

voftrc corps contre le mien ôcdemoy combattre. VouslaifTc fcauoir cjuele contenu de mefdiôlcs lettres : ie dis amp; tiens eftre vray amp; d’cncofta» iceluy vueilnbsp;deinourer J amp; défia eftapprouué par ce que voz gens ôc à voftre mandementnbsp;ont fait amp; perpétré en madiéfe Comté.Ne pour vous ne pour autre ne fera parnbsp;moy rappelle: ains à l’ayde de Dieu amp; de noftre Dame amp; de mofeigneur fiiinélnbsp;George le contenu en mcfdicles lettres vous feray de mon corps contre le vo-flrecognoiftreamp;iehir, eftre vérité pardeuant quelques des iuges qu’auez eGnbsp;lenz, car tous deux me font indilferens. Et pource quedefirez la chofe eftrenbsp;bricfue comme ie fais pareillement : par ce quemôdit beau frere ePc plus preft,nbsp;ie fuis contçnt de parfaire la chofe par deuant luy amp; l’accepte pouriuge. Et lenbsp;iour que meiftes en mon election,ie vous aftîgne le iour monfçigneur S.George prochain venant, ou autre à la difcretion de mondit frere. Auquel au plaifirnbsp;de Dieu ie feray preft amp; ne faudray. Et en cas que mondit frere ne voudra em-prendre la choie,ie fuis content que ce foit deuant treshault amp; puiftant Princenbsp;l’Empereur.Et pareillement fe l’Empereur ne le veLilt,beau frere Oldeberth ounbsp;autre iuge indifferent : mais pource que iene fçayfivous voudrez demourernbsp;d’encontre voftre fignepie vous fomme amp; requier que par le porteur de ceftesnbsp;tn’enuoyez autres lettres,qui foient fèellées de voftre feel, pareillement que dunbsp;mien font ces prefèntes. Et quand audit de Brabant Ce voulez ou ofez dire qu’ilnbsp;ait meilleur droit que moy encefte prefente querelle, iefuis preft de le vousnbsp;faire iehir mon corps contre le voftre au iour amp; deuant ceux que deffus eft dit,nbsp;que i’ay meilleur droit amp; auray à la grace de Dieu, noftre Dame amp; S. George,nbsp;Et affin qu’il vous appaire ce que deffus eft dit, amp; vueil entretenir, faire amp; accomplir, i’ay eferit monnom en ces prefentes amp; a icelles fait mettre mon feel.nbsp;Efcrit en ma villedeSongnies le feiziefme iour de Mars l’an mille quatre censnbsp;vingt amp; quatre.

Comment le Duc de Bourgongne retourna en Flandres. Et comment il enuoya vnes fécondés lettres au Duc de Cloceflre.Et la copfe d'icelles.

J Tem entre-temps qu’aucunes des lettres deffufdiéles fenuoyerent J par iceux Princes l’vn à l’autre, retourna leDucde Bourgongneen

^^P^’^iceux Princes Ivn al autre, retourna leDucde Bourgongneen fon pays de Flandres : amp; feit grand partie de fes gens aller en l’aÿdenbsp;(Jy Duc de Brabant,comme dit eftdeffus.Etauftireffriuitau Duc denbsp;Cloceftre vncs lettres feellees de fon feel, en acceptât le iour apres ledit Cloce-ftre, defquelles la teneur fenfuit. Hault amp; puiflant Prince Honfroy Duc denbsp;Cloceftre:ie Philippe Duc de Bourgongne, Comte de Flandres amp; d’Arthois,nbsp;ay auioLird’huy receu voz lettres patentes eferites amp; fignées de voftre main,ref-pondantaux miennes que dernièrement vous enuoyay, eferites le treiziefmenbsp;iourdeceprefent mois : lefquelles faifoient mention que vous auez reffufélenbsp;traiélé par grande deliberation, aduifé parle beau frere Regent amp; moy, fur lenbsp;difeord eftant entre beau coufin de Brabant amp; moy . Et vous y refpondcz quenbsp;c’eft moins que vcrité:mondit beau frere le Regent amp; tout le confeil de Francenbsp;fçauent bien que fait en auez:amp; aufrifais-ie,ie ne le vueil ignorer-.Sc fignorer lenbsp;vouloye,fi ne puis-ie,ficomme vofdides lettres le contiennent.Sur ce vous faisnbsp;affauoir que fur ce feray trouué veritable, amp; vous nomcomme apparoir pour-D iij

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M.CCCCXXIIIL nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLT/^iE IL DES CHRONIQUES

ra par Ie rapport des ambafladeurs enuoyez dciiers vous,atoutla cedullede l’accord aduiié par le deflufdic beau frere, moy amp; ledit conïeil, lequel auez re*nbsp;fuie. amp; contre la teneur d’icelle de fait entré au pays de Hainault gt; combien quenbsp;beau couGn de Brabant l’eut plainement accordée.Et à ce qu’auoye eferit, quenbsp;menfon^ierement amp; à tort m’auez mis fijs aucunes chofes. Et qu’aflez m’eftoicnbsp;déshonneur amp; outrage qu’auiez fait audit beau couhn de Brabant amp; moy,fansnbsp;vouloir charger mon honneur amp; renommée : parquoy vous fommoye, amp; re-uoquoye de rappeller amp; defdire ce que par voz lettres auez eferit, quei’auoyenbsp;contre vérité pluheurs chofes donné à entendre, ou fi ce non, i’eftoyeprelldenbsp;m’endeffendre : amp; le mien corps contre le voftredeuant l’Empereurou beaunbsp;frere le Regent, me laiflez fçauoir que le cotenu envofdiéfes lettres tenez eftrenbsp;vray;amp; d’encofté icelles voulez demourcr,ôcque défia cft approuué,par ce quenbsp;mes gens ont perpétré audit pays de Hainault, que pour moy amp; autre ne rappellerez : ainçois le contenu en icelles voz lettres me ferez de voftrc corps contre le mien recognoiftre amp; reiehir ellre vérité par deuant quelque des deux iu-ges deuant nommez. Et que pource que defirez la chofe eftre briefue, pareillement comme ie faits; amp; que ledit beau frere le Regent eft plus pres, vous ellesnbsp;content de faire la chofe deuant luy amp; l’acceptez à iiige, amp; afiignant la iournéenbsp;Je iour S.George, ou autre à la diferetion dudit beau frere. le vous refpons quenbsp;du iour ôc du iuge ie fuis trelbien à l’ayde de Dieu Se de nollre Dame me def-fcndray,amp; mainiiendray le contraire par mon corps contre le vollre,en faifantnbsp;a tous apparoir que menfongierement amp; à tort m’auez mis fus les chofes deß-fufdiéles : amp; y garderay ma loyautéamp;monhonneur. Etquant àeequemesnbsp;gens ont faitau pays de Hainault,fils auoient aucune chofe,qui fut au bien amp; anbsp;l’honneur du beau coufin de Brabât,i’en feroye bien ioyeux amp;bié lié. Et pout“nbsp;ce que vous faiéfes doubtefe ledit beau frere acceptera celle befongne,ien-uoyeray premièrement deuers luy mes ambalfadeurs notables le prier chiere-menf.Sc l’accepter ne le veut,ie fuis content de l’Empereunainfi que par mefdi-dles lettres vous ay eferit. Etàce que m’elcriuez que feievueil n’olè dire quenbsp;mondit beau coufin de Brabant,ait meilleur droit que vous, vous me ferez ie-hir de vollre corps contre le mien au iour,amp;: deuant ceux que delTus le contraire . le vous relpons que par la fentence de nollre S. Pere le Pape (deuât qui celle caufe cil pendant) pourra ce clercment apparoir qui aura droit ou tort.A lanbsp;puilTance amp; auélorité duquel, ne voudroye pour riens defroguer ne defobeir.nbsp;Aulïi n’cll il point en nous deux d’ordonner ne determiner â qui le droit en ap-partiét.Et fi ay elperâce en nollre feigneur Iefus-Chrill,amp; en là glo ri eu fe Vierge mere, qu’auant que nous départons de la iournéc,par vous ainfi entreprinfenbsp;de tellement delfendre ma bonne querelle, qu’il ne vous fera ja befoing d’autrenbsp;nouuelleté mettre en auant.Et quand à ce que me requerez, que loubs mó feelnbsp;ie vueille enuoy er la coppic de mes lettres, qu’enuoy ées vous ay foubs mon fi-gnet.Ie vous les enuoye ainfi qug requis le m’auez. Et ce que i’ay elcrit vueilnbsp;franchement tenir amp; accomplir.

Comment la 'ville de Braine en Hainault fut defruiCîe nbsp;nbsp;defblée ^ar les comis de

bant autres.

Item

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IfENGTEKK. VE yiONSTKELET CHARLES HL

T era durant les tribulations amp; haines delTus déclarées, les Ducs de Bourgongne amp;de Cloceftre femeircnt fusa trefgrandpuiflànce,

— en fa compagnie, le Comte Conuerfin feigneur d’Angliien, les fei-

f' f i VI11 VlUlMllk IVO LIIL/MIULIV/IJO W llClli-l MVliUJ \4K.ViaiVVO ^IVQ M VO MV Bourgongne amp; de Cloccftre femeircnt fusa trefgrandpuiflance,nbsp;Philippe Comte de Ligney Sgt;c de fainót:Pol,frereau Duc de Brabantnbsp;en (a compagnie, le Comte Conuerfin feigneur d’Angliien, les fei-gneurs de Croy amp; rifle Adam, meflire Andticu de Malignes amp;leBafl:arddenbsp;S.Pol, amp; plufleurs autres capitaines de guerre auec autres bannières, amp; gentilsnbsp;hommcs,amp; enuiron de trente à quarante mille communes, comme dit ell def-fus. Lefquels deflufdits Comte de fiinél Pol mena deuantBraine-le- Comte aunbsp;pays de Hainault. En laquelle ville eftoient enuiron deux cens Anglois desgésnbsp;du Duc de Clocefl:rc,auecques la communauté d’icelle. Si furent leans afliegeznbsp;de tous collez, amp; fort combattus par les engins qu’ils auoient là amenez finsnbsp;nombre. Pourquoy apres que les deflufdits afliegez eurent veu la puiflance denbsp;leurs ennemis par l’efpace de buiél iours,commcncerent à traiéler.Et en fin furent d’accord par tel fi, que les Anglois qui dedans eftoient iroient fauues leursnbsp;vies amp; aucunes parties de leurs biens,Et la ville auecles habitans demoureroictnbsp;en l’obeïflance du Duc de Brabant, en faifint ferment à luy ou à fes commis,nbsp;rnoycnnant qu’ils payeroient certaine fomme d’argent,en racheptant leur villenbsp;amp; leurs biens. Apres lequel traiéléainfi fait, amp; que les deflufdits Anglois furetnbsp;prefts à tenir leur fiufcondnit pour eux en allcr,entrerent les communes deffusnbsp;en trelgrand nombre dedans icelle ville par plufieurs lieux: amp;occirent grandnbsp;partie d’iceux Anglois auec aucuns bourgeois de la ville: amp; prindrent, rauirentnbsp;amp;fruftrerent tous les biens amp; puis boutèrent le feu en plufieurs lieux amp; mai-fons, tant finablement que la ville fut toute arfe amp; defoléc. Ainfi amp; par celle maniéré rompirent amp; enfraindirent lefdiéles communes l’ediél, qu’auoientnbsp;flit leurs capitaines. Et ne fut pour prières ne pour meflages que de ce on leurnbsp;peuft faire retarder,dont les delTufdits feigneurs amp; nobles furent trefmal con-tens.Neantmoinsaucunsd’iceux Angloisfurent fauuez amp; renuoyez fauuesnbsp;leurs vies,ainfi que promis leur auoit efté par le moyen des feigneurs amp; noblesnbsp;deflufdits. Et alors eftoient en la compagnie du Comte de S.Pol audit fiege denbsp;Braine Potbon de S.Treille,Regnault de Logueual amp; aucûs autres à tout leursnbsp;gens tenans le party du Roy Charles.

Item apres que ladiefte ville de Braine fut du tout defolée,comme dit eft, fe tint l’oft des Brabançons au lieu où ils cftoient.Et adoc par le moyen des lettres enuoyces par le Duc de Bourgongne l’vn à rautre:amp; le iour accepté, com-rne dit eft, de combattre de leurs perfonnes par deuant le Duc de Bethfort, quinbsp;eftoit la guerre raife comme en fulpens entre le Duc de Cloceftre amp; le Duc denbsp;Brabant: amp; ne deuoient plus ne leurs gens porter aucun dommage l’vn à l’autre,ains attédoient à celuy qui auroit viéloire de ladiôle iournée. Et fur ce propos fe deflogerent ledit Comte de S.Pol amp; les gens deuant Braine,pour retourner en Brabant.Et pourtant que ledit Duc de Cloceftre auec là femme amp; toutenbsp;fapuilTancejCommehaineurseftoità Songnie^, eurent les Brabançons grandnbsp;doubte d’eftre aucunement enuahis d’iceux. Et pource tous les nobles fe mci-rent auec leurs Princes en ordonnance, cheuauchcrent par ordre tous armeznbsp;prefts,comme fils d’eulTent entrer en bataille. Etaufti feirent aller lefdiéles co-tnunes en belle amp; grande ordonnance,^ ainfi fe départirent de deuant Braine înbsp;D iiij

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M.CCCCXXIIIL rOLyXlE II, DES CHKONIQ^yES

amp; quand ils eurent cheuauché vne partie de leur chemin, ils eürcnt nouuelles par leurs arriere-coureurs, qu’ils auoientlaiflé derriere que les Anglois eftoiétnbsp;îur les champs : laquelle chofe eftoit veritable:car aucûs des capitaines du Ducnbsp;de Clocehre à tour huidl cens Anglois, fe meirent fus par le congé dudit Ducnbsp;pour vcoiriceux Brabançons defloger. Et tant fapprocherent les parties l’vnnbsp;l’autre, qu’ils fe pouoient plainement veoir;mais il y auoit bonne cfpace amp; fofnbsp;fez entre icelles parties. Toutesfois ledit Cote de S.Pol, feit mettre fes gens ennbsp;ordonnace fur vue m5taigne:c’eft à fçauoir fes genti!s-hômesamp; archiers,amp; pareillement fy meirent iceux Anglois. Et entre-téps y eut plufieurs coureurs tatnbsp;d’vn cofté corne d’autre,qui fefcarmoucherent tresfort les vns cotre les autres.nbsp;Et tant qu’en ce faifant de chacune partie y en eut aucuns morts ou naurez, amp;nbsp;portez ius de leurs cheuaux non mie en grand nombre. Et demourcrent en l’e-

quechacunedefdiéles partiescontendans,que (escompagnons ennemis fen deufl'ent partir premiers.Et entre-temps qu’ils eftoient ainfi en bataille,commenbsp;dit eft,vindrent certaines nouuelles au Comte de S.Pol de par le Duc de Bour-gongne,de fa iournée acceptée entre luy amp; le Duc de Cloceftre, amp; ainfi quclanbsp;guerre deuoitee/Ter entre icelles parties. Apres lefquellcs nouuelles venues,nbsp;comme dit eft,amp; qu’il eftoit défia bien tard vers la nui(ft,fe commencèrent à retraire les Anglois deftufdits vers leur feigneur Duc de Cloceftre, qui eftoit ànbsp;Songnies. Et d’autre part le Comte de S. Pol amp; les fiens fe départirent, amp; allèrent loger à Halx,Sc à renuiron,auquel lieu ils feirent faire trefbon guet.Or eftnbsp;Vérité que la plus grand partie des communes de Brabant deftufdit, auecaucusnbsp;autres doubtans l’cnuahie amp; bataille defdits Anglois, feftoient départis d’auecnbsp;ledit Comte de fainél Pol, en fuyant par grand defroy en leur pays, laiflans parnbsp;les champs leurs armeures cheoir (ans nombre, auecleurs chars amp; charrettes amp; autres habillemens de guerre: iaçoit-ce qu’ils fuflentde trente à quarante mille hommes defdiéles communes,fi en demoura il aftez pou auecquesnbsp;leurs chiefs: amp; n’en tint pas à eux que ce iour ledit Comte de S. Pol amp; les autresnbsp;feigneurs amp; capitaines, qui eftoient auecques ne receuftent grand deshonneurnbsp;amp; grand dommage.

Item le xxvj.iour de Feuricr de ceftan,auquel le premier iour de Mars fe deuoit rendre la ville amp; chaftel de Giiifc, auoit tant traiélé meflire lean de Luxembourg auecques lea de Proi(ÿ gouuerneur d’icelle,que ladiéte ville amp; chaftel luy furent renduz audit vingt amp; fixiefme iour de Feurier, auant que leditnbsp;iour fut venu. Et parcillcmêc luy fut baillé amp; deliuré la forterefte d’Irechon. Etnbsp;fut par ces moyens du tout obey par toute la Comté de Guife, dont il delpleu:nbsp;grandement à René d’Anjou Duc de Bar, qui d’icelle Comté eftoit feigneur amp;nbsp;vray heritier. Et par ainfi ceux qui feftoient alTemblez pour eftre à la redditionnbsp;d’icelle au premier iour de Mars, tant Anglois comme Picards, quand ils feeu-rent les nouuelles d’icelle reddinon retournèrent en leurs propres lieux. Et lenbsp;delTufdit de Luxembourg rendit les hoftages des François,qui eftoient dedans:nbsp;lefquels à tout bon faufeonduit fen allèrent où bon leur (embla : amp; lors fut co-mis à Guife nouuel gouuerneur meftire Dauiod de Poix.

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î) EN G G ERR. DE 'hiONSTB^ELET CHAKLES m. 13 fe furet retraits â Brucelles depuis le fiege de Braine:amp; que les Picards fe furentnbsp;mis en plufieurs forts fur les marches de Hainault,le Duc de Cloceftre,fa femme en (a copagnie à tout fon armée,alla de Sognie à Mons, où il trouua la Cô-^nbsp;tefle de Hainault doüagiere:auec laquelleamp; plufieurs nobles coclud de retournbsp;ner en Angleterre à tous fes Anglois, affin de luy preparer de fâ perfonne pournbsp;cobattre le Duc de Bourgongne, côme par leurs lettres cy deffius effiritcs eftpitnbsp;conclud amp; accordé par eux deux. Et lors fur le poinét de fon departement, futnbsp;tequefte faiéle au Duc de Cloceftre tant par fa belle mere Comteffie de Hainault,comme par les nobles amp; bones villes du pays, qu’il voulfift laiflér la Du-chefle Iaquelinc,qu’il difoit (à femme leur dame amp; heritieredequel leur accorda moyennant qu’ils promeirent amp; iurerent folennellement audit Duc de Clo-ceftre,qu’ils la garderoicnt amp; deffendroient contre tous ceux,qui nuire ou gre-uer luy voudroient. Et par efpecial le iurerent amp; promeirent les bourgeois ôcnbsp;Habitans de la ville de Mons,dedans laquelle elle demoura.Et adonc ledit Ducnbsp;de Cloceftre amp; là femme departans l’vn de l’autre en grand gcmifficmens,fe départit à tout quatre ou cinq mille combattans Anglois deS.Gillant, amp; allage*nbsp;lir celle premiere nuiél a Yuins empres Bohaing:amp; apres par Vy en Arthois,Scnbsp;au dehors deleZ alla en plufieurs iours iufques â Calais en paffiant luy amp; fès gésnbsp;pai(iblement,en prenat viures (ans faire nul defroy. Et remena aucc luy au paysnbsp;d’Angleterre Alienor de Combattre, laquelle il eut depuis efpoufée : amp; l’auoitnbsp;amenée d’Angleterre auecfa femme au pays de Hainault, ceft à fçauoir aueclanbsp;Duchefle laqueline de Bauiere. A l’iffiie de ceft an, allèrent à Romme deuersnbsp;noftre fàinéh Perc les ambaftadeurs du Roy Charles:defquels le principal eftoitnbsp;l’Euefque de Leon en Bretaignedefquels ambaftadeurs feirent de par ledit Roynbsp;toute obeïflance audit Pape Martin.Et les receut liement: car par auât ledit Pape feftoit abfenty amp; Benedic auec les Efpaignols amp; Arragonnois.

Comment le Pa^e Martin enuoya vnes bulles au Duc lean de Brabant, nbsp;nbsp;nbsp;la teneur

d'icellc.

V commencement de ceft an furent enuoyées vnes lettres, amp; publiées de la partie du Duc lean de Brabanr,par maniéré de vidimus des lettres du Pape à luy enuoyées fur la bulle, dont la teneur fen-fuit.Martin Eucfque le feruitcur des feruiteurs de Dieu. A chier fils

noble homme lean Duc de Brabanr,faluc amp; benediélion apoftolicquc:n’ague-tes par relation par aucuns dignes defoy, eft venu à noftre cognoiftance ( dont nous defplaift grandement ) qu’aucunes ccdulles ont efté diuulguées, amp; leüesnbsp;publicquementen certaines lettres fur noftre nom amp; bulles, demonftréesaunbsp;peuple és pays de Hainault amp; és Euefehez d’Vclrer, de Liege amp; de Cambraynbsp;efquelles(ficomme on nous afferme entre les autres chofes)eftoit contcnu,quenbsp;nous auions confermé le mariage contraiél par chier fils noble homme Hon*nbsp;froy Duc de Cloceftre, auccques chiere fille en»Iefus-Chrift lacqueline noblenbsp;femme Ducheffe de Bauiere : amp; que le mariage ainfi côtraieft par foy auecquesnbsp;hdiâe Ducheftc,nous auios reprouué amp; iugé de nulle valeur. Et combien quenbsp;telles chofes qui n’iffcnt point de nous aucunement, font publiées efdiôles parties en noftre e£candale,amp; contre tout honeur, qui voulons la caufe dudit ma-;


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M.CCCCXXIÎH. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11. DES CHRONîQ^yES

riagc eftre terminée felon Ia dilpofitió ßeforrae du droit commun.Et à toy no-tifiios par ces prefentes pour les chofes defTufdiôles, que tu ne preignes aucune rancune ou triftefle en ta penfée : mais tiens fermement que lefdiéles lettres amp;nbsp;autres chofes, quiontefté diólesamp; publiées efdiôles parties par les hommesnbsp;plains de fcandalle, ne viennent point de nous : mais d’autres, qui n ont pointnbsp;Dieu deuantleyeux amp; quierent nouuelletez,mouueraens amp; fcandallcSjdiflen-ces amp; faulfetez.Si voulons que les trouueurs de telles elcandalles amp; faulfetez,nbsp;pour l’honneur de nous amp; du liege Apoftolique, foient deüement puniz felonnbsp;l’aggrefle amp; grandeur du péché commis. Et pource elcriuons à noz venerablesnbsp;freresles Euelques d’Vâ:ret,de Liegeamp;deCambray,amp; à chacun d’eux : amp; ma-dons par efcrits Apoftoliques pour öfter ceft Icandale amp; faullèté, que noz lettres amp; le contenu d’icelles facent publier en leurs Eglife amp; lèrmôs publicquesnbsp;au peuple:amp; ayent pour excommunié celuy qui telles lettres fait publier ou lire en leur puilTancezÔc le faichant tenir en noftre prilbn,iufques à tant qu’ils auront receu autre mandement de nous. Donné à Romme aux làinds Apoftresnbsp;es ides de Feurietjl’an huiéliefme de noftre Papalité.

Comment après le departement du Duc de ClocellreJ,aguerreßeßneut en Hainault. Et comment la Ducbejl^elacqueltnedeBauiereefcriuitauDucde Cloceflre pourauottnbsp;fècourSilt;E^ le contenu des lettres.

^TemapresIedepartcmêtduDucde Cloceftrcdela Comté de Hainault,commencèrent les gens du Duc lean de Brabant,amp; les Picards mener forte guerre audit pays à toutes les villes qui obeïlToient aunbsp;DucdcCloceftreramp;auflià icelles qui auec leursleigneurs auoientnbsp;tenu amp; tenoient fon party; pourquoy le pays fut fort molefté amp; mis à deftru-dion. Et pour y reftfter amp; y auoir pourueancc,la Co mtefle de Hainault doüa-giere,eut plulieurs parlemens auec le Duc Philippe de Bourgognefon nepueu,nbsp;amp; auec les ambaftadeurs du Duc de Brabant,tant à Doüay amp; l’Ifle, comme ennbsp;Audenarde: en la fin defqucls eftoit conclud que ledit pays de Hainault feroitnbsp;remis en l’obeiftance du Duc de Brabant. Lequel Duc feroit aux bons amp; habi-tans du pays abolition generalle.Et la Duchelfe laqueline feroit baillée en garde au Duc de Bourgongne,par tel fi qu’il auroit pour tenir l’eftat d’elle certainenbsp;pecune: amp; ellcdemoureroit cnibngouuerncment iufques àce queleprocesnbsp;durant touchant cefte befongne, amp; pendant en court de Romme, feroit fine.nbsp;Durant lequel traidc, fe tournèrent en l’obeiftance des Ducs de Bourgongnenbsp;amp; de Brabant contre leur dame les villes:c’cft à fçauoir de Vallenciennes, Con-de,Bouchain amp; aucunes autres. Et demoura à pou pres la ville de Mons exiléenbsp;du party de leur d3me:pourquoy de toutes parts furent approchez de leurs ennemis,amp; leur furent les viuresoftez amp; defFenduz,qu’ils n’en pou oient auoir fi-non aftez petit. Et adonc eux voyans en ce dangier, furent fort troublez amp; efinbsp;meuz contre leur Dame :amp; tagt qu’ils dirent plainement que felle ne fàilbitnbsp;paix,ils la mettroient entre les mains du Duc de Brabant, amp; auec ce emprifon-nerent aucuns de fes gens, amp; feirent mourir par iuftice les aucuns, comme cynbsp;apres fera declairé;dont ladide DucelTe fut en grand doubtc amp; defelpoir, tantnbsp;pour les mutations deftufdides, comme pour les nouuelles que luy rapportsnbsp;fa dame

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RENGGERR. DE TdONSTRELET CHARLES JEll. 24 ß dame ß mere : c’eft à fçauoir qu’elle feroit mife en la main du Due de Bourgogne amp;; menée en Flandres,comme cy apres peut apparoir par fes lettres doles , qii elle enuoya au Duc de Cloceftre: lefquelles furent trouuces en cheminnbsp;portées au Duc de Bourgongne, defquelles lettres la teneur fenfuit. Monnbsp;ti'elredoubté feigneur amp; pere, tant humblement comme ie puis amp; fçayencenbsp;monde me recômande à voftre benigne grace.Et vous plaife fçauoir mon tref-tedoubtéfeigneur amp; pere, quei’efcrits maintenant à voftreglorieule domination,comme la plus dolente femme,la plus perdue, la plus faulfèmêt trahie quinbsp;vine:car mon trefredoubté feigneur le dimenche treiziefme jour de ce prefencnbsp;mois de Iuing,les députez de voftre ville de Mons retournèrent amp; apportèrentnbsp;Vn traidé fait amp; accordé par beau coufin de Bourgogne amp; beau couiin de Braisât: lequel traidé fut fiit en l’abfence de ma dame ma mere, amp; fans là cognoif-hnce, comme elle mefmes m’a fignifié amp; certifié par maiftre Gerard le Grandnbsp;Ton chappcilain. Pourquoy mon trefredoubté feigneur, ma dame de mere m’anbsp;eferit fes lettres,faifant mention dudit traidé : furlequel elle ne fcet n’ofe moynbsp;confeiller, car elle mefmes ne fçauoit que faire: mais me prioit que ie voulfiflenbsp;prier mes bonnes gens de celle ville, pourfçauoir quelle confolation amp; aydenbsp;ils me voudroient faire. Sur laquelle choie, mon trcfdoux feigneur amp; pere, ilnbsp;vous plaife fçauoir que le lendemain i’allayâlamaifon de la ville: amp;lcurfeiznbsp;remonllrer comment à leur requelle amp; priere vous auoit pieu à moy lailTer ennbsp;leurproteélion amp; fauuegarde, comme à ceux qui vous auoient fait fermentnbsp;d’ellrevoz vrays amp; loyaux fubieôls,amp; qu’ils feilïént de moy bonne garde pournbsp;vous en rendre bon compte: lequel ferment ils fcirentdeuant le facrement denbsp;l’Autel,amp; furiesfainéles Euangiles. Surquoymon treshonnoré feigneur amp;nbsp;pere,ils refpondirent tout à plain, qu’ils n’efloient point alTez forts dedâs la ville pour moy garder : amp; en ce faifànt de fait à penfée fefmeurent en difànc, quenbsp;mes gens les vouloient meurdrir. Et tant,mon trefredoubté feigneur, qu’ennbsp;mondefpitiisprindrent vn de vozfubieüs fergent nommé Maquart, amp; pre-fentement luy feirent preflement coupper la telle: amp; feirent prendre tous ceuxnbsp;qui vous ayment amp; tiennent vollrc party,comme Bardoul de la Porte, Collartnbsp;Ion frere,Gillet de la Porte,Iean du Bois,Guillaumc de Leur,Sanfon voftre fer-gent,Pierre, Baron, Sandart, Dandre, amp; plufieurs autres iufques au nombre denbsp;deux cens cinquante de vollre party. Et de rechief vouloicnt prendre lire Baudouin treforier,fire Loÿs de Montfort,Haulnere, lean Frefne, amp; Ellienne d’E-ftre : Icfquels ils n’ont point encores prins,ne ie ne fçay qu’ils feront. AulE monnbsp;trefredoubté feigneur, ils me dirent tout àpl3in,que fe ie ne faifoye traiélé, ilsnbsp;meliureroientés mains de beau coufin de Brabant: amp; n’ay plus de dilation ànbsp;demeurer en celle ville que huiél iours que ne foye contrainte d’aller en Flâ-dres,qui m’ell douloureufe chofe amp; dure: car ie doubte que tant que ic viuraynbsp;plus ne vous verray gt; f’il ne vous plaill moult en halle moy ayder. Helas monnbsp;trefredoubté feigneur pere, toute ma vraye elj^erance amp; toute ma conclufionnbsp;cil en vollrc domination : veu mon trefredouoté feigneur amp; ma fculle amp; Ibu-ueraine lielîé,que tout ce que ie lèulFre effc pour l’amour de vous. Dont treshû-blement ie vous fupplie tant amp; fi trefeherement que ie puis en ce monde: pournbsp;1 amour de Dieu,qu’il vous plaife auoir compalTion de moy,Ôc mes befongnes.

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Id.CCCCXXlIII. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r O Lr id K II. DSS CHKONIQ^SES

amp;:àmoyvoftre dolente creature venir tout en hafte en ayde fi ne me voulez perdre pcrdurableraent.l’ay elpoir qu’auflî ferez: car mo trefredoubté Icigneurnbsp;amp;pere,ie ne defleruis oneques par deuers vous ne ia ne feray tant que ie viuraynbsp;aucune chofe qui vous deuft defplaire,ainçois fuis toute prefte à receuoir mortnbsp;pour l’amour de vous amp; de voftre noble perfonne:car voftre noble dominationbsp;me plaift trelgrandement:par ma foy mô trefredoubté feigneur amp; Prince, toute ma vrayeconfolation amp; efperance,il vous plaife pour l’amour de Dieu amp;nbsp;monfeigneur S.George confiderer tant en hafte comme frire pourrez mô tref-douloureux affaire qu’encores n’auez vous point faif.car il me femble qii’entie-rement m’auez mis en oubly. Autre chofe ne vous fçay pour le prefent que refnbsp;crire,forts mon trefredoubté feigneur amp; pere, quei’ay moult toft enuoyéparnbsp;deuers vous meftire Loÿs de Montfort: car il ne peut plus eftre auecques rnoy,nbsp;nonobftant qu’il m’a accorapaignée quad tous les autres m’ont failly, qui vousnbsp;dira tout plus â plain que ie ne vous fçauroye efcrire.Pource vous fupplie monnbsp;trefehier feigneur amp; pere,qu’il vous plaife luy eftre bon feigneur amp; à moy ma-der amp; commander voz bons plaifirs,lefquels ie feray de tout mo cueur.Ce fcetnbsp;le benoift fils de Dieu qui vous doint bonne vie amp; longue,amp; grace que ie vousnbsp;voye â trefgrâd ioye. Efcrit en la faulfe amp; traiftre ville de Mons de trcfdoulou-reuxeueur le fixiefime lourde luing. L’infrafeription eftoit voftre dolente amp;nbsp;trefàymée fille,fbuffrant trefgrand douleur pour voftre commandemér, voftrenbsp;fille, de Quienebourg. A icelles les deftufdides en furent trouuées vues autresnbsp;dont la teneur fenfuit.

Treschier amp; bien-aymécoufinie me recommande à vous:amp; vous plaife fçauoir qu’à l’heure que ces prefèntes furent efcrites,ieftoye trefdolen-teen cueurcommefaulfement amp; loyaument trahie, amp; fe vous voulezfçauoicnbsp;aucune chofe de noutiel: mon trefehier amp; aymécoufin fçaehez qu’encoresnbsp;pour le prefent ne vous fçauroye que refcrirc:Mais vueillez demander à noftrenbsp;trefchierSc redoublé feigneur qui vous en dira plus que n’en voudrez oüir. Autre chofe ne vous en fçauroye que referire,excepté que vous tenez la main a cenbsp;que vous fçauez,affin que mon redoublé feigneur vueille venir, ou autrementnbsp;ne luy ne vous iamais ne me verrez. Et quant à ce q vous m’auez efcrit de venirnbsp;deçà la mer c’eft trop tard . Mais haftez vous à tout fi grâd puiflance q vous menbsp;puiflezdeliurerdes mains des Flamens,oùie feray dedashuiéliours: Trefehiernbsp;amp; bien-aymécoufin,ieprieà Dieu qu’il vous doint bonne vie amp;longue.Efcri-tes à la faulfe amp; traiftre ville de Mons, le fixiefhie iour de luing, lacqueline denbsp;Quienebourg. Par la teneur de ceftes appert que moult cremoit ladiéleDn-çhefTe à aller en Flandres.

Item apres que les députez de la ville de Mons en Hainault, furent retournez deuersles Ducs de Bourgogne amp; de Brabant en leur ville:amp; queplufieurs chofès eurent fur ce efté traitées à grand defplaifànce de leur damelaCom-tefle de Hainault doüagiere,amp; la DuchefTe laqueline fa fille:ncantmoins le tre-fiefmeiour de luing de ceft an,l^ide laqueline non pouant à ce cotraél, fc départit de la ville de Mons en la copaignie du Prince d’Orége amp; autres feigncinsnbsp;acecommisdeparleDucdeBourgongne,quilaconduirentamp; menerentàlanbsp;ville de Gand:amp; fè logea en l’hoftel dudit Duc, où elle fut adminiftrée honno-rablemenc

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D'ENGJ^EKK. DE MONSTRELET. CHARLES EU.

'ablcméc (elon (on cflat.Et le Duc lean de Brabant fon mary eut le gouuerne-mêr,comme dit cft,de tout le deflufdit pays de Hainault. Et lors feit on départir dudit pays toutes gens de guerre. Et fut faiôle abolitio de toutes befongnes par auant paffées. Ainb amp; par celle maniéré quedelTus eft declairée,liurerent Ôcnbsp;rôtraignirent ceux de la ville de Mons en Hainault leur dame amp; vraye beritie-rCjOutre fon gré en la main du Duc de Bourgongne: nonobftant que par auantnbsp;auoientiuré amp; promis au Duc de Cloceftre delà garder, amp;dcffcndrc contrenbsp;tous ceux qui nuire ou greuer la voudroient.

Comment le Duc de Bethfort nbsp;nbsp;le Duc de Bourgongne^fe trouueret enfemble en la 'ville

de Dourlens nbsp;nbsp;autres matières fuiuans.

A vigilie de fainôl Pierre amp; de fainéfPaul, arriualeDuc de Bethfort Regent auecques fa femme en la ville de Corbie, accompaigné dehuiélcenscheuaucheurs oucnuiron. Et eftoient auecques luynbsp;l’Euefque de Theroüenne Chancellier de France,pour le Roy Hen-



fy leprefident en Parlement amp; moult d’autres nobles hommes, comme gens de confeil, qui tous eftoiêt enlemble auecques ledit Duc de Bethfort qui le di-foitRcgent,amp; de là vindrent à Dourlens le fécond iour cnfuiuant:auquel lieu,nbsp;alla pour veoir iceluy Regent amp; fa lœur,le Duc de Bourgongne.Et feirct iceuxnbsp;Princes grâd reuerence amp; ioyeufe chiere l’vn à l’autre: amp; par elpecial ledit Ducnbsp;de Bourgogne â fa fœur la Duché fie. Et briefapres fen alla ledit Duc de Bourgongne loger à Luchan,où cftoit le Comte de fainôl Pol fon coufin germain.nbsp;Et lendemain enuiron quatre heures apres midy, retourna auecques luy leditnbsp;Comte de S. Pol en la ville de Dourlens:amp; mena ladiéte Duchefle fa fœur, amp;:nbsp;toutes leurs gens loger en Ibn chal^l à Heldin : auquel lieu ils furent de par ledit Duc receuz amp; feftoyez moult noblemét. Et la demeurèrent par l’elpace denbsp;Ex iours faifant grand ioye amp; grand helfe les vns auecques les autres,(en boire,nbsp;en mangiers, chalferies, dances amp; autres elbattemens de plufieurs amp; diuerfesnbsp;tnanieres. Apres lefquels fix iours fc départie ledit Reget,fa femme la Duchef-fc amp; toutes leurs gens. Et allèrent dudit lieu de Hefdin à Abbeuille, où ils fe-tournerent aucune elpace:amp;de là parle Crotoy où elloit lors le Duc d’Alen-Çon prifonnier,lequel fut dudit Regent araifonné en luy enhortant, qu’il vouEnbsp;Eftfairelèrmentamp; fidelité au Roy Henry del’Enclallre: Ôcparainfiil feroitnbsp;rnis hors de prifon amp; de feruage,amp; luy feroient rendues toutes lès terres amp; fei-gneuries: dilant ledit Regent en outre, que fi ce ne vouloir faire il demon rroitnbsp;en trefgrâd dangier tous les iours de là vie. A quoy ledit Duc d’Alêçon feit ref-ponce qu’il eftoit ferme en fon propos,de non en toute là vie faire lèrment cotte fon Ibuuerain amp; droiélurier feigneur Charles Roy de France. Laqlle relpo-ccoüyepar ledit Duc de Bethfort,le feit tatofi: apres oller de deuantluy amp;re-tnener en prifon, amp; apres par le pays de Caux fen alla à Paris. Et audit lieu denbsp;Hefdin elloient lean Ballard de S. Pol amp; Andrieu de Humiers : lefquels por-toient chacun fur fon bras dextre vne rodelle dargent, où il y auoit painél vnenbsp;raye de foleil.Et l’auoient entreprins, pource qu’ils vouloient foullenir contrenbsp;tous Anglois amp; autres leurs alliez,que le Duc lean de Brabant auoit meilleurenbsp;querelle de demander amp; auoir les pays amp; feigneuries de la Duchelfe laquelinenbsp;E

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V

I^i.CCCCXXK nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLV2dE II. DES CHKONlS^rES

de Bauiere G femme, que n’auoit Ie Duc de Cloceflre ; Lefquellcs rondeiles Ic Duc deBethfort leur voulut faire öfter par aucuns de fes ges: pource qu’on luynbsp;auoit donné à entendre,qu’ils les portoient fur autre querelle pour vouloir co-battre contre fefdits Angloiszmais à la fin fut aflez cotent d’eux, amp; ne fut fur cenbsp;procédé plus auant. Item apres que le Duc de Cloceftrc fut retourné du paysnbsp;de Hainault en Angleterre,vn iour en la ville de Londres en la prefence du ieu-ne Roy Henry amp; de fon confeil,luy fut remonftré par ledit confeil l’irapeditionbsp;qu’il auoit faiéle en la Côté de Hainault,en maniere qu’il auoit tenu le contendnbsp;contre le Duc de Bourgongne, le plus puiflant Prince du fang Royal de Fran-ce,en le blafmant de ce tresFort: amp; difant que par telle maniéré tenir pourroiécnbsp;refFroidir amp; adnuller les alliances, qu’auoit fait ledit Duc auecques eux : amp; pntnbsp;confequêt fe pourroit perdre la côquefte que fur ce auoient en France. Et mef-mement fut dit audit Duc de Cloceftre,que pour cefte befongne n’auroit pointnbsp;ayde de gens ne d’argent du Roy fon nepueu, dont il fut grandement mal con-tent:mais pour le prefent il n’en pouoit auoir autre chofe.

* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Comment le Souldamnbsp;nbsp;nbsp;les Sarrasins delihererent daller conqtterre tout le Royaume

de Chi^pre.

i^^Tem apres queles Sarrazinsfdontdeftus eftfai(ftmention)furcntfc-tournez du Royaume de Chippre en Suric, ils allerer deuers le Soul-

tournez au royaume ae lt;gt;nippre en dunc, iis aiieret deuers le doui-dam.Et en figne de viétoire portèrent la tefte amp; les eiperons du che-nnlipr nn’ilçnimipnrnrriçfiirvnplnnrp Fr rrinipnr pn knnlr nnr fOll-

¦ W ualier,qu’ils auoient occis fur vne lance.Et crioient en hault par toute la ville du Kaire, quec’eftoitla tefte du frere du Roy de Chippre nomiK^ Henry, Prince de Gallilée,dont ils mentoiept. Neantmoins pour cefte victoire tous les complices du Souldam amp; luy montèrent en tel orgueil, qu’ilnbsp;libérèrent du tout de faire fi grande armée, qu’ils deftruiroient tout le Royaume de Chippre. Or eft vérité qu’en la ville de Damas,eftoit vn Sarrazin grand,nbsp;riche amp; puiftant, lequel par toute la Suric eftoit tenu amp; réputé eftre fàinéinbsp;homme. Et l’auoit le Souldam en reuerence: amp; d’autre part eftoit bon amp; cordial amy du Roy de Chippre. Et quand il vint â fa cognoiftance de la deftru-dion qu’auoient fait en Chippre les fix gallées deftufdiaes, il alla au Kaire dc'nbsp;uant le Souldam, amp; le reprint amp; blafma de ce qu’il auoit commencé la guerre:nbsp;amp; tant feit que le Souldam fut moult repentant de ce qu’il auoit fait, amp; accorda qu’vn bon accord y fut traidé. Pour lequel faire amp; attraire, fe chargea cenbsp;fàind home Sarrazin d’enuoyer fon fils deuers le Roy deChippre,pour traiéîefnbsp;ladilt;ftepaix:amp; de fait luy enuoyazmais quad il fut venu au pays,le Royde Chipnbsp;pre n’eut point côfeil de parler â luy de fà perfonne. Ains pour oüir ce qu’il de-mandoit y enuoya fes ambafladeurs : aufquels en côclufion l’ambaffadeurdef-fufdir,ne vouloir dire nulle chofe de fon ambaftade:amp; feit refpôce abfolüc q fdnbsp;pouoit parler au Roy la paix fe feroit à l’hôneur de luy amp; de fon Royaumc.Lesnbsp;cômis de par le Roy de Chippre*Iuy remonftrerér, comment le Souldam auoitnbsp;fait vne folle entreprinfe de commencer la guerre : pource qu’il auroit à faire anbsp;toute Chreftienté:amp; adonc refpÔdit iceluy ambaftaaeur,quc le Souldam eftoitnbsp;bien informé du gouucrnemêt des Chreftiens:amp; que le Roy de Frace qui pournbsp;le

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D'ENGTERR. J)E MOblSTKELET. CHARLES HL zc temps pafle auoit toufiours efté le plus mortel ennemy dormoit pour le pre-

amp; que pour néant les doubtoit le Souldara. Apres Icfquelles parolles fen Retourna ledit ambafladeur à Damas deuersfonpere, amp; luy recita la maniérénbsp;t^otnnient le Roy de Chippre ne l’auoit voulu ouïr. Pourquoy ledit fàinôl ho-tne futtrefmal-content amp; demoura ennemy mortel du Roy de Chippre.Et depuis ce iour continuellement conforta le Souldam, en luy enhortantde Eurenbsp;cruelle amp; forte guerre au Roy de Chippre. Dilànt en outre qu’il n’euft nullenbsp;doubte amp; qu’il demoureroit victorieux contre tous fes ennemis.

Comment le Duc àe Bourgongnefeit grandes preparations pour combattre le Duc de Clo~ ceßre autres matières.

N ce mefmes têps le Duc de Bourgongne feit grandes preparations, armeures pour fbn corps corne en paremêsamp; harnois de che-Snbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fourny à la iournée prinfe par luy contre ledit

Duc de Cloceftre.Et feit forger la plus grand partie defdiCles armeures au chaftel de Hefdin.Et auec ce fexercita en toute diligence de fa perfonne tant en abftinence de là bouche, corne en prenant peine pour luy mettre en al-laine.Et pour vray il eftoit moult délirât que le iour veint, qu’il peull venir cotre fon ennemy amp; fournir ledit champ : iaçoit-ce que fon beau frère le Duc denbsp;Êethfort amp; fon confeil fulTent moult deGràs,que bon traiClé fy trouuaft.Et pareillement fe prépara en Angleterre ledit Duc de Cloceftre. En ce temps par lenbsp;cômandement du Duc de Bethfortjalfiegea le Comte de Salfebery le chaftel denbsp;Kambouillet, quetenoientles gens du Roy Charlesdefquels couroientfouuêtnbsp;rufques bien pres de Paris, en faifant moult de trauail au peuple : toutesfois ennbsp;conclufion ils rendirent à iceluy Comte de Salfebery ladiCte fortereffe en emportant tous leurs biens. Enuiron laS.IeanBaptiftefe refmeurent l’vn contrenbsp;autre ceux de Tournay, amp;leuerentlescômunes gens plufieurs bannières ennbsp;leurs frâchifes:amp; fi rendirent la ville, pour regner amp; gouueroer auec eux com-hnbsp;me autresfois auoient fait à vn nommé PalTecarte, amp; à vn autre nommé Blarienbsp;auec aucunes gens de petit eftat,qui pour leurs demerites eftoient bannis de ladite ville,amp; furent remis dedans à bannière delployée amp; en armes,en trelgradnbsp;nombre outre le gré amp; cohfentement des gros bourgeois amp; gouuerneurs d’icelle cité:amp;mefmement par lefdiéles communes en furent aucuns emprifon-ne2,amp; en trefgrand dangier de leurs vies:mais neantmoins apres ils fe rappailè-rent. En ceft an requift le Souldam de Babylonne ayde au Roy de Thunes ennbsp;Barbarie,pour mener guerre au Roy de Chippre,lequel luy fut accorde.Et lorsnbsp;manda par toutes fes feigneuries tous les nauires amp;: vaifteaux d’armes, qui y e-ftoient: lefquels il alTembla trefgrand nombre les feit trefbien garnir de vi-ures amp; de gens. Et apres foubs la conduiéle de fes Admiraulx amp; autres capitaines, les enuoyadefeendre au Royaume de Chippre par deuers Famagofè;nbsp;amp;lors commencèrent à entrer au paysamp; tenir les champs à grand puifrance,ennbsp;faifant maulx irreparables. Et pour ce temps le Roy de Chippre eftoit ttefdu-rement aggraué de maladie : Pourquoy il ordonna fon frere qui eftoit Princenbsp;de Galilée chief, amp; capitaine general de fon arméedequel Prince aflembla tou-telapuiflànced’iceluy Royaume de chippre; amp;fc retrahit par deuers lelieu,nbsp;E ij

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M.CCCCXXK nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yoLyXlE II. DBS CHRONIQUES

ou efloient iceux Sarrazins pour les combattre amp; rebouter : Icfquels fçachao.

(a venue fe retrahirent deuers leurs nauires: mais il les pourfuiuit. Et quand il fut d’eux approché pour les combattre,trouua que les deux parts de fes nauiresnbsp;1 auoient laiiré:amp; par ainfi fut contrainôl de retourner à Nicofie, amp; leldits Sar-““nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;““nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;—nbsp;nbsp;nbsp;••Z'I

razins rentrèrent audit pays en perfèuerant de mal en pis, amp; treftout ledefole-.


eftoit vaillant homme,amp; feftoit moult vigoureufemêtdelfendu.Lequel Soul-dam l’admonnefta grandement de regnier la loy de lefus Chrift,amp; luy protneit de le faire grand feigneur : mais oncqucs il n’y voulut entcndre,ainçois à la pre-

iceluy Souldam blafmoit moult fort la loy des Sarrazins:pourquoy le-

dit Souldam de ce moult indigné, le feit fier par le meillieu du corps, amp; mettre à mort cruelle. Et depuis fut certiffié par plufieurs perlbnnes dignes de foy,qu®nbsp;fur le lieu où il auoit efté enterré,auoit on veu vne couronne de feu defeendantnbsp;du ciel en terre, amp; repofer fiir le lieu delTufdit.

Item apres que le Comte de Salfebery eut conquis la forterefle de Ram-' bouilet, comme dit eft delTus, il alla mettre le fiege entour la ville du Mans S. Iulian J où il fut certaine efpace de temps combattans ceux qui dedans eftoieotnbsp;de toutes parts à force de les engins: amp; tant que les habirans d’icelle ville amp; citenbsp;' non elperans auoir lècours, commencèrent à traider auec ledit Comte de Sal-

Ec mefraement pour ledit traidé auoir, allèrent par deuers luy l’Eucf-


uoientjou cas qu’àce iourn’auroicntfecours du Roy Charles oudelèscom-mis:amp;ccux quivouldroicnt faire ferment amp; detnoureren l’obeiïTance du Ro/ Henry, auroient franchement tous leurs biens : amp; furce baillèrent bons hofta-ges d’entretenir ledit traidé:mais pourtant qu’au iourdeflufdit ne furent recourus, rendirent ladide ville en la main du Comte de Salfebery, lequel la garnienbsp;tresfort de lès gens:amp; puis retourna à Rouen par deuers le Duc de Bethfort.

Comment la Dttchejje laqueline de Bauiere fi partit^ nbsp;nbsp;embU d£ la viUe de Gaftdjamp;

fien alla an pais de Hollande.

H Pres que la DuchelTe laqueline de Bauierc cftant en la ville de Gand, comme dit eft, eut efté certaine elpace de temps non contente de cenbsp;que ainfi elloit detenue outre là voulenté, vn iour regarda, amp; adui-là enuiron l’entrée du mois de Septembre comment elle le pourroitnbsp;de là partir: Et en la fin tandis que lès gens lôuppoicnt, elle veftue en habit denbsp;homme,amp;vne femme pareillement habilléeamp;lt;leux hommesauecelles,lenbsp;départit de ladide ville de Gand à cheual, amp; cheiiaucha bien en halle iulques a

Anuers,

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D'ENGTEKK. DE nbsp;ON ST KE LET. CHARLES TIL

Anuersjou die reprinthabit de femme, amp;: fur vn char fen alia à Breda: amp; depuis ala Garide où elle fut obeye amp; receuë honnorablement comme Dame . Et a-donc ordonna le (èigneiir de Montfort fon principal gouuerneur,amp; manda plunbsp;fleurs nobles barons du pays de Hollande pourauoir confcil aueceuxùirfesnbsp;affaires. Ce lors aflez b rief enfuiuantvintà la cognoiffance du Duc de Bour-gongne, dont il fut grandement troublé : amp; pourtant liaftiuemcnt manda gensnbsp;de toutes parts, amp; affembla amp; feit aflembler nauires pour icelle pourfuiuir ennbsp;Hollande, amp; mefmement y alla en perfonne. Et luy venu audit pays fut receunbsp;deplufieurs bonnesvillesd’iceluy pays,comme Herlan Dourdrcch,Roótre-dameamp; aucunes autres. Et adonc commença la guerre entre ledit Duc denbsp;Bourgongncd’vnepart, amp;la Ducheffe laquelinede Bauiere fa coufine germaine d’autre.

Comment le Duc de Beth fort meit tus le champ des Ducs de Bourgongne de Cloce-flre^ autres matteres.

N ce mefme temps le Duc de Bethfort qui fe difoit Regent de Fran-ce,feit affembler en la ville de Paris plufieurs nobles hommes dudit Royaume de France, auec aucuns (âges des trois eftats. Et les am-bafladeurs d’Angleterre, pour enfemble auoir fècours amp; deliberation , fur la iournée amp; champ de bataille entreprins entre le Duc de Bourgon-gne amp; de Cloceftre. Toutesfois apres ce que la querelle eut par plufieurs iour-nées efté vifitée amp; débattue en confeil, fut conclud toutes chofes veuës amp; con-fiderées, qu’il n’y auoit point de iuftecaufè entre eux d’appeller l’vn l’autre ennbsp;champ. Et pourtant fut ordonné que celle iournée feroit mife de tout à néant,nbsp;amp; qu’ils neferoient d’amendife l’vn à l’autre. Et eftoient lors à Paris, au confeilnbsp;dcffufdit de par le Duc de Bourgongoe,rEuefque de Tournay,amp;de par le Ducnbsp;de Cloceftre l’Euefque de Londres,amp;aucc eux de chacune partie aucun de leurnbsp;confeil. Le dixfeptiefme iour du mois de Septembre en ceft an,furent en la cité d’Autun faiéfes lesnopces folemnellement de Charles de Bourbon Comtenbsp;de Clermont, fils amp; heritier du Duc de Bourbon prifonnier en Angleterre, amp;nbsp;d’Agnes feurau Duc de Bourgongne :aufquelles nopces fut la Duchefle denbsp;Bourgongne feur au Duc de Bourbon : apres laquelle fefte paflée, amp; que icellenbsp;Ducheffe de Bourgongne fut retournée en Dijon trefpafla de ce ficelé, amp; futnbsp;enterrée en l’Eglifc des Chartreux au dehors de ladite ville de Dijon en grandnbsp;trifteffe amp; gemiffemens des Bourgongnons, qui moult l’aimoient : car elle e-ftoit dame prudente tant enuers Dieu, comme enuers le monde.nbsp;nbsp;En l’an def-

fufdit furent enuoyez de Paris à Rome, deuers noftrefàinël Perele Pape de la partie des deux Royaumes de France amp; d’Angleterre certains ambafladeurs ;nbsp;ceft àfçauoir pour le Royaume de France l’Abbé d’Orcamp Dodeur en Theonbsp;logic, amp; deux Cheualiers. Et pour le Royaume d’Angleterre l’Abbé de Beau-lieu, auecques deux cheualiers pour fbmmer audit Pape, comment on auoitnbsp;fommé au dernier Concile general fait à Co^ftanccs, affin qu’il conuocaft amp;:nbsp;affemblaft Concile pour parfaireôc accomplir les chofès qui n’auoient efté parfaites audit dernier Concile, en luy notifiant qu’il eftoit trop prolongué, quenbsp;c eftoit contre l’vtilité de la ûinte Eglife vniuerfelle. En ceft an y eut grandnbsp;E iij

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M. CCCCXXK

rOLPME II. DES CHD.ONIDEES

difcord en Angleterre entre Ie Dncde Cloceftre d’vne part, amp; Ie Cardinal de Vinceftre fon oncle d’autre part. Et fut la caufc du difcord, pource c]ue iceluynbsp;Duc de Cloceftre vouloir auoir le gouuernementduieune Roy Henry fonnbsp;nepueu: lequel auoit eflé baillé en garde par Henry Roy d’Angleterre fon perenbsp;audit Cardinal : neantmoins par la force amp; puifl'ance dudit DucdeCloceitre,nbsp;conuint que ledit Cardinal fon oncle fe retrahift dedans la grofle tour de Lon-dres:amp; y fut par fixiours qu’il n’ofoit iffir, amp; fi furent occis huicloudixdefcsnbsp;gens: mais en la fin la paix fe feit, amp; furent les trois eftatsdu pays aflcmbleznbsp;pour fur ce auoir pourueance.En la prefence defquels fut par plufieurs fois pornbsp;té le ieune Roy Henry,amp; feit en fiege Royal. Et entre les autres chofes, feit vnnbsp;Duc du Comte Marefchal, amp; dura ceftuy parlement par treflongue cfpace denbsp;temps : efqucls furent délibérées plufieurs grandes befongnes fur les affairesnbsp;dudit iéune Roy, amp; des Royaumes : c’eft à fçauoir de France amp; d’Angleterre.nbsp;Enuiron le mois de Décembre fe départit le Duc de Betlifort amp; la Ducheffe fanbsp;femme aucc luy, atout cinq cens combattans ou enuiron de Parisamp;vintanbsp;Amiens, où il fut par aucuns iours.Durant lefquels eftoient fur les champs aucuns faquemens iufques à mille cheuauxzdefqucls eftoit le chief amp; conduéteurnbsp;vn nomé Saunage de Fermanuille, lequel n’eftoit point aimé du delTufdit Duc.nbsp;Et pourtant ledit Sauuage qui eftoit logé à Efelufiers vers Peronne,fçachant lenbsp;departement d’iceluy Duc allant d’Amiens à Dourlens petitement accompagné, efperant iceluy fbubdaineraent cnuahirôc ruer ius,fè départit à tout fesnbsp;gens de ladide ville d’efelufiers : amp; de là bien en hafte cheuaucha à Beauquefinbsp;ne, amp; là le logea : mais ledit Duc par auant eftoit pafte amp; logé à Dourlens, amp;nbsp;de là à làinél Pol, amp; par Theroüanne fen alla à Calais, ôc de là en Angleterrenbsp;pour blafiner amp; corriger fon frere Honfroy Duc de Cloceftre, des entreprin-îes qu’il auoit faiéles contre le Duc de Bourgongne.Pour laquelle pourfuitenbsp;enuahie deffufdiélc, ledit Sauuages de Fermanuille fut en la trefgrandeindignanbsp;tion dudit Duc de Bethfort,quandil vintà fa cognoiftance ce qu’il auoit faitnbsp;contre luy :amp; tant qu’en fin tant pour ce comme pour autres démérites, ilnbsp;fut vaillamment puny comme cy apres orrez plus plainement declairer.

Comment le feigneur de Stlnaüer -vint aude Hollande en l'ayde de la Duebefje D-^uelinedeBauiere.

N ces iours le Duc de Bourgongne eftant au pays de Hollande,me-'nant forte guerre à la DuchefTe laquelinede Bauiere fàcoufine:5^ à ceux tenant fon party, arriuerent allez pres de Serixée au pays denbsp;^'^'‘^Zelande enuiron cinq cens Anglois gens d’eftite : defquels eftoit capitaine le leigneur de Siluatier,foy dilànt lieutenant du Duc de Cloceftre esnbsp;pays de Hollande amp; de Zelande : lelquels Anglois allèrent deuers la Duchelfcnbsp;laqueline pour luy ayder à maintenir là guerre. Et lors le Duc de Bourgongnenbsp;qui eftoit à le Leyde en Hollande oyant les nouuelles d’iceux Anglois, fe paruenbsp;de là à tout quatre mille combaftans qu’il auoit de plufieurs de les pays: amp; allanbsp;à Rotredamc,où il fe meit en l’eaue en intention de trouuer iceux Anglois pournbsp;les combattre . Et iceux attendans y eut aucuns des gens du Duc de Bourgongne,qui rencontrèrent partie des delTufdits Anglois,lï les delconfirenr, prindretnbsp;amp; occirent.

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DE MONSTKELET CHARLES Eli.

occirenr. Apres ledit Duc de Bourgongne fçachant que fes ennemis Hollan-dois amp; Zelandois amp; Anglois, eftoient de deux à trois mille combattans armez îiuportdeBranuers en vne aduene,où eftoient lefdits ennemis amp; fen vintillec.nbsp;Si furent toft amp; viélorieufement par ledit Duc de Bourgongne amp; les liens af-ûiliis, combattus amp; en brief defeonfits.Et demourerent morts fur la place tantnbsp;Hollandois, Zelandois comme Anglois enuiron de fcpt à huiôl cens combat-tans.Et les autres fe meirent à fuir en grand defroy,amp; furent chaflez iufques à lanbsp;nier où il fen fàuua grand partie dedans leurs vaifteaux. Entre lefquels fe fàuue-rent ledit feigneur de Siluatier capitaine defdits Anglois amp; le feigneur de Han-tredée. Et de la partie du Duc de Bourgongne,furent morts fur la place des gêsnbsp;denom,meflire Andrieude Valines tant feulement, amp; Robert de Brimeufutnbsp;rapporté de la place blcfle, amp; en fin mourut de ladiélc blelfeure. Apres laquellenbsp;viâoire ledit Duc de Bourgongne r’aflcmbla fès gens, amp; regracia humblemêtnbsp;fon Créateur de fil bonne aduenture. Et brief enfuiuant laifla en plufieurs villesnbsp;211 pays, lefquelles eftoient à luy obeïftans garnifon de fès gens : ôê puis fen re-rourna à fon pays de Flandres pour de rechief faire aflemblée de gens,pour menbsp;ner guerre audit pays de Hollande :c’eft à fçauoir àceuxtenans le party de lanbsp;DtichelTelaqueline. Item apres que ledit Duc de Bourgongne fut retournénbsp;des pays de Hollande amp; de Zelande, amp; qu’il eut laifle fes garnifons audit pays:nbsp;ladiôte Duebefte laqueline de Bauiere aflembla trelgrand nombre de gens d’ar-ïnes,amp; les mena deuant Herlam : laquelle ville elleafliegea trelpuiftammentnbsp;routàl’enuiron : amp; eftoit dedans de par le Duc de Bourgongne le Damoifeaunbsp;Yfiimbergue,amp; meftire Rolland ce Hultquerre cheualier auec certain nombrenbsp;de combattans.Durant lequel fiege meftire lean de Hultquerre fils dudit meftire Rolland,aftembla de fept à huiél cens combattans tant nobles comme com-munaulté du pays de Flandres: lefquels il emmena Iiaftiuemêt au pays de Hollande,en intention de fecourir fon pere, mais fa venue fut fceüe par la deffufdi-

Duebefte: laquelle enuoya de fes gens au deuant d’eux ôe les trouuerent en vn defroy vers la mer : fi les combattirent amp; defeonfirent ou la plus grand partie finon aucuns,qui fè fauuerent auecques ledit meftire lean de Hultquerre:denbsp;laquelle befongne fut moult ioyeufela Duebefte laqueline. Et feit mettre ànbsp;mort cruelle ceux qui auoientefté prins prifonniers.Etaprespourdoubtedelanbsp;Venue du Duc de Bourgongne qui faifoitvne grande aflemblée de gens en fèsnbsp;pays de Flandres amp; d’Artbois,leua fon fiege deuant Herlam. En cell an lenbsp;Comte de Salfcbery afliegea la fortereffe de Moyennes en Cbampaigne:laquelnbsp;le eftoit forte oultre mefurc amp; fi bien garnie de gens amp; babillemens de guerre,nbsp;quec’eftoit merueilles.Lequel fiege durant y eut plufieurs grandes amp; fortes eßnbsp;carmouebes entre les parties,tant d’vn cofté commed’autre.Entre lefquelles ennbsp;y eut vne,où fut mis à mort Valerien de Bernonuille frere de meftire Lyonnelnbsp;de Bernonuille d’vne Iance,qui luy trauerfa oultre le corps.Toutesfois nonob-ftant la grande refiftence que feirent lesaftiegez parlongiie continuation, furent contraints d’eux rendre amp; en fin fe départirent à tout leurs biens, amp; ladiélenbsp;fortereffe fut démolie amp; abbatue. Item le Duc de Bourgongne eftant en fonnbsp;pays de Flandi es,eut plufieurs parlemens auecques le Duc'de Brabant fon cou-fin amp; ceux de fon confeil fur les affaires de Hollande. Et entretemps affembla

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M.CCCCXXn. VOLyXlE il J)ES CHRONlQ^yES

gens de plufieurs lieux, amp; vint deuers luy grande cheualeric de Bourgongne : defquels eftoit chief ie Prince d’Orenge, à tout lefquels amp; foiion de Picards amp;nbsp;Flamens vers la my Karefme, retourna en Hollande. Et commença de rechiefnbsp;à mener forte guerre à la DuchelTe laqueline de Bauiere amp; fes bienvueillans.Etnbsp;briefuement fe rendirent à luy plufieurs bonnes villes d’iceluy pays de Hollande. En ce mefrae temps falTerablerenties gens delà DuchelTe laqueline denbsp;trois à quatre mille côbattans, amp; allèrent deuant la ville de Homes fur les marches de Frife,pour icelle enuahir amp; prendre : dedans laquelle eftoit en garnifonnbsp;le feigneur de Tlfle Adam, le baftard de fainól Pol à tout cinq cens combattansnbsp;ou cnuiron,qui en moult grand hardiefte iftirent contre leurs aduerfairesamp; ennemis,amp; fe ferirent en eux de moult fort amp; grand courage : amp; en fin amp; conclu-fion les vainquirent amp; meirent en fuite,amp; en demoura fur la place de morts en-uiron quatre cens fans les naurez, dont il y en eut grand nombre: amp; de la partienbsp;du Duc de Bourgongne furent morts le baftard de Viefuille,amp; enuiron dix ar-chiers pour laquelle defeonfiture grad partie du pays de Hollande fe rendit aunbsp;Duc de Bourgongne.Durant toutes ces tribulations au pays de Hollande,y eutnbsp;plufieurs rencontres amp; grandes efcarmouches par pluneurs fois entre les parties, qui trop longues fèroient à racompter chacune à par foy. Neantmoins lanbsp;plus grande partie d’iceux rencontrez, eftoient à la cofufion des gens de ladiâcnbsp;Duenefle laqueline de Bauiere. Et eftoit la caufe, pource que les gens du Ducnbsp;de Bourgongne eftoient tous excrcitez amp; excitez en armes, amp; faits de guerre.nbsp;Et aucc ceauoient grand foifon de traiôl, duquel les Hollandois n’eftoientnbsp;point accouftumez.

T)cl'an mille cccc.ü^ xxvj.

Comment le Duc de Bourgongne retourna en Hollande aßiegea la 'ville de Zeneti-berche: lac^uelle fe rendit à luy amp; autres matières.

V commencement de ceft an le Duc de Bourgongne aflembla tref-grand nombre de gens d’armes de (es pays de Flandres, d’Arthois 6c de Bourgongne : lefquels apres qu’il eut preparé fon armée,il lanbsp;mena en Hollande deuant vne forte ville nommée Zeneuberche,

quiauecques le feigneur d’icelle tenoient le party de la DuchelTe laqueline de Bauiere,amp; fàifoit forte guerre par terre amp; par mer a tous ceux qui auoient fairnbsp;obeïflance audit Duc de Bourgongne: mais en brief ladiéTe ville fut tresfortnbsp;enuironnée, afTiegéc ôc combattue par iceluy Duc de Bourgongne amp; fes gens.nbsp;Et d’autre part les alTiegez qui auecques ledit feigneur eftoient en trefgrandnbsp;nombre, fe tindrent amp; deftendirent tres vaillammenf.mais apres que ledit Dücnbsp;de Bourgongne eut par long temps continué (on (iege,ledit feigneur de Zeneii-berche feit traiélé auecques luy par tel (î, qu’il luy deliureroit la ville amp; forte-re(Te auec la feigneurie amp; fubieéts d’icelle.Et aucc ce rendit (a perfonne amp; tousnbsp;les gentils-hommes qui eftoient auecques luy en la voulcnté dudit Duc, fau-ues leurs vies, promettans de teffir pri(bn honnefte par tout où il leur feroit ordonné. Item furent deliurez és mains dudit Duc de Bourgongne tous les ha-billcmens de guerre eftans dedans lefdiéles ville amp; chafteau,auec toutes les na-uires,amp; quand aux (buldoyers eftranges qui eftoient dedans, eurent congé ennbsp;faifant

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LEHGEERR. DÉ TAONSTRELET CHARLES Éll. z6 Êiifànt ferment que iaraais ne feroient guerre,en nuis des pays du Duc de Bournbsp;gnngne. Item furent deliurez franchement tous les priÉonniers, qui eftoientnbsp;du party du Duc.Entre lefquels eftoit le leigneur de Moyencourt, le Damoy-lèl Derde amp; autres. Item tous les bourgeois amp; habitans de la ville feirent ferment audit Duc ou fes commis, amp; par ainfi demourerent paifibles en payantnbsp;certaine fomme de deniers,Et fut ledit (eigneur de Zeneuberche defueftu de fanbsp;ville,amp; de les biens : amp; auec ce fut amené à l’Ifle en Flandres, amp; ledit Duc garnit lefdides ville amp; forterdfe de lès gens. Et apres ce leua fon liege amp; retournanbsp;auec les fiens en Flandres amp; en Arthois:mais en faifant lefdits voyages moururent depidiraie le feigneurde Fdymbercourtamp;melïireManfroy defaind Legier, auec aucuns autres. En iceluy an apres que le Duc de Bethfort eut feiour-néen Angleterre par l’efpacc de fept à huid mois auec fa femme amp; trois millenbsp;coinbattans, fen alla à Calais amp; de là à Paris, où il fut certaine efpace de tempsnbsp;pour ordonner des affaires de France. Et apres alla à l’Ifle, auquel lieu vint de-uers lu y le Duc de Bourgongne qu’il receut ioyeufèment luy amp; là femme. Et lànbsp;curent plufieurs confeils enlèmble pour appailcr le dilcord, qui eftoit entre lenbsp;Duc de Cloceftre amp; ledit Duc de Bourgongne: mais pour neanty befongne-rent. Et pourtant ledit Duc de Bethfort fen retourna à Paris. En ce temps lenbsp;DucdeCloceftrefeit grand mandement en Angleterre apres le departementnbsp;du Duc de Bethfort fon frere, en intention de venir en Hollande pour fecourirnbsp;îû Diicheflè laqueline qu’il difoit fa femme.Et feftoit allié auec le Duc de Clo-ceftrecontre le Duc de Bourgongne,le Comte de Salfebery amp; plufieurs autresnbsp;Seigneurs d’Angleterre. Ledit Duc de Bethfort fçaehant cefteentreprinfe, en-Uoyahaftiuementfes ambaffadeurs en Angleterre deuers fon frere le Duc denbsp;Cloceftre:lefquels ambaffadeurs traiélerent tant auec luy qu’il fe déporta de fà-diéle emprinfe, en impétrant trefues entre les parties iufques à certaine efpacenbsp;de temps, efperant de les mettre d’accord :amp; feirent cefte ambaffade l’Abbenbsp;d’Orcamp amp; maiftre lean le Duc.

Comment les Sarra-^ns retournèrent en Chippre, nbsp;nbsp;eurent bataille aux Chippriens : en

laquelle bataille le Roy fut prins nbsp;nbsp;mené au Souldam.

N ce temps arriuerent deuers le Roy de Chippre plufieurs Cheua-' liers, amp; efcuyers de diuers pays : lefquels par auant auoient mandé pour refifter à l’armée des Sarrazins que chacun iour il attendoit. Etnbsp;auec ce il affembla de fon royaume ce qu’il peut auoir de gens'.au-lt;iuel il pourueut de viures,logisamp; argent au mieux qu’il peut chacun félon fon ,nbsp;cftat, amp; faculté. Et entre temps qu’il attendoit, comme dit eft,la venue des Sarrazins : fes gens qui eftoient de diuerfes nations,fefmeurent par la maniéré quenbsp;le Roy auoit affez affaire de mettre paix entre eux : amp; ne fçauoit comment ilnbsp;peuft ordonner capitaine qui à eux fut aggreable. Durant lefquelles diffentiosnbsp;Oüdiuifions les Sarrazins arriuerent audit roj^urac de Chippre en trcfgrandnbsp;^ïiultitude, amp; prindrentportà Lymefon amp;afïicgerent la tour,quieftoittref-Dien reparée amp; garnie de gens d’armes-.mais nonobftant elle fut prinfe par for-amp; le capitaine nommé Eftienne de Buyfenfe mort, auecques tous fes gens.nbsp;Êtadoneques le Roy de Chippre fçaehant les nouuelles de fes ennemis,affem-

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M.CCCCXXEI. rOLJ/XiE 11. DES CEIRC)NICH''ES

bla ceux de fon confeil, amp; leur demanda qu’il eu auoit à faire . Et la plus grand partie de ceux de (on pays luy feirent reiponce,qu’il fe tint en fà ville de Nicofienbsp;difant que mieux valoir pays gafté que perdu. Mais tous les eftrangiers furentnbsp;de contraire opinion, amp; luy confeillerent qu’il Ce meit aux champs,amp; qu’il co-battit trelbien amp; bardiement fes ennemis : lefquels deftruifoient ainfî fon paysnbsp;amp; meitoient à mort cruelle fon poure peuple. LeRoy ce voyant délibéra foynbsp;mettre aux champs le fécond iour enfuiuant, amp; quand le iour vint amp; qu’ilnbsp;montaàcheual, le premier pas que fbndeftrier feit,il fagenouilla iufqiiesanbsp;terre. Et le Prince de Gallilée fon frere en montant à cheual laiffa cheoir fonnbsp;efpéehorsde fon fourrel à terre, dont plufieurs eurent petite efperance qu’ilsnbsp;deuflent auoir vidoire. Et alla celuy iour le Roy loger à trois lieues pres de lanbsp;cité en vne place moult deleétable, nommée beau lieu. Et le (àmedy enfuiuantnbsp;dont c’eftoit le ieudy cheuaucha en belle ordonnance iufques à vne ville nommée Citotye. Et le dimenche enfuiuant fixiefraeiourde luillet apres que lenbsp;Roy eut ouy fes Mefles, il fc aflift à table. Et à celle heure que luy amp; tous ceuxnbsp;de fon oft difnoient, fut veu en plufieurs lieux grand fumée des feux que lesnbsp;Sarrazins boutoienr, ôc lors furent au Roy apportées certaines nouuelles qu’ilsnbsp;venoient contre luy. Et adoncle grand Commandeur de Chippre auecquesnbsp;plufieurs frétés de Rhodes de là religion, amp; aufli le ftigneur de Varemboulaisnbsp;Aimant amp; aucuns autres gentils-hommes de la nation de France, demandèrent congé d’aller defcouurir amp; veoir leurs ennemis. Lequel leur accordanbsp;moult enuis.Si allèrent fi auantqu’ils trouuerentles Sarrazins,aufquels iknbsp;eftarmoucherent amp; en occirent aucuns : mais en fin pour la trelgrande habon-dance d’iceux, ils ne peurent porter la charge : amp; en y eut de morts trente ounbsp;enuiron,amp; les autres fe retrahirent enuers le Roy au mieux que faire le peU;nbsp;rent, lequel Roy chcuauchoit grand erre pourtrouuer fes ennemis. Et auflinbsp;fans faire grand ordonnance, cheuaucha grand efpace amp; tant qu’il trouua lesnbsp;Sarrazins aftez pres d’vne ville qui fappelle Domy. Et eftoient au plus pres denbsp;luy fon frere Prince de Gallilée, le Conneftable de Elierufalem, deux Comtesnbsp;d’Allemaigne amp; toute la fleur de la cheualerie. Et adoneques le deflufdit Roynbsp;de Chippre aflaillit moult cheualereufementamp; foubdainementles Sarrazinsnbsp;les aduerfaires, tant que de plaine venue leur feit grand dommage. Maisnbsp;ainfi que fortune le voulut aduerfer le courfier du Roy cheut des quatre piedsnbsp;â terre, amp; Ce defclauerent les làngles de la felle, amp; apres qu’il fut remonté,nbsp;qu’il voulut faire faits d’armes, la felle retourna amp; le Roy cheut par terre, amp; knbsp;cheual fenfuit, amp; fut de neceflîté qu’il montaft fur vn petit cheual d’vn fien ef-cuyer,nommé Anthoine Kaire : car tous les petis fen eftoient fouiz de frayeurnbsp;a tout les grans courfiers. Pour laquelle aduenturc grand partie des Chippriensnbsp;cuiderent certainement que leur Roy fut mort, amp; demourerent tous efbahis.nbsp;Et pourceles Sarrazins qui ja tournoient en Surie,reprindrcnt couraige.Sinbsp;vint leur grofte bataille qui ch^gea fur la gent chreftienne fi puiflamment,qu ilnbsp;fut de neceflîté au Roy qu’il fè retrahift en la Chireotie, dont il eftoit party. Etnbsp;quand il vint aftez pres dudit lieu iceluy lieu eftoit ja enuironné des Sarrazinsgt;nbsp;tellement qu’il n’y peut entrer. Et adoneques fe meirent les Chreftiens en del-roy amp; commencèrent à fouir chacun, où ils peurent pour le mieux. Le Roy fenbsp;retrahit

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D'EN G y ERR. DE MONSTRELET CHARLES m. 30 fetrahic fur vue montaigne aiTcz aduantageufe : amp; toufiours eftoic au plus presnbsp;de liiy fon frere Prince de Gallilée,lequel luydit ainfi .Monfeigneur vousnbsp;voyez clerement que toutes voz gens vous abandonnent,amp; que vous ne poueznbsp;refifter contre voz ennemis, vueilJez fauuer voftre perfonne, amp; ayez compaf-fion de voftre Royaume. Se vous eftes prins, nous fommes tous perdus. Prenez aucuns de voz plus feables feruiteurs, fi vous retrayez en aucune feure place,amp; ie demourray cy auecques les bannières, iufques a ce que ie fentiray quenbsp;Vous ferez en lieu fcur,amp; puis feray pour le falut de ma perfonne ce que à Dieunbsp;plaira moy adminiftrer. Le Roy oyant ce le regarda moult douiccment amp;; luynbsp;refpondic : Beau frere ja Dieu ne plaifeque ie me parte, allez reconforter amp;:nbsp;r’affembler mes gens en eux admonneftant,quacebefoingfe veullentacqui-ter au feruice de leur fouuerain amp;: naturel feigneur. Le Prince de Gallilec y alla à telle heure, qu’il fut fi trefdurement rencontré de la gent Sarrazine, que a-pres qu’il eut fait tant de faits d’armes que vaillant Prince pouoit faire, il fut occis amp; là demeura en la place. D’autre part le Roy fut fi tresfort emprefle denbsp;fes ennemis, qu’il fe partit tout abandonné de fes gens, amp; defeendit de la montaigne, où il eftoit en vne petite valée. Et là fut tellement aflailly qu’il fut enferré en quatre lieux, fi qu’il fut abbatu de fon chcual à terre. Et la gent Sarrazinenbsp;non cognoiflànt que ce fut le Roy, de toutes parts commencèrent à ferir furnbsp;luy pour le mettre à mort, quand vn cheualierde Caftelongnedu party d’ice-luy Roy nommé rneflire GaflerantSauary ,fe coucha fur le Roy en criant ànbsp;hault'e voix en langage de Surien : c’eft le Roy, c’eft le Roy. Adoneques vn capitaine Sarrazin feit vn figne de fà main,auquel tous les-autres laifterent cheoirnbsp;leurs efpées àterre, amp; ledit capitaine rebouta la fienneau fourrel:amp; prefte-ment fenalla deuersle Roy: file print parja main en luy difant en langagenbsp;Grec, qu’il àuoit pieu à Dieu le deliurer en la main amp; puiffance du Souldam,nbsp;amp;luy dit: Vous viendrez pardeuers iuy,reconfortezvous;car pour certainnbsp;i’ay bonne efperance qu’il vous fera bonne compagnie, le deftufdit cheualiernbsp;Chaftclanfut prins auecques le Roy, amp; luy refpiterent la vie pource qu’il fe-ftoit fl vaillamment maintenu. Ainfi amp; par cefte maniéré fut le Roy de Chippie prins de la gent Sarrazine, qui luy meirent vne chaine au col. Et tantoft a-pres arriuerent les gens de pied, qui à toutes fins vouloient occire le Roy:maisnbsp;Dieu par fit doulce mifericordc l’en deliura : car il eftoit home charitable amp; denbsp;bone vie enuers Dieu. Et brief enfuiuât tous ceux de la partie du Roy de Chip-pre furent mis à defeonfiture, amp; le fàuuerent ceux qui fauuer fe peurent : amp; lanbsp;plus grand partie f en fouyrent par les montaignes, où ils peurent le mieux. Etnbsp;n en demoura de morts en la place que enuiron de feize à dixfept cens. Et afleznbsp;brief enfuiuant la gent Sarrazine menèrent le Roy de Chippre à Salines, où e-ftoit leur nauire : amp; là le meirent en bonne garde. Si furent en celle bataille de-Uant-diôte deux Comtes d’Alemaigne : c’eft à fçauoirle Coratede Humberc-be,amp; le Comtede Noorch aduoué de Couj^ngne à tout certain nombre denbsp;gens. Et fi y eftoient deSauoyele feigneur de Varembon,ôc meflîreleandenbsp;cbampaings feigneur de Gruffy : lefquels defltifdits ne furent ne morts nenbsp;prins.

Item apres qu’il fut venu à la cognoiftàncc parle pays de Chippre amp; à

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M.CCÇCXXEI. yOLî/XlE II. DES CHKONIQ^^ES

Nicofie,dela defconfiture de leurs gens amp; de la prinfcde leur Roy,tneflire Gilles deLufignanfreredu Royjcfleu Archcuefque deNicohCjauecqucs mel-ßre laques de Caffran Marefchalde Chippre,demourez pour la garde de fesnbsp;’enfans, furent moult troublez amp; delconfortez pour ces piteufes nouuelîes : amp;nbsp;pourtant iceluydimenche à heure de minuiôfjlè départirent de la cité amp; emmenèrent auec eux la feur du Roy amp; fes enfans: fi les conduirent en la forteref-fe de Cherraes, qui eft fituée fur la mer à cinq lieues pres de Nicofie, amp; là de-mourerent iufques au retour du Roy. Et le lendemain qui fut le lundy la com-raunaulté de la ville courut au Palais, pour fçauoir aucunes nouuelîes du Roy.nbsp;Et quand ils ne trouiierent à qui parler, ils fen retournèrent en leurs maifons :nbsp;amp; prindrent leurs femmes amp; leurs enfans amp; aucuns de leurs biens, amp; fc départirent de la ville, laiflant icelle du tout abandonnée, finon de pourcs gens im-potens amp; aueuglcs. Et fen fuyrent les aucuns deuers Famagoce, amp; les autres anbsp;Chermes amp; en autres villes amp; par les montaignes, tant que c eftoit trefpiteufenbsp;chofeàles veoir. Et le fécond iour enfuiuantle capitaine des Sarrazins alla ànbsp;toute fa gent deuers la cité de Nicofie-.laquelle, comme dit eft, il trouuadunbsp;tout abandonnée. Si fe logea au Palais Royal, amp; puis feit crier preftementnbsp;par la cité que tout homme retournaften fon propre lieuzc’efl: à fçauoir denbsp;ceux de la ville, amp; on les tiendroit paifibles. Pour lequel cry retournèrent dedans îadiéte cité enuiron de dix à douze mille perfonnes. Or eft vérité que lenbsp;Royde Chippre amp; le grand maiftre de Rhodes auoient vne trefgrofle armée furnbsp;la mer: dedans laquelle eftoit le baftard deBourgongnefrereau Duc Philippe, le feigneurde Rombaix amp; moult d’autres notables feigneurs de diuerlesnbsp;marches:Iefquels eftoient moult defirans de combattre les Sarrazins:mais onc-ques ne peurent auoir vent propice pour eux monftrer contre lefdits Sarrazins.nbsp;EtefloitleditbaftarddeBourgongne arriuéà VafFe,efperantd’eftreà ladiélenbsp;iournée : amp; entre temps le Roy fut prins, comme dit eft.Et pourtant iceluy baftard amp; les fiens,retournerent fur la mer pour de rechiefaller contre iceux Sarrazins . Et adoneques le vent leua que les Chreftiens dcfiroient, amp; tant qu’ennbsp;pou d’efpace arriuerent vers l’armée des Sarrazins, amp; tellement que les partiesnbsp;f'e veirent l’vn l’autre. Et adonc le capitaine des Sarrazins qui aufti eftoient ennbsp;mer, voyant les Chreftiens en grand nombre, enuoya haftiuement fesmefla-giers à l’autre capitaine Sarrazin qui eftoit à Nicofie : fi luy manda deftroiéle-ment fur peine d’eftre réputé trahiftre,qu’il retournaft à tout fon oft amp; fes gensnbsp;en fon nauire : laquelle chofè ledit capitaine accomplit. Et apres qu’il eut rob-bé toute la cité de Nicofie amp; reduy le peuple en chetiueté, il feit bouter le fennbsp;au Palais Royal, amp; en plufieurs autres lieux,amp; fen alla à tout les fiens à Salinesnbsp;où eftoit leur nauire. Et durant le chemin prindrent plufieurs enfans allaiélansnbsp;leurs meres, amp; les ieéloient fur les efpines amp;c fur les hayes, en les lapidant trefinbsp;horriblement: amp;d’autre part le capitaine Sarrazin qui tenoit le Roy de Chipprenbsp;prifonnier luy feit efcrirevnes lettres à fon capitaine general, qui eftoit fur Unbsp;mer, contenant ou en fubftance qu’il ne portail nul dommage aux Sarrazins finbsp;chier qu’il auoit la vie du Roy. Et les porta fur vne petite galliotte meflire Gal-leran Sauary : aufquelles lettres le capitaine des Chreftiens obeift, ce que fairenbsp;ne deuoit félon l’opinion de plufieurs : mais parauant auoient les deux parties

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ne furent faits cheualiers Guy baftard de Bourgongne frere au Duc Phi-

IfENGEEKR. DE MONSTKELET. CHARLES 711, 3 fort approché l’vn l’autrc, amp; y auoit grand befongne. A laquelle befongne quinbsp;fut par mer y eut trefdure efcarmouche, par efpecial de traiél : duquel furentnbsp;tant d’vn party comme d’autres plufieurs hommes morts amp; naurez. Et à cellenbsp;lippe, Simon de Lan, Robert feigneur de Rebecquc amp; aucuns autres de diuer-fes marches, fins conquerrenauire l’vn Rir l’autre, finon la nef des Pellerinsnbsp;dont cy apres eft faiéle mention.Durant lequel temps fè auança vne naüe chargée de Pellerins,voulans acquerre honneur : efperans pour certain que l’arméenbsp;des Chreftiens qui eftoit firmer d’euft combattre les Sarrazins, allèrent fia-uant qu’ils ne peurent retourner : amp; nonobftant fecours furent prins, amp; en lanbsp;prefence du Roy dcChipprecouppezen pieces comme on couppe la chair aunbsp;marché finon aucuns en trefpetit nombre, qui furent retenuz prifonniers.Et a-pres aucuns iours fè meirent à voye amp; retournèrent à tout le Roy de Chipprenbsp;enSurie.

Item quand lefdits Sarrazins furent arriuez en Surie à tout leurs prifon-mers, ils menèrent ledit Roy de Chippre au Kaire deuers le Souldam de Babi-lonne : amp; les autres chreftiens eftoient deux à deux liez comme belles. Et trai-noient les Sarrazins apres eux la Bannière de noftre Dame le chief en terre : amp;: puis apres le Roy de Chippre cheuauchoit fur vn petit mulet lans felle lié amp; ennbsp;chainé de chaînes de fer. Et en iceluy eflat fut mené en la prcfence du Souldamnbsp;contraint à ce faire, fagenoüilla par neuffois en inclinant le chief tout bas,nbsp;^aifant la terre à chacune fois. Et quand il fut paruenu par deuant le Souldam,nbsp;^ui eftoitalTis pompeufementen vnehaulte gallerie, le feit eftre vne grolTe

r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i i

«eure en bas ouenuiron

uis le feit mener en vne tour où il

tint prifon tant qu’il fut en la ville du Kaire,ôù il fe feit feruir trefabondamment comme Rov de tous viures fors de vin. Mais lesmarchans Chreftiens luyennbsp;'r .nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;- fnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.Z..

kZ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*•nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*•

ftieiis furent menez en diuers lieux.

le gouuernement du Royaume de Chippre : lequel feit faire de

• a «fl nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;_«nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-anbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fl

Item entre temps que ledit Roy de Chippre eftoit ainfi en prifon au Kai-fe par deuers le Souldamde Babilonnc, l’Archeuelquede Nicofie qui eftoit fiere au Roy, manda meftire Pierre de Lufignan Conneftablede Hierulàlem:nbsp;gtans iuftices en puniflant ceux qui f eftoient voulu rebeller depuis les tribulations deflufdiôles. Et pou de temps apres retourna ledit efleu en la cité de Nicofie, laquelle pou apres le repeupla: amp; brief enfuiuantvn marchant Gene-tiois nommé Benedic Perueflin, meu de pitié requift au confeil du Roy, qu’ilnbsp;cnuoyaft au Kaire,dilànt qu’il auoit efperâce d’eftre occafion de la redempnon

duRo de Ch

ue le Souldam meit ledit Roy

tie Chippre à finance de deux cens mille ducats, par telle condition J P P tuellement il payeroit pat chacun an tribut de for» Royaume e anbsp;cinq millenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;p«ainfifutla paix faifte du Souldam auec le Roy de

Chippre,amp; fut mis hors des fers le iout de 1 Affumptio noftre Dame Et depuu celedemando.tfouuentle Souldam pourdeuiferauecquesluy.amp;luy Etifoicnbsp;demetueilleufesqueftionsenletemptantde abandonner la foy Chreftienne.nbsp;Aufquelies queftions le Roy refpondit a toutesfois fi fagement,que ledit ou

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M.CCCCXXFL nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J/OLJ/XIE IL DES CHRONlOJ/ES

dam non fçachant plus que dire, le faifoit prendre auec pluficurs referions de boire amp; de manger,amp; puis Ic r’enuoyoit en prifon.Et dedans briefs iours enftii-uans qu’il fur mis en finance,le feit ledit Souldam mettre hors de prifon amp; logernbsp;en la ville. Et le faifoit fouuentallereneftatenefbatement fur beaux cheuaiixnbsp;noblement accompaigné de la gent Sarrazine : amp; depuis fut payé grand partienbsp;de la finance,amp; baillé feureté du furplus. Et apres le iour de Pafques Flories futnbsp;mis à plaine deliurance,amp; fut mis en vne gallée au port d’Alexandrie fur la mernbsp;verte. A tout laquelle compaignic de l’Admiral de Rhodes, il alla defeendre anbsp;Chci mes:amp; là trouua fes enfans amp; fa feur amp; tous les feigneurs amp; dames de fonnbsp;royaume,auecques toute la Baronnie amp; toute la noblefle de fon pays, qui tousnbsp;enfemble le receurent moult reucremment en regraciant noflre fèigneur lefusnbsp;Chrifl treshûblement de fa reuenue.Et aucuns iours enfuiuans fè partit de Chernbsp;mes amp; retourna accompaigné, comme dit eft,en la cité de Nicofie, où il fut denbsp;tout fon peuple receuioyeufement:amp;fe logea en l’hofteldu Conneflabledenbsp;Hierufalem. Auquel hoflel il demoura fa vie duranr,pource que fon palais,corne dit cft defius,auoit efté deftruit de la gent Sarrazine.Et depuis le trefpasdelanbsp;Royne Charlotte ne fut remarié,n’eut copagnie à nulle feme, corne fes propresnbsp;feruiteurs le tenoient véritablement. Et depuis vefquit grand efpace de temps.

Comment U ßrterejjede 'Moyenesen Cham^aigne futprinß des François. Et cotn-ment fentence fut rendue pour le Duc lean de Brabant.Et de laforterefe dlOriß^ lie en Prouuence.

N ce temps futreprinfc lafortcreffe de Moyenes en Champaigne par les gens du Roy Charlcs,par trahifon d’vn Anglois qui eftoit de-dans:amp; depuis fut r’aflîegée des Anglois:c’eftàfçauoir du Comte denbsp;Salfebery:amp;: auec luy plufieurs Picards,qui audit fiege continuèrent

tant que les afliegez furent contrainéfs d’eux rendre. Et fc départirent les aucuns eftrangiers fauuement, amp; ceux qui autresfois auoient tenu le party des Anglois amp; Bourgongnons furent executez amp; mis à mort. Efquels entre les autres fut l’vn d’iceux vn gentil-homme nommé Gilles de Clary, amp; fut à la reddition mefîire lean de Luxembourg : lequel apres qu’icelle fortereffefutdu toutnbsp;defolée,retonrna en fon chaftel de Beaureuoir.

E N ceft an fut enuoy é par noflre faind Pere le Pape la fentence diflSnitiue, touchant le proces du Duc lean de Brabant : par lequel fut ordonné amp; déchiré, le mariage qui efloit fait du Duc de Cloceflrc amp; delà Ducheffelaquelincnbsp;de Bauiere de nulle valeur, amp; que fil aduenoit que le Duc de Brabant mourut,nbsp;finepourroientauoir lefdits Duc de Cloceflre amp; la Duchefle laqueline l’vnnbsp;l’autre par mariage.Et pourtant ledit Duc de Cloceflre fçachant celle partie fai-xSleparnoflrefàinéf Perele Pape,efpoufaamp;: printen mariage vne femme denbsp;bas eflat au regard de luy, nommée Alienor de Combattre, dont defius efl fai-ôte mentiondaquelle ledit Duc^ar auant auoit tenue en fà compagnie certainnbsp;temps,auoic comme fà dame par amours ; amp; auec ce auoit eflé diffamée de aucuns autres hommel qued’iceluy Duc. Laquelle chofè feit moult efmcrueillcrnbsp;plufieurs perfonnes de France amp; d’Angleterre, confiderans que ledit Ducen-fuiuoit mal en iceluy cas la feigneurie dontil efloit extraiél.


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D'ENGEERR. DE EiONSTKELET. CHARLES Eli.

E N CCS iours meflire lean Blondel accompagné de lean Blondel foncou-fm Germain, amp; huiól autres compagnons de guerre, par le moyen d’vn Chap-pellainquieftoità maiftrelean Cadart,prindrent la forterefle d’Oripede en Eroiiuence,amp; ledit maiftre lean dedans qui en eftoit gardien:amp; le feircnt prendre prilbnnier tendant auoir de luy grand financc.Leiquelle chofe vint en briefnbsp;ala cognoiflance de ceux du pays, qui fans delay les aiïiegcrent: amp; en fin lesnbsp;contraignirent fi fort, que bel leur fut d’eux départir de ladiéle forterefle fansnbsp;riens emporter, ayans fàufconduit pour eux en aller fèurement.Nonobftantnbsp;lequel à l’iflir hors de ladiéîe fortereffcjfut ledit lean Blondel occis des pa’ÿfans.nbsp;Et le cbapellain qui auoit fait la trahifon fut décapité.

Comment le Duc de Bethfort feit aßieger Elontarfs. Et comment le fege fut leué par les Francois : autres matteres en brief.

Tem en cell an le Duc de Bethfort qui fe nommoit Regent de France de par le Roy Henry,feit aflieger la ville amp; forterefle de Montar-gis par les Comtes de Vvaruich amp; Suffort: auec lefquels eftoit le fei-gneur de la Poulie frère dudit Comte de Suffort, meflire Henry Bif



fer amp; autres capitaines, qui pouoient auoir auecques eux trois mille combat-tansdcfquels venus audit lieu de Montargis l’enuironnerent. Ladiéhe ville fut en affez beau lieu, pource qu’il luy conuenoit faire trois fieges : lefquels afleznbsp;dangereufèment pouoient bailler fecours l’vn à l’autre : neantmoins ils fe logèrent tout entour amp; fortiffierent leurdit logis en aucuns lieux :amp; eftoit leditnbsp;Comte de Vvaruich logé en vne abbaye de Nonnains à vn des coftez de la ville. Et briefapres leur venue feirent aucuns ponts amp; pafîaigcs fur la riuiere,pournbsp;par iceux fecourir les vns aux autres fe befoing leur eftoit. Et ce fait commencèrent vigoureufèment à approcher icelle ville de Montargis, amp; la forte-refTeSe tresfort combattre amp; adommagerde plufieurs engins: mais nonob-ftant ce les afliegez fe deffendirent trefpuiflamment, amp; continuèrent les aflie-geans en cefte befongne l’efpace de deux mois ou enuiron. Lequel temps durant les nouuelles furent portées au Roy Charles de France, amp; luy feircnt fça-Hoir lefdits afliegez que fil ne leur enuoyoit fecours afTez brief, il les conuien-droit rendre és mains de leurs aduerfaires . Ces nouuelles venues a la cognoif-fànce du Roy Charles, comme dit eft, ledit Roy aflembla fon confeil : auquelnbsp;fut conclud amp; délibéré d’y enuoyer fecours ou aumoins eux rafrefthirde vi-ures amp; de gens : lequel fut mis fus, amp; fut faide pour cefte caufe aucune aflem-blee, qui point ne porta deffed amp; federompit : mais depuis fut ordonné denbsp;par le Roy Charles, de faire vne autreaflembléeà Orleans pour cefte mefmenbsp;caufe: de laquelle fut baillé charge de par le Roy au Comte de Dunois Ba-ftard d’Orléans. Auec lequel fe meirent meflire Guillaume d’Albrct feigneurnbsp;d’Orual, le feigneur de Grauille,de Villax amp; de Gaucourt, Eftienne Vignollesnbsp;quon dit la Hire,meflire Gilles de fàind Sj^mon,Gaultier de Brouflàrt amp;nbsp;plufieurs autres capitaines , qui pouoient bien auoir feize cens combattansnbsp;droits gens de guerre amp; d’eflite: lefquels fe meirent à chemin à tout grandnbsp;foifon de viures, en intention de rauitailler icelle ville de Montargis amp; de nonnbsp;leuer le fiege. Et quand ils furent venus à vne demie lieue pres le plus fc-F ij

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2d,CCCCXXrL nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I/OLVIÄE II. DES CHRONIQUES

crettement qu’ils peurent,ilsprindrent confeil enfemble amp; conclurent de ferir fur aucuns des logis des Anglois par deux coftez, amp; auoient auec eux gens denbsp;la garnifon dudit lieu de Montargis,qui les menoiêtrentre lefquels eftoit vn no-nié le petit Breton. Si fut la Hire ordonné à conduire l’vne des compagnies : amp;nbsp;comme ils auoient conclud le feirent. Ci ferirent vaillamment amp; de grand vou-lenté fur les logis des Anglois, qui de ce ne fe donnoient garde criant Mont-ioye fiinél Denys:amp;: commencèrent a bouter les feux afprement en maint lo-’ gis amp; à tuer, prendre amp; mettre à melcbief plufieurs Anglois, amp; tellement amp; finbsp;vaillament f y porterent,que le logis du feigneur de la Poulie fut en allez brief-ue efpace du tout tourné à defconfiture: mais ledit feigneur de la Poulie fe lau-ua en vn petit baftel enuiron luy huiôtiefine. Et adonc auoient ceux de la villenbsp;tenues les eaües fi grandes amp; grofles,que les ponts quelefdits Anglois auoientnbsp;faits eftoient couuerts d’eaüe-.parquoy quand ils fe cuidoient fauuer,ils cbeoiécnbsp;à collé des ponts amp; fc noyoienr.Et entant que ce le faifoit, le Ballard d’Orleansnbsp;le combattoitvigoureufement de l’autre collé furies logis de raelïire Henrynbsp;Belfet : ôc là elloit delcendu à pied, amp; y auoit fort à faire quand les autres quinbsp;auoient rué ius amp; delconfitle premier logis, luy allèrent puilTamment baillernbsp;fecours:amp; auoit ellébleiré le feigneur de Grauille. Et lors lefdits Anglois ap-perceuans que la force n’elloit point à eux,fe commencèrent à retraire pour aller au logis du Comte de Vvaruich: amp; palToient par vn pont à Ci grand halle amp;nbsp;en fi grand prelTe, que du grand faix le pont ropit Ibubs eux, amp; là furent mortsnbsp;amp; defcqnlîts laidement amp; en trelgrand nombre : car auec ce ceux de la ville denbsp;Montargis, faillirent lîerement en l’ayde de leurs gens,amp; fans efpargner en oc-cirent amp; prindrent plufieurs. Et entre-temps le Comte de Vvaruicla alTemblanbsp;lès gens le plus halliuement qu’il peut:mais quand il Iceut la grand perte amp; do-mageable dellruélion de fon oil, dont il auoit ja perdu de mille à quinze censnbsp;hommes qui furent que morts que prins, fe meit en bataille en Iby retournantnbsp;fur vne petite montaigne és vignes au delToubs de fon oil. Et lors les Françoisnbsp;qui furent fort trauaillez de celle befongne,entrerent dedans Montargis.Et entre-temps la nuiôl vint, amp; fe départirent amp; meirent à chemin lelHits’Anglois anbsp;tout le remeoant de leurs gens,defquels la plus gràd partie elloient de pied euxnbsp;retrayant au challeau Landon, en Nemours amp; és autres lieux de leur obeïlfan-ce. Et les delTufdits François demourerent à Montargis failàns bone amp; ioyeu-fechiere, de ce qu’ainfi par l’ayde de Dieu auoient acheué ccpourquoyilse-lloient là venuz. Et apres fen retournerét deuers le Roy Charles de France quinbsp;les receut trelàmiablement.

En cell an le Duc lean de Brabant,qui elloit malade de moult griefue maladie,trelpalïà en Ibn chaflel de Leneure en dilànt moult denotement. quot;Miferere meiDeuSyamp;^c. Et fut enterré en la chappelle de fondit challel de Leneure em-presfonpere. Apres le trelpas duquel releua toutes fes lèigncuries Philippenbsp;ComtedeLigny amp; de S.Pol Ibi^frere. Etparainfila DuchelTelaquelinedc-moura abfeulce de fes deux maris:car, comme dit cil delTus, le Duc de Cloce-llre auoit prins autre femme:amp;ledit Duc de Brabant elloit trelpalTé, commenbsp;dit ell.Et durant la vie dudit Duc de Brabant y eut vn nomme lean Cheualier,nbsp;qui voulut mettre à iceluy Duc vn carquant au col à la rcquclle,comme on di-

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D'ENGEERR. de ElONSTKELET. CHARLES EIL 33 foit/IelaComtefledouagiercdeHainault: lequel cheualier pour cede caufenbsp;Hjt prins à Bruxelles amp; décapité. En ce mefinetemps la fortercde d’Efcandeii-üre einpres Cambray, fut mile en Ia main de mófeigneur lean de Luxembourgnbsp;par le confentement du Due de Bourgongnt:amp; fut la caufe, pource que melli-re Loys frere baftard de la Duchefle laqueline de Bauiere, à qui elloit icelle fornbsp;terefle feit guerre amp; tribulation au pays d’enuiron, comme celuy qui tenoit lenbsp;party de ladióle DuchelTe laqueline fa fœur, amp; ainfi perdit il fon heritage. Ennbsp;ces iours eut vne terrible amp; grand rencontre auprès du mont S.Michel, entrenbsp;les Anglois qui tenoient le mont de Hellem d’vne part,amp;les Fraçois amp; les Bretons d’autre part;Mais en conclufion leldits Anglois y furent morts amp; defcon-f ts. Si obtindrent vidoire les Francois,amp; par confequent gaignerent la defluC-dide for ter eile.

«

De l'an mille cccc.xxvij.

Comment la forterejje de la lAalle-maifon, qui eftoit à DEuefque de Camhray futprinß par meßire lean Blondel: autres matières.

V commencement de cell an, fut prinfe la forterelTe de la Malle-maifonfeantàdeuxlieüespresdu challel en Cambrelîs: laquelle eftoitàlean de Lens feigneur de Liekaerque amp;Euefquc deCam-bray, à caufe de fon Euefché:amp; là print mellire lean Blondel tenac



Icpariy du Roy Charles accompagné de fes gens,quielloient en petit nombre. Dedans icelle eftoit comme capitaine par ledit Euefque vn bel efcuyer, noni-ttié Vvatier de Bâillon,lequel fut trouué en fon liél. Et entre-temps les delTuf-ditsentrauerfanf les folTez parmvl’eaüe, ôc montant par efchelles dedans lanbsp;balle courr,audit lieu prindrent le guet, amp; apres ils fembuftherent deuantîenbsp;pont du Donjon.Et au matin quand le portier aualla ledit pont,ils ûilhrent fusnbsp;les efpées traides,amp; occirent ôc tuèrent ledit portier : puis entrèrent tout paifi-blement dedans fans y trouuer quelque delFence n’cmpefchemêt,iaçoit-ce quenbsp;ce fut la plus forte placeamp; mieux gardable qui fut en toutes les marches és paysnbsp;d’enuiron : pour laquelle prinfe tout le pays ce fachant fut mis en grand effroy,nbsp;amp; melmement ceux du chaftel en Cambrefis, amp; ledit Euefque qui leans choitnbsp;acelle heure furent moult grandement cfmerucillezquece pouoiteflre: carnbsp;pour lors n’eftoit audit pays nouuelle de nulle guerre : toutesfois l’Euefque denbsp;Cambray enuoya aucuns de fes gens auec grand partie de la communauté dudit chaftel iufques audit lieu de la Malle-maifon,pour fçauoiramp; cognoiftre quinbsp;c eftoir.Et eux là venuz amp; arriuez, parlèrent aucuns de ceux qui l’auoient prinfe: lefquels par malice feirent leur cry de Bourgongne amp; de Luxembourg : amp;nbsp;pourtant les deflufdits enuoyezfen retournèrent en ladiéle ville du chaftel ennbsp;Cambrefis.Et briefenfuiuant ledit meftire lean Blondel fepourueuft de viuresnbsp;amp; de gens en grand abondance:amp; apres commencèrent à courir amp; à foullcr lenbsp;pays de Cambrefis amp; plufieurs autres, en faifant maulx incftimablesrauec lefquels faflemblerent par plufieurs fois à fairedefdiéles courfes aucuns des gensnbsp;du Duc de Bourgongne, amp; de meftire lean de Luxembourg. Et entre-tempsnbsp;iceluy Euefque enuoya par deuers le Duc de Bourgongne, fçauoir fi c’eftoit denbsp;fon confentement que fa forterefte auoit efté prinfe. Auquel fut refpondu quenbsp;F iij

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M.ccccxxm. ' rOLJ/ME II. DES CHRONIQUES non,ains feroit conforté amp; aydé par ledit Duc tant qu’il r’auroit fa forterelTe.

Item apres la mort amp; trcfpas du Duc lean de Brabant, fut friéle vne grade aiïemblécdefeigneurs en la ville de Valenciennes : à laquelle furent le Duc de Bourgongne, les Comtes de Namur, de Pontbieuvre amp; de Conuerlàm, lenbsp;Prince d’Ofenge,meffirc lean de Luxembourg, les Euefques de Tournay amp; denbsp;Arras, amp; plulieurs autres nobles gens d’Eglile : amp; fut pour la caufe de fçauoirnbsp;qui auroit le gouuernement du pays de Hainault. A quoy par meure deliberation de confeil, fut ordonné amp; cftably que ledit pays demourroit en la main amp;nbsp;gouuerncmentdu DucdeBourgongne, lequel furce y pourueutde gouuer-neurs amp; officiers. Enceflan leComte de Vvaruich amp; plufieurs autres An-glois, tindrent liege deuant la ville de Pont Orfon : amp; tat contraignirent les afnbsp;licgez qu’ils fe meirent en compofition: amp; promeirent de à certain iour rendrenbsp;le fort en la main dudit Comte de Vvaruich,en cas qu’ils n’auroiet fècours desnbsp;François amp;: Bretons,fi fort amp; fi puiflant que pour combattre iccluy Comtede-quel fecours ne fut point enuoyé,amp; pourtant,comme promis l’auoient, rendirent la place aux Anglois.

Comment meßire lean Blondel rendit la fortereße de la 'Malle-maifon quil anoit j^rin'‘ fedaquelleappartenoit dlEiiefquede Cambray.

Ç N apres le Duc de Bourgongne alla aMons en Hainault auecluy ! grand nombre de ceux de fon confeil:amp; lâ,comme dit eft, conftituanbsp;plufieurs officiers natifs du pays pour gouuerner la feigneurie d’icc-luy:auquel lieu par faufeonduit alla ledit meffire lean Blondel, quinbsp;par ledit Duc fut plufieurs fois fommé amp; requis de rendre amp; reftituer àTEuef-que de Cambray fa forterefle: aufquelles requefles il ne voulut en riens obeÿr :nbsp;mais en diflimulant fexeufoit aucunemenf.Toutesfois ledit Duc de Bourgongne amp; fbn confeil conclurent^amp; delibererct de bailler gens amp; ayde audit Euef-que pour afiieger amp; reconqueffer fadicle fortereffe.Et pour ce faire ledit Eucfnbsp;que manda fes amis amp; fe meic en armes à tout ce qu’il peut auoir de gens. Pournbsp;lequel ay der amp; reconforter,y furent commis amp; eftablis de par le Duc de Bourgongne meffire Guillaume de Lalain Baillifde Hainault, le Begue de Launoynbsp;cheualicrgouuerncur de i’Ifle,amp; aucuns autres nobles hommes amp; certain nô-bre de gens d’armes : durant lequel temps ledit meffire lean Blondel oyant cesnbsp;nouuelles, amp;: fâchant que ledit Duc de Bourgongne auoit fon fait malaggrea-ble,condefcendit à traiólé:conclud amp; délibéra de rendre la forterelTe, moyennant que fa paix ferojtfaicledcuers le DuedeBethfort amp; le DuedeBourgon-gne:amp; fi luy feroient rendues fes fortereffes amp; fèigneuries, lefquelles efloientnbsp;en la main du Roy Henry de l’Enclaflre comme confifqueZ, amp;auecce empor-teroient luy amp; fès gens tous leurs biens, amp; fi auroit pour les defpês quatre mille efcusdefquelles chofes en conclufionluy furent accordées amp; promifes,amp;denbsp;ce baillé feurté. Etparainfideliura la Mal-maifon en la main de Baltazar ba-ftard du Quefl:roy,qui de par le Dkic de Bourgongne y fut commis amp; inffituénbsp;àlegarder à certaine cfpace de temps. Et pour payer ladiéte fbmme amp; autresnbsp;fraiz,fnt mife fus vne grande taille par tout le pays de Cambrefis, tant fur gensnbsp;d’Eglife comme autres, lefquels à ce payer furent contrainéfs trefrîgoureufe-ment.

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y EN C y ERK. DE :M.ONSTKELET CHARLES Eli. 34 ment. Apres lefquelles befongncs par le confentcment dudit Eucfque Sc d’au-eûs autres du pays,fut ladicle forterefledelà Malle-maifon abbatue amp; du toutnbsp;démolie, dont ce fut moult grand dommage: car c’eftoit la nornpareille amp; lanbsp;mieux ediffiée qui fut en tous les pays a renuiro,amp; ou plus fort lieu. AinG mef-lirelean Blondel par force de mal faire, vint à (on intention. Et fut, comme ditnbsp;eft,reftitué amp; remis en la poHeflion de tous fes heritages amp; edifices.

Comment le Duc de Bourgongne retourna ou pais de Hollande^où il feit affaillir la Nil-le de Hermontfort^E^ autres matteres.

S Tem apres que le Duc de Bourgongne eut, comme dit eft,ordonné de fes befongnes en Hainault, il retourna à tout grand puifi'ancc denbsp;gens d’armes en Hollande, pour corriger aucuns qui autresfois luynbsp;auoient fait ferment,lefquels faifoient rebellion audit pays. Et en cenbsp;voyage feit aifaillir vne ville fermée de fortes hayes amp; foflez plains d’eaüe, no-méeHermentfort: lequel aflaultdura afiez longuement, amp; fut moultafpre,nbsp;cruel amp; terrible. Et mefmementleditJDucde fa perfonne paffa l’eaiiedeiditsnbsp;foflez, amp; alla combattre fes ennemis amp; aduerfaires tresvaillamment, amp; pournbsp;vray il fe meit adonc en trefgrand peril amp; dangier : car les deftendans en grandnbsp;hardiefle fabandonoient fans eux efpargner pour eux deffcndre,amp; fauuer leursnbsp;vies : durant lequel alfault fut mis à mort vn tresvaillant amp; puiflant cheua-îier: c’eftà fçauoir lefeigneurde Vozdanquin. Etauecquesluy eftoient aucuns autres expers hommes de guerre. Et fiy futnaurélebon feigneur de Sa-Ueufes, tant qu’il le conuint porter hors des folTez comme en peril amp; dangiernbsp;de mort,amp; plufieurs autres.Et adonc ledit Duc amp; ceux de fon party voyant amp;nbsp;confiderant la perte ôc dommage de leurs gens,eurent confeil de fairefonner lanbsp;retraite arriere,comme ils fcircnt:amp; fe logèrent aflTcz près de ladide ville, oùnbsp;ils furent celle nuicl alfez pauurement pourueuzdeeeque meftier amp; befoingnbsp;leur eftoir.Et le lendemain ledit Duc print autre marche. Et lors feftoient alliez aucc la Duchefle Iaqueline,ceux de la ville de Vetrech:amp; aufli les Ducs denbsp;Gueldres amp; de Cleues y eftoient de la partie dudit Duc, parquoy la guerrenbsp;tribulation croilfoit amp; multiplioit oudit pays de iour en iour.

E N ce temps f’alTemblerent es marches de Picardie enuiron cinq cens com-battans, tant hommes d’armes comme arçhiers de plufieurs terres : lefquels foubs la conduiéte de meftire Charles de Moy encourt, Matthieu de Humiers,nbsp;lean de Longueual amp; aucuns autres gentils-hommes,hirent menez parl’ordo-nance amp; commandement du Duc de Bourgongne, à la rcquefte d’vn cheualicrnbsp;nommé meftire Phillebert Andrinet,à l’ayde amp; (ècours d’Amé Duc de Shuoyenbsp;bel oncle d’iceluy Duc de Bourgongne, qui auoit lors guerre amp; dilTention aunbsp;Duc de Millan: Lefquels cinq cens combattans deifufditscheuaucherentparnbsp;plufieurs iournées,tant qu’ils vindrét oudit pays de Sauoye,où ils furent ioyeu-fement receuz dudit Duc.Et de là furent enuoyez fur les marches en tirant versnbsp;Lombardie,où ils feirent maulx ineftimables tant que par la renommée d’irnbsp;ceux amp; par la cremeur que les deux Princes deftufdits eurent pourlepauurenbsp;peuple,ayans d’iceux compaflion fe concordèrent amp; feirent bonne paix, amp; la-diélepaix conclure le Duc Amé de Sauoyc,-donna cbgéà iceux Picards en euxnbsp;F iiij

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M.CCCCXXPll. yOLï/ME 11. DES CHKONIQ^ES grandement remerciant de leur trauail, en donnant à aucuns des plus notablesnbsp;draps de.Damas amp;: autres ioyaux.Et par ainfi les deffufdits Picards retourne) etnbsp;en leurs propres lieux.La caufe de la guerre fi efi;oit,pource que le Duc de Milanbsp;auoir pnns Novarcjôe cité de Verfeil fur le Duc de Sauoy e, lefquelles luy furetnbsp;rendues. Item apres que le Duc de Bourgongne eut par plufieurs iournées vi-fitélc pays de Hollande,amp; mis fes garnilons fur les frontières delà Gande, ounbsp;lors fe tenoit la Duchefle laqueline, delaiflant aucuns de les capitaines pour lanbsp;garde amp; feurté d’iceluy,tels comme le feigneur de l’ifle Ad3m,raeflire Lyonnclnbsp;deBournonuille amp; aucuns autres hommes d’armes expers amp; renommez denbsp;guerre, Pen retourna en fon pays de Flandres. En l’an deflbfdit furent es paysnbsp;d’EIpaignede Cafiellongnenbsp;nbsp;en Languedoc gras mouuemés de terre,dont en

aucuns diuers lieux plufieurs villes amp; notables edifices cheurent, dont le peuple d’iceux pays fut par long temps moult troublé amp; entrelgrand elFroy.

Comment en ce temps le Souldam de Babiloine efertuit lettres aux Princes Chrefliens, la teneur (Cicelies.

N ce temps le Souldam de Babiloine enuoya lettres à tous Roys amp; Princes Chreftiens,defquelles la teneur fenfuit. Baldadoch fils d’Ai-re, Conneftabledelerico, Preuofi: de Paradis terreftre, nepueudesnbsp;Dieux:Roy des Roys:Prince des Princes, Souldam de Babiloine,de

Perfe,de Ierufâlem,de Chaldee, de Barbarie: Prince d’AIFrique amp; animal d’Ar-cadie,feigneur de Siche,des Ainces,des Payens,amp; des Maritansimaiftre Anchi-potel,aduoüé d’Amazone,gardien des Ifles,Doyen des Abbayes,Commadcur des Temples,froiiïeur des hcaumes,fendeurdes efeus, perfeur des haubers,ro-peur de harnois amp; de places: lanfieur de glaiues, effondreur de deftriers, trefnbsp;perceur de preffes, deftruifeur de chafteaux,fleur de cheualerie,fanglicr de har-diefle,aigle de largeflc,cremeur des ennemis,cfperance d’amis, recouureur desnbsp;defconfits,eflandart de Machôraet,feigneur de tout le monde: Aux Roys d’Ahnbsp;lemaigne,de France amp; d’Angleterre;amp; à tous autres Roys,Ducs amp; Comtes. Etnbsp;generallcment à tous ceux, efquels noftre débonnaireté efl à aduenir. Salut ôinbsp;dileélion en noftre grace. Comme ainfi foit qu’il eft bien loifible de relenquifnbsp;erreur par fagefle qui veult: vous mande que vous ne lailTez nullement ne tardez à venir pardeuers moy, êcreleucz voz fiefs amp; terres de ma feigneurie,nbsp;en reniant voftre Dieu amp; la foy Chreftienne, delaiflant voz erreurs : efquellesnbsp;vous amp; voz deuanciers auez efté enueloppez trop longuement. Ou autrementnbsp;mo indignation amp; la puilTance de ma forte efpée tournera fur vous aflez brief-uement : dont i’auray voz teftes en rançon fans riens efpargner. Ces lettres furent données la vigilie des Ambafladiens, l’andixlefme de noftre couronne-raent:La fécondé année apres noftre noble viéloire amp; deftrudion du malheureux pays de Chippre.

Comment les Anplols ’vindrent eUla Duché de Bretaiÿte,où ils feirent moult de maulx de^rans dommages: Cÿ* autres matières.

En cell

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D'ENGJ/ERR. de MONSTKELET CHARLES jai. iS NceftanleComtedeSiifrort amp; meffire Thomas deRamefçon,ànbsp;caufe de certaine guerre qu’ils auoient au Duc de Bretaigne, enuirônbsp;douze cens combattans allèrent courre ou pays de Bretaigne iuf-q 11 es auprès de la ville de Renes,où eftoit le Duc : amp; y feitet de tref-grans dommages, amp; leuerent de trefgrand proycs tant prifonniers comme autres biens,à tout lefquels retournèrent en vn gros village du pays nommé Tin-renarch.Et le lendemain fe meirent à chemin, amp; rentrerêt és marches de la bafnbsp;le Normandie à tout ce qu’ils auoient gaigné,fàns auoir quelque empefehemetnbsp;nedeftourbier.Et tantoft apres ledit meffire Thomas fe logea en vne petite vil-IcjOomméeS. lames de Buueron laquelle autresfois auoit eftédefolée, amp;lanbsp;leit reparer amp; fortiffier pour y demourer amp; tenir garnilon : affin de faire auxnbsp;Bretons guerre, car elle eftoit à demie lieüe du pays.Et là demoura iceluy mefnbsp;fireThomas lieutenant dudit Comte de Suffort: lequel Comte eftoit capitainenbsp;àe la hafte Normandie.Et commencèrent les Anglois à mener forte guerre, amp;nbsp;faire plufieurs courfes amp; tournoyemens ou pays de Bretaigne.Pour aufquellesnbsp;obuier amp; refifter,le Duc feit moult grad aftemblée des nobles hommes de Ibnnbsp;pays: lefquels il bailla en charge à fon frere le Comte de Richemont, qui nouvellement auoit efté fait Conneftable'de France : Lequel auecques autres gensnbsp;qu’il auoit les mena dedans ladiéfe ville de S.IamesdcBuuerou:amp; défait l’affie-gea trcfpuiftamment,amp; y eut de la premiere moult grad efcarmouche. Néant-moins ledit Conneftable fe logea,amp; feit icelle enuironner tout autour.Si commença à faire ie(fteramp; traire plufieurs de fes engins cotre la muraille,qui moultnbsp;fort l’endommagerent. Et vnc fois entre les autres eut confeil de la faire affail-br,ce qu’il feit.Et dura l’aftault par longne efpace trefdur amp; merueilleux. Si e-ftoient les Bretons Bretonnans ja en vn cofté bas, où il y auoit vn petit viuier.nbsp;Et conuenoit qu’il paftaftent par vne eftroiéfe voye pour aller iufquesau murnbsp;à grand dangier. Si y auoit à ce cofté vn petit bouleucrt dont vn cheualier An-glois,nommémcftire Nicole Bourdetauoit la charge atout foixante ou quatre vingts combattans,amp;d’autre part y auoit vne porte aftez bien fournie d’An-glois.Et lors iceux Bretons qui dcualloient és foftez en trefgrand nombre pournbsp;aller aftaillir, oüyrentdedeux coftezlefdits Anglois ieder vn trefgrand cry,nbsp;criant Salfebery amp; Suffort.Pour lequel cry les Bretons fc commencèrent à retraite en trefgrand defroy. Etadonc ledit meffire Nicole l’aftaillit apres euxnbsp;moult vigoureufement, amp; fans y trouuer gueres grad deffence en furet mis ànbsp;mort amp; noyez oudit eftang de fept a huid cens:amp; de ce en demourerct prifon-niers enuiron cinquate. Et fi furent gaignez par les deftufdits Anglois dixhuidnbsp;cftandarts amp; vne bannière. Et toft apres furent portées les-nouuelles audit Co-neftable de la perte de fes gens,lequel faifoit fort aftaillir de l’autre cofté. Si futnbsp;de ces nouuelles moult grandement efmerucillé,amp; feit fonner la retraide : carnbsp;toutlefiegedeuers ledit eftang eftoit ja leué. Apres ces chofes fe meirent lesnbsp;Bretons enfcmble,amp; prindrent haftif confeil ^r ce qu’ils auoient à faire. Au*nbsp;quel confeil fut délibéré qu’attendu la grand perte qu’iceluy Conneftable auoitnbsp;cüe de fes gens,il eftoit bon qu’il fe départit,amp; ainfi le feit il:mais il attendit iuf-ques enuiron minuid,amp;: fen retourna en la ville de Fougieres en trefpetite ordonnance,delaiftant audit fiege grand foifon de bombardes,viures amp; autres ar-

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XLCCCCXXEÎI. rOL^ME IL VES CHROLLlQ^ES tillerics.Et ledit meflire Thomas à tout fix cens combattans qu’il auoit:dont lanbsp;plus grande partie eftoicnt bleflcz demoura en icelle ville bien ioyeuxdefiinbsp;bonne fortune. Et feit bouter dedans tous les biens qui eftoientdemourez denbsp;fès aduerlàires.

D E P VI s les chofes deflufdiôles le lècond iour enfuiuanr, vint la le Comte de Suffort à tout quinze cens combattans: lequel mena le lendemain meflirenbsp;Thomas auecques aucuns de fes gens deuant vnfort Monftier, quitantoftfcnbsp;rendit à luy .Et de là fe tira plus auant ou pays deuers la cité de Dol, amp; auoit intention de feiourner là : Mais entre-temps le Duc de Bretaigne enuoya deuersnbsp;leComtedeSulïbrt vn fien pourfuiuantà tout fes lettres : Par lefquellesluynbsp;prioit d’auoir trefues fur vne formcjque ledit Comte luy accorda. Et fur ce remanda ledit meffire Thomas amp; fes gens, lequel retourna audit S.lames deBu-iieron à tout grans proyes.Si fut tant parlementé entre lefdiéles parties, que lesnbsp;trefues furent données, qui durèrent trois mois ou enuiron, moyennant quenbsp;pour les accords le Comte de Sulfort eut quatre mille amp; cinq cens fracs.Si fen-tretindrent trefbien icelles trefues iufques en la fin de luing qu’elles deuoientnbsp;faillir:durant lequel temps ne fe peurent lefdides parties accorder. Et pourtantnbsp;de rechief retournèrent à la guerre, amp; furent faiéles plufieurs chofes dommageables par feu amp; par efpée par les Anglois oudit pays de Bretaigne : Pour auf-quellcs obuier le Ducamp; le Conneftable fonfrere, feirent reparer la villedcnbsp;Pont- Orfon,qui depart Normandie amp; Bretaigne à deux lieues du Mont S.Michel. Et y fut mife groffe garnifon pour faire frontière contre lefdits Anglois.nbsp;Et certain iour enfuiuant ledit Comte de Suffort fut déporté du gouuerncinétnbsp;de la baffe Normandie, amp; y fut commis Scinfiitué le Comte de Vvaruich: lequel affcmbla moult grand quàtité de gensamp; aflicgealadiéle ville de Pont-Or-fon.Et poureeque durant le fiege,les Anglois afïiegeans, auoient viures àgraànbsp;danger tant pour la garnifon du Mont S.Michel comme pour autre. Et fut en-uoy é le feigneur de Scallcs à tout cinq cens combattans en la baffe Normàdie,nbsp;pour conduireôe mener les viures deffufdits.Et ainfi qu’il fen retournoit à toutnbsp;iceux les Bretons qui fçauoient fbn retour,feftoiêt mis en embufche bien quinze cens combattans auprès du Mont fainôl Michel.Et lors quad ils veirent leurnbsp;point,ils faillirent fur les Anglois, lefquels ils trouuercnt en bonne ordonnance: fi fe deffendirent tres vaillamment, amp; tant que finablement les Bretons furetnbsp;mis amp; tournez à defeonfiture. Et y en eut de morts en la place bien huid cens :nbsp;entre lefquels y fut mort amp; occis lefeigneur de Challeau Geron, le feigneur denbsp;Crefquan,le feigneur de Chambourg, le Baron de Chambouches, le feigneurnbsp;du Hunaudue,mefïire Pierre le Porc,le capitaine des Efcoçois: Et plufieurs autres nobles hommes, amp; fi fut prins le Vicomte de Rohen, amp; plufieurs autresnbsp;grans feigneurs. J^res laquelle befongne les affiegezdu Pont-Orfon non ayasnbsp;efperance de fecours ne d’ayde, fè rendirent fàuf leurs vies au Comte de Vvaruich,amp; fen allèrent le baftonbl^nc au poing, amp; delaiffanttous leurs biens:amp;ynbsp;fut commis cappitaine ledit feigneur de Scalles. Apres celle befongne lefditsnbsp;Anglois feirent emmener le Baron de Soulenges, meffire Pierre le Porc, amp; vnnbsp;autre tous morts à leur fiege: amp; liurerent les corps à ceux de dedans pour mettre en terre, affin qu’ils fuffentplus certains de ladide deflrouffe amp; defeonfiture: ôc

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R EN GE ERR. DE MONSTRELET CHARLES Eli. re:amp; qu’ils fe rendiflent plus haftiiiemenr, comme ils feirenc. Enuiron la fin denbsp;ceft an conuocqua meflire lean de Luxembourg es pays de Picardie amp; à l’enui-ron,enuiron millecombattanshommes d’armes, comme archiers en intention d’aller aflieger amp; mettre en fbn obeïflance la ville de Beaumont en Argonne, que lors tenoit Guillaume de Flauy tenant le party du Roy Charles :nbsp;lequel de Flauy amp; ceux à luyobeiïTans continuellement faiibient moult d’op-prelFions amp; griefs dommages au pays à l’enuiron. En ces iours le Duc Philippe de Bourgongne, comme il auoit plufieurs fois, aflembla trefgrand nombre de gens d’armes en fes pays de Flandres amp; d’Arthois amp; à l’enuiron, pournbsp;lt;lerechiefaller en Fdollande amp; aflîeger la DuchefTe laqueline dedans la ville denbsp;Gande. Et pour celle fois cfcriuoit aux nobles de fes pays, que fon intention e-ftoit d’acheuer à cede fois la guerre dudit pays de Hollande deuat fon retour.nbsp;Pour laquelle ils auoient efté défia fort trauaillez amp; lalTez, amp; par plufieurs fois.nbsp;Lefquelles afiemblées, corne dit eft, il mena à l’Efclufe amp; là montèrent en mernbsp;pour pafler au delïufdit pays de Hollande. Durant toutes fes tribulations rae-noient les Anglois tresforte guerre fur les marches de Bretaigne:amp; eurent lorsnbsp;iceux Anglois amp; les Bretons que conduifoit le Comte de Richemont vne tref-grand rencontre : à laquelle moururent grand quantité de combattas tant d’vnnbsp;codé comme de l’autre, mais en fin leïdits Anglois obtindrent la iournée,amp; lesnbsp;conduifoit le Comte de Vvaruich.

Del'an'millecccc.xxviij.

Comment meßire lean de Luxembourg aßiegea Beaumont en Argonne.

V commencement de ced an eut edé mis le fiege à l’enuiron de Beaumont en Argonne par meflire lean de Luxembourg , accompagné de plufieurs hommes nobles des marches de Picardie, auquel fiege mettre y eut plufieurs efcarmouches entre les

aflîcgeans amp; les afliegez. Efquellcs entre les autres, fut prins amp; mené dedans la ville vn nommé Enguerrant de Brigoual vigoureux amp; fubtil homme d’armes,nbsp;pour la prinlè duquel ledit de Luxembourg fut moult fort troublé, doublantnbsp;que le deflufdit ne fut nauré ou mortzear par grand malice Guillaume de Flauynbsp;dit mettre vn linlèul en terre, vueillant par ce fait donner à entendre que ce futnbsp;ledit Enguerrant qui edoit trefpadé. Et luy feit faire vn feruice folennel,tendâtnbsp;comme on pourroit fuppofé à iceluy fortraire fecrettement hors de la ville amp;nbsp;mener en lieu fecretôc leur: pource qu’il fçauoit leditprifonnieredre richenbsp;homme pourpayer bonne finance : toutesfois, nonobdant, qu’iceux afliegeznbsp;fe meiflent tresvigoureufement à defFencc : fi furent ils en brief de toutes partsnbsp;enuironnez, amp; tellement approchez que bonnement ne pouoiét faillir hors denbsp;Icurdiéle ville,finon en grand peril de leur vie.Et pourtant le defliifdit Guillau-ine de Flauy, voyant qu’au long aller le conuiendroit edre mis en fubieôlionnbsp;non efperant auoir fecours, feit traiólé aucc ledit meflire leafi de Luxembourgnbsp;enuiron l’idue du mois de May: par tel fi, que*luy amp; les fiens fen iroient fauue-ment en emportant tous leurs biens. Et par ainfi ledit meflire leàn de Luxembourg eut robeïflance dudit Beaumont:dedans laquelle il meit garnifon de fesnbsp;gensjôc y conditua capitaine Valerien de Bournonuille, amp; auec luy rendit lain


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M.CCCCXXFIII, J/OLVXiE II, DES CHKONIQ^J^ES

amp; lauf en vic ledit Enguerrant de Brigonval : durant lequel temps furet trefucs données tant d’vn collé comme d’autre entre melïîre lean de Luxembourg, amp;nbsp;ceux de la ville de Moufon iufques au iour de la S.Remy enfuiuant : dedans le-queliourdelTufdit, ceux de ladiôle ville deuoient aller deuers le Roy Charlesnbsp;fçauoir fe de luy auroientfecours, où fils fe rendroient audit melïireleandcnbsp;Luxembourg. Apres lefqucls traiôlez acheuez par ledit mclîire lean donna co-gé a fes gens, amp;fen retourna en fonchaftcl de Beaureùoir: amp; Guillaume denbsp;Flauy pareillement donna congé à ceux qui l’auoient feruy amp; fen alla à priuéenbsp;melgnie foubs bonlàufconduit aLiencourtenl’hofteldemófeigneurfonpe-re:car entre-temps qu’il eftoit afliegé à Beaumont, le Duc de Bar feit demollirnbsp;amp;abbatrevneforterelTenommée Neufuillefur Meule, laquelletenoientlesnbsp;gens dudit Guillaume de Flauy.Et là auoit fa cheuance de fa retraite.

Comment le traiEléfè fe'tt entre le Duc de Bourgongne nbsp;nbsp;U Duchejje laqueline de

uierepour la guerre de Hollande: nbsp;nbsp;le contenu dliceluy,

Tem apres que le Duc de Bourgongne fut retourné, comme dit eft delTuSjau pays de Hollande, amp; qu’il eut fait de grandes preparationsnbsp;M tant de gens comme d’habillemens de guerre pour combattre

fubiuguer la ville de la Gande, où elloit la DucfaelTe laqueline amp; l^s aydans. LadiôleDuchelTe amp; ceux de Ibn pays conlîderans la puiflance duditnbsp;Duc de Bourgongne: amp; que défia la plus grandparticdenoblesamp;comrnu-nautezde Ibnpays, felloienttournez contre elle auecques là partie aduerfe,nbsp;doublant non pouoir refillcr audit Duc, print confeil auecques lès plus priueznbsp;amp; féaux feruiteurs, amp; fe conclud de trailer paix auecques fon beau coufinnbsp;aduerlàireleDuc Philippe de Bourgongne: lequel traiélé par le moyen d’au-cûs arabalTadeurs enuoyez entre les deux parties,fut tel qui fenfuit. C’ellàfça-uoir que ladiéte DuchelTe cognoillra amp; tiendra fon beau coufin le Duedenbsp;Bourgongne ellre Ibn droit hoir amp; heritier de tous fes pays : amp; dés lors lefidtnbsp;gouLierneur amp; mainbrucg des delTuldits pays, promettant icelle mettre en lèsnbsp;mains toutes les villes amp; forterelTes quelle tenoit:dedans lefquelles icckiynbsp;mettroit capitaines tels qu’il luy plairoit.Promeift aufli icelle dame de non foynbsp;iamais marier finon du cofentement dudit Duc : amp; auec ce demouroit à iceluynbsp;Duc la ville amp; forterelTe de Zcneuberche. Et par ainfi ledit traiélé de paix conclud amp; finé entre les deux parties couindrét enlemble certaines iournées enfuhnbsp;uâs en la ville de Dellè: ouquel lieu apres qu’ils eurct conioy l’vn l’autre reuerc-ment,prindrentd’vnconfentement eux deux enlemble ou leurs commis, h®nbsp;fermens de plufieurs villes. Et par ainfi ledit pays de Hollande qui par longuenbsp;efpace auoit ellétrauaillé d’icelle guerre, demoura en paix, retourna leditnbsp;Duc de Bourgongne donnant congé à les Picards en fon pays de Flandresnbsp;d’Arthois.

Comment le Comte de Saljehery vint en France d tout grand genten lay de du Bethfort’.Cÿ* comment le Duc de Bourgongne ramena la Duchejje laqueline de B^^nbsp;uiere en Hainault,

Au

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^'ENG^ERR. J)E MONSTRELET. CHARLES ril.

V mois de May enfuiuant Ie Comte de Salfebery homme expert amp; trefrenommé en armes, par l’ordonnance du Roy Henry amp;defonnbsp;grand confeil en Angleterre, conuocaiufques à fix mille combat-tans ou enuiron gens d’eflite amp; efprouuez en armes, parl’ordon»nbsp;nance du Roy Henry pour la plus grand partie amener en France en l’ayde dunbsp;f)ucde Bethforr, qui fe difoit Regent : defquels il enuoya premièrement troisnbsp;niille à Calais, amp; de là allèrent à Paris pour toufiours maintenir guerre contre les François. Et enuiron la fainél leanenfuiuant, ledit Comte de Salfè-bery à tout le furplus de fes gens paiTa la mer amp; vint à Calais, amp; par fàinôl Pol,nbsp;Dourlens, amp; Amiens fen alla à Paris, où il fut ioy eufement receu dudit Comte de Bethfortamp; de tout le confeil de France là eftant, tenantleparty du Roynbsp;Henry. Apres la venue duquel Comte,furent par plufieurs iours de grans con-feils tenus pour le fait de la guerre : entre lefquels fut conclud, qu’iceluy Comte apres qu’il auroit mis en l’obeiffance du Roy Henry aucunes mefehantesnbsp;places, que tenoient fes aduerfaires, il iroit mettre le fiege deuant la ville d’Or-Jeans: laquelle,comme ils difoient, leur eftoit moult nuifiible. Lequel confeilnbsp;fine furent de toutes parts euoquez amp; mandez les Normans, amp; autres tenansnbsp;leurparty: amp; fut lors faide fi grand diligence que ledit de Salfebery eut briefnbsp;enfuiuant iufques à dix mille combattans ; entre lefquels eftoient le Comte denbsp;Suffortjle feigneur d’Efcalles, le feigneur de Caloboch, le feigneur de flfle An-glois, ClafTedach amp; plufieurs autres vaillans amp; trefexperts hommes d’armes,nbsp;Sni tous enfemble apres qu’ils eurent efté(comme dit eft)grandement feftoyeznbsp;amp; honnorez audit lieu de Paris, fe départirent de là amp; des marches enuiron a-tJecques le Comte deffufdit, amp; allèrent mettre le fiege à Nogen IeRoy,que tenoient les François: laquelle fut affez toft conquifè : amp; en y eut grand partienbsp;d’eux qui la tenoient executez à mort, amp; les autres efehapperent en payant bones finances: amp; de là ledit Comte fen alla vers largueaux. En ce temps le Ducnbsp;de Bourgongne retourna en Hollande accompaigné de fes plusfeables hom-nies,pourdcrechiefconuenir auecques la Ducheffe laquelinefa confine amp;nbsp;prendre les fermens de fidelité d’aucuns nobles du pays amp; bonnes villes, quinbsp;point encores ne l’auoient fait. Apres lefquels receuz grand efpace de tempsnbsp;^indrent ledit Duc amp; la Duchefle laquehne au pays de Hainault, où ils allèrent par les bonnes villes receuoir les fermens,pareillement comme ils auoientnbsp;fiiit en Hollande amp; Zelande tant des nobles, du clergé comme des bourgeoisnbsp;^communautez : delquels en plufieurs lieux furent reueremment amp; honno-rablement receuz, iaçoit-ce qu’aucuns des deffufdits pays fuITent de ce petite-orient contensjtoutesfois ils ne voyoient mie qu’à ce ilspculTent bonnementnbsp;remédier.

Comment ceux âe Tournay feßneurent de rechiefC'vn contre Cautre.

V moisdeluilletdeceftan ceux dc^ournay fe refmeurentles vns contre les autres. Et furent en armes par plufieurs fois ainfi qu’ils a-uoient autresfois efté. La caufe fi fut pource que les gouuerneurs d’icelle cité auoient mis aucun fubfide fur les ccruoiiès pour ayderà

payer la compofition qu’ils deuoient au Duc de Bourgongne:neantmoints par G


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M.ccccxxmi. yOLVME II. DES CHRONIOEES

Ia diligence d’aucuns des plus ßiiges, ils fe rappaiferent : amp; brief enfuiuant fut prins vn deleurs capitaines nommé lean Ifàach orfeure pour plufieurs crimesnbsp;par luy cornmiszôc auoit efté celuy par qui Arnoul le Muß amp; Loólart de ViHe-lies auoient efté décapitez: lequel lean Ilaacb fut pendu publicquement au gibet de Tournay . En ce temps René le Duc de Bar feitafliegerlechafteaudenbsp;Pafliiuant, dedans lequel eftoit vn nommé de Varnencourt, qui par long tépsnbsp;auoit trefinbumainement amp; fans mifericorde trauaillélepaÿs d’enuiron.

Comment le Comte de Salfebery conquifl largue aux nbsp;nbsp;plnfieurs 'viUes deuers Orléans

comment le Duc de Bethfort 'voulut auoir les rentes des Eglißs.

Tem le Comte de Salfebery allant,comme dit eft, deuant largueaiix


puiflance,le feit de toutes parts enuironner amp; tresfort com-

? battre amp; approcher de fes gens amp; habillemens de guerre: amp; pourtât ceux qui dedans eftoient de par le Roy Charles,doubtans la puiffan-ce d’iceluy Comte,feirent auecques luy traiélé en luy rendant la place par tel Ci,nbsp;qu’ils fenpourroient ßiuuement partir. Lequel Comte apres qu’il eut icellenbsp;garnie de les gens, fen alla deuât lanuille, amp; la feit affieger dç toutes parts tref-puiflamment:S: les François eftans dedans à tout leur puiflance, commctncerctnbsp;à eux dcfFendre: mais en aucuns pou de iours apres trouuercnt maniéré d’auoirnbsp;parlement auecques iceluy Conite,lcquelnefepeultàeux concorder. Et pour-cc apres que les François fe furent retraits dedans leur ville, fefmeut vne efcar-mouche entre les afliegeans amp; les alïiegez. Pour laquelle la plus grand partienbsp;des Angloisfarmerenttout foubdainement, amp; fins le commandement duditnbsp;Comte leur fouuerain allèrent en grand hardielTe aïFaillir la ville : amp; tant continuèrent en iccluy aflault, qu’aflez briefenfuiuant ils prindrent amp; conquirentnbsp;ladiéle ville : dedans laquelle plu fieurs François furent prins amp; morts. Et y fH'nbsp;rent faits d’autres maulx ineflimables, lefquels feroient trop longs à declairer.nbsp;Item durant le temps delTufdit le Duc de Bethfort Regent, amp; ceux du confeilnbsp;du Roy Henry eftoit à Paris: requirent trefinftamment à auoir pour le prouffitnbsp;dudit Roy,toutes les rentes amp; heritages qui auoient efté données depuis quarante ans par auant aux Eglifes.Et pour ce mettre à execution,furent en ladiftenbsp;ville de Paris tenus plufieurs parlemensen grans conlcils, entre ledit Duc denbsp;Bethfort amp; le confeil du Roy d’vne part,amp; ceux de l’vniuerfité de l’Eglife d’autre part'.toutesfois icelle requefte fut tresfort debattue:amp; tat qu’en finlabefon-gne fut mife au net amp;,demourerent ceux de l’Eglife paifibics quat à ce. Auquelnbsp;aiiauftileRoy de Portugalmeitfus vnegroße armée, amp; auec luy le Duc denbsp;Cambray qui faifoit fon auantgarde: amp; pouoit auoir fur tout dix mille cobat-tans,a tout lefquels il alla en vne ifle fur les mefereans, où eftoit le Roy d Ahnbsp;baftre a toutbien vingtmilleSarrazinsTurquois,Tartaresamp;Barbarins:dehnbsp;quels la plus grand partie furent morts fur la place, amp; le deflufdit Roy d Alba-ftrcfutdctenu prifonnier. Ap|es laquelle viéloire iceluy Roy de Portugalanbsp;peu de perte retourna en fon pays.

Comment le Comte de Salfebery aßiegea la citéd'Orleans^où il fut occis .

Item

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D'ENGEERR. DE MONSTKELET. CHARLES EU. 38 aTemaprescequeleCotedeSalfebery eut conquis amp; mis cnobeïf-fance du Roy Henry de rEnclaftre,IanuilIe,Meung, amp; plufieurs autres villes amp; fortereHes au pays d’enuiron, il fe difpofa trefdiligem-ment pour aller aflieger la cité d’Orléans. Et de fait enuiron le moisnbsp;d’Oélobre â tout fl puiflance, arriua deuantjadiôle citézen laquelle ceux de dedans long temps par auant attendans fà venue,auoient preparé leurs befongnesnbsp;tant de fortifications, liabillemens de guerre comme de viures amp;genseflcuznbsp;exercitez en armes, pour refifier contre ledit Comte amp; là puiflànce amp; eux def-fendre. Et mefmement affin qu’il ne fe peut loger autour d’icelle luy ne fes gensnbsp;a leur aife ne eux fortifier, iceux d’Orléans auoient fait abbatre amp; demollir dsnbsp;tous collez en leurs faulxbourgs plulieurs bons amp; notables ediffices : entre lef-quelles furent dellruits amp; abbatus iufques à douze Eglifes amp; au deflus: efqucl-les clloient les quatre ordres des Mendians, amp; auec moult d’autres belles amp; fo-lennelles maifons deplaifance qu’y auoient les bourgeois d’icelle ville. Et tantnbsp;en icelle euure côtinuerent,qu’efdits faulxbourgs amp; tout â Tenu iron on pouoitnbsp;plainement veoir amp; iecler de canonsamp; autres inllrumês de guerre tout à plain.nbsp;Toutesfois ne demoura mie que ledit Comte de Salfebery à tout fes Anglois,nbsp;ne fe logeait aflez pres de ladiéle ville: iaçoit-ce que ceux de dedas de tout leutnbsp;pouoirfemeirentvigoureulèraent endeffence, enfailànt plulieurs làillies ennbsp;tirant de canons,couleurines,amp; autres ai tilleries,occiant amp; mettant à mefehiefnbsp;plulieurs Anglois. Neantmoins lefdits Anglois tresvaillamment amp; rudementnbsp;les rebouterent, amp; approchèrent plulieurs fois, tant qu’iceux deffendansa-noient merueilles de leurs hardiesSc courageufes entreprinfes.Durant lefquel-les ledit Comte de Salfebery feit alfaillir la tour du bout du pont, qui palTe parnbsp;^elTusî eaüe de Loire: laquelle en aflez brief temps fut prinle des Anglois, amp;nbsp;conquife auec vn petit BouleuertquieftoitalTez pres nonobllant la deffencenbsp;ties François : amp; feit iceluy Comte dedans la vieille tour loger plulieurs de fesnbsp;gens, affin que ceux de la ville ne peuflent par là faillir fur fon oil: amp; d’autrenbsp;part fe logea luy amp; fes capitaines amp; les liens aflez pres de la ville en aucunesnbsp;vieillesraafureslà ellans:efquelles comme ont accoullumé iceux Anglois,nbsp;feirent plulieurs logis de terre, tauldis, amp; habilleraens de guerre pour efehe-nerle traiélde ceux delà ville , dont ils elloient treflargement feruis. Le-ait Comte de Salfebery le troiliefmeiour qu’il elloit venu deuant icelle cité,nbsp;entraenladeflufdiéletourdu pont, oùelloientlogezfes gens: amp;là dedansnbsp;icellle monta hault au Iccond ellage, amp; fe meit en vncfeneftrc vers la ville regardant tout ententiuement les marches d’entour icelle, pour veoir amp;: imaginer comment amp; par quelle maniéré il pourroit prendre .amp; fubiuguer icelle cite : amp; lors luy ellant à ladicle fenellre, vint foubdainement de la cité auollant ’nbsp;nbsp;nbsp;-

la pierre d’vn veuglaire, qui ferîtà la fenellre où elloit ledit Comte : lequel délia pour le bruit du coup Ce retiroit dedans: neantmoins il fut à confuiuynbsp;trelgriefuement amp; mortellement de ladiéle fenellre , amp; eut grand partie dunbsp;vifage emporté tout ius, vn gentil-homm^ qui elloit derriere luy, fut d’i-celùycoup tué tout mort, pour laquelle blefl'ure dudit Comte, toutes fesnbsp;gens generallement eurent au cueurgrandtrÜlefle : car d’eux il elloit moultnbsp;cremeu amp; aymé:amp; le tenoiêt pour le plus fubtil amp; expert,amp; heureux en armes

G ij

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Mxcccxxnn, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ii. des cf-ikoNjq^es

de tous les autres Princes ßc capitaines du Royaume d’Angleterre: toutesfois ainG blcfle il vefquit l’efpace de huicl iours. Et apres ce qu’il eut made tous fesnbsp;capitaines, amp; iccux admonncftez de par le Roy d’Angleterre, qu’ils continuainbsp;fent à mettre en l’obeiïTancc icelle ville d’Orléans fans quelque diffimulation, ilnbsp;fe feit porter à Meung amp; là mourut au bout de buiôt iours de Gidiéle bleïTurc:nbsp;au lieu duquel demoura general capitaine des Anglois affigeans le Comte denbsp;Suifort:amp; au defloubs de luy le feigneur de Scalles amp; de Thalebor,mclfire Lannbsp;celot de l’Ifle, Clacedas, amp; aucuns autres : lefquels nonobftant la perte qu’ils a-uoient fait au deffufdit Comte de Salfebery, qui(comme dit efl:)elloit leur chefnbsp;amp; fbuuerain Connefl:able,refpendirent en eux vigueur:amp;d’vn commun accordnbsp;en toute diligence, fe difpoferent par toutes voyes amp; maniérés a eux poffiblesnbsp;de continuer leur Gege, amp; ce qu’ils auoient commencé:amp; de fait feirent en plu-Geurs lieux baftilles amp; fortiGcations: dedans lefquelles ils fè logerenr,affin quenbsp;de leurs ennemis ne peuifent eftre furprins ne enuahis. Item le Roy Charles denbsp;France fçaehant que les Anglois fes anciens ennemis amp; aduerGiires, vouloientnbsp;fubiuguer amp; mettre en leur obeïflance la trefnoble cité d’Orléans, feftoit con-cludauecques ceux de G^nconfeil par auant la venue d’iceux, quedetoutfonnbsp;pouoir il delFendroit icelle ville : croyant que G elle eftoit mile entre les mainsnbsp;de fes ennemis, ce feroit la deftrudion totalle de les marches ôc pays amp; de luynbsp;auflî. Et pourtant il enuoya grand partie de fes meilleurs amp; plus feables capi-taines.C’efl: à fçauoirBoufrac,amp;le feigneur d’Eu: amp;aueceuxle baftard d’Or-Icans cheualier,lefeigneurde Gaucourtamp;de Grauille,lefeigneurdeVilan,nbsp;Pothon de fainéfe Treille,la Hire,meflirc Theolde de Vvalergne,meflire Loysnbsp;de Vvacourt,amp; pluGcurs autres trefuaillans hommes renommez en armes, ôinbsp;de grand auéforité : auecques lefquels eftoient iournellement de douze à quatorze cens combattans, gens d’eflite bien efprouuez en armes : G aduenoit foü'nbsp;uent qu’il en auoit l’vne fois plus amp; l’autre moins, car le Gege ne futonequesnbsp;ferme : parquoy iccux aflîegez fè pouoient rafrefehir de gens amp; de viures,amp; aller en leurs befbngnes quand bon leur fèmbloic, amp; ils auoient voulenté decenbsp;faire. Durant lequel Gege furent faitles pluGeurs efcarmouches, amp; faillies d’i-

feit perte ou gaigne, feroient trop longues amp; ennuiables â efcrire:mais pour les rappors qui m’en ont efté fais d’aucûs notables des deux parties,n’ay point fccu

;ez en toutes icelles faillies feiffent à leurs ennemis grand dom-^narles ranons amp; autres enains ïprrnnc Inirvi llpîdefouels

que

mage, Gnon que p»arles canons amp; autres engins lettans de leur ville ; defquels engins à vne d’icelles efcarmouches, il fut occis vntrefvaillant cheualier AH'nbsp;glois amp; renommé en armes, nommé mefïîrc Lancelot de l’Ifle.

Comment 'vnpyeßheur nommé frereThomo/S conuertitplußeurs perfonnes^F^ ahhatit les bobans amp; atours de femmes enplufieursparties.

N cefl: an és parties de Flandres, TourneGs, Artois,CambreGs,Ter-nois, Amiennois, Poftthieu, amp; és marches enuiron, régna vn pref-cheur de l’ordre des Carmes natif de Bretaigne, nommé frere Thomas Conede : auquel par toutes les bonnes villes amp; autres lieux oU

il vouloir faire fes predications, les nobles bourgeois, amp; autres notables pet-


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1) ENG y ERR. DE MO N SERE LET. CHARLES TH. 35? Tonnages des bonnes villes où il eftoit, Iny faiibient faire es plus beaux lieux amp;nbsp;plantureux d’icelles pour faire afTemblcCjVn grand efcbauffault bien plancbon-ne, tendu amp; aorné des plus riches draps de tapifleries amp; autres qu’on pouoit fi-ncr.Sur lequel efchaffault eftoit preparé vn autel, où il difoit fi Mefle accom-paigné d’aucuns de fon ordre,amp; plufieurs autres fes difciples : dont la plus gradnbsp;partie le fuiuoicnt de pied, par toutoùilalloit, amp; il cheuauchoit vn petit muet : amp; là fur celuy efchaffault apres qu’il auoit dit fa Mefle, faifoit fes predications moult longues, en blafmant les vices amp; pechez d’vn chacun, amp; par efpe-cial le clergé : c’efl à fçauoir ceux qui publicquement tenoient femmes en leurnbsp;compaignie, en enfraignant le veu de chafteté.Et pareillement blafmoit amp; dif-fanioit trefexcellentement les femmes de noble lignée, amp; autres de quelque e-flat qu’elles fulTentjportans fur leurs telles haulx atours amp; autres habillerncnsnbsp;de parage, ainfi qu’ont accouflumé de porter les nobles femmes és marches amp;nbsp;pays deflufdit : delquelles nobles femmes, nulle de quelque ellat qu’elle fut ànbsp;tout iceux atours ne foloit trouuer en fa prefence:car il auoit accoullumé quadnbsp;il en veoit aucune, fefmouuoir apres icelle tous les petis enfans : amp; les admon-neftoiten donnant certains iours de pardon à ceux quice failbient : defquelsnbsp;donner, comme il difoir, auoit la puiflànce. Et les failôir crier hault,au hennin,nbsp;2U hennin.Et mefmemçnt quand les deflufdiéles femmes de noble lignée le de-partoient de deuant luy : iceux enfans en continuant leur cry, couroient apres,nbsp;amp; de fait vouloient tirer ius lefdits hennins tant qu’il conuenoit qu’icelles femmes fe fauuaflcnt amp; milTent à fauueté en aucun lieu.Pour lefquels cris amp; pour-fuite, fefmeurent en plufieurs lieux,où ils fe failbient de grans rumeurs mal-talens entre lefdits crians au hennin amp; les feruiteurs d’icelles dames amp; damoi-felles. Neanttnoins ledit frere Thomas continua tant, amp; feit continuer les crisnbsp;amp; blalphemes deirufdits,que toutes les dames Scdarnoifelles amp; autres femmesnbsp;portans haulx atours, n’alloient plus à fes predications linon en limplc ellat amp;:nbsp;defeogneu : ainlî amp; pareillement que les portent femmes de labeur de petit ôcnbsp;poure ellar.Et pour lors la plus grand partie d’icelles nobles femmes retournéesnbsp;en leurs propres lieux, ayant grand vergongne des honteules amp; iniurieufes pa-rolcs,qu’elle auoient ouÿes audit prefchement,fe dilpoferent à mettre ius leursnbsp;atours, amp; prindrent autres tels ou femblables que portoient femmes de Béguinages : amp; leur dura ce petit ellat aucune petite efpace de temps : mais à l’exemple du limaçon: lequel, quand on palfc pres de îuy, retraiôl les cornes par dedans , amp; quand il n’oyt plus riens les reboutc : ainfi feirent icelles, amp; en alTeznbsp;brief apres que ledit prelcheurfefutdeparty du pays, elles recommencèrentnbsp;comme deuant, amp; oublièrent fa doélrine amp; reprindrent petit à petit leur viel e-flat, telou plus grand qu’elles n’auoient accoullumé de porter. Pour lelquclsnbsp;cftats ainfi misiusà rinflanceôc exhortationd’iccluy frere Thomas, amp;aulfinbsp;pour ledit blafpheme qu’il difoit communément en fpecial contre tous les gensnbsp;d’Eglife, il acquill grande amour amp; renommée de tout le peuple par tous lesnbsp;pays où il alloitiôc efloit d’iceux moult honn^ré amp; cxaucé.Et aufli d’autre partnbsp;par tous les licux,où il alloit tant des bones villes comme d’ailleurs: les nobles,nbsp;le clergé, les bourgeois, amp; généralement toutes gens luy faifoient honneurnbsp;reuerence, comme on eut peu faire à vn desapollres de nollrcfeigneur lefus

G iij

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M.CCCCXXEl. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rOLVXiE II. DES CHRONIQUES

Chriftjfil fut du ciel defcendu fur terre. Iceluyainfi accompaigné de grand multitude de peuple, allant loing aux plains champs au deuantdeluy, amp; de lanbsp;part les plus notai)Ies, tant chcualiers comme autres fils y eftoient menez, euxnbsp;eftans à pied amp; tenans la bride de fon mulet iufques à fon hofl:el,qui efioit comnbsp;raunement fur le plus riche bourgeois de la ville:fès difciples dont il en auoitnbsp;plu fieu rs, fe logeoient en plufieurs lieux des plus'îtonneftes mailons des villes.nbsp;Si fe tenoient pour bien eureux ceux qui luy ou les fiens pouoient auoir à holdes.Et quand ledit frere Thomas eftoit ( comme dit eft) à fon logis, il fe tenoitnbsp;en vne chambre moult folitairement, fans vouloir fouffrir que nulle perlbnnenbsp;euft repaire auecques luy finon alïèz pou, fors tant feulement de fâ famille. Etnbsp;apres qu’il auoit fait fes predications vers la fin, il admonnefloit moult inftam-ment tant fur damnation d’ame, comme fur peine de excommuniement, quenbsp;toutes gens qui auoient en leurs maifons tabliers, efehiquiers, quartes, quilles,nbsp;dezamp; autres infirumens, dont on pouoitioüerà quelque ieu de plaifancelesnbsp;apportaflent a luy.Et pareillement contraignoit lefdiôles femmes quelles y ap-portafTent leurs hennins : amp; là deuant fon efchaffault il faifoit allumer gransnbsp;feux amp; bouter tout dedans les chofes deffufdiôles. Si régna en iceluy pays parnbsp;l’efpace de cinq ou fix mois : amp; fut en plufieurs notables citez corne Cambray,nbsp;Tournay, Arras, Amiens, amp; Theroüenne, où il feit ( comme dit eft ) plufieursnbsp;predications, à la louenge du menu peuple, aufquelles faftembloientaucunef-fois fèize ou vingt mille perfonnes. Et faifoit mettre les hommes d’vn cofte Ô2nbsp;les femmes de l’autre, amp; tendre vne corde entre deux-.pource qu’il difoitauoirnbsp;veu entre eux aucune faulfcte, en faifànt lefdicles predications. Pour lefquellesnbsp;faire, il ne prenoit point d’argent,amp; ne foufti'oit qu’on le pourchafTaft ainfi quenbsp;on fouloit faire aucuns autres prefeheurs: mais il eftoit allez content qu’on luynbsp;donnaft aucuns riches aornemens d’Eglifè,amp; qu’onreueftift fes difciples ôinbsp;payaft fes defpcns:de laquelle chofe faire on en eftoit tout ioyeux.Et pourpar-faidc perfedion Sc efperance, que plufieurs notables perfonnes penfoient ennbsp;luy,cuidant qu’il fut homme prudent amp; de fainde vie, fe meirent àleferiiirparnbsp;tout où il alloit.Et en laiflerent plufieurs pource faire pere amp; mere,femmes en-fins,amp; tous leurs prochains amis. Entre lefquels le pourfuiuit amp; accorapaignanbsp;par longue efpace le feigneur d’Antony amp; aucuns autres nobles. Apres lequelnbsp;temps fans auoir efté en nul d’iceux pays redargue ne corrigé par aucuns clercs,nbsp;fe départit à la grande louenge du peuple, amp; au contraire l’indignation de plufieurs gens d’Eglife.Et fen alla monter fur mer au port faind Vvalery pour f’ennbsp;aller en Bretaigne dont il eftoit né.

Comment tournoyemens Je feirenî en la’ville de Bruxelles.

N ces mefmesioursle DuedeBourgongne alla trclgrademcntac' compaignédes feigneursdefes pays en la ville de Bruxelles, pournbsp;eftre à vn tournoiement, qui là deuoit eftre fait le iour des Karef-mcaux’.duqucl tournf^yement eftoit le chief le fils du Damoifel de

Gazebeque:c’cft à fçauoir de donner le pris. Auquel lieu le Duc de Bourgon-gne fut honnorablement receuôc feftoyé du Duc Philippe de Brabant fon cou-fin germain, amp; des autres feigneurs du pays,amp; aufïi de ceux de la ville de Bruxelles.


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D'ENGyERK, DE ^lONSTKELET CHARLES m, 40 xelles. Ec quand ce vint au iour que le tournoyement fe deuoit faire, les deuxnbsp;Ducs defl'ufdits furent partis l’vn contre l’autre: amp; pareillement grand partie denbsp;leurs gens par l’aduis amp; deliberation d’aucuns fages de leurs confeils amp; de leursnbsp;officiers d’armes, affin d’efcheuer toutes rigueurs qui en pourroient aduenir.Ecnbsp;furent ce iour tant d’vn cofté comme d’autre,de fept à huid vingts beau mes furnbsp;laplace.C’efl: à fçauoir fur le marché de Bruxelles. Et eftoit grand nobleffe denbsp;les veoir,car ils efloient tous moult richement habillez amp; parez de leurs armes.nbsp;Et quand ce vint que lefdits officiers d’armes eurent faits les cris en ces cas ac-coLiftumez, ils fe ferirent de grande voulenté l’vn parmy l’autre, amp; y eut maintnbsp;riche coup féru entre icelles parties:amp; en fin fut le pris donné à vn gentil-homme de Brabant nommé lean Linquart. Et le lendemain amp; fécond iour furentnbsp;faides grans ioufteszentre lefquels pour le premier iour emporta le pris le Ducnbsp;deBrabanr,amp; pour le fécond le feigneur de Mamines. Et quandaux dancesnbsp;banquets il en y eut fait en trefgrand abondance, amp; y auoitlargement damesnbsp;damoifelles moult richement parées felon l’eftat du pays.Et au regard des niô-meries tant d’hommes comme de femmes, il en y auoit largement, durant laquelle fefte, fut baillée l’efpée au feigneur de Croy cheualier du Duc de Bour-gongne : lequel par le confeil feit de rechief crier vn autre tournoyement â vnnbsp;certainiour enfuiuant, poureftrc affembléeamp;fourny enlavilledc Mons ennbsp;Hainault lequel pour certaines occupations qui furuindrent dedans ledit iour,nbsp;ne fe feit point. Et apres que le deffufdit Duc de Bourgongne eut feiourné dedans icelle ville de Bruxelles quatre ou cinq iours, il f en retourna en fon paysnbsp;de Flandres : nonobflant que durant le temps deffufdit il faifoit trefdiuers tépsnbsp;tant de neiges comme gelées,amp; les autres feigneurs fe retrahirent es lieux,donEnbsp;ils eftoient venuz.

Comment le Comte de Namur tre^aj^a^ù^ fut le Duc de Bourgongne fon h entier.

Tera en l’an deffufdit rendit fon efprit à Dieu le Comte de Namur, qui auoit grand aage : lequel des auant fa mort auoit vendu au Ducnbsp;de Bourgongne fa Comté de Namur, amp; fes appertcnanccs. Apres lanbsp;mort duquel ledit Duc fe trahift en iceluy pays,pour auoir la poflef-

fiondes bonnes villes amp; fortereffes d’icelle Comté zlefquelles fans contredit luy feirent plaine deliuration : amp; fut lors par ledit Duc par tout commis gouverneurs amp; capitaines, tels que bon luy fembla. Pour lequel voifînage les Liégeois marchiflàns à icelle feigneurie de Namur, n’en furent gueres ioyeux: ainsnbsp;leur vint à defplaifir,doubtansla puiffance d’iceluy Duc: duquel long tempsnbsp;par auant de luy ne de fes deuanciers n’aimoient point la £eigneurie;pour ce quenbsp;le Duc lean fon pere amp; le Duc Guillaume fon oncle les auoict autresfois vain-euz amp; fubiuguez,comme en autre lieu par auant plus aplain deffus cfl declairé.nbsp;Sitenoiêt lors en leurs mains iceux Liégeois, vne forte tour htuéeaffez pres denbsp;Bouuines:laquelle,comme on difoir, efloit de la feigneurie de Namur:amp; la de-fîroit ledit Duc de Bourgongne à l’auoir en feAnains, mais lefdits Liégeois e-ftoient à ce oppofàns amp; contraires, pourquoy des lors fe commencèrent entrenbsp;icelles parties aucunes rumeurs amp; haynes:dont à l’occafion d’icelles, ledit Ducnbsp;de Bourgongne retourna en fon pays, amp; feit fecrettement affembler certainnbsp;G iiij


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FÎ.CCCCXXFIII. rOLTME IT. DES CHRONlQ^rES nombre de gens d’armes : lefqucls il enuoya foubs la conduiôlc de meflîre leannbsp;Blondel amp; Gerard baftard de Brimeu vers le deflufdit pays de Liege, pour prennbsp;dre d’emblée ladiéle tour de Mont-Orgueil. Et eux venus aflez pres d’icelle,ennbsp;eux preparans pour dreflerleursefchelles,furent apperccuzamp; defeonfits denbsp;ceux qui eftoient dedans; pourquoy fans autre chofe faire,fen retournèrent ennbsp;leurs paÿs:amp; lefdits Liégeois feirent leurs gardes plus que par auantn’auoicntnbsp;faitjamp;conceurentdepluscn plus grand haine contre ledit Duc de Bourgon-gne. Item durant le temps que les Anglois tenoient leur fiege deuant la noblenbsp;cité d’Orléans (comme dit eft)eftoit le Roy Charles tresfort au deflbubs:amp; l’a-uoient au peupres laifle comme abandonné la plus grand partie de fes Princes,nbsp;amp; autres des plus nobles feigneurs,voyant que de toutes pars fes befongnes luynbsp;venoient au contraire. Neantmoins il auoit touhours bonne aftedion amp; efpc-ranceen Dieu, defirant de tout foncueurà auoirtraiéfé de paix auecques lenbsp;Duc de Bourgongne : lequel par fes ambalTadeurs il auoit requis par plufieursnbsp;fois,mais encores ne fy eftoit peu moyen trouuer,qui fut au gré des parties.

Comment les Anglois aUans au Jecours du fiege d'Orléans rencontrèrent les François . qui les afjaillirent.

N cesioursleDucdeBethfort Regent eftant à Paris feit aflemblef tant des marches de Normandie comme de l’Ifle de France,amp; à l’en-uiron,de quatre à cinq cés que chars que charrettes: lefquelles auecques la diligence de plufieurs marchas furent chargées de viures, ar

tilleries amp; autres maichandifes, pour mener deuers les delTuldits Anglois, qui eftoient au fiege d’Orléans. Et apres que ledit charroy amp; autres befongnes furent preftes,tout fut baillé à conduire â mefiire lean Fafeot grand maiftre d’ho-ftel dudit Duc de Bethfort : auecques lequel furent commis le Preuoft de Parisnbsp;nommé Simon Mathieu, le baftard de Thian cheualier Baillif de Scnlis,le Pre-uoftde Melun amp; plufieurs autres officiers des marches de l’Ifle de France SCnbsp;d’enuiron, accompagnez de feize cens combattans amp; biê mille commûs:à toutnbsp;lefquels fe départit ledit Fafeot de Paris le lourdes cendres, amp; conduit par plufieurs iournées ledit Charroy amp; fes gens en bonne ordonnance, iufques enui-ron à vil village nommé Rouuroy en Beau/Te, feant entre Genuille amp; Orleans.nbsp;Auquel lieu cfloientaffemblez pour les combattre plufieurs capitaines François , qui long temps par auant içauoient afTez bien leur venue : c’eft à fçauoirnbsp;Charles Duc de Bourbon,les deux Marefehaux de France : le Conneflable d’E-feofle amp; fbn fils, le feigneur de la Tour, le fèigneur de Chauuigny, le feigneurnbsp;de Grauille, rneffire Guillaume d’Albreth, le Vicomte de Thoüas, le baftardnbsp;d’Orléans, rneffire Lacques de Chabannes, le feigneur de la Faiette, Pothon denbsp;IàinéleTreille,Eftienne de Vignolles autrement appellé la Fdire,meflire Theol-de de Valeperghe, amp; plufieurs autres nobles hommes, qui tous enfemblea-uoient de trois à quatre mille combattans : dcfquels lefdits Anglois fçauoientnbsp;bien l’afTemblée par aucuns de Idtrs gens des garnifons, qu’ils auoient bien audit pays. Et pourtant en bien grand diligence feirent de leur charroy vn grandnbsp;parc en plain champ,auquels ils laiflerent deux iffues ouucrtes:amp;fe meirét tousnbsp;enfemblc dedans iceluy:c’eft à fçauoir les archiers gardans icelles entrées, amp; lesnbsp;hommes


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D'ENG7EKK. de MONSTRELET CHARLES 711. 41 hommes d’armes aflez pres és lieux neceflaires. Et â l’vn des collez au plusfortnbsp;leZjcftoicnt les marchans, charretons, paiges amp; autres gens de petite deffence,nbsp;auecques tous les cheuaux; lefqucls Anglois en cefl: eftat attendirent bien deux /nbsp;heures leurs ennemis : lefquels en grand bruit fe vindrent mettre en bataille déliant ledit parc hors du trait. Et leur fembloit, attendu le molefte amp; le grandnbsp;nombre qu’ils eftoient, amp; qu’ils n’auoient à faire qu’à gens de plufieurs terres:nbsp;amp; n’y auoit que de cinq à fix cens Anglois de la nation d’Angleterre, qui ne po-uoient efehapperde leurs mains amp; feroient tantoft vaincus :Neantmoins lesnbsp;aucuns faifoient grand doubte que le contraire ne leur aduint,pource que lesnbsp;capitaines d’iceux François ne fe concordoient point bien enfemblc : car lesnbsp;Vns amp; par efpecial les Efcoçois vouloient combattre amp; batailler à pied, amp; lesnbsp;autres vouloient demourer à cheual. Et adonc Charles de Bourbon fut fait ehenbsp;ualier du feigneur de la Faiette, amp; aucuns autres. Et entre tant ledit Connella-hle d’Efcoce amp; fon fils fe mcirent à pied, amp; auecques eux toutes leurs gens.nbsp;Si allèrent en aflez brief terme les vns à pied, les autres à cheual enuahir amp;nbsp;combattre leurs aduerfàires amp; ennemis,defquelsils furentreceuz trefçoura-geufement. Et commencèrent lesarchiers Anglois, qui eftoienttrefbien tar-gezdeleurdit charroy àtirer trefroidement, duquel trait de pleine venue amp;nbsp;rencontre, feirent rebouter arriéré d’eux ceux de cheual, auecques les hommesnbsp;à’armes. Et lors à l’vne de leurs entrées Ce combattirent ledit Conneftable d’E-fcofre,amp;{es gens, qui en brief comprendre, furent delconfits amp; morts en lanbsp;place. Et fut mortmeflire lean Eftouart,auecques lequel furent morts fonnbsp;fils Meflire Guillaumed’Albreth feigneur d’Orual,le feigneur de Chafteaunbsp;Brun, le feigneur de Mont-Pipel, meflire lean Larigot, le feigneur de Verdui-fiint, le feigneur Diuray, le feigneur de la Greue,meflire Anthoine de Puilly amp;nbsp;bien fix vingts gentils-hommes amp; autres iufques au nombre de cinq ou fixnbsp;cens combattans : defquels la plus grand partie eftoient Efcoçois : amp; les autresnbsp;capitaines defTufdits à tout leurs gens fe départirent, amp; fen f allèrent és partiesnbsp;dont ils efloient venus. Et les defTufdits Anglois qui pour lors eftoient aduer-faires amp; ennemis des François ( comme ils auoient accouftumé ) fe rafrefehi-tent amp; fe rctrahirent cefte nuiét le pluftoft amp; le plus diligemment comme faire le peurent en leurdide ville de Rouuray.Et le lendemain enfuiuant fen partirent amp; fen retournèrent les defTufdits Anglois en moult bonne ordonnancenbsp;atout leur charroy amp; leur artillerie,comme brigandines,heaLilmcs,arbaleftres,nbsp;haftonsàfeuamp; plufieurs autres armeures, qu’il fault àgens de guerre par aucuns pou de iours déliant ladiôlc ville amp; noble cité d’Orleans moult ioyeufè-tnent,tant pour la bonne fortune qu’ils auoient eüe, comme pour les viuresnbsp;qu ils leurs menoient. Si fut la iournée defTufdiôle, depuis ce iour en auant ennbsp;^^ogage commun appellée la bataille des härenes : amp; la caufe de ce nom, fi fut,nbsp;pource que grand partie du charroy defdits Anglois eftoient chargez de härenes, amp; autres viures de Karefme . Pour laquelle maleaduenture ainfi adue-nue, Charles eut au cueur grand triftefle, voyant de toutes parts fes befongnesnbsp;venir au contraire amp; perfeuerer de mal en pis : la delTufdide bataille de Rou- / /nbsp;uray fut faiéTe la nuiéf des brandons enuiron trois heures apres minuiôT. Et nynbsp;eut mort de la partie des Anglois de gens de nom,quvn feul homme

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M.cceexxnii. roLVME ii, dss chkoniq^j^es

mé Brefanteau, nepueu de raelïire Simon Morbier Preuoftdc Paris. Et y furent faits cbeualiers de la partie des Anglois Galloy d’Aunoy feigneur d’Oriiil-Ica le grand Raoiulin, amp; Loÿs de Luxu Sauoyen.Et pouoient eftre les defl'uldits Anglois enuirondix fept cens combattans, de bonne eftoffe fans les communes. Et, comme dit efl: deffus, les François cftoient bien de trois à quatre mille.nbsp;Et furent faits cbeualiers auecques ledit Charles de Bourbon le feigneur de chanbsp;fteau Brun, amp; plufîcurs autres : amp; n’y eut pour ce iour prins qu’vn prifonniernbsp;qui eftoit Efcoçois.

Comment ^ne puceUe nommée leanne quot;vint cleuers le Epy Charles à Chinon^où il fe tC' noit :nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;comment ledit Roy Charles la retint auecques luy.

N îan delTufditvintdeuersIeRoy Charles de France à Cbinon,où il fe tenoit, vne pucelle ieune fille aagéc de vingt ans ou enuiron, notn-mée leanne,laquelle eftoit veftue amp; habillé en guife d’homme, amp; e-ftoit née des parties entre Bourgongne amp; Lorraine, d’vnc ville nom



mée Droimyjaftez pres de Vaucoulour : laquelle pucelle leanne fut grand efpace de temps chambrière en vne hoftellerie, amp; eftoit hardie de cheuauchernbsp;cheuaux amp; les mener boire, amp; auftî de faire appertifes amp; autres habilités, quenbsp;ieunes filles n’ont point accoufturaé de faire. Et fut mife à voye amp; enuoyée de-uers le Roy par vn chcualier nommé meflire Robert de Baudrencourt,capitaine de par le Roy de Vaucoulour,lequel luy bailla cheuaux amp; quatre ou fix co-pagnons.Si fe difoit eftre pucelle infpirée de la grace diuine,amp; qu’elle eftoit enuoyée deuers iceluy Roy pour le remettre en la pofleftîon de fon Royaume,nbsp;dont il eftoit enchaffé amp; débouté à tort, fi eftoit en aflez pouure eftat. Si fut enuiron deux mois en l’hoftel du Roy deftufdit : lequel par plufieurs fois elle ad-monneftoit par fes parolles, qu’il luy bail la ft gens amp; ayde, amp; elle rebouteroitnbsp;Les ennemis amp; exaulceroit fà feigneurie. Durant lequel-temps le Roy amp; fônnbsp;conftil ne adiouftoient point grand foy a elle, ne à chofe qu’elle fcetift dire : amp;nbsp;la tenoit on corne vne folle defuoyée de fa fanté:car à fi grans Princes amp; autresnbsp;nobles homes telles ou pareilles parolles font moult doubtables amp; perilleufesnbsp;à croire,tant pour l’ire de noftre feigneur,principallcment comme pour le blaf-pheme qu’on pourroit auoir des parlers du monde : neantmoins apres quellenbsp;eut efté en l’eftat que dit eft, vn efpace elle fut aydée : amp; luy furent baillez gensnbsp;amp; habillernens de guerre, amp; efleua vn eftandartou elle feit paindrela reprefèn-tation de noftre créateur. Si eftoient toutes fes parolles du nom de Dieu:pour-quoy grand partie de ceux qui la veoient amp; oyoient parler, auoient grand credence amp; variation qu’elle fut infpirée de Dieu, comme elle fe difoit eftre.Et futnbsp;par plufieurs fois examinée de notables clercsSc autres fàges hommes de grandnbsp;atnftorité, affin de fçauoir pfus à plain fon intention : mais toufiours elle fe tendit en fon propos, difiint que fe le Roy la vouloir croire, elle le remettroit ennbsp;fà feigneurie ; amp; depuis ce temps feit aucunes befongnes dont elle acquiftnbsp;.grande renommée defquellcs fêta cy apres declairé. Et lors qu’elle vint deuersnbsp;le Roy y eftoit le Duc d’Alençon, le Marefchal du Roy amp; autres plufieurs ca-f)iraines:car le Roy auoit tenu grad confeil pour le fait du fiege d’Orléans, amp; denbsp;à alla a Poiéliers amp; icellepucelle auecqueS lüy.Et brief enfuiuant fut ordonné,nbsp;que

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D'ENGEERR. de ^dONSTKELET CHARLES Ell. 42. que ledit Marefchal mencroit viures amp; autres bcfongncs neceflaires audit lieunbsp;d’Orléans à puiflancc. Si voulut Icannela pucelle allerauec,amp; feit requeftcnbsp;qu’on luy baillaft harfiois pour foy armer amp; babiller, lequel luy fut baillé. Etnbsp;toft apres leua fon eftandart amp; alla à Bloys, où l’aflemblée fe fiifoit : amp;. de lànbsp;à Orleans auecqucs les autres, fi eftoit touliours armée de plain harnois. Et ennbsp;ce mefme voyage fe meirent plufieurs gens de guerre foubs elle. Et quand ellenbsp;fut venue en icelle cité d’Orléans, on luy feit trelgrand cbere, amp; furent moulenbsp;de gens refiouys de fa venue, fi comme vous orrez plus à plain bien brief-uernent.

De Can mille cccc. xxix. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;\

Comment âe par le Roy Charles nbsp;nbsp;ceux de la •ville d'Orléans, •vinarent ambafj'adeurs 14 2. V •

en la cité de Parts pour faire traiéîé au Duc de Bethfort : ajfin que ladicle ^tlle d'Orléans demourafl patßble.

y commencement de ceft anle Duede Bourgongneaccompagné de fix cens cheuaucheurs ou cnuiron,allaà Paris deuers le Duc de Bethfort ; duquel il fut aftez ioyeufement receu, amp; aufii de fianbsp;feur femme dudit Duc : auquel lieu en aifez brief temps vindrent



Potbonde fainéle Treille, Pierre Doigin, amp; aucuns autres nobles ambaffa-deurs enuoyez de par Charles Roy de France, amp; ceux de la ville amp; cité d’Or-Jeans,qui moult fort eftoient moleftezamp; contrains par le fiege,que les Anglois leurs aduerfaires amp; ennemis y tenoient duquel efl: faiéfe mention: affin de trainier auecques le Duc deBethfortamp; le conieil du Roy Henry d’Angleterre,quenbsp;icelle ville d’Orléans, ainfi oppreffiée, demouraft paifible, amp; qu’elle fut mile amp;nbsp;baillée es mains du Duc de Bourgongne pour y mettre gouuerneur à fon plai-fir, amp; la tenir comme neutre. Confideréauffi que le Duc d’Orléans amp; fon fiere le Comte d’AngouIcfine, quieftoient droiéluriers ieigneurs de long tempsnbsp;parauant,eftoient prifonniers en Angleterre, fi n’eftoienr point de ladide guerre.Sur laquellerequeftcle deftufdit Duc de Bethfortaftemblapar pluileursnbsp;fois fon confeil,pour fur ce auoir aduis amp; deliberntion: lequel confeil quand ânbsp;ce ne peuft cocorder. Et fut la caufe pource que plufieurs remonftrerent auditnbsp;Duc de Bethfort les grans fraiz amp; deipens, que le Roy Henry aucit fouftenusnbsp;al’occafiondudit fiege, amp; auecquesceauoit perdu defies meilleurs hommesnbsp;de guerre. Difans en outre, qu’elle ne pouoit longuement durer fans eftre fub-iuguée : amp; qu’ils eftoient moult amp; en grand danger, amp; que c’eftoit vne des villes du Royaume qui leur eftoit plus prouffitablea auoir pour plufieurs rations , qu’ils y mettoient. D’autre part les autres n’eftoienr point contents, quenbsp;elle fut mife és mains du Duede Bourgongne :amp;difoient qu’rl n’eftoit pointnbsp;raifion, que le Roy Henry Ôc fes vaflaux en euftent eu les peines amp; fouftenu lesnbsp;mifes,amp; iceluy Duc de Bourgongne en auroit les honneurs amp; les prouffits fansnbsp;coup ferir. Et mefinement fut dit d vn nomn^ maiftre Raoul le Saige, qu’il nenbsp;lèroit ja en lieu oùon le machaft audit Duede Bourgongne amp; il rauallcroir.nbsp;Et finablement apres que ladide bclongneeut efté de plufieurs débattue amp;nbsp;examinée,il futconclud queiceux Orieannoisne feroient pasreceuz,fiilsnenbsp;traidoient amp; rendoient leur ville aux Anglois : amp; pourtant les delTufdits am-

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M.CCCCXXIX. VOLUME n. DES CHRONICITES bafladeurs cefte prefentc refponceouye, dirent que de ce ils n’eftoient pointnbsp;chargez, amp; qu’ils fçauoient bien que lefdits Orleannois fbiiftriroient moult denbsp;griefs auant qu’ils fe meiflent en l’obeïflance ôc fubiedion defdits Anglois. A-prcs lefquclles conclufîons,les deflufdits ambaûTadeurs fe départirent amp; retournbsp;nerent dedans ladiólecitéamp; noble ville d’Orléans: auquel lieu ils rendirent lanbsp;relponcc de leiirdidle ambaflade : toutesfois le Duc de Bourgongne fe tint afnbsp;fez content d’eux, touchant l’eftat de fes befongnes deflufdiôles : amp; eftoit biennbsp;content au cas qu’il plcuft au Roy Henry amp; à fon confeil de prendre le gouuer-nemct de la deflhfdide cité amp; ville d’Orléans,tant de pour l’amour de fon beaunbsp;cou fin ledit Duc d’Orléans,comme pour efcheuer les aduentures qui en pour-loientaduenir: mais alors iceux Anglois en grandeprofperité, qui n’auoientnbsp;point confideration que la roüe de fortune euft eu puiffance de tourner contrenbsp;eux.Et jaçoit ce qu’en iceluy voyage ledit Duc de Bourgongne feit à fon beau-frere le Duc de Bethfort plufieurs requeftes, tant pour luy corne pour fes gens:nbsp;neantmoins luy en furent aflez peu accordées : amp; apres qu’il eut fèiourné en lanbsp;noble amp; royalle ville de Paris enuiron trois fepmaines, il fen retourna en fonnbsp;pays de Flandres,où il fut moult opprefle de maladie. Mais par la diligence denbsp;bons médecins il recouurafiinté.

Comment U pticclle leanne amp; plufieurs nobles capitaines Francois c?* de grand renom rafrefichirent la noble HiUe nbsp;nbsp;cité d'Orléans de Heures gÿ* degens d'armes:

depuis leuerent le ftege.

^3 Tem apres que les capitaines des Anglois defliifdits auec leurs gens,

eurent par l’efpacede feptmois ou enuiron continué leurfiege en-Â'Aç’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t !• n ’ll rtnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• ' 1gt;/*S înbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ä •nbsp;nbsp;nbsp;11nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;î


tour ladide ville amp; noble cité d’Orlcans : amp; icelle moult opprefféc ' amp; trauaillée, tant par leurs engins comme par les fortifications, ba-fiilles amp; forterclTes qu’ils y auoient faiéfes en plufieurs lieux, iufques au nombre de fbixante:les afliegez voyans que par icelle continuation eftoient en perilnbsp;amp; danger d’eftre mis en feruitude, amp; obeïflance de leurs ennemis. Si conclurétnbsp;amp; difpoferent tous enfemble de à refifter de tout leur pouoir,amp; auflî de y remenbsp;dier par routes les voy es amp; maniérés que faire fe pourroient. Si enuoyerent de-uers le Roy Charles, affin d’auoir ayde de gens amp; de viures : fi leur fut enuoyénbsp;de quatre à cinq cens combattansou enuiron ,amp; depuis en vindrent bien enuiron fept mille auccques aucuns viures, qui eftoient en vaifleaux conduitsnbsp;pariceux gens d’armes parmy l’eaüede lariuiere de Loire: amp; auecques euxnbsp;vint leanne lapucelle,dont defliis eft failt;ftemention,amp;iufquesaceiour a-uoit fait encores peu de chofe,dont il fut grand renommée.Et lors ceux de l’oftnbsp;feftorcerent de conquerre les deflufdits viures : mais ils furent bien deffendusnbsp;par ladiéf e pucelle,amp; ceux qui eftoient auecques elle, amp; furent mis à lauueté;nbsp;dont ceux de ladiôte ville feirent bonne chiere, amp; furent moult fort ioyeuxnbsp;tant pour la venue d’icelle pucelle, comme pour les viures deflufdits. Et le lendemain qui fut leieudyjleannela pucellefe leuaaflTez matin,amp; en parlant anbsp;plufieurs capitaines de la ville amp; autres gens de guerre, les induift amp; admon-nefta moult fort par (es parolles, qu’ils farmaifent amp; la fuiuiflent : car elle vouloir aller ( fe difbit elle ) lùr les ennemis ; difànt en outre, que bien fçauoit fansnbsp;faulte

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D'ENGEERR. DE 7Ä0NSTKELET. CHARLES EIL 43 fäuke qu’ils feroient vaincus. Lcfquels capitaines amp; autres gens de guerre e-ftoient tous efmerueillezdefes parolles, dontla plus grand partie femeiteiinbsp;armes , amp; fen allèrent auecquesclleafîaillir la baftillede fainôl Loup, quie-ftoit moult forte, amp;auoit dedans de trois âquatre cens Anglois ou enuiron:nbsp;lefquels allez toil furent conquis amp; morts, amp; prins amp; rais à grand raefehef, ôcnbsp;ladide fortification fut toute démolie amp; mifeenfeu amp; en flambe. Si fen retourna ladide pucelle Jeanne à tout fes gens d’armes amp; nobles cheualiers, quenbsp;elle auoit menez auecques elle dedans la noble ville amp; cité d’Orléans, où ellenbsp;fut moult grandement amp; de toutes gens honnoréeôc feftoyée.Et le lendemain enfuiuant qui fut le vendredy iflitladide pucelle Jeanne de rechef horsnbsp;de la ville à tout certain nombre de combattans : amp; alla alfaillir la féconde ba-ftille plaine d’Anglois, laquelle pareillement (comme la premiere) fut gaignéenbsp;amp; vaincue, amp; ceux de dedans morts amp; mis à l’efpée. Et apres ce que la defluEnbsp;diète pucelle Jeanne eut fait ardoir amp; embrazer icelle fécondé baftille, elle fennbsp;retourna dedans ladide ville d’Orléans, où elle fut plus que deuant exaulcéenbsp;honnoréedetous les habitans d’icclle. Et le famedy enfuiuant aflaillirentnbsp;par grande vaillance amp; de grand voulenté la tresforte baftille amp; fortereffe dunbsp;bout du pont, qui cfloit tresforte merueilleufemet amp; puiflamment edifliée, amp;nbsp;fiefloit dedans la fleur des meilleurs gens de guerre d’Angleterre amp; droidlesnbsp;gens d’armesdefquels moult longuement amp; prudemment fe defFendirenr,maisnbsp;ce ne leur valut gueres:car par viue force amp; proëfle de combattre,furentnbsp;prins amp; conquis amp; la greigneur partie misa l’efpée: defquelsy fut occis vnnbsp;trefrenommé amp; vaillant capitaine Anglois, appelle Clafcndas:amp; auecquesnbsp;luy le feigneur de Moulins, le Bailly d’Eureux,amp; plufîeurs autres nobles hommes de guerre de grand amp; de raouk riche eftat. Apres laquelle conquefle retournèrent dedans ladiôte ville Jeannelapucelle, amp; les nobles amp; renommeznbsp;François à petite perte de leurs gens. Et nonobftant qu’à ces trois aflaulx, lanbsp;defTufdide pucelle Jeanne la commune renommée dit, en auoir efté la condu-’kerefle : ncantmoins fi y eftoient tous les nobles cheualiers amp; capitaines, ounbsp;aumoins la plufgrand partie, qui durant ledit fiegeauoientefté dedans ladi-lt;ke ville amp; cité d’Orléans : defquels pardefTuseft faidte mention auxdeuant-dits afIaux.Et fy gouuernerent chacun endroit foy fi vaillamment, commenbsp;gens de guerre deuoient frire en tel cas: tellement qu’en ces trois baflilles furent que morts que prins de fix à huid mille combattans : amp; les François nenbsp;perdirent qu’enuiron cent hommes de tous eftats. Le dimenche enfuiuant lesnbsp;capitaines des Anglois : c’eft à fçauoir le Comte de SufFort,Thalebot, le feigneur d’EfcalIes : amp; aucuns autres voyant la prinfe de leurs baftilles, amp; aulli lanbsp;deftrudion amp; defeonfiture de leurs gens,prindrent enfemble concîufion amp; délibérèrent , qu’ils fafTembleroient amp; mettroient tous en vne bataille feulle, ennbsp;delaiflant leur logis amp; fortification, amp; en cas qu’ils les vouldroient combattrenbsp;amp; batailler, ils les attendroient : où finon ils^e departiroient, amp;.fen retourne-roient en bonne ordonnance és bonnes villes amp; forterefles de leur party. Laquelle concîufion ainfi qu’ils auoientaduifée ils entretindrent:carce dimenche des le matin ils abandonnèrent toutes leurs autres baftilles, ôê en boutantnbsp;le feu en aucuns pays, fe remeirent en bataille, comme dit eft : ils fe tindrent aE

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M.CCCCXXIX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLVME II. DES CHRONIQUES

fez bonne efpace attendans, que les François les allaflent combattre amp; aflaillir, lefquels François n’eurent talent de ce faire par l’exhortation de ladide pucel-le Jeanne. Etadonequesles Angloisquiveoientleurpuiflance mallementaf-foiblie, amp; trop diminuée ; amp; auffi qu’il eftoit impoflible de là plus demeurer,nbsp;fe pis n’y vouloient faire. Si fe meirent à chemin amp; fen retournèrent en ordonnance es villes, places,amp; fortereffes tenans leur party .Si feirent lors par toute lanbsp;noble ville d’Orléans grand ioye amp; moult grans elbaudiffemens, quand ils fenbsp;veirent amp; cogneurent ainfi eftre deliurez de leurs faux aduerfaires amp; ennemis,nbsp;amp; le remanant en aller à jeur confufion, lefquels par longue efpace de tempsnbsp;les auôient longuement tenuz en danger. Si furent enuoyez plufieurs noblesnbsp;gens de guerre dedans icelles baftilles amp; forterelTes, où ils trouuerent aucunsnbsp;viures amp; treflargement d’autres biens, qui tantoft par eux furent portez à ûu*nbsp;ueté fi en feirent bonne chere : car ils ne leur auoient riens coufté : amp; lefdidesnbsp;baftilles amp; forterelTes furent preftement arfes amp; démolies iufques en terre, affin que nulles gens de guerre, de quelconque pays qu’ils fuffent ne fy peuifentnbsp;plus loger.

Comment le Roy de France à la requeJle de la, Pucelle Jeanne nbsp;nbsp;des autres nobles ça-

pitaines eslanscnla -ville ^Orleans leur enuoya grand quantité de genjdarmes pour aller fur Jes aduerfaires cQr- ennemis .

N ce temps les François eftans en ladide ville d’Orléans :c’cft à Iça-uoirlcs capitaines auecques Jeanne la Pucelle tous d’vn commun accord, enuoyerent leurs meflaiges deuers le Roy de France patnbsp;pluficurs, luy racompter les vigoureufes befongnes qu’ils auoientnbsp;faides : amp; comment les Anglois fes ennemis feftoient départis amp; retourneznbsp;en leurs garnifons. Iceluy Roy admonneftans que fans delay leur enuoyaft lenbsp;plus de gens de guerre qu’il pourroic finer auecques aucuns grans feigneurs,nbsp;affin qu’ils peuflent pourfuiuir leurs ennemis : lefquels eftoient touseffroyeznbsp;pour la perte qu’ils auoient faide, amp; auflî que luymefmescn fa propreper-fonne,fe tiraftauant en la marche: leJquelles nouuellcs furent exaulcées,cefutnbsp;bien raifon, amp; furent au Roy amp; à fon confeil moult fort plaifàntes. Si furentnbsp;incontinent mandez à venir deuers luy le Conneftable,le Duc d’Alençon,nbsp;Charles feigneur d’Albreth amp; plufieurs autres moult nobles amp; grans feigneurs,nbsp;amp; de grand renom : defquels la plus grand partie fut enuoyée à ladide ville denbsp;Orleans. Et d’autre part certaine efpace de temps apres, le Royfe retrahit ànbsp;Gien : amp; auecques luy, trefgrand nombre de combattans. Et iceux capitainesnbsp;qui par auant eftoient à ladide ville d’Orléans ,amp; les nobles Princes amp; gransnbsp;feigneurs qui nouuellement y eftoient venuz, tindrentgrans confeils tous en-femble l’vn auecques l’autre, pour auoir aduisamp; deliberation fils pourfui-ueroientles Angloisleurs aduerfaires amp; ennemis, efquels confeils eftoit premiere appellee Jeanne la Pucelle^ qui pour ce temps eftoit en grand regne. Fi-nablement les Françoisenuiron le quatriefmeiourdu moisdeMay,dont knbsp;fiege auoit efté leué à l’entrée d’iceluy mois,fe meirent fur les champs iufques au nombre de cinq ou fix mille combattans, à tout charroyamp;habille-mens de guerre, amp;prindrent leurs chemins droit vers Jargueauxj où eftoit lenbsp;Comte

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1gt; ENG EERR. J)E yiONSTRELET. CHARLES y IJ. 44 Cornte de SufFort amp; fes freres, qui ja par auantauoienc enuoyez plufieiirsnbsp;ßieflaiges à Paris deuers le Duc de Bethfort,Iuy noncerla perte de Ja mallenbsp;sduanture qui leur cftoit aduenue deuant Orleans, en luy requérant que briefnbsp;^eur voulfift enuoyer fecours, ou autrement ils eftoient en peril d’eftre rebou-

amp; de perdre plufieurs villes amp; forterefles, qu’ils tenoient au pays de Beauf-lè amp; fur la riuieredc Loire:lequel DucdeBethfortoyant fesnoiniclles,fuc moult ennuyant amp; defplailant : neantmoins luy confiderant qu’il conuenoitnbsp;pourueoir aux chofes plus necelTaires, manda haftiuement gens de tous pays,nbsp;cftans en fon obcïlTance, amp; en feit alfembler de quatre à cinq mille ; lefquels ilnbsp;leit mettre à chemin amp; tirer droit vers le pays d’Orléans foubs la conduire denbsp;nieffireThomas de Rampfton,du baftard deThian, amp; plufieurs autres: auf-quels il promeit que brief enfuiuant il iroit apres eux à tout plus grand puilfan-ce qu’il auoit mandéee n Angleterre.

Comment U Puceüe leanne nbsp;nbsp;le ConneJlable de France^G^ le Duc d'Alenconnbsp;nbsp;nbsp;leurs

routes conquirent la 'viüe de largueaux:amp;*la bataille de Patay^où les nobles François defeonfirent les Anglois.

R cft vérité que le Conneftable de France, le Duc d’Alençon, lean^ ne la Piicelleamp;les autres capitaines François eftans tous enlèmblenbsp;fur les champs, comme il eft dit deflus, cheuaucherent tant par au-cunes iournées qu’ils vindrentdeuant Iargueaux,où eftoit le def-



lufdit Comte de S ufFort,amp; de trois à quatre cens de fes gens auecques les habi-tans de la ville, qui tantoft en toute diligence Ce meirent en ordonnance de ^effence: mais en brief ils furent afl'ez toll enuironnezdc toutes parts defditsnbsp;^fançois:amp; de fait les commencèrent en plufieurs lieux à alTaillir moult roide-^ent:lequel alTault dura aflez bonne elpace terrible amp; moult merueilleux,tou-îesfois iceux François continuèrent fi afprement audit afiauîtjque malgré leursnbsp;^^uerfaires par force d’armes entrèrent dedans ladiéle ville, amp; par prouëffes lesnbsp;Conquirent : à laquelle entrée furent occis enuiron trois cens combattans An-glois, defquels fut l’vn d’iceux des frétés du Comte de SulForf.lequcl Comte a-^ccques luy fon autre frere, le fèigneur de la Poullefurent faits prifonniers, amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*'

leurs autres gens iufques à foixante hommes ou au delTus . Ainfi doneques Celle ville amp; chafteau delargueauxconquife amp; fubiuguée, comme dit eft, lef-lt;lils François fe rafrefehirent dedans icelle tout à leur aife. Et apres eux partansnbsp;la allèrent à Meung, qui tantoft leur feit obeïflance :amp; d’autre part fuirentnbsp;les Anglois qui tenoient la Ferté Hubert,amp; fe boutèrent tous enfemble à Boif-Jency, iufques auquel lieu ils furent ch aflez amp; pourfùiuis des François, lefquels fe logèrent deuant eux en plufieurs lieux, amp;toufiours Jeanne la Pucel-le au front deuant à tout fon eftandart, amp; lors par toutes les marches de là en-^*fon , n’eftoit plus grand bruit ne renommée comme il eftoit d’elle amp; denbsp;^ol autre homme de guerre. Et adonequef les plus principaux capitainesnbsp;Anglois, qui cftoient dedans ladiéle ville de Boif jency voyant par la re-oonamée d’icelle Pucelle fortune eftre du tout ainfi tournée contre eux, amp; quenbsp;plufieurs villes amp; forterefles eftoient défia miles en, l’obeïflance de leurs

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M.CCCCXXIX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rOLVXlE II. DES CHP\ONJQJ/ES

ennemis, les vns par vaillance d’armes amp; forces d’aflTanlt, amp; les autres par trai-â:ié:amp; auflî que leurs gens pour la plus grand partie en eftoient moult efbahis amp;: e(pouentez,amp;; ne les trouuoient pas de tel propos de prudence qu’ils auoientnbsp;accouftumé:ains eftoient trefdefirans d’eux retraite fur les marches de Normandie. Si ne fçauoient que faire ne quel confeil eflirc:car ils ne (çauoient eftrenbsp;acertenez n’afleurez d’auoir en breffecours. Et pourtant tout confideré les be-fongnes defliifdióles ils traiderent auec les François, qu’ils feniroient à toutnbsp;leurs biens,faufs leurs corps amp; leurs vies:par condition qu’ils rendroient la place en l’obeilFance du Roy Charles de France, où de (es commis : lequel traiâenbsp;ainfi fait, lefdits Anglois fe départirent prenant leur chemin parmy la Beaufle,nbsp;amp; tirant vers Paris. Et les François entrerét ioy eufement dedans Boif jency ounbsp;Bofcengy :amp; prindrent conclufîon par l’exhortation de leanne la Pucelle,qu’ilsnbsp;îroient au deuat des Anglois,qui des parties vers Paris venoient, pour les combattre comme on leur auoit donné à entendre : laquelle chofe eftoit veritable.nbsp;Si fe meirent de rechef à plains chapsgt;amp; venoient à eux chacun iour gens nou-ueaux de plufieurs marches.Et furent adoneques ordonnez le Conneftable,lenbsp;Marefchal de BoulTach, la Hire, Pothon amp; plufieurs autres capitaines défairenbsp;l’auantgarde : amp; le furplus comme le Duc d’Alençon, le Baftard d’Orléans, lenbsp;Marefchal de Roye eftoient condudeurs de la bataille,qui fuiuoient alTczpresnbsp;ladiéleauantgarderamp;pouoienteftredehuiôtàncuf mille combartans. Et futnbsp;demandé à leanne la Pucelle par aucuns des Princes là eftans, quelle chofe il e-ftoit de faire, amp; que bon luy fembloit à ordonner : laquelle Pucelle refpondit,nbsp;qu’elle fçauoit bien pour vray que leurs anciens ennemis les Anglois venoientnbsp;- pour eux combattre; difoit outre qu’au nom de Dieu on allaft hardiement cotre eux,amp; que fans faillir ils feroient vaincus,amp; aucuns luy demandèrent,où onnbsp;les trouucroit,amp; elle leur dit, cheuauché hardiement on aura bon conduiél.Etnbsp;adoneques tous les gens d’armes le meirent en bataille, amp; en bonne ordonnance tirerent leur chemin ayans des plus expers hommes de guerre, montez furnbsp;fleur de courfiers allant deuat pour defcouurir leurs ennemis iufques au notn-bre de foixante ou quatre vingts hommes d’armes. Et ainfi par certaine longuenbsp;efpace cheuaucherent amp; vindrent par vn iour de famedy, à vne grande demienbsp;lieüe d’vn gros village,nômé Patay, en laquelle marche les deflufdits coureursnbsp;François veirent de deuat eux partir vn cerf,lequel addreflbit fon chemin droitnbsp;pour aller à la bataille des Anglois, qui ja f’eftoient mis tous enfemble : c’eftnnbsp;fçauoir iceux venans de Paris, dont deflus eft faide mention : amp; les autres quinbsp;eftoient partis de Boif jency, amp; des marches d’Orléans : pour la venue duquelnbsp;cerf qui fe ferit, comme dit eft, parmy icelle bataille fut defdits Anglois cfleuénbsp;vn trefgrand cry: amp; ne fçauoient pas encores que leurs ennemis feuflent fi presnbsp;d’eux.Pour lequel cry les deflufdits coureurs François furet acertainez que c’e-ftoient les Anglois:car ils les veirent adonc tout à plain. Et pource renuoyerétnbsp;aucûs d’eux vers leurs capitaines pour les aduertir de ce qu’ils auoiêt trouuc: amp;nbsp;leur feirent fçauoir que par bon^ ordonance ils cheuauchaflTent auant, amp; qu ilnbsp;eftoit heure de befongner.Lefquels preftement fè réparèrent de tous points,nbsp;cheuaucherent bien amp; hardiement fi auant qu’ils apperccurct l’oft de leurs anciens cnncmis:lcfquels fachant pareillement la venue des François, fe préparèrent

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lent diligemment pour les cotnbattre,S; voulurent defcédre à pied empres vne baye qui elîoit affez pres d’eux, affin que par derriere ne peuffent dire furprinsnbsp;des François: mais aucuns des capitaines ne furent point de ce bien contens, ôcnbsp;dirent qu’ils trouueroient place plus aduantageufe: pourquoy ils Ce meirent aunbsp;chemin en tournant le dos ä leurs ennemis : amp; cheuaucherent iufques â vn autre lieu enuiron bien vn demy quart de lieue ou enuiron, du premier qui dioicnbsp;aflez fort de bayes amp; de buiflbns: oiiqucl pource que les François qui couuoi-toient iceux moult des pres, meirent pied à terre amp; ddiendirent la plus grandnbsp;partie de leurs cheuaux. Et alors l’auantgarde des François qui efeoient ddîrasnbsp;Scardans en courage pour aflembler aux Anglois, par ce que depuis peu denbsp;temps en ça les auoient affayez amp; trouuezd’aflez mefcliantc deffence, fe ferirécnbsp;de plains eflais dedans iceux Anglois amp; d’vn hardy courage amp; grand voulenté,nbsp;les enuahirent 11 vigoureufement amp; tantfoubdainemenc auant qu’ils peuffiencnbsp;elire en ordônance,que mefmement meffire lean Faffiot amp; le baftard de Tbiannbsp;cheualiers, auecques grand nombre de leurs gens ne fe meirent point à pied a-tiecques les autres, ains fe départirent enfuyant à plain cours pour fauuer leursnbsp;vies.Etentre-temps les autres qui dioient defeendus àpied furent tantoft denbsp;toutes parts enuironnez amp; combattus par iceux François: car ils n’eurent pointnbsp;loifir d eux fortifier de poinfons aguifez, par la maniéré qu’ils auoient accoutumé de faire.Et pourtant fans ce qu’ils feiffient grand dommage aux François,nbsp;ils furent en alTez brief terme amp; legierement ruez ius,defcôfits amp; du tout vain-cuz.Et y eut morts ddfus la place d’iceux Anglois enuiron dixliuid cens, amp; ennbsp;y eut de prifonniers de cent à fix vingts: defquels eftoient les principaux les fei-gneiirs d’Efcalles,deThallebot,de Hôgreffort,meffire Thomas de Tanipfton,nbsp;amp; plufieurs autres des plus notables, iufques au nombre ddfufdir. Et de ceuxnbsp;qui y furent morts furent les principaux, eft à fçauoir les autres dioientnbsp;toutes gens de petit eftat amp; moyen, tels ôc fi faits qu’ils ont accouftuméàame-

ner de leur pays mourir en Francc:apres laqu

heures apres midy, tousles capitaines François fe raffemblerent enfembleen regraciant deuotement amp; humblement leur créateur : amp; menèrent grand lidfenbsp;les vns auecques les autres pour leur viéloire amp; bonne fortune : amp; fe logèrentnbsp;celle nuid en icelle ville de Patay qui eft à deux lieues pres d’Anuille en Beauf-Plinbsp;nbsp;nbsp;lt;«1(nbsp;nbsp;XB.

aquelle ville cefte iournée porte le nom perdur3blement:amp; le lendemain

ariceluy Roy auecques ceux de fon confeil con-

lefdits François retournèrent à tout leurs prifonniers, amp; les riches des Anglois qui morts eftoient ddpoüillez:amp; ainfi entrèrent en la ville d’Orléans,amp; les autres de leurs gens ôc marches d’entour amp; à l’enuiron, où ils furent grandementnbsp;receuz de tout le peuple François, amp;parefpecialleanne la Pucelleacquift ennbsp;icelles befongnes fi grand loüenge, amp; renommée, qu’il fembloit à toutes gensnbsp;que les ennemis du Roy n’euflent plus puiflance de refifter contre elle : amp; quenbsp;brief par fon moyen le Roy deuft eftre remis amp; reftably du tout en fon Royaume : fi fen alla auec les autres Princes amp; capitaines deuers le Roy qui de leurnbsp;retour fut moult refioüy,amp; feit à tous treshoiÿiorable reception. Apres laquel-chifion de mander par tout le pays de fon obeiflance, le plus de gens de gu errenbsp;qu’il pourroit finer, affin qu’il fepeuft bouter auant es marches Ôcpourfuiuir

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M.CCCCXXIX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;VOLV^dE IL DES CHP^ONi QJ^E S

fes ennemis. Item àlaiournécdelabatailledePatay, auant que les Anglois fceuflent la venue de leurs ennemis : meffire lean Fafcot qui eftoit vn des principaux capitaines, amp; qui fen eftoit foüy fans coup ferir, fafl'embla en confeilnbsp;auecqucs les autres, amp; feit pkifieurs remonftrances-.c’eft à fçauoir comment ilsnbsp;fçauoient la perte de leurs gens,que les François auoient fait deuant Orleans amp;nbsp;Iargeaux,amp; enaucûfautreslieux.Pourlefquellesilsauoicntdu pire, amp; eftoiêtnbsp;leurs gens moult elbahis amp; eftroyez. Et leurs ennemis au contraire eftoientnbsp;moult en orgueilliz amp; refingniez: pourquoy il confèilla.qu’ils feretrahiflentnbsp;aux chafteaux amp; lieux tenansfon party àl’enuiron, amp; qu’ils ne combattilTentnbsp;point leurs ennenmis fi en hafte iufques à ce qu’ils fulFent mieux rafteurez : amp;nbsp;aufti que leurs gens fuflent venus d’Angleterre, que le Regent deuoit enuoyernbsp;briefuement :lefquelles remonftrances ne furent point bien aggreablesâ aucuns des capitaines, amp; par efpecial à meflire lean de Thallebot : amp; dit que fi fesnbsp;ennemis venoient qu’il les combattroit.Et par efpecial comme ledit Fafcot l’ennbsp;foüit de la bataille fans coup ferir, pour cefte caufe grandement luy fut reproché quand il vint deuers le Duc de Bcthfort fon feigneur. Et en conclufion lu/nbsp;fut pftée l’ordre du blanc iarretier,qu’il portoit entourla iambe:mais depuis tâtnbsp;en partie comme pour les deftufdides remonftrances qu’il auoit faite, quinbsp;fembloicntalfezraifonnables, comme pour pluficurs autres excufances qu’ilnbsp;meit auât,luy fut depuis par fèntence de proces rebaillée ladiôte ordre de la iar-retiere : iaçoit-ce qu’il en fourdit grand debat depuis entre iceluy Falcot amp;: firenbsp;lean de Thallebot,quand il fut retourné d’eftre prifonnier delà bataille defluf-diéle: à cefte befongne furent faits cheualiersdela partie des François laquesnbsp;de Milly,Gilles de S.Symon,Loÿs de Marconnay,Iean de la FFaye, amp; plufieursnbsp;vaillans hommes.

Comment le Duc de Bourgongn'e à U recjuefle du Duc de Bethfortfen vint d Paru, ott de nouuel ils reconfermerent leurs alliances.

T de rechief en ces iours furet apportée nouuelles au Duc de Beth-® fort,amp; au grand confèil du Roy Henry d’Angleterre eftant à Paris,


s delapcrte amp; miferable aduenture amp; deftrudion de leurs gens :1a-quelle leur fut tant ennuyeufe amp; dure à oüir dire amp;: racompter, que les aucuns en plain confeil commencèrent moult fort a plourer: Et d’autre partnbsp;furent aduertis comment le Roy Charles à toutfà puilfance fe coparoir, amp; ap-preftoitpour venir conquérir pays fur eux; pourquoy parle Duc dcBethfortnbsp;amp; les Parifiens fut ordonné d’enuoycr vne folennelle ambaffade deuers le Ducnbsp;Phillippe de Bourgongne, affin de luy remonftrer les deftufdiéles eftranges be-fongnes:amp;luy aiiflirequerre que brifuement il voulfift venir à Paris,pour auecnbsp;le Regent amp; le confèil du Roy auoir aduis fur les affaires deffufdits, qui leur e-ftoientfuruenus :lefquelsambaffadeurs, c’eftàfçauoir l’EuefquedeNoyon,nbsp;deux notables Doéfeurs en Theologie de l’vniuerfité, amp; aucuns des plus puifnbsp;fans bourgeois de Paris vindrem^ Hefdin où ils trouuerêt ledit Duc de Bourgongne,auquel ils racompterent leur ambaftade, en luy requérant trefinftam-ment de par fon beau frere le Regent, amp; les Parifiens qu’il luy pleuft aller a Paris au pluftoft que faire fe pourroit:pour auec eux auoir deliberation amp; cofeil,nbsp;pour

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Jgt;'EN GE ERR. DE yiONSTKELEr CHAKLES EU. 40^ pour refifler contre leurs aduerfàires.Laquelle requefte iceluy Duc accorda amp;nbsp;leur proineiü qu’en dedans briefs iours,il feroit en Jadiôle ville de Paris. Et adocnbsp;feitafl'emblcr de (eptàhuiôlcens côbattans en fes paÿs^d’Arthois amp;âi’enuiron:nbsp;atout l’efqLfels il alla en ladide ville de Paris, pour la venue duquel fut faillenbsp;grâd ioye tant des Parifiens come du Duc de Bcthfort:amp;parplufieurs iournéesnbsp;tindrçnt enfemblc de grans confeils fur les affaires deffufdits,en la fin defquclsnbsp;pr.omeirent l’vn à l’autre. C’eft a fçauoir les Ducs deffufdits que chacun d’euxnbsp;de toute fiipuiffancefemploiroient â refifier contre l’intention de Charles denbsp;Valois leur aduerfaire:amp; reconfernierent de rechief les alliances amp; promeffesnbsp;que long temps par auant ils auoient faiôles l’vn à l’autre. Et ^pres ces chofes.nbsp;faiôles amp; accomplies, le Duc de Bourgongne retourna en fon pays d’Arthois,nbsp;amp; mena fa fœur la Ducheffe de Bethfort auec luy, amp; la raeit demourer amp; féicnbsp;tenir en fon eftat à Lens en Arthois: amp; ledit Duc de Bethfort manda fiins delaynbsp;en Angleterre, qu’on luy enuoyaft gés de guerre les plus expers que l’on pour-roitfiner:amp;pareillement feit euoquer toutes les garnirons de Normandie, amp;:nbsp;d’autres lieux de fon obeïffance : amp; auec tous les nobles, amp; autres qui auoientnbsp;secouftumé d’eux armer.duquel pays d’Angleterre ja pieça mandez,furent envoyez à l’ay de du deffufdit Duc quatre mille combattans ou enuïron, delquelsnbsp;cftoit chief amp; coducleur le Cardinal de Viceftredequel paffa la mcr,amp; fen vintnbsp;aCalais,amp; de lâ à Amiens: duquel lieu le Cardinal alla à Corbie deueis le Ducnbsp;deBourgongne amp; fit belle niepee la Ducheffe de Bethfort: lefquels,comme ditnbsp;eft,venoient de Paris,ouquel lieu de Corbie ils eurent l’vn auec l’autre aucunesnbsp;briefues conclufions ; depuis lefquelles fien retourna ledit Cardinal à Amiens,nbsp;amp; de là mena aucuns de fes gens deuers le Duc de Bethfort fon nepueu : lequelnbsp;eut grand ioye de fa venue. En ces iours fut enuoy é lean Baftard de fainâ: Pol,nbsp;à tout certain nombre de gens d’armes des marches de Picardie, de par le Ducnbsp;deBourgongne vers le Duc de Bethfort. Lequel luy bailla en gouuernementnbsp;lavilleamp;fortereffe de Meaux en Brie, amp; l’en feit fouuerain capitaine pour lanbsp;garder contre la puiffance du Roy Charles,qu’on attendoit chacun iour en iceluy pays .

Comment le Roy Charles de France femeit fttr les champs à tout grand foifondegehs d'armes amp; de cheualiers ; ouquelvoyage meit enJon obeïjjance plusieurs 'villesnbsp;chaßeaux.

Tem durant le temps deffufdit, Charles Roy de France affembla à Bourges en Berry trefgrand multitude de gens d’armes ¦amp; de trait :nbsp;entre lefquels eftoiet le Duc d’Alençon,Charlcs de Bourbon Comte de Cleremont,amp; Artus Conneftable de France Comte de Riche-ï^ont,Charles d’Anjou fon beau frere amp; fils au Roy René de Cecile, lebaftardnbsp;d’Orlean5,amp; le Cadethd’Armignac, Charles feigneur d’Albreth : amp; plufieursnbsp;autres nobles hommes amp; puiffans Barons des Duchez amp; Comtez d’Acquitai-ne^de Gafcongne,de Poiólou,de Berrypilleurs autres bons paÿs:aucc tousnbsp;Iffquels fe meirent fur les champs,amp; de là vint à Gien fur Loire toufiours lean-ne la Pucelle auec luy amp; en fa compagnie vn prefeheur nommé frere Richardnbsp;^e l’ordre faincl Auguftin ,qui n agueres auoit efté débouté de la ville de Pari»nbsp;H iiij;

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M.CCCCXXIX. yOLKMß II, DES CHKONI^^VES

d’autres lieux, où il auoit Elit plufieurs predications en robcïirance dcfdits Anglois:pourcc qu’en icelles fe monftroit trop plainement eftic fauorable, amp;nbsp;eftre de la partie des François : duquel lieu de Gien print fon chemin,en venantnbsp;vers Auxerre:toutesfois le Connellable à tout certain nombre de sens d’armesnbsp;fen alla en Normandie deuers Eureux, pour empefcher les garnifons du pays,nbsp;qu’ils ne fe pcuflent alïemblcr auecques le Duc de Bethforr. Et d’autre pan lenbsp;Cadeth d’Armignac fut rcnuoyé à garder la Duché d’Acquitaine, amp; de Boiir-delois : auquel chemin iceluy Roy meit en fon obeïlTance deux petites bonnesnbsp;villes, qui tenoient le party du Roy Henry: c’eftàfçauoir S. Florentin amp;Iar-gueaLix:icelles promettant de faire dorefnauant au defliifdit Roy, amp; à (es commis tout ce que bons loyaux fubieds doiuent faire a leur fouuerain feigneur:nbsp;amp; prenoiêt aufli du Roy feurté amp; prome(re,qu’illes feroitgouuerner amp; maintenir en bonne iuftjce amp; felon leurs anciênes couftumes, amp; de là vint audit lieunbsp;d’Auxerre:G enuoya fommer ceux de la ville, qu’ils le voulfilfent receuoir corne leur naturel amp; droiéfurier feigneur,lefqucls de ce faire ne furent point con-tens de plaine venue: neantmoins plufieurs ambalTadeurs furent enuoyez d’vnnbsp;cofté amp; d’autre, fi fut en la fin traiôté fait entre les parties amp; promeirent iceuxnbsp;de ladide ville d’Auxerre, qu’ils feroient telle obeïlTance au Roy que feroientnbsp;ceux des villes de Troyes,Chaalons,amp; Reims : amp; par ainfi adminiftrerent auxnbsp;gens du Roy viures amp;; autres denrées pour leur argent, amp; ils demoureroientnbsp;paifibles,amp; les tint le Roy pour exeufez pour celle fois : amp; de là vint le Roy ànbsp;Troyes en Champaigne, amp; fe logea tout àl’cnuiron : amp; y fut trois iours auantnbsp;que ceux de la ville le voulfilfent receuoir à feigneur : en la fin defquels parraynbsp;certaines promelfes qui leur furent faiéles, ils luy feirent plaine ouuerture, amp;nbsp;meirent luy amp; fes gens dedans leur ville, où il oüit melTe : amp; apres les fermensnbsp;accouftumez faits d’vne partie aux autres, le delTufdit Roy retourna en fon logis aux champs : amp; feit publier paï plufictws fois tant en fon oil comme en hnbsp;ville fur la hart, que homme dequelque ellat qu’il fut ne meffeit riens à ceuxnbsp;de la ville de Troyes,ne aux autres quifelloient mis en fon obeïlTance.Et en cenbsp;mefmc voyage faifoient Tauantgarde les deux Marefehaux de France: c’ellanbsp;fiçauoir Boull'ac,amp;: le feigneur de Rais: auecques lefquels efloientla Hire,Po-thon de SaindeTreille amp; aucuns capitaines, durant lequel voyage fe rendirentnbsp;en TobeïlTance d’iccluy Roy Charles trefgrand nombre de bônes villes amp; cha-fleaux à Tenuiron des marches,où il palToit:defquelles redditions de les declahnbsp;rer chacune à part Iby ie m’en palTe pour caufe de briefueté.

Comment le Roy Charles de France d tout grande c?* nohle cheualerieyamp; à tout grand nombre degens A armes fen •vint en la cité de Reims, où ilfutfacrégar 1‘Ar^euefnbsp;que de Reims.

^3 Tem Charles Roy de France, luy eflantà Troyes en Champaigne

W'j (comme dit efl delTuslvindrent deuers luy aucuns députez de Chaa-î^^lons en Champaigne,^ui luy apportèrent les clefs de leur ville amp; ci-]yy promettàt de par icelle faire toute obeïlTance : Apres la venue defquels,ledit Roy vint audit lieu de Chaalons, où il fut benignement en grand humilité receu : amp; là pareillement luy furent apportées les clefs de lanbsp;ville

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D'EHGEERPx. DE yiONSTRELET CHARLES Ril. 47 ville de Reims, en luy promettant, comme defliis, faire route obeïfTance amp; Ienbsp;teceuoir comme leur louuerain feigneunen laquelle cité de Reims nagueres a-Uoiteftelefcigneur de Saueuies de par le Due dcBourgongne, auec certainnbsp;nombre de gens d’armes, pour icelle ville tenir en robcïllance du Roy Henrynbsp;amp; du deflufdit Duc de Bourgongnedequel feigneur de Saueufes venu à Reimsnbsp;parlegouuerneur amp; grand nombre deshabitansjluy fut promis d’eux entretenir du party amp; en la querelle du Roy Henry, amp; aufli d’iceluy Duc iulques à lanbsp;mommais nonobftant ce pour la cremeur qu’ils auoient de la Pucelle, qui fai-foitde grans raerueilles(comme on leur donnoit à entendre) fe redirent en l’o-BeïlTance du Roy Charles:iaçoit-ce que le feigneur de CbaftiHo, amp; le feigneurnbsp;de Saueufes qui eftoient leurs capitaines, leur remonftralTent amp; vouloient doner à entendre le contrairedefquels deux feigneurs voyans leur voulenté amp; af-feélion fe départirent de ladiéle ville de Reims: car en leurs reraonftraces ceuxnbsp;de ladide ville de Reims n’auoient en riens voulu entendre,amp; ains leur auoientnbsp;fait relponces dures amp;airez eftrages.Lelquelles parolles oüyes,iceuxfeigneursnbsp;de Saueufes amp; de Chaftillon retournèrent au chafteau Thierry: li auoient def-lors iceux de Reims printconclufion l’vn auec l’autre de receuoic ledelTuf-dit Roy Charles : laquelle chofe ils feirent( comme dit eftdelTus) tant parlenbsp;naoyen de l’Archeuelque de Reims, lequel elloit Chancelier du Roy Charles,nbsp;comme par aucuns autres: fi entra le Roy dedans la ville amp; cité de Reims le ve-dredy fixiefme iour de luillet auecques trefgrad nombre de cheualerie. Et puisnbsp;ledimenche enfuiuant par ledit Archeuefque confacré amp; couronné à Roy dedans ladide ville amp; cité de Reims prelens fes Princes, amp; Prélats amp; toute la Baronnie amp; cheualerie qui là eftoit. Là eftoient le Duc d’Alençon, le Comte denbsp;Cleremont, le feigneur de la Trimoüille qui eftoit fon principal gouuerneur,nbsp;le feigneur de Beaumanoir Breton, le feigneur de Mailly en Touraine: lefijuelsnbsp;eftoient en habits royaux reprefentans les nobles Pairs de France,qui point n’e-ftoient au fait amp; noble facre du Roy,amp; auffi au noble couronnement delTufdit:nbsp;fi auoient les deflufdits Pairs abfens euocquez amp; appeliez deuant le grand autel par le Roy d’armes de France ainfi,amp; par la maniéré qu’il eft accouftumé denbsp;faire. Apres lequel lacre fait amp; accomply, le Roy alla dilher en l’hoftel epifeo-palde rArcheuefquc,les feigneurs amp; prélats en fa compagnie : amp; fe feift à fà table ledit Archeuefque de Reims,amp; feruirêt le Roy à fon difner le Duc d’Alen-Çon amp; le Comte de Cleremont, auecques plufieurs autres grans feigneurs : amp;nbsp;feit le Roy le iour de fon lacre trois cheualliers dedans l’Eglilè, defqucis le Da-naoifeau de Comercis en fut rvn:amp; à fon departement laifla en la cité de Reimsnbsp;pour capitaine Anthoine de Hollande nepueu dudit Archeuelque. Et le lendemain fe départit de ladide ville, amp; fen alla en pellcrinage à Corbeny, vifiter S.nbsp;Marcou:auquel lieu luy vindrent faire obeïlTance ceux de la ville de Laon, fi-comme auoient fait les autres bonnes villes,amp; citez deirufdides:duquel lieu denbsp;Corbeny ledit Roy alla à Soiflbns amp; à Prouuins, qui fans contredit luy feirentnbsp;plaine ouuerture: amp;conftitua lors la Hire notiuel Baillif de Vermandoisounbsp;lieu de melfireCollart de Mailly, qui par auant y eftoit commis amp; inftituénbsp;de par Henry Roy d’Angleterre. Et apres f’en vint le Roy amp; fes gens deuancnbsp;chafteau Thierry,où eftoient dedans le feigneur de Chaftillon, lean de Croÿ#

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n.ccccxxix.


IL T)ES CHRONlQ^yES


lean de Britneu, amp; aucuns autres nobles grans feigncurs de la partie du Due de Bourgonjjpea tout quatre cens combatrans ou enuiron:Lefquels tantpourcenbsp;qu’lis fentoient la communauté encliner à faire obeïflance au Roy CharleSjCÓ'nbsp;me pource qu’ils n’attendoient mie brief fecours: amp; n’eftoient mie pourueuz ànbsp;leur plaiGr, rendirent amp; reftituerent icelle forte ville amp; chaftel en l’obeïflancenbsp;amp; fubieélion du Roy Charles,amp; fen partirent fauuemecamp; fans aucun deftour-bier,où empefehement à tout leurs biens. Si fen allèrent à Paris deuers le Ducnbsp;de Bethforr, qui lors faifoit moult grand afTemblée de gens d’armes, pour allernbsp;combattre le Roy Charles amp; fa puifTancc.

Comment le Duc de Bethfort feit moult grand affemblée degens d’armes jpour aller corn-battre le Roy Char les.Et comment il luy enuoya vne lettres.

N ce mefmes temps le Duc de Bethfort Regent vint à tout dix mille combattans ou enuiron, qu’il auoit aflemblez d’Angleterre, de Normandie,amp; d’aucunes autres marches de Frace fe tira de Rouen,nbsp;Paris:amp; de la par plufieurs iournées têdant rêcontrer le Roy Char



les pour à iceluy liurer bataille.Si fen alla par le pays de Brie à Monftriau-faut-Yonnczduquel lieu il enuoya (es meflagiersSc ambafladeurs deuers ledefluf dit Roy,portât fes lettres feellees de fon feel, defquelles la teneur fenfuit.Nousnbsp;lean de i’Enclaftre Regent amp;gouuerneur de France amp;Duc de Bethfort: fça-uoir füfons à vous Charles de Vallois, qui vous fouliez nommer Daulphin denbsp;Viênois:amp;maintenant fans caufe vous vous diôtes Roy,pource que torfionne-remét auez de nouuel entreprins cotre la CouronneSc la fèigneurie de treshautnbsp;amp; excellent Princc,amp; trefrenommé mon fouuerain feigneur Henry,par la grace de Dieu vray naturel amp; droiéf iirier Roy des Royaumes de France amp; d’An-gleterre:par donnant à entendre au fimple peuple que venez pour donner paixnbsp;amp; feurtéjCe qui n’efl pas,ne peut eflre par les moyês qu’auez tenus amp; tenez,qninbsp;faicles feduireamp; abufer le peuple ignorant,amp; vous aydez plus de gens fuperfti-cieux amp; reprouuez,cômed’vne femme defordonnée amp; diffamée eftant en habit d’homme amp; gouuernement diffolu : amp; auffi d’vn frere Mendiant apoftatnbsp;feditieux,côme trous fommes informez:tous deux felon la fainéle eferiture ab-hominables à Dieu,quipar force amp; puifTance d’armes auez occupez au pays denbsp;Champaigne amp; autre part,aiicunes citez,villes amp; chafteaux appartenans à médit feigneur le Roy,amp; les fubieéfs demouroient en icelles contraints amp; induitsnbsp;â defloyauté amp; pariuremcns,en leur faifànt rompre amp; violer la paix finalle desnbsp;Royaumes de France amp; d’Angleterre, fblennellement iuréepar les Roys denbsp;France amp; d’Angleterre, qui lors viuoient : amp; les grans feigneurs Pairs, Prélats,nbsp;Barons, amp; les trois eftats de ce Royaume. Nous pour garder amp; deffendre lenbsp;vray droit de mondit feigneur le Roy, amp; vous amp; voftre puifTance rebouternbsp;hors de fes pays amp; feigneuries â l’ayde du tout puiflant : nous fommes mis fusnbsp;amp; tenons les champs en noftre perfonne,amp;: en la puifTance que Dieu nous a do-né:amp; comme bien auez feeu amp; l^auez vous auons pourfuits amp; pourfuiuons denbsp;lieu en lieu pour vous cuider trouuer ou rencontrer, ce que n’auos encores peUnbsp;faire, pour les aduertifTemês qu’auez faits amp; faiétes pour nous,qui de tout noftre cueur,defirons l’abbregement de la guerre : vous fbmmons, amp; requérons

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D'ENGl^EKK. de lAONSTKELET CHARLES m. 48 que fi vous cftes tel Prince qui querez hóneur,ayez pitiéôc cópafllon du pauurenbsp;peuple chieftien, qui tat longuemct à voftre caufe a efté inbumainemét traiôlénbsp;amp; foullé amp;C opprimé, que briefuement (bit hors de fes affligions amp; douleurs,nbsp;lans plus continuer la guerre : prenez ou pays de Brie,où nous amp; vous fommesnbsp;bien prochains de vousamp; de nous aucune place aux chaps,cóuenable amp; raifon-nableamp; iour brief amp; cópetant:amp; tel q la prochaineté des lieux où nous amp; vousnbsp;fommes pour le prefent, le peut foLiffrir amp; demander: auquel iour amp; place fynbsp;comparoir y voulez en perlonne,aucc le conduid de la difformée femme,amp; a-poftat deirufdir,amp; tous les pariuresamp; autre puilTance telle que Vous voudrez amp;nbsp;pourrez auoir : nous au plaifir de nollre feigneur y comparerons, ou monfei-gneur le Roy en noftre perfonne:amp; lors fi vous voulez aucune chofè offrir ounbsp;mettre auanr,regardant le bien de la paix : nous laiflerons amp; ferons tout ce quenbsp;bon Prince Catholique peut amp; doit faire, amp;toufiours (bnimes enclins amp; volontaires à toute bonne paix non fainte,corrompue,diflimulée,violée ne pariu-ree, commefutàMonftriau fa ut-Yonne celle dont par voftre coulpe amp; con-fentement fenfuit le terrible,deteftable amp; cruel meurdre commis contre loyamp;nbsp;bonneurdecheualerie, enlaperfbnnedefeu montrefehier óctrefamépere lenbsp;Duc lean de Bourgogne, à qui Dieu pardointrpar le moyê de laquelle paix parnbsp;Vous enfrainte,viollée amp; pariurée font demeurez amp; demourent cent nobles,amp;nbsp;autres fubieds de ce Royaume amp; d’ailleurs quides amp; exempts de vous amp;dcnbsp;Voftre feigneurie,à quelque eftat que vous ayez peu amp; pouez vcnir;amp;: tous fer-luens de loyauté,feauté amp; fubiedion les auez abfoluz ôcacquitez, comme parnbsp;voz lettres patentes fignées de voftre main amp; de voftre feel peut clerement ap-paroir.Toutesfois (e pour l’iniquité amp; malice des hommes n’y pouoit proufti-ler au bien de la paix,chacun de nous pourra bien garder amp; deffendre à l’efpéenbsp;û caufe,amp; fa querelle:ainfi que Dieu, qui eft feul iuge, amp; auquel amp; non autrenbsp;*i^ondit feigneur à refpondre,luy en donnera la grace;amp; auquel nous fupplionsnbsp;bumblement,comme à celuy qui fçait amp; qui cognoift le vray droit amp; legitimenbsp;querelle de mondit feigneur, que difpofèr en vueille à fon plaifir, amp; par ainfi lenbsp;peuple de ce Royaume fans tel foullement, oppreflîons pourra demourer ennbsp;longue paix amp; feur repos, que tous Roys amp; Princes Chreftiens qui ont gouvernement, doiuent requérir amp; demander : fi nous faides fçauoir haftiuementnbsp;amp; fans plus delayer ne paffer temps par eftritures n’argumens, ce que faire nenbsp;Voudrez : car fi par voftre deffaut plus grans maulx,inconueniens,continuatiósnbsp;lt;lc guerre,pi 11 erie, Ôc ranffonnement de gens amp; occifions amp; depopulations denbsp;pays aduiennent: nous prenons Dieu en tefmoing amp; proteftons deuant luy, amp;nbsp;les hommes qui n’en feront point en caufcjSc que nous auons fait amp; faftbns noftre deuoir, amp; nous mettons amp; voulons mettre en tous termes de raifon amp; hô-Ueur,ft)itpreallablement par moyen de paix amp;iournéede bataille de droit denbsp;Prince, quand autrement entre puiffans amp; grans parties ne fê peuuent faire : ennbsp;tefmoing de ce nous auons fait (eeller ces prefewtes de noftre feel. Donné au-éit lieu de Monftriau où faut-Yonne, le feptiefme iour d’Aouft. L’an de gracenbsp;vaille quatre cens xxix. Ainfi figné par mon feigneur le Regent du Royaume denbsp;Prance,amp; Duc de Bethfort.

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M.CCCCXXIX. rOLyXlE 11. DES CHKONH^yES

Comment Ie Koy Charles de France nbsp;nbsp;nbsp;Ie Duc de Bethfortnbsp;nbsp;nbsp;leurs puijjances rencon

trer ent C^n l'autre 'vers Ie Xlont- F^nlloy.

Tem apres les befongnes deflufdiólesje Duc de Betbfort voyat qu’il ne pouoit rencontrer le Roy Charles amp; fa puiflance à fon aduanta--

^¦^'^^ferir ne faire quelque refiftence : ilfe retira à toute fa puiflance fur


hO pouoit rencontrer le rvoy Lgt;narics oc. la puinance a ion auuanw--’ que plulieurs villes fortercfl'es le rendirent à luy fans coup les marches de rifle de France, affin d’obuier que les priiicipalles villes nefenbsp;tournaffent contre luy, comme auoient Elit les autres. Et d’autre part le Roynbsp;Charles qui ja eftoit venu à Crefpy, où il auoit cfté receu amp; obey comme fou-ucrain feigneur, Ce retrahit à tout fa puilfance parmy le pays de Brie en approchant Senlis:auquel lieu les deux puiflances deffufdiôfes: c’efl: à fçauoir du Roynbsp;Charles amp; du Duc de Bethforr,trouuerent l’vn l’autre allez pres du Mont-Dal-lésjVne ville nommée le Bar.Si feirent de chacune partie grandes préparations,nbsp;affin de trouuer aduantage pour combattre l’vn l’autre,amp; print le Duc de Bethfort El place en aflez fort lieu,amp; adoflerent aucuns lieux par derriere, amp; de collé de fortes hayes d’efpines : amp; au front deuanteftoient mis les archiers en ordonnance tous à pied,ay ans chacun deuant luy poinçons aguifez fichez deuantnbsp;eux. Et ledit Regent à tout fà compagnie amp; autres nobles aflez pres defditsnbsp;archiers en vne feulle bataille, où il y auoit entre autres feigneurs,deux bannie-res , l’vne de France amp; l’autre d’Angleterre : amp; fi eftoit auecques icelle l’eftan-dard de fàinél George : laquelle bannière portoit pour ce iour lean de Villiersnbsp;cheualier, feigneur de l’Ifle Adam . Eteftoicntlors auecques ledit Duc de fixnbsp;à huid cens combattans des gens du Duc de Bourgongne : defquels les principaux eftoient lefeigneurdel’IfleAdam, lean deCroÿ, IeandeCrequy,An-thoine de Bethune, leandeFoffeux, le feigneur de Saueufes, meffircHuedenbsp;Launoy,Ican de Brimeu,Iean de Launoy,meflire Symon de Lalain, lea baftardnbsp;de faind Pol ,amp; plufieurs autres hommes de guerre, defquels les aucuns furent faits nouueaux cheualiers, amp; le fut fait ledit Baftard de la main du Duc denbsp;Bethfort. Et les autres comme lean de Crequy, lean de Croy, Anthoinedenbsp;Bethune, lean de Foffeux,le Liégeois de Humiers parles mains d’aucuns autres cheualiers. Apres lefquelles befongnes ainfi mifes amp; conduises : les An-glois amp; ceux de leur nation tous cnfemble d’vn coftéde ladide batailledelanbsp;main feneftre, amp; les Picards amp; autres de la nation de France eftoient de l’autrenbsp;cofté. Et fc tindrent cnbataillc,comme dit eft,partreflongue efpace,amp; eftoientnbsp;rais fiaduantageufemenr,quelcurfdits ennemisaduerfàires nelespouoienten-uahir amp; aflaillir par derriere, finon à trefgrand dommage amp; danger, amp; auecques ce eftoient pourueuz amp; rafraifehiz de viures,amp; autres neceflitez de la bone ville de Senlis: dont ils eftoient aflez pres. Et puis d’autre part le Roy Charles auecques fes Princes amp; capitaines, feit ordonner en fon auantgarde la plusnbsp;grand partie des plus vaillans^plus experts hommes de guerre de El compagnie : amp; les autres demourerent, excepté aucuns qui furent commis fur le derriere au lez deuers Paris par maniéré d’arrieregarde, amp; fi auoit auecques ce lenbsp;Roy trefgrand multitude de gens d’armes, trop plus fans comparaifon qu ilnbsp;n’y auoit en la compagnie des deffufdits Anglois. Et puis fi y eftoit leanne lanbsp;Pucelle

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D'ENGVERR. DE MONSTKELET. CHARLES VIL 45, Pucelleteufiours ayant de diueifès opinions, vue fois voulant combattre fesnbsp;ennemis ,amp; autres fois non: mais neantmoins toutes les deux parties ( com-nie dit eft deflir ) eftans ainfi fans defordonner par l’efpace de l’vn deuantnbsp;l'autre tous ptes de combattre, furent deux iours amp; deux nuiôlsou enuiron :nbsp;durant lequel temps y eut plufieurs grans elcarmouches ô^affaulx: lefquellesnbsp;racompter chacune à, part foy, feroit trop longue chofe : mais entre les autresnbsp;Ven eut vne qui fut moult dure amp; afpre amp; enfanglantée, aucoftévers les Picards; laquelle dura bien l’efpace d’heure amp; demie. Si eftoient au cofté du Roynbsp;Charles grand party de François amp; autres gens en trefgrand nombre, qui trei-fort amp; alprementlccombattoient. Et par efpecial les archiers d’icelle partienbsp;tirerent de leur traicl moult courageufement,amp; en trefgrand nombre l’vn con«nbsp;tre l’autre. Si cuidoient aucuns des plus fachans defdiótes parties, voyans la be-fongne ainh multiplier amp; croilhe, que point ne fè deuiïent partir l’vn de l’autre que l’vne des parties ne fut delconfîte, amp; vaincue amp; mife à néant. Toutef-fois ils le trahirent derriere les vns des autres, mais ce ne fut mie qu’il n’y eut denbsp;chacune partie des morts amp; bleffez largement. Pour laquelle efcarmouche amp;nbsp;bataille deflufdiôle,ledit Duc de Bethfort fut moult grandement content desnbsp;Picards, pourcc qu’à celle fois feftoient portez moult vaillamment. Et apresnbsp;qu’ils fe furent retraits, vint ledit Duc de Bethfort au long de leur bataille lesnbsp;Remercier en plufieurs lieux treshumblement, difant: mes amis vous elles tref-bonnes gens amp; auez foullenus grans faits pour nous,dont nous vous mercionsnbsp;trefgrandement,amp; vous prions fil vous vient aucuns affaires, que vous perfe-Oerez en voflre vaillantife amp; hardement : efquels iours en icelles parties efloiêtnbsp;en moult grand haine les vns contre les autres, amp; n’elloit homme de quelquenbsp;cftatqu’il fut prins à finances : ains mettoient tout à mort làns pitié ne miferi-corde,ce qu’ils pouoient attendre l’vn de l’autre,amp; comme il fut informé à toutes fes elcarmouches, eut de morts enuiron trois cens hommes des deux parties, mais ne fçay de quel cofté en a le plus.En la fin defquels deux iours delftifnbsp;dits ou enuiron,les deux parties fe deflogerent les vns deuàt les autres fans plusnbsp;tiens faire.

Comment le Roy Charles de France enuoya fes amhafadeurs d Arrêts njers le Duc de on^e.

N ce temps les ambalTadeurs du Roy Charles de France vindrent à Arras vers le Duc de Bourgongne,pour traiéler de paix entre icelles parties : defquels ambalTadeurs eftoientlcs principaux l’Arche-uelque de Reims, Chriftofle de Harcourt, lesleigneurs de Dam-pierre, de G3ucourt,ôlt;: de Fontaines chcualiers, auecques autres gens d’eftat :nbsp;qui trouuerent audit lieu d’Arras ledit Duc auecques lonconfeil: apres la venue defquels, amp; qu’il eurent requis auoir audience vers ledit Duc,allèrentnbsp;iceux ambalTadeurs aucuns iours apres leur venue en Ibn hoftcl, amp; par la bouche d’iceluy Archeuelque de Reims, futaieditDuc de Bourgongne expofénbsp;moult fagementamp; attentiquement Teftat de leur ambaffade, prefenslache-ualerieamp;: ceuxdefonconfeil,auec plufieurs autres là eftant: en luyremon-ftrant entre les autres chofes laparfaide affection amp; vray defîr, que le Roy

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M.CCCCXXX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rOL^^dB II. DES CHD^ONlDEES

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auoit de pacifier auecques luy amp; auoir traiólé, difiint outre que pour y venir, iceluy Roy eftoit content de luy commettre amp; condefcendre, en faifànt offresnbsp;de reparations plus qu’à fà raajefté royalle n’appartenoit. Excufànt aucuneinétnbsp;par fa ieuneffe le defl'ufdit Roy, de l’homicide iadis perpétré en la perfonne denbsp;feuleDucIeandeBourgongnefonpere,allegant auecce que lors auecûdi-ôle ieuneffe, il eftoit au gouuerncment des gens qui point n’auoient de regardnbsp;amp; confideration au bien du Royaume, ne de la chofè publique , amp; ne les eutnbsp;pour ce temps ofèr defdire ne courroucer : lefquelles remonftraces amp; pluficursnbsp;autres affez notables declairées par le deffufdit Archeuefque, furent dudit Ducnbsp;amp; des fiens benignement oüyes : en la fin defquelles fut dit a iceux ambafla-deurs : Monfeigneur amp; fon confeil ont bien oüy ce que vous auez dit, il auranbsp;fur ce aduis,amp; vous fera refponce dedans briefs iours : amp; adoneques ledit Ar-cbeucfque retourna en fbn holfel auecques luy fes compaignons, qui de toutes gens eftoienthonnorez : amp; pour lors la plus grand partie de tous les eftatsnbsp;du pays elf oient trefdcfirans, que la paix fe feit amp; concordalf entre le Roy amp; lenbsp;DuedeBourgongne: ôc mefmement ceux du moyen amp;bas elfat y eftoient finbsp;alfeéf ez, que dellors où il n’y auoit encores paix ne trefues, alloient en ladiélcnbsp;ville d’Arras deuers le defl'ufdit Chancellier de France, impctrerentrelgrandnbsp;nombreremiflîon,lettres de graces, offices amp; autres plulieurs mandemensnbsp;Royaux,corne lî le Roy feit plainement en fà feigneurie,amp;de ce fulfcnt acertai-nez :lefquels mandemens delTufditsou en la plus grand partie ils obtenoientnbsp;dudit Chancellier.En apres le Duc de Bourgongneauec ceux de fbn priuécon-feiljfut par plulieurs iournées en grande deliberatiô,amp; furent les befongnes entre icelles parties moult approchées.

Comment le feigneur âe Longueualprint le chaflean Dammarle fur les Anglais.

E temps le feigneur de Longueual, qui long temps auoit elfé débouté de fil feigneurie amp; clfoit retourné deuers le Roy Charles, parle moyen qu’il eut d’vn prelfre demeurant à Aumarle, print la forterefnbsp;fe d’icelle ville chief du lieu de toute la Comté, qu’adonc tenoient les

Anglois, amp; furent trouuez dedans quatre ou cinq defdits Anglois, auecques plulieurs des habitans de la ville, lefquels Anglois furent tantolf mis à mort. Etnbsp;lefdits habitans en faifiint ferment d’effre bons François, furent rcceuz à mercynbsp;en payant aucune fomme d’argent : laquelle forterelTe fut en affez brief tempsnbsp;apres largementpourueüe,amp; garnie de viurcs,amp; auflîdegensdeguerre:quicnnbsp;brief commencèrent à courre à la marche d’enuiron, à mener forte guerre auxnbsp;Anglois amp; à ceux du pays tenant leur party, dont grandement en defpleutaunbsp;Duc de Bethfort : mais nonobftant pour autres plus grans affaires qu’il auoir,nbsp;n’y pouoit pour lors al ! er. Et pareillement en ces propres iou rs fut prinle d’emblée la forterefle d’Elfrepagny du feigneur de Rambures amp; de fes gens. Et d’autre cofféaufli fut reduiéf en l’obeilTancc du Roy Charles la forterefle decha-ffeau Gaillard,qui eft excellenteftent fituée en forte place:dedans lequel eftoitnbsp;prifonnier de long temps parauant, ce vaillant amp; notable cheualier le feigneurnbsp;de Barbazan;lequel,côme dit elf, auoit elfé prins à Melung par la vertu amp; puif-fiince du Roy Henry d’Angleterrc:par le moyen duquel Barbazan,icelle forte-reffe


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D'EHGFERR. DE MONSTKELET. CHARLES ril. refle fut mife en Foberflance du Roy Charles, amp; luy deprifonné, Ci y comineitnbsp;en brief aucuns de fon party, amp; fen alla au plus toftqu’il peut deuers Ie Roynbsp;Charl es:amp; aufli fut moult ioyeufemét receu amp; honnoré.En outre futprinfe amp;nbsp;iBilè en la main de François la fortereffedc Torey, par le moyen d’aucuns dunbsp;pays,qui auoient repaire dedans auecques les Anglois : lefquels ils trahirent amp;nbsp;ttieircnt és mains de leurs ennemis amp; adueriaires. Ainh dôcques en aflez briefnbsp;temps furent Françoifes les quatreforterelTcs tenas le party des Anglois:amp; quinbsp;eftoient les plus fortes àTeflite de dedans le pays, où elles eftoient ailifes: pournbsp;la prinfe defquelles le pays fut moult trauailiè, tant par les garnifons des Fran-Çois,comme de celles des.Anglois,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*

Comment ta ville de Çompiengne fè rendit au, Roy^ Charles Et.dti retour des amhaffa-deurs de France qui efloient aüe':^ersle J)uc de Bourgongne.

Pres que le Roy Charles de France fut retourné de Ia4ournée d'é Senlisîoùluy amp;leDucde Bethfott auoiefitefté à puiirancel’Vrtnbsp;contre l’autre,comme dit eftdeflus^ amp;il futreuenu de Crefpy érinbsp;Valois,illecquesluy furent apportées nouuelles què ceux delà



'’ille de Corapiengne luy vouloient faire obeïflànce.Et pourtant lans nul delay ^lla audit lieu de Compiengne, où il fut des habitans d’icelle ville moult hon-^orablement receu en grand lielTe, amp; fe logea en Ibn hoftel royal : auquel lieunbsp;’^^tournerent deuers luy Ibn Chancellier amp; fss autres ambafladeurs, que par a-^ât il auoit enuoyez deuers le Duc de Bourgongne ; aucc lequel amp; ceigt;x de fonnbsp;^onfeil,ils auoient tenus plulîeurs deftroits parlemens, neantmoins ils n’auoiecnbsp;hens concordé: mais en conclufion auoient efté d’accord, que ledit Duc en-^oyeroit fa legation deuers le Roy Charles,pour au furplus auoir aduis amp; en-^*^etenement : fi furent alors informez que la plus grand partie des principauxnbsp;^onfeilliers du Duc de Bourgongne, auoient grand defir amp; affeâion qu’icellesnbsp;parties fuflent reconfeillées l’vne auec l’autre : toutesfois maiftre lean denbsp;quot;Fourcy Euefque de Tournay,amp; meffire Hue de Launoy,qui prefenteraêt vin-^fent deuers ledit Duc de Bethfort:amp; auoycnt de par luy charge de faire aucunes remontrances audit Duc de Bourgongne, amp; en luy admôneftant de ce fai-entretenir le ferment, qu’il auoit fait au Roy Hcnry,n’eftoient pas bien con-Rns que ledit traidé fut faitjfur laquelle parolle defquels,fut la befôngne atar-prinfe autre iournée d’enuoyer deuers le Roy Charles legation, commenbsp;et,pour laquelle faire fut commis mefiire lean de Luxembourg, l’Euelqucnbsp;Arras,meflire Dauid deBrimeu amp; aucunes autres notables amp; dilcrettes personnes. Et ce mefme temps mefiire Lyonnel de Bournonuille, qui auoit perdunbsp;villeamp;forterefledeCreil,requit:au DucdeBethforc qu’il luybaillaft desnbsp;gens d’armes,pour conquerre vn fien chaftel nommé Breteiche, que les François auoient prins:laquelle choie luy fut accordée amp; odroyée, à tous lelquelsnbsp;l’en alla à fadide fortefie,amp; la print d’aflault, amp; meit à mort ceux qui dedansnbsp;^fioient:mais en ce failànt,il fut nauré dont ilenourut.

Comment le Roy de Francefeit ajfaillir U cité de Paris,

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M.CCCCXXX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y.OLVME II, DES CHKONlOJES

Tem Ie Roy Charles de France luy eftant accompaigné, luy furent apportées nouuelles, que Ie Duc de Bethfort Regent â tour fi puifnbsp;fance fen alloit en Normandie, pour combattre le Conneftable : lequel eftoit vers Eureux amp; trauailloit fort le pays: amp; pourtant iceluy


Roy Charles apres qu’il eull elle dedans la ville de Compiegne douze iours ou enuiron,il fe partit de là amp; laifla Guillaume de Flauy capitaine d’icelle, Se à toutnbsp;fon oft fen alla à Senlis : laquelle cité fc rendit au Roy par traicté:fî fe logea dedans auccquçs grand partie de fês gens,amp;autres fe logèrent és villages enuiron:nbsp;efquels iours aulfi feirent oigt;eïftance au Roy defliifdit plufieurs villes amp; forte-reftes:c’eft à fçauoir Creil, Beauuais, le Pont Saincle Maxence, choify, Gour-nay fur Aronde, Rcmy ,Ia Neuuille en Hets, amp;en l’autre cofté Mognay,nbsp;Chantely,Saindines , amp; plufteûrs autres : amp; aufli luy feirent ferment les fei-gneurs de Mont-Morency amp; de Moÿ : amp; pour vérité fil à tout fa puiflance futnbsp;Venu à fâinél'Quentin, Corbie, Amiens, Abbeuilleamp;: plufieurs autres fortesnbsp;villes amp; forschafteaux : la plus grand partiedes habitansd’icelles,eftoienttousnbsp;prefts amp; appareillez de le reccuoir à feigneur : amp; ne defiroient autres chofes ailnbsp;jtpôde que de luy faire obeftfance amp; plaine ouuerture; toutesfbis il ne fut pointnbsp;confeillé d’aller fi auant fur les marches du Duc de Bourgongne:tantpourccnbsp;qu’il le (entoit fort de gens d’armes, comme pour l’efperance amp; attente qu’il a-noit que aucun bon traiété amp; appoinôlement fe .feit entre eux. Et apres que lenbsp;Roy Charles eut feiourné aucuns iours dedans la ville de Scniis, il fe partitnbsp;dcflogeatde là, amp; fen alla à tout fon oft loger à fainôl Denys qu’il trouua comme abandonné, amp; fen eftoient allez les gens dudit lieu à Paris :e’eft à fçauoirnbsp;lotis les plus grans bourgeois amp; habitans d’icelle ville:ôc fes gens fe logèrent amp;nbsp;hçbergerent à Auberuilliers amp; Mont-Martre, amp; villages de là autour aflez prèsnbsp;de Paris. Sieftoit lorsauecquesledit Royleannela Pucelle,qui auoit moultnbsp;grande renommée: laquelle chacun iour induifoit le Roy auec fes Princes amp;nbsp;ieigneurs,à ce qu’il feit aflaillir la ville amp; cité de Paris : fi fut conclud amp; délibéré que le lundy douziefme iour dudit mois, on liureroit ledit aflàult. Apres laquelle conclufion prinfe,on feit apprefter toutes gens de guerre. Et à ce proprenbsp;lundy deftufdit, fe meit le Roy en bataille entre Paris amp; Mont-Martre,fes Princes amp;fcigneurs auecques luy :amp; aufli eftoitladite Pucelleauec luy,ceux denbsp;l’auanrgarde y eftoient en treïgrand nombre : fen alla à tout fon eftandartàlanbsp;porte fainél Honnoré, faifànt apporter auecques luy plufieurs efchclles,f3gotsnbsp;amp; autres habillemens d’aflault: auquel lieu,elle feit entrer dedans les foITez plufieurs de fes gens tout à pied: amp; commença l’aflault à dix heures ou enuironnbsp;moult dur, alpre amp; cruel,lequel dura en continuant de quatre à cinq heures ounbsp;plus:mais les Parifiens qui eftoient dedans leurville,accompaignez de Loysnbsp;de Luxembourg, l’EuefqucdeTheroüanne amp; Chanccllier de France de par lenbsp;Roy Henry, amp; d’aucuns autres notables chcualiers, que le Duc de Bourgon-gne leur auoit enuoyez; comme le feigneur de Crefquy ,1e feigneur de Flfle-Adam, meflire Simon de Lalain^, meflire Valerien de Bonneual,amp; aucuns autres notables hommes accompaignez de quatre cens combattans, le deffendi-rent moult vigoureufementamp; de grand courage: amp; auoient par auant ordon-

ne par capitaineries à chacun la garde és lieux propices amp; conuenables.Durant


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D'ENG^ERR. Jgt;E MONSTKELET. CHARLES yil. lequel aflault furent reuerfèz plufieurs defdits François : amp; en y eut trefgrandnbsp;nombre de morts amp; de naurez par les canons, couleurines amp;: autre traiôh, quenbsp;leur icttoient lefdits Parifiens : entre lefquels leanne la Pucelle fut tresfort na-Uréeamp;blecée,amp;demouratout leiour ésfoflez derrierevndofdafnciufques ^*^!'-'***^nbsp;au vefpre,qLie Guyehard de Thiembronne amp; autres l’allerent quérir: amp; d’autrenbsp;part y eut nauré plufieurs des deffendans. Finablemcrit les capitaines Françoisnbsp;Voyans leurs gens en tel peril ,confidêrans qu’il leur eftoit impofliblede con~nbsp;querre amp; gaignerla ville par force, attendu que iceux aboient vne voulenté denbsp;eux delFendre fans y auoir diuifion, feirent incontinent fonner la retraite. Etnbsp;en reportant les deifufdits morts amp; naurez, retournèrent a leurs logis.Et le lendemain le Roy Charles trifte amp; dolent de la perte de fes gens, fen alla à Senlisnbsp;pour guérir amp; medeciner les naurez. Et lefdits Parifîens plus que parauant, Cenbsp;feconfermerent les vns auecques les autres, promettans que de toute leur puif-fance amp; pouoir, ils refîfteroient iufques à la mort contre iceluy Roy Charles,nbsp;qui les vouloir comme du tout deftruire. Et peut bien eftre qui le craignoient,nbsp;comme ceux qui grandement fefèntoient forfaits par deuersluy,enleayantnbsp;débouté de ladiéle ville : amp; auoient mis à mort plufieurs de fes feables fèrui-teursjcomme en autres lieux plus à plain eft declairé.

Comment le Duc de Bouf^on^ne enuoyuÇes ambaljudeufi d Amiens pour entretenir les habitans d'iceüe ville de fa partie.

ç N cesioursle DuedeBourgongneenuoya fesambafladeursa A-I miens,c’eftà fçauoir l’Euefquede Noyon, amp; d’Arras,le Vidafme d’Amiens, amp; aucuns autres : affin de remonftrcr au maieur amp; auxnbsp;habitans d’icelle, la bonne amour amp; affection que luy amp; fes prede-cefleurs auoient toufiours auecques eux: difiint que fils auoient affaire de choie que luy amp; fes pays peulîent,!! eftoit à leur commandement : requerat en outre qui leur pleuft perfeuerer toufiours amp; eux entretenir de fon party, commçnbsp;fes bons amis amp; voifins. Lefquels citoyens d’Amiens eux voyant ainfi honnor-fer par les mtflagers de fy haulc amp; f’y puifîant Prince, ils en eurent grand ioye:nbsp;dirent entre eux qui feroit bon de mettre la ville en fa garde, amp; qu’il meit a-neant toutes aydes amp; impofitions. Et feirent refponce aufdits ambaffadeurs,nbsp;qu’ils enuoyeroient briefuement deuers ledit Duc aucuns deleurs gens:laqucl-le chofe ils feirent, amp; auecques ce y enuoyerét ceux d’Abbeuille,de Monftreul,nbsp;faiud Ribier, Dourlens : amp; aucunes autres pour obtenir la mife ius defdiôlesnbsp;gabelles amp; impofitions.Laquelle chofe ne leur fut point par iceluy Duc accor-décernais il leur fut dit qu’au plus brief que faire fe pourroit,ils auroient de luynbsp;ayde,afliftance de ce impetrer deuers le Roy Henry. Item en ce mefme tempsnbsp;ledit Duc de Bourgongne feiteuocquer par toutes les marches de Picardie,nbsp;tous ceux qui auoient accouftumé d’eux armer:amp;: auffi es pays à 1 enuiron pournbsp;eftre prefts chacun iour pour aller auecques luy, où il les vouldroit conduire.nbsp;Si furent en peu de temps en trefgrand nombft, amp; paflerent à Monftre à Bran-quefne,en faifant ferment à meffire laques de Brimeu à ce commis comme Manbsp;refchal. Si fe trahirent amp; tirerent vers Abbeuille. Etfaind Ribier, où ils furent moult grande efpace de temps attendant que ledit Ducfutpreftôc app^:nbsp;I iij

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yeilléjdontle pays fut moult grandement opprefle.

Comment le Koy Charles de Franceßen retourna en Touraine amp; en Berry.

^Tcm Charles Roy de France voyant que la ville de Paris qui eftoit chiefde fon royaume, ne fe voulut pas mettre en Ion obeïHance: fenbsp;difpofa amp; conclud auec ceux de fon conleil delaifler gouuernetws amp;nbsp;capitaines de luy par toutes les bonnes villes, citez amp; chafteaux quinbsp;eftoient en fon obeïffance amp; gouuernement, amp; qu’il fen retourneroit es paysnbsp;de Touraine amp; de Berry : laquelle chofe conclure (comme dit eft) il conftituanbsp;principal chief fur les parties de iTfle de France amp; de Beauuoifis Charles denbsp;Bourbon Comte de Clermont, amp; le Chancellier deflufdit fe tenoient le plus ennbsp;la ville de Beauuois :amp; ledit Comte de Vendofme à Senlis,amp; Guillaume denbsp;Flauy à Compiegne : mcflîre laques de Chabannes à Creil, amp; le Roy deflufditnbsp;auecques luy les grans feigneurs qu’il auoit accompaigné au venir, fen alla denbsp;Senlis à CrclpyiSc delà par deuers Sens en Bourgongne,retourna es pays deflijfnbsp;ditsrtoutesfois les trefues eftoient entre les Bourgongnons amp; les François iufnbsp;ques au iour de Pafques enfuiuans: amp; auec ce fut remis le palTagc du Pont fain-dc Maxence, que tenoient les François en la main de Régnault de Longueualnbsp;f)çgt;ur le tenir,h demoura la marche de France amp; de Beauuoifis en grande tribu-ation : pource que ceux qui eftoient es fortereires,amp; garnifbns tant du pays denbsp;France que d’Angleterre couroient chacun iour l’vn fur l’autreià l’occafion définbsp;quelles courfes les villages de là entour fe commencèrent à defpeupler, amp; euxnbsp;retraire es bonnes villes.

Comment le Duc Philippe de Bourgongne en grand appareil remena fa feur en la cité de Paris, au Duc de Bethfort fon mary .

E vingtiefme iour de Septembre de ceft an,fè partit le Duc de Bour-gongne de Hefdin auec fà feur femme du Duc de Bethfort, grandement accompagnez de leurs gens amp; fen allèrent au gifte à Dourles, amp; le lendemain à Corbie: où ils furent aucuns peu de iours en atten-dans les gens d’armes qui là venoient de toutes parts, duquel lieu de Corbie ilsnbsp;allèrent à Montdidier : amp; puis delà à Chaftenay, amp; tous les gens d’armes fe logèrent à l’enuiron : defquels il pou oit auoir de trois à quatre mille côbattans:amp;nbsp;eux partans de Chaftenay fen allerer pafTer la riuiere d’Oize,amp;au Pont S.Maxé-ce,amp; delà par empres Senlis allèrent au gifte au Louure en Parifis:fi faifbit leditnbsp;Duc cheuauchcr fes gens en bone ordonnance,amp;menoit meftire lean de Luxe-bourg rauantgarde,amp; ledit Duc menoit amp; coduifoit la bataille,auprès duquelnbsp;eftoit toufiours fa deffufdide feur fur vn bo cheual trotier,amp;auecqs elle eftoiêtnbsp;huid ou dix de fes femmes montées fur haquenées, le feigneur de Saueufes amp;nbsp;aucuns autres auecques certain nobre d’homes d’armes, cheuauchoit tout derriere par maniéré d’arrieregarde : fi fut ledit Duc moult grandement regardénbsp;des François,qui eftoient en graS nombre de pied amp; de cheual au dehors de lanbsp;ville de Senlis : amp;; y venoit feurement armez comme bon leur fembloit, par lenbsp;moyen des trefues qui eftoient entre les parties:car celuy Duc armé de plainnbsp;harnois finon fur la tefte, feoit fur les champs fur vn trefbon excellent cheual,nbsp;amp;

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D'EN G KERK. DE 7Ä0NSTRELET CHARLES riJ. ôceftoit moult gcntcment habille amp; orné de (èptou huiôt de fes paiges apresnbsp;luy,chacun monté fur bons courhers. Deuers lequel Duc vint amp; arriua premier l’Archeuefque de Reims,Chancellier de France à plains champs au dcITusnbsp;deladeflufdiéle ville amp; cité de Senlis faire reuerêce Sgt;c hommage. Ft aflez briefnbsp;enfuiuant y vint Charles de Bourbon Comte de Clermont accompagné de foi-xantc cheualiersjôu enuirondequel venu iufques affez pres dudit Duc,ofterenEnbsp;leurs chapperons, amp; enclinerent leurs chefs 1 vn à l’autre en difant aucunes patelles de falutations, non mie en embrafîant l’vn l’autre par maniéré de grandnbsp;amour amp; ioyeiifeté,ainfi que l’ont accouftumé de faire h prochains de fingnbsp;qu’ils eftoient l’vn à, l’autre. Apres laquelle fàlutation reucrcnce faiélej leditnbsp;de Bourbon alla baifer amp; embrafler fa belle feur de Bethfort, quicftoitalfeznbsp;presau dextrelez de fonbeau frerele Duc de Bourgongne : fi feirent aucunenbsp;hriefue recognoiffance. Et tantofl: retourna deuers fonbeau frerele Duc denbsp;Bourgongne : duquel quand alors on ne veit point d’apparence ne de cognoif-fance, qu’il euft grand amour ne defir d’auoir grand parlement auecques iceluynbsp;Comte de Clermont fon beau frereiains fins cheuaucher l’vn auecques l’autrenbsp;ne faire long conuoy, fe départirent en prenant congé l’vn de l’autre au proprenbsp;lieu où ils eftoient abordez amp; arriuez.Et retournèrent lefdits Charles de Bourbon amp; Chancellier de Senlis à tout leurs gens. Et ledit Duc de Bourgongnenbsp;(comme dit eft defï'us) amp; fa feur fen allèrent au gifte a Louures ; duquel lieu lenbsp;lendemain ils fe pâtirent en allant amp; tirant vers Paris, où défia eftoit retournénbsp;du pays de Normandie le Duc de Beihfort. A la venue duquel furent faidesnbsp;grandes acollées amp; ioyeufès receptions de l’vn â l’autre. Si furent aflez pres denbsp;Paris toutes les gens du Duc de Bourgongne mis en bataille par bonne ordonnance , où ils furent grand efpace de temps auant que les fourriers euftent efténbsp;dedans ladiéle ville pour ordoncr les logis.Et apres iceux Princes amp; la DucheFnbsp;fe entrèrent dedans la ville, amp; généralement tous les gens d’armes. A la venuenbsp;duquel Duc de Bourgongne fut fiidc moult grad ioye des Parifiens,fi y crioitnbsp;on Noël par tous les carrefours où il paHoir,ôe conuoya ledit Regent,amp; fa fernnbsp;me iufques àrhoftcldesTournelles. Et puis fen alla logeren fon hoftel d’Ar-tbois.Et aucuns iours enfuiuans furent entre iceux Princes.amp; ceux de leur con-feil tenus pluficurs grans confeils fur les affaires de la guerre,qui eftoient moultnbsp;pefans. Et entre les autres chofes furent par Parifiens recjùis au Duc de Bourgongne,qu’il luy pleuft à entreprendre le gouuernement de la ville de Paris,quinbsp;moult auoit à luy grande affeôtion : amp; eftoient de prefent tous prefts, amp; appareillez de maintenir fi querelle, amp; de fon feu pere . Difint outre qu’il eftoit ne^-ceflité amp; befbing qu’il accordaft leur requefte amp; demande jConfideré les affaires que auoit le Regent tant en Normandie comme ailleurs : laquelle chofe ledit Duc de Bourgongne feit, amp; leur ottroya iufques apres Pafques enfuiuant,nbsp;mais ce fut trefenuis. Si conclurent amp; délibérèrent les deffufdits Ducs de Beth-fort amp; de Bourgongne, que vers Pafques à la faifon nouuelle fe monftreroientnbsp;fus chacun a tout grand puifrance,pour recon'^uerre Segaigner les villes qui fe-ftoient retournées contre elles en la marche de France, amp; fur la riuiere d’Oize.nbsp;Apres lefquelles conclufions ledit Duc de Bethfortauec fa femme amp; fes An-glois, fe départit de ladiéle ville de Paris.Et ledit Duc deBourgongne commiftnbsp;I iii)

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M.CCCCXXIX.

Et autres

lequel fe départirent plufieurs bourgeois de Paris de leur

rOLyXiE II. DES CHKONm^ES capitaine de Palis Ie (èigncur de l’Ifle-Adam à tout petit nombre de gens, amp; ànbsp;fainól Denys, au Bois-de-Viniïennes, au pont de Charenton amp; és autres lieuxnbsp;neceffaires. Apres de ladiéle ville de Paris ordona capitaine de fes gens:amp; apresnbsp;qu’il eut feiourné dedans icelle ville de Paris l’efpace de trois fepmaines,prenantnbsp;congé premier à la Roynede France mere du Roy Charles, f en retourna parnbsp;les chemins dont il eftoit venu en fon pays d’Arthois, amp; de là en Flandres. A uecnbsp;gens marchans.

Comment les Francois Bourguon^ons couroient l'vn ßtr tautre, nonobflant les trefues qui y elioient.

feruàdefcouuerten la gorge de la poinde d’vne efpée vnbien petit coup du


Tcm durant le temps delTufdit que les trefues eftoient accordées cn-trele Roy Charles amp;le Duc de Bourgongne iufquesaux Pafques ^5 enfuiuansmeantmoins icelles parties couroient treÎFouuent l’vne furnbsp;l’autre. Et mefmement pour embellir leur querelle aucuns tenans lenbsp;party dudit Duc de Bourgongne, fe boutoient auecques les Anglois qui pointnbsp;n’auoient trefues aux François,amp; menoient auec eux plaine guerre auldits Frà-çois.Et les François pareillcmêt couroient amp; faifbient plaine guerre aux Bour-gongnons, amp; en faignant les dcflufdits Bourgongnons d’eftre Anglois : amp; y a-11 oit pour leldiéfes trefues peu ou néant de feurcté.Si en fut entre les autres fai-étevne entreprinfed’vn vaillant homme d’armes d’Angleterre nommé Foulques, auec lequel fefloientmis aucuns hommes d’armes de ladide partie denbsp;Bourgongne, qui fetenoient à la Neufuillele Roy en vnbel chalfel qu’ils a-uoient reparé:amp; tous enfemble allèrent acueillir la proye de la ville de Creil,ôinbsp;auoientlaifTévneembufchciaffinquefi leurs ennemis failloient confc eux,nbsp;qui les peuflent furprendre, laquelle chofe aduint ainfi que l’auoient imagine :nbsp;car meflirc lacques de Chambannes qui effcoit principal capitaine delà ville denbsp;Creil tantofl: qu’il oÿt l’elfroyjf’arma incontinent fans delay amp; monta à cheual.nbsp;Et de grand voulenté alla ferir de plains eflais en fes ennemis, defquels de pre-micrevenue fut prins prifonniervn nommé Georges de Croix, amp; aucuns autres ruez par terre.Et eut entre icelles parties trefgrande efcarmouchc, mais ennbsp;conclufîon par la vaillantife amp; fecours dudit Foulques, fut le deffufdit laquesnbsp;de Chambannes deténu prifonnier : amp; auecques luy deux autres cheualiers, amp;nbsp;aucuns autres des meilleurs gens:toutesfoisencefaifint iceluy Foulques futnbsp;quel mourut tout preftement: pour la mort duquel tous ceux de fon party lànbsp;eftans quideluyauoientcognoiflance, eurent au cueur moult grand triftefTe:nbsp;car ils le tenoient pour le plus vaillant amp; expert en armes de tout le pays d’Angleterre. Si fer’alfemblerent tous les Anglois, defquels pour lors eftoient lesnbsp;principaux, Bohort de Bozentin, amp; Robinet Eguetin:fi emmenerent leurs pri-fonniers en leur forterefle. Et en dedans aflez brief iours feirent traidé auecnbsp;mefîire lacques de Chambanne^par cy qu’en payant certaine fomme,il futde-liuré moyennant ainfi qu’il rendit le defTufdit Georges de Croix. Item en cesnbsp;iours le Duc de Bethfort confiderant, que la forterefle du Chafteau Gaillard e-ftoit fituée en moult fort lieu amp; auantageux, pour grandement greuer amp; guer-


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ï nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*•

les Angloisdaquelle chofe il feir,amp;y fut le fiege de lix a fept mois.En la fin def^


D^ENGFEKK, DÉ MONSTKELET CHARLES VU. foyer le pays de Normandie : fi conclud queauantquefès ennemis qui dedansnbsp;eftoientjfulFent pourueuz de viures amp; fortifiez de gens, de les faire aflieger parnbsp;quels les afliegez rendirent ladite forterefle par faulte de viurcs:amp; fen allèrentnbsp;a tout partie de leurs biens.

Çï nbsp;nbsp;le bdÜdïcl de fainEl Pol furent prim deuant Pa




ris par les Francois. Et comment par d'autres Francois la 'ville de fainB Denys



N ce mefrae temps le Duc de Bourgongne enuoya le feigneur de Sa-ueufès, amp; lean de Brimeu à tout cinq cens combattansou enuiron en la ville de Paris pour conforter amp; ayder les Parifiens contre lesnbsp;François, qui chacun iour couroient deuant ladiCle ville à cous lez,

amp; leur faifoient moult d’opprelTions, lefquels fe logèrent dedans faincl Denys: amp; feirent par plufieurs fois des cnuahics contre leurs ennemis : neantmoins vnnbsp;certain iour iceux François de plufieurs garnifons du cofiévers Mont-lehery,nbsp;vindrent courre auprès dudit lieu de Paris,amp; auoient lailfé vne grolle embûchenbsp;envn village là enuiron. Si elloient alors dedans ladicle ville le feigneur denbsp;Saueufes amp; meflire lean le baflard de fainôt Pol : lefquels oyans l’effroy montèrent àcheual haftiuemcntà petite compagnie: amp; lans attendre leurs gens,nbsp;allèrent incontinent aux champsamp; pourfuiuirent vigoureufement lefdits François: lefquels en fuiant les attrahirent iufques bien pres deleurdide embulche.nbsp;Et là tantofl non pouans àce rcfillcr, furent en alTez brief terme tous deuxnbsp;prins prifonniers, amp; emmenez des delTufdits François en leurforterelfejauecnbsp;aucuns de leurs gens non point en grand nombre. Si fut ledit ballard de laindlnbsp;Eoltrcsfortblecé au prendred’vnelance au col, dontil fut en grand peril denbsp;perdre la vie : neantmoins les deux cheualiers delîufdits retournèrent en alTeznbsp;briefs iours en ladiéte ville de Paris, parmy grand finance qu’ils payèrent ànbsp;ceux, qui prins les auoient, dont les gensfurent moult refiouys quand il lesnbsp;veirent.D autre codé en ce temps les François qui eftoiêt foubs A1 lain Geron,nbsp;Gaucher de Bruiflart, amp; aucuns autres capitaines, vindrent à vn point du iournbsp;en la ville fainôl Denys : dedans laquelle elf oie venu nouuellement lean de Bri-îucu à tout certain nombre de compagnons, qu’il auoit amenez du pays d’Ar-thois,amp;auec luyefioicnt les gens du feigneur de Saueufes. Si entrèrent dedans par efthelles vne partie d’iceux François, amp; ouurirent vne des portes, parnbsp;ouïes autres en trefgrand nombre fc boutèrent dedans :amp; commencèrent ennbsp;plufieurs lieux à crier ville gaignée,enabbatanthuis amp; feneftres,amp; enuahifnbsp;foient plufieurs maifons ou eftoient leurs ennemis : lefquels oyans ainfi fotib-dainement fi grans cris parmy la ville, furent tous effrayez. Si fe trahirent tan-toft en aucuns tors lieux d’icelle : c eft à fçauoir lean de Brimeu amp; plufieurs autres auecques luy en l’abbayerle baftard de Saueufes en la porte de Paris, amp; lesnbsp;autres fe meirenten aucunes portes amp; tous ^fiuueté. Et d’autre part en y eutnbsp;grand partie qui en iftant de leurs logis, contendans à aller deuers leurs capitaines eux affembler, furent prins prifonniers, les aucuns occis : entre lefquels furent prins Anthoine de Vviftre, Thierry de Manlingebem amp; dedouzeà feize

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MXCCiXXX, ' yOLJ/XLE II, T)ES CKONIX.VES

autres : defquels il y en auoit vne partie de gentils-hommes ¦. Sc y furent morts Theueninde Thenequeftcs,Ieande Haultecloque Sc aucuns autres en petitnbsp;nombre. Durant lefquclles befongnes les gens des deflufdiis feigneurs amp; leannbsp;deBrimeu, rêprindrent vigueur en eux. S/, commencèrent à eux aflembler ennbsp;d’aucuns lieux au cry:Sc par l’introdudion d’vn vaillant homme d’armes nommé Guillaume de Bcauual, lequel en grand hardiefle r’affembla aucuns de ceuxnbsp;de leur party, amp; cnuàhift fes ennemis, qui en plufieurs parties fans tenir grandnbsp;ordonnance entcndoieiït au pillier : finâblement ils furent reboutez dehors, Scnbsp;mefmement aucuns de leurs gens iufques au nombre de huiéf ou dix . Et alorsnbsp;lefeigneurde Saueufesquieftoit dedans Paris oyanscesnouuelleSjaflcrobla'nbsp;haftiuementee qu’il peut auoir degens. Et fans delay cheuaucherentvigou-reuieraent deuers ladiéle ville de fàinôl Denys, en intention de bailler fecoursnbsp;a les gens : mais auant qu’il y peuft venir, iceux François feftoient retraits deuers Senlis, amp; les autres garnifons, amp; auoient emmené grand nombre de che-uaux de ceux de la ville. Item en ce temps furent affiegez des Anglois le fei-gneur de Rarhbays dedans la forterelTe d’Eftrepaigny, appartenant heritablc-mentau Comte de Tanquaruille : deuant laquelle iceux Anglois tant continuèrent de combattre par leurs engins amp; autrement,qu’en conclu lion ledit feigneu r de Ramburcs non ayant efperance d’auoir fecours, feit traiólé auecquesnbsp;iceux Anglois en leur rendant ladiéte fortereffe par conditionjqueluy fieldsnbsp;gens à tout leurs biens fe départirent fauuement.

De plufieurs conqueßes que feirentles Anglois.

Tem en l’an deifufdit le Duc de Bethfort feit aflîeger par fes Anglois le chaftelde Torfy, quieftoit le plus excellent amp; le mieuxe-diffié delà marcheenuiron. Si futconftitué chief dcfdits Anglois Icbaftardde Clarence : lequel feitdrefler autour d’icelle fortereflenbsp;plufieurs engins continuellement icttans ,lcfquels dommagerent moult fore



la muraille. Et finâblement au bout de fix mois ou enuiron,les afliegez voyaos que point n’eftoient fecourus, Ôe que leurs viures commençoientâ deffailÜGnbsp;traiólerent auecquesledefl'ufdit baftardde Clarence par condition,que aucuns des plus notables fen iroientoù bon leur fèmbleroiten portant parfisnbsp;de leurs biens : fk les autres iufques au nombre de douze ou enuiron, qui au-tresfois auoient tenu le party d’iceux Anglois, amp; mefmement ayde aux François à prendre ladidc fortereffe demouroient à voulenté , lefquels furentnbsp;cruellement iufticiez . Et apres fut ladiéle fortereffe du tout démolie amp;rafee-Item au mois de lanuier audit an meflire Thomas Kiriel Anglois à toutnbsp;quatre cens combattans ou enuiron,dont la plus grand partie eftoient Anglois,nbsp;fe départit de Gournay en Normandie, où lors fe tenoient en garnifon, amp;nbsp;deuers Beauuais f’enallaen Beauuoifis vers la Comté de Clermont:auquelnbsp;pays il feit de trefgrand dommages en prenant prifonniers, belles amp; autres bagages , amp; par efpecial cheuamt. Si cheuaucha iufques aux faulxbourgs denbsp;Clermont : amp; lendemain print fon chemin à retourner vers fa garnifon . Ernbsp;doneques le Comte de Clermont qui eftoit à Beauuais, fçaehant l’entreprinlenbsp;dudit meffirc Thomas, affcmbla promptement de toutes les garnifons de lanbsp;Marche

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P'ENGEEP\Plt;. DE PIONSTKELET CHARLES EU. 54. Marche enuirontenant le parry du Roy Charles, iufques a huiâ: cens combat-tans amp; plus : auecques lefqucls fe meirent grand nombre des paÿfans, tant denbsp;la ville de Bcauuais comme des villages d’entour :amp; tous enfemble allèrentnbsp;pour rencontrer amp; combattre ledit meflire Thomas amp; fes gens Jefquels ilsnbsp;trouüerent à vue grand lieue ou enuiron dudit lieu de BeauuaiSjOÙ ils feftoientnbsp;niisen bataille pour receuoir leurs ennemis, dont ils fçauoient affez la venuenbsp;par leurs coureurs, qui leur enauoient fait rapport: amp; eftoient les deifufditsnbsp;Anglois tous à pied ,adoflezd’vn Boys, amp; pardeuant euxauoient fiché desnbsp;poinibns, parquoy on ne les pouuoit rompre de chenal, finon en grand danger : neantmoins ils furent par lefdits François tresfort enuahis amp; approchez,nbsp;amp; eut entre icelles parties trcfdure amp; trefàfpre efcarmouche : amp; aflez brief lesnbsp;François qui eftoient à cheual, furent reboutez par le traiôt des Archiers Anglois , à caufe duquel traiôl lefdits François fe commencèrent à defroyer, amp; i-ceux Anglois ce voyant, faillirent viftement apres eux, amp; feftorcerent de plusnbsp;en plus les enuahiramp; combattre,tant qu’enconclufionils demourerent victorieux fur la place, amp; occirentvne quantité de leurs ennemis, amp; en prin-drent enuiron vn cent ou plus:c’eftà fçauoirdesdeft'ufdits paÿfans. Et ceuxnbsp;de cheual fen retournèrent tous defeonfits amp; ennuyez a Beauuais,amp;: iceluynbsp;meftire Thomas ayant grand ioye de (à viéloireàtout fongaignage, fen retourna fiiuiiement à Gournay en Normandie. En ce temps fut le fiege misnbsp;parle Comte de Suffort Anglois, deuant le chaftel de Dammarle: duquel e-ftoit capitaine le feigneur de Ramburcs, auecques luy de cent à fix vingts com-battans.Si fut ledit Chaftel de toutes parts enuironné : amp; tellement furent contraints que apres que ledit fiege y euft efté vingt amp; quatre iours, ledit feigneurnbsp;deRambures amp; toutes fes gens fe rendirent lauf leurs vies, referué trente ounbsp;enuiron qui furent pendus, pource que autresfois auoient fait ferment aufditsnbsp;Anglois amp; tenu leur party. Et brief enfuiuant iceluy feigneur de Ramburesnbsp;fut mené prifonnier en Angleterre, où il demoura prifonnier de cinq à fix ans,nbsp;auant qu’il peuft trouuer fa deliurance. Si fut ladicle forterefte regarnie de vi-uresamp; de gens. Et parainfi iceux Anglois reconquirent en ceft an plufieursnbsp;fortes places, que les François auoient gaignées fur eux à peu de perte denbsp;leurs gens.

Comment le Dite de Bourgongne fe remaria, (in Roy de Portugal.

la tierce fois d madamoifelle ifabel file

E neufiefme lourde lanuier de ceft an fut tenue lafeftede Philip-BO E)uc de Bourgongne, amp;: de Dame Ifabel fille au Roy de Pourtu-gai en la ville de Bruges, en vne maifon faiéle toute propice nou-uellement pour lefdiéfes nopces.Si fut icelle fefte moult richeamp; fo-lennelle, amp; eftoient les rues de ladiéfe ville encourtinées en plufieurs lieux de tapiz, ôc riches draps de haultc lice : aufquclles nopces furent deux desfeursnbsp;dudit Duc : ceft à fçauoir J\nne Duchefle de Äethfort, amp; la Duchefle de Cle-ues,la ConitefledeNamur,la Comteftede Lorraine amp; de Conuerlàn, mef-fire lean de Luxembourg fon frere, amp; ladamedeBeaureuoir, amp; l’Euefquedenbsp;Liege ôc moult d’autres grans feigneurs dames amp; damoifelles. Entre lefquel-

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M.CCCCXXX. yOLV'ME IL DES C P.O N10^1/ES

les y furent de grand eftat de parcmens amp; d’exquis amp; diuers vcftenicns,degens amp;: de chenaux chacun iour en diuerfes parures : ledit Euefque de Liege, mefli-re lean baftard de fàincl Pol, meflire lean d’Hornes amp; aucuns autres. Et quandnbsp;ladide Duchefle ( laquelle auoient amenée par mer vn de fes freres, amp; les ani-bafladcurs que y auoitenuoyé le Duc de Bourgongne : defquels eftoient lesnbsp;principaux le feigneur de Rombais , amp; maiftre Gilles d’Efèornay Preuoft denbsp;Harlebecque ) vint auprès de la ville de Bruges, les bourgeois en.trefgrandnbsp;nombre,amp; en grand eftatiffirentà l’encontre d’ellcÆt auoit auecques euxnbsp;cent foixantc quatre trompettes , lefquelles fonnoient moult melodieulê-mcnt. Quand eftà parler des grans eftats, qui y furent faits fans nombre, ennbsp;diuers mets de boires amp; de mangiers trefplantureufement par l’efpace de huiélnbsp;iours ou enuiron,ils feroienttrop long à declairer:amp; y auoient figures denbsp;Licornes amp; autresBcftes fauuaigçs, qui par engin iettoient clere eaüe rofe, vinnbsp;amp; autres liqueurs en l’abandon de ceux qui eftoient de ladiébefefte.Si n’auoitlenbsp;dit Duc à nulle de fes autres femmes efpoufèr tenu fi riche fefte,comme il feit anbsp;icelle qui cftoitlatierce.Siy furent faitftes par plufieurs iours grans iouftes, amp;nbsp;plufieurs efbatemês de plufieurs notables cheualiers amp; efcuyers. Et couftaicel-le fefte audit Duc trefgrand finance.

Comment Esîiennc de Eignoles dit U Hire ^ejchella nbsp;nbsp;print U ville de Lcfuuiers en

Normandie.

N ces propres iours Eftiennede Vignolcs,qu’onappelloitla Hire, prinfd’emblée parefchelle la ville de Louuiersen Normandie :amp;nbsp;auoit auecques luydecinqà fix cens combattans, lefquels trouue-renten icelle ville trefgrand abondance de tous biens, dont ils fu

rent moult enrichis. Et y furent morts à entrer dedans tant d’Anglois comme de ceux de ladiéle ville trente. Apres laquelle prinfe plufieurs des habitanspournbsp;la plus grand partie, feirent ferment audit la Hire. Aufquels habitans fut rendu aucune partie de leurs biens auecques leurs maifons,amp; les autres fe départirent eux mettans à fauueté, où ils pouoient le mieux delailTans tous leurs biens.nbsp;Si commencèrent dedans briefs iours la Hire,amp; fes compaignons à endommager le paÿsenuironen plufieurs lieux : amp;couroient fouuent iufques biennbsp;pres de Rouen, amp; en cftoit le poure peuple mallement greué amp; opprefle,dontnbsp;moult grandement defplaifoit aux Anglois: mais pour le prefent ne le pouoict.nbsp;amender, confiderez leurs autres grans affaires.

Comment en cell an le Duc de Bourgongne meitfus vne ordre^ qui fut nommée tordre delà toifon.

N ceftanle Duc Philippe de Bourgongne raeit fus en l’honneur de Dieu amp; de monfeigneur fàinôt Andricu : duquel en armes il portoitnbsp;l’enfèigne, vne ordre amp; fraternité de vingt quatre cheualiers fans reproche, gentils-homfiaes de quatre coftez: aufquels il donna à cha

cun d’eux vncolierd’or moult gentementouuré de fa deuife,c’eftà fçauoir du fuzil : aufquel colliers pendoit à chacun fur le deuant, en maniéré que portent les grans dames amp; damoifclles images, fermcilletz amp; autres ioyaux vnenbsp;toifon


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L'ENGVERR. de MONSTKELET. CHARLES ril. 55 toifon, queiadis conquift anciennement lafonen I’lflede Colchos,commenbsp;onletrouue parefcriptenFEiftoirede Troyede laquellen’eft point trouueenbsp;en nulles hiftoiresqu’oncquenul Prince CEreftien on luy euflreuelleenemi-Fe fus. Si fut la deflufdióleordrea 1’imagination de celle que dit eft nomméenbsp;par ledit Duc, l’ordre de la Toifon d’or. Et furent par luy amp; aucuns de fon con-feilefleuzamp; nommez pour porter ladiéle ordre vingt quatre cEeualiers ,def-quels les noms fenfuiuent. Premier y eftoit ledit Duc cEef amp; fondateur d’icel-ie:en apres y eftoit Guillaume deVicnne feigneur de faind George,meflire Régné Pot feigneur de U RocEe, le feigneur de Rembaix, le feigneur de Montagu, meftire Rollant de Huquerque, meftire AntEoine du Vergy Comtedenbsp;f)ampmartin, meftire Dauidde Brimeu feigneur de Ligny, meffire Hue denbsp;Launoy ftigneur de Santes, meftire lean feigneur de Communes, meftire An-thoine de TEoulongon Marefchal de Bourgongne, meftir^Pierre de Luxem-bourcr Comte de Conuerfan,meftire lean de la Trimoüille feigneur de lonuel-es, meftire lean de Luxembourg feigneur de Beaürcuoir, meftire Gillebert denbsp;Launoy feigneur de Villerual, meffire lean de Villiers feigneur de l’Ifte-Adam,nbsp;ineftirc AntEoine feigneurde Croÿamp; de Renty,meftire Florimontde Bri-nieufeigneurde Maffincourt,meftireRobert feigneur de Mamines,meftirenbsp;laques de Brimeu feigneur de Grigny, meftire Baudouin de Launoy feigneurnbsp;«le Moulambais, meftire Pierre de Boufremont feigneur de Chargny, meffirenbsp;Philippe feigneur de Ternant, meftire lean de Crequy,mefrire lean de Croÿnbsp;feigneur de Tours fur Marne : Lefquels cEeualiers (comme dit eft) au receuoirnbsp;ladide ordre, feirent amp; deuoient faire leurs fiicceffeurs pluficurs folennellesnbsp;promeffes amp; notables ordonnances pourl’entretenement d’icelles :defquellesnbsp;ey apres en ce prefent Eure fera faiéle mention plus à plain, apres que laditenbsp;ordre fera du tout parfournieen fon droit nombre: car depuis quelesdeftusnbsp;nommez y furent mis certaine efpace de temps apres en euft adioufté aucunsnbsp;autres.Si doiuent les hoirs d’iceux cEeualiers renuoyer apres leur trefpas auditnbsp;Duc de Bourgongne ledit collier, pour le bailler à autre cheualicr.

Comment le feigneur de Creuecueur amp; Robert de Saueufes furent rencontre^des Eïitn-cols en allant d Clermont en Beauuoifis.

V mois de Feurier en l’an deftiifdit, le feigneur de Greuecueur capitaine amp; gouuerneurde Clermont en Beauuoifis,fe partit d’Amiens pour aller audit lieu de Clermont accompaigné de Robert de Saueufes amp; huiél vingts combattans ou enuiron, auecques au

cuns chars amp; charrettes menans viures de Karefme amp; autres leurs befbngnes. Lefquelspaflansempresfaindluft vers faind Remy enl’Aire,furent guetteznbsp;des François qui bien fçauoient leur venue, amp; incontinent enuahis : defquelsnbsp;François eftoient les capitaines, meftire Theolde Valeperge, meftire Régnaultnbsp;de Fontaines,meflire Loys de Vvaucourt amp; autres qui bien auoient plus grandnbsp;nombre de gens que leur aduerfe partie: neantmoins les deffufdits feigneurs denbsp;Crcuecueur amp;de Saueufefe meirentà pied auecques leurs gens, dont la plusnbsp;grand partie eftoient archiers : amp; fe deffendirent bien amp; roidement par l’efpa-ce de quatre heures ou enuiron: durant lequel temps y eut tant d’vne part com-K


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M.CCCCXXX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l/OLVME II. DES CHKONlQfES

me d’autre pluüeurs hommes amp; chcuaux blecezzmais en conclufion iceux François fe départirent voyant que fans grand perte des leurs, ne leur pour-roient riens faire ne conquerre fur leurs ennemis, amp; retournèrent en leurs gar-nifons : amp; lefdits feigneurs de Creuecueur amp; Robert amp; Saucufe fen allèrent anbsp;Clermont, où ils furent iufques â la faifon nouuelle,attendans la venue du Ducnbsp;deBourgongne.

Comment cinq Francois feirent armes à Arras contre cinq Bourdonnons, 'is* autres menues matteres.

E XX. lourde Feurier audit an feirent armes dedans la ville d’Arras fur le grand marché en la prefencedu Duc de Bourgongne,iugenbsp;en cede partie cinq des gens du Roy Charles de France, à l’encontre de Ÿ^qdes gens du Duc de Bourgongne:lefquelles armes e-floientde rompre l’vn fur l’autre certain nombre de lances. Et y eftoienteeuxnbsp;de la partie du Roy, meffirc Theolde de Valeperge, Pothon de fiinâe Treil-le,melEre Philebert d’Abrecy, meflire Guillaume de Bes amp; l’Eftandart de Nul-ly. Et de par ledit Duc, meflire Simon de Lalaing, le feigneur de Chargny,meflire lean de Vaulde, melTire Nicolle de Menton amp; Philebert de Menton. Si furent icelles armes faiéles par cinq iour:amp;eftoit preparé vn grand parc cou-uert de lablon, au millieu duquel auoit vne lice garnie daiflelles, affin que lesnbsp;cheuauxne le peulfent rencontrer l’vn l’autre. Et coururent pour le premiefnbsp;iour, melTire Simon de Lalain amp; meflire Theolde plulieurs beaux coups l’vnnbsp;contre l’autre ; mais vers la fin melTire Theolde fut porté ius luy amp; fon cheual.nbsp;Et pareillement pour les autres enfuiuans pour les féconds, tiers, quart amp; cin-quiefmes iours furent faits de beaux coups d’armes amp; de lances, defquellcs denbsp;chacune partie en y eut plulieurs rompues. Toutesfois le feigneur de Char-gny au treiziefme coup qu’il courut contre ledit meflire Philebert, luy leua Unbsp;vilierede fon armet du fer de là lance, amp; luy meit tout dedans fon vifage.nbsp;Pourquoy lànsdelay il conuinc qu’on lercmenaft en fon hoftcl,comme ennbsp;peril de mort.Er au dernier iouramp; par telle maniéré fut ainfl féru l’Eftandart denbsp;Nully, du deflufdit Philebert de Menton. Si fut comme l’autre remené en fonnbsp;hoftel, amp; fut li griefuement blecé qu’à trelgrand peine fe pouoit tenir fur fonnbsp;çheual: jaçoit ce que par auant qu’il euft ce coup, il feftoit porté ce iour moultnbsp;deüemcnt,en rompant fur fon aduerfaire aucunes lances : defquellcs lancesnbsp;feruit iceux François vn ville amp; appert homme d’armes nommé Alardin denbsp;Moulay, amp; les autres du cofté du Duc deBourgongne amp; la plus grand partienbsp;furent feruis de meffire lean de Luxembourg. Si venoit chacun iour leditnbsp;Duc à fon efchauflàult moult grandement accompaigné de là cheualerie amp; ennbsp;noble appareil. Apres lefquels iours iceux paflez, les delTufdits François quia-uoient efté moult honnorez par ledit Ducamp; de luy receuz aucuns dons,fênbsp;départirent de ladiôle ville d’Arras trilles amp; ennuyez des dures aduenrures quinbsp;eftoient tournées contre leurs gens. Et laiflerent les deux blecez delTufdits dedans Arras, pour eux faire medeciner par l’alliance dudit Duc de Bourgon-gne lefquels finablement tournèrent à guarifon.Et les deuantdits Françoisnbsp;fen retournèrent à Compiengne. En ce temps les François tenans les frontières

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G ENGE ERR. J)E yiONSTRELET. CHARLES KIL resde lariuiere d’Oizeamp; du paysdc Beauuoifis,couroient chacun iouxfurnbsp;ceux tenant Ie party du Duc de Bourgongne:amp; pareillement ceux de la partie du Duc de Bourgongne couroient fur les mettes d’iccux François, non-obftantles trefues par auantlèellées entre icelles parties iufquesaux Pafquesnbsp;enfuiuanszàroccafiondefquellescourlesjtousles villaigesou la plus grandnbsp;partie d’iceux pays Ce commencèrent à dépeupler. En apres le Duc Philippe denbsp;Bourgongne conuocqua de plufieurs fes pays trefgrand multitude de gensnbsp;d’armes, lefquels eftoient amp; aflembla vers Peronne,amp; luy mefme amp; là femmenbsp;la Duchclfe folenniferentlafeftede Pafques dedans ladiôle ville de Peronne.nbsp;Apres laqu elle pairée, il fe tira à tout fes gens d’armes à Montdidier, oùil futnbsp;aucuns iours.Durant ces tribulations le rendirent en robeïlTancc du Roy Charles la ville amp; chafteau de Melun : laquelle parauantauoitellé baillée en gardenbsp;aufeigneurde Humieres, qui pour l’entretenement d’icelle y auoit conllituénbsp;aucuns de fes freres à certain nombre de gens d’armes, lefquels par les habitansnbsp;deladide ville en furent déboutez amp; mis dehors : dont le Roy Charles amp; ceuxnbsp;defon party furent moult ioyeux, pourtant que par le moyen d’icelle ils pou-uoient par là palier à leur plailîr, par la riuiere de Seine.Et auecques ce eftoit lî-tiiée amp; alTife au plus fort lieu de tout le pays enuiron.

De Can mille cccc.xxx.

Comment le Duc de Bourgongne d tout fa puijjancealla loger deuant Gournay fur Aronde,

V commencement de cell an, le Duc de Bourgongne luy partant de Montdidier, fen alla loger à Gournay fur Aronde :amp; deuant lanbsp;forterelTe d’icelle appartenât à Charles de Bourbon Comte de Clermont Ibn beau frere. Auquel lieu il feit lommer Trillan de Mague-

iiers, qui en eftoit capitaine qu’il luy rendit Jadiéle forterelTe, ou linon il le fe-roit aflàillir : lequel Trillan voyant que bonnement ne pourroit refifter contre ia grand puiflance d’iceluy Duc de Bourgongne, feit traiâé auecques lès com-ßiis par condition, qu’il luy rendroit ladiéle forterelTe le premier iour d’Aoufl:nbsp;prochainement venant, li audit iour il n’eftoit combattu du Roy Charles ounbsp;ceux de Ton party,amp;auecques ce promeit que durant le temps deftufdir,que luynbsp;amp; les liens ne feroient quelque guerre à ceux tenans le party dudit Duc, amp; parnbsp;ainlî il demeura pailîble iufques audit iour.Si fut telle compofition faiéte ainlînbsp;haftiuemcnt,pource que audit Duc de Bourgongne,amp; à melïirelean de Luxembourg vindrêt certaines nouuelles que le DaraoilèaudeCômercy,Yuonnbsp;du Puysôc autres capitaines à tout grand nombre de combattans,auoient alïie-gé la forterelTe de Montagu, laquelle chofe eftoit veritable. Car le dclTufdit denbsp;Commercyàqui icelle forterelTede Montagu appartenoit,y auoit lècrette-rnent amené grand nombre de combattans à tout bombardes, vug[aires amp; autres habillemens de guerre,tendant icelle par foubdain aflàult ou autrement parnbsp;force réduire en Ton obeïlTancemeantmoins elle fut vigoureufementdelFenduenbsp;par ceux que mefsire lean de Luxembourg y auoit commis, au gouuernementnbsp;duquel elle cftoit.Entrc lefquels y eftoient commis de par luy à la garde d’icellenbsp;Kij


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M.CCCCXXX.

rOLTMB IL DES CHKONlQ^ES comme principaux capitainesdeux homes d’armes,dont l’vn eftoit d’Angleterre amp; vn autre nome George de la Croix.Si furent par plufieurs fois fommez amp;nbsp;requis de rendre la forterelfe, dont point n’eurent voulenté de ce faire: car ilsnbsp;n’eftoient en nulle double que dedans briefs iours ne fuflent fecouruz.Finable-ment lefdits aflîegeans doubtans la venue dudit Duc de Bourgongne, dont ilsnbsp;efloient ja aduertis,amp; qu’ils feroient côbattus,fe departirêt dudit lieu de Montagu comme cfpouentez, en delailTant bombardes, canons amp; autres habille-mens de guerre.Et fe départirent à minuid ou enuiron, amp; le retrahiret en leursnbsp;garnifons: laquelle départie ainfi faide, les dcflufdits aflîegez feirent afçauoitnbsp;haftiuement au defliildit Duc de Bourgongne amp; à mcflire lean de Luxêbourg,nbsp;qui en grand diligence (è préparèrent pour aller combattre les aflîegeans defnbsp;fufdits. Apres lequel departement venu à leur cognoiflance,ledit Duc de Bourgongne fen alla à Noyon à tout fon exercite. En ces propres iours meflîre leannbsp;de Luxembourg alla courre deuers Beauuais fur les marches de fes aduerfairesnbsp;amp; ennemiszàl’inftance amp; duquel departement fut franc meflireLoÿs de Vvau-court amp; fes gens,qui par longue efpace auoient efté durant l’hiuer amp; boutèrentnbsp;le feu en vn bel chafteau qu’auoient reparc: fife retrahirent àladidevilledenbsp;Beauuais, amp; ledit meflîre lean de Luxembourg fe logea deuant le chaftel denbsp;Prouuculieu,qu’aucuns Anglois auoient reediffié. Et par leurs courfes trauail-lerent moult fouuent la ville de Montdidier amp; autres marches à l’cnuiron, appartenant au Duc de Bourgongne. Si furent en brief contraints d’eux rendre anbsp;la voulenté du deflufdit meflîre lean de Luxemboug, defquels en feit grad partie executer,amp; les autres furet mis en diuers lieux prifonniers : amp; de là il fen retourna à Noy on deuers le Duc de Bourgongne.

Comment le Duc de Bourgongne alla mettre le fiege deuant le chaflel amp; firterejje de Choijy lequel il conquifl en briefs tours.

a Pres que le Duc de Bourgongne eut feiournéen ladide ville amp; cité de Noyon huid iours ou enuiron, il fen alla mettre le fiege deuantnbsp;le chaftel de Choify fur Oife: dedans laquelle forterefle eftoit Loysnbsp;de Flauy,qui la tenoit par meflîre Guillaume de Flauy. Et y feit leditnbsp;Duc dreflTer plufieurs de fes engins pour iceluy chaftel confondre amp;abbatrc.nbsp;Si fut mo ult trauaillée par lefdits engins, tant qu’en conclufion lefdits aflîegeznbsp;feirent traidé auec les commis du defTufdit Duc de Bourgongne tel, qu’ils départirent faufleurs corps amp; leurs biens en rendant ladide fortereffe : laquellenbsp;fans delay, apres qu’ils en furent partis, fut tantoft démolie amp; rafée. Si feit iceluy Duc faire vn pont par deflusl’eaüed’Oifè, pourluyamp; fes gens paflerversnbsp;Compiengne au lez deuers Montdidier:durant lequel temps auoient efté commis le (èigneur de Saueufes amp; lean Brimeu,à garder les faulxbourgs de Noyonnbsp;à tout leurs gens auec le feigneur de Mongonniry amp; autres capitaines Anglois,nbsp;qui eftoient logez au pont l’Euefque, affin que ceux de Compiengne n’empeî-chaflentlesviuresquialloientàl’oftduditDuc. Siaduintvn certain iourqiienbsp;les deffufdits de Compiengne : c eft à fçauoir leanne la Pucelle, meflîre laquesnbsp;de Chabannes, meflîre Theoldc de Valeperge,meflîre Régnault de Fontaines,nbsp;Pothon de fainde Treille amp; aucuns autres capitaines François accompagneznbsp;de deux

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D'ENGEERR. DE MONSTKELET. CHARLES EIL (^e deux mille combattans ou enuiron, vindrent audit lieu de Pont l’Euefquenbsp;entre le poinddu iour amp; le foleil Icuant, oùeftoient logez les delî'uldits An-gloisdefquels ils enuahirent de grand courage. Et y eut trefdure amp; afpre efcar-mouchejà laquelle vindrent haftiuement au fecours d’iceux Anglois les defTuf-dits feigneurs de Saueufes, lean de Briraeu amp; tous leurs gens : duquel fecoursnbsp;les deflufdits Anglois prindrent en eux grand courage tous enfemble.Si rebou-lerent par force leurs ennemis, qui défia elloient bien auant entrez audit logis.nbsp;Finablement d’iceux Anglois furent que morts que naurez enuiron trente,nbsp;pareillement des François: lefquels apres celle belbngne fe retrahirent à Com-piengne, dont ils elloient venus. Et les Anglois dellufdits depuis ce iour en a-uant,fortifièrent en grâd diligence leurs logis tout à l’enuiron. Et aucuns briefsnbsp;lours enfuiuans, lean de Brimeu allant à tout cent combattans ou enuiron devers le Duc de Bourgongne,en palTant parmy le bois au lez vers Crclpy en Valois,fut foubdainement enuahy d’aucuns François qui à celle caufe elloient ve-ïiüsdeuers Athery en celle marche, pourtrouueraduenture : amp; en brief fansnbsp;grand deffcnce fut prins amp; emmené prifonnier. Si fut la caufe de làdiéle prinfe,nbsp;pource que luy amp; fes gens cheuauchant en train, ne le peurent alTemblcr tantnbsp;qu’ils o.üyrent l’elfroy.-de laquelle prinlè ledit lean de Brimeu fut depuis mis esnbsp;rriains de Pothon de làinéle Treille, lequel en fin le deliura en payant grand fi-^3nce. Itê apres que le Duc de Bourgogne eut fait du tout démolir ladiôte for-terelTe de Choify (comme dit ell)f’en alla loger en la forterelfe de Condin à vnenbsp;lieiie de Compiengne,amp; rnelfire lean de Luxembourg fe logea à Claroy. Si futnbsp;ordonné mellire Baudo de Noielle à tout certain nombre de gês â loger à Ma-^’goy fur la chaucée,amp; le lèigneur de Mongonnjry Anglois amp; fes gens elloientnbsp;^ogez à Venete au long de la prée.Si venoient lors audit Duc gens de plufieursnbsp;partie de fes pays, amp; auoit intention d’alïïeger ladiéle ville de Compiengne amp;nbsp;icelle réduire en l’obeïlTance du Roy Henry d’Angleterre.

Comment leanne U Pticeüe rtu tus Franquet d’Arras nbsp;nbsp;luy feit trencher la te/le.

L’entrée du mois de May fut rué ius amp; prins vn vaillat homme d’ar-mes nommé Franquet d’Arras, tenant le party du Duc de Bourgon-gne:lequel elloit allé courre fur les marches de lès ennemis vers Lai-gny fur Marne, à tout trois cens combattans ou enuiron ; mais à fon

retour fut rencontré de leanne la Pucelle qui auec elle auoit quatre cens François. Si alTaillit moult courageufement amp; vigoureufèment ledit Franquet, amp;: gens par plufieurs foiszcar par le moyen de lès archiers, c’ell à fçauoir duditnbsp;ranquet qu’il auoit: lefquels par trelbonne ordonnance fclloient mis à pied,nbsp;delfendirent fi vaillamment que pour le premier amp; fécond alTault icelle Pu-^ile amp; fes gens ne gaignerent riens fur cux,mais en conclufion elle manda tou-garnifons de Laigny amp; autres forterelTes de l’obeïlTance du Roy Char-^^9 lefquels y vindrent en grand nombre à tout couleurines, arbaleflres amp; au-^‘¦eshabillem ens de guerre.Et finablement les deflufdits tenas le party deBour-^'^ogneapres qu’ils eurent moult adommagé^eurs ennemis degens decheualnbsp;furent tous vaincus.Et defeonfits amp; la plus grand partie mis à refpée,amp; meC-^^oaent ladiéle Pucelle feit trancher la telle à iceluy Franquet^ qui grande-K iij


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M.CCCCXXX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLVME II. DES CHRONIQUES

ment fut plaint de ceux de fon party, pourtant qu’en arme il cftoit homme de vaillant econduiéle.

Comment René Duc de Bar meit le fiegc deuant Chappes empres Troyes en Chant' pai^e.

N ce mefine temps le Duc de Bar nommé René de Cecile conuo-qua de fes Duchez de Bar amp; de Lorraine, amp; des marches d’Allemagne amp; à l’enuiron trefgrand nombre de gens d’armes : auec lefquels auflifemeitce prudent amp; vaillant cheualierle feigneur de Barba



rin,lequel(comme dit eft deirus)a efté très long temps prifonnier aux Anglois. Et pouoit auoir iceluy Duc de deux à trois mille combattans, à tout lefquels ilnbsp;allaafiiegerChappes à trois lieües de Troyes, dedans laquelle eftoient le feigneur d Aumône amp; fon frere,amp; auec eux plufieurs gens de guerre qui tres vaillamment fe meirent en delfence . Et auec ce enuoyerent deuers le feigneurs denbsp;Bourgongne eux prier, qu’ils les voulfiflentfecourir ace befoing : lefquelsfeigneurs, c’eft à fçauoir meffire Anthoine de Toulongon Marefchal de Bourgongne , le Comte de loingny, meffire Anthoine amp; meffire lean de Vergy, lenbsp;feigneur de lonuelle, le feigneur de Chafl:elluz,leBeau de Bar,amp; generalleraétnbsp;lagreigneur partie de la gentilleffie de Bourgongne,iufques au nombre de quatre mille côbattansTaffiemblerent amp; vindrent affez pres du logis du Duc de Barnbsp;pour le combattre.Lêquel Duc fachant leur venue fe meit en bone ordonanccnbsp;de bataille : mais en brief iceux Bourgongnons fe meirent en defroy,amp; retournèrent en leur pays.Si fut enuiron que morts que prins bien foixante: entre lefquels le feigneur de Planfî, Charles de Rochefort amp; pareillement le feigneurnbsp;d’Au mone en làillât hors de là place pour ayder à combatte fes ennemis, auec-ques aucuns de fes gens fut prins prifonnier. Siconuint qu’il liuraft fafortc-reffie au Duc de Bar, laquelle fut du tout démolie, amp;fon frerefutprins comme luy.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-

Comment leanne la Pucellefutprinfe des Bourdonnons deuant Comftengne. ^^^;sTem durant le temps que ledit Duc de Bourgongne eftoitlogeà

Condin,comme dit cft,amp;fes gens d’armes és autres villages auprès lê ’nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;......


n de Condin amp; de Compiengne: aduint la nuiél de l’Afcenfion à cinq heures apres midy,que leanne la Pucelle, Pothon amp; auecques plu-fieurs autres nobles amp; vaillans capitaines François, auec eux de cinq à lîx censnbsp;combattansjfaillirent hors tous armez de pied amp;de cheual de ladiôte ville denbsp;Compiengne par la porte du pont vers Montdididîer, amp; auoient intention denbsp;combattre amp;ruerius le logis de meffire BaudodeNoielle, quieftoità Mari-gny au bout de la chauirée,comme dit eft, en autre lieu . Si eftoit à cefte heurenbsp;meffire lean de Luxembourg, auec luy le feigneur deCrefquy Schuiéhou dixnbsp;gentils-hommes,tous venus à cheual, non ayans, linon aflez petit, de lôn logisnbsp;deuers le logis meffire Baudo, amp; regafdoit par quelle maniéré on pourroit afnbsp;lieget icelle ville de CompiengnI.Et adôc iceux François, comme dit eft,commencèrent tresfort à approcher iceluy logis de Marigny, auquel eftoient ou lanbsp;plus grand partie tous delàrmez.Toutesfbis en alfez brief terme falTemblerentnbsp;amp;

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D* EN GE ERR, DE -MONSTKELET CHARLES Ell. 58 amp; commença l’efcarrnouche trefgrandcjdarat laquelle fut crié â l’arme en plu-fieurs lieux j tant de la partie de Bourgongne comme des Anglois, amp; fe raeirêtnbsp;enbaraille les deflbfdits Anglois contre les François fur la prée au dehors denbsp;Venete,où ils eftoient logez,amp; eftoient enuiron cinq cens combattas. Et d’autre cofté les gens de meffire lean de Luxembourg,qui eftoient logez à Claroy,nbsp;fachans ceft elFroy vindrent les aucuns haftiuement pour fècourir leur feigneurnbsp;amp; capitaine,qui entretenoit ladiôle efcarmouchetôc auquel pour la plus grandnbsp;partie les autres fe r’allierent:en laquelle fut trefdurement nauré au vifage leditnbsp;feigneur de Crefquy. Finablement apres ce que laditfte efcarmouche eut durénbsp;alfezlongueefpace, iceux François voyans leur ennemis multiplier en grandnbsp;nombre,ïé retrahirent deuers leur ville toufiours la Pucellc leanne auec eux fusnbsp;le derriere,faifànt grand maniéré d’entretenir fes gens amp; les ramener ûns perte:nbsp;mais ceux de la partie de Bourgongne confiderant que de toutes parts auroienj:nbsp;brief fecours,les approchèrent vigoureufemêt, amp; fe ferirent en eux de plain ef-laiz.Si fut en conclufion,commc ie fuz informé, la deflufdiéle Pucelle tirée iusTquot;^ ƒnbsp;de fon cheual par vn archier:aupres duquel eftoit le Baftard de Vendone, à quinbsp;die fe réditamp; donna fa foy :amp; il fans delay Femmena prifonniere à Marigny,oùnbsp;die fut mife en bonne garde: Auec laquelle fut prins Pothon le Bourguignon,nbsp;ßc aucuns autres non mie en grand nombre. Et les deflufdits François rentre-fent en Corapiengne dolens amp; courroucez de leur perte; Et par elpecial eurentnbsp;moult grand delplaifance pour la prinfe d’icelle Puccllé, amp; à l’oppofite ceux de .nbsp;Jâpartie de Bourgongne, amp; les Anglois en furent moult ioyeux, plus que d’a-uoir cinq cens combattans:car ils ne craignoient ne redoubtoient nul capitainenbsp;ôe autre chief de guerre tanr,corne ils auoiét toufiours fait iufques à ce prefentnbsp;mur icellepucelle.Si vint aftez toft apres le Duc de Bourgongne à toute (a puif-fance de fon logis de Condin,ou. il eftoit logé en la prée deuât Compiengne. Etnbsp;Jafaftemblerent les Anglois, ledit Duc amp; ceux des autres logis en trelgrad no-bre,faifant l’vn auec l’autre grans cris amp; refbaudilTemens pour la prinfe de ladi-•fte Pucelle: laquelle iceluy Duc alla veoir au logis où elle eftoit amp; parla à ellenbsp;aucunes parolles dont ie ne fuis mie bien recors, iaçoit-ce que ie y eftoy e pre-fcnt:apres lefquelles fe trahit ledit Ducamp; toutes gens chaeû en leurs logis pournbsp;nui(ft;amp; la Pucelle demoura en la garde amp; gouuernement de meflire leannbsp;deLuxembourg.Lequel apres dedans briefs iours enfuiuans l’enuoyafoubs bonbsp;^onduiéf au chafteau de Beau- Lieu, amp; de là â Beaureuoir : où elle fut par longnbsp;temps prifonniere,comme cy apres fera declairé plus à plain.

Comment le icune Roy Henry (CAngleterre vint en France amp; descendit à Calais.

N ceft an le ieune Roy Henry aagé de huicl ans vint d’Angleterre à Calais,amp; defeendit de G nef enuiron dix heures au matin le iour de **nbsp;monfeigneur S.George.Si fut monté fur vn cheual,amp; alla oûyr mef-fe en l’Eglife fainél Nicolas. Si eftoiêt auec luy Cardinal de Vinche-

ftrcjle Duc d’Iorth,le Comte de Hotidon,le Comte de Vvaruich, le Comte de Stanfort,lc Comte d’Arondcl, le Comte de Sifftbrt, le Comte de Bonne-terrenbsp;Je Comte de Hem,les feigneurs de Roye,de Beaumont,d’Efcaillon, de Grez amp;nbsp;plufieurs autres. Si y eftoit maiftre Pierre Cauchon Euefque de Beauuais, qui


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M.CCCCXXX. yOLrXiE il des chkotli^^es auoit efté enuoyé pour Ie quérir,amp; depuis vindrent fes gens.Si fut niené à toutnbsp;fa puiflancc en la ville de Roüen où il fut long temps.

Comment apres laprinß de la Pucelleje Duc de Bourgongne festens felogèrent de-uant la yiüe de Compiengne.

E lendemain du lourde l’Alcenfion leDucdeBourgongnefenalIa W loger de Condin à Vencte dedans l’Abbaye, fes gens fe logèrentnbsp;en la ville d’autre part, amp;meflirelean de Luxembourg fe logeaânbsp;Marigny.Si fut aflez brief enfuiuant commencé vnebaftille de terrenbsp;à vn traiél d’arc ou cnuiron pres du bouleuert de la ville ; amp; depuis furent faitsnbsp;aucuns taudiz de cbefnes plains de terre amp; autre bois fiché en terre au plus presnbsp;du dclTufditbouleuert. Aufquels taudiz (è faifoit guet nuiél amp; iour continuellement de certain riombre de gens d’armes : auec lefquels furent faits depuis la-diôle baftille iufques aux delTufdits taudiz grans foflez,par où les gens de guerre alloient feurcment à leurdit guet, pour la doubte des engins de ladide ville,nbsp;dont on eftoit feruy treflargement. Si feit iceluy Duc alTeoir aucuns grans engins deuant la portedaquelle par la continuation des grolTes pierres qu’ils y iet-loientjderompircnt amp; crauanterent en plufieurs lieux les portes, ponts, moulins amp; bouleuers de ladiéle ville. En fin y eut aucune partie des moulins mis ennbsp;tel point,que plus ne peurent mouldre, laquelle choie defpleut gradement auxnbsp;habitans d’icelle.Et auec ce entre les autres maulx que feirent les deifufdits en-gins,occirent vn’gentil-hommc roide amp; habille, aagédexxij. ans ouenuironnbsp;nommé Loÿs de Flauy,Iequel eftoit frere de Guillaume de Flauy general capitaine d’icelle ville de Compiengne, amp; de tous ceux là eftans, pour la mort duquel ledit Guillaume fut troublé amp; ennuyeux:mais nonobftant il n’en monftranbsp;nulfemblanr,ains pourrefbaudirfesgens, briefenfuiuantfeitdeuant luyfon-ner fes meneftriers ainfi qu’il auoit accouftumé de faire:amp; auec ce feit diligemment garder le bouleuert defrufdit,nonobfi:ant q par lefdits engins il fut moultnbsp;empiré amp; trauaillé. Etauoitfaitfaireaufons desfoffcz d’iceluy bouleuert denbsp;petites maifonnettes de bois,où fes gens fe tenoient pour faire leur guet,moultnbsp;fubtillement faiéles amp; compofées. Si furent par l’introduélion de mefiire lesnnbsp;de Luxembourg commencées aucunes minesdefquelles furent cachées biena-uant amp; profond amp; à gràd couft fans porter efFeôl,ne valeur:duquel temps aulfinbsp;en faifantlefdiéles mines Rapproches, en y eut plufieurs des afliegeans qui/nbsp;furent morts, R beaucoup de naurez. Defqucls morts furent les principaux :nbsp;c’efl àfçauoir,meflire lean de Belles cheualier, Alain d’EIcaflines, Thibault denbsp;Caitigines, R plufieurs autres, tant de la partie de Bourgongne comme desnbsp;Anglois.

Comment les Liégeoisße meirentßusd grandpuijßince de communes nbsp;nbsp;vindrent en

Comté de Llamur.

B N ce temps les Liégeois tant par l’introduélion d’aucuns hauflaires, te-nans le party du Roy Chtrles: c’eft à fçauoir lean de Beaurain, lean de Saumain,Euerard de la Marche R aucuns autres,comme par la hainenbsp;malucillance que long temps ils auoient eue au Duc de Bourgongne, pour

difeords

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D^ENGJ/EBB. DE JAONSTKELET CH ABÖLES nj, ^9 (^ifcords que fes predecelTeurs amp; luy auoient eu parauant: dont plus â plain eftnbsp;faict e mention en ce prefent liure,fe difpoferent amp; conclurent de venir à grandnbsp;puiffance fur le pays dudit Duc,amp; par elpecial en fâ Comté de Natnur tout de-ftruiremonobftant que de ce faire les deienhorra par plufieurs fois lean de Hé-berche leur Euefque,en leur remonftrant par plufieurs raifons les grans maulxnbsp;amp; inconueniens qui pouoient venir au pays de Liege,fils mettoient leur entre-prinfe à execution. Lefquelles remonftrances iceux Liégeois prenoient trcfmalnbsp;en gré,amp; ne vouloient nullement attarger de mener à fin ladiôte entreprinfe.Etnbsp;pourtant ledit Euefque confiderant, que bonnement il ne fe pouoit efeonduirenbsp;n’exeufer, qu’il ne feit aftîftance amp; ayde à ceux de fon pays, qu’il ne fe meit ennbsp;peril d’eftre enchaffé de fa feigneurie,print conclufion auec aucuns de fon con-feil,que pour fon honneur garder auant qu’il ne feit guerre ouuerte au Duc denbsp;hoLirgongne ne à fes pays,il luy enuoyeroit premier fes lettres de deffiace, def-lt;iuelles la coppie fenfuit.

Treshavt, trefnoble amp; trefpuifiant Prince Philippe Duc de Botirgon* gne,Comte de Flandres, d’Arthois amp; de Bourgongne, Palatin de Namur, amp;c.nbsp;laçoit- ce que lean de Hembcrche Euefque de Liege amp; Comte de Loz, fur parnbsp;Vertu de certain fur eftat par vous ôc moy pour volis,amp; les noftres pieça donnénbsp;Ivn à l’autre dont lettres apparent, vous aye plufieurs fois par lettres de bouche, ou autrement,fait fupplication, prière amp; requefte, amp;: fommation d’auoirnbsp;leftitution amp; reparation felon le contenu duditfureftat,quiaeftéafrezpetite-nient tenu de plufieurs grans amp; horribles dommages commis amp; perpétrez denbsp;voz gens amp; capitaines amp; feruiteurs , fur mes pays amp;fubielt;fts : ainfi quevoftrenbsp;trefnoble amp; pourueüe diferetion peut bien auoir mémoire que mes complaintes amp; requeftes le contenoiêt plus plainement.Neanrmoins trefnoble,treshautnbsp;amp; trefpuifiant Prince iufques àores, obftantvoz gracieufes refponces fur cenbsp;contenans, que voftre intention amp; plaifir dudit fur eftat eftre entretenu amp; quinbsp;encores n’ont forty nul effeâ:, fe font fi auant entremefiées icelles chofèsd’vnnbsp;cofté amp; d’autre, que griefue chofe m’eft à porter, dont il me defplaift tant quenbsp;pins ne peut. Et toutesfois trefnoble amp; trefpuiffant Prince voftre trefnoble amp;nbsp;pourueüe diferetion peut affez fentir amp; cognoiftre, que par raifon amp; fermentnbsp;fuis tenu de demourer lez mon Eglife amp; paÿs,quc fans les efiongner cofideréesnbsp;les chofes ainfi aduenues,les me conuient afiifter amp; deffendre en tous droits amp;nbsp;contre tous de toute ma force amp; puifiTance. Pourquoy treshaut, trefnoble amp;cnbsp;puifiant Prince moy premièrement exeufant à voftre trefexcellente perfbnnenbsp;amp; haute domination,de rechef vous aduertis d’icelles chofes en lignifiant, quenbsp;fi plus auant aduenoit, ou eftoit par moy amp; les miens fait par neceflité ou autrement, qui de tant vouldroye auoir mon honneur pour bien gardé. Donnénbsp;foubs mon feel pendu à ces lettres le dixiefme iour de luillet, l’an mille cccc. amp;nbsp;trente. Ainfi figné du commandement monfeigneur propre I.Berrard. Et pareillement le deffendirêt plufieurs autres feigneurs alliez d’iceluy Euefque,c’eftnbsp;a fçauoir le Comte de Beaurienne, Picard de la Grace feigneur de Quinquem-poit,Rafrc de Rabel, Gerard d’Edeuant, leanfle Valle,Heniy le Gayel, lean denbsp;Boilleur,Iean de la Barre,Iean de Gemblais,Corbeau de Belle Goulle^ Thierrynbsp;Ponthey amp; plufieurs autres.

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M.CCCCXXX. yOLJ/XlE II, DES CHMNlQ^^ES

Comment le Duc de Bourgongne enuoya lefeigneur de Crot en la Comté de Namur contre les Liegeols,

Teni apres ce qu’il fut venu à la cognoiflancedu DucdeBourgon-gne, que l’Euelque du Liege amp; fes Liégeois fe preparoient pour entrer en fa Comté de Namur:fi conclud auecques ceux de fbn confeil d’yenuoyerlefeigneur de Croÿ atout fix cens combattans,pournbsp;garder amp; deffendre Jadicle ville de Namur amp; forterefle dudit pays. Lequel fei-gneur de Croÿ apres ladiéte conclufion fe départit de deuant Compiengne, amp;nbsp;auoit auecques luy huiét cens combattans qu’il auoit en fa charge,amp; f’en vint anbsp;Namur, où les Liégeois auoient ja commencée la guerre amp; prins Beau- fort,5:nbsp;bouté le feu ;amp; ledit Croÿ venu audit lieu de Namur, fut dix iours fans fairenbsp;guerre amp; depuis print Folfc d’afTaultdaquelle fut arlè referuéle Monftier. Et lenbsp;lendemain furent mis a fin amp; morts à Florine bien quarante ou quatre vingtsnbsp;Liegeois,amp;: y eut prins quarante pri(bnniers:auecques lequel feigneur de Croÿnbsp;eftoit fon frere mcifire lean de Croÿ.Si y eftoient les feigneurs de Mainlhée,dcnbsp;Rembure,de Fauquemberge amp; de d’Iufelle, le Galois de Reuly, le feigneur denbsp;Franamefant, Robert de Neufuille amp;plufieurs autres nobles. Ledit feigneurnbsp;de Rembure fut enuoyé à Poln3che,où il fut à vne faillie nauré à mort amp; prinsnbsp;prifonnier. Et depuis y fut mis le feigneur de Senlis, lequel rendit la place auxnbsp;Liégeois: amp; puis y boutèrent le feu amp; l’ardirent, lefquels Liégeois auecquesnbsp;leurEuefque eftoient bien cinquante mille hommes. Et depuis qu’ils eurentnbsp;prins Polnache, meirent le fiege deuant Bouuines, amp; fi prindrent Golefme amp;nbsp;l’ardirent : durant lequel temps les gens dudit feigneur de Croÿ feitet plufieursnbsp;enuahies fur eux, aufquelles par plufieurs fois en prindrent amp; occirentfeptounbsp;huiéf cens.

Comment le Comte de Nontidon vint deuant Compiengne en lay de du DuedeBour-gongne.

T Ç N ces iours vint en l’ayde du Duc de Bourgongne le Cote de Hon-tidon, de Roberfàc Anglois à tout mille archiers d’Angleterre ounbsp;enuiromlefquels fe logèrent en la ville de Venete, où par auat eftoitnbsp;logé le Duc de Bourgongne, lequel de fa perfonne fen alla loger en



la Baftille deuant-dide,entre Marigny amp; Compiengne. Et fes gens fe logèrent audit lieu de Marigny,dôt feftoit deflogélc capitaine, meflire lean de Luxembourg amp; fes gens:amp; fen eftoit allé en la ville de Soiftbns, laquelle par certainsnbsp;moyens qu’il auoit dedans,luy fut rendue auec aucunes autres places ou paÿs anbsp;l’enuiron. Si fe départirent de deuant ladiélc ville de Compiengne le feigneurnbsp;de Mongoumery amp; fes Anglois, amp; fen retournèrent en Normadie apres la venue dudit Comte de Hontidon. Et apres iceluy Duc de Bourgongne feit fairenbsp;iour amp; nuiéh grand diligence,d’abbatre amp; demollir par fes engins le bouleucrtnbsp;de deuant le pont de la ville: lequel comme en autre lieu eftdeclairé, greuoitnbsp;moult fes gcns:neantmoins il dufa bien l’efpace de deux mois enuiron: amp;parnbsp;foudain aflault qui y fut fait par nuiâ: de la partie dudit Duc, fut prins de huiétnbsp;à dix homes dedans,auec aucuns habillemens de guerre là eftans, qui fe deffen-dirent

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D'ENGJ/ERR. de I^ÎONSTKELET CHARLES Î/IJ. 6q


dirent aflcz petit. Apres laquelle pruife furent les foßez remplis amp; fut iceluy boLileuert fortifié contre ceux de la ville, amp; gardé longneuiement chacun lournbsp;les François au lieu vers Pierefons. Si palfa vn certain iour le defluldit Comtenbsp;Hontidon à tout fes Anglois,amp;fen alla courre deucrs Ctefpy enValois,amp; delànbsp;vint à Sainélines qui fe icndit à Ion obeïfiance. Et apres il l’en alla loger à Ver-^rie, où il feit tresfort affaillir l’Eglile de la ville que tenoient les paÿlans : lef-^Uels en conclufion furent contraints d’eux rendre en fa voulenté ôe eux mettre du tout en fil mercy. Et feit pendre vn homme nommé lean ded’Ours, quinbsp;cftoit comme leur capitaine, pourcc qu’à fa premiere requelle n’auoit voulu o-tgt;eïr. Si furent tous lefdits paÿlans prins amp; rançonnez, Sc tous leurs biens ra-t’is. Et apres l’en retourna ledit Comreà tout aucunes proyes en fon logis de-ttant Compiengne : durant lequel temps fe tenoient à Clercmont en Beauuoi-fisle fcigncLir de Crcuecueur, amp; Robert de Saueufes atout leurs gens, pournbsp;garder la frontière contre les François qui (è tenoient à Creil amp; à Beauuais, amp;nbsp;^ticcques ce pour faire acconduire en l’ofl des vins amp; tous viures necelîaires. Sinbsp;letenoientadoncla Duchefl'e de Bourgongneà Noyon atout loneftat: laquelle de fois à autre alloii vifiter le dellufdit Duc de Bourgogne Ion leigneur.nbsp;hfquels iours aufli alla ledit Duc de Bourgongne à toute là puillance tenir lanbsp;louinéedeuant Gournay fur Arondc: laquelle on luyauoit promis de rendrenbsp;remettre en fon obcïfiance : amp; fut auteques luy amp; pour luy aflifler amp; fairenbsp;compagnie le Duc de Nortflk Anglois à tout mille combattans ou enuiron, amp;:nbsp;le Comte de Hontidon . A laquelle iournée ne vint home de par le Roy Charles: amp; pourtant Triflan de Maiguclers voyant que point ne feroit fecouru,ren-^it la fortereflé en la main dudit Duc de Bourgongne, lequel la bailla en gardenbsp;3u feigneut de Crcuecueur. Et apres f’en retourna auecques luy le Comte de

V' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•

Hontidon a fon fiege de Compiengne . Auquel lieu à fon departement il auoit lûiffc certain nombre de ges d’atmes,pour garder fon logis. ÈiledefTufdit Ducnbsp;Jx» /X.nbsp;nbsp;—nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;••nbsp;nbsp;nbsp;•nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;—


, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'I Onbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;O

deNortflkf’enalla deuers Pâtis.

Comment 'vn homme nommé Toumelaire nbsp;nbsp;nbsp;ceux de Reims méirent le ßege âeuant

Champi^neux.

gNcesioursvnSaquementnommé Toumelaire, quieftoiePreuoft rùon de pac le Ly Charles.condui We cinq ànbsp;nes de la ville de Reims amp; des marches a 1 enuiron, amp; Xnbsp;' çerlaforterelledeChampignenx: dedans ‘quot;'l“’=''XmnXne Sinbsp;Anglois Bourgongnons,qui moult opprcffoient le pays de Champai^ e. Sinbsp;tant iceiix rnbiugiier 8c mettre en leur obeiilance ce que point n adtnnticar dedans briefs ion,s\nfuiuans Guillaume Cotain Anglois amp; Georges de Ctmxnbsp;qui fe tenoient à Montagu affembleient ce qu ils peurent auotr de gens, £c fans

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M.CCCCXXX. yOLf^ME II. DES CHRONlQ^yES

faire long delay allèrent combattre les defl'ufdiôtes communes : lefquelles Gns faire bien grand deffenccjfurenttantofl: vaincues èc la plus grand partie furentnbsp;morts amp; prins. Toutesfois ledit Toumelaire auecques aucuns autres feûuua,nbsp;fi en demoura fur la place de fix à fept vingts morts parmy vne partie qui furetnbsp;ars en vne maHon,où ils feftoient retraits: amp; delaiflerent plufieurs canons, ar-baleftres amp; aucûs autres habillemens de guerre qu’ils y auoient apportez:apresnbsp;laquelle befbngnejamp; qu’ils eurent la forterefle reformeejes defliddits Guillaume Corain amp; George de Croix fen retournerêt à Montagu trefioyeux de leurnbsp;victoire.

' nbsp;nbsp;nbsp;Comment le Duc Philippe de Brabant trejjfajja :nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;comment le Duc de Bourgongne

print lapojjeßion de ladille Duché.

N ce temps mourut en la ville deLouuain le Duc Philippe de Brabant, qui par long temps dcuant a mort auoitefté moult greuédc maladie langoureufe.Si furent aucûs de fès priuez feruiteurs foufpc-çonnezd’eftre coulpablesde{amort:amp; mefmementeny eutaucuns



prins amp;trefdurementqueftionnez pardiuerfes maniérés de iehainnes, ncant-moinslabefongnenc vint plus auant à clarté. Et fut dit par aucuns maiftresen médecine, dont il fut vifité, qu’il eftoit mort de fà mort naturelle par les excesnbsp;qu’il auoit faits en là icunefle tant en iouftes comme en autres choies, fî fut enterré auec fes predecefl'eurs. Et fut la mort dudit Duc tatoft mandée au Duc denbsp;Bourgongne,qui eftoit à fon fiege deuat Compiengne:pource que la plus gtadnbsp;partie de la Duché de Brabant amp; des appartenans, amp; par efpecial les nobles ennbsp;diibient iceluy Duc de Bourgongne eftre vray heritier, pourtant que le deuât-dit Duc de B rabat n’auoit nul enfanr,car il n’auoit point efté marié. Et le? autresnbsp;diibiét que la Comtefte de Hainault doüagiere amp; täte d’iceux deux Ducs eftoitnbsp;plus prochaine,amp; qu’à elle appartenoit ladiélefucceflion. Toutesfois iceluynbsp;Duc de Bourgongne fçaehat la mort deftufdiéle, conftitua à fon fiege de Cotn-piengne aucuns de fes plus feables capitaines amp; cheualiers:c eft à fçauoir meflî-re laques de Brimeu Marefihal de fon oft, meflire Hue de Launoy, le ieigneurnbsp;de Saueufes amp; aucuns autres pour d’iceluy auoir le gouuernemenr,amp; l’entretenir auec le Côte de Hontidon amp; fes Anglois.Et auec ce remanda haftiucmér amp;nbsp;fans aucii delay meilîre lea de Luxêbourg, qui eftoit au pays de Soiftonnois ennbsp;luy requérant inftamment par fes lettres amp; meifages, que fans delay à tout lesnbsp;gens foubdain il retournaft deuant Compiengne pour du tout auoir la chargenbsp;, de fon oft,en luy fignifiant les affaires qui luy eftoient furueniiz. Et comment ilnbsp;eftoit de neceifité qu’il fen allaft audit pays de Brabant. Apres lefquelles befon-gnes ainfi faiéles,amp; que le Duc de Bourgongne eut mis prouifion, comme ditnbsp;eft,en fon oft par la manière cy deuant declairée,amp; aufli qu’il eut deuant la porte du pont fait fortifier amp; garnir de gens d’armes amp; habillemens de guerre vnenbsp;grade amp; forte baftille,dc laquelle fut capitaine meflire Baude de Noyelle, prenant premier congé au Comte A Hontidon, il le départit amp; alla à Noyon : amp;nbsp;de là par aucuns iours fen alla à l’Ifle, où il eut confeil auecques fes principauxnbsp;confeilliers : aueclefquelsil faccorda d’aller audit pays de Brabant prendre lanbsp;polTeflion amp; faifine d’iceluy amp; de toutes les appartenances. Au parlement duquel

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D'EN G y ERR. DE MONSTRELET. CHARLES EU Ct

^uel fen retourna la Duchcfle fa femme au pays d’Arthôis. Et briefenfuiuant fut ledit Duc receu corne feigneur amp; Duc de toutes les villes amp; appartenacesnbsp;lt;le la Ducliéamp; autres pays,que n’agueres tenoit le delTufdit Duc de Brabat def-funôb.Toutesfois la deflufdicle Comtefle de Hainault doüagiere fâ tante y en-tendoit^uoir aucun droit,comme dit efl, par deflus : nonobftant ce elle confi-derant la grand puiflance de fbn beau nepueu,contre lequel ne pouoit refifter :nbsp;Voyant auffi la plus grand partie des nobles amp; bonnes villes eftre défia contrenbsp;elle,fe déporta de plus auant en faire pourfuite.Et pourtat iceluy Duc de Bour-gongne en fut par tous les pays plus liberallement obey. En ce mefmes tempsnbsp;U damoifelle de Luxembourg fœur au Cote Vvaleran moult ancienne: laquelle eftoit au chafteau de Beaurcuoir au gouuernement de meflire leari de Luxembourg fbn nepueu,a^prehenda amp;feit releuer pour luy amp; en fbn nom toutes les feigneu ries iadis appartenantes au dcffufdit Comte de Vvalerarffbn fre-tcilefquelles de nouuel luy eftoient efcheücs comme la plus prochaine heririe-îe de cofté de pere de fon beau nepueu le Duc de Brabant nagueres trefpaffé.Sinbsp;fut par elle que tous les fermens des officiers furent renouuellez:amp; fe nommanbsp;depuis ce iour en auant Comtefle de Ligny amp; de S.Pol fa vie durant,amp; pourtâtnbsp;qu elle aimoit moult cordiallement fondit nepueu meffire lean de Luxébourg,nbsp;luy donna prendre amp; auoir grand partie d’icelles feigneuries apres fon trefpas,nbsp;dont point ne fut bien cotent le Comte de Conuerfan feigneur d’Anghien frété aifné de meffire lean de Luxembourg,amp; depuis eurent aucune redarguationnbsp;enfemble,mais en finie concordèrent Tvn^auecl’autre.

Comment meßire lean de Luxembourg entre^rint legouuernement dufiege de ComRien-^ gne:amp; des ordonnances quily feityamp;* autres matières.

Tem apres ce que le Duc de Bourgongne fur party, comme dit eft, dedeuantlavilledeCompiengnequ’aflezbrief enfuiuant vint mef-fire lean de Luxembourg a tout fes gens deuât icelle ville,amp; en printnbsp;la charge amp; gouuernement de tout le fiege, ainfiquepar ledit Ducnbsp;luy auoit efté requis amp; ordonné. Si feit fans delay pourueoir amp; befongner ne-ceflàirement à la Baftillc de deuant le pont: amp; en cornmêcer deux autres moindres fur la riuiere au lez vers Noyon, dont Guy de Roy e eut la charge de l’vne,nbsp;accompagné d’Aubellet dcEolleuille amp; autres de fà compagnie amp; de fes gens:nbsp;amp; la fécondé fut baillée à vn routier de Boullenois nommé Branart : auecquesnbsp;lequel furet commis aucuns arbaleflriers Genneuois,Portugalois amp; autres d’e-ftrange pays. Et apres ledit de Luxembourg fc prépara pour paffer l’eaiie, amp; parnbsp;deflus le neuf pont cotre V enete,alla loger en l’abbaye de Royaulieu auecquesnbsp;luy meffire laques de Brimeu Marefchaldel’ofl:, meffire Huet de Launoy, lenbsp;feigneur de Crefquy,le feigneur de Saueufes, le feigneur de Humieres, meffirenbsp;Dauiod de Poix,Ferry de MailIy,meffireFlorimont de Brimeu amp; plufieurs autres nobles hommes fe logèrent tant en l’abbaye comme au village, qui eftoitnbsp;moult defolé amp; és vignes amp; iardins à rcnuirÂn:amp; demourale Comte de Hon-tidon à fon logis à Veneteauecques fes gens. Durât lequel temps feirent iceuxnbsp;aflîegez plufieurs faillies de pied amp; de cheual : aufquclles tant d’vne part comme d’autre furent aucuns prins amp; naurez non mie en grand nombre. Si fut par

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M.CCCCXXX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;II. T)ES CHRONîQJES

lefdits afliegeans encommencé vne grand baftille a vn traict amp; dcmy d’arc pres ladide villenen tirant vers la porte de Pierrefons ; dedans laquelle pour la garder, furent commis le deflufdit Marefchal de l’hoftel, le feigneur de Crefquy,nbsp;meffire Florimont de Brimeu auecques eux trois cens combattans ou enuironjnbsp;qui tous enfemblefc logèrent dedans ladiôtebaftille auant qu’elle fut du toutnbsp;parfaiôle nç.fortifiée,amp; y furent par longue efpace de temps logez: auquel repsnbsp;les affiegez fouffrirent moult grand deftreffe de famine:,. amp; ne pouoient poufnbsp;nulle finance recouurer des yiuies dedans leurville; car en l’elpocc de quatrenbsp;mois entiers n’en fut dedans icelle ville vendu en public.Si furent adonques cn-uoyez plufieurs mefiagiers au Marefchal de Bouiàch,au Cote de Vendofme amp;nbsp;aux autres capitaines dii Roy Charles,pour eux requérir inftament qu’ils voul-fifient fçcourir icelle ville de Compiengne : laquelle dïloit moult oppreffée patnbsp;lefdits afliegéans. Item entre-temps que les tribulations dcfiufdicies duroientnbsp;faflemblercnt le Marefchal de Boulàch, Pothon deSainde-Treille, Theoldenbsp;de Vallcperge amp; plufieurs autres capitaines François. Si allèrent aflieger la ville de Proifly fur Oife : dedas laquelle eftoit le Baftard de Cheureux à tout quarante combattans ou enuiron, quiafiez brief furent contraints d’eux rendre ànbsp;Youlenté:amp;.en y eut la plus grand partie mis a mort par les gifarmes dudit Marefchal de Boufàch. Et depuis qu’ils fe furent ainfi rendus, la forterelTe fut démolie . Et pareillement furent prinfes par les deflufdits Cathu le fort moufiicGnbsp;le Chaftel!amp; aucunes autres places, efquelles furent exécutez àmortlagrci-gneur partie des compagnons,qui dedans eftoient.Toutesfois ledit Marefchal,nbsp;ne les autres de la partie du Roy Charles ne feirent fur les afïiegeans de Cotn-piengneaucune entreprinfe, comme il eftaccouftùmé de faire en tel cas, iufnbsp;ques au derrain que le fiege fut leué comme cy apres fera plus à plain declairé.nbsp;En ce temps le Duc de Nortfolk Anglois fe tenoit à trefgrand puifiancc fur lesnbsp;marches de rifte de France, ou il mcit plufieurs forterefles en l’obeiflancedunbsp;Roy Henry c cft à fçauoir Dampmartin en la Gohclle, la ChafTe Mongaynbsp;aucunes autres. Et pareillement d’autre cofte le Comte d’EftanflFort print d’af-fault la ville de Bray comte-Robert,par le moyen de laquelle fè rendit la forte-reflé du lieUjlaquelle eftoit moult forte. Et de là ledit Comte fen alla paffernbsp;l’eaüe de Seineauecques toute fà compagnie, amp; fourrager tout le pays iuf-ques affez pres de Sens en Bourgongne:amp; apres fenTetournaà toutgrad proyenbsp;au lieu dontilf’eftoit party, fans ce qu’il trouuaft nul de fes ennemis quiluynbsp;feiflent aucun deftourbier: amp; brief enfuiuant print le Quefnc en Brie, grandnbsp;Puys, Rappellon : amp; en fin feit bien pendre quatre vingts de ceux qui eftoientnbsp;dedans ledit Quefne. Et parcillemet print la forte tour de Bus:laquelle auec lesnbsp;autres places deftufdides fut toute defolée.Et eftoient dedas Bray-Comte-Ro-bert,quand elle fut prinfc, meftire laques de Milly amp; mcfïire lean de la Haye,nbsp;lefquels furent prifonniers aux Anglois.Et depuis efehapperent de leurs mainsnbsp;parmy payant grand finance.

Comment k Prince d'Orengefut rué tus ^ur les François.

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En Fan

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T) ENG y ERK. J)E MONSTRELET. CHARLES J^II. 62.

N l’an deflufdit le iour de la T finite ,-!fè tneit fus; le Prince d'Orenge à tout douze cens combattans ou enuiron-.lefquels il mena au pays denbsp;Languedpchjoù il meiten Ion obeïlîance plulîeurs chafteaux tcnansnbsp;leparty du Roy Charles. Et pareillement feit en Daulphiné,dont



grandement defpleut audit Roy amp; à ceux de fà partie. Si fut par luy conclud a-uecques ceux dé lôn confèil pour y refifter, que le feigneur de Gaucourt gou-uerncur de Daulphiné,meflire Ymbert de Gauler Senefchal de Lyon fur Rof-' ne,amp; Rodigue.de Villâdras feroient leur alfemblée des nobles homes du paysnbsp;amp; ce qu’ils pourroient recouurer de gens de guerrcamp; fleur de droites gés d’ar-mes d’eflitCjpouriceluy pays deflendre amp; recouurerdefquels quad ils'furet misnbsp;tous enfemble^e trouuerent de quinze â feize cens combattans. Sifen allèrentnbsp;mettre le fiege deuant vne forterefle nommée Coulembier, laquelle ep afléznbsp;hricf terme le rendit aux defliifdits capitaines. Et entreteps entrale Prince d’O-tenge delTufdit qui fefloit fetraiél en fa marche,fçachant fes ennemis à puïflan-ce eftre fur les champs,amp; que défia auoient afliegé icelle forterelTe que £ès gensnbsp;ienoient,enuoyahaftiuementamp;: fins delay fès lettres amp;meflagiers deuerslesnbsp;leigneurs, nobles amp; gens de guerre du pays de Bourgongne, amp; aufli d’autresnbsp;lieux ou il auoit fes amis,alliezamp; bien-vueillans.Si feit fi bonne diligence qu’ennbsp;aflez briefs iours enfuiuans il alTembla trelgrand nombre de nobles hommes.nbsp;lefquels il conduifit amp; mena vers le pays où eftoient Ces ennemis, eiperant Ce-courir ladicte fortere(re,qui par auant,comme dit eft,feftoit rendue en la mainnbsp;des François: Icfquels François parleurs efpies fçauoientlavenuedesBour-gongnons: amp;pourcefeftoient préparez en grand diligencp pour les receuoirnbsp;amp; combattre. Et de fait tous enlemble par trefbonne ordonnance Ce meirent ànbsp;chemin pour aller au deuant d’eux, ôcles rencontrèrent entre Coulembier amp;nbsp;Hauton : mais les deflufdits Bourgongnons venoientparmy vnbois, amp;nefènbsp;peurent pas du tout bonnement raflembler ne mettre en plaine ordonnance denbsp;bataille, par ce qu’iceux François les enuahirent foubdainement amp; vigoureu-fement. Toutesfois de premier venue y eut trefdure amp; mcrueilleuferencon-tte.Entre lefquels de ceux de la partie de Bourgongne fe meit à pied vn moultnbsp;Vaillant cheualiernommé meflireLoÿs de laChappelle,amp;auecquesluy aucuns de fes gens : mais il futtantoft mis à mort : amp; finablement amp; pour brief-Ueconclulion les François obtindrent amp; gaignerent le champ, amp; demou-terent maiftres. Si y furent morts fur la place enuiron de deux à trois ces Bourgongnons largement,amp; fi en y eut de prins fix vingts ou plus : defquels prifon-niers furent les principaux le feigneur de Bufly fils au feigneur de ûind George , le feigneur de Varembon, lequel eut le nez abbatu d’vne taillade, meflirenbsp;lean Loÿs fils au feigneur de Conches feigneur de la Frété, Thibault de Rougemont, le feigneur de Ruppes,le feigneur d’Elcabonne, meflire lean de Vienne,le feigneur de Raix, lea de Baude,meflire Duc de Sicon,Girard de Beauuoirnbsp;amp; plufieurs autres iufques au nombre deflufdit. En laquelle iournée fe départirent plufieurs Bourgongnons en grand deÂoy : Iclquels pouoient eftre enuiron de feize à dixhuiél cens combattans, defquels furent les principaux lenbsp;defliifdit Prince d’Orenge.Et fut iceluy Prince chaffé iufques à Authun, où il Cenbsp;fauua à grand peine,le Côte de Fribourg,le feigneur de Montagu,c’eft à fçauoir

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meffire leä de neufchaftel qiii portoit l’ordre de la toifon d’or,qui luy fut oftée, le feigneur de Pafnics amp; moult d’autres notables gentils-hommes, (’en alleren:nbsp;en fuyant par plufieurs parties amp; en diuers lieux.Et fut cefl^ bcfongne cnuironnbsp;l’heure de tierce:en laquelle fe porta tres vaillamment le delTufdit Rodigue denbsp;Viilandras, qui menoit l’auantgarde des François: lefquels François apres cellenbsp;befongne fe r’alTemblercnt amp; eurent moult grand ioye de leur bonne vidoire,nbsp;en remerciant amp; louant Dieu leur créateur. Et depuis par le moyen de celle de-llroulTc, conquirent fur la partie de Bourgongne plulieurs villes amp; forterefles:nbsp;dont l’vne d’icelle fut Aubrune qui elloit audit Prince d’Orenge, laquelle apresnbsp;qu’elle fut prinfc, fut par iceux François démolie.

Comment les Francois 'iiindrent âeuant U ville de Com^ieÿte^où ils leuerent lefiege des Bourgongnons.

aTcm apres que le Comte de Fîontidon, amp; melEre lean de Luxembourg eurent par grand efpace de temps, amp; à grand labeur continue leur hege deuant la ville de Compiêgne,amp; moult abllraint de famine les alïîegez par le moyen des ballilles amp; approches qu’ils auoientnbsp;faides entour d’icelle ville : amp; qu’ils efperoient en alFez brief terme auoir la finnbsp;amp; conclu fion de leur entreprinîc, amp; ladide ville réduire en leur obeïflance. Lenbsp;mardy deuant le lourde Toufiainds les François en nombre de quatre millenbsp;combattans ou enuiron : defquels principaux eftoient les Marefehaux de Bou-ûch, le Comte de Vcndofmc, melsire laques de Chabannes,Pothon de faindenbsp;Treille,meßire Régnault de Fontaines,le feigneur de Longueual,mefsire Loysnbsp;de Vaucourt, Allain Giron amp; plulieurs autres vaillans capitaines : qui par plu-fieurs fois auoient efté moult inftamment requis de Guillaume de Flauy amp; desnbsp;autres afsiegez en ladide ville de Compiegne de bailler fecours,vindrent logernbsp;tous enfcmble au moins la plus grand partie en la ville de Verbrie,à tout foifonnbsp;deviuresamp; grand nombre de paÿiànsqui auoient plufieursinftrumens, coignées, fyes,louchez,ferpes,hoyaux amp; autres pareils oftils pour refaire amp; reparer les chemins parmy forefts amp; autres lieux,que les aEiegeans auoient empefnbsp;chez en pluficurs parties : tant de gros bois qu’ils auoient fait abbatre ôc trauer-fez efdits chemins : comme de foiïez qu’ils auoient fait faire, amp; autres empefnbsp;chemens. Laquelle aflemblée amp; logis feeurent aÛez brief iceux afsiegcans : amp;nbsp;pourtant quand partie des chiefs de guerre amp; des plus notables fccurent ce, fcnbsp;meirent enfemble à confeil pour auoir aduis l’vn auec l’autre : fçauoir fil feroicnbsp;bon qu’ils allaflent au deuant de leurs ennemis pour les combattre, ou fils les.nbsp;attendroient à leur fiege: laquelle befongne miiè en confeil fut de plufieurs de-battue:amp; vouloicnt les aucuns qu’on les allaft combattre deuant qu’il veniflentnbsp;plus auant : amp; les autres pour pluficurs raifons difoient, qu’il valloit mieux lesnbsp;attendre amp; eux fortifiîer amp; apprefter pour les receuoir. Difant oultre, que filsnbsp;laifioient leur fiege pour aller vers les François amp; leurs baftilles malgarnies : Senbsp;lors les aftiegez qui eftoient en g^nd deftrefte, defirant eftre deJiurez du grandnbsp;dangier où ils eftoient, pourroient moult greuer lefdiôles baftilles,ou à tout lenbsp;moins fen pourroient aller amp; eux mettreà ßuuetelaouils pourroiêtle mieux:nbsp;amp; pour tant retourna ce confeil de la plufgrand partie. Si conclurent tous enfemble

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b'EN G EERR. DE MONSTULET. CHARLES Eli. 6^ fembled’vncommun accord, d’attendre toutes aduentures amp; dey refifter denbsp;tout leur pouoir. Si furent les ordonnances telles qu’il fenfuit. lieft à fçauoirnbsp;que le lendemain trefinatin qui eftoic le mercredy, le Comtede Hontidonànbsp;tout fes Anglois pafleroit l’eaüe parle neuf pont : amp; viendroit vers Royaulieunbsp;pour luy mettre en bataille auec meflire lean de Luxembourg, amp; laifteroit ennbsp;1 abbaye de Venete qui eftoit forte lapins grand partie de leurs gens, cbeuauxnbsp;^tjec vn pou de fes gens,qui fèroient commis pour les garder.Et auf-fi pour garderie Pont. Item fut ordonné que tous leschars,charettcs,cbe-ttaux,matchans,viures amp; autres telles befongnes fufl'cnt mis amp; retraits en lanbsp;deflufdiâe abbaye de Royaulieu. A laquelle garde fut commis meflire Philippe de Fofleux,amp;: le feigneur de Cochen. Item fut ordonné que meflire laquesnbsp;deBrimeu atout trois cens combattansou enuiron demouroient en leurba-ftille. Et leur fut promis par les feigneurs, que fi on les alloit aflaillir : ils a-tioient affaire on leuriroit fecourirfans point de faulte à certain figne qui futnbsp;dénommé, lequel ils deuoient faire fil leur fourdoit nccefsité. Item fut ordonné que lagrand baftille qui eftoit delez le pont vers Marigny,fenrretenroit:nbsp;pareillement feroient les deux autres, qui eftoiêt fur l’eaüe au lez vers Cleroy.nbsp;¦Apres lefquclles ordonnances tous les feigneurs fe retrahirent chacun en fonnbsp;logis, amp; admonnefterent amp; induirent iceux chacun en droit (by, leurs gens denbsp;eux preparer pour le lendemain attendre leurs ennemis. Et auec ce fut ordonnénbsp;a faire bon guet en plufieurs lieux,où il appartenoit tant de pied comme de ehenbsp;^al. Et le lendemain (èlon leurs ordonnances deflufdiéles, le dcftufdit Comtenbsp;de Hontidon amp; fix cens combattans falla mettre en bataille, auec mefsire leannbsp;de Luxembourg entre Royaulieu amp; la Foreft au lez, où ils penfoient que leursnbsp;ennemis deuffent venir. Et les autres tant des defTufdiéles baftilles comme denbsp;ceux, lefqucls deuoient garder les deflufdits logis fe meirent chacun en bonnenbsp;ordonnance, pour deffendre ce à quoy ils eftoient commis. En apres à ce mef-oie mercredy les François qui eftoientlogez à Verberic(comme dit eft)fe meirent des le point du iour en plains champs : amp; fut ordonné par le Marefchal denbsp;ßoüfach amp; les autres capitaines, qu’ils iroient enuiron cent combattans vers lenbsp;lez de Choify à tout aucuns viures deuant eux, pour mettre dedans Compiea-goe, amp; pour refiouyr lefdits alsiegez: amp; eux faire haftiueraent faillir à l’encon-tre d’eux, amp; aflaillir la grand baftille. Et d’autre part fut commis Pothondenbsp;fainéle Treille à tout de deux à trois cens combattans ou enuiron, à aller par lenbsp;grand chemin de Pierrefons deuers ladidc baftille.Et ledit Marefchal,le Comte de Vendofme amp; les autres capitaines à tout leurs gens fen allèrent paffer entre la riuiere d’Oife amp; la foreft, amp; fe meirent en bataille deuers ladiéte foreft ànbsp;lencontre de leurs ennemis enuiron à vn traiél amp; demy d’arc près l’vn de l’au-tre:amp; fe tenoient les defliifdits François à cheual pour la plus grand partie, re-feruéaucuns gifàrmicrs amp; menues gens. Et les Anglois amp; Bourgongnons e-ftoient tous à pied finon aucuns en petit nombre, qui auoient efté ordonnez anbsp;cftre à cheual.Et alors de la partie de Mefsire lierre de Luxembourg furet faitsnbsp;aucunsnouueauxcheualiers.C’eftà fçauoir Andrieu feigneurde Humieres,nbsp;Ferry de Mailly, l’Aigle faincf Gilles, de Saucourtamp; aucuns autres. Auec lequel de Luxembourg eftoit mefsire Elue de Launoy feigneur de Xaintes,le feU

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gneurde Saucufes,mefsire Dauiodde Poix,mefsire'Ieaiide Fofl'euxamp;pîu-îicLirs autres nobles hommes:dont la plus grand partie auoient grand défit d’afi fembier à bataille contre leurs ennemis, ce que bonnement ne pouoient faire :nbsp;pource que(comme dit efïr)ils efloient de pied amp; leurs ennemis de cheual, amp; finbsp;leur conuenoit auoir regard de fecourir leur logisamp; la grand baftilie febefoingnbsp;en eftoit.Neantmoins il y eut plufieurs efcarmouches le iour,à l’vne dcfquellesnbsp;futreboiité le Comte de Vendofme : toutesfois d’vn collé ne d’autre n’y eutnbsp;point fait grand dommage : mais entre les autres vn vaillant’ homme d’armes,nbsp;qui cftoit au Marefchal de Boufach, falla ferir dedans les archiers Picardsjpen-fant que lès compagnons le deulTent lècourir amp; fuiuir ce que point ne feirent,nbsp;amp; pource fut tantoll d’iceux archiers tiré ius de fon cheual amp; mis a5mort cruelle.Et entretant les dcfiufdits François qui auoient eflé ordonnez à aller deuersnbsp;Choify,noncerent aux afliegez tout l’eftat amp; ordonnance delTufdiéle : lefquelsnbsp;làns delay en ferueur de hardielTe amp; de grand ioye,defirans fur toutes riens euxnbsp;venger de leurs ennemis, qui tant de peine amp; de melàife leur auoient fait fouf*nbsp;frir,faillirent en trelgrand nombre hors de leur ville à tout efchelles amp; habille-rnens de guerre : amp; de grand courage allèrent alTaillir la grande baftilie, où e-ftoit melfire laques de Brimeu Marefchal, le feigneur de Crefquy amp; les autresnbsp;quitrefvigoureufemcntfedelFendirentjamp;defait lesrebouterent bien arriérénbsp;de leurdiâe baftille:mais aftez brief reuindrent nouuelles gens d’icelle ville denbsp;Compiengne, qui de rechiefallèrent auecques les autres recommencer nouuelnbsp;aftault, lequel dura aftez longuement : mais comme ils auoient efté deuant furent pour la fécondé fois reboutez hors des foftes, qui eftoient moult petitesnbsp;amp;pouauâtageufes,amp;auecquesceeftoit ladiélebaftilietrefpetitementemparée amp; mife en deffencc. Et adonc Pothon de làinôle Treille à tout les gens qu’ilnbsp;conduifoit vint iftir de la foreft, amp; par empres le grand chemin de pierrefons,nbsp;fen allaioindre auec les François de la ville, amp; là tantoft enfemble allèrent afnbsp;làilliralprement icelle baftilie: auquel aftault eftoient Guillaume de Flauycnnbsp;grand diligence ôc fier hardement, induifoit fes gens à faire tout deuoir : aueCnbsp;lefquels eftoient hommes amp; femmes,qui fans euxefpargner grandementnbsp;villainemententous perils fauanturoientà greuer leurs aduerfaires:lefquelsnbsp;(comme dit cftdeftus) fedelFcndoienttrefvaillamment, amp; par longue efpace:nbsp;mais finablement les deffufdits François feirent fi bon deuoir que ladiélegrandnbsp;baftilie fut prinfepar viue force d’armes malgré les defFendeurs,amp; fans rcmedenbsp;furent mis à mort dedans icelle huiél vingts homes de guerre,delquels eftoientnbsp;les principaux le feigneur de Lignieres cheualier, Archâbault de Brimeu, Guil-Jaumede Poilly,Druotdu Sonis,Lyonneide Touteuilleamp; plufieurs autresnbsp;gentils-hommes. Et les autres furent tous prins amp; preftement menez deuantnbsp;Compiengne, c’eft à fçauoir ledit mefsire laques de Brimeu Marefchal de l ho-ftel, lefeigneur de Crefquy, mefiire Florentin de Brimeu, mefsire Vallerien denbsp;Beauual, Arnoul de Crefquy, Collart de Bertancourt feigneur de Relepor, Régnault de Sainéls,Thierry de MJfeingien de Reteflay,le baftard de Remy amp; aucuns autres nobles hommes : lefquels depuis parmy payant grans finances furent deliurez. Durant lequel aftault mefsire lean de Luxembourg qui aux def-fufditsauoit promis de les fecourir, oyantSc voyant celuy aftault multipliernbsp;eut

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îTENGEERK, MONSTKELET CHARLES EU. lt;^4 eut voulenté d’y aller à tout Ci puiflance:mais pour les grans empefchemcnsnbsp;lt;|ue luy bailloient amp; pouoient faire fes ennemis, il eut confcil d’entretenir ennbsp;ordonnance de bataillcjpour efcheuer toutes mauuàifcs aduentures qui y pou-tioientfuruenir : fi fe commença entretant le iour à palier. Et adoneques leditnbsp;Marefchal deBoulach Comte de Vendofme amp; les autres capitaines François,nbsp;febouterent dedas la ville de Compiengne à tout leurs gens, où ils furet receuznbsp;a moult grand ioye,jaçoit ce qu’en icelle ville fulient moult contraints de fami-que pour celle nuidconuint à la plus grand partie louffrir grand difettenbsp;de viures. Neantmoins pour la bonnoaduenture qu’ils auoient eüe contre lef-dits alTiegeans, prindrent tout en gré, amp; eux efiourlfant menèrent moult grandnbsp;lielTe les vnsauecques les autres : au furplus cfperansde totallement débouternbsp;leurs ennemis arriéré d’icelle ville. Et mefmement feirent hafliuement vn pontnbsp;deballeaux amp; d’autres habillemens, par lequel ils palferent: ôede fait allèrentnbsp;alTaillirvne petite ballille fur la riuiere: dedans laquelle pouoit auoir de quarante à cinquante combattant tant d’arbaleftriers Geneuois,Portugalois amp;d’aunbsp;ttesbrigans d’eftranges marches, comme Boulonnois ôc d’autres lieuxdaquel-lebaftillefut alfezbriefuementfubiuguée amp; conquilè, Se tous ceux de dedansnbsp;mis â mort:referué vn routier Boulonnois appert homme darmes nommé Ca-uart,qui elEoit capitaine:!! fut prins amp; mené prifonnier dedans Compiengne a-uecques les autres. Durant lequel temps Aubelede Folleuilleamp; fes gens, quinbsp;tenoient la forte baflille fur la riuiere doubtans eftre prins d’alTault comme lesnbsp;autres, boutèrent le feu dcdaùs amp; fe retrahirent és logis Anglois. Si fut par leC-dits François liurée grandeefcarmoucheàla quarte baftille du bout du pont,nbsp;laquelle elloit grande amp; puiHanre durement. Si la tenoit mellire Baudodenbsp;Noyelle : mais pour la force d’icelle amp; pour la grande delFence de ceux de dedans, qui eftoient en vne groITecompaigniede comhattans amp; bien pourueuznbsp;d’artillerie, ils ne peurent riens faireamp;!è retrahirent pour celle nuiél dedansnbsp;leur ville. Apres que les François furent entrez en ladiéfe ville de Compiengnenbsp;(comme dit ell) amp; qu’il elloit défia bien tard fur le vefpre, le Comte de Honti-don Anglois amp; melIire lean de Luxembourg voyant clerement que pour cenbsp;lour ne feroient point combattus de leurs aduerfaires, fe meirent enfemble a-uecques eux grand partie de leurs capitaines, pour auoir aduis fur ce qui effcoitnbsp;a faire, pour fçauoir comment ils fe pourroient conduire. Si fut conclud entrenbsp;eux que pour icelle nuiél ils fe retrairoient en leurs logis amp; coucheroient tousnbsp;armez: amp; le lendemain fe mettroientfur en bataille deuant ladiéle ville pournbsp;fçauoir fe leurs dclluldits aduerfiiires fe vouldroient combattre à eux, efpcransnbsp;que bonnement ne fe pourroient tenir fi grand nombre dedans la delTufdiélenbsp;ville fans ifsir, attendu que tous viures, comme dit ell,y efloient exiliez. Apresnbsp;laquelle quellion fen retourna ledit Comte de Fîontidon amp; fes Anglois en fortnbsp;logis de Venete:amp; promeit de bien faire garder le pont, affin que nuis de leursnbsp;gens ne fen peuITent aller fans congé. Et mefsirc lean de Luxembourg fe retrahit aufsi à tout fes gens en fon logis deRoyai^ieu, amp; commeit gens à faire bonnbsp;guet:mais en celle propre nuicly eutgrand partie de fes gens quifalTcmblerentnbsp;de fa compaignie fecrettement,amp; fe prindrent à eux delloger fans trompette amp;nbsp;eux en aller où ils peurent le mieux. Et par elpecial en repaffa grand partie aunbsp;L iiij

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pont defTüfdit, pour eux en aller en leur pays, lequel pont, comme il auoit cftç promis,ne fut pointgardé : amp; pareillement faffemblerent aucuns des gens dunbsp;Comte de Hontidon. Et pouttat ce venu «à la cognoiflance des capitaines muèrent ce qu’ils auoientconcludjc’eft à fçauoireux mettre en bataille deuant lanbsp;ville : ôc fcdifpoià ledit mcflireleande Luxembourg de luy amp; toutes fes gensnbsp;repafl'er l’eaüe, ôc aller auec ledit Comte de Hontidon : laquelle chofe il feit lenbsp;ieudy bien matin, lequel iour les François iflirent à grand puiifance hors de lanbsp;ville, amp; enuoyerent leurs coureurs en plufieurs lieux, pour fçauoir nouuellesnbsp;de leurs ennemis : lefquels appcrceurent tantoft qu’ils fen eftoient partis amp; re-paifez Feaiie : fi le feirent à fçauoir à leurs gens qui de celle chofe eurent moultnbsp;grand ioye. Si fen allèrent prefteraent en grand nombre à l’abbaye de Royau-' lieu, où ils trouuerent foifon de bons viures amp; vins, dont ils furent remplis anbsp;largcflcîfi en feii'ent trefbonne chere,car ils ne leur auoient riens coufte.Et apresnbsp;faflemblerent la* plus grand partie des plus nobles amp; mieux habillez amp; fen allèrent deuers le pont contre Venete : amp; fans ce qu’ils trouuaftent grand deffen-cc, rompirent ledit pont bien auant amp; le rqerent en la riuiere en plaine veuêdesnbsp;Anglois amp;desBourgongnons,enleurdifant plufieursiniures amp; villaines pa-rolles. Si ne furent plus iceux François en doubte que Bourgongnons amp; An-glois les peuffenr greuer pour celle fois, que ledit pont eftoit rompu. Et d’autrenbsp;part ce propre iour afiirent tous les gros engins de ladiôle ville contre la batail-demefsire Baudode Noyelle,defquelsils letrauaillerent moult fortenpln-ficurs maniérés. Etfinablement pour briefueconcîufion le delTufdit Comte denbsp;Hontidon, amp; mefsire lean de Luxembourg auecques les plus notables de leurnbsp;compaignie, voyans que par nulle maniéré ne pouoiept furmonter ne vaincrenbsp;leurs aduerlàires quand à prefènt : confiderant qu’il eftoit chofe impofiible denbsp;longuement entretenir leurs gens,amp; delibererent tout d’vn commun accord denbsp;eux en aller à Noyon, de là en leurs propres lieux, laquelle chofe ils feirent. Etnbsp;mandèrent à meßire Baudo de Noyellc qu’il boutaft le feu en fa baftille,amp;qu’ilnbsp;fen partit.Et ainfi le feit comme ils luy auoient mandé.Si fe deflogerent au vef-pre,amp; fen allèrent par nuiôlen aflez mefehantarroy amp; petite ordonnance iiifnbsp;ques au Pont l’Euefqucjdelaiflans honteufementen leurs logis amp; en lagroflenbsp;baftille trefgrand nombre de großes bombardes,canons,veuglair^s, ferpêtines,nbsp;couleurines amp; autres artilleries auecques plufieurs engins amp; habillemens denbsp;guerre, qui deniourerent en la main des François leurs aduerfaires amp; ennemis,nbsp;Icfquelles artilleries eftoient au Duc de Bourgongne: pour lequel departementnbsp;mefsire lean de Luxembourg eut au cueur trefgrand defplaifànce : toutesfois ilnbsp;n’en peut auoir autre chofè.Si fe départirent le Gmedy enfuiuant luy amp; le Comte de Hontidon Anglois du logis du Pont-rEuefque,amp; fen allèrent à Roye. Etnbsp;delàfànsentretenement fè retrahirent eux amp; leurs gens chacun en leurs propres lieux amp; garnifons, dont ils feftoient partiz. Et pourtant ceux qui eftoientnbsp;en la ville de Compiengne fçaehans icelle départie,feirent incontinent rediffiecnbsp;le pont deffus l’eaüe d’Oize:amp; ifskent à grand puiflance de ladide ville, cheuaunbsp;chans à eftandard defployé par pufieurs compaignies courans en diuers lieuxnbsp;furies marches queauoient tenues leurs ennemis :amp; le remanant des fuyansnbsp;qu’ilstrouuerent,meirentà l’efpce.Si ardirentöc embrazerent en iccllçplufieurs

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D'ENGFERR. DE ^lONSTKELET CHARLES ficurs villages, maifons Sgt;c edifEces, faißns en pen d’efpace trefgrandes cruau-tez: pour Icfquelles leurs ennemis eurent grand paour, fi qu’d peine les ofoientnbsp;attendre Gnon moult doubtableincnt en quelque fortereile, qu’ils fêteinlTent:nbsp;rnefmemcnt pour la cremeur des delTulditSjfe rendirent à eux (ans coup ferirnbsp;ne attendre nul alîault, les forterefles cy apres dénommées : c’eft d Içauoir Refions fur le Mas, Gournay fur Aronde, le pont de Remy,!e pont fainde Maxen-Çe, Longueil fainéfe Marie, la ville amp; le fort chaftel de Berthueil ,1e chaftcl denbsp;Guermcgil, la Boiftiere, le chaftel d’Ireligny les Chaftigniers, la tour deVer-diieil amp; aucunes autres places: dedans lelquelles ils trouuerenttrefgrand abondance de biens amp; meirent par tout garnifon de leurs gens, dont le pays fut ennbsp;briefterme moult opprefle amp; trauaillé.Et par elpecial ceux qui tenoient le party des Anglois amp; des Bourgongnons.

Comment le 'Marcjcha.l Boufach allaaßieger le chaflelde Clermont en BeAUUoifis.

Vrant les tribulations delTufdiétes, le Marelchal de Boulàch raflem^ bla la plus grand partie des François, qui auoient eflé d leuer le Gegenbsp;de Cornpiengne . Si feit charger plufieurs engins amp; habillemens denbsp;guerre, fi fen alla mettre le fiege autour du chaftel de Clermont ennbsp;Beauuoifis, par l’introduéfion amp; pourchats d’aucuns bourgeois de la ville, dedans laquelle luy amp; fes gens fe logèrent : auquel chaftel eftoient le feigneur denbsp;Creuecueur, fon frere lean de Barentin,lebaftard Lamonauecenuironcinquante combattans, qui trefvigoureufement fe deftendirent contre iceux aflie-8cans,qui par plufieurs fois les aflaillirent : mais ce fut fans riens gaigner. Et ynbsp;eut plufieurs de leurs gens occis amp;bIefteZjneantmoins ils continuèrent leur fie-enuiron douze iours: au bout duquel terme entra par nuiôt dedans le chaftelnbsp;par la poterne vers les vignes Boort de B3zentin,auec luy dix combattans amp; v-tte trompette : lequel acertiffia audit feigneur de Creuecueur, qu’il auroit briefnbsp;lècours comme c’eftoit vérité: carie Comte de Hontidonqui puisn’agueresnbsp;feftoit retraid d Gournay en Normandie,feftoit de nouuel remis fur les châps,nbsp;3uec luy meflîre lean baftard de fainéf Pol amp; mille combattans ou enuiron, ennbsp;intention d’aller leuer ledit fiege amp; fecourir les aftiegez, duquel fecours iceuxnbsp;affiegeans furent aduertis,amp;pourtant fepartirentd vn matin moult haftiue-inent, amp; y laifferent plufieurs de gros engins, qu’ils auoient amenez de deuantnbsp;Compiègne.Si retournèrent en leurs garnifons amp; auecques eux plufieurs Boutnbsp;gongnons de Clermont, qui feftoient tournez de leur party.Poiir lequel deparnbsp;tement ledit feigneur de Creuecueur fut moult ioyeux.

Comment plufieurs Anglois Bourgongnons ’VuetUans au commandement du Duc de Bourgongne aller af ieger Gar^igny furent rencontre':^ vainew:^ des Fran-^nbsp;cois.

E D V c Philippe de Bourgongne qui cftoit encore en la Du-* ché de Brabant, ouÿt les certaine? nouuelles comment fes gens arnbsp;uoient efté leiiez par les François de deuant la ville de Cornpiengne,nbsp;dont il fut moult efmerueillé amp; troublé tant pour la perte de fes gés

qui y auoient efté morts amp; prins,comme pour les grans fraiz amp; dommages


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M.CCCCXXX. VOLUME II. DES CHEONIQ^J/ES

queauoit fouftenusâ l’occaGon dudit ficge. Et pourtant fe prépara à tout ce qu’il peut auoir degens pour retourner en fon pays d’Arthois,oùil conuoquanbsp;tous les nobles du pays amp; de la marche enuiron, qu’ils veinflent fans delay de-uers luyàtoutce qu’ils pourroient auoir de gens de guerre. Et fe trahit leditnbsp;Duc à Peronnc, amp; £cit partir aucuns de fes capitaines pour aller loger à manie-rnbsp;re d’auantgarde deuers Lyhonen Santers: c’eft.àfçauoir melEre Thomas Ki-riel Anglois, laques de Helly,meffireDauiod de Poix, Anthoine de Vienne,nbsp;amp; autres accompaignez de cinq à fix cens combattans. Et entretant le delTulditnbsp;Duc de Bourgongne en attendant fes gens, fepreparoit pour les fuiuir en intention d’aller logera Garmigny, où elloient dedans la fortereffe les Françoisnbsp;(comme dit eft deflùs) qui moult trauaillercnt le pays à l’enuiron. Siaduintnbsp;que les defluedits capitaines enuoyez, comme dit eft, par le Duc de Bourgongne fe deflogerent au matin apres qu’ils eurent couché ésdeffufdits villagesnbsp;vers Lyhon en Santers, amp; prindrent leur chemin à aller à Garmigny en plu-fieursrrouppeaux,fans eux mettre en ordonnance de bataille ne enüoyer leursnbsp;coureurs deuanteux, ainfi quele font amp; ont accouftumé dele faire droiclesnbsp;gens d’armes expers en fait de guerre, amp; mefmement quand ils furent pres denbsp;leurs ennemis. Et adonc vint deuers eux de la ville de Roye, dont il eftoit capitaine Gerard Baftard de Brimcu,àtout enuironquarante combattans,amp;:nbsp;cheuaucherent les deflufdits Pvaaflez pres de l’autre iufques à vne ville nommée Bouchoire. Si trouuerent en leur chemin plufieurs heures : apres lefquelsnbsp;fut fait grand defroy de courre amp; de huer : amp; n’auoient adonc point lefdits capitaines de regard d’entretenir ne raffembler leurs gens ainfi qu’ils deuoient:nbsp;amp;auflîTaplus grand partie d’iceux n’auoient point tout leur harnois fur eux.nbsp;Pour laquelle negligence il leur mefaduint villainement:carce propre iournbsp;Pothondefainéte Treille eftoit venu du matin audit lieu de Garmigny.Et lanbsp;à tant de fes gens qu’il trouua audit Chaftcl comme â tous ceux qu’ils auoientnbsp;amenez tira aux champs: amp; pouoit auoir enuiron douze cens combattans,nbsp;dont la plus grand partie eftoient droides gens de guerre, expers amp; efprouueznbsp;en armes : à tout lefquels il print fbn chemin droit deuers Lyhon en Santers, Scnbsp;fi feit fagement cheuaucher aucuns de fes coureurs deuant, pour defcouurir amp;:nbsp;enquérir nouuelles de fes ennemis : lefquels venuz empres ladiclc ville de Bouchoire »ouyrent crier amp; apperceurent l’cftat amp; ordonnance de leurfdits aduer-faires. Et pourtant fans delay amp; en grand diligence retournèrent deuers leursnbsp;capitaines, aufquels ils noncerent ce qu’ils auoient ouÿ amp;: veu. Sur lequel rapport Pothon defl'ufdit feit incontinent habiller fes gens de tous points,amp;moultnbsp;foubdainement les mena amp; conduit deuers fps ennemis delTufditsen Icur ad-monneftant que chacun facquitaft en droit fby amp; feit bon deuoir de combattre leurs ennemis : lefquels fes ennemis eflipienttrelpetitement préparez pournbsp;batailler. Et pourtant Pothon amp; fes gens venans fur eux d’vn vouloir fbubdainnbsp;en grand bruit amp; roldeur auant qu’ils fe peuffent mettre en ordonnance, les eutnbsp;'vt r/’puii'H tantoft efparpfijez amp; mis en gr^Âd defroy : amp; furent la plus grand partie portez iusde fers de lances de leurs cheuaux. Toutesfois les capitaines auec au-cunsdeleurs gensfe raflemblerentà l’eftandartdemellîre Thomas Kiriel,amp;nbsp;commencèrent â eux mettre à deffence vigoureufement : mais ce riens ne leurnbsp;vallut:

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D'EN G y ERK. DE MONSTJ^ELET CHARLES cc vallut ; car,comme dit eft, greigncur partie de leurs gens eftoient défia tourneznbsp;à grand mefchicf amp;à grand defroy, fuyant en plufieursamp; diuers lieux pournbsp;eux fauuer. Pourquoy en aftez brief terme ceux qui eftoient demourez fur lesnbsp;champs, furent tournez à defconfiture morts amp; prins amp; (ans nul remedezdcf-quels morts furent les principaux laques de Helly, Anthoine de Vienne amp; a-*nbsp;üec eux de cinquante à foixante tant Bourgongnons comme Anglois. Et auecnbsp;ce en furent prins de quatrevingts à cent : defquels eftoient les principaux mel-fire Thomas Kiriel deflufdit, amp; auecques lu.y de ceux de là famille deux vail-lans hommes d’armes, c’eft à fçauoirvn nommé Robin amp; l’autre Guillaumenbsp;Couroüan. Et de la mefrae partie des Bourgongnons furent auftî pritft tneflirenbsp;Dauiod de Poix,rAigIe de Sainéls cheualier, l’Hermite de Boual amp; aucuns autres auec eux, iufques au nombre deffufdit. A laquelle deftroufle iecuidarc-ttaireà Roye, dont il feftoit party Gerard le Baftard de Brimeu : mais pourcenbsp;qu’il auoit veftu vne houfte dorfauerie amp; de grand monftre, il fut roideraencnbsp;pourfuiuy de fes ennemis, amp; en fin prins des François amp; ramené auecques lesnbsp;autres. Apres laquelle deftonfiturc ledit Poihon remeit fes gens enfemble, amp;nbsp;delà à tout fes prifonniers à Garmigny premier delpouillez, ceux qui morts gi-fioient fur les champs : entre lefquels furent trouuezocciztant feulement qua-tteou cinq des gens dudit Pothon . Auquel lieu de Garmigny luy amp; les fiensnbsp;fc rafrefehirent le iour amp; lanuiélenfuiuant. Et le lendemain emmena toutesnbsp;les gens ,amp; laifl'a la forterefle en la main des habitansde la ville pareillement feit defgarnir la Boiftîere, que fes gens tenoient amp; icelle mettre au feu amp;nbsp;eu flambe. Si fen alla à Reftbns fur le Mas : amp; delà à Compiegne à tout fes pri-fionniers, où il fut receu ioyeufement pour la viéloire qu’il auoit eue fur fes en-Uemis.Ouquel temps ledit laques de Helly fut là enterré en l’Eglifè. Et les au*nbsp;pour la plus grand partie furent enterrez en l’Eglifè amp; cymetiere de Bou-lt;^fioire aftez pres de la place, où ils auoient efté occiz.

Comment les Franco^ demandèrent à auoir bataille contre le Duc de Bourgongne^ (ÿ* d Jd puijjance : lacjuelle ledit Duc par fon conjeil ne dioulut accorder 0* autresnbsp;matières.

N ccmefineiourque la bataille eut efté des François amp; des Bourgongnons empres Bouchoire, furent portées les nouuelles au Duc de Bourgongne de la perte amp; defconfiture de fès gens deftufdits,le-quel Duceftoit demouréà Peronnezpour lefquelles nouuelles ilnbsp;fiut grandement troublé,amp; par efpecial pour la mort de laques de Helly amp; An-^hoine de Vienne. Si furent mandez à venir deuers luy les capitaines là eftans ;nbsp;à fçauoir meflire lean de Luxembourg, le Vidame d’Amiens, le feigneurnbsp;Antoing, le feigneur de Saueufes amp; plufieurs autres auec ceux de fon hoftcl:nbsp;^Ueclefquels il conclud d’aller loger à Lyhon en Santers, laquelle chofe il feitnbsp;Gepropte iour. Et le lendemain il fe tira à Roye en Verraandois, amp; là feiournanbsp;cüuiron huiéliours, attendant le Comte d’EflSftbrt,le Comte d’Arondel amp;nbsp;aucuns autres Anglois, que parauant il auoit mandez à venir vers luy : durantnbsp;pquel temps f’affemblerent plufieurs capitaines, tenans le party du Roy Char-: amp; auec eux fèize cens combattans ou enuiron, c’eft à fçauoir le Marefchal

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M.CCCCXXX. yOLVME II. DES CHKONIQJ/ES

de Bouflach, amp; Ie Comte de Vcndofmcjtncflïre laques de Chabannes, Guillaume de Flauy, Pothon de faincle Treille, le feigneur de Longueual, meflirc Régnault de Fontaine,incflire Loys de Vaucourt, Allain Guyon,Bouflartnbsp;Blanchefort amp; plufieurs autres, qui tousenfèmblc paflerentèn belle ordonnance auprès de Montdidier:amp;delà fen allèrent logera deux lieues pres denbsp;Royc en deux villaiges. Et le lendemain trefmatin fe meirent tous enfemblc amp;nbsp;conclurent tousd’vn commun accord amp; afFermerent à combattre le Duc denbsp;Bourgongne , amp; (à puiflance fil fc vouloir contre eux mettre aux plainsnbsp;champs. Et affin que ledit Duc fut de ce aduerty, ils enuoyerent vers luy vanbsp;Heraulfluy fignifier ladidc conclufion. Lequel Duclçachant les nouuellesnbsp;deflufdides, feit relponce qu’ils feroient combattus : toutesfois la befongnenbsp;futatargée par ceux defon confcil,lefquels luy demonftrerent plulieurs rai-fons : difàns qu’il n’eftoit mie à luy propice de mettre (on corps amp; fon honneurnbsp;enaduenture contre telles maniérés de gensSc compaignics,Gnsyauoirnulnbsp;Prince ne feigneur de grande audorité, amp; auffi qu’il auoit pou de gens, amp; quenbsp;ilseftoient efbahis amp; effrayez tant pour la perte qu’ils auoient faideaufiegenbsp;de Cômpiêgne, comme pour la deftrouffe de laques de Helly. Et pourtant ledit Duc trelgriefuement au cucur courroucé de ce qu’il ne pouoit faire fa vou-lenté,creut fon confcil : lequel feit faire refponce ablolute aufdits François:quenbsp;fils vouloient attendre iniques au lendemain, on les laifferoit loger paifible-ment : amp; fi on leur liureroit certaine quantité de viures, amp; auec ce les combat-troit meffire lean de Luxembourg, amp; de ce on feroit bonne feureté : lefquelsnbsp;François cefte refponce ouye, dirent qu’ils n’en feroient rien : mais fi ledit Ducnbsp;(comme dit eff) le vouloir mettre aux champs ils cftoient prefts de le combattre: durant lequel temps iffit ledit Duc de Bourgongne atout fa puiffancCjScnbsp;fe meit en bataille au dehors de la ville de Roye, amp; les François effoient pareillement en bataille : mais à grand peine pouoient ils paffer de l’vn à l’autre,nbsp;pour aucunes caüesde mareftsqui effoient entre les deux batailles. Néant-moins fi furent icelles chofes faides entre iceuxdeux parties plulieurs efear-mouches, durant lelquclles la nuid approcha tresfort. Et pource iceux François fe retrahirent vers Compiègne moult indignez, failàns grans mocqueriesnbsp;dudit Duc de Bourgongne amp; fes capitaines,difant qu’ils ne les auoient oie cornnbsp;battre. Et ainfi fen retournèrent chacun en leurs garnifons. Et ledit Duc auecnbsp;les liens retourna dedans la ville de Roye. Auquel lieu brief enfuiuant vint dc-uers luy le Comte d’Effaffort à tout fix cens combattans ou enuiron. Et adoncnbsp;ledit Duc luy partant de Roye alla loger à Leigny les Chaffiniers, où auoit vncnbsp;petite forterell'e, dedans laquelle effoit l’Abbé de faind Pharon de meaulx fre-re au feigneur de Gamaches : amp; auec luy enuiron quarante combattans François, lefquels furent lignifiez d’eux rendre en la voulenté dudit Duc, ce que faire ne voulurent : pourquoy on les affailliff preffement, fi fut en brief leur baffenbsp;court prinfede force. Si fapperceurent tantoff qu’ils ne pourroient tenir leurnbsp;fort ne le deffendre, amp; pource fc rendirent en la voulenté dudit Duc, lequel lesnbsp;liuraà meffire lean de Luxembourg pour en faire à fa voulenté, amp;ladi(ffcfor-tereffe fut arfe amp; démolie. Si feirent ceux de Noyon audit Duc priere amp; re-queffe qu’il les voulfiff deliurer de la fortereffe d Ine, qui moult les oppreffoit.nbsp;mais

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D'EIVGTERR. D£ MONSTRELET. CHARLES TIL 6^


lombiers eftoit de par le Roy Charles corne capitaine meffire Denys de Chal-ly : lequel oyant ceft elFroy, fe fauua par dclfus les rnurs amp; auecqucs luy plu-


Heurs autres, en habapdonnant tous leurs biens. Si eftoit ladiôle ville remplie de tous biens, amp; de toute cefte guerre nauoit efte prinfe de nulle des parties:nbsp;loutesfois elle fut pillée amp; les habitans mis à rançon, linon ceux qui fe fauue-rent parfuitte. En ceft an Pierrede Luxembourg Comte de Conuerlàn amp;nbsp;Brayne, fucccflçiir de là Comté de lainél Pol amp; des appartenances, feit certainnbsp;traiélé auec fes deux frères :c’eft à fçauoir Loÿs Eucfquede Theroüenneamp;nbsp;meflirelean de Luxembourg,des terres defl'ufdiétes, par condition que leditnbsp;Buefque deuftauoir le chaftel de Huclies en Boulonnois, la chaftellenie denbsp;Tingryauec toutes les appartenances . Et ledit meftire lean de Luxembourgnbsp;eut pour fa part a luy amp; aies hoirs |a Comté de Lçigny en Barrois,amp;; les terresnbsp;de Cambrelîs jadis appartenans à Vallerian Comte de lainél Pol : c’eft à Iça-Uoir, Bohain, Serin, Helincourt,Marçoin, Cauraig, amp; aucunes autres notables feigneuries. Et pourtant de ce iour en auant on nomma ledit meftire leannbsp;de Luxembourg en tous ces tiltres Comte de Leigny,feigncur de Beaure-uoir amp; de Bohain. Et tout le furplus defdiélcs feigneuries demourerent aunbsp;deflufdit Pierre de Luxebourg, lequel Ce nomma en cas pareil Comte de fàinôhnbsp;Bol,de Conuerlàn,de.g^aÿneamp;feigneur d’Anghien. Itern le.trentiefmeamp;nbsp;dernier iour de SeptenabfeidoTçeft an, fut n’ay en la ville de Bruxelles le premiernbsp;fils du Duc Philippe de Boürgongne, amp; la DuchelTc Yfabel fille du Roy denbsp;Portugal fon efpoufe : lequel fils en fon baptefme fut nommé Anthoine, amp; ànbsp;fa venue par toute la ville de Bruxelles fut faicle grand ioye amp; grand lieftc. Etnbsp;eftoit lors en icelle ville le Comte de Nuche nepueu de l’Empereur d’Allemai-gne -.lequel tenoirgrand amp; noble eftat, amp; alloient luy amp; aucuns de fes gens lesnbsp;teftes nues chacun vn chappel v.erd fur fon chief, en Signifiant qu’il eftoit cha-fte, jaçoitrcc qu’il faifoit moult fort amp; dur temps. Et tindrent iceluy enfant furnbsp;l.esfons ledit Comte amp; l’Euefque de Carabray. Elles marrines furent la Du-chelTe de Cleues, amp; la Comtefle de Namur. Et y auoit bien trois cens torchesnbsp;tant de l’hoftel dudit Duc, comme de ceux de la ville : lequel enfant alla de vie

Bourgongne, il en fut moult defplaifant amp; dit-.Pleuft a Dieu que ie feufte mort aufli jeune, ie m’en tiendroye pour bien heureux. En landeftiifdit fut prinsnbsp;dedans fon chaftel à Auchel meftire Anthoine de Bethune feigneur de Mareul,nbsp;qui auoit enuiron trente combattans : amp;rauoitaftiegé le Comte deVendof-me,de Thomelaire,Preuoft de Laon,dor# i’ay parlé cy deflus auec grandnbsp;nombre de communes. Lequel meftire Anthoine voyant que bonnement nenbsp;pouoit tenir la forterefle,fe rendit audit Comte par condition, qu’il fen iroitnbsp;luy amp; fes gens iàuuement : mais nonobftant lefdiétes promeftesà luyfaiéles

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VOLUME 11. DES CHKONIQJES

quand ce vint au partir, il fut mis à mort par iccllcs communes, amp; auec luy vn gentil-homme nommé Franquctde Beguynes. Pour la mort defquelsiceluynbsp;Comte de Vendofme fut trefdolent : mais il n’en peut auoir autre chofe. Eta-uec ce fut ladiéle fortereffe route arfe amp; démolie,dont mcflire lean de Luxembourg fut fort troublé, quand il vint à fà cognoißance, à caufe de ce que leditnbsp;Anthoine eftoit coufin germain de madame leanne de Bethune fa femme, fillenbsp;du Vicomte de Meaulx: amp; print grande indignation contre ceux de Laon.

De l’an mille cccc. xxxj.

Comment les gens de meßire lean de Luxembourg prindrent le fort de fainbl Irîartin, auquel ils furent tous mortsnbsp;nbsp;nbsp;prins.

N randefliifdif.c’eftâ fçauoir au commencement de ceft an mille ^jcccc. xxxj. fafTemblerent aucuns capitaines de meflire lean de Lu-Tnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 r ! -nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’ n ' r:nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rr . j J t i . n...



xembourg Comte de Leigny:c’eft à fçauoir meflire de Lalaing,Ber-trand de Manicain, Enguerrant de Crequy, Enguerrannet de Gri-banual aucuns autres accompaignezde cccc. combattans ou enuirondes frontières de la marche de Laonnois. Si fen allèrent tous cnfembleiufques aunbsp;fort de l’abbaye de fainét Vincent lez Laon j où alors fè tenoient aucuns François : amp; entrèrent dedans par fubtilité auant qu’ils fuffent apperceux amp; là commencèrent à faire vntrefgrand cry : auquel cry fefueillcrent ceux qui leans e-ftoient en vne forte porte,amp; vigoureufement fe meirent à deffence ; durant lequel temps iceluy eflfoy fut feeu dedans la cité de Laon par le feigneur de Pen-nefiic, qui eftoit dedans. Lequel faualla pour aller quérir fecours dedans Laon,nbsp;lequel fecours il amena : pourquoy fans delay les gens d’armes auec letout irenbsp;de fçauoir telsvoifins près de luy, fe habillèrent eû-grand nombre, amp; iffirentnbsp;incontinent hors de leur cité pour ayder amp; fècowir leurs gens qui ( comme ditnbsp;eft) eftoient dedans la forte porte, où ils fe deffendoient contre leu rs ennemis:nbsp;defquelsvnc partie attendoientà piller les biens deladi(fteabbaye,amp; aucunsnbsp;lieux, amp; n’auoient point regard a pourfuiuir premier, ne mettre à fin leur em-prinfe,ne aufli aux perils qui leur en pouoient aduenir. Si furent tout foubdai-nement enuahis des dcflufdits gens d’armes d’vncomun accord, amp; trefapre-mentcôbaituz. Et en conclufîon furent mis à grand mefehief amp;àdefconfitu-re,amp;y en mourut fur la place foixante des plus notables:entre lefqucls y furentnbsp;morts Bertrand de Manicain, amp; Enguerrannet de Gribanual : lequel Enguerrannet offrant grand finance pour fa rançon ne fut à ce receu, pource que lefdi-lt;ftes communes auoient furluygrand haine,pour ladiuerfeamp; defordor.néenbsp;guerre qu’il leur auoit long temps parauant faide. Et mefftre lean de Lalaingnbsp;fut prins prifbnnicr, amp; eut la vie fauue par le moyen d’vn gentil-galland de lanbsp;garnifbn nommé Archanciel, qui eftoit bien ayraé defdiéles communes : auecnbsp;lequel meflire Symonfut prins Enguerrant de Crefquy, amp; aucuns autres ennbsp;petit nombre; amp;le furplus fçaehant celle male aduanture,fe rctrahirent esnbsp;lieux dont ils eftoient venus : poiîl laquelle befongne ainfî aduenue, le deffufnbsp;dit meflire lean de Luxembourg eutaucueur trefgrandtrifteflenon pas fansnbsp;caufè ; car il perdit en celle deftrouffe grand partie de fe^ plus vaillans hommesnbsp;de guerre:amp; y fut aufli mort le frere dudit feigneur de Pennefae nomme lamer.

En

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D'ENGTERR. J)E MONSTKELET. CHARLES yiL ^8'

En ce temps fut conquis Ie fort chaftel de Ra mb ure par les François: amp; le print par efchelles d’emblée vn nommé Charles des Marefts, qui eftoit au feigneurnbsp;deRambures prifonnieren Angleterre; auquel ledit chaftel appartenoit. Lequel auoit en (à garde pour la partie du Roy Henry meftire Ferry de Mailly,Etnbsp;fur par le moyen de cefte prinïè grand entrée pour les François au pays de Vi-nieu enla Marcheàl’enuiron, comme cy apres fera declairé.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•

Comment P o th on de fimcle Treille 0* meßire Lois de Taucourt furent prins des Angloh.

Tem en l’an deflijfditle Marefchal de Boufàch, Pothon de ftiinéle Treille, meftire Loÿsde Vaucourtamp; aucuns autres capitaines te-party du Roy Charles,accompaignez de huiôl cens combat-tans ou enuiron, fe partirent de la ville de Beauuais pour aller quérir leurs aduentures amp; fourrer le pays enuers Gournayen Normandie. Auecnbsp;lefquels y eftoit vn que les François nommoient Pafturel:amp; le vouloient exaucer en renommée, comme amp; par telle maniéré comme par auant auoit efténbsp;leanne la Pucelle. Si fut feeu leur entreprinfe amp; rapportée au Comte de Var-uich, lequel en grand diligence aftembla iufques à fix cens combattans: amp; chc-Uaucha en tirant de Gournay a Beauuais, amp; rencontra fes ennemis qui point nenbsp;le doubtoient de fa venue auprès d’vne ville nommée Gournay: lefquels de luynbsp;5c de fes Anglois furent afprement aflaillis, amp; en fin fans ce que par eux fut fai-lt;fte grand deftence, furent defeonfits amp; mis en defroy. Et furent prins de pre-iniere venue Pothon de fainéle Treille, meftire Loÿs de Vaucourt, amp; auec euxnbsp;Soixante combattans ou enuiron, amp; les autres referué buiél ou dix, qui furentnbsp;î^orts fe fàuuercnt auec ledit Marefchal en retournant à Beauuais. Auprès duquel lieu furent par iceux Anglois pourfuiuis amp; rechaffez moult viuement : amp;nbsp;âpres ledit Comte deVaruich r’aftembla fes gens,amp;: retourna à Gournay moultnbsp;loyeux de fà bonne aduenture, amp; depuis à Roüendeuefs le Duc de Bethfort;nbsp;duquel ils furent ioyeufement rcceuz.

Comment lAaillotin de Bours nbsp;nbsp;nbsp;meßire Hecîorde Flauy fe combattirent l'vn contre

l’autre en la ville d’'Arras.

E XX. iour du mois de luing en cell an, fut fait â Arras en la prefèn-ce du Duc de Bourgongne vn champ d’armes, entreprins par auant de Maillotin de Bours appellant contre meftire Heélor de Flauynbsp;deftèndant. Et eftoit la querelle, pource que ledit Maillotin auoitnbsp;âceufe ledit meftire Heélor deuers ledit Duc de Bourgongne, en difàntqu’ilnbsp;uuoit voulenté de foy rendre fon ennemy,amp; fe tourner du party du Roy Charles : amp; luy auoit requis qu’il l’en voulfift aller auecques luy, amp; que d vn com-mun accord preinflent Guy Guillebault, lequel eftoit gouuerneur des financesnbsp;diceluy Ducjou quelque autre bon prifonnier pour payer leurs defpens. Surnbsp;lequel rapport auoit efté chargé de par le defiifdit Duc audit Maillotin, quenbsp;luy mefmes print ledit Heélor, amp; l’amenaft prifonnier en la ville d’Arras, cenbsp;quil feit : car luy receu le mandement deftiifdit, fut accompaigné de gens ennbsp;nombre competent,^ Een alla en vn village erapres Corbie nommé Bauray, finbsp;M ij

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M.CCCCXXXI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rOLJ/ME II. DES CffRONlQ^ES

ie manda.Et ledit rneflire Heólor vint deuers 1 uy comme non fçachant que ledit rapport eut efté fait de luy.Si y vint à priuée me(gnie:car ledit Maillotin fai-gnoit qu’il^vouloit parler audit melïîre Heôlor.Et quand ledit Hedor fut venu deuers luy, tahtolHc print amp; feit pri(bnnicr:amp;. le mena audit lieu d’Arras, où ilnbsp;fut longue efpace; Neantmoins par le pourchats de fes amis fut mène à Hefdinnbsp;en la prcfence du Duc.Et aufli ledit Heôlor fexcufa moult fort de ce qu’on luynbsp;mettoit fus :difànt entre les autres chofesque ledit Maillotin mefmes Fauoicnbsp;requis de pareil cas, dont il l’accufôit: toutefuoyes la befongne fut tant pour-parlée entre les parties,que le Maillotin ieéta fon gage amp; meffire Hedor le le- ’nbsp;ua par le congé du Prince. Si leur futiour aflignéau vingtiefme lourde luingnbsp;(comme dit eft)amp; y pouoit auoir enuiron quarante iours de iour. Si baillèrentnbsp;chacun bon amp; feur refpondant de comparoir en perlonne audit iour : laquellenbsp;chofe ils fcirent,amp; pourtant en ce mefme iour enuiron deux heures vint leditnbsp;Duc de Bourgongne de fon hoftel d’Arras,grandement accompagné de fa che-ualerieôc autres nobles à fon efchaffault, quiefloit fait pour luy tout propicenbsp;fur le grand marché, contre le meillieu des lices qui par auant auoient efté fai-des au lieu accouftumé:dedans lequel efchauffault entrèrent aucc Iqdit Duc,lenbsp;Comte de S.Pol,de Ligny amp;plufieurs autres notables cheualiersôe efeuyers.nbsp;Si auoit dedans ledit parc deux pauillons tendus : au dehors d’iceuxdeuxnbsp;grades chaires de bois pour les champions. Et eftoit celuy de Maillotin au dex-trelezduDuc, pource qu’il eftoit appellant, amp; ledit meftire Hedor aufenc-ftre. Lequel pauillon du deflufdit meftire Hedor eftoit armoyé mout richement de feize maniérés deblafons-.c’eft à Içauoir des coftez, dont luy amp; ftsan-ceftres eftoient iftiis. Et dedans iceluy eftoit figuré vn (èpulchrc, pource qui-celuy meftire Hedor auoit efté fait cheualier au faind Sepulchre deHierU-falem. Si fut aftez brief enfuîuant le deftufdit Maillotin appeîlé par le Roy d’armes, a venir comparoir en peribnne au iour qui luy eftoit afsigné: Lequelnbsp;Maillotin enuiron vnze heures ifsit de fon chaftel accompagné du feigneurdenbsp;Chargny, du feigneur de Humieres, amp; de meftire Pierre Qmeret feigneurnbsp;de Ramencourt, auecques plufieurs autres gentils-hommes fes parens amp; amis:nbsp;amp;feoir furvncheualcouuertdefos armes, amp; fi eftoit armé de plain harnoisnbsp;lebacinetauchiefjlavifiere abbatue,’tenant en l’vne de fes mains la lance, amp;nbsp;en l’autre tenoit Fvne de fos elpées, defquelles il en auoit deux : amp; fi auoit vncnbsp;große dague pendue à fon cofté au harnois, amp; menoient deux des cheualiersnbsp;defTufdits eftans à pied leur chcual par le frain : amp; ainfi vint iufques à la barrière des licès: au dehors defquelles il feit le forment accouftumé en tel cas en lanbsp;main de meftire laques de Brimeu, qui à ce eftoit commis amp; ordonné. Apresnbsp;lequel ferment luy fut la barrière ouuertc : fi entra dedans luy amp; fos gens qui e-ftoienttousâpied; Atoutlefqucls ilfalla prefenterauDuc de Bourgongnenbsp;deuant fon efohauffault, amp; puis retourna à fà chaire où il defoendit ius de fonnbsp;cheual; amp; entra en fon pauillon pour luy repofer amp; attendre fon aduerfaire.Etnbsp;auec luy entra auftile feigneur dgt;Chargny,qui l’introduifoit de ce qu’il auoit anbsp;faire amp; aucuns autres de fos plus priuez. Et aftez brief enfuiuant le Roy d’Ar-mes d’Arthois deftufdit appella meftire Heéior de Flauy, ainfi qu’il auoit faitnbsp;l’autre: lequel meftire Hedor enuiron le quarr d’vne heure apres ifsit hors de

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J)E ^dONSTKELET, CHARLES EIL fon hoftcl,amp; vinttoutàcheual armé amp; embaftonné comme auoit faitfon ad-üctfaire,iiifquesalabarrieredes lices grandement accompagné de pluficursnbsp;gentils-hommes,entre lefquels eftoiêt les deux enfans du Comte de fainôl Pol:nbsp;C’eft à fçauoir Loÿs amp; Thibault, amp; menoient tout à pied leurs cheuaux par lenbsp;hain.Et les autres fcigneurs fuiuoient derriere tous à pied : cell à fçauoir le fèi-gneur d’Antoing, le Vidafme d’Amiens, lean de Flauy frere dudit meflîre He-â;or, Hue de Launoy, le feigneur de Charny, le feigneur de Saueufes, meflirenbsp;lean de Fofl'us, le feigneur de Creuecueur amp; trefgrand nombre d’autres notables cheualiers amp; efcuyersdefquels venus à icelle barrière, fut par ledit mefïirenbsp;Heélor fait le fèrmcnt:amp; puis entra dedans,amp; falla prefènter au deffufdit Ducnbsp;de Bourgongne.Et apres retourna en fa chaire où il defeendit de fon cheual, ôcnbsp;puis entra en fon pauillon: Ci allèrent affez toft apres tous deux deuant l’cfchaf-fàult d’iceluy Duc tout à pied, où ils feirent le ferment furie liure chacun denbsp;combattre fur bonne querelle, amp; apres retournèrent en leurs lieux. Et adonc-epues fut crié par le Roy d’Armes deffufdit que fur la hart tout homme vuidaftnbsp;lices,Gnon ceux qui eftoient commis à les garder. Et lors on ofta les chairesnbsp;amp;pauillons,amp; fut crié de rechiefqu’onlailTafl: aller les champios, amp; qu’ils feif-^cntleur deuoir. Si auoitcflé ordonné de par le Prince que de chacune partienbsp;demouralTent dedans les lices huiét hommes de leurs plus prochains nonar-^ez,auccques les huidt qui efloient commis pour les prendre ou leuer, quandnbsp;ils auoient le commandement du iuge, amp; leurs cheuaux qui efloient couuersnbsp;Scieurs armes furent laifTez aller. Apres lequel cry le deffufditMaillotin denbsp;bouts qui efloit appellant,commença à marcher tout premier,amp; apres mefsirenbsp;Ideótor vint contre luy chacun d’eux deux paumoyant leurs lances gentement,nbsp;lefquels à l’approcher les ieôferent l’vn contre l’autre amp; point ne fentre-attai-gnirent. Et incontinent mo-nftrantGgne.de grand hardieffe approchèrent l’vnnbsp;bautre,amp; commencèrent à combattreamp; pouffer tresfort de leurs efpées fvn furnbsp;Vautre: toutesfois en cefaifant mefsire Heélor leuaauditMaillotin laviGerenbsp;fon bafsinet de coups d’efpée par pluGeursfois, tant qu’on vcoit fon vifagenbsp;plainement: pourquoy leplus d’iceuxlà eftans tenoient mefsire Heélor eftrcnbsp;deffus de fa querelle : neantmoins ledit Maillotin fans luy pour ce efbahir ànbsp;toutes les fois le referma viflement, en frappant de fon efpée par deffus amp; ennbsp;^efmarchant vn pas. Durant lequel temps que les deux champions deflufditsnbsp;ß^onflrerent Ggne de grand hardieffe amp; vaillance l’vn co ntre l’autre, fut dit denbsp;par le Duc de Bourgongne qu’on les print en ce poinél, laquelle chofe fut fai-fans delay par ceux qui efloient commis à ce faire,amp; n’auoient point tiré denbsp;lang 1 vn ‘de l’autre. Si fut tantofl ordonné que chacun d’eux retournafl en fonnbsp;hofleldaquelle chofe ils feirent amp;ifsirent hors des lices aufsi toft l’vn commenbsp;autre chacun par fon lez. Et le lendemain chacun d’eux difnerent à la table dunbsp;Ôuc,8c efloit mefsire Heôlor au dextre lez : apres lequel difher leur fut ordonne de par iceluy Duc amp; fur peine capitalle,que iamais ne portaffent dommagenbsp;deshonneur l’vn à l’autre ne à leurs amis, alliez amp; biens vueillans : amp; auec cenbsp;feit pardonner la maluueillance qu’ils aiÂ)icnt l’vn à l’autre, amp; les feit tou-^ber cnfemble.

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Bî.CCCCXXXL


IL DBS CHKONIOBES


Comment legem da Roy Charles •voulurentprendre la ville de Corbie.

Ncemefmetemps faflemblerent plufieurs des capitaines du Roy Charlescc’efi; à fçauoir le fcigneur de Longueua), Anthoine de Clia-banneSjBlanchefort, Allain Geron amp;plufieursautres. Sicheuau- 'nbsp;cherent tous enfctnbleauecques leurs gens vers la ville de Corbie,nbsp;laquelle ils cuiderent prendre par foubdain aflault: mais par la diligêce de l’Ab



be dudit lieu, ladicle ville fut moult bien delfendueamp; ceux qui efioient dedans: amp; aufli ils furent confortez de lean de Humieres, Auieux de Gribanual amp; aucuns autres gentils-hommes,quieftoientauec eux, amp; tant qu’en conclufionilsnbsp;furent rebourez amp; perdirent de leurs gens. Et mefmement ledit Allain Geronnbsp;fut nauré moult durement,amp; mis comme en peril de mort. Si furent ars à l’oc-cafion d’eux vu trelbeaux faulxbourgs au lez vers Feulloy . Et apres fe départirent amp; allèrent fourrer le pays fiiri’eaüede Somme, amp;prindrentlecbalteldenbsp;Morcourt,amp;le Lyon qui eftoitau feigneurde Longueual, amp;feircnt degransnbsp;dommage au paÿs:mais en aflez briefterme ilslailTerent ladiôteforterefle,nbsp;fen retournèrent es lieux dont ils eftoientifrus,pour doubte qu’ils ne fuflentaf-fiegezjedans, Lefquelles forterelTes furent démolies amp; abbatues par l’ordonnance du Duc de Bourgongne.

Comment lefeigneur de Barba-^nmeitfiege deuant le chaflel clAnglure^ quetenotent les gens du DuedeBourgongne.

, N ceft an le feigneur de Barbazan, qui le plus du têps fè tenoitauec le Due de Bar es marches de Champaigne,mcitle ficgedeuatle cha-fiel d’xAnglure que tenoient les gens du Duc de Bq^rgongne : maisnbsp;jnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;par continuation furent fort approchez amp; combattus, tant de canos

comme d’autre artillerie. Et entre-temps que ce fe faifoit en furent les nouuel-les portées au Duc de Bethfort, lequel par leurdit fiege y enuoya le Côte d’A-rondel,l’enfant de Varuich,le feigneur de l’Iflc Adam,le feigneur de Chafiillon, le feigneur de Bonneul amp; autres capitaines à tout feize cens combattans ou en-uiron: lefquelspar aucuns iours cheuaucherent tant qu’ils vindrent alTez pr^snbsp;dudit lieu d’Anglure,où ils trouuerent le fiigneur de Barbazan,Iequel fçaehantnbsp;leur venue fefioit défia retrait en vn lieu qu’il auoit fortifié afiez à fon aduan-tage. Si y eut entre les parties aucunes efcarmouches,efquclles furent morts denbsp;feize à vingt hommes d’entre eux, amp; ledit feigneur de l’Ifle Adam y futbleflc.nbsp;Etpourcequcles Anglois amp; Bourgongnons veirent que bonnement ôefansnbsp;trop grand dangier ne pouoient combattre leurs ennemis, ils tirèrent leurs gesnbsp;hors de la forterefie auec la dame du lieu, amp; meirent le feu dedans : amp; apres cenbsp;fe retrahirent vers Paris, amp; és lieux dont ils fefioient partis. Ledit feigneur denbsp;Barbazan auoit efié commis de parle Roy Charles de France gouuerneurôcnbsp;capitaine des pays, de Brie,de Laonnois amp;: de Champaigne.Et auant qu’ilaffie-geafi Anglure auoit conquis Norniuile en Laonnois, Voifines, amp; autres plufieurs places:amp; fut audit fiege d’TÂiglure enuiron vn mois. Si cfioient auec luynbsp;le feigneur de Conflans, mefiire lean BafiarddeDampierreôc grand nombrenbsp;de communes^Et quad ce vint que les Anglois amp; Bourgongnons deflus nommez.

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LEN GE ERR. J)E I^ÎONSTRELET CHARLES EU, yo mcz,vindrent pour leuer ledit fiege à vne efcarmouclie que feirent les afliegez,nbsp;gaignerent les François icelle baftille ôc fortercne,mais preftement fut conqui-leparles deifufdits Anglois : amp; pource fut elle mile enfeu amp; en flambe amp; dunbsp;tout démolie,comme dit eft deflus.

Comment leanne U PuccUefut condamnée à efire arß nbsp;nbsp;mife à mort dedans la cité de

Rouen.

’Enfuit la condemnation qui fut faiôle en la cité de Rouen contre leanne la Pucelle,comme il peut apparoir par lettres enuoyées de parnbsp;le Roy d’Angleterre au Duc de Bourgogne,defquelles la coppie f’en-fuit. Trefchieramp; trefaimé oncle la fcruentedileflionque (çauons



vous auoir(commc vray Catholique) à noftre merelàinôte Eglife amp; i’exaltatio denoftre faindle foy,raifonnablemét nous exhorte amp; admônefle de vous figni-ficr amp; eferire ce qua l’honneur de noftrediclemere (âindte Eglife, fortificationnbsp;de noflrc foy amp; extirpations d’erreurs peftilencieufes, a efté en celle noftre vil-Ic de Rouen fait nagueres folennellement. Il eft aflez commune renommée janbsp;comme par tout diuulguée,comment celle femme qui fe faifoit nommer leanne la Pucelle erronnée,l’eftoit deux ans amp; plus contre la loy diuine amp; l’eftat denbsp;fon fexe femenin veftue en habit d’homme, chofe à Dieu abhominable. Et ennbsp;tel eftat tranlportée deuers noftre cnnemy capital amp; le voftrezauquel amp; à ceuxnbsp;de fon parry,gcns d’Eglifemobles amp; populaires, donna fouuentâ entendre quenbsp;elle eftoit enuoyée de par Dieu: en loy prelumptueufement vantant, qu’elle a-Uoit communication perfonnelle amp; vilible auecques S.Michel amp; grande multitude d’anges amp; de faindls de Paradis, comme S.Katherine amp; lainéle Margue-fite.Par lefquels faulx donné à entendre amp; l’elperance quelle promettoit de vi-ftoiresfuturesjdiuertitplufieurscueurs d’hommes amp; de femmes delà vérité,nbsp;amp; les conuertit à fables amp; menfonges. Se veftit auffi d’armes appliquées pournbsp;cheualiers efcuyers,leua l’eftandard. Et en trop grad outrage,orgueil amp; presumption demanda auoir amp; porter les trefnobles amp; excellentes armes de France qu’en partie obtint. Et les porta en plufieurs courfes amp; aflaulx, amp;: fes frétés,nbsp;comme on dir,c’eft à fçauoir vn efeu à deux fleurs de lys d’or à champ d’azur,âcnbsp;Vne efpce la poinéle en haut ferüe en vne couronne : en cell eftat fell mifeauxnbsp;champs, a conduit gens d’armes amp; de traiél en exercite amp; grans compagniesnbsp;pour faire amp; exercer cruautez inhumaines en elpandant le fang humain,en fai-fant feditions amp; commotions de peuple : l’induifant à pariuremens, rebellionsnbsp;fuperftitions amp; faulccs creances:cn perturbant toute vraye paix,amp; renouuellatnbsp;guerre mortelle en fe foulfrant honnorer amp; teuerer de plufieurs, comme femme fainélifiée : amp; autrement danablement ouurant en diuers cas longs à exprimer,qui toutesfois ont efté en plufieurs lieux aflez cogneuz, dont prefqué toute la Chreftienté a efté toute Icâdalizée: mais ladiuine puilfance ayant pitié denbsp;fon peuple îoyal,qui ne l’a loguement voulu laifler en péril nefoulFert démonter es vaincs,perilleufes Sz nou-uelles crudelit^,où ja legiercment fe mettoit ; anbsp;Voulu permettre fa grand mifericorde amp; clemence, queladiélefemme ait efténbsp;prinfe en voftre oft amp; fiege que teniez lors de par nous deuant Compiengne,Sznbsp;mife par voftre bon moyen en noftre obeïfl'ance amp; domination: ôz pource quenbsp;M iiij

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MXCCCXXXI. rOLï/ME II. DES C/JtlONlOl'ES

dés lors feufmcs requis par I’Euefque, au diocefe duquel elle auoit efié ptinfe qu’icelle leane notée amp; ditBmée de crimes de leze majefté diuinejuy fciflionsnbsp;deiiurer,comme à fon iuge ordinaire ecclefiaftique. Nous tat pour la reueren-ce de noftre mere fainéle Eglife, de laquelle voulons les ordonnances préférernbsp;à noz propres faits ôe voulentez comme raifon eft : comme auffi pour Tboneurnbsp;amp; exaltation de noftrediéfe fainéle foyduy feifmes bailler ladiéfe Icanne, affinnbsp;de luy faire fon procez; fans en vouloir eftre prinfepar les gens amp; officiers denbsp;noftre iuftice feculiere aucune vengcâccjou punition ainfi que faire nous eftoicnbsp;railbnnablement licite:attendu les grans dommages amp; inconueniens, les horribles homicides amp; dercftables cruautez amp; autres maulxinnumerables,quellenbsp;auoit commis à l’encontre de noftre feigneurie amp; loyal peuple obeïflant. Lequel Euefqueadioinélauecques luy le Vicaire de l’inquifiteur des erreurs amp;nbsp;hcrcfies: amp; appelle auecques eux grand ôc notable nobre de folennels maiftresnbsp;amp; Doéfeurs en Theologie amp; droit Canon, commença par grande folennité ècnbsp;deüegrauité le procez d’icelle leanne. Et apres ce que luy amp;: ledit Inquifiteurnbsp;iuges en cefte partie eurent par pluGeurs amp;diuerfes iournées interroguéladi-de leanne,feirent les confelGons amp; aftercions d’icelle meuremet examiner parnbsp;lefdits maiftres Dodeurs. Etgenerallement par toutes les facultez de noftrenbsp;trefthiere amp; treftiy mee fille l’VniuerGté de Paris: deuers laquelle lefdides con-fèffions,airercions,ont efté enuoyez:par l’opinion amp; deliberatiô defquels trou-uerent lefdits iugues,icelle leanne fuperfticieufè, deuinerefle de diables, blaf-phemerefte en Dieu: Eten fis Giinds amp; Giindes fehifmaftique amp; errant parnbsp;moult de lors en la foy de Icfus-Chrift. Et pour la réduire amp; ramener à l’vnitenbsp;amp; cômun de noftrediéle mere fainéle Eglife, la purger de Ces horribles amp; pernicieux crimes amp; pechez,Si guérir amp; preferuer (bn ame de perpétuelle peine amp;nbsp;damnation, fut fouuent amp; par bien long temps trefcharirablement amp; doulce-mentadmonneftée, à ce que tous erreurs fuflent par elle rcieéf ée amp; mifes ar-riere:voulGft humblement retourner à la voye amp; droit fentier de veritéjOU autrement elle fe mettoit en grand peril d’ame amp; de corps. Mais le trefperilleiixnbsp;amp;c diuifé efprit d’orgueil amp; d’outrageuffi prefumption, qui touGours (’efforcénbsp;de vouloir empefeher l’vnite amp; feurtc des Chreftiens : occupa amp; détint tellement en fes liens le courage d’iccllc leanne, que pour quelconque fainéle do-drine ou confeil ne autre doulce exhortation qu’on luy eut adminiftrée, fonnbsp;cueurendurcy amp;obftiné ne fe voulut humilier n’amolir: maisfe vantoitfbu-uent que toutes les chofès qu’elle auoit faides,eftoient bien faides:amp; les auoitnbsp;faîétes du commandement de Dieu amp; defdides (âindes vierges, qui vifible-ment feftoient à elle apparues. Et qui pis eft, ne recognoiftbit ne ne vouloir re-cognoiftre en terre forts Dieu feullement amp; les Grinds de Paradis, en refufantnbsp;amp; debouttant le iugement de noftre fàind Pere le Pape, du concile general amp;nbsp;vniuerfelle Eglife militante.Etvoyans les iuges eccleGafticques fefdits courage amp; propos,par tant amp; G longue efpace de temps endurcy amp; obftiné, 1 a feirétnbsp;mener deuant le clergié le peuole illec aflemblé en trefgrand multitude:en lanbsp;prefence defquels furent prefehez, expofez amp; déclarez folennellemcnt amp; publiquement par vn notable maiftre enTheologie à l’exaltaion de noftre foy,extirpation des erreurs Si edifteation Si amendement du peuple Chreftien . Et denbsp;rcchief

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N EN G G ERR. DE MONSTRELET CHARLES Klî. rechieffut charitablement admonneftée de retourner à l’vnion de faînôte Egli-de corriger fes fautes amp; erreurs en quoy elle eftoit obftinée. Et en ce con-fideré,1 es iuges deâufdits procédèrent à prononcer la fentence contre elle ennbsp;tel cas de droiól introduire amp; ordonnée. Maisauantquela fentence fut par-lute,ellecommençcaparfèmblantâmuerfbn courage, dilantquellevouloitnbsp;tetourner à fainéle Eglife : ce que voulentiers amp; ioyeufement ouïrent les iugesnbsp;leclergié deîTufdits qui à ce la receurent bénignement, efpercât par ce moyennbsp;Ibn ameamp; fon corps eftre racheptez de perdition amp; tourmêt. Adôcques fe (ub-mill à l’ordonnance de fiinéte Eglife,amp; fes erreurs amp; deteftables crimes reuoc-qua de la bouche,amp; abiura publicquernent fignant de fa propre main la cedul-Ic de ladicle reuocquation amp;c abiuratio. Et par ainfi noftre piteufe mere faindenbsp;Eglife foy cfiouïflant fur la pecherelTe faifant penitence, vueillant la brebis re-trouueramp; recouurer par le defert feftoit elgarée amp; foruoyée ramener auec-ques les autres, icelle leanne pour faire penitence condamna en chartre. Maisnbsp;gueres ne fut illccques, que le feu de fon orgueil qui fèmbloit eftre eftainéh ennbsp;icelle rembrafà en flambes peftillencieufes par les (oufilemcns de l’ennemy. Etnbsp;tantoftladiélc femme malhcurée rencheut es erreurs amp; es rageriesquepara*nbsp;Uâtauoit proférées,amp; depuis reuocquées amp; abiurées,commediteft. Pourlef-quelles eaufes felon ce que les iugemens amp;inftitutionsde fainéfe Eglife l’or-donnercnr,affîn que dorefnauant elle ne contaminaft les autres membres de le-Eus'Chrift, elle fut de rcchief prefehée publicquernent. Et comme elle fut ren-dieüe és crimes amp; fautes villaines par elle accouftumées,fut delailfée à la iufti-cefeculiere,Iaquelle incontinent la condamna à eftre bruflée. Et voyant fon fi-ttetnentapprocher, elle cogneutplainement amp; confefTa que les efprits qu’ellenbsp;difbit eftre apparus à elle, fouuentesfois eftoient mauuais amp; menfongiers, amp;nbsp;queles promeffes qu’iceux efprits luyauoient plufieursfois faiôfesdela délivrer eftoient faulces : amp; ainft fe confefTa par lefdits efprits auoir efté deceùe amp;nbsp;demoquéc.Si fut menée par ladiéfe iuftice liée au vieil marché dedans Rouen,

là publicquernent fut arfe à la veüe de tout le peuple. Laquelle chofe ainfi Eiiéle le deflufdit Roy d’Angleterre lignifia par les lettres, corne dit eft,au def.nbsp;fufdit Duc de Bourgongne,afiin qu’icelle execution de iuftice tat par luy com-^nbsp;nie les autres Princes, fut publiée en plufieurs lieux:amp; que leurs ges amp; fubieélsnbsp;dorefnauant fulTcnt plus fèurs amp; mieux aduertis de non auoir creance en tellesnbsp;ou femblables erreurs,qui auoient régné pour l’occafion de ladiéte Pucelle.

Comment le Concile fut remis O* ordonné d Baße^ par la mort nbsp;nbsp;induélion de lEm

pereur d'Allemaigne.

N ceft an fut par noftre faind Perc le Pape amp; par l’Eglife vniuerfêlié ®nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jenir vn concilie general en la ville de Bafledequel auoit

efté promeu à eftre aflemblé durant le Pape Martin. Laquelle ville de Bafle eft vne cité affez puifTante amp; plantureufe de biens, fituee ôCnbsp;affife fur la riuierc du Rhin. Auquel lieu fe commencèrent a aflembler les députez de plufieurs cftudesamp; nations:entre lefquels y vindrent en notable compagnie ceux de l’Vniuerfité de Paris,les ambafladcurs.de l’Empereur d’Allemagne amp; plufieurs Roys,Princes,Prélats amp; collieges en grand nombre. Si aduint

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M.CCCCXXXI. VOLyXiE II. DES CHRONIQ^J/ES

que Ie Pâpe Eugene voulut delayer de mettre iceluy concilie iufquesaanSe demy en(uiuant,amp; letranflater âBoulongne la Grafie, affin que les Gregoisynbsp;penfient venir : mais pource que l’Empercur luy cfcriuifi quelles lettres où ennbsp;iùbftance la teneur fenfuit. Premièrement contenoient les lettres de l’Empe-rcur,qu’il defiroit moult que le Concile de Bafle ne fut diffipé ne retardé pournbsp;Fefjpcrance des Grecs:car on auoit moult de fois labouré fans effeét pour les at-traire àl’vnion de noftre mere fainde Eglife: mais confeilloit mieux d’arrachernbsp;amp;: extirper les herefies regnans. Item, car ceux du Concile auoient efcriptànbsp;ceux de Pragues appeliez Hou{rcs,qu’ils veinfientau prefent Concile: Scl’Em-pereur leur en auoit efeript pareillement,amp; pour y venir donné faufconduit.Etnbsp;fembloit qu’ils auoient intention d’y venir : car ils auoient eu grand perte contre les Hongres, amp;fî auoient çftérepulfez par deux fois du Duc d’Autriche.nbsp;Item pource que les Pragois fçauoient,que le fainéf Concile eftoit principalle-ment tenu pour deflruire amp; abolir leurs herefies, ppuoit on cfpcrer que par information fans difputation on les conuerciroit à bonne creance. Item fil ad-uenoit qu’ils ne fe voulfilTent confentir de condelcendre à raifon,ccux du Concile eftas de tous pays admonefteroient ceux de leurs contrées, à ce qu’ils voul-fî/fent deflruire ces Pragois. Item pource qu’ils veullent approuuer leur feélenbsp;par fainéle eferipture fe,on delaiffoit le Concile, ilsdiroient qu’on ne fçauroitnbsp;que refpondre à leurs raifons,amp; que riens n’efloit du Concile. Et par ainfi fen-bardiroient en leurs faulfes creances amp; peruerfes erreurs. Item par ce que renommée couroit, que le fainâ: Concile efloit affemblé prefentement pour reformer les meurs du peuple Chrefi:ien:amp;auffil’eflat de l’Eglife. Si eftoit à doubter que les gens lays qui moult parloient fur leur eftat,diroiêt que fi on alTcni-bloit,amp;puis que departift le Concileainfi qu’on auoit ja fait à Pife amp;àCon-ftanccs,que c’eftoit fans vtilité amp; proffit : Et que ce n’efloit qu’vne mocquerienbsp;amp; confuiion. Item efloit le Concile commencé pour appaifèr les diffentionsnbsp;qui par efpecial eftoient en la foy entre clercs amp; lays : pourquoy ceux du Concile l’auoient ja efcript,amp; mandé à aucune ville de venir au Concile. Et par ef-pccial aucunes villes en Saxo.ngnc,dont l’vne ville:c’efl à fçauoir Maj^-debourgnbsp;auoit bouté hors fon Euefquc auec le clergié, amp; autres fcftoiêt rebellez à leursnbsp;Euefque.Et pource qu’ils eftoient enclins aux Pragois,efloit à doubter aucuns,nbsp;que fi le Concile fe departifl,que ceux cy amp; autres fe mettroiét auec iceux Pragois tant qu’à gràd peine on y pourroit remedier. Item iaçoit-ce que plufîcuisnbsp;Princes amp; villes fituées amp; afïifes entour les Pragois, auoient fait trefues aucc-ques iceux-.toutesfois la greigneur partie fe tenoit encore fermement à eux ef-perans fur la prouifion du Concilezmais fils fçauoient le departement d’iceluynbsp;fiferoientauffi trefues comme les autres, dont il fenfuiueroit qu’ils fehardi-roient auec les Pragois. Item auoit eu aduis fur le Concile de pacifier pluficursnbsp;Roys,Princes amp; autres,amp; en ce commencé à trouuer moyen de paix : mais fi lenbsp;Concile efloit fèparé,ceux Princes eftoient taillez d’eux employer à guerroyernbsp;amp; continuer en guerre,amp; ne rerq^inderoit nulle efperance d’aflembler le Con-cil e pour les {éditions amp; cruautez quiaduiendroient:amp;: ainfi feroient attargé.esnbsp;plufieurs prouifions amp; moyens, feruans au proffit commun de la Chreftienté.nbsp;Si aduiendroientgrans efclandres amp; deflruôlions,qui plus euidemment apper-roienc

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D'ENGE£I{R, D£ MONSTKELET CHAKLES HJ. yz ’oicin qu’on ne les pourroit efcrire.Lefquelles confiderations declairées en l’e-piflrc del’Empereurjfi eftoitla coclufion en icelle comme il fenfuit.Pourquoynbsp;f'ous requérons à voftre fainôteté, qu’incontinent efcriuez au Prefident amp;ànbsp;ceux du fainct Concile qu’en nulle maniéré ne fe departent:mais bicnheurémécnbsp;ilsaccoraplilTent ce qu’ils ont encommencé ôc ce pourquoy ils font au nom denbsp;noftre feigneur aflemblez, en rappellant amp;c adnichillant faucunes choies aueznbsp;tfcriptes au contraire. Et vueillez conliderer que les heretiques armées accoif-lcnt,amp; que fi vous ne les faiôhes defcharger à l’Eglife, amp; remettre au premier e-ftatjon n’y pourra remedier par nulle puiflance,par nul confeil ne par nul engin.nbsp;Et certainement ceux qui vous ont confeillé le departement du Concile, n’en-tendoient mie lès griefs maulx quienpourroient naillre. Pleuft à Dieu qu’ilsnbsp;aflauouralTent amp; entendilfent la fin comme l’attente, amp; retargement en ce casnbsp;loit moult périlleux amp; nullement à foulErir. Et fe on doubtoit, que paraduan-ïure par les lays peut ellre vfurpée aucune chofe contre l’eftat de l’Eglife,on fa-Euferoit, pourcc qu’ils ne doublent ieder leur faulx en autruy lieu, champ ounbsp;fruids:Mais pour vray fes fubtilitez de retarder le làind Concile, feront forcc-Oer les lays contre l’Eglile amp; clergié: laquelle chofe on pourroit par bonne manière deftourner : c’ell à Içauoir par entretenir le Concile, en quoy les lays Ce-Soient réfrénez, quand ils verroient que les clergiez n entendroient feulementnbsp;3U fingulier proffit. Item deuez conliderer qu’il eft afuppofer, que faind Cofile à fe departement ne fe vouldra nullement confentir, ôc les fuiuroit la plusnbsp;grâd partie des Roys,Princcs,Prelats amp; communes. Et voftre faindeté qui iuf-^nes à maintenant aefté de bonne réputation en fainde Eglifc amp; fans tache,nbsp;cherra par celles euures en fulpedion,ou roüil.Et par ce departemèt fans reallenbsp;^aufe,corrompercz vollre innocêce: car on pourra dire que vous nourrilTcz lesnbsp;Ecrefies amp; occafions en terre entre les Chrelliens, de perfeuerance de mauuai-Ees meurs amp; de pechez au peuple. Pourquoy eft à doubter grandement inobe-diencc,efclandre amp; diferetion en l’Eglife de Dieu: car aucuns vous impoferontnbsp;9Ue vous auez done matière amp; occafion de ces chofes. Et eft à prefumer qu’onnbsp;trouuera allez de ceux qui f’accorderont à ce. Item fe vollre làindeté vouloitnbsp;en propre perfonne ellre prcfenr,au fàind Concile, ce feroit bon amp; vtille: maisnbsp;fil ne pouoit dire,fi commandez halliuement qu’il Ibit entretenu ainfi qu’il eftnbsp;commencé:car ces chofes qui touchent fang, amp; ne pcuuent dire fans bldfurenbsp;de Chreftienté,ne quierent amp; ne demandent nul retardement. Item fe vollrenbsp;faindeté déliré au temps aduenir à entendre au fait des Gregeois ou autre chofes,lefquelles ne quierent mie fi grand halle.Et pourra bien dire célébré vn autre Concile,qui fera chofe aduenat amp; plus acceptable que ne lèroit pour le pre-fent le ralongement de ceftuy Concile : car il eft bien à doubter que fe ce Concile fe depart,qu’on ne pourra faire nulle alfemblée dedans vnan amp; demy pournbsp;lesinconueniens qui aduiendroient. Item toutes Idquelles chofes vueillez vollre faindeté diligentement conliderer, fi que ledit Concile foit tatoft rdlauré.nbsp;Et vueillez nollre admonition retenir paternÂlemenramp; debonnairement:car ànbsp;ce nous contraind nollre confcience amp; noz dernieres neceffitez, en quoy nousnbsp;voyos dire mife l’Eglife de Dieu,amp; aulïi nollre magnificêce ne voudroit pointnbsp;Voulentiers que de cenafquift fulpedion contre vollre faindeté:fi‘comme plus

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M.CCCCXXXl. VOLJ/XIE 11. DES CHllONlQ^EES

clerement vous donnerons à cognoiftre,quand nous (crons par deuers vous,ce que nous cfpcrons que ferons briefucmcnt. Lefquelles confiderations dciïusnbsp;touchées par noftredit (aincl Pere, il reftaura amp; reftablit le (âinél Concile def-fufdit, où (é fafTcmblerent plufieurs (eigneurs ecclefiaflicques amp; feculiers ara-badadeurs d’E(ludes,Preîats èc Princes en grand nôbre amp; en grand multitude.

Comment le Duc de Bar vint en la Comté de Eaudemont ^our la conij^uerre à force,

R eft vérité qu’au temps Scâloccafion de la guerre ja pieçaefmeüe, amp;dontcn autre lieu cft faiéle mention entre René Duc deBar, amp;nbsp;Anthoine de Lorraine Comte de Vaudemont (bn ennemy feit tref-grandeaffemblée de gens d’armes,tât des Duchez de Bar amp; de Lor

raine comme des pays d’Alleraaigne amp; deplufieurs autres lieux,iufques au no-brede (ix rnille combattansou enuiron: defquels eftoient les principaux les Comtes de Salines,de Saliuines amp; de l’image, î’Euefque de Mets, mefhre Thibault de Barbey amp; aucuns autres nobles hommes amp; de grand eftat. Et fi eftoitnbsp;auecques eux ce gentil amp; renommé cheualier le feigneur de Barbazan, au plai-fir amp; induétion duquel ou aumoins en la plus grand partie,le delTufdit Duc denbsp;Bar côduifoit fon armée amp; exercite,pource qu’il eftoit expert, fubtil amp; renommé en fait de guerre : lefquels grandement aornez amp; pourueuz de grand nombre de charroy,viures,artilleries amp; autres habillemens de guerre furent par ledit Duc capitaine conduits amp; menez deuant la ville de Vaudemont, chief liei^nbsp;amp; chief de ladiéte Comté, laquelle fut en alTez fort lieu:auecques ce cfioit bienbsp;reparée amp; pourueiie pour attendre guerre tant de viures amp; d’artilleries commenbsp;degens amp; autres chofèsnecelTaires, pource que par auant ledit Comte eftoitnbsp;allez aduerty pour la venue de fes ennemis. Et y auoit en (bn lieu conftitue capitaine de ladiéfe ville vn nommé Gerard de Paffenchault Baillif d’icelle Comté , amp; Henry de Fouquencourt : lefquels deux feirent bonne diligence de def-fendre, amp; refifter contre leurs aduerfiiires.Neantmoins ils furent en alTez briefnbsp;terme afiiegez amp; enuironnez de toutes parts, par ce queleurfdits aduerfaimsnbsp;eftoient en trcfgrand nombre au regard d’eux, amp; ne les pouoiêt de ce deftouF-ber. Et d’autre part lefdits afliegeans coururent, rauirent amp; degafterent par feunbsp;amp; par e(pée la plus grand partie de la Comté de Vaudemongdonr grandementnbsp;defpleut audit Comte:mais à prefent luy conuenoit fbuffrir amp; endurer, pourcenbsp;qu’il neftoit mie affez puilfantpour y remedier. Sigarniftles forteçeires qui e-ftoient en fon obeïlTance de ce qu’il auoit de gens, amp; fi conclud qu’il fe retmi-roit deuers le DuePhilippedeBourgongne, duquel il auoit toufiours tenu lenbsp;party,pour luy requerre humblement qu’il luy voulfift blailler ayde de fes ges,nbsp;atïîn qu’il peutdeliurer fadiéte ville de (es ennemisdaquelle eftoit afiicgée, corne dit eftdequel Duc il trouua en (bn pays de Fladres. Et apres quil luy eut ra-compté (es alfaires amp; la grande neceflité en laquelle eftoitla deflufdiéle villenbsp;de Vaudemont, ledit Duc de Bo^rgongne luy feit refponce que de farequeftenbsp;il parleroitvoulentiers àfonconfeil, amp;luyferoit briefuement refponce amp; lanbsp;meilleur ayde que bonnemét pourroit. Et alors eftoit venu des parties de Boutnbsp;gongnepar deuers ledit Duc, n’auoic point encores gramment, melfire Anthoine

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T)'ENG y ERR. DE MONSTRELET. CHARLES yiL 73 ihoinedcToulongon Mirefchal deBourgongne, Se aucuns autres notablesnbsp;perfonnes enuoyez d’iceluy pays,pour remonftrer audit ,Duc les grans affairesnbsp;qui eftoiét en fondit pays de Bourgongne par le moyen des François amp; Bour-bonnois fes ennemis, qui chacun iour inceffamment faifoient efdiôles partiesnbsp;trelgrandes occifions amp; dommages par feu amp; par elpee, amp;auoient délia conquis plufieurs bonnes villes amp; fortereffes au grand dommage amp; preiudice def-dits paÿs:amp; eftoient bien en voulenté de plus auant conquerre, fe par luy n’y e-lloit pourueu: requérant à iceluy treshumblement qu’il luy pleuft pour la fal-uationdefespaysjàeuxfaireaydcdelès capitaines de Picardie accompagneznbsp;de certain nombre de gens d’armes, amp; par efpecial des gens de traiôl : lefquelsnbsp;(comme ils difoient)leur eftoient moult neceffaires.Sur lefquellcs deux reque-ftes deffufdiéles,ledit Duc affembla plufieurs fois auecques luy ceux de fon co-leil pour auoir aduis, comment il pourroit befongner fur les affaires deffufdi-lt;ftes.Si furent lefdiôles befongnes moultdebattues:amp; luy remonftroit on comblent les François fes ennemis eftoient d’autre partie tout à l’enuiron des marches de Picardie, prefts amp; defirans d’entrer en fon pays d’Arthois:difant que filnbsp;fedeffourniffoit de fes Picards amp; fefdits ennemis le Içauoienr, ils luy pourroiétnbsp;porter vntrelgrand preiudice. Nonobftant toutesfois tous les perils qui fen-fuiuoiçnt ou pourroient enfuiuir, fut en fin conclud pour le mieux faire qu’onnbsp;hailleroit audit Marefchal certain nombre de combattans iufques à mille ou ànbsp;douze cêsdçfquels feroient conduitsamp; menez par aucûs chiefs de la marchç denbsp;Picardie au deffoubs dudit Marefchal à tout les delTufdits : amp; ceux quils pourroient auoir en Bourgongne,feroit au Comte de Vaudemont le plus grand ay-de amp; fecours qu’il pourroit. Apres laquelle conclufion fut aduilé quelles gensnbsp;On pourroit prendre pour conduire cefte entreprinfè: mais il y eut pou de gensnbsp;d’eftat qui en voulfiffent entreprendre la charge,pource que c’eftoit Joing amp; ennbsp;paÿs,où leurs ennemis eftoient forts: amp; fattendoient eftre petitement payez denbsp;leurs gaiges,ainfi que paffe long temps on auoit accouftumé défaire. Neant-inoins le deffufdit Marefchal de Bourgongne,le Cote de Vaudemont,amp; aucûsnbsp;autres de feurs marches qui auoient lefdiôles befongnes de Picardie,conclurencnbsp;cnfemble qu’ils prendroient tels gens qu’ils pourroient auoir. Et adonc feirentnbsp;parler à Matthieu de FFumiers, à vn nômé Robinet de Huchechien, le Baftardnbsp;de FoffeuXjle Baftard deNeufuilIe, Garin Baftard de Brimeu amp; aucuns autres gentils-hommes amp; hommes d’armes de moyen eftaf.lefquels en leur paysnbsp;n’auoient pas grans reuenuesne tels eftats qu’ils defiroient à auoir, fçauoir filsnbsp;voudroient affembler gês de guerre pour aller auec eux, là où ils les meneroiêtnbsp;pour quérir leurs aduentures. Lefquels tantoft tant pour les dons amp; promeffesnbsp;qui leur furent faides par lefdits feigneurs comme par les moyens,d’autres nobles du pays feirent refponcequ’ils iroient tresvoulentiers.Si affemblerêt àl’en-irée de May en plufieurs lieux ce qu’ils péurent auoir de gens, iufques au nombre de mille à douze cens combattans : amp; curent congé Si mandement patentnbsp;de par le Duc de Bourgongne d’affembler ÿ entretenir par certaine efpacedenbsp;temps les deffufdits,defquels la plus grand partie eftoient panures copaignons,nbsp;qui de long temps auoient accouftumé à viure d’auantage amp; à tenir les champs 'nbsp;tant en leur marche qu’ailleurs. Et pourcc on ne faifoit point grand force filsnbsp;N

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MXCCCXXXL nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;IL DES CHRONIDY^^

fen alloient dehors, amp; aufli fils ne retournoient en longtemps: toutesfois il en y auoit la plus grand partie de roides, vigoureux amp; bien vfitez en fait de guerre . Et apres qu’ils furent aifemblez en plufieurs compagnies, ils fe tirèrent versnbsp;lepa‘ÿsdeCambrefis,amp; paflerent à monftre àvn grand village nomméSo-lames, appartenant à l’Abbe de faind Denys en France. Etdelàcheuauchc-rent ledit Marefchal amp; aucuns autres feigneur deBourgongne iufquesàRe-thel, où ils receurent aucun payement pour leurs gaiges, amp; par fainôl Mene-hault fen retournèrent en Bourgongne, où ils furent aucun petit de temps, ennbsp;attendant que l’armée des Bourgongnons fut prefle . Et entre-temps que toutes ces alTemblées fe faifoient, ledeflufdit Duc de Bar âtouttrefgrande puif-fance degens eftoit ( comme defltis eftdit) au fiegedeuant la ville de Vau-demont: amp; icelle par l’efpace de trois mois continuels par plufieurs amp;diuer-fes maniérés, auoit tresfort combattue amp; adommagéede fes engins: amp;tantnbsp;que les afliegez auoient trelgrand neceffité de griefs affaires. Mais par ce qu’ilsnbsp;efperoientauoir aucun brief fecours par le moyen du Comte leur feigneur:nbsp;duquel ils oyoient fouuent nouuelles par meffages fecrets, ils en portoientnbsp;plus patientement leurs aduerfitez. Et par le moyen amp; conduire des deuxnbsp;chiefs deflus nommez, feirent fi trefbonne diligence d’eux deffendre, que durant ledit fiege ne peurent ne deurent de leurdit feigneur eftre reprochez d’aucune negligence.

Comment le Duc de Bar qui auoit aßiege la ville de Vaudemontßut combattu du Corn te de Vaudemont amp; deßconßtpar luy amp; fes aydans.

Tem apres que le Marefchal de Bourgongne eut fait fon amas amp; af-femblée es pays de Bourgongne amp; àienuiron, ilfetiraàtouticcux versLangres. Etdelààtoutles Bourgongnons amp; Picards print fonnbsp;chemin deuers le pays de Barroîs, oùfafïembla auecques luy le Co

te de Vaudemont auecques tout ce qu’il peut auoir de gens :amp; quand ils furent tous misenvnfeulofl, où ils pouoient eftreenuiron quatre mille com-battans:amp; defquels eftoient les principaux le deffufdit Anthoinc deThou-longon Marefchal deBourgongne, le Comte de Vaudemot, le feigneur d’Au-ter,Gerard de M3rigny,le Comte de Fribourg, le feigneur de Merebeau, le feigneur de Sez, le feigneur de Roland,meflîre Ymber Marefchal Sauoyen,le Ballard de Vi^rgy,Matthieu de Humieres nepueu du deuantdit feignr d’Antoing, meffirc lean de Cardonne feigneur de Bichacourt,Boort de Bazentin amp; vn gé-til cheualier Anglois nommé meflîre lean Ladan,amp; meflîre Thomas Gergera.nbsp;Et eftoit ledit fire lean capitaine de Montigny le Roy,amp; auoit auecques luy fixnbsp;vingts combattans ou enuiron, auecques plufieurs notables gentils-hommesnbsp;d’armes expers amp; renommez en faits de guerre : amp; par bonne ordonnance co-mencerentà cheuaucherparmy lepaÿs de Barrois, amp; auoient auecques euxnbsp;de feize à vingt chars amp; charrettes chargez de viures, canons, artilleries amp; autres befbngnes neceffaires à guerr^ Auquel pays de Barrois ils feirent bouternbsp;les feux en plufieurs lieux : amp; ainfi en degaflant pays vindrent loger à vn grosnbsp;village nomméSandacourtfept lieues pres de leurs ennemis, amp;y^rriuercntnbsp;vnfamedyau foir. Et le lendemain qui fut le dimeuche pourtant qu’ils atten-doienc


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T)'EN G y ERK. DE NONSTRELET. CHARLES yiL 74 «loient à cftre combattus de leurs ennemis, femeirent en ordonnance de bataille amp; y furent la plus grand partie du iour:amp; auoiét leurs archiers chacun vnnbsp;pieu aguifé,fiché deuant eux. Et pource que Icurfdits ennemis ne vindrét pointnbsp;ce iour,ils fe retrahirent vers les vefpres au village delTufdit pour eux rafrefehir.nbsp;Et là tous les capitaines fe meirent enfèmble pour auoir aduis quelle choie leurnbsp;efloit bonne à faire: fi fut concïud pource que bonnement ne pouoint aller iu.f-lt;]ucs àleurs ennemis pour le dangier dés chemins, qui elloient trop eftroits amp;nbsp;Eayez en plufieurs lieux. Et auec ce qu’ils n’eftoient point en nombre compe-tant au regard de leurfdits aduerlaires.Si n’auoiêt point prouifiô de viurcs pournbsp;illec lèiourner,fen retournèrent en degaftant ledit pays de Barrois en Bourgo-gne:amp; là de rechief feroient plus grand aflemblée de gens amp; d’autres chofes à cenbsp;conuenables,pour en brief combattre leurs ennemis : laquelle conclufion def-pleut moult à iceluy Comte de Vaudemont,mais il luy conuint Ibuffrir, car ilnbsp;n’enpouoit auoir autre chofe.Si fut de par les capitaines ordoné à tout troulTernbsp;lelundy au matin,qui eftoit le iour S.Martin d’Efté.Et ainfi qu’ils feftoient misnbsp;^chemin pour eux retourner,comme dit eft,le Duc de Baramp; toute là puilTancenbsp;lt;îui bien fçauoit leur venue,le départit de Ibn fiege pour venir trouuer amp; com-tgt;attre fes ennemis deuat qu’ils veinlTent iniques àluy:amp; lailTa à fondit fiege aucuns de lès gens pour garder que les alîiegez ne le departillent, fi cheuaucherétnbsp;en trelbonne ordonnance grande elpacc: amp; pouoit biê auoir fix mille cobattasnbsp;gens de grand parage des mettes de Barrois amp; de Lorraine,amp; des Allemaignes:nbsp;îiuquelchemin faifant les coureurs qledit Marefchal amp; fefdits capitaines auoiêtnbsp;mis vers leurs ennemis,ruerét ius amp; prindrêt aucuns de la partie dudit Duc,par-^uoy ils furent aduertis de la pourfuite d’iceluy .Si le nonc.erent en brief à iceuxnbsp;capitaincs,lefqucls en gràd diligence fe préparèrent amp; meirent en grand ordo-nance de bataille, la plus grand partie par le confeil du delTuldit cheualier An-glois.Si furent mis les archiers amp; front en vne partie fur les ælles, amp; filcherentnbsp;leurs pieux deuant eux.Si vouloient ellre les hommes d’armes de Bourgongnenbsp;â cheual: mais les Picards amp; Anglois ne le vouloient pas foulFrir. Et en fin d’vnnbsp;commun accord fut ordonné que tout home de quelque elEat qu’il fut,defcen-deroient à pied : amp; qui autrement le feroit, il feroit mis à m.ort. Et furent lesnbsp;cheuaux aueçques les chars amp; charrettes mis par trelbon arroy derriere la ba-ftille, affin que leurfdits ennemis ne peufTent ellre rompuz ou enuahis par derriere. Et entre-temps que ce fefaifojt, le Duc de Bar amp; les fiens approchèrentnbsp;tresforr, tant qu’ils furent à vn petit demy quart de lieiie pres des deffufdits. Sinbsp;leur enuoya par aucuns de fès heraulx amp; trompettes norr^cr, qu’ils l’attêdifTentnbsp;amp; qu’il les cornbattroit. Aufquels fut faiéte refponce par les capitaines deuant-dits,qu’il eftoiêt preft amp; qu’ils ne defiroient que fà venue. Si fen retournèrentnbsp;deuers ledit Duc dire leur refponçe: lequel f’approcha de fès ennemis a vn traitnbsp;d’arbalcftre pres pu enuiro,iaçoit que le feigneur de Barbazan luy cofeillaft parnbsp;plufieurs fois qu’il ne combattit mie fèfdits ennemis à iour nommé:mais les af-famaft amp; contraignift de partir de fes pays par autres maniérés. Et luy mettoitnbsp;au deuant plufieurs beföngnes amp; raifbns, Itfquelles il ne voulut point croire:nbsp;mais fe fioit au grad nobre de gens qu’il auoit auec luy : defquels la plus grandnbsp;partie n’eftoient point accouftumez ne vfitez en fait de guerre,ainfi qu’eftoientnbsp;N ij

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MXCCCXXXI, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;IL DES CHRONIQUES

les Bourgongnons,Picards amp; Angloisleurs aduerfaires amp; ennemis .Neant-moins iceluy Duc feit moult noblement ordonner fes batailles en partie par le confeiî dudit feigneur de Barbazan : amp; auoit moult grand defir d’aflembler a-uec (es ennemis : fi eftoient en fa compaignie trefpou de gens de traiâ:. Apresnbsp;lefquelles ordonnances furent faits plufieurs nouueauxcheualiers d’icelle partie. Et d’autre part le marefchal de Bourgongneje Comte de Vaudemont amp;nbsp;ceux qui eftoient auecqueseux, feirent pardeuantleur batailledreffer furienbsp;fons deux queues de vin qu’ils auoient amené, amp; meirent auant pain amp; autresnbsp;viures, qui furent deliurez amp; abandonnez à leurs gens. Si beurent amp; mangèrent chacun en droit foy de ce qu’ils peurent auoir : amp; feirent paix amp; vnion entre aucuns qui auoient haynel’vnâ l’autre. Et apres feirent affeoir aucuns canons amp; couleurines fur les deux bouts, amp; au meillieu de leurs batailles, amp; ennbsp;celle maniéré furent l’vn deuant l’autre deux heures. Auquel temps comme ienbsp;fuz informé vint deuant leurfdiótes batailles amp; affez pres de leurdiéfe bataillenbsp;Vn cerf, lequel en foy arreflant tout quoy frappa par trois fois du pied de deuant contre la terre : aduifà tout au long icelle bataille, amp; puis retourna amp; fennbsp;alla ferir tout au trauers de la bataille des Barrois. Si fut lors apres ledit cerffai-de vne trefgrand huée. Et adonques de la partie des Bourgongnons amp; des Picards furent faits nouueaux cheualiers, Mathieu de Humieres, Gerard deMa-rigny amp; fon fils auecques aucuns autres. Durant lequel temps ledit Coratedenbsp;Vaudemont cheuaucha fur vn petit cheual tout au long de la bataille,en rerno-ftrant amiablement â tous ceux là eftans qu’ils fe combattilfent fèurement amp; denbsp;bon courage : difànt qu’il prenoit fur fà damnation que fit querelle eftoit bonne amp; iufte,amp; que le Duc de Bar le vouloit fans caufe desheritcr:amp; fi auoit toufnbsp;iours tenu le party des Ducs lean amp; Philippe de Bourgongne.Pour laquelle re-monftrancegenerallement tous les Bourgongnons amp; Picards eurent au cueurnbsp;trefgrand liefle. Si fut conclud de celle partie qu’ils attendroient leurs aduerfai-res amp; ennemis au lieu, où ils eftoient, amp; ne iroient point aflaillir;Ôc d’autre partnbsp;le deffufdit Duc de Bar amp; fes capitaines qui défia auoient ordonné leurs batailles la plus grand partie à pied, voyans que leurs ennemis ne fèbougeoient denbsp;leur place, conclurent qu’ils les iroient affaillir amp; commencèrent à marchera-uant:amp; leurs aduerfaires amp; ennemis fc tenoient toils cois fans mot dire.Etquàdnbsp;ce vint que les Barrois furent bien pres d’eux,comme à douze ou feize dieftres,nbsp;ils boutèrent le feu tout à vne fois dedans leurs canons amp; couleurines dcffufdi-élcs: amp; auec ce efleuerent vn trefgrad cry:pour la doubte defquels canons gradnbsp;partie d’iceux Barrois fè plongèrent contre terre amp; furent fort effroy ez.Et adocnbsp;en affez brief terme comencerent à affembler en bataille de toutes parts, amp; po-uoit défia bien eflrevnze heures de iour. Si tiroient les archiei's picards parnbsp;moult fiere amp;trefmerueilleufe vigueur contre leurs aduerfaires amp; enriemisJu-quel traiôh ils en occirent amp; naurerent moult grand nombre. Si dura ceftediélenbsp;meflée trefcruellc enuirô le temps amp; efpace d’vn quart d’heure, amp; les deux parties combattirent l’vn contre l’autre en plufieurs amp; diuers lieux: mais t'antoftâ-pres ceux de la partie du Duc de BÎr fe commencèrent deux defroyer amp; en fuirnbsp;en plufieurs amp; diuers lieux vers leurs marchcs:amp; leurs ennemis ce voyant fe fe-rirent en eux de grand courage, amp; par efpecial les archiers Picards fi les fepare-renf,

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L'ENÇEERR. J)E lAONSTKELET. CHARLES EU. rcnr,occirent amp; naurerent terriblcment:amp; enbriefuc conclufion les tournèrent gt;nbsp;a grand defeonfîture, amp; les mcirentâ grand mefehief. Auquel defroy fut prinsnbsp;iceluy Duc de Bar,par vn nommé Martin Fouiars,qui cftoit auComte de Con-uerfan feigneur d’Angbien,amp; en eut l’honneur amp;: proffit : jaçoit queaucuns dirent qu’il ne le print pas de (à main. Auecques lequel Duc furent prins l’Euef-que de Mets,lean de Rodemaquc,meffire Eurard de Salebery, le Vicomte denbsp;Arcy, le feigneur de Rodemaque, meffire Collard de Sauffiy, meffire Villin denbsp;la Tour, amp; pluheurs autres iuiques au nombre de deux cens ou enuiron. Et finbsp;en demoura morts fur la place,amp; en la chaffie qui dura biê deux lieues de vingt-cinq cens à trois mille. Defquels furerit les principaux les Comtes de Saumesnbsp;amp; deSaImene,deLimage:Allemans,le feigneur de Barbazan, meffireThibaultnbsp;de Barbey,les deux freies de l’Euelque de Mets,George de Banaftre amp; fes deuxnbsp;freres, lean de Heraumont amp; autres iufques au nombre deffiufdit, dont la plusnbsp;grand partie eftoient gentils-hommes. Apres laquelle defeonfiture qui duranbsp;bien de deux à trois heures, deuantqu ils retournalfcnt de ladide chalfedes fei-gneurs de la partie de Bourgogne auecques le deffiufdit Comte de Vaudemontnbsp;amp;fes gens, fe r’affiemblerent enfemble amp; regracicrent humblement leur créateur de leur bonne vidoirc. Et n’auoient perdu morts fur la place qu’enuironnbsp;quarante hommes, dont meffire Gerard de Marigny fut le principal.Et demonnbsp;rerent celle nuid fur le champ . Et fut ledit Marefchal de Bourgongne vn pounbsp;nauréau vifage. Et auffieftoit le Duc de Bardeffiuslenez. Et le lendemain fcnbsp;départirent amp; prindrent leur chemin pour aller eh Bourgongne menans auecques eux leurs prifonniers.

Comment le ieitne Roy Henry d'Angleterre vint à. Paris d grand compaignie^pour eflre. consacré d Roy de France.

Nuiron l’iffiuedu mois de Nouembrevint le ieunc Roy Henry de Ponthoife à fiind Denys en France,fur intention d’aller à Paris pournbsp;luy faire enoindre, facrer amp; couronner Roy du Royaume de Fran-ce.Si eftoit auecques luy de la nation d’Angleterre, fon oncle le Car

dinal de Vinceftre amp; le Cardinal d’Iorth fon oncle, le Duc de Bethfort amp; le riche Duc d’Iorth,les Comtes de Varuich,de Salfebery,de Suffort: amp; aucuns autres notables cheualiers amp; effiuyers delà nation de France,y eftoientles Euef-ques de Theroüenrie nommé meffire Loys de Luxembourg,de Beauuais, mai-ftre Pierre Cochon, de Noyon maiftre lea de Mailly,de Paris amp; d’Eureux mef-hre lean baftard de fiinól Pol, meffire Guy le Bouteillier, le feigneur de Cour-celles, mefsire Gilles de Clamecy, meffire laques Painel, meffiire lean de Preffi, le feigneur de Paffiy, le baftard de Thian amp; aucuns autres. Si pouoit auoir leditnbsp;Roy Henry tant en fa copaignie comme au pays affiez pres à l’enuiron, de deuxnbsp;a trois mille combattans pour la feureté de fa pcrlbnne : amp; Ce partit de S.Denysnbsp;pour aller à Paris enuiron neuf heures de matin. Et vindrent à l’encontre de luynbsp;iufques à la chappelle d’entre Paris amp; fiinél Denys, meffire Simon Morier Pre-uoft de Paris pour luy faire reuerence amp; horfteur, amp; plufieurs autres tous ve-ftuz de fatin vermeil amp; chapperons de bleu . Auecques lefquels eftoient grandnbsp;nombre des plus notables Bourgeois de la ville de Paris veftusamp; affublez denbsp;N iij


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M.CCCCXXXL nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLVMB II. DES CHRONIQUES

'' vermeil. Et apres qu’ils eurêt faiôle la reuercnce, vindrent au deuant dudit Roy les neuf Preux à cheual,chacun armé des armes à luy apparcenans. En apres vindrent le cheualier du Guet, le Preuofl des marchans, auecques eux les officiersnbsp;de la court tous vcftus de pers amp; chapperons vermeils. Et vn petit apres enfui-uant vint maiftre Philippe de Moruillier premier Prefident en habit Royal, ôcnbsp;tous les feigneurs de Parlement veftus de longs habits de vermeils.Et apres fui-uoient les feigneurs de la chambre des comptes, les gens des finances, les mai-ftres des requeftes amp; les fccretaires amp;: auoient robbes vermeilles. Et ainfi comme ils venoient l’vn apres l’autre chacun felon fon cftat, ils faifoient au Roy lanbsp;reuerence amp; aux feigneurs eftans auecques luy: amp; quand eft du commun, il ynbsp;en auoit fans nombre. Et quand le Roy vint à l’entrée de la porte S. Denys, lesnbsp;armes de la ville y eftoient fi grandes qu’en la nef d’icelles armes y auoit fix homes : l’vn en guife d’vn Euefque, le fécond l’vniuerfité, le tiers les Bourgeois:amp;nbsp;les trois autres eftoient comme fergens : lefquels à l’entrée de ladiéle porte pre-fenterent au Roy trois cueurs vermeils, dont au premier auoit deux couloms,nbsp;amp; au fécond de petis oifelets, qu’ils laifferent voiler par deflus le chief du Roy*nbsp;amp; le tiers cueur eftoit plain de violettes amp; autres fleurs qu’ils ietterent furies feinbsp;gneurs. Et là tantofl le Preuofl: des marchans amp; lefdits Efeheuins apportèrentnbsp;vn ciel d’azur feraé de fleurs de lys d’or, amp; le meirent amp; portèrent tout parmynbsp;la ville par deffus le Roy. Si auoit au poncelet S. Denys vn efchaffaulr, fur Ic'nbsp;quel eftoit comme vne maniéré de bois, où eftoient trois hommes fâtiuages Scnbsp;vne femme, qui ne ceflerent de combattre l’vn contre l’autre tant que le Roynbsp;les feigneurs fuffent paflez.Etauoitdeffoubs ledit efehaftaultvne fontaineict'nbsp;tant y pocras, amp; trois feraines dedans:amp; eftoit ledit ypocras abandonné à chacun. Et depuis le Poncelet en^irant vers la fécondé porte de la rue S. Denys, a-uoit perfonnaiges fans parler de la natiuité noftrc Dame,de fbn mariage, amp;nbsp;l’adoration des trois Roys, des innocens amp; du bon homme qui femoit fon blé:nbsp;amp; furent CCS perfonnages trefbienioüez. Etfurlaporte S. Denys futioüéelanbsp;legende S. Denys, qui fut voulenticrs veüe des Anglois. En oultre deuant lesnbsp;Innocens auoit vne maniéré de foreft en la rue, dedans laquelle auoit vn cerfnbsp;vif. Et quand le Roy paffa deuant on feit courre ledit cerf, amp; des chiens amp; vc-neurs:apres fut grand piece chafle à force, amp; Ce vint rendre empres les pieds dunbsp;cheual du Roy, lequel Roy luy feit fàuuer la vie. Et à l’entrée de la porte dunbsp;Chaftelet,auoit encores vn efehaftault : fur lequel auoit en perfbnnaige vn petit enfant en femblance du Roy veftu de fleurs de lys, deux couronnes fur fonnbsp;chief. Et à cofté dextre eftoit en fon perfonnage le Duc de Bourgongne, amp; lenbsp;Comte de Neuers qui luy prefentoient l’efcu de France ; amp; au cofté fèneftre lenbsp;Duc de Bethfort fon oncle, amp; les Comtes de Varuich amp; de Salfcbcry, qui luynbsp;prefentoient l’efcu d’Angleterre. Et eftoient tous veftus par perfonnages desnbsp;cottes d’armes des deflufdits feigneurs : amp; de là fen alla au Palais où luy furentnbsp;monftrées les fainéfes Reliques,amp; à ceux qui eftoient auecques luy: amp; puis futnbsp;mené enl’hoftel des Tournelles pour prendre fon repas . Et quand il eut difne,nbsp;il alla veoir la Roync fà grand mte à l’hoftel de S.Pol. Et le lendemain fut mené au bois de Vincennes, où il fut iufques au quinziefme iour du mois de Décembre qu’il retourna au Palais. Et le xvij. iour diceluy mois fe partit de la anbsp;tout

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D'ENGRERR. de ^dONSTKELET CHARLES riJ. 76 tout grand feigneurie tant de gens d’Egîife comme feculiers gt; amp; fen vint en i’E-glife noflrc Dame de Paris pour eftre fàcré : auquel lieu de noftre Dame de Paris auoit en la nef vn grand efchauffault de bois de quatre vingts pieds de long,nbsp;amp;hault iufques au crucifix. Si montoit on dedans iceluy parla nef, amp; defcen-doit on par autre lieu dedans le cueur. Et fut ledit Roy fàcré par le Cardinal denbsp;Vinceftrc qui chanta la Meffcjdont l’Euefquede Paris ne fut point bien content : amp; dift qua luy appartenoit à faire iceluy office. Et quand ce vint â l’offertoire, ledit Roy offrit vin amp; pain ainfi qu’il eft accouftumé de füre en te! casde-quel vin eftoit en vn grand pot d’argent doré : lequel pot fut reprins amp; ofté denbsp;ladiéte Eglife des officiers du Roy : dont grandement defpleut aux chanoinesnbsp;d’icelle Eglife, pourtant qu’ils difoient ce à eux appartenir de droit.Si en feirentnbsp;grand pourfuitc eniiers iceluy Roy amp; fon confeil, amp; en conclufion apres cenbsp;lt;lü’il leur eut beaucoup couftéàfaire ladiéfe pourfuite,leur fut rendu amp; furentnbsp;fiiffes en celuyiour toutes lesbefongnes appartenans audit facre, «Sc plus en-luiuant les couftumes d’Angleterre que de Francc;amp; toufiours les feigneurs cynbsp;deffus nommez, eftoient au plus pres du Roy en ladiéle Eglife chacun feruantnbsp;de fon office.Et apres que la Meffe fut finée, le Roy retourna au Palais,amp; fe feitnbsp;difnaà la table de marbre enuiron le meillieu d’iceîle.Et au coflé de la cham-tgt;re de Parlement à celle table, ledit Cardinal de Vinceftre amp; maiflre Pierrenbsp;Chauchon Euefque de Beauuais,amp; maiflre lean de Mailly Euefque de Noyonnbsp;lt;^ornme Pers de France eftoient enfuiuans. Et à l’autre cofté les Cotes de Stanf-fortjdc Mortains amp; de Salfebcry. Si eftoit grand maiftre d’hoftel meftire leannbsp;^aftard de fainól Pol. Et auecques luy eftoient deuant la viande meffire Guy lenbsp;fiouteillier,meflire Gilles de Clamegy,amp; meftire lean de Prefly. Le feigneur denbsp;Courcelles fut pour ce iour grand Efchançon,amp; meftire laques Painel fut pournbsp;ceiour grand Panetier,amp;vn cheualier Anglois nommé meftire Vvatierdenbsp;Hongrefort trencha deuant le Roy. Auquel difner furent prefentez quatre entremets deuant la table : c’eft à fçauoir, le premier d’vn image de noftre Damenbsp;amp; vn petit Roy couronné empresde fécond fut vne fleur de lys couronnée d’ornbsp;tenue de deux Anges ; le tiers vne dame amp; vn paon, Se le quart vne dame amp;vnnbsp;eigne. Et quant eft à parler des diuers rnets de vins amp; de viandes dont on y futnbsp;lèruy, ils feroient trop longs à racompter,car il en y eut fans nombre.Et pareillement y fut ioüé de plufieurs inftrumens demufique. Etle lendemain enfui-tiant furent faiéfes de moult belles iouftes en l’hoftel de fainél Pol : defquellesnbsp;touftes emportèrent le cry amp; eurent la voix des dames le Comte d’Arondel, Senbsp;nieftire lean baftard de fiiinél Pol comme les mieux iouftans : amp; apres le deftii-dit Roy feiourna en ladiéfe ville de Paris aucuns iours, amp; puis peu de temps a-pres fen retourna en la ville de Roüen.

Comment ceux que le Duc de Bar auoit laiJ/eT^ deuant yaudemont Jè départirent apres la bataille dej^ußliCie.

Tem apres ce que la bataille du Duc de Bar fut du tout tournée a def-11^ confiture, ainfi amp; par la maniéré qfe plus à plainaeftédeclairée:les

François qui eftoient demourez deuant la ville de Vaudemont, furent affaz brief adtiertiz par les fuiuans qui eftoient efehappezd’icelle iournée de lanbsp;N iiij

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M.CCCCXXXL nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;IL DES CII P\0 NI OJ''E S

perte amp; maîic aduenture que leurs gens auoient eue : amp; pour ce tout foubdai-nement eurent fi grand double amp; paour de leurs ennemis, que briefuement fe départirent (ans ordonnance en fuyant la plus grand partie vers leurs pays, ounbsp;là où ils pcurent le mieux pour fauuer leurs vies :amp;laiflerenc audit fiege tousnbsp;leurs viurcs amp; babillcmensde guerre qu’ils y auoient en garde, dont il y en a-uoitfàns nombre. Pour laquelle cfmeute amp; departement lefdits afliegez cenbsp;voyans, furent affez aduertis que la iournée auoit efté contre iceux Barrois : amp;nbsp;pourtant treshaftiuement faillirent de pied ôc decheual apres eux, fi en prin-drent amp; occirent trefgrand nombre. Et auecques ce gaignerent infiniz biens,nbsp;defqucîsils furent trefgrandemcntenricbiz. Si fut toft apres publié parroy lenbsp;pays de Barrois amp; de Lorraine la perte que auoit faiéàe leur feigneur le Duc denbsp;Bar,dont ils furent en grand doubte amp; curent au cueur trefgrand triftefle.Et futnbsp;deceiour en auant icelle bataille nommée la bataille de Villeman. Sieftoitlenbsp;lieu où elle fut faiéàe entre Barrois amp; Lorraine.Et le Comte de Vaudemont remercia le Marefchal deBourgongne, amp; les fèigneurs amp; gentils-hommes qui e-floient auecques luy du feruice qu’ils luy auoient fait; amp; puis retourna en fadi-éle Comté.Et ledit Marefchal auecques tous les Bourgongnons amp; Picards defnbsp;fùfditSj.fen alla en Bouigongne amp; mena le defTufdit Duc de Bar à Dijon, où ilnbsp;fut mis en bonne feure garde.

Comment m-eßire leati de Luxemhonrg a/fembla geni^amp;^fen aüd en Champaigns son* tre ki François^ ou ilconquifl plufieurs forterejfesnbsp;nbsp;nbsp;autres matières.

N mois de luillet en l’andefTufdit meflîre lean de Luxembourg Comte de Leigny, affembla iufques à mille combattans ou enui-ron par l’ordonnance du Roy Henry amp; du Duc de Boui gongn^ ’nbsp;lefqucls il conduifbit amp; mena au pays de Champaigne, Se. vers les

Retelois pour combattre amp; fubiuguer aucunes fortereffes que tenoiêt les geus du Roy Charles en iceux pays amp; à l’cnuiron, amp; que moult oppreffoient leditnbsp;paÿs.Auec lequel de Luxembourg fè meit le feigneur de Ternâr,qui lors eftoitnbsp;accompaignédeRethelois. Et de premiere venue feit loger fes gens autournbsp;d’vne forterefle nommée Guetron, en laquelle eftoient de fbixante à quatre-vingts combattans tenans le party du Roy Charles : lefquels affez brief termenbsp;quand ilsapperceurent la force de leurs ennemis, furent moult efbahis amp;ef-fraiez, amp; fans grand deffence laifferent prendre leur baffe-court: amp; affez briefnbsp;enfuiuant commencèrent à parlementer, offrans de rendre ladide fortereffe amp;nbsp;eux en aller fàuf leurs corps amp; leurs biens. A laquelle offre ils ne peurent eftrenbsp;receuz, amp; leur fut dit qu’ils fe rendiffent à voulenté. Et conclufion le capitainenbsp;feit traider auec les commis dudit de Luxembourg par telle condition, que lenbsp;quatriefme ou fixiefme demouroient à voulenté. Apres lequel traiôlé conclud,nbsp;amp; que les promeffes d’iceluy entretenir furent faiéles, le capitaine retourna dedans fon fort : mais il ne dit pas à fès compaignons la vérité dudit traiéàe : ainsnbsp;leur donna à entendre qu’ils fen iroient tous ûufs leurs vies. Et quand ce vint anbsp;liu rer ladicle fortereffe tous ceu^tlà eftans furent mis prifbnniers. Et le lendemain par la fèntence amp; commandement de mefïire lean de luxembourg,furentnbsp;tous pendus amp; eftranglez à plufieurs arbres refèrué les quatre ou fix delfufdits.


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D'EN G KERK. J)E MONSTRELET CHARLES Kll.


Et fut le bourrel pour eux executer l’vn de leurs compaignons. Si aduint à l’vn d’iceux vue aduanture, qui bien fait à ratnenteuoir : car depuis qu’il fut boutenbsp;lus de lefchelle, la corde qui eftoit attachée à l’arbre fc ferit cotre le menton d’i-celuy ,parqiioy il ne fe pouoit en hafte eftrangler : amp; entretant le bourrel ennbsp;pendoit aucuns autres:durant lequel temps iceluy deftufdit fut aduifé d’aucunsnbsp;gentils-hommes Iàeftans,aufquelsilen print grand pitié :amp; en y eut vn quinbsp;couppa là cordc d’vne gifarme amp; cheut à terre, amp; fut aflez brief rcuenuen fànbsp;bonne fanté amp; mémoire.Et depuis par iceux gentils-hommes fut faiéàe reque-fte audit de Luxembourg, que pour-Dieu amp; pour pitié il peuft auoir la vie îàu-^ee : lequel en fin l’accorda, amp; par ainfi il f en alla franchement. Et en oultre a-ptes que ledit meftire lean de Luxembourg euft faicle l’execution deffufdicle,nbsp;il fe partit de là à tout fon armée : mais premier feit démolir ladiéle fortereflenbsp;Guetron, amp; fen alla deuant le fort de Tours en Parcien, où il fut par'aucunsnbsp;iours: durant Icfquels ceux de dedans traiéierent par condition, qu’ils rende-^oient ledit fort amp; fen iroient fàuf leurs vies fans emporter nuis de leurs biensnbsp;^eferué les canonnières, amp; ceux qui autresfois auoientfait ferment pour lanbsp;Partie du Roy Henry : amp; en y eut d’aucuns penduz, amp; ladiéàe forterefte fut de-i^oliedefons en comble. Et de là ledit mellirc lean de Luxembourg fen allanbsp;tenant Bahin, où eftoit vn Capitaine nommé Barété, lequel en aftez brief ter-^^¦etraidaauec ledit meftire lean de Luxembourg par tel fi qu’en luy rendantnbsp;^adióte villeluy amp; les fiens fen iroient faufleurs vies,corps amp; biens:amp; par ainfinbsp;partirent. Si vint en ce temps deuers meftire lean de Luxembourg pour luynbsp;ftoient point ou pays de Champaigneneà l’enuironà puiflànce pourrefifternbsp;contre ledit de Luxembourg,les deux deftufdits fen retournèrent en aftez briefnbsp;^ettne à Mcaulx en Brie, amp; es garnifons dont ils eftoient venus. Et adonequesnbsp;mefme voyage furent mifes en obeiflance de par le deftiifdit meftire leannbsp;Luxembourg plufieurs villes amp; fortereftes, qui tenoientle party du Roynbsp;Charles aucc celles deftus nommées, les vnes par traiéfé amp; les autres par force.nbsp;Encetemps lefeigneur de l’Iftc-Adamqui portoit l’ordre du DucdcBour-gongne, fut reconftitué Marefchal de France de par le Roy Henry d’Angleter-ceux de fon confèil. Si aftembla iufqucs au nombre de fix cens combat-

'Uitja prendre par foubdainafliult, mais elle luy fût bien deffcnduc par ceux I'll eftoient dedans.

Comment le Duc (DAlencon print prisonnier le Chanceüier de Br et Eigne.

N ceft an le Duc d’Alençon print le Chancellier du Duc de Bretai-gne fon oncle, par ce qu’il ne luy voulut ayder de finace à fon plaifir


pour fa prinfe de la bataille de Vernueil ou Perche: laquelle finance il vouloir auoir amp; recouurer dudit Chancellier. Si le mena en là vil-ay,mais aftez brief enfuiuant ledit Duc de Brctaigne de ce non con-

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M.CCCCXXXJ. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lî. J)ES CfJKONlQ^rES

tent,aflembla aucuns de (es Barons amp; grand puiflance de gens d’armes,amp; auec-qiics luy aucuns capitaines Anglois.Si alla aflîcger ladidhe ville de PonlEay tout a lenuiron : de laquelle ville le Duc d’Alençon fcBoit party pour la doubtedenbsp;iès ennemis. Et y auoitlaifléla Ducbeiïe fa femme fille au Duc d’Orléans pri-ïonniercn Angleterre. Lequel temps durant ladide DuchelTe gifoit d’enfantnbsp;moult ennuyée en cueur de veoir telles tribulations. Si y fut ledit fiege par certaine elpace de temps, au bout duquel iceluy Duc d’Alençon tant pour fiididenbsp;femme comme fâ ville amp; fubieôts, öfter des dangiers dcftufdits fappaifà auec-ques fondit oncle :amp; luy rendit fon Cbancellier amp; autres prifonniers qu’il a-uoit.Et par ainfi Ce départit ledit fiege. Ledit Chancellier de Bretaigne fut prinsnbsp;en vne maifon de plaifance, qu’il auoit empres Nantes. Et la caufe de la prinlcnbsp;fut pource que le Ducd’Alençonentendoit parce moyen eftre payé de certaine fomme d’argent,que luy deuoit le deftufdit Duc de Bretaigne fon oncle.

Comment les Era,ncoïs cHiderentprendre le ChaClelde Kouen.

E troifiefme iourdc Feurieren ceftan par l’entrcprinfe du Maref chal de Boulàcbjfaflemblerent le fèigneur de Fontainesjmeflire leannbsp;Foulquer, le feigneur de Mouÿ amp; plufieurs autres iufques au nombre de fix cens combattans ou enuiron en la cité de Beauuais. Et fennbsp;allèrent iufques à vne lieiie pres de Rouen, amp; la fe rneirent en embufehe dedasnbsp;le bois. Et enuoya ledit Marefchal fecreitement vn gentil-homme nommé Rbnbsp;charuille, auec luy de cent à fix vingts combattans tous de pied, excepté quatrenbsp;ou cinq qui eftoient fur petis cheuaux iufques au chaftel de Roüen : dedans lequel iceluy Marefchal par auant auoit fait moyens certains d’vn Saquementnbsp;nommé Pierre Audebeuf Biernois, qui tenoit le party des Anglois ; mais parnbsp;moyensauoit fait traiefté, amp; accordauec luy deliurerledit Chaftel;laquellenbsp;chofeil feit amp; entretint fa promeffe quant à ce, car le deftufdit Richaruillenbsp;ceux qui eftoient auecques luy,le trouuerent tout preft. Et de fait entrerét tousnbsp;dedans referué deux ou trois qui gardèrent les cheuaux. Si conquirent amp; guignèrent tantoft la plus grand partie dudit Chaftel, amp; par efpecial la grofte tournbsp;qui cftoit moult bien garnie. Dedans lequel chaftel eftoit couché le Comtenbsp;d’Arondel amp; plufieurs Anglois : lefquels ou la plus grand partie fe fauuerentnbsp;au mieux qu’ils peurent par deflus la muraille, finon aucuns qui fe rctrahirentnbsp;vers la ville, amp; là fe tindrent, amp; fi y en eut aucuns morts amp; naurez par lefditsnbsp;François. Et apres que les befongnes furent ainfi aduacées, le deftufdit Richar-uille remonta affeztoftàcheual,amp;retourna moult haftiucraentoù ilauoitnbsp;laiffé ledit Marefchal amp; fes gens: auquel il racomptatout l’cftat amp; gouuernc-ment de l’entrcprinfe deftufdiéte, en leur difant qu’ils cheuauchafTent fongneu-fement amp; bien en hafte pour fecourir leurs gens : amp; que fans doubte en briefnbsp;temps feroit le chaftel tantoft parconquis. Mais à brief dire pour chofequilnbsp;fceuftrcmonftrer,oncques ne peut tant faire qu’ils Ce voulfiffent conclure nenbsp;mettre envoyé pour y aller, jai^it chofeque le deftufdit Marefchal amp; grandnbsp;partie des plus notables de ceux qui eftoient auecques luy, leur euffent promisnbsp;deleurfoy à leur departement, qu’ils les fècourroient fans point de doubte,filnbsp;aduenoit que ladiéle entreprinfe vint bien.Neantmoins ils n en vouloicnt riensnbsp;faire

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T)'EN G y ERK. VE yiONSTRELET CHARLES m. 78 faire: car quand ils furet ainfi qua vne lieüe près de Rouen, à toutes g^ns ils (ènbsp;commencèrent «a débattre l’vn contre l’autre, pour auoir la plus grand part dunbsp;butin lequel point n’eftoit encores gaigné.Et à caufe de ce retournèrent fans aller plus auanr, amp; laiflerent leurs gens en ce dangier. Pourquoy quarid le deffuf-dit Richaruille qui vaillamment auoit acheué fon entreprinfe, fqt retourné,nbsp;leur dift plufieurs grans iniures amp; reproches : lefquelles ils fouffrircnt affez patiemment. Et fe départirent de là haftiuement. Si fen retournèrent à Beauuaisnbsp;amp; es autres lieux, dont ils cfloient venus ; lequel retour defpleuft moult grandement à iceluy de Richaruille, pourtant qu’il auoit efté meneur des dcffufditsnbsp;entrepreneurs. Et auflifeitilà aucuns autres qui y auoient de leurs prochainsnbsp;amis, pourtant ne demourerent ils raie qu’ils ne fen rctournairent audit lieu-denbsp;Beauuais comme les autres. Et entretantles dcflufHits qui eftoient en iceluynbsp;ebafteljcontendoient de tout leur pouoir à débouter les Anglois leurs ennemisnbsp;Bors de la porte dudit chafteau, qu’ils tenoient vers les champs. Et quand cenbsp;vint vers le iour qu’ils n’oioient point de nouuellcs de leurs gens, ils apperceu-lent bien qu’ils ne auroiet point de lecours,amp; qu’ils eftoient frauldez de la pro-^eflequi leurauoit eftéfaiôle, h en furentmoult cfinerueillez amp; efbahis. Etnbsp;d’autre part les Anglois f’aftemblercnt de tous coftez en grand diligence,qui lesnbsp;sflaillirent moult alprement amp; durement. Si vindrent auecques grand nombrenbsp;decombattans de Rouen pourdoubtequ’ils ne fulfent fufpitionnez d’iceuxnbsp;Anglois, qu’ils fulfent fàuorifables à iceux François ; lefquels François voyantnbsp;qüc bonnement n’eftoiét point alfez puilfans pour garder tout ce qu’ils auoientnbsp;Conquis : tout d’vn commun accord vers ladidte tour à tout ce qu’ils pouoientnbsp;Suoirde viures, eux vueillans mettre là dedans amp; le teniriufquesàlamort, la-lt;}uellc chofe ils feirent ; mais alfez brief enfuiuant ils furent de toutes parts environnez ttcsfort combattus de plulîeurs gros engins que lefdits Angloisnbsp;Boitent alfeoir contre la grolfe tour. Et tant en ce continuerét, quelle fut moultnbsp;endommagée en plufieurs lieux. Et auec ce ceux de dedans auoient alfez petitement viures ôc autres chofes à eux necelfaires : pour lefquels affaires amp; aulîinbsp;^n’ils n’auoient nulle efperanced’auoir fecours, furent contrainefs d’eux rendre en la voulcnté du RoyHenry,ôcdefonconfeilenlafindedouzeiours a-pres laprinfc dclfufdiéte. Toutesfois auant qu’ils fulfent conquis, ils feirent denbsp;gras dommages aux Anglois,par les engins amp; artilleries qu’ils auoient attraiélnbsp;en ladide tour.Si furent tous prins prifonniers amp; mis en bonne garde. Et depuisnbsp;brief enfuiuant en y eut cent cinquante qui eurentjes telles couppées dedans lanbsp;ville de Rouen, amp; le delfuldit Pierre Audebeuf Biernois fut efcartellé amp;. misnbsp;en lieux accouftumez. En ces iours le Duc de Bourgongne fepartit de fon paysnbsp;d Arihois à tout mille combattans ou enuiron, qui mena en fon pays de Bourgongne: amp; làfeiourna l’efpacede trois ioursou enuiron pourvilicerle paysnbsp;qui moult eftoit opprelfé de fes ennemis. Si vindrent là deuers luy l’Archeuef-que de Reims amp; autres notables ambalfadeurs enuoyez de par le Roy Charles,nbsp;pour traiéler de paix entre icelles parties : mai»en fin ne peurent énr riens concorder, amp; fen retournèrent deuers ledit Roy Charles. Et apres que ledit Ducnbsp;eut ordonné gouuerncmentenla marche de Bourgongne, il fen retourna ennbsp;Arthois, Flandres amp; Brabant.

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M.CCCCXXXI. yOLJ/ME II. DEX CHKONIS^^ES

Dommaïî en Ponthieti, menèrent le

Comment les Francois prindrent le chalîel de fcigneur prifonnïer.

V mois de Feurier les gens du Roy Charles en nombre de quatre vingts conr^battans ou enuiron : lefquels conduifoit vn noble che-ualier nommé meflire Régnault de Verfeilles,amp; les auoitprinsanbsp;Beauuais,à Bretuei!,amp;autres lieux à Fenuiron,allèrent pafler Feaüenbsp;de Some en vn petit baftel alTez pres de Piquigny. Et de là furent conduits amp;nbsp;menez iniques au chaftelde Dornmarten Ponthieu : lequel fans ce qu’ils fufnbsp;fent du guet apperceuz, ils prindrent efchelles Ôc entrèrent dedans.Si commencèrent tantoft à crier forterefl'e gaignée,amp; abbatre huisamp; feneftres en plufieursnbsp;lieux. Auquel cry amp; noife fefueillerent ceux de leans, amp; par efpecial laques denbsp;Craon feigneur d’iceluy lieu ) qui cftoit couché en fa chambre empresla fem-m e, fe leua foubdainement cuidant mettre aucun remcde à fon*fait,mais ce riesnbsp;ne luy valut : car fes ennemis eftoient trop fors . Et fes gens dont il n’auoit micnbsp;grandement,ne fe pouoient mettre enfemble. Si fut tantoft prins prifonnier,nbsp;aucuns des liens auecluy : amp; les autres au mieux qu’ils peurent, fe fauuerentnbsp;par delTus la muraille. Apres laquelle prinfc les delFufdits François aftemblerêcnbsp;tous les biens portatifs, qu’ils peurent trouuer dedans iceluy chaftel, commenbsp;vaiftelle,or amp; argent,pennes,draps,linges amp; autres befongnes;lefquels quad ilsnbsp;furent en hafte vn peu repeuz,trouirerét amp; chargèrent tout amp; fe meirent à voyenbsp;à tout leurs prifonniers,pour retourner au palTaige par où ils eftoient venuz,nbsp;delailTant ledit chaftel tout entier ainli qu’ils l’auoient trouuc. Et entre-tempsnbsp;ceux de la ville de Domart oyans ceft effroy amp; celle noilèjfalTemblerent amp; en-uoyerêt haftiuemêt à Piquignyamp; en aucûs autres lieux,lignifier celle befohgncnbsp;Si ne demoura point gramment que les delTuldits ne fe trouuaflent en nombrenbsp;de deux cens ou enuiron de toutes maniérés de gensdefquels fuiuirent bien roi-dementamp;en grand hafte iceux François ,amp; les acconfuiuirent au pallaige denbsp;l’eaiie, où délia eftoient palTez ledit melîire Régnault .amp; aucuns autres de fesnbsp;gens,aue.cques luy amp; ledeflufdit laques de Craon prifonnier:!! les alTaillirét amp;nbsp;defeonfirent prefentement amp;c y en eut vne partie prins prifonniers amp; les autresnbsp;morts amp;: aucuns qui fe noyèrent à faillir la riuiere de Somme. Et iceluy melfirenbsp;Régnault à tout fon prifonnier fen alla franchement à Beauuais,fans trouuecnbsp;aucun deftourbier n’empelchement. Et depuis ledit prifonnier retourna ennbsp;payant trelgrand fomme depecune.

Comment meßireThoma^ Kiriel An^ots fat commis capitaine du chalîel de Clermont en Eeaaaoißs.

N cell an parla fubtilitéamp; pourchats de meflire lean de Luxembourg, le fort chaftel de Clermont en Beauuoilis fut mis amp; tranf-porté en la main amp; gouuernementdc meflire Thomas Kiricl An-glois : lequel chaftel^uoitlong temps tenu, amp; encores tenoit de par

lcDucdeBourgongne, lelèigneurdeCreuecueur. Et confentit ledit Ducice-luy tranfport, par tel lî que ledit meflire Thomas luy promeit amp; audit lean de Luxembourg : amp; de ce luy bailla fon feel à rendre à certain temps, quand il ennbsp;feroit


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D'ENGKERR. DE MONSTR.ELET. CHARLES 7II. fèroit requis. Si affembla ledit meflîre Thomas brief enfuiuant grand compai-gnie d’AngloiSjlefquels bouta dedans iceluy chaftcl. Et commença à faire trcf-forte guerre aux François qui eftoient fur les frontières auprès de luy : commenbsp;Creil,Beauuais,Compiengne,amp; autres lieux. Et pareillemêt fcirent grans dommages es chaftellenies de Montdidier,amp; aux autres marches de l’obeiïTance d’i-cekiy Duc de Bourgongne. Et pour vérité durant les tribulations deflufdides, 'nbsp;prindrent plufieurs prifonniers,amp; emmenerentplufieurs femmes tant de noblenbsp;lignée corne d’autres. Lefquelles ils tenoient deftroidement enfermées en prenant d’elles grand finance,comme on a accouftumé de faire aux hommes : def-quelles les plus quieftoient enceintes d’enfans, trefpiteufement amp; trefinhu-mainement fen accouchoient,dontledeflufdit Duc de Bourgongne de tantnbsp;que toucher luy pouoit pour ceux de fàdiéle obeïflance,en fut trefinal content:nbsp;mais il ne pouoit auoir autre chofe: car quand ce vint qu’il feit requerre leditnbsp;meflire Thomas qu’il remeit ledit Chaftelen fà main, ainfi que promis luy a-Uoicil fut de ce délayant amp; reffuQnt par treflong temps, en alléguant aucunesnbsp;raifons de la partie, telles que bien le Içauent faire gens de guerre, qui fouuentnbsp;en aucuns lieux vfent de voulenté plusquederaifon.Finablement apres plu-fieurs delaits le Duc de Bethfort pour amp; en faueur de Ibn beau frere le Duc denbsp;Bourgongne, feit rendre par ledit meflire Thomas iceluy chaftel de Clermontnbsp;en la main du feigneur d’Auffremont.

Comment les habitans de Chauny -fur- Oyjè delîruirent amp; âefolcrent le nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de leur

•ville.

E mefme temps melfire Collard de Mailly, qui lors eftoit Baillifde Vermandois de par le Roy Henry d’Angleterre: amp; auecques luynbsp;meflire Ferry de Mailly tous deux demourans ou chaftel de Chaunynbsp;fur Oyfe, appartenant heritablement à Charles Duc d’Orléans,qui a-

lorseftoit prifonnieren Angleterre pour aucunes parolles non amiables, qui ^uoient efté diéles par ledit meflire Ferry à l’encontre des habitansdelaville:nbsp;iceux habitans doubtant que par la porte derriere ledit chaftel, les deux defluf-dits ne meiflent garnifon d’Anglois ou d’autres gés de guerre dedans leur villenbsp;plus fort qui neleurplairoit, parquoy ils feuflentcontrainds amp; mis en ftibie-lt;ftion,conclurent tout fecrettement enfcmble aucuns defdits habitans:def-quels furent les principaux lean de Longueual, Mathieu fon frere, Pierre Piat:nbsp;lefquels feirent ferment l’vnà l’autre, de à certain iour, quand les deflufditsnbsp;meflire Collard amp; meflire Ferry de Mailly feroient en la ville de prendre icelle forterefleamp; la démolir. Apres lefquelles conclufionsamp; fermens par euxnbsp;faits, vn certain iour meirent fecrettement aucuns compaignons aduenturiersnbsp;en petit nombre empres la porte dudit chaftel, tous inftruits amp;aduifezdecenbsp;quilsauoientâfairczlefquels quand ils veirent les deux cheualicrs amp; aucunsnbsp;de leurs gens iflus dudit chaftel ainfi qu’ils auoient accouftumé,pour allernbsp;ioüer en la ville: faillirent hors du lieu où il»cftoient,amp; entrèrent dedans lenbsp;chaftel par ce qu’on ne fe gardoit point d’eux. Si leuerenttantoft le pont contre la ville amp; fe meirent dedans.Laquelle prinfe venue à la cognoiffance defditsnbsp;frétés, leur fut trefdefplaifant : mais ils n’en peurent auoir autre chofe: car toutnbsp;O


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2vL CCCCXXXII.

yOLî/XlE IL DES CHKONID^ES incontinent ceux qui eftoient du ferment deflufdic feirent Conner la cloche dunbsp;commun,amp; faflemblerent en trefgrand nombre armez amp; cmbaftonnez,amp; fennbsp;allerent dcuanticeluy fort qui tantoJf leur fut ouuert.Et adonc aucuns des plusnbsp;notables de la ville allèrent deuant les delTufdits cheualiers : aufquels ils direntnbsp;qu’ils né fuflent en aucune doubte de leurs perfonnes. Et aufli de leur cheuan-ce,amp; qu’on ne leur mefferoitriens :difànt que ce qui fefaifoit eftoit pour lenbsp;bien amp; fanté de ladiéle ville : lefquels non puiffans de à ce remedier, reîpondi-rent que puis que autrement ne pouoit eftre qu’ils feiflent ce que bon leur fem-bleroit. Et adonc tous troublez de veoir les maniérés defluldiôles, fe retrahirent en vn hoftel en la ville, amp; auecques eux tous leurs familiers. Si leur furentnbsp;deliurez tous leurs biens:amp; brief enfuiuant tous les habirans d’vn commun accord commencèrent à defoler amp; abbatre ladiéle fortereffe : amp; tant en ce continuèrent ôc par plufieurs iours, qu’elle fut du tout rafée amp; démolie de fons ennbsp;comble. Et aucuns briefs iours enfuiuans le deflufdit Baillif de Vermandois amp;nbsp;fon frereà tout leurs gens, fe départirent de ladicle ville de Chauny ; auquelnbsp;lieu defquels leur fut enuoyé pour eux gouuernerde par meflire lean de Luxembourg meflire Hedor de Flauy, amp; depuis Vvalleran de Moreul :lefquels,nbsp;pour l’entreprinfe delTufdide,les trouuerêt plus rigoureux ócdefobeilTans qu’ilsnbsp;n’auoient accouftumé deuant la defolation dudit chaftel.

Comment U cité de Chartres fut prinfepar les gens du Loy Charles.

E vingticfme iour d’Auril de cell an,fut prinf; la noble cité de Chartres par la force des gens du Roy Charles : laquelle cité auoit tenu le party des Ducs lean amp; Philippe de Bourgongne depuis l’an millenbsp;quatre cens amp; dixfept, quelle auoit fait obcflfance au deflufdit

Duc lean, amp; pareillement auoit tenu la querelle des Anglois. Si furentcaufe d’icelle prinledeux habitans d’icelle ville: dont l’vn eftoit nommé lean Con-feil ,amp; l’autre le Petit Guillemin : lefquels autresfois auoient efté prifonniersnbsp;aux François, lefquels les auoient cuz en gouuernement par longue çfpace : SCnbsp;par faufeonduit auoient efté à Blois, amp; Orleans amp; autres lieux de roheïflànccnbsp;d’iceux François, mener plufieurs marchandifes amp; ramener autres audit lieunbsp;de Chartres. Si les auoient lefdits François tellement inftruits, qu’ils feftoientnbsp;tournezâleurvoulenté. Et auoient auec eux dedans ladidc ville de Chartresnbsp;de leur accord amp; alliance vn lacobin Dodeuren Theologie, nommé frèrenbsp;lean Sarrazin : lequel eftoit principal condudeur de tout la machination defnbsp;fufdide, amp; auoient les autres du tout leur retour àluy.Et quand ce vint au iournbsp;qu’ilsauoient concluddeacheuer leuremprilc,les François feftoientaflem-blezde plufieurs parties iufquesau nombre de quatre mille combattans;defnbsp;quels eftoient les principaux lebaftard d’Orléans, le feigneur de Gaucourt,nbsp;Blanchet d’Eftouteuille, meflire Florent de Lers, la Hire, Girard de Félins, amp;nbsp;aucuns autres chiefs de moyen eftat.Si fe meirent en chemin pour venir deuersnbsp;la ville de Chartres, amp; fe embufcllcrent la plus grand partie en vn quart de lieuenbsp;pres. Et aucuns autres iufques à quarante ou cinquante furent mis plus pres :nbsp;amp; les deux defliifdits nommez qui conduifbient la befbngne, amenoient charsnbsp;amp; charrettes de vins amp; autres chofes, amp; auec ce y auoit vne quantité d’alozcs.

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D'ENG^ERR. de MONSTKELET. CHARLES Ell. 8o

Si eftoient pour conduire les chars, charrettes amp; autres en guife de charre-tons, aucuns expers faquemcntarmez à lacouuerte: lefqucls aflez toft après que la porte vers Blois fut ouucrte, vindrêt a tout leur charroy pour entrer de-dans:amp; alloient deuant lean Confeil amp; le Petit Guillemin deffufdit. Aufquelsnbsp;les portiers qui bien les cognoiflbient, demandèrent des nouuelles, amp; ils re-Ipondirent qu’ils ne fçauoient que bien: amp; alors les portiers leur dirent qu’ilsnbsp;fuflent les bien venuz. Etadonc pour les mieux abufer, l’vn des deux deftiif-dit print vne paire defdiétes alozcs , amp; les bailla à iceux portiers en leur di-fants: Voyla pourvoftre difner, prenez en gré. Nous vous faifons fouuentnbsp;des peines beaucoup de attarger à la porte pour nous attendre, amp; autres pournbsp;ouurir les barrières. Entre lefquelles parolles amp; abulemens que iceux fai-foicnt, les deflufdits charretons toutesfois faflemblerent à coup, amp; commencèrent à ferirfur lefdits portiers : fi en occirent vne partie amp; gaignerent pre-ftement la porte amp; l’entrée d’icelle. Auquel lieu vindrent foubdainement ànbsp;certain figue, que les deflufdits leur feirent la premiere cmbufche,amp; de rechiefnbsp;la fécondé : fi fe meirent à entrer en icelle ville par bonne amp; ordonnée ordonnance tous àpied armez de plaines armes leurs bannieresamp; eftandars defployeznbsp;auec eux.Et adonc par aucuns des deflufdits portiers qui eftoient efchappez amp;nbsp;entrez en la ville, amp; aufli par aucuns autres habitans qui apperceurent cette be-fongne, fut tantoft en plufieurs amp; diuers lieux crié a l’arme. Auquel cry prefte-lïient toute la bourgeoifie amp; communaulté fefineut : mais que pis eftoit pournbsp;eux le lacobin delfufdità aucuns prefehemens qu’il auoit faits parauant ennbsp;lieu public, les auoit trelàmiablement inftruits amp; admonneftez , qu’il leurnbsp;pleuftaeftrecc propre iour au matinàvnfien prefehement qu’il deuoit fairenbsp;moult fblemnel amp; auélenticque, amp; qui moult prouffiteroit ( comme il difoit)nbsp;pour le fàuuement de leurs âmes, fils le vouloient ouyr amp; retenir : mais le deffufdit lacobin auoit à certain propos efleu lieu pour aflemblcr ledit communnbsp;àfon prefehement,tout à l’autre bout de ladiéfe cité le plus loing qu’il auoitnbsp;{•eu de la deuant-ditfte porte, par où elle fut prinfè. Et à celle mefmc heure quenbsp;e douloureux cry fut ouÿ parmy la ville, eftoient à l’enuiron d’iceluy lacobinnbsp;la plus grand partie de la communaulté amp;; bourgeoifie deflufdideclefquelsnbsp;fans delay tous effrayez fe prindrent à fuir vers leurs habitations. Si en y eutnbsp;trefgrand nombre qui fe armèrent amp; embaftonnerent,amp; fe trahirêt deuers leurnbsp;Euefque amp; leurs gouucrneursde ladide ville, qui les menèrent au plustoftnbsp;qu ils peurent deuers où ils fçauoient lefdits François tendans iceux rebouternbsp;hors de ladiôle villc:mais à brief comprendre ils ne peurent ce faire,pource quenbsp;lefdits François eftoient en trefgrand nombre bien armez, amp;vfitez en fait denbsp;guerre : amp; défia eftoient bien auant en ladicle ville, quand ceux de dedans vindrent vers eux: amp; de rechief pour les mieux abufer,commencerent iceux François à crier à haultc-voix la paix,la paix : amp; marchèrent par bonne ordonnancenbsp;amp; en tirant vers eux : amp; y eut traiél tant d’vn cofté comme d’autre, mais ce dura aflez petit:car auecques toutes ces malles^iduentures vn nommé Guillaumenbsp;de Ville-neufue, qui eftoit capitaine de la garnifon : lequel les deuoit conduirenbsp;amp; mener, quand il apperceut la befongne eftre fi aduancée, il monta à cheual,nbsp;amp; auec lu y enuiron cent combattans de fes gens ; fi fe partit fans delay par vne

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M.CCCCXXXIL f^OLyXîE IL DES CHKONlQ^ES autre porte amp; auec luy grand multitude de peuple amp; par ainfi tout le Rirplusnbsp;fut tantoft mis en defroy, fans ce qu’ils feiffent quelque refiftence. Pourquoynbsp;les François ce voyant {’aduancerent de plus en plus, amp; allerer iufques au marché. Et quand ils veirent que nul n’arreftoit deuât eux pour eux greuerjVne partie des chiefs fetindrent enfemble, amp;enuoyerent vne partie de leurs gens parnbsp;les rues veoir fils trouueroierit qui leur contredifift : mais tout fuyoit deuantnbsp;eux,amp; fe iauuoient où ils pouoicnt le mieux. Durant laquelle tribulation furetnbsp;morts de ceux de la ville enuiron foixate ou quatre vingts: defquels fut le principal maiftre lean de Fcftigny natif de Bourgongne leur Eueique, amp; fi en furetnbsp;prins prifonniers de cinq â fix cens, dont maiftre Gilles de I’Aube-cfpinequinbsp;goLiuernoit pour les Anglois fut le principal.Et à brief comprendre tant degêsnbsp;d’Eglifè,comme bourgeois amp; autres habitans qui peurent eftre prins amp; attainsnbsp;furent mis à finance.Et auec ce generallement tous les biens qu’ils peurent trounbsp;uer â qui qu’ils fuifent,puis qu’on en pouoit faire argent tout fut prins amp;rauy.nbsp;Quant eftà parler de rauiffemens, violations amp; autres befongnes extraordinaires il en fut fait felon les couftumes de la guerre, comme en ville conquife •nbsp;Et le lendemain furent couppées les teftes à aucuns de ceux qui parauant auoiétnbsp;gouuerné pour les Anglois: amp; furent de par le Roy de France dedans icelle citénbsp;reconftituez tousnouueaux capitaines de gens d’armes amp; gouuerneurs .Siynbsp;demoura trcfpuifiante garnifon pour les frontières des Anglois.-defquels fut lenbsp;principal chief fur tous les autres le deffufdit baftard d’Orléans.

Comment le Cardinal depiinEe Croix 'vint en France de par leÇainCl pere, pour Jer la guerre des parties dejfußilies.

N ce temps fut enuoyépar noftrc fàinéh PerelePape es partiesde France le Cardinal de fainéle Croix : pour appaifer le diicordquie-ftoit entre le Roy de France d’vne part, amp; le Roy Henry d’Angleter-re,amp; le Duc de Bourgongne enfemble d autre part. Pour lequel trai-dé ledit Cardinal feit de grans diligences entres les parties : mais en fin ne pouoit riens accorder à paix. Par fon trauail amp; moyen furent accordées vne tref-ues à durer l’efpace de fix ans, entre le defTufdit Roy Charles amp; le Duc de Bournbsp;gongne, amp; baillèrent chacun d’eux pour la feurtc amp; entretenement defdiclesnbsp;trefues,lettres feellees de leurs féaux deuifées par la meilleur forme amp; maniérénbsp;que faire le pouoit. Par le moyen defquelles en aucuns lieux fur les frontières,nbsp;le peuple eut grand confolation efperans que ce fc deuft entretenir. Et â i’occa-fion d’icelle fe commencèrent aucuns des pays fur lefdidcs frontières à remplienbsp;de laboureurs,beftail amp; autres chofes:mais celle helfe ne leur dura point grandement: car en dedans le premier demy an les parties furent fi obllinez amp; en-tretouillez,qu’ils commêcerent comme deuant àdemener tresforte guerre l’vnnbsp;contre l’autre.Si fut la principallc caufe de celle refmeutte,pource que les François prenoient aucuns tenans le party de Bourgongne, comme Anglois : amp; pareillement lefdits Bourgongnons:t’ell à fçauoir les pauures Saquemens voulâsnbsp;viiire de la guerre Ce bouttoient auec lefdits Anglois: amp; en portât la croix rouge prenoient les François amp; leurfaifoicntguerré:par lequel moyen icelles tref-ues deuant-diéles,furent en brief du tout miles à néant.Si n’clloit lors en nulles

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D'ENGl^ERR. DE ^lONSTRELET. CHARLES FIL 8lt; des trois parties iuftieenc raifon entretenue; ainsregnoit contre Ic peuple amp;nbsp;gens d’Eglife trefinnumerables èc tirannicques pilleries. Et combien que pournbsp;viureenpaixau defToubs deceuxquifaifoicntla guerre ils donnaflent amp; pro-rneiflent du leur treflargenaent, en prenant d’iceux ou de leurs capitaines fauf-fonduitsjettres de gardes ou feellees d’apadiz : neantmoins peu ou néant leurnbsp;eftoit entretenu, amp; parainfi n’auoient ils autre recours linon décrier mifera-blenaent vengeance à Dieu,

Comment le Boulleuert de Laigny fur lAarnefutprins des Anglais.

Nuiron le mois de Mars de ceft an, furent ordonnez par le Duc de Bethfort amp; le confeil du Roy Henry eftant à Paris, certain nombrenbsp;de gens d’armes pour aller mettre en robeilfance dudit Roy aucune forterefles, que tenoient les François fes ennemis fur les marches



de rifle de France,comme Mongay, Gournay amp; autres. Et auec ce rompre amp; démolir le pont de Laigny, qui vient de la ville par deirusl’eaüe versFlfle denbsp;F rance;de laquelle armée furent chief amp; coduóleurs le Comte d’Arondel, l’enfant de Varuich, le feignent de l’Ifle Adam Marefchal de France pour le Roynbsp;Henry,meflire lean Baftard de S.PoI ,1e Galois d’Aunay chcualier feigneurdenbsp;Oruille aucuns autres: lefquels tous enfèmble partans de Paris à tout douzenbsp;Cens combattans ou enuiron amp; foifon de chars amp; charrettes,canons, artilleriesnbsp;autres inftrumens de guerre, vindrent par aucuns iours dedans lefdiôles for-tereffes-.lefquelles en aflez briefs iours par contrainte d’iceux Anglois, furentnbsp;nüfes en l’obeïflànce d’eux. Et fè départirent aucûs defdits François fauue leursnbsp;vies amp; partie de leurs biens, amp; les autres demeurèrent à voulepte. Si en y eutnbsp;sufli aucuns executez par iuftice, amp; les autres mis â finance. Apres lefquellesnbsp;redditions les deffufdits Anglois prindrent leur chemin vers Laigny fur Marne,nbsp;ßi fe logèrent deuant. Si feit le Comte d’Arondel afleoir vne grolTe bombardenbsp;contre l’arche du pont leuis de la ville, laquelle du premier coup quelle ie tanbsp;rompit ladite arche par telle maniéré,c|üe ceux de dedans ne pouoient bonnement venir à leur boulleuerr,qui eftoit a l’autre bout du pont qui pafte par def-fus l’eaüe . Et adonc ledit Comte d’Arondel amp; les autres capitaines, auecquesnbsp;leurs gens aftaillirent haftiuement iceluy boulleuert amp; le prindrent fans delay :nbsp;nonobftanc que ceux de dedans qui eftoienten bien petit nombre, ledeffcn*nbsp;doientpuiftamment amp; vaillamment. Auquel affault fut mortiean de Luxembourg vn des baftards de fiiint Pol,amp; aucuns autres auec plufieurs naurez. Etnbsp;en fin les deftufdits Anglois rompirent le pont en plulîcurs lieux: amp; apres ardi-rent ledit boulleuert,puis Ce retrahirét en leurs logis. Si coclurenf dedans briefsnbsp;iours enfuiuans d’aflaillir la ville en plufieurs lieux,laquelle chofè ils feirent. Sinbsp;demoura ledit Comte d’Arondel à tout certain nombre de gens fans aller auditnbsp;aflault. Et quand ce vint que le Marefchal amp; les capitaines fc départirent pournbsp;aller audit aflault ledit meftire leam de Luxembourg baftard defainél Pol, quinbsp;portoit en fii deuife,amp; enfon eftandardvn foîeil,dittouthaultoyant plufieurs,nbsp;qu il faifoit vœu à Dieu que fi le foleil .entroit en la ville qu’il y entreroit aufli.nbsp;Laquelle parolle fut de plufieurs entendue par diuers propos. Neantmoins ilsnbsp;allèrent à l’aflaultamp;fy portèrent affez vaillamment: mais par la diligence de

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M.CCCCXXXII. yOLyyiE II. DES CHKONIQSES

Hiiçon Queüe Efconbis,nicflîre lean Foucault amp; autres capitaines de la ville, ils furent bien amp; vaillamment receuz:amp; en y eut plufieuts des deffufdits aflail-Jans morts amp; griefuement naurez.Et auec ce perdirent quatre ou cinq de leursnbsp;eflandars amp; panons,qui furent tirez a force de bras dedans la ville par les deuxnbsp;bouts,defquelles furent la bannière de l’Ifle Adam Mareichal, amp; l’eftandardnbsp;enfèignedu foleil appartenant audit meflire lean Baftard de S.Pol, quiauoitnbsp;voué d’entrer en icelle ville. Si conuint qu’ils fe retrahiflent à grand honte amp;nbsp;confufion en leur logis.Et au bout de trois iours enfuiuans faiTemblerent, amp;nbsp;fen allèrent fecrettement grand partie d’iceux compagnons de guerre fans lenbsp;congé de leurs capitaines, voyans qu’ils perdoient leur temps de là plus feiour-ncr:car ils y pouoient plus perdre que gaigncr.Si retournèrent à Paris dcuers lenbsp;DucdeBetlifortauantqu’iceux Anglois amp; Bourgongnons feiflent iceluyaf-fault, auoient bien eflé huid iours logez deuant la ville amp; y aflis groffes bombardes,dont ils auoient fait battre amp; trauaillcr la muraille d’icelle.

Comment Philebertâe EduâraygouverneurdeTonnerre^ nbsp;nbsp;leßigneurdAmontdUe-

rentferuirleDucdeBethfort.

L eft vérité qu’en ces iours Philcbcrt de Vaudray amp; le fèigneur d’A-rnonr,fe départirent du pays de Bourgongne à tout cinq cens com-battâs ou enuiron,par l’ordonnace de leur feigneur le Duc de Bour-gongnefcruirfonbeaufrerele Duc dcBethfort. Siprindrentleut


chemin pariny le pays de Champaigne,pour aller en Picardie: auquel paysfaf-femblerent les François de fept à huid cens combattàs pour combattre amp; ruer ius les deffufdits: defquels eftoient les principaux Yuon du pays, le Baftard denbsp;Dàpierre, le Borgne de Remon amp; aucuns autres qui fe meirent en bataille contre leurs ennemis,qui fefloient tous mis à pied pour eux deffendreimais àbriefnbsp;dire quand ce vint qu’ils deurent commencer à férir l’vn dedans l’autre, les deffufdits François qui eftoient la plus grand partie àcheualfc départirent hafti-uement en grand confufion,fi en y eut aucuns morts amp; prins en petit nombre ;nbsp;Et apres iceux Bourgongnons par plufieurs iournées cheuaucherêt à tout leursnbsp;gens en Picardie,où ils feiournerent certaine efpace de temps,en pillant amp; mà-geant le paÿs,amp;: de là fen allèrent à Paris deuers le Duc de Betfort. En ce tempsnbsp;JeRoy deChippreparlongue maladie qu’il auoit eue depuis fon retour delànbsp;prifon des Sarrazins, apres qu’il eut receu moult deuotement tousles Sacie-mens de fainde Eglife,il trefpaffa de ce fiecle. Au lieu duquel fut couronné amp;nbsp;facré en la maiftrefl'e Eglife de Nicofie lean de Lufignen, feul fils du deffufdicnbsp;Roy amp; delà Royne Charlote de Bourbon, par le confentemêt de tous les troisnbsp;eftats d'iceluy Royaume.

De Ban mille cccc, xxxij.

Comment le Duc de Bethfort vint dgrand ffuijjance deuat la ville de Laigny fur quot;Mar“ nepourayder 0* conforter les^ngloisnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Bourgongnons, ej^ui Bauoient aßiegl.

Lefquels en fnfen partirentfans nul conquejl.

Au

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pour le garder. Durant lequel temps le Roy Charles de France feit affem-

le pays de Brie approchèrent ladiôlc ville de Lai^y, amp; leur venoient de iour


’ire lean Foucault,qui vaillamment fc maintindrent amp; gouuernerent ceux qui ^ftoient foubs leurs bannières. Auecques le Duc de Bctbfort eftoient de la lan-B^e Françoife le feigneur de l’Ifle Adam Marefchal, meflire lean Baftard de S.nbsp;^ol, le Baftard d’Aunay cheualier feigneur d’Oruille,Philebert de Vaudray, lenbsp;leigneur d’Amont amp; plufieurs autres de bon amp; notable eftat, qui treflogue ef-pàce de temps continuèrent le fiege deuant ladiôle ville de Laigny, pour icellenbsp;^'eduire en l’obeiïTance du Roy Henry. Si furent aflis pluGeurs engins grans amp;:nbsp;peiis contre les portes amp; murailles d’icelle ville, qui en diuers lieux les crauan-drcnt amp; abbatirentjdont les delTufdits afliegez tant pour lefdits engins commenbsp;pource qu’ils auoient viures à grand dangier,furent moult contraints amp; eurentnbsp;grans tribulations amp; mefehiefsmeatmoins que par le deflufdit Duc de Beth-lort fuffent par pluGeurs fois fommez d’eux rendre,ne fe voulurent ils â ce consentir pource que touGours auoient efperance d’eftre fecouruz amp; aydezparnbsp;Ceux de leur party,comme ils furent depuis. Et auoient lefdits aGiegez fait vnnbsp;pont fur la riuiere de Marne de bafteaux, pour palfer a leur ayfe de l’vn des collez à l’autre. Et à chacun des bouts dudit pont auoient fait boulleuert pour lanbsp;garde d’iceluy ; dedans lefquels eftoient commis gens d’armes en certain nom-tgt;ler de Gx à huiób cens combattans ; lefquels foubs la conduire du Marefchalnbsp;‘le Boufach,du Baftard d’Orléans, du feigneur de Gaucourt, deRoudigue denbsp;Villandras,du feigneur de faincle Treille amp; pluGeurs autres capitaines gens denbsp;grand façon,amp; vaillâs hommes de guerrc,il enuoya deuers Orleans pour bailler fecours aux alGegez de fa ville de Laigny: amp; tous enfemble par pluGeursnbsp;tournées fe tirerent à Meleun,où ils pafterent la riuiere.de Seine. Et de là parmynbsp;^es garnifons gens de leur party.Et entre-téps ledit Duc de Bethfort amp; fes gensnbsp;auoient G fort deftraincls lefdits aftîegez,qu’iceux fur la venue des François co-’aiençoint eà trai(fter:neantmoins ledit Duc fe prépara diligêment pour cobatre

les François, qui venoient fur luy : amp; pource faire manda encores gens

Geurs lieux de fbn obeïffancezpuis enuoya aucûs de fes officiers d’armes deuers iceux Frâçois,pour eux GgniGcr qu’il eftoit preft d’eux côbattre auec tous leursnbsp;aydans fils vouloient prendre iour amp; lieu de ce faire, à quoy ils ne feirent nullenbsp;refponce,Gnonà leur bel aduantagc:amp; quand bon leur fembleroitau plaiGrdenbsp;Dieu noftre benoift fauueur,ils meneroiêt à Gn leur entreprinfe.Et fur ce appronbsp;cherentSc vindrent les defTufdits Fraçois en »efbonne ordonnance de trois co-pagnics iufques à vne petite riuiere,qui eft enuiron à vn quart de lieüe de la ville. Et d autre part ledit Duc de Bethfort auoit ordoné faire trois batailles, pournbsp;garder le pafTage d’icelle petite riuiere,Et quand ce vint qu’ils furent approchez

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M.CCCCXXXII. yOLJ/XlE II. DES CHRONIES

afl'ez pres l’vn de l’autrejen plufieurs lieux fe commencèrent de grandes amp; dures efcarmouches : amp; par efpecial au cofté où eftoit l’enfant de Vvaruich amp; Ie feigneur del’Ifle Adam ,vindrent à grand puiflanceRodiguede Villandras, Ienbsp;feigneur de Saincle Treille amp; aucuns autres chiefs de guerre, qui conduifoientnbsp;les viures pour rauitailler icelle ville. Et de fait par force amp; malgré tous leursnbsp;aduerfaires fe boutèrent auant, amp; y en palTa certain nombre qui allerer iufquesnbsp;à la porte, amp; boutèrent dedans de vingt à trente bœufs amp; aucune quantité denbsp;lacs de farine,amp; fi entrèrent dedans enuiron quatre vingts combattis: mais ce-fie befongne ne fut pas faiéf c fins grande efFufion de fang,car de tous collez ennbsp;y eut plulîeurs morts amp;: naurez. Entre lefquels de la partie defdits François futnbsp;mort le delTufdit de làincle Treille frere aifné à Pothon. Et pareillemêt à l’autrenbsp;codé où eftoit raeflîre lea Ballard de S.Pol,mellire Thomas Ky riel,le feigneurnbsp;d’Amont amp; Philebert de Vaudray furent fort approchez, amp; y eut fait maintsnbsp;haulx faits d’armes amp; vaillantifc. Si yfurent morts amp; naurez plulîeurs des deuxnbsp;collez : defquels de la partie des Anglois y fut mort vn gentil-home Odart denbsp;Remy:amp; durèrent ces elcarmouches iufques alTez pres de vefpres, amp; fut par vn

I iour S.Laurens en Aoult,qu’il faifoit moult grad chaleur de loleil,dôt les deux parties furet moult trauaillées amp; opprelTées. Et lors les François voyas quebo-nement ne pouoient autre chofe faire, par ce que principallement que les Anglois amp; Bourgongnons efloient en tresfort lieu, fe retrahirent tous enfetnble,nbsp;amp; fen allerer loger à CrelTy en Brie: amp; de là le tirerent vers Chafleau Thierry,nbsp;amp; puis à Vitry en France, où ils furent l’efpace de quatre iours. Et adonc leditnbsp;D ucde Bethfort làichant qu’iceux François le trayoient vers l’iHe de France,nbsp;doublant qu’ils ne preinlTent aucunes bonnes villes, fe dellogea de deuantladi-éfe ville de Laigny en alTez petite ordonnance:car fes gens y lailTerent plulîeursnbsp;biés, fi le tira vers Paris. Et depuis ralTembla gens amp; alla vers où elloientlefditsnbsp;François,pour de rechiefeux olfrir la bataille : mais comme deuant ils feirentnbsp;refponce qu’ils auoient ce pourquoy ils elloient venus . Et cfloit auecques euxnbsp;le feigneur de Gauoourt qui bien lèruoit àlabefongne, car moult elloitfaigcnbsp;amp; prudent.Ettofl apres fe deflogeret dudit lieu de Vitry icetix François,amp; l*^*^nbsp;retournèrent deuers ladicle ville de Laigny,oùdemoura ledit lèigncur de Gaü-courf.amp; les autres capitaines à tout leurs gens fen retournèrent és pays dont ilsnbsp;elloient venus.Et quad aux alïîegez ils furent moult relîoüis, amp; non point fansnbsp;caufe quand en celle maniéré fe veirent deliurez de leurs ennemis:car moult a-uoient ellé opprelTez tant de famine comme d’autres mefaifes, car le liege y a-uoit bien elle par l’elpace de quatre mois ou enuiron,qu’ils n’auoient peu auoirnbsp;aucuns viures pour eux rafrelchir. . En ce mefme temps fut prins le challel denbsp;Monchaz en Normandie,appartcnant au Comte d’Eu prifonnier en Angleter-rc,lequel long temps par auant tenoient les Anglois, amp; en elloit capitaine vnnbsp;nommé Brunelay, lequel pour ce têps fe tenoit auecle Duc de Bethfort au liege de Laigny lûr Marne, amp; là prindrent les prilonniers qui elloienc leans de lanbsp;party du Roy Charles. Si mandèrent tantollpour ellre leur capitaine melTitenbsp;Régnault de Fontaines, qui fe tenoit à Beauuais : lequel lans delay y alla a toutnbsp;quatre vingts combattans ou enuiron. Et par le moyen d’icelle fut faiéle fortenbsp;guerre és marches de Vimeu amp;: enuiron à ceux qui tenoient le party du Roynbsp;Henry,

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D'ENG^EU. DE yiONSTKELET CHARLES nJ. Henry,amp; du Duc de Bourgongne.

Comment les Gantoisßejmeurent contre aucuns des gouuerneurs de leur ^iüe.

Ncetempsfe r’efineurent en armes les communes gens delà ville gt;'i de Gand lufques à cinquante mille ou enuiron, contre les gouuer-'O¦ Et cnfemble enuiron dix heures deuant midy,nbsp;allèrent fur le grand marché deuant l’hoftel des Remonftrancesnbsp;ou ceux de la loy efloient alTemblez. Si conuint qu’ils veniffent parler à eux in-côtincntjOu ils cuflent en briefabbattus huis amp; feneftres pour y entrer. Et quadnbsp;ils furent venus à eux de prime face, occirent cruellement le grand Doyen desnbsp;tnenuz mertiers nommé lean Boèllc, amp;vnefcheuin nomme lean Danielvannbsp;^encre, auec vn homme de confeil qui fe nommoit lafon Habit, Pour la mortnbsp;defquels tous les autres gouuerneurs là ellans, furent en grand doubte de leursnbsp;vies pour la cruauté qu’ils veoiêt defdicles communesnnais pour lors ils fe tin-drent à tant.Et tous enfèmblcfe partirent de là, amp;. allèrent à l’Abbayc S.Pierrenbsp;abbattre vn petit bois qui eftoicnt empres. Et puis Ce meirent à chemin amp; fennbsp;sllcrcnt à S.Banon,pour les aucuns eftrerecopenfez deplufieurs rentes heredi-tablcs qu’ils dcuoient à l’Eglife, Icfquellesils auoiet par auant payées : mais parnbsp;le fens amp; doulces parollesde l’Abbé dudit lieu,ils furent contentez amp; refrenez,nbsp;amp; leur deliura prellcmcnt tout ce qu’ils demandèrent : amp; auec ce leur feit donner des viures de l’Eglife treshabondamment. Si fe partirent de là aflez contensnbsp;d’iccluy Abbé, amp; allèrent rompre trois ou quatre maifons de la ville trefnota-hles.-Sc dedans icelles prendre des biens largement,amp;rles autres defpecer amp; ruernbsp;es rues. En apres allèrent aux prifons du Prince, fi les rompirent amp; lailTerent aller tous les prifonniers, amp; entre les autres deliurerent vn nommé George Gof-cath,qui moult eftoit de leur party cotre les delTufdits gouuerneurs. Apres lef-quelles befongnes icelles communes deuant-dides au bout dedeux iours en-fuyuans par le moyen d’aucuns notables hommes, fe retrahirent en leurs lieuxnbsp;furent rappaifez. Neantmoins durât icelle cruauté tous les officiers du Prince fe départirent de ladide ville de Gand, duubtans que par icelles communesnbsp;ne fufient mis à mort comme les autres : toutesfois le Duc de Bourgogne pournbsp;les grans affaires que pour lors auoit, ne fut point confeillé de les corriger nenbsp;contraindre d’en faire amendifes par fa puilîance : mais traidé fut auec eux parnbsp;Ceux defon confcil,qu’en luy requérant mercy amp; payant aucune financeilleurnbsp;pardonna:amp; parainli ils demourerent paifibles.

'i de Gand lufques à cinquante mille ou enuiron, contre les goiiuer-

Comment meßire lean Baßard de S.Pol, cgt; le fctvneur de Humïeres furent prins des Francois.

f Vrant le temps deffufdit fedepartirétdu pays d’Arthois meffire lean Baflard deS.Pol,amp; lefeigneurdeHumiercsaueccuxfoixantecom-battans ou enuiron,pour aller à Paris auec le Duc de Bethfort. Si allèrent par Montdidier à Fille Adam. Et de là cuidans aller feurementnbsp;«udir lieu de Paris,furent rencontrez de ceux de la garnifon de Creil,qui de leurnbsp;allée eftoient tous aduertis.Et de fair,nonobftat leur deffence,furent tous deuxnbsp;prins prifonniers, ôc menez audit lieu de Creil auec grand partie de leurs gens.

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M.CCCCXXXJL yOLrXlE IL DES CHMNIQ^VES

Et les aucuns fc ßuuerent par force de bien fuir. Et depuis les deux cheualiers defl'ufdits parmy payant grand finance à ceux qui les auoient prins furent deli-urez de la prifon defdits François.

Comment plaßeur s maléfices furent faits nbsp;nbsp;perpètre^ es pais iLj4miennois, Santhois

L'imeu.

V R A N T les tribulations delTufdiôles, Blanchefort qui fetenoit au chaftel de Bertueil tenant le party du Roy Charles de France,feitnbsp;moult de dommages es pays de Santhois,Amiennois,Vimeu,amp; au-tres lieux par feu, pillages amp; par efpée : parquoy iceux pays furentnbsp;ou la plus grand partie tous perdus amp; inhabitez, finon auprès des bonnes villes amp; forterefles. Et n’en pouoient plus fouffrir amp; payer les grans tributs,qu’ilsnbsp;auoient accouftumez de liurer pour leurs appaéiis. Et d’autre part furent reparées par ceux de ce mefme party aucunes fortereifes au pays de Vimeu : c’eftnbsp;fçauoir à Raines, Hornoy amp; autres, efquelles fe boutterent plufieurs gens denbsp;guerre dont le pays fut moult opprefle, amp; pareillement de ceux quitenoientnbsp;le party du Roy Henry amp; du Duc de Bourgongne. Si ne fçauoient les panuresnbsp;laboureurs où eux bouter, ne où aller à fauueté : amp; n’eftoient aydez ne fecou-ruz d’aucun feigneur de quelque party qu’il fut. Et qui pis fut pour eux, en Unbsp;marche deffufdide Philebert de Vaudray amp; le feigneur d’Amont qui eftoientnbsp;retournez des marches de France de feruir le Duc de Bethfort, fc boutèrent anbsp;tout leurs gens dedans l’Ifle du pont fâinôl Remy, amp; en déboutèrent les gensnbsp;du feigneur de Saueufès qui l’auoient en garde. Pour laquelle iceluy feignentnbsp;de Saueufes fut trefmal content : amp; pour iceux débouter hors de la deflufdiél®nbsp;Ifle afiembla grand partie de fes parens amp;; feables amis : mais en fin pource quenbsp;les deffufdits eftoient trop forts dedans Tlfle delTufdiôle, il n’eufl: point conftilnbsp;de les aller enuahir. Et pourtant demourerent là certaine efpace de temps aunbsp;grand dommage amp; preiudice de tout le pays.

Comment le Damoifèl de Commercy print la 'ville de Li^y en Barrais , appartenant meßire lean de Luxembourg.

V mois de Septembre audit an le Damoifèl de Commcrcis,quilong temps parauantauoit grand haine enuers meflire lean de Luxem-bourg,tant pour fa forterefle de Montagu qu’il luy detcnoit,commenbsp;pour plufieursautres diflentions qu’ils auoient eu l’vn auec l’autre,nbsp;afiembla de plufieurs lieux de quatre à cinq cens combaitans ou enuiron : Icf-quels il mena fecrettemét auprès de Ligny çn Barrois:amp; icelle par faute de guetnbsp;prinr,amp; entra dedâs amp; tous ceux qu’il auoit amenez par les efchclles. A laquelle prinle ceux de ladiôle ville furent tous efmeuz foubdainement, amp; y en y eutnbsp;vne gràd partie qui fe retrahirent haftiuemét dedans le chaftel, qui ne fut pointnbsp;conquis:mais fe delFendirent hardiemêt contre leurs enncmis,qui par plufieursnbsp;fois les fommerent amp; admonnÂlerent d’eux rendre, à quoy ils ne voulurentnbsp;nullement entcndre:ains (ans delay enuoyerent deuers meftirc lean de Luxembourg, luy racompter la bclbngne dcflufdiéie en luy requérant humblementnbsp;qu’à ce befoing les voulfift fccourir. Lequel de Luxembourg fachant ces nou-uclles

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D'ENG J/EBK. de 2A0NSTKELET CHARLES HJ, 84 uelles meit incontinent clercs en euure: amp; en grand diligence feit efcrire à tousnbsp;fcs amis alliez amp; bien vueillans eux requérant trefamoureufément, qu’ils luynbsp;venifl'ent ayder à deliurer fa ville amp; fes gens du dangier, où ils eftoient fur tousnbsp;les plaifirs que iamais luy defiroient à faire. Au mandement duquel pour luynbsp;accompagner, fe commencèrent à preparer diligemment plufieurs nobles homes amp; autres gens de guerre en grand nombre: mais entre-temps le defl'ufdicnbsp;Damoifel voyant que bonnement ne pouoic conquerre icelle forterefle de Li-gny,doubtant aulfi le fècours qui leur pouoit venir de par meffire lean de Luxembourg,duquel il cognoiHbitadez la puifl'ance amp; la voulenté : h conclud a-Uecques aucuns de fes plus feabies qu’ils f’en retourneroient es lieux dont ils c-ftoient venus. Apres laquelle conclufion feit prendre amp; troufler tous les biensnbsp;d’icelle ville, c’eil àfçauoir qui fe pouoient porter : puis feit bouter les feux amp;:nbsp;ernbrafer toutes les maifons d’icelle villc,dont les habitas eurent au cueur gradnbsp;ttiftefle. Et ledit Damoifel de Salebrulfe fen retourna à Commercis en emmenant auecques luy plufieurs prifbnniers. Si furent de rechief mandées ces nou-Uelles au deffufdit meffire lean de Luxembourg:lequel eftant de ladeftruélionnbsp;d’icelle moult dolent amp; marry, feit contremander ceux qui de par luy auoientnbsp;efté mandez, amp; delaiffa fon entreprinle.

CommentUfortereffe de la Boue vers Laon fut prinfe des Bourgongnons lefquelsjè contrefeirent Anglots. Et autres matières.

Temen ce mefme temps les gens du fèigneur deTernantquifete-noient à Rethers, prindrentïa rouge Croix des Anglois faignans du tout retenir leur party, amp; vn certain iour en larrecin prindrent lanbsp;forterefle delà Boue àdeuxlieüespresdeLaon : amp; eftoit chief amp;

conducteur dcfdits preneurs vn homme d’armes nommé Nicolas Cheualier. Par le moyen de laquelle prinfe ceux de la ville de Laon amp; autres lieux tenansnbsp;le party du Roy Charles, eurent moult «à foulFrir. Si fut la caufe de prendre lanbsp;rouge Croix deflufdiâ:e,pource que les trefues, dont par auant eft faide mention, n’efloient point encores du tout rompues entre les deflufdits Roy Charles amp; le Duc de Bourgongne:car iceux auoient toufioiirs tenu le party du Ducnbsp;de Bourgongne: amp; fe faifoient lors entre les trois parties plufieurs telles befon-gnes, qui n’efloient point fans mal engin. En ces propres ioursleComtedenbsp;Vaudemont feit aflembler de trois à quatre cens combattâs ou enuiron és paysnbsp;amp; marches de Picardie: Lefquels defliifdits combattans il feit mener amp; conduire en (à ville de Bezelize. Et efloit l’vn des chiefs amp; capitaine qui les con-duifoient le Baflard de Humieres. Lefquels gens d’armes arriuez, commencèrent à mener forte guerre au pays Æ contrée de Barrois amp; de Lorraine: amp; y feirent moult grand dommage parfcu,pillage amp; par efpée, dont le pauure peuplenbsp;diceux pays fut moult trauaillé.

A V mois d’Otflobre alla le Duc de Bourgongne au pays de Hollande,amp; a-uecluy la Duchefle fa femme. Si auoic en faeompagnie fix ces combattans Picards ou enuiron.Etdemoura pour vifiter iceluy pays enuironvn mois:auquel Voyage fut traiélé par les confeilliers dudit Duc amp; de la Duchefle de Bauiere,nbsp;qu’iceluy Duc de Bourgongne auroit de prefentle nom,ioüiflance amp; prouffits


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M.CCCCXXXIl. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11. DES CHMNlQ^yES '

des pays de HainauIt,Hollade ôc Zelâdeamp; de Frifcjauec les appartenaces pour en vfer comme de (on propre heritage àtoufiours heritablement : moyennantnbsp;lequel accord fut deuifé que fe ledit Duc alloit devie àtrefpas deuantladidenbsp;DuchelTe, les pays deflufdits retourneroient a elle comme vraye heritiere. Etnbsp;auec celuy furent ordonnées plufieurs nobles feigneuries amp; proffitables,dontnbsp;elle deuoit iouïr auec la Comté d’Oftrcuant, de laquelle Comté tant feullemêcnbsp;elle fe deuoit efcrire Comtefle,en delailTant les tiltres des pays deffus nommez.nbsp;Apres lefquels traiélez paflez amp; promis de l’vne partie à l’autre, ledit Duc con-fentit à parconclurre le mariage d’icelle Duchefle là coufineamp; de melïire Franque de Vofellcdequel par auant auoit efté pourparlé (ecrettement entre icellesnbsp;parties. Et de ce iour en auant fefcriuit le Duc de Bourgongne auec (es autres inbsp;tiltres, qu’il auoit par auant Comte de Hainault, de Hollande, de Zelande amp;nbsp;feigneur de Frife. Apres lequel traiéfé il retourna en fon pays de Flandres.

Comment frere Thomas alla, a Rpmme où il fut ars.

Nceftaniceluy leprefeheur deffufdit de l’ordre des Carmes, nommé frere Thomas Conneôle,dont pieça cy deuant ay parlé en ceft H-ure(comme plus à plain eft declairéjauoit fait plufteurs predications enlaProuincedeReims: par lefquelles predications plufieursno

bles femmes de haultes lignées auoient ofté leurs atours. Apres vint en la ville de Romme,où lors fe tenoit noftre fainél Pere le Pape Eugene,amp; y arriuaauecnbsp;les ambaftadeurs Veniciens.Si fe logea à fàinôl Pol: auquel lieu le deflufditnbsp;pe le manda à venir deuers luy non mie pour mal qui luy voulfift: mais pour lenbsp;veoir amp; oüir parler,pource que les nouuelles auoiét autresfois efté rapportéesnbsp;iniques à luy.Si refulà par deux fois à y aller,faignant qu‘il fut mal dilpofé. E*:nbsp;la tierce fois le Pape y enuoya fon treforier pour l’amener. Et quand iceluy tre-forier vint à l’huys de là chambre, ledit frere Thomas le voyant faillit hors parnbsp;vne feneftre pour foy fauuer : mais il fut ifnellement pourfuiuy amp; prins, amp; denbsp;là fut mené deuers noftre fàinôt Pere le Pape en fon Palais:Lequel chargea pour'nbsp;l’examiner les Cardinaux de Rouen amp; de Nauarredefquels en fin le trouuerentnbsp;herefe amp; coulpable de mort. Et apres que fon proces fut fait, fut condamné anbsp;mort amp; fut ars deuant le peuple en la ville de Romme.

’ Comment la Ducheffe de Bethfort mourut.

Temen ce temps Anne femme au Duc de Bethfort amp;fôeurauDuc de Bourgongne,accoucha malade en l’hoftel des Tournelles à Paris,nbsp;amp; fut par treflongue efpace trauaillée d’icelle maladie amp; tant qu’ennbsp;fin (nonobftant qu’elle eut efté ti^es diligemment vifitée deplufieurs



Medicins) rendit fon efprir, amp; fut enterrée aux Celeftins en la chapelle,où iadis fut mis Loÿs Duc d’Orléans dernier trefpafTé . Pour la mort de laquelle le Ducnbsp;de Bethfort fon mary eut au cueur trefgrand ennuy amp;: trifteflé,amp; pareillementnbsp;plufieurs autres de fon party: doebtans que pour la mort defTufdide, 1 amournbsp;amp; l’alliance qui feftoit entretenue grande efpace par le moyen d icelle Duchef-fe entre fondit mary amp; fon frere le Duc de Bourgongne,ne fe refroidit aucune-mêt.Et pour lors les ambaftadeurs des trois parties:c’eft àfçauoir du Roy Char-

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I) ENG y ERK. J)E ifdONSTRELET. CHARLES riL 85 les,du Roy Henry amp; du Duc de Bourgongne furent enfemble en la cité d’Auxerre amp; à Meleun onpr traiéler de paix,mais en finnepeurent riens conclurre.nbsp;Et par ainfi fe départirent retournans chacun deuers leurs feigneurs.

Comment aucuns capitaines Francois pajj'erent la riùiere de Somme pour courir en Arthois,

Teni cnuiron l’entrée du mois de Décembre Blanchefort lecapitai-

ne, meflire Anthoine de Chabannes,le feigneur de Longueuafmef-hre Karadôs des Chefnes amp; aucuns autres du party du Roy Charles faflemblcrent, Sgt;c. auec eux de huiét cens à mille combaitas d’entour

Bretueil,amp; de là allerer paffer la riuiere de Somme à Capy. Et puis cheuauche-tent toute nuiél iufques empres la ville de Dourlens, qu’ils auoient pourguet-tée par leurs efpies pour la prendre amp; efcheller : mais le feigneur de Humieres fut aduerty de cefte cheuauchée. Si enuoya haftiuement certains meffages aunbsp;Maire amp; aux iurez de Dourlens eux fignifier, que les François eftoient fùr lesnbsp;champs, amp; auoient intention d’eux porter dommage, amp; qu’ils fuflent fur leurnbsp;gardedefquels oyans ces nouuells fepreparerent diligemment pour eux deffen-dre.Et auec ce meirent dehors leur ville vn meffagicr pour aller auchafteldenbsp;Beauual,dire à ceux qui le gardoient les nouuclles deflufdiéles. Lequelmeffa-gier rencotra à vn quart de lieue d’icelle ville enuiron le poinél du iour les coureurs d’iceux Fràçois-.defquels il fut prinsamp; examiné,^ leur recogneut ce pour-quoy ilalloit. Et adoncfe retrahirent vers leurs gens qui les fuiuoient d’affeznbsp;presdefquels fiichans par les moyens deffufdits leur entreprinfe eftre rompue,nbsp;retournèrent tous enfemble en la ville de Beauquefhe. Et apres qu’ils fè furentnbsp;repeu’z refrefehiz longuement, courans aucune partie de leurs gens parmynbsp;le pays, fen r’allerent audit paffage de la riuiere de Somme. Et de là à tout foi-fon de leurs prifonniers, cheuaux amp; autres bagages retournèrent en leurs gar-nifons.

Comment 'vn lAoyne de l'ordre S.Benoifl voulut prendre le Chaflel- S. Ange d Romme.

Vrant ce temps vn nommé le petit Moyne, quiauoit eflé moultay-mé du Pape Martin amp; eut grand gouuernement durant là feigneurie.

maniéré d’eftre trcfbien de luy,tant qu’il fut en là grace comme pour en partie auoir gouuernement, comme il auoit eu au temps de fon deuancier.nbsp;Durant lequel temps par tentation diabolique comme on peut fuppofèr,il eutnbsp;voulenté de faire trahifon contre iceluy Pape Eugene. Et pour icelle mèneranbsp;elfeótamp;detous.poinóts accomplir, auoit parlé au Prince deSalerneou àfesnbsp;commis pour le mettre à puiffance de gens dedans le chaflel de fainél Ange, 8cnbsp;de là dedans Romme:fî efloit venu vn certain iour deuers ledit Pape pour piê-dre congé de luy, diïànt qu’il f’en vouloir aller demoureren Auignon aucunenbsp;efpace de temps. Etcntre-temps requifl au ^aflcllain de fainél Ange qu’il lu ynbsp;Voulfift garder fes coffres, ou eftoient fes biens iufques à fon retour; lequel luynbsp;accorda, non doubtanc que ce fut pour quelque mauuaiftié faire: fi feit leditnbsp;petit Moyne faire douze coffres, dedans lefquels deuoit auoir douze hom-

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mes,amp; à chacun coffre encores deux hommes pour les porter.Et quand ce vint que toutes fes bcfongnes furent toutes preftes, pour mieux fournir fon entre,nbsp;prinfc,il enuoya vn petit page qui eftoit fon nepueu porter vues lettres à vn pri-fbnnier dedans ledit chaftcl: lefquelles furent d’auenture trouuées au defTulditnbsp;chaftellain, lequel par le moyen d’icelles fceut amp; apperceut ladiôletrahifon. Sinbsp;les porta fans delay deuers le Pape,lequel feit incontinent par la iuftice feculic-re prédre iceluy petit Moyne,lequel fut gehainé amp; cognent tout fon fait. Apresnbsp;laqlle cognoiflance il fut pedu au gibetóc fut misa mort dedas la cité de Rome:nbsp;leql gibet y fut pour ce fait tout propice amp; puis fut efcartclé au marché. Et parnbsp;ainfi le defl'ufdit Prince de Salerne faillit à fon intêtion:mais pource ne demeura mie qu’il ne feit forte guerre au deffufdit Pape. En ces iours vn Saquementnbsp;nommé Thomelaire qui eftoit Preuoft de Laon de par le Roy Charles, print lenbsp;chaftel de PafTauant par certains moyens qu’il auoit dedans la forterefTezlaquel-le prinfe defpleut moult au Duc,doubtant que par ce moyen fon pays ne fut ennbsp;guerre.Si les feit tantoft aflieger par fes gens. Et en fin furent les deffufdits preneurs contraints par telle maniéré, qu’il leur conuint rendre ladiéle forterefTe.nbsp;Et auec ce fut ledit Thomelaire exécuté amp;mis à mortamp; aucuns autres auecnbsp;luy.EtfuticelleforterefTe démolie.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I

Comment la paix fut traitée entre le Dac de Bar d'^ne part, nbsp;nbsp;nbsp;le Comte deEaiidc'

mont.

Temen ceft an par le moyen du DucdeBourgongne,futfaiéTela paix amp;trailt;ftée entre le Duede Bar d’vne part amp; le Comte de Vau-demont d’autre. Par ainfi que les deux parties promeirent de bonnenbsp;foy rendre amp;reftituer toutes les villes Seforterefles qu’ils tenoient


l’vn de l’autre.Et auec ce fut accordé que l’aifné fils dudit Comte, prendroit en mariage Taifnée fille au Duc de Bar. Et luy feroit auec elle chacun an fix millenbsp;francs de rente, amp; certaine fomme pour vue fois. Lefquels traidez conclus ôcnbsp;feellez d’eux amp; d’aucuns de leurs plus feables confeilliers, pardonnèrent l’vn ânbsp;l’autre ce qu’ils fe pouoient eftre entre-mefFaits. Et depuis fut ladicle fille deli-urée à iceluy Comte entretenant les promefles delTufdiéfes, dont les fiibiets denbsp;chacune partie eurent au eyeur trefgrand ioye : efperans que par le traiâé deffufdit demoureroienr paifibles, amp; /croient hors de la grande tribulation où ilsnbsp;auoient long temps efté par la guerre amp; difeord des deux Princes deffufdits.

Comment la Duchejfe de Bourgongne accoucha d'^vnfils en la ville, de G and.

N ceft an le quatorziefme iour d’Auril, la Ducheffe de Bourgongne accoucha d’vn fils en la ville de Gatid:: lequel fut tenu fur les fons denbsp;Baptefme par le Cardinal de Vinceftre Anglois‘amp; les Comtes de S.nbsp;PoTamp; de Ligney freres:amp; la Comteffe de Meaux fut màrraine:amp; futnbsp;iceluy fils fur lefdits fons nommé Ioffe, iaçoit-ce que nul'defdits parrains nenbsp;marraines euffent ainfi nom,mais ^nfi l’auoient ordoné lefdits Duc amp; Ducheffe. Si donnèrent chacun en droitfoy moult riches dons à iceluy enfant. En celle mefmeiournée fut lamonnoye renouuelléepar ledit Duc de Bourgongnenbsp;en fes pays, par le confentement d’iceux. Si fut faille nouuelle monnoye d’ornbsp;nommée

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D'ETHGJ/ERR. J)£ yiONSTKELET. CHARLES VIl. U

Jîotnmée riddes,lefquels valloient xxiiij. fols en blache monnoye nommce vi-^elans. Et furent toutes monnoyées ayans cours en iceux pays condamnées, amp; ratnenuifces de la quarte ou cinquiefme partie moins quelles ne valloient.Du-rsnt lequel temps fut grande difl'ention entre la ville de Bruxelle d’vne part, amp;nbsp;la ville de Malignes d autre, amp; menèrent trelgrand guerre les vns aux autres. Etnbsp;pareillement furent ceux de Gand en grand diflentionl’vn contre l’autre, amp; ennbsp;furent plufieurs officiers bannis de ladiéle ville.

Comment la. paix fut traitée entre le Duc de Bar Avne part, nbsp;nbsp;nbsp;les Comtes de S.Pol

de Ligney A autre part.

Vrant le temps deflufdit, fut fait le traiôlé de paix entre le Duc de Bar d’vne part, amp; les Comtes de fàinôt Pol amp; de Ligney freres d’autre part, à caulè de la guerre amp; haine qui par vn temps auoit efté entre eux. Par la fin de laquelle, toute la Comté de Guifè ja pieça con-



Suife par meffire lean de Luxembembourg Comte de Ligney deffendeur : laquelle appartenoit hercditablement au delTuldit Duc de Bar, demoura par le-dit traidé à iceluy meffire lean de Luxembourg pour en ioüir luy amp; fes noirs à perpétuité. Et pour en auoir plus grand fèurté, ledefiàifit le deflufdit Duc denbsp;®ar dedans le chaftel de Bohaing fans cótrainóle: prefent plufieurs de fes hom-^es qui auoient efté mandez auec aucûs officiers d’icclle Comté, amp; autres no-^âires impériaux amp; apoftolicques qui pour ce y eftoient:amp; auec ce fut protefténbsp;autre appoinélement touchant à leanne de Bar,fille à meffire Robert de Barnbsp;Comte de Marie. C’eft à fçauoir pour fa part amp; portion, quelle tendoit a auoirnbsp;a caufe de fondit feu pere fur la Duché de Bar. Et pareillemêt fut pourparlé en-icelles parties du mariage d’vne des filles maifiiée dudit Duc, amp; du fécondnbsp;fis dudit Comte de S.Pol.Si demourerent les deux articles dclTufditSjàparcon-^lure du tout iufques à vne autre fois qu’ils fè deuoiêt ralTcmbler l’vn auec l’autre. Apres lefquels traidez qui durerét plufieurs iours, amp; que ledit Duc eut parnbsp;les deux freres deflufdits efté grandement amp; honnorableraent receu amp; feftoyénbsp;‘ledans iceluy chaftel de Bohaing, il fè départit de là trefbien content d’eux co-il monftroit femblant,amp; fen retourna en fà Duché de Bar.

Comment laguerre fefmeut entre meßire lean nbsp;nbsp;meßtre Anthoine de Vergy Avnepart^

lefeigneur de Chafieau- Villain A autre part.

Tcm en ceft an fefmeut grand difeord entre meffire lean amp; meffire Anthoinede Vergy cheualiers de Bourgongne d’vne part, le fei-gneur de Chafteau-Villain d’autre part. Par le moyen duquel ils co-menccrent à faire guerrS ouuerte l’vn contre l’autre. Et adonc le



feigneur de Chafteau-Villain affin qu’il peuft eftre plus fort pour greuer les deflufdits, il fe tourna du party du Roy Charles, auec luy meffire Legier denbsp;Tquot;oufteuille, lean de Verpclleurs amp; aucuns autres gentils-hommes qui longnbsp;tëps parauant eftoiêt fes alliez amp; bien vueillàü,en enfraingnatle ferment qu’ilsnbsp;auoient au Duc de Bourgongne leur naturel feigneur: duquel par auant iceluynbsp;feignr de Chafteau Villain,auoit efté moult familier.Et auec ce rêuoya au Ducnbsp;de Bethfort fon ordre qu’il auoit porté logue efpace. Pour leql renuoy iceluynbsp;Pij

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J^CCCCXXXIL nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;II, DES CHRONIOJES

Duc fut moult indigné vers luy, le blafma grandement en la prefence dcce-luy, qui ledit ordre rapporta,pource que ainfi auoit faulfé fon ferment vers luy. Et pareillement en fut ledit Duc de Bourgongne trefmal content quand ce vintnbsp;à fa cognoiflance.Si referiuit aux gouuerneurs de fes pays de Bourgongne, quenbsp;par tous les moyens que faire fc pourroir,ils meiffent peine de le greuer amp; fub-iuguer, lefquels en obeïflant audit Duc meirent fon mandement à execution.nbsp;Toutesfoisà l’occafion de celle guerre les pays de Bourgongne eurent gransnbsp;affaires : par ce que ledit feigneur de chafteau Villain auoit plufieurs forteref-fes, lefquelles il garnift de fes alliez qui moult le greuerent : neantmoins par lanbsp;puiffance dudit Duc de Bourgongne amp; l’ayde des deffufdits feigneurs de Ver-gy amp; autres nobles du pays, fut contraint par telle maniéré que la plus grandnbsp;partie de fes fortereffes furent conquifes amp; démolies : c’eft à fçauoir Grauffy,nbsp;Flongy, Challancy,Villiers le Magnet, Nully, le Chaftel ûinéi Vrban, Blaife,nbsp;fainél Vorge, Efclaron, Varuille, Cuffay, Roraay, Vaudemont amp; de Lafon-court.Deuant lequel chaftel de Grauffy le fiege y fut trois mois ou enuiron,lequel tenoit meflire lean de Vergy chief principal de cefte querelle amp; auec luynbsp;meflire Guillaume Baufremont, Guillaume de Vienne amp; meflire Charles denbsp;Vergy, auec eux douze cens combattans ; auquel fiege vint pour le leuer leditnbsp;feigneur de Chafteau Villain, le Damoyfel de Commercy, amp; Robert de Vau-dricourt à tout feizecens combattans : amp; y eut trefgrande effarmouche, en 1^'nbsp;quelle fut mort vn feul homme tant fèullement : neantmoins le dcffufdit febnbsp;gneur de Chafteau Villain, voyant que bonnement ne pouoit leuer ledit fieg®nbsp;fans grand peril pour la bonne ordonnance amp; afliftance que y mettoient fes ennemis, fen retourna auec les fiens la dont il eftoit venu,amp; brief enfuiuant mef-fire Denys ûind Flour qui tenoit iceluy fort, feit traiôlc auec les commis dudit feigneur de Vergy, par condition que en luy rendant ledit chaftel luy amp; fesnbsp;gens fen iroient fàuuement à tout leurs bagaiges : amp; ce conclud retourna versnbsp;le Roy qui luy feit coupper la tefte pour aucunes raifons,dont il fut aceufé versnbsp;îuy,amp;: auflî pource qu’il auoit fait mourir fa femme. Item en ce mefme tempsnbsp;aucuns capitaines tenans le party dudit Duc de Bourgongne, prindrent d’emblée par cfchelles la ville dcfparnay, appartenant hereditablemenr à Charlesnbsp;Duc d’Orléans prifonnieren Angleterre : dedans laquelle furent faidestrePnbsp;grandes derifions, comme en ville conquife.

Comment la paix fut traiciée entre le Duc de Bourgongne amp; les Liegeoys.

L’ïs s VE deceft an,futfaióbeamp;conferméela paix entre le Duc de Bourgongne êc les Liégeois. Pour laquelle plufieurs iournéts a-uoient efté tenues entre les parties fans eux pouoir cocorder.Ncant-moins pour les dommages amp; interefts que ledit Duc auoit euz en fanbsp;Comté de Namur par iceux Liégeois, faccorderent de payer audit Duc de fesnbsp;forterefles qu’ils auoient abbatues en fon pays defblé, cent cinquante mille nobles auec amendes. Et auec ce palt;my le traidé promeirent lefdits Liégeois denbsp;abbatre amp; démolir de fons en comble la tour de Mont-orgueil empres Bouui-nes, laquelle ils tenoient. Par laquelle en partie le difcord eftoit meu entre icelles parties: laquelle promeffe ils entreteindrent brief enfuiuant amp; la démolirent

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ly ENG EERR. DE MO TE ETRE LET. CHARLES Tlt’ rent du tout. Et furent refpondans pour iceux Liégeois, affin que mieux entre-teinflcnt ledit traidé lean de Hinffiercheleur Euefque, laques de Foffieux amp;nbsp;aucuns autres nobles du pays de Liege. Apres lequel traiôlé pour plus grandnbsp;feureté, furent faiôles lettres amp; baillées à chacune partie : amp; par ainfi les deffiirnbsp;dits Liégeois qui par auant eftoienten trefgrand doubteamp; creraeur, eurentnbsp;grand ioy e amp; furent rappaifez, amp; en grand feureté demourerent en leur pays.

De Tan mille cccc. xxxiij.

Comment le Duc de Bethfort quiß difoit Regent de France, elpoußa la fille du Comte de ßainTi Pol.

I y commencement de cefl an lean de Lenclaftre Duc de Bethfort, efpoulà en la ville de* Theroüanne lacqueline fille aifnée de Pierrenbsp;y de Luxembourg Comte de fainél Pol, amp;niepcede Loÿsde Lu-xembourg Euefque de Theroüanne Chancellier de France pour lenbsp;l^oy Henry, amp; auffi de meffire lean de Luxembourg. Si auoit ccftuy mariagenbsp;traiôlé certaine efpace de temps parauât par le moyen amp; folicitude du dcf-fufdit Euefque, qui pour ce temps eftoit vn des principaux gouuerneur amp; con-feillier dudit Duc de Bethfort : duquel mariage le Duc de Bourgongne quandnbsp;il fut retourné de fes pays de Bourgongne, où il eftoit pour lors n’en fut pointnbsp;bien content dudit Comte de faincft Pol : pource que fans fon fceu amp; confeil ilnbsp;^uoit ainfi allié jfàdiôhc fil le. Et toutesfois la fefte amp; les nopces furent faiâes fo-iemnellement en l’hoftel Epifcopal de ladiôle ville de Theroüanne. Et pour lanbsp;loye amp; plaifir qu’iceluy Duc de Bethfort eut amp; print d’iceluy mariage:car ladite fille eftoit frifque, belle amp; gracieufe aagée de dixfèpt ans ou enuiron : amp; affin que de luy il fut perpétuellement memoire,il donna à l’Eglife de Theroüanne deux cloches moult riches, notables amp; de grand valleur : lefquelles il fèit a-niener àfes propres coufts amp; defpens du pays d’Angleterre : amp; aucuns iours a-pres ladiâe fefte finée il fen partit.

Comment la ville de fainTl Fvallery en Ponthieu futRrinß des Francois.

N ce temps meffireLoÿsdeVaucourt,amp; meffire Régnault de Ver-j failles tenans le party du Roy Charles accompaignez de trois cens combattas ou enuiron,prindrent à vn point du iour la ville de fainôtnbsp;Vvallery en Ponthieu par cfchelles. Laquelle ville de par le Duc denbsp;Bourgongne, eftoit au gouucrnement de lean de Brimeu: amp; fi y furent faits denbsp;grans maux par iceux François felon les couftumes de la guerre comme en vil-ie conquife. Par le moyen de laquelle prinfe furet les pays de là enuiron en trefnbsp;grand doubte amp; non point fans caufe: car briefs iours enfuiuans iceux Françoisnbsp;fe fortiffierent de gens puiftamment, amp; commencèrent à courir amp; faire fortenbsp;guerre aux pays qui fe tenoient du party des Anglois amp; des Bourgongnonsdefnbsp;quels pays ou la greigneur partie fallierent à eux, dont ils receurent grandes fi-uances. En ce mefme temps par la diligence de Perrinet Craflet capitaine denbsp;la Charité,fur la riuiere de Loire,lequel tenoit le party du Roy Henry,fut prinfe la ville amp; forterefle deffufdide, qui eftoit affife en fort lieu ; amp; n’auoit efténbsp;prinfe ne conqueftée en toute la guerre.

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M.CCCCXXXUI. J/OL^ME II. DES CHKONIQ^ES

Comment les Ducs de Bethfort nbsp;nbsp;de Bourgongne vindrent d fain^ Orner.

L’iflue du mois de May vindrent à fainôlOrner les Ducs de Bethfort amp; Bourgongne,par certains moyens qui auoient efté pourparlez entre icelles parties : affin d’eux reconfeiller l’vn auec l’autre, d’aucunesnbsp;parolleshaineufes qui auoient efté rapportées tant d’vn collé com



me d’autre. Auec lequel Duc de Bethfort eftoit Ion oncle le Cardinal d’Angleterre, qui eftoit moult délirant d’iceux deux Ducs mettre en bonne concorde. Neantmoins jaçoit ce que pour ce faire fulTent les delTufdits deux Ducs venusnbsp;audit lieu de laind Orner : amp; qu’il euft efté ordonné qu’ils falTembleroient l’vnnbsp;auec l’autre dedans vn certain lieu, lâns ce que l’vn fut tenu d’aller deuers l’autre, toutesfois quand ils furent à leur logis,ledit Duc de Bethfort attendoit quenbsp;le Duc de Bourgongne allait deuers luy ce que point faire ne voulut. Si furentnbsp;fur ce plulieurs feigneurs enuoyez d’vn amp; d’autre, tendant y remettre moyen :nbsp;mais rien n’y valut. Et en fin le deflufdit Cardinal vint deuers le Duc de Bour-gongne, amp; parlaàluy àparten fa chambre en luy remonftrant amiablementnbsp;endilant: comment beaunepueu lailTerez vousainli retourner vn tel prince,nbsp;qui eft fils amp; frere de Roy, qui pour vous vcoir fell trau aillé de venir en vollrenbsp;ville fans parler à luy, ne auffi l’aller veoir? auquel Cardinal le deflufdit Duc denbsp;Bourgongne refpodit qu’il eftoit prell d’aller au lieu, où il eftoit ordonné pournbsp;eux conuenir enfemble. Et finablement apres ces parolles amp; plulieurs autres,lenbsp;Cardinal deflufdit fe départit amp; fen retourna par deuers fondit nepueu de Bethnbsp;fort. Et brief enfuiuant fe départirent dudit lieu de faind Orner làns autre cho-fefurce befongner iceuxdeux Ducs, moins contens l’vn de l’autre qu’ils n’e-ftoientparauant.

Comment en la cité de Tournay eut grand trouble nbsp;nbsp;dijjention pour l'Euefehé ddeedej

à cauß de la mort de l'Euefque dudit lieu meßire lean de Torß.

N cell an mourut en la ville de riflemaiftre leandeTorly moult ancien, Euefque de Tournay amp; chief du confeil du Duc de Bour-gongne:au lieu duquel fut conftitué Euefque de ladiôle cité par no-llreûinâPerele Pape lean de Harcourt, qui eftoit Euefque d’A

miens. Pour laquelle conllitution le Duc de Bourgogne ne fut point bien content: pource que de celle Euefehé vouloir pourueoirvn lien conleiller,nomme maiftre leanCheurot ArchediacreduVvelxinen l’EglifedeRoüen.Etmefme-mentauoitautresfois parlé audit Harcourt, affin quefe celuy Euefehé eftoicnbsp;vacquant, qu’il ne le vôulfift irapetrer. Leqi^l(comme on difoit) ledit Duc luynbsp;auoit accordé de le non prendre : toutesfois apres que le delfufdit de Harcourtnbsp;en fut en pofleffion, le deflufdit feit deftendre par tous fes pays tant en Flandresnbsp;comme ailleurs, qu’on ne feit nulle obeïlTance au deflufdit Duc de Harcourt.nbsp;Et auec tout ce, luy furent arreftées toutes les rentes amp; reuenues d’iceluy Euefehé : qui,ou la plus grand partie, Sloient és pays deflufdits. Et furent donnéesnbsp;au delTuldit Duc : dont iceluy de Harcourt euft grad ducil en fon cueur:neant-moinsefperanttrouuerfes moyens ,demoura longue elpace dedans la ville denbsp;Tournay, où il vefquità fimple eftat :amp; y eftoit obeÿamp; trefbien ayme desnbsp;bourgeois


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NENGEERR. DE 'MONSTKELET CHARLES riL 88 bourgeois amp; habitans d’icelle cité. Durant lequel temps vacqua rArcheuefchénbsp;de Narbonne, laquelle(pour l’amour amp; faueur d’iceluy Duc de Bourgongne)nbsp;fut donnée par noftre fainél Pere le Pape à lean de Harcourt, amp; ledit Euefchénbsp;de Tournay fut oétroyé audit maiftre lean Cheurot. Et feit le Pape celle tranf-lation pour contenter les deux parties, amp; par efpccial ledit Duc : dont ledit denbsp;Harcourt ne fut bien content:amp; y meit plufieurs oppofitions, difant que le Pape luy fiifoit tout ce pour le dellituer dudit Euefché de Tournay : amp; par ainlinbsp;iceluy Ducde Bourgongne voyant qu’il ne vouloir obeïr au mandement dunbsp;fainél Pere, fut de luy amp; de cehx de Tournay plus mal content que deuant. Sinbsp;feit de rechief deffendre par tous fes pays, que nul ne portail viures en icellenbsp;ville de Tournay fur peine de confifcation de corps amp; de biens. Et auecce quenbsp;îout homme qui pourroit fçauoir les bien d’aucuns des habitans,les nonçalTentnbsp;3Ux olEciers dudit Duc,amp; ils feroient prins comme confifquez.Et furent à l’oc-lt;^alion de celle tribulation faits plufieurs maulx bien par l’efpace de quatre ounbsp;lt;^inqans. Durant lefquels fut de par le Duc le Comte d’Ellampes accompaignénbsp;plufieurs cheualiersöc elcuyers enuoy é en ladiôle ville de Tournay,où elloicnbsp;^edeflufdit de Harcourt pour prendre poflelïion pour ledit maillre lean Chc-^tot.Si aduint que quand le delTufdit Comte d’Ellampes futen la ville de Tournbsp;ôay,amp; qu’il eut ordonné à prendre polTelfion à vn nommé maillre Ellienne Vivien : vne grande partie de ceux de la ville ne furent point de ce contens, amp; faf-feniblerent en grand nombre par maniéré de commotion. Si allèrent en l’Egli-fe où elloit ledit Viuien affis en la chaire de l’Euefque faifant les cerimonies amp;nbsp;3pprehenfions,qui luy auoient efté commilès à faire au nom d’iceluy Cheurot,nbsp;en prenant la poflelïion de l’Euefché, amp; le tirerent ius de ladiôle chaire trefdu -bernent en luy defrompant Ibn lurplis amp; autres habillemens. Et en y eut plufieurs qui en icelle fureur le vouloient mettre à mort : mais pour les appaifer lanbsp;iullice de la ville le feit prendre amp; mettre prifonnier, en donnant à entendre ànbsp;ces communes qu’il feroit puny par ladiôle iullice, amp; qu’ils fuflent contens. Etnbsp;aufli ledit lean de Harcourt pour qui ladiôle commotion fe faifoit, les réfrénanbsp;par doulces parolles amp; amoderées : en eux remonflrant amiablement qu’ils lenbsp;ïetrahilTent en leurs maifons, difant que tout fe feroit bien, amp; qu’il garderoitnbsp;fon droit par iullice. Apres lelquelles befongnes,amp; plufieurs autres icelles cornnbsp;niunes fe retrahirent, amp; fe exeufereut les officiers : c’ell à fçauoir ceux de la loynbsp;amp; autres plus notables enuers le Comte d’Ellampes de ladiôle commotion; carnbsp;ils en doubtoient grandement pis valoir au temps aduenir. Et apres toutes cesnbsp;befongnes ledit Comte d’Ellampes amp; ceux de fon conlèil voyant ^que autrenbsp;chofe n’en pourroient faire,fe dépérirent de là, amp; l’cn retournèrent à Arras de-Uers le Duc de Bourgongne. Auquel il racompta l’ellat amp; la maniéré de ce quinbsp;auoit ellé fait en ladiôle ville deTournay:dont ledit Duc en perfeuerant de malnbsp;en pis, fut trefmal content de ceux d’icelle cité. Et finablement pour amp; à la cau-fedeladiuifion d’iceuxdcuxEuelchez,aduindrentà plufieurs gensdediuersnbsp;eflats de grandes tribulations amp;: miferes. Etïmement apres la paix faiôle ànbsp;Arras entre le Roy Charles amp; le Duc de Bourgongne, fut le deflufdit Roy treEnbsp;mal content des manières que tenoit iceluy Duc contre ceux deTournay,voulant foubllenir iceluy de Harcourt.Lequel de Harcourt fçaehant que leditnbsp;P iiij

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M.CCCCXXXIII. VOLyXlE II. DES CHROISIIES

Duc de Bourgongne eftoicdu toutconclud amp; obftiné,defoubftenir maiftre lean Cbeurot; amp;auffi voyant que par nul moyen il ne pouoitiouïrpaifible-ment des biens ôc fruidîs d’iceluy Euelcbé.Et auec ce que fes terres de Hainaultnbsp;eftoient arreftécs amp; mifcs en la main du deflufdit Duc, il fe départit de ladiôtenbsp;ville de Tournay:amp;; fen alla à priuée melgnie deuers le Roy, qui luy feit grande reception,amp;de là fen retrahit en fon Archeuefché de Narbonne.Etpar ainfinbsp;iceluy maiftre lean Cbeurot demeura paifible en fon Euefebé de Tournay, amp;nbsp;feit prendre la pofleflion par vn chanoine de Cambray nommé maiftre Robertnbsp;d’Auclair, qui pour le deftufdit fut aftez courtoiiement receu ôc obey commenbsp;fon procureur.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i




fcfdits pays. Et par efpecial ceux de fon beau frere le Duc de Bourbon : difaot que défia auoient prins par force plufieurs bonnes villes amp; forterefles, amp; chacun iour f’efforçoient de conquerre plus auant : pourquoy le pays eftoit en dannbsp;gier d’eftre deftruir, fe biiefue prouifion n’y eftoit mift-.luy requérant treshuæ-blement que de fà grace il y voulfift remedier de fà puiflance magnifique, amp; ƒnbsp;aller perfonnellement à tout fes gens d’armes : lequel Duc cefte requefte ouysnbsp;feit aflembler fon confeil, amp; auecques iceluy coriclud que brief enfuiuant il fc-roitaffembler toutes les gens de guerre de fes pays de Brabant, de Flandres,nbsp;d’Arthois, de Hainault amp; autres marches à luy obeïflans. Et lors furent misnbsp;clercs en œuure à eferire lettres addreftans à tous les capitaincs:amp; aufli aux che-ualiers amp; efcuyers amp; autres gens de guerre, qui auoient accouftumé d’eux armer, contenans que fins delay fe meiflent fus pour eftre prefts amp; appareilleznbsp;l’entrée du mois de May, à tout ce que chacun pourroit finer de gens d’armes,nbsp;tant hommes d’armes comme archiers à aller en là compaignie,là où il les vouloir conduire amp; mener-.lefquels capitaines ouÿle mandement de leur Princenbsp;amp; feigneur,feifentleuraflemblée amp; fc préparèrent diligemment. Et en y eutnbsp;grand partie lefquels meirent leurs gens fur les champs : dont le pays de Picardie, d’ArthoiSjPonthieu, Tournefis, Oftreuant,Cambrefis, Vermandois amp; lesnbsp;marches à l’enuiron furent grandement trauaillées : pourtant que le deflufditnbsp;Duc de Bourgongne n’eut pas fi en hafte amp; viftement apprefté fesbefongnesnbsp;pour partir, amp; faire fon voyage,amp; demouryent iceux gens d’armes par l’efpa-ce d’vn mois amp; plus, en mangeant toufiours le pays delfufdit. En la fin duquelnbsp;mois ledit Duc de Bourgongne, qui de plufieurs parties de (es pays auoit faitnbsp;grandes appreftes amp; preparations de chariots, artilleries amp; de toutes autres manbsp;nieres d’habillement de guerre,fcpartit de la ville d’Arras le vingtiefme iour denbsp;luing auecques luy plufieurs capitaines. Et y fut là femme la DuchelTc quia-uoit auecques elle tant de dames amp; damoilelles que autres femmes feruans,iàtnbsp;qu’elles eftoient bien iulquesau nombre de quaranteouaudeirus,amp; vint au

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D^ENGVEKK, T)E yiONSTB^ELET CHARLES VIJ. 8p xcmbourg, qui luy requifl: d’aller en fon chaftel de Bohaing lequel luy accorda.Et apres le lendemain incontinent qu’ils eurem ouye MelTc dedans l’Eglifcnbsp;noftre Damede Cambray, luy amp; fà femme la DuchelEe, amp; qu’ils eurent prinsnbsp;leur refeólion : ils fen allèrent audit chafteau de Bohaing, où ils furent moultnbsp;ioyeufement amp;: honnorablement receuzdu deffufdit mclEreleandeLuxem-bourg,Comte de Leigny amp; de la ComtelTe fi femme. Si furet eux ôc leurs gensnbsp;feruis trefabondamment de plufieurs viuresâ eux necefl'aires amp; conuenabîesnbsp;felon le temps, amp; dernourerent en ccftuy lieu par deux iours en prenant leursnbsp;efbatemens en chafEes amp; autres déduits.Et entre-temps les capitaines amp; cheua-liers à tout leurs gens d’armes (è retrahirent vers le pays de Rethelois. En apresnbsp;le Duc de Bourgongneamp; la Duchefl'e fa femme partans dudit lieu de Bohaing,nbsp;fen allèrent à Prouins. Et de là parmy la Champaigne palTerent affez toft prèsnbsp;de la ville de Reims. Si auoit en la compaignie iufques à fix mille combattans,nbsp;tant hommes d’armes comme d’archiers : dcfquels eftoientics principaux con-dud curs le feigneur de Croÿ,raeflire leà de Croÿ fon frere,meffire lean d’Hor-nes Senefchal de Brabant,le feigneur de Crefquy (on frere, raeflire lean baftardnbsp;deS.Pol amp; Loÿs fon frerede feigneur de Humieres,meffire Baudo de Noyelle,nbsp;ïefeignèur de Creuecueur,Robert de Neufuille, Lancelot de Dours,Harpin denbsp;l^ichammes amp; plufieurs autres moult nobles hommes tant cheualiers commenbsp;cfcuyers:amp; alors ledit Duc de Bourgongne cheuaucha parmy le pays de Chamnbsp;paigne,lequel auoit auantgarde, bataille amp; arrieregarde. Laquelle auanrgardenbsp;conduifoit mefhre lean de Croÿ au defToubs defon frere.Et auecques luy eftoitnbsp;^e defl'ufdit Harpin de Richammes. Si eftoit chacun iour mis le charroy entrenbsp;1 auanrgarde ôc la bataille. Et la DuchefTe qui lors eftoit bien enceinte d’enfant,nbsp;tiiloit auecques fes femmes pres de ladicte bataille où eftoit le Duc : amp; cheminèrent tenant telle ordonnance iufquesdeuant Troyes,qyi tenoitleparty dunbsp;Roy Charles : deuant laquelle ville palTa ledit Duc : amp; de là print fon cheminnbsp;''ers Cappes tirant vers Bourgongne à tout grand nombre de combattans.Et a-donc vindrent deuers luy les feigneurs de Bourgongne à tout grand nombre denbsp;coinbattans:aufquels il feit ioyeufe reception: amp; brief enfuiuant print conclu-fion auecques ceux de fon confeil de ce qu’ils auoit à faire. Si fut ordonné que

Duchefl'e amp; fà compaignie fen iroient à Chaftillon fur Seine feiourner:amp; ledit Duc mena fes gens deuant Mufti rEuefquc,que tenoient les François fes ad-^erfaires,amp; meit le fiege tout à l’enuiron.Si furent des aftiegeans faides grades preparations pour greuer leurs aduerfaires amp; ennemis-.c’eft à fçauoir,feirent af-leoir deuant les portes amp; murailles plufieurs engins, pour iceux confondre amp;nbsp;sbbatrc.Et d’autre part les aftîegez feirent trefgrande diligence d’eux deffendre:nbsp;^eantmoins eux voyans la puiflanf e dudit Duc deBourgongne eftre fi grande,nbsp;aufti qu’ils n’auoient mie efperace d’auoir aucun fecours feirent traiefe auec-^jueslefdits commis d’iceluy Duc dedans les huid iours :amp; apres le fiege misnbsp;Partei fi,qu’ils fen iroient fauf leurs vies, corps amp; biês en rendant ladide forte-^cfTezlequel traidé conclud fe départirent fc^bs bon fauf-conduit,amp;fen allerernbsp;s S. Florentin. Et apres qu’iceluy Duc eut de par luy comis capitaine en icellenbsp;ville,il fen alla à Chaftiîon où eftoit ladide Duchefl'e fa fême,amp; fes gês d’armesnbsp;le départirent foubs bon faufconduir,amp; fen allèrent vers la Coté de Tonnerre.

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M.CCCCXXXlll. yOLrXiE 11. DES CHRONlOJ/ES

les Francois auo'tet

Comment Ie Duc de Bourgongne reconqutflplufieurs forterejjes que conquises en fin pais de Bourgongne.

Vrant ce temps apres queledeflufdit Duc de Bourgongne eut fe-iourné aucun pou de iours à Chaftillon, il ordonna fà femme la Du-cheHe à aller à Dijon, où elle fur ioyeufement receüe de la ville amp; du pays, amp; il fen alla apres fes gens. Si feit aflîeger Lufligines amp; PalTynbsp;que tenoient (es aduerfaires : laquelle fortereffe de Lufligines fut fi rigoureufc-ment contrainte, que ceux qui la tenoient la rendirent audit Duc par telle connbsp;dition, qu’ils fen iroient fauf leurs vies en delaiflant leurs biens.Et les delTufditsnbsp;de Pafly baillèrent hoflaigesde rendre leur fort le premier lourde Septembrenbsp;enfuiuant ,encas queiceluy Duc ou fes commis ne feroient combattus parnbsp;ceux de leur party auiourdeflufdit. Etadonc plufieurs autres forterefles quenbsp;renoient lefdits François, doubtans la grand puiflance que auoit ledit Duc denbsp;Bourgongne au pays, fe rendirent à luy auecques celles delTufdites: c’efl: à fça-uoir Danlermoinne, Herny,Courfàin, Secalofloug, Malegny, S. Pballe,Sicry,nbsp;Sabellyamp; autres forterefles iufques à vingt amp;quatre amp; au deflus.Apres lefquel-les redditions ledit Duc fen alla a Dijon,amp; fes capitaines à tout leurs gens d’armes fe retrahirent vers leurs marches : defquels durant ce voyage fut le chief,nbsp;meflirc lean de Croÿ à tous les fieges qui Ce meirent en l’obeïflance du deflufditnbsp;Duc de Bourgongne.

Comment Gilles de P oflelles fut accufiédetrahifin^dontil fut décapité,

N ceft anfutaceufédetrahifonenuers le Duc de Bourgongne vn gentil-homme du pays de Hainault, nommé Gilles de Poftenes,lc-quel auoit longtemps efté nourry amp; feruiteuren lamaifonde lanbsp;Comtefle de Hainault doüagiere tante audit Duc de Bourgongne.



Et fut la caufe de ladide accufàtion, pourcc qu’il auoit pourparlé auecques aucuns autres nobles du paÿs,dc mettre à mort le deflufdit Duc par trait ou aucune autre maniéré, en allant auec luy au bois à la chaffe . Si fut pour cefte caufe prins en l’hoftel de celle Dame au Qj^fiioy par meflire Guillaume de Lalaing,nbsp;BailJif dudit pays de Hainault. Et puis apres qu’il eut efté diligemment que-ftionné amp; examiné,il fut decapitéamp; cftartelé au marché de Mons en Hainault,nbsp;Sc les quartiers mis au dehors de quatre bonnes villes du pays. Auecques lequelnbsp;fut ainfi décapité vn fien fèruitcur, amp; lean de Vendeges’, à qui iceluy Gilles denbsp;Poftelle fen eftoit defcouucrt fe rendit fugitif du pays : amp; depuis par diuersnbsp;moyens quift plufieurs fois fes excufàtions éeuers ledit Duc. Si fut pour ceftenbsp;caufe mifè aucune fufpedion contre ladide Comtefle de Hainault doüagiere,nbsp;mais en conclufion rien n’en vint à clarté.

Comment les Francois eficheüerent^‘ville de Crffiy en Falois plufieurs autres maniérés.

Durant

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L'ENGJEERR. DE TÿîONSTKELET CHARLES VU. 90 Vrant ces tribulations les gens du Roy prindrent par efchelles à vnnbsp;point du iour la ville de Crefpy en Valois, tenant le party des An-glois: amp;cn eftoit capitaine le baftard de Thian,lequel au-ecquesnbsp;grand partie de la garnifon amp;defes habitansfut prins, amp; tous les



^iens pillez ôcrauizauec pluheurs autres maulx grans amp; innumerables qui y furent faits, amp; par la maniéré qu’il eft accoufturac de faire en ville conquife. Lanbsp;nuiôt de l’Afccnfion de ceft an fe refincurent les Gantois contre les officiers dunbsp;I^rinceamp;les gouuerneurs delaville : mais le fbuuerain Efcheuindclavillefènbsp;uieit fur le grand marché à tout la bannière du Comte de Flandres bien accom-paigné, auant que les mouuemens fuffient aflemblez : lefquels voyans qu’ils nenbsp;pouoient mener leur intention à fin, fe rendirent fugitifs : amp; les aucuns furentnbsp;depuis prins amp; punis parlesfouuerains gouuerneurs delà ville de Gand. Ennbsp;iours fut prinfe la ville de Bruyères en Laonnois fur les gens du Roy Char-par aucuns des gens de meffire lean de Luxembourg Comte de Ligny; def-^uels eftoit l’vn des meneurs Villemet de Fîainau capitaine de Montagu : pournbsp;laquelle prinfe ceux de la ville furent en grand effiroy, doubtans qu’en icelle nenbsp;fut en brief temps mife puiftante garnifon contre eux. Et pourtant fè garnirentnbsp;fournirent de gens Je guerre au mieulx que bonnement faire le peuuentnbsp;pour y refifter.

Comment le Duc de Bourgongne tint la, tournée de Pajjy. Et comment il feit aßieger U njille amp; f örteref e d’Aualon.

lt;5 E premier lourde Septembre venu le Duc de Bourgongne qui par auant auoit madé es parties de Bourgongne tous ceux qui l’auoiencnbsp;accouftumé de ffiruir tint la iournée pour la reddition de Paffi dontnbsp;defluseft faiéfe mention. A laquelle iournée vindrent en fon aydenbsp;Icfeigneurde l’Ifle-Addm Marefchal de France de par le Roy Henry amp; mef-fite lean de Talbot Angiois à tout feize cens combattans ou enuiron:lefquelsnbsp;forent dudit Duc receuz moult ioyeufemenr5amp; feit trefbeaulx dons à iceuxnbsp;feigneurs amp; leurs gens:toutesfois lefdits François ne comparurent pas à ladiôlenbsp;tournée, parquoy ceux de ladiéîe fortereife de Paffi ficomme promis l’auoientnbsp;rendirent en la main du deflufdit Duc de Bourgongne ; amp; fe départirent furnbsp;don faufeonduit. Et apres ledit Duc enuoya aucuns de fès capitaines mettre lenbsp;fiegeentour Aualon-.dedans laquelleeftoit capitaine vn nommé fortefpiceànbsp;tout deux cens combattans fleurs de rens d’armes Toides amp; inftruits de la suer-te qui moult vaillamment fe defrendirent. Et eftoient les principaulx affiegeas,nbsp;ceftàfçauoirdeBourgongnele fei^neur de Charny,Philebertdc Vaudray amp;:nbsp;aucuns autres:amp; de Picardie y eftoient meffire lean Baftard de fàinél Polje fei-gneur de Humieres amp; plufieurs autres nobles hommes, lefquels en grand har-diefle approchèrent leurs ennemis amp; fe logèrent grand partie au plus pres desnbsp;foflez. Si feirent drefler plufieurs engins dont la muraille d’icelle ville fut fortnbsp;trauailléeSc en moult de lieux abbatue.Et tant^ue iceux affiegeans efperas icelnbsp;le prendre de force luy liurercnt vn grand aflault duquel ils furent par force redoutez amp; reculiez, mais finablement lefdits affiegez doubtans qu’en fin ne fufinbsp;*entprins deforce amp; nonayans elpetancedc fecours l’efffayerent fi fort que

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' M.CCCCXXXllI. yOLJ/lAE II. DES CHKONIQ^EES

par niiyt fe départirent d’illecques cn defroy par vne poterne qui point n eftoit bien gardée. Mais ains qu’ils fuffent tous hors furent apperceuz de leurs ennemis lefquels farmerent amp; vigoureufement fe ferirent en eux, fi en prindrent amp;nbsp;occirent plufieurs. Et le dciïufdit Forte-efpice amp; aucuns des principaulx fe fau-uerent par fuite. Et adonc fut ladiéle ville foudainement aflaillie amp; prinfè fansnbsp;trouuer quelconque dcffence.’dedans laquelle fut prinfe la femme d’iceluy For-te-elpice amp; plufieurs de fes gens auecques aucuns paÿlàns amp; tous les biens di-celle prins amp; rauis.

Comment Pierre de Luxembourg Comte de ßainClPol aßiegeala'villede lery^ auquel 'voyage il mourut.

mois de luillet Pierre de Luxembourg Comte de fainél Polac-compagne du feigneur de VillebyAnglois amp; douze cens combat-tans de deux nations,il meit le fiege toutà l’enuiron de la ville de fainét Vvalery, dedans laquelle eftoient de par le Roy Charles



mefiire Loys de Vaucourt,Philippe de la Tour,amp; meflire Régnault de Verfeil-les à tout trois cens combattans.Si feirent de rechiefdrefler contre les portes murailles aucuns engins pourles greuer. Et apres que ledit fiege eut duré patnbsp;l’efpace de trois fepmaines les deflufdits cheualiers afliegez feirenttraidé auecques Robert de Saueufes à ce commis de par ledit Comte de faind Pol ,parnbsp;fi qu’ils deuoientauoir certaine fomme de monnoyeamp; emporter tous leursnbsp;biens amp;aufli emmener tous leurs prifonniers ,amp; auecques ce eurent lourdenbsp;partir de ladide ville en cas que lefdits aflîegeansne fèroient combattus denbsp;ceux de leur party. Auquel iour ne comparut homme tenant leur party,nbsp;ainfife départirent de là amp; fen allèrent à Beauuais foubsbon faufconduit.Etnbsp;de là brief enfuiuant les deflufdits meffire Loÿs,amp; meflire Régnault furent rencontrez d’vn nommé le petit Rolant tenant leur party, lequel pour aucune haine particuliere fur le chemin de Senlis leur courut fus auecques fes geusnbsp;qu’il auoit amenez à Chantilly, amp; enconclufionlesconquift amp;deftroufla,amp;nbsp;mefmement y fut prins ledit mefiire Régnault de Verfeilles . Et apres le defluf-dit Comte de faind Pol refournift de fes gens ladide ville de faind Vvalery amp;nbsp;la bailla en garde à mefiîre Robert de Saueufè. Et de là partant de fondit fiegenbsp;fen alla loger en vn grand village nommé Blangy en la Comté d’Eu en l’intention d’aller afiieger le chaftel de Mouchas que tenoit pour party du Roy Charles mefiire Régnault de Fontaines. Lequel mefiire Régnault non voulant at“nbsp;tendre ledit fiege, feit traidé auecques les gens amp; commis dudit Comte par telnbsp;fi qu’il luy rendroit ladide forterefle le xv. iour du mois d’Odobre enfuiuant,nbsp;en cas qu’à ce iour les gens du Roy Charles ne feroient puifl'ans pour combattre ledit Comte audit iourdeuant le chaftel de Mouchas,ou és pays de San-thois empres Villiers le Carbonel à vne lieue de Fdaplaincourt. Et pour la feur-té de ce traidé fait amp; confermé par les parties le xxvj. iour du mois d’Aouft furent baillez hoftaiges. Et le deAier iour d’iceluy mefme mois d’Aouft iceluynbsp;Comte eftanten fès tentes empres ladide ville de Blangy,faifànt les ordonnances pour aller afiieger le chaftel de Rambures, luy print la maladie de lefpidi-mie,de laquelle il mourut alTcz foubdainement.Pour la mort duquel toutes fesnbsp;gens

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Ij ENG KERR. DE MO N STRELET. CHARLES EIL


gens amp; au/Ti les capitaines Anglois là ellans furent fort troublez amp; courroucez î^ncueur. Si fen retournerêtalfez briefchacun en leurs places amp; propres lieux,nbsp;dont ils eftoient venus. Et ceux de fa famille emportèrent fon corps en la villenbsp;de faincl Pol.Et depuis il fut enterré deuant legrand autel du Monîlier de Clernbsp;Champ l’AbbayCjde laquellefès predecelfeurs eftoient fondateurs. Etaffeznbsp;trief enfuiuât Loÿs de Luxembourg fils aifné dudit Comte aagé de quinze ansnbsp;ou enuiron, print amp; appréhenda toutes les feigneuries qu’auoit tenu fondit feunbsp;pere. Et de là en auant fe feit nommer Comte de faindl Pol.

Comment le feigneur de la Trimoüille fut prins en l'hofel du Roy Charles, nbsp;nbsp;rendit la

Eicomté deTouars.

Vrant le temps deflufdit le Roy Charlesde France fetenoit moult fouuentauchaftclde Chinon :auecques lequel eftoient le feigneurnbsp;de laTrimoüille, par qui toutes befongnes fe conduifoient quant ànbsp;l’eftatdu Roy, dontn’eftoient pas bien contens Charles d’Anjou amp;nbsp;aucuns autres grans feigneurs qui l’auoient en haine pour l’amour du feigneur



d’Amboife Vicomtede Touars: lequel il faifoit tenir prifonnier désie temps


le feigneur de Leffay amp; Anthoine de Viuonneauoientefté décapitez en la cité de Poiéliers par fon pourchats. Et aufli pource que par luy le Conneftablcnbsp;pouoit retourner en la grace du Roy, comme iceux entendoient eftre vray.nbsp;Si aduintvn certain iour qu’en comptant des chofes defiufdiéles entrèrent dedans iceluychaftel de Chinon le feigneur de Bueil,meflire Pierrede Verfeil,nbsp;Pregent de Cothiguy, amp; aucuns autres grans Barons iufques au nombre de fei-


2e:lefquels allèrent iufques à la chambre d’iceluy feigneur delà Trimoüille qui


encore eftoit en fon lief. Si le prindrent prifonnier amp; J’emmenerent, amp; luy fut lors ofté tout le gouuernement du Roy.Et puis par traidé qu’il feit auec les defnbsp;fufdits amp; autres leurs alliez, rendit ledit feigneur d’Amboife. Et auecquescenbsp;promeit de non plus retourner deuers le Roy, amp;; fi rendit plufieurs fortereflesnbsp;^0 il tenoit.Et affez brief enfuiuant retourna ledit Conneftable deuers le Roy;



euft grandement du


defapoinélementdeflufditdufeigneurdelà Trimoüille: neantmoins luy furent baillez nouucaulx gouuerneurs. Au temps deflufdit Philippe le feigneur deSaueufesfe tenoit en la ville de Montdidicr à tout certain nombre de com-lgt;attans, pour deffendre le pays amp; refifter contre les François de Compiengne,nbsp;Reffons fur la mer, Morte Mer, Bretueil amp; autres places : lefquels eftoient alleznbsp;courre vers le pays de Santhois enuiron eux cinquante combattans:lefquels furent tantoft enuahisamp; la plus grand partie prins prifonniers,amp; les autres fe fau-üerent par fuite. En cell: an mourut le Comte de Ponthieure en fà ville d Auef-nés en Hainault, lequel par long temps auoit efté dcchaffé de Bretaigne com-rne en autres lieux eft affez declairé. Et alors regnoitfurla plus grand partienbsp;des marches de France grand mortalité, tant en bonnes villes comme en plainnbsp;pays. Et d’autre part eftoient les feigneurs nobles hommes fort diuifez lesnbsp;vns contre les autrcs,amp; n’eftoient Dieu,rEglife ne iuftice obeyz ne crains.Et parnbsp;ainfi lepoure amp; fimple peuple eftoit en plufieurs maniérés offence.


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M.CCCCXXXIIL nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;II. DES CHRONIQUES

Comment Guillaume de Coroan rua ius lean de Beaurdxn.Et comment la fortere^Je de


Haplaincourt fut reconquife p


ar meßire lean de Luxembourg.


aTem en celüy temps Guillaume de Coroam Anglois, amp;auecques luy Villemer de Hainault, amp; aucuns autres des gens de mefTire leannbsp;de Luxembourg accompaigné de trois à quatre cens combaitans ounbsp;enuiron,ruerent ius amp; deftrouflerent entre Ardenne amp; Champaignenbsp;aflez près de Yvvis de cinq à.fix cens combattansdefqucls auoit aflcmblcz leannbsp;de Beaurain amp; autres capitaines pour combattre amp; ruer ius les deflufdits qui lànbsp;eftoient allez courir, toutesfois ledit lean de Beaurain fe (àuua amp; grand partienbsp;de fes gens. Et apres au mois de Septembre fut prins le chaftel de Haplain-courtjfeantfiur la riuierede Sommeà deux lieues de Peronneparvn tenant lenbsp;party du Roy Charles nommé Martin le Lombart amp; fes complices : dedans lequel eftoient mefiîre Pierrede Beaufault noble cheualier moult ancien ôc lànbsp;femme, mere de meffire Karados de Quefnes. Pour laquelle prinfe le pays denbsp;Vermandois amp; autres à l’enuiron furent en grand elFroy amp; foucy ; doubtansnbsp;que par le moyen d’iccllc prinfe leurs aduerlaires amp; ennemis nculTent grâd entrée en iceux pays.Et pourtant fans delay furent incontinent mandées ces nou-uelles audit melfii e lean de Luxembourg : lequel dedans briefs iours enfuiuantnbsp;alTembla bien huid cens combattans Picards, amp; auecques luy le ieune Cotntenbsp;de faind Pol fon nepueu, le feigneur de Saueules, meflire Sy mon de Lalaingnbsp;aucuns autres nobles capitaines amp; fen alladeuant ledit chaftel: deuant lequelnbsp;il feitdrefler aucuns engins pour traire à l’encontre. Et tant feirentpar lefditsnbsp;engins auecques les afl'aulx que y feirent les gens, qu’ils contraingnirent tellement ceux de dedans ledit chaftel, qu’ils fe rendirent du tout en la voulenté dudit meftirc lean de Luxembourg, dont les aucuns furent penduz amp; eftrangleZ’nbsp;Et ledit Martin, lacotin, Clamas furent depuis deliurez par finance : amp; iceluynbsp;chaftel fut depuis remis en la main de lean de Haplaincourt, amp; en furent dunbsp;tout déboutez les dcftufdits cheualier amp; dame. Apres lequel exploid fen retournèrent les deftufdits Comtes de Ligney ôc de S. Pol auecques leurs gens esnbsp;lieux amp; pays dont ils eftoient venuz.

Comment les Comtes de fainbi Pol amp; Ligney tindrent la tournée de Milliers le Carbon^ nel:nbsp;nbsp;nbsp;depuis ruerent ius les Francois de la garnifon de Laon.

E quinziefme iour du mois d’Odobre le ieune Comte de faind Pol, amp; meflire lea de Luxembourg Comte de Ligney fon oncle, auec denbsp;quatre à cinq mille combattans que par auant ils auoient euocqueznbsp;des pays de Picardie amp; de Hainault : entre lefqucls eftoient meflire

Guillaume de Lalaing, meflire Symon fon frere, le feigneur de Mailly, meflire Allard de Mailly,!e feigneur de Saucufes,Valleran de Moreul,Guy de Royenbsp;plufieurs autres hommes de guerre expers amp; renommez en armes. Auecquesnbsp;ce aufli douze cens Anglois ou environ, que conduifoient le feigneur de ViHc-byamp; meflire Thomas Kiriel, tindrent la iournée au pays de Santhoisempresnbsp;Villiers le Carbonncl, pour la copofition du chaftel de Mouchas en Normandie faiéte par meflire Régnault de Fontaines auecle feu Comte Pierrede Luxembourg,


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D'EN G y ERR. DE MONSTRELET. CHARLES yiL 92. xembourg, comme en autre lieu eft à plain declairé. A laquelle iournée mefli-re Régnault ne autres de la partie du Roy Charles ne vindrent ne comparurent^nbsp;ains laiflerent leurs hoftages en ce dangier. Neantmoins les deux Comtes def-fuldits fe tindrent en la bataille au lieu, qui auoit efté diuifé entre icelles partiesnbsp;grand partie du iour. En apres eux voyans qu’ils ne vcoient nulle apparence denbsp;leurs aduerlàireSjfe logèrent à tout leurs gens celle nuiôl en aucuns villages prèsnbsp;de ladiéle place. Et le lendemain fen retournèrent es lieux dont ils elloient venus par plufieurs iournées. En oultrc dedans briefs iours enfuiuans les delTuf-dits Comtes ellans â Guile, leur furent apportées nouuelles que le feigneur denbsp;Pennefach alors capitaine de Laonauec luy quatre cens combattans ouenui-ïon des garnilbns de la marche de Laonnois, elloient venus courre vers Marie,nbsp;amp; venoientdecuiderprendre Veruinsappartenant heritableroentàleannedenbsp;Bar fa belle fille : amp; défia auoient bouté les feux és faulxbourgs d’icelle ville denbsp;Marie. Pour lefquelles nouuelles melfire lean de Luxembourg tout troublénbsp;monta â chenal, ledit Comte de S. Pol en là compaigne, melfire Symon de La-Jaingamp;les gens de fon hollel. Si manda hafliuementà toutes fes gens qui e-lloient en fes forterelTes allez pres d’illec qu’ils le fuiuilTent fins delay : amp; auecnbsp;ce melfire Symon manda fes gens qui elloient logez en vn village alTez pres denbsp;là. Finableinent ledit Comte de Ligny meit enfemble trois cens combattans denbsp;plufieurs terres, amp; cheuaucha vigoureufement vers fes ennemis, fi les trouue-rent qu’ils feretrayoient vers Laon alTez pres de DailTy. Et jaçoit ce qu’ils fuf-fent en plus grand nombre que luy, toutesfois tantoll qu’il les apperceut fe fe-fitdes premiers dedans eux làns plus attendre apres fes gens: amp;pourvrayilynbsp;feit de grans merueilles,amp; faits d’armes de fil perlbnne:amp; finablement les François fe mcirenten fuiteenlaveüede leur capitaine delTufdit : amp; les autres furent defeonfits amp; mis à mort iufques au nombre de huiélvingts, dont elloientnbsp;les principaulx Gaillart de l’Illc, Anthoine de Belle- Garde,de Mouy,le Borgnenbsp;deVy, Fîenry Quenof du pays de Brabant amp; aucuns autres iufques au nombre delTufdit: amp; en y eut de prins de foixanteàquatrevingts,defquels la plusnbsp;grand partie furent le lendemain pendus : defquels en fut vn nommé RoulTel-let Preuoll de Laon : amp; fi fut prins en la bataille vn gentil-homme d’armes nô-mé l’Archenciel qui felloit rendu à melsire Simon de Lalain^delTus nommé:nbsp;lequel l’Archenciel luy auoit autresfois làuuélavicàfainôl Vincent commenbsp;dit eft ailleurs. Et pareillement luy vouloir ledit melfire Simon làuuer la vie,cenbsp;que faire ne peut: car melfire lean de Luxembourg le feit occire, dont leditnbsp;melfire Simon fut moult courroucé; mais autre choie n’en peut auoir.En apresnbsp;les François furet chalTez iufques alTez pres de la ville de Laon,fi en y eut en ladite chafle plufieurs morts amp; prinj.Si fut ce iour le iéune Cote de S.Pol mis ennbsp;Voye de gucrrc:car le Comte de Leigny fon oncle luy en feit occire aucuns, lequel y prenoit grand plaifir. Apres laquelledcltroulTe fen retournèrent trèsnbsp;ioyeux en ladiéfe ville de Guife pour la viéloire qu’ils auoient obtenue.

Comment la. Hire pluftettrs autres FrancoîsZoururent en Artois amp; en Cambrefis: mais ce fut âeuant l'aâuenture deJfußiEe.

QJj

X

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M.CCCCXXXIII. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLyyiE 11. DES CHRONIQUES

V mois de Septembre la Hire accompagné deplufieurs capitaines du Roy Charles : c’eft à içauoir Anthoine de Cnabanncs, Blanche-fort , Charles de Flauy, Régnault de Longueual amp; aucuns autres, d-uecques bien quinze cens combattans ou cnuiron qu’ils auoicnt af-



(èmblez es marches de Beauuais, paflcrent l’eaüede SommeâCappyau pays d’ArthoiSjfiprindrenticeluy à fourrer: amp;de premiere venue prindrcnt grandnbsp;nombre de paÿlàns, qui de ce ne fe donnoient garde : lefquels ils emmenerentnbsp;en la ville de Beauuais en Cambrefis,où ils fe logèrent tous enfemble. Et de re-chief comme ils aiioient fait ailleurs, prindrent la plus grand partie des homesnbsp;d’icelle, lefquels ils copoferent à grand finance. Et le lendemain fe meirent auxnbsp;champs tous enfemble en vne champaigne: amp; apres qu’ils eurét cheuauché vnnbsp;petit encefl: cftat, ils fe départirent pour aller en deux lieux : c’eft à (çauoir Anthoine de Chabannes amp; Blanchefort à tout leurs gens fen allèrent pafter deuatnbsp;Cambray,amp; prindrent leur chemin droit à Halprc, où la franche fefte auoit e-ftéleiour deuantlatourd’Yvvis : amp;pource que ceux de dedans ne fè voulurent compofer à leur plaifir, ardirent la plus grand partie de la ville amp; du mon-ftier.Et apres fen allèrent deuers ladide ville de Ha(pre,où il y auoit trelgrandnbsp;nombre de peuple amp; de biens abondamment. Si fc ferirent dedans Gns ce quenbsp;ceux de Haîpre en fulTent de riens aduertis, fi en prindrent plufieurs : mais lesnbsp;autres fe retrahirent en vne forte tourauecques les moynes, où ils furent patnbsp;iceux François longuement aflaillis. Et pource qu’ils ne les peurent auoir,aptesnbsp;ce qu’ils eurent prinsamp; rauy des biens d’icelle ville tout à leur plaifir,boutèrentnbsp;le feu en plufieurs maifons,amp; aufli en l’Eglife fàinôh Akaire amp; en l’abbaye, amp; /nbsp;feirent dommage incomparable.Et apres ce fe remeirent aux chaps à tout leursnbsp;bagages, amp; trauerftrentîe pays de Cambrefis : fi prindrent plufieurs hommesnbsp;prilonniers amp; ardirent plufieurs maifons, amp; puis fen allèrent loger au mont S.nbsp;Martin auecques la Hire qui là les attendit. Et en ce mefmc iour ledit la Hirenbsp;auoit fait ardoir amp; embrafer la ville de Beaureuoir, le moulin amp; aufli vne trefnbsp;belle maifon de plaifance nommée la Mothe, feant aflez pres d’icelle ville: laquelle eftoit à la Comtefle de Ligney : fi coururent lors en plufieurs parties parnbsp;petites comgagnies en faifantmaulxamp;innumerables dommages fur le pays»nbsp;îans eftre occupez de leurs ennemisicar meflire lean de Luxembourg eftoit encores auecleieune Comte de S.Pol fon nepueu,pour les affaires qui kiy eftoiétnbsp;furuenuz à caufe de la mort du Comte Pierre fon frere. Et pour cefte caufe lesnbsp;defluidits François ne trouuerent quelque deftourbier ne refiftêcc par tout ounbsp;ils allèrent durant cefte entreprinfe:amp; en apres du mont S.Martin prindrêt leurnbsp;chemin vers Laon : amp; en accueillant grans proyes de beftail amp; menant grandnbsp;multitude de prift)nniers,fen allèrent loger« Crefly fur Serre,amp;de là fans pertenbsp;de leurs gens fen retournèrent à Laon où ils partirent leur butin:amp; puis fen allèrent en leurs garnifons chacun dont ils eftoient venus. Enuiron le temps defnbsp;fufdit retournèrent des pays de Bourgongneles feigneurs de Croÿ amp; de Hu-miereSjà tout deux mille cheuaux^lefquels par longue efpace auoient efté auecnbsp;le Duc Philippe deBourgongne, pour faire plufieurs conqueftes audit paysnbsp;furl es François: auquel temps la Duchefle deBourgongne fedeliura d vnfilsnbsp;en la ville de Dijon, lequel fut fait cheualier fur les fons.Et furent les parrainsnbsp;Charles

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D'ENGEERCC. Tgt;E MONSTKELET. CHARLES Eli.

Charles Corate de Neuers, qui luy donna fon nom. Et ledit feigneur de Croy auec luy.Et auant fon departement fut dellors conftitué de l’ordre de la confraternité de la toy fon d’or: amp; auec ce par le deffufdit Duc de Bourgogne fon pete,luy fut donnée la Comté de Charrolois.

Comment le Duc de Bourgongne tint U fefle de la Toison ci Or en la utile de Dijon. Et comment il alla aux nopces du jils du Duc de Sauoye.

N ce temps le Duc de Bourgongne tint Ca fefte de la toiion d’or en la ville de Dijon en Bourgongnc:amp; briefenfuiuant vindrent deuersnbsp;luy les gens du Duc de Sauoye, luy requerre qu’il voulfift aller auxnbsp;nopces de fon nepueu le Comte de Geneue-.lequel prenoit à femmenbsp;la fille au Roy deChippre,amp; fedeuoit tenir la fefte d’icelles nopces à Chambéry en Sauoye: lequel Duc de Bourgoiigne accorda d’y aller : amp; apres qu’ifeutnbsp;ordonné fes beibngnes enuiron la Chandeleur, laiflafafemmelaDu.cheftè ânbsp;Chaalons en Bourgongne êc fon armée enuiron, amp; fe partit a tout deux censnbsp;cheualiers amp; efcuyers. Etchcuauchaparplufteurs iournées, tant qu’il vint ennbsp;ladide ville de Chambéry en Sauoye,amp; là vindrent au deuant de luy le Duc denbsp;Sauoye amp; fon coufin germain le Côte de Geneue, lefquels les recéurent moultnbsp;liemenr.Et Je lendemain furent faiéles les nopces moult folennelles amp; plantu-teufes:amp; fe feirent à la grâd table le Cardinal de Chippre oncle de J’efpoufée,lanbsp;l^oyne de Cecille femmedu Roy Loÿs fille dudit Duc de Sauoye. Efpuis leditnbsp;Duc de Bourgongne tous trois au droit lez,amp; au milieu fut aftîfe l’efpoufée: amp;nbsp;9pres le Duc de Bar,le Comte de Neuers amp; le Damoftel de Cleues. Et à la feco-de table fe feirent le Duc de Sauoy e,le Comte de Fribourg, le Marquis de Fribourg,le Prince d’Orenge, le Chancelier de Sauoye amp; autres feigneurs amp; dames. Aux autres tables furet aflis plufieurs cheualiers amp; efcuyers, dames amp; da-moilèlles de diuerfes contrées moult richement habillez.Lefquels chacun felonbsp;fon eftat furent moult hautement amp; richement feruis. Et dura ladide fefte parnbsp;trois iours moult plantureufc. Durant laquelle furent faides moult de ioyeti-fetez endances,amp; autres elbattemens. Etapres leditDucdeBourgongne donna à l’efpoufé vn moult riche fermail de la valeur de trois mille francs. Et puisnbsp;les trois iours deffufdits pafl'ez print congé à toute la feigneurie qui là eftoir, amp;:nbsp;fen retourna en Bourgongne. Si fut à fon departement gràdement remercié dunbsp;Duc de Sauoye amp; defon fils .

Comment le Concile de Bafle fut en ceB an en grand eflat tenu.

Vrant ce temps deflufdit eftoit le Concile de Baftc en grand eftat tenu: amp;y eftüitvenu l’Etl^pereur lignifiant Roy desRommains, amp; plufieurs autres feigneurs dediiierles nations tàtecclefiaftiques quenbsp;feculiers : lefquels entendoient diligemment à mettre ambafladeurs

fus, pour appaifer les difeords d’entre le Roy de France d’vne part, amp; le Roy d’Angleterre amp; le Duc de Bourgongne d’augre part. Et entre-temps vindrentnbsp;nouuelles audit Concile qui leur furent moult plaifans, c’eft àfçauoirquelesnbsp;Pragois auoient efté defeonfits amp; morts de huid à dix mille perfonnes par lesnbsp;nobles du pays de Behainc,amp;: par auec eux fix cés hommes de guerre,que ceux


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MXCCCXXXHII. yOLVl^iE II. DES CHRONiQJES

dudit Concile auoicnt enuoyez en leurayde. Et brief enfuiuans furent occis deux preftres qui eftoient capitaines des errans: dont l’vn eftoit nomme Prote-ftus du Tabouret,amp; l’autre Lupus, amp; auec eux fix mille de leur feôte.Si fut lorsnbsp;conquife la grand cité de Pragucs amp; nettoyée des mefcreans amp; grand partie dunbsp;paÿs:fi enuoyercc ceux deBehaigneleurambaffadeau Concile, pour auoirab-folution amp; confirmation de la foy Catholique. Et adonc fut par ledit Concilenbsp;leué vn demy dixielme fur le clergié.Et de rechiefvindrent les ambalTadcurs dunbsp;Roy de Caftille, amp; des Efpaignols en trefgrand eftat audit lieu de Balle. Et e-ftoient bien quatre cens perfonnes,amp; deux cens mullets lans les cheuaux.Etfu-rent enuoyez de par iceluy Concile les Cardinaux de làinde Croix amp; de fainélnbsp;Pierre, deuers Philippe Maria Duc de Millan pour r’auoir la terre de l’Eglifenbsp;qu’il tcnoir,mais ce fut à peine perdue.

Comment U 'ville amp; le chafiel de Prouins en Brie que tenaient les François furent print des Ànglois amp; Bourgonpnons. Et außi comment U 'ville forterejje de S.F'Vd-lerji fut reprinß des Francois.

B N ce temps furent prins d’elchelles la ville amp;chaftelde Prouins en Brie, quetenoientles François parles Angloisamp;Bourgongnons:nbsp;defquels elloient les chefs mellire lean Raillart, Mando de Luflach,nbsp;. Thomas Girard capitaine de Môftreau-faut-Yonne,Richard Huçonbsp;amp; aucuns autres : lefquels pouoient auoir enuiron quatre cens combatrans : Scnbsp;fut des elchelleurs vn nommé GrolTe- telle. Et fut prins par le challel enuironnbsp;cinq heures apres minuiót. Et elloient dedans enuiron cinq cens hommes denbsp;guerre,dont le principal eftoit le Commandeur de Gueraines,qui auec fes gensnbsp;tresvaillamment fe gouuerna amp; deffendit l’efpace de huiél heures ou enuiron :nbsp;amp; tant que lefdits entrepreneurs en moururent largement, iufques au nombrenbsp;de fix vingts ou mieux: entre lefquels en fut l’vn vn nomé Henry de Hogrefortnbsp;Anglois tresvaillant hommed’armes:neantmoins ladiéle ville amp; forterellèfurent conquilès amp; du tout mifes à faquemen: amp;: furet morts amp; prins grad partienbsp;des delTuldits François deffendeurs. Mais ledit Comandeur voyant que nul re-mede ne l’y pouoit mettre, fe lauua auec aucuns autres, amp; depuis en demouranbsp;capitaine le lèigneur de la Grange. Item â l’entrée du mois de lanuier reprin-drent les gens du Roy Charles : cell à fçauoir Chariot du Marells capitaine denbsp;Rambures la ville amp; forterelTe de S. Vvalery par faute de guet:laquelîe Robertnbsp;de Saueufes auoit en la gardc,mais pour lors n’y eftoit pas: amp; y auoit eu fi gradnbsp;mortalité, que pou de gens fy ofoient tenir : neantmoins le Ballard de Siennesnbsp;fon lieutenant fut prins amp; aucuns autres auec luy: pour laquelle prinfe ceux denbsp;Ponthieu amp; autres à l’enuiron furent en rnowlt grand doubte. Philippe de lanbsp;Tour fut principal chief à prendre celle ville de S. Vvalery, auec le deflufditnbsp;Chariot du Marells.

De l’an mj^e cccc. xxxiiq .

Comment le Duc de Bourgongne retourna en fes pais de Bourgongne en Flandres amp; ew Arthoisnbsp;nbsp;nbsp;amena auec luy lean fis du Comte de fleuersnbsp;nbsp;nbsp;autres matières.

Au

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E'ENG EERR. DE noNSTRELET CHARLES EU. ^4 V commencement dfi ceft an Philippe Duc de Bourgongne retourna en fes pays de Bourgongne, en Arthois, en Flandres amp; en fcs autres pays hx cens combattas auec luy ou enuiron: amp; laifla audit paysnbsp;de Bourgongne la Duchefle fa femme amp;fon petit fils. Et auec les



forterelTes garnies de les gens d’armes : auquel retour amena auec luy lean fils 3U Comte de Neuers fon coufin germain amp; fils à fa femme precedente.Si vifiranbsp;fes pays amp; bonnes villes, amp; prépara pour auoir gens amp; argent pour retournernbsp;a U dit pays de Bourgongne, amp; entre-temps les gens de melfire lean de Luxembourg tenans les frontières de Laonnois, prindrent le fort de labbaye S. Vin-lt;^ent lez Laon,que tenoient les gens du Roy Charlestdedas lequel fort fut prinsnbsp;Vn notable gentil-hommc nommé Anthoine de Cramailles : auquel le delTuf-dit Duc de Luxembourg feit coupper le chief, amp; fon corps efcarteller a Ripel-a^onde : amp; demourerent morts à la prinfe dudit fort de lainôl Vincent, lametnbsp;dePennelàch amp; Euftache Vaude. Et apres ledit melfire lean de Luxembourgnbsp;garnit iceluy fort de fes gens d’armes,pourquoy ceux de la ville de Laon furentnbsp;cntrelgrand doubte. Et pour mieux y refiller garnirent leur ville de droidesnbsp;gens d’armes. Et par ainlî les parties chacun iour liuroient l’vn contre l’autre denbsp;grandes efcarmouches : aulquelles Ibuuent aduenoit qu’il en y auoit de chacu-partie des morts amp; de naurez. Et entre les autres de la partie dudit melfirenbsp;lean de Luxembourg y fut mort vn vaillat cheualier, nommé Colart de Forgesnbsp;par vn traicl dont il fut féru auldiéles efcarmouches au trauers de la iambe.

CoYntnent IctSt îcdn de ILeucys fût ordonnéd mettre donné la Comté d'Eslampes.

lefiege devant Morciil. Et luyfat

Tem apres ce que le Duc de Luxembourg eut ramené es pays de Picardie lean fils du Comte de Neuers (comme dit cil delîus ) luy fut par ledit Duc de Bourgongne donnée la Comté d’Eltampes: amp; ennbsp;portalenom de ce iour en auant grand efpace de temps: amp; auec cenbsp;fut ordonné capitaine de Picardie pour auoir la charge des frontieres.Si alTem-hla gês d’armes pour aller alfieger le chafteau de Moreul, que tenoient les Fra-Çois. Aueclequel fe meit le feigneur d’Antoing,mclfire lean de Croÿ, le Vidaf-me d’Amiens, Valleran de Moreul, le feigneur de Fdumieres, lefcigneurdeSa-Ueufes amp; le feigneur de Ncufuille, melfire Baudo de Noyelle gouuerneurdcnbsp;Leronne,Montdidier,Roye amp; plulieurs autres nobles homes amp; gens de guerrenbsp;iufques à mille côbattans,qui par ledit Comte d’Ellampes amp; capitaines delTuEnbsp;dits furent menez amp; conduits iufques audit lieu de Moreul. Et là fe logeree de-uant la fortercirc,où elloient enuiron cent combartans, qui dedans le terme denbsp;huidioLirs furent parlesalfiegeanTcontrainds d’eux rendre lauf leurs vies tantnbsp;feulement,en delailTant tous leurs biens en la voulenté dudit Comte d’Eftàpesnbsp;amp; de fes commis.Apres lequel traiâé finy amp; qu’iceux Fraçois fe furent depar-tiz foubsbon faufeonduit, ladide forterclTe fut remife en la main du delfufditnbsp;Vvalleran de Moreul. Et le delTufdit Comte d’Eftampes mena fcs gens deuat lenbsp;chaftelde Mortemer empres RelTons fur Mers: lequel,challel dedans briefsnbsp;iours enfuiuàs luy fut rendu amp; fut du tout demoly. Et briefiours apres fen retourna ledit Comte à tout fes gens és pays delfufdits.

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MXCCCXXXJIIL nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11. DES CHMNlQ^VES

Comment le Pa^e Eu^ne fut en diford contre les ^ommains, c^ui le 'voulurent tenir a gré.

Homme outre fon

N cc temps noftre fainôl Pcre le Pape Eugene qui fe tcnoitàRome, eut voulenté d’aller demeurer à Florence : amp; quand ce vint à la co-gnoifl'ance des Rommainsdls en furent moult troublez. Et allèrentnbsp;en grand multitude deuers ledit Pape, amp;luyfeirent dire que pointnbsp;ne fe partiroit de lâ,amp; que mieux ne pouoic eftre qu’en icelle ville de Romme,nbsp;qui eflit la fontaine de Chreftienté. Et lors ledit Pape amp; fes Cardinaulx voyansnbsp;la rudeffe amp; folie d’iceux Rommains,monftrerent femblat de non vouloir parti r:neant m oins iceux Rommains feirent diligemment garder leurs portes,afttinbsp;qu’ils ne feeuflent partir fans leur fceu.Toutesfois par le moyê de la belle Rvy-nedeCecillequienuoyaau fàinôt Pere aucunes nauires garnies de gens d’armes,fe départit ledit Pape de Romme fecrettemêr, amp; fen alla demourer à Flænbsp;rence;pour lequel partement les Rommains deffufdits furent fort troublez :nbsp;incontinent tout ce que le Pape auoitlaiffé en leurs villes aucc aucuns def^^nbsp;gens,ils arrefl:erent,defqucls en eftoit l’vn le Cardinal de Venifè fon nepueu. £*•nbsp;feit fon departement en guife de moyne,amp; ainfi habitué fen alla.

Comment le fort de S.l'^incent empres Laon fut demoly:0* comment pluficurs fortetif' ßs furent conquifes par les Dourgongnons.

N iceluy mefme temps le Duc de Bourgongne fe partit de fes p^y^ de Picardie à tout deux millecombatiâs,pour retourner en fesp^y^nbsp;dcBourgongne, aueclequel faffemblerent meflireSymondcnbsp;laingjôc Robert de Saueufes.Si print fon chemin vers Cambrefis:nbsp;de là à Creffy fur Serre amp; à Prouins. Et lors les François efloient en grâd norO'nbsp;bre à Laon venus en intention d’aflieger le fort de S.Vincent, où efloientnbsp;gens de mcflire lean de Luxembourg, comme dit eft: deffus : lequel Comtenbsp;ceaduerty enuoya fes meffagers à Veruins deuersledit Duc, requérantqttilnbsp;voulfift retourner à tout fes gens d’armes iufques audit lieu deCreffy: Özilh**nbsp;feiourner deux ou trois iours, aflSn que les deffufdits François eflans à Laonnbsp;partifTent.Laquelle requefle luy accorda amp; reuint loger audit lieu de Crelfy:^nbsp;entre-temps traidez fe commencèrent à faire entre ledit de Ligney amp; ceux denbsp;la ville de Laon: lefquels en fin furent concluds par condition, que ceux qui e-floient dedâs ledit fort de S. Vincent departiroient fauf leurs vies amp; leurs bies,nbsp;amp; le deffufdit fort fèroit demoly:lefquelles befbngnes faides amp; accordées, 1^'nbsp;dit Duc fen alla parmy la Champaigne en fon pays de Bourgongne. Et raffern-bla de rechief auec ceu x qu’il auoit amenez^rand nôbre de fes Bourgongnonsnbsp;amp; Picards là eflans.Si les enuoya aflîeger la ville Be fortereffe de Chaumont ennbsp;Charrolois,que tenoient les François : lefquels en affez brief temps enfuiuansnbsp;furent par lefdits alïiegeans fi fort trauaillez amp; contrainds, qu’ils fe rendirentnbsp;enla voulenté d’iceluy Duc de Bfurgongne, lequel en feit pendre cent ou aünbsp;defrus:amp; eftoit lors le chief pour les Picards en l’abfence dudit Duc meflire leanbsp;Baflard de S.Pol.Et eft à fçauoir que de ceux qui furent pêduz, eftoit 1 vn le fihnbsp;de Rodigue de Vilandras. Et apres fe rendirent au capitaine d’iceluy Duc ceux

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D'ENGFERR. de yiONSTKELET CHARLES ril. 9^ lt;ludit fort,amp; furent penduz comme les autres. Apres afliegerent Benam, fi Cenbsp;rendirent ceux dededans fauues leurs vies eux departans le ballon ou poing,Scnbsp;de lâ tant par fieges comme par aflaulx meirét en leur obeïflancé plulieurs villes amp; fortcrelTcs que tenoient les François.

Comment le feigneur de Thallebot 'vint en France^où il conquiß^lußeurs 'villes nbsp;nbsp;fof^

tereßes.

V mefme an mefiire lean de Thallebot retourna du pays d’Angleterre en France,amp; amena auec luy huid cens combattans Anglois, W lefquels il mena a Rouen ; amp; de là prenant fon chemin vers Paris,nbsp;print amp; meit en fon obcïlTancc le fortdeloing feant entre Beau-uais amp; Gifors,amp; furent penduz les François qui eftoient dedans. En apres ice-luy meflire lean de Thallebot fen alla à tout fes gens audit lieu de Paris, où ilnbsp;fût conclud par le confeil du Roy Henry làellant, que luy, le feigneur de Fillenbsp;Adam Marefchal de France,amp; le Galois d’Aunay cheualicrfeigneur d’Aruille,nbsp;Sûeceuxl’Euefque deTheroûanne Chancelier de France pour le Roy Henrynbsp;a tout leurs gens iroient alîîcger le challel de Beaumont fur Oilè : lequel auoicnbsp;réparé Arnadour de Vignolles frere de la Hyre.Si fc meirent fus à tout bien lei-Ze cens combattans gens de bonne ellolFe les trois cheualiers deirufdits,amp; allèrent dcLiant le challel delTufdit lequel ils trouuerent tout vuide: car défia par a-uant leur venue ledit Amadour de Vignolles amp; fes gens l’auoient abandonné,nbsp;amp; fclloient tous retraids à Creil à tout leurs biens. Auquel lieu tantoll le fui-tiirent les dclTufdits apres que du tout ils eurent defolé ledit challel de Bcau-tnontzfi fe logèrent autour de la ville tant d’vn collé comme d’autre, amp; y liure-rent plufieurs grandes efcarmouches: aufquelles leldits alïiegez le deffendirentnbsp;Vigoureufement : mais à Fvne d’icelles ledit Amadour fut frappé d’vn traid dótnbsp;il mourut,fi en furent ceux de dedans moult marris, car ils le tenoient de grandnbsp;conduide amp; vaillant homme de guerre: durât lequel fiege vint auec lefdits af-fiegeans le dellufdit Euefque de Theroüanne Chancellier de France : apres laquelle venue au bout de fix fepmaines que ledit fiege auoit ellé mis, fe rendirêtnbsp;lefdits alïiegez par condition, qu’ils C’en iroient lauf leurs corps amp; leurs biens.nbsp;Et apres que lefdits Anglois curent regarny ladidc ville amp; challel de Creil denbsp;leurs gcns,ils fen allèrent alîîcger le pont làinde Maxence, que tenoit Guillonnbsp;de Ferrieres nepueu de faindc Trcille:lequel en alTcz briefs iours leul rendit amp;nbsp;fen alla luy amp; les fiens fauf leurs corps amp; leurs bagues. En apres fe rendirent ànbsp;iceux Anglois àNeufuille en Efmoy amp; la Rouge-mailon. Et puis fen allèrentnbsp;a Crefpy en Valois qui fut prinfe d’alfault, amp; y auoit bien trente François, def-quels Pothon le Bourgongnon eÜÂit le chief. Et de là retournèrent à Clcrmotnbsp;cn Beauuoifis qui Ce redit à eux,amp; le tenoit le Bourg de Vignolles : puis fen allèrent deuant Beauuais : mais ils ne veirent point qu’ils y peulTent prolfiter au cune chofe.Et pource fen retournèrent à Paris, amp; les autres en leurs garnifonsnbsp;dont ils elloientvenuz.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•

Comment le Comte d'Eßampes reconqutß la 'ville de S.Fvallery.

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M.CCCCXXXIIII. yOLrivlE ll. des CHKONlQ^yES

N ce mefme temps le Comte d’Eftampes accompaigné du feigneur d’Antoingjdu Vidafme d’Amiens, de meffiie lean de Croy amp; plu-g fieurs autres feigncurs, qui par auant auoient efté auecques luy de-vnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ujnt Moreul, alla aflieger la ville amp; forterefledeS.Vvallery,deuant

lefquelles ils furent enuiro vn mois:au bout duquel Charles de Marefts amp; Philippe de la Tour capitaincjlequelauoit elle principal chiefà prendre icelle ville de S.Vvalery. Et auoit iceluy Philippe delToubs luy la plus grand partie des gens d’armes, eftans en ladide ville tenans le party du Roy Charles : fi feirentnbsp;traidléauec les commis dudit Comte, par tel fi qu’eux amp; lesleursfeniroien*:nbsp;ßuuementauecleursbiens:amp; auecceauroient vnecertaine fommed’argenbnbsp;au iour qu’ils ièpartiroient de ladiôle ville. Etprindrent terme d’eux partir aunbsp;bout de huiû iours, en cas que François ne fèroient là puiflans aflez pour coinnbsp;battre ledit Comte d’Eftampes. Auquel iour ne vindrent ne comparurentnbsp;dits François: Ains au iour qui leur eftoit ordonné de partir, vint pour fecoin^nbsp;iceluy Comte d’Eflampes,fe befoing luy en eut efté, le defTufdit Loÿs denbsp;bourg Euefque de Theroüanne Chancellier de France pour le Roy Heurfnbsp;d’Angleterre à tout cinq cens Anglois, que conduifoient le (èigneur de Vdk'nbsp;by„meflîre Guy le Bouteillier amp; Brunclay capitaine d’Eu. Lequel ChanccIH^^nbsp;amp; les deffufdits furent ioyeulement receuz dudit Comte d’£ftampes,amp; les k*'nbsp;gneurs eftansauecluy.Si fe partirent ce mefme iourlcfdits François auecqu^snbsp;Charles de Marefts leur capitainc,qui les mena à Rambures: durant lequelnbsp;tement arriua au Haute dudit lieu de S.Vvalery vne barge, qui eftoit charg^^nbsp;de vins-.laquelle venoitdelàinélMalopourla prouifion defdits François» k'nbsp;quelle fut preftement prinft par les mariniers defdits aftlegeans. Et en apres k'nbsp;dit Chancellier amp; fes Anglois retournèrent au gifte à Eu, amp; le Comte d’EÜ^*^'nbsp;pes fe logea celle nu ici en ladiôle ville de fainéb Vvalery : amp; le lendemain ap^^®nbsp;qu’il eut commis lean de Brimeu capitaine d’iceux ville amp; chaftcl, il (e départinbsp;amp; retourna en Arthois à tout fes gens, lefquels il congea. En outre de la v*ynbsp;d’Eu le Chancellier deflufdit à tout iceux Anglois,alla mettre le fiege deuant lenbsp;chaftel de Monchas : lequel dedans briefs iours luy fur rendu moyennant eef'nbsp;taine fomme d’argent,qu’en receut meflirc Régnault de Fontaines,qui ennbsp;capitaine.Et fut iceluy chaftcl du tout defolé amp; abbatu, iaçoit-ce que ce fut knbsp;plus belle forterefte de toute la Comté d’Eu: durât lequel temps le Comte d’A-rondel fe tenoit fouuent à Mante amp; au pays deuers Chartres. Si print amp; ga’»^^nbsp;pour ceft an plufieurs forterefles fur les François tant au pays de Chartrain come au pays de Perche. Et lors ledit Duc de Bethfort retourna d’Angleterre^nbsp;Rouen: amp; de là à Paris,où il Ce tint longue efpace de temps.

Comment les Francoisprindrent la ville de Elanßtr Somme en Fermandois.

Nuiron le mois d’Aouft prindrent les gens du Roy Charles la vilk de Han fur Somme, que tenoient les gês de meflire lean de Luxent'nbsp;bourg Comte de Lign^y.Et la rendirent les habitâs,pource que k^fnbsp;garnilbnfçachans la venued’iccux François, feftoient partis deuinbsp;amp; les laiflerent en danger . En laquelle ville vindrent le Comte de Richernon^nbsp;Conneftable de France, le Baftard d’Orléans, la Hire amp; plufieurs autres cap^r^

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D'ENGî/EKK, DE MONST^ELET CH ADULES m. 9S

taines amp; auccques eux grand nombre de combattans. Pour laquelle prinfe le pays de Vermandois, Arthois, Cambrefis amp; plufieurs autres marches d enui-ron furent en trefgrand doubte, voyans iceux leurs ennemis eftre logez en fortnbsp;lieu fur le paflage de i’eaüe:amp; aulïi Içachat leur Prince eftre hors du paÿs.Neat-inoins les Comtes de S.Pol, d’Eftampes, deLigney feirent grans diligence d af^nbsp;fembler gens, pour refifter aux entreprinfes defdits François:mais entre-tempsnbsp;qu icelles aftemblées fe fàifoient, fe commencèrent aucuns traiôlez entre lesnbsp;partiesdefquels en conclufion vindrent à bonne fin amp; moyennat certaine fom-nie d’argent,montant a quarante mille efcus qu’eurent les François, rendirentnbsp;icelle ville de Han en la main de mefsire lean de Luxembourg à qui elle eftoit *nbsp;Et la caufe pourquoy lefdits traiôlez furent conduits en doulceur, fi fut fur l’ef-perancede venir à paix finalle entre le Roy Charles de France amp; le Duc denbsp;Bourgongncîcar défia en auoit plufieurs moyens encoramencez entre les parties. Auec laquelle ville de Han rendirent le fort de Breteil en la main duditnbsp;Comte d Eftampes, que Blanchefort auoit tenu long temps. Et en ce mefmenbsp;temps le Duc de Bourgongne feit mettre fiege deuant Coulongne lez Vigneu-fes par raeßirc Guillaume de Rochefort amp; Phillebertde Vaudray,à tout huiôlnbsp;Cens combattans ou enuirondefquels Ce logèrent en vne baftille. Et au bout denbsp;trois mois fe rendirent ceux de dedas par condition,qu’ils fen iroient faufleursnbsp;Corps amp; leurs biens.

Comment la 'ville nbsp;nbsp;forterejfe de Chafleaa-'villain furent mifes en l'obéijfance du Duc

de Bourgongne.

^TemaprescequeleDucde Bourgongne fut retourné en fbnpays de Bourgongne, comme dit eft, il alla deuant Grantfy : lequel longnbsp;temps par auant auoit efté afsiegée par melsire lean de Vergy amp; fèsnbsp;alliez.Et lors ceux qui dedans cftoient non ayans nulle efperace d’a-



tJoir aucun fecours,feirent traidé de rendre amp; mettre iceluy fort en l’obeïflan-d’iceluy Duedequel fort fans eftre defolé, fut mis en la main du feigneur de Thy frere au feigneur de Chafteau-Villain. Apres laquelle reddition furent parnbsp;ledit Duc enuoyez mefsire lean de Vergy,amp; plufieurs autres capitaines tant dunbsp;pays de Bourgongne comme de Picardie courre deuant la cité de Langres,nbsp;teeux fommer qu’ils fe rendiffent en fon obeiflancedaquelle chofe ils ne voulu-,nbsp;tent point faire. Ains retindrent le hcrault qui de par iceux capitaines leur auoitnbsp;fait ce mefl'age,lequel eftoit nommé Germole. Et pourtant les defluldits capitaines voyans que riens ne pouoient exploiéfer, fen retournèrent deuers leditnbsp;Duc en degaftant le pays.

Comment d l'occafon de la guerre grdi tailles furent faiCles 0* cueilliesfur le pats d'Arthois autres d l'enuiron.

N CCS propres iours par tous les pays d’Arthois, Vermandois, Pon-thieu, Amiennois amp; autres à l’eftuiron furent leuées grans tailles, pour payer la compofition dernièrement faiéle pour la ville de Hannbsp;au Conneftable de France : dont le pauurc peuple fut grâdement ef-’îterueillc.Si commencèrent à murmurerôc eftre mal contens des gouuerneurs

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M.CCCCXXXIIII. yOLJ/JsiE II, DES CHMNlQ^yES

amp; confeilliers, que Ie Duc de Boiirgongne auoit laiflez en iceux pays, mais ce riens ne leur valut:car ceux qui furent reflFufans de payer on les contraignit parnbsp;voycdcfait, fans tenir nuis termes de iufticeen prenant leurs corps amp; leursnbsp;bienSjiufquesàraccompliflementdu payement deifufdit : durant lequel tempsnbsp;lefeigneurdeSaueufes qui àceauoiteftc commis par le Comte d’Eftampes,nbsp;feit démolir amp; abbatre la ville amp; forterefle de BreteilenBeauuoibs ; laquellenbsp;luy auoit efté deliurée par Blanchefort qui en eftoit capitaine, ainïi que promisnbsp;l’auoit au dcffufdit de Han.Et auoit pour ce faire grad nombre de manouuriersnbsp;d’Afniens,de Corbie amp; d’autres lieuxdcfquels en icelle eiiure tant continuèrentnbsp;que du tout fut mis au bas refèrucvne forte porte qui eftoit audit chaftel, laquelle eftoit fortiffiée. Et en apres que le dcftufditde Saueufès l’eut garnie denbsp;viurcs amp; d’artillerie, il y laifla vingt ou trente de fes gens pour la garder. Et pareillement feit démolir la tour de vendueil, amp; aucunes autres mefehantes places es pays àl’enuiron.

Comment les capitaines du Duc de Bourgon^e 'vindrent deuant Ville-Franche, où t' ftoit le Duc de Bourbon. Et cornent apres ils aßiegerent Bclle-Ville,laquellefe renà^^‘nbsp;Nuiron le temps defliifdit, le Duc de Bourgongne enuoya grad pat'nbsp;tie de fes capitaines Bourgognons à tout foiibn de gês d’armes contre deuant Ville-Franche,où lors iètenoit Charles Duc de Bourbon!nbsp;entre lefquels coureurs eftoit le feigneur de Charny, meftireSymon



de Lalaing,meflire Baudo de Noyelle,le feigneur d’Auxi, Robert de Saueufes» Lancelot de Dours, Harpin de Richammes amp; aucuns autres accompagnez denbsp;fèize ces cobattans, gens d’eftite,qui tous enfemble en bonne ordonnance chc'nbsp;uauchcrent en train de tirer vers les parties,où ils tedoient a aller. Et fur la Bfnbsp;ne rencontrèrent en leur chemin de cinq à fix cens combattans de leurs ennemis, quitantoftfe meirentà fuite en retournant vers leur feigneur le Duc denbsp;Bourbon.Et en y eut de prins aucuns des pis montez par lefdits Bourgongnonsnbsp;amp; Picards. Lefquels comme deffus cheuauchcrent tant qu’ils vindrent, amp; arri-uerent deuant Ville^Franche:amp;; là fe incitent en bataille amp; puis par vu pourfüi'nbsp;uant enuoyerent fignifier leur venue au defTufdit Duc de Bourbon, amp; qu’d 1^^nbsp;vienfîftcombattre: lequel non fcachanc quelle puiffanceils pouoientauoir,nbsp;n’eut point confeil de ce faire: mais il feit dire à celuy qui luy auoit apporté lenbsp;meflage amp; les nouuelles, que puis que le Duc de Bourgongne n’y eftoit en fànbsp;perfonne qu’il ne les combattroit point: fi feit faillir hors défi ville plufîcursnbsp;defèsgensàpied amp;àcheual. Etmefmement le Duc de Bourbon faillit horsnbsp;monté fur vn bon amp; excellent courfier fans armeures, veftu d’vne longue robbe, vn bafton en fbn poing, pour faire traire fes gens amp; tenir ordonance auprèsnbsp;des barrières : durant lequel temps y eut moult grand efcarmouche non mie anbsp;grand perte amp; dommage de nulle des parties. Et apres que les Bourgongnonsnbsp;amp; Picards eurent là efte en bataille par l’efpace de quatre heures ou enuiron,nbsp;voyans que riens nepouoient pr(^ter,fè meirent à chemin par bonne ordon-nance,laifrans de leurs meilleurs gens derriere eux par maniéré d’arriere-garde:nbsp;amp; fen retournèrent par où ils eftoient venus deuers leur feigneur le Duc denbsp;Bourgongne:lequel Duc brief enfuiuant feit par iceux amp; autres de fes gês aflic-scr

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D'ENGEERK. MONSTKELET. CHARLES J/U. py gerBelIc-Ville,dedans laquelle eftoient de par iceluy Duc deBoujrbon ineflircnbsp;laques de ChabanneSjamp; le Baillifde Beauuais à rout trois cens combatiäs, lef-quels en grand diligence fe meirent à delFerice. Neantmoins par les engins quenbsp;auoient lefdits affiegeans,amp; aufli par les approches qui faióics y furent, furentnbsp;tellement contraintes amp; prelfez qu’au bout d’vn mois ou enuiron,ils fe rendirétnbsp;fauues leurs vies,tant feullement en delailfint tous leurs biens,amp; fe départirentnbsp;tous de pied le ballon au poing,amp; retournèrent deucrs le delTufdit Duc leur Cei-gneur: lequel eneutaucueur grand defplailànce, mais pour lors iis n’en peu-rencauoir autre chofe. Apres lequel departement le Duc de Bourgongnefeitnbsp;demourerengarnifonplulieurs de les capitaines Picards en ladiôle ville : lef-quels en continuant amp; perfeuerant la guerre, leirent maulx amp; dommages ine-llimablcs ou pays de Bourbonnois amp; autres à Fenuiron. Et d’autre collé leditnbsp;Duc de Bourgongne enuoya vne autre armée de lès pays en Dombes en tirantnbsp;Vers Lyon fur le Rofne, lefquels prindrent au pays moult de forterelTes ; amp; de-gallerêticeluy pays par feu amp; par cfpée, amp; apres en ramenèrent trefgrâd proyenbsp;amp; trefgrand butin.Et furent coduéleurs amp; meneurs d’icelle armée le Comte denbsp;Fribourg,le Ballard de S.Pol,le lèigneur de Vaurin amp; aucuns autres.

Comment lefeigneur de Eilleby nbsp;nbsp;Mathagoti Anglais meirentfiege deuant faincl Seilerin . Et comment premiers les Francois,nbsp;nbsp;nbsp;depuis iceux Anglais furent ruett^us

defonfits.

V mcline an mille quatre cens trente quatre le feigneur de Villeby accompagné de Mathagou amp; aucûs autres capitaines, qui tous en-femble pouoient auoir de huiôt cens à mille combattans, meirentnbsp;le liege deuât vne forte place nommée S. Seilerin ou pays du Maine,à deux lieues pres d’Alençomdedans laquelle place elloient les François. Etnbsp;auoient à capitaine vn gentil cheualier nommé melTire Anthoine de Loreil, lequel de prime-venue à l’ayde de fes gens, fe delFendit moult vigoureufementnbsp;contre les ennemis amp; aduerfaires: mais nonobftant ce les Anglois delfufdits lesnbsp;enuironnerent puilTamment tout autour,amp; furet là enuiron fix fcpmaines: durant lequel temps le feigneur de Bueil,melïire Guillaume Bleirer,le feigneur denbsp;la Varenne amp; aucuns autres capitaines François falTemblerent, amp; yindrent enuiron quatorze cens combattis fur efperance de bailler fecours lt;8e ayde à leursnbsp;gens.Et lè tindrent par plufieurs ioiirs à Beaumont le Vicomte, amp; là fe logerêtnbsp;vne partie,amp; l’autre partie fe logea en vne autre ville nommée Viuien à quatrenbsp;lieues de leurs ennemis.Et quand ils furent logez audit Beau mót, fi falTemblc-rent tous les capitaines amp; autres des plus expers de leur compagnie,poùr auoirnbsp;confeil amp; aduis fur ce qu’ils auoieni à faire.Si fut conclud amp; délibéré apres plu-fieurs débats amp; noifes,qu’ils n’elloient point forts amp; puilTans alTez pour combattre iceux Anglois,attendu le lieu amp; la place où ils elloient: mais conclurentnbsp;amp; delibererent d’aller par derriere tirer hors leurs gens, qui elloient aflîegez.nbsp;Apres laquelle conclufion lefdits capitaines^en retournèrent à leurs logis :nbsp;ordonnèrent amp; ellablirent leur guet pour la nuiéltant decheual comme denbsp;pied. Et elloit ledit feigneur de Bueil en celle befongne lieutenant de melïîrenbsp;Charles d’Anjou,amp; auoit la charge de fon ellandard. Et en celle mefme nuisîtnbsp;R

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M.CCCCXXXllII. yOLJ/ME il des

les Anglois qui bien fçauoient la venue de leurs ennemis amp; aduer{aires,fc mei-rent aux champs grand partie,amp; fe tirèrent tout coycment de nuiôl iufques aC-lez près dudit logis de Viuien. Et pour efpier amp; guetter Icldits Fraçois,enuoyc-rent aucûs de leurs gens par deux foisiulques dedans leurs logis, pour veoir amp; cognoiftre leur maniéré,lefquels ils trou Lièrent aiïez bien en point. Et ce fait Cenbsp;retrahirêt arriéré vers leurs gens, lefquels de rechief tous enlèmble les allèrentnbsp;aflaillir au poinôl du iour:amp; à petite perte les ruèrent ius, amp; dclconfirent, amp; ennbsp;prindrent plufieurs,amp; fi en y eut aucuns morts amp; occis: entre lefquels le fut vnnbsp;très vaillant homme d’Amiens nommé lean de Bclley, qui èftoit d’Auuergne.nbsp;Apres laquelle dcftrouflefe meirent aux champs iceux Anglois àtoutlelditsnbsp;prifonniers.Et lors lefdits feigneurs de Bueil amp; de la Varenne, qui eftoient audit lieu de Beaumont,comme dit eft, fcachas les nouuelles defTufdiótes par aucuns de leurs gens qui eftoient efehappez amp; fuiz au logis,fè meirent aux chaps.nbsp;Et incontinent tous enfemble tirerent vers où eftoient leurs ennemis amp; aducr-faires-.lefquels quand ils les veirent amp; apperceurent venir,furent moult grandement ioy eux efperans de les ruer ius, comme ils auoient fait les autres: Sgt;c fe fe-rirent ces deux compagnies de grand voulenté l’vn dedans l’autre : amp; y eut faitnbsp;de moult belles amp; excellentes proefles entre les deux parties, mais finablementnbsp;les Anglois furent tournez à defeonfiture', en partie parl’ayde des prifonniersnbsp;qu’ils auoient, amp; y furent morts de leur partie vn vaiîlât cheualier nommé Artus,amp; Mathagou fut prins,mais le baftard de Salfebery Pen fuit. Et y furet quenbsp;morts que prins quatre cens Anglois ou plus : amp; demourerent les dcffufditsnbsp;François maiftres amp; viéhorieux, lefquels furent trefgrandement ioy eux de leurnbsp;viéfoire.Et quand ceux qui eftoient demourez au fiege deuant S.Sellcrin, fccu-rent la perte de leurs compagnons,fe leuerent du fiege amp; fe rettahirent en leursnbsp;garnifons.

K nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Comment la. Hire j)nntm^lic'icußment leßigneiir EAnff'cmont.

Vrant ces tribulations la Hire accompagné d’Anthoine de Chaban-neSjduBourgdc Vignollesfbntrere, ôc autres iufqucs à deux cens combattans ou enuiron,pafla par deuant le chaftel de Cleremont ennbsp;Beauuoifis, où eftoitlefeigneur d’Auffemontquieneftoit capitai-

ne:lequel ne f’effrayoit en riens ou bien peu des deflbfdits : Et pource fçaehant leur venue pour eux complaire amp; faire le bien-viengnant, feit tirer du vin amp; lenbsp;porter dehors la poterne de la tour,amp; vindrent iceux boire. Et là contre eux if-fit le feigneur d’Auffemont auecques luy trois ou quatre de fes gens tant feul-lement. Et commencèrent à parler à la Hire amp; aux autres en eux faifant cour-toifie amp; reception, penfant qu’ils ne luy vo^fiflTent que bien : mais il eftoit denbsp;ce vehementement abufé, car leur malicieufe voulenté eftoit bien autre comment ils monftrercnt preftement : car en parlant audit feigneur d’Auffemont lanbsp;Hire le print preftement, amp; de fait le contraignit incontinent de luy rendre ledit chaftel,amp; aucccelefeit mettre%n fersôc aualler en la foffc.Si le tint vn moisnbsp;en prifon moult durement amp; en grand trauail, tant qu’il eut le corps amp; les mê-bres moult trauaillez, amp; fut plain de poux amp; de vermine: ôc en fin paya pour fanbsp;rançon quatorze mille faluts d’or, vncheual de vingt queues de vin ou autre


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y EN G y ERK. DE --TdONSTRELET. CHARLES'VU, 98 tel pris amp; eftimatiori. Et nonobftant que le Roy Charles efcriuit par plufieursnbsp;fois à la Hire deflufdióte qu’il le deliuraft fans en prendre finance, amp; qu’il cftoicnbsp;^ien content de fon feruice,il n’en voulut riens faire pour luy.

Comment les communes de Normandiefeßeuerent contre les AngloE nbsp;nbsp;leurs garni-

fons.

N ceftan les communes gens du pays de Normandie, amp; par efpecial ceux du pays de Caulx falTemblerent : amp; eftoient bien enuiron deuxnbsp;mille en vne compagnie pour combattre amp; eux deffendre contre lesnbsp;Anglois eftans au pays : lefquels en allât contre les delFences amp; editsnbsp;loyaux,auoient efté pillier amp; fourrager les biens d’iceux communes:iaçoit-cenbsp;’jue par auant les defliifdits auoient efté contraints, amp; prelTez parles baillif amp;nbsp;officiers du pays d’eftre armez ôccmbaftonnez chacun félon fon eftar, pour re-fifter contre les pillars amp; autres qui leurfdits biens vouloient prendre de force.nbsp;A l’occafion duquel commâ^ementils faffemblerent, comme dit cft,amp; de faitnbsp;teboutterentles delTufdites garnifo'ns hors de leurs villes, amp; en prindrent amp;nbsp;occirent âucuns,dont les capitaines d’iceux ne furent point bien contens.Ncât-tîtoins ils monftrerent femblant de les vouloir rappaifer, amp; par certains moy esnbsp;ffircntles traitez fais entre icelles parties. Et fe commencèrent lefdites comgt;nbsp;nuines à retraite alTez follement fans ordonnance, non doubtans la malice d’iceux Anglois : lefquels fecrettemêt les pourfuiuirêt iufques alfez pres de faintnbsp;ffierrefurDiueempresTancaruille amp; leur coururent fus: amp;làns y trouuernbsp;granddeffence en occirent bien de mille à douze cens,amp; les autres le fàuuerentnbsp;par les bois où ils peurent le mieux: pour laquelle offence fut faite grad plainte à Rouen qui pour celle caufefeirent bannir plufieurs de ceux qui auoientnbsp;faite celle emprife:mais affez brief enfuiuant fut la belongne appaifée pour lesnbsp;grans affaires qui elloient au pays.;

Comment U Hire ^rint le fort de Bretueil en Beauuoifis parforce d'ajfault.

T era apres ce que la Hire eut reprins le challel de ClercmontjCom-me dit ell, il alTcmbla cinq cens combattans des garnifons de Beau-uoifis:lefquels il mena deuant la porte du challel de Bretueil que te-noient les gens de Saueufes : lefquels il feit affaillir trelàprement par les gens,amp; ceux de dedans fe deffendirent moult vigoureulement. Si occirentnbsp;naurerent plufieurs des alTaillâns, toutesfois fut tant continué que ceux denbsp;dedans voyans partie de leurs gens ellre morts amp;naurez amp; leur fortificationnbsp;toute derompuc,fe rendirent en ^voulenté de la Hire: lequel en feit aucunsnbsp;pendre, amp; les autres feit prilbnniers au challel de Cleremont : amp; puis regarnitnbsp;ledit fort de lès gens:lelquels de rechief feirent de gras maulx amp; innumerablesnbsp;éspaÿs de Santhers amp; vers Amiens,Corbie,Montdidier amp; ailleurs à l’enuiron.

Comment les Ducs de Bourgongne amp; de BotSbon conuindrent enfemble en la cité de NeuersfurtraiClénbsp;nbsp;nbsp;conuention de paix.

R ij

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M.CCCCXXXIIII. l’GLVME II. DES CHRONIQJES

Pres ce que Ia guerre eut longtemps duré moult cruelle amp; merueil-leufe, entre le Duc de Bourgongne d’vne part,amp;fon beaufrerele Duc de Bourbon d’autre part, y euräucuns moyens ouuers fècrette-ment entre icelles deux parties fur efperancc de les appaifer . Et pournbsp;le premier commencement,furent enuoyez aucuns ambaffadeurs d’vn collé ÔC



auec grand nom-•gea en l’hollel^^

d’autre foubs bon faufconduit en la ville de Mafcon : amp; là furent par plufieurs ioLirnées. Si y eut entre eux de premiere venue aucuns dilFcrerïs, pour Içauoirnbsp;lequel d’iceux deux Ducs auroit la prerogatiue amp; honneur d’ellre nommé de-uant. Et en fin cônfiderées plufieurs raifons, qui furent alléguées d icelles parties : fut conclud que ledit Duç de Bourgongne feroit premier nommé, amp; auroit la preueniionde toutes honneurs deuant le Duc de Bourbon. Et ce finenbsp;pourparlerent par diuerfes maniérés deles appaifer:amp;de fait feirent aucuns approches amp; aduis fur ce : amp; auec ce prindrent autre iour pour eux aflembler aUnbsp;lieu, où deuoient conuenir enfemble les deux Ducs defl'uldits en leurs perfon-nes.C’eft à Içauoir en la ville Douzi, ou en la cité de Neuers : amp; prindrent ioüfnbsp;d’eux aflembler ou mois de lanuier.Si fe départirent de là, amp; fen retournèrentnbsp;chacun defdits ambalTadeurs deuers leur Prince amp; feigneur. Et lors leditnbsp;de Bourgongne folemnifa la felle de Noël amp; des Roys en là ville de Dijon,nbsp;tint moult puilTant amp; noble ellat. Et apres ces iours palTez luy trelgrandernentnbsp;accompaigné du Comtede Neuers, du Marquis de Routelin,de fon nepueu 3cnbsp;Cleucs amp; de plufieurs autres notables cheualiers amp; efcuyersnbsp;bre de gens de guerre, fe tira a Douzi amp; de là à Neuers:amp; fe le nbsp;l’Euefque attendant aucuns iours le delTufdit Duc de Bourbon amp; fa feur lanbsp;cheire,Iaqucllc amp; deux de fes fils treshonnorablement accompaignez dechc-ualiers amp; d’efeuyers, de dames amp; de damoifelles vint trouuer audit lieu deNc'nbsp;uersfonfrerele Duc de Bourgongne: lequel alla au deuant d’elle hors de fn^^nbsp;hollelamp;la receutSc conjouyt trcfioyeulement amp; amoureulèment:carpicÇ*nbsp;ne l’auoit veüe : amp; pareillement feit il fes deux nepueux , jaçoit ce qu’ils fuirentnbsp;debienieuneaage. Si defcenditladiéle Duchefle de dedans Ibn chariot, 5cnbsp;Duc fon frere la mena par la main iulques à Ibn hollel, où il print congé

amp; là lailTa repofer pour celle nuiél ; amp; le lendemain ladiéle Duchefle vint à l’h® fiel du Duc fon frere, où elle fut moult honnorablcment receüeà trelgrandnbsp;lt; ioye,amp; y eut de beaux efbatemens. Si y feit on les dances par longue elpacenbsp;y eut moult grand foifon de mommeurs de la partie du Duc de BourgongnC’nbsp;Et ce fait apres qu’on eut prins vin amp; efpices chacun fe retrahit à fon hollel iuf-ques au lendemain qu’on tint confeil, où il fut ordonné amp; inllitué qu’on man-deroit Artus de Bretaigne Connellable de France, amp; l’Archeuelque de Reims.nbsp;Et alTez briefs iours enfuiuas vint le Duc de Bourbon accompaigné de melfifcnbsp;Chrillofle de Harcourt,du lèigneur de la Faiette Marelchal de France amp; de pfi*nbsp;fieurs autres notables amp;vaillans cheualiers amp; efcuyers. Au deuant amp; à l’encontre duquel le delTufdit Duc de Bourgongne enuoya aux champs les feigneursnbsp;defonhollel : amp; quand il approché ledit Duc de Bourgongne, alla moultha-lliuemcnt à l’encontre de luy au dehors de la ville, amp; là fentrerencontrerent lesnbsp;deux Ducs amp; feirent Tvn à l’autre trelgrand honneur amp; reuerencc, en monllratnbsp;femblant d’auoir Tvn enuers l’autre tresfraternelle amp; rrelgrande amour enfem-

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D'ENG EERR. de MONSTKELET. CHARLES Eli, 99 Me. Et! orsvn chcualierdeBourgongnc quieftoit là dit baukamp;cler. Entrenbsp;nous autres (ommes bien mal confeillez, de nous aduenturer amp; mettre en perilnbsp;amp; danger de corps amp; dame pour les fingulieres voulentez des Princes amp; gransnbsp;leigneurs ; lefquels quand il leur plaiß, le reconfcillent l’vn auccques l’autre. Etnbsp;fouuentesfois aduient que nous en demourons poures amp; deftruits. Si fut ceftenbsp;parollebien notée amp; entendue de pîufieurs là ellans de toutes les deux parties,nbsp;amp; bien y auoit raifon : car treflbuuent en aduient ainlî : neantmoins apres cellenbsp;recognoilTance ledit Duc de Bourgongne couoya Ion beau frere iufques à fonnbsp;hollel, amp; de là fe trahit au lien. Et apres ledit Duc de Bourbon 1-uy amp; fa femmenbsp;vindrent veoir le Duc de Bourgongne en fon hollel, amp; là de rechef furent failles plufieurs grandes ioyeufetez les vns auecques les autres. Et le lendemainnbsp;les deux Ducs, amp; la DuchelTe tous trois ouÿrent Meße en vn oratoire. Et apresnbsp;difnerfe tint vn grand confeil en l’hoftel du Comte de Neuers, ouquel la paixnbsp;fut du tout conclue entre iceux deux feigneurs : c’eft à fçauoir le Duc de Bourgongne amp; le Duc de Bourbon : lequel traidé fut lî bien conclud, qu’à tous lesnbsp;deux fut trefagreable, amp; pourtant incontinent de mieux en mieux fut par euxnbsp;amp; toutes leurs gens generallement faiélc plus grand ioye amp; femblant de grandnbsp;amour les vns aucc les autres,que par auant n’auoit elle fait.Et en failànt toutesnbsp;cesfeßesamp;: elbatemens ou la plus grand partie furent aux defpensdu Duc denbsp;Bourgongne, car bien le vouloir ainlî eftre fait. Et oultre durant les befongnesnbsp;delTuldiôleSjVindrent audit lieu de Neuers le Comte de Richemont Connerta-ble de France qui a.ulïi auoit elpoufee la four au Duc de Bourgongne. Et auec-^ues luy vint Régnault de Chartres Archeuefqueamp; Duc de Reims grad Chan-cellier de France, accompaigné de plufieurs notables gens de conleil amp; de plufieurs cheualiers ôc efouyers, au deuant delquels allèrent les deux Ducs amp; gradnbsp;compaignie de leurs gens. Et quand ils fentrealTemblcrent ils foirent l’vn à l’autre trelgr^nd reuerence amp; honneur, amp; tous enfomble allèrent moult cordialle-ment iulques en la v jlle,où ils furent logez chacun à fon eftat au mieux que faire fe peut.Et briefs iours enfuiuahs furent tenus plufieurs eftroits confojls fur lanbsp;paix amp; reconciliation d’entre le Roy de France amp; le Duc de Bourgongne : amp;:nbsp;ruefmement parfos ambalTadeurs delTufdits furent faiéles plufieurs offres aunbsp;Duc de Bourgongne pour l’inter eft de la mort lean fon pere : lefquelles offresnbsp;luy furent alfez aggreables.Et tellement fut traiâc en ce mefmelieu de Neuers,nbsp;qu’il fut content de prendre amp; accepter la fournée de conuention,.qui depuis fènbsp;tint à Arras fur intention de paraccomplir le fur pi us ; Et ces befongnes ainlî a-çheuées, les parties, fo départirent trefamoureufement : amp; le feit on. foauoinennbsp;plufieurs lieux amp; diuers Royaumes amp; contrées ; amp; mefmementànollrelaincbnbsp;Fere le Pape^ôc au concilie de Baîl^: affin qu’vn chacun d’eux enuoyall fesam-balTadeurspour lebien amp; entretenement de Ubefongne. Et depuis celle iour-tree de Neuers amp; quç jedit Duc de Bourgongne futjetourné à Dijon,fe prépara de tous poinôls de retourneren fon pays d’Arthois,affin deapprellerfos befongnes pour ellre àla deffufdidte conuentfon d’Arras : amp; ainlî de ce iour en a-uant les frontières des .n?arches de Bourgongne commencerêt à ellre alfez pai-fiblementl’vn contre l’autre plus que parauantn’auoientellé.

En ce temps le Damoifol deRichemontd tout fopt ou huicTt cens Anglois R iij

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M.CCCCXXXIIIL yOLJ/yiE IL DES CHRONlQJ'^ES

amp; Picards J que meffire lean de Luxembourg luy auoitenuoyezialla au pays d’Ardêne rauir,auoiramp; courre plufieurs villes du Damoyfel Eurard de la Marche, amp; icelle du tout mettre à fâquement. Et apres que oudit pays eurent faitnbsp;moult de domages par feu amp; pare{pée,ils fen retournèrent fans perte a toutnbsp;grans proy es. Item en ceft an René Duc de Bar feit aflieger la ville amp; forteref.nbsp;le de Commercy ou pays de Barrois,fur intention defubiuguer icelle pour aucune obeïlTance, que ledit Duc difoit luy deuoir eftre faiéle par ledit feigneurnbsp;de Commercy: mais en la fin par le moyen du Conneftable de France,qui pournbsp;lors eftoit en la Marche d’enuiron,fut l’accord fait entre les parties,par tel li quenbsp;ledit de Commercy promieit faire toute obeiflance à iceluy Duc de Bar. Et parnbsp;ainfi feit départir fes gens dudit fiege : durant lequel temps le delTufdit Conne-flable meit en fon obeïfiance au pays de Champaigne plufieurs forterelTeSjtantnbsp;par fiege amp; compofition comme par foubdain aifault.

Comment Amé Duc de Sauoye fe rendit Hermite en •v« manoir nommé Ddpaille,

N cell an Amé Duc de Sauoye qui eftoit aagé de cinquante fix ans ou enuiron, fen alla rendre Hermite en vn fien manoir nommé Ripaille, feant à demie lieue pres dcThonnonoù parcouftume para-uant fon departement il tenoit fon eftat : lequel manoir de Ripaille



ledit Ducauoit faitediftier grandement. Ety auoitvne abbaye amp; prioré de l’ordre S.Morice, fondée de treflong temps par les predecefteurs d’iceluy Duc.nbsp;Si auoit bien dix ans par auant en voulenté, de là fe rendre amp; deuenir Hermiienbsp;par la maniéré qu’il feit. Et pour y eftre accompaignc auoit demâdé à deux nobles hommes de les plus feables amp; principaux gouuerneurs, fils luy vouloientnbsp;tenir compaignie à y eftre auec luy quant à fon plaifir lèroit d’y entrer: Icfquclsnbsp;ayans confideration que ccfte voulenté luy pourroit muer, luy accordèrent d’ynbsp;entrer.Et eftoit l’vn meflire Claude de Sexte,amp; l’autre vn vaillant efcuyer nommé Henry de Coulombicres.Et lors iceluy Duc qui défia auoit fait edifiier,co-mediteft,famaifon amp;:encommcnccr celles de ceux qui vouloient eftre en lànbsp;compaignie, le partit par nuiéf de fon hoftel de Thonnon à priuée melgnie : ÔCnbsp;alla à icelle place de Ripaille,où il print habit de Hermite lèlon l’ordre de làinéî:nbsp;Moricc:c’eft à fçauoir grife robbe,long mantel amp; chapperon grisamp; courte cornette d’vn pied ou enuiron, amp; vn bonnet vermeil par deflbubs fon chapperon:nbsp;amp; par delTus ladiéte robbe ceinture dorée, amp; par delfus le matei vne croix d’or,nbsp;aftez pareille ainfi que les portent les Empereurs d’Alemaigne. Et briefs ioursnbsp;enfuiuans vindrent deuers luy les deux nobles hommes deffufdits.Lefquels luynbsp;remonftrerent aucunement la maniéré de fon parlement, qui n’eftoit point bienbsp;licite ne conuenable comme il leur fembloi^: en luy dilànt qu’il pourroit eftrenbsp;delàgreable aux trois eftats de fon paÿs,pource que par auant ne les auoit mandez amp; eux lignifier Ion intention. Et il leur rclpondit, qu’il n’eftoit point loingnbsp;ne amoindry de Ibn fens, ne de là puiirance:amp; que bien pouruoyeroit à tout,amp;:nbsp;qu’ils aduifalfent amp; regardalTent e«x mefmes de luy entretenir, ce que promisnbsp;luy auoientjc’eftà fçauoir de demourerauecques luy.Lefquelsvoyans quenbsp;bonnement autrement ne fe pouoit faire, en furent contens. Si les feit prefte-ment veftir de tous pareils habillemens que luy. Et apres manda les trois eftats

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D'ENG EERR. de yiONSTRELET CHARLES Eli. icq de fon pays auecques fon fils qui eftoit Comte de Geneue, lequel il feit Princenbsp;de Piémont, amp; luy bailla prefens les delTufdits le gouuernement amp; adminifira-tion de fes pays,en retenant plaine puiflance de luy oller amp; de le remettre à fonnbsp;plaihr fe mal Ce gouuernoit. Et Ibn fécond fils feit Comte de Geneuemonobllatnbsp;que ledit Duc de Sauoye cull prins l’habit delTufdir, amp; baillé le gouuernementnbsp;de fes pays à fes enfàns, comme dit effc : toutesfois ne fe pafioit riens en fes paysnbsp;de grofles bcfongnes, que ce ne full de fon fceu amp; licence. Et quand au gou*nbsp;Uernement de fa perfonne, il retint enuiron vingt de lès feruiteurs pour luy 1er-uir : amp; les autres qui Ce meirent prellement auecques luy, en feirent depuis pareillement chacun felon fon ellat. Etfe faifoient luy amp; fesgens feruirenlieunbsp;déracinés amp; d’eaüe de fontaine du meilleur vin,amp;des meilleures viandes qu’onnbsp;pouoit rencontrer.

Comment les communes de Normandie fe rafemhlerent en grand nombre^elsn allèrent déliant la 'viUe de Caen.

Pres les communes de Normandie qui n’elloicnt point bien encores r’appaifées du tort,amp; mal engin, que les Anglois leur auoient fait, Cenbsp;meirent enfemblede rechef par l’exhortation du feigneur de Mer-mille, amp; d’aucuns autres gentils-hommes qui les entreprindrent à


Anglois faflemblerent en grand nombre pouriceux combattr

combattre. Et de fait fe trouuerent bien douze mille ou pays de Belfin vers Bayeux : fi les menèrent deuant la ville de Caen,laquclle ils cuiderent prendrenbsp;d’aiïault, mais elle leur fut biendelFendue parles garnifons amp; communes denbsp;ladiôle ville. Et pourtant iceuxvoyans qu’ils ne pouoiént riens befongner,(ènbsp;départirent de là en faifant plufieurs defrifions fur le pa'ÿs,amp; fen allèrent deuatnbsp;AurancheSjOÙ ils furent huiû jours,elperans que le Duc d’Alençon veintàeuxnbsp;à tout grand puiflance de gens de guerre ce que point ne feit. Et entretemps lesnbsp;femblée venue à la cognoiflance des capitaines des delTufdiôles communes, fenbsp;départirent amp; fen allèrent vers Bretaigne amp; à Fougieres. Et brief enfuiuant fenbsp;départirent l’vn de l’autre par plufieurs parties fans riens faire. Pour laquelle aC-femblce les deflufdits capitaines, toutes leurs terres amp; feigneuries, amp; auecquesnbsp;ce furent bannis du pays auecques tous leurs compliceszmais depuis y eut abolition pour aucuns des dcflufdiéles communes. Ouquel temps Guillaume Co-raon Anglois capitaine de Meure, alla courre deuant Yvvisenla Comté de »nbsp;Leigny, amp; n’auoit auec luy que trois cens combattans ou enuiron. Si vint pournbsp;le combattre lean de Beaurainà tout vne grolTe con!îpaigniç,c’efl:àfçauoirànbsp;tout fix cens combattans : mais il fut rué ius, amp; là plus grand partie de fes gensnbsp;morts amp; prins, defeonfits amp; mis ? grand mefehef. Et en ce mefme temps lanbsp;Hire print d’emblée la vieille fermeté d’Amiens, amp; y fut enuiron de huiél à dixnbsp;iours. Et apres qu’il eut pillé les biens qui eftoient dedans, fen retourna à Brc-tueil dont il eftoit party.

De Can mille cccc.xxxu.

Comment le Duc Philippe de Bourgongne auec la DucheJJept femme retourna des paît de Bourgongne en Flandres, en Arthois.

R iiij


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M.CCCCXXXF. yOL^XlE 11, DES

Tem au commencementóeceftan, apres quele Duede Bourgon-gnc ent de’iiuré fes pays de fes ennemis à grand labeur. Et aufli que Ie Duc de Bourbon Ion beau frere fut pacifie auec luy : amp; que la iour-née du grand Parlement d’Arras fut entreprinfe amp; aflignée auec lesnbsp;arabafladcurs du Roy Charles, il feit preparer fon eftat amp; celuy de la Duchelfenbsp;fa femme amp; de leur petit fils, pour f en retourner en fes pays de Flandres amp; denbsp;Arthois: lequel parlement fut afligné â eftre tenu en la ville d’Arras le deuxief-meiour du mois de luillet enfuiuanr. Si fedepartit à tout fon armée de fà villenbsp;de Dijon, laiflant pour gouuerner iceluy pays de Bourgongne raeflire lean denbsp;Vergy,amp; f en vint iufques vers Euchoire. Ouquel lieuoualTez pres il trouuanbsp;mille combattans ou enuiron Picards, lefquels parauant il auoit mandez pournbsp;luy cornpaignerâ fon retour : «Sc les conduifoient melEre lean de CroÿBaillifnbsp;de Hainault, le feigneur de Saueufcs,meflire laques de Brimeu,Ican de Brimeunbsp;amp; aucuns autres feign eu rs : amp; de là ledit Duc print fon chemin vers Paris, paf-làla riuierede Seine à Monftreau-fault-Yonne :amp; puis vint à ladiôle ville denbsp;Paris, où il fut des Pariliens trelioyeufement receu. Et furent à luy amp; à la Du-cheflefa femme fais de moult beaux prefens. Et quand il eut feiournéen ladite ville aucuns peu de iours, cheuaucha par plufieurs iournees iufques à fa ville d’Arras deflus nommée : amp; lors donna congé à toutes fes gens d’armes tan-tofi: qu’il euft pafle l’eaiie de Somme.Si alla alTez brief enfuiuant vifiter fes paysnbsp;de Flandres amp; de Brabant, où il délibéra auecques fon confeil de conuocquernbsp;par tous lès pays les nobles amp; gens d’eftat pour eftre amp; venir à ladiôle iournéenbsp;d’Arras: amp; auecques ce enuoya vneambafl'ade en Angleterre deuers le Roynbsp;fon grand confeil, eux lignifier la delfufdiéfe iournée : amp; laquelle efloit entre-prinlè en intention de traiéf er paix generalle entre les deux Royaumes, de Frà-ceamp; d’Angleterre. Et furent les principaux à faire ladiéfe ambalTade meflirenbsp;Hue de Launay,le feigneur de Creuecueurôe maiRre Quentin Mainart Preuoftnbsp;de S.Orner. Aufquels parle Roy d’Angleterre amp; ceux de fon confeil, fut faiélenbsp;grande reception.Et en conclufion leur fut dit que par leRoy à ladiéfeiournéenbsp;folennellement lèroic enuoyée ambaflàde, apres laquelle relponce fen retournèrent vers ledit Duc de Bourgongne.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•

Comment les François prindrent la ’ville de RueJkr

les Anglais.

L’entrée du mois deMay airemblerent meflirelean de Brcffay Lieutenant du Marefchal de Rieu, Bertrand Martel, Guillaume Braque-mont, le feigneur de Longueual,Cha;rlesdeMarefts amp; aucuns autres tenans le party du Roy Charles de. France, iufques au nombre denbsp;trois cens combattans droiéles gens d’armes^ vaillans gens deflitezlefquels allèrent palTer l’eaiie de Somme par nuicl à la blanche tacheJEt de là vindrent à lanbsp;ville de Rue y amp;: entrèrent dedans fecrettement par elchellcs : amp; de faitauantnbsp;qu’ils fen apperceulTent, prindrent ladide ville fans y trouuer quelque deffen-ce. Et adonc quand l’effroy fe conimença fê retrahirent fept ou huicl Angloisnbsp;envn bouleuerr, auquel ils fe deffendirent aucune efpace: mais en conclufionnbsp;ils furent contraints d’eux rendre en la voulente des Fraçois par force d’alFault.nbsp;Si en y eut partie preftement mis à mort, amp; les autres depuis furent enuoyeznbsp;parmy

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D'ENGFEFK. de MONSTKELET chaules m. löt parmy ce qu’ils payèrent grand finance. Si furent auffi prins grand nombre denbsp;feux de la ville, amp; les autres fe fiiuuerent par dcfiTus la muraille. Apres laquellenbsp;prinfe la greigneur partie des habitans furent prins, pillez amp; robbez : amp; pour lanbsp;prinfe d’icelle ville, furent les pays de Pontbieu,Marquinenrerre,Arthois,Boulenois amp; aucunes autres terres à l’enuiron en grand doubte, fçaehans leurs ennemis eftre logez fi pres d’eux amp; bien garniz de viures . Et point n’eftoit fansnbsp;caufe,feiceux payfans auoientdoubte amp; paour:car brief enfuiuant ils commencèrent à courre en plufieurs amp; diuers lieux, amp; à faire forte guerre en portant grans dommages par feu amp; par efpée aux pays deffufdirs : amp; multiplièrentnbsp;de gens en grand nombre, amp; (comme dit eft) feirent moult de maulx : ôc mef-mement vn certain iour allèrent à grand puiflance en tirant vers Boulongne iufnbsp;fjues aifezpres de Säumer au boys,où ils prindrent plufieurs prifonniers amp; foi-lon de cheuaux amp; autre beftial. Et à leur retour ardirent la ville amp; le porc d’E-ftaples, où il y auoic grand nombre de belles maifons amp; ediffices.Ec depuis quenbsp;ils furent retournez audit lieu de Rue à tout grans proyes,r’allerentpar plusieurs fois courre le pays où ils feirent innumerablcs maulx amp; dommages parnbsp;feu amp; par efpée : mais en aucunes d’icelles courlès affez pres de Monftreul futnbsp;prins meflirclean deBrefray,de Harpin, de Riebammes; amp; envn autre lieu futnbsp;pareillement prins le petit Blanchefort d’vn des baftards de Reuly.Si eftoit à celle caufe ledit Pays mallement trauaillé.

Comment la Hire^ Pothon^ Philippes de la Tour nbsp;nbsp;le[èignetiï de Fontaines deßonfei-

rent le Comte dlArrondel Anglois denant le ebaßel de Gerberoy.

Vrant le temps delTufdit le Duc de Bethfort eftant à Rouen,fçaehant la prinfe de ladiéle ville de Rue : laquelle corne il luy fut remonftré,nbsp;pouoit porter trop grand preiudice au pays de là enuiron tenans leurnbsp;party,amp; par efpecial à la ville amp; forterefle du Crotoy: affin d’y pour-

Ueoir, efcriuit deuer^ le Comte d’Arrondel qui lors fe tenoit à Mante, amp; en la Marche de là autour : amp; luy manda deftroiôlcment qu’à tout fes gens il fe tiraftnbsp;Gournay en Normandie, amp; de là au Neuf- Chaftel d’Azincourt,amp; puis à Ab-beuille, en Ponthieu pour brief enfuiuant affieger ladeflufdide villede Rue.nbsp;f equel Comte d’Arrondel obeïffiant au mandement du delTufdit Duc, lè partitnbsp;ùe là, où il cftoit à tout huid cens combattans de fes gens : amp; vint audit lieu denbsp;Gournay,en intention de faire le voyage delTufdit : mais il mua propos, pourcenbsp;que nouuelles luy vindrent que les François reparoient vne grande vieille for-terelTe nommée Gerberoy entre Beauuais amp; Gournay : laquelle, comme onnbsp;luy dit,leroit moult dommageable pour le party des Anglois fe ainfi efloit quenbsp;on leur lailîaft fortifficr, amp; n’y pourroit on mieux pourueoir que d’y aller chaunbsp;dement. Et pourtant iceluy Comte d’Arrondel par Tenhortement de ceux denbsp;Gournay,de Gifors,amp; d’autres lieux de leur obeïlTance près defdits lieux,fe co-clud d’aller audit lieu de Gerberoy amp; alTaillir amp; prendre tous ceux qu’il y pourvoit trouuer fe prendre les pouoit de force. Si feit audit lieu dé Gournay charger viures amp; viandes, artilleries amp; autres plufieurs inftrumens de guerre à toutnbsp;Icfquels il femeit à chemin, amp; aucuns autres de la garnifon:amp; fe partit de lànbsp;tantoft apres minuiél, amp; vint enuiron huiél heures du matin deuant ledit cha-


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* M.ccccxxxK yoLyyiE ii, des chkoNiq^^es

fiel de Gerberoy à tout partie de fes gens, amp; les autres le fuiuoient à tout leur cbarroy:amp; pour vray il necuidoit pas que dedans y euft tant de gens comme ilnbsp;y auoir,ne tels capitaines. Si fe logea en vn cloz de bayes, amp; feit mettre cent ounbsp;iix vingt de fes gens aflez près de la barrière dudit chaftel pour garder qu’ils nenbsp;laillilfent fur eux. Et entre-temps qu’ils fe logèrent Pothon,la Hire,mcflîre Régnault de Fontaines,Philippes de laTour amp; aucuns autres vailîans hommes denbsp;guerre, qui eftoient là venuz la nuiól deuant : amp; auoient auec eux de cinq à fixnbsp;cens combattans, fçaehans la venue de leurs aduerfairesprindrcntconfeil en-femble pour fçauoir qu’ils auoient à faire fur ce,amp; fils les attendroient ou non:nbsp;/nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ß fut la chofe moult durement débattue d’aucuns, lelqucls mettoient auanr,

qu’ils eftoient mal pourueuz de viures amp; habillemens de guerre:pourquoy fils le laiflbient enfermer, ils fe bouteroient en trefgrand danger:les autres difoientnbsp;qu’ils n’attendroient point le fiege,raais confeilloient qu’à leur venue on lesnbsp;combattit à leur auantage .Etfinablementils Ce conclurent tous à vne mefnienbsp;voulcnté, amp; promeirent l’vn à l’autre de les combattre.Et adoneques ordonnèrent que les trois capitaines deffufdits feroient à cheual : c’eft à fçauoir Pothon,nbsp;la Hire amp; Régnault de Fontaines à tout foixantc fufts de lance, tous les mieuxnbsp;montez amp; les plus expers:amp;les autres hommes d’armes, archiers amp; guifar-miers feroient de pied amp; aucuns en petit nombre des moindres demouroientnbsp;dedans le fort pour le garder. Ordonnèrent pareillement qu’à la venue de leursnbsp;cnnemis,fe môftreroient peu aflîn qu’ils n’apperceuflènt que leans y euft foifonnbsp;ne planté de gens. Lefquelles ordonnances furent par eux fàgement entretenues : farmerent amp; meirent leurs befongnes en point. Et lors apres que le def-fufdit Comte d’Arrondel fut (comme dit eft deftus)venu deuant eux à tout fei-ze vingt combattans ou enuiron, amp; qu’il eut aflîs fon guet contre la faillie denbsp;fes aduerlàires, fes gens commencèrent à faire leurs logis en attendant leurs gesnbsp;qui venoient derriere.

Dvr ANT ce temps le guet que les François auoient en leur chaftel, veit venir vne grand compaignie d’Anglois plus grandes plusepelFe que la premiere venue,amp; encores plus loing fuiuoient les autres ges auecques le charroy,nbsp;ß en aduertirent lefdits François: lefquels voyans qu’il cftoit droit heure de be-fongner auantque leurfdits aduerfaires fuflentaflemblez,feirent faillir horsnbsp;leurs gens de pied le plus coyement que faire fe peut : defquels leurs aduerfaires furent vigoureufement aflaillis, quand ils les veirent deuant eux. Et furentnbsp;iceux Anglois ainfi comme demy furprins,amp; en brief defconfits:amp; la plus gràdnbsp;partie mis à mort amp; tournez à grand melchief. Et adonc ceux de cheual (qui e-ftoient faillis pour garder que iceluy Comte d’Arrondel ne fecouruft fes gens)nbsp;veirent venir Rapprocher moult fort la féconde compaignie, dont deflùs eftnbsp;faiéle mention, qui défia eftoient aflez pres amp; ne fè donnoiét garde de leurs ennemis, pource que leur chef eftoit deuant: fi furent parles deffufdits incontinent enuahizR par force trcfpercez amp; derompus par plufieurs fois,parquoy ilsnbsp;ne fe peurent r’aflembler : mais en^ eut grand partie qui fe prindrent à retourner amp; à fuir vers Gournay, amp; les autres fi furent aflez toft morts, prins amp; tournez à grand mefehef Et adonc la Hire à tout vne grand partie de fes gens chaf-fa les fuians bien deux lieues : en laquelle chafle plufieurs des Anglois furentnbsp;morts

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D'ENGEERR. DE MONSTRELET CHARLES Ell. iqî. morts amp; prins. Et d’autre part les gens de pied auoient fort approché le Comtenbsp;d’Arrondclj lequel à tout les gens feftoit retiré au coing d’vn clos, où il fclloitnbsp;logé:fi eftoit adofle de bayes,amp; par deuant fortifié de poinfl'ons,parquoy iceuxnbsp;gens de pied ne pouoient bonnement entrer pour ladiéle fortiflScation.Si feirêtnbsp;apporter vnc couleurine qu’ils auoiét en leur fortjlaquelle au fecôd coup qu’ilsnbsp;la feircnt ietter,ferit ledit Comte parmy la iambe vers la cheuille du pied, dontnbsp;il fut durement blefié amp; à grand peine fe pouoit fouftenir. Et apres la Hire retourna de ladiéte chafTcjOu il eftoit allé,amenant auecques luy plufieurs prifonnbsp;niers:mais quand il apperceut la compaignie du Comte d’Arrondel eftre encores entiere,il r’aflembla fi force amp; fes gens, amp; alla de rechef combattre les définbsp;fufdits Comte amp; fis gens qui en alTez brief terme comme les autres furet tournez à defconfiture,amp; furent tous morts amp; prins fins nul remede: entre lefquelsnbsp;furent prins des gens de Renom-.premicr ledit Comte d’Arrondel, meflire Richard de Dondcuillc,Mondo Domonferrant, Reftandif amp; autres iufques à fixnbsp;vingts hommes ou mieux,qui tous furent prifonniers és mains des François: amp;nbsp;en fi eut de morts largement iufques à douze vingts, amp; le remanant fe fiuuanbsp;par bien fuir là où ils peurent le mieux. Apres laquelle deftrouffe amp; defeonfitu-te les capitaines de France r’affimblerent leurs gens, amp; trouuerent qu’ils n’a-noient point perdu vingt hommes de leur compaignie. Si furent moult ioyeuxnbsp;de celle victoire amp; noble aduenture, amp; en regracierent denotement leur créateur amp; puis fen rctournerêten leur place.Et de là le Comte d’Arrondel fut mené à BeauuaiSjOÙ il mourut de fi blefifire,fi fut enterré aux Cordeliers,amp;les autres prifonniers Anglois furent depuis deliurez par finance.Et par ainfi les Frannbsp;Çûis quielloientàRue,demourercnt fiurement amp; paifiblement quant à lors,nbsp;Sc fe commencèrent de plus en plus à eux garnir amp; fortiffier.

Comment le Duc de Bourgon^e fut malcotent amp; indignéßir ceux de la ville AAnuers.

N ce temps Philippe Duc de Bourgongne ellant en fi Duché de Bra bant, feit alTembler trelgrand nombre de gens d’armes du pays denbsp;Picardie amp; autres contrées de Ion obeïlFancezlefquels il auoit en pronbsp;pos dé bouter en la ville d’Anuers par certains moyens qu’il auoit ennbsp;icelle-.affin de punir aucuns des gouuerneurs amp;: habitas d’icelle ville, qui elloiêtnbsp;en fon indignation, pourtant que long temps parauàt ils auoient prins ou Ibufi



fert prendre de force par leurs fubieélsvn grand nauire, qui elloit au Duc de Bourgongne garny de fis gens : lequel il auoit fait mettre à l’emboufchure denbsp;1 entrée du haure,par oùles marchans de plufieurs pays venoieht par mer auditnbsp;lieud’Anuers: amp; làTes gens dudit ^uc eftans dedans iceluy nauire,cueilloientnbsp;fur les marchans pafians plufieurs tributs, qui grandement elloit au preiudicenbsp;de ladiéte ville conàme ils difoient:amp; aufli contre lefirment que leur auoientnbsp;fait palTé a longtemps les Ducs de Bradant deffunéls à l’entrée de leurs feigneu-ties,amp; mefmement iceluy Duc de prefint. Parquoy,commeditefldeirus, finsnbsp;faire fommation à leur Prince n’officiers,furînt tous contens de ce prêdre : e’ellnbsp;afçauoir iceluy nauire amp; amener dedans fiur ville amp; mettre prifonniers ceuxnbsp;de dedans. A l’occafion de laquellebefongnc le DucdélTufdit de ce non cotent,nbsp;auoit fait l’alfimblée dclTus declairécs pour entrer dedans icelle ville ficrette-

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M.CCÇCXXXF. VOLUME IL DES CHRONlQ^yES

ment, Scies puninmais entre-temps fon intention fut fceüe defcouuertepar aucuns fçaenans fà voulente ; amp; furent ceux d’Anuers aduertis de ce qu’on leurnbsp;vouloir faire,dont grandemêt furent efmerueillez. Et lors fans delay ils fe mci-rent en armes en grand nombre pour eux deffendre faucunement on les vouloir aflaillir, Sc de fait allèrent à l’abbaye de S.Michel feant dedans leur ville,oùnbsp;fe logeoit ledit Duc de Bourgongne quand il venoit en leurdidc ville. Et pournbsp;ce qu’ilsauoient l’Abbe dudit lieu en fùfpedion, cherchèrent par tous les lieuxnbsp;de leans hault amp; bas, pour fçauoir fils y trouueroient nuis de leurs aduerfaires:nbsp;amp; apres qu’ils veirent qu’il n’y auoic homme qui mal leur voulfift, rompirentnbsp;les murs de ladiéte Abbaye en plufieurs lieux: affin que de la ville on peuft garder amp; pafler pour faire leurs deffences aux murs,qui eftoient à l’encontre de la-did:e Abbaye : apres laquelle befongne fe retrahirent de là amp; feirent grandesnbsp;preparations pour eux bien garder. Si fut ledit Duc brief enfuiuant bien acerte-né qu’ils fçauoient fon entreprinfè.Et pource voyant qu’icelle ne pouoit mettrenbsp;à execution, licencia fes gens d’armes ,amp; feit deffendre fur peine capitalleauxnbsp;bonnes villes de Flandres,Brabant amp; autres lès pays enuiron,que nul ne portaitnbsp;ne menaft viures ou autres biens quelscoques en ladiôte ville d’Anuers, ne quenbsp;on ne leurdonnaft confcil,confort neayde. Et adoncquesceux de celle villenbsp;Içachans icelle publication eftre faiéle contre eux, furent en grande trifteffe amp;nbsp;gardèrent leur ville diligemment, amp; demourerent vne bonne elpace en ce danger. Puis fefeirent traidez entre icelles parties parmy ce que ledit Due en eutnbsp;grand fomme de deniers,amp; retournèrent les gouuerneurs de ladiôte ville d’Anuers en là grace.

Comment les François prindrentfur les Anglois la 'viüe de S.Deny s en France.

Vrantle temps delTufdit prindrent les François la ville de S. Denys IW --------’—*

^??^Y)tantdc force comme d’emblée. Et eftoient en nombre douze cens ; combattàs ou enuiron:delquels eftoient les principaux meffireleannbsp;¦ Foulcaulr,meflire Loÿs de Vaucourt,meflire Régnault de S. lean amp;

aucuns autres capitaines:lefquels meirent à mort aucuns Anglois là eftâs: pour laquelle prinfe les Parilîens fe commencèrent fort à elbahir amp; à doubter,pour-ce qu’içcux François couroient fouuent deuant leur ville, parquoy viures n’ynbsp;pouoient venir. Et affin qu’iceux viures en fin ne leur fulTent oftez par la riuierenbsp;de Seine en venant de Normandie, enuoyerent à Rouen par deuers le Duc denbsp;Bethfort:amp;pareillement à toys de Luxembourg Euefquc de Theroüenne amp;nbsp;Chancellier de France par le Roy Ffenry,requérir qu’il leur voulfift enuoyernbsp;certain nombre de gens d’armes, pour les lècourir amp; ayder à relifter contre lesnbsp;François delTufdirs : defquels parle pourchats amp; folicitude dudit Chançelliernbsp;leur fut enuoyé meflire lean Baftard de S.Pol, Loÿs fon frere Valeran de Mo-reul, meflire Ferry de Mailly, Robert de Neuf-Ville amp; aucuns autres gentilshommes auec cinq cens combattans des marches de Picardie : lefquels en prenant leur chemin par Rouen, alleftnt làuuémcnt à Paris où ils furent ioyeufe-ment receuz defdits Pariliês: amp; par l’ayde amp; confeil du feigneur de l’iHe-Adamnbsp;Marelchalde France de par le Roy Henry amp; capitaine d’icelle ville de Paris,nbsp;coramencerentà faire forte gucrrcàiceux François de S. Denys. Toutesfoisnbsp;iceux

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HENGEERR. DE MONSTKELET, CHARLES Ell.

iceiix François nonbftant Iarefifl;encedesdeflufdits,couroient treflbuuenta puiflance deuant icelie ville de Paris. Auquel lieu durant ce temps furent faidesnbsp;dures efcarmouchcs par les parties entre Paris amp; S.Denys.Et auffi prindrent lesnbsp;François le fort d’Efcoüan auprès de Montmorency, que tenoient les Angloisrnbsp;fi prindrent amp; occirent ceux de dedans, qui eftoient enuiron trente Anglois furnbsp;tout.Et puis allèrent deuers le chaftel d’Oruille emprcs Louures appartenant ànbsp;Anglois d’Aunay clicualier tenant le party du Roy Henry de I’Enclaftrcdequelnbsp;au bout de deux iours qu’ils y furent venuz,feit traidé auecques eux par condition, qu’il leurdeliureroit ladicle forterefre,encasqu’àvn ioiirquifut prinsnbsp;ceux de fon party ne feroicnt puilTans audit lieu pour les combattre . Et entretemps que ce failoit les feigneurs de Thalebot,d’E(callcs amp; de Varuicb amp; auecnbsp;eux Georges de Richammes,le Baftard de Thian, raeflîre François l’Arragon-noisSc aucuns autres iufques au nombre de trois mille combattans ou enuiron, fe meirent enfèmble amp; vindrent à Paris amp; en icelle marche eux ioindre a-Uec le fèigneur de l’Ifle-Adam, amp; les autres delTufdits : lefquels tous enfemblenbsp;allèrent tenir la iournée que ledit chaftel fe deuoit rendre aufdits François, lefquels n’y allèrent ne enuoyerent. Et par ainfi icelle fortereiTe demoura paifiblenbsp;au feigneur deflufdit. Et de là en auant les Anglois tindrent les champs à puil-fanceôc meirent en leur obeïlFance en la marche de l’Ifte de France aucunes for-tereftes que tenoient les François.



N ce temps furent faiôles vnes trefuesde parles gens du Duc de Bourgongnefurles marches de SanthoiSjöc de Montdidier auecques la Hire amp; les fiens : par tel fi qu’il feroit du tout abbatre amp; démolir le fort de Bretueil en Beauuoifis:amp; pour ce faire en eut grand


fomme de monnoye, qu’il print voulentiers. Apres lefquelles trefues fe partirent de la marche vers Beautiais le grand Blanchefortôc le petit amp; Pothon le Bourgongnon, auecques eux fix cens combattans ou enuiron, amp; fen allèrentnbsp;en la ville de Ruedefquels là venuz auecques eux iceux là pieça auoiêt efté, fennbsp;allèrent tous enfemble courre le pays de Boulenois: amp; en palTant tout coyemêtnbsp;fans faire effroy deuant Eftaples, allèrent iufques à Defnerue amp; de là à Säumernbsp;le Boys. Efquels lieux ne par tout le pays on ne fe doubtoit en riens de leur ve-nuè':amp; y trouuerent les hommes amp; habitans, auecques leurs biens amp; maifons:nbsp;lefquels(ou aumoinslaplusgrad partie) furent prins amp; liez par iceux François



amp; aufli emportèrent la plus grand partie de leurs meil


leurs meubles.Et mefmement raisonnèrent à grand fomme d’argent la ville amp; abbaye de Säumer. Et de là en retournant, fefpandirent en plufieurs amp; diuersnbsp;lieux du paÿs,iceluy degaftant par feu amp; par efpée, (ans auoir quelque empef-chement amp; deftourbier de leurs adueriàires amp; ennemis. Et apres qu’ils eurentnbsp;ars amp; hruflé plufieurs maifons en la ville de Francq:amp; fais innun^erables mauxnbsp;amp; dommages audit pays de Boulenois, ilsfetournerent tous enfemble à toutnbsp;grand nombre amp; quantité de prifonniers,amp;: autres biens en ladide ville d’Efta-


es,amp; là fe repoferent amp; rafrefehirent petite eipace de temps. Et pourtant que S


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NCCCCXXXK ' l'OLyXE IL DES CHRONIQUES les Bourgeois amp; habitansde la ville qui eftoient retraits au ch^iflel, ne voulurent payer rançon de leurdide ville à leur departemêt,embraferent les maifonsnbsp;d’icellc, amp; y feirent trelgrand dommage : car ce eftoit vne ville bien peuplée amp;nbsp;bien edifiîéc.Et de là fen retournèrent feurement iufques à ladiéle ville de Rue,nbsp;jaçoit ce quemeffire leade Croÿ,le feigneur de Crefqui,le feigneur de Humie-res amp; aucuns autres du pay’s, alTemblerent bien trois cens combattans ou enui-ron elperans iceux aucuneriient enuahir amp; aflaillir. Mais ce fut pour néant : carnbsp;les delfufdits François cheuaucherent en fi bonne ordonnance, qu’ils n’y veiretnbsp;point leur aduantage fur eux:parquoy ils fe rctrahirent es lieux,dont ils eftoientnbsp;venus * En apres leldits François retournez en la ville de Rue(comme dit eft)ilsnbsp;partirent leur butin:amp; quand ils furent repofez amp; refrefehis vn peu de iours, ilsnbsp;îe rerneirent fus amp; coururét le pays vers Dourlens amp; Hefdin.Si ardirent en plu-fieurs lieux amp; prindrent foifon de bons prilbnniers, amp; autres proyes amp; biensnbsp;meubles portatifs. Et puis apres fen retournèrent par la Boue, où ils alfaillircntnbsp;durement là forterefle : mais elle fut fi bien delFendue par ceux que y auoit misnbsp;le Vidame d’Amiens à qui clic eftoit, qu’ils eurent plufieurs de leurs gens ble-ccz.Parquoy voyant qu’ils y perdroient leur temps,fe retrahirent à tout leur piinbsp;lage à Rue. Et depuis par plufieurs fois feirent de telles courfes fur les pays dunbsp;Duc de Bourgôgne,dont à l’vne d’icelles courfes fut prins vn de lehrs gens: c’eftnbsp;à fçauoir meflire lean de Breftay lieutenant du Marefchal de Rieux : amp; le printnbsp;Harpin de Richammes vers Monftreul. Et vne autrefois fut aufli prins le petitnbsp;Blàchefort par Tvn des Baftards de Ranty. Ainfi doc les Fraçois deflufdits domanbsp;gerêt moult le pays à l’enuiron de ladiôle ville de Rue. Et mefmemêt ardirêt amp;nbsp;embralerêt là ville de Crefli fur Anthieu,laqlle eftoit du jppredemaine du Roy.

Comment les Cardinaux de faincle Croix nbsp;nbsp;de Cbipre vindrent d Arras, pour efire au

grand parlement.

V mois de luilletvindrêt en la ville d’Arras deux Cardinaux enuoyez de par noftre fainft Pere le Pape, amp; par le Concile de Balle aucc euxnbsp;plufieurs notables ambaffadeursde diuerfes nations,poureftrcaunbsp;grand parlement qui le deuoit faireamp;tenirauditlieu d’Arras pour la



paix de France:c’eft à fçauoir de par noftre S.Pere le Pape le Cardinal de faindc Croix,rArc'hediacre de Mets amp; aucùs autres Doâeurs en Theologie.Et de parnbsp;le Concile le Cardinal de Chipre, amp; auec luy l’Euefque d’Ache, amp; vn dodeurnbsp;nommé maiftre Nicolas ambalTadeur du Roy de Poulaine. Et de par leDuc denbsp;Millan l’Euefaue d’Albigue. Auec lefquels ambalTadeurs vindret l’Euefque denbsp;Vzes amp; l’abbé de Vezelay,enuoyez par les deux parties, amp; plufieurs autres notables ambalTadeurs de plufieurs feigneurs d^loingtains paÿsamp; marches.Etponbsp;uoiêt tous enfemble eftrc iufques au nombre de huict vingts cheuaucheurs ounbsp;enuiron. Aulquels fut faide grande amp; honorable reception, tant de l’Euelquenbsp;d’Arras,de fon clergéamp; bourgeois de la ville,corne des gens du Duc qui eftoietnbsp;à ce commis.Et tous enfemble allèrent au deuant d’eux aux champs auecgrandnbsp;compaignie de pcuple:amp; les amenÄent amp; conduirent en failànt ioye de ce iufques a leurs hoftels: amp; là leur furent fais plufieurs beaux prelens,dont ils fe tin-drcntbiencontens.

Comment

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D'ENG EERR. de MONSTKELET. CHARLES EIL 104 Comment Lois de Luxembourg Comte de faincl Pol, elfoufa leanne de Bar Comtejjenbsp;de lAarle de Soijjons.

E dimenchexvj.iourdeluilletLo’ysde Luxembourg Comte de^S., Pol, de ConuerEin, de Brayne amp; feigneur d’Anghien efpoufa leanne de Bar,qui eftoit feulle fille de melfire Robert de Bar, Cotefle denbsp;Marie amp; de Soiffons Dame d’Vncberquc,de Varnefton amp;de moultnbsp;d autres grandes amp; notables feigneuries,belle niepce de meflire lean de Luxem'nbsp;bourg Comte de Leigny,oncle dudit Comte de S.PoL Et furent les nopces fai*^nbsp;«fles dedans le chaftel de Bohain. Auquel lieu furent enuiron ccnt cheualiers amp;nbsp;efcuyersdela famille amp; amitié des deux parties, fans y auoirnuls Princes desnbsp;fleurs de lys,dont icelle Comtcffe cftoit iffue moult prochaine. A laquelle feflenbsp;furent la Comteffe de S.Pol doüagiere, mere d’iceluy Comte Loÿs amp; plufieursnbsp;de fes en fans. Le deflufdit Comte de Leigny corne il fut commune renommée,nbsp;foubftint les fraiz amp; defpens d’icelle fefte.Si y fut on fèruy tres abondamment:nbsp;amp; auec ce y fut faiôle tres ióyeufe cherc de tous ceux la eftans, en boires, man-giers,dances,iouftes,amp;autres efbatemens.

Comment les Francois furent ruefus 'vers Rethers du Baflard de Httmieres.

N ces propres iours les gens du Roy Charles, tenans la frontière vers Reims, faflemblerent auec quatre cens combattans, pour allernbsp;courre deuant Rethers, amp; autres lieux tenans le party de Bourgon-gne:amp; de fait acueillerent grand nobre de payfàns,vaches cheuaüx,nbsp;amp; autre befliahà tout lefquels fen cuiderent retourner fauuément en leurs gâr-nifons : fi eftoit leur chief Yuon du puys. Et entre-temps qu’ils faifoient leursnbsp;courfes,en vindrent lesnouuelles au Baflard de Humieres capitaine de Her*nbsp;query:fi affembla gens d’armes,à tout lefquels il pourfuiuit vigoureufèment i-ceux François. Et en conclufion les aflaillit par fi bon arroy, qu’il les tourna ànbsp;defconfeiture:amp; en y eut enuiron que morts que prins quarante,amp; les autres fènbsp;fauucrent par fuite auec leur capitaine chacun où ils peurent le mieux. Et de lanbsp;partie dudit Baflard y furent morts enuiron dix hommes.

Comment les ambafadeurs du Roy A Angleterre Vindrent d Arras^pour eflre au grand parlement auec le Duc de Bourgongne.

N ce temps vindrent en la ville d’Arras les ambaffadeurs du Roy Henry d’Angleterre, pour eflre au grand parlement auecleconfeilnbsp;du Duc de Bourgongne.Si pouoient eflre enuiron deux cens cheua-liers : defquels efloietgt;t les principaux l’Archeuefque d’Yorth, le



Comte de Suflbrt, l’Euefque de S. Dauid, meflîre lean Rodeclifgarde du feel priué d’iceluy Roy,le feigneur de Hongrefort, maiflre Raoul le faige, l’officialnbsp;de Cantorbie amp; aucuns autres doéleurs en Theologie.Si fe logèrent dedans ladite cité lez Arras.Si furent ioyeufement receuz amp;adminiflrez de ce q befoingnbsp;leur efloit par les gens du Duc de Bourgongne.Et pareillement vindrent en cesnbsp;iours plufieurs notables ambafladeurs de diuerfes natios pour les trois parties:nbsp;entre lefquels y vindrent pour iceluy Duc de Bourgogne le Duc de Gueldres,le

S ij

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M.CCCCXXXF. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLyUE IL DES CHRONloyES

Comte de Naflau, l’Euefque de Cambray,le Comte de Vernambourg, l’Euef^ que de Liege,le Comte de Vaudemont,le Comte de Ncuers, le Comte de Salines,le Duc de Bar, amp; generallement la plus grand partie de tous les noblys dunbsp;pays dudit Duc, y furent ennoble appareil amp; en grand eftat: amp; depuis y vin-drentles Comtes de S.Pol amp; de Ligney à belle compagnie. En apres le xxviij.nbsp;iour de Juillet vint audit lieu d’Arras le Duc de Bourgongne, lequel auoit couché en fa ville de Lens en Arthois. Et allèrent audeuant deluybien vnelieüenbsp;loing: generallement tous les feigneurs qui par auant eftoient là venus pour lesnbsp;deffufdiófes ambaflades,tant de France comme d’Angleterre amp; autres pays. Etnbsp;mefmcment y allèrent les gens des Cardinaux delTus nommez: lefquels venansnbsp;deuers iceluy Duc, furent de luy moult honnorablement rcceuz chacun à fonnbsp;tour. Si entra le deffufdit Duc en la ville d’Arras en moult belle ordonnance.nbsp;Et auoit deuant luy archiers pour la garde de fbn corps, tousveftus d’vne parure,amp; mefme forte amp; habit. A l’entrée duquel fut faide moult grand ioye denbsp;fon peuple,en criant haultement Noël de quarrefourg à’autre pour fa venuc.Etnbsp;en ceft eftat alla faire la reuerence au Cardinal de S.Croix, amp; puis au Cardinalnbsp;de Cyppre,amp; de là alla loger à fon hoftel à la Court-le-Comte.

Comment les a.mhafj'adetirs de France v 'mdrent en grand nombre en la 'viüe d'Arras y pour eflre au Parlement defj^ufdit.

E dimenche enfuiuant dernier iour du mois de Juillet, vindrent au-dit lieu d’Arras l’ambaffade du Roy Charles de France:lefquels am-bafladeurs eftans venus de Reims, par Laon à S. Quentin en Ver-mendois. Auquel lieu leur auoit eftéfaide ioyeufe reception par



les gouuerneurs amp; habitans d’icelle ville. Et là auoit efté enuoyé de par le Duc de Bourgongne le Comte d’Eftampes, accompagné de plufieurs cheualiers amp;nbsp;efcuyers, pour iceux conduire iufques audit lieu d’Arras. De laquelle ville denbsp;S.Quentin par aucuns briefs iours, cheuaucherent tous enfèmble à Cambray :nbsp;amp; delà aftëz pres du bois de Mouf-laine, qui eftàdemie lieüepres de la villenbsp;d’Arras. Entre lefquels cftoiêt de par le deflufdit Roy Charles, le Duc de Bout-bon,le Comte de Richemont Conneftable de France. Lefquels auoient efpou-fé deux des fœurs aiï Duc de Bourgongne,le Comte de Vcndofme,rArcheùef^nbsp;que amp; Duc de Reims Chancellier de France, meflîre Chriftofle de Harcourt,nbsp;meflîre Theolde de Valleperge,le feigneur de la Faieéfe Marefchal de France,nbsp;le feigneur de faind Pierre,le feigneur du Chaftel, meflîre Jaques du Bois,met-flrc Jeâ de Chaftillon baftard de Dampierre,meflîre Paillard du Fié, le feigneurnbsp;de Raillicq,lc feigneur de Rommet, le feigneur de Courfèlles, maiftre Adamnbsp;de Cambray premier Prefîdent, le Doyen de Paris nommé maiftre Jean Tu-dartjle Treforier d’Anjou,le Borgne Bleflet,maiftre Jeâ Charretier, le feigneurnbsp;de Cleteljle feigneur de la Mothe,maiftre Adam le Queux, maiftre Jeâ de Tai-fé amp; plufleurs autres notables hommes tant nobles comme autres, accompagnez en tout de quatre à cinq cens cheuaucheurs, à compter ceux qui eftoientnbsp;allez deuant pour prendre les logis. A l’encontre defquels iflît le deffufdit Ducnbsp;de Bourgongne accompagné du Duc de Gucldres amp; de tous les autres Princes , qui par auant eftoient venus amp; aufli des gentils-hommes cheualiers amp; ef-cuyers

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D'ENGEEKK. DE yiONSTRELET. CHARLES EIL lo^ cuycrs de fon hoftel de fes paÿs,referué les Anglois qui n’y furent pas.Si rencontra les defTufdits à vn quart delieiiepres deladióhe ville d’Arras. Et là à laf-femblée d’iceux nobles Princes fut monftré moult grand figne d’amour amp; d’a-mitic les vns aux autres. Et par efpecial le Duc de Bourgogne au Duc de Bourbon amp; au Comte de Richemot Conneftable de France deffufdit fes beaux fre-res:amp; eux à luy en monftrant ligne d’eftre trefioyeux;amp; par grâd humilité am-braflerent Pvn Prince l’autre. Et d’autre part les autres des plus notables de toutes les deux parties failànt trefgrand reuerence les vns aux autres, en monftrantnbsp;femblant de toutes ioyeufètcz. Et apres tout ce par belle ordonnance cheuau-chcrcnt tout le petit pas iulqucs à la ville d’Arras. Et là cheuaucherent de frontnbsp;l’vn de cofté l’autre les trois Ducs : c’eft à Içauoir de Bourgongne, de Bourbonnbsp;amp;deGueldres.Etdeuanteuxauoient fix trompettes amp; clerons, fonnanttresnbsp;melodieufcment amp; grand nombre de Roy d’Armcs, heraulx amp; pourfuiuàs ve-ftus des armes des Princes làeftans , Auecques lefquels eftoit comme chiefinbsp;Montioye Roy d’Armcs du Roy Charles de France.Et vn petit deuant cheuaucherent les Conneftable delTufdit,Comtes de Vendofme amp; d’Eftampcs,le Da-moftèl de Cleues amp; aucuns autres grans amp;: notables ftigneurs, amp; derriere lesnbsp;trois Ducs deftus nommez eftoient la plus grand partie de leurs cheualiers. Sinbsp;allèrent tenant cefte ordonnance deuant la maifon de la ville au petit marché :nbsp;Et y auoit par toutes les rues amp; fur les maifons trefgrand multitude de gés, quinbsp;crioient fouuent Noël à haute voix.Et là fe départit le Duc de Bourgongne amp;nbsp;ceux qu’il auoit amenez auec luy,pour retourner à fon logis amp;: hoftel.Si le vounbsp;loient conuoyer fts deux beaux freres, mais il les feit retourner amp; fen allèrentnbsp;Vers les Cardinaulx.Et de là allèrent à leurs logis où leur furent faicls plufieursnbsp;grans amp; tres notables preftns, tant par les gens de l’Eglftè comme par les gensnbsp;fcculiers. En apres le tiers iour enfuiuant vint la DuchelEe de Bourgongne audit lieu d’Arras. A l’encontre de laquelle allèrent pour luy honnorer les ambaf.nbsp;fadeurs du Roy de France,amp; ceux du Roy d’Angleterre. Et generallemêt auecnbsp;ce tous les nobles,barons amp; feigneurs là eftas en icelle ville,amp; les gens des Car-dinaulxjfi eftoit en moult riche amp; noble eftat:Et la portoit on dedans vne bellenbsp;littiere veftue amp; aornée moult precieufemét de riches draps amp; ioyaulx.Et derriere elle cheuauchoient fur hacquenées,fix de fes dames amp; damoifelles moultnbsp;richement amp; noblement habillées d’vneparure, leurs robbes amp;chapperonsnbsp;chargez amp; couuers d’orfauerie. Et apres fuiuoient trois chars de parement oùnbsp;eftoientlaComteftedeNamuramp; aucunes autres moult nobles dames amp; damoifelles de la deffufdiéle Duchefle: veftue auftide pareilles amp; fèmblablesnbsp;robbes amp; chapperons qu’eftoient celles qui eftoient fur lefdiéles hacquenées.nbsp;Si eftoient auprès deladiéle liftier^les Ducs de Bourbon,de Gueldrcs, le Conneftable de France,le Comte de Vendofme.Et generalleraent toute la feigneu-rie ócgentillefte de ces deux parties cheuaucherent deuant amp; derriere: cariesnbsp;Anglois prindrent congé d’elle aux champs, amp; fe retrahirent amp; retournèrentnbsp;en la cité lez la deftufdide ville d’Arras, où ils eftoient logez. Et la deflufdiâenbsp;Duchefle accompagnée,comme dit eft,alla faire reuerence aux Cardinaulx. Etnbsp;de là fen retourna en l’hoftel du deflufdit Duc de Bourgogne fon mary: lequelnbsp;Duc la receut moult ioyeufenient amp; honnorablement, amp;: feit aux deux Ducs

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deflufdits amp; aux autres nobles feigneurs là eftans trefioyeiife chere en fon ho-ftel. Et d’autre part venoient en ces mefmes iours au deflufdit lieu d’Arras aucuns ambafladeurs de plufieurs amp; diuerfes places amp; cÔtrées,tantpour les Princes,Eglifes,vniuerfitez comme pour bonnes ville.Et entre les autres y vindrent de par la ville de Paris l’Abbe du mont de fainôle Katherine de Rouen, maiftrenbsp;Guillaume Breton,maiftre lean le Monftardier, maiftre Thomas de Courcel-les,maiftre Robert Poiteuin amp; plufieurs autres notables gens. Aufti y vindrentnbsp;les ambaftadeurs des Roys de Cecille d’Efpaigne, de Nauarre, de Poulaine, amp;nbsp;d’Afie amp; Rommanie. Et pareillement y vindrent les communes des bonnes villes de Hollande, amp; de Zelande, de Flandres, de Brabant, de Hainault, de Na-mur,de Bourgongne amp; d’autres plufieurs parties qui trop longue feroient à etnbsp;crirc ; Icfquels aflez pres chacun felon fon eftat furent logez aftez ftifEfammentnbsp;par les fourriers dudit de Bourgongne,amp; autres à ce comis de par luy. Et aucc-ques ce furent durant la conuention feruis abondament de tous viures,tels quenbsp;pour lors pouoit recouurer, laquelle dura enuiron trois mois en payant leursnbsp;deniers. Et fi ne fut quelque nouuelle duranticellequ’ily eut grand eftroy ennbsp;ladide ville d’Arras, tant par feu de mefehief comme par débats mouuans entre les parties. Et y auoit certains commis deparlavilleàvifiterdeiouramp;dcnbsp;nuiôl les befongnes neceftaircs à garder que nulles extortions ne le feilTent. Ennbsp;apres fut ordonné de parle deftuldit Duc deBourgongne, qu’il y auroit enuiron cent gentils-hommes amp;deux cens archiers pourlafeurtéde là perlbnnenbsp;armez amp; embaftonnezauccqucs aucuns feigneurs de fon hoftel, tels commenbsp;le feigneur de Croÿ,meflire lean de Home le Cheualier, le feigneur de Creue-cueur,lc feigneur de Chargny,Ie3n de Brimeu amp; aucuns autresdefquels fuflentnbsp;prefts faucun befoing aduenift à refifter auecques aucuns des gentils-hommes. Et cinquante archiers qui eftoient commis pourlafeurtédelaperfonnenbsp;dudit Duc.

Comment meßire lean Je Mer cheualier (JEßai^e, nbsp;nbsp;le feigneur de Chargny furent

arme'^''vrt contre!autre.

E lundy vnziefme iour d’Aouft de ceft an furet faiétes armes en icel-le ville d’Arras,en la prefence du Duc de Bourgongne iuge encefte Bnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;suecqueslequeleftoit dedans fon efchaffault fur legrand

marché les Ducs de Bourbon amp; de Gueldres, le Comte de Riche-mont Conneftable,le Cotede Vendofme,d’Eftampes amp; plufieurs autres grans feigneurs. Sifurent lefdides armes entreprinfes de meflire lean de Merle cheualier Banneret trefrenommé natifdu Royaume d’Elpagne, appellat fans querelle diffamatoire, pour acquérir honneur centre Pierre de Bauffremont cheualier feigneur de Chargny aufti Banneret amp; natif de Bourgongne portàtl’or-dre dudit Duc; amp; cftoit tant feullement pour rompre troislances l’vn fur l’autre . Et apres cefte requefte accordée par ledit feigneur de Chargny : lequel feigneur de Chargny auoit requis audit cheualier d’Efpaigne à combattre à piednbsp;de haches,d’efpées amp; de dagues fi fonguement que l’vn des deux perdift fes ballons,ou meit mains aux genoulx Ou à terre fàuf en toute la voulcnte du iuge :nbsp;lefquelles requeftes des deux cheualiers deftufdits long temps par auant eftoiétnbsp;accordées

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D’ENGf^ERJi DE ^lONSTRELET CHARLES RU. izc accordées I’vn à l’autre,comme dit eft.Et pourtant a ce mefme ieudy entre neufnbsp;amp; dix heures du matin, vint ledit cheualier Efpaignol au champ accompagnénbsp;de quatre cheualiers que le Duc de Bourgongne luy auoit baillez pour luy ho-norer:c’cft a fçauoir le leigneur de l’Or gouuerneur de Reihelois,le feigneur denbsp;Ligney,le feigneur de Saueufes amp; le feigneur de Sainzelles auec quatre ou cinqnbsp;de fcs gês-.defquels l’vn portoit au bout d’vne lance vnc petite bâniere armoyéenbsp;de fes armes.Et les cheualiers deffufdits portoient fes lances. Et ainfi fans fairenbsp;grans bombans,alla faire la reuerence audit Duc de Bourgongne. Et puis fe retrahit de ces lices par où il eftoit entré au feneflre cofté dudit Duc de Bourgongne. Etoffez longue efpacc de temps attendit fon aduerfàire, lequel vint grandement accompaigné des Comtes d’Eftampes,de S.Pol amp; de Ligney,auec euxnbsp;le Comte de SufTort Anglois qui portoientles lances. Et derriere luy eftoientnbsp;quatre courfiers moult richement couuers de fes deuifes^Et les paiges chargeznbsp;d’orfauerie,amp; auec eux eftoientgrand partie de cheualiers amp; eicuyers de l’ho-ftel du Duc de Bourgongne. Et ainfi comme auoit fait ledit cheualier Efpai-gnol,alla faire la reuerence au deffufdit Duc de Bourgongne, amp; puis il fe rctra-liit à fon cofté au droit lez. Finablement apres ce qu’ils furent tous deux preftsnbsp;coururent plufieurs coups de fer de lance l’vn contre l’autre fins eux attaindre.nbsp;Etadoneques ledit Efpaignol monta fur vn courfier que luy preftale Duc denbsp;Bourbon,pource que le fien fuyoit la lance.Et aftez brief apres rompirent leursnbsp;lances l’vn fur l’autre trcfpuiflamment.Et depuis continuèrent tant que les troisnbsp;coups de lances qu’ils auoient entreprins â faire, fuflent feruz fans ce que nuisnbsp;des deux fuffent bleflez-.toutesfois l’armet dudit Elpaignol fut vn petit caffé. Sinbsp;fe partirent par la licence dudit Duc de Bourgongne, amp; fen retournèrent ennbsp;leurs hoftels chacun par ou il eftoit entré accompaigné comme dit eft. Et auoicnbsp;iceluy cheualier Efpaignol fur fon harnois vnehucque de drap vermeil,laquelle auoit vne croix blanche telle ou pareille que portoient les François. De laquelle aucuns feigneurs de la partie de Bourgongne n’eftoient point bien con-tens,pource qu’il leur fembloit qu’il fe monftroit partial d’icelle partie des Fra-çois:mais depuis quand il en fut aduerty fen exeufa, difant que pour la confe-. deration qu’auoient de long temps l’vn auec l’autre les Royaumes de France amp;nbsp;d’Efpaignc,iIs ne pouoient porter en iceluy autre enfeigne que celle du Roy denbsp;France. Le lendemain enfuiuant qui fut le vendredy entre huiél amp; neuf heuresnbsp;du matin, vint le Duc de Bourgongne en fon efehaffault grandement accompaigné défi cheualerie. Auec lequel Duc entrèrent dedans les Princes qui lenbsp;iour de deuant y auoient efté. Et briefenfuiuant vint le feigneur de Chargny,nbsp;appellant accompaigné des feigneurs qui le iour de deuant auoient feruy : lef-quels portoient les baftons,dequo^ ils deuoient combattre amp; ioufter. Et feoicnbsp;fur vn cheual couuert de fes armes amp; derriere luy eftoient les quatre pages def-fufdits fur quatre courfiers bouffez de fa deuife auec la plus grand partie desnbsp;cheualiers amp;efcuyers de l’hoftel dudit Duc de Bourgongne, amp; aucuns autres nobles homra.es:à tout lefquels il entra dedans les lices, fi f’en alla defeen-dre droit à fon pauillon.Et tantoft fen alla tuut à pied faire la reuerence au définbsp;fufdit Duc de Bourgongne,amp; puis fe retrahit en fa chaire où il fut bien l’efpacenbsp;d’vne heure auant que fon aduerfaire amp; ennemy veinft. Lequel vint accompa-

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gné comme il auoit efté Ie iour de deuant tout depuis fou hoftel iufques à l’entrée des lices. Et portoientles chcualiers amp; efcuyers que ledit Duc luy auoit baillez fes baflons, dequoy il deuoit batailler amp; combattre. Et derriere luy ç-ftoient fes gens, dont Tvn d’iceux portoit la petite bannière au bout d’vne lancenbsp;ferrée.Et quand il fut venu aux lices, il alla faire la reuerence au Duc de Bourgogne defl'ufditjSc de là fe retrahit en fon pauillon. Et jaçoit-ce que par les def-lùfdits cheualiers amp; efcuyers qui l’accompaignoient futparplufieursfoi^s ad-monnefté, en luy donnant confeil à leur pouoir : Toutesfois oneques ne leurnbsp;voulut defcouurir fon fecret n’vfer de leur confeil, ains leur difoit qu’ils ne fufnbsp;fent point en fbing de luy,amp; qu’au plaifir de Dieu il feroit fon deiioir. Et apresnbsp;leRoyd’Armes nommé Toifond’Or cria en trois lieux fur les lices, que toutnbsp;homme qui n’eftoit commis à la garde d’icelle vuidaft fans delay : amp; que nul nenbsp;baillafl empefchemeijjs aux champions fur Iahart,amp;de par le Duc de Bourgon-gne.Si efloient dedans huiél gentils-hommes armez pour prendre amp; leuer lesnbsp;deux champions deffufdits,quand ils en auroient le commandement. Apres lequel cry iffit hors de fon pauillon ledit feigneur deChargny à tout fes quatrenbsp;ballons, amp;tenoitla hacheparle meillieu deladextre mainleferversfonad-uerfaire,amp;ainfimarcha vnpetitauant. Etadoneques iflit l’Efpaignolemba-'' flonné, comme dit eft, amp; auoit fur fon bacinet iedé vn couurechief qui cou-uroit fa vifiere,laquelle eftoit comme demie leuée. Et quand il fut iflu amp; faillynbsp;hors de fon pauillon,vn de fes gens ofla ledit couurechief. Si commêcerent vi-goureufement amp;de grand courage à marcher l’vn contre l’autre leurs lancesnbsp;palmoyant.Et toufiours auoit ledit Efpaignol, amp; eut durant cefte befbngne lanbsp;vifiere leuée. Et lors à l’approcher ledit feigneur de Chargny ieôla premier fànbsp;lance amp; n’en attendoit point fon homme: mais iceluy Efpaignol l’approcha ennbsp;luy icéfant la fienne, fi le ferit amp; bleffa vers le coflé,duquel coup il futnauré amp;nbsp;percé au bras tant que la lance fe tint dedans fon bracelet:mais ledit feigneur denbsp;Chargny la fecout tantofl fur le fàblon : Et lors les deux champions approchèrent de grand courage l’vn pres de lautre.Si commêcerent à batailler amp; à combattre de leurs lances gentement. Si auoit iceluy feigneur de Chargny grandnbsp;defplaifimcede ce, que fonennemy amp; aduerlàire ne fermoit point fàvifiere;nbsp;Durant lequel temps le Duc de Bourgongne ordonna qu’on les feit celTer, amp;nbsp;commanda à ceux qui gardoient le champ qu’ils les prinfrent:laquelle chofe ilsnbsp;feirent amp; furent amenez deuant ledit Duc de Bourgongne.Si eftoiêt tous deuxnbsp;moult troublez au femblant qu’ils monftroient de ce qu’on leur auoit fi toitnbsp;prins fus. Et par efpecial l’Efpaignol venant deuant ledit Duc répéta par deuxnbsp;fois qu’il n’eftoit pas content pour fi peu de chofe faire, attendu qu’à grand def-pens amp; à grand trauail de fon corps il eft venu de moult loingtain pays par mernbsp;amp; par terre pour acquérir honneur amp; reucrc*nce. A quoy luy fut rcfpondu,quenbsp;bien amp; moult honnorablement auoit fait fon deuoir, amp; accomply fes armes.nbsp;Apres lefquelles parolles furent remenez amp; conduits à leurs logis amp; hoftels,amp;:nbsp;ifïirent des lices chacun par fon cofté aulfi toft l’vn comme l’autre. Toutesfoisnbsp;ledit cheualier d’Elpaigne fut la notfé de pliifieurs nobles là eftans, d’auoir en-treprins vne grand hardiefle amp; habilité de combattre parcelle maniéré lavi-fiere leuée, pource que pareil cas n’auoit point cfté veu.Et apres celle befongne

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IFENGFEKJC Jgt;E TAONSTJ^ELET CHARLES m. 107 ledimenche amp; autres iours enfuiuans, iceluy Ducdc Bourgongne feit grandnbsp;honneur amp; rcuerence en fon hoftelau defluldit cheualier d’Efpaigne, öiluynbsp;donna de grans dons pour payer plainément fes dcfpens. Et briefs lours enfuiuans print congé dudic Duc amp; des Ziens, Sc fc partit d’Arras pour fen retournernbsp;en fon pays.

Comment les Francois amp; Bourdonnons efians en la ville d'Arras efloient cordiallemet enßmble l’vn auecques l'autre.

E lundy qui fut le iournoftre Dame de la my-Aouft les Ducs de Bourgongne,de Bourbon amp; de Gueldre, les Comtes d’Eftampes, denbsp;Richemont amp; de Vendofme, de S. Pol amp;: de Ligney, de Meurs amp; de

B

Naflau auecques la plus grand partie des chcyaliers efcuyersdes deux parties, allèrent tous à cheual en grand concorde àîhoftcl d’iceluy Ducnbsp;de Bourgogne oüir la mefle noftrc Dame en la cité, veftuz amp;: aornez de moultnbsp;riches veftemens: dont le pauure peuple là eftant en grand multitude auoiencnbsp;grand lieZfe efperans brief auoir confolation de paix, que tant amp; fi longuementnbsp;auoient attendu. Apres laquelle meffc retournèrent enl’hoEeldudit Ducdenbsp;Bourgongne, amp; là difherent la plus grand partie : Si y furent moult richementnbsp;feruiz deplufieurs amp; diuers mets. Pourlcfquels conuis amp; aflernbléesainfî faites par icelles parties,les ambafladeurs d’Angleterre n’eftoient point bien con-tens : pourccque défia le Duc de Bourgongne amp; ceux de fbn party auoientnbsp;grand communication auecquesiceux François leurs aduerfiiires amp; ennemis.nbsp;Et auoient fufpeétion amp; doubte qu’entre icelles parties de France amp; de Bour-gongne,nefe machinaft aucun traiéàé qui fut aucunement à leur preiudice.

Comment le Cardinal de FinceClre vint d Arras pour cflre d la conuention, qui Id eBoit aßemblee.

aTem le dixneufiefme iour d’Aouft enfuiuant vint le Cardinal de Vinceftre en la ville d’Arras pour eftre au Parlement là eftant : amp; e-ftoientenfa compagnie le Comte de Fdontidon amp; autres notablesnbsp;cheualiers amp; efcuycrs d’Angleterre, iufques au nombre de trois césnbsp;cheuaucheurs. A l’encorreduquel allerer les Ducs de Bourgongne amp; de Guel-dres,les Comtes de fiiinél Pol,de Ligncy,de Meurs amp;: la plus grad partie des nobles auecques ledit Duc de Bourgongne. Si fut fait par le Cardinal amp; Duc def-fuZdit grand honneur amp; reception l’vn à l’autre, amp; pareillement des autres fei-gneurs. Si retournèrent tous enfemble auec iceluy Cardinal iufques auprès denbsp;Fa porte d’Arras,où ils prindrent congél’vn à l’autre. Si fen alla le defl'ufdit Cardinal loger en l’hoftel de l’Euefque amp; fes gens. Si venoient chacun iour ambaf-fadeurs enuoyez de diuerfes nations. Et auoit ordonné le lieu ou la conuentionbsp;fe deuoit tenir entreles parties en l’abbaye de S. Vaft d’Arras,où il y auoit en la-diéle abbayc,fàlles,chambres,amp; de notables ediffices moult propices pour tounbsp;tes les parties. SialTemblerent au lieu dcffufdit les trois parties en la prefencenbsp;des deux Cardinaulx premiers venus, Lefquels amp; par efpccial le Cardinal de S.nbsp;Croix,amp; remonflrerent moult auctentiquement à icelles trois parties les gransnbsp;naaulx amp; inconueniens qui eftoient aduenuz par toute Chreftienté à l’occafion

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des guerres, qu’ils auoient fi longuement maintenues, eux admoneftant moult douicement amp; fijgement, que pour l’amour de Dieu principallemcnt ils voul-fiflent entendre au bien de paix entant qu’ils eftoient enlcmble: amp;qu’vn chacun d’eux feit rcqueftes fi courtoifes amp; fi raifonnables qu’ils fe peullent accorder les vns auecques les autres. Apres lefquelles remonftrances faflemblerentnbsp;au lieu dcladiôleconuention par plufieurs iournées. Et furent par lefdiâesnbsp;parties mis auant plufieurs traidez, lefquels eftoient moult contraires amp; difficiles les vns aux autres, Entre lefquels requirêt ceux de la partie du Roy Charles,que le Roy Henry d’Angleterre fe voulfift déporter amp; defifter de luy nommer Roy de France, moyennant que par certaines conditions luy feroient accordées les feigneuries de Guienne,amp; Normandie : laquelle chofe les Angloisnbsp;, nevounbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;er.

Cappy, amp; de là fc retirerent amp; fen allerent vers Dourlens amp; Beauquefne pour fourrager le pays. Si fe partirent amp; fen allèrent en plufieurs lieux amp; aftemble-rent grand nombre de paÿfitns, cheuaux, vaches, brebis amp; plufieurs autres be-fongnes,'à tout lefquelles fe commencèrent à retraire versie paftage del’eaiienbsp;par où ils eftoient venus.Durant lequel temps les nouuelles furet portées à Arras deuers le Duc de Bourgongne par le (èigneur de Saueufes. Lequel Duc denbsp;Bourgongneenfut grandement troublé, voyant que par telles maniérés tenirnbsp;lesbefongnes qu’on traidoit au dit lieu d’Arras, fepourroient attarder. Et affin d’y pourueoir feit fans delay monter àcheual ledit Comted’Eftampes,denbsp;fiiind Pol, de Ligney auecques la plus grand partie de cheualiers amp; efcuyersnbsp;qui là eftoient ,amp; ceux de (on hoftcl pour combattre amp; rebouter iceuxFran-çois:auecques lefquels allèrent aucuns feigneurs d’Angleterre à tout trois censnbsp;combattans ou enuiron.Et pouoient eftrc en tout de douze à feize cens,mais lanbsp;plus grand partie eftoient fans harnois.Si chcuaucherent haftiuement tous cn-fembleiufques vers Mailly amp; àTheu. Et auoient par auant enuoyé ledit fei-gneur de Saueufes amp; plufieurs autres coureurs pour enquerre nouuelles denbsp;leurs aduerfàiresamp; ennemis.Lefquels coureurs feeuret pour vray qu’ils retour-neroient à tout grans proyes vers le paftage de l’eaüe, fi le feirét fçauoir aux feigneurs deftlifdits. Lefquels fe hafterent pour les attendre, amp; feirent fi bonne diligence qu’ils les trouuerêt à la ville de Corbie à vne ville nommée Bonnay furnbsp;l’eaüe de Helly.Et lors les deftlifdits François d’icellepourfiuitte aduertiz, ordonnèrent aucuns de leurs gens d’armes à garder le paftTage de ladiéle riuiere.Sinbsp;fen allèrent mettre en bataille fur vne haute monraigne entre Corbie amp; Helly.nbsp;Et entre-temps meflire lean de Croÿfut enuoyé deuant auecques luy certainnbsp;nombre de gens d’armes pour gaigner ledit paftage, lequel fut alfez brieftie-

ment

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D'ENGEL RR. DE NONSTRELET CHARLES ^IJ. io§ incnt prins Sgt;c conquis.Ety cn eut de morts de dix à douze d’iceux François amp;:nbsp;les autres ie retrahirent auecques leurs gens fur laditle montaigne. Et adonc-qucs ceux de la partie de Bourgongne ôc les Anglois paflerent l’eaüe amp; fe mei-rent en bataille au delToubs de la montaigne deflufdide contre leurs aduerfài-res amp; ennemisjamp; y furent bien demie heure.Toutesfois ils n’eurent point con-fei! de les aller combattrcjcar ils eftoient trop petitement atournez de harnois.nbsp;Et d’autrepart ledit Duc de Bourbon amp; le Comte de Richemont Conneftablenbsp;qui eftoient audit lieu d’Arras,auoient enuoyé aucuns de leurs gens deuers lesnbsp;deftufdits François pour les faire retraire amp; rendre ce qu’ils auoient prins.Fina-blement apres ce que les deux parties eurent efté grande efpace en bataille l’vnnbsp;contre l’autre,ils fen retournèrent chacun dont ils eftoient venuz. Et rendirentnbsp;lefdits François grand partie des prifonniers, qu’ils auoient prins par le moyennbsp;amp; pourchas de ceux que les ambafladeurs deftufdits auoient enuoyez, amp; auflînbsp;le beftail qu’ils auoient accueilliz,mais ce fut bien enuiz. ¦ Si perdirent de leursnbsp;gens enuiron vingt hommes tant morts comme de prins.

Comment les Roys dlArragon nbsp;nbsp;de Nnuarre furent prinsnbsp;nbsp;nbsp;defeonfits deuant Gaye-

Clepar l'armée du Duc de 'Millan.

E fixiefmeiour dhlouft de ceft an furent prins deuant Gayeôleau Roy au me de Nappies le Roy d’Arragon amp; de Nauarre, le grad mai-ftre de fainól laques leur frere,le Duc de Sefle amp; fon fils,Ie Comte denbsp;quot;quot; Fondes, le Prince de Tarente, le fils meflire Chriftofle Gargancyménbsp;renommé de l’Aiglc,le Vice-roy de Cecille amp; bien quatre cens cheualiersamp; ef-cuyers,qui auoient auecques eux bien quatre raille fouldoyers qui tous furentnbsp;de(confits:Et tenoient le liege deuant la deflufdiéle ville de Gayedte par mer amp;nbsp;par terre,pour icelle conquerre à la defplaifànce de Philippe Maria Duc de Milan.Pourtant iccluy Duc feit preparer fon armée en la ville de Gennes, pour le-courir amp; mener viures à ladite ville de Gayeôle. Si fut principal conduéleurnbsp;d’icelle armée audit Duc de xMilan l’Amiral de la cité de Gennes, lequel ayantnbsp;intention d’entrer en icelle ville ainli alficgée par mer,fi fapprocha d’icelle tantnbsp;que les afliegeans allèrent pour le combattre amp; fubiuguer : toutesfois nonob-ftant que l’Amiral deftufdit ne fut point en fi grand nombre comme les Napolitains amp; les Arragonnois fes ennemis cftoient,la fortune fut pour luy : amp; def-confit pour ce iour tous ceux qui eftoient audit lieu, tenans le fiege par mer amp;nbsp;par terre-.mais nonobftant que les deftufdits Roys d’Arragon amp; de Nauarre a-Uecques les autres feigneurs deftus nommez euftent efté prins deuât le port denbsp;Gayeóte,comme dit cft deirus,fi furent ils menez prifonners à Gennes, qui lorsnbsp;fttenoitenrobeïlTanceduDucde’àMillan: mais brief enfuiuant par certainsnbsp;moyens amp; pi omefles qu’il feit aux Genneuois, luy furent iceux feigneurs délivrez amp; mis en là main, moyennant qu’il promeift de non les deliurer finon dunbsp;feeu amp; confentcmentdefdits Genneüoisdaquellepromeffeil n’entretint point,nbsp;car tantoft apres qu’ils furent amenez deuant luy, amp; qu’il les eutgrâdement fe-ftoyez amp; conioÿs en fa ville de Millan,il les meit à plaine deliurance fans payernbsp;finance ne retenir d’eux aucune chofe ne promefte,amp; mefmcment leur dona denbsp;grâsôc précieux dons:dont quad ce fut venu à la cognoiflance des Géneuois ils

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M.CCCCXXXF. yOLJ/XlE 11, DES CHKONl^^ES

cn furéc trefnuï cótcns amp; non fans caufe:car ils eftoiêt leurs ennemis capitaux, pourquoy ils fcdepartiiêt du toucderalliâceôc obeïflance dudit Duc de Milia.

Comment le Cardinal de l/inceflre à toute CAmbaß^ade des Anglots fe départit de la 'ville d'Arras:nbsp;nbsp;nbsp;comment autres ambafjadeurs deplußeurs lieux 'vindret en ladiclc ville.

E vj.lourde Septembre le Cardinal de Vinceftre fe partit delacon-uétiond’Arras,amp;auecluytoutel’ambafladedelàpartiéd’Angleter-rcjlans ce qu’ils euflent aucune concorde auec les François.Nonob-llant qu’ils euffent par plufieurs iours eftéenfemble, amp;qu’àicelles



iournées plufieurs traidez enflent efté mis auat,corne dit eft,qui point n’auoiet eflré mis à efFc6l:ja^oit-ce que le Duc de Bourgongne amp; ceux de fon cofeil euCnbsp;fent faiôles plufieurs diligences, pour appaifer icelles deux parties de France amp;nbsp;d’Angleterre.Neantmoins iceux Anglois fen retournèrent à Calais, amp; delà cnnbsp;Anglererre,amp; fe doubtoient biê de ce qui aduint alTez tofl: enfuiuant:c’efl: àfça-uoir que le Roy Charles amp; le Duc de Bourgongne ne fe cocordalTent l’vn auecnbsp;l’autreicar ils apperceuret bic des deuât leur departemêt qu’icelles deux partiesnbsp;auoientl’vn auecl’autre grand amour amp; repairoient enfcmble, corne fedeflorsnbsp;eulTent efté cn cordialle vnion dót ils n’eftoient point bien contens. lté encoresnbsp;vindret audit Parlemét d’Arras plufieurs ambafl'adeurs de plufieurs Royaumesnbsp;amp; nations tat ecclefiaftiques corne feculiers. C’eflt à fçauoir de par les Roys denbsp;Nauarre amp; de Dache,d’Efpaigne,de Chippre,de Portugal,le Conneftable Ducnbsp;de Poulaine,de par le Duc de Millan,de par le Roy de Cecille, de par le Roy denbsp;Norueghe,de par le Duc de Bretaigne. Si y vindret aufli l’Archeuefque d’AuIx,nbsp;l’Euefque d’Albigue, l’Euefque d’Vzes, l’Euefque d’Auxerre, l’Euefque d’Albanie,l’Euefque de Vilcéne,l’Abbe de Vezelay, l’Archediacre de Mets en Lorraine procureur du S.ConciledeBaflejl’Archediacrede Poulaine amp; moult d’autres gens de grand auélorité.

Comment la paix fut faible nbsp;nbsp;confermée entre le Epy Charles de France, £gt; le Duc de

Bourgongne en la ville d'Arras.

Tem apres que les ambalTadeurs du Roy Henry d’Angleterre fe fu-1 rent partis de la ville d’Arras,comme delTus éftdit: amp; qu’ils furet retournez en Angleterre fans prendre conclufion de paix auec les Frà-çois,les deux autres parties qui cftoient demourées au defluldit lieu d’Arras:c’eft à fçauoir de France amp; de Bourgongne,faflemblerét l’vn auec l’autre au parlement au lieu accoutumé par aucun peu de iours. Et là eurét enfem-ble grand deliberation amp; aduis fur plufieurs befongnes. Et auflà par l’exhortation des deux Cardinaulx de S.Croix amp; de Chippre, de plufieurs Prélats amp; autres notables gens de confeil là eftans de ch^une partie,conclurent à faire paixnbsp;finalle entre le Roy Charles d’vne part amp; Philippe Duc de Bourgongne d’autre : de laquelle la teneur fenfuir.

Philippe par la grace de Dieu Duc de Bourgongne, d’Autriche, de Brabant amp; de Lambourg, Comte de Flandres, d’Arthois amp; de Bourgongne,Palatin de Hainaultjde Hollande,de ZTelande amp; de Namur,Marquis du S. Empire. Seigneur de Frize,de Saline amp; de Malines. Sçauoir faifons à tous prefens amp; ad-uenir,que comme pour paruenir à paix generalle en ce Royaume ayent efté tenues

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D'ENGKERR. de MONSTKELET. CHARLES kil 109 nues plufieurs conuentions amp;: aflemblees.Et mefmement en noftre ville amp; citénbsp;d’Auxerre,en Ia ville de Corbeil. Et dernièrement ay t efté accordée de tenir ennbsp;celle noftre ville d’Arras certaine iournée conuention, fur le fait de ladiélenbsp;paix generalJe . A laquelle mon trefrèdoubté feigneurlc Roy Charles ayt en-uoyez, amp; y font venus nez trefehiérs Sctrefiymez freres amp; coufins Duc denbsp;Bourbon amp; d’Auuer'gne^ le Comte de Richemont Conneftable de France, lenbsp;Comte de Vandofmegrad maiftre d’hoftel, amp; trefreuerend pere en Dieu l’Ar-eheuefqueôc Duc de Reims grand Chancellier de France, Chriftofle de Harcourt, Cillebértfèigneur delà Fayeéle Marefchal de France, maillre Adam denbsp;Camhray premier Prefident en Parlemêt, maiftre lean Tudart Doyen de Parisnbsp;Confeillier amp; maiftre des Requeftes de l’hoftel du Roy,GuilIaume Charretier,nbsp;Eftienne Moreau,aufti les con(eilliers,îean Chaftignier, amp; Robert Marliere,fè-cretaires de mondit feigneur le Roy amp; tous fès ambafladeurs. Et de la part mônbsp;trefehier feigneur Sc coufin le Roy d’Angleterre, y font venus trefreuerend pere en Dieu le Cardinal de Vinceftrejl’Archeuefque d’Iorth,noz aymez coufinsnbsp;les Comtes de Hontidon amp; deSuftbrt.Noz reuerends peres en Dieu les Euef-ques deNorrovichjMeS.Dauid amp; dcLifieux, amp; plufieurs autres gens d’Eglifcnbsp;amp; ambafladeurs de mon trefehier frère amp; coufin le Roy d’Angleterre. Et auflinbsp;yfommes venus amp; comparus en hoftre perfonne accompaignez deplufieursnbsp;de noftrefàng amp; autres noz féaux amp; fubieds en grand nobre. A laquelle iournée amp; conuention de par noftre fainél Pere, ayt efté enuoyé trefreuerend perenbsp;en Dieu noftre trefehier amp; efpecial amy le Cardinal de fàinôte Croix a tout bonbsp;amp; fuffifànt pouoir de noftre fainâ: Pere: amp; de par le fainôl Cocile de Bafle fem-blablement ayent efté enuoyez amp; foient venus trefreuerêd pere en Dieu noftrenbsp;trefehier amp; trefàymé coufin le Cardinal de Chippre,trefreuerêds peres en Dieunbsp;les Euefques de Veronne,d’Albigue,Nicoîas Preuoft, amp; Calconie Huche Ar-chediacrede Mets en Lorraine,ambafradeurs d’iceluy Concile,amp; ayans pouoirnbsp;fuffifànt fur ce dudit Concile:par deuant lefquels Cardinaulx,Legats amp; ambatnbsp;fadeurs de noftre S.Pere amp; du S.Cocile font venus amp; comparus lefdits ambaf-fadeurs de Frâce d’vne part,amp; ceux d’Angleterre d’autre:amp; nous aufli en noftrenbsp;perfonne toutes les fois qu’il a elle befoing:amp; par iceux ambafladeurs ayêt efténbsp;faiéles plufieurs ouuertures,amp; oblations d’vn cofté amp; d’autre. Et combien quenbsp;finablement de la part de monfeigneur le Roy, par Içfdits ambafTadeurs ayentnbsp;eftéfaiâ:es aux gens amp; ambafladeurs d’Angleterre grandes amp; notables offres, ànbsp;fin de paruenir à ladiéle paix generalle:lefquels comme il fèmble aufdits Cardinaulx autres Legats amp; ambafladeurs de noftredit S.Pere amp; du Concile,eftreiu-ftes amp;raifonnables:amp; ne les pouoientou deuoient raifbnnablemêtreffufer lefdits ambafTadeurs d’Angleterre.Et que lefdits Cardinaulx de S.Croix,de Chip-pre amp; autres ambafladeurs du S.Concile euflent prié amp;requis à iceux ambafladeurs d’Angleterre,de les accepter en leur difiint Ôç remonftrant qu’autrement,nbsp;Ce ou cas qu’ils ne voudroient entendre à l’effeôl deladiélepaixgeneralle, ils a-üoient charge amp; cômandement de noftre SvPere le Pape amp; du Concile de nousnbsp;cxhorter,requerir amp; fommer d’entendre auec mondit feignr le Roy à paix par-ticuliere,amp; reunion auecluy en tant que toucher nous pouoit. Toutesfois lefdits ambafladeurs d’Angleterre n’ont voulu accepter lefdiôles offres à eux fai-

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M.CCCCXXXK nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;VOLUME IL DES CHEOTLîQVES

des:mais fe font departiz de noftre ville d’Arras fans aucune cóclufion, amp; lans vouloir prendre n’accepter iour certain ne competent de retourner. Pourquoynbsp;apres leur partement par lefdits Cardinaulx, Legats ambafladéurs de noftre-dit S.Pere Sgt;c du Concile ayons efté exhortez,requis amp; fommez.de vouloir entendre par elFeól à ladide paix particuliere amp; reunion auecmondit feigncurlenbsp;Roy:moyênant que par le cas de la mort de feu noftre trefchier feigneur amp; père que Dieu pardoint,amp; pour noftre interefl en cefte partie : nous fèroient parnbsp;modit feigneur le Roy, amp; par lès ambalTadeurs delfus nommez â ce Ibuffilàm-ment fondez pour luy,amp;en fon nom faidès offres raifonnables affin de fàtisfa-élion,recôpenfation amp; autrement qu’en deuerions eftre contensdefquelles offres faiâes par lefdits ambaffadeurs de mondit feigneur le Roy,ay ent efté baillées par eferit en vn rolle de papier aufdits Cardinaulx amp; ambaffadeurs de no-ftredit faind Pere amp;du Côcile,amp; par eux a nous prefenté:duquel rolle la teneurnbsp;fenfuit.

C E font les offres que nous Charles Duc de Bourbon amp; d’Auucrgne, Artus Comte de Richemont Conneftable de France,Loys de Bourbon Cote de Ven-dofme,Régnault de Chartres Archeuefque amp; Duc de Reims grâd Chancelliernbsp;de France,Guillebert feigneur de la Fayede marefchal de France, Adam de Câ-bray prefident en Parlement, lean Tudart Doyen de Paris cofeillier amp; maiftrenbsp;des Requeftes de l’hoftel du Roy, Guillaume Charretier, amp; Eftienne Moreaunbsp;côfeilliers,Iean Chaftignier amp; Robert Maliere fecrctaire, amp; tous ambaffadeursnbsp;de Charles Roy de France noftre Ibuucrain feigneur eftans prefèntement en lanbsp;ville d’Arrasffaifons pour amp; ou nom dudit Roy à mofeigneur le Duc de Bour-gongne amp; de Brabant pour fon intereft amp; querelle qu’il a amp; peult auoir à l’encontre du Roy, tant à la caufè de la mort de feu monfeigneur le Duc lean denbsp;Bourgongne fon pere comme autrement, affin de paruenir à traidé de paix Sinbsp;concordc.Premierement que le Roy dira,ou par fes gês notables fuffifàmmcntnbsp;fondez fera dire a mondit feigneur le Duc de Bourgongne, quela mort de feunbsp;monfêignr le Duc lean fon pere(que Dieu abfolue)fut iniquemêt amp; mauuaift-met fai de par ceux,qui perpétrèrent ledit casSc par mauuais confèil,amp; luy en anbsp;toufiours dcfpleu amp; à prefent defplaift de tout fon cueur.Et que fil eut feeu ledit cas amp; eut tel aage amp; entendement qu’il a deprefenr, il y eut obuié àfon po-uoir:mais il y eftoit bien ieune amp; auoit pour lors petite cognoiffance, amp; ne futnbsp;point fîaduifé que d’y pourueoir. Et priera à mondit feigneur de Bourgongne, que toute haine amp; rancune qu’il peut auoir à l’encontre de luy à caufènbsp;de ce, il ofte de fon cueur amp; qu’entre eux ayt bonne paix amp; amour. Et fè fera de ce expreffe mention és lettres qui feront fiides de l’accord amp; traidénbsp;d’eux. Item que tous ceux qui perpetrefent ledit mauuais cas ou furentnbsp;confentans, le Roy les abandonnera amp; fera toutes les diligences â luypoffi-blesde les faire prendre amp; appréhender quelque part qu’ils pourroient eftrenbsp;trouuez, pour eftre puniz en corps amp; en biens. Et fi appréhender ne peu-uent eftre, il les bannira â toufiouri amp;fàns rappel hors du Royaume amp; dunbsp;Daulphiné,auecquesconfifcation de tous leurs biens, amp; feront hors de tousnbsp;traidez. Item nefouffrira le Roy aucuns d’eux eftre receuz ou fauorifèznbsp;en aucun lieu de fon obeïffance amp; puiffancc. Et fera crier amp; publier par tous

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IjENGEERR. DE yiONSTRELET. CHARLES EIL iio les lieux des Royaumes amp; DauIpHinéaccouftumez à faire cris ôc proclamations , qu’aucun ne les reçoiue ou fauorifè fur peines de confiications denbsp;corps amp; de biens. Item amp;quemondit feigneurdeBourgongne leplustofi:nbsp;qu’il pourra bonnement apres ledit accord paffe, nommera ceux dont ileftnbsp;ou fera lors informé qui perpétrèrent ledit mauuais cas ou en furent confen-tans, affin qu’incontinent amp; diligentement foit procédé contre eux de la partnbsp;du Roy, comme dit e/t. Eten outre poureeque mondit feigneur le Duc denbsp;Bourgongne Va encores peuauoir cognoiffance vraye de ceux qui perpétrèrent ledit mauuais cas ou en furent confentans, toutes les fois que cy apresnbsp;en fera informé deüement d’aucuns autres, il les pourra nommer amp; fignifiernbsp;par fes lettres patentes ou autrement fuffifàmmentau Roy. Lequel en ce casnbsp;fera tenu défaire procéder tantoft amp; diligemment à l’encontre d'eux par lanbsp;maniéré deffufdiôle. Item que pour l’ame de feu monfeigneur le Duc leannbsp;deBourgongnCjdefeu meffîre Archambault deFoix Comte de Noaillesquinbsp;fut mort auecques luy amp; de tous les autres trefpaffez, âcaufe des diuifionsnbsp;amp; guerres de ce Royaume, feront fàides les fondations amp;ediffices quifen-fuiuent. C’eff à fçauoir en l’Eglifè de Monffreau en laquelle fut premièrement enterré le corps de mondit feu feigneur le Duc lean, fera fondée vnenbsp;chappelle amp; chappellainie d’vne meffe baffe de requiem chacun iourperpétuellement: laquelle fera rentée amp; douée conuenablement de rentes admor-tics iufques à fbixante liures parifis par chacun an: amp;auffi garnie de calicenbsp;amp; d’ornemens d’Eglife bien amp; fuffifamment amp;toutaux defpensdu Roy. Etnbsp;laquelle chappelle fera à la collation de modit feigneur de Bourgongne amp; denbsp;fes fucceffeurs Ducs de Bourgongne à toufiours. Item qu’en ladiéle ville de Monffreau ou au plus pres d’icelle que faire fe pourra bonnement : fera fait, conffruit amp; inffitué par ledit Roy amp;â fesfraits amp; dcfpensvne Egli-fe , conuent amp; monaffere de Chartreux : c’eff à fçauoir pour vn prieur amp;nbsp;douze religieux auecques les cloiffres, fàllesôc refeôtoüers, grange amp; autres ediffices qui luy feront neceffaires amp; conuenablcs. Et lefquels Chartreux, c’eff à fçauoir le prieur amp; douze religieux feront fondez par le Roynbsp;ôc de bonnes rentes amp; reuenues annuelles amp; perpétuelles, amp;bien admortiesnbsp;fuffifamment amp; conuenablement, tant pour le viuredefdits religieux amp;en-tretenement du diuin fèruice, comme pour les fbuffenemens des ediffices dudit monaffere: amp; autrement iufques â la fbmme de huiôt cens liures parifisnbsp;parande reuenuc, àl’ordonnance amp;par l’aduisdetrefreuerendpereenDieu 'nbsp;monfeigneur le Cardinal de fàinde Croix, ou de ccluy ou ceux qu’il vouldra ànbsp;ce commettre. Item que le Pont de Monffreau au lieu où fut fait ledit mauuais cas, fera faible amp;ediffiéeamp; bien entaillée amp; entretenue à toufiours auxnbsp;defpens du Roy vne belle croix de belle façon. Et ainfi qu’il fera diuifé par ledit monfeigneur de fàinble Croix ou fes commis. Item qu’en l’Eglifè des Chartreux lez Dijon en laquelle giff amp; repofe à prefent le corps dudit feu monfeigneur le Duc lean: fera fondée parle Ro^ amp;àfes defpens vne haute meffenbsp;de requiem, qui fe dira chacun iour perpétuellement au grand autel de ladi-ble Eglife, à telle heure qui fera deuifée. Et laquelle fondation fera donnée amp;:nbsp;aflignéede bonnes rentes admorties iufquesà la fomme decent liurespari-

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M.CCCCXXXK nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLJ/ME II. DES CEEKONIDEES

fis de reucnuc par an j Sic aufii garnie de calices amp; aornemens comme deflus.

Item que leldiôtes fondations ôc edifices feront commencées à faire le plus toft que bonnement faire fe pourra. En efpecial commencera on à dire amp; célébrer Icfdiéles Meflbs,incontinent apres ledit accord paffe.Et au regard des edif-fices qui fe doiuent en ladide ville de Monftreau ou au plus près d’icelle faire,nbsp;on y commenceraà ouurer dedans trois mois apres qu^adide ville fera redui-de en l’obeïffance du Roy.Et continuera on diligemment fans intercupation,nbsp;que iceux edifices feront tous parfaits amp; acheuez dedans cinq ans apres enfui-uans. Et quant aux deffufdides fondations on y befongnera fans delay le plusnbsp;toft que faire fe pourra. Et pour ces caufes tantoft apres ledit accord paffe, feranbsp;faide amp; affignée la haulte Mefte aux Chartreux de Dijon,dont deffus eft faidenbsp;mention,auec ce qui en defpend.C’eft à fçauoir de liures, calices amp; autres cho-fes à ce neceffaires. Et auffi y fera dide amp; célébrée aux defpens du Roy la baffe Meffc quotidienne,qui doit eftre fondée en l’Eglife de Moftreau fi toft qu’el-le fera reduidc en l’obeïffance du Roy : amp; au furplus touchant les edifices amp;nbsp;fondations,qui fe doiuent faire en la ville de Monftreau. Et auprès d’icelle de lanbsp;part du Roy fera mife dedans lefdits trois iours apres qu’icelle ville fera redui-de en l’obeïffance du Roy és mains d’iceluy ou ceux quey vouldra commettrenbsp;monfeigneur le Cardinal de fainde Croix, certaine fomme d’argent fouffilàntnbsp;pour commencer à faire lefdides ouurages amp; edifices : amp; achepter les calices,nbsp;liures, aornemens amp; autres chofes à ce neceffaires amp; conuenabies. Et d’autrenbsp;part ferot lors auffi aduifées,aflîfes amp; deliurées les rentés deffus dcclairéesmon-tans pour ledit lieu de Monftreau huid cens foixante liures parifis par an biennbsp;reuenans fêurement amorties, amp;aflifes au plus pres que bonnement faire fenbsp;pourra dudit lieu de Monftreauffans y comprendre les cent liures parifis deré-tc qui doiuent eftre aflifes pour la fondation de ladide haulte Meffe des Chartreux de Dijon. Item que pour amp; en recompenlàtion des ioyauxamp; autresnbsp;biens meubles que auoit feu mondit fèigneur le Duc lean au temps de fon dc-cez, qui furent prins amp; perdus, amp; pour en auoir amp; achepter des autres. Et ennbsp;lieu d’iceux le Roy payera amp; fera reaulment payer amp; de fait à mondit feigneurnbsp;le Duc de Bourgongne, la fomme de cinquante mille efous d’or vieux de poixnbsp;de foixante quatre au marc de Troyes huid onces pour le marc, amp; à vingt amp;nbsp;quatre karas d’aloy ou autre monnoyed’or courfable de la valeur aux termesnbsp;qui fenfuiuent. C’eft à fçauoir quinze mille au terme de Pafques prochain venant en vn an,qui commencera l’an mille quatre cens trentefept.Et quinze mille aux Pafques enfuiuans qui fera l’an mille quatre cens trente huid.Et les vingtnbsp;mille qui refteront aux Pafques enfuiuans,qui fera l’an mille quatre cens trente-neuf. Et auecques ce fera fauué amp; referué à ttondit feigneur de Bourgogne fon.nbsp;adion amp; pourfiiite au regard du beau collier de feu mondit feigneur fon pere,nbsp;contre ceux qui l’ont eu amp; l’ont pour l’auoir amp; recouurer : amp; pareillement autres joyaux à fon prouffit en outre amp; par deffus lefdits cinquante mille eftus.

Item amp; que de la part du Roy à pondit feigneur de Bourgongne çour partie de fon intereft, feront delaiffées amp; auecques ce baillées amp; tranlportees de nou-uel pour luy amp; fes hoirs procréez de fon corps,amp; les hoirs de fes hoirs amp; defoé-dans toufioLirs de droide ligne foient maftes ou femelles les terres amp; feigneu-ries

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D'ENGTERR. DE MONSTKELET. CHARLES ril. in ries qui fenfuiuent. C’eft à fçauoir la cité amp; Comté de Mafcon amp; S. langen,amp;nbsp;les mettes cl’iceux:amp; auecques ce enfemble toutes les villes,villages,terres,cen-fes,rentes amp; reuenues quelconques qui font amp; appartiennent amp;clûiuent com-peter amp; appartenir en domaine au Roy amp; à la Couronne de France,amp; par tousnbsp;les villages royaux de Mafcon amp; de fainôt langen amp; mettes d’iceux , auecquesnbsp;toutes les appartenant^alÂ’icelle Comté de Mafcon amp; autres feigneuries,quenbsp;tient amp; doit tenir le Roy en domaine ancien, en amp; par tout lefdits villages denbsp;Mafcon amp; de fàinôl langen tant en fief, arrierefief, confifeations, patronnagesnbsp;d’Eglifes, collations de benefices comme en autres droits amp; prouffits quels-conques, fans y riens retenir de la part du Roy de ce que touche amp; peult toucher le domaine,Ia fèigneurie,Ia iurifdiélion ordinaire des Comtezamp; lieux def-fufdits. Et cft fauué amp; referué au Roy fèmblablcment les fiefs amp; hommages des chofes deffufdides : amp; le reffort amp; fouueraineté des Eglifès amp; fubiedsnbsp;d’icelles de fondations royaux, eflans aufdits bailliages Ôc és mettes enclauéesnbsp;en iceux amp; le droit de Regalle,là où il a lieu amp; autres droits royaux appartenâsnbsp;d’ancienneté a la courone de France amp; bailliages deffufdits: pour à ladiôle Coté de Mafcoænfemble des villes, villages, terres amp; domaines deffufdiéles iouïrnbsp;amp; vfèr par mondit feigneur de Bourgongneôc fefdits hoirs amp; fuccefleursânbsp;toufîours amp; les tenir en foy amp; hommage du Roy amp; de la couronne de France,nbsp;amp; en pairrie foubs le reffort du Roy amp; de fit court de Parlement fans moyen.nbsp;Pareillement amp; en telles franchifes, droits amp; prerogatiues comme les autresnbsp;Pairs de France. Ite auecques ce de la part du Roy feront tranfportées amp; baillées à mondit feigneur de Bourgongne, amp; celuy de fefdits hoirs amp; fuccefleursnbsp;légitimez procréez de fon corps:aufquels il delaiflera apres fbn decez amp; trefpasnbsp;ladide Comté deMafcon,tous les prouffits amp; emolumens quelconques quinbsp;efeherront efdits villages royaux de Mafcon amp; fainôt Iangon,à caufe des droitsnbsp;royaux amp; de fouueraineté appartenans au Roy amp; en iceux bailliages,foient parnbsp;le moyen de la garde amp; fouueraineté des Eglifes, qui font de fondation royallenbsp;amp;dcs fubieds d’icelles droits de royalle ou autrement, tant en confifeationsnbsp;pour quelque cas que ce foit amcndes,droits,exploits,iuftices amp; les prouffitsôcnbsp;emolumens de la monnoyecomme autres prouffits quelsconques,pourennbsp;iouir par mondit feigneur de Bourgongne amp; fondit hoir durant leurs vies amp;dunbsp;fuiuant d’eux tant feulemét en amp; par la maniéré qui fenfuit. C’efi: à fçauoir qu’ànbsp;la nomination de mondit feigneur le Duc de Bourgongne amp; de fondit hoir a-pres luy,le Roy commettra amp;ordonnera celuy qui fera Baillif de Mafcon pournbsp;mondit feigneur de Bourgongne, iuge royal amp; commis de par luy amp; cognoi-ftre de tous cas royaux amp; autres chofès procedans des bailliages : des pays amp;nbsp;lieux amp; enclaueures deffufdideszaulli auantôc tout en la maniéré amp; forme,quenbsp;l’ont fait amp; accouflumé de faire les Baillifs royaux de Mafcon amp; de fainôt lan-gon qui ont efié le temps paffédequcl bailliage de fainôt langon eft amp; fera aboinbsp;ly par ce moyen : amp; fèmblablement feront commis de par le Roy à la nomination de par mondit feigneur de Bourgongqe amp; de fondit hoir, tous autres officiers ncceffaires pour ladiôte iurifdiôtion amp; droits royaux tant capitaines, cha-ftellains,preuofi;s,feigncurs comme receueursamp;autres qui exerceront leurs offices ou nom du Roy au prouffit de mondit feigneur de Bourgongne amp; de fonnbsp;Tiij

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M.CCCCXXXK nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLVlAE II. DES CHRONIQJ/ES

hoir apres luy^ comme dit eft defliis. Item fernblablement de la part du Roy feront tranfportees amp; baillées à mondit feigneuramp;à Ion hoir dcftufdit apresnbsp;luy,tous les prouftits des aydes. C’cft à fçauoir des greniers à fefguatriefmes denbsp;vins venduz à deftail, impofttions de toutes denrées, tailles, fouages, aydes amp;nbsp;fubuentions quelscoques,qui ont ou auront cours,amp; qui font ou feront impo-fées és eledions de Mafcon, Chalon, Auftun amp; Langlîf fi auant qu’icelles elections fcftendent en amp; par le pays amp; Duché de Bourgongne,amp; la Comté denbsp;Charrolois,amp; ladiCte Comté de Ndafton, tout le pays de Mafconnois amp; és villes amp;: terres quelsconques enclauées en icelle Duché,Comté amp; pays pour iouïrnbsp;delapartdemonditfeigneur le Ducde Bourgongneamp; de fonhoir apres luynbsp;de toutes lefdiCles aydes, tailles amp; autres fubuentions en auoir le prouffit durant le cours de leurs vies amp; du furuiuant d’eux. Auquel mondit feigneur lenbsp;Ducde Bourgongneamp;à fondit hoir appartiendra la nomination de tous lesnbsp;officiers à ce neceflaires, foient efleuz, cfercs,reccueurs, fergens ou autres amp; aunbsp;Roy la comraiffion ôc inftituiion comme deffus eft dit. Item amp; auffi fera parnbsp;le Roy à mondit feigneur le Duc de Bourgogne tranlporté amp; baillé à toufioursnbsp;pour luy fes hoirs legitimes procréez de fon corps,amp; les hoirs de fes hoirs foiécnbsp;malles ou femelles defeendans de droiCte ligne en heritage perpétuelle, la citénbsp;amp; Comte d’Auxerre auecques toutes les appartenances,amp; appendances quelsconques tant en iuftice,domaine,fiefs, patronnages d’Eglifes, collations de benefices comme autrement à les tenir du Roy de la couronne de France, amp; de lànbsp;court de Parlement,fans moyen amp; en telles franchilèsamp; droits de prerogatiuesnbsp;comme les autres Pairs de France. Item amp; auecques ce feront tranlportéesnbsp;baillées par le Roy à mondit feigneur de Bourgongne amp; àiceluy de fès hoirs, ànbsp;qui il delailTera apres fondecezladide Comté d’Auxerre tous lesprouffitsôcnbsp;emolumens quelsconques, qui efeherront en ladiéle Comté amp; cité d’Auxerre,nbsp;amp; en toutes les villes amp; terres enclauées en icelles, qui ne font point en ladiélenbsp;Comté : Ibient Eglifes ou autres à caufe de droits royaux en quelque maniérénbsp;que ce Ibit tant en regalles,côfifcations,amcndesamp; exploits de iuftice le prouffit amp; emolument de la monnoye, comme autrement durant leurs vies amp; dunbsp;furuiuant d’eux tant feulement en amp; par la maniéré deflus déclarée .C’eft à fçauoir qu’à la nomination de mondit feigneur de Bourgogne amp; de fon hoir apresnbsp;luy,lc Roy commettra amp; ordonnera celuy qui fera Baillifd’Auxerre pour mo-dit feigneur de Bourgongne iuge royal amp; commis de par luy à cognoiftre tousnbsp;cas royaux amp; autres chofes és mettes de la Comté d’Auxerre amp; és enclauemésnbsp;d’icelle, auffi auant amp; tout en la forme amp; maniéré que l’ont fait amp; accouftuménbsp;faire par cy deuant les Baillifs de Sens audit lieu d’Auxerre. Et lequel Baillif denbsp;Sens ne fentremettra aucunement durant les^vies de mondit feigneur le Ducdenbsp;Bourgongne amp; de fon hoir.Mais on en laiflera conuenir ledit Baillif d’Auxer-re,qui fera commis de par le Roy à la nomination de mondit feigneur de Bourgongne amp; de fondit hoir.Et fernblablement feront commis par le Roy à la nomination de mondit feigneur de Bçnrgongne amp; de fondit hoir, tous autres officiers neceflaires pour l’exercice de ladióte iurifdiéfion amp; droits royaux en ladite Comté d’Auxerre tous Ch3ftellains,capitaines,preuofts amp; autresxommenbsp;fergens amp; receueurs, qui exerceront leur office au nom du Roy au prouffit denbsp;mondit

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D'EN G y ERR. DE MONSTRELET CHARLES yiî. ni mondit f^igneur de Bourgongne de fon hoir apres luy. Icem d’autre part denbsp;la part du Roy, feront tranfportées amp; baillées à mondit feigneur de Bourgongne amp; à fondit hoir apres luy tous,les prouffits des aydes.C’elt à fçauoir de grenier à fel,quatriefmes de vins vendus en deftail, impohtions de toutes denrées:nbsp;tailles,fouages,amp; autres aydes amp; fubuentions quelsconques,qui ont ou aurontnbsp;cours amp; qui font amp; fel^mt en ladide cité,Comté amp; eleôtion d’Auxerre fi auantnbsp;qu’icelle eleélion feilend en la delTufdiéle Comté, amp; au pays d’Auxerrois amp; esnbsp;villes enclauées en iceux,pour en iouïrpar mondit feigneurde Bourgongne amp;nbsp;fondit hoir apres luy: amp; en auoir les prouffits le cours de leurs vies durans, amp;:nbsp;du furuiuant d’eux tant feulement. Aufquels mondit feigneur le Duc de Bourgongne amp; à fondit hoir, luy appartiendra la nomination de tous les officiers ànbsp;ce nccefraires,foient efleuz,clercs, fergens ou autres, amp; au Roy la commiflionnbsp;amp; inftitution comme deflus eft dit. Item amp; aufli feront par le Roy baillées ôcnbsp;tranfportées à mondit feigneur le Duc de Bourgongne pour luy amp; fes hoirs legitimes, procréez de fon corps amp; fes hoirs de fes hoirs : foient mafles amp; femelles defeendans en direéle ligne â toufiours amp; en heritaige à perpétuité, les cha-ftel,ville amp; chaftellenie de Bar fiir Seine, enfemble toutes les appartenances amp;:nbsp;appendences d’icelle chaflellenie tant en domaine,iuflice, iurifdiélion,fiefs, pa-tronnages d’Eglife, collations de benefices comme autres prouffits amp; emolu-rnens quelconques à les tenir en foy amp; enhommagedu Roy amp; en pairrie denbsp;France, foubs le reffort de la fouueraineté du Roy amp; de la court de Parlementnbsp;fans moyen. Item amp; auec ce appartiendra à mondit feigneur le Duc de Bour-gongne,amp; de la partie du Roy luy feront baillées amp; rrâfportées par luy amp; ceuxnbsp;de fes hoirs à qui il dclaiffera apres fon decez ladiéle feigneurie de Bar, tous lesnbsp;prouffits des aydes tant du grenier au fcl fi grenier ya accouflumé auoir,amp;qua-triefmes des vins vendus à deftail,impofitions de toutes denrées,tailles,fouagesnbsp;ôc autres aydes amp; fubuentions quelsconques, qui ont amp; auront cours ou fontnbsp;amp; feront impofées en la ville amp; chaflellenie de Bar fur Seine, amp; es villes amp; villages fubieéls amp; refTortiffans à icelle chaflellenie, pour iouïr de la part de mondit feigneur le Duc de Bourgongne amp; de fondit hoir adirés luy d’icelles taillesnbsp;amp; fubuentions: amp; auoir les prouffits de la main des grenetiers amp; receueursnbsp;royaux,qui feront à ce commis par le Roy à la nomination de mondit feigneurnbsp;le Duc de Bourgongne, durantles vies de luy amp; de fondit hoir apres luy amp; lesnbsp;furuiuans d’eux deux. Item amp; auffi de lapartie du Roy fera tranfporté amp; baillé à mondit feigneur de Bourgongne pour luy amp; fes hoirs, la Comté de Bourgongne pour toufiours en heritaige perpétué! : la garde de l’Eglife amp; Abbayenbsp;de Luxeul, enfemble tous les droits, prouffits amp; emolumens quelsconques ap-partenans à la deffijfdiéle garde: laquelle comme Comteàcaufède fa Comténbsp;de Champaigne dit amp; maintient à luy appartenir : combien que les Comtes denbsp;Bourgongne prcdecefTeurs à mondit feigneür,ayërit par cy deuant prétendu ennbsp;querelle au contraire: difâns amp; raaintenans icelle Abbaye qui eft hors du Royaume amp; mettes de la Coté de Bourgongne,deuoiteflre de leur garde.Etpour-pour le bien, vtilité amp; prouffit du pays amp; pour obuier à tous débats amp; noi-fes,fera delaifïé par le Roy à mondit feigneur de Bourgongne,amp;luy en detftou-ra ladiéle garde tout entièrement. Item auffi feront par le Roy tranfportées à

T iiij

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M.CCCCXXXy. VOLUME 11. DES C H KO N1 nbsp;E S

monditfèigneurde Bourgongnepourluy amp;fes hoirs mafles légitimez,procréez de fon corps, Sgt;l les hoirs de fes hoirs mafles tant feulement procréez de leurs corps, amp; defcendans d’eux en ligne direéle à toufiours amp; heritaige perpétuelles chafleaux,villes amp; chaflellenies amp; preuoftez foraines de Peronnc,Môt-didier amp; Roye:auecques toutes leurs appartenances amp; appendences quelscon-ques tant en demaine, iuflice amp; iurifdiôlions, fiefs amp; atîierefiefs, patronnagesnbsp;d’hglifes,collations de benefices, comme autres droits proufifits amp; emolumensnbsp;quelsconques à les tenir du Roy amp; de la couronne de France en foy amp; en hommage,amp; en pairrie de France foubs le refrortamp; fbuueraineté de fà court de Parlement fans moyen. Itê amp; auecques ce baillera amp; tranfportera le Roy à mon-dit feigneur le Duc de Bourgongne,amp; à celuy de fes hoirs deflufdits mafles:au-quelil delaiflcra apres fondecez lefdides villes amp; chaflellenies de Peronne,nbsp;Montdidier amp; Roye,tous les prouffits amp; emolumens quelsconques qui efehernbsp;rot en icelles villes,chaflellenies amp; preuoflez foraines à caufe des droits royauxnbsp;en quelque maniéré que ce foit : tant en regalles, confifeations, amendes, ex-ploids de iuflice,comme autrement:pour en iouïr par mondit feigneur le Ducnbsp;de Bourgongne amp; fondit hoir apres leurs vies amp; du furuiuant d’eux tant feulement, ôc par la maniéré deffus declairée. C’efl à fçauoir qu’à la nomination denbsp;mondit feigneur de Bourgogne amp;de fon hoir mafle,apres luy le Roy commettra amp; ordonnera celuy qui fera gouuerncuramp; Baillif defdides villes amp; chaflellenies , pour mondit feigneur le Duc de Bourgongne iuge royal amp; commisnbsp;de par luy à cognoiflre de tous cas amp; autres chofès procedans defdides villes,nbsp;chaflellenies amp; Preuoflez foraines amp; és villes fubiedes amp; reflbrtiflans à icellesnbsp;aufli auant,amp; par la maniéré que l’ont faitamp; accouflumé de faire par cy deuautnbsp;les Baillifs royaux de Verraendois amp; d’Amiens. Et en outre feront commis, fenbsp;meflier efl,par le Roy à la nomination de mondit feigneur de Bourgongne amp;nbsp;de fondit hoir malle, tous autres officiers neceflaires pour l’exercice de ladiôbenbsp;iurifdidion amp; droits royaux: comme chaflellains,capitaines,preuofls,fergens,nbsp;receueurs amp; autres qui exerceront leurs offices ou nom du Roy amp; au prouffitnbsp;de mondit feigneur le Duc de Bourgongnenbsp;nbsp;nbsp;de fondit hoir mafle apres luy

comme dit efl deflus. Item amp; femblablement par le Roy feront tranfportécs amp; baillées à mondit feigneur le Duc de Bourgongne amp; fondit hoir mafle apresnbsp;luy,tous les prouffits des aydes : c’efl à fçauoir du grenier à fel, quatriefmes denbsp;vins vendus en deflail, irapofitions de toutes denrées, tailles, fouages amp; autresnbsp;aydes amp; fùbucntions quelsconques, qui ont ou auront cours :amp; qui font ounbsp;feront compofées efdiéîes villes, chaflellenies amp; preuoflez foraines de Peron-ne,Montdidier amp; Roye : amp; és villages amp; terres fubiedes amp; reffortilfans à icelles villes,chaflellenies amp; preuoflez forainesjpour en iouïr par mondit feigneurnbsp;de Bourgongne amp; fondit hoir mafle durant le cours de leurs vies amp; du furuiuant d’eux. Auquel mondit feigneur de BourgongneSc fondit hoir mafle apres,nbsp;luy appartiendra la nomination de tousles officiers à ce neceflaires foientcGnbsp;leuz,clercs,teceucurs,fergens ou a'^.tres : amp; au Roy leur commiflion amp; inflitu-tion comme deffus. Item en outre de la part du Roy fera delaifle à monflit feigneur le Duc de Bourgongne à celuy de fes heritiers: auquel apres fon decez ilnbsp;laiffera là Comté d’Arthois,la compenfation des aydes en ladide Comté d’Ar-thois

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mais demourront és mains du

Mortaigne, qui eft corn

N EN GE ERR. DE MONSTRELET CHARLES VU, ihois reflbrs Sgt;: cncUuemens d’icelle, montons à prefent icelles corapofitions ànbsp;quatorze mille francs par an ouenuiron fans ceque mondic fcigncur le Ducnbsp;ou fondit hoir apres luy durât leurs vies foient abflrainóls d’en auoir autre donnbsp;n’odroy du Roy,ne de fes fuccefleurs. Et nommeront mondit fèigneur amp; fondit hoir apres luy tels officiers que bon leur femblera,pour le fait de ladiôfenbsp;compofition tant efleuz,rcceueurs,fergens que autres : lefquels ainfi nommeznbsp;le Roy fera tenu d’inftituer amp; commettre lefdits officiers amp; leur en faire baillernbsp;les lettres. Item que le Roy baillera amp; tranfportera à mondit feigneur le Ducnbsp;de Bourgongne pour luy fes hoirs amp; ayans caufe à toufîüurs : toutes les citez,nbsp;villes,fortereires,terres amp; fèigneuries appartenans à la couronne de France def.nbsp;fuslariuieredefommcde I’vncofte amp; de l’autre comme S. Quentin, Corbic,nbsp;Amiens, Abbeuille amp; autres enfemble:toute la Comte de Ponthieu deçà amp; denbsp;là ladefTufdiôle riuiere de Somme, Douricns, fainôh Riquier, Creuecueur, Ar-leux,Mort3igne auecques les appartenances amp; appendances quelsconques. Etnbsp;toutes autres terres qui peuuent appartenir à ladide couronne de France depuis ladide riuiere de Somme inclufiuement : comprenant auflî au regard desnbsp;villes entrans du cofté d’Arthois,de Flandres amp; de Hainault tant du Royau menbsp;comme de l’Empirc.En y comprenant auflî au regard des villes fèans fur ladiôlenbsp;riuiere de Somme du cofté de France, les banlieux amp; efehaumaiges d’icellesnbsp;villes,pour en iouïr par mondit feigneur le Duc de Bourgongne fefdits hoirs amp;nbsp;ayans caufe à toufiours, defdiâes citez,villes amp; forterefles,tcrrcsamp; feigneuriesnbsp;en tous proufFitsamp; reuenuestant en domaines comme desaydes ordonnéesnbsp;par la guerre amp; auflî tailles amp; emolumens quelsconques. Et fans y retenir de lanbsp;part du Roy fors les foy amp; hommages de fouueraincté. Et lequel tranfport amp;nbsp;bail fe fera ( comme dit eft) par le Roy au rachapt de la fbmme de quatre censnbsp;mille efeus d’or vieux de foixante quatre au marc de Troyes, huiél onces pournbsp;le marc,amp; d’aloy à vingt quatre karas,amp; vn quart de karart de remede ou autrenbsp;monnoye d’or courant : à la valeur duquel rachapt de mondit feigneur le Ducnbsp;de Bourgongne feront baillées lettres bonnes amp; fufFifantcs,pourlefquellesilnbsp;promettra pour luy amp; les fîens,que toutes amp; quantesfois qu’il plaira au Roynbsp;aux fîens faire ledit rachapt : mondit feigneur de Bourgongne amp; les fiens ferÔtnbsp;tenuzen receuant ladiéfe fbmme d’or, de rendre amp; laifler au Roy amp; aux fîensnbsp;toutes lefdiéfcs citez villes forterefles, amp; feigneuries comprinfès en ce prefentnbsp;traiéàé tant feulement. Et fera content en outre modit feigneur le Duc de Bourgongne de receuoirle payement des quatre cens milleefcuz d’or a deux fois.nbsp;C’cflàfçauoirà chacune fois la moitié:pourueu qu’il ne fera tenu rendre lefdi-ûcs villes, citez,forterefles,terres amp; feigneuries n’aucunes d’icelles, iufques à cenbsp;que ledit payement foitaccomplj’'amp;qu’il aytreceu le dernier des quatre censnbsp;mille cfcuz d’or.Et ce pendant feront à mondit feigneur le Duc de Bourgongnenbsp;les fraiz fîens de toutes lefdiéles citez, villes forterefles ôc feigneuries tant desnbsp;domaines comme desaydes amp; autrement fans en riens déduire ne rabattre dunbsp;principal. Et eft à entendre que audit tranfpo,rt amp; bail que fera le Roy(commenbsp;dit eft)ne feront point comprins les citez de Tournay,Tournefis amp; S. Amand:nbsp;demeure és mains amp; gouuerneraent de mondit feigneur le Duc de Bourgon-

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M.CCCCXXXB. yOLJ/XlE II. DBS CHKONIQ^BES gnc ainG que delTus eft dit. Et combien que ladióle cité de Tournay ne doiuenbsp;point eftre baillée a mondit feigneur le Duc de Bourgongne ; ce nonobftant eftnbsp;referuéà mondit feigneur de Bourgongne l’argent à luy accordé par ceux denbsp;Tournay,par certain traidéSc accord qu’il a auecques eux durant iufques a certain temps amp; années aduenir. Et Icquclargent lefditsde Toyrnay payerontnbsp;plainementà mondit feigneur le Duc de Bourgongne. Item amp; pource quenbsp;mondit feigneur le Duc de Bourgongne pretend à auoir droit en la Comté denbsp;Bculongne furla mer, laquelle il tient amp; poffede.Et pour bien de paix icellenbsp;Comté de Boulongne fera amp; demourra à mondit feigneur de Bourgongne, ècnbsp;en iouïra amp; poffedera en tous proufEts amp; emoluraens quelsconques, pour luynbsp;fes enfans amp; hoirs mades procréez de fon corps lèulement.Et en apres deraou-ra icelle Comté à eux qui droit y ont ou auront. Et fera tenu le Roy de appaifernbsp;amp; contenter lefdides parties pretendans auoir droit en icelles Comté: teliemécnbsp;qu’en ce pendant ils ne demandent ne quierent riens ne facent aucune pourfui-te à l’encontre de mondit feigneur de Bourgongne amp; fefdits enfans. Item quenbsp;les chaftel ville Comté amp; feigneurie de Gien fur Loyre,qu’on dit auoir elle douée amp; tranfportéeauec la Comté d’Eftampesamp;Ia feigneurie de Dourdanpatnbsp;feu monfeigneur le Duc de Berry,amp; feu mofeigneur le Duc lean pere de mondit feigneur de Bourgongne : feront delà part du Roymifèsôe bailléesreau-ment amp; de fait és mains de nous Duc de Bourbonnois amp; d’Auuergne. Et tan-tofl apres ledit accord paflé pour tenir amp; gouuerner l’cfpace d’vn an enfuiuant,nbsp;amp; iufques à ce que durant ledit an lean de Bourgongne Comte d’Eftampes ounbsp;mondit feigneur pour luy, auront monftré ou fait monftrerau Roy ou à fonnbsp;confeil les lettres dudit don fait à mondit feigneur de Bourgongne par feu médit feigneur de Berry : lefquelles vcuès fi elles font trouuées fufhfans amp; valla-bleSjfommierement amp; de plain amp; fans quelconque procez nous Duc de Bourbonnois amp; d’Auuergne,ferons tenus de les bailler amp; deliurer audit Comte d’Eftampes ou à mondit feigneur de Bourgongne : pour luy lefdits ville amp; chaftelnbsp;de Gien fur Loyre comme â luy appartenans par le moyen amp; tranfport que luynbsp;à fait mondit feigneur de Bourgogne: fans ce que la part du Roy l’onpuiflenenbsp;doiue alléguer au contraire aucune prefeription ou laps depuis le decez de feunbsp;mondit feigneur de Berry.Et aufti nonobftant quelsconques conditions ou op-pofitions d’autres qui voudront prendre droit en ladiéle Comté de Gien : auf-quels fî aucuns en ya fera referué leur droit pour le pourfuiure par droit de iu-ftice quand bon leur fèmblera contre ledit Comte d’Eftampes. Item que parnbsp;le Roy fera reftitué amp; payé à mondit feigneur le Comte d’Eftampes amp; monditnbsp;feigneur le Comte de Neuers fon frère,la fomme de trente deux mille deux cesnbsp;efcuz d’or,que feu leRoy Charles dernicrei?3ent trelpaffé feit, comme on dit,nbsp;prendre en l’Eglifede Rouen,où icelle fomme eftoit en deppoft : corne deniersnbsp;de mariage appartenas à feüe Madame Bonne d’Arthois mere defdits fèigneurs,nbsp;ou cas qu’o en fera direélemet apparoir que telle fomme foit amp; ayt efté alloüéenbsp;ou compte amp;au prouffit dudit RoyCharles:a payer icelle fomme de xxxij,mille deux cens efcuz â tels termes coinme raifonnables, qui feront aduifèz apresnbsp;le payement fait amp; accomply à mondit feigneur de cinquante mille efcuz dontnbsp;deftus eft faiôle mention. Et au regard des debtes que mondit feigneur le Duc

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D'EJStGJ/ERR. DE MONSTEELET CPIAKLES m. 114 de Bourgongne dit amp; maintient à luy eflre tenues amp; dcües, par feu ledit Roynbsp;Charles, tant à caufe des dons, penfions comme autrement montant à moultnbsp;grand fomme dedeniers/on droit tel qu’il a amp; doit auoir pour la recouuranccnbsp;d’icelles dettes luy demoura fàuf amp; entier. Item que modit lèigneur’de Bour-goDgne,ne fera tenu faire foy ne hommage ne feruice au Roy des terres amp; fei-gneurics,qu’il tient à prefent où royaume de France : ne de celles qui luy pour-roientefeheoir cy apres parfuccefïionoudit royaume.Mais feraamp; demouranbsp;exempt de fà perfonne en tous cas de fubieclions,hommages,reffors, fouuerai-nctezamp; autres du royaume durant la vie de luy. Mais apres ledecezdu Roy,nbsp;mondit feigneur de Bourgongne, fera a fon fils amp; fuccefl'eurs en la courone denbsp;France les hommages, fidelitez amp; feruices qui à ce font appartenans. Et aufîi fenbsp;mondit feigneur de Bourgongne alloic de vie à trefpas deuant le Roy, fes heritiers amp; ayans caufe,ferot au Roy lefdits hommages amp; fidelitez amp; feruices ainfînbsp;qu’il appartiendra. Item amp; pource que cy apres mondit feigneur de Bourgongne tant es lettres,qui fe feront de la paix comme es autres lettresamp; eferiptures:nbsp;amp; aufli de bouche recognoiftra amp; nommera amp; pourra nomer ôc recognoiflrenbsp;Je Roy fon fouuerain ; offrant amp; prefèntant lefdits ambaffadeurs du Roy, quenbsp;lefdiótes nominationsamp;: recognoiffances tant par efeript comme de bouche,nenbsp;portent aucun prciudice à ladiôle exemption perfonneîle de mondit feigneur lenbsp;Duc de Bourgogne fa vie durant. Et que ladide exemption demeure en fa vertu félon le contenu en l’article precedent : amp; aufïî qu’icelle nomination, reco-gnoiffance ne feflende que aux terres amp; feigneuries qu’iceluy monfeigneur denbsp;Bourgongne tient amp; tiendra en ce royaume. Item amp; au regard des féaux amp;nbsp;fubicôls de mondit feigneur de Bourgongne des feigneuries qu’il tient amp; doitnbsp;auoir par ce prefent traiôlé, amp; qui luy pourroit efeheoir par fuccefïion ou roy-aume de France durant les vies du Roy amp; de luy,ils ne feront point contrainârsnbsp;d’eux armer au commandement du Roy ne defès officiers : fuppofé ores qu’ilsnbsp;tiennent auec ce du Roy aucunes feigneuries amp; terres. Mais efî content le Roynbsp;que toutes les fois qu’il plaira à mondit feigneur de Bourgongne mander fesnbsp;féaux amp; fubieds pour fes guerres,foit ou royaume ou dehors,ils ferot cotraintsnbsp;d’y aller fans pouoir ne vouloir venir au mandement du Roy,fe lors il les y ma-doit.Et pareillement fera fait au regard des feruiteurs de mondit feigneur denbsp;Bourgongne,qui font fes familliers amp; feruiteurs de fon hoflel fuppofé qu’ils nenbsp;foient point fes fubieéls. Item amp; toutesfois fil aduenoit que les Anglois, ounbsp;autres leurs alliez facent guerre cy apres à mondit feigneur de Bourgongne, ounbsp;a fes paysamp; fubieôls à l’occafion de ce prefent trai6le,ou autrcmentde Roy feranbsp;tenu de fecourir amp; ayder modit feigneur de Bourgogne amp; fes pays amp; fubieéls;nbsp;^ufquels on feroit guerre foit par mer ou par terre a toute puiffance, ou autre-roent felon que le cas requerra amp; tout ainfi comme pour fon propre fait. Itemnbsp;5c que de la part du Roy amp; de fes fuccefTeurs Roys de France, ne fera faiéïe nenbsp;promife ne fbuftert faire par les PrincesSc feigneurs deffufdits aucune paix,trai-

ou accord auecques fon aduerfàireamp; cedx de la part d’Angleterre,fans le fi-gnifier amp; faire à fçauoir à mondit feigneur le Duc de Bourgongne amp; à fon heri tier principal apres luy : amp; fans leur expres confentement amp; les y appeller amp; co-prendre,fî comprins y veulent eftrç : pourueu que parcillemêt foit fait du cofïé

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M.CCCCXXXK nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11, DES CHRONlQ^^ES

de mondit feigneur de Boiirgongnc amp; de fbn heritier principal au regard amp; en tant que luy touche la guerre d’Angleterrre. Item amp; que mondit feigneur denbsp;Bourgongne amp; tous fes féaux amp; fubieôls amp; autres, qui par cy deuant ont porténbsp;en armes ï’enfeigne de mondit feigneunc’eft à fçauoir la croix S.Andrieu,ne feront point contraints de prendre autre enfeigne en quelconque mandement ounbsp;armée qu’ils foient en ce royaume ou dehors,foit en la prelence du Roy ou denbsp;fes Conneflables,amp; foient àfes gaiges ou fouldoyers ou autrement. Item quenbsp;le Roy fera reftituer amp; defdommager de leurs pertes raifonnables, amp; aufli denbsp;/ leurs rançons ceux qui furent prins le iour de la mort dudit feu monfeigneur lenbsp;Duc lean qui Dieu pardoint,amp; qui y perdirent leurs biens amp; furent grandemêt

¦ rançonnez* Item qu’au furplus abolition generalle foitfaiélede tous cas ad-uenuz,amp; de toutes chôfes dictes, paffées amp; faides à l’occafion des diuiGons- de ce royaume,excepté ceux qui perpetrerent ledit mainiais cas ou qui furent con-fentans de la mort dudit feu monfeigneur le Duc lean deBourgongnedefquelsnbsp;feront amp; demourront hors de tout traiété . Et qu’au furplus chacun de cofté amp;nbsp;d’autre retourne au fien:c’cft à fçauoir les gens d’Eglifes à leurs Eglifes amp; benefices,amp; les fcculiers à leurs terres,rentes, heritages, pofielTions amp; biens immeubles en l’eflat qu’ils font: refèrué des terres amp; fèigneuries eftans en la Comté denbsp;Bourgongne:lefquelles mondit feigneur de Bourgongne ou feu monfeigneurnbsp;fon pere ont eües amp; retenues,amp; ont données à autruyzcom.me confilcations amp;nbsp;confifquécs à eux à caufe defdiétes guerres amp; diuifions: lefquelles feront amp; de-mourrôr,nonobftant ladide abolition amp; accord à ceux qui les tiennent amp; pofnbsp;fedent.Mais par tout ailleurs chacun rcuiendra à lès terres amp; heritages,commenbsp;dit eft,fàns ce que pour demolition amp; empiremens gardes de places ou reparations quelsconques on puift riens demander l’vn à l’autre ; amp; fera chacun toutnbsp;quitte de rentes de charges efcheües du têps,qu’il n’aura ioÿ de fes terres amp; herinbsp;tagesrmais au regard des meubles prins ou euz d’vn cofté amp; d’autre,iamais n’ennbsp;pourra eftre aucune chofe, pourfuite, querelle ne queftion faiCle d’vn cofté nenbsp;d’autre. Item amp; qu’en ce prefènt traiélé foient eftainélcs amp; abollies toutes in-iures, râalueillances amp; rancunes tant de parolles amp; de fait, comme autrementnbsp;aduenuzcy deuant à l’occafion des diuifions, partialitez amp; guerres tant d’vnenbsp;part comme d’autre,fans ce que aucun en puifle aucune chofe demander ne faire queftion ne pourfuite par prochaineté ne autrement:ne le reprocher ne donner blafme pour auoir tenu aucun party. Et que ceux qui feront ou diront lenbsp;contraire foient puniz comme tranfgrefleurs de fait felon la qualité du fait.

Item amp; en ce prefent traidé feront comprins de la part mondit feigneur de Bourgongne, toutes les gens d’Eglifes nob|.çs, bonnes villes amp; autres de quelque eftat qu’ils foient:qui ont tenu fon party amp; de feu monfeigneur fon pere,amp;nbsp;iouÿront du benefice de ce prefent traidé,tant au regard de rabolition,commenbsp;de recouurer amp; auoir tous leurs heritages amp; biens immeubles à eux empef-che2,tant au royaume qu’au Daulphiné à l’occafion defdiéles diuifions : pour-ueu qu’ils accepteront ce,prefent tfâi6lé,amp; en vouldront iouïr. Item amp; renoncera le Roy à l’alliance qu’il a faiéleauecques l’Erapereur contre mondit feigneur le Duc de Bourgongne, amp; à toutes autres alliances par luy faiéles : auec-ques quelsconques autres Princes ou feignçurs quels qu’ils foient à l’encontre

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D'EKGJ/EKK. DE MONSTEELET. CHARLES Eli.

de mondit feigneur Ie Duc de Bourgongnc, pourucu que mondit feigneur de BoLirgongne l’eft'ace pareillement: amp;: fera tenu en outre amp; le promettra à mondit feigneur de Bourgongnedclefouftcnir amp; ayderà l’encontre de tous ceux,nbsp;qui le voudroient guerroyerbu faire dommage par voye de guerre ou autrement. Et pareillement le fera amp; promettra mondit feigneur le Duc de Bourgogne,fauué toutesfois l’exemption de fa perfonne à fa vie comme delTus eft de-claire. Item amp; confèntira le Roy amp; baillera fes lettres, que fil aduenoit cy a-pres quede (apart futenfraintee prefenttraiélé,fes vaflauxféaux öcfubicdlsnbsp;prefensôc aduenirne (oient plus tenus de l’obeyr amp; feruir : mais foient tenusnbsp;dedorsde feruir mondit (èigneur de Bourgongne amp; fes fuccelTeurs à l’encontrenbsp;deluy.Et que audit cas tous lefdits féaux valfaux fubicets amp; feruiteurs foientnbsp;ab(bus amp; quittes de tous fermens de fidelitez amp; autres : amp; de toutes promelfesnbsp;amp; obligations de feruices, en quoy ils pourroient eftre tenuz par auant enuersnbsp;le Roy Charles,(ans ce que pour le temps apres a venir il leur pend eftre imputé à charge, amp; qu’on leur puift ries demander. Et que defmaintenant pour lorsnbsp;Je Roy Charles leur commande de ainfi faire:amp; les quitte amp; defeharge de toutes obligationsSc fermens ou cas de(rufdits:amp; que pareillement foit fait amp; con-fenty au codé de mondit feigneur le Duc de Bourgongne,au regard de (es va(^nbsp;(aux amp; féaux fubicôls amp; feruiteurs. Item amp; feront de la part du Roy Charlesnbsp;faiôtes les promelfes, obligations amp; fubmiflions touchant l’entretcnement denbsp;ce prefent traiclé es mains de monfeigneur le Cardinal de Sainde Croix Legatnbsp;de noftre (àinâ: Pere le Pape, amp; de monfeigneur le Cardinal de Chippre amp; autres ambalfadeurs du faineft Concilie de Bade le plus ample que l’on pourra ad-uiler.Et fur les peines d’excommuniemens,aggrauation,reaggrauation,interditnbsp;en Ces terres amp; feigneuries, amp; autrement le plus auant que la cen(ure de l’Eglilènbsp;pourra eftendre en cede partie,felon la puilfance amp; pouoir que ont mefdits (èi-gneurs les Cardinaux de noftre (àinél Pere le Pape amp; du fainâ: Concilie : pour-ueu que pareillement foit fait du codé de mondit (èigneur le Duc de Bourgon-rnbsp;gne. Item auecques ce fera le Roy auec fon feellé,bailler à mondit feigneur denbsp;Bourgongne les feellez des Princes amp; feigneurs de (bn fang de fon obeïflance,nbsp;comme monfeigneur le Duc d’Anjou, Charles fon frere, monfeigneur le Ducnbsp;de Bourbon,monfeigneur le Comte de Richemont, monfeigneur le Comte denbsp;Vandofme, le Comte de Foix, le Comte d’Auuergne, le Comte de Perdiac amp;nbsp;autres qu’on adui(era: efquels feellez deldits Princes amp; feigneurs (èra incorporé le (èellé du Roy.Et proraetterot d’cntreteniramp; maintenir de leur part le contenu dudit feellé : amp; fil eftoit enfrainót de la part du Roy d’en ce cas eftre aydasnbsp;amp; confortans mondit feigneur de Bourgongneamp; les (iens à l’encontre du Roy.nbsp;Et pareillement fera fait du coiy de mondit feigneur de Bourgongne. Itemnbsp;amp; que pareillement le Roy fera bailler (èmblables feellez de gens d’Eglife,amp;nbsp;autres nobles amp; bonnes villes de ce royaume de fon obeïlfance amp; appartenance. C’eft à (çauoir ceux defdiéles gens d’Egli(è amp; bonnes villes que mondit feigneur voudra nommer, auecques feurcté de peines corporelles amp; pecuniellcs,nbsp;amp; autres feuretez que melfeigneurs les Cafdinaux amp; autres Prélats cy enuoyeznbsp;de par noftredit fiincl Pere le Pape amp; le Concilie y aduiferont appartenir.Itemnbsp;amp;fil aduenoit cy apres qu’il y euft^ucune faute ou obmiflion , ou aucune in»

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M.CCCCXXXK nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;IL LES CHKONIQ^ES

fraction, ou attemptaz faits fur le contenu defdits articles d’vne part amp; d’autre: ce nonobftant à celle prefente paix, traidié amp; accord:feront amp; demourrôt ver-tuables amp; en leurs plaine force vertuz amp;vigueur,amp; ne fera pourtant icelle paixnbsp;réputée, calfée ne adnullée : mais les attemptaz feront reparez amp; amendez, amp;:nbsp;aulli les deffautes amp; obmiflions accomplies amp; exécutées deüement felon cenbsp;que delTus efl elcript.Et à ce contraints ceux qu’il appartiendra par la formeßcnbsp;manière que dit eft. Item comme ayons de rechef efté trefinllamment exhor-iez,requisamp;fommez par lefdits Cardinaux ambafladcurs amp; meflagiers du S.nbsp;Conciïle,ne vouloir entendre amp; de nous incliner amp; condefcendre moyennantnbsp;les fommes dclTufdites, qui leur femblent ellre raifonnables amp; Ibuffifantes: amp;nbsp;ne les pouoient ne deuoient par raifon rcfufcr, ainG qu’il nous ont dit à paix amp;nbsp;reunion auccques mondit feigneur le Roy Charles, en nous difant amp; remon-Ilranten outre que ainG ledeuions faire felon Dieu, raifon amp; tout honneur:nbsp;nonobllant les fermcns, alliances amp; promelfes pieça faites entre feu mon tref-cher amp; trefaymé feigneur le Roy d’Angleterre dernier trelpalfé, amp; nous pournbsp;pluGeurs caufes amp; raifons à nous renaoftrées amp; alléguées par lefdits Cardinauxnbsp;ÓC autres ambaffadeurs defluldits de par noftre faint Pefe,amp; du Concile.Nousnbsp;pour reuerence de Dieu principallement pour la pitié amp; grande compafîio quenbsp;nous auos du poure peuple de cedit royaume, qui tant a fouffert en tous eftats,nbsp;amp; aux prieres,requeiles amp; fommations à nous faites par lefdits Cardinaux, ôcnbsp;ambaffadeurs de noflredit faint Pere le Pape amp; le fàint Concile de Bafîe, quenbsp;nous tenons amp; reputons pour commandement amp; comme Prince catholiquenbsp;amp;: obeïifant Gis de rEglife,eu fur ce grand aduis amp; deliberation de confeil auecnbsp;pluGeurs grans fèigneurs de noflre fang amp; lign3ge,amp;autres noz féaux vaffaux,nbsp;fubiets, amp; autres gens de confeil en grand nombre : auons pour nous amp; noznbsp;fuccefreursfeaux,vafl'aux,fubiets amp; autres gens de confeil adherens en cellenbsp;partie, fait amp; faits bonne amp; loyalle, ferme, feure amp; trefentiere paix amp; reunionnbsp;auccques mondit feigneur le Roy amp; fès fuccelfeurs,moy ennant les offres amp; autres chofes deffus eferiptes : qui de la part mondit feigneur le Roy amp; fes fuccef-feurs ,nous doiuent eflre faites amp;: accomplies . Et lefquelles offres de noflrenbsp;part amp; en tant qu’il nous touche,tenons aggreables amp; les acceptos.Etdefmain-tenant confentons amp; faifons les renonciations,promefles,fubmifEô‘ns amp; autresnbsp;promeffes amp; chofes deffus declairées, qui font à faire de noflre part. Et rcco-gnoiffons mondit feigneur le Roy Charles de France noflre fouuerain feigneurnbsp;au regard des terres amp; feigneuries que auons en ce royaume: promettons pournbsp;nous amp; noz hoirs par la foy amp; ferment de noflre corps en parolle de Prince,furnbsp;noflre honneur amp; l’obligation de tous noz biens prefens amp;aduenirquelcon-qLics,ladite paix amp; reunion en toutes amp; Gngyjieres chofes cy deffus tranferip-tes tenir de noflre part : amp; en tant que toucher nous peult inuiolablcment amp; ànbsp;touGours de point en point tout amp; par la forme amp; maniéré deffus efcripte,fànsnbsp;faire ou venir ou fouffrir faire au contraire couuertement ou en appert, ou autrement en quelque maniéré ou façon que ce foit. Et pour les chofes deGufdi-éles amp; à chacune d’icelles tcnir,entrttenir amp; accomplir : nous fubmettons à lanbsp;cohertion,concluGon amp; contrainte de noflredit S. Pere le Pape, dudit faintnbsp;Concile amp; des deffufdits Cardinaux : leGjuels amp; autres ambaffadeurs du Con-

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D'EN G J/ERR. DE MONSTRE LET. CHARLES TIL n6 eile amp; à toutes cours tant d’Eglife comme Gculiers,vueinansamp;: oôlroyans icelles amp; chacune d’icelles eftre contrainól amp; compellé par la cenfurede l’Eglife,nbsp;tant amp; auant qu’il femblera expedient aufdits Cardinaux amp; ambafladeurs denbsp;noftredit fàinâ: Pere le Pape amp; du fàinôl Concile :'au cas que faute y auroit denbsp;noftre part es chofes deffufdides ou aucuns d’icelles,renonçans a toutes allegations amp; exemptions tant de droit comme de fait, que pourrions dire ou alléguer au contraire.Et par efpecial au droit,difànt que generalle renonciation nenbsp;vault fi l’efpecialle amp; toutiàns fraude, barat ou mal engin. Et affin- que ce foienbsp;chofè ferme amp; efiable à toufiours : nous auons fait mettre noftrc^ffiel à ces pre-fentes. Donné en nofire ville d’Arras le xxj.iour dnarioisde Septembre l’annbsp;mille quatre ces trente cinq. Ainfi fignées par monfeigneut le Duc deBour*nbsp;gongneenfbnconfcil.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r î-

Item apres que les deux parties dcffiufdiéfes furent venues à fin amp; conclu-fions de paix l’vn auec Tautrerße que toutes les befongnes futêt effiriptes amp; feel-lées tant d’vn cofte comme d’autre,brief enfuiuant fut icelle paix publiée en la-diéle ville d Arras. Pour laquelle ne fault point demander n’enquérir fe le peuple eut grand lieffcamp; ioyeufeté . Mais generallement la plus grand'partie des . gens d’Eglife,des nobles amp; des Bourgeois auecques grande multitude amp; abondance de populaire,qui là eftoitvenu amp;arriué, entendirent nonmievniournbsp;feulement : mais plufieurs à faire ioye l’vnauecques l’autre, chacun felon fonnbsp;cftat en criant à haulte voix Noël en plufieurs amp; diuers lieux de la ville. Et parnbsp;efpecial fut faiéfe en l’hoflel dudit Duc de Bourgongne moult grand fefte amp;nbsp;lielTe de plufieurs chcualiers,efcuy ers, dames amp; daraoifelles des deux partiesnbsp;tant en boires,mangiers amp; dances comme autres plufieurs efbatemens.Et mefnbsp;mement au propre lieu où icelle paix fe traiéloit fut mis par le Cardinal de fàin-(fie Croix le fainéf Sacrement de l’autel, amp; vne Croix d’or fur vn couëffin : furnbsp;lefquels ledit Cardinal feitiureramp; promettre audit Duc de Bourgongne quenbsp;iamais ne ramentcueroit la mort de fon feu pere, amp; qu’il entretiendroit bonnenbsp;paix amp; vnion auecques le Roy Charles fon fouuerain feigneur Ôc les fiens.Et a-presle Duc de Bourbon amp;; le Connefiabletenansla main fur ladide Croix,nbsp;prièrent mercy audit Duc de Bourgongne de par le Roy pour la mort de fonditnbsp;feu pere : lequel leur pardonna pour l’amour de Dieu. Et lors les deux Cardinaux meirent les mains fur iceluy Duc, amp; le abfblurent du ferment qu’il auoitnbsp;fait aux Anglois. Et pareillemét furent abfouls plufieurs autres grans feigneursnbsp;de fon party. Et aefoneques feirent ferment de leur party d’entretenir icelle paixnbsp;les feigneurs de la partie du Roy Charles, amp; plufieurs autres de la partie dunbsp;Duc de Bourgogne. Entre lefquels le feit le feigneur de Launoydequel dit toutnbsp;haultamp;cler,voicyle propre qu^autresfois à faits les fermens pour cinq paixnbsp;faiéles durant celle guerre : defquelles nulles n’ont efté entretenues. Mais ienbsp;promets à Dieuqye cefle fera entretenue de ma partie amp; qûe iamais ne l’en-fraindray.

Comment les Anglois aßiegerent la ville ßiincl Denys en France, laquelle en ßnlear fut rendue partraiBé.

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2A,ca:cmr. voLvyiE ii. î)es chkonî^es

Vtant ie temps deflufditj lesAngIoisamp; leurs alliez qui eftoient en l’Ifle de France,affiegerent trefpuiflamment la ville de S.Denys toutnbsp;â l’enuiron.Et y eftoient comme chiefs amp; conduóleurs defditsaflie-geasjlc Marelchal de i’Ide Adam,le feigncur deThaIebot,lefeigneur



de Villcby,Iefcigneurd’E(caIIes, Georges dcRichammes,. VvaUerandeMo-reul,meflire lean Baftard de faind Pol,Loÿs de Luxembourg fon frère, melfire Ferry de Mainy,Robert de Neufiiille, le Baftard de Thian cheualier François,nbsp;l’Arragonnois amp; autres notables amp; ex pers hoTnmes de guerre de la nation denbsp;France amp; d’Angleterre, accompaignez de fix cens combattans ou enuiron, quinbsp;en grand diligence approchèrent leurs ennemis : amp; dreflerent contre les portesnbsp;amp; murailles d’icelle ville de S. Denys plufieurs engins, pouriceux confondrenbsp;amp; abbatre.Sieftoientfouuentvifitez amp; adminiftrez de Ce que belbing leur e-fl?oit par Loÿs de Luxembourg Euefque de Theroüanne, Chancellier du Roynbsp;Henry :lequd eftoit principal gouuerneur dedans Paris amp; es metes de l’Ifle denbsp;France, pour le deflufdit Roy Henry. Dedans laquelle ville de S.Denys eftoietnbsp;de la partie du Roy Charles le Marefchal de Rieux,meflire lean Foucault,mefinbsp;fire Loÿs de Vaucourt, meflîre Régnault de S.Iean, Artus de la Tour amp; plu--fieurs autres vaillans hommes de guerre, auecques eux iufques au nombre denbsp;icize cens combattans. Lelqucls en trefgrand hardiefle eux voyans ainfi cftrenbsp;approchez de leurs ennemis, (c préparèrent à refifter de toute leur force contrenbsp;eux. Et de fait grand partie d’eux fe logèrent fiir la muraille, amp; là fe tenoient denbsp;iouramp; de nuid pour eftre plus pres de leur delfence. Toutesfois les delTuldhnbsp;ôles portes Sc murailles Firent fort empirces en plufieurs lieux par les enginsnbsp;d’iceux aflîegeans : amp;tant qu’à l’occafion defdits empiremens, les capitainesnbsp;prindrent conclufion l’vn auecques l’autre d’alTaillir la ville en plufieuts parties,nbsp;eipcrans prendre amp; gaigner icelle ville de for ce. Si feirent vu certain iour armernbsp;leurs gens amp; diuiferent,auquel cofté chacun defdits capitaines deuoit aflaillir :nbsp;amp; par vne ordonnance à tout efcbelles amp; plufieurs autres inftrumens deguer-rc,allerenticeux iufques aux folTez lt;|ui eftoient garnis d’eaüe. Si enfliez peu lànbsp;vcoir les gês d’armes eux employer a pafler parmy ladilt;fte caüe iniques au col,nbsp;amp; porter lefdiôtésefchelles amp; monter amont en plufieurs amp;diuers lieux iuf-ques aux murs lâns monftrer femblant de paour. Et lors les afliegezconfideràsnbsp;que fils eftoient prins de force, ne feroient point quittes pour fcullement perdre la ville: mais entant que touchoit à leurs vies fe meirent à deffence trcsvail-lamment.Et auoient ordonné à chacune de leurs gardes aucuns de leurs capitaines à tout certain nombre de gés:lclquels pour chofe qu’ils ouÿflent amp; veif-fent,ne fe deuoientpartird’iccllc:amp; le deflufdit Marefchal de Rieux auoit certain nombre de gens d’armes allât d’vn lez à feutre, pour ayder à fccourir ceuxnbsp;qui en auroient befoing.Si commëça l’aflault dur,mcrucilleux cruel par l’efnbsp;pace de deux heures ou enuiron: Auquel tantdes aflaillans comme des delFen-dans furent faides de grans vaillances. Et furent à iceluy alTauIt faits nouucauxnbsp;cheualiers Loÿs de Luxembourg,B^^ftard de S.Pol : lequel fy gouuerna moultnbsp;vaillamment,iean de Humieres,Robert de NcufuiHc amp; aucuns autres : toutcfnbsp;fois apres qu’iceux alTaillans eurêt audit alTault bien perdu quatre vingts hommes ou mieux de leurs gens, qui furent morts aux foflez amp; auprès des murs,nbsp;voyans

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NENGFEFP. DE MONSTKELET. CHARLES '711, ny voyans que bonnement ne pourroient venir à chief de telle befongne, ûns re-ceuoir trop grand exil amp; perte de leurs gens.Les capitaines feirent fbnner la re-traidcjßc emmenerentamp; empörtererplufieurs dcleurs gens qui eftoiêt mortsnbsp;amp; naurez.Et pareillement les deffcndcurs feirent.grand perte de leurs gens, amp;nbsp;fdrent en grand double que leurs ennemis ne contraignirent de rechief par co-tinuation de nouueaux affaulx.Neantmoins efperans auoir lecours par le Con-neftable,qui eftoit àla conuention d’Arras amp; autres François de leurs gens, ilsnbsp;renforcèrent leurs portes amp; murailles qui eftoient rompues en plufieurs lieux:nbsp;amp; fappreftercnt de nouuel, pour eux deffendrc au mieux que faire le peurent.nbsp;Lequel Conneftable apres que la paix fut conclure à Arras ( comme dit eft dcfnbsp;fus) fe départit de là à tout grand partie de nobles hommes, qui eftoient à ladi-ôte conuention,amp; alla à Senlis. Et demanda à venir deuers luy les François denbsp;plufieurs parties en intention de leuerledit fiege:mais à briefdire, il ne trouuanbsp;point en fon confeil qu’il eut puiflànce de ce faire. Et pourtant ledit Marefchalnbsp;amp; les fiens qui aflez furent aduertizde non auoir fecours,ils traiclerent auec lesnbsp;capitaines des Anglois par tel fi,qu’ils leur rêdroient la ville de S.Denys, amp; fennbsp;iroientfaufleurs corps amp; leurs biens, entendant aufiilesprifonniers qu’ils a-noient prins durât le fiege: defquels en eftoit vn rnefiîre lean de Htimieres def-fufdit: Lequel traiôlé conclud amp; accomply fe partirent iceux deuant-dits François foubs bon faufconduit,qui eftoient bien feize cens chenaux ou enuiron.Etnbsp;pareillement aufli y auoit de trefexpers amp; tresvaillans hommes de guerre amp; denbsp;grand renom-.fi fen partirent amp; allèrent es places de leur obeiftance amp; laifterétnbsp;en icelle-diôte ville de S.Denys aucuns de leurs capitaines amp; cheualiers morts :nbsp;c’eft à fçauoir meftîre Loÿs de Vaucourt, meflîre Régnault de S.lean, Artus denbsp;la Tour, vn nommé loftelin amp; aucuns autres, dont ils eftoient moult dolens.nbsp;Apres lequel departement ladiôfce ville de S.Denys fut regardée de par le Roynbsp;Henry.Et brief enfuiuat les Picards qui défia eftoient aduertiz de la paix faiôtenbsp;à Arras entre le Roy Charles amp; le Duc de Bourgongne,prindrét congé au plusnbsp;toftqu’ilspeurentauxdcffufditscapitaines Anglois, amp;fenretournèrent fansnbsp;perte en leurs pays. Et entre-temps les François prindrent d’emblée le pont denbsp;Meulan,amp; meirent à mort enuiron vingt Anglois qui le gardoiêt:pour laquelle prinfe les Parifiens furent fort troublez pource que Icpaflage par où ils ve-noient à tout leurs viures de Normandie eftoit cloz.

Comment Tßibel U Roy ne de France tre^aff^a en U Ntlle de Park.

N ceft an au mois de Septembre Yfabel Royne de France, mere au Roy Charles pour lors régnant : Laquelle eftoit logée àl’hofteldunbsp;Roy à S.Pol dedans la cité de Paris, où par auant elle auoit vefeu ennbsp;grand pauureté pour les tribulations des guerres de ce Royaume,

accoucha malade brief enfuiuant trelpafla de ceft fiecle. Si fut enterrée en lEglifè de S.Denys en France: non pas enteile folennitéôc grand eftat,quenbsp;1 on a accouftumé de faire aux autres Roynes de France ; laquelle mort venuenbsp;a la cognoiftance du Duc de Bourgongne, luy feit faire vn feruice trefreuerendnbsp;amp; notable en l’Eglife de S.Vvaft d’Arras, auquel il fut prefent vcftu de noir: amp;nbsp;faifoient dueil auec le Duc de Bourgongne le Comtes d’Eftampes,le Comte de

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MXCCCXXXK nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLP'MS II. DES CHRONIQUES

Vandofmeamp; Ie Damoifeau de CleueSjauec plufieurs autres feigneurs ecclc/îa-, ftiquesamp;feculiersjôc l’Euefque d’Arras feit l’ofiice cedit iour.

Comment la Cardinaulx amp; flußeurs autres amhafßadeurs fe départirent de la 'vide d’Arras. Et comment le Duc de Bourgongne conllituaJès officiers és bonnes 'videsnbsp;firterejfes d luy donnéesnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;accordées par le traiéié dejftfdit.

Tem aflez brief enfuiuat que la deffufdide paix d’Arras fut publiée, comme dit eft deffus, Ce partirent d’icelle ville lefdits Cardinaulx Scnbsp;ceux qui auecques eux elloient venuz : lefquels par le Duc Philippenbsp;de Bourgongne auoient efté honnorablement receuz amp; feftoyez.Ec



pareillement fe départirent lefdits ambalTadeurs du Roy Charles amp; tous autres,qui là elloient venuz de pluheurs pays. Et adoneques ledit Duc de Bourgongne ellant en icelle ville d’Arras, conllitua pluficurs nouueaux officiers és bonnes villes amp; forterelTes du Roy,tant fur la riuicre de Somme corne ailleursnbsp;furies mettes de Picardie: lefquels de longtemps elloient du dommaine dunbsp;Royaume. Et elloient par auant icelle paix d’Arras en la main du Roy Henry înbsp;amp; y meit gens à fon plaifir,en dellituat ceux qui elloient commis de par le Roynbsp;Henry,Commettans auffi receueurs à fon plaifir. Et prenant tous les deniers amp;nbsp;prouifion amp; les formens des habitans d’icelles villes amp; forterelfeszpour lelquel-les befongnes delTufdides iceux officiers tenas le party des Anglois,furent fortnbsp;efraerueillcz des maniérés que ledit Duc tenoit enuers eux: attendu que par fesnbsp;moyens en auoit eu iceluy Roy Henry lapolTeffion amp;làifine: amp; auecques cenbsp;nagueres le tenoit amp; auoit tenu pour fon naturel amp; fouuerain feigneur:Neânt-moins eux voyans qu’ils n’y pouoient mettre prouifion, le Ibulïrircnt patietn-menr.Et entre les autres, maillre Robert le Ieune,qui log temps auoit efté Bail-lif d’Amiens amp; gouucrné hautemêt pour iceux Anglois fur les marches de Picardie; amp; mefmemcnt à iceluy dernier Parlement d’Arras auoit efté de leur co-lcil,amp;à toutes leurs conclulions: quand ilapperceut les befongnes ainlî ellrenbsp;retournées contre eux par aucuns moyens qu’il trouua pour Ibn argent ( comme on dit) feit tant qu’il demoura en la grace dudit Duc de Bourgongne,amp; futnbsp;retenu amp; mis à ellre gouuerneur d’Arras au lieu de meffire Dauid deBrimeu,nbsp;qui par auant l’cftoit. Et par ainlî en aflez briefs iours les befongnes furent retournées au contraire que par auant n’auoient efté.

Comment apres la paix d'Arras le Duc de Bourgongne enuoya aucuns de fes officiers d'armes deuers le Roy d'Angleterrenbsp;nbsp;nbsp;Jon confeil, pour remonfirerles caufes de la

paix qu'il auoit fait au Roy de France.

Pres le departement de la paix d’Arras, le Duc de Bourgongne en-uoya fon Roy d’Armes de la Toifon, amp; vn lien herault auecques luy nommé Franche Comté en Angleterre deuers le Roy Henry ànbsp;tout lettres de par ledit Duc:efquelles elloient contenues plulîeursnbsp;remonftrances pour iceluy Roy amp; fon conleil attraire au bien de paix finale a-uec le Roy Charles : fignifiant aufli’ comment par l’exhortation des Legats denbsp;noftre fainlt;â pere le Pape amp; du Concile de Balle, amp; auecques ce des trois eftatsnbsp;de tous les pays, il auoit fait paix amp; reunion auec le delTufdit Roy Charles Ibnnbsp;fouuerain

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]gt;*BNGKERR, DE ^lONSTRELET CHARLES Hk ii8 fouuerain feigneur, en delaiflant celle de iadis qu’il auoit faide auec ledit Roynbsp;Henry fon perc. Aueclefquels alla vn frere rnendien Dodeur en Theologie,nbsp;qui auoit charge de par les deux Cardinaulx qui auoiêt efté à ladide paix d’Ar-raSjde propofer en la preience dudit Roy d’Angleterre amp; de (on confeil:en euxnbsp;remonftrant les grans cruautez amp; innumerables tirannieSjqui fe faifocnt par lanbsp;Chreftienté à l’occafion de la guerre,amp; les biens qui pouoicnt aduenir fi la paixnbsp;finalle fe faifoit entre les deux Roys d’Angleterrc.Si fen allèrent les trois defliif-dits à Calais amp; là pafterent la nier, amp; arriuerent à Douures où on leur feit deCnbsp;fence de par le Roy Henry qu’ils ne fe departilfenr de leurs hoflels. Si leur furetnbsp;demandées leurs lettres,lefquelles ils baillèrent amp; furent portées à Londres de-uers le Roy Henry. Et depuis furent conduit par diuers lieux iufques à Lodres,nbsp;Si rencontrerét en leur chemin vn officier d’armes amp; le clerc du treforier d’An-gleterre,qui les menèrent loger dedans icelle ville, en l’hoftel d’vn Cordonniernbsp;où ils furent par aucuns iours:amp; n alloient oüir meffie finon foubs la conduiôtenbsp;d’aucuns heraulx amp; pourfuiuans qui là les vifitoient fouuent. Carx5n leur feitnbsp;deffence qu’ils ne partiffient de leurs hoftels fans congé amp; licencc.Si cftoient ennbsp;trefgrand doubte,qu’on ne leur feit aucune mauuaife compaignie de leurs per-fonnes pour les nouuelles qu’ils auoienc apportées. Etjaçoit-ccqueledoéfeurnbsp;deffijfdit enuoyé de par les deux Cardinaulx qui auoient efté en ladiéle paix, amp;nbsp;iceux deux officiers d’armes feiffent plufieurs requeftes à ceux qui leur adminhnbsp;ftroient,qu’ils les feiftent parler au Royamp; à fon confeil, pour direamp; remonftrernbsp;la charge qu’ils auoient de leurs (èigneurs amp; maiftres: neantmoins oncques nenbsp;pouoientauoir audience de parler à eux.Toutesfois le treforier d’Angleterre ànbsp;qui les lettres deftufdiéàes auoient efté baillées, aflembla deuant le Roy le Cardinal de Vinceftre,leDuode Cloceftre amp; plufieurs autres Princes amp; Prélats amp;:nbsp;Je confeil Royal là eftant en grand nombre de nobles hommes. Et là raonftranbsp;les lettres que le Duc de Bourgongne efcriuoit au Roy amp; à fon co feil : defquel-les l’intitulure amp; fuperfeription n’eftoit pas pareille aux autres, queparauancnbsp;de long temps par plufieurs fois luy auoit enuoyé : pource que par icelle nom -moitié Roy d’Angleterre, hault amp; puiffitnt Prince fon trefehier feigneur amp;:nbsp;coufin,endelaifrantàlerecognoiftrefon fouuerain feigneur ainfi amp; par la maniéré que toufiours l’auoit fait par auant en fes autres lettres, que par moult denbsp;fois luy auoiteferites : delà leduredefquclles fans y'faire quelque refponcenbsp;tous ceux qui eftoient au confeil generallemenr, furent moult efmerueilleznbsp;quandils les oüirent.EtmefmementleieuneRoy Henry print en ce fi grandnbsp;defplaifance que les l’armes luy faillirent hors des yeux. Et dit à aucuns de fêsnbsp;priuez confeilliers,qu’il veoit bien puis que le Duc de Bourgongne feftoit ainfi defloyauté deuers luy amp; reconfJié auec le Roy Charles fon ennemy, fès feign curies des parties de France en vaudroient beaucoup pis. En outre le deffiif-dit Cardinal amp; le Duc de Cloceftre fe partirent du confeil tous confus amp; troublez, Se auffi feirent plufieurs autres fans en prendre aucune conclufion, finonnbsp;d’eux aftembler par plufieurs troupeaux amp; dire l’vn à l’autre plufieurs iniures Senbsp;reproches du deffufdit Duc de Bourgqngn^, amp; de ceux de fon confeil. Et affeznbsp;brief enfuiuant furent les nouuelles toutes communes auant la ville de Lon-dres.Si n’eftoit pas fils de bonne mere,qui ne difoit de grans maulx amp; villanniesnbsp;V iiij

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M.ccccxxxr. ' yoLyxiE n. des chroNioi^es

d’iceluy Duc amp; de fes pays. Sife rneirent enfembleplufieurs du commun, amp; allèrent en diuers lieux parmy ladióle ville pour quérir aucuns Flamans, Hol-landois, Brabançons, Picards, Hannuyers amp; autres des pays dudit Duc qui lànbsp;cftoieni, pour faire leurs marchandifes non eux doubtans de cefte aduenture.nbsp;Et en celle fureur en prindrent ôe occirent aucuns loubdaincment: mais briefnbsp;enfuiuant on les feit ceflbr de par le Roy Henry, amp;: mettre les delTuldits en iu-flice. Et aucuns iours apres le Roy amp;fôn confeilfe meirent pourauqir^duisnbsp;fur la refponce qu’ils deuoient faire aux lettres dclTufdiôtes, amp;yeneutdedi-uerfes opinions. Car les vns vouloient qu’on feit guerre fbubdaine au Duc denbsp;Bourgongne : amp; les autres confeillerent pour mieux qu’on le fommaft par lettres ou autrement. Et entre-temps que lefdits confcilliers fentretenoient, vintnbsp;deuers le Roy nouuelles comment le Duc de Bourgongne en luy pacifiât auecnbsp;le Roy Charles:deuoit auoir les villes, forterclTes, feigneuries amp; appartenancesnbsp;dcS.Quentin,Corbie,Amiens, S.Riquier, Abbeuille, Dourlens amp; Monftreul :nbsp;lefquels cftoient par auant du dommaine amp; polfeflion d’iceluy Roy Henrynbsp;d’Angletcrte:ôt que défia en auoit prins les fermens d’icelles, amp; y auoit commis tous nouueaux officiers. Et pourtant en allant de mal en pis, furent de cenbsp;plus mal contens que deuant : amp; en fin conclurent qu’ils ne referiroient point.nbsp;Et adoc le deffiufdit trefbrier alla deuers les trois defius nommez à leur hoftel-lerie, amp; djt à Toifon d’or amp; à Franche Comte fon compaignon : comment lenbsp;Roy accompaigné de fon fang amp; feigneurs de fon confeil,auoient veûes amp; vi-fitées les lettres qu’ils auoient apportées: defquellcs amp; du contenu en icelles ilsnbsp;auoient groffes mcrueilles:amp; auecques ce des maniérés que tenoient ledit Ducnbsp;de Bourgongne enuers le Roy,à quoy il auoit intention d’y pourueoir fur toutnbsp;quand â Dieu plairoit. Et nonobflant que les officiers d’armes de par ledit Ducnbsp;deBourgÔgne,feifrent plufieurs fois requefles d’auoir refponce par efcript,onc-ques ne la peurét obtenir:mais leur fut dit qu’ils fen retournaffent en leur pays:nbsp;lefquels voyans qu’autre chofe n’en pouoient auoir, rapafferent la mer amp; rapportèrent de bouche au Duc de Bourgongne leur feigneur ce qu’ils auoientnbsp;trouué. Et le dodeur fen retourna auffi deuers eux,qui luy auoiêt enuoyéfansnbsp;riens befongner.Si eurent durant ce voyage de grans doubles qu’on ne leur feitnbsp;defplaifir, pource qu’enplufieurs lieux d’Angleterre ouÿrent de grans murmures amp; blafphemes faire contre ledit Duc de Bourgongne, amp; ne leur futnbsp;point fait telle ne fî amiable reception, comme ils auoient accouflumé qu’onnbsp;leur feit.

Comment le commun peuple de la citéd'Amiens feßneut^pour les impoßtions quon •vou-loit remettre fus.

N ces propres iours fut cnnoyé deuers le Duc de Bourgongne vn aduocatdepar ceux de la ville d’Amiens: lequel aduocateftoit appelle maiflreTriftan de Fontaines, pour impetrer grace pour icellenbsp;ville d’aucune fomme d’argent en quoy ils eftoiét redeuables enuers

ledit Duc ou aucuns de fà partie : fâquelle grace ledit aduocat ne pouoit obtenir, ains luy fut baillé nouuel mandement de parle Roy Charles amp; autres de par le de/Tufdit Duc ; contenans que les impofitions amp; autres fubfides anciennement


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D'ENGE ERR. DE MüNSTRELET CHARLES EU. ii^ nement accouftumez de payer, fuffent mis fus comme autresfois auoient efté :nbsp;lefquels mandeiïicns le deffufdit maiflre Triffan feit publier quad il fut retourné à Amiens au licu’accouCtumézà i’occaffon de laquelle publication grad partie des boucbicrs amp; autres de là ville amp; autre grand nombre du commun de cenbsp;non contenSjfefmeurehtfoubdainement amp; fe meirent cnfemble armez amp; eni-baffoncz felon leur cftat. Et allèrent deucrs leur majeur nommé lean de Com-ty,aufqucls ils dirent plainement que defdilt;âes fubfide.s ne pay croient nulles.nbsp;Etquillçauoit bien quels bon Roy Charles leur feigneur ne vouloir pointnbsp;quails p.ayaffcntynon plus que les autres villes à luy appartenansamp; obeïflans.Lequel majeur voyant leur rude amp; fottc maniéré, leur accorda tout ce qu’ils vou-loient dire en les rappaifànt par doulces parolles. Et comme contraint conuintnbsp;qu’ilallaft auec eux par tout en la ville où bon leur fembloit. Et feirent leur capitaine d’vn nommé Honoré Cokin. Si allèrent à l’hoftel dudit Triffan pour lenbsp;mettre à morr,comme ils en monftrcrent le lèmblant : mais il fut de ce aduertynbsp;par aucuns qui eff oient fes amys, fi feffoit mis à fauueté. Et là rompirent plu-fienrs huis amp;feneffres pour k quérir. Et depuis fen afferent à la maifond’vnnbsp;nommé Pierre le Clerc Preuoff de Beauuoifis,lequel aiioir eu grans gouuerne-mens en la ville durant le temps que maiffre Robert Je leuneauoit eftébaillifnbsp;d’Amiens, auoiefait plufieurs extortions amp; rudeffes à aucuns deshabitansnbsp;d’icelle cité d’Amiens, amp; au pays d’enuiron, parquoy il auoit acquis de gransnbsp;haines:amp; là le queroient pâr tout, mais il ne fut point trouué : car luy fçaehantnbsp;ladiéle mutation fe meit hors de leur voye. Si fruffrerent amp; rauirent tous fesnbsp;biens, amp; beurent en vne lèulle nuiél bien dixhuiét queues de vin qu’il auoit ennbsp;lamai(bn:amp; prindrentvn fien nepueu qu’ils meirent prifonnier au beffroy. Etnbsp;de là en auant feirent plufieurs defroys, amp; afferent par grans compagnies aualnbsp;la ville amp; hoffels des plus puiffans : lefquels comme par cÔtrain«ffe falloir qu’ilsnbsp;leur donnaffent de leurs biensamp; largement amp; par efpecial vins amp; viandes:maisnbsp;entre-temps ledit Pierre le Clerc qui eff oit muffe en la maifon d’vn pauurc home au poulier aux gelines, fut acculé aux deffufdits : Si l’ai 1 er e nr quérir à grandnbsp;folennité amp; le meirentau belFroy de la viffe,amp; briefenfuiuat leur feirent coup-per le hafferel en plain marché, amp; pareillement feirent ils à fon nepueu. Si n’e-ftoit alors homme de iuffice ne autre en icelle ville d’Amies, qui ofaft dire motnbsp;contre leur plaifir.Si furent ces nouuelles mandées au Duc de Bourgongne, lequel enuoya lean de Brimeu quieffoit nouuel baillif d’Amiens. Et depuis lenbsp;leigneur de Saueufes qui aufli en auoit effé capitaine nouuellement, affin qu’ilsnbsp;enquerilTent diligemment par quelle maniéré on les pourroit chaffier, amp; corriger.Et apres y fut enuoyé le Comte d’Effampes auecques luy plufieurs cheua-liers amp; efcuyers,amp; auffi gens de ttâiél. Et de rechiefy alla le feigneur de Croÿnbsp;bien accompagné, amp; mena les archiers de l’hoffel du Prince. Si vindrent là plufieurs parties amp; à diuerfes fois grad nombre de notables feigneurs des marchesnbsp;de Picardie.Et fiifoit on fèmblant d’aller affîeger le chaffel de Bonnes,où il y a-uoit des pillars. Toutesfois Honnoré Cokqji n’eff oient point bien afleur qu’onnbsp;ne leurioüaff àla faulce côpagnie:Nonobftant qu’ils auoient effédeuers le Cote amp; ledit capitaine amp; Baillif pour luy exeufer, amp; feS gens des maléfices paffeznbsp;où il auoit feruy de parolles aflez courtoifes en luy remonftant, qu’il ceffaft de

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M.CCCÇXXXF. r yOLJ^MB II. DES CHKOW^yES

pourfuiure telles emprinfes,amp;on luy feroit fon traiôlé.Finablement lesfeignrs defTufdits apres qu’ils eurent eues plufieurs deliberations! cnfemble fur cellenbsp;matière : Et apres qu’ils eurent garny le beffroy pour fonner la grand cloche denbsp;la ville f’il y aduenoit aucun eHroy : au fon de laquelle fe deuoient tous enfem-ble lefdiôles communes accompaigner. Si fe meirent enfemble iceux feigneursnbsp;amp; fen allèrent grand partie fur le marché. Et d’autre part fe meirent en d’aucuns lieux de leurs gens armez amp; embaftonnez pour.garder les rues contre lef-dits efmouuemens, fils faflembloient. Et fi furent commis le fèigneur de Sa-ueules capitaine de la ville amp; le Baillif d’Amiens à tout certain nombre de gês,nbsp;à aller par ladite ville pour prendre amp; faire retraire ceux qui fe voudroient armer amp; alTembler. Apres lelquellcs ordonnances le deflufdit Comte d’Eftam-pes amp; plufieurs autres grans amp; nobles feigneurs amp; cheualiers, auecques luy e-ftans prefens fur le dcifufdit marché où il y auoit trelgrand multitude de gens,nbsp;fut publié vn nouuel mandement de par le Roy Charles, amp; auflideparledef-fufdit Duc de Bourgongne contenant que les fubfide amp; irapofitionsdeuant-diéfes fcroient mifcs fus b Et auecques ce toutes les offences parauantpalîéesnbsp;feroient pardonnées, rcferué â aucuns en petit nobrc des Princes amp; cheualiersnbsp;lefquels lèroicnt denômez amp; punis cy apres. A laquelle publication eftoit pre-fèntvnnomméPerrinet dcChaalon, qui effoit vndes chiefs. Lequeloyantnbsp;icelle fe départit de là en fuyant pour luy lauuer, amp; tantoft on cria qu’on lenbsp;print. Si fut pourfuiuyiufques dedans l’Eglifefainél Germain empresvnpre-ftre qui chantoit mcffe,où il feftoit agenouillé amp; fut mené iufques au Beffroy.nbsp;Et d’autre part le deffufdit Honnoré Cokin qui bienfçauoit celle affemblée,nbsp;feftoit armé amp; aucuns de fes gens auecques luy pour aller àladide affemblée :nbsp;Mais il fut rencontré dudit feigneur de Saueufes amp; dudit Baillifd’Amiens auecnbsp;fes gens, amp; fut prins incontinent amp; mené au Beffroy. Aueclequcl en fut prin^nbsp;en plufieurs lieuxiufques de vingt attente ou enuiron ; defquclsencemeftnenbsp;iour le deffufdit Honnoré amp; fept de fes côpagnons, eurent le haftereaux coup-pez d’vne doloüere : amp; pareillement Perrinet de Chaalon auec luy deux de lèsnbsp;compaignons furent penduz amp; eftranglez au gibet : amp; fi y en eut vn noyé, ÔCnbsp;auflieny eutbien iufques à cinquante'bannis ouenuiron. Et puis apres pournbsp;cemefmccasenyeutplufieursexecutezà diuerfesfois. Entre lefquels le futnbsp;vn gros Sacquenîent qui eftoit excellent maiftre en iceluy inftrument.Pour laquelle execution tous les autres bourgeois amp; habitans furent mis en grandnbsp;obeïffancc.

Comment les Francois coururent pillèrent le pais du Duc de Bourgongne apres la paix d'Arras.Et commet le Marejchalde Rieuxprint villes amp; firterejfes ennbsp;nbsp;nbsp;or~

mandie fur les Anglais.

Pres que les ambaffdeurs du Roy Charles deffus nommé furent retournez vers luy :amp; qu’ils eurent monftré les lettres dutraidé,nbsp;qu’ils auoient fait de par luy en la ville d’Arras auecques le Duc denbsp;Bourgongne: lefquelles entre les autres articles contenoient,com-ment iceluy Duc recognOiffoit le Roy deffufdit à fon naturel amp; fouuerain lei-gneunil fut de ce moult ioyeux,amp; commanda que la paix fut publiée par tout

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If EN G y ERK. DE MONSTRELET CHARLES riJ. lio où il appartiendroic. Et apres brief enfuiuant fc départirent les François qui e-ftoient à Rue, fi fut la ville deliurée aux commis du Duc de Bourgongne. Lei-quels François faflemblerent auecques pîufieurs de leurs gens fur les marchesnbsp;de Sanihers amp; d’Amiennois, amp; pillèrent en plulieurs lieux le pays audit Duc,nbsp;ôc de ceux qui auoient tenu fon party. Et mefmcment diftroulîerenttoutaiinbsp;net ceux qu’ils pouoientartaindrede celle partie tant nobles comme autres.nbsp;Pourquoy ledit Duc feit aflembler gens d’armes pour refiller aux delTufdits,nbsp;lefquels fçachans celle alTemblée fe tirerent arriéré. Et adoncques les Angloisnbsp;remeirent le liege deuant le pont de Mculan que nagueres les François auoientnbsp;mis en leur obeïlFance, mais pour aucun empefchement qui leur furuint fe départirent dudit liege. Et d’autre part le Marelchal de Rieux amp; Charles des Marells prindrent la ville de Dieppe,amp; pîufieurs autres en Normandie: fi vous di-ray comment. Il ell vérité qu’apres le partement de la conuention d’Arras aucuns vaillans'capitainesFrançois:c’ellàIçauoir leMarcfchal deRieux, Gaucher de BoiilHcIi, le feigneur de Longueual amp; autres capitaines,qui pouoientnbsp;fur tout auoir de trois à quatre cens combattans droidles gens de guerre: parnbsp;le moyen de Charles des Marells ou à Ibn entreprinle, allèrent le vendredy deuant la ToulTainéts pour efcheller la forte ville de Dieppe, leant fur la merennbsp;moult fort lieu au pays de Caulx. Et de fait ledit Charles à tout fix cens combattans alla fecrettement monter dedans la ville du collé deuers le FFaure. Etnbsp;de là allèrent rompre la porte deuers Roiien, par où entra ledit Marefchaldenbsp;Rieux à tout fes gens d’armes amp; à tout ellandart defployé, la plus grand partienbsp;defes gens tout à pied.Si allèrent iufqucs au marché amp; elloit enuiron le poinélnbsp;du iour, amp; adoncques commencèrent à crier ville gaignée. Si furent ceux denbsp;dedans moult fort efmerueillez quand ils ouyrent ce cry. Êt commcncerentlesnbsp;autres à ieéler pierres amp; à traire de leurs mailbns. Et pource qu’il y auoit grandnbsp;nombre de gens tant de ville comme denauire, attendirent iniques à neuf ounbsp;dix heures auant qu’ils alïaillilTent Icfdiéles maifons: mais en fin fut du toutnbsp;conquifeà peu de dommage pour lefdits François, Si y elloit commis lieutenant du capitaine vn nommé Mortemer qui fen fuit auecques pîufieurs au*nbsp;tres Anglois, amp; y fut prins le feigneur de Blofeuille : amp; à la premiere venue n ynbsp;furent morts que trois où quatre Anglois de la garnilbn, mais pîufieurs y furent prins, cell à Içauoir de ceux qui plus fort auoient tenu la partiedes delfuf-dits Anglois : amp; au regard de leurs biens en y eut largement prins comme con-fifq ûez, linon de ceux qui vouloient faire ferment de demourer bons Fran--çois. Et y auoitau Haute trelgrand nombre de nauires, dont la plus grandnbsp;partie demourerent auecques les delTufdits François. Et ce mefme iour ou lendemain on feit crier que tous eftrangiers fen allalTent où bon leur fembleroit,nbsp;referué ceux qui vouloient faire ferment. Si en demoura ledit Charles des Marells capitaine du conlentement de tous les autres pour Je Roy de France.Poucnbsp;laquelle prinfe tous les Anglois generallement dó'pays de Normandie furentnbsp;très fort troublez amp; marris, amp; non point fa/is caufe: car icelle ville de Dieppe elloit merueilleufcment forte amp; bien garnie fur vn des bons pays de Nor-mandie.Et outre alTez briefenfuiuant vindrent les François audit lieu de Dieppe, au pays à l’cnuiron de trois à quatre mille cheuaux foubsla conduiétede

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MXCCCXXX7. yOL^XlE 11. DEX CHD^ONIQ^^ES

Anthoine de Chabannes,Blanchefort,Pothon leBourgongnon, Pierre Régnault amp; autres capitaines. Et depuis fe bouta Pothon deEiinéieTrcilleJcan d’Eftouteuille,Robinet fon freie, le feigncur de Monftreul-Bellay amp; plufieursnbsp;autres nobles feigneurs amp; chiefs de guerre. Et aufli pareillement y vint vn capitaine de communes, lequel fe nommoit le Kirennier à tout bien quatre mille payfans du pays de Normandie, qui Pallia auecques les dclTufdits François :nbsp;amp; feit ferment au Marefchal deffus nommé de guerroyer hardiement amp; fairenbsp;forte guerre aux deuant-dits Anglois. Et quand toutes ces compaignies furentnbsp;aflemblées enfemble, ils fe meirent par bonne ordonnance fur les champs, amp;nbsp;la veille de Noël allèrent tous enfemble deuant la ville de Fefcan : laquelle parnbsp;lemoyendufeigneur de Malleuille fut rendue audit Marefchal, moyennantnbsp;qu’ils demourroient paifibles. Et y fut commis capitaine ledit lean d’Eftoute-u-ille, amp; le lendemain de Noël allèrent deuant Monftier Villiers, qui fe renditnbsp;pareillement, amp; en fut caufe vn Gafeon qui fe nommoit lean du Puys, lequelnbsp;yeftoitdc par les Anglois. Sicommift ledit Marefchal de Bâeiixvn nommenbsp;Courbenton . Etalors venoient amp; approchoientles François de tous collez.nbsp;Et auecques ce feirent ferment audit Marefchal pluficurs nobles hommes dunbsp;pays de îslormandie. Si allèrent tous enfemble deuant Harfleur amp; I’aflaillitentnbsp;moult vaillamment, mais par force furent reboutez arriéré de ceux de dedans :nbsp;amp; y perdirent quarante hommes de leurs gens, qui y furent morts. Defquelsnbsp;furent les principaulxledit feigneur de Monllrueil-Bellay amp; lebaftard deLan-gle.Si conclurent de rechiefles aflaillir: mais ceux de la ville feirêttraiélé d euxnbsp;rendre par tel li, que bien quatre cens Anglois qui elloient dedans fen iroientnbsp;fauuement à tout leurs biens. Si en eftoit leur capitaine vn nommé Guillaumenbsp;Minors,quife départirent à tout leurs biens, Âteeux deladide ville feirent lenbsp;ferment.Et en ce mefme temps fe rendirent de la partie du Roy les villes enfui-uans:c’cft à fçauoir le Bec Crefpin,TancaruilIe,Gomuireullc, les Loges, Vale-mont,Grafuille,Longueuille,Neufuille, Lambreuille amp; plufieurs autres forte-reffes au tres petit dommage d’iceux François. Et depuis vint auec eux Artusnbsp;Comte de Richemont Conneftable de France. Auquel depuis fa venue fe rendirent Charles-Maifnil, Aumarle, S.Germain fur Cailly, Fontaines le Bourg gt;nbsp;Préaux, Blainuille amp; aucunes autres places, elquelles par tout on mettoic gar-nifon.. Si fut celle fiifon la plus grand partie du pays de Caulx.conquis. Maisnbsp;par faute de-viures il conuint que les François fe feparalTent l’vn de l’autre. Etnbsp;pource, comme dit cil, meirent leurs garnifons fur les frontières, amp; fe retrahirent les principaux capitaines hors du pays.Et furent à ces conquefles.delTufdi-éfes ledit Charles des Marets êcRicharuilIe, qui fe partirent de Dieppe amp;lcnbsp;meirent aux champs:!! trouuerent le delTufdit Marefchal,le lêigneur de Torly,nbsp;Pothon BourgongnonjBroulTart, Rlanchefort, lean d’Elloutcuille amp; plu-fieurs autres capitaines hommçs de grand façon, amp; droides gens de guerre.nbsp;Auecques lefquels amp; en icelles conquefles faifans,fallialedeirufdit Kirenniernbsp;a tout lîx mille combattans gens de communes, pour acheuer les deflufdidcsnbsp;belbngnes.

Comment

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^ENGrERR, DB UONSTKELET. CHARLES rit m

Comment la Anglaisß commencèrent k doubter des Bourgongnons^qui menoietguer^ re auec eux contre le Roy de France, amp; ne voulurentplus conuerfer en leur compagnie. Et autres matteres en briefs

Pres ce que les Anglois furent du tout acertenez amp; aflcurez du trai-ôlé fait entre le Roy Charles de France, amp; le Duc Philippe de Bour-gongne, comme deflus eft dit, ils fe commencèrent â garder amp; garnir, amp; auffi eux fortiffier contre les gens du Duc de Boutgongne, ôc pareillement comme par auant ilsfaifoicnt des François. Et nonobftantquenbsp;auecqueseux enflent eu plnfieurs communications, amitiez amp; cómpaigniesnbsp;d armeSjfi n’eurent ils de là en auant plus fiance ne repaire l’vn auecques l’autre:nbsp;jaçoit-cequeprefentementnefentrefeiflentpointde guerre ouuerte: toutef-fois iceux deux parties d’Angleterre, amp; de Bourgongne commencèrent fecret-tementàaduiler voy es amp; manières de prendre aduantage l’vn fur l’autre. Etnbsp;mefmeraent iceux Anglois tenans-les frontières de Calais, femeirenten peine de prendre la ville d’Ardre d’emblée. Et d’autre part ceux de la partie denbsp;Bourgongne vers Ponthieu, feirent le cas pareil fur la forterefle du Crotoynbsp;que tenoient les deflufdits Anglois: mais chacun (e gardoit de pres l’vn de l’autre. Pourlefquelles entreprinfes ainfi faides couuertement, les deflufdiótesnbsp;parties furent trefmal contentes l’vne de l’autre: amp; feirent chacun d’eux leursnbsp;appreftes pourgreuer amp; faire guerre l’vn à l’autre. Et pourtant la Elire qui fènbsp;tenoit à Gerberoy,aflèmbla auecques Pothon de fainde Treille amp; mcflire Régnault de Fontaines iufques à fix cens combattans ou enuiron : lefquels ils menèrent iufques afléz pres de Rouen, en intention d’entrer en icelle ville par certains moyens qu’ils y aüoient, lefquels ne peurent venir à chief de leur entre-prinfe. Et pourtant iceux capitaines amp; leurs gens qui eftoient moult trauaillez,nbsp;fen retournèrent pour eux rafrefehir envn grand village nommé Roys. Auquel lieu meflire Thomas Kiriel Sc autres plufieurs capitaines Anglois accom-paignez de mille combattans, fçaehans que les deflufdits François fe rafref-çhifloient audit village de Roys, fen vindrenLfrapper fur eux auant que de cenbsp;fait ils peuflent du tout eftreaduertiz ne montez à cheual pour euxdeffendrenbsp;amp; garantir, parquoy ils furent preftement mis en defroy.Si contendirent à euxnbsp;fauuer vers les parties, dont ils eftoient venus, finon aucuns des capitaines ennbsp;petit nombre, qui cuidoient rallier leurs gens pour cuider refifter à l’encontrenbsp;de leurs ennemis : mais en ce faifant ils furent vaincus par les deflufdits Anglois. Ety furent prins les feigneurs de Fontaines, Alain Geron, Alardin denbsp;Mouflay, lean de Bordes, Gamarde amp; plufieurs autres iufques au nombre denbsp;foixante ou plus. Si en furent morts fur la place tant feullement huiél ou dix,nbsp;amp; les autres fe fauuerent. Toutesfois la Hire fut nauré amp; fi perdit toute fà mo-ture. Etaufli gaignerentlefdits Anglois la plus grand partie des cheuauxd’i-ceux François, pource que les bois eftoient pres, amp; fe fauuerent plufieurs ànbsp;pied dedans iceux bois. Item en ce temp5»furcnt enuoyez de la partie du Roynbsp;Henry d’Angleterre certains ambafladeurs deuers l’Empereur d’Allemaigne:nbsp;lefquels en paflantparmy le pays de Brabant, furent prins amp; arreftez par lesnbsp;gens du Duc de Bourgongne. Mais depuis comme ie fuz informé amp; aduerty,nbsp;X

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U.CCCCXXXK nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;VOLUME IL DES CHRONIQUES

furent mis adcliurance, pource qii’iceluy Roy d’Angleterre amp; ledit Duc de Bourgongne n’auoient point encores cnuoyé l’vn à l’autre leurs defliances.nbsp;Item en ces meftnes têps par la diligence amp; entreprinfe de meflire lean de Ver-gy, amp;auecquesluy aucuns capitaines François furent déboutez lesAngloisnbsp;hors de deux fortes villes, qu’ils tenoient au pays de Champaigne fur les marches de Barrois, c’cftàfçauoirNogentleRoy ScMoniigny. Et pareillementnbsp;ceux de Ponthoifè rendirent leur ville es mains de mofeigneur de l’Ifle Adam,nbsp;laquelle part auant tenoient les Anglois. Et nonobftant que ledit feigneur denbsp;l’Ifle Adam nagueres eut fait guerre pour les deflufdits Anglois,amp; eut eftç Ma-refchal de France pour le Roy Henrymeantmoins dedas brief temps apres leurnbsp;feit forte guerre. Et d’autre part furent les Anglois déboutez du Bois de Vincennes amp; d’aucunes autres places, qu’ils tenoient vers l’Ifle de France.Et adoncnbsp;fe commencèrent â apparceuoir les Anglois, qui moult auoiet perdu en ce quenbsp;le Duc de Bourgongne cftoit d’eux defioinâ: amp; rallié auccques les François. Sinbsp;l’en commencèrent à auoir en grand haine luy amp; les liens, amp; en plus grande indignation que leurs anciens ennemis.

Comment le Roy Henry d'Angleterre envoyafes lettres à. ceux du pais de Hollande pour les attratre defd partie:nbsp;nbsp;nbsp;la coppie deJdiCles lettres.

N ceft an FFenry de l’EncIaftre Roy d’Angleterre enuoya des lettres feellées de fon feel aux bourgeois, maiftres amp; efcheuins,confeilliersnbsp;amp;communautczdelavilledeCerifce, affind’iceux attraireS'entretenir de fa partie contre le Duc de Bourgongne : defquelles la te

neur fenfuit. nbsp;nbsp;Henry par la grace de Dieu Roy d’Angleterre feigneur d’Ir

lande: A noz trefehiers amp; grans amis les Bourg maiftres amp; efcheuins,con-feilliers amp; communautez de la ville de Cerizée: Salut amp; continuation de vraye amour amp; affedion. Trefehiers amp; grans amis quantes ( comme dides ) amp; quelnbsp;repos apporte le fruid de naturel amour aux Royaumes,feigneuriesamp; personnes qui par longue continuation font cofederées amp; alliées enfemble, leurs faitsnbsp;amp; leurs befongnes le demonftrenc alTcz, comme bien en auez eu l’experience.nbsp;Et nous rememorans en noftre penfée les doulces amitiez, amp; confederationsnbsp;qui de grand ancienneté ont cfté continuées entre noz nobles progenitcurs ,fesnbsp;Royaumes amp; pays, amp; les Princes qui au temps pafte ont eu feigneurie en Hol-lande,Zellande amp; Frize.Moyennantlaquelle amitié, bonne paix amp;vnion,trâ-quilité,fcurté, de marchandife, amoureufe continuation, prouffitable confer-uation de loyauté amp; de foy ont efté gardées d’vncofté amp; d’autre au reboute-ment de toutes diuifions, haines, débats amp; enuies, qui font toufiours occafîonnbsp;de perturber amp; peruertir toute bonne police amp; feurté humaine, délirant pournbsp;ce de tout noftre cueur icelles eftre continuées. Etenfuiuant les traces de noznbsp;prcdecefTeurs, qui tant par lignaigne amp; affinité de fang comme par loyal-le confederation amp; alliance qu’ils ont eu auecques les delfufdits Princes dunbsp;pays de Zelande, ont efté continuées en fi grand amour les vns auecques lesnbsp;autres: comme de prendre amp; porter parles deflufdits Princes noftre honno-rablc ordre delà larreteries auecques Empereurs,Roys amp; autres Princesamp; fèi-gneurs iceluy portans ordre pour noftre amour. Auons prins iufte occafîon denbsp;vous


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D’ENGf^ERR. RE MONSTRELET. CHARLES Eli. 12.2. vous efcrire prefentement l’afFeólion que nous auons.d’cntretenir,amp; continuernbsp;Jefdióles confederations amp; araitiez qui pieça ont eu commencement, commenbsp;dit eft. A quoy de noftre part auons amp; lommes bien enclins amp; difpofez, elH-mansque quelconque nouuelle confederation n’eft à preferer à ancienneté,nbsp;côme chofe plus honnorable amp; proffitable«a entretenir. Mais toutesfois pour-ce que franchement (oubs vmbre de couleur de terme de paix, aucunes nou-uelletez amp; mutations ont efté faiétes en noftre Royaume de France au grandnbsp;preiudice de nous amp; de nollre eftat, honneur amp; feigneurie : en enfraignant lanbsp;paix generalle de noz deux Royaumes tant fidellement faide, promiîè amp;iu-réc par feuz detrefhoble mémoire noz trefehiers fèigneurs pere amp; ayeul lesnbsp;Roys Henry amp; Charles dernièrement trefpalTeZjaulquels Dieu pardoint:amp; lesnbsp;plus grans de leur fang amp; lignaige ôc eftats defdits Royaumes, comme tenonsnbsp;vous auoir en memoire.En laquelle caufe plufieurs rumeurs amp; nouuelles courent en diuers lieux, comme on dit qu’aucuns pays (èdifpofent en rompturesnbsp;de confederations amp; alliances que nous auons eiies auec eux : defquelles n’entendons que caufe n’auons d’entendre n’imaginer que ibient. Neatmoins pournbsp;vollre confolation amp; aduertilTement, nous voudrios bien fçauoir en celle mattiere vollre bonne voulencé,pareillement que vous failons Içauoir la nollre.Etnbsp;pource nous vous prions treQlFeôlueufemcnt amp; decueur, vous failons Içauoirnbsp;nollreinclination amp; delir pour l’entretenement de bonne amitié d’entre noznbsp;fubieds amp; vous: femblablement nous vueillez de vollre intention fur ces cho-fes plainement amp; entièrement rendre certaines relponces par le porteur de celles, qu’enuoyons par deuers vous pour celle caufe:ou par autres de voz melTa-giers fi les voulez enuoyer par deuers nous, en nous certifiât au furplus de toutes choies honnorables amp; aggreablcs à vous,amp; nous y ferons entendre tresvounbsp;lenders amp; de bon cueur.Tielchiers amp; grans amis le S.Elprit vous ait en là ßin-de garde. Donné foubs nollre Icel priué en nollre Palais de Vvellmonllicr lenbsp;quatorziefme iour de Décembre,l’an de grace mille quatre cens trente cinq. Etnbsp;de nollre regne le quatorziefme : amp; la fubfcription eftoit. A noz trefehiers amp;:nbsp;grans amis les Bourg-maillres, efeheuins, confeilliers amp; communautez de lanbsp;ville de Cerifée. Lefquelles lettres recedes par les deirufdits,fans faire relponcenbsp;au melTagier qui les apporta, linon qu’ils fe confeilleroient furie contenu d’i-celles,les enuoycrent deuers le Duc de Bourgongne amp; fon conlèil. Lequel futnbsp;irefmal content des maniérés qu’iceux Anglois tenoient vers luynbsp;nbsp;fes pays,tat

en ce comme en autres befongnes,

Comment apra U paix A Ar rai le Rue de Bourgongne conclud defaire nbsp;nbsp;mener guerre aux An^où.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*

Vrant le temps que les belbngnes delTuldicles le corn mécerent fort à enfeloner amp; animer entre les deux parties d’Angleterre amp; de Bourgongne,comme dit eft:fut aduifé par ledit Duc amp; aucuns de fes fea-blcs confeilliers, qu’il feroit bofi de trouuer maniéré fecrette qu’i-

cellcsdeux parties ne feilTent point de guerre l’vn contre l’autre: amp;que leurs gens, pays, ai|jiis amp; alliez dcmouralTent paifibles amp; comme neutres. Et affin de a ce pourueoir, fut mandé deuers le Duc delTufdit melfire lean denbsp;X ij


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M.CCCCXXXK nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLPME II. DES CHKONIQ^ES

Luxembourg Comte de Leigny, qui point encores n’auoit fait de ferment au Roy Charles de France.Lequel à la rcquefte d’iceluy Duc fe chargea d’en efcri-re à l’Archeuefque de Roüen fon frere : lequel eftoit vn des principaux confcil-liers du Roy Henry d’Angleterre, amp; fon Chancellier fur la marche de France:nbsp;amp; adoncques fut icelle befongne mife en confeil.Et qui plus eft, iceluy Arche-uefque enuoyaen Angleterre deuersle Roy Henry amp; les fïens. Sifutaduifenbsp;pour mieux faire que laiiïer, qu’il feroit bon qu’icelles deux parties demouraPnbsp;lent en bonne vnion l’vn auec l’autre quant au fait de la guerre. Et pourtant lanbsp;refponcc ouÿe fut efCript audit meflire lean de Luxembourg par fon frere, quenbsp;farequefte feroit mife â effeól :amp; que bonne feuretéfe hailleroitde la partienbsp;des Anglois de non faire quelque entreprinfc fur le deffufdit Duc de Bourgon-gncjfes pays amp; fubieds, moyennant qu’il feroit pareillement à la partie duditnbsp;Roy Henry d’Angleterre . Et lors brief enfuiuantque ledit Comte de Leignynbsp;eut receu par efeript icelle refponce,il l’enuoya deuers iceluy Duc de Bourgon-gne, en faifant fçauoir à luy par iceux f’il feroit content de procéder outre : lequel ftit faire rcfponce par la bouche de l’Euefquede Tournay,quenon :carnbsp;n’agueres amp; denouuel les deïTufdits Anglois auoient fait contre luy amp; fes fub-iedsde trop grandes derihons, en diffamant en plufîeurs lieux fà perfonncôCnbsp;fOn honneur:auoient aufli rué ius de quatre à cinq cens combattans de fes gensnbsp;fur les marches de Flandres.Et aufli d’autre part,comme dit cft aillcurs,auoientnbsp;voulu prendre d’emblée la ville d’Ardre. Et cefle chofè auoient cogneu amp; con-fefle quatre de leur party,qui pour celle caufe en icelle ville d’Ardre auoient eunbsp;les haftereaux couppez. Et fi auoient fait plufieurs autres entreprinfès, Icfquel-les ils ne peurent bonnement paffer foubs diflimulation. Apres laquelle refpon-ce en cefte maniéré faide par ledit Euefquc de Tournay aux gens dudit meflîrenbsp;lean de Luxembourg Comte de Leigny, requirent audit Duc de Bourgongnenbsp;qu’il luy plcuft fur ce eferire fes lettres à leur feigneur amp; maiftre,Iequel leur accorda amp; figna de fà main:depuis lefquelles lettres enuoy ées par la maniéré de-üantdiâ:e,ledit Duc de Bourgongne fut fort amp; par plufieurs fois inftruit amp; en-horté par aucuns de fon cofeilàluy preparer amp; faire fès appreftes à mener guetnbsp;re contre lefdits Anglois pour garder fon honneur. Et tant que afl'ez brief en-fuiuantilfeitcfcrircamp; enuoya fes lettres au Royaume d'Angleterre deuers lenbsp;Roy Henry : en luy fignifiant amp; recitant les entreprinfes, qui auoient efté fai-ófes de fa partie depuis la paix d’Arras à l’encontre de luy,dc fes gens amp; fubieds;nbsp;lefquelles fembloient eftre à luy amp; aux fiens tant eftranges,griefues amp; preiudi-ciables que pour fon honneur amp; luy mettre en deuoir, ne deuoient plus eftrenbsp;teuesnedifliniulécs. Difant en outre que fiUeneftoit fait aucune chofede fànbsp;part,nul n’en deuroit auoir merueilles ne donner charge à luy ne aux fiens : carnbsp;âffez amp;trop luy eneftoit donnée occafion amp; caufe raifonnable, dont moultnbsp;luy dcfplaifoir.

A D O N G Qjv E s les deflufdides lettres du Duc de Bourgongne receües amp; Icües par le deffufdit Roy d’Angleteî re amp; fon confeil, ils furent tous acerteneznbsp;d’attendre amp; auoir la guerre au deffufdit Duc de Bourgongne. Et fur ce furentnbsp;garnies amp; fournies toutes les fortereffes de Boulonnois,du Crotoy amp; autresnbsp;lieux à l’enuiron à l’encontre de fes pays preftes pour attendre toutes auanturcs

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D'ENGEERR. de 'MOJlt;ISTKELET. CHARLES Ell. 1x3 qui pourroient aduenir. Et pareillement feit le defliifdit Duc de Bourgongnenbsp;garnie les fiennes. Et adoneques le Roy d’Angleterre enuoya fes lettres es marches de France amp;en aucunes bonnes villes,affin qu’on fceulè la vérité de la querelle que le Duc de Bourgongne prenoit contre luydefquelles en fubftace con-tenoient excufàtions des charges qu’iceluy Duc amp; les liens vouloient donnernbsp;furluy:amp; fur les gens des entreprinfes defluldiétes.Entre lelquelles'remonftra*-ces recitoit les lettres qu’il auoit eferiptes en Hollande, non point pour induirenbsp;les habitans à nul mal. Et aufli des alliances qu’il auoit voulu amp; vouloir faire a-uecques l’Empereur d’Allemaigne,elloit en là franchilè de ce faire, amp; du mandement fccret qu’il failbit en Angleterre pour greuer ledit Duc : comment il a-uoit efeript, eftoit li fecret que par toute Angleterre eftoit commune voix. Etnbsp;ne le vouloir point celer, pource qu’il pourroit faire alTembler gens pour employ er où bon luyfembleroit. Difant outre par icelles, que lefdi«5les chargesnbsp;qu’on lu y auoit voulu bailler,eftoit fans caufe:comme ils pouoient plainementnbsp;apparoir, parles œuures qu’auoient fait contre luy amp;fes fubiedsle deffiufditnbsp;Duc de Bourgongne amp; ceux de là partie.Laquelle charge au plaifir de Dieu re-tourneroit, dont elle eftoit venue.

Comment le Duc de Bourgongne auec aucuns de fes priue':!^confeilliers fe conclud d'aller aßieger amp; conq^uerre la ville de Calais.

Tem aflez brief enfuiuant, apres que le Duc de Bourgongne eut efeript lès letthèS (comme dit eft defliis ) au Roy d’Angleterre conte-nans les cntreprinlès faibles contre luy amp; lès fubiebls par ledit Roy amp; les liens : voyant les belbngncs en ce point, que pour venir luynbsp;fes pays en guerre contre les Anglois,tint par plulîeurs fois de grans conlèils affin de fçauoir comment amp; par quelle maniéré il pourroit conduire fon fait : eC-quels furent plulîeurs diuerlès opinions mifes en auant. Et vouloient les aucuns que ledit Duc de Bourgongne commençait la guerre : amp; qu’il aftèmblaftnbsp;làpuiftàncedetousfes pays pour refifter contre lefdits Anglois amp; conquerrenbsp;la ville de Calais,qui eftoit de fon propre heritage.Les autres eftoient d’autre o-pinion:car en iceluy cas penlbient amp; contrepenfoient moult le commêcemenr,nbsp;entretenement amp; fin d’icelle guerre: difant que les Anglois eftoient moult presnbsp;deplulîeurs des pays du defluldit Duc, amp; y pourroient bien entrer àleur auan-tage quand bon leur lembleroit. Et ne fçauoit quelle ayde il pourroit trouuernbsp;au Roy Charles Ibn feigneur, amp; en fes Princes à qui il feftoit r’allié faucunenbsp;mauuailè fortune luy aduenoit.Toutesfois quand tout eut efté débattu par plunbsp;fieursiournéesjla conclulîonfut prinlèque ledeflufdit Dueferoit guerre ôcnbsp;requerroit en ayde ceux de lès pays de Flandres, de Hollande amp; d’autres lieuxnbsp;pour luy ayder à conquerre la deftuldibfe ville de Calais, amp; la Comté de Guy-nes.Si eftoient les principaux de ladible conclulîon de faire guerre,maiftre leannbsp;Cheurot Euefque de Tournay,Ie feigneur de Croy, maiftre lean de Croÿ, Ibnnbsp;frere, mellîre lean de Homes quieftoit ^enefchalde Brabant, le feigneur denbsp;Chargny,le lèigneur de Creuecueur, lean de Briraeu Baillif d’Amiens amp; autresnbsp;plulîeurs. Aufquels confeils ne furent point appeliez plufieurs autres grans fei-gneurs,qui continuellement auoient feruyamp; loubftenu grand partie de la guer-X iij

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MXCCCXXXK nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLVlME IL DES CHRONIQUES

re auecquesledit Duc de durant fon regne contre tousfesaduerfaires. Cellâ fçauoirnieirireleande Luxembourg, lefcigneur d’Antoing,le Vidame d’Amiens,le Baftard de fainôl Pol,le feigneur de Saueufes, Hues de Launoy,le fei-gneur de Mailly amp; moult d’autres nobles amp;: puiflans hommes tant des pays denbsp;Picardie comme d’autres eftans en la puiffance dudit Duc : pourquoy illcurnbsp;fembloit qu’ils n’eftoient point tant tenus d’eux amp; leur puiflance employer aunbsp;fait de ladide guerre, comme fils euflentefté appeliez. Neantmoins apres lanbsp;conclufion deflufdiôle ledit Duc alla en fa ville de Gand. Auquel lieu il feit af-fembier en la chambre des collations les Efcheuins amp; les Doyens des meftiersnbsp;d’icelle ville. Aufquels luy eftant prefcnt il feit remonftrer par maiftrc Gouffe-nin le fauuage vn de fes confcilliers de fon chaftel de Gand,comment la ville denbsp;Calais appartenoit jadis à fès predeceffeurszamp;qu’elle efloit de fon droit domaine amp; heritage à caufe de fa Comté d’Arthois, jaçoit ce que les Anglois l’auoiêtnbsp;de long temps occupée par force amp; contre fon droincomme de ce ils pouoientnbsp;affez véritablement eftre informez, tant par ce qu’autresfois leur auoit fait remonftrer par meflire Collart de Communes fouuerain Baillif de Fladrcs,comme par autres fes confeilliers amp; fertiiceurs. Et auflî auoient lefdits Anglois depuis la paix Arras fait plufieurs entreprinfes contre luy, amp; fes pays amp; fubieéts,nbsp;dont il eftoit moult defplaifant : amp; mcfmement auoient en diuers lieux eferiptnbsp;amp; proclamé de trefgrans iniures amp; diffames contre fa perfonne:pourquoy il a-uoit caufe bonnement fauué fon honneur, de non pjpsfbufffir nediffimulernbsp;contre iceux Anglois,Et pource leur fàifoit requefte amp; priere trefînftamment,nbsp;qu’ils luy voulfîflent ayder à reconquerre icelle ville de Calais:laquelle(commenbsp;difoit ledit maiftre Gouflenin) eftoit moult preiudiciable à toute la Comté denbsp;Flandres;pource que les laines,eftaing,plomb, formaiges amp; autres marchandi-fes que ceux de Flandres y acheptoient, on ne pouoit payer de quelque mon-noye tant fut debonaloy a leurplaifir: amp; leurconuenoitbailleror ou argentnbsp;fondu amp; affiné, ce que point ne faifbient les autres pays, amp; ce relatèrent eftrenbsp;vray lefdits doyens des meftiers. Apres Icfquelles remonftrances faieftes bien aunbsp;longjgrand partie defdits efcheuins amp; doyês deladiôle ville de Gand fins prendre deliberation de confeil ne iourd’aduis pour parler aux autres membres denbsp;Flandres,fe confentirent à la guerre:amp; ne pouoient eftre ouÿs aucuns feigneursnbsp;amp; gens fagcsamp; anciens qui eftoient de contraire opinion. Et qui plus eft quandnbsp;les nouuelles en furent efpandues par les autres villesamp;: pays de Flandres,furcntnbsp;tous voulentarieux à celle befongne:amp; tardoit moult àîa plufgrand partie quenbsp;on y procedoit fi lentement : amp; eftoient trop mallement defirans de monftrernbsp;comment ils eftoient bien armez amp; pourueuj d’engins, amp; autres habillemensnbsp;deguerre.Si procédèrent en ce arrogamment amp; pompeufement, amp; pour vraynbsp;il leur fembloit que ladide ville de Calais n’auroit point de durée contre eux.nbsp;Et depuis ce iour en auant commêcerent à eux pourueoir de toutes bcfbngncsnbsp;feruans a la guerre. Et pareillement feit ledit Duc de Bourgongne faire requefte aux autres membres amp; chaftclleifîcs de fa Comté de Flandres, d auoir aydenbsp;amp; fecoursdefquels luy accordèrent liberallement. Et d’autre part iceluy Ducnbsp;fen alla en Hollande amp; feit requefte à ceux du pays que aufli ils luy feiffent ayde de gens amp; de nauires, pour aller audit lieu de Calais. Lefquels luy accordèrent

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I)'EN G y ERR. DE lAON STRELET CHARLES RU. 114 rent grand partie defdiôles requeftes. Et apres fen retourna amp; feit par tous fesnbsp;pays faire grandes preparations de guerre contre lefdits Anglois, en intentionnbsp;de reconquerre ladide ville de Calais. Item apres ce que les befongnes delTuf-dides eurent elle longuement démenées, comme dit eft, entre les Anglois Scnbsp;Bourgongnons: amp; que chacun d’icelles parties fe gardoit l’vn de l’autre,amp; défianbsp;auoient fait de chacune partie aucunes entreprinfès : lors le Duc de Bourgognenbsp;enuoyadefes pays de Picardie le leigneurde Ternant,meflire Simon de La-laing amp; autres de fes capitaines à tout fix cens combattans a Ponthoife à l’aydcnbsp;du feigneur de l’Ifle-Adam, pour luy ayder à garder la frontière contre lefditsnbsp;Anglois : lefquels menoient forte guerre à icelle ville de Ponthoife, pourtantnbsp;que le feigneur de rifle-Adam l’auoit n’agueres prinfe fur eux. Auec lefquels fenbsp;affcmbloient treffouuentles François amp; contendoient tresfort à reconquerrenbsp;la ville de Paris pour la partie defdits François. Durant lequel temps la femmenbsp;du Roy Charles accoucha d’vn fils,lequel le deffufdit Roy feit leuer au nom dunbsp;Duc de Bourgongneamp;: fut nommé Philippe. Si le tint fur les fons pour leditnbsp;Duc Charles de Bourbon, amp; auecques luy Charles d’Anjou frere de la Royne.nbsp;Et apres qu’il futbaptizéenuoyale Roy fes lettres par vn pourfùiuantdeuersnbsp;ledit Duc, par lefquelles il luy fignifioit ce que deffus ett declairéæn luy requérant que ce qu’il en auoit fait il le voulfift auoir pour aggrcable: lequel Duc futnbsp;d’icelles nouuelles trefioyeux amp; donna audit pourfuiuant de trefriches donsnbsp;comme Prince. Et entre-temps ledit Duc faifoit par tous fes pays de grans re-quelles à fes fubieôls pour auoir ayde de gens amp; de finance contre les Anglois.

De Can mille cccc.xxxG].

Comment la 'ville de Paris fut reduiCîe en Cobeïjfance du Roy Charles de France.

V commencement de cell an fafTemblerent le Comte de Richemot Conneflable de France, le Ballard d’Orleans, les feigneurs de la Roche,de l’Ifle-Adam, de Ternant amp; auec eux melTire Simo de Lalaingnbsp;amp; SaulTe fon frere, amp; pluficurs autres capitaines François amp; Bour

gongnons accompaignez de cinq a fix mille combattans ou enuiron : lefquels eux partans de Ponthoile vindrent deuers Paris, elperans d’y entrer par fubtilsnbsp;moyens,que y auoit le feigneur de l’Ifle-Adam amp; autres fauorifans la partie denbsp;Bourgongne. Si furent illec de quatre à cinq heures. Et apres voyans qu’ils nenbsp;pouoient venir à leur intention, fe logèrent à Hauberuilliers,Montmartrenbsp;autres lieux à l’enuiron. Et le lendemain alfaillirent la ville de S. Denys, où il ynbsp;auoit de quatre à cinq cens Anglois qui furent prins de force :amp; en y eut denbsp;morts enuiron deux cens, amp; les autres fe retrahirent en l’Abbaye à l’entour dunbsp;Velin: lefquels Anglois furent affiegez,mais ils fe rendirent fauuc leurs vies,re-feruez aucuns du pays qui demourerent à voulenté.Et le lendemain qu'il efloitnbsp;icudy meffire Thomas de Beaumont, lequel nouuellement efloit venu à Parisnbsp;à tout fix cens Anglois qu’il auoit amenez de Normandie,alla dudit lieu de Paris à iceux vers ladiéle ville de S. Denys poff r fçauoir amp; enquerre de l’eflat desnbsp;François defquels il fut apperceu:amp; faillirent hors à grand puifTance contre luy-Si furent afiez toll misa grand mefehef amp; tournez à defeonfiture. Eten de-mourrade morts en la place bien trois cens amp; quatre vingis prifonniers : def-X iiy


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M.CCCCXXXn. rOLy^AE 11, DES CHRONlQ^^ES quels fut l’vn ledit melïîre Thomas, amp; les autres fe fauuerent en fuyant à Paris,nbsp;amp; furent chafleziufques aux portes delavillc.Etadoncles Parifiês quicftoientnbsp;moult fauorablcs au Duc de Bourgongne:c’eft à fçauoir le quartier des Halles,nbsp;aucuns de l’Vniuerfité,Michàult Taillieramp;: plufieurs autres notables bourgeoisnbsp;de PariSjCUx voyans la perte qu’auoient fiiôle les Anglois amp; la puilTance qu’a-uoient les François amp; Bourgongnons auprès d’eux,fe meirent enfemble par di-uerfcs compagnies, amp; conclurent l’vn auec l’autre de bouter les Anglois horsnbsp;de leur ville amp; y mettre les François amp; Bourgongnons deflufdits. Si le feirentnbsp;fçauoirau feigneur de l’Ifle-Adam,affin qu’il y menaft les autres.Lequel nonçanbsp;ces nouuelles au Conneftable de France, amp; aux autres feigneurs : lefquels tousnbsp;enfemble fe conclurent d’y allcr,amp; fe partirent de S.Denys en belle ordonnance le vendredy trefmatin. Et entre-temps Loÿsde Luxembourg Euefquedenbsp;'' Thcroüenne,les Eueiques de Lifieux 6^ de Meaux,le feigneur de Villeby amp;: plunbsp;heurs autres tenansle party des Anglois, doubtans ce qui Ieuraduint:c’eflanbsp;fçauoir que le commun ne fe tournaft contre eux, feirent loger leurs gens en lanbsp;rue S. Anthoine auprès de la Baftille.Et feirent ladiôle Baflille bien garnir de vinbsp;ures amp; de plufieurs habillemens de guerre. Et auec ce fe tindrent leurs gens armez amp; fur leur garde pour eux y retraire fe befoing leur en efloit. Et les defTuhnbsp;dits François amp; Bourgongnons venus deuant ladide ville de Paris vers la porte fainôl laques outre l’eaüe vers Montlehery, enuoyerent le feigneur de rifle-Adam parlementer a ceux des murs : lequel leur monftravne abolition gene-ralle de par le Roy Charles de France, fèellée de fon grand feel, en les admon-ncllant trefinftamment qu’ils fè voulfifTent réduire en l’obeïfTance du deffufditnbsp;Roy Charles à l’inftance amp; faueur du Duc de Bourgongne, qui fefloit reconcilié auec luy:duquel ils auoient fi bien tenu le party, amp; encores demourroientnbsp;foubs fon gouuernement; lefquels Parifiens oyans les douces parolles amp; offresnbsp;que leur faifoit ledit feigneur de l’Ifle-Adam amp; autres de fà partie, fenclinerentnbsp;amp;: conclurent alTez brief enfuiuant l’vn auecques l’autre de mettre les delfufditsnbsp;feigneurs en leur ville.

Alors fans delay furent dreffées efchelles contre la muraille:par lefquelles iceluy feigneur de l’Ifle-Adam monta amp; entra en ladiâe ville^ôc auec luy le baftard d’Orléans amp; grand foifon de leurs gens. Auecques lefquels falTcmble-rent tantoft grand foifon de Bourgongnonsôe grand foifon du commun d’iccl-le cité-.qui tantoft commencèrent à crier parmy ladiôle ville : la paix: ^iueleKoynbsp;C:* le Duc de Bourgongne. Et tantoft apres feirent ouurir les portes, par lefquellesnbsp;entrèrent dedans ledit Conneftable amp; autres feigneurs à tout leurs gês d’armes,nbsp;qui fe retrahirent vers la Baftille faincl Anthoine, où eftoient les Anglois : c’eftnbsp;à fçauoir les dcffufdits Euefques amp; feigncurs,qui défia fe retrayoient dedans ladite Baftille : amp; cuidoient aucunement refifter, mais ce fut peine perdue : carnbsp;leurs aduerfaircs eftoient trop puiflàns au regard d’eux:parquoy ils furent afTeznbsp;toft reboutez en icelle, amp; en y eut de morts amp; prins en petit nombre. Et apresnbsp;furent faiéfes barrières au deuant dl la porte de la Baftille de cartiers de bois.Etnbsp;fe logèrent gens d’armes aux Tournelles amp; autres logis au plus pres, affin qu’i-ceux Anglois ne peuffent faillir dehors. Et lors tous leurs biens qu’ils auoientnbsp;laiffez, furent prins amp; partis, amp; auffi plufieurs des principaux qui auoient tenu

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D'EN Gl/ERR. DE IMONSTRELET CHARLES m. leur party, furent mis prifonniers amp; leurs biens confifquez. Et auecques ce denbsp;par le Roy Chailes y furent fais nouueaux officiers.En apres l’Euefq-ue deThe-roüenne, lefèigneur de Villeby amp; leurs complices eftans en ladicleBaftilIe,eurent parlement auec les Françoisdequel parlement par le moyen du fèigneur denbsp;Ternant amp; de mefEre Simon de Lalaing, vint à conclufion par tel fi qu’en rendant ladidc Baftillcjils fen iroient fàuf leurs corps amp; leurs biens.Si eurent fàuf-conduitdu Conncftablede France,foubs lequel ils fen allèrent à Rouen parnbsp;eaüe amp; par terre. Et à leur departement feirentlefdits Parifiens grand huée ennbsp;criàTiT^âUqffeüe. Et par ainfi demoura ladiôle ville de Paris en l’obeïfTance dunbsp;Roy Charles.Et iflirent iceux Anglois par la porte des champs, amp;: allèrent parnbsp;autour monter fur l’eaüe derriere le Louure.Si perdit ledit EuefquedeTlie-roüennc fa chappelle qui eftoit moult riche,amp; grand partie de fes ioyaux,amp; autres bonnes bagues qui dernourerent audit Conncftable. Toutesfois il fut aucunement fauorifé dudit feigneur de Ternant amp; de mefEre Simon de Lalaing:nbsp;ôcluyfut fecrettement rendue aucune partie de fes biens, qui eftoientaual lanbsp;ville,à l’entrée de laquelle fut defployéc la bannière du Duc de Bourgongne amp;:nbsp;fon eftandartjpour à voulenter lefdits Parifiens à eux tourner de ce party. Et finbsp;y furent faits cheualiers nouueaux de parle ConncftabledefTus nommé desnbsp;marches de Picardie, SaufTe de Lalaing, amp; Robert de Neufuilleauccques aucuns autres delà partie des François. Apres laquelle entrée dernourerent dedans icelle ville grand efpace de temps ledit Conncftable, amp; auec luy ledit feigneur dcTernant qui lors fut fait Preuoft de Paris.Et le defEifdit mefEre SaufTenbsp;de Lalaing amp; les autres corne le Baftard d’Orléans, amp; les autres Picards retournèrent és lieux dont ils eftoient venus.

Comment Artus Comte de Richemont Connejlahle de France feit guerre au Damoifeau de Commercy.

N ceft an le Comte de Richemont Conncftable de France atout grand compagnie de gens d’armes, vint au pays de Champaigne ôcnbsp;és marches d’enuiron pour guerroyer le Damoifèau de Commercy,nbsp;amp; les autres qui eftoient defobcïlTans au Roy Charles de France amp;

moult trauailloientfes pays. Eta fà premiere venue print Laonnoisà quatre lieücs près de Reims, amp; de là alla deuant Braine appartenant au feigneur denbsp;Commercy : mais pource qu’elle eftoit trop forte amp; bien garnie amp; qu’il s ne vounbsp;loient point obcïr,il pafTa outre amp; fen alla à fàinét Menehoult que tenoit FTen-ry de la Tour, lequel il en débouta par certains traiélez faits entre les parties:nbsp;auquel lieu vint deuers le Coneftable le Damoifèau Euerard de la Marche, quinbsp;auec luy feit appoinéhement pour auoir fes gens amp; mettre le fiege deuant Cha-uenfy:fi bailla ledit Conncftable plufieurs de fes capitaines auec leurs gens audit Damoifèau Euerard,qui allèrent afEeger ladiôte ville de Chauenfy enuironnbsp;huiôl iours apres Pafques. Et Là feirent vne grande amp; forte Baftille, où fe logèrent enuiron quatre cens combattans auec^rand nombre de comunes de bonnes villes amp; du plat pays,qui alloient amp; venoient.Entrelefquels y eftoit le lieutenant du Conncftable qu’on noramoit lean de Malairait,amp;meffire lean Geoffroy de Conurant,amp; le Preuoft des MarefehauxTriftan l’Hermite.Et fi y eftoit


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M.CCCCXXXEI. yOLrXli: II. DES CHRONloyES

Pierre d’Orgy,Yu on du PuysJ’Arragon, Eflienne, Ie grand Pierre amp; plufieurs autres notables hommes, qui là furent bien quatre mois ou plus, faifant moultnbsp;forte guerre aux affiegez: lefquels aufli fe dépendirent trefprudentement. Durant lequel temps vne partie des affiegeans fc tindrent aux champs, fur intention de faire dommage en autre maniéré au dePufdit Damoifeau de Commer-cy,lequel fe tenoit toufiours fur (à garde amp; bien garny degens d’armes.Et feeutnbsp;par fes efpies,que fes aduerlaires eftoient logez au pays de Champaigne en vnenbsp;ville nommée Rommaigne. Et auant qu’ils fen apperceuPent aucunement, lesnbsp;aPaillit enuiron huiét heures au matin, amp;ains qu’ils fen donnaPent garde lesnbsp;rua ius amp; deftrouPa du tout.Si y furent morts enuiron foixante hommes:entrenbsp;lefquels le furent Alain Geron Baillif de Senlis, GeoProy de Morillon, Pierrenbsp;d’Orgy, Alain de la Roche, Oliuier de la louPe, le Baftard de ville Blanche amp;nbsp;plufieurs autres Gentils-homes.Et fi en furent prins prifonniers bien fix vingts,nbsp;donteneftoievn Blanchelaine: apres laquelle deftrouPe ledit Damoifeau denbsp;Commercy le retrahic. Et apres quand les nouuelles en furent portées au fiegenbsp;de Chauenfy, ils én furent fort efinerueillez. Neantmoins ledit Euerard de lanbsp;Marche fe rallia de rechefaucc le Comte de Vernembourg, qui en perfonne amp;nbsp;deux de fes fils auecques luy amp; de quatre à cinq cens combattans alla audit fiege.Et y mena mellire Hugues Tauxte, melïîre Hérault de Gourgines gouuer-neurs Dainuiller, les enfans de BrouPet amp; plufieurs autres grans lèigncurs, quinbsp;au fiege fe tindrent iufques à la nuiól de làinél lean Baptifte, que les affiegez li-urcrent vne moult forte efcarmoucheamp; boutèrent le feu aux logis des affiegeans : parquoy les meirent en defroy,amp; en occirent de deux à trois cens’.enirenbsp;lefquels y furent morts EPienne DieP amp; l’Arragon : amp; à l’autre des efearmou-ches y fut mort l’vn des fils du Comte de Vernembourg : amp; pareillement le feunbsp;fut bouté par fufées dedans la grand Baftille.Parquoy lefdits affiegeans à grandnbsp;perte amp; dommage fedellogerentdu tout apres que leurs logis furent du toutnbsp;ars amp; bruys,comme dePus eP dit. Et ePoient dedans Chauenfy durant le fiegenbsp;deuantdit de par ledit feigneur de Commercy, Angillebert de Dolle amp; Girardnbsp;de Marefeoup à tout enuiron deux cens combattans. Si auoit ce temps pendantnbsp;le dePufdit ConnePablede France mis en l’obeïPancedu Roy Charles Nan-tueil en la montaigne de Reims, Han en Champaigne,Bourg amp; aucunes autresnbsp;forterePes de fa venue.

Comment l'Euefque du Liege 0* fes Liégeois deßroufferent Boufßeuure plußcws autres forterefes^ qui leur faifoient guerre.

L’iPue du mois d’Auril fe meit fus • moult grand puiPance l’Euefque de Liege, pour aller combattre amp; mettre en fon obeïPance plufieursnbsp;I forterePes fur la Marche d’Ardaine : lefquelles ePoient garnies d’aucuns facquemens,qui trePouuent alloient courre au pays de Liege amp;nbsp;y faifoient moult de dommage ; defquels ePoient les principaux conducteursnbsp;amp; qui les fouPenoient lean de Beaffi‘ain,Philippot de Sergins,le feigneur d’Or-chemont amp; aucuns autres qui fc retrayoient communemêt au chaPel de Boufinbsp;fenoch au hault chaPellet,à Villers deuant MouPon,à Aubigny,à Orchemont,nbsp;à Beaurain amp;en plufieurs autres forterePes à l’enuironzôc fe renommoient tref-fouuent

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J)'ENG TERR. DE ^iONSTRELET CHARLES ni. ii6 fouuent les aucuns du Roy ,amp; les autres du Due de Bourgongne, amp; la plusnbsp;grand partie de meffirc lean de Luxembourg ComtedeLeigny. EtlesdefFuf-dits: cell: â fcauoir lean de Beaurain, amp; Philippot de Sanguin faifoient guerrenbsp;en leur nom pour aucuns interefls, qu’ils difoient auoir au leruice defdits Lie-gcois.Si aflembla ledit Euefque de deux à trois mille cheuaux par l’ayde des nonbsp;biesde fes pays, amp; bien douze ou feize mille hommes de fes communes tref-bien habillez amp; embaffonnez chacun felon fbn ellat, auecques de trois â quatre mille que chariots que charrettes chargées d’engins,artilleries,viures amp; autres habillemens de guerre :lefquelspartans de la cité de Liege les conduiiitànbsp;Dignant,amp; de là les mena paffer la riuiere de meuze.Et puis parmy les bois quinbsp;duroient bien cinq lieües, allèrent à Rigniues ,oùils feiournerentpar l’efpacenbsp;de deux iours, pource que ledit Charroy cheminoità grand peine amp;peiàm-ment pour les chemins qui eftoient effondrez. Auquel lieu de Rigniues à fonnbsp;partement deuifà fon oft,amp; feit mettre en quatre batailles. C’eft à fçauoir deuxnbsp;batailles à pied amp; deux à cheual:amp; alla ledit Euefque tout au long defdiébes batailles les admonneftant de chacun bien faire fon deuoir.Si feitpariir vne pâmenbsp;de fes gens à cheual,qui allèrent loger deuat ledit chaftel de Bouffenoch:amp;il lesnbsp;luiuit à tout ceux de pied,amp; les feit affîeger tout entour amp; afufter les bobardes,nbsp;amp;dreffer fes engins contre la porte. amp; muraille du deffufdit fort : dedans lequelnbsp;furent enuiron vingt faquemens qui moult furent elbahis de veoir fi grad puif-lance deuant leurs yeux.Et adoneques les deffufdits Liégeois meirent la main ànbsp;l’œuure amp; vuiderent grand partie de l’eaüe des foffez par tranchiz qu’ils feirenr.nbsp;Et les autres apportèrent vne grand motioye de fagots, pour icelles foffes rem-plirzpuis commencèrent à affaillir terriblement amp; par grand vigueur,amp;tant fei-rent qu’ils prindrent le boulleuert de ladiôte fortereffe d’affâult.Et les deffendas-fe retrahirent en vne greffe tour qui effoit là, amp; fe deffendirent vne grad efpacenbsp;de temps’.mais ce rien ne valutxar ils furent tatoft oppreffez de feu amp; de traiéf,nbsp;tant qu’ils fe rendirent à la voulêté dudit Euefque: lequel les feit tous pêdre parnbsp;les haftereaux aux arbres eftâs pres ladide fortereffe par vn prebftre, qui effoitnbsp;auecques eux comme leur capitaine:lcquel preffre apres qu’il eut pendu fes co-pagnons fut lié à vn arbre amp; bruflé,amp; ladide fortereffe fut démolie amp; rafée. Etnbsp;le partit de là iceluy Euelque.Et mena fes gens vers le hault chaffellet,defquelsnbsp;il y 3 uoit grand partie de fes gens,qui vouloient aller deuant Hyreçonamp; autresnbsp;fortereffes de meffire lean de Luxembourg : pourtant qu’ils difoient qu’il fou-ftenoit en fefdides fortereffes leurs ennemis qui leur faifoient guerre. Mais cenbsp;propre iour vint deuers ledit Euefque furies champs le Baffard de Coucy, quinbsp;leur dit amp; rapporta que ledit me^re lean de Luxembourg l’auoit làenuoyénbsp;pour luy certifier, qu’il ne vouloir a luy ne à fes pays fors bon voifinage, requérant qu’il ne leurfoufffift faire quelque dommage: amp; fi aucun tort auoiteffénbsp;fait à luy amp; à lès pays par gens qui fe fuflent renommez de luy : luy ouÿ en fesnbsp;deffences, fen vouloir rapporter au did des amis d’vn coffé amp; d’autre. Et d’autre part vindrent lettres de par le Duc de Bo«rgongne au deffufdit Euefque,parnbsp;lefquelles luy requeroit qu’il ne feit nul dommage audit meffire lean de Luxe-bourg, ne auffi au feigneur d’Orchimont, amp; par ainfi fut ce propos rompu amp;nbsp;mis en delay .Et l’en allèrent l’Eucfquc deflus nommé amp; vne partie de fes gens

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MXCCCXXXn. yOL^ME ll. des chronjo^ves

loger à Aubigny,où il trouua que ceux de la garnifon ßen eftoient fijiz de paour qu’ils auoient eüe : amp; pourtant feit ardoir la forterefleÆt puis fen alla au haultnbsp;Chaftellet, où il y auoit vne partie de fes gens qui eftoient dedans, amp; 1 auoientnbsp;abandonné ceux qui le tenoient, amp; fut abbatu comme les autres. Et lors auoitnbsp;l’Euefque intention d’aller à Villiers. Et quand ce fut venu à la cognoilTance denbsp;iceluy amp; de ceux de Mouflon amp; d’Iuoy, doutansle dommage-qifils pouoientnbsp;auoir au pays pour le grand nombre defdits Liégeois, eux mefmes abbattirentnbsp;ledit fort de Villiers. Et quand ce fut venu àla cognoiffance dùdit Euefque, ilnbsp;print fon chemin pour aller au Beaurain : laquelle forterefle lean de Beaurainnbsp;qui en eftoit feigneur auoit fait fort reparer, amp; y ediffier quatre'tdurs:dont l’v-ne eftoit nommée Hainault, la fécondé Namur, la tierce Brabant amp; la quartenbsp;Reters:qui eftoieni les quatre pays, où il auoit prins la finance dont il les auoitnbsp;fait fonder : toutesfois quand il feeut la venue des deftufdits Liégeois, il ne lesnbsp;ofa attendre. Si fen alla auecques fes gens amp; y feit bouter le feu dedans : maisnbsp;pourtant ne demeura mie,que ledit Euefque de Liege ne feit abbatre de fons ennbsp;comble amp; dutoutdemolir.Etdelàfàns plus auantbefongner ramena fes Liégeois en leur pays,amp; f’en retourna en là cité de Liege.

E N ce temps fe rendit au feigneur d’Aufli amp; àmeftire Florimontde Bri-ineu Scnefchal de Ponthieu la ville de Garnachesen Vimeu, qui moult, long temps auoit tenu le party des Anglois par certains moyens qu’ils auoient dedans : en laquelle ville furent mis par ledit Senefchal gens d’armes de la partienbsp;du Duc de Bourgongne.Et pareillement furent lefdits Anglois déboutez d’Au-marle,amp; fut mife en la main d’vn gentil-homme nommé Dauid de Reume,quinbsp;tenoit le party du Roy Charles. Durant lequel temps le Comte de Richemontnbsp;Conneftable de France feit aflieger le Creil,que tenoient les Anglois.Et fut faitnbsp;vne baftille au bout du pont d’icelle ville vers Beauuoifis, où ils furent longuenbsp;efpace: mais en fin ils fen départirent aflez honteufement,dont ils eurent grandnbsp;dueil au cueur: amp; perdirent de leurs gens,amp; auflî de leurs habillemens deguer-re bien largement.

Comment les 'villes fortereljes dlOrchimont furent deflrui^es demollies plt;tr le Damoifel Euerard de U quot;Marche.

^^Tem durant ce temps Bernard de Bourfet qui tenoit la forterefle d’Orchimont fur la marche d’Ardenne, enuoyaenuiron cinquantenbsp;faqueraens qu’il auoit pour courre furies paysde Liege, ainfi quenbsp;pIuEeurs fois parafantauoient fait : lefquels furent apperceuzdunbsp;delTufdit pays de Liege, amp; mis à chalTc parj’ayde amp; entreprinfe du Preuoft denbsp;Rebongne. Et de fait leur fut rompu le palTage par où ils fen cuidoient retour-ner:amp; fen fuirent par empres Dinan,amp;: fe boutèrent en Bouuines pour eux cui-der fauuer:mais ils y furent detenuz prilbnniers. Et depuis nonobftant que lefdits officiers du pays de Liege feifTént plufieurs requeftes à ceuxde Bouuinesnbsp;qu’ils feiflent iuftice des deflufdits«:oureurs,fi les deliurerent ils:car icelles deuxnbsp;lèigneuries ne faymoient point bien l’vn l’autre. Et entre-tempsjquiceux furent ainfi empefehez, Euerard de la Marche qui eftoit allié auecques 1 Euefquenbsp;de Liege, amp; auecques iceuxdelTufdits coureurs auoient plufieurs dommagesnbsp;amp; defplah

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T) ENG y ERR. DE UOHSTRELET. CHARLES 1^11. xzy amp; defplaifànceSjaffembla haftiuement ce qu’il peut auoir de gens:amp; Ce raeirencnbsp;auecques luy iceux de Dinan amp; ceux du pays, àtoutlefquels il fenalladeuancnbsp;Orchimont amp;ç gaigna la ville d’aflault. Et lors le deflufdit Bernard qui adonc a-uoit trefpeu de gens de guerre auec luy, fe retrahit en la forterefle où il fut approché defdits Liégeois tresfierement : tant que par viue force au bout de quatre iours il fut contraint par telle maniéré qu’il fe rendit,amp; feit traitSlé auecquesnbsp;le defluldit Euerard de la Marche. Apres lequel traidlé icelle ville d’Orchimor,nbsp;amp; le chaftel enfèmble furent demoliz amp; rafez iufqucs â terre: dont tout le peuple de toute la marche amp; des pays à l’enuiron furent trefioyeux, pourtant quenbsp;de treflong temps parauant feftoient tenus dedans icelles aucunes gens de tref-mauuaifc raifon,amp; qui moult auoient greué amp; oppreffé leurs pays voifins.

Comment les Anglais de Calais coururent vers Boulongne C^Grauelines^O“ defeonfei-rent les Flamans.Et de U Hire qui gaigna Gifors tantofl le perdit.

N ce temps apres que les befbngnes deffufdiéles furent ainfi appro-chées de guerre, comme dit eft cy deïTus, entre les Anglois amp;c Bour-gongnons,amp; que chacune des parties eftoit fur fà garde : iceux Anglois vindrent courre deuant Boulongne,amp;cuiderent prendre la Bafle Boulongne : mais elle leur fut fort defFendue. Si ardirent partie du nauirenbsp;qui eftoit au haute, amp; apres fè retrahirent à tout ce qu’ils peurent auoir en leurnbsp;forterefle ûns perte. Et aflez brief enfijiuant Ce remeirent enfcmble de cinq à fixnbsp;cens combattans,amp; allèrent fourrager les pays vers les Grauelines:raais les Flamens de la marche à l’enuiron du pays faffemblercnr, amp; coururent fus aux définbsp;fufdits Anglois outre lavoulentédes gentils-hommes qui lesconduifbient,nbsp;c’eftâfçauoir Georges de Vbes amp; CheryHazebrouch. Si furent toft vaincusnbsp;êcmis à defroy:amp; en y eut de trois à quatre cés morts, amp; bien fix vingts prifon-niers: lefquels par lefdits Anglois auecques grand proyes furent menez dedansnbsp;la ville de Calais, amp; es autres forterefles de leur obeïftance, amp; les autres fe fau-ucrent par les hayes amp; buiflbns, où ils peurent pour le mieux. Auquel tempsnbsp;aufti la Hire qui fe tenoit à Beauuais amp; à Gerberoy,pour certains moyens qu’ilnbsp;auoit en la ville de Gifors entra dedans à puiftance,amp; gaigna ladiéle ville. Maisnbsp;aucuns de la garnifon eftans leans fe retrahirent en la forterefte, amp; enuoyerentnbsp;quérir fecours de leurs gens à Rouen amp; ailleurs de leur obeïflance. Lequel fe-cours dedans le tiers iour fut enuoyé fi fort qu’ils reconquirent la ville, amp; fennbsp;partirent la Hire amp; les fiens pluftoft que le pas,refèrué de vingt à trente qui dc-mourerent en icelle ville que mqfts que prins auecques grand quantité des ha-bitans,defquels pariceux Anglois fut faiàe grand deftruélion, pourtant qu’ilsnbsp;cftoient demeurez auecques leurs ennemis.

Comment les Gantois eN ceux du pais de Flandres feirent grand appareil de guerre pour aller deuant la ville de Calais. •

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M, ccccxxxn.


yOLyyiE II. DES CHRONIQUES

Vrant le temps defTufditj les Gantois pour fçauoir leur puiHance, mandement par tout leurs cbaftellenies amp; es pays à eux fubieds quenbsp;tous ceux qui eftoient leurs bourgeois de quelque eftat qu’ils fuC-fent(referuéceUxquieftoientà leur Prince) veinflentdedans trois



iourseuxmonftrerdeuantles Efcheuinsde Gand ,amp; faire efcrire leurs noms amp; leurs furnoms fur peine de perdre la franchife de leur bourgeoifie. Et auecnbsp;ce qu’ils fe pourueuflent d’armeures amp; de habillemens neceflairesà guerre.nbsp;Aufîi feirent publier que ceux qui eftoient condamnez pour leurs maléficesnbsp;par lefdits Efeheuins, ou autres arbitres à faire pèlerinages, fuftent lenuz pournbsp;exeufez iufques au retour d’iceluy voyage amp; .quatorze iours apres. Et quenbsp;ceux qui auoient guerre ou difl'ention l’vn à l’autre, deraourroient en la faurnbsp;uegarde delà loy ledit voyage durant, amp; qui l’enfraindroitilfcroit puny felon Ia coufturaedeladide ville. Item en outre futdeffendu quenul du paysnbsp;de quelque eftat qu’il fut, ne menaft ou feit mener hors d’iceluy pays aucunesnbsp;armeures ou habillemens de guerre, fur peine d’eftre banny de dix ans. Apresnbsp;lequel mandement deffufdit feirent en icelle ville de Gand amp; en leur chaftelle-nic moult grand appareil de guerre. Et fçauoient toutes les villes fermées amp;nbsp;les villages combien ils deuoientdeliurerdegens pour accomplir le nombrenbsp;de dixfcpt mille hommes, que ceux de ladiéle ville de Gand auoient promis ànbsp;deliurerà leur Prince en cefte prefènte année. Et pareillement fçauoientbiennbsp;combien chacun mefnagedeuoit payer de tailledesaffiettes,qui fe faifoientnbsp;pour la defpence d’icelle guerre. Et apres mandèrent par toute leurobeïfTan-ce,qu’onleurfeit finance pour leurs deniers de chars amp; de charrettes le tiersnbsp;plus qu’on n’en auoit liuré jadis pour le voyage de Ham fur Somme. Et furent leurs mandemens publiez par toutes leurs cbaftellenies parles officiers desnbsp;lieux. Et pourtant que bonne expedition ne fut mie de ce faiéfe du tout à leurnbsp;plaifir, ils enuoyerent de rechef autre nouuel mandement aufdiis officiers.Parnbsp;lequel ils leurs fignifioient fi de trois iours enfuiuans n’auoientenuoyé mon-ftreren ladiôle ville de Gand deuant leurs commis, leurs chars amp; charrettesnbsp;deffufdits en nombre qu’ils les demandoient amp; requeroient : ils enuoyeroientnbsp;le Doyen des Blancs Chapperons amp; fes gens efdiôles villes,pour prendre iceuxnbsp;chars amp; les charrettes fur les plus apparans fans riens efpargner aux defpcns denbsp;ceux qui auront efté refufàns de les bailler. Lequel fécond mandement veunbsp;pourlâ doubtedesdeffufditsBlancs-Chapperons,lesdeuantdits payfàns feirent fi bonne diligence que ceux de Gand furent bien contens d’eux. Si ordonnèrent amp; conclurent affin que chacun d’eux fuftent embaftonnez, que chacunnbsp;fe pourueuftde cours maillets de plomb oi^de fera poinôtesamp; de lances,nbsp;que deux maillets vauldroyentvne lance,amp;qu’autrementne feroient pointnbsp;paffèz à monftre, amp; fi en feroient punis ceux qui en feroient defaillans. Et d’autre part ceux de Bruges amp;: les autres membres feirent chacun felon leur eftat,nbsp;amp; puiffance trefgrans appareils amp; ordonnance, pour aller en icelle armée. Etnbsp;fut bien par l’efpace de deux mois ou enuiron, que la plus grand partie de tousnbsp;ceux qui eftoient ordonnez pouraller en iceluy voyage ne faifoient aucunement leurs meftiers ne leur labeur. Ainçois la plus grand partie du temps foc-cuperent d’aller defpendre le leur par grandes compagnies es tauernes amp; cabarets.

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I) ENGI/ERK. DE MONSTRELET. CHARLES F/L izS rets. Etfouuent fefmouiioientde grans débats amp; rumeurs les vns contre lesnbsp;autres: par le moyen defquels en y auoic fouuentde morts amp;de naurez.Ecnbsp;entre-temps le Duc de Bourgongne preparoitfesbelbngnesàtoutediligenccnbsp;pour fournir iceluy voyage de Calais.Durant lequel temps en y auoit vn nommé Hannequin Lyon natif de Dunequclque, lequel pour fes defmerites auoitnbsp;efté banny de la ville de Gand amp; feftoit rendu fugitif du pays. Si deuint elcu-meurdemer,amp; par fbn engin amp; diligence multiplia tellement en cheuance,nbsp;qu’il auoit à la fois huiéloudix nefs bien armées amp; aduitaillées toutes à fbnnbsp;commandement.Et faifoit guerre mortelle a toutes gens de quelque eflat qu’ilsnbsp;fuflent.Si eftoit moult craint amp; cremu fur la mer des marches de Flandres amp; denbsp;Hollande : amp; Ce difoit amy de Dieu amp; ennemy de tout le monde:mais à la fin ilnbsp;en eut pour Ion falaire tel ou pareil,qu’ont fouuent gens de tel eftat qu’il eftoit:nbsp;car quand il fut au plus hault de la roue de fortune,elle le meit tout au plus basnbsp;amp; fut noyé en mer par terapefte amp; orage de temps.

Comment meßire Jean de Croi Baiü 'tf de Haïnault à tout flafienrs autres capitaines affaillit les Anglois^ dont il fut vaincu.

N ce mefme temps meflîre lean de Croÿ Baillifde la Comté de Hai-nault, aflcmbla des marches de Picardie amp; de Boulenois iufques au nombre de quinze cens combattans ou enuiron : defquels eftoientnbsp;les principaux le feigneurde Vvaurin,meftire Baudode Noyelle,



meflîre Loÿs de Thieubronne,Robert de Saueufes,Richard deThieubronne,le feigneur Deulcz, le Baftard de Roiicy amp; moult d’autres expers amp; notables homes de guerre en intention de les mener courre deuant Calais, amp; autres forte-refles tenans le party des Anglois. Et fe feit cefte aflemblée en vn village nommé le Vvaft à deux lieues pres de fixinét Omer:au loing duquel lieu cheuauche-rent de nuiél vers le pays de leurs adüerfaires:lefquels aduerfiiiresamp; ennemis ennbsp;icelle propre nuiél eftoient iflusde leurs garnifons bien deux mille ou enuiron , pour aller fourrager le pays de Boulenois amp; és marches de là enuiron. Etnbsp;ne fçauoient point icelles deux compagnies la venue l’vn de l’autre. Et ne ve-noient point tout vn chemin pour eux entrercncontrer. Mais le deflufdit mef-fire lean de Croÿôc ceux delà partie approchans les marches des de/Tuftlitsnbsp;Anglois, enuoyaaucunsexpers hommes d’armes cognoiflansle pays deuantnbsp;pour cnquerreamp; fçauoirdes nouuelles : lefquels trouuerent le train des Anglois leurs aduerfàires amp; ennemis vers le pont de Milayénuiron le point dunbsp;iour. Et cogneurentôc apperceurent bien qu’ils eftoient moult grand nombre. Si le feirent Içauoir à leurs capitaines amp; qu’ils tiroient vers la Fofledenbsp;Boulenois. Lefquels faflemblerAlt l’vnauecques l’autre pourauoiraduis quenbsp;fur ce leur eftoit à faire. Si conclurent de les pou rfuiuir amp; aflaillir en tant qu’ilsnbsp;fOurrageroient les villages, le ainfi on les pouoit fiirtrouuer : amp; finon, ils lesnbsp;combattroient en quelque eftat qu’ils feuflent r’attains. Et fut lors ordonné que meflîre lean de Croÿ deflus nommé accompagné d’aucuns hommesnbsp;d’armes expers, meneroit la plus grand partie des archiers deuant, amp; tous lesnbsp;autres de la compagnie fuiuroient d’alTez pres fbubs l’eftandart de meflîrenbsp;Loÿs de Thieubronne. Si furent de rechef mis coureurs deuant, qui cheuau-Y ij

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MXCCCXXXFI. VOLÎ^UE II. DES CHRONIQUES

chcrent trefgrand efpacc de chemin tant qu’ils veirent les feux,qu’auoient bou-^ tez en icelles villes amp;: citez les delTufdits Anglois. Lefquels eitoientdéfia ad-uertiz que leurs aduerfaires amp; ’ennemis eftoient fur les champs par aucunsnbsp;hom-mes dû pays, qu’ils auoient prins . Si ralTemblerent leurs gens enfemblenbsp;fur vne petite montaigne encre Graueligne amp; Champaigne. Si pouoit eflrenbsp;enuirondix heures du iour: mais la plus grand compaignie des Anglois e-floientplus bas, amp; ne les pouoit on bonnement veoir. Et adoneques ceuxnbsp;de la partie dcBourgongne voyans leurs aduerfaires amp; ennemis deuant leursnbsp;yeux, fureat moult fort defirans d’affembler à eux, pource en y eut fort grandnbsp;nombre de ceux de deuant, qui allèrent frapper dedans: amp; en y eut grandement de tuez, à leur nombre de foixante ou quatre vingts : amp; grand partie desnbsp;autresfe meirentà la fuite, mais lesaffaillans n’eftoient point enfemble, amp;nbsp;cheuauchoientàloing train:puis voyans au deffoubs de ladide montaignenbsp;vne fi groffe compaignie de leurs aduerfaires amp; ennemis, qui fe r’allioient l’vnnbsp;auecques l’autre qu’ils doubterent d entrer entre eux, amp; attendirent leurs autres compaigaons enhardiant l’vn contre l’autre. Et entre-temps lefdits Anglois reprindrent cueur voyans, qu’iceux les affailloient doutablcm.ent : fi vin-drent par bonne ordonnance eux courre fus amp; ferir en iceux vigoureufement.nbsp;Etlorslesdclfufdits de la partie de Bourgongne fans faire grand refifîtence, fenbsp;meirent en defroy, retournèrent hafliuement en fuyant vers les fortereflesnbsp;de leur obcïffance. Et les deffufdits Anglois qui auoient efté comme demynbsp;vaincuz de premiere venue , coururent apres â refne lafchée amp; les chaffe-rent iufques aux bailles d’Ardre, amp; dedans les barrières. Si en prindrent amp; oc-cirent bien cent ou plus : defquels en fut l’vn Robert de Bournonuille fiirnora-méleRoux: Etdesprifonniers furent lean d’Eftrcucs, Bournonuille, Galiotnbsp;du Charpp, Maide, Houllefort, Barnamont amp; plufieurs autres notables hommes . Et mefmcment iceux Anglois chafTerent fi auant, qu’ils tuerent amp; occi-rentenuiron cinqou fixBourgongnons au plus pres des foffez de ladiôle ville d’Ardre, defquels en y auoit vn de grand parage. En laquelle ville fè rctra-hirét le feigneur de Vvarin, mefïîre BaudO de Noyellc,mefhrc Loÿs de Thicu-bronne, Robert de Saueufes, qui auoit efté fait chcualier nouuel â celle be-fongneamp;: aucuns autres. Etmcfraement le deffufdits meflire leandeCroy,nbsp;qui auoit efté bleffé de traiél a l’afTcmblée amp; y fut fon chcual mort : amp; retourna auecques luy le feigneur d’Eule en l’âbbaye de Tlflc moult troublé amp; ennuyé de celle malle aduenture. Et les autres fen retournèrent en plufieurs autres villes amp; forterelTes du pays. En outre apres que les Anglois eurent ainfinbsp;reboutez leurs aduerlàires amp; ennemis, ils fè ralTemblerent amp; fe boutèrent ennbsp;Calais amp; autres lieux de leur obeïflance à tourteurs prifbnniers: au deuant defquels vint hors d’icelle ville de Calais le Cote de Mortaigne qui leur feit moultnbsp;ioyeufe reception, amp; blafma moult fort ceux qui fen eftoiêt foüis amp; les auoiêcnbsp;laifTez en ce dangier.

Comment les Flamens allèrent aßieg^ la •ville âe Calais . Et comment ils fen par^ tirent.

A l’entrée

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D'EHGEERxR. de MONSTRELET. CHARLES riL ixp

L’entrée du mois de luing le Duc Philippe de Bourgongnc,qui par auantauoit fait toutes fes preparations tant degens comme d’ha-billemens de guerre pour aller deuers Calaisjfen alla à tout fimplenbsp;eftatenla villcde Gand, affin de faire partir les Gantois amp; autres



d’iceluy paÿs de Flandresdefquels en la prefènce dudit Duc de Bourgogne, fei-rent leurs monftres lefamedy apres le iour du Sacrement dedans icelle ville de Gand au marché des vendredis : amp; eftoient là venus pour aller auecqueseuxnbsp;ceux de leur chaftellenie : C’eft à fçauoir des villes de Grandmont, d’Alloz, denbsp;TerremonddôcdeMene^ auecques ceux des cinq membres de la Comté d’Alloz, qui contiennent fbixante amp; douze villes champeftres amp; feigneinies ) denbsp;BoulerSjSotengien, Tournay, Gaures amp;. de Rides,auecques ceux de Regnaitsnbsp;ôc des RegaHes de Flandres,fituez entre Grandmont amp; Tournay. Auquel marché defTufditilsfurent en eftat depuis huiôl heures de matin,iufques apres non-ne qu’ils iffirent de leur, ville allans le chemin vers Calais. Et les couoya iceluynbsp;Duc de Bourgongne iufques aux champs, où il print congé d’eux, amp;fenallanbsp;pour mettre â chemin ceux delà ville de Bruges. Si faifoit ce iour moult grandnbsp;châult amp; ferueur defoleil,dequoy il en mourut d’icelle ville de Gand deux capitaines.Dont l’vn eftoit nommé lean des Degrez,amp; fut Doyen des Nauieurs:nbsp;amp; l’autre Gautier de Vvafe-Reman capitaine de Vvefmonftre,auecques aucûsnbsp;autres de petit eftat.Si eftoient capitaines generaulx d’icelle armée des Flames:nbsp;c’eft à fçauoir defdits Gantois,le feigneur de Communeszde Bruges,lefeigneurnbsp;de Fienhufe: de Courtray,meflire Girard de Chaftelles:de ceux du Franc,le feigneur de Merqueüe:amp; de ceux d’ippre lean de Comunes. Et fe logea l’oft pour \nbsp;celle premiere nuiél a Deuifè amp; à Petangien,qui font affis à lieüe amp;: demiepresnbsp;de la fiifdiéle ville de Gand ou enuiron. Et le lendemain ièiournerent là pournbsp;attendre leurs habillemens. Et apres le lundy enfuiuant Ce partirent de ce lieu,nbsp;amp;f’en allèrent par plufieurs iournées loger dehors de la ville d’Armentieres furnbsp;les praeries:amp;: fe meirêt auecques en chemin ceux de Courtray,amp; d’Audenardenbsp;quifont de leur chaftcllenie. Et les conduifoit toufiours comme chief amp; capitaine le feigneur d’Antoing, àcaufede ce qu’il eftoit Vicomte heritablementnbsp;de la terre de Flandres. Auquel lieu d’Armentieres furent prins vingt amp;viinbsp;homme amp; liez aux arbres deuant la tente de Gand, pource qu’ils auoient def-robbé aucuns du pays . Et de là fen allerer lefdits Gantois parmy le pays de La-leu à Hazebrouch, où ils abbatirentle moulin Chery de Hazebrouch : lequelnbsp;comme ils difoient, auoit mal conduidh les Flamens deuant Grauelignes, quinbsp;naguercs auoient efté defeonfits parles Anglois:mais il fen excufoit,difàntquenbsp;ils ne l’auoient point voulu croire^’vfer de fbn confcil. Et de là fen allèrent deuers Drincam : auquel lieu vint deuers eux ledit Duc de Bourgogne leur Prin-ceamp; feigneur,amp; le Comte de Richemont Conneftable de France,qui eftoit venu en ces parties deuers ledit Duc de Bourgongne : amp; allèrent vifiter les Gantois de lieu à autre, amp; prindrent la collation de vin en la tente de Gand, amp; de lànbsp;pafTerent parmy Bourbourg,amp; allèrent lo^er empres Grauelignes,amp; abbatirécnbsp;le moulin Georges de Vvez, pour le pareil cas qu’ils auoient fait celuy duditnbsp;Chery de FFazebrouch. Auquel lieuvindrent ceux de Bruges, d’ippre amp; dunbsp;Franc, amp; d’autres lieux de celuy pays de Flandres; amp; faflemblerent tous auprès

Y iij

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MXCCCXXXH. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;II. DES CHKO-NIQ^ES

l’vn de l’autre, amp; meirent leurs tentes par belle ordonnance felonies villes amp; e-ftqts dont ils eftoient:fi eftoit vne moult grand beauté à les veoir,car à les vcoir de loing fe fembloient bones grans villes.Et quant eft aux chariotsamp;: aux charrettes,il y en auoit par milliers,qui portoiçnc lefdiótcs tentesôc plüGéursautresnbsp;habillemens deguerre:ôc fur chacun chariot aùoit vn.coq pour chater les heures de la nuiét amp; du iour: amp; fi auoit grand nombre de ribauldekms portans canons, couleurines,arbaleftfesamp; plufieurs autres gros cngins:amp; fieftoienticeuxnbsp;Flamens ou la plus grand partie armez de plain harnois,felon la guife du paysnbsp;Et à leur departement delà fe meirent tous enfemble en armes, amp; feirent mon-lires en la prefence dudit Duc de Bourgongne amp; du deflufdit Conneftable denbsp;France,qui les regarda moult voulentiers. Et ce mefine iour fe fetit en l’oft denbsp;Bruges vn loup,pour lequel il y euttrefgrad effroy amp; fut crié à l’arme par tour.nbsp;Parquoy tous les ofts fe meirent aux champs,amp; pouoient bien eftre trente mille ou au delTus de telles armées. Etadoneques palTerent la riuiere de Graueli-gnes,amp; fe logèrent deuersTournehera. Sifeiten celny iour vn terrible tempsnbsp;de pluye amp; de vens : pourquoy ils ne peurent tendre leurs tentcs,amp; les conuincnbsp;gefir fur les prez.Et la furent prins trois Picards que les Gantois feirent pendre,nbsp;pource qu’ils auoientdefrobbé les marchansde viures cnPhollel. Durant lequel temps le Comte d’Eftampesamp; tous les gens d’armes du delTufdit Duc denbsp;Bourgongne qui elloient ordonnez pour ce mefmc voyage, le tirerent vers lesnbsp;parties où elloient les defiufdits Flamens: fi allèrent par vnvendredy touslesnbsp;oils de Flâdres,amp; auffi les gens d’armes loger auprès du deflufdit challel d’Oyenbsp;y que tenoient les Anglois ; lequel challel amp; forterclTe d’Oye fut rendu amp; deli-.nbsp;uré en aflez brief terme,amp; fe meirent en la voulcnté du deflufdit Duc de Bourgongne amp; de ceux de la ville de Gand:laquellc voulenté fut telle qu’on en pendit deuant ledit challel le mefme iour vingt amp; ncuf,amp; depuis en furent penduznbsp;encores vingt amp; cinq : amp; fi en y eut trois ou quatre qui furent repitez à la rc-quelle dudit Duc Philippe de Bourgongne. Apres laquelle redditiô iceluy challel fut ars amp; bruflé, amp; du tout demolly. Et quand elt au regard des Picards amp;nbsp;Bourgongnons là çllans,nonobllant qu’ils Ibient aflez afpres au pillaigc:neant-moins ils n’y pouoient auoir lieu pour riens conquerre n’auoir,car Hannequin,nbsp;Vvinequin, Pierre, Liéuin amp; autres ne leulTentiamais Ibuffertnelailfépafler.nbsp;Et qui pis ell,quad ils fentrebouttoient auec eux, amp; prcnoict aucune choie furnbsp;leurs aduerlàires amp; ennemis, il aducrïoit Ibuuent qu’auec ce leur propre leur e-floit ollé:amp; fils en parloient aucunemét, ils auoient fouuent des durs horions.nbsp;Si les conuenoit taire amp; loulFrir pour la grand puiflance qu’auoiéc les delTuditsnbsp;Flamens,mais ce n’clloit point patiemment, ^t lèmbloit à iceux des communesnbsp;de Flandres,que toutes belbngnes on ne pourroit venir à bon chief, fe par euxnbsp;n’elloit. Et mefmement elloient fi prefumptueux là plus grand partie,qu’ils a-uoient grand doubte que ceux de la ville de Calais abandonnaflent leur ville,amp;nbsp;qu’ils fen fouÿflentcn Angleterre:amp; dilbient aucuns de leurs gens aux Picards,nbsp;aufquels ils deuifoient fouuentesfois. Nous Içauons bien puis que les Angloisnbsp;Içauront que mefleigneurs de Gand font armez amp; à puiflance pour venir contre eux, qu’ils ne les attendront mie:amp; a cffcé trelgrande negligencc,que lenaui-re qui doibt venir par mer n’a ellé aflis auant qu’on les approchall, affin qu ilsnbsp;ne

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D'EN Gl/ERK. DE MONST^ELET CHARLES yiJ. 130 ne fen peuflcnt fouyr.Toutesfois ils ne deuoict point de ce eftre en ibucy. Carnbsp;les defiufdits Anglois auoient bonne voulente deux defFendre contre eux: amp;nbsp;pour vérité le Roy Henry d’Angleterre, ceux de fon confeil amp; tous les trois e-ftats d’iceluy Royaume d’Angleterre, euflent auant laiflé perdre toute la con-quefte qu’ils auoient faiclc au Royaume de France depuis trente ans par auanr,nbsp;que ladiôle ville de Calais, comme on fut depuis véritablement acertené amp; informé: amp; aufti ils en monftrerent alTez bien les maniérés amp; le fcmblant brief a-pres enfuiuant..En apres ledit chaftcl d’Oye ainfi demolly(comme dit eft) toutnbsp;ï’oft amp;C les gens d’armes fe deflogerét,amp; allèrent loger entre le chaftel de Marcqnbsp;amp; icelle dicte ville de Calais. Auquel iour le dcffufdit Duc Philippe de Bour-gongneauecques (es gens d’armes,l’en allèrent courre deuantla ville de Calais,nbsp;amp; iflirent amp; faillirent les. Anglois hors contre eux de pied amp; de cheual, amp; y eutnbsp;fort grande efcarmouche: mais enfin lefdits Anglois furent reboutez, ôe gai-gnerent fur eux les Picards amp; Flamens, vaches, chenaux, brebis, moutons, amp;:nbsp;pluficurs autres chofes de la ville. Si fe tint ledit Duc de Bourgongne auec fesnbsp;gens grand efpace de temps deuant ladiéte ville, tant que les ofts fuifent logez,nbsp;amp; puis retourna ledit Duc en (on logis vers le chaflel de Marcqideuant laquelle forterelTe allèrent les Picards de/Tufdits Jiurcr vne moult grande efcarmouche. Et fut depuis le bouleuert conquis,dont ceux de dedans (e commencèrentnbsp;moult fort â efbahir de ce:amp; boutèrent amp; meirent la bannière de monfeigneurnbsp;S.George dehors vers la delTufdiâe ville de Calais, amp; fi commencèrent à fairenbsp;fonner leurs campanesêc cloches,amp; feirent leans moult grans amp; horribles cris.nbsp;Et pource doubtans qu’ils ne l’en fouÿlTentpar nuiél,on meit grand guet tout à.nbsp;l’cnuiron: amp; le lendemain furent aflis plufieurs gros engins contre la muraille,nbsp;dcfquels ils furent fort rompus. Sifurentvn iour aflailliz des Picards amp; Flamens : mais ils delfendirent moult vaillamment de pierres en ieófant à val amp;nbsp;de trait,tant qu’ils blelTerent amp; naurerent plufieurs de ceux de dehors,amp; les feirent retraite. Puis requirent ceux de dedans d’auoir trefues pour parlementer,nbsp;lefquelles leur furent accordées. Et lors foffrirent d’eux mettre en la voulenténbsp;du Duc de Bourgongne moyennant qu’ils ne fulTent point penduz: mais on fe-roit fon plaifir en autre maniere,à quoy il furent receuz:amp; fut deffendu fur peine de lahart,que nul n’entraftau chaftel fil n’y eftoit commis. Et adoneques furent ceux de dedans amenez par les quatre membres de Flandres en la tente denbsp;Gand:amp; fut ordonné qu’ils feroient changes pour rauoir aucuns Flamens, quinbsp;cftoient prifonniers dedans ladiéfe ville de Calais. Si furent amenez hors de la-*nbsp;diélefortcrelTe cent amp; quatre Anglois: lefquels furent menez en pri(bn en lanbsp;ville de Gand par le Baillif dudit lieu. Et lors grand partie du commun allèrentnbsp;dedans ledit chaftel, amp; prindreni ce qu’ils peurent trouuer. Mais aucûs de ceuxnbsp;de la bourgeoifie de Gand fe meirent à l’entrée d’iceluy chaftel, amp; tollurent amp;nbsp;öfterem aux delTufdits quad ils en ilïirent tout ce qu’ils auoient prins,amp; le meirent tout en vn mont, amp; difoient que ce faifoient ils par l’ordonnance des Ef-cheuins de la ville de Gand:mais quand la ijuiél fut venue,ils le chargèrent toutnbsp;fur les chars amp; charrettes, amp; le menèrent où bon leur fembla.Si en furent de cenbsp;aceufez deuers les deffufdits Efcheuins,dont ils furent bannis cinquate ans horsnbsp;du pays amp; la Comté de Flandres.Pour lequel bannilTement fefmeut grâd mur-

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Mxccexxxri. yOLVUE ll, des chmniq^^es


mure entre eux,amp; furent en grand peril d’auoir l’vn contre l’autre grand diflen-tion. Et le lendemain enfuiuant furent décapitez fept hommes qui auoient efté prins auccques les deflufdits Anglois, dont les fix eftoiét Flamens amp; le feptief-me Hollandnis:amp; aprescefutlaforterefledcmollie amp; du toutabbattue. Sifenbsp;partirent de là, amp; fen allèrent loger les Flamens au propre lieu où on dit quenbsp;laques d’Arteuelles auoit iadis mis fes tentes, quand Calais fut conquis de parnbsp;le Roy Fienry d’Angleterre apres la grand bataille de Crefly : amp; le Duc Philippe de Bourgongne à tout fa cheualerie amp; fes gês d’armes ,fe logèrent aflez presnbsp;en tirant vers Calais.Et y eut ce iour irefgrand aflault contre ceux de dedans,amp;:nbsp;en y eut de morts de naurez de chacune partie, entre lefquels la Hire fut na-uré à la iambe d’vn traid,lequel eftoit venu veoir ledit Duc de Bourgongne.Si


furent


rs engins pour ieôler dedans icelle ville de Calais. Et


lement ceux de dedans en affufterent plufieurs contre ceux de l’oft, dont leurs a.duerfaires furent moult fort trauaillez, amp; conuint qu’ils fe trahiflent plus arriéré. Si fe logea ledit Duc de Bourgongne plus pres des Dunes contre les mo-taignes de Sablon. Et ainfi qu’iceluy Duc cheuauchoit à petite copaignie pournbsp;aduifer la ville, vint vne greffe pierre de canon au plus pres de 1 u y ; laquelle oc-cift vne trompette amp; trois cheuaux, dont celuy du feigneur de Saueufes eftoitnbsp;l’vn. En outre lefdits Anglois failloiét treffouuent dehors de pied amp; de cheual :nbsp;amp; en y eut moult de fois de tres dures efcarmouches entre les deux parties : lef^nbsp;quelles ne fe pourroient raconter chacunes à par-elles, ne nommer ceux qui ynbsp;befongnerent le pis ouïe mieux : mais entre les autres i’ay cuÿ relater à aucuns



les feigneurs de Habourdin


Vvaufin furent bien vcuzamp; loüez en au cunes d’icellcs efcarmouches,amp; moult d’autres notables âc vaillans hommes des pays de Picardie. Toutesfois les défi-fùfdits Anglois emportoiêt aucunesfois la renommée pour la iournée.Er d’autre part les Picards les rebouttoiêt trop fouuent iufques dedans leurs barrièresnbsp;affez confufiblement. Et quant eft aux Flamens, ils eftoient aftez peu cremeüznbsp;d’iceux Anglois, amp; leur fembloit que fils n’euffent eu que trois Flamens con


tre l’vn d’eux, qu’ils en fuffent venuz bien à chief. Si eftoient auecques le Duc


Philippe de Bourgongne en ceftecxcrcite fonnepueu de Cleues, le Comte d’Eftampes, le feigneur d’Antoing qui gouuernoit lors les Flamens, le feigneurnbsp;de Croÿ, les feigneurs de Crequy, de FolfeuXjde Vv3urin,de Saueufes, de Ha-bourdin,de Humieres, d’Inchy, de Brimeu, de Launoy, de Huchin les frèresnbsp;de Haftines amp; de Fremeffen, auecques plufieurs autres feigneurs gentils hommes tant de fon hoftcl amp; famille comme de fes pays de Bourgongne, de Flan-drcs,de Brabant,de Hainault,d’Arthois amp; des autres lieux: toutesfois le deffuf-


dit DucdcBourgongnen’auoit


la moitié


quant


au regard de fes gens d’armes des pays de Picardie. Et en auoit efté renuoyez grand partie dés les monftres: dont moult de gens qui bien ay moient fon hon-neur,eftoient moult fort efmerueillez, amp; leur fembloit qu’à tous befoings il fcnbsp;fut mieux aydé d’eux que du doubl^de fes communes. En outre mefïireleannbsp;de Croÿ qui conduifoit la plus grand partie des gens de guerre de Boulenois,nbsp;auecques aucuns autres qu’il auoit amenez,fut enuoyé loger à l’autre collé plusnbsp;pres de Calais en tirant deuers le pont d’Amillan:deuant lequel logis y eut grâd



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DB MONSTKELET CFiAKLES ni. 13t parlement entre fes gens amp; ceux de la villc.Mais aflez brief enfuiuant fut remade par ledit Duc de Bourgongne amp; enuoyé deuant Guifnes, ôù il felogea luynbsp;amp; lès gens aflez pres des portes amp; mLiraillcs:dcLiant lefquelles furent drelTez amp;nbsp;aflis plulieurs gros engins qui fort les adommagerent. Auecques luy eftoiencnbsp;le Galois de Rancy cheualier, Robert de Saueules amp; plufieurs autres notablesnbsp;hommes, qui en grand diligcce approchèrent de leurs aduerfàires amp; ennemis :nbsp;amp; les meirent en moult grand doubte amp; neceflitéd’eftre prins deforce, amp; tantnbsp;qu’ils abandonnèrent leur ville amp;fe retrahirent dedans le chaftel où ils furentnbsp;de rechief tresfort approchez, a flail liz amp; combattus defdits affiegeans. Et parnbsp;auant leur venue audit lieu de Guifnes, feftoit rêdu audit n^lïire lean de Croÿnbsp;laforterelTede Vauclingnen : ßcluyauoient deliurée les Anglois moyennantnbsp;qu’ils f en iroient fàufleurs vies, amp;: aucunes petite partie de leurs biens. Et pareillement rendirent lefdits Anglois le chaftel de Sangathe à meflire Robert denbsp;Saueufes : lequel y alla deuant entre-temps qu’il eftoit au ftege de Guilhes, lequel chaftel il garnit de fes gens.Durant lequel temps le delfuldit Duc de Bourgongne eftant logé deuant la forte ville de Calais ( comme dit eft) auoit grandnbsp;merueille de fon nauire,qui deuoit venir par mer amp; demourroit tant:amp; d’autrenbsp;part les Flamens en eftoient trefmal contens amp; murmuroient tresfort à l’enco-tredu confeil d’iceluy Duc de Bourgongne, amp; de ceux qui auoient la chargenbsp;de les conduire amp; mener, c’eftà fçauoir meflire lean de Homes Senefchal denbsp;Brabant,amp; le Commandeur de la Morée: mais iceluy Duc les rappaifoit amp; co-îentoit par doulccs parolles,difant qu’ils viendroient bien brief comme ils luynbsp;auoient fait fçauoir par leurs lettres,amp; n’auoient point eu vent propice iufquesnbsp;a prefent : parquoy ils euffent peu venir plus toft. Si venoient chacun iour desnbsp;nauires d’Angleterre dedas Calais à la plaine veüe de leurs aduerlaires , vne foisnbsp;plus,rautre fois moins qui leur amenoient amp; apportoient des viures,nouucllesnbsp;gês,habillemens de guerre amp; autres chofes ncceflaires. Auflin’eftoit il pas finbsp;pres approchez de leurs ennemis, q chacun iour ne meilTent grâd partie de leurnbsp;beftail dehors leur ville en pafture, qui faifoit moult grand mal à veoir a ceuxnbsp;de dehors, amp; en y auoit fouuent de grandes eftarmouches à caufe amp; àl’occa-fion d’iceluy beftail,pour cuideren gaigner. Et mefmcment vn certain iour lesnbsp;feigneurs amp; bourgeois de Gand, quiplufieurs fois en auoient veu amp; veoientnbsp;fouuent ramemer par les Picards, fapperceurent en eux rnefiiies qu’ils eftoientnbsp;grans amp; forts amp; bien armez,amp;qu’il pouoientauflibien coquerre amp; auoirleurnbsp;part dudit beftail.Si fe meirent à chemin bien deux cens,amp; allèrent le plus cou-uertement qu’ils peurent es marefts auprès d’icelle ville pour prendre amp; amener la proye : mais ils furent tantoft apperceuz des Anglois : qui ne furent mienbsp;patiens quand ils veirent les defftiTdirs venir fi pres d’eux, pour leur öfter ce dótnbsp;ils deuoient viure, amp; les recogneurent bien à leurs habillcmcns.Si fe ferirent ennbsp;euxvigourculèmentamp;enoccirent bien vingt amp; deux, amp;en prindrent trentenbsp;trois qu’ils emmenerent prifonniers : amp; les autres retournèrent à grand coursnbsp;tn leur logisidifant qu’ils y auoient grand f^rte amp; faifantgrand effroy’, amp;leurnbsp;fembloit qu’ils eftoient bien efehappez. Et y auoit fouuent en l’oft d’iceux Flamens de grans alarmes;car pour peu de chofe ils fefmouuoient tous, amp; fè met-toient en armes,dont ledit Duc de Boürgongne leur feigneur eftoit defplaifantj

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MXCCCXXXn, VÖLJ/^^iE II. DES CHRONlCi^ES

mais il n’en pouoit auoir autrechofe.Et conuenoit que toutes befbngnes feco-duiiiflentenla plus grand partie à leur plaifir. Auquel temps vint deucrs ledit Duc vn Hérault d’Angleterre nommé Kemibruch: Lequel le falüa moult reue-remment : amp; luy dit, que Humfroy Duc de Cloceftre fon feigneurnbsp;nbsp;nbsp;raaiftre

luy faifoitfçauoir par luy qu’au plaifir de Dieu le combatteroitauec toute fa puiflance bien briefjfil le vouloir attendre. Et fil fe partoit de ce lieu,il le quer-loit en aucuns de fes pays : mais il ne luy faifoit point fçauoir le iour, pourtantnbsp;que la mer amp; le vent ne font point fiables,amp; ne fçauoit fil pourroit paffer à fonnbsp;plaifir. A quoy fut refpondu par ledit Duc de Bourgongne qu’il ne feroit pointnbsp;befoing qu’il le qu^ en nul de fes pays, amp; qu’il le trouueroit là fe Dieu ne luynbsp;enuoyoit aucune fortune: apres lefquelles parolles ledit Hérault fut grandemetnbsp;fefloy é: amp; luy fut donné aucuns dons,à tout Icfquels il fen retourna en la villenbsp;de Calais:amp; le lendemain ledit Duc de Bourgogne fen alla en la tente de Gad,nbsp;où il feit affembler tous capitaines amp;: nobles cheualiers des Flamens : amp; là feitnbsp;remonflrer par maiflre Gilles de la Voufline fon confeillier en la chambre denbsp;ladiéle ville de Gand, comment leDucdeCloccflre luy auoit mandé par vnnbsp;fien Hérault qu’il le combatteroit,amp; les refponces qu’il luy auoit données. Par-quoy il requeroit trefinflamment comme à fes humbles amis,qu’ils voulfiffentnbsp;demeurer auec luy amp;;luyayder à garder fon honneur. Laquelle requefleilsnbsp;Juy accordèrent amp;promeirent parfournir liberallement: ôcpareillementfei-rent les Brugelinsamp; autres membres de Flandres. Adonc fut aduifé par leditnbsp;Duc de Bourgongne amp; ceux de fon confeil, qu’on feroit vne baflille furvnenbsp;. montaigne, qui efloit affez pres de la ville de Calais : par laquelle on verroit lenbsp;gouuernement de leurs ennemis. Laquelle baflille fut commencée de chefnesnbsp;amp; autres bois:amp;; y furent aflis aucuns canons pour ieéàer dedans la ville,ôc y forent mis amp; ordonnez homes de bonne garde pour faire le guet: de laquelle baflille lefdits Anglois eurent defplaifance, doubtans que par icelle leurs failliesnbsp;nefeuffent rompues amp; empefcheécs,dont pour obuier preflcment,vindrent ennbsp;grand nombre amp; l’affaillirent moult afprement : mais elle leur fut bien gardéenbsp;amp; puiffamment defFendue des Flamens,qui la gardoient par le moyen amp; côfeilnbsp;d’aucûs nobles hommes de guerre,qui fefloient retraiôls:defquels efloit l’vn lenbsp;bon de Saueufes. Et pourtât qu’en faifant ledit affault ceux de l’ofl de ce aduer-tiz,allerent au fecours en grand nombre: fe retrahirent les Anglois en leur villenbsp;fans riens gaigner,Sc en y eut plufieurs de naurez. Et le lendemain y eut grandnbsp;paletis amp; plufieurs iournées enfuiuans : dont à l’vne defquelles fut prins vn fotnbsp;fàige nommé le feigneur de Plateaux:lequel,nonobflat fa folie,efloit affez roi-de amp; vigoureux homes d’armes.En apres le ieudy enfuiuant qui fut le xxv.iournbsp;de luillet on comença à vcoir venir le nauire^e deuers Orient, lequel on auoitnbsp;tant defiré amp; de long temps attendu. Si monta le Duc de Bourgongne à cheualnbsp;accompaigné d’aucûs feigneurs amp; autres gens de guerre, amp; alla fur la riue de lanbsp;mer.Et lors faduança vne barge le plus pres qu’elle peut.'de laquelle faillit horsnbsp;vn homme,qui en motant vint deucrs ledit Duc,amp; luy compta que c efloit fonnbsp;nauire qui venoit:pour lefquelles’nouuelles en feit grand ioye par tout 1 ofl, amp;:nbsp;coururêt plufieurs fur les d’Vnes de la mer pour le veoir : mais les capitaines ennbsp;feirent retraire ce qu’ils peurent. Etle foir enfuiuant à la venue de la mer, vin-drent

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D'ENGJ/ERR. DE MONST^ELET CHARLES ni. 131

drent aucuns dudit nauire qui eftoient à ce commis, amp; efFondrerent au haute de Calais quatre nefs qui eftoiêt plaines de pierres biê maflbnnéesamp; ancrées denbsp;plomb:affin de rompre, demollir amp; defolerle paffage que ceux d’Angleterrenbsp;n’y peuflent plus venir n’aller à tout leur nauire. Et alors ceux de dedas iedoiêtnbsp;continuellement de leurs engins vers le port, pour adommager les vjifîcaLrx amp;:nbsp;en efFondrerent vn . Et encorçs le lendemain par les delîufdits furent effondreznbsp;deux vaiffeaux en iceluy Haute,qui eftoiêt maffonnez comme les autres. Maisnbsp;à brief dire tous les deffufdits vailfeaux qui y furent rnis par ledit Duc de Bour-gongne furent tellement aftis, que quand la mer fut retraiôle, ils demourerentnbsp;en la plus grand partie fur le fablon à petite profondeur d’eaüe. Et pourtant lesnbsp;Anglois de ladilt;Se ville tant femmes comme hommes y coururent à grand ef-fort,fi les defpiecerent amp; ardirent à grad exploiêt par telle maniéré qu’il en de-moura affez petit:amp; feirent charier amp; emmener grand partie du bois en ladiôlenbsp;ville. Nonobftant qu’on droit alprement de canons apres eux,dont le deflufdicnbsp;, Duc amp; les liens eurent grand merueille,amp; ceux qui les auoient amenez : c’eft ânbsp;fçauoir meftire lean de Homes, le commadeur de la Morée amp; plufieurs autresnbsp;feigneurs de Hollande fe départirent le lendemain fi loing,qu’on perdit la veüenbsp;d’eux, amp; fe retrahirent vers la marche,dôt ils eftoient venus:car bonnement nenbsp;pouoient dernourer fur les marches d’entre Calaisôe Angleterre,pourcelq fou-uentlamery eft irefperilleufe, amp; plus qu’en autres lieux commedient les marinières . Et auec ce ils eftoient affez aduertiz, que l’armée d’Angleterre eftoicnbsp;prefte pour paffer:contrelaquelle ils n’auoient point puiffance de rehfter: pournbsp;lequel departement des deffufdits,les Flamens furent fort troublez. Si comme-cerent de là en auat à murmurer 1 vn contre l’autre en difant, qu’ils eftoient trahis par les gouuerneurs.de leur Prince, amp; qu’on leur auoit promis à leur departement de Flandres que la ville de Calais fercitaufli toft affregéepar mer quenbsp;par terre. Si auoient leurs gouuerneurs amp; capitaines affez à faire à les rappaifernbsp;amp; entretcnir.Et entre, temps le Duc de Bours;ongne qui par tous fes pays auoitnbsp;mandez fes nobles gens de guerre, poureneftre accompaigné à ladcfcenduenbsp;des Anglois. Laquelle il attendoit chacun iour, il feit aduifer par aucuns de fesnbsp;cheualiers feablcs Ôc en ce cognoiffans vn champ amp;: place la plus aduantageufenbsp;que faire fè pouoir, pourluy amp; les fiens mettre enbattaille contre les aduerfai-res quand ils viendroient:amp; afiin d’auoir aduis fur toutes fes befongnes amp;affn-res,lc xxvij. iour de Juillet affembla grand partie de ceux de fon confcil, auec-ques eux plufieurs de fes capitaines amp; gouuerneurs des communes:âufqucls ilnbsp;remonftra amp; feit remonftrer l’intention amp;voulcnté qu’il auoit contre les ad-Uerfaires:de laquelle les deffufditseftoient affez contens: mais le propos defdi-éàes comunautez fut affez toft mué:parce en partie, qu’en ce mcfmeiour ceuxnbsp;de la ville de Calais faillirent hors de leur ville en moult grand nombre tant denbsp;pied comme de chcual, amp; vindrent foubdainemennc’eft à fçauoir ceux de piednbsp;à la baftille, dont deffus eft faide mention : amp;ceux decheual allèrent courrenbsp;entrel’oft amp; ladidebaftille, pour empefefeer qu’icelle ne pcutfi haftiuementnbsp;auoirfecours neayde. En laquelle baftille eftoient de trois à quatre cens Flamens.Et adoneques fut crié à l’arme par tout roft,amp; y eut moult grand effroy.nbsp;Si faillirent gens de toutes parts en moult grand multitude amp; abondance,pour

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M.CCCCXXXEl. rOLVl^iE 11. DES CERONlCsEES

aller au (ècours des delTufdits : amp;mefmement ledit Duc de Bourgongne y alla en là propre perfonnc tout de pied. Mais les dcflufdits Anglois a flail lirent G. trefiereinent êc afprement iceux Flamens de la baflille : amp; pourtant qu’ils lesnbsp;trouuerent de mefchante amp; pauure deffence, icelle baftille ne leur dura gueres:nbsp;mais fut briefuement conquifc amp; gaignée auant qu’on y peuft venir.Si y furentnbsp;tuez enuiron huidyingts Flamens, amp; vne grand partie des autres prins amp; menez prifonniers:defquels quad ils furent auprès des portes de Calais, ils en rpei-rentàmortlamoitiélargement:pourceque lefdits Anglois fceurentque lesnbsp;Flamens auoient mis à mort vn de leurs cheualier, qui auoit efté prins parlesnbsp;Picards,qui eftoient de cheual à celle efcarmouche, pour laquelle prinfe amp; oc-cifion,le Duc eut moult grand dcfplaifancc. Et d’autre part les Flamens qui f’e-ftoient mis en la ballille, fe retrahirent moult troublez amp; ennuieux pour leursnbsp;gens qu’ils veirent ainfi eftrc occis amp; tuez. Et falTemblerent en ce propre ioutnbsp;diuers trouppcaux dilànt l’vn à rautre,qu’ils eftoient trahis, amp; que riens ne leurnbsp;eftoit entretenu de chofe qu’on leur eut promis: amp; aufli qu’ils perdoient chacunbsp;iourleursgens,amp;n’ymettoient les nobles nulle prouifion: amp; finablementilsnbsp;langagercnt tant enfemble qu’en fin(nonobftant les remonftrances qui leur furent faiôles) ils coclurent d’eux delloger amp; retourner en leur pays. Et auecquesnbsp;ce en y auoit aucuns qui eftoient en grand voulêté d’occire aucuns des gouuer-neurs de leurdit Duc:lequel quand il fut aduerty qu’ils auoient pourparlées lesnbsp;chofes delTufdiôles, fut moult troublé amp; delplailânt, confiderant la chargenbsp;deshonneur qu’il pouoit auoir fil luy conuenoit partir de Ià,attendu le mande-mêt de Humfroy Duc de Cloceftre fon aduerlâire,qui luy auoit efté noncéparnbsp;le herault Anglois, amp; la refponcc que ledit Duc luy auoit baillée. Si alla ennbsp;la tente de Gand, où il feit aflembler grad nombre des dcfliifdits,aufquels il re-quift le plus qu’il peut qu’ils voulfiflent demourer auecques luy amp; attendre lanbsp;venue des Anglois:de laquelle ils eftoient aflez acertenez, qu’ils arriueroiet dedans briefs iours. enfuiuans : difans outre que fils fe partoient fans attendre fesnbsp;ennemis amp;: les combattre, ils feroient â luy amp; à eux le plus grand deshonneurnbsp;qui oneques fut fait à Prince : ainfi alors amp; plufieurs autres fois furent par leditnbsp;Duc amp; fon confeil faides plufieurs remonftrances raifonnables à icelles communes, mais finablement ce futpeine perdue: car ils eftoient du tout after-mez amp; obftinez l’vn auec l’autre d’eux partir. Et pource à tout celles remonftrances faifoient comme la fourdeaureille, finon aucuns des principaux quinbsp;relpondoient courtoifement en eux exculànt. Pour lefquels ceux qui eftoientnbsp;deflbubs eux au befoing euflent fait aflez petit : Scadoneques le deflufdit Ducnbsp;deBourgongnevoyantledangier oùilfeftoit bouté foubs l’ombre amp;inftan-ce des defluldiéles communes : confiderantaufli le blaftne qu’il luy conuenoitnbsp;receuoir à caufè de fon partement, il ne fait point àdemader fil auoit au cucurnbsp;grand delplailànce : car iufques à ce toutes les entreprinlès luy eftoient venuesnbsp;aflez à fon plaifir, amp; icelle qui eftoit là plus grande de toutes les autres de fonnbsp;regneluy venoit au contraire. Tdtitesfois luy conuint louffrir la rudefleôcnbsp;grand fotie de lès Flamens : car il n’y pouoit pourueoir, jaçoit-ce que par plufieurs fois lèraeit en peine d’eux retenir aucuns peu de iours. Neantmoinsnbsp;voyant qu’il perdoit fon temps de les plus auant requerre, il fe conclud auec-

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D'ENG 1/ERK. J)E MONSTKELET. CHARLES ^11. qucs les feigneurs de fon confeil de defloger auecques eux: amp; leur feit dire quenbsp;puis qu’ils ne vouloient plus demourer, ils l’attendiflent iufques au lendemain:nbsp;amp; qu’ils fe partiflent par bonne ordonnance à tout leurs habillemens, qu’ilsnbsp;chargeroient: amp; que leurs aduerfaires ne leur portaflentnul dommage, amp; ilnbsp;les reconduiroit à tout fes gens iufques outre l’eaüe de Grauelignes. A quoy lesnbsp;aucuns refpondirent qu’ainïî le feroient ils: amp; la plus grand partie difoient quenbsp;ils eftoient aflez puiflans pour eux en retourner fins auoir conduiôle.Et en y a-uoit grand partie qui à toutes fins vouloient aller au logis du Duc de Bourgon- •nbsp;gne tuer le feigneur de Croÿ , meflire Baudo de Noyelle, lean de Brimeu pournbsp;lors baillifd’Amiens, amp; aucuns autres de fon confeil, difans que par leurs exhortations auoit ce voyage efté entreprins: lequel n’efloit point bien poffible-de l’acheuer comme ils difoient, veule gouuernement amp; les maniérés qu’on y*nbsp;tenoit. Lefquels trois feigneurs defTus nommez fçaehans la mutation d’iceuxnbsp;Flamens ainfi eflre faide contre eux,fe départirent de l’oft à priuée mefgnie, amp;nbsp;fe retrahirent au logis de meflire lean de Croÿdeuant Guifnes. EticeuxFla-mens entre le fàmedy amp; ledimenche commencèrent âd’eflendre par leur oftnbsp;tentes amp; pauillons, amp; charger leur bagues pour eux en aller.Eceftoient les Ga-tois les principaux faifànscefte mutation. A l’exemple defquels tous les gensnbsp;de guerre amp; marchans lâcftans, trouflerent tout ce qu’ils pouoient auoir denbsp;leurfdiótes bagues; mais pour le foubdain partement ydemoura des vins, vi-ures amp; autres biens treflargemêt: amp; conuint effondrer plufieurs queues de vinsnbsp;amp; autres bruuaiges à la perte amp; dommaige defdits marchans. Etaufïi furentnbsp;laiffez plufieurs gros engins amp; autres habillemens de guerre, qui cftoient audit Vnbsp;Duc de Bourgongne : pource qu’on ne pouoit trouuer de chars ne de cheuauxnbsp;pour les emmener. Et pareillement y demoura grand quantité des biens amp; ha-billemês,que y auoient amenez les Flamens. Si fc commencèrent à defloger ennbsp;faifànttrefgrand bruit, crianstousà vnevoixen tréfgrand multitudegaubbenbsp;gaubbe nous fommes tous trahis.Qui vault autant à dirc,allons, allons en noznbsp;pays. Auquel partement boutèrent les feux en leurs logis. Et commencèrentnbsp;à tirer vers Grauelignes fans tenir ordonnance. Et lors ledit Duc de Bourgongne qui auoit au cueur trefgrand trifteffe à toutfes nobles hommes amp; gens denbsp;guerre, fe mcit en bataille par bonne ordonnance vers ladiéle ville iufques à ratnbsp;qu’iceux Flamens fuffent eflógnez pour les garder,affin que les Anglois de Calais ne failliffent dehors pour ferir fur eux. Et apres par bonne ordonnance mettant fès meilleurs gens d’armes derriere par maniéré d’arriegarde, fuiuit fbn oftnbsp;qui eftoient défia verslechaftel de Mare. Si fèmeirentlefdits Flamens illecvnnbsp;petit en ordonnance, amp; fen allèrent loger empres ladide ville de Grauelignesnbsp;au mefine lieu, où ils auoient logé au paffer : toutesfois les Brugelins eftoientnbsp;irefmal contens de leur honteux departement. Et pourtant qu’à ce iourn’a-uoient point leurs cheuaux pour ramener leurs gros engins qu’ils auoient lànbsp;amenez, en chargèrent aucuns fur leurs chars amp; à force amp; puiffance degensnbsp;les ramenèrent iufques audit lieu de Grauelignes au mcfme lieu, où ils auoientnbsp;logé au paffer. Auquel iour ledit Duc de Bourgongne manda à meflire leannbsp;de Croÿ qui eftoit deuantladiélc ville de Guifnes, qu’il fc deflogeaft à tout fèsnbsp;gens d’armes amp; fen vint deuers luy fans delay. Lequel oyant le mandement

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M.ccccxxxn.

yoLyyiE il des chkoniqj^es

de fon feigneur, amp; fçachant que loft eftoit dcflogé, feit appreftcr fes gens amp; fe tira en bonne ordonnance enuers fondit feigneur le Duc : mais aucuns grosnbsp;engins demourercnt là, par ce qu’on ne lespouoit charger furies chars auecnbsp;grand quantité d’autres biens‘.pour lequel departement ceux dudit chafteldenbsp;Guifnes eurent moult grand ioye amp;: liefte : car ils eftoient fort contraints amp; ennbsp;grand neceflité, comme pour eux rendre:amp; dedans briefs iours enfuyuans faillirent dehors, en faifànt trefgrand huée apres leurs cnncnîiis. Et pareillementnbsp;quad ceux de Calais veirent amp; (ceurêt le parlement de l’oft, ils en furent moultnbsp;joyeux: fi iflirent hors en grand nombre pourrecueillir lesbiens qui eftoientnbsp;demourez, defquels y auoit treflargement. Et lors enuoycrent plufieurs mefnbsp;fages en Angleterre nonçer cefte aduenture. Et ledit Duc de Bourgongne quinbsp;eftoit logé à Grauelignes tant defplaifànt amp; ennuyeux(commc dit cft)print co-feil auec les feigneurs amp; nobles hommes qui là (’eftoient retraits auec luyfurnbsp;fes afFaires,enluy complaignantdela honte que luy faifbient fes communesnbsp;de Flandres : lefqucls les aucuns luy remonftrerenc amiablcment qu’il print ennbsp;gré amp; patiemment cefte aduenture, que c’eftoit des fortunes du monde : amp;nbsp;puis luy dirent amp; cofeillerent qu’il fe pourueut au furplus par la meilleure forme amp; maniéré que faire fe pourroit:c’cft à fçauoir qu’il fournift fes villes amp; fornbsp;tereflesfur les frontières degens d’armes,deviures amp; habillemens de guerrenbsp;pour refifter contre fes aduerfaires, qu’on attendoit chaeûiour, lefquels comme on pouoit fuppofer fefforçoient de grcuer luy amp; les fiens par diuerfes maniérés, attendu les entreprinfes quiauoient eftéfaides contre eux. Et luy denbsp;faperfonne fe retrahit plus auant en l’vne de fes villes. Et manda par tous fesnbsp;pays gens de guerre pour ayder amp; fecourir ceux qui en auroient befoing. Apresnbsp;laquelle conclufion iceluy Duc requift à plufieurs feigneurs amp; nobles hommes là eftant moult inftamment, qu’ils voulfilTent demourer en icelle ville denbsp;Graueligneszlaquelle pouoit eftre moult preiudiciable à tout le p3ÿs,fi elle n’c-ftoit bien gardée: amp; leur promettant fur fon hôneur,que fils auoient aucun befoing , amp; ils feulTent affiegez, il les fecourroit (ans point de faute quelque perilnbsp;ou dommage qu’il y deuftauoir: lefquels luy accordèrent amp; demourercnt lànbsp;le feigneur de Crefquy, le feigneur de Saucules, fireSymonde Lalain, SaulTcnbsp;fon frere,Philebert de Vauldray,amp; plufieurs autres notables vaillansamp; ex-pers hommes de guerre. Et d’autre part furent enuoyez à Ardre mcflîreLoysnbsp;deThicubronne amp; Guichartfonfrere, amp; aucuns autres dedeuersla marchenbsp;de Boulenois : amp; és autres lieux furent mis gens d’armes felon les eftats des villes amp; forteftes pour la garde d’icelles. Si eftoient là prefens plufieurs feigneursnbsp;de fon con(eil,par le moyen defquels icelle oetreprinfe auoit efté mife fus, quinbsp;de cefte malleaduenture eftoient defplaifans. Sinelepouoicntauoirautre,ôcnbsp;leur conuenoitfouffriramp;ouÿr lesparolles du monde. En outre apres ce quenbsp;ledit Duc eut (comme dit eft) tenu fon confeil auec (es gens amp;conclud leschonbsp;fes delTufdides, il feit requerre aux Flamens qu’ils demouraffent encores a.-uec luy vn peu de iourspour attendre la venue de leurs ennemis. Laquelle rc-quefte ne voulurent accorder, pour les perils dont ils (è doubtoient: amp; allèrentnbsp;deuers luy plufieurs des capitaines le mardy dernier iour de Iuillct,requcrir audit Ducqu’illeurdonnaft congé de retourner en leurs propres lieux. Lequelnbsp;voyant

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D'ENGFEBK. DE MO.HSTKELET. CHAKLES VIL 134 voy.int qu’il ne les pouoit retenir en nulle maniéré du monde leur accorda amp;nbsp;leur dóna congé d’eux en aller:car il apperceuoit bien qu’ils n’y feroient ja beaunbsp;faiél,puis qu’ils n’auoient à ce courage. Si fe partirent ôc fen allèrent par plu-fîcursiournéesiufques en leurs villes: mais ceux de Gand ne vouloient pointnbsp;rentrer dedans leur ville fils n’auoient chacun vne robbe aux dcfpens delcur-diélc ville, ainfi qu’anciennement eftoit accouftumé de leur bailler quand ilsnbsp;reuenoient d’aucune armée:laquelle chofeon leur refufa,pource qu’il fembloitnbsp;aux gouuerneurs d’icelle ville de Gand qu’ils feftoient trefmal portez. Et quadnbsp;ils eurent refponce, ils rentrèrent dedans tout murmurant amp; mal contens desnbsp;delTufdits feigneurs amp; gouuerneurs. Si auoient efté au départir de deuant Ca-.nbsp;lais amp; au deflogcr,mifès en feu amp; defolées les forterefles de Balingehem amp; denbsp;Sangathe.En apres le Duc de Bourgongne partat de Grauelignes,f’en alla à 1’1 £1nbsp;Je,amp; feit publier par tous les pays que toutes gens de guette qui eftoient ac-couftumez d’eux armer, feuiïent prefts pour aller deuers luy pour aller ou il lesnbsp;cnuoyeroit,pour refifter à l’encontre de l’armée des Anglois fes aduerfaircs: la-quelle,comrae dit eft,onfçauoitaflez quelle eftoit prefte pour venir defeen-dre au Haute de Calais: amp; mefînement apres ce que ledit Duc de Bourgongnenbsp;amp; fon oft furent deflogez de deuant Calais,arriua ledit Duc de Cloceftrc auec-ques fon armée d’Anglois.

Comment meßire Florimot âe Brimeu Senefchal de Ponthieu^coqnifl U 'ville âtt Crotoy.

Vrant le temps que le Duc de Bourgongne eftoit au voyage de Calais,meftireFlorimont de Brimeu Senefchal de Ponthieu, Richard de Richaumes capitaine de Rue,Robert du Quelhoy capitaine de S.nbsp;Vallery amp; autres des frontières vers Crotoy, faffemblerent vn certain iour à tout le nombre de quatre cens combattans ouenuiron: amp; allèrentnbsp;de nuid eux mettre enembufehe fur Icsgreues vers la ville amp; forterelTedunbsp;Crotoy,amp; enuoyerent le deflufdit Robert du Quefnoy à tout trente combattans ou enuiron au matin, pafler par vn baftel deuant ladide ville amp; fortereflenbsp;pour faire faillir les Anglois de leans apres eux ce qu’ils feirent: amp; quand ils ap-perceurent que lefdits Anglois les pouoientbicn veoir,ils feirent femblant quenbsp;ledit baftel fut.feru en terre,amp; qu’ils ne peuflenc pafter de là ne eux de là partir :nbsp;amp; mefmement dix ou dopzc de leurs gens fbrtirent en reaüe,qui failbient fern-blàt de vouloir bouter iceluy baftel par force du lieu où il eftoit aflis.Si faifbiécnbsp;moult fort les embefongnez:amp; lors Henry, lean, Richard amp; Thomas voyansnbsp;de leurs muraillesTelbatemêt d’iceux galans amp; la manière qu’ils tenoienr, defi-rans de les aller ayder amp; fccourij; mais no pas au plaifir d’iceux trauaillâs, maisnbsp;pour vouloir conquerre proye,fiillirent hors làns delay: amp; coururent vers iceluy baftel pour le prendre: mais ils furent tantoft forcîoz par ceux de ladidenbsp;embufehe. Lefquels les aflaillirent fierement, amp; en occirent fur la place mieuxnbsp;de foixante quatre, amp;ft en y eut de prins de trente à quarante: amp; parainfinbsp;demoura icelle ville amp; forterefle du Cootoy fort defgarnie de gens , amp; ennbsp;y eut plufieursnaurezdelapartic dudit Senefchal. Lequel Senefth^l amp; ceuxnbsp;qui eftoient auec luy, fçachàs par lefdits prifonniers que dedans la ville amp; forterefle dudit Crotoy auoit demouré peu de gens de dcffence, raflcmblerent de

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MXCCCXXXri. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y O Lr'M E il des CHKONII^yES

rerhef, plufieurs hoînmes de guerre fur la marche a l’enuiron, amp; les mena loger deuant ladide ville : au bout de quatre ou cinq iours enfuiuans, les fcit alîaillir, laquelle fut prinfe d’aflault à petit dommage de fes gens, amp; ceux qui e-lloient dedans la ville,fe retrahirent dedans le chaftel,deuant lequel fe logèrentnbsp;les delfufdits. Et feirent drefl'er aucuns engins contre iceluy qui petit ôu néantnbsp;le dommagerent, car il eftoit excellentement fort. Et apres qu’içcluy Senelchalnbsp;eut là eftérertaine efpace de temps,voyant qu’il eftoit mal poflible d’icelle for-terefte conquerre le deflogea, amp; feit abbatre amp; démolir la fortification de la-diôle ville. Si fe retrahit auec les fieKs es lieux dont ils eftoient venus, amp; emportèrent les biens qu’ils auoient conquis en ladidc ville. En apres iceux Angloisnbsp;du Crotoy auoient deux bafteaux nommez Gabannes : par le moyen defquelsnbsp;ils trauailloient fouuent ceuxd’Abbeuille, amp; par efpecial les pefeheurs : fi en-uoyerent les delfufdits d’Abbeuille de nuiél aucuns de leurs gens à tout vn bate! alfez pres du Crotoy. Et en y eut aucuns qui en nageant, allèrent attacher a-grappes de fer par dedans l’eaûe aux bafteaux delfufdits : aufquelles agrappes ynbsp;auoitde bien longues cordelles, par lefquelles cordelles iceux nauires furentnbsp;tirez dehors amp; amenez audit lieu d’Abbeuille, dont les Anglois furent malle-ment troublez.

Comment Humfroy Duc de CloceClre ayyiuo, d Cala'ti d tout grand nombre degens mes^ entra en Flandres amp; en Artois es autres pais du Duc de Bourgongnenbsp;où il feit moult dédommagés.

Pres que le Duc de Bourgongne amp; les Flamens fe furent dellogez de deuant Calais, ficomme dit eft ailleurs, arriua dedans briefs iours a-|^)§pres enfuiuans le Duc de Cloceftre au haute de ladelfufdiólevillcde

Calais à tout dix mille combattans Anglois ou enuiron: amp; venoient en intention de combattre ledit Duc de Bourgongne amp; toute là puilfance, filsnbsp;l’eulfent trouué : amp; pourtant qu’il eftoit party,fe raeit à chemin pour aller versnbsp;Grauelines. Et de là le tira en Flandres,amp; palîa par plufieurs gros villages comme Poperniche,BailIeul amp; plufieurs autres : lefquels il defola par feu amp; plufieurs faulsbourgs de villes,dont par tout ne trouuoit gueres de delFence : maisnbsp;tout le monde f en fuy oit deuant luy,amp; nuis Flamens ou peu ne l’ofoient attendre, amp;enuoya grand proye de beftailamp; d’autres lftens:fi y feirent de moultnbsp;grans dommages, làns perdre de leurs gens ou bien peu: mais ils endurèrentnbsp;grand faim par faute de pain. Si palferent le Neuf chaftel amp; ardirent Rimeftu-re amp; Valon-chappelle.Et puis entrèrent en ArtDis,amp; allèrent à Arques amp; Blan-defques,là où ils feirent des efcarmouches : n^is ils boutèrent les feux par tousnbsp;les lieux où ils peurent aduenir. Et palferent par empres la iuftice de S. Orner,nbsp;amp; par tout en fes villages à l’enuiron ils feirent moult de dommages,amp; deften-dirent autour de Tournchin,Elprelecques amp; Bredenarde,là où ils feirent elcar-mouches des capitaines des chafteaux à l’enuiron.Et Cavvart amp; autres compagnons de l’Angle y furent blcce2,quipar force en rebouterent hors de leurs villages amp; d’autres de leurs chafteaux:dont ils furent en icelles marches amp; autournbsp;d’Ardre plus reboutez:amp; y eut plus de gens blecez que par tout Flandres,où ilsnbsp;auoient efté. Et fe retrahirent vers Guifncsamp; Calais, pourcc que plufieurs denbsp;leurs

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leurs gens prindrent maladies par neceflitéde pain: dont ils n’auoientpointà leur plaifir: dont aucunes bonnes femmes qui leur en donnoient fauuerêc leursnbsp;maifons: amp; auflî gaignerent en d’aucuns lieux de bon beftail en grand nombre,nbsp;qu’ils amenoient de Flandres dont les conduifeurs n’en pouoicnt point bien venir à chief de les conduire, pource qu’en aucuns lieux ne trouuoicnt pointnbsp;d’eaiie pour les abryuer, dont elles f’efpartoient : amp; ceux qui penlbient à les retourner, eftoient furprins fbuuentesfois de leurs aduerfaires quand ils fcflon-gnoient trop de l’auantgarde amp; de la bataille. Et en ce temps meftire Thomasnbsp;Kiriel amp; le feigneur de Faulquemberge alTemblerét au Neuf challel d’incourtnbsp;enuiron mille combattans,lelquels ils menèrent palier la riuiere de Somme «1 lanbsp;Blanche-tache, amp; allèrent loger à Foreft-Monftier : amp; de là alla à Broyé fur lanbsp;riuiere d’Authie, où ils furent quatre iours : amp; prindrent le chaftel d’airault,quinbsp;n’eftoit point gramment fort ne de grand valleur,amp; appartenoit au Vidame denbsp;Amiens. Si y furent morts vne partie des delFendeurs amp; cinq ou fix des alTail-lanszpour la prinfe duquel le pays fut en grand elFroy, doublant que les An-glois ne fe voulfilfent là loger : car pour ce temps y auoit bien petite prouifionnbsp;quant à la garde du pays, mais les Angloisauoienttrouué en icelle ville amp; ennbsp;plufieurs autres qu’ils auoient courues amp; prins des biens trellargement amp; gradnbsp;foifon de prifonniers, à tout lefquelsils fen retournèrent auditpaflàgedelànbsp;Blanche-tache paroùilseftoientvenuz. Et de là en leurs garnifons fans fairenbsp;' perte de leurs gens qui face à eferipre. Et feirent pour iceluy voyage de gransnbsp;dommages ou pays de leurs ennemis amp; aduerfaires.

Comment les Flamens Je remeirent en armes depuis e^u'ils furent retourne'^ de Calais en leurs •villes,

Pres que les communes de Flandres furent rentrées dedans leurs villes, comme dit eft deflus, leur vindrent dedans briefs ioursen-luiuansnouuelles, qu’vnegrand foifon de nauires d’Angleterre e-ftoientarriuéesdçuers Septentrion fur la marche de Flandres en-tour Bielinghe,ayans intention d’entrer ou pays : amp; pource de techef lesbonnes villes remanderent toutes leurs gens de plat pays, amp; fe remeirent en armesnbsp;à toute puiflance, amp; allèrent hafliuement fans grand charroy deuers Breuelier,nbsp;amp; fe logèrent fur la mer à l’encontre dudit nauire d’Angleterre qui eftoit là enuiron. Et eftoit ce nauire là pour occuper amp; donner cmpefchementàceuxdunbsp;pays,affin qu’ils ne Ce retrahiflent deuers l’oft du Duc de Cloceftre, qui eftoit ennbsp;la marche de Poperinche,amp; Bailleul : lequel nauire l’auoit là mené amp; n’y eftoitnbsp;pour lors dedans queles marini^s,amp; aucun peu de gens pour le garder : pour-quoy ils n’auoient mie voulentéde prendre port pour entrer oudit pays. Si fènbsp;départirent en aflez briefs iours enfuiuans, amp; retournèrent à Calais. Apres laquelle retraiéle amp; departement lefdits Flamens fe retrahirent chacune compagnie en leurs places. Mais les Gantois qui bien fçauoient, qu’on leur bailloit lànbsp;plus grand charge du departement de Gal«is qu’à tous les autres,dont ils eftoiecnbsp;tres malcontens,ne vouloient mettre ius leurs armes.Si contendoient à faire denbsp;grans nouuelletez, amp; eftoient en moult grand difeord l’vn contre l’autre : par-quoy il conuint que leur Prince y allaft : lequel là venu luy feirent bailler plu-Z iij

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lA.CCCCXXXEÎ. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;II. DES CHRONIOJES

fieurs articles de remontrances :defquelles en y auoit aucunes qui vouloient , fçauoir pourquoy le fiege n’auoit été mis par mer dcuät Calais come par terre,nbsp;ßcomme il auoit été conclud.Et autî pour quelle raifon le nauire d’Angleterre n’auoit été ars comme on auoit ordonné. A quoy on leur feit refponce denbsp;par le Duc de Bourgongne,qu’au fiege par mer il leur etoit impoflible,commenbsp;bien fçauoientles mariniers à ce cognoitans que nauire y.fceut arrêter parnbsp;fortune de mer, fans peril d’etre bouté forciblcment par deuers la terre en di-uers lieux en la fubiedion de fes ennemis.Et auecques ce les Hollandois qui luynbsp;auoient promis vne ayde amp; accordée pour fournir ledit nauire,luy auoient failnbsp;ly de promete.Et au regard du nauire d’Angleterre qui n’auoit point été bruf-lé,les gensamp;vait'eaiix qui auoient à ce été ordonnez â rEfclufe:amp; pource fairenbsp;n’auoient nullement eu vent propice pour y aller,mais leur auoit toufiours éténbsp;contraire. Et quant à plufieurs autres points qu’ils requeroient : c’et à fçauoirnbsp;d’auoir trois capitaines pour gouuerner la ville de Gand, pour faire procetionnbsp;par le pays à main armée de garnir les forteretes des gens natifs du pays de Flâ-rnbsp;dresjd’appaifer le difeord d’entre ceux de Bruges amp; de l’Efclufc, amp; de pluficursnbsp;autres befongnes requifes par euxdeur fut par iceluy Duc faide fi bonne amp; rai-fonnable refponce, qu’ils furent atez contens de luy amp; fc retrahirent ceux quinbsp;etoient armez ou marché des vendredis en grand multitude en leurs raaifons:nbsp;amp; laiterent leurs armes,jaçoit ce qu’ils eu tent été fort efmeuz de premiere ve-nue.Et auoient aux archiers de leur Prince fait mettre ius leurs batons, qu’ilsnbsp;portoient apres luy,difans qu’ils etoient fors atçz pour le garder. En apres furent banniz de Gand metire Rollant de Haultekaerque,mettre Colard de Co-muncs,metire Gilles delaVoutine,Enguerran Auvviel amp;Iean D3udain,pournbsp;ce qu’ils ne f’etoient remontrez comme bourgeois ainfi comme les autres,nbsp;quand il auoit été publié : amp; efcriuirent lefdits Gantois à ceux de leur chatel-lenie,que qui pourroit prendre l’vn des detufdits banniz amp; le mettre en leursnbsp;mains, il auroic pour fon falaire trois cens liures tournois, auecques raifbnna-bles defpens. Et depuis furent faiéfes plufieurs ordonnances pour la garde amp;nbsp;detencedu pays. Si furent commis plufieurs capitaines :defquels le feigneurnbsp;d’Etrenhufe fut etably capitaine, le feigneur de Communes à Gand, metîrenbsp;Girard de Tournay a Audenarde,metire Girard de Gy telles à Courtray:amp; pareillement furent commis par toutes les autres villes aucuns nobles amp; gens denbsp;guerre felon l’etat d’icelles, tant felon les frontières vers Calais comme fur lanbsp;mer amp; ailleurs.En outre fut publié que nul ne fc partit du pays pour caufè de lanbsp;guerre,amp; fur grande amende: amp; que chacun fe pourueut amp; garnit d’armes félon fon état amp; puitance. Et auti que tout^ bonnes villes amp; forteretes fuf-fent reparées amp; fournies de viures amp; habillemens de guerre. Etauecques ccnbsp;que tous fotez amp; barrières futent vifitées amp;: reedifiées es lieux amp; és places accoutumez,amp; tout aux defpens du paÿs,amp; ceux detbubs qui les reediticationsnbsp;fedeuôit faire. En apres pour mieux faire que laitèr,conuint que le Duedef-fufdit dit de fà propre bouche aux Gantois. qu’il etoit bien content d’eux poufnbsp;la départie de deuant Calais, amp; qu’ils fen etoient retournez par fà licence 5cnbsp;ordonnance:car c’etoit tout leur defir amp;atelt;tion que d’en etre exeufez,pource qu’ils fçauoient amp; cognoitbient bien qu’ils fen etoient partiz trop honteu-fement.

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D'ENGJ/ERR, de MONSTKELET CHARLES Hl. 13^

fement. Et quand toutes ces befongnes deflbfdióles furent ainfi remifès en rei-gle,comme dit eft,ledit Duc fen retourna à l’Ifle : amp; lors vindrent deuers luy le ïeigneur de Chargny amp; aucuns autres nobles Se vaillans hommes, qui amenèrent des parties de Bourgongne enuiron quatre cens combattas qui furent misnbsp;en garniibn fur les frontières de Boulenois. Et puis apres brief enfuiuant vindrent ôc arriucrent les feigneurs d’Aniy ôc de Vvarembon à tout encores quatre cens combattans Sauoifiens : lefquels adommagerent moult les pays d’Ar-tois, CambreGs vers Tournay . Et puis apres les mena le feigneur de Vvarembon en garnifon à Ponthoiie,là où iis furent grande efpace de temps.Si eftoientnbsp;Jors par toutes les parties du Royaume de France les Eglifes amp; le poure peuplenbsp;oppreiTc Sc trauaillé, «1 l’occafion de la guerre Sc n’auoient comme nuis deffen-deurs.Et nonobftant la paix d’Arras faide,lcs François amp; Bourgongnons versnbsp;les pays amp; marches de BeauuoiGs,Vermendois,Santhois,Laonnois,Champai-gne ScRethelois faifoient moult fbuuent de grandes entrepriniès les vns fur lesnbsp;autres, amp; prenoient querelles non raifonnables l’vn contre i’autre.Pourquoy ilnbsp;aduenoit moult de fois que les pays deffuldits tant d’vn collé comme d’autre e-lloient couruz amp; pillez, amp; auoient autant ou plus à Ibuffrir comme parauancnbsp;là delTufdiôle paix d’Arras. Si n’y pouoient les poures laboureurs mettre autrenbsp;prouifion. Gnon de crier milèrablement à Dieu leur créateur vengeance.Et quinbsp;pis eftoit quand ils obtenoient aucun laufeonduitd aucuns capitaines peu ennbsp;eftoit entretenu, rnefmement tout d’vn party. Et entre-temps que ces befongnes fe faifoient raeflîrc lean de Hornes Senelchal de Brabant, qui auoit eu lanbsp;charge auecques le commandeur de la Morée de conduire le nauire par mer amp;cnbsp;aller deuant CaUis quand le Duc de Bourgongne y eftoit,fut rencontré par aucuns Flamens fur les dunes de la mer,ainG qu’il alloit àfes affaires à petit,e compagnie: lefquels le meirent à morçdont ledit Duc de Bourgongne eut au cueurnbsp;trefgrand defplaifancc. Et d’autre part apres que ledit Duc eut rappaifezlesnbsp;Gantois, comme dit eft cy deffus : amp; qu’il eut entendu que toutes les comma*nbsp;nesde là Comté fuffent bien vnies : G fefmeurentles Brugelinsen trelgrandnbsp;nombre pour aller affieger l’Efclufe, amp; fe tindrent en armes fur le marché parnbsp;moultlong temps. Et entre-temps meirent à mort l’Elconteôle de la ville, quinbsp;eftoit vn des officiers dû Prince nommé Vauftre d’Eftèmbourg : amp; fut pourcenbsp;qu’il ne vouloir point aller en armes fur le marché auecques le commun, où ilsnbsp;furent bien Gx fepmaihes,amp; eftoieht les capitaines Pierre de Bourgrane amp; Cri-ftofle Mynere.Et y eut vn nommé GeorgesVaudeberques qui feit leuer la Du-cheffe amp; fon Gis de Ibn chariot, pour quérir ceux de dedans :laquelle Duchef-le pour lors y eftoit amp; l’arreftereÿ.Et puis apres quand elle fe départit luy ofte-rent de fon chariot la femme de meftîre lean de Hornes, donu icelle Ducheffenbsp;fut moult troublée-.maiselle n’en peut auoiraqtréchofc. Si cftoient auecquesnbsp;elles meffire Guillaume amp; meflire Simon de Lalaing : toutesfois par certainsnbsp;moyens qui depuis fe feirent entreleur Prince amp; eux le retrahirent en leurs ho-ftels,amp;leur pardonna pour cellefois leutÿ offencesamp;maleGces, pource qu’ilnbsp;auoitpluGeursgransaffaires vers eux.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp; .

Comment U Hire print la 'viüe eisr* fortereffe de Soijjons nbsp;nbsp;autres matières.

Z iiij

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re iceluy ferment: lequel Roy delFendit à fes geiis que dedans iceluy ioiiron


d’autre part le deflufdit Guy de Royc qui tenoit le chaftel de Maicampre entre Chargny amp; Noy on, y meit grand garnifon, amp; commença à mener forte guer


aux bien vueillans du deffus nommé meffire lean de Luxembourg. Et par

ne leur feit point de guerre, moyennant auffi que luy amp; les fîens n’en feroient à luy ne aux fiens. Neantmoins quand il vint à la cognoilTance dudit de Luxembourg qu’on auoit prins fur luy icelle ville amp;fortereijc de Soiflens, quien lanbsp;plus grand partie appartenoit heritablement à fa belle fille Icanne de Bar Com-telTe de faind Pol, il le print trefmal en gré. Et pourueut amp; garnit aucunes denbsp;fes forterefles degens de guerre pour refiûer à telles amp; pareilles entreprinfes.Ecnbsp;re à la Hire amp; aux pays de Soiflbnnois, Laonnois amp; autres villes tenans le party du Roy Charles : amp; pareillement feit le Roy Charles par la Hire amp; fes allieznbsp;tous les pays autour d'eux furent moult trauaillez amp; oppreflc2 tantd’vn coftenbsp;comme d’autre. Apres que le Duc d’Iorth eut conquis la ville de Fefchan,comme dit eft, amp; que lean d’Eftouteuille l’eut rendue fut depuis reprinfè des François fur lefdits Anglois.Et en ce mefraes temps le Duc d’Iorth deflufdit coquiftnbsp;par continuation de fiege fainôt Germain fur Cailly .Si furent penduz les François leans eftans iufques au nombre de douze ou enuiron. Et pareillement re-conquift Fontaines,le Bourg,Blainuille, Préaux, riflebonne,Tancaruille amp; autres plu fleurs fortes places amp; villes: dont la pîus grand partie furent defolées ßcnbsp;ruées ins par lefdits Anglois: durant lequel temps iceux Anglois continuoientnbsp;à degafter les viurcs autour de Harfleur, fur intention de l’aflîeger au plus toftnbsp;qu’ils pourroient par aucune bonne manière.

Comment U Ducheffe âe Bethfort feur au Comte de fainClPol ferematiade faFran^ ehe voulenté. Et comment le Roy Charles de Cecille trai^la auec le Duc de Bourgongne à caufe de ßi delîurance, Et comment les Anglois reprindrentla ville denbsp;Ponthoiße.

N l’an deflufdit la DuchefledeBcthfortfèur au Comte de S.Pol, lè remaria de là franche voulenté ànbsp;nbsp;nbsp;cheualier d’Angleterre nommé

meflîre Richard d’Ondcuille, lequel cftoit ieune homme moult bel amp; bien formé de là perfonne: mais au regard de lignage, il n’eftoitnbsp;point pareil à fon premier mary le Regent h’à elle. Si en fut Loÿs de Luxembourg Archeuefquede Rouen amp; autres fès prochains amis aucunement malnbsp;contens : mais ils n’en peurent oncq*ics auoir autre chofe. Et apres enuiron lenbsp;mois de Nouembre laqucline de Bauiere quicftoit elpoufe Franche de Borfel-Ic : apres que par long temps elle eut jeu en ion lict de maladie langoureuiê alla de vie à trefpas. Si fucceda le Duc de Bourgongne en toutes fes feigneuries.

En

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I)-EN G y ERK. DE MONSTRELET CHARLES EU. 137

En ce mefmc temps vers la fàinôl Andrieu vindrcnt deuers ledit Duc d^ Bour-gongne à l’Ille en Flandres, où il tenoit fon eftat le Roy de Cecille Duc d’Anjou,le Duc de Bourbon,le Conneftable de France,le grand Cbâcellicr de France amp; plufieurs autres grans feigneurs amp; notables Princes : lefquels il receut amp; feftoya treshonnorablement. Et apres furent les traiôtez ouuers d’entre le Roynbsp;Charles de Cecille deffus nommé, amp; le Duc de Bourgongne touchant la deli-urance de (à prifon dont en autre lieu cft faide mention:car encores n’eftoit (ànbsp;foy acquitée pour fa prinfe:mais eftoient aucuns de Ces enfans demeurez hofta-giers pour luy au pays de Bourgongne, lefquels traiétez vindrent en fin â con-clufion : moyennant que prefentement le defTufdit Duc de Bourgongne eut lanbsp;pofTeffion de la terre amp; chaftel appartenant à celuy Roy, laquelle eftoit moultnbsp;bone amp; proffitable.Et auecques cepromeit à payer certaine fomme de deniers:nbsp;pour la feureté de laquelle il bailla en hoftage en fes Duchez de Bar amp; de Lorraine quatre bonnes villes amp; forterefies: c’eft à fçauoir Neuf-chaftel en Lorraine,amp; Clermont en Argonne, amp; Princhy amp; Louy, que ledit Roy deuoit baillernbsp;quand requis en fêroir. Efquelles villes amp; forterefTes le defTufdit Duc de Bourgongne meit garnifbn amp; capitaines de par luy. Et par ainfi le Roy defTufdit futnbsp;acquitté de fa foy amp; r’eut fes enfans : car à prefènt ne furent baillez en la mainnbsp;dudit Duc que les deux enfans premiers,amp; eut feureté par promefTe d’auoir lesnbsp;deux autres fe faute de payement y auoit. Et à ce faire pour les bailler foblige-rent auec ledit Roy meffire Collard de SaufTy amp; lean de Chambly.Et apres tounbsp;tes ces befongnes accomplies (commedit efl)ledit Conneftable de France trai-da auec mcfïire lean de Luxembourg qui eftoit audit lieu de Tlfle, que la guerre d’entre luyamp; la Hire pour la prinfe de Soyflons cefleroit fur forme d’appoin-dement : amp; fi fut audit meffire lean de Luxembourg ralongé fon iour de fairenbsp;ferment au Roy de France iufques au iour S.lean Baptifte enfuyuant,ou de luynbsp;declairer parciafpar tel fi qu’il promeit non faire guerre durant le terme deffutnbsp;dit : ce pendant Guillaume de Flauy qui par le Conneftable de France auoit efténbsp;débouté de la ville de Compiengne, trouua maniéré de rentrer dedans à toutnbsp;grand foifon de gens de guerre. Si le reprint fur ceux que ledit Conneftable denbsp;France y auoit commis.Et ce fait le tint long temps depuis amp; du confentementnbsp;du Roy Charles. Nonobftant que iceluy Conneftable feit depuis de grans diligences de le r’auoir. Item en ce mefme temps reprindrent les Anglois la villenbsp;de Ponthoyfe d’emblée àvn point du iour : dedans laquelle eftoient en garni-fon les feigneurs de Tlfle-Adam amp; de Varembon,auecques eux enuiron quatrenbsp;cens combattans : lefquels en la plus grand partie fefauuerent par fuite en dc-laifTant leurs biens. Pour laquelle prinfe Tlfle de France amp; le pays à Tenuironnbsp;furent de rechef fort troublez, car iceux Anglois ymeirent vne tres grande amp;nbsp;forte garnifon de leurs gens, lefquels coururent trelTouuent iufques aux portes de Paris.

Comment le Roy d’Efcoce fut meurdry par mtiCi en fa chambre par le Comte d'Atelier Jon oncle autres matières.

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M.CCCCXXX^l, yOLVME IL DES CHRONlQ^^ES

V mois deflufdit aduint vne trefgrande amp; mcrucilleufè cruauté ou royaume d’E(coce:car le Roy d’iceluy pays, lequel efloit à S. leannbsp;(èant fur la riuiere deThay au milieu de fon royaume:amp; là ièiour-noit amp; tenoit fbn eftat en vne abbaye de Jacobins au dehors d’icelle ville, amp; fut là efpié par aucuns de fes hayneurs. Et eftoit le chef amp; capitainenbsp;vn fien oncle nommé le Comte d’Athellcs:fi vint le fécond mercrcdy deKarcfnbsp;me qu’il eftoit ieulhe des quatre temps, accompagné de trente hommes ou en-uiron iufques à la chambre du Roy,qui de riens ne fe doubtoit vne heure apresnbsp;minuiél.Si rompirent amp; defpecerent l’huis de ladide chambre,amp; entrèrent de-dans:amp; là meirent ledit Roy à mort cruellcment,en luy faifànt plufieurs playesnbsp;iufques au nombre de trente ou au deflTus, dont il en y auoit aucunes addreftéesnbsp;droit à fon cueur. Durant laquelle cruauté la Royne G femme ftur au Comtenbsp;de Sommerfet d’Angleterre, pour le cuidcr reftourre amp; le preferuer de ccft in-çonuenientjfut naurée en deux lieux moult villainement par aucuns d’iceux fa-éleurs : amp; ce fait fe partirent de là haftiuement pour eux mettre à garant amp; ànbsp;fauuèté.Et lors par le cry de la deflufdide Royne comme par autres de fes gês,nbsp;fut icelle befbngne tantoft diuulguée amp; prononcée, tant en l’hoftcl comme ennbsp;ladide ville. Si fafltemblerent en trelgrand nombre ceux de fondit hoftel amp; denbsp;la ville : amp; vindrent en la chambre du Roy, où ils trouuercnt ledit Roy meuf-dry trefpiteufèment, comme dit eft deffus, amp; la Royne naurée : dont ils curentnbsp;au cueur trcfgrand trifteffe, amp; en feirent moult grans douleurs amp; lamentaties:nbsp;amp; le lendemain fut mis en terre tres fblemnellement aux Chartreux. Et tantoftnbsp;apres enfuiuant furent mandez les nobles amp; grans feigneursdu royaume dE-fcoce:lefquels conclurent tous enfèmble auecques ladiôhe Royne,qu’iceux homicides fulTent pourfuiuis en trefgrand diligence; laquelle conclufion fut mifenbsp;à execution amp; en fin furent tous prins amp; mis à mort par diuers Ôc merueillcuxnbsp;tourmens : c’eft à fçauoir ledit Comte d’Athelles oncle du Roy d’Efcoce qui e-ftoit le principal,eut le ventre ouuerr,amp; luy ofta on les boyaux hors;amp; puis furent ars en vn feu en G prefence,amp; puis fut eGartellé:amp; furent mis les quartiersnbsp;au dehors des quatre plus puifTantes villes d’iceluy royaume d’Efcoce:vn nommé Robert Stecinuart qui eftoit vn des principaux faóleurs, fut pendu à vn gibet amp; apres efcartellé : Robert de Grefine fut mis fur vne charrette, où il y a-uoievn gibet fait au deffus tout propice, auquel on auoit attaché l’vnede fesnbsp;mains : c’eft à fçauoir celle dont il auoit féru ledit Roy d’Efcoce, amp; en ceft eftatnbsp;fut mené par la ville en plufieurs rues. Et enuiron luy auoit trois executeurs denbsp;Iuftice,qui luy lanceoient les fers tous chaulx parmy les cuiffes amp; autres partiesnbsp;de fon corps,amp; apres fut eGartellé.Et les autres chacun endroit foy furet tourmentez treshorriblement .Et futeefte iuftice toute accomplie en dedans lesnbsp;quarante iours apres la mort du deffufdit Roy d’Efcoce. Et la caufe pourquoynbsp;ledit Comte féit celle cruauté à fondit nepueu le Roy d’Efcoce, fut pourcc quenbsp;apres qu’iceluy Roy fut retourne d’Angleterre où il auoit efte long temps pri-fonnier, comme il eft declairé en n»n premier liure : amp; il fut retourné en fonnbsp;royaume d’Efcoce, il feit de trefgrandes iufticesde plufieurs grans feigneursnbsp;tant de fon Gng comme d’autres, qui auoient eu le gouuerneraent defon royaume durant Gdiôleprifon :amp; n’auoient pointfait leurdeuoir felonfonvou-

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D'EN G K ERR. DE MONSTRELET CHARLES riJ. 13g loir de le deliurer de la deflufdiôle prifon. Entre lefquels en auoit fait exécuternbsp;d’aucuns qui eftoient moult prochains audit Comte d’Athelles: amp; pourtantja-çoitcequedeuantle iour dudit homicide, il fut vn des plus prochains amp; plusnbsp;feabks dudit Roy : neantmoins luy auoit de long temps gardée cefte mauuailenbsp;penfée amp; voulenté. Laquelle en fin il meit à execution comme vous avez ouynbsp;cy deflus.Lequel Roy d’Efcoce auoit vn fien fils aagé de douze ans ou enuiron,nbsp;lequel par l’audloriié amp; du confentement des trois eftats du pays fut preftemêtnbsp;efleu amp; efleué à Roy d’Efcoce. Et fut mis a gouuernement d’vn moult notablenbsp;cheualier nommé meffirc Guillaume Crifton, lequel le gouuernoitdes le vi-uant du Roy fon pere. Et auoit iceluy Roy nouuel la moitié du vilaige droit anbsp;ligne vermeil, amp; l’autre blanc. Et puis apres certain temps enfuiuant ladiôlenbsp;Royncemblaauditcheualierle Roy fonfilsauchaftelde Haudebourg,amp; lenbsp;meit en autre gouuernemennc’eft à fçauoir de grans feigneurs du paÿs.dcfquelsnbsp;depuis feirent mourir le Comte de Donglasamp;vn fien frereappellé Dauiddenbsp;Combrebant, pource qu’on difoit qu’il auoit fait confpiration contre le ieunenbsp;Roy pour le depofer de là feigneurie. Si auoit iceluy ieune Roy fix feurs, dontnbsp;l’aifnée eftoit mariée au DaulphinfilsauRoy de France :amp; depuis en eut vnenbsp;le Duc de Bretaigne, amp; la tierce fut mariée au fils du Duc de Sauoye : la quartenbsp;au fils du feigneur de Verre en Hollande. Et apres la Roync d’Efcoce mere auxnbsp;enfans deffufdits fe remaria à vn ieune cheualier nommé laques Stouart amp; ennbsp;eut plufieurs enfans.

O R efl ainfi que depuis ceft article efcript,ie feeuz par approbatio que ledit Comte d’Athelles principal fàéïcurdelainortdu Roy d’Elcoce,futdefucftunbsp;tout nuden purfes brayesenlavillede Edimbourg, amp; fut tiré par plufieursnbsp;fois à vne polie encontreraont tout hault, amp; puis on le lailfoit cheoir embas ànbsp;deux pieds de terre. Et apres fut mis fur vn pillier amp; couronné d’vne couronne de fer ardant, en fignifiant qu’il eftoit le Roy des trahiftres. Et le lendemainnbsp;fut mis fur vne claye tout nud amp; trainé de rue en rue, amp; apres fut mis fur vnenbsp;table,amp; luy ouurit on le ventre. Et puis furent tous fesboyaux amp; entrailles tirez hors amp; iettez en vn feu amp; ars en fa prefènee durant (a vie. Et depuisnbsp;fut fon cueur ietté au feu, amp; apres fut dccappité amp; efeartelé : amp; les quartiersnbsp;mis aux quatre meilleures amp; bonnes villes d’iceluy royaume d’Efcoce, commenbsp;dit eft cy deflus.Et auecques ce que lefdits faéfeurs moururent par diuers mat-tyres amp; tormens, furent aufti executez plufieurs de leurs plus prochains amis,nbsp;qui point n’en eftoient coulpables. Et n’eft point mémoire qu’oneques on veitnbsp;faire aux Chreftiens plusalpreiuftice. Item en ce propre têps leDucdeBour-gongne tint plufieurs eftroits cotfeils,auecques les trois eftats de fon pays pournbsp;auoir aduis pour refifter contre la defeendue amp; puilïance des Anglois fes ennemis,lefquels il attendoit chacun iour. Et fut fur ce conclud de mettre garnifbnsnbsp;par toutes les frontières, tant fur là mer comme ailleurs. Et aulfi fut ordonné ànbsp;tous les nobles de fes pays amp; autres qui fauoient accouftumé armer, qu’ils fufinbsp;fent prefts toutes les fois qu’on les mandfroit pour aller auecques les capitaines, qui eftoient commis pour la gardeamp;deftencedespaÿszceftàfçauoirennbsp;chef lean de Bourgongne Comte d’Eftampes. Et d’autre part durant le tempsnbsp;deffufdit plufieurs citoyens de la ville de Lyon fur le Rofne,fe rebellèrent

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M.CCCCXXXFI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;II, DES CHKOISII^yES

contre les officiers du Roy de France pour amp; àcaufedece qu’ils eftoient trop trauaillezde gabelles amp; fubfides qu’on leuoitfur eux ; mais pour celle caufênbsp;en furent plulîeurs executez amp; les autres emprifonnez par lefdits officiersnbsp;royaux. Et pareillement aucuns Parifiens furent acculez de vouloir reliurer lanbsp;ville de Paris aux Anglois : entre lefquels en furent décapitez maillre laquesnbsp;loullêl amp; maillre Mille des Faulx aduocats en Parlement, amp;auecques euxnbsp;vn pourfuiuant, defquels les biens furent confilquez au Roy. En l’an delTuf-ditfe meirent les Gantois en armes amp; en trclgrand nombre, amp; occirent vnnbsp;nommé Gillebert Paóletent fouuerain Doyen des melliers, amp; luy impoferentnbsp;qu’il auoitempefché qu’on n’alTaillill pas la ville de Calais, quand onfutde-uant, amp; que les engins ietterent peu durant le liege, amp; dilbient que trahilbnnbsp;y auoit couru. Si requeroient entre les autres chofes, qu’on ordonnall amp;: pu-bliall que dorelnauant on ne bralTall plus nulles lèruoifes,amp; qu’on ne feitnbsp;nuis autres melliers à trois lieues pres de Gand:mais pource que les Efche-uins amp;: autres officiers de la ville fe meirent à tout la bannière de France amia-blement auecqueseux fur le marché des vendredis, amp; leur dirent courtoife-ment qu’ils en auroient aduis amp; conlèil, amp; feroient tant qu’ils y pouruoye-roient en telle maniéré, qu’ils fen deuroient bien tenir pour contens, par raifonnbsp;ils furent tantoll r’appaifez : amp; tantoll fe départirent d’illec amp; meirent ius leursnbsp;armeures pailiblement.Et apres plulîeurs confeils tenuz par les Efcheuinsamp; lesnbsp;Doyens des melliers d’icelle ville furie fait de ladite requelle, icelle fut de-clairée cllrc inutille amp; defraifonnable. Et Enablement fut conclud amp; determi-né,qu’on lailTcroit le pays en Reliat où il auoit ellé moult longuement, làns faire aucune irraifonnable nouuclleté.

Comment la Hire, Po thon nbsp;nbsp;nbsp;flufieurs autres capitaines du Rfly de France cuiderent

auoirlacité de Fpüen. Et comment ils furent ajjdilli^e^defconßts des An^ois, lefquels les fùrprindrent en leurs logis.

N cell an falTemblerent plufieurs des capitaines du Roy Charles fur les frontières de Normandie : c’ell à Içauoir la Hire, Pothon denbsp;fainéle Treille,le feigneurde Fontaines, Lauagan,Philippe de lanbsp;Touramp;: aucuns autres, qui tous enfemble pouoient ellre de huiéhnbsp;cens à mille combattans. Et fe tirèrent tous vers la cité de Rouen, fur intentionnbsp;d’entrer dedans icelle par le moyen d’aucuns deshabitans,qui fecrettementnbsp;leur auoient promis d’eux faire ouuerture : mais celle entreprinfe fut rompue,nbsp;par ce que nouuellemét les Anglois y elloient venus en grand nobre.Et pourcenbsp;que les deffiifdits capitaines François à tout l^rs gens, qui défia elloient alTeznbsp;pres dudit lieu de Rouen, fçaehans qu’ils ne pouoient acheuerce pourquoynbsp;ils elloient partis pour eux rafrefehir fe logèrent envn gros village nommenbsp;Ris à quatre lieues dudit Rouen. Et ainfi qu’ils elloient là, les feigneurs d’E-fcalleSjde Thalebor, meffire Thomas Kiriel amp; aucuns autres capitaines Anglois à tout mille combattans ou eniiiron,qui défia elloient aduertis de leur venue, les pourfuiuirent roidement. Et de fait auant qu’ils fen donnalTent gardenbsp;finon aflczpeu jvindrent ferir pardiuers lieux és logis defdits François : lefquels furent fi trelTurprins, qu’ils ne le peurent oneques deffiendre ne mettrenbsp;cnlcmble.

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D'EN GE ERR. DE MONSTKELET CHARLES Vil. 1^9 cnfemble. Et furent en aflez brief terme du tout tournez à defconfiture amp; misnbsp;àdefroy. Toutesfoisla Hire monta fur vn cheual qui appartenoitàl’vnde fèsnbsp;hommes d’armes, amp; cuida r’aflcmbler fes gens : mais ce fut peine perdue. Si Cenbsp;meit à chemin, amp; fut chafle amp; pourfuiuy aflez longue cfpace de temps, amp; futnbsp;moult grandement nauré amp; bleiré en plufieurs lieux :neantmoins il efchappanbsp;par la bonne ayde d’aucuns de fes gens : fi y furent prins par ledit feigneur denbsp;Fontaines, Allain Geron,Loÿs de Baflc, Allardin de Menfay,lean de Lonnbsp;amp; plufieurs autres nobles hommes amp; le furplus fe fauuerent, amp; la plusnbsp;grand partie dedans les bois. Et perdirent la plus grand partie de leurs ehe-uaux amp; autres bagues : amp; quand efl: au regard des morts, n’en y eut que huiôtnbsp;ou dix.

De l'an mille cccc.xxxvij.

Comment ceux de Bruges fefmeurent contre leur Prince amp; fes officiers.Et y eut grand debat Cÿ* grand occifion.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. ¦

V commencement de cefl: an fe refmeurent ceux de Bruges con-tre les officiers du Prince, amp; occirent aflez fbubdainement Mau-rice de Verfènaire. Et eftoient bourgeois, maiftres amp; Efeheuins v luy amp;: laquesfon frere:lequel aufliils occirent,pourcequ’ils e-lloient allez à Arras deuers le Duc de Bourgongne leur Prince. Etfurent alleznbsp;querre par le Conuerfeut des maifons, où ils feftoient allez mufler, quand ilsnbsp;feeurent qu’on lesqueroit pour eux occire :de{quels les plus notables furentnbsp;tous en granddoubte.Etainfile Duc de Bourgongne quand ce fut venu a fanbsp;cognoiflance, en fut trefmal content. Et pour plufieurs fois feir grand deliberation auecques ceux de fon confeil, pour fçauoir comment on les pourroicnbsp;punir. Si fut aduifé qu’on enuoyeroit fecrettement aucunes perfbnnes feablesnbsp;dedans ladiéle ville parler à ceux, qu’on penfoiteftre delà partie dudit Duc,nbsp;pour fçauoir comment on pourroit punir amp; corriger ceux qui faifoient les lamentations deflufdidlcs: amp;; ce fait grand partie des plus notables eferiuirent fecrettement deuers ledit Duc de Bourgongne,en eux excufiins des rigueurs def-fufdiôles: amp; luy feirent fçauoir que voulcntiersayderoient à punir les deffuf-dits meutemacres. Et adonc fur intention de faire icelle publier, le deffiifdicnbsp;Duc de Bourgongne qui auoit voulenté d’aller en Hollande pour aucunes bc-fongnes amp; affaires, comme on difoit, amp; paffer par Bruges amp; vcoir commentnbsp;amp; en quelle maniéré on pourroit le mieux befongner fur cefte matière. Si feitnbsp;aflembler grand nombre de gens d’armes de fes Picards de Picardie foubs plufieurs capitaines,au nombre de quatorze cens combattans ou enuiron. Et apresnbsp;partant de l’Jfle à tout iceux amp; plufieurs notables feigneurs, fen alla au gifle ennbsp;la ville de Roulers,amp;le lendemain enuoyafes fourriers deuant en la ville denbsp;Bruges : auec lefquels allèrent plufieurs des gens d’armes deflufdits, pour prendre les logis, comme il efl de couflume. Si entrèrent dedans, amp; fe logèrent de-danschacun en droit foy où ils pouoientie mieux. Et ledit Duc les fuiuit tan-tofl apres à tout fes gens,amp;: auoit d’heure en heure nouuelles de ceux de la ville.nbsp;Et pour vray la plus grand partie des plus puiflans euflenteflé bienioyeuxfinbsp;ceux qui auoient fait les offences {donc deffus efl faide mention ) euflent efté

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MXCCeXXXriL yOLVME II. DES CFlKONloyES

punis car c’eftoient gens de petit eftat, qui ne defiroient autre choie que de for t cntroubler les befongncs pour eux augmenter, amp; auoir raajefté fur les plus ri-jches : ôc pource quand ils fceurent la venue dudit Duc de Bourgongne, furentnbsp;en grand double, amp; penfoient que celle aflemblée fe faifoit pour eux, ce qui e-ftoit verité.Et pourtant fe commencèrent à aflembler par compagnies amp; en di-uers lieux, amp; en y eut aucuns qui donnèrent à entendre que ledit Duc amp; les Picards venoient là pour les dellruire amp; pour piller la ville. Et adoneques les autres entendans amp; oyans ces parolles, furent plus que deuant en grand elFroy, amp;nbsp;farmerent communément amp; en trelgrand multitude. Et de fait à tout beauxnbsp;Ribauldekins de guerre fe meirent fur le marché, amp; enuoyerent grand partienbsp;Je leurs gens à la porte vers Roulers, par où leur Prince deuoit entrer. Et elloitnbsp;Jemercredy des fellesdela Penthecoulle :amp; quand ledit Duc fut venu qu’ilnbsp;cuida entrer dedans, il trouua les barrières fermées amp; les Brugelins armez amp;nbsp;emballonnez : lefquels ne furent point contens de luy laifler entrer finon à petite compaignieamp;à fimpleellat,ceque point ne leur vouloir accorder : ainsnbsp;luy feirent relponceque point n’y entreroit fi toutes fes gens n’elloient auec-ques luy.Durant lequel temps y eut plufieurs parlemens par manière de raoyésnbsp;entre icelles parties.Et elloicnt lors auecques ledit Duc meflîre Roland de Hu-tequerque,amp; mefiirc Colard de Commines,que les delTufdits Brugelinsa-uoient trefmal en grace. Et aulfi elloient auecques ledit Duc plufieurs autresnbsp;feigneursamp; notables hommes guerre amp; de grand auélorité c’eftà fçauoirnbsp;le Comte d’Eftampes,lc feigneurde Tlfle-Adam, le feigneu r de Teruanc,!«nbsp;feigneur de Humieres, le feigneur de Haubourdin, le feigneur de Saueufès, lenbsp;feigneur de Creuecueur, laques Kiriel,lc feigneur de Literneilc,Pierre de Roubaix amp; plufieurs autrcs,qui auoient grand merueilles de veoir les manières quenbsp;tenoient iceux Brugelins contre leur Prince. Et y eut d’aucuns qui furent d’opinion qu’on print vne partie de ceux qui elloient venus pour traiéleramp; parlernbsp;au dehors d’icelles barrières, amp; qu’on couppall les haflereauxà ceux qui fc-roient trouuez coulpables des commotions deuantdiéles j mais ce propos futnbsp;delailTé pour doubte qu’ils ne feiflent le pareil à ceux qui elloient dedans entreznbsp;pour prendre leurs logis : neantmoins apres que lefdiéles parties eurent parlementé alTez longuement, les vns aucc les autres de deux à trois heures fut con-clud que ledit Duc y entreroit. Deuant laquelle entrée il garnit la porte amp; ynbsp;meit de fes gens. C’cll à fçauoir Charles de Rochefort, meflîre lean Ballard denbsp;Dampierre, Meliades Breton accompagné d’aucuns gentils-hommes, amp; partienbsp;defesarchiers.

Ainsi entra dedans ledit Duc en moulj^ belle ordonnance accompagné de plufieurs feigneurs amp; autres gens de guerre. Et le commença à mettre biennbsp;auant en la ville pour aller defeendre à Ibn hollel. Et quand ce vint qu’il y eutnbsp;dedans de quatre à cinq cens de lès gens, ceux de la ville, qui,comme dit ell, e-lloientà la porte en trelgrand nombre armez amp; emballonnez, refermèrentnbsp;icelle barrière, amp; puis la porte amp; eni^rmerent les autres dehors. Laquelle cho-fe fut noncée audit Duc qui en fut trefdelplailànr, amp; feit dire à d aucuns delditsnbsp;gouuerneurs que puis qu’on ne luy vouloir laifler lès gens entrer auecques luy,nbsp;qu’on le remit dehors, à quoy ils fexeuferent aucunement. Et entre-temps lenbsp;Duc

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D'ENGJ/EKK. de MONSTKELET ‘CHAKLE^S yil. 140

Duc feit mettre en ordonnance vne partie de les gens ou vieil marché : durant lequel temps fefmeut debat entre leS parties? amp; commecerent à tirer amp; à Combattre l’vn contre l’autre en plufieurs lieux. Et adbnc fùtconfeillé iceluy Ducnbsp;qu’il fe retrahift-vers icelle porte pour la reconquerre affin qu’il p©öt aùoir lès.nbsp;gens auecques luy,amp; retourner dehors fi befoing luy en eftoit. Laquelle choienbsp;il feit J amp; enuoya par vne rue vne partie de fes gens fur les folTez, pour enuoyernbsp;ceux qui eftoient deuant ladiôte porte au trauers, amp; luy en là perfonne alla parnbsp;la grand rue. Si eferierent leurs ennemis tous à vne voix, amp; les enuahirent ennbsp;moult grand bruit : mais làns delay ces Br.ugelins fi fe départirent amp; lailTerentnbsp;celle porte, fi furent aucunement pourfuiuis amp; les aucuns misa mort. Et a-doneques le feigneur de l’Ille-Adam qui feftoit mis à pied auecques aucuns ar-chiersqui pointue faifoient bien leur deuoirà fon plaifir,fe bouta fi auancnbsp;pour rebouter les delfufditSjpenlànt que les autres le fuiuilTent de pres, quinbsp;riens n’en faifoient fi non âlTez döubtablement. Si fut incontinent enuahy denbsp;plufieurs Brugelinsdequel auant qu’il peult auoir aucun fecours fut mis à raorr,'nbsp;amp; luy arrachc-rent l’ordre de la toilbn qu’il portoit . Pour la mort duquel leditnbsp;DucSc generallement tous ceux qui eftoient auecques luy, auoientau cueurnbsp;trclgrand triftefte : mais ils n’en peurent auoir autre chofe. Et n’y auoit celuynbsp;quinefutentrefgrande doubtedclà vie,pource qu’ilsfentoient icelles communes eftre entrefgrand multitude tous en armes, prefts pourlescnuahirdenbsp;toutes parts,amp; n’eftoient qu’vn petit de gens au regard d’içeux;Neantmoins ledit Duc de fa perlbnnefut toufiours aflez reconforté.Et auoit grand regret qu’ilnbsp;ne pouoit auoir fes gens qui eftoient dehors pour combattre lefdits Brugelins,nbsp;lefquels il veoit ainfi efmeuz:amp; d’autre part fes gens de dedans eftoient en graftnbsp;double, amp; ceux qui eftoient dehors auoient trefgrand defplaifànce : car ils fça-uoient par leurs gens,qui eftoient fur ladide porte le mefehef amp; tribulation oùnbsp;eftoit leur Prince amp; leurs compagnons. Et auecques ce veirent iufques à huiôtnbsp;ou dix d’iceux leurs compagnons, lefquels furent achaflez fur les foffez par lesnbsp;Brugelins,qui eux cuider fauuer faillirent es foftez amp; furent noyez.

Si dura cefte mortelle tempefte moult cruelle dedans icelle ville de Bruges, par l’efpace d’heure amp; demie ou enuiron :amp; apres pource que ledit Duc futnbsp;aduerty qu’ils fappreftoient tous aual la ville à grand puiflànce pour là venir ànbsp;eux combattre à tout grand nombre de ribaudekins, artilleries amp; autres habil-lemens de guerre, à quoy nullement n’euft feeu relifter : luy fut confeillé de rechef qu’il femeit en tous perils amp; en peine de reconquerre la porte deuantdi-tle, où fes ennemis eftoient aflemblez. Et lors vint vers eux pour les combattre à tout ce que pour lors pouoiftauc^ir de gens, mais ils fè départirent haftiue-ment cómme ils auoient fait. Si furent prins les marteaux qui eftoient dedansnbsp;la maifon d’vn marefchal aflez pres de îadide porte : fi leur bailla iceluy ma-refchal,amp; en furent tantoft rompus les verroux d’icclle porte amp; les ferrures. Etnbsp;quand elle fut ouuerte auecques les barrieres,lors iffirent fes gens de grand vounbsp;lcnté:mais ledit Duc qui eftoit monté fur vn moult bon courfier durant toutesnbsp;ces tribulations defliifdiéles, amp; auoit moult fort efté approché de fes ennemis,nbsp;demoura fur le derriere en guifè de bo pafteur,amp;fe meit à chemin pour retourner en la ville de Roullers, dont il feftoit party ce propre iour trefennuyeux denbsp;Aa ij

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M.CCCCXXXm. yOLJ^ME 11. DES ^CHKONIQ^yES

cueur,de ce qu’jl ve.Qit les befongnes ainfi tourner fur 1 uy ; amp; par cfpecial de la mort du fcigneur de l’ifle Adam delTus nommé amp; de fcs autres gens.Si eftoientnbsp;la plus grand partie de fes autres gens d’armes làcftans fieffroyez, qu’à grandnbsp;peine leur pouoit on faire tenir ordonnance au retour deflufdit. Et n’eltpi.encnbsp;point entrez en icelle ville auec ledit Duc meflire Roland de Haultekerque, nenbsp;meflire Colart de Communes:fi furent morts en icelle iournée des gês du Ducnbsp;iufques à cét ou plus,qui tous furet enterrez en vne foflc au cy metiere de l’hof-pitaljteferué le feigneur de l’ifle Adam qui fut enterré à parluy:amp;depuis à gradnbsp;folennitéfut remis en l’Eglifcdc S. Donnaft de Bruges. Et fi en demouradeuxnbsp;cens prifonnieis des gens dudit Piince: dcfquels le vendredy enfuiuant en y eutnbsp;trente amp; deux décapitez, amp; le furplus eurét leurs vies fàuues par les prières desnbsp;bonnes gens d’Eglife amp; des marchans d’eftrange pays, qui en feirent treshum-ble requeftes.Et au bout de huiôt iours enfuiuans, deliurerent à tout leurs bagues tous les familiers dudit Duc de Bourgongne: mais ils feirent eicarteller lenbsp;defTufdit Marefchal dont delTus eft faicle mention,qui auoitliuré les marteauxnbsp;pour ouurir la porte,amp; fe nommoit lacob Van Ardoyen. Et quant aux Bruge-îins combattans au Prince,n en y eut de morts que douze ou criuiron . Et entrenbsp;lefdits Picards qui fureiït morts y eut peu de gens de renom, finon le deuantditnbsp;feigneur de l’ifle Adam amp; vn huiflier de falle du Duc de Bourgongne nomménbsp;Herman. Et quant eftau gouuernement d’iceux Brugelins,ils eftoient nuid amp;nbsp;iour en armes en trefgrand nombre,tant fur les marches qu’ailleurs. Et briefa-pres enfuiuant allèrent abbatre la maifon d’vn bourgeois nomé Gerard Reubs.nbsp;Et quant au regard du Duc de Bourgongne, il fén alla à Roulers : amp; de là en lanbsp;ville de l ifte où il tint plufieurs côfeils,pour fçauoir par quelle maniéré il pour-roit mettre en obeïflancc iceux Brugelins. Et fut aduifépour les mieux côtrain-dre,qu’on feroit crier par toutes les villes amp; pays entour d’eux,que nuis ne leurnbsp;portaflent viures fur quanques on doit eftre ennemis du Prince . Et ainfi en futnbsp;fait dont ils furent fort efmerueillez amp; en grand double: mais pourtant ne laif;nbsp;ferent ils point de continuer en ce qu’ils auoient commencé.

Comment le Bourg de la, Hire courut, feit moult de maulx es marches de Peronne, Ppye 'Montdidier.

N ce mefme temps le Bourg de la Hire qui fe tenoit au chaftel de ; Clermont en Beauuoifis, à tout enuiron de foixantc à quatre vingisnbsp;comb3ttans,dont il trauailloit mallement le pays enuiron, amp; par eC-pecial les chaftelicnies de Peronne, Roye amp; Montdidier appartenâsnbsp;au Duc de Bourgongne:amp; y couroit trefroutcnt,amp; en ramenoient à leurs gar-nifons de grans proyes, tant prifonniers,befl:ail comme autres biens:nonobftàtnbsp;la paix d’Arras faiéle entre le Roy de France amp; le Duc de Bourgongne,commenbsp;diteftdeffus. Et entre les autres vint vn certain ioür courre dcuantlavilledcnbsp;Roye. Si print amp; leua le bcftail amp; aucuns biens qu’il peut attaindre, à tout lef-quels fen retourna pour fen aller d?uers le defTufdit lieu de Clermont. Si auoicnbsp;auec luy gens de plufieurs garnifons,tant de Mortemer appartenans à Guillaume de Flauy,comme d’autres forterefles : de laquelle ville de Roye eftoit capitaine de par ledit Duc vntresvaillant homme d’armes amp; noble homme nommé

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D'ENG EERR. de: IäONSTRELET. CHARLES yiL 141 mé Aubert de Folleuille: lequel fçachant l’entreprinfe delTufdióle, aflerabla incontinent tout ce qu’il peut auoir de gens de guerre. Et fans delay pourfuiuitnbsp;les dcflufdits fur intention de rcfcourre la proye qu’ils emmenoientdi les attai-gnit vers vn village nommé Boulongne laGraffe, amp; leur courut fus de grandnbsp;voulêtérmais par auant fa venue auoient mis de leurs ges en embufchc, qui tan-toft faillirent îur ledit Aubert amp; les fiens.Etfinablement pource qu’ils cÜoiencnbsp;en trcfgrand nombre au regard de luy,il fut tantoft tourné à defconfiture,amp; denbsp;faiél luy coupperent preftemêt la gorge:amp;auecquesluy furent morts plufîeursnbsp;tant gentils-hommes comme autres; é’eft àfçauoirfonnepueuSouldandelanbsp;Bretonnerie,Hue de Bazincourtjle Ballard d’Efue, Collard de Eicellen, laquesnbsp;de la Bruyere,Iean Bazin,Symon le Maire amp; aucuns autres: amp; les autres fe lau-uerent par les bons cheuaux qu’ils auoient. Pour laquelle deflroufle, amp;auflinbsp;pour plufieurs autres amp; alTez pareilles entreprinfes, le Duc de Bourgongne ennbsp;cftoit trefmal content ; amp; affin d’y rcfiller furent mifes efdides villes de Roye,nbsp;Peronne amp; Montdidicr plufieurs gens de guerre par le Comte d’Ellampcs.

Commentplußeurs capitaines Francois ait commandement du Roy Charles de France, allèrent reconquefler plufieurs 'villes forterepfies que les Anglois tenoient. Et comment ledit Roy propre en fii perßnne alla deuant la 'ville de MonClreau faut-Tonne ^laquelle il reconqufi,

N ces iours Charles Roy de France conuocqua de plufieurs parties de fon Royaume trelgrand nombre de nobles hommes, amp; des gensnbsp;de guerre à venir deuers luy à Gien fur Loyre, en intention de recou-\nbsp;urer aucunes villes amp; forterefles que tenoient les Anglois les aduer-

laircs vers Montargis amp; lur les marches de Gallinois.Lefquels venus audit lieu de Gien deuers le Roy,auec lequel eftoient le Conneflable de Frace,meffire laques d’Anjou, le Comte de Perdiac, le Comte de Vendofme, le Baflard d’Or-leans amp; autres plufieurs. Si fut conclud parle confeil Royal, que ledit Conne-ftable amp; le Comte de Perdiac iroient à tout leurs gens d’armes mettre le fiegenbsp;deuant challeau Landon,que lors tenoient lefdits Anglois. Et comme il fut délibéré,en fut faiél:amp; en brief vindrent deuant amp; l’enuironerent de toutes parts,nbsp;dont les Anglois furent moult efbahis:car ils elloient bien auant au pays, amp; a-uoient petite efperance d’auoir fecoursamp; fi n’elloient mie fort pourueuz de vi-ureszneantmoins ils monllrerent femblant d’auoir bonne efperance d’eux tenirnbsp;amp; deffendre:ôcjaçoit-ce que par ledit Connellable furent fonimez d’eux rendre fauf leurs vies, ils feirentrefponce qu’à ce n’eftoient point confeillez de cenbsp;faire, amp; dirent qu’il coufteroit chèrement auant que ce feiflent. Toutesfois aunbsp;troifiefme iour furent fi fièrement amp; afprement afiaillis par lefdits François,nbsp;qu’ils furent prins de force: fi y eut la plus grand partie d’eux pendus, amp; par efgt;nbsp;pecial ceux qui furent natifs du Royaume de France,amp; les autres furet deliureznbsp;en payant finance. Et apres les feigneurs deflufdits partâs dudit lieu de chafteaunbsp;L3ndon,allerent mettre le fiege deuant Ntmours, lequel fe tint enuiron douzenbsp;iours:au bout duquel temps ceux de dedans fe rendirent fauf leurs vies amp; leursnbsp;biens, amp; fen allèrent à Monftreau . Et entre-temps meffire Gafeon de Logusnbsp;Baillif de Bourges en Berry,amp;autres capitaines allèrent aflieger la ville amp; cha-Aa iij


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N.CCCCXXXf^II. VOLf^Mß II. DßS CHRONIQUES fteau de Ternyque tcnoient les defTufdits Anglois : lefqucls dedans briefs ioursnbsp;enfuiuans fe rendirent moyennant qu’ils fen iroient fauuementà tout leursnbsp;biens.Et quand ils fe partirent de là à tout leur faufeonduit, le deffufdit meflirenbsp;Gafeon qui eftoit monté fur vn bon courfier les conuoya vn petit:mais en le fe-rant de l’efperon amp; tournant iceluy courfier cheut dangereufement amp; fe tua ledit cheualier tout mort. Au lieu duquel Poton de S.TreillefutdeparleRoynbsp;conftitué Baillif de Bourges.

T A N T O s T apres le Roy à tout fà compaignie vint à GieUjà Sens en Bour-gongncjSe de là à Bray fur Seine:duquel lieu il enuoya deuant Monftreau faut-yonne,le feigneur de Gaucourt, meflire Denys de Sailly, Pothon de S. Treille amp; Bouflac, le Baftard de Beau-manoir amp; aucuns autres capitaines à tout enui-ron feize cens combattans, lefquels fe logèrent fur vne montaigne vers le cha-flel fur la Brie.Et deuât iceluy chaftel feirent faire vne grofle baftille amp; puiflan-tcjoù ils fe logèrent amp; fortilEerent en grand diligence. Et de l’autre cofté versnbsp;Gaftinois vindrent ledit Conneftable,le Comte de Perdiaeje Baftard d’Orleas,nbsp;meflire laques de Chabânesôc leurs gens dont deflus eft faide mêtionjlefquelsnbsp;fe logerét aflez pres de la ville.En apres vindrent le feignr deValoignes,meflîrenbsp;Anfelin de la Tour Baillif de Vitry,Régnault Guillaume Baillif de Montargis,nbsp;lefquels fe logerêt dedas l’Ifle entre les deux riuieres: amp; par ainfi ladiôle ville amp;nbsp;le chaftel de Môftreau faut Yonne furent enuironez de tous coftez par les gensnbsp;du Roy de Frace,lefquels feiret affeoir en plufieurslieux plufieurs gros engins,nbsp;dont la muraille fut en aflez brief terme tresfort endômagée. Dedans laquellenbsp;villeamp; chafteau cftoit de par le Roy d’Angleterre capitaine general vn nomménbsp;Thomas Gerard,amp; auecques luy Mondo de Monferrant,Mondo de LaulàySinbsp;plufieurs autres compaignos de guerre iufques au nôbre de trois ou quatre césnbsp;combattans,lefquels feirent trefgrand rcfiftence contre leurs aduerfàires amp; ennemis felon qu’il leur eftoitpoflible:amp; auoient grand efperâce d’auoir fecoursnbsp;par les capitaines qui gouuernoiêt de par le Roy d’Angleterre au pays de Normandie,car ainfl leur auoit efté promis : en apres vint le Roy de France delftif-dit trefgranderaent accompagné de Bray fur Seine audit lieu de Monftreau, amp;nbsp;fe logea dedans la forte baftille deffufdiâe. Si auoit bien auecques luy de flx ànbsp;fept mille combattans,gens de bonne eftoffe amp; tre/bien habillez. Et depuis fànbsp;venue feit faire de moult grans diligences tant d’approcher ladiéàe ville comme de faire ieéfer fes gros engins, amp; luy mefmes de fa perfonne y print moultnbsp;grand trauail. Et en fin au bout de fix fepmaines ou enuiron apres iceluy fiegenbsp;mis, fut finablement par le Roy amp; fes gens ladide ville prinfe d’alTault à petitenbsp;perte des aflaillans. Et au regard des afliegez qp furent morts de vingt à trentenbsp;ou enuiron,amp; autant de prins, defquels la plus grand partie furent penduz. Sinbsp;entra iceluy Roy aflez toft apres dedâs.Et pour vray il deffendit qu’on ne mef-feit riens aux bonnes gens de la ville tàt aux hommes comme aux femmes, quinbsp;feftoient retraits enl’Eglife quand à leurs perfonnes. Mais quand au regard denbsp;leurs biens tout fut prins amp; pillé comme ville conquife : auquel affault furentnbsp;faits plufieurs cheualiers : c’eftàfçauoir leieune Comte de Tancaruille fils denbsp;meflire laques de Harecourt, Robert de Bethune feigneur de Moreul en briefnbsp;aucuns autres.En outre le Roy amp; grand partie de fes Princes fe logèrent dedans

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D'EN Gl/ERR. DE MON STRELET CHARLES .VU. dans ladide ville.Et eniiiron quinze iours enfuiuans ceux dudit chaflel (e rendirent au Roy,par tel fi qu’ils i’en iroient ûuf leurs vies amp; leurs biens. Apres la-.nbsp;quelle reddition fut conftitné capitaine le Baftard d’Orléans, qui le regarnit de.nbsp;fes gens. Et toutes fes befongnes elcheuces le deflufdit Roy Charles auecquesnbsp;luy fon fils amp; autres grans amp; nobles Princes,f en alla â Meleun, 8gt;c les gens d’ar-ines par compaignies Ce tirerent en diuers lieux : mais la plus grand partie allèrent vers Paris.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-¦ ..

-ois hors de leur'ville C/ allèrent fourra-

R conuient retourner à parler de ceux de Bruges,lelquels continuèrent toufiours en leur mauuaife amp; folle opinion à l’encontre de leur Prince: amp; allèrent trelToüuent par grandes compaignies hors de leurnbsp;ville fourrager le plat pays , amp;abbatreles maifons de ceux qu’ils

hayoient amp; tenoient pour leurs ennemis:amp; entre les autres prindrent le chaftel de Coquelaire,que tenoit le Baftard de Bailleul,amp; y feirent de grans defrois.Etnbsp;d’autre part quand ils eftoient retournez dedans leur ville, ils fàifoient fbuuentnbsp;de cruelles iuftices fur ceux qu’ils fçauoient non eftre du tout de leur alliance ;nbsp;amp; entre les autres feirent décoller de Doyen des Feures,amp; luy meirent fijs qu’ilnbsp;vouloir liurer la ville aux Gantois.Et quand aux puiffans amp; plus notables de lanbsp;ville,grand partie fen eftoient partis, amp; allerer en diuers lieux pour doubte desnbsp;delTufdits. Et apres fe meirent fus de trois à quatre mille à tout charroy, enginsnbsp;amp; habillemens de guerre, amp; allèrent aftieger la ville de l’Efclufe qu’ils auoient

en moult grand hayne : dedans laquelle eftoit de par ledit Duc de Bourgongne


meftire Sy mon de Lalain auecques certain nombre de combattans. Si y furent par l’cfpace de vingt amp; trois iours. Durant lequel temps liurerent plufieurs af-faulx à aucunes des portes amp; barrières d’icelle ville de l’Efclufe : amp; y furent entre les parties faiôles plufieurs efcarraouches, aufquelles en y eut grâd nombrenbsp;de morts amp; de nauré,amp; par efpecial defdits Brugelins.Et entre-temps le deftuf-dit Duc de Bourgongne feit grand affemblce de nobles, amp; gens de guerre dunbsp;pays de Picardie Scautres lieux de fes feigneuries autour de faind Orner,fur intention d’y aller pour eux combattre.Mais durant le temps deffufdit tant parlenbsp;moyen des Gantois, qui fen entremeirent comme pour la doubte de l’affem-blée que faifoit ledit Duc,les deffufdits Brugelins fe retrahirent en leur ville.


Tem en ces iours les T^nglois meirent le fiege deuant la ville de Fef-càmp en Normandie,amp; y furet enuiron trois mois:en la fin defquels ceux de dedas fe rendirent,moyennât que de là Ce departiroient fàufnbsp;leurs corps amp; leurs biens. Maistoften aflez briefs iours enfuiuans


fut reconquife par les François. Si y auoit pour lors trefgrand guerre par toute la Normandie, amp; fe faifoient treflbuuent de diuerfes rencontres entre les parties : amp; entre les autres en y eut vne dont il faut faire mention : C’eft à fçauoirnbsp;que la Hire,Pothon de fainde Treille,le feigneur de Fontaines,!’Auagan amp; autres capitaines fe meirent enfemble vn certain iour, amp; allèrent enuiron à tout

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idXCCC-XXXni, yOLyME 11. DES CHKOhUrtl'ES

fix cens combattans courre dcuers Rouen,fur intention de faire aucune bonne befongne fur iceux Anglois de Normandie leurs aduerfaires:Mais ils faillirent,nbsp;de ce qu’ils auoient enireprins. Et pourtant fe prindrent à retourner vers Beau-uais.Et pourcc qu’eux amp; leurs cheuaux cfioient fort trauaillez, fe logèrent â vnnbsp;village nommé Ris pour eux repaiftre amp; rafrefcbir: auquel logis vint aflcz toftnbsp;apres mefiire Thomas Kiriel amp; aucuns autres capitaines Anglois : lefquels vi-gourcufement leur coururent fus, deuant qu’ils peuffent eftre aflèmblez, amp; ennbsp;fin les delconfeirent en peu de dommage de leurs gens . Et y fut prins ledit fèi-gneur de Fontaines, Alardin de Mouffay amp; plufieurs-autres. Et la Hire par lenbsp;bon cheual qu’il auoit fe fàuua a grand peine,amp; fut nauré en plufieurs amp; diuersnbsp;lieux.Et pareillement fe làuua Pothon de fàinélc Treille amp; aucuns autres auec-ques eux:amp; par efpecial perdirent la plus grand partie de leurs cheuaux amp; har-nois. Apres laquelle deftroulTeles Anglois fen retournerêt à Rouen trefioyeuxnbsp;de leur bonne fortune : Mais ce nonobftaht ils reperdirent tantoll ladide villenbsp;de Fe£camp,commc cy deuant eft declairé.



en




cité de Beautiâis,

Vrant les befongnes deflufdides le feigneur d’OlFemont, qui point


^\V)cncores n’auoit oublié la mauuaife compagnie que la Hire luy auoit fait: lequel l’auoit prins amp; rançonné à Clermôt en Beauuoifis, com-me en autre lieu eft plus à plain declairé, affembla enuiron fix vingts



S.Martin. Ledit feigneur d’OlFemont à tout les gens y alla tout droit, car bien le Içauoit par fes efpies eftre à iceluy ieu. Mais la Hire qui en fut aduerty aucunement fen alla mulTer Ibubs vne mangeoire de cheuaux, où en fin fut trouuénbsp;amp; prins par les gens dudit lêigneur d’Olfemonr, auecques luy vn nommé Perret de Salle-noire.Si furent preftement motez à cheual derriere deux hommes,nbsp;amp; leur fut dit que fils faifoient lèmblant de crier ne d’efmouuoir quelque nolle pour les relcourre,on les mettroit incontinent âmort.Et lors lànsarrefter furent amenez à trauers de la ville hors de la porte. Mais aucuns de fes gens amp; denbsp;la communauté faflemblerent amp; pourfuiuirent pour eux cuider dcliurer, amp; ynbsp;eut fait aucunes efcarmouches de traiôl entre icelles parties.Neantmoins ils furent emmenez iufqucs au chaftcl de Moÿ,amp; Je la â Meulan,où ils furent aucune efpace de temps : amp; depuis furent amenez au chaftel d’Ancre qui eftoit aunbsp;deffufdit feigneur d’OlFemont, amp; là furet certaine elpace de temps prilônniers.nbsp;Pour laquelle aflemblée amp; entreprinlè le Roy de France amp; plufieurs de fes capitaines n’eftoient mie bien contens, pourtant qu’on l’eftoit ainfi allé quérir ésnbsp;pays du Roy: mais la plus grand par*ie de fes nobles hommes amp; lèigneurs def-fufdits, difoient auoir fait à iceluy leigneur ce lèruice à caufe de lignaige amp; ap-partenance.Et depuis le Roy en referiuit bien deftroiélcment au Duc de Bour-gongncenfaueurdelaHirc, affin qu’il meit moyen à fa deliurance, amp;aufli



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D'ENGFERR. DE MONSTKELET. CHARLES VIl. 143 qvi’on ne luy feit aucune griefueté de fà perfonne. Et en fin y fut tant befongnénbsp;que ledit Duc de Bourgongne en partie par fcontraindle, trouua moyens qu’i-celuy amp; fa partie fefoubsmeirent;de leur difcord fur luy amp; fon confeil chacunnbsp;d’euxouÿ en fes raifpns. ßtfe tindrent pluficurs iournées en icelle villedenbsp;Doüay prefent ledit Duc: lequel Ducen çonclufion tant pour complaire aunbsp;Rôy, qui moult acortcs luy en audit efcrit(comme dit efi)comme pourtat qu’ilnbsp;fut trouuéquela prinfe n’eftoit belle nebonnenc honneftc : mais du tout def-raifonnable,les meit d’accordöc eut ledit leigneiir d’Ofiemont aucunes recom-penfations pour fes intcrefts,non mica comparer à la finance qu’il auoit payée,nbsp;ÓC fi luy rendit le chafiel de Cleremonr,ôc ledit Perret paya mille efcus pour fanbsp;rançon. Et par ainfi furent icelles parties rappaiféesamp; accordées de toutes lesnbsp;queftions qu’ils auoient eu enfemble. Efquels iours furent accordez la Hire a-uccques mefiire lean de Luxembourg,lequel le hayoit mortellemêt, tant pournbsp;la prinfe de SoifTons comme pour autres griefs amp; dommages qu’il luy auoitnbsp;faits en fes feigneuries. Et demourerent bons amis l’vn auec l’autre, comme ilsnbsp;monftrerent les feinblans: amp; tantoft apres ladiéf e Hire retourna deuers le Roynbsp;de France, auquel il fe loua grandement de l’honneur amp; de l’amour que le del-fufdit Duc de Bourgongne luy auoit fait en faueur de luy,dont le Roy fut trcfinbsp;content amp; luy feit trcfbonne chere.Et Tuy afligna incontinent la plus grad partie de fes fraits amp; intcrefts, qu’il auoit eu és befongnes delTufdiôtes. Et pourcenbsp;que fes gens furent aduertis qu’il les conuenoit départir du chaftel de Clermor,nbsp;allèrent reparer vne vieille fortereflenommée Thoys appartenant au feigneurnbsp;de Creuecueur.Si fy boutèrent en garnifbn,amp; comencerent de rechiefà moult *nbsp;fort trauailler le pays deuers Amiens ôc Picquegny, amp; par efpecial les terres amp;nbsp;feigneuries qui auoient aydé à aller quérir laHire leur capitaine, dontdelTusnbsp;eft fàiâe mention . Si eftoit l’vn des chiefs de ceux qui ledit chaftel auoient re-paré,amp; fulànt toutes les befongnes deftufdiéfes vn qui fappelloit Philippe denbsp;la Tour.

Comment Charles Roy de France feitfa premiere entrée en la 'oille de Parts depuis qu'elle fut reduiéîe en fon obéiJlanLCjiamp; des preparations quony feit,

E mardy douziefme iour de Nouembre de ceft an, le Roy Charles de France fe logea en fa ville de S.Dcnys. Si eftoient en fa compai-gnié fon fils le Daulphin de Viennois,le Coneftable de France,mefinbsp;lire Charles d’Anjou, les Comtes de Perdiac amp; de Vendofme, amp; lenbsp;ieune Comte de Tancaruille,meffire Chriftofle de Harecourt, le Baftard d’Or-leans amp; autres en trefgrand nonibre nobles amp; grans fèigneurs cheualiers amp; efinbsp;cuyers;amp; fiy eftoitlaHireentrelbelamp;noble appareil. Et de làfen alla leditnbsp;Roy en la cité de Paris, où il n’auoit efté depuis le temps qu’il en auoit efte débouté, quad elle fut prinfe du feigneur de l’ifie Adam qui fut en l’an mille quatre cens dixhuiél.Et vindrent au deuat de luy iufques à la Chappelle le Preuoftnbsp;des Marchans,Efcheuins amp; bourgeois en^relgrand nombre,accompagnez desnbsp;arbaleftriers amp; archiers de la ville tous veftus de robbes pareilles de pets amp; denbsp;Vermeil. Et quand ils furent venuz deuant le Roy, ledit Preuoft des Marchansnbsp;luy prefenta les clefs de la ville de Paris:amp; le Roy les bailla en garde au Conne-

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M.CCCCXXXm. y-OL^XlE TI, dès chkoniques

ftabic de France.Si meirent iceux Preuofts 'amp; efcheuins vn ciel bleu couuert de fleurs de lis d’or,amp; Ie polteret toufiours apres par defTus le cliiefdu Roy.Apres

;ens de pied, qui auoient cliacu

vint le Preuoft de Paris accompaigné

vn chapperon party de vert amp; de vermeil. Et enfüiuans iceux fergens vindrenc les notaircsjprocureursjaduocats amp; comraiflaires du chaftellet. En apres vin-

ual.Et eftoient tous habillez félon leurs propHetez. Lefquels perfonnages fui-uoiét les feigneurs de Parlements^ des requcfles.Apres fuiuoient les prefidens, Ôc y auôit trelgrand multitude de peuple. Et ainfi alla lé Roy trefàui^entiquc-ment ôc trefnoblement accompaigné entrer par la porte fainél Denys en la ville amp; cité de Paris. Sur laquelle porte cftoit vn efeu de France que trois Angloisnbsp;tenoient efleué:amp; au deffus dudit efeu eftoient Anglois chatans. Et au deflbubsnbsp;yauoiteferit,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;—

TreCexcellem Rov fciirncur

Les manans de ajo^lre cité Lous recoy tient en tout honneurnbsp;Et en treCffrande humilité.

Item au Poncelet auoit vne fontaine, en laquelle y auoit vn pot où eftoit vne fleur de lys,qui icdoit bon ypocras,vin amp; eaüe. Et dedans ladiéte fontaine e-ftoient deux Daulphins, amp; au deftoubs auoit vne terrafl^e voultée de fleurs denbsp;lys, Scdeflusladideterrafle eftoitvn perfonnagedefainéllean Baptifte, quinbsp;monftroit XAgnus Dei,, Sc y auoit anges chantans moult mclodieufement. Itcni

* deuant la Trinité eftoit la paflîon. C’eft à fçauoir comment noftre feigneur fut prins,battu,mis en croix amp; ludas qui feftoit pendu. Et ne parloient riens ceux



qui ce faifoient,mais le monftrerent par icu de myftere. Et furent les maniérés bonnes amp; biens ioüéesJSc viuement compaflionnées Sc moult piteufes. Item a,nbsp;la fécondé porte eftoient S.Thomas, S.Denys ôc S.Maurice, S. Loÿs de Francenbsp;Sc S.Geneuiefue au meillieu. Item au Sepulchre eftoit cornent noftre feigneurnbsp;reflufcita,amp; comment il fapparut à Marie Magdalcine. Item à S.Katherine ennbsp;la rue S.Denys eftoit le S.Efprit,qui defeendoit fur les Apoftres. Item deuantnbsp;gt; le chaftellet eftoit l’Annonciation, faide par l’ange aux paftoureaux chantans,nbsp;Gloria in excelfis Deo, Et au delToubs de la porte eftoit le lid de iuftice, b loy di-nine, la loy de nature,5c la loy humaine. Et à l’autre cofté contre la boucherienbsp;eftoient le iugement, paradis ôc enfer: 5c au meillieu eftoit bind Michel l’Ange , qui pefoit les âmes. Item au pied du grand pont derriere ledit chaftellet,nbsp;eftoitle baptifement de noftre Seigneur.Ety eftoitfàinde Marguerite contre-faideiflantd’vn dragon.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•

I T JE M fen vint le Roy au portail de noftre Dame de Paris, où il delcendit 5c veît deuant luy l’Vniuerfité qui propofa en bricf,5c audit portail eftoient lesnbsp;Prelats’.c’eft à Içauoir les Archeuefqucs de Thoulouze 5c de Sens, ôc les Euef-ques de Paris,de Clermont ôc de faind Mangon lez Montpellier, les Abbez ôcnbsp;miniftres de faind Denys,de faind Mor,de S.Germain lez Paris,ôc aufli pareillement de faind Magloire,ôc de fàinde Geneuiefue. Et là feit le Roy le fèrmétnbsp;à l’Euefque de Paris,5c puis entra en l’Eglife de noftre Dame:en laquelle eftoiêtnbsp;trois arches comme à Amiens la nuid de l’an, bien plaines de chandelles ôc de

cire.

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HENGJ/ERR. DE MONSTRELET. CHARLES FIl. 144 cire.Et de là fen alia le Roy apres qu’il eut faióle fon oraifon au palais,oujl counbsp;cha pour celle nuiót. Et à fon entree eftoient enuiron Iiuiót cens archiers biennbsp;babillez,amp; en moult belle ordonnancedefquels le Comte d’Angoulefme con-duifoit. Et eftoient le Roy amp; le Daulphin armez de plain harnois,re(èrué leursnbsp;chieEEt fur le harnois du Roy eftoit vne tourmole couuertc d’orfauerie.Et furnbsp;Ibn cheual eftoit vn pers veloux tout tiftus.de grand fleurs de lys d’or moult ri-chc,amp; battoir iufques à terre. Et auoit vn chanftrain d’acier, fur lequel auoit vnnbsp;trelbel plumaitEt deuant luy all oit tout au plus pres de fa perfbnne Pothon denbsp;ûinde Treille, lequel portoit le heaume du Roy fur vn bafton appuyé contrenbsp;la cuifle: lequel heaume eftoit couronne d’vne moult riche couronne : amp; fur lenbsp;meillieu de iadióte couronne auoit vne double fleur de lys. Et menoit fon cheual tout à pied vn gentil-homme nommé lean d’Olon.pt touftours portoit onnbsp;le ciel defluldit par deftus luy.Et apres luy fuiuoient les pages qui eftoient tref-richement amp; noblemêthabillez amp; ouurez d’orfauerie,amp; leurs cheuaux pareillement. Et vn petit deuant ledit Pothon alloient le Conneftable, les Comtes denbsp;Vendofmc, amp; de Tancaruille amp; plufieurs autres grans amp; notables feigneursnbsp;moult noblement montez amp; habillez.Et vn petit enfuiuat le Roy cheuauchoitnbsp;amp; ledit Daulphin tout couuert d’orfauerie, luy amp; fon courfier moult noble-ment,amp; femblablement fes pages amp; leurs courfiers . Et eftoit accompagné denbsp;meftire Charles d’Anjou fon oncle,amp; des Comtes de Perdiac amp; de la Marche.nbsp;Et tout derriere fuiuoit le Baftard d’Orléans armé de plain harnois tout couuert d’orfauerie luy amp; fon cheual. Et auoit vne moult riche efeharpe d’or, quinbsp;alloit par derriere iufques fur le dos de fon cheual:amp; menoit la bataille du Roy •nbsp;où il y pouoit auoir enuiron mille lances fleurde gens d’armes, amp; habillez euxnbsp;amp; leurs cheuaux. Et quant aux autres cheualiers amp;efcuyersÔc gentils-hommes,en y auoit en grand nombre qui eftoient eux amp; leurs cheuaux tous chargez d’orfauerie. Dcfquels entre les autres apres les Princes meftire laques denbsp;Chabannes, amp; lefeigncurdeReftelanten eurent le bruit pour iceluyiourd’a-uoir efté eux amp; leurs gens amp; leurs cheuaux les plus richemêt parez amp; aornez.nbsp;Et quant eft au peuple d’icelle ville de Paris, il en y auoit fi grande multitudenbsp;qu’à grand peine pouoit on aller parmy les rues.Lefquels en diuers lieux crioiêcnbsp;à haute voix tant comme ils pouoient crier Noël,pour la ioyeufè venue de leurnbsp;Roy amp; naturel feigneur, amp; de fon fils le Daulphin . Sienyauoitpiufieursquinbsp;ploroient de la ioye amp; de la pitié qu’ils auoient, de ce qu’ils le reuenoient dedàsnbsp;leur ville.Et apres toutes ces chofes faiéles amp; accompliesôc le Roy venu au Palais en la maniéré, comme dit eft, fe logea là : amp; auecques luy le Daulphin fonnbsp;fils.Et tous les autres feigneurs ta^t cheualiers amp; efehuyers corne gens de guer-re,fen allerer loger parmy la ville en plufieurs amp; diuers lieux. Et fut crié de parnbsp;le Roy à fon de trompe fur la hart,que homme nul de quelque eftat qu’il fut nenbsp;melfeit riens aux Parifiens ne en corps ne en biens.Et le lendemain le Roy mô-ftra au peuple à la lainéle Chappelle la vraye Croix noftre feigneur, le fer de lace dont noftre feigneur lefus Chrift fut fer» au cofté en la croix. Et tâtoft apresnbsp;montèrent à cheual, amp; alla le Roy loger à l’hoftel neuf pres de la baftille, amp; lenbsp;Daulphin fè logea aux Tournelles. Sidemourerent certaine efpace de tempsnbsp;audit lieu de Paris. Et furent faiéfes plufieurs nouuelles ordonnances fur le re-

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M. ceccxxxni.


VOLUME IL DES CHRONIQUES


gime du Royaume. Et par efpecial dedans icelle ville de Paris furent adoc faits aucuns nouueaux officiers, tant en la court de Parlement comme ailleurs. Ennbsp;outre apres ce que le Roy eut fait fon entrée à Paris,comme dit eft, les Comtesnbsp;de la Marche amp; de Perdiac enfans de Bernard Comte d’Armignac iadis Con-neftable de France,mis à mort par la communauté de Paris treîgrandement accompagnez de plulieurs feigneurs tant d’eglife comme feçuliers,feirent dcfler-rer leur feu pere ôc mettre en vn fercueil de plomb. Et apres le feirent porter ennbsp;l’Eglife Qincl Martin des Champs, où lu y fut fait vn leruice treflblennel. Auquel furent toute la plus grand partie des colleges de Paris : amp; le lendemain futnbsp;mis fur vn chariot couuert de noir amp; conuoyé à grand folennité hors de la ville, amp; apres mené à grand compaignie des gens de fes deux fils deffufdits, en lanbsp;Comté d’Armignac.

Comment les Brugelins fe commencèrent à modérer, nbsp;nbsp;envoyèrent leurs ambaffadeurs

devers le Duc de Bourgongne pour avoir paix.

N ce temps les Brugelins qui fe fentóient grandement auoir offenfé Ä gSy! vers le Duc de Bourgongne leur feigneur: amp;auffi confideransquenbsp;Unbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;autres bonnes villes de Flandres ne les vouloient aucunement co-

forter ne ayder par quelque maniéré que ce fut, fe commencèrent à efmayer amp; auoir doubte, qu’à long aller ne peufient refifter ne eux deffendrenbsp;contre le deffiufdit Duc de Bourgongne:car auecques ce ils fçauoiêt aflez qu’ilsnbsp;n’eftoient point bien en la grace des Gantois, amp; leur venoient chacun lourdesnbsp;• nouuellesqueledeuantdit Duc de Bourgongne venoità trefgrand puilTancenbsp;de gens d’armes pour les fubiuguer;amp; iceux Gantois feroient en fon ayde pournbsp;à eux faire guerre. Et pour à toutes ces chofes deffiufdiéles obuicr, trouuerencnbsp;aucune maniéré d’enuoyer leurs ambalTadcurs deuers iceluy Duc,qui fe tenditnbsp;à Arras:amp; fut la befongne affiez longuement demenée entre icelles parties. Etnbsp;entre- temps iceux Brugelins fe commencèrent à abftenir de faire leurs courfesnbsp;amp; rudefies en iceluy paÿs,comme par auant auoient fait.

Comment le feigneur d'OJJy nbsp;nbsp;meßire Florimont de Brimeu Senefcbalde Ponthieu

dlAbbeuille allèrent aßieger le Crotoy.

V temps deffiufdit qui fut enuiron le mois d’Oéfobrc audit an, le feigneur d’Auxy capitaine general des frontières de Ponthieu amp; d’Ab-beuille,auecques luy meffire Florimont de Brimeu Senefchal dudit Ponthieu,amp; vncheualier de Rhodes preux amp; hardy aux armes quinbsp;cftoit nommé meffire lean de Foy, affiembl^cnt certain nombre de combat-tans: lefqucls condudeurs conduifirent amp; menèrent deuant le chaftel du Crotoy que pour lors tenoient les Anglois, efperans iceluy reconquerfe amp; mettrenbsp;en l’obeïffiance du Duc de Bourgongne dedas brief terme enfuiuar,par ce qu’vnnbsp;paÿfant quin’agueres auoit efté audit chafl:el:amp;,corame il difbit, auoit efpoul-oré tous les bleds de leans, leur do»na à entendre qu’il eftoit impoffible qu’ilsnbsp;peiifficntviure ne eux entretenir plus hault d’vn mois. Sur lequel rapport quinbsp;point n’eftoit veritablc,comme depuis fut apparent,fen allerer loger auec leursnbsp;gens deuant ledit chaftel en la vieille fermeté de la ville. Et mandèrent ayde denbsp;gens

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DE MONSTKELET CHARLES riJ. 145 gens àpliifieurs fèigneurs, qui leur enuoyerent aucuns hommes de guerre. Etnbsp;auec ce furent fort aydez amp; foubftenuz de viures amp; d’argent par ceux d’Abbe-uille,qui auoient moultgrad defir qu’iceluy Crotoy fut fubiugué, pource qu’ilnbsp;leur faifoit fouuent degrans dommages.Si enuoyerent les cheualiers defliilditsnbsp;nonçer ces nouuclles au Duc de Bourgongncjcn luy requeratfon ayde : lequelnbsp;leur enuoya aucuns de fon hoftel pour fçauoir que de ce pouoit eftre. Lefquelsnbsp;iuy feirent rcfponce amp; rapport que fon pouoit garder qu’ils ne feuflent regarnis de viures par la mer, il eftoit poflible de les affamer amp; de les contraindre denbsp;eux rendre par famine.Et fur ce fut eferit par le deffufdit Duc de Bourgongne ànbsp;ceux de Dieppe,de faind Vallery amp; de la marine â l’enuiron, qu’ils fappreftaf-ïènt à tout ce qu’ils pourroient finer de nauires,pour garder le deffufdit paffagenbsp;de la mer. Si fe tira ledit Duc au cbaftcl de Hefdin amp; manda à venir deuers luynbsp;mefïîre lean de Croÿ Baillif de Hainault : auquel il auoit autresfois done la capitainerie d’iceluy chaftcl du Crotoy, fil pouoit eftre conquis. Et luy ordonnanbsp;d’aller en iceluy logis deuantdit à tout certain nombre de cobattans amp; de gensnbsp;de guerre,pour en eftre le principal chief amp; gouuerneur. Et depuis y alla leditnbsp;Duc en fa perfonne à priuée mefgnie, pour veoir amp; fçauoir plus au vray l’eftatnbsp;d’iceluy logis amp; n’y feiourna mie grand temps. Et affin qucfèsgensy feu fientnbsp;plus feurement pour la double du fecours qui pourroit venir d’Angleterre parnbsp;m er amp; par terre à ceux dudit Crotoyzil ordonna à faire amp; ordonner vne grandnbsp;baftille,pour eux loger plus feurement. Et fut Eiiéle moult forte amp; bien enui-ronnée de grans foffez : amp; en eftoit l’ediffieur amp; deuifeur aux ouuriers vn che-ualier nommé meffire Baudo de Noyelle.Apres l’accompliffement de laquelle .nbsp;baftillc,furent faits plufieurs logis. Et auecques ce fut pourucüe de toute artil-lerie amp; de toutes befbngnes neceffaires à guerre: durât lequel temps furent fài-étes plufieurs efcarmouches entre les parties . Entre lefquelles fut prins le lieutenant du capitaine de la fortereffe deffufdiéfe par le feigneur d’Auxi.Defqucl-les preparatios ainfi faiéf es par la partie dudit Duc de Bourgongne,fut aduertynbsp;le Roy Henry d’Angleterreamp; fon confeil,dont ils ne furent point bien ioyeux:nbsp;pource qu’il leur fembloit qu’icelle fortereffe leur eftoit moult côuenable,pournbsp;auoir entrée és pays amp; marches de Picardie. Si fut conclud entre luy amp; les fei-gneurs de fon confèil qu’on y pouruoyeroit de remede.Et pour iceluy mettre ânbsp;execution, fut eferit de par le deffufdit Roy Henry d’Angleterre â ceux de fonnbsp;confeil, qui fe tenoient â Rouen, qu’incontinent amp; fans delay ils affemblaffentnbsp;le plus de gens de guerre qu ils pourroient finer fur les marches de Normandie,nbsp;pour le fecours deffufditzlaquclle chofe ils feirent diligemment publier en leurnbsp;obelfTance.Si fe meirent enfemble iufques au nombre de quatre mille combat-tans ou enuiron tant de cheual comme de pied : defquels furent les códuófeursnbsp;Iç feigneur de Thallebot,le feigneur de Fauquemberge,meffire Thomas Kirielnbsp;amp; aucuns autres qui adrefferent avenir verslechaftel d’incourt par plufieursnbsp;iournées.Et de là par aucûs peu de iours vindrent loger à fabbaye de S. Vallerynbsp;tous enfemble, portans auec eux leurs viures amp; pouruoyauces.Et entre-tempsnbsp;que cefte affemblce le faifoit, le Duc de Bourgongne qui eftoit affez acertenénbsp;de leur venuc,auoit par auant afferablé de toutes les marches de Picardie amp; denbsp;fes autres pays la plus grâd partie de tous les nobles hommes auec luy,amp; autresnbsp;Bb

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M.CCCCXXXEII. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;IL DES CFJRObJiOLES

gens de guerre. Et tant qu’ils pouoient dedans eftre de huid: cens â mille com-battansjcfquels eftoient partis de Hefdin amp; venus a Abbeuille le iour deuant, quelesdeflufdits Anglois vcinflentà ladefliifdide abbaye de S. Vallery. Sie-lioiêt en la compaignié d’iceluy Duc le Comte d’Eftampes,fon nepueu de Cle-uesjle Comte de faind Pol amp; plufieurs autres nobles amp; gras feigneu?s.Si eftoitnbsp;venu audit lieu de Hefdin vers luy amp; à fon madement meflîre lean de Luxembourg Comte de Ligney : mais il fexcufa deuers ledit Duc de luy armer : difantnbsp;qu’il auoit encores à renuoyer le ferment qu’il auoit fait aux Anglois, amp;quenbsp;bonnement ne fe pouoit armer contre eux : de laquelle exeufation ( ficom-me ie fuz informéjîedit Duc de Bourgongne ne fut point bien content. Et luynbsp;remonftra comment il auoit ferment àluy, amp;efl:oitfon homme lige portantnbsp;fon ordre,amp; auoit toufîours tenu fbn party. Pourquoy bonnement à fon honneur ne fe pouoit ou deuoit exeufer de luy fèruir, attendu qu’il alloit pour rebouter fes ennemis,qui luy venoient courre fus en fon pays. Neantraoins leditnbsp;de Luxembourg fen retourna par le congé dudit Duc, amp; obtint de luy mandement de ladiôfe excufàtion.Et apres que le deffufdit Duc fut venu audit lieu denbsp;Abbeuille,amp; qu’il eut certaine nouuelle de la venue de fes ennemis,il feit dere-chief haftiuement pourueoir ladide ville de viures, artillerie, habillemens amp;nbsp;gens deguerre.Et tant qu’ils pouoient dedans eftre de huiél cens à mille com-battans gens expers amp; renommez en armes. Et quand il leur fut demandé parnbsp;ledit Duc de Bourgongne, fil leur fembloit qu’ils peuffent bien tenir cette ba-flille contre leurs aduerfaires, ils feirent refponce que ouÿ, amp; qu’il n’en futen

• nulle doubte. Toutesfois ledit Duc auoit conclud qu’il ne combatteroit point iceux Anglois â iour nommé ne afligné: mais feroit garder les paflages de la ri-uiere contre eux,amp; les feroit affamer amp; herrer en leur logis: ou il les feroit pre-dre en aucuns autres deftroits aduantageufement fil pouoit : lequel propos nenbsp;fut point bien mis à execution.Et les deffufdits Anglois tantoft qu’ils furent logez en l’abbaye deuantdide,pafrerent la riuiere àgué deux ou trois cens au def-fus de ceux dudit Crotoy, amp; allèrent courre au pays par deuant la baflille iuf^nbsp;ques empres Rue.Et prindrent aucuns hommes d’armes auec leurs chenaux,amp;nbsp;autres bagues:à toutlefquels fans aucun empefehement retournerêt tres matinnbsp;amp; fè meirent â chemin tous enfemble,amp;: vindrent en bonne ordonnance paflernbsp;la riuiere. Et pouoient eftre enuiron deux mille de pied, qui entroient en l’eaüenbsp;iufques aux reins. Si fallerent mettre en bataille aux plains champs fur le haultnbsp;au deftus de la ville,en la veüe de ceux de ladidc baftille:lefquels cuidoiêt qu’ilsnbsp;les deuflent venir affaillir.Si fc préparèrent diligemment pour eux'defifendrc.Etnbsp;adonc dedâs icelle baftille furent faits plufieurs nouueaux cheualiers:c’eft à fça-uoir laques de Craon feigneur de Domart enronthieu,Aymód de Moucy fei-gneur de Mafly,Euftachc d’Inchy,le grad Baftard de Renty, Anthoine d’Ardê-tin feigneur de Bouchancs,Harpin de Richames,Gilles de Fay amp; aucûs autres.nbsp;Les Anglois qui en riens n’auoient efté empefehez audit paftage, fen allerer loger tous enfêmble au monaftere de J^oreft-Monftier à deux licües de là. Et lenbsp;fécond iour fe meirent aux champs , amp; fen allèrent loger à vn gros village furnbsp;l’eaiie d’Authie nommé la Broyé: lequel eftoit fourny de viures très abondain-ment,amp; y furent quatre ou cinq iours,amp; alloienttreifouuent battre, vanner amp;nbsp;recueillir

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DENGJ/EKK. Egt;E MONSTKELET changes yiJ. 14^; rccneillirdes viures cent on fix vingts au coup en aucuns villages à demie lieüenbsp;de leurs logis.Et mefmement en ce temps.xju’ils furent en iceluy logis, allèrentnbsp;quatre ou cinq ardoir vn gros village nommé Angien auprès de Hefdin, jacoitnbsp;ce que le Duc eut renuoyé pour la garde de Hefdin amp; du pays à grand nombrenbsp;de gens d’armes,qui à briefcomprendre leur feirentvne mole guerre: car ils nenbsp;les adommagetent finon aflez petit. Et apres que les Anglois eurent efté auditnbsp;lieu de la Broyé quatre ou cinq iours,ils l’embrazerêt en feuamp; en flambe,amp;fcnnbsp;allèrent loger à Auxi où ils furent par l’efpace de trois iours. Et coururent parnbsp;petites compaghi-es en plufieurs amp; diuers lieux,pour fourrager le pays.Et ne funbsp;rent de leurs ennemis aucuneraent empefehez, dont il foit befoing faire mention. Et quant eftau gouuernemét dudit Duc de Bourgongnc,il fe tenoit touEnbsp;iours à Abbeuille. Et feftoient départis de luy grand partie de fes gens par fonnbsp;congé,pour aller garder les bonnes villes amp; forterefles du pays. Si enuoya vnnbsp;certain iour le fèigneur de Croÿ amp; lean de Brimeu Baillif d’Amiens, pour vifi-ter la baftille deflùfdicl:e:amp; fçauoir fe ceux de dedans eftoient encores en fermenbsp;propos d’eux là tenir, lefquels venus illec apperceurent aflez bien à leur façonnbsp;qu’il en y auoit vne grand partie qui bien euflent voulu eftre dehors à leur hon-neur.Si auoit efté conclud tant du deflùfdit Duc comme de ceux de fon confèilnbsp;que pour pis efeheuer, on rechargeroit toutes les artilleries amp; puis fe retrahi-roient les gens d’armes àRue apres ce qu’ils auroient bouté le feu dedans icellenbsp;baftille:mais ils n’attendirent point à eux retraite fi honorablement qu’il auoitnbsp;efté ordonné. Car fans cè qu’ils feuflentaduertis de cauferaifonnable, neauflînbsp;pareillement qu’ils veiflent venir leurs ennemis fur eux,grad partie d’iceux fief- ’nbsp;meurent fbubdainement par maniéré de commotion, amp; faillirent à qui mieuxnbsp;hors d’icelle baftille en grand defroy fans tenir aucune ordonnance : delaifTantnbsp;dedans icelle toute leur artillerie amp; grand partie de leurs harnois, amp; plufieursnbsp;autres bagues. Si commencèrent à cheminer enfemble pour aller deuers Ruenbsp;en la manierc,comme dit eft deflus. Mais aucuns des principaux chiefs d’iceuxnbsp;fe meirent en peine de les retenir amp; ramener en icelle, ce que faire ne peurent.nbsp;Et aufli le feu auoit efté bouté és logis fecrettement, parquoy ladiôle baftillenbsp;futaffez toftefprinfe. Si faillirent auant aucuns Anglois de la fortereffe quinbsp;crièrent amp; huerent fort apres eux, comme on fait apres merdaille. Et briefen-fuiuantles capitaines quieftoient (commeonpeultfuppofer) la plus grandnbsp;partie des plus vaillans gens ôc plus expers hommes de guerre delà compagnie du Duc de Bourgongne , fe départirent ainfi honteufement commenbsp;Vous auez ouÿ: amp; retournèrent à Rue , amp; de là en plufieurs autres lieuxnbsp;de leurfdiéle obeïflance : defqq^ls eftoient les principaux meflire lean denbsp;Croy Baillif deHainault, meflire Florimont deBrimeu, meflire laques denbsp;Brimeu amp; meflire Baudo deNoyelle, tous quatre portans la Toifbn amp; l’ordre du Duc de Bourgongne. Etauecques eux eftoient ValerandeMoreul,nbsp;le feigneur d’Aufly, le Galois de Renty cheualiers, le feigneur de Fremef-fèn, Robert deSaueufès, meflire Iaqbeslt;leCraon, lean d’Arly amp;tous lesnbsp;nouueaux cheualiers delFufdits auecques grand nombre de cheualiers amp;cf-cuyers de Picardie , qui grandement furent blafmez pour celle départie.nbsp;Si fexeuferent les grans en donnant la charge aux petits archiers, difantnbsp;Bb ij

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M.CCCCXXXFII. yOL^l'AE II. DES CHKONIQ^EES

quhis ne les auoient peu retenir ; Et en ce propre iour les Anglois qui, comme diteft, eftoient logez fceurent le departement des delRhfdits, dont ils fereßnbsp;ioLiy rent grandement. Si conclurent tous enfemblcdefappaflerlariuierepournbsp;retourner vers leur pays amp; es lieux amp; places, dont ils eftoient venus : amp; â leurnbsp;departement boutèrent les feux en la ville d’Auffy, qui eftoitvn moult bel amp;nbsp;grand village.Et reprindrent leur chemin deuers le Grotoy.,amp; allèrent loger aunbsp;Nonnion.Et le lendemain r’appaflerent lariuierede Somme parle lieu où ilsnbsp;eftoient venus, amp; fen allèrent loger à l’abbaye de fàinôl Vvalery comme ils a-uoient fait deuant : amp; delà fe retrahirent à Rouen, amp; es autres lieux de leur o-beïftance:amp; einmenerent plufieurs hommes prifonniers chenaux amp; autres be-ftes, qu’ils auoient prins amp; rapiné au pays. Et auec ce auoient fait grans dommages des feux qu’ils auoient boutez en fept ou en huiôl villes : amp; û n’auoientnbsp;ennui empefchementde leurs aduerfaires,finon de trente ou quarante four-ragiers qu’ils auoient penduz. Et apres toutes ces befongnes, fe retrahit leditnbsp;Duc deBourgongne à Hefdin, amp; donna congé à tous fes gens d’armes releruénbsp;ceux qui demourerent fur les frontières.

Comment plußeurs capitaines Francois atout grand nombre de gens de guerre qu'on appella efcorcheurs, -vindrent au pats de Hainault.

^Pres ce que le Roy Charles de France eut,comme dit cft ailleurs,(è-liourné par aucun temps dedans la cite de Paris,il fen départit re-^^^tourna à Tours en Touraine.Et lors apres fondit departement plu-Ifieurs de fes capitaines fe départirent des frontières de Normandie, pourtant qu’ils n’auoient viures fors à grand peine pour eux y entretenir: c’eft ànbsp;fçauoir Anihoine de Chabannes, Blanchefort, Gaultier de Bron,Floquet,Pierre, Regnault-Chapelle, Mathelin d’Efcouuct amp; aucuns autres. Si fe meirent ànbsp;chemin tous enfemble amp; eftoient enuirondeux mille cheuaux : amp; parmylenbsp;pays de Vimeu fen allèrent pafler la riuiere de Somme à la Blanche-tachegt;amp; fènbsp;logèrent au pays de Ponthieu : amp; de ce lieu là fen allèrent deuers Dourlens ôcnbsp;logèrent à Oruille, amp; es villages d’entour appartenans au Comte de fàinél Pol.nbsp;Et puis apres fe tirerent vers Bray,amp; repaflerent l’eaüe à Cappy, amp; fen allèrentnbsp;loger à Lihons en Senthois. Et roufiours faifoient de trefgrans maux par toutnbsp;le pays,où ils paflbient. Et ne fe tenoient point contens de prendre viures, maisnbsp;rançonnèrent tous ceux qu’ils pouoient attaindre tant de paÿfàns comme denbsp;bcftial amp; autres biens. Et mefmemêt affaillirent le chaftel dudit lieu de Lihons:nbsp;mais il leur fut bien deffendu par Valcran de Moreulamp; fes gens qui eftoient dedans . Et apres ce qu’ils eurent là efté par plefîeurs tournées, amp; y fait de trefgrans amp; fumptueux dommages,fe tirèrent au pays de Cambrefîs auprès des ternbsp;rés de meftire lean de Luxembourg Comte de Ligny,qui encores n’auoit pointnbsp;fait ferment au Roy Charles : neantmoins ils ne luy meffeirent riens fur fes terres, pource qu’il eftoit toufiours bien pourucu de gens de guerre:mais luy baillèrent leurs feellez, amp; luy à eux de Mens entreprendre l’vn fur l’autre. Si feirentnbsp;iceux François plufieurs maux audit pays de Cambrefis, amp; apres fen allèrentnbsp;loger à Solames vers le pays de Hainault. Et adoneques meflire lean de Croynbsp;Baillif de Hainault aflembla les nobles du pays de Hainaulr,amp; manda aufli aucunes

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D*ENGl^£RR. DE NONSTRELET CHARLES riJ. cunes des bonnes villes pour defFcndrc ledit pays contre les deflufdits, lefquelsnbsp;uoient ce nom, fi eftoit pourtant que toutes gens qui eftoient rencontrez d’euxnbsp;tant de leur party comme d’autre, eftoient deueftuz de leurs habillemens toutnbsp;au net iufques à la chemife : amp; pource quand iceux retournoient ainfi nuds amp;nbsp;deueftuz en leurs lieux, on leur difoit qu’ils auoient efté entre les mains des ef-corchcurs enlesgabantdeleur maleaduenture. Si dura ledit nom par aucunenbsp;elpace de têps : amp;: par ainfi ne fut plus nouuelle des Armignacs ne de leur nom,nbsp;qui longuement auoit duré. Toutesfois quand iceux capitaines furent logez ânbsp;Solames, comme dit eft delTus, amp; es villages à l'cnuiron.,!! en y eut vne partienbsp;qui vn iour certain le tirerent au pays de Hainault outre le Que(hoy,pour trounbsp;ucr aucun gaignage. Si rencontrèrent d’aduenture le Baillif de Lefcliincs nommé Collard de Sennieres à tout detrois à quatre hommes,qu’il auoit alTembleznbsp;en fon village:à tout lefquels il venoit au Quefnoy le Comte au mandement denbsp;la Comteffe de Hainault douairière, amp; du defliildit Baillif de Hainault qui lânbsp;failbit Ibn amaft dé gens d’armes, amp; eftoit tres matin. Et incontinent qu’iceuxnbsp;François les apperceurent, ils leur coururent fus vigoureufement amp; de hardynbsp;courage. Si furent ice|les communes toutes efmerueillées, amp; nonobllant quenbsp;les aucuns fe meilfent irefuaillammenten deffence:neantmoins ils furent ennbsp;brief mis à grand melchef amp; tournez à delconfiture,amp; là plus grad partie prinsnbsp;amp; mis à mort trelpiteufemcnt. Et mefmement ledit Collard y demoura mortnbsp;fur la place, amp; auecques luy enüiron huid vingts de fes gens. Et les autres ilsnbsp;emmenèrent prifonniers, amp; les rançonnèrent comme leurs ennemis.Smon aucuns en trelpetitnonibre,quiefchapperent par bien fouyr. Pour laquelle de-ftrouflé les nobles hommes des bonnes villes d’iceluy pays de Hainault furentnbsp;durement troublez. Si enuoya ledit Baillifde Hainault vers le DuedeBour-gongne luy noncer celle mauuaife befongne,en luy requérant qu’il luy voulfillnbsp;eouoyer ayde de gens de guerredequel Duc luy en enuoya largement.Si feit denbsp;lechef iceluy Baillif vne trefgrande alîemblée audit lieu du Quefnoy, tant denbsp;gens de guerrecommedeceuxde ViHencienncs amp; autres bonnes villes pournbsp;combattre les deflufdits.Mais entre-temps ils fe départirent dudit paÿs,amp;: le retirèrent vers la terre de Guy fe, amp; delà au pays de Champaigne en faifant touf-ioursde grans dommagesiMais auantleur departement dudit pays de Hainault , rendirent aucuris des prifonniers deflufdits fans payer aucune finance ànbsp;la requefte dudit de B.ourgongne,qui leur en efcriuit. Et pour celle caufe y enuoya vn gentil-homme de Ibn hollel nommé Meliades,lequel efloit Breton amp;nbsp;bien aymé d’iceux capitaines de Brance.

on nommoit en commun langage les cfcorchcurs. Et la caufe pourquoy ils a-


Comment grandespeßtUnces famines furent en cefl an.

Tem en cell an mille quatre cens trente fept furent les bleds amp; autres grains fichers par toutes les parties du royaume de France, amp; en autres amp; diuerslieux amp; pays d^Chrellienté, que ce qu’on auoit au-cunesfois donné pour quatre foubs monnoye de France, on le ven-

doit quarante ou au deflus. A laquelle cherté fut fi grand famine vniuerfelle, que grand multitude de poures gens moururent par indigence. Et elloit moultnbsp;Bb iij


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m.ccccxxxfîi. p'olp'me il des chroniq^^es donloureufe amp; piteufc chofe à les veoir és bonnes villes mourir de faim, gefirnbsp;fur les fumiers par grandes compagnies. Si y eut aucunes villes qui les déboutèrent de leur feigneurie.Et fi en y eut aufli des autres qui les reccurent amp; adminbsp;niftrerent aflez longuement felon leur puiHanceen accomplifiantlesœuuresnbsp;de mifèricordezentre Icfquelles de celles qui les receurent amp; adminiftrerent, ennbsp;fut l’vne la cité de Cambray. Si dura celle peftilence iufques en l’an tienteneuf.nbsp;Et furent faits à celle caule plufieurs edits par les feigneurs tant Princes commenbsp;autres : amp; aulli par ceux des bonnes villes, en deffendant que nuis bleds amp; autres grains ne fuflent portez hors fur grolfes peines. Et mefmement en la villenbsp;de Gand fut crié qnpn fabllint de bralTer ceruoifes ne autres pareils bruuages,nbsp;amp; que toutes autres pourcs gens feilTent tuer leurs chiens. Et que nul ne gou-uernall chienne felle n’elloit challréc. Telles amp; pareilles ordonnances furentnbsp;faiéles en moult de pays,affin de pourucoir â la commune de poureté du menunbsp;peuple amp; des mandians.

Comment les Gantois feitent nouueîle mutationnel Çe remirent en armes, dont les Fe^ ures furent les prtnttpattx.

N ce temps delTufdit les Gantois le meirent en armes de nouuel en trelgrand nombre par le moyen des Feures d’icelle ville. Et fut lanbsp;caulè de celle alTemblée : pource qu’ils difoient que ceux de la gar-nilon de l’efclufe auoient pillé fur ceux du plat pays, dont les plain



tes en elloicnt venues en ladiéle ville de Gand,fi requeroict iceux Feures qu’on punilliceux pillars. Item amp; qu’on allall en armes fur ceux de Bruges, fçauoirnbsp;fils voudroientfe départir de ceux du Franc ,amp; les lailTer ellre vn des quatrenbsp;membres. Item amp; que pareillement on allall fur ceux de l’efclufe, pour ollernbsp;lefdits pilliers fifehez en l’eaüe de la Lieue, affin que la marchaiîdilè pcull venirnbsp;amp; entrer au pays. Item qu’on iroit par toute la Comté de Flandres vifiter ôcnbsp;aduifer ceux qui elloient leurs amis ou non: amp; qui leur voudroient ayder à faire amp; entretenir paix au pays, amp; que les gens y peulTent auoir à ouurer amp; gai-gner par les villes. Et fi en ce les Efeheuins amp; habitansde Gand ne vpuloientnbsp;faire affillencc, qu’entre eux Feures le feroient d’eux mefmes, moyennat l’aydenbsp;de ceux de leur alliance.Et autrement ne fe vouloient départir de leurs armes:finbsp;elloit Feure le Doyen des melliers pour le temps de lors, lequel elloit appellenbsp;Pierre Hemubloczlefquelles chofes les Elcheuins remonllrerent aux bourgeois amp; aux Doyens des Tiflerrans, amp; des autres melliers de Gand en la placenbsp;à ce ordonée en l’hollel de la ville, affin que fur ce ils culTent aduis chacun auecnbsp;ceux de fonmeflier: amp; ce qu’ils trouueroieA en 'Cônfèil,ils l’apportalTcnt lenbsp;lendemain à la loy:amp; adonc chacun mefiier fut fur ce en congrégation és lieuxnbsp;accoullumez en tel cas. Si reuindrent les delTufdits Doyens faire leurs rapportsnbsp;à la loy le neufuiefme iour d’Oôlobre. Et apres plufieurs interrogations concordèrent aux Feures leurfdiélcs requelles,pouree qu’il leur conuenoit ainfi fatnbsp;repar fimportunité d’eux amp; de leurs alliez; donttoutesfois grand murmurenbsp;fut des plus notables,pource qu’en ce téps ceux de la ville de Bruges traiéloienünbsp;de paix en la ville de l’Ifle aux deputez du Duc de Bourgongne leur (èigneur, lanbsp;ou ceux de Gand mefmes auoient enuoyez certains ambalTadeurs. Si doub-toient

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D'ENG^ERR. DE MONSTKELET. CHARLES. riL 148 toicnt plufieurs que les menues gens ne voulfiflenc appliquer à eux les bies desnbsp;riches.TantoIl les Feures à tout leur bannière allèrent fur le marché au blé : amp;nbsp;tantofl: amp; incontinent vindrent auec eux les Parmentiers, les vendeurs de vieilles robbes,amp; bien tort apres tous les autres meftiers. Apres y vindrent les vingtnbsp;amp; fept bannières des Tilferrans, amp; puis le Baillif auec la loy amp; la bannicre denbsp;Flandres amp; de la ville,amp; auec eux la bourgeoifie. Et tant qu’il y eut en nombrenbsp;¦quatre vingts deux bannières. Tantoft apres fè départirent ceux de la loy, amp; a-pres eux toutes les autres bannières parla maniéré accouftumée amp; l’ordonnance couftumiere. Si fen allèrent au marché des vendredis deuant l’hollel des re-naonllrances, où ils demourerent tout icelle nuid iufques au lendemain, quenbsp;les deflufdits Feures amp; les autres de leur opinion vQuloient aller aux champs.nbsp;Mais la bourgeoifie amp; la plus faine partie des TiiTerrans defirant de laifler icelle armée, pource qu’ils n’auoient point voulenté deguerroyer : mais eftoientnbsp;d’opinion contraire. Sieftoient en chance d’eux dilcorder amp;: entrebattre. Lorsnbsp;les Feures fe retrahirent de l’autre cofté du marché amp; fefeparerent des autresnbsp;dilant, que ceux vcnilTent qui fiiiuir les voudroicrit. Dont plufieurs fe meirentnbsp;auec eux de leur cofté. Et apres tous les autres Ce départirent par bonne ordonnance, amp; allèrent à Merenquerque qui eft le chemin de Bruges loger en tentesnbsp;amp; en pauillons.Si eftoient en ce temps plufieurs efmeuz amp; rioteux,tant pour lanbsp;perte de la monnoye nouuelle de l’an trente trois amp; de l’abaiflement des vieilles monnoyes,comme pource qu’ils auoient moult frayé en tailles au voyagenbsp;de Calais,amp; aufli ils n’auoient point de laines d’Angleterre. Parquoy plufieursnbsp;ne fçauoient à quoy employer leur temps pour gaignerleur pourevie. Etennbsp;efpecial ceux d’Ippre, qui eftoient accouftumez de drapper de ces laines d’Angleterre amp; plufieurs autres.Et d’autre part le froment amp; tous autres blez eftoiétnbsp;moult chers. Et fi n’y vfoit on,ne ne irouuoit marchandifçs en Flandres pour lanbsp;caufe de la guerre de ceux de Bruges. Parquoy les biens ceflbieot à venir auditnbsp;pays de Flandres: car ceux de l’Efclufe auoient filché pilliersau fleuue de lanbsp;Lieue, fi que les marchandifes ne pouoient entrer au pays. Et les riches gar-doient le mieux qu’ils pouoient ce qu’ils auoient de cheuance, pource qu’ilsnbsp;veoientquices gensde labeur fevouloient maintenir d’eux armer amp; apprendre à viure de rappineramp;.que aucuns ne fe pouoient remettre à leurs labeurs.Etnbsp;les riches ne vouloiét riens mettre dehors, pource qu’ils fe doubtoient de guerre auoir tous les iours tant d’vn cofté que d’autre. Apres ce les deflufdits Gantois mandèrent ceux des villes amp; villages de leur chaftellenie, qu’ils veniflentnbsp;incontinent deuers eux en armes en tel nombre qu’ils eftoient, quand ils furentnbsp;au voyage de Galais. Lequel mandement les Efeheuins monftrerentau cômunnbsp;amp; habitans pour eux fur ce confeiller en fern b le. Et pource qu’ils ne le faifoientnbsp;mie voulentiers, allèrent aucuns deuers les Efeheuins de Gand pour auoir delay, amp; qu’ils peuflént pafler à moins de nombre : mais adonc leur commandèrent les Efeheuins de Gand qu’ils obeïflent. Ce temps pendant lefdits Gantoisnbsp;efleurentvn capitaine aâgé d’enyiron trefltc ans nommé Rafle Rouuenbourgeois de Gand : Auquelordonnerent douze Confeilliers quioneques n’auoiçtnbsp;efté en la Loy de ladiéle ville.Et de ces douze en y eut quatre de la bourgeoifie,nbsp;quatre des Tiflerrans,ôc quatre des meftierstlequel capitaine ainfi efleu ne vou-Bb iiij

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MCCCCXXXriL yOLPME II. DES CH RONKTE ES

loic point entreprendre ledit office. Item leneufiefmeiour d’Odobre auoic elle publié en Thoftel des Efcheuins,que tous les bourgeois forains veinflent ennbsp;ladide ville de Gand fur peine de corps amp; de biens dedans trois iours, tellemetnbsp;habillez en armes comme ils voudroient garder leurs corps, dont en cedit terme plufieurs y comparurent. Et aucuns autres fenuoyerent excufer, difànt quenbsp;ils auoientloyalle enlToine parquoy ils nepouoient venir.Et feircnt traiâé quenbsp;ils payeroient aucune pectine pour eftre excufez. Et pource qu’on ne donnaitnbsp;charge n’a befongner à ceux qui y eftoient venuz,quad ils eurent feiourné troisnbsp;iours ou enuiron en la ville,ils l’en partirent allans en leurs befongnes.Parquoynbsp;le xxvij. iour dudit mois d’OôIobre furent mandez fur peine de perdre leurnbsp;bourgeoilie,amp; de payer ilTueicedit iour furent prins huiól hommes fouldoyersnbsp;de l’Efclufe, lefqucls foubs vmbre de guerroyer ceux de Bruges defroboient lenbsp;pays.Et les prindrent ceux de fainét Laurens au BloCjCar il auoit efté crié amp; publié que chacun print amp; menaâ deuers la iuftice tous defrobeurs, qu’on pour-roit trouuer fi on les prenoit vifs, ôc fi on ne les pouoit prendre, qu’on les tuaitnbsp;amp;meità mort. Lefqucls les defarmerent amp; retindrent icelles armeurcs auecnbsp;leurs veltemens: fi les emmenerêt en leurs pourpoints à Merenquerque en l’oitnbsp;de Gand, oùle lendemain par le iugement des Efeheuins eurent les haltereauxnbsp;couppez.Et à làpriere du fouuerain Doyen furent leurs corps donnez aux Au-gullins,qui les enfeuelirent.Depuis furent quatre hommes boutez hors de l’oitnbsp;de Gand pour caufe de pillage par eux fait fur ceux des villages.Ledit Ralfe quinbsp;futelîcu capitaine alla deuers le Duc de Bourgongneà Arras, pour quérir lanbsp;comraiffionfi fon plaifir elloit qu’il fut capitaine. Et lailfa trois lieutenansànbsp;• Gand de trois membres delà ville.Vn de la bourgeoifienommé Jean l’Eltau-ble,des meltiers vn nommé lean Cacielle, amp; vn des TilTerrans nommé lean denbsp;Sterque.Lelundy quatriefmtiourdu mois de Nouembrereuint Ralfe delîuf-dit à tout la commilïion d’iceluy Duc de Bourgongne d’eltre capitaine defditsnbsp;Gantois. Et comme il en eut fait le ferment en la ville de fille deuant lesfei-gneurs du confeil.Semblablement iura en folt deuant le Baillif amp; Elcheuins denbsp;Gand d’eltre bon amp; loyal au Prince à garder les droits ôc feigneuries, amp; les pri-uilegesde la ville: mettre paix endroit amp; iultice, amp; tenir le peuple en paix amp;nbsp;vnion,amp; pareillement iurerent les douze Confeilliers. Le cinquiefme iour dudit mois de Nouembre Raflé le capitaine a tout deux perfonnes de chacune ba-niere auecquesceuxdelaLoy,vintde Merenquerque a Gandd larequelle denbsp;ceux qui auoient pource prins armes. Si print plufieurs perfonnes qui auoiencnbsp;cité des principaux gouuerneurs de ladide villede Gand. C’ellàlçauoir Loÿsnbsp;de Holle qui auoit eltc premier Elcheuin, Lic^in le hgrequi plufieurs fois a-uoit elté Efeheuin amp; treforier, Gilles le Clerc aduocat, lean l’Appoticaire quinbsp;auoit elté trelbrier amp; Efeheuin de Gand, quiauoit elté Efeheuin, amp; laques lanbsp;lalchcre qui auoit elle fouuerain Doyen des meltiers. Et Eurent enfemble pri-fonniers en la maifon du Prince, amp; encores en eulfent ils prins des autres : maisnbsp;ils felloient abfentez.Et les appelloiwon mangeurs de foye. Si feit ledit capitaine publier,que tous ceux qui auoient elté en Loy en la ville de Gand depuis dixnbsp;ans,qu’ils veniflent en folt : lors elloit grandement acreu foil de Gand lez Merenquerque : car ceux de leur chaftellenic eftoient venuz eftofément, excepténbsp;ceux

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J)' ENG y ERK. DE NONSTRELET. CHARLES EIL ceux du Courtray: amp; fcmbloit vne grande bonne ville de leuft tentes amp; pauil-ions qu’on y veoit. Si prindrent leurs armes de recbcf le fixiefmc iour de No-uembre : amp; vouloient aller à Gand quérir les prifonniers de la ville, pour iceuxnbsp;eftre en leur compaignie : mais le capitaine les refraignift, amp; dit qu’il auoit efténbsp;ordonné qu’onleslaifferoitcnprifoniufquesàccque loft feroit retourné ennbsp;la ville, ôc que lors on feroit droit amp; loy felon ce qu’on trouueroit par vne ge-neralle inquifition par toute la Comté de Flandres. Si euft voulentiers veu ice-luy capitaine, que ledit oft fè fut appetifte : difant qu’il mettroit bien la paix ennbsp;droit amp; en iuftice à tout la quarte partie d’iceluy oft. Mais ceux de l’oft ne fenbsp;vouloient nullement départir l’vn de l’autre, ains vouloient demourer enfem-ble en fraternelle amour. Et vouloiêc aller loger entre les villes de Bruges, amp;: denbsp;rElclufe,amp; fè partiroient du Franc felon la fcntence du Prince.Et fi fe foubmet-toient de leurs meffaits amp; outrages en l’ordonnance du Prince amp; des autresnbsp;trois membres d’iceluy pays de Flandres,fàuué leurs vies amp; leurs preuilleges:amp;nbsp;fi ceux de Bruges le vouloiét ainfi faire,ou qu’ils fuppliaflent au Prince qu’il luynbsp;pleuftfurce euxauoiren grace :amp; en outre determiner du debat d’entre cesnbsp;deux villes de Bruges amp; de l’Efclufe, affin que les marchans peuflent paifible-ment frequêter le paÿs.Quefi ceux de Bruges le refufoient,onferoit tant qu’onnbsp;les mettroit en obeïftance en la voulenté du Prince. Or auoient ceux de Brugesnbsp;enuoyé de chacun meftier de leurs députez : lefquels traitèrent tant à Meren-querqueen l’oft,qu’apresplufieurs parolles furent d’accord. Si eftoienticeuxnbsp;députez en nombre de quarante deux perfonnes:lefquels apres ledit accord en-femble, prefenterent amp; accordèrent à bailler lettres felon vne minute faite parnbsp;eux le xij. iour de Nouembre,dont la teneur fenfuit.

N O V s Bourg, maiftres, Efeheuins, confeil, Cheuetins de la bourgeoifie, Doyens,iurez des maiftres amp; toute communauté de la ville de Bruges : faifonsnbsp;fçauoir à tous ceux qui ces prefentes lettres verront,que nous à l’honneur de nonbsp;ftre trefredoubté feigneur amp; Prince le Duc de Bourgongne Comte de Flandresnbsp;amp;c. A la prieredes trois membres de la bonne ville de Gand, amp; de toutes lesnbsp;Franches villes de la chaftellenie de Gand: auons confenty amp; cofentons pat cesnbsp;prefentes par nous amp; noz fuccefleurs, à tenir ferme amp;: eftable tel dit amp; fentencenbsp;donnée, amp; ordonnée de noftredit feigneur amp; fon confeil en ladite bonne villenbsp;de Gand le xj.iour de Feurier, l’an mille cccc.xxxvj.de ceux du Franc comme lenbsp;quart membre du pays comme par auant eut efté fans fraude,amp; felon le contenu d’icelle fentence. En tefmoing de vérité auons ces lettres feellées du fccl desnbsp;promefTes de ladite ville:lequel accord ainfi par les députez de Bruges rapporté en la ville apres grand confeij^ ceux de la Loy feirent demande aux habitânsnbsp;de Bruges affemblez deuant fhoftel des Efeheuins, fils vouloient accorder cedit traité: lefquels là eftans iufqucs au nombre de vingt mille ou plus,apres vnnbsp;pou de filcnce refpondiret comme tous ouy.Lors fauança vn nommé Coppinnbsp;deMefinacre pieça bannyde Gand pourfes demerites qui dit, Tout va mal:nbsp;comment cftes’vous fi couars que vous daignez les Gantois ? certes vous cftesnbsp;dignes d’auoirà fouffrirà cauîedevoftrc folie amp; inconftance. Et apres ce lenbsp;Doyen des Feures,vn coufturier amp; plufieurs autres commencèrent fort à murmurer, amp; à contrarier ledit accord : amp; efpeciallemct contredifoient moult d’en

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NCCCCXXXm. yOLJ/XlE II. DES CHRONIQUES faire lettre : amp; tantfeirent que tout ledit accord Sc traióic fut aneanty par Ie tumulte d’iceux. Parquoy depuis parle iugement de la Loy de Bruges, eurent lesnbsp;haflereaux couppez ledit Coppin, le Doyen des Feures, le coufturier amp; vn au-tre:amp; en furent bannis de leurs complicjes iufques àdixfept d’iceux.Toutesfoisnbsp;icelle vnitc Sc paix entre ceux de Bruges Sc ceux de Gand, fut toute defpecéenbsp;quoy q lefdits députez amp; ceux de Bruges en euHènt baillé xvij.lioftages à ceuxnbsp;de Gand : lefquels ceux de Gand deliurerent depuis ôc les renuoyerent foubsnbsp;vmbre qu’iceux députez leur difoient,qu’ils auoient fait leur deuoir Si leur po-uoiràfaire entériner ledit traidé amp; accord: auecques lequel traidé auoitauflînbsp;efté ordonné amp; accordé,que ceûx du Franc pourroient prendre la franchife denbsp;Bourgeoifie à Gand où à Bruges, ou mieux plairoit à chacun.Et fur ce deuoietnbsp;lefdits Gantois amp; ceux d’Ippre enuoyer deuersle Duc de Bourgongne leursnbsp;ambafladeurs,prier qu’il luy pleuft öfter les fouldoyers eftrangiers de l’Efclufe,nbsp;Sc les piîliers delà riuieredela Lieue, affin que les marchandifes peuffent venirnbsp;au paÿs,ouftnon qu’euxmefinesle peuffentöfter. Apres ce fenalla l’oftdenbsp;Gand loger à Ardambourg : Sc pource que ceux de Bruges apres contredifànsnbsp;cedit accord, amp; qu’ils ne vouloient partir du Franc : fut publié â Gand amp; en lanbsp;chaftellenie le mandement du Prince fait en l’efté dernier paffé,qu’on ne menaftnbsp;ne fouffrift mener aucuns viures à Bruges. Item que leurs biens amp; debres fufnbsp;fent prins amp; deliurez en iuftice. Et apres fut publié que fe ceux de Bruges vouloient faire aucunes courfes ou enuahyes fur ceux de la chaftellenie,qu’on fon-naft les cloches aux Eglffesamp; les baffins pour foy affembler amp; refifter à l’enconnbsp;tre d’eux. Apres ce eut le haftereau couppé Clarus Boye natif d’Axelle : amp; auffinbsp;• furent décollez Guillaume le Boquelaire Patinier natif du pays de Vuaft,amp; vnnbsp;homme de Courtray pource qu’ils auoient efté à Courtray pour l’inftigationnbsp;des Feures amp; coufturiers de Gand. Et auoient dit illec, que ceux de Gand deff-roient moult que ceux de Bruges veinffent aux champs en armes auecques eux,nbsp;pour le bien du commun pays de Flandres amp; l’vnion d’iceluy, amp; pour corrigernbsp;ceux del’Efclufe. Lexvj.iourde Nouembreceuxde l’oft curent confeil, qu’ilsnbsp;enuoyeroient certains députez à Gand amp;és villes de la chaftellenie, pour fça-uoir qu’on feroit ôe en quelle maniéré on procederoit.En outre que fils eftoiêcnbsp;de ropinion,qu’on allaft fur ceux deBruges,qu’on leur enuoyaft encores autantnbsp;de gens qu’ils eftoient. Mais ceux de Gand, eurent autre aduis, pource que lesnbsp;viures eftoient chiers amp; que l’hyuer eftoit preft : auecques ce auffi qu’il leur en-nuioyt bailler l’argent des fouldées,parquoy on retourna ôcdelaiffa on l’armée:nbsp;car auffi la grcigneur partie eftoient adoneques contraires contre icelle,amp;: que-roient occafion de le defpefcher. Et adoneque^ l’oft des Gantois fedépartit denbsp;Ardambourg retournans iufquesà Fîecqueloc.Etillecvnde la chaftellenienbsp;portant vne partie d’vne fouche de bois, amp; clofturc d’vn champ pour faire feunbsp;amp; efehauffer viandes:pource qu’aucuns de Gand luy vouloient öfter par forcenbsp;fe defFenditamp; cria à la chaftellenie. Et les Gantois crièrent Gand,fi que tous fef-meurent: à cefte caufe les Gantoisd’v^ie parr,amp; la chaftellenie d’autre part.Et ynbsp;euft eu grand bataillefè n’euft efté vn nommé Pierre Simon Efeheuin de Gand,nbsp;qui par belles parollcs départit l’Efcarmie par grand vaillance. Et y fut villaine-nemét blecé des coups qu’il receut de fe bouter entre cux:mais il nepouoit cftrenbsp;fort

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D'ENGJ/ERR. de MONSTRELET. CHARLES FIL 150 fort nauré pour fes bonnes armeurcs. Et en y eut plufieurs naurez, dont ks aucuns en moururent depuis : amp; par efpecial les Gantois, dont il en mourut en lanbsp;place vn nauieur de Gand vigoureux homme. Et depuis furent bannis de Gandnbsp;deux hommes, qui auoient féru fur le premier Efeheuin deflufdit. Et la vigilienbsp;fàinôlAndrieu retournèrent chacun en fbn lieu lefdirs Gantois, qui feftoientnbsp;mis en armes à petite deliberation, amp; repairerent en leur ville à pou de confo- 'nbsp;dation. Et ceux de leur chaftellenie qui y eftoient allez bien enuis, retournèrentnbsp;bien voulentiers chacun en fon hoftel. Peu de temps apres enfuiuant fut depo-fé de fa capitainerie ledit Rafe Ouuren.Et les delTufdits fix prilbnniers furentnbsp;deliurcz,pource qu’ils promeirent de efter â droit amp; à Loy de ce qu’on leurim-pofèroit ou demanderoit dedans trois iours,apres qu’ils en feroient femons.Ennbsp;Décembre le mois enfuiuant furent publiées lettres du Prince par villes amp; cha-ftelleniesde Gand, contenant qu’on n’obeyft; plus au capitaine Rafè Ouuren,nbsp;car ledit Prince l’auoit demis. La vigilie de Noël fut ordonné par ceux de Gandnbsp;en plaine eolation, que meflire Roland de Hutequerque, meffire Colard denbsp;Communes, lean de la Damme, Gilles de la Vouftine, Girard de Mal-digen,nbsp;lean de Papegen, Pierre Gougebur, Pierre Bris, lo/Te de Beys,Martin de Sini-mes amp; lean de Crique : Icfquels auoient efté bannis de Gand, qu’ils pourroientnbsp;reueniren ladiôle ville de Gand amp; au pays de Flandres. En outre vn nommenbsp;CoppinCoppon,quiàpairé cinq ans feftoitabfentc deladideville, amp;auoicnbsp;dtfrobé plufieurs perfbnnes en la Comté de Flandres, tant que plufieurs allansnbsp;par le chemin fe doubioient moult fort de luy.Si fut pour lors retourne à Gandnbsp;cuidant que tout ce fut oublie : mais il fut prins amp; condamné, parquoy il eut lenbsp;hafterci coùppé auec deux autres,qui auoient defrobé deux hommes empres lanbsp;ville de Tendre-monde.

Comment le traiCié fe feit entre le Duc de Bourgongne amp; ceux de la nile de Bruges.

Tem entre-temps que toutes les befongnes deflufdides fe failbient, les deuantdits Brugelins qui bien veoient (comme dit eft ailleurs cynbsp;deuant) queâdemourer longuement en l’indignation de leur Prince, eftoit totallementla defl:rucliond’euxamp; de leur ville. Si commencèrent fort à continuer de quérir les moyens à auoir traité auec luy dequelnbsp;traidé en fin ils trouuerent, amp; fe foubsmirent du tout â leur Prince deffufilit a-uecceuxde fon confeil, par certaines conditions declairées entre icelles par-ties:duqueltrai6léaumoins aucuns des principaux points prononcez â Arrasnbsp;le quatriefme iour de Mars, prefent le deflufdit Duc amp; fon confeil amp; tre/grandnbsp;nombre d’autres gens, dont la tegeur fenfuit.

Premier fut ordonné qu’à la premiere fois que le Duc iroit à Bruges, viendroientaudeuant deluy vingt perfonnes auecquesceux de la Loy,fansnbsp;chapperons,nuds pieds amp; defehauflez vne lieue hors ladiéfe ville.Et eux venuznbsp;en fa prefence fe mettroient à genoux, en luy requerat pardon,amp; luy prier qu’ilnbsp;luy pleuft venir en icelle ville. Item que k porte de la bouuerie (croit conucr-tie en vne chappclle, où on cclebreroit chacun iour les fept heures canoniaux.nbsp;Item que dorefnauantà toufiours quand mondit feigneuramp; fes fuccefleursnbsp;Comtes amp; Comtefles de Flandres viendroient à Bruges, iceux de Bruges vien-

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M.CCCCXXXm. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Volvme ii. des chroniques

droient hors de ladide ville portant les clefs de toutes les portes en perpétuelle mémoire d obcïdance. Item que chacun an le iour de leurs mefdis, ils ferontnbsp;en l’Edife de faind Donnaft chanter vne mefle folemnelle à Diacre amp; à foubs-diacre, où ils feront eftre vingt amp; quatre perfonnes chacun tenant vne torchenbsp;ardant, tant que la mefle durera d’vne liure de cire chacune torche amp; à chacunnbsp;quatre gros. Item qu’au bout de la Lieüe on fera vne belle croix. Item que lesnbsp;biens des baftards ne feront plus affranchiz à la mort:mais feront confifquez aunbsp;Prince. lté que ceux de Bruges quitteront amp; rachepteront à monditleigneurnbsp;les rentes viagères, en quoy ces demaines font tenuz obligez. Item que ceuxnbsp;de Bruges n’auront plus de cognoiflance fur ceux de l’Efolufe. C’eftà fçauoirnbsp;que ceux de Bruges ne feront leur chef lieu, amp; ne les fuiuront plus ceux denbsp;l’Efclufe en l’ofl: ne autrement : amp; n’auront à faire aucc eux, fors feullement ennbsp;ce que touche la marchandife. Item que auxmeftiers qu’on fait a l’Efclufenbsp;dont longuement a efté queftion entre les deux villes, iceux de Bruges n’en auront plus nulle cognoilTance. Item que ceux de Bruges ne pourront faire nulle armée fur la forfaiôlure de corps amp; de biens. Item quiconques feroit cef-fer les meftiers, amp; quand armes amp; diflentions fe naiftroient, encourroit moulenbsp;griefues peines contenues en la principalle fentence. Item font referuées ànbsp;monditfeigneur aucunes perfonnes à eftre en favoulenté de ceux de Bruges,nbsp;amp;de ceux qui y font deuenuz bourgeois durant la diflention. Item donneront amp; payeront ceux de Bruges à mondit feigneur deux cens mille Riddesnbsp;d’or. Item ceux de la Loy amp; autres dénommez de Bruges iront dedans huiéhnbsp;iours hors de la ville à l’encontre d’aucuns députez qui y feront enuoyez de parnbsp;• ledit Duc,amp;lesreceueronten grand obedience. Item que nul ne fera plusnbsp;bourgeois forain d’icelle ville f’il n’y demeure par trois fois quarante iours.

Item fut ordonné que le fils du feigneur de l’Ifle-Adam auroit pour la mort de fon peredix milleefous,auec aucunes amendes honorables. Et pareillementnbsp;amenderoient la mort du Feure, àfàfemme amp; à fes amis : lequel Feuie auoitnbsp;efté efcartellé,pource qu’il auoit baillé les marteaux pour ouurir la porte. Aueçnbsp;lèfquellesamendifeseny auoitde plufieurs autres mifes pareferiptau principal traiôlé. Defquelles pour caufe de briefueté ie me tais d’en faire recitationnbsp;ne mention : à laquelle fentence prononcer amp; ouy r, eftoient prefens àgenouxnbsp;deuant leur Prince en fon hoftel dedans Arras plufieurs notablesperfonnes,amp;nbsp;iufques au nombre de vingt amp; quatre à ce commis amp; députez de par la ville denbsp;Bruges : lefquels furent moult troublez, pour la ledureSc longueur d’icellenbsp;fentence. Et tant qu’en fin le Duc ce voyant par pitié ordona qu’on les feit feoirnbsp;pour eftre plus à leur ayfe. Et toutes ces befo^nes parfaiéles amp; accomplies,amp;nbsp;que les deflufdits députez furent retournez en la ville de Bruges, aflemblerentnbsp;le peuple en trelgrand nombrcamp; multitude,amp; monftrerent la coppie de la fon-tence : laquelle pour le grand defir qu’ils auoient pour retourner à la grace dunbsp;Pnnceleur naturel feigneur, fut à la plus grand partie aflezaggreable .Et aucuns autres gens de petit eftat qui ayoient eu gouucrncment durant les tribulations , ne fut point plaifant. Et euflent voulenriers de rechef par leurs parol-Ics foditieulès efmeu le peuple contre les puiflans,ceque faire ne pouoient:nbsp;carilsdoubtoient grandement apres icelle paix, eftrepunis de leurs outragesnbsp;amp;deme-

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D'ENGEERR. t)E MONSTKELET CHARLES riï. iji amp; démérites, 5c comme ils doubtoient leur aduint. Et dedans brief temps en-luiuant furent prins iufques au nombre de douze ou enuiron des principaux,nbsp;qui auoient foubftenu amp; entretenu toutes les rigueurs dont defluseß: faiólenbsp;mention, lefquels eurent les haftereaux couppez. Et fi en y eut plufieurs bannis, qui fe rendirent fugitifs.Et fut faiôle cefte iufiiee à la venue du Damoyfeaunbsp;deCleues nepueu du Duc de Bourgongne,quidepar luyauecaucunsdefonnbsp;confeil fut commis d’aller receuoir lefdiôlesamendifes, felon le contenu dunbsp;traiôfé fait amp; paffe à Arras. Et par auant auoient efté enuoyez deuers ledit Ducnbsp;en la ville d’Arras foixantc trois hommes ; lefquels auoient efte prins en la villenbsp;de Bruges, quand ledit Duc en fut débouté, amp; a leur departement de Brugesnbsp;leur fut deliuré à chacun vne robbe de vert aux delpens de la deffufdide ville.

Comment la guerre fe reßneut entre la Duché de Bar nbsp;nbsp;la Comté de Eaudemont,

N l’an deffufdic fe r’efineut la guerre d’entre la Duché de Bar amp; la Comté de Vaudemont, pource principallement que meflîre leannbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Hoffbnuille Senefchal heritable de la Duché de Lorraine vou-

lut prendre la ville de Vaudemont,fur aucune querelle qu’il fe difbit y auoir. Et depuis qu’il eut failly de fon entreprinfe,feit guerre ouuerte en boutant les feux en plufieurs lieux par ladide Comté : laquelle befbngne venueànbsp;la cognoiffànce du Comte de Vaudemont qui effoit agenouillé, monta à ehe-ual haftiuement, amp; auec luy Forte Efpice à tout enuiron cent combattans : amp;nbsp;pourfuiuit fes ennemis tellement, qu’il les attaingnit â l’ifTue de fon pays. Si lesnbsp;affaillit trefuaillamment amp; vigoureufement : amp; en conclufion les meit en défi-roy, jaçoit ce qu’ils feuffent bien trois cens. Si en furent morts enuiron quarante amp; autant de prifonniers,amp; les autres fe fauuerent en fuyant: amp; fut leur eftan-dartgaigné fur eux porté en l’Eglifede Vczelize. Et tantoftÿires fut la guerrenbsp;plainement ouuerte entre icelles parties:amp; allèrent les gens dudit Comte courre fur leurs ennemis, lefquels furent rencontrez de meffire Girard du Chaftel-licr amp; ruez ius, amp; menez prifonniers à Mirencourt qui eft vne bonne ville appartenant au Duc de Lorraine. Et depuis le deffufdit Comte de Vaudemontnbsp;print ladide ville de Mirencourt par l’ayde de Floquet amp; de Forte-Efpice,fi ennbsp;refeouiff de fes gens : amp; en laiffa ledit Floquet capitaine, lequel briefenfuiuancnbsp;la rendit aux Lorrains, amp;fe retourna contre ledit Comte à la requcftedelanbsp;Hire. En outre Blanchefort, Anthoinede Chabannes, Chappelle, Gautier lenbsp;Breton, Mathelin amp; aucuns autres capitaines à tout leurs gens menoient guerre aux Lorrains amp; aux Barrois pour ledit Comte de Vaudemont: lequel leurnbsp;auoit baillé en garde Vezelife amp; aucunes autres de fes places . Mais apres qu’ilsnbsp;eurent tout degafté le pays, ils f^n retournèrent amp; trouuerent maniéré d’auoirnbsp;mandement contenant qu’ils fe partiffenc de là, amp; fèruiffent lefdits Lorrains amp;nbsp;Barrois contre iceluy Comte:lequel mandement ils monftrerent à meflire He-€lor de Flauy, qui effoit gouuerneur de la deffufdiéle Comté de Vaudemonr.nbsp;Ettantoff apres les capitaines deflufdits ^eliurerentladeffufdiôle ville de Vezelife à iceux Lorrains, lefquels la defolerent. Et tantoff apres quand ils eurentnbsp;gaffé grand partie des pays tant d’vn coff é comme d’autre, fe départirenticeuxnbsp;François qu’on nommoit efcorcheurs en commun langage, amp; fe tirerent versnbsp;Gc

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Mxcccxxxyin,


yOL^ME IL DES CHRONKiyES


les Allemaignes. Auquel departement ils eurent trcfgrand finances dcfdidcs Duchez de Bar amp; de Lorraine.Et auecce emmenercnt hoftages auec eux pournbsp;eftfe payez du furplus : defquels hoftages en eftoit l’vn le fils de meftire Girardnbsp;du Chaftellier: durant lequel temps le Roy de Cecile enuoyafon fils le Marquis du-Pont aagé de neuf ans, pour entretenir le pays.Et gouuernoient pournbsp;luy l’Euefque de Thoul amp; ledit meftire Girard . Et vn petit par auant vn nommé Vatelin Tieulier menoit guerre au Comte de Vaudemont, amp; auoit fare-traiéle en vn moult fort chaftel, qui eftoit à fon beau pere : c’eft à fçauoir le fei-gneur de Hartuel, lequel le fouftenoit : amp; auoit fait plufîeurs dommages parnbsp;feu amp; par efpée en ladide Comté de Vaudemont, Pour Icfquels contre-ven-ger, ledit Comte de Vaudemont accompagné de fon nepueu le Comte de Bla-monr, le feigneur de Commercis amp; Forte-Efpice, auecqucs le nombre de quatre cens combattans ou enuiron,alla deuat la dicte fortereffe: amp; la print par force d’aftault,amp; ledit cheualier dedans:mais incontinent lefdiîs Lorrains vindrentnbsp;à grand puiftance,pour bailler fecours amp; ayde à iceluy cheualier: lefquelsnbsp;voyans que fa place eftoit prinfe amp; leurs aduerfàires dedans, fe retrahirent, amp;nbsp;feirent de rechef moult grand affembléede gens pour mettre le liege deuantnbsp;Monftier fur Saux. Et pource que meftire Heétor de Flauy auoit fait ardoir lanbsp;ville,où ils fe cuidoieni bouterôc loger fen retournèrent en leurs marches. Ainftnbsp;amp; par cefte maniéré fe deftruifoient icelles deux parties.


V commencement de ceft an en continuant de mal en pis, la famine vniucrfelle dont en autre lieu eft faiéte mention, commença de rechef eftre fi trefgrande amp; fi deftroiéte, que c’eftoit piteufechofènbsp;d’icelle famine. Et auec ce fut trefgrande mortalité en diuerfès parties du royaume de France.Et par efpecial en la Comté de Flandres, amp; plus en la ville denbsp;Bruges que ailleurs, amp; pareillement dedans la cité de Paris : amp; d’autre part lanbsp;guerre eftoit trefafpreamp; dure merueilleufementen plufîeurs diuers lieux amp;nbsp;pays.Pour lefquels trois inconueniens plufîeurs nobles hommes, amp; generalle-ment tout le peuple dudit royaume amp;des paÿsâ l’cnuiron furent en moultnbsp;grande amp; douloureufè perplexité amp; moult amatis.Et entre-temps les Françoisnbsp;qu’on nommoit en commun langage les efcorcheurs,fè tenoient en grâd nombre furies marches de Bourgongne, où ils faifoient de trefgrans amp; innumera-bles dotnmages : tant de prendre fortereffes »^rifonniers comme de tuer amp; ra-uir hommes amp; femmes tant nobles comme autres, en toute amp; pareille maniéré comme euffent peu faire les ennemis amp; aduerfaires du paÿszlcfquelles entre-prinfès venues à la cognoiftancedu Duc Philippe de Bourgongne, en eut aunbsp;cueur grâd defplaifanceitant pour l’amour du temps de la famine,comme pournbsp;les mortallitez qui eftoient en plufîeurs lieux de fes pays.

èaveoirles poures gens mourir en grand multitude par le moyen

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D'ENGl/EKK. J)E MONSTKELET CHARLES HJ.

Comment le feignenrde Thalebot ^meßireThoma^s Kiriel nbsp;nbsp;aucuns autres capitaines Anglais conquirent Longueuillenbsp;nbsp;nbsp;nbsp;plufieurs autres fortereßes fur les Fran

cois .

^îTcni enceftanIefeigneurdeTIialebot,meflîreThomas Kiriel aucuns autres capitaines Anglois,fe meirent fur les champs enuironnbsp;le mois de May ,aueceuxle nombre de huiôtccns combattansounbsp;enuiron, amp; allèrent loger dcuantlechaftel de Longueuille que te-noient les gens de la Hire : duquel cbaftel amp; de la feigneurie iceluy la Hire fènbsp;difoit feigneur par le don du Roy Charles,ainfi amp; par la maniéré que l’auoit eunbsp;jadis ce trefuaillant amp; excellent combattant Bertran de Clelquin Breton Con-neftable de France : lefquels affiegez voyans leurs aduerfàires en alTez briefter-tnbsp;me, rendirent la fortereïïcaux Anglois,par tel fi qu’ils fen departiroient faufnbsp;leurs corps amp; leurs biens.Si fen retournerêt à Beauuais: lefquels Anglois apresnbsp;qu’ils eurent mis bonne amp; fuffifante garnifon fen allèrent dcuant Charles-Mef-nil,qui cftoit vn mouk bel chaftel feant au plus pres de Dieppe, appartenant aunbsp;feigneur deTorfiJequel fut rendu.Et pareillement conquirent Guellemecourtnbsp;amp; aucunes autres places, que tenoient les François ou pays de Caux.Et la caulenbsp;pourquoy ils furent fi toft mis en obeïffance, fi fut pource qu’ils eftoient mal-pourueuz de viures amp; d’artilleries.

Comment le traiClé du mariage fut fait entre Haifnéfils du Roy de ILauarre^C^ la da-, moifelle de Cleues niepce au Duc de Bourgpngne.

V temps deflufdit vindrent deuers le Duc de Bourgongnc en la ville • de Doùay enuiron vingt amp; quatre hommes de cheual ambafiadeurs,nbsp;enuoyez de par le Roy de Nauarre pour traiâer le mariage de la da-raoyfellede Cleues niepce dudit Duc de Bourgongne,auecquesle

»

amp; vn certain cheualier amp; aucuns autres gentils-hommes amp; le Roy d’armes dudit royaume de Nauarre : lefquels traitez furent conduits amp; demenez allez longuement, mais en la fin vint la befongne à conclufion, amp; fut oôlroyée parnbsp;ledit Duc. Et depuis fut ladiéle Dame enuoyce treshonorablement accompagnée en la conduire de fon frere aifné audit Roy de Nauarre.

Comment les villes nbsp;nbsp;chafleaux de Montargis c?* Cßeureufe furent mis en tohéifance

du Roy Charles de France.

Vrant le temps delTufiiit furent rcmifès en l’obeïlTance du Roy Charles de Fiance les villes amp; forterefles de Montargis amp; Cheureulès, que tenoient les Anglois .Et d’autre part les garnifons de Meaux ennbsp;Brye, de Creil, Ponthoife amp; Gilbrs trauailloient moult fort le paysnbsp;d’iceluy Roy Charles.Et par elpecial es pays de Senthois,Vermandois,Amien-noisjBeauuoifis amp; autres lèigneuries.Et pSreillemcnt les garnifons qui eftoientnbsp;alïifes contre les Anglois,failoient moult grand domages aux pays dclTus nom-mez-.dont le poure peuple en plufieurs maniérés eftoit moult trauaillé amp; lalTé.nbsp;Et quantau rcgard‘dc meffire lean de Luxembourg, il fe tenoit comme neutre;

Ce ij

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m.ccccxxxtiii. roLj/ME ii. des chronicités

amp;!, pour iceluy temps auoit peu de hantife auecques nulles de (es parties. Sifài-foit tres fort fournir amp; garnir (es villes amp; chafteaux de viures amp; d’artilleries fur efperance de luy delfendre contre ceux, qui nuire ou grcuer le voudroient. Etnbsp;jaçoit-ce que par plufieurs fois il eut efté requis amp; admonnefté de faire fermétnbsp;au Roy Charles de France,neantmoins oneques ne fy voulut cofcntir.Et efloitnbsp;tout refeonforté d’attendre les aduentures,qui aduenir luy pourroient: car il a-uoit les fcellez du Roy d’Angleterre, du Duc d’Iorth amp; de plufieurs autres fei'nbsp;gneurs Anglois: par lefquels ils luy promettoient fur leur foy amp; honneur, quenbsp;fil aduenoit que les François approchalTent en aucune maniéré pour luy fairenbsp;gLierre,ils le viendroient fecourir à fi grand puiflance, qu’ils le deliureroient denbsp;tous fes ennemis quelque autre befongne qu’ils eulFent à faire:ôc fur ce ledit denbsp;Luxembourg fe fioit trefgrandement.

.. Comment ily auoitgrand dtßord entre le Pape Eugenele concile de Baße, nbsp;nbsp;nbsp;aU“

tres matières.

Nceftanfurentenuoyezdeuers le Roy de France leDucdeBour-gongne,amp; autres nobles Princes du fang Royal les ambalfadeurs de noflre faind pere le Pape Eugene. Et pareillement ceux du Concilenbsp;de Bafle,lefquels efioient en grand difeord l’vn contre l’autre : car ennbsp;propofànt deuant les delTufdits Princes ils dilfamoicnt allez vituperablementnbsp;chacun fon aduerfe partie:Et dura celle diflention alTez longuement. Toutef-fois pour ce temps le Roy efloit plus enclin à la partie du Concilc,qu a la partienbsp;d’iceluy Pape.Et le Duc de Bourgongne fe tenoit plainement pour le Pape Eu-gene.Et pareillemet faifoit le Roy d’Angleterre: efquels iours le Duc de Bourgongne enuoya deuers nollredit faind Pere le Pape vne folennelle ambaffade :nbsp;C’efl à fçauoir maillre Quentin Mayart Preuoft de S.Orner, le Prieur de Lihosnbsp;en Santhois, mellire Symon de Lalaing, Guillaume le Jeune frcrc du Cardinalnbsp;deTheroüanne amp; plufieurs autres notables perfonnes: lefquels du delTufditnbsp;fainôl Pere furent receuz tres aggreablcment:amp; obtindrent en la plus grad partie tout ce pourquoy ils eftoict venus.Efquels iours le feigneur de Creuecucurnbsp;qui efloit moult faige amp; prudent,fut enuoyé de par le Duc de Bourgongne deuers le Roy de France pour plufieurs befongnes. Et entre les autres pour traiter le mariage de la fécondé fille du Royamp; du Comte de Charroloisfeulfilsnbsp;dudit Duc de Bourgongne. Auquel feigneur fut faiéle trefioyeufe receptionnbsp;tant depar le Roy comme de par la Royne:amp; pourtant que la fille pourquoy ilnbsp;alloit, efloit nouuellement trelpaflee, luy fut remandé par ledit I^uc qu’il de-mandafl la mainfnée ce qu’il feit amp; luy fut acc#rdéeamp; promife, amp; fe nommoitnbsp;dame Katherine.Et apres deuat ledit retour du feigneur de Creuecueur, fut accordé enuers le Roy le difeord des Euefques de Tournay:c’eft à fçauoir de mainbsp;lire Jean de Harcourt amp; maiflrc Jean Cheurot: Lequel cheurotdemouraânbsp;Tournay,amp;: ledit de Harcourt demoura Archeuefque de Narbonne. Et toutesnbsp;ces befongnes amp; aucunes autres acctÄnplies par les maniérés deflufdi«5les, fennbsp;retourna ledit feigneur de Creuecueur deuers fon feigneur le Duc de Bourgongne,qui le receut moult ioyeufement amp; mçult honnorablement. Item en cenbsp;mcfme temps vn gentil-hôme chcualicr,qui efloit de l’hoftel du Duc de Bourgongne

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HENGFERR. DE I^ÎONSTKELET CHARLES m. gongne, prenant (on chemin pour retourner en Sauoye dont il eftoit natifparnbsp;la licence dudit Duc: en (on chemin alla en la ville de Guyfe veoir meflire leannbsp;de Luxembourg, duquel il eftoit tres bien en grace amp; le felloya moult grandement en fon hoftel : mais apres qu’il fut departy de la amp; qu’il eut prins Ion chemin pour aller en fon pays,comme dit eft,il fut rencontré d’aucuns fàquemans,nbsp;lefquels fc difoient eftre audit de Luxembourg, entre lefquels y eftoit vn nqjii-mé Garmonfet. Si le prindrent amp; le menèrent à Meaux en Brie deuers les An-glois:amp; depuis fut mené à Rouen,où il fut detenu prifonnier par certaine efpa-ce de temps:amp; en fin il mourut de maladie, qui le print comme aucuns direntnbsp;par defplaifance amp; par courroux. Acaufedelaprinfe duquel le Duc de Bour-gongne futtrefhaal contenf,amp; en referiuit aucunement audit de Luxembourgnbsp;auec autres beibngnes : de laquelle prinfe ledit de Luxembourg fexcufa grandement, car il eft à fuppofer que d’icelle prinfc n’eftoit en riens coulpable : carnbsp;depuis feit exccuter aucuns d’iceux qui l’auoient prins amp; detenu. Etauftifeitnbsp;moult grand diligence de faire deliurer ledit cheualier nommé meflire Phile-bert de la main defdits Anglois, par le moyen du Cardinal de Rouen fon frere.

Comment le Comte à'Eu qui efioitprifonnier en Angleterre retourna, en France des armées qu il feit.

N l’an deflhfdit retourna de la prifon du Roy d’Angleterre le Comte d’Eu,où il auoit efté detenu depuis l’an mille quatre cens amp; quin-ze.Si retourna en France amp; auoit efté prins en la bataille de Hazin-court,amp; fut deliuré par le Cote de Sombreflet,que le Duc de Bour



bon frere audit Comte d Eu tenoicprift5nnier:amp; l’auoit acheté, où aumoins la nbsp;nbsp;nbsp;,

Ducheflé de Bourbon fà mere de ceux qui Jadis l’auoient prins à la bataille de Blangy, où le Duc de Clarence mourut comme en autre lieu eft plus à plainnbsp;declairézpour le retour duquel ledit Comte d’Eu, plufieurs Princes de France,nbsp;amp; autres nobles hommes furent bien ioyeux, amp;par efpecial le Roy Charlesnbsp;amp; le Duc de Bourbon fon frere. Et tantoft apres fa venue fut par ledit Roy denbsp;France conftitué capitaine de Normandie depuis la riuiere de Seineiufques ànbsp;Abbeuille, amp; à la riuiere de Somme. Si aflembla certain nombre de gens d’armes,amp; alla prendre la pofleflîon de la ville de Harfleu.Si fut receu d’aucuns quinbsp;en auoient le gouuernemet par le feigneur de Rieux Marefchal de France, maisnbsp;aucuns autres ne luy voulurentpoint obeÿr. Ains fe retrahirent en vne porte amp;nbsp;en aucunes tours,amp; là fe tindrent par certaine elpace de temps,dont ledit Comte d’Eu fut trefraal content. Si les feit aflaillir tres roidement amp; afprement, ècnbsp;tellement qu’vne partie d’iceux fe rendirent à luy. Et les autres qui eftoient ésnbsp;tours du Haure,enuoyerent à Rouen deuers les Anglois pour auoirayde amp; fe-cours: mais depuis faccorderent iècrettement deuers ledit Comte d’Eu. Et tellement fappoinâerent enfemble,que quand iceux Anglois vindrent aux toursnbsp;deffufdiôles,pour bailler ayde amp; fecours à ceux qui les auoient mandez, ils furent vehementement trompcz:car il en y jut de prins amp; retenus enuiron tren-te,amp;les autres qui fapperceurent d’iceluy mal engin, fen retournèrent tousnbsp;courroucez audit lieu de Roüen.Et apres que ledit Comte eut du tout l’obeïDnbsp;ûnce d’icelle ville de Harfleuamp; d’aucunes autres ou pays de Caulx,il y mcitgés

Ce iij

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M.CCCCXXXm. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ii. des chmi^iq^ves

de par luy. Et apres lu y partant de ce pays, fen alla â Bruxelles en Brabant de-uers le Duc de Bourgongne fon beau frere, qui le feftoya grandement, amp; luy donna aucuns dons moult riches. Et apres luy partant de là, fen rcuint par plu-heurs iournées à Noyon,où il fut moult conjoÿ des habitas d’icelle ville. Si luynbsp;fcirent grand plainde des pillards, qui fc tenoient en aucunes forterefles afleznbsp;pres de làdefquels de iour en iour leur portoient de grans dommages, amp; cou-1 oient fouucnt iufques à leurs portes,en rauiflantamp; en emportant tout ce qu’ilsnbsp;pouoient attaindrc:mefmement ceux qui fe difoient eftre au Roy de France,amp;nbsp;autres qui fe difoient eftre à meflîre lean de Luxembourg. Et entre les autres ennbsp;y auoit vn qui fe nommoit lean de l’Ifle, auecques luy vn lien frere ; Icfquels a-uoient auecques eux enfemblc iulques à trente compaignons ou enuiron, quinbsp;f cftoient boutez dedans vne vieille forterefle nommée Bretigny,laquelle ils a-»nbsp;uoient aucunement reparce amp; reediffiée fur intention de faire guerre amp; grandnbsp;bataille à ceux du paÿs,amp; en y auoit vne partie qui portoient la rouge croix, amp;nbsp;contrefaifoient les Anglois. Si en fut iccluy Comte d’Eu aduerty amp; admonne-fté, amp; pour y pourueoir affembla aucune quantité de gens de guerre par toutnbsp;où il les peut auoir, amp; luy enuoya Ibn nepueu le Comte d’Eftampes vne partienbsp;de les gens.Et tantoft apres alla deuat ledit chaftel de Bretigny,qui eftoit moultnbsp;foible amp; aufli eftoit pauurement pourueu amp; garny de viures amp; d’artilleries. Etnbsp;pourtant ceux qui eftoient dedans furent moult toft contraints d’eux rendre ànbsp;la voulenté dudit Comte d’Eu: laquelle voulentc fut telle qu’il feit preftementnbsp;coupper le hafterel audit lean de l’Ifle amp; à fon frere en la cité de Noyon, amp; ennbsp;feit pendre iufques au nombre de vingt. Pour laquelle prinfe amp; mort d’iceux,nbsp;•nbsp;nbsp;nbsp;lean de Luxembourg conceut grand hainenbsp;nbsp;nbsp;mal-vueillance cotre ledit Com

te d’Eu, amp; ceux qui auoient efté à celle entreprinfe : amp; tant qu’vn peu de iours apres ledit Comte eftant à Chargny fur Oyfe, fut ordoné par ledit meflire leannbsp;de Luxembourg,à mettre vne embufehe de lès gens auprès du chemin par où ilnbsp;deuoit retourner à Noyon pour luy amp; fes gens ruer ius : mais ledit Comte ennbsp;fut aucunement aduerty.Siprint autre chemin, amp;: ne fortit point la befongne ànbsp;fon effeift.’toutesfois à cefte caufe demourerenc en grand haine amp; dilfentio l’vnnbsp;contre l’autre.

Comment la HireßUnchefort amp;plufieurs autres capitaines du P^oy Charles coururet es Aüemaignes.

^Temencesmefmes iours amp; au propre temps plufieurs capitaines du Roy Charles,entre lefquels eftoient la Hire, Blanchefort, Bout-fac, Anthoine de Chabannes, Chapgelle, Pierre Régnault amp; autres.nbsp;Si fe tirerent bien fix mille cheuaux par les marches de Barrois amp; denbsp;Lorraine au pays d’Allemaigne, amp; coururent iufques deuant la ville deBafle,nbsp;où fc tenoit encores le Concile: amp; donnoient à entendre à aucuns que c’eftoitnbsp;parl’enuoy amp; cofentement du Pape Eugene pour deftendre fa guerre, amp; dom-magerent fort le pays par feu amp; par ^pée.Et apres fe tirerent ou pays d’Auflbisnbsp;enuers Francquefort.Siprindrcnt amp; rançonnèrent plufieurs mefehantes forterefles amp; forts monfticrs,mais entre-temps qu’ils gaftoiêt ledit pays d’Allemai-gne,amp; qu’ils y faifoient tant de maulx,les Allemans faflemblerent en trefgrandnbsp;nombre

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D' ENG TERR. de monstre let. CHARLES TH. 154 nombre pour les rebouter.Sifeirent retraire les viures amp; les paÿlàns dedans lesnbsp;fortereffes amp;: es bonnes villes.Et apres leur comencerent â faire forte guerre,amp;nbsp;les prenoienc à leur aduantage quad ils alloient fourrager a petite compaignie.nbsp;Si en occirent amp; meiret à mort cruelle plufieurs par celle maniere:amp; ne fe vou-loient point alTembler en bataille contre eux à iour nommé, jaçoit-ce que plu -fieurs fois par eux en fuflent requis: lefquels voyans la perte de leurs gés amp; ain-11 croillre la force des Allemans,fe tirerent hors du pays apres ce qu’ils y eurentnbsp;fait de grans cruautez amp; dommages,amp; fen allèrent en Bourgongne, où ils fei-rent tout pareillement:amp; de là fe tirerent vers le Niuêrnois. Et apres toulioursnbsp;continuant en degaftant pays amp; enfaifànt maulxinnLimerables,fen allèrent annbsp;pays d’Auuergne.Si muliiplioient chacun iour la compaignie des mauuais: carnbsp;tous mefehans gens fe boutoient auec eux qui n’auoient point de confciencc,amp;nbsp;tant qu’ils fe trouuerent bien telle fois en nombre de dix raille. Si ne deportoiêcnbsp;perfonne de quelque ellat qu’il fut feigneur ou autre,mefmemét les propres vilnbsp;les amp; pays du Roy amp; de fes Prince degalloient comme les autres.Et n’y fçauoitnbsp;on comment ypourueoir ne remedier, poureequ’ils elloient en fi trefgrandnbsp;nombre. Et par tous pays ouils alloient ( ficomme aütresfois vous ay dit ) onnbsp;les nommoitles elcorcheurs. Et apres celle pellillcnce eurent les gens du paysnbsp;moult à foulfrir es places amp; es lieux où ils alloient.

Comment le Comte d’Eßampes reprint la forterejj'e du RaouUet fir lessens da feigneur de Moüy amp;• autres matteres.

Tem amp; auflî deuant cefte durepeflillence, les gens du feigneur de


^^Moÿ en Beauuoifisauoient prins la forterefle du Raoullet à deux lieiies pres de Montdidier fur les gens de Guy de Roye, qui lauoiêcnbsp;en garde,amp; failbiet guerre âla ville de Montdidier amp; ou pays à l’en'nbsp;uiro.Et pource qu’icclle ville amp; le pays eftoient en la garde du Comte d’Ellam-pes amp; enfongouuernementjilenuoyadeuantladiôle forterefle certain nombre de gens de guerre foubs la conduire d’aucuns de fes capitaines : cell à fça-uoir Valeran de Morcul,amp; Guy de Roye amp; aucuns autres. Lefquels les aflailli-rentamp;meirentàtelracfchief, qu’ils fe rendirent en lavoulenté dudit Comtenbsp;d’Eftampes:defquels il feit pendre de vingt â trente, amp; ladiéle forterefle fut re-mife en la main du deflufdit GuydeRoye. Pour laquelle execution ledit feigneur de Ndoy qui efboit capitaine de Clereraont, feit dedans brief tempsen-fuiuant plus forte guerre que par auant âla ville de Montdidier : pourquoy ilnbsp;conuint mettre en plufieurs lieux gens d’armes en garnifon, tant en villes comme en forterefles contre ledit feigneur de Moÿ. Et par ainfi toutes les marchesnbsp;â l’enuiron d’vn cofté amp; d’autre furet exillées amp; gafl:ées,amp; curent plus à fbuffrirnbsp;que deuant amp; durant plaine guerre.Et d’autre part les Anglois prindrent en cesnbsp;propres iours les forterefles de S.Germain en Laye,amp; de Gerberoy non mie denbsp;force,mais d’emblée: fi y meirent trefgrans garnifons dont les Parifiens eurentnbsp;moult â fouffrir. En ce mefme temps ad^^int vnc trefgrâde cruelle amp; merueil-leufc chofe en vn village près d’Abbeuillc : car vne femme y fut prinfc amp; accu-fée d’auoir meurdry plufieurs petits enfans, lefquels elle auoitdcfmembrez amp;:nbsp;falez fecretteraent en fa raaifon.Si fut celle grade cruauté aceufée par le moyennbsp;Ce iiij

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M.CCCCXXXFIIL ¦ yOLJ/ME IL DES CffRONlQ^ES d’aucuns Brigans,qui par nuiól vindrént en fa maifon amp; en trouuercnt des pieces: amp; pour celle caufe fut prinfe. Et apres qu’elle eut cogneu là malice, fut arfenbsp;amp; exécutée par la iufticc dudit lieu d’Àbbeuille en Ponthieu . Ou temps def-fuldit ceux de Bruxelles eurent grand difeord amp; dilTenfions cotre ceux de Lou-'uains,Malignes amp; autres bonnes villes de Brabant, pource qu’ils contraignirêtnbsp;par tout le territoire d’Amiens porter les bleds en leur ville au grand preiudicenbsp;des bourgeois d’icelles bonnes villes,aufquels les bleds cftoient. Et pour cellenbsp;caufe felmeut trelgrand guerre amp; diflention entre ceux de Malignes amp; eux,carnbsp;lefdits de Malignes tendirent leurs chaînes fur la riuiere : parquoy riens ne po-uoit aller à Bruxelles, amp; alfez toll apres coururent en armes l’vn contre l’autre,nbsp;amp;en y eut plufieurs mis à mort entre icelles parties.Neantmoins depuis le Ducnbsp;deBourgongne amp; fon confeil y meirent moyen amp; les appaiferent delcurdif-fention.

Comment vneaffemhlécÇe feit entre Calais nbsp;nbsp;nbsp;Grauelignes du. Cardinal diAngleterre

de la Duchefe de Bourgongne, pour trouuer mu.niere d'auoir paix fnalle entre les parties de France amp; d'Angleterre.

Nuironlemois delanuier deceit anfalTemblerent entre Calais amp;: Grauelignesen vnlieudeuilé par les parties, où furent tendues aucunes tentes pour tenir côuention:c’ell à fçauoir le Cardinal de Vin-cellre d’vne part amp; la DuchelTe de Bourgongne d’autre part,chacunnbsp;d’eux grandement accompaignez de nobles perlbnnes tat ecclefiallicques quenbsp;feculiers: auec lefquels y cftoient de par le Roy de Frace comme ambafladeursnbsp;vn üen maiftred’hoftel, nommé melïire Régnault Girard cheualierleigneurnbsp;de Bazoches,amp; maiftre Robert Mallien confeillier amp; maiftre des comptes : affin d’auoir tous enfemble aduis, confeil amp; deliberation fur la paix finalle entrenbsp;les deux Royaumes : Et auflî par la deliurance amp; rançon de Charles Duc d’Or-leans.Si furent plufieurs ouuertures mifes auant amp; par plufieurs iournées:amp; ennbsp;la fin ne peurent autrement conclure finon de prendre iour parl’aduisamp;con-clufion des deux Roys amp; de leurs confeils, chacun pourtant que toucher luynbsp;pouoità l’an enfuiuant pour tenir nouuelle conuention : lequel iour amp; lieu onnbsp;deuoit faire fçaiioir à la deftufdiôle Duchelfe de Bourgongnc,pour en aduertirnbsp;amp; faire fçauoir à chacune defdiéles parties : laquelleiournée nouucllement re-prinfe, deuoit eftre amené en perfonne ledit Duc d’Orléans : c’eft à Içauoir ànbsp;Chierbourg ou à Calais,auquel des deux il feroit aduifé en dedans ledit iour:amp;nbsp;apres que les belôngnes delTufdiéles furent ainfi conclûtes entre icelles parties,nbsp;fe départirent de là,amp; retournèrent és lieux dont ils elloiét venus. Item en cellnbsp;an le Duc de Bourgongne a/fembla enu.iron leize cens combattans,lelquels furent menez amp; conduits vers Calais, pour garder contre les Anglois trelgrandnbsp;nombre de pionniers,de charpentiers amp; autres mänouuriers, qui y furent menez amp; conduits pour rompre amp; démolir vnc dicque de mer, affin de noyer amp;nbsp;deftruire ceux de la ville de Calais amp;Je pays enuiron. Et auoit on donné à entendre audit Duc de Bourgongne,qu’il eftoit trelpoffible de le faire, amp; que parnbsp;ces moyens icelle ville feroit du tout milèàdeftruclion: mais quad ce vint quenbsp;ilt;es pionniers deflufdits eurent ouuré certaine elpace de temps,on apperceut af-

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D'ENGFERR. MONSTKELET. CHARLES ril. fez bien que ce n’eftoit point vne chofe qui fe peuft bonnement acheuer. Si futnbsp;rentfeprinfedelaifTéejamp;feit on rompre le pont de Millay amp; aucunes autres petites dicques,quipeu feirent de dommages aufdits Anglois.

Comment le Roy de France contrai^it Rodig loitfon pais A aller guerroyer fur les Ani

ne de nllandroôjequelgafloit nbsp;nbsp;travail-

dois.

N cefl an vint à la cognoiflance de Charles Roy de France, corn met fespaÿsen diuers lieux eftoient degallez amp; opprelTezpar aucunsnbsp;capitaines tenans fon party: lefqucls auoient grand nombre de gensnbsp;d’armes fur les champs:entrelefquels eftoitvndes principaux Rodi-gue de Villandras,lequel auoit en fit compaignie mieux de fix cens theuaux. Sinbsp;luy furent enuoyez de par le Roy certains melFageSjlefquels lu y dirent amp; commandèrent de par luy qu’il vuidafl; fes pays ou allaft en frontière contre les An-gloiSjà quoy il ne voulut obeyr.Et pourtat le Roy qui eftoit à Bourges en Berry,aflembla gens amp; alla en perfonne pour le ruer ius, mais ledit Rodigue en futnbsp;adueriy .Si fe tira vers Thoulouze,amp; alla au pays de Guyenne:auquel lieu auecnbsp;aucuns du pays il aflembla de rechieftrelgrand nombrede gens d’armes.Si co-mença à faire tresforte guerre aux Anglois,amp;: tant en ce continua,qu’il leur feitnbsp;trefgrand dommage amp; print plufieurs villes amp; fortereflcs,oùil meit defes gês.nbsp;Sientraenl’IfledeMedochiufquesaSoulach: lequel pays ilsdeftruirent amp;ynbsp;trouuerent des biens treflargement, amp; en trefgrand abondance : amp; pareillemctnbsp;conquirent le pays de Banquefort. Et outre allèrent deuant vn fort nômé Cha-flel-Neuf, lequel ils prindrêt d’aifaulc amp; eftoit au capitaine deBeufd.Et tantoftnbsp;apres vint le feigncurd’Albreth à tout trefgrand puiflance de gens d’armes, 8cnbsp;les mena deuets Bordeaux où ils prindrent l’eglifède S.Seuerin, quieftàvnnbsp;traid d’arbaleftre pres de la cite. Si fe logèrent illec trefgrand nombre de gensnbsp;de guerre. Et depuis par nuiél en meirent es vignes auprès de la ville vne tref-grofle embufehe de leurs gens : lefquelles vignes eftoient hautes comme treil-Ies,amp; le lendemain feirent fcmblant d’eux defloger.Etadoncceux de Bordeauxnbsp;coroencerent à faillir dehors fur cux,amp;en iflit bien deux mille largement.Contre lefquels fe meirent ceux de ladiôte embulche,amp;y eut entre eux vne trelgradnbsp;befongneamp; merueilleufe efcarmouche:car ils fecÔbattirentfeloneuferaentparnbsp;moult grand efpace de temps,amp;fe tindrent tresvaillamment l’vn contre l’autre.nbsp;Si en demoura de morts fur la place bien enuiron huidt cens,dont la plus grandnbsp;partie furent Angloisdefquels Anglois il couint retraire dedans la ville de Bordeaux,pour la force amp; grand puiffance des François.Et adoc furent mifes grof-fes amp; puifTantes garnifons de geij? d’armes autour de ladiôle ville de Bordeauxnbsp;en plufieurs lieux,lefquels contraignirent amp; deftruifirent moult le pays, qui e-ftoit rnoult grand amp; plâtureux,amp; auoit cfté long temps fans eftre fi fort approché dé gens de guerre qu’il fut pour lors. Pour lefquelles entreprinfes, vaillances amp; diligences que feit iceluy Rodigue de Villandras au pays de Bordeaux,lenbsp;Roy de France luy pardonna toutes les offences amp; malfaits qu’il auoit faits cotre luy. Toutesfois dedans vn an apres enfuiuant Icfdits Anglois reconquirentnbsp;la plus grand partie de ce,qu’iccux François auoient gaigné fur eux'.

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M. CCCCXXXIX.

^xxix. yoLyyiE ii. des chroniques

De Ian mille cccc.xxxix.

Comment le Pape Eugene enuoya fès lettres enplufieurs lieux de la Chrelîienté3amp;* la teneur d'tcelles.

V commencement de ceft an furent enuoyées vnes bulles par noftre fàinâ: Pere le Pape Eugene, contre ceux tenans le Concile de Bafle,nbsp;dont la teneur fenfuit.

E V GENE Euefque ferf des Cerfs de Dieu.Tous exemples tant du



nouucl comme du vieil teftament nous admonneftent les crimes amp; delFautes, efpeciallemcnt griefs qui (ont amp; attendent â l’efclandre amp; diuifion de la choienbsp;piiblicque amp; du peuple à nous commis amp; baillé: que nous ne les lailTons palTernbsp;foubs lilcnce, ne que nullement ne les laiflbns impunis. Et fi les fautes par leC-quelles Dieu cft grandement offence,nous différons à pourfuiuir amp; veger, certainement nous prouoquerios la diuine fapienceà fe courroucer : car il cft plu-fieurs deffautesjcfquelles grandement peenent ceux qui relafchent amp; differentnbsp;de vengeance quand ils les doiucnt punir:iufte chofe cft amp; à raifon confonâtesnbsp;félon la raifon des Sainds Peres, que ceux qui contemnentles diuins mande-mens amp; defobeïffans aux paternelles ordonnances Celon Cainóles inftitutions :nbsp;Coient corrigez de plus cruelles vengeance, affin que les autres ayent honte denbsp;mettre les crimes amp; toutes concorde fraternelle Ce refiouiffe, amp; que tous pren-vigueur amp; Colicitude de l’EgliCe Cut par nous delaiflee negligemmêr, la difcipli-ne de l’EgliCe periroit par noftre parefferce Ceroit choCe moult nuiCant aux âmesnbsp;des bons amp; loyaux Chreftiens:dont à retrencher la mauuaife chair de la bone,nbsp;amp; la brebis rôgneuCe du troupel à ce que toute la maiCon amp; les beftes ne periCnbsp;Cent ne fbient corrompuz n’infedez:car comme dit le glorieux Dotf eur S.Hie-roCme, Arien fijr à Alexandrie vne eftincelle de feu, mais pource qu’elle ne futnbsp;pas affez toft eftainde amp; opprcflee,la flâbe Cy depopulaamp; alluma tout le mon-de:amp; pour cefte caufe à l’Euefquc de Romme furent de noftre fàuueur doneesnbsp;les clefs de lier amp; deflier,affin que ceux qui Ce defuoient amp; vont infcnfiblementnbsp;hors du chemin de vérité amp; de iuftice, Coient abftrainôls amp; contraints des liésnbsp;curent amp; qui mettent amp; mènent les autres en erreur, par les CenCures de l’EghCcnbsp;cftre baillez à Sathan à ce que leurs efprits Coient fàuuez:amp; à ce que tant eux conbsp;me les autres deCaprennent de blafphemcr.Et comme dit le benoift Pape Sixte:nbsp;Nous ayons mémoire de prefider Coubs le nom d’icelle EaliCe, de laquelle lanbsp;confeffion eft de noftre treCdoulx Cauuçur lefi^f glorifier. De laquelle la foy nenbsp;nourrift iamais herefie : mais toutes les deftruift. Et pource nous entendons ànbsp;nous non cftre autrement licite, que de mettre toute noftre Corce amp; puiffiancenbsp;à ce à quoy le fait de l’vniuerfèlle EgliCe foit arrefté. Vérité eft que es iours prochains nous prefidens à la congregation du Concile general de cefte Cainâe fà-crée EgliCe, noftre bien aymé fils m%iftre Hutin de la Plante Dodeur en Loix,nbsp;amp;noftrc bien aymé fils maiftre lean de Plato Doéfeur en Loix Promoteurd’i-celuyC3créÇoncile,amp; maiftre Venture du Chaftcl ordonné Procureur de lanbsp;châbre Apoftolicque amp; licencié és Loix, nous ont expoCé vne lamentable que-

rellç

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D'ENG y ERK. DE UOJHSTRELET. CHARLES EIL relie foubs ces parolles en difànt.TreÛainâ: amp; reuerêd Pere en ce facré amp; œcuménique Concile general légitimement affemblé, jaçoit-ce qu’vne foie la fain-de catholique amp; apoftolique Eglife RommainCjque lebenoift faind Efprit ennbsp;la perfonne de noftre feigneur au liure des Cantiques le demonlire, en dilant :nbsp;Ma coulombc eft vne parfaide,vne eft aulîî fa mere,qui la porte enfante. Et lenbsp;vailTel d’eledion monleigneur faind Pol demonlire l’vnité d’icelle Eglife amp;nbsp;lelàcrementde ccllcvnitéen dilànt, vncorps amp; vnelprit, vne elperance denbsp;nollrc vocation, vn feigneur amp; vne foy en baptelme vn Dieu. Et ( comme ditnbsp;lebenoillCyprien:) elleellvn chief, vne naiflance amp; vne mere plantureulènbsp;de toute fécondité, amp; ne peult adulterer l’elpoulè incorrompue de lefus Ch ri ftnbsp;nette amp; pure, ellecognoill vne maifon, elle garde parchalleté, netteté, amp;nbsp;làindctévne feulle couche. Eten vnautre lieuiçeluymefme Cyprien dit,ilnbsp;n’a point l’ecclefiallicque ordonnance, qui ne tient l’vnité de l’Eglife. Et comme Pelage PapealFerme desparolles du benoill làind Augullin tres noblenbsp;Dodeur d’icelle Eglife rpource qu’il ne peult dire qu’il ne foit Eglife amp; fautnbsp;qu’icelle le foit : laquelle eft vn liege Apollolicque radiallement conllituénbsp;par la luccelïîon des Euelques. Neantmoinsdés le commencement d’icellenbsp;Eglife,lalibidinofité amp; outrage efiFrenéd’aucuns hommes à touliours attendu de defeirer amp; de dellrencher l’vnité d’icelle • A l’encontre dcfquels la di-uincvengeance premièrement, amp; apres l’audorité des fainds Peres fe fontnbsp;elleuez. Quiconquesdoneques par hardielTe, facrilege,amp; diaboliqueper-fualîon, prefumera d’entamer celle faindeté amp; fans nulle macule vnité de l’E-glilè:celluy làcré Canon le demonlire amp; enfeigne ennemy de l’Eglife ;amp; nenbsp;peut auoir Dieu a pere fil ne tient l’vnité de l’Eglife vniuerlèlle. Et ne peut ce-luy ne nul en riens conuenirquincconuient auecques le corps de l’Eglife amp;nbsp;l’vniuerfclle fraternité : car comme Icfus Chrill foit mort pour l’Eglile, amp; l’E-glifefoit le corps lefus chrill, il n’ell point dedoubteque quidiuife l’Eglile,quot;nbsp;qu’il cil conuaincu de diuifer amp;defchirer le corps de lefus Chrill. Eta cellenbsp;caufeparlavoulenté de Dieu en fes fchifmaticques Dathan amp; Abiron, quinbsp;contre l’honneur de Dieu faifoient fchifmeamp; diuifion, telle vengeance vintnbsp;que la terre fouurit amp; les engloutit tous vifs : amp; les autres qui leur adhcroientnbsp;furent confommez par feu qui delcendit du ciel. En apres combien Ibit inlè-parable le facrcment de l’vnité de l’Eglile, amp; combien facquierent grand perdition par l’indignation de Dieu : ceux font fchifmc en l’Eglife, amp; qui delaif-fentlevray efpoux de l’Eglife ,amp; vn autre faulx Euefquefe conllituent on lenbsp;veoit és liures des Roys où l’elcriture diuine declaire : que quand de la ligne denbsp;luda amp; de Benjamin les dix autres lignes le furent lèparées:amp; qu’ils eurent laif-fé leur droit Roy, amp; en eurent dbnllitué vn autre, nollre feigneur fut indignénbsp;contre toute la ^mencc d’Ifraèl ,amp; les donna en derifion amp; diuifion : amp;aulïïnbsp;qu’il deieéla de fa face. Et dit celle eferiture, nollre feigneur auoir elle indignénbsp;amp; iceux auoit donné en perdition quifelloient feparez amp; dilÏÏpez d’vnité £ fenbsp;auoient autre Roy conllitué. Et à toufiours ell fi grande de Dieu l’indignationnbsp;contre ceux qui ont fait fchifmeamp; diuifion,qu’aulli quad l’homme de Dieu futnbsp;eniioyé à Hieroboam quiluy reprochoit amp; blafmoit lès pechez, amp; luy predi-foit la vengeance que Dieu en vouloir prendre. Dieu luy auoit delFendu qu’il

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M.CCCCXXXIX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Î/OLPUE 11. DES CHRONIQUES

ne niangcafi: de pain ne beuft eaüe auecques iceluy Hieroboam.Laquelle cbo-il trefpalFa contre le commandement de Dieu; amp; tantoft apres par ladiuine fentence il fut tellement perfecuté, quainfi qu’il venoit dudit Hieroboam, ilnbsp;luy vint vn lion rrefimpetueufement qui l’occift. Defquclles chofes comme S.nbsp;Hierofme afferme,nul ne doit auoir doubtc que le crime de fchifme ne foit amp;nbsp;ayr eftéde Dieugriefuement puny . Comme doncques ja pieça en vn fainôtfa-cré Concile general deConftance,ce pernicieux fchilme âtrauaillé amp; dônéaf-flidion à l’Eglife de Dieu,amp; à la religion Chrcfi:ienne(à trefgrand pcrditon d’a-mes amp; non mie tant feullement d’hommes,mais aufli de citez amp; prouinces)parnbsp;perfecution cruelle amp; logue. Et depuis par l’ineffable milèricordc de Dieu toutnbsp;puiffant:amp; auffi par les grans labeurs, angoiffes amp; defpês des Roys amp; des Princes tat ecclefiaflicqucs comme feculiers:amp; aufli de moult d’vniuerfitez amp; d’autres loyaux Chrefticns, euteftéappaifé. Étcroyoiton l’Eglife parfaitementnbsp;(comme chacun le defiroit)en ioye de parfaite paix,tant par l’eletion de biennbsp;ay mée mémoire le Pape Martin : comme aufli apres fon trefpas par l’indubitable vnique amp; canonicquc affumption de vous à la haulteffede l’Appoftolat.nbsp;Mais maintenant voicy de nous fommes contraints de dire comme Hiercmienbsp;le Prophete.Nous auons attendu paix, mais voicy tribulation. Et de rechiefa-uecques Ifaye.Nous auons attêdu lumière,amp; voicy tenebres : car plufieurs en-fans de perdition amp; iniquité,peu en nombre amp; legiers d’autorité à Baflc,apresnbsp;la tranflation du Concile ( lequel auoit là eu vigueur par vneefpace par voftrenbsp;authoritédaquelle tranflation a efté faiôfe par iuftcs,cuidentes, contraignans amp;nbsp;neceffaires caufes,canonicquemêt pour la treflainte amp; à tout le peuple Chre-ftien tres defirée vnion des Grecs amp; de toute l’Eglife Orientallç)de toutes leursnbsp;forces, de toutes leurs douleurs, cautclles fe font efforcez del’empefcher. Carnbsp;quand les deuantdits appeliez eftandards qui eftôient demourez à Bafle curentnbsp;failly aux Grecs de leur promeffe, amp; qu’ils apperceurent par les Orateurs desnbsp;Grecs amp; de l’Eglife Orientalle, que tres noble Prince meflire lean Palleologucnbsp;Empereur des Rommains: amp; aufli lofeph de bonne mémoire Patriarche denbsp;Conftantinoble,auecques plufieurs autres Prélats amp; autres hommes dcl’Egli-fe Orientalle, deuoient venir au lieu cfleu pour célébrer le Concile oecumeni-que:amp;que voftre fainteté eftoit là venue auecques plufieurs Prélats,Orateurs,nbsp;amp; autres innombrables à trefgrand defpens amp; fraiz. Pour deftourber la venuenbsp;du deffufditEmpereur,onteftédifeernervn monitoire deteftable contrevoftre faindeté amp; contre mes trefreuerends feigneurs mes feigneurs lesCardi-naulx de l’Eglife de Romme. Et quand ils apperceurent les deuantdits Empereur amp; Patriarches de l’Eglife Orientalle venir,ils allèrent de faiôl propofer cotre noftre fiinéleté vne facrilege fentence deTufpenfion amp; adminiftration denbsp;Papahté, nonobftans lefquels enforcemens iniques amp; fàcrilcges,par voftre diligence,cure amp;folicitude, auecques leconfeil amp;par moult de labeurs amp; denbsp;diuerfes difputations: en fin la diuine mifcricorde à concédé que le fchifme desnbsp;deuantdits Grecs amp; Orientalle Eglife : lequel à la grande deftruélion du peuple de Chreftienté, auoit duré pres tfe cinq cens ans, fifutoftédu meillieudcnbsp;rEglife;amp; que la trefdefirée vniô de l’Orientallé Eglife amp; Occidentalle,laquelle on croyoit à grand peine pouoir faire,par treflbuucraine cocorde fen enfui-uir.

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D'EE^GEERR. DE MONSTRELET. CHARLES ril. 1^7 uit.Et eux qui de veoir tant de faindes œuüres amp; fàcré Concile,fe deuoiêt treC-haultemcnt efmerueiller : amp; par fouueraines loüengcs amp; exaltations (commenbsp;toute la religion Chreftienne auoit faiól ) deuoient vcnerer amp; rendre grace aunbsp;treshautain de tant merueilleux dons, font faits plus cruels amp; plus obftinez, ennbsp;voulante latrefmauuaife cruauté miniftrerenflamblement, à ladcftruélionnbsp;delà chofepublicque amp; ruine chreftienne, amp; font faits pcrfecuteurs de leurnbsp;propre honneur par prefumption preftifere, feftans efforcez tant qu’ils ontnbsp;peu de trencher l'vnité delà fainéleRommaine amp; vniuerfelle Eglife amp; incon-futile, creée de noftre feigneur,amp; diuertir d’icelle piteufe amp; iàinâe mere Egli-fe, par leurs morceaux mauiàdes amp; ferpentineux ce trefdeloyal Sathan Amadeus iadis Duc de Sauoye, lequel ja pieça a ces chofes préméditées en fon cou-r3ge:amp; a efté acertené de plufieurs faulces pronoftications amp; forceries par plu-fteurs exécrables amp; mauldits hommes amp; femmes: lefquelsonc delaifte leurnbsp;fauueur derriere, amp; fe font conuertis apres Sathan, feduits par illufion de dia-bles:lefquels en commun lâgaige font nommées Sorcières, Frangules, Straga-nes ou Vaudoyfes defquels on dit en auoir grand foifon enfon paÿs.Et par telles gens ja paffé aucuns ans a efté feduittellement, qu’affïn qu’il peuft eftre ef-Jeué pour chief môftrueux amp; difforme en l’Eglife de Dieu, il print habit d’her-mite aux Auichoix d’vn rresfaulx hipocrite : affin q foubs la peau de brebis ounbsp;aignelil couurit fa cruauté lupine: à ce qu’en la fin en procez de temps, luy quinbsp;cftoit confident à ceux de Baffe, en fraude par dons, parpromefles amp; par menaces vne grand partie de ceux de Baffe : laquelle eftoit fubieéfé à fon comma-dement où tirannie (idollle de Belzebuthd’iceux nouueaux diables fesPrin-ces ) ils le conftitualTent à l’encontre de voftrefàinôfcté, laquelle eft tres vraynbsp;vicaire de Dieu amp; fucceffeur de faintf Pierre indubitablement, amp; propha-naffenramp; polluftent l’Eglife de Dieu . Etainduit cetrcfiniufte rcueux Ama-dée homme d’execrable amp; ignominieufe conuoitifè, amp; lequel toufiours fa-nathematife cefte diuifion, laquellefelonl’Apoftoleeftferuitude des diablesnbsp;autrement appellee blafphemeufe fynagogue d’hommes perdus amp;de toutenbsp;Chreftienté la honteufe amp; confuhble fentine puante : à laquelle a député pournbsp;eleéteurs Auichoix amp; proclamateurs certains hommes ou diables foubs figures amp; efpeces d’hommes muffez, qui en la fin en Idoles (comme iadis lafta-tue de Nabuchodonofor ) au temple amp; en l’Eglife de Dieu f’efleuaffent.Et auf-fi luy raefme efleue par fes furieux vices,defcendant à l’exemple de Lucifer, quinbsp;dift : ie mettray mon liege en Aquilon amp; feray femblable au treshautain pournbsp;de la deuantdide eleôlion : mais plus vray prophanationfaiéle de luy ( laquelle luy propre à grans fraiz amp; ^xieté de courage auoit pourchalTée par tref-grande amp; deteftable auidité amp; défit ) il embrafla, amp; n’a point eu d’horreur denbsp;veftirles veftemensPapaulx amp; les fignes, de foy tenir porter amp; exercer pournbsp;le fouuerain amp; Rommain Euefque, amp; de plufieurs comme tel fe faire honno-rer amp; teuerer. Et outre plus il n’a point eu de honte ne cremeur d’enuoyer ennbsp;plufieurs amp; diuerfes parties du mode fèslettres plombées amp; huilées, en la forme des Euefques Rommains, efquelles il fe nomme amp; appelle Fœlix.: commenbsp;il foit 3infi,que de tous les hommes du mode il foit le plus mal-heureux, amp; parnbsp;Icfquellcs il fefforce de mettre amp; efpandre les diuers venins defes peftillences.

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XÎ.CCCCXXXIX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;V o LP XIE IL DES CHKONIQ^ES

G trefTainól pere amp; treHainót facré confeil que quiers-ie premièrement cy oU que demande-ie, ou par quelle force devoixou par quellegrauÿéde pefan-leur deparolleSj par quelle douleur de courage, par quel gemiflement de courage ou par quelle abondance de larmes puis-ie plorcr tant horrible forfaidu-'nbsp;re. Quelle occafion fera-ce qui pourra déplorer, exprimer par nulle effluen-cieufelargefTe ou abondance de larmes dignement ce terrible amp; enorme péché amp; crime? Certainement cefte chofe ne fe peult véritablement exprimer ne racompter, pour l’indicible grandeur de fa crudelité : car la grandeur de fi grande offence fi vainc la force de la langue. Mais ireflainéf amp; tref-reuerend Pere, comme ie cognois maintenant eft le temps derernedcplusnbsp;que de querelle amp; de plainde : car voicy noflre mere fàinôle Eghfe, laquellenbsp;en la perfbnne de la fainôleté qui en fon vray amp; feur efpoux par bône amp; vrayenbsp;paix fe refiouïffoit par cy deuant, maintenanr èft contrainéle de crier en gransnbsp;ioufpirs fangloutifîemens^ amp; deffermer toutes les fontainées des larmes à toynbsp;qui és fon vray efpoux à vous mes trefreueréds peres, qui elles maintenantennbsp;partie de folicitudeamp; à ce facré amp; œcumenicquecuocqué,en difant-.ayez mercy de moy finguherement vous qui elles mes amis:car mes entrailles font toutes remplies d’amei tume, amp; les lions dellruifent la vigne de Dieu Sabaoih, amp;nbsp;la robbe de lefus Chrillinconfutille amp; entière, qui efl l’Eglife, les trefmauuaisnbsp;fl defehirerent. Maintenant donc fe lieue Dieu, amp; tous fes ennemis loient difnbsp;fipez amp; dcllruits. Et toy trelTainól Pere, comme ilfoit ainfi que toutes lesnbsp;chofes defluldidcs loient manifelles, publiques, amp; fi notoires,que par nullenbsp;couuertLire elles ne fepcuuent celer, delFendren’excufer : en la vertu du tref*nbsp;• hautain auecques ce facré Concile lieue toy,amp; fefmeuz amp; iuge la caufe de tonnbsp;efpoufe, amp; aye la mémoire de l’opprobre de tes cnfins. O trelpuilTant ceins tonbsp;elpée amp; la metsfur lacuilfc, entens prolpere amp; regne. Etdits aueclePlàhni-ffce : ie perfecuteray mes ennemis,amp; ne m’en retourneray iufques à ce que ielesnbsp;confomme amp; defrompe, à ce que plus ne feflieuent ne cheent, ne trelhuchentnbsp;foubs mes pieds : ne il n’appartiêt point fi defraifonnable offence ne fi abhomi-nable fans palier foubs dillimulation, affin que par aduenture,prefumption denbsp;malice impunie ne treuucvnfuccclfeur: mais par le contraire la tranlgreffionnbsp;amp; deffauie punie, foit aux autres exêplaires d’eux retraire d’offencer. Et à l’exemple de Moyle, l’amy amp; feruiteur de Dieu doit elite diète par vraye fàinôleténbsp;a tout le peuple Chrellieh: départez trellous des tabernacles amp; villes des mau-uais.Et auffi à l’exemple du benoill fainôl ton predeceireur,lequel félon le confeil general de l’Eghfé, à Ephefe, olla amp; renuoya Diolcorus amp; fés faulteurs amp;nbsp;enfuiuans enlh Calcédoine il condamna. Awffi à l’exemple des Ibuuerainsnbsp;Euefques tes prcdeceffeurs » lefquels ont toufiours exterminez amp; expulféz denbsp;l’Eghlcde Dieu, delacommunitédes l’oyaux Chreftiens amp; du facré corps denbsp;Dieu affligez amp; punis d’autres condignes amp; iufles peines, félon que iullicenbsp;le requiert tous ceux qui fe font elleuez contre l’Eglife de Dieu par hérefies,di-uifions :0c fchifmes : vengé donc ceftb nouuelle rage qui en liniuredetoy amp;nbsp;de 1-Eglifede Riommetofl elpoufe, amp; aulTi en l’efcladrede tout le peuple Chre-flien vengné, deflie àl’ayde apprabation de ce fàinét facté amp; œcuméniquenbsp;Concileiexcommunie,ofle,amp; fcpare perpctuelleniêt des portes de 1 Eglifé, parnbsp;‘nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l’auôlorité

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T) ENG y E KR. J)E MONSTKELET. CHARLES yil. 158 I’auólorité de Dieu tout puiflant, de üinól Pierre amp; de faind Pol amp; de la trini-té, tous les mauuais dcuantdits monftres amp; difformes acteurs de telle offence,nbsp;auec leur herefiarque pere de herefie Ie trefpeftilétieux Amadée amp;nouuel Ao'nbsp;techrift en l’Eglife de Dieu:auec aulïi tous les feruiteurs adherans amp; enfuiuans,nbsp;amp; fingulierement de ces peruers Eleóleurs ou plus vrayement prophanateurs.nbsp;Soientdonc deieótez luy amp; tous les deuantdits comme Antechrift deftruóleurnbsp;amp; inuadeur de toute la Chreftienté, ne iamais à luy ne aux deuantdits fur cellenbsp;matière, ne foit donné nulle audience.Soient eux amp; leurs fucceffeurs priuez denbsp;tous degrez amp; dignitez ecclefiaftiques amp; mondaines,fans nulle reuocation : amp;:nbsp;que tous foient de perpétuelle anathematifation amp; excommunication côdam-nez. Et qu’au iugement ils Ibicnt auecques les mauuais, amp; qu’ils fentent la fureur des benoifts fiinûs apoftolcs S.Pierre amp; S.Pol,delquelsils prefumcntl’E-glife confondre. Soit leur habitation faiôte deferte, amp; ne foient nuis qui habitent en leurs tabernaclesdeurs enfans foient orphelins, amp; leurs femmes vefues.nbsp;Tout le monde fe combatte contre eux,amp; tous les elcmens leur foient contraires. Et qu’en telle maniéré ils foient deieélez, exterminez amp;abhominezdenbsp;tous, à ce qu’eux pourriflans en perpétuelle necellîtéamp; milère, iuftementbnbsp;mort leur foit foulas amp; vie leur foit tourment. Et les merites de tous les lain Ctsnbsp;fi les côfondcnr,amp; que fur eux demonftrent publicque vengeance.Et auecquesnbsp;Chore Dathan amp; Abiron qui furent tous vifs engloutis de la terre, ils reçoiuétnbsp;leur portion. Et Enablement fils ne le retournent amp; de cueur fe conuertilîentnbsp;amp; facent dignes fruiôls de penitence, amp; fatisfacent à ta fainôleté amp; l’vniucrfellenbsp;Eglife pour la cruauté de tant de crimes amp; d’offences, auecques les mauuais esnbsp;tenebres infernalles foient muffez en perpétuel tourment, amp; là condamnez par •nbsp;le digne iugement de Dieu. Et nous amp; tous bons Chreftiens qui auons en ab-homination les herefiarches Princes d’herefie, amp; leur trefabhominable idolenbsp;Antechrift amp; blalphemes exécrables reprouuons : amp; toy vicaire amp; lieutenantnbsp;delefusChriftamp;trefdigneefpoux del’Eglife(commenousconfeffons amp; parnbsp;deuotereuerence amp; obediencereuerons ) lagrace de Dieu tout puiffanr gardenbsp;amp; deffende par l’intercefiion des benoifts apoftoles fainél Pierre ôc lainct Pol,nbsp;amp; en la fin par là pitié inénarrable aux éternelles ioyes nous meine. Amê.Nousnbsp;donc amp; par la relation des gens dignes de foy, ayans apperceu fi trefgrand impiété auoir efté commife:auons efté amp; fommes affliélionnez de grand douleurnbsp;amp;trifteffes, comme il appartenoit tant pour le fi grand efclandre maintenantnbsp;vcnu,commepourla mort amp; perdition des âmes de ceux quicommettoient amp;nbsp;ont perpétré telles chofes. Etparefpccialdeceluy Amadée Antipape, lequelnbsp;nous auons embraffé és entrailles de charité, duquel nous auons eu toufioursnbsp;cure d’exaucer fes prières amp; requeftes tant que nous auons peu auec Dieu . Etnbsp;comme ja pieça à l’encontre de cefteabhomination nous ayons eu delir en no-ftre courage d’y pourueoir de fàlutaires remedes, félon le droit de noftre officenbsp;de pafteur. Et maintenant fi publicquement en la face de l’Eglife foyons requisnbsp;de refifter, obuier contre le cruel crime ,|gt;our la deffencc de l’Eglife le plus in-ftamment amp; haftiuement que nous pourrons, de peur que celle chofe tante-norme amp; execrablefoitvnfburgeo Scnaiffance. Moyénant l’ayde deDjeu,denbsp;qui en la befbngne radicallemét extirper auec nous enfcmble ce fàinél fàcré cd-

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M.CCCCXXXIX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLVME II. DES CHP^ONIQJES

feil prefent, nous auons intention d’y mettre remede fans quelque dilation felon les faindes ordonnances amp; canonicques de I’Eglife.Voyans done amp; enten-dans la requefte du Procureur amp; du Promoteur de ce facré Concile, amp; de no-ftre chambre Apoftolicque eftre iufte amp; confonante en droit diuin amp; humain, Nonobftant que les deuantdicles defFaultes foient fi publicques amp; fi notoires,nbsp;qu’elles ne fe peuflent par nulle maniéré couurir ne celer,amp; qu’il ne fèroit nullenbsp;neceflité de faire autre information : toutesfois pour plus grande ccrtiffication,nbsp;amp; cautclledes chofes premifes par l’approbation de ce facré Concile : nous a-uons commis à plufieurs hommes vaillans amp; nobles d’vn chacun eftat du Concile diligemment examiner, amp; ce qu’ils trouueroient par information iuftemêtnbsp;amp; fans faueur ils rapportaflent à nous amp; à iccluy facré Concile. Et par les com-miffaircs eue trefdiligente inquifition en tant qu’il appartient de ce fchifineamp;nbsp;diuifion amp; à nous, amp; audit Concile affemblez en congregation Sinodale,lesnbsp;chofes qu’ils auroient trouuées par l’examen de gens dignes de foy,ont loyau-menc rapportées amp; combien que par ces tant publicques, manifeftes, amp; notoires defFaultes nous eufFions peu fans quelque dilatio les defTufdits fcandalifeiirsnbsp;amp; flagicieux hommes anathematifer, amp; condamner felon les fàinéfes ordonnances: neâtmoins nous à ce facré finode en enfuiuant la clemêce de Dieu toutnbsp;puifTant, qui ne veult point la mort du pecheur : mais veult qu’il fe conuertifFenbsp;amp; viue:auons décrété amp; ordonné de faire toute la douleur que nous pourrons,nbsp;affin que par le propofer de la voye de doulceur,ils fe retournafrent,amp; reculentnbsp;des deuantdits outrages amp; excez:affin qu’eux retournant à la congregation denbsp;l’Eglife comme le fils prodigue bénignement nous le receuons, amp; par paternel-•nbsp;nbsp;nbsp;le charité nous FembrafFons. Iceluy donc Amadée amp; Antipape, fes adherans ôc

le receuans, ou par quelque maniéré fauorifàns, par les entrailles de la miferi-cordß de noftre Dieu : amp; par l’efFufion amp; afperfion du précieux fang de noftrc feigneur lefus chrifl: auquel amp; par lequel la redemption de l’humain lignagenbsp;amp; l’ediffication de l’Eglife eft faióie,de tout noftre cueur nous enhortons, priosnbsp;amp;obfecrons que l’vnité d’icelle Eglifefpour laquelle iceluy fiiuueur tant inftatnnbsp;ment pria fon pere) dorefnauant ils delaiflent amp; defiftent à violer,amp; que la fraternelle dileôlion,amour amp;: paix(laquelle tant de fois amp; fi curieufèment quandnbsp;il deuft aller de ce monde à fon pere par mort, il recommanda à fes difciples:amp;:nbsp;fans laquelle n’oraifôns,ieufnes n’aumofmes ne font acceptées à Dieu)ils ne de-trenchent amp; defehirent, ains fe repentent amp; hayent honte. Et que des deuantdits amp; exces tant fcandalcux amp; tant pernicieux, le plus toft qu’ils pourront ilsnbsp;fedefiftent. Et ilsfetrouueront véritablementenuers nous amp; enuersce facrénbsp;Concileffi affedueufemêt ils y vueillent comjÿiroir comme ils doiuent amp; fontnbsp;tenus)receuz par paternelle charité. Et affin que fi d’auenture l’amour de iufticenbsp;amp; de vertu ne les rctrayoit de péché, la rigueur de difcipline,amp; les peines contraignent les deuantdits Amadée Antipape,eleâ:eurs amp; prophanateurs croyas,nbsp;adherans,amp; receuans,amp; par quelque maniéré, approuuans par approbation denbsp;ccconfcil : nous les requérons amp; adi»onneftons fur la reuerence amp; obeiflancenbsp;qu’il doiuent a fainéle Eglife, amp; fur la peine d’anathematifation crimes d’herc-fie amp; ichifme amp; de quelconques autres peines : amp; leur mandons en commandant trefdeftroiôlemcnt que dedans cinquante iours depuis enfuiuans immédiatement

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D'ET^G^ERR, DE yiOjSiSTKELET. CHARLES Vil. 139 diatement apres cefte admonition amp; fèntcnce, iceluy Amadée Antipape, pournbsp;le Pape de Romme dorefnauant il defifte amp; delaifTe à foy tenir amp; nommer, amp;nbsp;que par autres tant qu’il le pourra il ne Ce laifle nommer : amp; que dorefnauant ilnbsp;neprefumeàvferdes lignes amp; autres chofesappartenans au Papede Rommenbsp;en quelque maniéré que ce foit. Et les deiiantdits eleôteurs amp; prophanatcurs,nbsp;adherans amp; receuans faulteurs déformais au crime de ce fchifme,ne facent affi-ftcnce,ne croy ent ne adherent ou fauorifent en quelque maniéré que ce foit parnbsp;eux ou par autres diredement ou indireôtement ne par quelque maniéré, que-ftion ou couleur:mais tant iceluy Amadée Antipape comme les dcuantdits ele-ôleurs,crediteurs,adherans,récepteurs amp; fauteurs nous ayent, recognoiffent amp;:nbsp;reuerent comme Euefque de Romme vicaire de Dieu amp; de fàinôl Pierre amp; denbsp;ûinôl Pol legitime fuccefleur. Et qua nous comme pere amp; pafteur de leurs armes ils entendent,comparent amp; efîudient dedas le termeprefix nous amp; ce con-foil certiffier amp; accrtener des chofos deuantdiôles. Et autrement ficeluy Amadée, eleâeurs,croyans,adherans,receptateurs amp; faulteurs deuantdits font lenbsp;contraire,que ja ne foit, amp;: que toutes les chofos amp; finguliercs dcuantdiéles ilsnbsp;naccomplilfent par effeôt dedans le terme affigné, dont maintenant amp; pour a-donc nous voulons qu’ils encourent toutes les peines deuantdiótes. Et néant-moins voulons que les deuantdits, fils font le contraire, precifoment le quin-ziefme iour prochain enfuiuant apres ledit terme, mais qu’il ne foit fefte,amp; filnbsp;eft fefte au prochain iour enfuiuant fins felle, comparent perfonnellement de-uant nous amp; le deuantdic Concile ou nous ferons, pour veoir amp; ouyr eux Scnbsp;chacun d’eux,lefquels nous citons partelle maniéré, pour les declairer auditnbsp;iour dignes d’ellre punis comme hereticques amp; coulpablesde crime de lezenbsp;majefté,6c auoir encouru amp; delferuy les cenfures amp; peines deuantdidles.Ec outre ordonner felon ce que iullice requerra amp; fora veu bon amp; proffitable,en cer-tiffiant iceux enfemble amp; chacun à part quel qu’il foit comparent ou non, ounbsp;qu’il fe demonftre auoir comparu nous procéderons â la declaration des peinesnbsp;moyennant amp; felon iullice. Nonobllant que leur contumace ou prefence n’ynbsp;foit mie requife, procéderons en outre à leur aggrauement amp; reaggrauementnbsp;felon que la rigueur de iullice le requerra amp; leurs merites l’auront delferuy. Etnbsp;affin que nollre monition amp; citation faiéle en celle maniéré, foit,demeure amp;nbsp;vienne à la cognoilfance de ceux qui font citez amp; à qu’il appartient, nous ferons attacher les Chartres amp; lettres celle citation contenans aux portes de l’E-glifo de nollre Dame la nouuellc de Florencedefquelles lettres amp; Chartres ainlînbsp;comme par leur fon amp; publicque monllrancc, annoncèrent publicquement amp;nbsp;demonllreront comme melTages, à celle fin que les admonneftez n’ignorent amp;nbsp;ne puilTent monllrer ne prétendre nulle ignorance ne exculàtion : comme il nenbsp;peut ellrevray fomblable querelle chofe leur peulldemourer incogneüeounbsp;celée,laquelle fora cy patentement declairée.Nous voulons aulïi amp; ordonnonsnbsp;par l’auÂorité apollolicquc, que nollrediéle monition mife aufdicles portes,nbsp;vaille amp; obtienne plaine venu amp; fermet^de contraindre leldits admonneftez:nbsp;nonobllant quelconque conftitution au contraire comme fo ladiéle monitionnbsp;auoit efté à chacun des admonneftez perfonnellement, amp; prefentiallement in-finuéeamp; intimée. Acellefintoutesfois que les admonneftez amp; citez à ladiôlenbsp;Dd iij

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MXCCCXXXIX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;II, DES CHRONIQJ/ES

excußtion n’allegucnt iceluy Concile amp; court Rommaine commune à chacun Sc le pays amp; le lieu eftre moins feur pour eux, amp; que pour ces caufes amp; autresnbsp;deuflent eftre en peril tant en allant comme en venant amp; leiournant nous les aft-leurons par la teneur de ces prefentes tous amp; finguliers Patriajches, Archeuef-queSjEuefques amp; autres Prélats amp; Clercs d’Eglifes amp; de monafteres amp; perfon-nes ecclefiafticques : amp; aufli Ducs,Comtes,Princes amp; cheualiers amp; eftuycrs amp;nbsp;autres officiers de quelque eftat ou condition qu’ils foient, auecques leurs lieu-tenans : amp; apres toutes communautez comme villes, chafteaux amp; autres lieuxnbsp;nous,requerons par ces prefentes amp; exhortons ; amp; à iceux Patriarches, Arche-uefqueSjEucfques amp; autres Prélats eftroidcment nous mandons, qu’à tous lesnbsp;deuantdits admonneftez ou chacun d’eux en venant à ce conlèil ou à ceftediôlenbsp;Court Rommaine,endcmourantamp; feiournanten icelle pourl’occafionde-uantdiâe amp; en retournant à leurs perfbnnes biens amp; autres chofès,ne facent nenbsp;feuffrent faire tant qu’ils le puiftent amender, nul ennuy amp; olFencc à nuis hommes. Et ne foit licite comment qu’il fbit cefte page de noftre citation,monition,nbsp;voulenté, requefte, exhortation, procès amp; commandement enfraindre ou parnbsp;prefumptueufe hardiefte aller à l’encontre. Et fil cft aucun qui prefumc attem-pter,rindignation de Dieu tout puiflànt amp; des benoifts apoftres fàinôf Pierre amp;nbsp;fainól Pol fe cognoiflent auoir encouru.Donné à Florence en noftre publicquenbsp;feftion finodale folemnellement en l’Eglife la neufue : en laquelle ville de pre-fent nous fommes refidens,ran de l’incarnation dominicale mille cccc.xxxixdenbsp;dixiefme iour d’Auril amp; de noftre pontificat le dixiefme.

ean de Luxembourg enuoya, fes lettres aux cheualiers de la toißn^d l fè fentoit en l’indignation du Duc de Bourgongne »

Comment meßire 1 e ce qu i

Vrantles befbngnes deftufdicles,furent portées plufieurs nouuelles deuersle Duc de Bourgongne contraires amp;preiudiciables à meffirenbsp;lean de Luxembourg Comte de Ligny, amp; pour lefquelles ledit Ducnbsp;ne fut point trop bien content de luy.Et pource principallcment qu’ilnbsp;foubftenoiten fes villes amp; forterefles plufieurs gens de guerre, qui faifbientnbsp;moult de rigueurs amp; derudefles contre les gens amp;paÿs d’iceluy Duc. Si en futnbsp;ledit de Luxembourg aucunement aduerty.Et pource affin de luy excufcr,efcri-uit certaines lettres aux cheualiers de l’ordre de la toy fon d’or de l’hoftel du def-fufdit Duc, defquellcs lettres mot apres autre la teneur fenfuit.

Treschiers freres amp; compagnons, depuis peu de temps en ça aucuns mes bons amis m’ont aduerty,que mon trefredoubte feigneur le Duc de Bourgongne eftoit indigne pour aucuns rapports leffiuels luy ont efté fais à l’encontre de moy. Pour laquelle raifbn iay enuoyé deuers luy lean Taillemonde amp;nbsp;Huet mon clerc, par lefquels luy ay efeript luy fuppliant humblement, que denbsp;fa grace il ne luy plaifc foy enfelonner contre moy, ne me tenir en fon indignation fans moy ouyr en mes excufàtions raifonnables : lequel m’a par les deflusnbsp;nommez efeript vnes lettres de credqpce, amp; à iceux en fa prefence fait faire re-fponce de bouche,cn declairant les points dont il eftoit informé amp; malcontentnbsp;demoy. Lefquels pource qu’ils leurfembloientde grand poix, les ont requisnbsp;d’auoir par efeript : mais ils n’en ont peu finer,dôt ie fuis bien efmerueillé.Tou-tesfois

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J) EN G y ERK. DE MOHSTRELET CHARLES UlJ. tesfois ils les m’ont declairez au mieux qu’ils ont peu, amp;c fur iceux ie refcripts ànbsp;mondic feigneur pour mes excuGtions. Et combien que i’efperoye les aucunsnbsp;de vous auoir efté prcfens à leur dcclairer lefdits points,neantmoins affin de lesnbsp;vous raffrcfchir amp; vous informer de mes refponces, fur ce ie vous efcripts pareillement . Et premièrement pour relpondre au point de ladicle credence quenbsp;iay plus au cueur, amp; qui plus touche mon honneur : par lequel leur à efté dc-clairé, que mondit feigneur à feeu de la part des Anglois que certain temps a-pres le traidé d’Arras ils efcriuirent à monfeigneur de Rouen mon frere,quenbsp;fil plaifoit à mondit feigneur tenir paifible eux leurs feigneurs, pays,amis amp; alliez,ils feroient entiers mondit feigneur amp; les liens les femblables,amp; que mondit feigneur amp;frere m’en aduertift pour en toucher à mondit feigneur a trouuernbsp;moyen pour a ce paruenir, dont combien qu’il m’en aye efeript ie l’ay celé:par-quoyfen font enfuis de grans mauxamp; inconueniens j quine fuflent pas feienbsp;n’en fufl'e acquitté. Pour moy exeufer de ce, faune la reuerencc de mondit feigneur le Duc defdits maux amp; inconueniens,ne font point aduenus par moy n’ànbsp;ma deffaulte ou negligence ne la guerre commencée ne confeillée. Et fçay denbsp;vray fe mondit feigneur eufl efté memoratif des deuoirs diligences que i’aynbsp;fur ce faiéles, on ne m’en eufl point donné charge. Car véritablement le lendemain que i’euz les lettres que mondit feigneur amp; frere m’enuoya touchant ce-fle matière, qui furent eferiptes à Roüen le xxix.iour de lanuier l’an mille quatre cens trente amp; cinq : amp; lefquclles il receut le huidiefme iour de Feurier en-fuiuant,i’enuoy3y pourcefte caufe à mondit feigneur en la ville de Bruxellesnbsp;aucuns de mes gens,qui y arriuerent le dixiefme iour de Feurier enfiiiuat à toutnbsp;mes lettres de credence : par lefquelles ie leur chargeay là declarer le contenunbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•

des lettres de mondit feigneur amp; frere, ainfî que par eux le rapport en fur fait. Surquoy leur fut faiéle refponce de par mondit feigneur par la bouche de l’E-iiefque de Tournay, que pour certaines caufes qui leur declaira lors, que mon-dit/feigneur n’auoit encores lors délibéré d’entendre au contenu defdiéfes lettres de mondit feigneur ôc frere, qu’ils luy auoient efté expofées en fubftance.nbsp;Et me donnay grand raerueille de ce que ledit Euefque a dignité amp; honneur ennbsp;j’Eglife, mefmement qu’il eft réputé de fi trefgrand prudence amp; l’vn des chiefsnbsp;du confeil de mondit Seigneur, qui de par luy feit la refponce à mefdiôles gens,nbsp;ne l’en aduertit pour fen acquitter enuers luy,amp; auffi pour ma defeharge: car fînbsp;ainfi l’eut faitie fçay certainement qu’on ne m’en euft point impofé ladidcnbsp;chargc.Toutesfois fi ce ne fouffifbit pour ladiéle defeharge,ie feray bien appa-loir par lettres fignées de la main de mondit feigneur, que ie l’en ay fait aduer-tir deüement felon que mondit^igneur amp; frere le m’auoit efeript : amp; que'parnbsp;les lettres de mondit feigneur amp; aufli pour les caufes cy dcclairées, il m’eferiuitnbsp;qu’il n’eftoit point délibéré d’y entendre. Et par ce pouez entendre fe ie me fuisnbsp;acquité amp; fe telle charge m’en doit eftrc donnée.Et de cy en auant ay intention^nbsp;au plaifir de Dieu le créateur, de m’en exeufer par tout où il appartiendra,tellement que chacun pourra cognoiftre queela faute n’cft point venue de moy.nbsp;A l’autre point pour lequel m’eft impofé, que i’ay enuoyé de mes gens deuersnbsp;les Anglois à Calais depuis la conuenanceamp;afTembléc d’Arras fans le feeudenbsp;mondit feigneur amp; dematrefredoubtéedame madame la Duchcfre,amp;de ceux

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M.CCCCXXXJX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLJ/US 11. DES CHKOl^lQ^yES

du confeil : il eft vérité que lors que ie ftcuz que madióle dame la Duchcfle ftoit à Grauelines ji’y cnuoyay pour aucuns affaires cuidant quemondit fci-gneur Ie Cardinal y fut, comme on difoit qu’ilyeftoit: amp;: baillay charge denbsp;parler à luy de certaine matière dont autresfois ay parlé à mondit feigneur, amp;:nbsp;pour laquelle il m’a accordé enuoyer en Angleterre. Non point que ie voulfif-fe eftre fait receleement amp; eftre incogneu à nulle perfonne quelconques : maisnbsp;en appert,8c generallementau veu Ôclceu de tout îemonderôc mefmementde-uant madide Dame amp; le confeil fe le cas aduenoit.Et pource que mon treffou-uerain feigneur le Cardinal deffus nommé n’y cftoit point, amp; ne deuoit venirnbsp;grand temps apres comme on difoit :celuy que i’y auoye enuoyé voyant quenbsp;plufieurs alloient audit lieu de Calais, fenhardit d’y aller pour aucuns de fes affaires. Mais il print congé de ce faire au lieutenant du capitaine de Grauelinesnbsp;qui ce luy accorda. Et pource fauança d’y aller comme les autres, non cuidantnbsp;riens mefprendre comme il m’a dit. Et vous certiffie que ie n’ay chargé, fignifiénbsp;ne fait dire aufdits Anglois chofe qui puiffe preiudicier le royaume,mondit feigneur ne fes pays, ne retarde les thofes encommencées de par delà: amp; me fem-ble qu’en ce on ne doit imaginer fur moy quelque fufpcdion de mal. Car fe ienbsp;vouloye prétendre à telles fins dont Dieu me vueille garder, pouez affez conlî-derer que ie l’eufle peu ou pourroye faire par autre maniéré ou par gens inco-gneuz, marchans ou autres gens qui iournellement y repairent : mais ja à Dieunbsp;ne plaife que i’aye courage ne voulenté de ce faire, car oncques enuers monditnbsp;feigneur ne feis ne vueil, n’ay intention de faire chofè que cheualier d’honneurnbsp;ne puiffe amp; doiue faire.Touchant les lettres de garde qu’on dit que i’ay baillées

• ôcqu’auoye efté acertené eftre à l’affemblée des trois eftats pieça faiéfe en la ville d’Arras. A laquelle auoit efté remonftré que mondit feigneur eftoit puiffant amp; plus, la mercy Dieu, que oncques fes predeceffeurs Comtes d’Arthois n’a-uoient efté : parquoy il fembloit que audit pays ne deuoit auoir autre que luy.nbsp;Et pource que autres chofesauoientefté conclûtes, que plus nulles defdiéfcsnbsp;gardes ne feroient baillées finon à mondit feigneur,ie n’ay point de fouuenancenbsp;que i’aye efté à quelque affembléeauecques iceux trois eftats en ladiéle villenbsp;d’Arras, où il y ayt ainfi efté conclud furie fait defdides gardes. Mais i’ay biennbsp;mémoire qy’à l’Ifte en la maifon du feigneur de Rombaix,où pour lors monditnbsp;feigneur tenoit fonhoftel en la prefence de plufieursde fon confèil, fut conclud que nul ne bailleroit plus lefdiôles gardes, amp; en fuz d’opinion comme lesnbsp;autres, ôc dis que ie n’en bailleroye nulles fe les autres ne les bailloicnt. Et à celle caufe me départis, mais aucuns temps apres plufieurs recommencèrent à ennbsp;bailler. Et grand elpace depuis quand ie veis gp,i’en baillay pareillement : maisnbsp;ie n’entendoye point que mondit feigneur en deuft eftre mal content, ne qu’onnbsp;me voulfift tenir en plus grand feruitude que les autres. Mefmement que pournbsp;aucunes defdiéles gardes par moy baillées , mondit feigneur m’en efcriuit plufieurs lettres clofes fignées de fà main : fi à fait madiôle dame la Ducheffe moynbsp;mandant que ie les voulfiffe bailler» Et par ce me fèmble que mondit feigneurnbsp;n’en doit point eftre mal content. Au regard de Riflart de Neufuille qu’on dienbsp;auoir efté tué à caufè defdiéles gardes,amp; le feigneur des Bofquets qui en fà maifon fut chaffé pour le Villenner. Combien que pour aucuns defplaifirs qui parnbsp;eux

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JjENGEERR\. DE 2Ä0NSTKELET CHARLES EU. iGi eux m’ont efté faits,ie n’ay pas efté bien content d’eux ; neantmoins mondit fei-gneur bien informé de la vérité, i’ay efperance que les rapports qui luy ont efténbsp;fais ne feroient pas trouuez véritables : mais tout à l’oppofite ils fcroicnt trou-uez menteurs amp; faulaires. Q^ant à la defobeïflance qu’on venir dire, que fontnbsp;mes officiers amp; commis au Baillif d’Amyens, aux officiers du Roy amp; à ceux denbsp;mondit feigneur le deflùfdit Duc de Bourgongne, qu’ils ne veulent fouffrirynbsp;cxploiéfer. Et dient amp; veullent foubftenir par leurs raifons que ie n’ay nul ferment fors tant feullement au Roy d’Angleterre. le n’en ouys oneques faire mê-tion iufques àprefent, amp; fans fçauoir les tors particuliers, Pourquoy n’â quelles gens ce ayt çfté ne fçauroye bonnement que refpondre. Et me femble que lenbsp;Baillif d’Amyens que ie tenoye pour mon efpecial amy, m’en deuft aiioir ad-uerty : car f’il l’euft fait, ie luy eulTc rendu peine d’y auoir pourueu a mon po-uoir, tellement que i’efperoye que mondit feigneur en euftefté bien contentnbsp;du Preuoft de Peronne qu’on dit auoir aguetté Scchaflé en la ville de Cam-bray pour le villenner, battre amp; tuer,i’cn ay fait parler à mefdits archiers. Lef-quels dient que eux eftans allez efbatre au vingtiefme lieue de Cambray,!! leurnbsp;fut dit que ledit Preuoffi f’eftoit vanté que f’il pouoiteftre maiftre d’eux il lesnbsp;prendroitamp; feroit pendre par les hatereaux ; pourquoy foubdainement fef-meurent amp; chaudement le pourfuiuirent pour fçauoir f’il leur vouloir mal. Etnbsp;alTez toll apres feeurent qu’il n’auoit point ainG parlé d’eux,amp; pource fe départirent. Et quant aux menaces qu’on dit par eux auoir efté faides à l’abbé duditnbsp;faind Aubert de Cambray,ils fen exeufent.Quant au receueur de Peronne quinbsp;fe plaint, difant qu’il ne peult exercer fon office ne les peageurs de Bapammes anbsp;Peronne, pour les empefehemens que y mettent mes officiers,mondit feigneurnbsp;f’inforraera amp; m’en fera effirireplusau long: Et quand il plaira à mondit feigneur m’en faire aduertir, i’ay efperance d’y faire telle amp; fi bonne refponcc que ,nbsp;par raifon il n’en deura point eftre mal content. Et au regard de maiflre Adornbsp;Caperel qui a informé mondit feigneur, que ie I’ay fait aguetter pour le villenner : ie vous certifie qu’il ne fera point ainfi trouué pour vérité, amp; requiers quenbsp;fur ce foitfaide bonne amp; vraye information. Et fil appert deüement queienbsp;Paye fait aguetter moy-ouy, ic fuis content d’en receuoir telle punition que denbsp;raifbn il appartiendra : mais fil eft trouué le contraire, ie vous prie que vousnbsp;vueillez tenir la main vers mondit feigneur à ce que ledit Caperel amp; autres quinbsp;ont fait tels faux mauuais amp; menfongiers rapports, foient punis tellement quenbsp;tous autres y en prennent exemple.Et que apperçoiue que mondit feigneurs nenbsp;nuis de ceux de fon confeil ne veullent fouffrir de tels rapports eftre faits contre moy, ne autres fes feruitcur^ Et pource trefehiers frétés amp; compaignonsnbsp;que ie vous fens de grand prudence amp; diferetion aymans loyauté, honneur amp;nbsp;grand noblefle, amp; que vous ne voudrez vn de voz freres eftre charge fans cau-fe. Et en ce moy confiant, amp; pour plainemcnt vous informer amp; aduertir defdi-lt;ftes charges amp; de mefdides exeufations : ie vous eferipts par la maniéré deflusnbsp;declairée, vous priant fraternellement amp; Ânt â certe comme ie puis, que vousnbsp;vueillez tenir la main enuers mondit feigneur à ce que de fa graced luyplaifcnbsp;öfter de moy fon indignation, amp; eftre content de mes exeufations amp; refponcesnbsp;cy deflus contenues : amp; aufïi qu’il ne luy plaife de croire rapports qui luy ont

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M.CCCCXXXIX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;VOLVXÎE 11. DES CL’PyON1 ES

elle ou pourroient eftre faits à i’encotre de perfbnne, fans le moy lignifier pour y relpondre amp; eftre ouy en mes exeufations raifonnables,ainfi que vous Içaueznbsp;que de raifon à vn chacun faire fe doit. Et véritablement fe par vous ne fuis ennbsp;celle matière affilié, amp; qu’on vueille procéder entiers moy en telle maniéré amp;nbsp;finillres rapports fans ellre ouy comme delTusell dit, ie ne m’en Içauroye entiers qui me retraite,amp; n’auroye plus d’efperance d’ellre entretenu en termes denbsp;raifon : pourquoy i’auroye catife de m’en douloir comme ces çholès pouez af-fez côfiderer,Iefquelles ledit Thallemondeamp; Huet ou l’vn d’eux vous en pourroient dire plus à plain. Trefehiers freres amp; compaignons fe chofe vous plaile:nbsp;que faire ie puilTe lignifiez le moy, amp; ie le feray de treffion cueur, comme fçaitnbsp;nollre feigneur qui vous ayt en fa benoifte grace. Efeript en mon hollel de Bo-hain le iotir de la Chandeleur.

Ainsi efeript meffire lean de Luxembourg aux cheualiers de l’ordre de la toifon: defquels grand partie auoient grand affedion d’eux employer deuersnbsp;ledit Duc de Bourgongne, à ce que meffire lean de Luxembourg demourallnbsp;toufiours en là grace.Et luy remonllroient treffouuent pltilietirs caufes raifon-nables,parquoy il elLoit tenu de fouffrir de luy:mais de iour en iour fourdoientnbsp;nouuelles befongnes entre eux ,amp; faifoit on diuers rapports au deffiilditDucnbsp;de Bourgongne de luy .Et encores de rechef aduint en ce mefmcs temps, qu’ennbsp;lapreuolléde Peronneon meitfus vnegrand aydedecertainefommedepecu-ne à leuer amp; recueillir fur iceluy. Et entre les autres furent taxez pour le payernbsp;aucuns villages des feigneuries, de Ham amp; Neelle, lequel pour ce temps poffie-doit ledit melfireleande Luxembourg : lequel ne fut point bien content quenbsp;• lefdides aydes fe leuafient fur nuis de fes fubieds:mais de fait feit amp; entreiedanbsp;vne appellation contre les officiers dudit Duc de Bourgongne, qui l’auoyentnbsp;affife amp; le vouloient cueillir. Lequel Duc non content de ce enuoya aucuns denbsp;fes archiers auecques les fergens, qui auoient charge de faire ladide executionnbsp;de l’ayde delTufdide. Et quand ils furent venus en icelles feigneuries, ils commencèrent à prendre amp; leuer des biens defdits fubiedsaflcz rigoureufement.nbsp;El tant que iceux fubieds fen allèrent plaindre en ladide ville de Ham à laco-tin de Bethune, qui là eftoit en garnifon. Si feit tanioft fes gens monter à che-ual en trefgrand nombre pour aller veoir que ce vouloir dire. Et luy mefmesnbsp;en perfonney monta pour aller apres. Si fen allèrent où dloient les archiersnbsp;amp; officiers dudit Duc de Bourgongne deffius nommez defquels de premierenbsp;venue fans enquérir à qui ils dloient, furent trdbien battus. Et y feut vn fer-gentde Mondidier fortnaurc en plufieurs lieux: mais quand ledit lacotin quinbsp;venoit apperceutque c’dloit les archiers du^uc de Bourgongne, il feit cef-fer lès gens amp; fexcufa aucunement à eux,en difant qu’il entendoit que cenbsp;feuffient les efcorcheurs, c’dl à fçauoir les gens du Roy Charles. Neantmoinsnbsp;ils furent trddurement villannezamp; retournèrent brief enfuiuant deuers leurnbsp;feigneur amp; maillre ledit Duc de Bourgongne, auquel ils feirent grand plain-de de la befongne ddïufdide, dont ledit Duc fut trefmalcontent amp; moultnbsp;fort indigné contre ledit meffire lean de Luxembourg amp; fes gens: tant qu’ilnbsp;luy en vouloir faire faire amende quoy qu’il en fut ne deuil aduenir. Si deriuitnbsp;brief enfuiuant audit de Luxembourg qu’il luy enuoyall ledit lacotin de Bethune

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D'£NGK£RR. D£ MONSTK£L£T C£[AKL£S £11. iSi. thune amp;: fes autres gens, qui auoient fait cefte offence : ce que ledit de Luxembourg luy refuft en luy excufànt, comme dit eff cy dclîus, difant qu’ils ne cui-doient point addrefler fur fes gens : amp; par ainfi multiplia la hayne entre eux. Etnbsp;d’autre part allez brief enfuiuant iceluy lacotin rua iusdes portes qu’il auoitnbsp;en là garde, aucunes gens qui ertoient aux Comtes de Neuers amp; d’Ertampes:amp;nbsp;de fait y fut occis vn gentil-homme nommé lean de la Perriere, qui ertoit capitaine des autres amp; encores aucuns autres, dont les feigneurs dertuldits furentnbsp;malement troublez amp; le prindrent trelmal en gré. Toutesfois ledit de Luxembourg ertoit fort doubté, pourtant qu’il auoit de moult puiffantes places : c’ertnbsp;à fçauoir Courty, Beaulieu, Han fur Somme, Neelle, la Ferré, lainél Goubaiujnbsp;Marie, Arfy, Montagu, Guife, Herifon, Bouchain, Beaureuoir, Honnecourr,nbsp;Oyfy amp; autres fortereffes qui ertoient garnies de gens puiffamment. Et rt n’e-rtoit point encores dertié des Anglois, comme dit eft ailleurs : mais fyfioitnbsp;moult grandement, pourquoy tous ceux qui auoient grand voulenté d’entreprendre contre luy,auoient double qu’au cas qu’on luy coururt fus amp; feroit onnbsp;guerre de quelque corté que ce feurt,qu’il ne boutart leldits Anglois en fes for-tereffes amp; en les villes,qui eurt erté la dertrudion de plurteurs villes amp; pays. Etnbsp;pour icelle doubte principallement fe dirtîmuloient tous ceux qui l’auoient ennbsp;hayne: lequel temps durant il entretenoit en fes places plufieurs gens de guerrenbsp;en intention de refirteramp; luy deffendre contre ceux qui nuyre ou greuer le vounbsp;droient,cant François,Bourgongnons comme autrcs:dcfquelles gens de guerrenbsp;plufieurs pays ertoient fort trauaillez, amp; par elpecial le pays de Cambrefis Etnbsp;mefmement foubs vmbrede fes gens venoient treffouuent les Anglois de Creilnbsp;amp; autres garnifons, qui prenoient plufieurs hommes prifonniers amp; autres bagues pilloient, amp; emmenoient és autres forterertes de leur party amp; de leur o-beïffance.Et auflî plufieurs gês dudit meflîre lean de Luxembourg auoient gradnbsp;hantife amp;communication auec lefdits Anglois. Auquel temps y auoit vn nommé Perrinet Quatre-yeux,qui ertoit dedeuersBeauuais cnCambrefis:lequel e-rtoit guidé d’iceux,amp;les auoit amenez plufieurs fois en iceluy pays où ils a-uoient prins amp; rançonné aucuns riches hommes: mais il aduint que pour continuer en fon mauuais propos,il ertoit venu en vnc cenfleartez pres d’Oifynó-mée Gourgouche. Auquel lieu lefceutleditde Luxembourg, qui ertoit en lànbsp;fortereffe d’Oify. Et incontinêt y enuoya fes archiers qui fans delay les meirentnbsp;a morr,amp; furent enterrez en vne folle : pour laquelle befongne amp; execution, ilnbsp;acquift grand louenge de tous ceux du pays.

Comment le Comte de R/chemont Cj^neflable de France print U ville de quot;Meatix en Brie ßtr les An^ois,

ç N apres durant toutes ces tribulations Artus de Bretaigne Comte de Richemont Connertablede France,affembla iufqües au notn-tire de quatre mille combattans dé gens de goerre:auec lequel ertoitnbsp;Hire, Floquet, le feigneur de^Torfy, melfire Gilles de S. Symorr

amp; plufieurs autres capitaines François, tant dé gens de Champaigne François comme autres, à tout lefquelsil fetiraa Fentréedu mois de îuillet deuant lanbsp;ville de Meaux en Brie-, que pour lofs tenoienf les Anglois, Et tout de pfemie-


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MXCCCXXXIX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLyXlE ll. des CHKONID^^ES

re venue fe logea à Champ-Commun, qui eft vn bien gros village. Et brief a-pres enfuiuant feitaflieger vncbaftille deuant icelle ville de Meaux deuant la porte de faindl Rémy : amp; apres feit loger fes gens en l’abbaye de fainól Pharon,nbsp;aux Cordelliers en autres diuers lieux de ladide ville. Et tantoft apres futnbsp;mife vne baftille en l'Ifle vers la tour de Conftances, amp; fi en fut faide vne encores par meflire Denys de CBailly à la porte de Cormillon vers la Brie.Et depuisnbsp;en furent faiélcs cinq en deux ifles vers la court de Supletes contre le marché,nbsp;qui toutes furent fournies de gens de guerre. En outre furent dreftez plufieursnbsp;gros engins contre les portes amp; murailles de la deflufdiéfe ville, qui tresfort lanbsp;dommagerent.Et tant en ce fait continuèrent qu’en la fin de trois fepmaines, lenbsp;defliifdit Conneftable de France amp; les capitaines conclurent l’vn auec l’autre denbsp;faire aftaillir icelle ville par leurs gens d’armes, qui en eftoient en moult grandnbsp;voulenté.-duquel aflault elle fut prinfc amp; conquife à peu de perte de leurs gens.nbsp;Et fut prins dedans icelle le baftard de Thian, lequel tantoft apres eut le haterelnbsp;couppé, ôc auecques luy vn gentil-homme nommé Carbonncl de Haule, auecnbsp;aucuns autres. Et fi furent morts des deifufdits afliegez tant en deffendant leursnbsp;gardes comme eux retrayant au marché enuiron le nombre de foixante hommes, amp; de quarante à cinquante prifonniers parmy les deux deftufdits. Apresnbsp;laquelle prinfc le deflufdit ConneftableÔc la plus grand partie de fèfdiôles gens,nbsp;fc logea dedans ladiôle ville : toutesfois deraourerent gramment de gens ennbsp;aucunes defdiéles baftillcs. Si eftoient dedans le marché de Meaux pour chief:nbsp;de la part des Anglois meflire Guillaume Chambellan, meflire lean Rippelaynbsp;aucuns autres enuiron cinq cens combattans. Et par auant deuant la venuenbsp;• d’iccluy fiege, auoient enuoyé certains meflages de leurs gens à Rouen,pour fi-gnifierla venue defdits François leurs aduerfaires, en requérant aux commisnbsp;du Roy Henry d’Angleterre qu’ils fuflent fecouruzau plus brief que bonnement faire (e pourroit. Pour lequel fecours bailler, le Comte de Cambrefechnbsp;qui lors auoit la charge de par icelluy Roy d’Angleterre de la garde amp; gouucr-ncmentdela Duché de Normandie: amp;auec luy meflire lean de Talebot,Icnbsp;{èigneur de Fauquembcrge,mcflire Richart d’Andeuille,amp; aucuns autres capitaines Anglois accompaignez de quatre mille combattans ou enuiron, fe raei-rent à chemin fur intention de leuer ledit ficge.Et cheuaucherent tant qu’ils vinnbsp;drent dedans la ville de Meaux : dedans laquelle le deflufdit Conneftable Iça-chant icelle venue, auoit fait retirer fes gens amp; fes habillcmens de guerre quinbsp;trefbien leur vint à point : car pour vray fils euflent efté trouuez aux champs,ilnbsp;y eufteu grand mefehief d’vncoftéSc d’autre . Et vous dy que les Anglois nenbsp;defiroient autre chofe que de trouuer lefditj^François pour les combattre. Etnbsp;decefeirent plufieurs requeftes par leurs officiers d’armes audit Conneftable,nbsp;qui ne leur vouloir accorder. Et entre-temps furent faieftes aucunes efearmou-ches entre les parties : à l’vne defquelles lefdits Anglois gaignerent fur les François bien vingt bateaux de viures amp; d’autres biens. Et d’autre part fut abandonné vne baftille quetenoit le feignowr de Moy. En apres aflaillirent iceux Anglois amp; prindrent de fait vne autre baftille qui eftoit en 1 Ifle auprès du marche;nbsp;dedans laquelle furent morts de cent à fix vingts hommes du party des François , amp; les autres furent prifonniers. Durant lequel temps les deffufdits An-

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D'ENG EE RR. DE quot;MONSTRELET. CHARLES RIL gloisvoyans que les François n’aiioient point voulenté de les combattre, ôcnbsp;aufli qu’il leur eftoit impoflible de les greuer dedans leur forr,fc difpoferent denbsp;retourneren Normandie, apres qu’ils eurent rafrefchy leurs gens qui eftoientnbsp;audit marché de Meaux. Si fe départirent de Meaux amp; par la mefme marchenbsp;dont ils eftoient venus,fen retournèrent audit pays de Normadie. Apres lequelnbsp;departement ledit Conneftable amp; fes gens feffbrcerent de rechef moult fort denbsp;guerroyer amp; combattre ceux du deflufdit marché par diuers engins : amp; tant ennbsp;ce continuèrent que enuiron trois fepmaines apres enfuiuant ledit fire Guillaume feit traiófé auec ledit Conneftable pour luy amp; pour fes gens : par telle condition qu’ils fen iroient fàuues leurs vies amp; leurs biens : lequel traidé concludnbsp;amp; finy,leur fut donné bon amp; feur fiiufconduit,amp; fen r’allerent à Roiien : où ledit capitaine fut fort reproché de ceux qui auoient le gouuernement : amp; de faitnbsp;fut mis prifonnier au chaftel de Roüen,pourtanc qu’il auoit fi toft rendu iceluynbsp;marché de Meaux, qui eftoit bien garny de viures amp; aufli d’abillemens de guerre, amp; fi eftoit aufli vne des fortes places du royaume de France. Neantmoinsnbsp;depuis il trouua maniéré de luy excufèr vers les ièigneurs de ion party, par lef-quels il fut mis à plaine deliurance.Ou temps deflufdit fut décapité amp;efcartellénbsp;vn gentil-homme nommé lean de la Fange, qui eftoit au Conneftable de France, pource qu’il fut trouué coulpabled’auoir pourparlé auecquesles Angloisnbsp;fur aucunes befongnes,qui eftoient preiudiciables au Roy de France amp; à fa fei-gneurie.Si fut pour lors aufli efcartellé auecques ledit lean de la Fange vnfer^nbsp;gent du Chaftellet de Paris,

Comment meß'tre lean âe Luxembourg enuoya lettres Aexcußitions deuers le grand confeildu Duc de Bourgongne ey* la teneur AteeUes.

N apres meflire lean de Luxembourg Comte de Ligny amp; de Guife, lequel de iour en iour fçauoit par les rapports qui faits luy eftoient,nbsp;comment le Duc de Bourgongne eftoit mal content de luy. Et cenbsp;principallementpourrolFence qui auoit efté faiéte encontre fes ar-chiers par lacotin de Bethune amp; fes gens,corne en autre lieu cy defliis eft plus ànbsp;plain declairé.Etaffin que furce fe peuft excu fer. Et aufli ledit lacotin cicriuitletnbsp;tres à ceux du grand confeil dudit Duc de Bourgogne,duquel la teneur fenfuit.nbsp;Tre s RE v ERE NOS Percs en Dieu trefehiers amp; trefàmez coufins,amp;nbsp;trefcfpeciaux amis : ie croy qu’il foit affez venu à voftre cognoiflance certainnbsp;debat, amp; foubdainement amp; par mefehefaduenu,entre aucuns archiers de monnbsp;trefredoubté feigneur le Duc de Bourgongne amp; les gens de lacotin de Bethune en ma ville de Ham.Parlc^el mon trefredoubté feigneur a conceu indignation contre raoy, dont i’ay efté amp; fuis tant defplaifànt que plus ne puis. Etnbsp;pour vous donner à cognoiftre le cas,amp; les deuoirs où me fuis mis enuers mon-dit feigneur le Duc; en vous faifàntaflauoir quefc i’auoye fait aucune chofenbsp;vers luy,pourquoy il ait caufè de ce faire:pour ma defeharge ie vous en eferiptsnbsp;ledit cas,qui eft tel.C’eft à fçauoir que patîuant ledit debat les officiers de mon-dit trefredoubté feigneur impoferent fur les champs vne taille, fans à ce euoc-quer les trois eftats d’iceluy,au moins au nombre competent : laquelle taille ilsnbsp;vouloicnt clleuer fur mes terres. Dont aucuns officiers appellerent, amp; demou-

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M.CCCCXXXIX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rOLyXlE II. DES CHKONIQJ^ES

ra la chofeence point. Et pendant ce aucuns, qu’on nommoit cfcorcheurs, ceux de Valois amp;: autres gens d’armes fe demôftroient moy vouloir faire guerre . Pourquoy me conuint mettre gens en mes places amp; forterefles. Entre lef-quels ie adiournay en madiôle ville de Ham ledit lacotin amp; cetera.Ccrtain tépsnbsp;apres vindrentaucuns compaignons decheual en plufieurs demes villaigesnbsp;d’enuiron ladide ville de Ham,courans par les champsöc prenans cheuaux,va-ches amp; autres biens. Parquoy vindrent audit lieu de Ham plufieurs femmes,nbsp;criant qu’on emmenoitainfi leurs biens. Lors ledit lacotin, cuidant certainement que ce fufient lefdirs efcorcheurs, enuoya fes gens fur eux, amp; y eut aucune voye de fait d’vn codé amp; d’autre. Mais tout incontinent que ledit lacotin,nbsp;quifuiuoitlcs autres gens, feeut que lesdefiufdits compagnons fe difoientar-chiers de mondit trefredoubté feigneur, il feit cefier fes gens : amp; eftoit tant def-plaifànt dudit cas, que plus ne pouoit. Car il n’euft iamais cuidé de prime face,nbsp;qu’ils eulTent efié à mon trefredoubté feigneur, attendu ledit appel. Et aufli lesnbsp;grans derifions qu’ils faifoient enuiron la ville de Ham. Et mefmcment quenbsp;ils auoient dit par auant, qu’ils n’auoient point de charge de exploiter furnbsp;mes terres. Pourquoy appert ledit debat eftre aduenu parmefehief fbubdai-nement. Ce nonobftant mon trefredoubté feigneur m’a à celle caufe fait fom-inerde luy deliurerle dcffufdit lacotinde Bethune, amp; fes gens. Pour laquelle caufe, i’ay de iceluy cas fait faire information par gens de iuftice prefent tabellion royal :amp; fait remonflrerà mon trefredoubté Seigneurjl’eHcéld’icel-Ic: par laquelle appert ledit lacotin amp; fes gens non eftrecoulpables en la maniéré que mondit trefredoubté feigneur, monfeigneur le Duc en eftoit infor-* mé. Mais que ledit cas eftoit aduenu par la coulpe defdits archiers, amp; exploitsnbsp;par eux faits contre les termes de iuftice. En luy priant que ce confideré, il luynbsp;plaife eftrc content de moy, amp; que la choie fut traiélée par voye de iuftice:nbsp;amp; qu’il luy en pleuft faire faire information par fes gens, tels qu’il luy plai-roit,pouren eftre faitainfi que de par raifonappartiendroit; en offrant quenbsp;fil eftoit trouué que luy eulTeaucune chofemeffait, moy ouy en mes exeufâ-tions, de luy amender, amp; de luy en requérir pardon. Et encores pour plus moynbsp;humilier, amp; affin d’ofter de luy toutes imaginations qu’il pourroitauoir conceives à l’encontre de moy, de ce que oneques ne luy meffeiz, par franchife ienbsp;luy ay voulu crier mercy: defquelles offres il n’a voulu eftre content,mais a faitnbsp;faifir amp;: mettre en fes mains les terres que moy amp; ma femme auons en ce paysnbsp;de Brabant amp; Flandres : laquelle chofe m’a efté amp; eft bien dure : confideré quenbsp;en riens ie n’y fuis coulpabîe dudit cas : amp; que ie me fuis offert en toute iufticenbsp;amp; raifon,felon ce que dit eft, amp; pofé qu’on m J^oulfift dire eftre coulpabîe, cenbsp;qui ne fera point tiouué,il n’y-a lieu de confifeation ne caufe raifbnnable d’em-pefeher le mien : mefmement felon les droits, loix, amp; couftumes defdits paysnbsp;toutes lefquelles chofes,pour plus auartt me mettre en mes deuoirSji’ay bien aunbsp;long declairé au feigneur de Santhois:qui de fà courtoifie eft venu deuers moy,nbsp;amp; que i’ay prié trefinftament qu’icefle voulfift remonflrer à mon trefredoubténbsp;feigneur,amp; luy fupplier que de fà bonne gracc,il luy pleuft moy ouurir la voyenbsp;de iuftice. Et i’eftoye prell moy ouy en mes excufàtions,d’eftre en droit par douant mondit feigneur le Duede Bourgongne,mes fèigneurs de fon ordre,amp; autres

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D'ENG EE RR. DE MONST^ELET. CHARLES tres perfonnesde fonconfeil . Ou pardeuantles trois eftats de fèfdits pays denbsp;Brabant amp; de Flandres ou par douant les iuges,amp; ioix dont font mouuans meß-dits tenemens. Suppliant en outre gu’il pleuft à mon trefredoubte feigneur â cenbsp;moy receuoir, amp; faire leuer la main de mefdiôles terres. En quoy n’eft pointnbsp;que ie vucille fuir mondit feigneur, ne G iuftice, ne quérir à iuges nuis autresnbsp;princes que luy amp; (es gens,comme deflus eft dit.Et femble que felon Dieu, no-blefle Sk. bonne iuftice on ne me deuroit ce reftiifer : car ie ne croy point que icnbsp;me puifle plus mettre amp; faire mon deuoir, que de requérir cftre traidc par iu-ftice par mondit feigneur, qui eft Prince tant renommé, par mefleigneurs denbsp;fon ordre, qui font fes parens, fes freres, amp; fes amis, amp; gens d’eflite amp; bonnenbsp;preud’hommie: par fon confeil, amp; par les trois eftats amp; iuges defdits pays fub-ieds à luy, où il ya tant de notables amp;: Giges perfonnages. Et en outre de pre-Gnter,d’amender,de crier mercy à mondit feigneur monfeigneur le Duc : meßnbsp;mement de ce qu’oneques ne luy meffiz, ainfi comme deflus eft dit amp; dedairc.nbsp;Et neantmoins i’ay feeu depuis par aucuns qui pour cefte caufe font venus de-uers moy, que mondit treftedoubté feigneur ne veult point cftre content, Ce ienbsp;ne luy liurc ledit lacotin de Bethune : laquelle chofe m’eft amp; Groit impoflîblenbsp;de faire, car il n’eft point en ma puiflancc. Et fi n’eft pas vray,ce femble,que nulnbsp;qui fe fentit en l’indignation d’vn tel Prince, fi hault amp; fi puiflant comme monnbsp;très redoublé feigneur, fe voulfift laifler appréhender, pour eftre liuré a marty-re.Et pour ce trefehiers amp; efpeciaux amis que les chofes dcflùfdiéles Grót trounbsp;uées véritables: ie les defire donner à cognoiftre pour ma defeharge à vous quinbsp;eftes notables, cognoiflans que ceft de raifon : amp; les vous fignifie, vous priantnbsp;tant humblement que ic puis, que icelles vueillez remonftrer â mondit treß •nbsp;redoublé feigneur, amp; tenir la main à ce qu’il luy plaiG eftre content de moy,nbsp;amp; faire leuer la main de mefdidlcs terres. Et au furplus ouurir la voye de iuftice en moy y employant par toutes voyes amp; manières que pourrez, ayans con-fideration comment des le temps de ma ieuneffe i’ay loyaument Gruy feunbsp;monfeigneur le Duc lean, à qui Dieu pardoint. Et mondit treftedoubté Gßnbsp;gneur qui eft à prefent, comme chacun fçait : amp; à mon loyal pouoir ay aydé ànbsp;garder leurs pays. Et fe ainfi eftoit qu’a tort on détint mefdiôlcs terres fans moynbsp;vouloir demonftrer iuftice’.laquelle on ne doit refFuferà nul qui la requiert,nbsp;pourtant qu’il vueille eftre à droit,ic vous prie que ayez mémoire amp; fouuenan-ce des offres deuoirs en quoy ie me fuis mis : lefquels font ey deflus plus amplement declairez. Reuerends Peres en Dieu,trefchiers amp; trefaymez confins,nbsp;amp; treGfpeciaux amis : G choG voulez que ie puiffe faire, fignifiez le moy,amp; ienbsp;le feray de trefbon cueur, coiftme fçait le benoift fils de Dieu, qui vous ayt ennbsp;fa fainéle garde.EGript en mon chaftel de Vcndoul le treiziefmeiour d’Auril.nbsp;La fuperfeription eftoit : A mes trefehiers amp; trefamez confins amp; efpeciaux a-mis, les gens du grand conGil de mon treftedoubté feigneur, mon Gigneur lenbsp;Duc de Bourgongne.

Qv AND les deflufdits Gigneurs eftrentreceuës amp; veuës les lettres, ils fe meirent enfemblc pour auoir aduis, qu’il en eftoit bon de fairefur cefte matière: amp; par cfpecial ceux de l’ordre de latoifon d'or: duquel orare ledit mef-i^tnbsp;fire lean de Luxembourg eftoit, feirent plufieurs diligences pour trouuer

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M.CCCCXXXIX. VOLUMS ÎI. T)KS CHKONIQ^ES manière qu’il fut reconcilié auccques Iedit©uc : car moult doubtoient que filnbsp;adu^noit qu’il conuint qu’on procedaft par voye de fait à l’encôtre de luy,qu’ilnbsp;en aduiendroit grans inconueniens aux pays d’iceluy Duc : pource principallc'nbsp;ment, comment en autre lieu eftdeclairé, qu’ils le fentoienteftrehommedenbsp;haute entreprinfe de fà perfonne, bien pourueu de puiffantes villes amp; forterel^nbsp;fes pour faire forte guerre fe befoing luy en eftoit.Si eftoitauecques ce encoresnbsp;allié aux AngloiSjqui luy auoient promis de bailler aflîftence amp; fecours,amp;aüf-fi luy liurer gens toutes amp; quantes fois que befoing en auroit. Auoient regardnbsp;auffiaux grans feruices qu’il auoit faits au deflufditDucdeBourgongneamp;ânbsp;lès pays par pilufieurs fois amp; de moult long temps. Etd-autre part veoientquenbsp;les François de jour en iourentreprenoient en diuerslîêux fur les terresnbsp;nbsp;nbsp;pàys

du deuantdit Duc: amp; felon leur aduis entretenoient tres mal les pointas amp; les articles du tràidé d’Arras dernièrement fait. Pourquoy tout confideré il leurnbsp;fembla par plufieurs raifons, qu’il valloit mieux que ledit de Luxembourg futnbsp;receu en faiiànt les fatisfadiions qu’il olFroit à faire qu autrement. Et pourtantnbsp;apres que ladide matière eut entre eux efté par plufieursfois debattucjconclu-rét tous enfèmble d’eux cflayer enuers ledit Duc de Bourgongne leur (cigneurjnbsp;pour fçauoir fils y pourroient mettre aucuns bons moyens. Et de fait, luy ennbsp;touchèrent bien au long, en luy remontrant toutes lesbefbngnés dciTufdi-éles par diuerfes fois.Et entre les autres y continua treflbuuent meifire Hue dénbsp;Launay-feign eu r de Santhois, qui auoit la chofe moult fort à cueur, amp; auflî a-uoient aucuns des autres. Neantmoins de prime face trouuerent ledit Duc ennbsp;aifez froide maniéré amp; refponce:ear entre autres chofes eftoit tresfort indigné

• pour l’oflence qui àuoit efté faide amp; commife contre fèsarchiers, plus que de toutes les autres. Etauffi les Comtes de Neuers amp; d’Eftampes qui auoient euznbsp;leurs gens morts amp; deftrouflez par ledit lacotin de Bethune, comme deffus etnbsp;dit:dont plus auoient la befongne à cueur amp; leur en defplaifoit moult grandement, amp; non point fans caufe. Toutesfois les deffufdits ièigneurspar longuenbsp;continuation en ce pourparlerent tant pour les befongnes deflufdides, qu’il fenbsp;commença à condefeendre d’ouÿr iceux, amp; les offres qu’ils faifoiêt pour le définbsp;fufdit meflire lean de Luxembourg.Et finablement tant feirent les dc/rufdits,amp;:nbsp;tantfurentpourmenéeslefdides befongnes amp; tant approchées, qu’on printnbsp;iournéepour eftre les deux parties enfcmble en la cité deCambray. Duquelnbsp;lieu y furent de par ledit Duc l’Eucfque de Tournay, maiftre Nicole Raoulinnbsp;feigneur d’Authun fon Chancellier,meflire Hue de Launay, le feigneur de $a-üeufesamp; plufieurs autres notables perfonnages. Et pareillement fut meflirenbsp;lean de Luxembourgaccompaigné aufli de pluÂeurs notables perfonnages tacnbsp;cheualiers amp; efcuyers comme gens de confcil,amp; mefmement y eftoit le deflufinbsp;dit lacotin de Bethune:amp; eux venus cnfemble, certains iours enfuiuans furentnbsp;les matières ouuertcs amp; mifes auant fur tous les troubles qu’on difbit auoir e-fté faits contre le Duc de Bourgongne amp; ceux de fes pays,par iceluy meflire leanbsp;de Luxembourg amp; ceux delà partie, ^ufquelles ouuertures ledit meflire leannbsp;de Luxembourg feit refpondrefur tout en luy éxcufànt de la plus grand partie,nbsp;oflrantdufurplus, rant par luy comme par fes gens, faire fi auant qu il appar-tiendcoit.Et apres que tout eut efté pourparlé bien Sc au long en la manière di-de,

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D'ENGEEFF. DE IdONSTRELET. CHARLES EIL ótCjOn meit par efcrit les traictez tels qu’il fembloit qu’ils feuflent raifonnablesnbsp;pourvue partie amp; pourl’autrepourveniràpaix.SifurentnionftrezauditmcG-hrc lean de Luxembourg, qui aucunement y feit corriger aucunspoincls lef*nbsp;quels n’eftoient point à fon plaifir. Et depuis furent rapportez deuers le Chan-cellier amp; autres du confeil,quiderechiefy feirent aucunes corrcdios.Et pourtant quand autresfois on les apporta audit de Luxembourg, quand il les euenbsp;veucs amp; ouÿes ils ne luy furent aggreablcs . Si troubla allez foubdainementnbsp;amp; les delcira par defpit. Et dit tout hault que l’Euefque deTournay amp;lcnbsp;Chancelliernel’auroientpointàleur plaifir. Et briefenfùiuant par le moyennbsp;des feigneurs amp; gens du confeil tant d’vn cofté comme d’autre, tout fe rappai-la.Et en fin de conclufion furent aflez bien d’accord, en retenant tant feullemécnbsp;furcel’aduis amp; bon plaifir dudit Duc, auquel ils le deiioient apporter paref-crit. Et entre autres choies ledit lacotin de Bethune fe deuoit aller rendre auxnbsp;priions dudit Duc pour ellre en fa mercy : mais les Icigneurs luy promeirent,nbsp;c’elî: à fçauoir ceux de la partie dudit Duc cllans audit lieu de Cambray, qu’ilsnbsp;femploiroient de tout leur bon pouoir enuers luy, alfin qu’il lereceut en la bone grace amp;: milèricorde. Et ainfi toutes ces belbngnes traiôlées, fournies amp; accomplies parla maniéré delfufdide, feirent les delfufdits feigneurs du confeilnbsp;tous enfemble trelîoyeufe chierc l’vn auec l’autre en l’hoftel dudit melïîre leannbsp;de Luxembourg.Pour lequel traidé amp; pacifiemenr,plulieurs pays amp; contrées,nbsp;amp; auec les habitans d’iceux tant nobles comme gens d’Eglifc amp; autres en eurccnbsp;trefgrand helfe, quand ils feeurent iceux traiCtez eftre acheuez. Et brief enfui-uât fe départirent les deux parties de la delTufdide cité de Cambray, amp; retour- •nbsp;nerentlesgensduDucdeBourgongne deuers luy, amp;monftrerent ce qu’ils a-uoient befongné, dont il fut alfez bien content: amp; certain temps apres ledit la-cotin de Bethune alla deuers luy en la ville de Hefdin, amp; le rendit en fa mercynbsp;en luy requérant que fil auoit aucune indignation à l’encontre de luy, il luynbsp;pleuft le receuoir en fa grace, lequel Duc l’enuoya prifonnier.Et peu de tempsnbsp;apres par les treshumbles requeftes amp; prières d’aucuns feigneurs notables amp;:nbsp;de grand audorité amp; ceux de fon conlèil, il le feit deliurer fut aucunes conditions qui lors preftement luy furent declairées.

Comment le Roy Charles de France enuoya dame Katherine fa fille deuers le Duc de Bourgongne^pour l'accompliffiement de lapromejfie du mariage d'iceUe Damenbsp;du Comte de Charrolois fils audit Duc.

N cell an enuiron le ^|ois de luing le Roy Charles de France feit départir dame Katherine fa fille hors de fon hoftel,ieelle moult haulte-ment amp; honorablement accompaignée des Archeuefques de Reims amp; de Narbonne,des Comtes de Vendofme, de Tonnerre amp; de Du-nois,du ieune fils du Duc de Bourbon nommé le feigneur de Beau-jeu, du fei-gneur de Dampierre amp; autres plufieurs gtans amp; notables feigneurs cheualicrsnbsp;amp; elcuyers accompagnez de trois cens cheuaucheurs ou enuiron, pour la menet amp; conduire deuers le Duc de Bourgongne. Auquel, comme dit ellailleursnbsp;parcydeuant, il auoit accordé pour fon fils le Comte de Charrolois aqoirnbsp;en mariage. Auec laquelle dame clloient pour le conduire la dame de Roche-Ee iij

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M.CCCCXXXIX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;II. DES CHRONIQUES

' fort amp; plufieurs autres nobles dames, amp; damoifelles en trefooble amp; bel eftat, Et tant cheminèrent par plufieurs iournées, qu’ils vindrent en la cité de Cam-bray où ils feiournerent par l’efpace de trois iours. Et y furent grandement re-ceuz amp; feftoyez de ceux de ladiéle ville, tant de gens d’Eglifc comme des gou-uerneurs amp; habitans d’icellc. Auquel lieu de Cambray par le deflqfdit Duc denbsp;Bourgongne pour receuoir ladiélc dame,les Comtes de Neuers amp; d’Eftampes,nbsp;le Chancellier de Bourgongne amp; autres en moult grad nombre de gens amp; notables fcigncursjcheualiers amp; cfcuyers : auec lefquels eftoient la ComtelTe denbsp;Namur, la dame de Creuecueur, la dame de Hautbourdin amp; plufieurs autresnbsp;femmes d’eftat. Si feirentees feigneurs en icelle ville de Cambray de moultnbsp;grans honneurs amp; chiercsioyeufcs, auecgrans receptions l’vnauecl’autre: amp;nbsp;portoit on la deflufdide dame aagée de dix ans ou enuiro fur vne litière moultnbsp;richement parce amp; appoinélée.Et à toutes bonnes villes où elle palToit, tantesnbsp;bonnes villes du Royaume comme dudit Duc de Bourgongne, onluyfaifoicnbsp;tres grand honneur amp; reuercnce. Et à l’entrée d’icellcs bopnes villes deicen-doient communéement dix ou douze gentils-hommes à l’entrée de la por-te,qui tenoient la main a fadióte liéfiere tant quelle fut defeendue â fon hoftel.nbsp;Et partant de Cambray allèrent par aucuns iours en la ville de S.Omer,où leditnbsp;Duc de Bourgongne eftoit amp; tcQoit fon eftat: lequel grandement accompai-gné de cheualiers amp; cfcuyers iftît hors d’icelle ville,amp; vint aux champs : amp; luynbsp;venu au deuant de ladide dame Katherine de France la conioüit amp;fcftoyanbsp;moult reueramment, amp; luy feit moult grand honneur amp; ioyeufe reception, amp;nbsp;• tous ceux qui eftoient auec luy:amp; les mena dedans laditfte ville de S.Orner, oùnbsp;le mariage fut parconfermé.Si y furent faicles grandes amp; melodieufes feftes amp;:nbsp;efbattemens par plufieurs iournées tant en iouftes comme autrcment,tout auxnbsp;defpens dudit Duc de Bourgongne. Eteftoitlors l’entrepreneur d’icelles iouftes pour la partie d’iceluy Duc, lefeigneurde Crequy contre les autres def.nbsp;fendans. Si demourcrent les deflufdits feigneurs aflez longuement au deftufditnbsp;lieu de S.Omer, pour eftre à vn parlement quifedeuoit faire d’entre les deuxnbsp;Roys de France amp; d’Angleterre entre Grauelignes amp; Calais, duquel aflez toftnbsp;ieferay mention.

Comment le Baflard de Bourbon ^rint la ville de la Nothe en Eorraine.

N ceft an le Baftard de Bourbon fe partit de largueaux à tout quatre censcombattansouenuiron: lefquels ilconduifit amp; mena par plufieurs iournées iufques à la Mothe cj^Lorraine, laquelle il print afleznbsp;fbubdainement d’emblée.Et tous les biens qui eftoient dedans : ceft

à fçauoir les biens portatifs furent par fes gens prins amp; rauiz.Et fut dedans icelle enuironvn mois; durant lequel temps il courut amp; pilla le pays en plufieurs amp; diuers lieux. Et mefmement courut fur la ville de fiiind Nicolas de Varen-geuille,qui de treflong temps par auant n auoit efté adommagée ne courue parnbsp;nulles gens de guerre quels qu’il feuflent. Et adôc les feigneurs amp; gouuerneursnbsp;dudit pays de Lorraine voyans la deftruélion totalle d’iceluy par le moyen d’icelle garnifon,traiôlerent auec iceluy Baftard de Bourbon, par condition qu ilnbsp;auroit certaine grand fbmme d’argent, amp; il leur rendroit icelle ville de la Mothe.


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D'ENGFERR. de MONSTKELET CHARLES RIT. iamp;6 the.Lefquels traiólez conckids du tout conferinez,ledit Baftard fen départitnbsp;d’illccà toutfes gens pour retourner dont il eftoit venu: maisaiofi qu’il paflbicnbsp;aiïez près de Langres fut pourfuiuy, amp; attaint par raeffire lean de Vergy, An-ihoine de Gelet,Philippot de Sainginis amp; aucuns autres : lefquels le ruerent iusnbsp;amp; le deftrouflerenr.Et fi en demoura morts fur la placebic fix vingts ou mieux,nbsp;amp; les autres en la plus grand partie furent prifonniers. Et par ainfi ceux quinbsp;furent defrobbez,furent d’iceux pillarts aucunement vengez: mais pourtant nenbsp;rauaient point leurs biens.Et au regard dudit Baftard il n’y fut mort ne print.

Comment plafieurs notables ambafl'adeurs fajj'emblerent entre Graueliÿtes amp; Ca

lais fur lefait duparlement, qui ß deuoit tenir nbsp;nbsp;faire entre les Roy s de France

d'Angleterre.

entre Grauelignes amp; Calais au lieu, où l’an precedent auoient efté ordonnez tant déparies Roys de France amp; d’Angleterre, commenbsp;parleDucdeBourgongne. Entreleïquelsy eftoientdeparleRoy

ner. Et quant eft aux Anglois ils y eftoient venuz en grand po

tte


Tem en ce temps furent aflemblez plufieurs notables ambafl'adeurs de France l’Archeuefque de Reims grand Chancellier, l’Archeuefque de Narbonne amp; l’Euefque de Chaallons, les Comtes de Vandofme amp;deDunois,lenbsp;feigneur de Dampierrcjmeflire Régnault Girard capitaine de la Rochelle,mai-ftre Robert Mailliere amp; Andry le Betif. Et de Ta partie dudit Duc de Bourgon-gne,laDuchefle fil femme, l’Euefquede Tournay, maiftre Nicolas Raoulinnbsp;Chancellier dudit Duc,le (èigneur de Creuecueur,le feigneur de Santhois,mai-fire Pierre Bourdin,meifire Philippe de Nanterre amp; plufieurs autres. Et du co-fié du Roy d Angleterre le Cardinal de Vinceftre, l’Euefque d’Iorth, l’Euefquenbsp;de Noruich,l’Euefque de faind Dauid,l’Euefque de Lifieux,le Doyen de Salfe-bery,le Duc de Nortfort,le Comte de Scafort amp; fbn frcre,le feigneur de Brefu- 'nbsp;re, le Comte d’Onthdnfort, mefiireThomas Kirtcl amp; plufieurs autresnota-bles hommes : lefquels tous enfemble eurent confeil par plufieurs iournées,nbsp;pour fçauoir fils pourroiêt aucune chofe befongner fut la paix generalle d’entre les deux Royaumes,amp;aufli pour la deliurance du Duc d’Orléans. Maisfi-^nbsp;nablemcnt ne peurent venir à aucune conclufion qui fut de valeur, caries An-glois pour nulle riens ne vouloicnt condefcendreàfàirc nul traiôté auecquesnbsp;le Roy de France, finon que la Duché de Normandie auec leurs autres con-queftes leur demouraflent franchement, fans les tenir dudit Roy France. Si futnbsp;reprins autre iournée au prochain an enfuiuant,amp; fie départirent d’illec fans au-peamp; bombant, amp; moult richehaent habillez. Et par le defTufdit Cardinal denbsp;Vinceftre y auoit fait venir de moult riches tentes amp; pauillons bien parez amp;:nbsp;aornczdetoutcequiyfailloit,tantdevailTelled’or amp; d’argent comme d’autres befongnes neceflaires amp; duifàbles.Et feit à ladide DucheflTe fà belle niepeenbsp;moult ioyeufe chiere amp; reccption,amp; la feftoya treshonnorablement. Et apresnbsp;fen retournèrent chacun d’eux es lieux amp; places dont ils eftoiet venus, fans po-uoir autre chofe befongner.

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MFCCCXXXIX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;VOLyXlE II. DÉS CHRONIQ^ÉES

Comment les Anglo is vindrent a,n pais deSanthois outls prindrcnt Ie chaflel de Folie-uille^O^y fetrent moult d'autres maulx nbsp;nbsp;cruauté?;^

^^^Ä^^jTemenccftanenuironrentrcede Karefmc Ie Comte de Sombreß-aucuns autres capitaines, aflemblerent iufques au nombre de deux mille combattans ou enui-“i^i^s^uÉîron tant de pied comme de chcual fur les marches de Normandienbsp;vers Roüen : atout lefquels amp; à tout cbarroy portans leurs habillemens denbsp;guerre,viures amp; autres befongnes necelTaires, pour venir au pays de Santhois:nbsp;amp; pafla l’eaiie de Somme parmy la ville de I\4onterueil,amp; fen alla loger deuantnbsp;la forterefle de FoIIeuille, qui pour lors eftoit au gouuernement du bon de Sa-ueufes à caufe de la dame doüagiere qu’il auoit efpoufée . Et pour ce que ceuxnbsp;qui eftoient dedans ledit chaftel, faillirent dehors amp; occirent l’vn des gens dudit Comte de Sombreflet,lequel il aymoit moult bien,fi iura grad ferment quenbsp;de là ne fe partiroit iufques à ce qu’il auroit conquis iceluy chaftel, amp; ceux denbsp;dedansàfavoulenté. Sifeitpreftementappreftervne petite bombarde qu’il a-uoit amenée auecques Iuy,laquelle eftoit excellentemcnt bonne amp; roide auecnbsp;autres engins: lefquels engins bombardes amp; canons à l’vne des fois occirent lenbsp;capitaine de leans, quand elles furent iedées. Et depuis continuèrent tant quenbsp;tout le furplus defdits aflîegez fiîrent contens d’eux rcndrc,en delaiflant ladiélenbsp;forterefle amp; tous leurs biens auec ce,payant vnegrand fomme d’argent, en ra-cheptanc leurs vies enuers les dcffufdits Anglois. Si feit ledit Comte reparer ledit chaftel, amp; y laifla garnifons de fes gens, qui depuis feirent moult de maulxnbsp;*nbsp;nbsp;nbsp;amp; de domages à tous les pays à l’enuiron. Et le lendemain de ladióle reddition,

fe départirent d’iceluy lieu ledit Comte amp; fes gens, amp; fuiuirêt ledit feigneur de Thallebot, qui défia feftoit boutté bien auant audit pays de Santhois : amp; tousnbsp;enfemble fen allèrent loger à Lyhons en Santhois, ôùâls trouuercnt des biensnbsp;largement amp; abondamment, amp; aufli par tout le pays : car on nefè douboitdenbsp;leur venue, parquoy ceux dudit lieu n’auoicnt point retraits leurs biens. Auquel lieu de Lyhons auoit vne petite forterefle amp; la grande eglife, où le peuplenbsp;amp; les habitans d’icelle ville feftoient retraiâs haftiuement, quand ils feeurencnbsp;que c’eftoient Anglois. Si feit ledit Comte fignifier à ceux qui eftoient en ladite Eglife,qu’ils fe rendiflent à fà voulenté ou il les feroit affaillir, ce que pointnbsp;ne voulurent faire. Etpource le lendemain feit faire ledit aflàult treferuel amp;nbsp;raerueilleux : lequel fut tant continué, que pourtant que les Anglois ne les po-uoient autrement auoir, boutèrent le feu dedans: amp; fut l’eglife toute arfe amp; démolie auec tous les biens d’icelle,amp; ceux qui fmoient retraits fi y furet mortsnbsp;amp; brufleztrefpiteufement bien trois censperfonnages ou plus tant hommes,nbsp;femmes comme enfans: amp; peu en efehappa de ceux qui eftoiêt en ladiéle Eglife. Pour lefquelles cruautez de la forterefle deflufdióte voyans la male-aduen-ture de leurs pauures voifins amp; amis, fe compofèrêt audit Comte de Sombref-fet ou à fes commis pour rachepter leurs vies parties de leurs biens, auec lenbsp;feu par les maifons d’icelle ville,ôe: en donnèrent vn grand fomme d’argêt.Pournbsp;laquelle bailler amp; payer baillèrent plufieurs hoftages tant hommes commenbsp;femmes, qui depuis furent long temps prifouniers à Ko tien amp; ailleurs pour lanbsp;finance

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D'ENGRERR, DE 'MONSTK^LET- CHARLES m. 1^7 finance deflufdidle.Dcfquels hoftages cn futl’vn vn gentil homme nómé Noi-feux de Saillyjequel mourut en ladiófce prifön . Et iceux Anglois qui eftoientnbsp;audit lieu de Lyhons feirent plufieurs courfes fur leà paÿsâ l’énuiron, deiquelsnbsp;ramenèrent des biens iargemêt à leurs logis . Et fi prindret la forterefle de Her-bonneres lefeigneur dedans-.lequel pour raçhepterluy amp; fes fiibieôls amp;c fa-diôte forterelTe de non eftre defblée comme les autres auoient efi:é,fâccorda Sgt;cnbsp;compofa à mille falus d’or.Et entre-temps que toutes ces befongnes fe faifbiér,nbsp;le Comte d’Eftampes qui eftoit lors venu à Peronne, manda tous les feigneursnbsp;de Picardie, de Hainâult amp;: des marches de l’enuiron qu’ils venifient haftiue-ment deuersluy;àtoutJe.pJus de gens de guerre qu’ils pourtoiét finer, Icfquclsnbsp;vindrönt en grand nombre, c’eft à fçauoir le feigneur dc .Croy, le feigneur denbsp;Humieres, Le ièigneurde Saueufes ôc fes freres , Valerian de Moieul, lean denbsp;Brimeù lors Biaillif d’Aniiens, meffire lean de Croÿ Bailiif de Hainault, le fei-gneür de Hautbourdin, le feigneurde Barbenfon, meflire5imon de Lalain amp;nbsp;plufiéurs autres des pays defl'ufdits en grand nombre : lefqoels venus audit lieunbsp;de Peronneamp;'és villes au plus pres pouuoient bien eftre. en nombre de troisnbsp;mille combartans detrefbonneefioffe. Sitindrent iceux feigneurs confeil furnbsp;ce qu’il eftoit défaire. Et vouloient les aucuns qu’on combattit les Anglois, ôcnbsp;autres en y auoit de contraire opinion : amp; diLoient plufieurs raifons pourquoynbsp;on neles deuOiTcomhâttre. Et en fin conclurent d’eux mettre aux champs denbsp;nuióL, ôc d’eux mettre en embufehe auprès de Sanihois:amp; il y auoit aucûs capi-tairtef ordonnez pour enuahir leurs logis, amp; bouter le feu en aucunes maifousnbsp;poUrveoir leurgouuerncment amp; conduiôte, ôe fur ce faire fclon eequ’onver-roiteftreplus expédients Apres laquelle conclufion fut ordonné que toutesnbsp;gens feulîentprcfts pour monter à cheual incontinent apres minuiót, amp;ainfinbsp;fut fait comme ils le deuiferent. Et ifiit ledit Comte d Eftampes amp; tous les autres hors de Peronne, pour faire ladiôte entreprinfe: mais quand ils eurent cheminé vue demie lieüc où enuiron hors de ladiéhe ville de Peronne, il feitfî tref-noir qu’a moult-grand peine pouuoient tenir chemin. Et adonc fe commencèrent à pourraener iufques a ce qu’il feit vn peu plus der iour,quc toutes gens fenbsp;retournoient en leur ville; amp; par ainfi fut ladiéîc entreprinfe rompue ; amp; en cenbsp;mefme iour vers l’heure de midy vindrent cerrai.nesnouuelles au defiufdit Cote d’Eâampes, amp; aux autres feigneurs qu’iceux Anglois feftoient deflogez denbsp;ladide ville de Lyhons,amp;fen retournoient le chemin dont ils eftoient venusnbsp;ou aflez pres pour retourner en Normandie, ce qui eftoit veritable : car apresnbsp;qu’ils eurent cfté en ladiéle ville de Lyhons bien l’efpace de dix iours ou enui-ronjamp; fait de bien grans dommees ou pays, comme dit eft deifus : ils fe partirent de là,amp; fen allèrent en Normandie fans ce qu’ils euLTent aucûs empefehe-mens ne deftourbier qui face à eferire : amp; emmenerent plufieurs prifbnniers amp;nbsp;grandfoifon de biens auec les hoftages deffufdits : amp; au rappafier audit lieu denbsp;Foil eu i 1 le le renforcèrent,amp; y laifTerent forte garnifon de leurs gens. Èt en tantnbsp;qu’ils furent en iceluy pays amp; audit logis de Lyhons les gens de meffire lean denbsp;Luxembourg alloient amp; venoient de iour en iour paifiblementauec iceux An-g!ois,amp; auoientgrand communication enfemble : dont ledit Comte d’Eftampes amp; plufieurs autres grans feigneurs qui eftoient auec luy, n’eftoient point

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M.cccm. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rOLVME ik CHRONIQ^I/ES

bien contens, mais pour lors on ne le pouoit auoir autre. Apres lequel depar* tementamp;deflogcraentdefdits Angloisqui ainfi fenretournoient,toutes lesnbsp;gens de guerre qui çftôient venus au mandement du delTufdit Comte d’Eftam-peSjfe commencèrent à retraite es lieux dont ils eftoient venus.

De l'an mille ccec. xl.

Comment le Daulphin, le Dac de Bourbon 0* ^lußetiTs autresßeigneursße departirent du Rpy Charles de Eranee.

V commencement de ceft an Charles Roy de France feit grand af. (emblée de nobles hommes amp; autres gens de guerre,pour aller ounbsp;j pays de Bourbonnois deftruire amp; fubiuguer monfeigneur le Ducnbsp;de Bourbon amp; fes pays: lequel à fà grad defplailànce auoit feduiélnbsp;amp; emmené fon fils le Daulphin, qui par auant cftoit logé à Loches en Touraine au chaftcl. Et eftoit pour ce temps au gouuerncment du Comte de la Marche, qui eftoit à cefte heure en la ville, amp; point ne fe doubtoît que ledit Daulphin fe vouîfift partir fans parler à luy.Neatmoins le Baftard de Bourbon, A.n-thoine de Chabannes amp; autres capitaines à tout foifon de gens d’armes vindrêcnbsp;deuers luy audit chaftcl de Loches,amp; de fon copfentement le menerét ou paysnbsp;de Bourbonois en la ville de Moulins. Ouquel lieu fen allèrent auec ledit Ducnbsp;de Bourbon, le Duc d’Allcnçofl amp; le Comte de Vcndofme, les feigneurs de lanbsp;Trimoille, de Chaumont amp; de Prie auecques plufieurs autres nobles hommesnbsp;amp; grans feigneurs: fi eftoit leur intcntion,qnele delfufdit Daulphin auroit feulnbsp;le gouuernement amp; pouoir du Royaume de France,amp; qucle Roy Charles fonnbsp;• perc feroit mis comme en tutelle amp; gouuerné par eux. Et affin d’auoir ayde amp;nbsp;faucur pour accomplir leur intention, mandèrent en diuers lieux les Barons,nbsp;crans feigneurs amp; gentils-hommes de plufieurs pays : aufqucls ils declairerentnbsp;leur intention,en requérant qu’ils voulfiftent faire ferment audit Daulphin, amp;nbsp;le feruir contre tous ceux qui greuer ou nuire luy voudroient. Entre Icfquels ynbsp;vindrent les feigneurs d’Auuergne:lefquels cefte requefte ouÿe feirent refpon-ce par la bouche du ftigneur de Dampierre, que tres voulenticrs le ftruiroientnbsp;en tous fes affaires referué contre le Roy fon perc: difoient outre que ou casnbsp;que le Roy viendroitàpuiffance ou pays, amp; il les requift d’auoir leur ayde amp;nbsp;auffi d’entrer en leurs villes amp; fortereffes, ils ne luyofcroient ne voudroientnbsp;nullement rcfufcr,amp; qu’iceux rcquerans point à ce ne fattendiffent autrement.nbsp;Laquelle relponce ne fut pas bien aggreable audit Daulphin ne aux autres feigneurs , amp; fe commencèrent tresfort à doubter que de leurdiéle entreprinft nenbsp;leur vint grand mal. Et auec ce eftoient dc aduertis qu’iceluy Roy venoitnbsp;contre eux à moult grand puiflance,comme deffus eft dit, laquelle chofe eftoitnbsp;veritable : car le Roy entra oudit pays de Bourbonnois, amp; commença à fairenbsp;tresforte guerre aux villes amp; fortereffes du deuantdit Duc de Bourbon, amp;denbsp;ceux tenans fon party:fi en meit plufieurs en (on obeïffance. Et entre-temps ledit Daulphin amp; ceux de fon confciftnuoyerét deuers le Duc de Bourgongne,nbsp;pour fçauoir fil vouldroit en fes pays rcccuoir luy amp; les fiens amp; luy bailler ayde en tous (es affaires-.lequel Duc apres qu’il eut eu deliberation de confèil, fiitnbsp;ce feit rc(ponce,que tous fes pays auec fes biens eftoient bien au cômandementnbsp;du

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D'ENCRERR. DE MONSTRELET CHARLES RIJ. idS du Daulphin quand il luy plairoic y venir : mais pour nulle riens ne luy donne-roit faueur ne ayde, pour faire guerre au Roy fon pere : mais eftoit preft pournbsp;toutes les maniérés qu’il pourroic de luy ayder à rentrer amp; eftre en fa grace.Di-foit outre qu’il luy confeilleroit qu’ainlî le feit, amp; que trop grand deshonneurnbsp;amp; dommage en pourroit aduenir ou Royaume, fi celle guerre fe continuoir.nbsp;Et pour y obuier amp; trouuer maniéré amp; moyens, enuoya le Duc de Bourgon-gne fes ambalTadeurs deuers iceluy Roy,qui fentremeirêt entre icelles parties.nbsp;Si fut fait le traiélé par codition qu’iceluy Daulphin, le delTufdit Duc de Bourbon amp; autres qui auoient offence, iroient par deuers le Roy en grand humiliténbsp;requérir pardon deldiôles offences : poutesfois auant que celle choie peut ellrenbsp;acheuée, grand partie des pays du Duc de Bourbon amp;: de les fauorifans furentnbsp;tresfort dellruits par les gens de guerre dudit Roy de France,qui fur eux elloictnbsp;venus en trelgrand nombre. En apres le dixneufielhie iour de Juillet le Roy e-llant à Cuiret,vindrent deuers luy le Daulphin amp; le Duc de Bourbon accom-paignezdefdits feigneu rs delaTrimoïlle, amp;de Chau mont, amp; de Prie; maisnbsp;quad ils furent à demie lieiie pres dudit lieu de CulTer, vn meffagicr vint deuersnbsp;euxdequel dit aufdits trois feigneurs que le Roy ne les affeuroit point, amp; qu’ilnbsp;ne vouloir point qu’ils veniffent deuers luy. Et lors quand ledit Daulphin ouÿtnbsp;amp; entendit ce,il dit au Duc de Bourbon. Beau compere vous n’auiez talent denbsp;dire comment la chofe effcoit faióle,amp;que le Rey n’eull point pardonné à ceuxnbsp;de mon hollel. Et adoneques iura vn grand ferment, qu’il fen retourneroit amp;nbsp;n’iroit point deuers le Roy fon pere. Et lors ledit Duc deBourbon luy dit:Mô-feigneur tout ce fera bien, n en foyez en quelque doubte, vous ne pouez retourner; car l’auantgardedu Roy efl en voflre chemin.Toutesfois fe n’eull effénbsp;le Comte d’Eu amp; aucuns autres feigneurs qui elloient venus au deuant de luy ;nbsp;Iclquels luy rcmonllrerent qu’il feroit grand mal de retourner fil fen fut r allé.nbsp;Si fen r’allerct lefdits trois feigneurs audit lieu de Moulins, amp; Icldits Daulphinnbsp;amp; Duc de Bourbon entrèrent en la ville de Cuffet, amp; allèrent delcendre à l’ho-ftel du Roy. Et eux venus en la chambre où il elloit, fagenoüillercnt par troisnbsp;fois deuant qu’ils veniffent à luy. Et à la tierce fois luy prièrent en grand humilité.qu’il luy pleull à eux pardonner fon indignation. A quoy le Roy relpondicnbsp;en adteffant fes parolles à fon fils, difant : toys vous foyez le bien venu,vous a-uez moult longuement demouré: allezvoüsenrepoferen voftrehoftclpournbsp;au iourd’huy,amp; demain nous parlerons à vous.En apres parla au deffufdit Ducnbsp;de Bourbon affez lôguemenr,fagement amp; prudentement,amp; luy dift:Beau cou-fin il nous dcf^laifl de la faute que maintenant amp; autresfois auez faicle contrenbsp;noftre majefte par cinq fois ; amp;^uy declaira les propres lieux, où ce auoit efle,nbsp;difant.Se ne fut pour rhoneiiramp; amour d’aucûs,lefquels nous ne voulons pointnbsp;nommer, nous vous euffions monftréle defplaifir que vous nous auez fait ; Sinbsp;vous gardez dorefnauant de plus y rencheoir. Apres lefquelles parolles amp; plu-fieursautres les deffufdits Daulphin amp; Duc de Bourbon fe départirent de là,amp;:nbsp;fen allèrent à leurs hoftelsiufques au l’enriemain apres la meffç du Roy qu’ilsnbsp;retournèrent vers luy. Et de rechiefprefens tous ceux de fon confeil requirentnbsp;treshumblement,qu’il luy pleuft leur pardonner leur maltalent ; amp; aux deffufdits trois feigneurs, de la Trimoïlle,amp; de Chaumont,ôc de Prie. Et le Roy reP

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MFCCCXL. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLyXlE îl. DES CHRONlQ^yES

pondit qu’il n’en feroit riens, mais il eftoit aflez bien content qu’ils fen retour-naflentchafcun en leurs maifons domiciles. Etadoncques dit le Daulphin au Roy: Monfeigneur dont faut il que ie m’en reuoifejCar ainfi leuray promis ;nbsp;amp; lors le Roy non content de cefte parolle refpondit à ce, amp; luy dit : Loÿs lesnbsp;portes font ouuertes, amp; fi elles ne vous font aflez grandes, ie vous cnfcray ab-batre feize ou vingt toifes du mur pour paflTer ou mieux vous (èmblera . Vousnbsp;eftes mon fils,amp; ne vous pouez obliger à quelque perfonne fans mon congé amp;:nbsp;conièntement. Mais fil vous plaift en aller fi vous en allez, car auplaifirdcnbsp;Dieu nous trouuerons aucuns de noftre fang qui nous ayderont mieux à maintenir amp;: entretenir noftre honeur amp; feigneurie qu’encores n’auez fait iufques ànbsp;cy. Apres lefquclles parolles le Roy le laiflfa amp; alla parler audit Duc de Bourbon , qui preftement luy feit ferment de le feruir amp; obéir a toufiourfinais. Etnbsp;d’autre part oftaamp;dcftitua tous les officiers amp; gouuerneurs dudit Daulphin,nbsp;referuéfonconfefleur amp; fon cuifinier. Et au regard du traiélé dudit Duc denbsp;Bourbon, il promeit de rendre amp; reftituer dedans la main du Roy en briefsnbsp;iours apres enfuiuans Corbeil, le Bois de Vincennes, Sanxerre amp; le chaftel denbsp;Loches, lefquelles places il tenoit en fa main. Et ne voulut point le Roy nullement confentir que fes gens d’armes fe departiflTent du pays de Boutbonnoisnbsp;amp; d’Auuergne, iufques à ce qu’il fut alTeur d’auoir amp; polTeder en fa main toutes les places delTuftliéies. Et pareillement pardonna le Roy audit Duc d’Alençon ou Comte de Vendofme, amp; plufieurs autres grans feigneurs amp; noblesnbsp;Princes qui auoient accompaigné le Daulphin es befongnes deflufdides. Etnbsp;quand tout ce fut fait amp; accomplyenla maniéré delTufdiéfe, amp;queleDaul-• phin fut content de demourer auecques le Roy fon pere, on cria la paix dontnbsp;la teneur fenfuit.

O N vous fait à fçauoir de par le Roy,que monfeigneur le Daulphin amp; mo-feigneur le Duc de Bourbon font venus deuers luy en trelgrand humilité amp; o-beïlTance : amp; les a le Roy receuz trelamiablemêt en fà bonne grace amp; tout par-doné. Et par ce veut amp; ordóne, q toutes guerres amp; voyes de fait ceirent:amp; que on ne prêne nuis prifonniers, laboureurs amp; autres gens quelscoques ne beftailnbsp;ne autres biens, amp; que nuis ne facent nulles extortions l’vn contre l’autre, foienbsp;en prenant places ou autrement : amp; que toutes gens puilTent aller amp; venir feu-rement failànt leurs befongnes, fans ce qu’on leur mefface aucunement: amp; auf-fi que nulles places ne fbient abbatues ne démolies es pays de mondit fèigneurnbsp;de Bourbon ne ailleurs. Donné à CufTet le vingt quatriefme iour de luillet l’annbsp;mille quatre cens amp; quarante. Et eftoit eferit deflbubs: de par le Roy amp; fonnbsp;grand confeil, ainfi figné d’Iugon. En outre lt;l^ans aflez briefs iours apres enfuiuans , le Roy bailla à fondit fils le Daulphin legouuernemét du Daulphiné.nbsp;Si feit affez toft apres départir les gens d’armes des pays du Duc de Bourbon,amp;nbsp;leur donna congé de tirer vers Orleans amp; deuers Paris.

Comment les François coururent en Zm terre âe Neelie appartenant à meßire lean de Luxembourg.

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D'ENG^ERR, de MONSTKELET, CHARLES ril.

N iceluy mefme temps enuiron Ie mois deluillct, meflirelcande Luxembourg Comte de Ligney eftant à Neelle en Vermâdois, vin-drent les garnifons de Crclpy en Valoisjde Ver amp; d’autres lieuxpaCnbsp;ferl’eaüedelariuiere d’Oyfe au pont fainéte Maxence iufques aunbsp;nombre de cent combattans ou enuiron, foubs la conduiôlc d’vn nommé Gilbert de la Roche fbn compaignon d’armes. Si fe tirèrent en ladiôle terre denbsp;Neelle appartenant audit Comte de Ligney. Eten icelle prindrent amp; leue-rent trefgrand nombre de paÿlàns, cheuaux, beftial autres biens : à tout lef-qucls quand ils eurent fait leurfdiéles courfès, ils fen retournèrent pour eux ennbsp;aller és lieux donc ils eftoient venus. Si vindrent à la cognoiiïance dudit Comtenbsp;ces nouuelles, dont il fut moult indigne contre eux, pource queplufieurs foisnbsp;luy auoient fait de telles enuahies. Si feit incontinent alTembler de fes villes Senbsp;fortereffes iufques au nombre decent combattans ou enuiron, lefquelsilen-uoya fans delay apres les delTufdits. Eteftoient les principaux meffireDauidnbsp;de Poix gouuerncur de Guyfe,Guyot de Bethune, Anthoine de la Banieregou-uerneur de Ham, Anthoine de Belloy amp; aucuns autres gentils-hommes : lesquels cheuaucherent vigoureufement apres iceux,amp; tant qu’ils les r’aconluiui-rent ôr rataignirenc au deiïbubs de Compiengne contreRoyaulieu, où délia a-uoient fait pafler leurs proyes amp; partie de leurs cheuaux outre la riuierepar vnnbsp;baftel qu’ils auoient trouué, amp; défia en y auoi|^ bien vingt entrez dedans le ba-ftelpourpafier outre, quand ils apperceurent venir leurs aduerfàires contrenbsp;eux, quienuahirent amp; afTaillirent baudement amp; vigoureufement ceux qu’ilsnbsp;trouuerent audit paflage. Et adonc ceux dudit baftel voyans leurs compaignosnbsp;affaillir ( comme dit cft ) cuiderent retourner pour les ayder amp; fècourir, maisnbsp;ce fut pour néant : car tanroft qu’ils approcherêt pres de la terre, les autres euxnbsp;voyans eftre ainfi furprins amp;: enuahis, faillirent audit baftel amp; en y entra tantnbsp;amp; fi largement, qu’ils l’effrondrerent amp; noyèrent plufieurs de leurs biens. Etnbsp;les autres fans delay furent tournez à defeofiture, amp; vne partie rais à mort.En-tre lefquels y furent morts ledit Gilbert de la Roche amp; iceluy Raflillé fe fauuanbsp;à grand peine auec huick ou dix de fes gens tant feullcment. Âpres laquelle bc-fongne ceux qui les auoient ruezius, paflerent l’eaüe amp; r’allerent querre lesnbsp;proyes deftufdiéles.Et apres par autres chemin pafterent l’eaüe,amp; retournèrentnbsp;franchement audit lieu de Neelle deuers ledeflufdit de Luxembourg leurfei-gneur,qui fut trefioyeux de leur bonne fortune. Et fi auoient amené auftî cinqnbsp;priforiniers, defquels il feit pendre la plus grand partie.

Comment le Comte de Somhre(JA d tout ^randpuijj^ance d'Anglois, aßie^ea la 'vïüe de Harfleu.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•

Tem enuiron l’iffue d’Auril deceft an, lèmeircntfiis en la ville de Rouen amp; au pays à l’entour iufques à fix mille combattans Anglois.nbsp;Auec lefquels foubs la conduire amp; gouuernement des Comtes denbsp;Sombreflet,Dourfecamp;de Fèuquemberge eftoientlesfeigneursde

Thallcbot,meflire François Arragonnois,Matago, lacquemin vacquier, Thomas Heniton,lc Baillif de Rouen, amp; aucuns autres capitaines qui tous enfem-ble allèrent mettre le fiege tout à l’entour de Harfleu tant par terre comme par Ff


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U.CCCCLX, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J/OLJ/ME IL DES CHKONim/ES

nier. Dedans laquelle ville cftoit capitaine pour le Roy de France lean d’Eftou-teuille auecques luy Robert fon frété amp; autres iufques au nombre de quatre cens corabaitans ou enuiron, auec ceux de la ville amp; de la marine qui grandement amp; vaillammêt fc meirent à deffence contre leurs aduerfàires. Et fortifièrent nuid amp; iour en grand.diligence les gardes de ladide ville, amp; feirent aucunes faillies contre les afiiegeans : aufquelles ils prindrent amp; occirent aucuns de leurs ennemis. Lefquels affiegeans d’autre partie fe fortifficrêt en Icurdit fîe-ge de grans foffez tout autour de leur oft. Et laiflerent en aucuns lieux conue-nables iffucs amp; entrées.Et auecques ce feirent fur lefdits foflez fortes bayes, affin que de leurs ennemis ne peufTent eftreparnulcofté enuahiz amp; prins. Etnbsp;outre affeirent contre la porte amp; muraille d’icelle ville plufîeurs bombardes amp;nbsp;autres habillemens de guerre, defquels ils trauaillerent moult les afliegez. Sinbsp;continuèrent par treftongue efpaceenceft euure, amp; tant que ceux de dedansnbsp;furent moult oppreflez amp; trauaillez . Et par efpecial auoient moult grandnbsp;difette ôc neceftité deviures amp; autres ebofes. Sienüoycrentplufieurs meffa-gesdeuersle Roy Charles, luy requérant qu’il leur voulfîft enuoyer fecoursnbsp;ce qu’il promeit defiire: mais pour les grans affaires amp; occupations qu’il a-uoir, nelepeut enuoyer fi brief qu’ils auoient requis. Neantmoins au boutnbsp;de quatre mois ou enuiron que ledit liege eut duré, amp; que la Comteffe denbsp;Sombreffet amp; autres dames amp; t^moifelies du Royaume d’Angleterre y furentnbsp;venues: lefquelles y demourerent iufques en la fin dudit fiege, fur baillé lanbsp;charge pour faire ledit fecours aux afliegez, au Comte d’Eu : amp; auecques luynbsp;Je Comte de Dunois Baftard d’Orléans, le Baftard de Bourbon, le feigneur de

• Gaucourt, la Hyre, meflire Gilles de fainél Symon, le feigneur de Pennefàch, Pierre de Brouflac ,amp; aucuns autres chiefs de guerre amp; capitaines, qui auoientnbsp;auecques eux quatre mille combattans ou enuiron. Et dedans laditfte ville denbsp;Harfleu auecques ledit lean d’Eftouteuille cheualieramp; capitaine auoit enuiron quatre cens combattans : dont les chiefs eftoient meflire lean de Breflay,nbsp;meflire laques de Hincourt, Heélor de Fol, Guillot de Lâs, amp; lean Gentil. Sinbsp;eftoient iceux fecourans toutes gens d’armes â J’eflite : lefquels paffans les marches de Paris fe tirèrent afiez foubdainement iufques à Amiens amp; Corbie, oùnbsp;ils pafferent la riuicre de Somme:amp;de là parmy Pontbieu allèrent à Abbeuille,nbsp;où ils feirent leur afTerablée tindrent confeil pour prendre conclufion pournbsp;pourfuiuir leur entreprinfe. Si fe meirent auec eux,des marches de Picardieânbsp;tout leurs gens les feigneurs d’Auxi amp; de Humiercs, lean d’A illy fèigneür d’A-raines, Guillaume le leiine feigneur de Coufày amp; plufieurs autres gentils homes. Et apres que tous enfemble curent dclibe^ce qu’ils auoient à faire,ils feirent charger pour mener auec eux trente chariots d’artilerie ou enuiron, amp; desnbsp;viures amp; autres engins amp; habillemens de guerre. Et puis, eux partans d’Abbe-uilleentrefbclle amp; bonne ordonnance allèrent à Eu. Et faifoient l’auantgardenbsp;le Baftard de Bourbon amp; la Hyre: de laquelle ville d’Eu allèrent loger envnnbsp;village nommé le Bourgde Dun, la jèlus grand partie:amp;ledit Comte fe logeanbsp;à fainôl Aubin en Caux. Mais en ce mefme iour fur les vefpres le feigneur denbsp;Gaucourt qui eftoit demouré derriere,fut prins d’enuiro dixhuiél Anglois quinbsp;fuiuoient leur trace:lefquels l’emmenerent prifbnnier au Neuf chaftel de Hin-courc

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D' ENG V BRR. DE NONSTRELET. CHARLES y II. tjo court:amp; depuis fut deliuré en payant grand fomme d’argent. Auquel lieu de S.nbsp;Aubin ledit Comte d’Eu ouÿt nouuelles qu’vn nome maiftre lean de la Mothenbsp;auoit efté prins des Anglois, par lequel il enuoyoit nonçer à ceux de Harfleu lenbsp;fecours qui leur venoit : amp;làmefmement renuoyerent les Anglois par vn denbsp;leurs pourfuiuans nouuelles amp; lettres, qu’ils viendroient combattre les François deuâc ce qu’ils veniflent â eux, ce que point ne feirent.Pourquoy les François fè tirerent tous enfemble à Fauculle en Caulx à deux lieües pres de leursnbsp;aduerfaires. Et le lendemain fe départirent des le poinót du iour, amp; allèrent ànbsp;Monftier-Villier qui eftoit de leur obeiïTance, amp; là eurent certaines nouuelles que lefdits Anglois ne feftoient point partis de leur fiege.Et en ce iour leditnbsp;Comte d’Eu les alla aduifer à tout cent côbattans gens d’eflite montez fur fleurnbsp;de cheuaux,amp;: y eut entre icelles parties trefgrandes eicarmouches. Et luy retourné print concluGon auecques ceux de fa compagnie: c efl à fçauoir les plusnbsp;expers amp; cognoilTans de ce qu’il eftoit de faire : toutesfois tous generallemencnbsp;eftoient trcfdeplaifàns de la prinfe dudit feigneur de Gaucourt, pource qu’il e-ftoit moult faige amp; bien vGté en telles ou pareilles befongnes. Auquel confeilnbsp;fut ordonné, que ledit Comte d’Eu monteroit Gir mer auecques certain nobrenbsp;amp; quàtité de combattans au chiefde Caulx. Et le Baftard d’Orléans à tout vnenbsp;autre partie de gens d’armes d’vn autre cofté, amp; les Picards d’autre qui iroiepenbsp;de pied amp; porteroient des ponts à mettre par deflus les foffez, qu’au oient faitsnbsp;les dcfliifdits Anglois autour de leur logis. Et ^vn comun accord affauldroicncnbsp;leurfdits aduerfaires par diuers lieux.Et la Hire amp; autres capitaines amp; leurs gêsnbsp;demoureroient a cheual pour donner fecours amp; ayde à ceux qui en auroientnbsp;befoing, amp; aufli neceflité. Apres lefquelles ordonnances en telle maniéré fai-ôes, le lendemain fe préparèrent pour faire chacun d’eux ce qui auoit efté ordonné amp; commandé. Et fut commencé ledit aflaultpar ceux qui eftoient denbsp;pied,amp; du cofté vers le logis de Thallebotdequel aflault fut trefdur amp; afpre, amp;nbsp;dura par l’efpace de demie heure ou plus : mais lefdits affaillans jaçoit-ce qu’ilsnbsp;fe portaflent tresvaillamment : toutesfois pour la trelgrande reGftence d’iceuxnbsp;Anglois leurs aduerfaires, amp;aufli pource que leurs ponts eftoienttrop coursnbsp;ne pouuoient venir à chiefde leurdide entreprinfe :amp; d’autre part iceux Anglois eftoient hault amp; aduantageufementafliszpourquoy leurs archiers, dontnbsp;ils auoient moult grand nombre , tirèrent moult merueilleufèment amp; parnbsp;grand vigueur fur iceux aflaillans, amp; tant qu’ils en naurerent amp; bleflerent tref-grand nombre: entre lefquels y furent morts deux vaillans cheualiers quilànbsp;eftoient, c’eft à fçauoir meftire lean de Chailly feigneur de Chambois, amp; mef-Gre Harpin de Richannes capkaine de Rue auecques aucuns autres. Auquelnbsp;aflault furent faits nouueaux cheualiers des François lean d’Arly, èc Guillaume le leune Vautres. Durant lequel temps faillirent hors de leurs logisnbsp;enuiron cinq cens Anglois pour courir fur iceux François de pied : mais ils furent tantoft reboutez par ceux de cheual amp; en y eut de quarante à cinquante denbsp;morts. Et pareillement ceux delà ville faillirent fur le guet, qui eftoit contrenbsp;eux amp; en prindrent amp; occirent enuiron trente. Et de l’autre cofté fur la mer fènbsp;boutèrent auàt ledit Cote d’Eu amp; ceux de fà compagnie,qui eftoiêt cômis auecnbsp;luy pour aflaillir ledit Gege de la marine,mais ce fut peine perduc:car iceux An-Ff ij

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'M.CCCCLX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;IL DES CHRONlÇ^yES

glois feftoicnt garnis amp; fortiffiez par telle maniéré, qu’on ne leur pouoit mal faire.Et pourtât apres qu’ils eurêt perduz aucuns de leurs vaifleaux qui eftoientnbsp;dernourez par le grauier, ils fe retrahirent à Monftieruillier.Et auffi feirêt ceuxnbsp;de pied, voyant que riens ne pouoient befongner qui leur fut prouflitable. Auquel lieu de Monftieruillier ils furent bien huid iours entiers en trefgrand po-ureté deviures pour eux amp; pour leurs cheuaux, attendans fils nepourroientnbsp;riens faire de fecours aufdits afliegez:durant lequel temps il y eut aucunes efcarnbsp;mouches entre eux. Et aufli le dcflufdit Comte d’Eufeit fçauoir audit Comtenbsp;de Sombreflet, que fil vouloir combattre puiflance contre autre il les fourni-roit, ou cent contre autre cent, ou de fà perfonne contre luy: mais riens ne luynbsp;fut accordé.Et la caufe fi fur, que ledit Comte de SombrefTet amp; ceux de fa partie fçauoient, que ceux de la ville eftoient fi fort abftraints que bonnement nenbsp;pouoient longuement durer qu’ils ne les euflent à leur plaifir.Et auoient regardnbsp;au grand trauail amp; aux mifercs qu’ils auoient eu moult longuemet, amp; que chèrement auoit coufté à leur Roy qu’ils ne vouloient point mettre à l’aduanturenbsp;fur la rcquefte de leurs aduerfaires. Et finablcment les François delTufdits con-fiderans la grand poureté, où ils efioient amp; que lefdits Anglois eftoient en plusnbsp;grand nombre qu’ils n’eftoient, parquoy bonnemcntne pouoient fecourir nenbsp;fubuenir à leurs gens.Si conclurent tous enfemble d’vn commun accord ^opinion,qu’ils fen retourneroient dont ils eftoient venus (ans plus là arrefter : carnbsp;force leur eftoit pour les neceftîtez des viures, dont ils ne pouoient finer ne re-couurer : mais auantlcur departement feirent requerre vn fàufconduit aufditsnbsp;Anglois pourlefcigncurde Rambures, lequel faufconduit fi luy fut accordé.nbsp;Puis apres fen alla ledit de Rambures deuers eux traiéler pour la reddition de

• la vil 1 c.Et entre-temps tous les FrançoisÔc Picards fen retournèrent par aucuns briefs iours enfuiuans à Abbeuille.Sitrouuerent en leur chemin certains melfa-gesdeparle Duc de Bourgongne:lefquelsleur fignificrent de par luy, qu’ilsnbsp;ne rentraftcnt point en fon pays pour les grans dommages qu’ils y auoient faitsnbsp;au pafter:di(ant que fils y entroient, il les feroit rebouter dehors à puiftance denbsp;gens. Si promeirentdenony entrer :neantmoins les aucuns faillirent de leurnbsp;promefle. Si entrèrent au pays de Ponthieu en tirant vers Amyens, faftànt denbsp;moult grans dommages : mais les Comtes d’Eftampes amp; de fainâ: Pol qui fe-ftoient mis fus auec trefgrand nombre de gens d’armes, allèrent au deuant d’i-ceux pour les rebouter amp; combattre. Si y furent faiéles aucunes entreprinfesnbsp;d’vn cofté ôc d’autre. Et en fin par certains moyens promeirent d’eux en r’aller,nbsp;amp; fe tirèrent au pays de Santhois, amp; de là vers les terres de meflire lean de Lu-xembourg,qui moult fortle menaftbient de lunaire grand guerre amp; domma-ge:mais il feftoit trefbien pourueu de gens de guerre, pour refifter contre eux:nbsp;parquoy ils furent tous ioyeux de pafler paifiblement auprès de fes feigneuries,nbsp;car auec ce ledit Comte de faindl Pol les pourfuiuoit trefroidement amp; à grandnbsp;puilEance de gês d’armes, pour eftre en l’ayde amp; fecours de fbn oncle fi befoingnbsp;luy en euft efté. Si fe tirerent és chamjjaignes, faifàns toufiours de grans ville-nies amp;dommages au poure peuple,par tout où ils pouoient auoir fur eux puif-fance . Et au regard du feigneurde Rambures il traiéla auec ledit Comte denbsp;Sombreflet, amp; auec les autres capitaines Anglois par tel fi, que la ville de Fîar-fleu

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trcfgrand terrien amp; yflu de treigrand amp; trcfnoble generation, fut accu fc amp; conüaincu d’herefie, laquelle il auoit par long temps maintenuz : c’eft à fçauckir par lafedition Sgt;c enhortement principallementdu dyable d’enfer, amp;:nbsp;auffi d’aucuns fes complices amp; feruitcurs, cpmme il confefla auoir fait mourirnbsp;plufieurs enfans fbubs aage,amp;femmes enceintes fur intention de parucnir à aucunes haultelTes amp; cheuances S)C auffi honneurs defordonnez : defquels enfansnbsp;amp; autres creatures apres ce qu’il les auoit fait mourir^vioJentement faifqit ^retinbsp;dre aucune partie de leur fang: duquel on efcriuoit liures où il y auoit coniura-tions diabolicques amp; autres termes contre noftrefoy catholicque:pourlequelnbsp;cas dcfluflit apres qu’il eut efté prins amp; diligemment examiné, amp; auffi qu’il eutnbsp;cogneu tout fon fait,d’en auoir fait mourir paiKefte mauuaife maniéré iufquesnbsp;au nombre de huiél vingt,ou pltis:il fut en fa prefence par fàiges amp; notables iu-ges condamné à eflrc pendu amp; eflranglé,tant qu’il fut mort : amp; apres fon corpsnbsp;arsenvn feu.Siy efloient prefens auecledit Duc grand nombre de grans fei-gneurs amp; autres notables hommes tant feculiers comme clercs.Si fut faiéle ce- •nbsp;fie condamnation, amp; auffi l’execution en la ville de Nantes en Bretaigne; tou-tesfois apres ladiôte execution premiere accomplie,amp; qu’il fut mis au feu amp; ennbsp;partie bruflé, il y eut aucunes dames amp; damoifelles de fon lignaige, qui requirent au deffufdit Duc de Bretaigne de auoir le corps pour le mettre en terrenbsp;fainéle: lequel Duc leur accorda amp; y fut mis. Et jaçoit ce qu’il eufleu cellenbsp;faulfe amp; inhumaine voulenxé:neantmoins fi eut il a la fin trefbelle amp; denotenbsp;cognoiffance amp; repentance, en requérant moult humblement à fon créateurnbsp;mercy amp; mifericorde de fes grans pechez amp; offences: pourla mort duquel fèi-gneur de Raix grand partie des nobles dudit pays de Bretaigne amp; efpeciallemetnbsp;ceux de fon lignage en eurent au cueur trcfgrand douleur amp; trifleffe. Et auffi a-uant que celle aduenture luy aduint, il elloit moult renommé d’eflre trefuail-lantcheualicr en armes.

Comment Pierre Régnault fre^ Bafiard de la Hire alla fourragères fais d entour Ahbeuille,


Ff iij

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M.CaCLX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;VOLUME IL Jgt;ES CHKONIQ^ES

tous les biens qui eftoient portatifs. Si furent tantoft les noùuelles efpandues iuftjues en la ville d’Abbeuille, où lors eftoient les feigneurs d’Auxi Guillaumenbsp;deThiemberonne, Philippe de Vaucourt,Guy Gourle amp; plufieurs autres gen-tils-hommes : lefquels tantoft apres qu’ils eurent ouy les nouuelles, farmerentnbsp;amp;meirentfus tant de chcual comme de pied ,amp; faillirent dehors de leur villenbsp;bien trois cens ou plus, fur intention de rebouter les deifufdits amp; refeourre lesnbsp;biens qu’ils auoient prins audit chaftel: laquelle àffemblée vint à la cognoiftan-cedu deffufdit Pierre Régnault amp; de fes gens : lefquels enuoyerent deuers lenbsp;deftufdit feigneur d’Auxi amp; ceux de fà partie pour eux exculer aucunement,di-fant qu’ils ne vouloient que viures : mais pourtant ne furent mie iceux contens.nbsp;Si i’efmeurent encontre icelles parties trefgransdifcords, tellement que leditnbsp;Pierre Régnault voyant que la plus grand partie d’iceux qui eftoient ïàilliz horsnbsp;d’Abbeuille contre luy n’eftoient que communes, fe ferit auec fes gens tout aunbsp;trailers amp; fans y trouuer grand deffencc, les tourna aflez briefuement à grandnbsp;mefehef, amp; en fin à defconfiture.Si furent morts en la place bien vingt OU tren-te,ôc fi en y eut bien neuf noyez qui fecuiderent fàuucr amp; paifer lariuiere denbsp;Somme, entre lefquels fut l’vn d’iceux ledit Guy de Gourle. Et auec ce en y eutnbsp;de priibnniers bien foixante ou enuiron. Defqucis furent les principaux meflî-re lean de Pay cheualierdc Rhodes ,amp; le dcfl'ufdit cheualier de V^aucourt, amp;nbsp;Guillaume de Thiemberonne. Apres laquelle deftroufte ledit Pierre Régnaultnbsp;amp;fes gens fen retournèrent franchement â tout leurs prifonniers,amp; autresnbsp;proyes amp; biens prins audit chaftel de Milly defquels prifonniers deffufdits leditnbsp;Pierre Régnault rançonna amp; meit à finance, comme fils euflentefté Anglois.

• Et feit en outre pour ceftan plufieurs aflemblécs aflez femblables en diuers lieux amp; pays de l’obciïTance du Duc de Bourgongneipour lefijuelles iceluynbsp;Duc n’eftoit point bien content dudit Pierre Régnault, ne des autres, Et pournbsp;cefte caufe enuoya deuers le RoyCharlcs luy noncer amp; faire fçauoir commentnbsp;de iour en iour ceux qui tenoient fbn party,roboient amp; pilloient fbn pays, pre-noient fes gens amp; fubieôls amp; mettoient à groflTe finance amp; rançons:faifoicnt ennbsp;outre plufieurs autres grans maux amp; excez qui moult luy eftoient deiplaiiànsnbsp;amp; durs à porter, attendu la paix qu’ils auoient l’vn auec l’autre. Defquelles en-treprinfes le Royfexculà par moult de fois en difant qu’il luy en defplaifoitnbsp;moult grandement, amp; qu’il y pouruoyeroit en tout ce qu’il luy feroit pofliblc.nbsp;Et mcfmementeftoit content au cas, que ledit Duc de Bourgongne pourroitnbsp;attaindre par luy ou par fes gens ceux qui en fes pays faifoiêt telles aflemblécs,nbsp;befongnes amp; entreprinfes, qu’on les ruaft ius ou dcftrouffaft. Neantmoins aunbsp;grand preiudicc defdits pays amp; grans dommf^cs du pourc peuple, lefdidcsnbsp;courfes amp; pillerics fe continuèrent par long temps. Auquel temps d’autre part,nbsp;les gens de la Hire qui fe tenoient au chaftel de la Bonne empres Laon, commencèrent â courir en plufieurs pays: c’eft à fçauoir au pays de Hainault,Cam-brefis amp; autres lieux es terres du feigneur de fainél Pol : lequel non content denbsp;ce amp; pour y refifter, meit grofle garilifon en la ville de Marle:laquellc garnifonnbsp;alla vn iour femblableraent courre vers Reims : amp; pour auoir le paifage denbsp;l’eaüe, prindrent le fort du Bac-à-Bery,qui n’eftoit point de trop grand valleur,nbsp;lequel tenoient les gens de la Hire. Si laiflerent dedans enuiron trente combat-tans

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Jj EN GE ERR. DE El O N STRELET CHARLES J/îJ. tans pour le garder,amp; y-demoura vn capitaine d’iceux:mais dedans briefs ioursnbsp;enfuiuans vindrent deuant les gens de la Hire deflufdit, amp; auec eux aucuns desnbsp;garnifons de Valois,qui n’agueres par auant auoient efté ruez ius des gens mef.nbsp;lire lean de Luxembourg au plus pres de la ville de Compiengne, comme ennbsp;autre lieu eft à plain declairé: Scpouoicnc eftre en tout enuiron le nombre denbsp;trois cens combattans : lelquels incontinent amp; de grand voulenté affaillirent lenbsp;fort deflufdit,defquels aflezioft enfuîuant fut prins, amp; generallement tousnbsp;ceux de dedans mis a l’efpée amp; ruez en la riuiere. Apres laquelle befbngne iceuxnbsp;François de rechef laiflerent de leurs gens.dedansiQeluy forten garnifon.Etnbsp;enuiron feize iours apres fe meirentenfemble les gens d’iccluy Comte de fàindlnbsp;Fol amp; de fon oncle meflire lean de Luxembourg Comte de Ligney, pour allernbsp;r’aflaillir illec la garnifon dudit Bac-à-Bery : mais ceux de dçdans fçaehans celle aflemblée fen départirent, amp; abandonnèrent celle place deuant la,venue d’i-ceux.Si fur icelle place du tout démolie amp; abbatue : amp; ainfi amp; par celle maniéré eftoient les pays vers Reims, Laonnois amp; plufleurs autres marches es pays ànbsp;l’enuiron fort trauaillez amp; oppreflez parles deflbfdiéles courfes amp; aflembléesnbsp;d’icelles deux parties : amp; le faifoit tout ce comme lors en elloit commune renommée amp; voix «àl’occaflon, de ce que meflire lean’de Luxébourg ne vouloirnbsp;point faire ferment au Roy Charles,amp;: entretenoit toufiours garnifons de gensnbsp;de guerre en fes places pour l’entretenement dîicelles.

Comment les ambafj'adcnrs de France^ d'Angleterre nbsp;nbsp;de Bourgongne vindrent d Ca-

lais pour traiter la Raixfinalle.

N ces iours furent enuoyez de par le Roy Charles plufleurs notables ambafladeursà fainél Orner,pourtraiélcrla paixauecles Angloisnbsp;qui lors deuoient venir en icelle ville, comme promis 1 auoient lannbsp;precedent. Defquels efloient les principaux les Archeuefques de

Reims Se de Nerbonne, le Comte de Dunois ballard d’Orléans : lefquels là vc-nuz furent notablement rcceuz Se felloyez par le Duc de Bourgongne, amp; brief enfuiuant ouyrent les nouuclles comme le Duc d’Otleans elloit arriuc a Calais, amp; que lefdits Anglois le y auoient amené. Si enuoyerent deiiers eux pournbsp;fçauoir en quel lieu ils le vouldroientaflembler,pour tenir leur conuention.nbsp;Lefquels Anglois leur feirent fçauoir qu’ils ne le partiroient point de Calais ânbsp;tout le Duc d’Orléans : mais elloient prelLs de l’embefongnerl’il y vouloir venir. Apres laquelle refponce ouye y allèrent par faufeonduit ledit Archeuefquenbsp;de Reims, le Comte de Dunois amp; aucuns autres auec les ambafladeurs duditnbsp;Duc de Bourgongne: cell à f^oir le feigneu r de Creuecueur, amp; aucuns autres; lefquels là venuz ledit Comte de Dunois fut mené deuers ledit Duc d Orleans fon frere,qui grandement fut ioyeux de leveoir amp; lereceuttrefcourtoi-fement amp; honnorablement,en luy remerciant de la bonne diligence qu’il auoitnbsp;faiôle d’entretenir fes pays durant fa prifon. Apres laquelle reception icelles parties conuindrent enfemble par plufleurs fois, amp; de rechef furent faiôles aucunes ouuertures fur ladeliurance dudit Duc d’Orléans ,amp;auflî fur Icstraiôleznbsp;autresfois commencez entre les deux royaumes:toutesfois encores ne pouoiêtnbsp;cllrc d’accord : mais reprindrent autre iournée pour r’aflemblcnen dedans la-


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y,i.CmXL. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rOLVUE' IL DES CHRONlQ^yES

quelle chacun deuoit rapporter à là partie les moyens,qu’ils auoient commencez . Et ce fait f’en retournèrent les deflufdit audit lieu de faind Orner. Et ledit Duc d’Orléans fut tantoft apres remené en Angleterre.

Comment la Barrott nbsp;nbsp;LorrEns coururent en la Comté de J^audemont, où ils feirent

moult de maux nbsp;nbsp;de gram deßois .

Pres durant le temps deflufdit fe mcirentfusà grand puiflance les Barrois amp; les Lorrains : auec lefquels eftoient aucuns François,quinbsp;treftous cnfcmble le tirèrent en la Cotnté de Vaudemont, amp; icellenbsp;par feü amp; par cfpéc meirent à grand deftrudion , viollerent plu-



fieurs Eglifes ,amp; y feirent maux ineftimables. Pour lefquels contreuenger le Comte de Vaudemont, pource qu’il n’auoit point aflez puiflance pour rcfifternbsp;contre eüx, enuoya haftiuement deuers le Duc de Bourgongne, amp; aufli à fonnbsp;beau fils le fcigneür de Croÿ eux requérir inftamment qu’ils luy voulfiflent en -uoyer fecours amp; ayde de gens de guerre.Laquelle requefte luy fut accordée: amp;nbsp;y furent enuoyez en chef meflîre lean de Croÿ amp; auec luy meflîre Symon denbsp;Lajaing,lesfeigneursde Launay amp;de Maingoual nepueuxdudit feigneurdcnbsp;Croÿ, meflîre Jean baftard de Reuly, meflîre Anthoine de Vviffoch amp; aucunsnbsp;autres nobles de mille combattans ou enuiron bien empoints : amp; feirent leurnbsp;aflemblée autour d’Aubenton.Bt de là fe tirerent vers la Duché de Bar.Car def-ja les deflufdits Barrois feftoient retraits hors de ladiefe Comté de Vaudemot.nbsp;Et tant cheuaucherent,que tous enfemble vindrent deuant ladide ville de Bar-le-Duc, où eftoit le Marquis du Pont fils au Roy de Cecille Duc de Bar amp; autres plufieurs feigneurs du paÿs.Si fe meirent en ordonnance de bataille deuantnbsp;la ville de Bar.Et enuoyerent fommer ledit Marquis, fil vouloir venir dehors ànbsp;tout (à puiflance ou prendre iour de les combatte, ils eftoient tous prefts de lesnbsp;receuoir amp; fournir. A laquelle requefte leur fut faide relponceparleconfeilnbsp;du deflufdit Duc de Bar, que point ne les combatteroit à leur requefte n’à leurnbsp;plaifir:mais auoit intention de le faire en temps amp; en lieu, quand bon luy fem-bleroit : laquelle refponce ouye lefdits Bourgongnons fe départirent de là, amp;nbsp;allerêt tous enfemble loger à vn gros village nommé Longueuille. Et de là vintnbsp;contre eux ledit Comte de Vaudemont à tout ce qu’il auoit peuaflcmbler denbsp;gens de guerre : amp; le lendemain fè tirerent plus auant en la marche, amp; commé-cerent à bouter feux au trailers de la Duché de Bar.Et de là fe tirerent en la Duché de Lorraine en deftruyfant tout ce qu’ils pouoiét attaindrc,amp; trouuer horsnbsp;des forterefles:amp; qui plus eft prindrent par force plufieurs Eglifes, efquclles ilsnbsp;feirent moult de violences : amp; pour vray le Colhte de Vaudemont eftoit fi enclin amp;:obftiné de tout deftruire,que nonobftantque les deflufdits feigneursnbsp;qui eftoient auec luy, n’eftoient point bien contens de faire fi tres cruel deffoynbsp;amp; indicibles derrifions : neantmoins nelepouoient garder ne pareillement fesnbsp;gens : amp; apres qu’ils eurent continué en icelles befongnes par l’eipace de xxvj.nbsp;iours ou enuiron (ans trouuer aucunes gens de guerre qui fapparuflent contrenbsp;eux pour eux combattre,fcn retournèrent par autre chemin qu’ils n’eftoient al-lez:toutesfois en faifànt iccluy voyage, ils fouftfirét amp; eurent eux amp; leurs gensnbsp;de moult grans peinesôc trauaux,amp; moult grand deffault de viurcs. Ainfi amp; parnbsp;cefte

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D'ENGEERR, DE -MONSTKELET CHARLES Ell. cede maniéré fefaifoit la guerre entre icelles parties : c’eftàfçauoir iceus deuxnbsp;feigneurs leurs feigneuries au preiudice, dommage amp; grand deftrudion dunbsp;poure amp; menu peuple.

Comment le Duc d’Orleans fut deliuré delà prïfon d'Angleterre par le moyen du Due de Bourgongne^C^ efoufa la damoifelle de Cleues mepce au Duc de Bourgongne.

¦ Ous auezcy deflus bien entendu amp; ouyracompter, comment par plufieursfois en diuerfes ambaflades tantdeparle Roy comme dunbsp;Duc de Bourgongne auoientefté enuoyées pardeuersies gens dunbsp;Roy d’Angleterre, fur intention de traider paix entre les deux royaumes. Etaufîî pour la deliurance de Charles Duc d’Orléans ,lefquelles am-baflades y auoient aflez peu befongné: car lefdits Anglois ne bailloient refpon-ce n’efperance de venir à aucun traidé, fe n’efloit que ce fut au grand preiudicenbsp;amp; dommage du Roy de France amp; de fa fèigneurie. Et ne vouloient les defTuf-dits Anglois venir ne condefeendre à nul appoinâement, fi toutes les conque-ftes qu’ils auoient faiôles en France, amp; en efpecial les Duchez de Guyenne, amp;nbsp;de Normadie ne leur demouroient franchemenr,fàns les tenir du Roy de France en quelque fbuueraineté ou refTorr.Et à ce fefloient du tout fermez,Laquel-,nbsp;le chofe iceluy Roy de France ne ceux de fon confeil n’euffent iamais accordée.nbsp;Etauregarddu Duc d’Oileans, lefdits Angles n’efloient point trop defiransnbsp;de le deliurcr, pource que chacun an auoient trefgroffe forame de pecune pournbsp;bien largement payer fes defpens.Et cela fut vnedes chofes en partie,pourquoynbsp;ils le tindrent fi longuement prifonnier felon la relation qu’en faifoient aucunsnbsp;Anglois,qui bien fçauoient des fecrets du Roy d’Angleterre. Etpour vray fi lenbsp;Roy de France amp; ceux qui auoient le gouuernemenr des befongnes touchantnbsp;les feigneuries du defÎLifdit Duc, enflent long temps par auantconclud de nenbsp;luy point enuoyer lefdides finances,il efl à fuppofer que fa deliurance euft plusnbsp;toft efté trouuée qu elle ne fut. Ncantmoins ie croy que tout ce qui f’en faifoicnbsp;cfloit en bonne intention amp; pour entretenir honneur. Lefquels traiélez duransnbsp;amp; depuis ledit Duc de Bourgongne, qui auoir aflez grand défit amp; voulenté anbsp;ayder a deliurer ledit Duc d’Orlcans, tant pour la prochaineté de fang dont ilsnbsp;attenoient l’vn à l’autre, comme aufli affin que fil reuenoit en Frâce qu’ils peuf-fent demourer bons amp; loyaux amis l’vn auecques l’autre.Et que toutes guerresnbsp;amp; rigueurs qui auoient cflé au temps paflé,à caufe amp; par le moyen de leurs pe-res deffunéls, fufTent mifes en oubly amp; du tout adnullées fans iamais riens ennbsp;releuer, feit par plufieurs amp; diuerfes fois parler amp;ouurircefte matière par aucuns de fes gens audit Duc d’Oi%ans,amp; à ceuxqui auoient puifl'ancc deluy ayder à auoir fadidc deliurance enuers le Roy d’Angleterre, amp; ceux qui le gou-uernoient poutfentir comment ne par quelle maniéré cefte befongne pourroitnbsp;prendre fin.Et en outre feit parler audit Duc d’Orleans,pourfçauoirfilvou-droit prendre à mariage vnefienne niepcefillc defafeur Ducheflede Cleues,nbsp;laquelle eftoit en fon hoftel. Et auecques c« au cas qu’on pourroit trailer de fanbsp;deliurance, fil feroit content du tout luy allier amp; accorder auec ledit Duc denbsp;Bourgongne,fans iamais faire aucune pourfuite cotre luy ne les fiens par quelque maniéré que ce futpour les querelles du temps pafTé deflufditjfauf en tout

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M.CCÇCXL, - yOLyME IL DES CHRONlQ^yES

le Roy de France amp; fon fils le Daulphin : lequel Duc d’Orléans confiderant la grand fèruitude où il auoit efté long temps,amp; le grand dangier qu’il auoit eu amp;nbsp;pouoit encores auoir fienclinaày entendre. Et de fait promeitcn parolledenbsp;Prince que fi ainfi eftoit, que ledit Duc de Bourgongne le peuft amp; voulfifi: ay-der à deîiurcr d’icelle feruitude, il feroit content de prepdre làdiôle niepce à efi-poufc : amp; auec ce du furplus tant faire à luy fur toutes fès requeftcs, que de rai-fon il dcueroit eftre content. Apres lefqueiles promefles on commença de rechef â traiélcr diligemment auec ledit Roy d’Angleterre amp;ceux de fon confeil.nbsp;Si fut tant en ce temps continué entre les deux parties quefinablement furentnbsp;d’accord:moyennant amp; par tel fi, que le Duc de Bourgongne bailla fon feel aunbsp;Roy d’Angleterre pour la Ibmme qui entre eux fut di^e amp; deuifée.

Apres ces traiétez faits amp; accordez par la maniéré cy dcflus declairée, le defiiifditDuc d’Orléans fut du tout mis à plaine deliurance. Et apres qu’il eutnbsp;promis folemnellement de luy employer en tout ce qui luy feroitpofiible à lanbsp;paix finalle d’entre les deux Roys amp; leurs royaumes . Et auec ce quand il eutnbsp;prins congé au Roy d’Angleterre amp; aux autres feigneurs, fe partit de Londresnbsp;en Angleterre,amp; par aucuns peu de iours vint en la ville de Calais garny de bonnbsp;faufeonduit, amp; delà fut amené à Grauelines. Et eftoient auec luy pour le conduire le feigneur de Cornoaille,niefl]re Robert de Roix amp; autres gentils-hommes d’Angleterre. Auquel lieiède Grauelines alla deuers luy la Duchefiedenbsp;Bourgongne,accompagnée de pluficurs grans feigneurs amp; autres gentils-homnbsp;mes.Si fentrefeirent grand loye, amp; monftrerent femblant d’auoir toute heffe,nbsp;quandils fentreueirentenfemble : c’eftà fçauoir ledit Duc d’Orlcans pour (ànbsp;•nbsp;nbsp;nbsp;deliurance, amp; ladide Ducheffe pour û venue. Et peu de iours enfuiuans y alla

ledit Duc de Bourgongne pour le veoir. Et y fut fait comme deuant trefgrand plaifirôc ioye à tous ceux qui là eftoient pour icelle affemblée.Et pour la grandnbsp;amour qu’ils veoient ces deux Princes auoir l’vn auecques l’autre .Et eft à fçauoir qu’ils fentreacollerent amp; embrafferentpar plufieurs fois.Et pour la grandnbsp;ioye qu’ils auoient de veoir l’vn l’autre, ils furent moult longue efpace qu’ils nenbsp;difoient riens l’vn à l’autre. Et premièrement parla le Duc d’Orléans amp; dit : parnbsp;ma foy beau frere amp; beau coufin, ie vous doys aymer par deffus tous les autresnbsp;Princes de ce royaume,amp; ma belle coufine voftre femme: car fi vous amp; elle nenbsp;fuflîeZjie feuffedemouré à toufiours au dangierde mes aduerfiiiresamp; n’aynbsp;trouué meilleur amy que vous. Aquoyledit Duc de Bourgongne relpondicnbsp;que moult luy pefoit,queplus toft n’y auoit peu pourueoir : amp; que long tempsnbsp;par auant auoit eu grand defir de fby employer pour fa redemption.Telles Scnbsp;femblables parolles furent dides par moultnbsp;nbsp;nbsp;fois entre iceux deux Princes.

Pour lefqueiles plufieurs nobles hommes amp; autres gens d’audorité qui là e-ftoient des deux parties, eftoient bien ioyeux, amp; par efpecial pour la reuenue dudit Duc d’Orleanszlequel par fi long temps auoit efté prifonnier és mains denbsp;fes aduerlàires les Angîois: c’eft à fçauoir depuis le vendredy prochain deuàtnbsp;la Touffainds de l’an de grace mill (»quatre cens amp; quinze, iufques au mois denbsp;Nouembre mille quatre cens quarante. Si eftoient là prefens les ambaffadeursnbsp;du Roy de France jdefquels eftoient les principaux lArcheuefque de Reimsnbsp;grand Chancellier de France,amp; l’Archeuefque de Narbonne, le Comte de Du-nois

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D'ENGJ/ERR. de MONSTKELET CHARLES 174 nois baftard d’Orlcans amp; aucuns autres : aufquels chacun à fon tour ledit Ducnbsp;d’Orléans feit ioyeufè reception,amp; par elpecial â fon frcre. Et delà fcn vindrentnbsp;à faincl Orner par eaüe,amp; fc logèrent en l’Abbaye de fainôl Benin,où les appareils auoientefté faits moule folemnel.s pour receuoir ledit Duc d’Orléans, amp;cnbsp;auecluy y vindrent les Anglois. Si futlà.receu moult honnorablement duditnbsp;Duc de Bourgongne,amp; des feigneurs de lórt hoftel : amp; luy furent faits de par lanbsp;ville grans prefens, amp; chacun iour venoient gens des marches de France comme des pays de Picardie pour le veoir. Et entre les autres plus ceux de fes paysnbsp;que d’autres lieLix,amp;: eftoient moult ioyeux de fon retour.Et apres aucuns ioursnbsp;enfuiuans fut iceluy Duc d’Orlcans requis de la partie du Duc de Bourgongne,nbsp;qui luy pleuft iurer la paix d’Arras amp; prendre en'mariage la damoifelle de Cle-ues niepee audit Duc de Bourgongne, ainfi comme il auoit eiîé traiôlc : lequelnbsp;Duc d’Orléans feit refponce que tout ce qu’il auoit dit amp; accQ'rdé luycftancnbsp;prifonnier, il vouloir entretenir.Et adonc ces befongnes ainfi conclûtes le mci-rentles Ducs amp; leurs gens dedans le cueur de l’Eglife dudit faind Benin: auquel lieu fut apporté ledit traiclé par efeript en Latin amp; en François : amp; là futnbsp;leu hault amp; entendiblemenr, premier en Latin, amp; puis en François par maiftrenbsp;Jacques Trançon Archediacrede Bruxelles en Brabant, prefent les deux Ducsnbsp;dcirufdits,les Archeuefquesamp; Euefques làa/Tiftens auec grand nombre de che-ualiers amp; efeuyers gens d’Eglife, Bourgeois amp; îutres officiers des deux parties.nbsp;En là fin duquel le Ducd’Orlcans promeit amp; iura fur le liure amp; reprefentationnbsp;de noftre créateur, que tenoit en fes mains ledit Archediacre de Reims de biennbsp;entretenir iceluy traiélé en tous fes points, generallemcnt lauf que l’article quinbsp;parloit de la mort du Duc lean de Bourgongne, amp; dit qu’il neftoit point tenunbsp;de luy exeufer d’icelle mort : amp; que par fon ame il n’en auoit efté confentant,amp;nbsp;fi n’en auoit riens ffieu : mais en auoit efté trcfdefplaifànt quand icelle fut venuenbsp;àlacognoiffimcczvoyantamp;confiderantque par le moyen de ladicfemort,lenbsp;royaume de France efioit en plus grand dangier que deuant.Etce fait fur appelle le Comte de Dunois Baftard d’Orléans, pour faire le ferment delLufdit:lequel délaya vn petit : mais incontinent par le commandement dudit Duc d’Or-leanSjfon frcre il le feit.Et ce fait amp; accomply le Duc deffiufdit promeit à elpou-fer la delTufdide damoifelle de Cleues,amp;de fait fiancerent l’vn l’autre en lanbsp;main de l’Archeuefque de Narbonne. Si commencèrent leans de toutes parts ànbsp;mener grand ioye,amp; faire moult grans feftes amp; effiatemens : amp; fut enuoyé parnbsp;les gens dudit Duc en plufieurs amp; diuers lieux de les paÿs,pourauoirproui-fions à fournir les feftes d’icelles nopces. Et auec ce auffi làfeftede laind An-drieu qu’il n’auoitde pieçatenul. Et foubftenoit ledit Duc de Bourgongnenbsp;tous les defpens dudit Duc d’Orleans amp; de fes gens. Et en apres le famedy déliant la làinôhAndrieu, elpoulà le deftufdit Duc d’Orleans ladiéfe damoilèllenbsp;de Cleues:amp; le lendemain qui eftoitdimenche fut faide lafefte treshonnora-ble,amp;eftoit grand noblelTeà veoirles feigneurs amp; les dames mènera l’Eglife.nbsp;Et menoit ledit Duc de Bourgongne là niepee en la tenant par le feneftre bras.nbsp;Et au droit cofte eftoit fur le derriere meffire lean baftard de fainôl Pol, le feLnbsp;gneur de Haultbourdin, qui pottoit la manche deladiétc Duchefle d’Orleans,nbsp;Etvne dame portoitla robbepat derriere qui moult eftoit riche :amp; apres vrr.

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M.CCCCXL. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLyXlE il des CHLONiLiyES

petit plus derriere fuiuoit le Duc d’Orléans, qui inenoit la Duchefle de BouF’ gongne accompagnée des plus grans feigneurs : comme des Comtes d’Eu denbsp;Neuers,d’Eftampes,de Eiinól Pol, de Dunois: amp; fi y auoit trefgrand nombre denbsp;grans feigneurs cbeualiers amp; efcuyers,dames amp; damoifelles,qni tous fuiuoientnbsp;ledit Archeuefque de Narbonne,lequel chanta mefle pour iceluy iour. Et auecnbsp;luy efiûient trelgrand quantité de gens d’Eglife,qui feirent la procefiion autournbsp;du cueur:amp; quand aux Roys d’armes,heraulx amp; pourfuiuans, trompettes,me-neftriers amp; autres iouansde diuersinftrumensde mufique, il y enauoitlargement. Et eftoient lefdits officiers d’armes veftuz de leurs cottes d’armes, où e-lloient les blafons des feigneurs a qui ils eftoient : entre Icfquels y eftoit le Roynbsp;d’armes de la lartiere d’Angleterre. A tous Icfquels honeurs eftoient auflî leditnbsp;feigneurde Cornouaille, meflire Robert de Roixauec eux plufieurs de leursnbsp;gens. Aufquels on faifoit amp; feit on durant ces befongnes trelgrans honneurs ôcnbsp;ioyeufe reception :amp; par efpecial ledit Duc de Bourgongneà iceluy feigneurnbsp;de Cornouaille. Et alloiet à leur plaifir par toute la ville ßns ce qu’on leur bail-laft empefchement.Et la Mefle finéc on alla difncr:amp; fut la Ducheffe d’Orleansnbsp;aflife en la grand falle ou meillieu de la table, amp; au droit lez eftoit ledit Archeuefque qui auoit célébré la mefle,amp; de l’autre cofté au lez feneftre eftoit la Du-chefl'e de Bourgongne, fi eftoient aufli les Comtefles d’Eftampes amp; de Namur.nbsp;Et aux autres tables eftoient alîlfes les autres dames amp; damoifelles chacune felon fon degré amp; noblefle. Et quand auxdeux Ducs les deux feigneurs Anglois,nbsp;ôc les Comtes defltis nommez amp; autre grande cheualerie difnerentl’vn auecnbsp;• l’autre, comme en brigade, amp; furent tant les vns comme les autres feruiz trefà-bondamment de plufieurs riches amp; diuers mets.Apres lequel difner ils allèrentnbsp;veoir les iouftes,qui fe failoient fur le marché amp; là eftoient les dames aux fene-ftres en trefgrand nombre:defquelles iouftes pour iceluy iour emporta le bruitnbsp;lefeigneurdeVaurin. Et de rechef furent faióles autres iouftes apres fouppernbsp;en la grand falle de fainél Bcrtin tout hault, fur petis cheuaux de fix heaulmesnbsp;feullement.Et y euft moult grand foifon de lances rompues amp; les faifoit moultnbsp;bel veoir. Et le lendemain qui fut le lundy fut faiéle moult belle amp; ioyeufe fe-fte, tant en iouftes comme en autres efbatemens : defquelles iouftes le Comtenbsp;defainél Pol emporta le pris des dames. Efquels iours furent donnez moultnbsp;grans dons à tous les officiers d’armes par les Princes deflufdits. Pour Icfquelsnbsp;ils crièrent à haulte voix amp; par plufieurs fois largeffe, en dénommant ceux quinbsp;ces biens leur auoient faits. Et le mardy enfuiuant qui fut la nuiél de fàind: An-drieu, le Duc de Bourgongne commença fa fefte de la toifon d’or : amp; alla ouyrnbsp;vefpres au cueur de l’Eglife de fàinôl Bertin,accompagné de fes freres de l’ordrenbsp;vertus amp;: habituez de leurs manteaux,chapperons amp; habillcmens autresfois ac-courtumez de porter. Auquel cueur efloient mis amp; attachez par deflus lefditsnbsp;cbeualiers contre leur fiege,vn tableau auquel eftoient painôles les armes,amp; ennbsp;yauoitvnc grand partie qui point n’eftoient prefèns. Eten failloit cinq qui e-ftoient morts depuis le temps qu^n auoit odroyé ladiéfe fefte; amp; le lendemain qui fut le iour fainôl Andrieu vindrent en lEglife en moult noble appareil , où fut fait le fcruice treflblemnellement. Et faifoit moult bel-veoir les riches paremens tant de l’autel comme du cueur, Et pour vray les François amp;

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D'ENGE ERR. DE MONSTRELET. CHARLES E5 Anglois là eflanSjcftoicnt tous efinerueillez de veoirle grand eftat amp; les richef-Tes dudit Duc de Bourgongne. Apres lequel lèruice ledit Duc faffift à table ennbsp;la grand falle, au millieu delditscheualiers de l’ordre : lefquels fe feoienttousnbsp;d’vn lez amp; par belle ordonnance en la maniéré autresfois accouftumée, amp; furent feruis trefrichement : amp; en allant amp; retournant alloient deux à deux, amp; lesnbsp;plus anciens derriere :c’cft à Içauoir en cheualerie. Le ieudy entrèrent en leurnbsp;cbapitrc,où ils furent treflonguement pour cflire les cheualiers qui tiendroientnbsp;les lieux amp; les colliers de ceux qui eftoient trefpafl'ez. Auquel chapitre le con-fentirent tout d’vn commun accord d’en prefenter vn au Duc d’Orleas. Et pournbsp;fçauoir fi ce feroit fon plaifir de le receuoir,on enuoya deuers luy l’Euefque denbsp;Tournay amp; maiftre Nicolas Roullin Chancellier de Bourgongne: lefquels luynbsp;declairerentla voulenté du Duc de Bourgongne amp; des cheualiers de l’ordre.nbsp;Aquoyil feitrelponce que voulentiers les reccueroit pour l’honneur de fonnbsp;beau frere amp; coufin amp; le Duc de Bôurgongne deflufdit, amp; bricfuement apresnbsp;vint en la grand falle : auquel lieu vindrent le delTufdit Duc de Bourgongne, amp;nbsp;tous les cheualiers dudit ordre qui eftoient leans venans de leur chapitre, amp; lesnbsp;officiers d’armes deuant eux. Et portoit le Roy d’armes de la toifon vn mantelnbsp;amp; chapperon de ladiôle ordre fur fon bras, amp; eux approchans ledit Duc d’Orleas meifire Hue de Launay qui de ce eftoit chargé,porta la parolle,amp; en adref-fant à luy dit : mon trefexcellentjtrefpuilTant Ä trclredoubté fcigneur monfei-gneurle Duc d’Orléans, vcez cy en voftre prefence mon trefredoubté feigneurnbsp;monfeigneur le Duc de Bourgongne amp; melTeigneurs fes frétés de l’ordre de lanbsp;toy fon d’or,qui ont aduifé amp; conclud tous enfèmble en leur chapitre que pournbsp;la treshaute renommée, vaillance amp; preud’hommie,qui eft en voftre trelhoblenbsp;perlbnne, ils vous prefèntentvn collier de ladiôle ordre : en vous priant tref-numblement qu’il vous plaife à receuoir amp; porter,affin que la tresfraternelle a-mour qui eft entre vous amp; mon trefredoubté feigneur, fe puifte mieux entretenir amp; perfeuerer,lequel Duc refpondit qu’il le feroit voulentiers.Et adonequesnbsp;ledit Duc de Bourgongne auoit vn defdits colliers tout preft, luy prefenta amp; lenbsp;meit au col dudit Duc d’Orléans au nom du pere amp; du fils amp; du fainôl efprit amp;:nbsp;puis le baifa.Et là prefentement le Duc d’Orléans requift aulfi au Duc de Bour-gongne,qui luy pleuft porter fon ordre ce qui luy accorda.Et tantoft ledit Ducnbsp;d’Orléans tirade fa manche vn des colliers de fon ordre, amp; leraeit autour dunbsp;col dudit Duc de Bourgongne. Et apres ledit Duc d’Orléans fut là afflubé d’vnnbsp;mantel amp; chapperon de l’ordre: amp; puis fut mené au chapitre pour faire lesnbsp;ferraens accouftumez en ce cas, amp; pour ayderà eflire quatre cheualiers quinbsp;failloient encor, lefquels ne fuÄnt point dénommez fi haftiuemencEt ne feeutnbsp;nul adoneques fors eux mefmes, à qui ils lèroient donnez. Pour lefquelles ordres deflufdides ainfi baillées amp; receuës par iceux deux Princes, la plus grandnbsp;partie des nobles amp; d’autres gens d’auéàorité là eftans, furent très ioyeuxdenbsp;les veoir en fi tres grand amour amp; concorde l’vn auecques l’autre. Et certainnbsp;temps apres enfuiuant retournèrent en fburdit chapitre tous enfemble,amp; lànbsp;fe concordèrent de renuoyeramp; prelènterau Duc de Bretaigne amp; d’Alençonnbsp;à chacun d’eux vn des colliers delTufdit ; pour lequel meffaige faire y fut commis ledit Roy de la Toifon, amp; porta lettres defdits Duc d’Orlcans amp; de Bour-Gg

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M.CCCCXL. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;VOLUME II. DES CHKONIQ^ES

gongnc Sc des theualiers de l’ordre. Si feit fon meffaige bien amp; à point, amp; tant qu’iceux feigneurs receurent bien agréablement les deux colliers deflufdiîs : amp;nbsp;luy donnèrent pour fa peine aucuns riches dons,defquels il fut content. En outre les befongnes deffufdiâ:es accomplies, ôc que la fefte de fàinâ: Andrieu futnbsp;palTée : le feigneur de Cornoaille fe partit de S. Orner,amp; par Calais fen retourna en Angleterre à tout fes gens, excepté la compaignie dudit mefïîre Robertnbsp;de Roix,qui demoura auec le Duc d’Orléans fur intention d’aller auec luy de-uers le Roy de France,où il eftoit enuoyé en ambaflade de par le Roy d’Angleterre : durant lequel temps aucuns notables hommes de la ville de Bruges vin-drent au lieu de S.Omer,pource qu’ils defiroient moult que le Duc de Bourgogne leur feigneur,duquel ils n’eftoient point encores biê en grace,retournaft ennbsp;leur ville:car nonobftant qu’ils fuflent reconciliez auec luy,ïi auoff il dit que ia-mais n’y entreroit fi plus grand feigneur que luy ne luy menoit.Si requirent lef^nbsp;dits Brugelins treshurablemêt audit Duc d’Orléans,que de (a grace il luy pleufl:nbsp;faire celle requefte au Duc de Bourgongne,amp;qu’il luy pleuft le y menerdaquelnbsp;le requefte il feit amp; luy fut par ledit Duc accordéc.Si fe préparèrent,amp; tous en-fcmble fe partirent de S. Orner : amp; par aucuns iours fen allèrent â Bruges ainfinbsp;qu’il auoit efte ordonné, où ils furent receuz trefioyeufemenc. Et feirent ceuxnbsp;de Bruges de grans appareils pour honnorer amp; receuoir iceux deux Ducs amp; lesnbsp;Duchefles leurs femmes, auecîoutes leurs gens plus fiinscomparailbn qu’ilsnbsp;n’auoienl fait pafte long temps par auant:defqucls appareils amp; preparations aucunes chofes feront cy declairées en brief.

PREMIEREMENT quandIcs Brugelinsfeeurentque lefditsdeux Ducs * approchoient leur ville,tous ceux de la Loy auecques tous les officiers amp; fèrui-teurs iftirent dehors. Et pareillement les Doyens amp; Conneftables en nombrenbsp;competent,felon ce qui leur auoit cfté ordonné.Et pouoient bien eftre fur toutnbsp;quatorze cens,qui allèrent au dehors de ladiéle ville de Bruges amp; hors les mettes d’icelle,amp; iufques à vn hoftel nommé les trois Roys. Et là fe meirent en vnenbsp;grand place attendant la venue de leur feigneur : lefquels le voyant venir amp; approcher d’eux au cofté du Duc d’Orléans, fe meirent treftous en ordonnance ànbsp;nuds pieds fans chapperons amp; tous defeeints. Et en eux approchans fe meirentnbsp;tous à genoux les mains ioinéles : amp; prefent toute la feigneurie, qui y eftoitennbsp;trefgrand nombre amp; les Duchefles d’Orléans amp;: de Bourgongne,luy fupplieretnbsp;trcshumblement qu’il leur voulfift pardonner leurs offences du temps pafte,félon la teneur de la paix.Lcquel Duc délaya vn petinmais incontinét par la prière dudit Duc d’Orleans,leur odroya leur requefte.Et ce fait ceux de ladiéleloynbsp;baillèrent audit Duc de Bourgongne toutes le^Iefs des portes de la ville. Et a-donc tous les deftufdits Brugelins fe leucrêt, amp; fen allerer chaufter amp; habiller.nbsp;Et puis partans de là,vindrent tantoft toutes les proceffions des Eglifes de ladi-lt;5le villeiant des quatre ordres des mendians,des religieux,des religieufesSc béguines, amp; les parroiffes à tout leurs relicques amp; meilleures chappes. Si eftoientnbsp;en trefgrand nombre, amp; commencèrent tous à chanter.T? Deum laudamus ànbsp;haulte voix amp; clerc, quand ils ouyrent que leur naturel feigneur cftoit contentnbsp;d eux. Si le conuoyerent là plus grand partie iufques à fon hoftel. Et quand aunbsp;regard des marchansde toutes nations qui lors fetenoient en ladiôte ville denbsp;Bruges,

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D'ENGVERR. Tgt;E ÛONSTP^ELET. CHARLES ril.

Bnigcs j ils fen allèrent chacun d’eux en droit foy en moult belle ordonnance, amp; trefrichement habillez de diuers habillemcns tous à chcual au deuantdudicnbsp;DuedeBourgongne: d’autre part eftoient fais en plufieurs lieux, par où leditnbsp;Duc deuoit palier grans elchauffauxifur lefqucls y auoit perfonnages, qui iou-oientde moult de maniérés deieux. Audi eftoient les rues à vn cofté amp; à l’autrenbsp;tendues de riches draps.Et quantaux trompettes d’argent,clerons amp; autres in-ftrumens de mùfique, il y en auoit par fi grand nombre que tout en retentift'oitnbsp;par ladide ville. Si y auoit en outre en plufieurs amp; diuers lieux maniérés d’in-ftrumens tant en femblance de perfonnages que autres, qui iettoient vin amp; autres bruuagesamp; en prenoient tous ceux qui en vouloientamp; aduenir y pouoienr.nbsp;Finablementil n’cft point de mémoire, que lelHits Brugelinsfeiftent oneques

À nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;C'nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;inbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*

riches paremens, qu’ils feireuc cefte fois, comme defliis eft dit. Et quand il fut defeendu à fbn hoftefeeux de là Loy allèrent deuers luy pour le bien viengnier.nbsp;Et apres ce qu’il les eu receuz aflez ioy eufement, il leur feit par le fouuerain denbsp;Flandres rendre les clefs des portes qu’ils luy auoient prefèntées amp; baillées aunbsp;dehors de ladiéle ville, difant qu’il auoit bonne fiance en eux, dont ils furentnbsp;moult ioyeux, amp; là commencèrent tous à crier Noël. Et aufli l’auoient défianbsp;crié en plufieurs lieux parla ville à là venue.Et quand ce vint à la nuiëh par toute la deftufdiéle ville, furent fais moult de beaiix feux fur haulx efchauftaulx,amp;nbsp;tant que tout refplendiffoit. Et quand ce vint le lendemain, furent faiétes vnesnbsp;iouftes fur le marché, aufquelles ioufterent plufieurs nobles hommes amp; bourgeois. Si emporta le pris de ceux de dehors le feigneur de Vvaurin, amp; ceux denbsp;dedans la Damoileaude Cleues : lequel fut fèruyde lances par fbn oncle lenbsp;Duede Bourgongne. Apres lefquelles iouftes, ôcque le fbuper fut fait:orinbsp;commença à dancer en grand triumphe,amp; y furent mandées les damoifelles denbsp;ladiifte ville de Bruges. Et le raardy enfuiuant furent faides encores vnes iouftes fur ledit marché. Et foupperent tous lefdits feigneurs, dames amp; damoifelles en la maifondes Efcheuins,oùils furentferuiztrefabondammentaux deftnbsp;pens de ladide ville. Et le famedy vindrent de Charrolois le Comte dudit lieunbsp;amp; fils dudit Duc de Bourgongne, amp; la Comtefîefa femme fille du Roy denbsp;France : à l’encontre defquels allèrent le Duc d’Orleans amp; plufieurs nobles homes,amp; ceux de la Loy de ladide ville accompagnez de grand nombre de notables bourgeois.Et furent conuoyez iniques à la court d’iceluy Duc:amp; le dimennbsp;ehe en perfeuerant furent faides iouftes,dances amp; plufieurs autres efbatemens,nbsp;qui trop long feroient à racon^ter chacun par luy : mais pour vray les Bruge-lins,feircntésioursdefrufdits toutes lesioyeufetez qu’ilspouoient imaginer,nbsp;tant pour l’amour de leurdit feigneur amp; Prince comme pour complaire auditnbsp;Duc d’Orleans,amp;à ceux qui eftoient auec luy:amp; aufli luy feirêt aucuns prefens,nbsp;defquels il fe tint allez content. Et le lundy enfuiuant fe départit d’icelle ville denbsp;Bruges fa femme la Duchefle amp; fa compagnie.Auquel departemêt y eut maintes larmes plorées des dames amp; damoilelles de l’hoftel dudit Duc de Bourgon-gne,3u prendre congé à iceluy Duc.Et par efpecial, pour la caufe du departemêtnbsp;d’iceluy Duc d’Orleans,amp; fen allèrent à Gandfiufques auquel lieu les couoya lenbsp;deuàtdit DucdeBourgôgne,oùilsfurêtfemblablementreceuzhônorablemêt;

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N.CCCCXL. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l/OLyME II. DES CHRONIQUES

duquel lieu de Gand peu de iours enfuiuansfe départit le dclTufditl^uc d’Orleans, la Ducheffe fa femme auecluy. Et les conuoya leDucdeBourgongne iufques au dehors de la ville. Siprindrent congé l’vu à l’autre, amp;fentre-offrirent de faire dorefnauant ceque poflibleleur fèroit fvn pour l’autre. Et de lànbsp;fen alla par aucuns iours en la cité de Tournay, où on luy feit treshonnorablenbsp;amp; folennelle reception. En outre depuis qu’iceluy Duc fut retourné des paysnbsp;d’Angleterre à Grauclines, amp; de là venu à S. Orner amp; és autres lieux deffus no-mez iufques au partemêtdeluy amp; dudit Duc de Bourgongne,vindrentdeuersnbsp;luy des naarchesde France tat de fèigneurs come d’ailleurs pluficursgcns pournbsp;le veoir amp; biê viengner,amp; luy offrir leur fcruice, delquels il en retint partie. Etnbsp;d’autre part des pays raefmes du deffufdit Duc de Bourgogne, en y euttrefgràdnbsp;nôbre,quipardiuers moyens feirent tat qu’ils furétretenuz àluy amp; defon holfel,tant gentils, homes comme damoifèlles amp; autres de diuers eftats. Aulïî luynbsp;furent prefentez par plufieurs cheu^iers amp; efcuyers bien huid ou dix de leursnbsp;enfans pour dire fès pages.Et auec ce luy furent baillez enuiro vingt amp; quatrenbsp;compaignons des marches de Boulenois bien empoinds, montez amp; habilleznbsp;pour dire fes archiers amp; gardes de fon corps,lefquels furet tous retenus de fonnbsp;noftel. Et tant fe multiplièrent les feruiteurs deffufdits, q quad il vint audit lieunbsp;de Tournay, il auoit enuiron bien trois cens cheuaux de fa retenue. Et quand ànbsp;fon ordre elle fut par luy odroyce à porter à grand nombre de cheualiers amp; efcuyers amp; autres de moyens eftats, qui luy en faifbient requérir pour l’auoir: ilsnbsp;en faifoient peu ou néant de reffuz, amp; fut pour ce temps affez commun és pays

• de Picardie.Si cftoient moult de gens ddîrans de le feruir amp; dire à luy, fur intention amp; efperàce qu’ils auoient principallement que luy venu entiers le Roy, jlauroitvn trefgrand gouucrnementau Royaume de France: pourquoyparnbsp;fes moyens ils pourroiét dire moult nuancez en diuerfès maniérés, amp; luy mef-mes l’entendoit ainfi. Toutesfois y auoit aucuns faiges qui doubtoient le contraire amp; qu’il n’en aduint ainfi qu’il feit. Et bien difoient en leur fecret,que plusnbsp;toft euffent confeillé audit Duc d’aller deuers le Roy plus haftiuemêr, amp; à plusnbsp;priuce mefgnie qu’il ne feit. Et d’autre part leur fcmbîoit que ceux quigouuer-noient le Roy amp; auoient gouuerné long temps par auant durant le temps denbsp;fès aduerfitez, ne fbufftiroienr point tant qu’ils peuffent qu’autre qu’eux euft lenbsp;gouuernement:jaçoit que celuy Duc luy fut plus prochain que tous les autres,nbsp;amp; qu’il eut moult fort à fouffrir pour la couronne de France. Neantmoins il anbsp;dlé veu de treftong temps qu’entre fi grans feigneuries, a toufiours eu de gransnbsp;enuies amp; diffentions, amp; que les grans feigneurs^nt fouuent baillé l’vn à l’autrenbsp;destrauers. Et apres ledit Duc d’Orleans partant de Tournay, alla àValIen-ciennes amp;de Vallenciennes au Quefnoy le Comte veoir fà belle confine lanbsp;Comteffe Marguerite doüagiere de Hainault, qui le feftoya trefioyeufement.nbsp;Et apres qu’elle luy eut donné aucuns dons fen vint en la cité de Cambray, oùnbsp;on luy feit plufieurs prdèns: amp; entre les autres luy donnèrent ceux delà villenbsp;cinq cens efeus d’or de France:duqueflicu de Cambray il auoit intention d’aller à S.Quentin,mais aucuns de fès gens luy donnèrent à entendre qu’il y auoitnbsp;grâd peril pour luy amp; fa compaignie d’aller ce chemin,pource qu’il failloit paffer par aucuns deftroits pres des fortereffes meflirclean de Luxembourg, quinbsp;encor

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D'ENGEERR. DE MONSTRE LET. CHARLES TIL 1-17 encor n’atioit point fait le ferment de la paix d’Arras. Et pour celle caufe amp; affin d’aller plus feurement, manda aucuns gentils-homes de la marche de Cam-brefis, amp; leurs gens pourayder à conuoyer leurs bagues. Duquel melîireleannbsp;de Luxembourg fi ledit Duc d’Orléans eut feeu les affaires, il n’en deuil pointnbsp;cllre en doubte pour deux raifons. La premiere fi ell qu’il elloit du tout recon-feillié auecques ledit Duc de Bourgongne ; amp; mefmement auoit elle à Brugesnbsp;au temps que ledit Duc d’Orléans y efloit, amp; auoit eu auecques luy allez grande communication amp; plufieurs parlemcns fur aucuns de leurs affaires, tant denbsp;la fèigneurie de Coucy comme d’autres befongnes qui leurtouchoient. Eta-uecques ce ledit melïire lean de Luxembourg elloit par bonne amour party denbsp;luy de la ville de Bruges, amp;luy auoit offert deleferuir amp; luy faire plailîr ennbsp;tout ce qui luy feroit polhble.Parquoy elloit à fuppofer que iamais n’eufl con-fentyluy porter aucun dommage ou contrariété. La féconde raifbn fi efioitnbsp;qu’en tant qu’iceluy Dued’Orleans elloit à Cambray, le delfufdit melïire leannbsp;de Luxembourg gifoit en fon holfel de Guife moult aggraué de maladie, de laquelle il alla de vie à trelpas. Et furet apportées les nouuelles de fà mort au deC-lufdit Duc d’Orléans en la ville de Cambray. Pour lefqiielles il demoura deuxnbsp;iours plus qu’il n’auoit intention. Etfeitrequelleaux gouuerneurs de ladiélenbsp;ville de Cambray, qu’ils le voulfilfent cllire à gardien de leurdidc ville ou lieunbsp;dudit de Luxembourg qui par auant l’elloit, amp; il fe feroit confermer de par lenbsp;Roy de France comme il elloit accouflumé.De laquelle requefleils fexcuferêcnbsp;au mieux qu’ils peurent, difans qu’ils ne l’oferoient faire fans le confentementnbsp;de leur Euefque. En apres ledit Duc fen alla de Cambray à S. Quentin, amp; de lànbsp;a Noyon,à Compiengne,à Senlis amp; puis à Paris, où il feiourna aucuns iours.nbsp;Et par tout où il paffoit amp;c feiournoit, on luy faifoit auflï grand honneur amp;: re-uerence corne on eut fait à la perfonne du Roy de France, où à fbn fils le Daul-phin : Et auoient les gens moult grand confidence amp; efperancc que par fon retour amp; defprifonnement, viendroit grand confolation au Royaume de France. Et par efpecial la plus grand partie du peuple y efloient moult fort affe-dez, amp; defiroient long temps par auant àlcveoir enfafranchifecommelorsnbsp;le veoient. Si eftoit l’intention dudit Duc d’aller deuers le Roy au plus tofl quenbsp;faire fe pourroit.Mais il ouyt nouuelles, pour lefquclles il fe délaya grande ef-pace de temps, c’efl à fçauoir bien vn an ou plus. Et la caufe fi fut pource que lenbsp;Roy fut aduerty de toutes leimanieres qu’iceluy Duc auoit tenues depuisnbsp;qu’il efioit retourné du pays d’Angleterre,amp; des alliacés amp; fermens qu’il auoitnbsp;(ait auec le deffufdit Duc de Bourgongne,amp; auffi de fon ordre qu’il auoit prin-fè:amp; mefmement que défia efl^it accompaigné amp; auoit de fon hoflel grandnbsp;nombre de gens des pa*ÿs dudit Duc de Bourgongne,qui auoiét autresfois mené guerre au Roy de France amp; à fes pays. Et luy fut dit en outre que fes alliances fefaifoient contre luy amp; ceux qui le gouuernoient. Etqu’auecquesiceuxnbsp;deux Ducs efloient alliez plufieurs grans feigneurs,comme les Ducs deBretai-gncjd’Allençon amp; autres: lefquels auoiînt japropofé de luy bailler nouuelnbsp;gouucrncment, amp; que dorefnauant fon Royaume feroit gouuerné par eux amp;nbsp;autres tels qu’ils y voudroient commettre: amp; auroit tant feullement honneflc-ment fon cflat,fans pouoir faire aucune chofe qu’il ne fut par le confentementnbsp;Gg iij

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M.accxL. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yoL^ME ii. des cfironîqj^es

amp; cogé d’iceux fèigneurs.Lequel Roy qui toufiours eftoit aflez enclin de croL re confeil,pource que durant (bn regne on luy auoitfait amp; machine parplu-fieurs fois de gras trauerfesamp; aflez femblables,creut legierement tout ce qu’onnbsp;luy dit des befongnes defTufdióles eftre véritables.Et par efpecial quand il (ceutnbsp;que lefditsdeux Ducs de Bretaigne amp; d’Alençon auoient receu l’ordre duditnbsp;Duc de Bourgongne,il en fut en plus grand doubte que par auant.Et auec ce denbsp;ioureniourceuxqui eftoientauecques luy, luy difoient amp; rapportoientquenbsp;ainfieftoit qu’on le difoit: pour lefquclles nouuelles ileftoit trefmal content.nbsp;Et pource nonobftant qu’il eut ordonné dudit Duc d’Orléans venir deuers luy,nbsp;en difànt à fes gens qu’ils luy auoient apporté les nouuelles de fon retour, quenbsp;moult le defiroit à veoir : neantmoins pour les chofes dcïTufdiôtcs ne fut pointnbsp;content qu’il y allaft fil n’eftoit à priuée mefgnie (ans y mener aucuns des deJP-fufdits de fon feruiceic’eft à fçauoir ceux du deffufdit pays du Duc de Bourgogne. Et pourtant ledit Duc d’Orléans fçachant les chofcs eftre en l’eftat deftul^nbsp;dit, fe tira de Paris à Orleans, amp; puis à Blois, amp; fur fes autres feigneuries où ilnbsp;fut encores plus qu’ailleurs trefnotablement receu de tous fes valfaulx amp; fub-icds:amp; luy furent faits plufieurs amp; notables dons amp; riches prefens en fcfdiôlesnbsp;feigneuries.

O R conuient retourner à parler vnpeu de meflîrc lean de Luxembourg Comte de Ligney doqucl (comtfte dit eft ) par auant trefpalTa dedans le chaftelnbsp;deGuyfè.Si fut fon corps emporté fur vn chariot accompaigné de (es gensnbsp;treshonnorablement en l’Eglife noftre Dame de Cabray, où il fut mis fur deuxnbsp;eftaulx dedans le cueur. Et la premiere nuid on dit vigilies amp; commandaffes,nbsp;•nbsp;nbsp;nbsp;amp; fut veillé iufques au lendemain, qu’on dit la meffe des morts moult folen-

nellement.Et y auoit trefgrand nbbre de torches allumées autour dudit corps, quetenoient fes gens. Et icelle melTe finée fut mis en terre au dehors duditnbsp;Cueur, afTez près d’vn de fes predecefTeurs nommé meflîre Vvalleran de Luxembourg feigneur de Ligney amp;de Beaureuoir: amp; comme en autre lieu eftnbsp;plus à plain declairé. Ledit meftire lean de Luxembourg alla de vie à trefpasnbsp;fans auoir fait deuers le Roy de France ne autres (es députez le ferment de lanbsp;paix d’Arras, jaçoir-ce qu’à ce faire euft efté plufieurs fois incité. Et depuis l’annbsp;trente cinq qu’icelle paix auoit efté confermée, iufques enuiron la nuiél desnbsp;Roys mille quatre cens amp; quarante qu’il trefpaffa (comme dit eft) auoit entretenu fes villesjfortereffes amp; pays fans ce que nulles des trois parties : c’eft à fçauoir de France, d’Angleterre amp; de Bonrgongne yeuffent fait aucunes entre-prinfes,finon affez peu. Car quant aufdits Andois ils eftoient tous defîrans denbsp;luy complaire amp; faire plaifir, pource qu’il n’eiloit point encores dédié d’euxnbsp;amp; n’auoit rendu fon ferment : amp; auoient moult grand fiance d’auoir fon aydenbsp;amp; affiftenccjfi befoing leur en eut efté,amp; pareillement il fe fenoit tout feur d’auoir ayde cotre tous ceux qui l’euflent voulu nuire ou grcuer. Et au regard desnbsp;Bourgongnos peu en y auoit qui ne feudbnt enclins de luy faite plaifir en tousnbsp;fesaftaires . Et nonobftant que le DflcdcBourgongne fùtpar vn temps aucunement indigné contre luy, par les rapports qu’on luy faifoit fouuent : néant-moins la-belbngne ne fortitpointà efteéX fi auant, que pour venir àJeuuredènbsp;fait:ains eftoit du tout retourné en la bonne grace amp; bien vueillance dudit Ducnbsp;Philippe

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D'ENGFEFK. DE MONST^ELET CHARLES fqj.

Philippe de Boiirgongne. Et d’autre part les delTufdits François amp; par elpecial les capitaines qui menoient amp; entretenoient les gens de guerre le douhtoientnbsp;fort, pource qu’ils le fentoient moult vaillant de fàperfonneamp; que toufioursnbsp;il eftoit pourueu de gens de guerre pour refifter contre eux,fils luy faifoiêr aucun domage. Etlçauoient bien que fil les trouuoit fur aucunes defes feigneu-ries à fon aduantage,il les feroit dellruire (ans en auoir aucune milèricorde. Etnbsp;pour ces raifons quand ils approchoient defdiôles feigneuries, ils eftoient tousnbsp;ioyeux de bailler leurs lèellez,promettant de non luy faire aucun dommage nenbsp;quelque grief ou defplaifir à luy ne aux liens.Et ainli le feirent plufieurs fois,amp;;nbsp;aulli 11 eftoit content deles laifler pailibles fur icelles conditions. Toutesfoisnbsp;peu de temps deuant là mort le Roy Charles de France auoit côclud auccquesnbsp;fon confeiljde non luy plus bailler aucuns iours de refpit: amp; auec ce eftoit dunbsp;tout délibéré de venir à grand puilTance contre luy, pour le fubiuguer amp; mettre en fon obeïllance, ou aumoins le contraindre de luy faire le ferment d’Arras deftufdit. Mais Dieu le créateur de toutes chofes y pourueutauant qu’onnbsp;peut fçauoir à quelle fin icelles befongnes pourroient venir. Ainû amp; par ceftenbsp;maniéré fina là vie le deftufdit meflire lean de Luxembourg, qui de fit mefmenbsp;perfonne auoit efté trefcheualcureux amp; moult doubtéen tous lieux où on a-uoit de luy cognoiftànce. Et pouoic bien auoir enuiron cinquante ans d’aage.nbsp;Et allez brief temps apres fon trefpas, vn noméLeurin de Moucy à qu Lil auoitnbsp;baillé le chaftel de Coucy en garde le rendit és mains du deftufdit Duc d’Or-lcans,moyennàt certaine grand fomme d’argent qu’il en receut. Et ne fut pointnbsp;content de mettre és mains du Comte de fainéf Pol nepueu amp; fuccefteur duditnbsp;meftire lean de Luxembourg. Et aufli ceux de Neelle amp; de Beaulieu en Ver-mandois déboutèrent Lionnel de Vvandonne, quieftoit leur gouuerneur, amp;:nbsp;tous les autres qui eftoient en icelles places de par le delîuldit meftire lean denbsp;Luxembourg,amp; meirent dedans les gens de monlèigneur de Mongaignier. Etnbsp;toutes les autres villes, citez, chafteaux amp; fortereftes furent mifes ôc deliuréesnbsp;en l’obeïlTance dudit Comte de S.Pol,par ceux qui les tenoient amp;en auoient eunbsp;Icgouuernement.

Comment le Foy de France alla d Froyes en Champaigne. Et comment plußeurs 'Villes forterejj^esß meirent enßn obeißance^‘amp; autres matteres,

Vrant le temps deftufdit Charles Roy de France feit moult grand af femblée de gens de guerre de plufieurs de fespaÿs. Et auccques cenbsp;remanda les capitaines des compaignies, dont dclTus eft faide men-tionjqu’ilsveinirentJéuers luy à tout leurs gens. Et quand tout fut



alTemblédeucrs lariuicredeLoirc, il fe partit de Bourges en Berry fon fils le Daulphin en fit compagnie,le Coneftable de France, meftire Charles d’Anjounbsp;amp; autres grans feigneurs en trefgrand nôbre. A tout lefquels il fe tira à Troyesnbsp;en Champaigne,amp; là feiourna enuiron trois fepmaines: amp; eftoient fes gens logez par les villes fur le plat pays, dont cefÄy pays eftoit moult fort trauaillé:amp;nbsp;ft en y auoit grand partie és parties d’Auxerre amp; de Tonerre, amp; fur les marchesnbsp;de Bourgongne. Auquel temps plufieurs villes amp; forteflés fe meirent en fon o--beiflànce,lefquelles par auàt luy auoient fait forte guerre à fes pays, amp; aufli ap--Gg iiij

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M.ccccxL, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yoLyyiE ii, des chronioeex

paifâ la guerre des Barrois amp; Lorrains,amp; du Cote de Vaudemót.Et fi fe pacifia auec Iuy,Ie Damoifeau de Cómercis amp; pluficurs autres feigneurs des marchesnbsp;de Boufgongne,qui par auat eftoiêt en (ón indignatiÓ.Et ces befbngnes faidesnbsp;amp; accóplies fen vint ledit Roy en la ville de Bar fur-Aube, auquel lieu vint de-uers luy le Baftard deBourbon,qui auoit foubs luy à fon comandemêt vne trefnbsp;grofle copaignie de gens d’armes, qu’il auoit long têps entretenu fur les chaps :nbsp;mais quand il fut venu audit lieu de Bar, il fut acculé d’aucuns crimes deuers lenbsp;Roy. Et apres que fur iceux eut efté diligêment examiné, amp; fon proces fait,futnbsp;condâpné à eftre rué amp; ieété dedas vn fac à la riuiere tat qu’il fut noy é,amp; tant qnbsp;mortfut accoplieiôc ainfi fut fait. Et depuis qu’il fut mort fut tiré dehors de ladite riuiere amp; rais en terre fàinde.Si fut lors alTez commun qu’on luy auoit cenbsp;fait, pource q durant la guerre d’entre le Roy amp; fon fils le Daulphin, y eftoitànbsp;grand puiflanccsauecques fondit frere le delTufdit Duc de Bourbon : amp; auoitnbsp;eftécaufeprincipallement dedefloger iceluy Daulphin du Roy fon perc. Etnbsp;d’autre part au retour du voyage de Harfleur où il auoit efté auecques le Comte d’Eu ( comme dit eft ailleurs ) il feftoit tiré à fainél Orner deuers le Duc denbsp;Bourgongne: auquel il auoit promis delefèruir fi aucuns affaires luy furuc-noient, en la faueur du deffufdit Duc de Bourbon beau frere au Duc de Bour-gongnedeffufdit. Pour laquelle execution ainfi faiéfe fur iceluy Baftard denbsp;Bourbon aucuns des autres capitaines, qui par longtemps auoient tenu lesnbsp;champs foubs vmbre des armées du Roy, furent en trefgrand doubte, amp;nbsp;cremeur que pareillement ils ne feuflent punis de leurs anciennes mauuaifesnbsp;euures.

Comment les An^ois lt;juiÇe tenaient lt;in cha,flel de Folleuiîle, faijôi^^t moult de mAulx en Amiennoisnbsp;nbsp;nbsp;es pais denuiïon:C^ deß:onßtent aucuns Jèigneurs Picards, 0*^

leurs gens qui les aJJaïUirent.

H Temen iceluy temps les Anglois quifè tenoientau chaftel deFol-ä leuille feirent moult de maulx au pays d’Amiennois, de Corbie, amp; J de Sanihois: amp; aufli à la ville de Montdidier amp; és autres lieux à l’en-® uiron : amp; cftoient enuiron cent compaignons de guerre, qui feirentnbsp;moult de grans maulx:amp; tellement contraignirent iceux pays, quela plus gradnbsp;partie des villes eftoient toutes appadfizécs à eux amp; rançonnées à certaine fom-me d’argent, amp;defromens pour chacun mois, dont le pauure peuple eftoitnbsp;moult fort opprefté amp; trauaillc. Et mefinement allèrent vn iour courre la villenbsp;de Dours fur la riuiere de Somme. Si eftoit dedans la forterefle d’icelle ville lenbsp;feigneur d’-icelle, lequel pourcequ’il n’eftoitpjfnt aflezpuiflant pour refifter ànbsp;l’encontre defdits Anglois, monta haftiuement à cheual, amp; fen alla en la villenbsp;d’Amiens pour auoir ayde amp; fecours.Si trouua le feigneur de Saueufes capitaine de laditfte ville d’Amiens amp; plufieurs autres gentils-hommes amp;: autres gensnbsp;de guerre: lefquels auec aucuns du commun feraeirent à voye tant de cheualnbsp;comme de pied, amp;pourft]iuirent icAix Anglois, lefquels ils trouuerent afleznbsp;pres dudit lieu de Folleuille, où ils fe retrahirent en moult belle ordonnance,nbsp;menans auec eux grand foifon de bagaiges qu’ils auoient conquis. Si fut ordo-né que le feigneur de Saueufes conduiroit ceux de pied. Et le feigneur de Doursnbsp;deflus

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D'ENGVERR. de M0J4STKELET CHARLES deïTus nommé,Ie feigneur de Contay,le feigneur de TilloyCjGuicharc de Siennes , amp; aucuns autres gentils hommes meneroient ceux de cheUaldefquels approchèrent amp; efcrierenticeux Anglois pour les combattre tousenièmbledcnbsp;chenal amp; de pied, laquelle ordonance ne fut point bien tenue: car les deflufditsnbsp;de cheual quieftoient moultdefirans d’aflemblerauecqucs leursaduerfaires,nbsp;ferirent dedans fans attendre iceux de pied, dont il leur mefaduint trefgrandc-mentrear les defliifdits Anglois qui veirent leurs aduerfaires eux approcher, ôCnbsp;qui eftoient en plus grand nombre, les deux parts fe meirent en bonne ördon^nbsp;nance, leurs cheuaux derriere eux, affin qu’on ne les peut enuahir par derriere înbsp;amp; fe deffendoient trcsvaillamment, Sc tant que grand partie de leurs aduerfaires amp; ennemis y furent morts:entre lefquels le furet le feigneur de Dours,Gui-chart de Siennes,Iean de Beaulieu amp; aucuns autres nobles gentils-hommes. Etnbsp;des prifonniers fut le principal meffire Martel d’Antoch feigneur de Tilloye,amp;nbsp;les autres pafferent outre par force de bons cheuaux qu’ils auoient: defquels lesnbsp;aucuns furent moult fort naurez amp; bleflez, amp; les autres eurent leurs cheuauxnbsp;effondrez. Et ledit feigneur de Saueufès voyat la beibngne eftre ainfi mal tournée,entretint au mieux qu’il peut ceux de pied : lefquels il auoic en fbn gouuer-nement:amp; auecques ceux de cheual qui eftoient efehappez de la befongne deCnbsp;fufdide, les reconduit audit lieu d’Amiens moult trifteamp;dcfplaifant de ceftenbsp;malle aduenture:amp;depuis par traiétc fait aueefeeux Anglois, furent les mortsnbsp;apportez tous defnuez pour enterrer chacun en leurs licux.Si furent aucuns desnbsp;amis amp; prochains de ceux qui y auoient efté morts, qui en voulurent donnernbsp;aucunecharge audit feigneur de SaueufeSjdifans qu’il nefeftoit pointaduancénbsp;comme 11 deuft pour ayderamp; fecourirfes gens quand befoing leur en eftoit.rnbsp;A quoy felon (on pouoir fen excufoit,di(ànt que bonnement ne (èpouoit plusnbsp;fort hafter. Pource qu’il auoit en fon gouuernçraent ( comme dit eftcy deffus)nbsp;les gens de pieddefquels luy auoient efté baillez â conduire par le conîèntemêtnbsp;de tous les nobles là eftans prefens.

Comment les gens du Comte de S.Pol deflrou/Jerent aucuns des pruiteursdu Roy de France, qui ramenaient des habillemens de guerre tant de la cité de Tournay com~nbsp;me d'ailleurs :nbsp;nbsp;nbsp;l'amende que ledit Comte de S.Pol en feit.

Tem entre-temps que le Roy de France eftoit atout fon arméeau pays de Champaigne, comme vous auez ouy deflus, il auoit ordonné aucuns de fes plus feaulx feruiteurs pour aller en fa ville de Tour-nay,amp; és marches de^Iandres pour achepter certain nombre d’artil

lerie amp; autres habillemens de guerre, pour mener en fa ville de Paris, affin de luy ayder quand il en auroit befoing. Lefquels,c’eft à fçauoir ceux qui y eftoiétnbsp;commi s,en feirent trefbonne diligence, amp; tant que des befongnes deffufdiôlcsnbsp;chargèrent plufieurs chars amp; chariots, amp; les conduirent feurcmentparmy lesnbsp;pays du Duc de Bourgongne depuis la ciï^deTournay fans trouuer aucun quinbsp;leur baillaft ou feit empefchement,iufques à tant qu’ils vindrêt en vne ville no-mée Ripemont, où ils furent récontrez des gens du Comte de fainôt Pofqni e-ftoienr en garnifbn en icelle ville.Entre lefquels eftoient lean feigneur de Tho-rante,Guyot de Bethune, Hofte de Neufuille amp; plufieurs autres tant hommes


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M.CCCCXL.


- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11. DES CHMNl^yES


d’armes comme archiers : lefqucls deftrouflerenr du toutlefdidesgens amp; fcr-uiteurs du Roy.Er prindrcnt amp; emmenèrent lefdits harnois amp; artilleries à tout les chariots amp; autres habillemens, amp; les boutèrent en ladide ville deRippe-monr:auquel lieu ils en butinèrent amp; diffiperent grand partie : toutesfois ce nenbsp;fut point du feeu Sc confentement ne ordonnance dudit Comte de faindPoI:nbsp;ains en fut trefcourroucé dcfplaifant: laquelle deftroufle venue à la cognoif-fance du Roy,en fut trefindigné amp; mal content:^ iura qu’il feroit amendé, amp;nbsp;qu’il feroit guerre d iceluy Comte de faindPol, fil n’en faifoitdu toutrefti-tution Si deliurancc, amp; fil ne luy faifoit hommage amp; feauté des terres amp; fei-gneuries qu’il tenoit de luy en fon Royaume.Et lors luy eftant en la ville de Barnbsp;fur-Aube (comme dit eft delTus) venoiét de iour en iour gens de guerre deuersnbsp;luy pour le fcruir:amp; quand il eut illec feiourné vne elpacc,il fen vint par Çhaa-lons amp; Reims en la cité de Laon. Et par tout où il venoiteftoit feceuparlesnbsp;bonnes villes a luy obeiïTantes treshonnorablement, ainfi ôc par la maniéré

Laon amp; de la marche d l’enuiron fe départirent grand partie de fes capitaines d tout leurs gens d’armeszc’eft d fçauoir la Hire,Anthoine de Chabanncs,Ioachinnbsp;Rohault amp;: aucuns autres pour venir amp; approcher les villes amp; forterefles quenbsp;tenoient les gens dudit Comte de fainélPol, amp; pour eux faire guerre : lequelnbsp;Comte de S.Pol, qui eftoit alTi^s aduerty d’icelle venue, les auoit fait garnir denbsp;fes gens du mieux qu’il auoit peu: amp; fe tenoit de fâ perfonne a Guyfe en Tiera-ce pour ayder amp; fubuenir d ceux qui en auoient befoing amp; neceflité.Mais il advint que ceux de ladiéte garnifon amp; les deffus nômez qui fe tenoient d Rippe-mont de par ledit Comte de S.Pol,comme dit eft,quand ils ouÿrent amp; feeurentnbsp;que le Roy amp; fa puiflance les approchoit de fi pres,eurcnt fi grand doubte amp; finbsp;grand paour qu’auant que les François veinflent, fe départirent foubdainemêt :nbsp;Si en grand defroy fans attendre l’vn l’autre, amp; abandonnèrent la ville amp; cha-Ileau dudit Rippemonr,en les laifiant ou gouuernemét du comun peuple. Lefinbsp;quels demourerent moult defolez pour la départie des delTufdits, amp; fe retrahirent vers leur maiftre amp; feigneurledit Comte de S.Pol audit lieu de Guyfe, amp;nbsp;en autres villes ^forterefiesappartenans audit Comte, qui d’eux fut trefmalnbsp;content:amp; par cfpccial de ceux qui en auoient eu le gouuernemcnt,amp; aufquelsnbsp;il en auoit baillé la charge. Et ce mefme iour ou le lendemain vindrent devantnbsp;ladiéte ville de Rippemont les François, aufquels au nom du Roy Charles futnbsp;baillé plaine obeiïTance, amp; les meit on dedans ladiéle ville ; dedans laquelle ilsnbsp;trouuerent des biens treflargement, amp; en partie en prindrent à leur plaifir. Etnbsp;entre les autres y entra comme chief ledit loacnin Rohault. Et brief iours en-fuiuans la plus grand partie de l’armée du Roy fe tirerent deuat la ville de Marie,amp; l’enuironnerent amp; l’afiiegerent «a grand puiflance. Dedans laquelle ville e~nbsp;ftoit de par le Comte de fairiôt Pol vn gentil- homme alTez expert amp; diligent ennbsp;fait de guerre, nommé Georges de Croix, qui auoit auecques luy environ foi-xante combattans auecques ceux de% ville. Si fut fuflilàmmcnt fommé de parnbsp;leRoy de rendre la ville. Mais il feit refponces toutes les fois qu’il en fut requis, que fiins le fccu amp; confentement de fon feigneur amp; maiftre le Comte denbsp;S. Pol point ne la rendroit. Pour lequel reffus, les delTufdits afliegeans mandèrent

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D'ENGr£RR. DE NONSTRELET CHARLES rent cn grand diligence les gros engins amp; artilleries dn Roy s amp;deamp;iclesfeiT-rent afl'eoiramp;afFufler en rrefgrand nombre deuanc les portes amp; marailles denbsp;ia deflufdiôle ville. Si commencèrent à ieôter ôc adommager ladite muraillenbsp;en aucuns lieuX; amp; eftoit leur intention amp; voulcnté de l’aflaillir brief enfuiuac.nbsp;Mais entre-temps que les beibngnes delTufdiôtes fc faifoient,ledit Comte de S.nbsp;Pol confiderant qu’au long aller ce luycftoit chofe impoffible, de tenir fefdi-^nbsp;ôtes places contre le Roy ÔC fa puilTancc : attendu que défia eftoit aflez aduer-ty, que point n’auroit fecours dudit Duc de Bourgongne, fe commença aucunement à diffimuler: car auec ce les principaux qui eftoient aucc luy, lay con-feillerent qu’il trouuaft fes moyens d auoir traiôté amp; de demourerpaiüble luynbsp;amp; fes feigneu ries. Lcfquels moyens tant par la Comteflefa mere doüagiere,quinbsp;par auant auoit eflé deuers le Roy amp; encores eftoit à Laon comme par autresnbsp;les bons amis, fe commencèrent à traiôler amp; ouurir. Et finablemêt ledit Comte de faind Pol alla à Laon deuers le Roy, duquèl amp; du Daulphirt ilfutreceunbsp;aftezeourtoifementj amp; aufti des autres feigneursqui là eftoient . Et certainsnbsp;briefs iours enfuiuant impetra amp; obtint enuets ledit Roy, que ceuxqui eftoietnbsp;deuantladitfte ville de Marie amp; fes gens, qui eftoient dedâs ne feiftent point denbsp;guerre l’vn à l’autre,iufques à certain iour: pendant lequel temps on traiôleroitnbsp;du lurplus. Lefquels traiôtez finablement apres que fur ce le Roy amp; ft)n grandnbsp;ronfeil eut tenu plufieurs iournées,amp; que le delTufdit Comte de S. Pol eut efténbsp;ouÿ fur ce qu’il vouloir direamp; rcquerrei Èn ordonné qu’icelüyComte de S.PoInbsp;demourroit en la bonne grace du Roy, moyennant qu’il luy feroit homaige amp;nbsp;ferment de fidelité des terres amp; feignéuries qu’il tenoit en fon Royaume, tantnbsp;deparkiy commedeparlaComreftedcMarleamp;de Soifions fifemme: ainfinbsp;amp; par la maniéré que luy auoient fait amp; fiifoient iburnellement fes autres vaf-faulx. Et aucc ce qu’il feroit mettre fadiôfe ville de Marleen l’obeiftance dunbsp;Roy amp; fes commis, amp; en vuyder ceux qui dedans eftoient. Et outre-plusluÿnbsp;bailleroit certaines lettres lignées amp; feellées de fon féel, cotenas certains pointsnbsp;declairez en icelle, dont la coppie fera cy apres mife amp; eferite. Apres lefquelsnbsp;traiôfez faits amp; accordez par icelles parties, on énuoyatantoft de par le Roynbsp;audit lieu de Marie certains commis pour prendre robeïffance de la ville comme dit eft.Lefquels comis portèrent vn faufeonduit du Roy au deftüfdit Georges de Croix,pour luy amp; pour fes gens,à tout lequel il fe partit amp; alla à la Ferrénbsp;fur Oyfe par l’ordonnabce dudit Comte de S.Pôl. Et toft apres entrèrent iceuxnbsp;commis dedans la dcfTufdiéle ville de Marie, amp; feirent ce qui leur eftoit commandé amp; ordonné de par le Rov,en prenant ladide obellTancc feldp îe deftuf-dit trailt;fté:mais briefenfuiuantladidc ville fut remife amp; rendue pai leconfen-tement du Roy amp; par Ibn oôlroy en la main dudit Comte comme'deuât auoitnbsp;efté. Et adonc fe deflogerent de là toutes gens de guerre, amp; fe tirèrent plus auatnbsp;és marches de Vermandoisj de Hainault Ôe de Cambrefis: amp; par tout ouilsal'nbsp;loicnt faifoient de grans oppreflionsau pauurp peuple. Le Comte de S.Pol depuis qu’il eut fondit traidé, commença à eftre trefbitn en la grace du Roy amp;nbsp;de tous les autres grans fcigrteurs,amp; par efpecial dü Daulphîn. Eiluy promeitnbsp;de Icferuirdorcfnauantcn toutes fes befongnes amp; affairestontre les Angloisnbsp;f’11 luy plaifoit le mander, amp; fut en ladiôle Ville de Laon bone efpace de temps.

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Irt.CCCCXL. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLVME 11. DES CHKONlS^yES

Et auantïbn departement bailla fes lettres, dont delRis eft faióle mention con-tenans la forme maniéré qui cy apres fcnfuit.

Loys deLuxernbourgGoratcde S.Polamp;deLigney,deConuerfàn,de Braine amp; de Guife,feigneur d’Angien,amp; de Beaureuoir,amp; Chaftellain de I’Ifle.nbsp;A tous ceux qui ces prefentes lettres verrot amp; orront lalut: Sçauoir faifons quenbsp;i’ay promis amp; par ces prefentes promets par foy amp; ferment de mon corps amp;nbsp;foubs l’obligation de tous mes biens faire,amp; faire faire plaine amp; entière obeïf-(ance au Roy noftre fire amp; à fes officiers tant en iuftice comme aux faits amp; co-fcruations des droits royaux de fes finances,aydes,greniers,tailles,haulx,paffai-ges:amp; autres touchans (on domaine, amp; autrement de faire celTer gardes amp; ap-paôtis mifes fus,en ce qui efi: de ma puiffànce depuis vingt ans en ça. Et auec cenbsp;promets reftituer au Roy amp; par tant où il appartiêdra ce qu’il refte, amp; reftituernbsp;de l’artillerie du Roy amp; marchandifès prinfes par ceux de Rippemonr,amp;ce quinbsp;refte de chenaux amp; chariots du Roy prins par ceux de Marie. Et auec ce ay promis amp; promets de refpondre en la Court de Parlement à tout ce que le Roy OUnbsp;fon procureur voudra maintenir,requerre ou demander touchant la fucceffionnbsp;defeumonfeigneurleComtcde Ligney mon oncle à qui Dieu pardoint,tantnbsp;au regard des heritages comme des biens meubles que tenoit amp; pofledoit mb-dit feu oncle au lourde fon trefpas, pourtant que toucher m’en peut amp;pournbsp;les Comtez de Ligney,amp; de Glü^fe, corne pour autres terres amp; feigneuries venues à mondit feu oncle. Et de tenir, Qbeïramp; accomplir en tant qu’àmoyeftnbsp;tout ce que par ladiébe Court me fera fur ce dit iugé amp; pronocé.Pourquoy i’aynbsp;prins amp; accepté iour, amp; me fuis tenu amp; tiens pour adiourné en ladiâe Courtnbsp;deParlement, pour refpôdre au procureur du Roy au quinziefme iour de luil-let prochain venant, pour y procéder ain.fi qu’il appartiendra. Et generalleracntnbsp;promets faire enuers le Roy mon fouuerain feigneur, tout ce que bon amp; loyalnbsp;fubied doit,amp; eft tenu de faire enuers fon Roy naturel amp;: fouuerain feigneur.nbsp;Ne ne (buffriray ne tiendray en nulles de mes places gês pour faire guerre, mal,nbsp;ne dommage fur le pàÿs,amp; fubieéls du Roy.Et auec ce promets rendre amp; deli-urer toutes les terres d’autruy que i’ay en ma main à caufe de la guerre,amp; au regard dç Montagu, faire mon plain pouoir d’icelle rêdre. Toutes lefquelles cho-fesic promets de tenir de point en point, ainfique delTus eftditfanscnfrain-dre. En tefmoingdccei’ay fignéces prefentes de ma main, amp;feellées du fcelnbsp;de mes armes le xx.iour d’Auril l’an mille quatre cens xlj.

Comment la Dacheffe de Boargongne vint d Laon deaen le nbsp;nbsp;nbsp;^our faire aucunes requeues autres matières.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;»

V mois deflTufdit la DuchefiTedeBourgongne femme au Duc Philippe amp; fille au Roy de Portugal, alla deuers le Roy Charles en la cité de Laon treshonnorablemcnt accompaignée decheualicrs amp; ef-^xuyers comme de gens de côfeil,amp; aufli de dames amp; de damoifelles. Et pource qu’elle n’eftoit point bien^iaitce, fè faifoit porter fur vne lidiere. Sinbsp;vint au deuant d’elle bien vné lieue le CÔneftable,qui auoit efpoufé la (œur dudit Duc de Bourgongne,commedit eft ailleursdequel Conneftable la mena amp;nbsp;coduiél iufqucs en ladiâe ville, amp; auffi deuers le Roy qui la receut aftez cour-toifement

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L'ENGEERR. Egt;E MONSTKELET. CHARLES Eli. i8i toifemenrjóc aufli feit fon fils Ic Daulpliin amp; autres plufieurs nobles amp; gras fei-gneurs. Apres laquelle reception elle fe retrahit en l’abbaye de S.Martin, où elle fut logée. Et depuis fut par plufieurs fois deuers le Roy pour luy faire aucunes requeues,dont elle eftoit chargée de par ledit Duc de Bourgongne fon fèi-gneur amp; mary,tat fur la paix generalle d’entre les Royaumes de Frâce amp; d’Angleterre,comme pourlefaitdu Duc d’Orléans. Etaueccepourlafortefledenbsp;Montagu appartenant au feigneur de Cornmercy,que tenoit encores Villemetnbsp;de Hainault,amp; autres des ges de feu meflîre lean de Luxêbourg.Et fe vantoientnbsp;ceux qui la tenoientdela non rendre à ceux qui défia les auoient requis denbsp;par le Roy,fans le congé amp; licence du Duc de Bourgongne.Pour lequel reffuznbsp;y eftoient allez grand copaignie des gês du Roy, fur intention d’y mettre le liege. Si fut aucunement atargé de luy mettre, fur elperance qu’on trouueroit aucun bon traiclé deuat le partement d’icelle Ducheflcdaquelle feit en outre plufieurs requeftes au Roy.mais peu luy furent accordées: nesntmoins elle feit lesnbsp;Pafques audit lieu de Laon amp; y tint trefnoble amp; bel eftat.Si fut aflez vifitée desnbsp;gras feigneurs amp; plufieurs autres notables gens de l’hoftel d’iceluy Roy. Et pareillement alla deuers le Roy à Laon lean de Bethune,Côteire de Ligney amp; Vi-comtefie de Meaulx: lequel Roy fut cotent de la venue,amp; la receut trelaggrea-blcmcnt amp; ioycufemêt:amp; reloua icelle Comtefle du Roy toutes les leigneuriesnbsp;quelle tenoit de luy. Et auecques ce feit certain traiéhé auec fes commis pournbsp;amp; en tant que toucher luy peut des biens meubles, que fondit feu mary luy a.^nbsp;uoitlaiirez:lefquelsondiloiteftreconfifquez, pource qu’il eftoit allé de vie ànbsp;trefpas eftant aduerfaire du Roy,amp; en paya certaine fomme d’argét.Et par ain-fi au regard de ce demoura paifible,amp; en obtint lettres royaux.Et icelle leiour-nant alors en ladióle ville de Laon,fut inftamment requife de prendre à mary lenbsp;Comte d’Eu,mais elle fen exculà aucunement. Et brief iours apres enfuiuansnbsp;quand elle eut faitamp; accomply ce qu’elle peut,elle fen retourna ou chafteau denbsp;Beaureuoir,amp; de là à Cambray : durant lequel temps venoient de iour en iournbsp;plufieurs gens deuers le Roy pour luy faire hommage amp; le feruir:lefquels il re-tenoit amp; leur promettoit à eux faire du bien largement,car il auoit voulenté denbsp;faire l’Eftéenfuiuant vne trefgrolTe armée à l’encontre des Anglois fes anciensnbsp;aduerfaires. Item en cell an fut aceufé deuers le Duc d’Orléans vn fien elcuyernbsp;de l’elçuyerie nommé Dunot,de l’auoir voulu empoifbnner à la requefte amp; in-ftance (comme on difoir)d’aucuns grans feigneurs de l’hoftel du Roy de Fran-ce:fi fut pour celle caufe trcfdurementgehainé,queftionné amp; examiné,^ apresnbsp;noyé par nuiél en l’caüe de Loyre-.mais du furplus fut peu de nouuelle que la benbsp;fongne vint à clarté contre ceugt;qui eftoient fulpedionnez.Durant aufti le têpsnbsp;deflufditjfefaduancerentenuironhuiét vingts faquemens de l’hoftel du Roynbsp;Charles,amp; allèrent ou pays de Hainault en vne ville nomée Haufly: en laquelle auoit bel chaftel. Et fe logèrent là,amp; fy tindrent deux ou trois iours.Si com-polèrent plufieurs villes amp; villages tant de Hainault commedeCambrefisànbsp;grand finance: durât lequel temps meffir»Iean de Croÿ Baillifde Hainault afnbsp;fembla aucune puiftance de gens d’armes au Q^fnoy le Côte, amp; fen vint pournbsp;les deftrouirer:mais vne partie fe retrahirent audit chaftel, lefquels furent tan -toft airailliz:auquel aflault fut mort vn moult notable gentil-homme aflez an-Hh

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M.CCCCXLI.

VOLUME II. DES CHRONIQUES

eien nommé Lordenoisd’Ofterne. Et depuis fut fait traiólé dudit Baillifauec iceux par tel fi, qu’ils fe departiroient en deJaiflant ce qu’ils auoient prins : amp; a-uec ce luy donnèrent vne lomme d’argent,affin qu’il les laiflaff: partir.Et en y a-uoit eu plufieurs morts amp; deftrouflez, qui auoient cfté trouuez en ladiâe villenbsp;de Haulfy. Si fe partirent tous enfemble pour eux tirer vers la ville de Laon :nbsp;mais ils furent rencontrez des gens du Comte dcS.Pol versie pontauNou-uion,ôe du tout deftrouflez: amp; la plus grand partie y demourerent morts en lanbsp;place.


Comment la, na au Q


aV comenceraent de ceft an CharlesRoy de Frâce eftant à Laonjoù il auoit fblennifé le iour de la refurredio noftre Seigneur en l’hoftel e -piftopal de l’Euefque d’icellc cité deLaon,tenans plufieurs grans co-feils fur les requeftes que luy auoit faiôtcs la Duchefles de Bourgon-gne amp; ceux de fon confeil.En la fin dcfqucis conlèils finablement, comme i’aynbsp;declairé,luy en furent pou accordées dont elle ne fut point bien cotente. Et ap-pcrceut aflez clercment,amp; aufli feirent ceux qui y eftoiêt auecques elle que lesnbsp;gouuerneurs d’iccluy Roy n’aueient mie aggreablc le Duc de Bourgongne ne

nés. Et pourtant elle voyant que (à demeure illecquesne luyeftoit

mie grädement proffitablc,print congé au dcflufdit Roy,amp; le remercia de l’bo-neur amp; bonne reception qui luy auoit efté fàiôte:ôc apres luy dit.Monfeigncur • de toutes les requeftes que ie vous ay faides ne m’en auez nulles odroyées nenbsp;accordées,jaçoit-cc felon mó aduis qu’elles feuflent aflez raifonnablcs. A qiioynbsp;le Roy luy refpondit alTcz courtoifement, en difiint ; Belle (œur ce poife nousnbsp;qu’autrement ne fe peut faire:car felon ce que nous irouuons en noftre confeibnbsp;à qui en auons parlé bien au long, icelles requeftes nous feroient moult preiu-diciables à accorder. Apres lefquelles parolles elle print congé (comme dit eft)nbsp;au Roy amp; à fon fils le Daulpin.Puis fe partit de là,amp; f en vint au gifle à S.Quennbsp;tin auec elle toutes fes gens . Et la reconduit le Conneftablc amp; aucuns autresnbsp;grand elpace: duquel lieu de fiiind Quentin elle fen vint le lendemain difnernbsp;au chaftcl de Cambrefis,amp; â cefte heure eftoient allez aucunes gens dudit Roynbsp;fourrager ou pays de Hainault amp; és marches à l’enuiron, amp; emmenoict moultnbsp;großes proyes :c’eft â fçauoir cheuaux,vaches amp; autres biens amp; beftaîl. Si y fu

rent toft amp; roidement plufieurs des gens de ladide DuchelTe : Lefquels en oc-


cirent trois ou quatre eh la place, amp; les autr fe làuucrcnt par force de bien fuir, rclèrué deux qui furent ratains amp; prins, amp; menez au Quefnoy le Comte,nbsp;où ils eurét les haflereaux couppez. Auquel lieu du Quefnoy alla au gifle icelle Duchefle de Bourgongne où eftoit le Duc fon mary, â qui elle racopta toutnbsp;ce qu’elle auoit trouué enuers le Roy de France amp; ceux qui Iegouuernoient:amp;:nbsp;pourvrayla plus grand partie des nœbles qui auoient efté auec elle en iceluynbsp;voyage, n’eftoient point fi François a leur retour qu’ils eftoient quand ils afferent deuers le Roy,pour aucunes parolles qu’ils auoiet ouÿes amp; veües en iceux

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D'ENGFEBB. DE MONSTKELET. CHARLES yil. i8x Idy mefmesjamp;fen deuifàauecqucs aucuns defbn plus priuéconfcil,que grandnbsp;bçfoing luy cftoit de luy fes pays tenir feurs amp; bien garnis de gens: confideransnbsp;qua peu d’occafion on ieroit toil enclin de luy faire grief ou dommage. Neat-moins fi auoit il toufiours de vaillans, difcrets,prudens amp; faiges hommes, quinbsp;moult defiroient amp; contendoient de les tenir en paix amp; bonne vnion. Et par ef-pecial de la partie du Roy fi employerent l’Archeuefque de Reims grand Cha-cellier de Frace. Et jaçoit-cc que la delTufdiâe DuchelTe de Bourgongne fe futnbsp;départie de deuers le Roy,comme vous auez ouÿ cy deuât: Si y auoit il de iournbsp;en iour aucuns hommes de bien allans amp; venans de partie à autre, pour entretenir amp; concorder ce qui feroit à faire entre eux.

Comment la fortereffede Montagti appartenant ait Damoißaa de Commerce, fut ab-batue nbsp;nbsp;dejoléepar le commandement dtt Duc de Bourgongne.

N outre meffire Robert de SalebrulTe feigneur de Commercy pour-fuiuoit tresfort le Roy amp; ceux de fon c6 feil, pour r’auoir fa forteref-fe de Montaigu : lequel feigneur de Commercy n’eftoit point en la gracedu DucdeBourgongne,maisrauoitcn trefgrand indignationnbsp;amp; haine pour plufieurs iniurcs qu’il auoit faiôtes en Ces paÿs,amp; aufiî fes gens amp;nbsp;fubieéls. Et pourtant ne voulut coientir pour nulle riens qu’icelle forterefie luynbsp;fut rendue,ains vouloir quelle fut démolie amp;gbbatuc. Et pareillement le defiroient plufieurs bonnes villes comme Reims,Laon, faind Quentin, amp; autres,nbsp;pourcc que de tres long temps, gens feftoient accouftumez d’eux y tenir : le(-quels moult fort auoiét trauaillé amp; opprefle par leurs courfes amp; pillaiges ceuxnbsp;defdides villes,ôc du plat pays à l’enuiron.Et finablcment la contlufion fut tel- •nbsp;le que ceux qui eftoient dedans, baillèrent feurté de le rendre au Roy à l’entrccnbsp;du mois de Luing prochain enfuiuant en tel eftat qu’il plairoit audit Duc denbsp;Bourgongne:c’eft à fçauoir entière ou delblée,amp; de ce fut le Roy content.Pen-dat lequel iour ledit Duc de Bourgongne feit mettre ouuriers en euure engradnbsp;nombre pour icelle fortereffe abbatre amp; démolir,amp; ainfi en fut fait:mais durâtnbsp;le temps deffufdit iceluy Damoifeau de Comercy cuida trouuer aucuns moyesnbsp;fecrettement de la r’auoir en fa main pour argent d’aucuns de ceux qui l’auoiétnbsp;en garde.Lefquels furet de ce accufèz,ôr pour celle caufe prins: amp; en y eut quatre qui eurent les hallereauxcouppez, defquelseneftoit l’vn le Preuoft delànbsp;ville dudit Montagu. Ainfi amp; par icelle iniure fut defolée icelle forterefie. Laquelle eftoit fituée amp; afiife hault fur vne montaigne en moult fort lieu, â l’oc-cafion de laquelle le pays auoit eu à (bufiiir comme dit eft cy defius.

Comment le Boy de France alla mettre le fiege deuant la 'oille de Creil laquelle il

Tem apres que le Roy de France eut feiourné par l’efpace d’vn mois ou enuiron dedans la cite de Laon, il fe partit de la amp; par Solfions amp;nbsp;Compiengno, où il feiourna par aucûs iours en at-tendant fon armée,qui le preparoit pour aller deuât la ville de Creil.nbsp;Et nonobftât que Guillaume de Flauy capitaine d’icelle ville de Cópiengne eutnbsp;fon pardô amp; remiffio du Roy pour la mort du feigneur de Rieux Marefchal denbsp;Hh ij

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RÎ.CCCCXLI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;II. des chkoniq^es

France, quiicftoit mort en fes prifons : toutcsfois n’alla il point deuers le Roy, mais par auant fa venue pour la doubte des amis dudit Marefchal fen alla auec-ques ledit feigneur d’OfFemont, pour eftre plus feur de fà perlbnne. Et lors ve-noient gens de plufieurs parties du royaume de France deuers le Roy, qui parnbsp;auant auoient efté mandez.Et peu de iours enfuiuans le Roy fe partit de ladidcnbsp;ville de Compiengne, amp; fen alla à Senlis où il feiourna vn petit de temps : amp;nbsp;puis fe meit à chemin auec fon exercite pour aller vers la ville de Creil, que te-noient les Anglois.Si fe logea affez pres d’icelle ville au cofté deuers PariSjamp; lenbsp;Conneftable amp; autres capitaines fe logèrent à l’autre cofté deuant le pont ; de-uant laquelle ville de premiere venue furent faiéles efcarmouches.Et toft apresnbsp;furent aftis les gros engins du Roy contre les portes amp; murailles, dont tresfortnbsp;les adommagerent : amp; tant que les afliegez commencèrent à auoir doubte d’e-ftre prins d’aflault:parquoy au bout de douze iours ou enuiron apres ledit fie-ge mis,requirent de traiôfer auecques iceluy Roy ou fes commis:!! leur fut oc-troyé.Ec en la fin d’iceluy traiéf é furent contens de rendre ladiófe ville amp; le cha-ftel, auec tous les biens par tel fi qu’ils pouoient tant feulement emporter leursnbsp;robbes amp; ce qu’ils auoient d’argent. Et ce fait fen allèrent foubs bon faufeon-duit tout à pied par la porte du Pont, en tirant vers la ville de Beauuais : amp; y e-ftoit en chefd’iceux Anglois meflire Guillaume Chamberlan. Apres lequel departement des deflùfdits Anglcgs le Roy entra dedans le Chaftcl. Et les autresnbsp;feigneurs amp; capitaines fe logèrent en plufieurs lieux deuant la ville, â laquellenbsp;garnifon il commeit Y uon du Puys.

Comment le Roy de France alla aßteger la ville forterefßede Ponthoiße : laquelle en • finilconquilid'ajßault.

Pres que le Roy de France eut feiourné aucun peu de iours en la ville de Creil,il tira vers la ville de Ponthoife à tout fon armée,amp; ynbsp;vint enuiron la my May :fi fe logea à l’abbaye de Maubuiffon, où ilnbsp;ya vne notable Eglifè de Dames amp; de moult beaux ediffices. Et a-

uec luy fe logèrent tous ceux de fon hoftel auec aucuns autres, amp; le Connefta-ble amp; les Marefehaux de France : c’eft à fçauoir les feigneurs de Soloingnes amp; deLohiac,^ plufieurs autres capitaines fe logèrent en aucuns autres diuersnbsp;lieux.Et brief enfuiuant furent aftis amp; afFuftez les grans engins deuant vn boul-leuert, qui eftoit au bout du pont au cofté de deuers ledit lieu de Maubuiftbn;nbsp;lequel fut tantoft fi adommagé qu’il fe rendit, amp; fut prins d’aflault. Si y furentnbsp;morts quatorze ou feize des gens du Roy, amp; plufieurs blecez, amp; pareillementnbsp;furent aucuns Angloisdequel Boulleuert le Ro^feit fortiftier,amp; ordonna pournbsp;la garde d’iceluy meftire Denys de Chaillyamp; Michault Durât à tout leurs gens.nbsp;Et d’autre part l’en feit faire vn pont par deftùs la riuiere d’Oife contre l’abbaycnbsp;de fainôt Martin, lequel fut clos de petite muraille amp; fut fortiftié tout à l’enui-ron tant de folfez comme de petits boulleuers,ainfi qu’il eft accouftumédefornbsp;tiffier baftilles. Et là fe logea meftiredCharles d’Anjou, le feigneur de Cotiuynbsp;Admirai de France,auecques luy trois ou quatre mille combattans.Et fi fut faitnbsp;à l’entrée du pont au dehors de ladiéfe riuiere d’Oyfèvne aflez forte baftille,nbsp;pour la garde d’iceluy Pont, Par le moyen defqiielles fortiffications pouoient


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D'ENG7ERR. de yiONSTKELET. CHARLES 711. 183

pafler feurement à leur aife,fans Ie danger des Anglois leurs aduerfaires,auquel coflé qu’il leur plaifoit de ladiôte riuiere. Et entre-temps que les approches def-fufdiôles fe fai(oient,vindrent deuers le Roy grand nobre de gens tant feigneursnbsp;amp; nobles hommes, comme ceux des bonnes villes qui parauantauoientefténbsp;mandez. Entre lefquelsy vindrentde ceux de la cité de Tournay iufques aunbsp;nombre de fix vingts combattans,ou au deflus en trefbon conucnant,gens d’eC-lite amp; trelbien habillez,dont en la plus grand partie eftoient arbaleftriers.Ec lesnbsp;conduifoient trois notables hommes d’icelle cité : dont le premier eftoit nommé Symon de fainél Genoix,rautre Robert le Boucher, amp; le tiers lean de Cournbsp;celle: fi furent receuz du Roy trefioyeufement. Etaufiiy vindrenteeux de lanbsp;cité de Paris en moult grand quantité amp; en trelbel eftat,amp;auec ce d’autres bonnes villes. Et ficomme ils venoient, ils eftoient receuz amp; logez par les gens dunbsp;Roy comme il appartenoit. En oultre Loÿs de Luxembourg Comte de fainôhnbsp;gneuries,y arriuaenuironhuiôl iours apres la faind lean à tout fix cens com-battans ou enuiron trelbien en point,amp; faifoit moult chault.Si meit fes gens ennbsp;bataille affez pres du logis du Roy :lequel auecques aucuns de les Princes amp; capitaines les alla veoir bien à loifir,amp; toutes les gens . Et fut moultioyeuxdefànbsp;venue.Si le feftoya amp; mercia moult grandement de ce qu’il eftoit venu fèruir ànbsp;fi belle compagnie. Auec lequel Comte de fainôl Poleftoientle feigneurdenbsp;Veruins, meflîre Collard de Mailly, Loÿs d’Angien, melTire Ferry de Mailly,nbsp;lean d’Angiers, mefiîre Dauiod de Poix,Iacotin de Bethune amp; fes freres,Geor-gesde Croix amp; plufieurs autres gentils-hommes : fi furent ce iourvne grandnbsp;partie moult trauaillez delà chaleur deirufdiôlc:amp; tant qu’à caufe d’icelle mourut vn gentil-homme nommé Robert de Frifomen. Et quand le Roy les eutnbsp;veuz(comme dit eft) fen allèrent loger en vn village au plus pres de là, amp; briefnbsp;enfuiuant fc logèrent auec les autres audit fiege.Et aufli vint le Comte de Vau-demont, accompagné de cent ou fix vingts combattans : de laquelle venue lenbsp;Roy futtrefeontent amp;ioyeux . Et pour vray à celle aflemblée furent moult denbsp;grans feigneurs au feruicc du delTuîdit Roy de France : c’ell à Içauqir fon fils lenbsp;Daulphin,le Comte de Richemont Connellable de France, amp;: les deux Maref.nbsp;chaux delTus nommez amp; l’Admirahmeflire Charles d’Anjou, les Comtes d’Eu,nbsp;de la Marche,de fainôl Pol, de Vaudemont,d’Albreth,de Tancaruille,de loyn-gny,Ie Vidatne de Chartres, le lêigneur de Challillon,le feigneur de Moreul ennbsp;Brie, le feigneur de Bueil, la I-lire,Potho de làinôle Treille,le feigneur de Hem,nbsp;mcllire Heincelin de la Tour,le feigneur de Mouÿ, Claude d’Angcll, Régnaultnbsp;de Lôgueual,le feigneur de Mt^’encourt, le feigneur de la Suze,mellire Theol-de de Valperche, Anthoine de Chabannes, Charles de Flauy, melïire Gilles denbsp;fainôl Symon,Huede Mailly ,Oliuierde Cotiuy,le feigneur de Pennelàch,nbsp;Blanchefort, Floquet,Broulàch, loachin Rohault,Pierre Régnault,le feigneurnbsp;de Grauille, melïire lean de Gapondes, Geolfroy la Hire, le ballard de Hare-court amp; moult d’autres nobles gens de grand auôlorité : amp; tant que félon l’elli’nbsp;mationdcceux en ce cognoilTans, le Roypouoit bien auoiren tout de dix ànbsp;douze mille combattansôc fleur de gens de guerre:lefquels chacun en droit foy

Pol amp; de Ligney, qui par auant auoit fait fon amats de gens d’armes en

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lA.CCCCXLI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLyyiE II. DES CHKONlQfES

le Duc d’Yorth, le (eigneur de Thalebot amp; aucuns autres chefs de la partie des Anglois, qui (e renoient à Rouen,commencèrent à aduilcr amp; à imaginer comment ils pourroient mieux fecourir leurs gens, qui eftoient dedans icelle villenbsp;de Ponthoife. Et en fin coclurent que pour la premiere fois le feigneur de Thalebot la iroit rauitailler,pour aduiièr la maniéré amp; conduire des François.Si fenbsp;meit fus ledit Thalebot à tout quatre mille combatans ou enuiron,tant de piednbsp;comme de cheual à tout chars,charettes amp; bcftial. Et alla par aucuns iours tantnbsp;qu’il vint loger iufquesâ vne ville nommée Cheurin, allez pres dudit lieu denbsp;Ponthoife,amp; là geut deux nuids. Et entre-temps bouta des viures dedans ladite ville fans auoir aucun empelchement : car le Roy amp; ceux de fon confeil e-ftoient délibérez de non combattre iceux Anglois, linon qu’ils les trouualTcntnbsp;grandement à leur auantage.Apres lequel rauitaillernent, meflirc lean deTha-Icbot fen retourna à Mante, amp; fe logèrent lès gens en vn village au dehors denbsp;la ville : amp; de là feu retournèrent en Normandie. Et entretemps les engins dunbsp;Roy de France, qui elloientaflis contre ladiôle ville de Ponthoilè,tanten lanbsp;grande baftille de lainôt Martin, comme ailleurs iettoient continuellement cotre les tours amp; murailles d’icclle,amp; les derompoient en plufieurs lieuxzmais lesnbsp;deiïufdits alïiegezles refaifoient denuicl amp;de lourde queuhes amp; de boisaunbsp;mieux qu’ils pouoient. Et auecques ce faifoient aucunesfois des faillies contrenbsp;lefdits Françoiszaufquelles tant d’vne part comme d’autre en y auoit treflbuuetnbsp;de morts ou de naurcz.Durant lequel temps le Roy amp; ceux de là partie encloy-rent icelle ville par liege tout à l’enuiron : mais bonnement ne pouoyent encores veoir,que ce fe peull faire làns trop grand peril, par ce que lefdits lieges ne

• pouoyent aller ou lecours l’vn à l’autre, fc befoing en eull: efté. Et fe fentoyenr, que les Anglois delTufdits elloyent bien puiirans,amp; alTcz prefts pour venir briefnbsp;enfuiuant eux combattre pour 1 euer le liege. Et pour ces caufes delayerent lef-dits François de enuironner icelle ville. Et fut ordonne qu’on feroit encore vnenbsp;grande ballille en la forell-de Compiengne pour amener par eaüe, amp; icelle af-leoir fur aucun des collez, où on verroit qu’il feroit plus expedient. A laquellenbsp;pour la faire expedier fut commis Guillaume de Flauy. Et certain temps apresnbsp;ledit meiTirelean deThalebot retourna pour la feconde fois,amp; rauitailla de re-chef ladiôle ville amp; lefdits alTiegez de foifon de viures amp; d’aucuns engins amp; a-billemens de guerre.Et à chacune fois y lailToit vne partie de fes gens, amp; r’ame-noit auecques ceux qui elloicnt naurez ou malades: amp; comme par auant apresnbsp;ledelTufdit rauitaillernent,fenretourna fans auoir aucun empefehementounbsp;dellourbier.Toutesfois le Roy voyant les maniérés que tenoient fefdits aduer-faires,ayant conlideration que celuy liege pouvoir ellre long par le moyen desnbsp;viures qu’on amenoit en ladidc ville de Ponthoile de iour eniour, en elloitnbsp;inoult melencolieux amp; delplaifant. Neantmoins il de là perlbnne faifoit tref-grand diligence tant de faire fortiffier fes ballillcs, comme de les pourueoir denbsp;viures amp; autres belongnes necellàires pour eux deffendre,fe ainli aduenoit quenbsp;on les alfaillill.

Comment le Duc ^Torth fouuerain gouucrneur de JSIormandie pour le Roy d'Angle-terre^vint 'vers At 'ville de Ponthoiß pour cuider leuer le ßege du Roy de France.

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D'ENCHERI DE quot;MONSTD^ELET CHARLES Ell. 184

V temps deffufdit le Ducd’Yorch qui cftoitchef pour la guerre, amp; Lieutenant general pour le Roy Henry d’Angleterre quant es marches de France,amp; de Normandie : auoit aflerablez de fix à fept millenbsp;combattans,entre lefquels efloient les feigneurs d’Efcalles,amp; de Tha



lebot, meflire Richard Dondeuille, qui auoit efpoufé la Duchefle de Bethforc Leur â Loÿs de Luxembourg Comte de fainól Pol, amp; aucuns autres capitainesnbsp;de Rouen, dont plus auant ne me fuis informé des noms. Et auoient auccquesnbsp;eux trefgrand nombre de chars, charrettes amp; cheuaux chargez de viures amp; artilleries , ôe fi y auoit trefgrand nombre de beftail. Si fe meirent en chemin ennbsp;moult belle ordonnance entour la my Tuil let. Et de Rouen par aucunes iour-nées vindrent deuers Ponthoife ledit Duc d’Yorth amp; fes gens:amp; faifoit l’auant-garde à tout trois mille combattans mefiire lean de Thalebot. Si fe logea leditnbsp;Duc à Ceuery à demie lieue pres de ladiéle ville de Ponthoife : amp; l’auanigardenbsp;fe logea en vne ville nommée Hetonuillc: auquel logis y furent par trois iours,nbsp;amp; rauitaillerent ladiéle ville trefabondammêt de plufieurs maniérés de viures.nbsp;Etadoneques feirent fçauoirau Roy qu’ils efloient venus pour le combattrenbsp;amp; toute fa puiffance, fil fe vouloir mettre aux champs contre eux. Mais le Roynbsp;n’eufl point confeil de ce faire, ains luy fut dit amp; remonftré comme autresfoisnbsp;par ceux de fon grand confeil, qu’il feroit trop mal confèillé d’aduaturer fa per-fonne,amp; toute fon armée contre gens de fi petit eflat. Au regard de luy difàntnbsp;oultre que autresfois luy auoit trop cher coufl^ en aucunes batailles,qui auoiêtnbsp;eflé faides contre eux par fes gens durant fon regne: amp; que mieux valloit denbsp;leur laiffer faire leur enuahie pour cefle fois,amp; garder les paflages de la riuiere:nbsp;car bonnement ne pourroient lefdits Anglois faire long feiour à fi grand genr,nbsp;pource qu’ils n’auoient viures finon a grand danger, amp; fut cefle conclufion te-nuc.Si furent plufieurs capitaines enuoyez par ordonnanceauecques leurs gensnbsp;au bout de la riuiere d’Oize,depuis Ponthoife iufques à Beaumont Slt; encoresnbsp;oultre,Et leRoy amp; ceux des baftilles demourerent en leurs logis.Et adonequesnbsp;les Anglois voyans que point ne feroient combattus, prindrent confeil amp; conclurent l’vn auecques l’autre de paffer la riuiere d’Oyze fils pouoient, pour aller en l’Iffe de France,amp; mefmement au logis du Roy. Si fe deflogerent dont ilsnbsp;efloient logez au quatriefme iour, amp; tous enfemble fen afferent loger à Chan-uille-hault-Vengier. Et pource qu’ils efloient aff'ezaduertiz amp; informez qu’onnbsp;gardoit les paffages contre eux, veirent bien qu’ils ne pouoient mieux faire nenbsp;acheuer leur entreprinfe que par nuid.Et auoient de petis bafleaux de cuir amp;denbsp;bois, cordes amp; autres habillemens tous propices à faire pons, qu’ils auoientnbsp;chargez fur chariots. Si ordonnèrent que la greigneur partie de leurs gens feroient fcmblant de vouloir paîer par force d’affault au port de Beaumont,en ynbsp;faifant vn trefgrand cry amp; haulte noyfc, affin que toutes gens de leurs aduerfesnbsp;parties l’aiflafFent leurs gardes poury venir :amp; les autres à tout leurs habille-mens iroient tout coyement efpier fur la riuiere,quand ils verroient qu’il feroitnbsp;heure de befongner. Laquelle chofe ils trouuerent felon leur intention, c eft ânbsp;fçauoir adrefferent contre l’abbaye de ffeaumont où lors n’y auoit point denbsp;gueôl: car défia toutes gens de guerre efloient allez deuers ledit lieudeBeau-mont,ou le deffufdit bruit amp; cry eftoit encommencé, ficomme entre eux An-Hh iiij

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M.CCCCXLI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rOLJ/l^lE 11. Tgt;ES CHMl^lQ^yES

glois auoient propofc diuifé.Et faifbient grand femblant de vouloir illec paffer la riuiere ce qui eftoit mal pofTible, pourtant qu’on leur voulfift deffendre. Et adoncques les deflufdits Anglois boutèrent vn baftel en l’eaue, amp; palFerentnbsp;bien doubtablement oultre trois ou quatre pour la premiere foisdefquels attachèrent vne forte corde d’vn bort à l’autre à tout petits poinflbnsjqu’ils auoientnbsp;lyé par le raeillieu : par le moyen de laquelle ils paflerent tantoft de quarante ânbsp;cinquante, lefquels fe fortiffierent de pieux aguifez aux deux bouts, ainfi qu’ilsnbsp;ont accouftumé amp; eftably de faire.Or confiderez le grand peril où les premiersnbsp;paffaos fe mettoient, pour vray fil y euft eu tant fèullement dix combattans denbsp;la partie des François, ilseuffent bien gardé ledit pafTage contre ledit Ducnbsp;d’Yorth. Si eft moult bel exemple pour ceux, qui ont telle befongne â conduire d’y commettre gens qui foient feurs,amp; doubtent â perdre leur hôneur,pour-ce que par mauuaife diligence aduient fouuent de grandes mef aduentures. Etnbsp;toft apres aucûs des gens de Floquet qui auoiêt la charge de ce cofté en retournant deuers Beaumont, où ils eftoient allez au cry defliifdit apperceurent lefnbsp;dits Anglois qui pafToienr.Si y allèrent tantoft,amp; crièrent à l’arme tout du longnbsp;de ladiâe riuiere iufques audit lieu de Beaumont où efloient grand partie desnbsp;capitaines,qui montèrent tantoft à cheual. Et allèrent les aucuns audit paftagenbsp;fur intention de les rebouter, mais ce fut peine perdue : car ils eftoient en tref-grand nombre pour y refifter : jaçoitee qu’il y euft efcarmouche entre icellesnbsp;deux parties. A laquelle efcarmdbche fur mort vn trefuaillani homme,nomménbsp;Guillaume du Chaftel nepucu de meflire Taneguy : amp; auec luy furent mortsnbsp;deux ou trois autres. Et auoient fait lefdits Anglois vn pont de cordes, par lequel ils paflerent tout leur charroy amp; autres bagues amp; habillemens de guerre.

* Et lors les François voyans qu’ils ne pouoient mettre remede, fè tirerent hafti-uement grand partie vers Ponthoife, amp; noncerent au Roy de France ces nou-uellesdequel en fut moult grandement defplaifant. Et apperceut bien aucunement qu’il eftoit en grand peril de receuoir grand honte,dommage amp; deftour-bier.Si feit fans delay porter grand nombre de fon artillerie dedans la grand ba-ftille de fàinôt Martin, amp; fe prépara diligemment de deftoger de là amp; toute fon armée fc befoing luy en euft efté. Et lors iceux Anglois quand ils furent pafleznbsp;tout à leur ayfe, couchèrent la premiere nuid au pont dudit paflage, amp; feirentnbsp;ce iour aucuns nouueaux cheualiers. Entre lefquels le furent faits les deux freies du Comte d’EftafFort,dont l’vn fe difoit Comte d’Eu.Et le lendemain fè def-logèrent affez matin amp; cheuaucherent en moult belle ordonnance en tirantnbsp;vers Ponthoife,amp; fe logèrent en deux villages.Et adoncques eut le Roy confèilnbsp;de laiffer fon logis de Maubuiflbn ; amp; fen alla à Poifly, amp; auecoues luy tousnbsp;ceux de fon oft refèrué ceux de la baftillc fàind Kdartin. En laquelle demoure-rent de deux à trois mille combattans ou enuiron:defquels eftoit fouuerainnbsp;capitaine le fèigneur de Cotiuy Admirai de France. Et auecques luy la Hire,nbsp;loachin Rohault,Iean d’Eftouteuille amp; Robinet fon frere, meflire Robert denbsp;Bethune feigneur de Moreul en Brie, le Seigneur de Chaftillon, le feigneur denbsp;Moyencourt,Regnault de LongucuaT, le fèigneur de la Roche^Guyon, le feigneur de Moÿ en Beauuoifis amp; moult d’autres nobles amp; grans fèigneurs amp;vailnbsp;lans hommes de guerre :amp; aufliy demourerent ceux de la cité de Tourna/nbsp;donc

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D'ENGJ/ERR, DE MONSTKELET CHARLES nJ. 185 dont deiîùs eft faicle mention. Et y auoit on rctraiót des viures de l’oft en tref^nbsp;grand abondance, amp; au parlement d’iceluy Roy leur fut promis de les fècourirnbsp;amp; ayder en tout ce qui leur feroitpoflible. Et quand au boulleuert du bout dunbsp;pont que tenoient lefdits François, ils le delaillerent amp; abandonncrent.Et en a-pres IcdelTufdit Duc d’Yortlife tira vers Maubuiflbndont le Roy de Francenbsp;l’cftoit party. Et y trouua encores des viures amp; moult d’autres biens, que lesnbsp;marchans n’auoient peu emmener,amp; là fe logea.Et thallebot fen alla loger vnenbsp;lieue plus auant en vne ville fur la riuiere entre Ponthoife amp; Conflans, Icfquelsnbsp;logis ils tindrent trois iours.Et alloient en la ville par leur pont que ceux de dedans auoient reediffic, auecques leur boulleuert tout à leur bon plailîr. Et pareillement ceux de dedans iflbicnt quand bon leur fembloit, fans auoir empef-, chemcntoudeftoLirbierdeleurfditsaduerfaires.Si elperoientceuxde ladiólenbsp;Baftille eftre alTailliz chacun iour,amp; elloient en voulenté d’eux trefbien deffen-dre:de laquelle chofe au regard d’aflau 1 t,ils n’auoient garde : car iceux Angloisnbsp;n’eufTent iamais bouté leurs gens en ce danger, attendu les affaires qui leur fur-uenoient dont ils ne pouoient encores veoir la fin. Mais nonobftant ce leur di-foient qu’ils les aflauldroient, amp; qu’ils fe departifl'ent à tout vne partie de leursnbsp;bagues, amp; qu’ils feroient engens de grand fens : attendu amp; veu que le Roy lesnbsp;auoit abandonnez amp; laifTcz en ce danger ; mais ils n’en auoient voulenté . Ainsnbsp;refpondirent qu’ils n’en feroient riens,amp;: que jipint ne les doubtoienti Entre lef-quelles parolles furent faiétes aucunes efcarmouches entreeuxamp; plus detraiâ:nbsp;que par aucune manière. Et au quatriefme iour ledit Duc d’Yortlife deflogeanbsp;dudit lieu de MaubuifTon, amp; alla au logis de Thallebot qui auoit. fait faire vnnbsp;boulleuert de cordes, clayes amp; autres befongnes, par lequel ils r’appafTerent •nbsp;l’eaiie d’Oize,amp; pouoient bien auoir cinquante chars que charrettes.Et ce propre iour Pothon de fainde Treille feftoit party de PoifTy à tout grand quantité de gens de guerre, pour mener viures à la deuantdiéfe baftille. Et allèrent a-pres luy le Conneftable de France, le Comte de fainéf Pol, amp; aucuns autres capitaines pour le fecourir,fil en euft eu befoing : mais ils furent aduertiz du ra-paffage defdits-Anglois, parquoy ils enuoyerent deuers ledit Pothon dire qu’ilnbsp;fe haftafl de retourner.Et il leur remanda qu’ils fen allaffent paffer par Meulan,nbsp;par où ils fen retourneroient audit lieu de Poifly par l’autre cofté de la riuiere;nbsp;laquelle chofe ils feirét,amp;: apres que le Ducd’Yorth amp; fes Anglois furent r’ap-pairez,comme dit eft,f’en allèrent mettre en bataille deuant PoifTy, où effoientnbsp;le Royôc le Daulphin auec grand partie des feigneurs amp; des capitaines.Et y euenbsp;vne moult grande efcarmouche : à laquelle furent prins deux des archiers dunbsp;Conneftable de France, amp; vn Schier du Comte de faind Pol. Et de là fen allèrent loger en vne ville nommée Tourne fur Seine. Et le lendemain retournèrent à Mante : amp; le Roy fen alla à PoifTy amp; à Conflans à tout vne partie de fesnbsp;gens.Etledit Conneflable, le Comte de fainél P0Iamp; plufîeurs autres allèrentnbsp;pafTer à fainél Clou amp; de là à Paris,où ils furent deux ioursamp; puis retournèrentnbsp;toutes gens de guerre en Tlfle de France,(«ù leur furent deliurées villes pour euxnbsp;loger chacun felon fonéflat. Et depuis le Roy à tout les feigneurs qui efloiencnbsp;entour luy, allèrent à fainél Denys en France, où ils furent iufquesà lamynbsp;Aoufl.Et delà retourna le Roy encores à Conflans,où il feit faire vn pont pour

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^i.CCCCXLt nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;VOLUME It DES CHROttlQ^yES

pa/Ter vne ifie fur la riuiere de Seine. Auec ce feit faire vn autre pont pour pâf-ferladefl'ufdide riuiere tout oultre:au bout duquel il feitvn boulleuert amp; grans foflez entour, dedans lequel fe logèrent grand nombre de gens de guer-re:durant lequel temps Thalebot vint piller la ville amp; l’abbaye de Poifly,amp; lesnbsp;biens des Dames,amp; puis fcn retourna à Mante.Et briefenfuiuant fut la ville denbsp;Ponthoife r’auitaillée pour laquatriefme fois: amp; y demourerentles gens dunbsp;Ducd’Yorthau lieu de ceux qui y eftoient depar ledit Thalebot, dont le Roynbsp;fut moult trauaillé,voyant qu’il eftoit petit apparant que fon entreprinfe veinftnbsp;à bonne fin. Et conclufion il penfà en luy mefmes,que fil fe departoit de la fansnbsp;auoir l’obedience d’icelle ville de Ponthoife,qui tant luy auoit coufté,amp; deuantnbsp;laquelle il auoit ja efté fî longue efpace de temps, celuy feroit vn trefgrand de-bou.tement amp; deshonneur de f’en partir fans la fubiuguer amp; crieroit le peuplenbsp;contre luy amp; fes gouuerneurs, amp; par efpecial les Parifiens qui tant auoient misnbsp;du leur.Et aucc ce eftoit du tout aduerty comment les Princes de fon royaume,nbsp;amp; mefmcment de fon fang n’eftoient point bien contens de fon gouuernemêt:nbsp;amp; luy auoit efté dit qu’ils fe deuoient affembler enfemble,amp; que ce n’eftoitnbsp;point pour fon bien, amp; par ainfi n’eftoit point merueille fil auoit bien à penfèr.nbsp;Neantmoins il fe difpofà amp; conclud auec les plus feables de fon confeil, de retourner amp; loger audit lieu de MaubuifTon amp;de pourfuyuir fàdide entreprinfe,nbsp;amp; y reuint au bout de douze ioiirs apres qu’il en fut party.Si feit reloger fes gêsnbsp;en plufieurs lieux ainfi comme ils eftoient parauant fon partcment.Et vn autrenbsp;iour fè leua vne moult grande efcarmouche au Conneftable entre MaubuifTonnbsp;amp; ladite ville,à laquelle fut mort Claude de Hangeft fèigneur d’Ardillieres du

• traidd’vn canon . Et d’autre part durant le temps deftufdit, furent faiôles plu-fieurs cheuauchées amp; efcarmouches entre les François amp; les Anglois : lefquel-les à racompter chacun à par luy feroient trop longues amp; ennuyeufès, dont â l’vne fut blecé Charles d’Anjou d’vne flefehe. Et au regard des groffes befon-gnes amp; rencontres, fcn feirent peu qui facent â eferire. En apres le Comte denbsp;faind Pol qui auoit fes gens, lefquels eftoient moult trauaillez amp; auoient de-fpendu largement du leur, amp; moult defiroient de retourner en leur pays: luynbsp;prièrent qo’il lesvoulfift ramener, print congé du Roy amp; de monfèigneurlenbsp;Daulphin, amp; fen retourna deuers fon pays : lefquels luy donnèrent de beauxnbsp;dons en le remerciant des bons feruices qu’il leur auoit faits.Si fe partit de la, amp;nbsp;puis emmena fès gens pour paffer la riuiere d’Oizeau Pont-fainde-Maxence.nbsp;A l’entrée duquel Pont le capitaine d’icelle iffit hors pour parler au Comte denbsp;faind Pol.Si fefmeurent entre eux parollcs rigoureules:amp; tant,qu’iceluyCom-tedefaind Pol cuida faire prendre ledit capitaàic: mais il faillit viftement dedans fon fort. Et incontinent feit tirer de canons amp; d’arbaleftres fur ledit Comte de faind Pol amp; fes gens : defquels coups de canon fut tué le cheual meffirenbsp;Ferry de Mailly,amp; vn autre homme d’armes eut le bras rompu.Pour lequel debat ledit Comte amp; fes gens fe retrahirent arriéré delà, amp; fen allèrent paffer ànbsp;Compiengne, amp; delà fe tira ledit Ccwate en fon pays. Et ceux dudit Pont allèrent apres aucuns de fès gens, qui eftoient paffez amp; allèrent vers Montdidier.nbsp;Si les battirent amp; deftroufferent. Et en ces mefmes iours fe partit pareillementnbsp;Je Comte de Vaudemont à tout fes gens,amp; aufïî feirent autres grans feigneurs:nbsp;amp;

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D'ENGl/EKK. DE MONSTKELET CBAKLES Hl. i8^ amp; laiflerent leRoy en l’cftat que vous aucz ouy,dont iÏ n’eftoitgueresioyeuxnbsp;quelque femblant qu’il monftrallimais il ne pouuoit adonc auoir autre, amp; luynbsp;conuenoitattendre toutes les aduentures qui plaifoità,Dieuluy enuoyer.Sinbsp;faifoit de iour en iour trefdiligernment continuer de faire letter Ces gros enginsnbsp;contre les tours amp; murailles de la ville, amp; auec ce contre l’Eglilè de noftre Darne eftant au dehors d’icelle villedaquclle les Anglois tenoient amp; auoient tenunbsp;touliours pafle longtemps. Lefqiiels murs de ladide Eglife furent moult de-inoliz Sgt;c abatus, tant que le feizicfme iour de Septembre enfuiuant le Roynbsp;eutconfeil de faireadaillir icelle Eglife,amp; fut par vn fàmedy. Sifutaffez toflnbsp;prinfèd’aflaultamp;ceux de dedans morts amp; prins î laquelle Eglife eftoit moulenbsp;haulte amp; aflez pres de ladiéfe ville. Parquoy on pouoit de là vcoir grand partienbsp;du gouuernement defdits Anglois amp; auec ce les en pouoient moult trauaillcrnbsp;de petits canons amp; couleurines aufli d’arbaleftrcs amp; autres habillemens denbsp;guerre. Par le moyen de laquelle prinfe de ladidfe Eglife, fut de rechef concludnbsp;le mardy enfuiuant qu’on liureroit plufieurs aflaulx à icelle ville, pour veoir amp;nbsp;cflayerfe onia pourroit bien conquerre. Et comme il auoitefté conclud futnbsp;fait ; car le mardy deiïufdit le Roy amp; tous les autres feigneurs amp; capitaines fei-rent armer amp; habiller leurs gens,amp; les enhorterent tous eux crias à haulte voixnbsp;fainôl Denys, ville gaignée. Si fe trouuerent tantofl: dedans eu trefgrand nombre , qui trefuaillamment enuahirent les delfendans, lefquels commencèrent ànbsp;tourner le doz amp; fuyr pour eux retraite par les Eglifes amp; autres fors lieux.Tounbsp;tesfois y eut tantofl amp; plus preflcment plus de cinq cens Anglois mis à l’efpécjnbsp;amp; le furplus furet prifonniers qui pouoient eftre felon iufte eftimation le nombre de quatre cens ou enuiron.Et entre les autres de ceux qui y furent morts, lenbsp;fut vn cheualier Anglois nomme meflirc Nicolle Bourdet, amp; fi fut prins le capitaine de ladiôle ville. Et de la partie du Roy y furent morts tant aaflaillir lanbsp;ville amp; au prendre comme ceux qui moururent apres par bleceures, quarantenbsp;ou enuiron. Si furent auffi faits plufieurs nouueaulx cheualiers, entre lefquelsnbsp;le furent lean amp; Robinet d’Eflouteuille frétés, Régnault de Longueual, le Bonnbsp;Rculy amp; plufieurs autres. Et quant au regard de celuy qui mont^premier futnbsp;la tour du Frice,il fut moult audlorlfé de tous les feigneurs pour fa grand vaillance. Si le ennoblit le Roy amp; (es fuccelleurs, amp; auec ce luy donna aucuns riches dons pour foy entretenir luyamp;r fon eftat.Si entra ledit Roy en ladiôle villenbsp;auec ceux de fon afiault. Et affez to ft apres que fes gens l’eurent gaignée, feitnbsp;deffendre incontinent qu’on ne feit nulle force aux habitans d’icelle ville quinbsp;feftoient retraits efdiéles Eglifes, finon à ceux qui efloicnt armez. Et luy venu,nbsp;fa baniere au plus pres de luy ieuant la grand Eglife vn Anglois faillit hors d’icelle, qui fe rendit à luy. Si le receut à mercy depuis amp; le deliura fans payer aucune finance, amp; luy donna aucuns beaulx dons. Et tantofl entra dedans icellenbsp;Eglife, amp; feit fon oraifon moult deuotement amp; humblement deuant le grandnbsp;autel, en regraciant Dieu fon créateur de la belle amp; bonne fortune qu’il luy a-uoit enuoyée . En apres tout le iour amp; l;^uicl enfuiuant iceux François cher-choient les Anglois, lefquels feftoient mucez en plufieurs lieux amp; diuers. Etnbsp;ainfi qu’ils les trouuoient les raettoient à l’efpée, ou les prenoient prifonniers.nbsp;Ainfi amp; par celle maniéré reconquift Charles Roy de France feptiefme de ce

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M.CCCCXLL nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLyXiS IL T)ES CHLOLLIQ^I^ES

nom : Ia dcffiifdióle ville de Ponthoife par force d’aflaulc à fon tres grand hon-neundeuant laquelle ville il aiioit eu plufieurs grans affaires, comme delTus eft dcclairé.Ec au regard des nobles tant cheualiers comme efcuyersamp; autres gensnbsp;de guerre qui furent à iceluy aiïault, il en y eut trefgrand nombre, qui fy por-toient preud’homméement moult vaillamment. Entre lefquels me fut dit quenbsp;meflire Charles de Bofqueaulx y auoit eftébien veu.

Comment le Duc d'Orléans retourna de France deuers le Duc de Bourgongne.

N l’an deffufdit Charles Duc d’Orleans retourna du pays de France W deuers le Duc de Bourgongne, qui fe tenoit pour lors en la ville denbsp;Onbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Hefdin : lequel Duc de Bourgongne quand il fccut la venue, alla au

deuant de luy amp; fentrefeirent grand chere,amp; tous enfemble fen allerem audit lieu de Hefdin, où le delTufdit Duc d’Orléans fut parl’elpacede huit iours,amp;y foleranifa la felle de Toufl'ainds.Pendant lequel temps tindrentnbsp;l’vnauec l’autre plufieurs grans amp; ellroitsconfeilsfur leurs affaires amp; befon-gnes: amp; conclurent d’eux affembler affez brief enfuiuant en ladiôle ville denbsp;Neuers, auecquesplufieurs autres grans Princes amp; feigneursdu royaume denbsp;France. Lefquels iours palfez ledit Duc d’Orleâs fe départit d’illec,amp; par lainôlnbsp;Pol fen alla en la ville d’Arras, où il fut moult haultement amp; honnorablementnbsp;receu amp; fefloyc de tous les ella|s de ladiéle ville, amp; luy furent donnez aucunsnbsp;beaulx amp; riches dons. Et puis partant de la, fen alla a Paris, amp; de Paris â Blois.nbsp;Apres lequel temps le Duc de Bourgongne feit affembler certain nombre denbsp;gens de guerre, lefquels il conduylît amp; hienaau pays de Bourgongne. Au deuatnbsp;• duquel Duc vinÿrent de deuers Troyes en Champaigne grâd partie des noblesnbsp;dudit pays de Bourgongne pour le accompaigner. Si r’enuoya les Picards qu’ilnbsp;auoit là amenez amp; leur feit deffendre moult deflroiélemet qu’ils ne lèiournaf-lent ne meffeilTent riens au pa’ÿs ne aux fubieéts du Roy de France. Si fut en cenbsp;voyage pour la fecode fois abatue la forterelfe du feigneur de Commercy,c’ellnbsp;à Içauoir la forterelfe de Montagu,Iaquelle ledit feigneur auoit fait reediffier.

S'enfuit la compte des inflrumens enuoyée au Koy Charles de France par les fèigneurs^ qui fefioient affemblei^à Fleuers: lesref^onces faiCles dicelles par ceux de fortnbsp;grand confeil iÿ* les requefies faibles par les deffuflits.

Remierement récitèrent quatre articles autresfois propolèzpar les ambairadeursduRoy,parluy enuoyezà Neuers deuers lefdits fei-gncurs,aucc les relponces feruans à vn chacun article.

Item remonftrerentau Roylatiecelfitédelapaixgcneralledu royaume de France,amp; en enfuiuant ce que par luy auoit elle accordé : il deuoicnbsp;(pour euiter charge ) faire entretenir la iournée de la paix au lieu accoulluménbsp;fans loy arreller à la difficulté du lieu, où on ne veoit point d’interell fuffilàncnbsp;pour empelcher ladiéle iournée de paix:amp; aulfi que la iournée deTartas amp; celle de ladiéle paix le pculTent bien ellr« entretenues.

'Febfonfe faible par le Fpy aufdits articles,

Quant

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D'ETLGrERR. DE MONSTKELEE CHARLES VIL

BVant eft au premier point il ne fy fault point arrefter : car il n’a point cfte recite de refponces faióles â Neuers par les feigneurs à monfei-gneur le Chancellier de France, à meflire Loys de Beaumont, amp; au--cuns autres enuoyez audit lieu de Neuers de par le Roy.

A V DIT fécond article touchant les remonftrances de la paix : le Roy a eu amp; a toufiours bon vouloir d’y entendre amp; procéder par efteôl par tous moyensnbsp;licites amp; raifonnablcs, comme il fçait bien,amp; peut fçauoir que lefdits fèignaprsnbsp;ainfi l’entendent. Et veuz les grans deuoirs qu’il a faits en cefte matière, il fennbsp;tient eftrc bien acquitté enuers Dieu amp; le monde. Car comme il cft notoirenbsp;quand le traiélé fut fait d’entre le Roy amp; monfeigneur le Duc de Bourgongnenbsp;en la ville d’Arras, le Roy feit parl’aduisde monfeigneur de Bourgongne,quinbsp;defiroit le bien amp; vnion defdits royaumes, offres bien grandes amp; plus qu’il nenbsp;deuoit aux Anglois, qui pour lors eftoient cniioyez par le Roy d’Angleterre,nbsp;pour traiéler la paix defdits deux royaumcsdefquelles offres furent par eux ref-fufées.Et pource amp;autres chofes fembla aux Cardinaux,^ autres'illec enuoyeznbsp;f»our ladite matière par noftre faindl Pere le Pape amp; le fàinél Concilie de Baf-e. Audi aux parens amp; feigneurs demondit feigneurde Bourgongne qu’auoitnbsp;affemblez de tous fes pays en bien grand nombre, que veûe la defrailbn qui e-ftoit en la partie d’Angleterre reffulànt telles offres ledit feigneur de Bourgon-gne,ne fe deuoit plus tenir a eux par loyauté :«nais tant que pour autres caufesnbsp;fen pouoit efcôduire amp; faire paix auec le Roy fon naturel amp; fouuerain feignr.

Item amp; depuis,le Roy à la requefte de monfeigneur le Duc d’Orléans amp; le Duc de Bretaigne, amp; du confentement de mondit feigneur de Bourgongne,nbsp;fans lequel iamais à ladidepaix d’Arras n’a voulu entendre ne‘procéder à nuis •nbsp;moyens de paix auec lefdits Anglois: jaçoit ce que de leur part aucunes ouuer-tures leur en ayent efté faiôles : mais pour toufiours foy mettre en fon deuoir,nbsp;enuoya deuers modit feigneur de Bretaigne fès ambaffadeurs fblemnels à toutnbsp;pouoir fufflfant, pour prendre lieu de conuention où les ambaffadeurs folem-nelsdelapartdu Roy de France ôc d’Angleterre, peuffentalleramp;: mondit feigneur le Duc d’Orléans, qui deuoit eftrc amené à Chierbourg y petift eftre : laquelle chofe pour lors ne print aucun effed.

Item depuis la requefte de monfeigneur d’Orléans amp; de madame la Du-cheffe de Bourgongne, le Roy confentit tenir iournée entre Grauelines amp; Calais, pour le fait de ladiôle paix à certain iour. Auquel lieu amp; temps il enuoya fes ambaffadeurs à pouoir fuffifànt : nonobftant que ledit lieu de Grauelines amp;nbsp;Calais eftoit bien loingtain, amp; en l’obeifTance de fes ennemis : mais ce luy feitnbsp;accorder amp; confentir la faueu^de mondit feigneur le Duc d’Orléans, qui pournbsp;celle caufe deuoit eftre amené au deffufdit lieu de Calais : car le Roy vouloir amp;nbsp;defiroit qu’il fut prefentou auprès du lieu ,ouladilt;fte caufe feroitdemenée,nbsp;pour y auoir fon aduis ainfi que bien raifon eftoit veu la proximité de lignage,nbsp;àquoy iceluyDuc d’Orléans adient au Roy:amp;auffi pour paruenir à aucunsnbsp;moyens de fa deliurance.Et fi ne feut poift: les caufes deffufdiâcs, le Roy n’cuftnbsp;point accepté le lieu de Grauelines deffufdit. A laquelle conuention fut faiôtcnbsp;vne ccdule par mondit feigneur d’Orléans amp; madiéfe dame la Ducheffedenbsp;Bourgongne, contenant plufieurs poinôls touchant ladiéte paix • Laquelle ce«

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M.CCCCXLl. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;II. DES CHKONIOJES

dulle fut enuoyée deuersle Roy Charles, oô il auoit lors fes trois eftats pour la diuerGté des opinions : aufli pour la faulte de mondit feigneur le Daulphin,nbsp;auquel ( comme chacun feet) touche plus qua nul autre apres le Roy. Et auffinbsp;que point n’y efloient les feigneurs amp; gens des pays de Languedoch, de Viennenbsp;amp; d’autre pays, fut prinfe vne autre iournée à Bourges en Berry au mois de Fe-urier enfuiuanr. Auquel iour Ôclieu le Roy auoit intêtion d’eftreimais noobftâtnbsp;certaines diuîGons qui lors furuindrent ne peurent venir à ladiôte iournée .

Item amp; neantmoins en entretenant lappoinélement de la iournée prinfe par mondit feigneur d’Orléans amp; madide dame la DuchelTe de Bourgongne,nbsp;enuoya à la iournée entreprinfe au premier iour de May folemnelle ambafladenbsp;aueepouoir fuffifant, pour befongner au faitde ladide paix. Et y furent amp;nbsp;demourerent lefdits ambalTadeurs par l’efpaccde feptou de huid mois fansnbsp;riens befongner.Et tant feullement fut emprinfe vne autre iournée au premiernbsp;iour de May enfuiuant, l’an mille quatre cens quarante deux. Auquel lourdenbsp;rechef le Roy enuoya de moult notables ambafladeurs, ayans pouoir fuffifànCnbsp;comme deffus. Et n’y fut riens befongné pour la delfaulte des Anglois, qui n’ynbsp;aiioient enuoyé qu’vn fimplc clerc, quin’eftoit point perlbnnefuffifantepournbsp;traider de telle amp; G haulte matière.

Item amp; lors de rechef fut fort pourparlé par mondit feigneur le Chan-cellier auec madide dame la Di^hefle de Bourgongne, d’entreprendre vne autre iournée au premier iour de ce prefent mois de May és marches de Beauuais, de Senlis ou de Chartres : laquelle iournée madide dame de Bourgongne feienbsp;fçauoir au Roy d’Angleterre. Et luy fut fait refponce par vnes lettres, lefquel-• les elles enuoya’au Roy de France : amp; en effed contenoit qu’en autre lieu nenbsp;tiendroient ne feroient tenir ladide conuention , que audit lieu de Grauelines:nbsp;auquel lieu le Roy n’a délibéré de tenir ladide iournée.Et mefmeraent veu quenbsp;par trois fois le Roy auoit enuoyé en l’obeïfFance defdits Anglois, ne deuoientnbsp;iceux Anglois reffufer lieu en l’obeï/fance du Roy de France, où ils pouoientnbsp;feurement amp; conuçnablemêtalTcmbler.Etce que le Roy confentit tant de foisnbsp;alTembler afldit lieu de Grauelines, a efté en faueuT de la deliurance de monditnbsp;feigneur le Duc d’Orleans.

Item amp; neantmoins le Roy pourtouGours de plus en plus monftrerôc donnera cognoiftre fon bon propos amp; voulenté, en continuant ce que parnbsp;monfeigneur le Chancellier auoit fait fçauoir à madide dame la Duchefledenbsp;Bourgongne, eft content de tenir iournée auec lefdits aduerfaires les Angloisnbsp;pourle biende paixau xxv.iour du mois d’Odobre prochain enfuiuant,ésnbsp;marches cy defTus declairées : c’eft à fçauoir entre Ponthoife amp; Mante, entrenbsp;Chartres amp;: Vernueil, entre Sablé amp; le Mans iufques à la place moyéne deuiféenbsp;amp; prinfe par les ambafladeurs,cômis d’vne part amp; d’autre.Et ne peut le Roy plunbsp;ftoft prendre iournée que audit xxv.iour pour deux caufes trefraifonnablcs. Lanbsp;premiere G eft qu’il vouloit eftre retourné de la iournée deTartas au têps defluf-ditjamp;eftrc pres du lieu où ladide coritiention Ce tiendroit accopagné de meffei-gneurs de fon fang,qui eftre y voudraient ou de leurs gês:aufti de prélats,Barosnbsp;amp; grans feigneurs amp; autres notables homes de fon royaüme:mefmement ceuxnbsp;de la nation de Normâdie,fans lefquels auec les autres deftufdits il n’a intention

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D'ENQ^EKK. VK UONSTKELET. CHAKLES VU. i89 de procéder ne befôngner en ladióte caufe amp; matière de paix, ainfi q raifon eft,nbsp;Vcu qu’ils ont bien acquitté leur loyauté enuers le Roy fon pere amp; luy.Et tant ynbsp;ont foLilFert qu’ils ont biê deflcruy d’y eftre appeliez,amp; d’en auoit l’opiniô d’euxnbsp;amp;Ieurconfeil. Etauflipourcequelachofe leur touche plus qu’à nuis autres.nbsp;L’autre caufe fi eft pour les ancienes alliances qui font entre les nations d’Elpai-gne amp;de Frace,amp;:de celles d’Efcocedefquelles iufques à l’heure prefen^e fè fontnbsp;bien entretenues : le Royenuoyera iceluy temps pendant deuers IcfditsRoysnbsp;d’Efpaigne amp; d’Efcoce amp; les autres alliez, pour eux fignifier la caufe de ladiéîenbsp;conuention,affin d’auojr leur aduis,confeil amp; confentement:car par les anciennes alliances qu’ils ont enfèmble, ils ne peuuent ne doiuent faire paix finalle ounbsp;prendre longues trefues aufdits Anglois,fans le confentemêt les vns des autres:nbsp;car toufiours depuis lefHióhes alliacés faiôles entre les deflufdits Roys de Frace,nbsp;d’Efpaigne amp; d’Efcoce amp; autres,elles ont efté bien gardées amp; entretenues amp; denbsp;par le Roy, qui à l’heure prefente les a cofermées ne pour riens ne les voudroitnbsp;enfraindre n’aller au cotraire : amp; bien à caufe de ce faire:car il à trouué lefdiôlesnbsp;alliances entre eux bones amp; feures amp; les gens de leur pays.Et ont fait leurs fub-nbsp;nbsp;/

ieéls de grans feruices à la maifbn de Frace.Et pource que le Roy doit defirer amp; defire,que les deuoirs en quoy il fell mis amp; veult mettre(lefquels corne luy lèmnbsp;ble deuoiêt eftre tenus de toutes gens tres licites amp; raifonnables)foient cognuznbsp;par tout,maintenant amp; pour le téps aduenir,amp;^q ce foie fon acquit amp;defchargenbsp;enuers Dieu amp; le mode,il a intention de fignifier les deuoirs delTufditSjCn quoynbsp;il fell mis Sc l’offre,que de prefent il fait de tenir couétion auec lefdits aduerfaires pour le bien de paix és lieux deffufdits : qui auant où plus font à feureté denbsp;partie aduerfe, corne du Roy,à noftre S.Pere le Pape,aufdit Roys d’Efpaigne amp;nbsp;nbsp;nbsp;•

d’Efcoce,amp;autres feignrs fes alliez.En outre le Roy fera fçauoir à la partie d’An gleterre affin qu’ils y cnuoyêt.Et requiert le Roy à mofeigneur le Duc d’Orleas,nbsp;à meffeigneurs les Ducs de Bourgogne amp; deBretaigne,amp; madame la Ducheffenbsp;de Bourgogne,qui en celle matière fe font employez, que deuers ladiéle partienbsp;d’Angleterre ils veulêt enuoyer aucuns de leurs ges pour exploiôlcr,induyre amp;nbsp;mouuoiràrêuoyerleursambaffadesfolênelsauecbôamp;fuffifàtpoiioirauiour,nbsp;amp;rvn des deffufdits pour illec befongner au bié de la matière de paix. Auql tépsnbsp;n y aura point de faute q le Roy n’y enuoye gens notables ayas pouoir fuffifanr.nbsp;Item le Roy veult des maintenant ouurir amp; dcfcouurir là voulenté à mef-feigneursjcome à ceux de qui il doit eflrc feur amp; certain,qu’ils veulent l’honeurnbsp;de luy amp; de fa couronne,ainfi corne raifon eft: corne ceux qui en font defeédusnbsp;amp; prochains touchas certaines parolles,qui furet diôles dót le Roy efl informé,nbsp;qui feruct beaucoup à la maniqf e de paix.Lefquelles font qu’à la premiere affê-blce qui fut tenue entre Grauelines amp; Calais, prefent madame la Ducheffe denbsp;Bourgongneamp; le Cardinal d’Angleterre,fut pronocé par la bouche de l’Arche-uefque d’yorih'q'u/^»ci»'u/ngt;wo flatUt toute la natio d’Angleterre ne foufftiroitnbsp;pas ne côfcntiroit,que leur Roy tint riens en hômage,refrQrt ne fouueraineté denbsp;nul autre Roy ou Prince q de luy mefmesg:jui efloit chofe mal cocordable pournbsp;paruenir à qlcoqs traiélé de paix,amp;n’ell point chofe qui fe puiffe,amp;doiue faire,nbsp;Et pource le Roy efl délibéré amp; arreflé,que pour ries il ne baillera ne delaifferanbsp;aucûc chofe aufdits Anglois,q ce ne foit en fon homage,fouueraineté amp;refforfnbsp;liij

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M.CCC'CXLL nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;IL DES CHKONIQJES

comme les autres vaffaulx de fon Royaume amp; fèsfubiecls: car il ne veut pas que ce que ces predeceHcurs ont augmenté amp; accreu par vaillance amp; bon gou-uernement d’eux amp; l’ayde de fes fubicôls,foit ainfi perdue; amp; ne pourroit croire le Roy que pour riens nuis de meffeigneurs de fon (ang ne les vaillans amp; notables hommes de ce Royaume, fypeuffent confentir, ne encores fe faire lenbsp;vouloir le foulfiir,confiderc la hautefle amp; excellence de la couronne de ladiôlcnbsp;maifbn de France.

Item qu’affin que chacun cognoiffe les deuoirs que le Roy à faits iufques à prefentjpour entêdre à auoir ladidc paix,amp; que pour le temps aduenir, charge ne luy en peuft cftrc imputée, il fera pour eftre en mémoire enregiftrer en fanbsp;chambre des comptes cefte prefente rcîponcc.

Item au regard de ce qu’ils ont requis prouifionconuenabledeuant l’allée du Roy à Tartas,aux nouuelles entreprinfes des Anglois au pays Chartrain amp; de Beaufle. Le Roy y donne remede amp; y enuoyc le Baftard d’Orléans, quenbsp;lefdits Princes ont amp; auront bien aggreable auec puiflance de gens de guerre,nbsp;pour refifter aufdides entreprinfes.

Item que pourcc que lefdits fèigneursfèdoiuenr prochainement aflera-bler à Neuers,ont lefdits ambaffadeurs requis au Roy : qu’en entretenant touf iourseequepar fes ambaffadeurs auoit faitfçauoir aux deffufditsfeigneurs,nbsp;qu’il cfloit content que monfeig;neur le Duede Bretaigne falfemblaft auec euxnbsp;audit lieu de Neuers: il plaife au Roy eferire de rechief amp; mander qu’il faflem-ble audit lieu de Neuers auec lefdits fèigneurs, en luy enuoyant fon fàufcôduitnbsp;amp; feurté fl befoing en eft.

• Le R O Y feitfçauoirparmonfeigneurleChancellieramp;mcfïireLoÿsdc Beaumont, qu’il cfloit content de leur affemblée efperans les veoir en fà villenbsp;de Bourgcs’.ou quelque lieu qu’ils feuffent venus, amp; leur eut fait bonne chiercnbsp;amp; veu voulentiers commefes plus prochains parés, amp; communiqué auecquesnbsp;eux fur les affaires de fon Royaume.Et quant à la venue de mofèigneur de Bretaigne a Neuers,le Roy fefmerucille de ce qu’ils n’en font mention ne plainétc;nbsp;car le Roy «floit en bonne intention, que fil fut venu par terre, que fon plaifïrnbsp;eftoit qu’il paffaft par Tours, pour l’accompaigner audit lieu de Bourges à lanbsp;venue defdits fèigneurs fe bonnement amp; à l’ayfe de fà perfonne fe pouoit faire.nbsp;Autrement euft peu fcmbler audit Duc de Bretaigne, que le Roy fe fut voulunbsp;cflranger de luy: amp; neantmoins le Roy enuoya le fire de Gaucourt auec lettresnbsp;patétesilefquelles il a deuers luy pour fçauoir fil vouloir aller par eaüe par Bloisnbsp;amp; Orleâs,pour luy compaigner amp; luy faire ouuerture comme à fa propre perfonne. Et de rechief referire au deffufdit Duc d« Bretaigne de raffembler à Neuers, ne femble point au Roy lt;juc ce foit chofe raifbnnable ou conuenable,qucnbsp;lefdits fèigneurs facet affemblee, pour traiéler des faits de ce Royaume en l’ab-fence du Roy ou fans fon commandement: mais le Roy à fon retour de Tartasnbsp;a bien intention de les requérir de leur ayde,confcil amp; fecours:amp; mettre arméenbsp;fus la plus grande qu’il pourra pour^entrer en Normandie, à ce qu’il ait meilleur traiôEé de paix ou qu’il puiffe à l’ayde de Dieu amp; d’eux, recouurir fafei-gneurie.

Item au regard de iuftice, ont requis au Roy que tant en Parlement que autres

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D'ENG EE DK. DE MONSTKELET. CHARLES yU. 189 autres offices de iuftice de ce Royaume, il luy plaife commettre perfonnes Pages amp; expérimentez au fait de iuftice : amp; pourueoir aux offices amp; nô point auxnbsp;perfonnes.

L E Roy àfon pouoir a toufiours mis,efleu amp; conftitué en fon Parlemenr, les meilleurs amp; les plus (âges amp; plus idoines clercs qu’il a peu trouuer ne finer.nbsp;Et encores y font des plus fàgesamp; des plus notables pour leprefont commisnbsp;clercs juriftes amp; expérimentez de ce Royaume.Et en faneur amp; requefte de mô-lèigneur le Duc de Bourgongne, le Roy a mis douze tels que mondit feigneurnbsp;deBourgongne luy à voulu nommer, d’autres feigneurs quand ils ont requisnbsp;pour perfonnes qui le vaillent es autres offices de la Iuftice du Royaume, lenbsp;Roy y a mis gens notables amp; fuffifàns pour excercer bien amp; deüementlefdi-ôles offices, tant par eux comme par leurs lieutenans : qui font gens de iufticesnbsp;amp; clercs amp; notables hommes en tel cas eux cognoiftans, pour faire amp; admini-ftrer iuftice.

Item qu’il plaife au Roy faire abréger les proces amp; adminiftrer iuftice aux parties, amp; tant aux fubieôls defdits feigneurs comme aux fubieôls du Roynbsp;lànsmoyen enfaifàntconftitution: amp;pareffeôl l’entretenant à ce, que (ansnbsp;auoir regard auxpartialitez du temps pafte bonne iuftice yfoit mife amp; ad-miniftrée.

L E Roy n’a iamais eu planté de doleance ^efdiéles chofes, amp; defire de tout fon pouoir l’adminiftration de iuftice amp; l’abreuiation des proces, fans auoir regard aufdiâes partialitez; ains voudroit punir tous ceux qui feroient le contraire. Et l’intention du Roy eft eferire à fa Court de Parlement, amp; à fes autresnbsp;officiers de iuftice: que dorefnauat ils abrègent encores plus qu’ils n’ont accou-ftumé lefdits proces, amp;facent bon amp;briefdroitaufdidesparties, fans auoirnbsp;regard aufdidtes partialitez.

Item ontremonftréauRoy l’horreur des roberies,outrages amp;derifions que font plufieurs gens de guerre, qui fe dient au Roy tantfur les fubieds defdits feigneurs que fur les fienstrequerant fur ce prouifion non par lettres ou pa-rolles,mais par effied. Et auffi ontremonftré qu’il feroit conuenabie, que feul-lement aucuns capitaines notables qui bien amp;; loyaumêt ont feruy le Roy, eufnbsp;fent la charge des gens d’armes amp; de guerre .

Item que les gens de guerre feuffent payez amp; fouldoyez amp; logez es fro-tiercs, amp; fins punition on ne leur fouffrift tenir les champs ou viure fur le peu-ple.Et auec ce que le Roy retienne fèullement pour luy feruir gens expérimentez de la guerre,amp; non foy arrefter à la multitude : Mais contraigne les gens de bas eftat,oifeux,noifeux amp; noÄ faichans de la guerre d’eux retourner à leurs la beurs amp; leurs meftiers.

Lesdictes pilleries onttoufiours defpleu au Roy,amp; defplaifent de tout fon cueur. Et feft eftayé plufieurs fois de vuider toutes gens faifàns pilleries.Etnbsp;quant aux logis fur frontières: luy eftant dernièrement à Angiers l’auoit faitnbsp;ordonné, amp; les auoit eftabîis amp; fouldo)iez : mais lors amp; depuis on luy a leueznbsp;lefdits gens d’armes, qui a efté caufe de remettre les pilleries fur les pays.Et ontnbsp;eftéfaiôtes plufieurs trauerfes, parquoy on n’a point peu exécuter ne donnernbsp;prouifion aufdiôles pilleries, ainfi qu’il auoit propofé amp; intention de faire. Ec

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M.CCCCXLL nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;IL DES CHKONIDYES

eft le Roy du tout délibéré en enfuiuant le confeil defdits feigneurs d’y pour-ueoir fi conuenablement,quelefdidcs pilleries ceflerontamp; de caffer toutes ges i nu til les pour la guerre.Si requiert aufdits feigneurs qu’ils ne vueillent accueillir aucuns,qui feroient contre ladiéle ordonnance.

Item ontremonftréauRoy lapauureté du commun peuple amp; excefli-iiès tailles,aydes,impofitions, gabelles : dont les deffufdits fubieâs font infup-portablement foulez,requerans qu’il plaifc au Roy d’y pourueoir conuenablcr-ment amp; moderéement.

L E Roy efl trefdeplaifànt de la pauureté de fon peuple,en quoy il a trefgrad interefts amp; dommages .Eta intention felon Ion pouoir de les releuer amp; fup-porter le plus fort qu’on pourra . Etpour eux öfter de la pilleric luy a conuenunbsp;aller l’an pafte és pays de Champaigne, où il a efté amp; fait cefter ladide pillerie.nbsp;Semblablement le fera és autres lieux de fon Royaume, amp; ne ceftera iufques ànbsp;ce qu’il ait fait. Et mefmement comme deftus eft dit touchant les gens d’armesnbsp;qui demeurèrent cidiôles frontières, en leur faifant payement amp; ordonnancenbsp;de viurcs:en quoy il eft délibéré d’entendre amp; vacquer, autrement cognoift lanbsp;depopulation amp; deftrudion de tout fon Royaume amp; de fes fubieâs. Et au regard des tailles, aydes amp; gabelles exceflîues dont les fubieéls defdits feigneursnbsp;font infuppottablement greuez amp; foulez. Le Roy a plus fupporté les fubiedtsnbsp;defdits feigneurs que les fiens propres. Et feratrouuéque quand en l’année furnbsp;lefdits fubieds du Roy auront eftéleuées deux railles, fur les pays amp;fubiedsnbsp;defdits feigneurs n’en aura efté leuée qu’vne, que lefdits feigneurs inefmes ontnbsp;prinfe, leuée amp; empefthée ou la plus grand partie. Pourquoy appert que be-• foinga efté au Roy auoir autre ayde que des pays defdits feigneurs, pour conduire le fait de fa guerre amp; de fes autres grans affaires.

Item ont remonftré au Roy, comment telles tailles amp; impofitions fe doi-uêt mettre fus amp; impofer amp; appeller les feigneuries amp; les eftats du Royaume.

Les aydes ont efté raifes fur les feigneurs amp; de leur confentement. Et quat aux tailles le Roy quand il a efté en lieu, les a appeliez ou fait fçauoir combiennbsp;que de fon autorité royal veu les grans affaires de fon Royaume fi vrgens,cô-me chacun fcet: amp; mefmement fes ennemis en occupant vne grand partie amp;nbsp;deftruifântlefurplusle peut mettre fus, ce qu’autre que luy ne peut faire fansnbsp;fon congé. Et n’eft ja nul befoing d’aftcmbler les trois eftats pour mettre fus leftnbsp;diètes tailles,car ce n’eft que charge amp; defpence au pauure peuplc,qui a à payernbsp;les fraits de ceux qui y viennent: amp; ont requis plufieurs notables feigneursnbsp;dudit pays, qu’on ceftaft de telle conuocation faire. Etpour cette caufèfontnbsp;contens qu’on enuoye la commifïîon aux cfleu»felon le bon plaifir du Roy.

Item qu’aux grans affaires de ce Royaume, le Roy deuroit appeller les Princes de fon fang plus que nuis autres: amp;qu’ainfi fedoit faire raifonnable-ment veu leur grand intereft. Et ainfi eft accouftumé de faire par les trefehre-ftiens Roys de Francefes progeniteurs.

Item ont requis au Roy qu’il juy plaifè entretenir lefdits feigneurs en leurs prerogatiues amp; auétoritez, lefquelles ils ont tat a caufè des parries amp; autres feigneuries qu’ils ont au Royaume.

L E Roy n’a traièté d’aucune matière haute fans lefeeu defdits feigneurs,ou delà

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E'ENGEERR, DE 1\IONSTB,ELET CHARLES flJ, 15)0 tic la plus grand partie d’iceux : amp; encore fon intention n’eft point d’autrementnbsp;faire. Et fon plaifir amp; fa voulentédeles entretenir en leurs prerogatiucs amp; au-doriteZjamp; n’a riens fait au contraire. Ainfi luy facent les feigneurs amp; facet faire à leurs fubieófs en leurs terres amp; feigneuries,ainfi qu’ils font tenus de faire.

Item qu’illuy plaife eflireen fon grand confeil gens notables cremans Dieu,Se non extremes ou paflionnez cs diuifions paffees.

Item qu’il plaife au Roy eflirelefdits Confeillers en nombre competent, amp; non plus commettre la fomme ou conduicl des grans affaires de ce Royaume à deux ou trois,comme il a cfté fait par cy deuant.

L E Roy defon pouoir a toufiours quis amp; efleu en fon confeil des plus notables de fbn Royaume.Ne le Roy n’a eu regard aux diuifions paflees,il les a Se tient pour oubliées.Et a toufiours le Roy eu bo nombre de confeilliers:par lef-quels il a conduit amp; délibéré les matières ainfi que le cas ôele temps l’ontnbsp;requis.

Item qu’il plaife au Roy prendre en bien ces remonftrances vcücsles quatre caufes remonftrées au Roy,qui ont meu lefdits feigneurs de ce faire.

Item ont remonflré au Roy le fait de monfèigneur le Duc d’Alençon, en luy requérant qu’il luy pleuft reftituer la place de Nyorr,ou luy faire promptement deliurer fon argent ou payement: Se auffi le reftablir à fa lieutenance Sgnbsp;péfion,amp; luy Elire reftituer la place de fainól:^Sufane,8e vn fien prifonnier An-glois ou luy adminiftrer bonne amp; briefue iuftice.

Qjr AND le Roy aeftéenfonpaysdePoidoupour y donner prouifion, amp; faire ceffer les pilleries qui fy faifoient amp; mettre en fa main plufieurs places:nbsp;par lefquelles fe faifoient lefdi^es pilleries,doubtant le Roy que durant le teps •nbsp;de fon voyage de Tartas amp; en fbn abfence, que par les villes amp; chafteaux denbsp;Nyort fut porté dommage au Roy amp; à fbn pays de Poiélou, ainfi qu’aucunef-fois amp; autresfois a cfté,leRoy le reprint en fa main en intention de payer amp; cb-téter ce en quoy il cftoit tenu: jaçoit-ce que toiffe la debtene fut point de preft,nbsp;amp; défia à fait bailler à mondit feigneur d’Alençon fix mille efeus. Et le furplusnbsp;à fon payement fera Elire Se bailler aux termes, amp; ainfi que le R^ay l’a eferit ànbsp;mondit feigneur d’Alençon Se n’y aura point de faute. Sans ce que le Roy aitnbsp;regard aux rentes amp; reuenues dudit lieu de Nyort, que mondicfèigneur d’Alençon a leuées le temps qu’il l’a tenue. Touchant le reftabliflement de fa lieutenance S; penfion, quand mondit feigneur d’Alençon Ce conduira Se gouuer-nera enuers le Roy ainfi qu’il doit:1 e Roy traidera comme fon parêt amp; fubiedl:nbsp;en ayant mémoire de la prochaineté de lignage amp; aux fèruices, que luy Se lesnbsp;fiens ont fait au Roy Se au Royaume. Et toufiours l’a fait iufques à ce que lanbsp;faute foit venue par luy.Touchant la place de fainéfe Sufane leRoy ne l’a pointnbsp;baillée au feigneur de Bueil,ne de par luy il ne la détient.Et toutesfois que médit feigneur d’Alençon requerra au Roy iuftice, il luy adminiftrera amp; fera adminiftrer tres voulentiers. Et ledit feigneur de Bueil a bien dequoy refpondrenbsp;f’il tient de tort à mondit fieur le Duc d’^^lençon. Semblablemét du prifonniernbsp;qu’il demande luy fera adminiftrée raifon amp; iuftice.

Item ontparlédufaitdemonfeigneurde Bourbon, demandant que fit penfion luy fut entretenue,laquelle n’eft point exceffiue.

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M.CCCCXLl. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;VOLUME IL T)ES CHKOLJiLiyES

L E Roy a tellement Eût continuer,que rien ne buy en eft deu:amp; fur quatorze mille amp; quatre cens francs que monte fadiôle penfion fur cefte prefcnte année, le Roy auoit ordôné luy eftre baillé neuf mille francs, que fès gens ne vou-loicnt accepter à Brefliire en lanuier dernier pafté.Et feftnerueillele Roy comment à prclènt il en fait mention.

Item ont parlé du fait de monfcigneur de Vendofme,en fùppliant au Roy qui luy pleuft luy faire auoir les penfions amp; biens qu’il a euz par cy deuant,dôcnbsp;il eft bien meftier audit feigneur amp; n’a pointbefoingquelles luy foient caflees.nbsp;Et aufli qu’il plaife au Roy qu’il peuft venir exercer fon office de grand maiftrenbsp;d’hoftel, comme il auoit de coufturae de faire.

L E Roy ne l’a point mis hors de fon hoftel,luy mefmes fen eft mis hors.Ec quand mondit feigneur de Vendofmc fegouuernera enuers leRoy ainfi qu’ilnbsp;doit,lc Roy fera ce qu’il appartiendra.

Item amp; au regard de monfcigneur de Neuers confiderélaprochaineté de lignage dont il attient au Roy. Et que monfcigneur fon perc mourut en fonnbsp;feruice.Et les feruiccs que mofeigneur de Neuers peut faire au Roy,il luy plai-fè faire â faire öfter amp; ccfTer les empefchemens â luy mis au garnier à fel d’Arcy fur Aube, amp; luy faire auoir les defcharges en la maniéré accouftumée pournbsp;le payement de fà penfion deflufdiéle.

L E Roy en contemplation cU mondit feigneur de Neuers, amp;cnfaueurde luy (nonobftant les grans charges amp; affaires que le Roy aàfupportcr pour lenbsp;fait de fa guerre) eft trefbien content que mondit feigneur de Neuers ait fà def-fufdiôtc penfion : dont il prendra en payement fà compofition des Rethelois,nbsp;• pour autant quelle vaut. Et au furplus le Roy luy bailla de fes tailles amp; aydes,nbsp;en faifant amp; donnant obeïflànce au Roy:fès lettres, mandemens amp; officiers ésnbsp;terres de mondit feigneur de Neuers, autres que iufques à maintenant n’a cfténbsp;fait: amp;n’eft point le Roy content que mondit feigneur de Neuers feuffre parnbsp;toute ladiéte Comté de Rethelois,fès pays de Champaigne amp; autres pays voi-fîns eftre foulez,couruz, mangez ne deftruits tant par fes gens comme par autres qui y paffent,^ fe retrayét en ladiéf e Comté de Rethelois, amp; pour y pour-ueoir tellement que le Roy ait caufe d’en eftre content. Et au regard dudit grenier d’Arcy fur Aube, le Roy veut qu’on enuoye en fa chambre des coptes, fça-uoir fi mondit feigneur de Neuers doit prendre amp; auoir ledit gamier d’Arcy.nbsp;Et ce qui luy en fera certiffié par ladide chambre,le Roy y donnera prouifion.

Item ont parlé du faiét de monfcigneur le Duc de Bourgongne, fans vouloir faire de prefent aucune pourfuite ainfi amp; parla maniéré qu’il l’apropofé. C’eft à fçauoir pour donner à cognoiftre au Ro ƒ, que le traiéfé de la paix entrenbsp;le Roy amp; luy n’eft point encore accoply en plufieurs articles de la part du Roy.nbsp;Et auffi qu’il y a trefgràd nombre d’articles, où on a adempé diredemêt amp; encore fait onde iour en iour contre ledit traiéfédepaix au grand preiudice denbsp;mondit feigneur de Bourgongne.

L e Roy a toufiours defiré amp; vouju auoir paix, amour amp; bon accord auec mondit feigneur deBourgongne amp; pour l’auoir n’y a ries efpargné . Et iufquesnbsp;à prefènta toufiours entretenuladiéiepaix amp; accord:amp; a voulétédel’ainfi faire fàns riens interrompre.Et pour le mieux fermer amp; entretenir, a le Roy biennbsp;voulu

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D'ENGFERK. de MONSTKELET CHAKLES ni. ipt voulu le mariage de fà fille aller auec fbn fils moufeigneur de Charrolois. Etnbsp;quant à ce qui refie à accomplir dutraidlc de la paix d’Arras fait entre le Roynbsp;êemonditleigneurdeBourgongne: Mondit feigneuràveu les gransafiairesnbsp;que le Roy iufques à prefent a eu amp; (buffers : pourquoy ne les a peu accomplirnbsp;ainfi qu’il eut voulujmais il a intention amp; bon vouloir de les accôplir au mieuxnbsp;amp; le plus brief qu’il pourra. Et tant que mondit feigneur le Duc de Bourgon-gne en deura efire content.Et quant à ce qu’audit article efi faide mention,quenbsp;en plufieurs points amp; articles de ladiôle paix aefiéadempté directement denbsp;la part du Roy,amp; fait on de iour en lourde Roy ne fcer,ne croit amp; ne voudroir,nbsp;que riens de fa part eut efié adempté, ne fait au contraire. Mais bien auroit lenbsp;Roy fur ce dequoy foy douloir^dont il Ce pafle de prefent.

Item apres que les ambafiadeurs dont deffus efi faiéle mention,eurent e-fié amp; vacqué par plufieurs iournées en l’hofiel du Roy^où ils' furet receuz allez honnorablement: amp; qu’ils eurent bien au long remonfiré l’efiat amp; les articles,nbsp;pourquoy ils efioient là enuoyez de par les feigneurs defliifdits.Et ainfi que lesnbsp;refponces fur iceux articles tant de bouche comme par eferit, leur eurent efiénbsp;baillez de par le Roy, prindrent congé amp; fen retournèrent deuers les defiuldirsnbsp;feigneurs. Toutesfois le Roy n’efioit pas bien cotent ne ioyeux des all'emblées,nbsp;que les defiiifdits feigneurs faifoient en fon abfence: car de iour en iour y auoitnbsp;des plus grans de tout fon hofiel amp; de ceux d jfon priué confcihqui luy difoiétnbsp;amp; rapportoient,que lefdides alTemblées n’efioient point pour fon bien, amp; quenbsp;iceux feigneurs f’efforçoient d’attraire de leur party les nobles hommes de fonnbsp;Royaume avec les gens d’Eglife amp; le commun peuple, pour faire tous enfem-blenouuelles ordonnances, amp; bailler gouuernement en iceluy Royaume denbsp;par les trois efiats,ce qui leroitôe pourroit efire à fbn grand preiudice : parcenbsp;que fi ainfi efioit( comme ils difoient) il n’auoit nulle audorité finon parlesnbsp;mains de ceux qui auoient ledit gouuernement. Aquoy le Roy deflufdit ref-pondit, qu’il ne pourroit nullement croire qu’iceux defiufdits feigneurs voul-fifient ce faire contre luy ne fà majefié Royalle. Et par efpecial que le Duc denbsp;Bourgongnefevoulfifi entremettre ne confentir d’aucune chofe/fire faide ànbsp;fon preiudice, confideré la paix amp; reunion que n’agueres ils auoient faide l’vnnbsp;contre l’autre.Et difoit outre que fil pouoit efire certainement aduerty, qu’ilsnbsp;voulfifient traider ou faire aucune chofe contre luy ne fàdide majefié,il laifle-roit toutes autres befongnes pour leur courre fus.

Delan mille cccc.xlij.

Comment le Roy Charles de Francefeit grand ajfemblée des gens d'armes^ auecques lef-quels a.lla tenir la tournée feTartas y à laquelle tournée les Anglois ne comparurent point.

V commencement de ceft an le Roy de France feit yn trefgrand mandement par toutes les parties amp;par tousles pays où ilefioirnbsp;obeÿ,pour continuer fon eqjreprinfe qu’il auoit encomtnencée amp;nbsp;affembler gens de guerre, fur intention d’aller tenir laiournéede

Tartas: de laquelle en autre lieu efi faide mention: car il auoit entreprins amp; voulété d’y auoir la plus große armée qu’oneques il eut eu,pour nuis de fes au-


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M.CCCCXLII. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLyyiE II. DES CHKONiQ^yES

tres affaires durant fon regne.Et aufïi la befongne luy touchoit moult grande? ment:car fil eut delaiffé icelle iournée fans y bailler fecours,il eftoit en peril ôcnbsp;en aduenrurc de perdre les pays de Guyenne amp; de Gafeongne amp; trefgrand partie des feigneurs â luy obeïflans, amp; auec ce les nobles d'iceux pays. Lefquellesnbsp;gens de guerre auec plufieurs autres grans feigneurs fe commencèrent fort anbsp;mettre fus trefdiligemment, amp; en trel^rande multitude. Et faflemblerent ennbsp;plufieurs amp; diuers pays de grofles compaignies, lefquelles par la deliberationnbsp;de fon confeil il feit tirer deuers la cité de Thoulouze par diuers chemins. Etnbsp;entre-temps la iournée qu’il auoit prinfe au premier iour de May, fut ralongéenbsp;à la requefte des capitaines Anglois qui auoient faidc ladide compofitiondenbsp;Tartas,iufques au iour de S.lean Baptifte prochain enfuiuantdequeî temps durant,le Roy feit fes preparations. Et en fin fe partit en trefnoble amp; puiflant ap-pareil,pour aller audit lieu de Thoulouze ou toute fa defTufdide aflcmbléc fenbsp;faifoit, comme dit eft cy deffus. Et pour vray quand le Roy de France fut illecnbsp;venu, amp; que les grans feigneurs amp; capitaines qu’il auoit mandez furent affem-blezenfemble,futtrouué qu’il pouoit bien auoir le nombre de quatre vingtnbsp;mille cheuaux auec trefgrand nombre de chariots amp; charrettes, menans artilleries,viures amp; autres engins amp; habillcmens de guerre. Et quant aux feigneursnbsp;amp; capitaines il en y auoit moult largement : entre lefquels y eftoient le Daul-phin premier fils du Roy, le Comte de Richemont Côneftable de France, mef.nbsp;fire Charles d’Anjou,lc Comte a Eu,le Comte de Foix, le Vicomte de Helmannbsp;fils du Comte d’Armignac,le fire d’Allebret,le Comte de Comminges,les deuxnbsp;Marefchauxde France qui auec le deffufdit Conneftable faifoient l’auantgar-, de:c’eft à fçauoir le feigneur de Loheac amp; de Valoignes, le feigneiir de Cotiuy

Admirai de France,le feigneur de Vilars, le feigneur de Mongafeon,le feigneur de fainét Priath, le feigneur de Chalenton, le feigneur de S. Valier, le feigneurnbsp;de Videmont amp; plufieurs autres grans feigneurs amp; capitaines amp; routiers denbsp;guerre,fleur de droites gens d’armes, qui par treflong temps auoient fuiuy lanbsp;guerre,comme la Hire,Pothon de fainéle Treille,Anthoine de Chabanes, Oli-iiier de Coti^y,le feigneur de Blainuille amp;fon frere meflire Robert Blanche-fort,Pennefach,Flocquet,Ioachin Rohault, Pierre Rohault, Maihelin de l’Ef-couain,Dimenche de Court amp; moult d’autres nobles hommes de grad renom.nbsp;Et lors le Roy venu audit lieu de Thoulouze, fut aduerty par plufieurs feigneurs du pays amp; des marches de Gafeongne, que les Anglois n’efloient pointnbsp;puiflàns aflez pour coparoir à ladiôte iournée contre luy. Et pource apres qu’ilnbsp;eut eu confeil auec les plus fàiges de fa compaignie, fe difpofà d’aller audit lieunbsp;deTartas à tout vne partie de fes gens, affin qu’ilpeuft eftre pourueu amp; fournynbsp;de viures plus abondamment. Si fe partit dudit lieu de Thoulouze à tout enui-ron fèize mille cheuaux, defquels eftoient la plus grand partie des feigneurs amp;nbsp;capitaines defTus nomez. Et alla loger à deux lieues pres de Tartas,en vne petite ville nommée Mylien qui eftoit au feigneur d’Allebret, laquelle tenoit lenbsp;Comte de Foix : amp; fes gens fc.logerent aflez pres tout à l’enuiron d’icelle ville.nbsp;Et le lendemain qui efloit le iour prins entre les deux parties, alla le Roy luynbsp;mettre çn bataille deuât ladiéte ville de Tartas, amp; y fut depuis le matin iufquesnbsp;entre dix amp;: vnze heures deuat nonne. A laquelle heure vindrent deuers luy,lesnbsp;deflufdits

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HENGFEKK, MONSTRELET CHÀKLES m. defllifdits fèigneurs de Coignac ÔC Enguerrot de fainól Per,lefquels auoiêt iceknbsp;Je ville en garde, comme defl'us eft declairé. Et emmenerent auec eux Ie Cadetnbsp;Charles d’Allebrer, qui eftoit demouré en hollage. Si apportoient les clefs denbsp;la ville,Icfquelles ils rendirent amp; trieircnt és mains du Roy. Et auec ce feit leditnbsp;feigneur de Coignac ferment au Roy . Etledeflufdit Enguerrot fen alla en lanbsp;cité d'Acques. Et adonc Ie dclTufdit leigneur d’Allebret entra dedans la ville denbsp;Tartas. Et le Roy fen alla au gifte à Coignac,qui eft vne petite bonne ville aftifenbsp;aflezpres enuirondeuxlieüesdudic lieu deTartas. Etlâleiournaleiour delànbsp;S.lean amp; le lendemain.nbsp;nbsp;nbsp;’•

Comment le Roy de France apres la iournée de Tartas f^en alla loger deuant fainéie Se^ uere thief du pais de GaJcongne.Et con^utfl ladiûe ‘vtUe Cr* chaClelnbsp;nbsp;nbsp;autresplu-

ßeurs places audit pais.

N apres le mercredy enfuiuant de la iournée de Tartas (dont cy def-fus eft faiôle mention) le Roy amp; fon armée fen allèrent deuant fain-óle Scuere, où tout le pays feftoit retraiéb amp; y auoit cinq fermerez, car c’eftoit vne ville forte à merueillcs. Dcfquelles fermerez les gensnbsp;de monlèigneur le Daulphin prindrent deux de premiere venue lans faire longnbsp;proces,amp; le logèrent dedans.Èt peu de iour cnfuiuans les gens du Roy prindretnbsp;la tierce fermeté.Et depuis fut cômandé de pfr le Roy qu’on aflaillift la quarte,nbsp;à laquelle les Anglois feirent grand refiftencetmais petit durèrent, amp; furent reboutez amp; pourluiuiz tresvigoureufement iufques à la porte du maiftre chafteLnbsp;Lequel fans commandement ne ordonnance du Roy ne de fes capitaines, futnbsp;aftailly tresvaillamment par les François. Et dura ledit dernier allault enuironnbsp;quatre heures moult merueilleux:mais en fin les Anglois qui eftoient dedans,nbsp;furent prins amp; conquis par force amp; mis à r.efpée:amp; en y eut preftement fans re-mede mis à mort bien dehuiéteensâ mille Anglois. Et n’y moururent à iceluynbsp;aftault qu’enuiron de vingt à trente des gens d^u Roy, entre lefquels en fut l’vnnbsp;lepeiit Blanchefort. Si fut prinfe la ville par le tofté que faifoit aftaillir le Con-ncftable de France. Et là fut prins du cofté defdits Anglois melïîr? Thomas denbsp;Rampfton, amp; aucuns autres en petit nombre . Apres laquelle prinfe amp; que lenbsp;Roy y eutfèiourné enuiron l’efpace de douze iours, il fen alla mettre le liegenbsp;deuant la cité d’Acques en Gafcongne,où fut bien cinq lèpmaines: amp;yauoicnbsp;moult fort bouleuers deuant l’vnc des portes. Et apres que les gros engins dunbsp;Roy curent traiélamp;ieélé par plufieurs iours amp;; demoly la muraille de laditftenbsp;ville amp; le deftufdit boulleuert^on aflaillit iccluy bouleuert.Et dura ledit aftaultnbsp;bien l’efpace de cinq grolFes heures trefcruel amp; merueillcux. Et en fin fut con.nbsp;quefté amp; prins de force enuiron le iour faillant. Si y furent morts dix ou douze Anglois, amp; des François en y eut plufieurs naurez. Apres laquelle prinfenbsp;on feit ttaire toutes gens de par le Roy, rclèrué ceux qui furent commis à garder ledit bouleuert. Et le lendemain ceux de ladiôle ville d’Acques, doubtansnbsp;qu’on y feit nouuel alîault amp; qu’on recSmmenceaft de plus fort fe rendirentnbsp;tous à la voulenté du Roy,excepté le feigneur de Montferrant, qui eftoit capitaine pour le Roy d’Angleterre amp; le deftufdit Enguerrot de fainét Per: lefquelsnbsp;fe rendirent faiif leurs corps feullement, amp; fen allèrent le bafton au poing. Et

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XLCCCCaLIÎ. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLVME II. DES CHRONl^yES

auecce permeit ledit feigneur de Montferrantde rendre en Ia main du Roy deux forterelTeSjqu’iI auoic empres Ia cité de Bordeaux : amp; pour la feurté dc cenbsp;bailla fon fils en hoftage,lequel demoura prilbnnier par long temps,par ce quenbsp;ledit feigneur de Montferrant ne voulut point rendre les forterefTes deflufdi-'nbsp;élcs, ainfi que promis l’auoit. Et gouuernoient lors en iccluy pays le Captai denbsp;Bufch, ledit feigneur de Montferrant amp; mefiîre Thomas de Rampfton Senef-chai de Bordeaux.Durant lequel temps les Anglois repriudrent la ville amp; cha-ll;el,auccques tous les forts de fàindeSeuere; mais brief enfuiuaht le Roy denbsp;France y retourna à tout fon armée. Si fut reconquife de force, amp; y eut moultnbsp;grand nombre d’Anglois mis à mort. Auquel temps fe rendit François, amp; feitnbsp;îêrmêt au Roy en luy baillât obeïfTance en fes villes amp; forterefles le feigneur denbsp;Rochetailladc.En apres alla le Roy deuers Mermande, laquelle fe rendit â luy :nbsp;amp; de là fe tira deuers la Reolle,qui fut affiegée trefpuifl'ammcnt par lefdits Fra-çois: amp; depuis fut prinfè icelle ville d’aflault, mais le chaftel fe tint enuiron l’ef-f»ace de fix fepmaines : au bout duquel terme fè rendirent ceux de dedans laufnbsp;eurs vies. Et y commeit le Roy Oliuier de Cotiuy pour en auoir le gouuernc-ment auecques aucunes autres places, qui auoient efté conquifes durant leditnbsp;voyage: de laquelle ville de la Reolle eftoit capitaine pour le Roy d’Angleterre le Baron d’Acques,lequel depuis fe rendit François. Et entre-temps que lesnbsp;conqueftes deffufdides fe faifoiefir,y eut aucune deflrouffe par lefdits Angloisnbsp;fur les François, amp; par efpecial les paÿfans du pays leur faifoient forte guerre.nbsp;Pourquoy tant pour la grande multitude degens qu’y auoitleRoy, commenbsp;pour les rebouttemens que leur faifoient les deflufdits,furent par plufieurs fois

• moult opprefTez de famine. Et moururent la plus grands partie de leurs che-uaux, dont les routiers amp; autres qui ont accouftumé de tenir les champs long temps,furent moult troublez: amp; en y eut trefgrand nombre qui fe tirèrent plusnbsp;auant és pays pour eux raffrefehir: amp; mefmement allèrent iufques alTezpresnbsp;du pays de Nauarre, enfaifànt de trefgrans dommages au panure communnbsp;peuple. Et d’autrepartpendantle temps dcffufdit, les Anglois faiïemblerentnbsp;vn certain ioî)r ôc par moyens qu’ils auoient, reprindrentla citéd’Acques ennbsp;Gafeongne fur les François : de laquelle eftoit capitaine Régnault Guillaumenbsp;le Bourgongnon, lequel fut prins prifonnier amp; trefgrand partie de fes gens misnbsp;à mort:dnquel le Roy de France fut trcfmal content, pource qu’il auoit perdunbsp;fi en hafte amp; par mauuais foing icelle cité, qui alTcz largement auoit coufté ànbsp;conquerre. Apres lefquelles befongnes, amp; que le Roy eut efté au pays dc Gafeongne enuiron de fept à huiôl mois : amp; feit en iceluy plufieurs belles conqueftes ( comme dit eft cy deflus ) confiderant le gi^nd trauail que de iour en iournbsp;auoient eu fès gens pour la deffaute des viurcs, dont ils auoient â trefgrand dâ-gicr. Si conclud amp; délibéra de tourner â Montauban, où il fut enuiron deuxnbsp;mois : amp; là feit fes ordonnances pour la garde du paÿs,amp; par diuerfes iournéesnbsp;fen retourna à Poiôliers. Et pou dc téps apres la Hire qui moult auoit efté tra-uaillé en iceluy voyage:amp; qui défia efteit homme aflez aagé, alla de vie à tref-pas au chaftel de Montauban. Pour la mort duquel le Roy fut trefdcplaifanr,nbsp;quand ce fut venu à fà cognoiffance.Et ordôna que fà femme pofledaft d’aucunes terres amp; fèigneuries,qu’il auoit données audit la Hire durant fa vie.

Comment

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D'ENGJ/ERR. DE MONSTKELET. CHARLES ril.

Comment E'tem Régnault fut par force débouté de la fortereffe de Miïly.

¦ Ous auez ouy bien racompter au long comment Pierre Régnault ftoit logé au chaftel de Milly,eftant à deux lieues ou enuiron pres denbsp;Beauuais: lequel lieu de Milly il auoit fait réparer amp; forriffier. Et a-,nbsp;uoitbienauec luy le nombre de deux cens combattans, tous forsnbsp;facquemens roides amp; vigoureux : àtoutlefquels ilcouroit fouuent endiuersnbsp;lieux, amp; tout ce qu’il pouoitattaindreamp; attraper au dehors des chafteaux êçnbsp;fermeteZjtantfurles pays du Roy comme ailleurs eftoit prins, rauy amp; emmené en leur fortereffe amp; garnifon. Et par efpecial auoit couru amp; couroit continuellement de iour en iour fur les villes amp; pays de l’obeïfl'ance amp; feigneurie dunbsp;DucdcBourgongue, du Comte d’Eftampes amp; de plufieursa.utresgransfci-gneurs de ce party ; amp; mefmement tretfouuent pafloient l’eaüe amp; la riuiere denbsp;Somme en tirât vers les marches d’Arthois,où il y auoit de dpuze à feize lieüesnbsp;de leurdide garnifon. Et pareillement faifoient és chaftellenies de Peronne,nbsp;Montdidier amp; Roye,où ils prenoient de bons prifonniers: lefquels ils raettoiêcnbsp;âgroffes finances, ainfi amp; par la maniéré qu’eufient peu faire leurs aduerfaircsnbsp;du temps de la guerre,auec tous autres biens quelsconques dont lefdits paysnbsp;floient moult oppreffez amp; trauaillez: fi en furent par plufieurs fois faiôfes gra-»nbsp;des plaindes de doléances aux feigneurs deffufditSjdont ils eftoient trefmal co-tens. Et pour celle caufeenuoya ledit DuedeBourgongnedeuers le Roy luynbsp;remonftrant la deflruélion d’eux,fes pays en luy requérant d’y auoir prouifion,nbsp;A quoy le Roy feit refponce comme autresfois auoit fait pour pareil cas : C’e-^nbsp;floit qu’il luy en defplaifoit moult amp; qu’il elloit trefeontent que ledit Duc denbsp;Bourgongne le feit ruer ius amp; deftroufler fil le pouoic trouuer en fes pays, ounbsp;qu’il le feit alhegerßc débouter par fes gens d’icelle forterefle de Milly: amp; ilnbsp;manderoit amp; feroit faire delfencc à tous fes capitaines des marches à l’enuiron,nbsp;qu’ils ne luy baillaflent ayde,fècours ne faueur nulle contre les gensdu Duc denbsp;Bourgongne, fur autant qu’ils doubtoient à encourir fon indignation. De laquelle refponçeiceluy futa/Tezcontent, amp;fe pourpenlàqu’il plt;juruoiroitaunbsp;plus briefque bonnement faire fe pourroit:fi trouua maniéré de faire traiélé a-uecaucuns capitaines Anglois fur la marche de Normandie, amp;qu’ilsbaille-roientfeurté de non faire guerre à fes gens. Et quand le Duc de Bourgongnenbsp;fut aflez acertené des deux parties, qu’ils ne luy porteroient nulgriefnc dommage â fes gens â la caufe deffufdiéle: luy qui pour lors eftoitenfonpaÿs denbsp;Bourgongne,feit aflauoir au Comte d’Eftampes qui auoit le gouuernement denbsp;fes pays de Picardic,qu’il afteimblaft le plus de gens de guerre qu’il pourroit finer,amp; les menaft deuant ledit chaftelde Milly; furqüoy ledit Comte feit grandnbsp;diligencc:amp; meit enfemble en brief terme bien le nombre de douze cens com-battans,tant cheualiers comme elcuyers amp; autres gês de guerre des plus expersnbsp;d’iceluy pays de Picardie amp; de la marche à l’enuiron . Entre lefquels eftoiencnbsp;Valleran de Moreul,Guy de Roye, leag d’Ange,le feigneur de Saueufes,SymQnbsp;de Lalain,Iean de Haplaincourt,ChaTles de Rochefort, meflire Colart de Mehnbsp;ly amp; moult d’autres grans feigneurs amp; gentils-hommes. Et fut faille icelle aRnbsp;(emblée en la ville d’Amiens: duquel lieu atout charrois fort chargez de vb

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Fî.CC'CCXLllL nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLVXlE IL J)ES CHKONIQ^ES

lires amp; habillemens de guerre, fen allerent en moult belle ordonnance par aucuns iours iufques à Beauuais,ou ils furent receuz honnorablement: amp; fes gens fe logèrent és villages enuiron : amp; de là ledit Comte fe tira deuant le chaftel denbsp;Milly.Si feit loger fes gens au plus pres de la porte, qui derompirent fort lesnbsp;deffcnces de ladiéfe foiterefre:amp; par efpecial de labaife court,qu’ils auoiêtfortnbsp;reparée de queües amp; d’autre gros bois.Si*commencerent ceux de dedans à def-fendre tresvigoureufement tant de canons, que d’autres artilleries amp; engins denbsp;guerre: defquels ils occirent amp; naurerent aucuns des gens du Comte d’Eftam-pcs.Entre Icfquels y fut mort meflire Matthieu de Humieres:amp; auoient les gêsnbsp;du petit Comte lailfé leurs cheuaux ou la plus grand partie en la ville de Beau-uais:de laquelle amp; aufli de la cité d’Orléans venoient viures de iour en iour audit ßege.Durant lequel fiege apres que les engins delTufdits eurent fort adom-roagé les fortiffications de la bafle court delfufdide, il fut liuré par les afliegeasnbsp;vn trefdur amp; fortalTaulc, auquel tant d’vncodé comme d’autre furent faiéfesnbsp;plufîeurs vaillances amp; proêfleszdefquelles entre les autres le feigneur de Saucu-fes aucc fes gens emporta le bruit. Neantmoins ceux de dedans fe deffendirentnbsp;irefpuiïTamjnent, amp; tant que lefdits aflaillans voyant que bonnement ne po-uoient conquerre fans auoir trop grand perte amp; dommage de leurs gens, fe retrahirent amp; furent morts des aflaillas enuiron de huiél à dix,amp; des delFendeursnbsp;y eut aucuns naurez.Et apres icegx deffendans confiderans qu’ils ne fe pouoiêtnbsp;longuement tenir,amp; aulli qu’ils n’auoient point grand efperance d’auoir aucunnbsp;fecoursjfeiient traiôlé auec les commis dudit Comte d’Eftampes, moyennantnbsp;amp; partelfiqu’ilsfedepartiroicntdclàen emportant treftous leurs biens auec

• eux. Si rendirent ladiéfe forterefle, dedans laquelle on bouta le feu amp; la feit on du tout démolir amp; defoler. Et ce fait ledit Comte amp; fes gens fen retournèrentnbsp;enuironlafepmainepeneufèéslieux dont ils eftoient venus. Etauoit iceluynbsp;Comte cfté deuant ladiéle place amp; tenu liege enuiron trois fèpmaines ou plusnbsp;audit lieu de Milly. Pour lequel voyage amp; deboutemet des delTufdits coureursnbsp;tous les pays quiauoient accouftumécftrecouruz amp; pillez, furent trefioyeuxnbsp;quand ilsfutent3certenez,qu’onlesauoitainli deflogez amp; chaflez hors de ladite place -

Pc l^an mille cccc.xhij.

Comment le Foy de Francefeit grand afemblée degens dlarmes pour aller en iSlorman-die:O* d’aucunes courfes conquelles que ledit Comte deSombrejfet feit au pais d’AnioUjO* ailleurs furies Francois.

V commencement de cell an le Roy de France feit gràdalTembléc de gens d’armes, fur intention d’entrer en Normandie l’Ellé enfui-uant : amp; aulîî pour bailler fecours à ceux de Dieppe, qui eftoientnbsp;fort cotraintsamp; trauaillez par le moyen de la tresforte baftillc,quc

tenoient les Anglois deuant icelle ville de Dieppe : lequel Iccours le Roy leur cnuoya,c’eft à fçauoir pour r’auitailler ladite ville.Et y rut mené gràd foifon denbsp;beftial amp; autres viures,à tout gràd quatité de gens d’armes, qui les bouterêt dedans à grand force : amp;: y eut entre les deux partie de trelgrolTes cfcarmouches,nbsp;aufquelles


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D'ENG EE RR. HE NONSTRELET. CHARLES VII.

aiifqiielles en y eut demons amp; denaurez tant d’vn cofté come d’autre.Auquel temps Ie Comte de Sorabrefletaflemblaiufques au nombre de fix mille combattans ou enuiron ; à tout lefquels il entra au pays d’Anjou, où il feit de tref-grans dommages par feu amp; par efpée. Apres fe tira vers Bretaigne, amp; print d’afnbsp;fault la Gerche appartenant au Duc d’Alençon; laquelle ville fut du tout pilléenbsp;amp; robée.Et puis fen alla à Ponzay,où il fut bien deux mois.Si couroiêt de iournbsp;en iour fes gens,par diuerfés compaignies le deffufdit pays d’Anjou, de Traon-nois amp; de Chatragonnois,cfqucls pays furent plufieurs fois deftrouflez par lesnbsp;paÿfàns. Et d’autre part le Marefchal deLoheaceut la charge aueclesgensdunbsp;Duc d’Alençon de par le Roy de France, pour refifter aux entreprinfes dcffufnbsp;dictes. Si conclurent d’aller férir de nuid fur les Anglois amp; fur leurs logis, c’eftnbsp;â fçauoir fur ledit Comte de Sombrefiet; mais il en fut à tant aduerty, amp; alla aunbsp;deuant d’eux,amp; les vint rencontrer qu’ils ne fen donnoient de garde. Et pourcenbsp;furent iceux François mis en defroy, amp; en y eut de vingt à trete que morts quenbsp;prins,amp; les autres fe fauuerent au mieux qu’ils peurent par force de fuir. Et denbsp;ceux qui furent prins,en furet le feigneur d’Aufigny,Loÿs de Bueil amp; plufieursnbsp;autres getils hommes. Apres lefquelles befongnes,iceluy Comte de Sombrefnbsp;fet fè deflogea de deuant Ponfày, amp; alla prédre le chafteau de Beaumont le Vi-comte.Et puis apres qu’il eut aflis fes garnifons par tout les frontières, il fen retourna à Roüen.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•

Comment aucum cheualiers nbsp;nbsp;gentils-hommes de la court du Duc de Bourgongne,en'

treprindrent lt;-on fait d’armes par la manière cy apres declairée.

Tcm en ce raefme têps le Duc de Bourgongne eftant en fondit pays de Bourgongne,y eut plufieurs gentils-hommes de fon hoftel amp; denbsp;fes pays, qui pour fon plaifir amp; fa licence feirent annocer amp; publiernbsp;par plufieurs marches ôcdiuers lieux du pays de Bourgongne, quenbsp;excellêt Prince mon trefredoubté amp; foauerain feigneur mofeigneur le Due denbsp;Bourgongne: fais fçauoir à tous Princes, Barons,chcualiers amp; efcuyers fans re-proche,ceft excepté ceux du royaume de Frâce amp; des pays alliez amp; fubieéls denbsp;môdii fouuerain fçignr,q pour augmenter amp; accroiftre le trefhoble meftier, 5$nbsp;Kk ij

fils eftoient aucuns notables hommes qui voulfifTent faire armes amp; acquérir honneur amp; pris, ils feroient receuz par iceux amp; parfournis en certaines armesnbsp;qu ils auoient entreprinfcs:defquels gentils-hommes leurs noms ferôt cy apresnbsp;declairez,amp; aufîi la maniéré des chapitres qui pour cefte caufé furent enuoyeznbsp;es pays deffufdits par mefïire Pierre de Bauffremont feigneur de Chargny, quinbsp;eftoit chief de ladiéle entreprinfç,

Comment du mandement deffufdit les armes furent faiCles, nbsp;nbsp;les noms de ceux qui dç~

uoientfaire lefdt^es armes^

N l’honneur de noftre feigneur amp; de fà trefglorieufe mere, de ma Dame fainôfe Anne amp; de monfeigneur faind George. le Pierre dçnbsp;Bauffremont feigneur de Chargny, de Monliet amp; de Montfort,nbsp;cheuaIicr,Confeiller amp; Chambellan de treshault, trefpuifTant Sa.



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KCCCCXLllî. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLFlÄE IL DES CHKONIQ^ES

exercice des armes^ma voulenté Si intction eft auec douze cheualiers,efcuyers amp; gentils-hommes de quatre coftez, defquels les noms cy apres fenfuiuent*nbsp;C’eft à fçauoir Thibault feigneur de Rougemont amp; Muffy, meflire Guillaumenbsp;de Brefreraont feigneur de Sees amp;de Sonnegnon,Guillaume de Brene feigneurnbsp;de Mombis amp; Gilly,Iean feigneur de Valengonjean feigneur de Rap amp; de Ti-recourt, Guillaume de Champ-Diuers feigneur de Cheuigny, lean de Chironnbsp;feigneur de Rancheineres, Anthoinede Vauldray feigneur de l’Aille, Guillaume de Vauldray feigneur de Collaon, laques de Challant feigneur d’Aineuille,nbsp;meflireAmé feigneur d’Efpirey,amp; lean de Chauigny garder amp; defFendrevnnbsp;paSjfeant fur le grand chemin venant de Dijon â Exonne au bout de la chaucéenbsp;partant de laditàe ville,amp; vn gros arbre appelle l’arbre des herraites tout par lanbsp;forme amp; maniéré qui cy apres fenfuyt.

Premier ya deux efcuz, dont l’vn eft noir feme de larmes d’or,amp; l’autre violet feme de larmes noires: lefquels efeus pendront audit arbre des hcrmires,nbsp;amp; feront de telle condition, que tous ceux qui feront toucher par le Roy d’armes Hérault ou pourfuiuant î’efeu noir aux larmes d’or, feront tenus à faire armes à chcual auecques moy,ou auecques vn de mefdits cheualiers ou cftuyers,nbsp;iufques au nombre de douze courfès de lances à fer efmoulu.

Item en faifant lefdidcs armes fe l’vn eft porte à terre de coup de lance Si droide adainte fur les harnoiszcqjuy qui fera ainfi porté à terre,donnera au co-pagnon qui ainfi l’aura porté ius vn dyamant tel qu’il luy plaira.

Item fera armé de tel harnois que bon luy femblcra double ou fengle ac-couftumé à faire armes, amp; fans mal engin f c’eft à fçauoir que l’arreft n’ait nul • aduantage fors ainfi qu’on le porte en la guerre.

Item que chacun portera fes garnifons de lances amp; de fers, excepté que la rondelle qui gift fur les mains,ne fera que de quatre dois de large amp; non plus.

Item les lances feront d’vne mefme mefurc depuis la poindc de fer iufques à l’arreft, defquelles lances bailleray la longueur.

Item pour faire amp; accomplir lefdides armes à cheual, fourniray lances a tous amp; tout« preftes dedans les lices telles amp; femblables de celles de mes défi-fufdits compagnons fie des mycnnes.

Item amp; fe feront lefdiàes armes â cheual à la toillc, laquelle fera de fix pieds de haulteur.

S'enfuiuent les articles fur te failî des armes de fied.

N apres iceux Princes, Barons, Chevaliers amp; efcuyers de la condition defrufdide,qui auroient plus leur plaifir de faire armes de pied: feront tenus comme deffus de faire toucher l’cfcu violet aux armesnbsp;noires, amp; de combattre de lances ou d’efpécs duquel mieux, leur

plairoit iufques à quinze coups.

Item qu’en faifant lefdides arntesfe l’vn met les mains ou les genoux à terre,celuy qui ainfi y aura touché, fera tenu de donner à l’autre vn ruby de telle valleur que bon luy femblera.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f

Item que chacun fbit armé de harnois accouftumé de combattre en lices. ,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Item


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IPENGEEP.R. DE MONSTKELET. CHARLES Ell.

Item amp; fe I’vn eftoit deHourny de hache ou d’efpée, ie l’en fourniray aflez amp; de fèmhiables à celles de mes compagnons amp; des myennes. Et en icelles hanches ou efpées n’y aura chofclt;jui ne doiueeftre par raifon ou fans croces ounbsp;outre mal engin.

Item celuy qui aura fon adrefTe de faire armes amp; de combattre auec moy de pied,amp; l’vn de nous deux porte à terre de tout le corps, il fera tenu de luy aUnbsp;1er rendre prifbnnier,où l’hoftellant luy ordonnera.

Item celuyqui ainfi fera prifbnnier pour fadroiôterançonamp;deliuran-ce, fera tenu de donner à celuy ou celle que ledit hoftellant vouldra ordonner à eflire au deffus de cinq cens efcus.

Item ceux defdits eftrangiers ne requièrent moy ne mefdits copagnons; carils trouuerontà toutes les heures ordonnées amp; limitées en ce prcfent trainnbsp;dé qu’il les fournira.

Item ne pourront les deffufdits eftrangiers faire auec moy ne mefdits compagnons qu’vne fois armes : c’eft à fçauoir l’vne à cheual à l’autre de pied.nbsp;Et plus auant ne pourront requerre mes deffufdits compagnons ne moy durantnbsp;le temps de ces prefentes armes.

IT E M fe feront les deftufdidcs armes à cheual amp;de pied par la maniéré qui fenfuit:c’eft à fçauoir icelles de cheual le lundy,le mardy,amp; le raercredy:amp; ceknbsp;les de pied le ieudy,le vendredy amp; le famedy.

Item amp; fe commencera ledit pas le premier iour de I u ill et, qui fera l’an raille quatre cens quarante trois, amp; durera quarate iours entiers fans comprendre les feftes ne les dimenches,ne les feftes commandées en la ville de Romme.

Item aucuns defdits Princes,BaronSjCheualiers ou efeuyers ne pourrotne ne feront tenus de paffer par le pays n’i vn quart de lieiie pres,qu’ils ne fàcent amp;nbsp;accompliffent les armes deffufdides ou qu’ils ne laiffent gages : c’eft â fçauoirnbsp;fon cfpée ou fes efperons,lequel qui mieux luy plaira.

Item amp; pour faire amp; accomplir lefdides armes tant de pied comme de cheual par la maniéré amp; ordonnance contenue cy deffusû’ay humblement fup-;nbsp;plié amp; requis à mondit feigneur fouuerain, que de fa grace me donnaft congénbsp;amp; licence d’icelles parfaites: lequel defirant l’accompliffement (ficelles le manbsp;begninement oélroyé.Et pour ce faire me donne amp; à donné à iuge treshault amp;nbsp;puiffant Prince amp; mon trefredoubté feigneur le Comte de Neuers amp; de Reteilînbsp;amp;en fon abfence monfeigneur le marefchal Cote de Fribourg amp;de Neuf-Cha-rnbsp;ftel. Et affin qu’il vous appaire que ces prefens chapitres procèdent de mon intention amp; voulenté, defîrant iceux accomplir par la maniéré dcffufdiéle, les aynbsp;fait feeller du feel de mes arqjes, amp; lignées de ma main le huidiefme iour denbsp;Mars l’an mille quatre cens quarante amp; deux.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•

Item ie prie Princes,Barons,Cheualiers amp; efeuyers qu’ils'n’ayent aucune imagination de mal-vueillance : car ie ne le faits que pour accroiftrele noblenbsp;inefticr amp; exercice des armes. Et auffi pour auoir accointance, par armes’ auxnbsp;biens renommez amp; vaillans Princes amp; nobles deffufdits, qui venir y voudront.

Item auront les deffufdits nobles eftrangiers bon, feur amp; loyal faufeon-duic de mondit fouuerain feigneur,amp; en fon abfence de fon Marefchal.

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CCCCXLllI.

rOLindE IL DES CHKONIQYES

Comment le Duc de Bourgongne enuoya le Comte d'Eflampes d tout grand puijjdnce de gens darmes en la Duché de Luxembourg.

Tcm en cefte mefmc fàifon la Ducbefle de Luxembourg,qui autref-fois auoit eu efpoufé le Duc Anthoine de Brabant amp; lean de Bauie-res deffunôlsjtous deux oncles,l’vn de pereamp;: l’autre de miere du Duc Philippe de Bourgongne, feit grand complaindeà iccluy Duc denbsp;Bourgongne de ce que fes hommes amp;fubieólsde ladióle Duché ne lavou-loicnt obeyr ne payer de fes rentés amp; reuenues, amp; la plus grand partie d’iceluynbsp;pays. Et par efpecial d’iceluy fort de Luxembourg amp; de Thionuille, amp; autresnbsp;lieux à lenuiron. Et l’auoient déboutée defdiôles villes en eux rendant du toutnbsp;rebelles amp; inobediens contre elle. Si luy requeroit amp; prioit humblement quenbsp;pour Dieu, amp; pitié amp; aufli pour l’honneur de fes deux oncles qu’elle auoit euznbsp;par mariage,amp; auecques Icfquels elle feftoit portée honnorablemêr, il la voul-hft fecourir à ce grand befoing tant qu’elle peuft eftre remife en fà feigneurie:nbsp;ou autrement laconuiendroieviure doreihauant en moult grand mefehef amp;nbsp;poureté, A quoy ledit Duc feit refponce trelcourtoife, difànt que de bon cueurnbsp;luy bailleroit fecours amp; ayde contre les deflufdits de Luxembourg par toutesnbsp;les voyesamp; moyens railbnnables,que bonnement faire pourroir,dont elle mer-cia grandement.Et pour fur ce auoir aduis, que bon luy en feroit à faire, feit af;nbsp;fembier fon confeil pour veoir ß^debatre la matiere,affin de fçauoir qu’il en fe-roit bon de faire pour le mieux. Auquel confcil fut délibéré, que ledit Duc denbsp;Bourgongne enuoyeroit fes meflagers folemnels deuers ceux de Luxembourgnbsp;eux requerre amp; fommer, qu’ils feifl'ent deuers icelle dame amp; fes officiers toutenbsp;• l’obeïflancc qu’il appartenoit,amp; comme ils eftoient tenuz de faire: amp; fi ainfi nenbsp;lefaifbient iceluy Duc de Bourgongne l’ayderoit amp; conforteroitdc toute fànbsp;puilTancc pour la remettre en fa feigneurie : aufquelles rcquefles amp; fommatiôsnbsp;ceux de Luxerabourgne voulurent entendre n’obeyr nullement, jafbit ce quenbsp;plufieurs requeftes leur en furent faiôles : mais pour eux entretenir Ce pourueu-rent dedans leurs villes de gens de guerre : c’eft à fçauoir des gens du Duc Guillaume de Saxe, qui fedilbit heritier de ladite Duché dc Luxembourg. Et enuoya vn fîen parent nommé le Comte de Clicque à tout huiÓt cens combattansnbsp;des marches d’Allemaignc : lefquels fe boutèrent en garnifon en la defiufdidcnbsp;ville de Luxembourg, de Thionuille amp; autres villes amp; forterefies à l’enuironnbsp;qui eftoient fauorables. Et eux là venuz commencèrent à courre amp; à faire gràdnbsp;guerre à aucunes villes amp; forterefies, qui encores eftoient demouréesen l’o-beïfTance dc ladide dame.Et par ainfi fut iceluy j^ÿs fort diuifé en grand tribulation. Et adonc le defiufdit Duc de Bourgongne fçaehant que les dcflhfditsnbsp;perfeueroientdeiour en iouren leurmauuais propos,fe conclud amp; délibéranbsp;du tout à eux faire forte guerre. Et pour fès caufes efcriuit fes lettres au Comtenbsp;de Vernembourg, au Damoyfeau de Saluce,à Henry de laTour amp; aux autresnbsp;nobles du pays amp; Duché de Luxembourg amp; de la Marche à l’enuiron : amp; dontnbsp;la plus grand partie tenoit le party delà dcfTufdide Duchefie, amp; qui fe vou-loicnt employer en l’ayde,faueur amp; fecours d’elle qu’ils feiffentguerre à tousnbsp;ceux,qui luy eftoient cotraires amp; dcfobeïfians. Et leur màda oultre que briefynbsp;enuoyeroit

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D'ENGJ/EKK. de yiOlStSTKELET CHARLES riï. 19amp; enuoyeroicdefesgens, amp;puisiroiten perfonne pourconquerre ladióte Duché, amp; deboutefoitceux qui l’occupoient : a laquelle requefle dudit Duc denbsp;Bourgongne, ils furent trefcontens d’entendre amp; obeyr. Et de fait depuis qu’ilsnbsp;curent deffié les delTufdits leur feirent guerre ouuerte, amp; coururent fur eux parnbsp;plufieursamp; diuerfes fois. Entre-temps le Duc de Bourgongne enuoya leditnbsp;Comte d’Eftampes en Picardie, amp; luy feit fçauoir qu’il alTemblafl certain nombre de gens de guerre pour mener en Bourgongne deuers luy,ce qu’il feit.

Qv AND ion armée fut prelle il les feit tirer deuers faincl Quentin en Vetr-raandois,amp; luy mefmes y alla en fa pcrfonne.Si elloient auecques luy Valleran de Moreul, Guy de Roye, le feigneur de Humieres, le feigneur de Saueufes,nbsp;melïire Symon de Lalaing, le feigneur de Neufuille, Gauuain Quierer,mellirenbsp;Antlioine de Vvifoch, lean de Haplaincourt amp; plufieurs autres notables che-ualiers amp; efcuycrs : amp; pouoit auoirentout le nombre de douze à treize censnbsp;combaitans. Si fc tira audit lieu de faindl Qj^ntin deuers Laon, pour aller paffer allez pres de la Comté de Rethers : mais quand il fut vers Montagu, ficom-me il fut dit amp; rapporté que Dimenchede Court, le Roucin amp; aucuns autresnbsp;capitaines des gens du Roy elloient logez à Montagu amp; audit lieu de Silbnae:nbsp;Jefquels n’agueces auoient effcé au pays de Rethelois,où ils auoient faitdegransnbsp;amp; merueillcux dommages. Pour lefquelsledit Comte d’Ellampes eftoittref-mal content d’eux:car auecques cevn peti^ parauant,iceluy Dimenche denbsp;Court auoit elle deHroulTc en BourgongnCjamp;auoit promis de non luy plus loger fur les pays de Bourgongne né fur ceux du party. Si leur manda amp; feit fçauoir qu’ils fe retrahilTent hors defon chemin j amp; qu’ilfe vouloir aller loger audit lieu de Montagu, ce que point ne vouloient faire : pourquoy entre icelles •nbsp;parties fefmeurent aucunes rigueurs.Et fut ordonné que ledit Comte d’Ellampes Si fon confeil leur courroit fus, amp; ainfi en fut fait. Si furent la plus grandnbsp;partie dcfdits François du tout dellroulTez: amp; tous leurs biens tant cheuauxnbsp;comme autres bagues prins amp; rauiz par les Picards delTufdits ; amp; en y eut biennbsp;pou de morts amp; aulïi de naurez:amp; depuis qu’ils eurent efté faits prilbnnicrs,furent deliurez. Et auecques ce furent â aucuns rendues aucunes dejeurs bagues,nbsp;amp;parefpecialaiceluydeCourt:fi fe tirerent arriéré le plus brief que faire lenbsp;peurenr.Pour lefquelles dellrouflcs le Roy ne Ion fils ne furentpoint bien con-tensjde ce que ainfi on les auoit ruez ius en leurs paÿs:amp; aulîi pourtant qu’ils alnbsp;loient à vn mandemêt que faifoit ledit Daulphin, pour aller au fecours de ceuxnbsp;de Dieppe, duquel cy apres fera faiôlc plus ample mention : neantmoins la be-fongne demoura ainü faide pour lors, mais depuis en vindrent de trelgrans remors.En apres le Comte d’Eliampes amp; fes gens fe tirerent iufques fur les marches de Bourgongne, amp; tindrent fes gens les champs vers Langres amp; Monfau-gon: durant lequel temps ledit Comte d’Ellampes amp; les feigneurs,amp; la plusnbsp;grand partie qui elloient auec luy, allèrent à Dijon vers le Duc de Bourgogne,nbsp;où ils furent ioyeuferaent receuz amp;: felloyez: amp;fe tindrent là certaine efpaeenbsp;de temps,entre-temps que ledit Duc fai^pit fes apprelles, pour aller à puillànccnbsp;en la Duché de Luxembourg.

Comment le Duc de Bourgongne meit la Duché de Luxemh

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H.ccccxun. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yoLvivîE: ii. bes CHKoNioyES

R conuient parler dudit Duc de Bourgongnedequel en ce temps fai-foitgrandes preparatios, pour aller en la Duché de Luxembourg, amp; auoic plufieurs moyens qui de iour alloient amp; venoicnt deuers luy,nbsp;pour içauoirfi on pourroit trouuer aucuns bons moyens entre la



Duchefle amp; ceux qui eftoient entiers elledefobeiïTanSjlefquels en fin nefe peu-rent trouuer.Et pour cefte caufe le defliifdit Duc fe difpofa du tout d’eux liurer forte guerre, amp; les mettre en l’obeiïTance d’icelle Ducheffe. Si enuoya premiernbsp;audit pays meflîre Symon de Lalaing amp; de trois à quatre cens combattans auecnbsp;luy J qui feioingnirent amp; alTemblerentauec le Comte de Vernembourg amp; lesnbsp;autres nobles du pays de la Marche, qui eftoient alliez audit Duc de Bour-gongne. Et fe logèrent en Arlon amp; en aucunes autres villes qui tenoient lenbsp;party de ladiélc Duchefle,comme dit efl: cy deflTus.Et eux venuz en iceluy paysnbsp;cuiderent par moyens auoir l’obeïflance de Thionuille, en quoy ils faillirent,nbsp;pource que le Comte de Clicq amp; ceux de fon party les auoient attraits de leurnbsp;cofté, amp; y raeirent des gens de guerre pour les ayder à entretenir : amp; depuis af-fez brief enfuiuant vint iceluy Comte de Clicq à tout grand puiflance,garnynbsp;decharroy habillemens de guerre loger aflez pres de la ville d’Arlon qu’il en-tendoit aflieger : amp; y eut entre les parties grandes efcarmouches, où furent aucuns dc’fes gens morts amp; blecez:amp; depuis doubtant la grand puiflance du Ducnbsp;de Bourgôgnc,fe retrahit à Luxe^ourg.Durant lequel têps les deflufdiis feirentnbsp;plufieurs courfes l’vn contre rautre,amp;alloiêt les Picards aucuncsfois courre iufnbsp;ques aux portes de Luxembourg.Et entre-têps ledeflufdit Duc de Bourgognenbsp;fe partit dudit lieu de Dijon en trefbcl arroy,grandemêt accompagne de cheuanbsp;• liersöc efcuyers,amp; fen vintàYuoy qui efl: de la Duché de Luxembourg,amp; là fenbsp;logea amp; y fut receu des habitas moult ioyeufement.Auquel lieu d’Yuoy il connbsp;clud de faire aflieger vn chaftel nôméViliy,qui eftoit garny de plufieurs faque-mens,qui long temps parauant auoient fait amp; faifoient de iour en lourde gransnbsp;.oppreflions amp; tyrannies au poure peuple dudit paÿs,amp; eftoit leur chef vnnbsp;nommé laquemin de Beaumont. Si eurent la charge de les aflieger Guy denbsp;Roye amp; le fugueur de Saueufès, Hues de Hafiues amp; aucuns autres chefs : lef-quels y allèrent à tout fix cens combattans ou enuiron, amp; y feirent dreffer plu—nbsp;fleurs gros engins, qui les adommagerent : amp; fe difbient les deffufdits eftre aunbsp;Damoifel de Comraercy, qui auoit efté en la compagnie du Daulphin à prendre la baflille de Dieppe, comme deffus efl dit. Si fut aduerty d’iceluy fiege amp;:nbsp;pour le cuider leuer,aflcrabla enuiron mille combattans:entre lefquels eftoientnbsp;îe Roucin,Pierre Robert amp; plufieurs autres routiers de guerre.Si fe tirerent parnbsp;plufieurs iournées en approchant ceux du fiege^effufdit, amp; tant qu’à vn matinnbsp;ferirent dedans leurs logis ,amp; de premierevenue fe boutèrent dedans fans ynbsp;trouuer refiftence finon affez petit : neantmoins ceux qui auoient la charge dudit fiege oyans l’eftfoy, r’affembierent leurs gens bien en hafte en belle amp; bon-.ne ordonnance, amp; commencèrent à marcher auant contre leurs ennemis : lefquels aflez toft ils rebouterent hors d^Ieurfdits logis aux champs, amp; là de tousnbsp;coftez fè commencèrent de trefgrandes efcarmouches ¦ aufquelles fe porta tresnbsp;vaillamment meflîre Gauuain Quieret, meflire Hue de Longueual amp; plufieurs autres, auec les chefs deffus nommez ; lequel meflîre Gauuain y eftoitnbsp;venu

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1) ENGINE RK. DE MONSTRELET CHARLES EU. venuvn iour deuant,amp; les auoit aduercisde la venue dudit Damoifeau denbsp;Com mercy.

Finablement iceluy Damoifeau amp; ceux de fa compagnie voyans qu’ils poLioient plus perdre que gaigner à illec demourer longuement, fe partirent alfez haftiuement amp; fen retournèrent audit lieu de Commercy:amp;y furentnbsp;morts huiôl ou dix de fes gens amp; plufieurs naurez: amp; de la partie des affiegeansnbsp;fut mort vn gentil-homme nomme Gaultier de Pauant,amp; pou d’autres auecnbsp;luydequel de Commercy fen alla auec ledit laquemin de Beaumont, amp; iflit dunbsp;Chaftel par derriere, entre-temps que ladiclc efcarmouche fe faifoit en abandonnant fes gens : lefquels fe rendirent en brief terme enfuiuant par tel fi,qu’ilsnbsp;fen iroient â tout leurs biens : amp; apres ledit Duc de Bourgongne feit loger fesnbsp;gens vers Luxembourg, amp; alla le Comte d’Eftampesà tout grand partie desnbsp;capitaines amp; gens de guerre à Ez qui efl vne grande ville, laquelle autresfois a-uoit efté fermée, amp; fut illec grand efpace de temps. Si couroient les gens biennbsp;fouuent fur leurs aduerfaires : defquels quand ils les rencontroient,en faifoientnbsp;bien peu de compte. Et entre-temps que toutes ces befongnes fe faifoient, lenbsp;Duc de Bourgongnequi auoitauec luy (commediteft deffus) plufieurs dunbsp;pays affez fubtils, eut plufieurs imaginations amp; confeils auec fes plus feables,nbsp;amp; aucuns des defrufdits,pour fçauoir comment il viendroità chef de ceftenbsp;guerre, Si luy fut dit qu’il pourroit bien faire efiayer, fçauoir fi on trouueroiÉnbsp;point maniéré d’efcheller amp; prendre de nuiôlTadide ville de Luxembourg. Etnbsp;quand ledit Duc ouyt ce il y entendit voulentiers, amp;: fut content que on y be-fongnaft par tous les moyens qui pourroient eftre polTibles : amp; pour faire l’efnbsp;fày amp; aller aduifer le lieu, furent ordonnez deux gentils-hommes : c’eft a fça-uoir l’vn du pays de Bourgongne nommé Guillaume le Greuant, amp; le fécondnbsp;Robert de Miramont natif de Picardie, amp; auec eux aucuns autres du pays quinbsp;les conduifbient. Sifemeirentàchemin amp; allèrent par plufieurs foisveoir,amp;nbsp;efpier cornent ils pourroient faire:amp; aufli comment ceux de dedans fe gouuer-noient en fait de guct:amp; auoient auec eux aucuns excellens efchelleurs : finbsp;trouuerent amp; appcrceurent qu’il y faifoit bon, amp; que ceux de dedans facquir-toient afïez petitement de faire le guet: amp; adonc en y eut qui par efchellesnbsp;montèrent amont amp; aduiferent bien à leür ayfe tout l’eftat de ladiéle ville. Ennbsp;apres fè départirent amp; fen retournèrent le plus fecrettement qu’ils peurent de-uers le Duc de Bourgongne: auquel ils feirent leur rapport de ce qu’ils a-uoient veu amp; trouué. Sur lequel rapport ledit Duc Ce conclud de faire efTàyernbsp;de mener cefle entreprinfe à fin, fi le feit fçauoir au Comte d’Eftampes amp; auxnbsp;capitaines qui eftoient auccq«es luy. En eux lignifiant que c’eftoit fon plaifir,nbsp;qu’ils feiflent ladide entreprinfe, amp; qu’il iroit en perfonne auecques eux pournbsp;les lecouriramp; ayder fe befoing leuren eftoit : Sc eftoit lors iceluy Duc à Ail-Ion , amp; le deflufdit Comte d’Eftampes à Ez, lequel Comte d’Eftampes quand ilnbsp;eut ouy amp; entendu l’intention dudit Duc,afrembla grand partie des plus nobles de .là compagnie, amp; leur remonft,^ toutes les befongnes delTufdiôles. Etnbsp;auecques ce leurdeclaira l’intention dudit Duc,amp; leur reqüift que fur ce lenbsp;voulfiflent confeiller.Et adonc fut la befongne aucunement debatue entre eux:nbsp;amp; en y auoit aucuns qui doubtoient aucunement â faire amp; confciller ladi€le

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^.CCCÇXLJIL nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yOLFME IL DES CHRONïES

entrepriufe, pour plufieurs raifons. Et en fin tout confideré (è conclurent en-fenabîe de le faire, puis que c’eftoit le plaifir amp; ordonnance du deflufdit Duc de Bourgongne leur chef amp; fouuerain feigneur. Et apres ccfte conclufion fut ad-uiféâ quion bailleroit la charge de faire le premierefchellemcnt.Si furentnbsp;commis mefiire Gauuain Quieret,le feigneur de Bofqueaux, Guillaume denbsp;Greuant amp; Robert de Miramont deffus nommé, auecques les elchellcurs amp; denbsp;foixante à quatre vingts compagnons. Si fe meirent à chemin amp; auoient bonnes guides du pays qui les menoient : amp; depuis les fuyuit amp; r’attaingnit le fèi-gneur de Saueufes, jaçoitcc qu’il fut pour lors moult aggraué de maladie:nbsp;pour la compagnie duquel ils furent bien ioyeux, amp; fc tirerent le plus coye-ment qu’ils peurent iufques à demyeliciiede Luxembourg, où ils fè méi^entnbsp;à pied amp; laiflerent leurs cheuaulx. Et puis fen allèrent tout oultrc iufqueiaunbsp;lieu, qui eftoit ordonné, amp; eux làvenuz auoient commis ceux quideuoientnbsp;premier monter,amp; aufli ceux qui les fuiueroient de main en main par tres bonne maniéré amp; belle ordonnance.Et quand tout fut preft, on commença à dref-ferles efchelles amp; à monter ainfi comme il auoitefté aduifé.Et fut requis aunbsp;feigneur de Saueufes qu’il demouraft au pied des efchelles pour faire tenir lesnbsp;ordonnances, amp; pour faire monter ceux qui à ceeftoient commis, lequel lenbsp;feit amp; à point : car audit lieu n’y auoit homme qui bien ne fe voulfift conduirenbsp;par fbn confèil. Et quand meflire Gauuain Quieret amp; les autres furent dedansnbsp;amp;la plus grand partie, ils prinJrent aucuns de ceux du lieu : aufquels ils fei-rent femblant deles mettre à mort fils faifoient aucune noyfe, amp; toft apresnbsp;iceux allèrent rompre vne poterne amp; ouurir pour ledit feigneur de Saueufes,amp;

• autres qui les auoient fuiuiz iufques à deux cens ou enuiron, qui y entrèrent amp; commencerét à crier à haulte voix, ville gaignéezduquel cry la ville fut eftour-die amp; tout en hafte crierent «a l’arme en plufieurs lieux. Et entre-temps les def-fufdits Bourgongnons fe tirerent au marché; lequel ils gaignerent, nonobftantnbsp;, que ceux de dedans fe fuffent afTemblez en petit nombre pour le garder. Si fei-rent peu de refiftance, à laquelle fut nauré ledit meflire Gauuain amp; des defluf-dits deffendeurs, en mourut deux tant fcullement, amp; les autres fc meirent denbsp;toute amp; parts a fuyr vers le chaftel amp; aufli vers le bas de la ville. En apres leditnbsp;Comte d’Eftampes qui les deflufdits fuiuoit de pres â puifTance, fut aduerty denbsp;celle prinfe par plufieurs meffages qu’iceux enuoyerent deuers luy, fi fè haftanbsp;Je plus toft qu’il peut d’y venir. Et quand il fut dedans, il fut ordonné qu’on en-uoyeroit certain nombre de gensdeuant le chaftel, pour garder la faillie denbsp;ceux qui eftoient dedans ; mais défia ils auoient bouté le feu tout au trauers denbsp;la rue qui eftoit deuant ledit chaftel ; par lequel furent arfès moult de bellesnbsp;maifons, amp; la plus grand partie des cheuaulx des gens d’armes, qui là eftoientnbsp;logez : lefquels en grand nombre feftoient retraits ou chaftel deflufdit. Et auecnbsp;ce quand le peuple, dontily auoit grand multitude qui feftoit retraits en knbsp;bafe ville, yeitamp; apperceutque la ville eftoit ainfi prinfe, amp; qu’il n’y auoitnbsp;point de refcouflcjils fen iflit hors fen alla à Thionuilleamp; autres lieuxnbsp;moult defeonforté en abandonnant tous fes biens. En ce mefme iour vint audit lieu de Luxembourg ledit Duc de Bourgongne. Apres laquelle venue fènbsp;commencèrent fes gens à loger par ordonnance par ladilt;fte ville: dedans la-

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D'ENGEERK. DE MONSTEELET CIIAKLES m. cjuelic furent trouuécsde grandes richefles amp; des biens en grand abondance:nbsp;lelqucls tantofl furent tous prins, rauiz amp; burinez par ceux qui auoientcon-quife lâdidc ville. Et auoit efté ordonné à faire icelle entreprinfe, que tous lef-dits biens feroient partis amp; butinez egallemenr, amp; que chacun felon ion cil jenbsp;en aùroit fa portion ßns y faire aucune fraude. Laquelle ordonnance ne futnbsp;point entretenue: niais en furent fraudez la plus grand partie des compagnons^nbsp;par efpecial ceux du moyen amp; moindre eftat:amp; y en eut peu qui y eurent profit, finon aucuns des chefs de l’armée, amp; ceux quiauoient conduit la befbn-gnc. Etaufli autres qui furent commis à butiner, amp; qui eurent le gouucrne'^nbsp;mentd’iceux biens. Pour laquelle fraude en y eutplufieurs qui fe plaignirentnbsp;Ivji â l’autre, difàn t qu’on leur monftroit mauuais exemple d’eux vne autrefoisnbsp;aduenturer leur corps,pour gaignercc où ils n’auoient riens: neantmoins quelque plainte qu’ils en fciiTent n’en peurent auoir autre chofe. Ains furent contraints aifez rigoureufementtant par ferment comme autrement, d’apporternbsp;ou deliurerce qu’ils auoient trouué en la maindefdits butineurs. A laquellenbsp;aflemblée ou befongne eftoitle feigneur de Humieres, qui exerçoit l’office denbsp;Marefchal. Auquel office il a efté comrnis de par le fèigneurdc Beaumont, lenbsp;Marefchalde Bourgongne. Auffi eftoir auccques ledit Duc de Bourgongnenbsp;des marches de Picardie, le Comte d’Eftampesdeffus nommé,le feigneur denbsp;CroÿComte Porcean, VvalerandeMoreul,4neffire SymondeLalaing,Guynbsp;de Roye, meffire Robert de Saueufes fon frere Huedfe Hames, Huede Lon-gueual,le feigneur de Bofqueaulx,meffire Anthoine de Vvifochamp; moulenbsp;d’autres nobles hommes. Et des marches de Bourgongne le feigneur de Ter-nanr, meffire Pierre de Baufremont feigneur de Chargny, le feigneur dç BraG •nbsp;fy, Charles de Rochefort, Philebert de Vaudray, lean de Vaudray, Philebertnbsp;d’Aincourt amp; aucuns autres cheualiers amp; efeuyers en grand nombre. Et quandnbsp;cft audit Comte du Clicq il fe retrahit auecques fès gens dedans le chaftehmaisnbsp;depuis fe defroba de nuiâ: fècrertement, amp; f’en alla tout de pied à Thionuille:nbsp;lequel chaftel de Luxembourg fe détint depuis ladiôle prinfe enuiron trois fep-maines : durant lequel temps de ceux de dedans fut occis meflire*lean baftardnbsp;de Dampierre d’vn traiél, dont il fut frappé par la telle. Et ledit feigneur de Sa-ueufeà vne faillie queauoient faiéhe aucuns dudit chaftel, fut naurc trefgrief-uement d’vn vireton en la poidrine,dontil futen peril de mort. Mais par lanbsp;diligence des cirurgiens dudit Duc de Bourgongne, tourna depuis à guarifon.nbsp;En la fin defquelles trois fepmaines ledefTufdit Comte du Clicq feit traidéa-uec les commis du defiufdit Duc de Bourgongne, moyennant que fes gens quinbsp;eftoient audit chaflel de Luxembourg fen iroient fàuf leurs vies,amp; fi n’empor-teroient riens de leurs biens. Et auec ce rendit la ville de Thionuille, amp; fe retourna en fon paÿsd’Allemaigneà grand perte, honte Se confufion de Iuyamp;nbsp;de fes gens. Et par ainfi iceluy Duc de Bourgongne eut pleine obeïffance de la-dide Duché de Luxembourg en peu de temps, amp;à petite perte de fes gens.nbsp;Auquel lieu alla la Ducheffe fa femraoijamp;auec elle la Duchefft de Luxembourg: laquelle auoit fait ou feit traidé auec ledit Duc par condition, qu’ilnbsp;iouyroitdeladide Duché toutefàviedurant,amp;y auroittoutlel droit quelle y auoit:amp; il luy en rendroit par chacun an la fomme de dix mille francs mon-

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M.CCeCXLlIL nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;U, DES

de France. Auquel temps ledit Duc de Bourgongne auoit fait publier luy eftant en fà ville de Luxembourg, que nul de quelque eflat qu’il fut ne printnbsp;debat, ne ne feit aucune extortion aux feigneurs du pays n’à leurs gens, qui c-ftoienten fa compagnie des marches d’Allemaigne amp; de ladiôle Duché. Laquelle publication futenfraintc par vnfienarchier de corps nommé le petitnbsp;Éfcoçois,qui print debat à meflire Pierre Bernard, amp; de fait le ferit aucunement: pour lequel fait ledit Duc le feit pendre. Et nonobftant plufieurs prières d’aucuns grans feigneursde fon hoftel, amp;aufli dudit meflire Bernard quinbsp;luy pria pour au deflufdit fàuuer fàvie,le feit pendre ja fut que moult l’eufl:nbsp;ayméparauant, amp; que bien fut content de fonferuice. Mais il lefeitprincipal-lement affin de bailler exemple à tous autres, qu’ils ne fuflentfi ofèzde rompre amp; enfraindre fes edits amp; ordonnances. Item en ce temps furent mis pki-iieurs ambafladeurs fus d’entre les deux Roys de France amp; d’Angleterre : lef-quels treflouuentalloieht d’vn pays en autre, pour trouuer moyens de paixnbsp;entre les deux Royaumes, ou du moins r’alonger les trefues. Et pour lors lenbsp;Roy de France Ce tenoit à Tours en Touraine.Auquel lieu fc tindrent plufieursnbsp;grans confeils amp; moult d’affemblées Ijir cefte matiere:aufquelles eftoient mandez amp; euocquez treflouuent les trois eftats de fon Royaume. Toutesfois non-obftant lefdiôles aflemblées fc mouuoient continuellement les deux parties, Scnbsp;menoientgtofles ôc fortes gueriÿs les vns aux autres.

Comment aucuns des gens du Daulfhin fè tirerent vers le pais de Bourgongrte ; lef-quels furent rucT^ius par le Marefchal de Bourgongne nbsp;nbsp;1^^ ßens.

V commencement deceftanle Daulphinde Viennois premier fils du Roy retourna deuers fon pere, qui cftoit a Tours en Touraine.Etnbsp;auoit ledit Daulphinefté moult grand efpace de temps au pays denbsp;Languedoc, tant pour le fait du Comte d’Armignac comme pour

autres affaires. Auquel retour moult de gens de fon armée fè tirèrent furies marches de^Bourgongne, où ils feirent de grans defroys comme autresfois a-uoient fait. Si fen allèrent loger à vn gros village nommé Efpoife, auquel lieunbsp;leur vint courre fusie feigneurde Beaumont Marefchalde Bourgongne accompagné de plufieurs nobles du pays, amp; y eut dure rencontre entre eux:maisnbsp;en fin par la diligence amp;vaillance dudit Marefchal amp; d’aucuns autres feigneursnbsp;defà compagnie, furent iceux François tournez à defeonfiture amp; y eut grandnbsp;nombre que morts que prins. Et brief enfuiuanten furent portées lesnouuel-les audit Daulphin,amp; luy fut dit comment f« gensauoientefté rueziusounbsp;pays de Bourgongne: lequel Daulphin iuralorsvn grand fei ment qu’il j’ennbsp;iroitlorsou pays pour les contreuenger. Et d’autre part le Duede Bourgongne fut aduerty de ce que ledit Daulphin auoit dit amp; iuré. Si dit pareilicmentnbsp;qu’il iroit ayder à garder fon pays.Et par ainfi eut aucun commencement de rigueur entre ces deux Princes : mais ajjez brief apres par le moyen d’aucuns notables fages perfbnnes d’vn coflé amp; d’autre, furent les chofes rappaifées, amp;nbsp;ledit Daulphin refraignit fon ire amp; fon courroux.


Comment


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Jgt;*ENCFERK, DE MONSri^ELET CHARLES yiJ, 19^ Comment vnes trefues furent failles amp; données entre les Roys de Francenbsp;nbsp;nbsp;A Anbeter re^cy* tous leurs parens, amisnbsp;nbsp;nbsp;aUie:^amp; fubieéls,

Tem durant le temps deffufditfe continuèrent à Tours en Tourai-'S, ne les alTeinblées traiôlez d’entre les deux Royaumes de France

amp;e. d’Angleterre : auquel lieu eftoient plufieurs Princes amp; grans fei-® gneurs du Royaume de France en perfbnne, amp; ceux qui point n’y e-

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ftoienr, auoient enuoyé grans amp; notables ambafladeurs, ayant pouoir fuffifant de par les feigneurs qui les auoient enuoyez. Entre lefquels y eftoient de par lenbsp;Duc de Bourgongne meftire lean de Croÿ Baillifde Hainaultje Prieur deVer-gy,roaiftre Oudart Caperel amp; autres notables bommes:amp; aufli y eftoient ceuxnbsp;des bonnes villes en trelgrand nombre. Et pareillement de la partie du Roynbsp;d’Angleterre y eftoient a tout pouoir fuffilânt meftire Guillaume de la Poulienbsp;Comte de Suftbrtjmaiftre Adam Melaine garde du priué fèel du Roy d’Angleterre amp; Doyen de Salfebery,meftire Robert de Roz amp; autresdefquels tous en-femblepar diuerfesiournées ftaftèmblerent J’vnauec l’autre, amp; furentfàitftesnbsp;plufteurs ouucrtures entre icelles parties pour venir amp; conclurre à paixgene-ralle: mais finablement pour les grans difficulrez qui pour lors eftoient entrenbsp;les parties, ne pouoient venir ne eux accorder à ladiéte paix generalle ; mais furnbsp;efperance d’y paruenir, prindrent vnes trefuesîc abftinence de guerre iufques ànbsp;certain temps entre les deftiifdides parties : lefquelles fentretindrent affez (èu-rcment donc du contenu la teneur f’enfuyt.

Charles Duc d’Orléans amp; de Valois,Comte de Blois amp; de Beaumont, feigneurde Coucy amp; d’Ofty:Loÿs de Bourbon Comte de Vandofineamp;denbsp;Chartres fouuerain maiftre d’hoftelde France, Pierre de Brelc (èigneurdclanbsp;Varenne amp; de Brefac Senefchal de Poitou amp; d’Auignon,Bcrthran de Beauuaunbsp;feigneur de Precigny cheualier confeiller amp; chambellan de trefexcellent Prince le Roy de France noftre trefredoubté amp; fouuerain feigneur. A tous ceux quinbsp;ces prefentes lettres verront fàlut: comme noftre (aintft pere le Papg ait treftbu-uentesfois prié, requis amp; exhorté par fes lettres amp; meftages,amp; mefmemêt dernièrement parreuerendpereen Dieu l’Euefquede Viefefon ambafladeuramp;nbsp;raeftagier : le Roy noftre trefredoubté amp; fouuerain feigneur de condefeendrenbsp;amp;vouloir entendre parmoyende longue trefue ou autrement à bonne paixnbsp;vnion amp; concorde auecques treshault amp; trefpuiftant Prince fon nepueu d’Angleterre : lequel poLircefte caufea depuis nagueres enuoyé amp; tranfmis à toutnbsp;certain pouoir par deuers noftjÿ trefredoubté amp; fouuerain feigneur fes fblem-nelzambaftadeurs amp;meflages:c’eftà fçauoir Guillaume de la Poulie Comtenbsp;de S U (Fort grand-maiftre d’hoftel d’iceluy treshault Prince, maiftre Adam Me-laine garde de fon priué feel dodeur en loix Doyen de Salfebery, meftire Robert de Roz, meftire Thomas Florscheualier,Richard d’Andrenc Secretairenbsp;dudit treshault Prince, amp; nepueu d’iceluj^fouuerain feigneur : de laquelle cho-fe le Roy noftre trefredoubté feigneur pour rcuerence de Dieu, pour la pitiénbsp;qu’il a toufiours eue amp; a des grans dommages amp; affligions, que lepoure peuple d’vne partie amp; d’autre a eu longuement amp; a encores à foufBir amp; potter ànbsp;El

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M.CCCCXLIII. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;II. DES CFIRONIOVES

I’occafion de ladide guerre, amp; pour euiter l’effufion du fang humain, fcft libc-rallement condefcendu pour befbngner en cefte matiere auccqucs lefdits am-baffadeurs de fondit nepueu : amp; fur tout communiquer, trailer amp; appointer auecques eux,luy ait pleu nous commettre amp; depofèr de fa part amp; nous baillernbsp;fes lettres des pouoir dont la teneur fenfuit.

Charles Duc d’Orléans. amp;cæt. Sçauoir faifons qu’aprescequc pour traiôlerde ladide paixamp; trefues,nous fommes affemblé parplufieurs iour-nées en cefte ville de T ours auec iceux ambaffadeurs d’Angleterre : nous à leurnbsp;requefte,auons par vertu à nous donnée en efpcranceprincipallede paruenirnbsp;partraid de temps à bonne paix amp; accord final, entrenoflre trefredoubté 6cnbsp;fouuerain feigneur 6c fondit nepueu 6c des Royaumes de France 6c d’Angleterre : odroyé, confenty, promis ôc accordé : 6c par ces prefentes confèntons,nbsp;odroyons,accordons 6c promettons, pour 6c ou nom de noftre trefredoubténbsp;6c fouuerain feigneur auec les deffufdits Comtes de SufFort 6c autres ambaffa-deurs d’Angleterre deffus nommez, amp; eux aufli auec nous par vertu de pouoirnbsp;à nous donné : duquel la teneur fenfuit.

. H E N RI c V s. ôccæt. trefues generallcs pour le Roy noftre fouuerain feigneur fon Royaume tant par terre, par eaüe doulce comme par mer fes vaP faulx 6c fubieds. Et mefmcmentpourtrefpuiflans Princes les RoysdeCaftil-le,desRommains,de LihonsS: Cecille Duc d’Anjou,de Bar6cde Lorraine , le Roy d’Efcoce, monfeigneur le Daulphin de Viennois auflî fils de France: Nous Duc d’Orléansdeffus nommé,les Ducs de Bourgongne,de Bre-• taigne, de Bourbon , 6c d’Alençon, le Comte du Maine 6c generallementnbsp;pour tous les feigneurs du fàng du Roy noftrcdit fouuerain feigneur ôc fes autres fubieûs, amis 6c alliez 6c adherans, 6c par tous leurs Royaume Daulphi-néjde Viennois,Duchez,Comtez ôc partons les autres pays,terres ôc fei-gneurics qu’ils ont 6c tiennent tant en ce Royaume que dehors, 6c pour tousnbsp;leurs vaftaulx ôc fubieds : c’eft à fçauoir au regard defdits amis amp; alliez 6cnbsp;adherans non fufpccls, fc comprins y veulent : lefqucls alliez, aydans 6c adherans qu’ils y voudront comprendre, fî comprins y veulent eftre, à non fufpeôlsnbsp;d’vn cofté ne d’autre : feront tenuz de promettre 6c iurer à garder ladiéte tref-ueôcde reparer ce que par eux, où les leurs feroit fait au contraire. A commencer Icfdides trefues par tout le Royaume de France, tant par terre comme par eaüe doulce ôcés ports de mer. C’eft à fçauoir en la Duché de Guyenne amp; pays de Gafeongne, ôc és ports de mer ôc és ifles qui y font, le quinziefnbsp;me iour de May prochainement venant à fol^il leuantÔc en tous les autresnbsp;pays ôc contrées d’iceluy Royaume. Et au regard de la mer le premier iour denbsp;luillet apres enfuiuant ladide heure de folcil leuant, par tousles Royaumesnbsp;d’Angleterre 6c feigneuries d’Irlande ôc de Galles. Et par toutes les autres fei-gneuries ôc ifles quelsconques dudit treshauli ôc puiftant Prince ôc nepueu denbsp;noftredit feigneur, dudit iour de luillet prochainement venant à foleil leuant.nbsp;Et au regard de ladiélemer le prernîeriourde luillet prochainement venantnbsp;à foleil leuant. Et au regard defdits alliez d’vn cofté 6c d’autre, commencerontnbsp;icelles trefues apres ce qu’on aura lignifié la declaration de leur voulenté d’vnenbsp;parc

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]) EN GE ERR. DE quot;MON STRELET CHARLES EU. ibó part amp; d’autre. Et fuffira pour la defcharge amp; acquit du Roy noftredit amp; fou-uerain feigncur, qu’il face lignifier ladiôte declaration amp; voulenté defditsaUnbsp;liez à celuy qui aura la charge amp; gouuernement pour ledit treshault amp; puiCnbsp;ûnt Prince (on nepueu d’Angleterre deçà la mer es parties de Normandie amp;nbsp;de Guyenne. Et au regard d’iceluy trcfpuilTant Prince amp; nepueu, il fuffiranbsp;qu’il face faire ladiôte fignificationàla Court de Parlementa Paris. Et dureront lefdiôles trefuescommençans commedeflusiufquesau premier lourdenbsp;Auril prochainement venant à ladiôte heure de (bleil leuant, l’an reuolu qu’onnbsp;comptera felon l’vfàgedece Royaume, l’an mille quatre cens quarante cinqnbsp;auant Pafques.

Item durant les trefues de(rufdifl:esce(reraamp; fera le Roy nofiredit fou-uerain Seigneur celTer toute guerre amp; voyede fait, entre luy amp; fes Royaumes, pays amp; fubieôts, amp; auffi alliez, ainfi que dit eft. Et ledit treshault amp; puif-fiant Prince amp; nepueu de noftredit fouuerain Seigneur, n’aydera ne fiouffrira aucuns de fies fubieôts du Roy noftredit Seigneur ne autre quelconque perfon-ne à l’encontre de luy,n’àfon preiudice amp; dommage. Et pareillement ne feranbsp;le Roy noftredit trefredoubté amp; fouuerain Seigneur,au regard dudit treshaultnbsp;amp; puiffant Princefon nepueu.

I T E M amp; pendant icelles trefues ne pourra l’vne defdiôtes parties ne (es gens prendre au party amp; obciffiance de l’autre^ucunes citez, villes, places, for-terelTes ne autres lieux par force, par emblée ne par efchellemens de iour ne denbsp;nuiôt pour vendition, tradition, feduôlion ne autrement en quelque manie-re,ne foubs quelque couleur ou moyen que cefoit:amp; cefferontóc fera no-ftre trefredoubté amp; fouuerain Seigneur celTcr toutes prinfes de perfbnnes •nbsp;quelsconques de quelque eftat ou condition qu’ils foientamp; rançonnemensnbsp;(excepté les rançons de ceux quiauoient cfté prins par auant lefidiôles tréfilés ) pilleries, roberies, amp; boutemens de feu amp; tout autre fait amp; exploitnbsp;de guerre. Et ne pourront ne deuront les gens de l’vne defdiôles parties tenir compaignie de gens de guerre au party de l’autre, ne y porter aucunnbsp;dommage.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•

Item fil aduenoit que les gens de Vvnc defdiétes parties prinlfcnt au-» cune ville, cité, place, oufortereffie fur l’autre partie qui auroic fait ladiôlenbsp;prinfe : audit cas fera tenu de rendre amp; remettre ladiôte place és mains amp; o-beïflancede l’autreainfi quelleauoit cfté parauanticelle prin(è,amp; tout réparer amp; reftablir. Et au cas que fans force d’armes ceux, qui auroient ainfi faitnbsp;ne vouldroient obeyrne rendre ladiôle place : la partie à qui ils auroient efténbsp;par auant ladiôle prinfe ou au temps d’icelle, fera tenue de les faire à fes de(^-pens : amp; aufli fera tenue l’autre partie en ce,fi elle en eft requife. Et (uppofé quenbsp;ladiôle reparation ne peuft eftre faide pendant lefdióles trefues.^Nc3ntmoins lanbsp;partie à laquelle feroient ou auroient efté par auant au temps d’icelle prinfe,nbsp;ceux qui auroient faiéle ladiôle prinfe, feront tenuz de la rendre amp; reparernbsp;tout entièrement.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•

Item pendant Icfdiôtes trefues tous les fubieôlsd’vncofté amp;: d’autre, pourront déformais aller, venir, demourer amp; marchander de toutes marchan-L1 ij

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M.CCCC.XLIll. VOLUME 11. DES CHKONIQ^J/ES

difes ( referué habillemens de guerre ) feurement amp; paifiblenient : Ôi faire toutes les autres œuuresamp; befongnes licites les vus es pays des autres, fans eftre einpefchez,arreftez ou tnoleftez en quelque maniéré que ce foit pour marque, reprefaille , entreprinfe ne pour quelque debte , obligation ne autresnbsp;chofes faides ou aduenues parauant lefdides trefues,en payant tous péages accouftumez es lieux amp; pays par où ils paflent : pourueu toutesfois quenbsp;les fubieds, nobles ou gens de guerre de l’vnedefdides parties ne pourroientnbsp;entrer és chafteaulx, villes ferniees, amp; autres forts lieux, en l’obeiïTance l’vnnbsp;de l’autre, fans demander licence ou congé aux feigneurs ou capitaines defditsnbsp;lieux ou de leurs lieutenans, amp; qu’ils foient defarmez amp; en petit nombre. Etnbsp;au regard des vrays pellerins ils pourront aller en compaignie grande moyenne ou petite, ainfi que pellerins ont accouftumé de faire en tous lieux, où il ynbsp;a pellerinages anciennementaccouftumez. Etau regard d’eux amp; des pcrlbn-nes comme marchans amp; autre menu peuple, il fuffira qu’ils demandent amp; obtiennent congé amp; licence d’entrer efdides villes, chafteaulx ôc fortereftes auxnbsp;portiers d’icelles.

Item pource que plufieurs de^ fubiets du Roy noftrcdit trcfrcdoubté amp; fouuerain Seigneur , ont en l’obeïffance de fondit nepueu d’Angleterrenbsp;plufieurs terres amp; feigneuries : defquelles ils ont parcydcuant iouÿ en toutnbsp;amp;en partie: par mains de fcrniiers ou autrement, ils en pourront iouyr durant lefdiôles trefues, ainfi amp; par la forme amp; maniéré qu’ils faifoient parauant icelle.

Item amp; au regard des appadiz qui ont accouftumé d’eftre leuez d’vn • cofté amp; d’autre, il en fera fait amp; ordonné par les confcruatcurs defdiétes trefues amp; par autres commiflaires, qui y feront commis amp; députez de par le Roynbsp;noftre fouuerain Seigneur de fà part,amp; par lefdits ambaftadeurs ou autres comnbsp;mis de par fon deuantdit nepueu d’Angleterre.

Item amp; f’il aduenoit que aucuns attemptaz feuftent faits à l’encontre def dides trefues, que Dieu ne vueille, elles ne feront pas pource corrompues,nbsp;ne pour ce ne fera faiôle guerre ne d’vn cofté ne d’autre : mais demourront lesnbsp;deffufdiôles trefues en leur force amp; vertu, tout ainfi amp; par la forme amp; maniéré que fi aucune chofeenauoit efté fait au contraire. Mais lefdits attemptaznbsp;feront reparez par lefdits malfaiteurs, amp; iceux punis par les conferuateurs amp;nbsp;commiflaires, qui à ce feront commis amp; ordonnez amp; de par noftredit fouuerain Seigneur pour fa part, amp; de par ledit Prince fon nepueu pour la fienne.

Item amp; fi durant lefdites trefues aucune queftionou debat fefmou-uoit par l’vne des delTufdites parties à l’encÂitre d’aucuns des autres fub-iets ou alliez, de l’autre : icelle partie ne pourra pour ce foubftenir ne foy allier auecques celuy,contre lequel ledit debat feroit ainfi efmeu amp; encom-mencé.Toutes lefquelles chofès deffufdites amp; chacune d’icelles : nous Duc d’Orléans, Comte de Vendofme amp; autres delTus nommez commis amp; députez de par ledit trefredoubté amp;fbuu«rain Seigneurie Roy de France :auonsnbsp;promis amp; iuré, promettons amp; iurons pour ou nom amp; en Fame de noftreditnbsp;fouuerain Seigneurie Roy,par fes prefentes faireauoir aggreableàmonditnbsp;trcfrcdoubté

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D'ENGFEKP. DE MONSTKELET. CHAJ^LES riL xoi trefredoubte ôefouuerain Seigneur. Et par ces patentes telle qu’il appartiendra , amp; que le cas le requiert la tenir amp; approuuer, amp; ratiffier, conlfernier amp;nbsp;en bailler fes lettres en la ville de Roüenà celuy,qui aura le gouuernemencnbsp;de fondit nepueu deçà la mer dedans le quinziefme iour de luillet prochain ve-nant.Pourueu que ainfi le face de la part du delTufdit trcshault amp; puiflant Prince le nepueu de noftredit fouuerain Seigneur,eftantillec dedans ledit terme.nbsp;Entefmoing de ce nous amp; chacun de nous en droit fby,auons figné de noznbsp;mains amp; fait feellerde noz fèaulx fefdiôles .prefcntes lettres. Données auditnbsp;lieu de Tours le vingtiefmeiour de May l’an de grace mille quatre cens quarante quatre. Et entraiélant toutes les befbngnesdeflufdiéhes »furent faidesnbsp;plufieurs ouucrtures. Aufli pourtraiôlerle mariage du deflufdit Roy Henrynbsp;d’Angleterre auccqucs la fille du Roy René de Cccille Duc d’Anjou, de Barnbsp;amp; de Lorraine, lequel depuis fut parfait amp; confermé comme cy apres lèra déchiré en mon tiers liure.

Cy finiSi le ßcond 'volume dlEnguerran de lAonSirelet Auecques les grandes Chroniques des Epys de France’, des Pa^ai regnans en leurs temps:nbsp;plufieurs autres nouueües chofes aduenues en Lombardie : es Italesnbsp;autres diuers païs, es temps du regne defidits Ppys. Le toutnbsp;fait adiou^lé auecquesla Chronique dudit de Monïlre-let f acheuédimprimer d Paris ,par lean le Blanc^nbsp;Can de grace mille ànq censnbsp;feptantet^'vn.

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LA TABLE DES CHOSES PLVS NOTABLES

d v second

V O L V M E.


Duenement du I{py Charles vf à la couronne de France. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T.a.

../iduentuie au-I{py Charles vij. pour la ruine d'vnemaijonen la ville delà I{o-chelle,dont mourut lean de Bourbon Jèi-

gneur de Préaux. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i.b.

^fduenture dangereufe au Duc de Bourgongne a Bourges. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;140.4.

./flençon prifinnier entre les mains des .Anglais follicite parle Duc de Belfort de prendre leur party le refufènbsp;eonfiamment.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;zya.

Alençon O' ce qu’ilfeit contre le chancellier de Bretai-gne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n-a.

AméDuc de Sauoye f rend hermitte à Ripaille, O’ fa maniéré de vture o’ défi vefir.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;P^.b,

Ambafade des Panßensen Angleterre, pour auotr fè-cours contre le Rgy Charles. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;z.a.o.4s b.

Amiens vide de Picardie afElionnée a la part de Bourgongne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^s.a.

Amiens cité mutinée contre les Bourguignons. ii8. Augure fort chafeau O te quiy aduint. 6^.b.nbsp;Anneüement faiél par leprtuéconfd du Roy d'Angleterre du chdpde dueilentrepris entre les Ducs de Bour-gne O“ de Cloceflre par ce qu’il fut trouué qu’il n’y a-iioit point de luße cauji de combat.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Z7.a.

Anthotne prince fils du Duc philippes meurt le premier, an defd naifance.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6y.a.

Anuers cité en Brabant mutinée contre le Duc philippes, O' l’occafion ^e ce.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;102.4.

Armée Françoifi O Angloifi en bataille l’vnc denant l’auire au mont Efnüoy pres Senhs finsfi mefer 48.Lnbsp;Arras O’ lagrand afemblée des potentats de chrefiienténbsp;pour compofer lesguerres de France.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lo^.b.

Afemblée notable deplufieurs Ducs O grands fèignetirs 4 Amiens pour ß ligner enjemble.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4.b.

Afemblée de Bourguignons o' François a Majeon pour compofr les troubles.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lÿ.b.

Afemblée des Princes de France à pceuers , pour autfir aux afiires du Royaume de France o: 4»r dferentsnbsp;qu’ils auoient contre le Roy.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;\?,6.b.

Athelles Conte puny pour la trahifon qu’il auoit comifi enlaperfonneduRoyd’Efcofe.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^51‘b'

Atfemontgentilhommeprisprißnnier en trahifin par

la Hyre. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;97-b.

Aumarle Comte au firuice du IÇpy Charles vq.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i.b.

Auuergnacs confiants duferuice au Roy cl^les vq. co-trefinfils, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;s6y.b.

B Ac a Bery ruiné par les Bourguignons, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;syz.a.

Barbadian C.tpitaine Lorrain. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6y.b.

Bafiard de Bourbon accusédeuant le Roy de plufieurs cri- • mes pour punition dcjquell^tlfut letté dedans vn fac ennbsp;l'eau.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iyZ,b.

Batailleprefentée par les François au Duc Phtlippes de

i44,rf.

12

83-

8

Bour^igt;n^m,c^ I4 reßgt;igt;nce tjuilfeif. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;66.1.

Satdille frefentée fat les Hoiir^mgnons au Duc de Bour-bon. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;96.b-

BauJencourt caplt,une de VdHcouleur,fHt le premier ^tii adrejfa Le Pucelle lehanne au poy ch.irles vtj. t^i.b.nbsp;Batiffrcmonr Jèigneurde char^ny ter.at lesioujies en Beurnbsp;^on^ne au pas de l'arbre des BBermittes.

Beaurain ruiné par les Licgeois. Blanchefort capitaine François,.

Blanchefort rauage le pays d’.^rtoys.

BoJ^ueaux gentilhomme Picard du parti Daußnotspris dans le chafieau de chotfy par les yPnß,ots depuis eßnbsp;cart el é a Parts.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j.b,

Boutjtieu Comte Efeeßoisatißruicedtt !^oy Charles 'vij.i.b. Boiiteiller capitaine .yPn^lois chef de l'armée ^nfloife aunbsp;feae du Crotoy.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y,a.

Bour^uienons en guerre contre les .^tnglois. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;123 ,a.

BournouuiUe Capitaine François,pour la part .^^nglotß naiiréa mort à l’ajjault de Creil.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j 0.4.

Boufàc Marefch.il de France fault à firprendre le cha~ fled'u de Fouèfur les .Analois (y-ce qui en aduint. y y b.nbsp;B'oufach marefchal de Francejeu. lefiegede Clermont ennbsp;BeauFoifis.

i'rabrcnt Dttchéparquel moyen il -vint en la maifon de Botf^gongne.

Brimai Marefchal du Duc de Bourgongne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jr a.

Brimai capitaine Bourguignon pris par les François Cr fa quot;trouppe défaille.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^y.a.

Britg.s enfedition contre le Duc phillppes. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;15 6.a.

Bruges en raiolte contre le Duc de Bourgongne. s^9.a. Brugeaispacife'il^uec le Duc de Bourgongne.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;144.

Brugeotsen Traicle atiecq le Duc de Bourgongne. i^Q.a. Biugeèis font amande honorable au Duc de Bourgon~nbsp;gne,lt;-nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;syçb.

Biteil 6:^ la J^'arenne défont les .yFnglois aßtegeans Beau, mont le F'tconte.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^~I-b.

Bulle du Pape Eugene centre .yiméDuc de Satioye. i^^.b.

C

C.^^i'lawttac^ par la France de pefie famine de guerre tout enfcmble.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l^S.a.

chambellan capitaineMgh's prißnnier,pour auoir ren-dupar compofitionle Marché de Meaux. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;16^,4.

chafeattuiUain gentilhomme Bour. defpefché de fs ter~ res.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yt.a.

Chartres cite'ef oit de la fallion Bourguignonne nbsp;nbsp;nbsp;corn- .

me elle fut reprifèparles François. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quot;J^.b.

chauny fur Oyfe eyr' la pouruoyance des habitant du heu qui ruinèrent le chafeau de leur ville pour demeurer ennbsp;liberté.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y 9 .a.

champaigne reduille en Pobeifance de Charles vtj, tçy.a. Ch^hipremy vaincu en dued par Pyfbecque. 6.a.nbsp;chabanes cheuaüier François vaillant CP- renomé. ^i.b.nbsp;Cipre iÇoyaume C7“laguerrequyfeitleSoldan. n.b.nbsp;chippre royaume en leuant O' des afaires dudiél paps,

Clafandas capitaine .MFnglois renommé,

43-*’’


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TABLE DT SECOîLD TOLTUE

Defaide de François par Caroan .yfnglois. Deffàiéledes François par les Bourguignons.

DefiaiPle de Fraçoispar les ^ngtois,dont eßoit chief Meß ßre Thomas JÇiriel.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;121,

Deßaide de Bourguignons par les ^nglois pres de .^r-dre. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;siS.a.

Deßadle de François voulantfùrprendre Rouen, nbsp;nbsp;nbsp;8 b.

Deÿaide de Bourguignons par le Bourg de la Hire. 141.4. Deffaiéle depidarspar lehan de Luxembourg.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lé^.a.

Dejfaiéle de P tears parles .yinglois. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'^']3-a.

Deliurance du nbsp;nbsp;nbsp;de Cypre moyennant deux cents mil efi

euz^ de rançonpaye's^auSouldan d'Egipte. 31.4.

Deliurancedu Duc de Lorratne,du Roy de Cecile, hors des mains du Duc de Bourgongne.

Dieppe rauitatlléepar les François. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^3}-b.

Dimanche de Court capitaine François,CF'ßstrouppes défailles par les Bourguignons durant la paix, dont le Roy Charles vij.futfort mary.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;196.a.

Dißention entre le Duc de B et fort CF le Duc de Bourgongne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;iy.b.

Diuißons en la court d'.Angleterre entre le Cardinal de Hvtceflre CFquot; le Duc de Cloceßre,pour legouuernementnbsp;du teune Roy.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ly.b.

Dueil en court de Bourgongne,entre Maidotin de Bours cfquot; * Heélor de Flauy.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;68.4,

Cloce^re Duc ^n^cisßuhs couleur de l'tUegtttme nut-rid^e deluj delà Duchejjè lacqueUne eccuppe Hat-tiault. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iS.b.

Cloceßrereffußau conßd du nbsp;nbsp;nbsp;d'^n^leterre de ficeurs

degens (yquot; d’argent, pour la guerre deHatnault cr les rigoureux termes cjuiluy furent tenwx^.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2.^.b.

Cloceßre Duc Anglais auecci^ armée ^ngloiß court Cr' rauage Flandres (y' Artois.

Combat en camp closc^, de Foton de fainéle Tretde contre Lyonnet de Kandonne deuant le Duc de Fourgongne. '^.b.nbsp;Combat endued entre vnEßaignol (y' vn Fourgwgnon,

Commercy Damoifeau aßiege pour néant la fortereße de Montagu en champaigne (jue les Fourgutgnons auotentnbsp;occupeßr luy.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;S^.a,

Commercy ennemy du Comte de Mgny luy ßrprent fi vd-le. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;S^.b.

Concidede Baße CF'l'origine du ßhtfme qutenaduint. -js.a.

Commercy Damoyßau guerroyé par le conneßable de F race,par ce epud eßoit dfibeißant au Boy. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;siy.a.

Concilie de Baße.

Concife de Baße CFquot; ^uiy fut determine contre le Pape Eugene.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ï^l.b.

Couucte religieux Breton de l'ordre des Carmespreßhe contre les baults atours CFquot; abillemens pompeux d’hommes (F'femmes.

Couuete prédicateur déclaré hérétique CF' condamne à eßre ars à Romme.

Conjfirationdescheualiers de Fermandois contre la part Bour^i^onne CF' lt;.^^ngloifi.

Corbie ajjàtllypour néant de la part Françoifi. 6^ b. Courfes des François en Cambreßs CFquot; gt;gt;irtoü.

Courßs de François furies Bourguignons.

Courfis d’yfngloisfir les Bourguignons,deßaiHe de Fia-mans.

Creuecueur CFquot; Faueußs part fiant pour Bourgongne. ^^.b, Crotoy feigneur du Crotoy capitaine pour la part Bourguignonne.

DFßaiFle du Ma^fihal de Bourgongne nommé Tou-

longeonpar la Bußtere capitaine Francois. 8 .b.

DeßaAe de Bourguignons par les Holandoys. 28.4. DeßatHed’Anglois (y de Holandoys, venansau ficottrsnbsp;de la Ducheße /acqueline,par le Duc philippes de Bourgongne.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;28,4.

DeßaiBe de Bretons par les An^ois. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iS-b-

DeßaiBe de Bretons par les Anglois. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^ç.a,

DeßaiBe de François pres Beauuatspar les Anglois.^^.a. DeßaiBe de Bourguignons,voulans leuer lefiege de chap-pes pres Troyes.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^y.b.

DeßaiBe des communes de Reims par les Anglois, deuant champigneux.

DeßaiBede Bourguignons.

DßaiBed’Anglois (f Bourguignons pour Pot on defiàin-

Be Treille,par Garmigny.

DeßaiBe de Bourguignons voulans prendre le fo^ fiinBnbsp;nbsp;nbsp;Fafcot capitaine Angloisfuit a la Bataille de Patay, CF

Fincent. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6y.b.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;le reproche qu’il en eut.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tç^.b.

DeßaiBede François,^ar le ComtedefiinB Fol. nbsp;^z.b. Fefeamp en Normandye,CFCequiy aduint.

DeßaiBe d'Anglois a Beaumont le Ficonte au Maine.

37-b.


100.4. iO4,rf.


EMpoißnneurpuny,pour auiir voulu empolßnnerle

Duc Charles d’Orleans. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i8i.4.

Entréepompeuß du Roy Henry d’Angleterre en Paris corne ^y de France. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y^.b.

Erttrée du Ißy Charles feptiefine en Paris, la apres qu'elle fut reduicle en fon obeißance, l’appareil cf magnificence de fa reception.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;143.4.

des Ducs de Bourbon (y Bourgongne. ^i.a, Bourgongne CF de Bourbon a Neuers,lepourparlé de paixnbsp;quils curent pour la paixfinallcr

Entreueue des Ducs Charles d’Orléans, (F phthppes de Bourgongne,leurfinalle reconciliation.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tj^.b.

Eßorcheurs bandes Françoifis ainfi nommées, (f et qtoFils feirent.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

Eßorcheurs vont à Baße nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tç^.b.

Efiampes Comte ißu de la maifin de Bourgongne, lieutenant pour le Duc Philippes au pats de Picardie (F ee qu’il fett furies François.

Euafion de la Conteße de Hainault hors la puißance dit Duc de Bourgongne.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ty a.

Eugene Pape retenu parforce en Rpmmepar les Romains. 94-^-

Eu Comte de retour de laprißn d'Angleterre.

s/^

F Amine en l’an 1437. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;147.4.

Fangegenttlhommedelamaißn du Comte de Richement,Conneßable de F race, décapité pour trahifon auecq luyvnfirgentduChaßeletdeParis.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t6^.a.

le reproche qu’il erLeut.

Fefeamp en Normandye,CF(equiy aduint. plauy capitaine François, lieutenant pour le Roy Charlesnbsp;vy.en Compiegne,lorsquelleeßoitafiiegée.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fi.b.

fi.b.


-ocr page 423-

Foffèux cheuttlier four la fart ^n^ife, ct^itaine de Pe-mart en Pontteu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^.b.

Foulques cheualier Anglais l’entrefrifi qu'tl feifi. ^z.b.

Firte-efftce cafltaine François dedans Dualennbsp;centre les

Fourgutgnons, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^o.a.

Franquet d'^rras cafttaine Beurgulgnen, ü' nbsp;nbsp;troufft

de trois cents hommes deffài^ls far la fucelle lehanne: le ßsfflice d'tcelaj.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^-j.a.

Iß EN G MEKKAN UE MONSTKELET.

loufies en court de Pourgongne,a fer emolu,de cinq François contre cinq Pourguignons.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^yb.

loufies en Pourgongne leuées far pierre de Paufremont'loix Cr conditions d’icelles.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;194.4.

lort Pue Anglois chafédes forterefes d’autour de Rouen far les Françaisnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i^6.b.

Iwfet ce Mille de Faulx aduocats en Parlement a Paris, charge7,auecq autres d’auoir voulu trahir Paris auxnbsp;Anglais,ce la funition qui en futfaiéle.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i j 8.b.

ifie Adam cafitaine renommé de la faélion Pourguignon-ne,deliuré de frifon en laquelle il eiloit far commandement du Roy Henry d’Angleterre, cr reHitué en fis efiatsinbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;s.a.

ifie Adamfaiél Marefihalde France far le Roy Henry d’Angleterre.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ll'CC-

J fie Adam occis a Pruges. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I4.4.

ifie cheualier Anglais renommé meurt au fiege d’Orleans, i8.b.

G ^ntoys en trouble.

Gantoys en armes,a»ec le DucPhtltfes aßse^t Calais, leur equtfq^e cs' frefarattfs.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;izy.b.

Gantoys mutinez^. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1^8.b.

Gantoys mutineT^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;148.4.

Gaucourt ^ouuemeurdu Daufhtne'. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Cz.a.

Gribanual cafttatne Pourÿtt^non occis far les communes e^ant frijonnter.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;éy.b,

Guifi Comté cedée iy tranßorte'efar le Pue deiorraine au Cemte deJainél Fol,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;8 6.a.

K,

KIriel ^ts^is ßtrfrend Pathoa de fi 'tnlîe Treize,

H.yi'rcourt cafitaineHormant ,feur la fart Paulfhi-noifi.

Harcourt de fend le Crotoy contre les .^in^ois.

Harcourt occis cuidant f rendre le fiigneur de Partenay finbeau-fere.

Hainault CC la Contefie dudiélfais reduiél en la fuijfance du Pue de Pourgongne.

Henry Roy d’.Angleterre,fils de lafille de Charles zgt;q. entre à Paris.

Hereßes en Poeßne.

Helly cafitaine Pourguignon à la défaille de Garmigny. C6.a.

Heretiqueshußites.

Hire autrement dillEéltenne de vignoües rend F'illry en Partoys ce autresheux aux Pourguignons.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ly.a.

Hire autrement nomméEfiienne de CignoUes frend d’emblée la ville de Louuiers en Normandie. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;$‘t-.b.

Hire fris far ofemont,cc le moyen deß deliurace. i^z.b. Hollande,Zellade,cc Frizjeefeheuz^en lamaifondePourgongne,CC far quel moyen,

Holiidonne Comte Anglois au ficeurs du Pue de Pourgongne deuant Comftengne.

Humieres ce le Pafiard defatnll Pol,frouocquent les An-gleis au combat fiir la querelle du Pue de Prabant,contre le Pue de Cloceßre.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;z^.a.

Humieres (y'le Pafiard defiinll Pol cofitaines Pourguignons defaills (y' fris far les Français. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;83.^.

T .yî PouRecafitaine ^n^loîs, les courßs qu’il felt en .ytnßu,cFßa deconfiture.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4.4,

P-fifre^e deffiance des Pues de Pourgengne fCF de, cloce-ßrefvn contre l'autre.

T.ettres du Pafe,fitr le faiél du mariage du Pue de Srabat Cy de la Contefie de Hainault.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;zya.

Lettres de la Contefe de Hainault au Pue Cloceflre. zi^.a. Lettres de deffiance du Pue de Petfort au Roy Charles vif.

47-^- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•

Lettres du Roy Henry d'An^eterre,aux efats de Holande four les mutiner corure le Pue philiffes leur fei^ieur.nbsp;s.zi.b.

Lettres de Mefiirefehan de Luxembourg aux cheualters de latotfin.

Lettresficondes de Mefiire lehan de Luxembourg, Comte de Ltÿiy aux gens du grand confiil du Pue de Pourgon-

8^.a. ïlô.d»

.tt Liegeo'u en guerre contre le Pue Philtffes,nbsp;Liégeois en guerre centre les Pourguignons.nbsp;Liegeeit en armes contre les Bourguignons,nbsp;Lion Cité mutinée contre le Roy Charles vij.nbsp;Longueutlle chafieauen Caux,iadis donné à Pertrand cleßnbsp;quin, ccdefuis à la Hire.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ijz.a.

LuTignan maifin iUufire regnant en Chifre. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;81.b,

Luxembourg Puché conquiß far le Pue de Pourgongne, t^6.b.


IA


Ishanne la Pucelle comme elle vint en la court de Fran

ce,

lehanne la Pucelle au ficours dî Orleans. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jçz.b.

lehanne la Pucelle friß deuant Comfiengne far les Pour-gutmons. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;58.4.

I^anne la Pucelle condamnée a efire arfijfçy' la teneur de filfentence.

Lotfies (y* tournois à Pruxelles.

quot;X K Anfilart Ejùe fris dans lechaßeaude Fiélryfar XvX la faélion Orleanotfedont U efioit.

Marcoufiÿ ei' Mant-lhery forterefesfres paris rédues aux Anglais far la comfofition de Meulant.

Mariage illegitime du Pue de Clocejlreauec la Contefe de Haynault,

Mariage de Anne de Pourgongnefiur du Pue Philiffes a-uecUPue de Pet(ort, oncle duJ^H d’Angleterre.

¦ A ij


-ocr page 424-

S^ë.b. Jzç.a.

I9i.b.

TABLE DT SECOND TOLTUE

Mauroid defiunll Eeger,capitaine Bourguignon prifonnier par le commandement du Duc de Bourgongne. 6.b.

Mariage de lehan de la Trimouille,fiignenr de huuede auecq la fiur dufiigneur d'Amboifi.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i8.lt;«.

Manage du Duc de Bourgongne,auecq la vefue du Comte de Neuersfin oncle.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;18.4.

Mariage du Comte de clermentfils du Duc de Bourbon (y de Agnes de Bourgongne,fiur du Duc Philippes. zy.a.

Bfariàge du Duc philtppes auecq la fille du Bfy de Portugal. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;54.4.

Manage dufils de sauoye a lafille du Boy de chipre. 93.4.

Mariage de [ehanne de Bar,Comteff€ de Marie CT de Soif-fins auec le Comte de fiiinll Fol. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;104.4.

Mariage de la vefue du Duc de Betfort,fiur au Comte de fatnil Pol,auec Bichard de OudeuiUe beau cheuahernbsp;Anglois.

Marche Damoyfiau nommé Euerard.

Baille des Fauxaduocatà Paris voy Poufiel.

Mtlly en Beauuoifis ruinépar les Bourguignons.

Mommorency CT Moi laiffent la part Angloifi, CT font ferment au Bpy Charles vifnbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^o.b.

Mort duB^ Charles v'j.aduenuel’an 14ZZ. f.i.p.a.

MortduPapepierrede la Lune. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n.h.

Montagu fort ereffe en Laonnois appartenant au Comte de Salebruffe Damoifiaude Commercy r^lfe cr démolie.

18.4.

Montreuil Bellay Capitaine François occis deuat Harfieur.

120,

Mort du Duc de Brabdt,mary de la Comteffe de Hayjgault. iZ.b.

P.

Mort du Comte de Salbery aufiege d’Orleans par vne Ca-nonade.

Biort du Comte de Namur duquel le Duc Philippes recueillit la fitccefiion.

• Mort de Pierre de Luxembourg Comte defittnll Pol. ^o.b.

Mort du Duc phtlippes de Brabant.

Mort du Bpy de chipre nommé de Luzjgnan.

Morierpreuo^ldeParts,lorsqueles Anglo'u le tenoient,

BiortdeAnne de Bourgongne femme au Duc de Betfort, oncle du Bpy d’Angleterre, CT fiur du Duc Phtlippesnbsp;de Bourgongne.

Monnoye rabaiffée en ^urgongne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;8 6.a.

Mort de lacquehne de Bauiere Comtefii de Haynault, CT de Hollande,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ï^6.b.

Mort du Boy d’Efioffe par la trahtfon du Comte £ At elles.

Mort dufieur de Ipfie-Adam à Bruges. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;140.4.

Mort de tehande LuxembourgjComtede Ltgny. tyy.b.

Mort de la Hire capitaine renommé a Montauban. Jyz.b. Moufiy capitaine François rend Neelle,CT la Fere en Tar-denoys aux Anglais.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i^.a.

Mouchaifen Normandie,chalieau appartenant au Comte d'Eu repris fitr les Anglais.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;8z.b.

ues.

Narmans enßditton contre les ^n^lots.. Uormans mutineT^ontre les Anglais.

58.4. ioo.rf.

o.

/^pfiquesfai^es au Comte î^rminac iadis,Conne~ fiable de France tue' à Paris four lafaClion de Bour-gon^ne.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;H 4-^’

Ofiemontprend frifinnier la Hire. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iiçz.b.

Orchimont deilrui^ (pquot;' rafié par le Hamolfiau Euerard de la Marche.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;izy.a.

Ordre de la toifin institue'par le Duc Philipp es,les noms des premiers cheualiers qui en furent.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ç^.a.

Orenge Prince Bourguignon rompu auec dix htiiH cents Bourguignons, par le fieur de Gaucotirt gouuerneur dunbsp;Dauphiné.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Cz.a.

Orleannois afiiegesc offrent fè mettre entre les mains du Duc de Bourgongne ce que les .An^ois ne voulurentnbsp;accepter.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^z.a.

Orleans deliurédu fiegepar la puceüe lehanne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^i -d.

Orleans deliuré de laprifen d‘.y^ngleterre efioufi la niece du jjttc de Bourgongnefille du Duc de cleues.nbsp;nbsp;nbsp;ty^.a,

Orleans en fiupçonenuersle Boy Charles,pour l’alliance qudauoitfai^e auecq le Duc de Bourgongne.nbsp;nbsp;nbsp;tyy.b.

Oruillepres Louures en Parifis ou les .^nglois tmdrit iour-ne'e, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ioy.4.

PyCix entre le Duc de Eorraine CC l^ Comte de Haude-mont. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;85.A.

Parts affailly par tarmée du B^ Charles vq. dont elle fut repouffe'e.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^o.b.

Parifiens affellez..à la part de Bourgongr^ Cr- ^ngloife. ^i.a.

Partenay Baron en poidoupour la part Bourgut^enne. Pencfac capitaine François,le deuoir qutlfeifiaufortnbsp;.fàinll ymcent.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6y.b.

Pieuilgentilhomme Ciprianprts parles Sarra^lms,(F'faill . icruellement mourir pourfà perfeuerance en fa foy chre-fiienne.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;zd.b.

Philtppes Duc de Bourgongne f exerce er“prepare au duel qu’il auoit affaire contre le Duc CloceÜre.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;zé.a.

Portugoiscontreles Maures.

Pothon de Sainlle Treille, deconfeit pris par lehan de - LuxembourgComtedeLtgny,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;zz.a,

Pothon de Sainlle Treille defaid nbsp;nbsp;nbsp;pris par les .^Fnglots.

Pothon de sainde Treille obtient indoire a Carmigny fiir 66.a.nbsp;9i-b.

N.


.^iffance du l^y Lops xi. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;to.b.

X N Naples B^aume occupe'par le Bpy d’.gt;4rragenfitr la Boyne lehanne qui auoit efioufi lacquesde Sourbo Comte de la Marche.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;¦nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'4 .a.

Narbonne Fteomteaufiruicedu B^y Charles viif .' nbsp;nbsp;z.b.

Nopcesau Duc d'Orleans, cy de la Damoyfellé de cle-

. les .Anglais CT- Bourguignons.

Prageois her^cques en Boheme.

Fnfùyuent lesprifès de villes dfiofi'espar ordre d'Alphabet.

Prifi dl Arques fitr les Anglois.

Prifè d’Arfie CT Landouffe en Picardie fitr les • . par le Comte defainélpoh

Pnfe d’Aumarlefitr les Anglais par Longueual, Prtfi d’Aumarle fitr les François.

Prifid'Aualon fur les François.

192.4. Françaisnbsp;i.b,

^Q.b.

-ocr page 425-

152..4.

54-^-

16'3.4.

zz.a. zo.b.nbsp;•73-t’-141.4.

85).4.

8.4.

141.4. É.b.nbsp;11.b.nbsp;38.è.

DENGb^EKKAN ^E TAONSTRELET.

Prifie de Longtieuille cf autres au fais de Caux fitr les Fram^ois far les .yinglots.

Prifi de Louuiersfitr les ..A'nglots. Frife du B'Iarche'de^eaulxfiùr les ytn^ois.

Prife de la BLale-mafinfres CambrayJuries Bourgutgnos far lehan bIou de la fart FrançoiJê,Cr' comme elle futnbsp;refrififar afres.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;33.4.

Prifi du Mans fur les François. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ZC.b.

Prifi de Meulanfiir les ..H'nglois,far Mefitre lehan de GrauiUe.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;z.a.

Prifi de Meulant fitr les .yfnglois. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iiy.a.

Prife de Melun fur les .yFnglois. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^6.a.

Prifidè Monfireau-Fautionne furies .y^nglois. l^i-b. Prifie de Ham fur Sonftnefarles Fançois,Joubsla conduiblenbsp;de Pothon de fain^le Treille.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;10.4.

Prife de Meaulx far ajfiaultfitr les ../fnglois,le Marché demeurât en leurfuifiancejui fut bien toßficouru. léz.b. Prifi de Montaigutllon en châfaigne fur les François. 6.b.

Prifi de choijy fur les François,far le Lgt;uc de Beurgongne. nbsp;nbsp;nbsp;Prifi de Moyennes en chamfaigne fitr les François. 31.^.

Prifi de Mufi l’Euefifte far les François. Prife de Piaf les far les Efiagnolz.^.nbsp;Prifie de Nemours fur les .^nglois.

Prife de Hoelle-fitr merfir les François. Prifi tPOijy en Tteracefiùr les François.

• Prifi de Pontorfin fur les Bretons far les .yinglois. Prifie de Pontoifefur les .pPnglois far le Bfy Charles vtj.nbsp;186.4.

Prifi de Prouini en Briefitr les François. Prifie^ pambures en yimeufur les .yPnglois.nbsp;Prife de Ruefur les .^nglois.nbsp;Prife de fitnbl Denis en France fitr les .Angloii.nbsp;Prifie defiainél Denis en France fiur les François.nbsp;Prifie de fainéle lames de Buucron far les ..rFngloisfitr lesnbsp;Bretons.

Prifi defiainÜ:Seuer en Cafiongnefiur les .yfn^ois. ïyz.a, Prife defàinél Palery fur les François.

Prife defàin^l Halery fiur les François.

Prife defainél Valéry fitr les yPnglois.

Prifedefiainbl P'alery fiur les François.

Prife de Sedane,ville au Comte de fertUT.. fur les Angleis. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jj.a.

Prifie de Soijfons fur Mefeire lehande Luxembourg far la Hire.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;li.é.b.

Prife de Terny fur les ^n^ois. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iiçi.b.

Prife deTorfy furies .^Pnglois. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Si'b.

PrifedeHerneuden ptormandiefeirles.yPnglois. li^.a, Prife de Hviege far lehan de Luxembourg Jùr les François.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iz.a.

Prifi d’.yî'uchel jùr les Bourguignons,far le Comte de Heri-dojmeeu fut occis Betune cheualier Bourguignon far les communes du fais.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Cy.b.

Prifie de BeauuaiscPautres villesvoifenesfiurles.yTng.çci.b Prifie de Beaumont en .yPrgonne,lt;;yr Moufin fitr lesFran-çois,far les Bourguignons.

Prife de Bray Comte Robert, CP autres forterejfes far les fiînglois.

Prife de Brethueil en BeauuoifesJùr les .yinglois.

Prifi de Brame le Comte en Hainault,fiur le Duc cloce-

Prifi de la chantéfetr les François.

Prife de Chartresfetr les ^/Fnglois.

Prifede chaibeau landonJuries .yFn^ois.

Prife de chaff es fitr les Bourguignons, far le Duc de Lorraine. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;37-b.

Prifi de chaumont en Charollois fitr les François, CP le fitff lice de ceux qui y efioient.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;9 4-^.

86.Z-.

Prifi de Comfiengne fetr les .yfnglois, CP la refrife dé icelle far eux.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lo.b.lî.a,

Prife de Comfiengnefitr les .^nglois.

Prife de Creilfitr Oyfe far le R^y Charles vtj. fur les ..^n-glois. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iZz.b.

Prifede Crefly en Halloys fitr les François.

Prifi du Crotoyfar les Bourguignosfitr les ^n^ois.i-^4.4, Prifie du Crotoy en Picardiefiur les François,les articles denbsp;la comfofition dé icelle.

P rife de Dteffefùr les ..yFn^ots,CP de toutes les villes CP chableaux du fais de Caux.

Prifi de Dommart en Pontieufitr les .yinglois.

Prife de Dommart en Pontieufitr les yCnglois.

Prife de Plufieurs chaileauxfitr les Daulfhinois au Comté de G uTJe. nbsp;nbsp;•nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Z.b.

Prife d'Eflrefagny fur les yténglois,CP de chafteau- Gaillard fres Rouen, CP autres places. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^y.b.

Prife de FoUeuiUe en Sant ois, les courfes CP rauages de .yinglois audiélfais.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I6ë.b.

Prifi de Gaillon fur les François. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;13.4,

Prifi de Gamaches en P'imetifitr les .^Fnglois. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lz6.b.

Prifi de Gifersfitr les .Anglois, la fiuldaine refrifi far izy.a.

Prifi de Gournay fur fronde far les Bourguignonsfur les François.

Prifi deGuetrou fitr les François,la penderie de cent qui furent trouuez.^, aduetttre de l’vn d’eux qui faillit à efirenbsp;embrangle'.

Prifie de Guififarcomfofetion , attecq la reddition de fltt-fiettrs autres villes par la mefine comfofition. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;16.a.

Prifie de Hamfitrfiommepar les François. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y6.a.

Prife de Haplaincourjfres Peronnefur les Botu^uignons,la refrifediidiéllieu.

Pnfè de largue auxfres Orleans fur les François nbsp;nbsp;autres

villes près Orleans.

Prife de luty enHormandieJùr les François.

Prifede la FerteMilon fur les .ytn^ots,CP la fettdaine re-prifi déicellc auecgrand meurtre des François.

Prifie de Meulantfur les ..^Tnglots, par Mefiire lehan de Grauille,lareprtfe dé icelle parles Anglois. ±,a.

Prife de la Mothe en Lorraine,par le Baiiard de Bourbon, les courfes qu'il fieit en Lorraine CP fia roupie fres Lan-

93-^-

lOo.^.

IO2.^J 117.4.

IZO.

i.b.

-jï.b.

R.XzAr l'vn des Barons de Bretaigne nbsp;nbsp;nbsp;Marejchal de

FranceconuamcudeMaÿe^CX bruße 4 liantes, far lugement du Parlement de Bretaigne. lyi.a.nbsp;B^ambures rend la flace d’ Eßrefatgny aux .gt;^nglots. ^^.b.nbsp;Becinßltattondti poj! Charles vtj.auec ceux çiut auoientfi-dutêl Lojsfi» fils.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;XCZ.b.

pegnault Baflard de la Hire court le fais de Picardie CTquot; d^aibl ceux d'.Abeutlleifiuz^contre lujr,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lyi.b.

Régnault cafitaine de Larrons, chafie' de la fiorterejfe de ® Milly en Beauuofis.

B^traible des .yfn^lois de deuant Orleans.

BetraiEle des Lorrains de deuant Haudemont.

B^traiBe des Flamans de deuant Calais.

1^3-^. 43 lt;’nbsp;y6.b.

-ocr page 426-

Beuolte fremtere^tt Ddulfhin Loys, contre le It^y Charles vtj .fin pere,lesfiteurs d'icelle C^ceqM en adutnt.iC-j.ls.nbsp;l^chemontfiereduDucde BretaignefittU ConneJlMe denbsp;France.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;io.lgt;.

l^ichemont Connétable de France. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;sCz.a.

l^chetaillade BarondeCaficongnefirendato t{oy Charles.

I^odigue de Ktllandras capitaine pour la part Fran^oifi,^a-JlelepaïsdeBordelois.

I(oupte des Bpys d’.yirragon de Nauarre deuat Gaiette par lessens du Duc de BAilan.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iQ.b.

I^ouptedes François (y Eficojfins a Creuant. . 8.rf. Houpte de François a Kemueuil.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tAg.b-

^upte des François à B^uttray en SAuJfe appellee la tournée de Harens.

Boupte des Ciprtens CLquot; delà prifie de leur Key^CL^de la vtl-ledeNtcofie parlesSarrallms. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;z^.b.

Bjiupte notable des Lorrains Cf François par le Comte de Haudemontjaide des Bourguignons O' .ytn^ots. quot;J^.b.

S.

S .Acre ou couronement du I{oy Charles wj. à Poiéhers. sacre du Boy Charles vif. à B^ims O' le retour de fit fortune.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;47'‘*’

Sacre du Bpy LLenry d'.Angleterre,comme Bpy de France • en l’E^lifinofire Dame de Paris.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yS.a,

Saifie des terres que le Comte de Pontieuure duoit en Hai-nault. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^-b.

S.Pol Comte guerroyépar leBsy Charles vif .O'eonfjptinél de luy faire obeïfance.

^ainéle Croix Cardinal enuoye'par le Pape pour réconcilier le Ducauecq le Bpy-nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;So.b.

Salfibery Comte .Anglois defient en France auec nouuelle armée.

Saueufis O' le Bafiardfainél Pol cheualierde la part Bourguignonnepris deuant Paris. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;53,rf.

Saueufis,O' CreuecueurvatUans capitaines Bourguignons.

S4t4€ufes capÏMne BQurguiffMnyUpitamedcMoâtdier.^1,4 Secours du Duc Phtlippes à fis Jùbte^s au Duché O' Comté de Eourgongne.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ÿ^.a.

Secours de Bourguignons au Duc de Sauoye centre le Duc de Milan. •nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;34lt;lt;*-

Secours des François à leiirsgens aßiegel^n Comptegne par les Bourguignons O'tommelejiegefutleué. 6q.a,

Secours des François à leurs gens afiiege'll^dans La^y fior Marne.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iz.b.

Sédition dupeupledeFoumay. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iç.b.

Sedition à Fournay. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;zC.a.

Sédition des habttans de Fournay. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;o,-j.a.

Sédition à Fournay pour ratfin des pretendans l’Fuefihé dudtéllteu.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^j.b.

Sédition des Bpmains centre le Pape. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;9l^^^b.

Sentéce diffinittue du Pape fur le fatél du mariage du Duc de Cloceflre O' de la Centejfe de Haynault.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;p.b.

Serment filenel du Duc phtlippes de Bourgongne de iamais neramenteuoirlamortdu Duc lehanfinpere.nbsp;nbsp;nbsp;nS.a.

Stege du Crotoy par les .An^où. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-j.a.

Siege de Creuant fur les Bourguignons. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y.a.

siege de Betleem en Hermandois fur les Bourguignons , o' • comme tl fut tuè par les Ainglois.

siege de Guifi en T terrace apartenant au Duc de Bar fur les François,

siege d’Orleans par les An^ois.

Siege de Coptegnepar les Anglais O' Bourguignons, 6i,a. siege des Anglais dxuant Montargis.

Stege O' afdult de Hermonford en Hollande par les Bourguignons /ans effeé}. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;34-‘t-

Siege de Calais par le Duc Philippes auec les Flamas. 129. Stege du Crotoy fitr les Anglais par les Bourguignons,fortnbsp;mal conduiél.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;14 4 .A.

siege deHaifleur par les Anglais leficours qu’y voulurent donnerles François.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iS^.a.

S lege memorable de Pontoifi par le Bpy charlesv'tj. 183.^. Sombrejfet Anglais court Anfiu O' Bretaigne. 194.nbsp;Subfides requisp les An^ou fur les eglifis de Fladres.^y.b.nbsp;Suffort Comte Anglais,capitaine general du Siege d’OrleSsnbsp;apres la mort de salbery,nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3 i.b.

F.

TAleboten France auecqnouuedes forces Angloifis, O' ce qu’il y fett.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ys-a.

Fartas viUede Gafipgne,oi(le Bpy Charles vif. ttntiournée afitegée contre les An^ois qui rîy comparurent, i^s.b.

Foifin d’or célébrée par le Duc Philippes,prefintée au Duc d’Orleans O'par luy acceptée.

Fournay cite' enfèdition CF diuifion.

Tournay en fedition. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•iQ,b,

Frahifinpourfùrprendre le chajleaufainéle Angedecou-uerte,le trahifire puny.

Frahifin decauuerte contre le Duc Philippes, O' If^ trahi-fires punif.

FraiéléO'urticles de la redittode Meula aux Anglais.i.b. Fratélé d’accord entre le Duc de Brabant, O' If

Bourgongne d’vnepart,O'le Duc de Clocefire o' I'*c-queline de Bauierefit femme. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;sy.b.

Fréblement de terre en EJ/aigne,O' en Languedoc. 34.^. Fraiéléfinal entre le Duc de Bourgongne 0'^‘t omte/fe denbsp;Hainaultpar lequel les terres o fiigncrartes d ede deuoietnbsp;appartenir apresfit mort au Duc cornefin heritier. ^6. b,nbsp;Fraiélé de la paix d’Arras.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;loS.b.

Fratélédepatx entre France,O' Angleterre. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i66.a.

Trefuef entre les Bourguignons O' François. ç^z.b, Trefues pour fix ans entre Bourgongne, O' France qui furent fans ^eél.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;8o.b,

Trefues entre France, Angleterre, O' Bourgongne, O' articles d'icelle.

TnmouillenauréO'ttnprtfinnéparleSei^eurdu Bueuil O' autres fis hayneux, en la maifin du Bpy au chafieaunbsp;de chinon en Touraine.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yt.a.

r.

VAudemontpour lafaéhon de Bourgongne. nbsp;nbsp;'pz.b.

T'audemot Cote ajfatUypar le Duc de Lorraine. ~fz.b, Haudemont ville afitegée parle Duc de Lorraine.nbsp;nbsp;nbsp;13-b,

Haudemont en guerre contre lefeigneur de Ojfonuille, O' les Lorrains.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jfi a.

Haudemot ^rt le pais de Barrois O' de Lorraine, ly z.b, f''ergy,O' chajleau-vtllatn gentilshommes Bourguignonsnbsp;en guerre l’vn contre l’autre.nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;8 C.a.

fFtélotre des François au Mont de fainél Michel, contre les Anglois.

rtélotredes François à Montargis cotre les Anglois. 32.A. Htélotre des Fraçois fur les Anglois a Gerberoy. IQi.a,nbsp;riéloire des François fur les Anglois d Patat eu Bfaujfe.

48.4.

FIN.


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ANNOTATIONS ET CORRECTIONS

rjv SECOND VOLVME

DE M O N S

d’eNG VERRAN

T R E'E E T.

FueiUet z'. Ligne zy. Page if Jè rendirent ßibie^ls, Itfc^ fugitifs.

f^. hg. 1 o./», fçrte Brace Tartaille.^ily anoit trois excellent renomme^capi-taines en Italie de le teps Id.^ Sforce^Bra-che 'Monton, Tartaille, on 'uoit cellenbsp;hifloire autrement eferirepar les Italiesnbsp;mefmespar Oliuier de la Marthe, en coter les diuerjites amp;• contrariétés ce feroitnbsp;œiiure prolixe amp;• de peu d'efiime.

f ^.l.^.p.z. en doubtdt,life’;!;yn déboutant, f.^. l.^.p.z. Artus de Bourgongne, en heunbsp;de Brctaigne.

f^.l..s^.p.z. eu^ nul hoir, pour,euß hoir.

ƒ8.1.6. p.i. le Comte de Bouguignon, la plus part des hifioires de t eluy teps l’appellent Bouquinghenaultes, hfent Buth-guen où Buthkan, Froijfart nomme entre les Princes Anglois 'on Cote de Bou-quiÿtan.

f.%. l.z^.p.i. tlaidus le fort, faut remettre Claidas aßieger le fort chaflel,lt;i^c.

f.w. l.iy.p.z. 'Ville de champaigne,ilfaut compiengne c?* le mefme en la6.hg.en-fuiuante.

f.is.l.a^Os-.p.z. teß ace de treize tours /n lieu de, treize ans.

f.iy.l.z?,.p.s. Pdeelle en Tardenois peult eflre faut faiïe 'veu ce qui fuit apres.

f.i^.l.^9.p.ï. Bofquen cefl le mefme Bou-quinghen cy dejfus mentionné corrigeife Jemblable au quin';ßefme fueillet.

ƒ18. l.^t.p.i. hofielde Bourgonfne,pour, pais de Bourgongne.

f.^z. l.^^.p.z. Leneurecefipeultefire Ge-neppe,où Gueneppeyhafeau deplaijànt ’ feiour en 's,rabant,où fe tint le Daulphinnbsp;Lois durant fa fuitte.

f^S'lôl-p-^- Hunaudue en heu de Hu-naudaye.

f.^y. l.z^.p.i. quot;Montgonirry il faut Montgomery, cefl 'vne race de gentils-hommes Anglois ilfus de Normandie.

f.^9. l.iz.p.1. Prouins,lepais dont ilparle fait penfer qu'ilfaut Peronne.

f.^y.l'.^'ÿ.p.t. Bafiard de Siennes ie doubte filfaut Fiennes maifon illuflre en Flandres .

f.^^ .l.iy.p.z. Tonnon il faut peult eflre Turin en heu de Ptpaiüe Pauolle.

fizo.l.^9.p.z. Broufarthfe’zjàoufacce-fluy fut depuis, h'vn des Marefehaux de France.

ss.p.i. la terre nbsp;nbsp;nbsp;chafiel adiou-

fie':^y czafel.

f.ï^^. l.z^.p.z. linternelle, ledoubte efl, filfaut Lcidquerque par ce qutlfè trou-ue ainfi ailleurs en pareille compai-gnie.

f.t^t. l.penult.p.i. Gafeon deLogwz^, li-fe':zfdaflon,zÿ‘ ainfi en la pagefuiuante.

f.t^'^. l.u.c^ iz.p.z. Anglois,malenheu dl Anges.

f.ïq.^.l.^.i[.p.î. reuenoient, la pre-miere,n.

f.ï^^.l.Si.p.t. OJfypour Auxy.

f.i^i.1 .îo.p.ï. agenouillé,i^doubtefilfaut d Genouillé.

f.^'i'L. I.z6.p.i Kaincheuaux,pour Fpn-feuaux.

fi^z.l.^^.p.t. Montargis, ce mot de Che~ ureufes qui precede, me fait penfr quonnbsp;doibt lire Marcoufis en heu de Montar-

fsj^. 1.6. p.Z. Amiens,life-z^Anuers : car cefle faute d’Amies pour Anuersfe trou-ue en deux ou trois autres endroits, außinbsp;que le'voifinage des autres 'villes dont ilnbsp;parle, fait iuger quil faut quelque autrenbsp;mot.

f.\^^. l.zz.p.ï. capitaine de Beufd,peult e-ßre qutlfailloit captai de ^eufeh.


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f^yy. 1.19.P.1. auichoixjcefontpeult eflre aâtiis 0* cofiils, toute cefle huile ef pleine de fautes pour riauoir eu le latin nenbsp;autre exemplaire fur letjuel on la peuf

eorrtper.

RippemontjCeß Ri-hlemont en Picardie comme on peult iu-ger par le pais dont il fait mention.

faSi. 1.17.p.i. leanßilfautleanne.

f.i?gt;}. l.^y.p.i. Valperche , ilfetrouue cy apres f^alpergue ceßoit 'vn capitaine

J Italien qui fut fait Senefchal de Lyon par le Roy Charles ojij.

f.\9^. l.4ï.p.i. lean dlAngepeult cflrefaut illeandl Angeß^par ce qu'il en eß failinbsp;mention fouuent en pareille compaignéc.nbsp;fï^^.. l.y.p.i. Traonnois de chatra-gonnoisße quartier^ dot il le me fait eßi-merquilfautTourainenbsp;nbsp;nbsp;chartrain :

carcesmotsdeTraonnois lt;(;?* chatra-

gonnois font incogneuT^mefmes à ceux du pais que l'autheury auoißne.


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lt;^)t flit^ttiôWbtm W^iëiïatu^rûïicqxnawnbsp;îKftôtfm atitnepatttitr«^nbsp;jjtrimq, fln;}JtttöÄ}Jtä«rtftunbsp;ö^öimetóütttrqtiebltt'qttt^nbsp;Wiwtùflitaîôtjttttt^wïôfinbsp;tutamlt;üitD^.xt(tttib}ûtti(bfnbsp;Â’àtdwûittiatiôe^ôtcnîttrnbsp;ôU'ZPMbeô’ftftiiinttftMii^ôônbsp;t«nrtiia*ptta.^gt;^‘ttftp^:^nbsp;ttttû üatmttttattn wpâi^f^nbsp;^ciutÿ^ttin^cv^itiâcftnbsp;utó waïu.aamp;^S-tljn»u

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