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COURS
D'ARCHITECTURE
CIVILE. |
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D'ARCHITECTURE,
ο υ.
TRAIT�
De la D�coration, Di�ribution & Conflruclion
DES B�TIMENTS;.
C ON Τ EN A Ν Τ
Les Le�ons donn�esfen 1750, & les ann�es
iiiivanr.es, par J. F. Blondel , Archke&e,
dans fon �cole des Arts.
Publi� de Haveu de ΐ Auteur, par M, �***.
TOME PREMIER. |
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Chez D�saint, Libraire, rue du Foin-S.-Jacques�
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ϊα*β^^
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M DGf L.XXL
Avec Approbation, & Privil�ge du Ro� |
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AVIS DE L'�DITEUR. A pr�s avoir obtenu de l'Auteur
la permii�ion de publier cet Ouvrage int�reifant , pour m'acquitter de la reconnoiifance que je lui dois, d'avoir bien voulu f�conder, par fes foins &C avec fon d�f�nt�reifemeiit ordinaire , mon go�t pour Γ Architecture, j'avois, dans un Difcours pr�liminaire, faiii l'occai�on, en faifant conno�tre l'utilit� de fes Le�ons, de parler aui�i, �C des talents reconnus de cet Architecte, &C de fon z�le infatigable pour les progr�s de ce bel Art ; mais apr�s lui avoir communiqu� mon travail, fa modeftie n'a voulu me permettre aucune efpece d'�loge. « Je vous fuis tr�s-oblig�, m'a- »t-il dit, de ce que vous penfez d'a- » vantageux fur mon compte ; mais «je fuis bien �loign� de croire avoir " rempli la t�che que je me fuis im- »pof�e. Quelques connoiifances que »vous ayez acquife dans nos Con- � � �
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χ) A F Ι S
*> f�rences, les miennes m'y font apper-
» cevoir une infinit� de fautes qui me » font �chapp�es 3 & que les hommes » �clair�s y remarqueront fans doute. » Ne perdez pas de vue , je vous » prie , que mon confentement � » vous laii�er publier mes Le�ons, n'a «eu d'autre but que l'efpoir qu'elles » pourraient �tre de quelque futilit� » aux jeunes gens qui fe deftinent » � l'Architecture : que malgr� qua- » rante ann�es d'exp�rience , je n'ai » garde de vouloir pr�tendre � l'ap- » probation du plus grand nombre » de ceux qui, de notre temps, tien- » nent un rang diftingu� parmi nous : » fongez , ajouta-t-il, que le Manufcrit » que je vous ai confi� n'eft que le » r�fultat de vingt ann�es de recher- « ches ; mais qui faites dans des temps » diff�rents 6i � diverfesreprifes, man- »quent peut-�tre de cette liaifon n�- *> ceifaire � obferver dans un Ouvrage » qui, confi� � la preife, demandoit |
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DE L'�DITEUR. y
* une �rudition au-dei�us de mes forces.
»Donnez mon travail au Public, j'y » confens ; mais oubliez tout ce qui me » regarde &C qui pourrait d�plaire � mes » Contemporains. Jeune encore lorfque » je compofai la plus grande partie des » Le�ons qu'il contient , une forte » d'enthouf�afme fembloit m'�tre per- » mife ; aujourd'hui corrig� par l'�ge , » je reconnois le danger de cet enthott- » i�afme, fur- tout lorfqu'il eft pouif� »trop loin. Je n'afpire plus qu'� h » retraite, au iilence ; ma carri�re eft » remplie: ne donnez mes Obfervations » que pour ce qu'elles valent, & que » votre amiti� ne s'aveugle pas fur quel- » ques talents que je dois plus � mon » z�le qu'� mes lumi�res ». Pour con- defcendre aux intentions de l'Auteur, & me renfermer dans fes vues patrioti- ques > je lui facrifie volontiers le plaii�r que j'aurois eu � m'�tendre fur la r�pu- tation qu'il s'eft acquife, �c fur fes qualit�s perfonnelles. Je vais donc a iv
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v��j A VIS DE D�DITEUR.
donner fes Le�ons telles exadement que je les ai trouv�es dans fon Ma- nufcrit, fans excepter m�me, ni fon �pitre d�dicatoire , ni la Pr�face qu'il avoir d�j� faite , n'ayant d'autre part � cet Ouvrage, que d'en avoir acc�l�r� l'impreiTion 3 dont je me flatte que le Public me faura quelque gr�. |
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�PITRE D�DICATOIRE.
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C/ Έ s τ aux Perfonnes en Place, � qui
nous devons notre �tat , aux Amateurs d& la v�ritable Architecture qui ont anim� notre %�le : c'e� aux Architectes c�l�bres qui ont dirig� nos �tudes , aux Artifles habiles qui nous ont �clair�s fur les diff�rentes parties de notre Art : c'e� � nos Elev�s, qui plus d*ujie fois nous ont fourni l'occafion de r�duire en principes la plus grande partie des r�gles que les Manfards ont mifes en pratique dans leurs �difices : c'e� � ces divers Citoyens que nous croyons devoir d�dier notre ouvrage. Cet hom- mage public r s'il efi bien re�u, fera pour nous la r�compenfe la plus fiatteufe que nous piaffions efp�rer du fruit de nos veilles; trop heureux β nos efforts r�pondent, en quelque forte , � l''attente de ceux que nous avons ici en vue : nous nous flattons du moins qu'ils voudront bien accceuillir ce qui fe trouvera de moins d�fectueux dans ce |
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�Jfe- 'J���L*.
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X �piTRE D�DICATOIRE.
Cours. Ce qu'il contient de meilleur leur appar-
tient fans doute : mais nous ofons croire , qu'en faveur de l'ufage que nous avons fait de leurs avis, ils voudront bien avoir quelqu indulgence pour tout ce que nous avons tir� de notre propre fond. Quelle que piaffe �tre L� d�ci/�on du Public
fur le fort de cette entreprife affe^ importante t nous ne l'en affurons pas moins de la pl�ni- tude de notre reconnoiffance pour tout ce que. nous lui devons jufqu'� pr�fent. |
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PR�FACE. X>
O Ν peut dire que, jufqu'� pr�fent, nous
n'avons pas eu encore de Cours d'Architecture qui embrai�e toutes les parties de cet Art. Celui de d'Avilcr, eftimable � beaucoup d'�gards , eft trop incomplet. Fran�ois Blondel, c�l�bre Architecte , ne nous � gu�re parl�, dans le fien, que des ordres i�ivant les anciens & les modernes, des Arcs de Triomphe, des Ponts5 � quoi 'il a ajout� lesDefcriptions de quelques �difices qu'il a fait ex�cuter. Il manque � cet Ouvra- ge , d'ailleurs excellent, les principes de la conilrucfcion, de la diitribution, & de la d�co- ration int�rieure ; ces deux derni�res parties, font devenues en France, depuis ce grand Ma�tre , un objet tr�s-int�reiiant dans l'art de b�tir. Un Cours complet d'Architecture eft donc, pour ainfi dire , une nouvelle entreprife qui ne peut manquer de devenir utile aux diff�rentes perfonnes qui s'int�- reffent � cet Art. Nous convenons que ce travail n'a pas �t� pour nous fans difficult� : il s'agiiToit de fondre en un feul corps de Le�ons, tout ce qui s'eft dit d'excellent fur cet objet, &; de lier enfemble, non- feulement tout ce qui appartient � l'Ar- chitecture, mais encore tout ce qui regarde les autres Arts de go�t qu'elle dirige Se fait valoir en fe les aifociant. |
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xij PR�FACE.
Nous efp�rons que le Public recevra cet
Ouvrage avec quelque plaifir , du moins nous nous rappelons avec reconnoiiTance, l'accceuil favorable qu'il a bien voulu faire � nos premiers efforts, Cependant nous avons balanc� long-temps � mettre au jour ce nouveau fruit de nos occupations, les meil- leurs livres en ce genre ne pouvant feuls former d'excellents Artiiles : nous nous y fbmmes d�termin�s n�anmoins, nous �tant aper�us plus d'une fois, que l'ufage de dicter des cahiers, fait perdre aux Elev�s un temps consid�rable qu'ils pourroient mieux em- ployer � fuivre les d�monftrations des Frofeil�urs. D'ailleurs nous nous fommes prefque toujours aper�us que les copies que la plupart en fa�fbient, �toient peu lif�bles pour ceux m�mes qui les avoient �crites -y que d'autres y laiiToient des lacunes qui �nterrompoient la liaifon que les Le�ons doivent avoir les unes avec les autres t qu'enfin les incorrections que nous remar- quions dans la plupart des figures, ainfi que dans le texte &: les notes, rendoienc n�ceifairement leurs Manufcrits tr�s-im- parfaits. Ces motifs nous ont fait pren- dre le parti de faire imprimer cet Ou- vrage , quelque crainte que nous ayons eue de n'avoir rempli que m�diocrement notre objet. Nous avouons m�me que |
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PR�FACE. xiij
nous avons �t� fouvent embarrai��s fur le
ftyle qu'il convenoit de donner � nos Le- �ons. Enfin comme il nous a paru eiTenciel d'�viter , &. les termes de l'Art, peu ui�t�s dans le commerce du monde , & la f�che- reiTe d'un Ouvrage purement �l�mentaire, nous avons cru , qu'elles d�voient �tre �crites de maniere que les plus foibles nous compr�Tent, & que les hommes d�j� �clai- r�s en puflent go�ter les pr�ceptes. Au refte, au d�faut d'un plus grand degr� de perfection que nous aurions dei�r� donner � notre travail , nous nous fommes du moins tourn�s du c�t� de l'utilit� : nous avons t�ch� de le mettre � la port�e de ceux qui d�firent s'inftruire dans l'Art de l'Architecture, Se de fournir aux Profei- feurs des mat�riaux qu'ils pourront adop- ter dans leurs exercices publics. Pour y parvenir , nous n'avons pas h�fit�
de faire part � nos Le&eurs de la plus grande partie de ce que nos plus habiles Archite&es ont �crit de plus int�refiant fur cet Art. Ce n'eft donc point notre i�n- timent feul que nous leur offrons , c'eft une fuite d'obfervations faites d'apr�s les exemples les plus approuv�s , de ceux m�mes qui, fans avoir �crit fur l'Archi- te&ure, ne nous en ont pas moins laii�� en France, des mod�les dignes d'Ath�nes &� |
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xiv PR�FACE.
de Rome. Nous avons penf� que c'�to�t au
gout � nous �clairer fur ce que nous de- vions adopter ou rejeter de leurs opinions, chaque Architecte appel� � Ton Art par le g�nie, ayant fa maniere de voir & d'appr�- cier. D'ailleurs nous fommes perfuad�s qu'il eft une imitation qui n'a rien de fervile, & qui nous rend propres les richefl�s que nous empruntons d'autrui , foit dans les Arts, foit dans les Lettres : trop heureux i� nous avons bien iaif� ce que nous avons puif� dans les Ouvrages de diff�rents gen- res, & l� nous ibmmes parvenus � le bien rendre � nos Elev�s. Peut-�tre nous faura-t-on aui�� quelque
gr� d'avoir joint nos propres r�flexions � celles des anciens &: des modernes 5 du moins notre intention a �t� par-l�, d'exciter les jeunes Artiltes � examiner par eux- m�mes , &c fans partialit�, le bon ou le mauvais effet que peut produire fur leur eiprit, la perfection ou l'imperfection r�- pandue dans la plupart de nos b�timents ; � appr�cier ce qu'ils doivent imiter ou rejeter, & a fe mettre en �tat de diftinguer la belle Architecture d'avec l'Architecture m�dio- cre. Nous n'ofons n�anmoins trop efp�rer de ces moyens ; il peut nous �tre �chapp� bien dos obiervations utiles : mais pour r�parer nos omiffions, nous invitons nos |
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PR�FACE. χψ
Lecteurs � nous les faire conno�tre. Bien loin
que leur cenfure nous d�foblige , nous iouhaitons qu'on ne nous paife rien ; nous n'avons pas la vanit� de nous croire fans d�fauts. En publiant ce Cours , nous n'avons eu en vue que l'utilit� de nos El�- ves, &c nous profiterons avec reconnoif- iance des obfervations qu'on voudra bien nous faire. Malgr� cet aveu, on ne doit pas s'atten-
dre ici � de /impies apologies 5 & quoiqu'il s'agifl� fouvent d'obfervations faites iur les productions des plus grands Ma�tres, des �loges affect�s nous auroient fembl� plut�t un outrage pour nos illuftres Pr�d�- ceil�urs , qu'un hommage digne de leurs talents Ces m�mes �loges auroient peut- �tre aui�� paru injurieux � ceux de notre temps qui ont ai��z d'acquis pour profiter de nos obfervations. Le ton apolog�ti- que nous a donc paru ne convenir que pour l'encouragement qu'on doit aux �lev�s d�j� avanc�s 5 autrement le Public en applaudiil�nt au z�le de l'�crivain , bl�me tout bas, ou fon incapacit� , ou fa complaifance pour les ouvrages de fes Contemporains. D'ailleurs nous avons cru qu'un Trait� tel que celui - ci , devoir avoir un autre but, & qu'une critique trop auftere eil auifi peu propre � inilruire, |
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xvj PR�FACE.
qu'une apologie outr�e eil peu fat�sfa�lartte
pour les Artiltes qui en /ont l'objet. Nous pr�fentons donc, avec quelque
confiance , nos propres r�flexions , fans nous attendre qu'elles foient toujours ado- pt�es : notre ambition ne va pas juiqu'� pr�tendre plaire � tous 5 il nous jfuffit d'ap- prendre � la poit�rit� , il cet Ouvrage peut y parvenir, ce qu'auront penf� ceux qui, dans les chofes d'art &c de go�t, ne font d'aucun fiecle ni d'aucun pays. Nous avons fur-tout cherch� a analyfer
ce qu'on peut appeler le rationnement de à Architecture ; nous nous flattons m�me que cette partie de notre Ouvrage ne fera pas la moins int�rei��nte , nous ayant paru la plus capable de faire �cl�re le germe du g�nie de l'�lev�, de d�velopper, d'�- tendre i�s id�es, de fixer fon imagination, de pr�parer ion eiprit , pour rec�uillir avec fruit les pr�ceptes les plus approuv�s, &: parvenir enfin � en faire une applica- tion judicieufe dans fes diff�rentes produ- ctions. On nous a reproch� plus d'une fois , que cette facilit� de nous livrer aux v�ux du plus grand nombre, avoit ouvert trop indiiKncfement � la multitude les moyens d'acqu�rir les connoii��nces de l'Architedurej que pour quelques Citoyens dignes d'�tre inities dans i�s myfteres , combien
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PR�FACE. xvij
combien d'autres �toient incapables de Jes
comprendre, d'o� fe font multipli�s tant d'hommes m�diocres ; mais nous avons vu cela autrement, perfuad�s, par notre propre exp�rience, qu'il falloit ei�ayer de tous, pour �tre v�ritablement utile � quelques-uns, fufceptibles d'approfondir , de conno�tre �c de fe diitinguer dans cet Art. Dei�rant donc que ce Cours devienne
utile, fut-tout aux Ecoles qui s'�tablii��nc dans nos Provinces, nous n'avons pas n�- glig� d'y inf�rer par forme dedigrei��on les avis que nous avons �t� � port�e de donner de temps � autre � nos �lev�s , foit pour encourager les uns , /oit pour exciter l'�- mulation des autres 5 -nous avons eu inten- tion que ce corps de Le�ons puiiTe fervir de guide � ceux qui, dans Ja fuite , vou- dront courir la m�me carri�re j nous ne ferions peut-�tre pas entr�s, dans tous ces d�tails, i� nous avions �crit fur l'Archite- cture , feulement pour les Artiiles d�j� �clai- r�s , comme nous avons eu occai�on de Ja faire pr�c�demment. IJ nous reite � rendre compte de Ja di~
vii�on que nous avons donn�e � ce Cours. Nous avons commenc� par traiter de Ja d�coration, avant de parler des deux autres parties de l'Architedure qui regardent Ja Tome I. b , '■� |
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xviij PR�FACE.
diitribution & la conitru&ion 5 parce qu'il
nous a paru n�ceiTaire de parler de la fcience de l'Art avant de paffer � la pratique. En effet, l'Architecte ne peut exceller dans l'ordonnance de fa d�coration , que par le fecours de la th�orie , qui fuppofe la connoiifance des Belles-Lettres, des Math�- matiques Se du Deffin : connoiifances fans lefquelles il ne peut parvenir au raifonne- ment, aux proportions & au go�t de l'Art. P'ailleurs nous regardons la diitribution comme une partie qui doit �tre interm�- diairement plac�e entre la d�coration & la conitruction. Gomme ces diff�rentes parties ont rap-
port entr'elles, en traitant de l'une, nous ferons quelquefois oblig�s de parler de l'au- tre. Par exemple, en traitant de la d�cora- tion des �difices, nous parlerons non-feule- ment de la diitribution ext�rieure, mais auffi de la diitribution des dedans 3 on ne peut �viter la r�union de ces deux principaux objets, fans tomber dans l'inconv�nient de la plupart des Architectes du dernier i�ecle, qui, pour avoir n�glig� les commodit�s qui rendent aujourd'hui nos habitations ii int�reifantes, n'ont gu�re produit que de belles fa�ades, tandis qu'au contraire le plus grand nombre de nos Contem- porains , il y a trente ans , ne s'�tant attach�s qu'� la diitribution proprement |
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PR�FACE, xh
dite, & aux embell�Tements des dedans,
ont fi ibuvent d�figur� l'ordonnance des dehors, qu'ils ont, pour ainfi dire, fait ou- blier le r�gne des Perrault &: des Manfard. Nous avertif�ons encore , qu'il ne nous fera gu�re pol��ble, en traitant ces deux premi�- res Parties, de ne pas faire entrer dans nos obfervations, les notions pr�liminaires de la conftru&ion , qui terminera cet Ou- vrage , le fucc�s d'un b�timent d�pendant �bfolument de la r�union de ces trois bran- ches de l'Art : r�union qui certainement rend l'�tude de l'Architecture aujourd'hui plus difficile qu'elle ne i'�to�t, m�me du temps des Grecs & des Romains. �xpofons fommairement ici le plan des diff�rentes Le�ons que renfermera ce Cours. La Premiere Partie, qui aura pour
objet la d�coration des Edifices, contiendra une Introduction dans laquelle fe devront puifer les id�es g�n�rales de l'Architecture & des Arts qui y font relatifs. Cette intro- duction fera conno�tre l'origine, les progr�s & les r�volutions arriv�es dans l'Archite- cture, ainfi que dans les Arts du Jardi- nage , de la Sculpture & de l� Peinture. Apr�s cette Introduction feront trait�s les objets fuivants, dans autant de Chapitres particuliers. bij
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xx PR�FACE.
Sources de l'Art, ou origine des
Ordres Grecs & Romains dans lefquels on doit puifer l'expreffion relative � la d�coration des �difices. Pr�ceptes de l'Art , tir�s de la pro-
portion de ces m�mes Ordres ? fuivant les anciens & les modernes. Raisonnement de l'Art , ou d�fi-
nitions des principaux membres d'Archite- cture �c de Sculpture, utiles � la d�cora- tion des fa�ades. Analyse de l'Art , ou moyens de
parvenir � diilinguer la bonne Architecture d'avec l'Architecture m�diocre. Du GOUST de l'Art, ou maniere
d'�viter tout ce qui peut y �tre contraire. Application de l'Art, ou maniere
d'�lever les Ordres les uns au-deiTus des autres, avec leurs mefures exa&es dans les diff�rents �tages de nos b�timents, &c mis en parallele avec ceux des principaux �di- fices anciens. F�condit� de l'Art , ou moyens de
donner � chaque �difice le cara�tere parti- culier qui lui convient. Discussions de l'Art, o� l'on prouve
que les proportions obferv�es dans les �di- fices les plus c�l�bres, ont �t� puif�es dans la nature. |
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PR�FACE. xxj
Licences de l'Art, au moyens de
s'�loigner de la rigidit� des pr�ceptes, en -�vitant n�anmoins les abus qu'elles occa- i�onnent quelquefois dans les productions des Architectes m�diocres. Perfection de l'Art , qui i�ule peut
faire parvenir � la r�gularit� abfolue dans l'ordonnance ext�rieure Se int�rieure de nos b�timents. Exp�rience de l'Art, qui amen� �
d�m�ler , par l'examen de quelques-uns de nos �difices, leurs v�ritables beaut�s, ou les m�diocrit�s dont plul�eurs ne font pas toujours exempts. La seconde Partie , qui aura pour
objet la diflribution, contiendra une Intro^ dudion fur l'origine de cette branche de l'Architecture : � cette Introduction fuc- c�dera ce qu'on a pu dire d'int�reilanc fur les b�timents d'habitation , de magni- ficence , d'utilit� & de furet�. On obi�r- vera, dans cette f�conde Partie, l'ordre fuivant. De la distribution, o� l'on traitera
de la difpofition g�n�rale des Palais des Rois , des Maifons royales, des Maifons de Dlaifance, des Maifons de campagne, des Ch�teaux, des H�tels des grands Seigneurs, & des Maifons des riches Particuliers. b iij
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*xi] Pr�fac�.
Des Appartements en g�n�ral,
des Appartements de parade, de foci�t�, & de ceux nomm�s Appartements parti- culiers deilin�s � la demeure perfonnelle des propri�taires. De la proportion que les hauteurs des pi�ces de ces diff�rents Appartements doivent avoir par rapport � leurs diam�tres, &c. Des diff�rents genres de Pi�ces
qui compofent les Appartements, tels que les Vei�ibules, les Anti - chambres , les Salles, les Salions, les Chambres � coucher, les Cabinets & les Garderobes, De la disposition , de l'expof�tion
& de la fituation des Galleries, des Biblio- th�ques , des Salions � double �tage , des Chapelles particuli�res, & des appartements de Bains de propret�. Des diff�rentes formes des Esca*
LIER s , de leur difpoiition , d�coration , conftru�Hon5 de la maniere de les �clairer, & des diverfes mati�res qui peuvent entrer dans leur conftru&ion. De la d�coration int�rieure des
diff�rentes pi�ces d'un Appartement, rela- tive � leur ufage particulier, o� il fera trait� de la Sculpture , de la Peinture , de la Dorure, des Glaces, du Marbre, du Bronze, & g�n�ralement de toutes les parties qui contribuent � l'embelliiiement de l'int�rieur des B�timents, |
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PR�FACE. xxiij
De la Distribution des Cuisines
&c Fournils, des Offices, des �curies,- des Remifes, des Logements des Officiers, de ceux des 'Domeftiques, des Colombiers, des Glaci�res, des Chenils, des Man�ges couverts tk. d�couverts, de leurs d�pendan- ces, &c. De la distribution des Oran-
geries , des Belveders, des Trianons , des M�nageries , des Faifanderies &: autres B�timents r�pandus dans les Jardins de propret� , 8c dans les Parcs des Maiibns de Plaifance. De la distribution des Jardins
de propret� en g�n�ral, &: de toutes les parties qui concourent � leur embellii�e- ment, tels que les Terrai�es, les Efcaliers, les Pi�ces d'Eau, les Parterres, les Salles de verdure, les Bofquets, les Berceaux arti- ficiels , naturels, &c. De la distribution et de l'or-
donnance des �difices sacr�s , tels que les Eglifes Cath�drales, Paroii�iales, Conventuelles, & de celles nomm�es Eglifes en rotondes. De la distribution des H�tels-
de-Ville , des Biblioth�ques publiques , des Bafiliques ou Palais de la Juftice, des Coll�ges, des Aqueducs, des Fontaines, des H�pitaux , des March�s, des Manu- ιέ iv |
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xxiv PR�FACE.
factures, des Th��tres, des Foires & des
Halles de diff�rents genres.
De la distribution des Arsenaux,
des Cafernes, des Portes de Ville, des Places d'Armes, des Priions Militaires, des Ports, des Ponts, &c. La troisi�me Partie , qui aura pour
objet la conftruclion, contiendra une In- troduction , o� il fera parl� de ce que les us & coutumes prefcrivent concernant les B�timents : de l'art de faire des Devis , du poids & des diff�rentes qualit�s des mati�res propres � l'art de b�tir. De la Ma�onnerie en g�n�ral, & en
particulier de la Pierre & du Marbre, de la Brique, du Pl�tre , de la Chaux, du Sable & du Mortier. DE LA MANIERE DE PLANTER UN
B�timent , de l'excavation des terres & des pr�cautions qu'il faut prendre pour parvenir � ces deux objets. De la construction des Murs
de fondation, de face & de refend, mi- toyens &L de cl�tures ; des diff�rentes ma- ti�res qui y peuvent entrer, & des agents que l'on emploie pour les unir enfnnble. Des diff�rentes esp�ces de Vo�-
tes , de leurs pouif�es, des vouffures, des Trompes, des Panaches, &c |
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PR�FACE. xxv
Des �pures Se des d�veloppements utiles
� l'art du trait, pour parvenir d'une maniere pratique � la coupe des Pierres & des Bois» De la Charpenterie en g�n�ral &
en particulier , des Planchers, des Pans de bois, & des diff�rentes formes & aiTem- blages des Combles. De la Serrurerie en g�n�ral & en
particulier des gros fers de la Serrurerie & de la Ferrure. De la Menuiserie , o� il fera parl�
de la qualit� des bois propres � cet Art, &en particulier de l'afTemblage des Portes � Placard, des Lambris de hauteur & d'appui, des Croif�es, des Parquets & de toutes les parties qui contribuent � la falubrit� & � l'embelliiiement des appartements. De la Couverture en Cuivre, en
Plomb, en Ardoife, en Tuile & en Bar- deaux : de la Plomberie concernant les Cha�naux, les Defcentes, les TerraiTes, les Noues, les Fa�tages, les Ar�tiers & autres parties d'utilit� en ce genre, & de la D�co- ration qu'il procur� � nos �difices. De la Peinture d'imprei��on, de fes
diff�rentes efpeces: � l'huile, au chipolin, � l'encauftique, � la grecque , en d�trempe ; de la Dorure au blanc d'apr�t & � l'huile} des RehaulT�s d'or , des Cama�eux , des Grifailles &c autres embelliiTements de cette efpece. |
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xxvj PR�FACE.
Cet Ouvrage contiendra fix volumes,
Se environ deux cents planche^ n�ceiTaires � i'intelligence du Difcours : perfuad� qu'un dei�in bien rendu, foit qu'il repr�fente un plan, une �l�vation, une coupe ou quelques .d�veloppements des diff�rentes parties d'un B�timent, prouve mieux & plus prompte- ment que la narration la plus fatisfaifante ; les phrafes les plus claires fuppl�ant mal au deifin. D'ailleurs, de m�me qu'il eil rare que Ja premiere compoi�tion d'un projet que l'imagination fait concevoir � la h�te , fe trouve ex�cut�e telle que d'abord elle a �t� con�ue : de m�me il y a toujours une tr�s- grande diff�rence entre des Le�ons pure- ment fp�culatives, &l celles aid�es de la dcmonilration. Combien de fois n'avons- nous pas �prouv�, qu'une ou deux figures l�g�rement trac�es fur l'ardoife, �pargnoient dans nos Conf�rences une circonlocution que nous n'aurions pu �viter fans cefecours. Il faut en convenir, l'efprit le plus m�tho- dique enfante quelquefois des chim�res, qu'un dei�in bien rendu d�truit. Certaine- ment il faut �tre tr�s-verf� dans l'Archi- tefture, pour imaginer avec quelque pr�ci- fion , & pour rendre ies id�es aux autres fans le fecours d'une figure qui parle aux yeux. Nous pouvons le dire ici : Vitruve n'a paru obfcur � fes Commentateurs, que |
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PR�FACE. xxvij
parce que les planches dont il avo�t accom-
pagn� fes explications, ont �t� perdues pour la plupart. Cet Auteur, � qui on ne peut refufer beaucoup d'�rudition & de capacit� , nous paro�troit n�anmoins plus clair, h* fes deffins originaux nous �toient parvenus, & ils auroient concili� ce que des volumes de Commentaires ne peuvent accorder. Peut-�tre e�t-il �t� � defirer que les
deffins des planches de notre Cours eui��nt �t� fur une �chelle un peu plus grande ; mais il auroit fallu avoir recours � l'in-folio $ ce qui n'a pu �tre , & � caufe de la chert� qu'occai�onne un tel format, & � caufe que nous avons dei�r� rendre notre ouvrage portatif, pour qu'il dev�nt plus utile � nos �lev�s, que nous avons eus principalement en vue dans la compoi�tion de cet Ouvrage. |
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TABLE DES MATIERES.
INTRO DUCT ION.
■Abr�ge de l'Histoire de �Arch it ec-
turE. ^ page ι De tUti�t� de t Architecture. 11 g
Moyens d'acqu�rir les talents n�ceffaires � un Archi-
tecte. 131 Origine de �Art du Jardinage. 144 Origine de la Sculpture. 15 8 Origine de la Peinture. 173 CHAPITRE PREMIER.
Sources de �Art%
Origine des Ordres. 189
Des ordres d'Architecture en g�n�ral ,. & de leur
origine. I9I CHAPITRE II.
Pr�ceptes de l'Art.
Planche I.
Des cinq ordres en g�n�ral. 216
Planche IL
Divi�on generale pour les cinq ordres d'Architecture,
219
Des diff�rentes efpeces de Moulures. 222
De la maniere de tracer g�om�triquement les diff�rentes
Moulures. 225
Planche III.
Des Tores & dus Quarts de Rond. 226
Planche IV.
Des Cavets & des Scoties. 229
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DES MATIERES. xxbc
Planche V.
Des Douanes & des Talons. 233
Planche VI.
Des Moulures compof�es. 236
Planche VII.
Maniere de tracer les Jets d'Eau propres aux diff�-
rentes cimaifes des corniches, & les diff�rentes cour- bures des frifes. 241 Planche VIII.
Des Cannelures. 246
Planche IX.
Des ornements qui peuvent s'appliquer fur les Mou-'
Iure s. χ jo
Des Ornements � fujage des Moulures droites. 251
Des Ornements � l'ufage des Moulures circulaires.
254
Planche X.
Entablement Tofcan de Palladio, compar� avec le profil
dune t�te humaine. ■ 2�0 Planche XI.
Entablement Tofcan de Scammo^i, compar� avec le profil
d'une t�te humaine. 201 Planche XII.
Entablement Tofcan de Vignole, compar� au profil <�une
t�te humaine. ibid. Planche XIII.
D�nombrement des divers membres attribu�s � tordre
Tofcan par Fignole^ 2 �3 |
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xxx TABLE
Me�ires g�n�rales & particuli�res de l'Ordre Tofcafi �
f�lon Vignole. , 26?
Mefures du Piede�al. 266
Mefures de [Ordre ou de la Colonne. ibid.
Mefures de � Entablement. 267
Planche XV.
De tordre Tofcan de Fignole, avec quelques ckan^
gements utiles. 268
Du Piede�al & de la Bafe de la Colonne. ibid.
De L� Bafe du Piede�al. 260
Du D� du Piede�al. 27Ο
De la Corniche du Piede�al. 271
De la Colonne. 272.
De la bafe de la Colonne. 273
Du F�t de L� Colonne. 274
Maniere de tracer la Concho�de. 27 j
Du Chapiteau. 278
De [Entablement. ibid.
Planche XVI.
Des ordres Tofcans de Palladio & de Scammo^i. 281
De tordre Tofcan de Palladio. ibid.
De tordre Tofcan de Scammo^i. 2.2%
CHAPITRE III.
Raisonnement de l'Art.
Planche XVII & XVIII.
Des divers Membres d'Architecture & de Sculpture. 287
Des Colonnes & des Pila�res. 3,8g
Des Colonnes par rapport aux Ordres. 291
Des Colonnes par rapport � leur Mati�re. ibid.
Des Colonnes par rapport � leur Con�ruclion. 293
Des Colonnes par rapport � leur Forme. 294
Des Colonnes par rapport � leur Difpoftion. 296
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DES MATIERES. xxxj
Des Arcades. 301
Des Pieds-droits. 3°2
Des Alettes. 3°4
Des Irnpojles. 3°?
Des Archivoltes. 3°**
Des Claveaux. 3^7
Des Chambranles. 3°^
Des Appuis. 3°9
Des Niches. 3l°
Des Statues. 311
Des Balufirades. 311
Des Avant-corps. 314
Des Frontons. 315
Des Acroteres, 3*7
Z?w Amortiffements. 3 * °
Des Tables. 3l9
Des Champs. 3i0
/>« Pyramides & des Ob�lifques. $11
Des Soubajfements. 3^3
Z>e5 A niques. 324
Z>ei Refends & des Bojfages. 3% J
jD�� Entablements d�compof�s. 3-i7
Z>ei Corniches architrav�es. 3i^
Z>ei Plinthes. ibid.
Z>�� Trumeaux. 3^9
Des Encoignures & des �coincons. 332
Des M�lanines & autres ejpeces d'ouvertures. 333 Des Cadres. 33$
De la Sculpture 33^
Z>« diff�rents genres ^ornements de�ines � embellir
� Architecture. ibid.
Ζ?« ^α/�i. 340
�?« Troph�es. 342
Z?ei Cariatides. 345
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xxxij TABLE
Des Gaines. 349
Des Clefs. 352
Des Confoles. ibid.
Des Cartouches. 3�7
Des M�dailles & des M�daillons. 358
Des Culs -de- Lampes. 360
Des Cornes d'Abondance. 362
Des Fe�ons & des Guirlandes. 363
Des Entrelas. 364
Des Ca�ettes. 36 j
Des Pofles. 367
Des Guillochis. 368
Des Vermiculures & autres Ornements ru�'iques. 369
CHAPITRE IV.
Analyse de lArt. 373
De la f �b limit� de Ρ Architecture. 377
De [admiration que peut caufer ΐ Architecture. 381
Du caract�re d'originalit� dans Γ Architecture. 384
De [Architecture Pyramidale. 386
Ce qu'on entend par une Architecture agr�able» 3 88
De la Convenance en Architecture. 389
Duflyle vrai an Architecture. 301
De la vraisemblance en Architecture. 302
Ce qu'on entend par une belle Architecture, 304
De la noble�e des formes en Architecture. 30 e
De ΐ unit� en Architecture. 39�
De la vari�t� en Architecture. 300
Du caract�re libre en Architecture. aq\
Ce qu'on appelh abondance dans la compo�tion d'un ouvrage d'Architecture. 403
De la n�cefjit� de rendre conf�quentes les diff�rentes productions de l Architecture. 405
De la n�cejfit� de F exactitude dans l'Architecture, 406
De
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DES MATIERES. xxxiij
Dt la n�cejjit�de la f y m�trie dans l''Architecture. 408
Ce que ce� quune Architecture & une Sculpture fymbolique. 410 De la diff�rence qu'il y a entre le caract�re m�le,
ferme ou viril dans l'Architecture, 4H De la diff�rence quon doit concevoir entre Archiu*
Bure l�gere , �l�gante ou d�licate. 41"} Ce quon doit entendre par une Architecture cham-
p�tre. 417 Du caract�re na�f en Architecture, 41$ Du genre f�minin en Architecture, j^ia Ce quon doit entendre par une Architecture my�Uieufe, AU
Ce quon peut appeler une grande Architecture. 421
Ce que ce� quune Architecture hardie. 424
Ce quon doit entendre par une Architecture terrible. 426 Ce que ce� qiiune Architecture naine. 427
Ce que ce� quune Architecture frivole. 42g
Ce que ce� qu'une Architecture licencieufe. 43 1
Ce que ce� qu'une Architecture difjemblable. 43χ
Ce que ce�. qu'une Architecture amphibologique. 434
Ce qu'op. entend par une Architecture vague, 43 c
Ce qu'on entend par une Architecture barbare. 435
De l'abus en Architecture. 437
De la mode en Architecture. 43 y
Ce que ce� q�une Architecture qui c� afferyie, qui e fi
froide ou fi�rile. λύ<\
Ce que�gnifie Calt�ration en Architecture. 44^
Ce quon entend par une Architecture m�plate. 443
Ce qu'on entend par une Architecture futile. 44«
Ce qu'on entend par une Architecture pauvre. 44^
C H A Ρ Ι Τ R Ε V.
jDu gout VE l'Art.
Tome. L e.
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»xxiv TABLE DES MATIERES.
CHAPITRE VI. APPLICATION DE L'ORDRE TOSCAN � let
d�coration d'une Porte de Ville libre. 4&J
Planche XIX.
Plan du Rei-de-ckauffee & de la Plate-forme fupi-
riiure d'une Porte deflin�e � fervir de limites � ΐ extr�mit� du Faubourg d'une Ville libre. 468 Planche XX.
�l�vation de la Fa�ade du c�t� du Faubourg. 47Q
Planche XXI.
�l�vation du c�t� de la Ville. aj^
Planche XXII.
Fa�ade lat�rale, & coupe prife fur la profondeur du
B�timent. 476 |
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COURS
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COURS .�
D'ARCHITECTURE,
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■■'I H ■,,
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INTRODUCTION.
HI ST ο ι re des Art s , dans laquelle
on doit puifer les id�es g�n�rales de l'Arcki* teclure & des autres Arts lib�raux qui lui font relatifs, tels que le Jardinage, la Sculpture & la Peinture. |
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ABR�G� DE L'HISTOIRE
DE L'ARCHITECTURE.
i^ous nous perfuadons qu'on poura tirer
■un grand avantage de la connoiifance de l'niftoire de l'Architecture , fur-tout en com- parant lts temps & les �v�nements qui ont amen� Tes progr�s & fes r�volutions. En Tome I. A |
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* � Ν Τ RO DU C Τ ϊ Ο Ν.
effet, lorfqu'on parcourt les diff�rentes r�^
gions o� l'on a �lev� des Edifices d'une cer- taine importance, lorfque l'on examine les diverfes qualit�s des mati�res que le fein de la terre fournit aux hommes a/ec tant d'a- bondance , que l'on confidere le fite des lieux, les m�urs des habitants &: leur in- duftrie, la profp�rit�' ou la d�cadence des autres Arts qui y dorment tant d'�clat ; iorfqu'enfin on fe rend compte des grands Princes qui ont prot�g� cette fcience, aini� que des Architectes c�l�bres qui nous ont fray� la route des pr�ceptes,.& JaiiT� des exemples immortels de leur favoir ; que n'a- t-on pas droit d'efp�rer d'une telle �tude � Elleiatisfait & �claire l'Amateur, elle tient lieu d'exp�rience au jeune Artiite; enfin, elle offre aux Elev�s les moyens les plus ca- pables de fixef leur attention, & doit les amener n�ceifairement � puifer les principes de l'Architecture dans leur v�ritable fource; Parcourons donc fes diff�rents �ges, fes fuc- ces dans l'Egypte, dans la Gr�ce, dans l'Ita- lie ; enfuite nous verrons ce qui a occafion- n� fa d�cadence, �c comment elle a repris �faveur en France fous Fran�ois I, & de- puis avec encore plus d'avantage fous le re- gne des Bourbons. L'origine de l'Architecture remonte juf-
qu'aux temps les plus recul�s. Mais comble» |
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�ntRO&ucTioNl ,. 'y
rcet Art n'a- c�il pas acquis dans la fuite par les d�couvertes de l'efprit humain! Quellediff�- "rence en effet entre les Temples de la Gr�ce "& les toits ruiliques des premiers H�breux! Ά ne coni�d�rer l'Architecture que du c�t� de la n�ceffit�, on ne fauroit douter qu'elle ne fo�t �uffi ancienne qu� le monde, & que perfectionn�e peu � peu, elle ne foit deve- nue la jfburce des autres Artsdeftin�s � em- bellir les b�timents, � acc�l�rer leur con�ru- cHon, ou � leur procurer de la commodit�, de la iblidit� & de la falubrit�. Da bord les hommes fe firent fans dou-
te des abris contre les intemp�ries des fais- ions , & les attaques des b�tes f�roces. Pour cet effet, ils commenc�rent par �lever des huttes &� des cabanes. Les rofeaux, les can- nes, les branches des arbres, leurs feuilles, 'leur �corce (a), l'argile furent prefque les feuls mat�riaux qu'ils employ�rent pour conilruire leurs habitations. A mefiire que les familles s'mpntntertm�i
leurs habitations informes s'agrandirent.Lts |
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(a) A la fin du quinzi�me fiecle & vers le commen-
cement du feizieme, la Ville de Moskou n'avoir pas une inaifon conftruite en pierres, mais feulement des huttes de bois faites de troncs d'arbres , enduites de moufle. Les maifons du P�rou font aujourd'hui b�ries de la m�me maniere. Celles des iflandois ne font conllruites qu'avec deme�ues pierres ou du roc , unis avec de la moufle SC Aij
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'4 Jntroductiok.
hommes eurent � peine fenti les befoins que
fait na�tre la foci�t� qu'ils furent fe pro- curer des afiles plus commodes & plus du- rables. Alors on vit leurs demeures jufque- J� ifol�es &c �parfes dans de vaftes d�ferts, ie changer en hameaux, ceux-ci devenir ibient�t des Bourgades, & ces derni�res des Villes. Ici l'on ne fut pas plut�t rai�embl�, qu'il
fallut Ce pr�munir contre les attaques de fts voii�ns. On leur oppofa de fortes barri�res, on conftru�iit des murs, on creuia des fof- f�s, on �leva des tours. Peu iatisfaits des productions qu'ils trouvo�ent dans leur cli- mat , les hommes voulurent s'enrichir de ce que la nature faifoit na�tre dans les contr�es- les plus recul�es. Malgr� Jes vents & les eaux, ils tent�rent de franchir ces immen- ies eipaces qui f�parentles diverfes r�gions du monde ; &c par le fecours du bois, ils fe fabriqu�rent des maifons flottantes , au moyen defquelles ils p�n�tr�rent jufqu'aux extr�mit�s de la terre. Telle eft l'origine des trois fortes d'Arch�-
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de la terre d�tremp�e dans l'eau. Les Abyfl�ns pe font
leurs cabanes qu'avec du torchis, compof� de terre & de chaume. Au Monomotapa , les habitations font toutes de bois. Enfin il eit des Peuples, qui, l'oit pour n'avoir d'au- tres mat�riaux , foit parce qu'ils font priv�s d'une certai- ne intelligence , ne font leurs cabanes qu'avec des os §C des peaux de quadrup�des & de monltres marins. |
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Introduction. f'
tecrures, la civile, la militaire & la navale.
Arr�tons-nous � la premiere, dont nous al- lons parcourir les diff�rents �ges. Les premi�res habitations des Egyptiens
lie furent donc conftruites que de ro* f�aux Se de cannes entrelac�es, & celles des anciens Grecs ne furent b�ties qu'avec l'argile qu'ils ne favoient pas m�me durcir par le i�cours du feu. Le fameux Temple de Delphes ne fut d'abord qu'une iimple chau- mi�re couverte de branches de laurierv rfM L'Ar�opage dans fan origine �to�t une ef-: p�ce de cabane enduire de terre grai��. La premiere Ville fut, f�lon la Ge-
n�fe, b�tie par Ca�n qui la nomma Henoc du nom de ion fils -, elle �roit en Aile o� vivoient les premiers hommes. La Cal- -d�e & la Ph�nicie eurent auffi bient�t de grandes Villes qui� reconnoiiibient Nemrod &AiFur pour leurs Fondateurs. Le premier, que l'on croit �tre le m�me que Belus, �leva Hl la Tour de Babel, & fon fils Ninus b�tie - Ninive. Cette Ville & c�h de Rezeri, qui ei�: � peu pr�s du m�me temps,, devinrent: c�l�bres par leur �mmehi� �tendue. .,J&. Le bois & le torchis furent les mat�^JP'
r�aux qu'on employa pour b�tir; c'eft aini� qu'on voit encore aujourd'hui des VI�^'' ki dans la Perfe , dans la Turquie i�. |
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6 Introduction.
m�me dans la plupart de nos Provinces».
Comme les Egyptiens manquoient de bois , ils furent oblig�s d'avoir recours � la brique, puis � la pierre & au marbre} ils nelaiflerent pas d'employer ces diff�ren- tes mati�res avec foiidit�, quoiqu'ils igno- raient l'art de conitruire des vo�tes, & qu'ils m�connul��nt l'ufage du fer. Apr�s les b�timents d'habitation, il fal-
lut des �difices publics pour les divers be- soins d'un Peuple raffembl� ; il fallut �lever jles monuments qui ferviiTent d'annales � '"ion hiitoirej il en fallut d'autres qui fuflent confacr�s au culte ext�rieur de la Religion : on vit donc s'�lever des Temples, des Pa- lais, des Bai�liques, des Places publiques, '.des Tombeaux, qui excit�rent la pi�t� des. Peuples, qui annonc�rent la magnificence des grands, embellirent les Capitales &c immortaliferent les H�ros. Peu de*cemps apr�s la fondation des Vil-
les d� Nift�ve $c de Rezen, S�miramis (�)fk �lever les fuperbes murailles de Babilone , |
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(b) S�miramis, Reine des Affyriens & veuve de Ninus,
mourut l'an du Monde 2038. Elle �tendit fes conqu�tes d'un c�t� jufque dans l'Inde , de l'autre jufqu'en Ethiopie ; &, apr�s avoir fournis la M�die, la Lybie & l'Egypte, elle s'oecupa � faire �riger des monuments capables de rendre fon nom c�l�bre dans tous les iiecles , tels que le tom- beau qu'elle fit �lever � Ninus fon �poux, les murailles dont nous venons de parler, &c. &c. - . φ |
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Introduction, ψ
«]iii furent regard�es comme la premiere
merveille du monde (c) : f�s murs �toient tout b�tis de brique & de bitume 5 ilsavoient deux cents pieds de hauteur fur trente pieds d'�pa�iT�ur, enforte qu'on pouvoit, au rap- port de Quint-Curfe (d), faire pafl�r dei�lis deux chariots de front. H�rodote dit qu'ils �toient perc�s de cent portes, dont les ven- taux �toient de brpnze Se d'une grandeur extraordinaire. La hauteur des tours:furpaf- ibic de quarante pieds celle des murs. Le pourtour int�rieur de la V�lle , f�lon St�g-^ bon (e), �toit de trois cent quatre-vhi ftades ( jf) ; l'Euphrate la traverfo�t d toute fon �tendue. Onavoit b�ti les maifons �loign�es les unes des autres pour laiiFer des terres labourables qui puiient nouxrii�f "les habitants en cas de i��ge. r'^H Les deferiptions que nous en ontlavfUes*
encore Pline, Diodore de Sicile & Paui�-* nias, nous donnent la plus grande id�e du (c) On compte fept principales merveilles du monde i
�" Les murs de Babylone , 20 les pyramides d'Egypte^ �° la ftatue co�offale de Jupiter Olympien, 4° le tom- beau de Maufole , Roi de Carie , y° le Temple de Diana: � Eph�fe, 6° le Coloffe de Rhode ,7° le phare d'Alexan* drie. ■ (d) Quint-Curfe ,-l�b. � , chap. 1» .....
, (e) Strabon, lib. 16.
». - - ,.-..
(�) La ftade des anciens �toit de 6%j pieds, ce qui
fwoit pour les 380 ftades, environ 43^400 toifes. Ai*
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8 In- τ r o du ct ι' ο κ'.
Palais de Babylone (g), que fit conftru�re
S�nuramis, ainii que des Jardins de cette Reine, qui �toient ioutenus par des murs de vingt-deux pieds d'�paiii�ur. Ce Palais �toic flanqu� de tours hautes de quatre-vingts: pieds. Au milieu de Ton enceinte s'�levoit une autre tour quarr�e, b�tie de briques, & � huit �tages, qui, apr�s avoir long-temps fervi d'Obi�rvatoire au^Caldeens,fut ruin�e par Xerc�s. Pline ( h ) parle avec �loge de deux Temples, b�tis dans la m�me encein- te , l'un d�di� � Jupiter U. l'autre � B�lus. Ce dernier Temple , dit - il, ainfi que le Maufol�e de ce Roi, �toit de la plus gran- de magnificence.' Nous pourions parler ici des grands ou-
vrages ex�cut�s par les ordres de Nitocris, auili Reine de Babylone 5 elle f�t rendre le cours de l'Euphrate tortueux, de droit qu'il �toit, afin de rompre J'imp�tuoi�t� de ce fleuve, & de rendre l� navigation plus com- mode. Ce fut auffi Nitocris qui b�tit dans Babylone, ce pont iliperbe qui facilitoit la communication d'une partie de la Ville � l'autre, entreprife qui nous paro�troit in- croyable � cauie de la rapidit� de l'Euphrate |
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(g) Cette Ville a donn� � toute la contr�e voil�ne le
Jjorn de Babylonie. (h) Pline, liv. 6, chap. 26.
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Τη τ r6 r>u c τ ι ο κ'. $
<fc de fa profondeur, il H�rodote ne nous
ai�uroit que ce pont a exift�. Il ajoute de plus qu'il n'a �t� qu'une ann�e � b�tir. L'Egypte � ion tour devint c�l�bre (ij
par la grandeur & l'immenfit� de fes Edifices > mais dans cette contr�e, nul Prince ne fe distingua autant que S�foitris par le foin qu'il fmt de coniiruire des ouvrages utiles. Dans
e loii�r de la paix que venoient de lui pro- curer Ces conqu�tes, il f�t �lever cette belle |
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(t) L'ancienne Egypte qui a �t� le berceau des Arts,
il'eft connue que tr�s-imparfaitement dans les hiftoires uni- rerfelles, telles que celles d'H�rodote,de Diodore & de plufieurs autres ; ces Auteurs n�anmoins d�terminent la totalit� du terrein de ce Royaume autrefois fi floriffant, � |
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uatre mille cent quarante-fix lieues quarr�es ; le nombre
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es habitants � fept millions , & celui de fes troupes �
quatre cent quarante mille hommes. Pendant le regne a Amafis , dit H�rodote . il y avoit en Egypte vingt-mille, Villes : Diodore cependant, n'en compte que dix-huit mille , tant Villes que Bourgs, dignes d'�tre remarqu�es ; & -elles d�voient m�me, en n'en comptant que dix-huit mille, �tre tr�s-pr�s les unes des autres*. Par les diff�rents d�tails que nous ont donn�s ces m�mes Ecrivains, nous apprenons que les terres de ce pays bien cultiv�es pro- . duifoient jufqu'� cent pour un, & que l'Egypte etoit tellement fertilif�e par les inondations du Nil , & par I'irt- . duftrie de fes habitants, qu'elle leur, fourniffoit des recoin : tes trois fois plus abondanres que leurs befoins, filais■'; que le barbare Cambyfe,en d�truifant ces Peuples pendant � cinq ann�es d'une guerre cruelle, d�truifit auifi la plus grande partie de leurs monuments qui avoient �t� l'ou- vrage de dix-fept fieoles, & que ce ne fut que fous Pto- � l�m�e Philadelphe, deux cent quatre-vingts ans avant *»trc Ere, que. l'Egypte reprit fon ancienne fplendeU�. " |
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u> Introoucti�m:
muraille de quinze cents ilades de longueur^
qui commeneoit � P�lufe, & finii�bic � H�-; liopol�s. Il fit creufer des canaux pour �ta-» blir une communication aif�e entre les Vil- les les plus �loign�es, &c faciliter le tranf* ,� port des marchandifes. Une des entreprifes qui contribu�rent le
plus � immortalii�r la gloire de ce Prince, fut la conftruction des hautes lev�es qu'il or- donna dans toute l'�tendue de Ton Royau- me , afin que dans les nouvelles Villes qu'on y b�tiroit, on f�t � l'abri des d�bordements du Nil. Une infinit� de Temples furent �le- v�s ious fon regne en l'honneur des Dieux: tut�laires de l'Egypte {h)��, il enrichit fur- tout celui de Vulcain � P�lufe y en recon- noiiTance, dit-on , de la protection dont il croyoit que ce Dieu lui avoit fait reifende les effets. Les defcriptions des Temples des Egyp-
tiensparo�troient fabuleufes, fi elles ne nous �toient atteft�es par les Hiftoriens les plus �----------------------------------------.---------------------.�.
{k) Long-temps m�me avant S�foftris les Egyptiens,
au rapport de Lucien, avoient b�ti des Temples. Ce Peuple �toit tr�s-religieux; les AiTyriens l'imit�rent, & furent eux-m�mes imit�s dans la fuite par les Grecs, chex lefquels Deucalion fut le premier qui en �leva ; le m�me ufage paifa des Grecs aux Romains. Janus fut, dit-on, le �remier qui f�t conftruire de ces monuments dans le pays
.jjtinj mais d'autres pr�tendent que ce fut Fanus, & que de fon nom on a fait celui de Fmum qui fignii�c Tcmgkv |
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Ι Ν Τ RO DU CT I O JW t%
accr�dit�s. M. Dorigny (/), qui arec�uili�
avec foin ces defcriptions, rapporte qu'on arrivoit dans ces Temples par un parvis qui formoit une longue &l vafte avenue , orn�e de colonnes &: deftatues coloi��les,termin�e par un veilibule d'une grandeur prodigieu-* le & d'une �l�vation qui y �toit propor- tionn�e 5 que de-l� on entroit dans une pla-\ ce immenle, environn�e d'un grand nom-, bre d'�difices ifol�s, & dont l'ordonnance �toit vari�e � l'infini. Il ajoute que de cette �lace on pai�bit,en traverfant d'autres veftl��,
ules, dans une f�conde, 8c fouvent dans, une troifieme ; qu'enfin on p�n�troit par- un veilibule plus vafte &: plus �lev� qu& les pr�c�dents, jufqu'au parvis int�rieur du»; Sanduaire , & que dans celui-ci tout �toit- d'une extr�me {Implicite. Les Architectes de ces temps pr�tendoient fans doute , avec- beaucoup de raifon, que la pr�fence de la divinit� �c la v�n�ration due aux myfteres qu'on y c�l�broit, fuffifoient pour rendra cette partie du Temple la plus refpedable. On met ordinairement les pyramides an
nombre des plus anciens monuments des Egyptiens ; cependant, Homere qui parle �-------�--------------- ,
(/) M. Dorigny, Chevalier de l'Ordre Militaire de
S. Louis , nous a donn� plufieurs Volumes fur l'Egypte j on trouve cet excellent Ouvrage � Paris chez Vincent, ruc� §2int-5�veri�u , o, !
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Ψί Introduction:
i�uv�nt de l'Egypte, & qui en rapporte
plui�eurs particularit�s int�reilantes, ne dit rien de ces vaftes entreprii�s. Quoi qu'il en ibit, perfonne n'ignore que ces pyramides �toient deflin�es a imniortalifer les Souve- rains � qui elles i�rvoient de f�pulture. Rien ne prouve mieux que ces monuments", le dei�r ardent qu'avoient les Egyptiens de faire paiTer leur nom � la poit�rit�. L'hiiloi- re nous apprend d'ailieurs un autre motif qui les avok d�termin�s � leur donner cet- te ltruchire �tonnante ; ils les regardoienc comme une demeure ftable, au-lieu qu'ils ne coni�d�roient leur habitation ordinaire que comme un lieu de paflage de cette vie «une autre, qui devo�t, f�lon leur opinion ? recommencer au bout de mille ans. Les trois pyramides que l'on voit enco-
re � trois lieues du Caire, font b�ties fur le roc (m), & durantes l'une de l'autre d'environ trois cents pas. M. de Chazelles de l'Acad�mie des Sciences ayant mefur� h plus haute en 165; 3 la trouva enti�re, & dit qu'elle avoir la forme d'un triangle �qiii- lat�ral, dont la perpendiculaire �toit de. foixante-dix toifes trois quarts. Sur les faces |
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(m) Les anciens choififfoient volontiers un femblable
fends pour leurs �difices, parce qu'il eft tr�s-folide, &■ �qu'ils ambitionnoient de travailler pour les races futures* |
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7'ν τ ro du ct ι ο Η. ij
*xt�rieures font des gradins qui conduifent
jufqu'au fommet termin� en platte-forme. Cette pyramide eil conitruite en pierres du- res , dont les moindres ont trois pieds de haut Se environ i�x de longueur. Au milieu de ion int�rieur eft un f�pulcre de trente- deux pieds de longueur fur feize de largeur & dix-neuf de hauteur : dans une des extr�mi- t�s de ce f�pulcre �toit, dit-il, un c�notaphe ou tombeau vide, qui avoit�t� deftin� � con- tenir le corps du Roi Pharaon qui fut en- glouti &c perdu dans la mer Rouge. Pline aiTure que durant l'efpace de vingt ann�es, trois cent fo�xante mille hommes ne cefl�- rent de travailler � la conftru�tion de cette pyramide. Les defcriptions faites par M. de Chazelles, fervent � la fois � nous donner une grande id�e des moyens dont les An- ciens fe fervoient pour �lever � cette hau- teur des fardeaux i� pefants, & � r�futer l'opi- nion de Diodore de Sicile, qui pr�tend que les Egyptiens ignoroient la m�canique. . La f�conde de ces pyramides eft moins
conferv�e que la pr�c�dente, & a moins de diam�tre. Strabon pr�tend que celle-ci dans fon origine avoit �t� plus coni�d�rable qu'elle ne l'�toit de fon temps. La troifieme qui a encore moins de dia-
m�tre que les deux autres, paife cepen- dant pouj� la plus bellei on remarque, eu |
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«ψ.-?ρνν..~� ■-'.*■■ i%
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�4 Ι Ν Τ RO DV Cf Ι Ο Ν.
effet , qu'elle eit conftruite avec plus de
foin , & qu'elle eft d'ailleurs incruft�e d'une
aifez belle pierre d'Arabie, nomm�e marbre
bai^ate.
Il eil � pr�fumer que ces pyramides do�-
vent,en partie,Ieur longue dur�e � la nature du climat, o� les pluies font peu fr�quen- tes; car, par l'examen qu'en ont fait plu- i�eurs Artiites �clair�s, ils ont reconnu que /a pierre n'eft pas � beaucoup pr�s aui�� dure que l'ont d�crit nos Voyageurs; mais que l'air fec qui les frappe depuis tant de i�ecles a pu contribuer beaucoup � leur confervation ; & quoique dans les joints des parements ext�rieurs ils n'ayent remarqu� Jni chaux , ni plomb, ni fer, le volume immenfe de ces �difices a pufuffirefeul pour hs pr�i�rver de l'intemp�rie des faifons. Les ob�lifques n'ont pas moins contri-
bu� que les pyramides, � tranfmettre � la poit�rit� le fouvenir des Egyptiens. Le pre- mier fut �lev� l'an 2604 de la cr�ation du monde, par les ordres du Roi Manusbar ou Seigneur de Memphis. Dans la fuite ils orn�rent d'ob�lifques prefque tout le pays qu'ils habitoient : non-feulement les Sou- verains &: les Princes, mais les riches par- ticuliers en faifoient �lever, les uns de tren- te , les autres de foixante-dix pieds de haut |
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■s
Introduction. tf
� m�me de cent quarante pieds. La Reli-
gion de ces Peuples leur avoir fans doute donn� le gout dominant de ces fortes d'�- difices qu'ils confacroient pour la plupart au Soleil (n). On voit encore dans les carri�res de la
haute Egypte de ces ob�liques � demi tail- l�s. Pendant les crues du Nil, des canaux conduifoient les eaux jufque dans ces car- ri�res o� l'on enlevoit, fur des radeaux, les ob�lifques, les ftatues & les autres ouvrag- es coloiTaux que l'on traniportoit dans la aiTe Egypte par des faign�es qui facile toient la circulation de ce fleuve. Selon Diodore de Sicile, S�ibftris fie
eonilruire deux ob�lifques d'une pierre tr�s- dure j ils �toient de la hauteur de cent qua- tre-vingts pieds, & furent �lev�s dans la ville d'H�liopolis. L'Empereur Augufte,ayant r�duit l'Egyp-
te en province Romaine, voulut faire tranf porter � Rome ces deux ob�lifques. L'un fut briie fur la route} Augufte aima mieux ie priver de l'autre que de l'expofer au m�me accident. Caligula fut � cet �gard plus en- treprenant & plus heureux : la troii�eme ann�e de fon empire, l'ob�lifque parvint � * '
(n) Aufl� les appelloit-on doigts du folcil, parce qu'ils fer-
Voientle plus fouvenr � marquer les heures fur une grande «Pceiatcde pierres prolies dont ils formojentle centre. |
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��* � Introduction-.
Rome fans �tre endommag� , & f�t dans la
fuite �lev� au milieu du cirque de N�ron, o� fe faiibient les jeux publics. Quelques-uns de ces ob�lifques dont
l'Egypte �toit remplie, font encore, autant par leur grandeur que par leur antiquit� , un des embeliuTements de la capitale du cliriitiaiiifme. Conftantin lit d�molir le cir- que de N�ron , & b�tit en fa place une �glife dansles ruines de laquelle s'eiltrou- v� l'ob�lifque tranfport� � Rome par ordre de Caligula. Sixte-Quint le f�t �lever en J586, fous la conduite du Chevalier Fon- tana, fur la place publique , o� on le voit encore aujourd'hui ; fa hauteur eil de douze toifes deux pieds huit pouces, fur une baie de huit pieds de largeur ; il eft d'une feule pierre de granit, & f�lon Tarade du poids de huit millions cent vingt - quatre mil- liers. On voit auffi � Arles un de ces ob�-
lifques , qui vraifemblablement y a �t� tranf� port� du temps des Romains. Charles IX a commenc� � le*faire tirer de deffous les ruines qui le couvroient depuis plui�eurs i�ecles, & il f� voit aujourd'hui vis-�-vis l'H�tel-de-Ville : fa hauteur eft de cinquan- te-deux pieds, &c fa bafe de fept pieds. Pr�s des pyramides & des ob�lifques de
l'Egypte , dont nous venons de parler, on remarque
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Introduction1. 17
remarque des reftes d'�difices q�adrangu-
laires que Thevenot croit avoir �t� des Temples. Ce Voyageur fait encore mention de plui�eurs autres monuments dont il pr�- tend que les colonnes & les ftatues fonc innombrables. On d�couvre, dit-il, ces for-.' tes de vertiges en diverfes parties de l'Egyp- te , & fur-tout dans la Th�ba�de : l�, conti- nue-t-il , on admire un Palais dont les ref-1 tes femblent n'avoir �t� conferv�s que pour' effacer les plus grands ouvrages. On y voyoi� entr'autres quatre galeries � perte de vue, termin�es par des iphinx, dont la mati�re �toit auffi rare que leur grandeur �ton- nante. Le fameux labyrinthe d'Egypte �toit, f�-
lon H�rodote, plus admirable encore que les pyramides: c'�toit moins, dit-il, un i�ul �difice que douze Palais r�guliers qui fe commun�quoient enfemble. On n'ei� gu�re �nftruit ni fur Je temps, ηΐ fur le motif de la conftriuiKon de ce labyrinthe (o): quel- ques-uns pr�tendent que le Roi Peteiucus i
(o)jDidore de Sicile, Strabon & Pline font mention
oe trois autres labyrintes ; le premier fut celui que D�dale, conftruif�t dans l'�le de Cr�te : celui-ci eft cit� par Plutar- gue} & l'on e.n voit le deflin grav� d'apr�s une ancienne- M�daille dans XArchiu�urc hiftorique 4e Ftfcker. Le c�. Jebre Architecte Th�odore b�tit le' f�cond » Lemnos ; k �pifieme �toit en Etrurigt ; '. .�....�...'.- } Tgrm I, - Β
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'I� INTRODUCTION'.
ou Thio�s le f�t b�tir plus de deux mille ans
avant l'Ere chr�tienne. D'autres l'attribuent au Roi N�th�ras, qui voulut, difent - ils , en faire fon Palais. Enfin , f�lon d'autrest le Roi M�ris ou Miris ( H�rodote lui don- ne ces deux noms) ordonna d'�lever cet �difice pour lui fervir un jour de f�pulture ; mais H�rodote (p) croit que plu'i�eurs Prin- ces d'Egypte eurent part � fa conftruction, & qu'il ne fut achev� que, depuis le r�gne de Pfamm�ticus : ce qui nous paro�t d'autant plus vraifemblable, que i�lon Pline {q), le monument dont-il s'agit, fut d�di� au So- leil. Quoi qu'il en foit, cet �difice peut �tre regard� comme un des plus vailes que les Rois d'Egypte ayent jamais fait conftruire. Il �toit divif� en feize quartiers. On y voyoit autant de Temples particuliers que les Egyp- tiens adoroient de divinit�», Se une grande quantit� d'�difices dont la r�union formoit *in enfemble merveilleux. On y remarquoit enfin des pyramides & des colonnes d'une hauteur prodigieufe. Apr�s avoir traverf� des lieux i� varies, on arrivoit au labyrin- the proprement dit. On y entroit par des veftibules entour�s de portiques �lev�s de quatre-vingt-dix degr�s au-dei�us du rez- |
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(p) H�rodote, liv. 2.
<ΐ)Ρ1ΪΒβ, �b. 38, wp. ly |
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Introduction: τ 9
de-chauflee : le labyrinthe �toic divife" par
une multitude de pi�ces, dont les portes en nombre infini emp�choient d'en reconno�- tre l'iifue. Le Roi Nectabis y fit faire des r�parations conf�derables, dont le foin fut confi� � Circammon, qui avoit, dit-on, de grandes connoiii�nces dans l'Architec- ture. Mais l'ouvrage des Rois d'Egypte, le plus
digne d'admiration , fut le Lac de M�ris} on fait que la fertilit� des terres d'Egyp- te d�pendoit de leur inondation par le Nil, & que le d�bordement trop ou trop peu con- i�dcrable de ce fleuve leur �toit �galement nuif�ble. Le Roi M�ris con�ut le def�ein de rem�dier � ce double inconv�nient. Pour faciliter le moyen de reconno�tre les di- verfes terres que l'inondation avoit confon- dues , ce Prince avoit compof� un ouvra- ge (r) dont on a tir� les premiers �l�ments de la G�om�trie. Le Lac auquel il donna ion nom l'a immortalif�. Quand le Nil ne d�bordoit point aiTez pour fertilifer les terres, les eaux qu'on fefoit �couler du Lac fup- pl�oient � l'inondation. Lorfqu'on pr�- voyoit au contraire que par l'effet d'un d�bordement exceffif, les terres demeu- reraient trop long-temps inond�es, on fe- � Il" III .111 |.
{r) V^yti Newcon dans fa Chronologie.
�ij
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ΙΟ ΙNT RO DU CT I Ο Ν~ϊ
foit �couler dans le Lac une partie des eaux
du fleuve. Ce Lac fut creuf� � dix ftades de Mem-
phis. Il avoit trois cents pieds de profon- deur, &: f�lon Pline (�) vingt-cinq mille pas de pourtour. D'autres n�anmoins, tel cjuePomponius-M�la,ne lui en donnent que vingt mille, ce qui fait environ dix de nos lieues. Au milieu du Lac �toit une �le fur laquelle s'�levoient deux pyramides, dont chacune portoit une ftatue coloifale de mar- bre , &: ai��fe fur un tr�ne. Au rapport d'H�- rodote (/) Se de Diodore («), on voyoic entre les deux pyramides un fuperbe Mau- fol�e qui marquoit le milieu de l'�le, Se dont on trouve les dei��ns dans l'Archi- tecture hi�orique de Fifcher. II paife encore pour confiant que les
Egyptiens excelloient dans les Math�mati- ques , dans l'Aitronomie, &: qu'ils perfec- tionn�rent ces feiences l� n�ceifaires pour acc�l�rer les voyages de long cours. Ce qu'il y a de certain , c'eil que Ptol�m�e Phila- delphe fut le Prince qui s'appliqua le plus � faire fleurir les Sciences &L les Arts, & qu'il fit b�tir l'an de Rome 470, dans t ---------------------------------------------------------------- ■ 1
(�) Pline , liv; ? , chap. 11} & Ιίγ. �, chap. 5»,
(f) H�rodote, liv. 1.
I*) Diodore, liv. 1, chap. ie
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Introduction. %lt
l'�le de Pharos � un quart de lieue d'Alexan-
drie , la fameufe tour o� �toit le Fanal des- tin� � �clairer les Vaii��airx qui y abor- doient en foule. Cette tour, au rapport de Pline {x), �toit quarr�e, chaque c�t� �toic de cent toifes, fa hauteur de foixante-quinze, diviiee en huit �tages, termin�e par une platte-forme d'o� la vue s'�tendoit � pr�s de quarante lieues. Ce monument prit en- fuite le nom de l'�le, de fut "nomm� Ρ hare ^ .nom qui devint commun � tous les �difices du m�me genre. Softrate, c�l�bre Architec- te Gnidien , en donna les deffins, &: pr�- iida � l'ex�cution, qui, f�lon l'Auteur que nous venons de citer, co�ta un million huit cent mille livres. Soitrate, dit-il, touch� del 'amour de la gloire, δι ne voulant pas d�plaire � Ptol�m�e, imagina une inferip- tion toute � l'avantage de ce Prince ; mais il la fit graver fur un enduit artiftement appliqu� iur une autre infeription con�ue en ces termes : So�rate Gnidien ^fils de Dexi- phane , a confacr� ce monument aux Dieux nos confervateurs,& aufalutdes navigateurs. Cet- te rui� lui r�ui�it ; car la premiere inferip- tion ne dura gu�re qu'autant que Ptol�m�e v�cut : enforte que l'enduit venant � fe d�- truire , l'autre infeription parut 5 & c'eil par (*) Pline, lib. 6. ch*p. i8.
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'fi In τ άο dvcti ο jv.
cet artifice que le nom de cet Architecte
eft venu jufqu'� nous.
On attribue auffi � Ptol�m�e Philadel-
phe une id�e fort ing�nieufe que rapporte Pline (y) : il chargea, dit-il, Dinocrates le plus c�l�bre Architecte de ce temps l� , de b�tir un Temple en l'honneur dArfino� fa f�ur. La vo�te de cet �difice devoit �tre de pierre d'aimant, � deflein de foutenir en l'air la itatue de la PrinceiTe, laquelle � cet effet, auroit �t� toute de fer 5 mais la mort du Roi & celle de l'Architecte emp�- ch�rent l'ex�cution de ce projet. Si les Egyptiens �tonnoient l'univers par
l'�tendue immenfe de leurs �difices qui fer- virent de medele aux Grecs, comme nous le dirons bient�t ; il s'�leva aul�� en Jud�e un Temple non moins admirable par la beaut� de fa diftribution & celle des ma- ti�res dont il �toit enrichi. Environ neuf cent quatre-vingts ans avant notre Ere, Salomon f�t conltruire � J�rufalem le Tem- ple c�l�bre qui porta fon nom. Pour l'ex�- cution d'un fi grand projet, il pria Hiram, Roi de Tyr, de lui envoyer fon Architecte Adoniram , fous la conduite duquel ce mo- nument fut �lev�. Trente mille de its fujets furent employ�s � la conftruction de l'�di- »----------;--------,----------------------------------------- .
(y ) Vlite, liv. 34, chap. 14..
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Introduction'. iy
Act \ parmi lefquels il y en avoit toujours dix mille occup�s. Ind�pendamment de ceux- ci , le Roi de Tyr avoit fourni � Salomon t des Sydoniens, charg�s de couper fur le Mont Liban les bois n�ceflaires, & de pr�- parer d'autres mat�riaux. Les fondations du Temple furent jet�es tr�s-profond�ment. Des pierres d'une grandeur �mmenfe &: d'une parfaite blancheur furent employ�es � la conitruction des murs. La largeur de ce Temple �toit de vingt coud�es ({), fa lon- gueur de foixante y &: fa hauteur le double de fa largeur : les bas c�t�s avoient vingt coud�es d'�l�vation, & fervoient d'arcs- boutants; ils �toient entour�s d'un corps de b�timent compof� de trois �tages, cha- cun de trente pi�ces. Tout cet �difice �toic de forme q�adrangulaire, conftruit en gran- |
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(�) Au rapport de Philibert Delorme, liv. j, chap.2;
la coud�e g�om�trique eft prife pour une toiie & demie valant fix coud�es communes. Perrault fur Vitrure, liv. 3 , chap. 1«, remarque d'apr�s Philander qu'il y avoit trois fortes de coud�es : i° la grande qui �toit de 9 pieds , faifant environ 8 pieds 2 pouces de Roi : z° La moyenne de 2. pieds, revenant � peu pr�s � 1 pied 10 pouces de Roi : 30 La petite d'un pied & demi de RoL,moins 1 pouce &demi. - , Il y a^ lieu de pr�fumer que la coud�e dont il eft ici
queftion �toit la grande coud�e, � en juger du moins par le diam�tre des colonnes qui d�coroient l'enceinte du? Temple, & dont il eft parl� d'apr�s Villapande dans cette defcription. Biv
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/&4 �XTROIJ�CTtOftl
de partie de bois de Cedre, �C rev�tu d'or*
Jnements d'une richelTe extreme 5 il fut ache� v� dans l'efpace de fept ann�es : d�s-lors Salomon le fit divifer en deux parties, donc J'une fut deftin�e � �tre le iancluaire, δζ l'autre r�ferv�� aux facrificateurs. Celle-ci qu'on nomma le Temple fut f�par�e du ianctuaire par de grandes portes de bois de C�dre, couvert de lames d'or. Villapande (a) dans la defcription qu'il
nous a donn�e de ee Temple, fait monter le nombre des colonnes � quatorze cent cinquante-trois 5 il ajoute que plufieurs de ces colonnes �toient de marbre blanc & »voient fix pieds de diam�sre, & que les plus petites �toient la moiti� des pr�c�- dentes. Cet Auteur pr�tend aui�i que les colonnes �toient corinthiennes, en quoi il eft contredit par Vitruve qui attribue � Callinuque, poft�rieur � Salomon, l'inven- tion de l'ordre corinthien (b). Le Temple demeura dans i� iplendeur
pendant toute la dur�e du regne de Salo- |
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(a) Villapande, liv. 8.
(b) Il pouroit n�anmoins �tre vrai, comme le dit Villapan-
de , que le chapiteau des colonnes du Temple de Salomon, reffembl�t aux feuilles du chapiteau corinthien de Calli-*' Uiaque } mais que l'on dut � ce Sculpteur Grec fi c�l�bre la perfection que nous lui connoiffons. |
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�tf Τ Ά O D � C Τ � 6 m �f
Mon , qui fut de quarante ann�es, &: juf»
qu'� la cinqui�me de celui de Roboam. ion fils. Alors S�z�c, Roi d'Egypte, �tant venu affi�g�r J�ruf�lem, pilla le Temple &. en emporta toutes l�s richeiTes. Depuis il s'�coula pluf�eurs r�gnes durant lefqu�ls le Temple fut abandonn�. Enfin Joas, Roi de Juda, le fit r�parer, au moyen d'une con- tribution offerte par le Peuple; mais quatre cent ioixaate-dix ans apr�s fa conitrucHon, Nabuchodonofor ayant Conquis J�ruf�lem, ce monument fut br�l� δι tonte la Ville r�-1 duite en cendre. Soixante-dix ans apr�s cet embrafement,'
Cyrus, Roi de Perle, permit aux Juifs, non feulement de retourner dans la Palef- tine, ma�s encore de reb�tir J�ruf�lem & d'y c�nitruire un nouveau Temple. Ceux-ci fi- rent tous leurs efforts pour qu'il �gal�t le premier ; mais, f�lon l'hiftoire, il n'avoit que la moiti� de fes dimertfions. Apr�s la mort de Cyrus, Cambyfe fon fils, excit� par les Samaritains & par les autres Nations voifines, d�fendit aux Juifs de continuer la r��dification de leur f�cond Temple. Darius plus indulgent que Cambyfe fon pr�d�cef- ieur, fe laii�� fl�chir aux pri�res de Zoro- oabel, & lui permit la continuation de ce' monument, qui fut achev� la i�xieme ann�e de fon regne. |
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StS Intro dvct ι ο κ,
Antiochus, Roi de Syrie, apr�s avoir �t�
re�u dans J�rufalem, ruina cette Ville, mit le Temple au pillage, & abolit le culte du Dieu d'Ifra�l. Ce Roi fut vaincu par Judas Machab�e, fon arm�e d�faite, le Temple purifi� & de nouveau r�tabli. Les Romains ayant voulu �tendre leur domination dans la Jud�e, Pomp�e fe rendit ma�tre du Temple. H�rode l'ayant repris, le fit d�mo- lir;&� ia place,il en fit�lever un t�pil�eme de la m�me grandeur que celui deSalomon, & d'une magnificence prodigieufe. La guerre des habitants de J�rufalem
avec les Idum�ens leurs voiiins>occaf�onna la deftrucHon enti�re de la Jud�e ; Vefpa- lien profita de ces troubles & bloqua la Ville. Titus charg� d'en continuer le f��ge, la prit & la ruina jufque dans fes fonde- ments : le feu mis aux portes du Temple �arvint "jufqu'� la galerie, les ordres de 'itus-ne purent arr�ter les effets de Γίη- cendie.Ainf� fut r�duit en cendres cetro�- l�eme Temple y dont la deftrudion avoit �t� pr�dite par le Sauveur : au reite fa ruine en- ti�re & la contradidion qui regne parmi les Auteurs qui en ont parl�, nous laiil�nt fort incertains fur la v�ritable ordonnance de ce monument. Nous avons vu pr�c�demment que le*
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�NTRODUCTIOI�. �?
Egyptiens parvinrent � �lever de varies �di-
fices, mais dans lefquels la grandeur & la iolidit� tenoient lieu des beaut�s de l'art. Ils m�connurent en effet cette belle ordon- nance dont l'afpect annonce l'ufage des �di- fices qu'elle d�core : l'art de conftruire des vo�tes �tant ignor� chez eux, ils ne iurent faire fervir les colonnes qu'� ibutenir d'�normes fardeaux. Satisfaits d'avoir pro- portionn� � leurs befoins la hauteur �c la. groi��ur de ces points d'appui, ils ne fe dou- t�rent pas que l'expreffion d'un ordre, aini� que la beaut� d'une colonne, coni�fte dans le rapport de ion diam�tre � la hauteur de fa tige , enforte qu'ils ignor�rent les trois expreifions folide , moyenne �c d�licate, qui caract�rifen� les ordres Grecs. Cependant il faut convenir que les mo-
numents de l'Egypte ne contribu�rent pas peu � la mp�riorit� que les Grecs acquirent enfuite dans l'Architecture. Eclair�s par le fentiment fur les vraies beaut�s de l'art, les Grecs s'attach�rent � perfectionner les ou- vrages des Egyptiens ; ils furent, en s'�- cartantdu go�t dominant de ce Peuple pour le g'tganteique, affigner � leurs �difices des proportions d�termin�es , �c fixer la r�gula- rit� de leur ordonnance. Les Egyptiens n'ayant en vue que le grand & le merveil- leux, �toient venus � bout de conftruire |
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iS �NTRQDUCT��lf'.
avec iolidic� 5 l�s Grecs parvinrent � d�-
couvrir le vrai go�t de l'Architecture : ceux-l� br�lant du dei�f de s'immortalifer, occup�s d'ailleurs des difficult�s de la main d'�uvre , avoient n�glig� les f�neiTes de l'ex�cution & m�connu les gr�ces de l'art ; les autres donn�rent � leurs productions cette r�gularit� , cette correction , cette juftei�e qui fatisfait l'�me , Se pr�fente un concert admirable aux yeux du fpe&ateur �clair�. En un mot, on peut regarder les Grecs comme les cr�ateurs de l'Architec- ture proprement dite, & les confid�rer comme les premiers qui ayent �t� dignes d'avoir des imitateurs 5 auffi n'atteignirent- ils pas fans de grands efforts � ce de- gr� de perfection, �c ce ne fut qu'apr�s qu'ils eurent appris � fubftituer � leurs mod�les une ordonnance plus l�gere, &; qu'ils fe fu- rent apper�us que la plupart des �difices Egyptiens ne pr�fentoient que de tr�s- grandes maiTes charg�es d'ornements, qui, f�lon nous,�toient plus gigantefques & plus bizarres que fatisfaifantes. Cependant, au rapport de Pline (c), les Egyptiens fe.van- toient d'avoir poif�d� la Peinture 6000 ans avant «qu'elle fut connue en Gr�ce : ce qui prouveroit du moins que l'Egypte, ainf� que .1 -
(c) Pline, lib. 35 , cap. 3.
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Introduction. 29
nous l'avons obferv�, doit �tre regard�e
comme le berceau des .Arts. Ce ne fut qu'apr�s un allez long efpace
de temps que les Grecs imagin�rent de p�- trir , de fa�onner la brique & de la faire cuire au feu, invention qu'ils durent,f�lon Pline, � Lurichus & � Hyperbius, fr�res, habitants de l'Attique. Homere en parlant du Palais de Priam
�c d'Alcinoiis, femble n'en faire coni�iter la magnificence que dans la difpoi�tion, dans la richefTe des mati�res, &" lts ornements employ�s dans l'int�rieur, &l ne dit rien -des proportions obferv�es dans ces �difi- ces. Ce fut Cadmus qui apporta en Gr�ce
l'art de travailler les m�taux. En fe ren- dant attentif � tout ce qui les avoit pr�c�- d�s, en cultivant les Arts du del��n, del� Peinture & de la Sculpture, ainfi que les Math�matiques, les Grecs ne tard�rent pas � acqu�rir de grandes connoiflances dans l'Architecture. Alors on vit s'�lever en diverfes contr�es
de la Gr�ce des monuments qui par la beau- t� de leur ordonnance, effac�rent les monu- ments Egyptiens. Les Ioniens en �rig�rent un � Th�os en l'honneur de Bacchus. Ce Temple entour� d'un rang de colonnes fut �onftruitfur les def��ns d'Hermog�nes, un |
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3<5 Introduction.
des plus grands Architectes de l'antiquit�,'
& dont Vitruve regardoit les ouvrages com- me la fource o� l'on puifa les meilleurs pr�- ceptes de l'Art. Le m�me Hermog�nes fit b�tir uti Temple � Magn�fie, Ville de Ca- rie, en l'honneur de Diane. Parmi tant de Temples d�di�s � cette Di-
vinit� , perfonne n'ignore que celui d'E- phefe tient le premier rang (d), nul autre ne l'�gala ni en grandeur ni en magnificence; il avoit quatre-cent-vingt cinq pied s de lon- gueur, & deux cent vingt de largeur; fon pourtour ext�rieur �toit environn� de deux rangs de colonnes de la hauteur de ibixante pieos(e); elles �toient au nombre de cent vingt-fept, dont trente-i�x furent enrichies d'ornements admirables par hs plus habiles |
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(d) Au rapport de Vitruve , la ftatue del� Dt'eiTe �toit
de c�dre. Selon Pline, cit� par le p�re Monfaucon, eile �toit d'�bene ; X�nophon pr�tend qu'elle �toit. d'y voire ; d'autres affurent qu'elle �toit faite d'un cep de vigne. Ceux-ci repr�fentent cette Divinit� en chafleref�e, ceux-l� entour�e de bandelettes, de maniere qu'elle paroifloit em- maillot�e : fur ces bandelettes �toient des attributs & des fymboles qui repr�fentoient la nature:la pluf art lui donnent plufieurs mamelles pour d�iigner qu'elle �toit la nourri- ce des animaux & des plantes. (f) Vitruve pr�tend que ce fut Ct�fiphon qui inventa
plufieurs machines pour �lever des fardeaux consid�rables, tels que les colonnes de ce Temple qui �toient de marbre & d'un feill bloc ; il raconte auii� comment on a trouv� la carri�re d'o� l'on a tir� les mat�riaux qui ont fervi ■4 b�tir ce Temple, |
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Introduction; $t
Sculpteurs de la Gr�ce 5 une entr'autres par
Scopas. Au rapport de Vitruve ( f), dePau- fanias (g) & de Pomponius-Mela (A), ce Temple fut le premier monument ou l'on jdonna des bafes aux colonnes. Nous obferverons que Spon, dans i�s
voyages, dit avoir trouv� � l'endroit o� Ephefe �toit fitu�e , il:: colonnes, reftes vraifemblablement des d�bris du Temple de Diane. Cependant la hauteur de ces co- lonnes , f�lon cet Ecrivain, avoit un peu moins de quarante pieds, fur fept pieds de diam�tre, erreur qui peut provenir de la diff�rence de la meiiire dont il s'eft iervi, a celle qui �toit alors en ufage,ou, de ce que les Ioniens ayant reb�ti plufieurs fois ce Temple , la proportion des colonnes avoit vari� dans ces diverfes conftnicHons; en effet Spon d�crit ces fix colonnes com- me �tant d'ordre dorique, tandis que, i��on Vitruve, l'ordre �toit Ionique. Toute l'Af�e voulut contribuer � l'�rec-
tion de ce Temple. On employa, f�lon Pline (*"), deux cent vingt ann�es aie b�tir. Stra- |
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(f) Vitruve, liv. 4.
ig) Paufanias , liv. 4.
(A) Pomponius-Mela, liv. U
COPlwejliv. J�,
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31 Introduction.
bon ( k ) & Vitruve ( / ) nomment pour*
premier Architecte de ce monument Cher- iiphon ou Ct�fiphon, auquel iucc�da fon fils M�tagenes, �c � celui-ci plufieurs au- tres , parmi lefquels on compte D�m�trius �c P�onius. Eroftrate voulant faire pafler ibn nom
� la poft�rit�, imagina de br�ler le Tem- ple d'Ephefe, & y mit le feu la m�me nuit que naquit Alexandre > mais il fut relev� avec une fomptuol�t� fans �gale fous le r�- gne de ce Prince, & fur les deil�ns de l'Ar- chitecte Ch�r�nocrates. N�ron pilla dans la fuite tous les tr�fors de ce monument que les Gots achev�rent de ruiner fous le regne de Gallien. Le Temple de Junon � Samos, �toit de
la plus haute antiquit�, il avoit �t� b�ti pour la premiere fois du temps des Argo- nautes. Il fut r�tabli par Ricus de Samos, Cet Architecte fut aid� dans cet ouvrage par fonf�lsTh�odore qui l'acheva feul. Celui- ci puplia une defcription du Temple, con- tenant exactement tous les d�tails de i�, �onitru&ion ( m ). La c�l�brit� de ce Tem- |
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(k) Strabon, liv. 14.
(/) Vitruve, liv. 7. ( m ) Au rapport de Vitruve, cette defcription fe lifoir,
ipcore du temps d'Auguftc. "� , . pie
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Introduction. 33
pie d'ordre dorique ne permet gu�re de
douter qu'il he fut un des plus beaux mo- numents de la Gr�ce 5 c'eft aini� du moins qu'H�rodote & Paufanias nous en parlent. Le nom de Th�odore (n) qui en fut l'Ar- chitecte ne peut d'ailleurs qu'en donner une grande id�e, Trophonius & Agam�des, les deux plus
anciens Architectes Grecs, dont le nom foit parvenu jufqu'� nous, s'�toient acquis iule grande r�putation par le fameux Temple d'Apollon � Delphes j n�anmoins ks m�- dailles qui nous reftent & qui repr�fenterit la forme quarr�e , entour�e de portiques, nous en font concevoir une id�e af�ez peu avantageufe *, & Ton feroit reht� de croire que ce Temple, comme nous l'apprend le p�re Montfaucon \o), �toitp�us recomman- datie par l'Oracle que toute la Gr�ce y al- ioit confulter, & par les tr�fors �mmenfes dont les Princes & l�s particuliers l'avoient enrichi, que par la beaut� de fon Architec- ture. Il f!it br�l� la premiere ann�e de la cinquante-huiti�me olympiade, St relev� par Spintarius, Architecte de Corinthe. P�on�us, un des Architectes qui avaient
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ie laDyrmthe de Lemnos, tir� pag. 17 j Μ&. (0).
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(o) Premiere Partie, rit. 2
Tome I. |
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34 Introouction.
�t� charg�s de la conduite du Temple de
Diane � Ephefe&: Daphnis Mil�llen, firent b�tir celui d'Apollon � Milet. Celui-ci, le plus magnifique de tous ceux qui furent �lev�s en l'honneur de ce Dieu, �toit conf truit en marbre &l d'ordre ionique ainl� que Je Temple de Diane, & ne lui �toit inf�- rieur , f�lon Vitruve (p ), ni en grandeur ni en beaut� ; on peut voir d'ailleurs l'�loge que Pline nous a la�i�e de ce monument. Un autre Temple fut �lev� en Arcadie,
pr�s du Mont Cotytius, fous la conduite d'��tinus, en l'honneur d'Apollon le fe- courable. Ce Temple �toit vo�t� en pierres, f�lon Paufanias (g), & paiToit pour un des plus beaux monuments de l'antiquit�. Les talents d'Ictinus & de Callicrates
ne contribu�rent pas peu � faire valoir, par-« mi les Ath�niens ,1a magnificence de P�r�- cl�s dans les �difices qu'il f�t �lever. Ces deux Architectes conftruifirent dans la Ci- tadelle d'Ath�nes le Temple de Minerve , appelle Parthenon , c'eftVa-dire le Temple . de la Vierge. Ce monument d'ordre dori- que , & qui fubi�ite encore en partie, eil rectangulaire par fon plan, comme �toienc prefque tous les Temples des anciens, fa |
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(p) Vitruve, Prcf. liv. 7. ,'
(q) Paufanias ,'liy. 8, |
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Introduction. ?�
longueur eil de deux cent vingt-un pieds
Bors oeuvre, & fa largeur de quatre-vingt quatorze pieds dix pouces. Les colonnes ext�rieures font fans bafe, & ont trente- deux pieds de hauteur fin* cinq pieds huit pouces de. diam�tre. Elles font couronn�es d'un entablement qui a pue/que le tiers de- la hauteur des colonnes. Au reite, ce ne fut point Ictinus, mais l'Architecte Carpion, qui, f�lon Vitruve, f�conda Callicrates dans la conitruclion du Temple de Minerve. Cet Auteur ajoure que .Pedii�ce �toit d'ordre ionique : ce qui n�anmoins eit contraire � ia defcrip�ion qu'en a faite M. le Roi dans «fes ruines de la Gr�ce (r). Mais Vitruve (�) ainl� queStrabon (/:)reeonnoiiT�nt que Mi- nus �leva le Temple c�l�bre de C�r�s & Proferpine � Eleufis (y.) ; cependantPlutar- g.-------------1-----------------------1�.-------:--------1------------------------------------�---------------■---------------------!_,
(r) On peut voir auifi dans cet ouvrage une defcriptioi�
du Temple de Minerye Suniade, finie pr�s du Promon- toire de 1'Attique, appelle autrefois Sunium, & auquel dix-fept colonnes doriques, refres de ce monument, qui font encore fur pied, ont fait donner le nom de C�p-tg� Jonne. (�) Vitruve , liv. 9.
:(t) Strabon, liv. o. ( u ) Le p�re Montfaucon,dans fa def�Ho«=Ua des Tem-
ples de l'antiquit�, ne fait point mention cte celui-ci. Il r�tr {orte feulement une m�daille de la maifon de Brande- ourg, qui,f�lon Bergier,repr�fente une efpece de Taber- nacle , dr�if� en l'honneur de Proferpine, � caufe, dit-il, .qu'on voit � cot� un �pi & un pavoi, ce qui d�/�gneroit flUt�f un Temple d�di� � C�r�s qu'� Proferpine.' Cl)
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5<� Introduction.
que en attribue le premier ordre � Corce-
bus, le f�cond � M�tagenes de Xipere , Bourg de l'Attique ; &; il ajoute que Xeno- cl�s conilruifit la lanterne ou coupole qui en couvroit le fandtuaire. Cet �difice d'or- dre dorique pouvoit contenir, ielon Stra- bon, plus de trente mille perfonnes, tel �tant � peu pr�s le nombre de ceux qui s'y trouvoient rafl�mbl�s � l'occaiion des c�r�- monies pompeufes (v)qui fe pratiquoient le jour de la f�te d'Eleufis. D'abord on laiila l'int�rieur du Temple fans colonnes 5 mais fous le r�gne de D�m�trius de Phalere on voulut rendre ce monument plus majef- tueux, & l'Architecte Philon (x) qui par la defcription de tous ces ouvrages m�rita de tenir un rang diftingu� parmi les Au- teurs Grecs, fit ajouter des colonnes au frontifpice de ce monument c�l�bre. Plufieurs Temples furent �lev�s � T�g�e,
Ville d'Arcadie, fur les deifins de Chyro- iophus de l'Ile de Cr�te. Un de ces monu- ■ ■ ''
(v) Platon , Plutarque, Cic�ron ont fait une ample
defcription des c�r�monies qu'on obfervoit dans le Tem- ple d'Eleufis. Voyez auifi l'Abb� Fenel, qui a �crit fur l� doctrine que l'on enfeignoit autrefois dans les myfteres de ces Divinit�s. ( χ ) Quelques-uns pr�tendent qu'il �toit le m�me que
Philon de Byfance, dent nous avons un trait� des ma- chines de guerre. |
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Introduction. 37
ments fut confacr� � V�nus P�phienne ,
un autre � C�r�s & � Proferpine* on en d�dia deux � Bacchus, & un cinqui�me � Apollon 5 on voyoit dans ce dernier, au rapport de Paufanias {y), une ftatu� qui repr�fentoit l'Architecte. Quelques-uns font remonter aux f��cles les
plus recul�s l'origine du c�l�bre Temple de Jupiter olympien � Ath�nes, & pr�- tendent que Deuealion en fut l'Architec- te. Ce Temple fubf�ita l'efpace de 950 ans, & tomba en ruine � la cinquanti�me olympiade. Pififtrate entreprit de le rele- ver , & confia l'ex�cution de ce deiFein aux Architectes Antiftates , Antimachides , Callefchros & Perinos. Apr�s la mort de Pinitrate ce monument fut difcontinu� jufqu'au regne d'Antiochus le Grand. Ce Prince, �tant mont� furie tr�ne de
Syrie, voulut faire achever le Temple de Jupiter olympien � Ath�nes ; le foin de le perfectionner fut confi� �Cof�utius, citoyen Romain , Architecte qui le premier avoic b�ti a Rome f�lon la maniere des Grecs. Ce fuperbe �difice conftruit en marbre
& d'ordre dorique, �toit fitu� dans la par- tie baffe & au feptentrion de la Citadelle d'Ath�nes. Sa vafte �tendue le rendit aufl� |
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(y) Paufanias, liy. 8.
Ciij
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�, �*Txo*irtTto»:
c�l�bre que les plus fameux Temples ��
l'antiquit�. Coifutius n'en ayant pas ache- v� la conftrucUon * elle fut continu�e du temps d'Augufte $ mais le Temple ne re�ut fon dernier degr� de perfection (|) que fous Adrien, un des Empereurs Romains qui t�moign�rent avoir le plus de go�t poui Mrchite&ure. ι Dans l'intervalle de la mort de Pii�ftr�-
fee au regne d'Anthiochus le Grand, les habitants de Pife, o� �toient c�l�br�s les jeux olympiques,avoient �lev� en l'honneur de Jupiter un autre Temple qui ne le" ce-� doit gu�re pour la magnificence � celui de Jupiter olympien � Ath�nes. Paufanias a Jaiile du Temple de Pife coiihxuit fur les deffins de Libon d'Elide , une defcrip- tion tr�s-ample qui ne peut que donner* la plus grande id�e de ce monument ; il �toit d'ordre dorique & entour� de co-> lonnes : fa longueur �toit de 230 pieds, fa largeur de 8 f , &: fa hauteur de 6S. Le comble �toit couvert de tables de marbres en forme de tuiles, invention due � Bl� /as, Sculpteur de Naxos ; Paufanias femble faire entendre que la Mythologie y �toic prefque toute repr�fent�e , foit en Peintu* te ibit en Sculpture. (t) Yty*\l& ruines de la Gr�ce par M. le Roi ,pag< 19«
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Introduction) '39
La plupart de cesTemples furent conftruits
des marbres les plus pr�cieux, & rev�tus des ornements les plus analogues au genre de ces fortes d'�difices 5 leur itruclure ad- mirable devint une nouvelle fource de gloire pour les Grecs, & des mod�les pour la poft�rit�. Les demeures des Rois le c�d�rent � pei-
ne aux Temples des Dieux : rien n'�galoit la fomptuof�t� du Palais de Maufole, Roi de Carie, & la magnificence du c�l�bre tombeau de ce Prince ; on lit dans Vitru- ve (a) que de fon temps les murs du Palais de Maufole �toient encore en entier : Us �toient, dit-il, de briques, & couverts d'un enduit fi poli qu'ils reiTembloient � dit verre. Le m�me Auteur parle aui�� de ρ'ίίι- iieurs Temples que ce. Roi avoit fait �le- ver : un de ces �difices, d�di� au Dieu Ma�s , fut conftruit dans la partie la plus haute de fon Palais, f�tu� au milieu de la Ville d'Halicarnafle. Apr�s la mort de Maufole , fa Veuve
Art�mife fe rendit c�l�bre par le tombeau qu'elle fit �riger dans cette Ville � la m�- moire de ion mari 5 ce monument le plus ibmptueux qu'on ait encore vu en ce gen- ~ _, .1.- II..I. I
(«) Vitruvc, liv. z, ebap. 8.
C iv
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4<5 In τ ro du c't ι ο ν.
re devint la quatri�me merveille du mon-
de j de-l� tous les �difices de ce genre ont pris le nom de Maufol�c. Ce tombeau, au rapport de Pline,fut le premier o� l'on employa le marbre en incruitation,, & il ajoute que cette belle invention eft due aux Cariens. Chaque fa�ade de ce monu- ment �toit d�cor�e de 36 colonnes du mar- bre le plus pr�cieux, & orn�e de itatues & de bas reliefs d'une ex�cution admira- ble. Satyrus & Phyteus furent les Architec- tes de ce monument j mais Pli�this le con- dm�i au dernier degr� de perfection en �levant au-deiTus une pyramide qui avait comme le Maufol�e , 140 pieds de hau- teur. A l'extr�mit� fup�rieure de la py- ramide , on voyoit un Char d�di� au Soleil. Les Sculpteurs qui enrichirent ce mo- nument de tant d'excellents ouvrages, fu- rent L�ochar�s, Briax�s, Scopas & Praxi- t�le , ou, f�lon quelques-uns, Thimoth�e, chacun d'eux orna une des fa�ades , & il n'eit pas furprenant que leurs chefs-d'�uvre ayent contribu�, autant que la grandeur de l'�difice , � rendre ce monument im- mortel. Enfin, il n'y eut dans la Gr�ce aucune
Ville un peu coni�d�rable o� Ton n'�rigeas quelque monument, foit temple, foit pa- lais , combeau ou fontaine, tous ouvrages |
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Introduction. 4t
capables de tranfmettre � la poit�rit� la m�-
moire de ce Peuple, qui a pu �tre regard� comme poi�efTeur des beaux Arts perfection- n�s. En effet, tous les Citoyens les culti- voient, les Acad�mies �tablies dans tou- tes les Villes y formoient la jeuneiTe, tou- tes les fciences y �toient enfeign�es par d'ex- cellents ma�tres. D'ailleurs les Grecs �toient naturellement fpirituels,curieux, aimant les belles connoiflances, & s'y appliquant par go�t.Enf�n l'on peut dire que laPbyfiqu� & la morale ont concouru auffi � diilinguer cette Nation de toutes les Nations de l'Univers. * A l'exemple des Grecs, les Romains vou-
lurent fe iignaier par la eonftruction de leurs b�timents. Mais, d'abord femblables ;>,ux Egyptiens, ils ignor�rent l'heureux effer des proportions en Archite&iire, & fe con- tent�rent de donner � leurs �dii�cesde la gran- deur & de la folidit�. Nous apprenons des tfiftoriens que les Sciences &: les Arts firent d'abord peu de progr�s chez ce Peuple ; ils ne furent cultiv�s que par le petit nombre, le gros de la Nation n*y prenant aucun �nt�- cet : enforte qu'on ne peut gu�re faire re- monter l'�poque de l'introdu�tion des Arts chez les Romains plus haut que la f�conde guerre Punique v environ % 18 ans avant no- tre Ere. D'apr�s ce r�cit, il y a toute ap- |
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"4* Introduction?.
parence que leur profp�rit� ne dura qu'en-
viron deux i��clesj encore faut-il convenir que pendant cet efpace de temps les Let- tres l'emport�rent de beaucoup fur les pro- ductions de l'Architecture qui font ici no- tre objet. N�anmoins d�s le regne de Tarquin l'an-
cien , on ex�cuta des ouvrages importants $ il fut le premier Roi de Rome qui enferma par des murs l'enceinte de la Ville 5 mais ce qui a le plus immortalif� ce Prince, c'eir, le conduit fouterrein dont on voit encore les ruines. Ce conduit, en recevant toutes les immondices de Rome, contribuoit � la fois, � la propret� des maifons, � celle � des rues & � la falubrit� de l'air, objets in- t�reiTants dans les ouvrages publics. Tite- Live (b) & Denis d'HalicarnaiTe (c) nous* font concevoir une grande id�e de cette? entreprife, ils exaltent fut-tout les avanta- f;es qu'en retiraient les Citoyens. Quant �,
a folidit� , il efl; �tonnant que ces vo�tes, conduites depuis une extr�mit� de la Ville jufqu'au Tibre, ayent r�i�ft� depuis tant des f�ecles � la charge immenfe des voitures? quelles n'ont cei�� de porter : l'hiftoire que Pline ( d) raconte � ce fujet peut fervir aul�l (b) Tke-Livre, liv. premier.
(c) Denis d'HalicarnafTe, liv. 3.
(d) Pline, Jiv. $6,chap. z,
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�ntrod�ctioK'. 43'
� nous donner une id�e de la folidit� des �di-
fices des Romains. Scaurus, dit-il, avoit fait conftruire urt'
th��tre qui ne devoit habiliter que l�x ie- maines (e).Les fpedacles finis, Scaurus vou- lut faire transporter chez lui les mat�riaux qui avoient ierv� � la conftruction de cet �difice : l'Entrepreneur des ouvrages publics exigea de ce riche Citoyen qu'il s'oblige�t de payer le dommage que pouroit c�ui�r aux vo�t�s le tranfport de pareils fardeaux ; mais les vo�tes qui depuis 800 ans �toient de- meur�es enti�res foutinrent fans s'�branler toutes les fecouiTes qu'occafionna le tranf port. Ce fut encore T�rquin l'ancien qui jeta
les fondements du Capitole (�), & qui y b�tit un Temple � Jupiter qu'il f�t noinmer Temple de Jupiter Capitolin > ce monument futeniuite achev� avec beaucoup de magni- ficence fous le regne de Tarquin le Super- be, qui fit venir pour cela des ouvriers d'�- truries ce fut auffi ce dernier qui acheva le |
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(e) Ce th��tre �toit orn� de trois ordres, dont les
Colonnes au nombre de 360 , avoient �t� pr�par�es en moins d'un an. Celles du premier ordre �toient de marbre & avoient de hauteur 38 pieds; ce th��tre fe trouvoit encore embelli par un nombre prodigieux de itatues de marbre, de bronze , &c. ( f) Environ 600 ans avant notre Ere
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44 Introduction.
Capitole, & qui y fit �riger un Temple com-
mun � tous les Latins. Depuis les premiers temps de la Monar-
chie Romaine , l'Etrurie, aujourd'hui la Tofcane, s'�toit diftingu�e plus qu'aucune autre partie de l'Italie, par fon go�t pour l'Architecture. Porfenna, un de fes Rois (g), fit �lever pr�s de Clufium un tombeau dont la ftru&ure obtint les fufFrages des Artiftes contemporains j il �toit conftruit en pierre, $� s'il en faut croire un paf�age de Varron (h) que Pline nous a conferv�, fa forme avoit quelque reiFemblance avec celle du labyrin- the de Cr�te 5 mais ce qui fit le plus d'non- neur aux Etrufques, fut l'invention de l'Ordre Tofcan, qui depuis caract�rifa l'Ar- chitecture Romaine. En effet les Romains ne firent long-
temps ufage que de cet Ordre, ayant une connoiflance tr�s-imparfaite de la Sculptu- re, ne f�chant ni polir le marbre, ni l'em- f�er en colonnes j en un mot, ignorant de faire des ouvrages capables d'exci- ter une jufte admiration. Mais enfin le com- merce qu'ils eurent avec les Grecs leur don- na lieu d'envier � ce Peuple les merveilles qu'il avoit enfant�es. Les Romains apprirent |
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(e) Tlvivoit environ �00 ans avant l'Ere Chr�tienne.
(�) Varron, liy. 36, chap. 15. |
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wi-ii^WW^;
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Introduction. 45
des Grecs � rendre leurs �difices r�guliers,
� y joindre la difpofition & l'ordonnance : ils mirent tout en �uvre pour mrpailer leurs ma�tres, mais ils ne parvinrent qu'� deve- nir leurs rivaux 5 &: malgr� tous leurs efforts pour produire de nouveaux ordres, on ne vit paro�tre dans l'Italie que le Tofcan per- fectionn� & le Compoi�te, foibles imita- tions des ordres Grecs ; ce ne fut m�me qu'a- pr�s la deftrudtion de la R�publique que Rome fe vit embellie par des monuments dignes d'�tre tranfmis � la poft�rit�. Alors on vit s'�lever le Panth�on qus
fit conftruire Agrippa ( i), gendre d'Au- gufte. Ce Temple fe nommoit ainfi, parce qu'il �toit d�di� � tous les Dieux; Agrippa n�anmoins le confacra particuli�rement � Jupiter le Vengeur 6c � Cybele. Palladio croit que le Panth�on avoit �t� conftruit du temps de la R�publique, & qu'Augufte �tant mont� furie tr�ne, Agrippa fit �lever feulement le portique qui manquoit � l'�difi- ce 5 cette partie du Temple paro�t efFe&ive- ment avoir �t� ajout�e apr�s coup. La forme du Panth�on , connue aujour-
d'hui fous le nom de Ta Rotonde, eft cir- culaire par fon plan, & fa. hauteur eil �gale � fon diam�tre : enforte que f�lon Pexpre� ----------------�.------------------------------------------------------i-------_--------iu-----p
(i) Ce Cooiul vivoiit uft peu avant notre Et�.
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4^ Introduction.
ίιοη de Palladio, il femble repr�ienter le
globe de la terre. Au rapport de Defgo- dets qui l'avoit exactement mefur�, fon dia- m�tre eft de vingt-deux toifes, Le porti- que ayant �t� ruin� par le tonnere, il fut r��difi� fous les Empereurs S�v�re & Marc Aur�le. Du temps de l'Empereur Phocas, le PapeBoniface IV (k) d�dia ce Temple � la Vierge &: aux Martyrs \ Urbain VIII a fait depuis reltaurer fon portique &l appla- nir la place qui lui fert d'ilfue. C'eft cet �di- fice que l'Empereur Adrien fe propofa d'i- miter dans Ath�nes, lorfqu'il f�t �riger � tous les Dieux le Temple qui fut appelle le Panth�on et Adrien, Nous ne devons pas oublier de parler ici
du c�l�bre Temple de la Fortune, �lev� fur une montagne � vingt & un milles de Rome, dans la Ville de Paleibine, construite des ruines de l'ancienne Pr�nei�e. Ce Temple, au rapport de M. l'Abb� Barth�l�my, �toit compof� d'un aifcmblage de plufieurs �di- fices, qui pof�s avec r�gularit� fur diff�- rents plans, s'�levoient les uns au-deifus des autres, & en impofoient par la majeft� de leur ordonnance. Le fancluaire de ce Temple �toit, dit-il, pav� d'une mofa�que (k) Ce Pontife mourut en 614, apr�s un regne de
fept ans, |
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Introduction. 47
d'environ dix-huit pieds de long fur qua-
torze de large (/), travail pr�cieux qui donne une grande id�e des Artiftes de ce genre en Italie. Augufte, f�lon Su�tone (/«), f�gnalaia
magnificence par une infinit� d'�difices , fruits de la paix, dont toute la terre jouif- foit fous fon Empire 5 les b�timents fornp- tueux �lev�s dans Rome firent parvenir cet- te Capitale au plus haut degr� de fplen- deur 5 elle changea enti�rement de face : ce qui f�t dire (^u'Augu�e ne l'avoit trouvez que de brique, & qifd la laijjbit toute de mar- bre. Cet Empereur (λ) fit aui�i b�tir en Epire pr�s d'Adium la Ville de Nicopolis, � def- fein de perp�tuer le fouvenir de la victoire qu'il avoit remport�e fur Marc- Antoine ; enfin l'on peut dire que fous ion regne les Sciences & les Arts chez les Ro- |
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(/) M. l'Abb� Barth�l�my nous a donn� en ij6o /a
xlefcription de -cette mofa�que d'apr�s une planche que M. le Comte de Cailus a fait graver avec beaucoup plus de foin Se de correction que celle du P. Kirker, grav�e en 1671 , & celle de M. Ciampini, grav�e en i�cjq, & en- fin que celle grav�e en grand en 1711 par les foins du Cardinal Barberin. Les fragments de marbre qui compa- rent cette mofa�que ne font commun�ment,dit-il , que de trois � quatre lignes en quarr� ; ceux qui forment les fi- gures font encore beaucoup plus petits. (m) Su�tone dans la vie d'Augufte.' ___
(72) H r�gna long-temps en paix, &: mourut �g� de γ f
anSj la douzi�me ann�edeaotre Ere, |
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4§ Introduction.
mains, �toient un infiniment utile dans l�s
mains de ce Peuple ambitieux, & que la Philofopliie, l'Hiftoire,l'�loquence, la Poe- i�e , l'Architecture, la Sculpture & la Pein- ture furent port�es alors au plus haut point de perfection. Parmi les divers monuments de l'antiqui-
t� , l'hiftoire vante beaucoup Γ Aqueduc de Carthage ( ο ), conftruit fous le regne du m�- me Prince. Outre un nombre infini de Tem- ples, de Cirques, de Th��tres, de Ponts S: d'A qu�ducs dont il ordonna la conftru�tion, il voulut prendre lui- m�me le foin du che- min de Flaminius qui conduit depuis Rome jufqu'� Rimini; fur ce chemin �toit un pont remarquable o� l'on �rigea un Arc de Triom- phe � fa gloire. L'hiftoire nous parle encore de quatorze
Aqueducs immenies �lev�s du temps des C�fars ; ils �toient foutenus fur des arcades qui conduifoient l'eau tr�s-abondamment dans Rome, & y entretenoient continuelle- ment cent cinquante fontaines jailliiTantes, cent dix-huit bains publics, fans compter hs mers artificielles deftin�es � repr�- fenter les combats, connus fous le nom de Naumachics. Cette m�me hiftoire nous allure que cent mille ftatues, ornoient Iqs |
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(0) Foyei rArchitefturehiftoriqaede Fifcher j Jiv. S.
places
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Ι'η Τ R�DU�T Ι Ο Ν. 4&
P'�aces publiques, les Carrefours, les Tem-
ples, les Palais, δ: que fous ces regees m�- morables , on voyoit quatre-vingt dix co- lories �lev�s fur des portiques, quarante- huit ob�lifques de marbre' granique, tail^ l�s dans la haute Egypte, ouvrages'�ton- nants, qui nous lahTent � peine concevoir comment on a pu, du Tropique aux bords du Tybre , tranfporter des mai��s aul�� prodigieui�s. Qu'on ie rappelle d'ailleurs ici ce que nous avons dit en parlant de PEgypte, touchant l'ob�lifque relev� par Sixte-Quint, & par l'induitrie du c�l�bre Fontana, encore r�v�r� a Rome par la hardiefle de cette entreprii� {p), Le pont d'Auguile �toit bien moins �ten'
du, mais plus utile que celui qui fut cons- truit fous les ordres de Caligula : celui-ci avoit de longueur une lieue & demie, � traverfoit une efp�ce de Golphe, i�.tu� en- tre Pouzzole & B�les. Au reite le pont de Caligula ne ferv'it gu�re qu'� flatter 1'oj> gueuil de cet Empereur qui voulo�t traver-» fer la mer � cheval & triompher de cet �l�** ment mieux que ne l'avoient fait, difoit> il, Darius & Xerc�s {q). \P) y°ye\ ce que nous avons dit de ces ob�lifques.
f «S- M� (q) Aurel. Viftor & Xiphilin dans la vie de Calcul*,
?Qmt l D
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■ρ Introduction.
Laconitraclion du pontd'Oftie que Jules-
C�far avoir entreprife inutilement, i� f�t avec le plus heureux fucc�s fous l'Empire de Claude; cet ouvrage fut d'un grand lecours aux Romains, n'y ayant auparavant vers l'embouchure du Tybre aucun lieu de fure- t� pour les vauTeaux venant d'Afie &c d'Afri- que , ce qui occafionnok fouvent la famine dans toute l'Italie. Mais jamais on ne vit plus de fomptuo-
fit� & de magnificence que dans le Palais que N�ron fit joindre � celui des Empereurs. La Cour de ce nouveau Palais o� l'on voyoit la ftatue coloifals de ce Prince, �toit orn�e de portiques � trois rangs, dont cha- cun �toit de la longueur d'un mille: l'�ten- due des jardins �toit immenfe , ils renfer- moient un �tang entour� d'une quantit� prodigieufe d'�difices ; on auro�t pris, f�lon Su�tone , l'�tang pour une mer, & l'alfem- blage de ces �difices pour une Ville 5 on voyoit aul�i dans ces jardins des terres la- bourables, des vignobles, des prairies & plui�eurs bois peupl�s de diff�rentes fortes de b�tes fauvages & d'animaux domeftiques. La grandeur du Palais r�pondoit � l'�ten- due des jardins : l'or, l'azur, les perles, les pierreries 6c autres mati�res pr�cieufes fu- rent employ�es dans l'int�rieur avec tant de profuf�on que cet �difice fut appel� la |
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TNTROUUCTTON'l� ft
i�ia�fon dor�e (r); il fut d�truit en partie
durant les guerres qui fuivirent la mort de N�ron (�). Au lieu o� �toit l'�tang, Vefpafien (t)
8c fon fils Titus firent �lever l'amphith��tre connu aujourd'hui fous le nom de Colij�e. jjooo ouvriers avoient d�j� travaill� 10 ans � l� conftrudion de cet �difice avant qu'on en e�t commenc� la Sculpture ; fa for^� me ext�rieure & int�rieure eil elliptique > il a de longueur hors �uvre quatre-vingt-cinq toifes fur foixante-dix de largeur. Vefpafien fit auf�� �lever dans Rome le
fiiperbe Temple de la paix. On en voit en- core aujourd'hui des veitiges,dont les mefu- res nous ont �t� donn�es par Defgodets (u% Parmi les ouvrages publics qui ont i�gna-
i� la gloire des Romains, les grands chemins tiennent fans doute un rang diftingu�. Nul |
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(r) Su�tone , dans la vie de N�ron , Tacite , Pline ,
Martial de Spetlac. Epig. t. (f) Cet Empereur fe donna la mort � l'�ge de 3 ζ ans,
&: la foixante-huitieme ann�e de notre Ere apr�s avois r�gn� treize ans. (t) Vefpafien mourut l'an 79 de J. C. apr�s avoir r�-
gn� 10 ans. Galba, Othon & Vitellius qui avoient r�gn� .entre N�ron & lui n'avoient joui de l'Empire qu'un an .entre eux trois. Titus fon fils lui fucc�da & ne r�gna que deux ans. («) Defgodets, chap. 21,
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ji Introduction*.
Peuple d'ailleurs n'eft jamais "devenu auf�t
recommandable par des travaux de ce gen- re. Le chemin deFlaminius, dont Augufte avoitpris un foin particulier, le c�doit � pei- ne � celui que fit conitruire Domitien (ν), & qui fut appel� du nom de cet Empe- reur Via Domitiana. Celui-ci conduifoit de- puis Pouzzolles jufqu'� Sinu�ze o� il fe joi- gnoit au chemin d'Appius j fa longueur �toit de 13 lieues : le terrein o� il �toit conflruit �tant peu folide, il fallut des d�penfes im- menfes pour l'affermir ; pluf�eurs affifes de pierres y faifoient un maffif d'une largeur & d'une profondeur f� extraordinaire qu'on n'avoit encore rien vu de fembl�bles de grands carreaux de pierres taill�s r�guli�re- ment furent plac�s avec beaucoup de foin Se de propret� fur ce maifif dans toute l'�tendue du chemin 5 en le parcourant on rencontroit le pont que ce m�me Empereur avoit fait b�- tir fur le fleuve Vulturne , &c un arc de triomphe qu'il s'�toit fait �riger. Le pont & l'arc de triomphe f�mes o� le chemin d'Ap- puis fe r�unifToit � celui de Bomitien �toient de marbre blanc & richement orn�s, f�lon |
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( ν ) Ce Prince, fr�re & fucceiTeur de Titus fut le
dernier des douze Empereurs nomm�s C�fars, il mourut l'an 96 de notre Ere, �g� de 44 ans, Se apr�s en avoij; r�gn� ij. |
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Introduction. '^
les defcriptions que Stace & d'autres Auteurs
nous en ont donn�es. Quant au chemin d'Appius ( χ ) dont nous
venons de parler, il ne lahToit pas au rapport tle Palladio d'�tre d'une grande beaut� ; il commen�ok au Colif�e �c fe ter min oit � Capoue. Plutarque nous apprend que Jules- C�far (y ) le prolongea de beaucoup. Trajan ( ^} le fit r�parer & le rendit plus court & plus commode en faifant applanir des montagnes, combler des vall�es �ccon- ftruire des ponts. De i�mples Citoyens Romains i�gnal�-
rent auffi leur amour pour la Patrie par les chemins qu'ils firent conftruire ; un des plus remarquables �toit celui que fit faire Au- r�lius :il commen�oit � la porte Aur�lia , aujourd'hui porte S. Pancrace, traverfoit toute la c�te maritime de la Tofcane �c fe term�noit � Pife. Les chemins Numentan, de Pr�nefte &
Libican, �toient auffi en grande r�putation s ce premier s'�tendoit depuis la porte Vi- cinale, aujourd'hui la porte Sainte Agn�s, jufqu'�Numence. Quant aux deux derniers, (ar) Claudius Appius vivoit environ 400 ans avant
jpotre fc,re. (y) Mort 43 ans avant notre Ere.
tfaan Cc Prince raonta fur Ie u�nc ran 97 & m°nrul
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34 Ϊν τ ito n� er ι o if;
l'un commen�ait � la porte Efquiline, ou"
de S. Laurent, �i l'autre � la porte Nevia ou porte Majeure ; tous deux conduifoient � Paleftrine. L�on-Baptifte Alberty parle d'un tr�s-
beau chemin appel� le portuofe qui con- duifoit au port d'Oftie. Il �toit divif� dans i� largeur en trois parties, dont celle du milieu �toitr�ferv�e pour les charrois, & les deux autres fervoient, l'une pour aller de la ville au port, & l'autre pour retour- ner du port � la ville : ce qui fauvoit l'em- barras qu'e�t occaiionn� une foule innom- brable, dont une partie veno�t de-Rome Se l'autre y retournoit. On voit encore eri divers endroits de l'Italie, fur-tout aux en- virons de Rome,, des vertiges de ces anciens chemins. Domit�en ne fe fit pas moins admirer
}>�r un grand nombre de Temples, de Pa-
ais �c d'autres Edifices qu'il f�t �lever. On" fut �tonn� qu'un Prince dont les m�urs �toient corrompues, e�t �t� capable de con- cevoir des entreprifes �galement recom- mand�mes par leur utilit� & leur magni- ficence. Stace (a) a donn� les plus grands �loges aux travaux que fit faire cet Em- pereur pour contenir Je Vulturne dans fort |
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� (a) Stace, Sylv. liv. 3, Eleg. 4»
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k
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Introduction. jy
lit , & emp�cher les d�bordements de ce
fleuve qui ruinoit tous les lieux voii�ns. Sous l'Empire de Trajan fut conftruit le
pont du Tage, monument de ce genre le plus beau qui ioit en Efpagne {b). Ce pont, tout conftruit en pierres, eil�, �lev� de deux cents pieds au defi�is de l'eau ; fa longueur eil de fix cent foixante-dix pieds > il n'eil� compof� que de fix arches, chacune de quatre-vingt-quatre pieds d'ouverture. Quant aux piles elles ont chacune environ vingt-huit pieds en quarr�. Une inicription qu'on lit fur la porte de l'Eglife de Saine Julien � Alcantara, nous apprend que ce |
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F
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�jnt fut conltruit par C.Julius Lacer, Se que
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EgJife �toit un Temple que cet Architecte
avoit confacr� � la gloire de Trajan. On voit encore fur le pont du Tage un arc de triomphe , �lev� imm�diatement apr�s laconitrudiondu pont( c) ; les inferiptions anciennes difent expreif�ment que la Pro- vince qui avoit fait �lever ces monuments, les d�dia tous deux �. cet Empereur. Quelque remarquable que f�t le pont du
Tage, il s'en falloit beaucoup qu'il appro- ch�t del� magnificence de celui que Trajan |
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( b ) Bergier, hiftoire des grands Chemins de TEmpi*
η, liv. 4, chap. 38. (0 Gruter, pag. ι6ζ, inicription 2 & 3. |
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$6 �NTR�DUCTIOtfl
fit conftruire fur le Danube. Les p�l�s d^
celui-ci, au rapport de Dion Cai��iis, avoient' deux fois autant d'�paiffeur que celles du pont du Tage, & les arches deux fois au- tant d'ouverture 3 il �toit compof� de vingt piles �c de vingt & une arches ; chaque pile avoit d'�pailTeur foixante pieds &c de hauteur cent cinquante ; la' diftance de l'une � l'autre �toit de cent foixante-dix pieds ; la hauteur de ce pont �toit d'en- viron trois cents pieds , & fa longueur de huit cents toifes , fans y compren- dre les cul�es. Cependant il fut conftruk � l'endroit le plus rapide & le plus profond du Danube : il �toit �mpofl�bie d'y faire des batardeaux pour fonder les piles 5 on fut oblig� de jeter dans le lit du fleuve une quantit� prodigieufe de divers mat�riaux qui s'�levarit jufqu'� fa furface * form�- rent des efp�c�s d'emp�tements fur les- quelles on affit les piles. Apollodpre de Damas, c�l�bre Architecte du iecond iiecle de notre Ere, conftruii�t ce grand ouvrage qui iuffiroit feul pour immortaliser Trajan. Adrien fon fucceifeur craignant que l�$ Barbares ne i� fervilTent du pont contre les Romains en lit abattre les arches : n�an- moins un motif contraire �voit d�termin� , .Trajan � le faire b�tir. La bienfaifance de ce Prince & les vicloi;
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� KT&� n�CT ι ο Ν. 57
f �s qu'il avoit remport�es d�termin�rent l�
S�nat &. le Peuple � lui �riger un des plus beaux monuments qui ayent �t� confacr�s � la gloire d�s Empereurs ; nous parlons de la colonne Trajane qui fubiiite encore aujourd'hui � Rome* Autour d'une grande place ou march�
-appel� du nom d� l'Empereur Forum Trajanum , l'Architecte Apollodore avoit fait conftruire pliii�eurs �difices, parmi les- quels �toit une bafilique o� fe r�ndoit la fuftice &: o� s'aiTembloient les N�gociants j on y voyoit encore cette fafneuf� biblicn thequedeTrajan , dont parlent les Hiflxv riens. La place �toit de forme quarr�e � l'imitation des places grecques, & d�cor�e d'un nombre coni�d�r�bl� de ftatues. Un arc de triomphe &: la colonne �toient les monu- ments confacr�s � la gloire de ce Prince. Cette colonne fut �lev�e au milieu de
�a place. Comme elle �toit deftin�e � pr�- conifer un Romain, on ne voulut pas fe fervir des ordres Grecs, quoiqu'ils fui��nt employ�s d�s-lors en Italie. L'ordre Tofcan fut pr�f�r� , & ce monument prouve bien qu'il n'eft rien de fi fimple que l'Art ne fache embellir, & qu'un ordre ruftique en- richi par le miniftere de la Sculpture, peut offrir le plus beau chef-d'�uvre/ La hauteur de cette colonne eft de cen; treize piedsj |
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j� INTRODUCTION.
elle fut termin�e par une ftatue p�deftre de
bronze dore & de dix-neuf pieds de pro- portion, qui repr�fentoit l'Empereur Tra- jan. Sixte V y fubflitua une itatue de S, Pierre de treize pieds feulement (d). Nul Empereur ne montra tant de z�le
qu'Adrien pour la conftruction des �difi- ces (e), on eil �tonn� du nombre de ceux qu'il fit �lever ou r�tablir. D'abord il f�t b�- tir un Temple magnifique qui fut confacr� � la m�moire de Trajan s il f�t r�tablir le Panth�on d'Agrippa , la bafilique de Nep- tune, la place appel�e Forum Augu�i, les bains d'Agripp�ne &plui�eurs autres �difices ruines ou br�l�s ; il ordonna la conftru�lion d'un mur de quatre-vingt milles de longueur" entre l'Angleterre&: PEcoiTe., pour arr�ter les courfes des barbares. Ayant pris J�rufa- lem il la nomma ./Elia, il b�tit un Temple' � Jupiter fur le Calvaire, & pla�a une ffca- tae d'Adonis fur la Cr�che de Bethl�em y apr�s fa mort on conftruif�t fur le Tybre pr�s de l'on tombeau le pont ^Elius : les d�bris de ce Maufol�e ont fervi depuis � b�tir le (</) Foysi dans le parallele de Chambray., les deifins de
la colonne if raiane, & dans Fifcher ceux de la colonne & de la placi" o� elle fut �lev�e, qui a �t� grav�e d'a- pr�s une m�aVUe antique. ( e ) Cet Emp\ereur nomm� ^�lius Adrien, mouruc l'art
ί 3 8,, apr�s un re^ne de zi ans, |
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� NT rodU ότ ι oN. <;$
C�i�teau Saint-Ange. Tous ces �difices fu-
rent �lev�s fur les dei��ns de l'Archite&e D�triarius. Il y avoit peu de Villes coni�d�rables de
fon Empire que ce Prince n'honor�t de i� pr�fence, &: prefque toutes fe reiTentirent: de fon amour pour les beaux Arts ; on voie encore en plufieurs endroits de l'Italie des relies des �difices qu'il fit �lever: il lauTa jufques dans les Gaules des t�moignages de fon go�t pour l'Architecture , comme on en peut juger par le Temple de Plotine, Ce Temple, connu aujourd'hui fous le
nom de la Maifort quarr�e,ei� fitu� en Lan- guedoc, pr�s des murailles de N�mes ; Adrien en ordonna la conilruclion lorfqu'iI paifa par cette Ville pour appaifer la r�vol- te de la Grande-Bretagne. Six colonnes de front & onze lat�rales forment la d�cora- tion ext�rieure du Temple; les colonnes font corinthiennes & �lev�es fur autant de focles, .chacun de la hauteur de fix pieds. Leurs f�ts font charg�s de cannelures. Le diam�tre des colonnes eil de deux pieds neuf pouces, �C les entre-colonnements de deux diam�tres* Sur la frife de l'entablement font das rin- ceaux , fur les moulures de la corniche des ornements, & fur les cimaifes fup�rieures des mufles de Lyon. Ce qui paro�t fingulier. |
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�o lit τ Ro�trcT ι � tfl
c'eft que les modulons font tourn�s � con-
tre Cens, Au reite, l'ex�cution de ce monu- ment efl de la plus grande beaut�. Au mi- lieu de l'�difice eil �lev�e aujourd'hui une Eglife moderne. Non loin du Temple de Plotine, on voit
encore des refles confid�rables de celui d'I- fis, nomm� auffi le Temple de Diane ; cet �difice de conflruction grecque paffe pour �tre de la plus haute antiquit� , ion plan eft un parall�logramme dont la longueur dans �uvre eft d'environ dix toifes & demie, & la largeur de fix toifes. Trois Chapelles font au fonds du Temple, &: cinq fur les ailes 5 il eft couvert d'une feule vo�te plein cintre, conltruite de grands quartiers de pierres po- fes fur leur plat. Plufieurs offements trou- v�s fous terre font pr�fumer qu'on yfacri« fioit des victimes humaines, & les puits qu'on remarque encore, creuf�s fous les pi�de� taux des idoles, fervoient fans doute aux Pr�tres du Paganifme � rendre leurs ora- cles. Pr�s du Temple d'Ifis fut confiante une
fontaine en m�me temps Se au m�me ufage que cet �difice. Apr�s la conqu�te des Gau- les , les Romains voulant la faire fervir de bains publics, conflruifirent pour les per- fonnes du premier rang une Nymph�e, &, |
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INTRODUCTION. �t
|sour le Peuple un grand bain d�couvert.
Les eaux de cette fontaine �toient conduites dans tous les quartiers de la ville baiTe , 3c fortant de N�mes elles formulent une petite rivi�re, dont le bafl�n creuf� natu- rellement fur un rocher de trente ou qua- rante toifes de diam�tre , eil d'une pro- fondeur immenfe & inconnue. La fontaine eft i�tu�e au pied d'une
montagne, fur le fommet de laquelle eft le phare de N�mes, connu fous le nom de la Tourmagne, Ce phare eft aui�� de con- ftruction grecque & de bas appareil. Selon les vertiges qui en relient, il �toit compof� de plul�eurs �tages en retraite, formant des rampes allez douces δι aiTez larges pour que les voitures y puiTent monter. L'opi- nion la plus commune eft qu'il fut con- firait pour fervir aux Romains de tr�for public, lorfquela mer �toit moins �loign�e de la plaine de N�mes. Adrien fit encore �riger en Gr�ce plu-
sieurs �difices : ceux qu'il f�t conftruire � Ath�nes^ou aux environs, paiferent pour les plus r�guliers de ceux qui furent �le- v�s par fo-s ordres dans toute l'�tendue de fon empire ; c'eft � Ath�nes qu'il f�t ache- ver le Temple c�l�bre de Jupiter Olym- pien ? dont nous avons parl�, |
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'6i In troductiojst'.
Sous Antonin (f) fut conilruit Ie ponfi
du Gard, deilin� � conduire les eaux du Rh�ne au r�fervoir de la fontaine & dans l'amphith��tre de N�mes : ce pont qui r�u- nit deux montagnes, entre lefquelles il eil contenu, eil compof� de trois rangs de vo�tes l'un fur l'autre ; fous les vo�tes du rang inf�rieur, paffe la rivi�re du Gardon. Le premier rang eil compof� de iix arches dont le diam�tre eil de cinquante-huit pieds. Chacune de leurs piles a 18 pieds d'�pai� feur fur quatre-vingt trois de hauteur. La longueur de ce premier rang eil de quatre cent trente-huit pieds ; les piles font pour- vues d'avant-becs du c�t� d'Amon. Onze arches de la m�me largeur que les premi�- res , forment le f�cond rang > elles font conilruites en retraite, & laiifent de chaque cot�, fur la largeur du premier pont, le pailage d'un homme � cheval 5 leurs piles font d'ailleurs arrondies par les angles juf� ques vers l'impoile , ce qui rend ce pailage encore plus libre. Le troiiieme rang eil de trente-cinq arches, dont le diam�tre eil d'environ dix-fept pieds, & celui de cha- que pile de cinq pieds & demi. Ces troii��-. |
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(�) Ce Prince, fucceffeur d'Adrien , mourut en 138^
il r�gna 3 � ans 3 & en avpit7jlQrfqu'ilmourut, |
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In troduction. (■>$
mes vo�tes foutiennent un aqueduc ; � cha-
cun des trois rangs la retomb�e des vo�tes eil ibutenue par des importes ; les voufloirs des arches font extradoi��s (g). |
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{g) On voit en Af�e pluf�eurs ponts qui ne font pas
moins �tonnants que ceux des Romains : on peut citer entr'autres le pont d'Hifpahan , nomm� en Ferfe, Aliver~ dichan , du nom de celui qui le fit conftruire. La Ion» gueur de ce pont, b�ti fur la rivi�re de Sandrud cil de jco pas , & fa largeur de 20 pas G�om�triques , fans y comprendre une galerie qui regne de chique c�t�. Les ponts les plus confid�rables qu'on voit en Europe,
ne f�auroient �tre compar�s � ceux qui fe voient � la Chine. Le grand pont Chinois , litu� entre la Capi- tale Fochcu & le Fauxbourg Naatai , eft d'une hauteur capable de lai/Ter paffer les navires � pleines voiles. Il eil compof� de cent arches, conrtruit de Pierres de taille, & termin� par une balurtrade dont les pi�deiLmx font orn�s de figures de lions en marbre. Fifchcr, liv. m�, plane, xin, xiv & xv. Le pont de Loyang, dans la Province So-Kien , eft
le plus furprenant dont les Voyageurs faffent mention ; il eft compof� de jod piles, jointes fans arcs. Ces piles font construites de blocs de marbre noir, chacune de 18 pas de longueur , de ζ de hauteur , &: de deux de lar- geur. Sept de ces blocs , joints enfemble fur leur largeur, forment celle du pont, termin� comme le pr�c�dent par une baluftrade orn�e fur fes pi�deftaux de figures de lion. On ne f�auroit trop admirer encore la hardieffe &
l'induftrie des Chinois , qui ont fu fe frayer , pour ainfi dire , une route au milieu des airs , pour aller du fommet d'une montagne � celui d'une autre ; ce qu'ils font par le moyen des ponts. Pour �viter les longs circuits des routes qui conduifent � la Capitale de la Province Xgufi , l'on a joint les fommets des deux montagnes, par un pont de trente ftades de longueur; ce pont eft foutenu, en partie par des poutres, & dans les endroits o� les vall�es font profondes, par des piliers |
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%4 Intro Ducti on;
Marc-Aurele (/z) fit �lever en l'honneur
d'Antonin, fon pr�d�ceiTeur, la colonne, appel�e Colonne Antonine, dont la plus grande partie fubi�ite encore aujourd'hui � Rome, L'�difice connu fous le nom de Thermes
de Dioct�tien (i), fut commenc� fous cet Empereur, continu� fous Maximien & ache- v� fous Conitanthi ( k 5 ces thermes ou bains �toient compof�s de plulleurs b�timents fpacieux qui font prefque tous ruin�s. La forme ext�rieure de l'�difice eil un paral- l�logramme d'environ foixante-treize toifes de longueur fur vingt-fept de profondeur : au milieu �toit un falon termin� en vo�te d'arr�t�, & foutenu par huit colonnes de granit d'une feule pi�ce, L'entablement, |
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d'une hauteur fi prodigieufe, qu'on ne paffe deffus qu'en
tremblant ; les c�t�s en font garantis par des appuis de fer ; quatre chevaux peuvent y marcher de front. Ces fortes de ponts font affez communs � la Chine j on leur donne pour bafe des cha�nes de fer , attach�es aux deux fommets : ils fervent pour les gens de pied, & pour les voitures l�g�res. ( h ) Ce Prince , apr�s avoir r�gn� 19 ans, mouru�
l'an 180, �g� de 59 ans. (i) Ce Prince, auquel fucc�derent Maximien 8ζ
Conftantin, r�gna 39 ans, & mourut l'an 313} �g� de 68 ans. (A) Ce Prince qui avoit r�gn� un an avec Li�inius,
demeura en 324 , feul ma�tre de l'Empire , dont ij transf�ra le Siege � Byfanc� en 330, ©� il mourut en 3 37, ainii
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Introduction. 6$
a�ni� que les bafes & les chapiteaux des
colonnes �toient de marbre blanc ; quatre de ces colonnes font d'ordre corinthien, & les quatre autres d'ordre compofitej l'entablement eil commun aux huit colon- nes. D'apr�s les anciennes fondations Ser- liu a de/��n� un plan de cet �difice ; ce plan, qui eil au cabinet du Roi, & le dei��n des thermes de Diocletien , font grav�s dans l'Architecture hiilorique de Fifcher. Ces thermes ou bains n'etoient pas les ieuls monuments consid�rables en ce genre 5 plu- i�eurs Auteurs pr�tendent que dans Rome i�ule il y avoit environ 800 bains publics, compofes de plui�eurs cours & de valres ap- partements. Lesplusiuperbes, dontquelques d�bris fe font encore admirer, iont ceux de Diocletien dont nous venons de parler, ceux de Paul - Emile & ceux de Titus. On voitauf�� en France quelques antiquit�s pareilles» comme � Arles, � Nim^s, &c. Les ruines des bains de Julien l'Apoitat ('), nomm�s aui�� le Palais des Thermes , fubi�ftent encore � Paris, rue de la Harpe, pr�s celle des Mathurins -, on ne peut douter que ce Palais n'ait ete deilin� dans /on origine � des bains, &; conilruit long- |
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ea ) Ce Prince mourut l'an 363, �g� de 37 ans , apr�s
«n avoir r�gn� 8. Tome Ι. Ε
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6$ Int ro du ct ι on.
temps avant Ie f�jour de Julien en cett�
Ville ; il y a m�me lieu de croire que cet �difice fut b�ti en m�me temps que l'an- cien Aqueduc d'Arcueil, deitin� � y con- duire fes eaux > ces deux monuments pa- roiifant de m�me ftyle & conftruits avec les m�mes mat�riaux (m). Nous avons dit, en parlant des Thermes
deDiocl�tien, que ce fut Conitantin qui les avoit achev�s : on verra bient�t qu'il avoit auffi fond� la premiere baillique de Saint Pierre � Rome. Rapportons � pr�- fent, � propos de cet Empereur, que peu de temps apr�s qu'il eut transf�r� le fiege de l'Empire � Bii�nce, nomm�e depuis Confiantinoplc , du nom de ce Prince, il y avoit conlacr� � la fageiTe de Dieu, fous le nom de Sainte Sophie, un Temple qui pr�c�demment avoit �t� deftin� aux Dieux du Paganifme., &; qu'un tremblement de terre ayant renverf� cet �difice, il l'avoit fait relever avec la plus grande magnificence. Sous l'Empire d'Arcadius, vers l'an 400, ce nouveau Temple fut prefqu'enti�rement r�duit en cendres dans la f�dition qu'oc- (m) En 17} 1 on trouva une des rigoles , refte des
d�bris de cet aqueduc. M. Geofroi, de l'Acad�mie des Sciences, apr�s avoir examin� le f�diment qu'on voyoit fur les parties lat�rales de cette rigole, calcula qu'elle pouvo�t avoir conduit 130 pouces d'eau au Palais d�* Thermes. |
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V
Introduct ι on. 67
cai�onna le z�le de Saint Jean Chrifoit�-
me. Ce monument �prouva encore le mcnie accident pendant la minorit� de Theodofe Je jeune, qui, dans la fuite., le f�t r�parer $ &c il fubfifta juiqu'� la cinqui�me ann�e de l'Empire de Juftinien, qu'il fut enti�- rement con/um� par les Hammes dans une autre fedition, troubles alors tr�s-fr�quents dans cet Empire. Juftinien qui aimoit les Lettres & Je$
Arts, & qui s'occupoit fans ceife � multi- plier dans Conftantinople les �difices d'u- tilit�, forma auffi le projet d'un Temple qui p�t furpaifer les plus ibmptueux mo- numents de ce genre , qu'eut fait �lever l'antiquit� pa�enne. Au rapport de Pro- cope, il en confia l'ex�cution � Arth�mius de Traies, & lui donna pour f�cond, I/�- dore de Milet. Les fondations de ce Tem- ple furent jet�es l'an 732 de notre Ere, & la cinqui�me ann�e de l'Empire de ce Prince. Vingt & un ans apr�s , Juftinien r�gnant encore, un tremblement de terre fit �crouler une partie de la coupole ; il en confia la r�paration � un f�cond Ifidore, neveu du premier, qui augmenta i� hau- teur de vingt pieds, & rendit i� forme un peu elliptique, de fph�rique qu'elle �toit. Cette Eglife, la merveille du fixieme fiecle, &. fur l'Ordonnance de laquelle les Arriftes Eij
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r6% 1"ν τ ro ό υ ct ι on.
font partag�s, fut conferv�e telle , jufqu'eri
1453 , o� Mahomet f�cond la convertit en mofqu�e, apr�s en avoir fait d�truire feu- lement tous les attributs du Chriiiianifme. D'apr�s le rapport de Procope , de Paul Je Silentiaire & m�me de l'Empereur Jufti- nien, cet �difice avoir �t� conitruit avec beaucoup de folidit� : on n'y employa , difent les deux premiers, ni chaux, ni mortier pour joindre les pierres & les briques enfemble ■■> on f�t ufage de plomb fondu verf� dans les interfbices, pour pro- curer � la ma�onnerie une confiftance tr�s- foJide cjui p�t la pr�ierver des fecouiTes auxquelles ces contr�es font fr�quemment expof�es, & qu'elle h'auroit pu acqu�rir par les mortiers ordinaires. Afin de pr�venir les incendies, il n'entra point de bois dans la conitruction des combles de ce Temple } il fut couvert par des tranches de marbre � recouvrement. La coupole fut conilruite de briques blanches, fpongieufes 5l �� l�g�res que cinq de ces briques �galoient � peine le poids de celles dont nous faifons ufage ; elles furent, dit-on, travaill�es par ordre de Juftinien dans l'�le de Rhodes. . L'int�rieur de cet �difice �toit orn� d'une infinit� de colonnes de marbres pr�cieux (/z), ; ( » ) Ces colonnes , au dire des connoilTe urs 4 fam
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Int R�DucT ι �isr. �$'
tels que ie porphire, Ie verd de Lac�d�-
mone & de TheiTalie, le granit orientai d'Egypte, &c. Toutes les murailles �toient auffi rev�tues de marbre �ncruil� d'agathe & de nacre de perle ; enfin , les vo�tes �toient peintes en mofa�ques fur des fonds d'or, magnificence �tonnante, mais ai�ez mal conferv�e par les fr�quents tremble- ments de terre qui ont forc� plus d'une fois d'y inf�rer des armatures de fer 5 on fut oblig� de faire la m�me chofe aux colonnes pr�cieufes dont nous venons de parler. N�anmoins malgr� la prodigalit� des
ornements r�pandus dans ce Temple , il n'en r�fulte gu�re qu'une merveille gothi- que (0); encore la plupart de nos ancien- nes Cath�drales font-elles plus varies que Sainte-Sophie : quelques-unes m�me ont: des tours & des clochers plus hardis que la coupole d'Ii�dore 5 en forte que ce mo- nument ne doit gu�re i� c�l�brit� qu'� |
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d'une proportion bien �loign�e des ordres cr��s par les.
Grecs & par les Romains ; les chapiteaux, pour la plu- part , font d'un go�t � bizarre, qu'on ne fait � quel ordre ces colonnes appartiennent. (0) Voyez les planches de ce monument, grav�es par
Grelot, &: celles inf�r�es dans le f�cond volume des Commentaires de Dom Banduri, qui donne de longueur � ce monument 260 pieds de l'occident � l'orient, & il3 de largeur du midi au nord. Eiij
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70 Introduction.
la hardieiT� de ion entreprife chez une na-
tion i� fujette aux r�volutions de la nature & � l'inconftance du gouvernement poli- tique. Il ferait difficile de fixer l'�poque de plu-
iieurs anciens monuments dont on voit au- jourd'hui des vertiges; tels font entr'autres l'amphith��tre, le th��tre & les ar�nes d'Ar- les. N�anmoins on pr�fume que l'amphi- th��tre fut conftruit par Tib�re > Q�elteur de Jules C�far, lorfqu'il �toit charg� de con- duire des Colonies dans les principales villes des Gaules ; il �toit rare en effet que les Romains en envoyaiTent dans des villes un peu renomm�es, fans y faire b�tir un amphith��tre : ce qu'ils faifoient dans l'intention de gagner le c�ur de leurs nouveaux fujets. L'amphith��tre d'Arles a p�lie pour un monument des plus remar- quables ; il �toit entour� de portiques � trois �tages, le premier Toican, le f�- cond Corinthien , & le troiiieme Attique. Sa circonf�rence, dans fa partie fup�rieure, �toit de cent quatre-vingt-quatorze toifes trois pieds. Le frontifpice avoit d�x-fept toifes de hauteur ; la place du milieu > appel�e Ar�ne, avoit du levant au cou- chant foixante-onze toifes trois pieds. PIu- fieurs Empereurs y firent c�l�brer des jeux magnifiques. |
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In t ro du ct ι ο it. fi
On n'eft gu�re mieux inftruit au fujet
de l'Auteur du th��tre d'Arles, que fur le temps de la conftrucKon de cet �difice > on fait feulement que Conftantin (ρ), fils de Conftantin le Grand, fejourna un hiver" entier dans cette ville, & qu'il y fit c�l�brer avec la plus grande magnificence les jeux du th��tre & ceux du cirque. L'empereur Gallus (q) avoit long-temps auparavant- fait aufl� repr�fenter � Arles les m�mes jeux ; Saint Hilaire ayant depuis rempli le Siege de cette ville, en 419 , le th��tre fut d�pouill� de fes plus beaux ornements > on acheva de le d�truire durant les guerres fanglantes que les habitants eurent � fou- tenir contre les Goths &c les Francs. Ceux d'Arles, qui trouvoient dans ce mo- nument des pierres toutes taill�es, & pro- pres � fermer les br�ches faites � leurs murailles, les employ�rent � cet ufage. Le diam�tre de ce Th��tre �toit de 50 toifes. La conitruction des Ar�nes d'Arles eil poft�rieure � la conqu�te des Gaules par Jules-C�far ; elles font fitu�es pr�s des murs de la ville du c�t� du midi : les �difices, qui les entouraient �toient b�tis de gros quartiers de pierre grife de fix, dix& douze |
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(p) Ce Prince mourut en 340^ �g� de 2j ans.
{}) Mon en 153. Eiv
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7* Introduction.
pieds de largeur. Cette pierre tient de la
nature du marbre bejard. Le plan des Ar�nes eft une ellipfe dont les diam�tres font de 50 &. 65 toifes. Le peuple pouvoits'y ra� �embler au nombre deieize�dix iept mille perfonnes ; la fa�ade int�rieure a de hauteur 1 1 toifes ; elle eft d�cor�e de deux ordres �lev�s les uns fur les autres, &. dont les colonnes font engag�es d'un tiers: chacun de ces ordres forme un rang de portiques» compof� de foixante arcades ; l'ordre fup�- rieur eft furmont� d'un focle portant des encorbellements qui re�oivent des poteaux � mouffles. On attachoit � ces poteaux la tente qui couvroit l'Ar�ne. Autour de I'attique regne un trottoir large de cinq pieds. De ce trottoir, qui iervoit de chemin aux ouvriers , on defcendoit au pallium par trente-trois rangs de gradins, iervant de fieges pour le peuple. La ftructure de ce monument en g�n�ral �toit grof���re- menttrait�e, fans moulures, δ: feulement chanfrain�e ; l'int�ri jur de l'Ar�ne �toit ferm� d'un mur de 9 pieds de hauteur , au- tour duquel r�gnoit un grand pallier. C'eft fur ce pallier qu'ctoient les i��ges r�f�rv�s pour les S�nateurs ; entre le mur d'enceinte de r*Ar�ne, & le portique int�rieur , on voit encore des vo�tes qui �toient defti- nees � renfermer les b�tes f�roces. Au centre |
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Introduction. 75
<�e l'Ar�ne �toit un Autel o� fe faifoient
les facrif�ces avant & apr�s les jeux publics. La plus grande partie des gradins de cet �difice eft d�molie, & fa fa�ade enterr�e de 8 � 9 pieds fous le pav� de la Ville. Aujourd'hui l'Ar�ne eil couverte de mai- fons d'Artifans, qui forment deux rues, � la rencontre defquelles eil une place. On pr�tend que Charles Martel (r) contribua beaucoup � la deilruclion de ce monu- ment , lorfqu'il f�t mettre le feu � la ville de N�mes, o� s'�toient fortifi�s les Sarra- zins qu'il pourfuivoit. Malgr� le ravage caul� par cet incendie , on voit encore plui�eurs bas� reliefs antiques , o� font re- �>r�i�nt�s un combat de Gladiateurs, une
ouve allaitant R�mus &RomuIus, & quel- ques Divinit�s du Paganiime. Aux combats de Gladiateurs qui fe II-
vroient fur les Ar�nes, les Romains vou- lurent joindre la repr�fentation des combats de mer : les ouvrages qu'ils firent �lever dans ce genre, ne contribu�rent pas moins � manifeiler la grandeur de ce Peuple ; ils creuferent des lacs, les remplirent d'eau , |
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( r ) Charles Martel, fils de P�pin H�nfial, comman-
doit les arm�es Fran�oifes, fous le r�gne de Chilp�ric II, $c mourut en 741. |
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74 In t ro du ct ι on.
&L les entour�rent de portiques & d'amphi-
th��tres auff� commodes pour les fpeclateurs, que magnifiques par leur ftructures : l� on faifoit combattre des vahTeaux les uns conj tre les autres. Jules-G�far fut le premier qui donna au peuple Romain le Spectacle «l'uneNaumachie.. Les appr�ts d'une pareille f�te excit�rent il fort la curioi�t� , qu'il fallut loger fous des tentes les �trangers qui arrivoient en foule de toute part. La naumachie de l'Empereur Claude fe fit vers l'an 50, fur le lac Fucien. On vit com- battre deux flottes, l'une de Sicile, l'autre de Rhodes, chacune de cinquante gal�res � trois ou quatre rangs de rames ; elles contenoient pluf�eurs milliers de combat- tants , parmi lefquels �toient des hommes condamn�s � mort. Un triton fortant du fond de l'eau , & m� par une machine hy- draulique, fonna du cornet pour donner le iignal du combat. Pour augmenter l'hor- reur de ces fortes de batailles , qui ne lahToient pas d'�tre ianglantes, N�ron y m�la des monflres marins, d'une grandeur prodigieufe. La naumachie de Domitien, f�lon Su�tone , a �t� regard�e comme une des plus grandes entreprifes qu'on ait jamais con�ues : on creui�, dit-il, un lac fi conf�- d�rable, qu'on pouvoit y ranger aif�ment des flottes enti�res. Ce lac �toit aui�i en~ |
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Introduction. 77
tour� de portiques. On,voit dans l'Archi-
tecture hiitorique de Fifcher , la nauma- chie de Domitien, grav�e d'apr�s une an- cienne m�daille. Tant de vaites monuments , tant de
grands �difices, d'ouvrages c�l�bres, fruits du luxe & de l'induilrie de cette Nation �florillante , contribu�rent � former des Artiftes du premier ordre. D'ailleurs les c�r�monies pompeufes de la Religion des Romains , la foule d'Etrangers qu'atti- roient leurs F�tes folennelles, la n�cei��t� de conftruire de vaftes �difices pour contenir la multitude des fpectateurs qui affiftoient aux combats des athl�tes , & aux autres jeux du cirque , furent autant de caufes qui concoururent aux progr�s de l'Architecture ; de-l� ces monuments admirables dont les veftiges nous �tonnent encore. Mais enfuite l'Architecture �prouva les
m�mes revers, qui diviierent & d�truifirent l'Empire Romain -, elle devint la proie de la licence δι du mauvais gout. Elle demeura plong�edanscet �tatd'abaiiTement, durant tout l'intervalle que la grandeur de Rome fut �clipf�e , & ne fe releva que lorfque cette fuperbe Ville fut devenue la Capitale du monde Chr�tien 5 en forte que l'on peut dire avec le P�re Montfaucon , que la belle |
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η& In τ ρ, ο nu ct ι ο ir'.
antiquit� a prefque difparu fous le r�gna
de Th�odofe le jeune, qui monta fur le tr�ne vers l'an 450. Ce fut lui qui f�t �lever � Conflaminople la colonne appel�e Th�odoi�enne, charg�e des troph�es de fon a�eul, & o� l'on a long-temps remarqu� Iqs traces de l'ancienne fculpture, qui d�s- lors �toit d�j� d�g�n�r�e de fa perfection. Ce fut vers ce temps , que les peuples du Nord, qui vinrent inonder l'Empire, y d�truii�rent les monuments du g�nie : tous les Arts, & particuli�rement l'Architecture, la Sculpture & la Peinture , tomb�rent dans l'oubli , & reli�rent envelopp�s de t�n�bres, fans que les Artiites fongeai��nt � fe rappeler la fplendeur de ceux qui hs avoient pr�c�d�s 5 en forte que les chefs d'�uvre qu'on a vu �clore depuis , ne doivent leur perfection qu'� ce qui a pu �chapper , �c aux injures du temps, & aux infultes de ces Peuples f�roces, qui n'avoient pour la plupart, nul go�t pour tout ce que les Arts avoient invent� de plus excel- lent (s). Les grotefques prirent alors fa.- (s) Malgr� cette obfervat�on s il faut avouer qu'on
doit � ces peuples beaucoup d'inventions inconnues juf- ψιά lors ; de ce nombre font les moulins � vent & � eau , les lunettes, les vitres , la bouflole , l'imprimerie,. Sec. d�couvertes qu'on n'a pu perfectionner que depuis que les Arts ont repris tout leur luftre, |
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iNTRonucTioN. 77
veur en Italie 5 hs Arriite's de cette Nation
emprunt�rent de l'Egypte des fecours pour enrichir leurs compoi�tions , qui par - l� devinrent beaucoup moins eilimables, que lorfqu'ils hs avoient puif�s originairement chez les Grecs. A juger de ces ornements par le rec�uil des Peintures d'Hercula- num , rien n'eft � biiarre que la plupart de �s productions 3 dks reiTemblent aux arabefques dont on a fait tant d'ufage en France avec auifi peu de raifon. On remar- que dans les unes comme dans les autres , <^Qs baldaquins �lanc�s dans hs airs , & foutenus par de frcles colonnes j on y voit des monftres ferpentants autour de foibles rofeaux , des plans fans r�gularit� , des conftrudions fans apparence de folidit�, des ornements fans choix & fans dimeniion \ imitations, pour la plupart, des ouvrages des Chinois : 'Peuples qui, f�lon M. l'Abb� Barth�lemi, a re�u plufieurs ufages des �gyptiens, chez leiquels l'art n'�coit ni fixe m ioumis � la f�v�rit� des regies 3 aui�� voyons-nous qu'ils s'�toient abandonn�s � tous les genres de licences, depuis fur~tout que la fervitude eut avili ces, hommes, au- trefois i� recommandables ( t ). |
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lciv} ilnfr bon d.e remarSuer ^ue Μ� rAbb� Barth�-
«my, aans ion explicatif de la raofaiejue de Paleftrine # |
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η% �NTRonucTionl
Les Gotlis , les Francs , les Huns, le$
/Vandales &c les autres Peuples qui fortirenc des extr�mit�s du Nord , ayant fubjugu� δί partag� entr'eux ce ν aile empire, fe firent un barbare plaifir de d�truire ou de mutiler tous les monuments de fa fplendeur 5 aini� fu- rent ruin�s la plupart des �difices dont nous venons de parler : il n'en feroit pas m�me refl� les moindres,veiHges, fi quelques-uns de leurs Rois, �pris de l'amour des Beaux- Arts, n'euiTent ordonn� qu'on r�tabl�t dans Rome de dans les Provinces voif�nes, les monuments endommag�s, & qu'on raiTem- bl�t les d�bris de ceux qui ne pouvoient fe r�parer, Tel fut entr'autres Th�odoric, Roi des Oftrogoths. Ce Prince non-feule^ ment d�fendit qu'on ruin�t les anciens monuments , plus qu'ils ne l'�toient d�j�, mais encore il fit mettre en �uvre hs d�- bris de ceux qu'on ne pouyoit reifcaurer. La plupart de ces d�bris furent employ�s � Ravenne, ou fut �lev� un Temple fom- ptueux, appel� la Bafilique d'Hercule. Ce Temple fut orn� d'antiques fragments de marbre qu'on y apporta de toutes parts , |
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ne propofe cette reffemblance entre les grotefques d'Italie
& les produ&ions �quivoques des Chinois, que comme un foup�on, fans l'adopter, dit-il, ni le combattre ni l'approfondir, |
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Introduction. f, 79
& confirait fur les deifins de l'Architecte
Daniel, dont Caffiodore loue l'induftrie dans l'aiTemblage de ces diff�rents com^� partiments. Th�odoric fit auffi �lever de r�tablir � Rome plui�eurs �difices donc il confia le foin � l'Architecte Alo�f�us. Athalaric («■}.-, fucceiTeur de Th�odoric, ne fe diftingua pas moins que fon a�eul, par la protection qu'il accorda aux Beaux- Arts. Le go�t de l'Architecture, loin d'�tre
renferm� dans les bornes de l'Italie y fe manifeita dans plui�eurs autres contr�es de l'Europe ; Arthur (x) , qui r�gnoit dans les Iles Britanniques , y fit conitruire des Temples &: d'autres Edifices confid�rables. * Alors on vit s'�lever en France quantit� d'Egiifes que Clovis, Childebert, Clota�re &c Dagobert (y), firent contraire en diver- �qs Villes du Royaume. |
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( u ) Ce Prince monta fur le tr�ne en f 16 i & mourus
en 534. ( χ ) On n'eft pas bien certain qu'un Prince de ce
nom ait r�gn� dans la grande Bretagne j mais les monu- ments dont nous parlons y exiftent ; & cela fuffiro�t � THiftoire de l'Architecture 3 fi Ton ne devoit, autant qu3� eft poifible, y exprimer les dates. (y) L'Hiftoire de France eft trop connue de la plus
part de nos Leiteurs, pour que nous croyons devqif fixer' les ann�es de l'inauguration & 4e h mop de «hacun m nos Rois. |
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«
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So Introduction.
Les autres Puiifances de l'Europe , �C
fur-tout les Princes & hs R�publiques d'Ita- lie , i�ivirent l'exemple de ces Monarques, favoriferent l'Arcliiteclure , & i�gnalerenc leur gouvernement par des �difices publics �c particuliers. Mais nul Prince ne contribua, autant que
le reilaurateur de l'Empire d'Occident ? � relever la gloire des Arts & particuli�- rement de l'Architecture. La France, l'Alle- magne δι l'Italie , confervent encore de pr�cieux relies des �difices.que CKariema- gne fit �lever. Un des monuments qui ont Je plus fignal� le go�t-de cet Empereur , c'eil l'Eglife qu'il fit conitruire � Aix, apr�s avoir clioii� cette Ville pour la Capitale de ion Empire. Ce Prince y fit �lever cette magnifique Egl�ie , qui a donn� � la Ville le,'iurnom de la Chapelle. Louis le D�bonnaire , fon fils, ne la��a
pas d'avoir auffi du go�t pour l'Architec- ture. Sous fon regne fut commenc�e l'Eglife Cath�drale de Reims , qui n�anmoins ne fut achev�e que durant TEpifcopat d'Hinc- mar j cette Eglife peut �tre regard�e comme un des plus beaux monuments gothiques,: "mais les guerres civiles qui defolerent la "France fur la fin de fon regne, & fous celui de quelques-uns de fes Succeifeurs, retard�- rent confid�rablement les .progr�s de l'Are, Dans
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Τ Λ O J> V C Τ Ι Ο Ν. Si
Dans cet intervalle les Normands ? les
Danois &; les Sarrazins d�truifirent la plu- part des Eglifes &c des Palais dont la France «toit orn�e. Ce ne fut .gu�re que ions �e -regne de Charles le Chauve & de Robert qu'on vit r�tablir quelques-uns de ces �di- fices; alors ces Princes ranim�rent mi Art dont le go�t �toit change depuis la d�ca- dence de l'Empire Romain. Ce fut fous le regne de Robert-,' _&. pendant PEpi-ico- pat de .Fulbert, que rut b�tie -l'Egli�e de Chartres, telle-qu'on .la voit .aujourd'hui. Les Gots en s'adonnant� l'Architecture,
/ent�rent peu les beaut�s de celle des Grecs &c des Romains. Sortis des r�gions du Nord, o� la n�ceffit� les avoir accoutum�s .� fe pr�cautionner contre le ravage �ts torrents, les rigueurs du froid , & �'irap�tuof�t� des vents j ils apport�rent dans des climats plus temp�r�s, les m�me id�es que leurs beioins leur «avoient fait concevoir : ils les re�li��- rent � la v�rit� fur les mod�les des �difice-/ Romains ; mais ces mod�les �toieat d�ja: �loign�s del� perfection de ceux �lev�s fous les r�gnes des C�fars. Depuis S�v�re, l'Ar- chitecture avoit fort d�g�n�r� : auffi vit-on chez les Gots , la prodigalit� des orne- ments ^ ilicc�der � la implicite noble �c majeilueufe des anciens monuments | ils s'�loign�rent m�me des proportions. h% Tome �, E |
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§2 INTRODUCTION.
hauteur exceffive de leurs colonnes n'avo�t
nul rapport avec leurs diam�tres. Au-lieu d'imiter le tronc des arbres , ils n'en imi- t�rent que les branches $ en un mot, les Archite&es Gots firent confifter leur induf trie � �lever des �difices folides � la v�rit�, mais plus �tonnants que r�guliers : ainil furent b�ties la plupart de leurs Egliies, �que nous voyons encore. N�anmoins quel- ques-unes font conftruites avec tant de har- diefle, qu'on ne peut leur refufer une forte d'admiration. UArchite�hire �toit livr�e aux incerti-
tudes & en proie � la licence des Archi- tectes Gots, lorfque le onzi�me fiecle vit na�tre un nouveau genre d'Architedure gothique. Les fciences floriifoient depuis long-temps chez les Maures , ou Arabes > ils avoient fait des progr�s dans la Philofo- phie , dans les Math�matiques, dans la Chimie & dans la M�decine. Devenus ma�tres de TEipagne , ils y apport�rent ces diverfes fciences qui fe r�pandirent bient�t dans tout le refte de l'Europe. On lut leurs Auteurs , on imita les �difices conftruits dans le pays o� ils venoient de s'�tablir*, & Ρ Architecture fe rei�entit du g�nie qui dominoit dans leurs productions* L'Ar�hite&ure gothique ? proprement dite, |
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Introduction. ffy
�tok maff�ve &: pefante j la moderne , donc
nous parlons , fut peut-�tre trop l�gere , trop d�licate & trop charg�e d'ornements inutiles & de mauvais gout 3 elle cr�a, � la v�rit� , des chers-d'oeuvre d'un nouveau genre 5 mais la Sculpture � laquelle elle pr�- i�doit aurl�, ne montroit que fa foiblei�e & l'ignorance de fes Artiites. Un nombre coni�d�rable de Temples , de Palais S� de Ch�teaux furent confirmes dans le go�t morefque. Alors Philippe-Auguile fie agrandir Paris �c y f�t ajouter des embeJiiiI�- ments. Sous fon regne Thomas de Cormont & Robert de Luzarche firent b�tir i'�gliie cath�drale d'Amiens, dont la longueur eft de 60 toifes ihr 22 toifes de hauteur5 puis on vit s'�lever � Reims l'Eglife de S. Ni- caife, conftru�te fur les dei��ns de Hugues Libergier. �111351 Jean de Chelles acheva la conftrucHon de l'Eglife Cath�drale de Paris, commenc�e du temps de Charle- magne. Apr�s fon retour de la terre Sainte, S. Louis r�t �lever fur les dei��ns de Pierre de Montreau, la Sainte-Chapelle de Paris i celiede Vincennes., ainf� que le R�fectoire, le Dortoir ? le Chapitre & la Chapelle Notre-Dame , qui font dans le Monaf�ere de Saint-Germain-des-Pr�s. Ce Prince char- gea Eudes de Montreuil de conftruir� plu- fieurs autres �difices, tels que le Val des Fij *
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$4 Introduction.
Ecoliers , aujourd'hui la Culture Sainte^
Catherine, PH�tel-Dieu, Sainte-Croix de la Bretonnerie, les Blancs-Manteaux, les Quinze-Vingts, &. les Eglifes des Mathurins, dts Chartreux & dts Cordel�ers de Paris ({). Cet Architecte avoit accompagn� faint Louis � la Terre-Sainte, o� il avoit fortifi� le Port &. la ville de Jopp�. JoiTe�in de Courvault, ing�nieur de iaint Louis, qui avoit auff� fait le voyage d'Outremer, eut la conduite de plufieurs autres Monafteres. Il femble n�anmoins qu'en b�tii�ant dans le genre de l'Archke&ure Morefque , on n'e�t pas d� imiter ce qui convient plus a dts climats chauds , qu'� dits climats temp�r�s s cette Architecture , qu'on a de- puis appel�e gothique moderne , r�gna en France �c en Italie, jufqu'au Pontificat, de L�on X. La fondation de la Baiilique de S, Pierre
de Rome fut l'�poque de la renaiiTancc de la belle Architecture ? monument c�l�- bre y & qui en furpai�ant ceux de la Gr�ce 6c de l'ancienne Rome , devoir confirmer les merveilles publi�es au fujet du Temple de Diane � Eph�fe , �c de Jupiter Olym- pien � Ath�nes. Excit�s � donner les de� |
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(t) Voyz% Thev�ta vie des Hom. Illuftres liv. a.
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Introduction. fi
fins d'un Temple plus vaite & plus beau;
que celui qu'avo�t fond� le premier Empe- reur Chr�tien, les Architectes d'Italie, Ce virent oblig�s de puifer dans la fource du vrai beau 5'ils la trouv�rent dans les mod�les Grecs, & dans ceux que leur avok anciennement offerts leur Patrie. Les hom# mes de g�nie parurent enflamm�s du d�i�i? de tranimettre leur nom � la poit�rit� , avec celui de ce fuperbe �difice. Du fein des t�n�bres de l'ignorance on v�t donc fort�r des Artiites fubl�mes, qui rendirent � l'Ar- chitecture, � la Sculpture & � la Peinture, la perfection que ces Arts avoient perdue, depuis tant de liecles, Ainii le feizieme iiec�e fut celui du re-*
nouvellement des Arts en Italie. Pendant que le Nord , l'Allemagne, l'Angleterre�c: la France en proie � des guerres de Reli- gion , n�gligeoient l'Architecture, elle �le-« voit des prodiges � Rome & dans la plus! grande partie des Provinces de cet Empire., Dix Papes de fuite contribu�rent fans Inter- ruption � l'ach�vement de la Baiil�que de S. Pierre > le g�nie fembloit alors apparte- nir � ce Peuple, a�nii qu'il avoir �t� le par* tage de celui de la Gr�ce. Conftant�n avok y comme nous avons die.
ordonn� la conitrudion de l'ancienne Bali-, lique de Saint Pierre, Ce Temple, fe�on Fii]
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U Introbvction.
les plans qui nous en reffcent, �tok C�m-
pof� de cinq nefs , dont les vo�tes �toienc �butenucs par cent colonnes d'ordre Co- rinthien. On y arrivo�t par une grande place quarr�e qu'entouroient de vaftes p�- ryitiles. Le PapeNkoias V (a),voyant que ce monument touchoit � fa ruine, con�ut le deifein de faire �lever une nouvelle Egli- i�, dont la magnificence furpai�at celle de l'ancienne Baiilique. Il confia le foin de travailler aux deffins du nouveau monu- ment � Bernard RoiTelin&: � L�on-Baptifte Alberti. Ce dernier voulant fe pr�parer � l'ex�cution de ce grand projet, entreprit d'abord la conitru&ion d'une vaux tribune au chevet de l'ancienne Bai�lique , �c fit d�molir pour cet effet le temple de Probus, i�tu� pr�s du m�me chevet $ mais la tri- bune n'avoit encore de hauteur que trois coud�es , lorfqu'Alberti mourut �> le Pape JJNlcolas V le fuivit de pr�s au tombeau. Ce pape n'ayant pu voir ex�cuter les d�f- inis d'Alberti, Jules II, un de fes fuccef- jfeurs j pofa la premiere pierre de l'�difice. Apr�s avoir charg� les plus habiles Archi- tectes de l'Italie d'un projet du nouveau Temple, il pr�f�ra ceux du Bramante. Ce-» (a) Mort en 145/.
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Introduction'. %�?
�rendant Michel-Ange Buonaroti, nouvel-
ement arriv� � Rome , ofa bl�mer haute- ment ces dei�ins. Pour acc�l�rer la con- itruction de la nouvelle Eglife 3 le Bramante avoit fait brifer les colonnes de Con� tantin * Michel-Ange pr�tendit qu'on au- roit pu coni�rver &c employer ces colonnes. N�anmoins le Bramante fit �lever en peu de temps l'�difice jufqu'� l'entablement des principaux piliers (b). ■' L�on X, fucceileur de Jules II, donna tous
fes foins au nouveau monument, il en char- gea Julien de S. Gai, le fr�re Joyeux V�roneie Dominicain, & Je c�l�bre Rapha�l d'Ur- bain , qui avoit appris l'Architecture du Bramante ( c ). D�j� ce Pontife d�iefp�roit de voir l'ex�cution enti�re des deffins da Bramante, lorfque Balcliazar P�rui�us lui confeilla de faire plui�eurs changements � {es projets j cet Architecte pr�tendant que le plan du Bramante �toit d�fectueux quant � la folidit�. Il confervoit n�anmoins le |
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(b) II �toit occup� � compofer fes cintres de char-
pente pour foutenir les vo�tes 3 lorfqu'il mourut ert 1JI4, & fa mort ven'oit d'�tre pr�c�d�e de celle de Jules II. V ( c) Peu de temps apr�s, Julien & le Fr�re V�ronef�
abandonn�rent le f�jour de Rome ; le premier mourut � Florence en 15175 fa mort fut fui vie de celle de Ra^ |>hael en 1520» Fiv
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S� Introduction.
grand d�me : ma�s il donnoit � l'�difice
une forme quarr�e au lieu de la forme rec-^ tangulaire que Je Bramante lui avoit ai�i- gn�e : dans ces circonilances L�on X mourut en 15 h. Adrien VI ne lui furv�cut que d'un an:
|es troubles dont fut agit� le Pontificat de Clement VII (d) ne lui permirent pas de s'occuper de cette entreprii�. Paul III fit �clater fa magnificence par les embeliii�e-' ments que re�ut la Capitale de fes Etats � &c t�moigna beaucoup de z�le pour la eonftruclion de la nouvelle Bai��ique 3 alors Antoine de Saint-Gai, fils de Julien, ima- gina un plan encore plus vaite que celui de P�rui�us (e). ; A ces deux Artiftes fucc�da M�chel-Ange,
qui ne fe chargea n�anmoins de cette en- treprife qu'avec beaucoup de peines car �� trouvoit leurs deii�ns d'un go�t gothique & pr�voyoit que l'ex�cution en feroit trop longue & la d�penfe immenfe : il pr�tendoic ..(T.�..-. ■ ■ . ■ \. _ . r,,-. ■
(i) Ce Pontife r�gna dix ans ; il mourut en 1/34»
Le regne de Paul III, fon fuccef�eur , fut encore plus long > il dura jufqu'en 1549. (e) Selon le ■ fils de Julien de Sa�nt-Gal? TEglife
auroit eu de longueur 3 mille quarante palmes , & trois, cent foixante palmes de largeur. Antoine de Saint-Gai expofa en public un modele en bois ; il avo�t pour Ai�bci� dans cette entreprife 3 Laurent Florentin 3 connut fous Je nom de Lauren^et > celui-ci mourut en j 541 3 8c Antoine de Saint-Gai en 1546. - |
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Ι ν τ R o nu er 'j^E�M §�
�u contraire que fans trop s'�loigner des dei��ns du Bramante, on pouvoit �lever un' Temple beaucoup plus r�gulier : ce qu'il prouva par un modele moins �tendu | mais d'une forme plus agr�able & qui of- froit un meilleur choix dans les ornements*- Le nouveau modele plut i� fort � Paul III que ce Pontife accorda � Michel'-Ange la direction enti�re du monument, avec pou- voir d'�lever ou d'abattre � fa volont�, 6c d'employer tel nombre d'ouvriers qu'il ju- geroit convenable^ mais � peine cet excel- lent Artifte eut-il fait travailler l'efpace de trois ann�es, � la conftrudion de cet �di- fice, que la mort enleva Paul III. Jules III lui ayant fucc�d�, Michel-Ange demeura expof� aux traits de l'envie. N�anmoins le nouveau Pontife lui conferva la place que fon pr�d�ceifeur lui avoir confi�e. Peu de temps apr�s Jules III mourut ( �) j le Pon- tificat de Marcel II, qui lui fucc�da, eut encore moins de dur�es Paul IVfut �lu pour lui fucc�der 3 alors Michel-Ange eut � eifuyer de nouveaux chagrins 5 d'autres obf- tacles lui furent oppof�s, mais il fut hab�- |
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(�) Jules III, n'avoit occup� le faim. Siege que �
ans; Marcel II, fon fucceifeur, ne l'occupa qu'un an, faul IV-, ^qui vint enfuite, r�gna 3 ans, & mourut ea |
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'$� / jv τ RO i> ύ c:.t ι ο jv\
�ement les furmonter > depuis long-temps
il m�ditoit la conftruct�ondud�me^tel qu'on le voit aujourd'hui s le modele achev� , ce Frojet fut univerfellement approuv�, mais
ex�cution en fut retard�e par la mort de Paul IV. A ce Pontife fucc�da Pie IV, qui t�moigna beaucoup d'afFedion � Michel- Ange y & renouvela les brefs que lui avoientr accord�s fes pr�d�ceiTeurs. ; D�j� s'etoient �coul�s d�x-feρt ans, du- rant lefquels Michel-Ange n'avoit ceiT� de s'occuper de ce monument , lorfque la: calomnie chercha de nouveau � le traverfer» Le Pontife lui rendit juftice & punit f�-* verement fes ennemis ; mais Ces travaux p�nibles, joints aux ennuis �caux chagrins qu'il avoit �prouv�s, femblerent h�ter la fnde les jours (g ). A la place de l'Art�fte qu'on venoit de
perdre, Pie IV, nomma Piro Ligofio �c Jacques Βaro^io^ plus connu fous le nom de Vig�iole \9 �c leur recommanda tr�s - ex- preilement de ne point s'�carter des def- ��ns de Michel-Ange. Pie V (g), fon fuccei�eur , renouvela la m�me d�fenfe. Cependant Ligorio ayant voulu innover, le |
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(g) Cet Artifte mourut le 17 F�vrier 1564.
i t�> Pif iy S Pie V r�gn�rent 13 ans, Tun 6 8�
ι autre 75 le dernier mourut en 1/71, |
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In τ Ro du er τ ο ν. $i
Pontife ordonna qu'on abat�t les ouvrages
que cet Archke&e avoit fait conftruire $ &: chargea Vignole feul de la direction enti�re de l'�difice. Ce dernier y travailla l'efpace de neuf ann�es, s'attachant plus aux dehors du Temple qu'� la conilruciion du grand d�me. Pie V> peu tranquille � caule des armements de S��im,Empereur des Turcs, s'occupa uniquement du foin de faire �chouer hs projets de fon ennemi. Durant fon Pontificat la coriftru��on de ce Temple^ connu aui�i fous le nom d'Eglife du Vatican, fut fort n�glig�e. Gr�goireXII� (i) ayant fucc�d� � Pie V, Jacques de la Porte fut nomm� � la place de Vignole, dont il avoit �t� Difcipie : l'Egliie fut enfin couverte* on y ajouta des Chapelles, elle fut orn�e de peinture & de fculpture > mais le grand d�me �to�t reft� imparfait. Il �toit r�ferv� � Sixte-Quint (k) de furpaifer , dans l'efpace de cinq ans, la magnificence des C�fars > ce Pontiiice fit travailler fix cents Ouvriers nuit & jours pendant vingt-deux mois. En 1590 le. d�me fut enti�rement conitruit ? on le rev�tit enfuite de plomb, il fut orn� |
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(i) Gr�goire XIII fucc�da � Pie Ven 157z, &
fnourut en ijgj. " (A) Ce Pape c�l�bre par le bien & le mal qu'il ft'
tajit, mourut en ijoo. |
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ψΕ In tr� ou cf ι ο νΊ
fous Urbain VII (/) de c�tes de m�tai
dor�. Sous Cl�ment VIII la lanterne com4 pof�e par Michel - Ange , fut ex�cut�e &L perfectionn�e par Jacques de la Porte 5 eiir fuite Paul V fit prolonger l'Eglife fur les dei��ns de Charles Mad�rus, $c conitruire le portail fur ceux de Michel-Ange. Tous ces ouvrages furent achev�s en 1614.
Urbain VIII, Innocent X, Alexandre VII �c plui�eurs autres Papes enrichirent ce Temple de nouvelles chapelles y de f�puk tures, de tombeaux &: d'autres embelJii��- ments , qui furent faits fur les dei�ins des plus fameux Artiiles d'Italie .� ce qui a rendu ce monument le plus c�l�bre de toute la chr�tient�. Enfin , ce fut encore Alexani4 dre VII qui fit conilruire , fur les deifins du Cavalier Bernin , cette belle place ,- entour�e d'une fuperbe colonnade qui donne entr�e � ce Temple &: au Palais du: Vatican (m). -------------------------------------------------,-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
(/) Urbain VII r�gna tr�s - peu j il mourut'l'ann�e i[
m�me de fon exaltation. Les Papes dont il nous refte �parlerr'ne fe fucc�derent pas imm�diatement j nous n'in- diquerons pas ici les dates de leurs r�gnes , ces dates D'�tant pas n�ceifaires commeT�toient les pr�c�dentes � pour marquer les progr�s de la conftruc�on de l'Eglife 4e Saint-Pierre. (m) Ce Temple a de longueur dans �uvre, felon-
ie Chevalier Foritana', 102 toifes & demie j fa hauteur ious clef, eit de 51 toifes 2. pieds ; la largeur de.1%- |
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ϊ Ν Τ R Ο Ώ U C Τ ϊ Ο Ν. $$
ήΐ Telle eil � peu-pr�s 1'hiitoire abr�g�e de
ce monument, qui m�rite une attention particuliere , pouvant �tre regard� non- feulement comme un enfemble de perfec- tions, mais encore comme les chefs-d'�uvre des talents immortels d'un grand nombre d'Architectes c�l�bres, &; de tant d'autres excellents Artiiles que Rome a vu na�tre dans fon fein. L'Angleterre , ayant embraif� le chriilia-
nifme , ne voulut pas que le compagnon des travaux �vang�liques de S. Pierre fut moins honor� que ce Prince �^s Ap�tres. Londres fit �lever fur les ruines d'un an- cien Temple de Diane une cath�drale en |
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nef eft de 13 toifes & demie, & fa hauteur fous clef
de 2ζ toifes & demie. Le frontifpice a de largeur fa toifes 2 pieds hors �uvre 3 & a de hauteur 67 toifes 2 pieds, en y comprenant la Croix plac�e fur le d�me 5 ee qui revient au double des tours de Notre-Dame de Paris : le diam�tre des colonnes du frontifpice eft de 8 pieds 2 pouces , & celui de celles de la colonnade qui entoure la place, eft de 4 pieds 2 pouces. Le Chevalier Fontana nous donne aui�i une notice des
fommes auxquelles fe font mont�es les d�penfes de la conftru�lion de ce Temple: elle montoit, dit-il 3 en 1614 a la fomme de quarante-fix millions huit cent mille quatre cent quatre*- vingt - dix - huit �cus Romains , valants , monnoie de France , deux cent quatre millions cinq cent foixante quatorze mille deux cents livres ; encore dans cette fomme .ne font compris ni les frais des mod�les ni le prix de la d�molition des murs abattus pour donner s, la Bafilique fa forme a&uelle , ni m�me le prix dij. |
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f4 ΙΝ TR O DU CT I O Ν,
l'honneur de Saint Paul , qui, par fa grari-^
deur , ne le c�de qu'� la Bai�lique de Rome. Erkinvald, quatri�me Ev�que de Londres, en 67^, employa des fonds imrnenfes � rembeililfement de cette premiere Eg�fe qui fut r�duite en cendre en r 221, fous Guillaume le conqu�rant. Maurice dixi�me Ev�que de la m�me ville , entrepr�t d'en faire confiai ire une f�conde digne, par ia magnificence , du culte auquel elle d�voie �tre confacr�e , & il la f�t �lever fur les m�mes fondations. La. charpente & le clo- cher de celle-ci , furent confum�es au milieu du feizieme fiecle s apr�s cet acci- dent δι pendant qu'on travailloit � le r�- parer, tout ce monument fut encore br�l� ,,�»-�-------------�-----------------------------------------------�y�------------------------------------------------------------------------------------------------__------------,---------------------------------------------
■?.»'■
clocher �lev� fous Urbain VIII, qu'il �value � plus
de cent mille �ctts Romains. Peut �tre trouvera-t on que nous nous fommes trop
�tendus dans la defeription de ce Monument j mais nous avons cru que fa corjftru�tion �tant plus pr�s de notre fiecle 3 int�refleroit davantage les Architectes, 8� particuli�rement les Elev�s de France, qui vont en Italie pour y puifer les^ pr�ceptes de la bonne Architecture. Nous aurions d�lir� m�me pouvoir nous �tendre fur toutes les autres productions 3 dont nous parlons dans cet Ouvrage s ce que nous aurions fait, fi nous avions pu trouver des M�moires fatisfaifams � cet �gard, per- fuad�s que nous fommes 3 que rien n'eft plus capable d'�chauffer le g�nie de nos jeunes Architectes 3 que de les mettre � port�e d'�tudier 3 dans les fources, les chefs- d'�uvre qui fe font �lev�s depuis le temps des anciens Egyptiens jufqu*� nous. |
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V
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In tr�ducti� m $f
par l'incendie, connue fous le nom de feu?
de Londres. Ce f�cond Temple contenoit, dit-on,
les ornements les plus pr�cieux, on y ce- l�broit, avec la plus grande magnificence, les obfeques des Empereurs, des Rois &� ' des Princes. Les grandes F�tes y �toient auffi folennif�es avec ' beaucoup d'�clat. Apr�s la ruine enti�re de ce monument c�- l�bre , pour fon temps, en chargea Chrif- tophe Wrein , Architecte Anglois d'une grande r�putation , de donner les deffins d'une tro�f�eme Eglife, en les ai�ujettiifant aux anciennes fondations ; c'en1 apr�s une tentative inutile de deux ann�es qu'il d�- termina les perfonnes int�reif�es � l'�rec^ tion de ce nouvel �difice � les rafer enti�- rement, &■ qu'il imagina d'autres projets dignes, tout � la fois*, &: de fes talenrs i�biirnes, Se de la nation qui l'avoit choii�. Alors il propofa un feul ordre d'Arch�tec-/ ture pour le frontifpice de ce Temple ; mais ce del��n ne fut pas approuv� par les Ev�ques, qui repr�fenterent � l'Archi- tede que cette ordonnance coloifale �toit peu convenable � une cath�drale (/2)5 il fe |
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( η ) Ce qui nous paro�t �tonnant, f� l'on peut s'en rap->
porter � ce r�cit, c'eii que tous les connoiifeurs regret- tent aujourd'hui que le grand ordre que Wrein avoit \
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0 � ΙΝ TR Ο �>V'CT � Ο Ni
d�termina donc � y mettre deux ordres ait
lieu d'un, &: profita habilement de cette n�ceflit� , pour y employer la pierre de Portland, reconnue la plus belle de l'Angle- terre , & qu'il n'auroit pu mettre en �uvre dans fon premier projet, parce que cette pierre ne peut fournir des blocs convenables a la b�thTe d'une grande Architecture > d'ail- leurs il pr�tendit par-l� �viter les fautes que le Bramante avoit faites, difo�t-il, au portail de S. Pierre de Rome , en alt�rant les rap- �>orts que doit avoir l'entablement avec
'ordre , pour n'avoir pas fu faire ufage de pierres d'un volume aiTez confid�ra- ble^ quoiqu'il e�t la carri�re de Tivoli � fa diipoiition. ., Ce monument > tel qu'on le voit aujour-
d'hui , pr�fente de la grandeur , de belles maifes (o) M beaucoup de dignit� 5 n�an- moins les connouTeurs reprochent � Wrein plui�eurs fautes eiTenc�elles, celles entr'au- tres d'avoir incorpor� de petits pilairres dans les grands , de n'avoir pas �lev� aiTez |
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propof� } n'ait pas eu Heu. Le module des ordres du
frontifpice a�tuel ne r�pondant pas , difent - ils a � la grandeur de la fabrique de ce monument. { 0 ) Voyez les plans & �l�vations de ce monument,
grav�s en 1747, & la defeription hiftorique de Guil- laume Dugdalle 3 & de Chriftophc Wrein, imprim�e � Londres, -H |
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; Mr τ &o du er �<� ik p§
fts vo�tes δ� d'avoir donn� un diam�tre
trop confid�rable � ion d�me, relative-' ment � la grandeur de l'�difice; mais en? m�me temps, ils approuvent beaucoup les peintures de ce d�me , ouvrage c�l�bre d� Jacques Tornhill, Peintre Anglois,� qui y; a repr�feiit� , en huit compartiments , les principaux �v�nements de la vie de Saint Paul. L'Architecte avoit propof� de faire ex�cuter en mof��que ces compartiments! il avok m�me d�j� fait venir d'Italie, pour cela, quatre des plus habiles ArtifteS* en ce genre ; mais les difficult�s qii'occa* fionna cette main d'oeuvre la fit rejeter ώ l'on pr�f�ra les ouvrages de Tornhill , qui fe font acquis tant de r�putation. Ce Temple fut commenc� en �6yy Si
fini en 1710 (p), aifez court efpace en comparaifon des cent quarante-cinq ann�es �jue l'on, a �t� � b�tir la Bafilique de Saint- Pierre jauffi la Nation Angloife fe pr�vautr �^Uq de cet avantage, d'avoir b�ti l'Eglif� |
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'?■■'■ (p) Avant de parler des dimenf�ons de rEglife de
Wrein, nous allons donner celles de la pr�c�dente �lev�e
�par Maurice, dixi�me Ev�que de Londres, & qu'ilavolt
fait conitruire fur les ruines de l'Eglif� b�tie originaire-
, ment par Erkinwal, quatri�me Ev�que de cette Ville. <
: ^ La longueur dans �uvre de l'ancienne Cath�drale,
tetoit.de �po pieds.; .fa largeur dans la croif�e 3 de 130
pieds ; la hauteur int�rieure de rEglife j.ufqu'au d�me,
Terne /. Q
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jpt Jisr τάο bu er � o Ni
ile S. Paul en trente-cinq ann�es, ious Uia'
feul Architecte & fon fils , par un feul chef� entrepreneur > &: fous un ��ul Ev�que de Londres, �c fur-tout par le fecours d'une aiTez foible impof�tion fur le charbon , tandis que la d�penfe faite � Rome pour l'Eglife de S. Pierre fe montok > f�lon Fon- tana, � plus de deux cents millions,. comme nous l'avons dit pr�c�demment, dans la note rrij page 92. Ce fut fous le regne de Fran�ois premier
* jque la belle Architecture commen�a d'�tre connue en France. A la voix du p�re des Lettres &: des Arts, les Fran�ois fortirent de leur l�thargie 3 leur imagination pr�t Pef for, &: bient�t ils �gal�rent les plus grands Ma�tres d'Italie. Fran�ois premier avok appel� SebaiHen Serlio pour la conitruc* tion de Fontainebleau. L'ouvrage de Serlio excita l'�mulation de nos Architectes 3 ils lui difputerent la gloire d'�lever le Palais du Louvre 3 .& les deflins de Pierre Lef� de ijo, la hauteur ext�rieure de tout le monument de
520 pieds. : .-> La longueur dans �uvre de la nouvelle Cath�drale,
b�tie par Wrein , eft de 500 pieds j la largeur dans oeuvre de la croif�e 3 112, pieds j le diam�tre du d�me , de 108 pieds 5 la hauteur int�rieure de TEglife jufqu'au d�me, de 110 pieds j la hauteur ext�rieure de tout \% «aonument, 440 pieds. . . j" *' ' '
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� f� f RO D�� � Τ ϊ Ο Ν. $0
cot; ( q ) obtinrent la pr�f�rence fur les fiens ;
honneur dont les Architectes Fran�ois ont joui plus d'une fois depuis. En effet Claude Perrault (r) fut ehoif� pour �lever le frontiipice du Louvre, Philibert Deior- me :(s) pour le Palais d�s Tuileries , �c (q) Pierre Lefcoty Abbe de Qagny 3 naquit � Paris
fen ijiS , d'une famil�e qui s'�to�t diftingu�e dans la Robe. Sur fes deifins furent conftruites, une partie de? la fa�ade de l'int�rieur de la cour du Louvre, la Salle des Antiques, & la Fontaine des Saints - Innocents. II mourut en 157&. (r) Claude Perrault, de Γ Acad�mie R oyak des .Scien-
ces, naquit � Paris en 1618. Perfonne n'ignore que fes deifins, pour l'ext�rieur de la fa�ade du Louvre , furenc pr�f�r�s" � ceux du Cavalier Bernin , qui �voit �t� appel� d'Italie, � grands frais , pour cet ouvrage important. Cet Architecte fit auifi �lever �'Obfervatoire, Tare de triomphe du Tr�ne, la Chapelle de Sceaux & celle de Notre- Dame de Navone dans l'Eglife des Petits-Peres , pr�s la Place des Victoires: outre ces monuments, nous avons de lui une Traduction d� Vitruve avec des notes , Se un Trait� des cinq efpeces d'ordonnances de Colonnes $ f�lon la m�thode des anciens. Il mourut en 1688» (s) Philibert Delorme naquit � Lyon au commence*
ment du XVIe f��cle. Il fut Aum�nier & Confeiller du Roi. En r�compenfe de fes talents, on lui donna plui�eurs Abbayes, quoiqu'une f�t que tonfur�. Le Ch�teau d'Anet fut b�ti fur fes deifins j il fit conftruire quelques �difices � Fontainebleau; mais le Palais desTuileries, dont il fut l'Ar- chitecte, mit le fceau � fa r�putation. Catherine de M�dicis, fit �lever ce Palais, dont Philibert Delorme fut nomm� le Gouverneur. Cet Architecte eft un des dix Commenta- teurs de Vitruve ; il a laiiT� deux ouvrages fort utiles, l'un fur l'Architecture. l'autre fur la coupe des pierres,; Gij
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S$o In ta ός>uct� ο.ν.
Jacques Debroile ( t ) pour celui du Luxerri^ bourg. \ La r�putation d�s Archite&es Fran�ois
ne fut pas renferm�e dans l'enceinte du "Royaume. L'Efp�gne appela Louis de Foix ( u ) pour conftruire � Madrid le Pa- lais de r�fcurial. L'Italie m�me s'embellif; de leurs productions, & les crut dignes �d'�tre propof�es pour mod�les � fcs Archi- tectes. 4 Les guerres qui iuivirent le regne de
^Fran�ois premier, furent de nouveaux obi* tacles au progr�s des Arts qu'il avoit tir�s de l'obfcurit�. Enfin fous Louis XIV ils fuf .rent port�s au degr� de perfection, qui contribua i� fort � la gloire de ce monarque. Alors Γ Architecture fut digne d'annoncer � tous les �ges la iplendeur d'un ii beau ;regne. 3|' Ce feroit une entreprife trop vafte que
*de retracer tout ce que Louis le Grand fit pour les beaux Arts en g�n�ral, Se en ■■; ( t ) Le Palais du Luxembourg fut conftruit au commen-
cement du XVIIe fi�cle , par ordre de Marie de M�dicis s -fur les dei�ins de Jacques DebroiTe. Cet Architecte
� fit encore �lever le Portail Saint-Gervais ;3 & conftruire l'aqu�duc d'Arcueil.
�?) («) Louis de Foix, n� � Paris. Ce fut fur fes deffins
que Ton conftruifit � Bordeaux en ι � 8 �, le Phare 3 appel�
Jia Tour de Cordouan 3 du nom de l'Entrepreneur de cet '�difice.-; ν ' : :,■■■;■..:. �.: : '� l
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Intro nu στ ι om i o-s
particulier pour l'Architecture , a�hi� que tous les chefs-d'�uvre que fon regne vit �lever ; il fuf��ra de citer ici les b�ti- ments les plus importants & les noms de leurs Auteurs, tels que le Vakie-Grace �� le Ch�teau de Maiibns par Fran�ois Man? fard (x) 5 l'H�tel & la nouvelle Eglife de$ Invalides, le premier par Lib�ral Bruant^ ' la f�conde par Hardouin Manfard (y )h les �curies , Porangerie du Ch�teau dq Yerfailles &; fa fa�ade du c�t� du jar- din par le m�me Architecte} le periilylq du Louvre & l'arc de triomphe du Tr�ne, par Claude Perrault ( ^ ) 5 la porte S. Denis : */ ■ ■ ^''� ■ . - . ■■ :. ik \'. - ■■.■--
' '1
(* ) Fran�ois Manf�rd, un des plus grands Archite&es
que nous ayons eus 3 �toit originaire d'une famille d'Italie % , mais �tablie en France depuis pr�s de 800 ans : il naquit a Paris en 1589, U mourut en 1607. Il fir �onftruire le Portail de l'Eglife des Feuillans 3 fon coup d'eifai 3 le Ch�teau de Maifons, le Val-de-Grace 3 l'Egliie des Dames Sainte- Marie3 rue Sainte-Antoine.3 le Portail des Minimes ,&r pluf�eurs autres �difices. (y) Jules Hardouin Manfard,. neveu du pr�c�dent,
etoit Ordonnateur g�n�ral des B�timents , Jardins , Artf ■■M Manufactures de Louis le Grands il naquit � Paris "en 1645-. Nous avons de ce c�l�bre Architecte, le Ch�- teau de Clagny 3 fon premier ouvrage j celui de Trianon j ;les Jardins & le Ch�teau de Marly 3 vla Place de Ven- d�me ; celle des Victoires 5 la Fa�ade, de Verfailles du c�t� defs Jardins 3 la nouvelle Eglife des Invalides 3 & (fautres �difices qui font honneur � ion g�nie. Il mourut *en 1708.� l{ ζ ) Voy�z, la note r- pag. 99., I
f : - ' - ' - G iij ■ '
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i�s Introduction.
par Fran�ois Blondel (a) > hs addition?
coni�d�rables faites auxTuiler�es par Louis le Veau ( b ) 5 les Jardins de ce Palais par Andr� le Nautre. ( c ) j &: la Sorbonne par Jacques le Mercier (d) : ce font autant de monu- ments c�l�br�s qui tranfmettront � la po� terit� la plus recul�e la m�moire du regne; 4e Louis XIV. Le i�ecle de Louis XV n*eit pas moins
recommandableparles �difices �lev�s de nos jours. En 1717, fut conilruit i�r les def- fins du Chevalier Servandoni ( e ) le fron-* (a) Fran�ais Blondel, de l'Acad�mie Royale des
Sciences, Mar�chal des Camps & Arm�es du Roi, & Ma�tre des Math�matiques, de Monfeigneur le Dauphin, - Xa Porte Saint - Denis fut �lev�e fur fes dei�ins � il fie reftaurer J4 Porte Saint - Antoine > &c celle de Saint;» Bernard. Nous avons de lui un Cours d'Architecture 3 qu*il 4i<5toit aux Elev�s de l'Acad�mie dont il �toit Profei�eur. ( b ) Louis le Veau, Architecte de Louis XIV , eut la
dire�tion du b�timent du Louvre , depuis 1653 j�fqu'en, 1670. Il donna les defl�ns d'une partie du Palais des Tuileries, & fit �lever le Ch�teau neuf de Vincennes ; le Ch�teau de Vau-le-Vicomte \ l'H�tel de Lambert, 4ans l'Ile SaintTLQuis 5 celui 4e Colbert, & plufieurs autres« (c) Andre le Nautr� , c�l�bre par fon g�nie pour l'art
du Jardinage, n� en 1625, & mort �n 1700. (d) Jacques 1« Mercier fit b�tir TEglife de la Sorbonne j
celle de l'Oratoire 3 le gros Pavillon de la cour du Louvre, & l'avant corps de l'ancienne fa�ade du m�me Palais du c�t� de la rivi�re, le Palais Royal, l'Eglife des Dames 4e l'Annon�iade i Tours ; la Ville, le Ch�teau 8d'Eglif<$ paroiiTia�e de Richelieu, &�, (e) Jean Servandoni 4 Chevalier de l'Ordre de Chrift*
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1 irr Ro du err ο m. r'�f
1 tlfptee (ie la principale entr�e deM�glife de S. Sulpice, un des plus grands portails d'Egl�fe qu'il y ait en France, mais qui �tant compof� d'ordres d'un grand diam�tre, exige d'�tre obferv� d'un point de diilance plus �loign� j il ne poura par cette raiibn exciter une admiration g�n�rale, qu'apr�s la d�molition du S�minaire qui fe trouve en face fc. beaucoup trop pr�s de ce froil�- tiipice^ Peu de temps apr�s, la ville de Paris f�t'
conitruire fur les dei��ns d'Edme Bouchar- don, Sculpteur c�l�bre, la fontaine de L� rue de Grenelle, remarquable par la beaut� de fon Architecture^ &; celle de fa Scul- pture, coni�d�r�es f�par�ment. Aux monuments de magnificence fucc�-*
ti� �. Florence le ι Mai 1695". Il fut El�ve de Tean-Pauf.
Pafimi pour la Peinture, & de Jean-J&fepft- de Roff� pour l'Architecture. Entre les b�timents que nous avons de cet Artifte en France, nous citerons l'�glife Paroiflkle de Coulanges en Bourgogne, le- grand Autel de l� M�tro- politaine de Sens , celui d�s C�artreux de Lyon 3 &"c. C'eft auifi cet Architecte qui a b�ti � Paris le Portatif de Saint-Sulpice, & l'Efcalier ing�nieux de l'H�tel d'Au- vergne. Ses talents , fup�rieurs pour la d�coration des; Th��tres l'ont fait appeler dans diff�rentes parties de: l'Europe , pour y exercer cet Art. On fe rappele toujours?, avec plaif�r, les Spectacles admirables qu'il a donn�s �, Paris dans Ja Salle des Machines aux Tuileries. Ce: grand Artifte eit mort �. Paris en. 1767 > u&iverfelkmeofc yegretc* G'nr
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ί ©4 � N Τ R^O DU CT Ι Ο Ν.
dereiit bient�t les b�timents �lev�s- pour
■-l'utilit� publique : de ce nombre furent l'H�pital des Enfants-Trouv�s par M. Bof� /rand ( f ), & celui des Quinze-Vingts par M. de Saint - Martin , _ �difices qui , par la commodit� de leur diilribut�on, "leur diP ;pofition &; l'ordonnance de leurs fa�ades^ ont m�rit� lefuffrage des connoii�eurs. χ ^ Un des b�timents qui font le plus d'hon- neur � ce i�ecle, eil l'Ecole Royale Mili- taire 6c le champ de Mars, conflruits fur .les deii�ns de M. Gabriel, premier Archjr < ; te&e du Roi, pour l'�ducation de la jeune NobleiTe^ qu'on y �lev� dans l'�tude des iciences relatives � l'art de la guerre : �ta- blii�ement propre � �mmortalifer la bienfai- sance de notre augufte Monarque. Avec quels tranfports les Fran�ois ne
s-■■ .......'■- ■ i ■■- ■ �-s»
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'("�) Germain Boffrand, n� � Nantes en Bretagne le
7 Mai 1667, mbrt � Paris le 18. Mars 1755. Il fut Eleve ^de Hardouin Manfard,� Nous avons de cet Architecte c�-
l�bre , & de cet homme de g�nie , pluiieurs �difices confid�rables, particuli�rement en Allemagne & en Lor- raine. Cell lui qui a b�ti � Paris , les H�tels de Mont- morency, d'Argenfon, les D�corations de l'H�tel de Soubife , les Portes 4u Petit-Luxembourg, de l'H�tel de .; Villars,' le Portail � Mercy 3 le Puits de Bic�tre, les
Ponts de Sens & de Montereau , &rle grand b�timent des Enfants-Trouv�s, Sur la fin de fes jours il fit graver le f ecueil de fes Ouvrages, avec un Difcours latin & fran- �ois, dans lequel il y a des observations excellentes fur |
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ΙΝ Τ R OD U C ΤΙ Ο �jt tof
firent-ils pas d�molir ces vieux b�timents
qui d�roboient la vue de la belle fa�ade du Louvre �lev�e fur les dei��ns de Per- rault _4 & la continuation de la d�coration de la Cour du m�me Palais > continuation que l'on doit au z�le patriotique que M. le Marquis de Mar�gny t�moigne pour Ja perfection des beaux Arts ! ?| Parmi les monuments qui embelliraient
d�j� la capitale du Royaume , il conve- noit qu'elle en �rige�t � la gloire de fon Prince. La Ville de Paris t�moigna le deflr ardent qu'elle avoit de faire conilruire une place publique au milieu de laquelle fero�t �lev�e la itatue de Louis le Bien-Aim�; Pluf�eurs Architectes, & particuli�rement ceux de l'Acad�mie Royale d'Archite&ure, ^yant re�u � cet effet des ordres du Prince, s'empreiierent � donner des projets di- gnes (g) d'une telle entreprife, & relatifs � diff�rents quartiers de Paris. >: L'emplacement qui eft � l'extr�mit� dii
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( S ) Voyez dans un ouvrage de M. Patt, intitul� :
Monuments �rig�s en France, � la gloire de Louis XV, la plus grande partie des projets faits par les Archi- tectes de l'Acad�mie Royale d'Architecture 3 entr'autre? ceux de M. Boffrand, qui en a fait trois / un pour la Place Dauphine, un f�cond entre le Louvre & les Tui1- leries , & un troifieme aux Halles : celui de M. Contanr, Quai des Th�atins; de M. Chevotet, rue de la F�ron- 'neriej.'de M, Souflot, entre THe Saint-Louis &: Ml |
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to� INTRODUCTION.
Jardin des Tuileries ayant paru le pfus �ofti
venable , on conftruii�t, fur les dei�ins de M. Gabriel, la Place que l'on y voit aujour- d'hui. De la principale entr�e du Palais des Tuileries, du cot� du Jardin δί dans toute la longueur de la grande all�e, on apper-* ��oit au milieu de cette Place, la ftatue �q�eilre de Louis XV (h)\ qui procure <
du Palais > de M. Aubry , en face du Pont Royal j de
M. Azon, me Saint-Jacques ; de M. Rouifet, Carre- four de Buif� > & de M. de TEftrade , Quai de Conty. Pluf�eurs autres Architectes du Roi, anim�s du m�me �t�le, tels que MM. TAiTurance , Blondel 3 Godeau % Manfard, &c, ont auifi donn� des projets pour cette Place, qui fans doute ne font point parvenus � l'Auteur des monuments du regne de Louis XV 3 & qui un-jour devront avoir place dans cette collection int�reflante. Ind�pendamment d�s projets des Architeot.es du Roi,
qui fe trouvent dans ce recueil , il contient encore «ceux de quelques autres Artiftes du premier m�rite 3 tels, que celui que M. Servandoni , Peintre & Architecte, avoit fait pour le Pont Tournant ; jf�tuation qui avoit auif� �t� choifie par M. TA�Turance y ce qui pourofe bien avoir donn� lieu au choix de S. M. fur cet empla�- cement 3 o� ett ex�cut� aujourd'hui le projet donn� par M. Gabriel. Celui de M, Pitrou, Ingenieur des Ponts & Chauff�es dans l'Ile du Palais j celui de M. Deftou- che, ancien Architecte de la Ville, en face du p�riftyle du Louvre j celui de M. Gouppi, Jur� Expert, rue de Belle-ChaiTe 3 fauxbourg Saint-Germain j celui de M. Slodtz, Sculpteur & DeiTinateur du Cabinet du Ro�., Quai des Th�atins\\ celui de M. Polard , Infpe&eur g�n�ral des Ponts & Chauff�es , rue de Tournon, &e. (h) Cette ftatue a �t� model�e & jet�e en bronze
par feu M. Bouchardon j &, des auatre figures plac�es aux angles d� pi�deftal, deux font de cet Artifte, & les deux autres de M* Pigal, bien digne de lui avoir fucc�d�. |
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Intro du er i oh. tof
im heureux point de vue � cette prome-
nade publique. Du c�t�oppof� � la rivi�re, cette Place a �t� d�cor�e de deux �difices de chacun 46 toifes de face, d'ordonnance corinthienne, � colonnes folitaires, &: �le- v�s fur un foubai�ement, Cette Place , de 3 30toifes de longueur, fur 90 de largeur, entour�e de foi�es & de doubles baluitrades, donne entr�e aux Champs-Elif�es, o� une nouvelle plantation , tr�s-bien entendue, procurera inceiTamment aux habitants une promenade champ�tre, digne du faite &; de Populence de la Capitale. Ne quitons pas ce f�jour enchant�, fans
parler d'une des plus belles entreprifes qui le foient fa�tes en France dans ce i�ecle, Se m�me dans les fiecles pr�c�dents, c'eft le Pont de Neuilli, dont la ligne capitale enfile l'axe de la grande all�e des Champs- Eliiees, &; celle du Jardin des Tuileries : ce Pont, qui s'�l�ve actuellement fur les deffins & fous la conduite de M. Perronet, Premier Ing�nieur des Ponts & ChauiT�es, peut �tre pr�fent� ici comme un ouvrag� c�l�bre., dont l'�tendue, la magnificence &; l'�conomie r�unies, apprendront aux races futures, ce que peut le g�nie, le go�t & l'ex- p�rience de ce Savant, aui�� bon Architecte qu'excellent Citoyen, Quelques progr�s qu'ait fait l'Architecture |
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... - - ψ
t θδ ϊ WT RO DU CT I Ο M,
fous le regne pr�c�dent, elle �toit, ce ferrB
ble, demeur�e imparfaite quant � la conf; traction des Temples $■ il �toit r�ferv� au fi�cle de Louis le Bien-Aim�, de trank ■mettre � la poft�rk� de grands �difices en ce genre. Les nouvelles Eglifes de Sainte�* Genevi�ve par M. Souf��ot, & de la Mag- deleinepar M. Contant, fufr�ront pour im? imortalifer notre Architecture. § il manquoit � Paris une Halle au Bl� 5 la
Ville vient d'en faire �riger une fur les deffins |J de M. Le Camus de JV��zieres. Cet �difice interefl�iit, eft remarquable par fa forme tcircii�aire, & par la r�gularit� de ion apareil. Le feu ayant confum� en 1763 la Salle
de l'Op�ra, fk. fort endommag� le Palais Royal^ auquel cet �difice �toit adoif�. On mem de conftruire pour le m�me Spectacle, .une Salle nouvelle fur les deffins de M> Moreau., Arch�te�te du Roi, & Ordonna- teur des B�timents de la Ville (z)-*, &; dans fa reconftruction , ce Palais a re�u de nouveaux embelliiTements, qui l'ont rendu iup�rieur � ia premiere d�fpoiition. |
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(i) M. Moreau a aufll donn� les deffins des nou-
veaux b�timents du Palais Royal du c�t� de la place> ceux du c�t� de la cour} legrand efcalier, la reftau ration & Ja d�coration de l'int�rieur des apartements font ex�cut�s fur les deffins de M. Contant s Architecte du Roi, & Contr�- leur des Invalide*. |
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Introduction. g$|
Verfailles, d�j� ii magnifique par fes
jardins $r par ies �difices ? vient aui�� d'�tre orn� d'une Salle de Th��tre fuperbe, d�ftin�e aux f�tes de la Cours fpe&acle qui manquoit depuis long-temps � ce b�timent immenf�, **la demeure ch�rie d'un Monarque ador�. Aux b�timents d'habitation , aux monu-
ments de magnificence &c d'utilit� qui s'�l�- vent � Paris fous fon regne, joignons celui de l'H�tel des Monnoies, qui va devenir 'l'ornement d'un de nos plus beaux Quais : cet H�tel, qui fe conftruit i�r les deffins de M. Antoine, Archite&e, ofFrira dans fon int�rieur, toutes les commodit�s rela- tives � un pareil �difice. Nos plus grands Princes lignaient auil�
leur amour pour l'Architecture-,� par l�s embelluTements de "leurs Palais , & par les nouvelles acquiiitions, qui en rendant leurs demeures plus dignes de leur naiiFance que dans les i��cles pr�c�dents, d�corent la Ca- pitale �c la rendent plus �nt�rei�ante aux Citoyens &: aux Etrangers. Avec quel go�t & quelle magnificence
nos premiers Minifbes n'embelliifent-ils pas leurs demeures ! L'H�tel deJVI. le Duc de Choifeul (k) , celui de. M. le Comte de |
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(*) On voit dans cet H�tel une galerie peinte par
Lafoiie, & nouvellement d�cor�e d'un excellent gerre ex�cute furies deffins de J'Autcur de cet OW�ge. ^ |
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ΪΪΟ li�'T %*b D� � t �O tfl
Saint - Florentin (/), peuvent �tre cit�^
comme des b�timents qui annoncent les talents des Architectes Fran�ois, $l qui contiennent l�s chefs d'oeuvre des plus ce-* lebres Artiftes de nos jours» Les H�tels de Nivernois �c d'Uz�s s'atti-*
reront �galement les fuhrages des connoif-* feurs , par le g�nie & l'intelligence de leurs Architectes, Quelles eip�rtnc�s ne devons-nous pas con*
cevoir fur l�s projets qu'on ex�cute actuelle* ment ou qu'on fe propofe d'ex�cuter, %�ls que l'ach�vement total de l'int�rieur du Louvre, & le tranfport de la Biblioth�que Royale actuelle dans la partie de ce Palais qui regar- de la rivi�re j celui d'un H�tel-de-Ville fur les del��ns de M. Mor�au j celui d'un Arcenal furies dei��ns de l'Auteur de cQt Ouvrages celui d'une nouvelle Salle pour la Com�- die Fran�oife fur les dei��ns de MM, Peyre & de Wailly , Architectes du R�ij celui d'un March� qui doit occuper le terrein de J'Eglife de la Culture Sainte - Catherine , transport�e aujourd'hui � l'Eglife o� �toit anciennement la Maifon Profei�e des J�fuites j ( l'utilit� de ce march� eil prouv�e |
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( / ) B�ti nouvellement fur les deflins de M. Challegrin *
Architecte du Roi* |
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IntroD�cf � o ν', irt
|>�f celui qu'on vient de faire, quoique
moins coni�d�rable, au Prieur� de Sainte- Martin des Champs ) j celui de r�unir le Quai neuf avec le Port au Bl� ) ( foui cette prolongation on i� propofe de pra- tiquer des Magai�ns pour les grains) > celui de la continuation du Quai de l'Horloge � l'H�tel des Uri�ns ? celui de la d�molition des maifons �lev�es a&uellement fur les Ponts > d�molition qui, en donnant de la falubrit� aux demeures des environs, d�term�neroit aui�� � r��difier la plupart des maifons de l'Ile Notre-Dame dont la gothicit� .& le d�la- brement rendent ce f�jour trifte & peu fut} celui de tranfporter les Cimeti�res hors de l'enceinte de Paris, projet digne de la fageiTe du gouvernement, Se d�j� approuv� par la premiere Juridi&ion du Royaume j celui d�placer les Tueries &; les Boucheries aux extr�mit�s de la Ville 5 enfin celui du redreiTement des rues , de la multiplicit� des Carrefours , de P�re&ion de nouvelles Fontaines, ai de la r�it�ration des canaux fouterreins pour l'�coulement des eaux^de la Ville dans la Seine. Terminons l'�num�rat�on de ces projets i�
utiles � la Nation, par un dernier non moins int�reiTant ni moins digne de l'attentiofi du Miniftere : nous voulons parier de celui propof� par feu M. Defparcieux, qui pen- |
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1 � l. In τ r ο d uct � �* n.
clant fes derni�res ann�es avoit propoil d'amener � Paris , pour le bien public, les eaux de la rivi�re d'Yvette, reconnues , par l'analyfe chymique , pour �tre tr�s- �alutaires, & dont l'id�e vient d'�tre ac- cept�e par le Gotivernement, qui en � charge fp�cialement M. Perronet , bieri digne par fes talents d'�tre choiii pour la continuation de ce projet p '& pour fon ex�cution. De la Capitale de la France , le go�t
des Beaux - Arts s'eft r�pandu dans les prin- cipales Villes de nos Provinces , 'A point que l'int�rieur de ces Villes fembl� avoir chang� de face. Sous le regne de Louis XIV, �c quelque ann�es apr�s fa mort, o�l avoit kl�ja conftruit plui�eurs Places publiques o� l'on avoit �lev� fa ilatue j une � Lyon en -i 7 � 3 3 une � Montpellier en 17185 une a Dijon en 1725, & une � Rennes�en iji6 (m)-. Sous le regne de Louis XV , d'autres places ^publiques, non moins magnifiques , furent cojaiacr�es � la gloire de ce Monarques une � Valencienne en 1742 > une � Bor- |
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*■'■ (m) Les ftatues �lev�es darts ces quatre Villes ^ font
j�qiieftres, model�es & jet�es en bronze, � Lyon par 'Desjardins & les fr�res Gouflfcu , � Montpellier par 'Mazeline & Utrels , � Dijon par l� 'Hongre, & � Rennes *par CoyfeYQX� Μψ.....- �-■■■: - *V -�■- a � '-ιΛ- ]%
deaux
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� NT RObUCT � O Ni jtij
d��ux en 1743 5 une � Rennes en 1744$
une � Nancy eil 17555 une � Reims eri 1761 (n) : autant de Villes ou ces monu- ments ont oceai�onn� la conftrudion o� la r�ftauration d� plui�eurs �difices > des Alignements, d�s Quais 9 des Port�s de Ville, des Intendances , des Bourfes j des Juridictions, des Promenades, qui, r�unies avec la beaut� des grands chemins qui com- muniquent d*une Province � l'autre , ren- dent agr�ables toutes les routes qui am�nent � la Capitale. Apr�s tant de monuments c�l�bres j qui
annoncent l'amour des iujets pour leur Prince , ne n�gligeons pas de parler ici de quelques Provinces qui s'occupent f�rieu- i�ment de fuivre les trac�s de celles d�j� cit�es. La Ville de Metz i anciennement em- bellie ibus le gouvernement de M. le Ma- |
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( n ) Les noms des Arch�te&es & des Sculpteurs qui
ont ex�cut� ces monuments, font: � Bordeaux, feu M. Gabriel, premier "A rchite&e du Roi, & M. Le Moine $ la ftatue eft de bronie & �qiieftre : � Valenci�nne ^ M* Sally de l'Acad�mie de Peinture & de Sculpture j la ftatue eft de marbre , & p�deftre : � Rennes, feu M. Gabriel 8� M. Le Moine? la ftatue eft de bronze, & pedeftte : � Nancy, M. H�r� deCorny , Architecte du Roi d� Po- logne, & M. Guibal j la ftatue eft de bronze, & p�- d�lire : � Reims, M. Le Gendre, Infpe�teur des Ponts & Chauff�es, & M. Pigalki la ftatue eft de bronzeΛ & p�deftre; Tome li H
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��4 I NT Ro nu er ι ο ν.
r�chald� Belle-Iile, vient de faire �riger de
nouveaux b�timents d'utilit� &c de magnifi- cence, fous celui de M. le Mar�chal, Duc d'Eiir�es, qui, par fe$ lumi�res, fa fageile &c fon �conomie , vient d'ordonner , fous l'adminiitration de M. le Duc de Choifeul, de nouvelles communications, une Maifon de Force, des Places, un Magai�n Mili- taire , un H�tel-de-Ville , un nouveau Por- tail &; des EmbellhTements pour la Cath�- drale : il vient encore de d�i�gner Rem- placement du Parlement de cette Ville, celui d'un Palais Epifcopal, dont on conf- truit actuellement la fa�ade , celui d'une Abbaye Royale pour les Dames de Saint- Louis ( o ) �, �difices qui t�moigneront a fes fucceifeurs ce que peut en moins de; douze ann�es, une i�ge atlminiftrations guid�e par le patriotifme, le bien de i'humaihit� �c la gloire du Prince. La ville de Rouen , qui en 1759 fit jeter
les fondements d'un H�tel-de-Ville , pr�- c�d� d'une place, au milieu de laquelle doit �tre la ilatue p�deftre de Louis XV, nous laiiTe le regret que cet �difice, du deffin de M. le Carpentier , Archite&e |
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(0) Tousses b�timents, la plupart ex�cut�s aujour-
d'hui, ont �t� faits fur les deifins de VAuteur de cet Ouvrage. Pluf�eurs de ces projets font partie du f�cond Volume de ce Cours d'Architecture, |
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du Roi, ne fok annonc� ici que comme
un projet, la ville ayant �t� oblig�e de fufpendre , pour quelques ann�es, cet ou- vrag� important, d�j� �lev� � fix pieds de terre (p). La Ville de Strasbourg peut �tre cit�e �c!
comme une de celles qui ont le plus ilgiial� leur z�le par la quantit� d'�difices qu'elle fe propofe de faire �riger dans fon fein -, elle �ft r�fo�ue de faire b�tir plufieurs corps de Caz�rnes pour contenir nuit bataillons & Kuit efcadf ons, une plac� d'armes, un S�nat pour les Magiitr�ts, ait devant duquel & en face de la Cath�drale, doit �tre �lev�e une ftatue p�deftre de Louis le Bien-aim� avec des attributs iymboliqu�s, qui d�i�- gneront les vertus pacifiques de ce Prince» une Salle de Spectacles, d�s communica- tions ^ des places, des carrefours, ats> mar- ch�s , des quais, d�s ponts &: autres em~ belIiiTements qui ont paru alTez importants au M�girtrat de l� ville de Strasbourg, pour qu'il s'adrei��t en 1764 � M. le Duc de Choifeul, &; le pri�t de lui nommer un Air~ chiteclie habile qui le dirige�t dans les en- treprifes qu'il fe propofoit de faire ex�cuter tJWpjJ------mi -----------ι ' - .*...� �f... } -� ■ � τ~~τ~~ l�-_-."..ΐ[τ ��..■-J.[i-i]liM_:_-^__^-l_ui--i-----*-----1-----------------1_
(p) Voyez, le Plan de cet H�tel -de- Ville & de la
Place qui le pr�c�de dans les monuments du fi�cle de, louis XV, d�j� cit�s. Hij
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�l�l� I��T �.0 &lf CT � O tf.
par fuccel�ion de temps: l'Auteur de cet
ouvrage, fut celui que ce Mini�tre choil�t pour ie traniporter dans cette ville. Apr�s en avoir lev� les plans , il fit en conie- quence plui�eurs projets , qui, approuv�s par Sa Majefb�, s'ex�cutent aujourd'hui fur tes dei��ns, & annoncent par la place d'ar- mes dt les b�timents qui l'entourent, d�j� �lev�s, ce que cette Cit� deviendra un jour, f�cond�e comme elle Teil par le z�le du Magiilrat, l'amour des Citoyens , les lumi�res du Pr�teur royal, �c l'attention particuliere qu'y porte M. le Mar�chal de Contades , Commandant de la haute �c BaiTe-Alface. A l'inilar de la ville de Strasbourg, celle
de Cambrai fe propofe aui�� de faire des embellii�ements dans fon int�rieur, tels que des places nouvelles, le redreiTement de la plupart de les rues, des portes, des mar- ch�s &: des promenades. M. de Choifeul, Archev�que de Cambrai, ayant auffi cho�i� l'Auteur de cet ouvrage pour b�tir fon Pa- lais Archi�p�fcopal (</)$& fatisfait des plans qu'il avok faits pour Strasbourg , l'a aui�� |
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. ~(q) Le f�cond volume de ce Cours contiendra les
Plans de cet Archev�ch�. L'irr�gularit� du terrein nous a fait na�tre l'id�e d'un projet d'une forme nouvelle, qu'on poura comparer avec le Palais Epifcopal de Metz : Palais |
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s-
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Introduction. ι .17
charg� d'en donner pour les travaux que l'on defire faire dans,cette ville. Tel eil enfin ce que nous avons cru de-*
voir dire fur ce que l'Archite&ure an- cienne & moderne peut offrir de plus in- t�rei�ant aux amateurs & aux Aruftes qui ont dei�ein de puifer les connohTances pr�liminaires de cet Art � recommandatie par lui-m�me, &i� utile � toutes les Nations civilif�es. PaiTons � pr�fent � l'utilit� de [qs diff�-
rentes productions > enfuite nous exami- nerons le degr� de fup�rior�t� qu'il a ac- quis fur les Autres Arts lib�raux qu'il a fait na�tre , & qu'il fait ai�ocier � fes pro- ductions : nous donnerons apr�s cela quel- ques obfervations fur la maniere d'�tudier cet Art. |
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dont nous avons donn� les defl�ns, & qui, projet� dans-
un terrein plus r�gulier, offrira le contraire int�reffant des productions de Γ Architecture, dirig�es Λ ou par les pr�ceptes, ou par les reffources de l'Art.. |
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*Φ*
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M
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ji$ Introduction.
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DE L'UTILIT�
DE L'ARCHITECTURE,
JN ο υ S venons de voir , en parlant de
l'Origine de l'Architecture, qu'auffi-t�t que les hommes eurent commenc� � fe ra/Tem- bier ? a jouir des douceurs de la foci�t�, Ils eurent befoin de cet Art pour fe procurer des demeures cpmmodes & durables. En effet, c'efl par fon fecours, que dans la fuite on �leva des monuments qui procur�rent des places convenables aux chefs d'oeuvre des plus habiles Sculpteurs, Se des plus grands Peintres, &: par ce moyen leur aiTurerent une dur�e confiante 5 c'eil encore par lui que l'Architecte �clair� fait employer l� utile- ment la pierre , le marbre a le bronze , avec �e choix ξζ avec |a prudence d'une i�ge �conomie. Oeil l� Architecture qui fait �clore tous
les genres de talents relatifs aux befoins des hommes, qui fait na�tre l'�mulation des Citoyens vou�s aux Beaux-Arts, d�termine les grands Princes � encourager les talents $ajl��nts § �c � r��ompenfer }§s tal�n�s acquis, |
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In τr ob υctι ο Wi 11%
C'eil elle qui d�termine le plus grand nom-
bre des propri�taires � �lever des �difices o� la folidit�, la commodit� & l'agr�ment fe trouvant r�unis, fournuTent aux �tran- gers tant de diff�rents objets propres � une imitation utile &; r�fl�chie. Si nous conf�d�rons ce que nous devons
a Γ Architecture , &: tous les avantages, que nous en recevons, nous trouverons que les tr�ibrs de la nature ne font v�ritablement � nous, que parce qu'elle nous en ai�ure une tranquille poiFeffion $ n'eil-ce pas elle qui procure � nos demeures la falubrit�, par le choix de leur iituation? qui nous enleigne en empruntant les fecours de la m�canique de de l'hydraulique, non-feulement � �lever & amener les eaux dans nos jardins de pro- pret� , mais auffi dans les d�pendances hs plus �loign�es de nos habitations ? C'eil elle qui, dans nos Cit�s, confin�t
des Ponts, des Ports, dus Quais, des Halles, des March�s, des Magafins pour les grains des Arcenaux, des Cazernes y des H�pitaux, des Aqueducs > des Fontaines, des Manu- factures , des Prifons, & enfin des S�pul- tures publiques. Tous ces monuments utiles aux Villes libres , a�ni� qu'aux Villes fron- ti�res, quand ils font dirig�s par des Artiiles du premier m�rite, acqui�rent chacun en particulier un caract�re diftin&if ; δ: en an* H iv
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τ%ο In τ ro du ct ι ο ν.
non�ant la capacit� de Archite&es qui em
ont donn� les de�Rns, ils t�moignent en m�me temps l'opulence des Citoyens. C'eil notre Art qui �rigeant des Temples,
� la Divinit�, met les fid�les � port�e de pratiquer le culte ext�rieur de la Religion; il joint la grandeur �c la dignit� � une foli- dit� immuable , dans la difpoi�tion des M�tropoles, des Eglifes Paroiffiales & Con- ventuelles , enfin dans tous les monuments facr�s, �lev�s par la pi�t� �c la magnificence des T�tes Couronn�es : dans ceux-ci fur- tout il pr�f�de au choix des mati�res , a celui de rordonnance , & au bon go�t des ornements, qui, dans tous ces diff�- rents genres d'�difices, doivent s'annoncer avec cette fup�riork� que les Beaux- Arts r�unis favent mettre en �uvre. C'eft l'Architecture qui commande au
courant des rivi�res $ c'eil par elle qu'on parvient � deiT�cher les marais > que l'on convertit en campagnes fertiles , les terreins. les plus incultes, en les d�livrant des vapeurs malignes qui nous cauferoient des maladies �iangereufes & peftilentielies. Elle change a ion gr� 5 elle adoucit le
cours imp�tueux des grands fleuves , elle r�prime leurs efF�rts par des digues, des, lev�es §C autres mafTes foJides qu'elle leur- |
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Introduction. ni
pppofe j 5c en les retenant dans leur lit, elle
les force de fervir utilement � la navigation., Si l'ardeur du foleil a tellement �puif�
l'humidit� de la terre, qu'elle n'en ait plus ail�z pour fournir � la nutrition des l�gu^ mes & des fruits, l'Archite&ure nous ap- prend � faigner les rivi�res, &: �. pratiquer des canaux � travers les campagnes, pour les arrofer & leur rendre cette f�condit� naturelle, qu'une trop grande aridit� leur avO�t enlev�e. L'Architecture Navale b�tit aui�� des
Ports y elle remplit la profondeur de la mer par des monceaux �normes de diverfes ma- ti�res ; elle avance des m�les fur les plages d�couvertes, & arr�te par fts travaux la violence des vagues j on fait combien ces diff�rents ouvrages font n�ceifaires pour la conilrudion si la confervation, �es navires Se autres b�timents maritimes, Ce genre d*Archite&ure nous a appris �
conftruire des vaiiTeaux qui nous ont enrichis des tr�ibrs du nouveau monde, & qui nous ont ouvert le commerce des pays les plus �loign�s. C'eft aux travaux de l'Architede qu'on doit le tranfport des Colonies �c la- fondation de plufieurs Villes floriffantes fur des c�tes o� l'on n'ofoit aborder avant ('�tude de ΓArchitecture nayaie.. |
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�ii Introduction.
Mais tous ces biens, tous ces avantages
nous feroient devenus �nfru&ueux, i� l'Ar- ch�te&ure Militaire ne nous e�t appris � lts conferver. Pour cela elle nous a enfei- gn� � d�fendre nos Villes, par des baillons, des foif�s 9 des chemins couverts, des con- trefcarpes & autres ouvrages de ce genre > en forte que i� nos ennemis deviennent aifez prodigues de leur fang, pour venir nous attaquer dans nos foyers, elle nous enfe�gne � couper leurs attaques par de continuelles traverfes, &c � loger plus d'hommes & de canons dans nos flancs, qu'ils ne iauroient nous en oppofer du c�t� par o� ils vou- droient nous forcer. Si au contraire nous croyons devoir les
attaquer dans leurs fortereiTes, elle nous apprend comment il faut conduire nos tranch�es pour qu'elles ne foient point en- fil�es 3 & comme il convient de diipofer nos redoutes & nos places d'Armes, pour n'�tre point iurpris par les forties des affi�g�s. Si Γ Architecture � tant de part � la vic-
toire , elle n'en a pas moins � la magnifi- cence du triomphe. Elle �lev� des troph�es iur le champ de bataille, elle raifemble les re&es des braves Citoyens qui ont r�pandu leur fang pour le fervice de la patrie, � deiTein de les conferver dans des monu- ments dei�in�s � faire revivre leurs noms &; |
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Introduction. 113
leurs a&ions fur le marbre bc fur l'airain $
& pour rendre encore ces monuments plus glorieux , elle y repr�fente les Chefs des Nations vaincues, encha�n�s & humili�s, &. leur fait porter le poids des entablements � en un mot, elle fe fert de tous les moyens que l'Art autorife, pour �terniier la r�com- penfe que m�rite la vertu des conqu�rants , ou les ch�timents d�s � l'infolence ou � la t�m�rit�, L'Architedure Civile Me s'emprefle pas
moins � c�l�brer-le retour du vainqueur, en le faifant paiTer ious des Arcs de Triom- phe qu'elle fait �riger � fa gloire , Se qu'elle enrichit de fymboles 6c d'orne- ments exquis, par lefquels elle annonce � la poft�rk� le pouvoir des Princes de la terre, & les efforts du g�nie des Artiites. Par-tout le Monarque y conf�dere., les ouvrages de g�nie que Ρ Architecture a enfant�s pour lui offrir des f�tes, �c par- l� manifeiter l'al�greife des peuples qu'il a fous fa domination. Il eil �tonn� des ftatues qu'elle a fait fondre du bronze enlev� fur l'ennemi 5 il contemple avec une fecrette admiration des colonnes triompha- les , des pyramides all�goriques , &: mille autres productions, qui toutes annoncent P�clat d� fa vicloire, de fa cl�mence &; de fa bienfaifance. |
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|24 ΙΝ Τ R Ο Ι>Ί7 G Τ Ι Ο 2ν\
Enfin au retour de Ja paix, l'Architec-
ture d�ploie de nouveaux prodiges ; c'eft alors qu'elle s'occupe pour le d�lafTenient des Citoyens & l'ornement des Villes, � �lever des th��tres, des cirques , des porti- ques , des bains, des biblioth�ques , des places publiques, des promenades qui ma- nifeftent la gloire du Prince, & la douceur d'un regne �clair� &: devenu paii�ble par (es triomphes & fes iiicc�s. Tant davantages qui, en nous annon�ant
l'utilit� de l'Archite�ure, nous annoncent auff� fa magnificence , lui donnent fans contredit la pr��minence (r) fur tous les autres Arts quelle feule r�g�t, en les ai�o- ciant � fes travaux : convaincus de cette |
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(r) Nous avions craint long-temps que f amourque
nous portons � notre Art, ne nous eut fait, au pr�judice de la Peinture &: de la Sculpture , donner la pr��minence � l'Architefture j cependant nous avons con�u que cette- expreflion ne pouvoir paro�tre ni trop forte ni trop ha�* fard�e } puifqu'elle fe trouve dans les Lettres - Patentes de Sa Majeft� ( p. 4. ) donn�es � Paris au mois de F�vrier 1717, enregiftr�es au Parlement le 18 du m�me mois , &� dont nous avons cru pouvoir rapporter ici l'extrait../!. » �'4| » tabliflement de l'Acad�mie de Peinture & de Sculpture », »�tablie d�s Tann�e 1648, & confirm�e en 165� y , % 9> produit le bon go�t Se une grande facilit� pour rintelli�*. »gence & Tufage du deifin , dont beaucoup de Palais ±, », Maifons Royales & autres �difices font orn�s & d�co- M r�s magnifiquement i & commeTArchitefture doit avoir m la pr��minence fur les autres Arts, qui ne fervent, pour- » ainf� dire que d'ornement dans les 4iff�r^{es.pA�tte&d�& « �difice* j; nous ayons jr�folu Mj. &&�;». |
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Ι ν τ Ro zur et ι ο ist. tij,
v�rit�, fans vouloir aiFoiblir l'excellence de
ia Sculpture, de la Peinture & du Jardi- nage, rendons compte � nos Elev�s de la fup�rior�t� de l'Architecture, dans le deiTem de les exciter � fe rendre v�ritablement di- gnes un jour de s'illuftrer dans ce bel Art5~ qui lui feul fuppofe la plus grande partie des connohTances des fc�ences > des arts utiles, des arts de go�t &: des arts agr�ables. Si l'Architecture eit, comme nous venons
de le voir, le plus utile des arts, nous pou- vons dire ici qu'elle eil auffi le plus ancien, puifqu'eile � ferv� � pr�ferver d'abord les hommes des intemp�ries des faifons. Tous les Arts lib�raux, & m�me la plus
grande partie des Sciences, n'euiTent peut- �tre jamais exift� fans l'Architecture. Ne paro�t-il pas de la plus grande probabilit�, qu'on ne peut rapporter leurs d�couvertes qu'� la communication r�ciproque des id�es de l'homme. Or cet effet n'a pu fe produire que dans la foci�t� r�unie &; par les op�- rations r�it�r�es des facult�s Pefprit humain. Sans l'Architecture, que feroit devenue la foci�t� ? A quoi nous ferviroit notre ma- niere de fentir ? Que feroit devenue notre induftrie, notre intelligence ? Parcourons rhiitoire, nous y verrons que lorfque l'Ar- chitecture eit parvenue � atteindre une cer- |
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i%� Intro nu er � o Ν*
taine conild�ration chez une nation, fori
go�t, fa fplendeur &; fa puhTance ont acquis le plus grand �clat. Nous pouvons le dire ici : la fup�rlorit�
d� PArchite&ure d�pend bien moins de la perfection de chacun des Arts qu'elle fait concourir � fes op�rations, que du choix plus pu moins judicieux qu'elle en fait faire, & de l'habilet� avec laquelle elle lel fait fervir � {qs vues. Qu'on ne s'y trompe pas 5 le g�nie cr�ateur & f�cond de Γ Ar- chitecte eft l'�me des Artiites qui travail- lent ibus ies ordres : quelque pr�cieux qu'ils fo�ent, ils ne font entre ihs mains que des inilruments au moyen defquels il doit ex�- cuter le projet qu'il m�dite ; ce font autant de puiifances qu'il fait calculer , '& qu'il multiplie ou modere � fon gr� pour, pro- duire les plus grands effets. En un mot, les Sciences ■& Iqs Arts font des reiforts par lefquels l'Architecture fe meut &; op�re : ils peuvent � la v�rit� agir fans elle , &c �jroduire des chefs d'�uvre 5 mais alors
eurs productions font born�es. Ce n'eft que de leur union avec l'Architecture, que r�- fuite l'effet auquel nous devons une maniere d'�tre & une jouiifance plus heureufe & plus parfaite. Que ne doivent point a PArchke&ure
la plupart des Nations qui pr�tendent Pern- |
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Ijsrr rojo�ct ι ο ν. tij
porter fur celles que la providence a plac�es
pr�s des Poles ou dans des climats d�ferts & br�lants. Les Arts dont la vanit� hu- maine s'honore le plus chez ces peuples, 6c ceux dont les preiliges flattent le plus leurs fens, fe bornent � occuper leurs loii�rs j mais la perfection de l'Architecture feule, efl le fruit de la fage & prudente �cono- mie , & de la politique des plus puiiTants Gouvernements > elle eft l'objet important de rinduftrie de leurs Citoyens > elle iadsfait � leur luxe > elle pourvoit � leurs befoins s elle donne aux plus grandes entreprifes la folidit� n�ceifaire pour braver les temps, Se fert � faire palier a la poit�rit� la m�moire des Conqu�rants. Tous les Arts lib�raux 9 fans doute, font
�galement e�limables lorsqu'ils concourent; au bien public, � l'utilit� des Citoyens &: � la gloire de la Nation j ils n'augmentent d'eilime ou de valeur qu'� raifon des con- ventions �tablies dans la foci�t�. Le La- boureur qui cultive la terre , l'Artifan qui vit d'un travail p�nible eft, nous ofons le dire ici, aui�� eilenciel a l'Etat que le Guer- rier qui combat l'Ennemi , & que le Magiftrat qui fait parler les Lois, S'il eil donc quelque pr�f�rence , quelque pr�- dilection attach�e � une de nos conno�flan^ ces, elle ne peut convenir qu'� celles qui -, |
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1*8 ϊ Ν Τ RO DU Cf � O ft.
en devenant les plus utiles, fuppoferit l�
plus de g�nie ? d� dignit�, &c annoncent le plus de magnificence. Si ce que nous avan- �ons ri5eil pas fans fondement ? on doit con- venir de la fup�riorit� que l'Archite&ur� doit avoir fur tous les Arts. Nous ne r�p�~ terons point ce qui regarde fort utilit�, elle �il inconteftable. Mats nous fommes forc�s de convenir que c'en: un Art difficile i & qu'un boii Archite&�,, tel que nous l'enten- dons, ne peut �tre coniid�r� comme uri homme ordinaire. Nous l'avons vu ailleurs, l'Archite&ure fit des progr�s lents j certaine- ment les autres Arts en ont fait de plus rapides. LaPe�nture & la Sculpture que nous cpftinguons ici entre hs Arts lib�raux i font des Arts d'imitation 3 Γ Architecture au con- traire cr�e plut�t les objets qu'elle ne les imite y elle ouvre un champ ν aile � l'ima- gination & au g�nie de l'Architecte. D'ail- leurs la Peinture particuli�rement f� par- tage en plui�eurs clafTes. L�s hommes c�l�- bres* excellent chacun f�par�merit dans I'Hiftoire, la marine r la d�coration d�s th��tres, &c, L'archite&ure eft une, il ne iuffit pas d'�tre d�corateur, diitributeur ou conftructeur pour m�riter le titre de grand lArchite&e > il faut r�unir fup�ri�urement ces trois branches, &; leur aiTocier les con- ftoiflances de tous les autres Arts qui lui ibnt
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In TR §b? υ er ι ο ν. 129
font fubordonn�s. C'eft de ces diff�rentes
�tudes combin�es, que na�t la fup�riorit� de l'Architecture. De tous les A rtiftes* Γ Architecte eil celui
qui, apr�s l'op�ration, peut le moins re- venir iur fes pas. Avant de jeter une ftatu� en bronze, le Sculpteur conilike la nature &: fait pluiieurs mod�les 3 un Peintre ha^ bile peut faire des changements utiles � fon tableau j un homme de Lettres peut corriger fon ouvrage � une f�conde �dition j un.Muf�- cien du premier ordre arrive � un plus haut degr� de perfection par les eifais qu'il peut faire de �qs comportions y l'Architecte eft le feul qui doit juger de l'effet de fon �uvre avant de p�ifer � l'ex�cution. Ses ouvrages font plus �tendus, la main d'oeuvre, l'�cono- mie des mati�res apporte fouvent des chan- gements indifpenfables dans fbn projet, &c en changeant l'accord des parties au tout & du tout aux parties, lui fait employer des licences dont il ne s'apper�oit,la plupart du temps, que lorfque fon �difice eft � ia fin. Il lui faut d'autres occaiions pour ie corriger de fes premi�res fautes: non-feule^ ment elles font rares j mais combien d'Ar- chitectes de m�rite ont fini leur carri�re fans avoir eu Pavantage de fe trouver � la t�te d'une de ces grandes entreprifes, qui feules font les grands hommes dans ce genre Tome L I |
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<Χ^Ο ΙΝ Τ RO DUtT I Ο Ν.
de talent? Les atteliers des meilleurs Artiftes
peuvent produire des chefs d'oeuvre pour des ibmmes peu coniid�rables j les �difices de marque exigent des d�f>enfes illimit�es j ce ne font que les plus puhTants Princes v les Cit�s les plus opulentes, � qui il appar- tient de former des Architectes c�l�bres. Les Michel-Anges, les Bernins, en Italie j les Manfards , les Perraults, en France , ont prouv�, par leurs ouvrages, la fup�riorit� de leurs talents, & la pr��minence de leur Art, compar� avec toutes les autres pro- ductions qui fe font faites de leur temps. Que ne pourions-n�us pas efp�rer d'un tel
Art, il les feu�s v�ritables Architectes �toient appel�s � manifefler la grandeur de nos Rois, & � �lever les monuments fameux , confacr�s � l'immortalit� ! Aucun de nos Elev�s ne doit ignorer que
la Porte Saint-Denis, leP�riilyledu Louvre, le Vat-de-Grace, le Ch�teau de Ma�fons >. l'Orangerie & les Ecuries de Verfailles, font autant de chefs d'oeuvre capables de prouver � tout homme impartial, que ces ■ monuments �c leurs auteurs, ont aiTur� � �l'Architecture le droit de pr��minence fur tous les autres Arts qu'elle aiTujettit � fes lois. Apr�s avoir parl� de la fup�riorit� de
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Intro nu er ι on. 13t
l^Archite&ure , nous croyons devoir finir
cette Introduction eiTencielle pour infpifer � nos Elev�s l'amour dts Beaux-Arts, par leur indiquer les moyens de devenir un jour eux-m�mes de grands Archite&es, aini� que les connoiilances qu'ils doivent joindre a l'�tude de cet Art, Moyens d*acqu�rir tes talents n�cejfaires � un
Architecte.
? Dans tous les temps les Archite&es ont
�t� n�ceifaires � la ioci�t� ; ils fe font attir� les hommages publics de toutes Iqs Nations civilif�es. Que de cottnouTances en effet, ne faut-il pas � un Archite&e ? Vitruve l'a dit avant nous 3 il doit conno�tre les math�- matiques, fe rendre le dei��n familier, �tre initruit de l'hiftoire des Belles - Lettres , s'accoutumer � obferver les hommes., � p�- n�trer leurs go�ts, leursbe�oirts, leurs rangs, leurs diftin&ions ; il doit favoir fe replier fur lui-m�me, &: d'apr�s fes fenfations par- ticuli�res, fes obfervations �c beaucoup de tentatives , faire paifer les chefs d'�uvre del� nature �c les beaut�s de l'Art, dans les ouvrages importants, confi�s � fes foins. ;-Il doit pr�liminairement fe rendre raifon des licences qu'occaf�onne prefque toujours raifociatioii des trois branches de l'Art. |
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ij 2 Introduction,
Ceft � lui � pr�voir les ph�nom�nes de
la vue, & les lois de l'optique, a fuivre les pr�ceptes, &; � fa voir cependant s'en �carter quelquefois, quand il s'y trouve forc�, 8c ielon le plus ou moins d'importance de ^s eiitreprifes. ' /;*�-i ii?p L'habile Architecte fait p�n�trer dans les
myfteres-de l'Art ; pour cela il doit �viter dans fes comportions tout ce qui ne pr�^- fente qu'une abondance it�rile j il doit ap- prendre � m�nager fes moyens pour ne pas confondre le caract�re particulier qui convient � chaque �difice : il doit favoir paiTer par des traniit�ons heureufes du grave a l'�l�gant, du i�mple au compof�j varier fes productions, en n'employant tant�t que des mail�s fortes ou l�g�res^ .des formes racour- ( cies ou pyramidales , rectilignes ou i�nueu- Ces-�, tant�t en donnant plus ou moins de mouvement � fes plans , foit en affectant des corps continus, rfoit en pr�f�rant des corps avanc�s ;& des corps interm�diaires. Sans d�roger � I'efprit de convenance, il doitfouvent pr�f�rer des beaut�s f�eres &: m�les,'� un caract�re; doux & na�f 5 quelque- fois au contraire, Urem ploie les gr�ces l�g�- res, 'itk.d�licates de l'Art. ; II; faut favoir que l'Architecture , ies
pr�ceptes � part, eil un Art de go�t, de g�nie 6c d'invention j que quelquefois m�me |
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Introduction. 133
©η peut & l'on doit s'affranchir de certaines
r�gles. Ne vouloir jamais s'en �carter, c'eft rifquer de tomber dans la f�cherei�� & la �le- ril�t�. Il eil vrai qu'il n'eft pas toujours poi��- ble � l'Architecte de rendre raifon de tous les ornements qu'il emploie 5 il fuffit commu- n�ment de les rendre vraif�mblables, & de faire en forte qu'ils pu�ifent fixer agr�able- ment les regards : mais ce que nous difons Ici ne comprend que la Sculpture. L'Archi- tecture , proprement dite , voit autrement. Dans les �difices d'importance, elle a pour objet la diipoi�tion g�n�rale des b�timents principaux & d� leurs d�pendances. Elle voit tout en grand j elle pr�f�re dans nos Villes, � la d�coration des fa�ades , des acc�s & des communications faciles.,, elle s'occupe de l'alignement des rues;, des places, des carrefours, d� la diffribution des march�s, des promenades publiques. Au reite, il eil des ornements accept�s par l'ufage que l'habitude a rendus n�ceffaires, quoiqu'ils n'aient d'autre autorit� que le fuf�r�ge �niverfel ; ils contribuent quel- quefois � donner encore plus d'�clat a. l'Architecture : de ce genre font les ilatues, les troph�es, les vaies, les cand�labres, qu'on place ordinairement fur les baluflra- des ou devant les attiques, fans autre motif que la magnificence > les ornements taill�s lu]
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134 Introduction.
fur les moulures des fa�ades ext�rieures,
richeiie n�anmoins qui devroit �tre r�fer- v�e pour le dedans des appartements; les m�daillons qui peut - �tre devroient �tre confacr�s pour les f�tes publiques 3 les t�tes humaines 3 lesmafcarons qu'on place fur les claveaux d�s portes, des croif�es, & aux- quels on devroit pr�f�rer les clefs, les agra- fes que plui�eurs de nos b�timents c�l�bres nous offrent pour exemple 3 les bas-reliefs, ordinairement enferm�s dans des tables, &; dont la pet�teiTe du module devroit porter � ne les admettre que dans l'int�rieur de nos Temples, ou dans les tr�s-grandes pi�ce« de nos habitations 3 enfin les bl�ions, les fupports que l'oftentation fait placer dans les tympans i fur les frontons de nos b�ti- ments , &c quelquefois m�me � ceux des �difices facr�s, contre toute id�e de vraif- femb�ance , pendant qu'ils ne devroient trouver leur place que pour fervir d'amor- tilTement fur les portes de nos H�tels , 6c fur celles de la demeure de nos riches par- ticuliers : car cette efpece de fculpture , ainf� que les pr�c�dentes, paro�tplus tenir � l'arbitraire qu'au raifonnement. On ne l'em- ploie donc que parce que la plupart des Archite&es p�fent plus commun�ment les fufTrages de la multitude, qu'ils ne comptent ceux des grands Ma�tres, qui, quoiqu'on |
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Introduction. , 13 j
petit nombre, doivent avoir la pr�pon- d�rance fur le vulgaire. Pour parvenir � clioiiir avec go�t ce que
nous devons imiter ou rejeter des produc- tions de nos pr�d�ceileurs , nous l'avons d�}a dit, nous le r�p�tons j il faut que les Elev�s en Archite&ure regardent le dei��n comme la baie de toutes leurs op�rations, non pour devenir Peintres, Sculpteurs ou D�corateurs , chacun de ces Arts exigeant en particulier qu'on s:y livre fans r�ferve y mais parce que pour �tre bon Architecte , il leur convient de favoir ai��z bien dei��- ner la figure , l'ornement, le payfage, les, r�gles de la peripe&ive, &: l'art de modeler, afin de pouvoir devenir au moins de juiles appr�ciateurs des talents des Artiiles qu'ils doivent affocier un jour � leurs travaux. Que n�anmoins ils foient bien perfuad�s qu'il leur eil �galement dangereux d'igao- rer abfolument toutes ces fciences, comme de s*y livrer avec cette fougue &i cet en- thoufiafme qui les �gare prefque toujours, au-del� du but qu'ils doivent fe propoi�r j car, dans le premier cas, leurs compofitions froides �tant d�pouill�es des ornements deftin�s a les embellir, ils. font oblig�s de les faire paifer dans, de nouvelles mains,, qui fouvent en abufent j en forte que ces beaut�s 7 qui ne devroient �tre cafaccefi- I h
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x$& In tro&uction:
foires dans l'Architecture , deviennent au-
tant d'obitacles aux beaut�s primordiales qui en con-ftituent l'efTence. Que nos jeunes Arcliite&es �vitent auffi
avec foin de fuivre aveugl�ment les orne- ments qu'une mode pafTagere femble auto- rii�r j'que fur-tout ils fuient l'imitation des ouvrages qui n'ont aucun genre ni aucun caract�re particulier , & qui fe trouvent tels, parce que leurs Auteurs �gnoroient ce qui conftitue le vrai beau Se le beau id�al. N'avons-nous pas vu les ornements frivoles des dedans paifer dans les dehors? abus qui a mbf�it� long-temps. Aujourd'hui par une inconi�quenee tout aui�� condam- nable , on applique le ilyle grave des dehors ? dans l'int�rieur des appartements: on donne � nos meubles , ce que 'l'exp�rience nous avoit appris � �viter, je veux dire , les formes quarr�es dont les angles bleifent l'�uil , nuifent �■ � la circulation des per«, fonnes afTembl�es dans nos demeures, ..& fouvent on s'appuie du pr�texte que ces formes font imit�es des Grecs, fans r�fl�- chir que ces peuples ne les employaient que dans leurs Temples ^u dans la d�cora- tion ext�rieure de leurs �difices publics y & qu'elles ne conviennent jamais% ou que tres rarement, dans les choies d'agr�ment ou d'un ufage journalier. Quoi de plus abfurde |
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Int rob u er ι ο ν. 137
par exemple, que de charger les lambris d'un
boudoir, des m�mes feftons compof�s de feuilles de ch�ne & de laurier , dont on d�coroit � Rome les Arcs de Triomphe deftin�s � faire paiTer � la poft�rit� les victoires du H�ros ? inadvertance peut-�tre plus r�voltante encore , que les rocailles Sc les ornements Chinois ? qu'on a prodigu�s pendant vingt ann�es dans tous nos b�ti- ments , & m�me jufques dans l'int�rieur de nos Temples. Que nos Elev�s y prennent garde j il faut du choix dans l'imitation : qu'ils apprennent m�me � douter de tout ce qui vient de leur propre fond, qu'ils confiil- tent leurs Ma�tres j qu'ils s'inftruifent avec les Artiftes c�l�bres & avec les Citoyens qui s'int�reifent � leurs fucc�s �■> qu'ils leur faf- fent fouvent part de leurs projets.} qu'une noble �mulation anime leurs travaux : utile � tous les �ges, elle doit �tre l'apanage du jeune Artifte : qu'ils �tendent beaucoup plus loin les bornes de leurs connoii�ancesj que fur- tout ils foient modeftes fans timidit�, hardis fans pr�fomption ; qu'ils vii�tent fouvent les chefs d'�uvre du iiecle paiT� , pour les comparer avec la plupart de ceux qui s'�l�r* vent de nos jours ; qu'ils �vitent principale- ment l'incertitude dans laquelle marchent quelques-uns de leurs �mules , qui , au m�pris des v�ritables r�gles de l'Art, fem- |
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13 S Introduction,
blent, a l'cnvi les uns des autres, �lever
dans cette Capitale, des b�timents � peine dignes de la barbarie des onze & douzi�- me i�ecles : barbarie , nous oibns le dire ici , qui fubi�ftera , tant que la plupart de ceux qui fe vouent � l'Architecture, embraiTeront l'�tude de cet Art, ceux-ci par occafion, ceux-l� par dus vues d'int�r�t > les uns par d�i�uvrernent, hs autres parce qu'il faut �tre quelque chofe; tr�s-peu par go�t, par inclination , &: avec la noble ardeur de devenir c�l�bres : d'o� il refaite tant de talents manques , tant de produ- ctions informes , tant de d�corations extra- vagantes , gigantefques ou pu�riles;, qui annoncent la d�cadence du go�t. Ces d�fauts fe perp�tueront, tant que la plupart dts Elev�s relieront fuperf�ciels , qu'ils auront recours � l'importunit� , qu'ils bri- gueront par faveur , par protection , des entreprifes qui ne devroient �tre confi�es qu'au vrai m�rite, � l'exp�rience & � l'�n*- ti�grit�. Deux inconv�nients �galement pr�judi-
ciables aux progr�s de l'Art, contribuent aux reproches fond�s que nous ofon$� faire ici � pluiieurs de nos jeunes Architectes , M m�me � notre i�ecie -, le premier, de ne pas faire affez commun�ment entrer pour quelque chofe dans l'�ducation des hommes |
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In r o du c τ τ ι ο ν. ij 9
bien n�s, les connoiiTances �l�mentaires d'un
Art i� recommandable5 le f�cond;, la pr�- cipitation du d�but de nos Elev�s. Ceux-ci contents des premi�res notions de l'Art, ne pr�voient pas qu'il faut pour parvenir � fes /iicc�s, non-feulement une profonde th�o- rie , une tr�s-grande pratique, une longue fuite d'exp�riences 9 mais encore l'�tude des grands Ma�tres , qui nous ont pr�c�d�s > �tude ians laquelle ils ne peuvent jamais par- venir au i�mple, ni atteindre au fublime. Ce beau, cette noble /implicite, doit fur-tout caract�rii�r les diff�rents �difices qu'on �rige dans cette Capitale, dans fes environs, dans nos Provinces j & il eft int�relTant que les perfonnes en place, charg�es de la gloire &: des int�r�ts des Peuples , la connoiiTent, pour favoir au moins d�iHnguer les produ- ctions des Architectes d'un vrai m�rite d'avec les comportions des Architectes fubalternes, pour fe rappeler avec �tonnement la folidit� immuable des monuments de l'Egypte fous S�foftris j la beaut� des proportions des �difices des Grecs fous P�ricl�s j la perfe- ction des ouvrages de l'ancienne Rome fous les C�fars, de Rome moderne fous L�on X> enfin le go�t de cet Art i� naturel � la nation Fran�oife, & qui s'eft manifeft� il fup�rieu- rement fous Louis le Grand. Si nous d�i�rons que l'homme d'Etat ac-
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140 Introduction.,
qftiere des connoiifances i� utiles � tout Ci- toyen , <jne nos Elev�s fentent combien il leur eil autrement important d'entrer dans tous les d�tails de cet Art} d�tails qui font feuls capables d'�lever l'Art�ile au-deiTus > de lui-m�me , lorfqu'il a fu parvenir � un certain degr� de perfection : qu'ils voient combien au contraire il leur feroit humi- liant de ramper baifement dans la m�dio- crit� , fans pouvoir jamais m�riter l'eilime de leurs Contemporains , ni celle de la poni�rit�. Que fur - tout ils fe fouvien^ nent que dans la jeunei��, l'imagination prend fou vent la place des pr�ceptes, & que dans ion premier eflor elle choiiit plut�t les beaut�s hafard�es, que les beaut�s r�elles 5 qu'ils f�chent que cela ne leur arrive pr�ci- iement que parce qu'ils ne mettent pas aiTez d'ordre dans leurs id�es, dans leurs �tudes, &. que leurs diitra&ions leur font fouvent: perdre le fruit des pr�ceptes qu'on leur enfef- gne. La plupart des jeunes gens font domi- n�s par l'amour-propre; &; ce d�faut leur fait oublier , qu'apr�s la chaleur de la com- poi�tion ils doivent revenir fur leurs pas, δζ fe corriger �" lo�iir 5 qu'il doit toujours y avoir une diff�rence tr�s - coiii�d�rable entre le premier projet & les plans i�r lefquels on doit b�tir 5 que cette der- ni�re id�e doit les fuivre par-tout, en tout |
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�NTRODU CT I O Ν. 14t
temps, & dans toutes les occafions; que dans
la conception d'un projet il fuffit d'avoir en vue la difpoiition g�n�rale? mais que quand on met la main � l'�uvre, c'eit alors �particuli�rement qu'il s'agit d'approfondir
es r�gles de l'Art, l'efprit de convenance �c les lois de l'�conomie : qu'il faut i�voir faire des facrifices, au d�faut des principes avoir recours aux reiTources de l'art 3 qu'en un mot, dans le d�but de fa compofition il faut de la fagacit�, 8c f�lon l'occafion, de l'enthouiiafme * dans la fuite au contraire, du flegme, de la retenue , & des combi- naifons. lh?% Pour arriver � ces diff�rents degr�s d�
perfection , nous confeillons � nos Elev�s, avant d'ofer entreprendre un vol trop ra- pide, de commencer par des comportions l�mples & faciles, de foumettre leurs pre- miers erForts � des hommes �clair�s, qui puuTent leur en faire fentir les plus l�gers d�- fauts. Nous les exhortons � ne jamais palier i un f�cond projet, que le premier ne foit enti�rement retouch�, 6t qu'il�n'ait �t� de nouveau fournis �u; jugement des Ma�tres -de l'Art. Nous les engageons � ne fe paiTer rien , � ne n�gliger rien, � ne rien omettre} cette f�v�rit� eil le feul moyen qui punie les conduire au fa�te de l'Art. Sans toutes : ees pr�cautions, ceux qui i auroient d�j� |
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142 Introduction.
donn� des efp�rances, & laiiT� entre-vo�r des
�tincelles de leur g�nie , ne produ�roient dans la fuite que des comportions foibles \ L�. quelquefois m�me au-deifous du m�diocre. Qu'ils fe rei�buviennent tous, qu'ils ont be- foin d'�tudier encore pour devenir des hom- mes, qu'il n'y a qu'une �tude fuiv�e & appro- fondie qui puiife en faire des Archite&es du �)remier ordre 5 qu'il eil n�ceifa�re de puiier es pr�ceptes � leur fource : qu'ils s'accoutu- ment � lire les bons Auteurs,� les commen- ter, � les extraire: qu'ils vif�tent�plui�eurs reprifes les mod�les c�l�bres que nos plus grands Ma�tres nous ont laiiT�s pour exemr :plesi qu'ils s'�prouvent plui�eurs fois dans les comportions de m�me genre �c de genres diff�rents j que leurs projets foient toujours ai��jettis � des mefures donn�es, � des ouver- tures d'angles prefcrites, aux in�galit�s d'un fol qui exiite, afin de s'accoutumer de bonne heure � vaincre les entraves inf�parables de certaines efpeces de conitru�tions. Qu'en fui- :V�nt ces cours, enfin, nos jeunes Citoyens Tentent tout l'avantage de leur aiTociation avec les Amateurs qui fuivent nos conf�- rences, de qui , par leur exemple , doi- vent leur apprendre ce que petit fur des hommes d�j� initruits r le d�i�r d'aug- menter la fomme de leurs connoii�ances j avec ceux qui de nos Provinces viennent |
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�NTMO Dl/CT ΙΟ Ν. 143
puifer dans nos le�ons , le go�t de l'Archi-
tecture } pour le r�pandre un jour chez euxj avec d'autres Artiiles, qui Tentant la n�ceffit� indifpenfable de joindre au talent de la Peinture & de la Sculpture qu'ils exercent d�j� avec fucc�s, l'�tude de l'Architecture, accourent fe perfectionner dans cette Ecole des Arts y avec des Artifans qui tous les hivers viennent ajouter � la pratique qu'ils ont d�j�, les inftructions �l�mentaires que nous donnons. Pluiieurs de nos Elev�s n�- gligent ces �l�ments, parce qu'ils n'en Ten- tent pas l'utilit�. Mais on a beau travail- ler , fans lts �l�ments de l'Art, on ne peut parvenir ni � la th�orie., ni � la pratique de l'Architecture. Qu'une noble �mulation ani- me donc nos Elev�s j qu'ils travaillent pour leur propre gloire & pour celle de leur pa- trie. Deilin�s pour la plupart � porter un jour dansles pays les plus �loign�s, les mo- d�les de nos productions, que leurs progr�s atteftent � ces Peuples , que la nation Fran- �oife ne le c�de � aucune de celles qui fe font le plus iignal�es dans ce bel Art. Finii�ons cette Introduction par l'origine
du Jardinage , de la Sculpture & de la Peinture , autant d'Arts lib�raux , inf�pa- rables de l'Architecture &c des connoiiTances qui y font relatives. |
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144 Introduction.
O RI G I NE DE L'ART DU JARDINAGE.
JL' O e CUP ATION la plus v�ritablement
louable, effc fans doute l'Agriculture : aui�� cettefcience a-t-elle �t� long-temps la feule qui ait fait le bonheur, & fix� les travaux des hommes. Enfuite elle s'eil partag�e en plui�eurs branches, qui toutes f�par�ment ont contribu� � leur rendre la vie plus agr�able &: plus commode. On eil parvenu enfin � aiTocier la culture des terres avec 1'A.rt du Jardinage, d'o� font r�fult�es di- � verfes productions, rang�es avec iim�trie,
ou difpofees avec ce beau d�fordre que nous pr�fente le fpe&acle de l'Univers. Perfonne n'ignore que dans tous Jes temps
les Chefs de famille, les Patriarches, les plus grands Princes , ont encourag� l'indu- �lri� des habitants de la campagne , & qu'ils "n'ont pas m�me d�daign� d'y donner leurs
foins. Nous devons � ceux-ci une partie de ce que X�nophon, Caton , Varron, Colu- nielle ont �crit fur cette fcience, �r� d'au- tres Ecrivains, diff�rents Trait�s qui nous ont
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Ιμτ R o�>Vc τ ίο Ν. 145
ont appris � cultiver nos h�ritages, � rendre
nos moii�ons plus abondantes, � �monder les arbres y � les grerFer, comme on a d� depuis � le Nautre , � Baptiile &c � Le Blond ; l'art de rendre r�gulier un terrein montueux dans ibnibl, & in�gal dans ion pourtour, � tracer des parterres, � creufer des boulingrins, � placer avec un certain ordre les rieurs, les arbultes de les �rbruTeaux de toute eipece, les grottes , les fontaines 9 les portiques na- turels & artii�ciels. Mais comme toutes ces derni�res par^
ties tiennent directement � l'Art, avant d'y paiTer,difonsun mot de ce que l'on entend par Agriculture , proprement dite , d'o�, eil �man� le Jardinage qui fait ici notre objet. Les premiers hommes, oblig�s de pour-*
voira leur fubiiilance, apprirent � ouvrir, � fa�onner, � am�liorer la terre , &; � en tirer ce qui leur �toit n�ceiTaire s enfuite conno�tre les grains, les ferner, en augmen- ter l'efpece* fut l'objet de leurs recherches: connoiflanc�s que le d�luge m�me ne d�- truii�t point enti�rement5 que No�po�f�doit, dont il s'occupa au fortir de l'arche > Se qu'il communiqua � fes defcendants : ceux- ci , a. leur tour, perfectionn�rent les outils, s'attach�rent � la ma�n d'�uvre , & ie don- n�rent" pour l�s inventeurs <J� cette feienec x ]Toni& Ι. Κ |
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�tf ΙΝ f RO DUC f I O �.
quo iqu'en cor e imparfaite, tes Egyptiens
en font honneur a If�s & � �mris fon �poux (s ) ; les Grecs a C�r�s, �c les Romains � Saturne g� � Janus. Ge qui eii certain, c'eft que les Grecs ont eu une grande v�n�ration pour agriculture. Hi�r�n Ue Siracufe, Attalus Philopator de Pergame , Arch�la�s de Mac�doine,&: une infinit� d'autres grands hommes font lou�s par X�n�phon de par Pline, de l'attachement qu'ils ont t�moign� pour les travaux champ�tres. L'Hiftoire fait auffi mention que Γ Agriculture fut le premier objet des L�giflateurs Romains, '& qu'on a vu pendant filuiieurs iiecles les H�ros de l'ancienne Rome, paifer de la culture des champs, aux premiers emplois de la R�publique , retourner du triomphe � la charrue, & aller ainf�fe fortifier par ]es douceurs d'une vie retir�e, dans l'�tude de la philofophie δ� la pratique de la vertu. Les Chinois qui difputent � tous les au- tres Peuples l'anciennet� du labourage, pr�tendent l'avoir appris de Chin-Ong , fucceiTeur de Fohi. Quoi qu'il en foit, c'eft de ces diverfes contr�es que cette feience fut tranfport�e dans les diff�rents climats ; le Grecs conviennent la tenir de l'Egypte» de lts Romains de la Gr�ce. < (s) Diodorcde Scicile, liv, f y o� F�utarqiie ,Air. lr.
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Introduction, 147
L'Agriculture fut donc honor�e chez ces
Peuples, dont le plus grand nombre confacra des Temples aux Divinit�s qui, f�lon leur opinion, pr�i�doient aux productions de la nature. A meiure que le go�t s'�puroit, que les
connoii�ances s'augmentoient, on fongea � tirer de cette fcience des rei�burces pour les agr�ments de la ioci�t�: if�fenf�blement on voulut traniporter dans les Villes les charmes de la Campagne, & dans celle-ci la magnificence des Villes. L'Agriculture devint donc un Art particulier, ou plut�t elle vit i�rtir de ion fein pluf�eurs Arts divers 5 celui de la culture des terres fut abandonn� aux Laboureurs pour les beibins �i��nciels de la vie j le loin de faire cro�tre des l�gumes &c des fruits devint le partage d'une cla/Ted'hommes plus inftruits > le Bo~ taniileraiTemblaavec ordre Jesfimpl�s utiles � la confervation du genre-humain 5 l'id�e de tranfplanter l�s arbres, de les ranger avec i�m�trie fut confi�e � des Artiiles intelli- gents. Tous ces uiages remontent jus- qu'aux Syriens §c aux Phrygiens (r). Les Jardins de Midas �to�ent renomm�s pour la culture des fleurs (u) 5 Homere vante |
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( t ) Pline, lir. xx,
( u ) H�f&dote, liv. y ni. Kij
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i4§ Introduction.
ceux d'Alcinoiis pour la r�gularit� & la
diitribution des eaux : mais i�ns doute ces productions �to�ent encore dans l'enfance, on m�connoiiToit les moyens de foum�ttre la nature par les fecours de l'Art. On tranfplantoit � la v�rit� des arbres 5 mais on ignoroit la m�thode de les �laguer, de les greffer, fcience qui n'a �t� connue que depuis le temps des Auteurs d�j� cit�s > du moins Mo�fe n'en parle point dans les pr�- ceptes utiles qu'il donne aux lira�lites fur cet Art important. H�i�ode pai�e aui�� cette pratique fous
i�lence $ en un mot, l'arrangement deftin� a l'embelliiTement des promenades, &c � relever la magnificence de la demeure des grands Princes,' eft.. due aux Artiftes de l'Europe y mais nos Architectes en ont par- ticuli�rement fait une branch� de leur Art, & l'objet de leurs m�ditations j car quoi- \ que l'Hiiloire nous apprenne que Salomon, Cyrus le jeune, Diocl�tien, Probus Si Char- les-Quint , firent leurs d�laiTements des foins du Jardinage, il faut convenir qu'il ne s'eil v�ritablement perfectionn� que fous Louis XIII & Louis XIV, qui tous deux ont trouv� dans cet exercice les attraits les plus f�duifants. Il eil vrai qu'en confultant l'antiquit�,
elle nous parle des Jardins de S�miramis j |
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Introduction. 149
mais n'en �toit-il pas de ceux-ci comme des
b�timents c�l�bres de ces premiers ilecles. Peut-�tre ces Jardins, fi vant�s, n'�toi�nt- ils merveilleux (y)'que parce qu'ils annon* �oient dts efp�ces d'amphith��tres,difpof�s fur des terraiTes fort �lev�es * il y a du- moins lieu de croire qu'ils manquaient ei�enciellement par la vari�t� de l'Ordon- nancera forme &: l'�l�gance que nousi�- vons r�pandre aujourd'hui dans ce genre de productions. �En voulant m�me remonter aux Peu-
ples ing�nieux de la Chinev qui ne s'en font pas toujours tenus � la culture ��s terres > que ne rapporterions-nous pas de l'irr�gularit� qu'ils affectent dans leurs Jar- dins de propret� ? Cette nation aimant peu ; la promenade, on trouve rarement chez elle hs avenues & les all�es fpacieufes des Jardins de, la France. Ordinairement ils font uf�ge des. chemins i�nueux, & diitri- buent par fcenes la plus grande partie du terrein qu'ils deftinent i orner les environs de leurs demeures. Leurs Jardiniers imitent tour � tour les objets. �es plus, riants ou |
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(>) Paufanias , Pline-,, 8c plufieurs-autres Auteurs 4
nous ont donn� la defcription de ces Jardins, & rap- portent que les eaux y �taient abondantes , & q�telkfc p^roifToient autant de mervdlles Tufpendues; en l'alto ■tr � � �
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15© Ι ν τ no D tr e τ ι e ν.
les plus terribles, ils affectent mem« de les
diipofer de maniere que par des traniitions brufques, ils pr�fentent un contrarie frap- pant. Comme les chaleurs de ces climats lont exceffives, ils pratiquent dans leurs Jardins des canaux & des cafcades aux- quelles ils refufent m�me toute eip�ce de r�gularit�, pr�f�rant le d�fordre pittorefque de la nature, � la i�m�trie la plus �tudi�e 5 ils grouppent, � la v�rit�, leurs arbres comme les Peintres grouppent leurs figu- res , & parviennent aini� quelquefois � une vari�t� int�rei�ante, vari�t� que la Nation Angloife &la plupart de celles d'Allemagne imitent d'apr�s eux, dans l'intention de repr�f�nter dans leurs Jardins cette �rr�gu- ' larit� &: ces heureux caprices que leur offre le ipe�tacle des vall�es, des coteaux &: des montagnes, qu'ils pr�f�rent � la i�m�trie que nous apportons le plus ibuvent dans la diftribution de nos Jardins. Ces Na- tions , d'ailleurs fort �clair�es, regardent la fim�trie comme une entrave au g�nie, & comme un ai��jettii��ment trop iervile aux r�gles de l'Art. Les Anglois fur-tout, Peuple f�rieuxy
afFedent jufques dans leurs Jardins par�s une /implicite, louable ians doute, mais fou- vent trifte & monotone 5 & lorfqu'ils d�- ploient leurs rei�burces dans cette partie |
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In � RQ du er ι ο ν. iji,
de '1*Art, ils tournent leur g�nie � compo-
ier des, promenades dont Paiped, feul eft errrayant.� Denbigk, pr�s Dorking^ clans le Comt� de Surreyy on remarque un Jardin appartenant � M, Tires &; plant� par us foins, le m�me qui en d'autres occafions %�anmoins a iu donner tant d'agr�ments aux Vaux-Halls de Londres,; oh remarque.,; dis- "je,un Jardin fitu� fut le penchant d'une mon- tagne,, couverte de taillis , perc�e de p�u- J�eurs all�es qui fecroifent. Quelques-unes, jde ces all�es montent iur des �niinencesy d'autres descendent dans des pr�cipices: les premi�res font riantes &,bien dreflees ries f�condes font rudes, embarrafF�es j les ^unes ;& Jes, au�resifaites � dei�ein derepr�ienter 4es vicsi^udesde lavie hpmatne. Aux car- refours de ;�es diff�rentes all�es* on a plac� �des; infoiptions morales : pr�s de l'entr�e >de cette promenade lugubre, on trouve une :efp�civ4e. Temple d�di� � h mort, dans Jequel eft un monument �lev� � la m�moiif du Lord Pure, & dont les rev�tiiTements int�rieurs font charg�s de Sentences, conv >pof�es par les meilleurs, Po�tes Anglois, entr*autres pair le IDo&eur Voung..A l'exr ir�mit� de cette feinde fun�raire eft fune vall�e, plant�e, de pi�s M de cypr�s , � l'entr�e dejaquelie on remarque deux fque- letteshumains& de kxQsdiff�rents, qui par |
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� f% I isr τ R� d�t er � o ti.
leur attitude, femblent avertir ceux qui par- courent ces trilles lieux, de la fin de l'hom- me & de Ton an�antii�ement. Mais le ipe�fca- cle le plus er�rayant qu'on obferve dans cette fombre vall�e , c'eft une elp�ce de grotte div�f�e en deux parties s dans l'une le remarque lln�r�dul�t� mourante dans le plus affreux d�fefpo�r, & environn�e de tous les attributs iiniltres des objets qui n'ont fervi qu'� ^�garer pendant fa v�ej dans l'autre, au contraire, on voit l'homme croyant � la vie �ternelle ,. calme & ��rein au moment m�me de la mort, Se ayant pour fy/mboles au tour de lui, tout ce qui a pu contribuer � le faire marcher dans le ientier de i'efp�r�nce & de la vertu. 'Ces deux actions\9 � oppoT�es, font peintes par le c�l�bre Hgyman avec une force & une exprel��an capables d'inipirer vivement au Spectateur l'amour du bien &: l'horreur du vice. Au reifte nous ne rapportons ici cette jd�e fun�bre que pour prouver � nos El�- ves qu'il n'y a rien que l'Art ne puii�� fendre, aid� du i�cours de la nature , &; que �'eft la r�union de ces deux parties qui form� feule le m�rite elfenciel de l'Ar- �h�te$:e, m�rite qui n�coniifte pas, comme plufieursfe l'imaginent, �s'arr�ter toujours a des id�es agr�ables, mais, au contraire, � exercer de bonne heure fon g�nie � rendre I ■■■ Φ M. . ... "'
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� NT RO DU CT I Ο Ν. Ι J3
feni�ble & palpable l'objet qu'on a � traiter.
Il iero�t peut-�tre bien, par exemple, d'Imiter dans les promenades champ�tres, qui font partie des habitations deftin�es aux hommes du monde, la vari�t� dts Jardins Chinois, �c dans celles deftin�es � la m�- ditation des hommes d�vou�s � la religion, des objets fombres, dans le genre de ceux uqs Jardins de Denbigh, que nous venons de d�crire. Enfin, il faut faire ufage de la maj� gnif�cence que procurent ordinairement les beaux Arts r�unis, pour les promenades des b�timents confacr�s aux t�tes cou- ronn�es , a�nfi que pour les Jardins des maiforis de pla�fance deftin�es � la r�fidence dus Grands. Mais quittons cette digrei��bn '& conti-
nuons de parcourir ce qui peut nous int�^ relTer touchant l'Art du Jardinage} � de����t� d'infpirer aux jeunes Artiftes le go�t g�n�ral de cette fcience. : Il paro�tra �tonnant que les Grecs 9 qui
ont pouiT� i� loin la perfe&ion dans tous hs autres Arts, fembl�nt cependant n'avoir gu�re excell� dans celui du Jardinage j du moins i'Hiftoire ne dit-elle rien d'int�rei- fant � ce fujet. Elle parle plus avantageu- fement des Jardins de Luculk & de N�ron \ Cic�ron parole enchant� de ceux de Tuf- culumy Pline le Conful fait de grands �loges |
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154 Introduction.
du Laurentin (χ) &; de fa maifon de Tof-
cane. Mais n� les faftueufes deferiptions qui font parvenues jufqu'� nous , ni les deffins que nous connohTons, ne pr�fentent aucune id�e fatisfaifante fur la diitxibution &: la d�coration <hs anciens ou des nou- veaux Jardins d'Italie. Ce que nous en a rapport� le Nautre ne fert qu'� nous con- firmer dans cette opinion j il avoue m�me que hs productions de ce genre qu'il a examin�es dans fon voyage � Rome n'ont pu enrichir fon imagination , que les Jar- dins de Tivoli, de Fr�fcati & des maifons de phifa.net des grands Ducs de Tofcane qu'ori vante beaucoup, ne peuvent entrer en com- �>araifon avec ceux de nos Maifons Roya-
es � qu'� la v�rit� < les eaux font tr�s- abondantes dans la plupart des Vignes d'l�- talie , mais que les Artiftes de ce pays^, n'ont jamais fu fake valoir un i�, grand avantage > que prefque toutes leurs fon- taines font d'un.genr-e, me�quin j qu'on n'y remarque d'ailleurs que des grottes en rocailles, de petits baflins, des jeux 'd'or- fue, des chants d'oiftaux: |$4 'Mm� autres
agatelles (y) 5 qu'oa�n'y voitden de noble, |
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(x) Voyez la Defcription <jue nous ^ donn�ef^Iibienj,
du Laurentin, & de la Maifon Tofcane de Pline le Confiil. (y) Nous avons tir� ce que nolus'difonsici, d'un ma-
nuferit de le Nautre 3 dont M. * $ ί iReceveur g�n�ral des Finances eft poffeiTeur. . |
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Introduction. 155
de grand'/ni qui porte l'empreinte &: le cara�tere du bon go�t. Il nous apprend en- core que la Vigne Pamphile &; les Jardins du Palais Ludovifi les plus eiHm�s, dit-il, aujourd'hui dans Rome, ont �t� plant�s fur les dei�ins qu'il en a donn�s (|| D'apr�s ce r�cit on pouroit donc avancer qu'� l'exception de la iituat�on heureufe des anciens Jardins d&s Romains, c'eit. chez nous que le Jardinage a proprement �t� r�duit en Art, comme nous avons remar- qu�, que l'Architecture le fut chez les Gr�es. Nous pouvons le dire ici,c'eft fous Louis le Grand qu'on a trouv� en France le moyen de rendre l'Art naturel dans les Jardins de Verfailles, de Trianon, de Marly:\ de parer la nature par le fecours de l'Art, dans ceux de Meudon, de Sceaux, de Chantilly, de Li�ncourtj l'un &; l'autre fe pr�ter des fe- cours mutuels pour former ceux de Choify , |
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CM Cet Artifte, le plus grand g�nie de ion fiecle ea
ce genre/ mais dont les talents furpaffoient peut-�tre lit modeuie -■ � en juger par le dernier trait que nous venons de rapporter, obtint de Louis XIV, en 1678 , d'aller «n Italie j & c'eft pendant ce voyage que Jules Hardouin, Manfard prit occafion de pr�fenter a ce grand Prince., les projets des B�timents & du Jardin de Marly, qu'il m�ditoit depuis long-temps, & que Le Nautre trouva ex�cut�s avec le plus grand iucc�s , ce qu'il ne put pardonner � Hardouin j �bn humeur altiere m poura�ic fupporter de rivaux. |
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�$6 Introduction.
de Fontainebleaus de Saint-Cloud (a), de Saint-Germain-en-Laye Se de tant d'autres lieux admirables. Tant de chefs-d'�uvre qui ne fe ren-
contrent point ailleurs, attirent en France l'�tranger , pour acqu�rir, par de tels exem- ples,, l'art de percer des routes, de planter des bois, des parcs, &: la maniere d'ailo- cier � la diilribution des Jardins de pro- pret� y la r�gularit�, la commodit�, l'agr�- ment & la magnificence. En effet, rien de G ing�nieufement perc� que les For�ts de Compiegne, de Fontainebleau , de Chan- tilly: rien de i� int�reifant que les routes des For�ts de Saint-Germain, de S�n�r, de Verri�re. Que de beaut�s ne remarque-ton pas dans les grandes all�es champ�tres �c par�es des parcs de Rambouillet, de Sceaux, de Bagnolet, o�. la culture des arbres & la hauteur des paliiTades qui les accompagnent, forment un ipeetacle &; un ombrage enchan- teurs. Ce bel ordre fournit les moyens de fe tranfporter d'un bofquet � l'autre, pour aller contempler les chefs-d'�uvre vari�s des charmilles , des tapis verds, du marbre, |
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(<z) Voyez les volumes IV 3 V & VI de f Archi-
tecture Fran�oife, o� Ton trouve les plans de ces diff�- ientes Maifons. Royales x leurs Jardins, leurs Parcs & leurs envirjons, |
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Introduction, 157
du bronze & des eaux jailliiTantes, rafl�rn- bl�es fous tant d'afpeds diff�rents, mais quelquefois, peut-�tre, avec trop de pro- iufion, quoique toujours avec go�t, �c avec cette r�gularit� que nous reprochent fou- vent les amateurs des feules productions de la nature. Sentons le prix de tant de mer- veilles, �c fixons � pr�fent notre attention furies chefs-d'�uvre de Sculpture, qui em- belli-iient ces promenades d�licieufes. |
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M. #4 HL
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158 Int ko υ υ er τ ο ν.
Ο Κ Ι G IN E DE LA SCULPTURE.
jLJe tous hs Arts utiles,la Sculpture eft
celui fur lequel on a peut-�tre le moins �crit : nos Sculpteurs c�l�bres, comme la plupart de nos grands Architectes , fe font content�s de produire des ouvrages admi- rables, &; ils ont JaiiT� le foin de vanter leurs chefs-d'�uvre aux Ecrivains de leur temps. Notre intention n'eft point ici d'interpr�ter le illence qu'ils ont gard� iiir leurs pro- ductions : cette t�che eft au-dei�iis de nos forces. Rapportons plut�t, avant que d'en- trer en mati�re, quelques notions principales tir�es des M�moires publi�s par l'un acn- tr'eux , appel� aujourd'hui dans un florif fant Empire du Nord , pour y jeter en fonte la ftatue de Pierre le Grand. La Sculpture aini� que l'Hiftoire, dit M.
Falconet, eft le d�p�t le plus durable de la vertu des hommes ou de leurs foibleifes. Son but principal n�anmoins eft de perp�- tuer la m�moire dts grands Princes , des H�ros Se des bons Citoyens 5 elle a pour |
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Introduction* 159
objet de prendre la nature pour modele,
dans laquelle exifte un beau eifenciel, quo�- qu'�pars dans les diff�rentes parties de l'U- nivers 5 beaut� qui, f�lon cet excellent Ar- tifte, exclut toute attitude forc�e que la nature d�favoue, aufli bien qu'un contrarie outr�. L'un & l'autre nuifent � la belle impli- cite qui a produit les chefs-d'�uvre delaGre* ce,&: qui devra �ternellement fervir de mode- le � la poft�rit� : modele, dit-il, de regle�c de pr�cii�on qu'on remarque elfenciellement dans le Gladiateur, l'Apollon, le Laocoon, l'Hercule Farnefe,le Torfe, l'Antinous, le Groupe de Caftor &: Pollux, l'Hermaphro- dite, la V�nus de M�dicis, &c. Mod�les excellents^qui tous ont fervi de guides dans le dernier i��cle aux Pujet, aux Sarrazin, aux Girardon, aux Auguer, aux Coyi�vox. Nous en pouvons dire autant ici des Bou^� chardon, des Pigal, des Falconet, des Salis, & des le Moine de nos Jours r.Artiftes du premier ordre qui fe font particuli�rement affranchis des limites que les anciens s'�^ toient trac�es dans le genre du bas relief, aufli bien que de la f�verit� de l'antique, pour joindre � la pr�cii�on des chefs-d'�u- vre d'Ath�nes, les gr�ces que les Sculpteurs de notre Nation favent donner � leurs com- pqi�tions. Mais fans vouloir entrer dans les d�tails |
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ι So In t ro �>u ct � ο ν*
qui conit�tuent le f�voir des Statuaires Grecs
- & de ceux de notre Ecole Fran�oife, contenu tons-nous de parler de l'origine de cet Arc �c de i'embelliiTement qu'il procure � l'Ar- �hite&ure quand il y eit appel� par la n�- �eff�t�, le go�t Se l'efprit de convenance/ L'homme, naturellement imitateur , a cherch� de bonne heure l'art de rendre lts objets que lui offroit la nature >..les premiers Artiftes par le fecours des notions du de� iin , s'accoutum�rent � conduire les op�- rations de la main, par le fecours de l'�uil. P'abordle charbon, enfuite la pierre tendre leur fournirent le moyen de deffiner ihr des iurfaces planes j apr�s quelques fucc�s, 6c apr�s avoir coni�d�r� la forme qu'acqu�- roient certains corps mous, en s'iniinuant dans les cavit�s des mati�res fol�des,, ils parvinrent � l'id�e des moules. On modela donc l'argile > mais le deiir de donner plus de folidit� � leurs produ&ions leur f�t pr�- f�rer le bois , employer les min�raux & fondre les m�taux $ a�ni� l'art de modeler la terre, pour les befoins de la vie, devint la fource qui fit �cl�re celui de faire en relief des figures en bois, en marbre , en bronze ; &; quoiqu'il parohTe que les progr�s des mod�les en terre, ayent eu une perfection lente, il eil prefque certain que les premiers peuples n'ont pas tard� � y parvenir. Le, culte
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1'ν f ko t)�7 etι ο φ, i�i
culte des Idoles profita le premier de ce
progr�s , &i ce culte remonte � la plus haute antiquit� chez les Peuples de l'Aii� & de l'Egypte. On n'ignore pas m�me que les ilatues �toient colorTal�s 3 celles de Sefoftris & de la Reine, plac�es devant Je Temple de Vulcam, f�lon D�odore, �toient d'une feule pierre , �c �vpient trente-deux cou- d�es de hauteur. Les lira�lites fondirent le veau d'or, Mo�fe pla�a aux deux extr�mi- t�s de l'Arche d'Alliance deux Ch�rubins de m�me mati�re. Selon Homer�, le Palais d'Alcino�s contenoit phii�eiirs it�tues de ce m�tal, qui'pbftoient des torches pour �clai- rer pendant la nuit l'int�rieur de ce Pa- lais. Paufanias nous apprend qu'on voyoit de fon temps, dans la Ville d'Argos4 un Jupiter en bois qui pai�bk pour avoir �t� trouv� dans le Palais de Priam ; que l'on montroic � Ath�nes une ltatue de Minerve en bois, donn�e � ce Peupl� par C�crops, & que ce Souverain introduifit dans les Temples de la Gr�ce l'uiage des i�mulacr�s.j mais malgr� tant de citations,il y a toute apparence que les ouvrages de Sculpture que les Grecs firent jufqu'au temps de D�- dale , �erefTentire�t de la maniere Egyptien- ne. Concernes de fuivreles model�s de leurs pr�d�ceiTete, ils' ne faifoient pour la plu- part que des figures gigantefqueSj dont lel Tome I. L� |
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16ι IntrojOUCt�on,
bras attach�s au corps, les jambes faits pieds
joints enfemble, �toient fans vari�t� , i�ns mouvement, fans action 5leurs i�mulacres, au rapport de Lucain, de Juitin, de Plutarque Se de Paufanias, n'�toient compof�s que de pierres feulement d�grof�ies &; taill�es fans go�t. L'idole m�me de Junon, fi r�v�r�e chez les Argiens, n'�toit dans ion origine qu'un morceau de bois travaill� fans art, feinblable � celles que les Lapons, les Samoyedes &; les autres Peuples utu�s vers les extr�mit�s du Nord font encore aujourd'hui. En effet, leurs premi�res figures repr�fentoient, pour aini� dire, l'homme en bloc : on rendoit bien fon volume, ma�s on n�gligeoit fes mem- bres & fes traits. Ce ne f�t que dans l� fuite qu'on parvint � l'�bauche des propor- tions 3 mais cet Art ne fe perfectionna v�ri- tablement que chez les Grecs, �c � y parv�nt 'au fublime. Apr�s cela on voulut aller au- del� 5 mais on tomba dans la fuperfluit� j alors le beau difparut, & cette perte h�ta l'oubli des premiers chefs-d'eeuvre qu'on eil oblig� d'aller chercher aujourd'hui dans les entrailles de Rome, par le tranfport de tant de merveilles que les Romains en firent chez eux, apr�s avoir fubjugii� la, Gr�ce & s'etre enrichi de ihs d�pouilles. Ce ne fut que 300 ans apr�s C�crops
que les Ardues Grecs commenc�rent � re- |
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Ι Ν Τ R O D � <: Τ Ι Ο it. ϊ,ϊ>3
conno�tre la difformit� des anciennes ila-
fues, � quitter la routine des Egyptiens i � Imiter dans leurs ouvrages les beaut�s d� lajiatur�, � donner � leurs t�tes cette belle exprei��on, &c enfin � toutes leurs figures,cett� fup�riorit� r cette touche, cette �l�gance & cette fineffe inconnues jufqu'alors : ce font ces Peuples perfectionn�s qui, apr�s avoir d�couvert les proportions de l'Architecture^ furent aufli faire reipirer le bronze, ordon- ner la vie au marbre. Ce fut chez eux que trom�th�� \b) excella . darljlcet Art divin j ce qui fit dire de lui qu'il avoit vol� le feii.au Ciel i parce qu'il avoit fu faire., pour aini� dire , un homme vivant, avec de l'argile. Ce fut encore chez eux que D�- dale fut donner ife.s ftatiies l'attitude d'un homme qui eil�, en mouvement, �c que Sce�- mis ou Sulmis (c) brilla dans Sanios o� il- fit cette belle ftatue de Junon , l'un des 'chefs-d'�uvre de la belle antiquit�. Ce lut gui�i dans cette m�me ville que l'on vit |
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( b ) Pomponius Ga.uricu$ de Sculptur� , cup. Xv�i , �pud
■Gronovium. Thefaur. Antiquit. Gracia, Γ. IX , col. 771. ( c ) Sculpteur aui�� favarit que D�dale, fans cependant
avoir la m�me r�putation 3 ce qui le fit moins acccfeuillir des blois & des Grands. D�dale au contraire, fut plus intriguant, mais auiTiil fut expof� � plus de revers. Pomj?. Gauncus j Tom. Jkpr� dt. cot. 771. -■ . L ij
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�&4 iNTRozftrcrrojst.
na�tre l'Apollon Pythien (d)y figure inimi-
table } & qu'enfin Ath�nes vit former cette admirable figure du Gladiateur (e) , en 'action de combattre ; ouvrages du premier ordre, & dont ta.nt de belles copies ornent aujourd'hui nos Maifons Royales. N�an- moins tant de beaut�s & de perfections n'�- toient encore que l'aurore d'un beau jour , qui'devoit briller fous le Gouvernement de P�ricl�s (f) , g�nie heureux, Citoyen eili- mable, capable de difcerner ce qui devoit tranfmettre � m poft�rit� la gloire de fa Patrie, �c de pr�voir tous les moyens n�- ceiTaires pour lui procurer cet honneur. Les circonitances favoriferent les vues
utiles de P�ricl�s ; les victoires remport�es fur les Perfes �chauff�rent l'imagination des vainqueurs j l'abondance �� la paix, di- (d) Plac�e aujourd'hui � Rome dans le Belv�der du
Vatican» : (e ) Ce chef d'�uvre de la Gr�ce, fut trouvera un
quart de lieue de Rome, fous le Pontificat de Paul V , en faifant faire les fondations d'une Maifon de Plaifance pour ia famille^ fur le terrein o� avoient �t� anciennement les Jardins de N�ron. (f) Ce fut ce grand homme qui inftitua le premier
dans la Gr�ce des Ma�tres pour enfeigner � la jeuneffe J'art du Deifin & celui de la Sculpture 3 pr�tendant fans doute que, par cette �tude, on deviendroit capable de dif- cerner plus precif�ment la beaut� des proportions 3 & qu'oji acquerrait les connoiifances des diff�rentes partie« �les Beaux-Arts. |
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iNTR�nifCTIUNX l�f
gnes fruits de Ces conqu�tes, amen�rent 1'ai-
iance, le loii�r qui la fuie,, & a(fi\m%mt & jamais la gloire de la Sculpture. Dans la fuite les fucceileurs de eet illultre chef des Grecs, les Alcibiades, Sc les Paufaniasa Ath�nes, les Lifandre Scies Ag�filas � La-r c�demone, les Epamiiiondas � Thebes, les Denis � Siracufe, l'oppref��ur m�me de la libert� de ces Peuples, Alexandre le Grand, imit�rent un fi bel exemple, encourag�rent les Arriffces & leur facilit�rent, des iucces confiants �c multipli�s. : Les gymnafes , o� la jeunei�i nue y s'e-
xer�oit au pugilat δι autres jeux, foarniifanc aux Grecsl'occaf�on de contempler les plus beaux objets fans obflacles & fans voile, fu- rent les �coles des Artiiles: ils y veno�ent �tu- dier la nature, apprendre a la copier, � l'in- terpr�ter 5 leur imagination s'�chaufFok � l'aP pect des plus belles nudit�s./ De-l� ils par- vinrent � la vari�t� des formes ; les belles oppoiitions leur devinrent famili�res 5 en- fuite ils cherch�rent a* enter, pour aini� dire, les parties d'un individu fur celles d'un autre, & furpaiferent par-l� la perfection du corps humain 5 ce qui rend aujourd'hui leurs chefs-d'�uvre fi m�ceffakes aux. Ar-* tlftes,&c i� int�rei�ants aux amateurs. Ces exercices alors i� fort en ufage, les
courfes de chars, d'hommes & de chevaux.., Liij
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Ι 66 ί"'Ν TR 0 Β WC Τ ΙΟ Ν.
h lutte Sc tant d'autres jeux, c�l�br�s avec
�clat�zns plufieurs villes de l'Attique & du P�i�p�neie,o.bjets de la v�n�ration publique, fourbirent donc aux Sculpteurs de nouveaux moyens de fe perfectionner. Cypfelus, Roi d'Arcadi�,�voit iniKtu� des jeux pu l'on difpu�oit aui�i le prix de la beaut�. Depuis; on c�l�bra ces m�mes jeux � Sparte , � Lesbos, � Paros dans le Temple de Junon, iisiritutions qui furent tr�s-fav�rables a l'Art} il s'�leva 6c f� perfectionna � l'ombre de la libert� qui r�gnolt chez ces Peuples.1 'La Sculpture chez eux fut toujours �m-.
ploy�� �' des ufages nobles M �lev�s > elle n'�toit deiKn�e qu'aux Divinit�s ., adx ob- jets facr�s, ou � ce qu'il y 'avoir de plus utile pour la Patrie 5 elle ne fut point cif" fervie aux caprices d^s riches particuliers. Tout ce qui s'ex�cutoit en ce genre, �toit digne des grandes entreprifes de la Nation : chaque Ville de la Gr�ce s'empreiToit � l'envi de poiT�der les plus belles itatues des Dieux, des H�ros M des Artifles c�- l�bres de leur temps. Phidias par fon Jupiter Olympien & la
ibtue de Minerve, qu'on nomma la Sant�, remporta le prix fur tous �qs pr�d�ceiTeurs &� i�s rivaux, &; ouvrit � {qs fucceil�urs l� chemin de l'immortalit�. Liiippe m�rita 4f�tre pr�f�r� � fes contemporains?pour avoj�- |
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Introduction. i6j
model� & jet� en fonte la ftatue du Vain-
queur de ; P�f�e. Cette belle V�nus, qui fait une des principales curiof�t�s de la Gai- lerie de Florence , fortit dts mains d'Apol- lodore. La V�nus de Gnide par Praxiteles y m celle de Scopas {g) font autant de t�- moignages de l'�mulation des Artiiles Grecs. Thimomachus s'eft immor�alif� par fa M�- d�e, immol�e avec ies enfants , � dont une Epigramme Grecque nous a tranfmis la m�- moire ( h ) s le Laocoon, cette merveille de l'art conferv�e au Vatican, qui imprime de l'horreur au fpedateur, le laii�e incer- tain s'il doit donner la pr�f�rence � la Sculp- ture, � la Po�fie ou � la nature ; en un mot, la defcript�on de nos H�flor�ens, fur le tombeau de Maufole, dont les Sculptures avo�ent �t� faites par Briaxis, Tliimoth�e &; L�o�hares 5 les figures coloiTales de l'A- (g) La derni�re qu'on pla�a � Rome dans.le Temple-
de Br�tus-Calla�eus, fut, dit-on , pr�f�r�e � celle de Praxiteles. Lud, Demontiofius de Sculpturavctemm t caput. i,, apud.GtonQvium. fhefaur. Antiquit� �r�c. Tom>ix jCof.788^ (k) Cette Epigramme a �t�' traduite en latin :
Quod rt�tos ferit�r� ferox Afadea moratur y
Pr&flitk hoc magni dextera Timomachi, "lard�t amor facifius , �daiiim dolor incit�t �nfeikl.
Vuh, rt�ii vult natas perdtr� dura fuos. Vom. Garnie, T.fitpri-, col.yy^.
L iv
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j68 In τ rod u ct ι on.
polion & du Jupiter d�j� cit�es , du Co?
I��Tq de Rhodes,f'& tant d'autres ouvrages �tonnants, ex�cut�s chez ces Peuples, nous font de surs garants que la perfection, la beaut� "& rinvention ont �t� pouiT�es chez eux � un tr�s-grand degr� de fup�riorit�. Ce qui eil certain , c'eil que rien ne prouve mieux la magnificence des Grecs , � cet �gard y que ce qu'en rapporte Paufanias, qui dit avoir vu dans les diverfes Provinces de la Gr�ce qu'il parcourut , environ deux mille huit cent vinet-i�pt helles ita- tues de am�rentes mati�res, quoique de- puis pr�s de trois i�ecjes les Romains r�va- geaiTent d�j� cet Empire, �� que de fon temps N�ron e�t d�j� fait enlever de la feule ville de Delphes pr�s de cinq cents ilatues (i). Mais fans vouloir citer ici tour- tes, les merveilles des ftatuaires Grecs, ra- prochons-noiis de notre objet, � difons que Callimaque s'eft aii�r� une gloire immor-- tejle, par la d�couverte du chapiteau Co~ |
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(i ) Paufanias , Auteur Hont le m�rite principal eft de
peindre d'une maniere vive & concife les lieux & les, monuments qu'il d�crit, nous rapporte auifi qu'en par- courant les diff�rentes Provinces de la Gr�ce > il a compt� fept cent treize Temples, & un nombre aflez conl�d�- lable d'Autels , de Tr�fors publics, de Portiques 3 de- Tombeaux, & que la Sculpture �toit en grand honneur chez ces,Peupl«s, puifqu'en parlant des Artiftes, il compte: 1$,^. Sculpteurs, contre 15 Peintres«, |
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INT RO DU CT I ΟΝ. 16}
riiithien, ouvrage admirable dans fori genre,
qui, dans la fuite , a produit d'autres chefs- d'�uvre, qui tous ont contribu� � rendre. l'Architedure plus recommandable, & � nous faire fentir combien notre art doit ei�enciellement � ces Peuples ing�nieux. 5 I Tant de fucc�s, n�anmoins ^ eurent un
regne ai�ez-co.urc; les revers les plus ίφ neites �clipferent bient�t la fplendeur des Grecs : fubjugu�s � leur tour, comme ils avoient fubjugu� les autres Nations, ils virent leur Pays confondu dans le nombre des Provinces Romaines. Rome s'enrichit de leurs, tr�fors &c s'embellit de leurs travaux j efclaves alors des Romains , ils furent peu jaloux de ne travailler que pour la gloire de leurs vainqueurs : leur g�nie affaii�� s'a-^ vil�t avec leur �mulation, &: les Arts enne� mis de la contrainte, p�rirent chez eux avec la libert�, m, Les Romains pofTelTeurs de tant d'excel^
lents mod�les, ne firent cependant pas de grands progr�s dans la Sculpture. Leur ar- deur qui s'�toit anim�e tant qu'ils avoient combattu les Grecs, fe ralentit bient�t, d�s qu'ils s'en furent rendus ma�tres. Fiers de poiT�der les d�couvertes d'un Peuple qu'ils avoient vaincus, contents d'en avoir d�cor� Jeur patrie, ils ie born�rent � une admira- Cioii �t�rile, & l�urs Artiftes ne produi��ent. |
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1J<3 I NT RO nUCT I O Ν.
plus que de foibles copies des exemples c�-
l�bres qu'ils avoient lous les yeux. Cette inaction dura chez les Romains, jufqu'� ce que cette Capitale devenue la proie des Gochs , v�t d�truire par la fureur de ces Peuples, ce quelle avo�t enlev� aux Na- tions aiTervies. On fit � la v�rit� des Statues de marbre �c de bronze, mais.fans art,fans vie &: fans corre&ionj la Sculpture fut r�- duite pour ai'nfi dire, � la d�coration des b�timents, d�coration o� l'on afFe&oit de ' la l�g�ret� ou de la d�licateiTe, mais o� Ton n�gligeoit la convenance dans la corn- pofition > Tordre dans la diitribution, l'�- l�gance dans les formes, on s'�loigna in- fenfiblement de l'imitation de la nature, %� on lui fubiHtua la difparit�,la bifarerie �c la fingularit�. Cette r�volution fit long-temps oublier
ou m�conno�tre les chefs cT�uvre de l'Arc qui avoient �chapp� � la fureur des Peuples du Nord 5 mais lorfque les diiF�rents Sou- verains qui s'empar�rent de l'Europe eurent affermi leur domination, 8c �tabli les limi- tes de leur Empire, le go�t commen�a � percer les t�n�bres, o� tant d� barbarie Ta- voit enfeveli. On fouilla les entrailles de L� terre, & on vit les ouvrages de la Gr�ce fortir des ruines de Rome. Les chefs-d'eeu- vrc de fculpture qu'on en tira, devinrent: 1 ' :■'.,-"
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� Ν Τ R Ο DU C:J Ι Ο Ν. 17't
l*objet de l'ambition des divers Souverains
de l'Italie, qui voulurent en embellir leurs Palais &: leurs Maifons d� platfance. La France �clair�e par Fran�ois I, eut
les m�mes def�rs de put les fatisfaire : ce fut alors qu'on admira a Fontainebleau cet�e bel- l� Diane chaiTereile. On acquit fous Louis XIV, la V�nus d'Arles, la Junon de Sm�rne , & une infinit� d'autres antiques, Ornements de Verfailles, qui font revivre d� nos jours la r�putation des Anciens;. Les Fran�ois % l�s Italiens, pM��T�urs
alors �Qs richeiTes des Grecs, en firent Ά meilleur ufage que les Romains > �c tandis que Michel-Ange fe faifoit admirer dans la nouvelle Rome, Jean Gougeon &. Ger- main Piilon farprenoi�nt Paris, par des ouvrages qui avoient �t� jufqu^alofs �tran- gers pour la France : bient�t les c�l�br�s A.rtiftes Fran�ois en ce genre attir�rent au- tant d'Amateurs & de ConnoiiFeurs d�ris cette Capitale, que l�s Grecs & les Romains en avoient attir� dans Rome. Rien n'ei� plus furprenant en effet, que la rapidit� des pro- gr�s de nos Sculpteurs depuis cette �poque,&: l'on peut dire qu'ils atteignirent le but pref� qu'en entrant dans la carri�re : aujourd'hui notre �cole Fran�oife, attentive � marcher fur les traces de fts pr�d�ceifeurs &: de la |>.elle_ antiquit�, d�core non-feulement H |
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ψΜ Introduction.
Capitale & les pays �trangers de (es chefs-*
d'�uvre, mais Ton miniftere relev� L'�clat de l'Archite&ure. Sans la Sculpture, l'Architecture fetrou-
veroit fouvent r�duite � la furet�, � l'utilit� &; � la folidit�. C'eft par ion fecours que nos Edifices i�cr�s , nos Places publiques > nos Maiions Royales, deviennent des mo- numents dignes de la Nation. C'eft par elle qu'ils jfe trouvent embellis ext�rieurement par des ftatues, des groupes, des bas-reliefs, des vai�s, des grottes, des cafcades δι des fon- taines. Ces ouvrages ex�cut�s par la plupart de nos Statuaires c�l�bres font autan ta objets int�reil�nts qui attirent les regards, fixent l'attention, &; fymbolifent l'Architecture qui leur a donn� lieu C'eft par elle enfin, Se par le miniftere des Ornernentiftes, Sculpteurs d'une clai�� particuliere &non moins eftlma- ble, quoique dans un autre genre ; quon eft parvenu � donnera l'int�rieur de nos appar- tements, cette �l�gance enchantereife, qui pla�t � tous les yeux, principalement lor� qu'on fait la marier avec la Peinture donc nous allons parler. |
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In t ro d u c τ ι om xyy
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J O RI G I Ν Ε
DE LA PEINTURE.
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IVALES l'une de l'autre, la Peinture &
la Sculpture,- qui empruntent tant de fe- cours du deffin ont eu la m�me origine, &. fe font beaucoup reiTembl� dans leurs r�vo- lutions & leurs progr�s. Point de doute que la Peinture fut en ufage chez les plus an- ciens Peuples du monde. Mais il en eil de cet Art, comme de ceux dont nous venons de parler, il aura pris naiiTance chez les Egyptiens, & ks Grecs l'auront perfec- tionn�. L'Hiiloire nous apprend v que l'amour
qui a tant de fois �clair� de fon flambeau le pinceau des Peintres les plus c�l�bres, infpirarle premier cet Art divin, en appre- nant � une amante pai��onn�e le fecret de deffiner l'image de l'objet de fa teridreiTej de maniere que toujours pleine de cet objet, croyant le voir dans l'ombre qu'une lumi�re projetoitfur un mur, elle fuivit & tra�a avec du charbon tous les contours lin�aires qu'elle remarquai la reiTemblance d'une t�te |
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V Ϊ74 Int non trc f jo m
� ch�re, �tant aihfi �bauch�e par Dibutade >
(k) il fut. aif� � .ion p�re de fuppl��r enfuite la rondeur & le relief, dont le trait qu'elle avoit form� > n*exprimoit encore que foible- ment la reiTemblance. Apr�s cet eiTai, oii parvint fans doute en multipliant ces m�mes lignes, � une imitation plus parfaite > &; enfin , en ajoutant de la couleur, on for- ma les premiers �l�ments de la Peinture ^ dont Pline (/) attribue l'invention aux Egyp- tiens fix cents ans avant les Juifs. Diodore (m) parle avec �loge du plat-fond d'Ofimand�s parfem� d'�toiles fur un fond bleu > nos Voyageurs en d�crivant les ruines & les Palais de la haute Egypte, vantent le colo- ris δι Tint�lligence des Peintures qu'ils y ont remarqu�es 5 mais n'y a-t-il pas lieu de croire que CQs productions fi exalt�es, �toient d�j� l'ouvrage des Grecs appel�s en Egypte: elles avoient fans doute �chapp� � la fureur de Cambyf�, qui d�truifit autant qu'il lui fut poi��ble, les monuments de l'Egypte i qui portoient l'empreinte du go�t & de la magnificence. D'ailleurs � en juger par les v�ftiges qui nous relient des Egyptiens, cet |
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( k) Fille d'un Potier d� terr� d� Sieione ^ ville du
P�loponefe� (*) Liy. vu, Se&. iyil
{m) Liv.i, pag. 56/ |
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Introduction. f75
Art fut tr�s-imparfait chez ces Peuples, �c
ne doit �tre regard� que comme un pr�- liminaire qui a pu donner dans la fuite � des hommes de g�nie, les moyens d'atteindre � une plus grande perfection : aufl� Ariilote &; Th�ophraile (n), d'apr�s Pline {0), don- nent l'invention de cet Art aux Grecs, l'un avant , l'autre apr�s la guerre de Troie 5 quoiqu'Homere qui nous a donn� la des- cription des �difices de fon temps, garde le iilence i�r la Peinture des Grecs, &: qu'il parle feulement de l'Art de la Sculpture, de la Cifelure, de l'aiguille 6c de la teinture � l'ui�ge de la broderie : 11 eil vrai qu'il con- vient, qu'on favoit imprimer de quelques couches, le bois &; les autres mati�res, &; peindre les vahTeauxen rouge, ce qui nous donneroit � ρ enfer que lors de cet Ecrivain, on ignoroit encore' PArt du m�lange, l'u- nion & Toppoiition des couleurs �, 6c qu'on m�connohToit les reflets, les ombres L� les clairs, qui confluaient la Peinture propre- ment dite : du moins eil-il certain , qu'ori ne s'eil fervi long-temps que de deux tein- tes dans un m�me tableau (p ), & que ce ne |
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( η ) Thevenot,, Paul Lu�^s x Gr�tiger, &�.
( ο ) Pline, liv. vi ι s P*g� 4*7�
(p) Le$ ancien? appeloient ce genre de peinture , mono*
cromate ? cpnnu aujpnrd'twi fous le nom 4e gn[aiUe,s οι* cama�eux. |
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17*> ΙΝ τ ko η υ c τι ο Ν.
fut que dans la fuite, que les Grecs �ni^
ploy�rent quatre diff�rentes couleurs {q)% qu'ils fondirent enfemble,.& dont ils ont compof� pendant plui�eurs i�ecles, & m�mo �lu temps d'Apelles (r) , ces ouvrages c�- l�bres dont nous parle l'Hiitoire de cet Lts Romains dans la fuite, par le com-
merce qu'ils eurent avec hs Grecs, ren- ch�rirent encore fur leurs pr�d�ceifeurs j mais � fon tour, Rome fe vit elle-m�me d�pouill�e de tant de tr�fors par les Goths & les Lombards, qui d�truiiirent prefqu'en- ti�rement ce qui fe trouva de Peinture en Italie $ de maniere qu'il n'en �chappa que ce que la prudence ou la crainte avoient enfeveli »dans des lieux fouterreins, pour le d�rober � l'ignorance de ces Peuples f�roces. On |
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(q) Le blanc de M�los 3 le jaune d'Ath�nes 3 le rouge
de Synope & le noir. ( r)'< Apelles , Tun des plus c�l�bres Peintres de l'anti-
quit� �toit de l'Ile de C� , & floriffoit environ l'an du -monde $650, * - t (s) Les Peintres qui, f�lon le fentiment de Pline,
d'�lien^ de Valere Maxime, &c. fe font le plus i�gnal�s darts la Gr�ce apr�s Appelles 3 font Ardias 3 Parneus 3 EuJ»MrV ftor de Gorinthe , Damon-Higion , Nicias d'Atheries, Lifnon Cl�onien, Pamphile de Mac�doine, Pauf�asSi- 'cionien , Protogene de Caune , Th�on de Samos y ;Simomachus Bizantin , Gtefides, Polignotus , Tintante, penferoic
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ItfTRO�tfCT ION. I77
penfero�t m�me que Ie V�fuve (0 en en*
g�outiiTant la ville d'Herculanum ( u), moins cruel que ces hommes barbares, mit � couvert quelques parties de ces productions des Arts, dans le deiTein de pr�venir leur perte enti�re, &: d'en conferver ai��z pour nous faire juger des talents des Arriiles d� ces temps recul�s. En effet, cette ville fou- terreine nous d�couvre tous les jours d�s ouvrages admirables qui nous font Voir en quel �tat �to�t la Peinture fous le r�gn� des C�i�rs, quoiqu'on ioit forc� de Con- venir que les tr�fors de Sculpture qu'on retire de fes raines , fo�ent de beaucoup fup�rieurs � la Peinture dont nous parlons» Les farouches vainqueurs des Romains 5 apr�s avoir mutil� ou d�truit ce que Rome ■'( t ) Le V�fuv� , � pr�fent nornrfi� Monte Somma, Volcail
d'Italie dans la Terre de Labour, anciennement la Cam* panie, eft � deux lieues de Naples. C'�toit autrefois un excellent vignoble , & les environs formoient un des plus agr�ables pays de toute l'Italie ; mais aujourd'hui les �ruptions de ce Volcan en font un lieu ft�rile : les laves ou torrents, le foufre & les autres mati�res inflamma- bles qu'il jet� continuellement , & quelquefois avec beaucoup d'imp�tuofit� , inondant les campagnes voul- ues, & rendant fouvent les chemins impraticables. (u) Denis d'Halicafnaffe �te l'�poque de la fonda-
tion tfHerculea , appel�e auffi HcracLa ou HercuLanum au d�barquement d°Hercule de Gr�ce en Italie, 60 ans avant la guerre de Troie, ou 1342. ans avant l'Ere Chr�tienne. Cette Ville, dit - il , fut fuccei�ivement habit�e par les Tome I. ■ M
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178 Introduction.
& hs Provinces d'Italie renferm�ient de
plus admirable en ce genre, ne laii�erent ce- pendant pas de s'exercer dans cet Art dont ils avoient an�anti les mod�les j mais ils ne firent que le replonger dans l'enfance, dont les Grecs l'avoient tir�. Leurs pro- duirions furent prefqu'aui�� irr�gulieres que celles qui fe firent premi�rement en Afie : leurs tableaux reifem bloient � ceux qui ie font encore aujourd'hui � la Chine 5 ils �toient deftitu�s d'ordonnance, de perfpec- tive, de clair o'bfcur 5 ils avoient n�anmoins l'avantage, comme ceux-ci , d'exprimer, quoique d'une maniere aiTez imparfaite, une v�rit� fage, fimple, na�ve, qui plait, par la raifon que l'�fpr�t ne fe trouve jamais plus fatisfait que lorfqu'ii con�oit avec nettet� |
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Afques , les Etrufques 3 les Pelages , les Samnites & les
Romains ; mais elle fut conl�d�rablement endommag�e fous l'Empire de Tibere-N�ron, par le m�me tremb'e- ment de terre, qui d�tru�i�t peu loin d'elle3 la ville de Pomp�ia , le 5 F�vrier, l'an 65 de J. C., & dont la ruine fut enti�re par F�ruption du Mont-V�fuve 3 qui arriva la premiere ann�e du regne de Titus 3 conform�ment au fentiment de George Agricola , qui rapporte tous ces d�- faites arriv�s dans la Campanie, fous le feptiemeConfu- lat de ce Prince j ainfi il eft hors de doute que Tembra- fement du Mont-V�fuve eft arriv� Tan 99 de J. G., le 24 Ao�t j & en admettant que le fiege de Troie fut poft�rieur de 60 ans � la fondation d'Herculanum, il s'en fuivroit que cette Ville a fubf�ft� pendant 1410 aa- n�es. ~ . ; ':>■ |
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� η τ no ό π CT ι on. τη$
l'intention que le Peintre a voulu expri-
mer dans fon tableau. Nous pouvons donc dire que de m�me
que les Grecs pr�t�rent 'une nouvelle vi@ � la Peinture , il fallut en Italie des g�nies auffi heureufement infpir�s qu'eux, pour faire fortir des t�n�bres de nouveaux chefs- d'�uvre j & c'en: le fpe&acle qu'elle nous offre dans le# feizieme iiecle. Les L�onard de Vinci, les Michel-Ange , les Rapha�l ^ les Primatices, les Jules Romain, les Car- rache, les Carravaghe, les BaiTan, les Ti- tien remirent la Peinture en honneur, con- firm�rent les miracles attribu�s aux Zeuxis, aux Appelles , aux Parrhaiius (λ�), & �le- v�rent cet Art divin � une perfection peut- �tre inconnue jusqu'alors. , Bient�t l'Ecole Flamande fuivit des tra- ces i� brillantes : les Rubens, les Vandlk firent la gloire des Pays-Bas j & l'Ecole Fran�oife,� fon tour, form�e fur les mo- d�les de tant d'hommes c�l�bres, ne leur c�da en rien pour la r�gularit� du def��n, pour la force de Texpre�ion, pour le bril- |
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(*) Zeuxis d'H�racl�e vivoit dans la �>�' olympiadct
Plaute, dans fes Po�f�es, le compare � Appelles. Parrahaf�us d'Ephefe } qui vivoit Tan 3650. Voyez.
ce que Quintilien rapporte de ce Peintre c�l�bre, liv. iz, enap. 10, |
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Mij
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18� Introduction,
lanc du coloris > pour l'invention, ni pour
l'imagination > les V.ouet, 1q$ le Sueur} lts Pouffin-} les Lebrun , les Mignard , ont fait douter plus d'une fois qui l'emporte de Kome, d'Anvers ou de Paris: enfin, les Ar- tiftes de nos jours > appuient l'ind�cifion j de par leurs progr�s multipli�s dans cet Art, 'ils font pencher aujourd'hui la balance en leur faveur. En effet, c'eft depuis le feizieme i�ecle
que cet Art a acquis une nouvelle maniere que nos Anciens (y) avoient ignor�e j nous avons vu qu'ils peignirent � frefque (f.)�, en d�trempe (a), en mofa�que (b), � l'en- cauilique (c) j mais, comme le prouve M. MI
f y ) La maniere de peindre � Thuile eft due � Jean de
Bruge, Peintre Flamand , qui le premier fe fervit d'huile de noix & de lin pour broyer les couleurs. (�) Peinture qui fe fait fur un enduit de mortier ou
de Pl�tre , encore frais , avec des couleurs d�tremp�es avec de Peau. ( a ) Qui fe fait avec des couleurs d�tremp�es avec de
l'eau, de la colle ou de la gomme. ( b) Ouvrage compof� de plufieurs pi�ces de rapport
de diveries couleurs, maitiqu�es fur un fond de ft�c, & qui imite parfaitement les tableaux des plus grands Ma�tres-,- ~ � �-........-'- r - - -.....# ■ '■ - .. - ( c ) Pline attribue � Ariftide le fecret de peindre avec
Ja cire; il eh rapporte la maniere', liv. 73 chap. 11. Cette feue de peinture dont on peignoit les navires, �toit, dit-il, fol i de , & fi fortement imprim�e, qu'elle r�fiftoit � l'ardeur du foleil, & � Phumidit� : Qucz fi�tum in navi- bus ace fok, nu fale ventifaue cortumpitur. Ce fecret a �tf |
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Τ Ν Τ R0 OU CT 1 Q Ν. l8l
le Comte de Caylus, la Peinture en �mail
(i),fur verre (e) , en miniature (�), en paftel (#), toutes ces fa�ons diff�rentes de manier le pinceau & de marier les couleurs, toutes ces m�thodes diverfes d'imiter la na- ture font le fruit des recherches & des ta- lents des modernes,,& les monuments im- mortels des d�couvertes qu'ils ont faites dans la Peinture. Mais fans entrer dans le d�tail de tous
ces avantages, ni de celui qu'elle procure � Ρ Architecture en particulier, qu'il nous fuffife de nous rappeler que, par fes gri- failles, elle rend fup�rieurement les bas- reliefs & les rondes-boiTes de la Sculpture & de l'Architecture5 que, tant�t elle nous |
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long-temps ienor� des modernes > mais depuis quelques
ann�es M. le Comte de Caylus a fait revivre cette ma- niere de peindre, dont M. Bachelier & M. Vieft ont fait 1 application avec beaucoup de fucc�s dans. queiques-unes de leurs productions. c y ( d ) Efpece de verre color�, dont la mati�re fonda-
mentale eft r�tain & le plomb, en parties egales, que l'on fait calciner au feu , � quoi on ajoute feparement des couleurs m�talliques. ,,_,', (e) Qui confifte dans le moyen de faire incorporer
�a couleur dans le verre, fans en emp�cher la tranfparence. ( � ) Qui fe fait avec des couleurs tr�s-fines bien broy�es,
&que l'on emploie avec de l'eau & de la gomme fur du velin. , , ,, ■ ( g ) Le paftel n'eft autre chofe que des couleurs d�-
lay�es avec de l'eau, & r�duites en p�te en forme de crayon pour peindre fur le papier* M K)
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ί$ι Introduction*
offre un point de vue heureuiement termi-
n� par une perfpe�Hve agr�able, en nous indiquant en apparence un lieu plus vafte , qu'il n'eil r�ellement 5 qu'ici, des Peintu- res fuperbes ornent les nefs & les d�mes de nos Eglifes j que l�, des fymboles all�- goriques aiilinguent l'ufage des diveri�s pi�ces des appartements des Souverains > qu'elle nous fait retrouver les campagnes �c les mers au fein des Villes j qu'elle pr�te mille agr�ments �. nos retraites, qui ne nous fourniroient que des beaut�s peu f�du�fan- tes^ J�5 elle ne venoit, pour aini� dire, peu- pler leur folitude j qu'elle fait le charme de nos ipeclacles, qui lui doivent tous leurs enchantements ? que c'e/l par elle, que les Palais les plus brillants fucc�dent tour � tour aux d�ierts les plus affreux 5 que du f�jour d�s morts, on fe trouve traniport� dans l'Olympe: en un mot, que cette po�'f�e muette varie tout, anime tout, & qu'elle eil, s'il eil permis de parler ainf�, le vernis 6c le co- loris de tous les Arts. Pour nous convaincre du prix ineftimable
de la Peinture, & du cas particulier qu'en ont fait toutes les Nations favantes, con- itiltons lTIilloire : elle nous apprendra que D�m�trius refufa de fe rendre ma�tre de Rhodes, dans la crainte d'occai�onner la. defcru&lon des ouvrages c�l�bres de ProtQ- |
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I-N-T RO OU CT Ι Ο Ν. t$|
genes ( h ) �■> que Parrhafius re�oit de ies Conc�-'
toyens une couronne d'or , pour prix de- Γιιη de fes Tableaux ; que les Rhod�ens b�- tirent un Temple � l'un de leurs Peintres > que la Gr�ce & l'Italie ont �lev� des itatues � ceux qui Te font i�gnal�s par des ouvrages importants^ que Fran�ois I, Louis XIII, Philippe III, Philippe IV, le Duc d'Orl�ans R�gent, de quantit� d'autres grands Princes, fe font appliqu�s � la Peinture j que tous fe font fait un pla�ilr de d�corer par quel- ques marques de dignit�, les Artiftes les plus c�l�bres : que Charles-Quint f�t le Ti- tien Comte Palatin $ & que Fran�ois � re�ut les derniers foupirs de L�onard de Vinci: qu'enfin, les Peintres & les Sculpteurs ( de tout temps rivaux les uns des autres) jouif- fent. encore aujourd'hui � Rome, des Prl�- vil�ges des nobles Romains 5 qu'� Venife les Arts lib�raux ont un Tribunal 5.'qu'� Flo- |
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(A) D�m�trius, Roi de Mac�doine, ayant affi�g� Rho-
des, fit venir dans fon camp Protogenes, qui �toit dans la Ville , & lui demanda s'il fe croyoit en furet�. Ce Peintre lui r�pondit avec confiance : « Je fuis perfuad� 33 qu'un grand Prince comme D�m�trius , en faifant la *> guerre aux Rhodiens, ne la fait point aux Beaux-Arts. » Ce Conqu�rant 3 fenf�ble � cet �loge, ne voulut pas c|ue Ton attaqu�t la Ville du c�t� o� �toit Tattelier de Pro- togenes , & aima mieux lever le fiege-, quede prendre Rhodes, qui auroit pu �tre forc�e du c�t� o� demeuroit cet Artirte. Miv
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184 Introduction.
rence, Corne de M�dicis leur accorda des
franchifes m�me au-deifus de celles des gen- tilshommes 5 que dans les Provinces-Unies, ils ont droit de participer � toutes les di- gnit�s de l'Etat : qu'en un mot Louis XIV eut une �onf�d�ration particuliere pour les Peintres Fran�ois j & que de nos jours notre augufte Monarque entretient � grands frais f Acad�mie de Rome, &: permet � fes Pein* tres de rendre publique leurs productions dans l'un de fes Palais, faveur qui contribue � entretenir leur �mulation & � rendre l'Eu- rope t�moin des chefs-d'�uvre de Pein- ture & de Sculpture de notre Ecole Fran- �oife. Apr�s avoir parl� de l'origine de la Pein-
ture &: de l'ellime due aux talents fup�rieurs des Artiftes qui depuis tant de i�ecles fe font i�gnal�s dans cet Art ; dlfons combien il eft utile pour nos Elev�s defe rendre ca- pables d'appr�cier les diff�rents chefs - d'�u- vre que la Peinture r�pand avec tant d'�- clat dans les �difices lacr�s, dans les de- meures des grands, & m�me dans celles des particuliers. C'eft par cette appr�ciation lavante de la Peinture & de la Sculpture % aid�e de l'�tude du dei��n & de$ coni�iis des, plus grands Artiftes, que le jeune Archi- ■C�&e peut parvenir � appeler � propos ces |
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In τ r on νc τ ι όν. 185
deux Arts � Ton fecours pour embellir its
productions �c les faire atteindre � ce degr� de fup�riorit�, qu'on remarque dans quel- ques-uns de nos chefs-d'�uvre Fran�ois. Aucun d'eux ne doit ignorer que Perrault n'a produit le P�riftyle du Louvre �c l'Arc de Triomphe du Tr�ne, monuments admi- rables , que parce qu'il vivolt famili�rement avec Leb run, Peintre c�l�bre > Artifte de g�nie, homme de go�t, & dont les produc- tions font tant d'honneur au iiecle de Louis le Grand j que Fran�ois Blondel n'eut peut- �tre pas produit le chef-d'�uvre del� porte S. Denis, fans les fr�quentes conf�rences qu'il eut avec Desjardins quia fait les Sculp- tures de cette belle porte triomphale, � eftim�e des vrais connoiiTeurs> queHardouin Manfard doit la plus grande partie de Ces productions aux entretiens qu'il eut fouvent avec les Coifevox , les Girardon, les le Nautre & autres excellents Artiftes de fou temps. L'Hiftoire nous apprend que les plus grands Peintres eux-m�mes , ont confult� les gens de Lettres 5 le Poui��n s'entrete- noit fouvent avec le Cavalier Marin 5 Ra- pha�l avec le Comte de Caftiglione? Giotto avec le Dante 3 & qu'enfin les plus grands Artiites en ce genre depuis L�onard de Vinci, n'ont foutenu l'honneur de l'Ecole |
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i$6 Introduction.
Flamande, que parce qu'ils vivoient $c con-
f�roienc avec Galil�e, &c. Que de tels exem- ples nous apprenoenc donc a coniuker tous les Artiftes des diff�rents genres relatifs � l'Architecture, � examiner le fpeclacle que nous offre l'Univers .> pour imiter, non pour copier fervilement la nature. Nos Elev�s veu- lent-ils puifer dans les tableaux de Rapha�l-Ie goiit relatif � l'Architecture ? Qu'ils le confi- derentdans lanobleiFe &la convenance de ia compoi�tion , la puret� de fon deffin & ia R- neife de fon expreffion 5 en un mot dans cette gr�ce inexprimable qu'il donne � la beaut�, & qui lui a m�rit� le fur-nom de Divin. Qu'ils examinent le Correge&; leParmefan, dignes rivaux de Rapha�l dans l'Empire des gr�ces 5 ils s'appercevront que le pre- mier a foLivent viol� les r�gles de la i�m�trie, & que le f�cond a fouvent manqu� de cor- rection , quoique fes figures parlent �i ref- pirent. Qu'ils confultent Michel-Ange, pour la profondeur du dei��n & la maniere forte de �qs comportions : Le Titien pour la belle nature δί pour l'intelligence du co- loris y le Carravaghe pour la magie des ombres 5 Paui V�ronefe pour la richeiTe de l'invention. Qu'ils fereiTouviennent fur-tout que la Peinture comme la Po�i�e, n'eit autre chofe que l'imitation de la belle nature , |
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Introduction, ^ 187
mais r�duite en Art, d'o� doit na�tre un beau id�al. Qu'on ne s'y trompe pas, le Naturalifte & l'Hiftorien repr�fentent les choies comme elles font ,. le Po�te & le Peintre, comme elles doivent �tre. Les chefs-d'�uvre de Policlete & de Zeuxis font dans la vraifemblance & non dans la v�rit�. Il s'agit donc de fe former dans l'imagination des mod�les de toutes les beaut�s diverfes & de s'en fervir comme d'�chelle pour monter � cette perfection, dont on s'eft fait un prototype id�al. ί Enfin, nous confeillons � nos Elev�s de
ne pas n�gliger, comme la plupart le font, de s'inftruire de toutes les parties des Arts lib�raux que l'Archite&ure gouverne & r�git fous ion Empire, & 'fur-tout de fe nourrir de la lecture des meilleurs Auteurs qui ont �crit fur la Peinture , tel que ce que -nous a laiiT� M. de Piles , F�- libien, & particuli�rement" Dufrenoi (i), l'Abb� Marfy {h), M. Ba�llet de Saint- |
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( � ) Peintre habile , n� � Paris, o� il eft mort en i66j,
�g� de 54 ans, a fait un excellent Po�me latin , fur la Peinture. ( k ) L'Abb� Marfy, n� � Paris, & mort il y a quel-
ques ann�es , compofa, lorfqu'il �toit J�fuite, un Poeme en latin, fort eftim� des connoiifeurs. On peut dire de ces deux Ecrivains, que le premier s'eft attach� � inftruire & � r�pandre dans-fon ouvrage, plus de pr�ceptes que |
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s
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�SS Introduction. ]'
Julien (/), Μ, Wateiet (m) \ & derni�re-
ment M. le Mierre , ouvrages excellents qui ne peuvent que faire �clore le go�t des jeunes Citoyens qui travaillent � pouvoir devenir un jour de grands Arcnkedes. |
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de fleurs j & que le f�cond a mis dans le f�en moins
de le�ons que d'images. M. de Querlon nous 1 donn� une traduction de ces deux Po�mes, qu'on trouw l Paris chez Piffot, Quai de Conty. ° * r°UVe » v}JJ �' BD�llet de,Saint:J?lief %(φ Paro�tre en i7«
1 eiiai d un Poeme fran�ois fur la Peinture. ; (m) M. Wateiet, qui, comme Dufrenoi, a r�uni k&
talents de la Poefie & de la Peinture, nous a donn� en J ? u" loeme Fran�ois fur la Peinture , qui a recules applaudiffements d�s � cet Amateur �clair�. |
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Fin de l'Introduction*
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CO U RS
D ' A R C H � Τ E C TU R E.
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-a�ti^ZigiS&Z:-.
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LIVRE PREMIER.
PREMIERE PARTI E.
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Τ RA Ι Τ �
DE LA D�CORATION EXT�RIEURE
'DES BATIMENTS-
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CHAPITRE PREMIER.
O ri g IΝ ε des Ordres. Source dans laquelle
on doitpuifer les pr�ceptes de la d�coration
ext�rieure des B�timents.
�L Ν parlant de l'origine de l'Archite�ure, nous
en avons reconnu de trois genres ; la Civile ; la Militaire & la Navale, L'Archite&ure Civile , qui fait ici notre objet , eft connue fous diff�rentes d�nominations : Γ Antique, l'Ancienne, la Gothi- que & la Moderne. |
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190 Cours
L'Archite&uf e antique, la plus eftim�e de tontes,
fut invent�e par les Egyptiens, & perfectionn�e par les Grecs ; enfuite elle pafla chez les Romains, &yfubiifta jufqu'� la d�cadence de leur Empire; enfin elle a fucc�d� chez nous � la Gothique, L'Ancienne prit naiiTance dans l'Empire d'O-
rient , & fut fort en ufage � Conitantinople. La Gothique fe divifeen deux claiT�s. La pre-
miere tire fon origine du Nord. Les Goths l'intro- duiiirent dans prefque toutes les parties de l'Eu- rope ; l'autre appel�e Morefque ou Arabe , nous eft venue de l'Afrique, L'Eipagne & quelques Provinces M�ridionales de la France, ont long- temps fait ufage de cette derni�re Architeclure. La Moderne , proprement dite , eil n�e en France%
on peut en fixer l'�poque au regne de Fran�ois L En effet, c'eft fous ce grand Prince & tes fuccef- ieurs que les Lefcot, les Deiormes, les Manfard, ont �lev� chez nous les premiers chefs-d'�uvre d'Architecture d'apr�s l'antique, ν L'Architecture, comme nous l'avons d�j� re- marqu� , fe divife en trois branches: la conitruclion, �a d�coration & la diftribution. Les Egyptiens font les Peuples qui fe font le plus fignal�s par la io- lidit� .de leurs monuments, les Grecs & les Ro- mains, par l'ordonnance de leurs Edifices, & enfin les Fran�oisjdans l'Art de diitribuer leurs B�timents. Pour acqu�rir ces diff�rentes connoiifances avec
un certain fucc�s, commen�ons par traiter de la D�coration, dont l�s principes doivent leur origine aux ordres d'Architeclure dont nous allons parler. |
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d'Architecture. 191
Des ordres d'Architecture en g�n�ral,
& de leur origine. De toutes les parties de l'Archite&ure, il n'en
eft point qui annonce plus la magnificence de l'Art, que les ordres qui d�corent les Edifices ; aui�i Γ Ar- chitecture ne parvint-elle � fon dernier degr� de perfection, que lorfque les proportions de ces ordres furent fix�es, leurs diff�rents caraeleres �tablis , & leurs divers ufages d�termin�s par les Grecs. Le premier pas que les hommes firent dans l'Art
de b�tir, fut, comme nous l'avons remarqu� pr�- c�demment , de fe creufer des afiles dans le fein des montagnes ; enfuite ils �lev�rent fur la terre des huttes de forme conique, avec des branches d'arbres & de la terre grafie ; puis ils fe form�rent des cabanes qiiadrangulaires, en enfon�ant per- pendiculairement des troncs d'arbres, au-def�us defquels ils en poferent d'horifontaux, & fur ceux- ci d'autres qu'ils difpoferent dans une forme trian- gulaire. Enfin on �leva des �difices plus fon- des & plus vailes, que Ton conflruhit avec �es piliers circulaires , faits � l'imitation de la tige des arbres, & avec d'autres qiiadrangulaires, imit�s d'a- pr�s ceux que l'Art a voit �quarris. De-l� les co- lonnes & les pilaflres. On s'en fervit durant plu- fieurs iiecles , fans en conno�tre les avantages^ & fans fe douter que du rapport de leur groffeur � leur hauteur , il pouvoit r�fulter des effets ii admirables, relativement aux divers degr�s de beaut� & d'�l�gance, r�unis � une folidit� r�elle & apparente. Pluiieurs Auteurs pr�tendent, qu� l'on vit po.ur
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15>2 Cours
Ia premiere fois des colonnes au Temple de J�rufa«
lern ; mais il paro�t par le t�moignage de l'anti- quit� , que les AiTyriens s'en �toient fervis, dans celui qu'ils avoient �rig� � B�lus. Les Egyptiens en avoient aulE employ� dans leurs �difices, fur- tout dans ceux, o� ils fe propofoient de joindre une folidit� durable � une grande magnificence. Ind�pendamment de ces Edifices , les Egyptiens
�lev�rent fur les f�pultures des grands hommes, des Pyramides, des Ob�lifques & dautres �difices de ce genre, d'une hauteur prodigieufe, dans Γίη- tention de rappeler le fou venir des a�tions & des vertus des H�ros , ce qui en ai�urant � ceux-ci l'immortalit�, ne contribuoit pas peu � exciter l'�mulation de leurs concitoyens. L'objet de ces grandes entreprifes, f�t appeler en g�n�ral Mo* numerus ^ tous les Edifices d�finies � conferver la m�moire des morts illuftres. Mais ces monuments re�urent enfuite, chacun f�lon leur forme particu- liere, diverfes d�nominations que les Grecs leur conferverent. On nomma Stelles les Monuments , qui, depuis
leur bafe jufqu'� leurfommet, avoient quatre c�t�s �gaux & paralleles. Ceux qui d'une forme circulaire dans leur bafe
alloient toujours en diminuant jufqu'� leur fommet, furent appel�s flyks* On nomma Pyramides�, ceux qui �tant qijarr�s
par leur plan, fe r�tr�cifToientinfenliblement juf- qu'� leur extr�mit� fup�rieure. Enfin, on donna le nom aO��lifques, du mot Grec
Obelos, une broche , � ceux qui ayant feulement leurs c�t�s oppof�s �gaux, s'�levoient aufl tou- jours en diminuant jufqu'� une tr�s-grande hauteur. Parmi ces fortes de monuments * ceux qui �toient
nomm�s
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D'� HG H I TEC Τ URE. I93
nomm�s �yles, approchoient le plus, � caiife de
leur forme circulaire , des colonnes qui fervoient de foutien aux �difices des Egyptiens. Les Grecs apper�urent k relation de ces deux productions de l'Art» L'une & l'autre devinrent l'objet de leur imitation ; mais rien ne pouvok encore leur fervir de modele pour le rapport de la hauteur de la tige de, la: colonne, � ion diam�tre. Le tronc des arbres leur ayant indiqu� feulement la forme des colonnes , & les fiyles des Egyptiens ne leur ayant oifert que des hauteurs ind�termin�es. Les monuments des Egyptiens �toient couronn�s
d'une urne, qui renfermoit les cendres de ceux � la m�moire defquels on les avoit �rig�s. L'urne �toit couverte d'une brique «, qui la mettoit � l'abri des injures du temps* il y a tout lieu de pr�iumer, que ces fortes d'amortiiTements ont fait na�tre 'le chapiteau des colonnes , & que cette brique a donn� lieu au tailloir qui le couronne. On fait d'ailleurs que ces urnes repr�fentoient un vafe m�plat, & que c'eil d'apr�s fon imitation qu'on a form� les trois chapiteaux ,Tofcan, Dorique, & Ionique, qu'on a beaucoup plus �lev�s dans la fuite, pour les ordres Corinthien &: Compoiite, en y ap- pliquant, comme dans les pr�c�dents, les feuilles, lesgodrons, les oves> les ferons,les volutes, enri- chiffements qu'on donnqit volontiers aux urnes, plac�es � l'extr�mit� fup�rieure des f�pultures Egy- ptiennes, r . ; C'eil encore des monuments de ce Peuple nom**
mes fielles;, que font n�s vraifemblablement les pilaftres appel�s par. Vitruve colonnes Atticurges , & depuis colonnes Attiques. Enfin l'heureux g�- nie des Grecs les conduifit au point de d�cou- vrir certaines proportions, jufqualors Inconnues Tome l, N'' |
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194 Cours.
dans Τ Architecture : ce que nous allons reconno�tre
par la recherche de l'origine des ordres Grecs, apr�s lefquels nous parlerons de ceux des Ro- mains. " |
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Dorus , Roi d'Ach�ie, ayant fait �lever fous des
proportions moins arbitraires , un Temple en l'honneur de Junon, on appela Dorique, du nom de ce Prince, Tordre dont on.d�cora ce Temple. Mais en consid�rant cette premiere d�couverte des Grecs, on ne fera pas �tonn� des changements qu'il a re�us dans la fuite , n'ayant d'abord �t� port� qu'environ � quatre diam�tres de hauteur, ain� qu'on le remarque dans les ruines d'un Temple a Ath�nes , o� les colonnes de cet ordre avoient 6 pieds de diam�tre , & feulement 22 pjeds & demi de hauteur (�). Dans -un-autre Temple, trouv� dans un endroit de l'Attique, appel� anciennement par les Grecs T/wricion, les colonnes approchoient, de cinq diam�tres. Gelles du Temple de Th�f�e, b�ti environ dix ans apr�s la bataille de Mara- thon,& celles du Temple de Minerve, �lev� dans la Citadelle d'Ath�nes , avoient fix diam�tres. Dans la m�me Ville on trouve , dans les ruines d'un Temple �lev� � Augufte , des colonnes d'ordre Dorique, qui ont � peu pr�sfept diam�tres* Cette derni�re proportion, � la v�rit� moins racourcie que les pr�c�dentes , eil cependant encore moins �lev�e , que Tordre Dorique des Temples �rig�s depuis chez les Romains par les Grecs m�mes ; & par-l� ces derni�res colonnes nous fembknt ap* proeher davantage des proportions re�ues chez |
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( a) Ruines des plus beaux monuments de la Gr�ce, par
M. Le Roi, f�conde Parcie, pag, 6 & /uiv. ." |
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D'ARCHIT�CfU�l�i f pf
ri��s : ce qui nous fait croire , que lorfqu� dans
la fuite on e�t ajout� � cet ordre une bafe , qui ne fe rencontre dans aucune des produclions de l� Gr�ce du temps de P�ricl�s ; cette bafe d'un mo- dule , & la d�couverte d'un nouvel ordre Ionique � Ephefe, port� d'abord � huit diam�tres , firent fans doute avec le temps donner � ce dernier dix-; huit modules j & fixer le Dorique � feize, tel quo nos modernes l'ex�cutent aujourd'hui dans la plu- part de leurs b�timents* Cette conjecture prouv�- rent en quelque forte ia lenteur des progr�s M l'Art ; qu'il a fallu des iiecles pour parvenir � ia beaut� j � la r�gularit� & � l� perfection des or- dres que nous connoiiTons * & que les Grecs �toieiif d'abord bien �loign�s $ pour ce qui regarde ies ordres d'ArcMtecjture i de l'�l�gance qu'ils ont fit leur donner depuis * apr�s m�me avoir �t� r�duits �en fervitude par les Romains * Les Grecs ayant paffe dans l'Aiie mineure fous
la conduite dl�n -, un de leurs chefs, r�foiurent de confacrer j dans leur nouvelle Patrie j des Temples aux Divinit�s qui les prot�geoient. Ils cherch�- rent donc � imiter celui que Dorus avoit �rig� � Junon; mais incertains encore fur la proportion qu'il falloit garder dans les colonnes dont ils pr�ten- doient orner leurs �difices, ils imagin�rent de la r�gler lui* celle du corps humain. Ayant remarqu� que la longueur du pied de l'homme eii ordioai- rement la iixieme partie de toute fa hauteur *�!!$ donn�rent � celle de leurs colonnes fix fois leur" «i�ametre, proportion qui fut long-temps .fix�e pour* cet ordre $ δε qui n'acquit huit diam�tres, comme nous venons de le remarquer, que long-temps apr�s la d�couverte de l'ordre Ionique ; mais vou* Ν ij
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ι$}6 � o υ *t s
lant enfuite fe rapprocher encore davantage de
la nature , & s'�tant apper�u que la t�te eil la. huiti�me partie du corps humain , ils donn�rent .huit diam�tres � leurs colonnes : ainii l'ordre Do- rique re�ut fa proportion , & devint une forte d'image de la force .& de la beaut� du corps de l'homme. D�s-lors il acquit un cara�ere de viri- lit� qui le rendit propre � orner les Temples des Dieux & des H�ros. Une heureufe d�couverte conduit ordinairement
� de nouveaux fucc�s ; ce premier pas en �t faire un autre. Les ioniens voulant �l�vera Ephefe un Temple magnifique en l'honneur de Diane, cher- ch�rent une nouvelle proportion , qui, fans �tre moins r�guli�re que la Dorique , offr�t n�anmoins ,ιιη genre de beaut� plus d�licat. Comme ils �voient d�termin� le 1er ordre fur le corps de l'homme, ils imagin�rent de r�gler la proportion du nouvel ordre fur la taille plus d�gag�e des femmes Grecques, & donn�rent au diam�tre de la colonne, qui fut nomm�e ionique , la neuvi�me partie de fa hauteur. Avec cette proportion ils voulurent offrir l'image des coiffures des Dames de la Gr�ce ; ils taill�- rent pour cet effet le chapiteau en forme de volu- tes; ils ajout�rent aux colonnes des bafes pour repr�fenter leurs chaui�iires ( b ) ; enfin voulant imiter jufqu'aux plis de leurs v�tements, ils creu- ferent des cannelures fur la longueur du fut de la colonne : en forte que les Grecs en prenant pour |
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{b) Quelques Auteurs pr�tendent que long-temps avant le
Temple d'Ephefe, on avoir ajour� aux colonnes, des baies qui-repr�fencoient des hars ou liens en�ploy�s dans la primi- tive Architettijre, pour ferrer le pied des arbres, qui foa- lenoieat l�s demeures ruiUques des premiers hommes, |
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d'Architecture. 197
modele ce que la nature leur offrit de plus parfait;
introduifirent clans Γ Architecture la progreflion Arithm�tique: l'un & l'autre font devenus des objets d'imitation , & une regle prefquinvariable pour les Artiftes* ? Un �v�nement iingulier produint � Corinthe
une nouvelle forme de chapiteau , plus riche & plus �l�gant encore, qu'aucun de ceux qui l'avoienf. pr�c�d� , & fit na�tre la proportion du troifieme ordre Grec. Une jeune fille �tant morte la veille de (es noces, fa Nourrice pofa fur fa f�pukure une cor- beille en forme de vafe , contenant plufieurs bi- joux qu'elle avoit ch�ris pendant fa vie ; elle couvrit la corbeille d'une tuile , pour la garantir des injures de l'air. Le hafard fit placer cette corbeille fur la racine d'une Acanthe fauvage. Cette plante venant � pouffer au printemps, l�s rameaux s'�tendirent au tour de la corbeille : mais fe trouvant arr�t�s par les angles de la tuile , ils furent oblig�s de fe recourber en forme de volutes. Callimaque , Scul- pteur Grec, frapp� de l'heureux effet que produi- foit cet enfemble , con�ut l'id�e du chapiteau Corinthien, nomm� ainfi, parce qu'il fut invent� pr�s de la ville de Corinthe. On pofa d'abord ce chapiteau fur la tige de la colonne Ionique ; mais comme il acquit plus de hauteur que celui de cette colonne , & que par-l� il raccourciffoit la tige de cet ordre , on imagina une nouvelle proportion , dont la l�g�ret� r�pond�t � la d�licateffe du cha- piteau de Callimaque : pour cela ce nouvel ordre fut port� � dix diam�tres , dans l'intention d'imiter la taille fvelte d'une jeune fille, pourvue de toutes les gr�ces de l'�l�gance & de la beaut�. D�s-lors |
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�9§ Cours
pet ordre, appel� par Scamozzi, l'ordre Virginal\
fut deilin� � l'emb�lliiTement des Temples d�di�s 4 Veita, � Flore, � H�b�. L'ordre ionique qu'il appelle l'ordre F�minin , fut employ� � l'ordon- nance des Temples d�di�s � Junon , � Cer�s , � Proferpine ; & l'ordre Dorique , nomm� aui�� par cet Auteur, ordre Mafculin ou Viril, confacr� � la d�coration ext�rieure des Temples �lev�s en l'hon^ jieur de Jupiter, de Mars, d'Hercule, &c. Les Grecs non contents de leurs ordres Dori-
que,Tonique & Corinthien, dont ilsavoient �tabli j |es proportions d'apr�s le corps humain , voulurent
fubititner � l'Art la repr�fent�t�on de la nature elle- m�me« 1,'efpoir de rendre immortel le fouvenir de leurs victoires, & 1§ deiir d'��ernif�r la honte de ceux qu'ils avoient fubjugti�s , leur fit allier Jes troph�es de leur gloire aux monuments qu'ils | Revoient dans leurs cit�s. Les �ariens s'�tant I
r�volt�s contre euxfflirent punis de leur r�bellion j
par une d�faite �omplette , δζ leurs femmes r�-
duites en fervitude, D'un autre c�t� les Perfes qui �toient venus les attaquer jufques dans leurs foyers, furent vaincus � Plat�e, | Salamine & au pas des Terrnppyl.es.- Orgueilleux de tant d'a- vantages j les Grecs voulurent faire paffer � la poil�rit� les marques de leurs victoires ; pour cet e'fiet ils convertirent les colonnes qui ornoient Jeurs b�timents en figures humaines, humili�es & aifaiiT�es fous le poids immenfe qu'elles fembloient {apporter,. Celles qui repr�i�ntoient d�s femmes > �toient l'image des» Carienries efclaves. Les Perfes captifs �toient d�iign�s par des figures d'h�n)mes ί 4'o� ces fortes de foutiens furent nomm�s pr.drQ �^riate & pjcU;e Perfique, |
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d'Arch ixe c T�re. 199
Mais Comme d�telles images, quelque efama-
bies qu'elles ptiiffent �tre d'ailleurs-, par rapport � la Sculpture, iemblent contraires a la douceur de nos m�urs, qui ne permet pas d'afi�rvir awfi la repr�fentation de nos fembkbles ; oft ne peut re- garder dans TArchiteaure une application de cette �fp�ce que comme un aeceffoire qui exige d �tre employ� avec beaucoup de prudence ; autrement ces figur�s qu'on diroit avoir �ii rriouvet�ent r & de �t&mi s^accorderoient mal �vecla i�udite qu on doit affea�r de faire paro�tre dans tous les genres d'�difices, Les exemples c�l�bres des Canatiaes que l'on remarque � la fa�ade de la cour & dan^ l'int�rieur du Louvre (c), ainfi q� au Bureau aes Marchands Drapiers � Paris , ne fervent qu a prouver que la f�du&on de l'art a iouvent pr�- valu fur la vr�ifemblance , qui doit toujours �tre obferv�e dans les d�corations ext�rieure* & int�- rieures des �difices. ! L'ordre Perfique lieft pas plus tol�rable. Quel-
que viril que foit fon cara�ere, il η offre que les marques d'un efclavage honteux, qui fait rougir l'humanit�. On peut n�anmois le placer aficz con- venablement dans la d�coration exterieure des Portes de Villes de guerre j dans l'intention �an- noncer � l'Ennemi le fort qui l'attend, � une lois il eil vaincu ; aux Prifons Civiles & Militaires ( d ) i |
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> ( c ) Voyez ce que nous avons dit d�s Cariatides d� Louvre ,
At�hit. �rane. quarrierae vol. pag. 19� (d)On donnera dans la fuite de ce Cours, le d�ifin fait
pour 1'Arfehal de Paris du c�t� de laBaftilie » lors du w«t g�n�ral de l'Arfenai, dont le Minifterc m avoit charge ψ 1763,. Ν- iv
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200 COU R S
aux Maifons de Force & aux autres �difices de ce
genre , o� il paro�t convenable d'annoncer aux coupables ce qu'ils ont � craindre loriqiuls feront d�tenus dans ces lieux de punition & d'horreur.' Si les Cariatides peuvent auiH trouver place
dans notre Architecture, ce n'eu: que dans les d�- corations th��trales, dont la fc�ne repr�fenteroit quelques actions arriv�es chez les Grecs , & o� l'Artifte" feroit oblig� de retracer l'image de certains faits hiiloriques. Elles pouroient encore tout au plus �tre iiipport�es dans des f�tes publiques, o� l'al�greiFe commune n'exige pas cette f� v�rit� � laquelle on eil aiTujetti dans la d�coration des �difices durables, & o� les attributs & les all�- gories doivent �tre afibrtis au genre & au cara- ct�re du monument. Il eil encore un autre genre de �cu�pture, �ga-
lement � �viter , ce font Tes Termes , enfants du caprice & d'une imagination fervile, autre efpece de figures humaines, qui femb�ent fortir d'une gaine, & � qui fouvent on fait porter des fardeaux : tels font ceux que l'on remarque fur le Quai des Th�a- tins de Paris. On en voit m�me plu�eurs dans les retables d'Autels de nos Temples , plus impropre- ment plac�s encore que par-tout ailleurs : ils ne doi- vent �tre jamais employ�s, & par tol�rance feu- lement, que comme ornements dans nos Jardins de propret�, comme il s en remarque aux Tuile- ries , � Verfailles & ailleurs. Les Grecs ayant employ� ces divers ornements
pour tranfmettre � tous les �ges le fouvenir des victoires remport�es fur les Cariens & les Perfes, leur vanit� leur en f�t abufer ; car ils fubilitu�- rent long-temps leurs ordres Gariate & Perfique aux trois ordres pr�c�demment d�couverts. Urf� |
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d'Architecture. 20 e
telle innovation les conduiiit infenfiblement � fur-
charger m�me le f�t de leurs colonnes , d'orne- ments de diff�rentes efpeces , dont la prodigalit� fut enfuite imit�e par les Romains. Au refte , ce reproche ne doit tomber que fur les Grecs des derniers temps. Voyons maintenant l'ufage que firent les Romains, des d�couvertes qu'avoient faites ces Peuples, i:V' '-''�''"■'■ ■■';"■"' Φ '- -
On attribue aux Romains l'origine de l'ordre
Tofcan. Bien des Auteurs ont cru qu'ils l'employ�- rent pour la premiere fois au Temple de Janus , Roi d'Italie, puis � Florence, au Temple de Mars, aujourd'huiT�glife du Baptifterede Saint-Jean, & qu'ils ne voulurent rien devoir aux ennemis qu'ils avoient vaincus, quoique les effets admirables des trois ordres Grecs ne leur fuifent pas inconnus. D'autres aifurent que cet ordre fut invent� en Etrurie, appel�e aujourd'hui la Tofcane , lorfque les Grecs mettoient en �uvre les ordres qu'ils nous ont laifT�s pour mod�les. Quoi qu'il en foit, cette production des Etrufques ( e ) eft bien inf�rieure aux ordres Grecs, puifqu'elle ne pr�- fente que l'ordre Dorique, rendu plus mat�riel, & tel que les Grecs l'avoient d'abord imagin�. Elle merite n�anmoins quelque confid�ration, parce que cet ordre d�termin� � fept diam�tres , acquit un caract�re qui lui fait tenir encore au- jourd'hui un rang aifez diilingu� dans l'Archi- |
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( e ) L'origine des Etrufques cil fort incertaine. Diodor� de
Sicile , liv. f , psg. 316., nous apprend que ce Peuple aimoit beaucoup les Arts, & que ce go�t lui vint du commerce qu'il eut avec les Egyptiens. Voyez au�l Les Ant. Etrufq, par M« h C, de Caylus, |
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202 G OURS
teclure, Enfin, d'autres Auteurs pr�tendent, que
dans toute l'Italie il ne reite aucun veitige de Tordre Tofcan ; que la colonne Trajane n'eit point Tofcane , puifqu'elle a huit diam�tres ( � ), & que les ordres employ�s aux Amphith��tres de V�rone & d� N�mes, font d'une Architecture trop ruiti- qu� pour oifirir des mod�les de Tordre dont il s'agit. L'invention de Tordre Compofite eil encore due
aux Romains. Quoiqu'il e�t �t� mis en �uvre long-temps avant Vitruve, cet Auteur n'a pas jug� � propos de lui afligner uri rang parmi les ordres, non plus qu'� plnfieurs comportions de ce genre, dont la div�riit� �toit infinie de ion temps} pro- ductions , dit-il, qui ne coriiiitent que dans 1 af- femblage des diff�rentes parties des ouvrages des Grecs : autrement pour qu'il port�t le caraclere > d'un ordre, il auroit fallu lui donner onze dia- m�tres , comme cela �toit arriv� aux premiers Ar- chitectes dltalie , & tel qu'il s'en voit encore un exemple � Rome, dans Saint-Etienne le Rond. Mais cette proportion n'a �t� imit�e depuis par aucun Architecte; car , comme le rapporte Seamozzi, il femhle qu'on ne puiffe naturellement fouffrir cet exc�dent dans une colonne j» de m�me qu'il paro�troit difforme � un homme d'avoir plus de mefure de t�te qu'il n'en faut pour �tre bien pro- portionn�. Cet Auteur rapporte encore * en par- lant de Tordre Tofcan , que le nombre de fept |
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(�) Il eft vrai que la colonne Trajane a huit diam�tres j
mais il faut confid�rer que la faillie du bas-relief qui circule '� l'entour , a faris doute oblig� d'�lever fori f�t 3 pour mettre �lus de rapport entre f�n diam�tre apparent, & f� v�ritable hauteur. |
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d'Architecture. 203
diam�tres eil ia plus courte proportion qu1 on puiife donner � un ordre , quoiqu'il s'en trouve qui n'en bnt que iix ; mais qu'il �ft aui�� erfenci�l de reje- ter cette proportion trop courte , que celle de onze pour les colonnes les plus �lev�es. Ce ne fut donc que depuis l'Empire d'Augt�fte 9
que l'ordre Compofite Romain que nous conhoiC- jfonsj fiit employ� avec quelque fucc�s $ &: fa Jiauteur fix�e � dix diam�tres ^ � l'exemple du Corinthien. Les Romains, �clair�s par les Grecs * s'apper�urent � lors , comme nous venons de le dire d'apr�s Scamozzys qu'un ordre dont la hau- teur ftirpaffer�it dix diam�tres1$ p�ro�troit ine�* pable d'annoncer une folidit� apparente; & que celui qui dans fa hauteur auroit moins de fept diam�tres , h'oifriroit qu'une maffe lourde & peu digne d'entrer dans les �difices de quelque importance. Il faut donc reeoriiio�tre que c'eit aux Arcnl-
te&es de l'ancienne Rome que l'on doit la d�cou- verte: du premier terme en Archite�ture 9 fav�ir le rapport de 7 � 1, qui fut d�termin� pour Tordre Toican j & ce font les Architectes de l� nouvelle. Rome, qui ont fix� leut ordre C�rrip�fite au terme de ίο � ί, dont les Grecs av�i�nt d�j� fait ufag� dans l'ordre Corinthien. n�anmoins on h� faiiroit regarder Tordre Com-
pofite comme une nouvelle d�couverte, puifqu'i� h� difiere du 'Corinthien %ie P^r l'aifemmage de� ornements de ce dernier & de l'Ionique ; ce qui tious oblige � tir�ire qu'il n'y a que quatre ordres proprement dits , δε cela malgr� Tuf�ge que nous faifons aujourd'hui de Tordre Comp�fit� * pour Varier \i d���i�tibn �e nos �difices, |
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204 'G Ρ u R s
D'apr�s cette obfervation , on ne doit donc
compter que quatre ordres au lieu de cinq. Car ? fuivant le fentiment du plus grand nombre des Ar- chitectes, ce qui conititue. l'ordre proprement dit, eil le rapport de fa hauteur � fon diam�tre. Or, le Compofite ayant la m�me proportion que le, Corinthien, il ne diff�r� r�ellement de celui-ci, que par rapport � fes ornements. Il en eit arriv� de m�me � pluiieurs de nos Architectes , qui > ayant imagin� de nouveaux chapiteaux, ont cru, � l'exemple de Callimaque , que ces nouvelles comportions pffriroient de nouveaux ordres ; ils n'ont pas r�fl�chi, que l'Architecture Grecque avant Callimaque, comme nous Venons de le re- marquer , n'�toit pas arriv�e � fon dernier degr� de perfection , puifque ces Peuples n'avoient encore trouv� que les ordres folide & moyen , & qu'il leur manquoit l'�l�gance dont Tordre Corin- thien femble �tre le triomphe. Mais avant de parler de i'inconf�quence de nos Architectes, � l'�gard de l'ordre Compoiite & de plufieurs au- tres productions en ce genre, difons un mot des �carts des Romains � ce fujet, afin de faire conno�tre de plus en plus la n�cef�it� de nous raprocher des premi�res belles productions de l'Architecture. A l'exemple des Grecs , qui apr�s les chefs-
d'�uvre Doriques, Ioniques & Corinthiens, vou- lurent furpaiTer la perfection de ces m�mes chefs- d'�uvre , les Romains ne s en tinrent pas � la d�couverte de leurs ordres Toican & Compofite. Apr�s l'imitation des trois ordres Grecs qu'ils employ�rent dans leurs b�timents, ils tent�rent d'autres moyens d'enrichir l'ordonnance de leurs fa�ades. En vain les principes de l'art avoient �t� |
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d'Architecture. 205
fix�s par les grands ma�tres, le titre de cr�ateur
parut � quelques-uns de leurs �mules, pr�f�rable � celui d'imitateur ; enforte que fous pr�texte de faire de nouvelles colonnes, ils imagin�rent d'en fur- charger le f�t par des boffages , charg�s eux-m�mes d'ornements fouvent peu convenables ; ils les racour- cirent pour convertir l'ordre en Attique ; ils en tor- ferent les f�ts, compoferent de nouvelles bafes, fymboliferent leurs chapiteaux, croyant fymbo- �ifer leurs ordres; ils abuferent des pi�deftaux , & ne craignirent m�me pas de tronquer leurs enta- blements : licences qui fe font, pour la plupart, introduites fous le Boromini, Architecte de g�nie fans doute, mais aui�i incorrect que peu f�vere. Si quelques Archite&es Fran�ais ontabuf� � leur tour de ces licences � l'imitation de ceux d'Italie, on rieft pas moins en droit de leur reprocher d'avoir fouvent n�glig� d'obferver dans les attributs dont ils ont furcharg� les chapiteaux , le f�t de leurs colonnes , & les moulures de leurs entablements, une certaine analogie qui doit fe trouver entre le ftyle de la Sculpture & le caract�re de l'ordre ; d�fauts qu'on remarque dans les ornements trop d�licats de l'ordre Tofcan des guichets du Lou- vre du c�t� de la rivi�re, dans l'application des rudentures introduites dans les cannelures Dori- ques du veflibule du Ch�teau de Maifons, dans les boffages alternatifs, appliqu�s peut-�tre incon- fid�r�ment aux colonnes Ioniques des avant-corps du Palais des Tuileries, &c. Ces productions efti- mables fans doute, mais non fans d�fauts , & qui�, ayant trouv� des imitateurs peu verf�s dans les principes de l'Art , contribuent plus qu'on ne: s'imagine, � leur faire croire les pr�ceptes incer- tains , & � leur faire imaginer des compositions |
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V
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zo6 G Q � R s ,
peu r�fl�chies, parce qu'ils m�conrioiiTent les vraies
beaut�s des ordres Grecs , & les vains efforts des Romains dans cette partie de rArchite&ure. C'efl �inii qu'ignorant leur foibleiTe, ils tentent d'ima- giner de nouveaux ordres, tandis que l'imperfec- tion du compoiite auroit d� leur 'apprendre l'i- nutilit� dune nouvelle tentative, fur-tout apr�s le peu de iucc�s des plus grands Artiiles du iiecle dernier, tels que le Brun, Perrault, Errard.( g-), le Clerc & Dolivet. Difons ici un mot de leurs efforts � cet �gard. Dolivet t, Peintre qui vivoit fous le regne de
Louis XIV j conipoia un nouvel ordre dans un genre femi-gothique, & tel � peu-pr�s que celui que M. l'abb� Laugier nous ;a d�crit derni�rement dans un de (es ouvrages. Le Clerc, Grayeur c�l�bre j <&Γιιη des meilleurs
pei�inateurs du fie�ledernier',.nous a dona�fori ordre Fran�ois dans fon petit Trait� fiit'�Archite- cture; mms quoique d'un aiiezbon genre, iln�dif�ere du Corinthien que par les\�ri^ni'ents du chapi- teau, jpans ce m�me Trait� il a voulu aui�i nous donner un ordre qu'il appelle Eipagnol ; mais ces deux productions, .quoiqu'affez eftimables , aini� que celles de Perrault (A), de Je .Brun [i)X d'Er^ |
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(g) CharlesErrard, Peintre & Architecte, eft mort � Rome,
iDir�&eur de Γ Acad�mie de France , le x$ Mai I689 , �g� de $S ans. ""'." �a) Perrault ayoitpropof� ce pr�tendu or4re Fran�oisF-gfotir
le deuxi�me �tage de �'int�rieur de la coVr du vieux Louvre * i�u lieu de .l'Attique jd.e PierreJLeC�Q.t/ .,(*".) Voyez le deflS» de cet ordre dans l'Architc�rure Fr$n-
�oife. Le Brun l'avoit coinpof� pour l� projet d'un Aie de
"Triomphe au Tr�ne , o� celui<�� Perrault -fut pir�ier�. Le
-Btun depuissa^exicut� cet ordre , jgpur la^lus .grande ga«i�>
dans la Gallerie de Yerfailles.
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d'Architecture. 207
tard (/ ) & de quelques Architectes de nos jours,
ne persuaderont jamais aux vrais Architecles que le chapiteau fait l'ordre , � moins de vouloir pren- dre la partie pour le tout. Car ii cela pouvoit �tre, il ny auroit certainement point d'Artifte qui e�t plus m�rit� de consid�ration dans cette partie que Bibiane , Peintre-D�corateur Italien, qui, dans fon Trait� de la Perfpective des Th��tres , nous a donn� un tr�s-grand nombre de profils d'entable- ments & de chapiteaux fort int�reffants , mais qui n�anmoins ne peuvent �tre r�gard�s que comme des productions ing�nieufes pour les D�corations des F�tes publiques, de l'int�rieur de nos apparte- ments , des pompes fun�bres, &c. N�anmoins nous recommandons � nos Elev�s l'�tude de cet Auteur, parce qu'il leur fera fort utile, apr�s la connouTance des pr�ceptes de l'Art, d'acqu�rir le go�t du dei�in que cet ouvrage doit leur infpirer. Rapportons auffi ce que Chambrai dit dans fort
parallele des ordres antiques & modernes au fujet des chapiteaux fymboliques des Anciens, & dont il le garde bien de conieiller l'imitation. « Cela » me fait repenfer , dit-il page io8, � la promeiTe » o� je m'�tois engag� de donner ici quelques »deiTms de chapiteaux extraordinaires tir�s des » antiques ; & coniid�rant qu'ils ne fauroient plus » avoir de place aujourd'hui en aucune forte d'�* �difices, vu qu'ils n'�toient convenables qu'aiu? »D�it�s du paganiime, & qu'il n'efl: plus mainte* » naht de Jupker de 'Neptune, ni d'autres fetnbla- |
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(/ ) Ces ordres Fran�ois font partie d'un recceuil particulier:
qui contient le$ .profils, des ordres , �'apr�s Jes monuments de France & d'Ipaiie , recceuil ^>pn �: parcourir ;.mais aux mesures duquel il ne faut pas s'en rapporter, n'ayant pas �t� �oB� fans doute d'apr�s les -deJ�ns faits par Er�ard. |
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i�8 Cours
» bles dieux de ces temps-l�, aux temples deiqile�s
» tous ces chapiteaux �toient iinguli�rement appro* » pri�s par des repr�fentations fp�cif�ques � cha- »que fujet, j'ai cru qu'il �toit plus � propos » d'�ter ces amorces , qui ne feroient aul�ibien <» que reveiller le mauvais g�nie des ouvriers � » les imiter » , &c. Que tous nos Architectes & le plus grand nombre de nos Artiites, n'ont - ils penf� de m�me ; mais revenons aux colonnes torfes, prodii�ions qui annoncent plut�t les d�r�- glements du g�nie, que la iev�rit� que Γ Architecture iemble exiger* V Quoiqu'il nous paroiiie auffi qu'il faille employer
les colonnes tories avec beaucoup de difcr�tion, ainn* que les colonnes fymboliques & l'ordre ap- pel� Attique ; n�anmoins comme il peut arriver que dans la diverfit� ldes b�timents, ces produ- irions trouvent bien leur place : avant de termi- ner cette origine des ordres, nous dirons un mot de ces trois objets coni�d�r�s en particulier. � Nous n'h�fitons pas � croire que les colonnes t�ffes , dont l'arrangement peu r�gulier paro�t incapable de r�iii�ance, devroient �tre rejet�es de l'ordonnance de tout �difice : mais celles du Ma�tre- Autel de Saint-Pierre � Rome , celles du Val-de- Grace & des Invalides � Paris ont donn� tant de c�l�brit� � ce , nouveau genre de colonnes »qu'il femble n�cei�aire d'en conno�tre au moins l'origine. . Les colonnes torfes font une imitation des arbres entour�s d'autres plantes ou arbuites paraiites , tels que la vigne fauvage, le chevre-feuille & le lierre, dont les rameaux & les feuillages s'�toient incorpor�s avec les troncs qui leur fervoient d'ap- pui. Ces arbres & ces arbuftes, ain� enlac�s , pr�- sentaient iine tige torfe dont les Architectes d'Italie donn�rent
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d'Architecture. 209
''donn�rent la forme aux nouveaux f�ts de leurs
colonnes : en quoi il fe crurent autorif�s par les exemples de plufieurs petites colonnes de cette efp�ce qu'on voit � Rome, ex�cut�es en marbre antique ; d'o� nous ferions tent�s de conclure que chez les Grecs, & m�me chez les Egyptiens , les colonnes torfes n'�toient pas inconnues. Il eil �galement vraifemhlable que c'eii d'apr�s ces di�- f�rentes imitations de la nature & de l'art, que le Cavalier Bernin ofa faire ufage des colonnes torfes ; il devoit r�fl�chir qu'il faut du choix dans l'imitation de la nature & de la circonfpection lorfqu'on veut la r�unir � Fart. Cependant com- me celles qu'il f�t ex�cuter au Vatican font de- venues , pour ainii dire, des autorit�s en ce genre» le fuce�s de Bernin en cette partie, r�veilla l'�- mulation des Manfards. C'eft d'apr�s ces grands , ma�tres que d'autres Architectes ont introduit; des colonnes tprfes dans la d�coration des Edi- fices facr�s; mais au moins faut-il obferver qu'elles nefoient jamais que Corinthiennes ou Compofites, & que leur diam�tre, lorfqu'on veut charger leur f�t de quelqu'orpement, foit un peu diminu�, crainte qu'elles ne deviennent trop pefantes. Enfin on ne doit jamais affecter des cannelures creui�s ou ren- fonc�es dans leur f�t inf�rieur ; il vaut mieux em- ployer des ornements en relief, & referver ces cavi- t�s pour la partie fup�rieure de leur tige. Les Egyptiens apr�s avoir mis en �uvre des
colonnes pour le foutien & la d�coration de leurs �difices, donn�rent � quelques-unes de leurs pyra- mides ou monuments, la forme de leurs colonnes. Les Grecs imit�rent d'abord les colonnes & les Monuments des Egyptiens : mais b�^niot ils conver- Tom� L O |
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il� ,;::? ;; C O tf R S
tirent celles-l� en ordres r�guliers : d�s-lors ils
Commenc�rent � les regarder, moins comme une partie �ffencielle � la conflmclion, que comme an objet de d�coration ; les Artiftes de la Gr�ce s'attach�rent � leur donner plus d'�l�gance & de vari�t� ; les mati�res les plus pr�cieufes furent m�me pr�f�r�es � celles qui euffeht procur� une folidit� plus durable ; enfin les Romains, imita- teurs des ouvrages des Grecs, port�rent la magni- ficence au point qu'on �leva des colonnes colof- fales qui furent cohfacr�es � la gloire des Hommes flluitres, & ils en vinrent � imaginer des fym- boles dont ils furchargerent le f�t de leurs co- lonnes. Cette application de la Sculpture � l'Ar- chitecture devint la fource de cette multitude d'ordres pr�tendus, auxquels on a donn� diverfes d�nominations , f�lon les ornements particuliers qu'ils ont re�us ; telles font les colonnes hiftoriques, triomphales , fun�raires δε autres , dont nous pat-� leron.5 dans nos d�finitions. L'origine des Attiques (k) appel�s par Vitruv�
ordres Atticurge , eft fort ancienne. Mo�fe avoit ordonn� qu'on �lev�t une efpece d'Attique fur les habitations des H�breux; le motif de cette loi, puif�es dans un fentiment d'humanit�, eil bien digne de ce L�giflateur �clair�. Il vouloit emp�- cher que les briques , les tuiles & les autres ma- |
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(k ) VitruV. liv. 4 , chap. 6 , appelle Atticurge Tordre Co-
rinthien > mais comme l'a remarqu� Perrault, n° ι , pag. nf, il y a toute apparence que cet ordre �toit un ordre particu- lier , dont les colonnes, au rapport de Pline } �'toient qu�r- ir�es-i & avoient une bafe , un chapiteau & des membres d'Archite&ure dans leur f�t, qui diff�re abfolument des autre* ordres. Le mot -Atticurge d�rive de deux mots Grecs, qui iisni� fient ouvrage Ath�nien. . . |
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' d'Architecture. iii
ti�res qui couvroient les maifons des �ffaelites ,
he blei�aiT�nt les paffants , ii elles venoient � fe « d�tacher par les injures du temps '■■(/). . Pline fait mention des ordres Tofcan, X)�riqiie?
Ionique & Corinthien, &ne parle point du C�mpo- ike non plus que Vitruve ; mais il cite, comme nous venons de l� remarquer, un cinqui�me ordre qu'il nomme �:tiiq�e,& dit que l�s tiges en �toierit quai- r�es. Quoi qu'il en foit, cette efpece d'ordre efl d'une proportion trop rac�urcie, pour pouvoir, entrer en parallele avec ceux que nous connom�ns ; �il �il � �roire qu'il ne fut d'abord employ� que comme un couronnement continu, que les Ath�- niens imagin�rent pour faire pyramider les �Vant- corps d� leurs �difices. Les lloaiains «dans la fuite ie firent fervir d'amortiiTement � leurs m�rrfrm%nts> 'a�hti qii'ii s'en voit encore d�s veiblges � Hoirie, � la place de Nerv�, 'aux arcs de triomph� de Sep- tim�-S�v�re , de Cohftah'tih ; &c. � Ces Moqu�s �toi�nt r�ve�is de grandes 'tables r�hfbfic��sv propres � recevoir des bas-reliefs, 'M �es ihf�ripti�ns relatives � l'objet de Fediiicel; enfin on ajouta des tables raval�es dans leur pa- rement. Infenf�blement on perdit de vue l'origine & la
defKnation particuliere de ces petits �tages. Les Archite&es modernes ont voulu les faire entrer dans l'ordonnance de leurs �difices, & ont ei�ay� de d�terminer la hauteur de l'Amque, & de don- ner � (es pilailres, une proportion qui les diftin- |
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1 (/) LorCque tu auras �lev� les murs de ta msifon � leur
jufte hauteur, tu la couronneras pat un petit mur , afin qae le fang de ton procliain ne foie pas verf� devant ta maifon. Deut. cap. vi, v. 7. O ij
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ν
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212 Cours
gu�t des ordres d'Archite&ure. Enfin, ils lui ont
affign� d'apr�s ce qu'enfeigne Vitruve , planche 31 , page 127, un genre & des ornements dont nous traiterons ailleurs. Nous venons de rendre compte de ce qu'il nous
a paru indifpenfable de dire au fujet de l'origine des ordres proprement dits , ainfi que fur les au- tres objets de la d�coration qui ont pris leur fource dans ces m�mes ordres : nous avons cru, en rap- prochant les temps, devoir paifer fous iilence la plus grande partie des opinions de pluiieurs des Architectes anciens & modernes ; car d'un c�t� ? nous n'avons pr�tendu que faire conno�tre ce qui ne peut �tre raifonnablement ignor� fur cette ma- ti�re , & nous en tenir de l'autre, � ce qu'elle nous offre de plus vraifemblable. D'ailleurs une plus longue difcui��on n'auroit peut-�tre pr�fent� aux amateurs, que des conjectures vagues & in- certaines , & n'auroit fans doute fervi qu'� r�pan- dre plus de confuiion dans l'efprit de nos �lev�s. PaiTons maintenant au d�veloppement de la pro- portion des ordres d'Archite&ure Grecs & Romain«. |
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d'Architecture, 213,
! ^^^^^�j�j^==
C H AFIT.R. E I L
Pr�ceptes de liArt> tir�s de la proportion des
ordres d'Architecture Grecs & Romains. XOUR parvenir � donner g�n�ralement aux
membres d'Archite&ure qui embelliffent les fa�a- des de nos �difices ,1a r�gularit� & la beaut� dont ils font fufceptibles , rappelons-nous ce que nous venons de dire touchant l'origine des ordres que les Grecs nous ont lahT�s pour exemple, ainii que les efforts que les Romains ont faits pour les �ga- ler dans cette partie de Γ Architecture. Les fiicc�st & la connoiflance des produ&ions de ces deux- Peuples c�l�bres , nous feront d'un grand feeburs pour fixer auffi les rapports, que les maiTes de l'�difice doivent avoir avec les parties principales » & celles-ci avec les. d�tails : nous y verrons auf�i la relation qu'il faut mettre entre les avant-corps & les arrieres-corps. Cette connohTance doit nous amener encore � d�terminer toutes les parties d'un b�ti- ment l'une par l'autre ; car il eil aif� de s'apper- cevoir, que fi l'on n�glige dans le d�but de fa compofition , les rapports qu'il doit y avoir entre la largeur & la hauteur des fa�ades, & fi l'on ne pr�voit d'abord la quantit� d'ouverture qu'elles doivent contenir , par rapport au - dedans, il n'en r�fultera tout au plus qu'une belle ordon- nance ; mais l'int�rieur fe repentant de cette n�gli-� gence, l'�difice fera imparfait. Ο iij
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ii4 ,; ' . C o v r s �
Combien effectivement de productions en ce
genre nous pr�fentent cette iniperfe&ion, parce que m plupart de leurs Arehite&es ont born� leurs �tudes � la feule d�coration : combien de licences condamnables, introduites dans la diftribution , pour n'avoir penf� qu'apr�s coup, aux moyens de concilier les dehors avec les dedans, c'eft-�-dire, - ��" beaut� de l'ordonnance des fa�ades, avec la commodit� & l'agr�ment de l'int�rieur. Le Ch�teau de Maifons, le Luxembourg , le Palais des Tuile- ries, font affez conno�tre qu'il ne fuffit pas d'�lever de, belles fa�ades ; que l'Architecture ne fouffre point de divifions dans fes parties , & que pour devenir im Architecte du premier Ordre, il faut �tre � la fois , bon D�corateur , Diitributeur in- telligent δε Conftrucleur confomm� ; qu'en un mot, fans une profonde connoiiTance de ces trois parties, on ne peut fe flatter d'�lever des chefs-d'�uvre. Commen�ons donc, pour acqu�rir Fart de d�co- corer nos �difices avec pr�ciiion δζ: avec go�t, par l'�tude des proportions des cinq Ordres, com- me �tant la; bafe des principes qui concernent la d�coration de nos b�timents, partie de l'Architec- ture 'l qui doit �tre regard�e, f�non comme la plus ei�enciell�, du moins comme celle qui fait le plus d'honneur � l'Architecte, tk qui contribue le plus � annoncer l'opulence des Cit�s. En parlant de l'origine des ordres, nous avons
regard� les Grecs , comme les Inventeurs des or- dres (m )JDorique , Ionique δι Corinthien; δζ: les Romains, comme les Auteurs des ordres Tofcan |
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':.("?) Ordre, cz mot i�gnif�e l'arrangement r�gulier de p�u-
i�eurs belles "parties , au moyen defquelles en parvient � com- pof�r un enfemble int�reflant. Un ordre d'Architecture pro- |
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d'Architecture. 21 f
& Compofite ; les Fran�ois, & les autres Nations
�ivilif�es , ont accept� ces deux fortes de produc- tions , pour la d�coration de leurs �difices, 8f ont reconnu que Tordre Tofcan �toit propre � ex- primer la. ruiticit� ; le Dorique, la folidit�y Ποηί- que , le genre moyen; le Corinthieri & le Compo. fite, la d�licatei�e. Nous dirons ici, que comme ce dernier a la m�me proportion que le Corinthien* on ne doit gu�re reconno�tre que quatre Ordres proprement dits ; que du moins �'eft l'opinion de Vitruve {n), qui n'a pas cru devoir comprendre l'ordre Compoiite dans la cla�Vdes pr�c�dents. Rendons-nous compte n�anmoins des proportions, & des diff�rentes expreiFions de ces cinq Ordres; en quoi nous nous conformerons au fentiment de YU gnole ( a) : commen�ons par le Tofcan, pour finir par te Compofite, & cela fans avoir �gard au temps de leurs d�couvertes; autrement il faudroitdivifet les cinq ordres Grecs & Romains en deux claiTes^ |
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prement�ir > doit �tre confider� comme 1'oppof� dudefordrc;
il peut Remployer ele deux mani�res , en colonnes ou eu pi- laftres- Les ordres font appel�s par ffittttvfe,. ofdtn�s & genera.' co/umnarum. (η) Vitruve , ingenieur d'Augufte , avpit une grande
�onuoiiTan�e de la th�orie, de l'Archite^ure *, & a eu pour interpr�tes, Vignole , Palladio , Scammo^xi* Delorme , fbl* land^Serlio, Albcru , Caijtaneo�, Barbarofic Viola. Perrault^ l'un de nos plus c�l�bres, Arcbite�tes, l'a auflj comment� ; les; notes importantes ont renilu l?�tude de Vitruve indifpenfablc aux Architectes, ;? �. h ; (o ) Vignole , Archite&e Italien , a fait b�tirl'Egl�fe du J�fus
� Rome, & le Ch�teau de 'Caprarol.le, pr�s de cette Vil'ki Cet Architecte apr& s'�tre rendu r�eomma-ndabie par Sis pr�ceptes fur les cinq ordres d'Archite<&ure i cemmcHt�s par/-«TA-viller & eil: d�venu , en cette partie 3 un objet d'imitation pour nos. Arehite&es Ff�i�|ois j illmourut en i^fj , �g� de 66. ans». ; O xv
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��6 . Cours y
ain� que l'a fait Chambrai (p); mais Comme not
Architectes Fran�ois ont �galement adopt� en ce genre les d�couvertes des Grecs & des Romains, au point, que plufieurs les ont r�unies dans une m�me ordonnance ; fuivons �e plan que nous a trac� Vignole ,'& comparons-le �ouvent avec Palla- dio ( q ) & Scariimo�zi, les trois Commentateurs de Vitruve les plus g�n�ralement eitim�s. Des cinq ordres en g�n�ral�
.Planche Premiere. Cette Planche peut donner une id�e g�n�rale des
cinq Ordres, r�duits fous une hauteur commune ; ce qui fait conno�tre plus pofitivement la diff�rence du diam�tre de chacun d?eux , comme on le remarque par les plans qui font au-de�ous de ces ordres qui indiquent �un feul coup d'�uil leurs diverfes ex-> prefions* � .... 0 ; ... ί L'ordre Tofcan �e reconno�t par la iimplicit�
de.fes membres, & par fa proportion racourcie, n'ayant que fept diam�tres "ou 14 modules (r)i (p ) Chambrai, Auteur forteftim� , quoiqu'un peu partial,
jtious a donn� le parallele de Γ Architecture antique avec la �ttode�nej [ voyez l'�dition de 1701.] M. Errard, Directeur � Rome des Acad�mies Royales de Peinture , Sculpture1 & Archite&ure de France , eft regard� comme l'�diteur de cet ouvrage excellent. Voye^ la-note g, pag. xo6, ( q ) Palladio, n� � Vicei�ce, mort en i.jSo , l'un des Com-
mentateurs de Vitruve, le plus eftim�, s'eft acquis beaucoup de c�l�brit� eu Italie; par les b�timents qu'il y a �lev�s. On a de lui d,eux volumes grand in-folio, imprei��on de Hollande s dans lefquels on trouve d'excellents pr�ceptes fur l'Archite-χ �ture & la plupart des chefs-d'�uvre ex�cut�s par ce grand Ma�tre. 'I ( r ) Module du latin modulus , petite mefure $ c'eft une |
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�>* A G �l| C UT T�RE, l�f
nombre reconnu pour le premier terme en Archi-
tecture. Effe&ivement au-dei�bus deiept diam�tres, il jfemble qu'on ne puiffe faire un ordre r�gulier , qui puiffe entrer pour quelque chofe dans l'or- donnance d'un �difice de marque. L'ordre Tofcan s'emploie ordinairement dans l'Architecture mili- taire, pour la d�coration des portes de Ville, des Arienaux , des Cazernes, &c. : dans l'Architec- ture navale, pour la d�coration des Ports , des Phares, des Corderies, &e. : dans Γ Architecture civile , pour la' d�coration des Grottes, des Fon- taines , des Orangeries, des Baffes-Cours, &c. L'ordre Dorique de huit diam�tres ou 16 mo-
dules de hauteur, fe reconno�t par les Triglyphes, (f) diftribu�s dans la frife de -ion entablement, |
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�chelle quifert � prendre les grandeurs , les largeurs, l�$
hauteurs & les faillies des diff�rentes parties de l'ordre. Palla- dio, Scammozzy & les autres .Commentateurs de VitruveJ divifent leur module en 30 minutes. Nous pr�f�rons la divifion du module de -Vignole � parce que divif� feulement en n pour le Tofcan & le Dorique, peu charg�s de mou- lures i il femble devoir offrir une �chelle divif�e en moins de minutes ; Se que par la raif�n contraire," les ordres Ionique , Corinthien & Corhpoiite, plus charg�s de d�tails . ont beibinf d'une �chelle compof�e d'une plus grande quantit� de minutes : moyens qui rendent la pratique du dei�in plus fine'3 Se l'art de lever nos �difices plus facile. (s) Triglyphes , du Grec Triglyphos} qui a trois gravuresΛ
eft une eipece de boifag�s ,■ diltribu�s dans la frife de l'enta- blement de l'ordre Dorique , par des ihtervales �gaux. On taille fur ces boliages des glypkes ou cannaux, f�par�s par trois lifteaux ; ces triglyphes fe difpofent He maniere que leurs axes tombent � plomb de ceux des colonnes ou Pilaftres, de ceux des entre-colonnements des portes 3c des croif�es ; ces triglyphes ont de largeur , la moiti� du .diam�tre de la colonne, & de hauteur, celle die la frife, qui efl: d'un module & demi. Voyez la forme de ces triglyphes^ dei��n�s dans la frife de l'entablement de l'ordre Dorique 'Λ planche premiere. |
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ZlB C O U R 5
& par ion exprei��on moins ruftique que le pr�-
c�dent. Son cara&ere virile, & la fym�trie de fes membres ,. peuvent le faire employer quelquefois dans les ouvrages militaires, mais plus particuli�- rement dans l'Archite&ure civile, pour tous les genres d'�difices facr�s, publics ou particuliers. Cet ordre doit �tre confid�r� comme la premiere d�couverte des Grecs: aui�i ces Peuples ing�nieux» femblent-ils avoir �puif� dans fa composition toutes Us reflburces de l'Art. L'ordre Ionique de 9 diam�tres ou 18 modules
de hauteur, fe reconno�t par les volutes de fort chapiteau, & par fa proportion plus l�gere que l'ordre Dorique. Il peut �tre employ� convenais blement dans la d�coration ext�rieure des maifpns de plaifance, & dans l'int�rieur des appartements. On peut aui�i l'�lever quelquefois, comme f�cond ordre, dans les fa�ades ext�rieures des b�timents. L'ordre Corinthien eil encore plus fvelte que
l'Ionique, ayant 10 diam�tres ou 2,0 modules de hauteur ; il T�. fait reconnoitre par la d�licateiFe des ornements de fon chapiteau, & par la divi- sion des membres de la corniche de fon entable- Jftent. Il eil confid�r� comme le dernier terme en Architecture, car aiFezg�n�ralement il a. �t� re- connu qu'un ordre qui avbit en hauteur plus de dix fois fon diam�tre , paroii�bit incapable de porter aucun fardeau : & par la m�me raifoh» qu'on n'a pas voulu faire un ordre Tofcan au- derTous de fept diam�tres, afin de lui �onferv^r» malgr� fon exprei�ion ruftique, une certaine beaut�* on na: pas cru devoir donner, � Tordre d�licat, une �l�gance qui partit contraire � �a fplidit� qu'on doit obferver dans tous les genres d'�difi�es. L'ordre Corinthien, peut �tre employ� dans la d�* |
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d'Architecture 219
cotation des Palais des Rois, dans les dedans de
nos Temples , -& g�n�ralement par-tout o� T�l�-* gance & la magnificence doivent �tre pr�f�r�es � la force & � la iimplicit� Enfin l'ordre Compofite, de m�me proportion
que le Corinthien , fe diitingue parles ornements des ordres moyens & d�licats, dont fon chapiteau �ft compof�. On le met en oeuvre dans les arcs de triomphe, dans la d�coration de nos th��tres, dans les f�tes publiques, & par-tout o� les or- nement fymboliques doivent avoir la pr�f�rence fur les ornements ei�enciellement confacr�s aux; ordres Grecs. Division g�n�rale, pour les cinq
ordres d'Architecture. Planche IT, Figure I,
Un ordre d'Architecture ? f�lon Vignole,ei};
affez ordinairement (t, compof� de trois par- ties principales ; favoir, de la colonne {u) A> ;
( t ) Ajfe^ ordinairement ; ce qui donne � entendre que \$
pi�deftal & l'entablement ne font pas n�ceffaires � l'ordre ; que la colonne ou le pilaftre fuffifent pour d�iigner un ordre d'Architecture ; car Jorfqu'une colonne eft �lev�e fur un pi�- deftal , & couronn� d'un entablement, il nous femb�� qu'on doit appeler tout cet enlemfif� , ordonnance') & que le'mot �'ordre ne devroit indiquer que la co�grine ou le pilaftre. Par exemple, on d�t que la colonne coloiTale de l'ancien H�tel de SoifTons , aujourd'hui la nouvelle Halle au Bl� , eft d'ordre Dorique , quoiqu'elle n'ait pas d'entablement; n'e�t-elle pas o� pi�deftal 3 elle feroit app'el�c de m�me. Les colonnes Tra- janne & Antonine � Rome, font dans le m�me cas � on ne res appelle pas moins colonnes Tofcanes, lorfqu'on les cite^ dans l'hiftoire. En effet, c'elt la colonne ou le pilaftre qui doit d�terminer la hauteur du pi�deftal, & de l'entablement. ~{u) Colonnes j o» appelle ainfi un corps f�lide, de forme |
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210 C O URS
( figure premi�re ) qui ai�igne � tout le reilende
l'Ordonnance des meiiires confiantes & d�termi- n�es, dupi�deftal Β ( χ ), & de' l'entablement C (y). Ces trois parties A Β C en comprennent cha-�
cime trois autres. Le pi�deital comprend le ibcle (ι) ou feaJfe ,β-ψ
le d� h, [a) & la corniche c, (b). Les parties de Tordre , font la bafe d, (c) le
fut e, (d) & le chapiteau �, («.). |
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circulaire par fon pian, & compof� d'une bafe , d'un f�t &
d un chapiteau. La colonne diff�re du piiafrre , en ce que le plan de celui-ci eifc de forme q�adrangulaire. Le mot colonne vient du latin, columna , lequel d�rive 3 f�lon Vitruve de eolumen, foutien. * V (x)rPi�defia�i on entend par p��defial, tout corps folide
compof� dune bafe, dun d� & d'une corniche : on le nomme auffi ftylobate, du Grec ftyloba�s , foutien; >ce font les modernes 3 qui ont ajout� aux ordres' les pi�deftaux. (y) Entablement > c'eil le couronnement de l'ordre, com-
pof� d'un architrave, d'une frife ■& d'une corniche. Ce mot vient du latin, taiulatum, aifemblage d'un plancher. (l ) Socle ;. on entend par ce mot , tout corps qui cnlporte
un,MUt�? ryCf 5�Patemenc : ici il tient lieu de bafe J parce qu il elt fitu� a la partie inf�rieure du pi�deikl ; il d�rive du latin foccus , qui lignifie fandale s ou de l'Italien foccolo , patin. � ' J ;;. � � (a ) D� ou tronc j quarr� ou parall�logramme , ordinaire-
ment f�utenu par un foele ou une bafe, \& couronn� par une corniche, ν \\ j ίίΏΐ �?""c% Par « mot on entend la partie fup�rjeure
de 1 entablement ; les moulures de cette partie different f�lon les cinq ordres. Au refte , le nom de corniche s'applique � toute partie taillante qui couronne un corps d Architecture ; ce mot d�rive du latin corona , couronnement. (c) Bafe, du mot latin bafis , corps qui'en porte un autre
avec emp�tement ; on l'appelle auffi fpiYe y du htm fvira. {d) tut du latin fuftis, baron; c'eft proprement le tronc
ou la tige de la colonne 3 non compris la bafe & le cha- piteau. .,.(.<?.) Chapiteau, du latin capitulantt Commet'? c'eft la partie
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d'Architecture. 221
Celles de l'entablement , font Tarch�trave g,
ǃ) la frife h, (g) & la corniche i. Ces diverfes parties font compof�es de plufieurs
autres , auxquelles on donne en g�n�ral le nom de Moulures ( h ) ; on entend par ce mot , tous les membres (i) d'Archite&ure , qui confirment l'art de profiler (k.) , foit dans l'application des ordres , foit dans l'ordonnance de la d�cora- tion des b�timents. Les moulures en g�n�ral em- pruntent leur fome de l'expref�ion folide ou �l�- |
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fup�rieure de l'ordre : il en eft qui ne font compof�s que
de membres d'Architecture, tels que ceux des ordres Tofcan & Dorique; d'autres font compof�s d'Architedure & de Scul- pture , tels que les chapiteaux des ordres Ionique , Corin-? thien & Compofir.es. Voyez la difr�rence qui diftingue ces chapiteaux dans la planche premiere. / ( � ) Architrave , partie inf�rieure de l'entablement , por-
tant fur l'extr�mit� fup�rieure des colonnes , & leur fervant de fommier. (g) Frife, du latin pkrigio , un brodeur , ou du Grec iroo-
pkoros, porte animal. C'elt la partie interm�diaire de l'enta- blement , & fur la furface de laquelle on taille des orne- ments courants en forme de broderie , Se entre--m�l�s d'ani- maux de plufieurs efpeces, ou de figures en bas-relief, tels, que fe remarquent ceux deifin�s dans la frife des ordres Ionique,, Corinthien & Compoi�te d� Vignol'e, ou dans celle des ordres Corinthiens du frontifpice de N�ron 3 Se des termes de Diocl�tien. Voyez pour ces derniers le parallele de Cham» bray. ( h ) Moulures ; on entend par ce mot 3 tous membres
d'Architecture faillants., droits, courbes, mixtes ou i�nueuxj c'eft par i'aiTemblage des moulures , Se la diverfit� de leurs cfp�ces, qu'on parvient � �ompofer, les cimaifes des corni- ches , celles des architraves, des impolies, des archivoltes } Sec. ( i ) Membres ; on entend commun�ment par ce mot , la
partie d'un tout : en Architecture , les cimaifes 3 les larmiers, font les membres d'une corniche. Les plates-bandes, les li- fteaux. font les membres des architraves , des importes , des archivoltes , des chambranles 3 Sec. (fc) Profiler; c'eft la partie de l'Art la plus difficile; elle
neconfifte pas feulemetit�/irn�er la maniere d�s Anciens 5 |
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%%i Cours
gante des ordres, & fe r�duifent � fept e�* j
p�ces. \" -,) \ D ES D I FF�RENt ES ES FECES \
DE Mo U LU RES. \
Planch� II, Figure II.
La premiere eijp�ce comprend les moulures ;
quarr�es qui s'emploient de plusieurs mani�res : \ celles qui font marqu�es AB, font nomm�es cou- i ronnes ; elles font les plus grandes & les plus fail�arit�s �es moulures quarr�es des corniches ; \ pnles nomme larmiers (/) ou goutti�res,loriqu'oh : pratique deflbus un canal comme a, pour aider 3 faire tomber goutte-�-goutte les eaux de deiTus la faillie de la corniche, fans quoi elles coul�roient . Ssjtis le plafond ou foff�t� [m ) du larmier. Quel- quefois ce plafond eil contourn� en douane i com- me b. On nomm� la moulure G, gros quarre ; la fail-
lie en elf moindre que celles des pr�c�dentes ; elle feft aux tablettes des baluitrades, aux ch�* ferons des murs de cl�ture , &c. La moulure D, appel�e plate-band�, fert pour
les architraves, les archivoltes Ou les chambranles. C�� moulur�s n'ont ordinairement de relief que ce |
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mais encore � aflortir les exprefl�ons de chaque moulure , &
le carac��re du profil, � l'ufage , � la grandeur Se � la de- ftination du b�timent. , . . � ..: (.1) Larmier; membre quarr� , ordinairement plac� entre
4eui cimaifes; on l�s appel� larmiers, minutaires ^ 'denriaa- l�ires ou rriodillonaires , lorfque dans les diff�rentes corniches d�s ordres on place des mutules, comme dans le Dorique: des denricules, comme dans l'Ionique j des modulons, mmitiXj ji�ns l� Corinthien, f im) S��te* de l'Italien fo�to ^plafond � i'�ntiq�e" i fof- |
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d'Architecture. ii)
<|uii eh faut pour fe d�tacher les unes de deffus
les autres, ou du nud du mur fur lequel elles font adapt�es* Les petites moulures quarr�es font les filets ou
liiteaux, comme E F : celui Ε, plac� entre pluiieurs autres moulures,fe nomme filet, & lorfqu'il les couronne comme F, on lui donne le nom de �iiieau. La deuxi�me efp�ce comprend les moulures
demi-rond�s ; celles G, font appel�es tores ( η ) & celles H , fe nomment baguettes; les unes δε les autres font employ�es commun�ment aux bafes des colonnes & pilaftres, ainii que les filets & les liiteaux Ε F. La troifieme efp�ce , font les quarts de ronds
convexes, comme ΙΚ , qui n'ont que la moiti� d'un tore : on les appelle quarts de ronds , ou quarts de cercles droits , lorique leur faillie �il par le haut comme I, & quarts de ronds ren- verf�s, lorfqu'elle eft par le bas comme K, C�S moulures droites ou renverf�es, s'appellent aufl� oves ( ο ) � caufe des ornements qu'on taille; deiTus y lorfque ces membres font appliqu�s � des cimaifes (p) ou � des ordonnanc�s d'Archite&�re fufceptibl�s de quelque riche�Te, |
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m� de poutres apparentes, diftribu�es en compartiments, qui
imitent allez bien les plates-bandes Sa les caflettes qu'on obferve fous les larmiers des corniches Dorique , Corinthienne & Compofite. ( η ) Tore ? du Grec toros , un c�ble j on nomme aufl�
cette moulure j t�ndin | boudin, b�ton & bbzel, (o ) Voyez, l�s ornements appel�s oves , trac�s fur la plan*
che 9 j & ce que nou� en diforis eri d�crivant l�s diff�rente ornements qnon applique aux moulures. ( ρ ) Cim�ife , du Grec, kfymt��oit, Uti� �iide , parce qt��
les principales moulures qui les-�dmp�f��rt, font i^�ettfesti» |
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224 Cours
La quatri�me efp�ce renferme les moulures
creufes , nomm�es fcoties ( q ) comme L, ou can- nelures comme M. Les premi�res fervent aux baies ; les f�condes � enrichir les f�ts des colonnes & des pilaftres. Voyez la d�finition du mot cannelure , table des mati�res, dernier volume. La cinqui�me efp�ce, font les quarts de rond
concaves comme Ν Ο ; ils fe nomment cavets droits , lorfque leur faillie eil par le haut, comme Ν ; & cavets renverf�s, lorfque leur fail- lie efl par le bas comme O. On appelle encore cette efp�ce de moulure cong�, lorfqu'e�le unit un corps vertical � un corps horifontal, comme Ρ ; ou gorge, lorfqu'e�le tient du cong� & du cavet, comme Q. La iixieme efp�ce, comprend les moulures i�-
nueufes , nomm�es douanes, form�es de deux portions de cercle ; on nomme douanes droites, celles dont la faillie eil par le haut, comme R; & douanes renverf�es, celles dont la faillie eil par le bas, comme S. La feptieme efp�ce , font enfin les moulures
finueufes , nomm�es talons, & form�es aufli de UQUX portions de cercle, comme les pr�c�dentes, mais profil�es en fens contraire : oh les nomme talons droits , quand leur faillie eil par le haut, comme Τ ; & talons renverf�s, lorfqu'e�le eil par le bas comme V. Les d�gagements e, plac�s entre deux moulures,
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ondul�es. Cimaife en Fran�ois , donne � entendre les premiers
membres d'une corniche, qui indique la cime de toute l'or- donnance d'une d�coration d'Architecture. (q) Scotie, du mot skotos , obicurit� ; on la nomme encore
jia�dh, membre creux , ou trockile, du Grec Trockilos 3 pou- lie Λ � quoi cette moulure reifemble aiTez par fa cavit�, \ . � -. ...... ......,-,..' f§
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b'�RGHITEGTURt �$)
le nomment grains d'orge ; leur propri�t� 'eft d'em-
p�cher par leurs interi�ices tr�s-peu confid�rables, les moulures droites de former en apparence des f�cantes avec les moulures circulaires, principale- ment lorfqu'elles font plac�es les unes fur les au- tres dans une corniche ou dans tout autre mem- bre d'Archltecfure. Toutes ces diff�rentes efpeces d� 'moulures, fe
tracent ordinairement au compas ; mais apr�s avoir acquis cette habitude, il faut s'accoutumer � les tra- cer � la main : elles acqui�rent par ce moyen plus de gr�ce & de vari�t� ; d'ailleurs on parvient par cet exercice � leur donner un cara&ere relatif � l'ex- prei�ion de chaque efpece d'ordre , o� les m�mes moulures doivent s'annoncer diff�remment. Pour faciliter les moyens d'acqu�rir prompte»
ment fart de profiler , ii n�ceffaire � l'Architecle, nous allons donner la maniere de tracer g�om�^ triquement, non-feulement {es moulures convexes f concaves & iinueufes appliqu�es aux ordres d"Ar- chitecture , mais encore les moulures appel�es moulures compof�es, � l'ufage de la menuiferie 9 de i'�b�niilerie, du bois , du marbre , du pl�- tre, &c. De LA MANI�RE DE TRAUER G�oM�^
triquement les diff�rentes
. Moulures. Planche il�,
Nous rie parlerons point ici de la mani�r�
de tracer les moulures qtiarr��s , comprifes dans la premiere eipece dont nous venons de parier pr�c�demment ; elles ne font autre chofe que des lignes paralleles, &: leur faillie eit pref- Tomc i. � Ρ |
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3ιβ6 C OURS
que toujours d�termin�e spar -des angles droits |-
� moins qu'on ne croye devoir les incliner un peu eu arri�re , � deffein de donner en apparence plus de ibflite & moins de faillie r�elle � la maffe des corniches, des architraves, des importes, des ar- chivoltes , &c. ainfi qu'on le remarque aux lar- miers & plates-bandes de l'entablement du petit ordre Corinthien, dans l'int�rieur de TEglife de l'Oratoire � Paris, Au reite, nous croyons que malgr� c�ne exemple allez c�l�bre , on ne doit ui�r de ce moyen qu'avec beaucoup de circonfpe�tion, les' angles aigus que pr�fentent ces corps inclin�s �tant preique toujours un abus contraire aux pr�- ceptes de la bonne Architecture. Des Tores.
� Les moulures ABC pr�fentent les diff�rentes
courbures qu'on peut donner aux tores , fejon qu'ils font plac�s � diff�rentes hauteurs dans les b�timents � pluiieurs �tages. Effectivement c'eit leur iituation dans Γ Architecture qui doit d�ter- miner l'Architecte � applatir plus ou moins les tores dans leur partie fup�rieure , relativement � l'�l�vation de l'�difice & au point de diitance d'o� ils doivent �tre apper�us, fi l'on veut que leur faillie malqtie, le moins qu'il eil poi�ible, les mou- lures quarr�es qui, ordinairement, les couron- nent. 'Maniere, de tracer le tore A , far un demi-cercle.
Le quarr� A Β CD �tant d�termin� par la
hauteur de la moulure, divifez-le en deux parties �gales par la ligne EF; partagez cette ligne en deux,'aifpoint G , duquel, comme centre, yous tra- cerez le demi cercle Ε Η F, |
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d'�RCH LT E tLT U R �« 227
Maniere Ae tracer Le tore Β-, par deux portions
I : - ^ \ de cercle. . -U
Le quarr� AB CI) �tant donn� comme le pr�-
c�dent, partagez BC en cinq parties �gales : de �iois de ces parties, prifes pour faillie, tirez la verticale Ε F ; portez ces m�mes trois parties de1 Ε en G , & tracez du point G , comme centre ,: le quart de cercle IE; tirez enfuitele rayon Ver-'* tical HK, en prenant fur la ligne horifontal�: IG la ligne IH, �gale aux deux cinqui�mes de RGf & du point H, comme centre y vous d�- crirez la portion de cercle IK. Maniere de tracer le tore C, par trois portions
de cercle.
1^-hauteur Β � �tant partag�e en fept parties
�gales, on en donnera cinq � la faillie Β Ε, puis on abaijffera la verticale E E que Ton partagera aui�i en fept : on divifera en deux la derni�re de ces fept parties au point F, d'o�, comme centre, on d�crira l'arc de cercle EH, auquel on donnera une corde de trois parties del� hauteur Β G ,qui d�termi- nera fui cet arc le point H; on prendra auffi fur la bafe F� trois parties au pointI; on �l�vera la perpendiculaire ΙΚ �galement de trois parties ? &. dyi point Κ, comme; centre , on tracera l'arc ind�fini, J L :; portez, enfuite. ce. m�me* rayon de H en M; divifez cette ligne oblique en deux au pointN; puis �levez la petite perpendiculaire Ν (X, qui rencontrant le rayon H F au point Ο, donnera la direction de la ligne Ο KL , pour du point,O., comme centre , tracer l'arc LH, qui conipl�ttera la courbe de ce dernier tore. ' P ij
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12& J COiii R:s:';i
Des Quarts de Rond. /
Maniere de tracer le quart de rond A , par un.
" * quart de cercle. -"--■'"■'Ρ,.r La hauteur AD & la ..faillie AB �tant �gales
en'tr'elles , du point A , comme centre , & de l'in- tervalle AB ou AD, tracez le quai r de cercle Β F Ρ : ce premier quart de rond d�terminera les deux fuivants; mais leurs convexit�s ieront moins con- iid�rables , � deffein d'offrir dans une m�me mou- lure trois quarts de rond , d'exprei�ion folide y moyenne & d�licate."'j .: * � : r Maniere de tracer le quart de rond Β ^ par trois
ν points donn�s. Le quart de cercle BFD �tant trac� comme le
pr�c�dent, tirez la corde Β D ; divifez-la en deux parties �gales en Ε , �levez fur cette corde la perpendiculaire Ε F, partagez-la en fept parties �gaies, dont la fixiem�fe terminera au point � ; tracez enfuite du point H, comme centre , un cercle qui paffe par les trois points donn�s DGB: pour cela tirez la corde D G , & fur fon mi- lieu I, �levez la perpendiculaire I H ; tracez de m�me la corde G �, & de fon milieu K, �le- vez la perpendiculaire Κ H ; ces deux perpendi- culaires s entrecouperont au point H,qui, comme centre.,, fervira � d�crire l'arc Β G D. Maniere de tracer le quart de rond C >
par trois foyers. -■ Le quart de cercle BFD, la diagonale Β D \ &
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t>'A R.C H I TEC TUR�.' 1Z$
Ja perpendiculaire Ε F, �tant trac�s comme dans
la moulur� pr�c�dente , il faut feulement placer le point G � la cinqui�me diviiion de Ε F\. au lieu de la fixieme ,� puis trouver , comme on vient de le dire au point Ο , le centre d'un quart de cer- 4�le-j qui paffe par les trois points donn�s DGB, enfuite tirer les perpendiculaires HO & 1 Or qui �tant �lev�es pour trouver le centre Ο , coupe- ront la ligne AB au point K., &la ligne AD au point L ; enforte que ces deux points KL ferviront � d�crire les nouvelles partions de cercle pfopof�es "M K�, i.N ; de maniere que celle M^, d�truira l'angle aigu qui fe rencontreroit vers Β , & que celle i S fera �viter la f�cante que l'arc formeroit versD, & procurera � cette moulure un grain d'orge q, n�ceifoire pour Ja f�parer d'avec la baguette Ρ , qui �ccornpa- gne affez ordinairement les quarts de ronds. ■''' D ε s Ca ν':� τ s, '-■'"' �,-' '""
Ρ l a-'n;:c h ε I;V.;"�'" ';;
Maniere de tracer te cavetA', par un quart
de cerne.
Cette moulure ,rinver��/!jdiL quart de rond ,
fe trace de m�me. Le quarr�; AB C D,.�tant donn�» tracez du centre D, le quart de cercle, AEC» ou cavet demand�. ,;; � Maniere de tracer le cavet Β} par trois points
""donn�s* : � -;�
Ce quart de cercle concave �tant trac� comme
Pu/
' L
' / SE'
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Π^Ο '^ ;� 'J G O � R S V' «3
le pr�c�dent, tirez la diagonale AD ; �levez fur
fon milieu la perpendiculaire E F , divifez-la en «fept parties ; portez-en une de F en G ^ faites ^paf- ! fer comme dans le f�cond quart de rond Β, Un arc de cercle, par trois points donn�s A G D, qui d�termineront le foy er Hy duquel, comme centre, vous'd�crivez le cavet AGD. ; ; -? %Mamdm d� tra�er U c�yet C, par deux foyers.
Ce troifieme cav�t n'a de faillie que les quatre
■cinqui�mes de fa hauteur. Pour'le d�crire,'fai- tes le parall�logramme rectangle ABC D, &. d�- crivez un quart d'ovale , A Ε C yf de, la maniere fuivahte. ."■ , y'y Sur la, ligne AD, formez un triafegle �qullat�ra�
A F D ; du point D, comme centre, tracez le petit arc CG, qui coupera FD au point G , enfuife tirez la ligne ind�finie �G Ε qui coupera F A au point E. Portez A Ε de A en H fur la ligne AD, & du foyervH> comme centre,, tracez l'arc AE; tirez en$�ite la ligne �fit, qui �tant prolong�e, -couperaCD prolong� au point I..( r.), duquel, com- me centre, vous tracerez l'arc Ε G. Ces moulures concaves s'appliquent auffi aux
.parties :fup�rienres :& inf�rieures du fut des lo��res ,colonnes ou. J>ila�tres ; alors ces moulures s'appel- lent cong�si� elles diff�rent feulement des cavets ABC, en ce qu'elles n'ont point de fontes ou pla- fonds vers leurs extr�mit�s inf�rieures, �tant faites |
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(r) Ce point I, fe trouve confondu dans la figure S» pro-
che d� la lettre 0;; comi�e appartenant � la fig;� C. 9 |
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d'Architecture. 23*
pour unir la partie verticale du f�t, avec les mou-
lures horifontales du chapiteau, ou de la baie de l'ordre. Voyez dans le cavet C, la ligne ponc- tu�e CK,..repr�fentant l'a plomb du fut, d'une cc^� lonne, d'un pilaftre, ou de tout autre corps ver- tical. D es Se ο τι es.
Commun�ment les Scories fe tracent � la main,
feul moyen de leur procurer une cavit� ou un con- tour relatif � la diverfit� des baies , & � Fexpreincn de l'ordre, auquel ces bafes fervent de iouti�n \ mais comme il faut un grand ufage du deffin, pour les tracer fans le fecours du compas ,.nous allons indiquer la mani�re de trouver les foyers par les- quels on les d�crit,'afin de faciliter, la pratique par la th�orie f�cond�e du go�t de Tart. ■ Maniere de tracer la feotie A , appel�e feorie
; moderne. Le quarr� ABCD, �tant divif� en quatorze
parties �gales, du point E, plac� � la neuvi�me clivi- iion, partant de Β, abaii�ez la ligne verticale EF, des quatre cinqui�mes de EA ; formez le triangle �qui- lat�ral EF G ; & du centre F, d�crivez l'arc Ε G : prolongez enfuite le rayon G F, d'une quatorzi�me partie d'un des c�t�s du quarr� ABCD, pour avoir le point H; & d� ce point, comme centre, tracez un arc dont la corde GI foit de deux par- ties; puis tirez le rayon t H prolong� de deux par- ties eriK; tracez l'arc � L , auquel vous donnerez nne corde de trois parties. Prolongez encore le "rayon LK de deux parties en M, la ligne oblique Piy
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%�% Cours
MN, que vous prolongerez jufqu'� la cinqui�me
drvi�ion de la ligne Β G: partagez cette ligne obli- que en deux �galement au point O ; �levez la per- pendiculaire O Ρ , qui coupera C Β prolong� en Ρ ; tirez la ligne oblique Ρ M Q; enfin du point M, d�crivez l'arc LQ, & 'du point Ρ , l'arc QC , qui finira Ja courbure de cette icotie, Mankre. de tracer la f c�ne Β, appel�e feotie
antique.
Le quarr� A BCD , & la faillie A Ε feront les
m�mes que dans la figure pr�c�dente. Du point E, abaiffez la ligne verticale Ε F de trois parties; du centre F, d�crivez Tare EG, dont la corde fera de deux parties; tirez le rayon GF, puis prolongez-le de trois parties au point H, duquel, comme centre, vous d�crirez Tare G I , en lui donnant pour corde cinq parties : tirez enfuite le rayon 1H, que vous prolongerez de trois parties & trois quarts jufqu'au point Κ ; d'o�, comme centre, vous d�crirez l'arc IL, auquel vous don- nerez pour corde, fept parties, : tirez apr�s cela le rayon LK, puis l'oblique LC ; divii�z cette der- ni�re: en deux , au point M; �levez la perpendieu- Jaire MN; elle rencontrera LK , au point m , qui, comme centre, fervira � d�crire la quatri�me portion de cercle L C Maniere de d�crirela/code C\ par'cinq foyers.
Diviiez les cot�s du quarr� AB CD en douze
parties �gales : du point E abaii��z la ligne per" pendicuiaire E F, de la longueur de deux parties & trois quarts � du centr� F d�crivez Far� �GA er>. |
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■i:
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D Architecture. 235
lui donnant pour corde deux parties ; tirez le ravon G F, prolongez-le de trois quarts de par- ties de F en H; & du centre H, d�crivez lare GI, dont la corde fera auili de deux parties ; puis tirez le rayon IH, prolongez-le de deux parties & demie en K, do� vous d�crirez lare IL, en lui donnant pour corde cinq parties : tirez le rayon LK , prolongez-le de trois parties juiqu a M ; de la neuvi�me diviiion Β C, tirez M Ν, que vous diviierez en deux parties �gales, au point Ο ; �levez la perpendiculaire Ο Ρ , qui rencon- trera la ligne CB , prolong�e en Ρ ; enfin tirez la ligne Ρ MQ, qui limitera Tare L Q; & du point F, comme centre, vous d�crirezTare Q C-, Des D ou cin es.
Plan che V. Manier� de tracer la doucine A , par deux
quarts de cercle, ta hauteur de la moulure �tant d�termin�e pat
le quart� AB CD , diviiez chaque c�t� en deux parties �gales ; tirez les lignes EF, GH, qui s'en- trecoupent au' point I; puis du point H, d�cri- vez le quart de cercle ΒΓ, & de G, comme cen- tre, μη autre quart de cercle PL 'Mani�re de tracer la douane Β ~, par deux
' triangles ifoc�les. Tracez le quatre A Β C D ; tirez la diagonale
.BD,divifez-la en deux �galement au point I, |
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2,34 C o υ k s
& tracez deux quarts de cercle comme les pr�c�-
dents ; enfuite divifez DI & I� en deux, aux points L & G ; partagez les fl�ches KL & G H en fept parties ; & de DOI, & de ΓΡΒ, au- tant de points donn�s , trouvez comme dans les "figures pr�c�dentes les foyers Q R, � deiTein de parvenir 4 tracer cette moulure moins concave cnie la pr�c�dente. Maniere, de tracer la doucine C ? par trois
■ ftf ": ifi mi foyers, Jk
Tracez le quarr� A Β CD , puis le quarre
EFGD, quart du pr�c�dent: du point Ε, comme * centre, d�crivez le quart de cercle FHD; tirez enfuite la corde FD; & au milieu del� fl�che IH divif�e en fept parties, de la cinqui�me Κ, ainfi que par les points FD, faites paiTer un arc de cercle , dont le centre fera L ; divifez enfuite Tire D Κ en deux au point M ; tirez la ligne M L, perpendiculaire � DK, qui coupera A D au point Ν, duquel, comme centre , & de fin- 'terval�e NM, on d�crira l'arc MO, arc qui oc- caiionnera un grain d'orge, ainii qu'on l'a cbferv� dans le quart de rond C\ planch� troiiieme ; pour "tracer la partie fup�rieure de cette moulure, pro- longez l'arc MKF ind�finiment vers P, portez le rayon L F d� Β en Q, tirez la ligne Q L, & fur {on milieu , tracez la perpendiculaire V Τ, *qui coupera BC au point Τ ; puis tirez la ligne LT, qui coupera l'arc F Ρ au point S; & d� centre T, d�crivez Tare BS, d'o� il r�fultera que Ja partie fup�rieure de cette doucine fera plus concave & moins �lev�e que fa partie inf�rieure* |
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d'Architecture. 23 5
Des Talons.
Manwe % tracer le talon A, par quatre foyers. La faillie AB �tant fuppof�e �gale � la hauteur
Β G on portera de � en E, & de G en G , une faillie de la huiti�me partie de AB �u environ; enfuite on tracera un ^parall�logramme redangle EFG H, qu'on divifera en deux �galement par les "lignes IK & MN; & &r les deux lignes ΕΙ, \\ & LK, KG, on tracera deux quarts d'ovale par les foyers al�cd, qui d�termineront la courbure de ce talon d'une mani�re tr�s-reffentie, quoique 'm�plate. f*pr*: i�3-^�ji^pm\& Maniere de tracer le talon Β ), par deux foyers.
ώ Apr�s avoir trac� tin parall�logramme AB G D,
�tirez les diagonales A G � Β D, qui s'entrecouperont *u point E ; divifez AE en deux parties egales au point F; �levez k perpendiculaire F G , qui cou- -pera A�, au poiht-G, duquel, comme centre', �on tracera Tare AHE; tirez enfuite gE�V « ;du point I , comme centre, r�p�tez la m�me -op�ration en fens contraire : ce qui rendra cette moulure moins finu�ufe que la pr�c�dente. Maniere de tracer k talon C , dont chaque
' courbure ψαβ ψαφ trois points donn�s. Tracez d'abord cette moulure comme la pr�c�-
dente ; divifez enfuite fa fl�che F H en fept par- ties �gales; faites paner un arc de cercle parla ,iixi�me;divinoil"& par les points donnes ; ces 'M>�s points preictiront W %er G : faites la |
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236 Cours
m�me op�ration en iens contraire, par la partie
inferieure de ce talon * qui donnera le foyer 1, 1 & d�terminera la courbure de ce talon d'une ma- J niere moins reffentie encore que le talon B. Des Moulu resγυ'ο ν nomme
CO M Ρ Ο SEES,
Ρ L Α NC HE VI. ί
Sous le nom de moulures compof�es, on �flr�
tend celles'qui tenant des pr�c�dentes, en diff�rent cependant, par la maniere de les appliquer � ΓΑκ- chiteciure, foit dans les dehors, foit dans les de- dans d'un b�timent, & f�lon qu'elles font ex�cu- t�es en marbre, en pierre, en pl�tre, en bois, ou en bronze : autant de coniid�rations qui obligent TArchitec"te de donner � chacune d'elles un con- tour plus ou moins coulant, plus ferme, moins na�f, plus riche ou moins compof� ; nuances im- perceptibles pour le vulgaire, mais connues du v�ritable Artifte, qui feul peut 'donner le dernier degr� de perfection � cette partie de l'Architec- ture. Au re�le une telle connoiffance ne petit s'acqu�rir que par l'examen des chefs-d'�uvre des Manfards en ce genre, par le fentiment, le rat- ionnement & le go�t de l'art ; autant de moyens qui conduifent infeniiblement le jeune Artiite � profiler les moulures � la main, � les d�velopper a fon gr� , & � les varier � l'infini f�lon le be~ foin. ■ Manierede tracer par quatre foyers ta gorge A*
La hauteur A Β �tant divif�e en douze parties,
donnez-en neuf � la faillie de la moulure ; -.φι |
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d'Ar c h ι TECTua e. 2J7
point C , abaiffez la perpendiculaire ind�finie CEF;
portez trois parties de C en E, d'o�, comme centre, vous d�crirez le quart de cercle C G : prenez enfuite le rayon C F de quatre parties, & du centre F, d�crivez l'arc C H, dont la corde fera de trois parties; portez enfuite la longueur; de la ligne Hl'de neuf parties , de Β en Κ , & tirez I'K : divifez cette nouvelle ligne en deux parties �gales au point L, & tracez la perpendi- culaire L M, qui rencontrera BK prolong� au point M; tirez enfuite la ligne ind�finie-MIN; du point I, d�crivez l'arc Ν H, & du point M» l'arc NB. Cette moulure eil d'ufage dans les cor^ niches en pl�tre, dans la menuiferie , dans la mar- brerie ; & fa courbure peut fe varier � l'infini, f�lon le genre qui pr�iide dans l'ordonnance de la d�coration o� elle eil employ�e. Manien de tracer par trou foyers la douane Β\
La faillie AB �tant double de la hauteur BC>
conilruifez le quarr� A Ε FD; partagez le fom- met A Ε en douze parties , & le c�t� A D m" deux �galement au point I: du point G, abaiffez ind�finiment la perpendiculaire G H, puis du point I, tirez la ligne parallele IK; prolongez la ligne G H, & conilruifez le quart d'ovale IG : continuez le grand arc de l'ovale , trac� du foyer H jufqu'� ce qu'il coupe la ligne IK au point Ρ , puis tirez ind�finiment la ligne HP; portez le rayon HP de Ρ en R, & du point R, comme centre, d�crivez l'arc PC. Cette doueine s'emploie affez g�n�ralement dans les cimaifes interm�diaires des corniches , & elle eil fufceptible de plus ou moins de hauteur & de,faillie, f�lonTapp�cacion quoi» en fait dans la d�coration. |
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%38 :�■ ^C'o.Ti^s" f
Manierede tracer par trois foyers la moulure (?,
appel�e bec de corbin. Le re&angle A Β C D ayant en largeur le dou-
ble de fa hauteur, divifez D C en quatre parties ; tirez la diagonale du point A au point �, divi- fez-la en neuf parties , prenez-en fept pour faire les c�t�s d'un triangle ifoc�le A F E; du fom- met F, comme centre , d�crivez l'arc A Ε , puis abahTez fur la ligne FE, la perpendiculaire Ε G , qui coupera BC , au point G; portez la lon- gueur G Ε de G en H, partagez en deux �ga- lement l'angle Ε G H, par la ligne G I, qui cou- pera Ε F au point I, duquel, comme centre , on tracera l'arc EHK; donnez pour corde a l'arc H Κ , une d�s neuf parties de AE, tirez le rayon ΓΚ, portez de Κ en L une partie & demie de AE, & du centre L, d�crivez l'arc KM , qui fera termin� en M par le rayon L M, perpendi- culaire � AB. Cette moulure s'emploie commu- n�ment en pl�tre, en bois ou en marbr�, dans l'int�rieur des appartements ; mais on doit �viter d'en faire ufage dans les dehors des �difices : cette efp�ce de tore corrompu faifant rarement un* l>on. effet. . h Mani�re de tracer par cinq foyers la moulure D,
appel�e boudin.
; Cette moulure, afTez fembiable � la pr�c�dente,
fie doit non plus gu�re �tre employ�e que dans l'int�rieur des b�timents, les Menuiiiers F�ppelent boudinfimpUoi\x_ boudin k baguette: on le nomme bou- |
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ua
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d'Architecture. 239
ein � baguette, lorfqu'on y ajoute la moulure ronde
S; & boudin fimple lorfqu'on en iupprime cette moulure. On fait quelquefois de ce boudin iimple, ou � baguette, la moulure principale des chambran- les conilruits en pierre ou en marbre ; mais il eil mieux d'y employer celle des architraves des ordres, chaque membre devant avoir un caract�re diiUnclif, d'o� d�pend l'effet de l'ordonnance. Voici la maniere de tracer g�om�triquement cette moulure qui peut varier n�anmoins, f�lon le relief ou le m�plat qu'il convient de lui donner, relativement au genre de la d�coration. Le fommet du re&angle A Β C D �tant divif�
en quinze parties , du point Ε, abaiffez la per- pendiculaire Ε F de trois parties & demie ; tirez �'horifontale F G, parallele � AB; de l'intervalle F G de trois parties , d�crivez Tare ind�fini H GI ; donnez pour corde � l'arc G H une partie δε demie, & tirez le rayon F H, fur lequel vous prendrez un nouveau rayon H Κ, de deux parties ; du centre.Κ, d�crivez l'arc HL, qui fera termin� par une perpendiculaire abaiff�e du point M ; donnez enfuite pour corde � Tare H GI, quatre parties, tirez le rayon FI, prolongez-le de deux parties & demie en Ν, de maniere que le rayon N,I fe trouve avoir cinq parties & demie; puis du centre Ν, d�crivez l'arc ΙΟ dont la corde fera de trois parties: �levez enfuite la perpen- diculaire ON, prolongez-la de fix parties & demie vers Ρ ; enforte que la ligne Ο Ρ foit de douze parties : du centre Ρ, d�crivez l'arc O Q, qui ait pour corde fept parties ; enfin prenez le rayon QR, de neuf parties , & du point R,, comme centre, d�crivez l'arc Q A. '* Pour tracer la baguette lor�qn!�n veut l'adap-
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140 Cours
ter � cette moulure , divifez en neuf parties
les c�t�s du quarr� qui la contiennent, & obferVez: les grains d'orge qui la f�parent, d'une de fes parties, f�lon que le pr�fente cette figure. Maniere de tracer par deux triangles ifoc�les,
la moulure E , appel�e doucine renverf�e. Cette moulure, appel�e doucine renverf�e,
propre aux bafes des pi�deibmx, ou � tout autre membre d'Architecture, plac� au-defTous de l'�uil du fpettateur , fe trace de cette maniere : fup- pofons que fa faillie foit � fa hauteur, comme 5 eil � 4 ; tirez la diagonale Β D, & la partagez en neuf parties; prenez-en quatre au point Ε , pour la partie convexe : fur le milieu F ύ de la ligne DE, �levez la perpendiculaire F G J| qui coupera AD au point G, & fur le milieu H de la ligne Β Ε, �levez de m�me la perpendiculaire HI, qui coupera Β C au point I, d'o�, comme centre, vous tracerez l'arc Β Ε ; la Baguette Κ fera trac�e comme la pr�c�dente. Manierede tracer par trois foyers la'moulure F y
appel�e bouem�nt. . Cette moiilure eft une doucine compof�e que
les Menniiiers appellent bouemcnt fimpU ou � baguette : � baguette lorfqu'on y ajoute la mou- lure ronde L ; fimple lorfqu'on en iiipprime cette baguette. Pour tracer la moulure dont il s'agit? le re&angle ABCD ayant trois parties de lar- geur , & cinq de hauteur, tirez la diagonale A C ; divifez-l� en trois parties �gales, tracez fur A E |
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r>*ARC Hl T� C Τ URE. Η*
le triangle �quilat�ral A Ε F ; & du point F, com-
me centre, d�crivez l'arc A Ε : tracez aui�i fur EC , un triangle �quilat�ral ECG, & du point G, comme centre , d�crivez l'arc E C ; puis divifez le c�t� G C en deux parties �gales au point H, duquel, comme centre, on d�crira Tare ind�- fini CI ; enfin tirez ΚI, parallele � D C, & � la diftance de la moiti� d'une des cinq parties de Β C ; cette parallele fixera le point I, qui terminera la circonvolution de cette moulure ; la baguette L > comme les pr�c�dentes. De LA MANIERE DE TRACER LES f ETS
d'Eau , propres aux diff�rentes
cimaises des corniches. Planche VIL
Nous avons d�j� dit, en parlant de la planche II; >
qu'on pratiquoit un canal ou une mouchette pen- dante fous le fofite des larmiers fup�rieurs des corniches , principalement lorfque ces derni�res �toient plac�es aux fa�ades des �difices , & cela, avons nous dit, pour emp�cher les eaux plu- viales qui tombent fur leur faillie , de fe r�- pandre, fur ces cimaifes interm�diaires, & iur les parties inf�rieures de l'entablement : notre attention ici s'�tend plus loin, nous propofons d'ar- r�ter l'�coulement des eaux qui tombent fur la faillie� des corniches, ou par un canal renfonc� comme les figures AB, ou par un fofite inclin�, pratiqu� imm�diatement fous le lilteau, qui cou- ronne la cimaife, comme dans la figure C , foit que la principale moulure de cette cimaife foit ton quart de rond ou une douane, ou enfin un Tome I, Q |
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242- C o υ R s
talon comme dans ces trois figures AB C \ en-
forte que par ces divers moyens , non-feulement les membres inf�rieurs, mais encore le larmier fu- p�rieur feroit enti�rement pr�ferv� de l'�coule- ment des eaux du Ciel. Ce n'eft pas qu'on ne p�t pratiquer � la face du larmier une pente en arri�re , ou bien fur la faillie de la corniche un canal qui rejetteroit les eaux par le moyen des mufles de lion qu'on prend foin d'orner de ca- nons de m�tal, tels qu'on en remarque dans les exemples antiques, & qu'il s'en voit dans la cour du vieux Louvre Se ailleurs; mais ce que nous propofons, d'apr�s quelques exemples r�cents, nous paro�t plus fimple , moins difpendieux , & procure le m�me avantage que les mouchettes pendantes, fans en avoir les inconv�nients. D'ail- leurs il eft bon d'obferver , que les cimaifes fup�- rieures fe font prei'que toujours en pierre dure, & qu'il eil utile pour la confervation du larmier, ordinairement de pierre tendre � caufe d'une moindre pefanteur, de placer ce canal o� nous le propofons , plut�t que fous la partie inf�rieure du larmier ; parce que le f�jour de l'eau qui s'y conferve , d�truit n�ceiTairement les fels de la pierre, & en d�grade en peu de temps, la vive- arr�te; de maniere qu'au bout de quelques ann�es, ce larmier n'offre plus qu'une rupture d�fagr�able � l'�iiil, ainli qu'on le peut remarquer prefque par-tout o� l'on a n�glig� de prendre les pr�- cautions que nous recommandons. Acqu�rons maintenant la maniere de tracer g�om�triquement ces trois efp�ces de moulures avec leurs mou- chettes ( s ). |
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( s ) Terme d'ouvriers, pour exprimer, comme nous venons
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d'Architecture. 243
Maniere de tracer Le Jet d'Eau appliqu� au quart
de rond A.
La ligne AB, fommet du quarr� AB CD ,
repr�sentant la faillie de la moulure, portez la iixieme partie de cette faillie de Β en Ε, & formez le re&angle DF, EC , dans lequel vous tracerez le .quart d'ovale Ε G D , comme dans les figures pr�c�dentes; puis du centre B, tracez le quart de cercle Ε H , qui formera le canal de cette moulure. On pourra donner plus de largeur au canal B, & plus de faillie � la mouchette HI, f�lon le cara�tere que comportera l'ordonnance , & l'�l�vation o� ce membre fe trouvera plac� dans la fa�ade de l'�difice. Maniere de tracer le Jet d'Eau applique � la
douane Β }
Suppofons que cette doucine ait un quart de
faillie plus que fa hauteur , tirez la diagonale BD, partagez-la en cinq parties ; les trois premi�res feront la corde de l'arc Β Ε ; fur le milieu F, �levez la perpendiculaire F G, qui d�terminera fur la verticale B C, le centre G ; faites la m�me op�- ration fur DE , pour avoir le centre H , & tracez la moulure BED. Pour avoir la mouchette, |
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de le dire, le canal qu'on afrec�e fous le larmier des corniches,
pour faciliter r�coulemenc des eaux du ciel, & qu'ils appellent mouchettes pendantes , lorfqu'on y ajoute une moulure en contre-bas a comme dans la corniche Tofcane de Vigriole, Se qu'on le remarque au larmier du Luxembourg, par DebroiT�. |
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244 Cours
prenez BI, quart de AB; �levez la perpendicu-
laire I K, d'un feptieme de Β C , prolongez-la en contre-bas jufqu'� ce qu'elle coupe l'arc BE, en L ; diviiez L Β en deux parties , au point M ; & tracez du point I, la portion de cercle KM. Ce jet d'eau ou canal, comme le pr�c�dent, peut varier dans fa profondeur, comme fa mouchette, pendante dans fa largeur. -.. ■ ι ■. ■ ■' , ι ■�-..■ '.-■■; ■ ■ ■■'. ■■.,,��"-''i' λ
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Maniere de tracer le Jet d'Eau y applique au
talon C,
Le talon .�tant trac� f�lon la m�thode pr�c�-
dente , divifez en trois A Β, plafond ou �ontQ du lifteau qui le couronne ; du point A au point C, tirez une ligne qui fera perpendiculaire , � une de ces trois parties ; puis tirez la ligne δε �gale D C , parallele � A Β ; portez une partie & demie de AB en Ε ; tirez l'oblique DE; & de E, comme centre , d�crivez le petit arc DA; enfuite tracez le fofke inclin� D Β. π Maniere de tracer les
differentes courbures
des Frises Bomb�es,
Les frifes Verticales nous paroiflent pr�f�rables
a celles qu'on nomme bomb�es ; cependant comme la plupart d'entre nos modernes , tels que Palladio, Philibert D�lorme , Fran�ois Manfard 5 &c. ont bomb� leurs frifes , nous donnons ici diff�rentes mani�res d'en tracer la courbure � l'exemple de , �a frife de l'ordre Ionique des Tuileries , des If�uilkns, de Trianon, &c. |
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d'Architecture. 14 J
Maniere de tracer la courbure de la fiife A.
χ Divifez la hauteur A Β , en quatre parties �ga-
les ; enfuite fur C D , comme bafe, tracez un triangle �quilat�ral , du fommet duquel E, & & de l'intervalle E,A » ou Ε Β , vous d�crirez l� courbure AB. r Maniere de tracer la courbure B.
te�e f�conde frif� , moins convexe que la
pr�c�dente, fe tracera par un triangle �quilat�ral, dont la hauteur AB lui fervira de baf�, pouf du fommet C, comme centre, d�crire la courbure A BI Maniere de tracer la courbure de lafrije C.
four tracer cette troifieme courbure, plus
compof�e que celle des frifes AB , divifez k hau- teur A Β en douze parties. Du point G tirez une .horlfontale de la longueur d� deux parties & trois quarts, qui fe terminera au point D ; tracez en- fuite^ le petit quarr� AF , de la grandeur de rune des^ouze parties de A Β ; tirez enfuite D F, comme bafetdun triangle �quilat�ral, dont le fommet Ο fera le centre de lare FP; puis tirez la hgne oblique BD, faites-en la bafe d'un triangle �quilat�- ral DBE, du fommet duquel Ε, comme centre, vous d�crirez l'arc D B. Q�.�
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246 C ou 11 s
Des Moulures Concaves , nomm�es
Cannelures. Ρ L A Ν C H � V I I �.
En parlant de la quatri�me efpece de moulures»
d�crites planche II, figure II , nous y avons compris les cannelures. Entrons � pr�fent dans le d�tail de leurs diff�rentes conitru�tions, & diibns la maniere de les appliquer convenablement aux diff�rents ordres d'Archite�ture , d'apr�s les exem- ples de celles qu'on remarque aux ordres Dorique» Ionique & Corinthien de plufieurs de nos �difices renomm�s. Des Cannelures de l'ordre Dorique de \ Saint-
Sulpice.
F I G U R E I.
La* colonne ayant 20 cannelures, tracez farc
GAB, de 36 degr�s; divifez-le en deux �gale- ment au point A » puis AB , encore en deux par- ties �gales au point C, qui fera le milieu du liiteau; partagez l'arc AC, en dix »neuf parties �gales; portez-en une de C en D, & une autre de C en E> pour avoir la largeur du lifteau qui ne fera ici que la dix-huitieme partie de la cannelure ; tirez la corde D F ,& prenez-en la cinqui�me partie, qui d�terminera la profondeur de la cannelure. Des Cannelures de l'ordre Dorique des dehors
du Ch�teau de Maijons* F � G U R Eli.
Cette colonne ayant 20 cannelures, comme la
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ι ., d'Architecture. 247
pr�c�dente, divifez l'arc AB, qui fera de 18
degr�s en deux parties �gales , au point C » & partagez l'arc CB , en huit parties �gales; don- nez-en cinq � la moiti� de la cannelure BD dont la cavit� fera d�termin�e par un demi-cercle : pour tracer la baguette ou le rofeau,qui remplit le bas de la cannelure, portez les deux tiers de BD, de Β , en F ; partagez le m�me arc Β D en dix parties ; portez-en neuf de F en G, & du centre G, tracez F H , qui donnera de profondeur � l'inter- ftice DH qui fe trouve entre la cannelure & le rofeau � peu pr�s la moiti� de C D. Des Cannelures de l'ordre Dorique du Veflibuk
du Ch�teau de Maifons. �> Figure III.
L'arc AB, �tant de la vingti�me partie de la
circonf�rence , divifez-le en deux au point C \ partagez CB & CA, chacun en dix parties; portez-en trois de C en D, & de G en Ε ; divifez le Meati ED en trois parties; donnez-en une au cr�neau ou renfoncement X ; faites la ligne Ε F , �gale � l'une de ces trois parties , & du centre de la colonne, tracez une nouvelle circon- f�rence, qui? paffant par le point F, d�termi- nera la faillie du liileau fur le nud de la colonne ; faites enfuite F G, �gale � la moiti� de Ε D, & du centre de la colonne, tracez encore une nouvelle circonf�rence HIG, d'o� commencera le renfoncement d'une cannelure en niche. Pour tracer la cannelure Κ L Q, partagez HI en fix parties; & du centre I, tracez l'arc KLQ, �gal � cinq de ces parties.
Qiv
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14" CO URS
Pour avoir la faillie de la baguette, ou rofeau
A, divifez IL en trois parties, & du point Ο, tracez Tare MPN, puis faites le renfoncement de l'interiHce KM , �gal � Κ H. Des Cannelures de l'ordre Ionique des dehors
du Ch�teau de Maifons. Figure IV,
L'arc A Β �tant de dix-huit degr�s, partagez-
le en deux au point C ; divifez A C en fept parties �gales , & faites AD & AE �gales � deux de ces parties : donnez au cr�neau X la cinqui�- me partie de ED; faites Ε F �gal � cette cin- qui�me partie, & tracez une circonf�rence pour borner la faillie des liiteaux, & celle des joncs ou baguettes qui rempliront le bas des cannelures ; faites encore D G �gal � Ε F, & du centre C tracez la cannelure ; coniid�rez la ligne H I, comme le petit diam�tre d'un ovale ; partagez- la en deux parties �gales % & donnez-en trois au grand diam�tre KL; tracez l'ovale, & bornez-en le contour par un grain d'orge , plac� vers le milieu du grand diam�tre KL. ' * Des Cannelures de l'ordre Ionique du Palais des
Tuileries y du c�te du Jardin,
Figure V.
Il y a feize cannelures � cette colonne; les
arcs AB & Β C, repr�fentent chacun une feizie- me partie de fa circonf�rence, & ont par conf�^ quent chacun vingt-deux degr�s & demi; partagez* |
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d'Architecture. 249
les en deux parties �gales , aux points E & D, pour
avoir le milieu des lifteaux ; divifez Tare AB en neuf parties, & portez-en une de D en G, puis une autre de E en H; des points G& H* tirez des lignes ind�finies, tendantes au centre de la colonne ; divi- fez l'arc G H en cinq parties , dont une partira du point H, & fe terminera au point K, & une autre commencera du point G , pour aboutir � L ; par tagez la niche K, L en quatre parties , dont une fera port�e fur les rayons KM, LN, par les points M &N; du centre M, d�crivez une cir- conf�rence , puis tracez le quart de rond KP: divifez M Κ en deux , au point Ο ; faites Ο S , �gal � Ο K, & du centre V, tracez la cannelure SXT; portez de Β � Y, cinq quarts de KM, & du centre Y , faites paffef par le point B, un arc de cercle , qui d�terminera la forme de la baguette ou du rofeau ; enfin on arr�tera la baguette par un grain d'orge, & l'un & l'autre rempliront le bas de la cannelure jufqu au tiers du fut inf�rieur de la colonne. Des Cannelures de ΐ ordre Corinthien des dehors
du Ch�teau de Maifons. F I G U R Ε V I.
La colonne eil orn�e de dix-huit cannelures ;
ainfi Tare � Β, qui eil la diftance du milieu de la cannelure au milieu de la c�te , fera de dix degr�s: partagez-le en dix parties �gales ; du point Β vous en porterez une au point C, & une autre � D ; puis du centre de la colonne , tracez Tare C Ε , divifez-l� en neuf parties ; prenez-en cinq pour tracer du centre Ε, la cannelure F X; |
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2J0 C O � R S
faites F G , d'une partie : par les points G & D,
faites paiTer un arc de cercle, pour former les quarts de rond , qui, en accompagnant les can- nelures , feront f�par�s par un cr�neau quarre de la grandeur Β D. - - �)es Ornements quipeu vent
s'appliquer sur les Moulures, ρ l anche ix.
Les ornements dont il s'agit, tirent leur origine
des feuilles -, des fleurs & des fruits que produit la nature. L'art de'les appliquer convenablement, eil un des premiers m�rites de l'Archite�e ; δε celui de les imiter une partie efiencielle � la capa- cit� du Sculpteur. Pour remplir. ces deux objets, il faut un go�t exquis, & une habitude � bien voir ce que les Anciens ont produit d'excellent en ce genre. Il faut obferver mi contrarie heu- reux dans les d�tails, fans nuire en rien � la fym�- trie g�n�rale des formes ; il faut leur doriner un motif afforti au caract�re d� l'ordonnance : enfin il faut les difpofer de maniere que dans une cor- niche, une architrave, une baie , une importe, un chambranle , il n'y ait point de moulures qui en foient accabl�es , & d'autres qui en foient enti�rement d�pourvues. Pour cet effet il ne les faut placer que fur les moulures des cimaifes:, .& rarement fur les larmiers qui les f�parent f ni fui les plates - bandes & les liiteaux , dont nous avons-d�ja ; recommand� la fimplicit�. Il faut na�me que ces ornements , lorfqu'on les applique fur les moulures d�s cimaifes, ibient ai�brtis au galbe δε a� contour de chaque membre, confid�r� f�par�ment, afin que l'on puiiTe juger del� form� |
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ρ
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d'Architecture. 251
d� ces moulures avec la m�me facilit�, que fi elles
euffent. �t� Mes : pour cela on doit varier le genre des ornements fur les moulures de diite- rentes efpeces, foit en pr�f�rant les feuilles deau � celles d'acanthe; celles de perfil a celles de lau- rier; celles-ci � celles d'olivier, &c. & en faifant enforte que chacun de ces feuillages., les fleurs, les fruits, en un mot toutes ces diff�rentes Scul- ptures , foient trait�es d'une touche plus ferme, ou plus l�gere, f�lon quelles feront partie dune ordonnance virile ou d�licate, & qu'elles devront^ �tre ex�cut�es en pierre, en pl�tre ou en marbre» en fhic, en bois ou en bronze. Il faut encore avoir l'attention, non-feulement de placer toujours les axes de ces ornements , les uns au-delius des autres, mais encore de les faire correfpondre a ceux des colonnes ou piiaftres, & au milieu des des entrecolonnements & des principales ouver- tures ; en un mot, la difpofition & le choix, de � ces ornements, doivent concourir �galement � procurer un caraaere relatif � Texpreffion de l'ordre qui pr�fide , foit dans, l'ordonnance ext�- rieure de l'�difice, foit dans l'int�rieur des appar- tements, Des ornements � �ufage des moulures droites. Les figures A, B, C, D,E, F, offrent autant d'or-
nements propres � renricmiTement des moulures quarr�es ou applaties , telles que les plinthes, les gorgerins, les fofites,les tables, les caifet- tes, &c. n ■- . r x �
La figure A, repr�fente des gudlochts9 eipeces
d'ornements antiques compof�s de lifteaux , & ie-
par�s par des champs de m�me largeur, qui mar-
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2?2 Cours
chent continuement � des diftances paralleles ; ces
guillochis , dont les angles doivent toujours �tre droits, font deirin�s pour les ibriies des architra- ves, pour les plates-bandes des larmiers, les cham- branles , &c. Voyez plu�eurs de ces guillochis , d'un dei��n antique & de fort bon go�t, rap- port�s par Chambrai, dans ion parallele des ordres antiques & modernes. La figure B, repr�fente des ornements, appel�s
rofaces, qu'on emploie dans les caffettes diftribu�es dans les fofites d�s larmiers, des entablements Dori- ques, Ioniques, Corinthiens & Compoiites ; dans les arcs doubleaux des vo�tes de nos Eglifes, de nos portes triomphales , & g�n�ralement par-tout o� la richefTe doit avoir le pas fur la iimplicit�. Ces ornements antiques ne doivent jamais fe rencon- trer dans une m�me ordonnance avec les orne- ments modernes : ils vont bien avec les guillo- chis, avec les canaux , les ferlons , les paten�- tres, les oves & non avec les portes, les guir- ' landes, les palmettes. Tout importe dans le choix, dans rafTortiment des ornements : ils d�pendent du oy�e de l'Architecture ; mais ce ityle foutenu eit peut-�tre une des parties les plus n�glig�es de nos comportions fran�oifes. La figure C, nous fait voir les ornements ajppel�s
rudentures, qu'on place aiTez commun�ment dans l�s cannelures du fut des colonnes Ioniques, Co- rinthiennes & Compoiites, quelquefois m�me dans l'ordre Dorique, plac� dans l'int�rieur d'un'b�ti- ment , comme on* le remarque dans celles du vefti- bule du Ch�teau de Maifons? dont nous avons donn� les d�veloppements, planche VIII, en donnant auffi celle des ordres ext�rieurs du m�me Ch�teau, & ceux de l'ordre Ionique du Palais d�s Tuile- |
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d'Architecture. 25J
ries, &c. Ces ornements, qui doivent toujours
�tre af�brtis � la dignit� , � la richeiTe ou � la fimplicit� de l'ordre & de la d�coration des b�- timents , confiaient dans la repr�fentation de joncs ou de roieaux de forme convexe, plac�s dans le tiers inf�rieur du fut des colonnes ; & c'eit de l'ex- tr�mit� fup�rieure' de ces rofeaux qu'on fait fortir des feuilles, des graines, des culots & autres or- nements trait�s avec plus ou moins de l�g�ret�, f�lon l'application de ces rudentures aux diff�- rents ordres d'Architecture. � La figure D, repr�fente des portes , ornements d'un genre moderne, & compof�s de larges filets 011 lifteaux, de feuilles d'eau, de feuilles de refend & de culots � l'ufage des plates-bandes, des plinthes & des attiques de couronnements , des amortiiTe- ments, &c. fur-tout lorfque fur ces derniers on n'introduit point les baluitres ni les baluitrades. On voit dans la figure E, des canaux, ornements
antiques, concaves, f�par�s les uns des autres par deslifteaux, des filets, & remplis de joncs , de grai- nes , de dards & de feuilles d'eau, � l'ufage des gor- gerins, des frifes, des larmiers ou de tout autre membre vertical. Ces ornements doivent �tre plus fufceptibles d'enrichiitement, � raifon de l'exprefiion qui pr�iide dans la d�coration ; mais dans tous les cas il faut en ufer avec mod�ration, les moulures droites, deftin�es � faire oppofition avec les cir- culaires , devant �tre prefque toujours liiTes, maP gr� l'exemple antique de l'ordre Corinthien, tir� des thermes de Diocl�tieii � Rome , rapport� par Chambrai dans fon parallele d'Archite�ure , chap. 29, page 68. La figure F repr�fente'des ornements en bas-;
reliefs, compof�s de troph�es, d'armes, ou de |
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254 C o ν R $
tous autres attributs terreftres ou maritimes, �
lufage des tables rentrantes, & quelquefois des tables faillantes, appliqu�es aux pi�deftaux des ordres & des baluflrades. Ces m�mes ornements s'emploient auffi quelquefois fur les frifes des ordres Ionique & Corinthien , fur les m�topes de Tordre Dorique , & g�n�ralement dans les or- donnances d'Architeaure, o� trop de fimplicit� fe contrediroit avec le motif qui auroit fait �riger l'�difice. Des ornements � l'ufage des moulures circulaires. �
^ Les figures G,H,I,L,M,N,C), repr�fentent autant
d'ornements propres aux moulures circulaires, tels que les faifceaux dont on enrichit les tores; les paten�tres dont on orne les baguettes ; les oves dont on enrichit les quarts de rond droits ; les godrons dont on orne les quarts de rond ren- verf�s , ou les becs de corbin; les miroirs qu'on applique fur les cavets ; les feuilles de refend qu'on taille fur les douanes; enfin les rais de c�ur qu'on place fur les talons. La figure G, pr�fente une forte d'ornement
compof� de faifceaux de plufieurs baguettes, li�es & unies enfemble par des feuilles de refend ou des bandelettes, � l'ufage des tores Corinthiens ou Comportes; cette richeife ne pouvant gu�re s'ap- pliquer aux bafes des autres ordres. Quelquefois au lieu de ces faifceaux on applique fur les tores des feuilles de refend, f�par�es par des canaux & entrem�l�es de miroir ; mais ces fortes d'orne- ments femblent y r�uifir beaucoup moins : encore faut-il que f Artiile obferve de donner aux pre- miers , diff�rentes exprei�ions, en di�ribuant plus |
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d'Architecture., 255
ou moins de baguettes autour du tore, & en
rendant les feuilles de refend ou les bandelettes, plus ou moins rares, f�lon la grandeur du mo- dule de l'ordre. Nous croyons donc qu'on doit s'en tenir � ces fortes d'ornements pour les tores ; & penfons ici � l'�gard de la Sculpture comme pour ce qui regarde les moulures, que pour �tre approu- v�e des ConnohTeurs, elle demande d'�rre mife � fa place, & f�lon l'application judicieufe qu'en ont faite les plus grands Ma�tres, & non les exemples que nous ont laifT�s quelques Auteurs modernes, qui fouvent l'ont employ�e dans leurs comportions, plut�t par habitude ou par imitation que par raifonnement. Au reite, voyez Bibiam , homme de g�nie, qui, dans fa d�coration des th��tres , nous a donn� une infinit� d� defl�ns , de profils & d'ornements de genres diff�rents , d'un go�t admirable, mais plus propres � la Peinture qu'� à Architecture proprement dite. Dans la figure H, on remarque deux efp�ces
d'ornements � l'ufage des baguettes, l'une nom- m�e paten�tre , efp�ce de grains de perles de for- mes vari�es , & plac�s alternativement les uns pr�s des autres ; l'autre nomm�e auffi faifceau, mais compof�e de feuilles de ch�ne, de laurier ou d'o- livier , entortill�es de rubans. Ce dernier genre d'ornement pourroit auffi �tre appliqu� au tore G , les deux moulures dont il s'agit �tant �ga- lement demi-rondes, c'eft-�-dire, compof�es cha- cune d'un demi-cercle. La figure I, nous retrace des ornements de
forme elliptique , appel�s oves, qui peuvent re- cevoir divers enrichiffements, f�lon qu'ils font appliqu�s aux diff�rentes corniches en ufage dans la d�coration des fa�ades , & dans l'int�rieur des |
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256 Cours
b�timents. Ces fortes d'ornements , qui ont la for-
me d'un �uf, font ordinairement enferm�s dans une coque imit�e de celle d'une ch�taigne; quel- quefois on leur donne la forme d'un c�ur, & alors on les f�pare par des dards pour fimbolifer l'amour. Ces oves font ordinairement r�ferv�s pour orner les quarts de cercle convexes qu'on nomme atiffi oves ou �chine du mot grec �chinos, la coque d'une ch�taigne. La figure L, fait voir des ornements, appel�s
godrons, imitant la forme d'une amande qu'on emploie aiTez ordinairement fur les quarts de ronds renverf�s. Ces godrons font quelquefois f�par�s par des canaux renfonc�s qui font oppo- iition avec la faillie des godrons ; & ces canaux font orn�s de fleurons, de bouquets de laurier, de graines , &c. f�lon la richene que l'on croit devoir procurer aux ornements de ces moulures ; mais il faut favoir que ces d�tails appartiennent plus au bronze qu'au marbre & � la pierre. La figure M, pr�fente des ornements, appel�s
miroirs, � Fufage des quarts de rond concaves, nomm�s cavets. Ils peuvent �tre de forme fph�ri- que ou elliptique, entour�s & f�par�s par �es en- trelas, des lifteaux, & �tre orn�s de feuilles de refend, ou de feuilles d'eau, f�lon les diverfes expreffions des moulures qui re�oivent ces efp�- ces d'ornements. La figure Ν, oiFre des ornements compof�s de
feuilles de refend, � l'ufage des doucines droites & renverf�es. Ces feuilles peuvent �tre d'olivier, de laurier, de perfil ou d'acanthe , f�lon que les chapiteaux des ordres feront compof�s de ces divers genres de feuilles ; car un point eifen�iel � obferver, c'eft de tenir tous les ornements r�- pandus |
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. D * � R � H I f � C t � �. �. 'i:jf
f}�ndus dans Une m�me d�coration , d'un ityle1
�gal '&' d'une expreffion femblable : l'ordre d'Arj chite�ture tenu iimple , riche ou moyen , doit d�cider ie caract�re des ornements ; ce cara&ere une fois choi�, o�l ne doit plus fe permettre de changement j voil� pourquoi il eil � propos que f Architecte pr�fide � toutes les �fp�ces de pro- ductions qui concourent � aiTurer le fucc�s de fes» �uvres. La 'figure O, nous offre des ornements � i'iifage
des talons droifs & renverf�s , appel�s rais d� mur ou campants. Ces ornements, font fufceptibles, ainfi que l�s pr�c�dents de plus oii moins d'enri-* chifTement, f�lon l'ordonnance � laquelle ils ap- partiennent : mais en g�n�ral, pour produire mi bel effet, il faut qu'ils foient tons dii'pof�s r�guli�- rement & diitribu�s de maniere � former entr'eux une parfaite fym�trie. Pour cela, il convient de recourir � des divifions exactes-, & de faire ufage des lignes paralleles, exprim�es dans ces diff�1- rentes figures par des lignes ponctu�es ; autrement tous ces arrondiiTements n� pr�feiiteroient plus qu'un d�fordre r�voltant , qui bien loin d'em1- bellir les membres d'Architecture qui les re�oivent, ne les rendroient fupportables ni dans les dehors», tii dans l'int�rieur des �difices. Nous avons cit� Bibiam & S�bairien le Clerc $
comme d'excellents Auteurs en ce genre ; mais de tous les moyens, le plus fur de parvenir � la connoiflance des ornements dont nous venons de parler, c'eit d'aller examiner ceux ex�cut�s dans nos b�timents; c'eit d'aller deifmer tous les chefs- d'�uvre r�pandus au Louvre , aux Tuileries , � Verfailles , & dont la plupart font ex�cut�s fur les d�iTms de Le Brun* de Le Pautre, des Girar- Tome X, R, |
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1$8 Cours
dons, des Coifevox, & des autres grands h�m»
mes qui fe font iignal�s dans toutes les parties relatives � PArchite�ure , � la Sculpture , & � l� Peinture, qui embeliiifentnos Eglii�s,feos Palais1 & nos belles Maifons Royales. Apr�s avoir parl� en g�n�ral des moulures 8c
des ornements dont on les enrichit quelquefois * rappelons � nos Elev�s, d'apr�s Scammozzi, que la v�ritable proportion des ordres fut trouv�e fut les diff�rentes proportions du corps humain. C'eit pourquoi cet Auteur a cru devoir donner � l'ordre Dorique , le nom d'ordre H�ro�que; � l'ionique, celui d'ordre F�minin; & au Corinthien, le nom d'ordre Virginal. Si ces d�nominations ne font pas approuv�es du plus grand nombre , nous les rapportons ici n�anmoins, parce qu'elles nous paroiiTent peindre � i'efprit des id�es nettes, & conformes � la nature & aux beaut�s de l'Art. D'apr�s ces d�nominations qui n'ont rien que de fatisfaifant ; nous avons cru que pour h�ter les connoiffances de l'amateur & des jeunes Ar- �iit�s/, nous pouvions auif� comparer avec San- grado, Auteur efpagnol ? & avec Le Blond » mort Architecte du Czar Pierre, la relation aifez intime que peuvent avoir les dimenflons de la t�te humaine, vue de profil, avec la projection dune corniche Tofeane , compof�e ordinaire- ment de trois parties principales, favoir: de deux cimaifes & d'un larmier. En effet, n'entrevoit- on pas quelque re�Temblance dans cette corniche, avec le front, le nez & le menton d'un homme robuite� & ne pourroit-on pas , par cette com- paraifon , acqu�rir plus promptement , la con- nohTance de ce qui pla�t ou d�pla�t dans un� corniche.. |
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� ' � ft e H � t E C Τ U R Ei |||
��le d�pla�t � coup fur aux yeux des connoifc
feurs, lorfqu'ils la trouvent trop camufe ou trop �aillante , trop �lev�e ou trop �eraf�e ; elle piait iau contraire � tous les fpe&ateurs i lorfqu'iis re- marquent dans l� proportion d� fes membres & dans la fimilitude de {es parties * une juit�ff� �jui offre � leurs yeux quelque chofe d'int�reffant j & ils font contents , quoiqu'ils ne puiilent pas toujours d�m�ler la vraie fource de leur fatisfao tion : de m�me le fpe&ateur fe porte � l'admira- tion lorfqu'il examine une belle t�te dans laquelle il remarque des parties henreufement combin�es s mais il n'auroit que du d�go�t , s'il en Voyoit une autre qui auroit le front trop bas, le nez de beaucoup trop (aillant» & la bouch� extravag�m,- ment renfonc�e* - . Il eit vrai qui! ne faut pouffer cette �ppik�tio�
trop loin, & qu'une t�te peut n'�tre point ahfolu- mertt difforme, quoiqu'elle ne pr�fente pas toute la r�gularit� quexige la f�v�rit� des rapports ; que de m�me auffi il fe peut rencontrer des occaiions o� j fans nuire effenciellement au cara&er� de Tordre, on peut modifier, fouftraire ou augment�e quelques membres dans une corniche ■> rendre �h faillie plus ou moins coniid�rabl�, f�lon Fefpec�* le genre ou l'importance du b�timent. Il y a plus^ cette libert� permife en certaines occaiions, peut f�rvir � exprimer les divers caract�res des diff�* rentes productions de l'Architedure , en retra�ant aux yeux du fpe�ateurj quoique dans les plus petits d�tails , le motif qui a donn� lieu, � l'�re- ction de l'�difice ; de m�me que dans un tableau ν d'hiitoire ou dans un bas-relief * l� Peintre & lef tft- S�ulpteutjj dansles airs d� t�te d� leurs figur�s * Κ ij
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i6q � o urs
indiquent, par l'expreifion de chacune d'elles 0iin�v
ge des pafiions qui caraci�rifent les perfonnages repr�fent�s fur la toile, ou par le marbre. Ainii daris l'Architecture les corniches limples ou com- pof�es/peuvent contribuera exprimer, dans la d�coration, la d�termination de l'ordre, fa pr�- fence ou fon abfence : comme dans la Sculpture Ou la Peinture, les caract�res de t�te peuvent exprimer fans peine , les diff�rents traits qu'on a d� donner aux foldats , d'une maniere diiiiiictive, lorfqu'on vient � comparer ces t�tes avec celles des H�ros ou des Divinit�s qui compofent l'or- donnance enti�re, ou du chef-d'�uvre du Peintre ou de celui du Sculpteur. ; Pour nous convaincre de la n�cef��t� de cette
vari�t�, fouvent indifpenfable en Architecture , nous avons auf�i trac� fur les profils exa�ts des corniches des ordres Tofcans de Palladio , de S�ammozzi & de Vignole , un profil de t�te humai- ne , d'apr�s lequel nous allons examiner, fans partialit� ,la diff�rente expreiHon qu'a puproduire Je caract�re de chacun de ces profils humains , engendr�s pour ain� dire,, du caract�re & de l'exprei�ion des profils �TArchitecture, donn�s � la corniche de l'entablement de l'ordre Tofcan , par 'ces trois Commentateurs de Vitruve. Ρ L A Ν C H � X. .
Le profil' d'Architecture, trac� fur cette planche»
�ft celui de l'entablement Tofcan de Palladio. Sur ce profil nous avons deifin� celui d'une t�te hu- maine , dont les parues ne nous paroiuent pas faites pour aller enfemble. En 'effet , que Ton �orripare le larmier, trop peu �lev�, avec l'encor- |
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d'Architecture 261
bellement inf�rieur & la cimaife fup�rieure , on
iemb�e s'appercevoir que le peu de hauteur dit larmier, a d�termin� le nez d'un enfant de douze ans , foutenu par le menton d'un vieillard de quatre-vingt , & couronn� par le front d'un homme de cinquante ans. Plan che X !..
Sur cette planche, nous avons trac� le profil
del' entablement Tofcan de Scammozzi, puis nous avons dei��n�, comme dans la planche pr�c�dente, le profil d'une t�te humaine qui fe trouveroit dans le m�me cas que celle de Palladio,, � nous n'avions pas ajout� � la hauteur de fon larmier le reglet inf�rieur qui fe trouve plac� defTous , afin de procurer un peu plus de hauteur au nez* D'ailleurs il �it a�l'� de remarquer que la partie inf�rieure de cette t�te parok lourde & pefante, compar�e avec les deux parties fup�rieures qui font trop petites. Ρ L A Ν C H Ε Χ Ι I.
Enfin fur cette planche., nous avons trac� le
profil de l'entablement de Tordre Tofcan de Vi- gnole, ■& nous avons �galement dei��n� fur ce profil , celui d'une t�te humaine, ici les trois membres de la-corniche nous paroiifent ai��gnetr des rapports plus convenables entre le front , le nez & le menton ; d'o� r�fulte un cara�ere d'unit�, qui certainement ne fe rencontre point dans lesr deux exemples pr�c�dents. Si,ces obfervations ne font pas fans fondement»,
elles pourront fervir � juftifier , en quelque forte* nos Architectes Fran�ois r d'avoir pr�f�r� en. g�*� R iij
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%fa. Cours
��ral dans leurs compositions , la do&rine de VI*
gnple * � celle de Palladio & de Scammozzi. La r�partition, le rapport & le choix des membres, d'�r�hiteaure de Vignole , principalement dans fes, ordres Tofcan, Dorique & Corinthien, nous paroiflant autant de chefs-d'�uvre. Cet Auteur n'a gu�re contre lui que l'�l�vation un peu outr�e «le fes pi�deitaux. On peut » fur cet objet, avoir Recours aux fentiments de Palladio & de Scania tnozzi ; le premier ne donne � fes pi�deitaux r que le quart au lieu du tiers , & le d�rnier a d�termin� les fiens entre le tiers & le quart. Au reite , ces profils humains que nous venons:
$e tracer fur les profils d'Archite&ure de Vignole,, de Palladio ,' de Scammozzi, ne doivent �tre regar-r 4�s ici que comme des objets de comparaifou entre les rapports de la nature & ceux de l'Art ; ils, $ious porteront � r�fl�chir , que c'eft par le fecours. de. ces deux objets r�unis, qu'on peut parvenir 4 h perfection ; que cependant, f�lon le genre de l'�difice > on peut ordinairement augmenter cer- tains membres : par exemple, fans bleffer les r�gles, de la bonne Architecture, on pourroit outrer la faillie du larmier d'une corniche que repr�fente f� nez d'une t�te, abaiiTer la cimaife fup�rieure ψι'indique le front, & fortifier l'encorbellement,. repr�f�ntation du menton , fi Ton a intention de donner au profil d'une corniche une expreifion fout � fait ruftique, puif�� d'apr�s l'ordre Tofcan ξ ψι contraire, dans une Archite&ure noble , on. |K>urroit- affe�ter de donner plus de hauteur � |ai cimaife iup�rieure,. dans l'intention que», JAP* penant plus �lev�e, elle prenne le cara&ere dik iront de la t�te d'un H�ros :. on pourroit �gale-- �fifi g^ndir le larmier ^ pour dojaner Hdee 4.uft |
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d'Architecture. i6%
mz plus aquilin , &c. qui alors d�termineroit
Fexpreilion d'un profil d'ordre Dorique. Il en fe- roit de m�me des autres membres des corniches deitin�es aux ordres Ionique , Corinthien & Corn- poiite. Enfin � ces trois profils de corniche , fur lefquels font dei�in�s ces profils de t�tey nous avons ajout� le cou & les mammelles , pour faire conno�tre, en quelque forte, le rapport que ces trois parties doivent avoir avec l'architrave , ' l� frife & la corniche de ces entablements Tofcans». Des diff�rentes Pr ο ρ ο r τ ι ο ν s*
' ,<ΕΤ DES DIT^ER.S M.EMBRES d'ArCHI-t
tecture des ordres toscans dk
Vignole, Palladio etScammozzf* Ρ L� Α Ν C Η Ε Χ ί Ι Ι.
D�nombrement des divers membres attribu�s �
l'ordre Tofcan yyar Fignol�, Nous avons d�j� remarqu� 9 que l'ordonnance'
g�n�rale de l'ordre Tofcan , f�lon Vignole , �tok compof�e de trois parties principales* Nous r�- p�terons ici,, que la partie, A, fe nomme pi�de- stal ; Β, la colonne ; & C * l'entablement. Que D , s'appelle le focle ou labafe ; Ε le d�;,
& F, la corniche ou�e couronnement du pi�defta�». Que G , repr�fente la bafe.-*. Ε , le fut ;, & I *
le chapiteau de la colonne.. Que Κ , s'appelle l'architrave ; L , la frif� ι &r
M?i la. corniche de, l'entablement* Enfin que&^ |
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2.64 Cou RS
fe nomme la cimaife fup�rieure ; B, le larmier;
|kc, l'encorbellement ou la cimaife inf�rieure de la
corniche.
Nous ohferverons � pr�f�nt, que la cimaife #,
eil compof�e d'un quart de rond h, d'une baguette ?, & d'un filet k\ que l'encorbellement ou la cimaife � , eil cqmpqf�e d'un lifteau / , & d'un talon m l que l'architrave Κ » eil compof�e d'un liileau η, & d'une plate-bande <?. Que le chapiteau de. la colonne eil compoi�
d�crois parties principales ; favoir, du tailloir d^ de la cimaife e? & du gorgerin �; qu'enfin l'arlra* gale g, eil un membre qui couronne le f�t des colonnes & des pilailres ; que les autres membres qui divifent chacune de (es diff�rentes parties ^font, pour lq tailloir ρ la plate-bande �, & -le liileau q'r pour la cimaife e, le quart de rond r, & le filet s χ que celles de Failraga�e |, font la baguette t, & Je filet u. Que la bafe G, a pour moulure le liileau ou
h ceinture χ , le tore y, & le plinthe �. Qi\t la corniche du pi�deilal F , eil compof�e.
du liileau aa ^ & du talon bb. ,Qu� la bafe. ou le focle du pi�deilal D , eft co,m-
pqf� d'un Uileau c%c, & d'une plate-bande d^ d; de maniere qu*on peut qbfejver que? D, F, G, Ι, Κ, Μ9 font autant de membres auxquels les interm�-* diaires Ε , H, L , fervent de repos '% car il eil tr�s- rare, fur-tout dans Tordre Tofcan , que ces par-* �ies interm�diaires re�oivent des moulures & des ornements, Examinons � pr�fent les rapports & les me�*
fures que Vignole a donn�es � la mafle g�n�rale & ayx. principales parties de cet Qrdr�, |
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d'Architecture. 265
Mesures g�n�rales et particu-
li�res de l'ordre Toscan, selon Tig ν ο le. Planche XIV.
Le pi�deftal A , [figure I] doit, f�lon Vigno-
�e , avoir le tiers ; & rentablement C , le quart de' la hauteur de la colonne. Pour trouver ce rapport, il faut, comme nous l'avons d�j� expli- qu� planche II , divifer la hauteur totale de l'ordonnance DE, en dix-neuf parties �gales, en donner quatre � la hauteur du pi�deftal A, douze � celle de la colonne Β , & r�ferver les trois parties reftantes pour celle de l'entablement C , de maniere que trois �tant le quart de douze, & 'quatre *e tiers ^e ce nombre ' ces ytrois °luan"
tit�s , quatre, douze, trois , �gales � dix-neuf, deviennent une regle g�n�rale, non - feulement pour trouver la hauteur du pi�deftal & de l'enta- blement Tofcan, mais aufli le rapport des pi�- deftaux & des entablements de tous les autres or-« dres. Enfuite pour d�terminer l'expreiTion de la colonne Tofcane , Dorique , Ionique , Corin- thienne & Compofite , il faut divifer la hauteur, par exemple de l'ordre Tofcan , en fept parties; [ Foyei la figure I de la planche. II] du Do- rique en huit parties ; de l'Ionique , en neuf; du Corinthien & du Compofite en dix : divifions qui, r�parties fous une hauteur commune, comme dans la planche I,, donneront aux ordres autant de diam�tres diff�rents que chacun d'eux devra pr�- fenterd'expreffions particuli�res, ainfi que Γεχρπ-τ ment ici [fig.-H] les divers diam�tres a9k9c9d. |
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%66 Cou n s
Cela fuppof�, chacun de ces diam�tres , fera
divif� en deux, parties �gales, & Tune de ces deux derni�res parties formera un module, defti- �i� � mefurer la maffe, les parties principales, & les d�tails de Tordre. Ce module fe partage en douze minutes pour les ordres Tofcan & Do- rique » & en dix-huit pour les ordres Ionique, Corinthien & Compoiite. Nous avons d�j� dit, en parlant de la planche �I>
que les trois parties A, B, G , font compof�es dans tous les ordres de trois autres parties, principa- les : nous les avons exprim�es dans la planche que, nous d�crivons, parles lettres a, b> c, dye,f, g * h, /'. Enfin on doit fe rappeler encore, que la plupart de ces membres, indiqu�s feulement ^c� par mafles , fe fuhdivifent en une infinit� d'au- tres parties qu'on appelle en g�n�ral moulures*. Mefures du Pi�deflal.
he focl� a, a fix minutes de hauteur, & quatre
de faillie ; le d� b , a trois modules huit minutes? , de hauteur , & deux modules neuf minutes de largeur ; la corniche e , a fix minutes de hauteur % fur quatre de faillie : donc toute la hauteur du pi�deftal eft de quatre modules huit minutes % tiers de quatorze modules, hauteur de la colonne* Mefures de tordre ou de la colon&e, ,
La bafe d, a un module de hauteur, & quatre
minutes & demie de faillie (t) ;ie fiit e a douze modules de hauteur, & deux de largeur., |
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(e) Toutes les faillies dont nous parlons, doivent �tis
tpmpt�es du fut « & ftoa de i'a&� de &, colonne,. |
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p'Ar�hit�cture. 5.67
Il faut obferver n�anmoins , que ces deux mo-
dules ne fe continuent paralleles , que jufque vers la ligne KL, tiers de la hauteur du »y car vers fon extr�mit� fup�rieure, le fut fe reauit a vingt minutes : de maniere que la hauteur du bas de h colonne ι»,»,� doit �tre confid�r�e comme un cilindre ; & le refte de fa hauteur, comme un cono�de tronqu�, : ;; '� ' Le chapiteau/, a un module de hauteur , &
cinq minutes de faillie : donc toute la hauteur de Tordre, c'efU-dire, la bafe , le f�t & le chapiteau, �ft de. quatprze modules ou fept diam�tres, Mtfures d$ �Entahhmmu
L^ar�lirtrave g, a douze minutes de hauteur »
& deux de faillie ; la frife h , a quatorze minutes; de hauteur ; fes c�t�s doivent �tre a plomb du fut iiip�rieur de la colonne , & par cons�quent avoir vingt minutes; la corniche ι , a= feize m*� m�tes de hauteur, U dix-huit de faillie : donc tout rentablement eft de trois modules & demi ; conf�quemment l'ordonnance enti�re eft de vingt- deux modules deux minutes. La proereffion arithm�tique qua obfervee Vi-
gnole f entre l'architrave , la frife & la corniche le fon entablement, nous prouve la pr�f�rence que cet Auteur m�rite � cet �gard fur les; autres Commentateurs de Vitruve («> AuffiDesbrofles, le Mercier & Manfard, ont-ils fuivi Vignole de pr�f�rence � Palladio & � Scammozzi, au Luxem« |
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U) Voyez dans les planches>ΜίΜ® fe�P$je {^»J
ment Totcan de Palladio & d� ScammoMi, que loa peut comparer ayee celui-ci. |
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%6% Co υ κ s
bourg, dans l'ancien Palais Royal, � l'Orangerie ��
Verfailles & ailleurs ; exemples affez c�l�bres , qui doivent fervir d'autorit� � nos jeunes Artiites. Mais pour les convaincre de la n�cei��t� de cette pr�f�rence, examinons fcrupuleuferaent, i� tous les membres dans Tordre Tofcan de Vignole, font v�ritablement relatifs � (on exprei��on , & rendons compte des changements heureux qu'ont cru y devoir faire nos Archite&es fran�ois les plus efiim�s. De l'ordre Toscan de Vi g νο le ,
avec quelques changements utiles pour lut procurer un plus grand degr� de perfec- TION. Planche X V.
Du Pi�deflal & de la Bafe de ta Colonne.
Vignole , avons -nous dit, a donn� � (es pi�-
deftaux, le tiers de la hauteur de la colonne.1 Cette hauteur n'eil-elle pas trop confid�rable , quoique Desbrof�es, au Luxembourg , ait donn� encore plus d'�l�vation aux fiens? N'a-t-on pas lieu de craindre m�me, en imitant Vignole , que plus on donnera d'�l�vation au pi�deftal, moins la colonne acquerra de hauteur ? Palladio a reduit les* iiens au quart de l'ordre ; Scammozzi les a d�termin�s entre le tiers & le quart. Ce dernier ^apport nous paro�t plus convenable � beaucoup d'�gards; encore ferions-nous d'avis, qu'on fup- prim�t prefque toujours les pi�deitaux (#)> "ffcfc
(x) On peut fubftitucr aux pi�deftaux, fur-tout �ans lm
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d'Architecture. 269
� l'exception n�anmoins des Temples, des Arcs
de Triomphe, & des autres Monuments de cette efpece ; car nous penfons qu'en toute autre occa-> fion les pi�deftaux, invention des modernes;, font plut�t un abus, qu'une perfection de l'Art; parce que, d'une part, les faillies de leurs bafes & de leurs corniches , retr�ciffent n�ceiTairement l'in- t�rieur des lieux auxquels on n'a pu donner une certaine largeur ; & de l'autre , elles produifent, dans les �tages fup�rieurs , cl�s portes-�-faux, du moins contraires � la folidit� apparente. Mais fans entrer ici dans cette difcuffion, qui trouvera fa place ailleurs, examinons ii v�ritablement toutes les moulures dont Vignole a orn� fon pi�deftal, pr�fentent un caract�re relatif � cet ordre. � ; De la Bafe. du Piede�aL
Vignole n'a donn� � la bafe de fon p��deftalj
marqu� A , (figureI ) que lix minutes de hauteur, & Fa compof�e feulement d'une plate-bande & d'un liileau ; il n'a de m�me donn� que fix mi- nutes � la hauteur de fa corniche C ; aui�i le d� Β , nous femble-fcil avoir trop d'�l�vation, (voyez la planche II (jk) ; ce qui donne, ce femble , � ce pi�d�iial une expreffion contraire �
�difices dcftin�s � l'habitation , un focle , membre d'Architc-
�ture, qui repr�fente le d� du pi�deftal," mais "qui en" diff�re n�anmoins , en ce qu'il a plus d'erqpatement que le corps fup�rieur , au lieu que ie d� du pi�deftal a pr�cifement l� m�me largeur , que le corps qu'il foutierit. La hauteur du focle dont nous parlons'� peut �tre reduit � un diam�tre } ou avoir, au plus quatre modules. --- :λ * i.y) Nous renvoyons � la planche II, pour donner � con�
ao�tte les v�ritables rapports 4c la largeur � la hauteur de |
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IJ� C O tr ft s
au �ara&ere que doit avoir le foubaitem�nt d*ui$
ordre Tofcan : il nous femble encore que la di~ (otte d�-s moulures de cette bafe lui �te fana- logie qu'elle devrait avoir avec la diviiion des membres r�pandus dans l'ordre & dans ion enta- blement; d'ailleurs cette bafe n'�-t-elle pas trop d� iaillie, ne pouvant �tre mife � couvert par celle de la corniche ? Pour rem�dier � ces inconv�- nients nous propofons le profil de la bafe D * ( figure 11 ) qui ayant neuf minutes de hau* teur & trois parties feulement de faillie , don* lierait moins d'�l�vation au d�, & �aract�riferoi� cette bafe d'une maniere plus relative � l'ordre $ont nous parlons* Cette nouvelle bafe eft com- pof�e d'une plate-bande 4, dTun quart de rond �, & d'un lif�eaui:, nouvelles moulures qui nous paroiiTent plus relatives � l'ordre Tofcan ; il ferait alors moins pauvre , & plac� moins pr�s du fol, il deviendrait n�celfairemejat moins.{fujet � fe d�grader* :: JP§l D�4u Pi�dzfl�L Λ &!.&& c Le d� Β , e$ lhTe dans Vignole; cette -ilmplicit�
�ft fans doute du reifort de cet,ordre ; maiscom��e jlpourro�tarriver; qu'on fut oblig� doriier ce d�, le #t de l'ordre �tant charg� d� bocages,; pour �viter le d�faut qu'on remarque dans celui de la cour du Palais dii Luxembourg, "nous avons exprim� |
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chaquej partie principale , ayant �t� oblig�, dans cette planV
jqhe XVI, de tronquer les v�ritables hauteurs pour poil* Voir tracer les objets plus en grand j de nj�me, pour,,�yit0f la multiplicit� des planches i nous n'avons trac� d'un; fφφ figure J ,, que, la moiti� du deijin de Vignole , �c de Η$*�# figure ,ίί,, ;|fis:ic%9|eijaen|S;4erjft; �^mk�m 0Rxm^f |
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JD'�RC HI TECt Uit�. Ιψί
(figure III) une table Taillante G, au lieu que
DesbroiTes a fait la fienne rentrante , quoi- qu'il ait furcharg� fa colonne de boffages conti* nus, en forte que dans l'ordonnance Tofcane de ce Palais , il femble que ce foit le foible qui porte le fort contre toute id�e de vraifemblance. De la Corniche, du Pi�deftaL
La corniche C, de Vigriole nous paro�t im�*'
parfaite, n'�tant compof�e que d'une cimaife, pro- prement dite. Un couronnement de cette efp�ce ne peut. �tre.-.appel� corniche, que lorfqu'il eft corn- pof� au moins de trois parties principales; iavoir$ de deux cimaifes & d'un larmier j ce qui ne fe rencon- tre point ici : d'ailleurs cce couronnement du pi�- M�fiai, comme nous l'avons d�j� remarqu� , doit mettre � couvert la faillie de la bafe A ; au con- traire ici ces deux membres ont une faillie �gale. Pour obvier � cet inconv�nient nous proposons de donner � cette corniche cinq minutes de faillie au lieu de quatre , & de la comppfer d'un lifteau d> qui tiendroit lieu de cimaife fup�rieure, d'un talon/, qui lui ferviroit d'encorbellement (sQ9 & (r) On appelle encorbellement 3 toute faillie qui porte � faux
au-del� du nud d'un mur, introduit dans Γ Architecture pour foutenir un autre corps plus faillant > Se comme la dm�ifc inf�rieure d'une corniche produit cet effet , on l'appelle en- corbellement ; n�anmoins comme elle reilemble par fa forme & par la diftribution de la plupart de fes membres , �-l� cime de la corniche, on lui donne suffi le nom de e�maii� inf�rieure. Ainfi en parlant des deux membres, fup�rieur Se inf�rieur d'une corniche, on dit cimaife fup�rieure , pour de'figner celle d'en-haut , & cimaife inf�rieure, pour exprimer celle d'en-bas. Ces deux membres doivent toujours �tre f�pa- f�V par un larmier, V�y�^ darjsfes notes »fatmkr ^'inma^e^ |
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«f�n larmier interm�diaire e, autant de membres
qui doivent au moins caract�rifer une corniche^ & dont on trouve un exemple � peu-pr�s fem- blab�e � Tordre Tofcan de la grotte du jardin dit Luxembourg, � l'exception du canal pratique dans" le fofite du larmier qui, dans les dehors , eil toujours n�ceiTaire pour l'�coulement des eaux, & quelquefois dans les dedans , pour procuref plus d'�l�gance � ce membre. De la Colonne.
Nous avons d�t plus d'une fois que la colonne
affignoit(iz), d'une maniere tr�s^pr�cife, les rnefures "g�n�rales & particuli�res de toute l'ordonnance (�),& que l'ordre dont nous parlons comme Tofcan, devoir avoir fept diam�tres ; nous obfer�4� yerons ici qu'on doit donner au f�t fup�ri�ur L M > do minutes au lieu de ie> qu'on trouve marqu�es pat erreur dans Vignole. Auffi avons - nous c�t� dix minutes exprim�es vers M* pour d�figner le demi (d) On doit c�niid�rer ici ia colonne cdirim� cOnftitu�rit
l'ordrej car l'ordre Tofcan donc nous pailonSj.pourroic �tre �galement un pilaftre , comme une colonne , deux ouvrages d'Archire�lure auxquels le mot, d'ordre eft commun/ il'-■;) , (o) Ordonnance', on entend par ce mot , fih''&rdmJ�*M-
chite�ture �lev� fur fou pi�deftal ,"ou fur un foc'� , & cou- ronn� de fon entablement. Οά comprend 'auffi fous i�mot d'ordonnance, la baluftrade, qui quelquefois fert de co�ron* »ement � l'entablement, de m�me que le vafe , l� troph�e ou la ftatue qui furmonte la baluilrade i ainti il faut ie reiTouvenir que l'ordonnance eft l'ouvrage entier ,& que l'ordre, proprement dit , en eft la principale partiej '8f que .ce dernier «'eft jamais compof� que de fa b�fe , de fou f�t & de fou chapiteau, foit que cet ordre foit colonne ou pi- iaftrc, ' - � ' Λ diam�tre;
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�*Archit�ct�k�s ■ 27J
diam�tre Sup�rieur de cette colonne* n� jugeant
pas convenable de diminuer le f�t fup�rieur d'un ordre Tofcan, plus que le rut d�s autres ordres* Vign�le m�me paro�t de ce dernier fentiment ? jmifque dans fon texte , il �tablit pour regle g�- n�rale que tous Iqs f�ts fup�rieurs des ordres doivent �tre � leurs f�ts inf�rieurs, comme cinq eil � fix; c'eit-�-dire 9 que le diam�tre d'en haut L M, foit les cinq iixiemes du diam�tre d'en bas IK. Nous croy©ns aui�� qu'il ferok bon de donner
de hauteur � l'ailragale Ρ, un quart de minut� de plus; ce membre �tant deftin� ici � fervir d� ceinture � l'extr�mit� Sup�rieure d'une colonne: ruftiquei � l'�gard de la maniere de fufeler {cj les colonnes, nous en allons traiter en parlant des f�ts en particulier» De la Bafe de l� Colonne,
Mous ne proposons aucun changement � la baf�
G H, la r�partition de fes membres, nous paronTan� analogue a fexprei�ion de l'ordre % puifquelle n'a que trois moulures, fa voir ; un-plinthe, �un tore & un liileau ; d'ailleurs elle a prefque toujours �t� imit�e par nos Archite�res Fran�ois, ainii qu'on le remarque au Luxembourg, au Palais-Royal * � l'Orangerie de Verfailles > � i'avam>cour du Gh�- |
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( c ) On dit fufi.hr une colonne., pour exprimer la diminu-
tion de fon f�c , & faire entendre que fa forme n'eil poin� celle d'un eilindre dans fes deux tiers fup�rieurs $ on dit auifi cetce colonne eft bien ou malfufei�e , lorsqu'elle pr�fente une diminution trop fenfiblc ou trop peuiofeniible. Koye^ dans nos d�finitions ce que nousdifons des colonnes fu f�l�es, chap.II|< Toms L S
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274 Cours
teau de Vincennes, au Ch�teau neuf de Saint-
Germain-en-Laie, aux guichets du Louvre, &c. 'Ou f�t de la colonne.
Le m�rite le plus effende! du fut d'une co-
lonne , confiite dans la maniere de la diminuer. Traitons ici de fa diminution ; ce proc�d� fera le m�me pour les f�ts de tous les ordres co- lonnes. �l y a toute apparence que les anciens , em
imitant le tronc des arbres, diminu�rent leurs co- lonnes depuis la baie jufqu'au fommet, ainft que � exprime la ligne ponctu�e 12, 13 (figure IV); qu'enfuite on fit leurs deux c�t�s paralleles de- puis 12 jufqu'� c , & qu'on en diminua feulement les deux tiers fup�rieurs c, 13 ; de maniere que tout le fut de la colonne , depuis la baiejjuiqu'au chapiteau , c'eil-�-dire, depuis 12 jufqu'� 13 , de- vint un corps compof� d'un cilindre ( d }| A , & & d'un c�ne (e) tronqu� B. 11 eft encore vrai- femblable qu'ayant enfuite remarqu� que le c�ne Β , qui diminue toujours ens'�levant vers fa c�me, formoit un jarret vers la rencontre du fommet du cilindre 12. c, ils imagin�rent, pour �viter ce jarret, une courbe , nomm�e conchb�de ( f ), la- quelle s'uniifant beaucoup mieux avec la tige inf�rieure de l'ordre, convertit ce c�ne en co- |
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(d) Corps termin� par deux cercles �gaux & paralleles.
( e ) Corps qui a un cercle pour bafe , & qui fe termine en
pointe , en forme de pyramide circulaire. On appelle c�ne tronqu� , celui dont le fommet eft coup� parall�lement � fa bafe (� ) Courbe, du troiiieme genre , invent�e par N�com�de. On
en trace de diff�i entes efpeces , f�lon le mouvement du f�t des colonnes. Fran�ois Β'iondel a reititu� � Γ Architecture ^ |
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ί> ' A R C H � Τ ECTt� RE. TJ f
no�de (g), & d�termina pour toujours la .maniere
de fufeler les colonnes. Voici comme fe trace cette courbure. Maniere, de tracer la concho�de..
De la ligne c d, toujours ( figure IV ) , tiers
inf�rieur du fut de �a colonne & du point g, comme centre , tracez la demi-circonf�rence chd± puis du point i, demi-diam�tre de la partie fup�- rieure de la colonne, abaiiTez une ligne du point 13 au point Κ ; enforte que la premiere corde Kl, ibit �gale au demi-diam�tre iB ; divifez l'arc de cercle Κ Β , puis la hauteur g i en huit par- ties �gales ; prenez enfuite la longueur de la deuxi�me corde m, portez-la de η en o j prenez la troifieme corde p, portez-la de q en r; puis la quatri�me corde s, de /en #,& ainii'de toutes les cinq , fix , fept & huiti�mes cordes reftan- tes , fur les quatre derni�res diviiions ab χ h , pour trouver les points {^e, diapr�s lefquelles & les pr�c�dentes vous tracerez la concho�de de- mand�e. Pour avoir le c�t� oppof�, prenez la di�* tance no, portez-la de η en & ; r�p�tez les m�- mes proc�d�s jufqu'en�, & l'op�ration fera ter- min�e. Il n'eil pas effenciel de divifer l'arc de cercle
Κ Β en huit. Cette quantit� eil arbitraire, on peut le parrager en plus ou moins de parties , f�lon que le diam�tre de la colonne aura plus ou aux Math�matiques , non-feulement la connoiilance de la,
concho�de ; mais encore l'inftrument que Nicom�de avoic in- vent� pouj d�crite cette courbe d'un feul trait. ( g ) Corps folide pyramidal, form� par la r�volution d'une
courbe au tour de fon axe. Sij
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Zj6 C � V R S
moins de grof�eur ; pourvu toutefois qu'on ob»
�erve le m�me nombre de diviiions, dans la hau- teur g i, que dans Tare Κ Β. Plufieurs modernes ont diminu� leurs colonnes
vers la bafe, & n'ont fait leur diam�tre de vingt- quatre minutes, que vers cd, n'ayant donn� que vingt-deux minutes au diam�tre inf�rieur; mais on doit remarquer que le bas de la colonne �tant r�- duit � vingt-deux minutes tandis que le tiers cd en a. vingt-quatre 3 cette diff�rence femb�e produire un porte-�-faux contraire � la iblidit�, ainii qu'on le peut remarquer par la ligne ponctu�e , ι � -, 14» D'autres Architectes, encore moins ckconfpe�rs,
ont laiiT� vingt-quatre minutes au f�t inf�rieur, & en ont port� viQgt-iix vers c d, d'o� font n�es les colonnes renfl�es ; de maniere que loin de conferver la diminution qu'elles avoient d�j�, elles Ont acquis plus de diam�tre , δε perdu par ce moyen leur v�ritable beaut�. Quelques-uns ont fait plus; au-lieu de porter cette augmentation au tiers, ils l'ont port�e tant�t � la moiti� d� la hauteur du f�t, tant�t aux deux cinqui�mes : ce qu'il y a de pire, c'eit que ces Architectes ont eu des imitateurs ; de forte qu'infenfiblement l'abus, a pr�valu, & que les vrais pr�ceptes fe font ou- bli�s peu-�-peu , fans r�fl�chir que les grands Ma�tres avoient originairement.�tudi� la nature dans fa fource , l'avoient fu�vie , & fouvenc furpaiT�e par le fecours de /l'art. Tout ce que l'on peut dire fur cet objet , c'eit que toutes ces tentatives doivent �tre regard�es comme autant d'�carts qui ne fervent qu'� corrompre les formes primitives , � �garer les jeunes Artiiles ? & � rendre incertaines les r�gles de la bonne Archi- teiture. |
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D 'Arc η ι τ ε e ■ TUR & vjy
Bien loin d'applaudir � de telles innovations,,
nous croyons donc qii�l eil mieux de s'q�i tenir aux colonnes diminu�es feulement dans les deux tiers de leur fut i�ip�rieur ; qu'il faut tenter ra- rement de les diminuer par te bas , que fur-tout il ne &udroit Jamais les renfler ; ces fortes de colonnes offrant prefque toujours au fpe�ateur l'id�e d'un point d'appui qui femble �tre aiFaiiT�' par le poids de l'entablement. Nous obferverons encore que-le fut des colon-
nes , en g�n�ral, peut �tre Me ; qu'il peut auf�� �tre charg� de moulures rentrantes, de membres fai�lants & d'ornements: que les premi�res s'ap** pellent cannelures, les f�conds bo�ages ,, & les, troiiieme.s rudentures : que les boffages confacr�s^ � l'ordre' Tofcan , font continus ou alternatifs% comme le font ceux des ordres Tofcan & Borique du Luxembourg : que � on lesfaitakernatifs^&i�ut- les diilribtier eh nombre impair ; que | daHsr�ii�i: & l'autre cas, ils ne doivent avoir qt�ihmodele- de hauteur, & que leur faillie ne doit ^aere - ex*- c�der le quart ou la iixieme partie de leuf hauteur; qu'au rei�e Inapplication de cette forte" d'�ffiement exige de la cireonfpection, .& ne convient "qu'aux: I ordonnances tout-�-fait miliques ; tels que les ou�
vrages- Militaires & Maritimes ; qu'il eft rarement? bien plac� dans Γ Architecture civile ; qu'encore?, � faudrait toujours pr�f�rer les boi�ages alterna* tifs aux continus, afin de laiiTer juger plus libres ment du rapport du- diam�tre de la colonne avec: fa hauteur , ce que les. boifages. continus ne per*- mettent que -difficilement! c.et a�croiiTement � ht colonne; changeant n�ceiiairement la proportion de l'ordre;..'d'o� il' faut conclure qu'if ne d�vroiensi ! �tre tol�r�s qu 9' dan $ la/ d�coration, des a qu�djies & :; S;x% |
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278 ! Cours
des prifons, des march�s publics, & des autres
ouvrages de ce genre ; que dans ce cas il faut fup- primer le lifteau du tailloir du chapiteau Tofean, pour ne former ce membre que d'une feule plate- bande ( h ), ainii que l'exprime la figure V ; afin d'�viter par cette fuppreffion une certaine quan- tit� de moulures dans le couronnement du fut d'une colonne furcharg�e par des corps faillants, qui, quoique confid�r�s comme une forte d'enri- chiffement, ne laifTent pas de lui procurer un air de pefanteur , qui ne fouffre point de petites par- ties dans tous les membres qui la foutiennent, la couronnent ou l'accompagnent. Du Chapiteau.
Nous n'eitimons aucun changement n�ce�Taire
� faire au �chapiteau de Vignole Ν, ( figure I ), ni �.kjbafe de cet ordre : ce chapiteau �t� imit� dans nos �difices Fran�ois, par nos plus habiles Archite- ctes. Nous defirerions feulement que l'aftragale qui le foutient, & qui appartient au f�t fiip�rieur de la colonneV fut un peu plus fort, c'euV�-dire, qu'on lui donn�t une partie trois quarts, au-lieu d'une partie & demie , ainfi que l'exprime le membre P. Nous penfons auffi qu'un cong� qui uniroit le gorgerin avec le filet du quart de rond Ο, fe- roit un bon effet; autrement cet angle droite, fem- hle donner un air de f�cherefTe aux moulures de ce chapiteau, & l'on ne doit en faire ufage, ce fem- ble, que lorfqu'on fupprime le liiieau du tailloir, comme dans la figure V. De l'Entablement.
Nous n'avons rien chang� ni � l'architrave R, "' ( h ) Vitruve & Palladio font aufli de czt avis.
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d'Architecture. 279
ni �lafrife S : nous conservons auffi la proportion
qu'a donn�e Vignole � la corniche Τ ; mais nous prapofons de changer quelques-unes des moulures qui la compofent,� dei�ein de la rendre plus analo- gue � lamfticit� de l'ordre Tofcan. Par exemple, le talon a 9 qui a quatre minutes de hauteur , nous para�t couronn� peu convenablement par le filet �, oui n'a qu'une demi-minute. Que para�t figmner d'ailleurs le petit reglet c, qui fert de mouchette pendante (i)au larmier d ; puifque pour facili- ter l'�coulement des eaux pluviales, Vignole avoit d�j� pris foin de placer un cavet c, a�ez �loigne de la furface de la frife S , & de l'architrave R? Ne peut-on pas remarquer que cqs deux mou- lures , fi voiiines l'une de lautre , non-leuie- ment font monotones , mais encore quelles pro- duifent trop de petites parties dans une cor- niche de l'efpece de celle dont nous parlons. Nous croyons donc que pour les �viter, il con- viendrait de convertir le cavet e, en canal con- tinu comme � ( figure 11 ) ; en forte que, par la fupprei�ion du reglet e, & par la continuation du canal �, on donnerait non-feulement une plus grande �l�vation au filet b ; mais que par la con- tinuation du canal �, on procurerait plus de imi- p�icit� � cette corniche , & que ce moyen plus iimple n'en faciliterait pas moins l'�coulement des eaux, & procurerait � cette corniche une fohdite r�elle , quelle n'acquiert pas ordinairement en |
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(ζ) Manchettes: les Ouvriers appellent airif� le membre
qui fe place ordinairement fous le fofrke ou plafond < es larmiers , & qui defcend en concre-bas tant pour enrichir cercaines cot-aicb.es , que pour faciliter l'�coulement des eaux du ciel dans les d�coxanoas ext�rieures. S iv
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�8α � ο υ RS
fuivant la doctrine de Vignole ; car il arrive tu�s«
fouvent, que la pouiliere, l'humidit� & les iels de la pierre qui viennent � fe diiToudre, rempliffent 3e canal trop peu fpacienx, & en rendent fuiags inutile au bout de quelques ann�es ; d*oii il r�fulte que l'humidit� qui f�journe fur l'angle faiUant du larmier 5 en d�truit la vive ar�te: inconv�nient qui feul peut difparo�tre par la fubititution du canal �, que nous propofons , � l'exemple de -prefque tous nos b�timents modernes ,, �lsv�s par les v�ritables Architectes, La cimaife fup�rieure de cette corniche eil
�onipof�e d'un quart de rondg, d'une baguette ■b'9■■'& d'un filet i : ce quarr de rond ayant quatre minutes de hauteur, �e le larmier fix, la baguette & ce filet ne paroif�ent-ils pas trop foibles, n'ayant enfemble qu'une minute & demie de hauteur?; Pour �viter ces trop petites moulures dans une corniche Tofcane, diminuons la hauteur du larmier d, d'un quart de. minute ; donnons ce. quart de minute de plus � la baguette & au filet : d�s-lors cet aitrar gale ayant une minute δ? trois quarts, deviendra plus �lev�e , acquerra plus de faillie , & par ce moyen tous les membres de la corniche de*�, viendront mieux affortis au caract�re de l'ordre. Quoiqu'il nous ait paru n�ceffaire de faire
quelques changements � la corniche de l'entabjle*. ment & au pi�deftalde l'ordre Tofcan de Vignole�, il e� facile de concevoir que % par le fecours de ces changements , cet ordre m�rite la pr�f�rence fur ceux de Palladio & de Scammozzi. Pour s'en convaincre, ilf�iffit de coni�d�rer dans la planche fuivante, hs ordres Tofcans de c�s deux derniers Auteurs. Cette forte de comparaif�n notis accou-; iumera � r�fl�chir & � nous, faire, faifir la v��* |
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ι d'Architecture. zH
table expreffion d'un ordre, & celle de fon ordo-
nance, en nous apprenant � eilimer v�ritablement les ouvrages r�guliers, & les diftinguer d'avec ceux qui n'ont pas � beaucoup pr�s la m�me perfection ; enfin elle nous mettra � port�e d'appr�cier les ouvrages d'autrui, de faire un choix judicieux des Auteurs qui ont �crit plus ou moins pertinem- ment fur cette partie de l'Architecture * ou qui nous ont laifle dans leurs productions diff�rents objets que nous devons imiter ou rejeter. Des ordres Toscans de Palladio
et de scammozzi. Ρ L A M C H Ε X■ V I.
De l'ordre Tofcan de. Palladio*
Figure I.
Palladio, quoi qu'en dife Chambrai page 92»
qui, dans fon parallele d'Architecture, le met ait nombre des plus excellents Auteurs, peut n�an- moins �tre regard� dans fon ordre Tofcan, comme inf�rieur � Vignole. Nous ne parlerons point ici du premier deflin que Palladio a donn� de cet ordre ; ce dei�in eft d'un genre ii ruftique 9 qu'il ne pourroit trouver place que dans la d�co- ration des Prifons , des Cachots, ou de tout autre- �difice de cette efpece. Au contraire, le f�cond deflin que nous donnons ici, nous paro�t compof� de trop de membres d'�rchite&ure, & offre plut�t l'image de l'ordre Dorique que du Tofcan : auiB Palladio dit-il l'avoir compof� d'apr�s les ordres Tome I. �. Sv-* |
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�&i Cours
des Ar�nes d� Ferora , de celles de Po/e 9 & de
plulieurs autres fragments antiques ; en forte que cet ordre ne pourroit �tre mis en ufage que dans le cas o� il pr�fideroit feul dans la d�coration d'un b�timent. Cet Auteur ne donne point de pi�de- ilal � fon ordre ; mais feulement un focle , tant�t d'un module , tant�t de deux. Il donne fept diam�tres � la hauteur de fa colonne , & le quart � l'entablement, compof� de trois membres principaux ; f�avoir , d'un architrave , d'une frife & d'une corniche ; mais il s'en faut bien que le rapport de ces trois' membres fok aui�i heu- reufement diirxibu� que dans Vignole : certaine- ment l'architrave femble avoir trop de hauteur , & la frife n'en avoir point aiTez : aui�i Palladio l'a-t-il bomb�e, pour lui donneren apparence plus d'�l�vation. Sa..corniche eil aui�i comppf�e de trop de membres, & (es moulures font trop iinueu- �es pour un ordre ruilique ; d'ailleurs fon chapi- teau & fa bafe font orn�s de moulures trop peu ai�brties � cet ordre, les tores & les baguettes devant �tre pr�f�r�s aux doucines droites & ren- verf�es; moulures d'autant plus d�plac�es ici, qu'elles fe trouvent �tre les m�mes que celles des deux cimaifes de la corniche. Pour nous convaincre de la v�rit� de ces obfer-
vations, concernant ce profil Tofcan $ voyez le profil de t�t� humaine,, trac� fur le profil de l'entablement de Palladio, planche X , & remar- quez la diff�rence du earaclere qu'elle produit, comparaifon faite avec celle trac�e fur le profil de l'entablement de Vignole. |
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yj^�*3>�*v
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d'Architecture. 283
De l'ordre Toftan de Scammo^i.
Figure IL Scammozzi nous paro�t encore inf�rieur �Vignole,
dans la diviiion des membres de fon ordre Tofc�n. Au - lieu de quatorze modules , il en a donn� qua- torze & demi � la hauteur de fa colonne, & le quart au pi�deftal & � l'entablement : d'ailleurs on peut remarquer que cet entablement eft ii charg� de moulures, qu'il femble plus propre � couronner un ordre Dorique denticulaire, qu'un ordre ruftiqtie : aui�i a-t-il affect� de mettre dans fa frife , des efpeces de triglyphes ; richeffe indif- crette, qui �te � cette ordonnance l'expreffion propre � caract�rifer l'ordre Tofcan, La cimaife de fon chapiteau eft encore toute Dorique ; en forte que Ton ne connoit ici fordre Tofcan, qu'au tailloir du chapiteau, & aux moulures de la bafe de la colonne , feuls membres conformes � la doctrine de Vitruve. La corniche de fon pi�deftal, n'eft pas plus
Tofcane, �tant non-feulement compof�e d� mem- bres plus d�licats que folides % mais encore d�fa- gr�able par fon peu de faillie ; au contraire le focle de fon pi�deftal paro�t trop fimple , compar� � fa corniche : d'o� il r�fulte que cette ordonnance ne peut �tre imit�e que dans des Comportions qui , confid�r�es fous un certain afpe�, femblent ne pas exiger toute la f�v�rit� qu'on doit chercher � mettre dans la compoiition des diff�rents membres qui compofent un ordre Tofcan proprement dit. Voyez auffi , planche XI, le profil de t�te humaine, trac� d'apr�s cet |
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%%4 Cours
entablement de Scammozzi; comparez-le avec les
profils des entablements de Vignole & de* Palla- dio, & vous vous appercevrez que tout l'avan- tage eft � Vignole. Pour confrater � cet �gard la fup�riorit� que
nous croyons devoir donner � Vignole, nous aurions aui�i pu rapporter Tordre Tofcan de, Serlio; mais nous nous contenterons de rappeler ici qu'il nous paro�t encore plus irregulier que ceux de Palladio & de Scammozzi, puisqu'il ne donne, que douze modules � cet ordre , & un module � tous i�s principaux membres ; ceft-�-dire � fa bafe*. � ion chapiteau, � fon architrave , � fa frife & a fa corniche : d�vifion monotone & contraire, aux regies de l'optique, qu'il importe toujours de concilier avec les grandeurs g�om�trales de fon, �difice, Ofons le dire ici ., tant de vari�t� dans la ma-:
niere de penfer des Auteurs, qui tous ont du puifer les r�gles de l'art dans la m�mefource, n'ont que- trop fouvent fervi � �garer la plupart de nos jeu- nes Architectes, d'o� eft n�e le plus fouvent cette, inconf�quence qu'on remarque dans la plupart;de leurs productions : exemple funefte pour ceux qui viennent apr�s eux, & dont on ne peut arr�ter le cours qu'en r�p�tant fouvent ici les vrais pr�- ceptes, de l'art, & en leur apprennant � diirin^ ^uer de bonne heure les chefs-d'�uvre des grands, Ma�tres d'avec les ouvrages m�diocres. Ces obfervatj^ons fur nos Auteurs ne feront peut-
�tre pas go�t�es de tous ceux qui liront ce Trait� d'Architecture ; mais notre intention eil fp�ciale- ment de parler � nos Elev�s , dans la vue de les accoutumer � ne rien n�gliger dans leurs �tu- des , dans'leurs obfervations, enfin dans leurs com«: pofitions. |
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ί> * Α �t c U i f e t f V R �. 2§5
�l ne fuffit pas, par exemple, qu'un Sculpteur �our faire une belle ftatue, ait obferv� les pro- portions du corps humain, il faut encore que toutes les parties foient en relation les unes avec les autres ; fans doute un �uil trop petit, un doigt trop gros feroit un l�ger d�faut, comparaifonfaite avec la beaut� de l'enfemble ; mais ce feroient tou- jours des d�fauts, & il nen feut fouffrir aucun dans les ouvrages de l'art, Ce que nous difons par rapport � la Sculpture, doit s'appliquer ici � rArchite&ure, Tout Architecte doit donc pr�voir ' l'effet que produiront � l'�uil les diff�rentes par- ties de fon �difice, avant de mettre la main � l'�uvre, & d'expofer fes ouvrages au grand jour. λ
Au refte,nous n'avons parl� jufqu'� pr�fent des
ordres d'Architecture, que d'une maniere g�n�rale; nous ne fommes m�me entr�s dans quelque d�tail que relativement � l'ordre Tofcan, dans l'inten- tion que nous avons eue de commencer par l� iimple avant d'arriver au compof�* Tout ce que nous avons dit de cet ordre & de ceux des Grecs» ne doit donc �tre confid�r� que comme une in- troduction qui nous apprend, en quelque forte, que tous les membres qui concourent � la d�co- ration de nos b�timents, doivent puifer n�ceffai- rement leur fource dans la beaut�, la proportion & l'expref�ion de ces m�mes ordres. Nous revien- drons dans la fuite aux d�tails particuliers � chacun, en faifant voir ce quiconftitue leur eflence, leur v�r ritable caract�re, l'emploi judicieux qu'on en doit faire dans l'ordonnance des fa�ades & dans la d�co- ration int�rieure des appartements ; la maniere de les �lever les uns fur les autres * leurs diff�rents entrec�lonnements j enfin ce qu'on doit entend^ |
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3.86 Cours
par leurs accouplements. Ce fera alors que nous
nous rendrons compte de l'avantage ou du d�fa- vantage, qui refaite de leur application dans l'Ar- chitecture. Nous fufpendons donc cette th�orie pour expliquer les �l�ments de l'art ; c'eft-�-dire, ce que nous entendons par les ordres d'Architec- ture , colonnes ou pilaftres , confid�r�s, foit par rapport � leur mati�re, par rapport � leur forme, par rapport � leur difpofition dans la d�coration, par rapport � leur ufage ; enfin la proportion & l'application qu'on doit faire de tous les mem- bres d'Architecture & des principaux ornements de Sculpture, deilin�s � embellir les fa�ades des �difices, ou l'int�rieur de nos b�timents. Nous nous perfuadoris m�me que cette vari�t� r�pan- dra plus d'int�r�t dans nos le�ons , & juilifiera l'opinion o� nous fommes, que tous les objets de la d�coration amen�s dans l'Ar�hiteclure, ou par la n�cefiit� ou pour l'agr�ment , doivent �tre d�termin�s par le caract�re particulier de chacun � des cinq ordres que nous connoifibns. Le Chapitre pr�c�dent n'a d� nous apprendre
que les diverfes expreflions des ordres en g�n�- ral, & les proportions particuli�res du Tof�anj cette connoiiTance pr�liminaire que nous avons cru indifpenfable & � l'Amateur & � l'Artiile , va nous fournir , dans le Chapitre fuivant, le moyen d'apprendre � connoitre, comment nous devons placer dans nos fa�ades �es ouvertures de portes ou de croif�es, des baluilrades, des foubaf�ements, des attiques,des niches, des fron- tons , &c. membres qui tous doivent fe reflentir des beaut�s r�elles que comportent les ordres Dorique , Ionique & Corinthien des Grecs, & les ordres Tofcan & Compofite des Romains , confi- d�r�s chacun f�par�ment* |
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d'architecture. 287
r~^~~a-*�-----'�Z^Jt^KZ' .....■■■■■ ______m .h. .11. ■*»--------OT
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CHAPITRE III.
Raisonnement όε l'Art, ou D�fi-
nition pms, principaux Membres D'ARCHITECTURE ET DeScULPTURE
propres a l'Embellissement η es
* .
Fa�ades* > ■;>'.
I? � s divers Membres
d'ArCHITE C.TU RE.
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Planches XVII & XVIIL
OTRE deiTein n'a pas �t� de pr�fenter dans
cette planche une ordonnance d'Architecture r�- guli�re , mais feulement de faire appercevoir d'un coup d'�iiil, la plupart des membres d'�rchke&ure & des ornements de Sculpture dont nous allons parler. La multiplicit� des parties dont elle eil remplie , ne nous ayant pas permis d'offrir une cpmpoiition, telle que nous l'aurions deiir�e; ce fera, n* Ton veut, l'�l�vation d'un portique {k)7 efpece de frontifpice (/) , perc� d'une ou de |
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(k) Un portique, chez les anciens, ctoit quelquefois un
porche, ou porte d'entr�e , foutenu pat des colonnes; d'autre- fois c'�toit un avant-corps qui donnoit entr�e au Veftibule ; fouvent c'�toit une galerie perc�e � jour. Homere appelle Portique, des chambres deftin�es au logement des Etrangers» adoif�es contre la porte d'entr�e, Se allez �loign�es du prin- cipal corps de logis. On appeloit encore ainf� l'endroit o� les Ph�lofophes d'A-
th�nes fe raflembloient ; ce qui donna occai�on aux Difciples 4c Zenon,de s'appeler fto�ques, du Grec floa 5 un portique. {/) On dit le Frontifpice d'un Temple, l'orfqu'on ycut pan|
foms L S yi�j * \ '
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MS Cours
piufieiirs ouvertures , fans fermeture ou aves
fermeture de menuiferie, tels que la plupart des veitibules , les p�riftiles, les porches, &c. Comme dans la compofition de ce portique, on a fait ufage des colonnes & des pi�aitres , nous avons cru , avant d'examiner les divers membres d'Ar- chiteittire & les ornements qu'il contient, devoir traiter des diverfes efpeces de colonnes & de pi~ �aiires, relativement � leurs diff�rentes applica- tions dans la d�coration des �difices ; objet d'au- tant plus int�reffant , que ce fera toujours d'a- pr�s la propordon & les diff�rentes expreflions des ordi-es , que nous d�terminerons la forme & la richeiie de tous les membres d'Archite&ure , ainii que les ornements dont il fera queition dans ce? Chapitre. ί Planche. XVII.
Des Colonnes & des Pila/ires.
Nous avons d�j� dit que les ordres d'Archi-
tectures s'employoient de deux mani�res , en- colonnes comme QS, ou en pilaftres comme R. Il s'agit maintenant de conno�tre les trois principales diff�rences qu'il y a entre la colonne & le pila- ftre, quoique tous deux de m�mes proportions, |
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1er du portail d'une Eglife : on fe ferc auf�l du mot Frort"
tifpice , pour d�iigner la d�coration ext�rieure de la porte d'un Palais, d'un Edifice public , &c. Par exemple on dit , le Frontijpice du Palais du Luxembourg , du c�t� de la rue de Tournon : au lieu qu'on dir, la fa�ade du Louvre du c�t� de Saint-Germain l'Auxerrois > car on entend commun�ment par le mot Frontijpice, un corps particulier d'Archite&ure Λ ifol� du principal corps de logis qui "en annonce rentr�e 4 �a deftination & le plus ou le moins d'importance. ' compof��
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d'Architecture. ±%f
i&orripof�s des m�mes membres, & fufceptibles
des m�mes ornements. S La premiere diff�rence eil, que la colonne
eft circulaire , & le pilaftr� quarr� ; la f�cond� j que les colonnes diminuent vers leur forrimetf & que les divers c�t�s des pilaftres font paralleles �ntr'eux dans la hauteur de leur f�t , comme f� remarque dans cette planche l� diff�rence des colonnes Q S au pilaitre R ; enfin la troifiem� diff�rence eft que les colonnes doivent �tre ifol�es & non engag�es �, ii l'on excepte n�anmoins les ordonnances Tofcanes, o� la rufticit� de Tordre & la folidit� r�elle, femblent autorifer ces fortes de colonnes^ A l'�gard des pilaftres, il convient au contraire de les engager (/ra) des cinq �ixi�me^ de leur diam�tre dans les m�rs de face, � moins qu'on ne l�s place angulair�ment � l'extr�mit� des avant-corps. Cette diff�rence des colonnes aux pilaftres■�,eil d�iign�e dans la figure -1 $ de'l�' planche j|CXpaont nous parlerons enfuite. Plufleurs regardent l�s pilaftres comme une
m�diocrit� en Archite&ure ; ce genre d'ordonnanc� repr�fentant, difem-i�s > bien plus la contrainte de l'art \ qu'il n'imite les beaut�s de la nature, & ne produifant jamais , ou que rarement, une d�- coration int�r�fTant�. Cela peut �tre vrai � certains �gards ; mais ne peut-on pas aui�� cohiid�rer les pilaftres comme un genre qui tient le milieu entr� Tart de b�tir, & TArchiteeTiire proprement dite ? Car les pilaftres quarr�s par leur plan, engag�s" & ayant les c�t�s paralleles � leur axe j outr� |
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(m) Vitruve appelle antes, les pilaftres engag�s , 8C nomm�
ants, les pilaftres ifol�s ou angulaires. Voyez la note 2.2, de Perrault fur Vitruve t pag. 6u Τ orna U " �!
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%Cp> - C OURS V
qu'ils femblent procurer aux murs de face, une
�blidit� r�elle , puiiqu'ils font ordinairement par- pain avec eux » ne contribuent-ils pas � la d�cora- tion des �difices ? Il eft vrai que la colonne nar tiirellemenrplus l�gere, paro�t plus propre que l� pilailre � donner du mouvement � la d�cora- tion des -fa�ades: mais c'eil pr�cis�ment par ces diff�rentes mani�res de varier les productions de l'art, que Ton peut parvenir � fixer dans Γ Archi- tecture un caract�re diftin&if que les colonnes communiqueront aux �difices importants , les pi�ailres aux b�timents particuliers , & les colon- nes r�unies avec les pi�ailres aux Palais des Rois, &c. D'o� il s'enfuivroit que les pi�ailres & les colonnes pourroient� s'employer eniemble ou f<jh par�ment, fans blei�er les lois de la belle Archi- tedure. L'orangerie de V�nales , Tun des por- tiques de la Cour Royale du Ch�teau-de Vin- cennes, n'offrent que des colonnes ; la fa�ade du Louvre 1 du c�t� de la Rivi�re, n'a que des pi- laires ; le p.�riilyle du m�me Palais offre des co- lonnes r�unies avec des pi�ailres : cependant cha- cune de ces diveries d�corations , produit un bel eilet ; & l'on peut dire que fi le m�lange des co- lonnes & des pi�ailres rencontre quelques diffi- cult�s dans l'ex�cution, les licences qu'il occafipmie xlans quelques parties de d�tail % f°nt kieri e^a" ��es par. les beaut�s qu'elles r�pandent fur les piaffes g�n�rales, & ne laiifent pas d'�tre pr�f�- rables a cette multitude. d'innovations, qui ont amen� les colonnes jumelles ( η ), les, colonnes |
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�.-(«) Comme dans la cour du Vieux 'Louvre Se � la Place
de Louis le Grand. |
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Ν
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d'Arch �tec T�re. 491
ovales (<?), les pilailres doubl�s (/> ) les "pilailres
diminu�s (q)9 &c. Au refle, nous ne pr�tendons pas que cette
lOpinion � l'�gard des pilailres ibit regard�e com- me une, loi. Nous ne la propofons ici qug comme une de ces obfervations , qui excitent ordinaire- ment les jeunes Artiiies � r�fl�chir fur les ob- jets fufceptibles ou non d'imitation, � fe rendre compte du pourquoi & du comment ; enfin � m�- diter fur le bon ou mauvais effet qui peut r�fulter des doctrines particuli�res des Architectes qui nous ont pr�c�d�s. �onfid�rons maintenant les ordres d'Archite(�ure , par rapport � leur mati�re , par rapport � leur conftmction, � leur forme , � lew di�pofmon, & � leurs diff�rents ufages. %)'i$ Colonnes par rapport aux Ordres.
Les colonnes re�oivent diverfes d�nominations,
f�lon les diff�rentes expreifions des ordres. Nous avons d�j� obferv� qu'on appelle colonne Tafcane, celle dont la hauteur eil de i'ept diam�tres; colonne Dorique., celle qui a huit diam�tres en hauteur ; Ionique, celle qui en a neuf; Corinthienne &l Com* po�te, celles qui en ont dix. Des Colonnes par rapport � leur Mati�re,
On nomme colonnes Diaphanes, celles qui font Il
(ο) Comme aux Portails de la culture Sainte -Catherine»
& de La Merci,. (p ) Comme � Trianon , en face d'un des bras du cmal de.
Y ei failles. (q) Comme aux angles du Portail de l'Eglife des Quatre
Nanons. Tij
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&91 C � ΐτ ft $
compos�es d'une mati�re traniparente, �orrim� Oh*
vit autrefois celles du Th��tre de Scaurus, dont parle Pline, & telles qu'on en voit, f�lon Boif* �ard, dans fa Topographie de Rome * d'alb�tre tranfparent, en TEglife de ^Saint-Marc � Vernie* Les Colonnes aEau font celles qui, par le
fecours de l'hydraulique, offrent la repr�lentation d'un corps de criital, comme celles qu'on voit au Ch�teau de Commerce Les pyramides & les pila- ilres du boiquet de l'Arc de Triomphe � Ver- failles , font � peu pr�s dans le m�me genre. On appelle encore colonne hydraulique, une co- lonne du haut de laquelle fort un jet ou bouillon d'eau , � qui le tailloir du chapiteau fert de coupe ou baflin , d'o� l'eau retombe par une rigole qui tourne en fpirale autour du f�t. Telles font les colonnes qu'on remarque � la c�fcaide de Belved�re { r) � Frefcati, & � celle de la Vigne Matth�i � Rome. On nomme colonnes m�talliques , celles qui font
fondues en fer ou en bronze, comme les quatre colonnes de cuivre de Corinthe, qu'on voit � . l'Eglife de Saint Jean-de-Latran � Rome.
On donne le nom de colonnes pricieufes , � celles
qui font conitruites de jafpe oriental, comme les quatre colonnes qui fe remarquent au grand autel de la Chapelle Pauline , � Sainte-Marie-Majenre � Rome , ou g�n�ralement � celles qui, toutes faites de lapis, d'avanturine , ou autre mati�re "rare , comme f�gathe, &c. fervent � orner les
tabernacles de nos Temples, & les cabinets de marqueterie qui fe placent dans les appartements- de nos Maifons Royales. |
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(r) Voyez d'AYiler, planche 93,
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D*A R e HITECTURE. Zf�
! tes Colonnes de rocaille font celles , dont le
noyau en pierre ou en moilon , eil rev�tu de p�- trifications , de cong�lations , de coquillages, &c � l'ufage des grottes & des fontaines. Enfin on nomme colonnes de. treillage, celles qui»
construites d'�chalas ,,, & dont les bafes & les. chapiteaux �tant form�s de bois de bouTeau , δε. entretenus par des armatures de fer, fervent � la d�coration des portiques, fallons ou cabinets,, diftribu�s dans certaines parties de nos Jardins de; propret�, comme on en remarque � Chantilly, am labyrinthe de Verfailles,. � Cligny & ailleurs. Des Colonnes, par rapport � hur Confiruciion*,
J^es colonnes incm�iesfont celles qui,conftrm-
tes de pluiieurs tranches de marbre, font fcell�es 8ε maitiqu�es fur un noyau de pierre ou de brique %. Se que l'on difpofe ainfi lorfqu'on ne peut les* faire d'un feu! bloc , � caufe du prix de. leur ma- ti�re.. . On appelle cotonnes jumel�es, celles dont le f�t
eft conftruit de trois morceaux de pierre, pof�s, en d�lit, � l'imitation des trois jumelles de bois* qui fortifient le grand m�t d'un vaiffeau. Il eft boa de canneler ces colonnes,, pour en effacer les* joints. On, voit des colonnes jumel�es, d'ordres Corinthien, dans la cour du ch�teau. d'Ecouen^ b�ti fur les deflins de Jean B.ullanu Les colonnes de ma�onnerie font celles qui font:
faites ,de moilon ou de brique apparente. On voit ,des colonnes de cette derni�re efpece au, Ch�- teau de Madrid , dans le bois de. Boulogne quel^ quefois on recouvre de #uc, les colonnes de M&?* cQnnerie^ , |
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2$4 Cours
On nomme colonnes par Tambours , celtes dont
le fut eft fait de plu�eurs afliies de pierre, comme celles-du portail de Saint-Sulpice : on les appelle colonnes vari�es, lorsqu'on remarque alternative- ment un tambour de pierre, & un tambour de marbre, comme aux culonnes Ioniques du Palais des Tuileries. * . On donne encore �e nom de colonnes Fari��s, �
celles dont le f�t, le chapiteau & la bafe font de diil�rents marbres» comme les colonnes du p�ri- ity�e de Trianon , ou de diff�rentes mati�res, comme on en voit au retable d'autel de TEglife du Val-de-Gr�ce , & ailleurs. On nomme colonnes par Tron�ons, celles qui font
faites feulement de deux ou trois morceaux de pierre, comme celles des Ecuries du Ch�teau de Maifons. Des Colonnes par rapport � leur Forrhs.
On appelle colonnes Band�es , celles qui font
orn�es de boifages * continus & liffes, comme les colonnes Toicanes du Luxembourg, ou alter- natifs & orn�s de fculptures , comme celles d�s guichets du Louvre. Les colonnes Cannel�es font celles qiii * d�fts ��
haureur de leur f�t, font orn�es de canaux, f�pa- r�s par'des liiteaux, & dont les cannelures font fouvent enrichies d'ornenients qu'on nomme ruden* tares ; telles font les colonnes Ioniques des pavil- lons de l'ancien- Palais des Tuileries , du c�t� du Jardin. Quelquefois on fait ces cannelures torfes, c'eit �-dire , contourn�es en fpirale autour du f�t, tomme on voit celles d�s colonnes des retables d'autel des Eglifes des Invalides , & du Val-de- Gr�ce, imit�es fans doute d'apr�s celles qui, f�lon |
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d'architecture. 295
Tallad�o * font ex�cut�s au Temple d� Tr�vi ,
pr�s de Spolette en Italie. Voyez le plan des diff�rentes cannelures employ�es dans n©s plus beaux �difices , planche VIII. On donne le nom de colonnes Cylindriques , �
ceHes qui n'ont ni renflement , ni diminution, comme font les piliers Gothiques. On appelle colonnes en Faifc&au, celles iftii font
compof��s de plufieurs petites colonnes \ r�unies enfenib�e pour former un pilier ; telles qu'on en voit dans les bas c�t�s d� TEglife de Notre-Dame � Paris. Les colonnes Fujil�es, font celles dont le renfle-
ment �ft trop rei�enti, ainfi que le remarquent celles du portail de rEglife des Dames de Sainte- Marie , pr�s la porte Saint-Antoine* On nomme colonnes Li�es , celles dont le fut
n'a ni cannelures, ni bofTages , ni ornements» comme celles de Saint-Roch, de l'Oratoire , &c. Les colonnes Marines lotit' celles dont le f�t eft
rev�tu de gla�ons , en forme de fouread continu , ou par intervalles, comme les colonnes de la grotte du Jardin du Luxembourg. Les colonnes font appel�es Majjives^ lors qu'elles
font trop courtes, & qu'elles ont moins de hauteur que n'en exige l'ordre , comme les colonnes Όσ- riques de l'H�tel de Rohan. On les nomme Gr�les , quand elles font trop fv�ltes , & que l�iir hauteur exc�de celle qui ei� preicrite par l'ordre comme celles du Portique, d'ordre Dorique, de la Cour Royale du Ch�teau de Vincennes. Les colonnes Pa�orales font celles dont le f�t �ft
taill� � l'imitation de l'�corce des arbres, & qui repr�fenteiit les troues dont les premi�res cabanes �toient conitruites » elles clevroient, ce fembie ? Tiv
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4&9<S Cours
toujours �tre Tofcanes, �tant deftin�es pour �es,
portes des Jardins ομ autres d�corations charnu p�tres. On nomme colonnes m�iqu$s-9 celles qui font
orn�es de bpffages alternatifs pu continus , aini� qu'on a vu lpng-temps celles de la Grotte de �leudon, eonitruites fur les deffins de Philibert de Lorme. ν :*: /■. Enfin les colonnes torfes font celles qui ont leur/
f�t contourn� en vis par pluiieurs circonvolutions ;. on les appelle colonnes �vid�es lorsqu'elles font faites de pluiieurs tiges, entortill�es les unes dans les autres. "Voyez ce que nous avons dit des coi lonnes torfes, chapitre I, page 2,08.Voyez aui& la maniere de les torfer, que nous donnerons ψ la fuite des ordres, dans le deuxi�me volume«». Des Colonnes par rapporta leurs Difpofuions..
Lorfqu'on examine les colonnes , par rapport �
leur difpofition refpeclive dans l'ordonnance des �dirlces , on appelle colonnes folitaires, celles qui difpof�es par entre-cplonements , ne pr�f�ntenj� ni approximation, ni accouplement. Telles font les colonnes des nonveaux b�timents de la plac^ de Louis 2�V. On appelle encore colonnes folitaires ^ les colon*�
nes cploifales, qui, dans une place publique, fon� �rig�es � la m�moire d'un h�ros", comme les co-. |onnes Trajane & Antonine � Rome ; ou qui font/ �lev�es pour fervir d'obfervatoire, comme �toit la colonne de. l'H�tel de SpiiTons � Paris , appel� aujourd'hui la If aile au hl�. Les colonnes nich�es font celles dont une partij
$ffez �onfid�rable entre dansv le parement ά'ψκ |
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d'Architecture. %y?
mur de face , creuf� pour cet effet circulairement,
comme fe remarquent celles de la Culture- Sainte-Catherine du cot� de la rue, & celles qu'on a vues � la porte du Palais-Royal � Paris. On nomme colonnes engag�es, celles qui p�n�-* trent un pilaitre de la moiti� ou du tiers de leui? diam�tre, comme les colonnes des quatre chapel�* les du d�me des Invalides ; ou qui p�n�trent Γέ-* paiifeur d'un mur, comme les colonnes int�rieur res du porche de l'Egliie de Sa�nt-Sulpi�e. On appelle colonnes adoj�es, celles qui avoifi-
nent d'aifez pr�s la furface d'un pilaitre ou d'un mur 5 pour que cette furface faife tangente, avec la circonf�rence de la partie inf�rieure de leur f�t. Telles font les colonnes Doriques du portail de Saint-Gervais. Elles font nomm�es accoupl�es, lorfque leurs bafes
& leurs chapiteaux fe joignent, fans fe p�n�trer » comme celles du p�riiiyle du Louvre, Les colonnes groupp�es forit celles , qui moins
pr�s ks unes des autres , que les colonnes accou�* pl�es, ne peuvent n�anmoins indiquer un entre* colonnement, qui, pour �tre nomm� tel, doit �tre au moins de trois modules. , d'un f�t � l'au-* tre. On appelle auffi colonnes groupp�es , celles qui faifant avant-corps » forment un grouppe fur des plans diff�rents , comme on en remarque aux angles de l'avant-corps du p�riftyle du Lou-? � yre. f$ , N On nomme colonnes majeures, celles qui oecu-»
pent toute la hauteur d'un �tage; & colonnes mU mures, celles qui, d'un plus petit diam�tre que les pr�c�dentes, d�corent feulement une porte ou une croif�e, comme on le remarque au feconi m�xe du portail du Val-d�-�r���, |
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acjS Cours
Les colonnes colojfales, font celles qui embraffent
pluiieurs rangs de croif��s, comme celles de la fa�ade de l'H�pital des Enfants-Trouv�s, du c�t� du parvis de Notre-Dame. On appelle enfin colonnes r�guli�res, celle qui,
d�termin�es par la hauteur d'un �tage , ne font ni coloiTales, ni naines, & dont la proportion, jointe � l'expreifion folide, moyenne, ou d�licate * a indiqu� le cara&ere, & les dimeniions de tous les membres r�pandus dans l'�tage qu'elles d�corent* Teiles font les colonnes qu'on remarque aux Ch�- teaux de Maifons , de Clagni & ailleurs. Nous avons rapport� dans le chapitre Ier, en
parlant de l'origne des ordres, que les Grecs, apr�s avoir vaincu les Cariens & les Perfes , avoient fubititu� aux colonnes, la repr�ientation de ces Peuples devenus Efclaves. Nous ajouterons ici qu'ils s'accoutum�rent inieniiblement � enrichir leurs productions par des fymboles, dont le fut de leurs colonnes fe trouva furcharg�. D�s-lors elles perdirent une partie de cette belle diipofi- ti�n , qui, de leurs trois ordres , avoir fait au- tant de chefs-d'�uvre. Leurs fuccefleurs , �pris de la beaut� de ces .nouvelles Sculptures, les em- ploy�rent aufli, mais peut-�tre avec moins de g�nie , & fans donner � ces divers fymboles ni la m�me perfection, ni la m�me convenance; en- forte que ces attributs ne parurent plus que d� iimples ornements entre les mains de leurs imi- tateurs. Ceux-ci furent m�me ai��z inconiid�r�s , pour, introduire fur des tiges de colonnes d'une proportion l�gere, des corps ruftiques, connus fous le nom de bo�ages ; ils all�rent enfuite jufqu'a y pratiquer des cannelures torfes, & enfyi des membres d'un ftyie pefai�t, qu'ils alli�rent avec |
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d'Architec�ure. 299
des ornements d�licats : ce qui acheva d'enlever �
FArchite&Lire ce caract�re na�f & cette belle iim- plicit� fi propres � fatisfaire les yeux intelli- gents. T�chons donc de faire de ces fortes de fym-
bolesun ufage prudent. Pour cet effet, examinons- en jufqu'aux moindres d�tails,& reiTouvenons-nous de ne les appeler dans la d�coration des �difices que par n�cei�it�. En un mot, n'oublions pas qu'il i�roit peut-�tre mieux d'employer fur le f�t des colonnes les feuls ornements qui leur font pro- pres , & de ne rev�tir des attributs, ou des fyi�-» boles dont nous parlons , que les focles, les f�u- bkifements, ou emp�tements. On appel� colonne a�rononuque, celle qui a �t�
conftruite pour fervir d'obfervatoire, comme le fut celle de TH�tel de Soiflbns, d�j� cit�e. On nomme colonne gnomonique^ celle dont l�
f�t cylindrique marque les heures par l'ombre d'un fiyle, comme la colonne qu'on voit au Jardin du Roi, � Paris. La colonne chronologique , eft celle qui �lev�e
dans une place publique, dans une for�t, dans le carrefour d'un grand chemin -> &c. porte quelque infcription hiftorique. La colonne hi�orique -, eft celle dont le f�t eft
orn� de bas reliefs , divif�s par bandes horifoii- tales ou fpirales, comme la colonne Trajane, � Rome. La colonne h�ro�que, eil celle �lev�e au milieu
d'une place publique , & fur le chapiteau de laquelle on voit, fur un focle, la figure p�deftre du Prince, en l'honneur duquel ce monument eft eonftfuit Ordinairement ces colonnes font dreiT�es fur ttti baifement avec un fock& des pi�deftaux ftir l#fqii�i� |
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7
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|0Q C O F R S
quels on place des figures analogues aux vertus au
H�ros.
La colonne m�mor�ahy eft celle qui eft �lev�e
� l'occaiion de quelque �v�nement particulier � comme ceiie qui fut dreiT�e � Londres dans le march� aux ponTons, � 1'occa�on de l'incendie de 1666.,. ou celle qui fut �lev�e fur le bord du, Rhin dans le Palatinat , en m�moire du paffage de ce fleuve a par Guitave. On appel� colonne fun�raire, celle dont le cha-
piteau foutient une urne, & dont le f�t eft charg� de flammes ou de larmes, comme on en voit plufieurs dans la chapelle dOrl�ans aux C�leftinsj, � Paris. On nomme colonne bell�que, celle dont le -fut
Tofcan, ou Dorique, imite la forme d'un canon 9 telles que les colonnes de pierre qu'on voit � la porte de l'Arf�nal, du c�t� du quai des C�leftins r � Paris.. i,a colonne phofphorique s'�l�ve fur un �c�uil >
ou � l'extr�mit� d'un m�le , pour fervir de fana! � un port. " ; La colonne r&�rale^eii celle qui,, orn�e de proues
de vaiffeau, eil �lev�e � l'occaiion d'une victoire navale, ou pour marquer la dignit� d'un Amiral, comme les deux colonnes Doriques,, qui font partie de la d�coration de la principale entr�e du Ch�teau de Richelieu.. Enfin, on appelle colonne fymbalique , celle qui ?
par des, all�gories particuli�res, d�i�gne le motif de fon �rection, ou les principaux attributs de la Nation qui l'a fait �lever. Telles, feroi�nt, pas exemple, des colonnes , dont on aur�it parfem� le f�t de fleurs de lys, & orn� le chapiteau d'u& �Qq, fymbole de la France. |
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b^�RCH � Τ ICT�fe �. 3O�
Kous n'avons pas pr�tendu parler de tous les
�ymboles appliqu�s jufqu aujourd'hui aux colon�*� * «es , craignant que la multiplicit� de ces orne�** ments ne donn�t lieu d'en abuf�r. Nous renvoyons fur cet objet aux exemples qu'on trouve dans d'Aviler <, & dont nous donnerons feulement quelques-unes des compositions les plus int�r�t fautes dans les volumes fuivants-. Revenons aux diff�rents membres d'Architedture. = Des Arcades^
On donne particuli�rement le nom d'arcade, �
toute ouverture termin�e dans fa partie fup�rieure $ par un demi-cercl�, appel� plein cintre , comme l'ouverture A* Ce genre d'ouverture M place dans les grands entre-colonements des �difices de quelque ' importance : il doit y �tre pr�f�r� aux ouvert tures � plate-bande, marqu�es Β ; ces derni�res nous paroiffant mieux convenir aux croif��s, mal- gr� la quantit� d'exemples contraires, que nous offrent la plupart de nos b�timents anciens δέ modernes. En g�n�ral les portes & les croif�es Tofcanes »
doivent avoir moins de hauteur que les Corin- thiennes, contre l'opinion de Virruve & celle de Vignole, fon Commentateur. Pour cet effet, nous penfons que les premi�res ne doivent avoir en hauteur que deux fois leur largeur, & que les der- ni�res doivent avoir en hauteur, au plus, deux fois & demie leur largeur; enforte que la hauteur des autres pourr�it �tre d�termin�e par mie moyenne arithm�tique, entre ces deux extr�mes. Quelquefois le iommet des ouvertures d�porte,
le d�termine par uii cintre furbaiiT�, & celui des |
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loi , Cour s
ouvertures des croif�es, par un arc de cercle,a
caufe duquel on les nomme bomhks : mais il faut �viter d'abufer de ces deux derni�res formes d'ou- vertures ; encore moins doit-on faire ufage des arcades entiers points, introduites par les Goths, & des ouvertures � pans coup�s, telles que fe remarquent celles de l'avant-cour du Ch�teau de Richelieu , & qu'on en voit une du del�in de Michel-Ange dans d'Aviler » planche 7 5, page 307» dont la forme a �t� imit�e aifez inclhcretement � l'H�tel de Cond�, � la porte du College de Louis le Grand, & ailleurs. Des Pieds - droits.
Les pieds^droits C,, font les jambages d'une
porte, ou d'une croif�e, qui s'�l�vent � plomb (j). & terminent la largeur de la baie. N�an- moins Vitruve , chapitre V1, page 116, parle en- core d'une efpece de porte atticurge, dont les pieds-droits font inclin�s en dedans ; & il indique des proportions diff�rentes, pour �tablir leur in�li- naifon, f�lon la hauteur des ouvertures (t). Malgr� une telle autorit�,il faut �viter de fuivre ces fortes d'exemples. A peine ce genre d'ouverture feroit- il tol�rable dans la d�coration des priions publi- |
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( s) Pied-droit, f�lon Vitruve, pamftat� pilier quarr�, qui
diff�re du pilaftre , appel� ant�s , qui n'a qu'une face ; au lieu que te pied-droit en a toujours deux , & Couvent m�me eft tout a-fait ifpl�. Voyez la note 3 de Perrault fur Vitruve., pag. 104. '. '
(t) Selon d'Aviler, on voit de pareilles ouvertures � la
porte du Temple de Vefta , ou de la Sibylle � Tivoli, pr�s de Rome. : |
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d'Architecture 303
cues , dans les magaiins � poudre , & dans les
d�p�ts Militaires , Terreftres ou Maritimes ; les vo�tes d'un cintre , dapr�s lefquelles les arcades ont �t� imit�es, devant faire oublier ces fortes d ou- vertures , dans tout �difice �lev� pour la magni- ficence. , , Les Egyptiens ont pu pratiquer ians cloute des
ouvertures femblables � celles dont parle Vitruve, fond�s fur la n�ceffit� de faire leurs plates-bandes d'une feule pi�ce : n'ayant pas connu iart des vo�tes, ils ont pu ignorer celui de conitriure des plates-bandes de pluiieurs claveaux ; mais elles ne feroient pas tol�rables chez nous, qui avons fait des progr�s fi confid�rables, dans l'art de la coupe des pierres. .
Philibert de Lorme («) parle d'une autre eipece
d'ouvertures , qui eft l'inverie de celles dontVitruye fait mention ; c'eft-�-dire , dont les pieds-droits font inclin�s en dehors ; il nous les propoie, da- pr�s celles qu'on voit � l'EgUfe de Sainte Sabine, � Rome, qui n'ont que treize palmes \x) quatre minutes vers leur bafe, & quatorze palmes deux minutes trois quarts vers leur iommet. D apr�s cet exemple, Philibert de Lorme conieille d �le- ver ahiii les pieds-droits, lorfque les ouvertures auront beaucoup d'�l�vation; � caufe, dit-il, de |
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(«) Livre 8, pag. 137.
(x ) Palme , du latin palma, la paume de la rnain.^ Les
Romains avoient deux fortes de palmes : l'une grande , de }a largeur de la main, & qui fe divifoit en douze doigts, valant 9 pouces de pied de Roi ; l'autre petitet du.travers de la main, Se de 4 doigts! ou de 3 pouces de pied de Roi. Voyez la note 3 de Perraulc fur Vitruve , pag. π > & ie Dictionnaire de d A-. viler, page 163, o� il eft parl� des diff�rentes meiures da palme. |
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|�4 G ours
l'optique qui r�tr�cit les objets les plu� �loign�s
de fc�uil. Mais del� n� s'eniuivroit-il pas qu'ori ne pourroit �lever aucun corps d'Archite&ure � plomb > loriqu'il feroit fu�ceptibl� d'une tr�s-grande hauteur ? Auffi Fran�ois Blondel � la porte S; Denis , Perrault � l'arc d� triomphe du Tr�n�, d� BroiTe aux arcades de f aqu�d�c d'Arcueil * fe font�^ ils bien gard�s de fuivre l� fentiment de Philibert4 de Lorme, qui d'ailleurs convient qu'en g�n�ral les pieds-droits des ouvertures font un meilleur effet � plomb qu'inclin�s, foit hors d� la baie $ foit en dedans» '- Des Aletiesi '
L�s �l�ttes D {y), coniid�r�es du c�t� de leur
Surface ext�rieure, pr�f�nt�nt un double pied-droit; JLeur profondeur eil ordinairement peu eojiiid�- rable j �tant d�termin�e par la faillie des importes qu'elles contiennent ordinairement. Ce font les alet- tes qui forment les deux montants des niches quar-" jr�es, dans �efquelles font contenus les pieds-droits; On les place aui�i horifontalement, lorfqu'on les fait fervir de linteau ou fommier aux niches quarr�es* Cependant il faut remarquer que les alettes, qui -, ir�unies avec les pieds-droits, font toujours tr�s- bien en Architeiture, ne peuvent trouver place* qu'autant que les entre-colonnements ont une cer- taine largeur. D'un autre c�t� , la grande ouverture de la
porte emp�ch� fouvent d'introduire les alettes dans la d�coration des entre-colonnements, quoi" {y ) Mettes, de l'Italien Aletta t petite aile, ou c�t�.� \
Cite
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d'Architecture* 305
que ce membre ioit n�ceiTaire pour appliquer un
claveau fur la porte, & une infcription au-dei�us du linteau del� niche quarr�e. N�anmoins Fran- �ois Manfard» dans la nef du Val-de-Gr�ce, Fran- �ois Blondel � la porte S. Denis , Claude Perrault � Tare de triomphe du Tr�ne, les ont employ�s avec le plus grand fucc�s , parce que le linteau de cette niche quarr�e devenant parallele � l'ar- chitrave , amen� n�c�iTairement dans l'ordonnance un corps interm�diaire entre le plein cintre de l'arcade & la direction horifontale de l'architrave; ce qui ne fe rencontre pas, lorfque dans la d�- coration d'un portique ou de toute autre compo- fition, on eil oblig� de fupprimer cette niche quarr�e, & par conf�quent fes alettes & fon fom- mier. > On donne auffi le nom d'alettes aux pieds-
droits Κ, qui foutiennent les extr�mit�s des ta- blettes des baluitrades* Des Impofies. ...
L'importe Ε (ι) eft le couronnement du pied-
droit C , & le foutien de l'archivolte F ; en g�- n�ral , 1'impoite peut �tre regard� comme un mem- bre qui, ainii que l'architrave, a tr�s-peu de re- lief. On le place � peu-pr�s au tiers fup�rieur de la hauteur de la colonne ; de maniere qu'il ne di- vife jamais l'ordre en deux �galement. On doit obferver d'ailleurs que la partie fup�rieure de l'im* pofte, faffe une m�me ligne, avec le diam�tre de |
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(^) Impofle j, ce mot vient de l'italien, tmpofio, iurcharg�,
ou du latin impofitus, mis deiTus. En effet le pied-dtoic eft furcharg� de l'importe. Tome I. V
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jo6 Cours
l'arc plein cintre de l'arcade, � moins que le pied-
droit qui foutient l'impoile ne foit fort �lev� : car il faut alors faire defcendre la partie fup�rieure de l'impoile, un peu au-dei�bus du diam�tre de l'arc plein cintre ; fans quoi le rayon yifue! maf- queroit une trop grande, partie de la retomb�e de l'archivolte ; d�faut qui rendroit n�ceffairemenc ce dernier membre d�fagr�able , & le feroit pa- ro�tre plut�t arc de cercle que plein cintre. Quoi- que hs impolies aient �t� principalement imagi- n�s pour cacher Fimperfeclion qui fe rencontr�- rent entre l� naiiTance de l'arc, & le fommet du pied-droit ; il faut les coniid�rer aui�� comme le foutien del� retomb�e de l'archivolte.■Conf�quem- ment, l'impoile doit �tre fupprim� dans toutes les ordonnances, o� il n'y a pas d'archivoltes; ces deux membres �tant, pour ainfi dire , ■ ins�para- bles. " " / ' Des Archivoltes,
L'archivolte F (a) eil un membre compofe de
moulures m�plattes, qui circulent au tour de la f>artie fup�rieure de l'arcade plein cintre. Ses mou-
ures font allez ordinairement les m�mes que celles de l'impoile. N�anmoins on applique quelquefois les unes & les autres aux arcades furbaifi�es ( b ). Mais l'archivolte, aini� que l'impoile f iemble devoir �tre confacr� aux ouvertures plein cintre, les refends & les boiTag�s � cet enrichiiTement ruilique, �tant plus du rei�ort des portes furbaif- f�es. Cette forme app�atie a eifedlivement quelque |
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( a ) Archivolte, du latin , arcus volutus, arc contourn�e
i&.) Comme on le remarque � l'H�tel de Soubife. |
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d'Arch itecture. 397
ehofe de plus ruilique que la demi-circonf�rence
du cercle , & femble pour cela devoir �tre def- tin�e aux ouvrages Militaires, ou dans l'Architec- ture civile, aux d�pendances des �difices impor- tants. Il faut obferver que f archivolte ait un peu moins
de faillie que l'impose ; enforte que le pied-droit G, en arriere-corps par raport � l'alette D, foit affez renfonc� pour que la faillie de Timpoile E ne d�fafleurant jamais l'alette, & l'archivolte ayant moins de faillie que l'impoite, il en r�fulte autant de membres d'architecl;ure, d�tach�s les uns des autres, comme on l'a pratiqu� avec fucc�s aux ar-> cades de la nef du Val-de-Gr�ce, & non dans la cour de l'H�tel de Touloufe ni au Palais des Tui- leries du c�t� du Jardin , non plus qu'au portail de S. Gervais, o� de m�me qu'� la fa�ade des Tuileries , les impolies d�fafleiirent beaucoup la furface des pilailres, tandis qu'� l'H�tel de Tou- loufe tous ces membres .s'afleurent du moins les, uns les autres. Des Claveaux.
L� claveau G, eil une pierre en forme de coin,
qui fert de clef & tient en �quilibre les voui�birs d'une arcade, ou ceux d'une vo�te. Il peut �tre luTe ou orn� fur fon parement, de membres d'Archite&ure ou de Sculpture, f�lon qu'il fait partie d'une ordonnance plus ou moins impor- tante. La largeur de l'intrados, ou bate du claveau, doit �tre la iixieme partie de celle de l'arcade. Sa largeur au fommet doit �tre d�termin�e par le. centre qui a fervi � d�crire l'archivolte. Les mem- bres d'Archite&ure"& les ornements qu'orj' intro- V ii /
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3o§ * li � ο ν R s
duit fur les claveaux , doivent n�ceffairement ert
retenir la forme. Pour cela nous croyons qu'on ne devroit jamais appliquer aux claveaux, ni mai- ques, ni t�tes humaines ; celles-ci �tant prefque toujours contraires � la convenance, & les autres a la vrairTemblance. Nous n'avons plac� une t�te iur le claveau G , que pour en faire connoirre l'abus. Les maiques ou mafcarons, qu'on remarque fur les claveaux des arcades de la cour de l'H�tel de Carnavalet, font � la v�rit� des chefs-d'�uvre ; les t�tes de femmes plac�es fur les claveaux des arcades du Ch�teau de Sceaux, font admirables fans doute : mais nous n'entendons louer que l'habilet� du Sculpteur, $� nous penfons qu'une confole, une agraife, ou un cartel r�gulier, font les feuls or- nements qu'on doive appliquer aux claveaux. Les fa�ades des Ch�teaux de Maifons & de Clagni, li fort approuv�es des Connoiileurs, ne pr�fehtent pas d'autres ornements fur les claveaux des cro�f�es; encore y font-ils employ�s avec beaucoup de dif- cr�tion. Des Chambranles.
'-■■■■"■ i
Les chambranles H (c) font des membres com-
pof�s de deux montants & d'une traverie iiip�- rieure. Lorfqirils ont quatre c�t�s , on les appelle cadres {d) ; la largeur des chambranles doit �tre la fixieme partie de celle des croif�es, & leur faillie fur le na� du mur, la fixieme partie de la lar- |
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lc)'Ce membre eft appel� par Vitruve, ante-pagmentam ,
aflernblag�de menuiferie qui s'attache fur la pierre,&c. Voyez la noce premiere de Perrault fur Vitruve, pag, 117, (d). Cadres. Voyez ce que nous difojis des cadres dans ce
Chapitre. ; ' , |
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d'Architecture. 309
geur des chambranles. Il en eil des moulures,
qui ornent les 'chambranles , comme de celles qui ornent les impoiles & les archivoltes ; elles font ordinairement les m�mes que celles des architra- ves. Lorfque dans les �ordonnances iimpies5 on re- tranch� les moulures du chambranle, il eit nom- m� bandeau , ou plate-bande , comme O ; mais �* au contraire on croit devoir Tenrichir, pour lui pro- curer plus de mouvement, alors on l'orne d'une croffette q , dont la hauteur efl le quart de celle du chambranle hors-�uvre, & Ton donne de faillie � cette croffette la fixieme partie de la largeur du chambranle, Au reile , il faut �viter de trop r�i- t�rer ces croffettes ; leurs reffauts multipli�s/ ne pouvant que nuire � la fimplicit� de Γ Architecture. Des Appuis.
On appelle appui (e)le mur peu �lev� au bas
d'une croif�e , & qui fert d'accoudoir ; fa hauteur eil au moins de deux pieds & demi, & au plus de trois pieds & un quart, f�lon que le mur a plus ou moins d'�paiffeur , ou que Fappni fe trouve plac� dans un b�timent public ou particulier. On fait les appuis pleins, �vid�s , ou � jour. On ap- pelle appui plein , celui qui eil tout de pierre de taille ou feulement de ma�onnerie, & couronn� d'une tablette. Vappui �vid� eft celui o� l'on a introduit dans une partie-de fa hauteur, des en- trelas ou des baluilres comme M, efpac�s de ma- niere qu'ils pr�sentent autant de pleins que de vides. On entend par appui � jour, celui qui n'eft rempli que par un balcon ,& qui par le peu de |
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( e ) Appui ; ce mot d�rive du latin, peaium.
■ V "* Τ * � *�
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310 COU RS
largeur des barreaux de fer qui compofent (es
compartiments, laiffe juger de la hauteur de la crois�e , depuis le bas de ίυη ouverture jufques fous ion f.immet. On fait ufage de l'appui plein q lorsqu'on eit oblig� de donner peu d'�l�vation aux croif�es, de l'appui �vid� lorfqu'on en doit don- ner davantage ; enfin de l'appui � jour, lorfqu'on veut rendre les ouvertures plus �l�gantes : autant de rei�ources qui peuvent procurer aux ouvertures un rapport effenciel avec le caraclere de l'�difice. Des Niches.
Les niches ( � ) devroient �tre r�ferv�es pour
la d�coration des �difices facr�s, pour celle des fontaines, des bains publics , &c & n'�tre que ra- rement employ�es dans les b�timents deilin�s � l'habitation. Ici leur cavit� altere fouvent la fo- lidit� des murs de face ; & leur application fait ra- rement un bon effet dans l'ordonnance ext�rieure. D'ailleurs, il faut convenir que les itatues renfer- m�es dans les niches, perdent beaucoup de leur beaut�, en d�robant aux yeux dufpectateur la plus grande partie du m�rite de �e genre de Sculpture. On fait les niches grandes, petites ou moyen-
nes ; on les fait circulaires, par leur plan & par leur fommet comme I, ou quarr�es comme S, f�gure I> planche XX; ( on fait encore � plate - bande} le fommet de ces derni�res.) Celles-ci font r�- ferv�es pour les ouvrages/Tofcans ou Doriques; & les autres, pour les ordonnances o� pr�fident |
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'" '( � ) Niche ; ce mot d�rive de l'italien nicekio , conque
marine, parce que le cul de four de la niche elt ordinaire* ment enrichi d'une coquille en bas-relief. |
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d'Architecture. 311
les ordres Ionique, Corinthien & Compofite. On
doit obferver en g�n�ral de n'en faire ni de fi petites, quelles ne puiffent contenir une fta�ue dont la hauteur ibit � peu pr�s le tiers de celle de l'ordre, ni de � grandes, que le milieu de la t�te de la itatue ne' ptihTe atteindre le deifus de l'impoite , ©u diam�tre du cul-de-four de la niche; c'eft pour quoi ai�ez fouvent on �lev� ces ilatues fur un pi�douche r. Voyez dans les volumes fuivants les diff�rents dei�ins de niches que^ious donnons. Des Statues.
Ce que nous venons de dire des itatues, rela-
tivement aux niches , nous donne lieu de parler du rapport des ilatues avec les ordres d'Archi- tecture. D'abord il eft eifenciel de d�terminer ce que nous entendons par fi�mes proprement dites, & ' en quoi elles different des figures �galement deitin�es.� orner les �difices. On appelle fi atue (g), tout ouvrage defcu�pture
repr�fentant \e corps humain, tenu debout ou � cheval. Celles de la premiere efpec'e font nom- m�es p�defires , comme U , ou comme la ilatue de Louis le Grand � la Place des Victoires : les autres font nomm�es �q�efires ; telles font les ftatues de Henri IV , de Louis XIII, &c. On appelle figures > celles qui font plac�es fur
les deux corniches rampantes d'un fronton comme L , & comme celles du portail de Saint-Roch ; ou aiTifes , comme celles qu'on voit aux portes des |
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( g) Statue , du latin, fiatura, la taille du corps, ou de
lare, �tre debout. Viv
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312 Cours
H�tels de Touloufe & de Soubife ; ou � genoux ί
comme celle du Cardinal Mazarin aux Quatre- Nations ; ou enfin couch�es, comme celle du Car- dinal de Richelieu � la Sorbonne. Les figures fe font en ronde bofTe , en demi*
bofTe ou en bas-relief. Ces diff�rentes figures f � Ton excepte celles qui font en bas-relief, lef- quelles peuvent �tre d'un plus petit module, doi- vent avoir de hauteur, environ le tiers de l'ordre; autrement elles feroient nomm�es colofTales ; parce � que, difputant de hauteur avec l'ordre, elles pa- ro�troient gigantefques ( h ). On fait les figures nues ou drap�es, folitaires
ou groupp�es , & fouvent accompagn�es d'attri- buts , de fymboles ou d'all�gories, qui contribuent avec le ityle de l'ordonnance qui pr�fide dans la d�coration, � �clairer le fpe&ateur fur Tufage & la d�ftination de l'�difice. Des Balu�rades,
Comme les baluftrades font afTez ordinairement
couronn�es de ilatues , & qu'il doit y avoir un rapport imm�diar entre celles-ci &les baluflrades, il doit auffi y avoir un rapport d�termin� entre ces deux objets, & l'ordre qui pr�fide dans la d�coration. N�anmoins on doit reconno�tre deux diff�rentes hauteurs pour les baluitrad�s. L'une de ces hauteurs eil pour les baluflrades deitin�es � fervir d'appui aux croif�es, comme M aux terrafTes , ainfi qu'aux |
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(h\ Cxil ce qu'on peut remarquer aux Portails de Sain�-
Gervais & des Feuillans, au Palais du Luxembourg & ailleurs. |
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d'Architecture. 31?
rampes & aux paliers des efcaliers : celle-ci doi-
vent �tre affujetties � la hauteur du corps humain : l'autre hauteur regarde les baluftrades qui fervent �e couronnement'aux -�difices-; ces derni�res peuvent �tre plus hautes que les pr�c�dentes ; mais elles ne doivent jamais exc�der la hauteur du coude des ftatues dont elles font couronn�es. Ces deux fortes de baluftrades font ordinairement compof�es , ainfi que les pi�deftaux des ordres , d'une bafe ou d'un focle, d'un d� & d'une corniche ou tablette; c'eft dans la hauteur du de, que font contenus les baluftres ( i ), efpece de petites colonnes , qui ont donn� � ces fortes d'appui ou couronnement, le nom de baluftrade. Les balu- ftres doivent le placer � plomb des entre-colon- nements ou des vides des portes & des croifees ; & les d�s ou pi�deftaux, � plomb des colonnes ou des trumeaux des fa�ades. Dans tous les cas, la hauteur du d� , & par conf�quent du baluftre , doit �tre �gale aux diam�tre fup�rieur ou inf�rieur de- la colonne ; la tablette doit avoir le quart du ba- luftre ; & le focle , une hauteur ind�termin�e , f�lon que les baluftrades feront aifujetties, ou a la hauteur du corps humain, ou � celle des ftatues. Par la m�me raifon , les membres du baluftre, ainfi que les moulures qui ornent le focle , le de & la tablette, doivent �tre employ�s en plus ou moins grande quantit�, avoir plus ou moins de relief, & recevoir plus ou moins d'ornements, f�lon le caraftere ou l'expreffion de l'ordre. Voyez |
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(?) Baluftres, du latin Balaufimm, d�riv� du grec Ba-
lauftion, nom de la fleur de grenadier fauvage , � laquelle �eflemble le baluftre. |
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314 ν ours
les diff�rents genres de baluftres , que nous don-
nerons dans la fuite. Des Avant-corps.
On appelle en g�n�ral, avant-corps, un corps
d7 Architecture faillant, ou fur le nud du mur de la fa�ade , on fur le mur int�rieur d'un b�timent. On dit auffi d'un pavillon , qu'il forme avant- corps , lorfqifil faille fur le mur de face propre- ment dit, celui-ci devenant alors arri�re corps, Compar� avec le pavillon. Les avant-corps font introduits dans l'Archite*
&ure, pour donner du mouvement & pour pro- curer de la richeife � tous les genres de d�cora- tion. Quelquefois on multiplie pluiieurs de ces corps, les uns devant les autres ; alors les colon- nes T, ( planche XX ) forment le premier avant- corps; le pilaitre V, forme le f�cond ; & le nud du mur U , devient Tarriere-corps. La r�it�ration plus ou moins coniid�rable de ces
corps , dans la d�coration d'un b�timent, d�pend de fon importance & de fon �tendue, ainfi que du cara- ct�re de Tordre. Dans les ordonnances Tofcane & Dorique, les corps faillants ou rentrants, doivent pr�fenter des angles droits , pour annoncer une fermet� analogue � la folidit� r�elle & apparente de ces ordres : au contraire, dans les ordonnances Ionique, Corinthienne & Compoiite, on peut introduire dans les avant - corps, des pans cou- p�s, des tours rondes ou des tours creufes. Mais en g�n�ral il faut ufer mod�r�ment de ces der- ni�res formes , qui femblent ne convenir que dans l'int�rieur des b�timents : les dehors deman- dent un ftyle plus grave ; les petites parties, les |
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d'Architecture. 315
fimiofit�s , les angles obtus, & fur-tout les angles
aigus , ne devant jamais faire partie de la d�cora- tion ext�rieure. Il faut encore que la faillie de ces diff�rents corps , les uns � l'�gard des autres , foit relative au caract�re de l'ordre. Dans l'Achite�ure folide ils peuvent avoir beaucoup de faillies, afin de produire de larges ombres : on doit au contraire, dans Γ Architecture moyenne ou d�licate , leur donner moins de relief, &. ne pas craindre de les multiplier. Mais dans tous les cas , on ne doit placer aucun de ces corps, qu'il ne contribue � indi- quer pr�cif�ment le carac�ere particulier d'un Edi- fice facr�, d'un Palais ou d'une Maifon deftin�e � l'habitation des Citoyens. Des Frontons.
Les frontons ( k ) fe font triangulaires, ou cir-
culaires ; ces derniers different du fronton trian- gulaire Ν, en ce que les deux corniches obliques de celui-ci, fe r�unifient en une feule courbe dans le fronton circulaire , comme on lq voit aux frontons des ordres fup�rieurs des Portails des Minimes , de Saint-Gervais & du Valide-Gr�ce. Les frontons circulaires �tant d'une forme plus
pefante que les triangulaires, ne devroient jamais �tre plac�s que dans les ordonnances ruftiques ou folides ; & les frontons triangulaires dans les b�ti- ments o� pr�iident les ordres moyens & d�licats ; encore faudroit-il ufer mod�r�ment de ce genre de d�coration. Le trop fr�quent ufage qu'en ont ( k ) Frontons , du latin frons , le front, parce que les fron-
tons font la partie fup�rieure de l'�difice , comme le frone cft la partie fup�rieure du corps humain. |
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3i6 C o ύ R $ , .
fait les Architectes du dernier iiecle , devroit nous
d�terminer � n'employer les frontons, que lorf- qu'il s'agit de couronner un avant - corps dans le frontifpice d'un Temple, dans celui d'un Portique ifol�, ou de tout autre corps d'Architefture d�t�ch� du reite de l'Edifice : conf�quemment ils ne devroient �tre admis que lorfque la n�ceffit� femble autorifer ce genre de couronnement, donc la forme pyramidale peut contribuer � fixer le i�yle de l'ordonnance. Les frontons de l'une & de l'autre ibrme r doivent
avoir de hauteur la cinqui�me partie de leur baie. .Nous ne parlerons point ici des frontons � pans, aini� nomm�s , parce que les deux corniches in- clin�es font coup�es horifontalement dans leur partie fup�rieure ; ni de ceux qu'on appelle brif�s, la cor- niche horifontale & le fommet �tant intercept�s ; ni de ceux dont on intercepte feulement la bafe , pour laiiTer monter une croif�e ou un bas-relief, jufques dans le tympan (/) ; ni des frontons enroul�s, qu'on nomme ain�, parce que leurs extr�mit�s fup�rieures font termin�es en volute; ni de ceux qu'on inf�re, tant�t circulaires, tant�t triangulaires, les uns dans les autres, non plus que de ceux qu'on appelle � reiTaut, � croiTette, perc�s � jour, &:c. autant d'efpeces de comportions (/») qui annon- |
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(l) Efpace, marqu� & , contenu entre les corniches du
Fronton N, & dans lequel On a plac� un bas�relief. Ce mot» tympan y d�rive du grec tympanon , tambour. (m) Voyez plufieurs exemples de ces formes licencieui�s
dans le rec�uil des deifins du Coll�ge de la Sapience que Boromini a fait b�tir � Rome. Voyez aui�� les deilins que nous donnons des frontons dans les volumes fuivants de ce
Cours.
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d'Architecture. 317
cent plut�t la ft�rilit� du g�nie de l'Archite&e,
que le talent de l'Attifie. Des Acrotercs.
Un acrotere (n) eft un d� de pierre qui fe
place fur les extr�mit�s fup�rieures comme V, & in- f�rieures des frontons. Les anciens en faifoient un fr�quent ufage , pour foutenir l�s itatues dont ils ornoient leurs �difices ; � leur exemple, les moder- nes en ont aui�i d�cor� leurs b�timents, comme on le remarque � Marli ? � Sceaux & ailleurs. Quelques-uns donnent auiTi le nom d'acrotere
aux petits pieds-droits , plac�s � l'extr�mit� des trav�es des baluftrades, comme le pied-droit KL de la balui�rade M. Nous obferverons ici qu'il eft peut-�tre plus effenciel qu'on ne penfe de ne pas employer indiff�remment le m�me terme , pour d�figner des membres d'Architecture d'un genre & d'un ufage diff�rents, parce que chacun de ces membres ayant des propri�t�s particuli�res, dans l'ordonnance des �difices , il eil n�ceiTaire de s'exprimer diff�remment lorfqu'il s'agit de les �noncer , & de faire concevoir aux autres la juile application qu'on en doit faire. Cen'eil qu'en con- fultant l'�tymologie des termes de l'art, en re- montant � la fource, & en fe rendant compte de la maniere judicieufe dont les anciens en ont uf�, qu'on peut employer avec choix ces diff�rents membres, & qu'on �vite de placer , au hazard , la multitude des d�tails, dont on furcharge fou- |
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( n) Acrotere , du grec achroterion, extr�mit� de toutes forte«
de -corps. |
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3iS Cours
vent fes productions. Par exemple, � propos dtt
fronton \ confultons l'�tymologie de ce mot. Ne femble-t-il pas qu'on ait, jufqu'aujourd'hui, n�glig� d'obferver la relation que doit avoir un couron- nement de cette efpece, avec un avant-corps ou toute autre grande partie d'un �difice ? & n'eit-il pas �trange d'en voir � chaque �tage d'un b�ti- ment , ainfi qu'on le remarque au portail de S. Gervais , d�j� cit� , & ailleurs, tandis que la partie fup�rieure de l'avant-corps devroit feule �tre ter- min�e par un tel amortii�ement, ainfi qu'on vient de le pratiquer plus convenablement dans la cour du vieux Louvre? Des Amorti/Tements.
On appelle amortiffement celui marqu� da ou
tout autre corps d'Architecture, qui couronne l'a- vant-corps d'un b�timent. Les amoruffements tien- nent quelquefois la place des frontons dans l'or- donnance des fa�ades ; mais leurs contours vari�s & finueux , s'accordent rarement bien avec le caract�re grave de l'Architecture qui les foutient. Lorfqu'onfe trouve, forc� de faire ufage de ces fortes de couronnements, il faut du moins que les membres d'Architecture qui les compofent l'emportent de beaucoup fur les ornements. Pour cet effet , il faut que TArchitede en dirige les maffes & en donne les d�finis, & non le Sculp- teur,, qui tr�s-fouvent peu f�vere, fait quelque- fois, � la v�rit�, un ouvrage de Sculpture int�- refiant, confid�r� � part, mais qui produit rare- ment un bon effet avec l'Architecture. Au refte, rien de fi difficile � compofer qu'un
bel amortuTement m9 c'eft le fruit du raifonneraent |
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d'Architecture. 319
te du go�t de Fart. AuiTi avons-nous peu d'e-
xemples � citer en cette partie. Le Ch�teau de Verfailles, du c�t� de la cour de marbre , le Manege � Chantilly, le Ch�teau de Marly , le Palais Bourbon, du c�t� de l'entr�e , font peut-, �tre les meilleures compofitions en ce genre ; encore s'en faut-il beaucoup qu'ils ne laiifent rien � deiirer aux ConnoifTeurs. Quelques architectes, non contents de faire py-
ramider leurs avant-corps ,. par un fronton, ont encore furmont� telui-ci d'un amortifTemenr. Ce double emploi produit rarement un bon effet ; c'eil pr�fenter trop d'objets dans une feule d�co- ration , c'eil peut-�tre offrir � la fois trop de membres d'Archite&ure & d'ornements de Sculp- ture, qui fouvent ne fervent qu'� rendre nos fa- �ades plus confufes que belles, plus riches que d�centes, & plus frivoles que r�guli�res. Des Tables.
Une table (r) eil ordinairement un corps Tail-
lant ou rentrant, iimple ou orn� de moulures % lifTe ou enrichie de Sculpture , qui s'�tend fur la furface d'un mur. On appelle table /aillante celle qui exc�de le nud du mur, ou le d� d'un pi�de�lal comme. Ρ ; table rentrante, celle qui eil renfonc�e ; table arraf�e , celle qui afleure la furface du mur, & qui n'en eft diftingu�e que par une ca- vi�� pratiqu�e � l'entour, pour le d�tacher du corps qu'on a voulu enrichir ; table fimph , celle qui n'a aucune efpece de moulure qui lui ferve |
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( 0 } Du latin Tabula t planche. ,
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3*o Cour s
de cadre ; table orn�e, au contraire, celle au pour-
tour de laquelle on a plac� des moulures, pour laiTortir � l'ordonnance de la d�coration ; table lijje , celle qui n'a fur fa furface aucun ornement de Sculpture ; enfin, table enrichie, celle o� l'on a taill� un bas-relief, un troph�e, &c. Il ne faut jamais dans les dehors chantourner les angles des tables en pierre, en marbre; ou du moins on ne doit en ufer ainii que tr�s-rarement. A peine ces chantournements fe tol�rent-ils dans la Menuiferie ou dans l'Eb�niiterie , mife en �uvre dans l'int�rieur d'un b�timent. On ne fauroit trop- t�t s'accoutumer � �viter tout ce 'qui s'�loigne de la iimpiicit� dans la d�coration ext�rieure. Des Champs:
On appelle ainii la diftance ou le nud liiTe te
uni, qu'on lahTe entre une moulure & une autre moulure , entre un cadre & un autre cadre » enfin entre un corps & un autre corps, foit fail- lant, foit rentrant. Les champs font des repos & des intervalles n�ceifaires pour f�parer les divers membres d'Architeclure , & les faire va- loir les mis par les autres , fans �tre oblig� de recourir � la prodigalit� des moulures & des ornements. On peut dire que les champs font en Architecture , ce que font daiis la lecture les di- vers repos qu'on eft oblig� de garder, relative- ment aux points & aux autres fignes de la ponc- tuation. Au tour des tables P, r�gnent des champs /;
ces derniers ne doivent jamais �tre ni trop larges, ni trop �troits. Cependant rien de fi n�glige , rix qui paroiiTe fi arbitraire � la plupart des jeunes Architectes
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Β* ARCHITECTURE, $Z%
architectes que les champs. Ils ont de la peine � f�
perfuader que tou t importe dans la d�coration, qii'iu} champ trop �troit y donne un air de menuiferie, & la rend maigrer�§� mefqi�ne ; qu'au contraire un champ trop large la rend lourde &mai�ive; ils oublient que tout eit relatif, qu'il n'y a ni petiteffe ni grandeur ab- folue dans l'Architecture, qwe ce font les rapports des membres compar�s les uns avec les autres qui conftituent les vraies beaut�s de Tart, & que ces/ rapports doivent fe puiler dans les caract�res folid�j moyen ou d�licat des ordres Grecs : que cette connexit� eft indifpenfable, & que le plus grand nombre n'eft point allez perfuad� qu'on ne fauroit parvenir � une v�ritable perfe&ion, fans les c�nib�- naif�ns , la r�flexion & l'exp�rience. Il faut favoir * par exemple, que les champs qui r�gnent ai<tour des tables plac�es dans les pi�deftaux des baluftradesV doivent avoir la fixieme partie de Ja haut�ur-du d� de ce m�me pi�deftal, & partir de ce principe pour �tablir une largeur convenable aux autres" champ! r�pandus dans l'ordonnance de l� d�coration. D�s Pyramides' & des 0,b�lifqu�s.: -
Kous avons d�j� dit, en parlant de l'origine'des
ordres1, que les pyramides (/»/ �toient de form� q�a�rangulaire par leur plaii, & qu'elles dimi- mioient inf�nfiblement en s'�levant vers leur fom- imetl Nous avons rapport�- aiifli qu'ellesfaifoient �q prinzipal objet des monuments des Egyptiens, & ^ue4es Rois d'Egypte les Jaifoient �lever pour leur f�pujtures. |
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{p^ Gemot -vient; de Pyr> te �eu , parce que la pyramide
& termine en pointe comme la flamme. , , | Tomt I, ,.,..... i� »...X,..-1. ;.....:.
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fit β λ α u{jhto3i2 iirir ■ A?' "-
�% rtous avons non-feulement cor�f�rv'�
�^tef�rm�poU� la d�coration des tombeaux, des ma�l�l�es* des catafalque^ &e. mais nous en avons ijuelqi4e#�S orn� les fr�ntifpices de nos Eglifes � Paris j comme � S. Nicolas du Chardonnet;, aux Fetiillans j aux Petits-Peres j pr�s la place des Vicn toires, St ailleurs. Fran�ois Blondel les a employ�es �iim^ttt�is en b�s-relief y � la porteS. Denis; & fur cell�s*ei f� remarquent des troph�es de Sculpture d'une compofition δέ d'une ex�cution admirable^ Nous ayons auffi parl� d�s ob�lifques (q ) ; nous
f�peteiQn� Ici qu'ils �toient �lev�s chez les Egy- ptiens pour honorer la m�moire & les hauts faits des grands hommes : que Rome eft encore : aujour- dliui embellie de quelques-uns de ces anciens mpnutoents tonftruits en Egypte y daine mati�re 10s'*pr�cieuieu oV-d'itri� grahdeut �tonnante; car Jolis les ob��ifqnes antiques fbut de granit ou de Herre THeoa�que , & remplis pour �a plupart de c�ra�^jr^s hy�rogliphiqlies.1 La proportion'de la hauteur ll�l�tgeur des ob�li�ques1, f�lon �esi�cher- ches de M�Sa^erien>eft d'avoir d'�l�vation 9 fois pu m�me jxifqu'� 9 Fois ck demi la largeur de leur i�fe» '^feirs fommefs ic#� ;de la moiti� Ά^eutf i�afe. afou�itsfc, no|re^Natipn fa.fi peu �lev� 4e -ces'/'fortes-de rnonuments-que leurs v�ritables pro-1 »ipo�tions iont �t� chez :^ous &&z:ip:�g\ig�QS t,^^ nqiiOn inklguere �on�d�r� pour en d�terminer|e ς «apport ; que ie? m®*ki de leur �rje^ton., le point de |
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( q ) Le mot ob�lifqtie , vient du grec oMd^i'aiJfc'fcriJciit »
� -caui� Λα xap.poxr qu'a l�b�lUaue. avec �cet inflrunient _,■ dont .les Pa�ens fe fervoient dans les facrifiecs. les Pr�tes Egyp- ψ$Εβ dtris1 t� fmt-e > cofhrfie boa« l'avons d�ja^dit; ,'les nomm�- rent doigts j��« foleil y -pafced<ju ils ierVJOtE�Si i�� ityk j^uj, *flj�~ ■�juer hs hettccs fur la t�ixc. 9\ ; ,to'� |
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©■' A R C H Ι Τ Ε C Τ V R I. $1$
idiftance d'o� ils doivent �tre apper�us ; enfin la
qualit� des mati�res qu'on emploie pour leur conitru�ion. Voyez l'ob�lifque marqu� b, intro- duit dans cette planche , moins parce qu'il nous y a paru convenable , que pour donner une id�e de leur forme, & des ornements modernes donc on peut les rev�tir. Planche XVIII.
Des Soubajfements.
On a plac� dans cette planche , figure I, le plan
du portique pr�c�dent ; d'un c�t� , les colon- nes font ifol�es , & le pilailre d'angle, faillant feu- lement d'une fixieme partie de fa largeur ; de l'autre, les colonnes font engag�es de la fixi�- me partie de leur diam�tre dans des pilailres ; & le pilailre d'angle V a deux faces, chacune de deux modules ; ce qui lui fait faire un grand avant-corps fur celui U. On a aui�i marqu� dans ce plan une portion de niche circulaire I, & une portion de niche quarr� S, pour faire voir leur diff�rence. Au reile, il faut fe refTouvenir que la configuration de ce plan, ainfl que fori �l�vation dans la planche pr�c�dente, n'eit qu'une complication de membres rafiembl�s fous un m�me point de vue, fans autre objet d�termin�. On appelle foubaifement, un �tage � rez de
chauff�e , comme g, figure 11, fervant de pi�- deilal continu � un bel �tage , d�fign� h, & dans lequel font diflribu�s les grands appartements. Les foubafTements ne doivent jamais contenir d'ordre d'Architecture ( r) ; certainement leur peu m y ___________________________________________________________________________ .ι
(r) Malgr� l'exemple de celui qu'on remarque dans la cou«
4e l'H�tel de Touloufe, . -r ". Tom'I. *XiJ
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3H Co tr'R s
del�vation doit apporter de f alt�ration dans �ef
membres d'Architeciiire qui les compofent : par exemple, les ouvertures doivent avoir une pro- portion plus racourcie que celles des �tages r�gu- liers , les corniches �tre plus iimples & moins faillantes. Le p�riffile du Louvre , la fa�ade de Verfailles du c�t� des Jardins , les Piaces de Vend�me & des Victoires, ont pourfrez de chauff�e un ibubaffement dans leurs fa�ades ext�rieures. La hauteur des foubaffements eil d'avoir �-peu- pr�s les deux tiers de l'�tage fup�rieur. Nous, traiterons ailleurs de leurs avantages & de leurs d�savantages dans l'Archkeclure, & nous donne- rons les diff�rentes mefures de ceux que nous g�nons de citer. ; . Il -, Des Attiques.
Nous avons d�j� dit qu'un attique �toit un
�tage racourci que les Ath�niens avoient imagin�, pour recevoir des infcriptions & mai quer les cou- vertures de leurs �difices. C'eil aufii chez nous un �tage comme Ί /ayant peu de hauteur , m qui fert � couronner la partie Sup�rieure d'un b�timent ? ' d'un avant-corps ou d'un pavillon ; les anciens ne donnoient � cet �tage que le quart de la hauteur de l'ordre ou du bel �tage , qui lui fervoit de foutien. Nos Architectes modernes ont fix� fa hauteur �-peu-pr�s � la moiti� 9 & y ont intro- duit des pilaffres auxquels ils n'on donn� que fix diam�tres. Cette proportion racourcie, attribu�e feulement � ce genre d'�tage, a aui�i d�termin� des ouvertures & des membres d'Archite�ure , qui femblent lui �tre confacr�s , & dont nous traiterons en particulier,. en donnant les mefures �Ka�es.des t�mss du Vieux-Louvre ? des Ch�- . :' teaux |
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γ d'Architecture; jz^
t�aux de Maifons , de Blois, de Clagny, &c. Nous
dirons feulement ici qu'on appelle attiques conti- nus , ceux qui environnent le pourtour d'un �di-i fice, comme celui qui termine la fa�ade de Ver-- failles, du c�t� des jardins ; attiques interpof�s,-; ceux qui font iitu�s entre deux grands �tages, comme % celui du gros pavillon de- l'int�rieur de la cour: du Louvre ; attiques d'accotement, ceux qui flan- quant �n avant-corps, contribuent � faire pyra-/ mider ce dernier, comme aux �curies du Ch�teau de Maifons ; attiques d'�mortiflement, ceux qui, r�duits � une moindre hauteur que le quart, ter- minent une porte triomphale, comme � la porte- S. Bernard; enfin, on appelleattique d'habitation*; celui qui ayant des ouvertures de croif�es, fert dans la demeure des grands, pour les logements des Officiers, & d'�tage fubalterne dans les b�ti-; ments particuliers. Nous obferverons encore que malgr� la mul-,
titude d'exemples que nous avons de ces fortes d'�tages employ�s par les modernes, les attiques des anciens nous paroiffent pr�f�rables. Cet �tage» tel qu'ils l'employoient, annon�oit un caraclere; particulier qui contribuoit � relever ��elat de % belle Architecture ; au-lieu que les attiques modernen n'offrent, le plus fouvent, que des �tages impar- faits , & peu capables de figurer dans la d�cora- tion des �difices publics & des Palais des Rois,. & qui pour cela ne devroient �tre mis en �uvre que dans les b�timents priv�s ,., o� l'�conomie� doit l'emporter fur, la magnificence*
. Des Refends & des B&Jfages.^
Les refends dans l'Architecture, font une iouV
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l�
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3&6 C o f R &
tatiori dei joints qui, dans 1'art de t�ti�, ie fr#it~
Vont n�ceffairement entre deux pierres. On fait tifage des refends dans certaines parties d'un mur ct� �ace, pour lui procurer une efpece d'enrichifie*� ment, il y a plufieurs fortes de refends; ici com- $tie ailleurs , on doit obierver une vari�t�, non�* feulement aux diif�ren>i ordres d'Arehite&ure , �nais encore � la richef�e ou � la {implicite qu'on peut aiFeder � chaque ordre confid�r� f�par�ment. %ti g�n�ral on appelle donc refends , les interiHces :ci�e\ figure tll, & conf�d�r�s comme autant d'in- �ifionS faites dans l'�paiiTeur d'un mur ; car fi ces Refends n'�toient pas renfonc�s, ils deviendroient communs � fa furface, les ai��fes feroient faillantes y & elles formeroient alors'des boffages , Comme l�. Ces boffages , ainii que les r�fends, peuvent recevoir diii�rebtes moulures , comme on le re- marque en c , en d, en e , en �, &c. La hau** teur d�s refends q� commun�ment la douzi�me partie de celle des aflifes ou boffages , & letif |fto�ondeur eft �gale � 4� moiti� de la hauteur <��s interftiees, felort la vari�t� o� f�i�ganc� de l^rdre. ."■�*_■ il faut favoir que les refends & les boi�ages
ioritun� ti�heffe Toi cane 8j Dorique vconf�qite�i* m�rit qu'ils ne dpi ven ε gu�re �tre employ�s �M� fes* ordonnances Ionique , Corinthienne & Com^ Boitte. �tblf il s'enfuit encore qu'il n� feroit nul* �fement convenable d'appliquer aux boffages une. Sculpture trop d�licate s comme celle qu'on r�* parque aux colonnes Tofca�eS des guichets dti Couvre. Les vermiculures, les cong�lations , les p�tiif�cationsi les piquures, font les feu�s enn- �h$ements que comjporrent les ouvrages rgfti- qucs, encore faut-il les employer avec choix, Sire- |
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'D'A R e ΗΊ Τ Ε. CT �BE. f|*�
l�tivement au genrede l'�difice» & affe�.er d&nseej
fortes d'ornements, un travail large, vague, mcer-r tain, puif� dans les exemples que nous offreiM en c$ genre les prodn�ions^e ,1a nature, Yoyei ce quf nous dirons dans. la. fuite en parlant des orner ments,appel�svermiculures..N'oublionspas-.de. dira ici que la hauteur des boffages , image "des ai�ifes dans la conitru&ion, ne doit gu�re_exc�der la hauteur d'un module, devant rapporter la, dimeniion de chaque membre � celle de. l'ordre, pr�fenr ou. ahfent, ' . . . . ; �. �:: w| jEtes Entablements dicompQfi's. -.... ..'Λτ
: On appelle entablement d�compof� celui oit
Ton a �Libititu� un gorgerin &un ailragale � 1% place de la frjfe, & deTarchitrave d\in entablement a:�gu�ie^. On fait ufage de ces fortes d'entablements, dans l'Arehite&ure, pour �vites^ie donnej: trop �p Jjauteur au couronnement de l'�tage fup�tieur d'une �maifon particuliere , mais jamais dans la d�coration d'une fa�ade o� un ordre d'Ar�hite&iire pr��de.-^ parce que cet entablemerit ne pouvant �tre confia d�r� que comme un d�compof� des, priincipales parties d*un entablement, il feroit mal de �ouronnet un corps v�ritablement r�gulier par un membre d'Architecture mutil�. Qn doit concevoir aufli | d'a- pr�s cette obfervation, qu'il faut retrancher certains ^membres de/S moulures de la corniche,;; proprement; vdite , pour lui donner une iimplicit� relative �. la. nouvelle frife Se au nouvel architrave ..% appel� Ici gorgerin & afegale. * La hauteur de ces fortes de, corniche^ f�c de-
-Tife en f�pt parties^ dont une. eft donn�e,� jy^ |
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JaS Cours i
tragale, deux au gorgerin, & quatre � la corniche:
(cette derni�re fe fubdtvife enfuite en trois parties, dont la premiere d�termine la hauteur de Tencor* bellement ou de la cimaife inf�rieure ; la f�conde, la hauteur du larmier ; & la troisi�me, celle de la cimaife fup�rieure, &c. Des Corniches architmv�es.
On appelle corniche architrav�e, un entable-
ment dont la frife eil fupprim�e , & dans l'ar- chitrave duquel on a retranch� la cimaife fup�- rieure ; de maniere que ce dernier touche imm�- diatement � la corniche, dont la cimaife inf�rieure tient lieu de couronnement � l'architrave. Nous bbferverons que cet entablement ainfi d�compof�, ne devroit jamais s'appliquer dans les dehors des '�difices, principalement quand les ordres d'Archi- te&ure y pr�fident, & qu'on ne devroit gu�re faire ufagede cette efpece d'entablement, que dans les �tages attiques ou dans la d�coration des ap- partements; cette mutilation dans l'Archir�clure des dehors lui �tant fon �araftere exprel�if, mal- gr� l'exemple du Ch�teau de Montmorenci, de celui de Saint-Cloud & ailleurs JD�s Plinthes. t
Ψ -, ν- . ■■.- ... , _ * * 1 «β -
Les plinthes (s), comme nous l'entendons, font
d�s efpeces de corniches m�plates, & o� les faillies |
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," (s) Plinthes, du. grec Plinthos, briques, table ou mafl�f�
qiiadrangulaire ; ce mot, au maf�ulin , ne regarde que le Plinthe plac� fous les bafes des ordres ,ou qui fouticnt le d� des |
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»^Architecture. 329*
des c�maifes fup�rieures & des larmiers, font'fiip-
prim�es , comme le fait voir le membre Z, plan- che XIX ; ce membre ainfi r�duit � la faillie de la cimaife inf�rieure, s'emploie ^ordinairement dans la d�coration �es fa�ades , pour d�ligner, dans les dehors, la divifion Ult�rieure ^des planchers, ou pour couronner les pieds-droU des portes des cours, des avant-cours, & les pieds-droits des grilles de nos jardins de plaifance. Quelquefois on donne � la faillie de ces membres d'Architecture, le dou- ble de celle de la cimaife inf�rieure, � deffein de pratiquer dans le fofite de la plate-bande de la v plinthe, un canal par o� les eaux du ciel puiC- fent s'�couler loin de la furface du mur couronn� par ce membre. Des Trumeaux.
On appelle trumeaux, la partie qui, dans un
mur de face , fe trouve plac�e entre les ouver- tures des portes & des croif�es d'un b�timent. Les anciens fefoient les trumeaux de leurs fa-
�ades fort confid�rables ; ce qui leur dorinoit lieu d'enrichir l'ext�rieur de leurs �difices avec beau- coup de magnificence ; d'ailleurs le befoin qu'ils avoient de mettre l'int�rieur des appartements � l'abri de la chaleur des dehors, f�lon le climat o� ils b�tif�oient, ne contribuoit pas peu � les obliger de faire leurs ouvertures peu confid�rables, & |
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vafes, des figures , &c. Nous croyons qu'on doit dire au
f�minin une plinthe, pour d�figner les membres d'Architecture "qui tiennent Heu de corniche aux diff�rents �tages des fa�ades, parce que les plinthes , comme nous les concevons, ne font .autre chofe que des corniches Amplifi�s, Se dont principale- ment on a retranch� la plus grande partie de leur projedioa» j |
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33© ^ Cours
leurs imerva�es �pacieux. Chez nous �> quoiqu«
dans un climat affez temp�r� , nous avons beau- coup imit� les ufages des Anciens � cet �gard,, ainfi qu'on peut le remarquer au Ch�teau de Maifons , par Fran�ois Manfard \ au Ch�teau de Vincennes, par Le Veau ; au Palais du Luxem- bourg par Debroffss, &c. Plufi�urs ont imit� ces Archite�es dans la pefanteur de leurs, trumeaux,, fans-trop favoir pourquoi : quelques autres depuis* plus jaloux de la beaut� int�rieure que de l'or- donnance des fa�ades, ont aiFe��.de faire la lar- geur de leurs croif�es , beaucoup plus confid�- rable que les trumeaux qui les f�parent ; deux exc�s fans contredit �galement � �viter ; Iq pre- mier , occaiionnant beaucoup d'obfcurit� daim les dedans, & donnant un cara�ere de pefan- teur � la d�coration des dehors; le f�cond, nuifant fouvent � la folidit�, & ne permettant que diffi- cilement une d�coration ext�rieure, v�ritable-, ment int�reffante. Il y auroit fans doute un moyen 4'�viter Γύη & l'autre inconv�nient \ ce ferait dpbf�rver entre les pleins & les vides, un rap- port progreifif qui feroit d�termin� par rexprek fion des cinq ordres ; en forte que , par cette relation de la largeur des trumeaux aux croif�es , & de celles-ci aux ordres , chaque b�timent (nous entendons parler ici des b�timents d'habi-. tation), porteroit un caract�re diftinctif de force\ d'�l�gance, de richeffe bu de fimphcit� * puifee dans lexpreffion des ordres, & par conf�quent autorif� par les pr�ceptes fondamentaux de l'Art,. Cette r�union du tout aux parties , & des parr ties au tout, η auroit-elle pas �t� trop, n�glig�e, jufqu'aujourd'hui? �& cette m�me n�gligence ^ne. feroit-elle pas la f�urce de l'imperfeaion quo«. |
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B.'ARClIl'tECTXJRE. 3?t
remarique dans la plupart de nos b�timents, oit tr�s-
fpuvent, fans avoir �gard an flyle qu'exige chai* i�ii� �difice conixd�r� f�par�rne;nt, on remarque dans ces diverfes produ�Hons, la m�me empreinte; d'o� eil n�e vraiifemblablement cette monotonie, cette a�e�ation infuportable , au lieu de cette diverht� louable, de ce caraQere diilin&if & de cette Convenance fi n�ceffaire , pour rendre notre Ar- chitecture fran�oife v�ritablement recommandable, Nous avons d�j� vu , en parlant des portes % des croif�es , que Vigno�e ailignoit la m�me pro- portion � toutes les ouvertures Tofcane , Dori- que, Ionique , Corinthienne & Compoiite, fans avoir �gard aux diff�rentes expreflions des ordres, fious avons combattu cette opinion d'apr�s l'auto- rit� des plus habiles�rchiteaes de nos jours. Kous ajouterons ici» comme une fuite du m�me principe , que les trumeaux doivent �galement avoir plus ou moins d� largeur f�lon le caract�re �o�ide, moyen ou d�licat qui pr�fide dans l'or- donnance de la d�coration des b�timents : pour cet effet nous croyons qu'il feroit bon de donner Siux trumeaux Tofcans , une largeur �gale � celle du vide �es ouvertures ; & aux trumeaux Co- rinthiens , feulement les deux tiers de cette m�me largeur : qu*� regard des trumeaux des autres ordonnances Dorique & Ionique, la largeur en 'jjotirroit �tre fix�e par une moyenne arithm�ti- que. Au feile, nous ne pr�tendons pas que ces rapports ne puiffent recevoir quelques change- ments ; mais du moins ils pourroient produire cet effet, qu'ils ob�igeroient le jeune Artifte � fe tendre raifon du motif qui l'auroit d�termin� � ~s*�eaftef de la regle g�n�rale, & lui impoferoient la n�ceiTit� de ne perdre jamais de vue les Lois, |
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331 Cours
�tablies , ou du moins approuv�es par le plus
grand nombre des Architectes modernes. Ό es Encoignures & des Ecoin�ons.
On appelle �coin�ons dans l'int�rieur d'un b�ti-
ment , la partie du mur de face , depuis l'embra- fure d'une croif�e jufqu'au retour de l'angle d'un mur de refend ; on donne encore ce nom � l'angle rentrant d'un arriere-corps ext�rieur, qui,. tou- jours plus �troit que le trumeau, occupe Fefpace compris entre le retour d'un avant-corps, & le tableau de la premiere croif�e, perc�e dans Far- riere-�orps. Dans ce dernier cas il faut que la largeur de
l'�coin�on puiffe contenir celle dTun chambranle, plus un intervalle, qui , en d�tachant ce cham- branle du retour de l'avant - corps , laiffe la libert� d'ajouter � ce m�me chambranle, une croflette, un contre-chambranle, & quelquefois � fon attir- que, la faillie d'une plinthe , d'une corniche, &c. Une encoignure , au contraire , doit toujours
�tre plus grande que la largeur d'un trumeau, comme annon�ant une plus grande r�iiftance, & paroiiTant fortifier les extr�mit�s de l'avant-corps, qui femblent toujours poufler au vide. D'ailleurs il faut fe rappeler, que lorfque les ordres pr���- dent � la d�coration d'un �difice , ces angles faillants font commun�ment rev�tus de deux co- lonnes ou de deux pilaftres accoupl�s , tandis que les trumeaux n'en ont qu'un , & que l'id�e des ordres & la folidit� n�ceiTaire dans tous les genres d'Architecture, doivent s'annoncer abfolu- ment, foit dans les ordonnances fimples, foit dans les ordonnances compof�es. |
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^Architecture. 333
Des M�lanines & autres efpeces d'ouvertures
conj�d�r�es comme accejfoires dans la d�coration des Edifices. Nous avons parl� pr�c�demment des portes &
des croif�es, & de leur proportion; mais comme tout ce qui contribue � la commodit� des dedans d'un �difice doit aufli contribuer � rendre plus parfaite fa d�coration ext�rieure , & que les portes & les croif�es ne font pas les feules ouvertures qui entrent dans l'ordonnance de la d�coration des fa�ades, il nous paro�t n�ceifaire d'examiner ici les ouvertures appel�es m�zanines , celles qu'on nomme attiques , enfin les lucarne^, les ceuils de b�uf, les barbacanes, les foupiraux* Sic»
�n appelle m�zanine (t ) une ouverture m, plam
che XX, qui n'a de hauteur que les deux tiers de fe largeur; elle fe place ordinairement au-dei�iis d'une croif�e, contenue dans lentrecolonnement d'un ordre qui, par fa hauteur, embrafle un �tag� & demi/ comme au Ch�teau de Saint-Cloud. Une croif�e, att�que η , eil: celle qui, n'ayant
pas les proportions r�guli�res dont nous avons parl� au fujet des portes & des,. croif�es > pe«c �tre r�duite�: � la, hauteur d'une fois p� demie fe largeur, foit qu'on la place dans une �tage appeM attique, qui lui donne fon nom, comme au Ch�5 teau de Verfailles ? du cot�-des Jardjbns ; iio� <melle fe trouve dans les entrepilaitres d'un ordre coloual ? comme a la fa�ade du Louvre , du cjk�; |
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{t) M�lanine, del'icalien Me^nhkU - �" -.
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Hl ,. ;, "C.O Vife- S i '
de la rivi�re. Nous croyons qu'en g�n�ral la partie
fujjerieure des in�zanines & des croiiees attaques, doit �tre � plate-bande , & non bomb�e , comme � la fa�ade du Louvre , que nous venons de citer. Les lucarnes ο , font des ouvertures pratiqu�es
pour �clairer les logements plac�s dans les com- bles; leurs proportions doivent �tre les m�mes ; que celles des croif�es attiques ; mais leurs parties fiip�rieures peuvent �tre � plein cintre, bomb�es" eu. furbaiff�es ; ce genre d'ouverture ne sem* ployant gu�re que dans les b�timents particuliers,' ou dans les �tages fup�rieurs des plac�s publiques^ comme on eii voit aux Plac�s de Vend�me M des Victoires ? � Paris. -.v.' ^--^ Se S Les ceuils d� beeuf/? , font des ouvertures" citcuki�res � �'ufage des �tages en galetas : on ne doit jamais les placer dans les entrecolonne- m�nes d'un �difice/ tels qu'on remarque ceux du CMteasu neuf de Meudon ^ du c�t� des clo�tres» ; On ofefel'Vera que le diam�tre de toutes ces diff�rentes ouvertures s doit �tre ^moindre cfuii fixieme, que -la largeur, «fer cr�if��s ��riBuee^i dans le bel �-�tage du b�timent," 4 <;'\v " '!,;■■;■' Les barbacarin�s { u ) font d�s oiiv�rtur�s. fori
hautes & fort �troites : Un tei genre d'ouv�itur� �&>4evroit jamais- -entrer pour ;ri�n dans la d�co* i�ti�ri des b��im�nts de quelque * importante , malgr� lexem'j��i d�sentrec�l�rin�trients D�ricpeS dU'Portail des Minimes, & celui de' Ka^nt-cbVpS ��s Ecuries du Gti�teau de Maifons f eliesin�, j^�* vent gu�re �tr� �litorif�es que t�aris l�s ouvrages5 Militaires, jbour donner de r�i�r � l'int�rieur a�s* (κ) Bar�acannes,4c i'italic» barb'acahnti*. v':
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D'A R C Ή � f | CT URE. 11 j
fortifications , ou dans ΓArchitecture. Civile, pour
�aire �couler les eaux des murs des terraffes » c'eft pour cela que dans l'un o� l'autre cas on les nomme canotiiercs ou vcntou�s. Les foupitaux ( 'x ) font d�s ouvertures deitin�es
� �clairer les fout�rrains d'un b�timent. La n�c�P- iit� de�ces ouvertures j compriies ordinairement dans la hauteur de la retraite du b�timent , a d�termin� les Architectes � leur donner plus de largeur que de hauteur ; mais comme cette efpece 'd'ouvertures , toujoursvoifines du fol de l'�difice, fe fait alfa peu remarquer, il fuhi� d'obferver , dans leurs proportions & dans leurs formes�, traelque rapport avec l'ordonnance des fa�ades; autrement elles onriroient autant de difformit�s dans la d�coration; " �- D�s Cadres.
4�t'L�s cadres different des chambranles , en ce
"que ceux-ci n'ont que trois c�t�s, & que les cadres proprement dits en ont" quatre. La haie d'une croif�e^eut �tre entour�e �d'un cadre j celle d'une porte fe peut recevoir qu'un chambranle. Un cadre eft^une «efpece de bordure orn�e, d� moulures , dont les membres�* �inii que c�nk au chambranle ; "doivent �tr� relatifs � l'expreffion de l'ordonnance qui pr�iide dans la d�coration. �LFn fes - r�li�P;1^'�ne' in�cnptr�ml, 'un m�daillon , font brdiriair�m�ritl entoures J�'mne bot�me y d'un 'cadr� , ou ail rhoins d%ne pfete-bar�de, & fervent � enrichir 'i�s entr�*coIohnements ou les trumeaux (#) Soupiraux t du latin- fpiramentuni; ;'
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33*> G o � RS
-dt�tne fa�ade, les deffus des portes, des eroif�es,"
des niches, &c. On renferme auf�i quelquefois les
cadres dans des niches quarr�es » afin de donner
plus de fermet� � l'Arcbite&ure , ce qui divife
les champs & les efpaces o� font plac�s ces ca- j
-dres, & emp�che ceux-ci de devenir, ou trop
-confid�rables, ou trop maififs; r�partition qui,
�en amenant les confonnances dans les productions
de l'Artifte , contribue plus qu'on ne penie �
la perf�aipn de ies �uvres. u ..,.
Nous nous contentons des d�finitions pr�c�-
dentes, non: que nous croyions avoir �puif� �tput ce qui regarde les membres qui compofent �Architeoure : mais nous aurons occafion tant �de fois de parler de leur multiplicit� dans la fuite de ce Cours , que nous avons cru devoir nous contenter des principaux objets que nous venons de traiter , pour paffer aux ornements de Sculpture dont on couronne, on accompagne ou ,Γοη enrichit affez ordinairement, la plus grande ] partie des membres d'Architecture dont nous /venons d�parier. , , ;' L�^._!'"' M DE S LA "SCUL�IJ] f ί^
fies diff�rents genres �orhemetits defiin�s
■ � emb�lir l^Archltec�ure.,''..�, . '■'■ ".'"{.'
Nous,avons parl� pr�c�cfemment, de .�origine
de; la Sculpture,�il s'agit,ici de, ion application
: dans TAr�hiteaure , & de traiter rde l'es princj-
-paies parties, relativement � la d�coration des
�difices. Commen�ons par parler de s ftatues ; eh-
fuite noirs panerons aux ornements proprement
ditS. ' . .-...;■ ,r.r.r«x:.-.� ?■ RiM ;1 piAvi�d I' v..)
En
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�> * A R C Η Ι Τ 1 C 'Τ V ft U
�n g�n�ral la Sculpture ne doit �tre appel�e
tkns TArchiteclure, que pour embellir les ia�ades ext�rieures des b�timents de quelque importance » & procurer de la magnificence � l'int�rieur de de leurs appartements* On entend par Sculpture ? ou l'art de mettre en �uvre des itatues qui ont- pour objet la repr�fentation humaine , ou celui de faire des ornements � l'imitation des diff�rentes productions de la nature ; l'un & l'autre peuvent �galement s'ex�cuter , en marbre, en bronz�, en. en bois , en pierre, en pl�tre, &c» L'Artifte qui s'adonne au premier genre , s'appelle Statuaire ; celui qui fe charge du f�cond , s'appelle commu- �i�ment Omememijh* La Sculpture le fait ordinairement en ronde*
hoffe ou en bas-relief: on donne plus ou moins de faillie � ces derniers *, f�lon leur deitination I quelquefois m�me on d�tache quelques - unes de leurs parties, f�lon qu'il doit en �tre appliqu� � la d�coration d'une Architecture , dont le relief �mane du mouvement donn� � la diftribution ex* t�rieure des fa�ades* L'application de la Sculpture dans l� d�coration
d'un �difice , demande beaucoup de go lit & de jugement de la part de l'Ar�hiteoe : d'abord il doit f�avoir �viter la prodigalit� des ornements; il faut qiie leur place loit ailign�e par l'Architer �hire, que leur exprei�ion foit puii�e dans celle des ordres, & que les attributs quiiacara&�rifenr* foient conformes � l'efprit de contenance qui S donn� lieu � l'�difice. On doit prendie garde en- core d'employer des ornements arbitraires ou in- diff�rents ; fe rei�buvenir qu'il ei�: des formes re�ues dont il ne faut gu�re s'�carter; que tout ornement doit �tre fymbolique ; qu'autrement la richefie Tome l� Y |
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33$ ; Co �j ms :r"
qu'il procure � la d�coration, eft-indiscrete'; &
que �Giivent cette indifcr�tion ne tend qu'� acca- bler l'Archite&ure, � la rendre confufe , � lui �ter ies ,nuds , & � la d�pouiller de l'avantage qu'elle a prefque� toujours de fe fufEre � elle-m�me» lorsqu'elle eil belle & r�guli�re. A ces coniid�ra- rions il en eil encore une non moins effencielle» qui confiile � lui aiEgner une proportion relative � la grandeur du b�timent, � la diitance d'o� il doit �tre apper�u, & � la qualit� �es mati�res qu'on eil foiivent forc� d'y employer. Combien d'Artiiles fe font tromp�s au fujet de la relation <lont nous panons? Combien de chefs-d'�uvre dans nos b�timents , qui ceffent d'�tre tels aux yeux -des GoniioirTeurs, parce que leurs produ- irions ne pr�fentent que des beaut�s ifol�es. La vo�te de la nef du Val - de - Gr�ce ; l'attique de l'int�rieur du Louvre ; la fontaine de Grenelle ; peur- �tre m�me celle des Saints - Innocents, font des preuves de ce que nous avan�ons ; fans parler ici du portail de Saint-Gervais, de celui des Feuil- lants , du Palais du Luxembourg , dont da pro- portion gigantefque, & la m�diocrit� de la Scul- pture,, fait plus de tort �f Architecture, qu'elle ne l'embellit : fenfation qu'on doit �prouver lors qu'on compare la Sculpture qui les d�core , avec celles des portes S. Denis, du p�ryilile du Louvre, parce que le Sculpteur & TArchite&e femblent n'a- voir �t� qu'un feul & m�me Arriile dans chacun de ces �difices. Nous l'avons d�j� dit, nous le r�p�tons; la Sculpture en g�n�ral, les Ordres en particulier.,, ne font autorif�s dans l'Architecfure , que pour FembelliiTement des �difices iacr�s, que pour dillinguer les Palais des Rois , d'avec les Maifons particuli�res. N'employons donc les or^ |
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ρ '* � R c Hi� ί e: τ υ R '�. 3|.|
tir�s &' la Sculpture, que pour annoncer l'opu-
lence des Cit�s , la magnificence des Grands ; δε �tudions-nous � ne les amener fur la lcene, qu'avec choix, qu'avec difcernement, qu'avec go�t : fur* tout que la Sculpture plaife par un faire exquis j par une entente admirable , & par une difpoiition que la convenance & la bienieanee ne puiiTent jamais d�favouer. Nous avons parl� -, dans les articles pr�c�dents �
de la proportion que la itatue devoit aVoir avec l'Architecture. Nous ajouterons ici, qu'il eft peu d'�difices o� les ilatues puirTent �tre plac�es conve- biement dans la d�coration ext�rieure ; que celles mifes fur les baruitrades fup�rieures des b�ti* Inents, � l'exemple de la plus grande partie des productions de la Gr�ce > offrent fans doute une grande rieheffe > mais qu'elles femblent contraires a la vraiffemblance ; que celles plac�es f�r un. Ordre d'Archite&ure, & au-devant d'un �ttique » ne r�ui�ifTent gu�re mieux : l'�l�vation de l'Ordre & le peu de largeur des corniches de leut enta- blement paroiffant peu faits pour recevoir des fta- tues qui offrent toujours � l'�iiil quelques rap- ports avec le mouvement des .figures humaines s que celles qu'on place dans les niches perdent la plus grande partie de leurs beaut�s» & dit travail de l'Artifte : que les figures couch�es > plac�es fur les corniches inclin�es d�s frontons » annoncent encore un d�faut de vraiffemblance , qui devroit les faire rejeter de toute prdonnance grave & r�guli�re ; enfin que celles affifes ( peut �tre les plus tol�rables de toutes) ont aui�i le d�faut d'interrompre la direction horizontale de l'ordonnance de 'ΓArchitecture \ � moins que le dei��s du ibcle ou-de la tablette des b�kiftradesa Yij
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340 Cour s
ne leur ferve de fol, comme � l'H�tel de Soubife
, du c�t� de la rue, & non le deifus de la cor- niche , comme an m�me H�tel du c�t� de la Cour ? & � l'H�tel de Touloufe en face de la Place des yidoires. Ces diff�rentes obfervat�ons qui nous parohTent
fond�es, nous perfuadent, en quelque forte, que les fhtnes & les figures ne peuvent devenir v�ri- tablement int�reffantes dans la d�coration'de nos �difices, que lorfqu'on peut les placer fur des pr�deftaux , fur le fol des perrons , comme � Verfalles au pied de l'avant - corps, en face des parterres d'eau ; ou fur des terraifes , dans les Jardins de propret�, les Parcs, &c. Et nous penfons qu'en toute autre occafion il feroit bon de leur pr�f�rer des vafes , des cand�labres, des caf�blettes ou des troph�es , diff�rents genres d'ornements fufceptibles, comme les figures, d'exprimer par diff�rents attributs, la deiHnation d'un �difice, fans avoir � beaucoup pr�s les inconv�nients des itatues dont nous venons de parler. Des Vafes.
Le mot Vafe , s'entend de tout ouvrage de Scul-
pture alli� avec des membres d'Architecture, & dont la beaut� coniiitedans le choix du Galbe {y)'9 dans celui des ornements , & dans l'art d'oppofer les formes vari�es qui conftituent leurs genres & leurs efpeces. Il f� fait de plufieurs fortes de vafes ; les uns qu'on nomme cand�labres, comme s, planche XIX, d�f�mes aux �difices facr�s ; ce font les plus �lev�s, on leur donne ordinairement |
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(y) Galbe» d�riva de l'italien Garbo , contour, : ;
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d'Architecture. 34�
les fm�� de la hauteur des �atues. A ��gard des
Vafes proprement dits, comme/, on ne leur donne de hauteur, que les deux-tiers des figures; ceux-ci fervent pour la d�coration des b�timents civils. Fran�ois Manfard en a fait un tr�s-fr�quent ufage dans fes b�timents : peut-�tre les formes qu'il leur a donn�es fe reffemblent - elles un peu trop. Il eft effenciel de leur donner , non-feule- ment une richeffe ou une iimplieit� relative aux diff�rentes expref�ions des Ordres , mais encore des contours vari�s , qui s'affortiuent aux divers orne- ments qui pr�fident dans les b�timents. Les cand�- labres & les vafes dont nous parlons, le terminent par des flammes , des fleurs & des fruits , f�lon le genre de l'�difice. Les ornements qui ennehiffent leurs tiges, font ordinairement des godrons, des feuilles de refend, des feuilles d'eau, des guir*« landes, des fleurons, des canaux , des rofeaux, des rinceaux , des maicaroiis , &c. Lorsqu'aux vafes on ajoute des anfes, qu'on en furmonte la pance par un pi�douche un peu �lev�, & qu'on en refferre le col, alors on les appelle buires on bur&ms ; niais il faut obferver que ce dernier genre n'�ft gu�re propre que pour l'int�rieur des^ appartements. Dans les dehors, il faut �viter tout ce qui porte l'empreinte de la fragilit� , tout g© qui ne pr�fente que de petites parties ; enfin tous les petits d�tails qui ne peuvent �tre apper�us que de pr�s, & qu'une mati�re,commune ne pourroit rendre que tr�s-imparfaitement. Lorfque l� proportion & la forme des vafes. δε-
des cand�labres ne peuvent f e concilier avec le genre de l'ordonnance , on r�duit la hauteur de leur tige , � la moiti� de celle des fi�mes; & alors; ces mouveaux ornements s'appellent caffolettes % |
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y#fc Co ν κ s
�fpece de vafes qui pr�fentent plus de largeur
que de hauteur <> h auxquels on introduit aufli des anfes, des flammes^ des fleurs ou des vapeurs, f�lon que l'exige le; �ara&ere de la d�coration. Toutes ces difi�rentes fortes de Sculptures, s'ap* pliquent �galement aux ordres Tofcan, Dorique,, Ionique , Corinthien & �ompofite, en obfervant feulement d'y fouftraire ou. d'y ajouter une plus ou moins grande quantit� de membres & d'orne-^ ments 9 f�lon que fexige chacun des Ordres, ou feulement leur ordonnance. Il eu encore des vai�s ^d'un volume beaucoup�
plus grand , & dont la proportion peut �galer celle des. ilatues % comme u :. ces vafes font deifo� n�s � �tre plac�s au pied des fa�ades des b�ti-, ments » fur les perrons, les terrafies 3 &c. Ils fe font de marbre blanc , de bronze ou de m�tal dor�. La v�ritable beaut� de ces derniers vafes ,. comme des pr�c�dents,. confifte dans leur galbe >, dans le choix de leur contour, dans la diftribu-- tjion de leurs ornements , & dans 1 art de les pro-- 61er avec gout : Verfailles , Marli v Trianon, offrent une tr�s-grande quantit� de chefs-d'oeuvre - en ce genre % nous en donnerons quelques exem- ples dans la fuite, des volumes" de �� Cours 9m Irritant des jardins de propret�s jj jPzs Trop Hes, : ψ
kes troph�es fervent beaucoup, � rembellnT�^-
ψβηι de la d�coration des b�timents ; il s'en fait 4'ifol�s , comme y >. ck en bas-relief, comme\\ cette, partie del� Sculptaire exige, une tr�s-grande �Qnnoiffance de rhiftoire ancienne & moderne 5; ||c���.& proghane,; &. une; grande habitude du. |
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d'Arc mite cru r e. 343
tleimi; elle exige le go�t de Fart & cet efptitd�
convenance , Tarne de toutes les productions d'un Artiile; elle exige le raifonnement & l'applica- tion des pr�ceptes qui enfeignent � donner � ces fortes d'ornements un cara�tere folide ou d�licat, f�lon l'application de la Sculpture � l'Archite- cture; elle exige cette id�� de vraiiFemblance qui apprend � ne pas confondre les all�gories & les fymboles d'un genre contraire, dans une ordon- nance d'Archite&ure , d�termin�e par Tefprit de convenance; elle veut que le peu de relief ou la faillie, la forme & la grandeur, foient aiforties � l'exprei�ion de i'Architeclure , & que chaque attri- but qui le compofe, foit en relation avec la pro- portion des ftatues r�pandues dans les. fa�ades * fur-tout lorfqu'il s'agit des troph�es ifol�es, comme y ; ceux en bas-relief ι, peuvent avoir un moins grand module, �tant prefque toujours enferm�s dans des tables qui autorifent l� diminution de: leur volume. En g�n�ral les troph�es peuvent �tre d'un ca-*
ra&ere ruftique, folide % moyen , d�licat ou com- pofe , cet ornement �tant du refTort de toutes les. efpeces d'ordonnances. Il s'agit feulement de leur ai�igrter un relief, une touche , un faire analogue; � la d�coration , que ces troph�es doivent orner; fans cela on ne peut attendre de correfpondance entre la Sculpture & l'�rchiteclure : combien ne voit-on pas de tr�s-belle Sculpture, qui ceiTe de l'�tre y parce qu'elle p�che par ίr�iTortiment qu'elle doit avoir avec le ftyl�' de rArchiteilure* Cependant % qu'on y r�fl�chiffe 3 il ne faut que le raifonnement de l'Art, pour y parvenir; il ne faut �tre ni Dei�inateur, ni Sculpteur�* ni Arehite�e % il fuffit. d'�tre connoiff�ur, homme de go�t {oMes^ |
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$44 Cour s :
vateur �clair�. Par exemple, les troph�es en bas^
reliefde l'int�rieur du fal�on du Ch�teau d'Iify* ceux de la ga�lerie de Versailles & des fallons qui Ja pr�c�dent, ceux du bofquet des D�mes font regard�s comme des chefs-d'�uvre par les hom- mes de m�rite, parce qu'ils font exactement bien affortis au cara&ere de la d�coration qui les re- �oit ; au contraire , ceux du foubaifement de l'in- t�rieur de la Chapelle de Verfailles, eeux de la croif�e de l'Eghie de Saint-Roch, ceux de Fefcalier de l'h�tel de Touloufe, font moins eflim�s , parce qu'ils font charg�s de d�tails contraires � Tex- pre�lon de l'ordonnance de ces trois diff�rentes eipeces de d�corations. A l'�gard des troph�es ifql�s, ceux �lev�s fur l'attique de la grande fa�ade de Verfailles du c�t� des Jardins, ceux qu'on vient d'appliquer nouvellement � la porte de l'h�tel de Bellifie, & � celle de l'h�tel de Richelieu ft paroiiTent trop forts , trop mafhfs & trop charg�s d'inflruments & d'armoiries.; au contraire, ceux qui fe remarquent aux portes des h�tels d^e Sou- bife » de Clermont, dEitr�es, font d'une jufte proportion,. d'une touche int�reiTante , & d'une correfpqndance dite&e avec les membres d'Ar- chite&ure- qui les re�oivent, qui les foutiennent & qui les accompagnent : comparaifons impartia- les de notre part, qui peuvent r�gler le g�nie de nos Elev�s, a��urer le go�t de l'Amite, & lui faire� juger f�s produd�Qns avec int�grit�. Quelquefois cette partie de la Sculpture, s*all�e
avec des figures aulfes, � genoux, affaiiT�es & humili�es : Perrault en avoit employ� � Tare de- triomphe du Tr�ne ; il s'en voit � la place des Victoires; il s'en remarque aiif�i au Ch�teau de Jrjanon■> group�es, avec des g�nies : on eilpeui |
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d'Architecture. 345
taire encore entre-m�l�es de vaies , d� guirlandes & de fleurs : tout cela fe peut fans doute ; cepen- dant il faut craindre que trop de parties r�unies enfemble , n'apportent de la confufion : trop d'or- nements , produisent rarement un chef d'oeuvre ; trop d'ornements enfin , loin d'embellir l'Archi- te&ure, l'accablent, la d�compofent & la d�fi- gurent au point d'en d�truire les rnafies, qui feu- les peuvent corilituer fa v�ritable beaut�. Des Cariatides,
Nous avons d�j� parl� des cariatides dans l'origine
des Ordres, Sr nous avons d�fapprouv� l'ufage qu en ont fait la plupart de nos Architectes fran- �ois : en effet cette efpece de production, fembla- ble � la plupart de celles que la Sculpture a intro- duites dans nos b�timents fans n�cei�it�f, n'a de m�rite que l'imitation des ouvrages des Grecs , qui, mieux fond�s que nous, avoient droit d'em- ployer les cariatides dans la d�coration de leurs �difices, en faveur Aqs victoires qu'ils avoient remport�es fur les Cariens ■■& les Perfes; encore faut-il convenir que cette nouvelle introduction, dans leur Archite&ure , eft peut - �tre ce qui leur a fait le moins d'honneur chez les Nations civi- lif�es ; CQtte marque honteufe , attribu�e � l'hu- manit� , �tant fort au-deffous de la gloire immor- telle que ces Peuples avoient d'ailleurs acquife. Si ce que nous avan�ons n'en: pas fans fondement, de quel �uil devons nous regarder aujourd'hui, l'application des cariatides dans nos �difices , suffi-bien que ces compofitions id�ales que nous repr�fentent les termes, les figures en gaines}& |
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346 Cours
tant d'autres productions fabuleufes, � peine to��-
rables dans la d�coration de nos Spe&acles ; mais qui ne devraient jamais faire partie de la d�coration des monuments deilin�s � l'embellifTement de nos Capitales, � la r�iidence des grands, � la demeure des particuliers. Ne devrait-on pas , dans nos d�corations, pr�f�rer de peindre le caract�re na- tional , au-Heu d'imiter fervilement les productions des Peuples qui nous ont pr�c�d�s, & tout ce que la Mitho�ogie a imagin� de plus ing�nieux � cet �gard. Qu'eit-ceen effet que des figures de femmes fans bras , telles qu'il s'en remarque � la falle des. Antiques au. Louvre? Ces figures font n�anmoins conf�d�r�es comme des chefs - <T�uvre , parce queffeclivement elles font d'une grande. - beaut� * & du cifeau de Jean Gougeon. Mais dans la r�a- lit�, ce n'eil autre chofe que de la belle Scul- pture mal appliqu�e ; ce ne font que $e belles itatues mutil�es ; ce n'eft enfin que la repr�- fentation de la figure humaine , deftm�e, fans trop de vrairlemblance, � porter le poids d'une Tribune , qui e�t fans doute �t� mieux fou- tenue par les tiges �es colonnes, dont on apper* �oit le chapiteau & la bafe. Ce double emploi n'�chappe pas au difcernement des ConnohTeurs ; & ils jugent que Tufage de ces figures efl con- traire � la vraiffemblance. Nous croyons, donc ψις, l'habile Sculpteur n'aurait pas d� fe permettre cette licence ; parce qu'autant qu'il efl: poi�ib�eV il faut rendre intelligibles fes productions , leur qrer toute efpece d'�quivoque, & fe priver plut�t dune certaine vari�t� dans fes compositions y que de s'expof�r � faire paffer � la poft�rit� des exemples, qui, quoiqu'admirables par leur -est�* |
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d'Architecture. 347
C��on , ne peuvent d'ailleurs �tre imit�s par nos
fucceiTeurs, fans'bleiier la convenance & le rai- fonnement de l'Art. :. Qu'eft-ce encore que ces grandes figures colo�a-
les, qui fe voient au gros pavillon de l'int�rieur- de la cour du m�me Palais ? elles font les chefs- d'oeuvre de Desjardin » fans doute : mais l'ordon- nonce de Γ Architecture, n'a-t-elle rien perdu � cette application? La^grandeur de Tune , n'e�Velle pas, d�truite par celle de l'autre? Leurs p�n�trations, provenant de celle des colonnes de deffous , ne t pr�fentent-elles pas des exemples dangereux � imi-
ter , & plut�t le d�fordre de l'imagination de l'Ar- tifte, qu'une production fage, mefur�e, r�fl�chie, capable d'annoncer � la poft�rit� ce que peut pro- duire cet Art divin, quand f Archite&e fait n'ap- peler � lui le miniftere de la Sculpture , que pour * l'a plus grande perfection de fon Art. Qu'eft - ce enfin que veulent dire les cariatides
du frontifpice du Bureau des Marchands Drapiers � Paris, plus fortes de beaucoup que l'ordre Ioni- que » qui cependant leur a aifign� leur hauteur; mais qui, � l'exemple de celles de la Salle des Antiques du Louvre, font mont�es fur les b�fes de Tordre, & dont les t�tes foutiennent le cha- piteau du m�me ordre? Elles ne pr�fententtout au plus qu'un ordonnance pittorefque , qui ne convient ni � la d�coration des dehors, ni � ΓΑγ>- chite&ure proprement dite , & qui ne devroit. m�me �tre autorif�e dans la Peinture , que lork qu'il .s'agit d'y repr�senter quelques traits hifto- riques concernant les Peuples qui ont donn� occ�- iibn � ces fortes d'ornements. Je crois l'avoir dit ailleurs % fouvent la f�ducHon de l'art pr�vaut |
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34$ Cours
fur la vraisemblance : on a vu des chefs-d'�uvre
d'un certain genre , on veut les imiter, & l'on ne ibnge pas que non-feulement ces objets d'imita- tion ne conviennent point au genre de l'�difice, mais que fouvent les Artiites charg�s de ces com- pofitions d�plac�es, font des Artiites fubalternes , &: que le preitige de l'art n'ayant plus lieu, toute l'ordonnance ne pr�fente plus qu'une compoiition , m�me au-deffous de la m�diocrit�. Nous croyons donc, que ii l'on vouloit faire ufage des cariati- des dans l'Archite&ure, ce ne devroit �tre , dans les ouvrages Militaires , que pour les portes des Priions Royales, ou dans l'Archite�ure Civile,/ pour les Maiibns de Force, o� il convient peut- �tre, comme nous l'avons d�j� remarqu� , d'ex- pofer d�s les dehors , & aux yeux du Peuple , la punition des coupables, d�tenus dans ces ailles * le f�jour du crime & de l'inhumanit�; mais par- tout ailleurs , il nous femb�e que c'eft p�cher contre la vraisemblance, & que dans tous l�s cas o� celle-ci fe trouve viol�e, la d�coration quelqu'ing�nieufe qu'elle puifTe �tre d'ailleurs y oifrant une id�e contraire au motif qui lui donne lieu, ne peut auf�i que donner une id�e faui�e des vrais talents de l'Ordonnateur. Vitruve * appelle Th�lamon&s les figures d'hommes qui fou- tiennent quelques fardeaux , & femble vouloir, qu'� l'imitation des Grecs , on les appelle Atlas. Perrault rapporte � propos de ce pafTage de Vitruve , que Ealdus croit que le mot Thclamon , vient du grec , Tiamon, qui iignifie un Mif�rable qui fupporte le mal avec patience: ce qui convient, dit-il, aiTez bien � ces figures, qui portent des far- deaux. Cette opinion de Baldus juftif�e notre fen- |
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d'Architecture. 349
riment fur l'abus des ordres Cari�tes dans la d�co-
ration des �difices, & principalement dans ceux d�f�mes aux habitations des grands (ξ). JDes Gaines.
Cet enrichiffement appartient autant � TArchi-
teaure qu'� la Sculpture : � Γ Architeaure, parce que ce font des corps �lev�s relativement � un certain diam�tre, mais dont la forme femblable � une pyramide renverf�e, eil plus �troite vers fa bafe que vers fon fommet : � la Sculpture, parce que ces corps font commun�ment enrichis d'or- nements , f�lon l'application qu'on en veut faire dans la d�coration des b�timents. En g�n�ral les gaines ne devroient �tre introduites dans la d�co- ration , que pour porter des buftes dans l'int�- rieur des appartements ; encore la vraisemblance femble-t-elle �tre bleff�c? , en confid�rant un corps plus �troit vers fon focle que vers fa cime, & qui pour l'ordinaire eft deftin� � fervir de point d'appui � un ouvrage pr�cieux & fou vent fragile. Nos belles Maifons Royales, l'int�rieur de la demeure de nos riches Particuliers � Paris , font cependant orn�s, pour la plupart, de ces fortes de foutiens, fauffement pyramidaux : mais, dun c�t�, on eft accoutum� � coniid�rer les gaines, comme un meu- ble; de l'autre, l'habitude que nous avons � imiter ce qui s'eft fait avant nous, a fait paffer en ufage cette efpece d'ornement. Nous l'avons d�j� re- marqu� ; l'habitude a plus de part que le raifon- |
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(?) Voyez ce que nous avons dit ci - devant � cet �gard *
dans l'origine des Ordres, pag. i?S & Uir. � ; |
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nem�nt � nos comportions ; nous oublions que
tout ce qui a droit � la magnificence de la de- meure des grands doit �tre r�fl�chi & dirig� par le go�t de l'art. Pouffons cette j�flexion plus loin * & difons que de cette imitation on eft parvenu � faire des pilaitres attiques en gaine .( a ), & qu'on a imagin� d'appliquer ces esp�ces de pyramides renverf�es fur le fut des pilailres ou des colonnes de quelques-uns de nos �difices : m�lange indis- cret , imitation dangereufe, qui rendent nos com- portions barbares , ou au moins qui montrent plut�t la bifarrerie du g�nie des Artiites, que le choix judicieux des r�gles de l'Art ; que cette unit� de-ftyle, cette iimplicit� louable , ce vrai qui cara- cl�riient les productions des v�ritables Archke&es. Evitons donc toutes ces efpeces de licences, & n'employons m�me les gaines dont nous parlons, que comme des meubles proprement dits, que comme des parties accei�bires dans nos apparte- ments, ou dans nos Jardins de propret� , tel qu'il s'en remarque dans* le fallon des Maures � Meudon & dans le hoiquet de l'arc de triomphe � V�rfailles : faifons-les de mati�re pr�cieufe; ajoutons-y des ornements affortis aux objets qui les doivent couronner ; autoriibns - les encore en :'
(a) On en voit de cette efpecc dans la nouvelle Chapelle
de Saint-Jean - en-Gr�ve , fur les f�ts des piiaitrcs Tot'cans de laterraiFe de l'a vaut-cour de Meudon , o� l'on a aiFetr� une �gaine verticale en forme de boflage continu, qui pr�fe^te dans la d�coration de cette ordonnance ruftiqu�, une id�e pppof�e � la folidit� r�elle que doit avoir un contre- fort * fans parler d'une infinit� d'autres exemples licencieux que nous condamnons nous-m�mes dans hs ouvrages Gothiques t & que aous appliquons feuvent, fans y penf�r , � nos produ-1 �tions. Λ '"*
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d'Architecture. 35t
pareille occafion , & toujours par tol�rance,
pour foutenir les figures �-demi-corps, connues fous le nom de termes ; mais gardons - nous bien d'en faire ufage dans l'ordonnance cje nos Tem- ples , o� Ton ne craint pas d'introduire des gaines portant des Vertus 9 des Anges ou autres all�- gories facr�es : ref�buvenons- nous enfin , que ces caprices, ces chim�res , enfants d'une imagi- nation d�r�gl�e, ne font gu�re admiflibles que dans nos d�corations th��trales. On appelle encore gaine oufcabellon, une efpece
de pi�deftal ifol�, qui a moins de bafe que le fom- met, & dont le plan quadrangulaire» circulaire ou � pans , fert aui�i dans un cabinet, dans une gallerie a foutenir une petite figure de bronze * un buiie ou une pendule : quelquefois aui�i on leur donne la forme d'un baluftre ; mais � l'exemple des gai- nes proprements dites , il n'en faut faire ufage que pour la d�coration int�rieure � malgr� l'au- torit� de ceux qu'on remarque, & qui font adoff�s au mur de face du premier �tage , fur les deux ter�* rafles du Ch�teau des Tuileries du c�t� des Jardins; ces fcabellons font � la v�rit� d'un deffin & d'une ex�cution admirable ; mais l'oppofition de leurs lignes obliques, avec la verticale des pieds-droits des portes , des croif�es & des pilaflres 9 femble effa- cer � l'�uil ce -parall�lifme, cette unit�, cette rela- tion intime qui fait tout le fucc�s de la bonne Ardu- tecfure- Au refte, il faut convenir qu'� tous �gards ces fortes de fupports font moins chim�riques , moins hafard�s , quand on ne peut s'en difpenfer que l'application des confoles, des culs-de-lampes & des encorbellements, parce que du moins ce� corps montent de fonds, & qu'on ne peut leut re- procher que le retr�cif�ement de leurs bafes ^ d�faut |
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jfi C ο ν ft s
auquel on peut rem�dier en faifant leurs 'c�f�4
parall�les , ne rendant oblique que leur paremenfi de devant, & pla�ant un avant-corps ou un reiTaut d�pendant du go�t & du g�nie de Γ Architecte* Des Clefi�
Nous avons parl� pr�c�demment des clefs &
des claveaux, pag. 307, relativement � la folidit�; nous avons aui�i dit quelque choie touchant les ornements dont on les rev�t. Sans craindre de nous r�p�ter , difons ici que par rapport aux or- nements , on appelle aufii ces claveaux , agraiFes ou conibles , genre de Sculpture qu'il convient de pr�f�rer dans tous les cas , aux t�tes humaines G, ou aux maicarons que nous avons d�j� con* damn�s en parlant des claveaux. Ces ornements appel�s clefs , confoles ou agraires , f�lon le galbe ou contour qu'on leur donne, doivent aui�� avoir une exprei�ion de folidit� ou de l�g�ret� qui �mane de l'ordonnance de l'Architecture 5 aufli bien que de la proportion * de la forme & de la richefTe des ouvertures qui les am�nent fur la fcene dans la d�coration des fa�ades. Des Confoles.
Les confoles, aiTez femb�ables aux culs-de-
lampes dont nous parlerons bient�t, font auil� f un ornement chantourn� fur la face de devant, & dont la partie fup�rieure , plus faillante que l'inf�rieure , eil deftin�e � porter quelques mem- bres d'Archite&ur�, tels que le larmier d'une cor- niche ? comme celle λ λ, plac�e au-deilus de � - � - � ........ * l� |
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©'ARCHITECT�R BA V//.J j^
la ports � plate-bande Β , planche 3�I�E, Prefq�e
tous les Architectes ont introduit des confoles dans leurs d�corations ; fans doute elles font pr�f�ra- bles dans l'Architecture , aux culs-de - lampes ; mais il faut les y placer convenablement ; il faut remonter � la fource , qui les a d'abord fait mettre en �uvre ; enfuite m�diter fur l'application qu'on en doit faire dans la d�coration des fa�ades. N'en" doutons point , il en eil des ornements comme des membres d'Architecture; il s'en faut bien qu'ils doivent fe rencontrer tous enfemb�e dans une m�me ordonnance ; mais affez ordinairement on n'a d'autre but que la routine , fans fonger qu'elle conduit fouvent � une inconf�quence condam- nable , & qu'en croyant fui vre les pr�ceptes de l'Art, on ne fuit que la mode : de maniere que les ornements r�pandus d'ans les Temples , les Maifons Royales, les. b�timents particuliers fe reifemblent; d'o� na�t le peu d'aiTortiment, le peu de convenance qu'on remarque dans les diff�rents genres d'�difices que nous citons. On parvient � faire riche , mais rarement parvient-on � mettre les vraies beaut�s dans tout leur jour : ce qu'il y a de pis, c'eil que ces productions trouvent des imitateurs ; & ceux-ci s'�loignant prefque tou- jours de l'objet qu'ils imitent, reduifent pour aini� dire leurs imitations � la plus grande m�diocrit�. On ignore qu'il faut �tre un homme de g�nie , pour bien imiter, pour fentir & pour appliquer convenablement � {es productions les d�couvertes de fes Pr�d�ceiieurs. Ppur �viter de tels abus, \ d�f�ninbns les diff�rentes efpeces de confoles dont on fait le plus commun�ment ufage dans la d�co- ration, des b�timents, & difcutons-en l'applica- tion pour nous accoutumer � accepter ou rejeter Tomz Ι. Ζ |
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354 CO U RS
tout ornement qui a droit d'embellir ou de d�fi-
gurer l'Architecture. On a d'abord fenti la n�ceifit� de donner un
certain relief � la d�coration ext�rieure des �di- fices ; on a auffi pr�vu l'agr�ment que procureroit � la d�coration des appartements, ce m�me relief combin� avec le diam�tre & l'�l�vation des pi�ces ; de-l�, lld�e de foutenir de diitance � autre, des corps avanc�s par des mutules & des modulons, pour porter les fofites des larmiers des corni- ches ; enfuite on les a chantourn�s, on les a orn�s de fculpture : originairement on les avoit intro- duits par n�c�i�it� ; d'horifoniaux qu'�toient ces fupports, on les a plac�s verticalement pour varier les fa�ades; quelques-uns ont r�uiTi , & l'on ι cru que par-tout ils produiroient �galement un bon effet, fans prendre garde que fouvent le chan- gement de i�tuation, change auffi l'effet qu'on fe propofe ; que d'ailleurs ce qui r�uii�t en grand , eil rarement fait pour r�unir en petit ; que les intervalles ne pouvant toujours �tre les m�mes, les formes de ces diff�rents corps doivent changer l��ceifairement, les grandes parties n'�tant faites que pour les grands touts, & les petites par- ties paroiffant plus petites encore, lorfqu'on leur ©ppofe de grandes diilances ; qu'en un mot, tous les objets qui ont pour but de fe faire remarquer, doivent porter un caract�re, une expreifion re- lative � la d�coration qui leur a donn� lieu ; que par exemple une confole arraf�e doit diff�rer par fa forme, d'une confole en relief; qu'une confole liffe demande une autre application qu'une confole cannel�e & enrichie de fculpture ; qu'une Confole en encorbellement doit paro�tre porter un corps hc-rif�ntal, fans effort, & ne jamais reifem- |
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D Ά Β. CU Ι ΤErp Ψ V � E, pjgjf
bier � une confole mnvexi�e , faite pour ac�ter
un pied-droit; mak qu'il n?en faut, jamais placer par-tout o� elles ne paroiiTent. ni n�ceifaires ni int�reiTantes ; que la feule 'id�e, de la d�cc ration eft infunifante, qu'il faut djes raifons, des autorit�s > qu'il faut n�ceiTairement que les confoles -portent y foutiennent quelque corps ; qu'autrement elles pa- roiiTent po�iches & ne font qu'ornement. Or qu'elt» ce en Architecture que l'ornement qui n'a pour objet que de remplir des furfaces vagues, que d'enrichir des nuds originairement trop pauvres ? Qu'eft- ce qit'une confole qui ne porte pas le larmier d'une corniche, & qui fe r�it�re dans toutes les croif�es, les portes, les niches de nos b�timents., telles qu'il s'en voit aux Places de Vend�me & des Victoires/? Qu'eil-ce encore que les confoles plac�es dans le courant d'une fa�ade,, pour porter un buile, comme il s'en-voit au Ch�teau d'iily, � celui de V criailles du c�t� de l'entr�e, � celui de Sceau , & ailleurs} Qu'eil-ce enfin qu'une: confole en encorbellement» qui porte un balcon, comme au Ch�teau neuf de Meudon, au b�timent des Enfants-Trouv�s, � l'h�tel de G�lifie ? Ce genre de d�coration annonce plut�t une Tribune propre � nos d�corations th��- trales , qu'un ornement convenable � nos �difices d'habitation. Nous paffons fous iilence l'abus des confoles compof�es de formes contraft�es, d��ou* p�es & le plus fouvent accabl�es de petits orne- ments , dont Paris s'eit vu remplir pendant trente ann�es, fans en excepter les d�corations de nos Temples? Mais, dira-t-on, les confoles doivent donc �tre rejet�es de toute d�coration r�guli�re ? A cela nous r�pondrons, qu'il en faut ufer avec beancop de m�nagement dans les. dehors ; qu'il faut qu'elles y p�rohTent amen�es par la n�c�flit� ; qu'� cet Ζ ij
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V'. '
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igard celles des entablements de la porte Saint-
Martin , & du b�timent des Enfants-Trouv�s font bien; que par -tout ailleurs, lorfqu'elles fuppor- tent des corniches, il faut qu'elles en paroiffent foutenir le larmier; mais que n�anmoins leur v�ri- table place eil pour l�s corniches de l'int�rieur des grands appartements; qu'elles y font pr�f�- rables � ces ornements courants & frivoles, qui ne pr�fentent, dans leur frife , que des arabefques, capables au plus de figurer dans de petites pi�ces, dans les.entre-fols , &c. Que les confoles dont nous parlons, marquent donc plus pr�cif�ment � l'avenir des intervales r�guliers, & des m�- topes afTortis � la diilribution des comparti- ments, des lambris ; que leur relief foutienne avec fucc�s , la faillie des gorges & des corni- ches, qui �tant l�g�res, ont aurli befoin de corps l�gers qui leur fervent de fupports & de points d'appui; alors ces confoles pourront s'employer folitaires ou accoupl�es, f�lon le befoin qu'on aura de maifes plus ou moins confid�rables dans fa d�coration: par exemple celles diitribii�ess dans la corniche de la Salle des Cent-SuifTes aux Tuile- ries, celles de la gallerie. de Verfailles , celles de l'h�tel de Touloufe font un effet admirable, & font de beaucoup fup�rieures aux corniches fans confo- les des appartements des h�tels de Soubife, d� Vil- lars , &. � prefque toutes les d�corations int�rieures de nos b�timents; Ces paralleles nous apprendront peut-�tre � ne jamais d�placer cette forte d'orne- ment , & � difcerner de bonne heure le choix que nous devons faire de toutes les parties qui con- courent �Tembelliffementdes fa�ades ext�rieures, & � la d�coration de nos appartements» A l'�gard des confoles qu'on ne place que trop
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d'Architecture. 357
ordinairement dans les dehors; quand on croit
devoir les admettre, du moins faut-il �viter de les faire trop confid�rabiement grandes , comme fe remarquent celles des croif�es Ioniques du Lii^ xembourg; ou infiniment trop petites, comme celles plac�es dans les croif�es fup�rieures de la Place de Vend�me & des Victoires ; enfin trop confid�- rabiement faillantes & trop chantourn�es, comme eelles des croif�es du f�cond ordre des fa�ades de l'int�rieur de la cour du Louvre, & dont la partie fup�rieure , ainii que la faillie de leur tailloir , d�fafleure de beaucoup la faillie du larmier. Nous ne faifons ces obfetvations que pour apprendre de bonne heure � nos Elev�s, que rien n'eit indif- f�rent , & qu'ils doivent tout obferver, mefurer, \ examiner, s'ils veulent parvenir un jour � faire des chefs-d'�uvre. -■/.�:'�■ r Des Cartouches*
1 Les cartouches ( b ) font des ornements de fculptu-
re comme χ, quipr�fentent une furface plane , con- cave ou ondul�e,"propre � recevoir un chiffre, un bl�fon ou une infeription. Ces cartouches peuvent repr�fenter de grandes coquilles, des �eprees d'ar- bres , des peaux d'animaux, des enroulements, for- mer des volutes, �tre chantourn�s, contrarias ; mais il nous paro�t eifenciel, qu'aumoins leurs c�t�s oppof�s ibient femblables , ou s'ils different en quelque chofe , que ce ne ibit que dans les parties de d�tails : l'abus le plus condamnable eil de les incliner ; cette b'yfarrerie eft � peine tol�rable daas |
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De l'Italien, Cartoccio* M �.
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3?S � Cours-
i'�rf�vreri� ; mais on ne doit jamais fe la permettre
dans la d�coration des b�timents. D'ailleurs les cartouches ne conviennent pas par-tout ; il faut un motif qui les autorife ; il faut �viter fur-tout, leur r�p�tition dans une m�me d�coration ; il faut qu'ils marquent, � raifon de l'efpace dans lequel ils font plac�s; i qu'ils faifent milieu; que 1-orfqu'on e� oblige d'en diftribuer alternativement planeurs fur la m�me ligne, on obferve de les varier fans trop d'affectation : il faut prendre garde que leurs accompagnements nan�antif�ent ni leur forme, ni ΙεμΓ capacit� , ou au contraire que le cartouche ne foit trop fort, & les acceifoires trop foibles ; en un �iot, ondoitpr�voir leur trop ou trop peu de faillie* pour que �t ornement puiffe fe faire applaudir. Un cartouche plac� par n�cei�it� , plus petit que le pr�c�dent, s'appelle cartel, & ne doit �tre employ� que dans les panneaux de menuiferie , fur les glaces , fur. les chambranles des portes , ou toute autre partie de la d�coration int�rieure des appartements ; encore faut-il fe reffouvenir qu'il ne faut ufer de ces fortes d'ornements qu'avec beaucoup de retenue & de circonfpeelion. Des M�dailles & des M�dailbfis.
L�s" m�dailles ( c) diff�rent ides m�daillons, en
�e que les premi�res fe font circulaires ,&ί les f�conds de forme elliptique ; tels que fe remar- quent ceux qui ornent la pyramide b, planche XIX : les uns & les autres fervent � la d�co- |
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( c ) M�daille, du grec mttallon , m�tal i ou de l'arabe Λ
m�tal. . y' -'■' i ' :'ν 'i� :ti ii
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d'Architecture, 359
ration ext�rieure & int�rieure des b�timents. Les
m�dailles contiennent ordinairement, des t�tes en bas-relief; les m�daillons des fujets hiitoriqiies, des devifes, des embl�mes � &c. On voit des m�dailles circulaires dans la cour de l'Hotel-de- Ville, & des m�daillons dans les d�corations des fa�ades du Louvre � Paris. Perrault en avoit aufl* .plac� dans fon arc de triomphe du Tr�ne. , En g�n�ral ce genre d'ornement nous paro�t plus propre dans la d�coration des F�tes Publiques , des Th��tres , des Feux d'Artifices, des. Pompes fun�bres, que par-tout ailleurs ; parce que ces ornements peuvent contenir , dans nos diff�rents genres de d�coration, des fujets entiers d'un tr�s- petit volume , lans pr�fenter de.difparit�s , ni nuire � la correfpondan.ee des ornements r�pan- dus dans l'ordonnance enti�re ? au-lieu que dans l'Architecture proprement dite, ces m�dailles & m�daillons, ainfi que les fujets qu'ils contiennent, n'offrent que de petites parties, qui s'accordent difficilement avec la grandeur de l'enfemble. Les m�dailles & m�daillons doivent paro�tre fufpen- dus & attach�s fur le nud du mur qui les re�oit, par des feitons, des guirlandes, des anneaux 9 des rubans , &c. Quelquefois , � l'exemple de ceux du p�riftile du Louvre, on place un mufle de lion, fur l'extr�mit� fup�rieure de leur bor- .dur�; mais ces mufles ne conviennent pas par- tout , & ne font gu�re tol�rables , que lorfque le fujet du bas-relief repr�fente la force , la valeur pu l'intr�pidit� ; autrement une agraffe fans pr�- tention, un n�ud de ruban entrelac� de feuilles de ch�ne, de laurier, de myrthe, de fleurs, f�lon /application de ces ornements � l'Archite&ure , r�uiTiiTentplus ordinairement, font plus analogues � Ζΐγ
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%6o Cours
la vari�t� des fujets appel�s tour-�-toiir dans la
d�coration, pour d�figner les Arts , les Saifons ou les El�ments. Au reite, il ne faut jamais abufer de ces fortes d'ornements, ni dans la d�coration des F�tes Publiques, ni dans celle de nos b�ti- ments : la richei�e qu'ils procurent n�ceiTairement � l'ordonnance , demande qu'on neMes introduife que lorfque les ordres d�licats pr�iident, & que lorfque les mati�res r�elles ou feintes y font ou paroifTent pr�cieufes ; en un mot, lorfque le monument par fa dignit� femble avoir d� rece- voir , par n�cel�it� , tout l'�clat qui peut embellir fArchitefture, J}es Culs~de-Lampes.
On appelle cul - de - lampe, une efpece d'encor-
bellement en pierre, en marbre, en bronze ou en bois , port�e en faillie au-del� du nud du mur, & deilin� � foutenir une figure, un vafe, une urne, une girandole, &c. On appelle encore culs- { de-lampe , les pendentifs o� fe r�uniiTenr les diff�- rentes nervures des vo�tes gothiques, ainf� qu'il s'en remarque � la Sainte-Chapelle, � la Grand'- Chambre du Palais � Paris & ailleurs. Ancienne- ment on en faifait aui�i un aifez fr�quent ufage, pour foutenir la retomb�e des vo�tes qui foute- noient en l'air les rampes des efcaliers ; & alors ces culs-de-lampes �toient enrichis de membres d'Ar- chite�ure, & d?ornements de Sculpture ; mais l'on a r�form�, depuis quelques ann�es, cette forte d'en- richifTement, aui�� peu agr�able � l'�uil, qu'inutile � la fo�idit�, On auroit d� �tendre la r�forme jus- qu'aux culs-de-lampes proprement dits ; ce genre «TQrnem�nts paro�t po�iche � dans la d�coration |
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d'Arc h itecture. 36t
de nos �difices graves & r�guliers J cependant les
ftatues plac�es dans la nef de l'Eglife deSaint-Sul- pice , .celles qu'on voit dans le fan&uaire de l*Eglife de Notre-Dame, celles des niches de la gallerie du Ch�teau de Meudon, & de l'h�tel de Touloufe � Paris, font toutes foutenues ainfi, contre toute id�e de vaiffemblanee. Une ftatue femble exiger un pi�deftal qui monte de fonds pour la foutenir ; il feroit encore plus abfurde, � la v�rit� , de faire porter une colonne fur un cul-de-lampe, tel qu'on en remarque dans la d�coration feinte de l'efcalier de l'h�tel de Soubife , & dans la plupart de nos- d�corations th��trales. Mais pour ne parler ici que des itatues, neft-ce pas vouloir bleffer la vraiiTemblarice, que de placer en porte-�-faux une figure en a&ion , fur un cul-de-lampe , fur une efpece d'encorbellement ou confole, qui, quoi- que d'un bon gont pour le def�in confid�r� f�par�- ment, n'annonce toujours qu'un fupport impar- fait , propre tout au plus � recevoir une petite figure en bronze ,* une porcelaine , un bijou de prix dans les moyennes pi�ces d'un appartement; car alors ces fortes d'ornements font regard�s fans conf�quence. Les culs-de-lamp�s peuvent encore fervir de cr�denc�s dans les facrifties , pr�s des retables d'autels , dans les falies � manger, & dans les appartements de bains ; enfin ils peuvent fer- �vir de pieds pour les tables de marbre ; ces der- niers occupant peu d'efpace, & ��ant pof�es fur le parquet, femblent porter de fonds , ou du moins leur port-�-faux rachet� avec art, n'a rien qui puifTe bleifer T�'uil. Mais en toute autre oce�» lion, lorfq�il �ft queftion d'une figure , fouvent. plus grande que nature , c'eil avoir recours � l'erreur 3 c'eft multiplier l'abus de l'art ; de tels |
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exemples enfin , ne doivent jamais ni n� peuvent
ferrir d'autorit�. Des Cornes d'Abondance, , ., ,?
Les cornes d'abondance font des ornements de
faiipture, imagin�s d'apr�s la corne de la ch�vre Amakh�e , & qui peuvent contenir des fleurs, des fruits i des feuilles , des coquillages , des m�- dailles , &c. Ce genre d'ornement, femblable � beaucoup 'd'autres , demande � �tre employ� con- venablement dans lArchite�nre. Ordinairement Β r�uifit mieux ifol�, qu'en bas-relief; & en grand, qa*en petit : le mouvement dont il eft fufceptible, & �es objets qu'il contient exigeant un certain d�tail : il s'en remarque dans plufieurs frontons de la fa�ade ext�rieure de la grande; gallerie du Louvre du c�t� de la rivi�re, fur l�s claveaux des arcades des avant - corps de l'int�rieur de la cour du Louvre > dans la.d�coration de la gallerie de Verfailles , & de celle de l'h�tel de Toulpufe ; mais cette efpece d'ornements femble n'�tre plac� citnous le citons, que comme ornements ; il nous femble qu'il faudroit, pour qu'ils y fuffent autor �if�s , qu'ils parui�ent fymboliques : en g�n�ral il� devroient �tre r�ferv�s pour caraft�rifet le temple de la paix, annoncer la; fertilit� des campagnes ,j l'abondance des provinces terreilres ou maritimes, & alors faire partie des amortifiements , qui cou- ronnent les portes des Villes, les arcs de triomphe, les b�timents hydrauliques, ,&c. de-l� na�troient moins d'ornements indiff�rents, moins de fciilpture prodigu�e au hazard dans la d�coration de nos �difices ; par-l� la Sculpture deviendroit le fyifl- bole de �'Archite&ure % & contritmeroit � peindre 9 |
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D* A R G Η Ι Τ E CT U R E. 363
aux� yeux du fpeclateur > le v�ritablecaradere de
Ped�fice , � raifon de fon application particuliere dans l'Architeclture Givile , Militaire & Navale. ■v" D�s Fef�ons & des Guirlandes.
Les ferions (i) doivent diff�rer des guirlandes; x
celles-ci par les fleurs , ceux-l� par les fruits : n�an- moins il fe fait des ferlons, tous de feuilles de laurier ou de ch�ne, (tels que f� remarquent ceux plac�s fur l'archivolte f , prenant naiifarice du claveau G , planche XIX,) d'olivier, tle myrthe ou de cyp��s ν f�lon les applications que l'on veut faire de ces ferions, dans la d�coration d'un monument �lev� � la gloire, � la guerre, � la paix', ��amour ou aux, fun�railles des grands. Ces ferions font ordinairement attach�s avec des anneaux ," " & orn�s de rubans qui fervent � lier les bouquets & les chutes ,�es feuilles dont ils font compof�s , tels que f� remarquent ceux bb, plac�s dans Fam�r*/ tiiTem�njt aa ;Jatt-deiius du fronton; ce genre d'or-I-v, & hements �toit fort en ufage dans la d�coration d�s; �difices des Grecs δε des Romains : les Manfard, les Debr�iTes, les Mercier, les Le Veau , les Fran�ois Blondel, les Bullet Sc. les Perrault, l�s ont auffi employ�s avec fucc�s dans leurs d�co- rations. D'apr�s ces grands Archite�tes, plufieurs femblent, de nos jours , vouloir les pr�f�rer dans leurs d�corations-a. tout autre genre d'ornement f; |
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(d) Fefion j, du grec encarpos 3 fructueux, f�lon Vitruve:
f�lon d'Avil�r, ori croit que ce mot vient de F�te, parce que ces ornements: l'emploient ordinairement dans les d�coration^ dreiT�es par Tal�gtefle publique. |
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$64 C ours
mais peut-�tre ferions-nous bien fond�s � repro^
cher � quelques-uns de ces derniers , d'en faire un -trop fr�quent ufage, de ne les pas affez varier, de leur donner un air de pefanteur, une forme trop cilindrique , qui bleiTe l'�iiil. Qu'on y prenne garde; il eil � craindre que ces r�p�ti- tions indifcrettes , ces imitations , fouvent mal entendues, n'enfantent des modes paifageres, qui � leur tour feront abandonn�es pour paf�er � d'autres nouveaut�s : en forte que loin de four- nir d'excellents mod�les , on ne pr�fente que des ornements peu r�fl�chis, qui portent infen- fiblement le1 plus grand nombre � s'�carter du v�ritable go�t de l'Art, & de cet efprit de con- venance , que nous recommandons ici avec tant de n�cei�it�. * ; Les guirlandes different des ferions, ainfi que
nous venons de le remarquer, en ce que les guirlan- des font feulement compof�es de fleurs & de feuil- les; qu'en g�n�ral elles pr�fentent plus de l�g�ret� �iins leurs maifes, & plus de d�tails dans leurs parties; que pour cela elles paroiffent plus pro- pres pour la d�coration int�rieure : au-lieu que hs feilons paroiffent devoir �tre deftin�s pour le« dehors. .. Des Entrdas.
Les entrelas font des ornements compof�s de
membres d'�rchiteclure '& de Sculpture, que l'on fubftitiie quelquefois � la place des baluftres, dans les appuis des rampes des efcaliers. Les en- trelas font moins graves que les baluftres; mais ils apportent de la vari�t� dans l'ordonnance ; & leur contour moins f�vere , les fait admettre vo- lontiers o� l'ordre d�licat pr�fide. Perrault en |
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d'Architecture. 365
avoit fait faire des mod�les en pl�tre , au-dei�us
du foubaffement du p�riftile du Louvre. Fran- �ois Manfard en a introduit dans l'efcalier du Ch�teau de Maifons. Debroffes en a fait ufage au couronnement du d�me du Luxembourg , du c�t� de la rue de Tournon. 11 faut favoir que les vides des entrelas doivent
�tre � - peu - pr�s �gaux entr'eux ; que les corps folides qui les d�terminent le doivent �tre exacte- ment. Il faut que leurs contours foient coulants ; qu'on fache y �viter les trop petits d�tails ; que les ornements qui les enrichiffent foient non-feu- lement employ�s avec m�nagement , mais paroif- fent na�tre de la forme des membres d'Archite&ure qui les compofent, membres qui eux - m�mes doi- vent prendre leur fource dans le caract�re de l'or- donnance. Ψ On appelle encore entrelas, des ornements en
bas-relief, compof�s de liiteaux, de plates-bandes droites 3 circulaires ou mixtes , dont les milieux font orn�s de rofaces & de fleurons , lefquels font deftin�s � la d�coration des arcs doubleaux des arcades , ainfi qu'il s'en remarque fous l'intrados ou archivolte de la plus grande partie de l'int�- rieur des arcades de la cour du Louvre, & ailleurs. Des CaJJettes.
On appelle caifettes , des tables renfonc�es &
orn�es de moulures en forme de cadres , qui fer- vent � contenir des rofaces , dont on enrichit le -fof�te des larmiers des corniches Doriques , Co- rinthiennes & Compoutes ; & m�me quelquefois celui de Tordre Ionique, lorfqu'au lieu de denti- cutes on, inuoii&t 4es modulons. Les caifettes fer- |
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366 Cours
vent aufl� � orner les arcs doubleaux des Vo�tes
des �difices facr�s & des monuments publics : ces caffettes fe font le plus fouvent qiiadrangulaires dans les entablements des ordres , principalement lorfqu'on les remplit de rofes ou rofaces, ordi- nairement circulaires ; mais lorfqu'on les applique aux arcs doubleaux, on les entre-m�le quelque- fois de caffetes oblongues, barlongues ou lofan- ges, remplies d'ornements ai�brtis, � la forme de ' ces nouveaux compartiments ; celles qu'on remar- que fous Tare plein cintre de la porte Saint- Denis, font de ce dernier genre; celles d� la vo�te de �Eglife de la Sorbonne , font du pre- mier. En g�n�ral la richefle de l'ordre d�termine la quantit� des moulures des caffettes, & le genre de la fculpture qu'elles doivent contenir. On n� devroit m�me placer les caffettes dans les fofites des corniches & dans les arcs doubleaux des vo�- tes , que lorfque le f�t de l'ordre eit caiinel� , &il ne faudroit faire ufage de rofaces, que lorfqu'on a cru devoir orner de rudentures les cannelures des ordres. Aux Petits - Peres , � Saint - Sulpice � Saint-Roch, la richeife des arcs doubleaux eu mal affortie avec celle des ordres qui d�co- rent l'int�rieur de ces trois Eglifes. Nous le r�p�- tons , la\ relation dans l'Architedure & la Scul- ture, eil un des premiers m�rites de l'Art ; il faut n�ceifairement, pour arriver � la perfection que l�s membres, les ornements puifent leur expref- fion, leur richeife ou leur fimplicit�, dans le caract�re de l'ordre, & dans la convenance du b�timent ; certainement c'eit. le feul - moyen de plaire, de perfuader aux autres, que l'Architeaure eft �tablie fur des principes confiants, & que fes beaut�s font des beaut�s poiitive�? qu'on ne peut raifonnablement contefter. |
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d'�rchitectura. $�/
Des Po�es.
L�s poftes font des ornements compof�s d'en-
roulements , & appel�s ainii, parce qu'ils fe fuccedent les uns aux autres fans interruption , & qu'ils fe replient fuir eux-m�mes fans aucune efpece de repos. Ces ornements modernes font d'un ftyle moins grave que les guillochis dont nous allons parler ; & pour cela ils ne devroient jamais fe rencontrer enfemble dans une m�me d�coration. Au reite, les poires, comme tous les autres ornements , doivent recevoir diverfes expref�ons pour fatifaire aux diff�rents caracleres des ordres Ionique , Corinthien & Compofite; car il faut obferver , quelque fimplicit� qu'on puiife leur donner , qu'ils ne doivent jamais faire partie de la%ichef�e des ordres ruitiques & fon- des. Nous: l'avons d�j� dit, nous le r�p�tons , tout importe dans la diitribution des ornements de nos b�timents ; il ne fuffit pas d'y placer de la Sculpture ; c'eit leur application refl�chie, qui fait beaut� , qui engendre l'unit� , qui d�termine la convenance , qui confirme & diilingue les ou- vrages des hommes c�l�bres , d'avec ceux des hommes fubakernes. D'ailleurs il faut fe rei�bu- venir que les ornements ne font appel�s dans Γ Architecture que pour l'embellir, la rendre agr�a- ble, inf�reifante. Or tout Artiite doit s'attendre � manquer ce but, quand les ornements qu'il in- troduira dans fa d�coration para�tront arbitraires , indiff�rents, pris au hazard , quand ils feront mal aifortis , diitribu�s fans go�t, fans choix, fans convenance. Pour �viter un tel abus, il faut donc apr�s avoir d�termin� leur place, & leur avoir |
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368 C o Urs
align� leur relief, leur genre , & une expref-
ίίοπ relative � toutes les parties de l'Ar©hite�ture ; il faut, dis-je , faire choix d'un Artiile habile, qui, par une belle ex�cution, ajoute encore au m�rite r�el & au ityle de l'ordonnance ; il faut enfin imiter les chefs-d'�uvre des grands ma�tres en tout genre, les fuivre dans leurs proc�d�s, dans leurs op�rations ; en un mot, il faut fe ren- dre compte du degr� d'ex�cution, de perfe&ion & de beaut� qu'on remarque dans leurs diff�rentes efpeces de productions, fi l'on veut atteindre � l'excellence de toutes les connoiiTances que nous exigeons. Des Guillachis,
Les guillochis font des ornements qui tiennent
tout � l'architecture , n'�tant comp�f�s que de liileaux qui fe diitribuent en compartiments par oppoiition , & cependant avec fim�trie. Ce genre d'enrichiflement eil fort ancien; il s'en remarque dans plufieurs monuments de la Gr�ce, & de l'Italie. Pluiieurs Architectes de nos jours ont fait revivre dans leurs productions cette efpece d'or- nements; n�anmoins elle n'a, gu�re d'autre m�rite que d'�tre recliligne, d'une facile ex�cution , & de procurer une richeffe �. l'Architeclure, qui, fans trop de d�penfe, fert � faire valoir certaines parties de la d�coration. Ces ornements font toujours employ�s en bas-relief; les chemins, les fentiers ou champs qui f�parent ces guillochis, doivent �tre d'une largeur �gale aux liileaux ou plates- bandes qui les compofent; mais il faut avoir atten- tion que ces plates-bandes ne foient ni trop larges ni trop �troites relativement au caract�re ferme ou d�licat de l'ordonnance de l'Archke&ure ; que leur
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d'Architecture. 369
leur relief ne foitni trop ni trop peu consid�rable ;
que ces fortes d'ornements nefoient pas trop petits» ou qu'ils n'occupent pas trop d'efpace dans la d�co- ration des fa�ades. Au refte , il faut favoir que les guillochis ne conviennent pas par - tout ; que pour les appliquer avec convenance, il faut que le ityle de l'Architeclure foit puif�e dans Fan- tique , rien n'annon�ant tant Finconf�quence du g�nie de i'Artiite, que de vouloir allier ? dans une m�me d�coration, des ornements anciens 9 avec une Arehite&ure moderne. Peut-�tre qu'� l'exemple des boffages & des. refends, qui, pour ainii dire , doivent �tre defrin�s feulement aux Ordonnances Tofcane & Dorique, de m�me les guillochis ne devroient �tre employ�s qu'aux ordres ruitiques & folides ; au contraire , les entrelas, les caffettes, les rofaces, les poftes, aux ordonnances moyennes & d�licates. Voyez la plupart des orne- ments que nous venons de d�finir dans la plan- che IX de ce volume, avec quelques autres or- nements dont les exemples r�unis avec ce que contiennent ces d�finitions1, peuvent �clairer nos Elev�s fur Fapplication des ornements � FArchi- ■�e�iire«, . . . �. -v;J'~-i. Des J^ermiciihires & autres Ornements
■ru�l-cjues. > '■�;■' 1a:|�'�'4 *%;'
Nous avons d�j� dit, en parlant des refends &
des bof�ages, page 326, quelque chofe des: ver- miculures, des cong�lations & des p�trifications dont on enrichit aifez ordinairement ces membres d'Architecture ruitiques ,"& qui, comme tels, rie peuvent recevoir que des ornements de m�me genre. Ces membres & ces ornements ne peuvent ■Tome L . A a |
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Cours
&'ne doivent pas s'employer indiitin&ement dans
l'ordonnance de tous les b�timents ; le cara�ere de l'�difice a feul le droit de les amener fur la fcene, autrement il font d�plac�s : il faut encore, comme nous l'avons recommand� , que leur touche foit large , vague , incertaine, & �viter avec foin d'affecter , au-lieu de l'imitation libre des produ- irions de la nature en ce genre, des L couronn�es fe)V des fleurs-de-lys , des hermines & autres ornements > qui tenant trop de la contrainte de l'Art, ne peuvent figurer avec une �ompofition ruilique puif�e dans les mod�les de la plus grande antiquit�, & bien avant que rArchitedure fut r�duite en Art. Les I vermiculures du Ch�teau- neuf de Saint-Germain-en-Laye, ont la touche que nous exigeons , & rempliffent parfaitement l'id�e quon fe propofe , lorfqu'onveut imiter ou la vermiculure des bois , ou plut�t les parties tendres de certaines pierres , qui, d�truites par Thumidite de l'air, & d�tach�es par l'ardeur du foleil qui f�pare ces parties tendres des parties dures qui lai compofent , biffent entrevoir des intervales ^'une in�galit� int�reffante qu'on doit chercher a imiter dans ces genres d'ornements. Nous en cite- rons de naturelles "qui fe remarquent au portail des Carmes, rue de Vaugirard , &■ aux murailles du Louvre', du c�t� de l'eau, d'une fmgularite qui furpaffe tout ce que l'art pourroit produire de plus admirable. Nous Tentons bien que les deux exemples que nous citons , ne peuvent �tre d'une grande autorit� pour l'avenir ; mais |
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, (c) Telles qu'il s'en remarque dans une des fa�ades du
b�timent du Louvre , du c�t� de la rue Frorneuceau, dans la cour qui donne entr�e au jardin de l'Infante. |
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t>*A REH ���C T�ft ��. Jf�
�u moins ils doivent faire fentir � nos Elev�s |
que rien ne leur doit �chapper, qu'ils doivent tout examiner avec foin , rapporter tout ce qu'ils voient � leur Art, & chercher fur - tout � appli- quer, dans leurs productions, tout ce que leur offre la nature, avec ce difc�rnem�ht, & cette judiciaire qui carac��rife le v�ritable Artiite. Au reite \ les vermiculur�s ne f�nt pas l��
f�uls ornements qu'on puiffe appliquer � Γ Archi- tecture Tofcane : comme cet ordre peut fatis- fair� � diff�rents genres d'�difice * il convient aui�i que les ornements qu'on veut appliquer fur les boifages, foient d� diff�rents genres \ par exem- ple les cong�lations de la grote du Luxembourg y font bien appliqu�es, parce que cette grotte devoit �tre une fontaine : les piquures larges & trac�es avec art qu'on remarque fur les boifages de la terraffe del� grande avant-cour du Ch�teau deMeudon , expriment tr�s-bien une richeife rufti- que, convenablement plac�e dans ce lieu. Enf�rt les joints des pierres refendues dans leurs joints horifontaux & dans leurs joints montants d'une certaine partie du Vieux-Louvre, & dont les furfaces font grav�es avec la pointe du marteau $ font encore une richeife analogue au genre ruf- tique ; il ne s'agit que de les bien appliquer & de ne jamais fouifjrir qite;ce foit le hafard, l� caprice ou la fingular�t� <|�i les amen� dans la d�coration. Nous n'avons pas pr�tendu rendre compt� ici
de tous les ornements qui fervent � embellir i'Architecture ; notre but a �t� feulement de parler des principaux objets de la Sculpture, qui appar- tiennent � f Architecture, & qui, r�unis avec- ee que nous avons d�j� dit concernant les orne* Aa ή
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s
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37i Cours
ments applicables aux diff�rentes moulures des
ordres , nous femblent iiiffifants pour mettre nos Elev�s � port�e d'aller examiner dans nos �difices , la multitude des chefs-d'�uvre que nos plus habiles Architectes & nos Sculpteurs c�l�bres y ont r�- pandus avec tant de fucc�s. Cette �tude � laquelle nous renvoyons & l'Amateur & l'Elev�, eit, felori nous, le feu! moyen de puifer le vrai go�t de l'Art, le choix qu'on doit faire de ces divers ornements , l'expreflion qu'on doit leur donner ; en un mot, la touche, la beaut� , l'�l�gance. & l'agr�ment qu'ils peuvent procurer � l'Architecture quand ils y font dif�ribu�s avec cette convenance , ce juge- ment & cette vraiffemblance que nous avons re- command�s & que nous recommandons encore, � nos Elev�s« tf'L� |
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d'Architecture; , 373
CHAPITRE I V. ;
Analyse de l'Art, ou moyen de
parvenir a distinguer la bonne Architecture , d'avec l'Archi- tecture M�DIOCRE. k
j�"1l PR� s avoir parl� dit plus grand nombre des membres d'Architedure & des ornements de Scul- pture relatifs" � Γ Architecture , nous allons offrir de nouvelles obfervations non moins int�reffantes , qui ont pour objet de traiter del� maniere de re- conno�tre, � l'afpect de nos Edifices Fran�ois, les vraies beaut�s r�pandues dans les plus c�l�bres d'entf eux , & les m�diocrit�s dont quelques - au- tres ne font pas toujours exempts. Nous allons donner l'id�e pr�cife que doivent produire � l'imagination des Spectateurs tous les divers mem- bres d'Archite�ture que nous, venons de d�finir. Enfin , nous allons difcuter les diff�rents moyens de les raiTembler avec choix dans nos produc- tions : m�thode qui peut amener � ces nuances imperceptibles qui �chappent au vulgaire ..� mais? queTArti�te initruit fait f�ifir, & q�e fAmateur �clair� fait applaudir. N'en doutons point* c*eit par le iecours de ces nuances imperceptibles qu'on parvient � mettre une diitihcHon r�elle"1 dans, les projets de; deux b�timents de. m�me genre, mais qui n�anmoins doivent s?annoncer diff�remment Jt. en pr�f�rant dans l'un un ftyle fublime, noble^ �lev� ; dans l'autre un cara�ere na'if, iimple, vrai i, expreffions diitin&es , particuli�res, qu'il ne fau� point confondre, qui ne font point fynonim�s *j$j& Aai^
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374 C o ν E s
ont befoin d'�tre fenties , enfuite difcut�es , & qui
contribuent plus qu'on ne s'imagine ordinaire- ment � ai�igner � chaque b�timent le cara�ere qui lui eu. propre. Nous avons cru devoir pf�f�rer ici le ftyle de
la d�finition � tout autre genre de narration, parce qu'il nous a paru plus propre que tout % autre � peindre nettement � l'id�e , ce que .pous deiirons faire entendre nous-m�mes � nos jeunes ArcJ�teOes ; d'ailleurs il femble d�gager la m�moire de tous les a�cei�bires �trangers ; il f�pare dans chaque objet toutes les obfervations qui ne iont point de fon renort , & afligne plus pr�ci- s�ment � TEleve , le degr� d'attention qui lui eft n�ceiTaire pour parvenir �. rendre fes compo- sitions plus r�guli�res. On trouvera peut-�tre dans chacune de cesll�finitions, des trait$i de reflem- blance, qui au premier coup d'�uil feront douter de futilit�' du plus grand nombre ; mais en les examinant plus attentivement, nous nous flattons qu'on y d�m�lera des nuances diitin�es & des id�es vari�es , qui �tant pour la plupart acconl�� jpagn�e* d'expreflions diff�rentes , &dumotpro^ pre � l'objet qu'on y traite, feront fentir combien il �toit eifenciel d'uler de r�p�tition pour faciliter l'intelligence n�eenaire � obf�rver dans la d�co- ration des b�timents, qui tous devant porter un caract�re d�cid� , doivent n�anmoins pr�fenter � leur afpe& un coloris qui �chappe au vulgaire, mais qui n'en �onititue pas moins une beaut� de fentiment pour l'homme v�ritablement �clair�, ; Pour rendre ces op�rations plus f�condes, nous -:v kf�t�i t�ch� de fai�ir tous les diff�rents genres des
� produ^iQu? du reifort de f Architecture, auffi�* bien que la maniere dont ori doit les �oniid�rer* lr jugemerit ψ9η en doit porter , & Γ effet qu m |
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d'Architecture. 375
doivent pr�fenter � l'efprit lorfqu'ils font conf�d�-
r�s en particulier, ou raffembl�s dans un ou plu* iieurs �difices. Nous nous fommes auffi quelque- fois un peu �tendus, & nous n'avons pas craint d'entrer dans quelques difcuilions , qui ont d� nous amener n�ceifairement au raisonnement de l'Art. Nous avons fait plus ; autant que les �gards que nous devons � nos contemporains ont pu nous le permettre, nous avons fait des citations utiles fur les beaut�s & fur les m�diocrit�s de leurs �uvres ; citations qui pourront nous fervir d'exem- ples pour ou contre, dans l'intention que dans ces le�ons , la th�orie marche d'un pas �gal avec la pratique: deux connoiiTances fans lesquelles on ne peut juger �quitablement des ouvrages de l'Art. Faute d'avoir uf� plut�t de cette m�thode, nous
avons peut-�tre pr�c�demment rendu l'�tude de cette fcien�e plus laborieufe ; mais cette route qui n'avoit �t� fray�e par aucun de nos pr�- d�ceffeurs , ne s'eil pr�fent�e � nous que tard; il nous falloit fans doute , pour y parvenir , une longue fuite d'exp�riences, & les conf�rences r�i- t�r�es que nous avons eu occaiion d'avoir avec nos plus habiles Architectes, & les Artiites c�l�- bres dans tous les genres de talents. Pleins de v�n�ration pour les productions de
la Gr�ce & de l'Italie, �pris des chefs - d'�uvre des l'Efcot, des Delorme, des DebroiTes, des Lemercier, des M�nfard, des Perrault ; iiiffi- famment inftruits des d�couvertes ing�nieufes faites de nos jours par nos contemporains, d�- veloppons ici, s'il eft poifible, le raifonnement de notre Art; mais pour y parvenir, remon- tons fans ceffe � la fource , & n'oublions jamais l'imitation des chefs-d'�uvre des grands hommes qui nous ont pr�c�d�s. A a iv |
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376 Cours
Nous ne nous dii�imulons pas la n�ceffit� dans
laquelle nous noxis fommes trouv�s, de nous r�p�- ter quelquefois ; mais ces r�p�titions nous ont paru �tre une fuite n�ceffaire de ce genre d'�tude ; Hpus les avons crues indifpenfables pour y r�- pandre plus de clart� , & accoutumer nos Elev�s, m�me ceux qui font d�j� inilruirs jufqu'� un certain degr�, � fentir qu'il eft eflenciel d'ofofervesr � p�ulieurs reprifes & fous diirerentes faces, dans toutes les productions de notre Art, cette po�fie muette , ce colons fuave, int�reffant, ferme ou vigoureux; en un mot, cette m�lodie tendre, touchante , forte ou terrible qu'on peut emprun- ter de ia Po�iie , de la Peinture ou de la Mufi- que, & qu'on peut rapporter aux diverfes cotfi» pofitions qui �manent de l'Archite�lure^ Au rel�e , notre maniere de raifonner, de voir * de fentir ^ ne fera peut - �tre pas celle de la plupart de nos Contemporains, ni de celle de nos SucceiTeurs; mais nous aurons toujours beaucoup fait, � � �iotre exemple, nos jeunes Artiftes s'accoutument � raifonner par leur propre exp�rience, & s'ils fe irei�buviennent que la plupart des d�fauts que nous avons relev�s ne nous ont paru tels, que parce que la plupart des productions que nous avons exami�- n�es, p�choient en quelque forte contre le raifonne* ment qui fait ici notre objet; nous defiroris donc, que les d�finitions que nous entreprenons, neuves dans leur genre, donnent occaiion � d'autres plus verf�s que nous dans l'art d'�crire, d'approfon- dir les pr�ceptes qu'elles contiennent : ce qu'ils feront � cet �gard nous apprendra ce que nous aurions d� faire, leurs fucc�s nous feront utiles ; . ils deviendront pour nous des le�ons , & contri- bueront � l'enti�re perfection de l'Art, motif qui |
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d'Architecture. 377
nous eft plu« cher que celui de nous faire un
nom. De la fublimit� de �'Architecture.
Pour fe conno�tre en Architecture, il faut com-
mencer par en bien apprendre les r�gles; enfuite acqu�rir Tart d'appr�cier les diff�rents genres de beaut� dont elle eil iufceptible ; on rifque autre- ment de prendre pour de vraies beaut�s la gran- deur , l'�tendue, le prix des mati�res ou la pro- digalit� des ornements. Qu'on ne s'y trompe pas > FArchite�:ure Egyptienne �toit plus �tonnante que belle ; l'Architecture Greque, plus r�guli�re quin- g�nieufe; l'Architecture Romaine, plus favant� qu'admirable ; la Gothique, plus iblide que fatis- faifante ; notre Architecture Fran�oife enfin, eil peut - �tre plus commode que v�ritablement int�- reifante. Pour d�finir le fublime dont nous voulons par-
ler , il faudroit foi - m�me �tre fublime , & nous fommes bien �loign�s de cette perfection. Au reite-, nous convenons qu'il a fes limites qu'il ne faut jamais franchir abfolument, ii l'on ne veut tomber dans le gigantefque ; celui-ci n'en impofe qu'au vulgaire. Un colori� fans proportion & compof�, pour ainfi- dire, de pi�ces rapport�es, ne peut obte- nir les fuffrages des hommes de go�t, ni des hom- mes raifonnables, quelque grande qu'en ait pu �tre� Fid�e. Pour arriver � la fublimit� de l'Art, il faudroit r�unir, dans.{esproductions, lefavoir, le g�nie, la" beaut�, la r�gularit�, la convenance, la folidit� & la commodit� ; mais cependant il faut fonger que l'efprit m�thodique , la m�ditation", le flegme, peu- vent produire un bon Architecte, & que le g�nie , l'ame, l'enthoufiaime, �l�vent feuls l'ArtSe aia |
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�)% Cours
fublime : que Tefprit d�finit, que le fentiment
peint, & que celui - ci donne la vie � toutes les productions. En un mot, il ferok � deiirer qiuin �difice puifie, � fon afpe&, entra�ner, �mouvoir, & pour ainii dire, �lever Tarne du fpeftateur , en le portant � une admiration contemplative, dont ii ne pQurroit lui-m�me fe rendre compte au pre- mier coup d'�uil, quoique iiifRfamment initruit des connoiflances profondes de l'Art. Le genre fublime dont nous voulons parler, devroit �tre par exemple, le propre de l'Architecture de nos Temples ; en effet, tout y doit paro�tre trac� par une main divine; leur ordonnance doit avoir un caract�re facr� qui rappelle l'homme � Dieu, � la Religion , � lui-m�me. Qu'on y prenne garde, certaines Eglifes gothiques modernes , portent cette empreinte : une grande hauteur de vo�te qui n'a rien de vulgaire , des nefs & des bas-c�t�s ipacieux, une lumi�re mod�r�e & analogue aux my�eres, des fa�ades �lev�es & pyramidales, une fim�trie int�rieure dans les c�t�s refpe�ifs ( �) ; enfin des dimenfions qui annoncent des pr�ceptes fuivis , quoiqu'ils nous foient pour la plupart inconnus, font autant de beaut�s qu'on remarque dans quelques ouvrages de ce genre ; & qui de- vroient au moins nous fervir de mod�les pour la itru�ure des monuments dont nous parlons. Cer- tainement c'eft dans nos Temples qu'il faut de la grandeur, de la majeit� , de la dignit�; par- tout ailleurs , la beaut�, l'agr�ment peut fuffire \ dans nos Eglifes il faufun tout autre ftyle » une Architecture trait�e avec limplicit� , peu |
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(� ) Telle eft TEglife de Sainte-Croix d'Orl�ans, peut-�tre
Un des plus merveilleux �difices dans le genre gothique. |
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■'■ ■ ■ ' f- '...■■'■■ ;. ■-.'.■.-.
d'Architecture. 379
�e Sculpture , mais admirable : une diitriburioa
fage ; en un mot, une exprei�lon, un enfern?� ble, un afped divin font les beaut�s qu'on doit chercher � mettre en �uvre dans nos �difices facr�s. Un Artii�e inflmit de la convenance fi bien obferv�e, m�me du temps du Paganifme, s'effor- ceroit de produire de nos jours une ordonnance d'Archite&ure grave, d�cente, qu'on remarque rarement dans nos Eglifes modernes, parce que commun�ment F Architecture en eil peu r�fl�chie, & les ornements y font arbitraires. Qu'eft-ce en effet que la plus grande partie des reilaura- tions qu'on remarque dans l'int�rieur de pluiieurs de nos ParoiiTes , le plus fouvent du ftuc, de l'or en feuilles, du cartonnage (#) ; nos Th��tres , nos Palais , nos H�tels offrent �-peu-pr�s les m�mes genres d'ornement ; & � l'exception de quelques chefs-d'�uvre de Peinture & de Scul- pture qui les embellhTent, & qui peut - �tre fe- roient plac�es plus convenablement par-tout ail- leurs , on n'apper�oit prefque point dans leurs d�corations , ni le Parleur �clair� , ni l'Architec�e v�ritablement initruit, ni l'Artiile vraiment habile. C'eit envain que Jacques le Mercier & Fran�ois Manfard nous ont laif�� pour exemple la Sorbonne, le Val-de-Gr�ce; on veut imiter l'int�rieur da d�me des Invalides, celui de la Chapelle de Verfail- les , dans ce qu'ils ont de moins propre au genre dont nous parlons, parce que leurs perc�s ing�- nieux , leurs formes vari�es , leurs d�tails int�- reffants font plus faciles � faifir par le plus grand |
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(g) La d�coration du ch�ur de FEglife de Samt-M�ri ,
celle de l'Eglife de Saint-Barth�lemi, celle de la Chapelle do Ja Vierge de l'Eglife ds Saint-Sauveur font daas ce cas. |
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$m C o υ r,s ,. .. .
nombre des Artiftes, qui n'ayant ordinairement
d'autre but que de plaire � ceux qui les mettent en �uvre, n�gligent les beaut�s de l'Art ; au- lieu que le v�ritable Architecte s'occupe effen- eiellement � t�cher de faire paffer ies chefs - d'�u- vre � la poit�rit�. L'Architecture iublime efl encore du rei�brt des
Bafiliques, des Edifices publics, de la f�pulture des grands hommes, & g�n�ralement de tous les monuments �lev�s pour rappeler � la m�- moire des Citoyens, les hauts faits , les actions �clatantes, la valeur des Princes , des H�ros &. des grands Gapifaines. Par les grands traits qui la cara�t�rifenr. elle �lev� Tefprit de l'examina- teur, lefaifit, l'�tonn�: les vrais ConnohTeurs l� reconnoiiTent par une r�gularit� qui n'a rien de monotone , par des accompagnements ai�brtis ; en un mot, par un accord g�n�ral, qui fe fait admirer & approuver dans tous les temps. Telle eil celle de l'int�rieur du Val-de-Gr�ce, dup�riitile du Lou- vre , de la porte de Saint - Denis, de l'orangerie de Verfailles, qui, par la beaut� de leurs maiTes & l'encha�nement de leurs d�tails , affurent au regne de Louis XIV, � ces �difices & � leurs Au- teurs , une gloire v�ritablement immortelle. Nous venons de dire , qu'une Archite&�re fu-
blime excitoit dans le Spectateur une admiration muette & contemplative. Entrons � pr�fent dans quelques d�tails concernant le genre de l'admiration que doit faire na�tre en nous une ordonnance d'Ar- ehitedure, vraiment digne de fe faire admirer, ou dans fa totalit� ou dans quelques-unes d� fes par- ties principales. |
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©'Architecture.' 381
De l'admiration, que peut caufer l'Architecture.
On pourroit appeler une Archite&ure eifen-
ciellement admirable, celle qui raifembleroit tous les diff�rents degr�s de perfections de l'Art. Peu d'�difices offrent autant de merveilles, parce que la plupart des beaut�s de l'Architecf ure, fes pr�ce- ptes except�s ? font coniid�r�es parle grand nom- bre des jeunes Architectes, comme des beaut�s de convention, qui d�pendent du go�t particulier de l'Artiite; enforte que par cette ind�pendance il leur devient difficile de parvenir � faire trouver aux autres , leurs productions v�ritablement admira- bles : en effet, pour qu'un �difice p�t �tre eilim� tel, il faudroit qu'il entra�n�t unanimement tous les fuffrages* Or ce degr� de fup�riorit� appar- tient rarement � l'Architecture prife en g�n�ral ; on ne le trouve gu�re que dans quelques-unes de fes parties coniid�r�es f�par�ment. ^ar exemple > la d�coration d'un fallon , l'appareil d'un b�timent, la diilribution ext�rieure d'un ou de pluiieufs ap- partements peuvent caufer fde l'admiration, parce que la caufe de cette admiration eil, pour ainfi dire , ind�pendante des beaut�s de l'enfemble de l'�difice. I On dira bien, La fa�ade du cot� des Jardins du
Ch�teau de Maifons eii admirable, pour exprimer la r�gularit� de fon Architecture, & l'application d� fes ornements ; on aura raifon,: mais cette admira? tion ceffera peut-�tre, quand on comparera cette belle ordonnance ext�rieure avec la diftribution in- t�rieure du b�timent, parce qu'on apercevra un d�faut de relation dans l'enfemble. On pourra dire |
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aui�i : L'avant-corps du Ch�teau de Clagny ('kjj
du c�t� de l'entr�e', eil admirable , cela fera vrai; maison fera forc� de convenir, que c'eil de cefeul avant-corps qu'on voudra parler, les autres parties des fa�ades de ce b�timent lui �tant de beaucoup inf�rieures. On dira encore : Ce fallon eil admirable, en parlant de celui du Ch�teau d'iiTy, parce que l'ordonnance de fon Architecture elt belle, & que la Sculpture qui la d�core , eil de la plus grande perfection ; mais on ne pourra fe refufer de <�e- iirer plus de hauteur � cette pi�ce; d�faut qui d�truit, en quelque forte l'admiration du Specta- teur �clair� , qui lui fait fouhaiter que l'Archi- te&e e�t pu r�unir dans cette pi�ce, l� rapp�jk des dimeniions. � ces deux beaut�s du premier genre. Enfin on dira i la diilribution d� l'h�tel de Bir�n, comme maifon particuliere , eil admirable (i) ; mais l'on fera forc� de convenir de la m�- diocrit� de l'ordonnance des dehors , & de la n�gligence de l'appareil de fa conilrucl�on/ Pour qu'un �difice, ou plut�t pour que �Ar^
chiteclure piiiiTe �tre trouv�e v�ritablement admi- ι
*{h) Voyez les b�timents cit�s dans cette d�finition, dans
les premier, quatri�me & cinqui�me volumes de VArchite- cture Fran�oife. i ; (i) On donne � mie dlftributibn l'�pithete d'admirable,
lorfqu'elle .raiTemble tous les b� foin s du propri�taire 5 quelle offre uji plan d'une belle forme par fa difpoi�tion g�n�rale y ides pi�ces principales bien proportionn�es , celles d'habita- tion bien expof�es, celles de commodit� bien d�gag�es/On dit encore, cette diftribution a droit.de fe faire admirer, lorf- qii'on apper�ok qu�TArchite�te a pris foin de r�unir la iym�- trie des dehors, avec celle des dedans, & qu'il a obferve une vari�t� n�ceiTarre dans la forme de chaque pi�ce, con- sid�r�e en particulier , en leur confervant n�anmoins un? rapport exact dans leus« dimeniions. Par exemple, on dira |
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d^Archit�Ctxj�ii. 3$3
table, il faut donc que la beaut� de l'ordon-
nance des dehors d'un b�timent, la commodit� des dedans & la folidit� de fa conilruftion , ne fe d�mentent jamais, & que ces trois objets y femblent r�unis de maniere � ne lahTer rien � d�lirer abfolument. Sans doute ce que nous fem- blons exiger n'eft pas fans difficult� ? parce qu'affez commun�ment les connohTances particuli�res de ces trois objets ont fait dans tous les temps l'�tude f�par�e de quelques-uns de nos Archite&es; & que pour que l'ordonnance, la diitribution , la conitruction d'un Edifice public, d'un Palais, d'un H�tel fuffent telles que nous le deiirons, il fau- droit qu'on e�t fait d'abord, lors de (es �tudes, des recherches profondes fur chacune de ces parties, enfuite des tentatives pour parvenir � leur parfaite conciliation ; il faudroit que leur d�coration imit�t d'aifez pr�s, la beaut� &l la per- fection de celle des Grecs 8� des Romains, la �bli- dit� & la l�g�ret� de celle des Arabes; enfin la commodit� & l'agr�ment de notre diitribution Fran�oife.- - - ■ . Au reite , la d�coration , la dii�ribution * Pap-
pareil d'un b�timent, pour �tre v�ritablement admi- |
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avec raifon: La diitribution des grands appartements du pre-
mier �tage , & les petits appartements du rez-de-chauff�e de TH�t�l de T.ouloufe , font admirables ; o� en dira autant de ceux du rez-de-chauff�e du Ch�teau de P�rigny en Bourgo- gne, & de ceux de l'f^�tel de Ghoifeul � Paris, parce que ces appartements raiTemblcnt dans leur diitribution , / la beaut� , la dignit� & la convenance qu'on y doit defirer. L'on n'en pourra peut-�tre pas dire autant de la diftribution du Palais des Tuileries � de celui du Luxembourg, du Ch�teau de Maifons ; parce que les commodit�s, la r�gularit�, fem- blent en �tre exclus , & que ce dernier genre de perfection cft d� aux d�couvertes des Architectes de notre fiecl�«: .,, :;- |
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3^4 Cours
r�bles, chacun dans leur genre, ne doivent ries!
tenir d'une imitation trop fervile ; pour que les diff�rentes parties de Γ Art puiffent acqu�rir ce titre, il faut que ces trois branches de l'Archi- tecture portent un certain caract�re d'originalit� qui les diftinguent de la claffe ordinaire. Afin d'y par- venir, expliquons f�par�ment ce que nous croyons devoir entendre par une Architecture qui, dans ion ityle, porte ce cara&ere d'originalit� dont nous voulons parler. Du caract�re d'originalit� dans � Architecture*
On dit : Cette compontion e'ft. neuve, le ilyle
de f�n ordonnance elf original, n'a rien de com- mun , de vulgaire, lorfque dans fa d�coration -on remarque que le g�nie cr�ateur de l'Annie a fu franchir les limites de l'Art, fans cependant s'�tre trop �cart� des pr�ceptes re�us, � deffein de -r�pandre, dans fa;production, des formes d'Archi- tecture int�reffantes, & certaines all�gories dans les ornements ; mais les unes & les autres doivent �trepuii�es dans le motif qui a donn� HeviA l'�difice. Celle dont le mouvement ohferv� dans l� diitribution des corps ext�rieurs, s'accorde avec les parties dyr�midales des fa�ades : celle qui n'ayant rien de trivial, montre par le caract�re de fon Archite- cture, une ordonnance grave, mais noble ; agr�a- ble , mais iimple ; grande , mais jamais gigant�f- q�e ; ces fortes de formes ont ^�galement droit ;de fe faire admirer, quand on les applique d'une maniere analogue au genre de l'�difice : perfec- tion ,- il eft vrai -y qu'on rencontre rarement dans .nos b�timents , quoique la plupart compof�s de membres d'architecture ufit�s dans les d�corations leg
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β 'Ά R CH IT��TUR E. $t$
les plus approuv�es , mais qui foiiventdiiiribu�es
fans choix, fans go�t, en un mot, d'une maniere ' oppof�e � Tob jet qu'on fe pfopofe* ne pr�fentent qu'une ordonnance tr�s-imparfaite; tels ont �t� �-p�u-pr�s les ouvrages des MefTonnier, des Op- penor , des Cuvillier , &'c. dont les exemples font plus capables de faire na�tre le d�r�glement de l'imagination , que d'�clairer nos jeunes �rtiiles fur la maniere de fe conduire dans les diff�ren- tes productions de l'Ait. Au-lieu de fuivre cette xoute incertaine, & remplie dec�uils, nous leur confeillons de former le plan de leurs �tudes d'apr�s les chefs-d'�uvre fans nombre que nous a laiff�s en ce genre, Hardouin Manfard , un de nos Archi- tectes Fran�ois, qui a pouff� peut-�tre le plus loin, ce cara�ere d'originalit� dont nous parions ici. On l'admire dans le Ch�teau de Clagny, � Trianon» dans le Ch�teau & les Jardins de Marly, dans les dehors de Veuilles du c�t� de Paris. Toutes ces comportions neuves, d'une difpoiition Si d'un genre inconnu avant lui, font autant d'exemples admira- bles qui peuvent dans la fuite doniierje ton � nos El�ves, s'ils apprennent une fois � fentir qu'il n'eft point de vraies beaut�s dansTArchite&ure en g�- n�ral ni dans un projet particulier, ii l'on n'y remarque de certains traits , que le genre feula droit de faire �clore, & qui pour �tre approuv�s » doivent convenir au local, aux diff�rents afoe&s du b�timent, �ia ikuation & � fon expofition. Ces diff�rents moyens , bien envifag�s de la part de l'Archite�e, le conduifent � ces �carts heureux, � cette tournure d'imagination , � ces reiTburces de l'Art, que l'homme tranfcendant fait fe per- mettre. C'eil ce cara�ere d'originalit� qui l'autoriTe quelquefois � donner des formes moins refti�ir Tome �,-.- Bb |
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386 Cours
gnes � fes fa�ades, � faire c�der les ailes au prin-
cipal corps de logis ; enfin � faire pyramider cer- taines parties pour leur donner la pr��minence fur certaine autre ; route f�re , & peut - �tre la plus propre pour nous faire donner de la vari�t� aux �difices de m�me genre. Voil� o� peut nous con- duire l'examen r�fl�chi des b�timents que nous ve- nons de citer ; on peut y ajouter ceux de Meudon 9 de Chantilly, de Sceaux , de Saint - Germain - en- Laye , & quantit� d'autres > vus du c�t� o� nous les envifageons ici. Traitons � pr�fent de ce que nous concevons nous-m�mes par une Ar- chitecture appel�e Architecture Pyramidale pro- prement dite. De l'Arckiteciurc Pyramidale.
On dit commun�ment, Cette Architecture eit
pyramidale , lorfquon veut exprimer que l'Ar- chite�e a �lev� pour cette raifon , un dernier �tage au - deifus de ceux qui terminent la par- tie Sup�rieure de fon principal corps de logis; pu lorfquefans ce fecours il a pr�vu qu'en don- nant une affez grande faillie � fon avant-corps, fi pr��mineroit fuiEfamment par l'effet de Γορ- fique , quoiqu'il ait tenu les �tages de fes fa�ades � une m�me hauteur. Hardouin Manfard s'�ftfervi avec beaucoup de fucc�s, du premier moyen au Ch�teau de Clagny, & du f�cond au Ch�teau de Verfailles du c�t� des Jardins. Nous croyons que celui-ci doit avoir la pr�f�rence dans les grands �difices , celui-l� dans les b�timents de. peu d'�ten- due , parce qu'autrement il feroit � craindre qu'une trop grande faillie donn�e � lavant-corps, ne divif�t trop l'ordonnance de la fa�ade, & noc- �afionn�t trop de duret� dans la d�coration� |
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d'architecture. 387
Les Architectes Arabes ont excell� dans les
formes pyramidales ; peut-�tre aui�i ont-ils pouff� �ufqu'� l'exc�s , cette maniere de d�corer leurs �difices, la plupart ayant afie&� jufques dans les plus petits d�tails des pyramides perc�es � jour » evid�es, & d'une ftxudture peut-�tre plus �ton- nante qu'admirable, Le clocher de Strasbourg, celui de la Mainte-Chapelle � Vincenr��s, celui du Palais � Paris, le portail de Reims, Saint - Ouen � Rouen , prouvent aflez ce que nous avan�ons; mais n�anmoins ces formes pyramidales, peut- �tre trop r�it�r�es , & prefque toujours mono- tones , ne fatisfont pas en ce genre, autant que � quelques-uns de nos �difices modernes, o� Tort remarque que les maffes, quoique moins eonfi- d�rables , & les parties plus d'accord entr'elles , femblent int�reffer beaucoup plus que ces ou- vrages gothiques aflez c�l�bres , mais enfants de la fingularit� , & du go�t dominant de leurs ordon- nateurs. ■�.� ..-./'�� .'."j:../�:v: De tous nos Auteurs modernes, Palladio eil
celui qui certainement a entendu le mieux les formes pyramidales dont nous voulons parler. Entre nos Archite�tes Fran�ois, Jules Hardouin Manfard & M. BofFrand, font ceux qui s'en font acquitt�s avec le plus de fucc�s. DebroiTe & Le Mercier ont auiTi donn� des preuves de l'excel- lence de l'Art dans cette partie de l'Architecture; le premier au Luxembourg, � Saint-Gervais ; le f�cond � la Sorbonne, au Ch�teau de Richelieu : aul�i rien de plus agr�able que ces productions ; rien de fi charmant que celles de Palladio dans les b�timents qu'il a fait �lever � Bologne', k Vicence; en un mot, rien de fi int�refTant que les Invalides , le Ch�teau �de Clagny par Hardouin* Bb ij
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$S8 Cours
& ceux �rig�s par M. Boffrand , en Lorraine »
«n Allemagne & ailleurs ; mais voyons plus par> ticuli�rement ce que Ton peut concevoir par une Architecture v�ritablement agr�able. �e qu'on entend par une Architecture agr�able.
Pour que la d�coration d'un b�timent ibit v�ri-
tablement agr�able , il faut qu'elle foit fufceptible des formes pyramidales dont nous venons de parler, & qu'elle pr�fente dans fon ordonnance tous les agr�ments que peuvent permettre les r�gles de l'Art, & l'affociation de la Sculpture avec Γ Architecture ; que les formes �l�gantes puifTent entrer pour quelque ehofe dans la coril�- * poiition de {qs parties & de fes d�tails , & que la convenance de l'�difice puiffeles autorifer. Une maifon d'une Architecture agr�able , eil encore celle o� l'on apper�oit dans la diitribution ext�- rieure & dans la diverfit� de la hauteur des pa- villons , des avant-corps & des ailes, une vari�t� qui offre � l'�uil du Spectateur quelque chofe d'int�reffant, & o� il remarque des proportions exaftes fans fervimde , agr�ables fans frivolit� * & enfin riches fans confiiiion. Le genre agr�able eit le propre d'une Maifon de Plaifance, d'une jolie Maifon de Campagne : le petit Ch�teau de M. de la Boif�iere,, rue de Cli�hy , par M,: Le Carpentier , offre tr�s-bien , dans les dedans & dans les dehors, limage de ce que nous voulons peindre ici ; mais il faut favoir qu'en g�- n�ral l'agr�ment dont nous parlons eil beaucoup plus du reffort de l'int�rieur que. de l'ext�rieur des b�timents, parce que la vari�t� des mati�res dont on rev�t les diff�rentes pi�ces des appartements , h l�g�ret� qui eft de leur reffort a & Taffemblage |
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d'Architecture. 3S9
des divers Arts qui s'y trouvent raffembl�s, offrent
naturellement & fans avoir recours � la prodiga- lit� de la Sculpture, quelque chofe d'agr�able qui fatisfait l'�uil, m�me des moins connoiffeurs en Architecture. On doit encore favok, que dansles pi�ces de parades il faut que la dignit� l'emporte fur l'agr�ment, & que la fym�trie fnffit prefque toujours dans les appartements priv�s; mais que fur-tout dans les dehors il faut �viter la r�p�ti- tion d�plac�e ou la futilit� des contours, la fri- volit� ou la pefanteur des ornements, qui bien- loin de produire le genre agr�able dans la d�co- ration ext�rieure, comme quelques-uns fe le per- fuadent , ne produifent que des comportions hazard�es que tout Artiile habile fait profcrire , & qu'il regarde avec la plus grande indiff�rence , fans vouloir s'y pr�ter, ni en perp�tuer l'efpece ; parce que tout ce qui lui parok contraire a la convenance des lieux, des temps & des perfon- nes pour lefqueiles il b�tit, lui femble toujours produire plut�t la m�diocrit� de l'Art, que fes �iicc�s. PaiTons maintenant � ce que nou5 appe- lons convenance en Architecture. De la Convenance, en Architecture.
On dit qu'un b�timent a de la convenance y
lorfquon a remarqu� que fa difpofition ext�rieure &les principales parties de fa d�coration font abfo- lument relatives � l'objet quia donn� lieu � �riger l'�difice , lorfque l'efprit de convenance y pr�fide, que la bienf�ance [k) γ eilexaftement obferv�e, |
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(k) En Archite&ure on fe fert du terme de bienf�ance,
tour d�figner l'aflortiment da ftyle de l'ordonnance avec lts Bbiij
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3�o Cours
que �Ordonnateuf a pr�vu dans toute fon ordon-
nance , le ftyle & le caract�re dont il devoit faire choix, pour exprimer en particulier dans Fembel- liffement de nos Temples ., de la d�cence ; dans les Palais des Rois, de la magnificence; dans les �di- fices publics, de la grandeur ; dans les monuments �lev�s � la gloire des grands, de la fbmptuoiit� ; dans les promenades, de l'�l�gance ; dans les b�- timents �rig�s pour la furet�, de la folidit� ; dans ceux �lev�s pour l'agr�ment, de la l�g�ret� ; dans la demeure des riches particuliers, de la beaut� ; dans les maifons � loyer, de la commodit� ; dans les dedans des appartements , de la vari�t�. Cer- tainement un Architecture convenable, telle que nous l'entendons, doit avoir pour objet de pein- dre aux y�ux des �trangers , ou la dignit�, ou la valeur , ou l'opulence , ou l'�conomie. Qu'on y prenne garde, c*eit vouloir s'en tenir � la rou- tine ; c'eft vouloir m�connoitre la po�fie de l'Art, que de n�gliger ce coloris de l'Architecture : un �difice doit, au premier regard, s'annoncer pour ce qu'il eft. La Porte Saint - Denis, par exemple * ■��
choix des ornements. Par exemple , c'eft manquer � la
bienf�anc� , que de faire ufage d'attributs prophanes dans les monuments faci�s t d'ornements arbitraires ; dans les �difices publics ; de faire parade d'un ordre ruftique dans l�s Palais des Rois Λ o� l� comporte feroic plus convena- ble j d'employer une multitude de membres d'Architu&ure , o� la {implicite doit avoir le pas ; de faire ufage des mati�res factices, o� les mati�res premi�res doivent �tre pr�f�r�es* ou parce qu'elles occai�onnent plus d'acc�l�ration, ou parce qu'elles apportent plus d'�conomie dans l'entreprife, On ne peut l'ignorer, la bienf�anc� men� au vrai, parce qu'elle pr�- fer ve n�ceiTairement TArtifte de tout �cart $ qu'elle lui indi- que la v�rirable place du fublime, du grand, du ��mple ^ 4c l'�l�gant j perfection qui f�uje, peut I� �Qnduir� � l'exccl- kn�c d� ΓΑ«, |
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; d'Architecture. 391
Tare de triomphe du Tr�ne , l'int�rieur de la
Sorbonne & du Val-de-Gr�ce, l'ancien Ch�teau de Saint-Germajn-en-Lay e,, celui de Clagny, celui de Maifons , l'Orangerie de Verfailles » les Ecuries du m�me Palais, s'annoncent pour ce qu'ils font ; ils pf�fentent chacun f�par�ment cet efprit de con- venance que nous recommandons , & affurent � nos Architectes Fran�ois > cette r�putation accor- d�e � ii jufte titre , � ceux de la GLrece & de l'ancienne Rome, qui font parvenus � fe faire admirer & imiter , parce que leurs productions �toient vraies ; diitin&ion particuliere qu'il ne faut, pas confondre, & dont nous allons parler pour enfeigner Fart de d�m�ler les exprei�ions & les caract�res r�pandus dans les divers �difices^antit� ques & modernes. * Du flyU vrai en Archite�um.
On dit m�taphoriquement, Cette Architecture
eil vraie , lorfqu'on veut d�iigner celle qui c�ne ferve dans toutes fes parties le ftyle qui lui eft propre »fans aucune efpece de m�lange; celle qui pr�fente un caract�re d�cid� , qui met chaque membre � fa place , qui n'appelle que les orne- ments qui lui font n�cefTa�res pour l'embellir $, celle o� Ton �vite une vari�t� d�plac�e qui tient du contraire, & o� la iim�trie & la r�gu- larit� font pr�f�r�es ; enfin une Architediire vraie eft celle qui pla�t aux yeux, par l'id�e qu'on s'eil form�e dit genre de l'�difice , & qui ne tenant ni du pr�jug� national ni de 1'bpinion parti- culiere de l'Artifte , paro�t puif�e dans le fond propre de l'Art, & qui par cette raifon ne per* inet � l'Archite&e, ni la prodigalit� dans les ογβφ~ Bb iy
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3pi Cours
ments, ni l'habitude dans fes go�ts, ni la futilit�
dans les d�tails ; en un mot, celle qui d�pouill�e de toute �quivoque, fe montre belle dans fon ordonnance, commode dans fa diitribution ? Se folide dans fa conitruction. Lorique par des consid�rations particuli�res on
eft retenu, ou par l'�conomie , ou par la difette des mati�res, ou par la n�ceiiit� de quelques affuj�- riiTements relatifs � une reitaurarion, & qu'enfin on ne peut arriver au caract�re vrai dont nous voulons parler : au moins faut -il, au d�faut de cette vari�t� fi fatisfaifante dans la d�coration ues fa�ades de nos b�timents , y fubiHtuer cette vraisemblance qui en approche , & qui feu�e peur, d�dommager d'un ityle vrai, la fource des chef-- d'�uvre �lev�s par les grands Ma�tres qui nous ont pr�c�d�s. Expliquons ce que nous entendons par le vraisemblable qui peut fe fubitituer � ce caract�re vrai, qui feul peut produire l'unit�, & qui doit �tre regard� comme le premier m�rite de l'Art. De la vraisemblance en Architecture*
Une Architecture vraie pla�t � tous les yeux i
une Architecture vraisemblable ne pla�t qu'� la raifon �clair�e ; c'eft celle, qui dans fon ordon- nance ne montre rien qui ait droit de choquer le Spectateur initruit, quoique l'Architecte ait quel- quefois franchi les vrais principes de l'Art; celle o� l'on s'apper�oit que f� richeife ou fa fimplicit�, fa force ou (on �l�gance , prend fa fource de la iituation du lieu ou l'on b�tit, & de h n�cei�it� des mati�res r�elles ou factices que fouvent on ci! oblig� de mettre en oeuvre \ celle o� l'on. |
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d'Architecture. 393
remarque que la r�alit� des proportions combin�e
avec l'aparence de ces m�mes proportions, con- court � faire admirer le frontifpice d'un Temple, la d�coration d'une place publique , ou la fa�ade d'un b�timent : la r�alit� par les grandeurs g�om�tra- les, l'apparence par des hauteurs vari�es & relatives � l'effet de l'optique ; en forte qu'avec le fecours de ces moyens, mis en �uvre par la th�orie de l'Art, l'�difice vu d'un point de diilance d�ter- min� , puiffe plaire �galement, & aux connoif- feurs &■ au vulgaire. Enfin une Architecture vraif- femblable , telle que nous l'entendons , eil plut�t le fruit du raifonnement & de la m�ditation de l'Archite&e , que l'application firi&e des pr�ce- ptes , la vraiffemblance �tant quelquefois pr�f�- rable � une v�rit� qui rebute fouvent plus qu'elle ne fatisfait : par exemple , l'angle faillant d'un avant-corps, l'encoignure d'un b�timent, un tru- meau , un pied-droit, trop peu coniid�rables en apparence, n'en offrent pas moins � la r�flexion la folidit� r�elle de l'�difice ; mais ces diff�rentes parties p�chant contre l'a vraiffemblance, leurs apparences bleffent l'�uil de l'examinateur, & par cette raifon doivent �tre rejet�es. Un �difice , quoique b�ti avec furet� , n'en paro�t pas moins choquant ; parce qu'on a cru pouvoir y n�gliger la vraiffemblance dont nous parlons. Cette qualit� eft pr�f�rable en bien des occafions � la r�alit� , & � ce caraclere vrai que nous venons cependant de regarder comme le premier m�rite de l'Ardu-' teclure, mais dont on peut s'�carter quelquefois pour donner encore plus de beaut� � fa produ- ction. Ce mot, beaut�, nous avertit de paffer � ce que nous entendons par un� belle Archite« &ure. |
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394 Cours
Ce qu'on entend par une belle �rchiuclure.
� On dit commun�ment qu'une Architecture ei�
belle, lorfqu'on veut exprimer aux autres le plai- i�r qu'on a reiTenti au premier afpecl: d'un �difice» o� l'on a �t� frapp� d'une heureufe difpoiitioii dans le rapport des maffes , la r�partition des parties, la divifion des d�tails, & o� l'on s'eil apper�u que l'Archite&e avoir fu marier eni�mble la Vari�t� d'un ityle puif� dans les pr�ceptes de l'Art, avec la vraisemblance , le fruit de fon bon go�t& de fon exp�rience. Une belle Architecture eil encore celle dans la compoiition de laquelle on reconno�t un ftyle fage (7), & o� cependant on a pris foin d'ai�bcier une excellente Sculpture , des ornements d'un beau choix, une grande per- fection dans la main d'�uvre, de la pr�cifion dans. 1'appareiJ, & de l'attention dans la qualit� de la mati�re ; en forte que l'Architede , les Artiites & les Artifans femblent avoir concouru les uns & les autres � �lever un chef-d'�uvre. ! Les Ch�- teaux de Maifons & de Blois par Fran�ois Man- fard ; le p�riitile du Louvre , par Perrault ; la porte Saint-Denis, par Fran�ois Blondel, pr�- sentent ce bel effet, cette nobiei�e & cette unit� dont nous allons parler. |
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, (./) On fe fert de V�pithetc fage en Architecture, pour pein-
dre � l'efprit de ceux � quiTon en veut faire la defcriprion , la retenue dont l'Architede a fait ufage Λ pour donner un caract�re modefte � la d�coration des lieux Saints, � l'habi- tation des personnes, qui par �tat font charg�s de difpenier les faveurs du Prince , d'employer les. deniers publics , d'ac- corder les diff�rents qui naiifent entre, les Citoyens, & g�- n�ralement dans toutes les efpeces d'�difices �lev�s plut�t pour l'utilit� que pour l'agr�ment & la magnificence. |
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»'Architecture. 395
De la noblejj� des formes en Architecture.
On peut dire , cette Architecture �ft d'un ftyle
noble , lorfque le choix de fon ordonnance lahTe voir dans tout fon jour une Archite&ure trait�e en grand , & d'un go�t impofant, vraiment digne de nos Temples , de nos �difices publics , de la r�ii- dence des T�tes couronn�es , & de l'habitation des hommes du premier ordre ; celle qui tenant aux r�gles de l'Art, pr�fente une grande compoiition fans �tre coloffale , une ordonnance aflbrtie au motif qui a donn� lieu � Tentreprife ; celle qui par le choix de l'ordre, tel que le Corinthien ou le Com- pofite, amen� fur la fcene l'application d'une certaine quantit� d'ornements , qui n�anmoins n'y paroif- fent appel�s que par la n�ceflit� ; celle qui exem- pte de petites parties , grandit, pour ainfi di|e , l'imagination de l'admirateur, par le fpeclacle in- t�reffant que lui offrent l'�tendue des b�timents , leur forme pyramidale , la grandeur des cours , la relation des iffues ; ai�bciation qui contribue plus qu'on ne s'imagine � embellir l'�difice , & � donner une id�e avantageufe des talents de l'or* donnateur & du go�t du propri�taire. La dif- pofition ext�rieure de Verfailles du c�t� Paris , �avant - cour du Ch�teau de Meudon, la r�gula- rit� des b�timents , & des d�pendances qui pr�- c�dent le Ch�teau de Maifons , font certainement des beaut�s du premier genre, qui contribuent beaucoup � donner ce cara&ere de nobleffe & de dignit� dont nous parlons, aux b�timents de Verfailles, � celui de Meudon, & � relever l'�clat de la belle ordonnance d'Archite&ure du Ch�- teau de Matfons » qui * plus qu aucune, autre, |
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396f Cours
repr�fent� ce caract�re d'unit� dont nous allons
faire ici un article particulier. De l'unit� enArckiteclure.
L'unit� dans l'ordonnance d'un b�timent eil une
des principales beaut�s de l'Architecture ; les Grecs ont excell� dans cette partie : ils d�voient � la v�rit� beaucoup aux Egyptiens ; mais ces derniers n'a- Voientpour ainii dire, qu'�bauch� l'Art ; il falloir des peuples de favants, des hommes de g�nie, des Princes g�n�reux pour multiplier l'efpece des monuments, pour donner o�caiion aux d�velop- pements des r�gles de l'Art , pour perfectionner le bon go�t de Γ Architecture. Ces beaut�s conf- iantes, ces d�couvertes heureufes, cette vari�t� d'�difices �toient reierv�es aux Citoyens d'Ath�nes. L'ancienne Rome a vu na�tre fans doute plus
d'un chef-d'�uvre ; mais ces productions , pour la plupart plus grandes que f�veres, plus com- pliqu�es , plus charg�es d'ornements , �toient au- tant d'obrl�cles pour leurs Architectes , & autant de moyens qui les �cartoient des lois fondamen- tales de l'unit� dont nous parlons. Les Artiiles de la nouvelle Italie ont encore d�g�n�r� en per- dant de vue les originaux ;ils ont pr�f�r� � l'unit�, � la belle fimplicit� ( * ), la p�n�tration des corps, la mutilation des membres d'Architecture , le con- |
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(*) Une Archite�ture i�mple devroit �tre la plas eftira�e
de toutes; la fimplicit� eft le propre des ouvrages des grands Ma�tres j elle porte un caract�re que l'ait ne peut d�finir, Se que le plus habile Profefleur ne peut enfeigner 5 elle feule > peut enchanter l'ame & les yeux ; elle men� au fublirne ,. 8c eft toujours pr�f�rable t quoi qu'on en difeγ � ces con�po-; |
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d'architecture. 397
tfafte des formes. Au Ai, � l'exception de quelques
�difices facr�s �lev�s depuis que la chr�tient� y a �tabli fon empire, il faut chercher l'Archite- cture Romaine dans les entrailles de Rome. Peut- �tre la France en imitant les proc�d�s des Grecs & des anciens Romains , � furpaiT� les produ- ctions qui f e font �lev�es depuis dans cette Ville autrefois fi fuperbe ; du moins pouvons-nous dire qu'elle s'eft fray�e une nouvelle route, en cher- chant � fuivre l'antique dans l'ordonnance des dehors de fes �difices ; & que non-feulement elle a perfectionn� l'art de b�tit proprement dit , mais qu'elle a cr�� pour ainfi dire un art de la di- itribution: en forte que par cette triple unit� elle s'eft acquife le droit de pr��minence fur toutes les productions de ce genre , mifes en �uvre par les nations les plus floriffantes de l'Europe. En bon Citoyen , nous convenons, de cet
avantage ; mais en Artiile impartial, nous fom- mes forc�s d'avouer que nous n�gligeons encore trop fouvent l'unit� qui fait ici notre objet, malgr� la quantit� de chefs-d'�uvre que nous ont laifl�s pour exemples les Lefcot, les Delorme, les Man* fard , les Debroffe , l�s Lemercier, les Fran�ois Blondd, les Perrault , les Bullet, &c. & qu'il nous refte peut-�tre au moins ces trois points de r�union � perfectionner , pour donner � notre Architecture ce dernier degr� de fup�riorit� , qui t .'
fitions forc�es qui d�c�lent l'Art, & � cette multitude d'orne-
ments dont les hommes fans doctrine furchargent leurs produ- irions ,-parce qu'il eft plus aif� de plaire au vulgaire par la confuf�on des membres & la prodigalit� de la Sculpture, que par la fimplicit� dont nous parlons : il n'y a qu'un tr�s-petit »pmbt� de Conjioifleurs qui f�chent la tentir & rapr�ciej;. |
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3<$ Cours
�eul peut la rendre v�ritablement recommandab�e,
Offrons ici, s'il nous eft poi�ible, les princi-
paux traits qui, f�lon nous, cara&�rifent l'unit� dans Γ Architecture. L'unit� confifte dan* l'art de concilier dans fon projet la folidit� , la commo- dit� , l'ordonnance , fans qu'aucunes de ces trois parties fe «l�truifent ; � n'admettre jamais plufieurs genres , ni diff�rentes expref�ions dans fa d�cora- tion , � n'y placer aucun membre d'Architecture ni de Sculpture qui ne foit puif� dans la m�me four��, � �viter de faire parade dans un m�me �tage, de plufieurs ordres de diam�tres & de cara- ct�res diff�rents, � faire en forte que les entable- ments , commenc�s modillonaires, ne deviennent jamais denticulaires dans une m�me d�coration (/ra); � n'affecter jamais d'interrompre, fans une n�ceffit� abfolue , le niveau des architraves & des corniches des frontons, ni les diff�rents �tages apparents d'un b�timent, � moins qu'on ait re- connu cette licence indifpenfable dans la d�co- ration ext�rieure defon ordonnance, en faveur de quelque fuj�tion int�rieure, tenant � la folidit� ou � la commodit�; � ne point abiifer de trop de richeiTe dans les avant-corps, & de trop de iimplicit� dans les arrieres-corps d'un �difice; � ne point faire ufage de trop de mouvement dans les plans , lorfqu� la (implicite des fa�ades f�mble d�fapprouverl'abus des reffauts des avant-corps, & des arrieres-corps dans fa difpoiition g�n�rale; � �viter trop d'in�galit� dans la hauteur des com- bles de la fa�ade d'un principal corps de logis ; � ( m ) Comme � Saint-Louis du Louvre, Se aux Dames de
Saxate-Eliiabeth, tue du T�mpl�, . ;. - |
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d'Architecture. 399
ne pas croire que pour �viter k monotonie, il faille changer la forme ni la proportion des ouvertures dans le m�me �tage d'un b�timent ; � prendre garde de mettre trop d'in�galit� dans les trumeaux des fa�ades, quoique cette in�galit� paroiffe au- torif�e en apparence par la r�it�ration des corps qui la fubdivifent ; � prendre foin dans les a�les d'un b�timent, quoique plus baffes que le prin- cipal corps de logis , de rappeler le m�me genre d'Archite&ure, qui regne dans l'�tage auquel celles- ci fervent de continuit� ; en un mot, � faire en forte que depuis la principale*iffue jufqu� la porte du veitibule on reconnoiffe le m�me efprit , la m�me expreffion , le m�me ityle, malgr� les gradations , les nuances qu'on doit obferver n�- ceffairement entre les d�pendances, les parties acceffoires , & l'objet principal de l'�difice. Ces diff�rentes parties doivent �tre vari�es ; mais l'uni- t� g�n�rale que nous venons de recommander , ne doit pas fouffrir de cette vari�t� dont nous allons parler. De la vari�t� en Architecture.
Une Architecture vari�e eft appel�e ainfi, lors-
que dans la fa�ade d'un b�timent d'habitation on apper�oit, fans d�roger aux lois de l'unit�, une diff�rence louable dans les formes des ouvertures » & dans l'in�galit� des encoignures , compar�es avec les trumeaux, les �coin�ons. Il faut que la r�it�ration des ayant-corps & des pavillons auto- rife cette vari�t�. Pourvu qu'elle foit toujouts foutenue par le fond du ftyle de l'ordonnance, elle eft pr�f�rable � une r�p�tition monotone, cni� r�clame fouv�nt l'�galit� des vid�s & de« |
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400 Co V R 5
pleins dans l'ordonnanc� d'un b�timent public*
dont l'�conomie, la fo�idit� & la limplicit� doivent d�cider le cara&ere; mais dans un grand H�tel, dans la maifon d'un riche particulier, cette exacti- tude devient plut�t une il�rilit� qu'une beaut� de i�m�trie. Il faut, pour plaire , obferver dans les comportions des fa�ades de ces b�timents, un jeu, un mouvement, une vari�t� int�reiTante, fans pour cela affe&er de placer des ordres dans les avant-corps , de les fupprimer dans les arrie- res-corps; ce feroit alors faire parade d'une vari�t� mal entendue (/2). Il faut n�ceffairement dans ceux-ci des pilaitres ; dans ceux-l� des colon- nes (o), par la raifon que l'entablement deve- nant commun � ces diff�rents corps , il eit n�~ ceffaire de conferver une certaine unit� dans la hauteur de chaque �tage ; car autrement il ieroit � craindre d'introduire plut�t une \difpa- rit� frappante, que la vari�t� que nous re- commandons ici. Au reffe , il faut fa voir que cette vari�t� eft inconteftablement plus du rei�brt des dedans que des dehors; parce que les d�- corations des pi�ces d'un appartement doivent n�ceifairement �tre diff�rentes entr'elles, & l'or- donnance des fa�ajdes �tre une. Il eil m�me n�cef- faire que les appartements de parade , de foci�t�, priv�s, different entr'eux, & que la d�coration |
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( n) Les fa�ades des H�tels d'Eftr�es, de Rotelin , de la
Vriliere, d'Auvergne, Faubourg Saint-Germain, ont tous ces d�fauts. Voyez- les deifins de ces fa�ades dans le premier volume de l'Architecture Fran�oife. > . ( o) Comme aux Ch�teaux de Maifons , de Montmorency,
de VerfailleSj que l'on peut comparer, pour l'ordonnance, avec ceux A'�fy ; de Berry > du Palais Archi�pifcopal de Bourges du c�t� du Jardin. ext�rieure
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d'Architecture. 401
ant�rieure de la demeure des Grands , celle des
Particuliers , celle du Pr�lat , du Magii�rat, de l'Homme de guerre, fuient trait�s d'un ifyie ( ρ ) & d'une maniere ailbrtie � ces diff�rents ordres de Citoyens, vari�t� que la convenance impofe n�- ceifairement , que le go�t autorite , & qui ei�: pr�f�rable � beaucoup d'�gards, � cette routine de l'Art, qui fait placer indiftint�ement les m�mes ornements, les m�mes fymboles & les m�mes all�- gories dans les edifkeSk.de genres diff�rents. Cette uniformit� n'annonce rien de libre dans la compofi- tion , aucune forte d'abondance dans les formes, ni cet efprit qui met chaque partie � fa place. Trai- tons en particulier de ces trois diff�rents objets , & commen�ons par expliquer ce que nous enten- dons par une Architecture libre. Ou caract�re libre en Architecture.
On dit : Cette compofition eil d'un ftyle libre }
aif�, facile, pour exprimer une ordonnance qui ne tient rien de la fervitude de l'art , mais o� n�anmoins l'on a fu �viter, dans la t�coration , |
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(p ) Par flyle en Architecture * on entend le v�ritable genre
<Iont on doit faire choix., relativement au motif qui fait �le- ver l'�difice Le ityle dans l'ordonnance des fa�ades., & dans la d�coration des appartements, elt proprement la po�'ie de l'Architecture 3 qui ieul contiibue � rendre toutes les compo- rtions d'un Aixhnecte v�ruauienient �nt�ieilantes : Veit le ftyle propre a chaque efpcce de b�timent qui amen� cette Vari�t� infinie dans. les �difices de m�me genre, 6i de genres diff�rence ; le ttyle peut peindre �galement le genre iacr�, h�ro�que &c pailoial , exprimer en particulier le caract�re r�- gulier ou irregulier, iimpie ou corapof� , i�m�tnque ou vari�; enfin par le il y le on atteint au fublime , on parvient � la convenance , a l'expreflion ; en un mot a ce degr� de perf�-* ihon -m rel�ort de toutes les productions d'un Architecte» Tome 1. Ce
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4P* C ou R s
tout �cart qui t�moigne plut�t l'effort de Timag�*
nation de l'Artiite que la produ&ion d'un g�nie �clair� : celui-ci accoutum� � bien voir, applique fans contrainte aies beibins , les v�ritables beaut�s de TArchitedure �lev�es parles Architectes qui Tont pr�c�d�; il fait y ajouter ou en retrancher toutes les parties qui ne font point du reifort de fon projet. Une compofition libre �ft celle qu'on exa- mine fans embarras, que l'on con�oit telle fans aucune difficult�, o� Ton remarque que les mafTes ont non-feulement engendr� de belles parties» mais en g�n�ral une ordonnance fimple r vraie » vraiffemblable; enfin que l'on croit facile, parce que tout y eil diftindt, qu'aucun- d�tail n'eft fu- perflu, que les ornements y font amen�s, natu- rellement, fans faite, fans efforts; en un mot», une compofition qui, par la beaut� de fon en- femble, annonce la produ&ion d'un grand Ma�tre; car rien n'eft fi difficile que de parvenir � ce degr� de « perfec�on, La d�coration de la porte de la 'cfcur des Feuillants offre ce cara&ere ; rien de il aifi en apparence, rien de fi difficile � imiter que: ce che�d'eeuvre de Fran�ois Maiifard. Cette porte, eit bien diff�rente du portail de l'Eglife qui lui eft oppof�e : celui-cioffre plus d'abondance dans f� compofition, plus de richefle ; mais une Archi- tecture moins vraie, moins libre & beaucoup moins bien entendue. PaiFons � pr�fent � ce que nous entendons par une Architecture abondante. |
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d'Ar�H�tectvei. 40$
Ce �o*0/z appelle abondance dans ία compofitw/i
d'un ouvrage d'Architecture. Trop d*abondanc� , c'eft-�-dire, trop de corps,
trop de reffauts » de membres & d'ornements dans la d�coration, eft peut-�tre toute auffi pr�judi- diciable au fucc�s de la beile Architecture , que l'affedation d'une trop grande fimplicit�. 11 faut �avoir n'abufer de rien ; dans une maifon parti- culiere , par exemple , malgr� l'�conomie dont on doit nier , on peut r�pandre une forte d'int�r�t dans fa d�coration ext�rieure & int�rieure : qu'on y prenne garde, une corniche, une plinthe pla- c�es � propos, un chambranle fubftitu� � un ban- deau , un reifaut, une table �tent les nus,. rem- plirent les efpaces, emp�chent la d�coration de paro�tre pauvre, il en doit �tre de m�me pour ce qui concerne la trop grande abondance dont nous voulons parler ici. Pour rendre (es compofitions riches, il ne faut pas les charger jufqu'� l'exc�s de membres d'Architecture & d'ornements r�els ou feints ; il fuffit d'appeler � loi, tout ce qu'il eft n�ceiTaire de placer convenablement dans la fa�ade d'un b�timent d'importance, aui�i-bien que dans l'int�rieur de fes appartements. Une d�- coration qui montrera tout ce que la convenance exige , fera toujours belle, toujours aifez riche; trop de diviiions , une trop grande multiplicit� d'angles, de retours * de contours , de caifettes 9 de rofaces , de bas-reliefs, accablent la compofi- tion,& d�tournent l'attention du fpectateur ; le regne des le Brun, des le Pautre eft pafte. Malgr� les chefs-d'�uvre que nous ont laift�s pour exemples ces deux Artiftes , il faut convenir que leurs deilins �toient un peu trop charg�s, trop confus, Cc ij
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404 Cou R s
trop compos�s, trop compliqu�s; le propre de Ιέ
bonne Archite&ure, eil d'�tre de tous les temps* V % Il n'eft qu'un bon genre, dont il ne faut jamais s'�carter : on peut faireiimple, & plaire; lorfqu'on [i veut faire riche, il faut attendre les grandes entre- prifes : autrement, dans les b�timents particuliers,
c'eil manquer fon but, que de faire coniifter la, richeffe dans la multiplicit� des d�tails, dans la vari�t� des contours, & dans la quantit� des or- nements. La d�coration ext�rieure du d�me des Invalides, la d�coration int�rieure de l'Eglife de Saint Louis du Louvre , la d�coration du Ch�ur de Notre-Dame, l'int�rieur de la Chapelle de Verfailles , la plupart des plafonds des grands appartements de ce m�me Palais , ceux du Cha-; teau de Vincennes, l'efcalier de l'H�tel de; Luynes, � Paris , la gallerie du Ch�teau de Richelieu , ont un caract�re d'abondance & de richeffe, peut �tre port� trop loin ; au contraire les fa�ades des H�tels de Duras, de Torcy, de Seignelai, l'efca- lier des Tuileries , l'int�rieur de l'Eglife de Saint Louis dans l'Ile font plus pauvres qpe fimples., Pour �viter ces deux exc�s , il faudroit fans doute imiter les d�corations ext�rieures & in- t�rieures des Eglifes des Dames de Sainte Marie � �haillot, & de l'Annonciade � Saint-Denis, les dehors de l'H�tel de Thiers � Paris, le frontif- ♦ pice dii Noviciat des J�fuites, l'int�rieur de l'E- glife de l'Oratoire , la nef du Val-de-Gr�ce, fans y comprendre les compartiments de fa vo�te ; l'ordonnance du p�riftile du Louvre , celle de la porte de S. Denis, les grands & petits apparte- ments de l'H�tel de Touloufe. Toutes ces pro- ductions , ne pr�fentent de f�condit�, d'abondan- ce, de richeifes?*que ce qu'il en faut, relative« , |
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D 'A R C H � Τ Ε C T U R E. 40 f
ment � leur deitination particuliere. D'ailleurs on
n'y remarque aucune inconf�quence. Comme ce d�faut eft de tous les abus le plus condamnable ; nous allons traiter en particulier de ce que nous entendons par une Architecture conf�quente. Z)e la n�ceff�t� de rendre conf�quente Les diff�-
rentes productions de t'Architeclure. On dit qu'une Architecture eft conf�quente,.
quand toutes les parties qui la co'mpofent rendent raifondes pr�ceptes del'art,des vues du propri�taire, & des intentions de l'Architecte ; lorfque tout y paro�t r�fl�chi, relatif, raifonnable; que les licen- ces y font mafqu�es avec art ; qu'on a fu �viter d'allier dans l'ordonnance d'une m�me fa�ade, le genre antique & le moderne ; que les membres d'Ar- chitecture , adopt�s par les plus grands Ma�tres, occupent les premi�res places , & fe font apper- cevoir dans tout leur jour. Une Architecture inconf�quente, au contraire *
eil celle o� l'on abufe de la l�g�ret�, quand le caract�re principal eil viril ; ou de l'expreflion ruilique, quand �'efprit de convenance a fait choifir l'ordre Corinthien: lorfque dans une fa�ade qui n'a que deux �tages , on fait l'un foubaifement, l'autre attique ( q j ; qu'on met en �uvre un ordre Dorique, fans autres trigliphes que ceux plac�s � plomb des colonnes, & non au-deiTus des entre- colonnements (ή ; qu'on donne une proportion |
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(q) Tel qu'on le remarque au Ch�teau d'Eau, en face du
Palais Royal a Paris , quoique dans le milieu de cet �difice on aie plac� un avant corps d'ordre Dorique. "*(� ) Tel qu'on le remarque dans les ailes du Ch�teau. d§
Saiat-Cloud, du c�t� de la cour, C c iij
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4o6 C o υ ft $
Tofcan� � Vordre Ionique ( * j. Enfin, lorfquoft
abuie de l'application des frontons , comme � la gallerie du Louvre du c�t� de l'eau; des ni- ches , comme dans l'int�rieur de la Sorbonne §< des cariatides , comme au frontifpice du Bureau des Marchands Drapiers &' ailleurs ; des combles comme au Ch�teau de Meudon; des pleins � la place des vides, comme � lH�tel d'Elb�uf ; des ornements d�licats appliqu�s � l'ordre ruiliqu� comme aux guichets du Louvre, &c. en un mot, quand on n�glige toute efpece d'exa&itude, fans laquelle n�anmoins on ne fauroit compter fur le {uce�s de fes �uvres. Mais voyons ce que nous croyons devoir entendre par une Archi�e�ure exa�e proprement dite, ji J}e la n�ceffit� de �txaS�tuL� dans
ί'Architecture-. L'Architecture exafte eft celle qui, dans fa
'd�coration , nadmet rien qui ait befoin d'excufe ; celle qui, non-feulement approche le plus de la f�v�rit� des pr�ceptes de l'art, mais encore o� la qualit� de la mati�re & la pr�cifion de la mai« d'�uvre, contribuent � rendre toutes fes parties plus exactes encore. Cette confid�ration doit en�* gager TArchiteae, avant de d�terminer fon projet, I prendre connoiffance des diff�rents mat�riaux «juil doit employer, & � bien conno�tre la capa�* eit� des Artiiles qui doivent travailler fous tes.
s -■■ v.j
f s�Aix� qu'il s'en voit � l'H�tel de Charat, faubourg
�aint-Honot� Λ & daas \z �oar du fafeis � y^Yis Ja S*«u�- C^apcllet ■ »■*; � ? ί «
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d'Architecture. 407
©rdres , pour que de-l� il puiiTe parvenir � deer-
der le ftyle & l'exprei�ion qu'il doit donner � fa d�coration ; car fouvent la difette des mati�res fait la loi pour le choix du caraftere qu'on doit donner � fa compoiition. Ind�pendamment de la beaut� des proportions & de la l�g�ret� du ci- feau des Artiftes , combien de chefs-d'�uvre dans la Gr�ce 8ζ dans l'Italie ne font parvenus � notre eonnoiiTance, que par la folidit� des marbres qu'on y a employ�s. Qu'on y r�fl�chiffe, ii apr�s avoir liiivi les excellents pr�ceptes on prend foin de n'em- ployer que des mati�res d'�lite, fi l'on affocie � ces. mati�res l'art de Fapareil que nous poif�dons au- jourd'hui, on �l�vera bient�t chez, nous des monu- ments dignes d'entrer en parallele avec ceux d'Ath�- nes. L'int�rieur du d�me des Invalides, la Chapelle de Verfailles, la Fontaine de Grenelle en font des preuves certaines (r). Qu'eufTe �t� de la porte S» Penis, du Ch�teau de Maifons, du p�riftile du Louvre, fi leur itru&ure e�t �t� de pareilles ma- ti�res, ou plut�t tome de marbre; puifque malgr� la pierre ai�ez commune avec laquelle ont �t� conftruits ces �difices , ils n'en font pas "moins des chefs-d'�uvre que la poil�rit� regr�tera de n'avoir plus fous les yeux, & qui cependant ne fervent pas toujours de mod�les � nos jeunes ArchicecTes ; mod�les qui n�anmoins devroient leur apprendre combien l'exactitude a d'attraits quand on lait allier enfemble la th�orie de l'art avec la. pratique de la main .d'oeuvre, & qu'� ces deux objets fi wk |
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'(() Les deux premiers K�tis en pierre de Liais -, le dernier
en pierre de Conflans , l'une tr�s-dure ,, l'autre tendre , mais Lautes deux formant de beaux parements, Cciv
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'4ot Cours
terei�ants, on fait joindre une fym�tr�e raifort
nable , objet de l'article fuivant.
De la n�cejjit� de la fym�trie dans
C Architecture. La fym�tr�e doit �tre regard�e comme iine
des principales beaut�s de i'Archite�ure ; elle doit �tre coniid�r�e comme l'ennemie du contraire; ou du moins elle force, pour ainii dire, les formes contrait�es, quand on eil oblig� d'en admettre dans les dehors, d'�tre r�guli�res dans leurs c�t�s ορροί es. La fym�trie d�dommage non-feulement d'une fimplicit� n�ceifaire dans la ilru�ure des b�timents particuliers, mais elle aide � faire va- loir la richei�e r�pandue dans les fa�ades d'un b�timent d'importance. La fym�trie fans affecta- tion eil amie de F�uil : tant�t elle rappelle les diilances les plus �loign�es ; tant�t elle autorife le rapprochement d'un corps avec un autre. La fym�trie, telle que nous l'entendons , n'eil point monotone, comme quelques-uns fe le perfuadent ; elle*men� prefque toujours � la fimplicit� , & nous pr�ferve n�ceifairement des �carts de n�tre imagination. Combien d� b�timents, parce qu'on y a n�glig� la fym�trie dont nous parlons , ne nous offrent que des productions contraires � la r�gu- larit� qu'exige la bonne Architecture. Citons quel- ques exemples : la largeur des pavillons du Ch�- teau de PaiTy, du c�t� des Jardins, eil difTem- blable : la hauteur des pavillons des fa�ades lat�- rales du Luxembourg eil in�gale : on n'a plac� qu'une a�le � l'H�tel de Belle-iile, vue du c�t� de la rivi�re ; l'ordpnnance de la fa�ade du Pa* |
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d'Architecture. 40^
lais des Tuileries, du c�t� des jardins, eft dans
fa longueur compof�e de deux genres d'Architec- ture : la plus grande partie de celle des galleries du Louvre, du c�t� de l'eau, eil de genres diff�- rents. Tous ces �difices ont d'autres beaut�s fans doute ; mais il ne p�chent pas moins contre les r�gles de la fym�trie. On conno�t � la v�rit� les fourcesx qui autorifent ces divers mouvements ? peut-�tre portent-elles chacune leur excufe l�gi- time ; mais ces excufes ne peuvent que fatisfaire nos contemporains ; la poft�rit� n'aura-t-elle pas droit d'en penfer tout autrement ? D'ailleurs il ne faut pas fe le diiTimuler, de tels exemples, fans �tre des au- torit�s , trouvent des imitateurs qui, ignorant pour la plupart les motifs des Architectes qui les ont mis en �uvre, font entrer dans leurs compositions ces erreurs de n�cei�it�, mais qui n'�tant pas les m�- mes dans leurs nouvelles produ&ions, convertiffent en abus les excufes �es grands Ma�tres. Nous di- fons plus ici, il ne fuff�t pas qu'une fa�ade foie r�- guli�re ; il faut que lorfque l'�difice fe trouve ifol�, tous (es afpe&s foient fym�triques pour avoir droit de fe faire admirer; autrement, n'�tant fatis- fait que de certains d�tails, on eft m�content de trouver plufieurs belles parties qui, r�unies enfem- bles, n'en pr�fentent pas moins un tout mal aiTorti, & dont fouvent le ftyle de 1'Architeclure , & les fymboles de la Sculpture, pr�fentent autant de difparit�s. Mais voyons ce que nous entendons ici par une Archke&ure & une Sculpture fymbo- Jique. if
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4ίΡ Cours
Ce que c'efi qu'une Architecture & une Sculpture
fymbolique.
On dit, en parlant d'un b�timent, que fon Archi-
te&ure eil fymbolique , quand le ftyle qui cara- <ft�rife fa d�coration paro�t puif� dans le motif qui a fait �riger l'�difice ; lorfque les ordres ruftiques, folides, moyens ou d�licats, ou feulement f ex- prei�ion de chacun d'eux s'y trouve plac�e con- venablement ; lorfque la Sculpture paro�t appel�e dans l'ordonnance des fa�ades ou dans l'int�rieur des appartements, pour fervir d'interpr�te � l'Ar- chitec�ure, pour embellir fon ordonnance, & non dans le feul deifein de l'enrichir. Nous l'avons dit plus d'une fois, une belle Arehit�&ure fe fuffit � elle-m�me. L'Architecte doit commencer par les nus de fa d�coration & en �tre content, avant de chercher � placer des ornements ; ceux-ci doi- vent na�tre du fein propre de l'Architecture; ou autrement ils ne feront regard�s que comme un ac- ceffoire importun. Un ordre Tofcan dans les ou- vrages Militaires , un Dorique dans les �difices facr�s , un Ionique dans les maifons de plaifance, un Corinthien dans les Palais des Rois , enfin un Compoiite dans les F�tes publiques, font au- tant de fymboles capables de caratt�rifer l'or- donnance des diff�rents b�timents �lev�s pour la furet�, l'utilit�, l'agr�ment,l'habitation & la ma- gnificence. Qu'� chacun de ces divers eara&eres appliqu�s aux fins diff�rentes de l'art de b�tir, on ajoute par le miniftere de la Sculpture, quelques ornements puif�s dans l'hiftoire facr�e ou profane, on parviendra �rendrefans doute rArchite�ure plvift |
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ρ'Architecture. 41*
�nergique. Au reite,. il faut fa voir n'en pas abiifer,
dans la crainte de n'introduire dans (qs productions que des ornements qui ne foient qu'ornements pro- prement dits; pour donnera ces derniers le droit de plaire, il faut que l'Architecte ait une connoif* fance fuf�ifante d� l'Hiftoire , qu'il foit bon dei�i- nateur, homme de go�t. Cette derni�re qualit� lui eft n�ceffaire pour difcerner avec choix l'u- fage qu'il doit faire des diff�rents genres d'Ar- �hite&ure & de Sculpture qu'il eft dans le cas de mettre en �uvre, & pour les amener fur la fcene � raifon du befoin , de la dignit� & de l'opu- lence des diverfes perfonnes qui confient leurs int�r�ts � (es foins ; confiance qui tant�t doit lui faire choifir le ftyle m�le ou l�ger, le caract�re na�f ou terrible ; autant de diftin&ions particuli�res dont nous allons parler. Qe la diff�rence qu'il y a entre le caract�re
m�le, ferme ou viril dans l'Architecture, On peut concevoir par une Architecture m�le,
celle qui, fans �tre pefante, conferve dans ion Ordonnance un cara&ere de fermet� afTorti � la grandeur des lieux & an genre de l'�difice ; celle qui eft fimple dans fa composition g�n�rale, fage dans �qs formes, & peu charg�e de d�tails dans fes ornements ; celle qui s'annonce par �&s plans �ecTilignes, par des angles droits, par des corps avanc�s qui portent de grandes ombres ; celle qu�^ fleftin�e aux march�s publics , aux Foires , aux H�pitaux & fur-tout aux Edifices Militaires v doit �tre compof�e de belles maffes, dans lef- gue$es ojn prend fokt C�vitet les petites parties f |
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4ii Cours
le ch�tif & le grand ne pouvant aller enfemble.
Souvent on croit faire une Archite�ure m�le, on �a fait lourde, maffive, mat�rielle ; on prend le mot pour la choie. On croit faire du neuf, & l'on ne ramene fur la fc�ne que la charge des belles produaions des Michel-Ange , des le Brun, des le Palitre, fans fe douter que les Debroffes, les Hardouin Manfard, les Fran�ois Blondel , nous ont laiff� des exemples immortels en ce genre, dans la compofition , la grandeur & la folidit� du Palais du Luxembourg, des Ecuries & de l'Orangerie de Verlailles, dans la porte triom- phale de S. Denis ; productions admirables qui, �nconteitablement, doivent fervir d'autorit�s pour l'ordonnance des divers �difices qui exigent le caract�re m�le dont nous voulons parler; Une Architecture ferme diff�re d'une Archite�ture
m�le par fes maffes : l'Architecture ferme annonce moins de pefanteur, mais n�anmoins dans fes par- ties, dans fa divifion, elle pr�fente des formes d�ci- d�es dont les furfaces & les angles font droits ^par- tout elle montre une certitude, une articulation , qui impofe, qui frappe, & qui fatisfait les yeux intelligents. Les ouvrages de Fran�ois Manfard, de le Veau, de le Mercier, portent affez g�n�ra- lement ce cara&ere de fermet�, dans les Ch�teaux de Maifons, de Vincennes & de Richelieu : pro- ductions qui moins m�les que les pr�c�dentes, ont airi�� quelque chofe de plus int�reffant, & font plus du reiTort des b�timents d'habitation. 1 Quoiqu'il paroifle qu'une Architecture virile diff�re peu des deux pr�c�dentes, il eil cependant vrai qu'on peut donner ce nom � celle dans l'or- donnance de laquelle pr�fide l'ordre Dorique. Une Architefture m�l� �onftd�r�eS�par�ment ?une |
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»'Architecture; 413
Archite&ure ferme , proprement dite, n'exigent fouvent que l'expreffion ruflique ou folide, & non la pr�fence de Tordre dont nous parlons ; mais lorfqu'une fois cet ordre eil pr�lent dans la d�- coration des fa�ades, il faut s'attendre qu'il ne to- l�re aucun d�tail, aucun! acceffoire qui ne foit puif� dans fa virilit� : lorfqu'il pr�fide dans l'or- donnance de l'�difice , il ne ^veut fouffrir aucune efpece de m�lange, il eil m�me jaloux de communi- quer fon caract�re aux autres ordres qu'on lui affo- cie fouvent dans les diff�rents �tages du b�timent ; c'eil ce qu'on remarque au Palais du Luxembourg,, au Ch�teau de Maifons, au Rortail de S. Gervais ailleurs. Si donc nous croyons qu'il foit n�ceffaire d'ob-
ferver ces diff�rentes nuances dans la claife des b�timents qui doivent annoncer dans leur ilruc- ture & dans leur ordonnance, un caract�re qui tienne � l'expreffion Tofcane & Dorique, voyons, fi les m�mes coniid�rations ne doivent pas porter. l'Architecte � les obferver lorfqu'il s'agira d'une Architecture �l�gante, d�licate ou l�gere, qui nous indique aifez pr�cif�ment les expreffions Ionique V Corinthienne & Compoiite. De la diff�rence qu'on doit concevoir entre
l'Architecture l�gere P �l�gante ou d�licate.
Une Architecture l�gere, quoique de m�me genre
«rue l'�l�gante ou la d�licate , pr�fente n�anmoins � l'id�e des nuances diff�rentes qu'il eil bon de ne pas confondre. Par- une Architecture l�gere, on entend particuli�rement celle dont les ordres d�- licats ont d�termin� l'Architecte � donner � fon �difice un ilyle relatif � ces m�mes ordres; celle |
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4*4 Cour s
dont les profils, le faire des ornements & fex*
prei�ion d�licate des moulures font relatifs � �'exprei��on Corinthienne ; celle o� l'on remarque que la proportion des ouvertures des portes & des croif�es s'accorde avec la plus petite lar- geur des trumeaux qui en d�terminent les pleins : aiTortiment ef�enciel, fans lequel une d�coration de ce genre ne fauroit plaire, & paro�tra toujours con�ue par un g�nie incons�quent* Il faut fa- voir cependant ne pas abufer de la l�g�ret� dont nous parlons. De m�me qu'on prend quelquefois le lourd pour le m�le, on produit fouvent une Ar- chitecture maigre pour une Architecture l�gere, & Ton sJ�loigne prefque toujours du but qu'on fe doit propofer. Nous pourrions citer beaucoup de b�timents o� l'on eu. tomb� dans ces d�fauts de relation. En vain ces imperfections font-elles ba- lanc�es par de grandes beaut�s ; le ConrtoiiTeur eft toujours f�ch� de voir ces beaut�s d�faiTorties ; au lieu qu'on �prouve une v�ritable fatisfaction quand on examine le p�riftile du Louvre o� l'on remarque une l�g�ret� int�refTante, non-feulement dans l'application de l'ordre Corinthien, mais enco- re dans la difpofition de fes entrecolonements, dans la diitribution de fes ornements, & dans la har- c�eiTe de fon ex�cution : exemple c�l�bre qui nous prouve bien qu'il ne faut introduire dans les corn- pofitions qu'une d�licatefle r�fl�chie , qui' ne nuife en rien au caract�re propre de l'�difice; autrement on rifqiie de ne pr�fenter aux yeux des fpec- tateurs qu'une Arehite&ure de fantaifie, qu'une d�coration arbitraire, plus propre � la d�coration de nos th��tres qu'� �tre appliqu�e dans Tordons �iance de nos �difices. Une Architecture �l�gante a une autre fignifi- |
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d'Architecture. 41^
eation; on devroit entendre par ce mot une Ar-
chitecture qui, comme ia pr�c�dente, eft a la v�rit� relative afexpreffion de l'ordre Corinthien,mais qui offre dans fa compoikion une plus grande quantit� de perc�s, un certain jeu, un certain mouvement dans fon ordonnance, chofes qui ne fe rencontrent point dans la pr�c�dente ; parce que l'�l�gance dont nous voulons parler, eft plus du reifort de la d�cora- tion int�rieure que de celle des dehors ; que le ftyle proprement dit de l'une, n'eft pas celui de l'autre, quoique tous les deux foient puif�s dans la m�- me fource. Or c'eft de cette diff�rence d'appli- cation de l'Architecfure des dehors � celle des. dedans que doivent n'a�tre les diff�rentes nuan- ces , cette fineife de go�t, ce ta�t de Fart qui con- tribuent au fucc�s des divers �uvres de l'Ar- tifte. N�anmoins il faut convenir que lorfque dans la d�coration int�rieure on ufe avec mod�ration d'une forte d'�l�gance, elle peut contribuer � procurer de la vari�t� aux diff�rentes compofitions de TArchite&e : la d�coration ext�rieure du Ch�- teau de Trianon, par exemple, peut �tre conf�- d�r�e comme une Architecture �l�gante, quoi- que l'ordre Ionique feul y pr�fide; parce que la difpofition g�n�rale de fes b�timents, la colon- nade qui les unit, la richeife des mati�res dont on s'eft fervi, & la diftribution des ornements qu'on y a employ�s , la cara&�rifent telle, & qu'il n?y manque peut-�tre que la fubftitution de l'ordre Compofite, pour en faire un modele parfait en ce genre. Mais il faut prendre garde que le b�ti- ment que nous citons n'eft qu'une habitation ac- ceifoire � un plus grand �difice, & que ce que nous approuvons � Trianon pourvoit devenir ail- leurs un d�faut de convenance ? peut -�tre le plue |
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ifi� Co υ R s
grand de tous les d�fauts qu'on puhTe introduire
dans l'Archite&ure. Une Architecture d�licate tient fans doute de
tr�s-pr�s aux deux pr�c�dentes ; cependant elle a cela de particulier, qu'elle ne regarde gu�re que les parties de d�tails. On dit, ces membres , cette moulure, cette Sculpture font d�licates, lors- qu'on les voit ex�cut�es avec foin ; quand les pre- miers font exacts �& pr�cis ; la derni�re trait�e avec efprit, & qu'on la remarque d�licate, fans f�cherei�e, & d'une touche mo�leufe fans pefan- teur. Une Architecture d�licate , coniid�r�e du c�t� de la conftru&ion, eil celle qui, femblable aux plus belles produirions gothiques, offre peu de mati�re dans fa ftructure ; mais une fabrique induilrieufe , propre � la conftruction des vo�tes , des pannaches , des trompes, des voui��ires def- iin�es � la conftruction de nos temples , de nos �difices publics & � la refidence des grands. Une Architecture d�licate , enfin, eft encore celle qui devant �tre vue de pr�s dans les dedans, ou a un point de diftance peu �loign� dans; les de- hors , doit avoir peu de relief, �tre prononc�e avec go�t.,. & propre � recevoir des ornements/ m�plats, coulants, doux, fuaves , �l'ufage des bas reliefs en marbre ou en bronze, aux frifes, aux chapiteaux , ou toute autre production qui appar- tient de droit � la Sculpture proprement dite, mais dont la propri�t� eft d'embellir l'ordonnance de nos b�timents; ce qui contribue fouvent � f�conder l'Architecte , lorfqu'il veut peindre aux yeux, f�lon les occafions quifepr�fentent � lui, une d�coration ou champ�tre, ou na�ve > dont nous allons traiter en particulier. |
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d'Architecture; 417
Ce qu'on doit entendre par une Architeciur�
y . Champ�tre. Nous entendons par une Architecture cham-
p�tre , proprement dite, celle.qui paro�t relative � Tutilit� de Γ Agriculture , par les diff�rentes mati�res de fa conftru&ion , par la iimplicit� de fon ordonnance, par fes ornements de Sculpture fymboiif�s avec les attributs de Flore, de Po- mone , ou des autres Divinit�s des for�ts & des bois ; celle qui, riante dans fa d�coration, commo- de dans 'fa diitribution, folide dans fa ilru�rure? tient du genre pailoral, & qui mari�e fans affec- tation avec les diff�rentes parties qui emheliii��nt les jardins de propret� , pr�fente un afpe�t agr�a* ble ou ruflique, f�lon l'objet particulier qui donne lieu � ces diff�rents genres d'Archite�ure. Telles font les retraites que les grands font �lever � l'�cart dans leur maifon de plaifance, les Belve- d�rs, les Kioiques & autres pareilles productions 9 qui pour la plupart confin�tes avec le blocage ? la brique ou le cailloutage, s'allient par un cou- traite heureux, avec la culture des arbres ,Teffe� f�duifant des eaux, les all�gories du Dieu des �ardins : celle qui ayant peu d'ouvertures , de portes & d�. croif�es , annonce d�s les dehors un azile int�rieur, recceuilii frais & tranquile* entrem�l� de portiques naturels & artificiels, ainii que fe remarquent les douze pavillons de Marly , le petit Ch�teau de la M�nagerie � Ver^- failles, le pavillon de l'Aurore � Sceaux, le petit b�timent & les Jardins de Silvie [a) � Chantilly ; (v) Nomp�� ainii � �aufe 4e i'Qifc <�«e Th�ophile γ βρ
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4�S C g � r s
celle enfin qui, toute compof�e de treillage &
de verdure, conferve n�anmoins dans fa forme g�n�rale les proportions de l'Art, & pr�fente � l'�uil des fpe&ateurs , cette vari�t� enchantereffe qu'on voit r�pandue avec tant de choix & de go�t dans les diff�rentes maifons de campagne des an- virons de cette capitale, o� fouvent un genre na�f, mais riant, annonce dans leur . composition lin caradere auquel il ne manque peut-�tre qu'une exprei�ion plus d�cid�e pour en faire autant de chefs-d'�uvre ; mais peignons ici ce que nous en- tendons par une Architecture na�ve. Du caract�re na�f en Architecture.
Par une Archite&ure na�ve, on entend celle qui
par fon ordonnance, laiiTe voir une exprefl�on vraie, naturelle, & fans autre pr�tention que celle du genre qui lui eft propre ; celle qui ne tenant, ru' de l'�cart de l'imagination de l'Artiile, ni de la prodigalit� des ornements, pr�fente une iimplicit� louable, qui pla�t � tous les yeux ; celle qui, belle par la diilribution de fes membres, paro�t plus belle encore , parce quelle fe fuffit � elle-m�me , & femble n'avoir befoin du fecours de la Sculpture que pour en relever l'�clat ; celle qui, dans (es all�gories , n'offre rien que de voil�, de d�cent, m�me dans l'int�rieur des appartements ; car qu'on y prenne garde, nous n'entendons pas parler ici |
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intitul�e la Mai/on de Sylvie , & dans laquelle il c�l�bra fous
ce nom , Madame la Dacheife de Montmorency , Marie F�lix des Url�ns , en reconnoifianc-e de la retraite que cet �crivain avoir, trouv�e � Chantilly aupr�s de M. le Duca de Montmo�� rciicy, apr�s l'Arr�t rendu contre lai, le '\$ Ao�t 1613. |
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D'� 11 C H ΪΨ'% C't tJ ft E n 4tp
�lu��nlent de l'Architecture, qui n'a pour objet que l'ordonnance des fa�ades, mais de toutes les efpeces de d�corations confi�es aux foins de TAr- chite&e , qui, comme tel , doit pr�fider � 1& Sculpture > � la peinture, � la* cifelute * � la do* rure, aux ameublements, & g�n�ralement � tout ce que les Arts de go�t peuvent procurer d'em« ^ belliffements � nos demeures. Une Architecture na�ve enfin , eft celle qui, fans confufion, plait naturellement, parce que la raifon n'exige, ni plus d'int�r�t, ni plus de richeffe dans fon ordonnance* La d�coration d'une jolie maifon de campagne » d*un petit Tri�non, d'une m�nagerie, d'une l�iteriet d'une f�ifanderie, font autant de petits b�timents particuliers o� l'exprefilon na�ve doit pr�fider daris l'ext�rieur, dans l'int�rieur, dans la difpoi�- tion ,' dans la i�t�ation, & dont les dehors fur- tout doivent �tre puif�s dans le genre moyen ou f�minin, & trait� d'unityle analogue � leurs ufages* fans autre fecours que les r�gles de l'Art qu'il Faut r�duire dans la plus grande fimplicit�. Du genre, f�minin en ArchiteBure*.
On appelle une Architecture f�minine > celle dont
i'expreiiion eft puiiee dans les proportions de l'or- dre Ionique ; exprefiion plus na�ve, plus douce, moins robufte que celle de Tordre Dorique , & qui pour cela doit �tre plac�e convenablement & avec choix, dans la d�coration des �difices* Une Architecture f�minine, prii� en mauvaife part, fe�* roit celle qui au - lieu d'�tre virile , f�lon que le genre de l'�difice femblerd�t l'exiger > prefenteroit au contraire une ordre ionique , � la v�rit� , mais bien moins convenable que le pr�c�dent, � caufe �>dij
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410 C O URS
de 1'ufage & de la deitination particuliere du b�-
timent. On appelleroit encore une Architecture f�minine, priie en mauvaii� part, celle qui au- lieu d'indiquer des corps re�i�ignes, parce que le i�yle de i Architecture ieroit fohde , orfriroit des avant-corps compof�s de parties rlnueufes ; celle qui r�pandroit une incertitude dans les maiies , & dans les d�tails qu'on fe feroit propoi� d'admirer dans l'�difice, & qui pour cet;e raifon doit �tre rejet�e de tout monument Militaire, de tous les �difices �lev�s � la gloire des H�ros, � la demeure des Princes, &c. Mais elle peut �tre appliqu�e convenablement � la d�coration ext�rieure d'une jolie maifon de campagne, d'un petit Trianon; dans l'int�rieur des appartements d'une Reine, d'une Imp�ratrice, dans les bains , les fontaines & autres �difices confacr�s aux Divinit�s Maritimes ou Ter- jreftres, dont on auroit puiie la d�dicace dans l'Hit* toire facr�e ou profane. �'eft de cette application judicieufe des ordres,
que na�t le v�ritable caract�re de la bonne Archi- tecluf e & des all�gories qui en font la fuite ; les Pa�ens n'ont pas, ou ont tr�s-peu n�glig� dans leurs monuments, cette convenance int�reiTante , d'o� d�pend, quoi qu'on en dife, le fucc�s des produc- tions d'un Architecte- Qu'on parcoure l'Hiftoire des Grecs , comme nous l'avons d�j� rapport� , on verra qu'ils n� confacroient gu�re leur ordre Dorique» qu'� Jupiter, � Mars, � Hercule; leur ordre ionique, qu'� �ibele, � Junon, � Proferpine ; l'ordre Corinthien, qu'� Vefta, �Flpre» � H�b�'-; & que ii dans la fuite on a appliqu� ces trois �r-> dres, ainii que le T�fcan & le Compoiite, indi� tir clement � toutes les efpe�es de b�timents, cette inconf�quen�e a plus contribu� qu'on ne s'imagine, |
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D'A k e Hit Eet υ r�. 4�i
� donnera l'Archite&ure de la monotonie dans l'or*
donnance j & tout eniemble de Vind�cifion dans lel d�tails ; d�fauts qui nuif�nt au caract�re de chaque b�timent » parce qu'alors on n'a imit� Qu'imparfai- tement les chefs-d'�uvre des Grecs & des Romains, fans fe rappeler que ces Peuples de Savants avoient expreflement fait confvfter la beaut� de l'ordon- nance de leurs �difices dans le ilyl�, l'expreffioi� & la convenance que leur impofoient les dirT�-* rents motifs qui leur faifoient mettre la main � l'�uvre, r Pour arriver � de tels fucc�s, fious recomman-3
dons � nos Elev�s de remonter � la fource de l'Art, & de ne jamais oublier que lorfque T�iprit de* convenance leur aura fait faire choix d'un ordre plut�t que d'un autre, toute l'ordonnance de1 leur d�coration doit y �tre conforme, fans en ex* cept�r m�me les ornements ; qu'autrement leurs! productions d�viendroient inf�rieures aux chefs- d'�uvre de ces grands Ma�tres , & peut �trg m�me fort au-deffous de celles des modernes, dont les ouvrages d�j� moins parfaits que ceux d'A- th�nes & de Rome, les conduiroient infenftblemeni: � la m�diocrit�. L'Architecture a fes myi�er�s comme l�s auf fei
Arts ; il faut y �tre initi� pour les connoitre, les fuivre & les bien appliquer': tant�t il convient de les voiler, tant�t il eft bon de les expofer au grand jour ; mais pour ne pas confondre ce qu'on peut fe permettre ou ce qu'on doit f� d�fendre abfo- lument � cet �gard , tra�ons dans un article par^ ticulier ce.que nous entendons par les myftere� de l'Art, ou plut�t par une Archite&ur� myft&^ �ieufe« �> d 4
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> '41* ν. ' .- "; t* Co ν ft %
�% qttan dok wtendre par urn ArchittBum
myj��rieufi» ^
On pourrait appeler ainfi une Archite&ure om
Ton s'appercevroit que l'Architecte, loin de faire parade & d'�taler aux yeux tout ce qu'il fait, de fon Art, a p�n�tr� dans fes myfteres, pour ne mettre en oeuvre que les r�gles, les plus approuv�es, ou mafquer au contraire, lors de la conuruc�on de fon �difice, une partie du fecret de la coupe des pierres ;. celle o� l'on s'appercevroit que lorfqu'il s'agifToit d'un �difice facr�, ou feulement d'une Chapelle particuliere v il a fu m�nager � propos les jours, & introduire fous le voile de la d�- cence h de la retenue, les principaux myfteres de la, religion ; celle o� dans l'Architecture Mili- taire, il a uf� d'adreife pour mafquer aux enne- mis la fituation des magafins � poudre, les pris- C�pales iffues, les d�gagements, les ouvertures qui auroient pu leur annoncer les endroits les plus favorables pour attaquer un pofte , une redoute * lin fort, &c. celle o� dans. Γ Architecture civile % il a pris foin de placer � l'�cart & loin de la fr�quentation des grands appartements, les bains, & autres petites pi�ces deftin�es au fommeil, au rec�uillement ; celle o� > dans la diftribution des jardins de propret�, du parc % il a fu m�nager des all�es couvertes qui conduifent � une petite habita-* tion folitaire ^iffues�cart�es qui annoncent le �- |ence& la difcr�tion. Enfin l'Architecture, eft myft�- fieufe, quand l'Archite�e fait jeter un voile ing�- nieux fur toutes les productions des Arts agr�ables & 4es Arts de go�t, qu'il appelle � lui pour la d�co- Ιax�Qft de fes appartements, & deflein de ne pr�fet |
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d'Architecture 42,3
ter aux yeux aucun objet qui tienne de la licence &
du d�r�glement des m�urs ; qu'en un mot, il pr�f�re par-tout la iimplicit� � la prodigalit�, la grandeur � la multiplicit� des d�tails,, rien n'�tant � v�ritable- ment int�r-efTant que de montrer de la fermet�, de la hardieffe, quelquefois m�me du terrible , f�lon le genre de la d�coration & le motif qui d�termine � tel ou tel genre de b�timent. Mais, pour pein- dre � l'id�e ce que nous entendons par ces trois diff�rentes exprei�ions * traitons dans trois arti^� cl�s f�par�s ce que nous concevons par une grande Architecture, par une Architecture hardie» enfin, par ce que l'on doit concevoir par une Ar- chitecture terrible* Ce qu'on peut appeler une grande Arekite&ure*
Par une grande Architecture% on entend ordi-
nairement ceile qui comprend toute la hauteur qu'on pouvoir, lui donner, relativement � celle de l'�difice, il n'importe*de quel genre ; par exemple dans le frontifpice d'un temple , en ne faifant ufage que d'un feul ordre, comme � la nouvelle Eglife de Sainte Genevi�ve \ dans un b�timent d'habitation, en ne pla�ant auffi qu'un feul ordre dans l� bel �tage, & convertiffant l'�tage � rez-de- chauif�e en foubaffement, comme au p�riitile cH� Louvre. On dit en g�n�ral qu'une Architecture^ eil grande , lorfqu on la compare avec une autre de m�me genre,, mais dans laquelle on a pr�f�r� la r�it�ration des ordres �lev�s les uns au-d�flus UQS autres ( x), au lieu d'un feul qui auroit grasdi. |
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(*). On pourra dire: L'Architecture dap&ifti�e� an Lom&& χ
Dam
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4H C��H
fon ordonnance, par la fuppreffion' de plusieurs
entablements & de leurs acceflbires. On �� trompe fouvent loriqu'on croit avoir fait une grande Ar* chitecture, parce qu'on y a obferv� de grandes tnaues, mais qui fe trouvent divif�es dans leurs hauteurs par plufieurs petits ordres , & qu'on a ■�ui�i divii� mconiid�rement leur largeur par une ; trop grande quantit� de rei�auts. Le portail de S. Gervais, annonce fans doute un grand �difice, mais il ne pr�fente qu'une moyenne Archite&ure* L'Ar- chite&ure & les mafTes du portail des Minimes offrent plus d'unit� ; au contraire, la maife g�n�- rale du b�timent de l'H�tel de Tingry, du c�t� de la cour , paro�t naine ; parce que (es ordres d'Archite�ure font peut-�tre trop coloiTaux. Sa- voir montrer de la grandeur dans fes compo- ikion, fans les rendre gigantefques , �fl le com- ble de la perfection. Le monument de la porte triomphale de S* Denis, � Paris, eil peut-�tre le t�moignage le plus frappant de la beaut� r�elle que peut produire ce que nous appelons ici une grande Architecture. Ce que c'efl qu'une ArchiteUufe hardie.
-, ' ■]. : : -' J , ' - "■ '' ' ■ ■' �.. ■ 1'Λ '" ■ * On fe iert.du terme de hardie en Architecture,
lorfqu'il s'agit de parler de la d�coration des fa- �ades d'un b�timent �lev� fur les def��ns d'un grand Ma�tre, o� l'on ne remarqu� rien de com- mun, ni petitemaniere, ni imitation fervile ; o� tout paro�t trac� par un g�nie heureux ; o� tft glande j celle de l'int�rieur de la Cour du m�me Palais eft
petite : ces deux Architectures ne fe d�truifent-«lief pas l'une l'autre en les comparant enfembie i |
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t>* Architecture. 42.5
■tout annonce de grands traits , un caract�re de
fublimit� qui frappe Fam� & la porte � la plus grande admiration. On dit : La fa�ade du p�riftiie du Louvre eft conitmite d'une grande maniere, d'une maniere hardie, en confid�rant la maniere ing�nieufe de fa ilrutlure. On dit encore de l'O- rangerie de Verfailles, que ce monument eft d'une , ex�cution hardie, principalement lorfqu'on veut parler de Fimmenfit� de fon entreprife, fans avoir �gard � la beaut� de fon ordonnance, � fa fitua- tion & � fa difpofition. Hardie fe dit auffi d'une Architecture qui, par
rapport � fa ilrutlure, loin de cacher le myftere de l'Art, annonce au contraire toutes les reffour- ces que peut procurer dans la conftruttion la connoiflance de la coupe des pierres ,� & Π11- duftrie d'un appareil r�fl�chi. Une conitrutYion hardie eil encore celle qui, par rapport � l'�co- nomie de la mati�re, paroit �l�gante dans {qs points d'appuis, fvelte dans la courbure de fes vo�tes , & l�gere dans la proportion de fon or- donnance. N�anmoins il faut favoir ne pas abu« fer de la hardieife d� l'Art jufqu'� la t�m�rit�; fouvent elle �tonne plus qu'elle ne fatisfait : parti- culi�rement les vo�tes des rampes de nos efcaliers, celles de nos Eglifes, de nos �difices publics, les plates-bandes de nos entrecolonnements ne doivent offrir qu'une hardieife raifonnable. Pour y parvenir , il faut n�ceifairement, aux r�gles du calcul, aux loix de la pefanteur , annoncer vifiblement le foin qu'on a pris d'aflbrtir la r�fif- tance des pieds-droits � la pouff�e des vo�tes j en forte qu'� la folidit� r�elle on reconnoiife une , folidit� apparente qui tranquilife le vulgaire, & rende n�anmoins raifon aux GonnoifTeurs de la capacit� & de l'exp�rience de l'Archite&e. |
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4*6 Cours
■�� ψ�οη doit entendra par une Architecture
terrible.
On peut entendre par une Archite&ure terrible*
celle dont l'expreilion forte , femble annoncer par ibn ordonnance ext�rieure, la furet� des dedans �e l'�difice.» parce qu'elle offre, � fon premier �fpect, une folidit� r�elle & apparente, non-feu- �ement par la fermet� de fes membres, mais encore par le choix des mati�res qu'on y a employ�es; celle qui par de grandes faillies & de profonds enfoncements donne � conno�tre dans les b�ti- ments militaires , les pr�cautions que l'ing�nieur a prifes pour faire �chouer la t�m�rit� de l'Enne- mi; celle qui, entour�e de barrions, de tours & de foiT�s efcarp�s, laifTe voir � peine dans fes i��ades de petites ouvertures, mais de hautes & �paiifes murailles, rev�tues de membres d'Archi- tecture, portant de grandes ombres & trait�es avec fiert� ; celle qui, plus pefante, plus ra- courcie encore que la proportion Tofcane, parok plus propre dans nos d�corations th��trales , � peindre � l'id�e le f�/our du Tartare , qu'� �tre mife en ex�cution ■', ii ce nTeir pour l'ufage des frontifpices des Maifons de Force, des Prifons, des Cachots, o� une Architecture terrible contri- bue, en quelque forte, � annoncer d�s les dehors, le d�fordre de la vie des hommes d�tenus dans l'int�rieur, & tout enfemble la f�rocit� n�ceffaire � ceux pr�pof�s pour les tenir aux fers. Ai* refte, il ne faut pas abufer du caracfere terrible dont nous parlons : pris en bonne part , ce caract�re produit aiTez fouvent une exprei�ior* convenable ; mais lorfqu'il paro�t contraire am |
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d'Architecture. 417
genre de l'�difice , il ne pr�fente plus qu'une Ar-
chitecture rebutante , que des corps ridiculement lourds, pefants, qui ne laiflent voir que des parties mal afforties , un genre foldatefque, une pefan- teur gigantefque ; enfin un ftyle o� les principes de l'art femblent �tre an�antis fous le poids de l'ignorance de l'Artifte , pendant qu'on s'attendoit � remarquer un caract�re grave, r�gulier, iimple , h�ro�que, plus capable d'annoncer l'importance du monument, que fa vafte �tendue ou fon inutilit�. Apr�s avoir parl� de la maniere de reconno�tre
les vraies beaut�s de l'Art, pai�bns � pr�fent aux moyens de d�m�ler les licences employ�es dans quelques-uns de nos b�timents par les Artiftes fubalternes. Ce que cyefl qu'une Architecture naine.
�n entend ordinairement par une Archite-
cture naine, celle qui , beaucoup trop petite , relativement � la grandeur de l'�difice, pr�fente, plut�t le modele d'un b�timent, que fon ex�cu- tion r�elle ; celle dont l'Architecture ne pouvant �tre d'un plus grand module, � caufe de la d�fti- nation du b�timent , auroit d� �tre fans ordres dans fes fa�ades ».ceux-ci offrant toujours en petit ce qui ne devroit jamais �tre employ� qu'en grand, dans les temples, les �difices publics, les palais, les grands h�tels, &c. Croira-t-�n toujours produire de pr�tendus chefs - d'�uvre , parce qu'on fauta employer plufieurs colonnes & placer quelques pilaftres dans fes compofitions ? Le p�rit ordre de la porte de la Chambre des Comptes, celui de l'H�tel de Bouillon , *pr�fentent autant d'Architectures naines h eu �gard aux motifs qui |
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4^ Cours
ont fait �lever ces �difices. Ne concevra * t - on
jamais que l'�tude que nous .recommandons des ordres d'Archite&ure , a moins pour objet d'en xonfeiller l'application dans nos b�timents d'habi- tation , que d'apprendre � puifer les proportions de l'Art dans leurs fources ? Croira-t-on toujours qu'ils peuvent feuls produire de vraies beaut�s dans nos fa�ades ? Ceux qu'on y fait entrer font d'ailleurs pour la plupart ii .n�glig�s dans l'ex�- cution , qu'ils rebutent plut�t qu'ils ne fe font admirer. , * : Nous pouvons le remarquer ici, les ordres du
portail de Saint-Gervais , ceux du portail du Val- de-Gr�ce font dans ce cas. L'ordre Corinthien de la Chapelle de Verfailles, & celui du p�riitile du Louvre, font � la v�rit� d'une aiTez belle ex�cu- tion; mais nous fommes oblig�s de convenir que les feuls chefs d'ceuvre, en ce genre , font ies colonnes Ioniques d'un des pavillons des Tuile- Hes du c�t� du jardin; celles des trois ordres du Ch�teau de Maifons , & l'ordre pilaitre Corin- .thien de l'int�rieur du Val-de-Gr�ce. C'eft donc aux pieds de ces feuls chefs-d'�uvre , qu'on peut apprendre chez nous � conn��tre tout ce que nous devons aux. d�couvertes des Gxecs , per- fectionn�es chez les Romains', concernant les ordres d'Architecture. Ceft en�n d'apr�s ces beau- t�s du premier m�rite, qu'on peut perfection- ner la partie de la d�coration de nos b�timents , quoiqu'on η ait pas toujours occafion d'y employer ces m�mes ordres , leurs diff�rentes exprei��ons fuffifant fouvent feules , fans avoir recours � la prodigalit� des ornements ni � la frivolit� des d�- tails dont nous allons faire fentir l'abus dans Tar> jticle iuivant. |
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�' Architect ure. 429
Ce que c'efl qu'une Architezlure frivoL�
Sous le nom d'Architecture frivole, on entend
celle qui eil tant�t chim�rique , fans autre r�ifon que l'incapacit� de i'�rtifte y tant�t plus chim�ri- que encore ? parce qu'elle ne laiif� voir dans �es parties, ni liailon , ni commencement, ni fin ; telle �-peu-pr�s qu'on a vu plu�eurs ann�es celle de nos d�corations int�rieures , o� la frivolit� de la fculpture & le chantournement de l'Architecliire ne pr�fentoient que des compofitions fingulieres 9 hafard�es , & jamais des beaut�s d'enfemble qui puiffent fatisfaire i'ceuil des hommes de go�t ; & telle qu'on voit encore aujourd'hui, quoique dans un autre genre � la v�rit� , celle compof�e par quelques jeunes Artiiies, qui, faute d'une certaine exp�rience % & pour n'avoir puif� dans leurs voya*, ges d'Italie que les �carts du Boromini, viennent � leur retour en France 9 �lever � Paris des b�- timents qui, pour n'�tre pas d'une ordonnance; auffi frivole que les pr�c�dents, ne font pas moins des exemples, qui infen�blement portent atteinte aux r�gles de la v�ritable Architecture : inconf�- quence > incertitude , irr�fplution � laquelle FAr- �hiteclure ne devrpit jamais �tre fujette, & que les grands Ma�tres ont iu �viter avec foin dans leurs productions. Le pr�jug� , renthoufiafme, une mode paffagere ne devroient jamais d�terminer le $yle de l'ordonnance ext�rieure des �difices d'im- portance. Ces �difices devant �tre d�ftin�s un jour � annoncer � lapoflirit� les chefs-d'�uvre d'un iiecle ^claire , la gloire de la Nation �. le favoir pro- fond des Archit�cles qui fleurirent dans cette Ca* pitale, exigent un tout autre faire (jue la d��oratipa |
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43$ : m.� .Co � a s
int�rieure d�s appartements ; celle-ci peut �tre tr�l*
t�e avec moins de f�v�rit� que celle des dehors , mais pour cela elle ne doit jamais �tre, ni m�diocre, ni frivole ; l'art doit confifter � placer ing�nieu- fement certains contraires, fans interrompre les Haifons, qui feules peuvent mettre d'accord les parties avec le tout ; trop de retenue, trop de pefanteur dans les corps re&ilignes , d�truifent �buvent l'agr�ment qu'on y doit rencontrer ; il faut y apporter une vari�t� raifonnable : certaine* ment la d�coration d'un appartement de parade » d'un appartement de foci�t� , d'un appartement priv� , doivent s'annoncer diff�remment ; les uns doivent �tre graves» ceux-ci avoir de l'�l�gance, ceux-l� de la fimplicit�. Un �cart heureux dans cette partie de la d�coration , peut quelquefois fe Cafarder � mais il n'en faut jamais �bufer dans les premiers : autant qu'il eft poi�ible , il faut y montrer de la magnificence fans faite , dans les autres du g�nie fans enthouiiafme, de la retenue fans froideur..;= mais par-tout annoncer le fruit d'une �tude r�fl�chie, & non celui d'un travail pr�cipit� ; en un mot, il faut ne s*y I permettre quelques libert�s, que pour parvenir � une diver- iit� imt�reffante dans les formes; encore eil - il bon d'avoir �gard au fexe, aux m�urs , � la di- gnit� des propri�taires, fans quoi on s'�loigne prefque toujours de Tefprit de convenance, on ne produit que des licences, ou, ce qui eft pire encore, ce genre frivole que nous condamnons & que nous ne devons regarder que comme une iingularit� , une bizarrerie, permife tout au plus dans les ameublements, les porcelaines', les bronzes, &g. |
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D * A R C fi Ι Τ � C ? U R E. 43*
Ce que c'efl qu'une Architecture Ucen�eu�.
Nous venons de condamner la frivolit� dans
Γ Architeaure ; l'Architedure licencieuie m�rite le m�me fort. On appelle ainfi une production, lorfqu'on s'apper�oit qu'au m�pris de l'Art un jeune Artifte n'imite dans fes comportions que les �carts des Architedes fubalternes f parce que les abus lui paroii�ent plus faciles � faifir « que les vraies beaut�s de l'Architedure ; qu'il faut une �tude laborieufe, une excellente judiciaire, pour fuivre, pour conno�tre l'excellent, le fubli- me , & qu'il eft plus aif�, dans {es premiers e�ais , d'appliquer indiftindement tout ce qu'on a vu , tout ce qu'on a remarqu� : d'oii il refaite prefque toujours des projets mal con�us, fans afforri- ments , & qui s'�loignent de la v�ritable per- fedion, les licences �tant toujours des licences. Il eft vrai que celles qu'un Artifte �clair� emploie par n�ceflit� font toute autre choie : qu'on les examine de pr�s , on s'apper�oit prefque tou- jours quelles �manent du fond propre de l'Art; qu'il ne les a employ�es que comme acceftoires , pour procurer plus de beaut� aux mafles de fon �difice , de commodit� aux dedans de fon b�ti- ment; ou-pour des raifons effencielles defolidit� qui �chappent prefque toujours dans un examen pr�cipit� ; qu'enfin par-tout il prouve qu'il a fu racheter les licences qu'il a mifes en oeuvre, t>ar des beaut�s fans nombre , qui annoncent fon in- telligence , fa fagacit�& fon exp�rience. Hardouin Manfard, quenous avons d�j� cit� avec �loge, mais qu'il ne faut pas toujours fuivre , eft peut-�tre celui de nos Architedes Fran�ois, qui a mis le plus de |
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432. Cours
licences en �uvre ; mais auffi eil-il celui qui a
montr� le plus de g�nie dans les productions de notre Art, pendant que la plupart de fes imitateurs, au - lieu de ces licences permifes en Certaines occaiions , ne nous ont" montr� que des comppiitions difTernblabies dont nous allons parler. 'Ce que c'efl qu'une Architecture diffemhlabh.
1 On appelle une Archire&ure diiTemblable, celle
qui manquant d'une fym�trie n�ceffaire dans parties oppof�es, ne montre qu'une irr�gularit� mal entendue, au lieu d'une correfpondance que le genre de l'�difice fembloit exiger ; celle o� Tort remarque un cara�ere particulier dans le princi- pal corps de logis, un autre dans les a�les du m�me b�timent; ou , ce qui eil pire encore, entre Tavant-corps , les arrieres-corps^ & les pa- villons d'une fa�ade, quoique tous �galement cou- ronn�s par un m�me entablement, par une m�* me b�luitrade , & par une m�me continuit� de combles. Une Architecture diiTemblable eft encore celle o�, fans aucune ex�ufe l�gitime, on n*a pas cherch� � �viter d'allier enfemble le gothique, l'ancien & le moderne. Nous diions, fans excufe l�gitime; car il peut arriver, lorfqu'il:s'agit d'une reftauration o� l'on Te trouv� forc� d'allier un nouveau genre avec Tancien, que cette difparit� devienne tol�rable. Nos plus grands Ma�tres peu- vent nous fervir d'autorit� � cet �gard: Fran�ois Manfard & Fran�ois Blondel, par exemple, en ont uf�ainii,Tun � l'H�tel de Carnavalet, l'autre � la porte S. Antoine ; mais au moins faut-il favoir qu'une pareille diffemblance ne peut jamais �tre regard�e
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��gard�e comme un objet d'imitation , quoique ie
motif qui a d�termin� cette difparit� dans les reitau- rations de ces deux �difi�es, raffe beaucoup d'hon- neur aux Architectes qui les ont reftaur�s. Une '■ Architecture diiTemblable eft encore celle o�. regne dans les membres & dans les ornements une diipant� frappante entre la Sculpture & l'Archi- tecture {y ) , ou entre le ityle grave de l'une & le genre frivole de l'autre ; diffonance qui n'eil jamais permife dans aucune efpece dOrdpnnance ext�«? rieure, mais feulement dans les d�corations arabef- ques , deitm�es � embellir les lambris de certaines pi�ces particuli�res. On voit de ces arabefques au Ch�teau de la M�nagerie � Veriaiiies ; elles y font plus convenablement plac�es, fans doute, que dans les plafonds des grands appartements de Meudon & dans la plupart de nos nouveaux H�tels �lev�s � Paris depuis quelques ann�es, o� l'on a n�glig� le choix des moulures & des ornements, qui alors ne produifent plus que des comportions de fantaiiie. Ce n'eil pas aifez de fe tranfporter fur les
lieux, ce n'eit pas aiTez de vifiter la demeure uqs grands: il faut r�fl�chir fur l'ordonnance des fa- �ades, il en faut parcourir les dedans , reparler 'dans les dehors, fe rappeler le motif qui les a fait �lever, envifager de quelle efpece elt l'�dn fice,le genre d'appartement, par qui il doit �tre habit�. On croit tout fa voir parce qu'on a par- couru & qu'on a apper�u � la h�te l'ext�rieur & l'int�rieur de la plupart de nos b�timents ; cependant � peine les conno�t-on par leur nom ^ |
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(y) La Fontaine de Grenelle, le Palais du Luxembourg ,
le Portail des Eglifes de Saint-Gervais & des Feuillan� font peut-�tre dans ce cas. Tome /. E e
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434 Cours
on ie diflimule le vrai motif qui les a fait �lever �
& faute d'un examen r�it�r�, on ignore le bon effet que doit produire leur imitation ; on ignore enfin ce que peut faire na�tre l'efprit de conve- nance , la belle fimplicit�, la r�gularit� & la fy- m�trie. La plupart de nos jeunes Artiftes hazar- dent fo.uvent dans leurs eftais un m�lange mal ai�brti, qui bleffe plut�t les yeux qu'il ne les fa- tisfait ; ils oublient de fe dire ce que Socrate r�p�toit fouvent ; Ce que je fais , cefi que je ne fais rien ; cependant � entendre le plus grand nombre, ils favent tout, except� ce que Socrate favoit ; ils fe croient la fcience infufe, & confondent l'en- thoufiafme avec ce qu'on appelle le v�ritable ef- prit de Fart, fans r�fl�chir que la plupart de leurs compofitions ne f�nt que le r�fultat des penf�es d'autrui, & que le vrai favoir confl�e dans un encha�nement infini d'id�es neuves ; qu'en un mot, c'e� la fcience qui conduit � l'imitation & que l'efprit fe�l cr�e & invente. Fran�ois Manfard �toit fans doute plus favant que Hardouin ; mais celui-ci a peut-�tre mis infiniment plus de g�nie dans (es produirions : d'o� il faut conclure qu'� l'�tude de l'art, il faut joindre le g�nie, le go�t de la choie; autrement on n'orTriroit que des com- pofitions f�veres, � la v�rit�, mais froides , ou des d�corations amphibologiques, vagues ou bar- bares : nous allons parler en particulier de chacune de ces derni�res. Ce que c'efl, qu'une Architecture amphihologiquCi
On appelle amphibologique, une ordonnance
dans laquelle on remarque f�parement la compo- fition de l'Architecle d'avec l'ouvrage du Sculpteur, |
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�T'�ItCH� TECTUftE. 4|f
du M�miiiier, du Marbrier, du Fondeur, faute d'a-
voir �t� conduite par le m�me efprit ; celle qui laiiTe, par fon caraclere �quivoque, douter fi F�difice eu: facr�, public ou particulier; ii c'eft un Ch�teau, une maifon de plaifance , un H�tel ou quelques- unes de leurs d�pendances (?), parce que tous les genres y font confondus fans choix, fans difcr�tion, fans convenance : celle que d�faprouve l'Amateur �clair� & qui induit en erreur l'�lev� ; en vain celui- ci cherche-t-il � fe rendre compte des intentions de l'Architecte ; il ne trouve rien dans fes �uvres qui puiife le guider ni lui offrir aucune autorit� capable de FarTermir dans les pr�ceptes de l'Art. Une Architecture amphibologique eil eneore celle dont le ftyle eft douteux, les fymboles obfcurs , ou celle dont l'Auteur, par une trop grande abondance d'i- d�es , & ne f�chant s'arr�ter � aucune, fe con- tente de tracer avec trop de c�l�rit� les pen- ��es dans le cabinet, pour parler rapidement � l'ex�cution, fans avoir muri fes id�es, m�dit� fon projet, & l'avoir communiqu� � des yeux intel- ligents ; enfin fans l'avoir laiff� repofer dans (on porte - feuille & l'en avoir retir� � plus d'une reprife pour en retrancher les fuperfluit�s, les parties vagues , &c. Ce qu'on entend par une ArchiteBure vague.
On donne le nom de vague, � l'ordonnance
d'une d�coration, lorfque dans fes maries l'Auteur |
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( %)■ La d�coration ext�rieure des Ecuries du Ch�teau de
Mai ions a �-peu-pr�s cet inconv�nient, parce qu'ayant �t� faite pour� figurer un jour avec celle de la Chapelle qui d�voie �tre situ�e en face de ce b�timent, Fran�ois Ma.nfard a cru qu'il falloit donner une parfaite fym�trie � ces deux diff�rents genres d'�difice. _ f< |
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4$6 ' Co ν R s
a laiff� � denrer une certaine quantit� de mem-
bres que le choix de cette ordonnance fembloit exiger, ou celle qui, fans n�cei�it� , offre des nus, des rep©s trop confid�rables, d�mentis par le caract�re de l'�difice ; celle qui dans fes d�tails paroiiTant ind�cife, n'offre rien qui puiife d�dom- mager de cette md�ciiion, parce qu'on ne remar- que ni dans la compofition des fa�ades du b�timent, ni dans la d�coration int�rieure des appartements, rien qui annonce dans l'Architecte les premiers �l�ments de l'Art, quoiqu'il ait cru produire un chef-d'�uvre , pour avoir fuivi Vignole : il ne s'eft point dout� qu'il ne fuffit pas de ces connoif- fances pr�liminaires, & que faute d'en avoir faifi hs pr�ceptes, il n'en eft encore qu'� la routine de l'Art ; routine qui, fans s'en appercevoir, lui fait employer indiftin&ement, & dans tous fes projets, de petits ordres couronn�s par des corniches ar6- chhrav�es, & �lev�s fur des p��deitaux trop con- fid�rables ; enfin des ouvertures d'une proportion vicieufe, trop iimple ou trop compof�e, d'une mau- vaife forme ; des trumeaux fans relation avec les vides ; de petites niches , de grandes baluf- trades; en un mot, une production qui n'offre qu'un affemblage inconf�quent & barbare. Ce qu'on entend par-une Architecture Barhare»
On dit ; Cette Archite&ure eil d'un ftyle
barbare , lorfque dans fes divifions on remarque des parties mal afforties, qui paroiifent �trang�res au cara&�re de l'�difice ; on donne encore ce nom � celle o� au lieu d'une ordonnance puif�e dans les belles productions de l'antiquit�, on apper- �oit que J'Autour a pr�f�r� les ordonnances mifes |
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'■Φ : "
d'Archite ct ν R ε. 437
en �uvre par les Gots ; ou au - lieu des orne*
ments employ�s fi judicieufement par les Grecs, il a fait choix de ceux de l'Italie, du.temps de la d�cadence de cet Empire, ou des n�tres, avant/ le regne de Fran�ois premier : celle qui n'oiFrant que des profils licencieux, ne pr�fertte que des ' entablements , d�s architraves, des archivoltes , & des chambranles mutil�s, tronqu�s, fans rap- port dans les maf�es, fans proportion dans leurs partie, & fans choix dans leurs ornements', en un mot, abfolument contraires au go�t de l'Art: celle enfin o� Le jeune Artifte, par un fol orguei�l, pr�f�re, au vrai beau une fmgularit� pr�fomptueufe, j iingularit� dont on ne peut deviner ni la raifon, ni
le motif, parce qu'elle n'annonce dans ces produc- tions ni cette judiciaire, ni ce fentiment naturel que l'�tude peut perfectionner, & qui feul peut faire �viter tous les diff�rents genres d'abus. De �abus en Architecture.
En Archite&ure les licences peuvent quelque-
fois �tre regard�es comme des reffources ; les abus dont nous voulons parler ne peuvent jamais �tre envifag�s que comme les m�diocrit�s de l'Art. Par exemple l'ordonnance d'une d�coration r�elle ou fa&ice eil appel�e telle, quand on veut exprimer' l'abus qu'en a fait l'Architecte, parce qu'il en igno~ roit les r�gles, ou parce qu'il le croyoit au-def�us des pr�ceptes. Tous les jours on dit, Cette com- pofition eft abufive, lorfquon remarque que l'Au- teur a fait un ufage immod�r� de l'application de certains membres d'�rchke&ure & de pluiieurs genres d'ornements, dans un b�timent qui par �conomie & par l'abfence de$ ordres, devoit �tre �euj
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43$ Cours
fimp�e; ou qu'au contraire il a afTe&� trop da
Simplicit� dans Un �difice d� quelque importance , dans la d�coration duquel les ordres auroient pu ta�fonnablement entrer pour en embellir l'ordon- nance , & lui donner un air de dignit� ; lorfquon s'apper�oit que dans fes plans , il a mal-�-propos aifoci� les formes circulaires avec les rectangu- laires } o� un ityle tout-�-fait grave auroit d� �tre pr�f�r�, � caufe de l'efpece du monument ; quand on remarque que fans aucun motif effenciel il a fait p�n�trer les corps les uns dans les autres , qu'il a mutil� ceux-ci, engag� ceux-l�, & n�glig� les cor- rcipondances n�ceffaires � obferver entre la partie du milieu de l'�difice, fes extr�mit�s & fes parties interm�diaires ; quand enfin, faute de go�t, de jugement & d'exp�rience, il ne laifTe apercevoir dans fes productions qu'un affemblage bizarre qui ne pr�fente � fes contemporains que l'imitation d'une mode pafTagere, & � la polt�rit� que des exemples � �viter. - De la mode en Architecture.
La mode en Architecture eft ordinairement con-
{�d�r�e par les grands Ma�tres comme la fource de toutes les viciiTitudes de Γ Art ; c'eft elle qui tour-�-tour pefante, frivole ou d�licate, fe plie � l'opinion de l'Aniite ■& au go�t fouvent niai af- fur� du propri�taire ; C$}ft elle qui ne montre rien de confiant dans fes regies ^ de certain dans fes formes, ni de v�ritablement int�reflant dans fes d�tails ; T�rchiteihire. qui lui eft foumif� n'efl que trop ordinairement d�pourvue de la vraiiTembtance qui lui eft n�cefTaire, & ne laifTe � l'efprit de l'exa- minateur qu'une id�e vague des beaut�s de l'arc |
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�'AitCH� �ECTUii�. 439
qu'il voudroit admirer, pendant quil ne peut tout
au plus que fourire de la singularit� du g�nie de ■TArtiiie, parce qu'il ne remarque dans fes produc- tions que des objets futiles, dignes � peine du Th��tre. Une Architecture � la mode, eft encore celle qui d'apr�s l'exemple de la multitude, eil au- jourd'hui mai�ive fans motif, demain l�gere fans objet, grave fans n�ceffit�, fimple fans conve- nance , mais feulement parce que e'eft. le ton tlit jour, & fans autre raifon d�termin�e de la part de l'ordonnateur que fes caprices ou fes doutes fur les r�gles de l'Art. Nous le prouverons ail- leurs, la mode eil le tyran du go�t, & ne peut �tre que le partage des Artiftes fubaltemes ; mais mal- lieureufement ce font ceux -ci qui fe trouvant en plus grand nombre, contribuent par leur exemple � d�truire, ou au moins � �loigner nos jeunes Elev�s d� l'imitation des chefs-d'�uvre des anciens , de ce qu'ont produit de plus excellent nos mo- dernes, & de ce que produifent encore de nos joitrs nos plus habiles Architedes. Ces Artiftes peu inftruits, manquant du g�nie propre de l'Art, aiTerviftent leurs productions aux productions d'au- trui, & ne nous pr�fentent que des compositions froides & ft�riles : autant d'imperfe&ions dont nous, allons parler. � * ■ *
, Ce que c'e� qu'une Architecture qui e�a�lrvic^
qui eft froide ou flifile.
Une Architecture afTervie , eft celle o� l'on
remarque que l'Artifte qui Fa produite ,. pf�cif�- ment af�ujetti aux proc�d�s des anciens,' femble ignorer les d�couvertes ing�nieufes des mpder- nes ; celle o� l'on reconna�t que pour r�unir la E e iv
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440 o. C� υ R s * { -
d�coration ext�rieure de fes fa�ades � la r�gu-
lante^ des dedans, il n'a fu faire aucun facnnce; que fuite de conno�tre les reilburces de fon Art, tout le g�ne, tout lembarraffe ; que dans fa d�- coration il n'a fu parvenir � ajuiter une ouver- ture de proportion Dorique ou Corinthienne, en alt�rant un peu les principales dimenfions, pour les ajuder avec les entrecolonnements fix�s par le v�ritable ftyle de l'ordonnance : celle oit Aon sapper�oit qu'initruit des pr�ceptes de fon A« , il n'en favoit pas affez n�anmoins pour les concilier avec le go�t & la diverfit� des moyens quon peut employer l�gitimement dans les diff�- rentes produ�ions du reiTort de rArchite�ure. ,Li* fervitude dont nous venons de parler jet�
neceffairetnent une certaine froideur dans les pro- ductions de fArdite : (es comportions font quel- quefois r�guli�res , mais prefque toujours mono- tones; on ne peut les d�faprouver abfoiument; mais elles manquent eiienciellement de l'art de plaire. N�anmoins une Architecture aiiervie peut iatisiaire le ConnoiiTeur par les r�gles qui s'y trouvent obferv�es ; mais une compofition froide proprement dite, d�pla�t � tous les yeux; c'eft ceiemble celle qui g�n�ralement a trop peu de relief, relativement � retendue du b�timent & � lexpreffion de l'ordre qui pr�fide dans fa d�co- .. ration ; celle o� l'on a introduit des pilaitres, lorique la, grandeur de l'�difice & le point de dntance d'o� il devoit �tre apper�u, fembloit exiger 1 application des colonnes (a); celle dans -�) La nouvelle fa�ade du Louvre, du c�t� de la rivi�re �
elr peut ecre clans ce cas, fur tout lorfqu'on la compare, vue iur 1 angle , avec le p<lriilile de «e m�me Palais. : |
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\] d'Architecture. 441
laquelle on a affe&� des repos δε des nus d�-
plac�s ; celle qui, par fon afpeft, ne pr�fente rien de fatisfaifant, lorfqu'on avoit lieu de s'at * tendre � rencontrer une d�coration int�reffante, un certain mouvement dans la diftribution ext�- rieure, une mati�re traitable dans la conftru&ion , & dans la main d'�uvre un faire , une touche incertaine, analogue au genre de l'�difice. Une Architecture froide ( b ) peut cependant
�tre r�guli�re; une Architecture ft�rile, au con- traire , nous paro�t tout-�-fait � rejeter : ce feroit par exemple celle qui, pauvre dans fa compo- lition, n'orFriroit qu'une r�partition ind�termin�e & mal entendue dans fes d�tails & dans fes orne- ments , noy�s pour ainii dire & �pars dans des mai�es trop coniid�rables ; cel�e qui d�nu�e de vraii�emblance ne montreroit pas aiTez de mou- vement dans l'�tendue de fes fa�ades, pour an- noncer, au premier afpeit, un Palais, une Mai- fon Royale, une belle Maifon de Plaifance, &c. celle enfin qui ind�cife dans fes retours, dans (es angles, dans fes profils , prouverait l'inexp�rien- ce de �Architeae, & qu'il manque de ce fenti- tnent d�licat qui d�termine le fucc�s des grands Ma�tres, pendant que les autres , incertains fur la route qu'ils doivent tenir , prennent les parties IhTes pour des repos, les difparit�s pour des op- poiitions , &les alt�rations pour de la fimplicit�. �pp
(/�) Le portail de TEglife des Petits-Peres, celui des Bar-
nabites, la maifon de .M. Croifat, rue de Richelieu , le Ch�- teau de Montmorency , font dans ce cas , quoiqu'on y re- marqua une certaine f�v�rit�* qui int�refTe, |
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441 Co Urs
Ce que �gnifie l'alt�ration en Architecture.
On dit : Cette Architecture paro�t alt�r�e s lorf
qu'on s'apper�oit de quelques mutilations eifen- cielles dans fes parties, qui ne fembie �tre auto- rif�e par aucune excufe l�gitime. Ce n'eil pas qu'on ne puiife fupprimer quelques membres dans une corniche � deiTein de la rendre plus iimple , ou pour donner moins de hauteur � un entablement ; mais fans n�ceffit� engager une colonne , faire p�n�trer fes chapiteaux , arafer un impofte, convertir un chambranle en bandeau , 'enfin retondre une bafe , ou parce que Ton craint de nuire � la voie publique dans les dehors, ou � Fefpace des lieux dans l'int�rieur d^un b�timent; c'ei� faire parade d'une incertitude dont on doit fe garantir abfolument, d�t-on �tre oblig� de chan- ger fon plan ou le ityle de fon ordonnance. On "appelle encore une Architecture alt�r�e, celle qui par n�gligence ou faute de favoir les princi- pes de l'Art, manque de quelques parties effen- cielles � l'expreifion de l'ordre qui pr�fide dans les fa�ades, tels que les trigliphes dans les frifes Doriques, les modulons dans la corniche Corin- thienne , les cannelures fouvent n�ceitaires dans les f�ts des colonnes ; inadvertances rpi ne peu- vent �tre tol�r�es , & qui' , quoiqu'employ�es 'fouvent par nos pr�d�ceffeurs , ne peuvent fervir d'exemples � nos Elev�s, le m�rite de l'Art;, ne confiilant pas dans l'imitation des chofes m�dio- cres, mais de celles avou�es par l'autorit� des temps & le fuiFrage des Connoifieurs. Autrement on s'abandonne � la licence ; on fait des membres m�plats o� il faudroit du relief; on pr�f�re la |
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d'Architecture. 441
futilit� au raifonnement, ou au contraire on pr�-
fente une ordonnance pauvre & d�nu�e de vraif- feinblance, lorfqu'ori auroit d� produire quelque chofe de divin. Ce qu'on cnund par une ArchiteBurt m�plate,
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On dit : Cette Archite&ure eft m�plate, a trop
peu de relief, pour exprimer fon manque de faillie & le d�faut qu'elle occafionne � la d�coration d'un b�timent qui doit �tre vu dans un certain point d'�loignement. Peut-�tre les deux ailes du Ch�- teau de Vincennes, la d�coration des galleries baffes du Ch�teau des Tuileries du c�t� des jar- dins , celle de la Fontaine des Saints-Innocents, font-elles dans ce cas. Il y faut prendre garde, trop peu de relief nuit au caract�re de l'Architecture , lui �te cette pl�nitude qui fait tout le m�rite de la d�coration ext�rieure , en lui communiquant cette certitude (jf, cette articulation (</) qui lui pro- cure tout fon effet. Dans les dedans , c'eft autre chofe ; il y faut �viter trop de duret� : une Ar- |
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( c ) On dit : Certe ArchiteAure eil prononc�e avec certitude,
pour exprimer qu'elle cil pr�cife fans f�chefefle , & qu'elle pr�fente dans la diftriburion de fes membres & la beaut� de fon ex�cution, une exactitude ai�onic au caract�re de l'�di- fice: ' ,. (d) On dit commun�ment : Cette Architecture eit bien ou
trop articul�e; bien, quand on s'apper�oit q^ue fes membres principaux, fes profils & fes ornements font d�cides> precis» exac�s , & qu'ils fe d�tachent fans affectation fur le fondau- quel ils font adapt�s; clleeft trop articul�e, quand le caract�re de l'�difice fembloit demander moins de. pr�cifian , plus d in- certitude , un faire plus large , plus ind�termin� a raifon de l'application des diff�rents Cidres d'�rchite�ure aux d�fterents-j genres d'�difices. |
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444 Cours
ehite&ute tendre, d�gag�e ( c ), une Sculpture
mo�leufe doivent avoir la pr�f�rence : un moin- dre efpace, une lumi�re temp�r�e, ordinairement des mati�res plus pr�cieufes , doivent guider le g�nie & le crayon de FArtifte. Les fa�ades du Ch�teau d'Iffy ( f), les d�corations de fon vefti- bule , de fon fallon , ont le relief convenable. Rien de ii bien entendu que celui qui regne dans les dehors & les dedans des Eglifes de FAn- nonciade � Saint-Denis, & de Sainte-Marie � Chaillot. Pour avoir voulu faire la plus grande partie de FArchiteaure & de la Sculpture de la Chapelle de Verfailles , tendres, douces , de peu de relief, on Fa peut-�tre faite maigre, f�che, aride. Le grand fecret de FArchiteaure eft de fe montrer belle dans tous fes afpe�s : celui de FArchite�e, de d�m�ler le caraftere & Fexpref- iion qu'il convient de donner � chaque �difice ; ces connoiffances ne font pas faites pour le com- mun des Artiftes ; il η appartient qu'� FArchite&e �clak� , � l'Amateur inltruit de favoir appr�cier |
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(e) D�gag�e, en Architecture , s'cnteud dune ordonnance
qui, au premier coup d'�uil, fe pr�fente fans contulion j o� l'on apper�oit des repos qui , loin de rendre la compoli- tion languiflante , mettent chaque membre a la place, �C iaiffent dans tout leur jour la beaut� des formes, la propor- tion & la richeife des ouvertures , celle des avant-corps , Se g�n�ralement tous les membres r�pandus dans les fa�ades dur» b�timent. ( f) Ce Ch�teau a �t� b�ti fur les deiTins de Bullet, dont
le nom & les chefs-d'�uvre font g�n�ralement trop ignores- de nos Elev�s. C'eft � cet Architecte c�l�bre , que nous devons la porte Sainte-Martin, les H�tels de Thiers &; de.Tunis , place de Vend�me , l� Palais Archi�pifcopal de Bourges: au- tant d'ouvrages dont nous ne (aurions trop leur conleiiiei: l'examen Se l'imitation. , |
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d'Architecture, 445
de tels chefs-d'�uvre. Combien ignorent les four-
ces du beau ? combien ne faut-il pas d'�tude pour arriver � l'excellent ? combien de propri�taires n'eftiment dans leurs Architeaes que l'adivit� ? combien enfin de nos jeunes Emules ne s'attachent qu'� la multiplicit� des entreprifes , & en n�gligent les d�tails , fans fe douter que de ces nuances fines & d�licates, d�pend le fucc�s de leurs pro- duftions. Perfonne ne l'ignore ; c'en: la belle Ar- chitecture qui � illuilr� la Gr�ce, l'Italie & la France, Ce font les monuments quelle �rige en- core , qui attirent en foule l'Etranger chez les Nations o� les Beaux-Arts font en vigueur. C'eii la belle Architedure enfin, qui forme les grands Artiftes , & qui �claire la poil�rit� fur les moyens d'�galer de furpaffer m�me les grands Ma�tres qui les ont pr�c�d�s. Ce qu'on entend par une Architecture futile.
Une Architecture futile, femblable � l'Archite^
c�ure frivole, eft celle qui, furcharg�e de mem- bres d'Architecture d�plac�s, & d'une multitude d'ornements mefquins , ne pr�fente dans l'Ar- tiile qu'un g�nie reiferr�, & non cette fagacit� qui enfante les chefs-d'�uvre ; celle qui ai�am�e, att�nu�e, coud�e, n'offre que les imperfe&ions de l'Art : affam�e , parce qu'elle n'eft ni aiTez faillante, ni a�Tez nombreufe, que fes profils font mutil�s , fes membres en g�n�ral �pars , & en par- ticulier ibibles & d�faffortis : att�nu�e, parce que fes d�tails tiennent trop du travail de l'Artifan, & que de ferme qu'ils auroient d� paro�tre, ils font deve- nus maigres , d�charn�s, d�coup�s, cern�s : cou- d�e enfin, lorfcrue/ devant �tre re&i%ne?elle n� |
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44^ Cours
pr�fente rien que d'obtus ; elle n'offre que des jar-
rets , des obliquit�s qui choquent la vraiffemblance ; autant d'imperfe&ions qui rendent l'ordonnance de 'pluiieurs de nos b�timents , iniipide , languif- fante, d�fagr�able, & marquent au coin de la futi- lit� , non-feulement la plus grande partie de leur d�coration int�rieure, mais encore leur fa�ade, o� Ton apper�oit .des ornements de Sculpture pench�s , inclin�s, renverf�s, ondul�s. Ce contra- �le ne laiffe voir que les �carts d'un Artiile en f�cond , & non la compoiition d'un chef �clair�, qui loin de faire parade des licences de fon Art, s'applique � ne les mettre en �uvre , que lorf- que la n�cei��t� le requiert, & pour relever l'�clat des beaut�s de fes productions. ;. ' . . /j ■ ' .-
Ce qu'on entend par une Architecture pauvre.
On dit enfin : Cette compofition d^Archite�ure
eil pauvre, pour d�figner une ordonnance qui ne remplit , ni l'intention du propri�taire, ni l'objet que l'Archite&e auroit d� fe propoier; celle o� l'on s'apper�oit � la v�rit� qu'il avoit int�r�t de faire iimple, mais dont il a abuf� faute de bien conno�tre les reffources de l'Art, & parce qu'il ignoroir qu'une d�coration fimpie peut �tre belle. Une d�coration pauvre eil toujours choquante, parce qu'elle fuppofe la fuppref�ion de quelques parties effencielles au cara&ere de l'�difice. Com- bien neil-on pas forc� de convenir, � Fafpe�t de pl�iieurs de nos b�timents, que leurs arri�res- corps paroiiTent pauvres en les comparant avec les pavillons ou les avant-corps de leurs fa�ades, & que les uns & les autres le font encore, relati- vement � la convenance de l'�difice ; que leurs |
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d'Architecture. 447
entablements , leurs corniches m�me , font appau-
vries , parce qu'il leur manque quelques membres utiles � leur expreffion ; qu'on eil forc� d'en dire autant de leurs croif�es, de leurs niches , de leurs: baluilrades , de leurs attiques , de leurs foubaffe- ments, pour faire entendre que chacune de ctg diff�rentes parties eit d�nu�e des membres princi- paux que le cara&ere de l'ordre auroit d� infpirer � l'Artille. On dit encore : Cette ordonnance eil d'une composition pauvre, quoiqu'on y ait employ� des ornements ; mais comme ils y font d�plac�s, d'un genre trivial, d'une ex�cution m�diocre, ils d�plaifent, rebutent, & ne peuvent s'attirer au- cune efpece de coniid�ration de la part des hom- mes inflruits. Sans doute il eil difficile d'arriver au premier
degr� de la perfection ; mais du moins ne doit* on pas n�gliger la relation qu'il doit y avoir entre l'Architecture & la Sculpture, & �e reifouvenir qu'il ne faut jamais confondre les genres, c'eil- � dire, le pauvre pour le fimple, le lourd pour le m�le, le d�charn� pour le fvelte, le difparat pour le vari�, ή,l'on veut m�riter un jour un rang diftingu� parmi les Architecles du premier ordre. |
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Cours
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CHAPITRE V.
DU GOUT DE VART»,
Ou maniere d'�viter tout ce qui peut y �tre
contraire*
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C^Hagun fait que le go�t eil quelque chofe
de r�el : la difficult� eil de le d�finir. Quel eil- il en effet? En quoi confiil�~t-il ? De quoi d�pend- il ? Jiil-il fufceptible, ou non, de principes ? Enfin , eil-ce une qualit� de l'efprit, ou une affection de l'ame? Quoi qu'il en foit, difons qu'on fe fert du terme de go�t, pour exprimer en g�n�ral, le dernier degr� de perfection ; que le go�t, comme nous l'entendons, eil le Juge-n� des beaux Arts, qui n'ont �t� r�duits � des principes confiants & poiitifs, que pour lui plaire ; qu'en un mot, le ι go�t de ces m�mes Arts n'eil point fa�ice , mais naturel; qu'il eil en nous, mais qu'il fe peut per- fectionner, & qu'alors il devient le flambeau qui fert de guide aux Artifles dans toutes leurs pro- ductions. On peut divifer le gout en go�t naturel & en
go�t acquis. Le premier n'eil point une connoif- fance th�orique, mais un fentiment des r�gles m�mes que l'on ne . conno�t pas, ; c'eil lui qui nous caufe le plaiiir que nous �prouvons � l'af- pe& d'un bon ouvrage de l'art, fans autre fecours que le fentiment : le f�cond eil celui qui procure �l'ame des fenfations dont l'efprit peut fe rendre compte. Cette derni�re efpece de go�t peut |
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Β * A R C H � Τ Ε C f � R E* 44p
�tre chang�e, modifi�e ou augment�e par le go�t
naturel : en forte qu'on peut dire qe le go�t acquis , pour fe perfectionner, a befoin du go�t naturel. -, Le go�t peut aui�� fe divifer en go�t a�if Se
en go�t paifif ; Tun eil le partage de l'Artifte , l'autre celui de l'Amateur-: l'Artiite doit n�ceiTai- rement chercher, par le fecours des pr�ceptes, � mettre dans {qs productions l'arrangement des par- ties le plus convenable ; l'Amateur n'a beibin que de favoir d�m�ler la beaut� du travail & de l'ordonnance ', connoii�ances qui lui fuffifent pour fentir le bon & le m�diocre, & pour diilinguer l'un & l'autre. De-l�, � eil aif� de conclure que le go�t de l'Artifle devient plus difficile � ac- qu�rir, puifque les connoiiTances fuffifent � l'A- mateur, & que l'Artifte doit op�rer. Mais l'on peut dire auffi que le go�t f�par� des pr�ceptes eil in^� fuffifant, & que ces deux fources diff�rentes doi- vent fe r�unir dans leurs �manations. De-I� vient qu'on les confond ordinairement, fans confid�rer que c'eil cette union qui conduit � la %p�riorit�, & que celle-ci feule a droit de fe faire fentir & approuver par les perfonnes, m�me les moins ver- f�es dans la corinoiflance des beaux Arts. Au reile, le go�t acquis s'�il �tabli une forte
de pr��minence dans les beaux Arts, parce qu'en les perfectionnant, il s'eil perfectionn� lui-m�me ; �nforte que, fans ceffer d'�tre naturel, il eil de- venu plus parfait que le go�t naturel ; d'o� il s'en- fuit que fi tous les Artiiles s'appliquoient � d�- velopper & � �tendre le go�t qu'ils ont re�u de la nature, ils auroient des r�gles f�tes pour par- venir � l'excellence de leur Art. Il en eil peut-�tre du go�t �ooime des autres
Tome L l F f |
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450 Cour s' >
parties de Γ Art ; d'abord, la plupart des Peuples
ont aim� des productions imparfaites , parce que leur go�t acquis n'�roit pas aifez perfectionn� pour leur faire fentir les d�fauts de femblables produc- tions. Dans des iiecles plus �clair�s, le go�t s'eir. g�t� dans plus d'un Empire, o� n�anmoins les Arts avoient joui d'une forte de c�l�brit�, parce que la multitude de leurs Citoyens s'�tant ennuy�e d'une beaut� trop uniforme, les Artiftes, pour leur plaire , ont cru devoir prendre des routes �car- t�es. Enfin, l'on voit encore chez des Nations voifmes,o� la Peinture & la Sculpture font n�- ; glig�es , les autres Arts languir ou refter dans la m�diocrit� ; le d�faut de culture des uns nuifant n�cefiairement au progr�s des autres. Mais fans nous arr�ter ici � citer une foule d'exemples, o� nous pourrions trouver de pareilles caufes, con- traires au bon go�t en g�n�ral, pai�bns � ce qui regarde le go�t de l'Archite&ure proprement ' dite. Le go�t de l'Archite�utre ne peut s'acqu�rir
que par *ta comparaifon des chefs-d'�uvre des grands Ma�tres. Ce n'eft point � la feule th�orie qu'il faut avoir recours pour faire �clorre le g�nie. Il efl vrai qu'elle lui pr�pare la voie, mais c'eft l'enthouiiaime, qui en lui faifant franchir les obftacles, l'�lev� jufqu'au comble de la perfection. Les feuls pr�ceptes n'ont jamais fait un homme de g�nie. Les efprirs froids ont quelquefois produit des ouvrages r�guliers: mais l'eiirhou- liafme a fait �clore des chefs-d'�uvre qui, quoi- .% que moins f�veres, n'en ont pas moins m�rit� les �loges de la poit�rit�. Les feuls pr�ceptes obfer- v�s par un homme fans g�nie, ne produifent que de mauvaises copies j au-lieu que les ouvrages de |
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�'Arcm�t�ct�h�. 451
go�t perdent moins � l'imitation, parce qu'ils
forcent, pour ainii dire , l'imagination de celui qui ei�trevok le but de FArtifte, & l'entra�nent � une forte d'admiration qui lui �chauffe le g�nie. Eu un mot, s'il faut du.go�t & de fenthouiiafme pour d�velopper aux autres les principes des beaux Arts , il en faut fans doute aufli pour fentir la juft�ffe& l'�tendue de ces m�mes principes. Ceft particuli�rement en Archite&ure que le
go�t doit donner �'ame � toutes les produirions d�- pendantes cle cet Art ; c'eft par le fecours du go�t * qu'on faifit ces rapports, ces convenances, qui fatisfont la raifond'un fpeBateur �clair�. Lui feul, en donnant Fe�or au geniesde F�rchite&e, l'�lev� au-defius m�me des pr�ceptes, & le conduit � ce jugement, qui eft pour les talents, le plus haut degr� de perfe��on. Il a fait na�tre dans l'Arclii- tecTnre ces difcuffions d�licates, qui ont pour �; objet l'imitation de la nature, & d'autant plus difficiles � faifir pour �'Architetle, que la nature, en lui offrant dans fon fein les mati�res n�ceffaires a l'Art de b�tir, ne lui pr�fente le plus fouvemt dans fes afpe�s que des objets ind�termin�s � Le go�t fert encore � �claircir des doutes qui,
fans lui, lah��roient FArtifte en fufpens. S'agit-il; de faire un choix pour la d�coration ? il fixe le genre, regle la forme, af�igne les grandeurs & d�termine i'exprer�ion. Dans la diftribution , il fournit des moyens pour concilier l'ordonnance ext�rieure avec les dedans; il d�crit les contours d'un parterre, d'un bofquet : enfin dans la con- itru�tion , il offre � l'�rchite&e des reflburees pour r�unir � la folidit� la mieux concert�e, la Beaut� & la vari�t� des formes. \ Pour acqu�rir ce go�t, il faut iuppofer dans
Ffi)
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45* c ° u R>
l'Architecte^la r�union du ientiment & de Tefprit,
Le premier eft excit� par les objets fenfibles, &
fait fon rapport au f�cond. Tous deux r�unis forment dans l'Artifte le jugement qui le conduit au go�t de l'Art. Or,il eft facile de concevoir que ii l'Architecle s'attache � �tudier les pr�ceptes de fon Art, le go�t & les pr�ceptes ram�neront infenfiblement � difcemer les lois de la cbnve-' venance, le choix des proportions & la beaut� de l'ordonnance. Les pr�ceptes alors allumeront le g�nie, qui fera nourri & entretenu par le go�t. Le go�t de i'Archite&ure doit donc avoir pour
bafe la connoiffance des pr�ceptes de l'Art ; con- noifl�nce qui embra�V � la fois la th�orie & la *-j pratique du b�timetit. Mais il peut arriver que l'Architecture, la mieux combin�e dans fes parties, foit encore imparfaite, fi elle ne pr�fente aucun autre objet, diftin&if ; c'eft-�-dire, un caract�re par- ticulier. En effet, que penferoit-on d'un �difice fomptueux qui n'annonceroit nullement Tufage au- quel il eft deftin� ? Les frais immenfes, compar�s avec l'inutilit� apparente, ne feroient concevoir qu'une composition peu r�fl�chie , & donneroient de l'ordonnateur une id�e qui lui feroit peu favo- rable. Le go�t feul,le go�t peut faire valoir les pr�-
ceptes les plus approuv�s, & d�terminer leur choix & leur application ;. autrement on pourroit pro- duire des comportions r�guli�res, mais monoto- nes. L'�uil veut � l'afpeft d'un b�timent, voir les rapports g�n�raux r�unis avec une fym�trie refpe�ive. En un mot, le fentiment int�rieur & le jugement veulent �tre fatisfaits de la conve- nance, du ftyle & d�s ornements: l'�uil & le |
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d'Architecture. 4f�
fentiment acqui�rent par l'habitude la m�me pr�ci-
iion & la m�me delicateffe, & deviennent fufcepti- bles des m�mes imprei��ons que l'ou�e. Le go�t veut �tre fertilit�. Pour cet effet, on
doit confulter la nature. Un Archit�&e peut dif- pofer de toutes les richeffes que lui offre le fpec- tacle de l'univers, tout lui appartient; mais il en doit faire un ufage prudent, & fe reifouvenir que, g�n�ralement parlant, toutes fes produc- tions doivent retracer la dignit�, ou l'opulence des perfonnes qui le mettent en �uvre ; qu'elles doivent �tre iimples & r�fl�chies ; qu'il faut qu'elles portent l'empreinte de la retenue ; que dans l'Ar- chitecture principalement, il doit y avoir un point d'union, o� fe rapportent les parties les plus �loi- gn�es ; enforte qu'une feule, une fois connue, indique toutes les autres. Tout ce qui fent l'ef- fort , fatigue l'efprit : un Architecte ne caufe gu�re impun�ment de l'embarras au fpectateur. Si la nature eil mal faine, l'Artiile, loin de fa-
tisfaire notre go�t, n'excite que des regrets , en nous d�robant l'excellence de l'Art qu'il lui felloit concilier avec la nature. Mais pour les r�u- nir, il faut favoir d�m�ler l'analogie qu'ils ont en- tr'eux , & fe rappeler qu'elle a �t� le premier mo- dele des anciens , tandis que les modernes femblent avoir d�g�n�r� ; ce qui donne � leurs productions un air de contrainte qui trahit l'art & met tout l'avantage du c�t� des productions qui tiennent de plus pr�s � la nature. Il faut l'avouer, les Grecs, dou�s d'un heureux
g�nie, avoient faifi, avec jufteiTe,les traits �i�en- ciels qui la caract�rifent ; ils ne tard�rent pas � comprendre qu'il ne fuffifoit pas d'imiter, mais qu'il falloit encore choifir. Jufqur� eux, les ouvra* F f iij
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454 Cours
ges de l'Art n'a voient gu�re �t� recommandablef
que par l'�normit� des maffes & par7 l'immeniit� des entreprifes : mais ces Peuples plus �clair�s , crurent qu'il valoit mieux plaire � l'efprit que d'�tonner les yeux, & jug�rent que l'unit� & les proportions d�voient �tse I3. bafe de tous les ou- vrages de l'Art. Aul�i, lorfque les Arts exil�s de chez eux. fe
r�fugi�rent en Italie » on alla dans la Gr�ce fouiller jufques dans fes tombeaux, & l'on vit bient�t � Rome , repara�tre l'antiquit� dans toute fa fplen- deur. On fit plus, on �tudia leurs Auteurs, on y trouva des r�gles �tablies, des principes ex^ pof�s , des exemples retrac�s ; en un mot, Timi- tation de l'antiquit� fut pour les Romains ce que la nature avoit �t� pour les Grecs. Ceux-l� com^ prirent bient�t quel �toit le but de cette imitation x par laquelle on fe propofoit de plaire, de remuer, de toucher ; ce qui fervif de regle � leurs tra-* vaux , & de guide � leur g�nie. N'en doutons point, c'eft dans les anciens chefs^
d'�uvre qui nous reitent de ces deux Rations, particuli�rement dans ceux de la Gr�ce, qu'on re-- rnarque ce vrai go�t, ce je ne fais quoi de libre & d'original qui fe rencontre rarement dans les ouvrages modernes. La nature & l'antiquit� ont donc feules le droit de faire, �cl�re un heureux: g�nie, & de le conduire au terme de fon Art. Or, nous avons les m�mes moyens qu'avoient
les Romains, nous pouvons �oniulter la nature & l'antiquit�. Coni�d�rons la premiere, & nous y reconno�trons cet ordre admirable, joint � une vari�t� infinie ; nous y remarquerons des rapports juftes entre les parties & le tout ? entre les caufes &; les effets ; nous, la, verrons finiple. dans ie$ |
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moyens , mais fans monotonie; riche dans fa pa-
rure , mais fans affe&ation ; f�conde en reiTources, mais fans s'embarrafTer elle-m�me. Voil� comme il faut l'appliquer aux beaux Arts, particuli�rement � Γ Architecture, & ne jamais l'outrer par des com- poiitions bifarres , qu'elle d�favoue. Pour avoir mal connu cette v�rit�, combien d'Artiftes fe font abuf�s en faifant choix du d�fordre de la nature, au lieu de les beaut�s ? Combien n'avons-nous pas vu d'arriftes qui, pour n'avoir confuk�, ni la nature, ni le climat, ont voulu b�tir au milieu de Paris, comme �n faifoit dans l'ancienne Rome ? Il faut du go�t pour bien imiter; autrement les plus beaux mod�les d�g�n�rent entre les mains des Copifles. D'ailleurs les meilleures productions demandent � �tre appr�ci�es : car fans vouloir parler des Egyptiens, dont le go�t pour l'Architec- ture , dans les commencements, �toit affez incer � tain ; les Grecs & les Romains , auxquels nous applaudii�bns, ont aui�i eu, dans leur d�but, leurs incertitudes , quoiqu'ils aient enfuite port� l'Art � un degr� de perfection, ignor� de leurs pr�d�- ceiTeurs. 11 jaut donc du choix dans l'imitation ! des ou-
vrages m�mes de ces Nations, autrefois ii c�l�- bres. Perfonne n'ignore que les premi�res produc- tions des Grecs , fe reffentent allez de l'enthou- iiafme de leurs Ecrivains qui, avant la conqu�te de l'Afie par Cyrus, n'avoient encore rien �crit en profe, qui p�t donner une id�e jufte de l'�r- chite&ure: enforte que leurs Architectes, guid�s par ce m�me enthouliafme, commenc�rent par s'�loigner de cette »belle fimplicit� qui, apr�s plu- sieurs iiecles, a produit les chefs-d'�uvre α A�� iH�nes. Ffiv
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Les Architectes d'Italie, d'abord plus imitateurs
que cr�ateurs, parurenr contraints dans leurs pro- ductions, foit qu'ils n'euffent pas le g�nie des grecs., Kbit que ceux-ci, tranfplant�s chez une Na- tion vtctorieufe , euifent perdu de vue leurs pr�- ceptes avec leur libert� ; & fi l'on a vu quelque- fois chez les Romains leurs Architectes s'�carter de cette imitation, ce ne fut que pour rendre leurs monuments plus vailes, plus �tendus , & non pour fuivre cette belle fimplicit� s l'effence propre de la belle Architecture. Il en eit, je crois, d�s ouvrages des anciens
comme de ceux des modernes : de tout temps , i� s'eil introduit des licences dans les Arts ; c'eit le propre de l'humanit�, de fe croire tout permis » & il ne feroit pas furprenant que la renomm�e nous eut tranfmis la gloire d'anciens �difices, qui nauroient eu d'autre m�rite que l'antiquit�. D'ail�- , leurs,ne fait-on pas que chez prefque toutes les 'Nations, peu d'�rtiites ont cultiv� les lettres ; que �a uefcription des �difices des anciens a �t� le partage des Hift�riens, & que la plupart de ceux- ci, ignorant � la fois & les pr�ceptes & le go�t de l'Art, ont n�glig�, "dans leurs �crits, de nous faire connoitre ce que les Architectes avoient pro- duit, fok de g�nie, foit d'imitation. Aujourd'hui encore, la plupart de nos jeunes Artifres ne n�- gligent-ils pas tous les jours de fe rendre compte de la fource o� nos pr�d�ceffeurs ont puif� leurs, d�couvertes ? De-l� toutes ces licences qui'pren« nent faveur chez le plus grand nombre, parce quelles iemblent donner plus de libert� aux hom- mes fans doctrine, & g�ner m*oin§ ceux qui font pins �clair�s : de-l� le peu d'ufage qu'on fait de iefpric de comparaifon ; on applique indiftinet�« |
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ment les m�mes ordonnances & les m�mes orne-
ments aux b�timents de genres diff�rents ; on a recours � de nouvelles inventions qui, � leur tour , fe trouvent d�truites par d'autres nouveau- t�s : infenfiblement nos �lev�s devenant incertains fur les r�gles, & irr�folus dans le choix des pr�- ceptes , ne craignent plus de facrif�er � la va- ri�t� des formes & � la multiplicit� des d�tails, la "dignit� �i recommandable dans les monuments facr�s, la bienf�ance qui doit �tre obferv�e dans les �difices publics, & la fimplicit� qui eft le par- tage des b�timents d'habitation. Trop pen inftruits des r�gles fondamentales de leur Art, ils fe r�- voltent contre une imitation fage & mefur�e. Par- venant enfin � oublier leur foibleffe, ils ofent tout, au-lieu de f�ivre de pr�s les productions de ceux qu'ils ne peuvent atteindre. En un mot, rimprei�lon que les ouvrages des grands Ma�tres d�vroit faire fur leurs efprits, s'efface ; &lors m�me que FArchite&ure, par la lib�ralit� des Grands & l'opulence des Particuliers , pourroit rentrer dans tous fes droits, elle voit fes pr�ceptes n�gli- g�s, la t�m�rit� prendre la place du favoir, & la plupart offrir a leurs Ma�tres, au lieu des pro- ductions que le vrai go�t leur infpireroit, pr�cif�- ment ce qui lui eft le plus contraire. Pour �viter de tels inconv�nients, cherchons
ces beaut�s qui �manent du go�t, & parcourons ce qui nous eft enfeign� par la th�orie & la pra- tique de l'Art; joignons-y l'�tude des beaut�s d� la nature. N'oublions pas non plus que la meil- leure maniere de perfectionner notre go�t, c'eft de comparer enfemble les �difices de m�me genre, enfuite ceux de genre diff�rent. Peut-�tre ces divers moyens nous conduiront-ils � d�couvrir les vrais |
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458 Cours
principes du go�t ; du moins fera-t-il facile de
convaincre nos jeunes Architectes qu'un �difice qui, dans fa ilru&ure , raiTembleroit toutes ces diff�rentes parties , auroit �galement le droit de plaire aux connoifTeurs & au vulgaire , puifqu'au moyen"de cette r�union, on y trouv�rent d'ac- cord les maffes, les parties & les d�tails : le fpe&a- teur y remarqueroit auffi le foin qu'on auroit pris d'�viter la liaifon du pefant avec le d�licat, ainfi que la profufion de la Sculpture dans une Archi- tecture fimple & grave, l'attention que l'on auroit eue de r�unir la folidit�, la commodit� & la beaut�: u verrok qu'� ces parties eifeneielles & primitives on a fu en allier d'autres non moins eftimables, telles que la r�gularit� & lafym�trie, dans ladj�ribution; l'�conomie & la perfection des mati�resu dans la conitru&ion ; la f�v�rit�de l'exprefiion & l'encha�- nement des rapports, dans la d�coration: tous objets int�reffants fans lefquels on ne fauroit arriver � un v�ritable fucc�s. Pour t�cher de faire mieux fen'tir en tjuoi con-
firme la nature du go�t, il ne fera pas inutile de donner quelques maximes , que lui feul nous paro�t avoir �tablies. Du moins fi nous n'avons pu le d�finir exactement, efTayons de d�velopper ce qui lui eft le plus contraire. Le go�t guid� par le raifonnement, exige
l'imitation de i'Archite�ure antique, pr�f�rable- ment � la gothique �la plus ing�nieufe. La pre^ miere plus r�guli�re & plus conf�quente, occupe l'ame fans partager l'attention , '& ne laiffe pas d'�tre affez fufceptible de vari�t�, pour obtenir le (uffrage des hommes intelligents. Ce n'eft pas que |
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d'Architecture. 4f9
�es Goths, s'ils euffent montr� plus de choix dans
leurs ordonnances, & fur-tout plus de go�t dans leurs ornements, if enflent m�rit� d'�tre imit�s par leurs fucceffeurs : mais leurs productions font pref- que toujours une forte d'�nigme pour F�ui� qui les examine ; enforte que le fpeclateur fe trouve embarraif� pour en d�m�ler les beaut�s ; d�faut qui certainement ne fe rencontre pas dans l'Archi- tecture des Grecs & des Romains. Le go�t dont il s'agit exige que les fa�ades
d'une certaine �tendue, ainii que les lieux vaiies, foient compof�s de grandes parties ; le petit & le colof�al ne pouvant aller enfemble. Ce m�me go�t veut encore que toutes les parties d'une d�coration aient du rapport entrelles & foient de m�me genre : il d�fend de placer au m�me �tage ou dans la m�me pi�ce, des membres d'Ar- chitecture ou des ornements de Sculpture rufti- que, entrem�l�s d'autres ornements d'une expref- iion d�licate ; quoique les u|s & les autres exa> min�s f�par�ment foient approuv�s par les pr�-* ceptes de l'Art. En g�n�ral, il faut que les or-* donnances Tofcanes aient peu d'ornements, & que �es Corinthiennes au contraire n'en foient jamais d�pourvues ; la beaut� d'un �difice confiftant dans raccord des maiFes, qui forment fa d�coration, & dans celui des parties qui en d�pendent. En un mot, on defire dans un �difice de voir r�gner, avec l'ordre, une diveriit� louable, fans laquelle on n'apper�oit sue monotonie, o� l'on voudroit remarquer des formes aiTez iimples pour �tre apper�u�s d'un fe�l coup d'�ujl , & aff^z vari�es pour �tre exa- min�es avec plaifir. Le go�t de f Architecture fe manifefte parti-
�pli�rement dans la mani�re:.'4� proul�r^ elle. |
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'460 COU RS
eil de tous les befoins d'un Archire�te, le plus
effenciel ; il neft. jamais difpenf� de montrer ion habilet� en cette partie. Pour acqu�rir ce degr� de perfection , la fcience des Math�mati- ques , une th�orie profonde des pr�ceptes, l'�tu- de des meilleurs auteurs, toutes ces connoiffan- ces font ini�fnfantes fans le go�t & l'exp�rience. L'art de profiler ne d�pend pas du g�nie. Celui-ci peut bien concevoir les r�gles fondamentales de l'Art, & les fui vre jufqu'� un certain point ; mais le go�t feul a droit de les choiiir : en un mot, G*er� ce go�t qui doit �tre le mod�rateur d�, g�nie de PArchitecle. Il ne s'agit pas non plus d'inno- ver ? il faut le go�t propre � la chofe; il faut un efprit de m�ditation , fans contrainte ; une Imagi- nation r�gl�e , fans fervitude : il faut que l'Artifte fache avoir �gard a la qualit� de la mati�re, pour donner � fes profils une expref�ion qui lui foit analogue. Il faut qu'il pr�voie le point de diftance d'o� les moulures doivent �tre apper�ues; qu'il confidere le volume d'air qui doit les environner» & qu'il s'attache au genre de PArchite&ure qui les amen� fur la fc�ne , afin de pouvoir leur procurer ce caract�re de fermet� ou de l�g�ret�» cette richeife ou cette fimplicit�, fi propres � ren- dre les parties d�pendantes de l'enfemble ; enfin qu'il ofe fe permettre quelquefois un ftylp parti- culier que le go�t feul autorife dans cette partie de l'Architeciure. Le go�t femble s'oppofer � Inapplication des
Ordres d'une exprei�ion diff�rente dans une m�me fa�ade; un feul ordre paro�t y funire. Il y a plus ; c'eft peut-�tre une erreur d'en admettre o� ils ne peuvent avoir un certain diam�tre ; d'ail- leurs les ordres ne doivent jamais �tre amen�s» |
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d'Aiichitegture. 461
ce femble , que pour la d�coration �es �difices
jpublics & des Palais des Rois : les b�timents par- ticuliers n'en doivent retenir que TexpreiTion ; autrement ceil vouloir aifocier des parties qui doivent annoncer de la grandeur, avec des �tages auxquels la convenance & l'�conomie obligent de donner peu d'�l�vation. Qu'on examine les ouvra- ges des grands Ma�tres, on verra que tous ont �t� iimples, m�me dans leurs productions les plus importantes , & qu'il n'appartient qu'aux Artiftes m�diocres, d'avoir recours � la profuiion. Orc'eft montrer la m�diocrit� dans tout fon jour, que d'affe&er dans des maifons de vingt toifes de face, d'�lever les uns fur les autres, pluiieurs petits ordres , qui contribuent � rendre encore plus petite la d�coration ext�rieure , fans parler de l'attention qu'un Architecte doit avoir pour l'efprit de convenance, le premier m�rite 6c de Γ Archi- tecte & de rArchitecfure. Le go�t femble s'oppofer encore � l'emploi
des ordres coloiTaux, dans l'ordonnance des b�ti- ments deilin�s � l'habitation .des particuliers, & il ne les tol�re que dans la d�coration des �difices facr�s. Il eft d'autres moyens de parvenir � pra- tiquer pluiieurs �tages les uns fur les autres , dans les maifons ordinaires^ fans fe fervir d'un ordre, qui embraife pluiieurs rangs de croif�es. Les exemples connus que nous avons en ce genre, ne doivent ni ne peuvent faire loi. Le go�t ion�� « fur la raifon , n'accepte ni fyil�me, ni opinion particuliere ; il doit �tre un: & il nous femble que c'eil s'�carter de cette unit� , que de faire parade , dans les dehors, d'une grande ordon- nance , que l'on fent ne pouvoir fe concilier avec , les dedans. Nous l'avons d�j� obierv� ; il ne lufrir pas de faire ce que les autres ont fait i il faut |
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461 Cours
r�fl�chir fur ce qu'on doit imiter. On a tout tent�;
il ne s'agit plus que de chercher � approprier � nos befoins, tout ce que nos pr�d�ceffeurs ont produit d'eitimab�e. Il ne nous reite enfin qu'� faire marcher � c�t� des pr�ceptes, les lois que le go�t impofe , & � faifir la nature dans (es diff�- rents afpec�s, pour Tapproprier � l'Architeclure, & par ce moyen parvenir � l'excellence de f Art* Le go�t dont nous parlons , exige que dans toute efpece de d�coration, relative � Γ Archi- tecture, celle -ci tienne le premier rang , & donne le ton � toutes les productions des Arts qu'elle s'aiTocie. Certainement ce n'eil pas la quan- tit� des ornements qui augmente la beaut� des �difices � ce font feulement ceux qui, puif�s dans la nature, offrent des beaut�s r�elles. Tout ce qui n'eil fait que pour l'agr�ment , a droit de pa- ro�tre m�diocre, d�s qu'il eil d�plac�: le go�t eft m�content lorfqu'on lui laiffe � d�lirer. Ufons dpnc des ornements avec fobri�t�, & fouve- nons-nous que c'eit l'art de les appliquer, qui fait tout leur m�rite ; qu'il en eil de �'Archite- cture comme de la Po�fie ; que tout ornement qui n'eil qu'ornement, eil de trop ; qu'ils ne doi- vent jamais paro�tre poftiches, ni d�plac�s dans un �difice, mais amen�s dans la compofition de l'en- femb�e pour embellir Γ Architecture , & non pour l'accabler, l'enfevelir ou la d�figurer ; qu'il faut que les ornements , pour �tre approuv�s portent l'empreinte de la n�ceflit� ; qu'il en eft des orne- ments des Meiffonniers, comme des ornements Gothiques ; qu'ils fatiguent les yeux par leur con- fufion, & que l'�iiil ne pouvant fe fixer fur aucun , ils d�piaifent par l'endroit m�me qu'on avoit chpifi pour les rendre agr�able j qu'enfin ΓArchite&ure » |
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D'A RCHITECTURE. 46}
par la beaut� de fes proportions & le choix de
fon ordonnance, fe luffit � elle-m�me; que le go�t, fruit du raifonnement de l'Archite&e , doit guider fon crayon, ainfi que fon g�nie , pour � lui faire diftribuer fes ornements avec fobri�t� ; qu'il doit lui faire choiiir avec leur expreffion la plus convenable, leur relief & leurs fymboles , & lui faire �tablir dans fa d�coration, des repos & des internales qui contribuent � faire valoir les ornements , fans nuire � la dignit� de Γ Archite- cture. Le go�t acquis exclut toute efpece de mode,
dans Γ Architecture , comme autant d'obftacles � fa perfection &i � fes progr�s. La nouveaut� femble ne devoir �tre permife , que pour les chofes de pur agr�ment. L'homme de go�t, lorsqu'il s'agit des Arts utiles, fait r�fifter au torrent, & abandonne au vulgaire cet efprit de vertige que l'Artiiie fuperflciel d�core du nom de g�nie, de feu & d'invention. C'eft la mode, ( ce tyran du go�t, qui a vari� � l'infini l'efpece, le genre & la forme des ornements, & qui nous les a fait placer allez long-temps , indifcr�tement & fans diitin&ion , dans les Edifices facr�s, dans les Palais des Rois, dans les demeures du Pr�lat »., du Magiftrat, du Savant & de l'homme priv�* C'eft la mode, la reffource des Artifans merce- naires & fans principes , qui leur a fait employer jufqu'� l'exc�s ce m�lange confus de lignes iinueu- fes & de lignes droites, dans les plans & dans les �l�vations. N'en doutons point, c'eft l'excel- lence de l'Art, ou la m�diocrit� des produ&ions qu'entra�ne la mode, qui fatisfait l'�me, ou qui lui fait �prouver ce d�go�t, qu'on r�ffent � leur afpeft > lorfqu'on n'y remarque qu'une confufioa |
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4&4 C o υ R s
rebutante: �carts d'autant plus dangereux, qu'ils ont
eu des imitateurs pires encore que leurs mod�les ; ce qui vraisemblablement fe fut perp�tu� � l'infini, ii de nos jours pluiieurs Archite&es c�l�br�s n'a- voient fait tous leurs efforts, pour reftituer' � leur Art les vraies beaut�s que la mode & le caprice lui avoient fait perdre depuis le commencement de ce iiecle. Le bon go�t d�fend l'application des fron-
tons , o� ils ne paroiffent pas n�ceffaires ; il condamne leur multiplicit� , & rejet� ceux qui font enroul�s, coup�s, interrompus, trop �lev�s ou trop furbaiff�s. Il prononce de m�me fur l'emploi des niches, & femble -n'autorifer les uns & les autres, que dans la d�coration <ks &οΐ1- tifpices de nos Temples. Le go�t �tay� des pr�- ceptes de l'Art, n'admet jamais les baluftrades fur la partie fup�rieure d'un b�timent, lorfque celui-ci fe trouve couvert par des combles. Il exige une application r�fl�chie des �tages en fonbaffement, & de ceux qu'on appelle attiques ; il fupprime les tables faillantes ou rentrantes , par-tout o� la im- plicite doit �tre pr�f�r�e : il exclut les tours ron- des ou creufes , & m�me la r�it�ration des avsnt- corps 'Jk. des arri�re-corps , dans les ordonnances Tofcanes ou Doriques : il veut que le mouve- ment du plan foit relatif � Texpreffion, qui� pr�- iide dans la d�coration des fa�ades : il condamne axtffi toute efpece d'ornement arbitraire , indif�- rent ou profane, dans la d�coration des monii" ments �lev�s � la pi�t� ; il rejet� toute Sculpture qui a trait � l'aviliffement pu � la fervitude de l'humanit� ; il bl�me les ornements taill�s fouvent fans r�ferve dans les moulures des entablements des fa�ades 9 & pr�f�re dans un �difice r�gulier, les balurlrades
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»'�RCfi LT Έ CTU� Ε* 4&f
baltiitrades aux balcons de fer ■; il s'.opp�ie �! toits
. les encorbellements i qui: ibutiennentiiles fardeaux ^ :■&'. leur fubftitu�i des colonnes oir: aiit�es co�g^ d'Architet'Hire 4 .qmimonteEt de fond; Arni de la coiumodit�, il veut qu'on, entre � couvert xians les yeitibules , qu'on pratique des cours fpacieufes & a�r�es, qui feules peuvent proaurer.de $� $�k+ brit� aux b�timents d'habitation : il s'oppofe en- core � l'�l�vation , fouvent inutile , des portes qui donnent entr�e � nos h�tels & aux mai- ions de nos riches Particuliers : il regarde comme autant de licences condamnables, l'appli- cation des colonnes jumelles , ainii que celle des colonnes ovales ; enfin il d�fapprouve les porter �-faux apparents , amen�s dans rArchite�ute par inadvertance ou par une n�gligence qu'aucune beaut� effencielle ne rachet�. Le go�t veut aui� , que l'int�rieur du b�ti-
ment foit aiTorti � l'importance des dehors ; que chaque appartement porte un caract�re analogue � fon ufage ; que les, ornements foient graves dans les pi�ces deitin�es � traiter des affaires pu-* bliques; qu'ils aient moins de f�v�rit� dans celles qui font confacr�es � la foci�t�, & qu'ils foient encore plus riants dans celles qui font deitin�es au repos ou � la retraite des Ma�tres. Le domaine du go�t s'�tend jufqu'au choix des �toffes, � la forme des meubles, � l'efpece des mati�res r�elles ou feintes , � l'application de la dorure, � l'unit� des tons , � 1 af�brtiment du bois , du marbre, du fhic ou du pl�tre , du fer & du bronze. H s'oppofe fouvent � l'ufage des trumeaux de glace, plac�s entre deux croif�es, & tol�re � peine l'ufage de la peinture colori�e, dans les vo�tes ou les plafonds d�s fallons, des gallerieSj &c. Il ςοη,- Tomc IA G g |
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4^6 > G o ur us
damhe enfin expreff�mentyla r�p�tition des m�mes
all�gories dans la d�coration des b�timents de genres diff�rents ; en un mot s l'effet que produit n�ceffairemeiit le go�t, c'eft de nous ramener,par Il voie du fentiment, aux premiers pr�ceptes de l'Art, & de r�clamer contre tout ce que la vraif- iemblance & Fefprit de convenance d�favouent. |
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d'Architecture. 46*7
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CHAPITRE VI.
Application de l'ordre Τ os can t
A LA D�CORATION D'UNE PoRTE
de Ville libre.
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OU S avons cru devoir attendre , pour faire
appliquer � nos Elev�s l'ordre Toican � TArchi- ie&ure , qu'ils euf�ent acquis, non - feulemeos: les connoiftances_de cet ordre dont il eft trait� au commencement de ce volume, mais auffi qu'ils enflent lu avec attention les d�finitions ou le raifonnement de l'Art qui viennent apr�s , & qui doivent en �tre regard�es comme la fuite. A pr�fent expliquons-leur les proc�d�s dont nous nous ibmmes iervis pour rendre l'ordonnance de cette porte, conforme � fexprefnon ruftlque de cet ordre , & difons : Que lorfqu'une fois on a. cru devoir le faire entrer dans la d�coration des b�timents Civils, Militaires ou Navals, il faut n��effairement que la difpontion & la propor- tion g�n�rale des maifes du b�timent foient rufti- ques, c'eft-�-dire , que la largeur, la hauteur & la faillie des avant-corps & des arriere-corps, fe reiTent�nt de l'expreirlon racourcie de cet ordre ; autrement on rifqueroit d'allier enfemble les con- traires , ce qui arriv�rent indifpenfablement, fi l'on pla�oit cet ordre fur des nus, qui , par leurs divifions , fembleroient appartenir plut�t aux ordres moyens & d�licats, qu'au Tofcan propre- ment dit. Ce η eft donc point aifez , loriquon G gij '
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46$ Cours
veutr�ni�ir dans un projet cle cette efpece, d'avo�f
�ait choix "de cet ordre ; il faut encore que fori cara&ere ruftique fe retrouve dans toutes les par- ' ties de la d�coration , non-feulement pour ce qui concerne i'Archite&ure, mais encore pour ce qui regarde les ornements de Sculpture qui y peu- vent entrer. Pour indiquer la route qu'il convient d'obferver en pareilles circonftances, nous allons donner le plan, les �l�vations & la coupe du pro- jet -d'une porte , deftin�e � fervir d�limites � une ville libre ou de commerce, & rendre compte des pr�cautions qu'il faut apporter pour conferyer dans fon tout ou dans fes parties, cette unit� & cette analogie que nous recommandons. Plan du rez-de-chauss�e et de la
plate- forme superieure d'une Porte destin�e a servir de limites a l'extr�mit� du f au- | bourg d'une Ville libre. ρ x a nc h ε xi x.
Le plan du rez-de-chauff�e, figure I, en faifant
voit l'�paiiTeur du mur F, M, qui d�termine celle de ce b�timent, indique aui�i la vari�t� qui regne dans l'ordonnance de ces deux faces oppof�es : diff�rence qui provient de la richeffe qu'on a cru devoir donner � celle du c�t� du faubourg , fur celle du c�t� de la ville 9 parce qu'elle doit en �tre eonfid�r�e comme le frontifpice, & comme telle offrir une d�coration int�reffante, Expliquons les rapports qu'ont entr'eux toutes les diff�rentes parties de cette porte, pour que d'apr�s ce pro- |
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d'Architecture. 469
<:�d� g�n�ral, on puiffe parvenir � compqfer telle
ou telle autre ordonnance d'Archite�ure en ce genre. '
Toute ��tendue A, Β, longueur prefcrite par
la difpofition du lieu >, eil divif�e en douze parties, -d'un toif� chacune; fix de ces parties font pour l'avant - corps CD, qui elles-m�mes font par- tag�es en trois; f�avoir : une pour la largeur d� la porte Ε , & une pour chaque pile'Y', F. Les arri�res - corps A, G, D , Β, font �uff�-dmf�'s chacun en trois parties : une pour les corps angu- laires G, G ; une pour la largeur des niches H', H'; & une pour chaque pied droit 1,1. Ces derniers font encore divii�s en deux, dont chaq��moiti� d�termine la largeur des renfoncements a, a qui 'contiennent la niche avec fori chambranle; ces niches H, ont de profondeur la moiti�de leur lar- geur. Dans l'avant-corps , toute l'�paifleur 'Ml ■mur F , Μ , eil �gale � la largeur de la porte �, ou, ce qui eft la m�me chofe, �gale � la fixieme partie de la longueur totale A, Β. L'�paiiTeur des murs des arri�re τ corps, vers
\qs niches, n'en a que la moiti�. Les colonnes Κ de l'avant-corps , pratiqu�es du c�t� du fau- bourg , font adoff�es au corps interm�diaire G, ί}, .'.-■& leurs faillies d�termin�es par celles des retraites - qui r�gnent tout au pourtour & au pied du-b�ti-
�ment. ; Nous n'avons point plac� de colonnes du c�t�
de la ville, mais feulement des corps d'Archife- clure M, dont la largeur �gale la moiti� de celle - de la pile P, P. A la place des niches, nous
�avons pratiqu� dans les afriere-corps, des tables
� ^enfonc�es marques "t� ,"& dans lefquel�es nous
en avons inf�r� de faillantes , afin de procurai
G g ii|
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470 ;>?, ".', C ο ν R s
� cette fa�ade un plus grand cara&ere de fermet� *,. autorif� ici par l'abfence de Tordre. �il Dans le mafllf de l'avant-corps de cette porte» nous avons, pour plus d'�conomie , pratiqu� , d'un c�t�, un efpace vide marqu� L, & qui peut fervir utilement pour un d�p�t; de l'autre c�t� , nous avons plac� un efcalier � noyau qui monte fur la plate-forme, fervant de couverture � la partie fup�rieure de ce b�timent, La figure II, offre le plan de cette plate-forme conirruite en dalles de pierre , & o� l'on a marqu� le caniveau a , qui conduit les eaux dans la defcente Ο , pratiqu�e dans les deux piles plac�es aux extr�mit�s de cet �difice, pour de-l� venir fe r�pandre dans une gargouille pof�� furie fol du pav� du, c�t� du faubourg» [ ; ή �i�vATi�N de la Fa�ade d� c�te
v. ' > J
t du Faubourg.
8 . Ρ �$M Ν-;:C H � XX.
Ce que nous venons de dire en d�crivant la
, planche pr�c�dente, regarde �galement toutes les largeurs exprim�es dans cette fa�ade, c'eitTi�-dire,
- celles de l'avant - corps , du corps interm�diaire ; celles des arriere-corps, de la porte & des niches ;
tt�utgs parties d�termin�es d'apr�s le plan dont nous venons d'expliquer les principales dimen-
fions* Voyons � pr�fent lqs rapports que la hau-
vteur" 4oit avoir avec la largeur de cet �difice. Toute la hauteur de ce b�timent, depuis F jufqu'�
s Q i efl � A Β, �-peu*-pr�s comme un en: � deux ; Ja largeur du corps interm�diaire C D, eft �gaje � FQ? plus, l'attique R qui s'�l�ve au-deffus»
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d'Architecture; '4fi
Pour parvenir enfuite au d�tail, & apr�s avoir
�lev� fur le plan toute la fa�ade AB, 1'avant- corps CD,1 porte E, les niches H , les corps de r�fend G, les colonnes K, &c. il faudra fixer la hauteur de la retraite F , au quart de celle de Tordre, qui ayant 3 pieds de diam�tre, aura, comme Tofcan, 21 pieds de hauteur. L'entable- ment I, aura auf�i le quart de la hauteur de Tordre, & tous deux feront aiiiijettis aux mefures parti- culi�res de Vignole que nous avons expliqu�es au commencement de ce volume. < Iles niches H auront de hauteur deux fois &
un quart leur largeur ; leurs chambranles a, la frxieme partie de celle des niches ; les al�tes , des niches quarr�es qui les renferment �, la moi- ti� du pied droit depuis Tangle de la nich� H, jufqu'au corps de refend G. La porte E a de hauteur deux fois fa largeur , &c. Cette port� ^ dans fa partie fnp�rie�re, eit de forme furbaiff�e, au-lieu d'�tre plein-cintre; & � la place d\m impofle & d'un archivolte , nous n'avons fait ufage que d'une feuillure ; cette forme & ce genre d'ordonnance, ayant quelque chofe de plus ferme & de plus analogue � Tordre Tofcan qui pr�fide ici ; d'ailleurs il faut remarquer que le ftit des colonnes �tant charg� de boifages alternatifs, ce genre fembloit exiger ce caract�re fimple, qui ne pourroit gu�re fe fupporter dans les port�s aes autres ordres. Les boffages alternatifs 'J appliqu�s aux colonnes, ont chacun un module de hauteur, ainfi que leurs intervales; leur faillie fur le &t9 eft-de trois minutes. La largeur de Tentreco- lonnement eft, � fa hauteur , comme neuf �ft � quatorze ; cette proportion racourcie conve- nant � un ordre dont toutes les parties de Toe* G giv
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dohnanee, doivent janxioncer iiiie exfjtei��on πιίΐί- que. ..I^a hautaur du clpveaii L ^ eil �gal� � la largeur-des gieds droits- M y;& Tunel�k: lautre ont neuf douzi�mes du diaiii�tre de l'ordre. La largeur φ la feuillure Ν jdoit'avoir Ja;fixieme partie de celle .au. pied droit M, & de profondeur la moiti� de fa largeur. Sur les arri�re-corps de cette fa- �ade nous-avons converti la, corniche de l'enta- Element, i ? en plinthe, marqu�e Ο ■> parce que ces arri�re - corps ne fervant que d'accotement � l'a vant-corps principal - de ce b�timent ,.: il nous a; fembl�^n�ce-ffaire d'en iimp�ifier le couronne- ment,. ^U�d^ffus de cette" plinthe Ο, nous n'avons fait r�gner q-uunfode ��, J? , ^iuijetti-� 1$ hauteur de la retraite Q:i qui fontient l'attique marqu� QRS;: ■cetattique fert � faire p^ramider la partie majeure, du b�timent '%- qui, dans tous ι les. cas ti d§f�<J& faire r�marquer,j fpit par un ai��z grande faillie rfoit par une plus grande �l�vation que le jefte de la fa�ade.;. A l'imitation des anciens y nous n'avopsc donn� � la hauteur de cet attique, gueJe qujtrtr de. la>cplonne;& de l'entablement .pris enfembJe. Nous avons idivif� la ^ hauteur de cet, attiqi je eo, fanit y hous en avons donn� trois � la retraite Q, quatre ΦϊιΜ R > & une � �a tablette j S* ; ; Au milieu; de Cet attique ι eil q dapt�e une table faiilante deitin�e � recevoir lune infcri- ptioii : .cette table ^r��mine: fur l'attique -> & fon ^�tendue reftc;:d�termin�e par la largeur de Fentre- colpniieinent, Au-dei�iis ; de cette table r�gne un. jfocfe couronn� des armes du.Rqi, ce qui s'obferve .aii�z, .g���rslement dans ces occaiions , comme une .d�dicace offerte au Prince par fes fujets. Dans, ton s les cas, il faut avoir attention: que cette Sc.ul|}ture foit pompoi�e d'un caract�re m�le |
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d'architecture.' 473
analogue � l'exprei�lon de Tordre, il en doit �tre
de m�me des itatues plac�es dans les niches., ac- ties ornements qu'on remarque fur le claveau de la porte, qui tous doivent offrir peu de^ details, un faire, une touche vague & ind�termin�e. INous n'avons m�me indiqu� pour amorti�ement, que l'abr�g� des fupports des Armes de France ioute- nant un �cuffon de forme circulaire ; autrement les Anges , fupports des Armes de Sa Majelte, auroient offert ici un mouvement & une �l�gance toujours d�plac�s dans' une ordonnance ruiti- que. Les itatues de femmes qu'on voit trac�es dansles niches, repr�fentent,quoiqu'ailez impar- faitement , l'Agriculture & l'Abondance ; elles doi- vent �tre drap�es d'une maniere large, & �tre ele* v�es chacune fur un pi�douche, d'une forme quar- te,-tel qu'il fe remarque dans cette planche. Pour claveau nous avons d�fign� une peau de lion, attribut de la..Force,&; de la Valeur , allegorie n�anmoins qui conviendroit plut�t � une porte �de ville de Guerre, qu'� une porte de ville de "Commerce : il ne.felloit ici qu'un hoflage avec 4eux" contre - clefs , orn� tout au plus _dune «grafie , d'un galbe peu reiTenti ; d ailleurs -nous devons obferver. qu'en g�n�ral la Sculpture -plac�e ftir des corps liiTes , ne reuffit jamais 3?ien; que pour fautorifer , il faut un corps faillant , tel quim archivolte^ un chambranle, &c; Or comme on a fupprim� t ces : membres I30ur procurer plus de fimpiicit� � l'�difice, on devoir par la m�me raifon fupprimer auiii la Sculpture de ce claveau; autrement elle ne pr�fente qu'une' richeife indifcrete, qui, loin ie fymbolifer l'Architeclure, la rend �quivoque, .Cette remarque que nous faifons fur nous-m�mes,, |
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474. '*a ; C"o υ RS'; !
apprendra � nos jeunes A rtifles, qu'ils doivent, .
lorfqu'ils fe font tromp�s, revenir fur leurs pas avec cette franchife , qui honore les hommes � talents ; Au reile, les ornements que nous d�fignons n� font pas les feuls qu'on puiffe employer ici. Mais nous periiftons � croire , que quelque choix qu'on en puiife faire , il faut que leurs formes & leurs expreffions foient non-feulement relatives � l'ordre Tofcan , mais encore aux diff�rents motifs qui font �lever les b�timents , & que ce raisonnement appartient directement � fArchite&e : lui feul doit cr�er fes �uvres, & les Sculpteurs ne doi- vent qu'op�rer fous fes yeux. Qu'on juge par-l�, combien il faut d'�tude , de connouTances. & de talents � un tel ordonnateur* ;, jm i El�vation du cot� η ε la Ville.
Ρ L � Ν C H � XX h
Les principales dimeniions de cette fa�ade font
les m�mes que dans la pr�c�dente, & n'en d�- f�rent que; parce que l'ordre eil abfent , raifon pour laquelle on y remarque beaucoup plus de Simplicit�, l'avant-corps �tant feulement comp�f� de deux corps d'Archite&ure C , bofTag�s ck ver- inicul�s. Au4ieu d'un attique \ cet avant-corps eii: termin� par un fronton cintr� & marqu� A , beaucoup plus propre � couronner une or don* nance ruitique , qu'un fronton triangulaire : kuift obfervons - nous que c'eit/ dans ces cas feulement , qu'il en faut faire ufage , ainfi que des arcades furbaifiees , qui fe remarquent dans les deux fa�ades de cette porte, Cette obfer- vation nous paro�t vraie, malgr� la multiplicit� des |
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d'Architecture. 47c
�difices o� Ton les a plac�s indiitin&ement dans les
ordonnances Ioniques Corinthiennes & Comportes. Derriere ce fronton regne le m�me attique dont nous avons parl� pr�c�demment, & qui fe voit ici en B. Pour d�dommager cet avant-corps de fabfence de
Tordre > nous avons fait r�gner des boifages alterna* tifs, δ: nous les avons charg�s de vermiculures. On auroit pu ne placer ces boifages que fur les corps G, qui foutiennent les extr�mit�s du fronton, & laiiTer liffes ceux des pieds - droits, de l'arcade & des claveaux: mais, d'un autre c�t� , ce genre d'ornement ruftique , continu� ainfi, contribue � d�tacher cette partie capitale de deifus les corps interm�diaires D, o� il ne regne que des refends, & qui fym�triient avec ceux des angles Ε ", plac�s aux extr�mit�s de cette fa�ade. Au-lieudes niches quarr�es qui fe remarquent dans la planche XX, nous n'avons mis dans les arriere-corps de celle-ci, que de grandes tables faillantes mar- qu�es F, les accotements des avant-corps o� l�s ordres font f�pprim�s devant �tre tenus plus am- ples que lorsqu'on y fait pr�fider les ordres. Dans ces tables nous avons fufpendu des troph�es rela- tifs au commerce ; mais il faut les favoir com- pofer de grandes parties, les charger de pende d�tails, ainii que le bl�fon repr�fentant les Armes de la Ville d� Paris, plac� dans le tympan du fronton, & dont la Sculpture ind�termin�e doit . �tre trait�e avec encore plus de fermet�, &, nous ] ofons le dire, plus de rudeffe que celle plac�e du c�t� du faubourg ; on ne doit jamais oublier que la pr�fence ou l'abfence de l'ordre doit d�cider les changements n�ceiTaires � r�pandre , & dans les membres de i'Ar�hitefture;, & dans les orne- |
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��j6 C OURS
ments de la Sculpture d�f�mes � TembelMement
des fa�ades.
Fa�ade lat�rale et coupe prise sur
■��■?.'■ '
la profondeur du B�timent.
Planche XXI L
La figure I , offre la fa�ade lat�rale de cette
porte, & fait voir le retour du mur de f arri�re- corpsA, la coupe de celui de cl�ture Β , la faillie de Tavant-corps Ε , du cot� de la ville, & celui F, plac� du c�t� du faubourg. La pr�f�- rence que nous avons donn�e aux boffages alter- natifs fur les boffages continus -, diftribu�s dans 'la hauteur du fut des colonnes, & le rapports que ces boffages doivent avoir avec le module de Tordre, ont d�termin� ici la hauteur des affifes que forment les refends qui r�gnent au tour de ce/b�timent ; autrement il auroit fallu, & dans , cette fa�ade lat�rale & dans celle f du c�t� de la ville o� l'ordre ne pr�iide pas , ne placer que quatorze refends au-lieu de quinze; parce que nous penfons que Tabfence de Tordre exige n�- cessairement de donner � tous les membres de la d�coration un peu plus de pefanteur; mais comme ce b�timent fe trouve pour ainfi dire iibl� de toute part, & que par cette raifon il a fallu que les boffages & l�s refends fuiTent r�duits � une hauteur commune, nous avons pr�f�r� alors de faire les affifes im peu trop baffes, plut�t que de les �lever aux d�pens de la relation qu'elles doivent avoir avec la hauteur des boffages des colonnes, parce que le mur de cl�ture Β �tant beaucoup moins �lev� que tout le .reffe du b�ti- |
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D'A R C 1 Τ Ε C Τ U R E. 477
ment, on fe feroit aper�u de cette difparjt� ,
qu'il faut �viter avec foin. Si cependant ces refends ? r�duits au-deffous d'un module , fe eon- tredifoient trop avec le caraclere de fermet� r�pandu dans la fa�ade , il ne faudrait pas h�i�ter de faire les boffages des colonnes continus , parce qu'alors pouvant devenir pairs. au-lieu d'impairs , on pourroit leur donner une hauteur aiTortie au itile de l'ordonnance. Nous recommandons � nos Elev�s de prendre garde � cette remarque , pour qu'ils apprennent � fentir combien il leur eft im- portant de ne n�gliger aucunes parties des d�tails, �orfqu'ils commencent � compofer ; puifque c'ei� du rapport des membres d'Architecture compar�s les uns avec les autres , non-feulement que les b�timents les plus fomptueux tiennent tout leur �clat, mais encore que les b�timents les plus fimples tirent leur principal relief & leurs plus grandes beaut�s. La figure 11, nous. donne. la coup� de cette
porte, prife dans'le milieu de Tavant-corps des deux fa�ades : on remarque dans fa partie fup�- rieure le profil des dalles en recouvrement mar- qu�es Β, qui fervent de couverture � l'�paifleur de ce b�timent. Au-deiTus de ces dalles nous au- rions d� exprimer l'�l�vation de la lanterne qui �claire i'efcalier pratiqu� de fond en comble pour arriver fur cette terraife, & auquel la porte marqu�e A, donne entr�e aui�i bien qu'� une pi�ce C, deili- n�e � fervir de magal�n pour des �fteniiles � l'ufage des incendies. Non-feulement cette lan- terne auroit fait un aiTez mauvais effet dans ce jdef�in ; mais il �tiroit fallu l'exprimer auiTi dans les �l�vations ; �� comme elle ne peut fe remarquer |
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�$ Cours d'Architecture.
d'�n-bas, nous n'avons pas cru devoir la placer
ici; nous nous fommes feulement content�s de l'indiquer dans le plan , planche XIX, figure 11 ; cet objet d'utilit� n'�tant d'ailleurs fufceptible d'aucune d�coration. Le magafin C , qui s'�tend au-deifus de la porte dans toute la longueur du b�timent , re�oit le jour par des barbacan- nes horifontaies , pratiqu�es au- def�lis de la cor- niche de l'entablement, qui ne pourroient s'ap- percevoir d'en-bas, le point de diitance � , �tant �tabli � cinquante-un pieds de la fa�ade du b�ti- ment , moiti� du produit de la fomme de la lon- gueur de F�diiice» qui eil de foixante-douze pieds, avec celui de la hauteur de l'entablement �lev� de trente pieds du fol : op�ration qui donne le rayon vifuelD,E, qui, prolong� jufqu'en F, mafque enti�rement la hauteur de cette barbacarine. Nous finiiTons ici ce premier volume pour com-
prendre dans le fuivant les trois ordres Gijecs , & le Compofite Romain. Tout ce qui vient d'�tre dit ne doit encore �tre regard� par nos Elev�s que comme les premiers �l�ments de l'Art, �l�ments qu'il �toit n�ceffaire. d'acqu�rir , &dont nous leur recommandons l'�tude avant dev parler � la th�orie dont nous allons parler. |
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Fm du premier Volume. ->
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De l'Imprimerie de Lot tin l'a�n�; 1771.
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E R R ATA.
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^4h /iew <ie ,
n'avok �t�,
enrt'autres ,
roifieme \
fon fils ,
puplia,
quelles ,
Sq-Kien,
mortiers,
a re�u ,
confu ni�es,
Sainte-Antoine ,
�ean-Paul Paiimi,
M. Patt,
l'humaimt�,
Autres Arts,
facult�s l'efprit humain,
les Michel-Anges , les Ber-
nins,
de l'Hiitoiie des Belles- . Lettres,
maifon de Tofcane , 'Primatices, > » les D�l�tmes ,
les colonnes Trajannes, le d� h , qu'il ne faut toujours ,
le tailloir ρ , la platte- bande d , 6c le lifteau q , reduit � un diam�tre, Planche XVI, du cilindre iz , c , ce chapiteau �t� imit� , Planche XX , Planche XX, . . * beaucoup de faillies ,
Planche XIX , corniches i�mplifi�s, Planche XX, laftatuene devoir, pleins , ' . les DebrofTes ,
Planche XIX , dyramidales, un Architecture, de Berty', les DebrofTes, |
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n'avoir �t�.
entr'autres,
rroifi�me.
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quels.
Fo-Kien,
agens.
ont re�u.
confum�s.
Saint-Antoine. .
Jean-Paul Panini.
M, Patte.
l'humanit�.
autres Arts.
facult�s de l'efprit humain.
les Michel-Ange, les Ber-
nin.
de l'fiiftoire , des Bclles- Lettres.
maifon Tofeane. Primatice. les Delorme. les colonnes Trajane. le d� b. qu'il ne faut pas toujours,
le tailloir d , la piatte- bande 5 , & le lifteau p. r�duite � un m�me. Planche XV. du cilindre d , c, ce chapiteau ayant etc. Planche XVIII. Planche XVIII- beaucoup de faillie. Planche XVII. corniches Amplifi�es. Planche XVIII. les ftatues ne d�voient, plein. les Debroffe.
Planche XVir. pyramidales, une Architecture. de Berci. les Debroffe. |
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Jb'Approbation & le Privil�ge du Roi f e trouveront
M la fin du dernier volume. |
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