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D'ARCHITECTURE
CIVILE. |
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BARCHITECTURE,
ou
TRAITÉ
De a Décoration, Dißribution & ConßruÜion
ES BÂTIMENTS;;
Contenant
Les Ieçons données en 1750, èc les années
iiiivijptes, par J. F. Blondel , Architecte,
dans ion École des Arts.
Publié h Îaveu de ΐAuteur 9 par M. i£***.
TOME SEC OND.
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^L JPJ.AIÎ
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9
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Chez D Ε s a ι Ν τ ? Libraire, rue du Foin-S .-Jacques.
M DCC LXXI.
Avec Approbation, 6* Privilège du Ro%
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AVANT - PROPOS,
' ι ■:: o υ ni -."
PRÉCIS DES REGLES
Contenues dans 1è volume précèdent,
SVIF-Ï tfUHE DiSSERTAfioK Suit LA
NÉCESSITÉ^ BÉÉÊTÜOE £>ES QRJDRES ri Architecture,
Nous avons M întéreiïant'pour nos
Elevés de placer à la tête de ce fécond V olume ^un précis dès objets contenus dans le précédents cette récapitulation repro- chera ks idées des Lëéteurs, Se mettra lei préceptes dans un plus grand jour 4 on fe rappellera fans douté que pendant trente années * nous en avons ufé ainii dans nos Leçons. Cette méthode ψϊΦέΐέ accceuilHe aiTez généralement: >nous ^ déterminés a ^li- vre ici la même marches ee Coûtai\ÂrcB- te&ure n'étant autre chofe qu> un : corps dô Leçons,, telles que«nous les donnons- erii- cote dans nos Ecoles. On fait-que pour lël lier les unes avec les autres, îrio'us '6bfëf9> vons, au commencement d'Une cönfeVenceP dé récapituler fommairemênt ce quêr êöjp tenoit là précédente L & â' la ml de cette même conférence de donner une indica- tion de xeiîe qui: doit iuivre. Cet eiieHaî- |
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nous a toujours* réuffi 4 nous à
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ij Ar AN Τ ~P RO PO Si
iiifpiré d'obferver le même procédé dans
TîmpreiEon de notre Ouvrage $ nous en uferons de même à la tête de chaque Vo- lume j ces pféds aideront la mémoire de nos Elevés encore peu verfës dans cette fcience, te faciliteront à ceux gui font déjà avancés une étude plus particuliere dé i'Ouvrége entier. Ρ R ici s de l'Introduction
Ä2$ PREMIER KO LU M E*
Cette Introduction a eu paur objet
l'hiitojre de l'Archite&ure, de la Sculp- ture'y dex la Peinture &: de l'Art du Jar- dinage. Cet Abrégé a du nous donner une notiotl préliminaire âts beaux Arts en général ± 8à-particulièrement nous apprem are à diitinguer? exa&ernent l'Architecture antique, ancienne vgothique 6c moderne; il a dti nous, indiquer la révolution oqs iîè- clés i la profpérité des grands Princes qui ont £u mettre en vigueur les beaux Arts,&; hs Artiftes célebréà dans tous les genres iquis'y font iîgnalésj notis y avons fkirfenthr que lliiftoire eii général doit être fue de tous les hommes bien nés j que celle des beaux Arts, utile à l'Amateur qui fe pro- pofe d'en acquérir les connoiiîances, eil indiipeniàble aux jeunes Architeótes qui veulent exçelle£danS;lfeur.ProfefÏÏ0n/ôc évk |
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Α Ρ Α Ν Τ ~ Ρ R O P O É. Uj
tér k l'avenir de répandre dans leurs Ouvra-
ges un mélange indiicrêt de plusieurs fortes d'Architectures, mélange nuifible au cara- ctère de l'ordonnance , & plus foiîvent en- core a la convenance de l'Edifice, le pré-* mier mérite de Γ Architecture. On trouve auiïï dans cette Introdu-
ction une duTertatlon qui donne â con- noître l'utilité de Γ Architecture & ià préé- minence fur tous les autres Arts libéraux qu'elle ajTocie à fes bèioins. Cette diiTerta- tion eil fuivie des moyens d'acquérir les ta- lents néceifaires a un Architecte : nous invi- tons nos Elevés à fe rappeler fouvent les avis que notre expérience nous a fuggéré de leur y donner. Chapitre Premier.
Dans ce premier Chapitré nous avons'
parlé de l'origine dés ordres , four ce dans laquelle il faut puifer le choix qu'on en doit faire pour la décoration des façades de nos Bâtiments. Ce que nous avons dit à ce fujet â dû nous cbhdûife a l'eiprit de côrnpâraifon, nous accoutumer à regarder lès Grecs comme les inventeurs de la belle Architecture, & les Romains comme leur plus parfaits imitateur"s. Les difcuiïïôiis dans lefquelles nous fommes entrés à cet égard ont dû nous convaincre que c'eife fur fô à ij
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îv Avant -Propos.
goût de ces deux Nations éclairées que l*Ar*
çhite&ure Françoife s'eft formée dans le dernier iiecle , &. qu'elle s'acquiert tous les jours un rang diftingué chez les Nations im* partiales 6c non prévenues. De l'origine des cinq ordres nous avons paiTé à ceux con- nus fous le nom de Cariatides & de Periï- quesj nous avons auiîî parlé des ordres fym- boliques, des colonnes tories , des étages attiques, &; nous avons traité de l'applica- tion plus ou moins judicieufe qu'on peut faire de ces découvertes du fécond genre, ainiî que des autorités des grands Maîtres à ce iujet, dans l'intention qu'elles punTent fervir deguîde aux jeunes Archite&es, en leur enfeîgnant néanmoins la prudence aveo laquelle ils doivent ufer de ces derniers objets·, qui ne peuvent être regardés que comme des reflources, tendantes à déter- miner ; plus précifément le cara&ere de cha* que Edifice. C H A Ρ IT R Ε Ι Ι.
; Ce Chapitre a eu pour objet les précep*
tes de l'Art, puifés dans les différents ca- ractères & les diverfes expreffions des ordres Tofcan , Dorique , Ionique, Corinthien & Comporte* Nous avons préfenté leurs di- yiiîons générales félon Vignole , enfuite félon Palladio & Scammozzy. Nc^s>ayon£ |
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Avant-Ρ R o ρ ö$. V
fak remarquer pourquoi Vignole a été le
Îîlus univerièllementiuivi en France. D'après
es différents cara&eres des ordres , nous leur avons aiïigné des places convenables dans 'ΓArchitecture Civile, Militaire & Na- vale , & nous avons fait voir combien il étoit néceiTaire d'en faire un ufage prudent- dans la décoration de nos Bâtiments d'ha- bitation ) leur préfence dans ces Edifices, n'offrant le plus ibuvent que de petites par* ties, & amenant prefque toujours fur la fcene, une fuite d'ornements contraires à leur deiHnation. Après avoir indiqué leurs mefures générales , nous avons parlé ά&$ moulures, nous en avons reconnu de fept eipeces, & fait voir combien chacune d'ek les pouvoit recevoir d'expreiïïons différen* tes, lorfquelles étoient diîtnbuées dans les diverfes ordonnances des Edifices par un. Artifte intelligent. Nous avons infîfté fur là néceffité de cette étude & prouvé que l'art de profiler devenoit une partie effens cielle des connoiiTances 6c de la méditation de l'Archite&e ·, que prefque tous les anciens <>nt excellé dans cette partie de l'Archir tecture , &: que chez nous les deuk .Mani* fards, Libéral BruantΎ &: Bullet, fonties Architectes du dernier fîecle qui fe fotit iè plus iignalés dans cette branche de l'Art. Après, avoir parlé de la maniere de, tracet |
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ir] avant - Pro ρ os. Ι
avec goût les moulures,- nous avons pris
loin dans plufieurs planches, de donner leurs conilruclrions géométriques , pour faire marcher l'Elevé d'un pas égal dans la Théo* ne &: dans la Pratique. Nous avons auiîi traité des ornements qu*on peut appliquer iur chacune de ces moulures -, &; pour hâ- ter l'expérience de nos jeunes Artiftes fur l'aiTeniblage de ces différents membres, nous avons donné en particulier les enta- blements de Vignole, de Palladio &; de Scammozzy, fur lefquels nous avons tracé des profils de têtes humaines, qui indiquent par les différentes parties de ces diverfes corniches , combien le profil de Vignole l'emporte fur ceux de Îes contemporains 5 ce qui fe conçoit facilement par la corn- paraiibn qu'on peut faire de ces trois têtes tracées avec fidéliçé fur les profils des en- tablements de ces Auteurs. i Enfuite nous fommes entrés dans le dé«? ·
nombrement des divers membres attribués â l'ordre Tofean par Vignole > nous ayons Coline les mefures générales & particulières •du piédeftal, de la colonne & de rentable- inent. A propos des piédeilaux, nous avons prouvé que ce fóuüen de l'ordre eil une innovation des Modernes j que Vignole applaudi en toute autre occafion, a été fclstaié, .même par la plupart des Se&ateurs |
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V
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A r an f -Pro pb s. vïj
de Vkruve , pour avoir donné aux piéde-*
fhux le tiers de la hauteur de l'ordre, quoi- que DebrofTe l'ait imité Se même furpaiTé dans Tordre Tofcan du Luxembourg. Nous avons examiné après cela Îi tous les mem- bres de ce piédeftal étoîent relatifs au ca- ractère de l'ordre * n'en ayant pas été fatis- faits, nous y avons propofé quelques chan^ gements utiles, à deflein de faire feiltir com- bien il eil eflenciel d'obferver une certaine relation entre les détails, les parties Se les mafles, non-feulement des ordres, mais en- core de toutes les efpeces de productions qui appartiennent à TArchite&ure. •. En traitant de Tordre Tofcan, nous avons approuvé la bafe de Vignole, la propor- tion du fut de fa colonne Se les moulures de fon chapiteau. Ce que nous avons dit des fûts nous a donné occaiion de parler des boflages dont on les revêt quelquefois , Si nous avons cité à ce fujet la plupart de nos Edifices importants, tels que le Luxem- bourg , les Guichets du Louvre, le Château- Neuf de Saint-Germain enLaye,o>ù ces mê- mes boiTages fe trouvent appliqués avec plus ou moins de fuccès. A l'égard de l'entablement de Vignole ,
nous avons reconnu les dimeniîons de foi architrave, de fa frife &: de fâ corniche dan? an parfait rapport j nous avons auffi beau- aiv
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viij APÂ ν τ i. Ρ R ο ρ os.
coup' applaudi à fa projection & à la lïm-
plicité de fes membres, quoique nous ayons paru déiîrer quelques légers changements dans les moulures de ia corniche, ainiî que dans Taftragale du chapiteau de faco* Jonne : toutes les autres parties d'ailleurs' nous ont paru un chef-d'œuvre. Enfin ce Chapitre eil terminé par l'ordre Tofcan de Palladio & de Scammozzy, qui avec Vîgno- le. font regardés comme les trois plus célè- bres interprètes de Vkruve. Au reite, nous n'avons pas diiîîmulé dans nos remarques la préférence qu'on doit donner à Vign oie fur Palladio &: Scammozzy, particulièrement iî l'on envifâge ces trois Auteurs du côté des dé^ tails j néanmoins nous avons auiîi fait fentir qu'on les pouvoit fuivre tous trois dans leurs proportions générales, félon l'applica- tion qu'on voudra faire de cet ordre dans l'Archite«5ture Civile ou Militaire , ayant fait remarquer que Vignole donnoit à tous fes piédeftauxle tiers, &; à Cqs entablements le quart de la colonne> que Palladio, au contraire , ne donnoit que le quart aux premiers &: le cinquième aux derniers f qu'enfin Scammozzy prenoit toujours 1$ rjjilieu entre'ces deux extrêmes : ce qui tour à tour peut être également iuivi félon Je genre de l'Edifice, fon étendue, fon élé- vation , le mouvement de iës façades & le |
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jiruw τ ■·'-. Ρ no pu h î*
point de diftance d'où if doit être ap-
perçu. lïft&yTikîl&b ?P- ' ψ C H A Ρ Ι Τ R Ε III.
... 'f: ■< η -- A-Ij [ί·η| Λ^ EH /.. '■ \ ' ;■·■;'■;·■;;;'' ' ■ . *;''
ι Ge Chapitre entier a été confacré au rai-
sonnement de l'Art, Se il comprend les défi- nitions de fes principaux termes j nous y av ons auffi parlé de l'application , delà forme & de la proportion ûqs différents membres d'Ar- chitedure jdes cas particuliers où ils peuvent recevoir des changements, félon les occa* fions qu'a l'Archke&e de les mettre en œib vre. Nous avons fait voir que toutes cefe_ difFérentes parties dévoient prendre leur place dans fa décoration, d'après la diver- lîté des expreffions des ordres d'Architectu- re i que chacun de ces membres, contribue plus qu'on ne s'imagine ordinairement à la perfection de l'ouvrage entier j que de leur iimplicité ou de leur richeife, de leur peu de faillie ou de leur relief naiflbit néceiiai- rement un caractère relatif à chaque Edi- fice ; que pour négliger ces clements, & faute de remonter à la fource, les hommes fans doctrine produiient preique toujours: çbs çompoiltions irrégulieres, qui loin de |atisfaire les connoiifeurs^ les forcent, pour âînfî-dire, àrméfeilimer l'ouvrage & fonAu-* teur* Nous avons défiré que la plupart âp ceux'qui fe deftinent à l'Architecture s'atta- |
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'X' A V Α Ν Τ - Ρ R Ο Ρ Ο S.
chent plus particulièrement à l'étymologle
de chacun des termes de PArt, afin que par cette comioifïànceiis parviennent a ie trom- per moins fur le choix & la véritable appli- cation des membres dont ils décorent leurs^fa- çades > nous leur avons recommandé fur-tout de fe rappeler les beautés ou les médio-* crités que leur auront offertes ces mêmes membres employés avec plus ou moins de fiiccès dans nos Edifices ; ce Îbnt les ieuls moyens de les faire arriver à la perfection > & de leur faire diftinguer de bonne heure les objets qu'ils doivent imker ou rejeter abfoitimenr» Dans ce même Chapitre nous avons par-
lé de la Sculpture en général, &; traité en particulier de la plus grande partie des ornements qui contribuent à l'embelliiîe- tnent des édifices > nous avons infifté für ïa néceiîîté d'en ufer toujours avec ibbrié- té. Après avoir parlé de quelques Edifices qui nous ont paru juftifier notre opinion a cet égard , nous en avons cité d'autres qui doivent faire fentir à nos Elevés com- bien les ornements qu'on y a prodigués, ont plutôt contribué à défigurer l'Architecture y qu'à lui procurer cette véritable beauté qu'on dok attendre de la Sculpture, lorf- que celle-ci s'y trouve répandue avec choix Bc avec difeernement. Nous avons défiré |
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* > A VA NT- Ρ R Ο Ρ Ο S. Xj
que les jeunes Artiftes qui fe vouent à' l'Ar-
chitecture, apprennent le deiîîn, plutôt chez nos habiles Statuaires que chez nos Pein- tres célèbres j l'expérience nous ayant fait eonnpître qu'ils deviendroient plus vérita*- blemenç lavants dans la beauté des formes:, moins outrés dans les contours, plus cir- confpe&s dans leurs compoiitions. Dans les conférences fpéeulatives qui accompa- gnoient nos leçons, nous leur avons coïi- ieillé l'étude de l'art de modeler, mais de n'imiter dans leurs modèles que les orne^j msnts les plus approuvés &: les plus relatifs au genre de Γ Architecture. Nous avons tan- che de leur perfuader, que dans les dehors les ornements doivent paroître naturels^ décents, amenés dans la décoration pour la rendre aimable, intéreÎTante, jamais trop parée : nous avons dit qu'on peut ufer de -moins de retenue dans l'intérieur i que ce- pendant il convient que.les appartements des grands Seigneurs tiennent plutôt leur magnificence du prix &; du choix des ma>- •tieres, que de la profuiion des ornements ; nous les avons prévenus que le marbre, le bronze, la pierre, le plâtre, le bois exigent des formes , des galbes, unfairs, différent j que le Brun, le Ρ autre font les Maîtres qu'il faut imiter pour le % le grave j que pour le genre agréable ils trouveraient des mode- |
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Xij Ä ψ- ΑΝ f - Ρ R%Ö Ρ Οί.
les dans le Clerc, Gillor, Label j mais qui!
fàlloit abandonner lts MehTonniers, les Cu- viliers, les LajoueÔc tant d'autres, qui loin de faire éciôre aux jeunes Artiftes un heu1- reux génie,les portent prefque toujours àha- farder des comportions bizarres &: déréglées. C H A Ρ Ι Τ R Ε Ι V.
- Nous avons eu pour but dans ce Cha-
pitre l'analyie de l'Art > nous y avons donné de nouvelles définitions , tendantes à pré1- jfenter une idée précife de ce qu'on doit eh^· tendre par une Architecture, dont l'ordon- nance offre diilindement un ftyle, une ex- prelîion, un caractère particulier : nous γ ;iLvons expliqué ce que nous entendons par Architecture -aiiëe., libre , originale, belle; noble y pyramidale , licencieufe , froide y ftériie, altérée, aride ou pauvre , autant de dénominations qu'il ne faut pas con- fondre, &; dont les véritables diftin&ions contribuent plus qu'on ne s'imagine à ré- gler la marche des jeunes Artiftes, &;à leur apprendre à faire choix d'un genre conve- nable à leurs diverfes productions. Nous avons préféré les définitions pour ce genre d'étude , parce qu'elles nous ont paru le vrai moyen de dégager l'art de tout accef- ibire étranger, & d'accoutumer l'Architecte à féparer dans fa décoration toutes les par- |
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Avant-Propos, xnj
des qui ne font point de Ton reiîbrt 5 nous
avons fait voir d'ailleurs que les définitions aidoient l'Elevé à fe rendre compte à lui- même &: à rendre compte aux autres, des rellources auxquelles il eft fouvent obligé d'avoir recours, pour concilier l'économie avec la folidité, la (implicite avec la con- venance & la décoration avec la diitribu- tion. Nous avons efpéré »que ces nouvel- les définitions intérefleroient particulière- ment les Amateurs, &c familiariferoient les Artiites avec la logique particuliere de leur Art que par ce fecoursces derniers jugeroient plus efficacement les beautés «les grands Maîtres, & plus précifément les médiocrités de leurs premiers eiTaisj que par-là ils ac- querroient plus de réflexion , plus de juge- ment, àc que peut-être fe furveilleroîent- ils davantage, lorfqu'à Pafpecl; de nos Bâti- ments , ils fe trouveroient dans la néceffité pour leur étude,d'apprécier les ouvrages de leurs prédéceiFeurs ou ceux de leurs con- temporains. C H A Ρ Ι Τ RE V.
r Nous avons prouvé dans ce Chapitre
combien il étpit intéreiTant que le goût fé- condât les préceptes de l'Art. Nous avons fait voir que ceux-ci s'acquièrent par l'étude des fciences &; l'examen, des ouvrages de |
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xîv Αν a ν τ- Ρ & ο ρ o s*
réputation : le goût par l'exercice dudeiïïii,
de la fréquentation des plus habiles Ardfles. Legout développe le génie, èc aidé du rai-* fonnement, Ü fait faire choix des propor- tions , établit futilité dès conibnnances, δτ fixe la beauté des formes. Nous avons avan-' Gé que le goût en général ne doit être nî peribnnel ni arbitraire j que malgré la dK veriîté des opinions des différents peuples' à cet égatd^ cette viciiÏÏtude provénoit plu- tôt de la variété des régions qu'ils habi™ toient, que de toute autre cottfidération j- que le beau étoit univiffel, déterminé y qu'il a drok de plaire à tous èc en tout temps î qu'il n'y a que les êfprits médiocres qui puiiïent applaudir en particulier les ou- vrages foibles ou imparfaits s que pour fe' former un goût fur & exquis en ArcïiitecTru- pô *, il faut cultiver tous lès talents de fon relîort. Nous avons fait voir que Iqs pro- ductions, môme lès plus régulières, fans le goût de l'Art dont nous parlons, ne pré- iëntent le plus fouvent que des comportions froides &. monotones. Nous avons prouvé que c'eit le goût qui fait aiTortir les gen- res, faire le choix des ornements propres aux différentes ordonnances, ailigner le relief de la fculpture êedes mërnbrês; d'Archi- tecture dans la décoration, indiquer le ca- rafee; de fèrriàété êû d'élégance qu'il eoii- |
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AFant-Propos. xv
vient de donner à tel ou tel Edifice ; que le
goût fécondé de l'expérience met l'Archî- tecle à portée de fe choiiir les divers Artiftes qui doivent le féconder dans fts travaux. Nous avons fait, fentir néanmoins que le goût dont il s'agit étoit plus aifé à conce- voir qu'à définir ; qu'il n'eil pas toujours facile de le faiiîr dans fön plus grand degré de perfection $ que pour y parvenir il faut une longue habitude de bien voir 5 «ju'on doit d'abord le chercher dans les monuments d'athênes fous Périclès, en- fuite dans ceux de Rome du temps des Céfarsî enfin dans les Edifices François fous Louis le Grand. Nous avons au$ •avoué que ne pouvant fouvent nous-- mêmes définir le goût pour xe qu'il efh, nous avons quelquefois pris le parti de rendre compte à nos Elevés de ce qu'il doit accepter ou rejeter dans les difFéren#s 'compofitions de l'Architecture 3. pour cela nous.avons cité nombre d'exemples célè>- bres qui nous ont confirmé fon exîlience", Ôc pîufieurs autres qui nous ont fait voir combien on pouvoit s'en écarter. Enfin ^ nous avons fait fentir dans ce Chapitre que le goût de l'Architecture doit s'étendre für toutes les parties de la décoration exté* rieure & intérieure des Bâtiments; quecha* cune d'elles exige un g$ût particulier ι qui |
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XVJ Λ Ρ ANT - Ρ RO Ρ Ö S.
les deiîîns de Serrurerie , ceux des Jardins
4é propreté , ceux des meubles doivent avoir féparement une manière de s'annon- ; .cer "dont on ne doit, fe départir que pour -donner à ces différents objets plus de cor^- refpondance, plus de ilaiion qu'on ι ne l'a fait jufqu'à préient $ quetj les Glaces , la Peinture, la Dorure , tout en un mot eil digne de l'attention & de l'étude de l'Ar- chitecte $ que tout eü de fonxeflort > que ç'eff dans le fpe&acÎe que lui offre la na~ ture, qu'il doit puifer le goût exquis dont aious voulons parler, s'il veut répandre dans fes comportions cet accord & cette enten- de admirable , qu'on remarque avec tant -de plaiiîr dans les ouvrages les plus, re* nommés; 4 ^ sij ij .. "Gh.'-A Ρ IT RE V ï, dh&l
'Èk-r : \h γ-: . r \ ht ■ «o làtosï: ; : Après avoir donné les différentes notions
-de ce qui.xonilitue le-raifonnement pro- prement dit en Archite&ure, nouspavonk dans ce dernier Chapitre parlé des moyens Rappliquer convenablement l'ordre ,Tof- can à la décoration d'une porte de Wûle de Commerce, Nous.avons rendu compte des procédés dont il :falIoit uier:pour met- tre chaque» partie de fon ordonnaiice daris ià. véritable place 3 .nous: avons aiïïgné le genre
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A y a 'tt f - Ρ & ο ρ ο s; -xvîj
genre propre à la choie , rendu compté
des rapports èc des proportions que le$ plans δί les élévations doivent avoir en- tr'eux, la préférence que la principale fa- çade doit avoir fur les autres. Nous avons fait choix des formes les plus analogues à la ruilicité de Tordre Toican 5 nous avorté auïlî déiïgné le caractère que la Sculpture peut avoir avec l'ordonnance, Si no5s fouî- mes entrés dans les détails les plus circons- tanciés pour enfeigner Tart de développer de tous lt$ fens cette premiere compoiï* tioù■■■·, afin que cet eiîaî p.uiilè conduire nos Elevés à d'autres productions plus compliquées , félon qu'elles appartien- dront aux ordres folide, moyen ou dé- licat.* Après ce précis , il nous refte à rendre'
compte du motif qui nous a déterminés S' mettre un intervale aiTez confîdérable en^ tre lts principes de Tordre Tofcan & ceux de Torcjre Dorique, qui fera la matière du/ premier Chapitre dece fécond Volume. Dans le premier Volume nous n'avons1
donné que les principes généraux des or~J dresd'Architecture ,& les mefures particu-^ lieres de Tordre Toican. Peut-être auroit-1 il paru intéreiTant au plus grand nombre,% d'ofFrir fans interruption les principes dQS Tome IL b
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#viij Avant-Propos.
cinq ordres, ainii que l'ont fait la plupart
des Auteurs qui ont écrit fur l'Architectu- re, δζ que nous l'avons fait nous-mêmes depuis long-temps da,ns nos exercices pu- blics j mais comme nous avons appris par notre propre expérience,que c'étoit toujours Je plus petit nombre de ceux qui fe deiii- rient 4 cet Art qui avoient la confiante d'é- tudier fans aucun intervale ces premiers éléments de la décoration, nous avons cru devoir, en faveur des autres, eiïayer de faire fuccéder à la féchereiTe de ces premières leçons fur l'explication de chaque ordre, μη exemple de fon application à l'Archi- tecture , comme on le remarquera dans ce fécond Volume , pour le. Dorique, l'Ioni- que , le Corinthien & le Compofke , & comme nous l'avons fait précédemment poiir le Tofcan. Nous efpérons parTlà leur préfenter les moyens de reprendre haleine en cherchant par eux-mêmes l'art d'appli- quer les préceptes qu'ils auront puifés dans chacun âçs ordres, aux comportions d'Ar- chitecture de leur invention : ce qui leur donnera occafiqn alors d'étudier de nouveau ces mêmes ordres avec plus d'attention,pour démêler dans hs modèles que nous leur donnons, &: les observations qui les ac- compagnent, la route qu'ils doivent fuivre dans leurs premiers. çiTais. |
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A FAN Τ - Ρ R O Ρ OS. XIX
X Cette méthode, que nous avons cru de-
voir préférer, ne doit pas empêcher néan- moins ceux qui fe fendront aiTez de cou- rage pour fuivre cette étude intéreiTante , de paifer les applications dont nous parr Ions, fauf à y revenir après qu'ils fe feront accoutumés à réfléchir profondément fur la maniere d'aflbcier enfemble les éléments &c la théorie de l'Art, & fur-tout lorfqu'ils au- ront examiné avec foin les profils des an* ciens &z des modernes, inférés dans ce Vo- lume à la fuite des ordres de Vignole : nou- velle étude qui ne pourra que les amener plus promptement à faire un choix judicieux des divers membres d'Architecture, & à les aiïbrtir entr'eux félon les divers be- foins. Au refte, quelque attention qu'ils y apportent, nous croyons leur devoir re- commander de fe reiTouvenir qu'il faut beaucoup de gout pour atteindre à l'art de' profiler ,W pour parvenir à bien faiiîr l'ex- preiîîon qu'il convient de donner à chaque moulure j qu'il ne leur faut pas moins de ju- gement pour favoir s'éloigner dés négligences de quelques Architectes à cet égard : nous déiîrons leur apprendre encore que l'agré- ment même dans les contours des moulu- res ne convient pas à toutes y que d'un au- tre côté la fermeté qu'on afreclê iouverit dans certains membres, ne doit être em-! bij
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Γ
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χχ Avant-Propos.
ployée que rarement -, qu'il ne fufïït pas
d'avoir un genre à foi pour réuiïïr., qu'il Faut les avoir tous pour en faire un uiage prudent félon le caractère du Bâtiment 5 que l'imitation des chefs-d'œuvre eit infu- fifante, qu'il faut que l'Architecte ait le génie porté vers cette partie de l'Art, qu'au- trement £qs erForts font vains, &; qu'on a le droit de condamner fes œuvres, non parce qu'il a imité la maniere de tel'ou tel Maî- tre , mais parce qu'il a fait un mauvais choix ou qu'il n'a pas fu s'approprier l'ob- jet 'de fon imitation. Nous en dirons autant a nos Elevés pour ce qui regarde les autres parties de l'Architecture j par exemple y - comme nous le prouverons bientôt, on peut, félon l'occaiîon,fe permettre de racourcir ou d'alonger le fut d'une colonne: en certaine circonftance, on po.urroit altérer la véritable hauteur d'une croifée, la largeur d'un tru- meau , forcer ou diminuer un entablement, augmenter la hauteur d'un foubaiTement £ d'un attique 5 enfin tenir la largeur d'un avant corps un peu au-deiîous du rapport qu'il doit avoir avec fon élévation, : fans doute le plus grand nombre de nos Archi- tectes fe font permis ces licences > mais ks prendre inconiîdérément pour des autori- tés, fans avoir ni les mêmes befoins, ni être, iur qu'elles produifent ks mêmes beauté«/ |
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Αν λ $ τ r Ρ no ρ o.s. xxj
d'enfenible, c'effc recourir à la médiocrité
&: ne préfenter plus que â^s compositions imparfaites & défaiTorties. Nous leur répéterons que nous portons
le même jugement des formes contrariées en-Architecture ; qu'elles peuvent bien quel- quefois produire d'heureux effets, -mais qu'il eil néceifaire d'en ufer avec fobriété, prin- cipalement dans rextérieur des Edifices graves 3 qu'il ne faut pas les confondre avec ce qu'on appelle oppoiitions y ces dernières font amies de la iymétrie 5 les contraires lui font prefque toujours oppoies, jS; ils peuvent à peine être tolérés dans les de^ dans des appartements. Ce que nous di~. fons ici de Γ Architecture doit s'entendre auffi des ornements de fculpture > îcî les oppoiitions refpecHves font toujours vues avec plaîfîr, les formes contrariées au coiin traire , avec une forte d'inquiétude, parce que fouvent elles ne fervent qu'à défigurer l'ordonnance. Nous ajouterons que jamais on ne doit préfenter d'ornements indiffé- rents ou d'une allégorie obfcureγ.ils doi- vent tous parler aux yeux \ autrement lav Sculpture ôte à l'Architecture toute fon énergie. Plus l'ordonnance eil iîmple, plus on fe trouve porté à admirer l'ouvrage en- tier êc à rendre juftice au talent de l'Ar** chitede Se'au difcernement du.propriétai» |
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xxij A V A NT - Ρ R ο ρ ο s.
re. Enfin rien n'eft véritablement beau dan« la décoration d'un Edifice iî les membres d'Archite&ure ne font exécutés avec précï- iio.n, &; les ornements placés avec goûtj nous répéterons que la préciiion des profils particulièrement, ei¥d'une néceffité abfo^ lue, tandis que les ornements ne font qu'un acceifoire 5 que l'art de profiler eft la pre-« * miere loi de l'Archke&ure $ qu'on eil fou- , vent dans l'obligation de compofer pluiîeurs corniches avant de s'arrêter à aucune > que» l'aifortiment des moulures les unes avec les autres, leur analogie avec la lîmplicité ou la rkheiTe du Bâtiment font autant de diffrV cultes qui fe préfentent de qui empêchent) fouvent d'exceller dans cette partie de l'Art j; que néanmoins cette étude eft indifpenfa- ble j qu'elle eil néceiTairement dureifort d& toutes leseipèces d'Edifices, qui fouvent ne. différent entr'eux que parla diverfité d'ex- prelîîon qu'on donne à chacun des mente bres de leur décoration j que l'ordonnancei de leurs façades étant puiiëe dans la mêm§) iburce, l'art de profiler doit leur être com- mun & être fu de tous les Architectes. Il enV vrai que chacun à fa maniere de profiler}; mais les grands Maîtres, en fuivant des rou-. ta différentes, n'ont pas moins produit des chefs-d'œuvre. Qu'on examine les ou-i vrages des Lefcot, des Delorme,desBruant^ , 4 |
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Avant-Propos. xxiij;
& des Maniard, & l'on verra que tous, en
fuivant les règles fondamentales de l'Art, ont néanmoins, par des nuances impercep- tibles , affigné un caractère d'originalité à leurs profils qui, comparés tour à tour, peu* » vent contribuer à fertilifer en ce genre l'ima- gination de nos jeunes Artifles, &: à leur faire porter une variété intéreiTantè dans leurs différentes productions. Nous les en- gageons clone à fi reifouvenir que pour réunir dans la carrière qu'ils ont embraflee, - non-feulement l'antiquité leur offre des mo- dèles allez parfaits, mais que le dernier fiecle leur en fournit d'autres non moins eftimablë*, à que les Architedes de nos jours peuvent auiTi les inftruire dans cette branche de la décoration \ en un mot,^ que ces diveriès maniérés de profiler doivent;., être pour eux autant d'exemples qu'ils doi- vent fuivre. Qu'une noble émulation les anime & les excite à égaler ou, même à v furpaiTef leurs iliuftres prédéceffeurs i la carrière leur eil ouverte 5 une étude réfléchie la leur fera parcourir aveefuccès, ils ont plus dereiTources que n'enavoient ceuxdont nous leur proposons l'imitation. Qu ils fe reiïou^
viennent enfin qu'après les grands hommes, iî éft encore des places honorables qui les attendent, ce qui doit les encourager à pourfuivré par un examen réfléchi tous les biv
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ΧΧίν, AV ΑΝ Τ -Ρ R0 Ρ Ο S.
moyens divers dont fq font fervis les .hom*,
mes les plus célèbres dans l'art de profiler. Dans cette vue nous avons mis fous leurs yeux dans ce Volume différentes compo- rtions en ce genre, non que nous ayons eiv , deflein d'épuîferla matière, mais du moins pour les exciter à parcourir Iqs traités &clts oeuvres dts grands Maîtres où nous les avons puîiees nous-mêmesjd'ailÎeurs nousn'a- vons pu poufler plus loin nos exemples dans ce corps de leçons, nous ayant paru néceiîài- re d'y fixer le nombre des planches.: nous., avons même été obligés pour offrir à nos Elevés hs profils que ce Volume contient.y d'abréger d'autres parties que nous avons crues moins întéreiTantes ; par exemple, nous n'avons donné qu'une maniere de tracer la conchoïde qui détermine (a forme du fut des colonnes 5 nous en ayons ufé de même pour ce qui regarde hs circonvolutions de, la volute du chapiteau Ionique 3 nous n'a-, vôns pas rapporté non plus tous les porti-,. <ju.es' de Vignole avec ou fans piédeftàl > nous nous fommes contentés fur chaque ob- : jet de donner Ja meilleure maniere de par« venir à les bien fairej. par-là nous avons ap- perçu deux avantages $ le premier, de rédui-, re les préceptes à leur juile valeur 5 le fé- cond , de pouvoir nous étendre davantage. ihr h partie du raifoniïement qui conduitf |
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A VAN Τ Ρ R Ο Ρ O Sé XXV
ȎceiTairement au gout de l'Art. Nous nous-
fournies étendus néanmoins avec une for- te de complaiiance fur les ordres d'Archi- tedure, parce que nous avons regardé cet- te étude comme indifpenfable, encore n'en avons nous dit que ce qui nous a paru le plus néceifaire, pour d'une part apprendre à profiler, & de l'autre pour acquérir l'idée des proportions & des rapports que contien- nent chacun d'eux, puifque fans ces con- noûTances la décoration de nos Bâtiments ferait toujours imparfaite. Ceft ce que nous allons tenter de-démontrer dans la diiTerta- tion fuivante, en eiiayant d'expliquer à nos Elevés combien l'étude des ordres eilnécef- faire pour parv enir à rendre l'ordonnance ex- térieure &: intérieure de nos Edifices,,plus régulière qu'on ne le fait ordinairement^ lorf- qu'on néglige de ρμΐίει- dans ces mêmes or- dres le ftyle de fa décoration, ou qu'on les y applique feulement pour faire richeiTe, &; non,pour produire de véritables beautés. De la nécejfitè de l'étude des ordres
d'Ârc/iiteclure. La connoifTance des ordres d'Archite&ur®
ço.nfifte dans l'étude méditée de leur origi- ne , de leur efpèce & de leurs propriétés particulières > cette connohTanee guide ,1e |
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XXVJ AV ΑΝ Τ -Ρ R OP OS.
choix qu'on dok faire de telle ou telle
èxpreffion, & conduit le jeune Artifte au cara&ere convenable à la décoration > avec elle il faura embellir èc varier à propos {es productions, donner non-feulêment à cha- que Bâtiment,mais à chaque appartement, à chaque pièce la forme, la diiHncHon &: l'expreffion qui leur conviennent : négliger cette connoiiîance, c*eft vouloir renoncer à la perfection de l'Art, c'eft s'expofer à ne produire que des comportions médîo* eres & hafardées. On doit coniîdérer dans la cónnoiiHuice,
des ordres deux avantagés eiTeiiciels ; le pre- mier regarde l'eiprit de convenance, là beau- té de l'ordonnance èc h néceifîté de la fymé- trie jle fecond,l'augmentation,la modification êih décompoiîtion des membres d'Archi- tecture qui les compofent. Appliquons-nous à développer ces idées, elles pourront con- vaincre la plupart de ceux qui étudieront ces leçons, de l'avantage de faire une étu- de particuliere des ordres pour les con- duire, lorfqu'ils en voudront appliquer les principes , dans la décoration de leurs fa- çades , lors même que par économie ou au- trement ils en retrancheroient le fafte & l'appareil. Nous l'avons déjà obfervé, nous allons
1'öbferver encore 3 en confidérarit i'Archî- |
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/2 rANT-Pnopos. χχνί)
tedure du côté de la convenance, nous
trouverons dans les ordres différentes ex- preiTions & différents caractères * le ruftlque & le folide dans le Tofcan & le Dorique j le moyen dans l'Ionique * le délicat daiis le Corinthien &leCompofîte: tel eil du moins le but qui a déterminé les peuples qui leur ont donné naiiïance, & c'eft iur le plus ou le moins de rapport avec cette idée qu'on eft parvenu à apprécier les ouvrages qui par leur antiquité ou leur réputation nous fervent aujourd'hui de guides dans la décoration de- nos Bâtiments. L'efpnt de convenance , étayé du goût de l'Art, fait faire à l'Architede le choix du caractè- re de l'un de ces ordres pour défigner l'efpèce, l'importance , & fttfage de l'é- difice qu'il veut décorer. D'après ce rai- fonnement nous avons Cpnfàcré les trois ordres Grecs, aux Temples , aux Palais des Rois, aux Hôtels des grands Seigneurs : les deux ordres Romains, le Tofcan &le Compofite ont msB leur diitin&ion parti- culiere i le dernier pour les Théâtres , hs Pompes funèbres, les Arcs de Triom- phe $ le Tofcan pour les Bâtiments deftinés a la iureté, pour les Arfenaux g les Portes de Ville, & pour les dépendances de nos Maifons de plaifance. Nous avons déjà dit cela j mais c'eft ici le moment de s'affurer |
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ÎXXVÎlj Af ANT - Ρ RÖ Ρ O S.
delajufteife de ces applications, parce qu'il
s'agit de fe rendre compte de la nature des parties qui les compofent 5 par exemple , qui ne fèroit bleiîe de voir la délicatenè fk. les grâces du 'Corinthien appliquées fur le frontiipice d'une porte de Ville de guerre? Qui de nous ne trouverok ridicule l'applica- tion du Tofcan à un Temple, ou à un Palais deiliné à l'habitation d'un Souverain , Ôc ainiî de fuite de l'application des autres ordres ?'-.- '. <■' Quel quefoit l'ordre qu'on veut employer^
on ne peut donc le faire avec fuccès fans fe rappeler fa véritable origine & fans le faire entrer en comparaifon avec les au- tres, pour parvenir à juger comment on doit l'employer 5 Γι c'eil poiîtivement avec' fon caractère particulier, ou bien en le fai- iânt plus iimple, ou en y ajoutant quelques enricliiiîèments 5 ces variétés parviendroient peut-être à; diltinguer plus particulièrement Je genre de l'édince. : Par la cönnoiAance exacte des ordres,
non-feulement nous ferons un choix plus }Φ dicieux de celui qui doit cara&ériferle mo- nument j mais nous iaurons encore nous en interdire l'application,file Bâtiment eil fubal· terne, s'il ne peut avoir une frtuation avanta- geuse $ enfîn, η le propriétaire eu d'une condi- tion ou d'une fortune qui ne puiile lui permet> |
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ÂV ΑΝ Τ - Ρ RO Ρ Ο $. Xxlx
tre raifonnablement la préfence des ordres
d'Architecture dans les façades de fon habi- tation. Les ordres dans leur origine furent confacrés à la décoration des Temples, pour diilinguer ces monuments de la demeure des particuliers \ dans la fuite on les fit fervir à. manifefter la grandeur des Princes & la ma- gnificence des Cités $ aujourd'hui, nous pou^ yons le dire, nous abufons des objets les plus fublimes, nous en décorons jufqu'à nos maîfons à loyers > par-tout nous plaçons in^ diitinctement des colonnes &; des pilaftres. Telle eft3 dit-on , la révolution des chofes humaines : ce qui eut été regardé par les Grecs. &'dans l'ancienne Rome, comme un dérèglement d'imagination, eil devenu, félon quelques-uns, un avantage pour l'em- belIiiTement de nos Villes, un fujet d'ému-, lation pour les Arts, &: un moyen aux Ar- tiftes de trouver la récompenfe de leurs tra^ vaux dans l'opulence des citoyens. Cette fpéculation a dequoi féduire fans doute y mais un véritable Achite&e ne s'y doit ja- mais prêter aveuglément : il doit craindre, en fatisfaifant à la volonté du propriétaire qui le met en œuvre, d'aiTervir icfn art, & peut-être la décence, aux caprices de celui qui le force pour ainiî-dîre à s'écarter de la route, ôc de cet efprit de convenance fans lequel il n'eft point de véritableArchiteâure.. |
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xxx Avant-^Propos.
En effet, ii pour la décoration d'un Bâtiment: particulier, nous employons les ordres, que nous reilera-t-il pour les Temples & pour les Edifices de la premiere importance ? Sufïïra-t-il d'y épuifer la richeiTe des matiè- res, la multiplicité de la fculpture s ces reiïburces ne peuvent jamais être regardées que comme des acceiïbires ·" rien de tout cela ne peut fuppléer à cette beauté dii- rincte de l'Art que préfentent les ordres , que nous employons inconiîdérément dans nos Bâtiments privés, pendant que par une inconféquence' bien plus condamnable en- core , nous les retranchons dans les édifices d'éclat, fous le vain prétexte d'y répandre une certaine iîmplicité. Il eft cependant vrai que iî la grandeur dii monument ou de l'édifice ne pouvoît permettre l'appareil des ordres, qui jamais, félon nous, né doivent s'employer que d'un certain module, il fau- droit dans ces occafions avoir recours à une: compoiltion qui, émanant de ces mêmes or- dres, détermineroit à fe paffer de ceux-ci j autrement leur afpect n'offriroit qu'un mo- dele, qui un jour devroit s'exécuter en grand« D'un autre côté, il faut éviter de faire l'oiv dre coloifal 3 car à quoi bon une décoration dont l'oÊiiil ne peut jouir en entier ? Qu'im-r' porte alors la beauté du fût d'une colonne ,- le car ader e de fon cfaapiteau, la reguläre* |
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Afant-Propos, xxxj
té de fon entablement, Γι l'on ne peut voir
ces objets qu'imparfaitement, & û l'on n'en peut juger que par la feule infpeclion de la bafe & du piédeilal? Nous venons de dire que les· ordres d'Ar-
chitecture avoient chacun féparément une expreffion δι un genre particulier > nous dirons ici que ce genre, une fois choiiî, doit néceilairement décider toute la partie de l'ordonnance du Bâtiment. Mais ce choix n'eit pas indifférent i il faut cqniidérer ü l'édifice a un, ou pîuiîeurs étages, ou s'il eil compofé feulement d'un bel étage élevé fur un ioubaffement .& couronné d'un attiquej dans ce dernier cas, la fonction du fou- baifement dans un Bâtiment de cette efpèce eil non-feulement de garantir le premier de l'humilité du fol, mais encore d'expo- fer avantageufement un ouvrage où l'art s'eil montré avec quelque complaîfance. La pro- priété de l'attique, au Contraire, eil de ter- miner avec une forte de diilin&ion l'étage fur lequel on l'emploie. D'après cette ma- niere d'envifager ces deux étages iiibalter- nes, employés dans l'art de bâtir pour faire valoir 6c prééminer celui deiliné à la réfi- dence du propriétaire , on doit les appeler à fon fecours ou les rejeter, fuivant que leur application dans les façades convien- dra ou nuira au caxa&ere propre qu'il faut, donner à l'édifice. |
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XXXÎJ A V Α Ν Τ -ΡR OP Ο &
Dans Je cas où le Bâtiment doit avoir
pluiieurs étages réguliers , & chacun de ces étages recevoir des ordres, 'û faut avoir attention de commencer le rez-de-chauiïee par le Dorique ou l'Ionique, &; continuer les auprès ordres jufqif à la cime de l'édifi- ce , afin de conferver dans chacun de ces étages la même progreiîîon qu'il eil naturel d'obferver entre les parties inférieures & les fupérieures , entre ce qui porte δι ce qui eil porté 5 enfin entre les ordres d'Archi- tecture qui ne peuvent fe correipondre en- tr'eux que par les extrêmes comparés avec les moyens, A ces diverfes réflexions nous ajouterons, que iî l'ordonnance du Bâti- ment eil choiiîe légere , il faut lui donner plus de mouvement dans fes plans, en fai- , iànt valoir le jeu des avant-corps ôc des arriere-corps 5 introduii-e fur la icene des ailes baiTes, employer les formes pyrami- dales, appeler à foi les tours rondes & les tours creufes, les pans coupés : autant d'ob- jets divers qui peuvent être employés avec iuccès, mais dont on ne doit point du tout faire ufage dans les ordonnances folides ou ruiliques j ou du moins il ne faut alors hs em- ployer que pour faire valoir quelques par- ties principales 5 tout devant d'ailleurs s'y relïèntir de la folidité Se de la iîmplicîté 5 on doit même y. obferver des maües for- tes y |
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Ä Ρ: Α* Ν Τ -Ρ Ro P ö$. xxxiij
tes, les porter aux extrémités de l'édificeJ mettre des formes rectilignês dans lés plana & n'y jamais prodiguer les membres d'Ar^ chitectufe ni les ornements 3 en un mot, dans tous les cas^ il faut avoir foin que la difpo- iîtion des avant-corps &: des arrière - corps préfente autant d*objets diilin&s, plus fer- mes ou moins reifentis \ plus riches ou plus Simples, félon le caraderé de Tordre que Γόη- aura choifi, foit qu'il foit préfent ou que par des raifons dé convenance on n'en .. ait retenu que l'expreiïion. On fé reifouvien- dra fur-tout que ibuvent un chapiteau, une bafey un métope, un niutule , un modillon fait loi "y qu'on ne peut raifonnablemene procéder à la diftribution extérieure des façades fans avoir confulté d'abord la lar- geur des entrecolonnements, la difpoiîtion des portes , des croifées, des trumeaux 5 enfin fans s'être rendu compte par un cal· cul exact, de la régularité âc de la faillie dés entablements : qu'autrement il· en ré- fulteroit des porte à faux , des mutilations\ àts pénétrations qui ne doivent jamais, ou que rarement, fe rencontrer dans les faça- des des Bâtiments d'une" certaine impor* tance* · : Là ptéfence des ordres dans les façades
demande une difpoiîtion avantageufe, un développement aifé dans toutes les parties - Toms IL - e § »\.....ç - ■ * ·■·'* Ito. . ~,
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κχχίν ^Ar αν τ- Ρ R α ρ ο s.
qui lescornpofent $ il convient d'éviter tout»
ce qui peut en altérer la beauté, &; d'y ob- ferver fidèlement les proportions que leur pnt affignées les Maîtres les plus célèbres» De tout cet. appareil, il réfultera fans dou*· te des ordres d'une belle exécution; mais il faut favoir que cette beauté fera impar- faite , lî l'on ne cherche à mettre un rapport intime entre \qs membres qui les accompa- gnent, les couronnent &; hs foutiennentj or pour y.parvenir, après avoir confultéle caractère de chaque ordre diftribué dans hs différents étages de ion Bâtiment, il faut fe pénétrer de l'analogie qu'on doit chercher à mettre entre les uns êc l$s au- tres , quoique d'un caractère différent jc'eft , ce qu'à pbfervé avec tant de fucçès Fran- çois Manfard au Château de Maiibns. On doit enfuite cpnferver ces traniltipns heur /eu/es daqs |es pleins, dans les vides, dans Jes ornements, ôç enfin dans toutes les par* .fies qui concourent à la décoration des di- vers étages du Bâtiment^ autrement, on #e remarque plus que des ordres, dont les „beautés particulières divifent l'attention de l'examinateur j on ne voit plus que de bel- les croifées, des chambranles, des împpir tes v des archivoltes, mais iî ces parties quelqu'eilimables qu'elles puhTent être d'ail- leurs , fe trouvent en contradiéHon ou avec tordre de xhaque étage 3 ou avec je$ m^ |
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AV ΑΝ Τ - Ρ R Ο Ρ0$. XXXtf
difkatîons qui uniiTent ces ordres les uns
avec les autres dans toute la hauteur del'é^· difice, elles doivent néceiTairement produi- re un tout mal aiîbrti. On ne doit donc pas ignorer, que c'eft dans le caractère parties lier de chaque ordre, que fe trouve la dl*- menfîon des pleins & des vides 5 que la réitération de ceux-ci concourt à la déli- cateiTe Corinthienne j qu'au contraire des croifées moins rapprochées lés unes des au- tres font voir la fimplicité &; la folidité de l'édifice; qu'il en doit être de même de l'uiage Ats niches} des baluilrades, des frontons ; qu'il faut que ce foit le même efprit, la même main qui difpofe ces parties, qui ea décide les proportions & les rapports. L'accord général d'un Bâtiment dépend
donc de cette unité d'expreiïipn qui met chaque partie à fa place, enforte que la moindre défunion formeroit une diiTonancê & romproit l'accord que doit produire l'harmonie qui dépend du rapport bien en- tendu qu'on fait mettre entre un ordre & un autre ordre, entre les maiTes & les par- ties principales, entre celles-ci & les plus -petits détails, enfin entre la relation pro- .greiîive des dehors 6c des dedans. Dans ..quelle inadvertence ne tomberoit-on pas, par exemple, fi l'on faifoit ufage d'un ordre -Corinthien dans l'extérieur des façades, &; |
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kxxvj Ar αν τ - Prop o s.
d'un Toicaii dans l'intérieur? Si la propor-
tion , la forme des portes &; des croifées d'un appartement paroiiToit plus courte & plus maflive que celle répandue dans les faça- des, en un mot, fï les membres d'Archi- tedure dont-on voudroit orner les niches, les frontons, les baluilrades ou les attiquës fe remarquoient plus délicats &: plus or- nés dans les dehors que les corniches , les chambranles , les cheminées , les lambris des dedans 3 ou il l'un èc l'autre, loin d'être piiifés dans l'ordre qu'on auroit choiii, fe trouvoient n'avoir aucune conformité avec le caradere qu'il doit aflîgner à toutes les parties, de l'ordonnance, cara&ere qu'il eil même eiTenciel de conferver dans toutes les parties des embelliiTements qui concourent à orner les appartements, δ£ qui dès les de- hors doit être annoncé par cet efprit de convenance qui doit donner à chaque Bâ- timent un cara&ere particulier. Lorfque dans la décoration des Bâti-
ments , on croît devoir fouilraire l'appareil des ordres, vouloir fe refiifer à faire ufage de certaines modifications permifes alors dans la diviiîon des membres d'Architedu- re d'une façade, c'eil fe donner des entra- ves , c'eil fe condamner à une imitation fer- vile, c'eft fe priver, pour ainiï-dire , de la Teule reiTource qu'on puiiTe avoir pour fa- tisfaire à la diveriîté des ordonnances ex« |
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si V Α Ν Τ - Ρ RO Ρ 0$. XXXVÎJ
térîeures & intérieures. Mais pour ufer de
ces modifications avec difcernement , ne doit-on pas convenir qu*il faut d'abord s'ê- tre, rendu familière l'étude des ordres, dans laquelle peuvent fe puifer ces mêmes modifi- cations. Qu'on y prenne garde, gliffer trop légèrement fur l'exprefïion des ordres, fur leurs propriétés , c'eit s'expofer à déplacer ou à altérer non-feulement leurs parties les plus eiTencïelles, mais auiïi tous les mem- bres d'Architecture qui doivent les accom- pagner y car, fans cette connoiiTance, 'on court rifquede copier aveuglément les licèn- ces dont les productions de nos prédéceP feurs ne font pas toujours exemptes : d'où il fuit que l'abus n'eft pas toujours le feul mal qui naiife de ce défaut de connoiiTance > puifqu'il produit encore la timidité % l'irré- folution, l'ineptie. Mais, difent quelques-uns, tout ce qu'oïl »
nous enfeigne fur l'origine des ordres , eft au moins douteux j prefque toujours le fen~ timent d'un Auteur eft détruit par un au- tre: comment, d'après la diveriîté de leurs opinions aiïeoir un jugement folide qui doive faire préférer une opinion à toutes les autres? Voici à peu près ce qu'on peut répondre à ceux qui affe&ent de révoquer en doute les traditions les plus vraifembla- bles. Perfonne n'ignore que le premier oiv* |
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xxxviîj ΑΡάντ - Ρ RO pos.
vrage régulier d'ordre Dorique dans la Grèce, elfc encore aujourd'hui celui qui réunit l'univerfalité des fufFrages des con- noiiTeurs 5 tous conviennent qu'il fe iiiffit à lui-même, fans le feconrs de la fculpture , èc que fa régularité, fa beauté & fa /impli- cite en font un chef- d'œuvre : à cette vé- rité on peut ajouter, que fa proportion eil puîfée dans la nature, &: que s'il s'eft ac- quis ii iînguliérement le droit de nous plai- re^ c'eft parce que toutes (es parties font fondées fur la forme &l la difpoiition natu- relle des corps foiides. En effet, dans la colonne Dorique, même dans fon entable- ment, on trouve la repréfentation exade de toutes les parties qui entrèrent dans la conitrucHon des premiers Bâtiments 5 les troncs d'arbres retenus à leur extrémité par des liens, pour les empêcher de s'éclater > les empattements dont on les revêtiifoit par-deiîbus, pour en perpétuer la durée j la maîtreiïe poutre, les folivesqui aifuroientla folidité des planchersj les jambes de force, qui par leur point d'appui & leur réunion au faitage, élevoient les couvertures : tous ces objets, il n'en faut pas douter, ont dé-^ terminé les anciens à confulter le vrai dès leurs premiers eiïais , d'abord dans leurs productions Doriques, enfuîte dans leurs autres ordres 5 ce qui nous porte à croire que le gout de la iîmple nature a pu préii- |
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9·
Av ANT - Ρ RO PÖ S. ΧΧΧΪΧ
Her à la naijGTance de ΓArchite&ures mais
qu'à fon tour celle-ci réduite en art eft par- venue à perfectionner la nature déjà lou- mifé eu quelque forte à l'induMe humai- ne: en forte que dans la fuite cette premiè- re imitation perfectionnée & réfléchie a perpétué la beauté âcs formes, d'où fè font trouvés fixés les proportions & les rap- ports qui déterminent aujourd'hui notre.ju- gement & caufent notre admiration. Bien- tôt les Doriens furent imités de leurs voi- fins. Entre plufieurs Temples bâtis fur les proportions Doriques , les habitants de Dé- los en élevèrent un à Apollon;, dès-lors dans leurs mains ingénieufes lé bout des poutres, fervit à repréfenter la lyre de ce Dieu, 6c à faire connôître par-là plus posi- tivement la dédicace du Temple > eniuite entre les intervales, on fculpta les infai-. ments difMn&ift des facrifîtes 5 puis les tê- tes des victimes qui annonçoient la diver- fité des cultes > enfin, les différentes Divi- nités qu'adoroient ces peuples donnèrent lieu à UQs changements dans les propor- tions générales &'" pàticulieres de l'ordre. Infenfiblement, des beautés fieres & mâles", on paifa à un caractee doux δ£ naïfjl*Ar- chitecture forcit de Penfance, &l'on par- vint "à connoître Mégartce, les grâces le- geres &: délicates. Cet art fublime s'accrut |
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M A ν an τ - Propos.
encore chez les Romains. Ces penplei
in'ont pu furpaiTer les Grecs? mais ils h$ ont imités : ά: il nous ne leur devons pas autant du côté de l'invention, leur goût pour la magnificence, l'immenfité de leurs entreprifes & les différentes applications qu'ils ont faites des ordres d'Architectu- re , nous confirment du moins I'ufage que nous en devons faire. Nous avons rapporté la plupart de ces
traits hiftoriques dans le premier Volume, .en parlant de l'origine des ordres 3 mais nous tâchons de les préfenter Ici fous des faces différentes, dans l'intention' de porter nos Elevés a relire plus d'une fois les mêmes objets, puifque c'eil par cette étude réitérée peut parvenir à paner du fîmple au com- pofé. En effet, elle nous apprend à connoi- .tre le génie des anciens, à mettre comme eux du goût 6c du raifonnement dans nos productions, enfin à nous en tenir à ces dé- couvertes de l'antiquité, fans aller cher- cher, comme l'ont fait quelques-uns, à vouloir créer de nouveaux ordres ou plutôt dés chimères, ainfi que nous l'avons dé}a avancé plus d'une fois. Nous avons dit que l'ordre Dorique par
fon infpedion annoncent la difpoiîtion la plus naturelle & la plus folîde : il eft eiîèn- ciel de fe rappeler encore ici cette remar- que, puifqueVeft par elle qu'on doit fe for* |
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Ar αν τ - Ρ Ra ρ os. xlj
nier l'idée des divers caractères des autres
ordres, leur différente expreiîîon & la va- riété des membres qui les diftinguent, tels que les modulons, les denticules, les dou- blés larmiers , les triples cimaifes, mem- bres qui ne peuvent plaire dans leur diftrî- butioii, qu'autant qu'ils ne dérogent point au genre de l'ordre, &: que chacun d'eux .préfente à l'imagination, ou de la fermeté ou de l'élégance, félon qu'ils font deftinésà foutenir ou à être portés. • Qu'on ne s'y trompe pas ··> c'eft par ces no- tions qu'on peut établir l'ufage qu'on doit faire de chaque ordre δ£ de chacun de fes membres^elles nousaprenentquand onpeut augmenter,diminuer ouretrancher quelques- uns de ces derniers, à raifon de l'application qu'on en veut faire dans l'ordonnance des édi- fices r ou même en quelles circonftances on peut, fuivant le genre du bâtiment, ufer de quelques modifications dans les proportions de l'ordre. Mais un des objets eiîencieîs à obferver d'après l'exemple des plus cé- lèbres Architectes, c'eft de ne jamais, ou prefque jamais fe permettre d'altérer le rap- port de la hauteur de la colonne, compa- rée à fon diamètre j parce qu'alors ce feroit la priver de fa beauté & de fon caractère. Ainii dans ime Architecture régulière, on ;doit éviter la pénétration de deux fûts j èc *ces fûts, à i'exception du Tofcan, ne doi- |
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pij Avant-Propos.
vent jamais être revêtus de boiïàges * il
faut toujours rejetter les colonnes ovales, engagées, nichées, Se généralement tout ce qui peut avoir trait aux licences Se aux abus qui fe font introduits dans notre Art. Peut-être feroit-il tout auffi eifenciel de con- ferver à l'entablement fon parallélifme, ion rapport avec la colonne &c la difpoiîtion de chacune des parties qui lui ont été ali- gnées par Iqs anciens 5 mais il faut conve^ nir néanmoins qu'on peut fe permettre quel- ques changements dans les corniches de ces mêmes entablements, qu'on peut y retran- cher ou y fubitituer quelques membres, augmenter ou diminuer la faillie des lar- miers , recreufer leur foffite, changer les moulures des cîmaifes, leur donner plus ou moins de reffentiment, fubiHtuer un mo- dilion à un mutule, ou fupprimer l'un & l'autre, félon le befoûij ce qui ne fe peut permettre lorfqull s'agit de la colonne, fur-tout quand celle-ci porte un entable- ment régulier. Il faut même beaucoup de prudence pour en changer les chapiteaux &: pour en varier les bafes : peut-être ferôit-, ce un abus de donner à un ordre Dorique des dendcules, de renfler la colonne, enfin de faire que par fon peu de hauteur , ou au contraire par fa trop grande élévation, elle paroiife n'avoir aucune relation avec les membres de néceifité, répandus dans les fä* |
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Αν αν τ' *■ Ρ R0ρ pi. xlîij
çadës. Nous venons de condamner ouverte- ment les abus qui fe font glifles dans l'Ar- chite&ure, nous nous montrerons plus in- dulgents pour les licences prefqu'inévitables^ fur-tout lorfqu'il s'agit de la décoration des Bâtiments d'habitation. Dans ces derniers la décoration des dehors doit fouvent être déterminée par l'ufage qu'on veut faire de l'intérieur. Ce feroit alors ignorer la pro- priété des ordres que de ne pas chercher à en modifier certaines parties > ces tréfors font dafis nos mains pour en jouir, pourvu toutes fois que ce foit avec goût Ôc avec difcernement. Après avoir appris lajufte proportion des
ordres, il eft peut-être tout auflî avanta- geux d'apprendre à les décompofer. Sou- vent la convenance nous défend leur appli- cation dans les dehors, relativement au peu d'importance du Bâtiment 5 on les fuppri- me auiïl très-fouvent dans l'intérieur, ou par le trop peu d'élévation des planchers, ou parce que l'œuil ne pourroit embraiTer leurs développements -, mais nos façades ne doivent pas moins être régulières, ni leur ordonnance moins Dorique ou Corinthien- ne , quoique l'ordre ne parouTé pas dans leut décoration, ôc qu'il fuffife alors d'y confer- ver quelques parties euenctelies qui en re- tiennent le caractère ôc l'expreiTion. Par exemple, l'entablement peut couronner l'é- |
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χΐίν Α ν άν τ ~Ρ RO ρ ο s.
difîce 3 le chapiteau Tofcan ou Dorique peut-être converti en importe, en archivol- te, en chambranle 5 le dé du piédeital peut fervir de retraite dans les dehors, & de lam- bris d'appui dans les dedans. Mais d'ailleurs la proportion des croiiees, la largeur des trumeaux, les écoinçons, les encoignures r Î>ar leur relief, par leur enfoncement, par
eur largeur, contribuent à déterminer le caractère du Bâtiment, lorfque ces parties font puifées dans l'expreifion de l'oi'dre qu'on - n'a pas cru devoir employer ou par retenue, parce qu'il convient de réferver les ordres pour les édifices d'importance , ainiî que nous l'avons remarqué précédemment. Au reite, on pourroit, félon la circonitance, faire uiàge de l'ordre dans l'avant-cqrps d'un édifice pour le faire prééminer -, il fe- roit permis de le fupprimer dans les arrîere- corps ou dans les ailes> on pourroit même xlans ces dernières ne conferver delà cor- niche que la eimaîfeinférieure, &: convertir Je reite en plinthe, en arrafant la cimaife iii- périeure ώ le foffite du larmier. Dans d'au- tres cas, il feroît à propos de iiipprimer la frife, de réunir feulement l'architrave à la corniche, ou bien au contraire de fuppri- mer l'architrave pour y fubitituer un aftra- gâle : on en peut ufer de même pour l'in- térieur des .appartements,.lorfqu'o.n veut leur »afFe&er plus.de légèreté..011 de riçheife > ας |
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A V AN Τ* Ρ R Ο Ρ Ο $< ΧΪΫ
donner en apparence aux planchers plus
d'élévation qu'ils n'en ont effectivement 5 dans ce cas on courbe la frife en vouiïure, on la fait anticiper fur le plat-fond, on la termine par un cadre, enfuite on y intro- duit des bas-reliefs, félon que l'efprit de con- venance l'indique > en un mot, on peut va- rier à l'infini cette partie de la décoration 5 le génie de l'Architecte trouve dans les membres qui compofent lés entablements des ordres, une fource inépuifable de mem- bres capables de fervir de couronnement dans les veiKbules, les efcaliers, les fallons: autant d'ocafions où l'on peut décompofer en mille manières différentes toutes les par- ties qui concourent à la décoration extérieu- re & intérieure, pourvu qu'avant tout, on confulte la hauteur de l'étage, Ôc qu'on ie repréfente toujours l'ordre qu'on aura choi- û, afin de foumettre à fon caractère parti- culier la hauteur, les faillies de ces nou- veaux membres & la maniere de les profi- ler ; pourvu qu'on n'aille pas inconfidéréf rhent rapprocher de l'ceuil par une imitation inconféquente, tel ou tel objet qui,dans fon origine, a été difpofé par un grand Maître à· raifon d'un point de diilance beaucoup plus coniidérable que ne le porte l'imita- teur , faute d'expérience 6c d'un certain acquit : il faut fur-tout, dans ces occa- sions ? confulter la ikuation jf afpe&.du \im% |
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,xlvj A V A Ν Τ - Ρ R O POS.
enfin Ie genre de l'ordre, pour déterminer
le caradere particulier de chacun des mem" bres dont on voudroit fupprimer ou ré- former quelques parties eiïencielles. \ Duffions-nous nous répéter encore : avant .de finir cette diiTertation, réfumons en peu de mots les différents objets qu'elle con- tient ^ pour exciter nos Elevés à retenir du- rnoins ce qui leur eil efienciel de ne pas ignorer absolument, avant de ie livrer à TeV Jtude des ordres d'Architedure, dont la con- nouTance peut ièule aiîurer leurs fuccès pour ce qui concerne la décoration extérieure &: Intérieure de tous les genres de Bâtiments. £.a connoiiTance des ordres d'Archkedu-
re conduit un Archîtede à mettre dans Ces produdions ces belles proportions, cet ac- cord & cette harmonie qui ravalent Pâme .& charment les fens. L'Architedure, comme ia Mufîque & la Poéiîe eft fufceptible d'har- monie tk d'expreflion : tantôt grave ou lé- gere, tantôt riche ou fimple, elle procure au Bâtiment le caradere qui lui convient} elle embellit la Capitale d'un nombre infi- ni de monuments qui relèvent la gloire de la Nation, & attirent l'Etranger empreiTé 4e venir contempler ces merveilles ; la elle élevé un Temple augufte dont J'ordonnan- ce tranquille & majeitueufe décide le ca- radere ; iql u&|fcpeibe Palais où la Sculptur - Ι ν
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Avant-Propos. xlvij
te de concert avec l'Architecture déploient tout leurs tréfors : plus loin fe remarque un magnifique Hôtel-de-Ville où des ilîtie'-s bien ménagées aboutiiTent de toutes parts > &: JahTent appercevoir à leur extrémité Hi- vers édifices d'importance : tantôt c'eft un Arienal renfermant les armes qui fervent â repoufler l'ennemi,. & dont la décoration préfente une ordonnance mâle Bc fiere : tan- tôt c'eft un Hôtel des Monnoies, une Bour- fe, traités d'un genre plus fimple > mais qu'il y a d'art pour parvenir à cette iîmplicité ! Ç'eft ii Ton veut une Bafilique où Thémis rend fes oracles : tout eft grave dans fa dé- coration , tout y infpire Te refpect pour les Loix, pour la Religion ■> & iî l'Architecture a emprunté l'éclat de la Sculpture, c'eft pour y repréfenter des actions de vertu, de gêné* rofitéyde juftice. Eft-ce enfin une place publia jque que le Peuple élevé à la gloire de fon Sou» ^erain?La Statue du Prince en occupe lé cen- tre ·, de fuperbes portiques en terminent Pen- <einte, &: annoncent la demeure des Mini£ -tres déponraires de l'intérêt des Peuples : tout refpire dans Penfemble de ce monument la' grandeur & la dignité ; tout y eft marqué ait .coin de la fplendeur du Monarque. Tels font 4 peu près les biens que procure Y Architecte .re, tti eftle fecours que nous fourniiTent les ordres qui contribuent à fa magnificence J 0ë$$àrien de plasbrand cjue fon objet, j |
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i' ■■■■;. .., ■ ■-.■■■■■
xlviij Α ν an τ - Pr o po %
L'Architecte qui fait confacrer fes veil-
les à l'étude des ordres , apprend à con- noître, comme nous venons de le re* marquer , leurs différents caractères, pour les placer chacun félon que la convenance femble l'exiger 5 il fait plus, il fait les fup~ Îîrimer à propos, & ië contente d'en retenir
'expreiTion, ëxpreffion qu'il conferve dans ' tous les membres, dans les moulures, dans les ornements des façades. C'eit dans l'é- tude des ordres que les grands hommes qui nous sont précédés, ont comme dans une fource féconde, puifé le germe des chefs* d'œuvre qu'ils ont produits. C'eil à leur propre gloire ainfî qu'à celle des Princes gé- néreux qui ont encouragé leurs talents qu'ils ont élevé ces illuitres monuments qui font paifer leur nom à la poftérité j c'eit enfin àii pied de ces édifices que ceux qui fe vouent aux arts, doivent aller confulter les mânes de ces grands hommes? combien la contenu plation de ces miracles de l'art ne les rem1· pliront-ils pas d'admiration ! C'efMà qu'ils fendront naître en eux cet enthouiîafme fu- blîme qui. produit les grandes entrepriies ": une, lumière éclatante brillera alors à leurs yeuxétonnés, ils perceront à fa faveur l'obf- curitç du nuage dont ils étoient enveloppés^ jjfâ échauffé d'une ardeur nouvelle, ils mar- cheront à grands pas dans la carrière pénible gui conduit à l'immortalité,: 5 : - Τ ABLj% |
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'uk
TABLE CES MATIERES;
des Chapitres et des Planches
Contenues dans le feùond Volume^
A FA NT-PRO P OS*
Précis des Règles contenues dans lé
volume precedent , suivi tivne dis- SERTATION SUR LA NÉCESSITÉ DE l'Ê- tude des Ordres D'A rch ι τ mctu re* '·." » . 3 page.Î
'Précis de £ Introduction du premier volume* ij
CHAPITRE'PREMIER,
Z?£ l'ordre Dorique. page t
Planche L
Du Piedeßal & de ία Éafe de la colonne, de Tordra
Dorique* 3 '-'λ"ι, : 3 Ρ L AN CHÈ II*
De £ Entablement dentkulaire & du Chapiteau dé
tordre Dorique, rapporté par fignole* g* Planche ΠΙ.
De ΐ Entablement mutiilaire & duChapiteàU de l'ordre
Dorique, fuivant Fignole* '{..}, IQ
Planches IV, V& VI,
De £Entablement &· du Chapiteau de tordre Dorique ~j
accouplés fur un angle jaillant:, & groupés dans im angle rentrant* ■'■ VJ Tome IL d
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I TABLE
Planche VII.
MfpéceMeM des Colonnes Jffuivam f opinion des anciens
1 & des modernes, '"'"- r 24
Dés cBq manières defpacer-les Colonnes , félonζι-
truve.
Dei Accouplement de t"ordre Dorique, félon Fignole. De CEfpacèment des Colonnes de ΐordre Dorique,
fuivant les modernes. , :($/ Planche VIII.
Entablement de l'ordre Dorique à angle faillant &
$ Srentrant, d'après le fentiment des modernes, 29
Planche IX.
'Portique a* ordre Dorique, avec & fans piedeftal 9
félon - Fignole. L * 3* ' J\..... c' Planche.X. :i:_.v.iic: 1 ■
Portiques Doriques 3.avec les changements néceffaires
pour rendre leur ordonnance plus régulière que dans |
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Planche XL
Des ordres Dorique* de Palladio & de Scammo^i.
Application de l'ordre Dorique a la DÉCORA TION D'UNE FONTAINE PUBLIQUE.
g$£ " :.. . và \ Ρ Χ A NC.H.E XII,
"flan développé dune Fontaine publique d ordre Do- rique. · ■ ·■' t-4 43. PL ANCHE ΧΠΙ. * Façade principale Îimè, Fontaine publique Èordoh-
'rl nance Dorique »vue du coté 2e tp^iace publique. |
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D ES MATIERES, l f}
Planch ε XIV. deuxième Façade de la même Fontaine, vue du côte.
* de la cour, mais d"ordonnance Tofcane. 46 Ρ LA NC Ή Ε XV,
[façade latérale & coupe de cette même Fontaine*? 47
CHAPITRE Π.
De l'ordre Ionique* 50
Planche XVI.
Du Pièdefial & de la Bafe de la colonne de tordre
Ionique. 5 * Plan che XVII.
De l'Entablement & du Chapiteau de tordre Ionique.
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Planche XVIII.
Développement du Chapiteau Ionique antique» 6l
Plan che X IX.
Maniere de tracer la volute Ionique, félon Vignole, 64
Planche XX. . .
Développement du Chapiteau Ionique moderne, 65
Planche XXI
"Développement du Chapiteau Ionique de Michel-Ange*
: - ..... * 67
τ | Ρ LA NÇ HE XXI Ι.
Ïiéyeloppernent du Chapiteau Ionique-Pilaßre. yo Planche XXIII.
Des ordres Ioniques de Palladio & de Scammo^i. η\
JP'P LI CATION &E L'ORDRE IONIQUE A . l'a va n f-corps d'une maison de Plai-
sance* 7» es
|
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M TABLE
Planche XXIV.
'Avant-corps de la façade d'une mai/on de Plaifancil
décoré d'un ordre Ionique antique. ^ ne Planches XXV & XXVI.
rAvant~corps* de la même façade , décoré d'un ordre
Ionique moderne^ avec les deux plans de ces avant- corps, ', η§ CHAPITRE III.
De l'ordre Corinthien. yg
Planche XXV IJ*
Du Piédefial & de la Bafe de l'ordre Corinthien. η$
Planch ε XXVIII. Du Chapiteau & de l'Entablement de tordre Corin-
thien, o. Planches XXIX & χχχ. *
Feuilles & principaux détails du Chapiteau Corinthien,
Plan che XXXI. v
Développement du Chapiteau Corinthien. gg
Planche X X X 11.
Développement du Ρ Un & de t"Elévation, vus fm
tangle du chapiteau de la colonne Corinthienne, qq Planche Χ Χ Χ Ι ι i.
Des ordres Corinthiens de Palladio & de ScammoùU
Planche XXXiv. 9*
Application de l'ordre Corinthien au
Frontispice d'une Eglise en Rotonde. SI
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DES MATIERES; înf
C Ή A P..IT.R Ε IV.
Î)e l'ordre Composite Romain,1 97 Planche XXXV.
]j)u Piideßal & de la Bafe de ΐordre Compoßte. pp
Planche XXXVI & XXXVII.
'Du Chapiteau avec /on Plan, vu fur l'angle , & de
l'Entablement Compoßte* IOO Planche XXXVIII.
Z)e tordre Compoßte de Palladio & de Scammo^
Plan c h e XXXIX.
application de l'ordre Composite a un
'Arc de Triomphe. 106 £>es Colonnes Torses, k*t- *Q9
Planche XL.
Maniere de tracer les colonnes Τ or fis, ..-.MQ Planches XLI & XL II.
Ï>es ordres Cariatides et Persiques* 11 %
CHAPITRE V.
Profils d'Entablements 9 puisés d'a-
près DIFFÉRENTS EXEMPLES 9 ANCIENS et modernes, 11$
Profils tirés diaprés les ruines des
*LUS BEAUX MONUMENTS DE LAGkeCE^
ibid
Planche X L I l I. De tordre Dorique, conßdiri dans fou premier &
, dans /on fécond état* ÏI4 d uj
|
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■mi- .Λ,-..^T ab le , 3 α- ■
Planche XL IT.
Ordre Dorique du Temple de Minerve. ; Λ:,. JLI<|.
PlanchI-XIVv %
Ordre Dorique 9 eûnfidérê dans fön troifiemc état. ii># Planches XLVI & XLVIÏ.
Ordre Ionique du Temple d'Êreçlée à Athènes., llj Ρ l· A Ν C H Ε X L VI I I|
De tordre,Cariatide du Temple dtEreciée à Athènes· . , , ■■£*' "119
iiÀ'N.c H Ε XLIX.
Entablement de tordre Corinthien du Temple de Théfiè*
. à Pola en Ißrie. ι 20 Profils tires d'après les Bâtiments
antiques de Rome, ibid. Plan c h ε L. . .,
'Entablement Dorique des Thermes de -Dioctétien a
Rome* ^ | Λ jCV 121 ,. ,-;U; Planche LI. ; <,;ui,o r. · ,
Entablement Dorique^ trouve1 joignant CEglife de
Sainte-Mark:', λ Aibane pres de Rome. 122 Ρ L AN C HEL II.
Entablement Ionique du Temple de la Fortune Virik
a Rome, Ï2J Plancha LUI.
Entablement Ionique des Thermes de Dioclétkfc â
'Rome. 124 * Plan che; L IV.
Entablement Cofinthkn· Wß Portique de la Rotonde*
à Rome. · · Λ ibid· |
||||
DES MAT. î S Â. Å & . ^.
Planche. LV· - ■ "*""· puSCH'k LVI. I .. .
^ r*„ J, rire de Titus''à Rome,
Entablement Compofite de l Arc ^ U tr1 é1· -Ô T V'I 'ï. '
Ñ LA Í C H Å L. V é
|
|||||||||
Planche lVIII*
Entablement Dorique de Leon vap j
p LA Í C H Å L 1 A.
í» · ë* Philibert Dderme*
Entablement Dorique de Wuiwert .--P L A 'N^*HV'EV'> *"^ L
£^W***a Ë Uon-lvftf™·
pt A Í C H Å L Ë '· |
128
129 130 î3< |
||||||||
Entablement Ionique de Jean BuUant. $
* & I Wre Corinthien de Phi&ert De-
Entablement de lordre igtrig ,. %^%
f L A . - ' ■· - - -■ : ■■■.;:'.-. .134
Entablement Cömpofite de Serlw. .
^ë* wsaKPIfiSÄiSüi MODER-
èlEVES ?AR NOS ARCHITECTES My æ|
P LAN CEE J-3*»* v* ...
éméknmu ù„öö du Üö J( Fiffiole. ö
|
|||||||||
ΐή TA BLE "
Planche LX V.
Entablement compoje, du dejfin de Le Veau» £J3§
PUNC » E L X VI.
Corniche, compofée, du dejjîn de François Manfard* '[;] { : " 4 ' 138
Pi AN CHE LX VI Ι.
'AutH Corniche compofée ? du dejfin de François Man'
[ford/ 139 Profils simples et composés , applica-
bles\ AUX DIFFÉRENTES ORDONNANCES d'architecture. 14a
WP la ν che L XVI IL
Profils propres aux ordonnances Tofcanes* ibid*
-.Planche L X I X,
Profils propres aux ordonnances Doriques« 141,
Ρ L A Ν C H Ε L X X.
Profils propres aux ordonnances Ioniques* 144
Planche L X X L
Profils propres aux ordonnances Corinthiennes, 145
Planche LXXII.
Profils propres aux ordonnances CompofiteSl 148
Profils et ornements , puisés dans
Bibiane , Peintre et Architecte ^Italien. 1 yj Planche LXXIIL
Profil <£F,ntabkment dans le genre Tofcan* ijbid*'
Ρ L ANC H E LX X IV.
Pfpfii d'Entablement daas le genre D&riaue, ibit!*
|
||||
ΊΟ Ε S MATIÈRE S. !vîf
Ρ L A Ν C H E LX'XV.
ψηρβί a*Entablement dans le genre Ionique. 154
Ρ L ANCHE LXXVL
Trqfil d'Entablement dans le genre Corinthien» 15^ Planche LXXVII.
Profil d'Entablement dans le genre Compofite. ibicU
Planche LXXVIIL
Chapiteau dans le genre Ionique, 156
#■·< Planche L X X ï X.
Chapiteau dan-s le genre du chapiteau Compoßte Ro-
main* 157 CHAPITRE VI. Inconvénients de l'Art , inévitables
©ans l'usage d'élever dans nos édifices
;, plusieurs ordres les uns au-dessus des
AUTRES. I59(
Ρ L ANCHE L XX X.
'Rapports que doivent avoir les ordres
qu'on veut elever les uns au-dessus
-des autres dans une même façade. l6$
Mesures exactes de quelques ordres
d'Architecture, employés seuls dans les Bâtiments anciens et modernes. V L A Ν C H Ε L X X X I.
Ordres du Portique a"Agrippa, de ΐ Orangerie, de Ver*
failles 6* du Château de Montmorenci. ibid. Planche L XXX IL
Ordres intérieurs de tEglife de l'Oratoire. Ordre
extérieur de l'Hôtel de Tingfy & du Portail des Dames 4e CAhnonciads à Saint-Denis. 177 |
||||
Ordres ^Architecture, employés seuls
dans les Bâtiments anciens et moder* 'nes, et surmonte^ d'un a ttique. i7cj F L a ν ç h ε:'. L χ χ χ 111. -.
Ordres du Portail de £ Εglife de Saint-Pierre de Rome}
du Panthéon & du Monaßere des Daims de Sainte·*
'Marie à Çhaillot. ibicLi
Ρ X AN CHE L X X X I V.
'Ordres du Portail de Saint-Nicolas du Ckardonnet f
des Façades du Château d'Ijfi, de la Porte de * ΐHôtel de Jars, & de celle de ΐ Hôtel du Grand
Prieur de France, i$z Ordres d'Architecture, surmontées par
î7n autre ordre, employees dans nos Édifices sacre's et dans nos Bati~ ment s d'Habitation. lS6> Planche LXXXV.
'Ordres des Portails des Invalides , de l'Oratoire #
l'Paris, & du CHdteau de Clagni^ —, ν ' ; ibid^
Ρ L A Ν CHE L, Χ Χ Χ V L
Ordres des Portails de Saint-Roch, des Minimes
f 6* de £ Hôtel de Thiersν ·· . \, y. , i$Q Planche L XX XVII.
Ordres des Ρ or tuks de Î3? Merci, dés Petits-Pères &
des Feuilla.nts^ ■ ■ ,i/ jp^
Ordres d'Architecture, surmontes d'un
* autre ordâ-e, et celui -ci d'un att1*
. φ/ε, employees dans nos plus seaux Édifices. - - < 199
;: ' PlAtCHvE LXXXVni,
Ordres du Vieux - Couvre y du Luxembourg & du X ßrontijpke du Bureau des MarchandslDrapiers à Ραφ, jbicil |
||||
D E S -& Α Τ 1ER Ε S. fix
Ρ lU^'cbi ΙλΧΧΧΊΧ.
Ordres de ΐ Hôtel de Kohan, ίί« Château de Mtudon ,
' è* ώ îHôtel dz Nouilles à Paris, 20*
ÛRDAES DUrCHÏTECTURE, SURMONTÉS DE
DEUX AUTRES ORDRES ", FAISANT PAR'
TIE DE LA DECORATION DE QU E LQÜ E &
ÉDIFICES ANCIENS ET MODERNES. 2Ö9
Ρ ITA NC H E ; X Ci'
0/dr.es du Portail de CE'glifi de Sainj^Sulpice , dit
Colifée a Roim, & du Portail dçl'Mglife de Saint-
.Gervais. - iHd*
î^iM ν G H e' X GI. ·
Ordres de VAmphithéâtre de Vérojie^ du Palais Far*^
.nefe , & du Palais Barbarini à Romp. .21J
Ρ LANG HE X Ç IL ( -J
Ordres de la, cour du Vieux-Louvre, J# Château des
Tuileries ï du'Palais du Luxembourg & du Châ~ >.%wude Maifons. ■ ■ %% .^,.„;..Λ'. %61.' $3L$& Ordres Co los s au χ , ^lir^'^r/ji jÄjl
'soubassement, faisant partie de ljt ' décoration de quelques-uns de nos * ÉDIFICES. : IIA
■ 4,' ι .;...·- JP jL, a-N OH Ε ■ X C 111.
Ordres Corinthiens du Périfiyle du Louvre, des Bâti-
. ;ments de la Ρ lau de Louis XV, de la Place di
Siouis le Grand, & de C ordre Ionique 'de la Place
-dés îffîctOires. ':.;, %*i ! . \';i · -. îl>id-
&U CARACTERE QU'TL CONVIE ADROIT DE
DONNER A CHxlQUiE GENRE D'EDIFICES^ *29
|
||||
Éèë ,2 J -'T âé LE ;
V/ CHAPITRE Vit
/λεί Bâtiments d'Habitation , e*leve*ê
dans les Filles et a la Campagne, m
Des Bâtiments élefe's dans les Filles;
îbieL
Des Palais, ' ibid* Des Hôtels. l 236
jEtei Bâtiments à tufage des riches Particuliers, 23 S
Des Bâtiments élevés pour la demeure des Négociants* 24Ο:V
«Ζ?« Bâtiments deßinis pour ΐHabitation des Com·'
merçanes, 24& Des Bâtiments e'rigé's a la Campagne!
Des Maifons Royales, ibid*
Des Châteaux. %4&
Des Maifons de Plaifance, %49
Des Maifons de Campagne, 2>$Z
CHAPITRE VIL
Des Monuments élevé's pour la magni« ficence, . 2îî:
Des Monuments durables, élevés dans
les Cités. ' ibid;
Des Arcs de Triomphe, ibidL
Des Portes Triomphales. 2Jj>
Des Places Royales & des Monuments quelles con~
tiennent. 256
Des Qbélifques. 20I
Des Théâtres, $0§$.
Des Edifices éleve's en Charpente a
é occasion des Fêtes Publiques. 27% ' Des Salles de Bals & de Feßins*. ibid*
|
||||
DÈS MAT IE R E S, lxj
Des T&ix d'Artifices. 274
Des Illuminations. 276
Des Arcs de Triomphe dreffés à Îoccafion des Fêtes
Publiques. 279
Des Joutes, des Carrousels et des
Tournois. 281
Des Joutes. ibid.
Des Carroufels. 283
Des Tournois. 286
Des Combats iAnimauxl 288
DesWaux-Halls. 289
Des Décorations e'rige'es d 1?occasion-
des Pompes Funèbres. 293 ï)es Maufolées. ibid. Des Catafalques. 295 Des Chapelles Sépulcrales. 299 Des Edifices e'rige's pour l'utiiite' publique. 302 CHAPITRE V I il*
Des Edifices s acre3 s. ifcid.
Des Eglifes en Croix Latine. 30 £
Des Eglifes en Croix Greque. 31p
Des Eglifes en Rotonde. 32.1
Des Eglifes Conventuelles. ' 323
Des Métropoles. ':% 325
Des Palais Epifcopaux. 3 20
Des Séminaires. * ■ 23Ο
Des Presbytères ou Maifons Curiaku 332
Des Collèges. -19*
Des Hôpitaux. 237
Des Cimetières. . 2^q
2)« Sépultures en pariîçulkri 343
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„jPfes Charniers,
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344
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bdj . S Τ Α Β LE Ι „ ^
Z>££ DIFFE RENTES PARTIES QUI CONTRI*
BUENT A LA DECORATION EXTERIEURE (* z>£ nos Temples, , ■'-*"'■' ^: ■;,·., 347
χ/$ί Portails. iHâ.
Des Porches, 5 & jf
.Ctes Tours. 'λ *λ
Des Clochers. .^ Vçî£"
îZ?« Façades latérales des Eglifes. -scj
De la Décoration du Chevet des Eglifes. 3 59
Des différentes parties qui côntrî-
buent a la ^pe'coration interieure de nos Temples. 260 JDes Nefs.
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Des Β as-Côtés.
Des Sanctuaires.
Des Maîtres-Autels*
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362
366 368 |
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Des Chapelles, , 37j
Des Sacrifies, ,, ; ^ 3-q
J?ei Chaires à Prêcher. %%θ
Des Œuvres, ,: 38?
«oei Buffets d'Orgues. ; agr
C H A Ρ I TJTe' Ι Χ.
Suite des Edifices e'rige's pour l'uti-
lité* PUBLIQUE. „ 5gg Des Hôtels des Monnoies, , ibid.
jD&y Bourfes ou Changes, 3gi
Des Bibliothèques, ν·..·- Wgg»
Des Académies. «g/r
J}es Manufactures* ,·.·.·· agO
Des Fontaines. ' w;' .;;;'.— - ^ ,^qq
jü)& Bains, ; ^*
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CHAPITRE X.
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Des Bâtiments érigés pour la suretk
publique. 45°
Des Arfenaux. Y ibid.
Des Ρ rif ons. 454
Des Portes de Fille de Guerre* 458
Des Phares. 4^1
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Cette Table & celle du premier volume,
ne contiennent que les Matières, les Cliapi- ν tres & les Planches. A la fin du iîxieme & dernier volume de
cet Ouvrage , on trouvera une Table Alpha-
^ J? éthique, divifée en trois Parties. La pre-
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Ixîv
miere rappellera , fous la même dénótnU
iiation , tous les articles de même genre qui feront répandus dans ces Leçons s avec l'indication des volumes & des pages qui en feront mention. , v La féconde Partie donnera en particulier,
& en forme de Dictionnaire^ les princi- paux termes de l'Art expliqués dans les notes, & l'on prendra occaiîon d'y joindre tous ceux qu'on auroit pu omettre dans ce Cours. Enfin, dans la troifîeme Partie on rap*
pellera les noms des Architectes , foit an- ciens foit modernes, cités dans ce Traité % &c l'on y déiîgnera les principaux Ouvrages Qu'ils ont fait bâtir à Paris ou ailleurs. |
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COURS
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COURS : D'ARCHITE CTÜÄE.
SUITE DU LIVRE PREMIER.
s e;c . ï í D „å. é ñ a: r ô ñ Et : ; ;
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TtAÎTÉJ
DE LA DÉCORATION EXTÉRIEURE
■
CHAPITRE PREMIER.
De l'ordre Dorique. L'Or d R å Dorique eft la premiere belle
production des Grecs; & quoiqu'il foit probable que ce chef- d'oeuvre fe foit encore perfeérionné par ces Peuples lorfqu'ilspaffërent en Italie'fous la domination des Romains, on doit coniidérer cette découverte en Archite&ure, comme une de Celles qui font le plus d'honneur à l'efprit humain, fa beauté & fa régularité l'emportant de beaucoup fur les autres compofitions de ce genre j imaginées depuis dans la Grèce & dans l'Italie. \ Tome IL A |
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% . ; ,_ C,OURS 't„.,' ')■ .. ,;, ' K ,u ζ
ÎTous avons parlé précédemment de Foriginé
de l'ordre Dorique ; donnons -en ici les meiures d'après Vignole ; enfuite, félon l'opinion de Palla- dio , celle de Scammozzi & dé quelques-autres Architectes modernes : après quoi nous en ferons l'application aune Fontaine publique , & nous dé- taillerons les moyens dont nous nous fommès fer- vis pour rendre cet ordre peut-être plus régulier qu'aucun de ceux qui décorent des Bâtiments élevés chez nous, depuis lé renouvellement dé la bonne Architecture. -- Avant d'entrer dans les détails exacts qui con-
tribuent à la perfection de cet ordre ; nous remar- querons que la divifion totale de fon ordonnance eil la même que celle de l'ordre Töfcan, c'eit- à-dire , que fon piédeital a le tiers de la colonne, & l'entablement le quart : que chacune dé ces trois parties font divifées en trois autres; enfin celles-ci en piuiieurs membres , qu'on appelle moulures , toutes à· peu-près femblables à celles défignées figure II de la planche II, ou à celles tracées géométriquement, planches Ι ί I, IV , V, VI & VII du premier volume. Nous invitons nos Elevés à examiner de nou-
veau laxonftruaion.de ces dernières moulures, avant de tracer l'ordre dont nous parlons, afin de fe familiarifer avec la maniere de les profiler chacune en particulier, & d'apprendre l'applica- tion qu'on en doit faire, non-feulement dans les ordres, mais encore dans tous les genres d'édi- fices , Civils & Militaires. Nous obferverons encore, que le module de
cet ordre fe divifé en douze minutes, comme le Tofcan, & que nous ayons placé, ici fur deux planches particulières, d'un côté les profils exääs |
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d'Architecture« y
du piédeilal & de l'entablement de Vignole , & de
l'autre les changements que pluiieurs de nos Architectes François ont cm devoir y faire. Enfuite nous expliquerons en quoi coniiilent ceux qu'il convient d'obferver pour rendre fon entablement mutulaire ou denticulaire plus régulier» Du Piédestal et de la Base de la
Colonne de l'ordre Dorïqve. Planche Premiere.
En parlant du piédeilal de l'ordre Toican»
premier volume, page 271 , planche XV, nous avons dit quil nous avoit paru néceiTaire de faire quelques changements au profil de là corniche qui lui fert de couronnement» Nous rappellerons ici que c'eil celle du piédeilal Dori- que dont nous parlons', qui nous en a donné l'idée, l'ayant trouvée affez enrichie de moulures pour devoir augmenter celles du piédeilal Tofcan, toutes les autres corniches des piédeilaux des ordres étant, conformes d'ailleurs à l'expreffion de chacun d'eux. Néanmoins nous proposons quelques changements à cette corniche du piédeilal de Vignole , figure I ; c'eil par exemple , de retrancher un filet à fa cimaife fupérieure , pour le donner à la cimaife * inférieure, comme dans la figure 11, ayant re-
marqué que cette premiere cimaife , compoiée de trois moulures , devenoit plus riche que celle de la corniche du piédeilal Ionique : ce défaut nous a paru èffenciel à éviter , les principaux membres r qui conilituent l'ordonnance entière devant être
aifortis à l'êxpreiîion folide, moyenne ou déli·** cate qui eâra&érife chaque ordre en particulier· Il eil plus important qu'on ne s'imagine d'apporter A ij
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i^H^MMMHHHi
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4 Cours
cette attention, puifque c'eft de ces divers rapports
coiiiidérés d'un ordre à l'autre , que dépend non- feulement la perfe&ion des ordres , mais encore le fuecès de la décoration de tous les Bâtiments. En parlant de la bafe du piédeital Tofcan , nous avons auiîî eitimé néceffaire de rduire celle du Dorique à neuf minutes , au-lieu de dix. Le double focle qu'on remarque figure I, nous paroît un membre inutile , auiïi bien que la baguette qui, dans cette bafe , femble détruire le caractère de virilité attribué à cet ordre. Nous penfons auffi, qu'il conviendroit d'en réduire la ikiilie à trois minutes, au-lieu de quatre que Vi- gnole lui donne , & de réduire de même la faillie de la corniche de ce piédeital à cinq minutes & demie, au-lieu de fix. A l'égard du dé du piédeital, nous y avons
pratiqué une table très-peu faillante, ornée d'un renfoncement. Les champs de cette table font de quatre minutes, & la largeur de ce renfonce- ment d'une minute & trois-quarts. Cet enrichiffe- ment nous paroît être le feul qui convient à ce piédeital, encore faut-il fuppofer que le fût àes colonnes foit cannelé ; car s'il étoit liffe , il con- viendroit que le dé du piédeital le fût auiîi. La bafe de la colonne , offerte par Vignole
figure I, nous paroît conforme à l'expreffioa cle cet ordre , à l'exception de la baguette placée au - deffus du tore , que nous délirerions un peu plus forte, aux dépens du lifteau fupérieur, & tel qu'on le remarque dans la figure II, ces deux membres , dans Vignole , ayant trop d'éga- lité, & paroiiTant foibies placés fur le tore, qui a quatre minutes de hauteur.. Nous rapporterons μι? que quelques ArchuteÔes blâment cette ba- |
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d'Architecture. ;-■,;* î
euette, prétendant qu'elle n'eft qu'une répétition du tore, qui effe&vement n'en diffère que par la groffeur: ils apportent pour autorité la baie de la colonne Trajane fans baguette ; ils fojmeanen qu'elle eft d'ordre Dorique , a caufe quelle a huit diamètres de hauteur. Nous ne femmes point de cet avis ; la bafe Tofcane proprement dite , eft trop fimple ; & la bafe attique, que d autres Architectes y ont fubftituée , nous paroit au con- traire trop riche. Ceft pour cette raifon que nous préférons celle que Vignole nous a donnée , dit-il, d'après celle de l'ordre Corinthien du Temple de Jupiter Stator, & que Le Mercier a employeece- puis à l'ordre Ionique du porche du Vieux-Lou- vre , du côté de la rue Fromenteau. Au refte, à en juger par un grand nombre d exem-
ples antiques, il paroît que les Anciens ont refuie* long-temps une bafe à cet ordre : fans doute que le peu de largeur qu'ils donnoient à leur entrecolon- nement a produit la caufe de cette JUppreffion, qu'aucun de nos Architeûes modernes η a fuiyie ; cet empâtement a paru indifpenfable a la colon- ne , fuÎ, tout depuis que nos Architeftes Fran- çois ont changé la largeur des entrecolonnements prefcrits par Vitruve , ainfi que nous aurons occa- fion de le dire bientôt, en rendant compte des raifons qui les y ont déterminés. Au-deiTus de cette bafe, on remarque,une partie
du fût inférieur de la colonne. Dans la^ figure i on a tracé des cannelures à vives - arêtes, rap- portées par Vignole , lefquelles font compoiees chacune d'une portion de cercle décrite par un triangle éauilatéral, comme l'indique la figure III : peut-être nous a-t-il donné ces cannelures d après celles des colonnes du Temple de Perfépolis, ou 1 on A"i
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6 Cours
en comptait, au rapport de Chardin (a) , quarante
à chacune, au-lieu de vingt que Vignole a fixées à à cet ordre. Quoi qu'il en foit, ces fortes de cannelu- res nous paroiflent peu propres au caraétere de folidité de l'ordre Dorique ; nous croyons devoir y fubilituer celles nommées cannelures à côtes, figure II, & développées figure IV , parce que ces dernières n'interceptent pas totalement, comme les précédentes , la circonférence de la colonne , & que d'ailleurs elles préfentent moins de petites parties , ainfi qu'on remarque celles du portail de Saint-Sulpice qu'on peut comparer avec celles du portail de S, Gervais, exécutées comme la figure V , mais qui néanmoins ne régnent que dans les deux-tiers fupérieurs de l'ordre. Il eil bon de remarquer que celles-ci forment un demi-cercle , & que celles que nous propofons figure IV, ne forment qu'une demi-ellipfe , dans l'intention d'en- tamer moins la folidité de la tige de la colonne. Au reile . |..peut-être vaudroit-ii mieux faire indiftinétement ufage de ces trois différentes can- nelures , que d'employer jamais celles nommées méplates dont parle Vitruve, repréfentées figure VI, parce qu'alors elles ne préfentent plus qu'un poligone de vingt côtés, au - lieu de la circon- férence d'une colonne. Xes lifteaux ou côtes qui féparent les cannelures propofées ici, font du quart (a) Ce même Écrivain , en parlant du Temple de Perfé-
polis , appelé aujourd'hui Tehelminar, qui v^ut dire quarante colonnes, rapporte que ce Temple avoir été bâti 4^0 ans ayant Moïfe, qui vivoit ifjt ans avant J, C. : fuivanr ce lapport, ces colonnes avoient donc été employées environ .Sop ans avant les 'Doriques, qui ont pris naiiTance dans J'Achaïe : ce qui prouveront l'ancienneté des colonnes, déjà portées à un cçrtaia degré dç perfection, 1350 ans avant notre Ere, |
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d'Architecture. /7
de la largeur de la 'cannelure. Voyez les diffé-
rents deffins des cannelures, puifés dans nos plus célèbres édifices françois, planche VIII, preker volume : exemples néanmoins dont il taut taire un ufage prudent. Celles que nous avons rappor- tées ne peuvent pas toujours fervir d'autorité, leur fùccès dépendait,de lanalogfe quelles doivent avoir avec le casere de ncheffe , ou la im- plicite de Tordre auquel elles font adaptées. N'oublions pas de dire ici, que le commen-
cement des cannelures doit prendre naïuance immédiatement après le congé , loxt dans a partie inférieure de la colonne, foit dans fa partie liipérieure. De l'Entablement denticulaîre*
et du Chapiteau de l'ordre Do- rique du Théâtre de Marcellus, RAPPORTÉ PAR FlGNOLE. .
Planche II.
Cette planche offre , %ire I, l'entablement
denticulaire & le chapiteau de 1 ordre Dori- que du Théâtre de Marcellus , rapporté par Vignole; cet entablement, quoique tiré d un des plus beaux exemples antiques, nous paroit peu propre à la décoration des dehors ; il eft compote en général de trop petites parties , & le eavet de fa cimaife fupérieure eft une moulure trop délicate pour la folidité de cet ordre : .d après ce fentiment, il convient donc de ne l'employer que dans les dedans, & pour cela de réduire fa hau- teur au cinquième de l'ordre, au-lieu du quart, comme dans la figure 11, par la raifon que Aiv
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8 € ο υ R s
tous fes membres étant plus légers que ceux
de l'entablement mutulaire , il "convient que ik hauteur ibit moins coniîdérable. D'ailleurs il faut obferver que la colonne du Théâtre de Marcellus n'a que quinze modules, au-lieu de feize , cette colonne étant fans bafe, à l'imitation de celles des Grecs. D'un autre côté, il faut convenir que les denticules attribués à cet entablement, ren- dent plus facile fon application dans la décoration de nos bâtiments , que les mntules, ce qui n'a pas peu déterminé quelques-uns de nos Architectes François à lui donner la préférence au mutulaire, même dans les dehors , ainii que l'a fait François Manfard au portail des Minimes ; cet exemple néanmoins ne peut devenir une autorité pour nos Elevés, à moins qu'on ne veuille , comme lui, fur- monter le Dorique d'un ordre Compoiite ; ce qui ne doit fe permettre qu'avec beaucoup de cir- eonfpecHon. Nous ne confeillerions jamais d'élever, avec encore moins de vraiiTemblance , l'ordre Corinthien fur le Dorique, tel qu'on le remarque aux portails des Eglifes de Saint - Roch , & dé l'Oratoire. Nous obfervons encore , que la 'im- plicite des membres de l'architrave s'accorde aifez peu avec la richeiTe & l'élégance des moulures de la corniche & de fon plafond ; la bonne Architecture prefcrit néceifairement une relation exacte entre toutes fes parties, pour qu'elles foient véritablement recommandables ; autrement l'édifice n'offre plus que des beautés défaiïbrties , au-lieu de cette unité qui en fait le mérite principal. Le chapiteau qu'on voit au-deiTous de cet
entablement, figure I , nous parok d'une belle proportion; mais nous ne faurions approuver les trois réglets placés au-deiîus du gorgerin ; cette |
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d'Architecture. 9
répétition de moulures , femblables les unes aux
autres, paroiffant monotone & de mauvais goût, nous préferons l'aftragale du chapiteau de Vignole , figure II,quoique compofé des mêmes moulures que celui placé au-deffous du gorgerin de ce chapiteau, & faifant partie du fût fupérieur de la colonne. La figure Π de cette même planche offre cet enta-
blement denticulaire réduit au cinquième de la hau- teur de Tordre, avec les changements que plufieurs Architectes modernes ont cru devoir faire dans plu- fieurs de fes membres : par exemple , de fubilituer d'autres moulures à fa cimaife fupérieure & infé- rieure, de rendre fon plafond ou fofite moins compliqué, enfin de pratiquer une double plate- bande à fon architrave ; autant de changements néceffaires qui nous paroiffent produire le meilleur effet, & dont nous recommandons l'imitation a nos Elevés; en fubilituant néanmoins, félon le befoin , telles autres moulures qui leur paraîtront convenables dans les cimaifes de la corniche. On remarquera que nous avons incliné en fens con- traire le fofite du larmier de la figure Π, comparé avec celui de la figure I , pour des raifons d'optique, faciles à imaginer ; & que nous avons auffi fupprimé dans le plan, figure III, les goûtes diflribuées dans les caffettes du Théâtre de Marcellus, comme ornement poiliehe , & peut- être de mauvais goût , malgré l'autorité des anciens à cet égard ; nous les remplaçons , comme dans la figure I V, par des caffettes plus réguliè- res, composées de moins petites parties , & dans lefquelles on peut mettre des rofaces ou autres ornements fymboliques , relatifs à l'application de cet ordre pour la décoration intérieure. Pour parvenir à réduire cet entablement au
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jo C o y e $\
cinquième 5 on pourroit faire une échelle d'un
nouveau module, ou bien, comme dans cette planche , fe fervir de celui de la colonne, qui |ie donnera à cet entablement que trois modules cieux minutes; fçavpir, dix minutes à l'architrave, quinze à la frife , & treize à la corniche ; les autres mefures fe trouveront par les cotes indiquées dans la figure 11. En comparant ces deux entablements mis à
côté l'un de l'autre, il eil aifé de s'appercevoir deMégance deΛcelui-ci, fur celui-là, &de recon- noître combien cette légèreté eft néceifaire pour les dedans : légèreté qui pourroit autorifer peut- être à donner à la colonne un module de plus de hauteur, pour rendre toute cette ordonnance plus propre à figurer avec les autres membres d'^rchiteclure qui s'emploient dans l'intérieur des porches , des galeries , des veiHbules où l'appli- cation de cet ordre femble cqnvenir. De l'Entablement mu tu la ι re,
et du Chapiteau de l'ordre Borique, suivant Vignole, Ρ L A Ν £ ft JE f. I ï.
La figure I offre l'entablement mutulaire de
yignole , qui , comme dans tous fes autres ordres , a le quart de la hauteur de la co- lonne : cet entablement, fa projection, la divi- Jfion de fes principaux'membres , {es moulures, Äen un mot, toutes les parties qui le compofent, «nous paroiffent être un chef-d'œuvre qu'il dit lui- même avoir compofé d'après plufieurs fragments ^fitiques. Nous ne relèverons point ici quelques |
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D-' Architecture. ff
légères imperfeiHons que nous y avons remar-
quées, & que pluiieurs de nos Architedes François ont fu reüifier pour le porter encore a un plus grand degré de perfeüion; néanmoinns comme ces der- niers ont écarté diverfement leurs colonnes dans une même ordonnance, & que fouyent ils ont accouplé cet ordre, il en eft refulte neceffaire-. ment des altérations dans la proportion & la dilpo- iition de cet entablement, pour parvenir a rendre fon plafond plus régulier. Expliquons ici fommai- rementles diiFérents moyens dont pluiieurs de ces mêmes Architedes fe font fervi ; cette explication préparera nos Elevés à concilier les règles que les Grecs nous ont prefcrites concernant leur Dorique avec notre Architeaure, qui diffère affez de celle de ces Peuples & de ceux de l'Italie qui leur ont iuccédé
La figure II fait voir une partie des change-
ments que nous voulons indiquer. Par exemple ici l'entablement a un quart de module de plus que dans Vignole , l'architrave a douze minutes, la frife vingt-une, & la corniche dix-huit, au total quatre modules & un quart. -■, Cet entablement que nous ayons porte au-delà du
quart de la hauteur de la colonne, paroitra peut- être un peu confidérable. Nous rendrons compte dans la fuite du motif qui :nous y a déterminés. Nous nous contenterons ici de rapporter,queprei- que tous les entablements des ordres Conques trouvés dansles débris des monuments d'Athènes , avoient encore plus d'élévation , puifquau rap- port de M. 1e Roi, celui du Temple de Minerve élevé dans la Citadelle de cette Ville, a douze pieds de hapteur , fur une colonne de trente- un pieds fept pouces & demi. Il eil vrai que les |
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il Cours
colonnes de ce Temple n'ont que fix diamètres»
au-lieu de huit attribués aujourd'hui à Tordre Do- rique ; mais du moins eit-il certain que les anciens ont porté leurs entablements bien au-delà du quart de la hauteur de Tordre. Notre intention n'eft pas d'approuver cet excès.
Nous avons même déjà remarqué que Vignole étoit prefque le feul Architecte moderne qui ait porté fes entablements au quart de Tordre, que Palladio ne leur a donné que le cinquième, & Scammozzi prefque toujours entre le quart & le cinquième ; mais il n'eft pas moins vrai que lors- qu'on ne peut s'en difpenfer, on peut varier la hauteur des entablements, pourvu toutefois que la proportion de Tordre n'en fouffre aucune altération. Avant d'entrer dans quelques détails touchant
les changements utiles à faire à l'entablement de Vignole , pour concilier les préceptes des anciens avec les découvertes des modernes , donnons une idée de l'opinion de quatre de nos plus célèbres Architectes François à cet égard, & faifons part à nos Elevés des avantages ou des défavantages qu'ont produits dans nos bâtiments leurs différents fyitêmes ; enfuite nous expliquerons les moyens dont nous nous fommes fervis nous-mêmes pour rendre cet ordre encore plus régulier que ne Tont fait nos prédéceffeurs. Jacques DebroiTes, au portail de Saint-Gervais,
a fait indiflinéiement les métopes diilribués dans fa frife , quarrés ? barlongs ou oblongs, & en a ufé à-peu-près de même au Luxembourg. François Manfard, au portail des Minimes & à la façade extérieure des Ecuries du Château de Maifons, pour rendre fes métopes réguliers dans l'accou- plement de fes colonnes, a fait pénétrer les bafes |
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d'Architecture. 13
& les chapiteaux. Libéral Bruant, au frohtifpice
du Bureau des Marchands Drapiers, a diminué le bas de fes colonnes pour en rapprocher les bafes & faire fes métopes quarrés. Louis le Veau, au portique Dorique de la Cour Royale du Châ- teau de Yincennes , a augmenté la hauteur de fa colonne d'un module, pour augmenter celle de fa frife, écarter fes trigliphes, & parvenir à faire fes métopes quarrés. Nous ne pouvons diffimuler que tous ces différents moyens préfentent autant d'imperfections qui rangent la plupart de nos produirions de ce genre , dans la claffe de la médiocrité ; car enfin il faut convenir que la véri- table Architecture exige la plus grande févérité·; & cependant rien de fi irrégulier que tous les ordres Doriques , qui, en France, décorent nçs bâtiments , même les plus renommés. On doit déjà appercevoir, dans les figures îi
& III de la planche que nous décrivons , les changements qu'offrent ces figures , comparées avec celles I & IV de cette même planche. Par exemple, 'dans la figure II la frife A, a vingt-une minutes de hauteur , au-lieu de dix-huit : la largeur du trigliphe B, & du mutule C, eil de quatorze minu- tes au-lieu de douze ; enfin le chemin ou liileau D, a une minute & demie, au-lieu d'une demi-minute : in- tervalle qui rapproche moins les caifettes & les mu- tules que dans la figure IV. On doit auffi remar- quer, dans les figures II & III, que nous avons donné une minute de faillie aux trigliphes, au-lien -d'une demi-minute prefcrite par Vignole. Tous ces changements, qui détruifent les petites parties,, détachent les membres les uns des autres , & donnent un caractère de relief à tous les détails de cet entablement ? nous ont paru néceiTaires ici ^ |
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14 Cours
parce que, non-feulement l'expreiîion de cet ordre
eil virile, mais parce que, comme nous l'avons dit ailleurs , il eft deiliné pour les dehors de nos bâtiments, & que pour cette raifon tous les objets qui le compofent doivent fe montrer en grand. Nous avons déjà rapporté les tentatives qu'ont
faites DebroiTes -, Manfard, Btillant & le Veau, comme n'ayant d'autre but que de chercher les moyens d'accoupler les colonnes de l'ordre Dorique; remarquerons que ces divers moyens nous noua ont paru très-imparfaits; c'ert. pour cela que nous en allons tenter d'autres qui pourront contribuer à rendre l'application de cet ordre plus générale. ν Lés anciens donnoieni à l'efpacement de leurs colonnes une largeur relative à leurs différents genres d'édifices, & en fîxoient les efpacements de cinq manières que nous rapporterons planche VIL Examinons pourquoi il n'eil pas toujours poiîible de s'en tenir à ces efpacements rapportés par Vitruve, fur-tout lorfqu'il s'agit de l'ordre Dorique. Les Grecs faiibient la largeur du métope égale à la hauteur de la frife , & celle-ci d'un module & demi : ils donnoîent au trigliphe urï module de largeur; d'oii il fuivoit que de l'axé d'un trigliphe à l'autre , il ne potrvoit y avoir que deux modules & demi; en forte que les plus petits efpacements étôient de cinq modules , les φ fuivants de fept modules & demi, de dix modulesîj &c. difpoiîtiori régulière fans doute, mais qui ne peut précifément être firivië que lorfqueTordon- naiicé du bâtiment n'exigera aucun accbtiplemerrr. Or comme il arrive ïbiivent qu'à l'exemple dés' modernes l'accouplement dé cet ordre devient néceÎTàire ; d'une part, pour apporter plus tle' variété dans l'ordonnance dés façades ; de faùtre* |
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d'Architecture. Λ
pour procurer une plus grande apparence de ioîi-
ditéaux angles des avant-corps , & leur donner M plus grand entrecolonnement dans leur milieu; il en réiuite que lorfqu'ort veut accoupler les colott^ nes & luivré la diitribution dés métopes & des trigliphes des anciens, les colonnes ne peu- vent s'accoupler fans que leurs bafes fe péné- trent de quatre minutes, ainfi qu'on le remarque au portail des Minimes; autrement il faudroit renoncer à la régularité de l'entablement, & faire les métopes d'angles plus larges que ceux placés dans l'efpace des entrecoloniiements , comme on lappercoit à Saint-Gervàis , au Luxembourg, au Château de Maiibns & ailleurs. Rendons compte de la fource de ces deux inconvénients. ' La faillie de la bafé de Tordre Dorique félon Vignole, eft de cinq minutes. Pour que les^bafes ne fe pénétrent point, l'ordre étant accouple, il eil de nécefiité d'écarter l'axe des deux colonnes de trente-quatre minutes ; fçàvoir, de douze minutes pour chaque demi-diamètre, & de cinq minutes pour chaque bafe ; total, trente - quatre minutes. Car autrement , pour que les axes des colon- nes tombent à plomb dé ceux des trigliphes , il ne faut leur donner que trente minutes, œih- me Vignole, & nous venons de voir qu'il en falloitnéceffairement donner trente-quatre , pour éviter la pénétration des bafes. Bruant n'a guère été plus heureux en voulant éviter lès deux in- convénients ci-deffus; il a diminué fes colonnes d'environ deux minutes vers la bafe, & reduit la |
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ι6 Cours
modules vers le tiers inférieur du fût. Cet exemple
a eu peu d'imitateurs 5 n'ayant pas paru naturel au plus grand nombre, que le foible portât le fort ; d?aiïleurs ce renflement paroit contraire aux lois de la folidité , & mécontente l'œuil, fur-tout lors- qu'il eil trop confîdérable. Le Veau , déjà cité, eil peut - être tombé dans un défaut plus contraire encore aux préceptes de l'Art : il eil vrai qu'il a confervé la faillie de fes bafes entière, & rendu la diflribution de fa frife régulière; mais il faut remar- quer que pour y parvenir, il a augmenté la hauteur de fa colonne d7un module, ce qui la rend grêle, lui ôte fon caractère d@ virilité, & femble lui faire porter, avec peine, le furplus de hauteur qu'il a donnée à l'entablement, en l'augmentant d\m quart de module. Nous pourrions rapporter encore une infinité d'autres exemples pour le moins aufïi· abuiifs , des moyens que la multitude des Ar- chitectes de la féconde claiîe a employés; com- me , par exemple, d'avoir fupprimé les trigliplies & les métopes-dans la frife; de n'avoir placé des trigliphes qu'à plomb de l'axe des colonnes, & de les avoir fupprimés au-deiTus des ehtrecolonne- ments ; d'avoir fait dans une même ordonnance, tantôt les métopes quarrés »tantôt barlongs ou oblohgs ; d'avoir placé dans la même corniche des mutuîes fur les avant-corps, des denticules fur les arrière - corps ; enfin d'avoir prefque tous négligé les angles rentrants : de maniere qu'on n'y aperçoit le plus fouvent qu'un quart de mutule, qu'on voit au contraire, dans les angles faillants , des intervalles fi confidérables r qu'il femble que la partie fupérieure de la corniche ne puiffe fe foutenir en l'air , faute d'y remarquer des mutûîés j>ius rapprochés, qui en rendant cet angle moins foible
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d'Architecture- ,-vj
fbible en apparence , feroient paroître fa faillie
plus fupportable, fur-tout lorfqu'elle efl apperçue fur la diagonale. Examinons à préfent de nouveaux moyens qui
nous fâffent éviter la pénétration desbafes & même des chapiteaux lorfque Tordre eil piîaftre, & qui confervent la frife & la corniche régulière, tant dans les angles faillants, que dans les angles rentrants. De l'Entablement et du Chapiteau
de l'ordre Dorique, acc ouplé sur un angle saillant^ et groupé dans un angle rentrant. Planches IV & V,
Nous venons de voir que pour que les bafes
des colonnes & les chapiteaux pilailres de l'ordre Dorique ne fe pénétrent point, il faut donner entre les deux axes des trigliphes, trente-quatre minutes'au-lieu de trente; que pour cela on doit donner vingt-une minutes à la hauteur de la frife. Nous dirons ici, qu'il faut donner vingt minutes de largeur aux métopes, & quatorze de largeur aux trigliphes , ainfi qu'on le remarque planche IV ; que par ce moyen le rapport de la largeur a la hauteur du trigliphe reftera le même que dans Vignole, c eil-à-dire , qu'il fera de quatorze minutes fur vingt-une, celui de Vignole étant de douze iiir dix-huit. Suivant ces nouvelles mefures le mutule aura auffi quatorze minutes de largeur, & quatorze de faillie ; d'où il doit réfulfer une variété affez mtéreffante , puifque le plafond de ce mutule fe trouvera un .quarre parfait, placé au-deffus du trigliphe , confervé de forme ob- longue, comme detix eil à. trois; & qu'au coct- Tome IL . Β |
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C ;
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"■'./S ".· *
18 C o Urs
traire le métope fe trouvera être auiîi un quarré
parfait, couronné par une caffete de forme bar- longue , comme on le voit en À, planche V. Nous rappellerons que dans cette même planche & la précédente, nous avons donné une minute de faillie au trigliphe Q, au - lieu d'une demi-* minute que lui donne Vignole, ce trigliphe nous ayant paru avoir trop peu de faillie, & les canaux trop peu de profondeur, ainii qu'on peut s'en convaincre planche III, figures I & I V. On devra aufïi s'appercevoir du meilleur effet que doit produire le chemin ou lifteau D , porté à une minute & demie dans ce deiîin, au-lieu d'une demi-minute. ^ Si dans un bâtiment on ne devoit faire ni
avant-corps, ni reifaut, ni retour, les change- ments dont nous venons de parler feroient fiiffi* fants pour l'accouplement des angles faillants de l'ordre Dorique , & l'on en feroit quitte pour donner trente - quatre minutes d'axe en axe d'un trigliphe à l'autre, & de même dans l'étendue de l'entrecolonnement, en fuppofant même qu'on voulût placer un métope ou un trigliphe fur le milieu de l'arcade qui y feroit contenue ; mais ici il s'agit de parvenir à rendre cet ordre applicable à tous les genres d'ordonnance d'Archite&ure civile & militaire ; il faut donc employer d'autres moyens, non-feulement pour rendre les angles ren- trants des façades, plus réguliers que ne Font fait nos prédéceÎTeurs, mais encore pour que tou- tes les parties qui entrent dans la compoiition de cet ordre foient auiîi de la plus grande perfection : nous croyons y être parvenus dans les compartiments du plan de cet entablement, planche V, qui exige que de^Taxe E F on |
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B'AïlCH ITÈC TÜRE. I^
donne trente-neuf minutes ( b ) \ au-lieu de trente-
quatre proposées pour les colonnes accouplées des angles (aillants. Parce moyen le chemin ou lifteau D, régnera d'une égale largeur & autour des mutules G & au tour des caffettesH. Cette atten- tion effencielle eft échappée à prefque tous nos Architectes ; c'eft néanmoins de4à que dépend te fuccès des compartiments du foffite de l'entable- ment de cet ordre, & celui des ordres Ionique ^ Corinthien & Compoiite. Ces réflexions, plus importantes qu'on ne s'imagi-
ne, doivent du moins apprendre à nos Elevés qu'il eil néceffaire de fe rendre compte des plus petits détails, avant même de vouloir établir dans leurs murs de face, la largeur & la faillie des avant- corps , le rapport des trumeaux avec les portes & les croifées, l'efpacement de leurs entrecolonne- ments; enfin l'application des membres d'ArcmV tetlure qui doivent les remplir. Si cependant les trente-neuf minutes que nous
exigeons d'un axe à l'autre, nuifoient à la rela- tion qu'on eft obligé d'obferver entre^les dehors & les dedans de l'édifice, on pourroit réduire cette diftance E F, à trente minutes & demie, au-lieu de trente-neuf, comme dans la planche VI : dif- tance fuffifante pour que du moins les angles des |
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(b) Nous ferons obferver que par le moyen de ce nouvel
arrangement, le métope d'angle a devient de quelques minu- tes plus large que ceux des faces b j mais nous ayons cru devoir paffer fur ce défaut d'égalité en faveur de la régularité du plafond de cette corniche ; parce que, d'un côté , ce double métope n'étant jamais apperçu que d'angle, il ne peut fembler difparate, fes retours fe retréciifant par l'optique ; & que de l'autre on peut, fi l'on juge à propos, placer un angle de trigliphe pour féparsr les deux métopes, comme l'exprime celui ponctué c. ' ''T»**
B ij
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deux mutiiles angulaires À fe touchent fans Îé
pénétrer. Il eil vrai qu'il refaite de ce rappro- chement que le chemin ou liileau Β fe trouve intercepté autour de la caiTette C , & que d'ailleurs cette dernière fe trouve plus petite que celle de l'angle Ε : défaut de fymétrie contraire en quel- que forte à la févérité de cet ordre; aufîi nous jnéferons toujours les compartiments de la plan- che V à ceux de la planche V I ; ce que- nous confeillons d'autant plus volontiers , qu'ayant donné en 1764 le deiflin du portail de rEglife de Metz , dont les colonnes Doriques ont quatre pieds & demi de diamètre , & dont le plafond de l'entablement eil.exécuté tel que le préfentent les compartiments de la planche VI, nous nous fommes reprochés de n'ay©ir pas obfervé ce liileau continu, plus poifible à pratiquer dans un monument de ï'efpece. de celui dont nous parlons, que dans tout autre genre d'édifices défîmes à Thabitation.' „II faut remarquer que dans la planche IV on ne trouvera, pour ra largeur du métope , que vingt minutes , pendant que fa hauteur eil de vingt-une ; mais cette diiFérence nous a paru de-* voir être telle, parce que fa largeur s'apperçoit toujours entière & fans altération, aii-liëuqu'il n'en eil pas de même de fa hauteur qui fe trouve altérée par la faillie du liileau de l'architrave toujours de deux minutes ;, en forte qu'il eil aifé (de concevoir que les vingt-une minutes données en réaiité à la hauteur de la frife fe trouveront réduites en apparence à vingt, ce qui fera paroître alors, le métope quarré. Qu'on y prenne garde & il ne ftiffit pas toujours de la théorie de l'Art ; il flut lui aifocier les règles de l'optique, & prévoit- la différence que doit occafionner la faillie des |
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d'Architecture. 21
membres inférieurs fur la hauteur de ceux qui fe trouvent au-deffus. "..'"■ ë Les mefures cotées affez exaâement dans les
planches dont nous venons de parler, femblent nous difpenfer ici d'entrer dans un détail plus cir- conftancié ; d'ailleurs nous fuppofons que ceux qui auront intérêt de s'appliquer à l'étude de cet ordre, auront acquis préliminairement les connoif- iances qui leur font néceffaires pour y parvenir, par l'afpeft des deflins & la leclure dit premier volume, mais principalement par l'examen qu'ils auront fait des bâtiments que nous avons cités plus d'une fois , & qui, quoiqu affez irréguliers pour la plupart, ne les amèneront pas moins à fentir l'utilité de notre procédé , & à découvrir à l'avenir les moyens d'employer cet ordre avec plus de fuccès que ne l'ont fait précédemment nos .Architeâes., En décrivant l'ordre Tofcàn , nous n'avons
parlé ni des entrecolonnements, ni des portiques que -Vignole nous en a donnés, l'entablement de cet ordre n'apportant aucune fujétion qui puiffe gêner l'Architecle pour l'espacement des colonnes ; d'ailleurs les portiques avec ou fans piédeftal, qu'il nous propofe, nous ont paru trop imparfaits pour les rapporter dans ce Cours. Il n'en eft pas de même pour l'ordre dont notis parlons. Ici tout importe , fans compter que ce que nous cherchons à approfondir par cette théorie , eil autant de connoiffance acquife pour les ordres fuivants , toujours moins difficiles dans l'exécution que le Dorique. Ne craignons donc point de nous éten- dre un peu : duiîions-nous nous répéter quelque- fois, ne négligeons aucuns des é clair ciffements qui faffent concevoir à nos Elevés combien il feroit Biij
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22 · Cours
intéreffant pour l'Art de pouvoir appliquer plus
fouvent cet ordre à nos édifices ; c'eft ce qui arrive- roit fans doute, Γι une fois on pouvoit parvenir, foit par ce que nous en enfeignons, foit par d'autres tentatives plus heureufes, encore à l'employer fan» inconvénient. Nos plus habiles Architectes y renon- cent volontairement par la crainte de ne pouvoir éviter les difficultés qu'il entraîne. Nous ne par- lons point de ceux qui, fans aucune doctrine, «n font fouvent parade dans leurs compositions, fans s'être jamais rendu compte des obitacles qui fe préfentent pour concilier les préceptes des anciens avec les procédés des modernes. Au reite, nous propofons notre fyftême fans aucune pré- tention ; nous Convenons même qu'il n'eit pas fans défauts, puifque l'entablement a trois minutes au-delà du quart; qu'il a auffi une minute de faillie de plus que dans Vignole; en forte que ces augmentations peuvent paroître coniidérables ? Vignole ayant déjà porté au, quart de la colonne fon entablement: ce rapport a été combattu par Palladio Se Scammozzi ; le premier n'ayant donné à l'entablement que le cinquième ; le dernier entre le quart & le cinquième. Voici néanmoins ce que nous avons à répondre en faveur de notre opinion. Le Veau a donné de même un quart de module de plus à l'entablement de fon portique Dorique de Vincennes ; mais nous avons l'avantage, fur lui, d'avoir confervé la proportion à la colonnej» tandis qu'il a donné à la lienne dix-fept modules au-lieu de feize ; hauteur prefcrite par la plupart des modernes , ne parlant pas ici des anciens qui leur ont donné long-temps beaucoup moins., Nous qbferverons encore, quefi notre entablement paroît forcé % du moins avons-nous confervé |
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d'Architecture. 25
l'ordre dans toute fa vicilité, & qu'étant du fen-
timent de ne jamais employer les ordres d'Archi- teclure que dans les grands édifices, cette aug- mentation d'un quart de module femble fe perdre par fon élévation, toujours de quarante ou cin- quante pieds, par la voracité de l'air qui l'envi- ronne , & par le point de diilance d'où il doit être apperçu ; qu'enfin les métopes, dans toute l'étendue de l'ordonnance, paroirîent quarrés, & que cette régularité fans doute eil préférable aux exemples des bâtiments'déja cités. Quoi qu'il enfoit nous abandonnons aux vrais Architectes à pronon- fur cet objet. Pleins d'eitime pour les ouvrages de nos prédéceffeurs , nous dirons que Debroffe à Saint-Gervais §l au Luxembourg, Manfard au Château de Maifons, ont peut-être cru pouvoir fe difpenfer de faire les métopes quarrés fur leurs colonnes accouplées , fondés fur l'autorité de Vitruve, liv. 4, chap. 3, qui prétend que les métopes doivent être plus larges dans les extré- mités du bâtiment ; à caufe, dit-il, qu'il convient de faire porter les trigliphés fur le nu du retour de la frife , & non fur l'axe de la colonne d'angle. Il eil vrai qu'en s'exprimant ainii il fait entendre que cette maniere, de placer le trigliphe apporte un défaut de fymétrie dans la décoration extérieure des Temples , & que cette raifon a plus d'une fois fait renoncer à employer cet ordre dans leurs frontifpices, plutôt que de né- gliger la févérité qu'il femble exiger : il cite Tat- chefius , ■ Pfytheus , & même ffermogenes , comme autant d'Archite&es qui en ontufé ainfi. Combien des nôtres ont été moins refervés à cet égard, puifqu'ils nous ont offert, dans prefque toutes leurs productions , tous les défauts dont nous Β iv
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24 Cours
avons parlé , & qu'il feroit eflenciel d'éviter;
pour employer à l'avenir l'ordre Dorique avec tout ion éclat, puifqu'il eil plus propre que tout autre à décorer les Monuments facrés, les Edifices pu- blics , les Palais des Rois, & généralement tous les bâtiments on la dignité , & la iimplicité doivent avoir le pas fur la magnificence des ornements, que femble exiger l'application des autres ordres, à l'exception du Tofcan. De l'Espacement des Colonnes,,
suivant l'opinion des anciens
et des modernes.
Planche VIXI.
Des cinq manières ctefpacer les colonnes félon
Kitruve,
Nous rapportons ici ces divers efpacements ,'
non qu'on puiffe les regarder comme une regle qu'on doive fuivre , mais plutôt comme une preuve de la févérité dont les anciens ufoient dans ïa compoiition de leurs bâtiments , & de Fatten- \ tion qu'ils avoient à mettre des rappors entre leur entrecolonnement & le diamètre de leurs colonnes. Il eil vrai que la plupart des productions antiques n'offrent pas toujours des colonnes efpacées félon cettç méthode, & que che« nous c'eil la diilri- bution des mutules & àes modulons des corniches, qui doit décider leur largeur, & non précifément un diamètre & demi, deux diamètres, deux dia- mètres & demi, trois diamètres ou quatre diamê- 'tres , comme l'expriment les entrecolonnements marqués A, B, Ç, D, E, appelés par Vitruve, |
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D'A RC HITECTURE. 2$
■jptcnoflyle , fißyk , eufiyle■■', diaflyk & arcoßyk ,
autant d'efpacements qu'il eft bon de connoître, afin de puifer dans les fources qui feules peuvent nous apprendre quand nous devons imiter les premières règles, ou nous en écarter pour parvenir à un plus grand degré de perfection. De l'Accouplement de l'ordre Dorique félon
Vignolc, dont les bafes f e pénètrent
de quatre minutes*
Nous avons déjà reconnu que, félon la difpo-
fition des métopes & des trigliphes , diiiribués dans les frifes des ordres Doriques des anciens, on ne peut accoupler les colonnes , fans que les « bafes fe pénétrent de quatre minutes , & même les chapiteaux lorfqifon emploie des pilaftres , comme on Ta fait au portail des Minimes; c'eil pour- quoi nous avons tracé fur cette planche figure F, le plan de cet accouplement, à deflein de rappeler non-feulement ce que nous avons déjà dit, mais pour que d'un feul coup cPceuil on puiffe apper- cevoirla différence de rapprochement de ces deux colonnes, comparé avec l'accouplement G , ainix que le petit entrecolonnement H, celui Ι, Κ, enfin celui.L; ce font là prefque les feuls qu'on puifîe mettre en œuvre' pour les raifons de folidité que nous expliquerons bientôt. Avant de parler de Fefpacemem: que doivent
avoir les colonnes de l'ordre Dorique, difons un mot des raifons qui ont déterminé la plupart de nos Architectes à faire ufage des colonnes accou- plées dans la décoration de leurs bâtiments : accou- plements regardés néanmoins par plufieurs comme une innovation contraire en quelque forte à la |
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i6 C o ν e s
régularité de la belle Archite&ure. Il efl: cepen-
dant certain que ceux d'entre nos modernes qui ont été de cet avis en ont trouvé plus d'un exemple dans les ouvrages antiques, tels que dan« la façade du Temple de Trévi , dans l'intérieur de celui de Bacchus près de Rome, dans un arc de triomphe qui fe voit à Pole en Dalmatie , & ailleurs. D'après ces autorités , Bramante fans doute n'a pas héiité d'en faire ufage dans pluiieurs endroits du Vatican, Michel-Ange les a employées à la tribune qui foutient la coupole de Saint-Pierre ; Sangalo , Labaco fon Eleve , & les autres Archi- tectes d'Italie les ont prefque tous placés dans leurs productions ; ces derniers ont été imités à leur tour, par nos Architectes François ; Ducer- ceau les a mifes en crédit dans fon livrer Delorme en a exécuté aux Tuileries; Metezeau au Château ' neuf de Saint- Germain-en-Laye ; Debroffe au Luxembourg & à Saint-Gervais ; Le Mercier au Louvre, & Manfard à Marlons : tous ces Artiftes célèbres en ayant donné l'exemple à ceux de notre temps, cet ufage fe perpétuera vraifTembla- blement à l'infini, contre l'opinion de ceux qui y fans trop favoir pourquoi , préfèrent les co- lonnes folitaires, fans fe rendre compte du motif quia porté à cette innovation ; rebutés feulement par l'abus qu'en ont fait pluiieurs, ils croient devoir imiter* l'antique , & refufent de fe rendre au bien que peut produire l'une & l'autre maniere, réunie avec art dans l'ordonnance de nos édifices, ainii que Palladio & Scammozzi en ont ufé avec autant de goût que de difcernement. Il eil vrai qu'il ne faut pas faire un trop fréquent ufage de l'accou- plement dont nous parlons. Par exemple on ne peut les appouver dans les parties intermédiaires |
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d'Architecture ■; %7
des avant-corps du Vieux-Louvre, ni dans celui de l'Hôtel de Soubife ; ils font au contraire un mer- veilleux effet aux Châteaux de Maifons, de Clagny, au périffile du Louvre ; d'où il refaite que ce neft pas de l'accouplement des colonnes qu.on a droit de fe plaindre, mais du mauvais ufage qu en ont fait plufieurs Architeftes. Réflexion quil eit important de ne pas négliger avant d'approuver ou condamner les accouplements; car enfin il ne faut pas douter que ceux-ci, les colonnes grou- pées, les colonnes folitaires, même les pilâtes difpofés avec difcernement, peuvent également bien réuflir, s'ils font amenés fur la fcene par le genre
de l'édifice. Ce fera donc toujours à l'Architecte, & non à l'Architeaure qu'il faudra s'en prendre, lorfque faute du génie & du véritable gout de l'Art, les façades de nos bâtiments ne pourront s'attirer le fuffrage des connoiffeurs, parce que nos jeunes Architectes voudront s'en tenir aux feuls éléments, pour produire des compétitions qui ne peuvent devenir des chefs-d'œuvre que par le fruit d'une étude réfléchie & d'une longue expérience. Mais revenons à l'efpacement régulier que doivent avoir les colonnes de l'ordre Dorique fuivant les modernes. Nous aurons occafion ailleurs de difcuter d'une maniere plus înterel- fante encore, l'avantage des colonnes accouplées fur les colonnes folitaires. De l'efpacement des colonnes de l'ordre Dorique
fuivant les modernes. Les figures G, H, I, K,L, font deffinées ici
fuivant les nouveaux espacements des trigliphes, qui 3 au-lieu de trente minutes comme ceux des |
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. m\ -Cou R s
anciens, font écartés d'axe en axe de trente-quatre
minutes ; d'où il s'enfuit que l'accouplement G eil fans aucune pénétration; que même il feroit poffible de pratiquer un petit interface d'une demi- minute entre les deux tores pour les féparer, & les plinthes qui les foufiennent, afin d'empêcher par-là leur approximation , toujours vicieufe en Architecture. Pour y parvenir, onpourroit, com- me en a ufé Bruant, diminuer la faillie de chaque bafe d'un quart de minute , ou applatir 'infenii- blement les deux tores vers leur attouchement, pour produire i'interilice que nous femblons dé- lirer. Nous avons indiqué dans cette planche VII,
l'entrecolonnement L, comme le plus grand efpa- cement qu'on^puiiTe mettre en oeuvre ; cela peut . être vrai, fur-tout fi l'on donne un certain dia- mètre aux colonnes ; car il faut favoir qu'il ne fiiffit pas d'avoir attention d'obferver le rapport que doit avoir la Jargeur de l'entrecolonnement majeur, relativement à la hauteur de l'ordre ; ce rapport, quelqueintéreifant qu'ilfc-it, ne regarde que la feule beauté de l'ordonnance ; il eil un* autre motif plusï important encore , qui regarde la folidité , lequel coniifte à ne pas donner trop de portée à l'étendue de l'architrave , qui doit toujours fe mefurer à raifon du diamètre de la colonne, à raifon de la largeur de l'entrecolonne- ment , & à raifon de leur éloignement fur le nu du mur qui leur fert de fond. Perrault au périilile du Louvre, nous a montré tout ce que pouvait l'art dans l'ordonnance & dans la conftrudtion de ce fuperbe édifice. Par exemple, il a ofé donner vingt-quatre pieds de portée à l'architrave, de Tavant-corps du milieu de fa façade, dont les |
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©'Architecture. < 29
colonnes à la vérité font approchées du pilaitre |
adapté au mur de face ; il adonné feize pieds aux entrecolonnements des pavillons , & ieulement. douze pieds d'écartement à ceux de fa, colonnade. Il eit bon aufïi d'obferver que toutes fes colon- nes font accouplées, ce qui non-feulement multi- plie les points d'appui, mais procure encore une plus grande réfiilance. au poids des architraves. Si nous nous fommes hâtés de faire cette citation, qui n'appartient qu'à la théorie; c'eft pour faire connoître de bonne heure à nos Elevés, que les premiers pas qu'ils doivent faire dansles éléments de l'Art, doivent être accompagnés des obferva- tions préliminaires qui amènent à la pratique, Se- qui dans la fuite doivent gouverner leurs différents genres de productions. Entablements del'ordreDorique
a, angles saillants et rentrants* D'APRÈS LE SENTIMENT DES MODERA
<"'NES, '
" V Ρ L A Ν C H Ε V I II.
* En décrivant la planché IW nous avons déjà
dit quelque chofe des angles faillants & rentrants, & annoncé qu'il falloir donner trente-quatre mi- nutes d'un axe à l'autre pour les angles faillants, & trente-neuf pour que le plafond des angles ren- trants fût régulier ; comme le fait voir la figure E>, planche V. Notre intention n'eft pas ici de revenir fur cet objet ; mais de faire voir,figure première^ <|Sè lorfqu'on introduit des pilaitres derrière les "colonnes, que ces dernières, à caufe de leur diminution, fètrçmvent rediütes à-viiigtminutes5 |
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JO CO URS
pendant que les pilaftres en confervent vingt-quatre
"dans toute leur hauteur; que le fofite de l'archi- trave , pour porter à plomb du fût fupérieur de la colonne, doit être en retraite de deux minutes fur le pilaftre de l'angle rentrant, ainfi qu'il eft pra- tiqué au périftile du Louvre, à moins que, comme dans la figure II, on ne juge à propos de faire porter à faux d'une minute l'architrave fur le fut fupérieur de la colonne, pour ne porter en retraite fur le pilaftre, que d'une minute, comme on le remarque au portail des Minimes. Dans la figure III, le pilaftre derriere la co-
lonne, eft réduit dans toute fa hauteur à vingt- deux minutes, au-lieu de vingt-quatre qu'il de- voit avoir; par ce moyen l'architrave, commis dans la figure précédente, porte en retraite d'une minute fur le pilaftre, mais du moins il n'y a point de porte-à-faux fur la colonne , ainfi qu'on peut le voir au portail de Saint-Roch. Enfin la figure IV , à l'imitation du portail des
Quatre-Nations, offre un pilaftre diminué comme la colonne, en forte que les deux fûts fupérieurs étant égaux, l'architrave porte également fur l'un comme fur l'autre , fans retraite ni porte-à-faux. Nous n'entreprendrons point de décider fur ces
différents moyens employés par nos Architectes François. Le genre de l'édifice & la prudence de l'Architeére doivent feuls indiquer le choix qu'on en peut faire. Nous dirons feulement en paiTant, que dans les édifices coloflaux, on pourroit faire ufage de la figure I , moins vicieufe à certains égards, que le deffin de la figure II , qui néan- moins pourroit trouver fa place dans l'intérieur des bâtiments ; qu'à la rigueur, la figure III pour- rçit être employée dans le premier étage d*unç |
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d'Architecture. 3ï
façade qui fe trouveront élevée for un fouballe-
ment; & que fi jamais on pouvoir faire ufage de la figure IV, ce ne devroit être que lorfque les colonnes feroient placées immédiatement devant les pilailres , fans aucun retour m reflaut, Le fruit ou talus que produit au pilaftre a diminu- tion de la colonne, eil contraire a la leventé de la bonne Architedure, qui femble exiger que toutes les furfaces planes foient reftmgnes dans leur élévation. Ces diverfes obfervations ont lieu pour tous les ordres : aufli venons -nous de citer indiftinaement pour exemple, le pen- ilile du Louvre, & le portail des Quatre - Nations d'ordre Corinthien , & les portails des Minimes oc de Saint-Roch , d'ordre Dorique , η ayant eu ici pour objet que la maniere de faire porter les fofites des Architraves & fur les colonnes &iur 'les pilaftres, lorfqu'ils fe trouvent réums dans une même ordonnance. Portiques Doriques, avec et sans
Piédestal, suivant Fignole. Planche IX.
Nous avons tracé fur la même planche les deux
portiques Doriques propofés par Vignole, c'eft-à- dire, la moitié de celui avec piédeilaï, §c la moitié de celui fans piédeilal, non que nous foyons fatis- fait de ces deux genres d'ordonnance, mais dans l'intention de difcuter fans partialité tout ce qui nous y a paru contraire au rapport que les par- ties doivent avoir avec le tout, & principale- ment avec Texpreiîion de l'ordre qui doit donner le ton à tous les membres d'une pareille déco- ration, ψ ß'......." L ~: ":;""""' |
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3* Co ϋ $ί s :
Pans la figure premiere 9 on peut remarquef
combien la colonne A, élevée fur ion piédeftal 9 diffère de diamètre de celle Β , figure 11, dont la bafe porte fur le fol du pavé, & combien cepen- dant les pieds-droits C paroiffent lourds & maffifs , comparés avec la largeur de la colonne ; & combien au contraire ceux D femblent grêles & fveltes : on peut encore remarquer combien' l'archivolte Κ paroît petit y & le claVeau F coniidérabie, devant compter pour rien la continuité de l'aftragale G, qui remplit mal cet efpace. L'archivolte H & le claveau I font beaucoup mieux en rapport avec l'ordre, que les précédents \ mais l'importe Κ def- cend trop vers le milieu de la hauteur du fût de la colonne ; autant d'imperfeûions que nous n'a- vons pas cru pouvoir nous difpenfer de rapporter .ici, & qui régnent dans tous les portiques de Vi- gnole y à commencer par le Tofcan , jufqu'ati Compoiite. Nous ne pouvons non plus paffer fous filence , le défaut de rapport que l'on doit remarquer entre la petiteffe des trumeaux & la largeur des arcades , principalement celui de la figure 11, qui n'a que trois modules de largeur ? pendant que les arcades eu ont fept; de forte que ce trumeau le trouve moindre que la moitié de la largeur a^s vides qu'il fépare : du moins , celui de la figure I, égale la moitié de la lar- geur de l'arcade ; mais pour cel§ il n'en eii pas .plus tolérable, les pleins d'une ordonnance Do- rique devant être virils comme l'ordre : autrement on allie enfemble les contraires, & l'on pèche alors inconteitablement contre les principes de l'Art les plus approuvés. Nous remarquerons auffi, que la hauteur des arcades de ces deux portiques Dort- ( ques (cm feulejcaqat du doubla de; leur largeur, |
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D* Architect u re. 33
ξι qu'il feroit mieux , ainfi que nous l'avons ob-
lervé dans nos définitions, premier volume? page 30 qu'elles euiïent deux fois &un fixieme, pour les faire différer du Tofcan, &: mettre une hau- teur progreiïive entre celle de ce dernier ordre , & celle des ordres Ionique , Corinthien & Com- poiite. Nous renvoyons auiîi à nos définitions pour les rapports que nous avons defiré qu'on obfervât entre les trumeaux & la largeur des ou-? vertures, ces principes généraux devant s'appli- quer à tous les genres d'ordonnances. La iburce des défauts que nous venons de
remarquer , provient fans doute de ^a fujétiqn qu'apportent les trigliphes diftribués dans la frife de l'entablement. Mais n'enVil pas des moyens de concilier la régularité de ces membres eifenciels à l'ordre Dorique , avec ceux qui doivent déter- miner, accompagner ou enrichir ces arcades d'une maniere plus analogue au caractère de cet ordre l Oui, & c'eftce que nous tenterons de deuxnia-t nieres dans la planche X. Avant d'y paifer , i(iippsun mot fur les plans
placés au bas de ces portiques. Vignole ,a en-» gagé fes colonnes d'un tiers de diamètre dans tous fes- ordres. Nous avons déjà prévenu com-· f bien une colonne perdoit de fa beauté Iqrfqu'elle fe trouyoit engagée , & combien il fefoi.t jnté- reiTant de les ifoler, à l'exception cependant de l'ordre Tofcan, où cette maniere femblë ajouter à la ruiticité réelle de cet ordre, une ruilicité apparente, fouvent utile aux édifices Navals & Militaires; mais non, ou rarement dans TArchi- te&ure Civile. Il nous refte à parler des ornements de Tordre
Dorique de Vignole , tels que les têtes des vi$i-! Tome /ƒ, Ç |
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34 C ο υ ä $
r mes, les baiîîns & autres initruments des facrificei
du Paganifme qu'il a placés dansles métopes, à l'exemple du Théâtre de Marcellus, ainfi que les rofes, les öves , les patenotes & les rez-de-cœùr appliqués au chapiteau ; les gouttes , les fleurons & les foudres diilribués dans les caiTettes du fofite du larmier; enfin les rofaces pratiquées dans des tables fur les côtés de" l'archivolte : Sculpture qui nous paroît non-feulement aifez inutile dans les dehors, mais fouvent peu convenable au motif • qui fait élever l'édifice. Debroife l'a mal-adroite-
ment imitée au Palais du Luxembourg ; il l'a même confondue, & avec les attributs du Chrif- tianiimeV & avec les allégories de la Fable. D'ailleurs il faut y penfer, les ornements dans cet ordre, ne peuvent avoir lieu que pour les édifi- ces de marque, que lorfque les cannelures font ad- mifes aux colonnes , les caiTettes affeclées au fofite du larmier , & les efpèces de frifes placées dans les plafonds des architraves ; autrement les orne- ments s y trouvent déplacés, &, encore une fois, ils conviennent peu dans les façades extérieures, étant plus convenable de s'en tenir aux feuls membres d'Architecture qui y fönt attribués, & bien capables de les faire figurer dans tous les genres de bâtiments, fans l'appareil d'une Scul- pture fouvent auifi. négligée qu'indifcrète. |
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b% k R<5HÎf ÉCŒURE. $jf
Portiques Doriques, aveu les
changements necessaires pour parvenir a rendre cette ordon- nance plus reguliere que ώαν$ Fignole, Planché X*
Cette planche préfenté deux deflins différents 5
celui de la figure premiere j éft compofé d'après l'efpacemeht des trigliphes prefcrit par les anciens^ c'eit-à^-dire -, que depuis Taxe A, jufqu'à l'axe Bj il n'y a que fept modules fix minutes , parce que l'efpacement de chaque trigliphe n'a que trente minutes. Le defïïn delà figure II, éit compofé fuivant l'opinion des modernes j en forte que de l'axe B, jufqu'à l'axe C9 il y a huit modules quatre minutes, chaque efpacement de trigliphe d'un axe à l'autre étant de trente-quatre minutes äü-lieu de trente $ à caufe dé l'accouplement des colonnes , fouvent reconnu néceffaire dans nos corripoiitions françoifes ; ce n'eil pas que nous voulions blâmer ici l'efpacement dés co- lonnes des édifices antiques , dont la difpofi* tion δζ la fymétrie continue produiibit le plus grand effet ; mais comme cette maniere , quelque intéreiTante qu'elle foit > s'ajuffe difficilemenC avec l'ufage & la relation que nous cherchons à mettre entré l'extérieur & l'intérieur de nos édifices, particulièrement de ceux déitinés à l'habitation ; nous avons cru devoir indiquer ici la maniere employée par lés modernes à cet égard* Dans la planche précédente, on a remarqué la
moitié du portique avec piédeftal, & un autre Îans piédeilàl : dans la planche dont nous parlons. Ci,
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$6 Cours
nous avons évité ces deux manières fi oppofées
Tune à l'autre ; le piédeftal, félon nous, ne fer- vant qu'à rendre l'ordre chétif : d'un autre côté, ia fuppreffion totale ■■■ rend. prefque toujours les- colonnes coloiTales, lorfqu'on vient à les coil·- parer avec les membres d'Architeclure. qui les accompagnent. Pour éviter ces deux inconvénients, dans la figure premiere nous avons fubftitué au piédeilal un focîe de trois modules de hauteur, & dans la figure 11 nous lui avons donné le cin- quième de celle de la colonne , compris bafe & chapiteau : ces iodes nous paroiiTent préférables à beaucoup d'égards aux piédeilaux ou à leur entière fuppreiîion ; d'une part, pour préferver le bas de la colonne de l'humidité du pavé; δε- de l'autre', pour procurer plus de hauteur à Tor- dre, δζ: rendre fon diamètre plus en rapport avec les membres d'Architeclure qui occupent Tefpace des entrecolonnements. En général le defiîn de la figure II nous pa-
roît préférable à celui de la figure I: l'ouverture de l'arcade D eil plus grande ; les pieds-droits Ε, les alertes F, l'impolie G , l'archivolte H , & le claveau I, font plus en rapport avec le module de l'ordre ; enfin le trumeau eil d'une largeur plus re- lative avec celle de l'arcade , que dans la planche précédente. Le trumeau de la figure I, fe trouve auffi aifez bien en rapport avec l'arcade Κ ; mais cette dernière eil trop petite, δτ le claveau $ ou plutôt la diilance depuis L jufqu'àM, trop élevée 8c trop maiîlve, quoiqu'elle foit remplie par une table propre à recevoir une infcription d'un ufage aiîèz nécenaire dans les frontifpices de nos édifices d'importance ; mais du moins faut-il faire en forte que cet objet de néceiïité ne foit jamais |
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d'Architecture. 37
Î>ris aiix dépens de l'accord général qui doit ré-
gner entre le tout & les parties de la décoration. Sans doute on auroitpu faire l'ouverture de cette arcade Κ , plus grande , ou du moins plus large ou plus élevée; mais ce dernier moyen auroit rendu le trumeau plus étroit ; ce qui* 'pour 'amîi dire, auiroit détruit la folidiîé apparente dé ce portique, de tous les- défauts le moins excufabîè en Architecriire. D'ailleurs oh peut remarquer dans "ce deffiri ", que TimpoÎtè Ν femble couper la hâuV tetir du fût de la colonne en deux également^ ce qui arriveroit nécéfiairement fans Valette 0^ qui renferme le pièd-droit Ρ : défaut qu'il faut éviter abfolument ; jamais iiiié telle production ne pou- vant s'attirer le fuffrage des connohTeurs, parce qu'une petite porte, une colonne moyenne V un très-grand claveau , ne peuvent produire une 'belle ordonnance en pareille cireonïtance : & dans le cas de la largeur d'un entrecolonnement donné;, il vaudrait peut-être mieux fe parler d'infcription * & préférer une ouverture à plate-bande avèt chambranle , contrechambranle , & un attiq'ùe tel que l'expriment les lignes poriûiiées, tràééés fur ce même déflm, &l qu'on le remarque dans béaiï- coup d'édifices antiques , cYà: Paris au'Val-de^ Grâce , à la Sorbonne & ailleurs. Cependant lorique les arcades peuvent av©ir lieu , & qu'elles fe trouvent en rapport & avec l'ordre & avisp 1 entrecolonnement, comme dans la figure il ; cer- tainement elles méritent la préférence fur ■toutes' les autres formes d'ouvertures; celles à plate-bande, ainfi que nous l'avons remarqué précédemment, iemblant devoir être refervées pour les croifées, & les arcades plein-cintre , pour les portes qui donnent entrée à l'édifice, pourvu toutefois que C iij
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38 Cours
leur largeur & leur hauteur ne paroiffent ni tmp
petites comme celle Κ, ni trop confidérablement grandes, comme celle qui fe remarque au rez-de*· chauffée de la cour du Vieux-Louvre, Au bas dç cette planche nous avons tracé le;
plan de ces deux efpeces de portiques , & en avons ifolé les colonnes, Celle de la figure I eft feulement adoffée contre le mur; celle de la figure II l'eft devant un pilaitre 9 & celui-ci eil en- gagé dans le mur de face : ces deux exemples font également,bons à fuivre. Il faut feulement remar* quer, que la colonne Q, moins écartée du uu du mur que la colonne R, procure une faillie S bierj moins confidérable que cellç Τ , puifque celle-là n'eft que de vingt minutes, & celle-ci dç trente·*- huit : faillies qu'il eft néceffaire de comparer l'une; avec l'autre avant de déterminer la largeur des entrecolonnements, pour connoître la portée des architraves, & pouvoir faire un choix de ces deux exemples ; les lois de la fojidité déterminant fou* Vent la forme du plan, & l'ordonnance des fa·» çades. Avant de paffer à l'application de l'ordre Dori-
que à rArchiteâ-urç , donnons dans la planche, fuivante , comme nous l'avons fait pour le Tpf? can, premier volume page 2815 planche XVII, l'ordre Dorique de Palladio & celui de Sçammozzi | afin d'exciter nos Elevés à confulter les plus ha? biles Aureurs qui ont écrit fur les cinq ordres; dpriç nous traitons ici. |
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t> Ά R C Η ï Τ E CT U R E* $f
Des ordres Doriques de Palladio
et de Scammozzi. ρ l a ν c h ε xi,
< De l'ordre Dorique de Palladio.
Figure Ρ r ε μ ι ε re."
Lorfque Palladio donne une bàfe à fa colon-
ne , il la fait attique, & donne à fon ordre feize modules, à fon entablement trois modules trois-, quarts , & à fon piédeÎîial quatre modules deux- tiers. Il a fupprimé dans la corniche de fon en- tablement, les denticules & les mutules. Nous avons trouvé fa corniche tofeane , premier volu- me, planche XVI, compliquée de moulures trop finueufes ; peut-être ferions-nous tout auiîi bien, fondés à trouver celle-ci trop peu compofée de" membres d'Architecture , la fuppreiîion des lar- miers mutulaires & dentieulaires ne pouvant con- venir que dans les bâtiments où Γοη, retranche l'ordre, pour n'en retenir que F expreiïion virile«, Chambrai applaudit fort à la fuppreiîion de la bafe, de cet ordre. Il s'en faut bien que nous foyons de fon, avis, à moins qu'il ne sVgiiTe dans, la Gravure, la. Peinture ou la Sculpture, de reprê« fenter quelques fabriques , quelques anciennes, ruines clés premières productions des Grecs; mais aujourd'hui que les bafes font reconnues univér- fellement néceflaires. ? ce feroit une erreur au contraire, quoi qu'en dife Chambrai, defe fingu- Jarifer au point de vouloir retrancher cet empâ- tement à la colonne. Nous préférons auffi la bafe |
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40 G ο ü Κ ί
de Vignole, à celle attique que Palladio lui donne,
& nous përifons de même pour le chapiteau qui fe remarque ici ; lés trois régîets qu'il place fous le quart de rond, imités fans doute du Théâtre de Marcellus, nous paroiifent une répétition mal en- tendue*, r De l'ordre Dorique de Scammozzi.
f i g urï i i-
: "Scammozzi donne dix-fept modules de hauteur
a fa colonne y à fori piédeftal quatre modules & demi, & à fon entablement'quatre modules uti quart : ce dernier nous paroît en général d'une compofîtiori plus favarite que le précédent ; mais fa corniche , qui n'a que des dehticules, nous femble moins virile que celle dé Vignole , qui a des mutiiles ; 6k par conféquent elle eil moins propre à fervir de cööfonnement à Tordre Dorique, à moins, comme nous Tâtons remarqué ailleurs ,; qu'on ne la rèferve pour l'intérieur des bâtiments. Nous trouvons auïîî qu'il a donné peut-être trop de hauteur à fon architrave, & trop peu d'élé- vation à fa frife. Au-liëu dé trois régléts placés fous le quart de rond de fon chapiteau, il propofe un "filet&ϊίη talon pour éviter la répétition du double aîtragjàlë de 'celui de Vignole ; mais il n'a pas pris' garde que ce membre éit précifément,le même'^üé celui qui couronne fön tailloir. (Gés óbfervatibris nous paroifTent efféncielïes à faire ici, parce qiié c'erl par la comparàiibri des divers fen- timerifs'dès" Auteurs, cpi'öri peilt' pârveilif à faire; un choix judicieux clés ëxeiripîés qu'ils nous don- nent , & qui jpüiiTë apporter "une .certaine1 Variété |
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d'Architecture. 41
clans nos compoiitions. D'ailleurs qu'on y prenne
garde : pour cette raifon , nous ne rapportons que ceux des trois plus célèbres interprètes de Vi-* truve , &nous paiïbnsfous iilence les Bullant, les Barbaro, les Cattaneo dont nous parlerons ailleurs, mais qui tous , nous ofons le dire, nous paroiffent bien inférieurs à Vignole, Palladio & Scarnmozzi. Appliquons à préfent l'ordre Dorique que nous venons d'enfeigner , à une Fontaine pu- blique, & rappelons ce que nous avons dit de l'ordre Tofcan, en décrivant dans le premier vo- lume les planches XVII, XVIII, XIX & XX- Nous avons cru devoir répéter cet ordre à cette Fontaine vue du côté de la cour, afin de le rendre familier à nos Elevés, & de les accoutumer à paffer du iimple au compofé. Application de tordre Dorique à la décoratiofi
d'une Fontaine publique. Lorfque nous avons cité le Palais du Luxem*
bourg, le portail des Minimes, le frontifpice dit Bureau des Marchands Drapiers, le portique de Vincennes, & que nous avons rendu compte des diverfes tentatives qu'avoieht faites nos plus célèbres Archite&es , pour parvenir à concilier enfemble les procédés des anciens avec ceux des modernes, touchant l'ordre Dorique ; nous n'a- vons pas laiffé ignorer , combien ces diverfes tentatives làiiîbient encore de choies à de- iirèr , pour rendre fön ordonnance parfaitement! régulière. Qu'eufle donc été alors , ïi nous avions entrepris de relever les inadvertances qu'on remar- qué dans l'application de cet ordre aux portails de Saint^Roch, de l'Oratoire, des Barnabites, de |
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4% CoVR'î; ι
la Charité, des Jacobins , de Saint-Louis à Ver-*
failles, des Invalides, de la façade du Temple du côté de la rue, de la Compagnie des Indes, & de tant d'autres produirions Doriques , fbibles imitations des différents procédés des DebroiTe, des Manfard, des Bruant & des le Veau , tant de fois cités, qui toutes , à l'exception des trois der- nières, offrent autant de comportions au-deiïbus delà médiocrité , qui doivent annoncer à nos Elevés, combien il leur eil e/Tenciel de fe fur- veiller lorfqu'ils voudront acquérir quelque célé- brité dans cette partie de l'Architecture. Anreite, nous offrons ici la décoration de cette Fontaine & fes développements, non comme un exemple pour les hommes véritablement initruits , mais comme un guide pour nos Elevés, qui les faiTe par- venir infeniibiement à des comportions plus régulières que la plupart de celles dont nous ve- nons de parler. Ce monument, ÎÎtué dans le fond d'une des
Places de nos villes frontières, nous avoit été «Jemandé fur les dimeniions que nous rapportons ici, & il fait partie d'un projet plus coniidérable que nous donnerons dans les volumes fuivants , lorf- que nous traiterons des bâtiments d'utilité. Cet ordre Dorique eft élevé fur un foubaiTe-r
ment de la hauteur des trois feptiemes de l'or- donnance Dorique ,-y compris fés deux focles 6k fon entablement : hauteur aiTujettie à celle des ailes des bâtiments pratiqués du côté de la cour ^ & d'expreiîion Tofcane, plus propre que toute autre à la décoration du château d'eau, placé dans le fond de la cmir en oppoution -de ce monument^ & defliné à contenir le réfervoir & les magafins néceiTaires à un bâtiment de cette efpece. |
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d'Architecture. 43
Pians développés è>e cette
''■*/. Fontaine, ' .' '.'.'.; planche xii.
Les figures A, B? C, D, préfentent autant de
portions des différents plans de ce monument ; celle A 5 donne celui du foubaffemçnt; celle B, celui pris au-deffus de ce foubaiîement ; celle C , celui du plafond de l'entablement Dorique, & celle D» celui de la plate-forme qui termine la partie fupé* rieure de cet édifice, autant de développements dont il faut fe rendre compte , non-feulement pour concevoir toutes les différentes parties qui doivent entrer dans la compofition d'un tel projet, mais auifi pour déterminer d'une maniere très-précife la largeur des entrecolonnements , la fujétion qu'exi- gent les angles faillants & rentrants, la largeur que les empâtements des parties inférieures doi- vent avoir pour foutenir les parties fupérieures | la variété qu'on peut apporter dans l'ordonnance des différentes façades d'un édifice , enfin le moyen, dans ce dernier cas , de raccorder les çjiverfes hauteurs & faillies des entablements ψ dans leurs retours, lorfque le monument fe trouve jfolé. Toutes ces difficultés vaincues ici , fe concevront encore mieux par Je développement des planches fuivantes, & la defcription que nous en allons faire en peu de mots , notre deffein n'étant pas de répéter ce que nous avons déjà dit tant de fois concernant TeÎpaçement des mé-? topes & des trigliphes qui, dans les angles faillants, doivent avoir trente-quatre minutes , & trenter neuf dans les angles rentrants : moyen infaillible fl ime. fois nççre opinion à cet égard eft approuvés |
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%4 , ' : : C ó υ ä S ·:α J~ u
par les Maîtres de l'Art, en fe reffouvenant néart·*
moins, que pour y réüiïïr * il faut éviter, dans ces comportions toutes formes circulaires, finueu- £és ou obliques, aufiï-bien que les angles aigus du obtus ; car les furfaces planes & les angles droits, font les feuls qui conviennent ait caraclere viril dé cet ordre, malgré l'autorité de quelques exem* pies contraires äffez célèbres. Eh effet rien 11'eit fi intéreflant dans fÂrchite&ure, que de favoir ac- corder le mouvement dés plans avec le caraclere dé l'ordre, qui décide ordinairement le ilyîé qui doit jpréiider dans la décoration des façades. pAçAOE vue bu Coté de ta Placé
ï ir^UBElQUE.
Ρ LA Ν C H Ε % Ι ί ί.
Nous avons cherché à donner un certain relief
à la décoration de. cette façade; ce mouvement recüügne nous a paru nécefiaifè ici, cet édifice devant être apperçit d'un point de diitanee fort éloigné, & cependant! être fufcefitiMë de détails intéreffants loriqh'il fëroit vu1 de 'pres. .Nous' avons retranché dans ce defiiïi la plus grande partie de la Sculpture'qu'on avoir exigée de 'rtötil îôfique nous reçûmes âes ordres dé faire ce projet. Nous pënfoiïs ; depuis long - temps" qu'il feroit à dpiirer que îes< vrais Architectes puftent devenir entièrement les'maîtres dé leurs prqcliicliöris. Coni- bien de chefs-dÎfeù'vre dia'ns notre Ait j'teilent 'aè nous paroitre reis, paHeiirêterrlënt b,u l'ignorance des perfonnes qui nous mettent en ceiivre. Quand îérhommes en place feroîit-ils très-perfuadés que la belle Arthitecliïrè fe fùfiit à elle-même, |
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d'Architecture. 4^
que la Sculpture, n'y doit être appelée que pour
la fymbolifer, & jamais pour l'enrichir avec excèsÎ Quand fe perfuadera-t-on que la principale beauté des édifices d'importance depend de la juileffe dé leurs proportions, de leur fituation > du choix des matières , & de la perfeftion de la main d'oeuvre. Quoi qu'il en fort, nous n'avons pu retrancher dans ce deffiri tous les ornements que nous aurions deiiré, parce qu'originairement cette ordonnance en devant recevoir beaucoup ( c) , il nous a fallu dans le temps compofer le mouvement du plan & de l'élévation pour pouvoir la faire recevoir avec une forte d'avantage. Sans cette coniiclératiori? peut-être aurions-nous préféré un avant- corps , au-lieu de 1 arrière - corps qui fe remarque au milieu de ce monument; mais comme il nous falloit placer une itatue de Neptune en bronze avec les allégo- ries relatives à cette Divinité , nous avons penfé qu'elle ne pouvoir être mieux fituée qu'au pied dun grandentrecoionnement, & qu'il feroit avanta- geux de la mettre à couvert fous la faillie du fofîte de l'architrave. Sous cette ftatue & dans la hauteur du foubafïement, nous avions placé un piédeiral en forme de vaiè que nous avons fupprimé ici & à la place duquel nous avons préféré un nappe d'eau qui, par l'a chute , annonce le volume con- fidérable de celle contenue dans le refervoir placé dans la partie fupérieure du Château d'eau auquel |
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( c) M. de Montulec, amateur de go,w & bon connoiiTeur
a dans fon Cabinet le modele tres-precicux de cette Fontaine''" que noas avions bit faire avant de paiTer à l'exécution & dans lequel eit exprimée route la Sculpture en bronze' Se en marbre qu'on avoit exigée de nous , & dont nous avons retranche la plus grande partie datis le deifin qui fe voie |
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4# Êöüft s
Cette Fontaine iert dé frontifpiceé Noua âvori^
auffi fupprimé deux crédences en marbre , ornées de bronze, que nous avions placées au pied des bafes des petits entrecolonnements des avant·* corps, comme autant d'objets plus riches qu'inté- reffants j confidéfés avec l'enfemble général de ce monument. Il eir vrai que toutes ces différentes parties de Sculpture ptocureroient à cet édifices des eaux jailliffantes, trop négligées peut-être parmi nous ; mais auffi faut-il convenir qu'elles ne font jamais mieux placées que dans les Fon- taines découvertes, comme il s'en remarque en Italie j & dans quelques-unes de nos Provinces méridionales ; au-lieu que celles dont nous par- lons, étant d'un ityle plus grave, femblent exi- ger plus de retenue dans la cômpofition de leut ■ordonnance. Jaçade ru e du côte de la Cour*
Planche XIv,..
. Cette façade eil d'ordonnance Tofcanè, parce
Qu'elle devoit figurer, comme nous l'avons an- noncé , avec les ailes des bâtiments de la cour » & particulièrement avec le Château d'Eau placé précifément vis-à-vis cette façade. Cette ordon- nance tient lin peu de la richeÎTedu deffin pré- cédent ; mais nous ofons croire qu'elle produit un affez bon effet , & nous l'avons préférée à toute autre cômpofition que nous aurions pu choiiir dans nos porte - feuilles : premièrement , parce qu'en général ce projet a été étudié avec foin avant de 'paffer à l'exécution : fecondement * j>arce que cette ordonnance Tofcane, telle q$& |
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d'Architecture. 47,
nous la donnons ici, pourroit s'appliquer à la
principale façade d'une Fontaine qu'on voudroit ériger dans une petite Ville ou dans les Faubourgs d'une grande Capitale, pour fervir & de Fontaine publique & de réfervoir capable de diftribuer fes eaux dans différents quartiers , où il feroit né- ceifaire de veiller à la falubrité & à l'utilité des habitants. Une autre raifon qui nous a fait préfé- rer ici l'ordonnance Tofcane à celle Dorique ; e'eft qu'ayant appliqué dans le premier volume cet ordre à une Porte de Ville , nous avons cru qu'il feroit utile, dans ces Leçons ,· ■d'offrir Une féconde compofition Tofcane, pour préfenter à nos Elevés plus d'une production en ce genre , & rappeler au plus grand nombre l'ufage que l'on peut faire de cet ordre, fon mérite effenciel dé-< pendant de l'application plus ou moins judicieufe qu'on en peut faire, en imitant fur-tout la ma- niere favante dont fa employé Hardouin Manfard àrOrangerie de Verfailles & qu'on i'a pratiquée au Château - neuf de Saint-Germain- en - Laie : deux chefs-d'œuvreTofcans qui prouvent affez que l'Ar- chiteûure la plus fimple , même la plus ruftique % lorfqu'elle eil mife en œuvre par les grands Maîtres, & relativement à l'objet qui la produit fur la fcene , peut trouver place dans les ouvrages de génie , ainii que dans les occaiions les plus importantes: témoin encore l'ufage qu'en ont fait les Romains lorfqu'ils ont voulu préconifer la gloire de Trajan. Façade latérale et Coupe de cette
même Fontaine,
ρ l anc h ε χ v.
La figure l fait voir l'élévation de la facelaté- |
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48 * Cours
raie de cette Fontaine, & au bas la coupe dune»
portion de Tune des galeries qui conduifent à couvert dans f intérieur des bâtiments placés der- riere cet édifice. Cette façade n'offre rien d'inté- teffant que la table iaillante que nous avons placée vers l'extrémité fiipérieure des deux entablements : table qui nous a paru néceffaire pour mafquer là difparité des différents profils Tofcans & Doriques des deux Plinthes , qui, venant mourir contre îa faillie de cette même table , empêchent qu'on tCapperçoive leur pénétration & la diffonnance qu'on auroit remarquée fans cette reiîburce ; au- trement il auroit fallu que l'ordonnance âes deux façades fût la même, ce qui auroit empêché de faire préésoiner celle du côté de la place fur celle du côté de la cour ; ou bien l'on auroit été force de faire celle-ci d'ordonnance Dorique, ce qui ne fe pou voit raifonnablement à caufe de fon regard avec les bâtiments placés dans le fond de la cour, qui, parleur deiHnation , exigeoient un caraâere plus fimple & d'un ffyie plus ruiH- que afforti à leur ufage. D'un autre côté ce deiîîn tfeft pas inutile , puifqu'il rend compte à nos Kleves des développements qu'ils font obligés de feire de toutes les parties de leur projet, avant d'arrêter aucune des façades principales, & avant d'avoir conflxuit les différents plans que nous avons donnés , planche XI, . La figure II fait voir la coupe de ce monu<* ment, & les différentes ordonnances de {es faça- des , l'une Dorique, l'autre Tofcane, feparées feulement par un mur de fix pieds d'épaiffeur dans toute la hauteur de l'ordre ; dans le foubaiTement on a pratiqué une voûte de ι £ pieds de largeur, qui, en économifant la matière 3 procure un ma- gafiii
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gafin fervant de dépôt pour les outils & uitenfiles
relatifs à un édifice de ce genre : au-deiTus de ce monument on voit le profil de la terraife qui 1® met à couvert, & à laquelle on monte par des efcaliers pratiqués dans les deux avant-corps de ce monument, lefquels font exprimés dans les plans précédents* Ces efcaliers ont leur entrée à rez-de-chauiTée fous la gallerie qui donne entrée à tout l'édifice. |
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v*&
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&Γ WÈ 3*
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Tome lî; J>
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$Q Cours
CHAPI TR E II.
De l' o r v m e Ι ο ν ι q u e. C^ET ordre, d'une proportion moyenne entre
le précédent & le Corinthien qui valuivre, eiHa féconde production des Grecs en ce genre. Nous ne rappellerons point ici ce que nous en avons dit en parlant de (on origine ; nous avouerons feu- lement , que celui que Vignole nous propofe nous paroit bien inférieur , ainii que le Comp©iite , à les autres ordres, quoiqu'il nous le donne comme une imitation d'après Vitruve , & que celui - ci l'ait annoncé comme un des plus célèbres exem- ples de l'antiquité. Nous allons donner dans les planches iiiivantes,
comme dans Tordre Tofcan & Dorique , d'un côté l'ordre Ionique de Vignole * de l'autre les change- ments que nos modernes ont cru devoir y faire ? félon les différentes occafions qu'ils ont eues de l'employer dans leurs diverfes produ&ions ; néan- moins nous ne changerons rien aux rapports que Vignole a obfervés dans les principaux mem- bres de cet ordre; rapports qu'il a rendus com- muns à tous : ainfi le piédeftal aura toujours le tiers de la colonne , & l'entablement le quart. Les changements dont nous parlons ne regardent guère que les parties de détails, & nous en explique- rons l'objet en décrivant les planches où ces changements fe trouveront placés. Nous ne donnerons dans les développements
de cet ordre Ionique^, ni les entrecolonnements 9 ni les portiques que Vignole & d'Aviler, fon |
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D'ÂRCHITECTtJîtÈ.' ft
commentateur, nous ont donnés. Ce que nous
avons enfeignë à cet égard en traitant de 1'ordre Dorique , doit fervir pour les cinq ordres ; d'ail- leurs il faut favoir que les denticules dont Vignols a enrichi ion entablement, n'apportent pas , à beaucoup près autant de difficultés , pour l'efpa-* cement des colonnes , que les mutules de Tordre Dorique ou les modillons des ordres Corinthien & Compolite , membres capitaux & de la diitribution, régulière defquels depend abfolument la largeur des entrecolonnements , leur rapport entr'eux & leur accouplement, relation intéreffante que nous croyons avoir fuffîfamment expliquée en dé- crivant les planches VII, VIII, IX & X de ce Volume. il faut Îe reffouvenir ici , que le module da
Tordre Ionique fe divife en dix-huit minutes, ainiï que pour l'ordre Corinthien & Comporte, au-lieu de douze pour le Tofcan & le Dorique qui pré-· cedent. Du Piédestal et dé la Base de la
Colonne de l'ordre Ionique. Planche XVI»
Le piédeftal figure I, a fix modules de hauteur,
félon Vignoie, tiers de la colonne, qui en a dix-huit, ou neuf diamètres ; nous avons confervé la même hauteur au piédeiral de la figure II, & n'avons rien changé aux moulures de fa bafe ni à celles de ia corniche rapportée plus en grand EF ; nous avons feulement diminué la faillie de celle-ci d'une minute, • & celle de la bafe de deux minutes , dans l'inten- tion d'une part, que cette bafe qui fert d'empa- t iement au piédeilal, fe trouve à couvert par h Ρ ij
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■ ή% t r. ;. Cour s
•faillie de la corniche , & que de f autre Cette
mime corniche, un peu moins failante que dans Vignole.,. mafque moins la véritable hauteitc • de la baie de la colonne, en fuppofant que ■ ce piédeftal ait une certaine élévation. Nous avons auiîi obfervé un revers-d'eau ou talut fur cette corniche » pris aux dépens de la hauteur du piédeftal, qui d'ailleurs , comme nous l'avons déjà remarqué, paraît coniidérable, porté au tiers de la colonne ; c'eil pourquoi nous avons recom- mandé précédemment de réduire la hauteur âes piédeflaux entre la tiers & le quart de la colonne, comme Tenfeigne Scammozzi , ou , ce qui eil encore mieux, de préférer dans nos bâtiments d'habitation les ibcles aux piédeftaux, tant aux rez- - de - chauiîée qu'aux premiers étages, pour les raiibns que nous en avons données précédemment. Nous avons tracé dans le dé du piédeftal de la ·
figure II, une table ravalée, dans le cas où cet ordre fe trouverait employé avec toute la richeffe dont il eil fufceptible, ne deyant jamais négliger aucunes des parties de l'ordre ni de fes accom- pagnements, fur- tout lorfque le genre de l'édifice a pu porter l'Architede à orner le fût, la bafe & le chapiteau de la colonne. Peut-être feroit-il bien de donner treize minutes à la bafe de ce piédeftal y au-lieu de dix que lui donne Vignole; par ce moyen on éloignerait de l'humidité du ,pavé les moulures de la bafe, lorfque l'ordre eil \ placé à rez-de-chauffée ; ou l'on empêcherait ces mêmes moulures d'être mafquées par la faillie de l'entablement, lorfque cet ordre fe trouve élevé ι '. au premier étage fur un autre ordre. Nous rani- mes aufli d'avis d'ajouter au-deiïbus de la corni- che de ce piédeftal un gorgerin & μη ategale, |
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©'Architecture; 53
fSöiir. rendre ce couronnement moins chétif, &
racourcir d'autant la hauteur du dé : changements qui feroient paraître ce. piédeilal moins gigan- cefque, & le rendraient. peut-être, par fa propor- tion & par fa. richeife , plus analogue au caracîere ■ moyen de cet ordre. .'Voyez les nouveaux profils A, B, figure II, qui l'un & l'autre peuvent varier dans leurs moulures, félon l'application que Γ Ar-· chitecte voudra faire de cet ordre dans fes diffé- rentes cOiiipoiîîioiis. è. /, ' . La bafe de la colonne placée au - deffus cl|u piédeftal, figure I, eu: la bafe antique, appelée Ephéiienne, parce qu'elle a été employée pour la premiere fois au Temple d'Ephefe ; les colonnes avant cette époque n'avôient point encore reçu de bafe : auiîi eil - il aifé de s'apperce voir que ion! profil, rapporté par Vignole d'après Vitruye 5 eil très-imparfait, ce qui nous prouve la vérité de ce qu'ont dit les lîiAoriens fur fon origine ; cette bafe néanmoins, a été employée telle qu'elle eft ici, & plus*en;gTaiid? fig. C, par pluiieurs bons Ârc^iteites. Au reile^. nops n'en confeilions l'imitation à au- cuns de nos Elevés, le gras tore & les petites- moulures ;;qpi la compofent ; nous paroiffant un abus qu'il,convient d'éviter. Se taire fur de pareils défauts, ce ferait trahir l'Art ique nous nous pro- pofons d'enfeigner aux Elevés. Nous croyons donc devoir dire icourageufement la vérité. Nous admi- rons fans doute les beautés répandues dans les ordres de Vignole; mais nous devons auffi leur en faire fentir les défauts dont l'imitation rendrait leurs compoiitioiïs viciçufes, Ainfi nous leur con- feillons de préférer la bafe nommée attique, in- ventée par les Athéniens, & que nous avons tracée ■ |pH ïe piédeilal de la figure 113 & plus en graad D iij
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$4 C o : ν & s
iigure D , comme étant reconnue pour la plus
belle de toutes. Sa beauté la fait employer affez îndiitinâement par le plus grand nombre , à tous les ordres, à l'exception du Tofcan : il s'en faut bien que nous foyons de cet avis ; nous la trouvons trop riche pour l'ordre Dorique ; elle nous parok trop iimple pour le, Corinthien & le Compoiite ; elle ne femble convenir précifément que pour l'ordre Ionique. Quoi qu'il enfoit, Le Mercier v à fon Ionique du porche du Vieux - Louvre, lut a préféré la bafe de l'ordre Dorique de Vigno- ïe ; au contraire François Manfard , à fon ordre Dorique des Minimes, a fait ufage de la bafe attique ; & Philibert Delorme de celle Ephéiienne à fon ordre Ionique des Tuileries : variation* «le la part des Architectes, qui ne contribue pas peu à rendre les préceptes de l'Art indécis * arbitraires : incertitude qui porte nos jeunes Artiites, à employer tour-à-tour ces différentes bafes, fans s'informer du bon ou du mauvais effet qu'elles ont pu produire dansles ouvrages qu'ils veulent imiter, ni du motif qui a pu porter leur Maître à varier ainii. Qu'ils fe reffouviennent donc que les préceptes prennent tous leur fource du raifon- iiement de l'Art, & de la juite application qu'on doit faire de ces différents membres d'Archite— €ture dans ces compofitions ; & fon ne les verra plus, par une inconféquence dont ils ne peuvent rendre compte, ni à eux-mêmes, ni aux autres, fédé- dire le lendemain, fans trop favöir pour quoi, de ce qu'ils ont imaginé la veille; ils ne marcheront plus ii long-temps à tâtons, avant de favoir fe fixer fur le choix & l'arrangement qu'il convient de donner â toutes les parties de leur édifice. ; Dans la partie de la colonne placée au-deffuf |
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D ' A R C H I TI C Τ U Β E. ff
de ces deux baies, nous avons tracé les cannelu-
res, diftribuées au nombre de vingt-quatre, autour de fa circonférence , au-lieu de vingt attribuées à l'ordre Dorique ; ces cannelures font décrites par des demi-cercles , &■ font féparées par des liiteaux de la largeur du quart des cannelures \ richeife qui nous paroît funiiante pour le fût de cet ordre, à moins qu'on ne veuille orner le dedans de ces cannelures d'ornements appelés rudentures, ce qui permettrait alors d'accompagner ces liileaux d'un filet ; mais jamais ou très-rarement, fur-tout dans les façades extérieures , on ne doit imiter la mul- tiplicité des moulures , tracées figure V , planche VIII, premier volume, quoique rapportées d'après, l'exemple d'un de nos plus célèbres édifices françois* De l'Entablement et nu
Chapiteau de l'ordre
Ionique.
Planche XVII.
La figure 1 offre l'entablement de Vignole ; ont
y doit remarquer que la divifion de fes principales parties font dans un parfait rapport. Des quatre modules & demi donnés à toute fa hauteur, comme quart de la colonne qui en a dix - huit, l'archi- trave a un module un quart, la frife un module & demi, & la corniche un module trois-quarts £ «nfîn la faillie de cette dernière eft égale à fit hauteur moins une demi-minute : peut-être feroit- il à deiirer qu'elle eût quelque chofe de plus ; elle paroît un peu camufe , ce qui lui donne un air de pefanteur, qui femble contraire au caractère moyen de cet ordre le larmier fupérieur nous paroît aulîi trop peu élevé & avoir trop d'égalité |
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$6 Cour s
avec celui de de/Tous, nommé denticulaire, à cauie
des denticules qui y font tailîés ; d'ailleurs ces; derniers que Vignole a préférés dans ion enta- blement d'après Vitruve , nous paroiffent des membres compofés de trop petites parties pour être apperçues à une certaine hauteur. Nous croyons devoir relever ces fautes, qui au reite appartiennent moins à Vignole qu'à fes prédécef- ieurs & à fes contemporains. Dans ces premières Leçons il s'agit de fe rendre utile à ceux qui gliifent trop rapidement fur les préceptes élé- mentaires, de même qu'à ceux qui veulent fe former le goût, & enfin à ceux qui, dans la fuite, veulent acquérir une véritable réputation. Cependant ii l'on vouloit employer les denti- cules à l'ordre Ionique , on le pourrait dans rintérieur des bâtiments , comme nous l'avons approuvé à l'égard du Dorique, rapporté par Vignole, d'après l'exemple du Théâtre de Mar- celine à Rome ; mais clans les dehors il nous fem- bîe qu'on doit préférer les mouillons , comme dans la figure ΙI; ils produisent de plus grandes parties , des ombres plus larges ; ils font plus d'effet a & donnent plus de> mouvement à ce couronne- ment. Qu'on y prenne garde, les denticules on les modifions dans l'entablement ionique., ne foftt point des membres qu'on puifTe placer arbitraire- ment: le caractère du bâtiment, ion étendue y fort point de vue, la riehefTe ou la /implicite attribuée si l'ordre; enfin fa préfence ou fon abfence dans les façades, font autant de motifs qui doivent dé- terminer l'emploi des denticules, des modillons ou la fuppreffion des uns & des autres; nous ne faifons cette obférvation qu'en parlant; ce n'eft pas ici le lieu de la difcuterf d'ailleurs les éléments de» |
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d'Architecture; ?7
mandent peu de difcuffions ; mais nous croyons
qu'il eil utile de faire faire à nos Elevés ces ré- flexions préliminaires , afin qumieniïblement & par degré ils s'accoutument à concevoir l'impor- tance de l'étude de lArchite&ure $ & à fentir qu'après la connoifîance indifpenfabîe des ordres, il eil une théorie raifonriée, qui feule conduit l'Ar- chitecte à la perfection de fon Art. L'entablement modillonaire que nous propofons
figure II, en: à-peu-près le même que celui de Palladio : il nous paroît préférable à celui de Vignole ; ce qui nous fait iiiviter nos Elevés à bien connoître le procédé de. Tun 8* de l'autre 9 même celui de Scammozzi, non précifément pour apprendre à deiïiner les cinq ordres , mais pour parvenir dans la fuite, à faire un choix des routes différentes qu'ils ont prifes comme également propres à être employées dans les diverfes pro- ductions de l'Architecture ; car il faut qu'ils foient avertis qu'ils ne doivent pas regarder les différentes opinions de ces Auteurs comme autant de con- tradictions, mais au contraire comme autant de feiîburces pour féconder leurs comportions. D'ail- leurs l'examen que nous leur recommandons, peut les amener infeniiblement à l'art, de profiler, leur, enfeigner les fubititutions qu'ils peuvent faire d'une moulure à une autre , les différentes ex- preffions qu elles doivent avoir félon la diveriité des ordres & des bâtiments, la fermeté qu'ils doivent obferver dans celles-ci, la légèreté qu'il faut préférer dans celles - là , enfin la relation que toutes doiyent avoir, non-feulement avec le caractère de l'ordre , mais avec la iimplicité ou la. richefie de chacun d'eux coniidérée féparément; $$>i\ il eil ajfé de conclure s <$uç ni les profils 4es |
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5S C O V RS
entablements de Vignole , de Palladio, de Scaffl4
mozzi, ni ceux de la fig. II que nous donnons ici ? ne font funTfants pour former le goût de l'Elevé J & le faire arriver à un certain degré de perfection % puifqu'il eil reconnu que la diverfité des moulu- res dans une corniche eil auffi infinie que le genre de nos bâtiments eil différent. Il ne faut donc pas fe perfuader que pour avoir deiïiné ces ordres on, fache profiler ? ce talent ne pou- vant s'acquérir qu'avec le temps , un étude fuivie & l'examen réfléchi des bâtiments élevés pat nos plus célèbres Architectes. Au bas^ dé cette planche nous avons tracé les
plans des deux corniches dont nous venons de parler , parce que c'eil de la régularité de leur plafond ou fofite que depend nécessairement la beauté de ces couronnements, & que c'eil par eux que la faillie des corniches & la largeur des entrecolonnements fe déterminent* Nous n'avons rien changé aux moulures de
l'architrave de l'entablement de Vignole ; la divi- iîon de (es membres nous a paru très - régu« îiere, les trois plates-bandes qu'on y remarque font bien en rapport les unes avec les autres » Ia premiere ayant quatre minutes & demie; la fé- conde fix minutes ; & la troiiieme fept minutes? & demie, rapports de neuf à douze , & de douze à quinze ; ce dernier procédé eil préférable aux cotes; dont on fe fert ordinairement, parce qu'il indique plus précifément la relation qu'il convient de donner à chaque membre, & la maniere de con- noître la perfeâion ou l'imperfeclion des différents objets qu'on veut imiter , ou de ceux qu'on veut .produire. Avant de. paffer au chapiteau Ionique» nouf
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d'Architecture. ?0
croyons devoir faire prendre garde à la progref-
fion ingénieufe que Vignole a obfervée entre les principaux membres des architraves & des corni- ches de fes ordres. Par exemple l'architrave Tofcan, n'a qu'une plate-bande ; il y en a deux dans celle de l'entablement mutulaire, & trois dans celle de l'en- tablement dont nous parlons. La corniche Toicane eil feulement compofée de trois membres princi- paux ; favoir, deux cimaifes & un larmier : la cor- niche Dorique a deux cimaifes & deux larmiers ; enfin la corniche ionique trois cimaifes & deux lar- miers , & ainfi de fuite, comme nous le rappellerons? en parlant des ordres Corinthien & Gompoiite- Cette divifion progreffive n'a pas peu contribué fans doute à faire préférer en France Vignole aux autres Commentateurs de Vitruve , lefquels, quoiqu'eili- mables à beaucoup d'égards, principalement Palla- dio , Scammozzi, Alberti & Deforme, n'ont montré ni la perfection, ni la précifion qu'on remarque particulièrement dans le Tofcan , le Dorique &le Corinthien de Vignole. Il nous reite à parler du chapiteau de cet ordre ;
celui de la figure I préfente une des faces prin- cipales de celui des anciens rapporté par Vignole d'après Vitruve. Il faut remarquer que la forme du plan de fon tailloir eil quarrée , & que deux de fes faces font diiTemblables : à cette irrégula- rité près, *il faut convenir que fa fimplicité vraie & naïve le fait fouvent employer dans les bâti- ments où l'ordonnance de l'édifice n'exige ni reiïauts ni corps failiants; car autrement il refaite de la variété de fes faces une irrégularité frappante, telle qu'on la remarque au gros pavillon des Tuileries du côté des jardins, ainii qu'aux faça~ des du Château de Maifons, En général on peut |
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%ô Cours
ojaferver que Ce chapiteau a trop peu de hauteur fh
ce qui femble élever le fût de la colonne, & lui donner à-peu-près l'élégance de la Corinthienne. Cette remarque , que pluiieurs Architectes ont faite , n'a pas empêché le plus grand npmbre d'employer le chapiteau , tel que Yignole nous le propofe ; d'autres au contraire, mécontents de la difparité de (es faces , ont cru devoir préférer le chapiteau de la figure il du deilîn de Scam- mozzi, parce qu'il eft plus régulier & qu'il a un tail- loir curviligne, comme celui au Corinthien & du Compoiire. Nous fommes à-peu-près de cetavis : ce chapiteau étant plus fymétrique, procure plus de régularité à l'ordonnance de nos bâtiments. D'ail- leurs il femble couronner plus avantageufement l'ex- trémité fupérieure de la colonne \ il eil moins févere quele chapiteau antique , & pour cela nous paroît plus propre à entrer dans tous les genres de compo- rtions, pourvu qu'on obferve de ne le pas trop fur- charger d'ornements , comme quelques - uns l'ont fait, & qu'une touche légere & moëileufe détermine Ceux quiÜui font indifpenfabies. : ;, il feft une autre forte de chapiteau Ionique,^
connu fous le nom de chapiteau de Michel- Ange, employé au portique du Capitoîe à Ro- me , que Le Mercier a imité à l'ionique du porche du Vieux-Louvre , & auquel il a appliqué , com- me nous l'avons obfervé précédemment, la bafe £)orique de Vignple. Ce chapiteau , dont deux feces font auiîî dißemblables , diffère cependant de l'antique par la curviîignité de ion tailloir , & par l'augmentation d'un gorgerin & d'un aitra- gale , qui, donnant au chapiteau plus de hauteur en apparence , le fait paroître plus mâle que Je précédent, ^plupart de nos Archite&es qui |
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d'Architecture. 6i
ont fait nfage de ce dernier chapiteau , ont rendu
fes quatre faces feniblables, comme dans celui de Scammozzi ? & ils ont eu raifon : la fyrnérrie dans l'Architeaure & dans la Sculpture-, eit. d'une néceiïité indifpenfable » fur-tout chez nous, qui donnons plus de mouvement à nos façades exté- rieures , craignant moins que toute autre nation de faire ufage d'avant - corps , de corps intermé- diaires & d'arriere-corps. Ceâ peut-être ici le lieu d'avertir qu'il importe
plus qu'on ne s'imagine ordinairement , de faire «η choix judicieux de l'un de ces différents cha- piteaux , à raifon du caractère de l'ordonnance qui préiide dans les façades. Par exemple, dans l'intérieur des appartements , fi l'on préfère le chapiteau antique , il convient que tous les mem- bres d'Architecture & les ornements de Sculpture foient d'un ftile féverê , & que fou entablement foit denticulaire. Lorfque dans les dehors on. croira devoir préférer le chapiteau de Scam- mozzi , on pourra fe permettre plus de mouve- ment dans les façades , plus d'élégance dans les ornements , placer jufqu'à trois larmiers dans la corniche de l'entablement , ■& tailler de denti- cules l'intermédiaire- Lorfqu'enfln on voudra faire ufage du chapiteau de Michel-Ange, il convien- dra non-feulement d'admettre des mbdillons à la corniche , mais d'obferver un peu plus de fermeté dans toute la décoration de la façade ; parce que ce chapiteau acquérant plus de hauteur, & le fïit de la colonne devenant moins fveîte, il con- vient que ce nouveau caraclere donné à Tordre, foit communiqué à toute l'ordonnance : atten- tion indifpenfable dans toutes les produirions 4U reiTort de i'Architecture j autrement on n'oCfts |
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6* Cour s
roit que des difparités choquantes , des défauts
de relation entre le tout & les parties ; en un mot, un mélange indifcret de membres d'Archite&ure & d'ornements de Sculpture , antiques & moder- nes , mélange qui décéleroit le dérèglement de l'imagination de l'Artiite 9 loin de faire paroître ks connoiffances des vrais préceptes de l'Art. Développements ou Chapit eau
Ionique antique. Plan che XVIII.
La figure I fait voir l'une des principales faces
du chapiteau antique d'après Vignole , dont le ftyle fimple fait l'éloge du bon efprit des anciens, concernant l'Architecture :iimplicité qui a^peu d'imi- tateurs parmi nous , nos hommes de génie vou- lant toujours ajouter du leur, lors même qu'ils imitent les productions des plus grands Maîtres ; & les hommes iubaifernes n'étant jamais capables d'ap- procher^ du degré de fupériorité des produaions de l'antiquité. Mais, fans parler ici de la médio- crité de la plupart des chapiteaux exécutés à Paris, d'après celui que nous propofe Vignole, & dont la négligence des Sculpteurs qui en ont été chargés, rend l'afpeâ: insupportable 5 citons quelques chefs- d'œuvre en ce genre ; tels font ceux du portail des Feuillans, & ceux de la façade des Tuileries du côté des Jardins. Peut-être font-ils trop chargés d'ornements, qui, quoique d'un faire admirable, mécontentent les yeux intelligents , par la raifon contraire qui avoit porté leur Artifte à les enrichir jufqu'à l'excès. Nous l'avons dit ailleurs, nous le répétons ? toute beauté étrangère à l'objet qu'on fe |
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^ARCHITECTURE. 63
Ijropofe eil un défaut ; & il vaudroit mieuxfans doute
tomber dans l'excès de la iimplicité , que d'abufer jamais de la prodigalité de la Sculpture. Nous avons cependant plus d'une fois, dans nos Leçons , iait l'éloge de ces chapiteaux, particulièrement de ceux; du Château des Tuileries ; nous le faiions encore ici :mais il faut entendre quenotreiuffrage ne porte que fur le favoir inimitable du Sculpteur, qui par une touche fuave , moëlleufe & fpirituelle, nous porte à croire, lorfque nous les examinons, que ces chapiteaux font d'argile; nous y croyons voir les traces larges , & cependant légères de l'ebau- choir, conduit autant par le fentiment que parla main del'Artiile : le travail ne reffemble en rien a un ouvrage en pierre, matière ingrate , ordinai- rement taillée avec un outil plus ingrat encore* Malgré cet éloge juftement mérité, il n'en eiî: pas moins vrai que ces chapiteaux font d'un tra- vail beaucoup trop riche & trop recherché pour tordre Ionique, & que nous préférons ceux du Château de Maifons, dont les ornements font ménagés avec art, δε du meilleur genre. . λ La figure 11 indique la moitié du plan de ce
chapiteau, où l'on remarque la diffemblance de fes faces 9 qui ne font fymétriques que dans leurs côtés oppofés : on y apperçoit aufli la forme du plan qüadrangulaire du tailloir ; forme ûmplequi peut- être ajoute encore à la naïveté de ce chapiteau. La figure III montre l'une des faces latérales de ce chapiteau, dont le deffin en forme de baluftre offre une compofition affez naturelle, fa hauteur & fa forme vers fes extrémités étant affujetties à celles des volutes des faces de devant, & fe trouvant plus refferrées dans le milieu : idée heu- xeufe qui produit un enferable mtéreffiuit, torfcme |
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64 Cour s
Ton coniidere féparément cette face latérale £
mais qui produit un moins bon effet lorfque ce chapiteau fe trouve placé dans l'extrémité d'un avant-corps, ou dans l'angle Taillant d'un édifice. Avant de parler des autres chapiteaux Ioniques que nous avons avons déjà indiqués, nous allons, dans la planche fuivante , donner la maniere de tracer la volute de Vignole : méthode qui peut être commune à tous ces différents chapiteaux, à moins que par une iingularité qui n'eft pas fans exemple, au-lieu de faire cette volute circulaire, on la veuille faire ovale dans un fens vertical ou Iiorifontal , comme nous l'a propofé Abraham BpiTe dans fa maniere de delîiner les ordres , mais qui n'a point eu ou très-peu d'imitateurs. Maniere de tracer la volute du
. Chapiteau Ionique de Vignole. Planche XIX.
Figure Premiere.
Soit l'horifontale AB, fîg. I, prife à la hauteur da
deflus de l'aitragale de ce chapiteau , & îfiir la- quelle on élèvera la perpendiculaire ou cathete CDE, diilante d'un module, de l'axe de la colonne pour, dupoint C, fig. II, comme centre, décrire un cercle I, HLK, divifé en quatre parties égales par les lignes Ν, Ρ, Ο , M , dont chaque rayon fera divifé en trois parties égales; pour, du point O, & de la diftance ÖQ , deffous du tailloir du chapi- teau , tracer la premiere courbure Q R; dupoint Ν auffi, comme centre , tracer la féconde cour- bure RS", & du point M, tracer la troiiieme'cour- " jjbiire S Τ y du point Ρ ? la quatrième courbure . ' TV; |
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B*> ft C H t Τ £ C Τ U R Ë. $f
*ÏV~ \ enfuite du point ι, tracer la cinquième Cour-
bure VX ; du point 2, la iixierne courbure XY , ainfi de fuite par les points 3, 4, 5 * 6, y & '&* jufqù'à I» Pour tracer le lifteau dé cefte volute d'une
minute de largeur > pris du defibus du tailloir, reduit à rien' au point i , chacune des quatre par-· des CO, CN, CM, CP, figure il, doit être divifée en quatre autres parties*, pour > du point 9, tracer le liiteau de la premiere courbure; du point 10, celui de la féconde ; du point 11, celui de la troi* fieme j du point iz, celui delà quatrième, & tou- jours en continuant de même jufqu'au point I» - Voyez ces divifions exactement tracées , figure II, & defîmées beaucoup plus en grand» Pour empêcher les jarrets que pourroit former
la rencontre de ces différentes courbures, il faut arrêter les unes & prendre les autres fur la ren- contre des lignes ponctuées OQ, NR,M$&PT\ Il n'eit pas befoin de recommander ici de tracer
cette conÎlru£tion avec beaucoup de préciiion , pour qu'une fois bien connue on puiife parvenir à la deiîiner à la main, fur-tout lorfque l'échelle eil peu confidérab|e, parce qu'alors il feroit im- poffible de pratiquer dans l'œuil de la volute les divifions nèeeffaires pour parvenir à la traces géométriquement. DÉVELOPPEMENTS DU ChAPITZAW
• Ionique moderne.
Planche XX,
La figure I repréfente une des faces du cha-
piteau moderne, à-peu-près telle que Scammozzi nous le propofe dans fon Traité des cinq Ordres r Tojm IL . E |
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'jS$£ -- -C o ν R s f/ ^
ou olutôt Semblable à celui de Sébaitien Le CîërC
dont nous avons déjà parlé avantageusement, & comme d'un homme de goût, & comme du plus* célèbre Graveur de ion temps. ■ Ce chapiteau a plus de mouvement que le
précédent; fes ornements font d'un bon choix; mais peut-être manquent-ils de cette naïveté inté- reffante que nous avons remarquée dans le cha- piteau antique; d'ailleurs lés divers membres qui le compofent nous paroiffent trop peu féparés les uns des autres. Nous fouhaiterions plus d'inter- valle entre le tailloir & l'échiné ou quart de rond, ainii que nous l'avons deffiné figure II ; d'où il eii réfulté que la partie fupérieure des volutes entame moins le tailloir, ce qui procure à ce cha- piteau une plus grande légèreté , fouvent nécef- iaire à raifon de l'application qu'on veut faire de l'ordre Ionique à la décoration des Bâtiments. Nous ne rappélerons point l'avantage que peut
avoir ce chapiteau fur l'ancien ; mais nous remar- querons qu'à l'exception du portail de Saint-SuU pice, de la façade de la Fontaine de Grenelle, & de pluiieurs autres monuments ériges depuis environ trente années , on a prefque dans tous nos bâtiments où Tordre Ionique préiide 5 préféré les chapiteaux modernes,& qu'ils ne différent en- tr'eux que parce qu'ils font plus ou moins enri- chis d'ornements, ou parce que leurs exécutions ont été négligées, ceux - ci étant d'une touche lèche, aride, comme au veilibule du Château des Tuileries ; ceux-là d'une forme maffive, tels que ceux du Palais Royal du côté de la grande cour ; ou, ce qui eil pis encore, accablés d'une Scul- pture découpée, cernée, qui leur donne plutôt jjair de çhapiteaux.faits de tôle que de chapiteaux |
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d'A&chîîecîurë. $*f
fc&ééutés en pierre, en marbre , matière fblide a
la vérité, mais qui η en permet pas moins un faire large 6k facile. La figure IIX donne le plan de ce chapiteau >
dont la régularité de fes quatre faces rend la compofition plus analogue à la décoration de nos. bâtiments, parce qu'alors il peut s'employer in+ diilinctement dans les angles taillants, dansles angles rentrants, & généralement dans tous les retours amenés fur la feene pour donner du jeu & du mouvement aux façades des maifons de plaifan- ce , ainii que dans tous les édifices où l'agrément doit l'emporter fur la févérité des règles des anciens, ; De ce que nous venons de dire en faveur du cha- piteau moderne, il ne faut pas inférer que nows méfeilimions le chapiteau ancien , ni que nous ne faiîions pas un très-grand cas de ce que Vignole nous a enfeigné : cet Auteur eil affez célèbre pouc n'avoir pas befoin d'éloges. D'ailleurs il y faut prendre garde; ce ne font pas des défauts que nous relevons : ici il eil queftion des découvertes qui fe font faites dans Γ Architecture dépuis ce célèbre Architècle jufqu'à nous. Notre but eil d'é- clairer nos Elevés & non de les jeter dans Terreur ; il s'agit de la perfection de l'Art ; il s'agit de les accoutumer à réfléchir, à juger par eux-mêmes & à fe rendre compte des divers procédés dont fe font fervis les ÂrtHlés' célèbres de nos jours , & ceux de Tantiquité. DÉVELOPPEMENT DV CHAPI \tt je ·Λ. {ƒ
Ion/que ώε Michel-Ange. ■
, j \:Ζ:, '·'.', Ρ L Α N.C Η Ε Χ Χ Ι.
La-figure Ι ç>ifre la principale face-d'un dés
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68 Cours
chapiteaux du portique du Capitole, & que;IM
Mercier ,comme nous l'avons dit, a imité au por- che du Vieux-Louvre , du côté de la rue Fromen- teaiu Cette figure présente ce chapiteau moitié Vu de face , & moitié fur fon retour : fon tailloir eil curviligne ; ce chantournement qui nous paroîc d'ailleurs faire un bon effet, nous femble s'accorder affez mal ici avec le caractère de pefanteur & las difparité des faces de ce chapiteau. Nous ofons le dire , nous manquons d'expreiîions pour rendre la peine que nous fait cette compoiition , aulîi-bien que la plupart des productions de ce grand Maître; nous ne nous en confolons que parce qu'elles doi- vent faire connokre à nos Elevés la difficulté de, bien faire, lorfqu'on s'écarte une fois des règles de l'antique. Si Vignole a négligé quelques-unes ! des parties de fes ordres, combien, d'un autre côté, n'a-1-il pas rendu de fervices à l'Art l Combien n'en eil-on pas dédommagé par la beauté & les détails des maffes , par la facilité &· la clarté de fes préceptes ! Quel fruit au contraire peut - on tirer des comportions de Michel-Ange , principalement de celles qui nous font présentées avec autant de crédulité que de faite dans d'Aviler? De ce nombre font celles de la porte du Peuple à Rome , de la Porte-Pie: celle. de la Vigne du Patriarche Grimani, celle de la Vigne du Cardinal de Spolette, &c. elles font toutes d'une compoiition auffi bifarre qiiïnconféquente ; les membres d'Architec~ture & les ornements de Sculpture y font on ne peut pas plus mal aifortis : négligence fans doute échappée à cet Artifte, d'ailleurs fi eftimable , & que nous divulguons ici, non dans l'intention de faire la critique des ou- vrages de, cet Archjte&e célèbre t mais pour ap* |
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d'Architecture; 6$
prendre à nos Elevés à fentir de bonne heure les
fautes des grands hommes , parce qu'autremont elles pourraient devenir pour eux des exemples dangereux. Si ces remarques font vraies , nous ne pouvons donc ni ne devons les taire ; nous invitons même les Elevés à prendre le même intérêt à démê- ler dans les ouvrages médiocres , les beautés qui peuvent s'y trouver répandues, puifque fans cette attention ce feroient autant âe beautés perdues; ce qui nécessairement nuiroit à leur avancement. Qu'on y prenne garde , la fource Hes abus que nous relevons fouvent dans nos Leçons, ne pro- vient pour l'ordinaire que de la négligence de nos. jeunes Architectes à examiner avec foin, & à apprécier avec juiteife les différentes produ- ctions qui leur font offertes; ils s'en rem- . pliifent l'imagination ; ils confondent les genres , les efpeces ; ils négligent Fanalyfe , l'écrit de difcuffion : tout ce que leur idée leur préfente leur paroît bon ; ils fe rappellent, fans y trop réfléchir, ce qu'ils ont vu, prennent des exem- ples pour des autorités , & annoncent leurs pro- ductions comme des chefs-d'œuvre. Mais finiifons »cette digreffion, dont nous nierons cependant quelque fois 9 dans l'intention d'arrêter la rapidité de l'étude de quelques-uns , & l'amour - propre fouvent prématuré de quelques - autres. La figure II repréfente le même chapiteau offert
avec des proportions plus analogues au caractère de cet ordre, & tel à peu-près qu'on l'exécute de hos jours dans la plupart des bâtiments élevés, par les Architectes qui, aux préceptes, joignent ïe véritable goût de l'Art dans leurs productions* Les mefures que nous avons pris foin de coter exactement fur ' les - de&ns de ces différents cha- |
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JÖ .' · C O U R S λ
piteaux, nous difpenienr ici d'une defcriptiori auiS
froide qu'inutile. Nous invitons ieuiement les Elè- ves à prendre garde.au rapport que les diffé- rentes moulures ont -entr elles , à les clefllner beaucoup plus en grand que n'a pu nous lé per- mettre le format de ce volume , afin de pouvoir rendre avec fentiment les contours qui les déter- minent , ■& avec l'efprit qu'il convient de donner à chacun. Avant d'appliquer cet ordre à l'Architecture ,
donnons dans la planche fuivante, le deffin d'un chapiteau Ionique pilaiïre dans le goût moderne : exemple qui pourra fervir également pour les chapiteaux des autres ordres , les procédés étant à-peu-près les mêmes, & l'habitude d'opérer par foi-même, & d'examiner nos édifices, pouvant fuppléer aux différences qui peuvent fe rencontrer dans cette partie de la décoration. ; y:: ; Développement du C h a pit eau
Ionique Pilastre. Ρ L A Ν CHE XXII.
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:\. La figure I préfente l'élévation d'une des faces
du chapiteau Ionique-dans le genre antique avec fon plan : la figure II l'élévation du chapiteau moderne avec Ion plan, celui-ci plié dans Tun de Tes angles. Ces deux derniers chapiteaux ne different des précédents , que parce que'le fiit fupérieur du pilajftrè étant plus large, de fix mi- nutes que celui de la colonne , chaque face du chapiteau acquiert plus de largeur ; c'eit pourquoi dans une décoration oit Ton enipîoieroit des pi- laftres ians colonnes , on pourroir. lui donner un- peu plus de hauteur, à caufe de fa plus grande ''S. - j.. . ·
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d'Architecture. η\
largeur. Dans une ordonnance d'Archite&ure οίι
l'on allieroit les pilaitres& les colonnes eniemble, fa hauteur réitérait la même ; mais on pourrait donner un peu moins de faillie aux volutes du chapiteau pilaftre, & un peu plus à celles du chapi- teau des colonnes : reiïburce permife , & fouvent préférable dans cette occaiion à la févérité des règles dont n'ofent s'écarter les hommes de rou- tine , mais que les grands Maîtres favent franchir. Voilà pour quoi il eit important aux Elevés de rae^ furer pluiieurs genres d'édifices, de les conûdérer fous différentes faces, & de hâter par-là leur expé- rience fur celle de leurs prédécefTeurs & de leurs contemporains. Comme dans l'ordre précédent, parlons ici de
l'Ionique de Palladio & de Scarnmozzi, avant de paffer à l'application de Tordre Ionique à Γ Archi- tecture. Des ordres Ioniques de Palladio
ET DE ScAMMOZZI.
Planche XXIII.
De tordre Ionique de Palladio* ,
Figure Premiere, i
Palladio donne de hauteur à fa colonne dix-
huit modules , à fon piédeital cinq modules, huit minutes, & à fon entablement trois mo- dules dix-huit minutes. ( Il ne faut pas oublier que Palladio & Scarnmozzi divifent leur module en trente minutes, au-lieu que Vignole ne le divifé qu'en."dix-huit pour les ordres Ionique* Corinthien & Compofite , & feulement en douze pour le Tofcan & le Dorique.) Nous avons de* Eiy
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Jl C O U R 9
iiré, en parlant précédemment de l'entablement
de Tordre Ionique denticiiiaire de Vignole , qu'on préférât celui modillonaire de Palladio. Nous per- îiftons à penfer ainii, fur-tout lorfque l'on vou- dra faire ufage du chapiteau de Michel - Ange ; néanmoins il faut entendre que lorfque nous ap- plaudirions à cet entablement , que cTeiÎ parti- culièrement de la corniche & de l'architrave que nous voulons parler ; car il eft aifé de s'apper- cevoir, non-feulement que la frife bombée ne convient point ici, mais qu'elle a trop peu "de hauteur comparée avec l'architrave : dans celui-ci même il auroit été très-bien de retrancher les deux baguettes qui accompagnent les trois plates- bandes , devant réferver ce degré de richeffe pour^ l'ordre Corinthien, à moins qu'on ne plaçât l'Io- nique feul dans un bâtiment, & que fa 'destina- tion particuliere n'exigeât une magnificence & une élégance qui tiennent de la légèreté Corinthienne. Palladio a auiîi placé avec plus de vraiffemblance qu'au Dorique, la bafe attique à fon ordre Ioni- que. Nous délirerions néanmoins qu'on n'imitât pas la baguette fupérietire qu'il y a ajoutée , à moins, comme nous venons de le remarquer , . que cet ordre n'exigeât une certaine richeiîe , parce que, dans ce cas, non - feulement cens * baguette feroit néceifaire, mais qu'on pourroit en ajouter encore une , comme nous le propoferons en parlant de la bafe Compofite. De tordre Ionique de Scammofti.
Figure II.
; Scammozzi donne à la hauteur de fä colonne *
dix-fept modules & demi, les deux feptiemes au jpiédeftal, & les deux cinquièmes à l'entablement | |
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d'ArcMitecturê; ρ
Ton architrave & la frife font dans le cas du deffin
précédent, c'eft-à-dire que l'architrave eft trop éle- vée & la frife trop baffe. La corniche nous paroît avoir auiîi trop peu de hauteur, & être compofée de trop de membres , qui, au nombre de fix, donnent à chacun une moindre élévation qu'à ceux de Palladio -, ce qui rend cette corniche trop maigre, propre tout au plus à être employée dans les dedans ; au-lieu que celle de Palladio peut figurer clans les dehors : observation qui peut faire faire un choix judicieux de ces différents exemples , loin de les regarder comme autant de contradictions , mais plutôt comme des reffources offertes à nos Elèves, à qui il ne manque plus que d'en favoir faire une jufte application. Le chapiteau de Scammozzi diffère de celui de Palladio , en ce que {es vo- lutes , au - lieu de partir de deffous le tailloir, femblent fortir au contraire de l'échiné ou du quart de rond, en quoi il s'eft éloigné de l'antique & de la route qu'ont fuivie fes contemporains; il en diffère encore, en ce qu'il a fait les faces de fon tailloir concaves , au-lieu de qiiadrangulaires, telles qu'on les remarque chez les Anciens : il eft vrai qu'il faut convenir que c'eft à cet Auteur qu'on doit l'idée d'avoir le premier rendu les quatre faces de ce chapiteau régulières , de diffembîables qu'elles étoient dans deux de fes faces, avant lui : régularité qui a été imitée par prefque tous ceux: de notre temps ; fa bafe eft tout-à-fait femblable à celle de Palladio. Application de l'ordre Ionique
a l'a vant-corps d'une Maison y de Plaisance,
Dans le premier volume nou^ avons appliqué |
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J4 Cours
Fordre Tofcan à une Porte de Ville; au commen-
cement de celui-ci nous avons appliqué Tordre; Dorique à une Fontaine publique, ces deux or- dres , Γιιη ruitique , l'autre folide , étant coniacrés , pour ainii dire, à la décoration des monuments de cette efpece. Nous allons appliquer ici l'Ionique à la façade dHin Bâtiment d'Habitation; le Co- rinthien & le Comporte trouveront leur place, Fun pour le Frontiipice, d'un Edifice facré , Se Fautre à un Arc de Triomphe. En parlant précédemment des différents cha-
piteaux attribués à l'ordre Ionique, nous avons dit que celui nommé antique, avoit une beauté naïve & intéreiTante ; mais que la difparité de ies faces latérales avec celles de devant ? nuifoit néceiTâirement à la fymétrie , Il effencielle à obferver dans la décoration des façades, quai- qu'imitée ainii dans plus d'un édifice célèbre par nos plus habiles Architectes.. Pour donner à nos Elevés le moyen de comparer le bon ou le mauvais effet du chapiteau antique avec le moderne , les planches XXIV & XXV vont leur offrir l'avant- corps de la façade extérieure d'une m^iifon de plaifance, où le caractère de l'ordre Ionique fem- ble convenir plus que par-tout ailleurs : à la pre- miere ce fera l'ordre Ionique avec le chapiteau antique, l'entablement denticulaire & la bafe Ephé- iienne que nous a donnés Vignole : dans la fécon- de, un autre avant-corps pour la même façade, où préfide aufîi l'ordre Ionique, mais où nous avons préféré le chapiteau de Scammozzi, Tenta- blement modillonaire de Palladio , & la bafe atti- que. Par ces deux exemples il fera facile » de s'appercevoir, combien ce changement, dansles détails, apporte de différence dans la difpofitioa |
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?Si
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ι d'Architecture. 75
$e l'enfemblé ; ce qui nous a déterminés à donner
deux deiîins de même genre, d'après lefquels nous,-.». allons dire notre fentiment fur le choix que l'on doit faire de l'une ou de l'autre application , fans avoir égard ni à l'autorité des anciens ni à l'opi- nion des modernes, pouvant, félon les différentes circonitances , faire ufage de l'un ou de l'autre, après avoir confidéré néanmoins lequel des deux peut procurer plus de beauté à l'édifice. Avant-corps de la Façade d'une
Maison . de Plaisance décoré d'un ordre Ionique antique. . Ρ L AN C HE XXIV.
Pour rendre la difparité des retours du chapi-
teau de l'ordre Ionique, moins frappante dans cette planche, au-lieu d'avoir fait un avant-corps , nous propofons un arriere-corps ; par ce moyen on napperçoit en quelque forte que les princi- pales faces des chapiteaux ; encore eft-il vrai que dans les colonnes les faces latérales A, s'apper- çoivent différentes de celles Β ; d'où il s'enfuit que le chapiteau C , doit reflembler au côté A de la colonne , & que celui - ci ne refîembleroit plus au chapiteau de face D : de maniere que pour éviter toute diifemblance , il faudroit fupprimer entièrement les colonnes dans cette façade, pour n'employer que des pilailres , comme on l'a tracé dans l'un des côtés de cette élévation, ce qui ne préfente plus qu'une Architecture froide, peu propre à la décoration d'une Maifon de plaifance, qui, par fon ordonnance, doit offrir un mouve- ment intéreiTanr, qui plaife aux fpe&ateurs les moins, éclairés. D'ailleurs, il en faut convenir, le |
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■ÊÊBÊ&
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7$t t ο υ κ §
-milieu dWe façade d'une certaine étendue ? doï^
s'annoncer par un avant - corps. Ici cette partie rentrante réuiîk mal, fur-tout en fupprimant les colonnes ; c'eil pour quoi il vaudroit peut-être mieux paifer par-deffus l'irrégularité qu'offre le détail des chapiteaux, que de rendre les maffes imparfaites| peut-être encore (& nous fommes de cet avis), feroit-il plus à propos de renoncer à faire ufage du chapiteau antique, que de s'efforcer à fuivre les anciens dans nos ouvrages modernes , aux dépens de l'accord général, & de la fymétrie des détails, comme on le verra dans la planche fuivante , où nous avons préféré le chapiteau moderne, qui nous a permis & des détails plus heureux & un enfemble beaucoup plus conforme à l'ordonnance de la décoration d'un tel bâtiment. Avant-corps de la Même Façade,
décoré d'un ordre ιο νι ç> u e '~β,\ Moderne, avec les deux Plans de cet avant-corps. Planche XXV & XXV;I.
Non-feulement nous avons pu faire un avant-
corps dans cette façade, mais un porche, des. rampes douces pour y defcendre à couvert, un • veitibule > enfin une difpofition plus agréable , autorifée par la fymétrie du chapiteau de'Scam- mozzi : chapiteau qui, traité par un ciieau habile » fans avoir la naïveté de celui de l'antique, n'eil pas fans agrément. En faveur de ce chapiteau moderne, qui a plus de capacité & un peu plus, de hauteur que le précédent, nous avons lupprinié les denticules de Vignole, auxquels nous avons fubftituéles modillons propofés par Palladio« Nou% |
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t'ÀRCHlTÏCTURE. JJ-
ferions même d?avis d'ajouter un afträgale au-
deffous de ce chapiteau, ainiique l'a fait Michel- Ange ; mais, dans ce cas, nous croyons qu'il iaudroit auffi. mettre moins de détails dans les moulures qui compofent chaque membre de cette façade : fuppreffion ou augmentation dont l'Architecte doit fe rendre le maître , principale- ment lorfquil n'emploie qu'un feul ordre dans fort bâtiment, comme nous aurons occaiion,d'en par- ler dans la fuite. Nous n'entrerons pas dans un plus grand détail f
concernant ce deuxième deiïm, la comparaifon. qu'on en pourra faire avec le précédent , nous difpenfe ici d'en faire fentir l'avantage. Nous ferons remarquer feulement que les dimeniions de ces deux avant-corps, different peu entr'elles; que la <üitribution intérieure n'en fouffre aucune altéra- tion, & qu'il n'y a pas à balancer à donner la préférence à celui-ci, fur celui-là. Au reite, nous donnons ces deux deilins fans aucune prétention, notre objet eil feulement de prévenir les Elevés -qu'il faut de bonne heure qu'ils étudient les difé- rents moyens d'arriver au dernier degré de per- fection; que pour cela il faut d'abord qu'ils fe rendent compte des procédés des anciens, enfuite de ceux des modernes , afin de parvenir à con- cilier , dès leurs premières productions, tout ce qui peut tourner à l'avantage de leurs projets. On trouvera, dans la planche XXVI, les plans de ces deux avant-corps, qui n'ont pu tenir au bas des élévations, & qui nous ont paru néceffaire pour faire fentir la diférence qu'qn doit donner a celui qui forme un avant-corps , fur celui qui $ft en arriere-çorps. |
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C HAPITIE III.
De l'orjdre Co r ι ν τ η ι ε .Né. öfóiXTS avons dit au commencement de ce
volume, que l'ordre Dorique pouvoir paffer pour la plus belle production des Grecs, & le premier chef-d'œuvre de l'efprit humain en ce genre. Nous pouvons avancer ici, que l'ordre Corinthien doit être regardé comme le triomphe de l'Art : en effet, rien de fi élégant que la proportion de cet ordre , de fi admirable que la délicateffe de ies ornements, rien de fi accompli que la beauté de !ibn ordon- nance ; en un mot on doit regarder fa compofitiöri comme la découverte la plus précieufe qu'aient pu faire les Artiftés de l'antiquité ; auiîi a-t-il éprouvé peu de changements depuis les Grecs jufquà nous, nos plus habiles Architedes François l'ayant em- ployé fur les mefures que nous a données Vignoîe * foit au Val-de-Grâce , à la Chapelle de Verfailles »:■ à l'Arc de Triomphe du Trône, &c.- ) f L'efpacement des modulons de la corniche de fön entablement, ainfi que les mutules de l'ordre Dorique »font ici les feules dii&cukés qui puif- fent gêner l'Architecte dans les différentes lar- geurs de fës entrecolonnements ; ainfi après la pre- miere difpofition de fon projet , il faut qu'il paffe äu développement de cette corniche , avant d*é^ tablir aucune diitance entre une colonne & une autre colonne, & avant de déterminer le rap- port que la largeur d'un avant-corps doit avoir avec fa hauteur ; enfin avant de décider la rela^· lion qu'il convient d'obferver entre, la décoration |
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d'Architecture. 79
'extérieure &'la diftribution des dedans de l'édifice.
CeÎi par l'étude de cet entablement, que lesdimen- Îions générales de l'édifice paroiffent engendrées des parties de l'ordre, δε celles-ci du caratlere de fon ordonnance. Toutes ces dimeniions font effen- cielles à fuivre ; on y parviendra incontestablement ii l'on fe rappelle avec foin tout ce que nous avons cnfeigné à cet égard en traitant de l'ordre Dorique que nous avons annoncé devoir être fuivi pour tous les autres ordres d'Architecture. Donnons dans les planches fuivantes les déve-
loppements de l'ordre Corinthien de Vignole , avec quelques changements ; enfuite nous l'ap- pliquerons à un Portail d'Eglife en rotonde, faifant partie de l'Abbaye Royale de Saint - Louis à Metz. Il ne faut pas oublier que le module de cet
-ordre fe divife en dix minutes , comme le précè- dent. Du Piédestal et de la Base dm,
■j . l'ordre Corinthien. Planche XXVII.
La figure I fait voir δε donne les mefures da
piédeilal δε de la bafe Corinthienne de Vignole. Nous remarquerons que la hauteur de fon. pié4 deftal eit portée à huit minutes au-delà du tiers de Tordre , dans l'intention , dit d'Aviler fon Commentateur, de donner à l'élévation du dé de fon piédefial, le double de fa largeur. Nous ne faurions approuver cet excédent , ayant déjà remarqué que Vignole avoit donné a fes pié-· Weitaus: une beaucoup plus grande hauteur r |
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8ο ; Cours
que tous les interprètes de Vitruve ; mais noua
approuvons le choix des moulures qui ornent la bafe & la corniche de ce piédeflal : cependant nous croyons qu'il conviendroit d'élever le focle de la bafe à huit minutes , au - lieu de quatre, & d'en diminuer un peu la faillie, en ne lui donnant que iix minutes au-lieu de huit , comme dans la figure II ; afin que l'écoulement des eaux qui tombent de deiTus la corniche fe trouvent por- tées au-delà de la faillie de cette baie : précaution qu'il eil néceiïaire d'apporter dans tous les ouvra- ges importants qu'on a deffein de faire paiîer à la poilérité. Dans cette figure II, nous avons tracé une tabe renfoncée , qu'il eil néceifaire d'y introduire , fur-tout lorfque l'ordre fe trouve enrichi de tous les ornements dont il eil fufceptible, & qu'on a eru devoir préférer le piédeftal aux focles dont nous avons parlé précédemment : focles plus con- venables à beaucoup d'égards que les piédeilaux, à l'exeption des ordres placés dans les frontifpices des Temples, dans les Arcs de'Triomphe & autres monuments où la grande élévation de la colonne femble exiger un ftylobate-, qui en élevé la bafe, au- deiTus de l'ceuil du fpeäateur ; parce qu'alors l'ordre en acquiert plus de dignité, & qu'onn'eit pas obligé de le cönfidérer en deux temps r comme cela ne peut manquer d'arriver lorfque fa bafe pofe fur le fol, & que le point de diftance eil trop rapproché par quelque obilacle que l'Ar- ehite£te n'a pu vaincre, i'oit par des raifons d'é- conomie ou autrement. La bafe de la colonne deiîinée fur le piédeilal
de la figure I, eil celle de Vignole : quoique mieux entendue que celle de fön ordre Ionique, 4 faut convenir que la réitération des deux fcoties |
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d'Architecture. Si
Sc des deux baguettes oui les féparent, offre une
répétition défagréable â Fœuil ; & Ion peut dire que malgré les mofs qui ont engagé les anciens a vouloir communiquer à cette bafe beaucoup de délicateffe, on nefauroit approuver la multiplicité de ces moulures de même efpece, toute la légè- reté de Tordre devant fe porter plutôt vers la cime que vers fa bafe, afin qu on puiffe s'apper- cevoir que l'Architefte a pris foin de paffer par des minutions infenfibles , des membres forts aux moyens , & de ceux-ci aux délicats : attention qui feule peut procurer à l'ouvrage entier le iïiccès qu'on a droit d'attendre d'un tout bien afforti. Qu'on y prenne garde , le plus grand défaut qu'on puiffe reprocher à nos jeunes Architectes, c'eit d'ignorer ces tranfitions dont nous voulons parler, non- feulement pour ce qui regarde les ordres qu'ils emploient dans leurs façades, mais encore dans les ordonnances où les ordres ne peuvent préfider & où ils négligent de faifir le caraftere & l'ex- preffion attribuée à chacun d'eux. La bafe pofée fur le piédeftal de la figure II ;
eft celle nommée attique , augmentée feulement; de trois baguettes qui en enrichiffant cette bafe » lui confervent fes deux tores & fa fcotie, que nous avons déjà tant applaudie;-ces baguettes, prifes aux dépens des trois principaux membres de cette bafe, ( car il faut obferver que toutes les bafes des ordres cnt 'un module) donnent à chacun de ces membres, moins de hauteur & un cara- Ûere de légèreté propre à la délicateffe de l'ordre Corinthien dont nous parlons. Au reite, on n'eft pas tenu de fuivre fcrupuleufement les cotes des moulures indiquées ici ; elles peuvent varier de quelque chofe, & même pour éviter les fractions Tome II* * |
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Si Cours
qui fe rencontrent dans quelques-unes, il eil boa
de préférer une divilion commune , ainii que l'ex- prime la figure A, ou de s"en%apporter à fa propre expérience ; la févérité des cotes ne doit être regardée que comme un préliminaire utile à ΓΕ- leve; l'homme inilruit acquiert par l'habitude une toute autre maniere de voir, de fentir & (d'opérer. Les cannelures tracées fur la partie inférieure
de la colonne, font comme dans Tordre précédent diitribuées au nombre de vingt-quatre fur fa cir- conférence ; elles font tracées de même par un demi- cercle,,& féparées par des lifteaux qui ont de largeur le quart des cannelures. C'eftici, par exemple, qu'on peut orner ces lifteaux de quelques filets, & baguettes, à l'exemple de ceux placés planche VIII, premier volume; c'eft encore dans cet ordre que chaque cannelure peut être accompagnée de ruden- rures, parce que l'ordre eil fufceptible d'un plus grand degré de richeife, félon la place qu'il doit occuper dans nos édifices ; mais au moins faut-il fe fouvenir que cette richerTe , portée au fût de la co- lonne , doit déterminer auffi î'Archite&e à orner le dé du piédeftal, ainfi que la frife de l'entablement &le fofite ou plafond de la corniche. On doit même favoir que les rudentures placées dans les canne- lures autorifent néceffairement les ornements tail- lés fur toutes les moulures de cet ordre; mais il ne faut jamais abufer de ces différents degrés de richeife, principalement dans les dehors , malgré les exemples que nous offrent plulieurs édifices anciens & modernes. |
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D * A R G Η Ι Τ Ε C Τ V R Ε* 8J
Όϋ Chapiteau et de l'Entable*
MENT DE L'ORDRE CORINTHIEN.
Planche X.XVIII.
Cet entablement a de hauteur, félon Vignole,
comme tous ceux de fes autres ordres , le quart de la colonne ; favoir, un module & demi pour l'architrave, un module & demi pour la frife, & deux modules & 'demi pour la corniche ; au total cinq modules , ainfi qu'on le remarque figure I ; cette égalité de hauteur dans l'architrave & dans îa frife0, nous plaît moins que les rapports que Vignole a donnés-à ces deux membres dans l'ordre Ionique , ce qui nous fait propofer , figure II, trente minutes pour la frife, & vingt-quatre pour l'architrave , par la raiibn que la faillie de ce dernier membre racourcit trop confidérablement la hauteur de la frife, & que Taitragaie delà cimaife inférieure de fa corniche fe trouve pris aux dépens, de cette même frife. En parlant de l'entablement de Tordre Ionique >
nous avons fait remarquer les trois plates-bandes de fori architrave, & nous les avons comparées avec le nombre de celles des ordres Dorique & Tofcan qui précédent. Ici Vignole n'a pas jugé nécef- faire de continuer cette progrefiion, mais il a ajouté à chacune une moulure quinges fépare, ce qui donne à cet architrave un caraftere de fupériorité, bien digne & de la richeffe de tout) l'entablement & de la délïcateffe de Tordre. Nous n'avons point exprimé dans cette planche , les bas-reliefs dont Vignole a orné fa frife, ces fortes sTornements devant prendre leur fource dans te |
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$4 Cours
motif qui fait ériger l'édifice. En France ^ à plomb
de l'axe de chaque colonne, on introduit quel- quefois des L ou des Fleurs-de-Lys couronnées, comme on le remarque dans l'intérieur des Inva- lides , à la Chapelle de Verfailies & ailleurs ; quel- quefois dans les dehors on place des trophées au-defîus du milieu de chaque entrecolonnement, ou des ferlons avec des génies, comme on le remarque dans les façades de la Cour du Vieux- Louvre. Cet enrichiiiement noiis parok préférable aux figures en bas-relief, fouvent d'un trop petit module 7 & qui par leurs détails nuifent prefque toujours au repos qu'il convient d'obferver dans cette partie intermédiaire de l'entablement, pour laiiïer briller les ornements taillés dans les caiîéttes fur les modulons & fur les moulures dé fa cor- niche & de fon architrave. Nous n'avons fak aucuns changements ni dans
les principaux membres, ni dans les moulures de la corniche de cet entablement : ce couronnement nous a paru un chef - d'œuvre par f heureux effet que préfentent aux yeux des fpe&ateurs intelligents celui du périftile du Louvre , & celui de la Chapelle de Verfailies, tous deux exadle- ment les mêmes que ceux de Vignoîe. Perrault s'en: contenté de retrancher les denticules taillés fur le larmier inférieur : fuppîceffion dont on lui doit {avoir d'autant plus de gré , que toutes les moulures >*Se fa corniche étant enrichies d'orne- ments , ce retranchement de denticules oppofe un liife entre les cimaifes inférieures & intermédiaires qu'il eil très-bien d'obferver dans, les cas fembla- bles ; puifqu autrement on ne remarque plus qu'une confuiion malentendue : l'excès de la Sculpture n'eft jamais une beauté ? ainii qu'on peut s en |
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D* ARCHITECTURE, 8ƒ
convaincre dans Chambrai, en examinant l'enta-
blement tiré des Thermes de Dioclétien à Rome, chap. 29,, page 69. Envahi le rapporte-t-il comme un exemple célèbre j on ne doit le regarder que comme le triomphe de la prodigalité. Nous fe- rions auiïi d'avis, qu'on retranchât les mufles de lion qu'on cliriribue ordinairement dans la ci- maife fupérieure de fa corniche ; non-feulement ce genre de Sculpture ne convient pas toujours au genre de l'cdifice 9 mais il.eft un autre moyen d'écouler les eaux qui tombent fur fa faillie. Cefr. fans doute parce que l'on ne.connoiffoit pas alors ce moyen, qu'on a fait ufage de ces mufles de lion, dans lefquels on plaçoit un canon ou tuyau de bronze ou de plomb, qui, de diftance a autre , jetoit :l'eau qui s'araafïbit dans les rigoles prati- quées fur la faillie des corniches, telles qu'il s'en remarque dans l'intérieur de la cour du Vieux- Louvre. Il eil afTez d'ufage de placer un modilîon à
plomb de Faxe des colonnes, ce qui détermine la .diftance qui doit fe trouver entr'elles. Dans l'entablement de Vignole, figure ï , cet intervalle eil fixé à feize minutes, double de la largeur du modilîon 9 & .cette diftance fe répète régulière- ment dans toute l'étendue du bâtiment? en réglant les différentes largeurs des entrecolonnements ; c'efl pourquoi, comme nous venons de le dire „ il convient de fe rendre compte % de tracer en grand les profils dont on veut corapofer fa corni- che 5 de déterminer la faillie qu'on veut lui donner, d'avoir attention à la fymétrie qu'on doit mettre entre les caffettes continues & celles d'angles : cette précaution fera éviter l'irrégularité qu'on remarque dans la diilributiori"des modillons & des |
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86* Cours
carTettes des corniches de la cour du Vieux-Louvre
& du portail de la Sorbonne. Dans le premier exemple, l'axe des modulons ne tombe pas dire- âement à plomb de celui des colonnes ; dans le fécond, les modulons fe trouvent plus rapprochés fur les petits entrecolonneménts que fur les grands : licence impardonnable, qu'on ne doit jamais fe permettre dans les monuments de quelque considé- ration. Nous deiirerions encore que les modulons euifent moins de faillie; d'une part, pour que le liiteau placé au-deffoiis & vers le devant du larmier ne fut point interrompu ; de l'autre , pour que le modilîon ayant moins de longueur, acquît auiîi moins de largeur ; d'où naîtroit, dans tous les In- tervalles, des caffettes quarrées, telles qu'on les remarque dans le plan de la figure II : plan beau- coiip plus régulier que celui de Vignole, fans néanmoins altérer ni la faillie ni la hauteur des membres de fa corniche, ainii qu'on peut le re- marquer en comparant les deux plans tracés fur cette planche. Peut-être trouvera-t-on les modulons delà figure
II, un peu foibles ; mais la régularité des caffettes & l'élégance de Tordre , nous a paru la premiere loi qu'il faloit obferver dans la diilribution des prin- cipaux membres d'une corniche. Au refte, c'eit «ne proportion que nous faifons, & non une regle qu'on doive fuivre abfolument. Par exemple, nous n'hériterions pas d'en ufer ainii dans l'intérieur des appartements , & peut-être même dans les dehors, en fuppofant que l'ordre fût d'un petit diamètre, & par conféquent fon entablement, affez près de l'œuîl du fpeöateur, fi toutefois on peut fe per- mettre d'employer de petits ordres dans l'ordon- nance extérieure des façades. '*? |
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«7
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»Architecture.
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Le chapiteau tracé fur cette planche, entre les
plans & les élévations de cet entablement, eit le même que celui de Vignole , copie d après 1 anti- que, le chef-d'œuvre de l'immortel Cahimaque, & de l'origine duquel nous avons parle dans le premier volume, page 197·. Les modernes ont néanmoins donné à ce chapiteau un peu plus de hauteur. Celui des anciens, rapporte par Vitru- ve , n'a que deux modules, au-heu quia U eit de deux modules fix minutes , augmentation qui le rend plus élégant & plus propre, pour cette raifon , à fervir de couronnement a la.tige ivelte de la colonne Corinthienne. La diftnbiition des ornements de ce chapiteau, fafymetne, la variété de fes afpeas , vus de face & fur 1 angle; , font autant de beautés qui concourent a fa perfedipn» & l'on peut dire que fa compofinon, toute a la fois vraiffemblable, intéreifante & fublime , doit le faire regarder comme un chef-d'œuvre, ainii que nous l'avons dit ailleurs ; auffi η a-t-il éprouve aucuns changements jufqiià nous, depuis que la hauteur a été fixée par les modernes a deux mo- dules fix minutes ; & fi dans nos édifices quelques chapiteaux Corinthiens plaifent moins les uns que les autres aux hommes de goût, cette différence provient feule de l'incapacité ou de 1 habileté des Sculpteurs qui font chargés de leur exécution, & non de la beauté de fon enfemble & de les détails ingénieux , dont l'idée admirable η a pu être furpaffée par aucun Artifte , à en juger par toutes les autres compofitions de ce genre; car on doit compter pour rien les feuilles d'olivier ou deperni qu'on lui applique à la place de celles d'acanthe » félon que cet Ordre fe trouve faire partie de tel ©u tel édifice. Les chapiteaux Corinthiens les plui F iv
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SB Cours
efUmés chez nous , font ceux de la nef du Val-
de-Grâce , de l'intérieur de la Chapelle de Ver- failles , des façades du Château de Maifons, δε de celle de la cour du Vieux-Louvre, ancienne- ment élevée fur les defîins de Pierre Lefcot. Ceux qui ont été exécutas depuis dans cette même cour leur étant bien inférieurs , ont en cela fubi le fort de tant d'autres, fculptés à la hâte dans la plupart de nos bâtiments-, & qui ne nous offrent qu'une médiocre imitation de la plus belle pro- duction qui fe foit faite dans l'Architecture & la Sculpture. Feuilles et principeaux Détails
r>u Chapiteau Corinthien. Planche XXIX & XXX.
Avant de paifer à la maniere de tracer le plan
& l'élévation de ce chapiteau, vu de face &fur l'angle, nous donnons plus en grand , dans ces deux planches, les feuilles &: les principaux dé- tails de ce chapiteau , copié exactement d'après ceux de Sébaftien Leclerc , .& défîmes par lui avec le goût & l'intelligence la plus admirable ; c'eil pour cela que nous ne nous fommes point fait fcrii- pule de les emprunter de cet Auteur célèbre;, pour les offrir à nos Elevés comme autant de modèles qui ne peuvent que hâter leurs connoiiTances dans l'étude de cette partie fi intéreffante ; nous nous y fommes déterminés d'autant plus volontiers, que l'œuvre de cet habile Graveur eft devenu fort rare, & que par-là ces développements fe trou- vent entre les mains de fort peu d'Artiiles ; ce qui eil caufe que le plus grand nombre ne fauroit |
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d'Architecture, 89
profiter de ce feeours. Nous en avons encor©
ufé de même pour ce qui regarde Tordre ionique, & plufieurs autres ornements de très-bon goût, dus à cet Auteur ; c'eft de tous les Graveurs le plus excellent, & le plus utile aux jeunes Architectes ; nons puiferons aiiiïi quelques entablements & quelques chapiteaux dans Elbiane ; ils font, à la vérité , plus convenables pour les décorations théâtrales, que pour celles des bâtiments propre- ment dits ; mais les profils & les ornements y font rendus avec tant d'efprit qu'ils nous ont paru propres à infpirer le goût du deffin à nos ; Elevés. Développements nu Chapiteau
Corinthien, |
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Planche XXXI.
La figure I montre le plan de ce chapiteau »
déterminé dans un quarré parfait, dont la diago- nale eft de quatre modules ; ce quarré indique la faillie du tailloir hors œuvre AB ,■ '& {es pans coupés C, de quatre minutes de face, dé- terminent la ligne EF, bafe d'un triangle équila- téral, du fommet duquel G , comme centre, on décrira la courbure plande chaque face, telle que celle E F. La largeur du bas du chapi- teau égale au diamètre fupérieur de la colonne, réduit à trente minutes les cinq-fixiemes du dia- mètre inférieur , qui en a trente -fix , ou deux modules. C'eft fur ce nouveau diamètre , & au- deiïus de l'ailragale, que fe diflribuent réguliè- rement les deux rangs de feuilles , au nombre de huit à chaque rang, qui enfuite s'élèvent verti* |
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£ö Cours
calement du plan à l'élévation, ce qui donne leur
diiiribution géométrale autour de la circonfé- rence du tambour du chapiteau, telle que lexjfri- me le deiîinde la figure II, dont la moitié laiife voirie tambour I, autour duquel font adaptées les feize feuilles dont nous venons de parler, & l'autre moitié, ces mêmes feuilles par malTes qui en indiquent feulement le galbe , renvoyant pour leurs détails à la planche XXIX. Toute la hauteur de ce chapiteau fe divife en trois parties depuis îe deifus de l'aitragale Κ., jufques fous le tailloir L, ainfi que l'exprime la hauteur des principaux membres de ce chapiteau. Donnons à préfent > fur la planche fui vante, ce même chapiteau vu fur l'angle, pour apprendre à en fentir jtous les développements, moins difficiles à concevoir qu'on ne fe l'imagine ordinairement, parce qu'on négli- ge d'en faire le plan , d'élever l'élévation fur ce plan, & de le deiîiner fur toutes les faces. Développement ou 9lan et ob
l'Éleva τ ion, vu sur l'angle vu Chapiteau de la Colonne Cokjn* thienne. Planche XXXII.
La figure I > montre le plan qu'il faut tracer
fur les mefures du précédent, avec cette diffé- rence , qu'il faut que la diagonale foit la verti- cale AB; enfuite tracez le plan avec les feize feuilles qui circulent autour delà circonférence, ïes volutes qui föutiennent le tailloir, &c. & par des lignes à plomb & paralleles, deffinez la figure II, en obfervant que les obliques CD > tirées |
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D'A R G H I TECTÜRE: ; 9*
de ï'afegale au tailloir, foient les limites ou
devra fe terminer la faillie du premier & du fécond rang des feuilles de ce chapiteau. La riauteur de ces derniers , celle des volutes font ici les mêmes que dans la planche précédente, & ne doivent jamais recevoir aucune altération , ces rneiures étant confiantes pour tous les chapiteaux de cet ordre.
L'ordre Corinthien s'exécute enpilaftre, comme
en colonnes , ainû que tous les autres ordres, & les mêmes ornements y font employés : ceux-ci s'y diftribuent facilement, & ne laiiTént pas dy produire un effet également bon. Nous avons déjà cité les chapiteaux Corinthiens de la nef du Val-de-Grâce ; ces chapiteaux font pilailres & de la plus grande beauté : auffi M. Germain, Orphé- vre célèbre, & qui entendoit affez bien l'Ardu- teaure, les a-t-il imités dans l'Eglife de Saint- Louis-du-Louvre, dont il a donné les deflins. ; Donnons, dans la planche fuivante , l'ordre Co-« rinthien de Palladio & celui de Scàmmozzi en parallele avec celui de Vignole, & laiffons aux Architeftes impartiale à juger de la préférence qu'on doit donner à celui des trois qui aura le plus confervé d'élégance à toutes les parties de cet ordre délicat, & qui fe fera le moins écarté de la doctrine de Vitruve.. |
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92 Cours
Des ordres Corinthiens de
Palladio et de Scammozzi Planche XXXI IL
De Vordre Corinthien de Palladio*
Figure Premiere. Palladio ne donne à la hauteur de ion ordrey
que neuf diamètres & demi, ou dix-neuf modu- les, au-lieu de vingt que lui preicrk Vignole: il donne à ion piédeilal le quart, & à l'entablement le cinquième;, fa corniche eil aifez femblable à celle de Vignole , mais quoique beaucoup moins élevée, elle paroît forte , comparée avec la hau- teur de la frife & de l'architrave ; celui-ci comme dans tous les ordres de Palladio , nous paroit trop fort, ayant près de dix minutes de plus que -, la frife : fon chapiteau égal à celui de Vignole , a deux modules dix minutes; fa bafeeit celle attique à laquelle il a ajouté trois baguettes, comme nous l'avons propofé planche XXVII , figure II, à la place de celle de Vignole, tracée dans la même planche, figure I, que nous avons trouvée trop compliquée & de mauvais goût , quoiqu'imitée d'après l'antique* De l'ordre Corinthien de Scammo^ji.
F ig ure II.
Scammozzi fixe la hauteur de fa colonne à dix
diamètres ou vingt modules, ce qui donne à fon entablement un peu plus de hauteur que celui de |
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d'Architecture. 93
Palladio ; mais fa corniche , qui a un larmier de
moins la rend plus propre à un Compoiite quà un Corinthien ; d'ailleurs nous ne faurions applaudir au gros aftragale, placé entre les deux .moulures de les cimaifes iniérieures : il en eft de même du membre fupérieur de l'architrave, dont le talon aiTocie avec un cavet f ne préfente, vu d'une cer- taine diftance » qu'une i'eule & même moulure : la frife eft auffi terminée vers fa partie inférieure , par un congé , courbe qui, fe répétant avec le cavet du haut de l'architrave, ne contribue pas peu à rendre ce membre encore plus imparfait ; fa bafe eft la même que la précédente ; & toutes deux, comme nous l'avons déjà obfervé, font préférables à celle de Vignole. Application de l' o-r d re .Corin-
thien au Frontispice d'une Église en Rotonde. Planche XXXIV.
Ce frontifpice, d'ordre Corinthien, eft celui
de TEglife en rotonde, que nous avons fait pour l'Abbaye Roj^ale des Dames Chanoinefles de Saint-Louis à Metz , & dont on trouvera le plan dans l'un des volumes de ce Cours, lorfquenous traiterons de la diftribution. Ce frontifpice eft feu- lement compofé de quatre colonnes, de trois pieds neuf pouces de diamètre, & les trois efpacements , de fept modules chacun ; les colonnes font élevées fur un focle de huit pieds de hauteur, le fol de l'intérieur de i'Eglife étant plus haut de fix pieds que celui de la Place de Chambre, où il eft iitué. Ççs colonnes forment un porche, dont la profon- |
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$4 Cours
deur fur le nu du mur A, égale la largeur des
entrecolonnements ; c'eft fur ce mur que l'on a diftribué la porte qui donne entrée à ce monument, & les deux ruches collatérales , dont l'une eil deitinée pour la ilatue de Saint-Louis , fous l'invo- cation duquel va être reconftruite cette Egîife, l'autre pour la flatue de Saint-Pierre, ancien pa- tron de cette Abbaye , dont nous avons atiilî donné les plans, approuvés par le Roi à Fontai- nebleau, em Ocîobre 17Ó3. Cette porte & les niches placé es entre des pilailres qui répondent aux colonne«; , font ici enfermées dans des cham- branles égaux:, & couronnées de frontons : cettQ répétition paroitrâ peut-être monotone ; mais il faut confidérer que l'ouverture de la port£ à platé- bande , fait, dans l'exécution un tout autre effet que fur ce deffin , & que fon percé réel s'annonce bien différemment que les niches de forme circu- laire , qui, comparées avec le vide de la baie 9 rempli par une porte de menuiferie , offre une variété frapante, comparée avec les niches con- ilruites en pierre, qui contiennent des ftatues en marbre blanc. Au-deiTus des frontons des chambranles , regne une plinthe , qui, portée au tiers fupérieur de l'ordre , amené naturellement trois tables rentrantes où font fculptés des bas- reliefs^ Nous favons bien que nos jeunes Archi- tectes j^référeroient une table dans toute la lon- gueur; Qu'ils ne mettroient point de pilaitre fur le nu dit mur, en face des colonnes; qu'ils'pla- ceraient ' cbns les foixante-deux pieds que con- tient la largeur de ce frontifpice, cinq entreco- lonnements a\u-lieu de trois, & que moyennant ces arrangements , ces mêmes entrecolonnements avenus tïhs-fekïès, laifferoieut à peine voir les |
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d'Architecture. 95
chambranles de la porte & des niches : nous fa-
vons tout cela ; mais nous n'avons garde d'être de leur avis. Ces imitations Romaines ne font plus de notre temps. Nous leur conseillerions bien plutôt de faire revivre les procédés qu'ont fuivis les Manfard & les Perrault, qui ConnoiiToient tout aufîi bien l'Italie qu'eux ; mais qui, avec la prudence & les lumières dont ils étoient pénétrés, en fuivant les routes des anciens , n'en ont pas moins créé un genre d'Architecture qui nous ap- partient , qui eiï à nous, & que nous n'avons né- gligé pendant un laps de temps aflez coniidérable , que faute de grandes occafions , & quelquefois par l'indifférence de pluiîeurs pour nos décou- vertes ou fmcertitude de quelques-autres, qui, las d'imiter leurs prédéceffeurs, croient innover en érigeant au milieu de Paris la charge des productions de la nouvelle Rome, qui d'ailleurs fe trouvant con- fondus avec des ornements Arabes ou Egyptiens, ne nous offrent que des comportions bifarres & défafforties : comportions éphémères à la vérité, mais qui écartent du vrai beau ceux qui, moins habiles encore, flottent entre ce qu'ils doivent imiter ou éviter, malgré les efforts que font les habiles Maîtres de nos jours , pour les ramener, par leur exemple, au véritable genre de la bonne Architecture. Nous le répétons, parce que nous ne pouvons trop le répéter , la plupart de nos jeunes Architectes abuient de l'autorité des an- ciens; iFs prennent bien leur maniere, mais fans s'animer de leur génie , & par là ils produifent de mauvaifes copies d'après d'excellents originaux : qu'ils y prennent garde , nous parlons ici à ceux mêmes qui font déjà initmits ; ce n'eil pas affez pour eux d'être remplis des chefs-d'œuvre anti- |
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96 Cour s
qites ; il faut en favoir faire choix; il faut les
favoir appliquer à nos ufages, à la température de notre climat , aux différentes qualités des matières qui nous font offertes, enfei au vrai goût de l'Art, que nos célèbres Architectes François ont créé, pour ainii dire , fous le regne de Louis le Grand. Mais, nous ofons le dire , il arrive tout le contraire. La plupart s'imaginent fuivreles anciens» & produire des chofes neuves „ tandis qu'ils ne nous préfentent que des compoiitions iingulières; on diroit qu'ils femblent vpuloir nous perfuader que leur amour-propre croît en raifon de leur médio- crité ; mais finirions cette digreïîion , qui ne fera pas goûtée du plus grand nombre. Il s'agit main- tenant de paffer à l'ordre Compoiite.i| |
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NÏX'
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CHAPITRE IV*
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ï> * A R C Η Ι Τ E C Τ U Ä Ε* 97
C h'.A.P Ι Τ R E IV, \
De l'ordre Composite Romaine
ϋ ....
jL/ ORDRE Comporte, imitation imparfaite des
ouvrages des Grecs, eil néanmoins rangé ici daprès
Vignole, dans la claffe des cinq ordres. C'eit aux Romains qu'en qû due la découverte , ii toute- fois la différence du chapiteau fuffit pour créer un nouvel ordre , puifqu'en le coniidérant du côté de fa proportion & de fes principales parties, il eil parfaitement femblable à l'ordre Corinthien ; fa colonne ayant, comme celui-ci, dix diamètres de hauteur , l'on entablement le quart, fon piédeilaï le tiers, &c. il n'en diffère abfolumenr que dans quelques membres ou moulures dont chaque Ar* chiteâe difpofe à fon gré, félon l'application qu'il en veut faire dans fes différentes productions ; c'eil pourquoi nous penfons comme Vitruve à l'égard de cet ordre ; c'eil-à-dire , qu'il n'en eil point un·, mais un affemblage de pluiieurs parties des autres ; que comme tel il peut s'employer dans les compo* fitions d'Architeâure, qui n'exigent pas beaucoup de févérité ; car il convient alors de préférer 1© Dorique, l'Ionique & le Corinthien des Grecs. Son chapiteau même n'eil autre chofe que la réunion dé celui de l'Ionique, avec la majeure partie de celui du Corinthien, & pair conféquent il ne peut paiiet pour une découverte. C'eil précifément pouf cela qu'il peut trouver place dans les édifices qm ont befoin d'être fymboliies par le miniilere de la. Sculpture; les autres chapiteaux, fur - tout 1«; Toine IL G |
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9§ . Cours
Corinthien, ainii que nous l'avons dit précédent
trient, ne devant jamais recevoir aucune altération. Cette imitation des Romains n'a cependant que
trop été fuivie par la plupart de nos Architectes modernes. Combien n'avons-nous pas vu de fois ces derniers, & quelques-uns d'entre ceux de nos jours , nous offrir pour un nouvel ordre, un affem- blage indifcret de pluiieurs membres d'Archite- cture à qui ils dominent le nom d'ordre François ; mais qui tous aiîiijettis aux mêmes règles que les précédents , n'en different que par un mélange de moulures & d'ornements, fouvent fi peu faits pour aller enfemblé , que nous croyons devoir palier fous iilence ces productions de leur oiiiveté , -dans la crainte d'offrir à nos Elevés plutôt l'écart de l'imagination de ces Artifies, que les véritables règles de l'Art. Quoique nous ne rangions point l'ordre Com-
pofite Romain dans la claife des plus belles pro- ductions de ce genre , nous n'en c©nfeillons pas moins l'étude à nos Elevés, parce qu'ils en peu- vent faire une jufte application dans les arcs de triomphe , dans f intérieur des appartements 9 dans la décoration des fêtes publiques , & généra- \ lement dans tous les ouvrages où le génie doit avoir j plus de part que la Ibumiiîion aux préceptes de l'art. Pour cela nous allons donner dans les planches fui- | vantes les mefures que Vignole a aifignées à cet ordre; enfuite nous les comparerons avec celles j des autres Commentateurs de Vitruve. Ce fera j d'après ce parallele utile, qu'on parviendra à ie rendre propre le Compofite Romain, & qu'on pourra l'employer avec plus ou moins de fuc- cès dans les différentes occafions qu'on aura d$ Jaw. |
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• d*a rchîîêcturI; .9$
Dtj Piédestal et de la Bas m
de l'ordre Composite. Planche XXXV,
Le piédeilal Compofite de Vignole, figure I j
a la même mefure que le précédent; on remar- que feulement quelques fuppreiïions dans les mou- lures de fa bafe δε de fa corniche , qui toutes doivent avoir moins de délicateffe que dans le Corinthien, à caufe des ornements mixtes dont fon chapiteau eil compofé ; parce qu'ici > comme en toute autre occafion , toutes les fois que quel- que coniidération particuliere détermine l'Archi- tecte à fortifier ou à diminuer une des principales parties de Tordre , il s'en doit fuivre un chan- gement néceiTaire dans tous les autres membres ; autrement fa production, loin de tenir aux pré- ceptes de l'Art , ne préfente qu'une compoikion de fantaiiie : auffi dans la bafe de la colonne Com- porte , pofée fur ce piédeilal, Vignole n'a-t-il mis qu'une baguette entre les deux liileaux qui féparent les fcoties, an-lieu de deux qui fe remar- quent dans la bafe Corinthienne ; néanmoins nous propofons celle placée fur le piédeilal de la figure Π. Nous avons réduit la hauteur du piédeilal au
tiers de celle de l'ordre, & pratiqué un revers- dos fur fa corniche, comme aux précédents ; nous avons auffi élevé la bafe du piédeilal, & chan- gé la plus grande partie de (es moulures. Le talon renverfé de celle de Vignole nous pa- roiiîant avoir trop de connexité avec celle de Tordre Dorique , nous préférons ici qu'elle refTem- bÏQ plutôt à la bafe du piédeilal de Tordre Corin- - C'y t-
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Hço Cours
thien, dont le Compofite eil une imitation, mais
jqui peut en différer, en ne taillant point d'orne- ments fur fes moulures, ainii que fa fait Vignole , qui n'en place feulement que fur la Corinthienne, & non fur la Compofite; Nous avons auffi exprimé dans le dé du piédeilal de cette figure II, une table rentrante, ornée de moulures, toujours en fuppofant que le fût de l'ordre fera cannelé, & que ii ces cannelures étoient chargées de ruden- tures, on appliquerait auffi des ornements , non- feulement fur les moulures des autres membres du piédeflal, mais encore fur la furface de cette table, comme cela pourroit fe pratiquer dans l'in- térieur de nos Temples, dans les dedans de nos appartements, ou bien dans les dehors aux arcs de triomphe où cet ordre convient affpz. Les moulures de la bafe, tracées fur la figure II,
font en général celles de la bafe attique , l'ayant reconnue, ainfi que nous l'avons déjà dit, comme la plus belle de toutes les bafes, d'après le fen- timent âes connoiiTeurs ; nous Savons enrichi cette bafe que de deux baguettes, tandis que nous en avons donné trois à la bafe Corinthienne; parce que cette dernière doit avoir encore phts d'élé- gance dans toutes fes parties. Du Chapiteau avec son Plan>3 vu
sur l'angle y et de l'entablement
Composite. Planche XXXVI & XXXVII.
L'entablement de la figure I, efl celui de Vi-
gnole , & le moins intéreffant de tous ceux que nous avons vus de lui jufqu'à préfent. L'archi- trave paroît avoir trop de hauteur , ainfi que la frife ; qui chacune ont un module & demi s d'ail- |
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d'Architecture; ^oï
leurs le congé qui unit cette dernière avec l'ar-
chitrave , iemble faire un mauvais effet \ nous préférons la frife galbée de la figure Iï, donnée ici à l'imitation de celle de Philibert Delorrne , aux Tuileries ( & ) : on peut fe permettre dans cet ordre moins de retenue que dans tout autre. Au reite, il faut remarquer que les frifes bombées ne peuvent recevoir, de bas-reliefs , ordinaire- ment néceiTaires lorfqu'on emploie cet ordre dans les bâtiments d'une certaine importance. Nous remarquerons encore qu'elles ne doivent guère être employées que lorfqu'on fe trouve forcé d'en altérer la hauteur , comme Hardouin Manfard femble l'avoir été au Château de Trianon, ayant dû faire fon entablement peu élevé , fes façades ayant beaucoup de mouvement, & le point de di~ ftaiice d'où elles doivent être apperçues, étant aiTez rapproché, principalement du côté de l'entrée* La corniche denticulaire de Vignole , à-peu-près femblable à celle de fon ordre Ionique ,; nous paroît bien peu propre à couronner un ordre Compofite. Nous préférons celle., de Palladio* qu'on trouvera planche XXXVIII , figure I , & d'après laquelle nous avons à-peu-près deiïiné celle qui fe voit ici figure II, & où nous avons % comme lui, introduit des modulons à double plate- bande , plus fimples que ceux de Tordre- Corin- thien, mais plus mâles que ne le font les denti- cules de Vignple , qui en cela s'eft éloigné des exemples antiques, puifqu'à Tare de Titus à Rome & à celui des Lions à Vérone, on remarque des |
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( e) Voyez les différents contours de nos frifes par Palladio
& Philibert Delorrne , rapportés dans le premier volume * ^age 2.44 , planche YU. ;,.. ' |
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loi Cours
niodillons, imités aufïi par Scammozzi« Il eft vrai
qu'en comparant l'entablement Compoiite de MU gnole avec celui de Serlio, rapporté par Cham- brai, il eil de beaucoup iupérieur à ce dernier; mais auffi faut-il convenir que Serlio, à le juger par cette feule production, ne mériteroit aucun.' degré d'eftime. Nous avons déjà recommandé à nos Elevés d'étudier Chambrai; c'eit bien ici le lieu de le leur recommander encore, puifqu'il s'agit, pour ainfi dire, d'abandonner les éléments de l'Art, pour paifer à une nouvelle production., & qu'au- trement il feroit à craindre que d'après Serlio ils fé cruiTent tout permis. Il eft vrai que nous ne propofons pas l'entablement de la figure II, comme un modele à imiter exactement, mais feujement Comme un moyen de parvenir à fubftituer tel membre à tel autre membre , félon l'ufage qu'on voudra faire de l'ordre Compoiite , & en fe reiîou- venant toujours, que fon chapiteau, plus chargé de membres d'Architeâure & de Sculpture que celui du Corinthien, exige que toutes les mou- lures & les ornements de cet ordre fe reffentent de fa double application Ionique & Corinthienne» qui, quoi qu'on en dife , range nécessairement cet ordre dans la dernière claife des découvertes que les Romains ont faites en Architecture. Nous, avons donné dans la figure I, le chapi-
teau de Vignole , aflez femblable à celui de Pal- ladio & de Scammozzi, au-lieu que dans la figure II nous avons repréfenté celui de Tare de Titus , lorfque les Romains voulurent ériger pour la pre- miere fois chez eux un arc de triomphe à cet Empereur, après qu'il eut ruiné la ville de Jéru- ialem; mais rappelons ici ce que nous avons remarqué plus d'une fois : quelle différence entre |
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D'ARCflITÏCTURf.' IOJ
!a compofition de ce chapiteau & celle du Corin-
thien ! De quel ceuil doit-on coniidérer la pefan- teur de fes volutes avec l'élégance des feuilles de deffous; certainement ce chapiteau nous paroît bien moins une découverte qu'une imitation in- difcrète que nous employons d'après les Romains, parce que l'Archite&ure , comme les autres Arts y a fes limites , & qu'elles femblent exiger de notre part moins de févérité ; car enfin, que diroit-on d'un Sculpteur qui, pour s'éloigner des produ- ctions de la belle antiquité & de la nature , pla- ceroit le front d'une femme de quarante ans, fur la face d'une jeune fille de quinze , ce feroit fans doute une nouveauté ; mais celle-ci ne tarde- roit pas à être profcrite & rangée dans la clafle de la médiocrité. Que nos Elevés conçoivent , par cette comparaifon , combien il eil important de ne pas confondre dans fes compositions , ni les genres, ni les différentes expreiîions qu'il convient d'obferver , non-feulement dans chaque ordre , mais dans chaque édifice , dans chaque pièce d'un appartement, enfin dans chacune des par- ties qui les compofent. Nous n'avons point donné dans cette planche le plan de ce chapiteau ; nous renvoyons à la planche XXXVII, où nous ré- pétons celui de Vignole, vu fur l'angle, comme nous avons fait pour le Corinthien , afin d'accou- tumer nos Elevés à s'appliquer au développe- ment de toutes les parties des ordres, & qu'ils puif- fent, dans la fuite, fe rendre compte de toutes celles de leurs œuvres. Au bas de la planche dont nous parlons, nous avons, pour cette raifon , tracé les plans des deux entablements, & de Vignole δε de celui que nous propofons : détails •qu'il eil bon de comparer avec ceux des planches G iv(
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Ί04 Cours
précédentes , pour les étudier de nouveau 5 re-
tourner aux Auteurs que nous avons cités, deiE- ner pluiieurs de ces détails en grand , s'accoutu- mer à les compofer & à les décompofer, prendre de l'un ce qui convient pour l'autre, mefurer fe$ forces , confulter les gens de l'Art, enfin effayer à produire, puis fe confulter encore pour monter fon génie fur tous les tons. Cette dernière qualité ne peut être que l'ouvrage du temps , le fruit d'un goût exquis , d'une longue expérience Se d'un travail infatigable. Donnons, comme nous ayons fait précédem-
ment , les deffins de Palladio & de Scammozzi , fur l'ordre Compofite ; ces deffins réunis avec celui de Vignole, termineront ce que nous avons vou- lu enfeigner concernant les connoiffances élémen- taires des cinq ordres d'Architecture, Des ordres Composites de Palla-
dio et de Scammozzi, Planche XXXVUL.
De tordre Compofite de Palladio.
Figure Premiere*
"Palladio donne à cet ordre les mêmes propor-
tions qu'au Corinthien ; mais il recommande de lui donner un peu plus de légèreté. Nous fom~ mes bien éloignés d'être de {on avis, nous l'avons dit , la pefanteur de fon chapiteau, comparée avec l'élégance de celui du Corinthien, femble rion-feulement exiger un racourciffement dans la tige de fa colonne % mais encore moins de légèreté |
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r>'Architecture? ioj'
dans toutes les parties & les ornements qui les
compofent. Au refte , ion entablement mérite la préférence fur celui de Vignoie, il nous paroît de la plus grande beauté, à f exception de la cimaife de fon architrave, précifément dans le cas de celle de Tordre Corinthien de Scammozzi ; voyez la- planche XXXIII. Nous compilions à nos Elevés l'imitation de cet entablement dans toutes les occa- iions où leur prudence leur fera préférer cet ordre au Corinthien, en employant néanmoins la' bafe de Scammozzi, figure II. De l'ordre Compoßte de Scammozzi*
Figure. IL Scammozzi donne auiïi à fon ordre Compofitô
les mêmes proportions qu'à fon Corinthien; mais fon entablement n'a pas, à beaucoup près , la beauté de celui de Palladio. On remarque trop d'égalité dans la hauteur des membres principaux de fa corniche , & dans ces membres une multipli- cité de petits réglets qui lui procurent un air chétif &mefquin ; fon chapiteau femble auiTx avoir moins de grâce que le précédent; en forte qu'il n'y a guère que fa bafe qui puiffe être imitée , ainlî que nous venons çie le remarquer en parlant de la figure I de cette planche. ' Nous ne fommes point entrés dans le détai!
des moulures du piédeilal de cet ordre , ni de la plupart des autres membres que nous avons rap- portés précédemment d'après Palladio & Scam- mozzi; c'eit à nos Elevés à les examiner avec attention: d'ailleurs nous nous fommes apperçus que le plus grand nombre de ces moulures n'ayoit |
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ϊθδ C Ο IT R S
pas un rapport bien exacl avec le caractère deà
ordres auxquels elles appartiennent, & qu'il eil bort de comparer enfemble. Parlons à préfent à l'ap- plication de l'ordre Compoûte à l'Architeaure. Application de l'ordre Composite
λ un Arc de Triomphe. Planche XXXIX.
Nous avons dit plus d'une fois, que l'ordre Com-
poiite convenoit aux arcs de triomphe, parce que fes ornements, participant des autres ordres » fembloient exiger moins de févérité que ceux du Corinthien; que pour cela il pouvoir recevoir divers attributs propres aux différents motifs qui font élever ces fortes de monuments. Dans les applications précédentes, nous avons offert des objets de notre composition : ici nous préfentons- à nos Elevés l'arc de triomphe du Trône ? non- feulement parce qu'il eit l'un des chefs -d'œuvre de Claude Perrault, mais parce que cet ouvrage célèbre n'exiftant plus , nous avons cru ne pou- voir trop multiplier un tel exemple. Cette raifon nous l'avoit déjà fait donner dans le deuxième vo- lume, de l'Architeaure Françoife , page 137 ; nous l'avions aum* fait graver pour le Dictionnaire Encyclopédique , mais des raifons particuliè- res l'ont empêché d'y paroître. Il eft vrai que Perrault a fait ufage dans cette belle production tle l'ordre Corinthien , au-lieu du Compoiite qu'on trouvera dans, cette planche ; mais comme on fait que cet ordre ne diffère du précédent que par fon chapiteau, nous avons cru pouvoir y faire cette fubilitution, n'ayant d'ailleurs jien changé |
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d'Architecture; τσ?
ni à îenfemble , ni aux proportions, ni aux orne*
ments de cette favante production. "Nous nous fîatons donc qu'on nous paffera cette témérité en faveur du bon office que nous rendons aux· ama- teurs , en reproduifant à leurs yeux celui de nos édifices François , qui, après la porte Saint-Denis & le périrlile du Louvre , fait le plus d'honneur à la Nation. Ce fut la Ville de Paris, qui en 1670 fit faire
le modele en plâtre de ce monument, de la gran- deur de l'exécution , dans l'intention de le faire élever enfuiteà la gloire de Louis XIV; mais ce projet fut abandonné, & le modele détruit en 1716;. Cet édifice étoit à double parement, & avoit 146 pieds de face, & 150 pieds de hauteur, y compris le couronnement : dimeniion qui furpaife de beau- coup celle des arcs de triomphe de Conilantin & de Septime -Severe, rapportés dans Befgodet, &dont on voit encore aujourd'hui les ruines à Rome. Les colonnes de Perrault ont ici vingt-un modules au-lieu de vingt *. augmentation qu'il a cru devoir leur donner, fans doute pour leur procurer plus d'élégance ■> en faveur de la légèreté de la Scul- pture répandue dans cette compofition ingénieufe ι Sculpture qui procure à ce monument un air de délicateffe auquel la proportion fvelte des colonnes femble correfpondre. Nous remarquons ici, que tous ces ornements font d'un bon choix, & qu'il faloit, comme Perrault, être un grand Maître, pour les employer en fi grande quantité fans fur- charger l'Architecture : mais dans cet arc de triom- phe , comme au périftile du Louvre du deiîin de ce même Archite&e , ils font tous placés par le génie , arrangés par le goût, & diftribués par îefprit de convenance. Certainement c'eft ain& |
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ïoS Cours
qu'il les faut mettre en œuvre ; autrement ceux
qui ne tiennent qu'à Fa|t, & non précifément à l'objet, méritent le blârrie. ïl ne iuffit pas même d'en placer avec modération ; il faut qu'ils parlent tous à Tefptit ; qu'ils plaifent aux yeux ; en un mot, il faut fe reffouvenir que tout ornement ceffe de l'être , dès qu'il fe trouve en contradiction avec le ityle élégant ou folide de TArchiteclure. Perrault a donné à fes piédeitaux le tiers de la
hauteur de la colonne, & à fbn entablement le quart; l'arcade principale a 25 pieds de largeur, & ,50 pieds de hauteur: ouverture coniidérable , à en juger par celle de la porte Saint-Denis, qui a 24 pieds de large. Les deux portes collatérales ont ici chacune quinze pieds ; ces trois portes , plein - cintre , font enfermées dans des niches quarrées , qui procurent à cette ordonnance un caraâere noble & régulier , qui met chaque partie à fa place, & caze la Sculpture avec un fuccès peu commun. On ne doit pas s'attendre à trouver ici une
longue énumération des beautés imiverfellement reconnues dans cet arc de triomphe, en ayant déjà donné la defcription dans le deuxième vo- lume de l'Architecture Françoife ,' cité plus haut; dans cet ouvrage on trouvera auiîi une com- pofition à-peu-près pareille, que Charles Le Brun avoit faite pour le même objet: nou- velle production qu'il fera bon de comparer avec celle de Perrault. Le Brun , cet illuitre grand Maître en plus d'un genre, y avoit pré- féré Tordre Compofite au Corinthien ; ce qui en quelque forte nous a autorifés à le faire ici. Sans doute la eompofition de Le Brun eil inférieure à celle de Perrault; mais les légers défauts quisjg |
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d'Architecture. 109
remarquent, n'aiFoibMent point les beautés fubli-
mes, qui, félon nous, y l'ont répandues. Avant de quitter les cinq ordres d'Architeäure
& leur application dans nos bâtiments , difons un mot des colonnes torfes & des ordres Cariati- des & Perfiques ; enfuite nous donnerons divers exemples d'entablements & de chapiteaux d'une compoiition févere , puis . d'une compoiition plus libre , qu'on peut employer avec fuccès dans les différents ouvrages d'Architecture qui ont plus trait à la magnificence qu'à l'utilité. Par ces différents modèles nos Leçons réuniront en même temps les principes fondamentaux de l'Art, & des exemples de goût qui pourront faire éclore le génie des jeunes Artiiîes pour lefquels nous avons compoie ce Cours. Des Colonnes Torses.
. Dans le premier volume de cet ouvrage, page
208 , nous avons parlé de l'origine, des colon- nes torfes ; nous allons donner ici la maniere de tracer leur contour , d'après celle dont s'eit fervi Le Bernin pour les colonnes Comportes du. grand autel de S. Pierre à Rome : maniere ingétiieufe & facile qu'ont employée Manfard & Hardouin, l'un au Val-de-Grâce , l'autre aux Invalides ; mais avant d'y paffer , nous répétons à nos Elevés de fe reiTouvenir qu'il faut ufer avec beaucoup de circonfpection de ces efpeces de colonnes ; elles ne peuvent être raifonnablement employées que dans l'intérieur de nos Eglifes , comme celles en bronze qu'on remarque à Saint-Pierre de Rome , que nous venons de citer ; celles en marbre de Bar- imiiçon au Yal-de-Grâce j» celles de marbre b]an« |
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110 C O Ü 11 S
de la Chapelle d'Orléans aux CélefKns, du deiîïrt
de Germain Pilon; enfin celles du maître autel des Invalides : encore , malgré ces autorités, fe- rions - nous tentés de croire qu'elles devroient être réfervées pour les feules décorations de nos Théâtres , où la magie de l'Art doit fouvent l'em- porter fur les règles les plus approuvées. Maniere de tracer les Colonnes
Torses.
Planche XL.
Après avoir tracé la colonne fuivant fa dimi-
nution ordinaire, comme fi elle ne devoit pas être torfe ; prolongez la ligne AB au~defuis du lifleau ou de la ceinture de labafe ; puis du point C, tiers de la hauteur du fût de la colonne & du point "A , comme centre , décrivez le quart de cercle C, Β ; enfuite du point Β , ainii trouvé, & de celui D, pris au-deffous de l'aitragale,, tirez l'oblique D Β, comme baie d'un triangle équila- îéral, du ibmmet duquel Ε , on décrira l'arc D , F'B : divifez cet arc en douze, & , de chaque cîi- vifion tirez autant de lignes paralleles à celle AB; enfuite partagez chacune de ces diviiïons qui vont rencontrer le fût de la colonne, en quatre parties égales : & de trois de ces parties, formez un triangle ifocele G, H, I, du fommet duquel H , on décrira la portion de cercle 1G, & alternative- ment en dedans & en dehors , &' des deux côtés, on parviendra à former la colonne torfe, qui con- servera fa diminution comme à l'ordinaire. |
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d'Architecture. ui
Des oRώre s Cariatides
ET Ρ Ε RS I QU ES,*
Planche XLI&XLIÎ.
Kous avons déjà parlé dans le volume précé-
dent, page 198 & 345 , des ordres Cariatides & Perfiques. Notre intention n'eft pas de répéter ce que nous avons dit touchant cette production des Grecs, qui, beaucoup mieux fondés que nous» ont pu en faire ufage ? mais que nous ne devons imiter qu'avec toute la retenue & la modération que nous avons déjà recommandée : cependant comme ce genre de décoration peut entrer quel- quefois dans nos comportions , nous donnons dans les deux planches fuivantes un deffin pitto- refque de deux femmes Cariennes, groupées en- femble, & de deux Captifs Perfes , les uns & les autres fupportant lé poids d'un entablement. Nous renvoyons d'ailleurs aux exemples de deux deiïins excellents que nous donne Chambrai dans foii parallele, page 53 & 5 5 , d'une attitude plus tran- quille à la vérité , mais en cela trop froide, & fupportant avec trop peu d'effort la charge dont ils devraient être accablés. Au reite , Chambrai condamne , comme nous , l'application indifcrète qu'en ont faite le plus grand nombre de nos Arclii- te£tes. · ■ Donnons à préfent dans le Chapitre qui va
fuivre, quelquesideffins d'entablements & de chapi- teaux. Nous commencerons par pluiieurs exemples copiés d'après les ruines de la Grèce & de l'Italie ; nous donnerons enfuite divers profils , d'après les £orame;ntateurs de VÎtruye. , autres que Vignole ? |
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"î Cours
Palladio &Scammozzi ; nous expoferons après cela
ceux que nous avons mefurés dans nos plus célèbres bâtiments François ; nous en ajouterons quelques autres d'un deffin moins févere , propres aux déco- de nos Théâtres, & de l'intérieur de nos apparte- ments : enfin nous offrirons à nos Elevés de nou- veaux deiïïns de notre compofition qui leur indi- queront les moyens deparvenir à compofer ou à decompofer chacun des profils des entablements attribués aux cinq ordres. |
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A
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CHAPITRE Vi
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©'ÀRCflîf ECTURÈ, ïl|
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C Ά A Ρ Ι Τ R Ε '. V* ■ .
Profils d'Entablements, puisée
d'après différents exemples
anciens et modernes.
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Profils tirés d'après les ruines
des plus beaux Monuments
de la Grèce,
Âpres avoir étudié dans les éléments pièce«'
dents les cinq ordres des Grecs & des Romains 9 d'après Vitruve & fes Commentateurs, examinons quelques profils d'entablements, puifés dans les premières productions de ce genre * qui iubniîent dans les ruines de la Grèce, & dont nous devons les recherches à M. Le Roi, membre des Acadé- mies Royales dlArchite&ure & des Belles-Lettres $ qui, les ayant levés fur le lieu $ nous eii a donné Un recœuil où la précifion & le goût préfidenÈ également : recœuil où nous renvoyons nos Elè- ves* déjà avancés , mais dontnous allons donner en faveur des moins initruits , quelques exemples: pris dans la féconde partie de cet ouvrage excellent^ à deffein de leur faire fentir. combien il eilintéreiTant pour eux » après être fortis des premières notions de l'Architeâurej de pouvoir puifer dans les fources avant de pafTer à la théorie, pour que , dans la fuite , ils puiiTent féconder leurs productions , à raifon des occasions qu'ils auront un jour de Tome II* H |
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ïi4 Co υ r s
déployer toute la magnificence de .l'Art , ou aii
contraire de l'employer dans fa plus grande iimplicité ; il eft même des circonftances où il faut favoir l'imiter & la rendre telle qu'elle étoit dans fon enfance. Nous n'entrerons pas néanmoins dans une grande difcuifion fur l'arrangement , la pro- portion & la forme de ces diverfes productions ; les remarques favantes qu'en a faites M. Le Roi y femblent nous en difpenfer. D'ailleurs quelles obfervations pourrions-nous faire , qui ne tour- naflent, pour ainii dire, à la confufion de quelques- uns de nos jeunes Architecles , qui, éclairés par les premières tentatives des Grecs & la perfection qu'ils ont fu donner enfuite à leur Architecture , ne nous offrent le plus fouvent que des compor- tions fort au-deiïbus des premiers effais de ces peuples ingénieux , ou les appliquent dans leurs œuvres avec une inconféquence prefque toujours impardonnable. De l'ordre Dorique;, cotißdere dans fon premier
& dans fon fécond état. Planche XL III.
La figure A, préfente le profil d'un chapiteau
Dorique, dont les colonnes fans bafe n'avoient pas fix diamètres, & qui, pour entablement, n'avoient qu'un feu! architrave. Cet ordre, félon M. Le Roi ( ƒ), doit être regardé comme la premiere produ- ction de ce genre, trouvée dans un lieu de l'Attique, appelé par les Grecs Thoricion ; ce chapiteau a cela |
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( ƒ ) Ruines de la Grèce Λ féconde Partie, page %, planche I*
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îj'Architecture, iif
de nngulier, qu'à la place d'un quart de rond, oii
remarque feulement un chanfrein, ce qui prouve l'ancienneté de fon origine. La figure Β , donne le chapiteau du Temple
d'Apollon à Délos , dont la moulure du deiTous du tailloir, au-lieu d'être chanfreinée , commence à prendre une courbure qui infenfiblement eil de- venue un quaçtde cercle dans la fuite des produ·* irions Doriques des Grecs, comme on le verra dans la figure C de la planche XLV. La figure C, donne le profil de l'entablement
Dorique du Temple de Théfée à Athènes (#)$> conlideré comme la féconde produ£tion de cette efpece : il a le quart de la hauteur de la colonne fans bafe, & cette colonne a auiîi un peu moins de fix diamètres de hauteur. A l'égard de l'entablement „ nous ferons remarquer feulement la hauteur excef- five de l'architrave , comparée avec le peu d'élé- vation delà corniche , & l'ufage où l'on étoit alors de placer le trigliphe précifément fur l'angle de la frife, & non à plomb de l'axe de la colonne* La figure D , fait voir le profil du chapiteau
Dorique de ce même Temple ; on y peut remarquer que la moulure au-deims du tailloir eil déjà très- différente de celle du précédent , &. que c'efl infenfiblement & par degré , comme nous venons de le dire , qu'on eil parvenu dans la fuite à y fubilituer un quart de rond. |
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(g) Ruines delà Grèce, féconde Partie, page 8 ,plancheVI.
Hij
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ι
ιι6 Cours
f.
Ordre-Σ)crique du Temple de Minervèi
Planche XLIV.
La figure A , donne l'entablement de la façade
du Temple de Minerve , iituë au milieu de la Ci- tadelle d'Athènes, & mis , félon M. Le Roi, au rang des plus beaux profils qui foient reftés de l'antiquité ; fon architrave & fa frife ( cette der- nière, monte jufque fous le larmier ) ont le quart de la hauteur de la colonne : par-là on voit com- bien cet entablement a d'élévation par rapport à Tordre , celui-ci n'ayant qu'environ onze modu- les & demi, & l'entablement ayant près de quatre modules & demi, On doit remarquer aufïï, que le trigliphe d'angle , comme dans la planche précé- dente , eft porté fur l'extrémité de la frife, au-lieu d'être à plomb de Taxe de la colonne , & que dans l'un & dans l'autre le nu de l'architrave & de la frife porte-à-faux fur le fut fupérieur delà colon- ne , mais à plomb du diamètre inférieur. Nous re- marquons encore, que fur cet entablement d'une hauteur coniidérable, le fronton qui le couronne a fort peu d'élévation, n'ayant, au-lieu du cin- quième , que les deux quinzièmes de fa bafe : proportion affez généralement obfervée dans les productions de la Grèce. Ordre Dorique 3 confidéré dans fon troifieme
; ■ ; état.
Planche X L V.
La figure A , préfente l'entablement tiré des |
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d'Architecture. 117
ruines du Temple d'Auguite, élevé à Athènes (A).
Il a de hauteur prefque le tiers de Tordre ; en forte qu'il fe pourroit bien, comme nous l'avons dit ailleurs ( premier volume page 194 ) que la pro- portion plus régulière de cet ordre, fût due aux Romains lorsqu'ils eurent conquis la Grèce , & qu'elle fe fut encore perfedionnée dans la fuite en Italie. Le trigliphe eil ici porté fur l'angle de la frife, comme dans les exemples précédents, & un peu en furplomb, mais du moins le nu de l'ar- chitrave porte fur le fut fupérieur de l'ordre : de- · gré de perfedion que n'ont pas ceux dont on vient de parler. Le chapiteau Β, de cet ordre a aniii quelque
chofe de plus régulier que les précédents , & a été imitée aiTez précifément dans la nef de Saint-Pierre- aux^Liens à Rome : M. Le Roi le rapporte, & nous l'avons copié pour le donner ici, figure C , ne pouvant trop exciter l'attention de nos Elevés à examiner les progrès que l'archltedure fait chez les Grecs , enfuite chez les Romains, & de-là chez nous. Ordre Ionique du Temple d'Erechtée
à Athènes* Planches XLVI& XL VIL
La figure A , donne l'entablement Ionique du
Temple d'Erechtée. Il a de hauteur le quart de la colonne, qui a neuf diamètres & un quart, & «ne bafe attique fans plinthe : cette hauteur de neuf diamètres un quart, donnée à la colonne, |
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(/«) Ruines, de la Grèce, planche XIV3. page i?.
H iij
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iiS Cours-
varie dans les différentes faces de ce Temple, à
raiibn de la diverfe largeur de fes entrecolonne- ments, ce qu'il eft bon de remarquer ; puifque c'eft d'après cette autorité fans doute que nos Archite" &es ont quelquefois donné plus de hauteur à leurs ordres que les règles ne le prefcrivoient. C'eft ainii que Perrault l'a fait dans fon périftile du Louvre, ayant augmenté l'ordre Corinthien d'un module 5 parce qu'il a employé des colonnes accouplées dans fon ordonnance. Dans cet entablement A, neus remarquerons un architrave d'une hauteur çoniidérable , & une frife peut-être trop élevée pour la corniche qui a très-peu d'élévation, & une affez grande faillie. L'on trouve aufîî fur cette planche , figure a , le profil d'une plus petite corniche qui couronne le pilaftre des angles du corps de ce Temple , ainfi que le profil h du chambranle d'une de les croifées, qui chacune ont de hauteur le double de leur largeur , & celle du chambranle , un peu plus de la fîxieme partie de la largeur de ces mêmes croifées. La figure R , planche XLVII, offre le chapi-?
teaù du périftiïg de ce Temple, d'une compoii- tion tout-à-fait différente de celui rapporté par Vitruve. M. Le Roi, qui l'a mefuré & deiîinéavec foin, paroît en faire le plus grand cas , & lç préfère à l'antique rapporté par Vitruve ; nous nous en rapportons à les lumières : d'ailleurs en matière de goût les difcuiftons ne font d'aucun poids. Nous donnons aufïi fur cette même planche, figure Ç » le profil d'une des bafes de ce Temple, la moins régulière à la vérité, les autres appro^ chant de très-près de la bafe connue fous le noni de bafe attique % mais nous avons préféré de rap* porter çejle dé Ja figure C, parce cui'ilnous a paru |
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d'Architecture. ï 19
intéreffant de nous rendre compte, du moins en
fubitance, des premiers pas qui fe font faits con- cernant les différentes parties des ordres. Ordre Ionique du Temple d'Erechtée
à Athènes. r Planche XL VIII.
La figure A, repréfente la,corniche architravée
qui couronne les cariatides „ faifant partie du Temple d'Erechtée dont nous venons de donner l'entablement. Cette corniche architravée eil d'un aiTez beau profil ; mais elle paroît avoir une hauteur confidérable , ayant plus du tiers des figures qui la foutiennent. Au refte, nous avons faifi l'occaiion de donner ce couronnement dont nos Architectes modernes ont fait un ii fré- quent ufage, même avant de connoître cet an- cien exemple dont nous avons l'obligation à M, Le Roi. Nous avons auiîi donné ? figure Β , une des Cariatides qu'il rapporte , & que nous avons copié d'après fon deitin qui nous a paru excel- lent , & que nous comparons néanmoins dans cette planche , a une aflez femblable C, de, celles de la Salle des Cent SuiiTes au Vieux - Louvre, appelée aujourd'hui la Salle des Antiques, fculptée par Jean Goujon , célèbre Artifte françois. Ces deux-figures different feulement en ce que celle € porte fur un fimple focle , & celle Β fur un petit ilylobate, ayant à-peu-près la forme de la baie de la colonne ; en forte que ces ftatues paroifient n'en occuper que le fut, puifque leurs têtes fou- tiennent le chapiteau, ainfi que nous Favons fait remarquer premier volume 5 page 346. Hiv
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'no c οη7Γ g , u.
Entablement de l'ordre Corinthien du Temple
de Thèfée ? à Ρ o la en Ißrie, Planche XLI X.
Cet entablement Corinthien , figure A, a en-
viron le cinquième de la hauteur de l'ordre ; qui a ici dix diamètres ; il nous paroît approcher de très-près de la perfection qu'on lui a donnée de- puis , & prouve, ii ces profils font exacts,, les progrès que l'Architecture avoit déjà faits dans, îa Grèce lors de la conflruclion de ce monu- ment. M. Le Roi, dans une note au bas; dç la page 24 de fa féconde partie, nous apprend que Palladio lui en a fourni les mefiires. Sur cette même planche nous avons auffi rapprté, figure B, la Isafe de cet ordre dont le plinthe égale la hau-« teur de toutes (es moulures. On remarque Firnis tation indifcrète de cette bafe à l'ordre Cornpoiite de l'Arc des Lions à Vérone, '. Nous nous fommes interdit toute efpece d'oh»
fervation fur les exemples que nous venons de> rapporter ; c'eft aux Lecteurs éclairés, parce que nous avons enfeigné précédemment, déjuger par eux-mêmes ces diverfes productions. Nous allons paffer à préfent à quelques autres exemples tirés de Chambrai, touchant les. édifîcçs çrîtaUe les plus célèbres. , Profils tirés d'après les
Bâtiments antiques de Rojm:e. Quoique; l'ordre Tofcanfoit, à ce que l'or*
prétend Aunç invention Rgmaine \ Chambrai. |
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d'Architecture. i**
néanmoins ne nous donne pour exemple que la
colonne Trajane de cet ordre ( i ) : quoiqu'il ait huit diamètres , comme nous l'avons remarqué , premier volume, page 202 , nous η en parle- rons point; notre objet étant d'offrir divers en- tablements qui peuvent différer entr'eux dans chaque ordre, au-lieu que les colonnes & les pi- laires font, pour ainfi dire, fixés à une hauteur déterminée, & que leur forme eft toujours la même. Ceit pourquoi nous allons paffer à l'ordre Dorique ; nous ne rapporterons cependant point celui du Théâtre de Marcellus, en ayant donné le deffin planche II, figure I de ce volume. Entablement Dorique des Thermesde 'Dioctétien
à Rome. (
Planch ι L.
Le profil de cet entablement nous paroît fupé-
rieur à celui du Théâtre de Marcellus , & c'eft àuffi l'avis de Chambrai ; il a de hauteur le quart de la colonne qui a feize modules ; les denticules de fa corniche font beaucoup plus riches qu'on ne les fait ordinairement: richeffe qui a été imitée depuis par quelques-uns de nos Archite&es avec bien moins de raifon que dans cet exemple, parce que cet enrichiffement s affortit bien avec la Seul- |
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(i) On trouvera dans la planche 90 de ce volume, les
trois ordres Tofcans de l'amphithéâtre de Vérone , que nous avons compris dans le parallele des ordres que nous donnerons., formant la décoration des priucipauï édifices anciens & œo- |
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ν
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tî% Cours
pture taillée fur la plupart des moulures de cette
corniche : ornement que nous n'avons pas exprimé dans cette planche , n'ayant pour objet ici, que de donner les profils des entablements, dépouillés de toutes leurs fuperfluités. Nous en donnerons dans la fuite de ce Chapitre plufieurs dont les orne- ments , d'après Bibiane , pourront s'appliquer à tous les entablements anciens & modernes. En général le profil de la corniche & la cimaife de l'architrave de cet exemple antique nous paroiiTent bien délicats, en les comparant avec le caraâere de pefanteur du chapiteau que nous avons tracé deifous. Entablement Dorique, trouvé joignant l'Eglifi
Sainte-Marie à Albane > près de Rome. Planche LI.
Ce profil d'entablement Dorique , qui a le quart
de la colonne, & celle-ci quinze modules de hauteur, nous paroît être compofé d'un aiTez grande maniere; mais nous ne confeillons pas d'imiter les gouttes des mutules qui occupent la place de la face qui en détermine la hauteur, ni la fuppreffion de la cimaife inférieure, qui ordi- nairement fe place entre le mutule & la plate- bande fervant de chapiteau aux trigliphes/. La cimaife nous paroît auffi un peu forte de pro- portion & légere de profil , par la fubititution du cavet, femblable à la cimaife de l'entablement Dorique du Théâtre de Marcellus, C'en: pourquoi l'entablement mutulaire de Vignole, planche ÏII de ce volume, nous plaît davantage, celui d'Albane ne pouvant guère convenir que pour les dedans |
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d'Architecture. 123
des appartements. Nous obferverons encore , que
fon chapiteau eil chargé de beaucoup de petits réglets qui s'accordent peu avec la grandeur de fes principaux membres, & fur-tout de l'aftragale qui termine le fût fupérieur de la colonne. Entablement Ionique du Temple de la Fortune
virile à-Rome,
Planche LII.
Cet entablement Ionique qui a les deux neuviè-
mes de la hauteur de la colonne, & celle-ci vingt- deux modules , nous paroît être un chef-d'œuvre : auffi Palladio & Pyrro Ligorio, dont Chambrai l'a tiré, en ont-ils fait le plus grand éloge ; la- proportion de fa corniche & la diviiion de {es membres fur-tout nous paroiiTent admirables. Nous déiirerions feulement qu'on retranchât les lifteaux placés fous les cimaifes fupérieures & inférieu- res ; la fuppreffîon de ce dernier fur-tout procure- roit plus de hauteur à la frife, qui paroît trop baife pour celle de l'architrave , & qui, dans Inexécution, doit paroître plus baife encore y à caufe de la faillie du membre qui couronne cette partie inférieure de l'entablement; mais jufqu'à préfent nous avons dû nous appercevoir que tous les Archite&es anciens ont forcé leur architrave, à caufe fans doute que cette partie principale porte tout le poids de l'entablement dont elle fait partie. |
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114 Cours
Entablement Ionique des Thermes de Dioctétien
à Rome.
Planche LUI.
Cet entablement Ionique, qui a les deux-neu-
vièmes d'un ordre Pilaftre , & celui-ci vingt mo- dules & demi, a fa frife bombée, qui nous femble baffe, placée entre un architrave^ une corniche d'une hauteur affez coniidérable. Cet entablement en général, a un eara&ere de fermeté qui le rend plus propre à un Dorique qu'à un Ionique , fur- tout lorfqu'on veut le comparer avec le précédent. Au refte, ces deux ordres, ont pour bafg celle nommée attique. Entablement Corinthien du Portique de la
Rotonde à Rome. Planche LI V.
Cet entablement Corinthien, qui a le quart de
Tordre, & celui-ci vingt-trois modules deux-tiers y nous offre un larmier fupérieur trop foible , com- paré avec tous £es membres inférieurs; les modu- lons nous paroiiTent aufîi trop écartés les uns des autres, & l'axe de la colonne ne pouvoir répon- dre ni au milieu d'un modillon, ni au milieu de l'un de leurs intervales : défaut de régularité qu'il faut fe garder d'imiter. Ici la frife eft égale à l'architrave, & en cela ces deux membres nous paroiiTent préférables à tous ceux des anciens que nous avons rapportés jufqu'à préfent* |
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O'ARCHITECf URI. tZj
Entablement Corinthien du Frontifpice de Néron
à Rome.
PLANCHE L V.
Cet entablement, qui a le quart de la colonne |
& celle-ci vingt modules & fix pieds de diamè- tre*, nous paroit être, comme le dit Chambrai, d'une excellente maniere , mais avoir le défaut con- traire du précédent, c'efi>à-dire, que tous les membres fupérieurs de fa corniche, font trop forts , comparés à ceux de deffous ; à quoi l'on peut ajouter , que la faillie du larmier placé fur celui des modulons à double face , paroît confi- dérable ; en forte que ce profil feroit plus pro- pre à couronner un ordre Compofite , qu'un Co- rinthien. On peut remarquer encore, que l'ar- chitrave & la frife, tous deux de même hauteur , paroiiTent un peu bas pour la corniche, qui a un demi module de plus que chacun de ces deux membres : comparaifon qu'il convient de faire, avant d'appliquer les divers exemples de fes pro- ductions. Nous renvoyons au parallele de Chambrai,'
page 69, pour ce qui concerne l'entablement de l'ordre Corinthien des Thermes de Dioclétien, étant fi fort furchargé d'ornements arbitraires, que nous aurions craint, comme nous l'avons dit ailleurs , qu'un pareil exemple ne portât nos Elè- ves à fe tout permettre. Nous ne donnons pas non plus le profil Corinthien du Temple de Sa- lomon , que Chambrai dit, page 7 , avoir deffiné d'après la defcrîption qu'en a faite Villapende , & dans la frifc duquel fe remarquent des trigli- |
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ιι6 Cours
phes ; cette composition ne nous ayant paru pro**
pre que pour la Sculpture & la Peinture, lors- qu'il s'agit de représenter dans les fonds des bas- reliefs ou des tableaux, Tordre Corinthien, d'après ce que Thiitoire facrée nous en rapporte. Don- nons à préfent les deux Seuls exemples Compo- rtes anciens que nous connoiiîions. Entablement Compoßte de l'Arc de TituË
à Rome.
Planche LVI.
Cet entablement Compoiite a de hauteur le
quart de la colonne, & celle-ci vingt modules : Chambrai exalte beaucoup cet entablement, qui effectivement η'eil pas fans beauté , étant allez Semblable à celui du Corinthien , dont la colonne a les mêmes dimeniions ; mais nous préférons celui de Palladio, que nous avons donné planche XXXIII, figure I de ce volume, l'entablement Compoiite devant offrir dans fes parties princi- pales, moins de détails que le Corinthien, à caufe de la pefanteur du chapiteau que nous avons déjà remarqué être compofé des ornements Ioni- ques & Corinthiens. Entablement Compoßte de l'Arc des Lions
à Vérone.
Planche LVIL
Cet entablement Compoiite , qui a les mêmes
proportions que le précédent, nous paroît fort éloigné des règles générales ; non-feulement ia |
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d'Architecture. 127
corniche eft trop baffe, mais elle n'a ni larmier
iiipérieur , ni cimaife inférieure ; la frife d'ailleurs eft d'une hauteur exceifive , & les plates-bandes de l'architrave font divifées d'une maniere inverfe à celles que nous connoiffons. Il eft vrai qu'on ne remarque point de larmier fupérieur à l'ordre Corinthien du Temple de la Paix , & que Léon- Baptifte Alberti n'en a point placé non plus dans fa corniche Corinthienne ; mais ces exemples font fans autorité, & feroient à peine tolérables dans la décoration des appartements. Il eft affez vrai, comme remarque Chambrai, qu'on peut fe per- mettre quelques licences dans l'ordre Compofite; mais au moins n'y doit-on rien retrancher d'ef- fenciel fans de fortes raifons : de même qu'un peintre & un Sculpteur ne peuvent, quelque diffor- mité qu'ils veuillent donner à une tête, fupprimer quelques-unes des parties qui la caradérifent. La bafe de cet ordre eft Attique ; mais fon plinthe , qui a la même hauteur que toutes fes moulures, eft de beaucoup trop fort , quoique fembla- ble à celui de la bafe de l'ordre Corinthien du Temple de Théfée, dont nous avons parlé page 116 de ce volume. Par les exemples que nous venons de rappor-
ter des principaux ordres exécutés dans les édi- fices antiques de Rome , on doit s'être apperçu, malgré quelques remarques que nous n'avons pu nous difpenfer d'y faire , que les trois ordres Grecs fe font beaucoup perfectionnés en Italie. Paflbns à préfent à quelques-autres profils, d'après Léon-Baptifte Alberti, Philibert Delorme , & plu- ûeurs autres Commmentateurs de Vitruve de la dernière claffe , qui, comparés enfemble , feront ientir à nos Elevés qu'il eft poißble de refter mé- |
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ϊιδ C ο it R s
diocre , en fuivant d'affez près les régies les
plus approuvées, lorfqu'on eft privé du raifonne* ment & idu goût de l'Art. Profils dessinés d'à près
qu ε lques-u ns de s c ο m m ε ν« TAT Ε URS DE Kl ΤRU VE.
Entablement Dorique de Léon * Βaptiße
Albertu
Ρ L A NC HE L V I ÏL
Àlberti, qui a écrit aiTez pertinemment fat
l'Architecture , nous paroît s'être fort négligé dans la compoiition de fon entablement Dorique ; & quoiqu'il ait donné à fa colonne feize modules * & à ion entablement le quart, il faut convenir que la trop grande faillie de fa corniche & la forme camufe de fon chapiteau montrent au moins que s'il a pris fes profils d'après divers fragments antiques , comme il le dit lui-même, il man* quoit. de goût, les ayant fi mal aifociés ; fem- blable en cela à la plupart de nos Elevés, quij dans leurs premiers eiTais , allient fouvent en- femble l'antique, le gothique & le moderne. Au reite, en retranchant un peu dé la faillie de fa corniche qu'il a fait mutulaire, ce profil d'enta- blement confideré dans {es principales parties s eil d'une aviez grande maniere, pour me fervir de l'expreiîion de Chambrai. Il faudroit auiîî , félons nous, fubitituer à la colonne un autre chàpi- reau, fa hauteur étant extravagante, indépendam- ment du peu de faillie que nous venons de lui reprocher , & ne conferver de cet ordre que la bafe
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ï>afe qu'Alberti a fait antique* à laquelle néan-.
moins nous préférons toujours celle de Vignolè » 2e ieul des Commentateurs de Vitruve, qui lui en ait attribué une particulière, tous les ordres Doriques antiques dont nous avons parlé n'en ayant d'aucune efpece» Entablement Dorique de Philibert Delortne»
Planche LI X, Nous ne donnons ici cet entablement, que parce
que la fimplicité de fa corniche peut je' rendre pro- pre aux bâtiments , oii ', aii-lieù d'employer tin or- dre Dorique, on n'en rétiendroit que l'expreiliori , mais où il fer oit bon néanmoins d'ajouter un fécond larmier qu'on tailléroit de dentictues pour le diiliiiguer du Tofcari, D'ailleurs les divisions prin- cipales de cet entablement font aifez bien en rap- port, fur-tout ii l'on donne un peu plus de hauteur * à la corniche. 11 efl Vrai que par cette compoiition absolument trop iimpîe , 'on a de la peine à recon- noître le ftyle de l'habile Architecte à qui on doit la décoration des anciennes façades des Tuileries^ &, dans les profils defquelles on remarque beau- coup de favoir'& d'intelligence. Ne pouvant rapporter ici tous les profils.des
Commentateurs de Vitruve, nous renvoyons à Chambrai pour examiner ceux de Serlid, de Bar- bara', de Cattaneo \ de Viola & de Bnllänt, qui, comme Philibert Delorme , n'ont placé ni mutules ni dentictîles dans leur corniche Dorique ; & par cette raifort on peut les metrre en oeuvre pour fervir de' couronnement aux bâtiments particuliers, eri rectifiant néanmoins le défaut de fapport qui Tome llt ■„'■'·'·. Ρ : i . ' |
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ï|ô Cours*.
fe remarque entre les principaux membres de leurs
corniches, particulièrement à celles de Bullant, de Barbaro &. de Cattaneo * qui non-feulement y en ! ont retranché qui leur font effenciels, mais où certaines moulures trop foibles en portent de trop ibrtes : défaut qu'il convient d'éviter. C'eit par cette étude que doivent commencer, ibus les yeux d'un | Maître éclairé , les jeunes Difciples qui fe vouent j à TArchiteclure. Entablement Ionique de Léon-Baptifte AlbertL
Planche IX, La corniche de cet entablement eit peut-être im peu fönple, pour fer vir de couronnement à 3in ordre Ionique ; mais la diilributiori de fes mem- bres & fa projection, nous plaifent beaucoup : peut-être lui defirerions - nous un peu moins de faillie; nous trouvons auiïi trop dégalité entre la hauteur de la frife & de l'architrave ; en forte qu'en diminuant un peu celle-ci pçpr aug- menter celle-là, en donnant un peu moins de faillie aux deux membres fupérieurs , & en taillant • des dënticules fur le fécond larmier ,*fuppofé que cet entablement couronnât un ordre d'Archite- cture, on parviehdroit à faire ua deflin excellent de cette/compoiitiori. Nous avons déjà obfervé, mais nous croyons |
devoir obferver encore, que tous les entablements j réguliers font toujours cofoppfés de trois princi- j pales parties ; qu'au contraire les corniches fe j divifent en une plus ou moins grande quantité de | membres , à raifon de l'ordre auquel elles appar- | tiennent: leur faillie eil toujours auffi à-peu-près la même que lgur hauteur, à l'exception - de [a Dorique, qui? félon Vignole, a un demi-module |
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d'Architecture» -131
.«le plus, tandis qu'il dgnne à fa Tofcane feule-
ment deux parties de plus, à fa corniche Ionique une demi-minute de moins, à fa Corinthienne deux minutes de plus, & enfin à fa Compoiite autant de faillie que de hauteur. Nous avons dit tout cela, on a du y prendre garde fans doute; mais nous faifiifons volontiers l'examen que nous faifons ici des autres -Commentateurs- de -Virruve,, pour rappeler à nos Elevés les procédés de Vi- gnole, préférables à beaucoup d'égards à ceux de fes Contemporains \ pour leur faire comprendre qui! ne fufiit pas de vouloir compofer des cor- niches d'un nouveau genre, ou feulement d'un nouveau profil , mais qu'il faut encore obierver dans cette étude les rapports les plus exa&s , prefcrits par cet Auteur, qui, dans le Tofcan , -si, fait la hauteur de rarchitrave à la hauteur de la frife , comme it à 14 , & la hauteur de celle-ci à la corniche , comme 14 eil â"i6y& cette hauteur a fa faillie , comme 16 eil à 18 : de même qu'il a donné à ion architrave Ionique un module un quart, à fa frife un module & demi, à fa corniche un module trois - quarts, &c, encore une fois , il eil bon de fuivre ces rapports obfer- vés entre les maifes & les parties principales , pour enfuite y diilribuer des moulures avec goût, mais toujours d'une ëxpreiîion ferme, tendre ou naïve, félon que l'exige le caractère de l'ordre , ou l'ordonnance de l'édifice. Entablement Ionique de Jean Sullanu
Planche LXI, , Nous, ne rapportons ici cet entablement que
pour faire voir qu'une fuifît pas de placer, la |
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131 a. C o URS
quantité de membres néceffaires dans le cotirôiî*
nemen.t d'un ordre , ou dans celui de la façade d'un bâtiment : car fi l'on néglige les rapports :que ces différentes parties doivent avoir entr'elles> on n'engendre plus que des chimères, Nous ob- fermerons d'abord que , non - feulement l'archi- trave eil de beaucoup trop fort pour la frife > mais qu'il n'y a aucun rapport dans les mem- bres de la corniche , la cimaife inférieure étant trop petite, le larmier de deilus trop élevé, le fupérieur trop foible , la principale cimaife trop grande & trop faillante. En général toute cette corniche eil trop fimple pour l'ordre Ionique : inconféquence dans laquelle on tombera nécef- fairement , ii de bonne heure on ne fait une étude particuliere de l'art de profiler : art qui ne peut s'acquérir que par la comparaifon qu'on doit faire des profils des édifices antiques avec ceux des modernes ,'& en examinant fans aucune partialité, comme nous affûtons le faire ici;, les diférentes productions des grands Maîtres qui ont traité des ordres d'Ârehite&ure. Jufqu'à pré- fent on a écrit des volumes entiers fur ces ordres , fans trop enfeigner aux Elevés ce qu'üs^ dévoient fuivre ou éviter : tâche, à la vérité, auiîi difficile que^défagréable, mais dont nous avons furmonté les difficultés, dans la vue d'être véritablement utile à ceux qui s'intéreifent à cette partie del'Ar- chitecfure. Entablement de l'ordre Corinthien de, Philibert
. Delorme.
Ρ LA NC HE L X I I,
Après avoir donné dans les planches XXVIJ
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*&«fe* fe Architecture; m?
^XXXIIi de ce volume , l'entablement' de l'ordre
Corinthien de Vignole, de Palladio & de Scamt mozzi, les trois plus célèbres interprêtes de Vi- truye, nous étions tentés d'épargner aux Eïeves une nouvelle étude fur cet ordre; mais nous avons; reriecln que non-ieuîement nos remarques fur la bonne ou mauvaife maniere de profiler auraient été imparfaites , mais qu'ils auraient peut-être néglige de recourir à Chambrai, qui, en nous donnant celui de Philibert Delorme, nous offre auifi dans fon parallele tous ceux des aurres Commentateurs de Vitruve, que nous examine- rons après avoir dit quelque chofe de celui dont nous parlons. Philibert Delorme, dans ce profil, paraît
au-deilous de lui-même, par la maigreur que ion remarque dans la cimaife, & le larmier iüperieur qu'il a affedé à fa corniche : membres qui, comparés avec la pefanteur de la cimaife intermédiaire, & fur-tout du larmier inférieur, ottrent une difparité dont il faut favoir fe garan- tir dans tout ouvrage d'Archite&ure. Le lifteau delà cimaife de l'architrave & les baguettes de (es plates-bandes font auifi un peu fortes , particuliè- rement celle d'en bas, qui a une demi-minute dé- plus que les autres , quoiqu'elle foit placée dans un moindre intervale ; d'ailleurs ces baguettes n'ont pas afiez de faillie : remarque que nous faifons m, parce que cette compofition , d'un de nos- grands Maîtres , à en juger par ce qu'il a produit dexcellent, pourrait, en fervant d'autorité à nos ^eves, les égarer dans la route qu'ils doivent juivre dans la maniere de profiler. Viola dans ion ordre Corinthien, & même dans tous les- autres dont nous leur recommandons l'examen * t I iij |
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1-34 c ° υ R s
nous paroït mériter la préférence fur Philibert!
Delorme ; mais comme il fuit de près Vignole, Palladio & Scammozzi , nous avons cru pouvoir nous difpenfer de le rapporter, & qu'il feroit plus ïiitéreffant pour eux de continuer nos obferva- tions fur ceux de ces Auteurs, qui, ayant moins bien rencontré, feront plus utiles pour faire juger des imperfections qiûl convient d'éviter dans les différents profils dont nos jeunes Artiftes doivent faire ufage un jour. Nous nous en tenons donc au feul exemple Corinthien de Philibert Delorme , en les invitant à le perfectionner par celui de Viola, & à éviter fur-tout limitation des corniches chétives & mefquines des ordres Corinthiens de Barbaro, de Cattaneo & de Serlio, plus propres à être placées dans une ordonnance Ionique dont l'ordre feroit abfent, que d'en faire le couronne- ment d'un ordre Corinthien, coniidéré comme le triomphe & de l'Architecture & de la Sculpture» Entablement Compofite de Serlio.
Ρ LJkN C H Ε LXIIL
•l'A - . Λ : '
Il ne nous refle ici, pour terminer nos remar-
ques fur les ordres des principaux Commentateurs de Vitruve, que le profil extravagant de l'enta- blement que. Serlio a donné à fon ordre Com- porte, qu'il a formé, dit-il, d'après le couron- nement du quatrième ordre Corinthien du Colifée , jdont les mefures font rapportées dans la plance 89 de ce volume. Que nos I levés apprennent par-là combien il eit important de faire un choix judicieux des objets qu'on veut imiter, & combien il paroîtroit abiurde aujourd'hui de vouloir placer fur un ordre délicat, que Serlio a rendu d'ailleurs çhétif & |
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d'Architecture. î$$
mefquin, un entablement qu'on auroit remarqué
dans un bâtiment coloiTal & d'une hauteur extraor- dinaire pour en faire le couronnement d'un ordre Comporte , qui ayant tant de connexité avee l'élégance Corinthienne , doit auili 9 dans toutes les parties qui le compofent, annoncer la légé* reté attribuée à ces deux ordres. Nous dirons 9 comme Chambrai, peut - être aurions-nous bien fait de fupprimer cet exemple ; mais écrivant pour les jeunes gens que nous avons plus d'une fois furpris à commettre les mêmes erreurs, nous avons cru devoir faiiir cette occafion de leur mettre fous les yeux, dans quels écarts ils pourraient tomber; puifque Serlio , en commentant Vitruve ** non - feulement s'eft déjà aflez écarté de fes pré- ceptes , mais qu'il eit tombé lui-même dans un pareil excès , dès qu'une fois il n'a plus eu pour maître que le dérèglement de fon imagination. Donnons à préfent quelques - autres entable-
ments nommés compofés, défîmes d'après Vignoîe* Manfard & Le Veau , dont les profils offriront à nos jeunes Architectes différents moyens de fé- conder leurs productions, pourvu toutefois qu'ils n'aillent pas , comme Serlio , appliquer à des com- portions d'un ityle léger, des profils d'un cara- ctère mâle ? ou des profils d'un genre délicat, à des décorations d'une expreiîion ruftique; mais commençons par définir ce que nous entendons par un entablement compofé , proprement dit* On appelle ainfi un couronnement dans lequel on
fait choix de diverfes parties des principaux mem- bres diitribués dans les entablements des cinq ordres, à deiTein d'en compofer un qui ».'par'fa. richeiie ou fa Îimplicité , foit afiorti au genre d& l'ordonnance de l'édifice où on le veut employer £ |
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Ij6 C O URS
c'efténcela qifiî diffère de l'entablement de l'ordre
Compofîte Romain, qui a fes meiures particuliè- res", émanant de la proportion Corinthienne, ainfi que de fes ornements & de ceux de l'Ionique, dont il eft une imitation. On appelle au contraire un entablement dëcompofé, celui où l'on a retran- ché ou la frife ou l'architrave , pour y fubftituer un gorgerin ou un aftragale, tel que nous l'avons remarqué , premier volume, Chapitre III, page 327 ; il en eft de même de la corniche, lorfqu'on en retranche, pour des raifons eiTencielles, une cimaife ou un larmier, les mutules $ les modillons Ou les denticules, & qu'il convient d'employer ces efpeces de couronnemenijs dans des maifons particulières ou dans des édifices publics, où la Simplicité doit avoir le pas im la magnificence. Profils de couronne mentsî
dessinés d'apres quelques-uns dès Édifices élevés par nos Architectes modernes, i Entablement compofé\ du deßin de Vignole,
Planche LXIV. Cet entablement, de genre Dorique , eft de la
eompofition*de Vignole , que Daviler, fon Com- mentateur , rapporte page 128, planche XXXVI, & dont celui-ci, qui en eft une copie, a été imité par Bullet à la porte Saint-Martin avec le plus grand fueeès ; mais pour tirer de ce profil tout l'avantage qu'il peut produire , il faut, comme le pr&fcrit Vignole, ne lui donner que le dixième |
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b'Arc'hitecture. 137
«ie la hauteur du bâtiment, &, comme Bullet, ne
l'employer que dans de grands édifices, ce genre de couronnement demandant à être vu d'un cer- tain point de diftance, & ne devant couronner qu'un monument revêtu* de membres d'Archite- cture & d'ornements de Sculpture, qui répondent à la compofition & à la richeffe de cet entable- ment, ainii qu'on la très-bien obfetvé à cette belle porte triomphale, qui, quoique d'un deiBrt moins admirable que celle de Saint-Denis , ne nous offre pas moins un exemple afTez célèbre. Entablement compofè, du dejjln de Le Veau?
Planche L X V. Cet entablement marqué A, que Louis Le Veau
a placé fur le grand ordre Compofite Romain du Palais des Tuileries , a cela de fmgulier, que les modulons de fa corniche font renfoncés d'environ un tiers fur la cimaife inférieure : idée fort extraor- dinaire , mais qui, ]3ar la moindre faillie de ce fupport, a donné ©ccafion à Le Veau de donner moins de hauteur à tous les membres de fa cor- niche. Au reite , nous remarquerons que les mo- dulons dont nous parlons font du moins préféra- bles à ceux qui fe voient à la Maifon-Quarrée, de Nîmes (k), où, par une bifarrerie dont nous ne connoiiTons point d'exemple, les modulons fe trouvent placés à contre fens ; ce que nous obfer- vons en paifant, pour faire fentir combien, lors- qu'on veut s'éloigner des règles & des ufages (k) Voyez ce que nous ayons dis dece monument, premiec
Volume » page $> ' " |
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ijS Cours
reçus, on rifqiie de n'offrir que des exemples
dangereux à ceux qui n'ont encore qu'une con- nouTance fuperflcielle des préceptes de l'Art. Nous obfervons encore, que le larmier fupérieur de la corniche de Le Veau, nous paroît trop bas , & que les moulures* de l'architrave font trop compliquées. Nous avons .auffi exprimé dans la figure B, le
petit entablement qui couronne l'étage Attique * placé fur ce grand ordre, & dont le profil, peut- être trop Îimple, eil néanmoins d'un affez bon genre» mais où nous croyons qu'il feroit néceffaire de di- minuer la hauteur de la cimaife fupérieure, d*aug- faenter celle de la cimaife inférieure & la hauteur de l'architrave. \j: Corniche compofée, du dejjtn ~de Français
Man/ard*
Planche L X V ï.
!.. j Λ,
Ce couronnement A , ou plutôt cette corniche
arehitravée eil celle que Manfard a placée fur l'ordre Dorique de l'intérieur \ du veflibule du Château de Maifons. Le deÎTm de ce profil nous fait voir ce que peut le génie d'un grand Maître, îorfqu'il fe croit permis de s'écarter de la route ordinaire. Nous avons levé nous-même ce profil avec le plus grand foin, & nous pouvons affurer que fur le lieu il produit le plus bel effet ; il nous a paru même ii intéreifant pour les hommes initruits , que nous avons donné e^i Β la coupe particuliere de fa cimaife fupérieure, & en C} celle de la mouchette pendante de defTous fort larmier; ce deffin ? ainfi que les précédents βε. |
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d'Architecture. 139
eeîui qui va fûivre, font cotés avec une très-
grande exactitude. •Autre Corniche compofêe, du dejjîrt de François.
Manfard.
Planche L X V II.
Cette corniche A, affez femblable à la précé-
cédente , δε du deffin du même Architeêtâ, eil celle du grand efcaher du Château de Blois ; elle en diffère cependant affez pour faire connoître qu\in Architecte habile, enfaifantufage des mêmes membres d'Archite&ure dans fes différentes com- pofitions , fait néanmoins par des nuances imper- ceptibles au vulgaire, y porter des changements întéreffants qui fervent de leçons aux yeux in- telligents. Nous avons aufîi donné dans les figures Β & C de cette planche , la coupe de la cimaife & de la mouchette pendante de cette corniche - comme autant de développements néceffaires pour ceux de nos Elevés , qui auront affez d'aptitude pour étudier avec foin ces deux profils de l'un des plus habiles Architectes que la France ait poffédés. Nous allons donner à préfent dans les cinq
planches fuivantes , différents profils d'entable- ments de corniches, d'impoites, d'archivoltes, &c. d'un genre lim pie & d'un genre compofé, applica- bles chacun en particulier aux ordonnances Tof- cannes , Doriques , Ioniques ,- Corinthiennes Si, Comportes. |
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140 Cours
Profils s ι μ ρ le s. et composes?
applicables aux d i fferentes ORDONNANCES d'ArCHITECTU RE.
Profils propres aux ordonnances Tofcanes.
Planche L XVI IL La figure A, donne le profil d'un entablement
plus compliqué de membres d'Archite&ure, que ne le comporte ordinairement Tordre Tofcan, lequel peut s'appliquer dans les édifices Mili- taires, ou dans les bâtiments Civils, aux ouvra- ges de quelque importance ; c'eft pourquoi nous y avons ajouté des efpeces de mutules, mais de ibrme qiiadrangulaire , qui, en procurant de la richefle à cette corniche , lui font porter de gran- des ombres, & lui donnent un air de fermeté ana- logue à l'expreifion qui doit préiider dans ces fortes d'édifices. La figure Β, au contraire , eft un entablement
décormèofé , où , au-lieu de frii'e ,,οη a placé un gorgerin al; à la place de l'architrave, un aftra- gale quarré h, & dont enfin nous avons iimplifié coniidérablement la corniche c : ce couronnement peut s'appliquer, de même que le précédent, aux ouvrages Militaires & Civils , mais dans le cas où des raifons particulières en auroient fait fuppri- mer les ordres. La figure C , eil une corniche architravée,
defHnée aux mêmes ufages , mais dont on auroit voulu fupprimer la plus grande partie de la hau- teur de l'entablement, & à la place de laquelle 9 pour cette même raifon, on pourroit faire ufage |
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D*AllCHlT£CTURE. I4Ï
du profil de la figure D, qui η'eil autre choie
qu'un plinthe a, fubititué à une corniche , un gorgerin £, à la place d'une frife, & un quarré fimple c, au-lieu d'aitragale. Les figures Ε , F, font deux chapiteaux d'ordre
Tofcan, l'un plus riche que celui de Vignole, l'autre plus fimple, & tous les deux aiTortis aux couronnements A,B. Les figures G, H,I, font des profils d'impoites & d'archivoltes, auili à l'uiage des ordonnances Tofcanes ; celui H , convient à l'ordre Tofcan de Vignole , étant femblabîe à l'architrave de fon entablement ; celui G, le plus fimple des trois , n'eit bon à employer que darjs les ordonnances tout-à-fait ruitiques ; enfin celui I, aura lieu dans les façades oùd'ordre peut être fufce- ptible de quelque richeffe de plus que ne le propofe Vignole. Les figures K, L, M, N, O, P? font d'autres profils de corniches & de bafes pour les piédeftaux , pour des chambranles de croifées, 'pour des tablettes. & des focles de baluitrades, qui tous doivent être compofés dans un genre ruitique , les plus riches pour les bâtiments où les ordres préfident, les plus fimples pour ceux où Ion aura cru devoir les retrancher. Profils propres aux ordonnances Doriques«
V L AN C H Ε L X I X.
La figure A, donne le profil d'un entablement
Dorique , dont la cimaife fupérieure de la cornS- che, à l'imitation de celle du Théâtre de Mar- cellus, offre une légèreté que n'a pas celle de l'entablement mutulaire de Vignole , & dans l'ar- chitrave duquel nous ayons ajouté une baguette-.* |
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, 142 Cours
comme on le remarque aux Thermes de Diocîéi-
tien. Ce profil, plus riche que ne le comporte peut-être l'ordre Dorique, ne doit guère s'employer que dans l'intérieur des bâtiments ; ou il faut dans les dehors , fi l'on en fait ufage , que l'ordre foit abfent; parce que toutes les fois que l'ordre préfide, fa préfence fembie exiger une retenue Îju'on n'eit pas toujours obligé d'obiérver à là rigueur, lorsqu'on s'en tient à fa feule expreifion \ pourvu toutefois qu'on ne cherche pas à intro- duire , dans ces fortes de couronnements , tant de moulures qu'ils femblent plutôt devoir appartenir à un ordre délicat qu'à un Ordre folide : cette attention doit s'étendre juique fur l'expreffion des moulures , qui toutes doivent avoir moins d'élégance, être profilées fermes ; en unmoÎ,, annoncer parleur galbe la virilité de l'ordre dont elles émanent.. La figure Β, eil une corniche architravée d'uii
profil Dorique, deilinée à fervir de couronne- ment à un bâtiment de peu d'étendue, mais qui exigeroitune certaine richeiTe ; c'eil pour cela que nous y avons placé des denticules, tels qu'il s'en remarque à l'entablement régulier du Théâtre de Marcellus & des Thermes de Dioctétien , & que Scammozzi les a employés dans fort Dorique. La figure C, eil une plus petite corniche de
même genre, deilinée à fervir de couronnement à quelque membre principal de la décoration d'une façade , tel qu'un Attique, un foubaifement, ou -enfin la partie fupérieure d'un bâtiment parti,- .culier. La figure D, efl le profil d'un couronnement
,tenu plus fimple , deiliné pour les ouvrages Mi- litaires ou Civils , & dans lefquels l'expreifion JTofçane apporteroiï trop de ruilicité, mais où |
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d'Architecture. 145
cependant il leroit bon de s'éloigner un peu du
cara&ere noble & impofant de l'ordre Dorique 3 pour n'en retenir que ion expreifion. Les figures E F , font des plinthes applicables
aux différents étages d'un bâtiment fubalterne, dans lequel néceffairement on doit fupprimer lès ordres, mais dont néanmoins il faut toujours conferver Fexpreiïion, c'eit-à-dire, n'admettre ni une trop grande quantité de moulures, ni des déli- catefîes qui appartiennent feules aux ordres Ioni- ques & Corinthiens, Les figures G, H, I, préfentent différents pro-'
fils d'impoites & d'archivoltes iimples & compo- sés ; ceux G & H, deftinés pour les bâtiments où l'ordre préiide ; celui I, pour ceux dont on a cru devoir fupprimer les ordres. Car, encore une fois , non - feulement la préfence de l'ordre , ou fon abferiee , doit apporter, dans la difpofî- tion des membres d'une façade, différents degrés de richeffe ou de limplicité ; mais Tordre lui- même , tenu très-'ûmple, ou autant orné que fou caractère le peut permettre , doit porter des nuances différentes dans tous les profils du bâ- .riment. Les figures K,L, M, Ν,Ο,Ρ, font des profils différents à l'ufage des diverfes par- ties de la décoration extérieure. Les figures K, L, font propres aux piédeitaux; celles M, Ν, aux chambranles des croifées ; celles Ο , Ρ , pour les tablettes & les focles des baluitrades , autant de parties qui demandent à être composées d'un ûyte relatif au caractère de l'ordre, qui pré- iide dans l'édifice, oii au moins à fon expreifion, lorfque des raifons d'économie ou d'autres con- fédérations particulières empêchent qu'on ne ïi&-_ trodujfç fur la fcène, |
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144 Cours
Profils propres aux ordonnances loniquêii ι
Planche L XX« La figure A, donné le profil d'un entablement
Ionique modillonaire ,plus riche, par cette faifon, que le denticulaire de Vignole: peut-être eil-il auiîi préférable à celui que nous avons donné, planche XVII, celui-ci devant fervir de cou- ronnement à un ordre Ionique, où l'on auroit préféré le chapiteau de Scammozzi, au cha- piteau antique, d'une affez grande iimplicité, & à celui de Michel - Ange, peut- être trop pefanf. * Il nous a fernblé qu'il faloit donner au profil de cette corniche plus de légèreté , fans pour cela approcher de l'élégance Corinthienne ; cette con- fidération nous a fait placer dans l'architrave deux baguettes , qui ne font pas dans Vignole ; mais auiîî avons-nous fupprimé une platte-bande des trois qu'il y avoit introduites, dans la crainte que fans cette fiippreffion, elle n'égalât en richeife l'architrave Corinthien , ce qu'il convient d'é- viter abfolufnent ; car il eil bori d'obferver que ce n'eil que par cette fouilracf ion ou cette aug- mentation, qu'on peut parvenir à donner de la ^variété à fes profils , fans jamais changer les
maiTes, à moins qu'il ne sagiffe de couronne- ments que nous avons nommés décompofés ; parce qu'alors on peut altérer la hauteur des frites & -des architraves , comme nous l'ayons fait voir
• aux planches précédentes , & que le montre ici
-la figure D; ; ■ La figure Β ,-e.ft une corniche archîtravée mp-
* dillonnaire, & dont nous avons emprunté pour
cimaÜe
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d'Architecture.
cimaife fupérieure celle Dorique du Théâtre de
Marceilus ., plus convenable ici, & où nous avons feulement iiibititué une baguette, au-lieu du talon. La figure C , eil une plus petite corniche de
la même efpece, & ornée de denticules , préféra- bles lorfque ces couronnements font peu élevés de l'œuil du fpecîateur, ou qu'on les emploie dans l'intérieur des appartements. Les figures D, Ε, F, font des profils beaucoup
plus fimples que ceux des figures A, B, C, & deftinés aux bâtiments dont la iimplicité ou l'éco- nomie exige lafupprei&5n des ordres. Les figures G, H, i, font des profils d'Împo-
ftes & d'archivoltes, propres aux ordonnances Ioniques , & dont on peut choifir les plus fimples pour les bâtiments particuliers , & les plus riches pour ceux où les ordres préiident. Il en doit être de même , pour les profils des piédeitaux des chambranles & des baluftrades exprimés fur cette planche , par les figures K,L, M, N, O, P. Profils propres aux ordonnances Corinthiennes;
Ρ L A Ν Ç H Ε L X X I.
La figure A , eft un profil d'entablement Corin-
thien dont la corniche eft ornée de modulons & de denticules : doubles objets qui procurent à c€ï couronnement le plus grand degré de richefTe, • & où cependant on peut fe paiTer des denticules 9 fans pour cela iupprimer le larmier qui les f eçok » ainii qu'on le remarque au portique de la Rotonde •à Rome, & que Perrault l'a fait au périitile du Louvre d'après Aiberti, Viola & Delorme, pen ! dant que Palladio & Vignole les onx employés Tome II. K. |
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14^ Cours
dans cette corniche. Au reile, nous ne les avons
appliqués ici que pour porter ce profil à la plus grande magnificence ; c'eil auiîi pour cela que nous ^-'avons ajouté une baguette à fa cimaife fupérieure,
dans le cas où Ton diitribueroit des caffettes dans fon fofite, & qu'on y placeroit des rofaces ; enfin qu'on tailleroit des ornements fur les principales moulures de fa corniche : enrichifiements néan- moins dont il ne faut pas abufer ; mais qui, lorf- ' qu'ils paroiiTent néceffaires , doivent déterminer
TArchite&e à augmenter de quelques moulures ces fortes cle couronnements , à deifein d'éviter la bi- farrerie de ceux qui chargent de fculpture leurs cor- niches , pendant qu'ils en appauvrirent les profils : cette inadvertance arrivera toutes les fois qu'on ne compofera « pas enfemble , & Γ Architecture & les ornements; que Γ Architecte donnera feulement fes 'profils, & laiifera FOrnementiite le maître de de l'administration de la Sculpture : d'où il réfultera tantôt des'moulures mâles, chargées d'ornements délicats ; tantôt des membres ridiculement faillants, ornés d'une Sculpture tendre & fuave. Cet enfem- ble y mal alîorti, exigeant deux points de diilance différents , produit un effet contraire à, celui qu'on auroit dû fe propofer. Nous ne citerons point ici d'exemples où fe remarquent des inattentions de cette efpece ; malheureiifement ils font trop fré- quents parmi nous : mais nous confeillons à nos Elevés 5 déjà inftruits jufqu'à un certain point, d'obferver avec la plus grande attention, quelques- uns de nos édifices élevés depuis peu, fur-tout de- puis que la Sculpture , appelée à la Greque, a pris faveur , & nous a amenés toutes les difparités , les diiîonnances que produifent ces prétendus orne- ments antiques > alliés avec des membres d'Archi- |
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^^Architecture; fjj£
tfe&urê , platement modernes,-G'eit par ces obfer-
varions qu'ils apprendront de bonne heure à fe garantir d'une pareille imitation, qui inçeffâm> ment fera place aux ornements Arabes, & ceux-ci dans la fuite aux Marmoufets Gothiques, auxquels nous ferions déjà parvenus, fi quelques-uns de nos Architectes du premier ordre ne retenoient, par leur exemple, les jeunes têtes , qui aujourd'hui exécutent, par leurs follicitations , les entreprifes qui ne font dues qu'au mérite. - » èfP Les figures Β & C, offrent deux profils différents
de corniches architravées , la premiere plus riche que la féconde , mais l'une & l'autre dont il faut ufer avec beaucoup de prudence, dans la déco- ration des dehors, principalement lorfque les ordres y préfident, ainfi que nous le ferons remarquer plus particulièrement dans la fuite, j· La figure D, eft. un entablement Corinthien
décompofé, c'eft-à-dire, dont la frife & l'architrave, font convertis en gorgerin & en aitragale., comme dans les planches précédentes, mais dont on peut faire ufage dans les bâtiments des riches parti- culiers , où un entablement régulier, comme A 9 exigeroit trop de hauteur, & où les corniches architravées Κ, C * ne pourroient convenir ; ces dernières n'étant propres que pour les ; parties aceeffoires de la décoration , & non pour termi- ner une façade où Ton auroit intention défaire préfider FexpreiTion délicate de l'ordre Corinthien. Les figures È, F, font encore des couronnements décompofés défîmes aux mêmes ufages, mais qui, devant tenir de Félégance Corinthienne , doivent auffi différer dans leurs profils, de ceux de même genre, offerts dans les ordonnances Tof- canes & Doriques* Au refte ? les moulures affe-* Κ ij J
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148 Cour s
c~tées ici aux figures D, E, F, ne font pas le$
feules qu'on y puhTe employer ; nous ne les avons- tracées qu'afin d'indiquer à nos Elevés les moyens dont ils peuvent ufer^ pour donner à chacun de ces couronnements un caractère particulier, relatif à chaque ordre & à chaque efpece de bâtiments. • Les figures G, H, I, font des profils d'impoites & d'archivoltes dont le dénombrement des mou- lures eft afforti au genre fimple & compoie ; les uns pour les ordonnances où l'ordre ne préiide point ; les àurres pour celles où l'ordre feroit préfent. L'on trouve auffi fur cette planche , dans la figure Κ , le profil de la corniche ; dans le profil L ? celui de la bafe , l'un & l'autre prc^ pres à un piédeftal ; dans les figures M, Ν, divers profils de chambranles propres aux croifées d'une i façade; enfin dans .celle ÖvΡ, le profil de la j
tablette & de la baie d'une:ialitflxa.de■: profils qui j
tous fontanbrtis à l'élégance & à la légèreté Co-
rinthiennei *i#^4!l^pofi :mri , ■ :mWy¥0'i Profils propres aux ordonnances Compofites,
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1P t A Ν C H Ë L X X I I.
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La figure A, eft un profil d'entablement dans j
le genre duCompofite Romain, & dans la corniche j
duquel nous avons placé des modulons à double I
face , groupés deux à deux, tels que Chambrai, en j
a attribué à l'entablement Corinthien du Temple de 1
Jérufalem, & comme Le Clerc & Le Brun l'ont l fait, Tun à ion ordre Efpagnol, l'autre à ion ordre François , exécuté dans la grande gallerie de Ven- failles : cet exemple peut s'appliquer ici à l'ordre Compofite , qui, comme nous l'avons déjà remaiv gué, eil plus fufceptible que x&M autre d'innova- }..$;■&■;,·■_ ■;. .•■::'î-:;::;:'; :>M; y',.,;.
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d'Architecture. «49
tlóns; mais il ne doit guère s'employer »que dans
les décorations intérieures , à l'exception des arcs de triomphe, des fêtes publiques , & de nos théâtres. Les figures Β & C, font des corniches archi^
travées, l'une modülonaire , l'autre denticulaire, propres aux couronnements des façades dont les ordres font abfents. 5 r ïv Les figures D,E,F, font deftinées pour les
édifices d'une certaine importance, mais où les ordres d'Archite&ure ne peuvent trouver place : des trois impoftes G, H, I, les deux' derniers & leurs archivoltes peuvent figurer avec la préfence des ordres ; celui G ? dans l'ordonnance d'une façade d'une certaine richefle, pourvu que le genre de l'édifice femhle en exiger la fuppreiîion. On iloit faire les mêmes obfervations fur les profils des piédeitaux des chambranles & des baluitra- des K, L,M,N50,P. Nous n'avons pas prétendu donner ici ces profils
comme autant d'exemples à imiter précifément * non plus que ceux tracés fur les quatre plan- ches précédentes, mais feulement comme de pre- miers moyens qui puifTent mettre fur la voie , ceux de nos Elevés qui en favent déjà affez pour eifayer de produire pas eux-mêmes diffé- rentes comportions en ce genre , félon focca- fion qu'ils auront d'appliquer l'art de profiler a leurs befoins ; fcience, encore une fois , & nous ne faurions trop le répéter, qui fôuvent feule décèle le véritable Architecte , parce que n'ayant pas toujours des édifices coniidérables à ériger 9 cette fcience devient un objet d'importance dans les bâtiments particuliers. Nous croyons à préfent devoir récapituler foiö-r
Κ iij
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îjO ,Jt'jf ü C 0 U R $
. mairement quelques parties erTencielles à retenÎE
abfolumemr, concernant 7la marche qu'on doit obfervet iorfqifil s'agit de la composition d'un entablement , d'une corniche ou tout autre cou- ronnement deftiné à être placé fur les croifées , les niches vies attiques d'amortiffement y &c. Nous avons rapporté au commencement de ce Chapitre, les rapports que Vignole avoit établis entre les trois principaux membres dés entablements & les diffé- rentes faillies,qu'il avoit données à fes corniches, relativement, à leurs diveries hauteurs, nous y renvoyons ;.mais nous allons rappeler ici ce que nous avons;·dit ailleurs, & que nous nous fom- mes promis de répéter plus d'une fois ; favoir, qu'il né faut jamais altérer ( principalement dans les corniches faites pour couronner un ordre d'Architeilure ) la quantité de membres qui leur font prétérits, tels que les larmiers & les cimaifes qui les compofent : on doit fe reiïouvenir que d'après Vignole, la corniche Tofcane eil compofée de trois membres, de deux cimaiies & d'un larmier; la Dorique ψ de deux cimaifes & de deux larmiers ; - l'Ionique ,:de trois cimaifes & de deux larmiers; enfin la corniche Corinthienne, de trois cimaifes & trois larmiers : en forte que lorfqu'on veut introduire de petites corniches dans une décora- tion- régulière, foit pour les piédeitaiix , foit pour tes couronnements des croiiées , foit pour les ba- luftrades ; il faut, pour que ces petites corniches portent le eara&ere des grandes & l'expreiîion «les ordres , leur appliquer la même quantité de membres principaux attribués aux diveries corni- ches que nous venons de nommer ; puifqu'autre- mentce ne feroit plus que des profils de fantaifie? qui préfenteroient autant d'exprefîions différentes % |
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d'Architect'vr e. i)ï
contraires à .l'unité ? fi recommandable ■ dans TAiv'
chite£ture. Qu'on fe rappelle , fi l'on veut, le cou- ronnement du piédeftal ïofcan de Vignole, que nous avons donné premier volume , planche XV , figure III, & à propos duquel nous avons démontré, page vjl , que ce couronnement n'étoit point une corniche, puisqu'il lui manquoit un de fes: membres principaux que nous nous fommes crus obligés de lui reiHtuer , figure II. Que ce ieui exemple tienne en garde les jeunes Architectes β. fur la facilité qu'ils ont de fe tout permettre j parce que , difent la plupart, tout ce qu'ènfei- gnent les éléments, font des principes d'Ecoliers» Nous en convenons à quelques égards ; mais ils doi- vent convenir aui'fi, que comme il faut être Ecolier,; & Ecolier long-temps avant que d'être Maître ^ il n'efi pas plus permis de négliger les principes puifés dans les éléments, qu'il heil permis de les ignorer, puisqu'ils n'ont été réduits en principes par les hommes célèbres, que pour fêrvir deJ bafe à toutes les diverfes productions de Γ Archi- tecture. Si ce que nous difons n'eil pas fans fon- dement , il faut donc non-feulement dans chaque entablement, dans chaque corniche, que Tort veut rendre régulière , obferver les principaux: membres qui leur ont été deftinés par les plus habiles Architectes, anciens & modernes ; mais iL en doit être de même pour ce qui regarde les archi- traves.Ainfi l'on doit fe reiïbuvenir que l'archi- trave Tofcan n'en: compofé que d'une feule plate- bande , le Dorique de deux , l'Ionique de trois ^ que celui de l'entablement Corinthien eH compofé- du même nombre , mais divifé par dé petites moulures ; qu'enfin tous ces architraves doivent être couronnés par une cîmaife plus ou moins Κ iv
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ifï Cours
ornée de moulures , à raifon de l'ordre auquel
ils appartiennent. En un mot, pour qu'un enta- blement , une corniche, un couronnement ? un membre quelconque, puifle produire l'eifet qu'on a droit d'en attendre , félon le point de diitance d'où il doit être apperçu, ou fon élévation dans la façade , il faut que chacune des moulures qui le compofent, profile fur fon quarré , c'eit-à- dire , qu'elle ait autant de faillie que de hauteur, pour fe montrer régulière ; mais que néanmoins, félon Foccaiion, on peut ofer diminuer ou aug- menter ces faillies pour donner à celles-ci plus de fermeté , à celles-là plus d'aménité, favoir for- cer les unes, diminuer de hauteur les autres , puis enfuite profiler chacune de ces moulures d'une jnaniere plus reifende ou moins reiîèntie, plus ii- nueufe ou plus camufe : il faut uijer d'inveriions ; là les préférer circulaires, ici méplates ouqiiadrangu- ïaires, afin de pouvoir tour à tour les rendre ten- dres ou robuftes. Ce font autant de moyens indif- penfables pour varier les productions d'un Archite- cte , & qui peuvent feuls régler fa marche, non- feulement dans les couronnements dont nous par- lons ; mais pour tous les autres membres répan- dus dans fa décoration, tels que les importes, les archivoltes, les chambranles, qui, quoique moins faillants que les corniches, doivent conferver, dans leur genre, un ftyle analogue à l'expreffion obfer- vée dans ces couronnements , afin que le tout annonce , par un examen réfléchi, le favoir & la capacité de l'Architecte. Paifons à préfent aux entablements, aux cha-
• piteaux & à quelques membres , d'Architecture
d'un autre genre, que nous avons puiiés dans
Bibiane, & qui dun deiHn plus libre & d'un«
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d'Architecture. 153
eömpofition pittorefque ne peuvent que contri-
buer , après l'étude des profils précédents, à ren- dre plus facile à nos Elevés cette branche de l'Art, dans laquelle fi peu de Maîtres ont excellé. Profils et ornements puisés
Ό AN S Β1 Β I AN Ε , PeI NT RE
et Architecte Italien.
Profils d'Entablements dans le genre Tofcan.
Planche LXXIII. Entre plufieurs entablements Toicans que Bi-
biane nous doiine dans fon Livre , nous avons raiiemblé dans celui - ci la corniche, l'architrave & le chapiteau de différents deiîîns qu'il nous préfente en ce genre ; nous avons même imité les congellations de Tun de ces profils , dans le cas où Fon voudroit appliquer cet exemple à une grotte ou à une fontaine propre à la décoration de nos jardins , pour y être peinte fur un mur de clôture , foit à frefque ou à la gouache ; mais toujours en fe reifouvenant qu'il ne faut pas abufer de cette maniere de profiler, plus ingénieufe que réfléchie. Profil dEntablement dans le genre Dorique.
Planche L X X I V. Ce profil Dorique, d'un goût tout différent de
ceux que nous avons vus jufqu'à préfent, eft néanmoins compofé d'une grande maniere ; il peut s'employer dans la décoration des grands fallons, |
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154 Cours
des grandes galleries ; mais particulièrement dans
celle de nos fêtes publiques & de nos théâtres: on en trouve plusieurs de ce genre dans Bibiane , Auteur excellent en cette partie, & Tun des Artiites de l'Italie qui aient le mieux entendu , & la déco- ration & la manutention des Théâtres ; mais les bornes que nous nous fommes prefcrites , ne nous permettent pas d'en donner ici pltilieurs de cette efpece , préférant d'en offrir quelques-autres d'une plus riche compoiition > ainfi que quelques chapi- teaux & autres détails ; nous renvoyons pour le furplus à cet Auteur eitimable, qui dans fori Livre nous a donné un Traité de la Perfpe&ive, que nous avons fait traduire pour l'utilité de nos Elevés, & que nous ferons peut-être impri- mer dans un fupplément qui pourra fervir de fuite à ce Cours. On trouvera feulement une bafe attribuée au Dorique par Bibiane, d'un profil à- peu-près femblable à celle Attique , mais dont le tore fupérieur femble n'être ici qu'un aitragale. Profil d'Entablement dans le genre Ionique.
Planche LXXV.
Ce profil d'entablement, que Bibiane range dans
la clafle de l'ordre Ionique , pourrait, à bon droit, figurer dans les ordonnances Compoiites. Au reite, cela peut dépendre de l'application qu'on en veut faire dans la décoration; car ici comme ailleurs, toutes les fois qu'un ordre Ionique prélide feul, il peut être fufceptible d'une très-grande richeiïe , & femble n'exiger une certaine réferve , que lorfqu'il % foutient un Corinthien, comme nous le remar- querons en parlant de. celui des Tuileries > planche; XCII. |
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û'Arghitec tu re. IJ5
Profil d'Entablement dans le genre Corinthien.
Plan che IX XVI.
Cet entablement eil d'un deiîin pittorefque ; les
profils en font ingénieux & bien variés ; d'ailleurs il regne dans fes maffes & dans fes parties, une élégance qui convient à la rieheffe des ornements dont Bibiane l'a revêtu : ornements tous d'un ex- cellent genre, & dont nous avons fait imiter dans la gravure, autant qu'il a été poiTible, la touche légere & fpirituelle qu'on remarque dans les diffé- rents deffins de cet Auteur ; raifon qui nous en a déjà fait recommander l'étude à nos Elevés, premier volume, page 207, comme capable de leur infpirer la vraie maniere de deiîiner les orne- ments dans les comportions d'Archite&ure. Profil d'Entablement dans le genre Compofïte.
Planche LXXVÎL
Cet entablement, beaucoup plus mâle que le
précédent, mais peut-être moins riche que l'Ioni- que , eft aum* compofé d'une grande maniere , & fe reffent affez bien du caradere moyen attribué à l'ordre compofite par Scammozzi, ce qui lui a fait defirer qu'on le plaçât entre l'Ionique & le Corinthien. Nous rappelons cette remarque de Scammozzi, pour faire voir que Bibiane, même dans fes compofitions pittoresques, a fu conferver le gen- re propre à chaque objet qu'il a voulu traiter, ce qui dfoit faire fentir à nos jeunes Artiiles, quife croient du génie lorfqu'ils n'ont que de l'enthoufiafme, qu'une véritablement belle production , eil celle où le goût & les préceptes fe trouvent réunis ; |
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tj6 Cours
que c'eiï une vaine excufe de dire 5 comme cela
leur arrive prefque toujours, que des ouvrages de génie ne peuvent être fournis aux règles : nous fommes bien éloignés de penfer aimi, perfuadés que nous fommes , qu'il faut commencer toutes fes comportions par les préceptes , les continuer par le génie propre à la chofe , & les finir par le goût de Tart, qui dans tous les cas doit être le modérateur des préceptes & du génie de l'Architecte. Chapiteaux dans le genre Ionique*
Planche L X X V 11 I. " Les figures A & Β , offrent deux deffins de
chapiteaux Ioniques , dune compoiition auffi ex- traordinaire qu'ingénie ufe ? mais que nous n'offrons ici, comme nous l'avons déjà obfervé ? que pour exciter le génie des jeunes Defïïnateurs & les accoutumer à crayonner , ou plutôt à tracer à la jplume ces efpeces de caricatures. Ce travail en leur procurant l'exercice du deiîin l fera éclôre chez eux ce premier germe , qui mené dans la fuite aux vé- ritables fuccès , fur-tout lorfqu'on s'eir. accoutu- mé , dans (es moments de loifir, à imiter d'excel- lents modèles : ceux-ci tenant en quelque forte à l'Architecture , rapprochent les Elevés du genre d'ornements qui font particuliers à cet Art. Tels font ceux de Bibiane, de Le Clerc , de Chauveau» de Labelle, de Silveitre, de Gillot, de Lafage, &c. La figure C , offre le profil d'un impofte & d'une
partie de l'archivolte , qui le couronne ; la ûgme î>, le profil d'une bafe ; l'un & l'autre font revêttis |
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d'Architecture. 157
des ornements analogues aux chapiteaux Toniques
tracés fur cette planche. Chapiteaux dans le genre du Chapiteau
Compoßte Romain. Planche L X X I X.
Nous ne donnons point ici de chapiteau Co-
rinthien : Bibiane, ainii que les plus excellents Ar- chitectes, l'ayant regardé comme le chef-d'œuvre de l'Art, & pair conféqueht peu fufceptible de variété; les petits changements que Bibiane a faits dans les fiens , ne confirmant que dans les tigettes & les caulicoles, n'altèrent en rien la beauté de ce chapiteau ; c'eil pourquoi nous avons paffé, dans cette planche, au Compofite du deiîin de cet Artifle célèbre. Les figures A & Β , repréfentent deux cha-
piteaux différents ; le premier aiTez femblable à celui du Compoiite Romain , mais néanmoins d'un deiîin plus libre & moins compofé , eil plus propre par cette raifon à être exécuté en menui- îerie pour la décoration intérieure de nos bâti- ments ; le fécond , plus compliqué, conviendroit beaucoup mieux pour la décoration intérieure de nos Temples , & pourroit s'exécuter en pierre. Les figures C, D , font deux deflins d'archi-
traves , dont l'un peut s'appliquer au - deifous de la frife de la planche LXX VI , & l'autre au-. deffous de celle de la planchej^XXVII. > Nous n'avons pu offrir des produ&ions ingé-
nieufes de ce Livre, que les planches que nous donnons ici ; mais quand ce petit nombre ne nous auroit fervi qu'à faire connoître à nos Elevés |
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1^8 COU R $
déjà affez inÎïruits , cet Auteur excellent, nous
leur aurons rendu du moins un bon office : nous difons à nos Elevés , déjà affez initruits. ; car de tels modèles , quelque admirables qu'ils puiiTent être d'ailleurs , ne font pas faits pour ceux qui n'en font encore qu'aux éléments. Pour ceux-ci, ce ne font encore que des images ; pour les premiers , au contraire, ce font des iources fécondes , qui dans la fuite , en peuvent faire des hommes de goût. Partons à préfent à un autre Chapitre, non
moins intéreflant, qui a pour objet de traiter des inconvénients de l'Art, inévitables quand on veut élever dans nos édifices plufieurs ordres les uns fur les autres. |
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d'Architecture. ι 59
C HA PI Τ RÉ V L
Inconvénients de l'Art, inévita-
bles DANS L'USAGE D'ÉLEVER DANS nos Édifices plusieurs ordres les
uns au-dessus des autres. JL R a ι τ Ε R de la maniere d'élever pluiieurs
ordres les uns au-deffus des autres, c'eit vouloir parler des inconvénients de l'Art , plutôt que de fes préceptes ; en eiFet, nous fommes tentés de croire, que les anciens qui ont affigné à cha- que ordre un eara&ere particulier, n'ont jamais eu l'intention d'élever l'Ionique fur le Dorique, ni de placer fur l'Ionique le Corinthien , dans une même façade, puiiqu'il eir. aifé de s'apper- cevoir , que ce mélange d'expreffions folide , moyenne & délicate, appliquées aux divers étages d'un bâtiment , ne tend qu'à détruire le parfait accord qui doit fe rencontrer dans la décoration extérieure ou intérieure des bâtiments. Examinons donc les inconvénients qui doivent
'réfulter de l'union de ces différents ordres , qui, quoiqu'en rapporties uns avec les autres, ne pré* ientent pas moins une difparité frappante, lorf- qu'ils fe trouvent réunis dans un même édifice. Pour cela citons différents exemples où les ordres qui fe furmontent, femblent nuire à l'unité de l'ordonnance des façades. Si nous ne parvenons pas à détruire cet ufage, peut-être trop accrédité , au moins fera-t-il utile de faire connoître les |
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ιόο Cours .
licences qu'entraîne après foi cette méthode em-
ployée par le plus grand nombre de nos Archi- tectes, dont nous allons comparer les productions 5 d'ailleurs eftimables , avec celles d'autres Maîtres, qui ont fu fe garantir de cette triple application dans leurs comportions ; en forte que fi pluiieurs - d'entre ces derniers les y ont employés , ce n'a
été du moins que pour défigner d'une maniere plus pofitive, le caratlere qu'ils croyoient devoir donner à chacun de leurs bâtiments. Si les trois ordres Grecs , employés dans une
même façade , offrent , en quelque forte, cette difparité dont nous parlons , que doit-il réiulter des ordres Dorique & Ionique, réunis avec le Tofcan ? une diffonnance plus frappante encore, & contre laquelle l'autorité du Palais du Luxem- bourg , ne peut rien pour les efprits qui favent réfléchir. Trois ordres de même expreiîîon , c'eil- ; à-dire, trois ordres délicats, élevés les uns fur
les autres dans une même façade, comme on le remarque dans l'intérieur de la cour du Louvre , apportent peut-être moins de difparité dans les diverfes parties de la décoration; mais, d'un autre coté, il en réfulte fouvent, dans l'ordonnance générale ? une monotonie qui, quoique moins préjudiciable aux préceptes , que l'emploi de plu- iieurs ordres d'expreiîion différente, n'eil guère plus recevable. Dans les édifices compofés de deux étages , $ε
où l'on fait feulement ufage de deux ordres ; il eft plus facile fans doute de pallier la difparité, qui naît nécessairement de leurs différentes ex- preiîions; mais il en faut convenir, les rapports des pleins avec les vides, la largeur des entre- ' çoloanemems & les diverfes hauteurs qu'exige
chacun
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^Architecture, ilf
feïiacün de ces ordres, ne peuvent produire une
Architecture véritablement régulière* Si ce que nous avançons n'eft pas fans fonde*
trient v nous croyons qu'un feul ordre rempliroit mieux l'idée qu'on doit fe former de l'ordonnance de l'édifice, qui femble devoir toujours être con- fidéré comme devant appartenir à un -même pro- priétaire. D'ailleurs il faut s'en fouvenir; les ordres lie doivent trouver place» que dans les bâtiments de la plus grande importance; en forte que lors même qu'on eft forcé de les eompofer de plufieurs étages s> on ne foit pas pour cela obligé d'y répé- ter les ordres , pouvant convertir le rez - de- chauffée en foubaffement, placer l'ordre au pre- mier étage !> & donner à ce dernier un Afrique* pour couronnement; de maniere que de cette préférence donnée au bel étage, naîtroit cette; fupériorité qui doit diftinguer, dès les dehors ß la demeure perfonnelle du Maître & de fa famille * d'avec celle des perfonnes qui font attachées à fon fervice* Nous le répétons, la perfeaioii que les Grecs
ont fu donner à chacun des ordres Doriques * Ioniques & Corinthiens,, dont ils foiit les inven- teurs, & les tentatives que les Romains ont faites pour les atteindre dans leurs ordres Tofean & Comporte , nous font préfumer que les uns & les autrf^ nWoient entendu d'abord employer qu'un feul ordr^ dans chaque édifice : vraiflémbÎablé- ment le dè(ir de multiplier ces anciens chefs^d'œu- vre j a déterminé nos Architectes à les employee afïez généralement les uns au-deiîuS des autres 9 tantôt de même genre, tantôt de genres chfïérents $ fans avoir trop d'égard à l'efprit de convenance ^ & peut-§tre fans autre but que de déiigriér dès |
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ϊ6ί Cours
les dehors, la diveriité des étages des dedans:
furquoi nous ferons deux obfervations ; la premiere que l'application des ordres nous paroît fuperflue dans la décoration des maifons des particuliers ; la féconde , qu'on ne dévroit réitérer lès ordres } ni aux façades des Palais des Rois , ni dans tous les autres édifices deitinés à l'habitation des Grands Seigneurs. L'application des ordres > c'eit.-à-dire l'emploi
dés colonnes ou des pilaitres ,nous paroît fuperflue clans la décoration des maifons particulières ; car > d'un côté, le diamètre des pièces de ces fortes de - bâtiments étant peu coniidérable , la hauteur de
leurs planchers ne peut procurer aifez d'élévation aux étages, pour contenir extérieurement un brdre d'Architecture d'une certaine grandeur ; & de l'autre il convient de diviiér, le moins qu'il eit poffîble, une façade die peu d'étendue , les ordres d'un petit module présentant toujours de petites parties, d'où il réfulte que d'un point de , diiiance raifonnable, on ne peut confidérer à la
Fois, & les beautés d'enfemble, & celles de détails. Pour éviter cet inconvénient, l'Architecte n'a donc d'autre reifource que de faiiir le caractère de i'tiri des ordres, pour régler la proportion, la forme & la richefTe des croifées, leur rapport avec les trumeaux des, façades ; enfin le 'genre & l'ex- prêiîion des profils âes entablements & autres membres de ce genre, répandus dans fa décoration : certainement un tel moyen nous paroît préférable à la préfence réelle de l'ordre , qui jamais ne produit, dans les bâtiments dont nous parlons, qu'une ordonnance chétive, au-lieu de cette iim~ jplicité intérefîante , le caractère propre de la belle Architecture ? qu'on remarque dans quelques-uns |
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^Architecture. i5|
âe nos hôtels dont les ordres font abfents. On
reconnoîtrala vérité de ce que nous diibns, û Ton compare ces Hôtels avec d'autres où l'on a em- ployé _de petits ordres. Ces derniers , dans lefquels on voit un ordre du côté de la cour, tandis qu'il n'y-en a point du côté du jardin , offrent un coup d'œuil peu fatisfaifant. Cet examen pourra accoutumer nos Elevés , en parcourant les M* timents contenus dans les volumes, de ÎArefiite- ûure Françoife , à fe décider plus préeifément fur ceux de ce Recœuil qu'ils devront imiter ou éviter lorfqu'ils auront à traiter la décoration des maifons particulières d'un certaine confidération. Nous avons avancé que les ordres ne dévoient être placés les uns au deffus des autres, ni dans les façades des Palais des Rois, ni dans aucun autre édifice deiliné à l'habitation des Grands Seigneurs, Il peut arriver cependant que la né- ceffité de bâtir au centre dune Capitale , dans un terrein peu fpacieux exige la réitération de plufieurs étages; mais ne peut-on pas fe fou- mettre à cette néceffité, fans être obligé d'élever autant d'ordres, qu'on eil forcé d'élever d'étages dans le bâtiment. La façade de Verfailles, du côté des jardin? , en eil un exemple ; & cet exemple, aiTez important, peut feryir d'autorité pour dé- terminer le caraftere diftinérif, convenable aux édifices dont nous parlons. Qu'on ne s y tromp® pas, ce ne font point les beautés de détail qu'il iatif d'abord avoir en vue, ce font celles des maifes qui importent; ce font ces beautés qui irappent, & qui feules font capables de faire donneur aux talents de l'Architede. D'ailleurs ψιοη y réfléchiiTé, en n'employant qu'un feul .ordre dans un bâtiment, combien neviteroit-on, pas de pprte-à-faux ; combien de contradictions Lij
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de moins > entre les principales parties & 1'eftfêm*
blé ! en un mot, combien n'acquerroit pas de- prééminence le bel étage fur les autres P qui fem- bleroient, l'un ne luifervir que de foutien, & l'au-i tre que de couronnement l Nous ferions donc d'avis qu'on n'employât qu'un',
feùl ordre élevé fur un foubaiTement, & couronné d'un Attique pour les Palais & les Maifons de Plaifance, comme à Verfailles ; les grands ordres" élevés fur un foubaiTement pour les Places Royales, comme à celle de Louis le Grand; feulement deux ordres réguliers élevés l'un au-deffus de l'autre, pour les Hôtels, comme à celui de Soiibife. Nous Voudrions qu'on n'en mit jamais aucun dans les dé- corations particulières , comme on le remarque à l'Hôtel de Belle-Iile & ailleurs. Peut-être, dira-t-on : tous les bâtiments fe reffembleront donc? oui, fans doute , toutes les demeures des Têtes cou- ronnées j tous les bâtiments des perfonnes de la premiere diftin&ion, toutes les maifons des riches particuliers ié reffembleront & ne devront diféref dans la décoration de leurs façades, que par une plus ou moins grande fimplicité de fermeté ou d'élégance, félon qu'elles fe trouveront élevées dans le fein des villes ou à la campagne ; car alors leur deftination particuliere devra déterminer le cärr&ere de leur ordonnance: & l'on ne verra" plus fe reproduire, comme par le paffé, les mêmes mémbi es d'Architecture , & les mêmes ornements dans des édifices qui étant élevés pour des fins différentes, doivent nécessairement s'annoncer di- vèrfement. Qu'on ne craigne point que la reffem- blance que nous propofons , prive l'Architecture dé la variété qui lui eil néceifaire , fur-tout fi elle jîe trouve dirigée par des homme« de génie. Qu'à |
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©'Architecture i6f
f avenir nos jeunes Architectes, guidés par i'efpric
de convenance ? apprennent à tirer partie de la iituation des lieux , du plus ou du moins d'étendue qui leur fera prefcrite par les propriétaires : qu'ils aient foin de réfléchir fur le choix & fur l'applica- tion qu'ils doivent faire des ordres à raifon de l'imr portance des entreprifes qui leur feront confiées: qu'ils méditent fur la fuppreiîion ou la réitération des avant-corps qu'ils devront employer dans leurs bâtiments : qu'ils étudient en particulier la propor- tion , la forme & la richeiTe de leurs ouvertures ; qu'ils fe foient bien exercés fur la maniere de profiler & fur le choix des ornements deftinés à Têmbelliffement de leurs façades : qu'ils fâchent mettre à profit la hauteur que doit avoir le principal corps de logis , pour le faire pyramider fur les ailes, foit en terminant celui-là par des Combles apparents, ceux-ci feulement par des ba- luilrades;, & l'on verra que de tous ces moyens: qui leur font offerts , naîtra certainement une va- riété fuffifante , pour que les productions de même genre puiffent préfenter autant de vraies beautés y qui,. confidérées en particulier, acquerront le :droit de fatisfairç les, connouTeurs en Architecture* Après avoir infifté fur la nécefîîté de n'employer
qu'un feul ordre dans la décoration des bâtiments d'habitation '. examinons quelle feroit la meilleure maniere de placer ces, ordfes. dans les édifices pu- blics, tels que les monuments facrés , hs arcs de triomphe, les bafiliques, les bibliothèques , les hôtels de Ville & autres bâtiments élevés pour la magnificence, l'utilité , la fureté, &c. Tous ces; édifices élevés, par des motifs différents % doivent -séceiTaireîneni avoir un çara.£lere particulier .μ\\\. |
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Ï66 Cöu'tï
les diitingue des bâtiments dont nous venons dé
parler précédemment ; néanmoins nous fommes d'avis qu'on n'y emploie encore qu'un fèul ordre > mais dont le choix de l'expreiîion & la grandeur du module annonce que ces monuments , qui ne doivent avoir rien de vulgaire , font confacrés à Îa Religion , à la gloire des Souverains ou au miniitere public. Au reite , par un grand mo- dule nous ■ n'entendons pas celui qui porteroit la tige de fa colonne à une hauteur gigantefque, & qui par-là rendroit toutes les portes, les croi- iées & les autres parties de l'édifice, chétives &: mefquines : on doit fonger que tout eft rela- tif en Architecture , nous l'avons déjà remar- qué; c'eit même un abus de croire que dans une façade un petit ordre ferve à faire valoir un plus grand ardre ; certainement c'eft vouloir allier les contraires enfemble, & ôter à l'Architecture l'unité Îi néceiTaire dans toutes les productions des Beaux- Arts. Pluiieurs Architectes craignent , difent - ils ,
l'égalité que nous recommandons, & l'appellent monotonie. Nous leur répondons que ce ne font point les contraites, mais les proportions, & les rapports du tout aux parties , & des parties au 'tout, qui produifent les vraies beautés en Arehi- recture. D'ailleurs nous pouvons lé dire ici, ce; n'eit que la multitude qui penfe ainii. L'excellence des préceptes n'eit connue que du petit nombre, & c'eiï le fentimênt de ceux-ci qu'il faut fuivre pour participer à la gloire que s'acquièrent les grands Maîtres. Nous emploierions donc un grand ordre , mais
qui n'auroit rien de coloiTal dans la décoration des
•bâtiments publics, parce qu'alors il feroit aifé de
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d'Architecture* 167
$*appercevoir que l'importance de l'édifice l'aurait
exigé tel. D'ailleurs ces fortes de bâtiments n'étant pas fuj ets, comme ceux d'habitation proprement dits, à une auiïi grande quantité d'ouvertures, leurs entrecolonnements gêneroient moins l'Archite&e ; leurs portes & leurs croifées, les niches , les chambranles & les autres membres d'Archite&ure qu'ils contiennent, pourroient du moins s'aÎTortir beaucoup « mieux au diamètre & à la hauteur des colonnes ou pilaitres qui les décorent ; & ii enfin il fe rencontrait quelques difficultés dans la répartition de ces différents membres, on doit fentir qu'il deviendrait beaucoup plus facile de furmonter ces obftacles , que dans toute autre occafion ; ce ce ferait là. un vrai moyen d'aifurer à ces bâtiments publics un caractère diilincYif, qui ne fe rencontre pas toujours aitez entre nos monuments facrés & nos demeures habituelles , ainfi qu'on le peut obferver en comparant le portail de l'Eglife de Saint-Gervais, avec le Château de Maifons; celui des Minimes, avec le Château de Clagny ; en eftet ces édifices de genre différent ont pour ordonnance principale les mêmes ordres d'Archite&ure, & à- peu-près les mêmes ornements. L'idée de n'employer qu'un feul ordre^ dans nos
édifices , n'eit pas une opinion qui nous foit particuliere; car, outre que nous en avons plus d'un exemple en.France, fi l'on veut fe donner la peine de confulter Vitruve 9 on fera obligé de convenir, qu'à l'exception des Théâtres des Romains, & des Salles qu'il nomme λ ΐEgyptienne^ prefque tous les édifices dont il nous parle font a un feul ordre. Parcourons encore les ruines de Perfépolis par*Fifcher, de Palmyre & ^e Balbeck par Wooà, & celles de la Grèce par |
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i6§ Cours
M» Le Roi, & nous verrons que le plus grand norn^
bre des ouvrages célèbres que nous rapportent ces iavanrs n'ont auflî qu'un ordre. L'abus d'en élever plufieurs les uns au*-deffus des autres , eil ilonc dû aux modernes , qui n'ont pas toujours affez confé- déré que la marche qui doit conduire un Architecte dans les grandes entreprifes, nefl pas la même qui le doit guider dans les occafions d'une moin- dre importance : inattention dont il eil réfulté, que d'imitation en imitation, cette maniere vicieu- fe de décorer nos bâtiments a prévalu fans diitin*· öion pour l'efpece, le genre & le caractère qu'il convient de conferver à chacun. Mais ce qui, félon nous, choque "le plus la raifon , c'eil de voir, qu'oubliant l'expreiîion particuliere attri- buée à chaque ordre, plufieurs de nos Archite- ctes, lorfqu'ils ont voulu en élever deux l'un fur l'autre, ont placé le Compofite fur le Corinthien % ou celui-ci fur le Dorique. De tels exemples, il en faut convenir, ne peuvent que nuire aux progrès "de l'Art ; ils rendent nos jeunes Architectes, moins féveres dans leurs comportions ; ils leur font négli- ger de remonter à la fource , de fe rendre compte des chefs-d'œuvre que nous ont laiffés pour mq- • deles les anciens Architectes , ainfi que les grands Maîtres dufiecle précédent, & ceux de nos jours% tandis qu'ils ne devroient jamais oublier qu'il ne fuiEt pas d'imiter indiitinclement tout ce qui fe préfënte à eux ; qu'étudier ou imiter font deux chofes ; que c'eil par l'examen réfléchi des ouvra- ges antiques , & la comparaifon réitérée qu'ils en feront avec nos plus célèbres ouvrages modernes % qu'ils peuvent devenir de jrais, Architectes , δξ ^es hommes d'un goût exquis, . M&is fenjffl fuppofons qu'on ne pu^iTe fç di^ |
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d'Architecture. $0
genfer d'élever plufieurs ordres les uns au-defTus
des autres , parlons des rapports qu'ont donnés plufieurs de nos Archite&es aux différents or- dres qu'ils ont placés dans leurs édifices , & remarquons , non pour critiquer nos Maîtres , mais pour initruire nos Elevés, les défauts iné- vitables qui fe rencontrent dans cette maniere de décorer nos bâtiments. Nous donnerons enfuit© les mefures particulières de la plus grande partie de chacun de ces ordres , en commençant par ceux qui font employés feuls dans un bâtiment; Viendront après cela ceux où l'on ea a placé deux l'un fur l'autre, trois , &c. Rapports que doivent avoir les
ordres qu'on veut elever les uns au-dessus des autres dans une même Façade. planche lxxx.
Soit placé à rez-dq-chauiTée un ordre Dorique,;
marqué H, figure I, dont le diamètre inférieur, coté A, foit fuppofé de deux pieds ou de vingt- quatre minutes, la hauteur de l'ordre fera de feize pieds „ & fon diamètre fupérieiîr Β, de vingt pou- ces ou vingt minutes , ce dernier devant avoir > . ainfi que le prefcrit Vignole , les cinq - fixiemes
du diamètre inférieur A, Au - deffus de cet ordre Dorique, élevez uji
ordre Ionique , marqué I , fon fut inférieur Ç» devra être égal à Β ; mais comme ce fécond ordre, félon l'art de bâtir, doit être plus léger*& moins élevé que celui de deiTous : on ne devra lui don- ^,tt€ç 4e. hauteur ? quç les quinze-fçiziemç du J?Qa
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ijù Cours
tique y eniliite on divifera la hauteur de ce nouvel
©rdre en dix-huit parties, dont deux dix-huitie- mes feront le diamètre C , qui fera divifé en trente- ίϊχ parties ( le module de cet ordre étant de dix- tirât minutes, & celui du Dorique feulement de douze félon Vignole) ; enfin le fût iupérieur D de cet ordre Ionique étant réduit, comme le pré- cèdent , aux cinq-fixiemes- du diamètre d'en bas p aura trente minutes* Au-deiTus de cet ordre Ionique, élevez un
ordre Corinthien, marqué Κ ; cet ordre , pour avoir le même rapport avec l'Ionique, que celui-ci avec le Dorique, devra avoir de hauteur les dix-fept dix-huitiemes de l'ordre : enfuite il faudra divifer la hauteur de cet ordre Corinthien en vingt 1 pour trouver le nouveau module de ce troifieme ordre, «pii, comme le précédent, fera auiîi divifé en dix- fouk minutes. Il eft vrai que le diamètre Ε étant formé dès deux dix-fept dix-huitiemes de Tordre de clenous, deviendront plus fort que celui D d'une demi-minute ; mais, fi Ton veut éviter ce défaut* ont peut réduire, comme nous l'avons fait ici, le diamètre Ε à trente-cinq minutes & demie, & por- ter les deux vrais modules de trente -fix minutes a« tiers inférieur du fût de la colonne vers F; en forte que cet ordre Κ aurait un petit renflement qui ne pourrait être apperçu d'en bas , & qui pour cela ferait préférable au porte-à-faux que pourrait produire à l'œiiil cette demi - minute. Â l'égard du diamètre du fût fupérieur G , il fera aufli réduit, comme le précédent, à trente minutes» Après avoir aifigné à chacun de ces ordres les
différents rapports dont nous venons de. parler , & qui rendent à les faire pyramider les uns fur ks |
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d'Architecture. ιη%
autres;, examinons à préfent, & plus particulière-
ment encore, les divers inconvénients qui en réiul- tent. Le premier, & peut-être le plus confidérable de tous, regarde î'efpacement de leurs entrecolon- nements; car il eft aifé de remarquer que leur hauteur devenant moins coniidérable , à caufe du racourchTement de chaque ordre > il acquiert äuffi un- peu plus de largeur parla diminution du dia- mètre des colonnes, qui fe rétrécit toujours -à fur &mefure qu'elles s'élèvent les unes fur les au-' tres ; .c'eft pourquoi l'entrecolonnement Dorique L » figure II, fera de feize modules de hauteur, non compris le focle de trois pieds, qui lui tient lieu de piédestal, & de dix modules fix minutes de largeur, pendant que rentrecolonnement Ioniqse M, n'aura de hauteur que quinze modules , non compris fon focle, fur dix modules dix minutes , & qu'enfin l'entrecolonnement N, n'aura de hau- teur que quatorze modules fur onze modules deux minutes de largeur; d'où il doit réfulter que la proportion des arcades,, placées l'une fur l'autre dans chacun de ces entrecolonnements , n'aura aucune relation avec fexpreiîion particuliere de chaque ordre, à l'exception de l'arcade "Dorique. D'ailleurs on doit remarquer encore , que leurs pieds-droits deviennent ;plus pefants , à mefure qu'ils appartiennent à des ordres d'une proportion plus légere; défaut contraire aux préceptes de l'Art; enfin un autre défaut qui.détruit la propor- tion que doit avoir chacune de ces arcades, ceû. que les appuis ou baluftrades placées en avant -& au bas des arcades fupérieures,, mâfquent une ; partie de leur hauteur réelle/. imperie<âion qui ne peut s'éviter qifeiiipréférant, dans les deux • étages d'en 1 haut,, des croises Ρ Q, aux arcades |
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\ji w Cours
Μ Ν , telles à-peu-près qu'on les a exprimées ici l
parce qu'alors la largeur de l'ouverture Ρ% pour- : roit être réduite aux trois-quarts de l'arcade de 'deiïbusO , &la croifée Q, être à celle P, comme cinq eft à iix; encore faut-il convenir , que fi par ce moyen l'on parvient à rendre ces ouver- tures d'une proportion plus analogue à chaque ordre, les pieds-droits R> S, Τ, ainii que les tru- meaux deviennent plus larges à mefure qu'ils fe trouvent élevés les uns fur les autres , fans pour cela détruire le vice des eritrecolonnements qui fubiiite toujours; de maniere que pour éviter une licence on tombe dans une autre , pmfque cette irrégularité , dans les trumeaux , pèche effencieî- îement & contre la folidité réelle s & contre la folidité apparente. Si au-lieu de trois ordres d'expreffion différente,
on en préféroit trois de même genre, plus con- formes aux lois de l'unité : chacun de ces ordres» comme les précédents , devroit auffi être moins •élevé d'un module; c'eft-à-dire, qu'en fuppofant que celui du rez-de-chauffée foit compoiite , par r conféquent de vingt modules de hauteur , Tordre intermédiaire feroit de*dix-neuf, & le fupérieut de dix-huit /pour qu'enfuite, chacun de ces ordres fût divifé en vingt modules , tous de dix-huit minutes ; mais il eft aifé de remarquer, qu'à plus d'unité près , les entrecolonnemehts, les ouver- tures , les trumeaux qui y feroiènt placés, ne feroiènt pas plus exempts que les précédents, des imperfections dont nous venons de parler. Avant de paffer à des détails & à des obferva-
tions plus étendues, citons feulement ici quatre de nos principaux édifices , où trois ordres d'Ar- chite&ure fe trouvent élevés l'un fur l'autre » doat |
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t>4 A R ù η ι τ ε e τ υ Ά ι. 171
$ons préliminairemënt les mefures qui détermt*
nènt les rapports que Lefcot, Delorme, Debrofle & Manfard leur ont affignés. Le Corinthien de la cour du Vieux-Louvre, â
dix-neuf pieds cinq pouces & demi; Tordre Com* poiite dix-neuf pieds trois pouces & demi ; & 1 ordre Corinthien quinze pieds fix pouces trois-. quarts : l'Ionique du rez-de-chauflee des Tuileries a de hauteur dix-huit pieds deux pouces & demij le Corinthien quinze pieds deux pouces ; & le Compoiite quatorze pieds fix pouces & demi ι le Tofcan du Luxembourg a feize pieds huit lignes; le Dorique quinze pieds;l'Ionique qua- torze pieds un pouce : le Dorique du Châ- teau de Maifons a quinze pieds quatre pouces &demi ; Tlonique quatorze pieds onze pouces & demi ; le Corinthien quatorze pieds deux pouces &c. D'après ces exemples on peut juger idéalement du plus ou moins bon effet que peuvent pro-· duire les ouvertures & les membres d'Archîte- Ûure que renferment les éntrecolônnements de ces divers ordres, & fe décider fur le parti qu'on devra prendre , pour parvenir à la plus grande perfection de fes œuvres , foit qu'on veuille employer de préférence plufieurs ordres de même genre ou de genre^différent ; foit, comme nous le verrons dans la fuite, qu'on veuille n'ad- jnettre qu'un feul ordre dans fa décoration ,;$£' qu'on le choififle folide ou délicat : le fuccès delà belle Architecture dépend absolument de Tordre préféré &, de la relation qu'on aura dj& mettre entre toutes les parties du bâtiment & le caractère de Tordre choiii. PaiToris à préfent à un examen beaucoup plus
^étailié, concernant les mefures générales & pari · |
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*74 Cours
ticulieres données /aux différents' ordres que la
plupart des anciens & des modernes ont élevés les uns au-deffus des autres dans leurs édifices. Les ordres dont nous allons rapporter les me- fures,- font ici réduits fur une grandeur commune, afin que d'un feul coup-d'œuil on puiiTe juger du plus ou moins d'importance des édifices auxquels ces ordres appartiennent \ ce pa rallele , qui nous offrira, tantôt des ordres employés à des bâtiments anciens , & tantôt à des bâtiments modernes, fervirâ à nos jeunes Architectes à juger leurs pro- ductions avant de déterminer les rapports que leurs façades doivent avoir avec tel ou tel monu- ment : moyen qui pourra les empêcher de tomber dans un défaut qui n'eft que trop ordinaire, je yeux dire, de placer de trop petits ordres dans de vailes édifices, ou au contraire des ordres eoloiTaux dans les habitations de nos riches particuliers. Commen- çons par les bâtiments qui n'ont qu'un feul ordre, un "ordre & un attique,. deux ordres , &c. Mesures exactes de qu elqueïs
ö r)d r es d'Architecture, employés seuls dansles y Bâtiments anciens ■et modernes,
Ordres du Portique d'Agrippa^ de l'Orangerie
de Verf ailles &'du Château de Montmorency, Ρ L A Ν C H E L X X X I.
.La figure A donne les mefures de l'ordre Co-
rinthien du portique d'Agrippa, ajouté au ■Pan·* $iéoa à *Kome?~& dont les colonnes ont enviroa |
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d'Architecture. 17$
«η diamètre de plus que la proportion ordinaire>
& l'entablement un peu plus du quart , ainii qu'on peut le voir par les mefures cotées exactement ïur cette planche, d'après Defgodets. Cet exem- ple prouve que les Romains commençoient déjà à s'écarter des règles qu'ils avoient d'abord apprifes des Grecs, & qu'ils avoient enfuite perfectionnées eux-mêmes chez ces Peuples. On peut dire que nos Architecles François ont été plus circonfpeâs à cet égard, puifqu'ils n'ont guère augmenté leur ordre au-delà d'un module ; encore n'en ont- ils ufé ainfi que lorfqu'ils ont cru devoir accou- pler leurs colonnes, comme Perrault au Corin- thien du périftile du Louvre , Le Veau au Dori- que de Vineennes, &a La figure Β nous offre les mefures de Tordre
Tofcan , appliqué à l'Orangerie de Verfailles, l'un des chefs - d'oeuvre de notre Architecture Françoife. Hardouin a fuivi allez précifément dans cet ordre - colonne, les proportions que Vignole lui a données. Nous rappellerons à nos Elevés, que dans l'Archite&ure Civile , on ne peut guère placer plus convenablement le Tof- can , ordinairement deftiné pour les bâtiments Militaires & Navals. Celui qu'on remarque au Luxembourg, & celui qu'on a vu pendant loiig^ temps au Palais - Royal, ne pouvant fervir d'au*· torité pour en faire l'objet de la décoration des Palais des Rois, à moins qu'on ne le place, comme a fait Métézëau au Château-neuf de Saint-Germain· en-Laye , fitué für le fommet d'un coteau aiFez élevé, & où de triples terraifes descendent dans la vallée ou ferpente la Seine : voyez l'élévation de ce bâtiment, efpecé de chef-d'œuvre dans (ok genre, dans le RecœuiLdés Dé^ces de Pajys & cfi. les environs. |
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%j6 Co ¥ R s
La figure C préfente l'ordre Corinthien-pilaftfê ië
l'extérieur du Château de Montmorency, élevé Îui les deffins de feu M. Cartaud, Arehite&e du Roi j cet ordre a dix diamètres de hauteur j & eil cou- ronné par une corniche architravée ., modillonairey d'environ la huitième partie de l'ordre. Nous lie faurions applaudir à cette corniche j qui ne feroit pas même tolérable pour fervir de couronne* ment à un ordre Compofite* Ne défigurons jamais l'ordre , & refervons cette efpece d'entablement mutilé pour les étages Attiques dont le pilailre » n'ayant rien de commun avec les ordres d'Archi·* teilure proprement dits , peut recevoir pour amortifîements un membre auffî irrégulier quo Teil lui- même ce pilailre. Le chapiteau de cet ordre Corinthien eil de feuilles d'olivier * & a pour bafe celle Comporte ancienne, autant dé membres & d'ornements , nous pouvons le dire ici, auffi inconféquents que fa corniche. Dans l'intérieur de ce bâtiment, fe remarque un
fallon à l'italienne, de forme elliptique, de quarante^ quatre pieds fur fon grand diamètre, & de qua- rante*quatre pieds cinq pouces de hauteur, àér çoré d'un ordre Corinthien-Pilailre, furmonté d'un Attiqùe , orné de:Cariatides. Donnons les mefures de cet ordre & de l'Attique de ce fallon, quoiqu'il ne s'aghTe ici que des ordres appliqués feuls dans nos bâtiments, afin de parler de fuite de la déco- ration extérieure & intérieure de ce même édifice. L'ordre Corinthien a de diamètre dp;-neuf pouces $ & a de hauteur quinze pieds dix pouces & demi»; jfa bafe eil Attique , & fon chapiteau de feuilles d'olivier ; la corniche de fon entablement 9 qui à le cinquième de l'ordre , eil modillonaire ; l'Attl·- ^ue ä de hauteur fept pieds g fon foçle vingt-* .... .: « &&
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d'Architecture, 17^
fix pouces , & ia corniche quinze pouces & demi»
Aii-deiTus de cet Attique s'élève une calote, peinte par Lafoffe, de douze pieds trois pouces & demi de hauteur. Ce fallon eil auiîî du deffin de M. Cartaud, celui des Architectes du commencement de ce iiecle qui s'eit laiiTé le moins entraîner à la futilité des ornements, qui a régné en France pendant près de trente années. Ordre intérieur de l'Eglife de (Oratoire, ordre
extérieur de l'Hôtel de Tingry & du Portail des Ό âmes de l'Annonciade, à Saint-Deyis* Planche L X X X 11.
La figure A nous donne les mefures de l'ordre
Corinthien-Pilailre de l'intérieur de l'Eglife de l'Oratoire, bâti par Le Mercier; cet ordre a environ un diamètre de hauteur de plus , que celle preferite par Vignole , & fon entablement eil entre le quart & le cinquième. Nous ferions aiTez de l'avis de Le Mercier, de donner un peu plus de hauteur à l'ordre, lorfque celui-ci eil Pilaûre, parce que fon peu de faillie & Tavoiii- nement dçs fui-faces des pieds-droirs qui l'accom» pagnent, le font paraître moins fvelte que Tordre- Colonne. A l'égard de (on entablement, réduit entre le quart & le cinquième, nous goûtons fort cette diminution de hauteur, quand il s'agit de la décoration intérieure d'un édifice ; on doit ré- ferver la proportion du quart feulement pour les dehors. Nous avons auffi, fur cette même plan- che, figure D, donné les mefures du petit Ordre ,jCorinthien-Pilaftre, qui porte les tribunes de fô, Jome IL M |
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ijB Cours
même Eglife , % où Ton remarquera que Le Mer*
cier a obfervé à-peu-près les mêmes rapports·,1 Nous ferons auiîi remarquer que tous les larmiers & plates-bandes de l'entablement de ce petit ordre font inclinés en arrière , toutes ces faillies étant comprifes dans TépaifTeur du pilaltre du grand tordre. Cette maniere, affez ingénieufe à la vérité, ne doit pourtant pas fervir indiitin&ement d'au- torité; il faut ufer de ce moyen avec beaucoup de circonfpecfiqn, & non comme en ont abufé la plupart de nos Architectes, fans autre néceffité qu'une fingularité préfomptueufe. Nous donnerons l'ordre Dorique & Corinthien du portail de cette Eglife , planche LXXXV-, La figure Β nous offre Tordre Pilaftre - Corin-
thien Coloflal , placé dans la façade de la cour de THôtel de Tingry, du deiîin de M. Boffrand. Nous nommons cet ordre ColoJJal, quoiqu'il n'ait que deux pieds huit pouces de diamètre , parce qu'embraffant deux étages , par-là il femble dimi- nuer tous les autres membres d'Architeäure qui l'accompagnent , ce qui leur ôte leurs rapports avec Tordre, & les rend maigres & mefquins : ce qui arrivera toujours , ainii que nous l'avons re- marqué plus d'une fois , lorfqu'on ne voudra pas aiTortir Tordre à la grandeur du bâtiment ; parce ) que du plus ou moins d'importance de celui - ci, doivent être déterminées les hauteurs des plan- chers, la largeur des ouvertures & des trumeaux, qui , à leur tour, devroient fixer le diamètre des ordres; autrement lorfqu'ils ceffent d'avoir une relation exacte avec les autres membres princi- paux répandus dans les façades, le grand & le petit fe trouvent alliés enfemble, contre toute idée de vraisemblance. Cet ordre Pilaftre a dix dia- |
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d'Architecture. *%*
snêtres de hauteur, élevé feulement fur un focle
de trois pieds quatre pouces, fon entablement eft: .entre le quart & le cinquième. La figure C donne Tordre Ionique-Colonne du
portail de l'Eglife de TAnnonciade à Saint-Denis , du deiîin de Manfard ; cçt ordre n'a que vingt-? fept pouces de diamètre, mais il fe trouve afièz bien aiïbrti à la grandeur du monument auquel il donne entrée ; il a de hauteur dix diamètres, & fon entablement eft entre le quart & le cinquième; cet ordre eft auiîî élevé fur un focle de deux pieds huit pouces & demi, qui lui tient, lieu de piédeftal; cedernier ne doit être d'employé que dans les grands édifices de ce genre. Ordres d'Architecture y employés
SEULS DANS LES Β AT IM ENT S
ANCIENS ET MODERNES, ET S UR* MONTES D'UN AtTIOUE, Ordres du portail de l'Eglife de Saint" Pierm
de Rome, du Panthéon, & du Monafierçi.
des Dames Sainte-Marie à C/iadlot.
PLANCfJE LXXXIII.
) ',*■'. ■ ■ '
^ La figure A donne les mefures de l'ordre Co-
rinthien du frontifpice de l'Eglife de Saint-Pierre à Rome , dont le diamètre des colonnes a huit pieds deux pouces , fur quatre-vingt-quatre pieds de hauteur, ce qui donne à celle- ci deux pieds quatre pouces de, plus que fes dix diamètres': la hauteur de fon entablement eft réduite à-peu- près au cinquième de la colonne, n'ayant que. Mij
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ft So Cours
dix-fept pieds fix pouces & demi d'élévation, ce.
qui le fait paroître un peu foible ; mais la diffi- culté de trouver des pierres d'une certaine capa-j cité, n'a pu permettre au Bramante, défaire plus haut Ton entablement, ce qui néanmoins lui eft reproché par Wrein ( / ) , Architecte de TEglife de Saint - Paul à* Londres , dont nous avons parlé & rapporté les principales mefures, ainii que celles de Saint - Pierre de Rome , premier volume, page 85 jufqu'à 98. Cet ordre eft élevé fur un petit focie de deux pieds fept pouces ; ce qui donne à toute l'ordonnance, cent quatre pieds un pouce de hauteur, non compris l'Attique de trente pieds, &la balufixade de cinq pieds qui couronné ce dernier; total, cent trente-neuf pieds pn pouce. On voit par ces mefures, qui ne donnent que la hauteur du frontifpice de ce monument, que cet ordre furpaife en grandeur, tous ceux qui furent élevés jufqu'alors, & dont aucun depuis ne lui peut être comparé. Aufii pour donner une idée de fa fu- périorité fur tous ceux que nous rapportons, nous avons pris foin, comme il a été dit , de réduire tous ces ordres fur une même échelle , pour que, par la feule infpe&ion de ces deflins, on juge du diamètre de l'ordre qu'on voudra choiiir pour être appliqué à tel ou tel bâtiment confié aux talents île l'Archite&e. ~La figure Β offre l'ordre Corinthien-Colonne du
Portique du Panthéon, reftauré par Adrien ; il a de diamètre trois pieds cinq pouces, & trente- deux pieds cinq pouces cinq lignes de hauteur ; fa |
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(/) Vrein a préféré deux ordres au portail de Saint-Paul
deJLondres; le premier, Corinthien, de quatre pieds de dia- laettirç, & le deuxième Compoiite, |
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d'Arcöïtecturé: ï$î
feafe eil antique , & pofée fur le fol ; fon enta-
blement a un peu moins du quart, & eil fur- monté d'un Attique, élevé lui-même fur un pié- deilal, qui a plus de la moitié de fa hauteur : l'élévation de ce portique eil de foixante-fept pieds trois pouces dix lignes , un peu moins que la moitié du frontifpice de Saint - Pierre, & paiïe néanmoins pour un aiTez grand édifice des anciens Romains. La figure C préfente l'ordre Ionique- Colonne
du portail de l'Eglife des Dames de Sainte-Marie a Chaiilot par Manfard, qui ne lui'a donné de hauteur que trente - quatre pieds fix pouces & demi, & de diamètre, vers le quart de la hau- teur de fa tige, feulement trente-deux pouces, & vingt-huit pouces onze lignes au - deifous du chapiteau; ce dernier eil félon Scammozzi, & fa bafe eil Attique, fon entablement eil modil- jonaire » & n'a de hauteur qu'entre le quart & e Cinquième. Le pilailre Attique a de-hauteur environ la moitié de l'ordre de deifous ? y com- pris l'entablement; hauteur affez confidérable , & qui cependant a encore été furpaffée par plus d'un de nos Architectes, au Temple, à Iffy, à Saint-Nicolas du Chardonnet, & ailleurs; ce qui donne à cet étage un air de prétention qui ne peut lui convenir, & qui, pour cette raifon , doit €tre réduit au quart de l'ordre au moins, ou à la moitié au plus , mais toujours être employa avec la plus grande circonfpedion. |
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jjjte C o ν R é
Ordres du Portail de, Saint-Nicolas du Char-»
donnet , des Façades du Château dljjyji de la. Porte de %Hotel de Jars, & de celk de ΐHotel du Grand Prieur de France. Ρ L ANCHE L Χ Χ Χ 1 V. La figure A donne l'ordre Ionique du portail
de FEglife de Saint - Nicolas du Chardonnet, cet ordre a deux pieds neuf pouces de diamètre » & de hauteur dix-huit modules ; ia bafe eft celle de l'ordre Dorique de Vignole, & fon chapiteau celui de Scammozzi ; fon entablement a environ le cinquième de la hauteur de la colonne , & fa corniche eil denticulaire : cet ordre eil élevé fur un piédeftal de quatre pieds dix pouces un quart, & comme celui de TAttique d'une pefanteur Tof- cane. Nous venons de dire plus haut, que fon Attique étoit fort coniidérable ; nous remarquons ici que fa corniche , portée environ au quart de fa hauteur, ne fert, pour ainfi dire , qu'à anéan- tir l'ordre de deffous , & à rendre l'entablement qui couronne ce dernier > maigre & décharné, autant d'imperfe&iöns qui rendent cette compo- fition médiocre ; mais que nous avons cru devoir rapporter , pour apprendre à nos Elevés qu'il faut bien fe garder de tout imiter. Cependant il eft fort utile d'examiner toutes les différentes produ- aions de l'art, pour apprendre âj démêler ce qu'on doit accepter ou rejeter , feul moyen de parvenir à fe corriger foi-même, lorfqu'on veut, fe rendre compte de fon projet avant de paffer a l'exécution. La figure Β montre l'ordre Dorique du Château
d'Ifîy, du defîin de Bullet. Nous venons auiji |
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ö'ARCHÏTECTtrfti; 183
äe remarquer, figure C, Planche LXXXHI, que
l'Attique élevé fur cet ordre avoit trop de fau- teur ; mais, nous obiervons que dans ce cas , cette hauteur eil plus tolérabie : Iffy eil une petite Mai- fon de Plàifance où il eil bien plus permis, non- feulement d'employer un étage Afrique, mais de lui procurer une élévation qui lui donne un air d'habitation : caraûere qu'il faut favoir éviter ab- solument dans la décoration extérieure ^d'une Eglife ; autrement, comme nous l'avons déjà ob- fervé, les édifices facrés & les bâtiments de plài- fance , fe trouvent avoir trop de reffemblance r les ftyles font confondus, & infenfiblement nos productions dégénèrent au point de n'offrir plus ni choix, ni dignité, ni convenance; en forte que fi l'on peut quelquefois faire ufage des Attiques dans la décoration de nos Temples, ce doit être avec beaucoup de prudence, & dans le cas feulement que leur hauteur n'excédera guère le quart de l'ordre , tandis qu'on peut donner jufqu'à la moitié aux Attiques de nos bâtiments , amii que nous venons de le remarquer, & que nous l'avons rapporté dans nos définitions, premier volume , page 3 24. On pourroit même leur don- ner quelque chofe de plus que la moitié, comme l'a fait,Bullet, afTez fupérieur dans fon Art pour : fervir d'autorité à ceux qui, comme lui, en fau- ront affez pour que vcet excédent contribue a rendre l'ouvrage entier & plus admirable, & d'une dimenfion plus heureufe. Nous avons tracé , figure a, le même ordre que cet Architecte a ■employé du côté du jardin de ce même Château ; & remarquons que pour l'avoir voulu élever fur un piédeilal de deux pieds dix pouces & demi, il a \ êonvçrtifon entablement en corniche architravee z Μίν
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Hl Cours
licence qui n'eil permife qu'à un grand Maître ;
parce qu'encore une fois , il faut favoir la racheter par des beautés d'enfemble, dont un homme fans doctrine n'eil guère capable. • La figure C donne l'ordre Ionique-Pilailre de la porte de l'Hôtel de Jars; cet ordre n'a que vingt-un pouces un quart de diamètre, fur feize pieds un quart de hauteur ; il a pour bafe celle Attique, & pour chapiteau celui de Scammozzi ; {on entablement eil modillonaire, & n'a guère que le cinquième de l'ordre ; fon Attique n'en a pas la moitié, & en cela il approche plus près des propor- tions de l'antique : le pilaitre Attique a pour bafe une feule plate-bande & un liileau , & pour chapiteau le Dorique de Vignole : implicite qu'il faut peut- être éviter dans un étage orné de pilailres , celui- ci devant prendre l'expreiRon de fes moulures δε des ornements de l'ordre de deffous : cet ordre étant Ionique, devoit autorifer la fimilitude des membres de Γ Attique à tenir plutôt de la délicateiTe Corin- thienne , que de la virilité Dorique. Nous faifons ici cette obfervation , pour porter nos Elevés à ré- fléchir ihr tous les objets de leur décoration ; car il ne fiiiHt pas de placer un Attique , ni d'élever un deuxième ordre, un troilieme ordre , &c. mais il " faut conlidérer les rapports que ces divers étages doivent avoir les uns avec les autres ; quel eil eelui qui doit porter, celui qui doit furmonter; ' enfin le genre ,'le ilyle, le caractère qu'il con- vient de donner à celui-ci fur celui-là; autrement on ne fait que de la décoration, & non de Γ Archi- tecture, comme on ne fait que de la richeife, & & non de la beauté, quand on ne place des orne- ments que pour le feul plaiiîr de faire des orne-f mmts 3 qui ne font avoués, ni par la néceiïité 9 |
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D'A RGHïTICTUÏlE. I?5
M par le raifonnement de l'Art, Nous remarque-
rons auffi , que le vafe qui couronne cet Attiqiie eit de beaucoup trop fort, égalant, pour ainfi dire, avec ion ibcle la hauteur de ce petit étage ; ce vafe dailleurs trop pefant, s'accorde mal avec l'élégance des Malles de l'Attique. Les membres d'Architecture, encore une fois, & les ouvra- ges de Sculpture ne peuvent produire de vraies beautés que par les rapports qu'ils ont les^ uns avec les autres ; autrement la compofition n'offre plus aux yeux des connoirTeurs qu'un affera- blage de membres d'Architecliire mal affortis, & les ornements un remplhTage , qui , loin d an- noncer le génie de l'Architefte, ne montre au plus que fa ilérilité. La figure D donne l'ordre Dorique , & l'Attique
formant la décoration ; du côté de la rue du Tem- ple s de la porte de l'Hôtel du Grand Prieur de France (m), du deiïin de M. de l'iile, Archi- tecte du commencement de ce fiecle , affez peu connu', mais qui cependant, dans cette façade, montre un homme de génie ; néanmoins nous remarquerons que cet Architecte , pour avoir voulu donner trop de mouvement à fon plan , a négligé, par les réitérations des reifauts ^ des pans coupés qu'il y a introduits, la févérité que femble impofer l'ordre Dorique. Nous avons déjà remarqué que la hauteur de FAttique étoit excéf- five ? ayant dix pieds dix pouces ; cependant l'ordre a un module de plus qu'il ne devroit avoir; il a dix-fëpt pieds au-lieu de feize, fon dia- mètre n'étant que de vingt-quatre pieds. M. de l'Ifle a fuivi en cela l'opinion de Le Veau 9 qui |
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« (m) On trouve cette élévation très-bien gravée par Marot
dans Ie Recueuü des Délices de Paris, planche U. |
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ïi?6 Cours
en a ufé ainiî au portique Dorique de la cour du
Château de Vincennes ( η ) que nous avons cité, au commencement de ce volume \ en forte que ïentablement porté au quart de cette nouvelle hauteur, a quatre pieds quatre pouces : moyen qui /àuf oir du . déterminer Γ Architecte à rendre plus régulière la diftribution de fes métopes & de fes '"inutules ; mais il n'a pu le faire à caufe du mouvement qu'il a voulu donner à fa façade. ' Xe Veau s'eit bien gardé de donner un pareil mou- vement à la façade du portique de Vincennes; c'eit pourquoi nous avions raifon de dire plus haut, qu'il ne fuffifoit pas d'imiter les écarts des grands Maîtres, à moins d'avoir comme eux les mêmes reifources dans l'imagination ; qu'autrement on défigure (es productions , au-lïeu de les embellir, & que fouvent on ajoute à des licences» d'autres licences encore , qui, réunies enfemble, ne pré- fentent plus que l'abus de l'Art & l'incapacité de ÎArchitede. Ordres d'à rchitecture^
surmontes par uν autre ordre\ bmplotés dans nos édifices sacres et dans nos β ati ment? D'HABITATION.
■ Ordres des Portails des Invalides rde l'Oratoire
à Paris , & du Château de Clagny. Ρ L A Ν C H E L X X X V.
La figure A donne les mefures des ordres Do*
(«) On trouve auflî le deflin de ce portique dans le Rc-
cceuil des Délices de Paris, ρΐ. ι6ι> gravé d'une grandeur äffe* ioccreflantc. |
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"■''' \·- Y . ι . ■ ' '■ ■;
d'Architecture. 187
rique & Corinthien du portail du dôme des
Invalides, du côté de la campagne, du defîin de Jules Hardouin Manfard. Ces deux ordres, que nous avons trouvés trop petits ailleurs, en les comparant avec la hauteur du monument auquel ils fervent de frontifpice, ne lahTent pas d'avoir ce- pendant un certain diamètre, mis en parallele avec ceux des portails de l'Oratoire, de Saint-Roch, des Minimes, de La Merci, des Petits-Peres & des Feuillans , rapportés dans cette planche & lès deux fuivantes ; tant il eil vrai qu'il n'exiile point en Architeclure de grandeur abfblue, qu'elles font toutes relatives: réflexion que nous ne pou- vons trop fouvent faire faire à nos Elevés. En effet, il n'exifte point de petits ordres , il n'en eil ni de grands ni de coloifaux proprement dits ; on dira bien vulgairement, l'ordre Dorique de la porte de la Chambre des Comptes, an Palais, eil petit ; celui du portail de Samt-Sulpicë eil grand ; enfin l'ordre Corinthien de l'Hôtel dé Tingry , rapporté précédemment pi. LXXXÏI, figure Β, paroit côlonai ; mais ces diverfes déno- minations ne peuvent regarder que leurs défauts de rapports , coniidérés avec l'efpece des édifices qu'ils décorent. L'ordre Dorique , placé pour premier ordre à
ce portail, eil exécuté fur les principes de Vi- gnole , c'eil-à-dire, qu'il a feize modules de hau- \ teur, & fon entablement mutulaire le quart. Au- dèflus de cet ordre , Hardouin a placé le Corin- thien ; en forte qu'on peut remarquer qu'il a pafTé fubitement du folide au délicat, ce qui rie fe peut guère permettre ; car il réfulté de ce paifage trop rapide, un contraile entre tous les membres ré- pandus dans l'un & lautre ordre, foit dans lès |
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i88 Cours
- corniches, foit dansles impoftes, les chambranles J
les baliiftrades , &c. Ces membres dans Tordre d'en bas, doivent raifonnablement être virils, & être délicats dans l'ordre fupérieur : difparité contraire • aux lois de l'unité & à la correfpondance qui
doit être obfervée entre les différents membres de la décoration d'un même édifice , ce qui ne fe peut faire qu'en oppofant à ces deux extrêmes . un intermédiaire , qui, par cette tranfition femble adoucir cette efpece de diiïbnnance. C'eit pour- quoi il feroit intéreffant de n'y employer qu'un feul ordre ; ou du moins lorfqu'on ne peut fe refufer d'en mettre pluiieurs , il faudroit éviter ce paffage fcrufque , qui a été fuivi au portail de l'Oratoire & à celui de Saint-Roch. N'auroit-il pas mieux valu imiter le frontifpice des Minimes, où François Man- fard a furmonté le Dorique par un Compoiite, non- feulement moins délicat que le Corinthien, mais où il a fu , avec art, Amplifier celui-ci , enrichir celui-là de maniere à pallier, pour ainii dire, les défauts de parité qui iè rencontrent dans deux ordres d'un caractère & d'une expreiîîon ii diffé- rente } Hardouin a donné à fon ordre Corinthien les mêmes hauteurs à huit pouces près, qu'à fon Dorique, 8t l'a élevé fur un piécleilal, qui, ainii que l'entablement, a le quart de la hauteur de Tordre : ce piédeffal nous paraît pefant, & d'une expreiîîon ruitique; en forte qu'on remarque peut-être, dans cette façade , un corps Tofcan, couronnant un Dorique, & fervant de foubaffe- ment à un ordre Corinthien : inâdvertences aux- quelles étoit fujet Hardouin , mais qu'il favoit racheter par tant de goût & de génie, que {es productions n'en font pas moins des chefs-d'œuvre. Dans la figure a nous donnons les rnefures de |
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d'Architecture. 189
f Attique , qui, au premier étage, fert d'accote-
ment au Corinthien, & dont la hauteur du pilaÎtre, celles de fa corniche architravée & de la baluftrade qui la couronne, font égales à tout l'ordre Co- rinthien , y compris bafe & chapiteau. La figure Β nous donne les ordres Dorique &
Corinthien du portail de l'Oratoire, du côté de la rue Saint-Honoré, du deiîin du lieur Caquet, qui, comme nous venons de l'obferver, a imité du portail du dôme des Invalides, l'application du Dorique & du Corinthien ; δε il n'en diffère guère que par la différence des diamètres ; car le rap- port du premier ordre au fécond, éü le même ; il en diffère encore, parce qu'au - lieu d'avoir placé un piédeftal entre les deux ordres, il n'a employé qu'un focle un peu moins haut que l'en- tablement , en quoi il doit être applaudi : les pié- deilaux, comme nous l'avons dit ailleurs, pro- duifent des porte-à-faux qui devroient les faire éviter; ces porte-à-faux font fur-tout feniibles, lorfque les piédeitaux fe trouvent placés fous un ordre fupérieur, & qu'on en introduit pluiieurs dans un même édifice. Là figure C donne l'ordre Dorique & Compo-
rte du Château de Glagny, du côté de la cour , élevé/ fur le deiîin de Hardouin Manfard , qui en cela a imité le portail des Minimes par Fran- çois Manfard fon oncle; qu'il auroit peut-être bien fait d'imiter encore à fon portail des Inva- lides qu'il a élevé depuis, Clagny étant fon coup d'eflai ; car l'ordonnance de ce Château, princi- palement du côté de la cour , eil fort fupérieure au portail des Invalides , quoique celui-ci foit, pour ainfi dire, fon dernier ouvrage. Au refte il s'eit mon- tré , fur-tout dans f intérieur de cette Eglife, le *plus |
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190 Cours
grand génie que la France ait poiTédé , à etï
juger par ce chef-d'œuvre & par tout ce qu'il a créé d'admirable à Verfailles , à Paris & ailleurs» Ordres des Portails de Saint - Roch , des
Minimes, & 4e L'Hôtel de T/iiers. Ρ LÀ Ν C H E LX XXV U
La figure A indique les meiiires des ordres
Dorique & Corinthien du portail de Saint-Roch,, du deiîin de feu M. de Cotte, premier Archite- cte du Roi. Nous ne répétons point ce que nous avons déjà dit en parlant du portail des Invalides & de celui de l'Oratoire, touchant l'application de l'ordre Dorique & Corinthien dans une même ordonnance. Nous periiitons à croire, que de tels exemples ne fauroient 1er vir d'autorité : toutes les productions qui s'éloignent des principes approu- vés par le plus grand nombre des vrais Archite- ctes ne peuvent faire loi. Peut-être eil-il utile qu'on ait tenté ce moyen ; fans ces tentatives & tant d'autres, les règles de l'Art, auroient peut-être été trop circonfcrites ; mais qu'on y prenne garde, ces efîais ne font pas toujours des modèles à fuivre : d'ailleurs les plus habiles Maîtres ne peu- vent être trop circonfpec"ts dans leurs comportions; d'une part, parce qu'ils doivent être retenus par les préceptes fondamentaux de l'Art; de l'autre, parce qu'ils doivent craindre de préfenter à la multitude des moyens de s'égarer de la véritable route. Nous nous contenterons donc de remar- quer que dans cette figure A , l'ordre Dorique n'a de hauteur que vingt-trois pieds huit pouces & demi, & que le Corinthien a vingt-cinq pieds huitepouces ? quoiqu'aifez ordinairement on donne |
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d'Architecture. i9£
à ce dernier un module de moins, ainfi que nous
l'avons obfervé dans le commencement de ce cha- pitre. Mais , félon nous , ce qui doit juilifier cet Architecte, c'eft que le frontifpice de cette Eglife, qui a foixante-treize pieds d'élévation fans. le. fronton qui le couronne , ayant pour feu! point de diftance la largeur de la rue S. Honoré, qui n'a qu'environ quarante pieds ; il a cru avec raifon devoir élever davantage fon ordre fupérieur, parce que fans doute il a confidéré , quapperçu d'auffi près , il fe racouciroit à l'œuil; remarque aflez efTencïelle à faire, pour fervir d'exemple en pareille circonfiance ; c'eft pourquoi nous recom- mandons fi fouvent à nos Elevés, d'examiner avec le plus grand foin tous nos édifices François, pour, tâcher d'y découvrir les myileres de l'Art, pour apprendre à démêler les préceptes fondamentaux, les beautés vraies & les beautés idéales qui fe rencontrent quelquefois, même dans les produ- ctions de la dernière claffe. Nous ne dirons rien ici de la négligence avec laquelle l'ordre Dori- que eft exécuté dans cet édifice. Nous parferons auffi fous filence la médiocrité de la Sculpture, & le mauvais choix des ornements [ qui y font répandus. Nous en avons déjà porté notre {en- îiment dans l'Archite&ure Françoife ; nous y ren- voyons , ainfi que pour les autres édifices dont nous ne parlons qu'en panant dans ces Leçons,* à propos des ordres qui font ici notre objet. '•La figure.B.fait voir l'ordre Dorique, & Tordre
Compofite du portail des Minimes , du defïin de François Manfard, où nous avons déjà remarqué que l'ordre Compofite, parce qu'il eit d'un genre délicat, étoit du moins plus'fait pour iiirmpntçr Je Dorique ? gue le Corintfijen j que pour cette |
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Ï92 Cours
raiibn fans douté Hardouin l'avoit préféré a Çîa-
gny, quoique dans la iuite il ait placé le Corin- thien fur le Dorique aux Invalides. En parlant du portail de Saint-Roch, nous avons auifi remar- qué que fon ordre Corinthien avoit deux pieds de hauteur de plus que le Dorique, fans doute pour les raifons d'optique que nous en avons rapportées. Ici, au contraire , le Compofite a trois modules de moins que celui de deiïbus; il eil vrai qu'il eil pofé fur un focle élevé lui-même fur une baluftrade, qui enfemble ont fept pieds trois-quarts , tous deux placés au-deiTus de l'en- tablement Dorique qui fe trouve fur un plan plus avancé que celui d'en haut; mais tous ces moyens ne font pas moins paroître l'ordre fupé- rieur trop petit , comparé avec la hauteur de celui qui le foutient : l'entablement de ce fécond ordre eit entre le quart & le cinquième, toutes parties principales d'une proportion légere, qui n'auroit peut-être pas dû fe trouver couronnée par un fronton circulaire : obfervation que nous faifons, moins pour faire la cenfure de l'ouvrage de Manfàrd, pour les talents duquel nous avons la plus grande vénération , qiie pour apprendre à chercher & à découvrir dans nos édifices les motifs qui ont quelquefois déterminé les plus habiles Archi- tectes à s'éloigner de la route battue, dans la vue de parvenir à répandre, dans leurs différentes pro- ductions , une certaine variété : effort dont on leur doit favoir gré, quoique leur procédé n'ait pas toujours le poids d'une démonitration évidente , & que leurs tentatives ne puiifent être raifonnable- ment imitées. On remarquera que les deux ordres Colonnes de cette figure Β , ont un peu de sejaflemQUt j que 1q Dorique a pour bafe celle Attaque i
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Ö '9À R C.H I't È C Τ ÜR È; îpj
iàttïque ; fon fut pour cannelures , des cannelures
Ioniques.% que lé górgèrin de fon chapiteau eil orné de 'rofacès ; que f architrave a deux plates- bandes ; que les métopes de la frife, & le fofité du larmier fupérieur, font décorés de cafiéttes ; enfin que la corniche eil denticulaire : enrichiiV fement qui fémblê rendre cet ordre moins févere > & par conféquent plus analogue au Compofite % qui le furmonte , & qui, à fon tour j eil tenu uri peu plus fimple que ne le comporte ion expref- non ; degré dé richeiTe ou de iimplicité , qui feuï annoncéroit la capacité de l'Architecf e , û tous les ouvrages de Manfard , n'étoient pas empx-eints du fçeati de l'immortalité. La figure C donne les mefures de l'ordre Dorique
& de l'ordre Ionique de la décoration de la cour d^ f Hôtel de Thiers, placé de Louis le Grande du deiïiri de Bullet, l'une de nos productions françoifes en ce genre i qui nous paroît avoir le véritable eara* étere d'un Hôtel ; l'ordre d'en bas n*a que vingt- quatre pouces : diamètre pour ainii dire lé plus fort qu'on puiife donner à un ordre deitiné à la décoration des bâtiments des riches particuliers | principalement lorfqu4on veut 5 comme ici, fur- inontenm ordre par un autre ordre, au-lieu d'uri feul. qui embraiTe deux étages ; cette dernière or- donnance né doit avoir lieu que pour les édifices publics, ainii que nous l'avons déjà remarqué* Peut-être ferions-nous en droit de reprocher à Bullet la corniche architravée dont il a couronné ion Dorique ; mais du moins γ a-t-ii placé des intitules, & fait ufage de la baie & du chapiteau de Vigndlé ; fans doute que par tout ailleurs que dans une maifon particuliere où l'ordre préiidé $ une corniche architravéé fetoit un défaut impair p.. Terne ƒƒ« .·.. ..--"-■· . Ν |
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194 Co y R 5
donnable. Bullet a cru pouvoir le faire ; nous dé-
férons à fes lumières ; mais nous fommes bien éloignés den confeiîier l'imitation à nos Elevés : il faudroit pour cela , comme cet Archite&e, favoir racheter ce défaut par de grandes beautés; encore enVil toujours à craindre que les copiites ne foient fort au-deffous de leurs modèles. Son ordre Ionique eil Pilaftre ; il a la bafe Attique, & le chapiteau de Scammozzi : fon entablement a le quart ; mais fa partie fupérieure nous paroît trop fimple pour cet ordre , fur-tout la corniche architravée ayant des mutules ; ce qui auroit âû le porter à inférer au moins des denticules dans la corniche Ionique , chofe d'autant plus aifée à faire, quelle eft compofé de deux larmiers & de trois cimaifes. !! A propos des ordres de cet Hôtel, donnons
les mefures des deux ordres Compofite & Corin- tien de la façade de l'Hôtel de Soubife, du côté de la cour; nous ne pouvons en donner ici les deiîîns, ainû que plnûeurs autres que uoiis avons fait lever avec foin, dans la crainie de trop multiplier les planches , déjà en grand nombre dans ce volume. Dans les figures fuivantes on va voir, au portail de La Merci, que le Corin- thien fupporte le CompoÎke, ainû que Pierre Lefçot l'a pratiqué dans l'intérieur du Louvre ; nous préférons la décoration de l'Hôtel de Soubife, où La Maire , qui en a été FArchjtecle, a placé îe Compofite fous le Corinthien, &ç où Ton- doit remarquer qu'il a fait ces deux ordres égaux en hauteur : il n'a pas non plus fait ufage de piédeftaux, & n'a donné à fes entablements mo- äillonaires , que le cinquième de la hauteur des colonnes, qui 7 pour bafe ? ont celle AJ*iquS* |
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D'À RC H ITEC TUR Ë. Ipj
Nous prendrons occaiion ailleurs d'obferver la,
difparité des entrecolonnements de cet Hôtel, & l'ufage indifcret d'avoir par-tout accouplé {es co- lonnes : ce qui n'eit exctiiable ici, que parce que la ' décoration de cette façade eil appliquée fur fur un ancien bâtiment, dont les enfilades des appartements & la hauteur des planchers qui lui" ont été prefcrites , ne l'ont pas laiiTé le maître de rendre fon Architeéhire plus régulière ; mais elle ne laiiTe pas , malgré les défauts qu'on y remarque , d'annoncer le génie de cet Architecte. Ordres des Portails, de La Merci, des Petits*
Peres & des Feuillans, Planche LXXXVII.
La figure A donne les ordres Corinthien &
Comporte du portail de La Merci, du deiïin de feu M. BoiFrand , Architecte du Roi, & premier Ingénieur des ponts & chauffées, qui a rifqué de faire (es colonnes d'en bas ovales, ne pouvant fans doute leur donner tout leur diamètre fans embarraffer la voie publique, à caufe du peu de largeur de la rue où ce portail eil iitué. Nous avons défapprouvé ailleurs les colonnes ovales ; nous en traiterons encore, en pariant des licences qui feront l'objet d'un Chapitre particulier du vo- lume fuivanr. Nous dirons feulement ici, que ii nous nous trouvions dans le cas de ne pouvoir donner aux colonnes toute leur faillie, nous aime- lions mieux les engager \ que de les faire ovales, les licences étant préférables aux abus de l'Art; peut-être même qu'au-lieu de colonnes engagées » lions nous contenterions de l'application des pi-/ |
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i<)6 Cours
ïaitres ; car on doit, le plus qu'il eil poiïxble , cher-
cher à s'éloigner de tout ce qui paroît contraire [} aux règles de la bonne Architecture. Mais que M. Boffrand, un des habiles Architectes de nos jours ?i s né pouvoit-il ..pas fe permettre ! Arrivé au plus haut degré d'eitime & de gloire dans fon Art, il a pu rifquer cette licence : autre chofe eit de l'imiter, de pareils écarts demandent un grand Maître pout excufe ; il n'y en auroit point pour le copiite. Au reite, nous devons dire que les deux ordres qui fe remarquent ici, font élevés Γιαι fur l'autre dans de juftes rapports , ainii que le font voir les cotes , qui, dans ces planches, étant rapportées avec foin , doivent nous difpen- ier d'entrer dans des détails qui auroient droit de rebuter ceux de nos Lecleurs déjà verfés dans les connoiffances de Γ Απ , & dont ceux qui le font moins, peuvent fe rendre compte en Iqs calcu- lant de nouveau , & en fe tranfportant fur les lieux pour les examiner avec fruit. Au refte, en faveur des perfonnes qui, éloignées de cette Ca- pitale , ont intérêt de favoir quel eil le choix des membres, &: de connoître les principaux détails qu'ont préférés les Architectes dans les ordres des monuments dont nous parlons, nous ajouterons par exemple , qu'à La Merci , la bafe du premier ordre $ eit ancienne ; que le fût eil fans cannelu- res ; que le chapiteau eil de feuilles de Laurier, l'entablement niodillonâire & denticulaire ; que la bafe du fécond ordre eft Attique j le fût liffe, le chapiteau de feuilles d'olivier , & que la corniche n'a ni denticules ni modulons; afin que par ce moyen & la comparaifon qu'on peut faire de ces ordres avec ceux qui ont précédé , & qui vont fuivre > on (oit en état de fe rendre compte dejr |
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t>v À RUH IT E CT U Ré; î$f
ttivers fentiments de nos Maîtres V & de s'ac-
coutumer infeniîblement à former fon jugement:,; en fiiivaht cette méthode, on pourra, dans la fuite,, déyenir favânt avec François Blonde! , févere avec François Manfard, entreprenant avec Per- rfaûlt y'ingénieux avec Hardouin, & homme de goût avec Bullet, ": La figure Β donne les deux ordres' PîÎaflres»
.Ionique & Corinthien du portail dé î'Eglife àes 'PétitSiPeres, du deiîin de feu M. Cartâud , Archi- tecte du Roi, & dont Fordre fupérieur a uρ module de moins que celui qui le fondent, rapport le plus univerfellement iiiivi parmi nous; 'la bafe de For- dre Ionique eil Attiqüe, le chapiteau fuivant Scammozzi, l'entablement félon Vignqle. ita bafe de Fordre Corinthien eil Attique compofée 5 le chapiteau de feuilles d'olivier ,; & fëntablemenit mödillonaire & denticulaire. Nous' ferions tentés de demander pourquoi cet Architecte ^ l'un des. célèbres de notre temps , a préféré; ici fioniquis" & le Corinthien, au Dorique & àM'Ioniqiie ι*· ïqu'il a lui-même" ernplöyé quelques'années au- paravant au portail de FEglffe des Barnabites de Paris : & iî l'on croit devoir regarder comme in- différent d'appliquer des ordres dediverfes ex- preiîions à des monuments précifemènr de même; genre, nous laiffons cette queition à décider aux Maîtres de l'Art ; mais nous oions avancer que- le feul moyen d'affermir l'Elevé dans fes principes éil qu'il s'accoutume à faire, les compariifons d\irt édifice avec un autre édifice de même efjpece, Se, ceux de genres différents : examen qui peut feul lui 'apfjiëndre à fixer fon choix, pour employer de pré- férence tel ou tel ordre, ou enfin pour les fiippri«* "Itier tout-à-fait 3 & n'en retenir que FexpreiHon* |
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:X
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Λ$& C OU RS
La figure C fait voir l'ordre ionique & l'ordre
Corinthien du portail de TEglife des Feuillans, le coup d'eiTai de François Manfard, qui n'avoit eu , avant lui ja que Philibert Delorme & Pierre Lefcot, qui les premiers aient fait revivre en France , le goût de l'Architecture antique./ On remarque dans la compofition de ce portail, malgré quelques parties de détail moins heu- reufes que les autres, ce que devoit devenir un jour cet ""Architecte immortel; peut-être a^t-il abufé des piédeilaux dans ce frontifpiçe. Lef- cot, à la vérité, les avoir employés au Vieux- · Louvre ; mais Delorme, aux Tuileries, n'en âvoit point mis du côté de la cour, ce qui auroit pu porter Manfard à fubilituer des focles, partie puliérement àfon fécond ordre; lia donné à celui- ci deux modules de moins qu'à celui d'en bas ; guifi. paroît-il un peu court, vu du point de diflan- ce trop rapproché d'où il ett apperçu i ce qui âuroit dû lui faire donner plus de hauteur poujr les raifons que nous avons rapportées, planche 'L3CXXVL, en parlant du .portail de Saint-Roch,, / jtgure A. Au reile, il eïï à croire que la cour <jui précède ce portail, devoit avoir plus d'éten- due, & qiie.dans la fuite des motifs d'économie çmt fait environner cette églife & fon frontifpiçe par des bâtiments à loyer, tels qu'il s'en remarr que aujourd'hui, contre toute idée de bienféancev ainß que nous aurons occaii.011 de le dire à la fin de ce volume , en traitant des Eglifes en gé- néral. La bafe de l'ordre tonique eil Corinthienne, ïe chapiteau antique , la frife del'entablement bombée , δζ fa corniche denticulaire. La bafe de Fordre Corinthien eil Attique çompofée ; le chaf piteau de feuilles d'olivier ^ l'emablement modillQ- naire & dentieulaire. |
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1.
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d!Archîtecturl 19$
Ordre s d'à r c h ι τ ε c τ ü' r |L
SURMONTÉS D'UN AUTRE, O RD RE,
Èt CELUI-CI D'UN ÄTTlQ&Ey êmplorés dans nos plus beaux
/Edifices. : Ordres du Vieux - Louvre, du Luxembourg y
& du Fro-ntifpice du Bureau des Marchands
Drapiers â Paris,
La figure A donne lès mefures des ordres Co»
firfthieh & éömpofite, avec ΓΑ trique de la cour dir YienX ~ Louvre, comme anciennement il fut élevé fur les delïins de Pierre Lefcot. En parlant des detiX ordres de l'Hôtel de Soufeife, page 194, nous avons remarqué que La Maire ,. Archite&e de ce bâtiment, avoir placé le Compofite fous Îe Corinthien, tk qu'au contraire au portail de 1|a Merci, le Corinthienfupporte le Compoiké, comme fa fait ici Leicot. Nous periiitons néauf moins à croire, qu'il vaut mieux en ufer comme a fait La Maire, par la raifon, ainïi que nous l'avons dit plus d'une fois , que jamais le foibW ne doit fembler porter le fort : or certainement le Compoute a quelque chofe de moins délicat que le Corinthien ; c'ert non-feulement ravis de Scammozzi , mais encore celui du plus gtand nombre de nos Architectes célèbres. Quoi qifil en foit, les deux ordres de la cour du Louvre font dans un parfait rapport entr'eux, Tordre fupérieur ayant un module de moins que celui de deflbüs; lé piédeital de celui-ci eil entre Iq Ν iv
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20o Ç ο υ ε. s /
tiers βζ le quart, & fon entablement a îe cînqiiî©-*
me de Tordre ; le piédeital du fécond ordre a à> peu-près le quart, y compris un congé placé Seiïbs, qui fert à élever la bafe de Tordre; l'en- tablement de ce dernier a auffi un peu moins du quart ;"aut'deffus de celui-ci s'élève un Attique qui a , à très-peu de chofe près , la. moitié de l'ordre de deïTous ; il eil lui-même élevé fur mi piédeiral de vingt-cinq pouces un quart de hauteur » βζ CQurQnni d'une corniche de dix-neuf pouces & demi, furmonté d'un focle, au-deiîus duquel pa- roiffent des combles dont la hauteur femble écra·. fer ce petit étage :imperfe&ion qui n'a pas peu contribué fans doute, lorfque dernièrement on a travaillé à rentiere perfedtipn de çet; édifice, à faire préférer un troifieme ordre: dans Intention de détruire les combles $: i'Attiqüë, ainfi que ipoùs aurons occafion de le dire^aïUeurs , en don-i nant en particulier lavant-corps dé cëjtê façade. ^û-deffus du petit Attique dont nous venons
de parler, nous avons tracé le douh>lç Attique: qui, foutient les Cariatides a , que Sarràzirç a iculr * pté^s fur i'avant - corps x élevé fur les deifins de £,e Mercier, lëfquëllès font couronnées d'un enta- blement & d'un triple fronton ; ce nouvel Attique» çompofé de pluiieurs membres J a ilx pieds dix ■potices de hauteur, les Cariatides quatorze, piςd$ ; :|ix pouces & demi, & leur entablernent cinq pieds, deux pouces ; le fronton a de perpendiculaire; onze pieds dix pouces & demi. Notre intention n'eil pas de porter aucun jugement für Tordon- nance de cette façade , qui doit être regardée çomiiie le chef f découvre de l'^rchite^urq Fran^ f Qife, pour fon temps , & portée au plus grand: iegrç de ncheiTe. Mais nous faiûrons cette ocça·* |
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d'Architecture; töl
ίίοη de confeiller à nos Elevés l'examen particu-
lier de la Sculpture excellente qui y eil répandue, & dont le faire , la touche & l'exprefïion font autant de miracles de l'Art, à quoi nous ajoute- rons qu'il faut un mérite bien fupérieur pour l'enl·- ployer en β grand nombre, fans apporter de con- îuiipn dans les façades , la profuiion des orne·* ments nuifant ordinairement à TArchiteclure , pen- dant qu'ici elle fert à en relever l'éclat. Nous . pouvons le dire , quelle différence entre celle qu'pri yjremarquè & la plupart de celles qu'on emploie dans les productions de nos jours ! ce n'eil pas, qu'on ne les charge de beaucoup d'ornements j mais qu'ils font éloignés de ce modele, & de ceux qu'on obferve au periilyle du mêrne Palais | dans la porte Saint-Denis & ailleurs ! Il faut eri convenir, ce n'eil que de la Sculpture; iouyent même on a recours à la prodigalité, mais elle ne fert guère qu'à mafquer l'infurHfance de l'Artiite; çn forte que cet acceiToire , toujours emprunté d'une main étrangère, né fait que déceler la ilé- rilité de l'Architecte, & non le véritable goût de l'Architeeure. ;;· ;j> Nous finirons nos remarques, fur cette partie
intérieure de la cour du Louvre, par obfer- rVer que toute la hauteur de ce grand avant- corps eil dé dix * huit toifes & demie, depuis le pavé jufqu'au fommet du fronton , & que lés deux ordres de Pierre Lefcot'., fans l'Attique, font de neuf toifes deux pieds cinq pouces ; en forte que toute la partie fupérieure de cet avant- .corps i eil égale en hauteur à ces deux ordres | élévation exceifive, qui un jour le deviendra |noins , loriqué le troiiieme ordre qui s'élevé .^uellemçni; viendra lui fervir d'açoteméUW (.- { *■ - "■' _
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2ùz Cours
La figure Β nous donne les mefwres deS ordres
Tofcan & Dorique-Colonne du Palais dit Luxem- bourg , avec fAttique du deiîin de Debroffe· Nous avons déjà remarqué , dans le premier vo* lume, en parlant de/F ordre Tofcan de ee Palais, que les piédefraux r du côté de îa rue de Tour- non & dans la- Cour, étoient portés au-delà étt tiers de l'ordre. Nous ajouterons que Finégalité dit fol fur lequel eft aßis ce bâtiment , eft la Caufe de cette grande élévation donnée aux pié- deftaux * pt.ifqi.ie , du côté du jardin y cet ordre eft feulement élevé fur un petit focle d'environ fix pouces, & que fur la terraife près du véftir We, ces piédeftaux n'ont de hauteur efne trois pieds cinq pouces,, pendant que les autres ont fix pieds & demi y& Tordre feulement feize pieds dix pouces & demi. l$om avons auffî dit quelque part, que l'ordre Tofcan ne cönveHoit qu'aux édifices Militaires > ou ,. dans l'Arèhite&ttre Civile 9 à certains édifices publics & dans les bâtiments fubalternes : nous avons eu raifon ; mais nous çEevons rapporter r en faveur de Debrofïës, l'un de nos très-habiles Architectes François, qu'il fîit expreffement charrgé par Marie de Médieis^ d'imiter au Luxembourg la décoration du Palais Pitti à Florence d'ordonnance Tofcane : double entrave , qui dok fervir d'excufe à DebFoffe » de ce que» d'une part, il a employé l'ordre Tofr » can , & que de l'autre, le fol l'a forcé de porter fes piédeftaux ai une fi grande élévation» L'enta- Mement de cet ordre a le quart de la colonne; au-deiïus s'élevë le Dorique, d?environ un mo- dule de moins , foutenu par un piédeftat, qui a aufil près du quart» Ce Dorique eft couronné d'un entaMement qui a lé même rapport '% FAttique |
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d'Arc h ι te e tu re. 203
qui eft au-derîus a près des deux tiers ; il eil foutenu
fur un piédeilal de vingt-quatre pouces & demi; fa corniche eil de quatorze à quinze pouces, ter- minée par une baluilrade de tfois pieds trois pou- ces deux tiers. Nous invitons nos Elevés ,. au fortir des éléments , à commencer leurs obfer- vations dans nos édifices, par examiner dans ce Palais, les ordres Tofcan & Dorique-Colonne, ainii que l'Ionique-Pilailre dont nous parlerons après; à paffer eniuite au Château des Tuileries, „ pour y étudier Tordre Ionique, le Corinthien & ν le Compoiite-Colonne, dont l'attrait du relief, la facilité de les examiner géométriquement & enperipeifive , celle d'en confulter les plafonds, enfin d'y coniidérer l'effet des ombres , leur feront concevoir plus promptement les premières coït·' noiffançes qu'ils auront acquifes par l'étude du cabinet & le fecours des Leçons contenues dans cet ouvrage. - · La figure G donne les mefures de l'ordre Dori-
que ·& ionique , avec l'Attique de la décoration 4n frontifpice du bureau des Marchands Drapiers a Paris ? du deffin de Libéral Bruant. Architecte célèbre , qui a fait les deffins des bâtiments de l'Hôtel & deTEglife des Invalides, Hardouin Manfard n'ayant donné que ceux de TEglife du dôme , dont nous avons précédemment détaillé les mefures du portail. Cet ordre Dorique n'a -,que feize pouces un quart de diamètre * & pour cela il fembloit ne pouvoir entrer en parallele avec le plus grand nombre de ceux contenus dans ce Chapitre ; mais la loi que nous nou& fommes pre£- çrhe d'offrir la plus» grande partie des bâtiments élevés par les plus habiles Maîtres ft &qu* en parti* LcuJier n'on-t qu'un étage, un étage & demi, dense |
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iô4 - C ο Urs
étages, &c· autorife cette difparité. D'ailleurs £
Comme nousl'avons obfervé, ce parallele fera·beau- coup mieux juger aux amateurs , & de la gran- deur & du plus ou moins d'importance de nos divers . édifices ; c'efi pourquoi il ne faut pas s'attendre à rencontrer ici plus d'analogie entre/un diamètre & un autre diamètre : cette analogie n'auroit pïi être obfervée qü?en confondant les genres d'ordonnan- ce; ce quiauroit rendu nos obfervations plus diffu- fes , & peut-être nos remarques moins utiles. Cet ordre Dorique eil donc dé ieize pouces un quart de diamètre , ayant dix pieds neuf à dix pouces de hauteur. Il eft élevé fur un focle de vingt-deui: pouces ; fön entablement a le quart de l'ordre % ia bafe eil Ättique ; Bruant en a diminué' un pé& la faillie i&en a fait autant au diamètre inférieur; 'en forte que le vrai diamètre fe trouvant au tiers » les 'bafes 'fe font rapprochées * & ont permis l'ac- couplement de cet ordre, comme nous l'avons remarque dans le premier Chapitre de ce volume« Au-deffus de cet ordre s'eleve un piédeilaî de deux pieds fix pouces & demi, fqutenant un ördrtb Ionique d'environ trois pouces de moins de hau- teur; il a pour fût des figures de femmes dont les pieds portent fur les bafesy&la tête foutiént -leur chapiteau : double application dont nous avons déjà , premier "volume , pages 119 & •*347 ? condamné l'abus dans la décoration dé rfos bâtiments.- D'ailleurs on peut remarqueV que 4'eritâBIèmërit qui a préique le tiers de cet ■Ionique-Cariatide, eil de beaucoup trop; fort*;, non-feulement; pour l'ordre, mais à plus forte faifon pour les figures de femmes qui en font partie. Nous en dirons autant de l'Attiqûe, dont' |a hauteur exceifive fert- à rendre encore l'ordre |
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d'Architecture^ to$
qui le foutient plus petit & plus chétif, fans
parler du piédeftal qui couronne cet Attique £ dont l'élévation gigantefque femble accabler tou- tes les autres parties%'de cette façade; en forte qu'on peut dire , que cette ordonnance ne s'efl: guère acquife la célébrité dont elle jouit, que par fa compofition pittorefque & la beauté de la Sculpture qui s'y trouve répandue; foiblereffource fans doute : mais combien ne voyons-nous pas de nos jours de bâtiments où FArchite&ure & la Scul- pture font au-defTous de la médiocrité r Ordres de l'Hôtel de Rohan , du Château de
Meudon & de l'Hôtel de No ailles à Paris« Planche L X X X I X·
La figure A nous fait voir les ordres Dorique
& Ionique avec l'Attique de l'Hôtel de Rohan du côté du jardin , en face de l'Hôtel de Soubife, Tun & l'autre du deiïin de La Maire. On doit remarquer ici que l'ordre Dorique de deux pieds de diamètre a un module de moins que fa haii^ teur ordinaire; qu'il eit élevé fur un petit focle de dix-huit pouces ; enfin que fon entablement a le quart des quinze modules de la colonne. Nous obferverons que fa corniche n'a ni'minutes; ni denticules, & que ^ peu de hauteur cou- ronne mal cet ordre , lui-'fs^me aifez imparfait, & à la place duquel on n'auroït dû faire qu'un foubaiTement, plutôt qu'un ordre irregulier. L'or- dre Ionique de defTus a plus de hauteur que le Dorique; mais néanmoins il femble être aflaiffé par Γ Attique qui le furmonte, ayant de hauteur les deux tiers de l'Ionique ; cet Attique eil cou- ronné par une corniche d'une petiteâe iniiiporta-. |
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3ô6 Cours
ble ; en forte que l'Architede paro'it ici fort an-
defibus de lui-même , à juger de (es talents, par la décoration de l'Hôtel de Soubifé , dont nous avons parlé précédemment. La figure Β nous donne le Dorique, le Com*
ponte & l'Attique de l'avant - corps de l'ancien Château de Meudon, du côté de la cour, reftauré par Hardouin Manfard. Il eil aifé de juger du peu de rapport qu'ont enfemble ces deux ordres; mais il faut convenir que ce défaut n'appaitient point à Hardouin ; forcé de s'affujétir à la hauteur des étages du bâtiment, il a préféré de furmonter le Dorique, plutôt par un Compofite que par un Ionique, parce que celui-là prête plus que tout autre à la néçeffité où fon fe trouve quelquefois d'en altérer les proportions. L'ordre Dorique, d'environ dix-huit modules, eft élevé fur un pié- deftal porté entre le tiers & le quart de la hau- teur de l'ordre , qui pour bafe a celle Attique , & pour chapiteau , un chapiteau compofé de feuilles d'acanthe dans fon gorgerin , ce qui lui donne deux modules de hauteur, à l'imitation de ceux de la Salle des Antiques du Louvre, & de ceux de la cour qui précède TEglife du Val-de- Grâce ;. ce que Hardouin a fait fans doute ici pour racourcir d'autant le fût de la colonne , & vraiièm- blablement parce que ce chapiteau femi-gothique , paroît moins difparate avec le ityie de l'ancienne Architecture des façades de ce Château, quel'Ar- chite&e n?a pu détruire entièrement. Cet ordre n'eft couronné que par un feul architrave, cou- ronnement qui n'eft tolérable que dans les dedans, & qui dans les deho'rs produit le plus mauvais éftét » non-feulement parce que ce membre camus termine toujours mal un ordre régulier; mais parce |
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D* A R CHÏ T ÊCT URE. 1UJ
que faute d'avoir une certaine faillie, celle de la
bafe de l'ordre fupérieur annonce un porte-à-&ux trop apparent , prefque toujours mafqué par la faillie d'une véritable corniche. L'ordre Compoiite qui fe voit ici, & qui n'a guère que la hauteur d'un Afrique, dont il a la bafe, ne peut ni ne 4oit jamais s'employer tel, fur-tout.quand il eu, lui-même furmonté d'un Attique, qui en a pres- que les fept douzièmes : mais , encore une fois, il faut fe reffouvenir qu'il s'agit d'une reftaura- tioo, & que par conséquent les proportions des ordres de cette façade ne peuvent raifonnablemenr fupporter une critique qui ne doit guère s'exercer que fur les bâtiments élevés par un feu! Architecte. La figure C donne les mefures de l'ordre Co-
rinthien ; celles du Compoiite & de l'Attaque de . la façade , du côté du jardin du même Château; elles ne demandent pas un examen plus févere. L'ordre Compoiite , plus bas encore que le pré- cédent , diffère auffi de près de quatre modules de l'ordre Corinthien qui le foutient, & Γ A trique paroît plus élevé à raiion du racourciffement de cette efpece de Compoiite ; de maniere qu'on 4|e peut applaudir en rien à la décoration de ce bâtiment, les défauts qui s'y remarquent n'é- tant rachetés par aucune beauté ni aucun détail intéreilant. Cependant nous n'invitons pas moins nos Elevés d'aller vifiter cette Maifon Royale, cjpnt les dedans de la plus grande magnificence, renferment des chefs-d'œuvre en plus d'un genre , & dont principalement l'avant-cour & les jardins méritent toutes fortes d'éloges. La figure D donne les mefures de l'ordre Dori- ,
que-Colonne , de l'ordre Ionique & de l'Attiqne- Pilaftre ? de l'Hôtel de Noailiés., bâti par ,M* |
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&o8 · C o ν κ ê> . ,
Laffurance. L'ordre Dorique eil feulement dé dit*
huit pouces un quart de diamètre; la bafe eii Attique & couronnée d'un entablement qui eil entra le quart & le cinquième de la colonne* Sa frife* au-lieu de trigliphes, eil ornée de conibles qui occupent trop de hauteur, ce qui rend l'architrave & la corniche beaucoup trop petits, de maniere que ce couronnement peut paffer pour médiocre * çé qui arrivera prefque toujours lorfqu'on vou- dra s'éloigner des principales parties des ordres * adoptées par les anciens & les modernes: déplace- ment qui ne fe doit faire qu'avec beaucoup de pru- dence, & plutôt dans les dedans que dans les dehors : autrement tout membre d'Architeclure , ainii que tout ornement déplacé * a droit de déplaire à l'examinateur , parce que ce déplacement nul· jfant effeneiellement à l'unité d'expreiîïon » le fpe&ateur ne regarde plus la production entière de l'Archite&e qu'avec indifférence, ce qui fou- vent lui fait échapper des parties eitimables qui les auroient reconciliés enfemble. L'ordre Ionique a de hauteur un module & demi de moins que celui de deffous ; fa bafe eil Attique, & ion chapiteau moderne ; fon entablement a un peu* moins du quart. Son Attique, qui ne devroiÉ avoir que la moitié de la hauteur de l'ionique9 a huit pieds fix pouces, ce qui lui donne trop d'élévation, & contribue à rendre toute cette ordonnance affez imparfaite. Il nous paroîtroifi très - erîénciel , que les grands Maîtres vouluf* fent fixer déterminément les rapports que doi- vent avoir les divers étages des bâtiments, afin d'éviter à l'avenir toutes les incertitudes qu'on remarque dans les différentes productions de la plupart de nos jeunes Architectes ? qui, irréfolus " , ; fur
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fur la marche qu'ils doivent fui vre, croient qu'il
fuffit d'élever plufieurs ordres les uns au-deffus des autres, de les furmonter par des foubaiTements', de les couronner par des Attiques, pour fè faire admirer , pendant au contraire qu'ils replongent l'Art, pour ainii dire, dans fon enfance. Il faut pourtant convenir que fi l'on fe trouvoir quelque- fois forcé de s'écarter des règles que nous dev- rons à cet égard , ce ne devroit être du moins que dans des cas particuliers > & toujours pour amener des beautés d'enfernble , fouvent préféra* Hes aux beautés de détails, proprement dites. o r d res d'a r c h i tec τ v ré,
surmontés de d ε ux a üt re s
ordres , faisant partie d ε la décoration de quelques Édifices anciens ei^ modernes. Ordres du portail de l'Eglifi de Saint-Sulpice »
du Colifée à Rome , & du portail ' de l'Eglife de Saint-Gervais* |
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Planché XC,
La figure A donne les méfurës des ordres Dori-
que , Ionique & Corinthien du portail de fEglife de Saint-Sulpice *> bâti fur les deffins du Chevalier Servandoni , Peintre & Architecte célèbre. Les ordres de ce frontifpice font d'un plus grand diamètre qu'aucuns de ceux qui fe voient exé- cutés à Paris dans les monuments de cette efpece : aufli ont-ils procuré de hauteur à cet édifice, cent foixante-fixpieds fix pouces dix lignes, non Tome IL Q |
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tàîô > , G ο υ R ê ; - ,τ.
'compris le couronnement des tours qu'on vient
d'élever au - defTus du troifieme ordre , à la place des campanules , propofées précédemment par l'Architede ( ο ), & où il auroit été bien à defirer qu'on n'eût fait aucun changement depuis la mort de cet habile Artifte; les couronnements qu'on y remarque aujourd'hui étant, par une fatalité incroyable , fort au-deffous de la médiocrité , ce qui défigure toute la partie fupérieure de cette production, d'ailleurs admirable. L'ordre Dorique ii de diamètre quatre pieds dix pouces , & de hauteur quarante-un pieds huit pouces dix lignes ; il eft élevé fur un focle de huit pieds quatre pouces &: demi. L'entablement a près du quart de Tordre ? ' & forme entre les deux tours un porche d'une très-grande beauté , & dont les Sculptures font du cifeau de feu Michel-Ange Slodtz, l'un des Sculpteurs de nos jours qui fe font acquis la plus grande réputation. L'ordre Ionique eil élevé fur un double focle de onze pieds trois pouces & demi de hauteur ; cet ordre a plus d'un diamètre de moins que l'ordre d'en bas : cependant ce portail eft dans le même cas que celui de Saint- Roch-, dont nous avons parlé en décrivant la plan- che LXXXVI, figure A. Il eft vrai que Γ Architecte de Saint-Siilpice n'a pas déterminé le rapport de la hauteur de ces ordres , d'après le point de diftance "aûùel, ayant toujours compté fur une place pu- |
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(o ) Voyez les deflms de ces campanilles & du portail du
Chevalier Seivandoni, gravés dans l'Architecture Françoife, Tom. I. Voyez auiïî ce que nous avons avons dit de cet Archi- tecte dans le premier volume de ce Cours , page ιοί 3 ainiî ! que de la plupart des autres Architectes que nous citons dans
çeC»aPi£re» & dont nous avons parlé dans l'Introduction de \ ce même volume. s
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D* A RÇH IT EC Τ URE» 2II
Iblique qui doit fe faire devant ce portail, & où
il a fait élever de fon temps une maifon d'un excellent genre, qui doit fervir de modele pour les façades du pourtour de cette place. C'eiî: pour cela fans cloute qu'il n'a pas cru devoir élever fon fécond ordre , comme fi le Sémrnaire eût dû refter où il eit : malgré cela il faut convenir qu'il auroit pu donner à fon ordre Ionique plus d'élévation : hauteur qu'il pouvoit prendre fut celle du double focle, déjà trop élevé , & par rapport à la char- ge qu'il occafionne à Tordre Dorique, & parce qu'il fait paroître le fécond ordre encore plus court. A ce fécond ordre néanmoins il a donné les onze pieds trois ponces & demi, dont nous venons de parler, parce qu'antérieurement la Fabrique de cette Eglife avoir exigé que l'on fît au-deffus de Tordre d'en bas , une bibliothèque, & quel- ques logements pour le fefvice de nuit de cette ParohTe: confidération peu intéreifante à la vérité, îorfqiril s'agit de l'ordonnance du frontifpice d'un Temple; mais, nous l'avons déjà dit, les Architectes feroient trop heureux, files plus grandes entreprises ne fe trouvoient pas pour l'ordinaire aifujéties par les plus petites confidérations. L'ordre Corinthien, qui eil en retraite pour la plus grande partie, a de hauteur celle de Tordre Ionique moins un module, & en,celailfe trouve plus conforme aux: rapports les plus approuvés ; cependant nous or> ferverons , que fMans la réitération de ces trois ordres , Tun d'eux devoir s'écarter de la regle des proportions ordinaires, c'eût été celui - ci qui auroit dû être plus élevé , par la raifon qu'étant plus éloigné de Tœuil du ipe&ateur, il doit per-> dre davantage de fa hauteur réelle. Nous devons Tavouër ici, à là honte de la plupart de nos |
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au Cours
Architeöes, ils fe font des règles à leur fantai-
iie , ou plutôt ils n'en fuivent aucune; en forte qu'ils vont en avant, quitte à convenir enfuite qu'ils fe font trompés ; encore ne font - ce pas les hommes médiocres qui avouent leurs fau- tes. Nous nous flattons qu'on ne nous foupçon- nera pas de faire tomber cette obfervation fur l'illuitre Architecte de Saint-Sulpice, nul n'ayant plus véritablement que nous , honoré fes talents &: fa perfonne : nos remarques fur fes ordres ont amené naturellement cette digreiîion, ainii que "nous nous en permettons quelquefois d'autres, mais toujours d'une maniere générale, félon que Toccaiion fe préfente , parce que nous les croyons utiles à nos Elevés pour les tenir en garde fur ι leurs productions futures. D'ailleurs, qu'oïl y pren- ne gardé, nous refpettons dans cet ouvrage, comme nous l'avons fait dans la décoration des édifices, dans f Architecture Françoife, dans l'Ency- clopédie & ailleurs , les hommes d'un vrai mé- rite , ne nous étant jamais permis de perfonna- lités : lors même qu'il s'eil agi des ouvrages des Architectes fubalternes, nous n'avons parlé que de leurs œuvres : fi nous avons rapporté leurs défauts, c'eil que notre objet fembloit l'exiger. Notre deflein eit d'initruire les jeunes Artiiles, in- capables encore de démêler les beautés d'avec les médiocrités de l'Art ; en un mot, nous le répé- tons j notre examen, ici cotnn^ ailleurs, eft im- partial, la perfection de Γ Art eft notre feul but, & nous avons toujours penfé qu'il falloir favoir avouer les fautes, comme admirer les beautés. La figure Β donne les mefures des quatre ordres
du Çolifée, bâti au milieu de l'ancienne Rome par les Empereurs Vefpafien & Titus, que nous |
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d'Architecture. if$
rapportons d'après Defgodets, dont tous les Ar-
chite&es connoiffent l'exädlitude. On fera peut- être étonné de trouver les ordres du Xlolifée placés ici entre ceux de nos édifices modernes : deux raifons nous y ont déterminés, i° parce que nous ne rapporterons que cet exemple où l'on ait employé quatre ordres ; 20 parce qu'on pourra comparer la hauteur de cet édifice , qui, paffe, pour le plus grand ouvrage des Romains, avec celle d'une de nos productions françoifes , qui ?, avec trois ordres feulement, le furpaffe de trente pieds j non compris le couronnement des tours ;,. parallele qui, ainii que nous l'avons déjà dit, peut devenir également intéreffant, & pour les. hommes inilruits , & pour ceux qui entrent dans là carrière des Beaux-Arts. De ces quatre ordres lé premier eil Dorique, le fécond Ionique, le troiiieme & le quatrième Corinthiens ; nous ob- ferverons feulement que ce dernier eil Pilailre T Se les trois autres Colonnes engagées. Le Dori- que a de hauteur vingt-fix pieds un quart ; l'Io- nique vingt-quatre pieds, un pouce deux tiers ;, le premier Corinthien vingt-quatre pieds ? & le fécond vingt-cinq pieds quatre pouces un tiers : lès différents diamètres cotés fur cette planche „ nous difpenferont ici d'un plus long détail. . La figure C préfente les trois ordres Ipnique ,„
Dorique & Corinthien du portail de TEglife de Saint-Gervais , bâtie fur les deffins de Jacques; Debroffe. Cet édifice a paffé & paffe encore pour un chef-d'œuvre ; nous y reconnoiffons de grandes beautés ; mais il s'en Faut' bien qu'en examinant: &s détails avec attention , il ne perde, pas ua peu de fa célébrité. Ce η eil pas ici le lieu d'en* trer dans cette difcuffion : peut-être nos juges trovj^ |
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vérdht-ils que nous les faiibns trop fréquentes ;f
mais qiiOU prenne garde que le parallele que nous. faîfons ici tient autant au raiionrtement qu'aux éléments de l'Art, & que c'en: par les obfervations dont nous ufons fréquemment, qu'on parvient infenfiblement à allier enfemble, la théorie & l'expérience. L'ordre Dorique de ce portail eft adoiîe ; nous le déiignons ici tel , n'ayant eu pour objet,; dans la planche que nous décrivons, J que d'offrir les principales mefures des ordres que |
ïïous rapportons ; ces ordres , par la maniere dont f
nous les avons défîmes, font plus volontiers ap-
percevoir , au premier coup-d'ceuil, les maffes , les parties principales & les détails; ce que nous n'aurions pu faire , ii nous avions voultj fuivre une autre route ; elle eût peut-être été plus vraie, rnajs aiiffi auroit-elle produit plus de difparité dans ces ordres, mis en parallele les uns avec les autres. Cet ordre Dorique a environ un demi module de plus de hauteur que l'Ionique, & celui-ci ,un diamètre au-delà du Corinthien ; rapports affez ïnexa&s , & qui n'étant pas rachetés par une, certaine régularité dans les divers entrecolonne- rnents que présentent ces trois ordres, produifent un défaut de juileffe & de proportion dans les ou- > vertures & les autres membres d'Architecture qui y font placés ; auffi , confiderés féparément, ils n'offrent aucune analogie avec TexpreiTion de chaque ordre, à l'exception de ceux du rez-de- chaufTée. D'ailleurs pourquoi le piédeftal, pofé fur l'ordre Dorique , a-t-il le tiers delà hauteur de l'Ionique ? & pourquoi celui du Corinthien lui eft-il fi fort inférieur en hauteur, ainfi que fon ordre ? Pourquoi celui-ci encore, quoique délicat, fe trouve-t'il improprement couronné d'un frontoïi - ' \ ■ \. s . ■ ' '■'''': '
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d'Architecture. iif
circulaire ? Cette forme à peine toiérable dans une
ordonnance ruilique, eil accompagnée dTailleilrs de figures gigantefques , qui femblent accabler toute la partie fupérieure de cet édifice. Ordres de l'Amphithéâtre de Vérone 9 du
Palais. Fameje } & du Palais Barbarini à Rome.
Ρ LA NC H Ε X C I.
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La figure A donne les mefures des trois ordres
Tofeans, élevés l'un fur l'autre à l'amphithéâtre de Vérone , tous trois d'une expreiîion ii maffive, que nous avions deflein de fupprimer cet exemple, com- me a fait Chambrai, qui ne cite d'ordre Tofcan que la colonne Trajane , la colonne Antohine, & celle qui fut élevée dans Coniläntinople à l'Empereur Théodofe ; cependant Defgodets a cm lès ordres Tofcans de l'amphithéâtre de Vérone, dignes d'en- trerdans fon ouvrage utile. Nous les rapportons d'après lui; ce monument ruitique , élevé dans fou origine pour les repréfentations des combats d'ani- maux, pourra fervir, en quelque forte, de mo- dele pour la décoration des Boucheries, des Pri- fons, des Marchés publics, qui ne doivent ref- fembler en rien aux Palais , aux Maifons de pläi- fance, aux Hôtels, l'ordonnance des dehors de- vant nécefTairement annoncer fufage intérieur des bâtiments- qu'elle décore ; c*ëiï pour cette raifort que nous avons exprimé fur cette figure les boiTa- ges, les impolies , la retombée des arcs, &c. : La figure Β donne les mefures des ordres Do- rique '& Ionique - Colonnes engagées , & l'ordre Çorinthien-Pilailre de la façade du côté de la coût* |
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2i6 Cours
du Palais Farnefe, du deiîin de Michel-Ange. Là
hauteur de l'ordre d'en bas eil égale à celle de l'ordre intermédiaire, & le iupérieur a environ un module de moins que les deux premiers ; ce qui prouve, en quelque forte , que de tout temps on a été afîez incertain fur les rapports qu'on devait donner aux ordres qu'on a eu intention de fur- moriter les uns par les autres ; ce qui prouve cour notre fentiment de n'en faire régner qu'un îeul dans nos bâtiments,, fans empêcher pour cela qu'on ne faiTe ceux-ci à pluiieurs étages , en convertiffant, comme nous l'avons propofé , le rez-de-chauffée en foubaflement, & le deuxième en Attique. Les piédeilaux qui fe voient ici, font beaucoup moins élevés que la plupart de ceux des édifices que nous avons parcourus jufqu'à préfént, & en cela ils font beaucoup plus tolérables ; encore defirerions - nous qu'ils fuffent réduits en focle, parce qu'un piédeftal d'une hauteur peu confidérable, cÛvifépar une bafe & une corniche, m prëfente fouvent qu'une Architecture chétive. t/ordre Dorique a pour bafe celle Attique , ainfi que les deux ordres fupérieurs ; fa corniche eft îpïis mùtules ni denticules ; le chapiteau Ionique eil antique, &c. La jSgure C offre les mefures des ordres Dori-
que & Ionique du Palais Barbarini, du deffin du Bernin, 8c le Corinthien élevé au-deiïus de ces ordres, du deffin de Boromini : ces trois ordres ont un rapport plus exact entr'eux que les précé- dents; le Dorique a de hauteur vingt-un pieds deux pouces ; l'Ionique vingt, pieds ; le Corinthien vingt-trois pieds fix pouces un quart ; le diamètre, inférieur du premier eit de vingt - neuf pouces deux lignes; fon fût fupérieur de vingts cinq |
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d'Architecture. iïj
pouces un tiers ; le diamètre inférieur du fécond
eil de vingt-cinq pouces , fon fût fupérieur de' vingt pouces & demi ; le diamètre du troifieme eil de vingt-deux pouces cinq lignes; enfin le Dorique a pour bafe celle Attique, & le chapi- teau de Vignole ; ion entablement eil denticulaire ; l'Ionique a auffi pour bafe celle Attique, à la- quelle Le Bernin a ajouté plufieurs baguettes; fon chapiteau eil antique, mais fa corniche n'a ni modulons ni denticules ; le Corinthien a la bafe attique, 6Vc. Ordres de la Cour du Vieux-Louvre+du Château
des Tuileries, du Palais du Luxembourg, & du Château de Maifons. \
Planche XCII.-
La figure A préfente les trois ordres exécutés
aujourd'hui dans la plus grande partie des façades de la cour du Vieux-Louvre : nous avons déjà donné les rnefures des deux premiers , de Γ Atti- que & des Cariatides , planche L X X X V111 ψ & nous en répétons les cotes ici , en ajoutant celles du troifieme ordre, pour faire juger plus précifément de la hauteur de cet édifice , comparé avec ce qu'il étoit anciennement. Ce troifieme ordre a de hauteur quinze pieds fix pouces trois quarts, le piédeilal qui le foutient quatre pieds trois pouces : l'entablement a quatre pieds trois quarts , & il eil couronné par une baluilrade de quatre pieds fept pouces ; en forte que le diamètre d'en bas de ce nouvel ordre, eil égal à celui du fût fupérieur de celui de deffous , à trois lignes près, n'ayant que dix-huit pouces, & vers fon chapi-, teau feize pouces & demi« |
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2iS Cours
La fïgute Β donne les mefures des ordres Ionique*
Corinthien & Compofite du Palais des Tuileries du côté des jardins. Le Compofite eil couronné d'un Attique ; les deux premiers font de Philibert Delorme ; le Compofite & TAttique du deifin de ^.e Veau , lorfqu'on fit à ce Palais des augmenta- tions coniidérables fous le regne de Louis le Grand. Nous rappellerons ici, avec le plus grand plaifir, l'exécution admirable de Tordre Ionique Ψ perfectionné fous ce dernier Architecte, & dont les ornements font du meilleur choix & de la plus parfaite exécution. Peut-être la Sculpture y eft-elle un peu trop prodiguée ; mais l'on peut dire que depuis le deifus de la bafe jüfques fous l'architrave , cet ordre peut être confideré comme un chef-d'œuvre dont nous n'avons poinf d'exemple dans aucun de nos édifices françois ; l'entablement eil auffi profilé dans le meilleur genre, ainfi que les ornements qui y font diiïri- bués. Au reile, il faut favoir qu'on remarque / dans cette façade deux ordres Ioniques de même diamètre; l'un boiTagé eflplacé dans le grand avant- corps du milieu, & dans les galleries qui l'ac- compagnent ; l'autre décore les pavillons qui ter- minoient anciennement l'étendue de ce bâtiment r & c'eil de celui-ci que nous parlons ; il eil bien fu- périeur à l'autre, rapporté par Daviler, page 338. L'ordre Corinthien nous paroît inférieur en beauté : il femble que TArtiile fe foit épuifé à Tordre Ioni- que , & qu'il n'ait pu fournir à la richeiTe de ce fécond ordre , fufceptible cependant, par fa déli- cateiTe, de tout ce que la Sculpture peut pro- duire de plus admirable ; Tordre Compofite eft à-peu-près dans le même cas. D'ailleurs ces ordres ainfi multipliés les uns au-deffus des autres 3 ont |
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d'Arc h ι τ ε c τ υ r ε. ιι%
occafionné dans l'avant-corps de ce Palais, des
entrecolonnements d'une proportion û4peu relative au cara&ere des ordres auxquels ils appartien- nent , que les membres d'Architecture Si les orne- ments de Sculpture qui occupent leurs efpaces, . ont encore plus de difparité que les entrecolon- nements : malgré ces remarques qu'il feroit mal de diiïimuler , on ne fauroit trop admirer les beautés répandues dans cette belle production, pourvu qu'on fe reffouvienne, en l'examinant avec attention, que ce ne font pas les ornements qui font l'Architedrure ; que pour la faire belle , il faut d'abord la dépouiller, de tous fes acceiïbi- res pour en confiderer les nus 9 qu'après cette épreuve, û les proportions des mafTes & des parties parohTent à l'Architede dans un parfait rapport, c'eil feulement alors qu'il· peut fe perfua,der que la Sculpture contribuera à la rendre plus belle encore, parce que la perfe&ion de la* premiere > réunie avec l'agrément de la féconde, amèneront néceiTairement à faire un chef-d'œuvre. de cette production. L'Attique a environ la moitié de l'or- dre de deifous ; cette proportion eil celle que nos modernes lui ont aiTez généralement affignée ; mais il auroit été à délirer ici qu'il ne parût pas acca- blé par le poids immenfe du dôme qui s'élève au-deiTus, & qui ne peut guère fe trouver placé que fur un ordre régulier, & non fur un Attique. La figure C donne une féconde fois les mefu- res des ordres du Palais du Luxembourg, dont nous avons déjà. parlé en décrivant la planche LXXXVIII. Il s'agit ici feulement des mefures du troifiëme ordre Ionique-Pilaftre,. n'ayant donné précédemment que celles de l'ordre.Tofcan , d% Tordre Dorique ξζ de l'Attique. Cet ordre loni^ |
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220 Cours
que a feulement de diamètre dix-neuf pouces &
demi, & de hauteur quatorze pieds quatre pouces, par conféquent huit pouces de moins que l'ordre Borique de deiîbus : il eil élevé fur un piédeftai .de même hauteur que celui de l'Attîque, ce qui le fait paraître un peu bas pour cet ordre, n'ayant que deux pieds & demi ; c'eil pourquoi il eût été bien que ce piédeftai commun, & à un ordre régu- lier & à un Attique , eût été converti en focle, parce que ce dernief n'ayant point de hauteur dé- terminée , feroit devenu également propre à fervir de foutien a ces deux différents étages ; l'entable- ment Ionique , porté au quart, eil couronné d'une baluilrade à-peu-près égale en hauteur. La figure D , en donnant les mefures des trois
ordres Dorique, Ionique & Corinthien du Châ- teau de Maifons, offre auffi Tune des merveilles de notre Architecture Françoife, du deffin de Fran- çois Manfard ; il eil peut-être le feul parmi nous- qui ait fu réunir tous les talents qui cara&érifent le véritable Architecte. Nous fommes bien éloi- gnés de nous croire capable de pouvoir apprécier toutes \es beautés répandues dans ce bâtiment; mais nous aifurons du moins, que ceft par l'étude réfléchie de cet ouvrage admirable, du Château de Blois & de l'Eglife du Val-de-Grâce , bâtis fur les deiîîns du même Architecte, que nous nousfommeSr inilruits de la plupart des principes qui fe trou- vent répandus dans ces Leçons , concernant la partie de la décoration extérieure de nos édifices r auiïi fommes-nous tous les jours étonnés, que d'après de tels chefs-d'œuvre, réunis avec ceux de la porte Saint-Denis par Blondel, du périilyle du Louvre par Perrault, de la façade de la cour du même Palais par Lefcot > des Ecuries■ ^ de |
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D'AnèHlTECTURE. »,
FOrangerie de Verfailles , & du dôme des Invali-
des par Hardouin, il s'élève encore à Paris tant d'ouvrages médiocres , & qu'on aille chercher dans les entrailles de Rome , & dans les ruines de la Grèce, d'autres chefs-d'œuvre fans doute; mais qui fouvent appliqués inconsidérément à nos édifices fans confulter le local, nos matières & nos ulages , ne produifent, pour la plupart, que des beautés paffageres, tandis qu'affez riches de notre propre fond, nous expofons volontairement par là notre Art à une viciiïitude à peine permife dans les ouvrages de pur agrément. Il eil vrai qu'on peut reprocher à Manfard, ainii qu'à Lefcot, d'avoir employé leurs ordres d'un trop petit mo- dule , & peut-être de les avoir trop réitérés les uns au-deiïus des autres; mais, d'un autre côté, peut-on fans émotion confidérer avec quel art Manfard y eil parvenu , lorfqu'on examine à Maifons les traniitions fines & délicates qu'il a fu employer , pour pafTer du folide au moyen , & du moyen au délicat. Nous ofons le dire ici, perfonne avant ni depuis lui , n'a pouffé fi loin cette magie de l'Architeéhire : de quelle admira- tion , de quel charme ne fommes-nous pas épris, à l'afpeâ: de ce chef d'œuvre ! Combien ne fommes- nous pas convaincus de notre infufHfance, lorf- ,j^ùe toutes les années nous nous tranfportons à Maifons avec nos Elevés, pour nous y convain- cre que Manfard eil le Dieu de l'Architedure , δε que fes ouvrages fourniiTent le modele le plus par- fait à imiter pour ceux qui veulent atteindre à la plus grande célébrité. Que ceux-ci, fur-tout y retournent plus d'une fois, pour y remarquer la. folidité fans pefanteur, la préciiion de l'appareil ians féchereiïe, l'expreiïion des profils ? qui tQ«§ |
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m Cours
font excellents , jufque dans les bafe-cours, &
furie chaperon des murs de clôture; enfin la par- faite réunion de l'Architecture & de la Sculpture: toutes deux fembicnt faires par un feul- & même Artifte , elles font toutes deux de l'exécution la plus admirable ; & , depuis plus d'un iiecle , elles offrent aux regards des ConnoiiTeurs la fraîcheur d'un bâtiment élevé à peine depuis vingt ans. Qu'en un mot, ils y çoniidérent l'heureufe pro- portion qu'ont les combles avec les façades : ces combles plus d'une fois nous ont confirmé que ce genre de couverture devoit être réfervé feulement pour ces efpeces de bâtiments d'habitation : qu'ils y admirent encore la belle diipofition des dehors, leurfymétrie ref'peâive , le rapport des parties ac- ceflbires qui s'enchaînent d'une maniere inimitable avec les objets principaux: qu'ils parcourent les da- dans, non pour y puifer l'art de diftribuer nos appar- tements , art inconnu du temps de Manfard ; mais pour y remarquer d'afiez vaftes pièces , décorées dans le meilleur genre , qui | quoiqu'ancien, nous paroît préférable, à beaucoup d'égards, à tous les ornements futiles qu'on a prodigués chez nous pen- dant trente années , & peut-être même à ceux qu'on exécute aujourd'hui dans l'intérieur de nos bâti- ments ; car nos ornements, pour la plupart, ne font ni antiques | ni anciens, ni modernes, faute de s'ap- pliquer à leur donner un caraÖere propre à leur deftinarion particuliere., au motif qui les amené fur ia fcènë, & à raifon des diverfes dignités des perfonnes qui font bâtir. L'ordre Dorique de ce Château n'a que vingt-
trois pouces de diamètre ; l'Ionique vingt pouces, & le Corinthien dix-fept pouces; ces deux der- tiîers ont3 vers.le tiers delà hauteur de lern? |
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D ' A R € HJTECTURE, 22J
fut, un petit renflement de chacun un pouce ; ce
qui donne à ces colonnes un galbe aufii inienfible qu'intéreffant, & analogue à leur expreffion Ioni- que & Corinthienne : renflement dont on peut faire ufage d'après Manfard, pourvu qu'on l'em- ploie avec autant de prudence que ce célèbre Architecte ; le feùl ordre d'en bas a un piédeftal, dont la hauteur eil du tiers de la colonne ; l'ordre Ionique n'a qu'un focle de vingt-deux pouces ; le focle du Corinthien a vingt-fix pouces un tiers; les trois entablements ont un peu moins du quart de chaque ordre, & chacun de ceux-ci environ un module de moins de hauteur, à meiure qu'ils s'élèvent les uns au-deffus des autres : autorités qui, malgré la plupart des exemples précédents, , doit fervir de regle à nos jeunes Architectes, lorique la néceflité les forcera, pour ainfi dire, à élever trois ordres d'Àrchitecîure dans leurs façades ; ce que nous ne leur confeillons de faire néanmoins qu'avec beaucoup de cireonfpecüon, mais que peut-être nous préférerions à un feul ordre , qui embraiTe plufieurs étages , pour les raifons que nous en avons dites ailleurs. , |
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224 Cours
Ordres Colossaux , élevés sue,
un soubassement, faisant partie de la decoration de quelques-uns de nos édifices. Ordres Corinthiens, du Périfiyle du Louvre ,
des Bâtiments de la Place de Louis XJ^y de la Place de Louis le Grand, & de l'ordre Ionique de la Place des Viâoires. Planche XCIII.
La figure A donne les mefures de l'ordre Co-
rinthien du périilyle du Louvre , du deflin de Claude Perrault, qu'il a élevé fur un foubaiTe- ment auquel il a donné environ les quatre-cin- quièmes de la hauteur de la colonne, y compris bafe & chapiteau. Le foubaiTement eit un peu élevé fans doute; mais fa hauteur affujétie à celle de l'ordre Corinthien, placé au rez-de chauffée de la cour , n'a pu permettre à cet Archite&e de le faire d'une hauteur moins con- iidérable. Nous n'entrerons dans aucun détail concernant cette troiiieme merveille de l'Art. Ce monument eft fous les yeux de tout le mon- de, & ce que nous pourrions dire à ce fujet, n'égaleroit jamais ce qu'un examen réfléchi, au pied de cet édifice, peut infpirer aux véritables amateurs de la belle Architecture. D'ailleurs les planches très-bien gravées qui fe trouvent dans le quatrième volume de l'Archite&ure Françoi- se , peuvent fuppléer, pour les perfonnés qui fe trouvent éloignées de la Capitale ? aux éloges , '' toujours |
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D /A R C Η ΪΤΊΕ CÎ TU RE*: .Jfef
tôiijOilsrS trop imparfaits y qise nous pourrions
faire de ce chef-dœuVre Architecture & de Sculpture, principalement lórfcjüOri vient à le compärei· avec les deiÉhsr qu'en éfoit venu don- ner Le1 Be'rnin'Γ appelé en France pour- cetobjetV mais dont5la palme; fut accordée à juitë titre à Perrault, chargé attiïf de l'exécution "de l'arc de* triomphe^ du Trône , dont nous avons parlé1 page là6 dé ce volume; cet ordre Corinthien a qiiararite-un pouces de diamètre', & trente-huit pieds un demi-pouce dé hauteur; il eil éleyé^ fur un focle de trois plëds, fervant dîappiïi .aux1 galléfieé" qité formé ce' përiftyle : réhtâttfement, félon 'VignOle, a à-ipeu-près de hauteur le quart de l'ordre,, fa bafe eiï Attiqué, fon chapiteau de 'feuilles d'olivier. Perrault n'a pöini: taillé de den- ticulés dans le larmier inférieur dé fà corniche, à deiîih dé procurer plus de repos aux ornements diitribués avec beaucoup d'art dans toutes les mou- lures 'des cimaifés. N'oublions pas de rappeler à nos LeÊteurs que cet ordre Corinthien'ëft accouplé, & que de l'axè d'une colonne à Täutre, il a bbfervé tiois modules urtë demi - minute d'intervalë. Lu, figure Β indique les meiiires dé l'ordre Co*.
ririthien' dés bâtiments de la Place, de Louis XV? élevée furv les deiîîns dé M. Gabriel, premier Aïehifé&e dit Rói , qui, dans l'ordonnance de fes façades, a préféré les colonnes folitaires aux colonnes aécöupléès'; & qui a donne à fon fou- baifëmeht, comme" au périiryle diiJLoiivre, les» quatre - cinquièmes de l'ordre , y compris bafe & chapiteau ; cet ordre a trente - fix pouces de diariîêtré; rentâblenièht près dû quart, & Ja, baliiitrade de dêflus a environne cinqujeflie de la' edîOnrièV Nous'"nous rèfuÎons* au piaiiir de Tom& II. JP' |
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décrire les beautés répandues dans l'ordonnance
des façades de cettet Place ; nous lie pourrions que répéter ce qui en a été dit d'iatéreflant dans le Rècœull des Monuments du regne de Louis XV, où Ton en trouve les deiïins , & où nous renvoyons nos Le&eurs, en avertiiTant que les Diefiifes que nous donnons de cet ordre, font prifes d'après le modele qui a été fait pour par- venir à l'exécution de ce monument; en forte qu'il' pourroit arriver qu'il fe rencontrât quelque différence entre ces cotes & l'exécution; mais nous , penfons que les erreurs qui en peuvent naître ne peuvent être afTez confidérables pour empêcher de faire le parallele de cet édifice avec le périityle du Louvre, tous deux à-peu-près de même genre. La figure C donne Tordre Corinthien de la Place
de Vendôme, du defîin de pardouin Manfard,. dont les colonnes n'ont que deux pieds & demi, élevées für un focle , &\jjjklui-ci fur un foubaffe- rhent dont la hauteur eft encore plus conïidéra- ble que celle des deux précédents ; l'entablement de cet ordre a un peu moins du quart. Enfin la figure D repréfente l'ordre Ionique de
la Place des Victoires , aufli du deiîin de Har- donin Manfard ; cet ordre , comme à la Place de Louis le-Grand, a deux pieds & demi de diamètre, & tous lés deux, Tun un peu plus de dix diamètres , & l'autre un peu plus de neuf ; mais il faut confidérer que ces deux ordres font Pilafhres , à l'exception de la Place de Louis le Grand, où fe remarquent des colonnes dans fes quatre pans coupés , & dans les deux avant-corps de fes faces latérales , dans les angles de.fquels on remarque des colonnes jumelles, imitées d'après celles de l'intérieur du Louvre , fans aucune . exciife légitime. ; ν |
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'î> * A ä e η 11 ë e ï ü κ t: %vf
Nous n'avons pas prétendu donner les mefures
de tous les ordres faifant partie de la décoration des édifices antiques, ni de tous ceux employés dans nos bâtiments françois. Cet effaipréfenté à nos Elevés , doit feulement les déterminer à continuer, chacun en particulier, ce travail, qui leur devien- dra néceffaire , non-feulement pour apprendre à juger des diamètres trop forts ou trop foibles , comparés avec le plus ou moins d'importance de nos demeures, mais encore parce que cette étude eil capable de leur faire conrtoître les différents rapports que nos plus habiles Architectes ont donnés aux principaux membres de la décoration de leurs bâtiments , les reiTources qu ils ont mifes en œuvre, pour concilier les préceptes avec le goût de l'Art, les moyens dont ils fe font fervis pour faerifîer aux beautés denfemble les parties de détails , les licences qu'ils fe font cru per- mifes dans certaines circonftances, pour parve- nir à une compofition plus heureufé, les diffé- rentes mefures qu'ils ont données à leurs étages , foit qu'ils y aient préféré les ordres, foit qu'ils n'y aient employé que les foubaifements & les Atti- ques : cette étude .leur apprendra encore à démê- ler le génie de chaque Architecte, leur maniere de profiler, le caractère de fermeté ou d'élégance, dont ils ont ufé dans leurs diverfes productions. Nous fouhaiterions enfin qu'ils le laiiîaiTént per- fùader que c'eil en allant foi-même mefurer lès bâtiments d'une certaine importance, qu'on accé- lère fon expérience par celle d'autrui ; que c'efî: la route que nous avons fuivie pendant vingt années; & que ce travail feùl, nous ofons le dire ici, nous a.mis à portée de leur offrir ces Leçons % <ju'il pourront, à leur tour, étendre & développer^ Pij
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*ζ& G ο υ ji s
pour faire de cet vourage , un ouvrage moins
imparfait. Nous les engageons donc à conti- nuer, dans chaque claffe de bâtiments à un ou» pluiieurs étages t de prendre les mefures des ordres* que nous n'avons pu donner ici, quoique nos/ porte-feuilles en foient remplis^, foin dont ils fe; trouveront bien dédommagés , par l'occafion que, leur fournira ce genre d'étude, de remarquer dans iyç>s édifices des; détails intéreffants ; peut-être ; même des écarts heureux ou des licences rache- tées par des beautés-pofitives , qui leur feroient, échappées fur un iimple examen. Qu'ils lèvent dpnc de nouveau , fmon les ordres dont nous leur, donnons ici les principales mefures , du moins, ceux du Val-de-Grâce par Manfard, de la Chapelle, de Verfailles par Hardpuin, de la Sorbonne par Le ^ercier ; ceux; dei'Hptel de Lambert & du Château ;· de Vincennes par Le Veau ; ceux de l'Hôtel de.-„ Eieauvais par Le Pautre; ceux dô la Fontaine des % SS. Innocepts par Leiçot : qu'ils oppofent à ces - bâtiments , déjà anciens, les mefures des ordres, des bâtiments qui s'élèvent aujourd'hui à Sainte·- Genevieve par,M. Sounlot, à la Madeleine par M* Gomant, à racole Militaire par M. Gabriel, ceux qui viennent-de s'élever dans nos beaux Hôtels à, Paris fur les deiîins de MMt Le Carpentier, Moreau, Çhallegrin , Couture,, Le Doux, &c. ce qui leur procurera une cpUecüon préçieufe, & dont ils pourront tirer parti, lorfqu'à leur tour"r ils feront appelés à quelques grandes entreprifes., Ppur rendre ce travail plus facile, nous confeillons à nos Elèves, de fe réunir pluiieurs enfemble ; que les uns entreprennent, unes partie, ceux-là une autre; qu'enfuite ils, fe les communiquent, & ils s'apper- ceyront bientôt du. progrès que. leur fera ι faire * t ï' "ί ■ " ■ ' * " ■ ' ' *~" ' ■ - . /■■S.:-;1^'''·; ;: ·■::-";;- l··; ;.-■'·: ;-..:·ν.·/:; '''-'ri'?:-· .y '.'.-':'.■, - ' ',■..■■''-.. .i ',;.:, .Y V; ''. Y'. ■':■'■ '.-■.'- ;-':-.·';'.·.> λ·..'
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d/àrchitècture. 229
te moyen dacquérir beaucoup , en ië délaÎTant
des travaux du Cabinet. D'ailleurs qu'ils réfîé- chiffent que le moyen que nous leur propofons eil le ieul qui puiffe les conduire, avec fruit, eft Italie, où, fécondés du fuffräge de l'Académie Royale d'Architecture·^ & favorifés de la prote- €tion de M, le Directeur général dés bâtiments du Roi, ils fe trouveront tout formés à l'habitude de lever, de comparer & de faire un choix judi*- deux des beautés qu'ils doivent imiter à Rome*; au-lieu que fauté de cet exercice fait à Paris fous les yeux de leur Maître, la plupart ne rapportent que'des idées fàùffes dés plus belles productions dés anciens ; de manière que femblables à Sërlio & a« îîernin, ils viennent, au miMëu de cette Capitale, élever dés bâtiments d'habitation dans le genre des anciens monuments d'Italie y prétendant par- la produire des chefs-d'œuvre , fans égard à 1'efprit de convenance , à la différence dii fol & an cafa&ere particulier propre à chaque gçnre d'édifices dont nous allons traiter. DV CARACTÈRE QU'IL CÖNYÏENDROÏÏ
de donner à chaque genre
d'Edifices, Toutes les différentes efpeces de productions qui
dépendent de fArchitecïure devant porter l'em- preinte de la deitinatiön particuliere de chaque édi- fice , tous doivent avoir un caraclerë qui determml» leur forme générale , or qui annonce lé bâtiment pour Ce qu'il èit. ïl ne fuffit pas que ce cataûere diftincKf foit feulement défigné par lés attributs de là Sculpture ; ce fecours , employé avec mé- nagement , peut > à la vérité, y ajouter un nöu- Piij
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130 ' Cour s
veau degré d'évidence & de perfection; mais fi
ce cara&ere n'eil remarquable que par une telle indication, l'ordonnance fera nécefiairement im- λ parfaite ; les attributs amenés dans l'Archite&ure par le mimitere de la Sculpture, ne pouvantcon- itituer ifeuls le genre de l'édifice. Ceil la belle difpofition des. maiies générales , le choix des formes, & un ftile foutenu , qui donnent à cha- que bâtiment une maniere d'être qui ne convient ' iqifà lui ou à ceux^ de fon eipece : l'Architecture feule a droit de fixer les lois de la convenance ; fans celle-ci ÎArchiteûe ne peut guider fon génie, pi déterminer le jugement qu'il doit porter fur la teauté ou la médiocrité de fon œuvre. De la diverfité des bâtiments & de leurs diffé-
rents ufages, doit naître le caraclere de rprdon? nance de chaque décoration. Par exemple dans prefque toutes les occafions qu'on a de bâtir, on peut employer feuls les ordres Tofcan, Do- rique , Ionique, Corinthien & Compofite : on peut auiîi, mais rarement, en employer plufieurs enfemble, élevés les uns au-defîus des autres; il eil encore poiïible, pour plus de fimplicité , de ne retenir de ces ordres que leur expreiïion par- ticuliere. De ces diVerfes manières de décorer nos bâtiments , il réfulte qu'on ne peut fe dif- l^enfer j dans chacun d'eux , de faire ufage d'enta- blements s de portes , de croifées, de baluftrades. Or dans l'un & l'autre cas , c^s parties exactement combinées 9 doivent néceflairement préfenter au- tant de cara&eres différents, qu'on en aura dû reconnoître dans les ordres Grecs ,& dans ceux des Romains; car enfin , comparons TArchite- fture aux autres Arts. Le Peintre, par la variété gu'il fait répandre dans l'ordonnance de fes ta-: |
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D * A R G H IT ECTUR E. , jijt
Meaux, ne retrace-t-îl pas aux yeux des fpe da-
teurs, l'image des paffioris fortes ou tempérées» de l'action ou'du repos. Dans la Poéfie, Ikstjgêntm héroïque, lyrique ou paitöral, n'exprmient-ilspas fous différentes formes, les.diverfes affections de l'ame. pans:1a Mufique , par des fignès peu nom- breux ,'ne parvient-on pas à exprimer toiii^à- tour la terreur ou la clémence ; Théroïfmë du 1& Volupté. Pourquoi donc l'Architecture, plus éten- due dans ies préceptes , & non moins fufceptibîe de goût que les autres Arts , n'offriroit - elle pas aux Architectes des reffources pour varier à l'infini leurs différentes efpeces de productions, foit en. n'employant les ordres que préciiement où ils con- viennent, avec des rapports iimples, mixtes ou corn-- pofés, en les groupant, les accouplant comme les modernes, en les préférant folitaires , tels que les ont employés les anciens ; foit enfin, commejnous venons de le remarquer, en ne retenant de ces ordres que leur fimple expreflion , qui ameneroit fur la fcène, tantôt un ftyle grave & fublime , tantôt un genre mâle ou terrible. Qu'on n'en, doute point, toutes ces reffources font offertes à l'Ar- chitecte ; qu'à celle-ci il fache réunir des parties liffes; qu'il donne du jeu aux différents membres de fa décoration j qu'il faffe prééminer les uns par leur élévation , les autres par leur faille ; qu'il prenne foin de terminer les parties fupérieures de fon bâtiment par des corps pyramidaux > qui annoncent aux fpectateurs l'édifice pour ce qu'il; eft ; qu'en un mot il donne du mouvement à, . fes plans ; qu'il s'attache à l'exactitude des profils £; qu'il faffe choix de fes ornements > & nous lut répondrons des fuccès qu'il a droit d'attendre de£ fes œuvres* |
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%yi Co M Λ-s
Pour.,répandre plus de clarté dans ces jiiou*
velles Leçons nous partagerons les qbferfvations qu'elles vont contenir .eri pliuleurs Chapitres , pour diftinguer plus précifénient les .divers genres » de bâtiiuerits. pans |e premier nous ttranercms de ceux deitjnés a lliabita/ioV: les autres compren- dront les fédinçgs 7.CQnfacrés à la magninçence i9 à futilité & I la |uretè. |
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Des Β at ι μ ε ν τ s ρ' fï a ρ ι τ α τ ι ο ν »
É L Ε Vis BANS IJE^ Vi L ΙΛΕ S
Γ( et a la Campagne.
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Des Bâti m ε ν τ s élevés dans,
les Villes. |
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si§i|^i*svïiïPsp^0|| Palais. . <
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JL*E s Maïs ( o ) font ordinairement la réfidence
du Monareue dans la Capitale de fon Royaume,
On donne aulli ce nom à d'autres Mtiments>
qui, .félon la dignité des diverses perfonnes qui
les habitent, font appelés 'Pakts Electoral, Ducîil,
Pontifical , Cardinal , EpifcopaJ, , &c. Nous ne
parlerons ici que du earaàere qu'il conYÎent de
donner aux Palais Royaux ou impériaux, les autres
édifices de ce genre devant avoir à - peu - près
les mêmes ordonnances, en ofofervant feulement
plus ou moins de grandeur & de magnificence »
félon que ces mêmes édifices font élevés à la
Ville ou à la Campagne. Dans ces différentes
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"(o) Selon Procope, le mot Palais, vient du nom <î'u»
P|iöcülier jGrcc, appelé Pallas, qui donna fön nom à-un Palais *$3gnjfique qjj'il avoir faip jéleyer. Auguite, dit-on, fut auifr le premier qui appela Palais, la demeure des Empereurs à Rouie ^ élevéefur le Mont, appelé à caufe décela le Mont-Palatin. |
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circonftances, il faut favoir que la 'magnificence
dont nous parions ne 4oit pas déterminer feule le cara&ere de la décoration extérieure des Palais;: ', la grandeur & la dignité doivent s'annoncer d'a- bord par i'afpec^ des dehors du, principal corps de bâtiment ; la magnificence au contraire ne doit fe montrer que par degrés, dé la premiere entrée aux cours principales ,'de la demeure des Officiers à celle du Prince; & du veitibule à la gallerie, on'doit s'appercevoir qu'on approche, infenfiblement du'tronè. i ~ / · à*»fc ' % % ··- Nous ne pouvons néanmoins citer les édifices
de ce genre élevés ä Paris; celui du Luxembourg?, très-bien à beaucoup d'égards y porte un caractère de pefanteur dans-fon ordonnance extérieure, trop peu conforme au motif qui l'a fait élever. Le Palais Royal auquel on vient de faire des réparations con-i fidérables^avoij; anciennement à-peu-près le même défaut. Le Palais des Tuileries, où l'on remarque plus d'un chef- d'œuvre, eil: compofé, dans fa vafte étendue de genres d'Architeclure ? trop dif-, parates {tour pouvoir fervir d'exemple en pareille occafion. L'ancien Palais de Bourbon y réduit à im» feul étage , nonroit rien avant,fa nouvelle Teitauration de- bien fatisfaifant. Les Palais Abba- tiaux, du Temple, de Saint-Germain-des-Prés , & tant d'autres ne préfentent, non plus rien dans: leur décoration qui annonce un caractère diftin-f ôif qui punie intéreffer le génie de nos jeunes Archite&es.D'après ce jugement impartial , eiïayons de„ déterminer., le flyle qu'il çonvien- qroit de donner en général à ces fortes d'édifices^" non que nous voulions prétendre que hoi?e; jfeiitiment, à cet égard, doive prévaloir fur celui» |
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d'Architecture; 23.5
fe Maîtres de l'Art, qui ont donné les deffins des Palais que nous venons de citer; mais feu- lement dans l'intention de porter nos Elevés déjà les plus. inftruits , à réfléchir fur la route qu'ils doivent prrendre pour sWurer du caraÛere qu'il nous paroît effenciel d'obferver dans les dîver- fes produirions de l'Architecture. ^ Pour parvenir à donner de la grandeur & de
la dignité aux façades des Palais des Rois , nous croyons qu'il faudroit également éviter de faire ufage d'un ordre coloffal qui embraffât pluiieurs rangs de croifées, tel qu'on le remarque aux ailes ajoutées, fous Louis le Grand, aux façades des Tuileries ; ou d'en placer au contraire tin a chaque étage, ainii qu'on le remarque dans l'intérieur de la s cour du Vieux-Louvre. 11 nous femble qu'un feul ordre qui défigneroit la hauteur de l'appartement qu'habite le Prince, devroit fufïïre ; tel à-peu-près qu'on l'a fait à Verfailles du côté des jardins, fi le bel étage a voit plus d'élévation , comparé avec le foubaffement qui le foutient, & avec l'attique dont il eft couronné. Nous croyons auflî qu'il ieroit à propos d'éviter les combles apparents quvon remarque au Luxembourg; que ces fortes , d'édifices feroient terminées plus convenablement par φ5 baluitrades, comme au Palais Bourbon; qu'il feroit bien que des portiques amenaient à couvert dans l'intérieur des appartements , comme on a tenté de le faire, mais trop imparfaitement au Luxembourg; que la cour d'honneur fût pré* cédée par d'autres cours fpacieufes, & que des jardins magnifiques annonçaient l'opulence des Grands Seigneurs , qui ont feuls le droit de faire élever de pareils édifices. Nous penfons enfin , que l'ordre Dorique devroit préfider dans la |
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"%$6 Cou R s l-'--ν
décoration des dehors, le Corinthien &le£om-
-fpofite dans eelle des dedans ; que la Sculpture doit être if une très-belle exécution , & difpofée j de maniere à procurer un nouvel éclat à FArchi- j
lecture : autant de moyens qui contribueroienty j
-du tmoins nous le penibns ainii, à déterminer f
le caractère propre à la décoration des bâtiments !
ües Souverains. i
Des Hotels,
: .' ■'■' ■ ■ ■ ·" - 'Ί
Les Hôtels ( /> ) ibnt des bâtiments élevés dans
>les ailles Capitales, & où les Grands Seigneurs font habituellement leur refidence : le caractère de leur décoration exige une beauté aiïbrtie à la îîaiiTance des personnes titrées qui doivent les habiter. De la diverfité ides rangs & de la dignité des iujets du Prince, doivent naître néceiîairc- jnent les différents caractères qu'il convient de donner à chacun de ces édifices» le rang dû pro- priétaire eil donc la fource où FÂrchitecliÊ doit jpuiier le genre de ia décoration. Par exemple , la réiidence deitinée à l'un des héritiers du Trône, celle d'un premier Minière, celle d'un Chancelier de France , peuvent s'annoncer différemment ; elles doivent comporter un certain degré de magnâ- "£cence, qui, comparé avec les décorations de la demeure des Lieutenants Généraux, des Digni- |
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( p ) HSteÎ du Jirét latin, JEdes -, pris ici pour la dëmeufre
à'vtn homme .-de la première coniidération. On appelle" encore Hôtel, de grands bâtiments qui., par leur deftination particu- liere :; font nommés, Hôtel- de - Vitte, Hôtel Militaire, Hôtel des Monnaies, Hôtel-Dieut &c. Nous parlerons de ces diffé- rents genres de bâtiments, en traitant des monuments érigés pour l'utilité publique. |
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d'Architecture. 237
tajres Eccléfiaitiques & des Préiidents en Cour
Souveraine, doit, offrir aux yeux des Etrangers & des Citoyens,, l'image des différents ordres d'un* Etat policé. ' À Les premières de ces habitations doivent tenir
de la dignité des Palais de.la féconde elaiïe,>&i les. deuxièmes être moins fomptueufes. On5doit remarquer dans la difpoiition générale dé celle-là-9j à-peu-près le caractère que nous avons déiigné.pour la, demeure des Souverains; dans celles-ci un îlyle plus fimple, mais toujours noble, toujours intéref-· îant. Lorsqu'il s'agira de la· demeure d'un des Chefs des Armées du Prince , on devra« affecter , dans les dehors, un caractère martial,, indiqué par des corps re&ilignes , par des pleins égaux aux vides , & par une ordonnance qui ,, piiiiee dans l'ordre Dorique , rappelle au fpeâareur la valeur du Héros qui doit l'habiter. Pour la demeure du ; Prélat, on peut faire choix de l'ordre Ionique,, qui, moins févere* que le Dorique, n'en annonce p.as moins la décence qui doit préiider dans la-, demeure des principaux Miniftres de l'Egfijfe* Enfin? pour l'habitatioa dun premier Magiilrat, on pour* roit faiiir, dans l'ordonnance Compofite, la dou- ·■, ble application, moyenne & délicate , a ffezpror pre ^ félon nous , à indiquer les différentes fon·* âions relatives à ce genre de dignité. Ce n'eu pas que l'ordre Dorique ne puiffe convenir également à ces diverfes habitations ; mais in- dépendamment que, l'Architede eiL obligé, de varier fes ppdudions-, il faut .aufli- que TèfpritH de convenance- fe trouve I afforti aux: différents f motifs qui lui font mettre la main,à. l'œuvre* Il> convient fur-tout dans ces-derniers Hôtels , qu'il·» fe garde d'imiter l'opulence ifaftueufe:, quirn'^i^ |
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ïjS Cour s
ädmiffible que dans les Palais des Rois : l'inté-
rieur des appartements des hôtels dont nous parlons devant être moins vaite , la hauteur de leurs plan- chers doit néceffairement auffi produire dans les de- hors beaucoup moins d'élévation; i! fuit de-là, que fi l'on vouloit , pour éviter une3 Architecture d'un trop petit module, qui diftingueroit chaque étage, employer un ordre ColoiTal qui en embrafle- roit plufieurs, on rifqueroit peut - être de faire parade de l'abus de l'Art, au-lieu de fes préce- ptes , par la raifon que la décoration extérieure doit annoncer l'uiage & la deftination des dedans du bâtiment. Il faut auffi prendre garde , dans ces demeures, de faire un trop fréquent ufage de la Peinture, de la Sculpture, de la Dorure, &c. les ornements , comme nous l'avons remarqué plus haut, ne devant jamais çaractérifer feuls l'ordonnance des bâtiments ; mais feulement eni- , bellir & fymbolifer l'Architecture. Paflbns aux bâtimens particuliers ? fous le nom
defquels on comprend différentes habitations éle- vées dans les Cités , les unes pour les riches Parti- culiers ,. les autres pour la réfidence des Négo- ciants, & les dernières enfin P bâties pour les Com- merçants & où ils tiennent leurs manufactures , leurs magaiins, leurs atteliers , &c. Des Bâtiments à l'ufage des riches Particuliers,.
La décoration des bâtiments des riches Particu-
liers, doit avoir un caractère qui ne tienne ni de la beauté des Hôtels, ni de la fimplicité qu'on doit öbferver dans les maiibns fubalternes ; nous croyons que les ordres d'Architecture ne devroient jamais M être employés ; ordinairement, ils n'y occafion- |
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D 'Ar c η ι τ e ct ure. 239
fient que de petites parties, & ne fervent qu'à faire
difpâroître le vrai genre de la beauté de leur afr pe& extérieur* · 1 Le bâtiment de M. Janvry?, rue de Varennes,
Fauxbourg Saint-Germain, celui qui fut ancienne- ment bâti, rue des bons enfants , pour M. d'Ar- genfon, alors Chancelier de M. le Duc d'Orléans <& reftauré aujourd'hui- avec peut-être trop de faite pour fon étendue; celui que fît élever M. Perrin de Moras, près les Invalides, a préfent la réfidence de M, le Maréchal de Birori ; enfin les Hôtels de Feuquieres & de Montbafon, Fauxbourg S. Honoré, habités actuellement par des perfonnes de la plus haute Finance , n'ont point d'ordres dans leurs façades & ne paiTent pas moins pour de belles habitations exécutées fur les deiïins des plus célèbres Architectes de nos jours. Il eil vrai que depuis trente ans on a employé les ordres à quantité d'autres maifons du même genre ; mais qu'on y réfléchifîe, celles - ci ont-elles l'avantage fur celles-là ? Et quelles font celles qui doivent paroître le mieux afTorties au motif qui les a fait ériger. Qu'on examine dans l'Architedure Fran- çoife la décoration des bâtiments que nous venons d'applaudir, avec la plus grande partie de ceux que nous héfitons de citer : dans les premiers, on obfervera une certaine iimplicité louable à beau- coup d'égards ; dans les autres, on apperçoit à la vérité pluiieurs petits ordres-colonnes ou pilaitres de dix-huit ou vingt pouces de diamètre, mais qui n'offrent guère que des pénétrations, des mutila- tions & de trop petits objets , qu'on cherche à la vérité à éviter de nos jours ; mais on tombe peut- être dans un autre excès, en employant par- tout les ordres, & en leur donnMnt unair coloifal qui |
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14© C o π κ f
anéantit Ie plus fouvent le refte de l'ordonnance^
excès, nous le répétons, dont on reviendra vraifféni4 blablemént, lorf qu'une fois nos jeunes Architectes feront bien periuadés que le premier mérite défAit eil la convenance qu'on doit obferver dans chaque efpéce de-production ; & que le feul moyen dé l'appliqTuer à toute.rigueur, eil daffigner à chaque édifice le véritable caraclere qui lui icönvienté Nous eflimons que: le ilyle le plus convenable pour* là décoration extérieure des bâtiments dont nous par* Ions, doit être puifé' dans Texpreifion compofîtè> & qu'une fois choifie elle doit être communiquée à la proportion, à la formé &t à la richeffe 'des portes, des croifées ^ des trumeaux, des encpignd-*· > res, des écornions j & généralement à tous les mem1 bres d'Architecture, auiîî-bien qu'aux ornements de Sculpture loxfque la nécelîité lé requiert ; ce qui peut arriver quelquefois, quoique, félon' nous, il ne s'agiffe pas dans l'ordonnance de ces fortes de façades j d'employer les colonnes ou pilailres com- poiites probrement dits, mais feulementl'expreffiöh du caractère moyen & délicat attribué à cet ordréi Des Bâtiments élevés pour la demeure des
; Négociants. Les demeures des Négociants né devröient pré4
fenter dans les dehors de leurs façades que l'ex-î preiïion Ionique j ces fortes dé bâtiments devant différer des précédents, comme nous avons remar- qué que les Hôtels dévoient différer des Palais dont il a été parlé au commencement de ce Cha^ pitre. Ici rArchiteclure doit ^ pour äiliii dire, faire tous les frais de la décoration, du moins doit- on n'y admettre des ornements qu!avec beaucoup de
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ö *À R C H ï f e d f ü a i. - Jt4f
modération , la perfection de la main d'oeuvre»
ïa iimètrie dans les corps refpeétifs & l'art de pro* filer, font les feules reifources qu'il faille employer & qui doivent avoir la préférence fur toutes les beautés d'agrément deitinées à embellir la réfidence des grands. La façade d'une maifon particuliere rue S. Martin*
près la Fontaine Maubuée ; pluiieurs autres rue S. Thomas du Louvre & dans la rue du Regard » derriere le Luxembourg, font exécutées dans 1@ genre que nous deiifons. Nous citons ici ces dif* férentes façades pour que nos élevés , en les al- lant examiner, parviennent à fe perfuader corn·*» bien il· eil eifenciel d'aifortir le ilyle de leur Ar* ehite&ure, à raifon des différentes entreprifes qui peuvent leur être confiées un jour: nous les in- vitons auffi à Ïq reifouvenir que la plupart de ces productions iimples ont été élevées fur les deifins de nos Architectes de la premiere claife ; qu'elles font approuvées, parce qu'ils n'y ont mis que le génie propre à la çhofe ; différentes en cela de quantité d'autres bâtiments particuliers , ou pour avoir négligé la convenance qui leur étoit propre % l'Architecte femble avoir voulu, contre la raifon & fouvent contre le gré du Propriétaire, nous offrir plutôt un avant-corps ou un pavillon; de trois ou de cinq croifées qui , par leur jicheife indifcrete, dévoient appartenir à la façade de quel- que Palais ou d'une belle maifon de plaifance. Quelle inconféquence ! & combien de tels exem- ples ne deviennent-ils pas dangereux pour les Elè- ves , non encore expérimentés ! Paifons à préfent aux maifons deitinées pour les Commerçants; elles doivent montrer encore moins de prér'T^ l'ordonnance de leurs façades. Tome II, |
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%4% Cou R s
Des Bâtiments defiinès pOur t habitation
des Commerçants. \.\
Les bâtiments les moins importants, quant à leur
décoration, font, fans contredit, ceux deftinés à rhabitation des Commerçants ; néanmoins ils doi- vent avoir leur cara&ere particulier > & une plus ou moins grande fimpÜcité, à raifon des différents quartiers où ils fe trouvent élevés , auffi-bien qu'une Jifpoiition intérieure aifortie aux diverfes profef- fions des perfonnes qui les font bâtir ; beaucoup de folidité, une économie louable, des corps de logis diftribués convenablement, &tpour le logement du maître, & pour les magafins où Ton doit dépo- fer les marchandifes, ou pour les atteliers deftinés à la main d'œuvre ; enfin des cours principales, d'autres deftinées pour le fervice journalier , font autant d'objets qu'il faut avoir en vue dans la compontion d'un tel bâtiment. Un Architecte at- tentif doit faire enforte néanmoins, lorfque ces édifices de la dernière claffe fe trouvent placés dans le quartier le plus intéreifant d'une Cité & qu'ils avoifinent quelqu'édifice de marque , de s'at- tacher à rendre leur ordonnance extérieure le moins triviale qu'il eft poflible, afin d'éviter une 4ifparké choquante qui ne fe remarque que trop ordinairement dans les rues des grandes Capita- les: ce n'eft pas que nous exigions une fimétrie abfolue entre un bâtiment de ce genre & un bâ- timent d'une autre efpece; mais du moins préve- nus qu'ils fe trouvent répandus en bien plus grand nombre dans nos Cités, cette raifon feule doit nous . porter à faire en forte que leur afpeft n'ait rien de rebutant. Il feroit donc intéreflant que les |
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d'Architecture; 245
Architectes choiiis pour en donner les projets ,
fuiTent des hommes d'un mérite reconnu s Se d'excellents Citoyens. Une maiion iife rue des Mauvaifes Paroles , près la vieille Pofte , une autre cul-de-fac du Coq, &c. font peut-être des exemples à citer pour ce genre. Perfuadés de ce que nous avançons, nous prendrons foin dans la fuite de ce Cours, de donner les deiïins exécutés par leurs ordonnateurs. Quoique ces defïins ioient Ι îimples, il eil peut-être plus effenciel de les offrir, à nos Elevés , que tout ce que nous préfentent la plupart des gravures dont Paris abonde : çoriî- politions arbitraires, incorrectes , & fouvent mal entendues, qui toutefois ne font que trop exacte- ment imitées par les hommes médiocres ; ce qui détourne le plus grand nombre de nos Difciples de la route qu'ils devroient tenir, pour obferver dans ces genres de productions la vraie fimplicité, Fefprit de convenance & le raifonnement de l'Art. { Des Bâtiments érigés
a la Campagne. Des Maifons Royales.
Les Maifons Royales ne different guère des
Palais, qu'en ce que ceux-ci font élevés dans les Capitales ; au-lieu que les édifices dont nous parlons le font ordinairement dans leurs environs ; raifon pour laquelle il convient de donner à l'or- donnance de ces dernières un caractère moins grave. Dans les Palais conlidérés comme lieux dî repréfentation pour les Monarques, il taut obier- ver un ilyle noble & une magnificence impofantè. E>ans les Maifons Royales, deftinées feulement 0
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$44 Co ν R s
dans la belle faifon pour la demeure du Prince
& celle de tes Courtifans ; il fuffit d'y répandre de la grandeur & de la dignité ; ces deux objets fur- tout doivent fe rencontrer dans la difpoiition in- génieufe du principal corps de logis , & des aîles qui doivent raccompagner ; dans la^diitribution des cours, des avant - cours & de leurs dépendances. Ces bâtiments font auffi fufceptibles d'un certain agrément qui doit fe remarquer dès les premières inues , par une fituation avantageufe , & par l'élégance des formes ; l'afpetY des jardins qui les environnent, doit auffi s'annoncer d'une maniere agréable , & ils doivent être diftribués de forte que l'Art qu'on y a employé , réponde , autant qu'il eft poiïible, aux beautés naturelles des environs; c'eâ ce que l'immortel Le Nature a fu faire avec tant d'avantage , particulièrement à Sceaux & ailleurs. Nous penfons que l'ordre ionique doit préiider
dans la décoration extérieure , l'ordre Corinthien dans le dedans : le caractère moyen attribué au pre- mier , femble permettre un mouvement intéreflant & une, réitération fucceiîive dans les avant-corps & dans les pavillons des façades deç dehors ; la déli- cateffe Corinthienne peut, à fon tour, communi- quer de l'élégance à Γ Architecture intérieure, auffi- bien qu'une légèreté raifonnable à la Sculpture de- ilinée à l'embellir encore , & à en relever l'éclat. Nous croyons auffi , qu'en faifant choix de
Tordre Ionique, il conviendrait d'éviter l'emploi du chapiteau antique ; il eil d'une forme peut-être trop févere. Nous ne ferions pas non plus d'avis qu'on employât celui de Scammozzi, plus propre pour les dedans que pour les dehors , celui connu fous le nom de chapiteau de Michfcl-Ange ? |
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d'Architecture. 14 ƒ
plus mâle que les précédents, nous paroît plus
convenable; mais alors cet ordre demande à · être couronné par l'entablement modillonaire de Palladio ; car il nous paroît que lorfqu'on fait des changements dans une partie de Tordre, toutes celles de Ton ordonnance doivent fe reffentir de ces mêmes changements, fi Ton ne veut pas rifqueE d'allier les contraires enfemble. $ A l'égard de Tordre Corinthien que nous pro-»;
pofons pour les dedans des Maiibns Royales, nous eilimons qu'il ne doit préfider véritablement que dans les pièces principales de l'édifice , fort expreffion fuffifant dans toutes les autres,, à l'ex- ception des veftibules & des premières anticham- bres , qui, comme fubalternes r doivent avoir un ftyle différent, à raifon de la matière ©m» ployée dans leur revêtirTement, Avant de paffer au çara&ere qu'il convient de
donner aux édifices connus fous-le nom de Châ- teaux , nous croyons devoir dire, qu'affez géné- ralement on donne le nom de Maifon Royale à; tous les édifices confidérables deftinés à la réfir. dence des têtes couronnées; mais que néanmoins ceux élevés dans les Capitales , ainfi que nous, l'avons déjà obfervé, font appelés Palais pro- prements dits ;. ceux érigés à la Campagne , tels- que ceux dont nous parlons, font nommées Mai- fons Royales, & qu'on appelle Châteaux % ceux qui, beaucoup plus, éloignés du feîn des Ville* que les précédentes , ne font guère fréquentées par le Prince que dans une faiibn de l'année ; c'eft pourquoi chacun de ces bâtiments doit s'annoncer différemment, comme le Louvre & le Palais des Tuileries different des Maifons Royales de...Choifc |
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^40 V C O ü R 5
& de Marli , & que celles-ci différent des Châ-
teaux de Fontainebleau a de Compiegne, &c. Des Châteaux,
Les Châteaux (#)> félon la lignification qu'on
donne aujourd'hui à ce mot , peuvent aufli être Compris dans le dénombrement des édifices defti- nés à la demeure des Souverains ; comme tels ils Reviennent des bâtiments de la premiere impor- tance. C'eit dans ces habitations du premier ordre, que le Monarque va le retirer loin du tumulte ées Cours où il fait faréitdence ordinaire. L'ordonnance de la décoration répandue dans leurs façades, doit avoir néanmoins un caractère de virilité dans fes maires & dans les parties qui en émanent. Ici il con- vient de faire ufage de pavillons faillants & d'avant- corps décidés par des formes qüadrangulaires & rectilignes : des foiTés peuvent lès entourer, & leur fol être élevé fur des terraiTes du côté des Jar- dins. Nous eroyons que leur partie fiipérieiire feroit terminée plus convenablement que tout autre édifice, par des combles apparents; enfin que les dômes à l'impériale , ainû que les lanter- nes & les plates-formes peuvent entrer dans leur décoration. Certainement, du moins nous/le pen- fons ainii, c'eft par l'application réfléchie des différents corps d*Architecfure , aVoués par les Maîtres de l'Art , qu'on peut fetil parvenir à donner à chaque bâtiment un caraitere relatif à ƒ041 efpece particuliere. Par exemple, félon nous, |
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(q) Château, du latin Caßdlum, qui autrefois fignifioit
petite Bourgade, |
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d'Architectur ε. i47
c'eft une erreur de vouloir fe perfuader que les
foubaffements, les attiques, les niches, les fron- tons , les baluftrades, ainfi que les autres membres, dont nous avons donné les définitions dans le premier volume de cet ouvrage , Chapitre III, puiffent tous entrer indiiiin&ement dans la déco- ration d'un même bâtiment. N'eit-il pas plus rai- fonnable au contraire de. chercher dans la con- venance de l'édifice, à faire un choix judicieux de ces différentes parties , qui employées féparé- ment & félon le genre d'habitation, contribue- roient à répandre plus de variété dans les diffé- rentes produ&ions de FArchitefte. Les Attiques ,en particulier ne pourvoient - ils pas être deilinés à faire pyramider les avant-corps des Palais δε des autres édifices de la premiere confédération ? les foubaffements être réfervés pour les Places & les Fontaines publiques ; les frontons & les niches être appliqués aux frontifpices de nos Temples ; les baluftrades être employées pour ' couronner les Pakis des Souverains ; les combles & les plates-iormes pout cara&érifer la décora- tion extérieure des Châteaux; les dômes & les lanternes jpour les Eglifes en rotonde ; les amor- tiiTements pour terminer la partie fupérieure des avant-corps des maifons Royales ; les terraifes & les foffés pour élever δε entourer les maifons Seigneuriales; les bâtiments à un feul étagepour les jolies habitations fituées près des Capitales ;. ceux à un étage & un attique pour les maifons des riches particuliers bâties à la campagne ; ceux à deux étages réguliers , pour les Hôtels des Grands Seigneurs ; enfin ceux compofés d'un fou- baffement, d'un bel étage, δε d'un attique pour les belles maifons de Plaifance? Au reite nous ne pré- Qïr
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248 Cou R$
tendons pas qu'on doive toujours employer ces
différentes parties de l'Art aux bâtiments que nous Venons de citer, on peut ajouter ou fouftraire aux indications que nous faifons ici ; auffi ne les préfentons-nous que pour offrir à l'idée de nos Elevés, à-peu-près la marche qu'ils doivent fuivre dans leurs comportions. Pour les convaincre d'ailleurs que l'application
de certains corps ou membres d'Archite&ure peut contribuer à donner à chaque édifice un caractère diitin&if, qu'ils (é rappellent l'ordonnance exté- rieure de quelques-uns de nos bâtiments, où l'on a négligé d'employer convenablement ces diffé- rents objets ; il leur fera aifé de s'apperceyoir que la plupart de leurs Ordonnateurs, faute d'avoir bien conçu la néceffité d'un choix judicieux dans les maffes & d'une répartition fage & réfléchie dans les parties, ne nous ont offert le plus fouvent que l'abus de l'art & non la véritable- beauté de rArchite&ure. En effet, à l'exception du Château de Maifons, du périftyle du Louvre & de quel- ques autres édifices de la premiere coniidération, élevés par nos plus célèbres Architectes François, qui s'annoncent au premier coup çl'ceuil pour ce qu'ils font; nous fommés forcés de convenir que quantité d'autres bâtiments , quoiqu'eilimables à beaucoup d'égards, pèchent effenciellement contre le caractère qui leur eft propre. Permettons-nous quelques citations : le Château neuf de Meudon ne préfënte-t-il pas plutôt la décoration d'une belte Manufaëure qu'un Château proprement dit : la façade du côté des jardins à VçrAûUes femble plutôt annoncer une magnifique maifon de plai- fance, d'vme très-vafte étendue , qu'un Château : celui de Sceaux * du côté de l'entrée, offre la dé« |
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d'Arcbi-t-s.cture. î4£.
toratlon d'une maifon Abbatiale, & du côté des
jardins à peine celle d'une maifon Bourgeoife à la campagne ; le Château de Blois , fi. eitimable d'ail- leurs , ne conferve fon cara&e te que par la partie de fes combles & celles de fes terraffes efcarpées. Nous en pourrions dire autant d'une infinité d'au- tres bâtiments de genres différents ; mais nous nous contentons de rapporter ce petit nombre d'exem- ples pour rappeler encore urte fois à nos Elevés que fans le caractère propre de l'édifice, il n'eft point de belle production en Architecture. Au refte,nous ne leur recommandons pas moins l'exa- men de ces différents modèles ; fouvent dans ceux même d'une certaine médiocrité, il eft des beautés de détail qu'ils ne doivent pas perdre; elles leur fer- viront au befoin, elles leur fertiliferont l'imagina- tion ; & les licences qu'ils y remarqueront, les met- tront du moins à portée de les éviter dans leurs projets ; enfin» ils y démêleront ce qu'ils doivent imiter , ce qu'ils doivent rejeter, & y apprendront que le grand art de l'Architecte confifte dans la jufte application des préceptes reçus & dans l'emploi des membres les plus approuvés & les mieux; aflbrtis à la convenance de l'édifice« Des Maifons de Plaifanc®.
Les maifons de Plaifance font celles où les per-
fonnes de coniidération vont ordinairement fe dé- lafTer des occupations qui les appellent à la Cour , ou qui par état les retiennent dans les Cités. Elles doivent différer des maifons Royales par une moin- dre étendue ,& par un caractère d'ordonnance qui tienne tout enlemble & de la beauté dont la ré- sidence des grands eft fufceptible, & de l'économie |
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îfo Cours
«pt'on doit obferver dans les maifons de Campagne
des Particuliers» Le local des maifons de Plaifance, Îafped *du principal corps de logis & la difpofition de leurs dépendances, doivent beaucoup contri- buer à défigner le rang des perfonnes qui les font élever. L'ordre Ionique avec le chapiteau de Scam- mozzy, peut auffi entrer dans l'ordonnance de leur décoration ; mais on doit éviter dans les dehors, aïnfi que dans les dedans, d'y trop multiplier les membres d'Archite&ure & les ornements de Sculp- ture ; il faut qu'ils y foient amenés néceiTairement & par l'expreiîîon de Tordre & par Tefprit de con- venance ; autrement on n'y remarque plus qu'une richeife indifcretè , toujours contraire aux pré- ceptes & au goût de l'Art. Il faut prendre garde encore qu'un bâtiment de cette efpece qui, préli- minairement feroit fixé par le Propriétaire à vingt toifes de face, ne reçoive pas alors de la part de l'Architedte autant d'avant-corps que celui auquel il auroit pu donner trente , quarante ou cinquante toifes ; par la raifon que les reifauts , bien loin de procurer aux façades , peu confidérables , une véritablel beauté ; leur multiplicité, au contraire > contribue à reiferrer leurs limites : d'ailleurs, il eft bon de réierver cette reflburce pour les édifices de quelque importance, dans lefquels on peut ap- porter, par rapport à leur étendue, une réitéra- tion plus fréquente de ces corps, dans l'intention de donner un certain mouvement à la décoration de l'édifice. La maifon de plaifance de M. le Prince de Conty, connue fous le nom de Château d'Iify > celle de Madame la Maréchale de Luxembourg à Montmorenci, & celle de M. le Prince de Sou- bife à Saint-Ouën, font des habitations du genre dont nous parlons. |
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d'Architecture. ijï
Sous le nom de maifon de plaifance, on com-
prend quelquefois auffi les maifons bâties à la campagne pour les riches Particuliers, Celles-ci doivent différer des premières par une décoration plus iimple encore, quoiqu'on doive y remarquer un ftyle agréable dans la décoration , & un mou- vement intére fiant dans la diftxibution extérieure des principaux corps de logis & de leurs dépen- dances. On peut ranger encore dans la clafie des maifons
de Plaifance, celles ordinairement connues fous le nom de Petites Maifons; le caractère de ces jolies habitations doit fe puifer dans le genre agéable, puis- qu'elles font deftinées pour la plupart au délaife- ment & pour la retraite des perfonnes aifées & dès hommes du monde. Ici les ordres d'Architecture dé- licats, les ornements de Sculpture les plus intérêt- fants, les fiantes, les bas-reliefs, les trophées les plus élégants doivent briller dans les dehors; la peinture* la dorure, les glaces dansles dedans ; les beautés du jardinage, l'effet féduifant des eaux, les ber- ceaux de treillages naturels & artificiels ; enfin tout ce que peut offrir d'ingénieux le cifeau des plus habiles Artiiles «doit être employé dans les pro- menades de ces demeures confacrées au plaifir & à la liberté; néanmoins ici, comme par-tout ailleurs, il faut favoir éviter tout ce qui peut avoir trait à la licence ; l'Architecte inftruit ne doit jamais ufer de ces reffources honteufes ; jamais il ne doit per- mettre aux autres Arts qu'il afîbcie à (es befoins, aucune liberté de cette efpece. Les indécences font plus capables de révolter la pudeur des perfonnes de dehors qui les viennent vifiter, que cfe leur an- noncer left génie des hommes à talents/ Une des plus jolies & des plus eilimables productions |
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%}% Cours
en ce genre , qui fe ibit élevée de nos jours Jj
eft celle de M. de la Boiffiere à Paris, près la bar-f riere Blanche , dont la difpofition, le goût & la beauté des détails, décèlent l'intelligence des Architectes qui en ont donné les deffins. Des Maifons de Campagne.
Une maifon de campagne, comme nous l'enten-
dons, eft celle qu'un fimple Particulier fait coni- truire près de la Capitale, pour aller s'y délaffer des travaux du cabinet ou des foins du commerce, telles qu'il s'en voit pluiieurs aux environs de Paris , entr'autres celle bâtie pour M. Galepin à Auteuily & une autre à Charonne , habitée aujourd'hui par M. Dumas, Notaire. Une maifon de campagne, proprement dite, eit
encore celle qu'un père de famille fait bâtir avec beaucoup d'économie à quelque diftance de la Ville qu'il habite , pour veiller lui-même au foin de fon Domaine, & dans la conftru&ion de la- quelle donnant tout à l'utile & rien au fuperflu, il fe contente d'un feul corps de logis pour lui & les fiens , portant toute fon attention aux bâtiments qui en dépendent, deftinés féparément à contenir la récolte des grains, des fourages , ainfi que les animaux domeitiques, & généralement tout ce qui concerne les détails de la vie champêtre. |
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DfÄKCHITECTURE. 2.53
C Η Δ Ρ Ι Τ RE VIL
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Des Monuments élevés
pour la magnificence. |
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NDÉpêNDAMMENT des édifices deftinés à
l'habitation des têtes couronnées , il eil des monu- ments qui annoncent encore plus ipécialement la gloire & la magnificence des Monarques, ainfi que la fplendeur des Cités où ces monuments fe trouvent élevés. De ce nombre, font premièrement les monuments durables, tels que les arcs de triom- phe, les portes triomphales,les places royales, les obélifques & les théâtres ; fecondement les édifices élevés en charpente à l'occaiion des fêtes publi- ques , enfin les décorations employées pour les pompes funèbres. EiTayons de donner une idée des différents caracleres qui conviennent à la déco- ration de ces divers genres de monuments , qui, chacun en particulier, doivent a'nnoncer le plus grand éclat } & manifeiter plus que tous lès autres édifices les talents fupérieurs des Artiftes & le goût des Nations qui les font élever. Des Monuments durables élevés
DANS LES, ClTÉS'
Des Arcs i,e Triomphe.
Les arcs de triomphe, élevés dans les grandes
Capitales, font des monuments qui tiennent Iç |
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2?4 Cours
premier rang dans les différentes productions de
i'Archite&ure. Ordinairement on les confiraitavec la plus grande folidité, & Ton y emploie les matières les plus durables & les plus précieufes , parce qu'étant deitinés à célébrer les vertus*des Héros , ils doivent fervir à annoncer à la poilérité leurs exploits les plus glorieux. Allez fouvent ces fortes de monuments fe placent à l'entrée des Villes , & leur composition eil déterminée par un grand arc ou archivolte qui décide leur principale ou- verture. Nous croyons que l'ordre Compoiite de- vroit prénder dans leur décoration ; cet ordre donc les ornements font plus arbitraires & moin s délicats que ceux du Corinthien, procureroit néceffaire- ment à l'Architecte les moyens d'amener fur la fcene les différentes allégories convenables aux divers motifs qui font élever ces fortes de monuments. Le plus célèbre qu'on ait vu à Paris eil celui du Trône, dont le modele en plâtre fut exécuté de grandeur réelle, à l'extrémité du Fauxbourg S. Antoine. Cet édifice, digne à la fois de la magni- ficence de Louis le Grand & du génie de Per- rault , qui en fut Γ Architecte, a été gravé par le Clerc, & reproduit dans l'Architecture Françoife , ainfi que nous l'avons rapporté, page io6 de ce volume. |
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d'Architecture. 255
Des Portes Triomphales. χ
Les portes triomphales font des efpeces d'arcs
de triomphe qu'on élevé dans les Villes libres : elles font ordinairement décorées d'une ouverture plein cintre qui fe termine fous le grand entablement, tel qiion voit à Paris celles de S. Martin, de S. Antoine & de S. Bernard , mais plus particulière- ment celle de l'entrée du Fauxbourg S. Denis, une des plus célèbres produirions de notre Architec- ture Françoife , élevée fur les deiîins de François Blondel. ( q ) Ces portes alors ne font plus confi- dérées comme devant fervir de fureté ; elles ne fer- vent qu'à féparer la Ville d'avec fes Fauxbourgs ; lors de leur érection , on faiiit quelque a&ion d'éclat qui, par le miniftere de la Sculpture, fym- bolife ces monuments du fécond ordre, lefquels coniidérés comme tels, doivent avoir moins de richeffe δε un caractère plus grave que les arcs de triomphe, proprement dits. Ici l'ordre Dorique ou fa feule expreilion doit être préféré à l'ordre Compofite ; la virilité Dorique, & les ornements qu'elle amené fur la fcene étant plus propres que tous les autres à exprimer un genre d'ordonnance noble & fimple. Ce n'eit pas,.que s'il s'agiiToit d'éri- riger un pareil édifice à la gloire d'une Impéra- trice, d'une Reine mère ou de la Régente d'un Empire , fous les règnes defquelles eut été publiée une paix durable , contracté une alliance augufte, |
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( q ) La porte S. Marcin, quoique inférieure en beauté à la porte
Saint Denis, ne laiile pas d'être une belle production du génie de Bullet. Voyez ces deux portes triomphales, gravées dans « troifieme volume de l'Architecture Françoife. |
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ij6 C ô υ Ά s
ou remporté une victoire iignaîéè, onnt pût etft*
ployer-Tondre Ionique $ ou même Tordre Corin- thien, [au lieu du Dorique : bien loin que ce nou- veau choix bleffât les Loix de la convenance, il juitifleroit au contraire le raifonnement de TArchi- îe&e. Ilimiteroit les Grecs qui n'émployoient leurs différents ordres, qu'à raifon du motif qui leur faifoit élever leurs monuments ; nous Tavons dit ailleurs, nous le répetons : vouloient-ils ériger un temple a Jupiter, à Hercule, à Mars, ils préfé- roient Tordre Dorique : s'agiffoit-il du Temple de Cybele, de Minerve, de Jimon , ils y plaçoient Tor* dre Ionique ; enfin ils faifoient ufage de leur ordre Corinthien, pour décorer les Temples de Diane, de Vefta, d'Hébé^&c. En un mot, ils vouîoient que la décoration extérieure des façades annonçât Tufage de Tédifice. Pourquoi ne ferions-nous pas comme eux? & pourquoi ne puiferions*nous pas dans la convenance du monument & dans le raifonne- ment de Tart , un ityle vrai , qui annonceroit au Spectateur des produirions qui fembleroient n'avoir pris leur fource que dans le motif de leur ére&ion ? Des Places Royales & des Monuments
qu'elles*'contiennent* On conftruit dans les grandes Villes plufîeurs
efpeces de places : les premières appelées Places Royales, font érigées à la gloire des fêtes couron- nées ; les autres connues fous le nom de places publiques font deitinées au commerce , pour les marchés, les foires, &c. Nous parlerons de ces dernières en traitant des bâtiments d'utilité« La lituation & la difpofition d'une place royale
font
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D'A RÏC HlTECTÜlt I. ïffl
font des objets qui exigent la plus grande attention.
Paris qui renferme tant de beaux édifices, ne nous offre néanmoins rien debienfatisfâifantàcet égard: la place royale (r) ne nous préfente qu'un affez vaile préau entouré de bâtiments d'une ordonnance qui ne répond guère à la dignité du monument qu'elle - contient: la place de Vendôme {s) nous offre plu« tôt une très-grande cour qu'une Place Royale , proprement dite ; la Place du Pont Tournant (r) nne grande efplanade : celle de Henri IV (u) un. carrefour heureufëment finie, mais peu digne du Héros qui y eil repréfenté : celle des Viooires (x), quoiqu'un peu petite , eil donc la feule qui puiffe être regardée comme une vraie Place, parce que la fitoation, fes percés , îqs iiïues préfentent affez bien l'idée qu'on en doit concevoir. A l'égard de ion peu de diamètre , il faut fe rappeler qu'elle fut érigée à la gloire de Louis le Grand par la Ville de Paris, à la follicitation du Maréchal de la Feuil- lade qui fit lui-même les frais de la ftatue pédeilre qu'on remarque au centre : trait patriotique qui fait beaucoup d'honneur à ce digne Citoyen, & |
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(r) Cette Place de ηχ toife de diamètre , fut ordonnée par
Henri IV , & bâtie fur le terrein de l'ancien Palais des Tour« nellcs. (s) Cette Place fut érigée en i6$p à la gloire de Louis
Χ Γ V, par la Ville de Paris , fur ks deifins de Jules-Hardouia Manfard. (i) Appelée aujourd'hui Place de Louis X V,. vient de Ce
conitruire par la Ville de Paris, fur les defîîns de M. Gabriel J premier Architecte du Roi. (u) La itatue de Henri IV fut élevée en i6j| fur l'éperon
du Pont-Neuf, où elle fe voit aujourd'hui. (x) Cette Place fut conftruite en ii8f fur les deilîns de
de Jules-Hardouiu Manfard, Tome Xi* R,
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i$8 Cours
qui doit fêrvir d'excufe au peu d'efpace quelle
occupe ; l'ordonnance δε la difpofition de cette place n'en doivent pas moins fervir d'exemple à nos Elevés. y Ce qui fait donner à ces places le nom de
' Ρ faces Royales , ce font les figures éqüeilres ou pédeftres de nos Rois qu'on y élevé : nous penfons que ces dernières doivent être préférées lorfqu'il s'agit de préeonifer les vertus pacifiques du Prince, L· les éqüeilres lorfqu'il s'agit de célébrer la va- leur des Héros ; que dans ce dernier cas * ils doi- vent être vêtus d'une maniere conforme à l'habile lement qu'ils portent à la tête de leurs armées, & non à la Romaine ; que dans le premier les fiâmes •pédeftres doivent être chargées d'une draperie fefn- blable à celle du Monarque dans les cérémonies d'éclat. Cette idée n'eft pas neuve, d'autres Auteurs 4'ont eue avant nous ; mais e'eft peut-être ici l'oc- icäiion d'appuyer fur cet objet, plus intéreffànt qu'on ne s'imagine ordinairement : qu'on y réfléchiiTe, le xoftume obfervé dans la plupart des ftatues & des bas reliefs antiques n'a pas peu fervi à éclai- rer certains faits hilloriques que la nuit des temps auroit làiiîé ignorer à nos Ecrivains ; d'ailleurs on fait que Îorfque les Grecs ont voulu perpétuer le, fbuvenir de leurs grands princes , ou de leurs Con- citoyens révérés, ils n'ont eu garde de draper leurs ftatues à la maniere Egyptienne; les Romains à leur tour, ont fouvent évité de fuivre daiis l'atti- tude & le vêtement des ftatues de leurs Empereurs, le ftyle des Grecs. Pourquoi n'en pas nfer à cet égard comme eux ? Pourquoi nos moeurs , nos ufages, nos armures , n'étant pas les mêmes que celles des Nations qui nous ont précédés, ne cher- cherions-nous pas à produire dans les iiatues dont |
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d' Architecture. ijp
tïotts parlons, des chefs-d'œuvre d'un autre genre,
plutôt que de froides copies : imitation fervile , nous ofons te dire ici, qui nous tiendra toujours au-deffous de nos modèles, & ne préfentera que très-imparfaitement aux fiecles à venir, ce que peut le génie de nos Ar dites qui, en toute autre occa- iion , donne le ton aux Peuples de l'Europe, où les beaux Arts font en vigueur. La ftatue pédeftre qu'on voit à la place des Vic-
toires eft fans contredit de toutes nos ftatues héroï- ques celle qui nous paroît la plus convenable, & dont la draperie nous femble la plus relative au motif qui l'a fait ériger. Les ftatues pédeftres de Trajan & d'Antonin à Rome, font non-feulement pour nous autant d'autorités; mais on peut re- marquer que prefque toutes Celles qui viennent d'être jetées en fonte ou exécutées en marbre dans la plupart des Capitales de nos Provinces , iont pédeftres , & que leurs attributs font puifés dans les vertus du Héros ou analogues, au com- merce , à la navigation, aux fciences , au$, arts , qui fleuriiTent dans ces différentes Cités. D'ailleurs les ftatues pédeftres ou équeftres, font-elles les feules qui puiffent nous offrir la repréfentation du Prince ? Pourquoi ne les plaçeroit-on pas fur un Trône, dont les gradinsl'éleveroient au-deiTus du fol où circule le Peuple? {y) Pourquoi encore en- tourer ces monuments de grilles de fer, dont la futilité s'accorde niai avec la dignité du fujet ? (y) On a propofé.pour la Place de l'Hôtel-de- Ville de
Rouen , d'élever la ftatue du Prince j qui doit être placée au centre lui un bouclier portée par des Soldats : cette idée eft Heuieufe , mais elle ne nous parole pas propre à être exécutée pour un rooeûmeac durable. Car quelque idée que nous nous |
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z$ö Cours
Pourquoi ne pas pofer une Garde qui, veillant faits
ceffe à la confervation de ces monuments de ma- gnificence, ordinairement le chef-d'œiivre des Scul- pteurs les plus célèbres, contribuèrent aulîi à ho- norer le Monarque dans fa représentation ? Pour- quoi ne pas environner ces ftatues de foilés d'une certaine largeur, lefquels feraient revêtus de ba- luftrades & dont les piédeftaux recevraient des at- tributs de Sculpture , relatifs au motif de l'érec- tion de ces fortes de monuments ? Moyens divers qui tous contribueraient ^ peut-être à leur affigner un caractère iignifîcatif. Nons avons déjà obfervé que les Places, au cen-
tre defquelles ces monuments font élevés, doivent être fpacieufes & bien percées ; nous dirons ici que la hauteur des bâtiments qui les environnent doit avoir à peu-près le quart de leur diamètre ; qu'un ordre Coloffal élevé fur un foubaffement, beaucoup moins convenable en toute autre occa- iion , eil ici le lieu où il devroit être employé; les grands ordres , y devenant néceffaires à caufe du point de diilance d'où les façades doivent être apperçues. Il eft vrai que les deux rangs de croi- sées que cet ordre embraffe ordinairement ne peu- vent guère conferver de rapport avec le module de Tordre ; mais du moins eft-on forcé de conve- nir de la nécemté où s'eft trouvé TArchite&e de faire ufage de cette difparité, par la raifon qu'au- trement il n'aurait pu accorder la réitération des |
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formions de la folidité de la matière, elle ne nous guérit pas de
l'inquiétude de voir le Héros expofé au mouvement involon- taire du Soldat qui le foutientj & autant qu'il eft poflible, il faut mettre de la vraisemblance^ dans la repréfentatio» d« monuments qui intéreiient la Nacio».
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d'Architecture. τ6%
étages intérieurs avec l'élévation qu'il M étoit
indifpenfable de donner à l'ordonnance extérieure des bâtiments; d'ailleurs.qu'on ne s'y trompe pas,de ce contrarie peut naître un cara&ere fpécial pour ces fortes d'édifices, qui tenant à la fois & des monuments élevés pour la magnificence, & des bâtiments d'habitation, peut offrir , au premier coup - d'œuil, cette double application , interdite dans toute autre circonftance , mais qui peutYau- torifer ici, ainfi que dans plufieurs autres édifi- ées publics dont nous parlerons ailleurs► Des ObèlÎfques,.
Les Obélifques font des monuments ordinaire-
ment confiants de matière précieufe, & deftinés à embellir les Places publiques. Au pied de ces monuments on introduit quelquefois des fou- baffements d'Archite&ure & de Sculpture, d'où s'échappent des torrents, des napes & des eaux jailliflantes : fur les piédeitaux ou focles .diftribués- fur ces foubafTements , on place auiïi des groupes de figures, en pierre , en marbre ou en bronze ,> des trophées , &c. Les plus célèbres exemples que nous connoiiîîons en ce génie,, font premier rement l'Obélifque élevé à Rome , connu fous le nom de la Fontaine du Cavalier Bernin ,, parce que ce célèbre Arrifie a élevé cet Obéiifque fur un rocher percé à jour , & orné les, quatre angles de ce rocher de figures traitées de la plus grande maniere : fecondement celui que Fontana fît dref- fer par ordre de Sixte-Quint en i-j86 , dans la place de Saint Pierre : monument confidérable dont nous avons parlé dans l'Introduction du pre* mier volume s page 16.. Riii
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i£i C ours
Ces fortes de monuments de magnificence, font
peu d'ufage chez nous , quoiqu'il s'en voie un dans Arles, dont nous avons auifi parlé ; on ne ne les élevé guère que pour l'utilité, tels qu'il s'en remarque, exécutés feulement en pierre, fur nos grands chemins ou dans nos forêts, comme dans celle de Fontainebleau, dans le bois de Bou- logne „ dans celui de Vincennes & ailleurs. La hauteur de ces- fortes de monuments, comparée à leur largeur, a paru jufqu'à préfent allez arbi- traire à nos Architectes. Si cependant il s'agiiTok d'élever un de ces Ohélifques pour la magnifi- cence , ou tout de marbre, ou feulement par incruilation , nous eitimons qu'il feroit intéreiTant pour les Artiftes qui en feroient chargés, de ne pas ignorer la dimenfion que leur donnoient les an- ciens. Voici ce que rapporte à ce fujet M. Savé* rien ; favoir que leur élévation avoit, dans prefque toutes les occafions , neuf ou dix fois la largeur de leur bafe, & que leur fommet étoit réduit à la moitié au mçins, ou aux trois-quarts au plus de cette même bafe. Quelques Architectes ont fait entrer l'applica"
iion des Obélifqûes dans l'ordonnance de la dé- coration de leurs édifices. François Manfard en a fait ufage aufrontifpicede i'Eglife des Feuillants; M. Cartaud à celui de I'Eglife des Petits Peres ; François Blondel a pratiqué des pyramides en bas- relief à la principale décoration de fa porte S.Denis. Plufieurs de nos célèbres Sculpteurs les ont aufli employés dans la décoration des Cénotaphes, tels ^qu'il s'en voit dans la Chapelle d^Orléans aux Cé- ieflins. D'après ces divers exemples , nous obfer<- verxms que les Obélifqûes étant deilinés tantôt à perpétuer la mémoire des Héros, tantôt confacrés |
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d'Architecture. 263
à îa Religion, & ayant dans Tun ou dans l'autre
cas pour objet de préfenter au fpeftateiir Tidée de l'immortalité; il faudrait, dans le premier, ne les employer qu'en grand, ifolés & dans des lieux fpa- eieux, tels que ceux qu'on voit en Italie ; dans le fécond, les préférer en bas-relief, pour éviter ici de confondre la réalité avec l'image , & ne pas faire ufage du même genre de décoration dans des édifices de genres différents: attentions auxquelles ©n ne réfléchit peut-être pas affez; ce qui nous fait remarquer tous les jours des attributs pro- phanes , appliqués aux monuments facrés , δζ: les attributs facrés, aux fimples édifices d'habita- tion. Dans ces derniers , ati-lieu d'employer des OBélifques ou Pyramides, fymboles de la gloire des Princes, nous leur préférerions une colonne héroïque, chargée de bas-reliefs , comme celle de Trajan, qui indiqueroit les principaux exploits du Héros, & dont la flatue couronnerait le mo- nument, au pied du quel nous placerions une fontaine qui contribuerait à annoncer l'abondance que le Prince doit répandre fur fes peuples ; autre- ment les Obélifques, nous ofons le dire ici, ne peuvent jamais paffer pour un ouvrage du génie» mais feulement comme une grande entreprife qu'il n'appartenoit qu'aux Romains de mettre en œuvre, après avoir dépouillé les Nations qu'ils avoient vaincues , mais qui chez nous fera toujours fans mérite , faute des matières précieufes qui en fai- foient tout le prix. Des Théâtres.
Rien ne contribue tant à la magnificence des
Cités ,v que les Théâtres publics: ces édifices doivent annoncer par leur grandeur & leurs dif- , R iv; |
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2^4 Cours
pofition extérieure, l'importance des Villes ou ils
fe trouvent élevés. Pour la commodité des Ci- toyens & des Etrangers , ris doivent être ifolés de toute part, & être environnés de rue& qui facilitent la circulation des voitures : des portiques à rez - de - chauffée doivent communiquer dans tout l'intérieur, &r mettre à couvert dès l'extérieur, les perfonnes qui arrivent avant le fpeclacle. Au- deflus de ces portiques doivent être pratiquées des terraifes ou colonades » pour que dans la belle faifon, pendant les entr'ac"tes, on punTe du dedans Venir dans les dehors prendre l'air & jouir du coup - d'œuil des équipages qui fe raflemblent au pied de l'édifice , pour venir reprendre les fpe* orateurs. Une belle iimpîicité doit faire tous les frais de
la décoration extérieure des façades; au contraire, la magnificence doit éclater dans les dedans ; c'eit ici qu'il faut mettre en œuvre les preftiges de l'Art. Au reite , il faut entendre que la fimplicité que nous recommandons dans les dehors, n'exclut ni le rapport des mafles, ni l'accord des parties, ni les beautés de détails : le frontiipice peut même être décoré d'ordres d'Architeclure, parce que ces fortes d'édifices, élevés pour l'amufe* ment des Grands &, le délafTement des Particu- liers, doivent toujours s'annoncer d'une maniere intéreiTante, Les combles peuvent être apparents; la nécefîité des cintres élevés au-cleiTus du Théâtre, en faifant, pour ainfi dire , une obligation ; mais il iâut avoir foin de les difpofer de maniere que leur forme, loin de défigurer l'ordonnance des façades, contribue à les cara&érifer. La décoration extérieure des Théâtres confa-
erés au lyrique, au tragique s au comique % doit |
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d'Architecture. 265
par fon afpecl: s'annoncer différemment; le carac-
tère de leur Architecture & les fymboles de la Sculpture doivent indiquer au premier coup d'œuil le genre de fpe&acle auquel ces édifices font def- tinés. A Tégard de leur intérieur, qui nous paroît plus efTenciel, ce feroit de cherchera accorder plus qu'on ne fait ordinairement, le lieu de la fcene , proprement dite , avec la difpofition du profu- nium ; communément celui-ci ne femble appartenir, ni au Théâtre, ni à la Salle où fe tiennent les Spec- tateurs, défaut qui provient fouvent du peu d'at- tention de leur Ordonnateur & du peu de terrein qu'on accorde dans les Capitales pour la conftruc- tion des Salles de Spectacles , économie mal entendue qui ne peut fe concilier avec la nécefïité où Ion eft fouvent d'y raffembler une auiîi grande quantité de Citoyens & d'étrangers. " En général nous penfons que l'intérieur de la
Salle de ces fortes d'édifices devroit être de forme circulaire ou elliptique de préférence à celle oblon- gue qu'on leur a donnée jufqu'à préfent ( ζ) : que leur partie fupérieure devroit être décrite par une courbe furbaiftée & non terminée par un plafond; les angles droits que forme celui-ci, n'interrom- >i ' .........__. ...... _ --------—-*
(ξ) Nous exceptons avec le plus grand plaiiir de ces obfer-
♦ations , la nouvelle Salle de l'Opéra qu'on vient de bâtir près duPabis Royal. M. Moreau, Architecte du Roi, homme de goût & d'un vrai talent, qui en a été Γ Architecte, a coniidérable- mcnt corrigé cet abus ; nous ne doutons pas même qu'il n'eut été tout à fait de notre fentiment, s'il eût été moins gêné par le retréciffemenc du lieu : entrave qui n'empêche pas néanmoins qu'on ne doive applaudir au parti qu'il a lu prendre d'après un local auiïi ingrat , & qu'on ne remarque dans cette nouvelle S.ille toute l'étendue de fon génie & de fon expérience. Nous 4ifons ici ce que nous penfons j d'ailleurs ibn mérite reconnu »'a pas befoin d'éloge, |
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pant que trop fouvent la réperculïïon des (ons de
la voix & des inftruments· Nous penfons encore qu'il ieroit bien de fupprimer ce qu'on appelle Loges dans nos Spectacles pour n'y pratiquer que des galleries continues, qui, dans leur hauteur 9 ijèroient retraites les unes fur les autres : d'élargir considérablement le diamètre des Salles, pour pouvoir raccourcir d'autant leur longueur , ce qui ne fe poiirroit guère que par la forme que nous propofons, qui 9 par-là, rapprocheroit la vue des Adeurs & permettroit d'entendre les voix les plus foibies ; de détruire le lieu nommé Parterre pour en faire un parquet où feroient placés des gradins ; moyen d'empêcher le tumulte & de pro- curer à nos Speûa clés cette tranquillité, dont peut- être ils ne jouiront jamais qu'imparfaitement fans ces précautions; ajoutons que par-là on prp- cureroit q. nos Salles, une quantité de places d'éfiïe qui ne font guère occupées aujourd'hui que par une jeuneffe fouvent inconiidérée qui trouble la fcene dans fes moments les plus intéreffants : d'établir FOrcheitre des deux côtés, & au-deiïus des bal- cons, au4ieu de le placer intermédiairement entre le Théâtre & la Salle, proprement dite; le bruit de la fymphonie n'empêche que trop fouvent les Spectateurs d'entendre les A&eurs : d'imaginer' le moyen d'éclairer autrement le Théâtre, foit en plaçant les lumières vers le cintre, foit en les diflribuant derriere le profccnium , rien n'étant plus nuiiible au coup d'œuil que la vapeur qui s'exhale de celles placées où on les voit aujour^ d'hui : vapeur qui fatigue à la fois les yeux du Spectateur, en lui dérobant en partie la vue de la fcene. Nous croyons enfin qu'il conviendroit de s'attacher plus qu'on ne fait ordinairement ? non* |
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feulement à rendre nos décorations théâtrales plus conformes aux lois de la bonne Architecture & plus relatives aux fujets des pièces, mais encore à perfectionner par le fecours de la Mécanique, l'illufion des machines, à rendre leur fervice plus aifé ; en un mot le fpedacle plus pompeux & plus digne des hommes éclairés qui Je fréquen- tent. Les changements que nous venons de propofer,
& dont le plus grand nombre des hommes de goût reconnoiiTent la néceiTité, paroîtront peut-être chi- mériques à quelques-uns ; comment élever, di- ront ils, des Théâtres plus vailes dans une Ville telle que Paris, fi reflerrée par le nombre des ha- bitations deftinées à la demeure dun auffi grand nombre de Citoyens & d'Etrangers; voici ce qu'on leur répondra : Les Théâtres chez les Grecs & les Romains , n'étoient-ils pas très-confidérables, dans leurs Cités d'ailleurs très - peuplées ; aujourd'hui même dans la plupart des Villes d'Italie ne font- ils pas deux fois plus fpacieux que chez nous ^ Pourquoi dans cette Capitale le centre des beaux Arts, & où le goût des Spe&acles eft û fort en vogue, ne pas choifir un lieu vaile & pour le mo^ miment & pour fes alentours ? Pourquoi d'ailleurs ne pas s'attacher à les rendre magnifiques par leur fituation, leur difpofition & la beauté de leur or- donnance ? Il en faut convenir, l'habitude eil l'uni- que loi qui fak eonferver à nos Spectacles leur ancienne forme, l'économie a trop de part à leur entreprife ; cependant ce n'eft jamais en celles de ee genre qu'il convient d'en ufer ; nous ofons l'a* vancer , peut-être vaudroit - il mieux fe con-? tenter de deux Salles de Spe&ades dans cette grande Ville, & les rendre dignes de la fplendeujc |
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de la Nation , que d'en avoir un plus grand nom-
bre , qui, chacune en particulier, n'offre qu'une idée imparfaite de leur deftination ; qu'on fe con- tente d\me belle Salle pour la Comédie Françoife, le Théâtre des Citoyens du premier ordre & des hommes de Lettres; d'une autre pour nos Opéra p deftinée aux hommes du monde & aux gens de goût ; qu'on n'y épargne rien alors, que tout y foit traité en grand fans être'gigantefque , feu! moyen de s'attirer l'éloge des étrangers, toujours furpris' de la petiteiTe de nos Spetlacfes, au mi- lieu d'une auffi grande Cité : qu'enfuite on laufe élever pour le peuple quelques autres Salles, mais qui ne feroient pas comptées au nombre des Spe- ctacles dont nous parlons; & qui, divifées en plu- sieurs claffes d'amufements, contribueroient à cette variété qu'il convient d'offrir à Foiiiveté du plus grand nombre. Qu'enfin on cherche à réprimer véritablement toutes les licences & les abus qui fe font perpétués dans nos Salles actuelles; par, exemple, pourquoi toujours enfermer dans des Loges nos Dames Françoifes qui font le principal ornement de nos Spectacles ? Quel inconvénient y auroit-il de détruire le Parterre h on a bien fup- primé, malgré l'ancien ufage,les balcons du Théâ- tre. Qui empêcheroit,de divifer en deux TOr- cheftre ? la Muiique du Roi ne fe fait pas moins bien entendre à la Chapelle de Fontainebleau qu'à celle de Verfailles ; là néanmoins les Mufieiens font divifés par deux tribunes, placées dans les parties latérales, au-deifus du fanchiaire. A quoi fert notre induftrie nationale ii l'on néglige tou- jours d'employer les hommes véritablement ins- truits dans chaque genre de talents ,. relatifs à nos Spectacles ; pourquoi fur-tout ne pas chercher les |
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d'Architecture. 269
Moyens d'éclairer plus convenablement & nos Théâ-
tres & nos Salles ? Jufqu'à quand fe perfuadera-t-on que les temples , les places publiques, les palais, les galleries, les veffcibules des appartements re- présentés dans nos décorations théâtrales, doivent être fans vraisemblance, parce qu'ils font ordinai- rement peints ^en détrempe fur de la toile appli- quée fur, des voliges, attachées à des châffis d® Menuiferie ? qu'on y prenne garde , ces différentes, repréfentations font ou doivent être l'image d'une réalité réfléchie 4 les combinaifons , les rapports, les proportions, ne font pas plus ici des chimères qu'ailleurs. Quoi ! parce qu'il s'agit du Palais d'Ar- midé*, il paroîtra peu important à nos Décorateurs que l'ordonnance de ce même Palais femble au Spectateur éclairé ne pouvoir pas fubfiiter jufqu'à la fin de la fcene ; certainement c'eil une erreur : par- tout où l'Architeâe doit préiider , la vraif- iemblance doit être préférée au preflige de l'art féduifant de la peinture ; & nous croyons ne nous pas tromper , en difant que lorfqu'il s'agit de raiTembler, pourainii dire, dans les itmclures de nos Spectacles tous les genres de talents , il faut favoir n'employer que des hommes fupérieurs & fur-tout des chefs inftmits ; enfin des Artiites fans paffion, fans préjugés & fans partialité. Qu'on fe rappelle pour la décoration feulement, les moyens qu'a- voit employés M. Servandoni, ce premier homme de l'Europe pour l'entente des Théâtres de notre temps, & qui n'y a réuflî fi fupérieurement que parce qu'il excelloit lui-même dans l'Ârchite&ure dont il nous a laiffé plus d'un chef-d'œuvre. A ce que nous venons de dire touchant nos
Salles de Spe&acles, nous confeillons à nos Elè- ves de joindre ce que nous avons rapporté d^ |
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leur origine dans le deuxième volume de l'Archt-
îe&ure Françoife , d'examiner le recœuil des Théâ- tres d'Italie que M. Dumont nous a donné derniè- rement, auquel il a joint la Salle faite à Lyon par M. Souflot, & celle du Palais-Royal par M. Moreau ; de fe procurer aufîi la nouvelle & ma- gnifique Salle que le Roi vient de faire élever à Verfailles, exécutée fur les deiîins de M. Ga- briel fon premier Architecte, & dont les plans , coupes & élévations fe gravent actuellement ; enfin de parcourir le projet que nous nous propofons de .donner dansles volumes fuivants, concernant une nouvelle Salle de Spe&acle , projetée pour la Ville de Strasbourg. Nous indiquons encore ici ave* plai- fir,le projet de la Salle qu'on fe propofe d'élever à Paris pouf la Comédie Françoife, qui fera pla- cée, dit-on, fur le terrein de l'ancien Hôtel de Gondé, & exécutée fur les deiîins de MM. Peyr & Vailly, tous deux Architectes du Roi ; de ma- niere que par le moyen de cette collection, on parviendra peut-être un jour à ériger des Salles de Spectacle, dignes à la fois de la Nation & de la gloire que fe font acquife nos Architectes François i, dans tant d'autres grandes entreprifes concernant l'ArchiteCture. |
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d'Architecture, ifi
Des Édifices élevés en Charpente
a l'occasion des Fêtes
* publiques. Des Salles de Bals & de Fefîins.
Pour avoir des Salles de Bals & de Feitins d'une
belle ordonnance & pourvues de toutes les com- modités qui font de leur reffort, il Îeroit néceffaire de faire entrer dans la difpoiition générale des Mat- ions Royales, & dans celles deftinées à l'habitation dès Grands, la diitribution de ces fortes de piè- ces : faute de cette précaution , combien de fois n'a-t-on pas été obligé d'en élever en charpente à la hâte, ou bien de fe fervir de celles qui fai~ foient partie des appartements de l'édifice, mais qui j n'ayant pas été originairement deffinées à ces fortes d'ufages, ont occafionné des dépenfes cori- fidérables , & n'ont prefque jamais eu ni la gran- deur , ni les dépendances qui leur font riéceffaires. Les pièces que nous propofons au contraire, tou- jours parées relativement à leur objet, contribué- roient néceffairement à augmenter la beauté & la magnificence du dedans du bâtiment. Ne conitruit- on pas tous les jours dans nos maifons de piai- fance des Salles de Spectacle ? pourquoi dans nàs édifices du premier ordre ne pas defliner une ou plufiéurs ailes de bâtiments qui contiendroient lès différentes Salles dont ûous parlons, & qui fe trou- veroient naturellement précédées de veftibules & de plufièurs antichambres qui y donneroient en- trée Bl dégagetoient les buffets, les garde-robes, &c. Alors on freîïdïoit occafïôn- de déeorer ces |
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%η% Cours
pièces de magnificence d'une maniere analogue ~k
leur destination particuliere; & félon la diveriké des occaiions , elles n'auroient plus à recevoir que quelques attributs acceffoires, mais relatifs aux différentes circonilances qui donneroient lieu d*en faire ufage, tels que des blâfons, des chif- fres, des guirlandes ou des feilons, des draperies, des girandoles, qui s'appliqueroîent pour f inilant, à l'effet de fymbolifer l'Architecture qui leur fer- viroit de fond, pendant que fon ordonnance géné- rale offriroit constamment une décoration régulière, mais ingénieiïfe, rarement mife en œuvre lorfque ces fortes de Salles s'élèvent avec, précipitation; d'où il réfulte que n'ayant pas affez de loifir pour les faire belles, on a recours à une richeffe in-· difcrette, qui fouverit détruit l'éclat & diminue l'effet de la parure des perfonnes de l'un & de l'au- tre fexe, invitées à ces fortes de fêtes. Pour nous convaincre de ce que nous avançons,
rappelons-nous les Fêtes de cette efpèce qui fe font données depuis cinquante années? à Verfailles & à Paris. Parcourons-les recœtiils & les defcri- ptions qui en ont été imprimés , nous n'apper- cevrons guère dans celles-ci, qu'un faite exceiîif, & dans les gravures un mélange d'Archite£ture & de Sculpture , Couvent fans caractère , fans choix, fans dignité. Nous remarquerons dans la plupart une confuiion de marbre faclice , d'or en feuilles , de réchampiffage , de camaïeux , qui, loin de fatisfaire les yeux intelligents , n'offrent qu'un enîemble, fouvent commun, & prefque toujours trivial. Que nos Elevés y faifent atten- ^tion ; ici, comme par-tout ailleurs, il faut de la retenue. Au défaut de la réalité des matières premières, qh doip chercher à imiter, par le fecours
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d'Architecture. 27J
fécours de l'Art , les plus belles productions de
la nature. D'ailleurs , qu'on y prenne garde , leis portes à placarts , les cheminées, les tribunes^ les corniches , les plafonds doivent être exécutés régulièrement. Il n'eit jamais d'occaiion où il foit permis de les faire d'une forme bifarre. En vain, prétendroit-on excufer leur médiocrité fous le · vain prétexte que l'érection de ces Salîes n'eft qu'inftantanée, & que leur accélération fe.nble exempter l'Architecte d'avoir recours à une cer- taine perfection. Nous Pavons déjà obfervé, nos Décorateurs n'ont qu'à puifer les principes de leur Art dans les bons Auteurs ; ils n'ont qu'à fe rappeler les productions des Le Brun , des Le Pautre, des Manfards; en un mot, tout ce qui s'eit fait en ce genre fous Louis le Grand, & ils apprendront à mettre en ufage, la vraif- femblance que nous recommandons d'employer dans toutes les productions de cette efpèce ; en un mot, ils ne doivent jamais oublier que, de belles formes engendrent toujours de belles parties Se des détails heureux ; que fans cet accord admi- rable , on ne peut s'attirer le fuiFrage des véri- tables connoifleurs. Au reite, noue exceptons de ces obfervations les deux Salles de Bal 8c de Feilin, exécutées dernièrement avec une cé- lérité incroyaMe , par la magnificence des Am- baiTadeurs de l'Empire &■ de fEfpagne, à l'occâ- iion du mariage de Monfeigneur le Dauphin ; l'une fut élevée fur lesdeffins donnés par M. Chafe, legrin , Architecte du Roi ; l'autre fur ceux de M. Louis : ces deux comportions, de très-bon, goût &* d'un excellent ftyle, ont fait regretter aux amateurs , que „ces monuments n'aient fubiiilé que peu de temps. Nous penfons de même 4 Tome II. S |
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^74 Cours
cet égard, & nous efpérons que les gravures qui
Vont fe publier de ces deux Salles, apprendront à nos jeunes Architectes, & fur-tout à nos Dé- corateurs, combien il feroit intéreffant pour eux, de fa voir à fond au moins la. partie de l'Archite- cture qui regarde la décoration : connoiiTance qui, mariée avec celle de la Sculpture & de la Pein- - ture, peut feulé, dans ces occafions, annoncer le véritable triomphe des Beaux-Arts. Des Feux d'Artifices.
On puife ordinairement la compofition de l'or-
donnance extérieure des Feux d'Artifices dans la décoration des anciens Temples , dédiés aux di- vinités du Paganifme; c'eft ou celui de Mars, de Bellonne, de la Vi&oire, de la Paix ou de JHymen , qu'on élevé pour ces fortes de Fêtes, , & que^ l'on choiiit félon le motif que l'occaiion fait naître. Nous .penfons , malgré l'ufage fouvent contraire , que ces décorations devroient être exécutées' en relief; en couteroit-il beaucoup plus de fubftituer à des ctiaffis, des colonnes, . des entablements & autres membres d'Archite- dure failiarits, exécutés en menuiferie légere , & retenus par une charpente folide (<*)> que d'em- ployer feulement des carcaiTes en volige , revêtues de toile couverte de Peinture en détrempe » & qui , ne fervent jamais deux fois ? Pourquoi ne fe pré- muniroit-on pas de magafins pourvus de hangards & d'atteliers où fe prépareroient δε fe façonneroient d'avance ces fortes de décorations ? Pourquoi |
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(α) Tel que fut exécuté en 1739 le Temple de l'Hymen
fur Téperon du Pont-Neuf à l'occaiion du mariage de Mada- ßiß Premiere, fur les déifias à\\ Chevalier Servandeni. |
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d'Architecture. a?f
les Chefs de ces entreprifes d'éclat n'occuperoient-
ils pas leur loiiir à préparer différents objets de te genre? Pourquoi ne pas conferver une certaine quantité de corps d'Architecture , toujours pré- parés,'mais compofés partie par partie, d'après un enfemble général & une dimenfion relative aïK lieu où devroit fe paffer la fcène, ibit fur l'eau, foit fur la terre, de maniere qu'il devienne polïible $ à l'occafion d'un événement imprévu, d'élever en très-peu de temps, telle ou telle, forte d'édifice qu'il conviendroit ? Pourquoi ces mêmes maga- fins ne contiendroient-ils pas auiîi un certain nombre d'acceffoires, tels que des armoiries, des devifes , des bas-reliefs, des ffatues , des trophées" moulés en cartonnage, qui ferviroient à fymbo- lifer ces différentes décorations, lefquelles pour- roient, félon l'occafion, fe compofer ou fe dé- compofer dans leur dimenfion. La Peinture à fori tour déploieroit toutes {qs reffources pour les im- primer en pierre, en marbre, y appliquer l'oc ou l'azur : reffources peu difpendieufes qui em^ belliroient ou fimplifîeroient l'ordonnance de ces monuments. Qu'on ne s'y trompe pas, dans ce que nous propofons il entre une certaine écono- mie , puiiqiie la dépenfe des décorations en relief, ime fois faite, il n'y auroit plus à recommencer. D'ailleurs pour éviter toute dépenfe acceffoire Se de préparation, ne pourroit-on pas établir à de- meure, des fondations fous l'aire du pavé pour les Fêtes terreitres , préparer & conferver des équipages pour celles qui fe donneroient fur l'eau ; de maniere qu'il ne s'agît plus que d'en confier le pofage à des infpecreurs intelligents , qui pouf- roient en preffer l'exécution au gré du Prince ou da Magifirat, N'en ufe-t-on pas 4-peu-près ain& Sij
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%7& Cours
pour les décorations des Théâtres, ςιι non-ieitf
lement on fait fervir le« mêmes à pluiieurs reprifes; ïriais encore à diverfes repréfentations & dans des, lieux différents : les ordres d'Archite&ure , les attiques , les foubafTements ajuilés & difpofés d'une toute autre maniere , donnent un air de nouveauté à leur ordonnance générale ; de forte que du même fond il réfulte une variété d'autant plus intéreifante, que les accompagnements qu'on y ajoute , mafquent, pour ainfi dire,, l'économie qu'on eft fouvent forcé d'y apporter. De même dans les Feux d'Artifices dont nous parlons, il ne s'agiroit que d'employer différentes parties d'Architecture , qui toutes dans les magaiins fe trouvant réduites au même module , fourniroient à l'Artiile chargé de la Fête, des moyens d'éten- dre fori génie ou de fe contenir dans les bornes qui lui auroient été prefcrites ; & ii enfin de cet affemblage il réfultoit quelque partie moins heiiT reufe, du moins feroit-on dédommagé par des maiTes qui deviendroient toujours plus régulières, que lors que ces édifices fe trouvent élevés fans préparation par des Décorateurs fubalternes, qui, ignorant le plus fouvent les éléments de l'Archite- cture, s'imaginent enfanter des chefs-d'œuvre , par- ce qu'ils font entrer dans leurs comportions tout ce que leur imagination déréglée leur fuggere· Des Illuminations.
Les Illuminations, telles que nous l'entendons
ici, font de grandes décorations élevées en me- nuiferie, retenues par des" châffis de charpente , & fur lefquelles on attache des lumières pour les Fêtes de nuit ; il s'en fait de pluiieurs efpeces, les wies font toutes compoTées de lampions diiiribué§ |
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d'Architecture. ijf
régulièrement & avec fimétrie, les autres font uri
aifemblage de lumières qui, réunies de proche en proche, s apperçoivent à travers d'une toile tranf- parente peinte à l'huile, foit coloriée ou en ca- maïeux. Sur ces toiles font repréfentés des corps d'Architeérure & des bas reliefs relatifs aux événe- ments ; quelquefois même on. réunit enfamble ces deux genres | félon l'importance des motifs qui font ordonner ces fortes de Fêtes» . En général la décoration des Illuminations doit être compofée de grandes parties ; cependant nous penfons qu'on en pourroit graduer les lumières & varier l'éclat par des ingrédients mêlés dans les lampions qui les compofent ; ce qui contribueroit d'une part à les aifujétir en quelque forte aux règles de l'Optique, & de lautre à leur procurer une gradation intéreifante quelles n'ont pas ordi- nairement, 'î - Pour donner encore à ces Fêtes de nuit toute
la beauté dont elles pourroient être l fufceptibles ^ il conviendroit d'établir un point de diitance con- venable pour en coniidèrer ïafpe& ; autrement toute la magie de ces fortes de Fêtes manque fou effet: il eft néceffaire auiîi de leur oppofér une aiTez grande obfcurité, en fupprimant la lumière de tous les bâtiments qui les avoifinent, principar· lement lorfque ces Illuminations fe trouvent pla- cées à l'extrémité d'une grande rue, d'une belle allée , d'un canal, &c. Autre chofe eft des Illù^ minations qui j dans, les Fêtes publiques , s'exé-- cutent dans nos placés, fur nos quais r.dans nos. parcs & où la multiplicité dés lumières fait briller; dans une belle nuit ou l'ordonnance de l'Archi^ teéture qui les décore, ou la fimétrie de nos jar~ «lins parés, yéclat de ces grandes eompofidona |
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tjB Cours
furprend, frappe, étonne & nous tranfporte, pour
ainii dire, dans l'Olympe. La dernière Illumina- tion qui s'eft donnée dans ce genre à Verfailles pour le mariage de Monfeigneur le Dauphin, 8f celle qu'on a vue à Paris dans le même temps à la place de Louis XV, ont fait le plus grand ptlahir, parce quelles produisent le preftige que pous fuppofons ici. Semblables en cela à Flllumi- nation charmante, faifant partie de la Fête fuper* l>e que M. le Duc dOrléans donna à Saint-Cloiid à la eonvalefcence de feu M. le Dauphin. Llllu** Jîiination, dans le premier genre, qui nous ait pro- curé le plus de fatisfattion fut celle que les Six- Corps de Marchands firent élever au bout delà rué de la Féronnerieén 1739 a l'occaiion du mariage de Madame Premiere; on la trouve gravée, ainfi que la plupart de celles que nous venons de citer: nous recommandons à nos Elevés d'acquérir ces gra- vures comme autant de moyens de les préparer à la compoiition des différents genres d'Architec- ture. Il fe fait encore des Illuminations toutes com-
?pofées de lanternes de verre : celles-ci font prér /érables pour les Fêtes qui fe donnent dans l'ar- riére faifon ; elles fuivent affez ordinairement les principaux membres de la décoration des faça- des , s'y adaptent ou fe difpofent en guirlandes, en pyramides, &c. on en fait des ohélifques, des gi- randoles , des torchieres; on en décore des bateaux qui fe difpofent fur la rivière ou fur des canaux, & qui, parcourant leur furface, produifent des effets rrès-pittorefqués. Enfin on en illumine nos jardins, & ces Illuminations mêlées avec la verdure & les eaux jailliiTantes des bofquets, les Salles de Bai champêtres, les Salles de Maronniérs, & gé- |
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d'Architecture; 279
néralement toutes les pièces qui contribuent aux
amurements de la campagne, produifentautant de merveilles en ce genre. Au défaut de lanternes de verre, dans la belle faifon, on fait quelquefois ufage des lanternes de papier huilé, peintes de de diverfes couleurs; elles préfentent une bigar- rure affez agréable, & apportent une diveriité fouvent defirable lorfqu'il s'agit d'une Fête géné- rale où il convient d'éviter la monotonie ; il faut fur-tout employer cette diveriité dans les lieux vaïles. C'eil un vrai moyen de faire oublier aux Spectateurs la fatigue qu'ils éprouvent en parcou- rant une varie enceinte, les divers objets piquants qui à chaque pas aiguillonnent notre curiofité, nous empêchant de nous appercevoir de la longueur du chemin. Ces différentes efpeces d'Illuminations deman-
dent de la part de l'Artiite du goût & de l'intefc ligence : elles font ordinairement la fuite d'une Fête fomptueufe ; on faiiit même avec trànfport ces occaiions pour illuminer les façades dès maifons· particulières, auxquelles on ajoute des brandons, des paliffades de verdure jonchées de fleurs, des orcheftres, des danfes qui, enfemble , forment un fpeétacle intéreffant, bien propre à manifefter aux Etrangers la paillon dominante de nos Citoyens: pour les Arts de goût, & pour le genre agréable. Des Arcs de Triomphe, .,.....drejßs à l'occafion
des 'Fêtes Publiques*
, En traitant des monuments de magnificence £
nous avons parlé des Arcs de Triomphe dura- bles qu'og érigea la gloire des têtes couronnées;, traitons à préfent de ceux qu'on élève quelquefois S ï%
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£8ο Cours
dans les Cités à Foccafion des Fêtes publiques *
tels qu'on en donna à Paris le 7 Septembre 1745 à la place du Carroufel, devant l'Hôtel-de-Ville, à la porte Saint-Martin (£) & ailleurs, pour la convalefcence de Sa Majeité, & à fon retour de l'Armée de Flandre. Ces, fortes de monuments fe conitruifent ordinairement en charpente & fe re- vêtiiTent de châiîïs ; ceux-ci, comme les feux d'ar- tifices, font couverts de toiles ornées de peintures, chargées de dorures & d'allégories. L'Architecture de ces fortes d'édifices doit très-peu différer de celle des Arcs de Triomphe en pierre ou en marbre, élevés pour la poitérité; à la vérité on peut y mettre un peu moins de févérité ; mais il Faut iç reiTouvenir que ii leur érection n'eit qiiïn- , ilantanée, ils n'en font pas moins l'image d'un mo- nument important ; il convient donc d'y obferver les lois de la bonne Architecture. , Ce que nous avons dit précédemment, concer-
nant les reliefs dont on devroit faire ufage pour ja décoration des feux d'artifices, peut s'appliquer aux Arcs de Triomphe dont nous parlons ; autre- ment que peut-on efpérer d'une furface qui!, mal- gré l'art de la perfpe&ive, fe trouve étendue fur des châiîis fans reiTauts & ians articulation, qui ne préfentent jamais qu'une idée imparfaite de l'objet qu'on devoit repréfenter ; au contraire, fi au re- lief on j oint les préceptes de fart, qu'on les relevé |
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(b } Ce fut fur nos déifias que fut exécuté celui de la porte
Saint-Martin Λ & que dans le même temps nous donnâmes celui d'une décoration théâtrale de 108 pieds de longueur, fur • 54 pieds de hauteur , que nous fîmes exécuter dans la couc des giauds Jéfuites , rue Saint-Jacques, pour fervi^aux Trage» 4i«? '$ui s'y donnoienç toutes les aimées. |
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d'Architecture. 281
par le miniftere de la Peinture & de la Sculpture,
que n'a-t-on pas droit d'attendre d'une telle pro- duction ! Quand à ces différentes beautés réunies, on iaura mettre à profit le local où s'élèvent ces monuments, rendre leur afpeâ: intéreffant, réflé- chir à la dimeniion qu'ils doivent avoir par rap- port aux bâtiments qui les environnent, au point de diitance d'où le monument doit être apperçu ; quand enfin, fans trop s'écarter des règles, on faifira néanmoins les reffources de Fart les plus propres à produire le plus grand effet ; alors on parviendra à prouver ce que peuvent le génie & les talents des Artiftes en ce genre, Que ce que nous exi- geons à l'égard de ces fortes de décorations qui n'ont de durée qu'un jour,qu'une nuit, qu'un mo- ment, faffe comprendre à nos Elevés, combien à plus forte raifon la févérité devient indifpenfable, loriqu'il s'agit de la itru&ure d'un* édifice de cette efpèce, fait pour annoncer à tous les âges la gloire des Héros & le favoir des Archite&es qui en ont été chargés, p es Jour es , z> es Carrousels
et des Tournois. Les Joutes, les Carroufels & les Tournois, font
auffi partie des Fêtes fomptueufes ; les premières fe donnent ordinairement fur l'eau , les deuxiè- mes dans les places publiques, les Tournois dans les dépendances des Palais des Souverains, t Des Joutes,
Nous ne coniidérons point ici l'exercice des
Joutes , relativement à l'eipace que doit occupes |
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2§2 Cours
le lieu de la fcène, cette étendue devant être plus
ou moins coniidérable, félon l'importance des Fêtes dont elles font ordinairement partie ; nous dirons feulement qu'elles fe donnent en plein jour, & qu'affez communément elles précédent les feux d'artifice & les illuminations dont on vient de parler. Ces Joutes fe font fur l'eau, ce font les Ba- teliers experts qui font choifis pour ces fortes d'exercices, auxquels on joint des fanfares, des pafqûinades ; on y tire l'oie , on y efcalade le mat de Cocagne, & l'on y mêle d'autres divertiffements pour amufer le peuple jufqu'au foir. La décoration de ces fortes de Fêtes qui regarde
TArchiteóte, confifte dans l'arrangement & dans l'oppoiition des amphithéâtres, des galleries & des gradins qui bordent l'enceinte où fe paffe ce fpe-» âacle. Au-deffus des amphithéâtres on élevé quel* quefois des pavillons de diftance en diftance , dans l'intervale defquels on pratique des loges pour les Dames ; on couronne ces pavillons par àes campanules , des lanternons v terminés par des banderolles ; & leurs appuis font revêtus de draperies difpofées & arrangées avec goût : de maniere que tout cet enfemble réuni avec l'allé- greffe du peuple , un beau local, la tranfparence UQS eaux & un ciel tempéré , offre, un tableau véritablement intéreflant. L'Archité&e doit auffî fe mêler de la parure des bateaux fur lefqueîs luttent les Bateliers , des jeux de bague & de la décoration dès différentes^ fcènes épifodiquès qui fe paffent für l'eau ; & enfin de celle des avenues , des communications qui conduifent dans l'intérieur ( c ), quand ces fpe&acles font renfer- |
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( c) Depuis quelques années, dans la belle faifbn y plufieurS
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D'A RCHITECTURE. 2o*$
mes par des limites prefcrites , ou de toutes les
iffues qui y amènent lorfqu'ils font placés dans des efpaces illimités.. Des Carroufels.
Il s'eft donné pluiieurs Carroufels (d) à Paris.
Louis XIV en ordonna un entr'autres en 1662 V d'une magnificence extraordinaire, & qui donna fon nom à la Ρ Ja ce iituée devant le Palais des Tuileries. Ce grand "Prince avoit eu en vue , dans cette belle Fête de retracer à fa Cour les différentes images de la guerre , au milieu de la paix qu'il Benoit de donner à la France. La décoration de ces fortes de Fêtes coniiile
dans la difpoiîtion d'un cirque d'une affez vaite étendue, auquel un portique d'ordre d'Archite- ûure donne entrée. En face , à l'extrémité du cirque, eil un arc de triomphe fous lequel paifent |
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entrepreneurs ont obtenu dès Magiftrats d'offrir au Public à-
peu-près une pareille Fête fur une portion de la rivière pies la Râpée. On y repréfente effectivement, quoique d'une ma- niere encore aflez iitiparfaite, tous les exercices utiles aux Elè- ves de la navigation, auxquels on ajoute des chars attelés d'animaux factices, & mus, ainil que les bateaux des Jou- teurs, par des mouvements mécaniques & iavifibles. Un feu. d'artifice, aflez ingénieux , termine cette Fête, qui attire deux fois la femaine une foule de Spectateurs, ce qui ne laiiTc pas de donner une certaine célébrité à ce nouveau genre de Spectacle. > (d) Garroufel, du latin Ludus-Equefirist ou de l'italien Car- ro^illo , diminutif de Carro. Voyez le Père Meneftrier , qui a écrit des Carroufels , des Joutes Se des Tournois. TertuUién , en parlant des Spectacles Λ attribue à Circé l'invention des Car- roufels , qui les fit drefler en l'honneur du Soleil fon Père; en forte que plufieurs Auteurs (Croient que ce mot vient de Carrus-Solis , ou de Carro dtl Solis , ce qui donneroit à croire qu'il vient des chars que l'on y conduifoit, , |
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ί%4 Cours
les vainqueurs : au tour du cirque font diilrikïés
des gradins, au-deffus defquels on place des tribu- nes décorées à grands frais , & revêtues d'étoffes de prix, pour y recevoir les perfonnes de la Cour & les étrangers, ordinairement invités à ces fpe- âales pompeux* Pour prendre une idée de la magnificence des
cirques dont nous parlons, & fe former le goût dans ce genre de décoration , nos jeunes Artiftes font invités à parcourir le Recœuil intéreifant, intitulé, Le Cabinet du Roi ; il fe \rouve au Cabinet des Eftampes, dans la Bibliothèque du Roi; on y voit raffemblés les deiTins de tour tes les Fêtes qui fe font données fous Louis le Grand : nous leur confeillons auiïi de lire le Poëme latin que M. Fléchier fit à l'occafion du Carroufel de 1661 que nous venons de citer, ou au moins la relation qu'en a donnée dans le temps Charles Perrault. Nous avions même eu deiîui d'en donner ici l'extrait ; mais la décoration des Carroufels tenant plus au raifonnement qu'aux préceptes de l'Art, nous penfons qu'il vaut mieux $kq renvoyer nos Elevés ·. il eil d'ailleurs effen^ ciel de les accoutumer à juger par eux-mêmes â&s ouvrages de goût, & pour cela il eit bon de les renvoyer quelquefois aux fources originales ,* 'parce qu'en y cherchant l'objet du moment, ils s'initruiront fur une infinité d'autres parties, qui tôt ou tard développeront leur génie, meubleront ; leur imagination , & feront éclôre le germe que la nature difpenfe à chaque individu. Le 13 Février 1747 , la ville de Paris voulut
donner, à l'occafion du fécond mariage de Mon- 5 feigneur le Dauphin , une Fête qui nous rappe- lât le fou venir des Carroufels., repréfentés avec |
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d'Architecture. 285
tant d'éclat fous Louis XIV ; mais elle fe réduifit
à faire exécuter, par les plus célèbres Artiiles , cinq chars richement attelés {e ), qui parcouru^ rent pendant plufieurs jours les rues & les places publiques de cette Capitale. Ces chars étoient ceux de Mars, de l'Hymen, de Cérès, de Bacchus, & de la Ville de Paris, remplis chacun d'un chœur de Mufique & de perfonnages vêtus d'une maniere allégorique à l'objet particulier qu'ils repréi'entoieiit. Cette Fête fut accompagnée d'illuminations & d'un bal donné à i'Hôtel-de-Ville avec une très-grande magnificence. Pour faire revivre parmi nous l'image des Car*
roufels dans la belle faifon , pourquoi nimagi- neroit-on pas des Cavalcades, à la tête defquelles paroîtroient des Ecuyers équipés à la maniere des anciens Chevaliers, & à leur fuite , dans un. char fuperbe & au bruit des fanfares, les Cavaliers qui fe feroient trouvés vainqueurs à la courfe : les fpeftateurs de l'un & de l'autre fexe feroient placés fur des gradins & dans des galleries dont les for- mes pittorefques s'uniroient agréablement avec la verdure des lieux champêtres, qu'on prendroit foin de choifir pour ce nouveau genre de fpe- £tacle. Après ces exercices, dignes de l'adreife & de l'agilité de notre jeune NobleiTe, on pourvoit, à la faveur d'une belle nuit, illuminer cesjnêmeS décoratifs, donner des ballets dans l'arène , y repréfenter des paftorales ; enfin y donner le bal j |
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< e y Voyez le Recœuil contenant les Deflïns & la Defcri-
ption de cette Fête, & celui de la Fête qu'elle donna auilî au premier mariage de Monfeigneur le Dauphin : deux Recceuils grand atlas, qu'on trouve dans toutes les Bibliothèques pa~ |%ues. ■ ■'''■ |
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a86 Cours
en forte que de fuite, ou à des jours différents*
on offriroit au corps de la Nation différents fpe&a* des qui attireroient chez nous l'étranger, & excite* roientles hommes à talents à venir y faire preuve de leur capacité & de leur émulation. Des Tournois*
Nous avons peu d'obfervations à faire für ce
qui concerne la décoration des anciens Tournois ; elle confiftoit particulièrement dans l'arrange* ment des barrières , diitribuées dans une certaine étendue ; les façades des places & des rues ou fe donnoient ces fpeäacles, leur tenoient Heu des gradins, des tribunes ou des loges qu'il au- roit fallu conftruire exprès , fi ces Tournois fe fuffent donnés par - tout ailleurs. Ainfi on voyoit ces exercices aux croifées, aux balcons & fut les terraffes des Hôtels ou des bâtiments parti* culiers : on n'étoit pas obligé d'élever à grandi frais des édifices en charpente; on en étoit quitte pour orner de tapis magnifiques, les croifées & les autres ouvertures de l'extérieur des pièces où fe plaçoient les Compagnies de l'un & de l'autre $ fexe, que la curiofité attiroit à ces fpeclacles, qui furent abolis vers la fin du quatorzième fiecle ; nous allons rapporter ce que Mr Gautier de Cibere nous en dit dans la feptieme époqafc de fes Variations de la Monarchie Francoijè. , « La Chevalerie, dit-il, fut l'origine des Tour-
>> nois; ils fubfifterent tant que nos mœurs per- >> mirent de regarder avec plaifir fart de fe tuer ou » de fe bleffer adroitement ; ces fpeclacles devenus »»célèbres par la préfence des Dames de la Cour, » qui fe fefoient un amufement d'y aiïiiter , ne |
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d'Architecture. 287
>> fe donnèrent cependant d'abord qu'à Toccafioiï
» de l'entrée des Souverains , de leur facre, de » leur mariage, du baptême de leurs enfants lorf- >> qu'ils - étoient faits Chevaliers , &c. Mais bien- >> tôt les Princes & les Grands Seigneurs , les » AmbarTadeurs s'emprefferent de procurer de fem- j> blables divertiffements ; il y avoit des lices defti- p nées pour ces fortes d'exercices, particulièrement » au Louvre, à l'Hôtel Royal de Saint-Paul, près » des Céleilins, à l'Hôtel des Tournelles , aujour- » d'hui la Place Royale , à celui d'Orléans , der- » niérement l'Hôtel de SonTons , à préfent la Halle ρ au Blé. Il y eut même un temps , continue-t-il, » où la fureur de ces fpeÛaclés fut portée fi loin, » que la Noblefle croyoit qu'une de fes prérogatives » étoit de monter à cheval, la lance à la main, » pour entrer en lice. En un mot, courir contre » tous ceux qui y étoient entrés , & rompre plu- » fieurs lances , étoit ce qui s'appeloit remporter ..„ «l'honneur du Tournois, & mériter le prix. La :» Place de Grève, la rue Saint-Antoine, celle des » Francs-Bourgeois, devinrent les lieux deilinés » à ces fpectacles publics, qui fou vent fe don- » noient les jours de Fêtes folennelles. On rap- » porte même à ce fujet, qu'en 1392. , le jour de »la Fête-Dieu , Charles VI , pour complaire »»aux Dames de fa Cour, vit jouter jufqu'au foir » à fort Hôtel Saint-Paul, les jeunes Chevaliers » & Ecuyers qui donnoient ce fpedtacle. A la fin » ces jeux meurtriers furent défendus parles Papes » & les Conciles : néanmoins Clément V, à la fol- > licitation de plufieurs nouveaux Chevaliers , fe » relâcha de cette défenfe, en leur permettant » feulement de donner des Tournois le Dimanche, l» le Lundi & le Mardi Gras rce qui les fit fubite |
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x88 , Cours;
» encore quelques années ; après quoi ils ont été
» abolis entièrement »* »- .; · Nous venons de rapporter ce récit, moins" poue
nos Elevés proprement dits , que pour les jeunes Peintres , Sculpteurs , Defîinateurs & Graveurs^ qui fouvent fuivent nos Cours ; il eu bon qu'ils aient une idée de ces fortes de fpe&acles qui peu- vent trouver place dans leurs tableaux, dans leurs bas-reliefs, dans leurs deiîins. D'ailleurs nous in- vitons nos jeunes îArchitectes à fréquenter fouvent ces mêmes Artiites , pour prendre occaiîon de s'éclairer avec eux fur la partie du goût, qui feule peut porter leur génie au-delà des limites & des préceptes de l'Art. fs V s Des Combats d'Animaux.
Les Combats d'Animaux font encore un genre
de fpe&acle qui anciennement cruels , font deve- nus chez nous une puérilité. Cependant nous en dirons un mot, parce qu'un Architecte peut fe trouver chargé de l'ordonnance d'un Cirque. Chez les Romains le lieu où fe donnoient ces fortes de fpedacles étoit magnifique ; à Londres c'eft une arène affez vafte ; chez les Efpagnols ce genre de fpe&acle , fufceptible de quelque décoration, eft très-frequenté ; mais il y ei^t moins féroce que ces combats de Gladiateurs dont parle l'hiftoire, où la valeur ne fe montroit que pour fe baigner dans le fang humain : ces Combats d'Animaux fe don- nent encore à Madrid avec pompe fur la Place Maïor ( ƒ ), lors de l'avènement des Rois d'Efpa- gne à la Couronne, lors de leurs mariages, &c. |
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(ƒ) i/oycz ce qu'en rapporte le Miniftre Edward Clark, dans
-£$..Lckïc* Iue i'Efpagné. il |
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ö ' A R c h ι τ e e ΐ fc r ë; 2.^
îi s'en donne auffi de publics tons les quinze
.jours hors de l'enceinte de la Ville > tels qu'an*-- ciennement fe donnoient à Paris les Tournois * au Louvre, à l'Hôtel des Tournelles > à la Grève, dans la rue Saint-Antoine , &c. Tout ce que nous avons dit précédemment
concernant la décoration des Salies élevées en charpente pour les Fêtes, peut s'appliquer ail genre de fpe&acles dont nous parlons j ce qui nous difpenfê ici d'entrer dans un plus grand détail à cet égard. Ëiïayons à prefent de donnet une idée de l'ordonnance des Waux-Halls , Îi Fort en vogue aujourd'hui > & qui, quoiqu'ils ne foient pas comptés daîis la claffe des édifices élevés Ipour la magnificence, n'en méritent pas moins
l'attention des Arthte qui pourroient en être chargés» Des fp^aux κ HulL·* Les Waux-Hâlls font dès édifices tonitruits à
la légere j quoique folides* On peut dire qu'il n'eft guère de composition en Architeûure qui prête autant au génie de rArchite&e ; en effet \ l'élégance dés formes , la légèreté de l'Archite« öuré, la richeffe factice dès matières qu'on prend foin d'imiter, la fculpture, la peinture, la dorure, les glaces, &c* font des objets de luxé qu'on y .emploie. Pour réuiîîi dans la compoiition d'un pareil projet, il faut d'abord faire choix d'un lieu fpaqeux > qui avoifine * s'il efl: poffible , une belle promenade publique * très-fiéquëntée , & qui ce- pendant foit fitué de maniere à n'être pas trop écarté de la Capitale £ il faut en rendre les abords accei&* bles aux voitures , afin de leur procurer une ciïcu- lation aifée , &■ qui n'ait, pour ainii dire, aucimf Tome IL t |
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%$ö C o ν & s·
communication avec les gens de pied. Ceux · ci
abondent ordinairement à ces fpeöacles ; & Tondoit faire enforte qu'ils puiffent y arriver & en iortir fans crainte & ians embarras. Nous penfons que ce lieu » une fois choifi, il faut en diftribuer la furface en pluûeurs fcènes, les unes occupées par les falies de bal (g), les falies de concerts, les falies de jeux, les cabinets de converfation ; les autres deftinées pour les promenades découvertes , où puiiïè cir- culer l'air , & qui, par des galleries, conduifent à couvert dans de grands périityles, dans des vefti- buleS , capables de contenir la multitude pendant le mauvais temps, ou dans la chaleur du jour. Que de ces veffibules on entre dans des pièces par- ticulières | contenant divers genres d'amufements, tels que de petits fpeclacles & des buffets pour les raffraichiffements de toutes efpeces, & même des caffés où les honnêtes gens puiffent offrir la collation à leur famille. Nous croyons que la décoration extérieure de
ι ces Vaux-Halls, fur-tout leur principale entrée,
devroit annoncer, xTune maniere cara&ériitique 9
leur ddftination intérieure. Ce n'eft pas qu'il foit
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. (g·) Ces fortes de fpé&acles ont pris faveur depuis quelque
temps à Paris, :à limitation de ceux qui fe donnent à Londres. Le Waux-Hall du Boulevard, élevé en partie fur les deiTms de M. Célerier \ 8c continué par M. Louis, eft le premier qui fe foit fait en ce genre ; il contient pluiîeurs objets intéreflànts du côté de l'Art & delà difpoÎîtion. Enfuite on en a faitvmautre d'une forme très-agréable & d'une décoration très-ingénieufe à la foire Saint Germain, für les déffins de M. Le Noirj enfi'* on en élevé actuellement un aux Champs - ElKées , beaucoup plui confidérable que les précédents, fur les deffins de M, le Camus , qui fans doute remplira l'attente du public à ceî égard , par la fituation avantageufe du lieu, 8c la dépcnfc très? eonfidçrable que l'on fait pour y parvenir. |
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Ρ * A ft € Η Ι Τ E<G Τ U &Ί· jjtfÉ
héceflkire que leurs dehors foient d'une granete
magnificence ; mais du moins faut-il que leur or- donnance ne foit ni triviale, ni du genre de la décoration de nos Temples^ 11 nous femble que Momus & Cornus, d'accord avec Flore & la jeune Hébé, devroient indiquer à l'Architecle, le ftyle qu*il convient de donner à ces frontifpices ; il y faut repréfenter des allégories décentes, embellir leur avenue des libéralités de Pomone ; enfin y répandre tout ce que peuvent offrir de plus fédui- fant les tréfors de l'Agriculture & du Jardinage* Pour rendre leur décoration intérieure piquante
& pittorefque, il feroit bon, ce femble, d'obfer- ver une certaine inégalité dans le ibl, afin d'éviter la monotonie qu'offre prefque toujours une plani- metrie trop régulière. Les principaux bâtiments qui contiendroient les falies d'affemblées, & celles où Γοη prendroit les exercices de la danfe, de- vroient donner fur des jardins variés, entourés de terraffes , defquelles on pût découvrir des boulingrains , des vertugadins, des parterres de fleurs , des bafîins contenant des eaux jailliffantes. En face de ces bâtiments on devroit pratiquer de doubles terraffes & des plates-formes d'une cer- taine étendue, fur lesquelles fe tiferoient, à cer- tains jours, des feux d'artifices, compofés de fcènes variées; d'autrefois on y feroit voir des illumina- tions , tantôt faites de lampions, tantôt de lan- ternes , de tranÎparents , entre-mêlés de nappes , de bouillons d'eau & de portiques naturels & arti- ficiels. On defcendroit de ces éminences par des pentes douces, par des gradins, dans une vafte efplanade, au milieu de laquelle feroit creufé un canal, où l'on donneroit des joutes & ides combats qui représenteraient ? en quelque ibrte, les an« Τ ij
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2$)Z Co Uli
de/mes Naumacbdes des Grecs & des Romaine*
On pourroit enèore profiter de l'élévation des terralîes Supérieures , pour en faire deicendre des quadrilles , des mafcarades qui formeroient au- tant de marches ingénieufes dans l'efplanade, & enfin y former des cavalcades au tour du canal dont nous venons de parler. De cette efplanade on pafferoit par des allées
aftiitement couvertes, à des bofquets & à des falies de verdure, embellies par des portiques de treilla- ges , & dans lesquelles fe trouveroient placées des balançoires, des efearpolettes, la roue de fortune, le trou-madame, le jeu de Siam , la ramaiTe, le jeu d'oie, le jeu de bague & les autres exercices que peuvent offrir les amufements champêtres. On prendroit encore foin dans des jardins fépa-
rés du lieu de la fcene, proprement dit, de prati- quer un mail, un jeu de paume, de battoir, de longue paume ; enfin des arènes pour exercer la jeuneïTe à la courfe. Peut-être ieroit-il encore néceifaire de ménager autour de ces différentes promenades , des jardins particuliers qui auroient leur entrée féparée j dans ces jardins on diitribue- roit, pour le peuple & pour la livrée , des guinguettes, ainii que des jeux de boules, le galet, le cocagne, &c. Ces nouveaux jardins pourroient être vus de l'intérieur de ceux du "Waiix-Hall ; mais ils ne devroient avoir d'autre communication avec ceux-ci que pour le coup d'oeuil des illuminations & du feu d'artifice; afin que non-feulement, par cette attention, on pût éviter le tumulte, mais encore que fans affectation les gens du monde ne fe trouvaffent point con- fondus avec le peuple. PaffoKS à préfent aux pompes funèbres, qui* |
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D! A R C H I Τ ECYti RE. 295
quoique d'un caractère plus .jtravV» & occafionnées
par des motifs oppofés , font aunl ordonnées par les Dire£teurs & les Artiftes chargés de Texé- cutiôn des Fêtes publiques. d ε s d é co r at ιο ν s erigees"
a l'occasion des Pompes
Funèbres.
Sous le nom de Pompes Funèbres > on com-
prend, & les cérémonies qui s'obfervent aux fu- nérailles des Grands, & l'appareil des décorations d'Architecture, de Sculpture δε de Peinture , dreffé a grands frais dans nos Eglifés , pour déiigner la repréfentation de leur Sépulture. Attachons-, nous ici à ce qui concerne leur décoration, & trai- tons en particulier, fous ce point de vue, des. Mau- folées, des Catafalques , des Chapelles, ar4en*v tes, &c. Des Maufolèès, -
Les Mauiblées, proprement dits, font, {burent
partie^ de la décoration momentanée dés cata-. falques dont nous parlerons après,,. Il s'agit ici de ceux au-deiïbus defquels font placés les caveaux qui renferment les corps des perfonnes illuftres : ces Sépultures s'exécutent ordinairement en mar- bre orné .de bronze : affez fouvent les Sculpteurs font chargés de la cqrnpontion & de l'exëcutioiL de ces ouvrages de Tart ; nous penfons, néan- moins que TArchitecÏe y doit préiider, & que c'eft à lui d'en donner les deffirjs, à moins* comme cela s'eit vu en plus d'une occafion, que le Sculp- teur ne foit lui-même Archite&e, comme Fétoit anciennement le Cavalier Bernin; il y a peu de temps M. Bouchardon, & comme le font encore τ ui
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Ïp4 C OURS
plufieurs autres excellents Artiites de nos jours."
Ces monuments fe font ifolés, comme celui du Cardinal de Richelieu à la Sorbonne, ouadoffés5 tels que celui de M. Languet de Gergi à S. Sul- pice," ou feulement en bas-relief, comme on en remarque dans prefque toutes nos Eglifes paroif- jfiales & conventuelles. Des modèles en grand doivent précéder leur exécution; c'ell par leurfe- cours qu'on parvient à faire un choix judicieux de leur ordonnance, à fe fatisfaire fur la beauté de leur galbe, à marier d'une maniere intéreiTante la Sculpture avec l'Architecture , à fe déterminer fur l'emploi du bronze & âi\ marbre; enfin à appré- cier , en quelque forte, la dépenfe pour les matières de la main-d'œuvre, & les honoraires fjÎjbf doi- vent être offerts à l'Artifte. L'aiTortiment des mar- bres demande encore une attention particuliere : fouvent on varie leurs efpeces à l'infini; mais leurs différentes couleurs ne répondent pas toujours au fuccès .qu'on en attend, & ne fervent ordinaire- ment qu'à découper & à divifer l'enfémble ; nous Croyons qu'il feroit mieux de les exécuter tout en marbre blanc, & en marbre veiné; nous pen- sons auffi que les ornements de bronze doré qu'on Îr applique quelquef©is,nuifent à l'effet général ; que e bronze antique devroit être préféré, comme on le remarque aü tombeau du Cardinal Mazarin, au- quel nous defirérions feulement, qu'à la placé du marbrenoir qui reçoit les mfcriptions, on eût fait ufage du bleu turquin pâle, infiniment moins tran- chant ; & fur lequel ces infcriptions àuroiënt été gravées en noir & non en or, la beauté de ces monu- ments ne devant confifter que dans là perfe&oii o deMfchite&ure & de la Sculpture, δε non dans une * ncheffé indiferette qui n'annonce qu'un faite mal entendu & contraire à l'objet qu*on fe propofe^ |
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D'Architecture; 295
- Des Catafalques.
Les Catafalques font des décorations d'Archi-
te&ure de Peinture , & de Sculpture , établies à la légere fur un bâtis de charpente, & def- tinées à contenir un cénotaphe ou tombeau vide , faifant partie des maufolés dreffés à l'occafion des pompes funèbres, après la mort des Grands*. Ces ca- tafalques s'élèvent ordinairement avec beaucoup de magnificence dans nos Eglifes ; il nous femble qu'un ordre Compofite devroit en déterminer l'ordon- nance , cet ordre étant à la fois plus varié dans fes ornements, & moins févere que tout autre ordre ,9 dans fes parties. Les fymboles de la mort, les armoiries du défunt avec leurs fupports , les dra- peries de deuil, des moires & des gafes , des tor- ches ardentes & des candélabres doivent entrer auiîi dans la décoration de ces monuments funè- bres. Les ctnotaphes, afiez fouvent, fe placent fur des gradins ; & fur ceux-ci on difpofe des groupes de figures, des génies, des trophées dont les allégories doivent prendre leur fource «lu fond même du fujet : enfin des tribunes doivent en- tourer l'enceinte de ce lieu, & des fieges y être diitribués avec fimétrie,& félon que L'étiquette- des cours l'exige. : Le moyen dMigner un caraftere convenable à
ces décorations, c'efi: de compofer leur ordon- nance de maniere queHe'faiïe éprouver au Spe- itateur cette triitefle de Fâme , qui puifte lui retracer l'image de la deftru&ion & kà rap- peler la perte que la patrie a faite dans la per- fonne à la mémoire de laquelle ces monuments* font élevés. Pour y parvenir ,, il faut quëJ&S: Τ iv '
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%$6 C ou as
foit à la fois grande & peu chargée de détails*
on doit en exclure tout ornement frivole, n'y faire entrer ni or ni azur , à l'exception des blâ- fons, Ce n'eft point de l'éclat, ce n'eft point du fefte qu'il faut ici ; il s'agit de peindre à fefprir le féjour de la mort : pour cela il n'y faut employer que des couleurs fombres , & difpofer de diftance à autre des grouppes de lumières , dont l'éclat ne piûiTe nuire aux ténèbres , qui, pour ainfi dire, font eiTenciels pour caractérifer le genre des Cata- falques dont nous parlons ; puifqu'ils ne font autre chofe que la repréfentation des tombeaux & des chapelles fépulcrales dont nous ferons men- tion ailleurs. Nous avons defiré plus d'une fois que PArchi^
te&e £ût Poëte, Peintre , homme de goût ; c'eil bien ici qu'il devroit réunir ces diveries qualités. Qu'on nous permette une digreifion : pourquoi nos fêtes & nos pompes funèbres paroiffent-elles être faites fur le même modele ? d'où vient îui'à l'excep- tion de la couleur des marbres ou de quelques ornements poitiches & empruntés, elles fe ref- femblent prefque toutes ? C'eft que la routine de l'Artifte a plus de part à fes comportions, que la réflexion & le raisonnement ; c'eft que pluiieurs ne veulent pas fe relïbuvenir qu'une décoration de ce genre , quoiqu'élevée pour un jour, doit avoir un caractère particulier qui annonce précifément fon objet ; qu'autrement elle ne peut s'attirer le fuf frage des perfonnes éclairées, ni celui des Artiftes intelligents, feuls faits pour juger les productions du génie, & fans TapplaudhTement defquels le Dé- corateur ne peut jouir d'une véritable réputation. Mais, dira-t-on, les delîiris 4e ces décorations fe font arec trop de précipitation pour être réflé« |
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d'Arch ι f e c tu r e.' ipj
this. Nous répondrons, à cela, comme nous l'avons
déjà fait précédemment en parlant des décorations élevées pour les fêtes publiques : que les perfonnes chargées de leur exécution fe préparent long-temps d'avance; qu'ils faffentdes développements; qu'ils diminuent ou augmentent leurs projets à raifon des lieux ordinairement deitinéspour ces pompes funèbres; qu'en un mot ils fe fafTent une étude particuliere de ce genre ; qu'ils recœuillent tout ce qui été a fait avant eux à cet égard; qu'ils rem- pliiTent leurs porte-feuilles d'efquiflès > de penfées, prêtes à fervir au befoin ; & certainement ils s'en acquitteront avec plus de fuccès qu'ils ne le font ordinairement. Mais, ofons le dire ici, ils ne pen- fent à rien moins qu'à ce qui doit les occuper, ils fe fient fur leur génie , & prefque toujours leurs productions fe reflentent de la rapidité avec la- quelle il convient que ces monuments foient dreiTés. Quoiqu'il en foit, paffons à quelques obfervations qui mettent nos jeunes Artiftes en état de ré- fléchir leurs compofiiions en ce genre, Stînvitons- les , comme nous l'avons déjà fait pour d'autres produ&ions non moins intéreffantes > à former une collection des gravures qui en ont étéi faites. Plu- iieufs de ces Catafalques, élevés fur les deffins de feu M. Michel-Ange Slodtz, r& aujourd'hui fur ceux de M. Challes» méritent les plus grands éloges ; la plupart de ces dejfïîns gravés par M. Gochin, leur offriroient (des idées très-ïngénieufes & rendues avec la plus, grande intelligence. Il nous femble que les baldaquins qu'on élevé
^rtjinairement au-deiïus du cénotaphe, non-feule- ment mafquent f autel, mais encore divifent '|| profondeur du lieu de la fcene. Pourquoi ne ren- ferok-©n ^ de placer & l'autel & le cénotaphe |
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298 Cour s
de maniere que lim & l'autre réunis enfemble ne
préfentaiTent qu'un feul & même tout ? Pourquoi· lios Décorateurs croient-ils que la plupart des* ornements de Sculpture de ces fortes de décora-1 tîons fe faiiant -en cartonnage, & par conféquent d\me matière peu difpendieufé, il leur eu permis d'en répandre avec excès? DuÎîions-nous nous ré- péter fans cèiTe, nous leur repréfentérons, que les .■ fymboles dont ils font paradé n'étant autre chofe que la répréfehtation de ceux qu'on emploierait 3» même avec une forte d'économie dans îes monu* ments durables, leur image ici, comme par- tout ailleurs, doit être employée avec beaucoup de dif— crétion & non avec cette prodigalité qui fouvent êpceie, & le peu dimportance de la matiere,& Πή· conféquence de TArtiite. Les jeunes Archite&es , les Décorateurs, îe&
Sculpteurs, les Peintres, appelés enfemble ou fé- fmrémént polir préiîder à TOrdonnance, ou pour exécuter ces fortes de décorations > doivent avoir tous puifé leur art dans la même fource ; ainfi le câraftere relatif à l'objet, l'efprit de convenance* lé choix de i'Architè&ure & celui des ornements, doivent ne préfenter qu'unfeul& même enfemble; cpie ces différents Artiites fe rappellent dans leurs entretiens, dans leurs conférences , qu'il eft indif- pehfable que leurs opérations foient dirigées d'une maniere analogue aux cérémonies rëligiéufes,& que cette repréfentation étant drefféè particulièrement pour rétracer aux vrais Citoyens là perte fou- vent irréparable d'un Prince ou dune Princeffe véritablement éfiers à la Patrie, ils doivent par la difpofition, la févérité des formés, & le^ ra&ere fombre répandu dans l'ordonnance gé- nérale 9 attendrir, toucher 9 émouvoir l'âme à$ |
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d'Architecture. ±99
fpe&ateur ; au-lieu de n\)ffrir que la prodigalité
des membres d'Architediirè & la profuiion des lu-* nïierës & des ornements. Pourquoi ici faire ufage de la' Dorure & d'une Sculpture foutent fuper- flue ? Pourquoi ne pas réfléchir que s'il étoit quef· tion d'ériger véritablement un maufolée conftruit de matière préeieufe, & qu'il fût exécuté par des Artiftes du premier ordre, ils réduiroient peut- être à la moitié ce faite défordonrié ; d'où certai- nement il réfulteroit un caractère plus vrai, mieux foutenu δε plus conforme à la vraiffëmbiance. Que ces réflexions , qui n'ont rien de partial, fervent donc de guide à nos Décorateurs, pour ne plus cbmpofer leurs pompes funèbres dans le goût de la décoration de nos Théâtres, dans lefquelles même nous avons recommandé toute la retenue qu'exigent les principes de l'Art. Des Chapelles Sépulcrales,.
On appelle airïii une Chapelle particuliere dans
une Eglife ou eft expofé dans un cercœuil (h) le, corps d'une perfonne de la premiere confédé- ration, en attendant le moment de fa véritable |
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(h) Cercœuil, vaiffeäu ou cofFre de plomb, defliné à tran£
porter &à contenir les morts. Saumaife dérive le mot cercœuil t de farcophagef mange chair, de farkos 4 chair, & de phajein , manger. Ménage prétend que la pierre appelée farcophage, fc liommoit auffi chez les Grecs , pierre à'ajfo, parce qu'elle Îe trouvoit dans les carrières A'AJfum, dans la Troade : il prétend »uiïi que cette pierre eft Jégere, fpongièufe , friable & couverte d'une poudre ou fleur farineufe, pareille à celle qui s'attache aux parois des meules de moulins 3 ce qui lui donne le nom de fleur A'ajfo. D'autres prétendent que cercœuil dérive à'areo- lium, diminutif à'arca , d'où vint farcolium, puis farcœuil, & enfin cercœuiL |
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300 Cours
fépulture ; tel eft à Saint-Denis le lieu où repofe
le corps de Louis XIV, jufqu'à ce qu'il foit tranf- porté dans le lieu où font dépbfés ceux des Rois de France , ou bien la Chapelle qui contient au Temple-Neuf à Strasbourg, % le corps de feu M. le Maréchal de Saxe , en attendant qu'il foit tranfporté à l'Eglife dé Saint-Thomas, lieu deftiné à fa fépulture, lorfque M. Pigal aura terminé la fculpture du tombeau dont cet Artiftç célèbre eft chargé. * La décoration de ces fortes de Chapelles doit
être iimple , compofée de grandes parties. Ces Chapelles , accompagnées de draperies de deuil, ne font éclairées que par des lampadaires & dos torches fépulcrales dont la lueur fombre caraclé- rife le féjour de la mort. Selon le Père Chifflet, ces Chapelles ont été
imaginées à l'inftar des bûchers fur lefquels les Païens brûloient les corps morts. Ces connoif- fances hiftoriques ne font point à négliger ; c'eil: par elles qu'on parvient fouvent à déterminer le caractère qu'il convient de donner à la plupart des productions de l'Architecture. Il eft vrai qu'il faut ufer avec difcrétion des attributs du Paganifme, lorfqu'il s'agit des monuments relatifs à la Religion ; mais néanmoins l'on peut dire que l'étude de FHiftoire prophane eft fouvent la , fource où nous devons puifer leurs principales formes fa-* crées : fource qui empêcherait la plupart de nos jeunes Architectes de s'en tenir à l'imitatiou de nos productions modernes, ou, ce qui eft pire encore, de fe livrer à leur imagination» qui n'étant guidée par aucune autorite, ne fauroit produire rien dé régulier. : On appelle auffi Chapelle Sépulcrale ? une falie |
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d'Arc H itÈcf ure. j$i
difpofée pendant quelques jours pour recevoir le
corps d'un Prince, ou d'une Princeiie nouvellement décédés, & le liiffer voir à découvert fur un lit de parade. Enfuite on convertit ces Chapelles pa- rées , en Chambres ardentes ( l ) ? où Ton garde le corps jufqu'au moment de fon tranfport, au- lieu de fa deitinatipn. Ces Chambres ardentes doivent, comme les Chapelles précédentes, être décorées d'attributs mortuaires , mêlées de dra- peries difpofées avec un certain défordre, & être éclairées par une grande quantité de lumières, qui annoncent, > par leur clarté 9 l'éclat dont ont joui1 jufqu'alors , les perfonnes en l'honneur des- quelles fe font ces cérémonies funèbres. '( / ) Lieu décoré de cierges allumés en forme de herfe , &
deftiné aux obféques d'une perfonne de confidéracion, du latin pyra ardentibus Çfreis. |
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302 Cours
Jftf.i...... ι ι ιιιι ι ijl Ι m m II Ι' ι ι iXhuNA.iÎÎ^fA^SjWltij/ 1 ιι> II Μ II uii.Sti« !
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3DES EDIFICES
_ ÉRIGÉS
POUR L'UTILITÉ PUBLIQUE.
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CHAPITRE VIII.
V .
Des Edifices sacrés,
Ij E s édifices facrés font de la premiere utilité.
Chez nous on comprend fous ce nom | les monu-. ments deftinés au culte du vrai Dieu, & où les Fidèles s'aflemblent ρ our sluiter aux myfteres de la Religion. Ces monuments, appelés Temples (i) |
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( i ) Temple, du latin templare, regarder, contempler:' nous
avons donné quelques notions des anciens Temples Grecs Si Romains dans l'Introduition du premier volume de ce Cours; rapportons , dans cette note , les noms que les Grecs donnoienc à ces mêmes Temples, relativement à l'ordonnance de leur. Architecture. On appeloit prcfiyle, des deux mots grecs pro , devant,
& fiylos, colonne, celui qui n'avoit des colonnes qu'à Ton frontifpice, tel qu'au Temple d'ordre Dorique de Cérès Eleuiîs en Grèce. Temple a antes, de tous le plus iimpie, n'ayant que des
pilaftres Tofcans angulaires à fes encoignures , appelés par Vitruve, tîntes ou paraflotts ; il y avoir auill deux colonnes placées à côté de la porte qui donnoit entrée à ce Temple. Temple tétrafiyle, celui qui avoit quarre codomies de front,
comme celui de la Fortune Virile à Rome. Temple ampkiprvflyle , ou double prcilyle , celui qui avoit
des colonnes devant Sc derriere. Temple diptère, du grec dipteros , qui a deux aîies, celui
qui avoit deux rangs de colonnes ifolées dans ion pourtour, & qui étoit vêtofiyle, c'eit à-dire , de huit colonnes de front » comme écoit ie Temple de Diane à Epijefe, |
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d'Architecture. 303
fchez les anciens , & déiignés dans le ChriÎHaniihie
fous le nom aEglifes ( k ) , font ordinairement |
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Ttmç\i pfeudodiptere > ou diptère imparfait, celui qui avoîc
kuit colonnes de front, mais feulement un rang qui régnoït au pourtour j tel étoit celui de Diane dans la Ville de Magnéiïe,, en Grèce. Temple kypetre , du grec kypetros, lieu découvert, celui
dont la partie intérieure étoit à découvert, & nommé décaflyle de dix colonnes de front, avec deux rangées de colonnes dans fon pourtour extérieur, & un rang de colonnes en dedans^ tel que le Temple de Jupiter Olympien à Athènes. ' Temple periptere, de deux mots grecs péri , alentour, &
pteron, aîle, celui qui étoit décoré de quatre rangs de colon- nes à ion pourtour , & qui étoit hexafiyle , c'eit- a-dire , à fix colonnes de front ; tel qu'étoit le Temple de l'Honneur & de la Vertu à Rome. Temple periptere rond , celui dont un rang de colonnes
formoit un porche circulaire qui environnoit une rotonde j tels qu'étoient les Temples de Vefta à Rome, & de la Sibylle à Tivoli. Temple monoptere , Temple rond, fans murailles, mais feu-
lement un dôme porté fur des colonnes j tel qu'étoit celui d'Apollon Pythién à Delphes. (k) Eglife, du grec Ekkleßa, aiTemblée; on appelle Eglife
firaple , celle qui n'eft compofée que d'une nef & d'un chœur, comme l'Eglife de la Sainte-Chapelle & la plupart de celles de Collège , de Monaltere , &c. Eglife à bas côté , eil celle où l'on pratique aux deux côtés
de la nef, une efpece de gallerie qui a en hauteur & en largeur à peu-près la moitié de celle delà nef, comme à Saint-Méri, à Saint-Roch, &c. Eglife à doubles bas côtés, celle qui de chaque côté de Ja
nef, a de doubles galleries * comme à Notre-Dame, à Saint- Euftache, &c. Eglife en Croix Greque, celle dont la longueur de la nef eft
égale à celle de la croifée , comme au dôme des Invalides. Ces Eglifes font nommées ainfi, parce que cette forme imite îaA croix des Grecs , & que la plupart de leurs Eglifes font bâties de cette maniere. Eglife en Croix Latine, celle dont la nef a beaucoup plus
de longueur que celle de la croifée , comme celle d; Saiqt- Sulpice, &e, Eglife en Rotonde, celle dont le plan eft circulaire, à l'imi-
tation, dn Panthéon à Rome, comme rEgïife de iamt-$ernari, |
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3ö4 Cóufti
compofés, dans leur longueur , d'une nef, d*un
chœur & d'un fan&uaire ; dans leur largeur \ de bas côtés doubles ou iimples, de Chapelles par- ticulières, &c. On donne à ces Eglifes différents noms, félon qu'elles font adminiitrées par diffé^ rents Chefs. On appelle Eglife Pontificale, celle du Pape à Rome ; Patriarcale, celle qui eft gou- vernée par un Patriarche, comme à Venife ; Mé- tropolitaine, celle dont un Archevêque tient le iiege , comme à Paris; Cathédrale, celle ou pré4- fide-un Evêque, comme à Mets; Abbaye, celle commandée par un Abbé , comme celle de Saint- Germain-des-Prés ; Paroiiïiale , celle qui eft defTervie par un Curé, comme à Saint-Euftaehe; enfin Conventuelle, celle d'un Monaftepe qui a pour chef, un Prieur, une Prieure, &c. Ces différentes Eglifes, quoique deftinées ait
même culte, doivent néanmoins avoir des formes différentes : parlons ici en générai des Métropoles » des Eglifes Paroifîiales , de celles connues fous le nom d'Eglifes en rotonde, & des Eglifes Conven- tuelles; enfuite nous traiterons de la difpontion, de à Termini, faire dans l'un des pavillons circulaires des Thermes
de Dioctétien, & à Paris celles des Dames Sainte-Marie rue Saint-Antoine. Eglife Souterraine, celle qui au-deiïbus d'une autre , eft beau-
coup plus baiTe que le rez-de-chauflee; telle que celle qui s'exéj cutc à Sainte-Geneviève, & celles qu'on remarque à Saint- Germain à Auxerre , où il y a trois Eglifes l'une fur l'autre. Les Italiens appellent grotte, les Eglifes fouterraines \ la plus conîïdérable à Rome , étoit celle de la vieille Bafilique de Saint-Pierre , dont il ne refte qu'une partie , Se où font plu- fieurs fépultures de Papes, ce qui fait nommer ce lieu, Grotte Vaticàne. ■.-..<■ .. ~ EgUfe BaiTe, celle qui à rez-de-chauflée fe trouve föus un
autre , comme à Saint-A mand en Flandre, & à Paris celle d© la Sainte· Chapelle. l'ordonnance >
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b'ARCMïTËCTüïiË; ^of
f ordonnance , de la proportion & de la convenance
qu'il faut obferver dans chacune. Commençons par diÜïnguer ce qu'on doit entendre par les Eglifes en croix Latine , & en croix Grecuie» enfuite nous ferons la defcription de plufieurs pro- jets de ce genre $ dont nous avons été chargés pour l'Allemagne, la Flandre 5 l'Alfa ce > le Pays- Meffin, &c. Nous en donnerons les plans dans l'un des volumes de ce Cours > où il fera traité de la diitribution en* particulier* Des Eglifes en Croix Latine.
On appelle Eglifes en Croix Latine, celles dont la
forme eft aiTez femblabîe à nos Eglifes Gothiques 9 & qui font compofées d'une affez longue nef, fépa» rée du chœur par une autre nef en retour d'équerre, qu'on nomme croifée, parce que ces deux parties, coniidérées avec celle pratiquée au-delà, où fè placent le chœur & le fan£tuaire, défignent aiTez précifément la forme d'une croix, fymbole de notre Religion. A l'entour de ces principales par* ties, régnent des bas-côtés qui conduifent aux SacriilieSjà des Chapelles particulières, à celles de la Vierge , du Saint-Sacrement, & autres lieux · deitinés aux exercices de piété. La principale porte de nos Eglifes > fe place
ordinairement à l'entrée de la nef ; quelquefois auiîi on en pratique deux autres collatérales, placées aux extrémités de la croifée. Quoiqu'on ait mafqué ces dernières à Saint-Roch, & qu'à Saint-Sauveur la porte principale fe trouve fituée a côté du chœur, ces exemples ne peuvent fer- vir d'autorité, non plus que plufieurs autres que nous paffons fous filence , notre intention n'étant pas de faire la critique de la plupart de nos uro* |
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£oó Cours
numents facrés, mais feulement de faire part à nos
élevés des moyens de concevoir , avec une forte ' de fuccès , les projets des édifices ddnt nous jparlons. D'abord, nous leur recommanderons de ne ja-
mais perdre de vue, qu'un édifice de cette efpece doit raffembler dans fa compofition tout ce qui peut retracer au fouvenir des fidèles le recœuille- ment &. la piété : effet qu'il ne pourra produire que par une difpofition fage δ& réfléchie dans fa cliitribution, par une véritable grandeur dans ïen- femble, par une fimplicité noble dans fon ordon- nance , par une grande: circonfpeÛion dans le choix des ornements ; enfin par l'emploi des ma- tières réelles & précieufes, qu'on doit, préférer ici à tout ce que celles qui ne font que factices peu- vent offrir de plus féduiiant & de plus économi- que. Sur-tout on ne doit jamais abufer de la Scul- pture , de la Peinture & de la £)orure ; car lors- qu'elles < font employées avec excès , elles font reifembler les décorations de l'intérieur de nos Eglifes, à nos bâtiments d'habitation ou à nos théâtres. La demeure du Seigneur doit au con- traire porter dans fpn ordonnance l'empreinte de la fimplicité de nos cœurs & de nos hommages; il n'y faut employer que dejs matières premières, préférables à cet étalage indifcret, à ce faite mal entendu qu'on remarque dans la plupart de nos Eglifes modernes , où fi au-lieu de cartonage on eût mis en oeuvre le bronze 5 fi au-lieu de ftuc on eut employé le marbre, fi au-lieu d'or en feuille on eût fait ufage d'or en iame, fiau- Jieu de tableaux ou eût préféré de bas reliefs ; fi enfin une belle Architecture alliée avec des orne- ments réfléchis eût pris la place d'une Sculpture |
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d'Architecture, %of
fouvent triviale, & des tableaux coloriés qu'on étale fur des furfaces intérieures, on auroit évité les inconféquences qu'on y remarque, & l'on fé feroit rapproché de ce caractère fublime dont nous avons parlé Chapitre I V de notre premier vo- lume. Mais tels font la plupart de nos Artifles > ils veulent s'attirer les regards de la multitude, très-peu défirent de produire des chefs-d'œuvre* Nous ofons le dire ici, prefque toutes les reffoiu- xations de nos Eglifes fe reffentent de cette né- gligence; on y remarque à la vérité quelques beautés détachées , mais ces ouvrages de Peinture, de Sculpture, d'Orfèvrerie perdent la plus grande partie de leur prix, parce qu'ils fe trouvent fouvent confondus avec une ordonnance d'Archite&ure médiocre, & une grande quantité d'ornements » auiîi mal afiortis que peu dignes de la majeilé du lieu» Pour ce qui concerne la difhibution de nos
Eglifes, nous penfons qu'il faudrait renoncer à ces percés ingénieux qu'ont affe&és plufieurs de nos modernes ; ces percés, ces enfilades nous pa- rodiant plus du refîbrt des maifons de plaifance, des maifons de chaffe, des belveders ; la demeure du Saint des Saints, doit, dans fa difiribution comme dans ion. ordonnance, avoir un caraclere particulier qui n'ait rien de vulgaire. Il rie ftiffit ■pas à l'Archite&e de montrer qu'il a du génie; celui propre à lachofepeut feullui mériteri'eiU- :me des ConnohTeurs ; c'eft par là que l'Anifle, foutenu des préceptes de l'Art, farisfait aux règles de la convenance, parvient aux lois de l'uni- té, détermine les formes, fait; choix d'une ex- preiîion relative au fujet 9 & enfin fait allier la simplicité avec la grandeur, & la dignité aveclç .:■ Tij
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3oS Co υ R s
fublime. Paflbns a quelques obfervations particiti-
lieres qui puiffent mettre nos Elevés à portée de réfléchir fuAous ces divers objets. La premiere attention qu'il faut apporter
dans la compoiition du plan d'une Eglife paroif- üale , c'eft de lui procurer une grandeur à peu- près relative à la multitude des Paroiffiens qu'elle doit contenir. La deuxième, que l'édifice foit ifolé de toute part,
rien n'étant fi contraire à la bienféance, que de voir la plus grande partie de nos Eglifes, encla- vées dans des maifons à loyer, ou entourées de xues il iefferrées, qu'elles en offufqiient le jour & détraifent le coup d'œuil intéreiTant que doit pro- curer un monument de cette efpece. La troiileme, qu'elles foient précédées de places
qui les annoncent avec dignité; n'en érige-t-on pas dans nos Cités pour contenir les ilatues de nos -Rois ? N'en érige~t~on pas devant nos Palais, nos grands Hôtels ? Pourquoi n'en pratiqueroit- on pas devant nos Temples? D'ailleurs ces places ne deviendroient-elles pas une décoration de plus pour la Capitale ? Pourquoi dans celles-ci ne pra- tiqueroit-on pas des portiques, qui conduiroient dans nos Eglifes les fidèles à couvert, & avec plus de recœuillement} Les vues d'économie, bonnes à mettre en pratique en d'autres occaiions, dégénè- rent en léiine lorfqu'il s'agit d'une entreprife de cette efpece. Pourquoi ηemploieroit - on pas la plus grande partie des jardins fpacieux de nos maifons Religieufes à bâtir des marchés & des maifons particulières qui donneraient la facilité de faire des places autour de nos ParoûTes ? Quand verrons-nous de notre temps, ce qui s'eil yu dans les iiecles précédents f nous voûtons dire? de cej |
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b'ÀRC H I TEC TUR I. $6§
hommes véritablement épris, & de la Religion,
& de l'amour du bien public , employer, ou leur fortune , ou leur crédit à faire élever des édifices capables d'honorer à la fois la Divinité, le Prince & la Patrie ? Qu'on fe reffouvienne des temples des Païens, décrits par nos Hiitoriens ; qu'on fe rappelle la grandeur des mofquées de Conftan- tinople, du temple de Salomon, de l'Eglife de S. Pierre de Rome, de celle de S. Paul à Londres, de la plupart même de nos Eglifes Gothiques > répandues dans nos Provinces, & l'on fera étonné que la Capitale de l'Europe, contienne û peu de beaux édifices en ce genre : du moins fera-t-on furpris de trouver dans la plupart fi peu de ma- jefté dans les dehors & ii peu de dignité dans les dedans. Il eil vrai qu'on érige aujourd'hui une Eglife magnifique pour la Patrone de Paris, & qu'on bâtit à préfent une aifez belle Paroifle au Fauxbourg Saint-Honoré ; mais qui de nous ignore les difficultés qu'ont eues à vaincre les habiles Ar- chitectes qui en font »chargés ; nous le répétons % il n'eil qu'un moyen de les faire ceiTer toutes ; qu'on prenne du terrein dans les vaftes jardins d® nos maiibns Religieufes pour y élever des mai» ions d'habitation, & qu'on en reititue autour de nos Eglifes Paroiffiales, on verra bientôt s'élever des monuments de piété , dignes & du Chriitia- nifme & de la Nation. La quatrième, que les frontifpices de nos tem-
ples préfentent une grande Architecture Tans être coloiîale ; qu'on y évite la multiplicité des ordres élevésJes uns audeilus des autres; quon y obr ferve un porche extérieur, comme cela commence a fe pratiquer aujourd'hui ? qu'on réferve les dou* , .'Yiii;/.
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'fié Cours î
bles tours pour les; Métropoles, les dômes pour
les Eglifes en rotonde ; qu'on préfère Tordre Do- rique à tout autre, ion cara&ere ferme nous pa- roiffant propre à déiigner la ferveur de la foi des premiers Chrétiens ; enfin que le fol du porche ibit plus élevé que celui où circule le peuple, fi Ton veut donner un air de dignité à l'entrée de nos monuments facrés. La cinquième, que le plain-pied du chœur
foit plus élevé que celui de la nef, ce qui, en- évitant là monotonie d'un fol tenu de niveau , procurerait infiniment plus d'éclat à nos cérémo- nies Religieufes. ha. fixieme enfin , c'eft d'élever encore le fan"
Ûuaire de quelques marches au-deifus du choeur, de l'entourer de baluitrades de bronze, au centre defquelles fe trouveroit placé le maître-autel à la Romaine, & non terminé en baldaquin. Nous fommes perfuadés que ces différents degrés d'élé- vation , de la rue à la nef, de la nef au chœur, & du chœur au fan&uaire*, contribueraient & à la beauté du temple & à élever l'eiprit des fidèles yers la Divinité. Ges obfervations ne doivent pas être regardées
feulement comme fpéculatives ; elles peuvent être tnifes en pratique. Il eil vrai que ce que nous femblons exiger ici, demanderait une attention par-1 ticuliere & le courage de refifter à l'habitude; tnais nous ne voyons pas la néceffité de s'en tenir toujours à une imitation fervile. Combien n'avons- 110US pas fait de progrès dans la difpöfition & U diflribution de nos maifons d'habitation, pour avoir fu tenter de furpaifer nos prédéceffurs dans cette J>artie;de l'Architecture ? pourquoi n'oferions-nous pas encore davantage 3 fi ce que nous venons de |
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d'Architecture; 311
propofer & ce qui nous reite à dire, concernant
nos temples, mérite Une véritable attention r1 Quoi qu'il en ibit, la nouvelle difpofition que
nous defirons, ne regarde que les Eglifes Paroifïia-·* les à bâtir dans la fuite : nous penfons que ces changements s'allieroient mal avec la ftnrâure de nos anciens édifices , étant bien éloignés de Croire qu'on doive ajoutera des monuments Gothiques, des additions d'un genre moderne, ufage toujours révoltant chez les bons efprits. Du moins nous paroît-il plus raifonnable de les laiiïer tels qu'ils font ou de les finir en confervant le caractère de leur anciennne ordonnance ? Certainement nous goûtons, on ne peut davantage, le parti qu'on vient de prendre à Sainte-Croix d'Orléans , de conftruire un portail dans le genre dé l'ancien monument: Eglife qui, à la vérité, efl un chefc d'œuvre Gothique ( m ) 7 & qu'on ne peut voir fans |
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(m) En 1764, lorfque nous fûmes chargés'dc faire ouvrir
une porte principale à la Cathédrale de Metz-, nous proposâ- mes de faire un portail d'un deiTin Gothique à cette Eglife ; mais comme ce monument a une très- grande élévatkm, ou héfita de faire cette dépenfe,. & l'on fe détermina d'y faire un por- tique j &. de pratiquer une place au-devant, priie dans le fer- rein de l'Evêché , qui anciennement mafquok le frontifpke de cette Cathédrale. Nous fûmes alors obligés de renoncer à cette idée; mais nous composâmes une ordonnance Dorique , qui, régulière dans fon entablement, offrit néanmoins, dans les membres d'Architecture de fon enfemble & de iês orne- ments, une compoiîtion analogue, en quelque forte , avec l'a» partie fupérieure de cet ancien édifice : on en trouvera le defïîri dans les volumes fuivants , où nous rendrons compte des moyens dont nous nous fommes fervis pour concilier ee: nouveau genre d'Architecture avec l'ancien Gothique\, auflîc bien qu'avec la fabrique des bâtiments qui doivent ^'environner r tels que le Parlemenc & le Palais Epifcopal de Metz * <su4 s'exécutent auâl fur nos deffins, · |
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312 Cours
admiration^ par la grandeur du vaiffeau , & la
iimplicité de l'ordonnance de ion Ârchite&ure.
Pour rendre compte à nos Elevés de l'effet que
peut produire le réfultat de nos obfervations , on trouvera, dans la fuite de ce Cours, le projet d'une Egliie Paroiiïiale que nous avons méditée pendant long-temps, 6k dans lequel nous avons tâché de raffembler tout ce que nous avons remar- qué dmtéreiîant dans nos divers édifices facrés , tels que les tribunes de la Chapelle de Versailles, l'élévation du fol de la nef de l'Eglife de Saint- Roch , comparé à celui" de lame Saint-Honoré, ïa hauteur affez coniidérable du fantluaire des Carmélites fur le plain-pied de la nef de cette Eglife , le porche de Saint - Sulpice, la place de Saint-Pierre à Rome, l'efpace qui environne l'E- glife de Saint-Paul à Londres , la grandeur, mais particulièrement la hauteur & la légèreté de piu- fieurs de nos Eglifes Gothiques ; enfin ce cara- ctère grave & fublime qu'on remarque dans les décorations du Val - de - Grâce. Dans ce projet {«) nous avons donné au chœur
(η) Nous croyons ne pouvoir nous difpenfer de rapporter
Ici ce qui nous ei> arrivé , après avoir eu/ compofé le projet dont nous parlons : nous n'exigeons pas que l'on croie ce que nous allons rapporter; néanmoins nous pouvons aifurer que plufieurs Architectes font inftruits du fait dont il va être queftion dans cette note. Nous étant occupés pendant long - temps fur les moyens
de rendre la diftribution & la décoration de nos Temples plus conforme à leur deftination , nous nous mîmes an pro- jet que nous annonçons , & dont on trouvera les deffiris dans les volumes fuivants. Lorfque ce projet fut entière- ment terminé, voulant recœuilîir les avis des perfonpes de, l'Art, nous le fîmes voir à plufieurs y le premier à qui nous H0U8 adrcfslmes, & qui nous en parut fatisfait $ nous étonns |
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d'Architecture. 'ψ$
äix-huit pieds d'élévation fur la nef ; de maniere
que par les portes latérales du frontifpice, on monteroit à des tribunes à l'extrémité defquelles feroient placées la Chapelle de la Vierge & celle du Saint - Sacrement ; on feroit le fervice des facriities & du chœur par deux efcaliers parti- culiers , & le grand perron du bas de la nef ne |
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beaucoup, en lui trouvant une très-grande conformité , avec
l'Eglife de Saint - Amand en Flandre. Comme nous n'avions, jamais entendu parler de cette Eglife , que nous ignorions qu'elle exiltât, & que nous n'en connoîiïîons pas les plans , qui n'ont jamais été gravés, ce propos nous interdit. Ayant appris enfuite que M. Contant l'avoit vue , & qu'il en avoit les plans ; nous nous adrefsâmes à cet Architecte, qui voulut bien nous les communiquer : frappé alors d'une forte de reifemblance entre le plan de cette Eglife & notre projet, nous partîmes fur- le-champ pour la Flandre., afin de voie ce monument , od effectivement nous trouvâmes beaucoup de rapport entre l'idée de fon Auteur & la nôtre, ce qui nous déconcerta un peu ; nous nous en confolâmes cepen- dant , en réfléchiiTant que nous devions être flattés en quelque ibrte , d'avoir conçu idéalement l'heureux effet que devoir pro- duire un édifice facré ainfi conftruit. En effet, le coup d'eeuil que nous offrit au premier afpect la difpofitiop. intérieure de cette Eglife nousfansfit on ne peut davantage 5 mais de retour à Paris, nous n'en renfermâmes pas moins ce projet dans notre porte- feuille , où il eft depuis ce temps. Nous renonçâmes dès-lors à lui faire voir le jour, dans la crainte d'annoncet plutôt un plagiat, qu'une compofition qui nous appartînt j mais enfin déterminé à faire imprimer nos anciennes Leçons , dont une partie tient à ce projet, plufieurs nous ont confèillé d'en faire auifi graver les deifins , & nous nous y (brames décidés. Nous fouhaitons que ce qui nous eft arrive à ce fujet
puiffe confoler les Arciiles qui , comme nous , croyant avoir imaginé une compoilcion neuve, fe trouvent, par l'événement, imitateurs de la production d'autrui, - Lorfque dans la fuite de ce Cours nous donnerons les plans,
les coupes & les élévations de ce projet, nous ferons connoître, dans une note particuliere, l'Eglife de Saint· Amand, ce qui pourra contribuer encore à perfuader tous les hommes fans partialité, combien une Eglife, difpofée de la maniere dont po»s l'avons conçue, réuniroit d'avantages & de '.perfcâien*,* |
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314* C o Urs
ferviroit que pour les grandes cérémonies. Par; ν
ce moyen le fan&uaire feroit toujours fermé par, une baluilrade de bronze, les tribunes fupérieures feraient reiervées pour les femmes , la nef infé- rieure & fes bas côtés pxmr les hommes. Dans les extrémités de ces bas côtés , & le long de leurs parties latérales, nous avons placé alterna-; tivément des autels pour les baffes meffes, &des confefïionnanx; encore ferions-nous d'avis, que ceux-ci fuffent diilribués dans des endroits plus falubres & plus recœuillis , comme nous le dirons bientôt, & qull y eût dans nos Eglifes moins de Chapelles particulières ; la fuppreffion des Cha- pelles éviteroit la multiplicité des Meffes, qui, le difant en même temps, occafionnent les allies ou les venues, la foule , la préffe qui fuivent le prêtre lorfqu'il eil obligé d'aller de la facriilie à l'autel, & de l'autel à la facriilie : diitra&ion invo- lontaire , à la vérité, mais toujours préjudiciable au recœuillement des fidèles. Du moins devroit- on pratiquer , lors de la conilru&ion de nos Eglifes y des couloirs 9 comme il s!en remarque à l'Oratoire : exemple très-bon à fuivre , & qui cependant, depuis Le Mercier, a été négligé par nos Architectes. Une diilrae~tion plus condamnable encore, eil
celle occasionnée par la réimion des deux iexes ; ce quin'arriveroit pas, fi les tribunes que nous pro- pofons avoient lieu. D'ailleurs quel dérangement ne produit pas la rétribution du loyer des chai- fes ! Quelle importunité que la circulation des pauvres dans l'intérieur de nos Eglifes \ Combien l'ufage d'y enterrer les fidèles , n'eil-ii pas con- traire à la décence & à la falubrité ! Quoi dé plus mal entendu enfin 7 que les cénotaphes qu'ail·. |
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R'ARCHÏTECTtfRE; 31 $
y étale à grand frais -, & dont les attributs, quel-
quefois prophanes , & les infcriptiohs fouvent mondaines qui en font partie, préfentent à Fefprit des idées contraires à celles que doit infpirér la préfence de la Divinité. Qu'on y réfléchiifë , il ne fuffit. pas d'être bon Architefte, il faut, dansr ces fortes d'occafions, être épris de l'amour dé notre religion fainte , & fe rappeler que dans nos Eglifes rien ne doit avoir trait avec l'homme ; que tout doit y porter une empreinte facrée. \ Pourquoi ne relégueroit-on pas les faites mortuai- res fous des portiques qui feroient circuler les fidèles autour de l'enceinte de nos Temples 9 & jamais dans leur intérieur ? Pourquoi ne pas éta- blir dans des Chapelles baffes & fouterraines , les fépultures des Paiteurs, au-lieu d'en faire l'objet de la décoration de nos Temples ( o ). Ces Cha- pelles , ces portiques, & les chefs - d'œuvre qu'ils renfermeroient pourroient alors être viiités fans inconvénient par les Citoyens & par les Etrangers; ils ne fe çrouveroient plus expofés à négliger la décence qu'on doit obferver dans les Temples du Seigneur, en voulant s'éclairer fur les produ- ctions des Beaux-Arts, mifes au jour par les Germain Pilion , les Sarrazin , les Girardon : pro- ductions qu'on ne peut guère obferver convena- blement aux Céleflins, à la Sorbonne, aux Quatre- |
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( o ) Pans l'ancienne Rome il n'étoit permis qu'aux Empe-
reurs , aux Veitales & aux hommes utiles à la pairie, d'y avoir des fépultures; tous les autres Citoyens ne pouvoient avoir de tombeaux que hors de l'enceinte de la Ville * & pres des chemins publics, d'où viennent ces mots encore ufités, ßfie, é' abi viator. Ce Régieinent avoit pour objet, la falubrité j à plus forte raifoii dans nos Temples devroit-on ufcr des mêntés précautions. |
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3 ιό Cours
Nations , à Notre-Dame , & ailleurs. Pourquoi
ne deitinerions-nous pas auffi nos facriilies, ou les cloîtres de nos Monaiteres, à contenir les chefs-d'œuvre de nos Peintres célèbres dans l'hi- ftoire facrée ? Pourquoi ne pas préférer , dans la décoration de l'intérieur de nos Eglifes , la Sculpture en bas-relief, aux tableaux les plus admirables ? quel repos , quel accord , quelle dignité n'y verroit-on pas régner alors , fur-tout û l'on méditoit (es plans, qu'on déterminât, par le fecours des nombres ? la relation que doit avoir la longueur & la largeur avec la hauteur de l'édi- fice; qu'on obfervât l'inégalité de fol que nous propofons -5 qu'on parvînt à allier la folidité avec la légèreté de la conitruclion ; qu'on n'employât que des matières d'élite , & qu'on en foignât l'appareil : on pourroit, dans la fuite, renvoyer à l'Académie Royale de Mufique, tous ces carton- nages , cet or en feuilles, ces grillages de fer9 ces ornements frivoles, ces luftres , ces illumina- tions , ces tapiiTeries, ii peu dignes du lieu-qu'elles décorent, & fi peu capables d'infpirer ce refpeét religieux, qu'on doit éprouver dans nos Temples. Il eil vrai que pour réunir toutes ces beautés, dans un pareil projet, il faut que l'Architeâe fache s'élever aux idées les plus fublimes, s'il veut atteindre aux belles productions de l'antiquité en ce genre, s'il veut enfin donner à fon monument un caraâere qui n'ait rien de vulgaire* Mais fuppofons ici que 1'ufage des nefs , des
bas côtés du fanétuaire % du chœur & des chapel- les, diftribuées toutes à peu-près fur le même fol, doive être préféré aux idées que nous venons de tracer , & qu'on fe contente de fupprimer dans nos Eglifes Paroiiïiales 3 cette multitude d'orne^ |
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d'Architecture. 317
ments & de membres d'Achite&ure que nous
avons condamnée à ii juite titre dans la plupart de nos reftaurations modernes ; pourquoi en laiffant fubiiiter dans nos Eglifes la forme Latine ou la forme Grecque, ne chercheroit-on pas du moins à donner un ilyle plus convenable & un cara- ctère plus vrai à leur ordonnance ? Imitation pour imitation, pourquoi ne prendrions-nous pas pour modele ce que nos plus beaux ouvrages Go- thiques nous offrent de plus intéreflant, tels que la grande élévation &la légèreté de leurs voûtes, cette continuité de membres qui circulent de lanaif- fance d'un pilier à l'autre ; enfin toutes les diffé- rentes belles parties éparfes dans ces édifices an- ciens , comme elles le font, nous pouvons le dire ici 3 d$ns les monuments des Grecs & des Ro- mains. En effet, qu'on fe rappelle Sainte-Croix d'Orléans, Saint-Ouën de Rouen, le Portail de Reims , le Chœur de Beauvais, le Clocher de Strasbourg, &c. & l'on y trouvera des beautés , peut-être préférables à la pefanteur de nos voûtes plein cintre, à nos ordres pilaftres, à nos piliers quarrés, à nos entablements faillants, quelquefois tronqués ou mutilés, toujours incapables d'aiïi- gner aux monuments facrés le caractère particu- lier qu'Us exigent, & de les annoncer avec cette dignité que n'ont pas toujours la plupart de nos temples conitruits il y a,trente années , & par- ticulièrement 4es nouvelles reilaurations faites, à peu-près vers le même temps, dans le plus grand nombre de nos anciennes Eglifes. Sans doute il faudrait fupprimer la plus grande
partie des ornements ,-répandus dans la plupart des belles productions Gothiques que nous venons «d'applaudir ? pour leur en fubilituer d'autres d'un |
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τ\$ Cours
genre moins trivial; enfuite faire une étude par-
ticuliere de ce genre d1 Architecture, pour n'en imiter que la hauteur des voûtes, cette légèreté apparente , mais folide , qu'ils favoient procurer à leurs édifices, cette grande iimplicité dans les for- mes , cette uniformité confiante dans les plans , cette grandeur réelle, qui faifoit paroître ces mo- numents plus grands encore \ parce qu'ils n'y em- ployoient point ou que bien peu de membres hori- ibntaux. Ces membres retréciffent fouventTefpace des vides, & nuifent prefque toujours à la continuité des corps élevés perpendiculairement, qui, en quel- que façon, devroient décider le caraclere de ces ibrtes d'édifices ; enfin il faudroit imiter cette iimpli- i cité, cette candeur, ii nous ofons nousiexprimer ainfi, qu'on remarque particulièrement à#Sainte- Croix d'Orléans. Croirons-nous toujours que parce que quelques-uns de ces monuments font fans goût dans leur ordonnance, & que la plupart dg leurs ornements font hafaxdés, qu'il faiile méfeftimer leur genre , & négliger l'imitation de ce qu'ils nous 1 offrent de plus intéreiTant ? N'avons - nous pas eu nos médiocrités ? Dans ce fiecle même, n'a- Vons-nous pas étél'efpace de trente années tout auiîi inconiéquents que les Huns & les Vandales, du moins pour ce qui concerne les ornements ? Ceux dont on fait ufage aujourd'hui approchent- ils de ceux de la belle antiquité ? Non fans doule. Qu'importe après tout que nos monuments ref- femblent à Γ Architecture antique , ancienne, go- thique ou moderne, pourvu qu'il en rèfulte un heureux effet & un caractère convenable à cha- que genre d'édifices. Un véritable Architecte eil impartial, le beau pour lui eil toujours beau; tout |
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d'Architecture. 319
eft de fon reiîbrt , il peut puifer également &
dans les différentes produirions des beaux Arts & dans celles que lui offre la variété infinie de la nature : pour enfanter des chefs -d'œuvre, fou- vent il ne lui manque que les grandes occafions d'exercer fon génie. Nous pouvons le dire ici: fans Louis XIV, fans Colbert, les Manfards, les Per- rault fuffent peut-être reftés dans l'oubli, & peut- être ne ferions-nous pas nous-mêmes ce que nous fommes, ii nous n'avions fans ceffe fous les yeux ce que ces grands maîtres nous ont laiffé pour exemple. Des Eglifes en Croix Greque.
Les Eglifes en croix Greque, beaucoup moins
profondes que celles en croix Latine, font ordi- nairement comprifes dans un quarré afiez régulier & compofées de quatre nefs, au milieu defquelles s'élève une coupole, telle que s'exécute celle de TEglife de Sainte Geneviève. En général la forme Greque femble être confacrée aux Eglifes dédiées à la Vierge, aux Patronnes des Cités, aux Commu- nautés Religieufes , &c. leur ordonnance exige un caradere particulier. La plupart étant fondées par les libéralités du Prince, leur magnificence efl fans bornes. Ce n'eit pas qu'ici, comme ailleurs, il ne faille ufer d'une économie raifonnable ; mais comme elles font moins valles , il efl: bien plus per- mis à l'Architecte de déployer fon génie dans la partie de leur décoration, dans le choix des ma- tières, & dans l'application des ornements ^néan- moins elles demandent d'être ifolées de toutes part, fans cependant empêcher la communication Qu'elles doivent avoir avec les bâtiments d'utilité |
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320 Cour s
qui en dépendent. L'Eglife:■& fes bâtiments dol»'
vent préfenter un tout régulier* & fatisfaifant. Le dôme qui furmonte ordinairement les coupoles de l'intérieur de ces édifices doit être difpofé de ma- niere qu'étant apperçu de loin ? il offre avec le reite un enfemble vraiment intéreffant, & capa- ble de fatisfaire la vue du fpeétateur éclairé. Quel fpedtacle admirable ne procure pas à l'Etranger l'afpedÏ du frontifpice & du dôme de S. Pierre à Rome, celui de S. Paul à Londres? Le dôme des Invalides à Paris du côté de la campagne , n'of- fre-t-il pas auiii à beaucoup d'égards ce même avantage ? En général les monuments dont nous parlons
ne doivent être compofés d'aucunes petites par- ties ; il vaudroit peut-être mieux pécher par trop de fimplicité que par trop de richeiTe : celle-ci fouvent ne préfente que la futilité de l'Art; la iimplkité , au contraire, fert à faire parokre le lieu plus vaite ; or la grandeur dans un temple doit l'emporter fur la prodigalité des ornements«, Il eil bon auiîi d'obferver dans ces Eglifes que
leur fol, comme dans celles en croix Latine, fojt élevé au-deifus de celui des rues qui les environ- nent; que dans l'intérieur le lieu où eft placé l'Autel foit éminent ; que lorfqu'on fajt nfage de tribunes, elles ne paroiiTentni poiHches, ni ame- nées après coup, comme fe remarquent celles de S. Sulpice,mais qu'elles faflent partie de l'ordonnance d'Archlte&ure comme à l'Oratoire ; que les panna- ches ou pendentifs qui foutiennent la coupole foient ornés de ; Sculpture , comme au Val - de - Grâce, & non de tableaux coloriés comme aux Invalides ; qu'on fupprime toutes les grilles de fer; les fermetures en bronze, les baluftrades de marbre*
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jb *À. R c κ ι τ-Ε- £ f ΰ R k: '$m
marbre pouvant feules figurer avec le genre fu-*
bîime qui doit préfider ici. Qu'enfin les ftales foient placées derriere le fanûuaire; le Clergé qui s'y rafiemble y étant plus recœuilli. Nous ne donnerons point de plan de cette forte d'Eglife § les gravures de celle qu'on élevé à Sainte-Gene- viève, fur les deffins de M» -Soufflot* font■ entrö les mains de tous les Artiites, elles pourront fer- vir de modèles à nos Elevés {ρ) & leur feront beaucoup plus utiles que celles que nous aurions, pu leur offrir dans ces leçons. - Des Eglifes en Rotonde.
On appelle ainfi une Eglifédont la partie capitale
du plan eil circulaire , telle que celle des Dames de: l'Affomptioni, près la porte Sainr-Honoré^ ou celle des Dames de Sainte-Marie, près la porte Saint- Antoine; ces monuments fervent d'Eglife aux Com- munautés de Religieufes, qui j coniàcrées à Dieu * y vivent retirées du monde & dans l'exercice dei la piété* Une coupole intérieure j conftruite eh. pierre ou en brique 4 termine ordinairement ces rotondes , & un dôme en charpenté l'extérieur de l'édifice ι ces Eglifes fe tiennent d'un plus ou moine grand diamètre à raifon de l'importance dé là Communauté pour laquelle on les élevé; iJÊit frontifpice doit donner * autant qu'il eitpoffibléj fut une place, ou au moins vis-à-vis de quelque nie principale. Du côté öppofé à la porte d'entrée Se au-delà du diamètre intérieur * on doit placer |
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( ρ ) Ils peuvent auifi cönfulter; avec fruit, un projet fait
pour la même Eglife, qui vient de paroître tout récemment,·, gravé fur les dellîns de M. Deitouches, ancien Archireére de la Ville , & dont les talents diftingués doivent les déterminée £ fe procurer -, avec empreiIémenE, cette pioduiftion eftimabl«. Tome II* X |
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^ifc Cours
l'autel de la Vierge , & en retour d'équerre, en
ikce du chœur des Religieuses, le maître-autel i l'intervalle de ces principales parties doit être oc- cupé par des tribunes, par des niches, ou enfin .par des portes qui donnent entrée aux facrifties, à des chapelles particulières, &c. L'Eglife en rotonde des Dames de Sainte-Marie , porte Saint- Antoine, que nous venons de citer, eit un chef- d'œuvre de François Manfard pour la beauté de ion Architecture ; nous ne penfons pas de même pour ce qui regarde la Sculpture , & nous croyons pouvoir dire que le frontifpice de fEglife de l'Af- fomption, porte Saint-Honoré, bâti par Errard , <eft préférable à celui de Manfard ; mais l'intérieur jde celui 4e la porte Saint - Antoine nous pardît 4'un ipnt autre mérite. A ces exemples nous en ajouterons encore deux autres pour nos Elevés; l'un eft l'Eglife des Dames de Sainte-Marie à Chail- jot, bâtie »fur les deiîjns de François Manfard; Tauire l'Eglife de l'Annonciade à S. Denis , élevée fur les deiïïns d'Hardouin Manfard ; enfin nous leur citerons rEglife de rAnnonciade à Tours, du defïin de Jacques» Le Mercier, comme un autre içjhef-d'œuvre .; certainement c'eil: en comparant ces différentes Eglifes, & en cherchant à faifir ci que chacune «feiles contient d^exceUent, qu'ils pourront parvenir à fe former une idée jufte du cara&ere ,|ç du ftyie qu'il convient de donner à jçes fortes d'édifices, Au reile pour hâter leurs .CQnrjoiffaaces à cet égard, nous leur offrirons dans les volumes fuivants de ce Cours, le defïin d'une pareille Eglife que nous faifons exécuter pour les Dames ChanoineiTes de l'Abbaye royale de S. Louis à Metz, & dont on a dû voir le frontifpice au com- mencement de ce volume, fervant d'application à |
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d'Ar€ïïité€ture; ut
l ordre Corinthien, planche XXXIV; non que nous
voulions mettre notre compositionen parallele avec les chefs-d'œuvre que nous venons de citer; mais parce que les trois derniers, peut-être préférables aux deux premiers, nétant pas gravés; notre corn- pofition pourra leur fervir de guide dans cett© partie de l'Architeaure, ' Des Eglijes Conventuelles,
On appelle ainfi les Eglifes deitinées au Mona-
itère d'un ordre de Religieux vivants fous une loi commune. Ces Eglifes fervent également aux Ci- toyens pour y entendre le fervice Divin , lorfque dans les grandes Villes ils fe trouvent trop éloignés des ParoifTes. Les Eglifes Conventuelles des Petits- Peres de la Place des Viaoires, & celle des Jacobins du Faubourg Saint-Germain,'rue Saint-Dominique à Pans, font les, feules qui puiffent être citées ; la premiere commencée par Gitard & finie par Car- taud ; la féconde élevée fur les deffins de Bullet* En général les Eglifes Conventuelles different
des Eglifes Paroiffiales, en ce que celles dont nous parlons n'ont point de bas côtés : une grande nef iur la longueur de laquelle font diftribuées plu- sieurs Chapelles particulières, une croifée , un ianftuaire & un chœur, compofent le plan de ces Eglifes. Nous ne répéterons point ce que nous avons dit précédemment concernant la né- ceffité de donner de la dignité 5 &' d'obferver une »elle firnplicité dans la décoration de nos Temples · le motif étant le même qui nous attire ici que* celui qui nous conduit dans nos ParoifTes ' leur ordonnance doit être une , & la variété ne s'v montrer que dans une difpofition relative à leiit genre : nos ParoifTes doivent être vaftes & ornées: X ij
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'jï4 Cours
hos Eglifes Conventuelles /belles , mais iimpîes*
celles en Rotonde, d'une certaine magnificence; mais il faut éviter de prendre le coloffal pour le grand, le pauvre pour le iimple, la prodigalité pour la magnificence. Nous avons déjà conseillé de faire ufage des
terreins qu'occupent dans cette Capitale la plu- part des jardins de nos Monafteres, pour en faire des Places , des Marchés» Nous ofons ajouter ici ? qu'on devroit peut - être fonger à réunir en un feul ceux d'un même ordre, pour convertir leur Eglife en ParohTe, dût-on rebâtir à neuf la plupart de ces anciens édifices. Qu'importe ici la dépenfe ? Il ne-ft pas queiHon de la faire fur-îe- champ, 'ni toute à la fois. Qu'on préfente au Mi- niitere des plans bien faits , & tout enfemble éco- nomiques ; qu'on raffemble enfuite un nombre . fuinfant de Citoyens éclairés, qui fe chargeroient
de l'adminiitration de cette partie, véritablement intéreÎTante ? & avant l'efpace de trente années, on verra s'élever dans cette Capitale, des Temples, des Places publiques , des Marchés enfin des Bâti- ments réguliers , dignes à la fois de la Religion & 'du Gouvernement, & certainement préférables à la plupart de nos Eglifes, où le peu de comrao- . dite , le défaut de ialubrité , ont de quoi rebuter.
On nous dira peut-être que ces réflexions ne tiennent pas à l'Architeclure , nous en convien- drons ; mais comme nous étions Citoyens avant d'être Architectes, & que depuis que nous le fom- mes devenus, nous fommes encore meilleurs Ci- toyens s nous avons cru qu'il nous étoit permis d'aiïbcier les préceptes de notre Art, aux grandes entreprifes , qui feules peuvent rendre la ville de Paris y la rivale d'Athènes & de Rome. Au reße * |
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d'Architecture, ^ij
nous prions qu'on nous paffe ces fpéculations en
faveur de ce que peut contenir d'utile cet ouvrage % dans l'un des volumes duquel on trouvera les plans, coupes & élévations que nous avons faits pour la Flandre : malgré les bornes qui nous ont été prefcrites , à cet égard nous croyons avoir imaginé un aeflin qui pourra faire quelque plaifir aux vrais Artiites» Des Métropoles* .
Nous aurions peut - être dû parler d'abord des
Métropoles, comme les principales Eglifes qui s'é- lèvent dans les Capitales, avant de traiter des au- tres monuments de cette efpece. Mais comme elles tiennent à tous les genres, nous avons cru qu'il étoit néceiTaire, avant de donnera nos Elevés l'idée d'un tel projet,"qu'ils euffent eu occaiîon d'acqué- rir les connonTances que nous venons de leur enfeigner dans les leçons précédentes ; c'éit pour-? quoi nos réflexions générales fur' les temples fi- nhTent par où nous aurions dû les commencer ? fî nous n'avions écrit que pour les Amateurs ; ex- pliquons donc ce que nous avons à dire ici tou- chant les Métropoles : dans les volumes fuivants on trouvera les plans que nous avons eu occa- iîon de faire pour l'Allemagne., & dont la derniers guerre a iufpendu l'exécution. Nous ne connoiffons point en France d'Eglife de
cette efpece qui foit exécutée dans le genre anti- que , ni dans le genre moderne : tous les monu- ments de cette claife qui font parvenus jufqu'a nous font d'un deiîin gothique. Dans le projet que nous donnerons dans la fuite, on verra que nous'avons préféré aux formes circulaires ceof* X iij
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f6 Cours
:rées aux Ègîifes en rotonde, aux ronds points
ordinairement placés vers le chevet de nos Êglifes paroiiîiales & Conventuelles, les formes toutes quadrangulajfes, parce qu'elles nous fembient plus graves, & par-là plus convenables aux monuments Sont nous parlons. Nous avons recommandé en parlant des autres Eglifes , d'obferver un porche qui précédât l'entrée de nos temples ; nous en pro- pofons ici un dont la profondeur égaleroit la lar- geur de la nef, & aux deux extrémités duquel îçroient deux Chapelles ; l'une deftinée pour la Sé- pulture dés Archevêques , & l'autre pour celle des divers Dignitaires EccléfiaiHques. Nous pro- pofons de placer ainii ces Chapelles , afin que les Sépultures ne foient point contesues dans l'inté- rieur de l'Eglife^, pour les raifons que nous avons dites ailleurs. Ce porche donneroit entrée à une grande nef ornée de colonnes, produifant de cha- que coté treize entrecolonnements & formant au- tant de quadrilatères qui fépareroient cette nef «Tavec les bas côtés ; enforte que ceux-ci fe trou- veroient placés au milieu de deux galleries , dont Tune régneroit le long de la nef, l'autre le long du mur intérieur des faces latérales de ce monu- ment, Sur ces murs en dedans feroient placées des niches, lefquelles contiendraient des itàtues qui, par leurs attributs, ferviroient à rappeler aux fidèles les principaux traits de l'ancien & du nouveau teitamént. A l'extrémité de ces galleries ou co- lonnades du côté de la croifée , fe trouveroient placées quatre Chapelles & leurs Sacriities > deiti- nées pour les baffes MefTes ; Chapelles en nom- bre fuiiifant, félon nous , malgré l'étendue du vaif- feau , parce que les colonnades qui les contien- nent fout d'une affez grande largeur 3 & qu'elles |
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d'Architecture. 317
jjoürroient contenir de chaque côté les peribnnës
de l'un & de l'autre fexe, fans nuire à la pompe des cérémonies religieuies. Dans les procédions on pourroit circuler dans la nef & les bas-côtés, fans craindre le tumulte que produifent ordinaire- ment les jours folennels ces cérémonies religieux Îes , fur-tout lorfque le Clergé eil raifemhlé & <fue l'Archevêque officie pontifïealement. A l'extré^ mité de cette nef eil pratiqué un dôme placé au centre de la croifée de ce monument, & qui, de chaque côté, conduit à un porche exterieur, $ε celui-ci à une porte latérale , deilinée pour la fortie des fidèles ; enforte que la feule entrée de cet édifice feroit du côté du frontifpice, &que le Clergé auroit auiïi fes entrées δε fes forties par des gaïleries particulières près des facriilies » du choeur & du fanclriiaire. Cette idée dlntroduire l'ordre & la décence dans nos Temples, nous a fait placer ici le chœur au-delà du dôme, & le fan&uaire enfuite, non-feulement pour donner un) caractère particulier à cette Métropole, mais pour éloigner des yeux vulgaires le lieu où repofe le Saint des Saints. Aux deux côtés du chœur & ent face des bas côtés, fe trouvent placées d'une part la Chapelle de la Vierge, de Fautre celle du Saint Sacrement on de la Communion , toutes deux éclairées par en haut pour plus· de recœuillement: à côté & derrière ces Chapelles nous avons pra- tiqué des pafTages qui conduiient le Clergé au chœur & à des efcaliers pour des fouterreins très- propres à contenir le tféfor & les reliques âzs Martyrs. : Toute la décoration de ce monument feroit
traitée d'une grande maniere fans peinture ni dorure , à l'exception des bronzes du maîjtre-auteU X iy
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$ifl Cours
f Architecture feule feroit tous les frais de fou
ordonnance, & n'appelleroit à elle que la Sculpture, qui Un feroit absolument néceffaire« Le fol de la, nef, comme nous l'avons déjà recommandé, feroit élevé de plusieurs marches ; il en. feroit de même; pour le chœur & pour le fan&uaire» Si nous ju-» geons de la bonté de ce projet par l'accceuil qu'il £ reçu de plufieurs perfonnes de l'Art, nous ofons, croire qu'on «nous faura quelque gré d'en donner, les, plans dans les volumes fuivants ; nous fouhai^ ferions auiîl pouvoir en donner les élévations & les coupes ; elles, font faites avec le plus grand foin, ainii que toutes celles, des autres monuments, de cette efpece ; mais elles ne fauroient trouver place dans, ce cours à cauie de la petiteiTe du format & de la multiplicité dçs planches qubc- çafionneroient toiis ces déveioppçments. Dans la fuite nous pourrons les donner dans un autre ou-; vrage, fi ce que nous préfentons ici eil acççeuiUi du plus grand nombre., H bous refte à préfent à traiter en particulier-
$es parties de détail répandues dans ces divers; monuments ; mais avant Îy paifer ,*difons quelque: çhofe des bâtiments qui j pour l'ordinaire,. font iiW mitrophes. & dépendent, en quelque forte, des éditées. facrés,têls. que les Palais Epifcopaux* les. Séminaires, les Presbytères % les Collèges ? les. Hôpitaux % les Cimetières, les Sépultures, &c, autant de bâtiments compris dans la claire des, édifices, élevés pour l'utilité publique 9 & qui fxigeiit chacun féparément un çaratW« partiçu*. |
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ν
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d'Architecture. $ιψ
Des Palais Epifcopaux.
En parlant des Palais des Rois, Chapitre
VI de ce volume , nous avons dit que la déco* ration des Palais Epifeopaux devoit tenir de celle de l'habitation des têtçs couronnées ; nous dirons;, ici qu'ils doivent avoir une plus ou moins grande magnificence, félon les diverfes dignités des Pré-« lats qui les font ériger. Nous ne citerons d'édifices en ce genre , que ceux conitruits à Bourges , h Verdun & à Strasbourg : le premier , fur les def- fins de Bullet; les deux autres, fur ceux de De, Cotte ; ces trois Palais préfentent chacun féparé- ment d'aifez vaftes édifices, contenant de grands appartements de parade, pluiieurs appartements; particuliers , une Chapelle, une Bibliothèque, un Tribunal pour l'Officialité , des Secrétariats , des Archives ; enfin âes logemeats pour les grands Vicaires, les Aumôniers , les Secrétaires & les, autres Officiers attachés à la perfonne de l'Eve- que. En général la décoration extérieure & intérieure,
doit annoncer une certaine richeiTe , mais qui tienne plus à la difpofition des maiTes, & à la ré- gularité des parties qui les divifent, qu'à la pro·* fufion des membres d'Architecture j& à la prodi- galité des ornements. Pour l'ordinaire ces bâtiments font compofés de deux étages; dans celui du rez-. de-chauffée font diftribués les appartements de fociété & ceux de parade , au premier ceux d'ha-< Citation. Nous eftimons que les combles apparent« peuvent figurer dans l'ordonnance de leur décor ration extérieure ; ils femblent leur procurer, un ^ar^ere'grave <^ui les diftinguç des. autres P^ |
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3J0 Cours
ïais : mais c'eil ici qu'il faut leur donner une pro-
portion heureufe, & choilir les formes les plus convenables à en faire fupporter l'application dans les bâtiments de ce gejire ; autrement ils détrui- fent prefque toujours l'idée de dignité que doi- vent préfenter au premier coup d'ceuiÎ les habi- tations des grands Seigneurs. Dans la fuite de ce Cours , nous donnerons tes
deffins de celui que nous faifons exécuter à Metz, & qui, dans uii lieu affez refferré, ne laiffe pas de contenir une quantité de beaux appartements, dignes de la magnificence du Prélat refpe&able qui le fait ériger. Nous donnerons aufli les plans du Palais Archiépifcopal qui va s'exécuter incef- fammént à Cambray, édifice de même genre que ïe précédent, mais qui femble exiger néanmoins & plus de grandeur & plus de majefté. Nous croyons que ce dernier projet fera quelque plaiiir à nos Elevés, parce que fa forme irrégulièrement ré- gulière , nous a fourni les moyens de préfenter une difpolition neuve, dont néanmoins il ne fau- drait pas fe fervir fans néceflité, mais qui, dans cette cireonftance , femble être autorifée. Nous rendrons compte , en faifant la defcription des planches de ces deux édifices , du fruit qu'on peut tirer de ces projets à-peu-près de même genre, & d'une compoiition û différente, Des Séminaires.
Les Séminaires (^) font des édifices ordinaî- |
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(q ) L'époque la plus ancienne de l'exiftence des Séminaires «
*ft la fin dtt I Y* ficelé. S, Auguftiti forma le premies en Afrique^ |
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d'ARCHÏT ECTUHE. $}ï
rement divifés én pluiieurs corps de logis , liés
enfemble par des aîles de bâtiments qui contien- nent, à rez-de-chauffée , de grandes falies deiti- nées pour l'initruction des Séminariites, des réfe- éroirs, des cuifines, des boulangeries , des bû- chers , &c. Dans les principaux corps de logis doivent être diftribués au premier étage, l'appar- tement du Supérieur, ceux des ProfeiTeurs, les dortoirs jk quelques logements particuliers. On doit auiîi , dans ces édifices , comprendre une Chapelle d'une certaine étendue, avec les dépen- dances qui font de ion reffort. Une Cour princi- pale entourée de portiques, doit donner entrée à couvert, à tout l'intérieur des principaux bâti- L'Efpagne imita la coutume d'Afrique. Le fécond Concile de
Tolède en recônnoît de deux efpèces j la maifon Epifcopale où réfident l'Evêque , fon Chapitre , le principal Clergé , les Prêtres & les Diacres ; & une demeure particuliere deftinée aux jeunes Clercs , & ou tous les membres du Clergé , à moins d'infirmité# étoient obligés de vivre réunis. Vers le milieu du Vie fiecle , la France imita l'exemple de TEfpagne. Le fécond Concile de Tours , en 566, nous fait connoîtie que les Eveques & leur Clergé étoient réunis dans une efpèce de maifon cloîtrée.· A la fin du même fiecle le Pape Grégoire le Grand , fonda les Séminaires en Italie, & les fît établir en Angleterre avec la même régularité qu'en Afrique, en Efpagne & en France : néanmoins on a remarqué que depuis ce temps jufqu'au Concile de Trente, l'ufage des Séminaires avoit beaucoup varié, & qu'il s'y étoit gliilé plus d'un abus ; que c'eft à Charlemagne qu'on doit le rétabliiTement de l'ancienne difeipline. Ce grand Prince donna beaucoup de fplcndcurà ces établiilements ; niais ils la perdirent dans la fuite. En forte que ce n'eft guère que que vers le milieu du quinzième fiecle, qu'Eugène IV, touché des maux du Sacerdoce , rétablit tout dans le meilleur ordre. Il fut imité d'abord par l'Archevêque de Bordeaux , & enfuîte à Rome, à Reims, à Tours, à Aix, àTouloufe, &c. Difei- pline qui fut confirmée par l'ordonnance de Bloîs & par l'Edfc de Melun , qui enfin ont conitaté en France l'état & la forme 4? cet établiflement important qui fubfifte aujourd'hui. ■" |
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33a Cours
ments ; d'autres cours conduire aux omîmes, aux
remifes , aux écuries , &c. En général la décora- tion de ces bâtiments doit être iimple, mais régu- lière. Au reile, il ne faut pas entendre par la Simplicité que nous recommandons, une Archi- tecture deitituée des grâces de l'Art , telle que celle du Séminaire de Saint-Sulpice > iniritué en 1642 , & qui à peine ferait tolérable pour des Çazernes, ou pour un Hôpital de Province; tous les édifices publics , de quelque genre qu'ils foient, devant fe reiTentir de la magnificence des Cités où ils fe trouvent élevés. Voyez néanmoins les plans & · les élévations du Séminaire" que nous citons dans TArchitedure Françoife, Tome II, & la defcription que nous en avons faite, page 43 du même volume. Nous perfiftons à croire, comme nous l'avons
dit précédemment, que les Séminaires devroient être iitués de maniere à figurer avec les commu- nautés des Prêtres , faifant partie du Presbytère ou de la maifon Curiale, afin que ces deux édifices puiiTent fymétrifer avec l'Eglife placée entre-deux ? comme nous l'avons tracé dans un plan par maiTe % qui précédera, dans les volumes fuivants, l'Eglife Paroiiïïale que nous propofons., Des Presbytères ou Maifons Curiales.
On appelle Presbytère (r) ou maifon Curiale,
un bâtiment deiliné à la demeure d'un Pafteur , Curé dîme Eglifè Paroiiïiale. On comprend aufiî fous ce nom , les corps de logis qui en font |
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ζ r )Mot dérivé, du gtec, Presfy'terion, aiTemMée de Pï&ïc%
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»'Architecture. 33$
partie ., où logent & mangent en Communauté les
Prêtres qui deifervent une Paroiffe. Tous ces bâti- ments doivent être plus ou moins fpacieux, félon la grandeur de l'Eglife & l'étendue du lieu» A rez- de-chauiTée fe pratique allez ordinairement un grand veitibule, propre a contenir les pauvres honteux, & attenant un ou pluiieurs parloirs» pour y recevoir les bienfaiteurs de l'un & de l'autre fexe. Dans des bâtiments peu élevés, donnant fur des cours aérées, on diitribue les cuiiines, les réfe&oirs, les bûchers, &c. Autant qu'il eitpoffible, on y doit auffi pratiquer un jardin d'une certaine étendue, planté de quinconces, & orné de tapis- verds. A côté du veftibule doit être un principal efcalier qui mené à l'appartement du Paiîeur ; on en doit, faire auffi plusieurs autres moins conii- dérabîes, qui fe communiquent enfemble par une gallerie commune , & conduifent aux coridors pratiqués dans les étages fupérieurs où fe trouvent placés les logements des Prêtres. Il faut obferver que ces logements doivent être placés furies cours & le jardin, dans le deflein d'éviter le bruit de la rue, qui néceiTairement nuiroit au recœuillement & à l'étude des EccléiiaiHques. La décoration de ces bâtiments, comme celle des précédents, doit être iimple, mais fymétrique : il faut, comme nous l'avons recommandé, qu'elle figure avec le Séminaire; & l'un & l'autre fe doivent communiquer par des portiques à rez-de-chauiTée, & par des ter- rafles au premier étage. Sans doute que l'enfemble de ces bâtiments, réunis avec l'Eglife, occupe- roiî un terrein coiffidérable ; mais il finit fe rap- peler les moyens que nous avons propofés pour y parvenir, & alors on ne regardera peut-être plus cette, idée comme de fpéculation, & comme |
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334 Cours
une entreprife au-deiTus des fonds ordinairement
deit-inés pour ces fortes d'inihtutioiis. Ces mii- fons , pour être divifées en pluiieurs parties , n'en coûtent pas moins des fommes confidérabies, fans avoir les avantages du projet général "que nous propofons. D'ailleurs qu'on y réfléchiiTe, ne nous faut-il pas des Places dans nos Cités ? Sans nuire en rien à leur deftination particuliere, qui empê- cheroit de les faire fer vir d'iiTue à nos Eglifes \ Qu'à ces Places , doublement néceifaires , on ajoute le terrein qu'eût occupé chacun des bâti- ments que nous cherchons à raflembler ici, & qui conftruits çà & là«, ne produifent ni enfemble ni^ commodité, ni de véritable beauté, & l'on verra qu'il y auroit peut-être de l'économie à com- prendre , dans un même projet, la difpofition des Eglifes Paroiffiales, des Séminaires & des Presbytè- res ; d'où réfulteroit, & l'utilité publique & la magni- ficence de la Capitale. Nous l'avons déjà remar- qué, fans doute il faudroit du temps pour parvenir au rembourfement des maifons qu'il feroit néceifai- re d'acquérir pour en faciliter l'exécution. Mais que l'on commence par les bâtiments d'économie, dans la plus grande partie du terrein précieux des jar- dins de nos Monafteres , & que dans la fuite on en applique les revenus à conftruire de nouvelles Paroiffes & les bâtiments dont nous parlons. |
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d'Architecture. 335
Des Collèges.
Les Collèges font ordinairement de fondation
Royale ; & comme tels ils doivent s'annoncer avec une certaine magnificence, par leur difpo- fition, leur fituation & leur ordonnance : ces édifices deftinés à enfeigner les Sciences & les Belles - Lettres, doivent avoir de grandes cours, des bâtiments commodes pour les falies d'exercices, le logement des ProfeiTeurs & des Penfionnaires ; ils doivent auiTi contenir une aflez belle Chapelle ; enfin des dépendances relatives à l'étendue des principaux bâtiments , & du revenu attaché à ces initkutjons publiques, deflinées pour l'éducation des jeunes Cioyens : néanmoins les quartiers on l'on eft fouvent obligé d'élever ces bâtiments, ne permettent pas toujours de les rendre affez fpa- cieux ; alors on a recours à là réitération des étages, on fait les corps de logis doubles, & on les prive de jardins , auxquels on fubititue des cours particulières, indépendantes de celles d'ep- trée , & qui toutes,fervent à procurer de la falu- brité , & aux falies d'exercices & aux logements d'habitation. Le Collège de Mazarin à Paris , bâti furies deiîins de d'Orbay , eil un des mieux finies , & dont la difpofition foit la mieux enten- due , quoiqu'il occupe moins d'efpace que plur lieurs autres élevés dans cette Capitale; fon Eglifé particulièrement, eft un ouvrage de génie, qui mérite l'attention de nos Elpves.; ils en trouveront les plans, ainfi que celui du Collège, dans Γ Archi- tecture Françoife, Tome II ; celui des Pères Jé- fuites à Rome, appelé U Collège Romain, du deflin de Barth&kmi Amanato, eft Sufii d'une décoration > fort éftimée \ celui de la Flèche, en Anjou , paUk |
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33^ Cours ι
encore pour im des grands bâtiments en ce genre $
&: des plus réguliers.
Lorfque ces fortes d'édifices fondés par des
particuliers, font de peu d'importance , on réduit les bâtiments qui les composent à fort peu d'é- tendue, & l'on élevé fur les rues qui y donnent entrée des maifons à loyer qui en augmentent les .revenus ; ce. qui procure dans les grandes Villes une plus grande quantité d'habitations de ce der- nier genre. En parlant de cet objet d'économie, notre intention eft de déterminer nos Elevés à ne pas toujours s'occuper de projets faihieux, mais de s'appliquer fouvent à les réduire .dans un terrein très reiTerré. Qu'ils y prennent garde, cette .étude qui a fes difficultés ne leur eil guère-moins utile que les comportions qu'ils entreprennent foti- .vent, & qui, pour la plupart, font au-deifus de leurs forces ; ou, ce qui eil pis encore , dont ils négligent les détails & les développements j pour palier à d'autres projets encore plus vagues, & qu'ils ne font qu'effleurer.-Qu'ils en croient notre -expérience , qu'ils s'attachent d'abord à tirer parti d'un terrein monrueux , irrégulier & peu fpa- cieux ; qu'ils s'affujettiiTent aux conditions pref- çrites par un programme , ou données par un propriétaire; qu'ils y obfervent fur^tout l'efprit .de convenance & celui d'économie, utile à tous :les genres de productions ; du moins nous leur recommanderons^ qu'après avoir donné l'effor à leur imagination , ils s'appliquent à réduire leur tra- vail à la moitié de Ja dépenfe , enfuite au quart, réfultat où aboutiiTent preique toutes les . entre- prifes de nos jours ; autrement, faute de revenir .fur leurs pas,& de s'accoutumer à cette maniere .Cogérer dans leurs ; débuts, ils n'enfantent plus que
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d'Architecture. |37
que des chimères qui déconcertent les perfonnes
qui font bâtir & les déterminent, en quelque forte, à s'adreifer à des Artifans fubàlternes qui * mé- connoiiTant les préceptes & les reffources de l'Art, contribuent à perpétuer le mauvais goût & à rem- plir Paris de bâtiments qui, le plus fouvent, desho- norent la Nation , le Propriétaire & leur Auteur» Des Hôpitaux.
Il en eil de pluiieurs efpeces, les uns deilinés
à contenir les pauvres , tel que l'Hôpital - Géné- ral ; les malfaiteurs, tel que Bicêtre ; les femmes de rmiuvaife vie, tel que la Salpétriere ; les au* tres font connus fous le nom d'Hôtel-Dieu , de la Charité, des incurables , &c. Ces derniers font ré* fervés à Paris pour les malades de Tun & de l'autre fexe ; mais ils manquent prefque tous des commodités qui leur font néceiTaires , parce que n'ayant pas été, pour la plupart, bâtis pour leur ufage préfent, ils font ou mal iitués, ou trop reiTerrés , ou peu falubres. Ordinairement les Hôpitaux doivent être corn-
pofés d'une affez grande Eglife, dé plufieurs corps de bâtiments expofés au feptentrion , ifolés & fé- parés par de grandes cours ; on y doit pratiquer des terraifes j des promenades , des préaux & gé- néralement tout ce qui peut contribuer à adoucir les infirmités humaines , & calmer le défefpoir des coupables. Le Château de Bicêtre & l'Hôpital Saint- Louis font les feuls bâtiments de ce genre qui ^ chez notis, méritent quelque coniidération, ainii que TEglife de la Salpétriere ; la plupart de nos autres Hôpitaux, deilinés pour les malades , font fi bornés clans leur étendue, qu'il eil inconceva- ble qu'on ait négligé jufqu'à préfent l'agrandiife-i Tome II, ..... y |
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33§ Cours
ment & la multiplicité de ces afyles de la charité
chrétienne. Il viendra un temps , fans doute , où l'on s'occupera plus férieufement de la conftru- ition de ces édifices de la premiere utilité, qu'on prendra foin de les placer aux extrémités de la Ville, & qu'on établira dans le fein de la Capi- tale , des dépôts où les malades feront tranfportés de chez eux, & de - là à leur deitination, félon le quartier & le genre des maladies. Ces dépôts ne pourroient-ils pas être contenus dans les Cou- vents de Tun & de l'autre fexe, où dans des be- foins preffants, les malades feroient à portée de recevoir les fecoùrs fpirituels & temporels ? î Nous préférerions peut-être plufieurs Hôpitaux à un feul très-étendu, les malades en feroient mieux foignés ; il y régneroit moins de confufion , la ma- nutention en deviendroit plus aifée, les Adminis- trateurs plus attentifs; enfin les gens du monde fréquenteroient plus volontiers ces lieux d'hofpi- talité pour y fecourir les pauvres de leur fuper- flu. Qu'on y réfléchiffe ; quoi de plus intéreffant pour les hommes de bien que de contribuer au foulagement de leurs femblables ? Quoi de plus fatisfaifant pour le gouvernement que de porter fon attention fur cette partie de Tadminiftration publique ? Quoi de plus confolant encore pour le plus grand nombre des familles indigentes con- tenues dans cette vaite Cité, que d'être affurées- en cas d'infirmité d'y pouvoir décemment obtenir les fecours qu'elles n'ofent efpérer au milieu de tant de Citoyens qui vivent · dans l'abondance & la diiîipation? Nous avons deiiré précédemment que l'on con-
ftruisk à Paris des places publiques, des théâtres & tant d'autres bâtiments pour la magnificence & même pour la frivolité} combien n'aurionsrnous |
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D'ÀîtCHITECTURË. 339
pas à nous reprocher, fi nous n'infiilions pas ki
fur la néceiîité d'en élever d'une pareille utilité ? D'ailleurs quel bien plus réel que de s'occuper à fonder des afyles falubres pour les perfonnes in- firmes? Jetons les yeux fur les pauvres, affligés des maux, prefque toujours inféparables de la vie hu- maine ; combien de malades languiffent chez eux plutôt que de s'expofer à partager les fecours qui leur font offerts ? ou parce que ces bâtiments font en trop petit nombre, ou parce que les falies qu'ils con- tiennent font trop peu aérées. On doit applaudir fans doute à ces premiers établiiTements, excellents par les principes qui les ont fait fonder, mais qui, aujourd'hui, exigent d'être agrandis àraifon du plus grand nombre des habitants, parceiqu'eii les exami- nant avec des yeux philofophiques,il$ femblent plu- tôt être entretenus pour fervir d'école aux Étu- diants en Médecine & en Chirurgie, que pour y procurer à nos femblables les fecours qui leur {ont iiéceiTaires. (s) (ij Nous avions dellein de donner, dans les volumes fui-
Vants de ce Cours, un projet d'Hôtel-Dieu que nous avons fait fur le terrein de celui de l'Hôpital de Saint Louis j mais comme tous les édifices dont nous traitons dans ce Chapitre, ne peuvent fe trouver gravés dans cet ouvrage , nous nous propofons à l'avenir, il celui-ci eft accceuilli, de donner les delïlns particuliers de chaque genre de bâtiments, Toit ceux déjà exécutés par nos grands Maîtres, foie ceux de notre compoiition. Ces deilïns fourniront aux jeunes Citoyens qui iè voueront à l'Architecture , un ou plufieurs exemples de chaque efpèce , avec une defeription qui leur tiendra lieu de programme , pour traiter à fond & de nouveau tous les genres de productions dans TArchitefture, confédérée par rapport à l'utilité, à la fureté , à l'habitation & à la magnificence. Ce que nous n'avons pu préfenter ici que par abréviation , nous pour- rons donc le donner avec beaucoup plus d'étendue dans un autre ouvrage qui fervira de fuite à ces Leçons, & offrira alors un corps complet de tout ce qu'on peut donner d'intéreifant fur notre Art, Yij
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34Ö C ou R$
Des Cimetières,
Un Cimetière (f) eil un lieu public découvert
'dans fa plus grande partie, & ordinairement deiliné à enterrer le commun des Citoyens. Les perfonnes de diftinaion qui ont méconnu le faite pendant leur vie, & qui n'en veulent laiffer aucunes traces après leur mort, choififfent aiuTi de préférence & par humilité ce lieu public pour leur Sépulture. Les terreins qui les compofent font le plus fou- vent limitrophes de nos Eglifes Paroiffiales ; il ferait effenciel cependant,pour plus de falubnté, que ces Cimetières fuffent placés vers les extré- mités de la Ville, & qu'on choisît à cet effet un lieu vafte , au milieu duquel on pratiqueroit un préau d'environ cent toifes de diamètre, entoure de charniers, couverts & percés intérieurement par des arcades furbaiffées. Les pieds-droits de ces arcades devroient être chargés de boffages , & ceux-ci de vermiculures, genre d'ornement analo- gue à la deftruäion de la matière. Sur les murs de clôture, dans le fond des charniers, feraient feintes de pareilles arcades , dans l'enfoncement defquelles feroient contenus les cénotaphes des familles qui auraient rendu quelque fervice a la patrie, & au-deffous feraient conftrtiites des cata- combes particulières■(« ) deffinées à leur fépulture. (t) On écrivoit anciennement Cemetiere, du latin Cœmete-
rrum fait du grec Koimeterlon , lieu où l'on dort, ou lieu de fépulture. C'efl: dans les Cimetières qu'on a bâti les pre- mières Eglifes, parce que les Martyrs y étant enterres, ces Kétofent dejïfanâificsî de-là vient l'ufage de ne cpnfa- crer aucun autel, fans y renfermer quelque relique de Martyi. ( u ) Catacombe , de l'italien Cataeombe, retraite foute'irefoe j
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d'Architecture. 341
Au-deffus de ces charniers s'élèveraient. des gal-
leries propres à contenir indiftinäement les offe- ments âes fidèles qui auroient anciennement été inhumés dans le Cimetière proprement dit ; ces galleries feraient terminées par des toitures affez élevées & couvertes d'ardoifes, dont la teinte fom- bre ne contribiieroit pas peu à donner à tout cet enfemble un air lugubre , capable d'annoncer au premier coup d'œuil ce féjour de ténèbres. Au mi- lieu du préau feroit élevée une grande pyramide dune ordonnance rurlique, qui, dans ion intérieur» contiendrait une chapelle fépulcrale, où continuel- lement on célébreroit l'Office des morts. Dans les quatre angles de cette partie découverte, & dans un certain enfoncement ? feraient placées autant de catacombes, dont les ouvertures feraient expo-' iees au nord, & les murs de'.revêtiffements , cou- ronnés d'appuis, garnis d'urnes fépulcrales , & en- vironnés de cyprès. Au-deffus de la voute fou- terreine de ces catacombes, feroit élevé Un foubaf- fement furmonté dune croix grouppée avec des attributs mortuaires. On prendrait foin de tenir le fol du préau de deux ou trais pieds au-deffous de celui des charniers, & celui-ci d'environ trois marches, moins élevé que le niveau des rues qui Y donneraient entrée ; cette inégalité de fol con- |
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il s en voit a Rome près l'Eglife de Saint-Sébaftien, où les Chré-
tiens le cachoient pendant la perfécution de la primitive Eelife f f η ilsenterroient les corps des Martyrs. Ces Catacombes εroient des elpeces de galleries qui communiquoiehr. les unes aux autres , & qui s'étendoient fouvent jufqu a une lieu© de «.ome ; ^ morts y éroienr enfermés dans des ccrcœuils de wiquc ou de marbre , fermés très-exactement, & fur lefquels on gravoit le nom des morts , mais le plus fouvent ce eliifc© Äl > interprété pro Chrißo. Y ilj
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342 Cours
tribueroit, en quelque forte , à donner à ces mo-
numents un cara&ere diftin&if, capable de retra- cer aux vivants l'image du féjour terrible, mais inévitable, que nous devons habiter après la mort· Le Cimetière de l'Eglife de Sainte-Croix à Orléans (#) , eft celui qui nous paroît le plus conforme à l'idée que nous traçons ici & que nous avons communiquée à pluiieurs des Elevés qui nous font confiés, (y) Qu'on nous permette de revenir fur la néceffité
de fupprimer les Cimetières placés dans l'intérieur de la Ville. Cette néceiîitéeftfenfible, &à caufedes exhalaifons peftilencielles qu'ils occaiionnent dans cette Capitale, & parce qu'ils nous privent d'un terrein précieux qui pourroit être employé plus utilement dans fon enceinte. Nous nous fouve- nons qu'il y a quelques années ce projet a voit été agréé par le Gouvernement \ nous ignorons les caufes qui en ont empêché Fexecution ; mais nous ofons innfter fur la néceiîité de ce trans- port, auiïi-bien que fur celui des tueries qu'on a vues fur le point d'être transférées au - delà des barrières , deux objets dont il eil également |
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( χ ) Voyez la defcription que nous en avons faite, inférée
dans le recœuil manuferk , contenant les plans , coupes &
élévations du Château de Blois , fait en 17 jo par ordre de
M. le Marquis de Marigny , pour le Cabinet du Roi à
"Verfailles.
( y ) C'éil d'après cette idée , que le iïeur Defprez, a drefle un
projet de ce genre, fort intéreifant, qui a remporté dernière- ment un prix d'émulation à l'Académie Royale d'Architecture, & qu'il vient de rendre public en le dédiant à M. de Voltaire. Nous annonçons avec plaiiir cette production capable d'indi- quer les talents.de ce jeune Citoyen ^ actuellement ProfeÎfear à l'Ecole Militaire. ' |
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d'architecture. 343
important de s'occuper pour rendre les habita-^
tions de cette Ville immenfe ? plus falubres ? & la circulation des Citoyens plus aifée. Des Sépultures en particulier.
On appelle ainfi les lieux fouterreins , defK-
nés à contenir les cercœuils où repofent les corps d'une même famille. Ordinairement ils font pratiqués dans nos EgHfes fous des chapelles- particulières , dans lefquelles on élevé des cé- notaphes ou maufolées îbmptueux : telle qu'on a vu à Saint-Denis la chapelle des Valois ; qu'on remarque aujourd'hui celle d'Orléans aux Cèle- itins de Paris, & pluiieurs autres en différents édi- fices facrés de cette Capitale. Ces Maufolées ou Cénotaphes fe conftruifent en marbre blanc, tel que celui du Cardinal de Richelieu à la Sorbon- ne , ou en, marbre de couleur, comme celui de M. Languet de Gergy à Saint-Sulpice, déjà cité , en parlant des Maufolées dans le Cha- pitre précédent, où nous avons auifi déliré que l'Architeite donnât les deffins de ces monuments funéraires: nous le répétons encore ici , parce que nous fommes perfuadés qu'il eft du reiïbrt de l'Archite&ure d'en affigner les formes s les pro- portions & les relations, avec l'enfemble des lieux où ils s'élèvent, & que la Sculpture enfuite doit déployer toutes fes reffoiirces, pour que a réunie avec l'Architecture, l'un & l'autre concourent à produire un véritable chef-d'œuvre. Nous penfoss auiîi que des attributs facrés, groupés avec les yertus pacifiques de» ^grands hommes , à la mé- moire defqueïs ils font dreffés, doivent fymbolii'ec ces monuments; que des infcriptions & des armoi- Y'iv/
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ries peuvent indiquer le rang Se la dignité de*
défunts; mais qu'il faut ufer modérément de ces derniers moyens , & n'employer que ceux qui Ont le plus de rapport avec la Religion. Combien 4'Artiites qui, pour avoir négligé ce que nous recommandons, ont confondu , contre toute idée de vraisemblance, dans les productions de ce genre , & les attributs prophanes & ceux du chri« flianifme?' Exemple dangereux qui porte nos Elè- ves à fe tout permettre & à négliger dans leur compoiitions le caractère propre à Fobjet dont ils font fpécialement chargés. Nous répétons encore, à propos des Sépul-
tures dont nous parlons , ce que nous avons dit à l'égard des tombeaux des riches particu- liers , qu'il feroit mieux de les reléguer dans des lieux féparés , mais limitrophes de nos Eglifes , dans le deffein d'offrir avec plus de décence ces ©uvrages de l'Art à la eurioiité des connoiffeurs * & parce que ces Sépultures nuifent néceiTàirement à la faîubrité qu'il importe de procurer à -nos Temples. D'ailleurs, par-là nos Sculpteurs célè- bres 9 moins retenus dans leurs compoiitions, pourroient donner plus'.d'eflbr, à leur génie , introduire des allégories plus pittorefques, ha- fardér des nudités ; enfin déployer toutes les grâces de l'Art, ce qui ne fe doit ni ne fe peut toujours, lorfque ces faites de la vanité humaine fe trouvent placés dans nos Eglifes , où tout doit être fàerë, fîtnple & fublime. · Ν Des Charniers.
On appelle ordinairement Charniers, de grandes
galleries baffes qui circulent autour du rond-point, & quelquefois le long des bas-côtés de nos Eglifes \ |
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d'Architecture. . 345
& qui font'deilinées pour les Inilrutlions Paftora- rales , à faire les Cathéchifmçs, où l'on adminiir.re le Sacrement de Pénitence, & où , dans des Chapelles particulières qui y font diilribuées, on donne la Communion aux Fidèles* C'eil auiîi dans ce lieu de retraite, qu'on enterre les Pa- roiiïiens aifés : nous le répétons , pratique con- traire à la falubrité. Ce font en général autant: d'objets qui ne devroient jamais être confondus y- & qui demandent autant de lieux relatifs à leur deitination particuliere ; autrement il en réfulte prefque toujours une très-grande diilraûion, de Ja confufion , moins de recceuillernent ; il s'en, exhale d'ailleurs des vapeurs d'autant plus funeiles * qu'elle paroiffent plus infenfiblçs à la portion, du Clergé, qui vouée par état à ΓίηίΙηιέΗοη Chrétien- ne, y reipire continuellement un air fort nuifible* On appelle encore Charniers ( ζ ) plus pro- prement dits, de grandes galleries ou portiques% voûtés & fans fermeture, pratiqués à rez-de-r chauffée au tour de nos cimetières, tels que ceux des Saints-Innocents à Paris , ou ceux du cimetière de Sainte-Croix d'Orléans , dont nous avons parlé précédemment. Répétons encore une fois, que nous defirerions que ces derniers, deftinés a la fépulture des morts, iiiffmt placés extérieurer nient, & jamais dans l'intérieur de nos Egîifes , par- ticulièrement dans les Paroifftales ; celles-ci étant infiniment plus fréquentées par le peuple, que les £glifes Canoniales, Conventuelles , &c. Il nous femble que les galleries deilinées pour laConfeilion devroient être placées dans les lieux les plus . recceuillis δε les moins expofés aux regards de (ζ) Ces Charniers s'appellent aui fi, du latin Carnarium*
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346 C Θ URS
la multitude ; que ceux où fe font les Câtéchifmes
& autres initruÛions paftorales, deVroient leur être oppofës ; qu'enfin la Pâque devroit être ad- miniftrée dans des Chapelles particulières, dont Tentrée ne fut permife qu'à ceux, appelés à la Com- munion : autant de précautions qui nous paroif· fent néceffaires dans la compoiitlon ou le projet d'une Eglife Paroifïiale. Que d'attention n'exige- t-on pas de l'Architecte, lorfqu'il s'agit feulement du plan d'un bâtiment de quelque importance ! Que de difficultés à vaincre pour parvenir à celui d'une , maifon particuliere ! Que de bien plus importants objets à remplir, lorfqu'il s'agit du déiîin dun édifice facré î fuffit- il d'y employer les réglés de l'Art ? Non fans doute, une fituation avantageufe, une belle difpofition, une ordonnance grave, toutes les com- modités relatives dans la diiiribution des différentes parties qui le compofent, une itru&ure ingénieu- fe,mais économique; enfin l'eiprit de convenance réparti fur chaque objet, doivent être les guides des Architectes, qui ont pour but de produire un enfemble accompli en ce genre. Après avoir parlé de nosEglifes d'une maniere
générale & des différents bâtiments qui en font une fuite, entrons à préfent dans quelques détails concernant les diverfes parties qui contribuent à leur décoration extérieure & intérieure. Parlons d'abord de leurs portails, des porches, des tours, des clochers , de leurs façades latérales ; enfuite nous traiterons des nefs, des bas-côtés, des chœuîs, des fan£tuaires, des autels, &c. &c. & nous tâche* rons d'aifigner à chacun de ces objets un caractère particulier, qui pourra déterminer nos Elevés à réfléchir à celui qu'il convient de donner à toutes ces différentes productions de l'Archîteaiire, |
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d'Architecture. 347
Des différentes parties qui
CONTRIBUENT A LA Σ> É C Ο RATION
EXTÉRIEURE DE NOS TEMPLES? Des Portails.
Les Portails ( a ) d'Eglife doivent annoncer par
le çara&ere de leur ordonnance le genre du mo- nument auquel ils appartiennent, & dont ils for- ment la principale entrée. Nous ne parlons point ici de ceux placés affez ordinairement aux extré- mités de la croifée dans chaque face latérale ; ils doiventjjêtre moins coniiderables, quoique toujours aiTortis à la magnificence de l'édifice. Entrons dans quelques détails touchant l'ordonnance des principaux Portails des Métropoles %des Eglifes Paroiiïiales, de ceux des Eglifes en rotond© & de |
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(a) Portails, on en diftingue de deux efpèces; les pre-
miers & les plus coniiderables , font ceux qui fervent de frontifpice à l'entrée de nos Temples j les deuxièmes fe pla- cent à chaque extrémité de la croifée 3 tels qu'il s'en rema- que à la Paroiffe- de Saint-Sulpice j le premier du de/fin du Chevalier Servandoni ; les deux autres fur les deilïns de Gilles- Marie Oppcnort , Architecte, & l'un des plus grands . Deffi- •nateurs de notre temps, mort en 1750. On en diftingue auiîi dç deux fortes j ceux d'une Architecture Gothique , tel que celui de Notre-Dame à Paris, celui de Reims, de Sainte -Trophimc d'Arles, &c. ceux d'une Architecture dans le goût antique, tel que celui de Saint-Gervais, du Noviciat des Jéfuites , &c. On nomme feulement Portiques, les Portails d'Eglife d'Archite- cture antique qu'on élevé au-devant & environ au tiers de la "auteur des anciens Portails Gothiques , tels que fe remarquent celui deTEglife de la Culture Sainte-Catherine , du dciïin du Père de Creilj & celui que nous venons de faire conftruire au-devant du Portail Gothique de la Cathédrale de Metz ;î eo iace de la Place de l'Evêché. |
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34^ Cou RS
ceux qui fervent de frontifpice à nos Eglifes con-
ventuelles. Le Portail d'une Métropole, ainfi que celui d'une
Eglife Cathédrale, doit embraffer toute la largeur de l'édifice , avoir une grande élévation, être ac- coté par deux tours plus élevées encore , & s'an- noncer par un porche extérieur d'une affez vaiîe étendue. Des plartes-formes couronnées par des baluilrades doivent terminer fa partie fupérieure , un mouvement rediligne indiquer (qs principaux avant-corps ; en un mot, une grande Architecture & une Sculpture fagement diilribuée doivent faire connoître au premier coup d'œuil que ce frontif- pice appartient à la principale Eglife de la Capi- tale. Plusieurs Portails de nos anciennef Eglifes Gothiques déiignent affez - bien les maffes dont nous parlons^ & nous ferions tentés de croire que ii à ces beautés d'enfemble on pouvoit joindre les proportions que nous tenons des Grecs & des Ro- mains, on parviendroit fans doute à créer plus d'un chef-d'œuvre en ce genre. Après ces efpeces de frontifpices, ceux de nos
Eglifes Paroifliales tiennent le premier rang;nous croyons néanmoins qu'on abufe trop communé- ment d'y placer phmeurs ordres élevés les uns au-deffus des autres : celui de Saint - Gervais , qui long-temps a paffé pour un miracle de l'Art, nous affe&e peu. Les trois ordres Grecs que De- broffe y a introduits, & dont nous avons donné les mefures , planche XC , fa forme pyra- midale , un caractère affez bien foutenu dans les principales parties ont fait fa célébrité ; mais lors- qu'on paffe a (es détails & qu'on veut fe rendre compte , comme nous l'avons déjà fait, des pro- cédés employés par TArchite&e y le preftige ceiïe |
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d'Architecture. 349
I jamais on ne nous perfuadera que trois ordres
puiiTent raifonnablement divifer & comprendre la hauteur d'un monument, dont la véritable beauté intérieure coniifte dans l'élévation des piliers ou colonnes, qui avec la voûte ne doivent préfenter \ qu'une feule & même continuité verticale , la-
quelle , autant qu'il eit poiîible, ne doit pas être interrompue par des corps horifontaux. Le Portail de Saint-Sulpice du deffin du Cheva-
lier Servandoni nous paroît en ceci avoir le même défaut; mais du moins le mouvement de fes plans, une marche ingénieufe & des détails heureux dé- , dommagent-ils de la réitération des ordres que nous défapprouvons; & certainement fi ce monu» ment par fa très - grande élévation η anéantifToit, pour ainii-dire, l'étendue affez limitée de fon Egli-' fe, nous le croirions de beaucoup Supérieur à ce- lui de Saint-Gervais. Nous ne parlerons point de celui de Saint-Roch ni de celui de Saint-Louis à Verfailles, ils font trop inférieurs, particulièrement le dernier, à ceux que nous venons de citer. Du moins dans les deux premiers y a-t-il beaucoup à puifer pour nos Elevés ; au-iieu que dans celui de Saint-Roch il y a peu à imiter ,'■& au contraire , tout à éviter dans celui de Saint-Louis à Ver- failles. Nous ne dirons rien de celui qui s'élève à Saint-
Eiïilache , ni de celui qui doit fervir de frontif- pice à TEglife de la Magdeleine ; nous ne nous permettons point ici de dire notre fentiment fuir les ouvrages de l'Art qui rie font pas entière- ment achevés , l'Architecte jufqu'à ce moment t étant libre de revenir fur fes pas pour conduire ia?
f production au dernier degré de Supériorité. D'ail-
leurs , que n'avons nous pas à eipérer de la capa- |
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350 Cours
cité des deux Archite&es à qui ces entreprifes célè-
bres font confiées ! Les frontifpices deftinés à annoncer l'entrée des
Eglifes de fondation Royale , telles que font à Pa- ris le Val-de-Grâce & les Invalides, doivent être d'uçi tout autre genre. Nous penfons que comme partout ailleurs , mais particulièrement ici, un ïeul ordre y doit fumre, tel que celui qu'on élevé à la nouvelle Eglife de Sainte-Geneviève, monu- ment digne de la Nation & des talents de l'Archi- tecte ; celui des Invalides compofé de deux ordres nous paroît d'une trop petite fabrique, quoique d'une compoiition ingénieufe ; nous fommes en quelque forte moins contents encore de celui du Val - de -< Grâce -, fur- tout du fécond ordre ajou- té fur le premier, qui eil du deffin de François Manfard. Nous ne mettrons point ici en parallele avec'ceux que nous venons de citer, les Portails 'des Dames Sainte-Marie, rue Saint-Antoine , de la Conception, porte Saint-Honoré, de la Viiita- tion à Chaillot, & de TAnnonciade à Saint-Denis, dont nous avons parlé plus d'une fois avec élo- ge; parce que plufieurs d'entr'eux, réduits à un très-petit module doivent être coniidérés en par- ticulier , & imités par nos Elevés dans les entre- prifes d'une moindre importance. Nous rangeons auffi dans cette dernière ciaiTe celui dont nous avons donné les defiins pour Metz, & que nous avons décrit dans ce Volume , pag. 93 , plan- che XXXIV. . ' : A l'égard des Portails de nos Eglifes conven-
tuelles , nous croyons qu'il faut non-feulement n'y employer qu'un feu! ordre , mais encore ne le placer que dans l'avant - corps, pour déiigner feulement le porche extérieur que nous avons |
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d'Architecture. 3ji
recommandé devoir précéder toutes nos Eglifes.
Nous ne connpiiTons rien d'intéreifant à citer en ce genre, que celui des Minimes par François Man- fard, iiipérieur à beaucoup d'égards à celui de l'Oratoire. Que pourrions-nous dire du Portail des Petits -Peres, où préfident les ordres Ionique & Corinthien-pilailres ; l'Architecte les a préférés ici, parce que fans doMte il s'étoit apperçu trop tard de l'irrégularité du Dorique & de l'Ionique qui! avoit employés à celui des Bernabites, ainii que nous l'avons remarqué, pag. 197 de ce Volume, planche LXXXVII, où nous renvoyons. Nous ne citerons pas non plus pour exemple celui de Saint-Louis du Louvre , dont le plan eit de forme concave & convexe, &où un ordre Ionique avec un entablement, tantôt modillonnaire, tantôt den- ticulaire, offre moins une Architecture grave & régulière qu'une compoiition pittorefque & hafar- dée. Nous citerons encore moins celui de la Chari- té , dont l'ordonnance de Γ Architecture nous paroît au-deifous de la médiocrité , ainfi que celle du Portail qui vient de s'élever aux Jacobins du Faubourg Saint-Germain; ce dernier raifemble toutes les imperfections répandues dans les précé- dents. Ces vérités quoiqu'impartiales font dures fans doute , mais on ne doit pas s'attendre à ne trouver que des éloges dans un ouvrage tel que celui-ci, parce que ii le jeune Artifte n'apprend de bonne heure à connoître les défauts , il deviendra incapable d'imiter les beautés'de l'Art. Qu'on fe reifouvienne donc que c'eft pour des Elevés que nous écrivons ; que pour cela nous croyons devoir leur faire part de ce que plus de trente années nous ont offert de réflexions & d'expérience; & qu'il eil indifpenfable de leur montrer même en |
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351 Cours
• quoi les plus grands Maîtres ne font pas toujours
à imiter» Nous ofons citer ici le Portail d'une Eglife
conventuelle qui nous a été demandé pour la Flandre, non que nous le croyions fans dé- fauts ; mais nous avons cherché du moins à lui donner le vrai caractère qui convient à un fron- tifpice de cette efpece, malgré les fuj étions qui nous ont été impofées, & par le local & par l'ufage du pays. On trouvera ce deiïin dam les volumes fuivants. Des Porches.
Un Porche (b) eu, un lieu couvert & élevé de
pluiieurs marches, faifant partie du portail d'une Eglife. La décoration des Porches confiite ordi- nairement dans la difpofition & l'arrangement de pluiieurs colonnes ifolées , foutenant des plattes- bandes ornées par des caiTettes comparties ré- gulièrement. Les Porches, non-feulement fervent à embellir la décoration des frontifpices des Tem- ples , & à annoncer la dignité de leur intérieur ; |
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(h) Les Porches, comme nous l'entendons , fe placent exté-
rieurement à l'enuée de nos Temples, Dans ce cas nous les préférons déterminés par des lignes droites ;Se paralleles dans leur plan : il s'en fait néanmoins de circulaires, comme celui de l'Eglife de Notre-Dame de la Paix à Rome, reitauré par Piètre de Cortone; de fermés par des grilles de fer, comme à Saint-Pierre de Rome, & dans Paris a Saint-Germain-l'Au- xerrois. On appelle Porches h Tambour, ceux pratiqués en me- auiferie dans l'intérieur de nos Eglifes, lorfqu'elles n'ont point de Porche extérieur, comme à Saint-Roch & ailleurs. On appelle auffi Porche^ dans nos Palais & dans nos Hôtels,
toute efpece de veftibules à rez. de-chauffée , fous lefquels paiïent les voitures ; ils fe font auflî de pluiieurs formes, comme nous le dirons ailleurs en parlant de ceux dû Louvre', du Palais du Luxembourg \ de 'l'Hôtel de Beauvais > Sec. mais
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... M--
&*ÀfccHîïfecttîRË;.. 35J'
knäis aufli à préparer les fidèles au recœuillèment»
& à leur rappeler la décence avec laquelle ils doi* vent ie préfenter dans les demeures facrées. Nos Palais font précédés, le plus Couvent, de Porches extérieurs où defcendenî à couvert les perfonnes qui viennent les vifiter; les appartements de prefqùe tous nos bâtiments font précédés par des vefîibules ; pourquoi négliger à l'entrée de la plupart de nos Eglifes les Porches dont nous traitons ici ? Ancien- nement deitinés à la retraite des Pécheurs, ils de- vroient chez nous fervir d'afile aux pauvres, pour y recevoir les aumônes des fidèles, au-lieude les troubler par leur importunité pendant le Service Divin. Lorfque les Porches des Temples doivent être
terminés par un fronton, couronnement plus con- venable ici que par-tout ailleurs, il faut aupara- vant confidérer fi leur ordonnance, relativement 'à la grandeur de l'édifice, fera tltraßyk ou de qua* tre colonnes de front, hexafiyle ou de fix colon- nes , ociofiyle ou de huit colonnes ; enfin dhaflyh ou de dix colonnes : afin de ne pas rifquer incón- fidérément de donner trop de bafe au fronton, & un air de pefanteur à l'ordonnance extérieure du frontifpice; & dans le cas où cet inconvénient fe- roit à craindre , parce qu'on auroit dû faire choix de celui de dix colonnes, il faudroit ou renoncer; au fronton ou former un avant-corps hexaßyie oVJ de fix colonnes, & faire retourner fur celui-ci le fronton; ce qui prociireroit à fa décoration une forme pyramidale qui ne peut que faire un bon effet. Nous fommes d'avis, lorfqu'on orne le tympan des frontons des portails d'Eglife,, ce qui fouvent eil indifpenfable, qu'on préfère un bas-relief ana- logue à la dédicace du monument 9 toujours pluji Toms IL Ζ |
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convenable que les blâfons, les armoiries & les
Supports qu'on y place ordinairement, & qui paroiiTent plus propres à annoncer l'orientation des Fondateurs qu'à déiigner leur zèle & leur amour pour la Religion. Nous fommes auiïi d'a- vis de préférer les formes re&ilignes à toutes au- tres dans le plan des Porches, principalement lors- qu'il s'agit de ceux des Métropoles, des Cathé- drales & des Eglifes Paroifliales ; les formes circu- laires , elliptiques ou à pans n'étant guère conve- nables que pour les Eglifes en rotonde, les Cha* pelles des Collèges, &c. Ges Porches, ouverts en dehors par les entrecolonnements , fe ferment par des grilles de fer qui en défendent l'entrée pen- dant la nuit'; mais alors elles font un mauvais effet avec l'ordonnance de l'Architecture. Nous déiirerions que pour éviter cet inconvénient, on plaçât des grilles à quelque diftance & tout au pourtour du monument ; comme il s'en voit à Saint-Paul de Londres , & qu'on en remarque à la Place Royale, au centre defquelles eft élevée la Statue de Louis XIII ; ou ce qui feroit, plus convenable encore, qu'on établît une garde qui veillât fans ceffe & à la fureté & à la décence qu'il convient d'obferver dès l'extérieur de nos Tem- ples. N'ufe-t-on pas de ces moyens, pour les Palais EpifcopauXjles Bâtiments Militaires, les Hôtels- de-Ville? Tout n'indique-t-il pas ici le même be- ioin? cependant nous ofons le répéter, rien de fi négligé que l'abord de ces édifices facrés, & fou- yent rien de ii peu foigné que leur intérieur. Des Tours.
Les Tours font affez fouvent, ou les accompa-
gnements 3 ou l'une des principales parties des por- |
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' B'AâcHi τ te c Tür g/, jjf
rails d'Egîife ? la.forme de leur plan eil ordinaire*
ment qiiadrangulaire, & elles font conitruites en pierre depuis leur bafe jufqu'à leur ibmiriet : on a prétendu long-temps qu'il n'y avoit que les Mé- tropoles qui duiTent avoir deux Tours., comme étant les principales Êglifes des Capitales, ainfi que nous l'avons dit plus haut, & qu'on l'a pra- tiqué dans prefque tous nos ouvrages Gothiques : aujourd'hui dans nos Parohfes, on en èleve auiïî deux , telles qu'on vient d'en faire à Saint-Sulpice & qu'on le projette pour le portail dé l*Eglife Saint-Euilache. Nous avons cherché dans les four- ces facrées fi effectivement les doubles Tours pa- rohToient avoir été deilinées feulement pour les Cathédrales; mais nous n'avons rien trouvé de fa- < tisfaifant à cet égard. Au reite, nous penfons qu'il feroit bien de les réferver feulement pour ces pre- miers monuments, & de n'en placer qu'une dans nos ParoiiTes, foit qu'on les élevé au-deffus du milieu du frontifpice pour le faire pyramider y comme nous en donnerons un exemple dans les Volumes fuivants ; foit, comme à Saint-Roch f qu'on les tranfporte loin du portail, où elles n'exi- gent plus alors aucune décoration ni fiméirie; cette ordonnance contribueroit peut-être encore à cara&érifer au premier afped nos différentes Egli- fes. Ainfi on conferveroit les dômes pour les Egli- fes de fondation Royale, les doubles Tours pour les Métropoles, les Tours fimples pour les Eglifes Paroiiliales, & les clochers pour les Eglifes Con·* ventuelles ; par-là chacun de ces monuments ne s'annonceroit que pour ce qu'il eil. Il fe fait auiîi des Tours ifolées & détachées,
φ toute efpece de bâtiments, qui fervent à con- îenir les cloches des Egliiès , ainÄ 'que Fe voit la ■ . -Z ij
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356 Cours
tour inclinée de Pife, qui femble prête à tomber,'
Singularité fort extraordinaire qui a exercé la plu- me des Savants. Voyez ce qu'en a dit le Dofteur Defaguliers, dans fon Cours de Phyfique expéri- mentale , Tome I, Sedion II. Ordinairement les Tours font terminées par des
terraffes ou plattes-formes, comme celles de Notre- Dame à Paris ; quelquefois on élevé au-deiTus, des flèches, telles qu'on le voit à Reims, à Strasbourg & ailleurs ; enfin, on y place des campanules, comme dévoient être terminées celles de Saint- Sulpice, à la place defquelles on vient d'élever une efpece d'attique circulaire dont nous avons parlé, pag. 210 de ce Volume. La décoration extérieure des Tours doit tenir du genre de l'or- donnance qui détermine celle des arriere-corps ou murs de face du frontifpice, & non. de la richeffe de celle du porche , ordinairement placé à rez- de-chaufTée : celui-ci doit annoncer une Archi- tecture d'une certaine richeiTe ; les acottements , au contraire, une fimplicité aiïbrtie à celle qui doit régner au pourtour du monument : fimplicité que nous confeillerons toujours de préférence à cet affemblage fouvent indifcret de niches, de frontons, de reifauts , de formes circulaires, à pans ou iinueu- fés, à peine tolérables dans la compoiition de nos Kiofques & de nos Belvéders. Des Clochers.
Les Clochers fe conitruifent ordinairement en
charpente & s'élèvent au-deiius des combles des Egliles Conventuelles, en quoi ils different des tours qui montent de fond. La forme du plan des Clochers, eft circulaire, quarrée ou à pans; ils fê couvrent d'ardoife ou de plomb, &fe terminent |
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b*À R c h ι te CTÜR t: j57
le plus fouvent par une croix, au-deiTus de laquelle·
on place un coq, fymbole de la France, qui iert en même-temps à annoncer les variations des vents. Ces Clochers qu'on élevoit autrefois exceffivement & dont on commence prudemment à diminuer la hauteur, chargeoient confidérablement les combles de nos anciennes Eglifes, occaiionnoient un entre- tien difpendieux & ne fervoient fouvent, par les verges de fer dont ils étoient terminés, qu'à attirer le tonnerre fur nos édifices facrés. On nomme flè- che ou aiguille les Clochers en pierre qui ont une très-grande hauteur, & qui s'élèvent quelquefois au-deffus des tours des grandes Eglifes : nous' répu- gnons à cet ufage qui n'a guère lieu que dans quelques-unes de nos Provinces , où leur élévation eft fouvent portée jufqu'à l'indifcrétion & où l'ha- bitude a plus de part que l'utilité. Des Façades latérales des Eglifes.
Nous' avons déjà parlé du peu de foin qu'on
a pris-jufqu'à préfent d'ifoler de toutes parts nos Eglifes Paroiffiales ; de cette négligence eft né le peu d'attention que la plupart de nos Archi- tectes ont eue à obierver une certaine régularité dans les Façades latérales de nos Temples. Nous · convenons que dans cette partie il eft difficile d'accorder la décoration des dehors avec celle des dedans; cependant en y réfléchiiTant, on fen- tira qu'il n'eft guère plus impoffible d'y parve- nir qu'il ne l'étoit du temps des Delorme, de con- cilier dans nos bâtiments d'habitation, les Façades· extérieures avec l'intérieur de nos appartements i Telation,où l'on eft arrivé aujourd'hui, de maniè- re à ne lauTer rien deiirer d'eftenciel à cet égards |
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35§ '.-■ Cours
Pourquoi ne pas faire les mêmes efforts pour les
édifices facrés ? Qu'on parvienne à démolir les bâ- timents fubalternes qui environnent nos Eglifes, nos Architectes ne tarderont pas à trouver les moyens de furmonter tout obitacle. Les Goths n'a- voient pas comme nous négligé cette partie ii in- téreffante de la décoration de nos Temples, par- ce que leurs monuments étoient ifolés de toutes parts ; parce qu'ils voyoient tout en grand ; parce que le motif qui leur faifoit élever ces édifices, les rempliffoit de cet amour Religieux qui n'admet rien de prophane ; parce qu'enfin peu occupés des objets de luxe, ils portoient toute leur attention à diriger leur hommage vers la Divinité. L'Eglife du Collège de la Sorbonne, à Paris , du
deiîin de Le Mercier, eil peut-être la feule dont les faces latérales préfentent une ordonnance régu- lière ; prefque tous les autres ouvrages en ce genre ne nous offrent au contraire qu'une difparité cho- quante dans les maffes & dans la divifion des dé- tails, difparité à peine tolérâble dans les Eglifes de nos Bourgades. Au reite, il faut convenir que les ares-boutants néceffaires pour retenir la poiuTée delà voûte de la nef, du choeur & du rond point deviennent fouvent un obitacle nuifible à la régu- . larité que nous defirons ; mais qu'on imite la for- me de ceux de la Sorbonne. Qu'on les amortiffe & les accompagne avec la même intelligence ; alors ces Façades produiront un bon effet : & pour ne pas reiTembler à celles de nos Palais, elles n'en affigneroient pas moins à nos Eglifes un caractère & un ftyle facré, qui fans tenir au genre Gothi- que rappelleroit du moins l'idée des anciens mo- numents fi bons à imiter, & qu'il femble que,nous gyçiîs perdus de vue,.parce que d'une part nous |
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d'Arc «it e CT υ r e. pp
encombrons nos Egiifes de bâtiments fubalternes ,
& que de l'autre, nous ne nous occupons guère que de leurs frontifpices & de quelques parties intéreiTantes de leur décoration intérieure. De la Décoration du Chevet des Egiifes.
La décoration extérieure du Chevet (B) de nos
Egiifes, n'eft pas moins négligée , les dômes &' les lanternons des Chapelles intérieures ,. placés ordi- nairement derriere le rond-point, les petites tours où font pratiqués les efcaliers qui montent aux combles & aux plates - formes ; enfin les piliers butants-y tous ces objets de la premiere utilité, nuifent nécefTairement à l'unité des dehors ; &l'on ne parviendra jamais à les rendre moins difformes que quand on ferai bien convaincu, que lors de la compofition du projet général, il faut faire marcher d'un pas égal, l'ordonnance Vxférieure avec la commodité des dedans, Jk^won fera parvenu, comme nous l'avons recommandé , à ifoler le corps de FEglife, de toute autre efpèce de bâtiments, foit en le conflruifant dans des rues *fpacieufes & en face d'une Place publique, foit en pratiquant, le long des faces latérales, de grandes cours, qui en le préfervant de L'appro- che du peuple, ferviroient, dans chacune de leurs extrémités, à contenir les maîfons Presbytériales. & les Séminaires, ainii que nous Favons déjà propofé. Rendons compte à préfent des diffé- rentes parties qui regardent la décoration inté- rieure de nos Temples. |
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(£) Appela par Les Italiens, Tribuna.
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JÖo Cours
DES DIFFÉRENTES PARTIES QUI
CONTRIBUENT A LA DECORATION
INTÉRIEURE DE NOS TeMPLES.
Des Nefs.
Les Nefs, dans nos Eglifes Paroiflîales ,· font
les premiers objets qui, dans l'intérieur , fe pré-* fentent à Toeuil des fpe&ateurs, & la partie la plus étendue des Eglifes en Croix Latine. Depuis le porche jufqu'au commencement de la çroifée » leur largeur doit être proportionnée à leur lon- gueur & à leur élévation ; elles doivent être ternit* nées, dans leur partie 'fupérieure, par une voûte d'une itru&ure légere, & être ornée de compar- timents qui répondent à l'ordonnance de la dé- coration du monument. Les voûtes plein-cintre font préférables à celles en ogive; elles offrent une forme plus régulière , & exigent moins de petites parties dans la diilribution de leurs orne- ments. Pour leur procurer plus d'élégance, il faut élever leur retombée fur un piédefral ou fur un focle continu, dont la hauteur foit déterminée par la faillie de l'entablement, & par le point de diflance d'où il doit être apperçu. Peut-être, à l'imitation des Eglifes Gothiques, feroit - il mieux: 1 de fe paifer d'entablement dans nos Nefs, ou de ne faire ufage que d'un feul architrave, qui fer- viroit d'importé à la retombée de la voûte , l'en- tablement toujours d'une grande hauteur, nuifant à l'unité & à la légèreté qu'il conviendroit d'öb- ferver dans l'ordonnance intérieure de nos Tem- ples, Autrement, il en faut convenir, ils reifem-* |
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d'Architecture. \ $61
Ment de trop prés à la décoration des grandes
galleries de nos maifons Royales. A la place des piliers & des arcades qui féparent les Nefs d'avec leurs bas-côtés, il vaudroit mieux faire ufage des colonnes, &. elles femblent prendre faveur au- jourd'hui , comme le lieu où elles conviennent plus que par-tout ailleurs. On aura peut-être de la peine à goûter la fuppreiîion des entable- ments; mais nous croyons qu'au moins on de- vroit ne les employer que dans les très-grandes Eglifes, & préférer les architraves par-tout ailleurs. Nous avons o'fé les fubitituer aux entablements dans l'Eglife Conventuelle dont nous avons donné les deffins pour la Flandre , & l'on pourra juger de l'effet qu'ils font dans les développements que nous en donnerons dans les volumes fui- vants. C'eiî: ordinairement dans les nefs qu'on place
les chaires à prêcher, les œuvres & les orgues : autrefois on y diftribuoit auffi des bancs à Fufage àes Paroifiîens ; ils s'y plaçoient pendant le fer- vice Divin , après en avoir acquis la poiTefîion de la Fabrique des Paroiffes, pour eux & leur famille. Aujourd'hui, prefque dans toutes nos Eglifes, on a fupprimé ces bancs , ayant reconnu qu'ils nuifoient a la circulation , qu'ils occupoient beaucoup de place, & que n'étant pas toujours remplis, le terrein qu'ils contenoient devoit être reititué au peuple. A la place des bancs on a introduit des chaifes : elles occupent moins de place à la vérité; mais la diftra&ion que caufent aux^ Fidèles les perfonnes prépofées pour en recevoir les deniers , occafionne des difcuffions, fouvent auffi peu décentes qu'importunes. Pour éviter pet inconvénient ? ne vaudroit-il pas mieux ima- |
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3^2 Cours
giner des fieges ftables & à doffiers , peu élevés,
qu'on placeroit dans des endroits convenables ; par-tout ailleurs on introduiroit des nates, & dans les Chapelles & les Tribunes des tapis de pieds. Ces obfervations paroîtront d'abord étrangères à l'Arehiteclure, qui fait ici notre'objet. Mais qu'on y réfléchhTe ; fi lors de la compoiition du projet q*un Temple, un Archite&e infyuit & des pré- ceptes de fon Art St de la néceffité de parer à tous les inconvénients dont nous parlons, confé- toit avec les Minières de llglife & les autres perfonnes chargées de fadminiitration des fonds ? il parviendroit à concilier , avec bien plus de juiteffe qu'on ne le fait ordinairement | Tutilité avec la commodité, &/la beauté de l'ordonnance avec l'économie ; enfin Ton verroit dans nos Egli- fes moins de différentes parties réunies, &fouvent ' £ peu faites pour aller enfemble. Des Bas - Cotés.
On appelé Bas-Côtés ( c) les efpeces de gaî-
îeries qui régnent au pour-tour des nefs, du chœur & du fan&uaire de nos Eglifes. Nous ferions d'a- vis qu'on n'employât jamais les ordres d'Archite* öure dans leur décoration, parce que fouvent étant obligé de leur donner un plus petit diamètre qu'à ceux qui décorent la nef; ils prodnifent noir- feulement un affez mauvais effet, mais des péné- trations vicieufes, ainii qu'on le remarque à Saint* Sulpice, particulièrement vers le fond - point. Il mous femble que des pieds-droits foutenant des |
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H Èé) YoyezEglifc eu Bas-Cotes, p* 3<?3S not, k de te volume*
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d'Architecture; %6y
arcs doubleaux leur procureroient plus de fimpli-
cité δε feroient difparoître la bigarrure que For- ment les deux différents diamètres des ordres pofes fur un même fol, & dont l'expreffion eil fouvent différente. Au refte cette obfervation ne regarde que les Eglifes modernes du dernier fxecle, dont les piliers font tous de forme qüadrangulaires ; car fi à ces piliers quarrés on fubititue des co- lonnes, comme on le pratique aujourd'hui, leurs entre-colonnements devenant communs & aux nefs & aux Bas-Côtés , cette nouvelle ordonnance déci- de la décoration de tout l'intérieur du monument ; & alors les plates-bandes qui portent fur les colonnes? delà nef & fur les pilaftres des Bas-Côtés, détermi- nent néceffairement la hauteur de ces derniers* Dans le plan que nous propofons , nous avons employé les colonnes. & les plates-bandes, comme à la chapelle de Verfailles, où elles forment autant de tribunes , au-deffous desquelles font placées . les Bas-Côtés de niveau à la nef baffe ; enforte que ce projet réunit, pour ainii dire, le double avan- tage , de nos anciennes Eglifes & de celles qui s'exécutent de nos jours, fans en avoir les incon- vénients. Des Chœurs.
Le Chœur aujourd'hui eft la partie de l'Eglife
qui eft féparée de la croifée (d) ordinairement par une grille , ou anciennement par un jubé ; |
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td) On appelle àinfî le lieu qui t retournant d'équerre fuc
la nef, forme les deux bras d^ne ÇgUfe er» r croix Greque ou Latine a & qui ordinairement eil de la largeur de la nef Sç du chœur. |
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364 Co U R 5
(e) aflèz fouvent le Ghœur précède le fanc"tualre|
comme à Saint-Roch; ou il eil placé derriere com- me à Saint-Sulpice; quelquefois l'un & l'autre font compris dans la même enceinte ; alors le Chœur fe place vers le rond-point de l'Eglife, comme à S. André-des-Arts, à la Sorbonne & ailleurs. Dans les Eglifes des Communautés Religieufes, le Chœur eil prefque toujours féparé du fan£tuaire parmi appui de pierre ou de marbre, & couronné par une grille de fer ; dans les Eglifes Conventuelles fouvent le Chœur eil placé derriere l'Autel , comme aux Carmes DéchamTés, ou placés au- defliis du porche intérieur, comme aux Minimes. Anciennement on nommoit apfis ou abßs, la partie intérieure de l'Eglife où le Clergé étoit aiïis &où l'Autel étoit placé; il étoit de forme hémifphéri- que, & coniiiloit en deux parties, l'autel & le fan- âuaire; alors le fantluaire contenoit les ftales où fe plaçoit le Clergé 5 au milieu duquel s'élevoit |
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• (e) On appelle Jubé, une Tribune élevée fur la porte du chœur-j
dbnt elle orne l'entrée ; celui de Saint-Germain-l'Auxerrois , a été regardé comme un chef-d'œuvre dans ce genre» Au- jourd'hui on fupprime cette p'aftie dans prefque toutes nos Eglifes, & l'on y fubftitue ' des grilles de fer d'une allez grande hauteur, comme à Saint - Sauveur, aux Prémontrés. Le Jubé de Saint-Etienne-du-Mont j eft prefque le feul ouvrage femi Gothique intéreflant qui nous relie en ce genre. On voit à Notre-Dame de Paris , un Jubé d'Arehite&ure moderne, avec des grilles de fer d'une allez grande richeiTe; mais on ne foufFre plus de Jubé dans nos Eglifes Paroiffiales, & l'on, n'en voit plus guère que dans les Collégiales & dans nos Eglifes Conventuelles. On appelle encore Jubé, la Tribune qui fqutient l'orgue à
l'entrée des nefs de nos Eglifes : le nom de Jubé leur viens de ce que l'Officiant, avant de chanter les Leçons de Ma- tines aux Fêtes folerinelies , a coutume de commencer pa£ l'abfolution Jube^domne^ &c» |
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d'Architecture. 365
le iiege de l'Evêque, qui en étoit féparé par une
grille ou baluftrade , & élevé fur une eûrade , Nous croyons qu'en général îe Chœur eft mieux
iitué derriere le fancTiuaire, du -moins dans les Eglifes Paroiffiales ; le Clergé qui s'y raiTemble y eil plus recœuilli 9 & fa décoration termine plus avantageufement le point de vue de l'intérieur du morfument. Nous penfons auffi que la muilque vocale & inftrumentale qui s'exécute les jours (o- lennels, ne devroit jamais fe placer dans le Chœur de nos Eglifes ; qu'elle feroit mieux étant diitribuée dans-les deux bras de la croifée, le Chœur.fem- blant devoir être uniquement deftiné pour les prières du Clergé & pour le plein-chant ; la le&ure de l'Epître & celle de l'Evangile fe feroit alors à droite & à gauche à, l'entrée du fancluaire δε en face des deux crédences qui feroient oppofées au pupitre où fe feroient ces lectures. Les ftales deftinées aux Eccléiiailiques doivent être, difpo- fées de maniere à faire beauté d'enfemble : elles fefont toujours de menuiferie ; mais nous les vou- drions & d'une forme moins chantournée, & moins chargés d'ornements qu'on ne les fait ordinaire- ment. Nous eftimons néceffaire auffi d'obferver dans les compartiments du pavé le deffin qui efî: diitiibué dans la voûte ; il devroit n'être compofé que de marbres de deux ou trois couleurs feule- ment, & aiTortis à ceux deilinés à embellir l'or- donnance des chœurs de nos Egliies. Nous avons déjà obfervé que le fond de ces
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■(ƒ) Aujourd'hui ce font deux places diftin&es, qui forment
#aus ces Leçons dans articles particuliers, |
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$66 Cours
Chœurs eft aiTez ordinairement terminé en rond-
point; nous dirons ici que cette forme circu- laire détermine aflez bien la beauté du plan., mais qu'il n'en eft pas de même des arcs doubleaux de la voûte qui, fe rétréciiTant vers le trompilion & s'y confondant avec les lunettes des croifées, pré- fentent un coup d'ceuil peu fatisfaifant. Pour dé- truire cette imperfection , nous avons, dans le deflin d'une métropole, dont nous avons parlé page 32Ó,fupprimé toute efpèce de portion circulaire, comme on le verra dans les volumes fuivants ; & nous fommes tentés de croire que ce moyen fera goûté des connoiffeurs. Ό es San&uairzs.
Les Sanctuaires (g) font le lieu où fe célèbrent
les myfteres de la Religon Chrétienne ; ils fe pla« cent de deux manières dans nos Eglifes paroifîiales; iavoir, après le chœur & vers le rond-point, com- me à Saint-Germain-l'Auxerrois ; ou , comme nous venons 4e Tobferver, entre le chœur & la nef, comme à Saint-Sulpice. Nous préférons cette der- nière fttuation, les cérémonies étant plus à laportée des fidèles ; mais pour cela nous perfiftons à croire |
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(g) Le San&uaire chez nous eft l'endroit d'une Eglife où
1« place le maître-autel, Se où le Clergé célèbre les myfteres delà Religions Couvent on appelle ainft la Chapelle du Saint- Sacrement , fituée derriere le maître-autel, comme à Saint- Euftache. On donne à Rome le nom de Sanctuaire à la Chapelle San-Salvator 3 qui eft au haut de l'Echelie-Sainte, qu'on nomme SanBa-SanBorum, parce qu'elle renferme l'image de J. C. & quelques, reliques de l'ancien Teitament. Chez les Juifs le Sanctuaire étoit la partie la plus retirée du Temple de Salomon , où le Grand Prêtre iventroic qu'une fois l'an. |
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^'Architecture. 367
iqtiil ferait néceifaire d'en élever le fol, comme
nous l'avons déjà propoie, & qu'il fût entouré par àes balußrades de bronze , pofées à l'extrémité des marches fupérieures, & ceiles-ci précédées de grilles de fer à hauteur d'appui, placées au bas des mar*- ches fur le fol de la nef; autrement le facrifice eft célébré trop près des yeux de la multitude. On n'y réfléchit pas aiïëz ; on diroit que les peuples n'ont plus l'idée du filence & du refpect, fi foi- gneufement obfervé du temps de la primitive Eglife. Certainement fEglife Greque a été plus ibigneufe que nous à conierver l'ancien ufage : la célébration des faints myiteres y eil plus auguile. Perfonne n'ignore quelle fainte frayeur infpiroit aux Hébreux le Saint des Saints : aille facré dont le grand Prêtre avoit feul l'entrée. Quelle diffé- rence dans nos Eglifes ] le clergé, les fidèles , l'idolâtre, y font fouvent confondus ; d'ailleurs le fancluaire, le chœur & les chapelles circonvoi- fines, femblent ne faire qu'un feul & même objet, tandis qu'il conviendroit de diitinguer le Sanctuaire par un grand diamètre, par une plus grande élé- vation vers fa voûte, & par une éminence afîez confidérable, comparée avec le plain-pied de la nef & des bas - côtés. Un ordre d'Architecture dans nos Eglifes doit
préiider dans la décoration des Sanctuaires, de belles pannaches en foutenir la voûte ; cette der* niere, ce femble, doit feule mettre à couvert le maître-autel & n'être jamais ornée, ni de peinture, ni de dorure, A l'égard de l'autel nous le défé- rerions à la Romaine, conitruit de marbres pré- cieux , & revêtu de bronze, en prenant garde d'é- viter dans fa compofition la petitefle des formes, fe prodigalité des membres d'Architecture & & |
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368 Co u R s
profiiiion des omements. Le pavé de marbre tó
Sanctuaires doit être magnifique & çomparti, comme nous l'avons dit en parlant des chœurs, d'une ma- niere analogue aux compartiments de la voûte. Les quatre Peres de l'Eglife ou les quatre Evan gélifies doivent être placés dans fes angles , & ces fta- tues être élevées fur des piédeitaux, au-devant deÎquels feroient placés des crédences ? &c. Nous faifons exécuter actuellement la décoration du San- ctuaire & du chœur de l'Eglife Cathédrale de Metz , vaifTeau très-beau , quoique dans le genre Gothique, que nous décorons comme nous l'ex- pliquons ici, & dont les modèles ont été approu- vés par les maîtres de l'Art. Au reite, nous aiTu- rons que c'eit toujours d'après l'expérience & une étude réfléchie fur chaque genre d'édifices que nous établirons la plus grande partie des préceptes que contiennent ces leçons ; c'eft pour- quoi nous nous flattons qu'elles ne feront pas fans utilité pour nos Elevés. Des Maîtres-Autels.
Les Maîtres-Autels (A) font de toutes les par- |
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, (k) Autel, du latin Altare, qui vient 4'altus, haut. Ches
les Païens c'écoit une efpèce de piédellal orné de Sculpture & d'infcriprions ·, iur lequel on brûloir les Viftiraes. Les Romains en avoient de pbfieurs efpèces ; les uns élevés , les autres à fleur de terre , & enfin enfoncés en terre , où l'on égotgeoit les "Victimes, Chez nous anciennement nos Autels n^étoient que dé menuiferic à caufe de la perfécution que les premiers Chré- thiens eurent à fouffrir ; aujourd'hui ce font des "coîps de maçonnerie, revêtus de marbre & orné de bronze > élevés fur un marche-pied, & celui-ci fur des marches de même ma- tière. Les Maîtres-Autels font ordinairement ifolés , & fe placent, ou à l'entrée du chœur > ou dans le fond , félon le 'genre du monument où ils font dreiTés. |
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D'ÂRiCMÎTÊdtUAÉ. .J|f
fiés de la décoration intérieure de nos Eglifes $
Celles qui doivent recevoir le plus grand degré de magnificence, non dit côté de la profu* fion des ornements * mais pair la Beauté des formes , & par le prix des matier.es f>récieufes dont ils doivent être revêtus; Il en eft de plu- iieurs efpèces, les uns nommés Autel à là Ro* marne, ifolés & à doubles parements, tel que celui de Saint - Sulpice , les autres aäoß'es & au-deiTus defquels s'élève, un retable, un contre-retable fur1 lequel on place un tableau , ou bien uri bas-relief % comme à la Sorborfnè. II. fë fait aufli des Autels erf baldaquin,' ornés de colonnes * couronnés d'un entablement & terminés par un amortiiTement, tel que celui dé l'Eglife de S. Pierre à Rome, & ceux des Egliies du Val-de^Grâce & des Invalides àParis* Ces derniers ont fans doute été imaginés dans l'intention de donnée quelque prééminence ai* Maître-Autel^fer les Autels particuliers contenus dans le même lieu 3 néanmoins nous pénfons > malgré l'exemple de ceux que nous venons de citer, que ce genre de décoration n'annonce guère qu'un faite malentendu, jpîus propre à offrir' de petites parties & une multitude d'objets difpa·3 rates entr'eux·, qu'une véritable grandeur. Si, com« me nous l'avons propoféj, on élevoit au contraire le fol du chœi^r d'une certaine quantité de mar«* ches fur la nef, fi l'on difriofoit fon projet de maniere à pouvoir placer lé ■ Maître-Autel fous ïâ clef de la voûte de la cfoifée, oit fous celle du rond-plfînt; ii l'on étudioit la formef du plan, & qu'on difpofât avec foirl les ornements qui doivenÈ l'accompagner, certainement les Autels à la Ro- maine acquerroient bientôt la préférence fur den% m baldaquins, dont en à fait ufage plutôt pa# Tom&IL As^ |
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370 Cours
imitation que par raifonnement à SaintJean-en-
Grêve, à Saint-Sauveur , à l'Oratoire ; cependant ils nous paroiiTent ici plus convenablement placés, parce qu'ils font adoffés, pour ainii dire, au rond- point , que loriqu ils fe trouvent ifolés, comme par- ticulièrement à S. Pierre de Rome., & aux Invalides. Les voûtes dans nos Eglifes Paroiffiales, les cou- poles dans les autres monuments facrés d'une grande importance, ne font-ils pas les vrais bal·· daquins âcs Autels , principalement lorfque ceuxr ci font placés comme nous venons 4c le recom- mander } Qui empêeheroit dans ces parties fupé^- rieures de nos Temples, d'imiter en ftuc quelques draperies jetées avec art ? voile dont l'emblème fernbleroit fymbolifer avec les myitères de la foi, & dont la décoration tiendroit lieu, ou des balda- quins que nous défapprouvons, ou, ce qui eil pire encore, de ces dais en cartonnage, fufpendus en l'air par des chaînes qui n'offrent rien que de poitiche & de trivial, tel qu'on remarque celui élevé au- deffus de l'Autel à la Romaine de l'Eglife Saint- Sulpice. Les décorations des Autels à la Romaine , qui, à Paris , méritent d'être imitées , font celles de, Notre-Dame & de Saint r Sulpice ; l'Autel de Saint - Germain* Γ Auxerrois nougplait moins ; ceux de Saint-Louis du Louvre & des Petits - Peres, quoique beaucoup moins considérables, font en- core d'un affez bon genre. En général il faut fa- voir leur donner une forme fimple , foutenir leur table par des corps graves & réguliers, les fur* monter de gradins couronnés de l'Arche d'Alliance, enfin les accompagner d'attributs facrés, répartis avec prudence ; autrement la plupart des orne- ments qu'on y raflemble ne fervent-qu'à nous ^iitraire «. &. îouvent à nous éloigner çle Tpbjet qui |
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o ' Α Ά e η î τ ε e τ υ r Ε. 37*
nous amené dans nos Temples. Nous venons de le dire, nous le répétons, de belles formes, des matières précieufes, peu d'ornements, mais d'or en lames , ou au moins de bronze doré d'or moulu* l'Architecture compofée par un grand maître, la Sculpture faite par un Sculpteur du premier ordre ; en un mot, une difpoiition avantageufe & une cer- taine élévation donnée au fol où doit être aiîis le coffre d'Autel, font autant de moyens qui nous femblent les feuls qu'on puifle employer pour donner à ces efpèces de monuments ce caractère divin, ii néceffaire à indiquer dans la compoiitioa d'un Maître-Autel. Des Chapelles,
Une Chapelle (i ) eil ordinairement un lieu
féparé , mais faifant partie d'une Eglife, & dans laquelle on place un autel confacré aux Offices de la Vierge, du Saint-Sacrement ou des morts. On deitine auili quelques-unes de ces Chapelles particulières pour les fonts-baptifmaux, pour les mariages, &c. Cqs dernières doivent fe placer à l'entrée des Eglifes Paroiiîiales, & avoir une com·* munication pour la nuit par l'intérieur des por- ches, comme nous l'avons déjà remarqué. Les |
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(i) On donne auuT ce nom aux pièces deftinées à célébrer
le fervice Divin dans les maifons Royales, les Palais 3 les les Châceaux, les Hôtels. A propos de ces Chapelles, nous prenons occafions de citer celles de Verfailles, de Meudon„ de Choiii, de Clagni, toutes d'un excellent genre j mais par- ticulièrement celle du Château de Frêne, fur la route deMeaux, modele de ce que devoit être l'Eglife du Val-de-Grâce , par François Manfard, mais qu'il n'a pas continuée pour des rai- fons qui devroient retenir tous les Archite&es chargés des plus grandes esuseprifes,·■- |
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37* Cours
Oiapelles de Îa vierge , & celles du Saint - Sacre*
iiïeht, doivent avoiiiner le maître-autel * mais être placées fur un fol moins élevé, afin de donner un air de prééminence à celui-ci fur celles - là ? & cependant préfenter un tout enfemble qui offre au premier coup -d'œuil une ordonnance maje- ilueufe , capable d'infpirer à l'homme du monde, une admiration contemplative qui l'élevé aU^deffus de lui-même. ■ Les Chapelles de la Vierge , lorsqu'elles font
contenues dans une enceinte particuliere de nos Eglifes Paroiiîiales , doivent être d'une grandeur affortie à l'importance des paroiffes ; leur fol doit aufïi être élevé de quelques marches ; leur partie fupérieure être ordinairement terminée par une coupole, fur la furface intérieure de,laquelle on peint l'un des principaux traits de la vie de la Vierge, ainii que l'a exécuté M. Le Moine à la Chapelle de la Vierge à Saint- Sulpice , & M, Pierre à celle de l'Eglife de Saint Roch. Néan- moins ici comme ailleurs, nous délirerions que la Sculpture fût préférée à la Peinure, & qu'elle fût contenue dans les compartiments placés entre les arcs doubleaux ; les fujets aériens qu'on y repréfente ne femblant pas faits pour exciter les fidèles au recceuillement. Un ordre Corinthien doit préfider dans le pourtour de ces Chapelles ; nous le voudrions de marbre blanc fur un fond veiné, & defirerions qu'à 'l'exception du coffre d'autel, on fupprimât toutes les dorures δε cette prodigalité d'ornements qu'on remarque à celle de Saint-Sulpice. On a ufé de plus de réferve à celle de Saint - Roch ; elle eft & plus fpacieufe & d'un ftyle plus fimple. Peut-être feroit-il mieux qu'elle fut moins percée à jour y que les arcs don- |
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d'Archit ecture. 37J
hleaux etuTent pris la place de la Peinture colo-
riée qu'on y remarque, parce que fe trouvant placée fur des corps d'Architecture, elle tranche trop & femble nuire au rapport que fa hauteur doit avoir avec la largeur de fon diamètre. Nous ne pouvons nous difpenfer de citer encore une Chapelle de la Vierge à Saint-Sauveur, moins vafte que les précédentes à la vérité, mais où pour avoir voulu faire un nfage indifcret de l'Archi- te&ure, de la Peinture, de la Sculpture & de la Dorure , on eil tout-à-fait forti du genre grave, caractère propre aux monuments de cette efpèce ; ici, au contraire, on ne remarque que de trop petites parties , compofées d'une Architecture mé- diocre, d'une Sculpture colorée , qui ne préfente qu'une enluminure digne à peine d'une optique renfermée dans un cabinet de curiofité. Ce n'eft pas faiis quelque regret que nous fai-
fons cette remarque ; mais donnant à nos Elevés des Leçons, nous femmes obligés de leur répéter qu'ils ne doivent chercher à plaire que par la iim- plicité ; qu'une iimplicité relative au fujet eft préfé- rable à tous les embellifîements qu'ils pourroient employer ; nous croyons pouvoir reprocher à nos jeunes Archite&es de vouloir dans leurs coups d'effai montrer tout ce qu'ils favent ; que par-là ils fe trouvent épuifés au milieu de leur courfe : d'a- hord ils veulent imiter indiilinclement tous les ou- vrages de l'art, fans fe rendre compte du bon ou du mauvais effet que, produit l'objet de leur imita- tion, ni du degré d'eitime que les hommes de goût, ont accordé à telle ou telle production, de préférence à telle ou telle autre, fource qu'on η en doute point, de la plupart des imperfections qu'oit- remarque dans la plus grande partie des ouvrages de nos jours» Aaiij |
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574 C ο ν ä s
Les Chapelles du Saint-Sacrement font celles
defHnées à contenir les vafes iacrés, & où la fe- maine fainte on dreffe l'image du fépulcre du Sauveur. Dans cette vue l'Archjite&ure qui les décore , doit être iimple & grave, une lumière douce & tempérée doit éclairer ce lieu faint , quelques chefs-d'œuvre de Sculpture annoncer, par leurs fymboles , la deitination particuliere de ces Chapelles. La Peinture doit en être bannie, des baluftrades en doivent fermer l'entrée, & non des grilles de fer qui ne devroient jamais être em- ployées que dans les cours & les jardins de nos maifons de plaifance. Nous ne connoiffons point de Chapelle de ce genre que nous puiflions citer, la plupart de celles deflinées à cet ufage ne pré-* fentant aucun cara&ere particulier. Souvent dans nos Eglifes les Chapelles de la Vieçge fervent de Chapelles du Saint-Sacrement; ainii un Architecte initruit doit, lors de la compoiition de fon plan, faire entrer dans fon projet ces deux principaux objets, afin de ne rien négliger de tout ce qui peut contribuer à la pompe des cérémonies Re- îigieufes, & à la perfection de fes œuvres ; il doit favoir que fur-tout ces deux Chapelles doivent être limitrophes du chœur, pour que le Clergé puifle y arriver, fans troubler le recœuillement des fidèles ; que ces deux Chapelles enfin doi- vent faire enfemble avec le maître-autel, comme en étant une fuite, & que d'ailleurs cette difpo- iition peut procurer beaucoup d'éclat à l'ordonnance de nos Temples. Les Chapelles des morts,telles que nous l'en-
teiadons, doivent être placées dansles fouterreins fous le chœur & le fan&uaire. Dans le projet de aotre Eglife Paroifllale., elles font placées ainfi |
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d' A RdHITÊCTURÉ.' 37f
fous les Chapelles baffes, à rez-de-chauffée des
nefs deiHnées , comme nous Favons dit, pour les fépultures des chefs de cette Eglife ; ces feules Chapelles mortuaires devant, félon nous, être comprifes dans l'intérieur de nos Temples, les Chapelles fépulcrales, au contraire, réfervées aux familles illuftres, n'avoir que des communications avec l'Eglife, mais être placées hors de Îqs murs, Les chapelles des morts , en général, doivent être revêtues d'une Architecîure courte & maffive , & dont le ßyle négligé de la décoration annonce, £>our ainfi dire, àibnaipect, la diiïblution de l'hu- manité; les matières propres à leur conitruclion > doivent encore être d'un ton trifte & lugubre; il faut obferver dans leur appareil d'afTez grands interfaces , dans la main-d'œuvre un faire vague & indéterminé, dans leur ordonnance des corps caverneux, dans la Sculpture des yermiculures ; en un mot, dans la répartition des ornements un certain défordre qui n'ait rien de régulier, fans néanmoins s'écarter d'une iimétrîe refpe&ive dans leurs côtés oppofés. Dans ces Chapelles doit être d'un côté un autel continuellement tendu de deuil, de l'autre un cénotaphe, dont les attributs dif- perfés avec une variété ingénieufe , indique- ront les vertus du défunt qui lui ont mérité après fa mort les honneurs dûs aux Citoyens chéris du Prince & de la Patrie. En un mot, nous délire- rions que chacun des objets faifant partie de nos Eglifes, peigniffent aux yeuX des fidèles les divers motifs qui les font élever ; aii-lieu que la plupart de ces mêmes objets fe reffemblent ; par-tout o» remarque un luxe mal entendu, une monotonie ennuyeufe ou un contraire outré qui ne produic Souvent que des beautés détachées , jamais. d?ej&- A a irç
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fernble, mais accidentellement quelques chefs·
4'œuvre épars qui ne fatisfonr, ni l'efprit du Spe^ dateur éclairé ? ni le Philofophe Chrétien. Xes Chapelles deitinées pour la célébration des
mariages font auffi des Chapelles particulières qui, ainfi que celles des fonts, doivent avoir, comme nous l'avons remarqué, leur principale entrée du cqté dti porche de nos Eglifes Paroiffiales. Un re-, table d'autçl doit occuper l'un des côtés de ces Chapelles, & en face doit être placé im bureau, pour dreiïer les a£tes ; dans les lambris de revê* tiffementjon doit pratiquer des armoires pour contenir les regiftres ; ces armoires peuvent faire; partje d'un foubaffement % au-deiîus duquel nous ferions régner un ordre d'Architecture , dont l'en* tablement ferviroit de hafe à une calotte; fphéri- que5 elliptique ou à pans, félon la forme du plan; des ornements moins féveres, mais toujours dé- cents, doivent préfider dans leur ordonnance ; de grands ^as-reliefs, fi la décoration eft en pierre» doivent repréfenter le mariage cfe SJofeph ; ou au contraire cefujetfera exprimé par des tableaux co- loriés , fi les revêtiffeménts font çn marbre; car, çnepre urie fois , cçux-ci font toujours mal lor A qu'ils fe trouvent appliqués fur un fond blanc, à moins qu'on ne préfère alors s fi par économie on ^ deiîein de fe fer vir du rninjitere de la Peinture, de n'employer que les camaïeux qui imitent par- faitement les bas - reliefs , ainfi qu'on en remar- que d'admirables, dans l'une des Chapelles des Ce-* leilins à Paris, §t ailleurs ; nous penfons que ces Chapelles doivent être parquetées pour plus dç falubrité, & qu'elles devroient être avoifinées par pliifieurs petites pièces qui alors feroient deili-? j^es pour les écritures & les regiftres, plus çpij·», |
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d'Architecture. 377
Yénablement placés ici que dans les Chapelles
proprement dites. La Chapelle des mariages à Saint-Euftache,· avant la conitru&ion du nouveau' portail, nous a paru long-temps d'un excellent genre : nous n'en connoiflbns point d'autre qui puiffe raifonnablement être citée ; celle aujourd'hui deitinée à cet ufage à Saint-Sulpice, bâtie depuis quelques années, étant d'une ordonnance fort au- deiTous de la médiocrité, quoiqu'elle renferme des tableaux du plus grand mérite. Les Chapelles des fonts, autrefois appelée?
baptißaires, ( k ) font ordinairement placées à Γορ- poiite de celles des mariages, & doivent auiïi avoir une entrée principale par le porche , parce qu'aflez communément on place un tabernacle fur l'autel qui y efi contenu. Ce tabernacle ren- ferme le ciboire qui, la nuit, fe porte aiRS. ma- lades : de même il paroît effenciel, pour plus de décence, que ces Chapelles aient une porte ex- térieure qui y donne entrée à toute heure pour |
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( k ) Baptiftere , c'étoit anciennement une petite Eglife
limitrophe d'une plus coniidérable j Se ou l'on adminiftroit le Baptême; tel eft le Baptiilere de Saint-Jeah-de-Latran à Rome, Selon M. Fleury , ces efpèçes de monuments étoient de forme circulaire, & le fol plus bas que le rez-de-chauiTée. On defeen- doit dans ce renfoncement par plufieurs marches, pour entree dans l'eau, car alors c'étoit une efpèce de bain. Dans la fuite, dit-il, on fe contenta d'une grande cuve de marbre en forme de baignoire j telle qu'il" s.'en voit une de porphire dans la nef de la Cathédrale de Metz, Enfin, continue-t-il, on les a réduites à une efpèce de baffin femblableà ceux d'aujourd'hui. Il rapporte que les anciens baptifteres étoient ornés de peintures & de vafes d'or & d'argent, fous la forme d'agneaux &; de cerfs , les premiers pour défigner l'Agneau Pafcal, les féconds pour fymbo- lifer avec l'expreifion du Pfaume 41 ; qu'on y plaçoit auili l'ima- ge de Saint-Jean Baptifte , ainfi qu'une colombe en orfèvrerie , pour caraótérifer plus particulièrement le Baptême de Saint- *eanf Voyez les mœurs des Chrétiens, par M. Heury, tit. jtf. |
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37^ Cours
fadminiftratión du baptême , fans être obligé
d'ouvrir celle de TEglife proprement dite, après îes initruclions paftorales; de forte qu'on puiffe entrer à toute heure dans ces Chapelles en cas de befoin preffant, pour y adminiitrer ce pre- mier Sacrement de notre Religion. La décora- tion de ces Chapelles, comme les précédentes , doit être élevée fur un foubaiTement, revêtu de menuiferie, & au-defTus dans des compartiments bien entendus j on peut y repréfenter le baptême de notre Seigneur par S. Jean. Au centre de ces Chapelles fe place la coupe ou le baiîin ( / ) des fonts proprement dits ; ces Chapelles doivent auiîi être parquetées & avoir près d'elles plufieurs pièces pour fervir de dépôt aux regiftres,. & pour faire les écritures. Il feroit utile d'y pratiquer un logement pour quelques Prêtres , non pour en former leur habitation ? mais pour refter la nuit à portée du fervice des Paroiiîiens. Ce logement pourroit fe pratiquer en entre-fol, dans les maiîifs des murs r &c. Qu'on y prenne garde , les détails que nous exigeons ne font point des minuties : la folidité de de la conftm&ion, la beauté de l'ordonnance font des objets effenciels fans doute ; mais ils font in- fuffifants fans les commodités que nous réclamons. La folidité & l'ordonnance font des« objets de pre- miere n'éceffité; mais'l'utilité'δε la commodité font le fruit de l'expérience de l'Architede, & des fré- quents entretiens qu'il doit avoir , non-feulement |
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( / ) Cette coupe eft ordinairement divifée en deux parties
formées par deux couvercles de bronze j dans l'une fe con- ferve l'eau deftinée à cet a&e de Religion , l'autre contiene les huiles facrées, utiles à l'adminiftration du Baotême : cette coupe eft foutenue par un piédouche en forme de baluftre, auifi de marbres l'un & l'autre doivent être l'ouvrage du goût -J & d'an galbe intéreflant. |
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ö*A rçhitëc TURI; 379
avec le Pafteur, mais encore avec les autres Ec-
cléiiaitiques &les perfonnes prépofées pour l'admi- niitration de la Fabrique. Des Sacriflus.
'g On appelle SacriiKes pluiieurs grandes falies
limitrophes & de plain-pied au fan&uaire de nos Eglifes. On diitingue deux fortes de Sacrifies; l'une appelée tréfor, eft deftinée à contenir les ha- bits facerdotaux, & les ornements d'orfèvrerie fer- vant aux cérémonies reîigieufes ; l'autre contient les vafes facrés & les vêtements dont le Clergé fait ufage journellement pour la célébration du fer- vice Divin. Ces deux fortes de Sacriities font quelquefois féparées l'une de l'autre , félon la dif- poiition locale. La Sacriitie des Prêtres de l'Ora- toire de la Chiefa-Nova k Rome, du deiîin de Boromini paffe pour une des plus belles & des plus confidérableSé Celle de la Chapelle de Ver- failles du deiîin d'Hardouin Manfard , & celle qu'on vient de coiiitruire à Notre-Dame furies deffins de M. Soufflot, peuvent donner à nos Elevés l'idée qu'ils doivent concevoir de la diftri- bution & de la décoration de ces fortes de pièces, dans lefquelles, comme nous l'avons recommandé ailleurs, nous defirerions que fuiTent placés les chefs-d'œuvre de nos Peintres célèbres, & non dans l'intérieur de FEglife ; les tableaux diftribués fur des revêtiiTements de menuiferie, dont on. décore ordinairement les Sacriilies, pour plus de falubrité, réuffiffant beaucoup mieux que fur des corps de maçonnerie proprement^ dits , à moins qu'ils ne foient revêtus de marbre par ihcruita- tion. Nous le répéterons ici, les tableaux qu'on remarque dans nos Eglifes , quoique la plupart |
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3%ό Cours
tirés de l'Hiftoire facrée , occafionnent fou vent
une diffraction involontaire aux Amateurs de ce bel Art, & ne font pas toujours afTez voilés pour être éxpofés aux yeux des jeunes perfonnes, aux regards defquelles il né faut rien offrir qui puiffe bleiter la décence. C'eit pour cette raifon que nous avons précédemment indiqué les Sacrifties dans nos ParoifTes, & les cloîtres dans les maifons Reli- gieufes pour contenir ces chefs-d'œuvre de Peinture, parce qu'étant moins fréquentés par le fexe, celui- ci du moins feroit à l'abri de l'impreffion que peut Caufer l'expreiîion animée de certains fujets , qui, quoique puifée dans l'écriture fainte > mais fouvent outrée par l'enthouiiafme de nos Peintres, n'en alar- me pas moins la pudeur. Nous penfons de même à l'égard des jeunes gens qui fouvent ne font attirés dans nos Temples que pour fatisfaire une curioiité; indiferette, ou, ce qui eit pire encore, par des deiirs prophanes , quoccaiionne la liberté qu'ont les deux fexes d'être réunis, contre la premiere inftitution, obfervee encore avec foin dans lesParoiflfçs de nos; Bourgades. Des Chaires à Prêcher*
Nous ne rappellerons point ici les critiques que
pluiieurs de nos Ecrivains ont faites en parlant de nos Chaires à prêcher, la plupart n'ayant voulu que tourner en ridicule la forme qu'on leur a donnée jufqu'à préfent, fans indiquer les moyens de leur en procurer de plus convenables. EfTayons de pré- fenter ce que nous penfons à cet égard, fanspour cela vouloir établir des loix fixes fur tous les ou- vrages de goût dont nous traitons dans ces Le- çons, Unç Chaire à prêcher dans nos Eglifes, eil un
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d'Architecture. 381
lieu affez élevé où les Miniftres de la Religion
annoncent aux fidèles la parole du Seigneur. D'à-* près cette deftinationnous defireriorjs quecesefpè- ces de Tribunes facrées panifient conftruites avec une forte de iblidité, qu'on ne les adoffât point dans nos nefs contre un pilier, comme cela fe pra- tique ordinairement 5 mais qu'on les plaçât dans le milieu d'une arcade ou dans un entrecolonne- ment; qu'alors elles ne fuffent plus compofées que d'une baluftrade de bronze, pofée fur un foubafle^ ment de marbre, & celui-ci élevé fur plufieurs gradins de même matière. Nous délirerions auffi , au-lieu d'abat-voix, couronnement toujours pofti- che, que dans l'extrémité fupérieure de l'arcade qui les contiendroit, on pratiquât une vouiTure qui produiroit à peu près le même effet ; elle évite- roit cette multiplicité de fculpture, qui loin de pré- senter aux yeux de véritables beautés, n'offre qu'un affemblage de formes contrariées, qui rare j ment s'accordent bien avec le ftyle grave qu'on doit chercher à répandre dans l'ordonnance de la dé- coration de nos Temples. Les Chaires ou plutôt les Tribunes en marbre,
que nous propofons, feröient en dedans garnies de menuiferie pour plus de falubrité : dans les jours folennels on feroit retomber en dehors de belles draperies réelles, qui leur donneroient un cara- ctère de dignité ; ces draperies feroient autorifées par celles que nous ferions tentés de faire fufpen- dre fous l'intrados de l'arcade ou fous la platte-bande des entrecolonnetnents , & qui alors déployées avec art, tiendroient lieu d'abat-voix & fe grou- peroient avec l'Architeclure qui leur ferviroit de fond. Nous fouhaiterions encore que deux rampes difpofées avec fimétrie & pratiquées dans les.bas- Λ '
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3§2 Cours
côtés conduififlent à ces Tribunes les Miniitres de
fEglife qui y arriveroient plus convenablement & y feroient moins reiferrés que dans les Chaires à prêcher d'aujourd'hui. Les abat-voix que nous paroifTons fupprimer
fembleront peut-être un obftacle à ceux qui ne fe laiffent gouverner que par l'habitude ; mais qu'on prenne garde que nous ne les fupprimons pas en- tièrement , &( que même il y auroit un moyen de s'en pouvoir paiTer tout-à-fait ; vraifemblablement ces fortes de couronnements n'ont été introduits que dans l'intention de rapprocher la voix du Prédicateur, des fidèles qui l'écoutent : ii ce motif eft fondé, il ne peut l'être que pour le plus petit nombre des aiïïiiants ; le moyen que nous propo- fons feroit qu'on fît obferver un iilence refpe&ueux dans nos Eglifes ; que des iiïues bien ménagées procuraiîent au peuple une circulation aifée ; que îbus une forme différente on introduisît dans nos Temples le bon ordre obfervé dans nos Specta- cles : nulle difficulté alors de rendre la voix du Prédicateur retentiifante dans toute l'étendue de l'Auditoire. Qu'on ne s'imagine pas que les Tribunes que
nous propofons puiffent nuire en rien aux co- lonnes qu'on fubititue aujourd'hui aux pieds droits de nos Eglifes , point d'obitacîe à ce que la hau- teur du focle qui fputiendroit ces colonnes pût fervif de foubaifement à ces Tribunes ; non-feule- ment elles occuperoient moins d'efpace que l'en- trecolonnement, mais elles fourniroient l'occaiion de placer des figures ou tout autre accompagne- ment dans ces intervalles ; & il réfulteroit de cet- te idée, ainli que de tous les autres objets dont nous parlons ? que l'Architecte fe trouveroit obli- |
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d'Architecture, 383
gé de concevoir à la fois la relation que ces différent
tes parties doivent avoir avec l'intérieur de tout fou monument. Mais fans avoir égard à notre opinion fur ce fujet, citons les plus belles Chaires exé- cutées à Paris félon l'ancien genre , favoir, celle de Saint-Nicolas des Champs & celle de Saint- Etienne-du-Mont : celle de la Chapelle de Verfall« les & celle des Invalides, quoique beaucoup moins coniidérables font auffi d'une, compofition aÎTez îngénieufe ; mais elles ne nous font pas moins defirer que l'on convienne d'une forme plus gra- ve dans leur iïruóture, & d'un genre d'ordonnance mâle, analogue aux vérités évangéliques qui s'an- noncent dans nos Temples. Des Œuvres.
Une Œuvre eil dans une Eglife Paroiiïiaïe un
lieu particulier, placé ordinairement en face de la Chaire du Prédicateur. Nous penfons de même, qu'elles devroient, comme les chaires, faire partie de Fenfemble du monument, & pour cela être conftruites de marbre, revêtues intérieurement de menuiferie , cette précaution étant néceifaire. à caufe du féjour qu'y font les Marguilliers, les Pa- triciens de ParoiiTes, ainfi que les Chefs de Con- frairie pendant le Service Divin; mais l'appui que forme le devant de l'Œuvre doit être d'une ma- tière folide, non-feulement pour qu'il ait de l'a- nalogie avec l'édifice, mais parce qu'étant deftiné les jours folennels à recevoir les Reliques des Saints, il convient que ces dépôts précieux de la foi paroiijent être foutenus fur un foubaiTement d'une-matiere inaltérable. En général , pour que les Œuvres pimTent
f aroître en relation avec la décoration des nefs ? il |
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384 C o ν κ s
faut très-peu élever leur doflier au-deffus du (eclê
ou de la retraite des ordres qui préiident dans leur décoration , ou du moins on doit obferver une» certaine fimétrie entre leur difpofition& celle des chaires ou tribunes qui leur font oppofées. Nous avons defiré qu'on fupprimât les abat-voix des chaires de nos Prédicateurs ; nous croyons qu'on devroit auffi fuppriraer les couronnements qui ter- minent les Œuvres dont nous parlons : ils ne font ici d'aucune utilité, & ne fervent qu'à mafquer le coup d'ceuil des bas-côtés; enforteque toutes ces parties, communément fans relation les unes avec les autres $ détruifent l'harmonie générale δε ne pré- fentent que des pièces de rapport, qui, conflruites de matières diverfes ? compofées d'un deiîin & d'un ftyie entièrement différents, ne préfentent rien qui annonce l'unité qui devroit fe remarquer dans l'ordonnance de l'Architefture de nos Egln fes, de préférence à tout autre genre d'édifice.* Nous ofons adreifer ces remarques impartiales à nos Parleurs : la fource de ces abus venant fouvent de ce que lors de la compoiition d'un pareil projet, plivfieurs fous - chefs , par des intérêts particu- liers , réclament chacun leurs prétendus droits, & que de la complaifance des chefs il s'enfuit que l'ufage, l'habitude, le préjugé prévalent ; que de- là on donne des entraves à l'Architefte ; comme ii lorfqu'il s'agit de la conirru&ion d'un Temple, toute efpece de tracaflerie ne devoit pas difpa-» roître, & que fa ftrudure , fon ordonnance , fa diitribution, (es ornements dufTent dépendre de l'ignorance , de la léfine ou du caprice d'hommes * peut-être fervents, mais trop peu éclairés pouf vouloir fe mêler de préfider à l'enfembie général gue doivent offrir nos monuments de ce genre« |
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t> l A R C H î ï É G f V R È. 38|
Non, fans doute , c'eit aux Chefs des Autels, que
nous fuppoibns inilruits, à prononcer définitive- ment fur ce qui regarde les lois de la bienféan- ce & de là convenance ; eux feuls devroient veil- ler au ityle qu'il convient de donner à chaque partie de la décoration de nos Eglifes : ils doivent remonter aux fources facrées , & fe choifir des Architectes habiles, avec leiquels ils puifferit con- férer , difcuter , refondre. Autrement il arrivera * ce que nous remarquons à regret, que la plupart des fidèles font moins attirés dans nos Temples pair un amour Religieux, que par la vaine curioiité d'y1 examiner quelques fomptueufes bagatelles, plus faites pour lés diitraire que pour leur rappeler le fou venir des faints My itères* La feule CEuvre qui mérite quelqu'eitime, eil,
félon nous, celle élevée dans la nef de Saint-Euita- che, du déffin de M. Cartaud. Celle de Saint- Germain-l'Auxerrois a long-temps paiTé pour uii chef-d'œuvre : nous lui accordons ce titre en là confidérant du côté de la main-d'œuvre ; mais il s'en faut bien que fa décoration réponde à nos vues: nous ne parlerons point non plus de celles nouvellement exécutées à Saint-Jean-en-Grêve, à Saint-Sauveur, à Saint-Merry & ailleurs ; quoi- que d'un deffin moderne, elles font plus d'hon- neur au Menuiiier & au Sculpteur qu'à leurs Or- donnateurSè £)es Èiiffets d'OrgUéSi
La Compoiition des Buffets d'Orgue , par rap-
port à l'Architecture, n'en1 pas fans difficulté; or- dinairement leur principale forme eil affujéfie à celle de cet mitrument, le plus harmonieux δε ίο Tomé II« M h |
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38.6 Cours
bius véritablement utile dans nos Temples, pout
iervir d'intermède au chant de l'Eglife ( k ), & quel- quefois d'accompagnement aux chœurs de Mufi- que vocale & initiumentale , qui s'exécutent les jours folennels. Dans les anciennejs Eglifes on plaçoit affez indiitin&ement les Buffets d'Orgues fur la partie latérale de la nef, foitdans le milieu, foit à l'une de fes extrémités ou dans l'un des bras de la 'croifée, tel qu'on le remarque aux Cathé- drales de Reims, de Metz, de Verdun , &c. Dans nos Eglifes modernes on adoife volontiers cet inibument au portail & en face du Chœur & du Sanctuaire ; au contraire, dans le projet de no- tre Eglife Paroiffiale, nous le plaçons dans Fun des bras de la croifée où nous délirerions qu'on pla- çât auffi la Mufique inftrumenrale , & que l'autre fût deftiné pour la Mufique vocale. Ces deux fortes de Muiiques, réunies avec le Plein-chant du Chœur & ayant pour baife continue l'accompagnement de l'Orgue , annonceroient un Concert véritable- ment fpirituel, d'autant plus intéreiTant que n'é- tant point apperçu il diftrairok moins le peuple & lui donneroit l'idée d'une Mufique célefte qui lui feroit éprouver cette componction de l'âme qui nous faiiit tout à la fois de refpeu, de crainte & d'admiration. , La difpoiition & les différents calibres des
tuyaux de métal qui compofent cet inilrument, |
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(k) Dans les Temples Luthériens les Orgues accompagnent
continuellement le chant du Peuple. Nous avons ailiite plus d'une fois à ces offices, & nous avons toujours été, on ne peut pas plus fatisfaits «te cette réunion , qui produit réellement une mélodie touchante 8c vraiment divine , en comparaifon des fugues & dçs contredanfes dont on nous étourdit dans »os Egliles. |
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d'Archiecture.' 587
fembîe avoir aiïujéti la plupart des Archite&es
qui en ont donné les deffins,, à fuivre tous à-peù- près la même forme dans leur décoration : peiuV être euffent- ils dû penfer qu'au - lieu de fiiivre; fcrupuleufement les contours prefcrits par le Fa- irem* , il feroit poiîible, fans nuire à l'harmonie, de cet inftrument admirable , d'oppofer des par- ties feintes aux objets réels , par le feul fécours de la menuiferie ; ce qui auroit rendu leur forme moins triviale, qu'on ne le remarque ordinairement. La décoration du Buffet d'Orgue de l'Eglife de la Sainte - Chapelle à Paris, exécutée fur les deiEns de M. Roufiette, Architetle du Roi, avec les précautions dont nous parlons, eil certainement celui qui nous fait le plus de plaifir : fa compoii- tion eil d'un bon genre & d'un ilyîe grave, dont on ne devroit jamais fe départir, fur-tout lorfqu'il s'agit d'objets deilinés à la décoration de nos édifi- ces facrés. Ceux des Abbayes de S. Germaûi-des- Prés , de Sainte-Geneviève & de Saint-Vidor, paf- fent auiîï pour être affez beaux, quoique d'un deffm ancien. On appelle pofitif, le petit..Buffet' d'Or- gue qui fe place devant le grand; & l'on donne le nom de Cabinet d'Orgue à ceux qui fe pla- cent quelquefois dans les pièces qui précèdent les Chapelles des belles maifons de plaifance, corn^ me il s'en remarque un dans les anciens apparte? ments de Sceaux. Relativement à nos Eglifes, il eil une infinité
d'autres objets de décoration dont nous aurions pu dire ici quelque chofe, mais nous y fupplée- röns par différents deffins gravés à la iiiite de ce Cours ; leur defcription , dépourvue d'exemples , nous paroiiiant infufîifante fans ce fecours. D'ail- leurs par-là nous évitons les répétitions fans Bbij
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$%$ Cours
nombre dans lesquelles nous fommés fans doute déjà
tombés plus d'une fois; mais que nous ayonspré* férées dans ces Leçons à un ftyle plijs châtié,, parce que lorfqu'il s'agit d'initruire, il vaut mieux ie répéter que d'affe&er un ftyle trop laconique, Après avoir parlé des différentes Eglifes & des principales parties qui les compofent, relative- ment à l'Architecture, comme autant de monu- ments que nous avons regardés, avec raifon, de la premiere utilité ; entrons à préfent dans quel- ques détails fur le plus grand nombre des édifices non moins effenciels , tels que les Hôtels des Monnoies ou fe fabriquent les efpèces d'or & d'argent; les Bourfes ou Changes qui en facili- tent la circulation ; les Bibliothèques, dépôts pré- cieux qui contiennent les ouvrages immortels des Savants; les Académies & les Licées qui les per- pétuent en France; les Baûliques où fe rend la juitice & où Ton fait parler les Lois ; les Marchés , les Halles, les Greniers d'abondance, les Foires utiles pour la diilribution des denrées & la faci- lité du commerce ; les Ports f les Quais , les Ponts , les chemins qui favorifent le tranfport des marchandifes , la communication des Provinces & des Pays étrangers ; les Fontaines, les Châteaux d'eau , les Aqueducs , les Réfervoirs nécefîai- res pour les différents befoins de la vie & la fa- iubrité de Fair; les Bains publics, monuments du premier befoin pour la fanté des habitants ; les Hôtels-de-Ville, deffinés à la fureté des approvi- iionnementsdes Citoyens; enfin les Obfervatoires utiles à l'aitronomie, qui par leur moyen annon- ce au Peuple la durée des temps ? le retour des faifons, &c» EU:
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d'Architecture; 389
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CHAPITRE IX. :
Suite des Edifices érigés fou κ
l'utilité publique. Des Hotels des Monnoies.
stuES Hôtels des Monnoies font des bâtiments
élevés dans les grandes Villes : l'intérieur de ces édifices renferme les fourneaux, les moulins, les balanciers dont .on fe fert pour fabriquer la Monnoie; on y diftribue auffi la demeure des Officiers de ce département, & des logements pour les ouvriers chargés de cette Fabrique. Celui de Venife appelé Zeicka, dont parle Scammozzi, paife pour un des plus coniidérables ; en France* celui de Lyon eil regardé auffi comme un bâti- ment àiTez important; à Paris c'étoit un édifice qui dernièrement tombpit en ruine, ce qui depuis peu a déterminé le Gouvernement d'ordonner la conftruclion d'un nouvel Hôtel des Monnoies fur le terrein de l'ancien Hôtel de Conti, iitué fur le Quai qui porte ce nom. Ce bâtiment d'une aifez vaite étendue s'élève fur les deiïins & la conduite de M. Antoine Architecte, qui a bien voulu nous commu- niquer l'état qui lui avoit été donné , concernant les différents objets qui regardent la manutention intérieure d'un pareil monument ; cet état a fervi de guide à l'un de nos'Elevés, qui fous nos yeux &: dirigé par nos foins a compofé les plans, coupes & élévations d'un Hôtel de la Monnoie qu'on trou- vera dans les Volumes fuivants. Toutes les obfér^. Β b ϋχ
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3$Ö CO URS
varions contenues dans ce Chapitre, touchant les
différents genres de bâtiments ne font encore qu'un préliminaire , contenant autant de programmes offerts à nos jeunes .Artiites, & d'après lefqueîs ils doivent eiïayer leur génie avant d'avoir recours aux exemples qui feront partie de la fuite de ce Cours. Nous dirons feulement ici, pour les y pré- parer , qu'il feroit bien qu'un pareil édifice fût ifo- îé de toute part, que fa difpoiition, fa fituation & l'ordonnance des façades contribuâifent autant qu'il eil poffible , à la décoration, de la Capitale qui le renfermé ; que pour cela il feroit bon qu'il fût iituéfur un Quai, comme celui qui s'élève aujour- d'hui, ou qu'il ût partie des façades d'une place publique , ou qu'on le pîaçâtdans une grande rue en face d'un carrefour qui en rende l'accès facile ; que pour le diftinguer. des Hôtels qui fervent à l'habitation des grands Seigneurs, il feroit né- cefTaire de difpofer fur le devant/le principal corps de logis deitmé aux logements des Directeurs , la Fabrique dans le fond de la principale cour, & les dépendances dans des ailes baffes. Il faut que la diitri- bution des bâtiments intérieurs foit difpofée.aveç fymétrie ; que la'cour d'honneur foit grande, fpa- cieufe, d'une belle proportion, que celles des dé- pendances foient aérées & qu'elles ayent des com- munications eiitr'elles &les différents départements, par des galleries qui en tout temps facilitent la circulation des perfonnes de dehors, & de celles des dedans, fans pour cela nuire à la fureté né-v ceffaire à obferver dans un pareil bâtiment ; enfin que l'ordonnance de (es façades annonce une cer- taine richeiTe, fans cependant pouvoir entrer en comparaifon ni avec nos beaux Hôtels, ni avec nos Palais fomptueux , les édifices de ce genre no |
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D*ÀR éïïITECTUR E. 39Ï
devant tenir ni de la décoration des bâtiments
s d'habitation proprement dits, ni de celle des pla- ces publiques ; on doit les coniidérer comme des bâtiments mixtes , qui pour cela doivent avoir un caraclere moyen entre la magnificence de nos maifons Royales , & la iimplicité aiFedée à nos maifons particulières , aux Manufactures, aux Hôpitaux, aux Cazernes , &c. Ce cara&ere doit être tel à peu près que nous l'avons obfervé dans le projet que nous annonçons, & dont nous ferons la deferiptioïi dans fon temps. Des Bourfés ou Changes.
Les Bourfes font des bâtiments plus ou moins
confidérabîes, félon l'importance des Villes où ils font élevés ; ce bâtiment à Paris fe nomme Place, ou Bourfe ; à Lyon, Loge ou Change ; à Londres » à Anvers , à Amilerdam, on le nomme Bourfe. Ces édifices font ordinairement compofés d'un, grand périityle & de pluiieurs portiques à rez de- chauiTée , fous lafquèls s'afTemblent certains jours les Banquiers & les Agents de -Change pour le commerce d'argent & les papiers publics. Ces por- tiques conduifent à des falies d'aiïemblée, à des bureaux, à des comptoirs, pour l'efcompte des bil- lets , des lettres de change, &c. La Bourfe d'Am- ilerdam eil un des plus beaux bâtiments de ce genre ; elle eil ornée de Peintures & de Scul- ptures de prix (<z). À Paris la Bourfe eil fitiiée |
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(a) Ce bâtiment a été grave avec beaucoup de foin, Se avec
tous les ornements qu'il contient. La Loge ou Change à Lyon, eil aufli un affez bea-u bâtiment»
élevé, Ü y a quelques aimées, fur les dciTtns de M, Souiflou Bb iv
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39a C o υ R s
rue Viviene auprès du bâtiment de la Compagnie
des Indes ; elle n'a rien de remarquable qu'un préau entouré de portiques & de quelques l'allés à rez-de-chauffée, qui fubfiitent telles jufqu'a ce que des arrangements dont le gouvernement s oc- cupe, puiiTent aflîgner des fonds & difpofer le terrein convenable à chaque genre d'édifice dont cette grande Ville mérite d'être ornée ; ce qui ne fe peut qu'avec le temps, le nombre confidérable des maifons qui y font élevées étant à peine fur- fîfant pour contenir les habitants. Ces fortes de bâtiments demandent un caractère particulier qui ne les confonde point avec nos demeures or- dinaires ; une belle porte fur la rue, ou plutôt donnant fur une place , doit annoncer un porche qui de droite & de gauche conduife à des galleries. ou portiques ; & ces portiques doivent mener a un bâtiment placé au fond de la cour. Dans l'intérieur de l'édifice doit fe trouver un veitibule , donnant entrée aune grande falle, accompagnée de plusieurs autres pièces moins fpacieufes, à quelques cabinets, à des ferre-papier, à des garde-robbe * &c Ce veiti- bule doit auffi conduire, d'un coté, à un efcaher de moyenne grandeur, qui monte à unattiqueconte- nant le logement d'un Concierge, &c, de l'autre a deux anti-chambres , l'une pour la livrée , l'autre pour les courtiers , &c, Cet étage attique ferviroit £ faire pyramider ce corps de logis fur les galle- ries, & fixçroit, pour ainfi dire, le cara&ere pro- pre à ces fortes d'édifices,.dont l'ordonnance doit tenir à l'expreiTion Dorique, revêtue de quelques ornements puifés dans les attributs du commerce terrçitre &. maritime« |
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VArckitecïurê; 393
jDej Bibliothèques*
■ 4^ '·■ "\.: : ... : ' - '"" ;' " r ■ '.' ' Les Bibliothèques [b) font de grandes falies
en forme de galleries, contre les murs defquelles font adoifées intérieurement des armoires, garnies de tablettes, fur lefquelles font rangés des livres avec ordre & fymétrie; ces galleries font ordinai- rement partie de la diitribution des grands ap- partements des Palais, des belles maifons de Plai- îance, des Hôtels, des Monafteres , des Colleges, &c. Quelquefois auiîi ces galleries, font l'objet principal d'un bâtiment élevé à grands frais pour les contenir; ces édifices alors doivent avoir un caraâere qui les annonce pour ce qu'ils font, - Effayons dans cet article de peindre à Tide© de nos Elevés ce que nous penfons à cet égard. La Bibliothèque du Roi à Paris, eft confidérabîe par fa grandeur & le nombre immenf%fle livres, de manuf- crits & d'eftampes qu'elle contient; ce qui la rend très-recommandable & fréquentée pendant l'année par les gens de Lettres, les Artiites & les Etran- gers. Nous ne parlerons pas des autres Bibliothè- ques publiques de cette Capitale, notre objet n'é- tant dans ces Leçons que de traiter des différents édifices, relativement au cara&ere que doit offrir au premier afpeâ: l'ordonnance de leur Archite- cture. A l'égard de la Bibliothèque du Roi, pour ne nous pas répéter, nous invitons nos Elevés à prendre connoiflance de ce que nous en avons rapporté dans l'Arçhite&urë Françoife, où nous |
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(£) Bibliothèque, formé de deux mots grecs biU'wn Se
thêçkç, armoire à livres» |
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$Ç4 Cours
fommes convenus, que quelque confidérable qu@
foit ce vaiffeau, il na pu acquérir un certain degré de perfection, fon étendue s'étant faite à plufieurs reprifes δε dans différents bâtiments originairement confacrés à une toute autre deftination ; auiîi Tient- on de déterminer fon tranfport au Louvre du côté de la rivière : nous aurons encore cette obligation à M. le Marquis de Marigny, qui, non content d'avoir obtenu de Sa Majefté le rachève* ment de ce fuperbe Palais , tourne toute fon «at- tention à reitkuer aux bâtiments du Roi tout leur éclat. i; Dans le cas d'un édifice élevé exprès pour con-
tenir une Bibliothèque & fes dépendances, nous penfons qu'il faudroit tâcher que cet édifice fut ifolé de toute part, dans l'intention de le préfer- ver de tout incendie, qu'il fut en face d'une prin- cipale iffue, ou au moins qu'il fit fymétrie avec un bâtiment de même efpèce par fes dimeniions | tel qu'un Hôtel du Clergé, une Univerfite, un Hôteî-de-Ville ou autre monument publie qui, en attirant l'Etranger, le mettroit à portée de viiitet ce dépôt précieux de la littérature. Nous croyons .suffi que les bâtiments litués fur la rue devroient être deftinés pour le logement des Bibliothécairesf &des autres perfonnes prépofées pour la garde des livres, des médailles , des manufcrits, des eftam- pes. La Bibliothèque, proprement dite, fe place- rait dans le fond d'une deuxième grande cour , & dans deux ailes en retour au premier étage; les dépôts & les magafins , les Imprimeries, les Atte^ îiers feroient dans une premiere cour, afin que dans la féconde aucune habitation ni dépendan- ces, où le feu feroit néceffaire, ne pût, en cas cTaccideiît? endommager les livres j encore feroit- |
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d'Architectur e; 39f
Il indifpenfabîe que tous les bâtiments qui les con-
tiendraient fuiTent voûtés en pierre , les couver- tures en brique &. revêtues de cuivre , au-:lieu de plomb ou d'ardoife ; & qu'ils fuffent détachés de ceux de la premiere cour au moins de quarante pieds, en fe communiquant néanmoins par des galieries baffes qui fe pourroient détruire inconti- nent en cas d'incendie. Ces galieries conduiroient à de grands efcaliers placés dans les pavillons, pratiqués à la tête des deux ailes de la fécon- de cour : ces deux aîles donneroient entrée aux falies contenant les livres. Pour occuper moins d'efpace, & rendre le circuit moins confidérable ; nous penfons encore qu'il conviendroit que ces Bibliothèques nefuiTent éclairées que par en haut; cette lumière plus convenable à l'étude félon nous, contribuerait à la iimétrie, au recœuillement & multiplierait les furfaces pour placer les corps d'armoires ; d'ailleurs l'ordonnance intérieure fe- rait plus régulière & ne nuirait en rien à la dé- coration des dehors, parce qu'à la place des crair fées on pratiqueroit extérieurement des tables renfoncées qui contiendraient alternativement les ftatues & les buttes des grands hommes , lefquels y pourroient être examinés de près fur les ter- raiîes qui fe trouveraient au-defîiis des portiques placés à rez-de-chauiTée. Au refte par les Bibliothè- ques éclairées par en haut, nous n'entendons pas faire ufage,ni des lanternes ni des lanternons, cette maniere d'éclairer de grandes galieries, n'ayant point aflfez de majefté; mais nous propofons des croifées attiques placées à droite & à gauche : on en trouvera un exemple dans le volume de ce Cours qui traitera delà décoration intérieure; nous avons fait ce deiïîn pour le projet de l'Académie |
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396 € o ψΜ s
Impériale de Moskou ; ilavoit été demandé par
le prince Galitzin de la part de la feue Impéra- trice Reine de toutes les Ruifies ; mais l'exécution en a depuis été fufpendue ; l'Impératrice régnante ayant deiiré faire élever ce monument à Saint- Pétersbourg , pour lequel il a fallu d'autres pro- jets , le local ayant exigé de nouvelles dimen«> £ons. Des Académies»
Les Académies (c) chez nous, font de grandes
ialles, contenues pour la plupart dans les Palais de nos Rois ; chez les anciens ce lieu s'appeloit Licée, ( d ) nom donné à la fameufe Ecole où Ari- ftote enfeignoit, en*fe promenant, laPhilofophie à Athènes, ce qui fut çaufe que ceux de fa fe&e. furent nommés Péripatèticiens 9 mot formé d'un Verbe grecqui iignifîe marcher tout au tour. Nous rapportons cette etymologie , parce qu'elle dé- |
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. (c) Académie , du mot Aeademus , nom d'un particulier
d'Athènes qui donna fa maifon à des Philofophes pour y conférer enfemble fur les Sciences , les Lettres & les Arts : nous ne ferons point ici l'énumération de toutes les Acadé- mies qui font à Paris ; leur origine, leurs différentes efpèces font aiTez connues , particulièrement celle dès Sciences, celle des Belles-Lettres , l'Académie Françoife, celles d'Archite&urc » de Peinture 8c de Sculpture, &c. (d) Selon Paufanias, à ce que rapporte Daviler notre
garant fur la plupart des étymologies rapportées dans ces notes, le Licée d'Athènes avoit été auparavant un Temple confacre à Apollon par Licus , fils de Pandion , d'où il fut appelé Licée. D'autres auteurs prétendent que c'&oit un Collège com- mencé ρ ar Ρ'érifirates, & fini par Périclès: quoi qu'il enfoit, on eft d'accord que Cicéron fit bâtir un Licée à Tufculum ? aujourd'hui Frefçati, près de Rome , à l'exemple de celui 4'Athènes. |
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d'Architeêturi; 35^
Pgne ? en quelque forte, que ce lieu étoit com-
pofé de portiques où l'on marchoit à couvert 5 & de jardins en quinconces, où l'on fe promenoit dans la belle faifon. C'en1 d'après cet exemple des anciens, fource où nous devons puifer le genre des bâtiments qui ont pris naiflance chez ces peuples favants, que nous devons donner aux/ nôtres un caractère qui fe rapproche de leur origine; par-là ils s'annonceront pour ce qu'ils doivent être ; autrement ils portent tous la même empreinte & n'offrent plus cette variété, qui feule indique l'intelligence de l'Artifte véritablement in- Itruit. L'honneur que nos Académies reçoivent dans
cette Capitale, d'avoir le lieu de leurs aifemblées & l'école de leurs difciples dans fun des Palais de Sa Majefté , fembleroit devoir nous difpenfer de propofer ici le projet d'un monument de cette efpèce ; mais la néceiïite dans laquelle nous nous fommes fouvent trouvés de porter la plupart de nos Elevés aux grands objets de l'Art, nous a engagés quelquefois à leur propofer de s'exercer à la composition d'un monument fous le titre de Temple des beaux Arts, & de comprendre dans ce projet, non-feulement toutes nos Académies en particulier, mais au centre une grande pièce qui les raffemblât toutes à des jours deftinés à cet effet. Nous ibùhaitërions que dans le même lieu de gran- des galleries puifent contenir la Bibliothèque duRçi» lç Cabinet de fes médailles, l'Hiftoire naturelle, les Antiques, laPhyfique, la Mécanique ; enfin qu'il y eût d'autres falies pour la Marine , la Fortification , & tant d'autres objets de curiosité & d'utilité, placés à Paris dans des bâtiments fi peu faits pour les contenir & ii fort éloignés les uns des autres |
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398 Cours
que les Etrangers ne peuvent voir fans beaucoup
de difficultés la plus grande partie de ces merveil- les. Pour parer à cet inconvénient, nous avons fait compofer fous nos yeux un plan qui raffem- ble tous ces objets, & qui pourra faire quelque plaiiit aux Amateurs par fon enfemble & l'intelli- gence de fes détails. Nous donnerons ce plan dans l'un des volumes de ce Cours , où il fera traité de la diftribution, en rendant compte des principales parties qu'il contient. Les deffins qii© nous promettons parlant plus évidemment aux yeux que la narration la plus circonilanciée, nous dirons feulement ici, pour tenter l'émulation de nos Elevés, qu'il convient qu'un pareil monument foit fitué dans un lieu varie, aéré, entouré de galleries de1 communication, à rez-de-chauiTée, & que différentes entrées conduifent commodément à ces diverfes deftinations & à des promenades traitées dans le genre fimple mais noble ; qu'il feroit bon aufli de faire prééminer le principal bâtiment fur les autres, foit en l'élevant fur des terraffes, foit en profitant avec Art d'un, terrein montueux j afin que fa principale difpoiition an- nonce fa prééminence fur toutes fes dépendances. AuKun monument η eil plus propre que celui-ci, à déployer la magnificence de l'Architeclure & des autres Arts libéraux qu'elle régit fous fes lois. Ots Manufactures.
Nous n'entreprendrons point de traiter des bâ-
timents defKnés aux différentes Manufactures ; chaque genre de Fabrique exigeant une manu- tention particuliere qui détermine l'expofition , la fituation & la diftribution des corps de logis qui |
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d'Archït.ect v'R.E. 399
les composent; nous dirons feulement d'une ma-
niere générale, que ces bâtiments doivent conte- nir des logements pour les Directeurs & les Inf- pe&eurs chargés dé veiller au bon ordre , à l'éco- nomie & à la perfection de chaque objet relatif à leur établiiTement ; que félon l'efpèce de ces objets, les bâtiments doivent être munis de gran- des falies, d'atteliers, de laboratoires, de maga- iins, de cours & de dépendances , pourvues de toutes les commodités particulières à leur reifort, & répartis en plus ou moins grand n9JÉ|re 5 félon l'étendue & l'importance des manufaclur« Ón doit placer ces édifices à l'extrémité des^aubourgs des Capitales , le terrein qu'ils occupent étant trop confidérable pour être renfermé dans le fein des Villes ; on doit leur procurer des eaux abon- dantes , foit par le fecours d'une machine hydrau- lique, foit par le courant d'une petite rivière , plus propre »que celle de fource pour tous les genres de travaux. ■ L'ordonnance de leur Archi- tecture doit être fimple, & annoncer la folidité de leur conirruclion,. fans pour cela préfenter un caracfere martial, l'apanage des ouvrages Mili- taires, confacré aux arfenaux , &c. ou dans l'Ar- chitecture Civile , aux Forges , aux Verreries, &c. Dans l'Archite&ure Françoife,. en parlant de la Manufacture Royale des Gobelins , comme de l'un des établiifements qui font le plus d'honneur à la Nation , nous avons avoué que les bâtiments jie pouvoient fervir d'exemple à nos jeunes Ar- tiiles ; nous en dirons autant de celle de la Savon- nerie où fe fabriquent les tapis de pieds dans le goût de ceux de Turquie; de celle des glaces, &c. de maniere qu'il n'y a guère que celle de porcelaine à $eve & celle de Van-Robais à Ab- |
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r40Q . Cours
beville qüipuiffe à peu-près fervir dâ guide j)ou4?
l'expreffion qu'il convient de donner à la décora- tion de leurs façades ; encore doivent-elles plutôt leur célébrité à leur agrément .& à leur utilité qu'à l'ordonnance de leur Architecture, le caractère propre à chaque édifice, étant la partie la plus négligée parmi nous. Dej JPóntaihèSi
. Les Fontaines font des monuments d'Archite£tü*
ïe ftifceptees de la plus grande décoration, félon le lieu oùlKes fe trouvent iituées, dans les Villes ou dans nos jardins de propreté. Notre intention eil ici de ne parler que des Fontaines couvertes qui s'élèvent dans nos places publiques, de celles qui font adoffées contre des murs de face ou de clô- ture , & des Fontaines découvertes qui contri- buent à embellir les Cités : nous parlerons ailleurs* en traitant du jardinage, des,Fontaines jaillhTan- tes, pyramidales , en grotte, &c. où fart de la Sculpture a plus de part que l'Architecture. Paris eit peut-être la Capitale où ces fortes d'édifices font en moins grand nombre, & où ils devraient être néanmoins le plus multipliés, foit à caufe de la quantité de fes habitants, foit à èaufe de la mal- propreté de fes rues, occafionnée par la circu- lation des charrois qui y abondent pour fes appro- visionnements. Cependant, ces édifices non-feule- ment y font fort rares; mais à l'exception de la Fontaine des Saints-Innocents & de celle de la rue de Grenelle, prefque toutes font d'une Archi- tecture iî médiocre- & d'une ordonnance fi chéti- ve, qu'à peine leur afpecl: donne-t-il l'idée d'un regard ? ou d'un réferyoir ; qu'on en juge.pat celles
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Celles élevées dans les Places Maubert, du Cime*
tiere Saint-Jean, des Grands Jéfuftes, &e. Les Fontaines couvertes dont nous parlons, font
des édifices ordinairement de forme qiiadrangu* " laire, quelquefois à pans coupés ou circulaires 5 elles renferment un réfervoir pour en dîitribuer l'eau dans les diiFérents quartiers de la Ville* Leut décoration doit, félon nous, être toujours d'une ordonnance Tofcane ou Dorique («}> parce que cette expreffion ruiiique 'ou folide dans leurs de« hors convient à la deitination de ces fortes de bâ* timents, qui intérieurement voûtés & contenant un volume d'eau d'un poids confîdérable, ne peu- vent raifonnablement annoncer extérieurement une Architecture d'un ftyle moyen ou délicat, malgré f exemple de celle des Saints-Innocents d'ordre Co- rinthien, du deiîin de Pierre Lefcot, & celui de la Fontaine de la rue de Grenelle d'ordre Ionique * du deiîin d'Edme Bouchardon, D'ailleurs ces deux efpeces d'ordres doivent être réfervés pour les fron** tifpices de nos Temples & pour la décoration des fa* çades de nos belles maifons d'habitation; autrement on confond les genres * & infenfiblement on oublie celui qu'il convient de donner à chaque édifice. On devroit auflî, ce femble, décorer nos Fontaines pat quelques chutes d'eau* dont l'épanchement ferviroit utilement à la propreté des rues* & en même temps annonçeroit que cette Ville eit traverfée par une rivière aflez confidérable, qui fur {<s$ poits âme* ne l'abondance dans fon fein, au*lieu que la plu* part de ces bâtiments, non-feulement font d'uii |
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{e) Voyez celle qui fert d'application à l'ordre Dorique
planche XII & fuivantes de ce volume ; nous l'ayons compoie^ .dans le genre^ dont nous parlon*. Tome IL Çç
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φΐ COU RS
4eiîin\rivial & de mauvais goût, mais ils n'ont nî
le caraclere qui leur convient, ni ne s'annoncent pour ce qu'ils font, le plus grand nombre diftri* buant à peine un filet d'eau qui recceuilli par des hommes vils & des femmes bruyantes défolent les habitants du quartier où ces Fontaines fe trouvent placées, lorfqu'elles devroient au contraire leur procurer futilité & la falubrité. Il eil étonnant, nous prions qu'on nous paffe cette exclamation; il eil étonnant combien il y auroit de chofes à faire, malgré l'attention de nos Magiilrats à cet égard, ii l'on vouloit porter un ceuil attentif à tous les abus auxquels il faudroit remédier pour rendre cette Ville rivale, nous ne difons ni d'Athènes ni de l'an- cienne Rome, mais feulement de la plupart des Villes de nos Provinces méridionales. Il faut as$ fonds immenfes, nous dira-t-on, nous en conve- nons; mais de quoi ne vient pas à bout, le zèle & l'amour du bien public ? que n'a pas fait M. Tur- got fous fa Prévôté? Depuis très-peu d'années quelle obligation η avons-nous pas à M. deSartinel Tordre rétabli dans Paris par une police exacle» les rues éclairées la nuit avec une forte d'éclat, des ailles affurés aux pauvres, qui depuis cinquante années défoloient les paiTants, des écoles gratuites où tous les jeunes Artifans pourront puifer le goût 4e l'Art auquel ils fe deilïneront un jour. Avant ce digne Citoyen , on convenoit de l'utilité & de la nécefîité de toutes ces entreprifes & de bien d'autres qui font près d'éclore fous fon admi- hiflration ; mais il a conçu ces projets dignes de fa bientaifance, & a trouvé par des moyens doux & pacifiques l'art de les féalifer. D'après cet exem- ple , on doit concevoir qu'on peut tout ; il ne faut ijue vouloir. Qu'on ne fe preffe jamais ; qu'on épie |
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d'Architecture» 40J
les circonilances; que chacun s'occupe de fon
objet dans fon département, & Ton verra bientôt cette Ville , digne de la Nation Françoife, devenir un des plus beaux féjours de l'Europe. Mais n*- niffons cette digrerîion que notre zèle plus que nos talents nous fuggere, & continuons les différen- tes formes des Fontaines dont il nous relie à parler. ■ Les ordres Tofcan & Dorique que nous venons
d'aiîigner pour la décoration des Fontaines couver- tes, conviennent à toutes celles deitinées à la déco- ration de nos Cités , principalement à celles qui tiennent leur beauté de l'Àrchiteclure proprement dite, & auxquelles la Sculpture ne fert que d'ac- ceifoire ; telles font les Fontaines adoiTées en ni- che , en portique, &e* car lorsqu'il s'agit de Fon- taines découvertes & jailliiTantes , leur ordonnan- ce, leur forme , leur galbe peut tenir du genre moyen ou délicat & fervir feulement de fond à des ornemements de Sculpture d'une certaine élé- gance ; mais, comme nous l'avons déjà obfervé, & que nous le*dirons ailleurs, ces fortes de Fontai- nes font plus propres à la décoration de nos jar- dins qu'à orner nos Villes ; ou dans ce cas, il fau- droitles compofer de formes plus graves , y prodi- guer moins la Sculpture, & n'y employer que des matières durables, telles qu'on en remarque dans les places publiques à Rome; elles y font ordinai- rement compofées de baiïins & d'une ou pluüeurs coupes d'un feul morceau de marbre, porté fur une tige ou piédeilal. Du milieu de ces Fontames s'élève un jet qui forme une nappe en tombant, comme à la Fontaine de la cour du Vatican, dont la coupe de granit antique a été tirée des Ther- mes de Titus à - Rome. Mais lorfqull s'agit des Cc ij
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*4o4 Cours
Fontaines dont l'Archite&ure Fait la_Jaafe, qu'elles
font adoffées & qu'elles ne peuvent s'aligner fur «ne feule ligne droite , an moins faut-il leur don- ner peu de mouvement : nous en avons fait exé- cuter une de ce genre au bas de la plate-forme de Saint-Etienne, place de Chambre à Metz ; nous en avons donné plufieurs deffins dans Γ Architectu- re Hydraulique de M. Bélidor, 11 s'en voit une à Rome adoiTée contre un réfervoir, appelé ÏAqua* Paula fur le Mont Janicule, d'ordre Ionique , & couronnée d'un attique chargé d'inferiptions. On en doit ufer de même pour celles qui font en tour creufe, comme celle de la rue de Grenelle à Paris, & celle nommée Médicinale, du deflin du Cavalier Bernin près de Rome , appelée Aqua- Acetofa ; pour celles qui font en niche , comme la Fontaine Aldobrandine à Frefcati, ou celles décorées de portiques formant une efpece de Châ- teau d'eau ifolé , ornées de plufieurs arcades, com- me VAqua-Felix de, Termini, d'ordre Ionique, ou fe remarque la Statue de Moïfe par Michel-Ange; pour celles en renfoncement fur le parement d'un mur, comme la Fontaine du bout du Pont Sixte 9 en face de la Strada Julia, l'une des plus belles rues de Rome; pour celles enfin placées dans une encoignure, comme celle des quatre Fontaines à Rome, &c. Nous nous contenterons des citations que nous venons de faire ; dans la fuite nous don- nerons différents deffins de ce genre ; nous recom- mandons feulement à préfent aux jeunes Artiftes qui voudront s'eifayer dans ces fortes de compo- rtions , quelque caraäere pittorefque qu'ils veuil- lent leur donner, de ne jamais oublier les propor- tions de VArchiteâ:ure, & d'aifortir plus que nous ne le remarquons ordinairement dans leurs def- |
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»'AUCH I TEC TÜRE.* %6f
fins, Ie rapport que doit avoir la-Sculpture avec
le ilyle de l'ordonnannce, pour éviter d'une part l'élégance quoiqu'admirable de celle de la.Fontaine des Saints-Innocents , ou le caracîere forcé, mais fublime de celle de la rue de Grenelle , les deux feuls monuments de cette efpèce à Paris qui mé- ritent quelque eitime, malgré la légitimité des ob- fervations que nous avons faites dans cette Leçoa fur ces deux édifices. ' Des Bains,
Il eft plufieurs fortes de Bains, les Bains par-
ticuliers & les Bains publics- Ces derniers fe divi- fent en deux ClaiTes, les Bains artificiels & les Bains naturels. Déiignons par rapport à l'Archi- tecture le caractère de la décoration qu'il convient de donner à chacun d'eux. Les Bains particuliers , nommés aufîi Bains do-
meftiques ou de propreté, font ceux qui à côté d'un appartement à rez-de-chauffée, font compofés d'une chambre à coucher, d'une falle de Bains, d'un cabinet de toilette, d'une garde-robe, d'une étuve ( ƒ ) où l'on chauffe l'eau & où on féche les linges, de réfervoirs (g) &c. Quelquefois faute de mieux on les place à Fentre-fol; ou au contraire dans les édi« |
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(ƒ) Etuve, on appelle ainfi chez nous une petite pièce
dans laquelle on place un fourneau & une cuve de cuivre, qui iert à chauffer l'eau qui fe diitribue enfuite dans les baignoires. Chez les anciens c'étoit un lieu fermé, échaurïé pour y faire? fuer les perfonnes avant d'entrer au bain ; & ils appelbienc hypocoßts, les lieux fouterreins qui fervoient à échauffer leurs bains, lU) Voyez ce qu* nous difons des réfervoirs à la fuite dç$
itaaux d'eau»
C.··
C ii| |
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4ôé> $ C ou R $
fices coniidérables, on les porte dans des pavillons
ifolés à l'écart & à l'expoiition du midi près des jardins fleuriires, ou à l'extrémité de quelques al- lées couvertes qui les garanthTe des regards cu- rieux & de toute efpece d'importunité. Ceft dans ces fortes de pièces que Γ Architecte peut donner un libre effor à fon imagination, & où il fait faire ufage des arabefques, conçus par les Audran, les Gilot, employés avec tant de fuccès dans les appar- tements des Bains de Seaux , & dans la plupart de nos belles maifons à Paris , bien mieux appliqués dans ces retraites que dans l'intérieur des Hôtels tfui s'élèvent aujourd'hui, & que dans deux grands plat-fonds des appartements de l'ancien Château de Meudon, où l'on devoit rencontrer les com- partiments mis en œuvre par le Brun qui fe voient à Verfailles, à Vincennes, aux Tuileries, au Lou- vre & ailleurs. Afîez ordinairement on place deux baignoires'(h) dans une falle de Bain, alors on doit aùfli placer deux lits dans la chambre à cou- cher qui Tavoiiine ; le pavé & les revêtiifements des falies de Bains doivent être de marbre; ceux; des chambres a coucher, des toilettes & des garde· |
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(h ) Baignoire, cuve de cuivre touge d'envirlon quatre pieds
& demi de longueur, fur deux pieds & demi de largeur, & •vingt-iix pouces de hauteur.-:„oa...éianje en. dedans ces bai- gnoires, pour plus de propreté , & on les garnit d'oreillers, de couffins & de linges plies",.;avant de te mettre au" bain. Dans l'un des côtés de ces baignoires , font placés deu« ro- binets » l'un pour l'eau chaude, amenée de l'étuve , l'autre pour l'eau froide, provenant du réferyoir. On pbferve dans le fond :de ces baignoires, une bonde ou foupape , pour en pouvoic renouveler l'eau ou les vider entièrement. Ces baignoires communément , font entourées .& couvertes par des" balda- quins de toiles de coton , otués de campanes Λ & qui contrit ' tuent à kus décoration. * |
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B'A'RCHîTEC TURi; 'jßf.
robes doivent être de menuiferie pour plus de fa-,,
lubrité; on y peut introduire auiîi des glaces, de la dorure, des bronzes, des porcelaines, des étoffes qui réunies enfemble forment un coup d'œuil fort in- téreffant. il eil vrai que ce luxe n'appartient qu'aux appartements de cette efpece faifant partie de la distribution des Palais des Rois, pu des habitations des grands Seigneurs; mais il eft bon que les Elè- ves s'eifayent d'abord fur ces.objets de magnifi- cence qui tiennent également au goût & aux pré- ceptes de Fart ; ce qui leur ouvre le moyen de marcher d'un pas égal & dans l'un & dans l'autre objet, qui jamais ne peuvent fe divifer dans les productions de Γ Architecture. D'ailleurs c'eit par,' ces tentatives qu'ils parviennent à voir avec inté- rêt tout ce qui s'offre h leurs regards , & qu'infen- iîblement ils fe rendent dignes de remplir la con-' fiance des hommes en place , qui feuls' peuvent mettre leurs talents au grand jour. Parlons à préfent des Bains publics. Les Anciens rangeoient les bains publics au
nombre des bâtiments de la plus grande utilité. On en attribue l'invention à Mécène. Depuis lui" Néron , Vefpafien , Tite , Domitien, Sévère, Gordien, Aurélius , Dioclétien & prefque tous les Empereurs fumrent cet exemple, comptant par-là gagner le cœur de leurs fujets : auiïi em- ployoient-ils aux bains publics les marbres les plus rares, & faifoient-ils ufage de l'ordonnance d'Architecture la plus fomptueufe. Ces monuments" étoient de grands édifices précédés de pluueurs. cours, autour defquelles étoient diftribués des appartements , dont les principales pièces for- inoient de grandes falies, les unes où les hom-' mes prenoient le Bain 9 les autres pour les femi> Gc iv
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%dÉ Cours
mes. Ail milieu de chaque falle étoit un grand
bafiin entouré de gradins dans fa profondeur; & à côté, des cuves d'où Ton tiroit l'eau chaude & l'eau froide, pour en compofer celle réduite à un degré convenable. Ces grandes falies étoient éclairées par en haut pour plus de décence ; près de ces Bains on pratiquoit des étuves propres à - la tranfpiration , δε des fourneaux pour chauffer peau (i ). Les fragments des plus beaux monu- ments de cette efpèce qui fe voient encore à Rome, font ceux de Titus 8c ceux de Diocté- tien (k)* Ces Bains étoient appelés par les Ro- mains Thermes, mot qu'ils avoient emprunté du Grec Therme, quifignifiejchaleur. Publius Vi£tor dans fa Topographie de Rome, rapporte qu'il y avoit 8£6 Bains, tant publics que particuliers. Chez nous ces bâtiments font piefqu ignorés, on fe fouvient à peine des Bains que Julien fit bâtir à Paris au Palais des Thermes & dont on voit encore quelques veftiges rue de la Harpe; Sz: l'on eft réduit à aller prendre les Bains artificiels chez nos Etuviiles ou Baigneurs, ou dans des bateaux qui l'été font pratiqués exprès fur la rivière. Il eil vrai que le climat tempéré où nous vivons 9 ne femhïe pas exiger comme en Italie δε chez les peuples du Levant, des Bains en aufli grande abon- dance; mais nous ne pouvous nous taire fur l'in- différence où nous paroiiTons être à l'égard de ces bâtiments de la premiere utilité pour la pro- preté & la fanté des Citoyens ; aufii avons -nous |
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( i ) Voyez ce que Vitruve ait des bains des anciens, livre
l", chap. ίο. ( k) C'eft dans ce dernier que fe y®it aujourd'hui le Couvent 4es Chartreux*
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D'A R C H I Τ Ε C Τ ITR E. 409
exercé plus d'une fois nos Elevés fur la compoii-
tion d'un pareil projet ζ & nous nous fommes par- ticulièrement attachés à un bâtiment de ce genre que nous propofons à la pointe de l'Ile Saint" Louis, & dont nous donnerons les deiîîns dans les volumes fuivants, comme ayant obtenu le fuf- frage de quelques Ma^irkats & de plufieurs Ar- tiit.es du premier ordre. t)ans ce projet on trou- vera des Bains couverts & découverts, des étuves, des douges, des épxlatoires, des préaux 5 des gai« leries, des terraffes ; enfin une jetée , à l'extrémité de laquelle s'élève une colonne hydraulique, dont l'extrémité fupérieure pöurroit fervir de fanal pour éclairer la navigation pendant la nuit en descen- dant la rivière par Valvin, Corbeil, &c. Difons ici quelque chofe des Bains naturels. •Les Bains naturels par rapport à l'Architeclure, peuvent auiîi être de grands bâtiments précédés de cours fpacieufes, & accompagnés de prome- nades , iîtués dans dhTérentes Provinces ou fe trou- vent des /burces d'eau médicinales & minérales, propres à rétablir l'infirmité de ceux qui fe rendent fur les lieux pour fe baigner dans des baiîins pratiqués exprès , comme aux Bains de Pouzzoles & de Bayes dans le Royaume de Naples, ou en France à Bourbon , à Vichi, &c. A propos de de ces Bains de fanté, difons auffi qu'il eft d'au- tres bâtiments à peu-près de même genre & non moins utiles, mais deftinés feulement pour aller prendre les eaux de fources & où l'on fe rend de toute part, tels qu'à Plombières, à Forges & ail- leurs. Dans l'un & l'autre de ces bâtiments feroient diilribués des logements commodes pour les Etran- gers , de grandes falies d'aifemblées, -plufieurs ailes Sans lefquelles feroient contenues les cuiiines 3 les |
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4îo C ο υ r s
écuries, les, remifes; enfin des baiTes-cours, d&$
fournis , des réfervoirs, de grands greniers, à moins que dans les Bourgades, les Villages ou les petites Villes voiiines, ordinairement bâties près de ces iburces, on pût trouver la plus grande partie des logements néceiTaires pour contenir les perfonnes de Tun & de l'autre fexe, qui», dans deux faifons de l'année^ font attirées dans ces afiîes falutaires^ Nous ne donnerons point de def-. cription ni de plan particulier de ces derniers édi- fices, le local, l'abondance du pays ou l'écono- mie des matières devant déterminer l'Archite&e à étendre ou à reiTerrer fon projet, félon que l'e- xige le lieu ; d'ailleurs l'habitude qu'on doit ac- quérir par l'étude des divers bâtiments dont nous traitons, mettra nos Elevés en état de répondre un jour à toutes les oecafions qui fe préfenteront à leur fagacité & à leur expérience. Des Chat e aux d'Eau, des
Réservoirs et des Aqueducs. Des Châteaux d'Eau.
Les Châteaux d'eau font des bâtiments qui, dans
leur intérieur, contiennent des réfervoirs plus ou moins confidérables, félon fufage auquel ils font deftinés ; on y doit aufiî placer des forges, des dé- pôts , des atteliers, des magafins, des écuries, des remifes, une ouplufieurs cours; enfin un logement commode pour le Fontainier, ordinairement Con- cierge de ces fortes d'édifices. Souvent on adofle fur le frontifpice de ces bâtiments, lorfqu'ils fes trouvent fitués dans le fonds d'une place publique, des fontaines d'une décoration intéreffante; voyez, |
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D'A RCHITEC TURi; 41I
telle de ce volume, planche XII. Ceir derriere ces
fontaines que font placés les bâtiments qui con- tiennent le Réfervoir, δε dont nous donnerons en "particulier, dans les volumes fuivants , les plans , coupes & élévations que nous avons promis. Nous avons deiiré, en parlant de la décoration extérieure des fontaines publiques , qu'on n'y· employât que le Tofcan ou le Dorique ; nous ne ferions ufage ici que de l'expreffion ruilique, bien , plus convenable aux Châteaux d'Eau que dans
les façades de nos Maifons royales , le genre de l'édifice-devant feul déterminer le choix de l'or- donnance ; nous ferions même d'avis qu'on ne mît en oeuvre l'ordre Tofcan, proprement dit, que dans le cas où cet édifice feroit partie de la dé- coration d'une place publique, tel que celui qui fe remarque vis-à-vis du Palais royal ; ce dernier néanmoins eil décoré d'un ordre Dorique affea irrégulier, ibrmant un avant-corps qui n'a au- cune connexité avec le refte de la façade. D'ail- leurs cette façade eil indifcrétement compofée de 1 deux étages , l'un foubafTement, l'autre attique ,
aiTemblage qui ne montre qu'une production de la plus grande médiocrité. Nous croyons que dans les façades de ces édifices, on devroit, comme nous l'avons recommandé en parlant des fontai- nes , laiffer échapper quelques napes d'eau ; c'eil ce qui a été obfervé à celui de FEau-Pauline fur le Mont-Janicule à Rome. Cette nappe d'eau qui fortiroit du Réfervoir, contribueroit à laver les rues de la Ville , annoncerait ces bâtiments pour ce qu'ils font; dans le cas de quelques fêtes pu- bliques & à la faveur de quelques illuminations, •elle ferviroit à rendre ces mêmes fêtes, & plus .variées, & plus brillantes ; autrement lorfque ces, |
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'* "
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«411 Cours
bâtiments font réduits à la feule utilité des Réfer«
voirs, la décoration de leurs façades n'eft ordinai- rement qu'une corniche de couronnement, quel- ques plinthes, quelques croifées feintes , &c. Des Rèfirvoirs. ,
Les châteaux d'eau dont nous venons de parler l
contiennent, ainfi. que nous l'avons dit, des Ré* fervoirs où fe difpofe l'eau , qui y eft amenée par des fources ou des machines» pour enfuite être diftribuée dans des bâches ou baiïins prati- qués dans l'intérieur des fontaines, & de-là dans les bâtiments particuliers, dans les places publi- ques ou dans les jardins de nos maifons Royales : tels font les Réfervoirs contenus dans le châtea« d'eau du Palais royal déjà cité ; l'un, qui a douze toifes de longueur fur cinq de largeur, & onze pieds & un quart de profondeur, contient trois mille trois cent fept muids & demi d'eau de rivière fournis par la pompe de la Samaritaine ( / ) ; l'autre feulement de vingt-quatre pieds quatre |
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* (/) La Samaritaine eft un petit bâtiment appelé ainfi , parce
que fut l'une de fes façades eil placée une itàtue de Notre- Seigneur & de la Samaritaine 3 toutes deux en bronze & grou- pées , avec un baifin formant une nape d'e'au', le tout dJutt deflin afTez. agréable. Ce bâtiment Royal contient aufli plufieurs logements, l'un pour un Gouverneur%aujourd'hui M. I-'errier, ancien premier Commis des Bâtiments du Roir l'autre pour un Concierge mécanicien, chargé du foin de la pompe. Voye* les deifins de ce bâtiment, que nous avons levé , deifiné SC »gravé dans l'Archite&ure hydraulique de M. Bélidor, avec des changements que nous avons anciennement propofés à feu M. le Duc d'Antin, alors Sur-Intendant, des Bâtiments de fa Majeité , à'l'effet de rendre la machine qu'il contient plus Ample, & de fournir néanmoins un beaucoup plus grand volume d'eau. Ce petit bâtiment eft éleyé fur l'une des arches du Ponte |
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d'Architecture. 413
pouces de longueur fur douze pieds deux pouces
de large & de la même profondeur que le pré- cédent, contient quatre cent foixante & dix-neuf muids d'eau, amenée par l'aquéduc d'Arcueil , dont nous parlerons bientôt. Le Réfervoir bâti près le Boulevard, attenant le Pont-aux-Choux , reçoit de la montagne de Belle-Ville les eaux qui s'y raffemblent. Ce Réfervoir contient vingt-un mille cent vingt-un muids d'eau, deftinée à laver l'égoût, qui, de la porte Saint-Antoine, va jeter fes immondices dans la Seine, un peu au - deffus de la grille de la Conférence près Chaillot. Cette entreprife utile eil due aux foins vigilants & pa- triotiques de feu M. Turgot, ancien Prévôt des Marchands. Nous citerons encore les trois Ré- fervoirs de Marly , contenant douze cent foi- xante-deux mille deux cent cinquante muîds d'eau qui y font amenés de la rivière de Seine par la machine, connue fous le nom de machine de Marly ; enfin, nous ferons mention des quatre Réfervoirs de la Butte-de-Montboron qui fournif- fent leurs eaux dans les jardins & parcs de Ver- failles , la machine de Marli n'en ayant jamais procuré à cette belle maifon Royale, quoique d'abord on fe le fût propofé , & que dans cç deflin on eût élevé un aqueduc près le Château |
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Neuf, & c'eft dans l'une de fes piles, que font pratiquées les
forges du Machiniite. Λ Sur le Pont Notre-Dame fe voit auifi un autre bâtiment
appartenant à la Ville de Paris , contenant plufieurs corps de pompes qui fournjiTent de l'eau à diverfes Fontaines de cette Cité, & dans différentes maifons Religieufeï, édifices publics & nuifons particulières qui en acquièrent la jouiflance, felóa leurs différents beioins, Υονςζ, auifi M. Bélidoi fur ce dereic« pbjcc. |
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4M Cours
de Clagny; cet aqueduc n'a même été démoli
que depuis peu d'années. Affez fouvent, dans la diilance de ces réfer-
voirs , au lieu où Ton a delîin d'amener leurs eaux» on confirait des regards, efpèce de petits pavil- lons élevés hors de terre, où font renfermés les robinets des conduits , & qui le plus fouvent contiennent un bafîin de diitribution, pour four- nir une portion de cette eau dans les endroits circonvoiiins. . On pratique aufli quelquefois ces regards de
diftance à autre, à l'effet feulement de rétablir les conduits vers leurs enfourchements ; ces re- gards alors fe font fous-terre , & l'on y defcend par une ouverture quarrée de trois à quatre pieds de diamètre , fermée par une dalle de pierre , où par un couvercle confirait en charpente, armé de fer & cadenaifé. Souvent les eaux de ces Réfervoirs font amenées par uqs Aqueducs , dont nous allons parler. Des Aqueducs.
Nous ne parlerons point ici des Aqueducs (m)
des Romains, en ayant fait mention dans l'hiiloire abrégée de Γ Architecture, au premier volume de ce Cours. Nous renvoyons d'ailleurs, fur cet objet* au Père Montfaucon , qui nous en a donné la defcription affez détaillée. On trouve auiîi les ruines de pluiieurs de ces Aqueducs, très-bien gravés dans Fifcher. Nous rapporterons feulement ( m ) Aqueduc, mot dérivé de deuxmots latin, agmdu^Us9
conduite d'eau, |
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d'Architecture. 415
que Jules-Frontin, Coniul, qui avoitla dîre&ion
des Aqueducs fous l'Empereur Nerva, parle de neuf de ces édifices, qui contenoient enfemble treize mille cinq cent quatre-vingt quatorze tuyaux d'un pouce de diamètre ; de maniere que par ce moyen il entroit, fuivant Vigemre , dans l'efpace de vingt-quatre heures, près de cinq cent mille «raids d'eau dans Rome. Nos Aqueducs , en France» n'ont ni la gran-
deur ni la magnificence de ceux de Carthage, ni de ceux de Rome ; mais ces édifices chez nous ne font ni moins utiles ni moins intérefiants , particulièrement celui d'Arcueil , élevé fur les deiïins de Jacques Debroffe, près de celui bâti anciennement fous Julien l'Apoilat, qui l'avoit fait conftruire pour amener les eaux de ce lieu dans les bains de fon Palais des Thermes, dont les ruines fe remarquent encore, rue de la Harpe, ainfi que nous l'avons rapporté ailleurs. C'eit fur l'extrémité fupérieure de l'Aquéduc bâti par De- broife, que M. Perronet avoit propofé dernière· ment de faire paiTer la rivière d'Yvette, dont nous avons fait auiïï mention précédemment. Après l'Aquéduc d'Arcueil, celui que fit bâtir Louis XIV près Maintenon , peut être regardé comme une des grandes entreprifes qui fe foient faites fous fon regne ; ilétoit deiriné à conduire à Verfailîes les eaux de la rivière de Bucq ; il avoit deux mille cent foixante-fix toifes quatre pieds de longueur, & étoit percé de deux cent quarante-deux arca* des ; mais il n'a jamais fervi, & il eil: aujourd'hui prefqu'entiérement ruiné. Les Aqueducs font élevés hors déterre , ou pra*
siqués dans fon fein (/z); ces derniers n'exigenî |
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(n) L'Aquéduc fouterreia « Rome, donc nous avons parlé
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S"
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416 £ ο ν R I
aucune décoration ; il fuffit de les bâtir avec la
plus grande folidité. Les premiers font fufcepti- bles de quelques membres d'Architecture, tels que des cordons, des plinthes , des corniches de couronnements, &c, Ils confiaient en d'épaiffes |
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au premier volume, page 41, étoit très - confîdérable ; il s'éten«
doit ious toute la Vilie ,. & fe fubdivifoit en plufieurs braa- ches, qui chacune fe déchargeoient dans le Tybre 5 c'étoient de grandes & hautes voûtes, bâties folidement, fous lefquellcs on alloit en bateau î ce qui a fait dire à Pline , que Rome étoit fufpendue en l'air, & que ce feul Aqueduc lui paroiilbit la plus grande entreprife qui exiftât dans cette Ville immenfe. Les feuls ©uvrages de cette efpèce que nous ayons en France t
& qui méritent quelque confédération , font ceux conftruits fous le canal du Languedoc , & celui de Picardiej, dont M. Bélidor nous donne la defcriptiori & les defltns dans fon Ar* chite&ure hydraulique. A propos du canal du Languedoc, fait pour joindre les deux
.mers , nous ne pouvons nous refufer de rapporter ici l'extrait de cette merveille de l'Art, qui, projeté fous François premier, fous Henri IV & fous Louis X111, a été entreprife Se achevée fous Louis le Grand. Qu'on s'imagine un refervoir de 4000 pas de circonférence * Se de 80 pieds de profondeur , qui , recevant fes eaux de la montagne noire , forme l'ouverture de ce canal. Ses eaux defeendent à Naurouzc dans un baififi revêtu de pierre de taille de 200 toifes de longueur , & de I jo de largeur : là elles fe partagent & fe diftribuent à droite & à gauche dans un canal de 64 lieues de long , où fe jètent plufieurs petites rivières, foutenues d'efpace en efpace par 104 éclufes : huit de ces éclufes , qui font proche de ïkziers, for- ment une magnifique cafcàde de ifé toifes; de long , fur ïî toifes de pente. L'art avec lequel ce canal eft conduit, a de quoi étonner ; ici ce font des aqueducs & des ponts d'une hauteur incroyable , qui, entre leurs arches , donnent paifage à d'autres rivières; ailleurs le roc eft coupé, tantôt à découvert, tantôt en voûte, fur la longueur de plus de 1000 pas : c'eft ainfi que ce canal fe foutient depuis la Garonne, où il commence, en traverfant deux fois l'Aude, & parlant entre Agde & Beziers jufqu'au lac de Tau, dont l'étendue atteint le Port de Cette, Voyez, dans le Dictionnaire de Davilers, l'article Canal; û
«ft très-bien fait, & noua ca ayons tiré «et extrait. murailles «
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f>*ÀîlCHï TEC Τ VU té 4if
.ßiitfäjlles i percées d'arcades, quelquefois öméetf
d'impoites & d'archivoltes \ mais ils tirent le plus fouventleur principal relief de l'arrangement régu* lier que l'on afrèdte dans la liaifon des différentes matières dont on les conftruit, ce qui ne laiiîepas de leur procurer une forte de beauté, & de leut donner un caractère qui les diitingue des autres édifices d'un genre différent. D'ailleurs ces efpèces de monuments , toujours d'une certaine grandeur $ en impofent aiïez par leur vaitê étendue. Quel* quefbis ces édifices acquièrent allez de hauteur pour qu'on pratique pluiieurs rangs d'arcades les uns au-deifus des autres; alors on appelle A que* duc fimple, celui qui n'en a qu'un rang ; & double ou triple j celui qui en a deux ou trois : tel èif. le Pont du Gard en Languedoc , & l'Aquéducde Bellegrade , à quelques lieues de Conilantino* pie., deiriné à fournir de l'eau à cette grande Ville. On appelle encore un Âquéduc double ou triple*
Celui qui a deux ou trois conduits fur une même ligne, l'un au^deifus de l'autre, comme celui qtii ^ feiön Procope, fui bâti par Cofroès > Roi der Perfe , pour la ville de Pétrée en Mingrelie/ Pour traiter de fuite des ouvrages utiles qui
qui ont rapport avec l'hydraulique , parlons des Ports , des Quais, des Ponts ; enfuite nous dirons quelque chofe des Marchés * des Halles , des' Foires , des Boucheries , des Greniers d'abon* dance ; enfin nous finirons té Chapitre par les Obfervatoires, les Bafiliques ; & nous traiterons dans le fuivant, des édifices deilinés à la fureté publique. |
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fpmïlL D$
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J|îï Cours
Des Ports*
On appelle ainfi les lieux fitué fur les bords
de la mer ou d'un grand fleuve, dans lefquels arrivent les vaiffeaux ou autres bâtiments utiles à la navigation, & où ils peuvent refter en fureté. Les Ports Maritimes font ordinairement défendus par un môle ( o), des digues (ρ ), des jetées (q)9 & font éclairés par un fanal (r). Les plus célèbres /Ports de l'antiquité font ceux de Tyr ,* de Car- tilage , de Micène, d'Alexandrie , de Syracufe , de Rhodes, de MeiTme, &c. Les Ports les plus recommandables en Europe, font aujourçTui ceux «le Gênes , de Toulon, de Marfeille, d'(Antibes, de Malthe, &c. Le Père Fournier nous en a donné les deferiptions dans fon Hydrographie. M. Béli- dor en parle aufli dans fon Archite&ure hydrau- lique, où l'on trouve les plans de ces Ports très- ■Mm*Eßim
(σ ) Môle, maffif de maçonnerie, fondé dans la mer par
le moyçn des batardeaux, ou à pierree perdues : les môles fe placent ordinairement au-devant d'un Port , pour le mettre à couvert de l'impécuolîté de» vagues , & empêcher l'entrée des Vaifleaux ennemis. • (p ) Maflîf de terre ou de pierre, fondé dans l'eau pouf
foutenit une berge à une certaine hauteur, ou pour empêchée les inondations. {q) Jetée, lieu élevé^pour empêcher les débordements des
rivières , ou pour anêtet les vagues de la mer : il s'en fait de trois cfpèces ; en fafeinage, en charpente & en maçonnerie. Voyez dans. Τ Architecture hydraulique de M. Bclidar, la ma- niere de conftruirc les jetées, les digues & les môles. ( r ) Panai, tour fort élevée , placée à l'extrémité d'un
môle , pour éclairer les Navigateurs pendant la nuit. Nous traiterons en paiticulier des fanaux ou phares dans le Cha- îitEC fuivast » çgu décrivant les bâtiments élevés pouv la sûretç, |
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d'Architecture; 419
bien gravés. On y voit aufïi les différents Ports de
France qui, pour le fond, different peu de ceux des Anciens. On peut encore, à ce fujet, consulter Fals- cher , qui, dans ion Architecture hiftorique, nous a donné des dei&ns aflez ingénieux de quelques*· uns des Ports de l'antiquité, d'après la narration de nos Hiftoriens. -Nous nous contenterons de donner ici une légere idée des deux anciens Ports de Tyr & de Syracuiè. La Ville de Tyr avoit deux Ports ; le plus
coniidérable étoit de forme à-peu-près elliptique, & pouvoir contenir environ 500 bâtiments : deux môles fondés à pierres perdues de la profondeur de vingt-cinq à trente pieds, & dirigés en portion de cercle, en défendoient l'entrée ; un troifieme môle mettoit à couvert cette premiere iiïue , pour la garantir du flux & reflux de la mer ; deux, tours fort élevées, placées aux deux extrémités du premier môle , fervoient à défendre l'entrée de ce Port. Au-deiTus de chaque tour s'élevoir un phare qui mettoit les Voyageurs en état d'ap- percevoir, pendant la nuit , la route qu'ils dé- voient tenir pour aborder. Le deuxième Port de Tyr,étoit feulement deftiné pour les vaifleaux Marchands. Son entrée étoit décorée, dit - on, d'une aflez belle Architecture, précédée d'un môle pour le défendre des vents du midi, qui, fans cela, en auroient rendu l'accès difficile. " " Le Port de Syracufe , au rapport de nos Ecri-
vains , a été auflî très - célèbre ; il avoit, difenfc· ils, dix mille fix cents toiles du nord au fud, & en- viron mille fix cents toifes de Teil à l'oueil : la Ville iui fervait d'abri décote du nord , les montagnes du côté du fud , & il étoit couvert, du côté de la D d ij
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%1Ó C O U R S
mer, pat le Promontoire de Plemmyre , & pal
Hie Ortygie. A l'égard des Ports pratiqués dans nos Cités
fur le bord des neuves ou des rivières navigables qui les traversent ; leur difpofition & leur litua- tion font leur mérite principal, ne recevant un certain relief que des Quais qui les avoifment, & dont nous allons parler , comme tenant de plus près, par leur décoration, à l'Archite&ure Civile, qui fait ici notre objet. Des Quais. ;■%-...-'■;■·..=
La décoration des Quais doit fe refîentir du
genre ruilique , attribué à l'ordre Tofcan. Celui placé au-devant du Collège des Quatre-Nations à Paris, eft d'un deflin d'un aifez bon genre , & préfente â-peu-près le ilyle qu'il faut fe propofer d'imiter dans l'ordonnance de ces fortes d'èntre- prifes : celui qui doit s'exécuter en face de la Place de Louis XV, eft auflî d'un deiîin d'un très-bon golfit, & pourra fervir de modele à nos Elevés, fur cette partie de Γ Architecture. Qu'on nous permette quelques obfervations fur
l'utilité des Quais & la maniere de les faire fervir à empêcher, dans nos Villes , le débordement des rivières. Nous penfons que la hauteur du fol des Quais, comparée avec celui du Port pro- prement dit, où fe déchargent les marchandifes, doit être rachetée par des pentes douces, foute- mies par des murs de maçonnerie, dïine folide conftru&ion ; qu'autrement lorfqu'on intercepte la continuité des murs du Quai, à deffein feulement de pratiquer tin 'talus infeniible pour le déchar- gement des bateaux, ü en réfulte prefque toujours^ |
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J
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d'àrchîticturï; 421
lors des groifes eaiiÀ, un préjudice coniidérable,
& aux habitants & aux marchandifes qu'on eil quelquefois obligé de laiffer féjourner fur les Ports, avant de pouvoir les conduire au lieu de leur deitination. Le moyen de parvenir à parer cet inconvénient, ce, feroit , félon nous , d'élever le fol des Quais , toujours un peu au-deiTus des plus hautes eaux, afin que par-là ils puflent contenir les rivières dans leur lit. Cette précaution, qui întéreiTe toutes les Villes du Royaume, regarde particulièrement Paris, où il parökroit convenable de relever le fol des Quais, placés au-devant de fes Ports , & d'y pratiquer , d'une largeur fuffi- fante, les rampes douces dont nous parions ; lors de la crue des eaux elles ameneroient les appro- viiîonnements par des machines, qu à force de bras , fur la partie fupédeure des Quais. Ce moyen, il eil vrai, femhle n'être guère praticable aujourd'hui, parce que la largeur qu'il faudroit donnera ces nouveaux Quais, ainnqu'aux rampes que nous propofons, exigeroit un rélargiiîément coniidérable vers nos Ports ; ce qui occafionneroit la démolition de beaucoup de maifons particuliè- res , & de plufieurs édifices d'une certaine impor- tance qui te trouvent élevés fur les bords de la, Seine : mais, d'un autre côté, lorfqu'on envifagera les pertes fouvent irréparables , qu'occaiionnent aflez fréquemment les débordements de ce fleuve dans différents quartiers de cette Capitale, ön fera effrayé des fomm.es immenfes qu'il en coûte aux particuliers pour réparer les dommages que produifent ce mêmes inondations , fans compter ici le défaut de communication d'un quartier à l'autre, pendant que durent ces débordements, produits, peut-être, parTindifférenceoivlWfeia* Ddiij
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421 Cours , .
He être chez nous pour les objets de premiere
néceffité, parce qu'on les regarde toujours dans f éloignement, pendant qu'on devroit s'en occuper fans ceffe. On n'arrangeroit d'abord que les parties les plus fouffrantes, & par fuccefîion de temps on parviendroit à y remédier entièrement. Com- bien de Commerçants, de Propriétaires & de Par- ticuliers ne fouirrent-ils pas de notre fécurité à cet égard? Sans doute une légere rétribution vo- lontaire , fi on leur en faifoit fentir la néceffité, les garantiroit à l'avenir de ce dommage. Com- bien d'ailleurs ces nouvelles entreprifes ne procu- reroient- elles pas de falubrité & d'agréments à cette Ville , déjà fi fuperbe , & par fes édifices d'importance, & par le nombre de fes habitants } Des Ponts.
Nous avions deiTein de nous étendre ici fur
futilité, la conitruâion & l'ordonnance dont la décoration des Ponts peut être fufceptible; cet objet, fi intéreffant dans rArchitefture Civile,, ayant toujours été le fujet de nos méditations & de notre étude particuliere ( s, ) ; mais prévenu que M. Perronet '(t) fe propofe de donner in- eeffamment un nouvel ouvrage en ce genre, & |
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(s) L'ouvrage de M, Gauthier nous a rong -temps fourni
les moyvinî. de réfléchir fur cette partie de notre Art. D'ailleurs l'occafion que nous avons eue de conférer Couvent avec les plus habiles Ingénieurs des Ponts & ChauiléeSj n'a pu qu'augmeni ter en nous le goût que nous nous fommes fenti pour cett» branche de TArchiteéture. (î) M. Perronet, Chevalier de l'ordre de Saint · Michel 4
premier ingénieur des Ponts S: Cha^itécs, Ar.-hite&e du Roi, & membre de l'académie Royale d'Architeélaïe & «le mite des Scknces. |
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d'Architecture; |s|
dé faire graver les édifices importants élevés fous
fes ordres, auffi-bien que ceux de fes prédécef- feurs & de fes contemporains, nous laiflbns à ce digne Citoyen le foin de procurer à nos jeunes Àrtiftes, tout ce que fon expérience & fon ha- bileté peuvent leur offrir de plus utile à cet égard. Dans flntrodu&ion du premier volume de ce
Cours , nous avons cité les anciens monuments de cette efpèce , & fait mention de la magnifi- cence que les Romains ont répandue dans ces fortes d'édifices. Le Recœuil que nous annonçons préfentera ce que la France a produit de plus excellent en ce genre depuis près d'un fiecle, ainii que les procédés mis en œuvre dans chaque » entreprife particulière ; on y parlera aufiî des obitacies qu'il a fallu vaincre pour parvenir aux différentes opérations de leur reffort. Nous nous impofons donc filence, & fur ce que nous en pourrions dire , & fur les juftes tributs d'éloges que méritera cet ouvrage & les différentes en- treprifes qui en font l'objet. Nous allons nous contenter d'indiquer "à nos
Lecteurs , pour les volumes fuivants , le défini du projet d'un Pont conftruit en pierre , & fufce- ptible de quelque décoration ; tel à-peu-près que nous concevons qu'elle pourroit être dans les entreprifes d'éclat. Ces ouvrages utiles peuvent recevoir. des embelliffements jufqu'à un certain point ; nous ne prétendons pas cependant qu'on y doive répandre une trop grande quantité ue mem- bres d'Architecture & d'ornements de Sculpture ; mais aufli nous croyons qu'on peut quelquefois fe difpenfer'de fuivre trop littéralement la {implicite qu'on affeäe en France dans ces fortes d'édifices» D d iv,
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414 Cours
Au tefte $ nous donnerons les principaux dé-
veloppements de notre projet fans aucune efpèc© de prétention, mais feulement comme une étude particuliere, faite fous nos yeux par un de nos Elevés, dont la fagacité ck l'intelligence 5 nous promettent les plus grands fuecès. Des Marc/tés.
Les Marchés dans les Villes font de, la pre-
miere utilité ; ce font des places publiques deili- îiées à vendre les denrées pour les befoins de la vie. Ordinairement il s'en diftribue pluiieurs dans les grandes Capitales , les uns pour une efpèce de marchandifes, les autres pour d'autres objets de confommation; par exemple, on diiïingue à Paris les Marchés au poiilbn, les Marchés aux herbes, au pain , au fruit ; on dit auiïi le Marché aux chevaux, la Place aux veaux, le Port au blé 9 &c. autant de Marchés publics où les Citoyens fe rendent pour faire leurs approvhionnements. La plupart de ces Marchés, pour le quartier Saint- Honoré & Saint - Euftache , font raifemblés dans ce qu'on appelle les halles; les autres font diftri- bues dans la place Maubert, au cimetière Saint Jean, près des Quinze-Vingts, au carrefour de Buiîi,&c, Mais comme originairement les places qui contiennent ces Marchés n'ont pas été defti- nées à cet tifage, la plupart interceptent la voie publique & nuifent à la circulation des voitures & du peuple : cet inconvénient a déterminé der* fièrement à détruire celui qui fe tenoit près de Saint-Nicolas-des-Champs, pour le tranfporter dans l'enclos de Saint-Martin : on fe propofe aufli de conitruire un nouveau Marché dans le terrein |
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υ Ά R t Η ï τ e c τ u il t; 42f
qu*occupe encore aujourd'hui la Culture Sainte-
Catherine ; par ce moyen on débarraiTera la place fituée devant l'ancienne Egliié & la maifon Pro- feiTe des Jéfuites , rue Saint-Antoine. Il y a long- temps qu'on avoit fenti la néceiîité de multiplier dans cette Ville les Marchés publics ; à cet effet on en conftruiiit un aiTez bien entendu près la porte Saint-Honoré, connu four le nom de Mar- ché d'Agueffeau ; mais ion éloignement l'ayqit pour ainii dire fait abandonner ; aujourd'hui que le Faubourg Saint-Honoré eft devenu un des beaux quartiers de la Capitale , depuis qu'on a élevé près de ce Faubourg la Place de Louis XV, & planté de nouveau les Champs Elifées ; cet édifice & cette promenade charmante attirent dans ce quartier une grande parties des Citoyens aifés. Cet événement inattendu, va fans doute faire reprendre faveur au Marché dont nous par- lons, & pourra donner lieu dans la fuite, à de nouvelles entreprifes de cette efpèce ; du moins nous le deiirons ardemment. On fait combien il eil difficile de traverfer cette Cité pour gagnée la pointe Saint-Euitache, la rue de la Féronnerie, celle de la rue Saint-Honoré, vers les Quinze- Vingt, celle de Sainte-Marguerite, Faubourg Saint- Germain, Sec. &c. Ce qui nous paroît d'autant plus étonnant à l'égard de cette dernière » c'eil que le Marché qui s'y tient, & celui du carrefour de Buiïî font limitrophes du Marché de l'Abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Pourquoi ne pas faire refter dans une portion du terrein de ce Marché, les Marchands de poiffon & les herbieres ? Les «Tues feraient libres & dégagées des embarras que produifent certains jours de la femaine ces Mar- chés ambulants, pour le dégorgement de la plus, |
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4%6 Cours %.
grande partie du Faubourg Saint-Germain ? du
côté de Paris.
Nous avons avancé précédemment s qu'il feroit
peut-être utile d'entamer quelques portions de la plupart des jardins de nos Communautés Reli- gieufes , pour procurer à Paris des carrefours , & des communications. Ne pourroit - on pas auiîi y diftribuer des Halles & des Marchés, déjà fi heureufement commencés , quoiqu'en petit & d'une maniere aiTez triviale, dans l'enclos de Saint- Martin, déjà cité, mais dont les nouvelles iffues, dans les rues Saint-Martin, au Maire & Frépillon, procurent une circulation intérerTante à tout le quartier du Temple, prefque dépourvu précédem- ment de tout fecours à cet égard. D'ailleurs qu'on ne s'y trompe pas, quel revenu ne produiroient pas de telles entreprifes au propriétaire de ces terreins? De quelle reffource ces nouvelles bâtiffos ne feroient-elles-pas au peuple, en lui procurant àss Maifons d'un loyer modique , à raifon de l'économie qu'on croiroit devoir employer félon les diférents quartiers où fe devroient conitruire ces Marchés. : Il eft des quartiers où il feroit néceffaire de con*·
ftruire des Marchés de quelque importance : par exemple , dans les Halles a&uelles, pour le quar- tier Saint-Honoré ; au Cimetière Saint-Jean, pour celui de Saint-Antoine ; à la place du Cimetière àes Saints-Innocents , pour le quartier Saint-Denis & Saint - Martin ; dans une portion du jardin des Petits - Peres , pour le quartier Montmartre & celui de la Place des Victoires ; de même dans celui des Jacobins, pour le quartier de la Place de Vendôme, &e. Nous defirerions que ces Marchés fulTent non-feulement d'une certaine |
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d'Architecture; $vj
grandeur , mais encore ornés d'une ordonnance d'Architeâure , qui, quoique ruftique, annonçât^ par fa décoration , l'opulence de cette grande Ville. Qu'on fe rappelle le Marché à Rome 9 nommé aujourd'hui Campo Vaccino, anciennement Forum Boarium, Marché aux Boeufs, & l'on con- cevra une idée de fon antique fplendeur, par les veiliges des bâtiments qui s'y remarquent. Qu'on fe rappelle encore les Marchés de Nerva & de Tra jan qui étoient entourés de fuperbes portiques ; enfin qu'on fe reiïouvienne de ceux des Grecs , très - fpacieux , de forme carrée & à portiques doubles : alors on conviendra que dans ces fortes d'édifices, on favoit, chez ces peuples , réunir l'utilité à la magnificence. Ce n'eit pas que nous exigions cette fomptuolité dans nos Marchés à Paris ; mais du moins nous penfons qu'on devroit les faire, va îles , aérés, réguliers; nous voudrions que les bâtiments qui les entoureroient fuffent fimples , d'un bon genre & fymétriques ; qu'au pourtour on pratiquât des portiques aiTez larges pour contenir les denrées qui ne peuvent être expofées à découvert ; qu'au milieu de ces Marchés on ménageât des fontaines fimples & ruiliques, pour en rafraîchir le fol; qu» des échopes, diftribuées avec un certain ordre (v) - quoique de différentes grandeurs, rempliiTent le milieu de leur Place , en prenant foin d'y obferver des iiTues & des carrefours proportionnés à leur grandeur; qu'on prît foin de bien paver ces der- |
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(v) Echope , petite boutique conftruite de charpente légère,
ßc garnie de menuiferie adoiTée contre un mur, ou ifolée, &au- «knus de laquelle on élevé quelquefois une chambre. Selon Me· aage, cç mot vient de l'Anglois Chop, qui a la même fignification» |
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'4iS Cour s
îiiers, en y obfervant des pentes fumTantes potii
l'écoulement des eaux ; enfin qu'on bâtit le tout avec folidité, & qu'on veillât exactement à leur entretien: on verroit bientôt alors les Citoyens s'occuper de telles entreprifes , trop négligées par- mi nous. Les mauvaises odeurs des Marchés actuels , faute des eaux dont nous parlons , δε {l'une certaine propreté que nous exigeons , font âuffi préjudiciables aux maifons voifmes , que les Cimetières, les Tueries & les Boucheries qui fe trouvent répandues dans les différents quartiers de cette grande Ville , & dont la réforme vers fon centre, mériteroit autant d'attention que la nouvelle conilru&ioji des Marchés dont »ou§ venons de parler. Des Halles;
Les Halles (x) different des Marchés , en ce
que ceux-ci font à découvert, & que les Halles iont couvertes dans leur plus grande partie- Ces Halles font deilinées à contenir des boutiques ■ & des Magafins où fe vendent diverfes marchan- difes particulières, comme à Paris la Halle aux Draps , aux Cuirs, au Blé , au Vin, au PoifTon , &c, La Halle au Blé qu'on vient de bâtir derniè- rement dans le terrein de l'ancien Hôtel de Soil- fons , eil aifez bien difpofée; mais elle eil trop petite fans doute pour les approvifionnements de Paris ; & il auroit été à defirer qu'on la fît plus fpacieufe aux dépens des nouvelles maifons a |
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(x) Halle du mot grec alont aire , ou, félon Ménage·, da
latin huila; rameaux fecs a dont ou couvrait autrefois m Marchés publifs. |
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b'Arch i τιçt.uri. 42.^
loyer qui Tavoiiinent; ce n'eft pas dans ces con-
fiai óHons qu'on doit ufer d'économie; ces fortes de bâtiments durables , une fois élevés , ne fe répètent pas volontiers : il eft donc important d'en méditer la grandeur, d'en rendre les accès faciles, la diftribution commode , les efcaliers aifés, & fur-tout de les conitruire avec une foli- dité qui réponde & à leur ufage continuel, & à leur utilité permanente. A l'égard de leur déco- ration , elle doit être iimple , mais porter un ca* ratière de fermeté qui annonce la folidite que les murs de face doivent avoir, pour réiifter à la charge des grains, à lapoiuTée des voûtes & au poids des couvertures: on y doit introduire peu d'ornements ; mais il faut qu'ils foient relatifs à l'abondance des denrées pour lefquelles elles font deftinées ; leur intérieur doit contenir des Bureaux de recette, un logement pour un Concierge , un < lieu particulier pour renfermer les poids royaux5 des magaiins , des dépôts , &c. à raifon de leur deftination particuliere. No« Halles à Paris font aifez fpacieufes ; cependant elles fe trouvent fi embarraflees les jours de marché , que toutes les rues adjacentes deviennent impraticables. Cooi» bien ne feroit - il pas à defirer qu'on levât un plan'de tout le terrein , des bâtiments qu'elles contiennent, ainfi que des îles de maifons , & des rues qui les avoiiinent ; & qu'enfuite on s'oc- cupât d'un projet général, afin de pouvoir, dans la fuite , les arranger peu à peu , en commen- çant par les* parties qui paroîtroient les plus urgen- tes. Sans doute une telle entreprife confommeroit des fommes affez coniidérables, parce qu'il feroit néceffaire d'y comprendre la démolition de plufieurs saaifons pa^ûçrujieres qui enyirQ.n$ent les Halles ^ |
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430 Cours
mais qui parojfent être une fuite de ce projet y
par la quantité de différentes perfonnes de même commerce qui s'y trouvent établies : peut - être feroit-il poifible d'en acquérir les terreins , la plupart des bâtiments qui s'y trouvent élevés étant prefque fans valeur.' D'ailleurs , au défaut de fonds publics , na-t-on pas la voie des Com- pagnies ? La bâtiife de la Halle au Blé s'eft faite ainii. N'en a-t-on pas trouvé pour élever des Vaux-Halls , & autres objets de frivolité ? Pour- quoi ne pas ufer de ce moyen pour les entre- prifes d'utilité ? Sans doute cette reifource eft plus ruineufe ; mais pour vouloir fe fouftraire à cet inconvénient , on tombe dans un autre. Paris infenfiblement fe trouve privé de fa falu- brité naturelle ; bientôt il fera impoifihle de cir- culer dans fon fein, la plupart des Marchés am- bulants en obitruent les irïues , & interceptent la circulation des voitures que le luxe introduit tous les jours , fans compter la multiplicité des charrois deflinés à*amener les provifions dans cette grande Ville. Ces diverfes réflexions nous amènent à confeiller , aux plus zélés Citoyens d'entre nos Elevés , de s'occuper, dans le cours de leurs études, des projets véritablement utiles à leur patrie. Nous deiirerions pouvoir leur per~ fuader , que de telles compofitions leur feroient autant & plus d'honneur, que celles dont la plupart s'occupent journellement, &; qui n'ont guère pour objet quàm faite mal entendu. Ce goût pour les compofitions faftueufes ne fert le plus îbuvent qu'à les égarer & à leur faire prendre le coloriai pour le grand, le fimple pour le noble , la futilité pour l'utilité, enfin les chimères pour; les préceptes de l'Art. ,.! |
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d'Architecture. 431
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Des Foires.
Les Foires reffemblent aiTez à nos halles cou-
Vertes ; ce font des endroits où, pendant certains temps de Tannée , tes marchands de dehors, ont le privilège d'apporter leurs marchandifes, fran- ches de droit. Pendant long-temps la Foire Saint- Germain & celle de Saint-Laurent, ont eu une certaine célébrité, parce qu'outre le commerce de dehors , qui s'y faifoit par les marchands forains pendant le temps accordé, dautres mar- chands de la Capitale venoient y étaler tout ce qui a trait à l'agrément & à la parure de nos fem- mes du bel air, & qu'il s'y étoit introduit aufîi différents genres de petits fpe£tacles qui attiroient une foule incroyable de curieux & de perfonnes 'oiiives qui en ornoient la fcène. La Foire du Faubourg Saint - Laurent eil, dé*
ferte depuis qu'on en a fupprimé les fpectacles ; les rues en font larges, plantées d'arbres ; elles étoient ornées de boutiques des deux côtés, qui en firent long-temps un lieu très-fréquenté dans la belle faifon ; mais les Boulevards ont détruit entièrement cette Foire, parce qu'on a permis â ces petits fpe&acles, de s'y établir à demeure, pendant qu'anciennement ils ne pouvoient repré- senter qu'aux Foires ; ce qui rend aujourd'hui la promenade du Boulevard, affez agréable, quoi- que fouvent trop tumultueufe. A l'égard de la Foire Saint-Germain , appelée
ainfx parce qu'elle fe tient dans un enclos appar- tenant à Meilleurs de Saint-Germain-des-Prés», elle fuhfillé encore aujourdhui en partie. Nous difons en partie» car depuis l'incendje , arjiyé il |
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431 t C o υ R s
y à »environ quinze ans, qui a réduit en cendrés
tous les bâtiments qu'elle coiitenoit, on a feule-* ment élevé à la hâte, fur le terrein qu'elle occu-" poit, quelques échopes , avec une forte de fymé- trie , contenant diverfes boutiques de différents genres, indépendamment de celles des Marchands de dehors, qui toutes enfemble ne laiffent pas de procurer un coup· d'ceuil affez intéreffant. On doit remarquer dans la nouvelle reconitru&ion 4e cette Foire , dont les rues font couvertes pour la plupart, que dans quelques-unes on a imaginé de les couvrir par des berceaux de fex plein-cintre, garnis de paneaux de verre , qui pro~ duifent un affez bel effet le jour, & même la nuit, les Marchands ayant grand foin d'illuminer leurs boutiques avec beaucoup d'éclat ; de forte que ces lumières venant à réfléchir dans ces efpèces de voûtes tranfparentes , offrent un afpe£t ana- logue au lieu de la fcène. On peut encore ob- ferver , dans cette nouvelle Foire, l'induitrie avec laquelle on a trouvé le moyen de conftruire, dans un lieu très ~ refferré, un efpèce de Waux- Hall, où Ton remarque beaucoup d'art & d'intelli- gence. Nous en avons parlé, page 290 de ce vo- lume, note g. Ordinairement la conftruâion des bâtiments
«que contiennent ces Foires , fe fait en charpente, avec quelque légere maçonnerie , retenue par des armatures de fer , & dont l'intérieur eft re- vêtu de menuiferie. Lorfqu'elles réunifient, comme nous l'avons dit, Futilité du commerce & l'agré- ment des fpedacles , des jeux & des curiofités de divers genres , on les conitruit en pierre, avec folidité, & l'on en fait les toitures de" charpente* çus plus coßYenablejaem; encore % ea voûte d'ogive* pour
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D ' A R C H ITECfUR E.' 'jjfrjfê
$>oüf les préferver des incendies. En général la
décoration de ces fortes d'édifices ne doit avoiï. rien de févere : l'élégance & l'agrément des for- mes , la légèreté de la Sculpture , la magie de la Peinture à la gouache ; toutes ces reflburces ibnp. du reiTort de leur ordonnance intérieure ; ici il faut avoir foin d'en faire les rues d'une certaine largeur, y obferver des carrefours , riy jamais négliger la fymétrie refpeclive des corps princi- paux ; mais par-tout ailleurs on peut uier des commîtes , & faiiir un genre pittoresque qui flatte l'œuil, & qui puiffe égayer l'imagination des. hommes frivoles, * On doit ufer de plus de retenue dans l'extérieu£
de ces bâtiments ; encore eil-il bon que leur décoration annonce leur deilination intérieure ; & l'Ordonnateur de ces fortes d'édifices , ne doit pas fe livrer à tous les écarts que peut lui fuggérer fon imagination. Au reite , comme ces bâtiments doivent être ifblés de toute part » & que par conféquent ils peuvent & doivent avoir pluiîeurs iffues, les unes peuvent contenir les attributs du commerce , pour défîgner l'entrée qui mené aux boutiques des Marchands forains ; les autres ceux de Thalie & de Terpiicore, pour décorer les façades qui donnent entrée aux Théâ- tres. On peut faire ufage des fymboles de Co- rnus , pour orner le frontifpice des iiiues qui conduifent aux Buvettes, aux Gaffés , aux Reitau- rateurs , &c. Dans la $ifpofition de ces bâtiments on ne doit pas négliger fur- tout d'obferver, dans leurs alentours , des ryes libres & aifées, des préaux dans lefquels puiiient fe ranger les voi- tures , des portiques , ou au moins des parapets, pour faciliter la circulation des gens de pied. Oii |
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^34 Cours
doit avoir attention de rendre toutes ces diflf&-
rentes routes bien éclairées pendant la nuit ; y éviter, autant qu'il eft poflible, toute efpèce de montuofités ; en un mot, il faut apporter toute l'attention convenable pour rendre ces lieux faill- ites , d'un accès facile, le feul moyen de pro- curer l'ordre & la décence qu'il convient d'ob- ferver dans tous les lieux publics. Nous finirons ces obfervations par indiquer
qu'on doit pratiquer dans l'intérieur des Foires, des lieux particuliers pour contenir les uireiiiiles néceflaires en cas d'incendie, une Chapelle , une Chambre Syndicale , une Buvette , une Geôle , des Corps de Garde, &c. &c. Des Boucheries,
,j >£,es Boucheries font des bâtiments très - iitiles
dans les grandes Villes; on en doit diftribuer dans leurs différents quartiers : ce font ordinai- rement de grandes pièces à rez - de - chauffée , voûtées & conftruites en pierres de taille , bien pavées, &dans lefquelles devroient être diiïribuées des eaux aiTez abondantes pour y entretenir la fraîcheur δε laver les Tueries qui y font adja- centes. Les Boucheries doivent être expofées au nord, telle que celle du Marché-Neuf à Paris, bâtie fous Charles IX, fur les deiîins de Philibert Deiorme. Nous fommes néanmoins d'avis , que les Tueries ne devroient jamais être contenues dans le fein des Villes, qu'elles devroient être tranfportées vers l'extrémité de leurs Faubourgs, d'où Ton apporteroit , dans les Boucheries, les viandes, pour y être vendues en détail au public. Quelle mal-propreté & quelle infe&ion ne caw-i |
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d'Architecture, ψβ
fent pas les Tueries contenues dans les quartiers
des Quinze-Vingt, dans celui de la rue Sainti- Martin , au Faubourg Saint-Germain , à la Mcn- tagne Sainte-Geneviève, & ailleurs, Il y a quel«? ques années qu'on s'étoit occupé de les tranfporter hors de l'enceinte de la Ville ; mais il en a été de cet objet comme de celui des Cimetières ; des confédérations particulières & des affaires plus importantes ont Tans doute fait négliger ce projet 9 qui vraisemblablement reprendra faveur un jour, rien n'étant fi véritablement intére/Tant que tous ce qui peut contribuer dans une grande Ville, à la falubrité de l'air , & devenir utile à. la con* fervation des Citoyens. Nous avons vu à Stras- bourg des Boucheries où Tordre & la propreté font le plus grand plaifir. A Metz nous avons remarqué une Tuerie , féparée des Boucheries, & conftruite fur l'un des bras de la Mozelle, avec toute l'intelligence, qu'exigent ces fortes de bâtiments. Pourquoi n'en feroit-on pas autant à Paris ? On a bien, depuis quelques années.» tranfporté le lavage Se la cuiiTon des tripes dans l'île des Cignes , qui auparavant fe fefoient au- près de la Porte de Paris. On a eu bien raifdh d'éloigner de Paris ces opérations, qui produï- foient de grands inconvénients , à caufe de lat -faleté qiie ce lavage jetoit dans les eaux dé la Seine, & de l'odeur des fuifs qui s'exhaloit dans tous les lieux circonvoifms. L'intérieur des Boucheries n'exige d'autre déco-
ration que celle des arcs doubleaux qui fervent à la conftruclion de leurs voûtes , la régularité de l'appareil , celle des vouffoirs & celle des rempliiïages , qui allez ordinairement fe conitrui- fent en brique ; on, y peut aufii introduire quel-; E e i/
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4J6 - Cours
ques tables Taillantes, & des plinthes d'un profil
mâle & d'une certaine faillie. Nous penfons que* le:fol deces Boucheries devroit être divifé en trois parties : celle du milieu, plus large que les deux autres, feroit féparée des "collatérales, par des. piliers qui formeroient autant d'arcades, -au- deffus desquelles s'éleveroit la voûte plein-cintre, faifant berceau, & dont la hauteur , plus conii- dérable que celle des bas-côtés , procureroit un. mouvement dans cette partie fupérieure qui y tiendroit lieu de richeffe. Alors les étaux des Bouchers feroient contenus dans les ailes des côtés ; ils y auroient leurs comptoirs & autres uilenfiles de leur reffort. 11 feroit bien que le fol de ces derniers fût au moins élevé d'une marche, dans laquelle feroient placés, des canivaux, pour faci- liter l'écoulement des çaux que nous avons defiré être abondantes dans l'intérieur de ces bâtiments ; ces eaux iroient fé décharger enfuite dans un aque- duc fouterrein, pour en empêcher l'écoulement dans la Ville. A Tégard de leur décoration extérieure, une
ordonnance ruftique en doit faire les frais ; on y doit obferver peu d'ouvertures, pour empêcher le hâle de pénétrer dans l'intérieur ; le principal ifrontifpice peut être orné de colonnes bofTagées & ruftiquéesj on y peut faire ufage de quelque Sculpture, y repréfenter, en tout pu en partie, en ronde-boiTe ou en relief, des animaux & autres attributs analogues à ce genre. Ce fron- tifpice peut donner entrée à un porche , aux deux cotés duquel feroient placés des efcaliers pour monter fur les couvertures & au logement du Concierge , pratiqué dans deux pavillons qui flanqueroient ce frqntifpice > & qui pourroieni |
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b*ÀRCHïTECTURE. 4ft
fymétrifet avec deux autres, placés à l'extrémité
du bâtiment : ceux-ci.ferviroient de Bureau pour les comptes, & de dépôt pour les regiitres, les Régiiïeurs , &c» Des Cafernes.
Quoique les Cafernes doivent entrer dans la
clàiTe des bâtiments Militaires, comme aiTez or- dinairement les Architectes font chargés de la conitruöion de ces fortes d'édifices d'utilité , nous avons cru devoir en parler ici , à deffein de laiffer ignorer, le moins qu'il eil poffible , à nos Elèves la maniere de concevoir Fidée de tous les projets dont ils peuvent être chargés un jour. Les Cafernes font ordinairement de grands
corps de bâtiments difpofë* autour d'une cour très-fpacieufe, deiîinée à faire faire l'exercice aux Troupes qui y font logées. Il s'en fait de deux efpèces , les unes pour l'Infanterie , les autres pour la Cavalerie. Ces différents corps de Ga- zeraes fe difperfent dans les divers quartiers des Villes de guerre , lorfqu'on y établit une forte garnifon ; alors on obferve des communications aifées, pour qu'elle puifle fé rendre par déta- chements & fans obiîacles, de fes Cafernes à la Place d'Armes, ordinairement iittiée dans l'un des endroits de la Ville le plus convenable & le plus aéré , fans néanmoins que ces communi- cations nuifent au commerce & à là circulation «les Citoyens. ' Les corps de Cafernes d'Infanterie font de
.grands corps de logis doubles, & dans la longueur Mefquels fe diflrifeiient intérieurement pluiieurs Ee iij
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43t ■■ & ι -G ο ν RS !
efcalkrs, pour monter dans les étages fupérieurs aux chambres des Soldats ; à la tête de ces bâti- ments on établit d'autres corps de logis ou pavil- lons pour le logement des Officiers. Ces bâti- ments particuliers donnent entrée à des cours qui contiennent les écuries, les cuiiines , &c. Les corps de Cafernes deftinés pour la Cava-
lerie, Ont à-peu-près la même difpofition que les précédents, avec cette différence , que.le rez-de- chauffée des principaux corps de logis eft occupé four les écuries à l'ufage des chevaux des Cava-
ers 5 & que les logements de ces derniers font difpofés dans les étages fupérieurs; au-deffus de ces étages font pratiqués de grands greniers pour contenir les fburages. v h La décoration extérieure de ces deux fortes de
Cafernes doit être ftmple , mais néanmoins an- noncer un cara&ere de fermeté dans la difpofition du plan des avant-corps & des pavillons , & dans l'ordonnance de leur façade , lequel faife connoî- tre que les membres qui la compofent font puifés dans la virilité Dorique pour le logement des Officiers, & dans la rufticité Tofcane pour ,1c logement des Soldats. Autant qu'il eft poffible , il convient de iituer ces corps de Cafernes près âes rivières, pour la facilité des abreuvoirs, & pour procurer à ces édifices un air falubre , né- ceifaire pour la confervation des Troupes, Nous nous propofons de donner , dans l'ou-
vrage particulier que nous avons déjà annoncé (y), différents genres de bâtiments., entrautres plufieurs deffins de corps de Cafernes, que nous avons faits |
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(y) Page J59 de ce volume, note*.
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d'Architecture. 4$9
.pour Strasbourg par ordre du Miniftere, fuivant
les deiirs du Magiftrat de cette Ville, qui fe propofe d'en faire conftruire pour huit bataillons & huit eicadrons. Ces Cafernes doivent être diftri-* buées dans le Faubourg de Saverne, dans l'em- placement près le Pont-Couvert, & à l'Efplanade près de la Citadelle, celles qui y font aétuellement tombant prefqu'en ruine. Nous avons fait auifî des projets pour rétablir ■& augmenter celles placées actuellement à la Porte des Pêcheurs , à celle des Boucheries , à Finkmatte, &c. Nous prendrons occafion 5 dans l'ouvrage que nous pro- mettons , de faire part à nos Elevés des Mémoires que nous avons faits à ce fujet, & des renfeî- gnements que nous avons pris pour y,parvenir , comme autant de lumières que nous avons acqui- ses dans cette partie de l'Art, afin de les leur communiquer, & leur apprendre que chaque genre d'édifice ayant fes ufages particuliers, aucun ne doit être ignoré du véritable Architecte. Nous failirons alors l'occafion de leur offrir les plans de la Place d'Armes, & de leur rapeler dans ce Cours les projets que nous avons faits pour cette Ville, concernant le Sénat & la Salle de Spectacles ; parla nous rendrons compte des moyens que nous avons du prendre pour lier tous ces édifices d'une ma- niere intéreiîante , fans nuire à l'économie nécef- fake dans une telle entreprife. Des Hotels-de- Kille.
Les Hôteîs-de-Ville font des bâtiments dont fa
grandeur doit être affujétie à l'importance dqs~ Capitales où ils font élevés, Celui de Lyon & felui d'Arles 9 en Provence ? paffent pour Iqs édi* Eè iv
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%4® Co Urs
éces de ce genre, qui annoncent le mieux l&
caractère qui leur convient* Celui de Rouen, commencé depuis quelques années fur les deiïins •de M. le Gärpentier, Architecte du iloi, mérite aufîi } à toutes fortes d'égards , les plus grands éloges; non-feulement il eft plus régulier & d'une ordonnance d'Architecture plus intérefTante que les précédents ; mais il eft diftribué dans fon in- térieur par de plus grandes parties $ ■& fes déco- rations font fufceptibles des grâces de l'Art que cet habile Maître fait répandre dans toutes fes productions. Qu'on nous permette de citer celui dont nous avons donné les deiïins pour Metz, exécuté entièrement aujourd'hui, & qui renferme tous les pbjets néceffaires aux Officiers Munici- paux de cette Ville. Peut-être en offrirons-nous dans la fuite les plans à nos Elevés, non comme tin exemple à imiter dans toutes fes parties , mais pour leur faire connokre combien nous avons furmonté d'obftacles , & par rapport à la triontuoiité du terrein , & par ce que ce terrein eft fi refferré , qu'il a fallu un certain art pour y trouver , fans confufion f toutes les pièces du reffort d'un tel édifice. L'Hôtel-de-Ville de Paris, élevé fur les deffins
de François de Cortone, commencé fous Fran- çois premier, & fini fous Henri II, quoique bâti dans un genre femi-Gorhique , ne laiffe pas d'avoir un certain mérite. Les dedans particuliè- rement offrent des parties intéreilantes : néan- moins on peut dire, qu'il n'eit digne ni de la Capitale qui le renferme , ni des objets impor- tants auxquels il eil deftiné. Donnons une idée du projet d'un Hôtel-cte-
yille » tel que nous le concevons. Un édifice de |
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d'A R C H IT E C Τ U R IV 44*
cette importance doit contenir d'abord une cer-
taine quantité de pièces , foit pour fervir aux aiTemblées des Magiitrats préposés aux règle- ments des affaires de la Ville, foit pour confer- ver les archives. A Paris ces Mägiftrats y tien- nent une Jurididtion particuliere, pour tout ce qui concerne la navigation, ainii que pour tous les différents qui naiffent de particulier à parti- culier au fujet du commerce par eau: on nomme cette Juridiéion, le Bureau de la Ville ; il y en a deux > l'un pour les caufes contencieufes, l'autre pour les affaires courantes. G'eft aufîi dans ce bâtiment qu'on paye les rentes des particuliers qui ont des contrats fur la Ville, à l'occaiion du paiement defquels il y a une grande falle, nommée la falle des Payeurs des rentes. C'eil auifir dans ce lieu qu'on tire les Loteries, en préfence des perfonnes intéreffées, & où , dans le rez-de- chauffée, font diitribués des Greffes , un loge- ment pour le Concierge, des Dépôts , une Prifon, &c» Nous penfons que dans le projet d'un bâtiment
de cette importance, non-feulement il faudroit donner un air de grandeur & de dignité , tant dans l'enfemble que dans la difpoiition ; mais qu'il conviendroit de comprendre dans fa diftri- bution plufieurs appartements pour le Roi & la famille Royale , Îorfque Sa Majefté vient à Paris pour aiîîfter aux fêtes que la Ville donne à - îoccafion de quelque événement d'éclat ; il devroit
auffi contenir des falies de bal & de feftins defK- nées pour ces jours d'alégreffe, puifqu'autrement on eft obligé à Paris de fufpendre les affaires „publiques pendant l'efpace dé temps que durent
ces fêtes, & de faire ufage des pièces d'utilité |
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44ï Cours
que contient ce bâtiment, pour y établir les
galles où fe donnent les Concerts , les Banquets 9 où fe tiennent les Afferablées , &c. Nous penfons encore que les Hôtels-de-Ville devroient être fitués de maniere que leurs principales façades regardaffent la rivière fur laquelle les Magiftrats du Corps de Ville ont reçu du Prince toute autorité. D'après cette idée nous avions fait anciennement un projet pour Paris, & nous avions placé l'Hôtel- de-Ville à la pointe de l'île Sainte-Louis , en face du baiîin de la rivière de Seine ; mais quelqu'avan- tageufe que parût cette iituation, on jugea que la traverfée des Ponts qui amènent à cette île, & le peu de largeur des Rues & des Quais qui avoifinent ce lieu, formoient un obftacle invin- cible pour une telle entreprife. Au refte, ce n'étoit pas fans regret, que par le choix de cette difpo· iîtion il falloit démolir l'Hôtel de Lambert, qui » par les beautés du premier genre qu'il contient, mérite d'être confervé dans fon entier t ainfi que l'Hôtel de Bretonvilliers qui lui efl: oppofé? & qu'il auroit fallu détruire entièrement. > Des Obfervatoires.
Un obfervatoire eii affez ordinairement un MfcU
ment quarré, iitué & élevé fur une éminence, & à l'extrémité duquel on pratique une terraffe pour y faire les obfervations aitronomiques. Affez îbuvent, fur cette terraffe, on cortitruit un don-* jon (ι) pour contenir les inftruments à couvert, |
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(ç) Donjon, efpèce de petit pavillon i ordinairement élevé
fur une terrafle pour y découvrir une belle vue. Dans les anciens Châteaux, on appeloit ainfi une tourelle fervant de guérite fur une groffe tours telle qu'on la remarque à Via* cennes. ..... i^k-'-. û... ,.·... |
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d'Architecture. 443
& pour y faire des expériences Phyfiques. Le
bâtiment de l'Obfervatoire, bâti à Paris fous Louis le Grand, d'après les deiîins de Claude Perrault , eit fans contredit un des plus beaux édifices qui fe foient exécutés dans ce genre en France (ä). Ces monuments d'utilité fe conftruifent avec
plus ou moins de grandeur δε de magnificence, félon l'importance des Capitales , où les grands Princes les font élever. Quelquefois on pratique^ dans leur intérieur, indépendamment des grandes Salles deitinées pour l'AÎTemblée des Savants, des laboratoires» une bibliothèque, des cabinets de Phyiique ; enfin un logement & des dépendances pour un Directeur ; d'autres pour un Concierge & pour les principaux Artiftes occupés à fabri- quer les inilruments : de grandes ferraifes doivent environner l'édifice ; elles fervent à drelTer, dans la belle faifon, les lunettes, qui, à raifon de leur grandeur, ne pourroient pas fe monter dans l'intérieur du bâtiment. La décoration extérieure des Obfervatoires doit
être iimple, mais d'un excellent genre ; elle doit être ornée de peu de Sculpture, & porter un caractère décidé, puifé dans le motif qui donne lieu à Fexécution de ces fortes d'édifices. On ne peut contefter que l'ordonnance dû bâtiment de î'Obfervatoire de Paris (£), porte un caractère |
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(0) Voyez les plans, coupes Se élévations de cet édifice
dans le Vitrage de M. Perrault & dans l'Architecture Fran- Îoife. Voyez aufti- les deflms des autres Obfervatoires de
Europe Jans l'Atlas cœleftis de Doppélmeyer. (b) Les fondations de ce bâtiment furent jetées en ié6jt & l'édifice entièrement fini en ι6γο\ il eft pofé" fuy une ligne méridienne qui fut tracée par les plus habiles Aftroûe- aaes le n Juin ι66ψ , le jour φι folftice» , ro/î |
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r4Ä Cours ■ .. 1
d'originalité affez convenable à ibn genre ; il eft
Manqué de tours octogones, & percé de hautes ouvertures de croifées qui annoncent la néceflité d'offrir, dans l'intérieur, l'afpea du ciel pour les obfervations Agronomiques : des terraffes termi-^ nent cet édifice important ; dans les dedans il contient de grandes falies bien voûtées? im efca- lier dune itruaiire hardie j un veilibule entr'autres, dont le premier plancher eft percé à jour, offre un trotoir porté par une vouffure, rachetée par des lunettes avec beaucoup d'Art. Les fouterreins de cet g édifice font aufli d'une très-grande beauté, qui mérite une attention & un examen réfléchi de la part de ceux 'de nos Elevés qui voudront fe rendre compte de tous les moyens dont s'eft fervi Perrault, pour allier enfemble les précep- tes de fon Art , avec la plus grande folidité. Nous leur confeillons donc de fe tranfporter fur les lieux à plus d'une reprife, pour y con- iidérer l'apareil, la commodité, les convenan- ces , la grandeur & la beauté de l'ordonnance. . Kous prenons même occafion , en leur recom- mandant l'examen particulier de cet édifice ,· de les inviter à fe tranfporter fouvent dans les autres monuments que cette Capitale renferme , comme le feul moyen de hâter leur expérience, de les affermir fur les préceptes, de développer le germe de leur génie ; en un mot, de perfectionner en eux le goût naturel, par le goût acquis. Des Bafiliquts.
Anciennement 4es Bafiliques (c) étaient d© |
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- (<?) Bafiiiqoe, mot dérivé du grec, qui ßgn*fie Maifo*
Royale, |
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D'A R CHI TE € TU Β Ε, 44Î
Randes-falies, comprifes dans les Palais des Rois ,
avec portiques, aîles , tribunes δε tribunal, ou les Têtes couronnées rendoient eux-mêmes la, juftice [d) : enfuite on a donné ce nom aux gran-* des Salles des Cours Souveraines , où les Ma- giihrats, revêtus de l'autorité du Prince, s'afîem^ blent pour juger les différents qui nanTent« entre les Citoyens. A Paris, c'eit dans l'un des anciens Palais de nos Rois , que fe tiennent actuellement les Chambres,du Parlement. Cet édifice , tel qu'on le voit aujourd'hui, fut reftauré fous Phililppe le Bel en 1313, ayant été commencé il y a toute apparence, félon le rapport de nos Hift@riens, dès le fixieme fiecle ; puifqu'Adrien de Valois conjecture que la crainte des Normands obligea Eudes & les Princes fes SucceiTeurs, de transférer leur demeure du Palais des Thermes , (dont nous avons parlé pag. 408 & 415 de ce volume ) où ils faifoient leur réfidence , dans celui dont nous parlons. Pour le diitinguer du premier, on appela celui-ci le nouveau Palais, & l'autre l'ancien. Ce qu'il y a de certain, c'eit qu'en 1383, Charles VI y demeuroit , lorfque , victorieux des Fia-' mands, il fit élever un dais fur le perron du grand eiçalier , dans l'intention de punir les rebelles, qui, pendant fon abfence, avoient excité une fédition ; François premier y faifoit auffi fa demeure en 1531» On rapporte que c'étoit dans la grande Salle du Palais que nos Rois recevoient autre* fois les Ambaffadeurs , qu'ils y donnoient dés fei|ins publics, &: que Ton y celébroit les noce» des Enfants de France. Ce fut à la place de cette |
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' £d) Veyez Vitiuvc, Uv. γ, ch*p, 'ü
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44$ MP ours
ancienne Salle, qui fut confirmée par le feu en
1618, qu'on éleva celle qui fe voit aujourd'hui; elle fut bâtie en 1622 furies deiTms de Jacques DebroiTe : cette belle Salle eil: voûtée en pierre » & décorée d'un ordre Dorique d'un très-bon goût, La grand'Chambre a été conitruite fous S. 1 Louis , réparée & embellie fous Louis XII, & enfin reftaurée dans l'état où on la voit pré- fentement en 1722, furies defîins de M.Boffrand. La Sainte - Chapelle du Palais eil un chef-d'œuvre dans le genre Gothique; elle fut bâtie en 1247, fous S. Louis , fur les defîins de Pierre de Monte- reau (e); elle mérite d'être remarquée par la har- dieffe de fa itrufrure & l'élégance de ion Archi- tecture. Nous nous fommes un peu étendus fur ces remarques hiitoriques , parce que tout ce monument renferme des beautés de plus d'un genre , & que nous n'avons pas eu occafion d'en donner les plans dans l'Architecture Françoife , ©11 nous renvoyons ordinairement lorsqu'il s'agit des édifices dont nous avons donné la defcription, afin d'éviter la répétition des mêmes objets dans ces deux ouvrages. I On donne aufli le nom de Bafilique aux Eglifes
de fondation royale; on appelle ainfi à Rome» §aint-Jean*de~Latran , & l'Eglife de Saint-Pierre du Vatican; anciennement même on en comptoit plufieurs dans cette Ville, qui toutes portoient le nom de leur fondateur , telle que la Bafilique ■Jufta,9 Portia% Sißmini, Sempronia, Cou 8aLucii; jinfin on apeloit encore la Banque de Rome, Ma* ßliea Argcntariçrutn* (e) Pierre de Montereru , Architecte François, Oiort en
1166, cft enterré dans la Chapelle qu'il ayoit fait bâtir dans VEglife de Sajuu- Germain- des- Pré*. |
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d'Architecture, 44?
Chez nous ce nom eft peu uiité; nos Eglifes
portent le nom des Saints fous l'invocation des- quels elles font confacrées. Dans nos maifons Royales les pièces où s'affemble le Confeil du Prince, font nommées Salles du Confeil : dans les Palais de nos Prélats , celles deftinées à juger les affaires Eccléfiaftiques, font nommées les Salles de l'officialité ; enfin les lieux où fe rend la juftice aux Citoyens, font défignés par des dénominations qui indiquent leurs Juridiclions particulières. Ort dit à Paris, le Parlement, le Grand Confeil, la; Prévôté de l'Hôtel, le Châtelet, les Confuls, &c. diftinÛions dans lefquelles nous n'entrons que pour apprendre à nos Elevés qu'il n'eit point de genre d'édifice dont ils ne doivent fe rendre com- pte , parce qu'ils peuvent être apelés pour donner le projet de l'un d'eux; autrement, quoiqu'aflez inftmits fur les Arts, & éclairés jufqu'à un certain point fur une infinité d'objets dureiTort del'Àrchi- te&ure, il pourroit arriver que-le premier édifice dont ils fe trouveroient chargés, fut précisément celui fur lequel ils auroientle moins de connoifTàn- ces, du côté du local, du côté du caractère, β£ de l'expi-eiîîon qu'il convient "de donner à chacun en particulier. Pour éviter un pareil inconvénient : qu'ils apprennent donc de bonne heure à con- noître toutes les efpèces de bâtiments de Tnême genre & de genres différents , pour être en état de méditer fur leur convenance , leur ufage , 'le Îlyle qu'il convient de répandre dans leur ordon- nance ; alors quand il s'agira, foit des Juridictions dont nous parlons, foit des autres bâtiments dont il eft fait mention dans ce Chapitre & les précé- dents , à raifon de leur plus ou moins d'impor- tance, ils chereherpnt à fe renfermer dans les" |
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44^ f ' Cour s «
lois d'une fage économie, ou au contraire ils fini- ront déployer toutes les reiïburces de leur Art, pour procurer dans les Capitales où ces édifices, j doivent être élevés , des monuments dignes de notre iiecle, δζ: de la fupériorité que 1 Architecture ; s'eft acquiie chez nous, même depuis les Man-· fard. Nous n'entreprendrons pas ici de donner les
divers détails néceifaires à obferver dans ces diffé- rents édifices d'utilité, à-peu-près de même genre >;, perfuadés que la defcription la plus étendue eil toujours infufîifante, ii elle n'eit aidée des plans, coupes & élévations qui en faiTent fentir les avan- tages ou les défavantages. Nous renvoyons donc les observations que nous nous proposons de faire à ce fujet, lorfqu'inceffament nous donnerons le dévelopement du Parlement que nous faifons exé- ' cuter à Metz, ainii que les defiins du Sénat que nous avons fait pour Strasbourg, deux compor- tions tout-à-fait différentes , parce que ces monu- ments Tont exigé ainfi. Si nous avions connu quelque édifice de ce genre exécuté dans le goût moderne , & qui fût élevé fur les defiins de quel- ques-uns de nos habiles Archite&es., nous aurions fans doute préféré de les offrir à nos Elevés „ plutôt que nos productions. Nous nous flattons néanmoins que ces plans pourront leur faire quelque plainr j du moins ils y apprendront qu'il faut lavoir fe contenir dans les bornes toujours prefcrites à l'Architecte, fur - tout lorfqu'il s'agit d'un bâtiment à mettre en œuvre. Ils leur mon- treront qu'il n'y a point de terrein dont il^ ne faille favoir tirer parti , & que fouvent le plus irregulier eft celui qui offre le plus de reffources; enfin
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»'Architecture. '44$
enfin ils les accqutumeront à fe dépouiller de l'opi-
nion dans laquelle font la plupart, qu'on ne peut faire un projet qui s'attire le fuffrage des connoif- feurs , s'il n'eft porté au plus grand degré de richeiTe , s'il n'y entre une très-grande quantité de colonnes, des ftatues fans nombre, & des orne- ments employés jufqu'à la prodigalité. |
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CHAPITRE Χ,
Des Β at im ent s érigés point
LA S V RET É PU Β LIQUE,
Des Arfenaux.
Ο Ν confinât de deux différentes efpèces d*Ar-
fenaux (ƒ) ; les uns qu'on nomme Arfenaux de la Marine, parce qu'ils font élevés près d'un Port de Mer ; ce font de grands bâtiments oà logent les Officiers, & où l'on tient tous les objets néceflaires pour conitruire , équiper & armer les vaiffeaux : les autres appelés Arfenaux propre- ment dits , contiennent les armes à feu, & les armes blanches qu'on raffemble dans de grandes falies, au premier étage , avec une certaine régu- larité & fymétrie ; c'eil auffi dans ces' Arfenaux qu'on jet e en fonte les canons , les mortiers , &c. qu'on range enfuite avec ordre dans des ma- gaiins à rez - de-chauffée , difpofés de maniere que les ouvertures qui y donnent entrée, aient affez de largeur pour les en faire fortir avec facilité, à raifon de leur poids & de leur vo- lume. I :.,'.'0,;',-■ ,...-.- , ' '^Sf';.'·.
( ƒ) Arcenal, ou Arfenal, dérive du mot latin Arx, Cita-
delle , ou de l'italien Ârfenale. Pour la partie qui regarde la conftruéHon des Arfenaux,
voyez l'Architedure de Goldman j voyez aufli $ tarin j &^ le deuxième Eiîai d'Atchite&ure de Fauch ; enfin ce que M. Béli·- dor sous en a donné dans la Science des Ingénieurs. |
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d'Architecture. 4$ r
Les Arfenaux de Drefde & de Berlin paiTent,
après celui de Paris, pour les plus coniidérables î il eil fait mention de ce dernier dans les Mémoires de Γ Artillerie' de Saint-Remi, qu'il eil bon de confulter* Les bâtiments de notre Ariènal font aujourd'hui prefqu'entiérement négligés ; à l'ex« ception de la fonderie, de quelques atteliers & de la falle d'armes. La plus grande partie du ter- rein deiliné à cet objet, eil occupée aujourd'hui par des bâtiments fervaiit de logements à des perfonnes de considération , qui les obtiennent par brevets. On y remarque auffi un corps de logis confidérable pour le Grand - Maître d'Ar- tillerie > un bâtiment deitiné à la préparation des poudres, & enfin un affez beau jardin public. La vétuilé de la plupart des bâtimenrs de
l'Arfenal avoit fait naître, il. y a quelques années * au Miniilre de la Guerre , l'idée de faire faire un projet général pour y élever un nouvel édi- fice , digne & de la Capitale & de l'importance d'une telle entreprife : nous fumes chargés de ce projet important que nous nous propofons de faire graver dans l'ouvrage qui doit fuivre la pu- - blication de ce Cours, dans le quatrième volume duquel nous nous contenterons d'offrir celui que nous avons donné pour l'Arfenal, qui doit être conitruit dans une partie de l'efplanade attenant: la Citadelle de Strasbourg ; il eil beaucoup moins confidérable , à la vérité , que celui fait pouf Paris ; mais il ne laiffe pas d'être aiTez intéreilant. Dans celui de Paris tout eil préfenté en grand ; on y trouvera des difpofitions heureufes, occafionrrées par l'irrégularité du terrein , qui nous a .donné occafion de fortir des formes ordinaires ; on γ remarquera un corps de bâtiment donnant fur la, Ff ij
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4<fi C OU Ai
rivière s contenant à rez- de- chauffée des falies
deftinées à recevoir toutes les pièces d'artillerie, fabriquées dansles différentsatteliers contenus dans les cours dépendantes de cet édifice; on y trouvera un grand veftibuie , des eicaliers magnifiques qui mènent au premier étage où font placées les falies du Confeil, aux falies d'Armes anciennes & mo- dernes, & aux appartements du Grand-Maître; on y verra aufïi d'autres eicaliers qui condùifent aux parties fupérieures des fonderies ; enfin une Jbelle cour , précédée d'une avant-cour, & celle- ci de cours collatérales, contenant tous les dépar- tements d'un monument de cette efpèce.' Nous .joindrons à ces plans des defcriptions qui ren- dront compte des fujétions qu'on nous a impo- sées , & nous communiquerons les détails concer- nant la dépenfe & les fommes auxquelles devoit monter cette vaile entreprife ? qui ne demande que des circonftances favorables pour être mife à exécution. Nous avions choifi l'ordonnance Tofcane
pour former la décoration extérieure du pre- ; -mier étage de cet édifice , élevé fur un foubaffe- ment. Malgré la ruilicité de cet ordre , nous n'avions pas héfité de l'embellir par urîe Scul- pture analogue à.fon expreffion ; ce qui peut prouver: qu'il m'y a rien que l'art ne puiffe em- bellir. "Qiïîon ne prenne pas ce que fions rappor- tons pour un éloge que nous voulions faire de .notre propre ouvragé ; il s'en faut bien que nous foyohs perfuadés que ce projet n'eût pu acquérir plus de perieûion en d'autres mains. Mais nous -■pions croire que la difpofition que nous lui avons donné , le genre d'Àrchiteëture que nous avons choifi, & certaines parties de détails qui |
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d'Architecture. x 4f% χ
s'y rencontrent, pourront perfuader à nos Elevés,
même à ceux qui font les plus avancés, qu'avec une Architecture fimple, des proportions & des for- .mes heureufes , on peut parvenir à faire de grands édifices, fans avoir recours aux formes contraitées, ni à cet étalage farineux de membres d'Arçhite&ure & d'ornements qui nuifent le plus fouvent an monument, plutôt qu'ils ne i'embelliiTent, La plupart s'imaginent qu'il faut abufer des précep- tes de l'Art pour produire des chefs - d'œuvre , au - lieu qu'on doit fe faire remarquer par une grande bâtiiîe, & fe diitinguer, fi nous pouvons nous exprimer ainfi , par une richeiTe iimple , que doit indiquer l'ordre dont nous venons de parler. En attendant la communication de ce projet que
nous leur annonçons, celui fait pour Strasbourg qui va leur être offert dans le quatrième volume, quoique moins coniidérable , leur rendra compte des reifources auxquelles il a fallu avoir recours pour raifembler, dans un terrein borné de toute part, les pièces d'ufage , & pour la repréfentation & pour les commodités nlceifaires à une manu- tention de cette efpèce. Il eût été fans doute utile que les deiîîns que
nous* promettons enflent accompagné ces premiè- < res Leçons ; mais celles-ci ne doivent être encore regardées que comme des définitions, ou plutôt comme autant de programmes offerts à nos Elevés pour les guider dans leurs eiTais ; nous leur pré- senterons dans la fuite, & des exemples & des préceptes plus étendus , avec d'autant plus de confiance, qu'à l'exception des bâtiments élevés en France qui ne peuvent leur fervir de modele, & auxquels nous fuppléons par ceux de notre F f iij
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4f4 Cours
invention, nous leur ferons connoître les meil-
leures productions élevées par nos plus grands Maîtres, ce qui les mettra à même de revenir fur leurs pas : ainfi loin que cette omifîion leur fait préjudiciable dans ces éléments, nous croyons, au contraire, qu'elle les portera à réfléchir, à développer leurs premières idées , & à faire de nouvelles tentatives, pour parvenir à concilier d'eux-mêmes, les préceptes de l'Art avec les reffources & le goût qu'il convient d'apporter dans toutes les parties dépendantes de l'Architecture. Des Pnfons
11 fe conftruit dans les grandes Capitales, des
Prifons de plufieurs efpèces (g) : les Pnfons mili- taires , les Priions publiques , & les Prifons par- ticulières. Les premières fe bâtiffent dans les Villes de guerre , & font deftinées pour les trou- pes ; les deuxièmes dans les Villes de commerce ) & dans les Villes libres, pour y renfermer ou les Criminels, ou les Débiteurs ; les troifiemes enfin font contenues dans les édifices publics, tels que les Jîôtels-de-Ville , les Monafteres, ainfi que dans les Maifons Royales, les Palais Epifcopaux , &c. Nous avons à Paris plufieurs Priions publiques '9
fans compter celles où font détenus les Prison- niers d'Etat, telles que le Château dé la Baftille, celui de Vincennes , &c. De toutes nos Prifons publiques , celle de la Conciergerie eft la plus îalubre de toutes , à caufe d'un préau planté d'arbres', qui procure de l'air aux Prifonniers ; ^Mgini. ιι'Ίΐ ι
. - , . - ■.. . , ι.
(g) Pïifena <fc VvaHwPrijtoite,
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d'Architecture. 455
mais l'on peut dire , qu'en général elles ne font
ni aßez grandes ni affez aérées : nous penfons d'ailleurs qu'il eil contre toute vraifïemblance d@ confondre, dans une même enceinte, les Citoyens détenus pour dettes , avec des Criminels qui, à toute forte d'égards, méritent les fers, il nous iemble qu'il eil eflenciel de fe reiïbuvenir que des Prifonniers font des hommes , & qu'une fois privés de leur liberté, il ne faut tenir rigueur qu'aux coupables , deilinés à la mort ; encore l'humanité femble -1 - elle exiger , que jufqu'au moment de leur condannation, on les traite avec moins de cruauté. Nous ofons le dire ici, les logements de nos Prifons font infects, leurs ca- chots font horreur ; le peu d'efpace qu'elles occu- pent eil trop limité. Seroit-il impolîible de bâtir nos différentes Prifons en champ libre, dans ^'ex- trémité des Faubourgs de cette Ville, & de con- ferver feulement des dépôts aux pieds de nos Juridictions, pour y contenir les Prifonniers qui y feroient transférés lorsqu'ils feroient près de îiibir leur jugement? Les reconfrontations nepour- roient-elles pas -fe faire dans les Prifons écartées que nous propofons , & dans l'intérieur defquelles feroient diilribués des falies pour un Juge de paix, un Greffier , un Concierge en chef, &c„ Ces appartements feroient contenus alors dans des pavillons particuliers, mais dans la même enceinte que les Prifons. Nous invitons nos Lecteurs à prendre en bonne
part les réflexions patriotiques qui nous échapent quelquefois, non pour faire lacenfure des édifices que nous citons dans ce Cours, mais parce que nous les croyons néceiïaires, pour fauver de la routine de l'Art, la plupart de nos jeunes Archi- Ff iv
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ν. ■■■. f: i.'r. ·■ > ; f-: ' .. "
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teftes qui fe copient fervilement les uns les autreâ
dans leurs diverfes productions. Nous nous flattons donc qu'on nous paiTera tout ce que peuvent avoir d'irrégulier les idées dont cet ouvrage fe trouve. parfemé , en faveur du deffein que nous avons d'échaufer l'imagination de nos Elevés, & de les amener, pour la fuite, à réfléchir fur le meilleur parti qu'il y auroit à prendre, lorfqu'il s'agit de former le projet d'un édifice quelconque. Nous avons en vue de les accoutumer à conférer avec les perfonnes intéreffées, fur la véritable fituation que doivent avoir les édifices , fur la difpofition qui leur parôît la plus avantageufe. Dans ces confé- rences le jeune Architecte , après avoir fait part des idées qu'il a conçues, écouteroit les repréfentations. Examinant enfuite de nouveau fon projet, il fe trouveroit en état de concilier la manutention du reffort de ces édifices avec les préceptes de l'Art. Non-feulement nous defirerions que" les Prifons
de différents genres fuiTent plus ou moins vaftes à raifon de leur deftination particuliere ; mais que dans toutes , un porche intérieur fervant de guichet, donnât entrée à une premiere cour en- tourée de portiques qui conduiroient à différents corps de bâtiments» Dans les rez - de - chauffée des uns, feroient contenus le logement d'un Con- cierge en fécond ; une falle de Confeil , un Greffe 3 d'autres falies pour la diftribution du pain des Pauvres & autres fecours temporels ; une chapelle, une facriftie , un logement pour l'Aumônier , une infirmerie , des falies pour fervir de parloirs aux perfonnes de dehors qui viennent aflifter les Pnfonniers de leurs confeils & de leurs confolations. Dans d'autres corps om |
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d'Architecture, 457
diftribueroit, à rez-de-chauffée , les chambres
fecrères tenant lieu de cachots ( h ) , où l'on retient les hommes ibupçonnés de prévarication, & qui pour cela doivent être féparés des Citoyens malheureux, qui, fans être ibupçonnés de crimes, n'en font pas moins privés de la liberté par la Loi. Au premier étage de ces mêmes corps de bâtiments, on pratiqueroit des pièces d'une cer- taine grandeur, dans lefquelles , par économie, pluiieurs Prifonniers pourroiént vivre en commu- nauté ; on y feroit auffi des logements particu- liers pour des Prifonniers d'une certaine claffe. Ces corps de bâtiments doivent entourer un préau affez fpacieux & planté d'arbres, où, à certaines heures du jour, les Prifonniers puiffent prendre air. Les galleries ou portiques dont nous avons
parlé , doivent communiquer, à couvert, à des efcaliers qui mènent aux différents étages de ces édifices. Dans l'un de ces bâtiments feroient dé- tenues les femmes qui, pour plus de décence, de- vraient fans doute avoir leur corps de logis, & leur préau particulier. D'autres cours doivent être placées derriere l'un & l'autre de ces bâti- ments , & contenir des dépôts , des magaiins, des lavoirs , des latrines , &c. En général la conitru&ion de ces différents
monuments doit être de la plus grande folidité ; toutes les pièces être voûtées , ainfi que leurs toitures ; ils devroient être entourés de fortes |
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(h) Cachots, lieux fcuterreins^rivés de lumière, Scfouvent
de falubrné où l'on renferme ifp malfaiteurs , & qui , pour cetre raifon, doivent faire partie des Prifous aeitinées à con- tenir feulement les Criminels,, |
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45iS Cours
murailles qui ferviffent d'enceinte à tous les bâti-
ments & à leurs dépendances ; par ce moyen un air pur circuleroit dans leur intérieur : ces mu-, railles feroient percées par des portes d'une Archi- tecture plus ou moins ruitique , félon qu'elles ame- , neroient aux Prifons deftinées pour les débiteurs, les gens de mauvaife vie , ou les malfaiteurs. Il en devroit être de même pour l'ordonnance des principaux corps de logis qui compoferoient la maffe de l'édifice. Dans ceux-ci on obferveroit feulement une décoration ruftique, annoncée par * une grande fimplicité & par des corps re&ilignes , difpofés avec une fymétrie refpecHve , dans les côtés oppofés ; dans ceux - là des corps caver- neux , une Architecture irreguliere annonceroient le dérèglement des hommes pour lefquels ces bâ- timents feroient deftinés ; dans les derniers , tout devroit peindre les tourments dus aux coupables ; une Architecture courte & maiîive, la repréfen- tation humaine humiliée , affaiffée , & perpétuel- lement mife fous les yeux des criminels qui y font détenus, leur offriroit l'image des châtiments ψύ les attendent, & tout enfemble le repentir qui doit fuivre le dérèglement de leur vie paffée. En un mot, c'eft ici, plus que par-tout ailleurs, qu'on doit fe rappeler ce que nous avons cher- ché à peindre à l'idée de nos Elevés, lorfque, dans le quatrième Chapitre du premier volume, nous avons parlé de ce qu'on devoit entendre par une Architecture barbare, terrible, &c. Des Portes, de · Ville de Guerre.
Dans le dernier Chapitre du premier volume
«te ce Cours, nous avons parlé des Portes d^ |
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d'Architecture. 479
Villes, & donné le deffin d'une Porte deftinée à
fermerune une Ville de Commerce, & à la féparer du Faubourg. Dans ce volume, Chapitre VII, nous avons auiîi parlé des Portes Triomphales. Notre objet ici eft de traiter particulièrement des Portes de Ville de Guerre ; ces portes doivent avoir un caractère qui les diftingue des autres ouvrages en ce genre , élevés par l'Architecture Civile, dans nos Villes qui ne font pas frontières. De toutes celles que nous avons eu occafion de remarquer dans nos Villes de guerre , celle de la Citadelle de Metz ,'la Porte Royale de Lille en Flandre, & l'une de celles de Maubeuge, nous paroiiïent tenir, plus que toutes les autres , à rexpreflion qui leur eft propre. D'ailleurs nous y avons remarqué des ornements d'un afTez bon genre, qui pourront bien nous déterminer à en donner les deffins à la fuite de ce Cours ; en attendant nous renvoyons à M. Bélidor, qui, dans fa fcience des Ingénieurs , indique toutes les parties qui doivent accompagner ces fortes d'édifices, & offre pluiieurs deffins de Portes de Ville ,' d'une ordon- nance d'Archite&ure afTez pafîable. Nous nous réduirons ici à donner quelques notions fur la fureté qu'elles procurent aux Villes de guerre, auxquelles elles donnent entrée. * Avant l'ufage des fortifications qui s'exécutent aujourd'hui, on employait différents moyens pour garantir les Portes de nos Villes de Guerre de ! la furprife de l'Ennemi. A préfent que la force V des Places confifte dans lès ouvrages avancés & détachés de ces mêmes Portes , on les a réduites à une plus grande Îîmplicité, & l'on ne fait plus leurs paifages, ni de biais, ni auffi obfcurs qu'ils Îétoient précédemment. On fe contente de les |
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460 C ο υ r s
couvrir par une demi-lune, lorfqu'elles font con-
itruites dans le milieu des courtines, & d'en dé- fendre l'entrée par les flancs des bailions voifins, &c. Ordinairement l'ouverture de ces fortes de Por-
tes n'excède guère neuf à dix pieds de largeur, & elles n'ont aifez fouvent que 13 à 14 pieds de hauteur ; mais lorfque leur ordonnance exige une plus grande dimenfion, à raifon de l'importance de la Ville où elles font élevées, on enferme ces Portes dans des arcades feintes, & celles-ci alors répondent à la grandeur de l'édifice ; ce qui , tout enfemble, mtisfait & à la convenance & à l'ordonnance du monument; car , félon les cir- conftances, il peut recevoir le plus grand degré de richeife. La dépenfe qu'on fait pour de pa- reilles entreprifes ne doit jamais empêcher qu'on aifortiiTe la dignité à l'importance de l'objet, pourvu toutefois, que fous l'idée de la richeife dont nous parlons , on n'aillb? pas pouiTer leur décoration jufqu'à Finconféquence d'y faire entrer un ordre délicat > ni une Sculpture Corinthien- ne. L'ordre Dorique eil peut-être le feul qu'on puiiTe y employer raifonnablement dans les occa- iions d'éclat. Dans celles d'une moindre impor- tance, le Tofcan doit être préféré ; ces deux ordres , comme on fait, peuvent recevoir des ornements qui, quoique d'expreiïion différente , n'en produiient pas moins un bel effet, lorfquijs y font diitribués avec cet efprit de convenance & ce difeernement que les Maîtres de l'Art favent apporter à leurs productions. C'eit dans ces fortes d'ouvrages militaires, qu'on
peut engager les colonnes ; δε c'eil peut-être le feul moyen de réunir l'ordonnance d'Archke&urf v |
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d'Architecture. 461
âVee l'art de bâtir proprement dit : Tordre alors
procure de la richeiTe à l'édifice, & fa pénétra- tion avec les murs de face , en affure , pour ainii dire, la folidité. Les boffages peuvent auiîî entrer dans leur décoration, ainii que les foubaiTe- ments & les attiques ; parce que ce font autant d'étages raccourcis qui contribuent à donner un air de réfiilance à toute fon ordonnance, & qui la cara&érifent ce qu'elle doit être. On en doit uier de même pour ce qui regarde la Sculpture , les bas- reliefs , les trophées, les blâfons , les fupports, les ftatues même, lorfqu'on croit pouvoir les y admettre, Tous ces ornements doivent fe reffentir de ce caractère martial & robufte abfolument re-, latif à l'Art Militaire. Les profils qui compofent les membres d'Architecture, doivent auffi être iim- ples , mais fermes & faillants ; on peut introduire des modulons quarrés dans les corniches de leur couronnement; des tables faillantes peuvent rem- plir les nus des façades ; on y .peut faire ufage des corps de refend, y appliquer des boffages , enfin porter les plus grandes riche/Tes dans les avant-corps, & obferver plus de fimplicité dans hs arrière - corps qui leur fervent d'accotement, en tenant ceux-ci inférieurs en hauteur, pour que la partie majeure & par fa faillie & par fa plus grande élévation, puiffe prééminer furie reite de l'édifice. Des Phar&s. v.
Les Phares peuvent être confédérés comme des
monuments d'utilité & de fureté ; d'utilité, parce qu'ils fervent à éclairer les navigateurs pendant la mut; de fureté, parce qu'ils garantirent de \k |
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φ% C Ο U R S
furprife de l'Ennemi, les Ports à Fentrée defqueîs
ils font placés. Lé Phare, appelé la Tour de Cordouan, paffe
pour le plus important édifice moderne de ce genre ; il eil fitué fur un rocher formant une île dans la mer, à l'embouchure de la Garonne, pour faciliter l'entrée & la fortie des vaiffeaux dans les deux rivières de Garonne & de Dordogne. Nous ne donnerons point le deiîîn de cette Tour remar- quable & pour la grandeur & pour l'ordonnance de l'Architecture , quoique cette dernière foitf d'un genre femi - gothique ; les plans, les éléva- tions , les coupes & les développements en font très-bien rendus dans TArchitedure Hydraulique de M. Bélidor, où nous renvoyons. Nous nous contenterons ici d'en donner les principales dimen- sions , afin de mettre nos Elevés à portée d'exer- cer leur génie fur ce genre de compoiition. Cet édifice a de hauteur cent foixante-neuf
pieds au-deiîus de (es fondations ; il fut élevé en 1584, fous Henri II, par Louis de Foix (i) , Architecte aiTez célèbre pour fon temps, qui le finit fous Henri IV en 1610. Ce Phare eil nommé Tour , fans doute parce que fon plan eil cir- culaire , élevé fur une plate - forme, auffi circu- laire. Sur le fol, & autour du cordon de cette |
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( £ ) Louis de Foix, né à Paris, eut une allez grande répu-
tation en France. En 1^75» il boucha l'ancien canal de l'Adour, en forma un nouveau , & fit le Port, Il fut appelé en 1$8© en Efpagne par Philippe II, où il donna les delfins du Palais de l'Efcurial, que ce Prince fit exécuter avec-la plus grande magnificence ; il fut auilî, comme nous venons de le dire, choiii pour l'exécution de la Tour de Cordouan. |
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d'Architecture. 463
pîate-forme, font coniïruits des bâtiments peu
élevés , qui contiennent le logement des quatre Gardiens, entretenus pour allumer le feu de la lanterne : on leur donne des vivres pour iix mois. Cette Tour a plufieurs étages ; le rez-de-chaui-
fée contient une grande falie d'afTemblée de forme quadrangulaire, voûtée & accompagnée de plu- iieurs petites pièces fervant de cabinets & de garde- robes. Au-defTous du rez-de-chauiTée font prati- quées des caves & une citerne ; au-deiTus efl· un appartement, nommé l'appartement du Roi : au fécond étage on voit une Chapelle d'une décora- tion aflez intéreiTante ; on y remarque deux builes Tun de Louis XIV, & l'autre de Louis XV; ils y ont été placés en 1735 , avec une infcription. qui explique l'hiitorique de la Tour. Sur la voûte - de cette Chapelle, s'élève une féconde Tour d'un moindre diamètre ; au-deiïus de celle-ci fe trouve la lanterne où eil renfermée la matière combuiH- ble qui fert à éclairer les* vaifTeaux à plus de deux lieues en mer. Le feu ayant à la longue calciné le pourtour de cette lanterne, on ordonna en 1717 de la détruire pour en établir le foyer dans •la Tour de deiïbus ; mais la Marine s'étant plainte que ce déplacement nuifoit à la navigation, l'In- génieur en chef de Bordeaux imagina un moyen de la rétablir à fa premiere hauteur * ce fut de la eoniîruire enfer; ce qui fut exécuté en 1727. Ce monument, durant de deux lieues de Bor-
deaux , & placé dans un lieu très-ingrat, paiTe néanmoins , à ce que rapporte M. Bélidor, pour le plus beau de l'Europe. Les Navigateurs, dit-il, n'en connoiffent point de plus magnifique, ni «d'une exécution aufli hardie. |
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464 Cours
Il n'en1 pas néceffaire que la forme des Phares
foit circulaire ; ils peuvent être quarrés dans leur plate-forme &. dans l'étage du rez-de-chaurTée ; à pans au premier étage; enfin circulaires dans leur partie fupérieure : on peut y employer les ordres d'Architeéhire ; ce feroit peut-être même ici le cas de les y employer tous cinq, élevés les uns au- defîus des autres. Plufieurs de nos Elevés ont tenté ce genre de compofition ; mais la plupart n'ayant aucune idée de l'ufage de ces fortes de monuments, ni des objets qu'ils doivent conte- nir , nous avons cru devoir leur donner cette légere idée de la Tour de Cordouan. Nous ajoute- rons que la plate-forme a dix-fept toifes de dia- mètre dans œuvre ; la Tour à rèz-de-chauffée huit toifes & demie hors œuvre ; au premier & au deu- xième, étage, fept toifes : la fécondé Tour feulement feize pieds, auffi hors œuvre ; enfin la lanterne htiit pieds : dimeniions qui empêcheront les Elevés, d'après cet exemple aiîéz célèbre , de donner à ces fortes de projets , des grandeurs idéales & gigan- tefques , fous prétexte qu'étant des édifices élevés par la libéralité du Prince, leur étendue & leur magnificence doivent être fans 'bornes. Nous n'avons compris dans ce Chapitre, qui a
pour objet les édifices élevés pour la fureté, que les Arfenaux, les Prifons, les Portes des Villes de guerre & les Phares, parce que ceux-ci nous ont paru les feuls véritablement fufceptibles des préceptes de FArchiteâure Civile. Les autres ouvragés de forti- fication , tels que les Citadelles , les Corps de Garde, les Guérites, les Remparts , les Forts, tiennent leur ordonnance de l'Art Militaire pro- prement dit ; & pour cela leur décoration regarde plutôt
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d'Architecture. 465
plutôt les Ingénieurs que les ArchirecleSi A l'égarcf
des bâtiments des Gouverneurs \ de ceux élevés dans les Citadelles, les Places d'Armes, &c. où les proportions de l'Architeclare & l'Art de la . diitribution entrent pour beaucoup, nous nous flattons que nos jeunes Ingénieurs & nos jeunes Architectes trouveront fufBiamrnenr, dans le corps de ces Leçons, tous les fecours néeeilaires. pour appliquer à ces nouveaux bâtinients , & les pré- ceptes de l'Art.& le caradere qu'il convient de donner à chacun d'eux ^ en attendant que nous leur en puiiîîons offrir des exemples dans l'ouvrage que nous avons promis après fimprciïïon de ce Cours, Après avoir traité, dans les Chapitres précé-
dents , du caraclere qu'il convient de donner aux bâtiments d'habitation , à ceux élevés pour la magnificence , l'utilité & la fureté _, nous finirons nos obiervations fur cet objet, par recommander1 à nos Elevés , lorfqu'ils feront chargés de faire les définis de quelques - uns de ces édifices , de les compofer de maniere qu'ils contribuent , autant qu'il fera poiïible , à la décoration de la Capitale, ou des Villes de Province dans lefquelies ils les feront élever. Car enfin , qu'on nous permette de le dire ici, moins comme Architecte que comme Citoyen : nos plus beaux édifices n'offrent, pour la plupart, aucun enfembîe, Paris eit prefque un labyrinthe pour les Etrangers ; on né remarque aucune correfpondance entre nos principaux mo- numents ; prefque tous, font fans ifiues , nuls ali- gnements prolongés.. Qu'on y prenne garde ; il en eil peiit-être temps encore: le Palais du Lu- xembourg pourroit être apperçu du Port Saint*· Tome IL· *■*$ |
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466 Cours
Nicolas, en démoliffant un des pavillons des Qua-'
tre-Nations, comme cela a déjà été propofé plus d'une fois. Le Palais des Tuileries devroit fe dé* ( couvrir du bâtiment du Vieux-Louvre, ainfi que Le. Bernin ravoir projeté; on pourroit apperce- . voir du Trône , le périityle du Louvre, fuivant les deffins de Perrault. Peut-être auroit-il été bien, que l'Ecole Militaire eût été bâtie du côté du Roule, en face des Invalides, tous deux féparés par les Champs-Elifées , à la rencontre de la principale allée defquels , on auroit pratiqué une étoile ; ces beautés d'enfemble, réunies aujourd'hui avec le nouveau Pont de Netiiili, auroient produit le plan le plus régulier & le coup-d'œuil le plus fatisfai- iant. Si depuis long-temps on s'étoit occupé , comme
on le fait à préfent, à propos du rachèvement du Vieux-Louvre, dont on vient de-décombrer la face du périityle , à convertir en une belle rue le cul-deTfac du Coq, de maniere à décou- vrir de la. rue Saint-Honoré , lé portail des Quatre-Nations ; infenfiblement on feroir parvenu à faire cle Paris, une Ville à-peu-près régulière: mais on fe contente d'élever des Palais, des Edi- fices publics, des Hôtels, fouvent bien, quelque- ibis ingénieux, mais prefque toujours en pure perte pour ï'embeilifïement de cette varie Cité. Qu'on nous permette cette · remarque : le nouvel Hôtel de la Monnoie , les reflaurations immenfes du Palais Bourbon ; celles-du Palais Royal, font autant de grandes entreprifes , qui fans doute font honneur à leurs Ordonnateurs ; mais on ne peut difeonvenir qu'il leur manque une certaine rela- tion , & avec les autres édifices d'importance qui les avoifinent, & avec ceux qui leur font oppor |
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ï> 'Ar gh ι te CT ure. φη>
fés. Ce font autant de monuments épars & con-
fondus avec des bâtiments fubalternes : ils reifem- blent en cela à nos anciennes Villes de Province y qui ne préfentent ■ qu'un cahos , des rues tortueu- fes , un fol montueux, & au milieu defquelles, fe rencontrent quelques édifices Gothiques, où quelquefois des bâtiments élevés plutôt par la routine, que par les préceptes de l'Art. Nous le difons fouvent dans nos Leçons , répé-
tons-le encore aujourd'hui: combien ne feroit-il pas à defirer qu'on fît pour cette Capitale , ce que le feu Roi Staniilas a fait à Nanci? toutes les rues ont été élargies & alignées, fous fon regne ; il y a fait conftruire une. Place Royale, au milieu de laquelle eil élevée la ilatue de Louis XV; la- nouvelle Intendance, la Salle de Spectacle, la Pia cè- des Carrières 3 les principales Portes de la Ville, tous ces édifices" font de la plus parfaite fymétrie , & ne pèchent peut - être que par trop de magni- ficence. Pourquoi d'ailleurs ne pas faire en grand ce que lé Magiilrat de Strasbourg vient de tenter dernièrement pour cette Ville frontière. Prévoyant qu'il pourroit y faire des embelliiTements ; il a communiqué fes. idées au Gouvernement, & lui a demandé un Architecfe, afin de former le projet de nouveaux alignements, pour percer des commu- nications aux défilés des Troupes , y projeter quatre corps de Cafernes d'Infanterie, & quatre de Cavalerie ; une Place d'Armes, un Séaat, une Place Royale , une Salle de Spectacle , des Quais, des Ponts, &c. On nous chargea de ce travail impor- tant; nous fîmes lever le plan de la Ville, & nous compofâmes ces divers projets, dont la plupart s'exécutent aujourd'hui.. Pourquoi la Ville de Paris % à l'imitation de celle de Strasbourg, né s'oceu- |
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468 Cours d'Arçhitecti/re.
peroit-elie pas du même objet? Pourquoi ne char-
gerait-elle pas ion Archite&e, homme reconnu d'un mérite fupérieur , de faire travailler fous fes yeux à un projet dembelliifement pour cette Ca- pitale, non avec le faile & l'inconféquence de ceux qui ont déjà été propofés par MM. de La Maire & Meiifonnier, mais avec cette réflexion fage & cette économie que M. Moreau entend fi parfaitement? Mais que n'avons nous pas à efpé- rer à l'avenir pour la réuiîite d'une telle entreprife ? Que n'avons-nous pas droit d'attendre de la bien- faifance du Prince & du zèle éclairé des Magiftrats de la Ville, à qui le Roi a confié le foin des em- bellifTements de Paris ? Qui empêcheroit qu'on ne deitinat des fonds à cet effet, qu'on ne mît en délibération les objets par lefquels il convien- droit de commencer ; tels d'abord que le rélargiffe- » ment de certaines Rues, l'ére&ion de plufieurs Fontaines, la démolition des maifons élevées fur les Ponts, dont on parle depuis long-temps, la conitru» £tion d'un Hôtel-de-Ville, des Priions publiques , des Hôpitaux, des Bains, des Marchés, des Greniers d'Abondance , des Boucheries , des Cimetières ; enfin des flglifes & plus dignes du culte de notre Religion, & plus conformes aux vœux de la Nation, |
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Fin du fécond Volume
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468 Cours d'Architecture,
peroit-elle pas du même objet? Pourquoi ne char-
gerait - elle pas fon Archite&e, homme reconnu d'un mérite fupérieur, de faire travailler fous fes yeux à un projet dembelliiTement pour cette Ca- pitale, non avec le faite & l'inconféquence de ceux qui ont déjà été propofés par MM. de La Maire & Meiifonnier, mais avec cette réflexion fage & cette économie que M. Moreau entend ii parfaitement? Mais que n'avons nous pas à efpé- rer à l'avenir pour la réuiîite d'une telle entreprife ? Que n'avons-nous pas droit d'attendre de la bien- faifance du Prince & du zèle éclairé des Magiftrats de la Ville, à qui le Roi a confié le foin des em- belliffements de Paris ? Qui empêcheroit qu'on ne deitinât des fonds à cet effet, qu'on ne mît en délibération les objets par lefquels il conviens droit de commencer ; tels d'abord que le rélargiife- , ment de certaines Rues, l'ére&ion de pluiieurs Fontaines, la démolition des maifons élevées fur les Ponts, dont on parle depuis long-temps, la confira* £Hon d'un Hôtel-de-Ville, des Priions publiques , des Hôpitaux, des Bains, des Marchés, des Greniers d'Abondance , des Boucheries, des Cimetières ; enfin des Eglifes & plus dignes du culte de notre Religion, & plus conformes aux vœux de la. Nation, Fin duficoni Volume
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APPROBATION \\
DU C Ε Ν S E U R R Ο Τ A L.
J'ai lu, par l'ordre de Monfeigneur le Chancelier^
un manuicrit intitulé : Cours d-Architecture, ou Traité de la 'Décoration, Difiribution & Confirucliort des Bâtiments. Cet ouvrage, attendu & deiiré depuis long-temps, m'a paru digne des fuiFrages du Public , & de l'empreiîement de tous ceux qui aiment les Arts : Donné à Paris, le 31 de Janvier 1771. Signé, PHILIPPE DE PRÉTOT,
Des Académies Royales des Sciences y Belles-Lettres
& Arts de Rouen & a? Angers. |
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Ρ RIVILÈGE DU ROL
LO U I S , PAR LA GRACE DE DlEU , Roi DE FRANCS
et de Navarre : A nos Ames & Féaux Confeil- lers, les Gens tenants nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand-Çonfeil, Prévôt de Paris, Baillis, Sénéchaux, leurs Lieutenants Civils, Se autres nos Juiticiers qu'il appartiendra : Salut. Notre Ame U Sieur Ni co las Des s ai nt , Libraire 9 Nous a fait expofer , qu'il défîreroit faire imprimer & donner au public , un Cours d''Architecture tipar M. Bbndels s'il Nous plaifoit de lui accorder nos Lettres de Privilège pour ce néceifaires. A ces causes, voulant favorable- ment traiter l'Expofant, Nous lui avons permis & per- mettons , par ces Présentes , de faire imprimer ledit Ouvrage autant de fois que bon lui femblera, &dele vendre, faire vendre 3è débiter par-tout notre Royaume pendant le temps de fix années çonfçcutives, à compter du imx de la date, des Préfentes ; F a ï s qh s défenfes à.
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"tous Imprimeurs i Libraires & autres peribnnes , de quel-
que qualité & condition qu'elles foient, d'en introduire m impreflion étrangère dans aucun lieu de notre obéif- fance : comme auiïi d'imprimer , ou faire imprimer, ven- dre, faire vendre, débiter, ni contrefaire ledit Ouvrage„ ni d'en faire aucuns extraits fous quelque prétexte que ce puiiïe être, fans la permiflionexpreife & par écrit dudit Expofant, ou de ceux qui auront droit de lui, à peine de confifeation des Exemplaires contrefaits , de trois mille livres d'amende contre chacun des contrevenants, dont un tiers à Nous, un tiers à l'Hôteî-Dieu de Pans, & l'autre tiers audit Expofant, ou à celui qui aura droit de lui , & de tous dépens, dommages & intérêts ; A ï-A charge que ces Préfentes feront enregiikées tout au long fur le Regiftre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois mois de la date â'kel- Jes î que 1'impreiüon dudit Ouvrage fera faite dans notre îioyaume , & non ailleurs , en beau papier & beaux' «caractères , conformément aux Règlements de la Librai- rie , & notamment à celui du dix Avril mil fept-cent vingt - cinq 5 à. peine de déchéance du préfent Privi- Mge$ qu'avant deTexpofer en vente, le Manufcrit qui aura fervi de copie à rimpreifion dudit Ouvrage , fera remis dans le même état où l'Approbation y aura été donnée, es mains de notre très-cher & féal Chevalier, Chancelier Garde des Sceaux de France, le Sieur de Maupeou; qu'il en fera enfuite remis deux Exem- plaires dans notre Bibliothèque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, & un dans celle dudit Sieur DE Maupeöu : le tout à peine de nullité des Préfentes 5 du contenu defquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir ledit Expofant & fes ayants caufes , pleinement & paifîblement , fans; fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons que la copie des Préfentes , qui fera imprimée tout ait. long, au commencement ou à la fin dudit Ouvrage, foie tenue pour duement fignifiée , & qu'aux copies collation- nées par l'un de nos aoiés & féaux Confêîllers & Secré- taires, foi fbit ajoutée comme à l'original. Comman- dons au premier notre Huiiïier ou Sergent fur ce requis, de faire pour l'exécution d'icelîes , tous Actes requis & nçceifaires, fans demander autre permiifion, tk nonobibat |
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ckfneur de Haro, Charte Normande Bc, Lettres à ce
contraires : Car tel eft notre plaiiîr. Donne à Verfailles, le trente-unième jour du mois de Décembre 3 l'an de grâce mil fept-cent foixante^dix} & de notre Regne le cinquante- iîxiéme. Par le Roi en ion Confeil. ... Signe, LE BEGUE.
Rêgiftrè fur le Regiflre XVIII de la Chambre Royale &
Syndicale des Libraires & Imprimeurs de Paris} N° ii6o3 Fol. 45 j: y conformément au Règlement de I723 ; à Paris , cei^ Mars 1771. - Signe, J. H E RI S. SAN T, Syndic.
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De rimprimerie de Lot tin l'aîné ; 1771*
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ERRATA.
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Au lieu de t
paticuliefes,
peut parvenir t
de rduire,
remarquerons 4
nous nous ont,
variété \
trente minutes & demie,
comme le fairvoir la figure
t>\ planche V,
tez, 4e cœur,, quatre minutes, une tabe renfoncée y â i'exeption, la courbure plan de chaque^
que l'Architecture fait, carclere , dix pouces & demi,
de cet vourage , , leur faille , fpeftales pompeux t boulingrains,, |
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Lifeié
particulières.
qu'on peut parvenir*
de réduire.
nous remarquerons.
nous ont.
Variété.
trenre-fepc minutes & dem,
comme le fait voir la plan·
che 'V.
rais de cœur: ίΐχ."minutes, une table renfoncée, â l'exception, la courbure de chaque face, que l'Architecture a fait, caraclere. deux pouces trois quarts,
de cet ouvrage i leur faillie, fpeâtacles pompeux,' boulingrins. |
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Pages* Lignes*
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